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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission à prendre place. La
commission permanente de l'éducation va poursuivre ses travaux, à
savoir l'étude des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Je vous ferai remarquer que le mandat qui
nous a été confié devait se réaliser à
l'intérieur d'un bloc d'heures totalisant neuf heures. Normalement, ce
matin, la commission se réunit pour une période de deux heures
vingt-cinq minutes, étant donné qu'hier nous avons gagné
cinq minutes sur notre période de temps allouée.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bleau
(Groulx) remplace M. Khelfa (Richelieu).
Enseignement universitaire (suite)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Pour faire
suite aux travaux déjà amorcés hier, j'appelle
immédiatement le programme 6 dont nous avions suspendu l'étude,
au début de l'après-midi, pour passer à d'autres
programmes. Ensuite, nous suivrons l'ordre du jour qui avait été
proposé au début, à savoir le programme 4 et le programme
3.
Le programme 6 a pour titre: Enseignement universitaire. Je reconnais,
comme première intervenante, la députée de Chicoutimi et
porte-parole de l'Opposition officielle en matière de science et
d'enseignement supérieur. Mme la députée.
Les équipements
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Comme vous le
rappeliez, il ne nous reste que deux heures vingt-cinq minutes. On va essayer
de mieux partager le temps entre les divers éléments qu'il reste
à examiner. En poursuivant l'étude du programme 6, Enseignement
universitaire, j'ai quelques questions à poser, une première sur
les investissements universitaires en matière d'équipements. Je
sais que le plan de développement, le pian quinquennal, pour
l'année 1988-1989, devrait être présenté au Conseil
du trésor. Je peux savoir de la part du ministre l'ordre des demandes
par rapport aux investissements universitaires, cette année, ce qui a
été présenté au Conseil du trésor. Quel
budget le ministre a-t-il demandé en matière d'investissements
pour 1988-1989?
M. Ryan: Tout d'abord, le plan d'investissements 1987-1992 a
reçu l'approbation du Conseil du trésor récemment.
À ma connaissance, il n'a pas encore été approuvé
définitivement par le Conseil exécutif; il doit l'être
d'une semaine à l'autre.
Une voix:...
M. Ryan: Oui. Par le Conseil des ministres? Le 23 mars, pense que
j'étais absent à cette réunion. Le plan de 1987-1992, par
conséquent, vient tout juste d'être approuvé par le Conseil
exécutif après avoir été approuvé par le
Conseil du trésor. Comme vous le savez, il y a toujours un délai
entre le moment où ce plan est expédié au Conseil du
trésor et le moment de l'approbation, ce qui fait que depuis de
très nombreuses années, il y a toujours un décalage d'au
moins une année entre l'approbation du plan et l'année pour
laquelle il doit s'appliquer, ce qui crée des embarras pour tout le
monde. Nous essayons de combler cet écart. J'ai demandé que, pour
la présente année, tout le monde fasse diligence, que
nous-mêmes fassions diligence pour soumettre notre plan quinquennal au
Conseil du trésor plus tôt et que le Conseil du trésor
procède de manière plus expéditive pour l'examen du plan
de manière que nous puissions savoir à quoi nous en tenir
beaucoup plus tôt dans l'année. Cette année, nous
espérons que le plan 1988-1993 que j'ai expédié au Conseil
du trésor il y a déjà une couple de semaines pourra
être l'objet d'un examen et d'une décision de la part du Conseil
du trésor avant la fin de juin.
En réponse à la question de la députée de
Chicoutimi qui demandait quels étaient les montants que nous avions
demandés, pour l'ensemble de la période 1988-1993, nous demandons
en parachèvements totaux des sommes de 376 000 000 $ et en initiatives
nouvelles des sommes de 67 000 000 $, pour un total de 444 000 000 $. Pour
l'année 1988-1989, nous demandons des parachèvements de 83 000
000 $, des initiatives nouvelles de 14 000 000 $, pour un total de 97 800 000
$.
Mme Blackburn: C'est environ 5 %. Au moment où le ministre
parlait de redressement du financement, le ministre avait demandé 45 000
000 $ sur trois ans en crédits additionnels. On sait que ce qui a
été accordé, c'est 5 000 000 $. Est-ce que le ministre
revient à sa demande initiale, c'est-à-dire 45 000 000 $ sur
trois ans, ou encore la correction de ces 45 000 000 $sur...
M. Ryan: Pour le moment, ce sont des demandes qui sont à
l'étude au Conseil du trésor. Je n'ai pas de communication
à faire là-dessus maintenant. Quand ce sera approuvé par
le Conseil du trésor, j'aurai des communications à faire, mais,
pour le moment, je ne veux pas
négocier les demandes que je soumets au Conseil du trésor
avec l'opinion publique. Ce n'est pas la façon dont nous
procédons au gouvernement.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir du ministre s'il a
l'intention d'accepter la recommandation du Conseil des universités, au
chapitre des équipements, qui avait particulièrement
signalé l'insuffisance du budget, même si le ministre
lui-môme avait demandé 45 000 000 $? C'est ce qu'on voudrait
savoir ce matin. Je pense que les intervenants sont en droit de s'attendre
à une réponse là-dessus.
M. Ryan: Nous sommes attentifs aux avis que le Conseil des
universités nous donne, y compris celui-ci.
Le financement des universités en
régions
Mme Blackburn: Non-ingérence, cela ressemble à
cela.
Sur une autre question, hier, le ministre nous disait qu'il ne
s'était pas engagé à préparer la formule de
financement plus tôt que l'échéancier qu'il s'était
donné et j'ai cru percevoir qu'il n'était pas certain qu'on
puisse avoir cette formule de financement renouvelée pour le prochain
exercice financier, pas pour celui qui s'en vient, mais pour celui de
1989-1990. La formule actuelle de financement, d'autant que le ministre
reconduit les mêmes règles de répartition des
crédits additionnels de 39 000 000 $ qui lui sont alloués, les
mêmes règles que l'an passé, cela ne vient aucunement
corriger le sous-financement des universités en régions. Je vais
rappeler ce que les universités en régions défendent.
À l'occasion des compressions budgétaires qui ont
frappé le réseau, plus particulièrement depuis 1984, alors
qu'on était en crise économique importante, majeure, on le
reconnaît, le réseau des universités du Québec,
contrairement aux grandes universités, a effectué des
corrections, des diminutions de programmes, a mis fin à un certain
nombre d'activités de manière à rentrer dans les objectifs
de financement que s'était donnés le gouvernement. Les
universités en régions, donc l'UQ, ont connu un déficit
beaucoup plus bas que certaines grandes universités qui n'ont pas tenu
compte des contraintes budgétaires. Cela place les universités en
régions dans une situation extrêmement précaire et si le
ministre, selon ce que j'ai bien compris hier, et qui semble être
confirmé ce matin, dit que la nouvelle règle de financement ne
serait pas adoptée avant deux exercices financiers, je prétends
qu'avec les règles actuelles, les universités régionales
sont menacées, à la fois en ce qui concerne
l'accessibilité et la qualité des services offerts en
régions.
Le ministre a reçu un avis touchant le rôle, le
financement, la mission des universités en régions. Ce rapport
lui a été remis par un comité qu'il a lui-même
formé et qui était présidé par M. Després.
Je voudrais savoir de la part du ministre à quel moment il va prendre
des décisions à la suite des recommandations du rapport
Després en ce qui concerne plus particulièrement le financement
des universités. On se rappellera que le rapport Després,
à l'unanimité, recommandait un financement pour les
universités en régions qui s'inspirait de la formule ontarienne
Northern Grant, formule dont la règle de base est la suivante: un
financement uniforme pour toutes les universités et un pourcentage
additionnel de 10 % pouvant aller jusqu'à 21 % pour les
universités en régions. Ce pourcentage de 10 % est pour tenir
compte de l'éloignement, de leur situation d'universités en
régions et les autres pourcentages viennent s'additionner pour
l'enseignement à distance, les services à la collectivité,
ainsi de suite, ce qui donne à certaines universités ontariennes
un budget qui excède de quelque 20 % ou 21 % le budget de base.
C'était la formule de financement que recommandait le rapport
Després.
La situation, je le rappelle, dans les universités
régionales est de plus en plus précaire et les déficits
vont s'accumulant. Ce que je veux savoir du ministre, c'est s'il a l'intention
de modifier la formule de financement pour les universités en
régions sans attendre la nouvelle formule qui pourrait attendre encore
deux ans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, M. le Président, je voudrais dire
que les crédits additionnels de 40 000 000 $, en 1987-1988, et de 39 000
000 $, en 1988-1989, qui ont été réservés pour les
subventions de fonctionnement et d'investissements des universités pour
la partie équipements et bibliothèques ont été
répartis à la suite de discussions avec les universités,
comme j'ai eu l'occasion de le dire à maintes reprises, incluant
l'Université du Québec. Sur l'ensemble des 40 000 000 $,
l'Université du Québec s'est vu attribuer une somme de 6 684 000
$ qu'il lui revient à elle de répartir entre les institutions qui
font partie de son réseau. Il n'incombe pas au gouvernement d'avoir des
négociations particulières en matière budgétaire
avec chaque constituante de l'UQ. Ce serait la négation même du
concept de réseau que nous avons épousé et que la
députée de Chicoutimi défend avec beaucoup de vigueur
depuis qu'elle s'occupe des questions d'éducation. De ce point de vue,
je crois que la négociation s'est faite avec l'Université du
Québec qui a accepté le partage proposé en disant qu'elle
n'était pas complètement satisfaite mais qu'elle se reprendrait
lors de l'étude sur la formule de financement. C'est à
l'Université du Québec qu'il incombe de procéder au
partage de cette somme avec ses constituantes. Par conséquent, nous
n'avons pas de négociation particulière avec les constituantes
à ce
moment-ci. Cela ne m'empêche pas, si je passe à Rimouski un
jour et que le conseil d'administration demande à me voir, comme c'est
arrivé récemment, à la suite de l'aimable invitation du
député de Rimouski, de les rencontrer. Ils me parlent de leurs
problèmes financiers et j'enregistre. Je suis très
intéressé à prendre les informations qu'on veut bien me
donner. Je ne vais pas là pour trancher des problèmes pardessus
la tête de la direction de l'Université du Québec. De ce
point de vue-là, encore une fois, l'Université du Québec
m'a signifié par lettre qu'elle acceptait le partage proposé et
que les points qui étaient perfectibles, elle les réservait pour
l'étude de la formule de financement.
Deuxièmement, en ce qui touche le rapport Després dont
j'ai eu l'occasion de parler hier, j'ai d'abord indiqué clairement que
je ferais part des conclusions auxquelles en vient le gouvernement au sujet du
rapport Després, à l'assemblée générale de
l'Université du Québec, d'ici la fin du mois d'avril,
c'est-à-dire d'ici une dizaine de jours, quoique mon bureau a
fixé la date d'une rencontre avec l'assemblée
générale hier. À cette occasion, je leur ferai part de mes
conclusions et de la position du gouvernement sur chacun des points
soulevés dans le rapport Després, y compris la question que
soulève la députée de Chicoutimi concernant l'adoption
immédiate d'une formule du type Northern Grant. Sur ce point
précis, je vais vous dire tout de suite que la réponse sera
négative dans l'immédiat. Pour la période de transition,
le gouvernement s'en tient aux crédits qui ont été
annoncés et dans l'étude que nous poursuivons, une formule de
financement rationnelle, équitable, stable et réaliste, ce point
fera l'objet d'une étude particulière. Nous aurons des
représentations des constituantes et de l'Université du
Québec, évidemment. Ce point-là fera l'objet d'une
étude et ensuite d'une détermination particulière en temps
utile.
Mme Blackburn: Je voudrais savoir du ministre s'il estime que la
formule Northern Grant est une formule acceptable et qu'on peut reprendre au
Québec pour le financement des universités en régions?
M. Ryan: C'est une formule qui offre beaucoup d'aspects
intéressants sur laquelle je n'émettrai pas d'opinion
catégorique tant qu'on n'aurai pas fait l'étude ensemble de tous
les ingrédients d'une éventuelle formule de financement des
universités qui soit plus satisfaisante que la formule historique
actuelle. J'ai indiqué hier assez clairement, si mes souvenirs sont
exacts, que j'avais dit à nos fonctionnaires de préparer une
hypothèse de travail en toute liberté, ils ont déjà
des indications générales que j'ai fournies à maintes
reprises dans mes interventions. J'en ai fourni encore hier. Il y a un
fonctionnaire qui est venu me voir après la séance d'hier et qui
m'a dit: Sur tel point, on saisit un petit peu plus clairement dans quel sens
on doit travailler. Il voyait que cela leur donnait beaucoup de marge. Ils me
feront leurs représentations, ensuite nous ferons le
dépeçage de ces représentations, suivant la méthode
critique habituelle.
Mme Blackburn: M. le Président, je comprends, lorsqu'il
s'agit d'une activité à caractère plus technique, qu'on
puisse laisser la responsabilité aux fonctionnaires, li est bien
sûr que ce genre de calculs, ce n'est pas tout le monde qui a la
compétence pour les faire et que cela prend des spécialistes pour
les faire. Cependant, je pense que cela relève de la
responsabilité du ministre de donner un certain nombre d'indices quant
aux priorités à accorder ou à ne pas accorder. Est-ce que
c'est aux fonctionnaires de décider si on doit ou non privilégier
le développement des universités en régions, adopter des
mesures qui favorisent leur développement, qui leur permettent de jouer
un rôle d'agents de développement au sein de leur
collectivité? Cela ne relève pas de la responsabilité des
fonctionnaires. Cela relève essentiellement des orientations et des
décisions à caractère politique. C'est trop facile de
dire: Je laisse toute la latitude à mes fonctionnaires. Ces directives,
ces orientations doivent être données par le ministre. C'est sa
responsabilité. C'est dans ce sens que ma question est posée. Je
ne veux pas savoir si, mécaniquement, on va mettre 5 % là, 2 % et
ainsi de suite. Ce n'est pas ce qui m'intéresse ce matin. Ce que je veux
savoir: Les indications qui ont été données aux
fonctionnaires, l'ont-elles été à l'effet qu'on tienne
compte dans les calculs, dans la nouvelle formule de financement, d'un certain
nombre de paramètres qui prennent en compte la responsabilité des
universités en régions de contribuer au développement
régional, d'assurer l'accès le plus large possible à
l'enseignement supérieur, de déconcentrer les enseignements?
Est-ce que ces indications ont été données aux
fonctionnaires qui sont en train de travailler sur la future formule? (10 h
30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Merci. J'ai indiqué tantôt que je vais
rencontrer l'assemblée générale de l'Université du
Québec au cours des prochains jours afin de lui faire part de nos
conclusions au sujet du rapport Després. Dans les 44 recommandations du
rapport Després, il y en a cinq ou six au moins qui traitent des
universités en régions. Je vais leur faire part de ma position
sur ce sujet et après que nous aurons précisé cette
position, c'est un document qui va être à la disposition des
fonctionnaires et ils sont assez intelligents pour comprendre qu'ils vont
être obligés d'en tenir compte. Tu n'es même pas
obligé de leur faire des dessins, ils comprennent cela tout de
suite. Alors, cela fera partie des éléments qu'on fournira
à l'assemblée générale de l'Université du
Québec. C'est là que cela doit être donné d'abord.
Mais avant de s'aventurer trop loin dans telle ou telle formule, la
première tâche est de définir clairement quelle est la
mission de l'université en régions. C'est la première
fonction qui sera assumée par le ministre dans les rencontres qu'il aura
avec la direction de l'Université du Québec. Une fois qu'on aura
précisé clairement quelle est la mission constituante de
l'Université du Québec en régions, on sera mieux
placé pour dire quelles doivent être les conséquences au
point de vue des modes de financement.
Mme Blackburn: Bien. C'est exactement la conclusion que je tire.
Comment les fonctionnaires peuvent-ils avoir toute la latitude et toute la
liberté pour travailler sur des hypothèses touchant la nouvelle
formule de financement alors que le ministre vraisemblablement ne s'est pas
arrêté sur la mission des universités en régions et
les paramètres qui devraient en tenir compte dans la formule de
financement?
M. Ryan: M. le Président, je viens justement de dire que
cela va faire l'objet de la communication que je ferai à
l'assemblée générale des gouverneurs de
l'Université du Québec d'ici une dizaine de jours. Pensez-vous
que c'est improvisé ce matin la réponse qui va être
donnée à l'assemblée générale de
l'Université du Québec? C'est en préparation avec
l'étroite collaboration de mes fonctionnaires depuis six mois.
Mme Blackburn: Simplement ma question, est-ce que...
M. Ryan: Le travail d'un ministère, c'est un tout et ce
sont des vases communicants continuellement. On n'est pas obligé
d'envoyer des petits billets: Faites ceci, faites cela. Ce n'est pas comme cela
qu'on fonctionne.
Mme Blackburn: Le ministre affirme deux choses qui me semblent
être un peu contradictoires. D'une part, il dit: Je vais rencontrer l'UQ
la semaine prochaine et leur faire part de ma réflexion sur cela et
discuter avec eux sur cela. J'imagine que c'est à la fois une rencontre
de consultation ou si les décisions sont prises?
M. Ryan: Les consultations ont eu lieu depuis six mois de
manière intensive...
Mme Blackburn: Et les décisions...
M. Ryan: ...et les conclusions seront communiquées
à l'assemblée générale de l'Université du
Québec.
Mme Blackburn: Ce matin, il est impossible de nous dire si, dans
les directives qui ont été données aux fonctionnaires...
Vous dites: Ils travaillent en toute liberté. Mais je présume que
c'est de la responsabilité du politique d'indiquer certains
paramètres par rapport aux priorités qu'on se donne. Là,
je pense encore aux universités en régions. Est-ce qu'on peut
penser que vos fonctionnaires ont déjà les indications qui leur
permettent de travailler dans une direction qui va tenir compte de la mission
des universités en régions?
M. Ryan: Ils sont déjà au travail. Ils ont fait un
recensement de tous les bouts de déclarations que j'ai faits quand
j'étais dans l'Opposition, depuis que nous sommes au pouvoir. Il y en a
amplement pour leur fournir dix hypothèses de travail au moins seulement
sur le sujet que soulève la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, il ne s'agit pas de dix
hypothèses, il s'agit de choisir la bonne. Je voudrais seulement
rappeler au ministre un des engagements, si ce n'est pas dans les engagements
du Parti libéral, c'est dans le document qu'il avait produit parce que
les écrits suivent, en ce sens qu'il reconnaîtrait la mission
régionale des universités du Québec en régions et
un financement qui corresponde. Il faudrait que je retrouve cette ligne parce
que, évidemment, quand il s'agissait des universités en
régions, ce n'était pas très prolifique. C'est pour cela
qu'on retient les quelques mots du ministre lorsqu'il en parle. Mais il y a
dans son document ou dans les engagements du Parti libéral cette ligne
touchant la reconnaissance et le financement des universités en
régions.
M. Ryan: M. le Président?
Mme Blackburn: Alors, j'espère que cela aussi viendra
influencer les fonctionnaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: La communication que je ferai à
l'Université du Québec comprendra plus que des refrains lyriques
sur ce thème, cela comprendra des indications précises
d'où dériveront, évidemment, des conclusions quant au mode
de financement et aux priorités qui doivent être
établies.
Mme Blackburn: En parlant de refrains lyriques et de
trémolos dans la voix, on aurait aimé et les universités
du Québec également que le ministre en ait un peu plus lorsqu'il
s'agissait du sous-financement des universités en régions. La
formule de financement pour le partage des 40 000 000 $, je me rappelle
pertinemment les conversations qu'on a eues sur cela. 40 000 000 $ la
première année, vous avez dit: Cela n'engage à rien par
rapport à ce que sera la formule de partage pour la seconde
année. Là, on sait qu'à présent, à
l'exception d'une modification tou-
chant les déficits sur l'année pour laquelle on commencera
à compter des déficits, la formule de partage des 40 000 000 $ de
l'an passé est reconduite pour cette année, en dépit des
affirmations contraires l'an passé. Cela veut donc dire que la part des
universités du Québec - il est peut-être important de le
rappeler ici - pour les 40 000 000 $ a été de 17 %, alors que les
universités du Québec recueillent 27 % des clientèles. Je
pense que cela nous indique dans quelle direction ont porté les
décisions par rapport au partage des 40 000 000 $.
Ce qui inquiétait les universités régionales
à l'époque, je le rappelle, c'est que la formule de partage pour
les 40 000 000 $ vienne inspirer la future formule de partage. Le ministre dit:
Cela en est une parmi les douze ou treize qui sont à l'étude,
mais il est à souhaiter - c'est ce que j'aurais voulu entendre ce matin
- que vous rassuriez non pas seulement les universités, mais les
régionales sur ces questions. Il n'y a aucune université qui a
reçu l'appui que les universités régionales ont
reçu au moment de la commission parlementaire sur le financement des
universités. Cela se comprend, en régions, que ce soit à
Rimouski, à Chicoutimi ou en Abitibi-Témiscamin-gue, il y a une
maison d'enseignement supérieur; on n'est pas à Montréal.
Dans ce sens-là, c'est important pour les régions.
Chaque petite compression a des effets négatifs sur la
capacité de l'université de répondre aux besoins
régionaux. Ce n'est pas sans m'inquiéter, je le rappelle, quand
on sait que les universités régionales se sont soumises, de bonne
foi, aux contraintes imposées par votre gouvernement comme par le
gouvernement précédent, alors que les grandes universités
n'ont pas suivi la même voie. Ces universités régionales,
qui ont diminué leurs activités, qui se sont soumises
là-dessus aux diktats des différents gouvernements, se trouvent
pénalisées actuellement. Si elles avaient, au même titre
que certaines universités, tombé dans les déficits, on
sait qu'actuellement on les aiderait à redresser leur déficit,
mais ce n'est pas le cas. Le ministre le sait, il ne peut pas faire semblant
qu'il ne le sait pas.
L'actuelle formule, dans ce sens-là, ne tient pas compte des
efforts considérables, pour ne pas dire inouïs, qui ont
été fournis par les universités en régions pour
empêcher le déficit. Cependant, on sait que, de plus en plus, les
universités font face à des déficits. Le ministre se lave
les mains en disant: Ce n'est pas à moi de partager l'enveloppe qui s'en
va à i'UQ. Je trouve que la réponse est trop facile. Si
l'enveloppe globale n'est pas suffisamment importante, I'UQ ne peut pas en
distribuer plus qu'elle n'en reçoit.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: ...c'est bien beau qu'on se laisse emporter par des
élans oratoires. Surtout quand on part de prémisses fausses, la
portée de l'intervention est beaucoup limitée. La
députée dit: Le ministre ne nous avait jamais dit que la formule
de partage retenue pour les 40 000 000 $ en 1987-1988 s'appliquerait en
1988-1989. Je regrette infiniment, cela a été convenu avec les
universités dès le début, dès qu'on a
commencé la discussion sur le partage des 40 000 000 $. Il a
été convenu qu'on essaierait de trouver une méthode qui
nous éviterait de discuter deux années de suite. Cela a
été clairement indiqué aux universités dès
le mois de septembre dernier. C'est la base même de tout l'arrangement
que nous avons fait parce que nous voulions avoir de l'espace, justement, pour
discuter de la formule permanente en dehors des querelles que provoque,
inévitablement, toute discussion sur un partage de ressources entre les
établissements universitaires.
J'ai dit dès le début - nous n'avons jamais changé
de ligne de conduite là-dessus - que le partage retenu pour ces deux
sommes, de 40 000 000 $ et de 39 000 000 $, ne sera pas nécessairement
celui qui sera retenu pour la formule de financement, que l'examen de la
formule de financement est un exercice ouvert qui tiendra compte de tous les
facteurs que les universités voudront mettre sur la table et que nous
voudrons mettre sur la table également. C'est parfaitement clair.
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Ryan: C'est parfaitement clair. Tout le reste, encore une
fois, je le répète, pour les constituantes de l'Université
du Québec en régions, c'est un problème qui relève,
au premier chef, de l'Université du Québec elle-même, pas
seulement du siège social, de son assemblée des gouverneurs qui
regroupe toutes les constituantes, tous les instituts affiliés.
L'Université du Québec soumet ses représentations au
gouvernement. Nous avons tiré des conclusions pour les années
1987-1988 et 1988-1989 qui apportent un soulagement à tous les
établissements universitaires, sans exception. Mais, à
l'intérieur, si on veut supprimer le siège social et les
organismes de direction de l'Université du Québec et demander au
ministre d'aller se mettre le nez dans le règlement qui va intervenir
à propos de chaque constituante, je pense qu'on contredit tout ce qu'on
a essayé de défendre ici. Cela ne nous empêche pas, comme
je l'ai dit, d'être attentifs aux représentations des
régions.
Encore une fois, au point de vue de la formule qui sera retenue pour les
universités en régions, qu'on se laisse de la marge quant au
choix des moyens, je pense que c'est d'élémentaire sagesse. On ne
sait pas quelle sera la formule qui sera retenue. La formule du Northern Grant,
c'est bien beau de lancer cela à tout propos. Nous la connaissons depuis
longtemps,
depuis le moment où elle a été instituée.
Mais est-ce que c'est la formule qui sera nécessairement à
retenir au Québec? Pour l'instant, je dis: Nous étudions la
question.
Il y a d'autres possibilités également. Nous avons
introduit, dans le partage des sommes cette année, le facteur taille. Le
facteur taille, ce n'était pas pour l'Université de
Montréal, ni pour l'Université McGill qu'on l'a introduit.
C'était pour tenir compte des universités de taille plus modeste.
C'est ce qui a déclenché la querelle avec Concordia. Quand
Concordia a rejeté le mode de partage que nous avons proposé,
elle a dit: Vous tenez compte exagérément du facteur taille. Si
cela ne favorisait pas les universités de taille plus modeste, je me
demande franchement ce que ce critère faisait dans les critères
que nous avons retenus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, il serait peut-être
important de se rappeler que le facteur taille dans le calcul net - et on
l'avait prouvé ici et les fonctionnaires avaient été
obligés de le reconnaître - cela se traduisait par un 2éro
en ce qui concerne le partage de l'enveloppe de 40 000 000 $. À
présent, le ministre me dit que partant de fausses prémisses, les
conclusions sont nécessairement fausses.
Je voudrais rappeler au ministre - il a la mémoire courte quand
cela fait son affaire - qu'en Chambre, lorsque je l'ai interrogé sur les
règles de partage des 40 000 000 $, au moment où je me faisais
l'écho des universités qui s'inquiétaient à savoir
si les règles qu'ils étaient en train de se donner seraient les
mêmes pour la deuxième enveloppe, la deuxième année
consécutive, le ministre a répondu - il faudra faire relever la
transcription du Journal des débats là-dessus - je ne
m'engage pas à vous dire que ce sera les mêmes. On se donne une
formule pour cette année. C'est cela, la réponse du ministre. Je
répète ce que le ministre a dit publiquement et qu'on est capable
de relever dans le Journal des débats. Je trouve que c'est trop
facile de dire que, par après, on a convenu avec les universités,
mais, publiquement, ce qui a été dit et ce qu'on a
été à même d'entendre, c'est qu'il n'y avait pas
d'engagement du ministre là-dessus en ce sens que les mêmes
formules seraient utilisées pour le partage des deux enveloppes.
M. Ryan: Si la députée, quand elle veut faire des
citations, avait les sources avec elle, cela rendrait grandement service dans
le débat.
Mme Blackburn: Oui, c'est juste, si le ministre n'essayait pas
chaque fois de détourner la vérité.
M. Ryan: Si la députée a la source, qu'elle
l'indique. Si elle ne l'a pas, je trouve qu'elle nous fait perdre notre
temps...
Mme Blackburn: Oui, M. le Président...
M. Ryan: ...parce que c'est un faux problème qu'elle
soulève, M. le Président. Il n'y a jamais eu de conflit avec les
universités sur cette question. L'affaire a été claire
d'un bout à l'autre. La première fois que nous nous sommes
réunis, peut-être que ce n'était pas décidé
que ce serait pour les deux ans, mais nous en sommes venus rapidement à
cette conclusion et c'était l'avis de tout le monde qu'on ne voulait pas
faire ce débat deux fois de suite. C'est un faux problème.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je pense qu'on devrait
être en mesure de faire relever la transcription du Journal des
débats assez rapidement et de démontrer que le ministre a
fait des accusations faciles là-dessus. Sur le rapport Després,
je voudrais savoir du ministre s'il a l'intention de donner suite à la
recommandation du rapport Després touchant le statut de l'UQAM.
M. Ryan: C'est une question qui fera partie de l'intervention que
je ferai auprès de l'assemblée des gouverneurs au cours des
prochains jours et, en temps utile, nous dévoilerons la ligne de
conduite du gouvernement sur ce sujet comme sur les autres recommandations du
rapport Després.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 6?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Évolution du déficit des
universités
Mme Blackburn: J'aimerais parler brièvement avec le
ministre du déficit. Comme le ministre aime bien se faire
rafraîchir la mémoire, il faudra qu'on puisse retourner aux
débats de la commission parlementaire sur l'étude des
crédits, alors qu'il était porte-parole de l'Opposition. Je ne
citerai pas ses propos de mémoire, parce qu'il risque de me dire qu'il
faudra se référer au document. Mais tous ceux et celles qui ont
participé à ces débats se rappellent l'inquiétude
qu'il manifestait devant les déficits accrus des universités. Par
rapport à l'ampleur des déficits qu'il nous a annoncés
hier, que, vraisemblement, le déficit accumulé
s'élèverait à quelque
140 000 000 $, il se réjouit du fait que plutôt que
d'augmenter de 37 000 000 $ cette année, comme ce fut le cas l'an
passé, on ne connaîtrait une augmentation que de quelque 17 000
000 $. C'est rassurant, il n'y a plus que 17 000 000 $ qui viennent s'ajouter
au déficit des universités.
(10 h 45)
D'abord une première question, je voudrais savoir du ministre,
l'évolution du déficit depuis 1984-1985, dans les
universités du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je vais demander qu'on me sorte les statistiques depuis
1984-1985. Je pense que c'est parti d'à peu près, en 1984... Je
vais attendre qu'on me sorte les statistiques. Cela ne donne rien d'avancer des
chiffres à peu près. On a les chiffres pour 1986-1987 et
1987-1988, mais on va sortir les autres. Il y a sûrement quelqu'un qui
les a en arrière. Il y a un très bon appareil.
M. Beaupré, qui est le directeur de la Direction enseignement et
recherche universitaires, comme vous le savez, me dit que cela va prendre
quelques minutes. On va vous donner les chiffres pour 1987 et 1988. Cela fera
cela de pris.
À la fin de 1987, le déficit accumulé des
universités était de l'ordre de 123 463 000 $, et j'ai
indiqué hier que le déficit que nous anticipons, au 30 juin 1988,
viendra s'accroître de 18 400 000 $, ce qui donnerait un total - les
états financiers des universités sont publiés après
la clôture de leur exercice financier qui se termine le 30 juin - de 141
800 000 $.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre n'estime pas qu'un tel
déficit est inacceptable, compte tenu des propos qu'il tenait sur la
même question, il y a moins de trois ans?
M. Ryan: Oui, absolument, absolument. Je le répète
aussi clairement que je le peux. Mon objectif, je l'ai dit hier et je le
répète expressément, c'est qu'à chacun des trois
niveaux de notre système d'enseignement, il y ait une situation
financière saine. Nous l'avons au niveau des commissions scolaires. J'ai
indiqué, à l'occasion de l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation, que, suivant le dernier relevé
que nous avons fait des états financiers des commissions scolaires, en
date du 30 juin 1987, il y a un surplus accumulé de plus de 150 000 000
$, dont je suis extrêmement fier, et qui montre que beaucoup des
critiques que l'on entend à gauche et à droite n'ont pas autant
de fondement qu'on voudrait le prétendre.
Deuxièmement, du côté des collèges, je n'ai
pas les derniers chiffres, mais suivant mes souvenirs, à la fin du
dernier exercice, le surplus accumulé dans les collèges se
situait entre 45 000 000 $ et 50 000 000 $. Pour montrer comment nous tenons
à ce surplus, nous sommes allés chercher des crédits
additionnels au cours de l'année, pour empêcher qu'on gruge dans
ce surplus-là. Par conséquent, il va être maintenu cette
année. Je pense qu'on va même l'augmenter un petit peu dans les
collèges au 30 juin 1988.
Il y avait des universités qui posaient un problème. Quand
nous avons pris la gouverne des affaires, le déficit accumulé
sous le gouvernement précédent était déjà de
85 000 000 $. C'est le dernier chiffre que j'avais. Je pense qu'au 30 juin
1985, il devait être autour de cela, en tout cas, on le verra
tantôt. Le problème que nous avions, c'est qu'on ne pouvait pas
éliminer ce déficit-là, dans une seule année, pour
deux raisons. D'abord, la situation financière pourrie que nous avons
héritée du gouvernement précédent et qui a
été la source des mesures de discipline rigoureuses que nous nous
sommes tous imposées dans le gouvernement, moi compris.
Deuxièmement, il y avait cet état de sous-financement dans
lequel le gouvernement avait plongé les universités. J'en ai fait
la preuve arithmétiquement, hier. On est parti du troisième rang,
dans l'échelle de financement par étudiant, il y a dix ans, au
neuvième rang; et le dixième, c'était
l'île-du-Prince-Edouard, pour votre information. Cela veut dire qu'on
était à la queue des provinces canadiennes quand on a pris la
gouverne des affaires. On a déjà fait un redressement d'au moins
500 $ par étudiant, dans le montant annuel des subventions en dollars
constants. Nous avons donné des chiffres hier. Nous réduisons le
déficit. Le déficit qui a été de 40 000 000 $ pour
l'année précédente, on l'amène à 18 000 000
$ cette année. Et j'ai montré que plusieurs universités,
l'Université de Montréal, l'Université Laval,
l'Université de Sherbrooke en particulier, qui ne sont pas des
universités de petite taille, des universités extrêmement
importantes, en arrivent pratiquement à l'équilibre
budgétaire cette année. C'est un progrès formidable. Nous
sommes engagés très fermement dans la voie du redressement. Mon
objectif est qu'avant la fin du présent mandat du gouvernement, nous
ayons complété cette entreprise de remise en santé des
finances universitaires au Québec.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre se
réjouit de la situation financière des universités; c'est
comme un euphémisme. Il n'est pas possible d'affirmer que la situation
financière des universités est saine alors qu'on a un
déficit de 141 000 000 $ qui frise les 142 000 000 $. Le ministre nous
dit: Écoutez, je me suis assuré que la situation
financière des trois niveaux était saine. Bravo! Je n'ai jamais
su que les commissions scolaires étaient vraiment en déficit
quand le ministre a pris le dossier. À ma connaissance, elles
étaient en surplus. Pour ce qui est des commissions scolaires, je
connais un peu moins bien le dossier, mais elles n'étaient pas en
déficit aussi dramatiquement que le sont les universités;
150 000 000 $ sur 6 000 000 000 $, n'importe quelle entreprise va vous dire que
c'est plus confortable que l'inverse, évidemment. Mais il n'y a quand
même pas de quoi commencer à couper les vivres aux commissions
scolaires. D'ailleurs, c'est la même chose dans les collèges. On
connaît la pratique: l'ajustement aux règles financières et
les montants d'argent qui en découlent sont connus trop tard pour que
les collèges osent les dépenser. C'est ce qui explique une partie
du surplus dans les enveloppes des collèges. Le ministre connaît
cette technique. C'est un peu compliqué de commencer à
l'expliquer ici.
Il n'y a aucun économiste au Québec qui croit les propos
de ce gouvernement lorsqu'il affirme que la situation financière
était pourrie. Quand le ministre continue à tenir ces propos, je
ne le comprends pas. Il me fait penser a un petit gars dans une cour
d'école qui dit: Mon père est plus fort que le tien. C'est
complètement... Personne ne croit plus à ce discours; je pense
qu'il est dépassé. Il n'y a aucun économiste au
Québec qui a dit que la situation financière était
pourrie. Au contraire, tout le monde a reconnu que les mesures de redressement
avaient été exceptionnelles, et c'est ce qui expliquait le fait
qu'on était capable de redresser rapidement une situation
financière. Si la situation financière du Québec avait
été aussi pourrie, est-ce que quelqu'un, dans la salle, est
capable de dire qu'on aurait pu redresser cela dans une année et demie.
C'est complètement ridicule, cet argument est faux.
M. le Président, par rapport à la situation
financière des universités, on criait au scandale, on disait, la
dernière année, en 1985-1986: Ce n'est pas assez, 37 000 000 $
plus l'indexation, c'est insuffisant, cela ne vient pas freiner le
déficit des universités. La première décision a
été d'enlever ces 37 000 000 $, exactement. Et depuis, c'est le
troisième exercice du ministre. Il n'y a aucune année où
on aura connu une croissance zéro du déficit. Je ne dis pas de
l'effacer, je dis une croissance zéro du déficit. Je trouve que
c'est un discours facile. Et, parler de la santé financière des
universités avec un tel déficit, il faut le faire, je le
rappelle, compte tenu des sacrifices que sont en train de faire les
universités en régions pour maintenir un minimum de
qualité. Si le ministre était un peu plus subtil, il comprendrait
qu'avec le travail de l'Opposition, on pourrait peut-être être
à même de défendre un peu plus de budget pour les
universités. Ce n'est pas en disant qu'elles en ont assez qu'il va
réussir à défendre cela au Conseil du trésor. Ce
n'est pas en disant que la santé financière des
universités est bonne, que ce n'est pas si pire, que la formule Northern
Grant, on la connaît et que ce n'est peut-être pas ce qu'il nous
faut, qu'il va réussir à défendre son dossier plus
correctement au Conseil du trésor. Il le sait, puisque depuis qu'il est
là, la seule "passe" qu'H a réussi à faire, c'est de
prendre une partie du budget des commissions scolaires et des collèges
pour pouvoir la verser aux universités. Cela n'a rien ajouté
à l'enveloppe des universités, à l'enveloppe du
réseau de l'éducation et de l'enseignement supérieur.
Je me dis que le travail des commissions parlementaires pourrait
être de donner un peu plus de poids aux revendications du ministre dans
certains dossiers lorsqu'il s'agit de défendre un accroissement des
crédits. Ce n'est pas en se pétant les bretelles et en se disant:
C'est beau, tout va bien et la santé financière des
universités est bonne, qu'il va réussir à influencer son
ministre des Finances.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre
M. Ryan: M. le Président, vous aurez remarqué que
la députée de Chicoutimi n'est pas capable de discuter des
chiffres. J'ai apporté des chiffres très précis pour
indiquer exactement la situation à laquelle nous faisions face et le
point où en est rendue la situation. Ce qu'on entend, c'est du
pérorage autour. Il n'y a pas de discussion franche et directe sur les
chiffres que j'ai déposés sur la table. Au bout de la ligne,
c'est cela qui conditionne les décisions du gouvernement, en particulier
celles du Conseil du trésor. Je n'ai pas dit que la situation des
universités était assainie, j'ai dit qu'elle était en voie
d'assainissement. J'ai dit, aussi explicitement qu'on peut le dire, qu'il y a
encore du chemin à faire et qu'on s'est fixé comme objectif de
compléter l'entreprise avant la fin du premier mandat du gouvernement.
Je pense que si on fait cela, cela va être formidable. Cela va être
formidable.
Dans le cas des universités, on ne peut pas procéder de la
même manière que dans le cas des commissions scolaires parce que
le type de rapport entre le gouvernement et les universités est
très différent de celui qui existe entre le gouvernement et les
commissions scolaires et même de celui qui existe entre le gouvernement
et les collèges. Dans les deux derniers cas, les rapports financiers
sont gouvernés par des règles budgétaires très
précises d'attribution des ressources, tandis que dans le cas des
universités, beaucoup plus de latitude est donnée aux
établissements universitaires, au nom du principe de l'autonomie des
établissements universitaires.
Deuxièmement, je pense bien que le critère le plus solide
et le plus verifiable qu'on puisse avoir en ces choses, c'est la
réaction des universités elles-mêmes. On peut bien se
lamenter sur Jérusalem tant qu'on voudra. Au bout de la ligne, je pense
bien que les propos de ceux qui sont engagés dans le secteur sont quand
même ceux qui nous fournissent une indication importante. Je ne connais
pas d'université qui n'ait pas reconnu qu'on a fait un effort
d'amélioration considérable au cours de la dernière
année et qui va se poursuivre au cours de la prochaine
année. Il y a des universités qui nous ont dit qu'elles
n'étaient pas contentes du partage qui a été
effectué, mais toutes les universités ont reconnu qu'on avait
amélioré la situation. Si elles ne l'avaient pas reconnu, je leur
mettrais sous le nez les chiffres que j'ai déposés à la
commission parlementaire ici, qui parlent par eux-mêmes. Au bout de la
ligne, encore une fois, ce qui parle dans ces choses, ce sont les chiffres et
tout le reste est souvent littérature politique.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai demandé qu'on
me dépose les chiffres sur l'évolution du déficit de 1984.
J'imagine que les fonctionnaires ont mis la main dessus?
M. Ryan: On les enverra à la députée
dès qu'ils seront disponibles. Je ne les ai pas devant moi. Je ne peux
pas les lui donner. On les lui enverra. En réalité, ils sont
disponibles dans la documentation qui a déjà été
transmise à maintes reprises à la députée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, la
demande de Mme la députée de Chicoutimi est dans le sens que vous
les déposiez à la commission.
M. Ryan: Je ne les ai pas devant moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Lorsque vous les
aurez, faites-les parvenir au secrétaire de la commission.
M. Ryan: Je signale qu'ils ont déjà
été remis aux députés à plusieurs
reprises.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est juste que révolution,
depuis, soit d'environ 60 000 000 $?
M. Ryan: Nous parlerons quand nous aurons les chiffres devant
nous. Je l'ai dit tantôt.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est trop gênant de les
déposer? À présent, une question que j'ai posée
hier à plusieurs reprises...
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais récuser cette insinuation qui est
absolument ridicule.
Mme Blackburn: Alors, il faudrait les déposer.
M. Ryan: Les chiffres, dès qu'ils me seront remis par nos
fonctionnaires... Comme je l'ai dit, la députée les a
déjà dans ses dossiers et moi aussi. C'est parce que je ne les ai
pas à portée de la main. Nous les avons tous dans nos dossiers.
Ils vont vous être remis dès que disponibles. L'histoire de
l'insinuation qu'on voudrait les cacher, c'est stupide.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Parler lorsqu'on n'a pas les données,
lorsqu'on n'a pas les chiffres, c'est facile... Qu'est-ce que le ministre fait
sinon de parler n'importe comment lorsqu'il n'a pas toutes les données
en main, lorsqu'il s'agit de pouvoir porter un jugement sur l'évolution
du déficit. Ce ne sont pas mes arguments, ce sont les siens. Alors, tout
son propos sur le financement, on peut dire que ce sont des paroles vides,
puisqu'il est incapable de nous déposer les chiffres. Mais,
au-delà de cela, parce qu'il nous reste deux autres programmes à
voir, j'ai posé la question à plusieurs reprises au ministre
hier: Quelles sont les mesures concrètes qui ont été
prises - là, on parle d'éducation et d'enseignement
supérieur - pour accroître le niveau de scolarité des
Québécois et favoriser une plus grande accessibilité et
une plus grande qualité? L'accessibilité, c'est un certain nombre
de mesures. La qualité, c'est aussi la situation des enseignants, le
perfectionnement, les charges de cours et la tâche d'enseignement. Ce
sont des services adéquats, que ce soit les bibliothèques, les
laboratoires et ainsi de suite. Je voudrais savoir: Est-ce qu'il y a des
mesures concrètes qui nous permettent de penser que, au Québec,
on ne creusera pas l'écart qui existe entre l'Ontario et le
Québec en matière de scolarisation, alors qu'on sait que la
demande est de plus en plus grande en Ontario pour l'enseignement
supérieur? Quelles sont les mesures concrètes? (11 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: C'est une question omnibus à laquelle on peut
fournir des éléments de réponse et il y en a de
très nombreux. La première, nous avons maintenu le gel des frais
de scolarité. Il n'y a pas une province qui fait cela. Le Québec
le maintient depuis le début du mandat du présent gouvernement.
Nous avons dit que nous maintenions le gel des frais de scolarité
jusqu'à la fin du présent mandat. Cela est une mesure qui parle
par elle-même. À la longue, nous avons le devoir de la
réexaminer, mais nous l'avons fait quand même, c'est un engagement
qui avait été pris et qui a été tenu.
Deuxièmement, on discutera tantôt de l'aide
financière aux étudiants. Le régime d'aide
financière aux étudiants du Québec demeure le plus
libéral de tout le Canada. Cela a été confirmé par
l'étude récente du Conseil des universités.
Troisièmement, nous avons créé des initiatives
spéciales. Nous avons formé une commission d'enquête sur
l'enseignement universitaire sur la Côte-Nord. Ce n'est pas pour
l'amusement du gouvernement que cette commission a été
formée, mais pour trouver les moyens de promouvoir l'enseignement
universitaire sur la Côte-Nord. Nous avons autorisé,
récemment, à l'Université du Québec à
Chicoutimi, l'implantation d'un programme de baccalauréat en
informatique. C'est une mesure d'accessibilité qui parle plus que des
théories. J'étais content parce que j'ai reçu, l'autre
jour, du doyen, M. Gendron, une lettre extrêmement favorable, chaleureuse
et dans laquelle il se réjouissait de l'attention que le gouvernement a
portée aux besoins de l'Université du Québec à
Chicoutimi. Nous avons autorisé d'autres développements à
l'Université du Québec à Rimouski, à
l'Université du Québec à Trois-Rivières aussi. Nous
avons pris beaucoup d'initiatives et je pense que c'est comme cela qu'on
favorise l'accessibilité et non pas en faisant des thèses
générales.
Mme Blackburn: M. le Président, je ferais juste remarquer
au ministre que la toute première mesure qu'il a signalée... Il a
signalé le maintien du gel des frais de scolarité. Est-ce
à dire que le ministre reconnaît - parce que je lui demandais
quelles mesures favorisaient l'accessibilité et la première
mesure qu'il a signalée, c'est celle du gel des frais de
scolarité - que le gel des frais de scolarité a un effet sur
l'accessibilité...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn:... et que la décision contraire aurait
l'effet contraire?
M. Ryan: Je ne sais pas si la députée de Chicoutimi
a eu l'occasion de consulter son nouveau chef à propos de la question
des frais de scolarité. J'ai trouvé que, sur ce sujet, il tenait
des propos joliment plus responsables que ceux que j'ai entendus de la
porte-parole de l'Opposition. Nous avons bien hâte, en Chambre, de
l'entendre sur cette question. Cela introduira peut-être un peu
d'équilibre dans tout le débat sur le financement des
universités. M. Parizeau a dit clairement qu'il ne fallait pas craindre
d'examiner cette question, à condition qu'on examine en même temps
l'équilibre qui devra en découler au chapitre de l'aide
financière. Il a répété exactement le discours que
nous tenons depuis que nous parlons de cette affaire. La députée
de Chicoutimi est de plus en plus seule à tenir un langage rigoriste et
fixiste en cette matière.
Mme Blackburn: M. le Président, ma question était
la suivante: Étant donné que lorsque j'interroge le ministre sur
les mesures suscep- tibles de favoriser l'accessibilité, la
première mesure qu'il me signale, c'est celle touchant le gel des frais
de scolarité la question est la suivante: Est-ce que le ministre estime
qu'il y a un rapport entre l'accessibilité et le gel des frais de
scolarité?
M. Ryan: Selon des études qui ont été faites
par des personnes compétentes, s'il y a un ajustement raisonnable des
frais de scolarité, cela n'aura pas d'effet dissuasif sur l'accès
aux études universitaires.
Mme Blackburn: Alors... M. Ryan: C'est ma
réponse.
Mme Blackburn: Ensuite, je rappellerais au ministre...
M. Ryan: Le meilleur exemple de ce côté-là
nous est fourni par les autres provinces canadiennes dont on nous dit qu'elles
ont un taux de fréquentation universitaire, en moyenne, encore
légèrement plus élevé que celui du Québec et
qu'elles ont des frais de scolarité deux et trois fois plus
élevés que ceux du Québec. Je l'ai déjà dit,
on peut bien chercher des preuves partout, on peut invoquer, encore une fois,
la misère traditionnelle et centenaire du Québec, mais je crois
qu'un ajustement raisonnable de ce côté-là, suivant les
indications des études - on m'a demandé une position
là-dessus - n'aura pas d'effet dissuasif.
Mme Blackburn: Un ajustement raisonnable, est-ce que cela
correspond à la proposition qui a été adoptée dans
le comté d'Argenteuil, à savoir de tripler les frais de
scolarité?
M. Ryan: Je regrette, la résolution du comté
d'Argenteuil n'a jamais dit qu'il fallait tripler les frais de
scolarité. Une fois de plus, la députée se prépare
à échafauder un raisonnement fondé sur des
prémisses fausses. La résolution du comté d'Argenteuil
disait qu'il fallait que, graduellement, les frais de scolarité au
Québec s'ajustent à la moyenne canadienne, par étapes, et
à condition qu'il y ait des mesures compensatrices au chapitre de l'aide
financière aux étudiants. Tout le reste, ce sont des
interprétations de la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pour atteindre quel niveau? M. Ryan: La
moyenne canadienne. Mme Blackburn: Qui est à 1500 $.
M. Ryan: La moyenne canadienne. On n'a pas dit si cela devait
être atteint dans un an, deux ans, trois ans ou cinq ans. On a dit: de
manière graduelle, suivant l'examen de l'ensemble des facteurs.
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être une
dernière remarque sur cela parce que le temps court. C'est simplement
pour dire que le ministre, lorsqu'il parle des propos qu'ils tiennent
lorsqu'ils parlent des frais de scolarité, il faudrait qu'il nuance en
disant: Le ministre tient des propos lorsqu'il parle des frais de
scolarité, depuis qu'il est titulaire du ministère, alors que son
parti tenait un tout autre discours en campagne électorale.
J'aimerais aborder le programme 4.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions du côté ministériel sur le
programme 6? Il n'y a pas d'intervention. Est-ce que le programme 6,
Enseignement universitaire, est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Science
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté, sur
division. J'appelle maintenant le programme 4, Science. Je reconnais pour une
Intervention de quinze minutes le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science. M. le ministre.
Remarques générales
M. Ryan: Merci, M. Beaupré. M. le Président, il me
fait grandement plaisir de soumettre quelques observations de départ
à la commission parlementaire pour l'examen de ce volet très
important de la politique gouvernementale qui est celui de la politique
scientifique et du développement de la recherche. Ainsi que je l'ai
indiqué hier, le gouvernement du Québec accomplit un effort
considérable en vue de favoriser la recherche. En 1985, les
dépenses de recherche des universités québécoises
exprimées sur la base du PIB s'élevaient à 0, 32 % et
à 0, 34 % au Québec et en Ontario respectivement,
c'est-à-dire que les deux provinces n'étaient pas tellement
éloignées l'une de l'autre. Cette excellente performance
était attribuable à l'effort accompli surtout par le gouvernement
du Québec. Notre contribution directe à l'ensemble des
dépenses de recherche des universités québécoises
est de 22 %, soit trois fois plus que celle qui est consentie par la province
de l'Ontario pour ses universités. La contribution du ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science à ce chapitre est
très importante.
Nous avons parlé hier du budget de 35 000 000 $ qui est
accordé cette année au fonds FCAR. À cela, il faut ajouter
environ 60 000 000 $ dans le cadre du programme des actions structurantes et
plus de 65 000 000 $ qui seront versés d'ici 1991-1992 aux centres de
liaison, universités, industries et en particulier au Centre
québécois de valorisation de la biomasse, au Centre de recherche
sur les applications pédagogiques de l'ordinateur, au Centre
québécois pour l'informatisation de la production et au Centre de
recherche informatique de Montréal. Quant au soutien indirect à
la recherche la participation du ministère est tout aussi importante si
l'on considère qu'environ 30 % à 40 % des crédits
consacrés au financement de base des universités sont
consacrés à la recherche. Comme les crédits
accordés aux universités sont de l'ordre de 1 100 000 000 $, 30 %
à 40 %, cela veut dire entre 325 000 000 $ et 425 000 000 $. Les
établissements universitaires tant au Québec qu'au Canada forment
l'épine dorsale de notre système scientifique et technologique.
En remplissant leurs fonctions de formation, de production et de diffusion des
connaissances scientifiques et technologiques, elles contribuent directement au
progrès scientifique et technologique, lequel est garant du
progrès économique et social.
D'autres ministères et organismes ont également une
contribution significative en matière de recherche et de
développement. C'est le cas du ministère de la Santé et
des Services sociaux qui accorde 37 000 000 $ au fonds de recherche en
santé du Québec et au Conseil québécois de la
recherche sociale, sans compter les fonds attribués pour la recherche
par la Régie de l'assurance-maladie du Québec, par d'autres
organismes d'État, comme Hydro-Québec, le Centre de recherche
industrielle du Québec, l'Institut de recherche en santé et en
sécurité du travail et d'autres ministères aussi qui
jouent un rôle très important en matière de recherche. Nous
avons donné hier des chiffres à ce sujet, sur lesquels il y
aurait peut-être lieu de revenir ce matin, si on est
intéressés à le faire.
Le ministère a maintenu et entend maintenir en 1988-1989 le
soutien financier qu'il apporte aux centres de liaison et de transfert mis en
place en 1984 et 1985 ainsi qu'au Centre de recherche informatique de
Montréal créé en 1986, je crois. Ces centres avaient
été créés par le gouvernement
précédent, nous ne le contestons pas, mais la mission de ces
centres était loin d'être définie. Il fallait surtout aller
chercher des ressources pour en assurer le fonctionnement. Il est facile de
lancer sur papier, dans l'année précédant, une
élection, de beaux programmes de 10 000 000 $ ici, de 15 000 000 $
là et de 20 000 000 $ là. Nous avons été
inondés pendant toute l'année 1985 de déclarations et de
décisions de cette nature, en matière scolaire et en
matière d'hôpitaux en particulier. Nous avions eu des promesses
partout dans le Québec. Mais il est beaucoup plus difficile de
libérer les crédits nécessaires pour assurer la
réalisation de toutes ces entreprises. C'est ce que nous avons fait,
quant à nous, dans le cas du Centre québécois de
valorisation de la biomasse, du Centre de recherche sur les applications
pédagogiques de l'ordinateur, du Centre québécois pour
l'informatisation de la production et du Centre de recherche informatique de
Montréal. Nous sommes très
heureux des réalisations et de la performance de ces organismes
de liaison et de transfert, lesquels, tout en contribuant au transfert à
l'entreprise des connaissances scientifiques et technologiques, oeuvrent en
même temps dans le respect de la mission propre des
universités.
Je voudrais dire un mot du programme fédéral de centres
d'excellence. Je résume forcément les propos beaucoup plus
explicites que j'ai préparés pour distribution aux
députés, aux milieux concernés ainsi qu'à la
presse. J'ai porté à votre attention, dans une intervention
précédente, ce plan canadien de développement scientifique
et technologique qui a été annoncé par M. Mulroney en
janvier dernier et qui doit apporter une contribution accrue aux
universités afin de favoriser leur travail de fécondation du
développement économique et social au Canada.
Deux mesures importantes sont annoncées jusqu'à
maintenant. Comme on le sait, le programme total doit embrasser une somme de 1
300 000 000 $, mais de ce total, nous ne connaisssons, pour l'instant, la
destination que d'environ 300 000 000 $ ou 400 000 000 $, une grosse partie,
dont la destination éventuelle n'a pas encore été
explicitée par le gouvernement fédéral. Dans les sommes
qui ont été précisées quant à leur
utilisation éventuelle, une partie doit aller pour la création
d'un programme de bourses d'excellence, pour les études en génie
et en sciences. Une part d'environ 25 % sera attribuée au Québec.
Nous avons insisté pour que la gestion du programme soit assurée
par un organisme québécois, et les négociations se
poursuivent avec le gouvernement fédéral à ce sujet. Nous
devrions pouvoir compter au Québec sur 610 bourses, sur un total de
2500. Ces bourses s'accumuleront parce qu'une bourse qui aura été
décernée une première année sera renouvelable pour
les années subséquentes des études en génie ou en
sciences et l'année suivante, une nouvelle cohorte de boursiers aura
accès au programme aussi. Ce qui veut dire qu'au bout de quatre ou cinq
ans, on aura accompli énormément. De ce point de vue, je pense
que les choses s'en viennent très bien et que le Québec aura
satisfaction. Il reste à déterminer l'organisme qui sera
responsable de la gestion du programme au Québec, mais nous n'avons pas
trop d'inquiétude de ce point de vue. Je pense que les
négociations sont bien engagées.
Au sujet de la création de réseaux d'excellence, on avait
parlé d'abord de centres d'excellence. On pensait que ce seraient des
centres qui pourraient donner un accent très important sur la recherche
fondamentale. Mais là, il semble qu'on visera davantage la liaison avec
l'industrie et que plutôt que de mettre l'accent sur des centres
localisés dans un seul endroit, on le mettra sur la constitution de
réseaux de collaboration interuniversitaire. (11 h 15)
II peut arriver, par exemple, qu'en matière de recherches
aérospatiales, il y ait de très bonnes ressources à
l'Université de Toronto, de très bonnes ressources à
l'Université Concordia, de très bonnes ressources à
l'Université de British Columbia. Actuellement, les chercheurs sont
déjà en rapport les uns avec les autres pour constituer des
propositions de réseaux qui seront soumises à l'attention des
définissseurs d'attributions de subventions du ministère
fédéral concerné. Nous veillons, de notre
côté, à ce que le Québec ait sa juste part et que
dans la définition des critères devant présider à
l'attribution, des subventions, on tienne compte de la réalité
particulière du Québec.
J'ai moi-même adressé une longue lettre à mon
homologue fédéral, M. Frank Oberle, afin de lui faire part de mes
commentaires et des desiderata du gouvernement du Québec sur les
orientations et les modalités de mise en oeuvre du nouveau
programme.
Ainsi que je l'ai indiqué hier, nous accordons beaucoup
d'importance au développement des études de 2e et de 3e cycle et
aux mesures qui peuvent faciliter l'accès à ces études,
l'accès jusqu'au point terminal pour des candidats compétents. La
première mesure que nous avons annoncée dans les crédits,
c'est l'augmentation du niveau des bourses de doctorat et de postdoctorat,
lesquelles passeront respectivement de 8500 $ à 10 000 $ et de 14 000 $
à 22 000 $.
D'autres mesures devront suivre au cours des prochaines années.
Je pense que nous ne faisons pas suffisamment... Je suis en discussion avec mon
collègue, le ministre des Finances, afin d'ajuster le régime
fiscal de manière qu'il tienne davantage compte des conditions de vie
concrètes des étudiants de 2e et de 3e cycle.
Nous avons annoncé, au chapitre de l'aide financière, que
les bourses d'excellence qui auront été reçues par des
étudiants ayant droit à l'aide financière ne seront plus
déductibles entièrement, comme c'était le cas avant. Il y
aura une première déduction de 500 $ qui sera donnée pour
toutes les bourses de cette nature et pour l'autre partie de la bourse, il y
aura seulement la moitié qui sera tenue en compte pour le calcul des
revenus de l'étudiant. L'autre moitié sera
considérée comme un montant qui est attribuable directement
à l'excellence de l'étudiant.
Au chapitre des équipements des universités,
déjà, les mesures que nous avons instituées avec le plan
de transition s'échelonnent sur quatre ans et non pas seulement sur deux
ans. Ces mesures, nous les avons délibérément
échelonnées sur quatre ans, afin que l'effet puisse en être
prévu un peu plus longtemps à l'avance et puisse s'étaler
de manière plus judicieuse sur la période que doit embrasser le
programme.
Nous sommes en train de mettre en oeuvre un programme qui nous permettra
de faire un inventaire complet des équipements dont disposent les
universités. Nous ne l'avions point quand nous sommes arrivés au
pouvoir. Nous parlions - le ministre précédent l'avait
avoué
devant moi en commission parlementaire - sans connaître exactement
les réalités de chaque université. Nous aurons d'ici une
année ou deux un inventaire complet des équipements dont
disposent les universités et ce sera beaucoup plus facile pour nous de
faire la planification du développement et de la modernisation des
équipements et aussi de prendre des décisions compétentes
et pertinentes en matière de développement de programmes. Nous
sommes très attentifs à ce souci et, déjà,
certaines mesures permettent d'y donner suite.
En matière de priorités dans le secteur de la recherche,
déjà, au Québec, certaines priorités se sont
dégagées de notre expérience et des représentations
qui nous avaient été faites. Le gouvernement du Québec met
l'accent sur les biotechnologies, par exemple, sur certaines applications de
l'informatique, telles les applications pédagogiques de l'ordinateur,
les outils de conception et de fabrication assistée par ordinateur ou,
encore, les systèmes experts ou le génie logiciel.
D'autres domaines se sont vu reconnaître un degré
élevé de priorités dans le cadre du programme des actions
structurantes. Je pense en particulier à l'opto-électronique, la
télédétection, l'agro-alimentaire, les nouveaux
matériaux, etc.
Au cours de 1988-1989, nous attacherons, surtout dans la perspective du
programme fédéral dont j'ai parlé, une attention
prioritaire à d'autres secteurs. Nous examinons présentement avec
les universités ce qui peut être fait, par exemple, dans le
domaine aérospatial. Nous devons considérer à ce sujet que
la très grosse partie des travaux de recherches qui se font en
matière d'aérospatiale se fait surtout en Ontario. Il s'agit,
pour nous, de chercher un équilibre plus satisfaisant en collaboration
avec l'industrie qui connaît une implantation très importante au
Québec.
Je vais ajouter qu'au cours de la prochaine année, nous
instaurerons un programme modeste au départ mais quand même
à longue portée de développement de la culture
scientifique parmi la population. Nous avons déjà un programme
important, le programme de diffusion de la culture scientifique qui permet
à de nombreux organismes de profiter chaque année - ce sera
déjà la troisième année cette année - d'un
budget de 900 000 $ permettant des réalisations de la culture
scientifique dans toutes les régions du Québec. À ce
programme viendront s'ajouter plusieurs autres volets au cours des prochains
mois qui nous permettront de doter le Québec d'une politique de
diffusion de la culture scientifique qui visera d'abord la diffusion de la
culture scientifique en régions. C'est vrai que nous avons
différé la réalisation de la Maison des sciences et des
techniques à Montréal, mais, à certains égards, je
n'en étais pas mécontent parce que j'aime beaucoup mieux qu'on
mette l'accent sur des réalisations modestes qui se feront en
régions.
M. le Président, il est étonnant de constater combien le
souci de la culture scientifique est déjà très
développé dans toutes les régions du Québec. Cela
s'est fait à l'aide de moyens modestes, d'initiatives de professeurs de
secondaire, de professeurs de collégial, de chercheurs individuels et
nous voulons que ce soit reconnu et que cette richesse se propage dans la
population à l'aide de programmes réalistes sans nous embarquer
dans de grandes politiques de dépenses considérables dont nous
n'avons pas les moyens pour l'instant.
Je termine en disant un mot de la Maison des sciences. Ce projet a
été mis au hangar, mais il n'a pas été mis à
la poubelle. Il a été remisé pour un certain nombre
d'années. Dès que nous pourrons rouvrir le dossier, nous le
ferons avec plaisir. Des conversations ont lieu présentement avec des
milieux autorisés de la région de Montréal qui
s'intéressent à la relance du projet, qui nous ont soumis
différentes propositions dont certaines pourraient comporter
éventuellement un engagement plus grand du secteur privé. Nous ne
fermons pas la porte à ces propositions. Encore une fois, nous avons des
priorités immédiates plus pressantes dont celles que je viens de
mentionner.
Je veux signaler, en terminant, que j'ai à mes côtés
M. Guy Létourneau, sous-ministre adjoint à la Science au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, et dont
les connaissances en matière de politiques scientifiques et les contacts
dans les milieux de recherche sont excellents, et qui pour nous est une
présence très efficace et très respectée, non
seulement à l'intérieur du ministère, mais à
l'extérieur aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur le programme 4?
Mme la députée de Chicoutimi.
Contribution financière du gouvernement
du
Québec en matière de recherche
et de développement
Mme Blackburn: Je veux avoir une précision, une
information sur l'évolution de la contribution du Québec
comparativement à son produit intérieur brut pour la recherche.
À la page 2 du document du ministre, on lit que le ratio de 1,33 % ne
dit cependant pas tout sur la performance du Québec au cours des
dernières années. Le Québec ne consacrait que 0,84 % de
son PIB à la recherche et développement en 1979. Cet effort s'est
accru à 1,9 % en 1982 pour atteindre 1,33 % en 1985. Quelle est la
participation du Québec pour 1988 par rapport à son produit
intérieur brut en 1987-1988?
M. Ryan: On me communique que ces statistiques reposent sur des
données qui nous
proviennent de Statistique Canada. Pour l'année 1986, les
statistiques de l'organisme fédéral ne seront disponibles
qu'à l'été de 1988. C'est pour cela que nous avons mis
dans le texte que nous avons distribué les données les plus
récentes dont nous disposions.
Mme Blackburn: À la lumière de ces données,
on est capable de constater qu'entre 1979 et 1982, cela a augmenté de 0,
25 %, un quart de point, et ensuite, de 0, 24 %, entre 1982 et 1985. Il serait
intéressant de voir les effets des mesures qui ont été
prises par le présent gouvernement quant à cet indicateur de
participation du Québec à la recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Cependant, le Conseil de la science et de la
technologie estime que même si la participation relative du Québec
est plus élevée, l'écart se creuse entre le Québec
et l'Ontario. Est-ce que c'est juste et est-ce que le ministre est capable
de... Parce que j'imagine que le Conseil de la science et de la technologie n'a
pas dit cela sur n'importe quoi. Il a dû fonder cela sur des
données quand on connaît son sérieux.
M. Ryan: Je vais faire un premier commentaire. La
députée disait que les chiffres qui sont contenus dans
l'intervention dont j'ai communiqué le texte complet disent qu'il y a eu
une évolution favorable de 1982 à 1985. Nous le reconnaissons
volontiers et nous en sommes très heureux. Je l'ai dit dans les
remarques que j'ai faites tantôt. Nous le reconnaissons et nous ne
voulons pas lésiner là-dessus, sauf la remarque que j'ai faite
tantôt. Il y a des choses qui avaient été annoncées.
Il a fallu libérer des ressources; nous l'avons fait.
Mais nous reconnaissons que le gouvernement précédent
avait déclenché un effort de ce côté et nous ne
discutons pas cela, c'est très bien. Maintenant, à la question
que pose la députée de Chicoutimi, je demanderais à M.
Létourneau de fournir des éléments de réponse,
parce qu'il y a des nuances à apporter à ces chiffres-là.
Je pense qu'il serait important que M. Létourneau les fournisse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Létourneau.
M. Létourneau (Guy): Merci, M. le Président. Je
crois que c'est toujours difficile, quand on veut faire des comparaisons au
plan statistique entre les dépenses ou l'effort de recherche et de
développement, soit au niveau canadien, soit entre les pays de l'OCDE,
puisqu'on se réfère le plus souvent, au plan international, aux
dépenses des pays de l'OCDE.
Mme la députée de Chicoutimi fait référen-
ce à un tableau qui est tiré des données de Statistique
Canada. Une des difficultés quand on veut faire des comparaisons avec
les années antérieures, c'est qu'avant 1985, Statistique Canada
ne compilait pas les dépenses qui étaient dues aux efforts en
sciences humaines et sociales, ce qui fait que si on veut comparer 1985 avec
les années antérieures, le chiffre qu'il faut utiliser, c'est 1,
23 %.
À compter de 1985, les sciences humaines et sociales sont
compilées et cela devient 1, 33 %. Alors, il y a toujours cette
difficulté quand on veut comparer. C'est pour cela, en fait, qu'on est
si prudent avec les statistiques lorsqu'on veut comparer. Maintenant, les
chiffres qu'on utilise, 1, 33 %, sont les données les plus
récentes que nous utilisons à des fins de comparaison
internationale.
Les prochaines données, comme le disait le ministre, M. Ryan, ne
seront disponibles qu'à l'été 1988 seulement, ce qui fait
que, nous aussi, on aimerait être en mesure de mesurer rapidement
l'impact que peut avoir l'effort, soit du gouvernement ou des entreprises en
matière de recherche, et de pouvoir le mesurer l'année suivante.
Mais c'est impossible. Alors, tout ce qu'on pourra avoir à partir de cet
été, c'est un an de plus qui va s'ajouter et on saura ce qui
s'est passé entre 1985 et 1986.
Il y a des choses qui ne sont pas nécessairement compilées
non plus, ce qui vient compliquer le portrait. Par exemple, lorsqu'un
gouvernement décide de mettre l'accent sur les mesures fiscales pour
aider la recherche et le développement, cela n'est pas compilé
dans l'effort du gouvernement, mais dans l'effort de l'entreprise. Donc, cela
n'apparaît pas dans les résultats des interventions
gouvernementales.
Ce qu'on peut essayer de prévoir pour les années 1986,
1987, 1988 et 1989, c'est qu'on commencera probablement à voir
apparaître les résultats des investissements consentis au cours
des dernières années, soit dans les centres de recherche qui ont
été mentionnés, le Centre québécois de
recherche sur les applications pédagogiques de l'ordinateur ou, encore,
le Centre québécois de valorisation de la biomasse ou encore le
centre APO ou, encore, les actions structurantes et également les
efforts qui ont été déployés dans le cadre des
accords Canada-Québec en matière de développement
scientifique et technologique.
Il y a des montants assez importants qui servent à financer
l'Institut national d'optique dont une partie assez importante provient du
Québec et la même chose en ce qui concerne le laboratoire
d'Hydro-Québec sur les techniques d'électrochimie. On devrait
normalement avoir une augmentation, mais on ne sait pas de quelle nature elle
sera.
Un dernier point. Quand on fait des comparaisons sur le plan
international, il faut toujours se souvenir que dans les pays qui fournissent
un effort assez important, c'est-à-
dire supérieur à 2, 5 %, ces pays ont des dépenses
assez importantes en matière de défense et d'espace. Il faut
presque... Une voix:...
M. Létourneau: Oui, la Suède. Je le
vérifiais justement ce matin. Si on prend leur contribution à
l'espace et défense, c'est presque 0, 4 % des 2, 69 % ou 2, 7 %. J'ai
été surpris moi aussi, mais c'est un pays qui fabrique beaucoup
d'armements et de chasseurs au plan militaire. Donc, la prudence est de rigueur
avec l'utilisation de statistiques en R & D. Merci. (11 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
monsieur.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn:... cela n'a pas tout à fait répondu
à la question qui était la mienne. Est-ce que l'information
contenue dans l'avis du Conseil de la science et de la technologie est juste,
à savoir que l'effort du Québec, comparativement à
l'effort ontarien, serait en train de se creuser, c'est-à-dire
l'écart concernant l'effort du Québec en matière de
recherche et de développement?
M. Létourneau: Encore là, en fait, je pense qu'il
faut être prudent et je sais que le conseil est prudent également
dans ses affirmations. Il est évident qu'on est devant un constat. En
Ontario, il y a une annonce: Budget total de 1 000 000 000 $ sur dix ans, donc
100 000 000 $ par année; ce sont de gros chiffres. On se dit: Oui, cela
aura un impact. Nous suivons quand même la situation de très
près. Ce que l'on sait, c'est qu'ils ont de la difficulté
à dépenser cet argent et dans ces sept centres d'excellence en
même temps, qui reposent sur la contribution ou le travail en
réseau des chercheurs, c'est extrêmement difficile. Nous, nous
avons quelques centres. Je pense que du côté ontarien - ils le
savent pertinemment d'ailleurs - ils ont calqué un peu le modèle
québécois, le modèle du Centre de recherche informatique
de Montréal. Je dois vous avouer que c'est très long, parce que
c'est difficile, en fait, de développer ces réseaux et d'amener
les chercheurs qui n'avaient peut-être pas l'habitude de travailler
ensemble à le faire. C'est ce qui fait que c'est assez long.
Une partie importante du 1 000 000 000 $, d'après ce que je
comprenais, 500 000 000 $, donc tout près de 50 %, seront
attribués à des projets de recherche précompétitifs
donc aux entreprises. Là encore, c'est extrêmement délicat.
Le CRIM et une partie de ses interventions, doit servir à la recherche
précompétitive, ils ont de la difficulté à
Intéresser les entreprises à ce type de recherche. Donc, il y a
l'annonce d'investissements majeurs, 100 000 000 $ par année. Ce qu'il
faut faire, je pense, c'est d'attendre quelques années pour voir si cet
argent s'est vraiment rendu aux chercheurs. Je pense que c'est la meilleure
façon de mesurer l'impact de ces investissements. On suit cela quand
même de très près. Il ne faut pas oublier aussi qu'au plan
québécois, la préférence portait sur les mesures
fiscales. Des mesures fiscales, c'est toujours long avant d'avoir un impact. La
première année, il faut comprendre que les entreprises doivent
apprendre à connaître ces mesures. Vous êtes au courant
qu'il y a eu des modifications qui ont été apportées par
la réforme fiscale du fédéral, ce qui crée des
problèmes. Donc, il faut attendre quelques années avant d'avoir
l'impact véritable.
Donc, on ne le sait pas véritablement. Je vous dis qu'on est
très vigilant. Je pense qu'il est intéressant de voir ce qui se
passe du côté de l'Ontario. Je peux vous avouer, avec les
relations que j'ai, qu'ils se croisent les doigts.
Mme Blackburn: Hier, on nous apprenait que le budget de la SDI
était comptabilisé dans le budget de recherche et
développement, alors qu'on sait qu'il y a au moins 60 000 000 $ de cette
enveloppe qui vont à des prêts pour le développement de
l'entreprise, ce qui n'a pas beaucoup de rapport avec la recherche et le
développement, peut-être avec le développement, certes,
mais pas nécessairement avec la recherche.
Est-ce que c'est comptabilisé dans l'effort du Québec,
comme on nous l'apprenait hier?
M. Létourneau: Je rappelais l'Assemblée à la
prudence, je pense que j'aurais pu l'utiliser également. Nous avons
tenté, hier, rapidement, de voir s'il est possible de mesurer l'effort.
Pour 1987-1988 et 1988-1989, est-ce qu'il y a évolution?
Évidemment, la seule façon de le faire... vous comprenez bien
qu'il est difficile de mesurer exactement la destination de ces crédits,
donc on y va à partir de la connaissance que l'on a des programmes des
ministères.
En ce qui concerne les ministères sectoriels, cela se fait quand
même assez facilement. D'ailleurs, je me rends compte que, par exemple,
on avait oublié, pour le ministère du Commerce extérieur,
une augmentation assez importante de tout près de 12 % sur les budgets
consacrés à l'aide à des centres de recherche
appliquée, dans le cadre de l'entente Canada-Québec. C'est quand
même bon; cela, on ne l'a pas comptabilisé.
En ce qui concerne la SDI, il nous restait à vérifier - on
a mis le montant global, c'est un fait - la partie qui était
consacrée à l'aide à l'innovation. J'ai demandé de
le vérifier ce matin; je n'ai pas encore reçu l'information. Ce
que l'on m'a dit, une des difficultés qu'on risque d'avoir, c'est qu'il
y a eu des modifications assez importantes dans le programme de la SDI.
C'était beaucoup plus pour nous rappeler qu'il y a
certaines de ces aides qu'il faut comptabiliser et on n'a pas
comptabilisé l'AQVIR non plus; il n'y a pas d'augmentation de
crédits pour cette année. L'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche a quand même un rôle
important pour aider le capital de risque ou le développement. Donc,
encore là, même si on enlève la SDI, les programmes qui
sont étiquetés véritablement "recherche et
développement", évidemment, si on applique les définitions
strictement, on risque d'en enlever une partie. Mais cela nous donne quand
même une augmentation de 7 % ou 8 %, alors que l'inflation était
d'environ 4, 8 % ou 4, 9 %. Je vous dis encore que c'est difficile de dire:
Voici, il y a une augmentation véritable.
Mme Blackburn: Donc, ce n'est pas une partie importante du budget
de la SDI qui est effectivement consacrée à la recherche et au
développement?
M. Létourneau: C'est bien cela.
Mme Blackburn: C'est minime. Donc, on vient artificiellement
gonfler l'effort du Québec en mettant toute l'enveloppe de la SDI
là-dedans.
M. Létourneau: Ce qui est important, c'est beaucoup plus
la croissance, l'augmentation des crédits que les crédits
totaux.
Mme Blackburn: Ha, ha, ha! Excusez.
M. Létourneau: Dans ce cas-là, parce qu'il est
extrêmement difficile... Il faut valider les chiffres.
Mme Blackburn: II est politique, M. Létourneau! Une autre
question: Les mesures fiscales.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous avez une
autre question, il faut vous adresser au président.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Une autre question,
les mesures fiscales. On comptait sur un impact de quelque 100 000 000 $.
Est-ce qu'on est en mesure de nous dire ce que cela aura effectivement
donné?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Les informations qui n'ont été
fournies sont dans le sens que ce serait plus proche de 20 000 000 $ que de 100
000 000 $.
Le Président (M. Parent, Sauvé): êtes-vous en
mesure, M. le ministre, de fournir une explication?
M. Ryan: Je regrette, je ne suis pas en mesure de communiquer
cette information. Cela relève du ministre des Finances. Je pense que la
question peut lui être adressée.
Mme Blackburn: Quelles représentations entend faire le
ministre compte tenu de la proposition en ce sens qu'on harmonise nos
politiques fiscales avec celles du gouvernement fédéral sur cette
question en particulier?
M. Ryan: Nous l'abordons avec beaucoup de prudence et je pense
bien que le ministre des Finances, dans le discours qu'il prononcera à
l'occasion du budget, fournira des indications sur ce sujet. Ce sera
sûrement un thème majeur de son discours sur le budget,
l'ajustement du Québec face à la réforme fiscale de M.
Wilson.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, dans son...
M. Ryan: Je n'ai pas reçu de mandat de lui de
dévoiler ce qu'il dira dans son discours sur le budget.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, dans son introduction, le
ministre nous disait que le Parti québécois avait
"garroché" des programmes. Je réutilise son expression. Si
c'étaient des programmes "garrochés", le ministre peut-il nous
dire pourquoi il n'a pas trouvé moyen de faire mieux et quels sont les
programmes proprement présentés par le présent
gouvernement?
M. Ryan: Nous n'avons pas les moyens d'en présenter de
nouveaux pour l'instant, parce que nous avons hérité de
ceux-là qui étaient à peine au point de départ au
sujet desquels il a fallu des ajustements nombreux qui ont pris de longs mois
de négociations, à la fois avec les responsables et avec les
autorités gouvernementales concernées.
C'est après que nous eûmes ajusté de manière
que nous souhaitons plus solide les orientations de chacun que nous avons
investi les ressources nécessaires. Mais on en a assez en marche avec
les centres spécialisés, avec ces centres de recherche dont j'ai
parlé, pour ne pas multiplier les initiatives dans toutes les directions
en même temps.
M. Létourneau a dit qu'au ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique, des nouvelles
ressources avaient été libérées pour certains
centres qui seront plus immédiatement accordés aux objectifs du
ministère concerné. Mais en ce qui nous touche, nous ne sommes
pas friands de créations pour l'instant, parce que si nous pouvons faire
la preuve que ce qui est en marche fonctionne bien et donne des
résultats, ce sera la meilleure semence pour d'autres créations
en temps utile.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre n'estime pas que la
meilleure semence est encore et restera toujours dans le nombre de
diplômés de 2e et de 3e cycle et que pour avoir des
diplômés aux 2e et 3e cycle, il faut augmenter notre
performance au 1er cycle? Mais pour l'augmenter au 1er cycle, il faut aller au
collégial et il faut surtout s'assurer qu'un plus grand nombre de jeunes
terminent leur secondaire, parce que notre bassin d'alimentation pour le 3e
cycle vient essentiellement de notre performance ou sous-performance en
matière de diplômation au niveau secondaire.
On a examiné les crédits à la fois de
l'enseignement primaire et secondaire; on a vu celui de l'enseignement
collégial et ceux de l'enseignement universitaire. On n'a pas d'effort
concret, réel. On ne sent pas une direction, une volonté qui se
traduise par des actions visant à relever le niveau de scolarité
au Québec.
La capacité du Québec - le ministre le sait
également - d'aller chercher des subventions fédérales
réside dans sa performance dans la formation des chercheurs. On s'est
aperçu que si on avait des retards au 2e et 3e cycle, bien qu'on ait
fait des pas importants, et c'est reconnu dans le document du ministre, en
matière de diplômation de 2e et 3e cycle entre 1979 et 1982... On
reconnaît de plus en plus que, même si le Québec est assez
performant par rapport aux inscriptions dans les universités au premier
cycle, étant donné qu'il s'inscrivait dans les certificats, cela
n'augmentait pas notre performance en 2e et 3e cycle. Essentiellement, la
diplômation sera plus élevée dans la mesure où on
aura un nombre plus élevé d'étudiants en premier cycle.
C'est cet effort, cette espèce de volonté politique qu'on ne sent
pas de relever le niveau de scolarité des Québécois par
des mesures concrètes, visibles et par un encouragement. On ne sent pas
cela. On ne sent pas cela non plus dans le budget du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
On termine presque l'étude des crédits et ma
préoccupation était de vérifier jusqu'à quel point
c'était demeuré une priorité et jusqu'à quel point
les mesures qui étaient prises voulaient assurer une meilleure
qualité de l'éducation et favoriser une plus grande
accessibilité. On sait que les bourses de deuxième cycle n'ont
pas été augmentées et, de l'avis de Mme Quérido
hier soir, aucun étudiant ne peut vivre avec 7500 $ par année. Il
doit joindre à cela d'autres revenus. Ce qui a des effets sur la
durée des études.
En matière de recherche, en dépit du discours peu
reluisant du ministre et à l'exception des mesures touchant la
vulgarisation scientifique, le tableau ne montre aucune mesure additionnelle
novatrice qui nous permettrait de créer des emplois scientifiques, qui
nous permettrait de développer la recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Je reviens avec la question, étant
donné qu'on est dans le volet des sciences.
Quelles sont les mesures que ce gouvernement a prises? Quelles sont les
mesures novatrices qu'il a prises pour favoriser le développement de la
recherche?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: À observer la lenteur de la réflexion de
la députée de Chicoutimi, on n'a pas l'impression qu'il nous
reste seulement une heure de travail. Cette question-là aurait pu
être formulée très simplement, la réponse serait
déjà donnée, on aurait déjà abordé un
autre sujet. Je voudrais dire, M. le Président, que le gouvernement
actuel, dans le domaine de l'éducation en particulier, est beaucoup plus
soucieux de solidité que d'innovation à tout prix. Nous ne
faisons pas une maladie de l'innovation à tout prix, nous faisons, par
exemple, un souci constant de la solidité, de la profondeur de l'effort.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, notre premier souci a
été de rétablir un climat moral de notre système
d'enseignement, un climat de confiance des enseignants en eux-mêmes. Leur
confiance avait été détruite par les mesures du
gouvernement précédent: vos réductions de salaires, vos
mesures arbitraires en matière de négociation collective. Ils ne
voulaient pas avoir des petits suçons de mesures, de ceci et de cela,
ils voulaient avoir un gouvernement qui les respecterait, qui serait capable de
s'entendre avec eux sur des conditions de travail décentes.
Mme Blackburn:...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madame.
M. Ryan: Dans les universités, nous avons découvert
la même situation. C'était un climat de morosité
généralisé. Regardez les choses aujourd'hui. Les
problèmes ne sont pas tous réglés, nous en convenons, mais
nous avons créé un climat beaucoup plus favorable au travail et
c'est la contribution majeure que nous avons apportée au
développement du système d'enseignement et c'est la plus
importante, de beaucoup. Je vous en donnerai un exemple. Il y a deux jours,
j'ai rencontré les dirigeants des grandes associations nationales
d'éducation pour leur faire part des grandes lignes du programme de
promotion du français à l'école. Je n'y allais pas avec
une audace spéciale parce que je suis parfaitement conscient du
caractère modeste des crédits qui ont été
libérés à cette fin. Savez-vous ce que la grande
majorité d'entre eux m'ont dit? Ils m'ont dit: M. le ministre, ce qui
est important dans cela, ce n'est pas d'abord la question d'argent, c'est
l'orientation et l'attitude et vous l'avez. J'étais content de cela.
À force de faire croire à nos gens que c'est seulement à
coup d'argent qu'on va faire avancer les choses, je pense qu'on
les induit profondément en erreur. C'est d'abord à coup de
solidité, et d'efforts en profondeur. S'il faut des crédits pour
supporter cet effort-là, c'est très bien, mais il est temps qu'on
inverse les proportions et qu'on mette la priorité là où
elle doit vraiment être située. Cela a été notre
première contribution. (11 h 45)
En matière d'accessibilité, je pourrais vous dire ce qu'on
fait dans le domaine collégial. Quand on construit un pavillon à
Gatineau, ce n'est pas pour faire plaisir au député, M. Kehoe,
c'est parce que les milieux concernés nous ont dit: On veut avoir
accès à l'enseignement collégial chez nous. Quand j'ai
été ouvrir moi-même le sous-centre d'enseignement
collégial à Mont-Laurier, je ne suis pas allé là
seulement pour m'amuser. C'est parce qu'une population avait pris son sort en
main et nous avait dit qu'elle voulait avoir accès à
l'enseignement collégial. Quand nous avons créé un
comité d'étude sur l'enseignement supérieur sur la
Côte-Nord, qu'est-ce que nous avons fait sinon développé
l'accessibilité? Quand nous avons décidé d'implanter
l'enseignement collégial, à Val-d'Or, que vous aviez
littéralement ignorée pendant neuf ans - il était rendu
à Amos, l'enseignement collégial, on avait passé pardessus
Val-d'Or, cela n'exsistait pas dans la mentalité de l'ancien
gouvernement - qu'est-ce que nous avons fait sinon servir l'objectif de
l'accessibilité? Ce sont quelques exemples.
Au terme d'une discussion qui a duré plusieurs heures, arriver
avec une question passe-partout comme celle-là, je ne pense pas que cela
fasse avancer beaucoup la discussion. Je l'accepte parce que cela me fournit
une excellente occasion de dire ce que fait le gouvernement et, de ce point de
vue, j'en suis reconnaissant à la députée de Chicoutimi.
Elle m'a demandé tantôt ce qu'on fait pour promouvoir les
doctorats. Je peux bien réunir quatre ou cinq bureaucrates et dire: On
va concevoir un schème pour multiplier les doctorats de 10 % cette
année, 10 % l'année prochaine. "Its worth nothing in my mind".
Cela ne vaut rien, cela, pour moi. Ce qui compte, c'est de créer des
conditions qui vont faire que des jeunes vont s'orienter de plus en plus vers
des études avancées.
Je peux au moins dire que de 1983 à 1987, le nombre de
maîtrises qui ont été décernées par nos
universités a augmenté de 3594 à 4553. Nous en avons 4553
en 1987, c'est-à-dire une augmentation de 27 %. C'est quand même
un progrès qui est encourageant. C'est signe qu'on s'en va du bon
côté. On me dit qu'en 1988, nous allons avoir des données
encore plus intéressantes. Il va en avoir une de plus, cela va
être une de mes filles.
Pour les doctorats, nous en avions 418, nous en avons eu en 1987, 593,
une augmentation de 41 %. C'est comme cela qu'on va mesurer au bout de la
ligne. Et des petits programmes de ceci et de cela, on en a déjà
une quantité. On essaie de simplifier. On ne veut pas les multiplier, on
veut que les grandes politiques qui existent produisent leurs fruits. Cela
résume, M. le Président, l'orientation fondamentale du
gouvernement en ces choses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je ferai juste remarquer que le ministre cite des
chiffres de 1983 à 1987. Je pense qu'on se trouve plus en mesure
d'évaluer la performance réelle du présent gouvernement,
les efforts qu'il aura consentis pour maintenir la croissance de ce
développement et on sera en mesure de faire cette évaluation
peut-être un peu mieux au cours du prochain exercice en commission
parlementaire l'an prochain. Pour le moment, il n'en demeure pas moins,
au-delà de tous les exemples qu'il nous a donnés touchant
l'enseignement collégial, qu'il y avait déjà des efforts
de déconcentration de l'enseignement collégial - le ministre le
sait -on avait ouvert quatre sous-centres dans le temps et on n'a pas attendu
le gouvernement du Parti libéral pour le faire. Qu'il poursuive l'effort
de déploiement de l'enseignement collégial, c'est tout à
fait normal, cela relève de sa responsabilité, que je sache. Ce
que je disais c'est que, de façon générale, on ne sent pas
le fil conducteur qui nous permettrait de dire qu'au Québec,
l'éducation est une priorité et que l'accès à
l'éducation est un droit et non pas un privilège, un
prtviège pour ceux qui peuvent se payer les écoles
privées, pour ceux qui savent à quelle porte frapper. Le ministre
le sait, je ne recommencerai pas le discours ici.
Institut Armand-Frappier
Pour ma part j'aurais terminé. Il y aurait eu un autre sujet,
mais comme je sais qu'on a encore les prêts-bourses... Il y avait le
statut de Biochem et les paiements de transfert du fédéral pour
le financement de l'enseignement supérieur, de même que les
modifications à l'Institut Armand-Frappier, IAF, et plus
particulièrement à Biochem. On sait qu'il y avait une
recommandation voulant qu'on distingue bien à la fois les entreprises de
recherche et celles de production rattachées à l'Institut
Armand-Frappier. Il semble qu'une orientation qui est en train de se
dégager voudrait qu'il y ait des influences de plus en plus grandes de
la production sur la partie recherche. Là-dessus, cela avait de quoi
nous préoccuper. Je me demandais quelles étaient les intentions
du ministre.
M. Ryan: M. le Président, le cas de l'Institut
Armand-Frappier est un cas très particulier. C'est une institution qui a
connu ses débuts à l'Université de Montréal, sous
la direction de son fondateur, le Dr. Frappier, qui était au
départe-
ment de biologie à ce moment, si mes souvenirs sont exacts - j'ai
eu l'occasion de le connaître dès cette époque - et qui a
pris un développement fantastique.
Cela devenait difficile, à l'Université de
Montréal, de continuer d'accommoder cet organisme un peu spécial.
L'Université du Québec l'a pris sous son aile protectrice. C'est
évident qu'il y a une sorte d'interaction de la dimension recherche et
de la dimension entreprise commerciale dans cet organisme, qui est très
difficile. Il fabrique des vaccins, par exemple. Pour fabriquer des vaccins,
cela prend des chercheurs. Il faut inventer des vaccins nouveaux. L'autre jour,
je suis allé les visiter et j'ai rencontré des chercheurs qui
travaillent sur des vaccins nouveaux dans divers domaines. Ensuite, il faut les
mettre en marché et, là, il faut créer des services
à cette fin. Où commence le commerce là-dedans et
où finit la recherche?
C'est très difficile. Je crois c'est un fait qu'il s'est
introduit une certaine confusion des responsabilités. J'ai
été heureux de constater, lors de ma visite récente
à l'institut, que le directeur intérimaire, M. Lionel
Boulé, qui a une très longue expérience en direction de
recherche, parce qu'il avait été le directeur du centre de
recherche d'Hydro-Québec en énergie, est en train de mettre
beaucoup de clarté dans cette situation. C'est un des
éléments qui feront l'objet d'observations que j'aurai à
communiquer à l'assemblée des gouverneurs de l'Université
du Québec lors d'une rencontre que j'aurai avec celle-ci autour des
recommandations du rapport Després. Mais c'est évident qu'il
faudra exiger une délimitation beaucoup plus nette des champs
d'activité de cet organisme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le programme 4? Oui, Mme
la députée de Jacques-Cartier.
Financement des équipements
universitaires
Mme Dougherty: J'ai deux courtes questions. D'abord, le
problème que vous avez signalé à la page 13, M. le
ministre, le problème chronique de sous-équipement des
universités québécoises en matière de recherche.
Dans ce paragraphe, vous dites que l'effort financier requis pour redresser la
situation sera très lourd. À la fin, on suggère qu'il faut
développer et adopter des mécanismes innovateurs pour le
financement de ces équipements. J'aimerais savoir ce que vous envisagez
comme solution possible pour ces mécanismes innovateurs?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Est-ce que je pourais demander à la
députée de reprendre la question, s'il vous plaît. Je n'ai
pas saisi exactement la portée de la question. Je m'en excuse.
Mme Dougherty: II s'agit du problème de financement des
équipements de recherche. C'est un problème dans tout le Canada.
À la fin du paragraphe à la page 13, on suggère la
possibilité d'adopter des mécanismes innovateurs pour financer
ces équipements. J'aimerais savoir ce qu'on envisage comme solution
possible pour financer ces équipements.
M. Ryan: Ainsi que je l'ai dit tantôt, la première
condition d'une politique à long terme en matière de financement
des équipements universitaires, c'est d'acquérir une connaissance
précise de la situation réelle des universités en cette
matière...
Mme Dougherty: Oui, je suis...
M. Ryan: ...et de leurs besoins véritables. C'est la
première chose qui n'est pas réalisée encore et que nous
devrons réaliser au cours des prochains mois. En attendant que nous
ayons cela, nous fonctionnons par l'examen des projets qui nous sont soumis.
Quand nous avons eu cette politique de budgets spécialement
consacrés aux équipements, les 5 000 000 $ par année au
cours des quatre prochaines années - ce n'est pas très innovateur
- c'est une chose qui est quand même accueillie avec un très grand
soulagement dans les universités, comme le sait la députée
de Jacques-Cartier, dont tout le monde connaît la familiarité avec
les questions universitaires. Mais il y a beaucoup plus qui peut être
fait.
En matière d'équipement, on peut envisager des liaisons
entre l'université et l'industrie. Nous examinons actuellement un projet
qui nous a été soumis par l'Université McGill pour la
modernisation du centre de recherche en pâtes et papiers. Je ne vous
cacherai pas que c'est un projet que j'examine avec beaucoup de sympathie. Je
crois que l'industrie fait sa part dans cet organisme. L'Université
McGill fait sa part depuis longtemps également. Il incomberait que le
gouvernement envisage également de faire quelque chose. C'est une
formule intéressante que d'autres universités pourraient examiner
avec profit parce qu'elle a mis à contribution, depuis de nombreuses
années, trois grands éléments: l'université,
l'entreprise et des chercheurs individuels qui avaient des ramifications
à travers l'univers entier. C'était un centre de recherche dont
la qualité était reconnue au-delà des frontières
canadiennes.
Mme Dougherty: Merci. L'autre question: Est-ce que...
M. Ryan: Je remarque aussi qu'il y a des entreprises qui nous
approchent depuis un certain temps pour nous dire qu'elles seraient
prêtes à fournir une contribution pour le développement
d'équipements universitaires, à condition que le gouvernement
fasse sa part également. Nous
sommes en train d'étudier les éléments d'une
politique éventuelle de ce côté.
Je remarque que les entreprises sont très
intéressées. Par exemple, à Polytechnique, on est en train
d'ajouter deux étages, avec la participation financière du
gouvernement. Ceux qui passent à Montréal peuvent s'en rendre
compte. Chaque porte de bureau, de salle de réunion ou de salle de cours
sera Identifiée par le nom d'un donateur. Si la personne a donné
10 000 $, elle aura peut-être droit à un fauteuil ou à un
tableau. Si elle a donné 1000 $, ce sera peut-être une
poignée de porte ou un allumeur sur un mur.
Tout peut être Identifié, selon la mentalité de ces
milieux que nous connaissons. Il y a une participation, quand même. Le
gouvernement fait une part très importante. Les milieux d'affaires vont
également faire leur part. Cela leur permettra d'avoir un
équipement encore meilleur. C'est ce que nous voulons dire en parlant de
possibilité de méthodes innovatrices.
Je pense aussi qu'il y aura une collaboration plus étroite
à mettre en oeuvre entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement québécois. Je ne suis pas de ceux qui
prétendent que le gouvernement fédéral devrait se retirer
de tout le domaine de la recherche. C'est une proposition qui ne tient pas
debout, à sa face même. Il y a un rôle absolument
indispensable que le gouvernement fédéral doit accomplir, dans le
champ de la recherche. Plutôt que de le bouder ou de chercher vainement
à le nier ou à l'annuler, mieux vaut chercher à le
définir en rapport avec celui qui peut être propre au gouvernement
du Québec, aux milieux intéressés au Québec. C'est
ce que nous nous employons à faire.
Diffusion de la culture scientifique
Mme Dougherty: Merci. La deuxième question: Est-ce qu'on
exploite adéquatement les possibilités de la
télévision pour mieux diffuser la culture scientifique?
M. Ryan: Pardon?
Mme Dougherty: Est-ce qu'on exploite adéquatement les
possibilités de la télévision pour mieux diffuser la
culture scientifique? C'est un moyen privilégié, je crois.
M. Ryan: M. le Président, avec votre permission,
j'aimerais demander à M. Létourneau de discuter de cette
question. Moi-même, je vois assez peu de télévision. Mon
programme ne m'en donne pas beaucoup le loisir. J'aimerais mieux ne pas porter
de jugement sur ce média qui pourrait être entaché de mon
manque d'expérience. Je vais demander à M. Létourneau.
Une voix: ...qui, lui, a le temps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Que ceux qui ont
le temps de regarder la télé répondent.
M. Létourneau, nous vous écoutons. (12 heures)
M. Létourneau: Merci. Enfin, j'aurais assez de
difficultés à me retrouver dans TV-Hebdo.
Je pense qu'on examine, dans le cadre d'un plan d'action qui a
été annoncé en matière de culture scientifique et
technique, les divers médias qui pourraient être utilisés
à des fins de diffusion. On sait déjà que la
société Radio-Canada, Radio-Québec ou
Télé-Métropole diffusent certaines émissions
scientifiques. Évidemment, les coûts de ces émissions sont
extrêmement élevés. Ce qui fait un médium qui reste
quand même onéreux. On aide principalement des organismes qui
diffusent, soit via des revues scientifiques, ou encore les manifestations
comme des expositions. L'Expo-Sciences est un média assez important de
diffusion de la culture scientifique et un moyen complémentaire pour la
formation aux sciences et à la technologie. On examine ces moyens qui
sont évidemment beaucoup moins coûteux, ce qui n'empêche pas
en fait que l'on regarde comment on peut utiliser ce
mécanisme-là, mais je dois avouer que les coûts sont
tellement élevés que c'est ce qui limite l'utilisation de ce
moyen de communication.
Mme Dougherty: Je pense aux programmes de PBS aux
États-Unis qui sont en anglais, mais on pourrait peut-être les
utiliser, les traduire, etc., parce que je parle de la grande masse des
personnes qui ont très peu de connaissances des choses scientifiques. La
télévision est un outil très puissant pour diffuser le
message.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui est en mesure
de répondre?
M. le ministre? C'est concernant l'utilisation d'un système
identique ou semblable au PBS américain.
M. Ryan: Malheureusement, cela ne relève pas de ma
compétence, mais j'ai la plus vive admiration pour le système PBS
américain. Si nous pouvions nous en inspirer davantage pour une
activité de radiotélévision à caractère
éducatif, cela contribuerait beaucoup à relever le niveau
culturel du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur le même
sujet, Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: II y a quelques années, à Radio-Canada,
il y avait une émission scientifique animée par Fernand Seguin
qui mettait vraiment la science à la portée de tous. Je me
demande si on ne pourrait pas, par le ministère, demander qu'il y ait un
autre programme dans ce genre-là. Dans les écoles, je me souviens
qu'on faisait des travaux après ces émissions pour voir si on
avait bien saisi ce que M. Seguin nous avait dit la veille et que
c'était très intéressant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
quelqu'un veut réagir au commentaire ou à l'intervention
de Mme la députée de Groulx?
M. Ryan: Je crois qu'en fait M. Seguin a fourni une contribution
remarquable en matière de vulgarisation scientifique. Il a vraiment
été l'homme de sa génération de ce point de
vue-là et il convient de lui rendre un hommage très
mérité.
De plus, il y a d'autres émissions à caractère
scientifique à Radio-Canada, d'après ce que je comprends, mais je
n'en ai pas vu à la télévision pour les raisons que je
donnais tantôt. Il m'est arrivé d'en écouter le dimanche
midi à la radio, il y en avait une. On me dit que le samedi soir
à la télévision, il y a Sciences Réalité. On
va demander à M. Létourneau, dans le programme de diffusion de la
culture scientifique dont nous parlons, d'examiner ce volet de manière
particulière en consultation avec les autres niveaux du système
d'enseignement. Cela intéresse également le secondaire et le
collégial.
L'endettement des universités
M. le Président, je voudrais vous demander la parole, si vous le
permettez, parce que nous devions fournir des précisions additionnelles
à un stade ultérieur de la réunion. Ce serait important de
les apporter maintenant. Ce sera très bref.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les
réponses additionnelles à la demande de?
M. Ryan: Sur l'endettement des universités à
compter de 1984-1985.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Si vous les
aviez donnes à ce moment-là, on vous aurait écouté.
On va vous écouter.
M. Ryan: Je ne les avais pas à ce moment-là. Je les
avais dans ma tête, mais je ne voulais pas prendre de chance.
Au 31 mai 1984, le déficit accumulé des universités
était de 1 200 000 $; en 1984-1985, les universités ont fait un
déficit de 49 100 000 $. Le déficit est donc passé
à 50 300 000 $. En 1985-1986, nouveau déficit de 37 100 000 $; le
déficit accumulé est passé à 87 400 000 $; en
1986-1987, nouveau déficit de 36 000 000 $, c'est passé à
123 400 000 $; en 1987-1988, 18 400 000 $, cela passe à 141 800 000 $.
Cela veut dire qu'on a commencé à descendre alors que pendant les
trois dernières années du gouvernement précédent,
cela a connu une hausse spectaculaire. C'est là qu'est arrivé le
problème comme je l'ai dit depuis le début de nos travaux et
comme l'illustrent tous les chiffres.
J'ajoute maintenant une confirmation de ce qui a été
donné hier. J'ai donné hier des chiffres qui me venaient de mon
conseiller économique, M. Gaétan Lévesque, mais la
direction des études universitaires me fournit des nouveaux chiffres sur
les subventions par étudiant, en dollars constants, un critère
fondamental qu'on ne peut pas éluder. 1984-1985: 6576 $; 1985-1986: 6564
$; 1986-1987: 6523 $; 1987-1988: 6951 $; 1988-1989: 7018 $, sans compter les
coûts de conventions collectives, qui vont augmenter la partie salariale,
laquelle représente, au bas mot, 70 % à 75 % des dépenses,
de 4 % à peu près. Cela veut dire que cela va monter au moins
à 7200 $. Alors, c'est l'évolution depuis trois ans. Je pense que
ce sont les chiffres que nous devons retenir de notre discussion sur
l'endettement des universités, sur les subventions par étudiant
aux universités et cela parle plus fort que toutes les explications
qu'on pourrait fournir à partir de théories
préconçues.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Étant donné que cette réponse vient à la
demande du député de l'Opposition, je reconnais... Est-ce que
vous vouliez intervenir, madame?
Mme Blackburn: Oui, simplement une remarque et deux questions. La
croissance du déficit est de l'ordre de plus de 53 000 000 $ au cours
des deux derniers exercices financiers. On n'est pas en mesure de savoir si les
universités vont pouvoir présenter des budgets
équilibrés en 1988-1989. Selon l'information que j'ai, du
côté des universités en régions, elles ne seront pas
en mesure de le faire, pas plus qu'elles n'ont été en mesure de
le faire cette année. Le déficit continue à croître
et il n'y a pas, à ma connaissance, de mesure destinée aux
universités du Québec pour les aider à résorber le
déficit. Est-ce que le ministre a une idée de ce que cela
pourrait représenter la prochaine année?
M. Ryan: J'ai déjà répondu à cette
question antérieurement, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pas d'autre
question? S'il n'y a pas d'autres ('interventions sur le programme 4, est-ce
qu'il est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Aide financière aux étudiants
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. J'appelle immédiatement le programme 3, qui a pour titre: Aide
financière aux étudiants. Tel qu'entendu, j'invite le ministre
à nous faire part de ses commentaires en quinze minutes. Je vous
écoute.
M. Ryan: M. le Président, à notre arrivée au
pouvoir, nous avons dû faire face à une situation des plus
difficiles concernant le régime de l'aide financière aux
étudiants. Le nouveau
système informatique appelé "Girafe 2000" connaissait des
ratés si importants qu'il a fallu rapidement le mettre de
côté. En imposant, le 15 janvier 1986, un moratoire sur ce projet
raté de gestion informatisée du régime d'aide
financière, je m'engageais à mettre de l'ordre dans la gestion du
régime, de façon que l'aide financière soit émise
dans des délais rapides, en même temps que seraient
simplifiées les procédures administratives.
Dès l'année 1987-1988, des progrès décisifs
ont été réalisés à ce chapitre. Tous les
étudiants dont les demandes de prêt correctement
complétées nous étaient parvenues avant le 30 juin 1987
ont obtenu leur certificat de prêt au début de l'année
scolaire, c'est-à-dire dès le mois de septembre. Nous
réalisions ainsi un gain d'au moins cinq semaines en moyenne dans le
traitement de ces demandes en comparaison avec l'année
précédente. Toutes les demandes de bourse complètes qui
avaient été reçues dans les délais prescrits
avaient également été traitées avant le 23
décembre de la dernière année. Au début du mois de
décembre, les étudiants admissibles à une bourse avaient
même reçu leur premier versement alors que, la première
année de notre exercice du pouvoir, nous recevions pendant le temps des
fêtes et pendant le mois de janvier et le mois de février les
représentations innombrables d'étudiants qui nous disaient: On
n'a pas notre bourse. Cette performance est digne de mention. Je veux en
féliciter les principaux responsables, à commencer par le
sous-mlnlstre adjoint, M. Pierre Boisvert, qui est en charge du régime
d'aide financière et qui est maintenant assis à ma droite. Elle
est d'autant plus louable que, en même temps que nous devancions les
échéances, nous avons réussi à resserrer
sensiblement les contrôles.
Nous avons également entrepris l'examen minutieux des modes de
fonctionnement de l'aide financière. Cet examen nous a permis de mettre
au point un projet de rationalisation des activités de l'aide
financière aux étudiants qui devrait garantir la permanence des
résultats obtenus cette année. Ce projet de rationalisation vient
de recevoir l'approbation du Conseil du trésor. Il visera à
accroître la qualité des services rendus à la
clientèle et permettra de considérer, pour établir l'aide
gouvernementale, l'ensemble des données pertinentes accumulées au
cours des ans dans le dossier de l'étudiant. Nous avons entrepris en
outre la révision des pratiques d'attribution de l'aide
financière. Cette révision assurera une plus grande transparence
du régime, permettra aux étudiants de mieux estimer l'aide qu'ils
pourront obtenir, de mieux comprendre le fonctionnement du régime.
Déjà, des améliorations importantes ont été
apportées aux services dès cette année. Nous avons fourni
à l'étudiant, à l'intérieur du guide, un outil de
calcul qui vise à l'aider à établir lui-même le
montant de l'aide qu'il pourra obtenir. En outre, la direction de l'aide
financière a fourni aux étudiants une fiche indiquant de
façon beaucoup plus précise que par le passé la
manière détaillée dont l'aide à laquelle ils ont
droit a été établie.
Les services d'accueil et de renseignement ont également
été améliorés. Le nouveau système de
réponses téléphoniques permet de recevoir un nombre plus
élevé d'appels. Le nombre d'agents d'Information a
également été accru. En 1987-1988, nous avons
apporté des modifications aux délimitations des régions
administratives. Cela a permis d'ajouter plusieurs municipalités aux
territoires déjà couverts par notre mesure d'aide
supplémentaire aux étudiants en provenance des régions
éloignées. Par le fait de ces changements dans la
délimitation des régions administratives, 3000 étudiants
additionnels bénéficieront de cette mesure qui est un
supplément de 400 $ qui s'adresse aux étudiants
dépendants. Le total des étudiants bénéficiaires
sera porté à 13 000. Je pense qu'il n'est pas
exagéré de dire que c'est une autre mesure qui améliore
l'accessibilité. En outre, la compétence du service d'accueil
québécois des étudiants étrangers nous a permis
d'obtenir, comme je l'ai signalé hier, la gestion du programme
fédéral de bourse à la francophonie.
En ce qui touche la réforme du régime, les travaux se
poursuivent depuis quelques mois en vue de mettre au point les
améliorations qu'il conviendrait d'apporter au régime. Je vous
fournirai volontiers, tantôt, sur demande, les renseignements sur les
rencontres que nous avons eues à ce sujet avec les organismes
étudiants. Pour l'instant, je voudrais préciser que la
réforme ne sera pas un chambardement radical, mais plutôt un
ensemble d'améliorations inspirées des observations que nous
faisons à l'application du régime et des suggestions qui nous
auront été faites par les milieux concernés, soit les
associations représentatives des étudiants et, également,
les organismes chargés de la gestion du programme. Les principes de base
du régime ne sont pas remis en question. Nous cherchons plutôt
à répondre à des problèmes vécus qui ont
été portés à notre attention. Parmi les
clientèles dont les problèmes ont déjà retenu |
notre attention, je mentionne les suivantes:
Les femmes enceintes. Des modifications ont été
déjà été apportées aux règles
d'attribution du régime afin d'accorder le statut d'autonomie aux
étudiantes après 20 semaines de grossesse.
Les fils et les filles d'agriculteurs. Nous poursuivons nos
études en vue d'améliorer l'accessibilité au régime
pour les enfants d'agriculteurs dont les actifs sont souvent un obstacle
à l'obtention de l'aide souhaitée.
Les étudiants gravement handicapés. Nous envisageons de
couvrir une partie plus importante de leurs besoins.
Les étudiants chercheurs de 2e et de 3e cycle. J'en ai
déjà parié plus tôt ce matin.
Les étudiants à temps partiel. Nous poursuivons les
travaux là-dessus, mais ne sommes guère aidés par les
conclusions de l'expérience
faite sous l'empire du régime fédéral. Sous
l'empire du régime fédéral, on a constaté que les
demandes au titre de ce programme ont été beaucoup moins
nombreuses qu'on ne le pensait. Actuellement, le gouvernement
fédéral est enclin à remettre en question le principe
même de ce programme.
Les étudiants du secondaire professionnel. Nous cherchons des
mesures qui pourront leur venir en aide de manière qu'il y ait
égalité d'émulation entre le secondaire professionnel et
le professionnel collégial. Actuellement, les étudiants du
collégial professionnel ont accès au régime d'aide
financière. Ceux de secondaire professionnel n'y ' ont pas accès,
même quand ils sont appelés à se déplacer de leur
région pour aller suivre un cours disponible seulement dans une autre
région. Nous avons un régime d'aide à la pension qui est
extrêmement limité dans sa portée et nous allons
l'élargir quelque peu cette année. Mais ce que nous visons, c'est
une intégration éventuelle ou une accessibilité
éventuelle des avantages de l'aide financière pour les
étudiants du professionnel secondaire.
Parmi les problèmes qui ont été soumis à mon
attention au cours des derniers mois, il y a l'arrimage avec l'aide sociale.
C'est un problème auquel nous travaillons très fort avec le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Il faut que le nouveau régime d'aide sociale et le régime de
l'aide financière aux étudiants puissent s'arrimer. On ne peut
pas avoir des barèmes différents. On ne peut surtout pas avoir,
à l'aide sociale, des barèmes qui seraient plus
généreux que l'aide financière aux étudiants, de
manière que nos politiques seraient plus ou moins un encouragement
à laisser les études pour aller à l'aide sociale. (12 h
15)
Nous n'avons pas terminé les exercices d'arrimage qui sont
extrêmement complexes et nous les poursuivons dans un esprit de
collaboration. Il n'est pas question pour nous d'éliminer la
contribution du candidat lui-même à l'aide financière, ni
de ses parents ou de son conjoint. Mais nous étudions le niveau de cette
contribution, de manière à voir s'il ne pourrait pas être
ajusté, d'une façon plus favorable, à l'obtention de
l'aide financière pour l'étudiant. Nous avons pris connaissance
avec beaucoup d'intérêt de l'avis du Conseil des
universités dont nous examinerons les recommandations avec soin.
Au cours de la prochaine année, parmi les mesures que nous
instaurons, il y a la gradation du seuil d'exclusion, laquelle rendra
admissibles à une aide moyenne de 1000 $ quelque 5000 étudiants
additionnels. Cette mesure permettra de hausser de quelque 5 000 000 $ le
niveau de l'aide accordée sous forme de prêt. Autrefois, cela
coupait carré; si vous étiez en deçà du seuil
permis, c'était final. Tandis que là, il y aura une gradation des
seuils qui ne se terminera pas par une échéance abrupte et
aveugle.
En second lieu, nous procédons à l'abolition de la
conversion en prêt des premiers 400 $ du montant versé à
l'étudiant sous forme de bourse. L'abolition de la conversion et son
intégration dans le prêt maximum consenti à
l'étudiant procureront à 28 000 étudiants une aide accrue
de 300 $, en moyenne, sans pénaliser les étudiants
bénéficiaires de bourses, lesquels voyaient de toute façon
cette partie de leur bourse se transformer en prêt. Cette mesure implique
une hausse du volume de prêt d'environ 8 500 000 $. Les bourses
d'excellence - j'en ai parlé - ne seront plus tenues en compte pour le
calcul du revenu de l'étudiant que dans une proportion de 50 %,
après une déduction du premier montant de 500 $.
Enfin, une hausse de neuf points supplémentaires de pourcentage
sera apportée à la valeur maximale du prêt. Cette mesure
permettra à 108 000 étudiants de bénéficier d'un
prêt d'une valeur accrue. Le prêt maximum s'élèvera
à 1820 $ pour les étudiants de cégep, à 2380 $ et
à 3210 $ respectivement pour les étudiants de premier cycle
universitaire et de 2e et 3e cycles universitaires. Les sommes additionnelles
que permettra de déployer cette mesure sont de l'ordre de 14 500 000 $.
En tout, les mesures instituées cette année, en 1988-1989,
année budgétaire, permettront de hausser de quelque 20 000 000 $
le volume total de l'aide financière mise à la disposition des
étudiants et permettront de dégager des sommes
supplémentaires qui bénéficieront à quelque 113 000
étudiants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre, et je vous félicite. C'est un exposé record.
Étant donné que nous abordons l'étude du dernier programme
et que, comme chacun le sait, nous sommes encadrés encarcanés, je
dois dire, dans un bloc d'heures, je vais accorder le droit de parole comme
suit: Pour le dernier programme, comme la coutume le veut, je vais
reconnaître le porte-parole de l'Opposition pour dix minutes et, ensuite,
je demanderai s'il y a des interventions du côté
ministériel - on me dit qu'il y en a déjà une. Je vais
reconnaître les gens du côté ministériel tant qu'ils
n'auront pas terminé de poser leurs questions. S'il reste du temps, je
reviendrai du côté de l'Opposition. Je reconnais
immédiatement Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Comme il
reste peu de temps, je voudrais que le ministre nous explique un peu mieux les
conséquences réelles de l'augmentation de 9 % apportée
à la valeur maximale des prêts. À la toute dernière
page de son document - au paragraphe du haut - on peut lire: "Une hausse de
neuf points supplémentaires de pourcentage sera également
apportée à la valeur maximale des prêts. Cette mesure
permettra à 108 000 étudiants de bénéficier d'un
prêt d'une valeur accrue."
L'analyse que je fais est la suivante: Ils
bénéficient d'un endettement accru, mais on les prive d'un
pourcentage équivalent de la bourse. Donc, les 68 000 boursiers voient
leur bourse diminuer de l'équivalent de l'augmentation des prêts.
Est-ce que c'est cela? Si cette mesure est exacte, cela implique une somme de
14 000 000 $, en admettant que, généralement, les prêts
sont indexés aux alentours de 4 % par année et, là, c'est
9 %. On peut penser que c'est la moitié de ce montant de 14 500 000 $
qui se trouve être un accroissement additionnel par rapport aux pratiques
antérieures. Est-ce que c'est juste?
M. Ryan: M. le Président, M. Boisvert pourra fournir des
éléments de réponse à cette question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Bois-vert.
M. Boisvert (Pierre): Vos données sont absolument
exactes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
M. Boisvert: Les données formulées par la
députée de Chicoutimi sont exactes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Mme Blackburn: Les prêts maximums l'an passé
s'élevaient à combien?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les prêts
maximums de l'an passé s'élevaient à combien?
Mme Blackburn: Incluant les 400 $ qu'on peut aller chercher.
M. Ryan: Je vais demander à M. Boisvert de fournir les
réponses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Boisvert.
M. Boisvert: Les prêts maximums aux
bénéficiaires de prêts seulement au niveau du cégep
étaient de 1255 $; pour ceux qui bénéficiaient d'une
bourse au cégep, 1655 $, c'est-à-dire la conversion du 400 $ de
bourse en prêt. Pour les étudiants universitaires de moins de 90
crédits, 1750 $ pour le prêt seulement; 2150 $ pour le boursier;
pour l'universitaire de plus de 90 crédits, 2485 $ pour le prêt
seulement et 2885 $ pour les boursiers.
Mme Blackburn: 2885 $. Donc, si on compare les données du
montant des prêts maximums de 1985-1986 à 1988-1989, on constate
que pour le collégial, c'est une croissance de 37 %. Est-ce que je me
trompe?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Mme Blackburn: Oui. Je voudrais comprendre les chiffres qu'on
avait donnés. En partant du 9 % d'augmentation, cela nous amenait
à une augmentation 1655 $ à 1805 $, si on prend un exemple pour
les prêts au collégial, alors que vous me dites que c'est 1820 $.
Donc, c'est plus de 9 %. Pourquoi dit-on 9 % si c'est 10 %?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Boisvert: La hausse de 9 %, on dit que c'est une hausse
supplémentaire. Le niveau de prêt chaque année est toujours
indexé au coût de la vie tel que c'est reconnu au niveau des
dépenses admises. Donc, automatiquement, les prêts maximums pour
1988-1989 se voyaient indexés de 3, 8 %.
Mme Blackburn: Oui.
M. Boisvert: C'est à partir de là que neuf points
supplémentaires ont été ajoutés.
Mme Blackburn: C'est neuf points aux 3, 8 %.
M. Boisvert: Oui.
Mme Blackburn: Donc, la vraie conversion de la bourse vers le
prêt, c'est 9 %.
M. Boisvert: 9 %, oui.
Mme Blackburn: Donc, l'exercice que je faisais tantôt,
c'est vraiment de 14 000 000 $?
M. Boisvert: Non.
Mme Blackburn: Alors c'est plus de la moitié?
M. Boisvert: C'est 8 000 000 $.
Mme Blackburn: Vous me dites que 9 % plus 3, 8 %, cela donne 12,
8 % d'augmentation et vous dites que cela a comme effet de faire
économiser 14 500 000 $, d'accord.
M. Boisvert: Non, non.
Mme Blackburn: Là, vous me dites que la part serait
seulement de 8 000 000 $ sur 14 000 000 $.
M. Boisvert: Lorsqu'on applique les neuf points
supplémentaires, les boursiers qui étaient boursiers en 1987-1988
vont voir un transfert de bourses en prêts totalisant 8 000 000 $
uniquement pour les boursiers. Par contre, si vous appliquez les 9 % à
l'ensemble de notre clientèle qui est 120 000
bénéficiaires de prêts, si vous enlevez les 68 000
bénéficiaires de bourses, vous
avez 60 000 bénéficiaires de prêts qui vont voir
leur prêt augmenter d'autant.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, quand je vous disais que
c'était 7 000 000 $ vous m'avez dit oui, c'était juste ma
lecture, donc c'est plus 8 000 000 $.
M. Boisvert: C'est 8 000 000 $, au lieu de 7 500 000 $ que vous
avez dit tantôt.
Mme Blackburn: Si on calcule l'augmentation de l'endettement des
étudiants du Québec depuis 1986-1987, à 1988-1989, quel
est-il au juste, si on les sépare par niveau? Collégial.
M. Ryan: Voici les données qui -répondent à
cette question-là. En 1985-1986, le niveau d'endettement des
étudiants ayant terminé leurs études était le
suivant: au collégial, 2550 $; à l'université, 4500 $;
pour l'ensemble des étudiants ayant terminé leurs études
aux deux niveaux, 3600 $. En 1986-1987, c'était passé à
2800 $ pour le collégial, 5000 $ pour l'universitaire, moyenne 4000 $.
En 1987-1988, c'était passé à 3200 $ pour le
collégial, 5500 $ pour l'universitaire, 4400 $ pour la moyenne. Si on
compare l'endettement des étudiants québécois à
celui des étudiants ontariens, il y a encore une marge
considérable. En 1985-1986, en Ontario, le niveau d'endettement moyen de
l'étudiant qui sortait des études était de 6220 $, tandis
qu'au Québec il était de 3600 $. Il y a une marge
considérable qui nous laisse un espace à l'intérieur
duquel il est raisonnable de procéder à des ajustements
modérés. Si on tient compte du coût de la vie dans ces
choses-ci à part cela, je pense que le niveau de l'endettement n'a pas
connu un très gros accroissement, nonobstant les mesures qui ont
été instituées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Une
dernière intervention avant de passer au côté
ministériel. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président je constate deux choses.
D'abord, on a camouflé une diminution, une économie réelle
aux frais des étudiants de 8 000 000 $. C'est bien cela qu'on vient de
nous dire. On vient d'économiser 8 000 000 $ à nouveau, en
prenant cela dans les poches, je le rappelle, des étudiants les plus
défavorisés du Québec. On vient d'accroître
l'endettement des jeunes étudiants les plus défavorisés du
Québec de 8 000 000 $. C'est toujours récurrent. Il faudra le
savoir, c'est toujours récurrent. Si on ajoute à cela
l'endettement qui a été provoqué par une mesure qui a eu
comme effet de transférer une partie de la bourse en prêt, mesure
qui s'est traduite par une économie ou un endettement, selon le terme
qu'on veut bien utiliser, un endettement des étudiants qui varie entre
20 000 000 $ et 24 000 000 $ - premier exercice, on nous a dit 24 000 000 $ et
ensuite on a réajusté - mais soyons bons princes, disons que
l'endettement est de 20 000 000 $, par rapport à la première
mesure, H vient s'ajouter un endettement de 8 000 000 $ additionnels, qui ne
prend pas en compte l'augmentation normale de l'indice du coût de la vie.
Cela veut dire qu'en clair et net, à la fin de l'année 1988-1989,
les étudiants du Québec auront connu pour cette seule
année, un endettement additionnel accru de 28 000 000 $ comparativement
à ce qui était la situation en 1985-1986. Mais si on ajoute
à cet endettement de 28 000 000 $, que connaîtront les
étudiants du Québec, les deux années additionnelles, les
deux années qu'on vient de passer, 1986-1987 et 1987-1988, où
là c'est, et je pense que tout le monde va me concéder ces
chiffres-là, 40 000 000 $, 20 000 000 $ par année, cela veut dire
qu'au printemps 1989, le gouvernement libéral...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous voulez
conclure, madame.
Mme Blackburn:... aura réussi à endetter les jeunes
Québécois les plus défavorisés du Québec de
l'ordre de 68 000 000 $ de plus que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, si vous voulez conclure, s'il vous
plaît. (12 h 30)
Mme Blackburn:... n'est leur endettement additionnel. Alors, je
demande au ministre s'il trouve que ce n'est pas correct - j'allais dire que ce
n'est pas honnête - que c'est tromper les jeunes Québécois
quand, en campagne électorale, on avait promis des bonifications de
l'ordre de 25 000 000 $. Les quelque millions...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, je regrette, mais votre temps est
écoulé depuis deux minutes.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, je conclus. Les
quelques bonifications apportées au régime d'aide
financière l'ont été exclusivement en puisant dans ta
poche des étudiants qui ont des bourses... On sait que ceux qui ont des
bourses, ce sont les plus démunis.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, je regrette. On avait des ententes. Si vous voulez
terminer.
Mme Blackburn: J'estime que c'est malhonnête et que ce
gouvernement a trahi les jeunes Québécois. De plus, il
continue...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, si
vous voulez réagir, je reconnaîtrai M. le député
d'Arthabaska. Avez-vous une réaction, M. le ministre?
M. Ryan: Oui, certainement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je vous en remercie. Je pense que la
députée de Chicoutimi compare des réalités qui ne
sont pas les mêmes. Elle voudrait faire croire que le montant de 28 000
000 $ sur lequel nous nous entendons... Il n'y a pas de débat
là-dessus, le montant de 8 000 000 $ pour les bourses, nous l'admettons
également. Nous vous avons conté les choses et nous ne cachons
pas ces chiffres.
Mais il ne s'agira pas des mêmes étudiants en 1988-1989
qu'en 1987-1988, parce qu'en vertu des mesures que nous instituons, il y aura
un nombre plus élevé d'étudiants qui auront accès
à l'aide financière. Il faut compter cela. Les étudiants
qui étaient exclus du régime en raison des mesures des seuils
radicaux concernant le seuil d'exclusion, cela va entraîner des
déboursés additionnels de 5 000 000 $.
Ils n'y avaient pas accès, ceux-là. Là, ils vont y
avoir accès. Cela fait 5 000 000 $. Les étudiants qui ne
recevaient qu'un prêt, mais n'étaient pas admissibles à la
bourse à cause des revenus de leurs parents ou de certaines dispositions
du régime, on va en faire entrer pour une valeur de 14 000 000 $ qui
vont avoir accès aux prêts ou à des prêts accrus. Ce
qu'on a fait pour les bourses d'excellence, cela va augmenter l'aide
financière à ces étudiants d'autant parce que si nous
entrons dans le calcul du revenu de ces étudiants seulement la
moitié du produit de la bourse, cela va faire la différence.
Ces 28 000 000 $, n'oublions pas qu'ils ont été
injectés dans le système, excepté qu'on dit à
l'étudiant: Vous allez prendre une part un peu plus grande de
responsabilités là-dedans. Il va s'appliquer. On dit: II y a 113
000 étudiants qui vont avoir une aide financière accrue. Alors,
c'est bien beau de vouloir agiter les chiffres, mais ce n'est pas vrai.
En longue période, les mesures que nous instituons vont
entraîner des coûts. Savez-vous quels vont être ces
coûts en rythme de croisière? Ils vont être de 8 000 000 $,
exactement le montant qui est mentionné à propos des bourses. Par
conséquent, ce sont des dépenses que le gouvernement va encourir
quand même pour le fonctionnement du régime. On peut dire, en
toute vérité, que si les formes de l'aide disponible sont
modifiées par un accroissement de la partie qui va aller sur le
prêt, le volume de l'aide financière totale a été
augmenté de 20 000 000 $. C'est cela qui compte finalement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Comme vous le savez,
cette année, on n'a pas eu tellement de problèmes dans les
bureaux de comté à cause des prêts et bourses. Cela a
été très rapide, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, un détail technique. Avant de continuer...
M. Gardner: Je vais être vite.
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Non, s'il
vous plaît. Est-ce qu'il y a consentement pour dépasser 12 h 30?
Je présume que je l'ai, M. le député d'Arthabaska.
M. Gardner: Je l'espère. Merci. Vous m'avez coupé
toute l'inspiration, M. le Président. Dans votre message de tout
à l'heure, M. le ministre, vous avez parlé beaucoup de toutes
sortes de problèmes. J'ai constaté que ce ne sera pas une
révision générale. Ce ne sera pas tout un gros
chambardement, sauf qu'on va régler certains problèmes qui
arrivent ici et là.
Il y en a qui ont déjà des solutions dans ce que vous avez
annoncé, mais il y en a d'autres qui sont encore à
l'étude. Je vois qu'il y a beaucoup d'études qui se font dans
votre direction générale, mais je suis un peu déçu
qu'on en soit encore à l'étape d'étude sur la question des
fils et filles d'agriculteurs.
J'ai constaté dans un avis... Je sais que le Conseil
supérieur de l'éducation fait des avis au ministre. J'en ai
déjà fait un - vous vous en souvenez, M. le ministre - sur les
fils et filles d'agriculteurs où on a vraiment un gros problème,
où on évalue, par exemple, les quotas de lait. Si on a 25 quotas
de lait, ce qui vaudrait normalement 50 000 $, à votre direction, on
évalue cela à 100 000 $. Si l'actif est de 100 000 $, on pense
que c'est de l'argent qui va à l'étudiant. Vous savez fort bien
qu'il y a bien des étudiants, des enfants d'agriculteurs qui n'ont pas
beaucoup de liquide, parce que les parents en ont beaucoup et qui n'ont pas
droit aux prêts et bourses.
Est-ce qu'on peut s'attendre que, d'ici quelque temps, il y ait une
politique spéciale pour les fils et filles d'agriculteurs? C'est ma
première question, mais j'en ai d'autres, M. le ministre.
M. Ryan: Voulez-vous que je réponde à celle-ci,
pour commencer, M. le Président, et les prendre l'une après
l'autre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ferais
remarquer au député d'Arthabaska et au ministre qu'il nous reste
quatre minutes.
M. Ryan: La réponse sera très brève.
L'étude est terminée en ce qui concerne les fils et filles
d'agriculteurs. Il reste à régler l'arrimage avec la contribution
parentale. C'est difficile de prendre une mesure sectorielle comme
celle-là, sans qu'on voie les répercussions éventuelles
sur les autres secteurs. C'est pour cela que les orientations seront
définies dans le document que nous allons publier,
l'énoncé de politique, avant la fin de la présente
année. Mais
l'étude est terminée, à toutes fins utiles, sur ce
point-là.
M. Gardner: On va y aller rapidement, M. le ministre. Dans l'avis
du Conseil des universités, au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, on dit que la publicité entourant les
régimes d'aide pourrait être accrue et viser non seulement les
étudiants, mais aussi les parents, pour bien leur dire ce qu'ils peuvent
faire.
Je crois qu'il y a une plus grande transparence à la DEGAFE.
Est-ce qu'on peut me préciser où on en est rendu dans ce
dossier-là, dans cette façon d'annoncer aux élèves
des cégeps ou des universités et aux parents les
possibilités d'aide du gouvernement?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais dire que nous n'avons pas encore eu le temps
de compléter l'étude des recommandations du Conseil des
universités, lesquelles m'ont été communiquées, il
y a à peu près une quinzaine de jours. Nous allons en faire un
examen approfondi au cours des prochaines semaines et cette recommandation, en
particulier, nous allons essayer de trouver des moyens d'y donner suite.
M. Gardner: Merci, M. le ministre. On continue dans un autre
ordre d'idées, dans le dépannage. Le fonds de dépannage,
cela a été expérimenté dans des" cëgeps
surtout et c'est maintenant presque terminé. On n'en utilise presque
plus. Je vois que dans l'avis du Conseil supérieur de
l'éducation, on dit que - à la page 44 de l'avis - un tel fonds
devrait être institué dans les universités. Est-ce que
c'est de votre avis de proposer cela aux universités?
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à M. Boisvert ce
qu'il pense de ces fonds de dépannage qui ont existé dans les
collèges et la possibilité de les transposer dans les
universités?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Bois-vert.
M. Boisvert: Plusieurs universités ont des fonds de
dépannage, mais il ne faut pas oublier que les fonds de dépannage
dans les établissements étaient pour compenser les lenteurs des
sommes dues aux étudiants. Cette année, les fonds de
dépannage ont été utilisés de façon
très minime.
M. Gardner: Merci, M. Boisvert. Je vais y aller rapidement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, vous avez
encore une minute.
M. Gardner: Dans la contribution des élèves, on
évalue le travail d'été, le travail d'étudiants
pendant l'été. Je trouve que c'est une bonne façon pour un
étudiant de prendre de l'expérience. Pourquoi est-ce qu'on
n'enlèverait pas cela dans cette évaluation des prêts et
bourses? C'est-à-dire que si l'étudiant a travaillé pour
1000 $, cela baisse son prêt ou sa bourse. Est-ce qu'on ne pourrait pas
enlever cette possibilité-là?
M. Boisvert: En ce qui concerne le prêt, on fait une
prévision du revenu de l'étudiant pour l'été, parce
qu'on ne sait pas exactement le traitement, le revenu d'emploi qu'il va avoir
l'été. Lorsque arrive l'automne, l'étudiant nous fait part
de sa situation réelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: En principe, je ne suis pas enclin à
éliminer ce facteur.
M. Gardner: Non? Mon Dieu, que j'aimerais donc cela. Une
dernière...
M. Ryan: Mais si vous voulez nous adresser des notes
particulières là-dessus, nous en tiendrons compte dans l'examen
que nous poursuivons.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une
dernière.
M. Gardner: D'accord. Vous savez, M. le Président, que
l'Opposition officielle a dépassé son temps tout à
l'heure. Je peux le dépasser d'une minute moi aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, ce n'est pas
une raison. Mais je vous reconnais une dernière question.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Une voix: Ha,
ha, ha!
M. Gardner: Vous savez, M. le Président et M. le ministre,
qu'il arrive quelquefois des cas d'exception où, par le passé, le
ministre a été obligé d'aller dans son budget
discrétionnaire pour aider certains étudiants. Est-ce que, dans
la réforme que vous prévoyez pour l'automne, vous prévoyez
avoir un certain montant pour ces cas d'exception, qui deviendrait plus
exceptionnel, qui deviendrait plus discrétionnaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voilà.
Brièvement, M. le ministre.
M. Ryan: Deux choses. Tout d'abord, nous aurons un
mécanisme d'appel qui sera institué. Comme vous le savez, il n'y
en a pas actuellement. Nous aurons un mécanisme d'appel qui permettra de
vérifier le bien-fondé de la décision
lorsqu'elle est défavorable à l'étudiant. Pardon?
Mme Blackburn: C'est une très bonne idée.
M. Ryan: Oui. Ce sera là. Deuxièmement, j'ai
demandé à M. Boisvert et à ses collaborateurs d'examiner
très sérieusement le problème créé par ces
dossiers qui aboutissent sur mon bureau, qui sont remplis d'implications
humaines et qui ne répondent à aucune catégorie
prévue dans les règlements. Je veux qu'on ait un
élément de solution à ce problème-là et j'ai
demandé qu'on me fasse des propositions, n'osant pas en faire
moi-même. Cela aurait été très simple dans mon cas,
mais j'aime mieux prendre l'avis indépendant de mes conseillers.
Adoption des crédits
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre.
Est-ce que le programme 3 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que les
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science sont adoptés?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Je remercie les membres de cette commission. Je remercie le ministre de
s'être prêté à cette étude. Nous ajournons nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 42)