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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation entreprend ses travaux. M. le
secrétaire, est-ce que nous avons quorum? Alors, je déclare la
séance ouverte. Avant de débuter, je vous rappelle le mandat qui
a pour but de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science, pour l'année financière 1988-1989.
Alors, pour l'information générale, je vous rappelle qu'on
a prévu une durée de neuf heures pour l'étude de ces
crédits. Ce matin, nous travaillerons jusqu'à 13 heures, cet
après-midi, après les affaires courantes jusqu'à 18
heures, ce soir, de 20 heures à 22 heures et le jeudi 21 avril 1988, de
10 heures à 12 h 30.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bleau
(Groulx) va remplacer M. Khelfa (Richelieu), pour la partie de la séance
de ce soir. M. Gardner (Arthabaska) sera remplacé par M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet) ce soir aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a donc avis
de remplacements pour la session de ce soir seulement. Est-ce qu'il y a des
objections ou des commentaires? Très bien.
Il a été entendu entre le parti ministériel et le
parti de l'Opposition que le temps sera réparti comme suit, en ce qui
regarde l'ouverture de l'étude de ces crédits: Je
reconnaîtrai dans un premier temps, pour une brève intervention,
le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science et
immédiatement après, la députée
représentante de l'Opposition fera une déclaration d'une
durée d'environ 45 minutes. Le ministre se réserve le droit
d'intervention au début de chacun des programmes pour environ 15
minutes, donc, ce sont 60 minutes. Si Mme la députée de
l'Opposition veut dépasser ses 45 minutes et aller jusqu'à 60
minutes, j'accorderai volontiers ce même droit, de façon à
équilibrer le temps de présentation et le temps de parole entre
les deux formations politiques.
Il a aussi été décidé d'étudier les
crédits en commençant par le programme 1, Administration, le
programme 5, Enseignement collégial, les programmes 6, Enseignement
universitaire et 4, Science. C'est donc dire que, jusqu'à 18 heures ce
soir, nous devrions être capables de passer à travers tous ces
éléments.
Je voudrais vous proposer une chose de façon à
éviter des situations que vous avez vécues dernièrement.
Je demande aux députés des deux formations politiques de faire un
effort. Lorsqu'on entreprend la discussion d'un sujet ou d'un
élément, lorsque j'ai à alterner les inter- ventions en
fonction du temps et du droit de chaque formation politique à
intervenir, essayez de demeurer à l'intérieur du sujet
déjà amorcé pour une meilleure compréhension de
l'étude du sujet en question, je pense. J'espère avoir votre
collaboration là-dessus. Si jamais un député d'une
formation politique demandait d'intervenir quand les 20 minutes ne sont pas
terminées afin d'aborder une autre question, à ce
moment-là, je voudrais être capable de permettre au
député qui a la parole de terminer avant de céder la
parole à un autre député, de façon à garder
la cohérence et l'homogénéité de nos
débats.
Oui, Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Vous avez répondu à ma question, M.
le Président.
Le Président (M. Parent,
Sauvé):
Très bien, madame.
Je déclare cette séance ouverte et j'invite le ministre
et, ensuite, la porte-parole de l'Opposition officielle à faire leurs
remarques préliminaires. M. le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, ainsi que vous l'avez
mentionné tantôt, je me réserverai le droit de faire un
exposé de synthèse au début de l'examen de chacun des
programmes majeurs inscrits à l'ordre du jour de notre commission, non
pas par caprice, mais dans le souci de faire une présentation plus
fonctionnelle et plus directement axée sur les sujets que nous serons
appelés à débattre.
À ce stade-ci, je me bornerai à résumer très
brièvement le tableau qui se présente à nous en
matière de crédits budgétaires pour l'année
1988-1989, pour l'ensemble du ministère. Les crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science
s'élèveront à 2 798 800 000 $ en 1988-1989, soit une
augmentation de 150 800 000 $ ou de 5, 7 % par rapport aux crédits qui
avaient été votés en 1987-1988. Comparativement aux
dépenses probables du dernier exercice 1987-1988, le taux de croissance
sera de 5, 6 %.
Les crédits affectés au volet administratif
représentent 1, 8 % de l'ensemble des crédits du
ministère. Il s'ensuit que les crédits affectés aux
programmes de subventions aux établissements ou aux personnes
s'élèvent à 98, 2 % du budget total du ministère.
Les crédits consacrés au secteur de l'administration et des
services augmentent de 4, 8 % par rapport aux dépenses probables de
1987-1988. Le secteur de la science voit ses crédits augmenter de 7 %
par rapport
aux dépenses probables de l'exercice 1987-1988.
Les crédits consacrés au secteur de l'enseignement
augmentent de 5,7 % en rapport avec les dépenses probables du dernier
exercice. L'enseignement collégial, pour sa part, voit ses
crédits augmenter de 4,8 % par rapport aux dépenses probables de
1987-1988. L'enseignement universitaire verra ses crédits augmenter de
6,3 % par rapport aux dépenses probables de 1987-1988.
Je signale enfin que les crédits accordés au fonds pour la
formation de chercheurs et l'aide à la recherche, le fonds FCAR,
augmentent de 10 % en 1988-1989 par rapport aux dépenses probables de la
dernière année, ce qui veut dire que le gouvernement a
décidé de faire un effort spécial en vue de renforcer
l'apport du fonds FCAR au développement de la recherche scientifique
dans notre milieu.
Quant aux mesures d'économies budgétaires, elles sont
très limitées pour la prochaine année. Dans les deux
secteurs, l'enseignement collégial et l'enseignement universitaire,
comme vous le savez, on s'est vu épargner des compressions. Les seules
mesures d'économies budgétaires prévues pour 1988-1989
sont, en tout, de 1 200 000 $, soit 400 000 $ pour la diminution des effectifs,
mesure qui s'applique à l'ensemble du gouvernement, 300 000 $ pour la
compression générale de 1,5 % sur les autres dépenses et
500 000 $ pour la non-indexation des dépenses autres que les traitements
au chapitre de l'administration du ministère seulement. Cela veut dire
que, pour les établissements subventionnés, ces mesures ne
s'appliquent point. Elles s'appliquent pour l'intérieur, mais pas pour
les établissements, ni au niveau collégial, ni au niveau
universitaire.
M. le Président, ceci termine ma présentation initiale.
Nous aurons l'occasion de revenir sur ces points au cours de la
journée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant la porte-parole officielle de l'Opposition,
Mme la députée de Chicoutimi, pour son intervention d'ouverture.
Mme la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Avant de commencer,
permettez-moi de saluer les membres de la commission de même que les
personnes qui accompagnent le ministre, M. Boisvert, si je ne m'abuse, M.
Gilbert et M. Fortier, de même que les personnes qui, avec une patience
que je trouve tout à fait remarquable, suivent les travaux des
commissions qui, à l'occasion, n'ont pas toujours un niveau
d'interventions édifiant. C'est surtout assez long lorsqu'on
n'intervient pas dans les débats.
Je me réjouis que, cette année, le ministre se soit
décidé à revenir à une pratique plus respectueuse
des objectifs des mandats confiés à cette commission,
c'est-à-dire donner à l'Opposition l'occasion de présenter
ses principales remarques concernant les crédits alloués aux
différents ministères. L'an passé, c'est pendant une heure
et quarante-cinq minutes qu'on a dû entendre le ministre nous
présenter d'une façon très détaillée les
différents programmes. On a été épargné d'au
moins 15 ou 20 minutes parce qu'à un moment donné il nous a
manqué du temps pour étudier le dernier programme. Si je ne
m'abuse, il s'agissait de la science et, plus particulièrement, du
FCAR.
Je vais profiter du temps qui m'est alloué, à l'ouverture
de cette commission parlementaire chargée de l'étude des
crédits 1988-1989 du ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science, pour critiquer certaines des orientations gouvernementales en
ces matières et pour mettre en relief les défis qu'il nous faut
relever comme société soucieuse d'assurer le développement
maximal de ses ressources humaines, véritable clé de notre
progrès dans tous les domaines de la vie collective. J'accorderai une
attention toute spéciale au volet crucial de la science et de la
recherche, où le bilan du gouvernement est particulièrement
déficient.
Sur le plan, d'abord, des crédits d'ensemble du ministère,
nous constatons qu'ils connaîtront, en 1988-1989, une augmentation de 5,6
%, comme le disait le ministre, ou 147 600 000 $ par rapport aux
dépenses probables de 1987-1988. Il n'y a là rien de renversant
dans la mesure où cela correspond à la croissance
générale des dépenses gouvernementales. En fait, cette
augmentation découle essentiellement de l'indexation des traitements et
d'ajustements mécaniques, à quoi s'ajoutent une compression
budgétaire de quelque 1 200 000 $ et des crédits additionnels,
pour certaines activités prioritaires, de 12 700 000 $, surtout
consacrés à l'enseignement collégial.
Face à ces données, trois remarques s'imposent. D'abord,
c'est la première fois en trois ans que le secteur de l'enseignement
supérieur et de la science est globalement épargné par les
compressions, si l'on fait abstraction des économies de 1 200 000 $ au
chapitre des dépenses administratives du ministère. C'est, en
soi, une heureuse nouvelle, mais nous aurions souhaité que le
gouvernement revienne à la raison beaucoup plus tôt, que le
ministre sache accorder ses gestes aux discours préélectoraux
dès son entrée en fonction. Nous avons dû attendre deux ans
et demi et un troisième budget. Deuxièmement, nous assistons en
fait, pour une deuxième année consécutive à un jeu
de vases communicants entre les ministères de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. Le total des crédits
dégagés pour les activités prioritaires dans les deux
ministères équivaut à peu près aux compressions
infligées au secteur de l'enseignement primaire et secondaire. Le
ministre déshabille saint Pierre pour habiller saint Paul, ce qu'il
donne à l'enseignement supérieur provient d'un
prélèvement fait à l'enseignement primaire et
secondaire. Dans un tel contexte, l'intérêt pour les deux
ministères de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
à partager le même titulaire n'est pas particulièrement
évident et je reviendrai sur le sujet. Troisièmement, s'il n'y a
pas de compression, il n'y a pas non plus les ressources financières
supplémentaires auxquelles les établissements universitaires
ainsi que le domaine de la recherche seraient en droit de s'attendre dans la
conjoncture actuelle.
Je dirai d'abord quelques mots de la situation qui prévaut au
collégial. On se rappellera que les compressions
décrétées au printemps dernier, estimées à
environ 14 000 000 $, avaient suscité un tollé de protestations
dans le milieu et des pressions bien orchestrées, notamment de la part
de la Fédération des cégeps. À l'automne, le
ministre annonçait qu'il avait pu dégager certaines sommes, qui
proviennent essentiellement d'une redistribution des sommes prévues en
vertu de l'accord Canada-Québec sur la formation en établissement
au chapitre des frais d'encadrement et de soutien, au profit des cégeps.
Là encore, on enlève au primaire et au secondaire et le
Québec n'ajoute pas un sou de plus dans l'enveloppe. Un deuxième
élément, conjoncturel celui-là, est venu sauver la mise,
si l'on peut s'exprimer ainsi. Il s'agit de la baisse des clientèles
dont l'effet a pu être atténué dans certains
collèges particulièrement touchés. Si celle-ci a
contribué à minimiser l'impact des compressions, il n'y a
cependant pas lieu de se réjouir du phénomène de la
diminution des clientèles dans les collèges, bien au
contraire.
Les statistiques sur l'évolution de l'effectif du réseau
collégial public révèlent que le nombre
d'élèves à l'enseignement régulier et à
temps complet a atteint un sommet, en 1984-1985, d'environ 137 000
élèves pour décliner par la suite. La chute a
été particulièrement marquée cette année,
environ 4200 élèves, et il appert que la tendance se poursuivra
l'automne prochain, alors qu'on anticipe une baisse additionnelle de 2700
inscriptions pour un total de 7000 sur deux ans. De 1984 à 1987, le
nombre des élèves dits réguliers à temps plein a
diminué de 4 % dans les cégeps du Québec, tandis qu'il
progressait de 16 % dans les collèges privés
subventionnés. Nous aurons l'occasion de revenir, lors des discussions,
sur cette croissance et, notamment, sur les mécanismes de contrôle
des clientèles dans certains collèges privés, de
même que sur la prolifération des collèges privés
non subventionnés qui ne détiennent qu'un permis
d'opération du ministère.
J'aimerais plutôt insister ici sur l'importance de contrer cette
tendance à la baisse des clientèles. En une dizaine
d'années, de 1975-1976 à 1985-1986, sous le gouvernement
précédent, faut-il le préciser, l'accessibilité aux
études collégiales a connu une progression remarquable. Le taux
de passage du secondaire au collégial est passé de 40 % à
environ 50 %. Nous ne croyons pas, cependant, qu'il faille y voir un plafond,
un seuil maximal. Les besoins toujours croissants en main-d'oeuvre
qualifiée, dans un contexte de changements technologiques
accélérés, devraient inciter à dépasser ce
seuil, à se fixer pour la prochaine décade, comme objectif, un
taux de passage de 60 %. Il y a aussi tout le problème des abandons en
cours d'études. Présentement, seulement 60 % des 40 % de jeunes
qui accèdent au collégial en sortent avec un diplôme en
poche. C'est évidemment trop peu! Ces deux phénomènes font
en sorte qu'à peine 30 % des jeunes Québécois et
Québécoises terminent une scolarisation de niveau
collégial. Il serait dramatique de s'en satisfaire sous prétexte
qu'il faudrait plutôt mettre l'accent sur la qualité.
Par ailleurs, une étude récente publiée par le
Conseil des collèges montre bien que, si l'éducation des adultes
est devenue une réalité importante au niveau collégial,
celle-ci demeure largement sous-développée en comparaison,
particulièrement, de l'Ontario et de la Colombie britannique. Les
cégeps ne savent pas toujours répondre adéquatement aux
besoins des adultes et leur offrir des conditions d'apprentissage adap:
tées à leur réalité. Les modalités de
financement par le biais d'une enveloppe fermée et le fait que
l'éducation des adultes puisse servir à combler les
déficits occasionnés par les autres secteurs ne créent
évidemment pas non plus les conditions propices à une expansion
de ce secteur.
En somme, le Québec a toujours besoin d'une stratégie
clairement affirmée de relèvement de la scolarisation de sa
population jeune et adulte et celle-ci passe nécessairement par
l'enseignement collégial. Nous devons cependant nous rendre à
l'évidence: ce gouvernement ne manifeste pas la volonté
indispensable à l'atteinte d'objectifs renouvelés et ambitieux
sur le plan de la scolarisation et de l'accessibilité. Pour être
réelle, une volonté doit être appuyée par des
ressources additionnelles, des initiatives nouvelles. Où sont-elles? Le
gouvernement semble plutôt tenter de tirer profit de la diminution des
clientèles pour réaliser des économies faciles. (10 h
30)
Au chapitre de l'enseignement universitaire, les crédits
connaissent une augmentation de 6, 3 % par rapport aux dépenses
probables de 1987-1988, découlant essentiellement de l'indexation des
dépenses et du financement d'effectifs additionnels. En année
universitaire, les subventions de fonctionnement aux établissements ne
croissent, en fait, que de 4, 9 %. Le ministre fera valoir les 39 000 000 $
injectés pour la seconde année de son plan de transition. C'est
là une bien mince consolation. Il faut d'abord se rappeler que le
ministre n'avait réussi à obtenir que la moitié des sommes
qu'il avait réclamées à ce titre et qui
représentaient, au dire de tous les intervenants, y compris du ministre
lui-même, un strict minimum. Bref, la moitié du minimum, il n'y a
pas de quoi pavoiser.
D'autre part, nous avons déjà eu l'occasion de
démontrer que les crédits nouveaux, pour ces mesures de
transition, de redressement, ne permettent pas de compenser pour les
sévères compressions pratiquées par le gouvernement
libéral, lors de son arrivée au pouvoir, compressions dont
l'effet est récurrent, faut-il se le rappeler, d'année en
année. Depuis trois ans, malgré tous les beaux discours
prononcés par le député d'Argenteuil alors qu'il
siégeait à l'Opposition, les universités n'ont donc pas
connu d'amélioration réelle de leur financement, comme en
témoigne la subvention moyenne par étudiant - équivalent
temps complet.
Soulignons à titre de comparaison que la province voisine,
l'Ontario, a pour sa part accru significativement le soutien financier
accordé aux universités: ajout de 50 000 000 $ forfaitaires en
1986-1987 et de sommes additionnelles de 150 000 000 $ en 1987-1988. On ne
parle pas des quelques milliards de dollars sur dix ans en
recherche-développement. L'Ontario connaît, par ailleurs, depuis
quelques années, une croissance appréciable des demandes
d'admission dans les établissements universitaires. Si la tendance se
maintient, le nombre des demandes dépassera, en 1990, de 20 % celui de
1986. Cette année, la demande dépasse les 10 %. Elle
était, il y a quelques semaines, à 10,9 %.
Pendant ce temps, les universités québécoises
connaissent un plafonnement de leur clientèle. Pour l'an prochain, on
prévoit en effet une augmentation minime d'environ 1 %. La chute des
effectifs au niveau collégial va, de plus, se répercuter sous peu
au niveau universitaire. Dans un tel contexte, l'écart qui avait pu
être considérablement rétréci entre le Québec
et l'Ontario, sur le plan de la fréquentation universitaire, risque de
se creuser à nouveau. Nous ne pouvons nous payer le luxe de voir
compromis les progrès réalisés à ce titre, je
dirais plus particulièrement sous le précédent
gouvernement du Parti québécois. Il faut, au contraire, maximiser
les efforts pour accroître l'accessibilité aux études
supérieures, au premier cycle comme aux cycles supérieurs.
Par ailleurs, le ministre continue de nous annoncer qu'une nouvelle
formule de financement sera appliquée à compter de 1989-1990.
Tous conviennent, le ministre y compris, que celle-ci ne sera acceptable que
dans la mesure où elle présidera à la répartition
d'une enveioppe significativement agrandie, plutôt qu'au
redécoupage de l'enveloppe existante. L'exercice n'est évidemment
pas facile, comme nous avons eu l'occasion de le constater lors des travaux et
discussions ayant entouré la répartition des 40 000 000 $ entre
les établissements universitaires. Certains ont été
particulièrement avantagés par cette opération, alors que
d'autres recevaient la portion congrue, comme l'Université du
Québec qui, avec 27 % des clientèles, dut se contenter de 17 %
des montants alloués. Il n'est donc pas surprenant que les
modalités du partage des 40 000 000 $ suscitent encore, chez certaines
universités, des craintes quant à l'utilisation des mêmes
paramètres et critères dans l'élaboration de la future et
nouvelle formule de financement.
C'est notamment le cas des universités en régions qui
n'ont pas été particulièrement gâtées
à ce chapitre, alors qu'elles avaient pourtant subi leur part de
compression. Il n'y a rien non plus dans les crédits de cette
année pour remédier à l'insuffisance de leur financement.
Le groupe de travail sur l'évolution de l'Université du
Québec recommandait pourtant, dans son rapport remis au ministre en juin
dernier, l'application d'une formule particulière pour le financement
des universités en régions, formule inspirée par le
Northern Grant ontarien. Mais elles devront encore attendre, comme se fait
d'ailleurs toujours attendre la réaction du ministre à l'ensemble
du rapport Després, déposé il y a pourtant
déjà dix mois. Nous osons espérer que cette
démarche ne lui aura pas servi qu'à gagner du temps. Si la
vitesse tue, le ministre ne court pas de risque dans ce domaine; il ne court en
fait aucun danger. Ce puissant prédicateur d'Argenteuil, qui avait
toutes les réponses dans l'Opposition, semble avoir perdu son
inspiration.
Voyons plutôt les faits, car la même lenteur chronique
prévaut dans l'épineux problème du dossier des
chargés de cours. Le ministre s'était pourtant montré
sensible à la précarité de leurs conditions de travail,
aux conséquences de cette situation sur la qualité de
l'enseignement et aux conséquences de la multiplication de leur nombre
au sein des établissements universitaires, lors de la commission
parlementaire sur le financement des universités à l'automne
1986. Il convenait que le dossier des chargés de cours pose une
sérieuse question d'équité. Rien n'a pourtant encore
été fait pour remédier à la situation, pour
apporter des réponses concrètes à cette question
d'équité. Nous avons plutôt assisté à la
multiplication des conflits opposant les chargés de cours à la
direction des universités. Pas moins de six grèves ont ainsi
perturbé les établissements au cours des quinze derniers mois,
dont deux particulièrement longues. Le gouvernement est même
intervenu, par une loi spéciale, pour forcer le retour au travail des
chargés de cours de l'UQAM. C'est un bien triste bilan. Pendant ce
temps, le ministre parvenait, de peine et de misère, à constituer
un autre groupe de travail sur la tâche du professeur
d'université. La situation des chargés de cours ne figure pas
dans son mandat, pas plus qu'ils n'y sont représentés. Alors,
à quand un tout petit début de réponse à la
sérieuse question d'équité que pose le dossier des
chargés de cours, question d'équité qui a des
répercussions également sur la qualité de
l'enseignement?
Parlons maintenant de la question des équipements scientifiques.
Nous savons que le gouvernement vient tout juste d'adopter le plan quinquennal
des investissements universitaires pour la période 1987-1992, sans
modification par
rapport à la version présentée au printemps
dernier. Le Conseil des universités avait pourtant recommandé au
ministre "de poursuivre ses efforts afin d'obtenir du Conseil du trésor
des crédits supplémentaires destinés à
l'acquisition d'équipements scientifiques. " Si efforts il y a eu, ils
ont été vains. Il faut, en effet, rappeler que le ministre avait
réclamé, dans le cadre de son plan de transition, un budget de 45
000 000 $ sur trois ans au titre des équipements scientifiques, ce qu'il
qualifiait d'ailleurs de strict miminum. Il n'a obtenu, en fait, que 5 000 000
$ par année pendant quatre ans, c'est-à-dire 20 000 000 $, moins
de la moitié de ce qui était estimé comme étant le
strict minimum. Ceci est nettement insuffisant compte tenu des carences maintes
fois dénoncées de l'équipement destiné aussi bien
à l'enseignement qu'à la recherche dans les universités.
Il ne reste qu'à espérer que l'étude que le ministre
compte effectuer, en collaboration avec les universités, sur
l'état et les besoins en équipements d'enseignement et de
recherche, permettra d'apporter dans les meilleurs délais les
redressements qui ont déjà trop tardé. Mais il faut
espérer peu de cette démarche, puisque l'on connaît la
lenteur du ministre à prendre des décisions qui feraient
normalement suite aux résultats ou aux conclusions des diverses
études ou rapports de comités.
Cela m'amène à aborder le volet des politiques
gouvernementales en matière de recherche scientifique en ce qui concerne
aussi bien le niveau nettement insuffisant des investissements consentis que
l'impact négatif pour le Québec des programmes
fédéraux de financement de la recherche-développement.
Sur le plan des investissements, d'abord, sous forme de crédits,
c'est la stagnation. Pour ce qui est du programme Science du ministère,
le budget aura connu, de 1985-1986 à 1988-1989, une croissance
d'à peine 9 %. Quant au fonds FCAR, ses crédits augmentent de 10
% cette année, mais après deux années de gel. Sur trois
ans, la croissance des budgets consentis à ces deux programmes ne suit
même pas le rythme de l'inflation. Si l'on tient compte des autres
programmes voués à soutenir la recherche-développement
dans d'autres ministères, notamment au Commerce extérieur et
Développement technologique, en fait, le gouvernement actuel
dépensera moins en 1988-1989 qu'en 1987-1988.
Je me permets ici d'ouvrir une courte parenthèse pour commenter
la nouvelle réorganisation à laquelle le gouvernement
procède dans le secteur du développement technologique. Moins de
deux ans après la scission de la Science et de la Technologie et le
rattachement de celle-ci au Commerce extérieur, décision que nous
avions alors commentée et condamnée comme préjudiciable
à la cohérence et à l'efficacité de l'action
gouvernementale en matière de développement scientifique et
technologique, nous assistons à un nouveau chambardement: fusion du
Commerce extérieur et des Relations internationales, d'un
côté, et renvoi du Développement technologique au
ministère de l'Industrie et du Commerce, de l'autre. Cette
réorganisation témoigne bien du caractère à la fois
précipité et improvisé de la décision
gouvernementale d'alors qui, il est ironique de le souligner, n'a même
pas eu le temps d'être officialisée sous forme législative.
Comme exemple de cafouillage, on ne saurait trouver mieux et ceci, dans un
domaine qui aurait pourtant bien besoin d'une action rigoureuse,
ordonnée et planifiée.
J'en viens à la situation de la recherche scientifique pour
constater qu'en plus de geler les budgets qui y sont consacrés ce
gouvernement n'a pris aucune initiative nouvelle propre à lui procurer
un second souffle. Que l'on pense au programme des actions structurantes,
à la création des centres spécialisés dans les
collèges et des centres de recherche appliquée, en liaison avec
les universités et l'industrie, au programme de soutien à
l'emploi scientifique, voilà autant de réalisations du
gouvernement précédent. Le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science ne semble par contre pas pressé de
laisser sa marque. Ce que l'on retiendra de son magistère en
matière de science et de technologie, c'est l'abandon du programme de la
Maison des sciences et des techniques.
Pour sa part, le ministre des Finances a annoncé, en avril
dernier, certaines mesures fiscales venant, pour l'essentiel, bonifier des
avantages déjà consentis sous forme de déductions et de
crédits d'impôt. Il appert cependant que les retombées en
ont été surestimées, d'autant plus qu'elles risquent
d'être sérieusement compromises par la réforme fiscale
décrétée par le gouvernement fédéral.
Le Conseil de la science et de la technologie vient de produire un avis
sur "les avantages fiscaux associés aux activités de
recherche-développement" selon lequel les modifications apportées
au régime fiscal par le fédéral auront un impact
négatif sur la capacité de financement de la
recherche-développement au Québec, particulièrement
auprès des petites et moyennes entreprises. Le conseil se prononce donc
contre l'harmonisation du Québec avec les nouvelles règles
fédérales, notamment en ce qui concerne les
sociétés en commandite, et recommande même
d'accroître les avantages fiscaux afin de compenser la perte
fédérale. Nous saurons, lors du prochain discours sur le budget,
si la voix du conseil aura été retenue. (10 h 45)
Ce n'est cependant pas le seul domaine où les politiques
fédérales vont à l'encontre des intérêts du
Québec. Il y a toute la question largement publicisée de l'octroi
des contrats fédéraux de recherche. La politique
fédérale d'impartition continue de défavoriser
systématiquement le Québec, d'une façon plus
marquée encore, si c'est possible, depuis deux ans. Nous
récoltons maintenant moins de 10 % des sommes impliquées à
ce chapitre, tandis que la part de
l'Ontario s'élève à 50 %. Globalement, le
Québec a reçu, en 1985-1986, 16,4 % des dépenses
fédérales en matière de science et de technologie et cette
proportion est vraisemblablement encore moindre cette année. Per capita,
les dépenses fédérales sont près de deux fois plus
importantes en Ontario qu'au Québec. Où est le pouvoir de
négociation de ce gouvernement d'affaires? On se serait attendu qu'un
gouvernement libéral, soi-disant meilleur négociateur parce que
fédéraliste, obtienne une part plus équitable du
gâteau. C'est une bien triste illusion et ce, dans tous les domaines. Les
données les plus récentes nous indiquent qu'il y a plutôt
un recul. Après les frégates et le centre bancaire, la chute des
paiements de transfert qu'a développée le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science l'an passé et sur
laquelle il a longuement discouru, voilà un échec de plus au
bulletin de nos bons négociateurs, prêts à brader les
intérêts du Québec pour obtenir l'assentiment des autres
provinces à l'accord du lac Meech.
Il y a tout de même une bonne nouvelle: il semble que nous
assistions depuis quelques jours au réveil non pas du ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mais du ministre responsable,
du moins pour quelque temps, quelques mois, peut-être quelques semaines
tout au plus, du Développement technologique. Devant l'implacable
réalité des chiffres, il s'est finalement résigné
à aller contre le premier ministre et ce, deux ans et demi plus tard, et
il y est allé d'une déclaration tonitruante à l'endroit du
fédéral à propos du sous-financement dont le Québec
est victime en matière de recherche-développement.
Déclaration d'autant plus facile que la responsabilité lui
échappera d'ici peu. Une telle façon d'élever la voix
reste tout de même surprenante de la part d'un membre d'un gouvernement
qui nous a habitués, depuis deux ans, à la stratégie des
pas feutrés et qui fait fi de la nécessité de maintenir un
réel rapport de forces en ces matières où le Québec
a été historiquement traité injustement.
L'efficacité du gouvernement ne peut se mesurer, rappelons-le s'il est
nécessaire de le faire, qu'aux dividendes récoltés.
Jusqu'à maintenant, cela fait pitié à voir.
Autre politique fédérale qui concerne, elle, directement
les universités, celle dite des subventions de contrepartie,
adoptée en 1986, en vertu de laquelle le gouvernement
fédéral s'engageait à augmenter les fonds consentis aux
trois conseils subventionnaires dans la mesure où ceux-ci
réussissent à attirer des subventions du secteur privé
à la recherche universitaire. En clair, ceci signifie que les
universités voient augmenter leurs subventions de recherche en
provenance des organismes subventionnaires fédéraux dans la
mesure où elles vont chercher des fonds privés. Une fois de plus,
l'Ontario se trouve avantagé par une telle politique, puisque ses
universités reçoivent déjà une part plus grande du
financement privé et qu'on retrouve moins d'entreprises actives en
recherche-dévelop- pement chez nous. Le Québec se distingue de
l'Ontario en ce qu'il y a plus de petites et de moyennes entreprises. Donc,
moins d'entreprises qui investissent en recherche-développement.
Les contributions en recherche-développement universitaire
provenant du secteur privé totalisaient en effet, en 1986-1987, 16 400
000 $ au Québec comparativement à 41 300 000 $ en Ontario.
Dans un avis rendu public en décembre dernier, le Conseil de la
science et de la technologie analyse les répercussions de cette
politique. Le conseil estime que les effets escomptés des mesures
fiscales annoncées en avril 1987 ne suffisent pas à restaurer et
à améliorer la position des universités du Québec
dans ce programme et recommande donc la création d'un programme
québécois des subventions de contrepartie.
S'inquiétant des impacts de cette politique sur la recherche
fondamentale dans les universités, notamment en sciences pures et
humaines, le Conseil de la science et de la technologie recommande au
gouvernement d'y affecter des crédits supplémentaires par le
biais des fonds existants. Le conseil formule un certain nombre d'autres
recommandations, afin que le Québec puisse tirer le meilleur parti du
nouveau contexte à l'intention tant des universités que du
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. Il reste à
voir si le ministre donnera suite à ces recommandations en ce qui
concerne notamment la création d'un programme québécois de
subventions de contrepartie.
Un mot, enfin, des 1 300 000 000 $ supplémentaires que le
gouvernement fédéral entend allouer à la science et
à la technologie au cours des cinq prochaines années, ces fonds
devant servir, rappelons-le, à l'augmentation des budgets de base des
conseils fédéraux subventionnaires, à la mise sur pied de
centres d'excellence et à la création de bourses d'excellence.
Ceci appelle deux remarques. D'une part, l'injection de ces fonds survient
à un moment où le fédéral rogne dramatiquement les
paiements de transferts aux provinces au titre des programmes établis.
Seulement pour l'enseignement postsecondaire, le manque à gagner est
estimé à 2 000 000 000 $ sur dix ans. De l'autre main, Ottawa
consent des fonds additionnels à la recherche en fonction cette fois de
ses propres priorités et peut ainsi influencer les orientations de notre
système universitaire; moins d'argent pour les transferts dont le
Québec peut disposer a sa guise. On sait que, contrairement aux autres
provinces, le Québec a toujours fait ce transfert au profit des
universités. Alors, moins d'argent pour le Québec qui le
transfère aux universités et plus d'argent pour les
priorités dictées par le gouvernement fédéral.
C'est de l'ingérence en matière d'enseignement supérieur.
L'autre enjeu réside, bien entendu, dans la capacité du
Québec, notamment de nos équipes de recherche, d'aller chercher
la part qui leur revient. Ceci nécessitera une
stratégie efficace et concertée et un soutien accru de la
part du gouvernement.
Comme je le signalais plus tôt, par des investissements massifs
dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche,
l'Ontario augmente son bassin de chercheurs, de même que sa
capacité d'aller chercher une part encore plus grande des budgets
fédéraux pour la mise sur pied de centres d'excellence et pour
obtenir des bourses d'excellence. Cela va de soi: plus de chercheurs, donc,
plus de qualifications, plus de projets de la part de l'Ontario; augmentation,
alors, de sa part et diminution de celle du Québec. Pendant ce temps,
quelles sont les actions concrètes du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour augmenter notre potentiel de recherche?
Où sont les innovations? Où cache-t-il ce développement
promis par un gouvernement libéral? Quel est le tableau d'ensemble de la
performance du Québec sur le plan de la recherche scientifique et du
développement technologique? Ce n'est guère reluisant.
Écoutons encore le Conseil de la science et de la technologie que l'on
ne saurait taxer de partisanerie, qui dit et je cite: "Bien que les indicateurs
globaux des dépenses de recherche-développement font
apparaître, entre 1983 et 1985, une légère
amélioration de l'écart qui séparait le Québec de
l'Ontario, tout porte à croire que la situation se
détériorera en 1986-1987. Cette détérioration - dit
le conseil - s'explique notamment par le fait que l'Ontario a
décidé d'accomplir un effort massif d'investissement
évalué à
I 000 000 $ sur dix ans, tandis que le Québec n'a
instauré, depuis deux ans, aucun nouveau programme et n'a consenti que
de modestes injections budgétaires. À quoi s'ajoute l'impact
néfaste des politiques fédérales, d'impartition, de
contrepartie et de la réforme fiscale. " Le conseil de conclure: "Le
Québec ne semble pas avoir fait les efforts suffisants en termes
d'investissements pour rester dans la course; une injection importante de
capitaux semble de plus en plus nécessaire. "
Pour mesurer l'ampleur du défi, soulignons simplement que les
dépenses de recherche-développement ne représentent au
Québec que 1, 3 % du produit intérieur brut, alors que dans
d'autres pays comme le Japon, les Etats-Unis, bien sûr, mais aussi la
Suède et l'Allemagne elles dépassent la barre des 2, 5 %, soit
près du double.
II faut toutefois se rendre à l'évidence: le cri d'alarme
du Conseil de la science et de la technologie n'a pas été entendu
par le gouvernement. Si l'on exclut la sortie tardive du ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique, qui semble
d'ailleurs n'avoir reçu aucun appui de ses collègues, rien ne
nous laisse croire que le Québec utilisera un quelconque rapport de
forces pour rétablir la situation.
Reprenons le cas du FCAR qui est de compétence
québécoise. Après avoir vu son budget gelé pendant
deux ans, il reçoit en 1988-1989 un maigre montant de 2 000 000 $ en
crédits additionnels, essentiellement afin d'accroître le nombre
et la valeur des bourses. Si le gouvernement avait suivi les orientations
préconisées par le fonds, dans le cadre de son plan triennal
1987-1990, et largement appuyées par le Conseil des universités
dans un avis produit à la demande même du ministre, son budget
aurait dû être porté à 40 000 000 $ dès
1987-1988 et à 43 500 000 $ cette année. Le gouvernement n'y
consent que 35 500 000 $, un écart de 8 000 000 $.
Au seul chapitre des bourses d'excellence, c'est plus de 6 000 000 $
additionnels qui auraient dû être injectés chaque
année plutôt que 2 000 000 $, c'est-à-dire le tiers de ce
qui aurait été souhaitable. On est donc très loin du
compte.
Le fonds recommandait notamment de porter les bourses de maîtrise
et de doctorat de 7500 $ à 10 000 $. Seulement les étudiants et
les étudiantes de troisième cycle bénéficieront
d'une telle augmentation. Les retards du Québec sur le taux de
diplomation aux cycles supérieurs sont pourtant bien connus.
Malgré les progrès considérables accomplis depuis une
dizaine d'années, le Québec décernait en 1985 - nous
n'avons pas les données plus récentes - toute proportion
gardée, le tiers moins de doctorats, et le quart moins de
maîtrises que l'Ontario. Les derniers événements nous
indiquent que l'écart ira croissant. (11 heures)
II y a aussi le fait que la durée des études
avancées est ici plus longue, d'une année en moyenne, par rapport
aux autres provinces. Le gouvernement comme les universités doivent
prendre les moyens, ou plutôt donner aux étudiants et
étudiantes de deuxième et troisième cycles les moyens
d'entreprendre et de compléter plus rapidement leurs études. Le
développement de notre potentiel de recherche est directement tributaire
de la formation d'un nombre croissant de jeunes chercheurs. Mais, encore ici,
les ressources investies demeurent dramatiquement insuffisantes.
J'en viens finalement à l'aide financière aux
étudiants, autre secteur négligé par ce gouvernement. Pour
1988-1989, les crédits qui y sont alloués s'élèvent
à 256 000 000 $, une augmentation de 2, 8 % par rapport aux
dépenses de 1987-1988. Comment celle-ci s'explique-t-elle alors que le
coût de la vie connaît une majoration d'environ 4 % et que l'on
prévoit une augmentation de 4, 2 % du nombre de
bénéficiaires? Par le fait que le gouvernement libéral
adopte à nouveau des mesures qui ont pour effet d'augmenter l'aide
allouée sous forme de prêts plutôt qu'en bourses. Les
modifications annoncées au régime ne visent pas seulement
à élargir le nombre de bénéficiaires de
prêts, elles favorisent une augmentation des montants maxima des
prêts dont l'obtention est conditionnelle à l'obtention de la
bourse. En effet, c'est subtil, mais remarquez ceci: La hausse de 9 % de la
valeur des prêts maxima
constitue bel et bien une compression déguisée ou
camouflée par le biais du transfert d'une partie de la bourse en
prêt. Au cours des dernières années, l'augmentation du
prêt maximal suivait le rythme d'indexation pour ce qui est de l'aide,
à l'exception, bien sûr, de la conversion des 270 $ de bourse en
prêt décrétée par les libéraux dès
leur arrivée au pouvoir. Plutôt que de 4 %, c'est de 9 %
qu'augmentent, en 1988-1989, les maxima de prêts, ce qui
représente un endettement supplémentaire de 85 $, 110 $ ou 145 $,
selon qu'il s'agisse d'un étudiant ou d'une étudiante de niveau
collégial, de premier cycle universitaire ou des cycles
supérieurs. Puisque le nombre de boursiers doit se maintenir en
1988-1989 à 68 400, cette mesure représente une perte d'au moins
7 000 000 $ en bourses pour ces étudiants et un endettement
supplémentaire équivalent.
J'entends le député de Rimouski nous dire qu'il est normal
que les étudiants subissent un accroissement additionnel. Pour un
député qui vient d'une région dans laquelle on retrouve le
plus grand nombre de bénéficiaires de l'aide financière
aux étudiants, se réjouir de l'accroissement de l'endettement de
ses concitoyens, a quelque chose de déplorable.
Sur trois ans, le gouvernement libéral aura endetté les
étudiants du Québec d'au moins 60 000 000 $ de plus, sous l'effet
conjugé de la conversion récurrente de 270 $ de la bourse en
prêt de 1986 et de celle de cette année. On est bien loin des
quelque 25 000 000 $ promis sous forme de bonification au régime
à l'occasion de la campagne électorale. Les étudiants et
les jeunes Québécois de façon générale
peuvent, à juste titre, se sentir trahis par le ministre de
l'Enseignement supérieur et par le gouvernement libéral.
L'évolution des données, au cours des trois dernières
années, traduit bien l'impact de ces mesures sur le plan de la
répartition de l'aide totale allouée qui est maintenant de 60 %
en prêts et de 40 % en bourses, alors que le ratio était de 50-50
en 1985.
Le ministre nous servira certainement à nouveau, cette
année, l'argument qui veut que le régime du Québec soit
plus généreux que celui de l'Ontario, comme s'il avait
découvert cette réalité au moment où il a
coiffé le titre de ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science. On ne l'a jamais entendu faire de telles déclarations au cours
de la campagne électorale alors qu'il promettait une bonification du
régime d'aide financière aux étudiants. Le gouvernement
aura réussi à flouer les étudiants les plus démunis
du Québec de plus de 60 000 000 $ en deux ans et demi, comme il aura
réussi - vous allez me permettre la parenthèse - à
démunir également les assistés sociaux. C'est un
gouvernement pour les riches.
Quant au prêt moyen, il aura augmenté de 30 %, passant de
1673 $ en 1985-1986 à 2172 $ en 1988-1989 alors que la bourse moyenne
accusait une baisse de 1 %, c'est-à-dire qu'elle passait de 2622 $
à 2589 $. Enfin, le nombre de bénéficiaires de bourses a
chuté de plus de 10 % alors que le nombre total de
bénéficiaires demeurait stable à environ 123 000,
même si le volume total de l'aide financière alloué
augmentait essentiellement par une augmentation des prêts, si bien que le
gouvernement a pu diminuer les crédits consentis à ce
programme.
Si le gouvernement n'a pas hésité à accroître
l'endettement des étudiants, il est beaucoup moins empressé
à tenir ses promesses électorales en matière de
bonification de l'aide financière aux étudiants, dont une seule
sur quatre a été réalisée jusqu'à
maintenant. Il n'a pas utilisé la marge de manoeuvre
dégagée sous l'effet des compressions et de l'amélioration
de la conjoncture économique, comme on aurait pu s'y attendre, pour
procéder aux bonifications promises. Dans un tel contexte, les
étudiants ont toutes les raisons d'être méfiants
vis-à-vis d'une prétendue réforme concoctée en
catimini dans les officines du ministère et qui ne verra pas le jour
avant deux ans, c'est-à-dire pas avant les prochaines élections.
Autant les gestes déjà posés par le gouvernement que les
discours du ministre sur la générosité du régime
québécois d'aide financière et la nécessité
de tenir compte des programmes en vigueur ailleurs nourrissent les craintes
d'une réforme à rabais.
Le Québec a pourtant encore d'importants progrès à
accomplir sur le plan de l'accessibilité générale à
l'éducation postsecondaire aussi bien qu'au plan de la
démocratisation de cet accès au profit des milieux
socio-économiques défavorisés qui demeurent, rappelons-le,
sous-représentés dans les collèges et encore davantage
dans les universités. Mais ceci ne semble pas figurer au rang des
priorités de ce gouvernement. Ses politiques consacrent plutôt un
endettement accru des étudiants les plus démunis, ce qui n'est
pas pour encourager ceux-ci à poursuivre des études.
À l'examen des crédits consacrés à la fois
à l'Éducation, la semaine dernière, et à
l'Enseignement supérieur cette semaine, un certain nombre de remarques
s'imposent. L'éducation et l'enseignement supérieur ne sont plus,
ne sont pas et n'ont jamais été une priorité pour ce
gouvernement. En période de croissance, au moment où l'on devrait
investir pour développer les ressources humaines en vue de faire face
à des jours plus sombres, on coupe, on comprime, on retient le
développement de l'enseignement supérieur et de
l'éducation. Alors qu'on a, et selon le ministre des Finances
même, plus les moyens on désinvestit. Alors que l'Ontario mise sur
le développement des ressources humaines, plus particulièrement
sur la scolarisation et le développement de la recherche, ici on freine.
Aucune initiative nouvelle, rien de neuf qui viendrait favoriser le
relèvement de la scolarisation en milieux défavorisés, en
régions éloignées; aucun programme nouveau en
matière de recherche qui pouvait augmenter de façon
marquée ou notable notre potentiel de recherche.
Une seconde remarque: le ministre est absent des grands dossiers de
négociation avec le fédéral, qu'il s'agisse des
transferts, de la part des subventions des organismes de recherche du
fédéral comme du dossier de la formation professionnelle ou de
celui du transfert de fonds. Le seul dossier dans lequel on l'a vu actif, c'est
un transfert de fonds de 8 000 000 $ au bénéfice des
collèges qui a été pris à l'enveloppe du
secondaire, ce qui n'ajoute rien, faut-il le rappeler, à l'enveloppe. Le
ministre est absent comme il a été absent lorsqu'il s'est agi des
négociations constitutionnelles au moment où on aurait pu inclure
l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique qui vient, on
le sait, brimer les droits du Québec et les pouvoirs du ministre en
matière d'éducation. Un ministre absent des grands dossiers et
qui, parce que chapeautant les deux ministères de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur puise dans l'enveloppe du ministère
de l'Éducation depuis trois budgets déjà pour donner
à l'Enseignement supérieur un gain nul en matière
d'éducation et d'enseignement supérieur.
On peut s'interroger sur la pertinence de faire porter cette
responsabilité des deux ministères à l'actuel ministre et
si, finalement, l'éducation à terme n'y perd pas et s'il n'aurait
pas été souhaitable de maintenir la structure existante,
c'est-à-dire un ministre responsable de l'enseignement supérieur,
de la science et de la technologie, ce qui serait beaucoup plus cohérent
que ce qu'on connaît actuellement et un ministre responsable de
l'éducation. Nul doute qu'un ministre responsable d'un secteur,
c'est-à-dire de l'éducation et de l'enseignement
supérieur, aurait été plus à même de
défendre les budgets de l'un et de l'autre. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, Mme
la députée de Chicoutimi. Étant donné que le
ministre a réservé ses interventions au début des
programmes 3, 4, 5 et 6, je vais lui permettre quelques brefs commentaires et
après cela nous enchaînerons avec l'étude du programme
1.
M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais faire quelques brefs
commentaires à ce moment, tout d'abord pour exprimer mon
appréciation des commentaires qui ont été faits par la
porte-parole de l'Opposition. Je pense qu'elle a accompli son devoir de
critique d'une manière que nous devons apprécier parce qu'elle a
étudié les documents. Elle les interprète souvent d'une
manière différente de la nôtre, mais j'apprécie les
commentaires qui ont été faits. Nous allons les examiner
sérieusement, mais il y en a quelques-uns sur lesquels j'aimerais
peut-être m'ar-rêter dès maintenant pour redresser des
impressions fausses qui pourraient s'en dégager. Je le fais dans le
même esprit non polémique dans lequel la présentation a
généralement été faite par la porte-parole
de l'Opposition. Je pense qu'il faut corriger l'affirmation selon laquelle on
financerait l'absence de compressions au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science par des compressions faites au
ministère de l'Éducation. Dans les débats que nous avons
faits autour des crédits du ministère de l'Éducation nous
avons clairement établi qu'il y a pour l'année 1988-1989 un ajout
net, compte tenu de toutes les compressions, de 5 600 000 $ au budget du
ministère de l'Éducation. S'il y a un ajout net de 5 600 000 $,
nous ne pouvons pas avoir financé l'absence de compressions d'un autre
ministère à partir de là. On peut discuter des
compressions qui ont été faites au ministère de
l'Éducation, mais je ne pense pas qu'on puisse faire des transferts
comme ceux-là. S'il y avait un déficit net de ressources
attribué au ministère de l'Éducation pour 1988-1989, ce
raisonnement pourrait se soutenir, mais je ne pense pas qu'on puisse le
soutenir dans les conditions actuelles. (11 h 15)
En ce qui touche l'enseignement collégial, je voudrais faire deux
brèves remarques parce que nous viendrons à ce sujet de
manière plus détaillée tantôt. La
députée de Chicoutimi a souligné la chute de
clientèle qui s'est produite en 1987-1988. C'est un fait qui est
à la connaissance de tout le monde, sur lequel nous n'avons pas de
contrôle direct et que nous attribuons largement, quant à nous, au
développement de l'économie qui a créé plus de
possibilités d'emplois pour des jeunes qui ne s'estimaient pas
prêts à poursuivre immédiatement des études à
temps plein au niveau collégial. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne
feront pas d'autres études. Quand on parle de la chute des effectifs
d'environ 4000 au niveau collégial qui s'est produite en 1987-1988, je
pense qu'il faut ajouter, pour donner un tableau complet, l'augmentation de
15,9 % qui est survenue dans les inscriptions à l'éducation des
adultes.
Tout compte fait, quand on fait le compte complet, je pense que le
tableau peut être perçu d'une manière plus
équilibrée. Il me semble qu'on ne peut pas faire abstraction de
données comme celles-là. On remarquera aussi que, dans les
mesures de financement qui ont été instituées à
l'intention des collèges, nous avons d'abord introduit un plancher en
deçà duquel la chute des effectifs ne serait pas tenue en ligne
de compte pour les subventions, de manière à ne pas subir de
contrecoups trop prononcés de cette chute d'inscriptions du financement.
En plus, au cours de l'année, nous avons ajouté une somme
spéciale que nous avions réussi à récupérer
à même les années précédentes; somme
spéciale de 1 600 000 $ qui a été redistribuée aux
collèges de manière à atténuer les effets de la
chute de clientèle. Tous les collèges qui avaient subi une baisse
de clientèle de 4 % ou plus ont reçu une contribution qui annule
les effets de la chute de
clientèle au-dessus de ce seuil.
De même, au début de l'année, on avait
annoncé des compressions d'au-delà de 5 000 000 $ pour les
collèges. Ces compressions ont été annulées par
l'injection d'une somme spéciale de 8 500 000 $ au titre de
l'encadrement de l'éducation des adultes. La députée de
Chicoutimi y a fait allusion, et j'ai vu qu'elle était au courant de ce
fait. En fait, il n'y a pas eu de compressions dans le secteur des
collèges parce que, comparativement aux 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ que
nous avions annoncés au début de l'année, il y a eu de
nouvelles injections de ressources de plus de 10 000 000 $ au cours de
l'année. D'ailleurs, les collèges qui sont les mieux
placés pour le savoir nous l'ont dit, ils ont énormément
apprécié les mesures qui ont été instituées
au cours de l'année. Et nous revenons en 1987-1988-1989 avec des mesures
qui sont encore plus encourageantes et, par conséquent, de ce
côté-là, je ne pense pas que la députée de
Chicoutimi, qui s'intéresse particulièrement aux collèges,
puisse faire beaucoup de millage au détriment du gouvernement parce que
c'est un secteur auquel nous avons vu et qui, actuellement, s'estime
traité avec équité.
Je voudrais dire un mot à propos du secteur universitaire sur
lequel la députée de Chicoutimi s'apitoie avec une
sincérité apparemment réelle, mais qui est
accompagnée d'un manque de mémoire regrettable. La vraie
sincérité est ordinairement servie par une bonne mémoire,
et on comprend que, au chapitre des bonnes intentions, on puisse quelquefois
s'en passer.
Il faut bien voir de quelle situation nous avons hérité
quand nous sommes arrivés au pouvoir en matière de financement
universitaire. Je vais la résumer de nouveau pour que les choses soient
claires. Quand le gouvernement du Parti québécois a pris le
pouvoir, en 1976 je pense...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... les subventions du gouvernement
québécois aux universités plus le revenu tiré des
frais de scolarité étaient supérieures de 7 % à la
moyenne canadienne en 1976-1977. Nous occupions un rang très honorable
à ce moment-là, très près du sommet, nous
étions troisièmes, tout de suite après Terre-Neuve et la
Colombie britannique. Savez-vous où nous étions à la fin
de 1985? On va vous le dire. En 1985, nous étions passés au 9e
rang, 6, 5 % en dessous de la moyenne canadienne. On était à 7 %
au-dessus quand le gouvernement du Parti québécois est
arrivé et on était à 6, 5 % en dessous quand il est parti.
Il est facile de parler avec des trémolos dans la voix trois ans plus
tard, mais cela témoigne d'une mémoire assez courte. Je vais
prendre un autre critère qui est du même ordre évidemment
et qui vient compléter ce que j'ai indiqué. Si on prend tous les
revenus de fonctionnement des universités - on va dire qu'il faut tenir
compte de tout, d'accord - alors, en 1976-1977, le Québec avait...
Est-ce que c'est cinq ou huit?
Une voix: Huit.
M. Ryan: J'ai bien fait de le demander, parce que j'allais dire
cinq. Nous avions une situation supérieure de 8 % à la moyenne
canadienne. Les revenus de fonctionnement complet des universités
étaient de 8 % de plus que la moyenne canadienne en 1976-1977.
Après neuf ans de régime péquiste éclairé,
nous sommes inférieurs de 4, 5 % à la moyenne canadienne. Nous
sommes passés au neuvième rang. Nous étions au
troisième rang et nous avons glissé au neuvième rang.
C'est de là que nous sommes partis, il ne faut jamais l'oublier. Je n'ai
pas les dernières statistiques. Ce sont des statistiques qui ne sont pas
du ministère ni de mon cabinet, mais qui sont de trois organismes de
l'Ontario qui travaillent ensemble. C'est un comité tripartite, que m'a
souvent cité mon prédécesseur, M. Bérubé.
Quand nous discutions de statistiques de financement universitaire, il
invoquait toujours ce document-là comme la Bible, comme étant la
source la plus fiable. Il y a trois parties qui composent le comité
chargé de travailler aux statistiques. Le document s'appelle
"Interprovincial Comparisons of University Financing". C'est de là que
je tire ces renseignements. J'en fournirai volontiers une copie à la
députée de Chicoutimi, si cela l'intéresse, même si
je n'ai pas la version française. En Ontario, ils utilisent seulement le
texte anglais, mais les chiffres parlent n'importe quelle langue.
Mme Blackburn: Au Québec, c'est bilingue.
M. Ryan: Les chiffres, c'est bon dans toutes les langues.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Poursuivez, s'il
vous plaît!
Mme Blackburn: II n'y a qu'au Québec où c'est
bilingue, on le sait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madame. M. le ministre.
M. Ryan: Je signale pour l'honneur de la vérité que
le gouvernement ontarien édite un nombre de plus en plus grand de ses
publications importantes en français.
Mme Blackburn: Bravo pour l'Ontario!
M. Ryan: Je le signale en toute équité et en toute
objectivité.
Mme Blackburn: Cela vaut la peine.
M. Ryan: Encore récemment, j'ai reçu un
rapport d'une commission d'enquête qui traitait de
l'éducation et le rapport a été publié dans les
deux langues.
Je pense que, pour le secteur universitaire, il faut établir cela
clairement comme point de départ. Si la députée voulait
contester ces chiffres, j'en serais fort heureux. On lui donnerait
peut-être une recommandation pour servir de conseillère à
cet organisme qui produit des statistiques acceptées dans tout le
Canada.
Pour les universités, nous aurons l'occasion de parler des
mesures que nous instituons, qui sont en cours présentement...
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, on avait convenu ce matin
que le ministre faisait des remarques avant chacun des programmes. Selon son
habitude, il est en train de prendre une partie du temps de l'Opposition pour
se faire des éloges et des compliments. Il est en train de nous dire
qu'il n'a pas vraiment pris le pouvoir. Je pense qu'on aurait peut-être
autre chose que cela à faire ce matin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, je ne porterai pas de jugement sur le
contenu des remarques de M. le ministre, mais je dois reconnaître que, si
on s'en tient aux ententes qui sont intervenues entre les deux formations
politiques, il était bien entendu que je reconnaissais quinze minutes
d'intervention au ministre avant le début de l'étude des
programmes 5, 6, 4 et 3. Le ministre a touché au programme 5 sur
l'enseignement collégial - j'imagine qu'il ne prendra pas les quinze
minutes - et cela va à rencontre des ententes que nous avions prises.
J'ai permis au ministre de brèves remarques à la suite de votre
exposé. J'inviterais le ministre à conclure brièvement,
quitte à reprendre son exposé et à faire ses mises au
point lors des quatre autres périodes de quinze minutes qui ont
été prévues au début de l'étude des
programmes 5, 6, 4 et 3, comme je le disais.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, je
vous invite, s'il vous plaît, à terminer le plus rapidement
possible de façon que nous puissions commencer l'étude du
programme 1. M. le ministre.
M. Ryan: En terminant, j'ajouterai une dernière remarque.
La députée prétend que le ministre serait absent des
questions reliées aux politiques fédérales en
matière d'enseignement postsecondaire et de politique scientifique.
C'est absolument faux. Depuis le début de notre mandat, je suis le
ministre vice-président du Conseil des ministres de l'Éducation
du Canada. Je fais aussi partie de l'exécutif du Conseil des ministres.
Sur bien des questions, nous estimons qu'il est plus efficace que les ministres
de l'Éducation agissent ensemble dans les grandes questions
d'intérêt canadien plutôt que séparément
chacun de leur côté. Nous faisons des interventions continuelles
auprès du gouvernement fédéral sur les sujets qui ont
été mentionnés par la députée de Chicoutimi.
Je peux vous assurer que l'influence du Québec dans la
détermination des politiques du Conseil des ministres de
l'Éducation du Canada est considérable.
En ce qui regarde les aspects proprement financiers, en particulier le
financement des programmes à financement partagé, la
responsabilité, au sein du gouvernement, a toujours été
confiée au ministre des Finances non seulement sous le gouvernement
actuel, mais de temps immémoriaux. Cela continue; je pense que c'est
très bien, mais le ministre des Finances voit à se procurer les
avis de ses collègues avant de définir ses interventions. Je
pense que c'est comme cela que les choses doivent se faire également.
Nous aurons l'occasion d'aborder d'autres points particuliers de l'intervention
de la députée de Chicoutimi en cours de route.
Je voudrais signaler, si vous le permettez, M. le Président, que,
quand je ferai une intervention à propos de chacun des grands programmes
que nous discuterons, j'estime qu'on ne me fera aucune faveur. J'ai le droit
strict de demander d'intervenir pour une période de temps qui peut aller
jusqu'à vingt minutes. Je ne voudrais pas qu'on pense qu'on me fera
quelque faveur quand je me prévaudrai du droit qui m'est donné
d'intervenir sur ces programmes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais, M.
le ministre, qu'en vertu de l'article 287 de notre règlement vous pouvez
intervenir. Par contre, il y a, quand même, des ententes qui avaient
été prises. J'inviterais tout le monde à essayer, dans la
mesure du possible, de façon à rendre nos débats
intéressants et fructueux et à faire en sorte que nos
débats se déroulent dans l'harmonie, de respecter le plus
possible les ententes de principe qui ont été prises. Par contre,
je reconnais, M. le ministre, que notre règlement prévaut
toujours sur les ententes. Merci, M. le ministre.
Vous avez terminé, M. le ministre? Alors, j'inviterais Mme la
députée, porte-parole de l'Opposition, à débuter
l'étude du programme 1 Administration. Est-ce qu'il y a des
éléments particuliers, Mme la députée, auxquels
vous vouliez toucher?
Administration
Mme Blackburn: Non, ce sont des remarques d'ordre
général. Je ne reprendrai pas les chiffres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur le programme
1, madame?
Mme Blackburn: Sur le programme 1, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
je vous écoute.
Mme Blackburn: Le ministre s'est employé à faire
des démonstrations qui, je pense, n'impressionnent personne par rapport
aux efforts consentis quant aux budgets du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Lorsqu'il dit qu'il ne s'agit pas de vases
communicants, il faut se rappeler que la compression réelle dans les
commissions scolaires est de 18 500 000 $, si je ne m'abuse, que cela a
été largement dénoncé par la
fédération des commissions scolaires et que je reçois sur
ma table des résolutions venant de différentes commissions
scolaires dénonçant le fait qu'elles soient à nouveau,
cette année, dans les écoles, privées d'une partie des
ressources qui leur permettraient d'assurer une meilleure qualité de
l'enseignement. Qu'il s'agisse de vases communicants, on sait très bien,
même si ce sont deux postes distincts que, dans les faits - c'est
l'impression générale que cela laisse - la négociation du
ministre des Finances avec le président du Conseil du trésor,
c'est donnant, donnant. N'en coupez pas trop, mais moi, je m'arrangerai pour
faire... Si je vous en cède un peu à l'Éducation, vous
pouvez m'en donner un peu à l'Enseignement supérieur. C'est le
primaire et le secondaire qui font les frais des négociations et les 8
000 000 $ qui ont été ajoutés dans les collèges
pour fins d'encadrement, ce sont 8 000 000 $ qui ont été pris
dans l'enveloppe qui était destinée aux écoles secondaires
pour les fins de l'encadrement de l'éducation des adultes. C'est
toujours le même système dont on se sert.
Le ministre nous dit que la situation des universités
était de beaucoup plus reluisante avant la venue du Parti
québécois. Je dis: Bravo! Si le ministre a été
élu, c'est peut-être parce qu'on ne faisait pas les choses de
façon correcte. Il serait peut-être temps qu'il démontre
qu'il est au pouvoir et qu'il a le pouvoir de changer les situations. Ce n'est
pas en invoquant constamment la situation qui, selon lui, était
déplorable avant qu'il va remonter un peu sa cote. Il doit montrer au
Québec et aux Québécois qu'il fait mieux que ce qu'on
faisait, pas qu'il fait pire.
Alors qu'il était dans l'Opposition, je relisais toujours avec
beaucoup de plaisir le Journal des débats de l'époque,
quand c'était M. Bérubé qui était ministre de
l'Enseignement supérieur et qu'il disait à la suite des remarques
du député "d'Anjou": On a l'impression que vous allez rester 500
ans dans l'Opposition en tenant un pareil discours. C'était
complètement démagogique.
Concernant les 37 000 000 $ qui avaient été ajoutés
en plus de l'indexation en 1985-1986, le député "d'Anjou",
l'actuel ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur... (11 h 30)
M. Jolivet: D'Argenteuil, madame.
Mme Blackburn: D'Argenteuil. Il faudrait peut-être le lui
donner, parce qu'il paraît qu'il est de moins en moins populaire dans son
comté.
M. Ryan: Vous concédez le comté, tout le monde le
sait, mais cela ne fait rien.
M. Jolivet: Moi, c'est Laviolette ou Joliette.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! À l'ordre!
Mme Blackburn:... tenait un discours complètement
démagogique. Il qualifiait cet accroissement des budgets de 37 000 000 $
de minimum, risible, ridicule; tous les qualificatifs étaient bons. Sa
première décision a été de couper les 37 000 000 $,
quand il a pris le pouvoir, dans le premier budget de 1986-1987. Ce sont
là les chiffres et cela ne m'impressionne pas une minute quand il sort
les chiffres du gouvernement précédent. Cela fait deux ans et
demi que ce gouvernement est au pouvoir. Chaque fois, je trouve cela surprenant
que personne ne lui dise que ce serait peut-être le temps qu'il prenne le
pouvoir un peu. Quand le ministre nous dit qu'il participe beaucoup aux
négociations constitutionnelles, c'est-à-dire aux rapports du
Québec avec le fédéral, plus particulièrement au
sein du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, je ne m'en
vanterais pas trop, cela ne semble pas être trop efficace si on regarde
les résultats. En résultats nets, les politiques du
fédéral en matière de transfert et de développement
de la recherche nuisent au Québec et le ministre le sait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, je vous rappelle... À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mme Blackburn: Pour revenir à ce budget...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Au programme
1.
Mme Blackburn:... au programme 1, je voudrais demander au
ministre s'il n'admet pas qu'en fait les crédits additionnels pour les
activités prioritaires dérivent d'un transfert du MEQ qui subit,
encore cette année, une compression dans l'ensemble de son enveloppe,
pas seulement à l'enseignement, de 24 500 000 $. Vous vous rappellerez
la dernière conversation qu'on a eue au sujet de 20 000 000 $ qui
apparaissaient comme de l'argent neuf cette année dans l'enveloppe,
alors que c'était simplement une question d'écritures parce qu'on
n'avait pas encore entré ces 20 000 000 $ pour les fins des conventions
collectives - c'était une espèce
d'ajustement mécanique - dans le budget régulier. Ce
n'était pas vraiment de l'argent neuf, c'était une question
d'écritures. On va le laisser de côté, je suis même
prête à le laisser au ministre, mais il y a effectivement 24 500
000 $ de compressions au MEQ.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'est ma question.
M. Ryan: Je nie l'affirmation de Mme la députée de
Chicoutimi, tout simplement. La démonstration en est contenue dans les
cahiers explicatifs des crédits du ministère de
l'Éducation. Ces cahiers établissent clairement qu'il y a un
ajout de crédits de 5 600 000 $ pour le ministère de
l'Éducation en 1988-1989 et je dis que, s'il y a un ajout de 5 600 000 $
dans les ressources attribuées au ministère de
l'Éducation, on ne peut pas en avoir enlevé 24 000 000 $ pour les
transférer de l'autre côté. C'est un déplacement, un
redéploiement de ressources à l'intérieur des ressources
attribuées au ministère de l'Éducation. Cela veut dire que
ce que l'on a pu enlever pour un programme, disons le programme 8, on l'affecte
au programme 7 ou au programme 9 à l'intérieur de l'ensemble des
ressources dévolues au ministère de l'Éducation. J'ai
insisté beaucoup l'autre jour et je le fais de nouveau ce matin pour
dire qu'une administration aussi considérable qui ne trouverait le moyen
de procéder à aucun redéploiement de ressources à
l'intérieur des immenses ressources qui lui sont dévolues ferait
montre d'un manque de souplesse et d'ingéniosité lamentable. Je
ne pense pas que ce soit une ligne d'argumentation qui puisse conduire à
beaucoup de lumière et qu'elle soit fondée sur les faits.
Mme Blackburn: Cela va pour le programme 1. Il restera au
ministre à convaincre les commissions scolaires qu'il a raison.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est tout pour ce
qui est du programme 1?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 1 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, j'appelle
le programme 5. M. le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. le ministre de l'Éducation, je vous rappelle les engagements
pris entre les deux partis politiques et vous reconnais pour 15 minutes.
Enseignement collégial
M. Ryan: M. le Président, j'ai préparé, avec
l'aide de mes collaborateurs, un texte sensiblement plus long que celui que
vous m'autorisrez à communiquer à la commission ce matin. Je
voudrais, quand même, qu'on sache, quand on lira les comptes rendus de
nos débats, que nous avons mis à la disposition des
députés, de la presse et des milieux intéressés un
texte beaucoup plus long. Celui qui sera diffusé dans le réseau
d'enseignement concerné sera le texte complet de mon intervention et non
pas la version tronquée que je suis obligé d'en donner ce
matin.
Nous célébrons cette année le vingtième
anniversaire de la création des cégeps et de la réforme de
l'enseignement collégial au Québec. À l'occasion d'un
colloque de la Fédération des cégeps qui marquera en mai
cet anniversaire, j'aurai l'occasion de faire connaître les orientations
à long terme que le gouvernement envisage pour cet ordre d'enseignement.
Je me bornerai, en conséquence, pour les fins de cet exposé,
à des considérations portant plus immédiatement sur
l'année à venir. Ces considérations tireront, en bonne
partie, leur éclairage des observations recueillies en 1987-1988.
L'enseignement collégial québécois est un
modèle original dans la famille des systèmes scolaires des pays
industrialisés. Il dispense à la fois l'enseignement
général préparant aux études universitaires et
l'enseignement professionnel en vue de l'intégration au marché du
travail. La formation offerte par les collèges s'étend de la
douzième à la quatorzième année de la
fréquentation scolaire. Elle se situe à un point-charnière
entre l'ordre secondaire et l'ordre universitaire. L'enseignement
collégial dessert également les deux communautés
linguistiques du Québec. Chacune possède des
établissements collégiaux sur lesquels elle exerce un
contrôle direct. Ces établissements sont financés suivant
les mêmes normes, tout comme les commissions scolaires, d'ailleurs.
Les cégeps furent créés afin d'accroître
l'accessibilité à l'enseignement postsecondaire sur tout le
territoire québécois et de hausser le niveau de scolarisation, de
qualification professionnelle et de culture de la population. Tout compte fait,
ils ont répondu avec succès aux attentes que suscita leur
création.
Dès 1981, l'impact de l'enseignement collégial se faisait
fortement sentir. De 1971 à 1980, le nombre médian
d'années de scolarisation des personnes âgées de 25
à 44 ans passait de 9, 8 années à 12, 1 années.
Pendant la même période, le niveau de scolarité moyen
passait de 11 années à 12, 5 années pour l'ensemble du
Canada.
La probabilité pour les élèves du cours secondaire
d'accéder à l'enseignement collégial se situait en 1972
à 38, 2 %. Elle s'établissait, en 1987, à 53 %.
Principalement fréquentés à
l'origine par une clientèle de jour, les cégeps se sont
progressivement ouverts à une clientèle adulte, laquelle est
pratiquement aussi importante aujourd'hui que la clientèle jeune.
Les cégeps sont désormais implantés dans toutes les
régions du Québec. Dans chacune, ils sont les lieux
privilégiés de l'accès à la formation
postsecondaire. Dans chaque région où ils sont implantés,
les cégeps sont des pôles de rayonnement culturel, social et
technologique de première importance.
En plus d'offrir les programmes de formation générale en
sciences de la nature, en sciences humaines, en arts et lettres, qui
préparent aux études universitaires, les cégeps offrent
135 programmes de formation professionnelle conduisant au diplôme
d'études collégiales. Ils offrent, en outre, plus de 165
programmes conduisant au certificat ou à l'attestation d'études
collégiales.
Au cours des vingt dernières années plus, d'un
demi-million de personnes ont reçu un diplôme d'enseignement
collégial. Les membres de la commission Parent avaient
présumé que ces diplômés se distribueraient à
40 % pour le cours général, à 60 % au secteur
professionnel. Pour l'année 1987-1988, 55 % de la clientèle de
l'enseignement régulier sont inscrits au secteur général,
tandis qu'environ 45 % se trouvent en formation professionnelle. Pour
compléter ce bref bilan, soulignons que près de 15 000 personnes
oeuvrent dans les cégeps à titre d'administrateurs,
d'enseignants, de professionnels ou de membres du personnel de soutien.
Le parc immobilier du réseau collégial a une valeur de
plus de 1 000 000 000 $. Une partie importante de l'actif consiste en des
équipements de haute technologie dont nous aurons l'occasion de parler
à nouveau tantôt.
Comme nous avons déjà glissé un mot tantôt
des mouvements de clientèles, je passerai rapidement sur ce sujet pour
traiter d'accessibilité au sens plus large. Même si le
réseau collégial a largement atteint l'objectif
d'accessibilité qui lui avait été fixé au
départ, il se trouve encore des régions où le taux de
passage du secondaire au collégial et le taux de
persévérance aux études collégiales demeurent en
deçà des moyennes nationales. Dans certaines régions
possédant un vaste territoire et une population moins dense que les
régions urbaines, l'accès à l'enseignement
collégial demeurait difficile. Conscients de leur responsabilité
à cet égard, quatre cégeps, avec l'appui du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, ont
implanté, ces dernières années, des sous-centres
d'enseignement collégial visant à répondre aux besoins de
clientèles éloignées du principal centre d'enseignement
collégial de la grande région dont elles font partie. Ces
sous-centres sont situés à Mont-Laurier, aux
Îles-de-la-Madeleine, à Chibougamau et à Amos.
En 1988-1989, nous recevrons le rapport d'évaluation de ces
expériences qui se pour- suivent depuis quelques années. Nous
serons ensuite en mesure de définir une politique concernant l'avenir
des sous-centres d'enseignement collégial. Nous entendons étudier
avec une attention spéciale les besoins des régions de
Bonaventure, de Portneuf et de Montmagny, dont des porte-parole
autorisés nous ont saisis de leur intérêt pour le
développement de l'enseignement collégial sur leur
territoire.
Au chapitre de l'accessibilité, il me plaît de signaler que
les projets déjà approuvés pour le développement de
l'enseignement collégial à Charlesbourg, à Gatineau et
à Val-d'Or vont bon train. Le nouveau pavillon d'enseignement
collégial de Gatineau devrait ouvrir ses portes en septembre prochain.
L'enseignement collégial connaîtra un début très
important d'implantation à Val-d'Or, dès le mois de septembre
1988. Quant au campus du cégep de Limoilou, qui doit être
édifié à Charlesbourg, les obstacles nombreux qui
empêchaient la mise en route des travaux sont pratiquement
surmontés et la réalisation du projet débutera au cours
des prochains mois. Je signale, enfin, la décision que nous avons prise
d'autoriser la création d'un cégep autonome de langue anglaise
à Hull. Au cours de la prochaine année, le campus Heritage,
jusqu'à maintenant rattaché au cégep de l'Outaouais,
deviendra un cégep autonome.
En 1987, j'ai fait connaître les grandes lignes de la
réforme du programme de concentration en sciences humaines. Ce programme
rejoint annuellement plus de 30 000 étudiants et implique environ 3000
professeurs. Développer la rigueur de pensée de
l'étudiant; assurer, chez l'étudiant, l'acquisition des
connaissances de base dans les disciplines des sciences humaines et de la
langue maternelle; familiariser l'étudiant avec la méthodologie
propre aux sciences humaines; offrir aux étudiants une meilleure
préparation aux études universitaires, voilà les
principaux objectifs qui présideront à la refonte des cours
offerts dans ce secteur. Afin d'assurer la réalisation de ces objectifs,
nous avons porté de 24 à 28 le nombre d'unités de la
nouvelle concentration et, de ce nombre de 28 unités, 20 seront
déterminées par le ministre et 8 par les
établissements.
Un travail semblable se poursuit autour du programme de concentration en
sciences de la nature. Je serai bientôt en mesure de dévoiler les
orientations qui présideront à la réforme des cours
offerts dans ce secteur. Nous entreprendrons, ensuite, le même travail
pour les cours d'arts et lettres. Et, afin d'assurer un arrimage efficace entre
les cours offerts au niveau collégial et les enseignements
correspondants de niveau universitaire, nous verrons à assurer des
liaisons de plus en plus étroites entre les représentants
autorisés des deux ordres d'enseignement.
Dans le secteur de la formation professionnelle, la révision des
programmes est l'objet d'un processus continu. En 1986-1987, une trentaine de
programmes avaient été révisés. En 1987-1988,
les travaux portant sur 21 programmes se sont poursuivis. De ce nombre,
12 programmes ont été complètement révisés
et devraient être implantés sous leur forme renouvelée en
septembre 1988.
Le développement le plus important de 1988-1989 sera sans doute
l'implantation du programme révisé de techniques de soins
infirmiers. Dans une quarantaine de cégeps, des crédits
additionnels de plus de 3 000 000 $ ont été prévus pour
l'implantation de ce programme. On compte accueillir en première
année de ce nouveau programme plus de 2730 étudiantes et
étudiants. Cela vaut bien des politiques théoriques.
Le cégep de Baie-Comeau a été autorisé
à offrir, à compter de la prochaine année, la
troisième année du programme d'aménagement forestier. Ce
cégep offrait déjà les deux premières années
du programme. Étant donné les ressources humaines et
matérielles dont il dispose, nous avons estimé que cet ajout
permettra au cégep de Baie-Comeau d'apporter un heureux
complément à l'enseignement qu'il dispense
déjà.
Le collège de l'Abitibi-Témiscamingue a été
autorisé à offrir le programme de techniques d'analyse
d'entretien. Le Conseil des collèges s'était prononcé
contre l'implantation de ce programme. Toutefois, à la suite de
l'insistance manifestée par les participants au sommet
socio-économique de l'Abitibi-Témiscamingue tenu à Amos en
avril 1987 et grâce à la contribution importante offerte par
l'Office de planification et de développement du Québec, compte
tenu également de l'éloignement de cette région et de ses
besoins aigus en matière de formation professionnelle, il m'est apparu
que je devrais faire exception dans ce cas à la ligne de conduite que je
suis généralement concernant les avis que je reçois du
Conseil des collèges et accorder la demande présentée par
le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue pour l'implantation du
programme de techniques d'analyse d'entretien. (11 h 45 )
Au sujet du programme de techniques policières, des
difficultés regrettables ont surgi en 1987-1988 en relation avec
l'accès des étudiants des collèges au stage qui doit
être accompli à l'Institut de police de Nicolet. Les
difficultés sont venues de l'Institut de police qui doit aussi
accueillir dans ses murs, en plus des étudiants des cégeps, les
recrues en provenance des divers corps policiers et qui manque, en
conséquence, d'espace pour recevoir tous les étudiants de niveau
collégial qui voudraient y effectuer un stage. Un comité
interministériel examine ce problème depuis quelques semaines et
ses recommandations doivent m'être remises avant la période
d'été, c'est-à-dire avant la fin de juin. Je crois que
nous nous orientons vers des solutions très acceptables à cet
égard, mais ce seront des réaménagements
significatifs.
Nous avons travaillé également au cours de la
dernière année au réaménagement des pro- grammes de
formation agricole. Je pense que, dans l'ensemble, nous arrivons ici à
des réaménagements qui seront également très
intéressants pour les collèges et le monde agricole.
Je vous signale qu'en matière d'évaluation des
apprentissages nous franchissons en 1988-1989 une étape très
importante. La commission de l'évaluation, après avoir
surmonté toutes sortes d'obstacles grâce à une
collaboration étroite entre le Conseil des collèges, la
Fédération des cégeps et le ministère, pourra enfin
entreprendre la visite des collèges et la publication annuelle de son
rapport d'examen sur les politiques d'évaluation des collèges.
Nous avons déjà ces politiques pour la très grande
majorité des collèges. La majorité a été
jugée acceptable. Il s'agira maintenant de s'assurer qu'elles sont
vraiment appliquées. Mais l'institution d'un système
d'évaluation des apprentissages dynamique et très exigeant est,
à mon point de vue, un objectif tout à fait prioritaire pour le
secteur collégial.
J'en viens, en terminant, M. le Président, aux crédits de
la prochaine année. Ainsi que je l'ai dit tantôt, les
inquiétudes que nous avions exprimées au début de
l'exercice 1987-1988 concernant les compressions annoncées par le
gouvernement ont perdu leur raison d'être en cours d'année par
suite de l'injection d'une somme additionnelle de 8 500 000 $ au chapitre de
l'encadrement de l'éducation des adultes et d'une autre somme de 1 600
000 $ au chapitre des récupérations que nous avons pu faire des
budgets des années précédentes et que nous avons
transférées aux collèges, surtout pour atténuer les
conséquences budgétaires des chutes de clientèles.
Au cours de la prochaine année, il me fait plaisir d'annoncer que
des crédits additionnels de 9 200 000 $ seront affectés au
développement du réseau collégial. Il y aura injection de
crédits additionnels d'une valeur de 7 800 000 $ et cette injection sera
complétée par un redéploiement de ressources de 1 400 000
$.
J'ai déjà parlé du programme de soins infirmiers.
Je n'y reviens pas. Il se voit attribuer 2 300 000 $. Des crédits
additionnels de 1 450 000 $ ont été prévus pour la mise en
route des nouveaux établissements d'enseignement collégial dont
j'ai parlé. En outre, nous avons prévu des crédits
nouveaux de 1 450 000 $ pour l'entretien des espaces additionnels dans certains
collèges où ont eu lieu des ajouts d'espace important, en
particulier, au collège Dawson qui prendra possession de ses nouveaux
locaux à l'automne de la présente année et qui encourra,
à cause des surfaces accrues dont il disposera, des frais additionnels
auxquels le gouvernement doit apporter des solutions.
Il me fait plaisir également de confirmer qu'un budget de 4 000
000 $ a été prévu spécialement pour l'entretien et
le renouvellement des équipements de haute technologie que nous avons
dans les collèges. On se plaignait beaucoup
de la faiblesse des budgets consacrés à ce poste. Cette
année, c'est un budget additionnel de 4 000 000 $ que nous
prévoyons de ce côté.
Nous sommes toujours à discuter avec les collèges du
processus d'attribution des ressources, c'est-à-dire des règles
budgétaires qui président chaque année à la
distribution des subventions aux collèges. Les travaux vont bon train.
Nous devrions être en mesure de divulguer, en 1988-1989, la nouvelle
politique que nous suivrons à cet égard.
Je signale, en terminant, M. le Président, l'excellente
contribution que nous apporte le Conseil des collèges et ses deux
commissions, soit la commission de l'enseignement professionnel et la
commission de l'évaluation, lesquelles ont poursuivi leurs travaux au
cours de la dernière année autour de ce sujet dont l'importance
n'échappait aucunement au ministère et à nos concitoyens.
Je signale également les excellentes relations que nous entretenons avec
la Fédération des cégeps et l'Association des
collèges du Québec. Ce dernier organisme regroupe les
établissements privés d'enseignement collégial.
Il y a à peine deux ou trois semaines, j'ai tenu une
réunion substantielle avec la Fédération des
collèges, au cours de laquelle j'ai pu me rendre compte que les
crédits annoncés pour l'exercice 1988-1989 ont été
jugés très satisfaisants par nos interlocuteurs et au cours de
laquelle j'ai pu me rendre compte une fois de plus des rapports empreints de
courtoisie, de collaboration et de respect mutuel qui se sont institués
entre cette fédération et le gouvernement. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. Je
reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la députée, est-ce que
vous avez identifié des éléments ou voulez-vous y aller
globalement?
Mme Blackburn: Je pense qu'on va y aller globalement...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Globalement.
Mme Blackburn:... pour éviter de s'enfermer dans quelques
éléments.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
D'accord.
Je vous fais remarquer qu'il y a quatre éléments.
Il y a 80 minutes prévues pour l'étude du programme 5.
Mme Blackburn: Bien. Merci, M. le Président. Je voudrais,
d'abord, féliciter le ministre pour sa concision. On aurait pu craindre,
à voir l'épaisseur du document, que cela ne prenne encore une
heure, mais je pense qu'il l'a fait dans des délais tout à fait
raisonnables et acceptables.
Évolution des clientèles
Je voudrais avoir un certain nombre d'informations par rapport à
l'évolution des clientèles. Le ministre en a parlé dans
son texte et je pense que c'est ce qu'on a pu constater. Le rapport Parent
prévoyait - je ne sais pas trop sur quelles études et sur quel
genre d'évaluation cela reposait cependant, parce qu'on a
déjà fait des recherches là-dessus - qu'au niveau
collégial on devrait former environ 60 % de la clientèle dans le
secteur professionnel et 40 % dans le secteur général. On sait
qu'actuellement la tendance est en train de se renverser, c'est-à-dire
55 % pour le général et 45 % pour le professionnel. On a connu
dans certains programmes et dans certains collèges une chute que je
qualifierais de dramatique des demandes d'admission en enseignement
professionnel. Quel est l'avis du ministre là-dessus? Est-ce qu'il pense
prendre des mesures pour contrer ce mouvement? Je me rappelle que le
précédent gouvernement avait pris des mesures pour
accroître le nombre d'admissions dans certains programmes qui
étaient peu fréquentés et pour lesquels on avait des
besoins. Il y avait eu des bourses données, par exemple, en techniques
minières, si je me souviens, et dans quelques autres programmes pour
encourager les inscriptions dans certains programmes professionnels.
Ce que je voudrais savoir, par rapport aux crédits de cette
année, c'est quelles sont les mesures concrètes touchant,
d'abord, ce problème particulier d'un glissement des clientèles
du professionnel en faveur du général et quelles sont les mesures
concrètes pour favoriser une plus grande accessibilité à
l'enseignement collégial. Je voudrais savoir à combien il
estime... Je n'ai pas les données touchant les demandes d'admission qui,
actuellement, doivent être compilées, parce que cela se fait en
mars et qu'on est rendu en avril. Je n'ai pas les dernières informations
là-dessus. Comment évolue la clientèle pour 1988-1989?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M le ministre.
M. Ryan: M. le Président, à ce stade-ci, il
faudrait peut-être corriger une omission qui a été faite au
début de nos débats. Il faudrait vous présenter la
personne qui est à ma gauche, M. Marcel Gilbert, qui est le nouveau
sous-ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. À la
gauche de M. Gilbert, vous aurez reconnu mon directeur de cabinet, M.
André Fortier et à ma droite... Il est disparu, mais c'est lui
qui occupe la chaise, je sais qu'il a bien d'autres travaux que nos
débats à suivre.
Mme Blackburn: Avec la barbe.
M. Ryan: À ma droite, il y a M. Jacques Lanoux qui est le
directeur général de l'enseignement collégial.
Mme Blackburn: J'espère que cela ne veut pas dire qu'il
est invisible.
M. Ryan: Je voudrais, comme première partie de mon
intervention, avec votre autorisation, demander à M. Lanoux de nous
fournir des explications sur le mouvement général de
l'évolution des clientèles que nous observons dans le secteur
collégial, y compris sur les tendances les plus récentes
concernant les inscriptions en vue de la prochaine année.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lanoux.
M. Lanoux (Jacques): Merci. Pour ce qui est d'un
déplacement des clientèles du professionnel vers le
général, c'est un mouvement qu'on retrouve, je vous dirais,
à peu près à tous les cinq, six ou sept ans. Cela suit
cette tendance. Parfois, cela revient aux trois ou aux quatre ans, selon le
contexte économique et les possibilités du marché du
travail. En ce moment, il y a un certain nombre de programmes professionnels
auxquels il faudrait apporter une attention particulière, mais il n'y a
pas de crise grave par rapport à un ou à deux programmes
professionnels qui nécessiteraient une intervention du type dont vous
parliez tantôt.
Par rapport à la clientèle prévue pour
l'année scolaire 1988-1989, une baisse de clientèle de l'ordre
d'à peu près 2000, 2500 élèves est actuellement
prévue. Évidemment, les demandes d'admission dans les
collèges se sont faites pour le 1er mars. Les réponses aux
étudiants, pour le premier tour de sélection, leur sont parvenues
probablement vers le 15 ou leur parviendront ces jours-ci. Il faudra attendre
de voir au deuxième tour et au troisième tour comment le tout se
terminera, mais cela devrait être à peu près de cet ordre.
Par rapport à la diminution totale de 2700, il y en a un peu à
Québec, un peu plus à Montréal, mais très peu,
semble-t-il, dans les régions en dehors des deux grands centres.
Actuellement, ce sont les prévisions que nous avons. Au mois de juin,
nous serons en mesure d'avoir des chiffres plus précis sur cela.
M. Ryan: Pour compléter cette intervention, nous avons
pris des mesures pour que l'effet financier de cette diminution des
clientèles soit le moins douloureux possible pour les collèges.
Dès le début de l'année, nous avions institué un
plancher en deçà duquel nous ne tiendrions pas compte des chutes
de clientèles. Plus tard, pendant l'année, nous avons
réussi à récupérer, comme je l'ai dit tantôt,
une somme de 1 600 000 $ que nous avons distribuée parmi les
collèges, en fonction du niveau des chutes de clientèles. Tous
les collèges qui ont subi des chutes de clientèles de plus de 4 %
ont reçu un montant d'argent qui annulait les effets de la diminution
au-delà de ce seuil. En 1988-1989, un montant sera distribué pour
tenir compte du même facteur. Nous avons aussi prévu un montant en
1988-1989. Ce sont les mesures que nous avons arrêtées pour venir
en aide immédiatement aux collèges qui pouvaient être
affectés par des chutes de ressources budgétaires trop radicales
découlant des chutes de clientèles. Auprès de la
population en général, je crois qu'il est
préférable d'attendre un an ou deux pour voir si c'est un
mouvement temporaire. C'est peut-être un surplus de clientèle
régulière qui allait se parquer là et qui aura
été libérée par le nouvel essor de
l'économie. Ce n'est peut-être pas une perte réelle qui est
faite, ce montant-là. Il va falloir attendre deux ou trois ans pour
apprécier de manière plus véritable la signification de
ces mouvements. Comme je l'ai dit, il y a la compensation que nous trouvons du
côté des inscriptions à l'éducation des adultes
également. Je pense que nous sommes encore trop à la marge pour
être en mesure de tirer des conclusions générales pour
l'instant ou de lancer un cri d'alarme.
Les collèges, comme vous le savez, font une publicité fort
raisonnable pour faire connaître leurs services dans leur région
respective. Je ne pense pas que ce soient les annonces qui fassent
défaut dans les journaux, à ce point de vue. Ils sont sur un pied
d'égalité avec d'autres établissements qui se disputent la
faveur de la clientèle. Je ne prévois pas, pour l'instant, de
programmes d'alarme pour faire face à cette situation. Je pense que nous
allons vers un ajustement dont nous connaîtrons le niveau exact dans
quelque temps.
Mme Blackburn: Dans le prolongement de la même discussion,
on connaît une diminution des demandes d'admission et des inscriptions
dans les écoles secondaires, au secteur professionnel. On connaît
également cette diminution des demandes d'admission au secteur
professionnel de niveau collégial. Je voudrais savoir si on a
essayé d'établir, au minimum, nos besoins en matière de
main-d'oeuvre dans ces secteurs professionnels de niveau secondaire et de
niveau collégial. (12 heures)
Est-ce que les chiffres du rapport Parent étaient lancés
en l'air, en disant: Le tiers des gens dans le technique et je ne sais pas 40 %
dans le secteur professionnel, c'est à peu près ce dont on aurait
besoin au Québec ou s'ils étaient fondés sur des
études? Si oui, est-ce qu'on a mis à jour ces études qui
démontrent qu'on a un besoin de techniciens, d'ouvriers
spécialisés? C'est dans cette perspective que je posais ma
question et j'en aurais une seconde.
M. Ryan: Tout d'abord, en ce qui touche la commission Parent, il
faut bien préciser qu'il s'agissait d'objectifs généraux
que la commission
fixait au système. Elle n'avait pas prédit que cela se
passerait comme ceci. Les objectifs étaient proposés en supposant
que demeureraient constants plusieurs facteurs qui ont connu des variations
imprévisibles à l'époque, en particulier le mouvement de
la démographie. Assez curieusement, la commission Parent avait
prévu, au niveau universitaire, des inscriptions beaucoup moins fortes
que celles qu'on a connues par la suite, tandis qu'aux niveaux primaire et
secondaire les projections qu'elle avait faites se sont avérées
bien supérieures à la réalité. Elle ne pouvait pas
prévoir, il y a 25 ans, le déclin démographique dramatique
qu'a connu, depuis ce temps-là, le Québec. Cela donne le tableau
d'ensemble. Par conséquent, cela sert de point de
référence, mais on ne peut pas aller beaucoup plus loin et
commencer à supputer les études qu'ils ont pu faire à
l'époque. Il n'y a pas d'études spécialisées qui
avaient été faites là-dessus; c'étaient des
projections générales.
Aujourd'hui, nous ne disposons pas d'un tableau complet indiquant avec
certitude les besoins qui existeraient dans chaque métier. Nous
travaillons à obtenir un tableau beaucoup plus complet. Je vous donne
l'exemple du secteur des métiers de la construction où, en
collaboration avec les employeurs et les syndicats, nous avons établi,
pour la prochaine année, une liste des besoins de chaque région,
pour chaque métier, et nous organisons des cours en fonction de cela.
Les besoins qui nous sont donnés, disons, par les syndicats de la FTQ ou
les syndicats internationaux, est-ce que c'est une mesure de
vérité? Vous ne le savez pas et moi, non plus. Il y a un
problème qui arrive c'est que nous avons des demandes d'inscription plus
nombreuses que les besoins qui nous sont indiqués par ces syndicats.
Est-ce que nous allons suivre rigoureusement les indications des syndicats dont
les tendances ont toujours été assez protectionnistes en
matière d'accès à l'emploi ou si nous allons essayer de
répondre aux besoins de la population? Est-ce que le système
d'enseignement existe pour protéger à tout prix les emplois des
travailleurs, comme le veulent certains dirigeants syndicaux, ou pour
répondre aux besoins de la population, tels qu'exprimés par ceux
qui veulent recevoir une formation dans les établissements
d'enseignement? Il y a des problèmes qui se posent de ce
côté-là qui ne sont pas faciles.
En réponse à ce qu'on disait tantôt, je crois
pouvoir dire que, l'an dernier, il y a eu une certaine diminution de l'effectif
inscrit à l'enseignement professionnel, mais qui avait été
prévue et qui est fonction de la réorganisation que nous faisons.
Comme nous ne prenions plus d'inscriptions au professionnel court, que nous
n'en prenions pas encore au certificat d'études professionnelles et que
nous avons implanté seulement le diplôme d'études
professionnelles pour l'année 1987-1988, il était prévu et
même normal qu'il y eût diminution. Là, nous
procédons aux inscriptions pour l'année 1988-1989 et, un peu plus
tard, je disposerai de renseignements à ce sujet. J'ai actuellement des
renseignements qui sont trop incomplets pour que j'aille donner des
indications. Mais il est sûr que c'est un sujet de préoccupation
majeur.
À mesure que nous réorganisons l'enseignement
professionnel de niveau secondaire, des problèmes se posent pour
l'enseignement professionnel de niveau collégial et nous allons les
aborder aussi. Par exemple, nous avons réorganisé le programme
agent de bureau. Il y a des programmes qui traitent des mêmes sujets au
niveau collégial et qui donnent une formation de niveau plus
élevé. On me dit parfois, j'entends cela: II y a au-delà
de la moitié de la matière qui est la même. S'il y a des
"redoublages" comme celui-là, il faudra qu'on les élimine et
qu'on trouve pour chacun son niveau propre d'évolution.
Par exemple, on discute de formation pour les industries qui s'occupent
des matières plastiques. Il y a des cours qui se donnent au niveau
collégial et il y en a qui se donnent au niveau secondaire. Nous sommes
à étudier des projets très importants au niveau
secondaire. À un moment donné, il faudrait ajouter une
troisième année de formation. Comment va-t-on l'arrimer à
la formation donnée au collégial? Il est évident que de
gros problèmes de jonction se posent. C'est pourquoi nous avons
ranimé le comité de liaison collégial-secondaire qui ne
faisait plus grand-chose depuis quelques années et qui, cette
année, s'est remis sérieusement au travail, se rendant compte
qu'il y avait des problèmes très importants.
Encore une fois, en réponse à la question de la
députée, pour certains métiers, nous avons des indications
assez précises. Pour d'autres, nous n'en avons point et nous cherchons
à les obtenir. Mais, il y a beaucoup de corps qui interviennent. Il y a
le ministère de la main-d'oeuvre fédéral, il y a le
ministère de la Main-d'Oeuvre québécois, il y a les
employeurs, et les associations patronales, il y a les conseils de
développement économique régional, il y a les syndicats.
Et arriver à avoir des choses claires et sûres dans ces
matières, c'est une proposition à laquelle aucun pays
industrialisé, fonctionnant avec une économie libérale,
n'a trouvé une solution satisfaisante pour l'instant.
Mme Blackburn: Bien. M. le Président, le ministre nous
dit: On n'a pas de données, il n'y a pas de données fiables
là-dessus et on laisse aller le courant. Je veux bien.
Sur une autre question, on sait qu'actuellement le taux de
passage...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, Mme la
députée. Vous êtes sur une autre question.
Mme Blackburn: C'est toujours sur la question de
l'accessibilité, c'est toujours le même
programme.
Le Président (M. Parent,
Sauvé): D'accord,
parce que j'ai une demande d'intervention du côté
ministériel. On avait dit qu'on respecterait...
Mme Blackburn: C'est toujours sur les clientèles. Le taux
de passage est de l'ordre de 53 % entre le secondaire et le collégial.
On sait que 60 % seulement de ceux qui s'inscrivent au collège en
sortent avec un diplôme. On sait, par ailleurs, que notre taux de
scolarisation demeure encore bas. Il y avait des données assez
significatives là-dessus, des statistiques qui nous ont
été livrées il y a quelques mois dans La
Presse.
Ce que je voudrais savoir, c'est si le ministre envisage des mesures
concrètes pour relever le niveau de passage du secondaire au
collégial. Je connais un certain nombre de mesures qui ont eu des effets
négatifs. Dans les collèges, par exemple, de plus en plus, on
impose des frais afférents. Au collège de Hull où je suis
passée l'automne dernier, il y avait les frais dits d'inscription
scolaire qui étaient de 35 $. Ils sont passés à 55 $. Et
on connaît le même mouvement dans les universités où
on a gelé les frais de scolarité, mais en autorisant les
universités à augmenter les frais de scolarité.
Il y a les cours d'été dans les collèges qui
étaient gratuits et qui, actuellement - c'était une
économie de 1 400 000 $, si ma mémoire est fidèle - se
font aux frais des étudiants. Cela a comme effet, probablement, de
prolonger les études ou, tout simplement, d'en décourager
quelques-uns.
Il y a également les prêts et bourses qui n'ont pas subi
les bonifications. On connaît ces informations. Ce sont des choses qui
peuvent avoir un effet sur la volonté des jeunes Québécois
de s'en aller à un niveau supérieur, au niveau collégial.
Est-ce que le ministre a prévu des mesures concrètes pour relever
le niveau de passage entre le secondaire et le collégial? Si oui,
quelles sont ces mesures? Est-ce qu'il s'est fixé un objectif?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais, tout d'abord, vous
soumettre quelques données qui permettent d'avoir une vue plus
complète des tendances en ces matières très
importantes.
En ce qui touche le taux de passage du secondaire au collégial,
les dernières données dont je dispose remontent à
l'année 1984. Je ne sais pas si vous en avez de plus récentes.
Nous constations qu'en 1980 41, 8 % des étudiants finissants du
secondaire passaient au collégial. En 1982, c'était passé
à 44, 5 %. En 1984, à 45, 8 %. Nous estimons aujourd'hui que
c'est probablement plus proche de 50 %.
Mme Blackburn: Vous parlez de 53 % dans votre document.
M. Ryan: Dans le tableau que j'ai ici, ces dernières
données ne sont pas incluses. Disons que c'est autour de 50 %
maintenant. Je crois que la tendance a continué d'être ascendante,
de ce point de vue là. Il y a lieu de s'en réjouir.
Le taux de passage du cégep à l'université. Je
pense que, tant qu'à y être, on va donner ces chiffres aussi, on
reviendra au point initial ensuite. Pour les étudiants du secteur
général, c'est supérieur à 85 %. Je pense que c'est
un des fleurons qu'on doit inscrire à notre bilan de réalisation,
un fleuron intéressant. Pour ceux du professionnel, c'était de 9,
1 % en 1980, 16, 1 % en 1982. Je n'ai pas les données les plus
récentes là-dessus. On me signalait, pour le taux de passage du
secondaire au collégial, que les toutes dernières données
dont nous disposons indiquent qu'en 1987 c'était de 52, 6 %. On est
parti de 38, 4 % en 1972. Il y a, quand même, une évolution
constante et on remarque qu'année après année la
progression a continué de se faire. En 1985, c'était 47, 4 % - il
faut toujours parler de la performance du gouvernement actuel quand on a les
données pour le faire - en 1986, 50, 3 %, en 1987, 52, 6 %. Il y a lieu
d'être encouragé. On remarque également que, dans les
catégories d'âge, 17 ans, 18 ans, etc., le taux de scolarisation
collégiale n'a cessé d'augmenter au cours de la même
période.
Un point très préoccupant, c'est le taux de
persévérance, à la fois dans le programme initial
où on s'est inscrit et dans les études collégiales en
général. De ce côté-là, il y a des faiblesses
inquiétantes. Tout d'abord, en ce qui touche la
persévérance dans le même programme, on constate qu'en ce
qui concerne l'enseignement général 55 % des étudiants qui
s'inscrivaient à un programme en 1980 persévéraient
jusqu'à la fin. En 1984, c'était 57, 5 %. Cela veut dire qu'il y
en a 43, 5 % qui changent de programme en cours de route. Au professionnel, 37,
6 %, en 1984, persévéraient dans le même programme, ce qui
veut dire que 62, 5 % changeaient de programme en cours de route. C'est fort.
Cela fait énormément de laissés-pour-compte en cours de
route. Il y en a qui vont prendre un autre programme, qui se rendent jusqu'au
bout des études. Le taux de persévérance et de
diplômation, nous allons y venir tout de suite. Les abandons
d'études, nous estimons qu'au général c'est à peu
près 34 % et, au professionnel, 44 %. C'est très
élevé. Le pourcentage de ceux qui accèdent au
diplôme dans l'enseignement général, 46 %; dans
l'enseignement professionnel, un chiffre ici qui demande à être
vérifié; je ne le donnerai point tout de suite, par
conséquent, pour ne pas créer de malentendu. Mais on constate
qu'il y a un problème très important de
persévérance dans l'option qui avait été choisie
initialement et, deuxièmement, d'abandon pur et simple des
études collégiales.
Ici, nous avons commencé des travaux au ministère; je les
ai demandés dès mon entrée en fonctions. Les travaux
progressent laborieusement pour une raison, c'est que les données
doivent être recueillies, d'abord, dans les collèges. On peut bien
avoir les plus belles statistiques générales qu'on voudra, mais
il faut un portrait précis de la situation. Il me fait plaisir
d'indiquer que, dans de nombreux collèges, on a institué des
projets de travail sur ce sujet précis. Des résultats commencent
à nous parvenir et, dans chaque collège qui a lancé un tel
programme, on a aussi institué des mesures pour essayer
d'améliorer le taux de persévérance à la fois dans
les programmes choisis et dans les études collégiales. Mais des
données vraiment sûres tirées de la réalité
des collèges, nous n'en aurons pas à l'échelle nationale
avant un an ou deux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député d'Arthabaska.
Les centres spécialisés
M. Gardner: Merci, M. le Président. Mme la
députée de Chicoutimi a félicité le ministre tout
à l'heure pour sa concision. Moi, je n'ai pas de félicitations
à lui faire puisque la concision m'a empêché d'entendre ce
qu'il devait dire dans les pages 16, 17, et 18 sur les centres
spécialisés. Alors, j'aimerais entendre ce que le ministre a
à dire sur les centres spécialisés, sans, peut-être,
lire intégralement son texte. Je sais que j'ai un centre
spécialisé à Victoriaville, au cégep de
Victoriaville, dans mon beau comté. Je pense qu'il y a une idée
très importante qu'il faudrait mentionner. Vous êtes en train de
faire une évaluation de ces centres et j'aimerais savoir s'ils
répondent encore vraiment aux besoins concrets de nos régions,
non seulement à Victoriaville, mais dans d'autres comtés.
M. Ryan: Ainsi que vous l'avez indiqué, nous comptons au
Québec une douzaine de centres spécialisés qui ont
été créés à l'intérieur du
réseau collégial. Les premiers ont été
créés en 1983, d'autres se sont ajoutés en 1984 et en
1985. Le centre spécialisé de Victoriaville est
spécialisé évidemment, dans le meuble et dans le bois
ouvré. C'est la chose à laquelle on pense tout de suite, quand on
pense à votre région, évidemment. (12 h 15)
Ces centres avaient été institués pour une
période de cinq ans, à la faveur d'un programme
fédéral qui prévoyait des injections de capitaux au titre
de l'accroissement des compétences professionnelles. Ils ont
été institués afin de servir de relais en matière
de connaissances technologiques entre le système d'enseignement, les
établissements industriels, les entreprises de chaque région, et
de contribuer à une formation de main-d'oeuvre qui serait plus
axée sur les réalités de l'entreprise et de
l'industrie.
Les centres ont poursuivie leur expérience. Il avait
été établi clairement, au départ, qu'une
évaluation serait faite au terme de la période de cinq ans.
L'évaluation est commencée; elle a déjà
été faite pour un certain nombre de centres, elle se poursuit
dans les autres cas. Nous avons commencé à recevoir les rapports.
Dans certains cas, l'expérience est très intéressante et
pourra se poursuivre.
Comme vous le savez, une des conditions pour le prolongement des
expériences, c'est qu'on ait trouvé, au cours des cinq
premières années, des sources de financement autochtones, issues
du milieu lui-même. Dans certains cas, on a assez bien réussi;
dans d'autres cas, plus difficilement. Mais, de manière
générale, les premiers rapports d'évaluation qui nous ont
été communiqués font état de difficultés
certaines. Appelés à assumer la relance de l'enseignement
professionnel, à jouer un rôle actif dans le développement
technologique, à assumer progressivement la responsabilité de
leur propre financement, les premiers centres se sont vite retrouvés
dans une situation ambiguë que l'imprécision de leurs structures ne
devait guère contribuer à clarifier. Des volets importants de la
mission des centres ont été tantôt négligés,
tantôt survalorisés, tantôt assumés de manière
équilibrée, selon l'importance qu'on leur accordait dans chaque
endroit. La collaboration souhaitée avec les autres composantes du
collège, comme les départements ou le service d'éducation
des adultes, de même qu'avec les ressources en provenance de
l'extérieur, s'est maintes fois révélée difficile
à réaliser.
Alors, un petit peu plus tard, nous serons en mesure, pour chaque
centre, de faire connaître les conclusions auxquelles nous serons
amenés par l'étude des rapports d'évaluation que nous
attendons.
Déjà, dans un cas, nous avons dû procéder,
ces derniers temps: c'est dans le cas de l'Institut d'ordinique de
Sainte-Thérèse. C'était présenté comme l'un
des joyaux du réseau des centres spécialisés à
travers le système collégial. Nous avons constaté que
l'équipement de cet institut était très coûteux et
qu'on avait oublié, quand on a financé l'implantation des
équipements, de prévoir des sommes appropriées pour en
assurer l'entretien, le renouvellement et le fonctionnement. Puis, on s'est
réveillé avec un équipement qui est assez
considérable par rapport aux possibilités réelles du
milieu de cette région-là. Actuellement, nous sommes à
chercher laborieusement des ajustements qui permettront de maintenir
l'essentiel, tout en assurant que cela fonctionnera de manière
économique. Nous avons fait une étude spéciale de
l'Institut d'ordinique ces derniers temps (que nous avions confiée
à un officier du ministère, lequel m'a remis un rapport
excellent) et je pense que nous allons réussir à sauver les
meubles, tout en resituant la vocation
de cet institut d'une manière plus réaliste. M.
Gardner: Merci, M. le ministre.
M. Ryan: Dans le cas du centre spécialisé de
Victoriaville, je ne suis pas en mesure, aujourd'hui, de faire part de mes
conclusions au député, mais je serai très heureux d'en
causer avec lui dès que j'aurai moi-même le rapport
d'évaluation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre.
Terminé M. le député? M. le député de
Laviolette.
Mme Blackburn: Si vous le permettez, je vais, M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous allez
introduire le sujet.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, madame.
Les sous-centres
Mme Blackburn: De façon plus générale,
toujours touchant l'accessibilité, on sait qu'une des mesures qui
avaient commencé à être introduites par le
précédent gouvernement, c'est l'ouverture des sous-centres. Il y
avait les centres spécialisés, mais également les
sous-centres. Ces mesures ont été poursuivies par le
présent gouvernement. C'est sur ce volet que j'aimerais entendre le
ministre, sur différents dossiers: le campus de Gatineau, le
collège Heritage, celui de Val-d'Or. Et peut-être que je
laisserais la parole à mon collègue et ami de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, c'est juste pour
l'introduction. J'ai écouté le ministre avec attention, j'ai
suivi son texte à la page 5 et, j'étais très heureux
d'entendre l'affirmation qu'il faisait au premier paragraphe sur
l'accessibilité quand il disait: "Dans certaines régions
possédant un vaste territoire et une population moins dense que les
régions urbaines, l'accès à l'enseignement
collégial demeurait difficile. " C'est là que j'ai
commencé à me poser des questions dans la mesure où je me
suis dit: Le ministre n'a probablement pas relu son texte ou la personne qui a
préparé les données de son texte a sauté une ligne
quelque part parce qu'au paragraphe suivant on parlait de quatre cégeps
qui avaient implanté, ces dernières années, des
sous-centres. Je sais que le cégep chez moi n'en a pas implanté
parce qu'il y a eu des difficultés à ce chapitre.
Étant un peu déçu de cette partie, je me suis
ramassé à l'autre paragraphe, à la page 6.
Mais là, j'ai vu que le ministre parlait de demandes qui ont
été faites pour Bonaventure, Portneuf et Montmagny "dont des
porte-parole autorisés nous ont saisis de leur intérêt pour
le développement de l'enseignement collégial sur leur territoire.
" J'ai cru comprendre qu'il y avait deux sortes de porte-parole potentiels,
soit le cégep lui-même ou le député du comté.
J'ai compris que le ministre n'était pas assez mesquin pour oublier
qu'un porte-parole, quand même, autorisé par la population dans sa
région avait fait des démarches avec le cégep, la
commission scolaire du Haut-Saint-Maurice, nouvellement créée par
le ministre à la suite du retrait de la commission scolaire de La Tuque
du niveau primaire dans le joint primaire et secondaire, et que le
problème qui existe, compte tenu de la vaste région dans laquelle
nous sommes, c'est un problème financier. C'est qu'on ne peut pas en
établir à La Tuque si le cégep n'est pas aidé pour
le faire. Il ne peut pas, à partir de ses propres ressources, être
capable de le faire. Or, je sais que c'est un besoin, mais il est toujours en
discussion. Il n'est pas, au moment où on se parle, à
l'aboutissement qu'on espérait.
Je revois toujours M. Farrier qui vient du cégep. J'aurais
toujours pensé qu'avec lui on aurait pu faire avancer le dossier. Je
l'espère toujours. Je vous dis simplement: Pourquoi le comté de
Laviolette n'est-il pas retenu dans votre page 6 pour La Tuque? Dans les cas de
Bonaventure, Portneuf et Montmagny qui sont à venir, Mont-Laurier,
Îles-de-la-Madeleine, Chibougamau et Amos qui existent, est-ce que le
ministère a octroyé aux cégeps des montants d'argent pour,
justement, leur permettre de passer au travers? S'il en accordait à eux,
pourquoi n'est-il pas prêt à en accorder à Shawinigan pour
permettre à La Tuque d'avoir, au moins, l'inscription au
troisième paragraphe de la page 6? C'est ma question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais, tout d'abord, indiquer que, selon les
informations que nous avons actuellement concernant l'étude
d'évaluation qui est pratiquement complétée, nous allons
poursuivre l'expérience des sous-centres. C'est déjà un
point très important que je tiendrais à dégager. Dans les
quatre endroits où elle a été faite, nous
procéderons à l'examen de l'évaluation qui nous sera
remise en temps utile, bientôt. Je n'ai reçu aucun rapport
indiquant qu'il faudrait mettre fin à quelque chose de ce
côté. J'ai mentionné dans mon texte trois régions:
Bonaventure, Portneuf et Montmagny, dont des porte-parole autorisés
m'ont soumis des dossiers bien étoffés sur les besoins de leur
population. Il ne suffit pas d'un voeu émis par un député
et, si le député de Laviolette veut témoigner que je suis
très attentif aux requêtes qui me parviennent des
députés, j'ai veillé avec un soin par-
ticulier à toujours le traiter avec courtoisie et même, si
cela n'était pas un mot paternaliste, je dirais avec bienveillance.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais le député de Laviolette sait
très bien, surtout pour une décision aussi lourde de
conséquences que l'implantation de l'enseignement collégial dans
une région ou dans une partie d'une région, qu'il faut avoir un
dossier étoffé, préparé pas seulement par le
député, mais par le député en collaboration, en
concertation étroite avec des porte-parole autorisés. Il y a une
autre chose qui ne suffit pas pour le ministre actuel, c'est une
résolution de conseil municipal. C'est facile, on se réunit un
soir, chacun fume sa pipe et dit: On adopte une résolution. Cela prend
une étude.
M. Jolivet: II y a des femmes dans les conseils municipaux.
M. Ryan: Cela prend une étude. J'en reçois
continuellement, de ces résolutions. Je réponds toujours poliment
en indiquant qu'un petit travail additionnel ne serait pas de trop. Alors, cela
prend une étude sérieuse. Je veux indiquer que les gens du
comté de Portneuf, animés par leur député, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ont fait
un travail extrêmement consciencieux. Ils ont fait des études
démographiques, des études de clientèles, ils ont
recueilli des renseignements sur l'orientation de chacun des étudiants
ou des jeunes d'âge d'études collégiales dans leur
région. Ils ont vu dans quels cégeps ils sont: à
Trois-Rivières, à Sainte-Foy, a François-Xavier Garneau,
etc. Ils ont regardé s'il y aurait des locaux où on pourrait leur
offrir de l'enseignement chez nous. Ils ont fait des études
considérables. Ils ont été en contact avec quatre
cégeps afin de voir quelles seraient les possibilités de
collaboration. Ils ont même reçu des propositions de
cégeps. Ils m'ont, évidemment, rencontré à une
couple de reprises. C'est pour cela que j'ai mentionné leurs besoins ici
de manière plus explicite. Il y a Montmagny qui vient également
de me saisir d'un dossier important que nous allons étudier
sérieusement. Pour Bonaventure, même si ce comté est
représenté à l'Assemblée nationale par un des
députés les plus influents du côté
ministériel, c'est en attente depuis quatre ou cinq ans en
matière de sous-centre d'enseignement collégial. Je ne dirai pas
les autres facteurs qui peuvent jouer également...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... mais j'apprécie leur patience. Alors, on va
ajouter volontiers la région de La Tuque à la liste, il n'y a
aucun problème là dessus. Mais si on pouvait nous fournir un
dossier ou si les gens de là-bas pouvaient se mettre en marche plus
systématiquement, je pense que cela ferait progresser le dossier. Je
n'ai aucune objection à l'examiner de près, d'autant plus que
nous avons déjà eu l'occasion dans d'autres domaines de montrer
que nous sommes conscients des caractéristiques et des besoins
particuliers de la région que représente le député
de Laviolette. En matière de commissions scolaires, nous avons fait une
exception à la discipline que nous nous imposons. Nous avons
autorisé la commission scolaire de la Haute-Mauricie à
procéder à l'intégration de ses enseignements primaire et
secondaire même s'il n'y avait pas sur le territoire desservi par la
régionale du Saint-Maurice l'unanimité que nous exigeons
d'ordinaire pour autoriser quelque projet d'intégration que ce soit.
Nous l'avons fait dans ce cas parce que la démonstration nous avait
été faite clairement que la réalité
géographique le commandait assez rapidement. Or, si on nous
présente un bon dossier, nous l'étudierons avec...
M. Jolivet: M. le ministre, je reviens à la charge...
M. Ryan: Je complète juste les informations. Vous avez
demandé si des ressources spéciales étaient mises à
la disposition des cégeps à cette fin. La réponse est
affirmative. Pour l'année 1988-1989, nous aurons une somme de 738 000 $
disponibles pour les collèges qui dispensent l'enseignement dans les
sous-centres. J'ajoute, pour compléter, que nous avons vu à
favoriser l'implantation d'un sous-centre à Mont-Laurier dès la
première année du règne du gouvernement actuel parce que
la preuve nous avait été faite que c'était vraiment
sérieux et que les besoins étaient pressants. Il y avait
déjà des choses qui se faisaient. Nous n'allions pas
étouffer cette expérience qui avait déjà
été instituée de manière tout à fait
spontanée par la commission scolaire et les milieux concernés de
Mont-Laurier.
M. Jolivet: C'est pourquoi j'y reviens cette année, parce
que je l'avais fait l'an passé et l'année
précédente. Je pense que le ministre est bien conscient que le
cégep et, le milieu font leur travail. Malgré que le ministre ait
parlé de façon un peu arrogante des conseils municipaux, je dois
vous dire que je ne partage pas tout à fait son avis parce que je peux
dire que les gens de la Haute-Mauricie, quand ils discutent d'un dossier, ils y
vont à fond, aidés aussi par le cégep et en collaboration
avec le député. Je vous dis simplement: Ce sur quoi ils se sont
toujours butés, c'est qu'on leur dit: Si vous le faites, faites-le
à partir de vos propres fonds. Ils disent: On n'est pas capables. Il
faut avoir de l'aide gouvernementale. Mais, toutes les fois qu'on posait la
question, il n'était pas question qu'on touche à cela. Je voulais
simplement m'assurer ce matin que s'ils présentent un document qu'ils
ont déjà entre les mains, qu'ils
ont déjà monté depuis longtemps ils ne se feront
pas dire, malheureusement, prenez l'argent dans vos propres fonds du
cégep. Si c'est ça, ils diront: On n'est pas capables de le
mettre en place. Si on nous garantit qu'il va y avoir de l'aide gouvernementale
pour le créer, ce sera autre chose. C'est ce que je voulais me faire
certifier ce matin, et vous m'en avez donné la garantie. Cela me
suffit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député.
M. Ryan: Ils savaient qu'avec le nouveau gouvernement ils
pouvaient au moins le présenter et que ce serait
étudié.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Je reconnais maintenant le député de Rimouski. M. le
député.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je voudrais tout
de suite rétablir les faits parce que la députée de
Chicoutimi semble avoir la susceptibilité bien à fleur de peau.
Je l'ai regardé lorsqu'elle a fait la lecture de la page 21 de son texte
et elle a essayé de virer un 2, 8 % d'augmentation au sujet du
financement de l'aide financière aux étudiants en une diminution
de 9 %. Je l'ai regardée à ce moment-là et elle a
prétendu que j'avais ri, que je m'étais plutôt moqué
de mes concitoyens. Je voudrais rétablir les faits. Au contraire, je
m'occupe des citoyens de mon comté et une résolution a
déjà été adoptée à cet effet pour
qu'il y ait une augmentation des bourses pour les étudiants en
régions éloignées. (12 h 30)
Effectivement, notre gouvernement a donné une augmentation de 400
$ pour les étudiants en régions éloignées. Et la
résolution part du Bas-Saint-Laurent et Gaspésie, Mme la
députée de Chicoutimi, pour votre information. Alors, je suis
loin de ne pas m'occuper de mes étudiants; je m'en occupe, au
contraire.
Ceci dit, M. le Président, j'aimerais féliciter le
ministre pour avoir réglé une fois pour toutes le programme des
soins infirmiers. Cela traînait en longueur depuis 1981. Enfin, on a la
réponse que nous attendions et ce programme est réglé une
fois pour toutes. Il semblerait aussi que vous apporteriez une solution au
programme de techniques policières qui se dispense dans
différents cégeps de la province, et je dois vous dire que c'est
très important parce que nous donnons de la formation dans les
cégeps en techniques policières, mais ces gens-là ne
peuvent pas obtenir de stages en temps et lieu à l'Institut de police de
Nicolet. Cela leur cause un drôle de préjudice. À l'heure
actuelle, le comité ministériel mis de l'avant a semblé
vouloir trouver une solution. Encore là, j'espère, M. le
ministre, que vous allez pouvoir nous annoncer bientôt une réponse
à ce problème.
Pour terminer, j'aimerais savoir du ministre, puisqu'il y a une
diminution des clientèles dans tous les réseaux des cégeps
et comme nous sommes dans une période de rationalisation, si la carte
des options du secteur des cégeps est déposée et, à
ce moment-là, s'il a l'intention de rationaliser davantage les options
professionnelles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Au niveau collégial, nous procédons chaque
année à l'examen d'un certain nombre de demandes de programmes
nouveaux qui nous sont présentés par des collèges. Par
exemple, un collège veut instituer tel programme qu'il n'avait pas
encore, qui fait partie de l'ensemble des programmes offerts par le
réseau d'enseignement collégial. Chaque demande doit d'abord
être examinée par le Conseil des collèges, lequel nous fait
ses représentations. Au cours de la dernière année, comme
vous l'aurez vu dans le texte que j'ai préparé, nous avons
accordé un certain nombre d'autorisations de programmes nouveaux.
Quelques décisions ont été prises concernant des
fermetures de programmes, mais une carte au sens rigoureux du terme, comme nous
venons d'en tracer une pour l'enseignement professionnel de niveau secondaire,
nous n'en avons pas travaillé depuis que je suis ministre de
l'Enseignement supérieur. Je pense que la réforme des programmes
en cours conduira inévitablement à cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? Merci.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. D'abord je voudrais
corriger une information qui est fausse, à savoir que le dossier sur les
techniques infirmières traînait depuis dix ans. Le ministre le
sait, même si on peut comprendre que le député de Rimouski
ne comprenne pas très bien le dossier, le programme est en
expérimentation dans trois collèges et, au moment où on
aurait pu, après expérimentation, étendre le programme
dans tous les collèges du Québec, les budgets n'ont pas
été consentis. Le ministre se souvient, le programme était
prêt à être ouvert dans tous les collèges du
Québec dès 1986, mais l'argent n'a pas été
débloqué. Alors, cela n'a rien de très reluisant.
Normalement, le programme qui est débloqué cette année
aurait dû l'être en 1986 et le ministre le sait. En 1986 ou
1987.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je peux ajouter un
point là-dessus?
Mme Blackburn: Non. Vous allez me permettre de poursuivre la
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'excu-
se.
M. Ryan: Je voulais demander la parole au sujet de la question
dont vient de traiter la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
vouliez répondre à la députée de Chicoutimi?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si elle a
terminé son intervention, vou avez le droit. Vous avez toujours le droit
d'intervenir dans le débat.
M. Ryan: Mais il faut déterminer si elle avait
terminé son intervention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah,
excusez-moi.
Mme Blackburn: Non, je n'avais pas terminé. J'étais
simplement en réaction...
M. Ryan: Parce que des fois elle accumule cinq ou six sujets dans
la même intervention et elle finit par une question plutôt
insignifiante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Mme Blackburn: M. le Président, je trouve cette attitude
inacceptable. Tantôt, il était méprisant à l'endroit
des...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, c'est ma responsabilité d'arbitrer
les débats ici et de tâcher... Vous avez raison, Mme la
députée de Chicoutimi, j'invite le ministre à faire
attention à la façon avec laquelle il s'adresse aux membres de
cette commission.
Mme Blackburn: M. le Président, quand on ne comprend pas
de la même façon que le ministre, c'est qu'on ne comprend rien.
Quand on ne partage pas lavis du ministre, c'est parce qu'on n'est
pas intelligent. Tantôt, c'étaient les syndicats qui voulaient
sauver leur job; ensuite, cela a été les conseillers municipaux
qui fumaient leur pipe après une petite décision, une petite
résolution pour ouvrir un sous-centre comme si eux n'étaient pas
préoccupés aussi de la qualité des services offerts dans
leur région. Tout de suite après, c'était l'Opposition qui
n'avait jamais écouté les demandes de déploiement de
l'enseignement collégial alors qu'on sait que la pratique d'ouvrir des
sous-centres a commencé sous le régime du Parti
québécois. Cette attitude méprisante et déplorable
n'a pas sa place en commission parlementaire, non plus que dans les rapports
entre humains. Le ministre passe son temps à se vanter des rapports de
courtoisie qu'il entretient à droite et à gauche, avec ceci et
avec cela. Je voudrais bien qu'il fasse preuve de la même courtoisie dans
ses propos lorsqu'il parte des autres. Je trouve que c'est inacceptable. Il
faut que, à un moment donné, il y ait quelqu'un qui le lui
dise.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Je dis donc, à propos du programme en techniques
infirmières, que l'expérimentation était faite dans les
collèges et qu'au moment où les collèges étaient
prêts et l'évaluation faite pour dispenser ce nouveau programme
dans tous les collèges du Québec qui offrent le programme de
techniques infirmières, le gouvernement n'était pas en mesure ou
ne s'est pas estimé en mesure de donner les budgets qui permettaient, en
1987, de donner ce programme dans tous les collèges du Québec. Il
le fait cette année. C'est pour corriger une information fausse voulant
que le dossier ait traîné pendant dix ans. Ce n'était pas
une question, c'était simplement pour corriger une perception fausse qui
avait été laissée par le député de
Rimouski.
Formation en techniques policières
Pour ce qui est des techniques policières, je sais que le
ministre nous a annoncé qu'il y avait un comité
interministériel qui examinerait tout ce dossier. Cela pose un certain
nombre de problèmes. Le problème le plus immédiat que cela
pose, c'est que les jeunes qui ont terminé leurs cinq sessions - car
c'est sur six sessions, dont une à l'institut de Nicolet - comme il
n'ont pas de place immédiatement à l'institut de Nicolet, l'aide
financière aux étudiants leur demande de rembourser alors qu'ils
n'ont pas terminé leurs études et que, effectivement, ils n'ont
pas d'emploi dans le secteur. Cela pose un problème, dans certains cas,
insurmontable pour les jeunes. Ils sont obligés de commencer à
rembourser leur prêt alors qu'ils n'ont pas terminé leurs
études. C'est le premier problème.
Le second, c'est que, alors qu'on a instauré un programme de
formation en techniques policières qui voulait relever le niveau de
formation de cette profession, on n'a pas de place suffisante à
l'Institut de police de Nicolet pour recevoir tous ceux qu'on accueille dans
les collèges. Je sais qu'il y a une recommandation du Procureur
général - c'est M. Marx, je pense, qui avait fait une
recommandation - que, dans les corps policiers au Québec, on exige pour
embaucher un diplôme d'études collégiales en techniques
policières.
Je voudrais savoir, sur ces deux dossiers, d'abord temporairement, si on
est en mesure de prendre des mesures pour ne pas obliger les étudiants
qui n'ont pas terminé leur cours en techniques policières, faute
de place à l'institut,
à rembourser immédiatement leur prêt.
Deuxièmement: Est-ce qu'on songe, éventuellement, à
obliger, pour pratiquer ce métier dans différents corps
policiers, un DEC en techniques policières?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: À propos du programme de techniques
policières, j'ai expliqué le problème tantôt. Tout
d'abord, je voudrais faire une correction au sujet du cours de techniques
infirmières. Si nous avons différé" d'un an, ce n'est pas
seulement parce que le gouvernement n'a pas Voulu libérer de
crédits. C'est parce que nous voulions nous assurer que le programme
serait institué à l'échelle du Québec, dans des
conditions idéales au point de vue des équipements et au point de
vue de la préparation du personnel. C'est facile de prendre une
décision, c'est plus difficile d'assurer qu'elle soit prise dans les
meilleures conditions possible. Alors, je pense que le retard d'un an qui est
survenu va être très bienfaisant pour l'implantation du programme.
Cela nous a permis d'établir même un contingentement. Il fallait
le faire si on voulait que ce soit réparti équitablement à
travers tout le territoire. De ce côté-là, je pense que
cela faisait quand même cinq ans que c'était en
expérimentation. Peut-être que cela ne faisait pas dix ans, mais
cela faisait au moins cinq ans. L'essentiel je pense, c'est que cette
année cela va se faire.
En ce qui touche le programme de techniques policières, j'ai
explique tantôt pourquoi il y a congestionnement à l'Institut de
police de Nicolet. C'est parce que, d'un côté, on reçoit
des élèves qui viennent des collèges et, de l'autre, on
reçoit des recrues qui sont embauchées directement par les
municipalités. Il y a deux fois plus de candidats à l'admission
qu'il y a de places disponibles. Alors, il faut trouver une solution. Le
comité conjoint, formé de représentants du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et du
ministère du Solliciteur général, qui étudie ce
problème, va me soumettre des recommandations prochainement. Une de ces
recommandations, d'après ce que je crois comprendre, consistera à
prévoir qu'on ajoutera des éléments de formation dans les
collèges, de manière qu'ils puissent garder un peu plus longtemps
leurs étudiants et même faire de la place pour les
étudiants en provenance des municipalités, pour les candidats
à la fonction de policier. Cela va libérer des places à
l'Institut de police de Nicolet pour qu'on puisse reprendre le mouvement
régulier de stages à l'institut dans des délais normaux,
mais j'attends le rapport complet de notre comité conjoint d'ici
l'été et, dès que je l'aurai, nous serons en mesure de
prendre des mesures appropriées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'étaient les deux questions que j'avais
posées. Est-ce qu'on fera obligation aux municipalités ou
à la Sûreté du Québec que le candidat
détienne un diplôme d'études collégiales en
techniques policières pour faire partie des corps policiers? La
deuxième: Est-ce qu'on prendra des mesures pour s'assurer que les
bénéficiaires de l'aide financière aux étudiants ne
soient pas tenus de commencer le remboursement des prêts alors qu'ils
n'ont pas terminé leurs études, pour des raisons qui ne
relèvent pas de leur responsabilité, qui sont en dehors de leur
pouvoir?
M. Ryan: Pour la partie sur le remboursement des prêts,
peut-être que M. Boisvert, sous-ministre adjoint en charge de
l'assistance financière en particulier, pourrait nous fournir les
éléments de réponses. Ensuite, je prendrai l'autre
point.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Boisvert (Pierre): En ce qui concerne la remise des
prêts, l'étudiant qui n'a pas les ressources financières,
qui n'a pas d'emploi, peut se prévaloir du programme qui existe à
l'aide financière, c'est-à-dire le remboursement
différé pour les emprunteurs sans ressources financières,
pour une période maximale de 18 mois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: En ce qui touche les conditions exigées pour
l'embauche de policiers, nous ne sommes pas en mesure de décréter
aujourd'hui que tout candidat à la fonction de policier dans une
municipalité devra être muni d'un diplôme d'études
collégiales. Les pratiques dans ce domaine sont infiniment diverses
d'une municipalité à l'autre. Il y a au-delà de 1500
municipalités dans tout le Québec. Nous allons étudier
avec le Solliciteur général dont c'est la responsabilité
les possibilités de modifier le règlement qui concerne l'embauche
des agents et cadets de la Sûreté du Québec et des corps de
police municipaux afin d'améliorer les choses de ce
côté-là, mais je ne pense pas que nous puissions
l'envisager du jour au lendemain. Pour tous ceux qui sont au courant de la
manière dont marchent les municipalités dans l'ensemble du
Québec, je ne pense pas qu'on pourrait décréter à
l'échelle nationale tout d'un coup une modification radicale à
cet égard-là. Il se fera une amélioration progressive et
je ne peux pas laisser entrevoir un changement radical de cap du jour au
lendemain.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai une courte question à poser sur les
centres spécialisés. J'aimerais savoir
si les centres spécialisés des collèges sont
admissibles aux subventions fédérales de contrepartie. Sinon, il
faudra peut-être changer les règles du jeu pour profiter de ces
subventions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
M. Ryan: Bien que certains chercheurs individuels puissent
soumettre des projets au titre du programme fédéral dont parle la
députée, les centres comme tels ne sont pas admissibles à
des subventions au titre de ce programme-là qui s'adresse à des
chercheurs, d'après ce qu'on me dit.
Mme Dougherty: Mais les centres font partie des cégeps,
n'est-ce pas? Au niveau universitaire, naturellement, la demande est faite par
une personne, un professeur, mais n'y a-t-il pas un parallèle entre ces
centres spécialisés qui ont des liens avec l'industrie locale et
les centres universitaires qui se spécialisent dans un certain genre de
recherche et qui pourraient profiter de ces subventions?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(12 h 45)
Mme Dougherty: Je soulève la question. Je n'ai aucune
idée, mais il me semble que, si l'on cherche à l'avenir à
rentabiliser ces centres et, en même temps, à stimuler la
recherche et le développement dans les petites et moyennes entreprises,
dans les régions, ces subventions et la politique des subventions, en
contrepartie, pourraient être une occasion en or pour améliorer la
situation.
M. Ryan: Je pense que c'est une perspective qu'il faudrait
examiner de près. Je sais qu'il y a des chercheurs de niveau
collégial qui travaillent en étroite collaboration avec des
chercheurs de niveau universitaire. Il y en a probablement, dans nos centres
spécialisés, qui travaillent même avec des chercheurs
universitaires à des projets communs. C'est une perspective que je
trouve extrêmement intéressante. Dans ce cas-ci, je vais demander
qu'on examine de près les possibilités. Une fois que l'examen
aura été fait, on aura peut-être des indications plus
précises.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
Collège Marie-Victorin
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'aimerais aborder
la question de l'enseignement collégial privé sous deux aspects,
d'abord, celui du contrôle des clientèles et celui du
contrôle ou de l'absence de contrôle par rapport au contrôle
des clientèles dans les collèges subventionnés et la
situation qui prévaut dans les collèges non subventionnés.
Sur les collèges subventionnés, j'avais l'occasion de soulever
une question en Chambre touchant une pratique qui laissait songeur quant aux
inscriptions des adultes au collège Marie-Victorin. Le ministre me
répondait qu'il y avait eu des enquêteurs au collège
Marie-Victorin, alors qu'après vérification auprès du
collège, je me suis fait répondre qu'il ne s'agissait pas
d'enquêteurs, mais tout simplement de vérification de routine et
qu'il n'avait pas fait l'objet d'enquêtes.
Pourtant, l'attention du ministre et de ses fonctionnaires avait
été attirée sur ce dossier dès septembre 1987 et,
au moment où nous nous parlons, on remarquera qu'on est en avril 1988.
De façon générale, selon les informations qu'il m'a
été possible d'avoir, le collège dispenserait un cours
avancé en langue seconde. En fait, d'après l'insscription, c'est
un cours avancé en langue seconde pour relever le niveau
d'employabilité de ceux qui sont sur l'assurance-chômage. On sait
que relever le niveau d'employabilité de quelqu'un qui est sur
l'assurance-chômage en lui permettant un minimum de maîtrise de la
langue seconde... Ce ne sont pas des gens qui possèdent
déjà une connaissance suffisante de l'anglais. Les cours qui sont
dispensés par rapport au cahier de l'enseignement collégial sont,
dans la très grande majorité, des cours avancés en langue
seconde.
À présent, les relevés d'inscriptions qu'on a eus
en main démontrent que les étudiants se voient accorder des
crédits pour des cours avancés en session d'automne et les
mêmes cours réapparaissent à l'inscription de
l'étudiant pour la session d'hiver, ce qui tendrait à
démontrer qu'ils sont en train de suivre des cours pour lesquels ils
auraient déjà une note de passage et dont ils auraient
déjà réussi l'examen de passage. Cela pose un certain
nombre de problèmes. La durée de l'année serait de 26
semaines, parce qu'on sait que cela correspond aux programmes
fédéraux. Les frais d'inscription exigés
démontrent, hors de tout doute, que cela ne subventionne pas
entièrement l'enseignement.
Une information que j'ai reçue hier indiquerait que les
inscriptions en langue seconde, au collège Marie-Victorin, se
poursuivraient. Une séance d'inscription se tient lundi à, Dawson
et à Dupuis, dans les deux centres d'éducation aux adultes du
collège Marie-Victorin. Selon les conditions suivantes, ce sont toujours
26 semaines, 18 $ par mois pour les frais de scolarité - on comprendra
tout de suite que ce n'est pas suffisant - et 25 $ pour les frais
d'inscription. Une dernière information. Lorsqu'on regarde le
dépliant du collège Marie-Victorin... On indique que la
clientèle est de près de 5000 étudiants dont 2400 jeunes
et 2800 adultes, mais tous à temps complet, dans les relevés
d'inscriptions du ministère. Je pense que c'est le seul collège,
au Québec, qui peut se vanter d'avoir toute sa clientèle adulte
à temps complet. Je voudrais savoir quels sont les contrôles qu'on
a,
effectivement, sur les clientèles dans les collèges
privés subventionnés. Et il y a une question qui rejoint un peu
celle de la semaine dernière par rapport au contrôle des
clientèles. En vertu de la Loi sur l'enseignement privé, est-ce
que le ministre peut contingenter les clientèles dans les
collèges d'enseignement privé subventionnés? Le ministre
nous parlait d'une enquête, je voudrais savoir où en est cette
enquête.
M. Ryan: Sur la première question, de manière
générale, la Direction de l'enseignement collégial
procède chaque année à une vérification des
clientèles sur un échantillon de collèges. Un
échantillon de sept collèges est choisi chaque année,
évidemment, par la Direction de l'enseignement collégial et on va
procéder à une vérification complète des
clientèles, des procédures d'inscription et des procédures
de suivi des clientèles. Cette année, par un concours de
circonstances qui est accidentel, le collège Marie-Victorin était
de toute manière sur la liste des collèges qui allaient
être visités, et est arrivé en même temps ce dossier
dont nous avons été saisis à la fin de la dernière
année, en 1987. À ce moment-là, il faut dire que le
directeur de la section de l'enseignement privé du ministère a eu
une maladie très sérieuse. Il n'a pas pu, pendant une couple de
mois, s'occuper de ce dossier comme il l'aurait fait normalement. Les effectifs
sont extrêmement limités dans ce secteur. Le directeur de la
direction, M. Lanoux, a pris le dossier en main avec M. Gagnon et a tenu des
rencontres avec la direction. M. Gagnon est allé, tout d'abord,
procéder aux vérifications administratives que j'avais
annoncées. Les éléments qu'il m'a apportés
étaient assez sérieux pour que nous décidions
d'approfondir davantage cette vérification et M. Lanoux s'en est
chargé lui-même. Il a tenu déjà plusieurs rencontres
avec la direction du collège. Il a exigé des renseignements sur
tous les points qui ressor-taient des informations que nous avions
reçues et, d'ici quelque temps, il doit me remettre un rapport complet
de l'opération avec les recommandations qui pourront être
appropriées. Et, comme M. Lanoux m'accompagne ce matin, si on veut lui
demander d'autres précisions à ce sujet, dans la mesure où
il peut le faire, il le fera volontiers.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée.
Mme Blackburn: J'aimerais savoir du ministre s'il y a eu ou s'il
y aura vérification auprès des étudiants, à savoir
s'ils ont effectivement reçu les cours tels qu'inscrits dans le bulletin
cumulatif de même que dans leur programme, le programme qu'ils se sont
donné, parce qu'on retrouve la littérature, romans, nouvelles,
des cours très avancés de rédaction en anglais, en langue
seconde, alors que ces cours sont destinés à des candidats
bilingues, à toutes fins utiles, et n'ont pas à relever le niveau
d'employabilité d'un chômeur, on comprendra cela. Alors, est-ce
qu'il y aura une vérification de faite auprès des
étudiants, à savoir s'ils ont reçu, effectivement, le
contenu? Quel était leur niveau de connaissance de la langue au moment
où ils se sont inscrits? A-t-on mesuré leur capacité de
suivre des cours aussi avancés? Quel manuel a été
utilisé pour les fins de cet enseignement?
M. Ryan: Des vérifications seront faites à ce
sujet. Elles seront comprises parmi les vérifications que comporte le
travail dont j'ai parlé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 5?
Mme Blackburn: À présent, j'aimerais savoir, et
probablement que c'est M. Lanoux qui a les informations car c'est très
technique, si c'est juste ce qui apparaît dans vos informations sur les
clientèles dans le programme en lettres au cégep Marie-Victorin.
À l'automne 1984, on comptait 25 étudiants, à l'hiver
1985, on en comptait 6 et à l'automne 1987, il y en avait 491.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lanoux.
M. Lanoux: II y a, effectivement, des variations très importantes
d'une année à l'autre. En 1984-1985, vous pouviez retrouver en
première année environ 240 et quelques étudiants en
lettres alors qu'il y en avait à peu près 15 ou 18 en
deuxième année. L'année suivante, vous aviez aussi ce
débalancement de clientèle. Cette année, pour
l'année 1987-1988, il y en a 500 et quelques en première
année en lettres, alors qu'il n'en reste qu'à peu près 35
ou 40 en deuxième année. Ce portrait de clientèle qui est
semblable depuis 1985-1986, 1986-1987 et 1987-1988 - cela a commencé
lentement durant l'année 1984-1985 - avait déjà
attiré notre attention. Il n'y aurait pas eu, si vous voulez, les
plaintes adressées au ministère par le Centre CCFA que nous
devions, de toute façon, intervenir auprès de Marie-Victorin par
rapport à un tel débalancement de clientèle, parce qu'il
nous apparaissait anormal qu'il y ait un taux de déperdition de
clientèle d'une année à l'autre. Parce que, si on en a 250
en première année, normalement, on pourrait en retrouver 175, 180
en deuxième année, l'année suivante. Alors, il
était prévu que nous rencontrions de toute façon
Marie-Victorin. Les accusations par le centre de concurrence déloyale
n'ont fait qu'ajouter un élément supplémentaire à
cette question-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Mme la députée, d'autres questions?
Mme Blackburn: Vous savez, on va regar-
der... Là, vous nous dites que cela avait déjà
retenu votre attention, alors qu'il n'y a pas eu de décision de prise
puisque cela s'est poursuivi et cela se poursuit encore. Moi, ce que je
voudrais savoir, c'est ceci: S'il y a eu des subventions perçues
abusivement, est-ce que le ministre a le pouvoir d'aller les chercher? Et
j'aimerais qu'on examine une autre ligne, une autre colonne d'inscriptions,
celle de la pastorale, c'est le même phénomène qui se
produit en pastorale. Cela voudrait donc dire que le collège
Marie-Victorin - on parlait des taux d'abandon de 40 % dans les collèges
publics, dans les cégeps tantôt - friserait les 98 % ou 99 %
d'abandons. Observons les colonnes et les chiffres qui sont les suivants. Il
aurait formé, en animation pastorale, quelques milliers de personnes.
Alors, vous vous retrouvez, et là on va reprendre les chiffres, à
l'automne 1984: 299 à l'enseignement régulier à temps
plein et 125 adultes. À l'hiver 1985, donc la session qui suit, on en
retrouve 9, on passe de 299 à 9. À l'automne 1985, toujours en
animation pastorale, 359 étudiants inscrits à temps complet, donc
entièrement subventionnés comme le sont les collèges
d'intérêt public, de 60 % à 66 %. 359 à temps
complet, 131 à temps partiel. À la session d'hiver 1986, il nous
en reste 6; 359 à 6, et plus proche de nous, à l'automne 1987, il
y a 510 étudiants à temps complet en animation pastorale, qui
coûtent au ministre et au ministère de l'Enseignement
supérieur environ 3000 $ par étudiant. Alors, 3000 $
multipliés par 510. Et à l'hiver 1988, au moment où on se
parle, il en reste 2, mais il y a eu un transfert, on en retrouve 758 à
temps partiel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président...
Mme Blackburn: Alors, cette situation semble exister depuis,
comme le disait tout à l'heure M. Lanoux, 1984-1985, et vous êtes
sensibilisé à cette situation, me disait M. Lanoux, depuis
déjà un moment. Pour ce qui est du programme d'enseignement en
langue seconde, c'est plus récent. Je pense qu'il a débuté
en 1985. Mais je voudrais savoir ceci devant une telle situation: Est-ce qu'il
n'y a pas de quoi être inquiets, est-ce que l'enquête se poursuit
rapidement, rondement et est-ce que le ministre est en mesure de
récupérer les montants d'argent qui auraient été
perçus, je ne dirais pas illégalement, le terme n'est pas
gracieux, mais selon un procédé qui n'est pas permis dans
l'enseignement collégial?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
ministre, si vous voulez répondre.
M. Ryan: II ne faut pas sauter trop vite aux conclusions. Les
travaux de vérification se pourvuivent. Je dois mentionner qu'ils
incluent également les cours de pastorale. Cela fait partie du champ
d'enquête que M. Lanoux examine. Il faut ajouter à cela des cours
dans le domaine de la gérontologie qui posent également des
problèmes. Maintenant, je dois ajouter que, dès que nous avons eu
vent d'une certaine publicité qui pouvait sembler contraire aux
politiques du ministère, nous avons exigé que le collège
mette fin à cette publicité-là, dès la fin de
l'automne. Et, en matière de subventions, les subventions au
collège sont versées, je pense que c'est en quatre versements par
année. Alors, le dernier versement n'a pas été transmis au
collège Marie-Victorin. Évidemment, si des
irrégularités devaient être confirmées à la
suite des vérifications que nous faisons, c'est évident que ne
verserons pas d'argent pour des actions qui auraient été faites
de manière irrégulière. Quant à l'hypothèse,
une hypothèse suivant laquelle peut-être des sommes auraient
été versées dans le passé pour des services qui
auraient été rendus de manière illégale, il faudra
l'examiner à ce moment-là et, si le gouvernement a des griefs, il
faudra qu'il recoure aux moyens normaux dont il dispose dans les circonstances.
Il n'est pas question de poser des jugements a priori. Il faudra prendre les
recours qui s'imposent après que nos conseillers juridiques auront
été consultés. Mais là, nous
"hypothéti-sons". Nous sommes dans le domaine des hypothèses et,
pour le moment, nous en sommes encore à l'enquête de
vérification.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors merci, M. le
ministre. Il est maintenant passé 13 heures. Est-ce que, Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez terminé sur le programme
5 ou si vous voulez continuer après?
Mme Blackburn: Non, je vais continuer après.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la
commission suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi,
après la période des affaires courantes, même endroit.
J'invite tous les membres de la commission à rapatrier leurs dossiers,
car la salle va être utilisée durant l'heure du lunch pour une
rencontre. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission à prendre place, s'il vous
plaît. J'invite également les visiteurs, nos Invités,
à prendre place. La commission va commencer ses travaux dans quelques
minutes. Nous allons pousuivre, tel que prévu, l'étude du
programme 5, Enseignement
collégial.
Mme Blackburn: M. le Président, voulez-vous me donner le
temps...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame, vous
avez tout le temps. D'ailleurs, le temps vous appartient.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Une voix: Pas
totalement.
Mme Blackburn: Très heureuse de l'apprendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous êtes
prêts? Nous allons poursuivre l'étude des crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Comme je
le disais tout à l'heure, nous en étions au programme 5,
Enseignement collégial. Je reconnais immédiatement la
députée de Chicoutimi qui agit comme porte-parole de l'Opposition
officielle dans ce dossier.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Très
brièvement, au sujet du Collège Marie-Victorin, vous nous avez
dit ce matin qu'une enquête était en cours et que des
vérifications étaient faites. Est-ce qu'on s'est donné un
calendrier et à quel moment l'enquête devrait-elle être
terminée et les conclusions connues?
M. Ryan: J'attends un rapport écrit du directeur de la
Direction des études collégiales dans un avenir très
rapproché. M. Lanoux a tenu des rencontres approfondies avec la
direction du collège. Des fonctionnaires de la direction sont
allés au collège également. M. Lanoux a reçu une
lettre, hier ou aujourd'hui, en réponse a plusieurs questions qu'il
avait posées. Dès que j'aurai le rapport écrit que j'ai
demandé à M. Lanoux, je prendrai à mon niveau les
décisions appropriées.
Mme Blackburn: Bien. Au sujet d'un autre dossier qui, l'an
passé, avait fait également beaucoup de bruit, celui du
collège Inter DEC. Ce dossier touche la question des collèges
privés non subventionnés. Il est peut-être important de
rappeler que les collèges non subventionnés qui ont tout
simplement une reconnaissance, un permis du ministre, n'en sont pas moins
subventionnés de façon indirecte. Je m'explique. Dans le cas
d'Inter DEC, il en coûtait 5000 $ de frais d'inscription et on sait que
les frais d'inscription sont admissibles à l'aide financière aux
étudiants. Ils sont comptés dans l'aide financière aux
étudiants. Cependant, si mon information est juste, je pense que ceux
qui fréquentent les collèges privés non
subventionnés n'ont pas droit aux bourses. Ils n'ont droit qu'aux
prêts. D'ailleurs, le collège Inter DEC imposait des frais de
scolarité de 5000 $ pour, nous dit-on, à l'époque recevoir
une formation plus que tronquée. Le ministre avait déclaré
qu'il y aurait enquête là-dessus et que des décisions
seraient prises. On n'a pas eu d'autres informations touchant ce dossier. Le
collège Inter DEC opère-t-il toujours? Si la formation qu'ont
reçue les étudiants n'est pas une formation équivalente
à celle qu'ils auraient été en droit de recevoir, est-ce
qu'il y a eu remboursement ou prolongement des études? Est-ce qu'on a
des informations additionnelles par rapport à ce collège?
M. Ryan: Je vais demander à M. Lanoux de fournir des
précisions sur la situation actuelle de ce collège. J'ai
reçu le rapport de l'enquête dans le temps. M. Lanoux va faire le
point sur l'état du dossier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lanoux.
M. Lanoux: Dans le cas du collège Inter DEC,
effectivement, l'année dernière il y avait de nombreuses
questions qui se posaient au sujet de son fonctionnement. Nous avons eu
à intervenir. Je peux vous dire que, cette année, les choses vont
très bien. Une directrice des services pédagogiques a
été nommée à ce collège et il y a, à
l'heure actuelle, 68 étudiants inscrits à Inter DEC. La situation
en ce qui concerne ce collège est rétablie.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut connaître les conclusions
de l'enquête qui a été menée l'an passé?
M. Ryan: Je vais vous le dire franchement, je ne me souviens pas
exactement.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on est en mesure d'exercer un minimum de
contrôle sur les établissements privés non
subventionnés? Comme je le rappelais tout à l'heure, comme il y a
des frais de scolarité et comme les étudiants inscrits dans ces
établissements de niveau collégial ont droit à l'aide
financière aux étudiants, le gouvernement du Québec se
trouve quand même, par ce biais, à subventionner ces
établissements. Donc, la question qui se pose est celle-ci: Est-ce que
le ministre a un minimum de contrôle sur la qualité de
l'enseignement dispensé dans ces établissements? Parce que les
établissements privés non subventionnés peuvent
émettre des bulletins cumulatifs, lesquels crédits ou
unités sont reconnus dans toute formation collégiale, dans un
collège public comme dans un collège privé, d'une part.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous assurer d'un minimum de
qualité de formation dans ces établissements? A-t-il un
contrôle sur les clientèles? Je sais qu'il y a encore plusieurs
demandes sur la table du ministre. Il y a quelque 27 collèges qui
opèrent actuellement et il y aurait encore une dizaine de demandes sur
la table. Le ministre a-t-il l'intention d'accorder de nouveaux permis? Est-ce
qu'il
a un contrôle sur les clientèles? Est-ce qu'on a
déjà évalué ce qu'il nous en coûtait par le
biais des frais de scolarité et coûts indirects reliés aux
prêts-bourses?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Avant d'en venir à ce point-là, il
faudrait compléter la réponse à propos de
l'établissement dont parlait la députée de Chicou-timi.
À la suite de plaintes que nous avions reçues d'étudiants,
nous avions envoyé sur place des représentants du
ministère qui ont établi le point de la situation et qui avaient
relevé un certain nombre de choses qui n'étaient pas faites
conformément aux meilleures normes pédagogiques. Ils en ont
exigé le redressement. Il y a une dizaine de conditions qui leur ont
été posées pour qu'ils soient autorisés à
continuer. La surveillance a été exercée et on nous
rapporte que, cette année, cela fonctionne de manière pleinement
satisfaisante. Par conséquent, ce cas-là est clos en ce qui nous
concerne et notre politique, en général, n'est pas une politique
rigidement et bêtement policière, c'est une politique de
surveillance qui vise surtout à ce que les établissements
fournissent le meilleur rendement possible et non pas à resserrer la vis
pour le plaisir de le faire.
Maintenant, ce qui touche les établissements qui sont sous permis
sans être subventionnés, je pense que c'est bon d'avoir une vue
d'ensemble de cela avant de laisser des légendes s'accréditer sur
les dangers qui pourraient exister. Je pense que c'est important d'avoir une
vue exacte de la situation et j'aimerais que M. Lanoux nous dise exactement ce
qu'il en est des établissements sous permis, mais sans statut
subventionné. J'indique tout de suite que le nombre d'étudiants
qui fréquentent de tels établissements est assez limité.
Ce n'est pas une situation qui est très répandue, c'est une
situation qui est facilement contrôlable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lanoux.
M. Lanoux: Pour compléter la réponse du ministre
sur cela, le suivi que le ministère exerce sur ces
établissements, nous le faisons principalement par
l'établissement des politiques d'évaluation des apprentissages.
Même ces établissements doivent eux aussi préparer des
politiques d'évaluation des apprentissages. Alors, c'est un bon moyen et
d'ailleurs, je vous soulignerais que cette année il y a aussi un autre
établissement où nous avions découvert des pratiques
pédagogiques par le biais des politiques d'évaluation. Nous
avions découvert des pratiques pédagogiques que nous sommes en
train de faire corriger et c'est dans un établissement autre que celui
dont on parlait tantôt.
Pour ce qui est des établissements sous permis, il y en a
à l'heure actuelle 30 qui reçoivent 3427 étudiants. La
très grande majorité de ces étudiants se retrouvent dans
deux types d'établissements. Si vous le voulez, je peux vous donner des
chiffres. Il y a environ 1200 étudiants qui fréquentent les
écoles suivantes: l'Association de l'immeuble du Québec,
l'École nationale de théâtre, l'Institut canadien des
valeurs mobilières, l'école Beth Jacob et l'académie
Centennale. Il y a encore 1300 de ces étudiants qui fréquentent
dix établissements qui dispensent un ou deux programmes en informatique,
ce qui nous laisse 950 autres élèves qui fréquentent les
quatorze autres établissements qui sont sous permis. Alors, la grande
majorité, si vous voulez, les presque 2500 fréquentent les
premiers établissements dont je vous ai parlé tantôt. Parmi
ces 30 établissements sous permis, il y en a douze qui ne dispensent
qu'un seul programme, soit un AEC, soit un CEC. Il y en a dix qui dispensent
deux programmes. Sur les 30, on est déjà rendus à 22. Il y
en a quatre qui dispensent trois programmes et il y en a quatre qui dispensent
quatre programmes.
Mme Blackburn: Est-ce que le nombre de demandes actuellement sur
la table et la politique du gouvernement visent à octroyer d'autres
permis? Quels sont les coûts moyens exigés pour les frais de
scolarité?
M. Ryan: À la première question, la grande
majorité des demandes proviennent d'établissements
déjà en place qui veulent ajouter des programmes. On examine les
demandes une après l'autre. Quand la demande apparaît
fondée, elle peut être autorisée et, si elle ne
paraît pas fondée, elle ne l'est pas, à différents
points de vue, la qualité du programme, l'équipement du
collège, les besoins estimés et ces choses-là. Quelle
était la deuxième question?
Mme Blackburn: Les coûts moyens des frais de
scolarité.
M. Ryan: Je n'ai pas de renseignement précis
là-dessus. Cela varie énormément d'après ce que je
crois comprendre, surtout du côté professionnel. Mais pour les
établissements professionnels, on me dit que cela varierait de 5000 $
à 6000 $.
Mme Blackburn: Est-ce que cela est juste lorsque je dis que les
frais de scolarité sont admissibles pour les prêts aux
étudiants qui sont démunis?
M. Ryan: On va vérifier ce point. Mme Blackburn:
Ils se qualifient.
M. Ryan: On va le vérifier. C'est admissible pour le
régime d'aide financière, mais seulement au titre des
prêts, non pas des bourses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme
5.
Collège Dawson
Mme Blackburn: Oui. M. te Président, j'ai deux autres
enquêtes sur lesquelles j'aimerais entendre le ministre, soit celle
touchant le cégep Dawson et l'enquête touchant le cégep du
Vieux Montréal. On sait qu'au collège Dawson certaines pratiques
administratives excédaient largement la politique administrative et
salariale des cadres. On sait que le ministre a nommé là-dessus
un enquêteur, mais selon des informations qui ont paru dans La Presse,
on était en mesure d'évaluer que les avantages qui
étaient consentis à certains cadres du cégep Dawson
allaient de la voiture, voiture pour laquelle le directeur
général recevait quand même des allocations lorsqu'il
effectuait des déplacements, à un boni pour son salaire et ainsi
de suite, soit des avantages considérables. Je voudrais savoir quel est
l'état de l'enquête dans ce dossier, s'il y a eu des poursuites et
si le collège ou les personnes ont été obligées de
rembourser.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Dans sa question, la députée a
parlé de deux enquêtes qui avaient été
commandées...
Mme Blackburn: On va commencer par la première sur le
collège Dawson.
M. Ryan:... soit l'enquête sur le cégep du Vieux
Montréal et ensuite l'enquête sur le cégep Dawson.
Mme Blackburn: Alors, si vous le permettez, je voudrais d'abord
qu'on vide celle de Dawson et on reviendra à celle du Vieux
Montréal.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection. Au collège Dawson,
j'avais été informé, au cours de l'été
dernier, de certaines pratiques qui n'auraient pas été conformes
aux règlements sur la politique salariale à l'intention des
cadres des collèges. J'ai désigné un avocat de la
Direction des ressources humaines du ministère de l'Éducation, Me
Gilles Pouliot, le 27 août dernier, pour faire enquête sur des
faits qui avaient été portés à ma connaissance. Le
mandat confié à M. Pouliot consistait à vérifier le
respect des règlements sur les conditions de travail, la nature des
délégations d'autorité au conseil d'administration, la
conformité de la présentation des données comptables
à la réalité. Je lui avais demandé d'obtenir du
collège tous les renseignements utiles en rapport avec ces points dont
je viens de faire mention. Le 9 novembre, c'est-à-dire à peine
deux mois plus tard, M. Pouliot me remettait - moins de deux mois plus tard -
un rapport dans lequel il disait avoir constaté une série
d'irrégularités dans la gestion du collège, notamment en
matière de bonis et d'avantages sociaux, l'absence de contrôle des
décisions de l'administration et de certaines présentations
comptables. (16 h 45)
Après avoir pris connaissance du rapport, j'ai constaté
qu'il y avait des choses qui se passaient au collège Dawson qui
n'étaient pas conformes aux règlements. Ce n'étaient pas
nécessairement des grands scandales, ce n'étaient pas des choses
qui impliquaient des grosses sommes d'argent, mais on s'éloignait de la
politique qui était dictée dans des règlements
définis par le gouvernement. Alors, j'ai demandé à M.
Pouliot de rester en poste. Comme il avait très bien saisi la situation,
il resterait en poste aussi longtemps que la situation n'aurait pas
été redressée.
Certains points ont été transmis au Procureur
général, des points qui pouvaient prêter à des
recours judiciaires ou légaux de la part du gouvernement, pour
étude comme il se doit dans ces cas-là. Ce n'est pas à
chaque ministère de prendre ces décisions. Nous avons pris le
parti d'assurer le redressement des situations où il n'y avait pas
conformité avec la politique réglementaire du gouvernement. M.
Pouliot est encore actuellement attaché au cégep Dawson à
titre de mandataire spécial du ministre. J'espérais que tout ce
travail aurait été terminé pour le mots de février
ou de mars. C'est toujours plus compliqué dans la réalité
que sur la table d'un ministre ou d'un député. J'ai
demandé à M. Pouliot de prolonger son séjour. J'ai
prévenu le conseil d'administration également, tant que la
situation ne sera pas régularisée de manière
complètement satisfaisante pour nous.
Il y a certains cas particuliers qui se posent qui sont
extrêmement délicats parce que les personnes concernées
font partie d'associations de professionnels qui représentent leurs
intérêts, comme il se doit. Certaines des mesures qui ont fait
l'objet d'une discussion peuvent avoir des répercussions dans l'ensemble
du réseau. Nous sommes actuellement à mettre au point un nouveau
règlement sur la politique relative aux conditions de travail. Dans ce
nouveau règlement, il y aura certaines modifications par rapport
à ce qui existait et est-ce mieux d'appliquer d'entrée de jeu de
nouveaux règlements et de laisser faire l'ancien et que tout le monde
soit sur un pied d'égalité partout dans le Québec? Il nous
semble que c'est préférable, mais en attendant, mon mandataire a
la mission de voir que la situation soit redressée et je ne le sortirai
pas de là tant que mission ne sera pas accomplie.
Je dois dire que, de la part du conseil d'administration, cela n'a pas
été facile d'accepter cette expérience-là parce
qu'ils étaient engagés de leur côté dans tout un
processus qu'ils interprétaient à leur manière, avec
l'avis de leur conseiller juridique. C'est une affaire délicate, mais de
plus en plus les esprits se sont rapprochés et je dois dire que, depuis
plusieurs semaines déjà, le conseil, en particulier par
l'intermédiaire de son président avec qui je suis resté en
contact, donne une collaboration qui permet d'augurer que tout ce
problème aura été nettoyé d'ici
l'été.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit qu'il ne s'agit pas de sommes
importantes. Je le crois en cela, mais il faut dire que, sous le régime
de M. Levrey, un surplus de 1 500 000 $ s'est traduit par un déficit
comparable et que le bonis qu'on accordait en sus du salaire, selon la
politique administrative et salariale, était l'équivalent de 30
000 $ par année, en plus d'un certain nombre d'avantages. Je voudrais
savoir du ministre si les résultats de l'enquête seront rendus
publics parce que, comme il s'agit de deniers publics, il faudrait faire le
plus possible la lumière sur cette question et que les informations
soient accessibles au grand public.
Les sommes en cause représentent combien, selon
l'évaluation de l'enquêteur? J'ai cru comprendre du ministre qu'il
avait transmis certaines informations au Procureur général.
Est-ce qu'il y aura des poursuites?
M. Ryan: Tout ce qui fait l'objet de la question de la
députée est déjà du domaine public. Le rapport sur
le collège Dawson m'a été remis au mois de novembre. Je
l'ai publié dès ce moment-là. Cela a été
rendu public.
Mme Blackburn: On n'a pas les chiffres.
M. Ryan: Cela a échappé à la connaissance de
la députée; c'est du domaine public. Je me rappelle même
avoir tenu une conférence de presse à Montréal
là-dessus. Dans cette conférence de presse, non seulement je
donnais la teneur complète du rapport à la presse, au
collège Dawson et à tout le monde, mais j'indiquais aussi les
mesures que je prenais sur chacune des recommandations qui m'avaient
été adressées par l'enquêteur. Cela ne peut pas
être plus clair. Maintenant, je comprends que, lorsqu'on aura
terminé le travail, je ferai un nouveau rapport au public. Mais une
chose est sûre, au collège Dawson nous avions un rendez-vous. Il y
a un pavillon très important qui est en train d'être
complété. Il est évident que, pour qu'on l'inaugure, il
faut que toutes les choses soient claires. Je pense que, de ce
côté-la, déjà, les trois quarts du travail ont
été faits. Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est
donnée pour signaler l'excellent travail qui a été
accompli par M. Gilles Pouliot, dans des conditions de désinté-
ressement complet. C'est une enquête qui ne nous coûte rien, sinon
que nous sommes privés de ses services au ministère de
l'Éducation pendant qu'il est là. Mais il n'y a pas un sou
d'honoraires qui est versé pour cette enquête. C'est une
enquête économique, non pas en ce sens qu'il y aurait eu des
crimes économiques, mais qui sera une source d'économie pour le
gouvernement. M. Pouliot est un homme très expéditif,
extrêmement consciencieux et très honnête. Je veux lui
rendre hommage. À certains moments, des situations difficiles se sont
présentées et j'ai trouvé que c'était un serviteur
de l'État dans la meilleure acception du terme, et je n'hésiterai
point à lui confier d'autres mandats semblables à l'avenir.
Mme Blackburn: On ne souhaite pas au ministre qu'il y ait
d'autres cas pour lesquels il soit obligé d'engager quelqu'un.
M. Ryan: En tout cas, il est bon de savoir qu'on peut agir
vite.
Mme Blackburn: J'imagine que ce n'est pas ce qu'il souhaite.
M. Ryan: M. le Président, je souligne en particulier, ce
n'est pas mauvais qu'on le fasse de temps à autre, la
célérité avec laquelle M. Pouliot s'est acquitté de
son mandat d'enquête. Il a fait tout cela en l'espace de six ou sept
semaines. Et il a donné un rapport qui a résisté au test
de la critique parce qu'il a évidemment été soumis aux
personnes responsables, à l'institution concernée. Si le rapport
n'avait pas été bon, j'aurais eu les retours sans trop de
délai. Mais je peux dire que, de ce point de vue, je suis très
satisfait.
Mme Blackburn: Je sais que le collège Dawson doit
intégrer bientôt ses prochains locaux puisque la décision
de lui permettre d'utiliser les locaux du "mother house" a été
prise sous le précédent gouvernement, si je ne m'abuse et sous
l'excellente direction de Mme Sarah Paltiel qui était, à
l'époque, directrice générale du collège
Dawson.
M. Ryan: Nous autres, on appelle cela la maison mère.
Mme Blackburn: Oui, et Mme Paltiel appelait cela le "mother
house". Cependant, je ne vois pas très bien le rapport avec
l'idée que se fait le ministre: II faut que la situation soit claire
avant qu'on inaugure les locaux, je ne vois pas très bien le rapport. Je
voudrais passer à une autre situation.
M. Ryan: Moi, je ne serais sûrement pas là si ce
n'était pas clair.
Mme Blackburn: On peut empêcher l'édifice
d'être rénové.
M. Ryan: Non, mais je présume qu'ils vont inviter le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science ou le premier
ministre pour l'inauguration. Je pense que ni l'un ni l'autre n'irait là
si les choses n'étaient pas claires. C'est cela que je voulais dire.
Mme Blackburn: M. Levrey n'est plus directeur
général du collège.
M. Ryan: Non. M. Levrey est parti comme directeur
général. Des procédures sont en cours pour la nomination
d'un directeur général. Un affichage avait été fait
avant que l'enquête ne soit instituée et il a été
recommencé ces dernières semaines. Je crois bien qu'une
décision pourra être prise au cours du mois de mai.
Une voix: Mai ou juin.
M. Ryan: Mai ou juin, au plus tard.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit que cela a été
rendu public. J'ai vu le rapport de presse là-dessus, mais je n'ai pas
eu le rapport d'enquête. Cela ne s'est pas rendu à mon bureau.
Cégep du Vieux Montréal
J'aimerais aborder une autre question, celle de l'enquête au
cégep du Vieux Montréal. Des primes de séparation ont
été accordées et, vraisemblement et selon les informations
qui nous ont été données, elles dépasseraient
largement ce qui est permis en vertu de la politique administrative et
salariale des cadres, d'autant que les personnes qui ont quitté leur
emploi avaient déjà un autre emploi au moment où elles ont
laissé le collège et, dans certains cas, nous dit-on, dans la
fonction publique ou parapublique. Là-dessus, est-ce que le ministre
peut nous dire s'il est exact que les primes de séparation qui ont
été accordées alors que le collège était en
tutelle, je pense - il y avait un administrateur délégué
dans le collège - n'auraient pas respecté l'esprit et la lettre
de la politique administrative et salariale des cadres qui dans ces cas
prévoit, je pense, une prime de séparation équivalant
à six mois de salaire?
M. Ryan: Comme vous le savez, M. le Président,
l'enquête au cégep du Vieux Montréal a donné lieu
à un rapport qui avait également été rendu public
à l'époque. À la suite de la remise du rapport, je pris la
décision de nommer une personne qui serait chargée d'exercer les
pouvoirs du conseil d'administration pendant une période
indéterminée. Plus exactement, cette décision fut prise
par le gouvernement parce que la nomination d'un enquêteur peut
être faite par le ministre. Mais la suspension des pouvoirs du conseil
d'administration doit être faite par le
Conseil exécutif. La décision fut prise de suspendre les
pouvoirs du conseil d'administration du cégep du Vieux Montréal
et de désigner une personne pour les exercer en lieu et place du
conseil, en la personne de M. Jacques Laberge. M. Laberge a poursuivi son
travail pendant à peu près une année. Il vient de terminer
son travail à la fin du mois de mars. Il a fait une
réorganisation considérable. Il s'est aperçu qu'il y avait
beaucoup de changements a faire. Il a travaillé en étroite
concertation avec les divers intervenants de l'établissement.
Maintenant, nous avons pu obtenir la nomination d'un nouveau directeur
général qui est entré en fonction il y a à peu
près un ou deux mois.
Une voix: En décembre 1987.
M. Ryan: En décembre dernier. Et nous avons
désigné ces temps derniers un nouveau conseil d'administration,
un conseil d'administration renouvelé qui a dû tenir sa
première séance la semaine dernière ou la semaine avant.
Je dois les rencontrer moi-même ces temps prochains. En cours de route,
M. Laberge en était venu à la conclusion qu'il y avait un certain
nombre de cadres supérieurs qui n'étaient plus à leur
place au cégep du Vieux Montréal et dont la présence
continue au sein de l'établissement serait un obstacle au redressement
de la situation, tant au point de vue administratif qu'au point de vue
pédagogique. Alors, il a fallu qu'il entre en discussion avec ces
personnes pour discuter de leur départ. La preuve n'était pas
facile à faire que ces personnes devaient absolument partir. Ce sont des
preuves extrêmement difficiles à compiler et M. Laberge a tout
fait pour régler les problèmes à l'intérieur des
paramètres de la politique gouvernementale.
Je crois devoir signaler qu'il y a un cas où l'on s'est
éloignés de la politique gouvernementale. C'est le cas d'un M.
Brouillard, je crois. C'est un cas très difficile. On n'était pas
sûrs, au point de vue juridique, d'avoir raison. Si nous avions agi de
manière arbitraire ou de manière jugée inacceptable par
l'intéressé, nous courions le risque qu'il institue des
procédures judiciaires qui eussent pu se prolonger longtemps,
entraîner en frais d'avocats des sommes beaucoup plus
élevées que ce qui nous apparaissait nécessaire pour
obtenir un règlement rapide et puis on ne voulait pas que ces choses
traînent indéfiniment. Dans ce cas, M. Laberge a dû faire
exception et en venir à un règlement qui va au-delà des
normes définies dans la politique gouvernementale.
Je ne sais pas si, peut-être, M. Lanoux pourrait ajouter des
précisions à celles que je viens d'apporter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lanoux.
M. Lanoux: Le ministère a remboursé au cégep
du Vieux Montréal, pour les cadres qui ont
été remerciés de leurs services, des montants
correspondants à la politique administrative et salariale. Dans le cas
dont M. Ryan parlait tantôt, pour un cas, le ministère n'a pas
remboursé l'excédent que cela a coûté au
cégep du Vieux Montréal. Dans les autres cas, le collège a
été remboursé pour les primes de séparation qui
sont actuellement prévues à la politique administrative et
salariale. Le ministère a aussi remboursé les frais d'avocats
occasionnés par ces divers règlements comme il le fait dans un
certain nombre de cas spéciaux, et le cégep du Vieux
Montréal était un cas particulier à ce moment.
Une voix: C'étaient les frais d'avocats du collège
ou du gars?
M. Lanoux: Ce sont les frais d'avocats du collège qui ont
été remboursés, évidemment.
Mme Blackburn: La loi 101. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lanoux: L'autre partie de votre question portait sur un
travail que certains cadres auraient pu retrouver ou avaient déjà
trouvé avant de quitter. Dans le cas du DSP, il s'est retrouvé un
travail après son départ du cégep du Vieux
Montréal. Je pense que cela s'est produit deux ou trois mois
après son départ. Dans le cas de deux autres cadres, ils
travaillent au collège Algonquin, en Ontario; donc, ils ont
quitté le Québec. Dans le cas du directeur général,
je suis sans nouvelles et dans le cas de l'autre cadre je je suis sans
nouvelles aussi. Il y en a au moins deux qui travaillent en Ontario. Ils ont
quitté le Québec. (17 heures)
M. Ryan: Je voudrais ajouter à propos du cégep du
Vieux Montréal que l'opération s'est faite d'une manière
qui a permis de recréer l'unité à l'intérieur de
l'établissement. Sont plus grand mal, c'était la rupture de
l'unité et un climat de tension continue qui causait un tort
énorme à la qualité de l'éducation. Je dois rendre
hommage à M. Laberge parce qu'il a travaillé de manière
à créer un climat d'unité. Tout cela s'est terminé
dans un climat d'harmonie qu'on rencontre rarement autour d'une enquête
comme celle-là.
Mme Blackburn: Dans un article paru dans Le Devoir du 6
février 1988, sous le titre "100 000 $ au directeur
général démissionnaire, la paix au cégep du Vieux
Montréal a coûté près de 200 000 $", on cite un
certain nombre de chiffres. M. Lanoux nous dit: II n'y a pas de primes qui ont
été accordées, à l'exception d'une qui a
été accordée qui excède la PAS.
M. Ryan: Excusez, il a dit qu'il n'y avait pas de prime qui avait
été donnée en excès de ce que prévoient les
normes de la politique gouvernementale. Mais il y a, dans ces cas-là des
primes de séparation qui sont prévues dans la politique
gouvernementale.
Mme Blackburn: J'ai dû mal m'exprimer. Ce que j'ai cru
entendre de M. Lanoux, c'est qu'il n'y avait pas de prime de séparation
qui avait été accordée qui excédait les
règles prévues à la PAS. Dans les chiffres qui nous sont
donnés ici, on dit: Incluant les vacances et congés qui lui
étaient dus, le directeur général, M. Robert Sylvestre, a
quitté son poste avec un peu plus de 100 000 $. Il a, notamment,
reçu 69 703 $ pour douze mois de salaire et 10 000 $ pour des
consultations en recherche d'emploi, alors que, si je ne m'abuse, la politique
prévoit 6000 $ dans ces cas-là.
Une voix: Six mois.
Mme Blackburn: C'est-à-dire six mois de salaire.
Évidemment, il y a les congés. Cela lui donne, quand même,
100 000 $ en excédant de ce qui était prévu à la
PAS. Deux autres cadres du cégep, M. Lavertu et M. Saint-Jules, ont
respectivement reçu 52 288 $ et 38 082 $. Ces montants n'incluent pas
les congés et vacances qui leur étaient dus. MM. Lavertu et
Saint-Jules ont respectivement bénéficié
d'indemnités de 13 749 $ et de 7700 $ pour services professionnels de
recherché d'emploi. Si c'est exact, il n'y aurait pas seulement une
prime de séparation qui aurait été accordée et qui
excéderait la politique administrative et salariale.
M. Lanoux: Ce que je vous ai dit tantôt, c'est que le
ministère avait remboursé au collège les primes
prévues à la politique administrative et salariale. Le
collège a pu verser des primes qui allaient au-delà. Par exemple,
l'aide à la recherche d'emploi, ce n'est pas prévu dans le
règlement, sauf que, compte tenu de la situation particulière, le
collège a jugé bon de défrayer à ses cadres pour
qu'ils se relocalisent. Avec les exemples que je vous donnais tantôt, je
pense que cela a bien fonctionné: car les gens se sont replacés,
en tout cas, trois des cinq. Ce que le ministère a financé, ce
sont les primes de séparation prévues au règlement. C'est
ce que je vous ai dit tantôt. Effectivement, l'aide à la
relocalisation n'est pas prévue dans le règlement, sauf pour le
directeur général. Ce n'est pas prévu pour les cadres.
C'est le collège qui a défrayé ce qui a été
payé pour les cadres. Il y a eu des primes qui allaient au-delà
des six mois, qui ont pu être de neuf mois. Le ministère a
remboursé six mois et, le collège a payé trois mois. Ce
que le ministre vous expliquait tantôt, c'est que, dans certains cas
particuliers, le collège peut être obligé d'aller
au-delà. Ce que le ministère a financé, ce sont uniquement
les primes prévues à la PAS.
Mme Blackburn: Bien. Mais, que ce soit le ministère qui
paie ou le collège, il s'agit, quand même, de fonds publics. Les
chiffres me semblent être beaucoup plus élevés que ce qui
apparaît dans l'article du Devoir, parce qu'ici on fait
état de trois cadres alors qu'il y en a quatre ou cinq. Il y a M.
Brouillard...
M. Lanoux: Cinq.
Mme Blackburn: Alors, est-ce qu'il est possible d'avoir les
coûts réels encourus et par le collège et par le
ministère pour amener ces gens à rompre leur lien d'emploi?
Est-ce qu'on peut avoir ces données-là?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre!
M. Ryan: Oui, on pourrait les fournir volontiers.
Mme Blackburn: À présent, je voudrais savoir si,
dans un cas comme celui-là, on excède la politique administrative
et salariale, comment pourra-t-on se justifier de refuser à d'autres
collèges, qui voudraient avoir la même pratique dans des cas qui
pourraient également être litigieux, d'excéder la politique
administrative et salariale des cadres? J'aurais compris que, dans un cas ce
soit possible, mais que cela se passe dans tous les cas qui ont
été traités qu'on se trouve obligé d'excéder
la politique administrative et salariale des cadres, il y a quelque chose de
surprenant. Et à sa face même, en tout cas, cela nous laisse
songeurs par rapport aux traitements qui pourront éventuellement
être accordés dans des cas similaires.
M. Ryan: Je pense que la question est fort pertinente. On peut
dire deux choses là-dessus. Tout d'abord, avec le nouveau
règlement dont j'ai parié tantôt, qui est tout prêt,
auquel il nous reste à apporter un ou deux raffinements, il sera
prévu que tout établissement qui voudra, dans des questions comme
celles dont nous discutons, s'écarter de la ligne définie dans le
règlement, devra obtenir au préalable l'autorisation du ministre.
Alors, on va avoir la protection que nous n'avions pas dans le règlement
sous sa forme actuelle.
Deuxièmement, l'enquêteur, qui était tuteur, en
somme, est venu me voir un jour. Nous avons fait le point sur la situation et
il m'a dit: Voici les règlements que j'ai jugé devoir apporter
ici. J'ai dit: Vous avez peut-être le droit de faire cela, mais vous
prendrez cela à même le budget du collège; le
ministère ne vous donnera pas davantage que ce qui est prévu dans
la politique. Et je l'ai averti de ne pas continuer dans cette voie-là.
Mais le règlement n'était pas clair sur ce point-là.
Je dois ajouter, à sa décharge, qu'il était pris
avec une situation à laquelle il devait mettre un terme. Je le pressais,
de mon côté, de terminer sa tutelle dans les meilleurs
délais et il a jugé, dans la balance des inconvénients,
dans cette situation précise où il était pris, qui
était, ne l'oublions point, le résultat d'un pourrissement qui
avait commencé longtemps avant le changement de gouvernement, qu'il
fallait tout régler rapidement et que les dollars additionnels qu'il
investirait de ce côté seraient une dépense infiniment plus
modeste que celle qui pourrait découler de toutes les procédures
possibles dont j'ai parlé. Alors, je pense que, tout compte fait, il a
bien agi, mais il était très important de voir à ce que
cela ne soit pas un message à qui que soit, laissant entendre qu'on
pourrait continuer dans ce sens. C'est un cas très spécial
à propos duquel j'ai préféré être
consulté avant que les décisions ne soient prises et au sujet
duquel je formule les explications qui m'apparaissent justes et
équitables.
Mme Blackburn: Mais, M. le Président, est-ce que le
ministre n'estime pas qu'on crée...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Non, juste un point. Avec le nouveau règlement
dans le cas d'un établissement qui irait au-delà des normes
prévues par le règlement, il y aura coupure de la subvention. Ce
sera indiqué clairement que la subvention sera coupée
d'autant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pourriez-vous m'expliquer cela quand vous dites:
La subvention va être coupée?
M. Ryan: La ministre pourra décider. Supposez qu'ils ont
donné 10 000 $ de trop, le ministre coupera la subvention de
fonctionnement au collège de 10 000$.
Mme Blackburn: M. le Président, ce que je demande au
ministre, c'est: Est-ce qu'il ne trouve pas que cela crée un dangereux
précédent? Je vais essayer de m'expliquer. D'abord, que l'argent
vienne du ministère ou qu'il vienne du collège, c'est le
même argent. On est d'accord avec cela. Seconde chose: les
collèges qui ont des surplus pourront éventuellement se permettre
d'en accorder un peu plus. Mais c'est toujours l'argent du public. Et si c'est
10 000 $ ou 20 000 $, lorsqu'ils ont un surplus, ils pourront procéder.
Même si le ministre coupe l'équivalent dans la subvention, cela
n'empêchera pas le collège de procéder. Dans ce cas-ci, la
politique administrative et salariale n'a pas été
respectée, comme elle n'a pas été respectée dans le
cas de Dawson. Comment le ministre peut-il se justifier de prendre des mesures
dans le cas de Dawson - ce
que moi, j'endosserais tout à fait, car je ne crois pas qu'on
puisse avoir cinq ou six façons de traiter les cadres des
collèges; je pense qu'il faut qu'il n'y en ait qu'une - comment peut-il
condamner Dawson et autoriser une pratique qui vient aussi dépasser ou
excéder ce qui est permis selon la politique?
M. Ryan: Comme je l'ai indiqué tantôt, nous avons
modifié le règlement et, très bientôt, je serai en
mesure de publier dans la Gazette officielle du Québec un
règlement qui empêchera la répétition de choses
comme celles-là. Par conséquent, je ne voulais pas que cela
tienne lieu de précédent, justement. Je suis parfaitement
d'accord avec la députée de Chicoutimi là-dessus. Mais, je
comprends, encore une fois, les circonstances très spéciales dans
lesquelles s'est trouvé le tuteur du cégep du Vieux
Montréal et je ne me sens pas capable de lui adresser un blâme
même si, comme je l'ai dit, j'eusse préféré que nous
ayons pu en discuter avant. Mais, il était placé dans une
situation très difficile. Je suis content que tout cela soit
réglé.
Je pense que, avec le nouveau règlement, dont on pourra prendre
connaissance bientôt, dès sa publication, on va pouvoir passer
par-dessus ces risques-là. C'est le fameux dilemme. D'un
côté, on nous dit: Vous centralisez, vous multipliez les
contrôles, vous voulez mettre votre griffe partout. D'un autre
côté, dès qu'on desserre la vis un peu, on s'expose
à des situations comme celles-là qui sont susceptibles de se
reproduire en grand nombre. Il faut trouver un équilibre entre les deux.
Je n'ai jamais passé, je pense, pour une personne qui voulait
déléguer trop de choses au plan local. Au contraire, on m'adresse
plutôt des reproches dans le sens contraire. Mais, je suis content que
les exemples d'aujourd'hui justifient ma thèse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Ouverture de campus ou de collèges
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être une
dernière intervention sur le programme 5. Les centres
spécialisés, je voudrais revenir un peu sur l'ouverture de campus
et la création de collèges. Le ministre nous apprend que,
même s'il a demandé un avis tardivement au Conseil des
collèges sur l'ouverture ou la création du collège
Heritage err fait, il a demandé l'avis alors que la
décision était prise - il crée un collège dans le
cas d'Héritage, alors que, dans les autres cas, il crée des
campus. On sait qu'avait été envisagée la
possibilité de rattacher le campus Heritage, qui était
rattaché au collège de l'Outaouais, au collège Champlain,
qui est un collège régional qui gère trois campus si je ne
m'abuse; Lennox, Saint-Hubert et Saint-Laurent. Il avait été
question qu'Héritage soit aussi rattaché à Champlain. Dans
le cas d'Héritage, le ministre choisit de créer un
collège, de lui donner une administration autonome, alors que, dans les
autres cas, que ce soit dans le cas de Val-d'Or ou des autres campus, il n'en
envisage pas la création. Et ici, à Charlesbourg, il ouvre des
campus plutôt que d'ouvrir des collèges.
Il faudrait peut-être faire un petit bout d'histoire. En 1980, le
ministre de l'Éducation d'alors prenait une décision à
l'effet d'abolir les collèges régionaux; il s'agissait du
collège de Bourgchemin, du collège du Saguenay-Lac-Saint-Jean et
du collège de la Côte-Nord. Alors, dans ces trois collèges,
la décision du ministère était de donner des statuts de
collèges autonomes à tous les campus qui étaient
réunis à l'intérieur d'un collège régional.
L'argument invoqué alors était le suivant: Un collège
autonome est beaucoup plus dynamique à utiliser au maximum ses
ressources parce qu'il gère ses propres activités, ses sources de
dynamisme et de créativité. D'ailleurs, un des conseillers du
ministre était alors directeur général du cégep de
Saint-Félicien et était inquiet un peu de la
dérégionalisation. Mais, je pense que, par la suite, le
collège, que j'ai vu tout récemment, s'est toujours réjoui
de cette décision qui a donné à la fois au collège
et à son directeur général, je dirais, le plus possible de
marge de manoeuvre pour défendre et développer son
collège. J'imagine que c'est l'argument qui a été
utilisé pour accorder au campus Heritage un statut de collège
plutôt qu'un statut de campus. (17 h 15)
Moi, je voudrais savoir pourquoi avoir traité différemment
Heritage de Charlesbourg, qui on le sait sera un campus, par exemple? Et plus
particulièrement, plus proche encore du collège de l'Outaouais,
pourquoi a-t-on traité différemment Gatineau? Pourquoi Gatineau
n'aurait-il pas - parce qu'il va recevoir, si je ne m'abuse, autant sinon plus
de clientèle que Heritage - un statut de collège autonome? Je
comprends difficilement le traitement différent qui est fait dans un cas
et non dans l'autre. Par la même occasion, j'aimerais que le ministre me
dise combien il en coûte de plus pour accorder un statut de
collège, parce qu'il y a des frais qui sont un peu plus
élevés dans le cas d'un statut de collège autonome que
dans celui d'un campus?
M. Ryan: M. le Président, les principaux
développements que nous aurons en matière d'implantation nouvelle
de l'enseignement collégial comprennent le campus Heritage qui va
devenir un collège. Je vais en parler tantôt. Il y a
l'implantation de l'enseignement collégial à Val-d'Or aussi qui
est très importante. Cela va être un, on peut l'appeler campus ou
pavillon, la nuance est assez subtile entre les deux, mais cela va être
de l'ordre du pavillon, disons, à Val-d'Or. Gatineau est un pavillon
également qui lui est rattaché au cégep de l'Outaouais, et
Val-d'Or est rattaché au cégep Abitibi-Témiscamin-
gue. Charlesbourg sera un pavillon rattaché au cégep de
Limoilou. Pourquoi avoir donné un statut de collège à
Heritage? Pour une raison bien simple qui découle de la politique du
Parti libéral du Québec. Nous reconnaissons à la
communauté anglophone le droit d'avoir ses établissements
éducatifs sur lesquels elle exercera elle-même l'autorité.
Nous ne voulons pas que ces établissements soient en tutelle par rapport
à d'autres. On aimerait bien cela s'ils acceptaient d'être en
tutelle, je n'aurais pas d'objection. Mais les anglophones n'aiment pas plus
être en tutelle vis-à-vis des francophones que les francophones
aiment vis-à-vis des anglophones en matière d'éducation et
en matière de santé. Cela est bien dommage, il y en a qui ne
voient peut-être pas ce fait-là, mais nous, nous l'avons
constaté depuis longtemps et nous en tenons compte. Dans ce cas-ci, on
avait une situation qui était loin d'être gaie, qui était
loin d'être acceptée, surtout de la part des personnes
concernées, c'est-à-dire des responsables du campus Heritage. Ils
ont multiplié les représentations à compter du temps
où nous siégions dans l'Opposition. Ils ont fait des
représentations au gouvernement de l'époque demandant
d'être reconnus à l'état de collège distinct. Un
rapport avait été confié à un M. Caldwell, si mes
souvenirs sont bons, et le rapport Caldwell avait conclu...
Mme Blackburn:... collège Champlain.
M. Ryan: En tout cas, il reconnaissait la nécessité
d'un statut distinct. Dans leur système, dans le sous réseau
anglophone, il recommandait le rattachement au collège Champlain. Cela
nous reporte à quelques années. Nous avons examiné la
situation et nous avons constaté qu'on avait fait des explorations au
sujet de toutes les options possibles en matière de rattachement
à un autre collège. On avait examiné Sir John Abbott. On
avait examiné la situation de Québec aussi. On avait
examiné la situation de Champlain. Les intéressés
là-bas en sont venus à la conclusion qu'il serait beaucoup
pratique d'avoir un collège sur lequel ils auraient autorité
quitte à développer ensuite des liens de collaboration avec les
autres et nous avons considéré, tout compte fait, que ce serait
plus économique d'agir de cette manière. Nous pensons qu'il y a
de la place pour un collège de langue anglophone dans la région
de l'Outaouais et nous avons accepté un devis qui comprend une
possibilité de 700 places au départ. Alors, c'est la raison.
D'abord, c'était le désir très ferme des milieux
concernés et deuxièmement, au point de vue de
fonctionnalité, cela nous apparaissait préférable.
Maintenant, quant au coût d'une décision comme
celle-là, le montant d'appoint que cela requerra pour le fonctionnement
du collège est de l'ordre de 600 000 $ à 700 000 $ par
année par rapport au statut qu'il avait antérieurement.
Maintenant, antérieurement, il y avait bien des dépenses qui
étaient encourues de ce côté-là, qui étaient
peut-être imputées à l'administration
générale du cégep de l'Outaouais et qui seront
diminuées par le fait que ces étudiants sont maintenant à
la charge de l'autre cégep.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre n'estime pas qu'il aurait
été important de faire ces économies en rattachant... Je
partage l'avis du ministre, et je comprends que les gens ne veulent pas
être en tutelle. Tout adulte et tout peuple qui se respecte un peu ne
souhaite pas être en tutelle, l'un de l'autre. Mais, l'argument
qu'utilise le ministre, à savoir que le collège voulait avoir
entière autorité sur leur avenir, n'est-il pas l'argument que
devraient et qu'apportent les autres campus? Une première question.
Quant à gérer ses propres institutions, la communauté
anglophone ici. les a toujours gérées. Remarquez bien que je
n'étonnerai personne là-dessus, je n'apprendrai rien à
personne en le rappelant, mais l'hypothèse qui était
avancée, et qui aurait permis d'économiser 600 000 $ ou 700 000
$, aurait été le rattachement au collège Champlain, qui
est un collège, pour ceux qui l'ignoraient, régional anglophone,
qui gère déjà trois établissements. Et pourquoi,
comme deuxième question, est-ce que cette hypothèse n'a pas
été retenue? Pourquoi un statut de collège autonome
à Heritage, statut que l'on refuse à Gatineau, et que l'on refuse
à Val-d'Or, en particulier?
M. Ryan: Je pense que là on mêle les cartes. Je
pense que ce n'est pas à dessein.
Dans le cas de Heritage, si on avait donné le statut de pavillon
rattaché au Champlain College, avec une allocation qui s'en serait
suivie d'au moins 300 000 $, et les frais de communications, de
déplacements, de services communs qui auraient été
encourus qui auraient assez facilement et assez vite rejoint le niveau du
montant qui va être accordé au cégep Heritage pour son
propre fonctionnement, l'économie n'aurait pas été
appréciable. Et tout compte fait, vu qu'il n'y avait pas vraiment
d'économie de ce côté-là, nous avons
considéré, en nous appuyant en particulier sur
l'expérience du collège de Saint-Félicien, un
collège qui a 700 à 800 étudiants - combien c'est
actuellement? 1000 - qui a commencé avec 600 ou 700 étudiants,
que là-bas ils pourraient faire un très bon travail à
l'exemple de ce qui s'est fait à Saint-Félicien. C'était
pour les raisons que j'ai données, des raisons d'ordre culturel,
linguistique et géographique aussi. Ils sont dans une région qui
est très distincte, et qui comporte quand même un certain
éloignement.
Dans le cas de Val-d'Or, nous avions une demande non pas pour un
cégep à tout prix, mais pour de l'enseignement collégial.
C'est cela qu'on nous demandait essentiellement; on voulait l'implantation
à Val-d'Or d'un enseignement collégial qui lui avait
été refusé jusqu'à maintenant. Et
les milieux concernés m'ont dit à moi - je les ai
rencontrés à plusieurs reprises - que ce qu'ils voulaient,
c'était un enseignement collégial, que la forme exacte que cela
revêtirait, était une question que le gouvernement était
plus en mesure de trancher que les milieux là-bas. Et je pense que la
solution que nous avons retenue recueille l'approbation générale
dans la région de Val-d'Or.
Dans le cas de Gatineau, ce qu'on m'a toujours communiqué - et je
me rappelle, j'étais saisi de ce dossier-là quand j'étais
dans l'Oppositon - c'est qu'on voulait avoir un campus à Gatineau. On
n'a pas insisté pour avoir un cégep complètement
autonome.
Dans le cas de Charlesbourg, cela a été la même
chose. Les gens nous ont dit, du côté de Charlesbourg: "Nous avons
une partie très importante de notre jeunesse qui s'en va, soit du
côté de Sainte-Foy, soit du côté de Limoilou. Nous
avons des effectifs pour avoir un enseignement collégial chez-nous. " Et
comme il est question là-dedans de la répartition des options,
surtout en matière professionnelle, il ne pouvait pas être
question de libérer complètement les choses et on leur a
demandé: "Est-ce qu'un pavillon ou un campus ne répondrait pas
à vos besoins?" Et ils sont convenus que oui. Maintenant, l'octroi d'un
statut de pavillon ou de campus ne règle pas le problème pour
l'éternité. Il pourra arriver dans dix ans... Supposez que
Charlesbourg se développe très bien, qu'il arrive à une
taille où il sera un cégep de 1500 à 2000
étudiants, avec à peu près tous les services d'un
cégep capable de suffire à lui-même. À ce
moment-là le gouvernement de l'époque examinera la situation et
décidera peut-être de trancher le cordon ombilical. Il n'y a pas
de détermination pour toujours dans ces choses-là. Dans
l'état où en étaient les choses, il nous est apparu qu'il
était préférable de procéder de cette
manière-là.
Dans les trois cas, par conséquent, c'est plutôt un
pavillon qu'on va avoir qu'autre chose. Un pavillon qui aura une large mesure
d'autonomie, et qui pourra se développer, suivant les besoins de chaque
région.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, y a-t-il d'autres interventions sur le programme 5?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, une dernière
qui serait davantage de l'ordre de la remarque plutôt que de
l'intervention.
M. Ryan: Au début je pense que vous conviendrez, que c'est
plus facile de faire démarrer l'enseignement collégial à
l'état de sous-centre ou de pavillon que de le faire démarrer
à l'état de cégep complet. Dans le cas de Heritage
n'oublions pas qu'il existe à l'état de pavillon depuis
déjà plusieurs années. Par conséquent, les
éléments sont déjà tous réunis, mais dans
les autres cas nous faisons une première étape et ensuite on
verra. Peut-être que les gens apprécierons beaucoup le statut
associé que leur permet la décision que nous avons prise, mais on
examinera les choses au fur et à mesure. Il y en aura pour prendre des
décisions appropriées en temps utile.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, une dernière remarque. Le rapport du
comité créé par le ministre pour examiner l'état de
l'enseignement collégial en Abitibi-Témiscamingue recommandait la
création d'un collège autonome. Le comité était
dirigé par M. Arguin et si je me rappelle, la recommandation du
comité Arguin allait dans le sens qu'il se crée à Val-d'Or
un collège autonome.
M. Ryan: M. le Président, je veux seulement
préciser que le rapport Arguin est un rapport qui était
très intéressant, mais qui finissait drôlement, parce qu'il
finissait sur trois hypothèses. La position réelle du
comité Arguin quant à l'option qu'il fallait retenir
n'était pas vraiment percutante. Je me souviens que j'ai discuté
avec le président du comité et je lui avais demandé: Quel
est exactement le choix que vous favorisez et pourquoi? Il m'avait dit: Nous
laissons cela à votre bon jugement, M. le ministre. Nous avons
réuni tous les éléments. Il reste encore une partie de
travail à faire laquelle nous avons accomplie dans les mois qui ont
suivi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'étude des
éléments du programme 5 étant terminée, est-ce que
les crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science, programme 5, sont adoptés?
Mme Blackburn: Sur division.
Enseignement universitaire
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. J'appelle le programme 6. M. le ministre, tel qu'entendu, je vous
reconnais pour une intervention d'environ 15 minutes pour présenter le
programme 6 qui porte sur l'enseignement universitaire.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
La commission remercie les personnes qui ont assisté le ministre
pour répondre aux questions.
M. Ryan:... II y a beaucoup de joueurs à la table ici, si
vous voulez nous donner une petite seconde.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Si la
deuxième ligne veut bien s'avancer et prendre place. J'espère
qu'on va garder le même cerbère.
Remarques générales M. Claude
Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de vous
présenter M. Léonce Beaupré...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Ryan:... directeur de la Direction générale des
études et des recherches universitaires au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Mes deux collaborateurs
à gauche sont demeurés les mêmes.
L'effort de redressement du financement des universités que nous
avions amorcé l'an dernier se poursuivra en 1988-1989. Les
crédits consentis aux universités incluent cette année la
seconde tranche des sommes annoncées par le ministre des Finances dans
son budget de l'an dernier. Cette année encore, le gouvernement a choisi
de ne pas imposer de compressions budgétaires dans le réseau
universitaire. Les crédits de la prochaine année incluent aussi
un montant additionnel de 2 800 000 $ au chapitre des coûts de location
dans les centres-villes. Cette mesure, je le précise tout de suite,
viendra apporter une solution à divers problèmes vécus par
les établissements, mais en particulier à des problèmes
que l'Université Concordia nous avait soumis de manière
particulièrement pressante. Il y avait un litige avec
l'Université Concordia concernant le partage de la première somme
de 40 000 000 $ avec cette mesure-ci. Le montant qui séparait
l'Université Concordia du gouvernement n'existera plus; le
problème sera réglé. Le seul problème pressant qui
restera du côté des universités c'est celui de
l'Université McGill. Tous les autres problèmes ont trouvé,
dans l'immédiat, une solution qui a été jugée
acceptable par les établissements concernés, y compris par
l'Université du Québec laquelle est habilitée
jusqu'à nouvel ordre à parler au nom de ses constituantes
également. (17 h 30)
Par rapport aux dépenses probables de l'année 1987-1988,
les crédits pour 1988-1989 sont en hausse de 6, 3 %. Ils
s'élèveront à 1 310 000 000 $. Au chapitre du
fonctionnement, les crédits s'élèvent à 1 194 000
000 $ comparativement à 1 117 000 000 $ en 1987-1988, soit une hausse de
6, 9 %. Cela veut dire que les dépenses pour les subventions de
fonctionnement auront augmenté davantage que les dépenses
administratives encourues pour les fins du ministère; c'est important de
le souligner.
Si l'on tient compte que 10 000 000 $ ont été
versés au cours de l'année 1987-1988 pour l'indexation des
salaires des cadres et pour la hausse des contributions patronales au
régime de retraite, l'augmentation de l'enveloppe de fonctionnement
s'élève à 6 %. Cette augmentation s'explique par
l'indexation des dépenses de 3, 5 %, par le financement des
clientèles additionnelles pour lequel des crédits de 8 000 000 $
ont été prévus et par un ajout de 2 800 000 $ pour les
locations d'espace. L'an dernier, le financement des clientèles
additionnelles représentait quelque 17 000 000 $. La diminution de
quelque 9 000 000 $, en 1988-1989, s'explique par un ralentissement de la
croissance des clientèles. Le financement à 70 % pour les
secteurs jugés prioritaires et les cycles d'études
graduées de même que le financement à 50 % des autres
secteurs sont maintenus pour 1988-1989.
Dans les crédits de 11 800 000 $ qui seront consacrés au
programme des actions structurantes, 400 000 $ proviennent des montants qui
auraient normalement dû être versés en 1987-1988. La presque
totalité des postes d'attaché de recherche prévus au
programme ont été comblés, 145 postes sur 151, pour les 43
équipes de recherche créées dans le cadre de ce programme.
En 1988-1989, la subvention de fonctionnement per capita, par étudiant -
équivalent temps complet - pour les universités,
s'élèvera à 7018 $ en dollars constants, comparativement
à 6523 $ en 1986-1987. Inutile de vous dire qu'avec cette augmentation,
la position relative du Québec dans l'ensemble du tableau canadien
connaîtra sûrement une amélioration appréciable.
La répartition des crédits additionnels de 40 000 000 $
établie l'an dernier - je pense que les détails de cette
répartition ont été communiqués à
l'Opposition - sera essentiellement la même pour l'année
1988-1989. Seuls varieront les montants accordés au chapitre des
déficits où nous tiendrons compte de la situation
financière des universités à la fin de l'exercice
1986-1987 comparativement à 1985-1986, pour les subventions de l'an
dernier, pour lesquelles il y a toujours un montant de 7 000 000 $ qui est
prévu en 1988-1989.
Je suis heureux de constater que les sommes additionnelles
accordées sous l'empire du plan de transition ont permis à
plusieurs universités de rétablir leur situation
financière pour l'année 1987-1988, déjà pour
l'année 1987-1988, je le redis à dessein. Ainsi, les
universités de Montréal, de Sherbrooke, Laval, du Québec
et l'Université Bishop's ont pu atteindre, dès l'année
1987-1988, année qui se termine pour elles le 30 juin, un
équilibre financier. Même dans le cas de l'Université
Laval, on a entrepris la résorption du déficit accumulé.
J'en suis extrêmement fier et je voudrais dire, à l'intention des
autorités de ces établissements universitaires, que le
gouvernement apprécie très hautement l'esprit de discipline et de
collaboration dont elles ont fait preuve. L'Université Concordia,
l'Université McGill et l'École des hautes études
commerciales demeurent dans une situation financière difficile,
principalement en raison de la lourdeur des déficits
accumulés.
Pour l'ensemble du réseau universitaire, la situation des
déficits demeure préoccupante. Au 31 mai 1988, les
déficits accumulés par les
universités pourraient atteindre environ 140 000 000 $
comparativement à 123 000 000 $ au 31 mai 1987. Néanmoins, le
déficit sera fortement inférieur à celui qui avait
été encouru l'an dernier. Et, avec les données que je
viens de fournir concernant les établissements qui sont parvenus
à l'équilibre, je pense que nous irons très vite vers un
rétablissement complet de l'équilibre financier des
universités. Ce qui nous permettra de montrer à nos concitoyens
et concitoyennes du Québec un tableau où les trois grands ordres
d'enseignement, primaire-secondaire, collégial et universitaire, seront
chacun en équilibre budgétaire et financier. Je pense que c'est
un objectif que nous nous étions fixé. Au rythme où vont
les choses, nous l'aurons pratiquement réalisé au complet avant
la fin du présent mandat. Je pense que nous avons lieu d'en être
extrêmement fiers.
Dans le cadre de la révision de la formule de financement des
universités, j'ai toujours l'intention de proposer au gouvernement des
mesures particulières au sujet des déficits accumulés.
Tout en maintenant qu'en principe, les déficits sont la
responsabilité première des institutions universitaires, j'estime
nécessaire que le gouvernement intervienne pour éponger une
partie des déficits, c'est-à-dire la partie qui aurait
été considérée comme découlant des
"inéquités" - "inéquités", non pas
iniquités, "inéquités", c'est beaucoup moins dur -
observées dans la formule de financement. Les discussions sur la
révision de la formule de financement ont débuté avec la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec ainsi qu'avec l'ensemble des institutions. J'ai convenu avec la
conférence des recteurs d'une démarche et d'un
échéancier qui doivent nous conduire à la
réalisation de l'objectif recherché. Les travaux de
révision seront sous mon autorité immédiate. Nous
procéderons avec la collaboration des universités.
Un comité consultatif formé auprès du ministre sera
invité à émettre des avis sur les orientations et les
propositions retenues dans le cadre de l'étude de révision de la
formule. Ce comité sera composé de deux membres
désignés par la Conférence des recteurs et des principaux
des universités, de deux membres désignés par le ministre
et d'une personne en provenance du Conseil des universités. De plus, une
équipe de travail composée de fonctionnaires du ministère
sous la direction du directeur de la Direction des études et des
recherches universitaires, M. Beaupré, est chargée de
préparer des travaux techniques. En particulier, je l'ai chargée
de manière plus expresse de préparer une hypothèse de
formule de financement tenant compte de l'expérience des
dernières années, de l'expérience exploratoire que nous
avons faite avec le partage des 40 000 000 $ l'an dernier et des 39 000 000 $
cette année. On ne reproduira pas nécessairement cette
hypothèse que nous avons retenue pour la présente année
l'année prochai- ne, mais il y a quand même beaucoup
d'élément: qui avaient été mis au point et qui
serviront pour la formulation de cette hypothèse qu'on doit me remettre
prochainement.
Dans les travaux sur la révision de la formule de financement,
nous serons appelés à étudier de près les moyens
que nous devons mettre en oeuvre pour assurer un niveau de financement capable
de permettre aux universités de s'acquitter pleinement de leur mission
de formation et de recherche. Il est évident que si nous voulions
diviser, partager entre les universités une tarte qui serait trop petite
pour l'ensemble des besoins universitaires, ce serait un vrai foyer de chicanes
interminables. J'ai constaté, avec le partage de 40 000 000 $, que si
vous partagez une assiette qui, en soi, est insuffisante, tout le monde sera
mécontent d'une manière ou de l'autre. Les universités ont
fait preuve de beaucoup de compréhension, mais personne n'était
vraiment aux oiseaux. Tout le monde disait: On va attendre la prochaine ronde.
Il est évident qu'il y a deux choses à établir: le niveau
de financement souhaitable et ensuite, le partage des ressources
nécessaires qui devrait être effectué entre les
universités. J'ajoute un troisième point: Comment
atteindrons-nous ce niveau de financement? Ce sont les trois grandes questions
que nous avons à envisager.
Je pense que nous n'aurons pas de misère avec la première
question. Le niveau de financement ne nous portera pas à chercher de
midi à quatorze heures. Nous allons chercher un niveau de financement
assez voisin du niveau moyen de financement canadien. Nous avons toujours dit
que nous faisons partie du pays canadien, nous ne recommencerons pas les
recherches à partir du père Noé. Nous allons tenir compte
des données dont j'ai fait état ce matin dans nos discussions.
Nous fixerons un niveau qui sera voisin de la moyenne canadienne. Il y aura
peut-être des précisions qui seront apportées, mais comme
objectif général.. J'ai demandé à nos
fonctionnaires de ne pas trop perdre de temps à chercher à
établir les besoins des universités d'une manière
théorique. Si on rejoint la bonne moyenne canadienne, je pense que cela
ne sera pas mal.
Deuxièmement, en ce qui touche les sources de financement, il est
évident qu'il va y avoir un écart. Il y en a déjà
un. Il y aura une décision à prendre sur le recours qu'il faudra
invoquer pour trouver la différence. Est-ce qu'on ira du
côté des frais de scolarité? Est-ce qu'on ira du
côté d'une hausse des subventions, du côté de mesures
fiscales que nous n'avons point imaginées jusqu'à ce jour? Je ne
le sais point, mais j'aurai des recommandations à faire au gouvernement,
c'est assuré.
Le gros point, une fois acquis ces deux premiers, sera celui du partage
des ressources entre les universités. Là, j'ai dit tantôt
que j'attends une hypothèse de travail prochainement de la part de nos
fonctionnaires, qui avaient
accompli un excellent travail pour le partage des 40 000 000 $; un
travail qui nous a permis de passer à travers cette question-là
de façon fort honorable. Alors, j'attends d'eux une hypothèse de
travail et, dès que nous l'aurons, nous allons nous mettre à
l'oeuvre, en concertation avec les universités.
Nous maintenons, pour la prochaine année, le gel des frais de
scolarité à leur niveau actuel et toute nouvelle additionnelle
à ce sujet viendra plus tard.
Le groupe de travail sur l'évolution de l'Université du
Québec, formé à l'issue de la commission parlementaire sur
le financement des universités, à l'automne de 1986, m'a remis
son rapport en juin dernier. Je remercie M. Després et les membres du
groupe de l'excellent travail qu'ils ont accompli. Je remercie également
le président de l'Université du Québec et ses
collaborateurs de la collaboration et de la disponibilité dont ils m'ont
assuré en tout temps. Le rapport Després m'obligeait à un
travail d'approfondissement important. Le groupe de travail proposait des
changements importants dans la composition de l'assemblée des
gouverneurs et des conseils d'administration des constituantes, dans le mode de
nomination des membres des conseils et des chefs d'établissement et
proposait des orientations importantes concernant le rôle et le
financement des universités en régions, la réorganisation
de l'Institut national de la recherche scientifique, les structures de
fonctionnement de l'Institut Armand-Frappier, l'activité et la mission
de l'École nationale d'administration publique, les problèmes
relatifs à l'École de technologie supérieure, l'avenir de
la Télé-Université, le rôle du siège social
de l'Université du Québec et le statut de l'UQAM à
l'intérieur du réseau de CUQ. Il y avait aussi des
recommandations concernant le financement des activités de
réseau. J'ai fait une étude approfondie de ces recommandations au
cours des derniers mois et procédé à de nombreuses
consultations sur ce sujet. J'ai eu de nombreuses rencontres avec la haute
direction de l'Université du Québec au cours des dernières
semaines et je serai en mesure, d'ici la fin du mois d'avril, de rencontrer
l'assemblée générale de l'Université du
Québec afin de lui faire part des conclusions que j'aurai retenues au
nom du gouvernement.
Nous aurons nettoyé ce dossier au cours de la présente
année et je serai d'autant plus heureux d'aller rencontrer
l'assemblée générale de l'Université du
Québec que cette rencontre aura été
précédée et préparée par les nombreux
échanges que j'ai eus avec la haute direction de l'Université du
Québec, échanges qui nous ont permis d'en arriver à un
consensus qui me paraît très acceptable, autant pour
l'Université du Québec que pour le gouvernement.
Un autre groupe de travail avait été formé pour
étudier le financement et la dispensation des services universitaires
sur la Côte-Nord du
Québec. Ce groupe m'a remis son rapport il y a déjà
un mois et demi. Ce groupe, présidé par M. Pierre Caron, a
accompli son mandat dans un temps remarquablement expéditrf. Il m'a
remis un rapport de grande qualité. Le groupe propose essentiellement
que l'on regroupe les ressources d'enseignement post-secondaire de la
Côte-Nord à l'intérieur d'une commission qui serait
chargée de planifier les services d'enseignement universitaire de ce
côté, en vertu d'un article de la Loi sur l'Université du
Québec qui permet ce genre de structure. Je dois donner une
réponse au rapport du groupe de travail d'ici la fin de juin. Je vais en
parler avec la direction de l'Université du Québec au
préalable et je crois qu'on a réalisé sur la
Côte-Nord, grâce à ce groupe de travail que nous avions
constitué, un consensus qui est très intéressant et fort
prometteur pour l'avenir.
Le comité sur la tâche des professeurs d'université,
très important, a commencé ses travaux l'automne dernier.
C'était un travail qui n'était pas facile à mettre en
route, parce que vous savez tous que ce n'était pas un sujet qui
soulevait l'enthousiasme et une vague de participation parmi les professeurs
d'université, ni même parmi les autorités universitaires.
Nous avons réussi, à force de tact et de doigté, à
mettre sur pied un groupe très sérieux, composé de
personnes qui sont capables de faire un bon travail. Et le groupe s'est
vraiment mis en marche au cours des derniers mois. Je pense qu'il aura besoin
d'encore une année de travail avant de remettre son rapport et c'est un
travail de longue haleine, extrêmement important, qui nous permettra
ensuite d'établir de manière sûre les politiques concernant
la tâche de travail qui est attendue des professeurs d'université.
(17 h 45)
Je voudrais signaler que, loin de nous intéresser uniquement aux
questions concernant le financement des universités, nous nous sommes
également intéressés de très près à
tous les problèmes relatifs à la recherche universitaire,
à la mission propre de chaque cycle d'enseignement universitaire, en
particulier au problème très sérieux de la contribution
qui est attendue des études de premier cycle universitaire. Je veux,
à cet égard, féliciter les universités qui ont
décidé de se doter de programmes de redressement de la
qualité du français chez leurs étudiants, en particulier
l'Université Laval qui s'est dotée d'une politique excellente de
ce point de vue, l'Université de Sherbrooke qui a également
emboîté le pas et, tout récemment, l'Université de
Montréal qui a fait de même. Je pense que nous nous engageons dans
une voie prometteuse. Je pense que le souci d'excellence dans nos
universités prend forme d'une manière vigoureuse et je veux
assurer nos universités de toute ma collaboration dans les efforts
qu'elles déploieront dans cette direction.
Je signale enfin que le Québec a joué un rôle
très important dans la conférence sur
l'enseignement post-secondaire au Canada qui a eu lieu à
Saskatoon en octobre dernier. Nous y avons joué un rôle de premier
plan dans la préparation de la conférence et dans la
détermination des conclusions. Et si on a évité
qu'à cette occasion, ne soit mise sur le tapis la proposition d'un
régime national d'enseignement universitaire ou d'un secrétariat
national, ou d'un ministère fédéral de l'enseignement
universitaire, je pense qu'on le doit en très grande partie à la
position très ferme que le gouvernement du Québec a
adoptée à cet égard et qu'il a signifiée
très clairement à ses partenaires des autres provinces.
Je ne veux pas continuer davantage, je crois que le temps est
déjà écoulé. Je voudrais, en terminant, exprimer
des remerciements particuliers à l'endroit du Conseil des
universités et de la Conférence des recteurs et des principaux
des universités, deux organismes qui ont continué, au cours des
derniers mois, de nous accorder une excellente collaboration dont les fruits
nous ont beaucoup aidés à prendre les décisions qui
étaient attendues du gouvernement. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. Je
reconnais maintenant la députée de Chicoutimi, porte-parole
officiel de l'Opposition en matière d'enseignement supérieur,
à entamer l'étude du programme 6, Enseignement universitaire. Mme
la députée.
Subvention per capita
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Peut-être une
question d'un ordre un peu plus général. Tout à l'heure,
le ministre nous a dit que la subvention per capita, par étudiant -
équivalent temps complet - était passée, de 6523 $
à 7018 $. Alors, 6523 $, en 1986-1987, à 7018 $, en 1988-1989.
J'aimerais savoir si on a les données pour l'année 1985-1986?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a les données pour 1984-1985,
1985-1986 en ce qui concerne la subvention par étudiant -
équivalent temps complet - en dollars constants?
Le Président (M. Parent, Sauvé): En dollars
constants.
M. Ryan: Nous allons vérifier. Je ne peux pas vous assurer
pour l'instant. Nous l'avons sûrement quelque part, il n'y a pas de
problème. M. Gaétan Lévesque, qui est mon conseiller, M.
le Président, en matière d'enseignement universitaire, un
économiste à part cela, avait ces chiffres à portée
de la main parce que autrement, il n'aurait pas été digne de son
titre.
Alors, la subvention moyenne par étudiant en dollars constants
s'établit ainsi pour les années qu'a mentionnées la
députée de Chicoutimi. Je vais commencer à
soupçonner M. Lévesque d'être en rapport particulier avec
la députée de Chicoutimi parce que les chiffres répondent
exactement à la question qui m'a été posée. En
dollars constants, en 1985-1986: 6564 $; en 1986-1987: 6523 $; en 1987-1988:
6951 $ et en 1988-1989: 7018 $.
Mme Blackburn: Donc, ce que cela nous amène à
constater, c'est que la subvention per capita était un peu plus
élevé en 1985-1986. Quelle était-elle en 1984-1985?
M. Ryan: En 1984-1985, il me semble que je l'ai donnée
tantôt. Attendez un peu. Je l'ai donné ce matin, indirectement. On
l'a dans les tableaux qui nous viennent du comité tripartite ontarien.
Si vous voulez me donner une seconde, on va le retrouver, il n'y a pas de
problème.
Mme Blackburn: Peut-être que je pourrais revenir, en
attendant l'information, sur une question qui avait aussi soulevé...
M. Ryan: M. le Président, la question qui était
posée portait sur les subventions gouvernementales per capita, par
étudiant.
Mme Blackburn: Par étudiant - équivalent temps
complet.
M. Ryan: Maintenant, j'ai ici les données qui sont
émises par le comité tripartite qui travaille en Ontario. C'est
intitulé "Provincial Operating Grants per Student". Cela va
jusqu'à l'année 1984-1985. Ce n'est pas nécessairement le
même contenu que les données que nous vous fournissons, qui sont
établies à partir de nos propres dossiers, mais ce qu'on donnait
pour l'année 1984-1985, en dollars courants, c'étaient 5728
$.
Mme Blackburn: Le calcul est plus difficile à faire.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: C'est-à-dire que pour mettre cela en
dollars constants, le calcul est plus difficile à faire. C'est une
formule mathématique selon l'inflation.
M. Ryan: Cela dépend de la période de
référence qu'on prend.
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Ryan: On peu prendre 1984-1985, on peut prendre 1980-1981.
Mme Blackburn: Sur le financement, le
ministre nous parie d'un certain nombre...
M. Ryan: Je vous signale en plus qu'en 1984-1985, après
cette année, on a changé de méthode pour établir le
montant des subventions par étudiant et, par conséquent, il faut
être bien prudent quand on fait la transposition. En tout cas, pour
1984-1985, il y a cette source-ci et je vais voir à ce qu'une copie de
ce document soit communiquée à la députée de
Chicoutimi.
Formule de financement
Mme Blackburn: Bien, je vous remercie. Touchant le financement
des clientèles, si ma mémoire est fidèle, au moment
où le ministre était dans l'Opposition, il s'était
élevé, pour ne pas dire qu'il avait pesté contre la
formule de financement qui était modulée selon le secteur et le
cycle d'études. Je constate, dans le présent document, que c'est
exactement la même formule qui est reconduite et ce, depuis trois ans. Je
demande au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, si
cette formule était inique - non pas inégale - et
dénoncée par le ministre à l'époque comme
créant des disparités, comme fixant artificiellement des
priorités, comment se fait-il qu'il ait conservé la même
formule?
M. Ryan: D'abord, je ne me souviens pas que nous ayons
employé des qualificatifs comme "inique", à l'époque, pour
parier de cette formule-là. Je regrette infiniment.
Mme Blackburn: On pourra regarder.
M. Ryan: Si la députée est capable de citer la
source, cela me ferait plaisir. Sinon, je lui demanderais de mettre un
bémol là-dessus parce que je ne me souviens pas d'avoir
parié en ces termes. Ce que j'avais dit, c'est que les
conséquences de cette méthode, pour les facultés d'arts et
de lettres, les facultés sèches, étaient
considérables et devenaient une source d'inquiétude
sérieuse. Je pense que c'est encore vrai aujourd'hui. Si nous n'avons
pas touché à la formule, c'est parce que nous voulions que ce
soit abordé à l'intérieur de l'étude sur la formule
de financement. C'est sûrement un des points qui va faire l'objet d'un
examen très attentif. Pour le moment, notre politique était de
créer le moins de perturbations possible dans le fonctionnement
financier des universités tant que le gouvernement n'aura pas fait son
lit sur la formule permanente de financement que nous recherchons.
Mme Blackburn: J'aimerais savoir, au sujet de cette formule de
financement qui fait partie, il faut le rappeler, des engagements du
gouvernement libéral, du Parti libéral à l'époque,
qui est devenu le gouvernement... C'est reporté de mois en mois,
d'année en année et ce/a aura pris au total, si le ministre
rentre dans ses échan-ciers, près de quatre ans à
établir ou à pondre cette formule de financement. Est-ce que le
ministre peut nous assurer aujourd'hui que la formule de financement sera
effectivement appliquée pour l'exercice financier 1989-1990 ou s'il ne
risque pas d'y avoir à nouveau des délais?
M. Ryan: C'est l'objectif que nous visons. Nous avons toujours
indiqué cet objectif. Je n'en ai pas mentionné d'autre et
j'espère que nous pourrons l'atteindre. Je ne peux jamais faire de
promesse arithmétique en ces choses parce que, comme les
députés le savent très bien, les projets de cet envergure
doivent subir le tamisage de nombreux comités ministériels, en
particulier du Conseil du trésor, et, avant que nous soyons
assurés de l'approbation de toutes les instances ministérielles,
il peut s'écouler un temps plus ou moins long sur lequel le ministre
concerné n'a pas de contrôle immédiat et là, c'est
la force de marchandage de chacun et la compréhension du gouvernement
à l'endroit de la cause concernée qui fait foi de tout. Je pense
que, dans ce cas-ci, mes collègues du gouvernement attendent avec
beaucoup d'intérêt les résultats du travail qui s'accomplit
présentement et, si nous en jugeons par les améliorations que
nous avons apportées, améliorations qui parient par
elles-mêmes, dès qu'on demande des chiffres précis, je
pense qu'on peut fortement espérer que ce problème sera
réglé avant la prochaine élection. C'est mon objectif.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, le ministre a eu des propos
qui peuvent inquiéter les universités, dans la mesure où
des universités se sont dites réfractaires à l'idée
que le ministre puisse utiliser la même formule qui a
présidé au partage des 40 000 000 $, à savoir que cette
formule pourrait éventuellement inspirer la nouvelle formule de partage
des ressources financières entre les universités. Il a ensuite un
peu nuancé ses propos, mais cela ne laisse pas d'être
inquiétant dans la mesure où les universités se sont
montrées - je pense à l'Université du Québec en
particulier - relativement réceptives en se disant que la formule
n'était pas figée pour de bon et qu'éventuellement,
lorsqu'il s'agirait de parier de renouveler la formule de financement des
universités, ce ne serait pas nécessairement une copie de celle
qui a présidé à la répartition des 40 000 000
$.
Je voudrais savoir du ministre... Là, il nous dit qu'il souhaite
que cette formule soit adoptée avant les prochaines élections. Si
c'est seulement encore dans deux ans, il faut penser que la formule, ce ne sera
pas en 1989, mais en 1990. Cela fait déjà un bon bout de temps,
particulièrement pour les universités qui souffrent de
sous-financement et je pense à la situation particulière et
précaire des universités eh régions. Je voudrais savoir du
ministre s'il a fait
un peu son lit là-dedans et si c'est la règle qui a
présidé à la répartition des 40 000 000 $ qui
devrait, dans ses grandes lignes, être adoptée, un peu comme il
nous l'a laissé entendre, ou si on peut rassurer les universités
que la formule laisse place encore à des négociations et à
des aménagements qui n'ont pas été prévus dans la
règle des 40 000 000 $?
M. Ryan: D'abord, je n'ai jamais laissé entendre que la
formule qui a été retenue pour le partage des 40 000 000 $ cette
année et des 39 000 000 $ l'année prochaine serait celle que nous
retiendrions comme hypothèse de travail pour la formule permanente de
financement. Ce que j'ai dit tantôt, c'est que les travaux sur le partage
des 40 000 000 $ nous ont permis de faire beaucoup d'équations, de
ramasser beaucoup de matériaux qui vont nous être utiles pour
mettre au point l'hypothèse que j'ai demandé aux fonctionnaires
de préparer. Je leur ai dit: Vous allez préparer une
hypothèse et je ne wus donne pas de direction au départ.
Préparez-moi une hypothèse et si vous n'êtes pas contents,
faites-en deux ou trois. Nous, ensuite, on travaillera là-dessus et on
mettra les accents là où il faut les mettre. Je ne voulais pas,
justement, imposer un carcan au départ de ce travail et j'ai pris
l'engagement avec les universités de ne pas chercher à imposer
cette formule que nous avons retenue pour le partage. Je ne l'exclus pas. Si
les universités se déclaraient d'accord et que nous dussions
trouver que c'est la meilleure, après avoir exploré toutes les
autres, il faudrait être peu réalistes pour l'exclure à
l'avance, mais il n'y a rien qui nous indique que c'est celle-là qui
sera retenue de préférence à d'autres.
J'ajoute que, dès que nous aurons mis l'hypothèse
solidement au point, nous allons en discuter avec les universités. Ce
n'est pas une chose que nous allons imposer; ce sera discuté avec les
universités et vérifié avec les comités
consultatifs dont je serai entouré. On aura toutes les chances voulues
de vérifier tous les aspects de cette formule sous toutes les coutures
possibles avant que des décisions soient prises par le gouvernement.
C'est pour cela qu'il faut qu'on se donne encore une bonne année de
travail.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Il passe maintenant 18 heures. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures et je vous rappelle qu'à la suite d'une entente
entre les deux formations politiques nous devrons commencer prioritairement par
les programmes 2, 7 et 8 et ensuite continuer avec l'enseignement
universitaire.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Si vous voulez prendre vos places, Mmes et MM. les membres de la
commission. Je vous fais remarquer que nous avons déjà perdu
quinze minutes à l'horaire.
M. Ryan: Nous vous attendions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oh non, M. le
ministre.
M. Ryan: Où étiez-vous?
Le Président (M. Parent, Sauvé): En attente, M. le
ministre Dans la salle d'attente, justement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation va reprendre ses travaux
et continuer l'étude des crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous en étions à
l'étude du programme 6, Enseignement universitaire. Mais, dû
à une entente entre les deux formations politiques, nous allons
commencer cette soirée en entamant successivement les programmes 2, 7 et
8. Si nous avons le temps, nous poursuivrons l'étude du programme 6.
Sinon, l'étude du programme 6 sera remise à demain matin.
Consultation
J'appelle immédiatement le programme 2 qui a pour titre:
Consultation. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je pense qu'il y
avait des contraintes particulières, ce qui fait que M. L'Abbé
nous inviterait à commencer par le Conseil de la science et de la
technologie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, est-ce que
je tiens pour acquis que vous allez étudier le programme 2 en tenant
compte de tous les éléments?
Mme Blackburn: Oui, un par un. On va commencer par le Conseil de
la science et de la technologie.
Conseil de la science et de la technologie
Le Président (M.
Parent, Sauvé): Un par
un.
D'accord, j'appelle le programme 2, élément 1,
Conseil de la science et de la technologie. Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, d'abord, vous allez me
permettre de saluer plus particulièrement le...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, je vous le
permets.
Mme Blackburn:... président du Conseil de la science et de
la technologie, M. L'Abbé. Je voudrais également souligner la
qualité, l'importance et la rigueur des travaux réalisés
par le Conseil de la science et de la technologie. Je me rappelle - j'allais
dire les tristes souvenirs - la séance de la commission parlementaire
à l'occasion des crédits de 1986-1987 où l'on
annonçait que le gouvernement avait scindé d'abord le
ministère de l'Enseignement supérieur, Science et Technologie et
où l'on se demandait ce que réservait l'avenir au Conseil de la
science et de la technologie. On pouvait appréhender - c'étaient
les appréhensions que j'éprouvais et je dois dire que l'histoire
me donne tort - que le Conseil de la science et de la technologie mette
moins... j'allais dire mette moins de coeur à l'ouvrage, étant si
je puis ainsi m'exprimer assis entre deux chaises.
Les travaux réalisés par le Conseil de la science et de la
technologie, je le rappelle, donnent tort aux préjugés ou aux
appréhensions que j'avais, parce que le conseil a, au cours des
dernières années, non seulement continué son excellent
travail d'analyse, de réflextion sur toute la question touchant le
développement scientifique et technologique du Québec, mais,
peut-être parce que j'y suis plus attentive encore, j'ai l'impression que
les travaux ont plus d'acuité, une pertinence encore plus grande si cela
est possible.
Je voudrais remercier M. L'Abbé.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre,
M. Ryan: II me fait plaisir d'ajouter un mot pour signaler une
collaboration exemplaire que nous accorde le Conseil de la science et de la
technologie. Nous veillons à laisser au Conseil de la science et de la
technologie toute liberté. J'ai bien dit toute liberté et non pas
seulement toute la liberté dont il a besoin. Il a toute liberté
pour aborder les sujets qu'il juge opportuns, pour émettre les avis
qu'il juge utiles ou nécessaires et pour leur donner la diffusion
souhaitable. Nous veillons à faire au conseil des nominations de
personnes capables de faire un excellent travail et je voudrais saluer tout
particulièrement, ce soir, M. Maurice L'Abbé, président du
conseil, dont les états de service, la claire vision des
problèmes du développement scientifique et technologique sont
bien connus au Québec et dans les milieux fédéraux
également. Je pense que M. L'Abbé est pour nous tous un homme de
précieux conseil, de même les personnes qui le secondent à
titre de membres ou de membres du personnel du Conseil de la science et de la
technologie. M. L'Abbé me prévenait justement ces jours derniers
qu'il me remettrait, d'ici quelques jours, un avis du conseil sur les
subventions fédérales de contrepartie qui nous intéressera
vivement.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: Si on a des questions à adresser à M.
L'Abbé, M. le Président, comme nous avons le plaisir de l'avoir
parmi nous, je voudrais qu'il se sente bien libre d'y répondre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec la permission
de la commision, il aura toute la liberté de répondre.
Vous avez terminé, M. le ministre? Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je rappelais les
discussions qu'on a eues il y a deux ans à l'occasion de l'étude
des crédits de l'Enseignement supérieur et les
appréhensions également que j'avais concernant le
réaménagement des responsabilités entre les
ministères de l'Enseignement supérieur et du Commerce
extérieur. Je me rappelais cette époque et je revoyais le
Journal des débats. J'avais dit au ministre, j'avais
exprimé au ministre de l'Enseignement supérieur mon
étonnement de voir le développement scientifique être
rattaché au Commerce extérieur. Cela me semblait une formule
complètement nouvelle, surprenante, étonnante, qui ne
péchait pas par souci de cohérence. Je ne devais certainement pas
avoir tout à fait tort, puisqu'on sait depuis qu'il y aura fusion du
ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique et du ministère des Relations internationales et que le
développement technologique sera rattaché au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Cela laisse entier toute la question de l'avenir du
Conseil de la science et de la technologie. Les recommandations qui touchent
l'organisation de la recherche scientifique et du développement
scientifique se posent beaucoup autour de l'organisation, de la concertation,
de la cohérence des actions à entreprendre dans ce domaine.
Je voudrais savoir de la part du ministre si cette réorganisation
en affectera l'avenir et le statut, à savoir si on maintiendra un
Conseil de la science et de la technologie et si ce conseil relèvera
toujours du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science ou
s'il relèvera du ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Ryan: Je vais vous communiquer l'état de mon
information sur cette question et peut-être aussi de notre
réflexion au gouvernement. Ainsi que les députés le
savent, le Conseil de la science et de la technologie avait publié un
avis
sur le disposif dont le gouvernement devrait se doter en matière
de politique scientifique et technologique, il y a déjà un an et
demi. Cet avis avait été communiqué accompagné
d'observations complémentaires que me destinait le président du
conseil et j'ai fait part de cette documentation au premier ministre du
Québec, évidemment. Nous avons discuté cette question
ensemble. Je crois que des développements sont encore à venir en
ce qui touche la structure dont le gouvernement s'est doté en
matière scientifique et technologique, je ne pense pas que la
création d'un nouveau ministère des affaires internationales
règlera tous ces problèmes. C'est un problème très
difficile pour à peu près tous les pays que celui de
définir la structure exacte qui va le mieux permettre le
développement du pays au point de vue scientifique et technologique et
le premier ministre est encore en réflexion sur cette question. Il n'a
pas encore arrêté ses conclusions et aussi longtemps que les
choses en seront au point actuel, le Conseil de la science et de la technologie
relève du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
et j'en suis très heureux. Nous veillons à procurer au conseil
les conditions qui lui rendent possible l'exercice de son rôle de la
manière la plus pertinente et la plus utile.
Mme Blackburn: Si j'ai bien compris la réponse du
ministre, M. le Président, c'est qu'il n'y a rien dans les prochains
mois, ni dans les prochaines semaines qui nous font penser que le Québec
pourra vraiment se donner une structure un peu plus cohérente pour
chapeauter tout le développement de la recherche et du
développement technologique.
M. Ryan: Je crois qu'on doit signaler une chose. La
création, le regroupement des deux ministères qui oeuvraient dans
le secteur des relations internationales a apporté une
amélioration considérable et, en même temps, la vocation de
ce nouveau ministère dans le domaine international sera
précisée. Certaines responsabilités qui étaient au
ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique s'en iront au ministère de l'Industrie et du Commerce
comme c'est assez normal. Il y a déjà le CRIQ, par exemple, qui
est au ministère de l'Industrie et du Commerce. Il y a la SDI. Je pense
que des organismes comme ceux-là pourront absorber certaines fonctions
qui avaient commencé à se développer sous la tutelle de
l'autre ministère De ce point de vue là, je pense qu'il y aura
des clarifications, des simplifications pertinentes. Le problème plus
large de la politique scientifique du gouvernement, celui-là demeure un
problème qui se pose. Peut-être le premier ministre
décidera-t-il que cela doit rester sous l'autorité du ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Nous ne le savons pas. C'est
lui qui prendra les décisions. Il y a différents scénarios
qui sont à l'étude, y compris celui qui avait été
proposé par le Conseil de la science et de la technologie.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion d'exprimer à plusieurs reprises ici, depuis que je suis
membre de l'Assemblée nationale, l'importance qu'on devait accorder au
développement de la recherche et de la science, parce que cela a un
rapport direct, tous les pays industrialisés l'ont compris, avec la
capacité de se développer aux plans social, économique,
culturel. Il y a un rapport étroit et toutes les études le
démontrent entre le développement de la recherche, le
développement scientifique et technologique, et le développement
économique.
Pour un gouvernement qui prétend avoir un discours
économique, je comprends mal qu'il n'ait pas senti et compris
l'importance d'investir en recherche-développement. Je me réjouis
de voir qu'on sera un peu plus cohérent en matière de relations
internationales. Mais comme ce n'est pas ici l'objet de nos discussions,
j'aurais préféré que le ministre nous dise qu'il
était préoccupé de la restructuration et de la
cohérence qu'on devait introduire dans ce vaste et important domaine que
sont la recherche et le développement scientifiques.
Le président du Conseil de la science et de la technologie a
rendu un avis, je dirais, assez sévère touchant l'espèce,
je ne dirais pas de cafouillis, mais d'éparpillement de nos efforts en
matière de recherche et de développement.
Tout à l'heure, le ministre parlait d'un avis qui serait
prochainement émis sur les subventions de contrepartie, mais je pense
que cet avis a été émis et je l'ai vu. Le conseil -
d'ailleurs, c'est dans le cahier explicatif des crédits - dans cet avis,
suggère au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
différents moyens pour faire face au nouveau contexte et pour tirer le
meilleur parti de cette politique de subvention. Et, entre autres
recommandations, je le rappelais ce matin dans mon texte, étant
donné que la politique de contrepartie ne pouvait pas favoriser dans la
même mesure le Québec qu'elle favorise actuellement l'Ontario, le
conseil suggérait une politique québécoise de contrepartie
qui, elle, pourrait favoriser évidemment l'émergence dans les
petites et moyennes entreprises. Moi, je voudrais savoir si le ministre a bien
pris connaissance de cet avis et quelles suites il entend donner à
l'avis du Conseil de la science et technologie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord traiter de certains postulats
qui ont précédé la question, comme à
l'ordinaire.
La députée part du postulat que le gouvernement ne se
préoccupe pas de recherche. Je pense que c'est une affirmation, soit
fausse, soit
légère. Je vais donner des chiffres pour l'année
1988-1989, puisque c'est l'objet des travaux de la commission.
Dans l'ensemble du gouvernement, selon les compilations rapides que nous
avons faites, nous aurions dépensé, en 1987-1988, pour la
recherche et le développement, à travers les ministères,
291 000 000 $. Et pour l'exercice 1988-1989, les sommes inscrites au budget
sont de 326 000 000 $, soit une augmentation de 12 %. Je pense que, en
définitive, l'effort du gouvernement se mesure largement par les
crédits qu'il est prêt à consentir au développement
de la recherche. Alors cela, c'est la recherche-développement.
Vous savez qu'en ce qui touche les universités, nous avons
libéré des sommes spéciales pour le financement des frais
indirects de la recherche. C'est un des éléments qui ont
été portés à notre attention comme étant
très importants pour le développement de la recherche. On peut
bien conclure de là que le gouvernement est indifférent ou
inactif mais, à ce moment-là, je pense qu'on montre qu'on ne veut
pas discuter sérieusement.
Alors, ce sont là des chiffres. Je les fournirai volontiers
à la députée de Chicoutimi si elle veut les
vérifier.
Je reviens aux structures. Les structures sont un adjuvant. Mais les
structures ne sont pas des solutions. Et la tendance de notre gouvernement,
c'est de ne pas trop se passionner pour des questions de structure. C'est de se
passionner beaucoup plus pour l'action, pour l'action qui produit des
résultats concrets. De sorte qu'en général, nous ne
passons pas trop de temps, au gouvernement, à discuter de
restructuration de ceci et de cela. Nous convenons qu'il y a une recherche
à poursuivre dans le secteur de la politique scientifique et
technologique, mais nous n'éprouvons pas de hâte
précipitée à sauter aux conclusions, tant que nous n'en
serons pas arrivés à des perspectives d'organisation qui
répondent à notre vision des choses et aux besoins réels
de la société québécoise. Je pense que ces
chiffres-là résument plus que toute chose l'importance que nous
attachons à la recherche, en particulier à la recherche
appliquée. (20 h 30)
À propos du Conseil de la science et de la technologie,
peut-être que M. L'Abbé voudra ajouter un mot tantôt, mais
je mentionne que l'avis qui a été émis récemment
par le conseil portait sur la politique fédérale d'impartition et
non pas sur la politique de subventions de contrepartie. Celui sur les
subventions de contrepartie sera publié la semaine prochaine... Sur les
subventions d'impartition, ce sera publié la semaine prochaine.
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Ryan: Alors, on ne peut pas émettre d'opinion
actuellement là-dessus. Sur les subven- tions de contrepartie, la part
qu'en retire le Québec n'est pas si mauvaise qu'on le prétend
dans certains milieux. En matière d'impartition, il y a des
difficultés. En matière de subventions de contrepartie, il faudra
aller plus loin. Nous ne sommes pas enthousiastes de ce
côté-là parce que, au Québec, l'entreprise n'a pas
la même taille qu'en Ontario en général et nous savons tous
que c'est la grande entreprise qui est la plus intéressée
à s'associer à l'université pour de grands projets de
recherche qui sont axés vers le développement de la production
économique. De ce point de vue, par conséquent, il faut que le
gouvernement fédéral soit attentif aux réalités
particulières du Québec, aux perspectives qui nous sont propres,
étant donné notre type de développement économique.
Je pense que c'est cela que le conseil nous a recommandé: de veiller de
manière très attentive à ce que le gouvernement
fédéral, dans la mise en oeuvre de sa politique, soit bien
informé des réalités propres du Québec, tienne
compte de nos besoins particuliers et veille à ce que nous obtenions
notre part légitime.
En matière de recherche, je crois que c'est important de le dire,
on ne peut pas chercher à doubler au Québec l'effort du
gouvernement fédéral. Le gros des sommes dépensées
pour la recherche au Canada émane du Trésor
fédéral, sous une forme ou sous une autre. Il y a une partie
complémentaire qui est dépensée par les provinces. Pour ce
qui est des provinces, le Québec était le premier jusqu'à
tout récemment. Là, nous serons peut-être
dépassés par l'Ontario si le programme annoncé par M.
Peterson se réalise au complet, ce qui est loin d'être fait pour
l'instant. À ce moment-là, il faut que nous situions notre effort
dans une perspective de complémentarité avec celui du
gouvernement fédéral parce que, si on veut se faire aussi gros
que le gouvernement fédéral, on va rivaliser dans tous les
domaines et il va y avoir un gaspillage de fonds considérable. C'est
cela que nous essayons de faire: veiller à ce que, par notre
présence au niveau fédéral, nous obtenions une part qui
réponde à notre réalité propre et, au
Québec, à avoir le type d'intervention qui permette de
compléter heureusement le dispositif.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: La question que je posais au ministre était
simple. Quelles, suites entend-il donner à l'avis du Conseil de la
science et de la technologie, l'avis qu'il a émis sur la politique des
subventions de contrepartie? J'en rappelle la principale recommandation.
C'était à l'effet de créer au Québec un programme
québécois, parce que la politique de contrepartie
fédérale favorise, malgré les propos que vient de tenir le
ministre, résolument l'Ontario. Il a tenu des propos qui étaient
un peu contradictoires dans leurs parties. Il dit que la situation n'est pas si
mauvaise qu'on veut bien vouloir le faire croire mais, par
ailleurs, avec la politique de contrepartie, sachant que l'Ontario a
davantage de grandes entreprises et que c'est là que se concentre les
grandes entreprises, qu'il est plus favorisé par la politique de
contrepartie. C'est l'un ou c'est l'autre. Mais, on sait que c'est l'autre,
parce que, dans les entreprises, la recherche provenant du secteur privé
au Québec, en 1986-1987, était de l'ordre de 16 400 000 $, selon
les données qu'on a pu recueillir dans les universités,
comparativement à 41 300 000 $ en Ontario. C'est près de trois
fois plus élevé en Ontario. Je n'invente pas ces
chiffres-là. Ils sont là, sur la table. L'avis du Conseil de la
science et de la technologie, cela explique pourquoi le Québec a
toujours investi davantage que l'Ontario en recherche, parce qu'il a toujours
été désavantagé par les fonds de recherche, les
organismes de recherche fédéraux. Pour cette raison, le
Québec, pour se maintenir un peu dans la course, a toujours dû
investir davantage. L'avis du conseil là-dessus était assez
clair. Alors, quelles sont les suites qu'entend donner le ministre à cet
avis du conseil?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Pour l'instant, je l'ai indiqué à
plusieurs reprises, l'effort du Québec est considérable. Nous
sommes la province du Canada qui fait le plus, toutes proportions
gardées, par une forte marge. Cette année, je l'ai indiqué
dans les chiffres que j'ai donnés tantôt, les fonds que consacrera
le gouvernement à la recherche-développement vont augmenter de 12
%. Je peux donner les détails si on est intéressé. Je vais
les prendre un après l'autre, si vous le voulez. Je pense, puisque la
question a été posée, que c'est aussi bien de donner les
chiffres. Au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, on aura 27 561 000 $ en 1988-1989, alors qu'en 1987-1988,
c'était 25 886 000 $. Au ministère du Commerce extérieur
et du Développement technologique, 5 430 000 $ contre 5 370 000 $ en
1987-1988. Ministère de l'Énergie et des Ressources, 12 138 000 $
contre 11 427 000 $ en 1987-1988, cela, à la section Forêts; de
l'Énergie et des Ressources, Mines, 8 191 000 $ en 1988-1989 contre 7
575 000 $ l'année précédente. Ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, 18 723 000 $ contre 17 905
000 $. Le fonds FCAR, en tout 35 541 000 $ en 1988-1989 contre 32 301 000 $ en
1987-1988. Ministère de l'Environnement, 8 958 000 $ en 1988-1989 contre
7 627 000 $ en 1987-1988. La SDI, 183 918 000 $ contre 160 609 000 $ et le
Fonds de la recherche en santé du Québec et le Fonds
québécois de la recherche sociale, 31 000 000 $ en 1988-1989
contre 27 946 000 $ en 1987-1988. Ce qui fait en tout 326 000 000 $ en
1988-1989 contre 291 000 000 $ en 1987-1988.
Mme Blackburn: Pour la SDI, voudriez-vous me rappeler les
chiffres?
M. Ryan: 183 918 000 $ contre 160 609 000 $.
Mme Blackburn: Donc, 24 000 000 $ presque à la SDI.
M. Ryan: 23 000 000 $.
Mme Blackburn: Mais il serait intéressant - je ne
demanderai pas au ministre de me les déposer ce soir parce que cela
gruge tout le temps - d'avoir les budgets en dollars constants pour les
annnées 1984-1985 et jusqu'à 1988-1989. Cela nous permettrait
sans doute de constater qu'il n'y pas eu de croissance extrêmement
importante au cours des trois derniers budgets. Je ne voulais pas passer une
partie importante de notre temps sur cela mais profiter de la présence
du président du Conseil de la science et de la technologie, alors, je
demanderais quand même au ministre s'il est informé si, à
la SDI, ces 183 000 900 $ sont exclusivement consacrés à de la
recherche-développement.
M. Ryan: Je ne suis pas en mesure de donner une réponse ce
soir pour être franc. Nous irons aux renseignements et nous fournirons
les éléments à la députée qui peut
elle-même s'informer auprès du ministère de l'Industrie et
du Commerce aussi.
Mme Blackburn: D'accord. Je trouverais intéressant de voir
ces informations parce que cela peut considérablement modifier l'image
qu'on en conserve, puisqu'une partie importante de la croissance des budgets
nous vient de ce poste. Tout à l'heure, le ministre nous disait: On
n'est pas fort sur les structures, on ne se hâte pas de façon
précipitée de sauter aux conclusions. Je ferais seulement
remarquer que ce sont deux modifications de structure en deux ans et demi. En
matière de rattachement du développement technologique, c'est
appréciable comme performance. Mais, à terme, le ministre nous
dit: On veut davantage travailler à des actions qui visent à
obtenir des résultats concrets. Je ne pense pas avoir eu de
réponse à la question: Quelles suites entendez-vous accorder
à l'avis du conseil?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tantôt, j'ai répondu que la question
était à l'étude au bureau du chef du gouvernement. Si la
députée veut interroger le chef du gouvernement à
l'Assemblée nationale, elle pourra le faire.
Mme Blackburn: Sur les structures, j'entends.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Mais sur l'avis du conseil touchant la politique
de subventions de contrepartie...
M. Ryan: C'est une question qui est à l'étude chez
nous. Nous faisons l'examen de toute cette question des subventions de
contrepartie. Nous n'avons pas encore établi de politique
là-dessus.
Mme Blackburn: Avec votre permission, M. le Président,
j'aimerais entendre un peu le président du Conseil de la science et de
la technologie.
Je dois dire qu'à la lecture de vos avis, les
appréhensions et les préoccupations que j'avais se sont
trouvées, pour la plupart, confirmées. Je dirais que cela n'a pas
eu comme effet d'atténuer mon inquiétude quant à notre
capacité d'assurer notre développement économique social.
Quant à la vision que vous en avez au moment où on se parle - je
sais que la question est délicate - est-ce que vous avez
déjà réfléchi à ce que pourrait être
une structure d'encadrement qui viendrait chapeauter tout le
développement de la recherche et du développement
technologique?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. L'Abbé (Maurice): Comme le rappelait le ministre tout
à l'heure, le conseil a transmis, il y a à peu près un an
et demi, un document appelé "Document de réflexion sur
l'organisation de la politique scientifique et technologique au Québec.
" Il notait, ce qui est apparent, l'absence d'un point focal, au gouvernement,
où les interfaces entre la science et la technologie, entre les divers
ministères intéressés aux sciences et à la
technologie et, également, entre le fédéral et le
provincial, au point de vue science et technologie, se trouvaient absentes.
Lorsqu'il y avait un ministère de la Science et de la Technologie, ce
ministère avait un certain mandat horizontal qui pouvait se charger de
ces interfaces. Et, avec la division de la science et de la technologie mise en
oeuvre avec le nouveau gouvernement, il nous a semblé qu'il manquait un
élément. Il semble que le gouvernement se soit rendu compte que,
de fait, il manquait cette espèce de lieu de concertation et de
leadership qui aurait été avantageux.
Au conseil, nous croyons que, prochainement, le gouvernement annoncera -
je l'espère, au niveau du premier ministre - des structures qui
tiendront compte de cet impératif que tous les gouvernements modernes
ont, que ce soit à Ottawa, en Ontario et dans plusieurs provinces ou
dans d'autres pays. En fait, le discours inaugural récent semble
indiquer qu'il y aura quelque chose puisqu'on a parlé d'un plan
scientifique et technologique pour le Québec et d'un sommet de la
science et de la technologie. Forcément, si on pense à de tels
événements qui seront évidemment sur la place publique et
qui feront intervenir les divers intervenants dans le domaine de la science et
de la technologie, il faudra que cette question soit discutée.
Personnellement, comme président, je suis confiant que le
gouvernement présentera une solution à ce problème. Comme
le rappelait le ministre, il y a beaucoup de solutions possibles. Par
conséquent, il n'est pas essentiel que la solution que nous avons
proposée... Ce n'était pas une solution que nous avons
proposée d'une façon très catégorique. Si vous vous
souvenez du document de réflexion, il ne s'agissait pas d'un document
où il y avait des recommandations du conseil. Il y avait des
suggestions. Il y avait un certain nombre de scénarios
d'élaborés. Cependant, n'importe quel lecteur pouvait voir
où se logeait un peu le conseil, où nous pensions que,
peut-être, le scénario idéal existait. (20 h 45)
Dans les circonstances, nous avons pensé, et je le
répète maintenant, que ce lieu dont je parlais serait le mieux
situé pour le premier ministre, comme c'est le cas en Ontario et
maintenant au gouvernement fédéral et comme beaucoup de pays
l'ont fait récemment.
Mme Blackburn: II s'agissait d'un poste de ministre
délégué, je pense, à la recherche et au
développement scientifique.
M. L'Abbé: Oui, c'est une des formules, le ministre
délégué du premier ministre qui s'occupe de la politique
scientifique et technologique. Cela n'empêche pas les divers
ministères comme celui de l'Enseignement supérieur et de la
Science, comme celui de l'Industrie et du Commerce et de la Technologie, comme
celui de l'Énergie et des Ressources, etc., qui ont un mandat
scientifique important d'oeuvrer avec leur mandat, mais l'instance concernant
le premier ministre permet une certaine concertation et aussi une voie unique
pour le Québec dans ses relations avec le gouvernement
fédéral et permet aussi à l'intérieur du
gouvernement de faciliter les relations.
Mme Blackburn: Bien. J'aurais voulu vous entendre
brièvement par rapport au budget qui était le vôtre. On
parle - et je pense que c'est un euphémisme - en page 12 dans le cahier
des crédits, de "l'augmentation à cet élément",
parlant de l'élément de programme du Conseil de la science et de
la technologie, "l'augmentation à cet élément de programme
s'explique par l'indexation accordée au niveau des salaires et des
dépenses de capital et par un réaménagement entre
supercatégories pour répondre aux besoins du conseil. " Cela se
traduit par une augmentation de 0, 64 %, c'est-à-dire pas tout à
fait 1 %. Est-ce que cette stagnation dans votre budget affecte vos
activités, votre plan?
Ce que je vois ici, personnel il y a une
indexation et une augmentation de 6,34 %; fonctionnement, une
compression de 9,9 %, tout près de 10 %; capital, 1,94 %. Cela se
traduit au total - peut-être que je vous l'apprends - par une
augmentation du budget de 0,64 %. J'aurais aimé savoir si cela avait des
effets sur votre programme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. L'Abbé: Bien sûr, le fonctionnement est
réduit, c'est-à-dire la marge de manoeuvre que le conseil a, non
pas en ce qui concerne ses ressources humaines, là le même nombre
de postes existe et l'augmentation d'ailleurs provient de l'augmentation des
traitements due à la convention collective sans doute. La diminution
vient de ce qu'on appelle fonctionnement, donc de la marge de manoeuvre que le
conseil a pour faire faire des travaux à l'extérieur. Bien
sûr, une diminution de 10 % est appréciable. Ce n'est pas
seulement le Conseil de la science et de la technologie qui a ce genre de
réduction parce que l'ensemble des conseils a été
traité de la même façon.
Mme Blackburn: J'ai une question à poser au ministre:
Est-ce que les budgets des conseils sont considérés comme faisant
partie des budgets de recherche?
M. Ryan: Dans les choses que j'ai données tantôt,
non.
Mme Blackburn: Ils n'étaient pas inscrits
là-dedans, c'est ce que je me demandais. Bien, cela va. Alors, compte
tenu du temps qui nous est imparti, on ne peut pas, malheureusement, passer
tout le temps qu'on souhaiterait pour examiner plus attentivement les
différents avis du Conseil de la science et de la technologie.
Si vous me le permettez, je veux remercier M. L'Abbé de sa
présence parmi nous et souhaiter que la situation qui sera la sienne au
moment où on examinera les prochains crédits en 1989 soit un peu
plus enviable que celle qu'il vit actuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Du
côté ministériel, est-ce qu'il y a d'autres interventions
concernant l'élément 1?
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci. C'est sur le conseil...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Peut être
que l'Opposition a terminé, mais le parti ministériel a encore la
latitude de poser toutes les question^voulues.
Jsrtme la députée de Jacques-Cartier. / Mme Dougherty:
Avant d'aborder ma question, M. le Président, j'aimerais appuyer les
commentaires de la députée de Chicoutimi en ce qui concerne la
qualité et la pertinence des avis du Conseil de la science et de la
technologie. J'aimerais profiter de la présence de M. L'Abbé pour
poser une question qui me préoccupe sur le sort de la recherche
fondamentale au Québec. Le gouvernement fédéral oriente de
plus en plus ses politiques pour favoriser la recherche et le
développement de nouvelles technologies applicables dans le monde
industriel afin d'augmenter notre capacité d'être concurrentiels
dans la course économique mondiale. Ici, au Québec, nous essayons
de faire la même chose. Maintenant, aux États-Unis et même
au Japon, il y a des remises en question de cette politique parce qu'ils se
sont rendu compte que cet effort était fait aux dépens de la
recherche fondamentale qui est, après tout, à la base de tout
développement scientifique, sur le plan des connaissances ainsi que sur
le plan du développement des ressources humaines, capable de comprendre
et d'appliquer les nouvelles technologies. Aujourd'hui, les Américains
ont conclu que le rôle primordial du gouvernement, de l'État, est
d'appuyer directement la recherche fondamentale tout en gardant son rôle
complémentaire de stimuler la recherche et le développement dans
le secteur privé par le biais des incitatifs fiscaux.
Ma question est la suivante: À la lumière de
l'expérience américaine, qu'est-ce que vous recommanderiez
à notre gouvernement afin de ne pas répéter la même
erreur? Est-ce que je pourrais poser cette question à M.
L'Abbé?
M. L'Abbé: C'est évidemment une question
d'actualité. Vous soulignez que les États-Unis ont
favorisé récemment la recherche fondamentale. En fait, c'est
toute la dernière administration Reagan qui a été
très partisane de financer la recherche fondamentale. J'ai
assisté justement la semaine dernière à Washington
à un colloque sur la politique scientifique du gouvernement en fonction
de son budget déposé pour 1988-1989. L'augmentation
proposée pour la National Science Foundation qui est l'organisme
équivalent au CRSNG ou au FCAR chez nous, est recommandée pour 16
% pour l'année 1988-1989, ainsi que pour les années suivantes,
afin de doubler dans les cinq ans qui suivront, le budget de la NSF. C'est
évidemment un parti pris entier pour la recherche fondamentale aux
États-Unis, et comme vous le dites, le Japon est en train de devenir
l'émule des États-Unis à ce point de vue-là.
D'ailleurs ce n'est pas indifférent à la politique
américaine que le Japon se lance à fond de train en recherche
fondamentale.
Je pense que le Canada et beaucoup d'autres pays ont été
tellement soucieux et tellement préoccupés de la
compétitivité à court terme de l'économie qu'ils
ont voulu mobiliser toutes les ressources scientifiques et technologiques, en
particulier les universités, vers les préoccupations
économiques ou industrielles un peu à court
terme. Il y a un certain danger dans cela, c'est de perdre la proie pour
l'ombre puisque, après tout, le développement technologique se
nourrit, de nos jours, de la recherche fondamentale. La science et la
technologie sont rendues si étroitement liées qu'on ne peut pas
penser à développer l'une sans l'autre. Le meilleur exemple c'est
celui, récemment, des découvertes de deux chercheurs d'IBM en
Suisse sur la superconductivité, qui travaillaient en pleine
liberté comme des professeurs d'université et qui sont
tombés sur cette découverte qui sera peut-être à
l'origine d'une révolution technologique sans
précédent.
Que le Québec soit soucieux de ce point de vue, personnellement
je crois que c'est extrêmement important. Nos universités,
d'ailleurs, seront utiles à l'industrie, dans la mesure où elles
seront valables et où les professeurs seront des chercheurs de
première qualité dans leurs domaines respectifs fondamentaux, que
ce soit en science ou en génie, de sorte que, personnellement, je crois
que l'idée d'augmenter le budget de FCAR, par exemple, comme cela a
été le cas cette année, est une excellente nouvelle. Sauf
que, cette année, il semble que l'augmentation ira presque uniquement ou
en grande partie à une refonte de ce programme des bourses pour les
étudiants qui, comme chacun le sait, était nécessaire.
Mais je souhaite, personnellement, qu'une autre année, l'augmentation
aille précisément au domaine des subventions du programme FCAR
pour permettre de développer le programme.
Il semble bien, d'après ce qu'on voit à Ottawa, qu'une
grande partie du montant de 1 000 000 000 $ qui a été
annoncé pour les cinq prochaines années sera affectée
à augmenter les budgets des conseils subventionnaires. Ceci doit
être annoncé très prochainement. M. Oberle, le ministre, a
déjà laissé entendre qu'une bonne partie du montant,
peut-être de l'ordre de 500 000 000 $, servirait à ce genre
d'objectif, donc d'objectif de recherche fondamentale.
Mme Dougherty: Alors, si je comprends bien, j'ai peur que le
montant de 1 000 000 000 $ soit consacré primordialement à la
recherche appliquée, à la recherche et au développement.
Mais, selon vos commentaires, votre réponse, il semble que vous ayez
plus confiance qu'une grande partie soit consacrée à la recherche
fondamentale?
M. L'Abbé: Oui.
Mme Dougherty: Malgré les nouvelles orientations du
gouvernement fédéral en ce qui concerne ces fonds?
M. L'Abbé: Oui. Il y a deux courants au gouvernement
fédéral actuellement à ce point de vue et on sent deux
discours un peu différents. Par exemple, le premier ministre, qui
préside lui- même un conseil consultatif national en science et en
technologie, a fait préparer par un groupe de travail sur la recherche
fondamentale, présidé par M. Pierre Lortie, un rapport qui
recommande d'investir beaucoup en recherche fondamentale et de doubler les
budgets des conseils subventionnaires dans un laps de temps relativement court,
trois ou quatre ans. Par ailleurs, on sait que le programme des centres
d'excellence, qui a été annoncé à la
Conférence de Toronto, sera, semble-t-il, un peu plus orienté
vers les impératifs économiques qu'on ne le croyait au
début, de sorte qu'il est possible que ces centres-là soient
créés dans des domaines beaucoup plus stratégiquement
orientés vers le développement économique, mais qu'une
grosse partie du montant de 1 000 000 000 $, qui reste après tout, sera
plus orientée vers la recherche fondamentale libre. C'est de cela dont
vous parlez, sans doute.
Mme Dougherty: Alors, est-ce que c'est votre avis qu'on peut
compter sur le gouvernement fédéral ou est-ce qu'on doit prendre
des initiatives ici au Québec pour contrer ces tendances?
M. L'Abbé: Bien sûr, on ne peut pas se fier
uniquement aux programmes fédéraux, d'autant plus qu'une bonne
partie des programmes fédéraux, tranquillement, s'orientent vers
ce qu'on appelle le système de contribution, c'est-à-dire le
partage des coûts. Par exemple, les centres d'excellence, on invite les
provinces et les universités à partager les coûts de ces
centres-là. Alors, bien sûr, les provinces ou les
universités qui auront une certaine marge de manoeuvre pour financer
elles-mêmes une partie des coûts seront probablement plus capables
d'aller chercher des contributions d'Ottawa. À mon avis, et on le dira
dans un avis qui sera publié la semaine prochaine, le courant au
gouvernement fédéral de procéder au financement de la
recherche et du développement moins par des contrats, moins par des
subventions mais davantage par des contributions, deviendra de plus en plus
important. Ceci exigera que celui qui reçoit puisse aussi financer une
partie des activités. C'est dans ce sens-là que notre conseil a
beaucoup plaidé en faveur d'une marge de manoeuvre que se donnera le
gouvernement actuel dans son prochain budget plutôt que de se fier
uniquement à des incitatifs fiscaux, donc à des méthodes
indirectes de financement qui ne peuvent pas jouer dans ce genre de
méthode de financement qu'on appelle financement par contribution ou
partage des coûts. (21 heures)
Mme Blackburn: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
L'Abbé. S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'élément
1, j'appelle l'élément 2.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pendant que les
conseillers du ministre s'approchent de la table, je vous ferai remarquer
qu'à 9 h 55, c'était Canadiens 0 et Boston 1.
Des voix: Ha, ha, ha! Mme Blackburn: 8 h 55.
Une voix: Une heure plus tard dans les Maritimes.
Mme Blackburn: Canadiens 0?
Conseil des collèges
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, j'appelle
l'élément 2 qui a pour titre Conseil des collèges et je
reconnais Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je dois dire que le
Conseil des collèges, on a eu l'occasion de l'entendre très
longuement au moment où on examinait le fonctionnement d'un organisme
consultatif, il y a seulement quelques mois. Pour l'essentiel de ses
activités, on a pu en faire le tour de même que vérifier
à la fois son plan de travail par rapport aux prochaines études,
avis ou recherches. À ce moment-là, je pense que j'irais sur deux
questions Une première parce que le ministre était absent au
moment où on a porté cette situation à notre attention et
je pense que c'est peut-être important que je la rappelle alors qu'il est
ici. Le gouvernement du Québec décidait peu de temps après
son élection d'aboiir les allocations de présence. Cela a
créé une situation totalement inéquitable à
l'endroit de certains membres des conseils consultatifs. Par exemple, on a,
appris qu'une dame, une mère de famille au foyer qui siège au
Conseil des collèges, a une de ses amies, une copine qui a le même
statut et qui siège au Conseil supérieur de l'éducation et
qui reçoit une allocation de présence alors que celle qui, dans
la même situation, siège au Conseil des collèges n'en
reçoit pas. On peut constater qu'à la lecture de la politique que
s'est donnée le gouvernement en matière d'allocation de
présence à accorder aux membres des conseils consultatifs qui ne
sont pas membres de la fonction publique crée des
inégalités et des inéquités inacceptables. On
qualifie, par exemple, le Conseil supérieur de l'éducation de
conseil spécialisé alors que le Conseil de la science et de la
technologie n'en serait pas un, le Conseil des collèges n'en serait pas
un non plus que le Conseil des universités. S'il y a quelque chose de
pas cohérent, c'est bien cette politique mais dans la pratique, dans les
effets nets, cela a comme effet de défavoriser des membres de conseils
consultatifs qui ont exactement le même statut et les mêmes condi-
tions et qui, dans certains conseils je le rappelle, reçoivent des
allocations de présence alors que dans d'autres, ils s'en trouvent
privés. Moi, je voudrais savoir si le ministre a vraiment examiné
de façon un peu plus attentive cette situation et s'il entend y apporter
des corrections?
M. Ryan: Je n'ai pas beaucoup de chose à dire sur cela
pour l'instant, la politique a été arrêtée par le
gouvernement l'an dernier. C'est une politique qui est sujette à
révision. Je pense que les observations qu'on nous soumet sur cela sont
enregistrées et on verra s'il y aurait des possibilités de
symétrie plus acceptables, plus satisfaisantes. C'est sûr qu'il y
a des problèmes qui se présentent, je ne pense pas qu'ils soient
nombreux cependant. La députée n'a pas tort de signaler que cm
n'est pas le même genre de traitement qui est accordé aux membres
d'un conseil et de l'autre. Nous n'avons pas eu beaucoup de
représentation des membres individuels. Cependant, voici un cas
où on parle d'abord des personnes qui font partie de ces
organismes-là. Mais moi, je vous dirai que de la part de membres du
Conseil des collèges, je n'ai reçu aucune représentation
à ce sujet, non plus que du Conseil des universités.
Mme Blackburn: Évidemment, cela a été
porté à notre attention à la commission, alors que le
ministre, qui n'est pas membre de la commission je vous le rappelle,
n'assistait pas à la séance, mais j'aurais cru qu'il y aurait
peut-être quelqu'un qui aurait pu attirer son attention sur cette
situation. Juste pour le rappeler, dans la même politique, les membres de
la Commission de l'enseignement privé reçoivent des allocations
de présence. On voit la liste et il ne semble y avoir aucune
cohérence qui préside aux décisions.
M. Ryan: C'est une décision qui a été prise
au Conseil du trésor, n'est-ce pas, et ensuite proposée au
gouvernement. Vous pourrez toujours poser des questions au président du
Conseil du trésor en Chambre; vous êtes libre de le faire.
Mme Blackburn: Cela pourrait être une bonne
idée.
M. Ryan: II n'y a rien qui interdise à la
députée de Chicoutimi de le faire. Je crois que dans l'ensemble,
encore une fois, il y a certains problèmes. Si on les a signalés,
ils sont sans doute existants, mais ils n'ont pas été
portés à mon attention par des membres individuels, ce qui eut
été beaucoup plus fort. Cela n'empêche pas que chacun ait
le droit d'avoir son opinion là-dessus, puis je ne m'étonne pas
qu'on les exprime. Je n'ai pas de raison directe de penser qu'il y a un
problème sérieux, même si je conviens qu'au point de vue
symétrie c'est loin d'être parfait.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, c'est une invitation
à Mme Cossette, du Conseil des collèges, à aller
présenter ses revendications, mais est-ce que chacun des membres des
conseils consultatifs serait tenu de faire la même démarche? Il
serait plus logique qu'on ait une politique qui soit un peu
cohérente.
M. Ryan: M. le Président, il faut comprendre l'intention
qui a présidé à cette décision. Dans les conseils
consultatifs du secteur de l'éducation et de l'enseignement
supérieur, la majorité des personnes qui en font partie sont des
personnes qui sont déjà des personnes salariées à
l'intérieur du système de l'éducation ou du système
public ou parapublic. Le gouvernement voulait éviter les
phénomènes de double et de triple rémunération.
L'idée n'était pas mauvaise à l'origine de cela.
De plus, on est arrivé à toutes sortes d'ajustements
particuliers qui sont sujets à discussion et à
amélioration. N'oublions pas ce fait-là. Il y a peut-être
un cas dont on parle, mais n'essayons pas de faire croire que ce serait typique
de la généralité des membres qui font partie de ces
organismes-là, je ne l'accepterai pas.
Mme Blackburn: M. le Président, là n'est pas mon
propos. Ma remarque est la suivante: Le ministre vient de nous dire que, dans
les conseils de l'éducation et de l'enseignement supérieur, une
large partie des membres étaient déjà membres de la
fonction publique, qu'il fallait éviter les dédoublements de
paiement. On peut l'accepter, bien que là-dessus, il faut savoir qu'un
membre qui vient siéger à un conseil d'administration, à
une réunion de son conseil consultatif, y consacre des heures de lecture
avant, ensuite des heures de déplacement parce que ce n'est pas tout le
monde qui demeure à Québec ou Montréal.
Cela dit, acceptons qu'étant déjà payés une
fois, ils peuvent travailler un peu bénévolement au sein des
conseils consultatifs. Ce que je dis au ministre c'est qu'au sein de ses
propres organismes le traitement est différent selon que l'on soit
à la Commission de l'enseignement privé, au Conseil
supérieur de l'éducation, à l'une ou ou l'autre de ces
commissions ou que l'on soit au Conseil des universités, au Conseil de
la science et de la technologie ou à l'Office des professions ou au
Conseil des collèges. C'est là que je dis que cela crée
inutilement des inéquités. Pourquoi tout le monde n'a-t-il pas,
dans les mêmes conditions on s'entend, n'étant pas membres de la
fonction publique, les mêmes conditions de participation? C'était
l'essentiel de ma question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous des
commentaires, M. le ministre?
M. Ryan: Oui, juste un bref commentaire.
J'enregistre les commentaires de la députée de Chicoutimi
avec intérêt. Encore une fois, je ne crois pas qu'il y ait
péril en la demeure, qu'il y ait urgence. il y a un problème de
logique de traitement des gens qui a été posé avec
pertinence, mais je ne pense pas que l'on puisse en faire ce que l'on appelle
un casus belli. Je ferai part des observations qui ont été faites
ici à mon collègue et président du Conseil du
trésor. J'en ferai part également au chef du gouvernement.
Mme Blackburn: J'allais dire en boutade que j'ai essayé de
convaincre le président du Conseil du trésor, dans une
conversation de couloir, qu'il devrait consacrer un peu plus d'argent à
la recherche. J'ai bien essayé de donner un coup de main au ministre,
mais ça a l'air que ça n'a pas fonctionné.
M. Ryan: II m'en a parlé entre parenthèses. Il m'a
dit qu'il vous avait rencontré tantôt.
Mme Blackburn: Et que je partageais votre avis.
M. Ryan: Oui. Et il en a dit qu'on travaillait les trois
ensemble.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ave "p oui de la
commission de l'éducation au complet..
Mme Blackburn: Je ne sais pas si à trois on va avoir plus
de succès que le ministre seul.
L'éducation des adultes au
collégial
Au président du Conseil des collèges, d'abord, que je
salue et que je remercie de sa présence. Comme je l'ai dit pour les
autres intervenants, malheureusement, on a peu de temps. On a eu le plaisir
d'entendre longuement le Conseil des collèges, l'automne dernier.
J'aimerais quand même entendre le ministre sur les suites qu'il entend
donner à un avis qui a été émis par le Conseil des
collèges touchant l'éducation des adultes au collégial, en
état de développement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. Je ne pourrais pas préciser, ce soir, la
ligne de conduite que nous allons suivre. J'avais demandé à la
Direction de l'enseignement collégial de préparer un document de
travail à la suite d'avis que nous avons reçus sur ce sujet de
l'éducation des adultes, non seulement du Conseil des collèges,
mais également de la Fédération des cégeps, de
l'association qui regroupe les responsables de services d'éducation des
adultes dans les collèges et d'autres sources également. Il y a
des problèmes sérieux qui se
posent concernant l'éducation des adultes dans les
collèges.
La direction m'a remis un document de travail il y a quelque temps. Nous
n'avons pas eu le temps encore de siéger pour en discuter. Il y a eu un
changement de sous-ministre, comme vous le savez; ensuite, nous sommes
entrés dans la préparation des crédits. C'est un travail
que nous ferons en mai ou juin. J'ai bien apprécié l'étude
qui a été faite au Conseil des collèges sur ce sujet. Je
pense que c'est une étude intéressante et importante. Il y a
d'autres travaux également très pertinents qui m'ont
été soumis par les sources que je viens de mentionner. Un peu
plus tard, nous serons en mesure de faire connaître nos conclusions sur
ces documents, y compris l'avis du conseil.
Mme Blackburn: Bien, je vous remercie. J'aurais
terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions sur l'élément 2? Alors, l'élément
2... Je passe à l'élément 3.
M. Ryan: M. le Président, seulement un mot...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan:... si vous permettez, pour exprimer mon
appréciation au Conseil des collèges pour la contribution
importante qu'il apporte à notre réflexion sur l'enseignement
collégial. C'est un partenaire qui fait partie du paysage. Comme je le
fais avec tous les conseils consultatifs qui sont rattachés aux deux
ministères dont j'ai la charge, je me fais un devoir de rencontrer
à chaque année chacun de ces organismes. J'ai rencontré le
Conseil des collèges ces derniers mois. Nous en profitons pour faire le
point sur les travaux de chaque organisme et sur les projets d'avenir, sur les
désirs que le gouvernement peut nourrir à l'intention de ces
organismes. Je peux dire que ma dernière rencontre avec le Conseil des
collèges a été fructueuse. J'ajoute que je reçois
du conseil, de son président et de son personnel, une excellente
collaboration. Je les en remercie.
Conseil des universités
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Alors, j'appelle l'élément 3, le Conseil des
universités. Pendant que s'approche M. L'Écuyer, ce n'est pas
gai, c'est maintenant 2 à 0 pour Boston.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: J'espère que les intervenants qui
défilent à la table ne se sentent pas comme au confessionnal. Il
y en a qui ont plus ou moins péché.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah! Mme Blackburn:
Je...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les
péchés capiteux ou capitaux?
Une voix: Capiteux.
Mme Blackburn: Par omission...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Par omission.
Mme Blackburn:... de ne pas toujours avoir dit...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Par omission.
Mme Blackburn:... ce qu'il fallait dire. Je voudrais, d'abord,
saluer le président du Conseil des universités, que j'ai le
plaisir de connaître et de côtoyer depuis déjà
plusieurs années. Je suis avec beaucoup d'intérêt les
travaux des conseils consultatifs. J'allais dire que cela fait comme partie de
mes habitudes, des habitudes que j'ai développées au cours des
années; ils sont, d'ailleurs, très pertinents. Je rappelle, parce
qu'on ne fait peut-être pas suffisamment cette distinction, que les
conseils consultatifs peuvent donner des avis beaucoup plus neutres, moins
partisans et ils sont généralement, pour cette raison, j'allais
dire plus crédibles. Quand on veut avoir une lecture relativement juste
de certaines questions, je pense qu'on peut se reporter facilement à nos
conseils consultatifs. (21 h 15)
Quelques avis sur lesquels j'aimerais entendre le président du
Conseil des universités, d'abord, sur une étude relativement
percutante touchant la formation des maîtres. Par rapport à cette
étude et aux conclusions que vous en tiriez, est-ce qu'on peut
envisager, au cours des prochaines années, des modifications importantes
au programme, à l'encadrement et aux exigences quant à la
formation des maîtres? Est-ce qu'il ne serait pas urgent d'y
procéder lorsqu'on prend connaissance de cette étude? Cela nous
dresse un portrait assez préoccupant par rapport à ce qui est
offert dans ces facultés et les conséquences que cela a
nécessairement sur la qualité de l'enseignement au primaire et au
secondaire en particulier.
M. L'Écuyer (Jacques): Écoutez, l'avis sur cette
étude sectorielle a été remis, je pense, il y a un peu
plus d'un mois ou quelque chose comme cela. C'est relativement récent.
Vous savez, dans
ce type d'étude, nous produisons d'abord un rapport que nous
soumettons à la consultation des principaux partenaires. Puis nous
élaborons un avis final parce que, évidemment, ce sont des
rapports qui sont très englobante, qui touchent à
différents aspects du secteur à l'étude et, donc, qui
arrivent toujours avec une série de recommandations assez complexes et
nous les soumettons à la consultation des intéressés. Je
pense que, déjà, le fait de soumettre ces rapports à la
consultation a habituellement un effet déclencheur et les amène
à réfléchir sur l'évolution de la situation.
Déjà, dans l'avis qui résulte de ce rapport, il y a des
recommandations qui s'adressent, bien sûr, aux universités, il y
en a qui s'adressent au ministère, au gouvernement lui-même. Nous
avons bon espoir que le système acceptera ce type d'évolution.
Maintenant, écoutez, c'est un peu tôt pour dire exactement...
Premièrement, la réaction du gouvernement, je ne la connais pas
actuellement et, en ce qui concerne les principales recommandations, il y en a
quand même qui sont assez majeures. Je pense à
rétablissement d'un comité d'agrément, qui est une
recommandation extrêmement importante et qui se rapproche un peu du
modèle qu'on observe dans les autres secteurs professionnels mais qui
demande des ajustements. À l'intérieur des universités, il
y en a, en ce qui concerne la cohérence des programmes qui sont aussi
des... On a bon espoir, mais je pense qu'il faut être réalistes et
imaginer que cela va prendre tout de même un certain temps avant que tout
cela se mette en place et même dans les meilleures hypothèses.
Mme Blackburn: Le ministre a demandé au conseil un
étude sur la participation du fédéral dans l'enseignement
postsecondaire. Quand pensez-vous être en mesure de déposer cette
étude? Est-ce que cela fait un moment que cela a été
demandé? Est-ce que l'étude est avancée? Quand pensez-vous
être en mesure de la déposer?
M. L'Écuyer: L'étude nous a été
demandée au mois de juin, l'an dernier, à l'occasion d'une visite
que le ministre a effectuée au conseil. Nous avons mis en place un
groupe de travail qui est assez avancé. Il est présidé par
la secrétaire générale du conseil, Mme Marrek. C'est assez
avancé. Pour dire exactement à quel moment nous produirons notre
avis, c'est peut-être un peu tôt mais on peut imaginer que cela va
être dans les quelques mois qui viennent. C'est un avis qui est assez
avancé.
Mme Blackburn: Ce serait prêt? Excusez-moi, j'ai perdu.
M. L'Écuyer: Je pense qu'on peut dire dans les quelques
mois qui viennent. Je ne sais pas si on peut dire avant l'été,
mais probablement au mois de juin.
Mme Blackburn: Est-ce que cela abordera tous les aspects de la
participation du fédéral, c'est-à-dire autant la question
des transferts que des centres de recherche, la part relative qui vient au
Québec? Selon quels aspects est-ce traité cette question?
M. L'Écuyer: Cela va toucher tous les programmes. On a
tenu compte, si vous me permettez, de tous les programmes
fédéraux. Il y en a de très nombreux. Évidemment,
les plus importants sont la recherche et les paiements de transfert en termes
numériques. Mais il y a beaucoup de programmes spécifiques sur le
bilinguisme, sur les moniteurs, sur l'ACDI. Il y a toute une série de
programmes. Ces programmes finissent par représenter quand même
une intervention assez considérable. Alors, nous avons tous ces aspects
en tête et nous voulons examiner les possibilités qui s'offrent au
Québec, tel que demandé dans le mandat.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Deux mots, si vous me permettez, concernant les deux
derniers sujets qui ont été abordés. Tout d'abord, en ce
qui regarde les .. ceo de l'éducation, le conseil a produit le rapport
d'une étude qui a été faite par un comité qu'il
avait constitué à ce sujet, un rapport volumineux qui fait le
tour de la question. Je pense que c'est la meilleure étude qui a
été faite du secteur des sciences de l'éducation depuis
très longtemps. J'ai pris connaissance de ce document avec
énormément d'intérêt. Et, par la suite, dans les
mois qui ont suivi, le conseil a produit un avis sur ce document de base,
accompagné d'une bonne cinquantaine de recommandations, je pense bien,
que nous sommes en train d'étudier. Les services du ministère
préparent une analyse détaillée de ces recommandations, en
vue de me faire des suggestions. En même temps - et ceci est très
important - des travaux se poursuivent depuis déjà un bout de
temps au ministère de l'Éducation sur le même sujet. Parce
que le ministère de l'Éducation, qui sera avec les commissions
scolaires l'employeur de la plupart des personnes qui auront reçu une
formation en sciences de l'éducation, est immédiatement
concerné par ce qui se passe dans les universités à cet
égard.
D'ailleurs, dans les études qui ont été faites, on
formule plusieurs attentes à l'endroit du ministère de
l'Éducation. Mon intention, quand les deux ministères auront
complété l'étude que je leur ai demandée du rapport
du Conseil des universités ainsi que de l'avis qui l'a suivi, nous
formerons un groupe de travail conjoint, regroupant des personnes des deux
ministères pour arrêter les éléments d'une politique
de formation des maîtres. Cela devient très impor-
tant, parce que nous constatons qu'il devient de plus en plus important
de valoriser la profession enseignante. Aux États-Unis, on a
négligé pendant au moins une génération la
profession enseignante. On l'a traitée comme du matériel de
seconde classe. On ne s'est pas occupé de la formation des enseignants.
La formation s'est enlisée dans ces routines. Aujourd'hui, on sent le
besoin d'une réaction vigoureuse à tous points de vue. La
profession enseignante était sous-rému-nérée et
faisait face à des conditions d'insécurité au travail
considérables. Elle n'avait plus le respect de la population, comme elle
l'a déjà eu. Au Québec, si nous n'y voyons pas, le
même phénomène va se produire. Un vieillissement est en
train de se produire dans la profession enseignante. Toutes sortes de
commotions ont eu lieu au cours des 20 dernières années au plan
social qui n'ont pas contribué à rehausser la
considération dont jouit l'enseignant dans notre société.
C'est l'un des objectifs pour lesquels le gouvernement s'est forcé de
prendre toutes les mesures nécessaires pour que l'enseignant occupe,
dans l'estime de ses concitoyens, la place très élevée qui
lui revient et qui est nécessaire pour correspondre à
l'importance qu'on doit accorder à l'éducation. Alors, je suis
très reconnaissant au Conseil des universités pour le travail
qu'il a fait en relation avec les sciences de l'éducation. Je pense que
ce travail sera la base d'un effort de renouveau considérable dans tout
le secteur des sciences de l'éducation et de la formation des futurs
enseignants.
Sur l'autre point, je voudrais ajouter seulement une précision
à propos de l'étude que je demandais en juin dernier au Conseil
des universités sur la participation du gouvernement
fédéral au financement de l'enseignement postsecondaire et de la
recherche au Québec. On entend souvent toutes sortes de choses. Mais nos
services portaient à ma connaissance, ces derniers temps... C'est parce
que c'est un sujet qu'on a déjà abordé à
l'Assemblée nationale, il est peut-être bon qu'on mette au moins
quelques chiffres sur la table pour redresser des perspectives. On dit souvent
que le Québec est maltraité à Ottawa, qu'il n'a pas sa
part. L'exemple le plus éloquent est sans doute celui des subventions
d'impartition, que mon collègue, le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique, publiait l'autre
jour et qui établissait, je pense, à 10 % la part qui revient au
Québec.
Dans les subventions de contrepartie, déjà suivant les
données que j'ai, comme je l'indiquais tantôt, notre part est plus
élevée. Mais, dans les subventions qui émanent des
conseils subven-tionnaires, les chiffres que j'ai sont les suivants. Je pense
qu'il n'est pas mauvais de faire le point là-dessus. Pour le Conseil de
recherches en sciences naturelles et en génie, nous avons 20 % des
subventions versées par cet organisme. Pour le Conseil de recherches en
sciences humaines, nous avons 35 %; pour le Conseil de recherches en
médecine, nous avons 33 %. C'est quand même un portrait moins
tragique que certains aiment à laisser entendre. Ce sont des chiffres
que mes collaborateurs m'ont donnés. J'avais déjà
indiqué à la députée de Chicoutimi que les
données concernant les corps subventionnaires n'étaient pas de
même nature que les données relatives aux subventions
d'impartition. Je suis très heureux de compléter aujourd'hui par
des chiffres plus précis les éléments de réponses
que je lui donnais déjà, il y a quelques semaines, et qui
allaient dans le même sens d'ailleurs.
Mme Blackburn: J'aurais terminé si on veut voir un peu le
FCAR.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme? Alors, on enchaîne
immédiatement avec le programme 2. Adopté?
Mme Blackburn: C'était l'élément 2 du
programme. C'est le programme 2, c'est cela, vous avez raison.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela. Est-ce
que le programme 2 est adopté? On n'adopte pas les
éléments, on adopte le programme.
Mme Blackburn: Non, c'est cela, mais c'est un
élément dans un programme, celui-là. Le Conseil des
universités, c'était le programme 2, élément...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
L'élément 3.
Mme Blackburn: Oui, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division ou adopté?
Mme Blackburn: C'est adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Merci, madame.
Mme Blackburn: C'est pour la forme; mais cela ne changera pas
grand-chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle le
programme 7, Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la
recherche.
Mme Blackburn: Oui, merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
voulez procéder par élément ou si vous vous voulez
l'apporter globalement?
Mme Blackburn: Globalement, oui. C'est le FCAR.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Globale-
ment. Alors, Mme la députée de Chicoutimi.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
poser une question à titre d'information?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec plaisir, M.
le ministre.
M. Ryan: Le programme 4, quand est-ce que nous devons
l'aborder?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 4, on
pourrait l'aborder immédiatement après le programme 8, si nous
terminons. Par contre, je vous ferai remarquer qu'on a entamé le
programme 6 qui est demeuré en suspens. L'entente qui avait eu lieu
entre les deux formations hier, c'était qu'à 20 heures, ce soir,
on abordait les programmes 2, 7 et 8 parce qu'en principe on aurait dû
terminer l'enseignement universitaire cet après-midi, ainsi que la
science, mais on accuse un peu de retard.
M. Ryan: Là, je tiens à vous faire remarquer,
seulement pour tracer un bilan sommaire de nos travaux, que nous n'avons pas
dit un mot du programme 3 qui traite de l'aide financière aux
étudiants. Nous avons à peine abordé l'enseignement
universitaire avant l'ajournement du souper et nous n'avons pas dit un mot de
tout le secteur science.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 3, M.
le ministre, est à l'ordre du jour demain matin.
M. Ryan: Celui-là, oui, mais il y en deux autres qui sont
en panne, d'après ce que je comprends.
Le Président (M. Parent, Sauvé):...
M. Ryan: Cela ne me fait rien, c'est seulement pour qu'on
s'entende clairement sur le diagnostic.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, on
enchaîne immédiatement avec le programme 7. On a jusqu'à 22
h 15. Étant donné qu'on a commencé avec quinze minutes de
retard, on a un peu de temps.
M. Ryan: Là, ce n'est pas pareil, cela change tout!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Encore quinze
minutes. Mme la députée de Chicoutimi.
FCAR
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Bonsoir, Mme la
présidente, Mme Querido, présidente du FCAR, le Fonds pour la
formation de chercheurs et l'aide à la recherche. Je vais essayer
d'aller à l'essentiel de cette question. Au moment où le fonds
présentait un plan triennal, le ministre a cru nécessaire...
j'allais dire de faire valider le plan du FCAR en demandant un avis au Conseil
des universités.
On se rappellera que l'avis du Conseil des universités, qui a
été rendu public l'hiver dernier, vient appuyer l'essentiel, pour
ne pas dire la très grande majorité des éléments du
plan triennal du FCAR. Les mesures que vous proposiez étaient fort
importantes et voulaient apporter à la fois un redressement des bourses
de même qu'elles voulaient créer des programmes. Je pense à
des programmes en particulier, le programme de soutien à
l'établissement de nouveaux chercheurs et le programme de subvention aux
équipes de recherche. Les budgets qui auraient dû être
consentis étaient au moins, si je ne m'abuse, de 7 000 000 $ ou 8 000
000 $ plus élevés, si on prend cela année par
année, que ce qui vous est consenti cette année. Cette
année, les 2 000 000 $ qui sont consentis au FCAR le sont pour
l'amélioration des bourses aux diplômés et, ai-je cru
comprendre également, pour augmenter le nombre de bourses qui seront
accordées. Là, je n'étais pas certaine, dans mes calculs,
d'arriver à une augmentation réelle du nombre de bourses
octroyées ou simplement àune bonification des bourses
déjà octroyées. "* ', i ?°)
On sait que le Québec - c'est important de le rappeler - produit
moins de diplômés de deuxième et troisième cycles.
On le dit depuis déjà deux ou trois ans.
La fonction essentielle du FCAR est d'encourager et de soutenir le
développement de la recherche et la formation des chercheurs. Est-ce que
vous pourriez nous dire - je m'adresserais à la présidente du
FCAR, avec la permission de M. le Président - les 2 000 000 $
additionnels, est-ce qu'ils ne viennent pas ajouter quelque chose à
l'enveloppe du FCAR? Les 10 % ajoutés compensent à peine pour le
gel du budget au cours des deux premiers exercices financiers. Cela vous
permettra quoi, exactement, ces 2 000 000 $, en matière
d'amélioration des bourses? Est-ce qu'on va en augmenter le nombre? On
sait que vous avez amélioré les bourses, mais est-ce que cela
nous permettra d'en donner davantage, pour le doctorat, en particulier, ou pour
le postdoctorat?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord fournir
quelques précisions sur les derniers rapports que nous avons eus avec le
fonds FCAR au sujet des questions soulevées par la députée
de Chicoutimi.
À la suite de l'avis que j'ai reçu du Conseil des
universités sur le projet de plan triennal que m'avait soumis le fonds
FCAR, nous avons été amenés à préparer les
crédits budgétaires de
l'année 1988-1989. C'est à l'occasion de l'examen des
crédits de la prochaine année qu'il a été
décidé d'augmenter de 10 % les ressources mises à la
disposition du fonds FCAR.
À la suite de cette décision, j'ai cru nécessaire
de rencontrer la directrice générale et présidente du
fonds FCAR, Mme Quérido, qui est à ma droite, afin de discuter
avec elle des meilleures façons de donner suite aux mesures
budgétaires instituées par le gouvernement. Mme Quérido
m'avait écrit, au nom du fonds FCAR, pour me faire part des propositions
que le fonds voulait soumettre à cet égard. Le fonds entendait
mettre l'accent sur deux points principaux. Nous en reparlerons dans un
instant.
Nous nous sommes rencontrés il y a quelque temps, environ une
quinzaine de jours, pour faire le point sur toutes ces questions. Je suis
heureux de vous dire qu'il y a eu un accord parfait entre la direction du fonds
FCAR et le ministre et ses collaborateurs, quant aux orientations qui devraient
être envisagées en matière d'utilisation des fonds, pour
l'exercice 1988-1989.
Nous avons discuté en même temps des orientations qui
devraient être inscrites dans le plan triennal que le FCAR doit soumettre
à l'approbation du gouvernement prochainement, d'ici la fin juin. Encore
là, nous nous sommes entendus sur les orientations
générales qui devraient être retenues pour les trois
prochaines années. Cela nous permet d'augurer, à partir de
maintenant, que le fonds peut s'engager dans ses tâches de fond sans
inquiétude pour la prochaine année et sans inquiétude
quant aux orientations qu'il doit poursuivre. Parce qu'il y a à ce
sujet, comme le prescrit d'ailleurs le régime qui nous gouverne en ces
matières, un accord de fond entre le gouvernement et l'organisme
concerné.
Je veux profiter de la circonstance pour rendre hommage à Mme
Quérido qui assure la présidence et la direction executive du
fonds d'une manière jugée très satisfaisante par le
gouvernement. Si satisfaisante que nous avons été heureux de
renouveler le mandat de Mme Quérido pour une nouvelle période, au
début de la présente année.
Je pense que nous sommes très heureux d'avoir cette personne
à la tête du fonds FCAR. Mme Quérido est elle-même
une personne qui a une longue expérience de la recherche et qui donne un
très bon exemple de gestion claire, cohérente et loyale.
Si Mme Quérido veut préciser un peu les intentions du
fonds, pour l'année 1988-1989, je voudrais bien lui en laisser la chance
parce que nous avons tenu à respecter l'initiative de la direction du
fonds dans l'établissement des priorités, pour l'année
1988-1989.
Mme Quérido (Christiane): Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Quérido: Je vais répondre à votre
première interrogation qui était l'utilisation des crédits
additionnels de 2 500 000 $ que nous avons obtenus. Ces crédits ont
été distribués entre le programme de nos bourses, auquel
nous avons attribué 1 000 000 $ et les programmes de subventions
auxquels nous avons attribué 1 500 000 $. Dans les programmes de
bourses, ces crédits additionnels ont servi à augmenter la valeur
des bourses de doctorat qui a été indexée de 8500 $
à 10 000 $ cette année.
La bourse de maîtrise est de 7500 $. La bourse de doctorat
était de 8500 $.
Avec les crédits de 1 000 000 $, nous ne pouvions pas augmenter
toutes nos bourses parce qu'il aurait fallu des crédits additionnels.
Nous avons choisi d'augmenter d'abord les bourses de doctorat puisque c'est
là que nous voulions mettre l'impact le plus grand. Nous les avons
augmentées à 10 000 $ et nos bourses de post doc. Nous donnons
aussi des bourses de postdoctorat dont le niveau était de 16 000 $ et
nous avons porté ces bourses postdoctorales, nous en avons 30 à
distribuer, à 22 000 $. Nous n'avons pas pu, avec ce 1 000 000 $,
augmenter le nombre de nos bourses à ce moment-ci. C'est-à-dire
qu'un de nos objectifs, d'ailleurs, qui a été repris
également dans l'avis du Conseil des universités, et que nous
devions monter le taux de succès de nos bourses, en particulier pour le
doctorat, à 30 %. À l'heure actuelle, le taux de succès
varie entre 20 % et 22 % pour les nouvelles bourses. Dans le cadre actuel du
budget de cette année, il est impossible avec ce 1 000 000 $ d'atteindre
cet objectif, de porter le taux de succès des bourses à 30 %.
Pour cela, il aurait fallu, si vous voulez, les crédits tels qu'ils
étaient planifiés dans le taux d'augmentation du plan triennal
soumis précédemment.
Mme Blackburn: En fait, le montant de 1 000 000 $ dont vous nous
parlez, c'est pour les bourses qui ont été octroyées?
Mme Quérido: Cette année. C'est-à-dire
celles que nous octroyons maintenant, à la fin d'avril.
Mme Blackburn: Présentement pour la session...
Mme Quérido: Pour l'année, session 1988-1989.
Mme Blackburn: 1988-1989. Vous nous parlez de 1 000 000 $ alors
qu'ici on parle d'ajout de 2 000 000 $ pour accroître le nombre et la
valeur des bourses d'excellence.
Mme Quérido: C'est-à-dire que le budget a
été octroyé à ce poste budgétaire, dans le
livre des crédits, mais il a été distribué entre
les programmes de subventions et les programmes de bourses. Les 2 500 000 $
n'ont pas été exclusivement attribués à
l'augmentation du programme de
bourses, mais ils ont servi également à l'augmentation du
programme de subventions.
Mme Blackburn: Donc, l'amélioration du programme de
bourses est de 1 000 000 $.
Mme Quérido: 1 000 000 $.
Mme Blackburn: Et 1 500 000 $ en année scolaire sur le
programme...
Mme Quérido: Sur le programme de subventions.
Mme Blackburn:... sur le programme de subventions à la
recherche.
Mme Quérido: Et nous avons donné 1 000 000 $
à notre programme Centre d'excellence, puisque c'était là
que nous jugions important cette année, dans le contexte, d'accentuer,
ceci en accord avec les priorités du fonds et celles sur lesquelles nous
nous étions mis d'accord avec le développement.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, le ministre nous disait:
D'ici la fin juin, on va réexaminer le plan triennal
présenté par le fonds, de manière à être en
mesure, si j'ai bien compris, de faire des recommandations pour la prochaine
année. Est-ce qu'il s'agit pour le ministre de recommander, dans les
crédits additionnels, des crédits pour le FCAR ou s'il s'agirait
simplement de recommandations pour réaliser le plan triennal
proposé par le FCAR à partir de 1989-1990?
Je voudrais féliciter, en passant, Mme Quérido pour le
renouvellement de son mandat. Cela lui donnera peut-être l'occasion de
présenter un autre plan triennal. Je n'ai pas très bien compris
tout à l'heure ce que le ministre...
M. Ryan: Le plan triennal que va nous présenter le
fonds...
Mme Blackburn: II est présenté?
M. Ryan: II m'a été présenté il y a
déjà pratiquement un an. Pour l'année qui va se terminer,
1987-1988, nous avons décidé, à toutes fins utiles, de
garder le plan de l'autre année parce que nous n'étions pas en
mesure d'approuver le plan triennal. Nous avons envoyé le projet qui
nous avait été soumis au Conseil des universités. Celui-ci
a émis son avis là-dessus. À la lumière des
nouvelles ressources dont disposera le fonds, Mme Quérido et ses
collaborateurs du fonds feront des ajustements. Moi-même j'ai
donné un certain nombre d'indications quant aux attentes du
gouvernement, et on nous présentera la version amendée, ou
améliorée d'ici la fin de juin. Cette version comprendra le plan
d'action pour l'année 1988-1989 dont les grandes lignes ont
déjà été communiquées. Cela va être
inclus là-dedans pour la première année du plan.
En même temps, on aura l'idée de ce qui s'en viendra les
deux années suivantes. Et je dirai devant cette commission que je me
ferai un devoir de plaider auprès du gouvernement pour qu'on augmente
encore les ressources mises a la disposition du fonds FCAR, parce que je pense
objectivement que les ressources dont nous disposerons cette année,
même si elles accusent un progrès appréciable, ne sont pas
suffisantes pour permettre au fonds de s'acquitter de toute sa mission.
Mme Quérido: Si, peut-être je peux ajouter à
votre bénéfice, c'est que les... Vous avez parlé que le
plan triennal que nous avions soumis, celui qui a été l'objet
d'une vaste consultation auprès des universités et sur lequel le
conseil a donné un avis, proposait comme vous avez dit, des orientations
et des changements majeurs. Je pense qu'à la suite de cet avis, ce que
nous avons présenté au ministre, c'est l'actualisation de ces
grandes orientations sur lesquelles la communauté et le conseil
étaient d'avis, comme vous l'avez souligné, l'actualisation de la
réforme du Programme ÉQIP, la mise en route d'un programme
d'établissement des nouveaux chercheurs. Ce sont ces nouvelles mesures,
ces nouveaux programmes que l'on doit maintenant présenter dans le cadre
d'un plan, puisqu'il faut le soumettre. C'est un plan triennal, mais qui ".
soumet annuellement au ministre pour l'approbation des crédits annuels.
Disons c'est la particularité de cette loi, que ce sont des plans
triennaux, mais que l'on doit annuellement actualiser et présenter pour,
disons, en faire un plan d'action opérationnel pour l'année
financière en cours.
Mme Blackburn: Oui, je comprends bien que même si l'on
accepte, même en immobilisation, des plans quinquennaux, il faut bien les
adopter quand même, année après année, et faire les
ajustements nécessaires, parce que souvent les attentes sont loin
d'être satisfaites par la réalité. Ainsi, le plan triennal
qui avait été proposé par le fonds, si je me rappelle
bien, si on avait respecté ce plan triennal, plutôt que de
pelleter cela sur les années prochaines, c'aurait été
cette année un budget de 43 500 000 $, et non pas un budget de 35 500
000 $ tel qu'on l'a cette année, donc une différence entre les
deux de 8 000 000 $. Les conséquences sont importantes, il me semble, et
si on fait fonctionner notre principal organisme subventionnaire à la
petite semaine - c'est comme cela que cela fonctionne - comme on le fait
actuellement, on va continuer à accuser des retards et à les
accentuer par rapport au développement de la recherche, entre le
Québec et l'Ontario. Et je pense à ces bourses qui ont
été améliorées de façon notable, je pense
qu'il faut le remarquer. Mais est-ce que cela a des chances d'avoir des effets
réels, réels je dis, sur la durée des études? Parce
que c'est notre principal problème, et la
bourse de maîtrise qui aurait pu faciliter un raccourcissement de
la durée des études, elle, n'est pas améliorée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
avez-vous un commentaire?
Mme Blackburn: C'est un peu comme si on avait à vivre avec
un salaire qui ne serait jamais indexé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Querido: Je pense que l'impact de hausser le niveau des
bourses était une nécessité de premier ordre. Quant au
problème de la durée des études, je pense qu'on en a
souvent discuté lors des différentes commissions, c'est un
problème qui a plusieurs facteurs, et le rôle des bourses et d'un
organisme, c'est également, si vous voulez, en concert avec le milieu
universitaire, de trouver des incitatifs qui vont faciliter la durée des
études. Il y a le problème de l'encadrement des études, le
problème également que les étudiants soient soumis aux
meilleurs groupes de recherche d'encadrement, et ce sont des moyens, avec le
système de bourses, pas uniquement le système de bourses, avec
lesquels nous pouvons nous attaquer à ce problème de la
durée des études. (21 h 45)
Le programme de bourses est un élément majeur, mais il
n'est pas le seul qui puisse modifier la situation de la durée des
études. Il y a tout le problème de l'encadrement des
étudiants à l'intérieur des groupes de recherche, à
l'intérieur des programmes universitaires. Donc, c'est de concert et en
coordination avec d'autres éléments que nous allons pouvoir agir
à ce niveau.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut penser en toute
sincérité que les étudiants pourraient vivre exclusivement
de leur bourse? On sait que le montant de 7500 $, si mon information est juste,
cela n'a pas été indexé depuis quatre ans.
Mme Quérido: Non, 7500 $ c'est trop bas. On ne peut pas
dire que la somme de 7500 $ offre un revenu suffisant aux étudiants. Les
dernières études qu'ont faites les conseils
fédéraux, justement pour déterminer quelle devait
être la valeur d'une bourse pour permettre à l'étudiant de
pouvoir travailler à temps plein, l'ont fixé il y a deux ans
à 12 000 $. C'est ce qu'on estimait être le niveau d'une bourse
d'excellence. Il faut bien voir que cette bourse, l'étudiant la
complète avec des revenus également à l'intérieur
des subventions de recherche et il y a des postes d'assistant de recherche qui
peuvent s'ajouter, puisque c'est permis jusqu'à un certain niveau, pour
accélérer ses travaux de recherche à l'intérieur de
groupes ou d'équipes de recherche. Normalement, avec sa bourse plus un
assistant de recherche, une bourse qui serait de l'ordre de 10 000 $ à
12 000 $, un étudiant devrait être capable, sans avoir d'autres
expédients, de se consacrer à temps plein à ses
études.
Mme Blackburn: Vous dites bien avec une bourse de 10 000 $
à 12 000 $ et non pas... Avec une bourse de 7500 $, il est
nécessairement obligé de travailler à
l'extérieur.
Mme Quérido: À 7500 $, c'est nécessairement
une bourse...
Mme Blackburn: Ce qui a des effets sur la durée des
études.
Mme Quérido: Oui.
Mme Blackburn: II y a comme un rapport.
Est-ce qu'on sait combien il y a d'étudiants qui sont
obligés de travailler en même temps qu'ils poursuivent leurs
études de maîtrise, évidemment en dehors des
activités ou des assistances de recherche?
Mme Quérido: On n'a pas une étude complète
en ce sens-là, mais je crois que je peux dire que le ministère,
à l'heure actuelle, avec le Conseil des universités et le fonds
FCAR poursuit une étude par la relance des boursiers du fonds FCAR,
c'est-à-dire qu'on veut justement à partir des cohortes
d'étudiants qui ont reçu des bourses dans les années
quatre-vingt-un, quatre-vingt-deux, quatre-vingt-trois étudier et suivre
tout le cheminement des étudiants, leur condition financière,
leur temps d'études, la qualité de l'encadrement. Lorsque cette
étude sera terminée, dès l'an prochain, nous pourrons
avoir des éléments beaucoup plus précis sur les conditions
financières des étudiants, le rôle d'une bourse
d'excellence et tous les autres facteurs qui influencent la durée des
études au Québec.
Mme Blackburn: Je vous remercie, Madame.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre, avez-vous d'autres commentaires, des interventions?
M. Ryan: Ce serait une bonne chose que la commission
parlementaire, une bonne journée, puisse tenir une rencontre
spéciale avec la direction du fonds FCAR, quand on aura le plan
triennal. Ce serait une bonne occasion de prendre connaissance de toutes les
précisions qui seront apportées aux orientations du fonds. Je
n'ai pas voulu engager la discussion dans cette voie ce soir parce que ce
serait trop long, mais il y a beaucoup de nouvelles précisions qui
seront apportées aux orientations du fonds. Il y a beaucoup de ces
orientations nouvelles qui vont contribuer d'une manière
intéressante à stimuler le développement de la
recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le programme 7?
Mme Blackburn: J'ai terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 7 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Organisation et réglementation des
professions
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Merci, madame. J'appelle immédiatement le programme 8, Organisation et
réglementation des professions.
Pendant que les conseillers du ministre prennent place, j'informe les
membres de la commission que nous avons accusé un retard de 24 minutes
à peu près sur l'horaire. Si j'avais le consentement des deux
parties, nous pourrions continuer nos travaux jusqu'à 22 h 30 de
façon à récupérer le temps que nous avons perdu et
pour consacrer les neuf heures au complet, tel que le prévoit le
règlement, à l'étude des crédits. Est-ce que j'ai
le consentement?
Je présume que je n'ai pas le consentement...
Mme Blackburn: Bien, je vous demande pardon, M. le
Président, mais je n'ai pas compris.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ai dit que
nous avions accusé un retard de 24 minutes depuis le début de nos
travaux. Si j'avais le consentement, nous pourrions continuer jusque vers 22 h
30 et, à cette heure-là, nous serions en plein dans le temps.
Donc, demain, nous pourrions continuer avec l'horaire prévu en
respectant tous nos échéanciers. Est-ce que j'ai le consentement
pour aller jusqu'à 22 h 30?
Mme Blackburn: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Consentement. Du
côté ministériel?
Mme Blackburn: À condition que... C'est cela, à
condition...
M. Ryan: Toujours au service des députés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous apprécions votre générosité et votre...
Mme Blackburn: M. le Président, on pourrait terminer le
programme 8 et, ensuite, on pourrait revenir à Enseignement
universitaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est ce que
j'essaie de faire.
Mme Blackburn: Ce n'est pas certain que les gens soient ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, c'est ce que
j'essaie de faire. On a consulté les gens. Alors, on terminerait
probablement le programme 8 et on essaierait de terminer l'enseignement
universitaire. Comme cela, demain, on pourrait commencer avec Science et
terminer avec l'aide financière aux étudiants. Est-ce que cela
va? M. le ministre.
Remarques générales M. Claude
Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais, tout d'abord, vous
présenter la personne qui est à ma droite, M. Thomas Mulcair,
président de l'Office des professions. M. Mulcair a une grande
expérience du secteur public; il a, en particulier, joué un
rôle important en matière de législation linguistique. Il a
été conseiller juridique à l'Office de la langue
française pendant une couple d'années, n'est-ce pas, M.
Mulcair?
M. Mulcair a travaillé, d'une manière considérable,
à la préparation de la version française des lois du
Manitoba. C'est une personne qui m'a rendu de précieux services dans
certaines situations auxquelles je devais faire comme ministre de
l'Éducation à notre arrivée au pouvoir et je ne le
connaissais pas, d'ailleurs, avant que nous soyons au pouvoir. Même s'il
a des origines irlandaises comme moi, nous n'étions pas familiers l'un
avec l'autre. Nous avons eu une grande satisfaction de l'avoir comme
président de la Commission d'appel sur la langue d'enseignement. J'avais
remarqué que M. Mulcair était très familier avec notre
législation linguistique et aussi avec la législation de
l'éducation, surtout dans ses implications linguistiques et
confessionnelles.
Après les services éminents que M. Mulcair, avec les
autres membres de la Commission d'appel sur la langue d'enseignement, a rendus
au gouvernement et au Québec, je fus très heureux de recommander
son nom comme candidat à la présidence de l'Office des
professions et surtout d'apprendre qu'il était prêt à
accepter cette proposition. Depuis quelques mois, M. Mulcair est en fonction et
je veux lui exprimer toute la confiance du gouvernement et la satisfaction que
nous éprouvons à le compter parmi nos collaborateurs.
J'ajoute un point. Il est très souvent mentionné dans la
presse que la communauté anglophone n'a pas beaucoup de
représentants dans des fonctions, surtout des fonctions de cadres,
à l'intérieur de la fonction publique. C'est malheureusement
vrai. Elle est plus difficile à intéresser qu'elle ne veut le
laisser croire. Beaucoup d'anglophones que nous approchons ont soit des
difficultés avec la langue française, soit des occupations
tellement absorbantes qu'ils ne
peuvent pas s'en libérer pour accepter de venir travailler
à temps complet au service du gouvernement. Je suis d'autant plus
heureux dans ce contexte de compter M. Mulcair parmi nos collaborateurs.
J'étais très fier de présenter sa candidature au
gouvernement et d'autant plus fier, encore une fois, comme vous pourrez le
constater en l'interrogeant tantôt, qu'il parle la langue
française de manière à faire rougir un bon nombre de
francophones.
En ce qui touche notre système de professionnels, j'ai eu
l'occasion d'en parler souvent. Je pense que ce n'est pas nécessaire,
à ce moment-ci, de disserter longuement là-dessus. Nous avons un
système d'autorégulation des professions au Québec qui
repose sur le principe de la réglementation des membres d'une profession
par eux-mêmes à l'intérieur d'un grand cadre
législatif défini par le gouvernement, à
l'intérieur aussi de certains règlements qui doivent recevoir la
sanction gouvernementale et sous la surveillance générale d'un
Office des professions composé de personnes qui ont elles-mêmes
des états de service dans leur profession respective. Alors, c'est un
système très décentralisé, très
démocratique, en ce sens qu'il requiert l'organisation de structures
démocratiques de représentation et de gouvernement à
l'intérieur de chaque corps professionnel. Le législateur a
introduit dans la gouverne des corps professionnels, depuis un certain nombre
d'années déjà, je pense que cela fait une quinzaine
d'années, des représentants du public qui participent aux
décisions, qui peuvent faire valoir le point de vue du public à
l'intérieur des bureaux de direction de chaque profession. Je crois que
le système, dans son ensemble, fonctionne d'une manière fort
satisfaisante dans des conditions de liberté qui m'apparaissent
optimales. On voit à ce que le public ait toute la protection
voulue.
À la suite d'une loi adoptée l'an dernier, un changement
important interviendra à compter d'un avenir prochain. Les audiences des
comités de discipline des corps professionnels seront publiques en
principe, alors que jusqu'à maintenant elles étaient
confidentielles. On pourra décider dans chaque cas, car il peut y avoir
des raisons qui commandent la confidentialité, mais, en principe, elles
seront ouvertes au lieu d'être fermées comme cela a
été le cas jusqu'à maintenant. Le système
évolue graduellement et, encore une fois, je suis très heureux du
rôle de conseil et de surveillance et aussi d'orientation qu'exerce
l'Office des professions sous la direction de M. Mulcair et avec le concours
d'autres membres. Il y en a deux, je pense, qui sont en arrière ce soir.
Il y a le vice-président, M. Louis Roy, que je voudrais saluer d'une
manière spéciale et Mme Marie-Esther Gaudreault, avocate de
Québec. Je ne pense pas que les deux autres membres soient
présents ce soir. M. Perron et M. Jean-Pierre Roy, mais il y a une
majorité. S'il y a des décisions pressées à pren-
dre, vous aurez votre majorité. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
saluer M. Mulcair et lui souhaiter un fructueux mandat. Je vais aller
rapidement au vif du sujet. En fait, il y a trois questions que j'aimerais vous
poser et sur lesquelles il m'intéresserait de vous entendre. Il y a
celle du libre-échange. Je sais que cela fait partie de votre plan de
travail et des activités prioritaires, le libre-échange en
rapport avec certaines professions. La deuxième question toucherait
l'ETS, la reconnaissance des diplômés de l'École de
technologle supérieure, et la troisième le statut des
sages-femmes.
En ce qui concerne le libre-échange, l'article 1403
prévoit que "les mesures régissant l'autorisation d'exercer et la
reconnaissance professionnelle des nationaux qui fournissent des services
visés" ne devront pas avoir "pour objet ni pour effet d'entraver ou de
limiter de façon discriminatoire l'accès des nationaux de l'autre
partie à ladite autorisation d'exercer ou reconnaissance
professionnelle. " Si cela ne vient pas profondément affecter la
reconnaissance chez nous de certaines professions au Québec, je pense
que c'est ce que cela vise.
Le deuxième aspect de la question, toujours sur le
libre-échange, l'application de la clause de traitement national
à certains services professionnels, est-ce que cela n'exigera pas des
modifications au Code des professions et aux lois de plusieurs corporations
professionnelles, notamment aux clauses qui concernent l'obligation de
citoyenneté canadienne présentement conditionnelle à
l'exercice d'une profession? Je me rappelle un exercice qu'on a fait avec le
ministre de la Justice au moment où l'on revoyait différent
éléments du Code civil. On a dû revenir sur plusieurs
articles parce qu'il était prévu que, pour pratiquer certaines
professions, il fallait être citoyen canadien et qui plus est avoir son
bureau au Québec. Ensuite, j'aimerais savoir quelle est la portée
exacte de l'annexe sectorielle sur l'architecture. On sait que plusieurs lois
au Québec visent la protection du consommateur et font obligation
à certains professionnels de respecter certaines règles,
certaines normes, d'avoir une certaine formation, d'avoir fait un certain
nombre de stages avant d'avoir le droit de signer des devis, par exemple.
Alors, par rapport à ces grandes questions, je voulais savoir les effets
réels de l'accord de libre-échange sur ces différentes
professions et ses répercussions sur le système des professions
et plus particulièrement sur les Québécois qui
requièrent des services professionnels.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre? M.
Mulcair va répondre. (22 heures)
Le libre-échange
M. Mulcair (Thomas J. ): Écoutez, c'est une question
à plusieurs volets. Je tenterai d'y répondre dans l'ordre
où vous avez choisi de les poser.
En ce qui concerne l'accord de libre-échange, on s'entend en
partant, évidemment, pour dire que l'accord n'a pas encore
été entériné aux États-Unis. Donc, dans
toute démarche de réponse à ce genre de questions, il y a
un élément de spéculation, si l'on peut dire.
Évidemment, on peut répondre en visant la situation actuelle et
tenter de dresser des pistes de solution possible.
Vous avez posé une question spécifique concernant les
effets sur l'ensemble des professions. Je peux vous dire, à titre
d'indication, que déjà le Conseil interprofessionnel du
Québec et l'office qui y a participé ont organisé des
séances de rencontres pour l'ensemble des professions pour tenter de
déceler les répercussions pratiques. Il y a certaines
professions, notamment le domaine juridique, qui risquent d'être moins
touchées, étant spécifiquement exclues.
Vous avez évoqué à la fin de votre question le
domaine de l'architecture. En effet, l'entent? sectorielle dans le domaine de
l'architecture est la seule qui est prévue spécifiquement dans
l'accord de libre-échange, mais un mécanisme est, par ailleurs,
prévu pour y parvenir dans d'autres domaines.
Concernant le découpage des professions, vous avez parlé
de ce qui se passe aux États-Unis, des stages. Nous, nous les appelons
souvent les conditions supplémentaires d'exercice. Les stages peuvent
varier, le nombre d'années à l'université peut varier et
même l'appellation des professions peut varier. Le découpage,
donc, du territoire professionnel se fait de différentes façons
selon la province au Canada et selon l'État aux États-Unis.
En mentionnant les autres provinces, je m'en voudrais de ne pas
préciser que, parallèlement à toute analyse de l'accord de
libre-échange, il faut aussi prévoir des démarches
d'analyse des barrières interprovinciales parce que, actuellement, comme
vous le savez, la constitution prévoit qu'on doit tenter
d'éliminer ces barrières. Si nous ne procédons pas
à cette analyse de pair avec nos préparatifs pour l'implantation
de l'entente sur le libre-échange, nous allons peut-être
régler à la verticale, mais en laissant une certaine
difficulté au niveau horizontal. Alors, en d'autres mots, les gens vont
pouvoir peut-être choisir leur province pour passer au Canada et,
ensuite, pouvoir bouger de cette manière.
Nous en sommes donc à nos premières analyses pour le dire
très clairement. L'office a évidemment déjà
commencé à regarder les impacts possibles sur différents
aspects de la réglementation professionnelle dont vous avez
parié. Cela pourrait toucher des questions de tarification, cela
pourrait avoir une influence du côté de la publicité
même des services professionnels. Il y a différents aspects. Il y
a évidemment un accord au niveau national au Canada. Il faut tenter
autant que possible de prévoir une réglementation ou une
harmonisation des approches pour définir qu'elles sont ces
professions.
Pour revenir aux changements qui peuvent être
éventuellement - et c'est peut-être un mot sur lequel il faut
beaucoup insister - apportés au code pour ajuster notre
législation professionnelle à cet accord, encore une fois, nous
en sommes à nos premières analyses, mais nous ne prévoyons
pas de modifications majeures dans l'immédiat, surtout étant
donné le statut de cette entente.
Pour revenir aux effets sur les personnes, c'était justement le
dernier volet de votre question Je pense que, effectivement, en matière
d'une certaine libéralisation du marché, on peut notamment
évoquer des questions tarifaires, on peut évoquer des questions
de publicité, comme il y a d'autres facteurs externes qui peuvent avoir
une influence à cet égard. Mais je pense que, actuellement, on
tente tous de tirer les bénéfices maximum de l'accord,
c'est-à-dire autant cela peut ouvrir des portes ici pour des personnes
venant des États-Unis... Évidemment, on a beaucoup de
professions, notamment le domaine de l'ingénierie, dont la
réception aux États-Unis n'a pas toujours été des
plus chaleureuses, parce que la profession d'ingénierie est très
forte au Québec. Alors, eux vont pouvoir commencer à frapper
à des portes qui leur avaient été fermées
auparavant. Mais du côté pratique, notamment dans le domaine des
sciences de cette nature, le génie et l'aménagement, c'est
là que l'on risque d'avoir les implications les plus certaines.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va,
madame?
Mme Blackburn: Je reviendrai peut-être sur les autres
questions, mais encore une autre question sur les impacts du
libre-échange sur la pratique professionnelle au Québec. Vous
venez de donner un exemple en pariant de la qualité de la formation
dispensée à nos ingénieurs. Vous dites que nous avons en
ingénierie une formation très forte comparativement aux
États-Unis. S'il est vrai que cela va ouvrir les portes du marché
américain à nos ingénieurs québécois, il est
également vrai que cela va ouvrir les portes du Québec aux
ingénieurs américains moins bien formés, peut-être
aussi bien formés mais ne couvrant pas toujours exactement le même
champ de compétence professionnelle. Est-ce que cela ne risque pas
d'avoir des effets sur la qualité des services qui sont offerts ici, de
même que
sur notre réglementation touchant la protection du consommateur?
C'est beaucoup! Quand on parle d'ouvrir le marché et de
déréglementer, cela veut dire que les règles que nous nous
sommes données comme État ne jouent plus ou risquent de subir des
brèches importantes.
Est-ce qu'on peut imposer, est-ce qu'on pourra ou est-ce qu'on sera en
mesure d'imposer aux Américains qui viendront effectuer des travaux chez
nous nos propres règles, touchant à la fois la qualité des
travaux ou des services professionnels offerts et les exigences à
l'égard de la protection du consommateur?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Mul-cair.
M. Mulcair: Oui, il y a une précision importante à
faire. Dans la même mesure où il fallait préciser tout
à l'heure que l'entente n'est pas en vigueur, il faut aussi constater,
en partant, que l'accord ne vise pas la législation existante,
c'est-à-dire que cela va être prospectif. On tentera de diminuer
les barrières pour l'avenir, mais cela n'aura pas un effet
rétroactif.
En d'autres mots, cela ne touchera pas la législation existante.
Cela n'appellera pas des modifications d'importance à cet
égard.
En ce qui concerne la protection du public, c'est vrai qu'il y a une
différence de formation parfois, mais je ne pense pas que c'était
là-dessus que j'étais tout à l'heure. Il faut tenter, dans
la mesure du possible, de s'harmoniser, de veiller à ce qu'une
profession qui est définie à un endroit ait une reconnaissance ou
des standards. Mais, cela se fait ailleurs, cela s'est fait en Europe lorsqu'on
a ouvert les frontières au mouvement libre des professionnels.
Justement, il y a des modèles qu'on peut aller regarder de ce
côté-là pour voir ce que cela peut donner en pratique.
Encore une fois, c'est important d'insister là-dessus, cela ne
vise pas... L'entente est très claire là-dessus, c'est
prospectif.
Mme Blackburn: Oui, je veux bien que vous nous disiez que
l'entente n'est pas encore en vigueur. Vous l'avez dit à plusieurs
reprises, qu'il ne faut pas commencer à s'alarmer immédiatement.
Mais est-ce qu'il y a quelque chose qui nous laisse entendre que cette partie
de l'entente pourrait subir des modifications?
M. Mulcair: Non, je ne suis pas en train de dire que le fait que
l'entente n'est pas en vigueur soit le facteur déterminant.
C'était pour dire qu'il y a un certain aspect de toute réponse
là-dessus qui doit demeurer dans le domaine de l'analyse et de la
spéculation. On ne peut pas dire quels seront les effets concrets.
Cela étant dit, il faut également se rappeler, comme on le
mentionnait tout à l'heure, que c'est prospectif en ce qui concerne la
protection du public. Évidemment, cela ne change rien à notre
législation et à notre réglementation, que ce soit la Loi
sur le bâtiment ou peu importe le domaine auquel on va toucher, toute
notre réglementation sur la sécurité et tout cela. Cela ne
sera pas touché, cela ne pourra pas être touché par cette
entente.
Mme Blackburn: Sur les honoraires, sur la publicité, sur
la réglementation touchant les professions?
M. Mulcair: Si on avait une nouvelle loi ou une nouvelle
réglementation que l'on voulait introduire à cet égard et
si cela contenait des choses qui pouvaient être perçues comme
étant des empêchements au libre-échange ou une entorse
à l'entente telle que prévue, ce serait un facteur d'analyse
dorénavant, tout comme le fait de décloisonner les
barrières de mobilité interprovinciale, tout comme la charte pour
ce qui est de certains autres aspects.
Mme Blackburn: Seulement une petite remarque que je me faisais,
c'est-à-dire une réflexion que je me faisais. Vous comparez ce
qui s'est passé en Europe avec le Marché commun et ce qui
pourrait éventuellement se passer ici par rapport à la
libéralisation des échanges, même pour les activités
professionnelles. Il faut savoir qu'en Europe, les lois touchant l'exercice des
professions se comparent assez bien d'un pays à l'autre, alors qu'il
semble que les lois touchant particulièrement la protection du
consommateur sont beaucoup moins avancées, beaucoup moins agressives, si
vous me passez le terme, aux États-Unis qu'elles ne le sont ici, de
sorte que, par exemple, on a compensé par des assurances et ainsi de
suite.
Évidemment, cela ne s'est pas fait de la même façon
et j'imagine que l'harmonisation ne sera pas aussi facile qu'elle l'a
été en Europe.
M. Mulcair: Si je peux par le biais d'un seul exemple
précis répondre là-dessus, c'est peut-être vrai que,
dans certains cas, on... C'est sûr que nos lois en matière de
protection du consommateur sont très développées. Mais
prenons un exemple bien précis aux États-Unis dans le domaine de
l'optique. Il y a eu deux avis d'émis par la commission
fédérale d'échange, la Federal Trade Commission des
États-Unis, concernant le domaine de l'optique et ils ont
été assez sévères. En ce qui concerne la
publicité, il y avait beaucoup de règlements qui interdisaient
toutes sortes de choses. Comme c'est à leur niveau national, c'est juste
pour dire que les notions s'appliquent quand même de leur
côté à certains égards. Ils ont dit dans un avis qui
s'appelait "Eye glasses II" qu'une réglementation visant à
restreindre la publicité et qui vise spécifiquement à
protéger le public, cela va, mais, si cela vise à protéger
un marché ou des intérêts économiques, cela ne va
pas. On peut voir que, de leur côté, et c'est vraiment dans
leur champ, ils se sont quand même prononcés assez
sévèrement là-dessus. Ils sont en train de regarder
d'autres domaines aussi.
Reconnaissance des diplômés de
l'ETS
Mme Blackburn: J'aimerais que vous me parliez de l'état de
votre réflexion touchant la reconnaissance des diplômés de
l'École de technologie supérieure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si vous me le permettez, je vais fournir des
renseignements plus récents à ce sujet. L'École de
technologie supérieure a été fondée dans un
contexte qui était de nature à créer des problèmes
avec l'Ordre des ingénieurs. On voulait, à l'École de
technologie supérieure, former des sortes d'ingénieurs en
génie appliqué, mais on n'avait pas vu à s'assurer l'aval
de l'Ordre des ingénieurs et de l'Institut canadien des
ingénieurs. Il est arrivé qu'au cours des années la
formation donnée à l'École de technologie
supérieure, parce qu'elle ne répondait pas exactement aux
exigences générales de l'Institut canadien du génie, n'a
pas été agréée par l'Ordre des ingénieurs du
Québec. En conséquence, les diplômés de
l'École de technologie supérieure n'ont pas pu avoir accès
au titre d'ingénieur qu'ils souhaitaient vivement obtenir. Le
gouvernement précédent avait tranché le problème
d'autorité, en disant qu'il avait créé deux
catégories d'ingénieurs. En somme, il y aurait des
ingénieurs qui seraient ceux qui venaient de l'ETS et les autres. Cette
décision a fait l'objet d'une contestation devant les tribunaux.
Finalement, les tribunaux, suivant les dernières décisions
rendues, ont invalidé la décision du gouvernement et donné
raison au point de vue des ingénieurs.
J'ai essayé par tous les moyens depuis deux ans de rapprocher les
parties afin d'essayer de les faire négocier entre elles, suivant la
politique du gouvernement qui consiste à ne pas imposer de
règlement d'en haut dans les problèmes de conflit de
frontières qui peuvent opposer les membres d'une profession à
ceux d'une autre profession. Jusqu'à ces temps derniers, les efforts que
j'avais multipliés a plusieurs reprises n'avaient pas porté
fruit. La situation demeurait extrêmement incertaine. Même, cela
entraîne des conséquences sérieuses, les inscriptions
à l'École de technologie supérieure s'en ressentent. J'ai
demandé à l'ETS et à l'Ordre des ingénieurs s'ils
accepteraient qu'un médiateur intervienne dans le conflit afin d'essayer
de les rapprocher et la proposition a été rejetée par
l'Ordre des ingénieurs qui disait qu'il n'y a aucune matière
à négociation dans cette situation.
Tout récemment, j'ai reçu une lettre du directeur de
l'École de technologie supérieure dans laquelle il me dit qu'il
est prêt à envisager la possibilité d'enrichir le programme
d'études de l'ETS, de manière que ses diplômés
reçoivent une formation où le nombre de crédits
répondrait aux exigences de l'Institut canadien du génie, qui est
l'organisme d'accréditation en ces matières. C'est une ouverture
qui est tout à fait inédite et qui ouvre des perspectives
intéressantes que nous allons examiner avec l'Ordre des
ingénieurs. Cela pourrait permettre de régler le problème
des futurs étudiants de l'ETS. Il restera le problème très
délicat de ceux qui ont été diplômés de l'ETS
depuis une quinzaine d'années. C'est l'état actuel du dossier et
au stade où cela en est, je ne pense pas que l'Office des professions
puisse faire grand-chose pour le régler, parce qu'il y a un
problème de formation universitaire d'un côté et ensuite de
définition du statut de ces personnes-là dans la
carrière.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. (22 h 15)
M. Ryan: Je vous l'indique, M. le Président, je suis
favorable à l'orientation proposée par le directeur de l'ETS. Le
problème qui en découlerait, c'est que si nous acceptons la
proposition, nous créons une autre école de génie a
Montréal. Nous avons déjà une école de génie
à McGill, nous en avons une à l'Université de
Montréal nous en avons une à l'Université Concordia, est-
ce qu'il faut une quatrième école de génie au sens propre
du terme? Là, il faudra qu'on demande l'avis du Conseil des
universités, l'avis des autorités concernées, afin de
savoir à quoi nous en tenir. C'est bien facile de dire qu'on en
crée une de plus pour régler le problème, mais il faudra
s'assurer que ce soit vraiment une solution rationnelle, et acceptable aux yeux
des milieux compétents.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. M. le Président, le ministre nous
dit: Ce serait l'équivalent d'ouvrir une nouvelle faculté de
génie, et on en a déjà plusieurs. Je pense que ce qu'il
est important de dire par rapport au programme de l'ETS, l'École de
technologie supérieure, même si on doit l'enrichir, il ne faudrait
pas le modifier de manière telle qu'il perde de ses qualités. Il
y a, dans la formation dispensée à l'ETS, une formation qui est
plus proche de l'application que de la théorie, et qui rend les
diplômés très efficaces et cela, rapidement. Je pense que
si on veut trop calquer le programme de l'ETS sur celui des autres
écoles de génie, je ne suis pas sûre qu'on fasse un bon
mouvement. Je ne suis pas certaine que cela soit vraiment apparenté
à la création d'une nouvelle école de génie, sinon
ce serait exactement ou sensiblement les mêmes programmes qui devraient
passer par la voie de l'accréditation pancanadienne, et des grands
organismes d'accréditation, je ne suis pas certaine. Je suis
quand même heureuse d'apprendre que le ministre travaille à
ce dossier. Je souhaiterais seulement que cela se règle le plus
rapidement possible, parce que effectivement, cela affecte le moral des jeunes.
J'ai rencontré les étudians de l'ETS, et ils adorent leur
école, ils s'y sentent bien, ils sont bien encadrés, ce n'est pas
une école ... il n'y a pas tellement d'étudiants, ce qui fait que
c'est vraiment un climat particulier qui favorise le travail et les
études. Mais, ils trouvent cela décourageant, parce que la
situation qui est la leur fait que, même s'ils se trouvent un emploi
très rapidement, le taux de placement est excellent, avec un salaire
relativement élevé, très comparable, sinon
supérieur à celui des ingénieurs, ils plafonnent au bout
de cinq ou six ans, dans leur profession, parce qu'ils ne peuvent pas signer de
devis, ainsi de suite. Pour toutes ces raisons, je pense qu'il faut
régler cela le plus rapidement possible, d'autant qu'on sait que ces
jeunes diplômés nous viennent du secteur professionnel des
collèges. Et on sait que, dans le secteur professionnel des
collèges, il y a une diminution des admissions à l'enseignement
professionnel, ce qui a en plus des conséquences évidemment sur
les demandes d'admission à l'ETS. Je pense que ce dossier devrait
être réglé rapidement.
Je sais qu'à l'ETS également, il y a une demande
d'extension de leur programme à d'autres universités du
Québec, et plus particulièrement, je pense, dans la région
de Québec, ici. Je me demandais, par la même occasion, si le
ministre en avait été informé, et s'il avait l'intention
d'autoriser l'ouverture?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je n'avais pas été
informé, ni consulté. Mais j'ai laissé savoir aux
autorités de l'ETS que je voulais qu'ils procèdent avec une
infinie prudence en matière d'expansion, tant que nous n'aurons pas
clarifié les problèmes qui sont présentement en suspens.
Je ne tiens pas à ce qu'on fasse de l'expansion dans ces conditions.
Alors que la clientèle a diminué à Montréal, ce
n'est pas le temps d'aller faire de l'expansion ailleurs, tant que nous
n'aurons pas clarifié le statut de la formation qui est donnée
à l'ETS.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Et cela s'applique à la région de
Québec, évidemment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
Programme 8.
Le statut des sages-femmes
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, j'aimerais aborder la
question du statut des sages-femmes. Je pense, si je ne m'abuse, qu'il reste
deux pays ou deux endroits au monde où on n'a pas légalisé
la profession de sage-femme: en Afrique du Sud et ici. Je ne suis pas certaine,
mais.... on doit souffrir des mêmes problèmes de racisme. Blague
à part, c'est vraiment très développé,
particulièrement dans les pays d'Europe où elles ont non
seulement un statut, mais elles font également partie intégrante
des services de santé. Je voudrais savoir où en est la
réflexion sur ce sujet. C'est pour quand la reconnaissance du statut de
sage-femme, et l'ouverture ou la définition d'un champ de
compétence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, l'Office des professions m'a
soumis, il y a environ un an et demi déjà, si mes souvenirs sont
exacts, un avis dans lequel il recommandait la régularisation du statut
des sages-femmes et la possibilité d'accéder à l'exercice
légalisé de cette profession par le truchement d'un organisme qui
aurait été mandaté à cette fin.
Maintenant, nous avons discuté avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux de ce sujet. Le ministère de la
Santé et des Services sociaux a procédé à des
consultations de son côté, il en ressort que si nous
légalisons l'exercice de la profession de sage-femme, il y a danger que
nous créions un champ exclusif. À ce moment-là, cela
crée un problème pour la définition du champ de
compétence des infirmières et, également, du champ de
compétence des médecins. Comme la commission Rochon devait
réexaminer tout le statut des professions de la santé, que
c'était dans le mandat qui lui avait été confié,
nous avons préféré attendre, avant de statuer sur cette
question, que le rapport Rochon ait été publié et
discuté. Pour le moment, nous n'avons pas statué sur ce
problème. Il n'y a pas d'urgence très grave. Étant
donné le mouvement de la natalité au Québec, il n'y a pas
une urgence mathématique de ce côté. Nous examinons le
problème.
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux va faire sa
tournée de consultation. Au terme de cette tournée, nous ferons
le point sur le sujet et nous aviserons. En principe, nous n'avons pas
d'objection à donner suite à la recommandation qui a
été formulée par l'Office des professions, mais il faudra
voir comment l'application de cette profession viendra s'intégrer dans
le partage des champs de compétence entre les autres professions qui
sont également concernées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre, lorsqu'il ne
sait pas trop quoi répondre, dit toujours: II n'y a pas une
urgence nationale. Je vais finir par croire que la seule urgence nationale
qu'il a reconnue depuis qu'il est à ce ministère, cela a
été l'amnistie des illégaux.
Il fait un rapport, que je trouve douteux, entre la
nécessité de la légalisation, de la reconnaissance de la
profession de sage-femme et la dénatalité. Le taux de
natalité en Allemagne et en France, que je sache, n'est pas très
différent du nôtre et cette profession est reconnue. C'est reconnu
dans le monde et, de plus en plus, depuis déjà de nombreuses
années, on parle d'humaniser, je ne dirais pas cette activité
mais l'acte de donner naissance à un enfant; que cela se passe, de
préférence, quand c'est possible, dans les conditions choisies
par la mère. C'est un discours que tout le monde connaît. Il est
étonnant qu'on traite cela de façon aussi cavalière. Je
comprends qu'il y a un problème de définition des tâches
entre lesinfirmières, les sages-femmes et les
médecins, mais ces situations ont certainement été
réglées par tous les autres pays; ce ne doit pas être
quelque chose d'insurmontable. À ce sujet, le ministre a un avis. On
sait, également, que les services professionnels des sages-femmes
sont... L'activité se fait dans des conditions, je dirais, un peu plus
naturelles, si vous me passez l'expression et elles sont moins coûteuses
que lorsqu'on fait appel aux services d'un médecin.
Il me semble que c'est autant d'arguments qui devraient nous amener
à agir assez rapidement dans ce dossier. Et rapidement, c'est relatif,
quand on sait que ce dossier est sur la table depuis de nombreuses
années. On n'est pas plus avancés. Le ministre dit: II n'y a pas
d'urgence nationale parce qu'on n'a pas un taux de natalité qui indique
qu'il faut se presser en ce domaine. Je trouve que c'est spécial comme
réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: D'abord, je ne vois pas ce que l'allusion aux
illégaux vient faire dans le débat de ce soir; c'est un vieux
préjugé, un vieux penchant bien familier à la
députée de Chicoutimi qui n'a absolument rien à voir avec
le débat de ce soir. Elle aurait pu citer la réorganisation de la
formation professionnelle de niveau secondaire ou la réorganisation des
programmes de concentration en sciences humaines, en sciences de la nature que
nous sommes en train d'effectuer. Elle aurait pu citer les mesures de soutien
financier aux universités, le redressement dont nous avons fait la
preuve mathématique, cet après-midi. Cela ne sert pas ses
intérêts politiques, on la comprend! On va continuer à
travailler de façon constructive.
Sur le problème des sages-femmes, j'indique que j'ai reçu
très peu de représentations depuis deux ans et demi que nous
sommes en fonction. Ce n'est sûrement pas un problème de
très grande urgence. C'est un problème qui mérite un
examen. Nous le faisons, nous allons le poursuivre et, dans les délais
utiles, nous y apporterons une solution appropriée. Je ne le range pas
parmi les problèmes de très grande urgence, c'est vrai. Cela
étant dit, cela ne veut pas dire que nous ne le réglerons pas
d'une manière satisfaisante. Pendant ce temps, il mûrit, la
discussion se fait. Il est absolument essentiel, cela concerne deux
ministères, qu'une synthèse soit faite avec le ministère
de la Santé et des Services sociaux. De ce côté,
malgré toute la bonne volonté qu'on pourrait avoir, la
synthèse ne viendra pas tant que le débat sur les questions
soulevées par le rapport Rochon n'aura pas eu lieu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Blackburn: Je pense que le ministre le comprend
également, le pouvoir de lobby de ce regroupement des sages-femmes n'a
aucune commune mesure avec le pouvoir de lobby des médecins, par
exemple. Ils ont l'argent, ils ont les traditions et ils ont le prestige qui
fait qu'ils sont capables de parler. Ils ont une permanence, qu'on
connaît, qui est efficace et qui est libérale juste et qu'on
entend assez régulièrement un peu appelée sur toutes les
tribunes. C'est bien évident que les sages-femmes ne sont pas tout
à fait équipées de la même façon mais depuis
que je suis porte-parole de l'Opposition dans ce dossier, j'ai eu
déjà plusieurs représentations qui m'ont été
faites par ce groupe. Je suis étonnée que le ministre me dise
qu'on n'a pas attiré son attention sur ce dossier plus souvent. Je me
demande si ces personnes n'ont pas demandé à vous rencontrer et
si elles ont été reçues. Cela m'étonne parce que,
à plusieurs reprises, on s'est interrogés pour savoir où
on en était ce dossier. J'imagine que ce n'est pas de moi qu'elles
attendaient les réponses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Justement, au cours des derniers mois, j'ai eu une
démarche de la part de l'Association des sages-femmes et on demandait
que nous participions au financement d'une délégation qui voulait
aller participer à un congrès sur les sujets qui
intéressent les sages-femmes en Europe. Nous avons été
très heureux de leur fournir un concours financier. Si elles veulent
nous donner un rapport de leurs observations, au retour, nous serons
également très heureux de l'entendre.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut aussi laisser le message aux
sages-femmes que vous serez prêt à les accueillir, à les
recevoir et à
entendre leurs revendications?
M. Ryan: Lorsque le débat sur le rapport Rochon aura eu
lieu de l'autre côté, pour le moment je pense que c'est mieux
qu'elles aillent faire entendre leurs points de vue du côté de la
Santé et des Services sociaux. Quand ce débat aura eu lieu, moi,
je serai très heureux d'assumer ma part de responsabilités dans
le dossier.
Mme Blackburn: C'est juste. Je reconnais que les besoins et la
nécessité de cette profession relèvent des
responsabilités de la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Comme le ministre est responsable de l'Office des professions qui
légalise le statut, en quelque sorte, des sages-femmes, je pensais que
c'était ici qu'il fallait davantage poser ces questions. Ce dont je
voulais juste m'assurer, c'est qu'à un moment donné ce dossier
puisse accoucher, si vous me passez le terme, pour qu'on puisse tranquillement,
au Québec, offrir ces nouveaux services professionnels aux futures
mères.
M. Ryan: Je veux juste ajouter un mot, M. le Président Je
crois que depuis que nous occupons le pouvoir, nous n'avons pas
accrédité une nouvelle corporation professionnelle. Si mes
souvenirs me trompent, mon collaborateur, M. Yves Patry, me corrigera. Par
conséquent, nous n'avons pas donné de statut de corporation
professionnelle.
Une voix: Les naturopathes.
M. Ryan: Non, non, justement ils voulaient être reconnus
comme corporation et nous leur avons dit de faire leurs classes d'unité
et de compétence pour commencer. C'est le message qui leur a
été transmis. Quand ils auront fait leurs classes à ces
deux points, leurs preuves, nous serons très heureux d'entendre leurs
représentations. Je pense que la voie est très clairement
indiquée par la législation que nous avons adoptée sur
cela. Il y a tellement de corporations professionnelles au Québec, qu'il
ne faut pas non plus les multiplier. Nous y allons avec une infinie
circonspection. Cela n'exclut pas la possibilité que ce dossier qui a
été mentionné soit l'objet d'une décision positive.
Nous sommes prudents parce que, déjà, nous avons une organisation
fort complexe et relativement complète.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce que le programme 8 est terminé?
Mme Blackburn: Terminé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-il
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté
Alors, la commission permanente de l'éducation ajourne ses travaux
à demain matin, 10 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 22 h 32)