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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! J'invite les membres de la commission à prendre
leur siège et nos invités à occuper les banquettes qui
leur sont réservées.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si nous
avons quorum, je déclare ouverte cette séance de la commission
permanente de l'éducation qui a pour mandat de procéder à
une consultation générale et tenir des audiences publiques dans
le cadre de l'étude détaillée des projets de loi 106 et
107, Loi sur les élections scolaires et Loi sur l'instruction publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, s'il n'y a
pas de remplacement, je vais vous informer immédiatement de l'ordre du
jour pour aujourd'hui. Dans un premier temps, nous accueillons ce matin la
Commission des écoles catholiques de Québec qui sera suivie par
le Mouvement scolaire confessionnel du Québec. Cet après-midi,
après la période des affaires courantes, soit vers 15 h 30, nous
accueillerons l'Association provinciale des enseignants protestants et vers 16
h 30, le Nouveau parti démocratique du Québec.
Le porte-parole des représentants de la Commission des
écoles catholiques de Québec est le président, M. Lucien
Flamand. M. Flamand, je vous souhaite la bienvenue officiellement au nom des
membres de cette commission et je veux aussi vous remercier d'avoir bien voulu
répondre à notre invitation pour venir nous aider à
étudier plus en profondeur les projets de loi 106 et 107. La commission
a prévu de consacrer une heure aux échanges entre les membres de
votre commission scolaire et les membres de la commission permanente de
l'éducation. Je me permets de vous suggérer que le temps soit
réparti peut-être de la façon suivante: prendre de quinze
à vingt minutes pour nous présenter votre mémoire, lequel
a déjà été reçu et lu par les membres de
cette commission et, après cela, nous pourrons procéder à
des échanges entre les membres de la commission et les personnes qui
vous accompagnent. Et, pour les besoins du Journal des débats, je
vous invite à nous présenter les gens qui nous accompagnent et
à enchaîner immédiatement avec la présentation de
votre mémoire. M. Flamand.
Commission des écoles catholiques de
Québec
M. Flamand (Lucien): Merci beaucoup, M. le Président. Vous
me permettrez de présenter, immédiatement à ma droite, Mme
Thérèse Ouel-lette, directrice générale de la CECQ,
à ses côtés, M. Marc Desroches, secrétaire
général, et, à ma gauche, Me Pierre Jolin, procureur de la
CECQ.
Vous me permettrez également, M. le Président, compte tenu
du fait que notre mémoire est quand même assez bref, de tout de
même en faire la lecture. Cela nous permettra de bien nous situer au
point de départ pour permettre de meilleurs échanges par la
suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
M. Flamand: La Commission des écoles catholiques de
Québec est d'accord avec les positions adoptées par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
sur le projet de loi 107 et y souscrit. Elle veut de plus exprimer ses vues sur
quelques questions.
Tel qu'elle l'a déjà soutenu dans des circonstances
semblables à celle-ci, la Commission des écoles catholiques de
Québec est favorable à une certaine décentralisation des
pouvoirs. Elle considère que cette décentralisation
déjà existante devrait s'accentuer de l'État vers les
commissions scolaires dans une recherche de l'amélioration des
structures démocratiques. Par la suite, la commission scolaire pourrait
déconcentrer les pouvoirs vers les écoles de manière
à répondre le plus adéquatement possible à leurs
besoins.
La Commission des écoles catholiques de Québec voit dans
le projet de loi un accroissement de la centralisation des pouvoirs entre les
mains du ministre. Qu'il s'agisse de toutes les questions relatives aux
territoires des commissions scolaires et à leur nom, ou de leurs
possibles démarches de fusion, d'annexion, etc., les commissions n'ont
plus le pouvoir d'agir. Dans le projet de loi, leur pouvoir en ces
matières se résume à celui de faire des recommandations.
Le gouvernement ou le ministre acquerrait ces pouvoirs. Ce sont donc
véritablement des dispositions centralisatrices qu'on y trouve comme
dans l'ensemble des règlements, directives, listes, normes ou
critères qui sont des actions possibles du ministre suivant les termes
du projet.
On ne peut négliger le nombre de situations susceptibles
d'être traitées par décret. C'est encore là
l'expression d'une intention centralisatrice.
De même, il apparaît intéressant de constater que la
formule des "droits, pouvoirs et obligations" utilisée par la loi
actuelle est
remplacée dans le projet par le mot "fonctions". À
l'examen, on constate que ces fonctions sont essentiellement des devoirs et des
obligations pour les écoles et les commissions scolaires, et des
pouvoirs pour le ministre.
Il apparaît abusif à la Commission des écoles
catholiques de Québec que le gouvernement propose un projet de loi
limitant ainsi l'autonomie d'autres gouvernements.
La Commission des écoles catholiques de Québec
considère donc qu'une structure et des moyens directement
ordonnés à la décentralisation devraient être mis en
place, une décentralisation qui respecterait l'autonomie des commissions
scolaires qui sont de véritables gouvernements locaux élus et
représentatifs du milieu.
Le projet de loi dispose très arbitrairement de la
capacité qu'a chaque commission scolaire de se donner ses propres modes
de fonctionnement et ses propres moyens d'action. Dans le cas du choix et de la
détermination des comités que doit prétendument avoir une
commission scolaire, l'atteinte à l'autonomie de cette dernière
prend très simplement la forme d'une ingérence tout à fait
Inacceptable. Pourquoi avoir tous les comités prévus par le
projet ou pourquoi n'avoir que ceux-là? Seule chaque commission scolaire
peut répondre à ces questions d'une façon adéquate,
conformément à sa propre personnalité et à ses
propres besoins.
De même, il apparaît à la CECQ que le projet devrait
prévoir l'existence et la composition d'un comité
exécutif, sans plus. Les textes de la loi actuelle semblent très
pertinents. Par ailleurs, les textes proposés par le projet contiennent
au moins une hérésie sur le plan administratif en ne donnant au
comité exécutif aucun pouvoir correspondant à ses besoins.
Le projet ne prévoit-i! pas que c'est le Conseil des commissaires qui
doit prendre la décision pour chaque question traitée par le
comité exécutif? C'est une règle élémentaire
qui veut qu'un mandataire ait les pouvoirs nécessaires pour accomplir
ses devoirs et c'en est une autre qui veut qu'on ne crée pas un
organisme inutile n'ayant aucun rôle à jouer d'une façon
autonome.
Enfin, il apparaît aussi à la Commission des écoles
catholiques de Québec qu'il y aurait une difficulté technique
certaine pour une commission scolaire dans le fait de pouvoir s'actionner
elle-même en justice. C'est la situation embarrassante qui pourrait se
présenter si était maintenu le pouvoir d'ester en justice que le
projet donne à des comités qui sont des éléments
ou, si l'on préfère, des parties de la commission scolaire. Il
semble que ce pouvoir ne peut pas exister et qu'en conséquence les
dispositions s'y rapportant devraient être retirées du projet.
Le projet de loi traite du caractère confessionnel de certaines
commissions scolaires, dont la Commission des écoles catholiques de
Québec, sur une base territoriale. Dans le projet de loi, ce ne sont pas
des principes en rapport avec la confessionnalité ou, d'une façon
plus large, avec les droits des personnes qui s'appliqueront, mais des
règles de définition de territoire. Tout en le déplorant,
la Commission des écoles catholiques de Québec fait donc valoir
ses vues sur la question en s'appuyant sur la notion de territoire. Mais elle
insiste pour exprimer qu'elle le fait bien à regret.
En premier lieu, la Commission des écoles catholiques de
Québec constate que, par l'application des articles 97, 107 et 108 du
projet, entre autres, tout est en place pour qu'elle puisse se retrouver dans
une situation semblable à celle que lui ménageaient des projets
de loi antérieurs en lui imposant ses limites territoriales de 1867.
De même, il sera possible et peut-être même
inévitable que quatre territoires de commissions scolaires se recouvrent
là où existent des commissions scolaires confessionnelles. Le
choix étant laissé au contribuable de payer ses taxes à
l'une ou l'autre commission scolaire et, s'il a un enfant, de faire
fréquenter par ce dernier une école de l'une ou l'autre
commission scolaire, un important facteur d'incertitude quant à
l'existence de chacune de ces commissions scolaires est mis en place.
On invoquera sans doute la possibilité de conclure une entente
entre ces deux, trois ou quatre commissions scolaires pour permettre une offre
de service convenable. On peut alors se demander ce que penserait le
père de la situation voulant qu'à la suite d'une entente de
service son enfant se trouve dans une école gérée par la
commission scolaire dont il ne voulait pas.
Outre ces considérations de dispositions devant être
à la source de problèmes, il y a lieu pour la Commission des
écoles catholiques de Québec de faire valoir son point de vue sur
sa propre existence et cela, en termes de sa propre survie.
Considérant le principe de base de détermination d'une
commission scolaire mis de l'avant par le projet, c'est-à-dire
l'entité territoriale, la Commission des écoles catholiques de
Québec fait ses représentations pour assurer
l'intégrité de son territoire. Elle le fait en
considération de son territoire actuel, faisant l'hypothèse
qu'une seule commission scolaire linguistique se retrouverait sur le même
territoire. La mise en place d'une commission scolaire linguistique sur le
même territoire que la commission scolaire confessionnelle aurait pour
effet majeur de réduire à un niveau difficilement acceptable les
ressources redistribuées dans les deux organismes. On pense alors
à deux commissions scolaires ayant un niveau de ressources à
peine acceptable pour l'enseignement, l'animation et le soutien
pédagogique, l'encadrement administratif. On sait très bien,
administrativement parlant, que deux petites entités parallèles
ne peuvent avoir la même efficacité qu'une seule entité
formée de la somme des deux premières. Il y aurait une baisse des
ressources financières disponibles, au total.
Par ailleurs, surgiraient des difficultés
considérables d'organisation des services destinés aux
enfants en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, cela, en raison
même du petit nombre d'enfants dans les écoles de deux commissions
scolaires superposées. Certains enfants ont besoin de se retrouver dans
des classes à effectifs réduits avec un personnel
spécialisé pour ne pas subir ce qui serait pour eux une
intégration sauvage dans des classes régulières. La
diminution radicale de la clientèle à la suite de son partage
entre les écoles de deux commissions scolaires compromettrait
l'existence de services diversifiés de qualité qu'offre la CECQ
à ce type de clientèle.
Des services disparaîtraient nécessairement, comme la
rééducation du langage au préscolaire et le service
d'orthophonie au primaire, par insuffisance de ressources financières.
Les ressources humaines affectées à l'animation
pédagogique, à l'aide aux enseignants, à la conception de
documents pédagogiques de support, au développement dans les
secteurs de la pédagogie, de l'encadrement des élèves, aux
services psychologiques, d'orientation et de réinsertion scolaire et
sociale, etc., subiraient forcément une diminution radicale et cela
toujours en conséquence d'un partage des ressources financières
entre deux commissions scolaires.
Les écoles secondaires de la CECQ sont déjà de
petites unités, c'est-à-dire entre 200 et 800
élèves. Il y a polyvalence du réseau par
complémentarité et l'interdépendance des
établissements est déjà requise. Dans ce contexte, il est
impossible de croire sérieusement que puissent exister deux
réseaux, l'un confessionnel et l'autre linguistique.
En somme, l'analyse mène la CECQ à penser que
l'hypothèse de deux commissions scolaires sur le même territoire
ne pourrait que signifier une diminution en importance et en valeur de chacune
des commissions scolaires. Elle ne pourrait entraîner qu'un
appauvrissement généralisé, tant au point de vue des
ressources humaines et financières disponibles pour les écoles,
qu'au point de vue des possibilités d'échanges et de
développement pour toute la commission scolaire actuelle.
Bien sûr, on objectera inévitablement l'existence de la
possibilité de conclure des ententes de services pour minimiser les
inconvénients et les dysfonctionnements. Mais alors pourquoi
procéder à une subdivision des services si l'on veut les offrir
tous à tous?
Le caractère confessionnel de la CECQ dans un ensemble autre qui
est défini comme étant linguistique dans le projet ne pose pas
que ces difficultés. Il en est d'autres qui sont inhérentes au
caractère confessionnel lui-même. Il ne faut pas oublier que la
Commission des écoles catholiques de Québec a un droit
consacré et figé par l'article 93 de l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique. C'est un droit qu'elle n'a pas le droit de ne pas exercer
car son droit garanti et protégé d'être confessionnelle
constitue une obligation de l'être.
Par ailleurs, les commissaires de la Commission des écoles
catholiques de Québec, déjà en 1981, constataient qu'elle
est de fait une commission scolaire qui gère des écoles
confessionnelles qui sont non seulement publiques mais aussi communes
puisqu'elles sont ouvertes à toute la population. Ces écoles sont
catholiques et reçoivent des élèves qui ne sont pas de
cette allégeance religieuse depuis que se diversifient les croyances et
que s'est installée une forme de pluralisme dans notre
société.
Les travaux de nos commissaires les amenaient à opposer une
confessionnalité ouverte aujourd'hui à ce qui fut une
confessionnalité stricte autrefois. Ils le faisaient d'autant plus
volontiers que leur attitude ne consistait qu'à reconnaître et
accepter une situation de fait tissée dans le quotidien de la vie des
écoles. Les commissaires n'ont pas changé d'attitude ni de
position devant la situation qui a continué d'évoluer dans le
même sens.
La CECQ ne peut donc que souhaiter que soit clarifiée sa propre
situation et que disparaisse l'ambiguïté inscrite dans cet
état de fait. Non seulement veut-elle continuer de recevoir des
élèves catholiques et autres, mais elle désire tout autant
que de gérer des écoles catholiques gérer des
écoles autres. Elle affirme sa capacité de gérer des
établissements modifiés.
Il apparaît bien évident qu'une simple superposition de
territoires, en plus de générer les problèmes dont il fut
fait mention plus haut, permettrait que se perpétue la situation
ambiguë de la commission. Elle demande donc que si des dispositions
nouvelles doivent nécessairement être mises en place, ce soient
des dispositions qui tiennent compte de sa réalité et non
seulement d'une définition législative ou juridique.
Voilà donc, M. le Président, l'essentiel de nos propos.
Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos
questions. (10 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Flamand. De façon à ne pas perdre de temps, j'invite
immédiatement le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science à prendre la parole. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai pris connaissance avec
beaucoup d'intérêt du mémoire de la Commission des
écoies catholiques de Québec que vient de lire M. Flamand.
J'aurai quelques commentaires à faire sur la teneur du mémoire
et, ensuite, j'adresserai une couple de questions à la
délégation de la CECQ.
Mes commentaires seront de deux ordres. Tout d'abord, il y a une partie
importante du mémoire qui traite du partage des pouvoirs entre le
ministre et le gouvernement, d'une part, et les commissions scolaires, d'autre
part. En lisant le mémoire, j'ai eu l'impression que la lecture n'a
peut-être pas été faite au même niveau de
perception. Je ne sais pas si la Commission des écoles catholiques de
Québec ne s'est pas laissée entraîner dans certaines
conclusions qui dépasseraient la portée exacte des choses qui
sont contenues dans la loi.
Je prends un exemple. Vous soulignez qu'on parle, à propos des
commissions scolaires, de fonctions plutôt que de droits, de pouvoirs et
d'obligations et, à propos du ministre, de pouvoirs plutôt que
d'obligations. Je soulignais, hier, à des anglo-protestants qui sont
venus nous voir que lorsqu'on parle des commissions scolaires, on parle de
"functions" et quand on parle du ministre on parle de "duties", devoirs. Cela
ne change rien, parce que c'est le texte des articles, vous le savez comme moi,
qui va déterminer s'il s'agit de devoirs, d'obligations, de
prérogatives, de pouvoirs ou d'attributions.
Dans l'ensemble, si on lit attentivement les dispositions relatives
autant au ministre et au gouvernement qu'aux commissions scolaires, on trouve
des dispositions qui contiennent tantôt des obligations, c'est tout
à fait normal, et tantôt des droits et des pouvoirs, ce qui est
non moins normal. Si vous lisez attentivement les passages relatifs aux
commissions scolaires, je pense que vous serez obligés, en bonne
logique, de tirer cette conclusion, comme je suis obligé de tirer la
conclusion en ce qui touche le ministre et le gouvernement, qu'il y a des deux.
C'est l'objet même du projet de loi. Il essaie d'effectuer ou
d'établir un équilibre qui sera satisfaisant.
Par rapport à la situation actuelle, j'ai établi à
bien des reprises, depuis le début des audiences, que les seuls
changements qui sont proposés en faveur de pouvoirs ou de
responsabilités accrus du côté du ministre ou du
gouvernement sont des changements dictés par l'expérience, non
pas par le caprice. Je prends un exemple... En ce qui touche la formation
professionnelle, nous avons fait ensemble, au cours des dernières
semaines, l'exercice de la carte des enseignements professionnels pour
l'année 1988-1989. Vous savez aussi bien que moi qu'en fin de compte, il
fallait qu'une autorité tranche les situations conflictuelles, les
situations qui n'avaient pas pu se résoudre par le jeu de la
concertation entre les commissions scolaires, d'une part, et la direction
régionale du ministère de l'Éducation, d'autre part. Nous
savons que dans la région 03 où se situe votre commission
scolaire, il y a eu beaucoup de situations qui ont entraîné des
recours très nombreux au niveau du ministre pour que, finalement, les
choses soient tranchées. Nous avons tout fait pour que le gros des
décisions se prenne par le jeu de la concertation. Je pense bien que
dans le cas de la CECQ, au-delà des 9/10 des options qui lui ont
été attribuées ont découlé de ce jeu de
concertation qui s'est fait, mais il y avait l'autre 1/10 où il fallait
trancher. Si vous êtes prêt à me dire, ce matin, qu'il ne
faudrait pas que cela se fasse comme cela, j'aimerais vous entendre.
Un autre problème se pose pour nous. Vous parlez des territoires.
À un moment donné, vous dites: Les commissions scolaires auront
seulement le rôle de préparer des papiers et de soumettre cela
pour approbation. Je pense bien qu'on ne peut pas laisser les commissions
scolaires jouer avec les limites des territoires, pas pius qu'on peut laisser
les municipalités jouer avec les limites des territoires. Il peut
arriver à un moment donné qu'on désire qu'un territoire
faisant partie d'une municipalité soit annexé à une autre
municipalité. Des procédures sont prévues par la loi, mais
en fin de compte, c'est le gouvernement qui doit donner l'autorisation de le
faire.
Dans le projet de loi sur l'instruction publique, c'est la même
chose, avec une différence: Là où il y a projet
d'intégration, le ministre ne peut pas décider d'autorité
que l'intégration va se faire dans un endroit, c'est la politique du
gouvernement de souhaiter et de favoriser l'intégration de
l'enseignement primaire et secondaire. Il faut qu'il y ait une démarche
des commissions scolaires concernées. Il faut que cela parte d'elles. Si
vous avez une commission scolaire régionale qui compte cinq commissions
scolaires dont quatre veulent faire leur intégration et dont une
cinquième ne le veut point, dans l'état actuel des choses, la
cinquième a un droit de veto quasi perpétuel sur la
démarche de l'intégration. On nous a demandé, depuis deux
ans, de trouver un mécanisme qui permette de vaincre l'impasse, et le
mécanisme que nous avons trouvé, c'est que lorsqu'il s'agira de
discuter du partage des actifs et des passifs, en cas de litige invincible
entre les commissions scolaires concernées, le ministre pourra trancher.
Actuellement, on se sert de cela pour empêcher l'intégration dans
plusieurs régions. C'est évidemment un nouveau pouvoir qui vient
s'ajouter à ceux que détenait le ministre, mais qui nous
apparaît dicté par l'expérience vécue des
dernières années et par toute vision le moindrement logique et
cohérente de ce que doit être le fonctionnement de notre
système.
En matière de pouvoir d'enquête, il y a des choses qui
scandalisent un peu - vous n'en parlez pas dans votre mémoire - on
trouve que cela va trop loin. Nous pensions aller moins loin. Vous disiez en
toute candeur: Peut-être avons-nous été naïfs
là-dessus, ou superrusés, je ne sais pas trop. Le ministre a le
pouvoir d'instituer une enquête ou une vérification dans une
commission scolaire, si des faits sont portés à son attention,
c'est dans la loi actuelle, cela reste. Il arrive qu'on déclenche une
enquête à propos d'une décision qui a créé
une situation explosive. J'ai vu des cas où l'enquêteur se trouve
aux prises avec une situation où la commission scolaire dit: On applique
notre décision quand même. C'est cela qui a donné lieu
à l'explosion, c'est à l'origine de l'enquête. On dit: II
aurait le
pouvoir de demander que soit suspendue la mise en uvre de la
décision pendant que l'enquête dure. Cela me semblait d'une
logique élémentaire. Mais c'est beaucoup moins pire que la
tutelle.
Si des commissions scolaires nous disent d'une manière à
peu près unanime: On aime mieux que vous laissiez peser la menace de la
tutelle, qu'il n'y ait pas ce recours intermédiaire. Je l'ai dit
à d'autres auditions publiques de la commission. C'est une chose qu'on
est prêts à considérer, c'était mis là pour
faciliter le bon fonctionnement du système, et si tout le monde trouve
qu'on s'est trompé là-dessus, je n'ai pas d'objection. Je
pourrais continuer indéfiniment.
J'aimerais - ce sera ma première question tantôt - que vous
me donniez des précisions, il y a peut-être des modalités
d'application qui demandent à être révisées, mais je
doute personnellement que le grand équilibre du partage d'attributions
proposé dans le projet de loi puisse être conçu autrement
dans l'état actuel des choses, dans une situation où 92 %
à 94 % des ressources financières des commissions scolaires
proviennent de subventions gouvernementales dont l'Assemblée nationale
et le gouvernement doivent rendre compte.
Dans le cas de la Commission des écoles catholiques de
Québec, le montant annuel des subventions pour la présente
année va aller chercher au-delà de 65 000 000 $. On ne peut pas
laisser aller cela librement comme cela. Il faut que le gouvernement sort
équipé pour rendre des comptes. Et, pour cela, il faut qu'il soit
équipé pour en demander aussi. Je ne vois pas de solution
à ce problème-là. On peut bien faire des théories
à distance, mais je ne vois pas, dans la pratique, comment on peut
éviter d'avoir un système de contrôle qui est assez bien
établi et assez raffiné finalement. Nous en avons un excellent
actuellement qui nous a permis d'établir une situation financière
très saine et le gouvernement n'est pas prêt à
l'abandonner. Si vous avez des choses à nous dire... Il y a
peut-être tel ou tel contrôle particulier qui peut être mis
en cause, mais on est en discussion perpétuelle avec les commissions
scolaires là-dessus et on ne cesse d'affiner les mécanismes de
relation de manière que les rapports soient les plus harmonieux
possible.
Deuxième point, le statut confessionnel de la CECQ. Vous nous
parlez de la difficulté d'envisager deux commissions scolaires sur le
territoire de la CECQ. Je comprends très bien les difficultés que
vous évoquez dans votre mémoire. Je n'ai pas de solution
immédiate à ces difficultés-là. J'en prends note.
Tout dépendra de la manière dont l'opinion publique
évoluera et dont les citoyens et le gouvernement prendront leurs
responsabilités aussi en temps utile. Mais je vais vous poser une
question aussi là-dessus.
J'en viens tout de suite à mes deux questions. Je vais
peut-être commencer par la confessionnalité vu que je ne veux pas
prendre trop de temps pour continuer de commenter. On pourrait en parler
longtemps. Je vais vous dire ceci. Que souhaiteriez-vous avoir à
Québec? Vous nous émettez des difficultés. Les
commentaires que vous nous donnez font un petit peu bec fin. Mais je vais vous
demander carrément: Qu'est-ce que vous souhaiteriez avoir? Qu'est-ce qui
serait le régime scolaire, à Québec, qui répondrait
le mieux aux besoins de la population à l'aube du XX!e
siècle?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Flamand.
M. Flamand: M. le Président, si vous me permettez de
répondre immédiatement à M. le ministre. Comme il semble
préférer qu'on réponde tout de suite sur la question de la
confessionnalité, je vais commencer par cette question-là. Je
pense qu'on l'a dit assez clairement et depuis plusieurs années que la
CECQ souhaite obtenir un jour le pouvoir d'administrer des écoles
publiques, tout simplement. Et que ces écoles-là se
définissent, comme il est prévu d'ailleurs dans les
règlements du comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation, que ces écoles obtiennent un statut d'écoles
catholiques. Mais, à notre avis, il n'est pas nécessaire que la
structure de la commission scolaire soit catholique. Je pense que les parents,
les élèves ont cette garantie d'obtenir dans leur école un
statut catholique. Et c'est ce qui nous préoccupe. Et c'est la raison
pour laquelle nous désirons depuis tant d'années obtenir le
pouvoir d'administrer des écoles autres. Nous pensons qu'il y a une
possibilité, une certaine ouverture dans le projet de loi. Si on pouvait
en avoir une garantie dans la loi. Nous pensons que le gouvernement pourrait
décréter, en s'appuyant sur la définition des territoires,
que le territoire de la Commission des écoles catholiques de
Québec est en même temps un territoire de commission scolaire
linguistique francophone et il y a déjà des projets de fusion. La
Commission des écoles catholiques de Québec pourrait être
aussi la commission scolaire linguistique francophone sur le territoire
actuellement desservi par la CECQ.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors...
M. Flamand: Je pourrais, M. le Président, si vous
permettez, répondre aux autres questions de M. le ministre ou...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
ministre aimerait réagir à cette première question?
M. Ryan: Non, mais j'aimerais formuler mon autre question de
manière que cela vous permette d'y répondre avec plus de
précision, M. Flamand, si vous me le permettez. Je ne l'ai pas
formulée encore. Je sais que vous avez l'esprit clair. Vous êtes
capable de répondre sans même qu'on pose la question.
La question que je vous poserais serait la suivante. Sur le premier
point, vous m'avez donné une réponse claire qui me satisfait, et
j'ai une sous-question, par exemple. Vous, à supposer qu'on n'ait pas
clarifié comme il faut les difficultés que vous évoquez
dans votre mémoire dont je conviens qu'elles ne sont pas
irréelles, est-ce que vous trouvez que ce serait une chose concevable
que, pendant une période de transition, votre commission scolaire
continue d'exister comme elle est sans qu'on vienne lui superposer une
commission scolaire linguistique en attendant que les choses aient
été clarifiées?
M. Flamand: C'est exactement ce qu'on demande, M. le
ministre.
M. Ryan: Très bien.
M. Flamand: On ne voit pas la nécessité d'une
deuxième création, même d'un conseil provisoire, tant qu'il
n'y aura pas de décision finale.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alliez-vous
préciser, M. Flamand?
M. Flamand: Je me dis que si on était une commission
scolaire mal administrée, peut-être que le ministre pourrait
penser à cela, mais je ne pense pas que ce soit le cas. C'est d'ailleurs
la raison pour laquelle on n'a pas soulevé les pouvoirs que le ministre
se donnait en matière d'enquête parce que cela ne nous
inquiétait pas. On est transparent, et que le ministre vienne voir ce
qui se passe à la CECQ, cela ne nous dérange pas du tout.
M. Ryan: Au contraire, vous m'invitez toujours à le
faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense bien que, de ce côté-là,
vous pouvez présumer que mon avis au sujet du travail de la CECQ est
très favorable. On a eu d'excellentes rencontres ensemble. Je pense que
les rapports sont empreints de collaboration, et je m'en félicite. J'en
viens à ma deuxième question, M. Flamand. La dernière
partie de votre réponse m'a satisfait également. Je vous dis cela
entre parenthèses. Cela m'a satisfait et cela rejoint ce que vous aviez
déjà dit en commission parlementaire, il y a deux ou trois ans.
Ma deuxième question, c'est la suivante: Sur les pouvoirs essentiels, je
ne parle pas des petites vétilles à gauche et à droite,
mais les pouvoirs de fond, lesquels verriez-vous qui devraient être
transférés aux commissions scolaires dans ceux qui sont
définis dans le projet de loi ou dans ceux qui existent actuelle- ment?
Est-ce qu'il y en a réellement?
M. Flamand: M. le Président, si vous me le permettez.
C'est justement la question pour laquelle M. le ministre disait que j'avais
compris la question avant qu'il la pose, mais dans ses interventions du
début, je voyais où il voulait en venir. Sans noter tous les
pouvoirs qui sont prévus dans la loi, vous me permettrez d'en noter
quelques-uns. Qu'il s'agisse, par exemple, de la création de tous les
comités, pourquoi obliger une commission scolaire à créer
des comités? Qu'on donne le pouvoir à la commission scolaire de
le faire et selon les particularités locales, les commissions scolaires
se doteront - en tout cas, en ce qui nous concerne, je ne veux pas parler pour
les autres... Mais en ce qui nous concerne, je pense qu'on est capables de se
donner les comités dont on pense avoir besoin. C'est ce qu'on a toujours
fait depuis plusieurs années. Quand on a amené dans la loi
l'obligation d'avoir des comités d'école et des comités de
parents, nous avions déjà, chez nous, instauré un
système qui nous permettait des rencontres avec les parents. On a
toujours devancé dans ce sens-là. Je pense que l'exemple le plus
récent, c'est le ministre lui-même qui vient de nous le donner, il
y a quelque temps, par son plan d'action pour améliorer la
qualité du français. Je pense que le ministre ne s'est pas
donné un pouvoir, mais il a donné une orientation, une indication
aux commissions scolaires. C'est pourtant un plan d'action qui a un impact
direct sur les élèves et sur le quotidien de nos écoles.
Pourtant, cela a été bien reçu par les commissions
scolaires. Comme M. le ministre l'a vu, déjà, à la CECQ,
nous avions mis en place des moyens qui correspondent exactement à ce
que le ministre a prévu dans son plan d'action. (10 h 45)
Le ministre aurait certains autres pouvoirs dans le projet de loi,
lesquels, à mon avis, sont une forme d'ingérence. M. le ministre
parlait tout à l'heure des options professionnelles et de
l'intégration. Je conçois qu'il ait ces pouvoirs au gouvernement
pour, en fin de compte, trancher des questions conflictuelles, mais je pense,
à prime abord, que les commissions scolaires devraient avoir la
possibilité de se concerter et de s'entendre entre elles pour poser des
gestes, et, s'il y a effectivement mésentente, ce n'est qu'à ce
moment-là que le ministre, au gouvernement, pourrait intervenir.
On pourrait citer des articles en particulier. Je pense par exemple aux
articles 413 et 423 où le ministre se donne des pouvoirs qui font
disparaître les supposés pouvoirs accordés aux commissions
scolaires. L'article 108 dit que le gouvernement peut, par décret,
modifier les limites du territoire d'une commission scolaire confessionnelle.
On nous donne un semblant do garantie dans la loi et, dans un autre article, on
nous dit que, par décret, on peut défaire tout ce qu'on a vu
ailleurs dans d'autres articles. C'est
ce genre de pouvoir qui nous apparaît arbitraire et dangereux.
M. Ryan: Je vais réagir brièvement à ceci.
En ce qui regarde la création de comités dans !es commissions
scolaires, nous l'avons inscrit dans le projet de loi, les comités
prévus n'ont pas tous la même nécessité. Certains
sont peut-être plus nécessaires que d'autres; c'est une chose que
nous allons regarder. On ne tient pas à vous l'imposer de force.
Dans le cas du comité sur les élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, je pense qu'on tiendra plus
à celui-là étant donné les besoins très
particuliers de cette catégorie d'élèves. Je pense que
cela peut être utile. La composition du comité pourra être
réexaminée et une marge de souplesse pourra peut-être
être laissée aux commissions scolaires. C'est un point sur lequel
il y aurait lieu d'insister. Il y en a d'autres que nous allons examiner. C'est
un point qui est, comme on dit, négociable.
Le plan d'action pour le renforcement du français, cela va de
soi. Je pense que les pouvoirs du ministre ne sont aucunement accrus dans ce
domaine. Comme vous l'avez très judicieusement souligné, je pense
que ce plan d'action illustre très bien la manière dont
fonctionne de facto le ministère de l'Éducation dans ses rapports
avec les commissions scolaires. On a mis un an à mettre au point un plan
qui mettrait justement l'accent sur la responsabilité à partir
d'en bas. Je pense qu'on a réussi dans ce cas-là. Cela a
été difficile et cela a demandé beaucoup de travail, mais,
finalement, je suis bien content, tout comme vous, de la manière dont
c'est perçu parce qu'on a vraiment compris le sens de la
démarche. J'apprécie hautement que vous l'ayez
souligné.
Dans le cas des options professionnelles, en particulier, il y aurait
peut-être moyen de nuancer - ce que vous dites est assez juste, à
mon humble point de vue - et de dire, en dernière analyse, quelque chose
comme cela parce que, comme c'est formulé, cela pourrait permettre au
ministre de dire une bonne journée: Là, j'établis la carte
partout au Québec et arrangez-vous avec cela. Ce n'est pas du tout
l'esprit du gouvernement. S'il y a lieu de nuancer et de dire, par exemple: En
dernière analyse, il établit... Il y a des choses qui peuvent
être envisagées pour rejoindre la préoccupation que vous
exprimez. En ce qui regarde l'intégration, je ne pense pas qu'il y ait
grand-chose à ajouter.
Je souligne brièvement l'article 108. Lorsqu'on traite des
commissions scolaires linguistiques, il est bien dit que le gouvernement peut
modifier les frontières des commissions scolaires, mais toujours sur
requête des commissions scolaires, une fois qu'elles sont
établies. Cela ne peut pas se faire unilatéralement. Dans le cas
des commissions scolaires confessionnelles, c'est différent, vous avez
raison. Cela fait partie des questions qui seront référées
à la Cour d'appel.
On le met là justement pour que cela puisse être
référé à la Cour d'appel. On ne le sait pas du tout
pour l'instant. Mais, pour l'instant, comme vous le savez, on maintient les
frontières des commissions scolaires confessionnelles dans l'état
actuel et non pas dans l'état où elles étaient en 1867
comme le faisait la loi 3.
Ici, on l'a mis justement pour avoir une prise pour pouvoir poser une
question à la Cour d'appel. Dans l'ensemble des cas, sous le
régime que veut instituer le projet de loi, il n'y aura pas ce pouvoir
unilatéral, ni du ministre ni du gouvernement. Il faudrait que des
résolutions en bonne et due forme émanent des commissions
scolaires.
On pourrait continuer longtemps. S'il y a d'autres exemples - cela n'en
fait pas beaucoup sur ma liste - on va être très
intéressés à en prendre connaissance et à les
discuter à nouveau avec vous. Vous savez qu'on est ouvert en tout temps
à discuter de ces choses. J'apprécie le caractère direct
et franc des réponses. J'en suis très satisfait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant la porte-parole officielle de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président, M. Flamand, Mme la directrice générale,
messieurs, il me fait plaisir de vous accueillir à cette commission
parlementaire, au nom de l'Opposition.
J'ai lu avec intérêt votre mémoire, il est franc,
droit. Il présente de façon très claire et assez
brève et concise l'essentiel de vos positions. Vous abordez le projet de
loi sous deux de ses aspects, c'est-à-dire celui du partage des pouvoirs
qu'on appelle la responsabilisation des différents intervenants et celui
des structures.
En ce qui concerne le caractère plutôt centralisateur du
projet de loi, nous partageons entièrement votre avis là-dessus
parce que la centralisation que j'appelle excessive au sein de l'appareil
gouvernemental, soit par les pouvoirs de réglementation, les pouvoirs de
faire des décrets, détenus soit par le ministre ou par le
gouvernement, déresponsabiiise en quelque sorte les intervenants mais
les empêche également d'appliquer des solutions plus
concrètes et mieux adaptées aux besoins de leur
collectivité.
Nous avons tenté d'examiner le projet de loi 3 sous trois de ses
aspects, celui de la modernisation des structures, celui du partage des
pouvoirs, la responsabilisation, également celui de
l'accessibilité. Nous avons fait cet exercice en comparant
évidemment avec la loi actuelle mais également avec la loi 3
parce que la loi 3 qui a été jugée inapplicable en raison
des articles qui portaient sur la structure constituait dans ses autres
dispositions un progrès considérable en ce qui touche à la
fois
la décentralisation et à la fois l'accessibilité et
la démocratisation.
Vous comprendrez que pour nous le projet de loi qui est sur la table, le
projet de loi 107, est une version plutôt ratatinée, si vous me
passez l'expression, du projet de loi 3, je dirais sous tous ses aspects, mais
plus particulièrement, en ce qui concerne la responsabilisation et
l'accessibilité. C'est une question que vous avez peu ou pas
abordée dans votre mémoire. Ce qui nous préoccupe
considérablement, c'est le fait qu'on ne retrouve pas dans le projet de
loi ce qu'on avait dans la loi 3 parce qu'il faut se rappeler que la loi 3
n'était pas une vague promesse électorale mais un projet de loi
dûment adopté par la Chambre.
N'eût été le jugement Deschênes qui a
invalidé toute la loi à cause de quelques articles, les jugements
antérieurs voulaient qu'on invalide les articles litigieux et non pas
l'ensemble des dispositions. Le juge en a décidé autrement.
N'eût été cette décision du juge, la ioi actuelle
donnerait aux commissions scolaires la responsabilité d'offrir
gratuitement l'éducation aux adultes qui veulent terminer un
secondaire.
Ce serait la situation actuelle. La ioi 3 ferait obligation aux
écoles d'organiser des services de garde. La loi 3 vous permettrait
d'exiger, comme commission scolaire, les ressources nécessaires pour ce
faire, mais, en même temps, les ressources nécessaires pour donner
les services complémentaires et les services particuliers parce qu'ils
étaient décrits dans la loi 3. Tout cela disparaît de la
loi 3.
Je me rappelais - je fais une digression - au moment où M. Rocard
a été nommé premier ministre français, cette
semaine, au moment où il est venu au conseil national du Parti
québécois, il disait, en parlant des orientations qu'on devait se
donner dans les États, d'essayer de mettre un peu de futur dans le
présent. J'ai plus l'impression qu'on met beaucoup de passé dans
le présent et que cela manque de souplesse et d'adaptation à la
réalité d'aujourd'hui.
Dans votre mémoire, et je n'insisterai pas là-dessus, le
ministre utilise beaucoup l'exemple des enseignements professionnels et de
l'éducation des adultes en pariant de la centralisation. Je pense que
c'est particulièrement sur ces deux exemples que je trouve discutables
les pouvoirs du ministre parce qu'ils viennent déterminer de
Québec tout ce qui est bon pour le Québec et les bonnes
idées, en dépit du fait qu'on va reconnaître qu'il y en a
quelques-unes qui sont bonnes sûrement et même excellentes, mais
elles ne s'appliquent pas avec le même bonheur partout. C'est cette
souplesse qu'on n'aura plus avec le projet de loi. Là-dessus, je vous le
reconnais. Là-dessus, si le ministre accepte de répondre à
ma question, je voudrais l'entendre. Il justifie la multitude et les multiples
contrôles a priori et a posteriori en disant: On paie 95 % de ia note, on
doit contrôler. Moi, je dis: Bien. Si c'est cela le jugement du ministre,
qu'il donne les mêmes structures pour gérer le réseau
scolaire, qu'on a pour gérer le réseau hospitalier, des conseils
d'administration.
À quoi servent les commissions scolaires, un gouvernement local
élu, du moment où vous le traitez comme un simple conseil
d'administration d'hôpital? Je pense que cette question se pose parce que
le ministre a dit: Écoutez, il reste beaucoup de pouvoirs dans les
commissions scolaires, elles peuvent engager, les hôpitaux aussi
engagent, ils peuvent décider de leurs politiques internes de gestion de
personnel en respectant les conventions collectives. Les hôpitaux le font
aussi. Tous les exemples que le ministre donne, cela se fait très bien
dans un centre hospitalier, dans un CLSC, dans un collège et c'est
géré par un conseil d'administration. On justifie cette
intervention de l'État dans ces établissements parce que ce ne
sont pas des élus qui dirigent. Du moment où il y a des
élus, on peut prétendre qu'ils devraient détenir plus de
pouvoirs et non pas l'inverse, être soumis aux mêmes contraintes
que les organismes qui ne sont pas gérés par des élus.
Je pense que le discours du ministre là-dessus est faible, il
faut le reconnaître. Il n'est pas vrai que parce qu'il y a eu certains
cas sur lesquels le ministre a été obligé d'intervenir, il
faut absolument faire une règle générale. Je me suis
toujours opposée à cela parce que je crois vraiment aux
qualités et à la valeur de la décentralisation comme
étant génératrice de dynamisme, de
créativité et d'efficacité. Là-dessus, je vous
rejoins à 100 %, je dirais même à 200 %. J'aimerais quand
même vous entendre brièvement sur les structures scolaires parce
que ce n'est pas tout à fait clair pour moi. Je dois dire que votre
position - et c'est à votre honneur - est beaucoup moins
tranchée, beaucoup moins radicale, et beaucoup moins exclusive que celle
de la CECM. Je pense qu'on peut le dire, je le redis, d'ailleurs. Dans ce sens,
je pense que c'est beaucoup plus adapté à la situation
actuelle.
Cependant, vous dites: On pourrait gérer en même temps une
commission scolaire confessionnelle, et une commission scolaire linguistique.
C'est à peu près cela. On pourrait être à peu
près les deux. Je trouve l'idée peut-être
séduisante, applicable ici. Ce n'est pas fou. Ce n'est pas
complètement dénué d'intérêt, mais je me
demandais d'abord... En matière de transition, la transition ne vous
concerne pas parce qu'aussi longtemps que l'article 93 ne sera pas
abrogé ou modifié, il n'y a pas de conseil provisoire en ce qui
vous concerne, si j'ai bien lu la loi. Cela ne peut pas vous concerner dans le
sens qu'on ne peut pas vous toucher aussi longtemps que le jugement n'est pas
rendu. Si le jugement était rendu, on pourrait établir des
commissions scolaires linguistiques, mais les commissions scolaires
confessionnelles demeureraient. (11 heures)
Je vois que vous hochez de la tête. Vous
pourriez peut-être me dire si j'ai tort ou raison. Ce
n'était pas vraiment l'objet de la question. L'objet de la question.
L'objet de la question est le suivant: Si vous pouviez gérer deux
réseaux, l'un confessionnel parce que c'est le vôtre, parce que
c'est celui qui vous fait obligation d'avoir des écoles confessionnelles
et vous n'avez pas besoin de déclaration de statut d'école
confessionnelle, c'est automatique, c'est en vertu des obligations qui vous
sont faites... Que penseriez-vous si, en même temps qu'on crée par
la loi, par le règlement du comité catholique et du comité
protestant, des postes dont les fonctions visent à s'assurer que le
caractère confessionnel de l'école est respecté dans
toutes ses dispositions - manuels, enseignement, etc. - on avait au moins
l'équivalent de soutien en personnel et en moyens pour veiller à
ce qu'on respecte ceux qui font des choix autres? On me dit qu'à la
CECM, au niveau secondaire, c'est plus de 50 % des parents ou des enfants,
selon le cas, qui demandent à être exemptés de
l'enseignement religieux et qui choisissent l'enseignement moral. Alors, est-ce
que cela ne serait pas parce que... Ce qu'on entend souvent ici et c'est
également mon avis, c'est que les moyens mis à la disposition du
comité catholique et du comité protestant au sein des commissions
scolaires et dans la structure du ministère sont des moyens très
puissants comparativement à l'absence totale - je dis totale, à
l'exception de la petite formule "je ne veux pas avoir d'enseignement
religieux" - de moyens mis à la disposition de ceux qui réclament
l'enseignement moral.
M. Flamand: Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, je
permets.
M. Flamand: ...de répondre à la question de Mme la
députée de Chicoutimi. Il y a plusieurs éléments
dans votre intervention. Quant à la structure, il faut bien se rendre
à l'évidence que, de toute façon, aujourd'hui, avec les
dispositions de la loi, on pourrait se retrouver dans une école dite
catholique où il ne s'y fait pas d'enseignement religieux catholique
pour la simple et bonne raison qu'à partir du choix des parents ou des
élèves, on pourrait retrouver une école où tous les
élèves ont choisi l'enseignement moral. Si on est capable
d'administrer ce type d'école, on pourrait aussi administrer une
école qui n'a pas de reconnaissance confessionnelle.
Quant aux équipements, aux outils de travail et à la
répartition entre l'enseignement religieux et l'enseignement moral, je
demanderais à la directrice générale qui a les chiffres en
main de vous dire exactement ce qu'il en est.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Ouellette (Thérèse): M. le Président,
très brièvement, à la Commission des écoles
catholiques de Québec, au primaire, nous avons 14 % de nos
élèves dont les parents ont demandé les cours
d'enseignement moral et, au secondaire, 29 % de nos élèves sont
inscrits aux cours d'enseignement moral.
Mme Blackburn: Comment est-ce réparti au niveau
secondaire, parce qu'on prétend que, lorsque les enfants ont le choix,
le nombre est plus élevé? En tout cas, on m'a laissé
entendre qu'en secondaire V, ils seraient plus nombreux à faire le choix
de l'enseignement moral.
Mme Ouellette: Selon les chiffres que j'ai en main, ils sont
effectivement légèrement plus nombreux au deuxième cycle
du secondaire, c'est-à-dire au secondaire IV et V, mais la
différence est peu significative.
Mme Biackburn: Ce n'est pas majeur? Mme Ouellette: Non.
Mme Blackburn: D'accord. M. Flamand nous dit qu'à un
moment donné, on se retrouverait devant le fait qu'on a des
écoles confessionnelles catholiques avec aucun enfant qui souhaiterait
recevoir des cours d'enseignement catholique religieux, ce qui est vrai, mais
ce qui ne vous permet pas pour autant... Étant une commission scolaire
confessionnelle protégée en vertu de la charte canadienne, votre
projet éducatif ne peut que s'inspirer des valeurs de la morale
catholique. C'est dans le règlement, vous n'avez pas le choix. Je ne
pense pas me tromper là-dessus: c'est le comité catholique qui
détermine si les manuels scolaires respectent et correspondent aux
valeurs et à la morale chrétienne et cela vaut pour toutes les
écoles confessionnelles, mais au premier chef pour celles qui sont
protégées, parce qu'elles ne peuvent être autrement que
confessionnelles et donc, elles ne peuvent avoir un projet qui ne s'inspire pas
de la morale et de la foi catholique.
M. Flamand: Si M. le Président me le permet...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. Flamand.
M. Flamand: ...je vous ferai remarquer, Madame, comme je le
disais tout à l'heure à M. le ministre, que la loi permet
déjà des ententes entre commissions scolaires et rien dans la
loi, même si la Commission des écoles catholiques de Québec
a un caractère confessionnel protégé, n'empêcherait
la CECQ de prendre une entente avec une autre commission scolaire pour
gérer d'autres écoles. C'est ce qui me faisait dire que le
gouvernement pourrait donc décréter que le territoire de la CECQ
est un territoire de commission scolaire aussi francophone et que,
pour les besoins de la loi, le conseil des commissaires de la CECQ
constitue également le conseil des commissaires de la commission
scolaire linguistique francophone et, par entente, il pourrait y avoir gestion
des établissements, sans pour autant déroger aux dispositions de
la loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Bien. Le temps file, j'aimerais pouvoir vous
garder encore au moins une bonne heure. Sur une autre question, celle touchant
l'accessibilité, la démocratisation de l'éducation, je
vous dis mon étonnement de ne pas retrouver dans votre mémoire
une réflexion touchant ces questions. Vous n'êtes pas les seuls,
cela se passe comme si on avait, lorsqu'on parle de la réforme de la Loi
sur l'instruction publique... L'essentiel des propos touche à la
structure, mais il n'y a pas vraiment de préoccupations quant aux
grandes questions touchant la démocratisation et l'accessibilité.
Tout à l'heure, je citais un certain nombre d'exemples. Le fait que
j'estime, que je considère et qu'on est en droit de considérer au
Québec comme étant un acquis considérable,
c'est-à-dire ce qu'on retrouvait dans la loi 3, la gratuité pour
l'éducation des adultes, pour ceux qui veulent terminer une formation de
niveau secondaire. Entre parenthèses, il faut se rappeler qu'à
l'époque, le ministre réclamait que cette gratuité soit
assurée pour ceux qui veulent terminer leur collégial. Là,
dans la loi, les dispositions sont telles qu'on pourrait charger des frais de
scolarité. Quand on connaît le nombre effarant
d'analphabètes qu'on a encore au Québec, le nombre impressionnant
de jeunes qui décrochent avant d'avoir terminé leur secondaire,
c'est quelque chose d'inquiétant. Là-dessus, votre mémoire
est muet, de même que sur la question touchant les services de garde en
milieu scolaire, préscolaire et primaire.
Vous savez que la concentration nécessaire pour un enfant afin
qu'il puisse apprendre dans les meilleures conditions, c'est souvent qu'il ne
s'inquiète pas de rentrer tout seul à la maison et d'attendre
pendant deux heures que ses parents reviennent. Donc, les services de garde en
milieu scolaire, cela touche aussi la qualité comme
l'accessibilité.
Toute la série des services complémentaires et des
services particuliers qu'on retrouvait définis dans la loi 3
étaient des services qui devaient venir soutenir les services
d'enseignement pour donner, dans tout le Québec, des services
comparables, en quantité et en qualité. Cela ne se retrouve plus
dans le projet de loi. De même, il y avait une disposition
intéressante qu'on ne retrouve pas et qui avait trait au droit de
l'élève ou de ses parents qui pouvaient recourir au Protecteur du
citoyen pour faire respecter les droits de l'élève. Cette
disposition ne se retrouve pas non plus dans le projet de loi 107.
Par rapport à la loi 3, cela constitue un recul certain. C'est un
recul net, une perte nette pour le réseau scolaire. Je voudrais vous
entendre là-dessus.
M. Flamand: Vous me permettez, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, allez-y, M.
Flamand.
M. Flamand: D'abord, je voudrais rappeler à Mme la
députée, comme on le disait en début de
présentation du mémoire, qu'effectivement, on ne s'est pas
prononcé sur tous les sujets dans notre mémoire parce que la
Fédération des commissions scolaires se fera entendre ici, devant
la commission. Sur plusieurs plans, nous souscrivons à la
présentation de la fédération. Donc, c'est la raison pour
laquelle nous avons ignoré plusieurs dispositions de la loi.
Quant à l'accessibilité dont vous parlez, il n'y aurait,
en fait, que le cas des adultes, puisque, pour nous, en ce qui concerne le
reste, je pense que l'accessibilité est acquise aux élèves
du primaire et du secondaire. Quand vous parlez des services de garde en milieu
scolaire, par exemple, ce sont des services qu'on offre déjà dans
nos écoles, et la majorité de nos écoles primaires sont
déjà dotées de services de garde en milieu scolaire.
Je pense que l'accessibilité est largement respectée. Je
ne sais pas si c'est particulier à la CECQ, mais quand vous parlez de
qualité de services, je pense qu'il y a quand même beaucoup de
choses qui se font déjà à ia CECQ et nous n'avons pas
attendu qu'une loi vienne nous l'imposer; ce sont des choses qui se sont
développées au cours des années et déjà
beaucoup de services sont offerts chez nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Flamand.
Mme la députée, vous avez la parole pour une dernière
intervention.
Mme Blackburn: J'ai dû mal poser ma question. En fait, je
sais que les services offerts à la CECM, à la CECQ et dans la
plupart des commissions scolaires sont des services adéquats où
on retrouve généralement, en dépit des critiques que l'on
peut faire à l'endroit de l'enseignement, un niveau de compétence
et de professionnalisme assez élevé. Cependant, je dis que le
fait que cela n'apparaisse pas dans la loi, du jour au lendemain, en vertu
d'une décision du gouvernement, vous pourriez ne plus avoir les
subventions pour ce faire. La loi 3 disait: L'école doit organiser les
services de garde alors qu'actuellement, c'est "peut". On n'a plus cette
obligation.
Le législateur qui définissait dans la loi les services
complémentaires et les services particuliers se liait, d'une certaine
façon, se faisait une obligation de donner les ressources pour que
cela puisse être maintenu. On ne retrouve plus, - et c'est dans ce
sens qu'était ma question - on n'a plus ces garanties. À
l'éducation des adultes, c'est la même chose, mais cela va un peu
plus loin. Les commissions scolaires, selon les ressources, pourraient avoir
l'autorisation pour charger des frais de scolarité. C'est davantage dans
cette direction.
De même, concernant l'accessibilité, le ministre, alors
qu'il était critique de l'Opposition, prétendait qu'en
matière de manuels scolaires, de manuels pédagogiques, de cahiers
d'exercices, cela devait être la gratuité totale, y compris pour
les cahiers dans lesquels on découpe. J'utilise ses termes. On sait
qu'actuellement, si ce n'est pas un frein à l'accessibilité, ce
ne sont pas les meilleures conditions pour certaines familles pauvres. Il y en
a ici à Québec, comme il y en a dans les régions, comme il
y en a à Montréal. Selon une estimation faite par des parents, il
en coûtait entre 30 $ et 100 $ à un enfant pour entrer à
l'école, selon son niveau. Ce n'était pas toujours au niveau
secondaire, que cela coûtait plus cher parce qu'il y a beaucoup de
cahiers d'exercices au primaire.
On sait qu'actuellement, au Québec, il y a 20 % des enfants qui
naissent dans une famille d'assistés sociaux, qui vivent d'assistance
sociale et qui vivent sous le seuil de la pauvreté. On sait que 61 % des
femmes qui ont des enfants de moins de six ans sont sur le marché du
travail. On ne parle pas de choses abstraites qui reposent sur une
réalité fictive, théorique au cas où, c'est ce
qu'on vit aujourd'hui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée...
Mme Blackburn: Dans la loi, il n'y a aucune garantie qui vienne
faire obligation au gouvernement de donner aux écoles les ressources
leur permettant d'offrir ces services. Le projet de loi est fait de
manière telle qu'il augmente les pouvoirs du ministre, mais diminue ses
obligations. Il vide les commissions scolaires de leurs pouvoirs et il augmente
les exigences à leur endroit, contrôles et ainsi de suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, je vous invite à conclure.
Mme Blackburn: C'est dans ce sens que ma question allait: Vous
pouvez avoir de bons services, mais du moment où il n'y a pas obligation
dans la loi - pas de définition, donc pas d'obligation - cela devient
très aléatoire et il n'est pas sûr qu'un gouvernement, pas
nécessairement le gouvernement actuel, n'importe quel gouvernement, ne
viendra pas un jour décider qu'il ne paie pas pour ces services.
C'était le sens de ma question. Je sais que le président, qui est
très respectueux des règles et soucieux de nous tenir à
l'intérieur de l'horaire prévu, ne me laissera pas vous saluer.
Je vous salue tout de suite et je vous remercie de votre participation, mais
j'attends quand même votre réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, allez- y.
M. Flamand: Si M. le Président me permet de
répondre... (11 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur, je suis
beaucoup plus permissif envers nos invités qu'envers les membres de la
commission. Alors, je vous écoute.
M. Flamand: Mme la députée se demandait pourquoi on
n'avait pas réagi en ce qui concerne en particulier les services de
garde où on voit dans la loi que le ministre indique "une commission
scolaire peut" et on aurait dû y voir "une commission scolaire doit". Je
pense qu'il faut être cohérents avec nous-mêmes. On reproche
dans certains cas au ministre, justement, de nous obliger à faire des
choses. Or, pour une fois qu'il y a un article qui nous permet de le faire, qui
respecte notre autonomie, on ne pouvait pas le lui reprocher, C'est la raison
pour laquelle on ne pouvait pas s'opposer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Flamand.
M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, en terminant, je voudrais
rappeler tout d'abord que les commissions scolaires ont actuellement des
responsabilités réelles et considérables. Il ne faudrait
pas l'oublier quand on vient en commission parlementaire ou quand on va
discuter des questions d'éducation où que ce soit. Je disais
l'autre jour au président de la CECM qui était ici: Combien
avez-vous d'employés à votre commission scolaire? Ils en ont 11
000. Il y en a à peu près 1400 au ministère de
l'Éducation. Dans les pouvoirs d'un chef d'entreprise, le pouvoir
d'embauche est capital. C'est le pouvoir le plus important avec celui du
contrôle sur ses finances. Alors, de ce côté-là, je
pense qu'il faut reconnaître qu'il y a des responsabilités
énormes qui sont dévolues aux commissions scolaires. C'est vous
qui prenez la décision d'ouvrir ou de fermer les écoles,
d'inscrire les enfants, d'offrir tel ou tel service, etc. Je pense qu'il ne
faudrait pas oublier ceci et le projet de loi laisse toutes ces
responsabilités-là aux commissions scolaires et, même
à plusieurs égards, il les augmente sensiblement.
On a mentionné dans l'échange de tantôt certains
points sur lesquels il y aurait des atténuations qui pourraient
être envisagées dans le projet de loi. J'ai bien noté cela
et on va examiner ces possiblités sérieusement. Encore une fois,
toujours à propos de suggestions précises et concrètes, -
on ne discute pas des thèmes généraux, on peut les
répéter, on les entend
répéter souvent ici autour de la table, mais on cherche
les précisions et on les entend moins souvent - vous en avez
apporté quelques-unes ce matin. Je vous en suis reconnaissant.
Vous nous avez posé, en deuxième lieu, un problème
particulier de logistique en ce qui concerne le territoire de Québec en
relation avec le projet de loi. On en a pris note également. Vous avez
précisé des choses qui n'étaient pas dans votre
mémoire quand on a discuté tantôt à propos de ce que
souhaiterait, en dernière analyse, la Commission des écoles
catholiques de Québec. Il est très important pour nous de
connaître quelle est la volonté politique dans ce
territoire-là. On va examiner le projet de loi à partir de ces
choses-là. Je pense qu'il y a des ajustements, en tout cas, qu'on peut
entrevoir, qu'on peut rechercher. Et, de ce point de vue, je pense que la
rencontre de ce matin est une rencontre fructueuse dont je vous remercie
cordialement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. Flamand. Je remercie aussi les personnes qui vous accompagnent
d'avoir bien voulu répondre à notre invitation. Nous allons
suspendre pour quelques minutes.
M. Flamand: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui?
M. Flamand:... vous me permettrez de vous remercier et de
remercier aussi les membres de la commission de nous avoir entendus si
aimablement. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous acceptons vos
remerciements.
(Suspension de la séance à 11 h 19) (Reprise à 11 h
24)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission à prendre place et j'invite
également nos invités à prendre place sur les banquettes
qui leur sont réservées.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux dans
le cadre du mandat qui lui a été confié, à savoir
procéder à une consultation générale et tenir des
auditions publiques dans le cadre de l'étude détaillée des
projets de loi 106, Loi sur les élections scolaires, et 107, Loi sur
l'instruction publique.
Nous accueillons ce matin le deuxième groupe, soit le Mouvement
scolaire confessionnel du Québec, et son porte-parole est son
président, M. Maurice Archambault. M. Archambault, au nom des membres de
cette commission, je veux vous remercier d'avoir bien voulu répondre
à l'invitation de la commission permanente de l'éducation et
d'être venu nous donner votre perception des projets de loi 106 et 107.
Dans votre cas, j'ai l'impression que vous allez vous concentrer sur le projet
de loi 107. Je veux vous dire aussi que c'est avec beaucoup d'attention que
nous allons vous écouter. Les règlements étant ce qu'ils
sont, je me dois de vous informer que la commission a une heure à vous
consacrer. D'habitude, je me permets de faire des suggestions, à savoir
qu'environ un tiers du temps soit consacré à la
présentation de votre mémoire, lequel d'ailleurs a
déjà été lu et reçu par les membres de cette
commission, et après, que la dernière demi-heure soit
séparée également entre l'Opposition officielle et le
côté ministériel de façon à pouvoir
échanger des propos avec vous ou les personnes qui vous
accompagnent.
Pour les besoins du Journal des débats, je vous
inviterais, M. Archambault, à nous présenter les gens qui vous
accompagnent et à commencer ensuite la lecture de votre mémoire.
M. Archambault.
Mouvement scolaire confessionnel du
Québec
M. Archambault (Maurice): II me fait plaisir de présenter,
à ma gauche, Mme Simone Allard, directrice du Mouvement scolaire
confessionnel; à ma droite, M. Benoît Beaudoin,
vice-président du Mouvement scolaire confessionnel; à mon
extrême droite, M. l'abbé Roger Ducharme, aviseur moral au
Mouvement scolaire confessionnel du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame et
messieurs, soyez les bienvenus. M. Archambault, nous vous écoutons
religieusement.
M. Archambault: Avant de commencer, quelques notes brèves.
Vous avez un résumé dont les chiffres qui apparaissent au
début des paragraphes se réfèrent au mémoire. Ce
résumé est très bref. Nous considérons notre
mémoire comme étant lui-même un résumé
déjà bref. Il est entendu que nous allons faire notre possible
pour être aussi bref que possible, mais tout de même.
M. le ministre, M. le Président, Mmes et MM. les membres de la
commission de l'éducation, avant de commencer la lecture de la version
abrégée de notre mémoire, nous nous devons de vous dire
que nous considérons le projet de loi 107 comme faisant partie d'un
ensemble d'attitudes de notre gouvernement dans des domaines aussi
variés que la famille, le bien-être social, la santé et
évidemment l'éducation. L'esprit, la philosophie qui anime tous
ces domaines depuis plus de 20 ans est le même. Il est étranger
à l'âme profonde du peuple québécois. Nous nous y
opposerons à chaque fois que le gouvernement tentera de l'imposer
à la population.
En conséquence, le langage que nous tiendrons dans notre
mémoire est bien différent
du langage de certains groupes particuliers, qu'ils soient
idéologiques, politiques, syndicaux ou autres, qui ont adopté des
points de vue intéressés. Il est la voix des 977 organismes dans
toute la province regroupant bien au-delà de 2 000 000 de citoyens
québécois que nous représentons. Ils sont les premiers
concernés et les plus inquiets des répercussions possibles de ce
projet de loi.
La période de temps qui nous est accordée est trop
brève pour nous permettre d'exprimer adéquatement la
volonté de ceux que nous représentons. Comme les parents et la
population ont eu la patience d'écouter les propositions de tous nos
ministres de l'Éducation et de leur répondre depuis la
création du ministère de l'Éducation, nous espérons
que M. le ministre et cette commission auront la même patience. Nous
serons quand même aussi brefs que possible.
Notre première constatation, la plus importante, c'est que le
projet de loi 107 ne peut s'insérer harmonieusement dans le contexte
particulier de la société québécoise car il
s'attaque à l'un des éléments les plus précieux de
son patrimoine national, celui pour lequel il se bat depuis plus de vingt ans:
son système scolaire confessionnel. Il a permis, jusqu'à
aujourd'hui, de transmettre à ses enfants et aux
générations futures ce qu'il a de plus sacré: sa foi, ses
traditions et sa culture.
De plus, ce projet de loi ne tient pas compte des volontés que
celle-ci a exprimées avec autant de force et de constance, depuis plus
de vingt ans, quant à la solution des problèmes qui la
confrontent dans le domaine scolaire, montrant de la part du gouvernement une
absence totale de sens démocratique.
Nos ministres de l'Education ont voulu fabriquer de toutes pièces
un système scolaire tiré de cultures étrangères
à la nôtre. Cet assemblage disparate et indigeste, fait
d'expériences peu probantes, apportait avec lui la philosophie
matérialiste et utilitariste qui les avait, pour la plupart,
inspirées. Plusieurs de ceux qui ont présidé à la
fondation du ministère de l'Éducation étaient d'accord
avec cette philosophie. Aussi, pour arriver à l'imposer à la
majorité, nos gouvernements, les uns après les autres, ont
lentement dépossédé le peuple québécois
d'importants éléments de son système scolaire
confessionnel malgré son opposition. (11 h 30)
Ceux qui ont préparé la révolution dite tranquille,
disciples de maîtres étrangers à notre culture et à
nos aspirations, sont allés choisir ailleurs le pire, alors qu'on aurait
pu faire mieux ici tout en respectant le peuple québécois. Pis
encore, on a servilement imité les erreurs des systèmes scolaires
étrangers, ceux dont se plaignent amèrement nos voisins du Sud
depuis nombre d'années. 1981 a vu la campagne de la revue Newsweek,
magazine qui tire à 5 000 000 d'exemplaires, déclarer que les
écoles américaines étaient ratées: "Our schools are
flunking". Présentement et sans arrêt, les médias
américains accusent leur système scolaire de mettre la nation en
péril: "A nation at risk". Voilà comment on en est venu à
couler dans le béton de nos polyvalentes l'enfer scolaire de nos
enfants.
Aux paragraphes 13 et 14, nous rappelons qu'à plusieurs reprises,
certains de nos politiciens et de nos réformateurs scolaires ont
invoqué et invoquent encore aujourd'hui, semble-t-il, pour justifier
leurs prises de position la séparation nécessaire, selon eux, de
l'Église et de l'État. Or, cette séparation est toujours
fictive.
Il faut se rendre à l'évidence que la neutralité de
l'État et de ceux qui le dirigent est toujours factice, pour ne pas dire
impossible. Tous les gestes qu'ils posent ont nécessairement des
implications morales, surtout dans le domaine des lois favorisant ou
restreignant la liberté des individus, la justice, les droits de la
famille, la liberté d'enseignement, la dissolution des moeurs,
l'avortement et le divorce.
De plus, nous constatons que nos réformateurs sont allés
chercher chez Engels et Marx les assises, datant de 1845, des grandes lois
modernes et progressistes que nous servent nos gouvernements au Québec
depuis vingt ans dans les domaines qui concernent la famille, le
bien-être social et l'éducation.
Pour atteindre leur but, nos sécularistes et nos laïcistes
se sont attaqués immédiatement à notre système
scolaire, car s'il est extrêmement difficile sinon impossible de modifier
en profondeur les convictions des adultes, il en va autrement des enfants. Il
est certainement plus facile de manipuler leur esprit immature et sans
expérience de la vie.
Au neuvième Congrès international de la famille, tenu
à Paris du 11 au 14 septembre 1986, Mme Pilar Garcia Serrano,
déléguée du gouvernement espagnol à ce
congrès, fit la constatation suivante, qui s'applique bien au
Québec des 25 dernières années: "L'éducation est
devenue l'objectif de tous les pouvoirs comme un instrument de manipulation.
"
Les attaques contre la confessionnalité de notre système
scolaire se sont affublées de slogans astucieux: progrès,
progressisme, pluralisme, modernité, passéisme, etc. Ils se sont
révélés faux à bien des points de vue. Si notre
système scolaire a progressé au point de vue de
l'accessibilité, de la quantité de l'équipement et de
l'instruction fournies à nos enfants, il n'a jamais tant reculé
au point de vue de la qualité de l'enseignement, de l'éducation
et surtout à cause de l'impossibilité de proposer vraiment
à nos enfants dans l'école un idéal chrétien qui
leur apprendrait à dépasser un utilitarisme mesquin, jouisseur et
destructeur de l'âme qui les mène à la démission
face à leurs devoirs envers eux-mêmes et envers la
société. Ce sont ces déficiences graves qui sont
responsables du peu de rendement de tous nos investissements en temps, en
argent et en talents dans le domaine scolaire.
Le projet de loi 107. À l'occasion d'une
réunion des présidents et des directeurs
généraux des commissions scolaires, tenue à
Montréal le 8 février 1986, sous les auspices de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, et à l'automne 1987, en Chambre, sous les pressions de
l'Opposition lors du dépôt de la loi 131, M. Ryan déclarait
à plusieurs reprises qu'il n'existait pas dans la population de
consensus valable favorisant les commissions scolaires linguistiques.
Faisant volte-face, le ministre, par l'entremise d'un communiqué
de presse intitulé "Dépôt du projet de loi sur
l'instruction publique", faisait la déclaration suivante, et je cite:
"Le projet de loi sur l'instruction publique se veut le reflet des nombreux
consensus réalisés au cours des dernières années,
particulièrement à l'occasion des grandes opérations de
consultation menées lors de la parution du livre vert en 1977 et de la
loi 3 en 1984. ". En conséquence, M. le ministre veut imposer à
la population contre sa volonté des commissions scolaires dites
linguistiques, terme qui sert à masquer le fait qu'elles sont
neutres.
La consultation sur le livre vert ne peut être prise au
sérieux sur ia question de la confessionnalité, que ce soit celle
de l'école ou celle des commissions scolaires. En effet, à !a
page 46 de la "Synthèse de la consultation sur le livre vert", on peut
lire ce qui suit: "Le consensus s'établit facilement pour regretter que
le document du gouvernement ait escamoté la question de la
confessionnalité. Ce sentiment est partagé autant par les
partisans de la structure confessionnelle que par ceux qui y sont moins
favorables. L'absence de questions sur le sujet dans l'instrument de cueillette
d'opinions qui accompagnait la diffusion du livre vert est assez souvent
perçue comme une preuve d'un mouvement concerté pour ignorer un
enjeu si profondément inscrit dans la tradition culturelle du
Québec. ".
Bien qu'il ait ignoré les droits particuliers et historiques des
catholiques, M. le ministre a tout de même inséré des
droits particuliers dans son projet de loi. Nous tenons à le souligner,
nous sommes d'accord pour que ces droits particuliers, ceux des Cris, des
Inuit, des Naskapis, ainsi que ceux des parents qui refusent l'école
catholique pour leurs enfants soient respectés et nous demandons
même pour ces derniers que l'on ouvre un secteur scolaire autre là
où le nombre le justifie. Mais nous voulons aussi que nos droits de
peuple catholique, fondateur de ce pays, droits pourtant protégés
et acquis depuis plus de 100 ans, soient eux aussi respectés. Nous
tenons à nos écoles confessionnelles, mais nous n'avons jamais eu
la prétention de les imposer aux autres.
Dans sa critique du projet de loi 40 de M. Laurin, M. Ryan
s'élève contre et Je cite: "le centralisme qui a dangeureusement
alourdi... " "... le système québécois d'enseignement... "
et "... tend inexorablement vers un accroissement du contrôle et de la
direction exercés sur tout le système par le ministre de
l'Éducation. "
Dans son projet de loi 107, M. le ministre se ravise et décide
à son tour que les problèmes de compétence,
d'efficacité et de rendement, ainsi que la correction de tous les maux
dont souffre notre système scolaire ne peuvent être résolus
autrement qu'en concentrant tous les pouvoirs et tous les moyens entre ses
mains, quand ce n'est pas entre celles du gouvernement.
Nous sommes d'accord avec l'éditorial du 16 février
dernier de M. Jean-Guy Dubuc dans La Presse, sauf lorsqu'il dit qu'on se
facilite la tâche en centralisant le plus possible la fonction
administrative. Au point de vue administratif, dans une entreprise de trop
grande envergure, la centralisation excessive de l'administration amène
toujours des lourdeurs dans la machine administrative, des pertes de
contrôle et d'efficacité onéreuses à cause de
l'éloignement du centre de décision des projets et de leur
vécu quotidien et à cause de l'impossibilité de percevoir,
de comprendre et de mesurer avec justesse les besoins locaux. Il y a alors
tendance à établir des règles uniformes qui nivellent les
différences et paralysent les initiatives locales. Le gouvernement
maintient son contrôle sur le régime pédagogique. Pourtant,
ce rôle ne lui appartient pas. Il appartient aux commissions scolaires.
En juin prochain, la Cour suprême du Canada sera appelée à
trancher cette question.
Même si, en théorie, dans le projet de loi 107,
l'école publique catholique ne disparaît pas, dans la pratique, sa
réalisation dépendra d'une foule de facteurs sur lesquels les
parents catholiques auront peu de contrôle. Elle ne sera pas
nécessairement à la portée des parents. Ils pourront
même être obligés de défrayer le transport de leurs
enfants.
M. le ministre, comme M. Laurin, crée des conseils d'orientation
dans son projet de loi. Nous avons cru utile de lui rappeler ses propres
commentaires sur les problèmes que peuvent engendrer les conseils
d'orientation prévus dans son projet. "On constate, dit M. Ryan dans son
allocution du 8 novembre 1982, que les parents sont très
intéressés aux questions qui concernent immédiatement
leurs enfants mais que leur disponibilité est limitée. Limite
dans le temps, limite dans le bénévolat et limite dans les
aspirations des parents. Il s'ensuit que l'on constate un taux de
renouvellement élevé dans les comités d'écoles et
la nécessité de recommencer à zéro à chaque
année les apprentissages nécessaires à une participation
éclairée et efficace. Les parents, poursuit-il, risquent
d'être en conflit d'intérêts à peine voilé
quand viendra le temps de prendre des décisions pouvant affecter
directement leurs propres enfants. Ils seront, ajoute-t-il, influencés
par les problèmes qu'ont connus leurs enfants à l'école.
"
Les parents possèdent déjà un pouvoir de
contrôle et de participation aux décisions par l'entremise des
commissaires qu'ils élisent et qui
sont leurs représentants. Les élections scolaires sur
l'île de Montréal, et en particulier à la Commission des
écoles catholiques de Montréal ont démontré
clairement, depuis 1973, que lorsque les parents s'intéressent à
la chose scolaire, ils en contrôlent les orientations en élisant
des commissaires qui respectent leur volonté. À deux reprises,
aux élections de 1977, trois commissaires et, à celles de 1983,
six commissaires qui avaient failli au mandat confessionnel sous lequel ils
avaient été élus, furent remplacés par les
électeurs. De 1973 jusqu'aux dernières élections de 1987,
en moyenne, 78 % des candidats commissaires sur lUe de Montréal ont
été élus par la population sous la bannière
confessionnelle.
Dans nos appréhensions quant au pouvoir réel des parents
dans ces conseils, nous devons tenir compte du fait que les parents ont
à s'occuper, au foyer, de l'éducation de leurs enfants, de la
marche de la maison, des multiples problèmes quotidiens et du fait que,
bien souvent, ils travaillent tous les deux à l'extérieur.
M. le ministre, lors de sa critique du projet de loi 40, disait - et je
cite - "...prétendre démonter ce tout comme s'il n'existait pas,
pour ensuite tenter de le reconstituer à partir des unités
existantes au plan local, c'est procéder à partir d'une vue de
l'esprit, non de la réalité". C'est pourtant ce que fait le
ministre dans son projet de loi.
Tous les chambardements scolaires sont faits sous le prétexte
d'améliorer l'école de nos enfants. Est-ce bien ce que nous avons
vécu? Un sondage fait par Environics Research Group, publié dans
le Globe and Mail torontois du 6 février dernier et
rapporté dans Le Devoir du 10 février, montre que seulement 40 %
des Québécois étaient satisfaits de l'enseignement
primaire et secondaire au Québec contre plus de 60 % dans les autres
provinces. Nous avons un système scolaire qui nous coûte 4 700 000
000 $ par année et qui forme une bonne partie d'analphabètes. Les
nouvelles télévisées du 15 février dernier et
l'article paru dans le journal Le Devoir du 16 du même mois
indiquent qu'au Canada, une personne sur six, et au Québec, une personne
sur quatre, est considérée comme analphabète. Le
coût économique résultant de cette situation atteindrait le
chiffre astronomique de 4 000 000 000 $.
Nous passons sur la liste des vrais problèmes de notre
système scolaire que nous donnerons à la fin de notre
mémoire.
L'article 97 permet au gouvernement de diviser, par simple
décret, le territoire de la province en nouveaux territoires scolaires,
francophones ou anglophones, donc neutres, selon son bon vouloir. Les
territoires des commissions scolaires existantes peuvent être
modifiés. Le visage scolaire du Québec ne sera plus le même
et beaucoup de communautés catholiques pourront se retrouver
étrangères dans leurs propres écoles. Les enseignants de
la loi 107 ne seront pas requis d'être de foi catholique pour enseigner
à l'école catholique. Ils devront, prétendent les nouveaux
règlements du comité catholique, rester neutres et, en principe,
être respectueux du projet catholique dans l'école. Nous rappelons
que cette neutralité est toujours factice. On ne peut jamais parvenir
à masquer ce que l'on est vraiment au fond de soi-même, même
à l'aide de mensonges.
De plus, peu d'enseignants seront capables d'un véritable
témoignage chrétien. Le ministère de l'Éducation
refuse toujours de former des enseignants compétents pour enseigner dans
les écoles catholiques. C'est une injustice que ressent fortement la
communauté catholique qui en demande réparation.
Notre système scolaire est aussi touché par un autre
projet de loi ambigu, le projet de loi 106 sur les élections scolaires.
Dans celui-ci, M. le ministre a fixé les élections scolaires au
mois de novembre. Les élections municipales dans la province ont aussi
lieu dans ce mois. Déjà, nous pouvons imaginer la confusion qui
régnera si les deux élections ont lieu le même mois.
La troisième proposition du livre vert de M. Jacques-Yvan Morin:
Peut-on présumer des intentions de M. le ministre? Celles de
réaliser, tôt ou tard, la troisième proposition de la
consultation sur le livre vert, tenue en 1977, et qui n'a pu être
réalisée à cause de l'opposition presque unanime de la
population. (11 h 45)
Nos politiciens ont tendance, pour maintenir un climat français
artificiel, à copier la France dans ses structures comme dans son
esprit. Voilà pourquoi nous avons vu créer les
municipalités régionales de comté, les MRC,
préfectures à la française dont le haut responsable est
même désigné "préfet". Ces préfectures
à la québécoise, comme les françaises, regroupent
sous leur tutelle les villes et villages de leur territoire. Elles sont
directement responsables à la haute direction qui, en France, est Paris
et qui, au Québec, est Québec. Nous voyons s'installer ici les
tentacules du fonctionnarisme à la française: les
municipalités, les villes et villages attendent les décisions des
préfectures qui attendent les instructions venant, en France, de Paris,
et au Québec, de Québec. Tout se décide à Paris ou
à Québec. De plus, si Paris ou Québec est socialiste, de
gauche, de droite ou centriste, à tendance séculariste et
laïcisante, les municipalités et nos écoles, autant que
possible, devront suivre. Cet engouement pour ce système progressiste,
mis en place, en grande partie, par Napoléon, nous étonnera
toujours.
La chose scolaire deviendrait alors un service municipal, au même
titre que les services de voirie, d'égout, d'aqueduc, de
déneigement, etc. Les conseillers municipaux ajouteraient à leur
fonction celle de commissaire d'école. Les MRC, chapeautées par
Québec, formeraient une sorte de comité régional scolaire
chapeautant les municipalités qui, à leur tour,
chapeauteraient
nos écoles. Nous sommes inquiets de savoir ce qu'il y a sous tous
ces chapeaux.
Tout cela permettrait de réaliser une monstrueuse centralisation
de tous les pouvoirs, politiques, administratifs, municipaux, scolaires et
sociaux entre les mains du seul gouvernement. Finies la décentralisation
administrative et l'indépendance des pouvoirs municipaux et
scolaires.
La politisation du milieu scolaire: Dans le projet de loi 106, plusieurs
articles améliorent les procédures des élections
scolaires. Elles sont les bienvenues. Toutefois, d'autres dispositions
permettent la formation de partis scolaires. Les dépenses de leurs
candidats seront partiellement payées par le gouvernement. Ceci,
ajouté au fait que le projet de loi 107, à l'article 94,
prévoit que le ministre, le sous-ministre de l'Éducation et les
sous-ministres associés, les membres du Conseil supérieur de
l'éducation et de ses commissions, ainsi que tous les membres de
l'Assemblée nationale peuvent, en tout temps, visiter les écoles,
nous fait craindre une politisation excessive de l'école et des
élections. Nos écoles pourraient alors devenir des centres de
propagande partisane et nos enfants ne bénéficieront plus de la
paix scolaire si nécessaire à la réussite de leurs
études.
De plus, par l'article 9 du projet de loi 106, le ministre peut
introduire une division linguistique à l'intérieur des
commissions scolaires confessionnelles de droit; les commissions des
écoles catholiques et protestantes de Montréal et de
Québec et les commissions scolaires dissidentes.
L'étapisme sans fin et ses conséquences. Selon les dires
du ministre, le projet de Soi 107 ne sera pas voté avant la fin de
l'année 1988. Certaines questions concernant l'aspect constitutionnel de
plusieurs de ses dispositions seront alors soumises à la Cour d'appel
dont la décision ne sera probablement rendue que vers la fin de 1989.
Selon le verdict de ce jugement, soit le ministre ou les organismes qui
représentent la population catholique iront en appel à la Cour
suprême du Canada dont le jugement ne sera probablement pas
prononcé avant la fin de 1991 ou au début de 1992.
Si la décision de la Cour suprême est défavorable au
gouvernement, M. Bourassa recourrait, semb!e-t-il, à des
négociations constitutionnelles pour parvenir à ses fins. M.
André Naud, dans son article déjà cité, commente de
la façon suivante cette possibilité: "C'est là rêver
en couleur. Les oppositions qu'a soulevées la loi 3 ne sont absolument
rien comparées à celles qu'on connaîtra si l'on entreprend
de modifier la constitution du Canada...". Nous partageons cette opinion.
Du 1er juin 1988 à la fin de 1991, il s'écoulera une
période de trois ans et sept mois durant laquelle la communauté
catholique aura accepté de vivre sa situation scolaire sous le
régime de la loi 107, si elle ne la conteste pas.
Accepter que nos écoles vivent les nouveaux règlements du
Comité catholique pendant plus de trois ans, c'est accepter qu'elles
deviennent, dans les faits, des écoles qui ne répondent plus aux
critères d'une école catholique.
En plus des torts très graves qui seront causés à
l'éducation chrétienne de nos enfants, une telle tolérance
de la part de la communauté catholique, durant une aussi longue
période de temps, pourrait être considérée comme un
abandon par celle-ci de ses droits constitutionnels et, par cette attitude,
comme une approbation tacite par la population de la mainmise du gouvernement
sur notre système scolaire.
Une telle tolérance, qui est un abandon de nos droits les plus
sacrés, encouragerait à tous les abus ceux qui manipulent notre
système scolaire confessionnel sous la fallacieuse étiquette de
"progrès".
Nous nous disons en accord avec nos évêques en regard de
leur prise de position de 1982 sur leur préférence marquée
pour la commission scolaire confessionnelle et leur déclaration lors du
rapatriement de la constitution.
La Coalition pour la confessionnalité scolaire, un consensus
certain. Aux fins d'établir clairement qu'il existe un consensus ferme
dans la très vaste majorité de la population sur la question
scolaire, le Mouvement scolaire confessionnel a amplifié son action qui
s'exerçait déjà depuis 1973 à la grandeur de la
province, en mettant sur pied une coalition, la Coalition pour !a
confessionnalité scolaire.
Les 977 organismes et les 200 000 pétitionnaires qui ont
adhéré à la coalition en endossant sous leur signature
personnelle et, dans le cas des organismes, sous la signature de leurs
officiers, les attendus et les considérants
énumé-rés ci-après, ont ainsi donné un appui
non équivoque et massif au maintien et à la promotion de nos
écoles et de nos commissions scolaires confessionnelles.
Nous ne lirons pas ces attendus et ces considérants qui suivent,
certains que les membres de la commission de l'éducation en ont pris
connaissance.
En fonction de l'appui non équivoque de la vaste majorité
de la population au maintien et à la promotion de son système
scolaire confessionnel, tel qu'en témoignent les 977 organismes et les
plus de 200 000 pétitionnaires qui appuient la Coalition pour la
confessionnalité scolaire, en fonction du témoignage que l'on
peut tirer de la liste imposante des oppositions de la population à la
déconfessionnalisation de son système scolaire depuis la
création du ministère de l'Éducation, liste que nous
produisons en annexe, le Mouvement scolaire confessionnel demande au
gouvernement: 1° que le projet de loi 107 soit retiré et
remplacé par un projet de loi qui tiendrait compte de la volonté
de la très forte majorité de la population, telle
qu'exprimée dans les attendus et considérants cités plus
haut, et aussi en
tenant compte de ces attentes quant à l'amélioration de la
qualité de l'enseignement et de l'éducation dans nos
écoles; 2° que le gouvernement nous rende tous nos droits
constitutionnels, en particulier ceux qui ont été enlevés
à nos commissions scolaires confessionnelles; 3° que le gouvernement
cesse toute tentative de spolier la communauté catholique de son
système scolaire confessionnel et de ses droits constitutionnels; 4°
que le gouvernement ouvre un secteur scolaire autre pour satisfaire les droits
des parents qui refusent l'école confessionnelle pour leurs enfants,
là où le nombre le justifie; 5° que le gouvernement prenne
les mesures qui s'imposent pour que soient corrigées les très
graves lacunes de notre système scolaire énumé-rées
ci-après: le nombre trop considérable d'élèves dans
nos écoles de masse, démoralisantes et déshumanisantes; le
progressisme aberrant de certains pédagogues; le changement trop
fréquent des méthodes et des programmes sans autre raison
apparente qu'un perpétuel état de recherche; la pauvreté
de la formation méthodologique des maîtres; leur manque de
qualifications pour enseigner dans les écoles catholiques; le manque de
rigueur dans les méthodes d'enseignement; le laxisme dans le maintien de
l'ordre; le manque d'apprentissage à l'effort intellectuel; l'absence de
toute culture de la mémoire; la promotion malhonnête de la
sexualité hédoniste contre la volonté des parents; le
refus de faire vraiment, dans nos écoles, la promotion d'un idéal
chrétien qui apprendrait à l'enfant à dépasser un
utilitarisme mesquin, jouisseur et destructeur de l'âme.
Ont signé pour le Mouvement scolaire confessionnel: Maurice
Archambault, président, Benoît Beaudoin, vice-président,
Roger Ducharme, prêtre, directeur, Paul Faniel, directeur, Roger Aird,
prêtre, directeur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. Archambault, de ce témoignage que vous venez de donner
à la commission permanente de l'éducation. Je remarque, M.
Archambault, sur la dernière feuille du document que vous nous avez
remis, ce matin, que j'ai accepté comme document déposé,
un affidavit qui dit que vous représentez un certain nombre
d'organismes. Est-ce que vous avez la liste de ces organismes?
M. Archambault: Je n'ai pas apporté la liste, elle est
imposante. Nous l'expédions tous les ans...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je vous le
demande parce que c'est un affidavit qui fait foi d'une liste. Alors, si on
avait la liste, cela compléterait le dossier.
M. Archambault: Oui, on pourrait vous procurer cette liste.
Malheureusement, ce matin, c'est la première constatation que j'ai
faite. J'ai demandé à tous mes collègues s'ils
l'avaient...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas
grave!
M. Archambault: Mais nous vous la ferons parvenir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
M. Archambault: C'est très facile.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas une
obligation, mais si on l'avait eue, cela aurait complété le
dossier.
M. Archambault: Nous disons, au début de notre
mémoire, que nous représentons 940 organismes; dans ('affidavit,
il y en a 966, on est rendu à 977 et nous dépasserons les 1000
organismes d'ici quelques semaines.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
M. Archambault. De façon à ne pas retarder les débats, je
reconnais immédiatement M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt la lecture que M. Archambault a faite du
résumé du mémoire du Mouvement scolaire confessionnel du
Québec. Je me rappelais, en écoutant M. Archambault, les propos
que nous avons entendus hier de la part du Mouvement laïque
québécois. Je me dis: Je ne sais pas dans quel univers nous
vivons. Hier, le ministre était accusé d'être l'agent de la
hiérarchie au sein du gouvernement et de conspirer par tous les moyens
à sa disposition pour essayer de renforcer l'appareil confessionnel dans
notre système scolaire. Aujourd'hui, le Mouvement scolaire confessionnel
vient soutenir qu'il a des intentions et des orientations tout à fait
contraires. Je me réjouis, en un certain sens, de ce que ces choses
arrivent, parce que je crois que le processus démocratique de discussion
publique que nous avons permet et requiert même l'expression de tous les
points de vue, de toutes les nuances, y compris les points de vue les plus
extrêmes. Et je pense que nous avons eu une excellente illustration de ce
processus à l'oeuvre hier et aujourd'hui.
Un gouvernement a la tâche de rechercher des solutions
modérées, des solutions qui soient capables de rallier, à
la fois, une majorité solide de la population et aussi les dimensions
les plus importantes des problèmes qui se posent dans les
différents secteurs où il doit agir. Là-dessus, je suis
obligé de vous dire que le gouvernement recherche une voix plus
tempérée que celle dont le ton même de votre mémoire
est une excellente illustration. Le gouvernement représente à
l'Assemblée nationale un parti qui est formé à
même un parti majoritaire composé de députés
qui représentent la population de toutes les parties du Québec.
Là où la population ne fait pas confiance au parti
ministériel, elle a élu des députés du Parti
québécois. Ces gens-là sont tout le temps en contact avec
la population. Et je pense même que, de par leurs fonctions, ils le sont
peut-être encore davantage que bien des organismes qui se
présentent ici.
Je suis député d'une circonscription. Je circule à
longueur d'année dans ma circonscription. Je participe à des
réunions de toutes sortes. Je rencontre des éléments de
toute allégeance et, au premier chef évidemment, des citoyens qui
sont d'allégeance catholique qui sont en grande majorité dans ma
circonscription. Et je vous dirai en toute franchise, en toute
vérité aussi que ce n'est pas le genre de langage qu'ils me
tiennent et qu'ils tiennent à nos députés dans leur
comté respectif. Ce n'est pas !e genre de langage qu'on entend sous la
signature du Mouvement scolaire confessionnel. C'est un langage beaucoup plus
tempéré et, à mon point de vue, beaucoup plus
réaliste. Je ne vous conteste pas le droit de tenir ce
langage-là, pas du tout. Mais là où je dois formuler une
nuance importante, c'est lorsque le style que vous empruntez tend à
créer l'impression que vous parlez au nom de toute la population
catholique. Ce n'est pas vrai. La population catholique a évolué
comme les autres secteurs de la population québécoise et
canadienne. Aujourd'hui, on trouve dans son sein des opinions très
diversifiées. Je vais vous en donner un exemple bien simple. Cette
semaine, nous avons vu défiler à la commission parlementaire
l'Association des directeurs d'école de Montréal. Nous avons vu
défiler l'Association des cadres scolaires de la CECM. Nous avons
entendu la semaine précédente l'Alliance des professeurs de
Montréal, lis sont venus nous tenir un langage très
différent de celui qu'on a entendu sous la responsabilité du
Mouvement scolaire confessionnel. Tantôt vous y étiez. Il y avait
la Commission des écoles catholiques de Québec. Vous avez entendu
ce qu'elle a dit pendant la discussion que j'ai eu le plaisir d'avoir avec ses
représentants. Le président nous a dit au bout de la ligne: Nous
aimerions mieux être une commission scolaire linguistique. (12
heures)
Tout ceci pour vous dire que je ne peux pas souscrire à
l'approche absolutiste qui caractérise votre perception du
problème scolaire et aussi les solutions que vous proposez, même
si je les respecte et si je respecte vos personnes et le mouvement que vous
représentez, mais je vous indique ces choses avec toute la clarté
dont je suis capable pour que les choses soient nettes entre nous.
Vous nous invitez à tenir compte de ce que les
évêques ont dit. Nous l'avons fait. Nous avons
étudié très sérieusement toutes les demandes qui
ont été présentées par l'Assemblée des
évêques du Québec dans des interventions qu'elle a faites
autour de projets de refonte de la législation scolaire. Je disais, dans
mes propos d'ouverture aux auditions publiques de la commission, que nous
pensons avoir tenu compte de toutes les demandes formulées par
l'Assemblée des évêques à diverses reprises sur ces
questions. Peut-être que ce n'est pas suffisant. Peut-être qu'il
faudrait aller plus loin. On est libre de ce côté-là. Les
évêques ont dit à un moment donné: On aurait une
préférence pour les commissions scolaires confessionnelles, mais
si on estimait, si le législateur estimait qu'il doit procéder
autrement, il faudrait avoir un certain nombre de garanties. C'est comme cela
qu'ils ont parlé, sur un ton beaucoup moins absolutiste que le
président du Mouvement scolaire confessionnel. Et là, je cite des
propos publics. Hier, le Mouvement laïque québécois
m'accusait d'être allé comploter avec la hiérarchie le
projet de loi. Je n'avais pas besoin d'aller comploter avec la
hiérarchie. Son point de vue avait été exprimé
publiquement. Il était clairement énoncé.
Encore une fois, je vous dis que nous pensons en avoir tenu compte. Vous
trouvez peut-être que les voies qui sont proposées comportent des
risques. C'est évident qu'elles comportent des risques. C'est
évident. Celles que vous proposez comportent des risques non moins
graves, surtout pour la religion, à mon humble point de vue. Je vais
vous poser une question tantôt là-dessus. On a entendu l'Alliance
des professeurs qui est venue ici, qui représente 5000 enseignants, 4500
disons, je n'ai pas le nombre exact, de la CECM. On a entendu les directeurs
d'école. On a entendu les cadres scolaires. Ils nous disent que le genre
de structures que nous avons actuellement ne correspond pas à la
réalité d'aujourd'hui et entraîne une foule de
complications, et les structures que le gouvernement propose dans l'ensemble
répondraient mieux à la réalité d'aujourd'hui.
C'est le langage qu'ils nous ont tenu. Comment pouvez-vous prétendre
maintenir une vision comme celle que vous présentez alors que les
artisans mêmes, ceux qui font l'école à tous les jours,
représentent des choix beaucoup plus diversifiés que ce que vous
nous proposez? Allez-vous les mettre en dehors des écoles? Allez-vous
faire passer des tests à tout le monde, des tests d'orthodoxie? Si ce
n'est pas cela, qu'est-ce que vous allez faire? Vous dites: Vous avez
changé les règlements du Comité catholique l'an dernier.
Oui, le Comité catholique a changé ses règlements; pas
nous. Le Comité catholique les a changés, nous a fait des
propositions que nous avons discutées avec lui, comme c'était
notre devoir de le faire, et il nous a dit lui-même: II faut adapter les
règlements aux réalités nouvelles. Peut-être que
pour vous autres, le Comité catholique, ça ne compte pas, et,
pour le gouvernement, ça compte. C'est une entité juridique
établie par la loi, dont plusieurs membres sont nommés sur
présentation des évêques eux-mêmes. Il y a même
un évêque qui
fait partie du Comité catholique, vous le savez. Je ne veux pas
le mobiliser ici au service d'aucune cause. Je ne veux pas le mobiliser, pas du
tout. Mais le Comité catholique s'est exprimé à maintes
reprises. Peut-être que vous êtes tout seuls à avoir le pas.
Peut-être. Mais je vous dis qu'il y a beaucoup plus de diversité
dans le paysage que vous le prétendez, beaucoup plus, et nous autres,
nous voulons en tenir compte et nous cherchons des orientations qui soient de
juste milieu, comme c'est le devoir de l'autorité politique de le faire.
Je lisais dans votre mémoire qu'on passe notre temps à copier la
France. Si vous m'aviez accusé, moi, de m'inspirer des États-Unis
plus que de la France, vous auriez été plus proche de la
vérité.
M. Archambault: J'ai dit les deux. J'ai cité les deux.
M. Ryan: J'ai retrouvé à la page 7 de votre
présentation: "Nos politiciens ont tendance, pour maintenir un climat
français artificiel, à copier la France dans ses structures comme
dans son esprit. " C'est dit en toutes lettres. Je vous dis que mes
préférences sont plutôt du côté de la source
qui est plus proche. Vous savez comme moi qu'aux États-Unis et
même au Canada anglais, dans ces questions-là, on a des structures
qui sont différentes des nôtres, mais on ne les transcrit pas
littéralement. On a étudié tout cela. On a
étudié l'Angleterre. On a étudié l'Italie. On a
étudié les Etats-Unis. On a étudié la Belgique et
la Hollande. On a fait un examen complet. Je pense bien que vous allez nous
concéder cela, qu'on ne se lance pas là-dedans sans avoir
examiné un peu ce qui se fait ailleurs aussi. S'il y a du bon en France,
tant mieux. S'il y a du bon aux États-Unis, tant mieux. Mais je ne pense
pas que vous pourriez accuser sérieusement le gouvernement d'aller
chercher toute son inspiration à une seule source. Ce n'est pas
vrai.
Vous dites ailleurs - c'est dans le texte - que le ministre concentre
tous les pouvoirs et tous les moyens entre les mains du ministre. Je m'excuse
d'employer une expression un peu plus forte, mais je crois que c'est une
affirmation farfelue. J'en ai fait la démonstration à maintes
reprises depuis le début des auditions de la commission. Vous pouvez
discuter de tel pouvoir ou de tel autre, mais des accusations grosses comme
celle-là, je pense que cela ne résiste pas au test de l'analyse.
Si vous avez des exemples concrets à nous donner... Il y a toute une
énumération dans le projet, peut-être qu'un ou l'autre
pouvoir devrait être déplacé, je n'ai pas d'objection. Mais
quand vous dites: Vous concentrez tous les pouvoirs et tous les moyens entre
les mains du ministre, je voudrais, M. le Président, que le
président du Mouvement scolaire confessionnel passe une semaine avec
moi, dans mon bureau et dans tous les déplacements que je fais. Il
verrait que les pouvoirs du ministre de l'Éducation sont très
limités et que, même avec cette loi que nous proposons, ils vont
demeurer très limités, que 90 % des problèmes se
règlent par les commissions scolaires elles-mêmes, sans
l'intervention du ministre de l'Éducation. C'est bien beau créer
des épouvantails, mais, à un moment donné, il faut quand
même avoir un peu de respect pour la vérité.
C'est ma réaction devant le mémoire que vous nous
présentez. Je vous demande ce que vous faites avec cette
réalité multiforme que nous avons à Montréal? Vous
dites: On va créer un réseau à côté;
arrangez-vous avec ça. On en a déjà deux et c'est
très difficile à manoeuvrer. On ne peut pas les multiplier
indéfiniment. Déjà, en vertu de la situation actuelle,
vous avez des milliers d'enfants francophones qui sont scolarisés par
des commissions scolaires à majorité anglophone. Les milieux
nationalistes québécois et d'autres milieux
québécois aussi trouvent que cela n'a pas de bon sens, dans une
province à majorité francophone. Ils disent qu'ils devraient
être scolarisés sous la responsabilité de commissions
scolaires francophones. Que répondez-vous à tout ça?
Est-ce qu'on va se réveiller à Montréal avec six
réseaux de commissions scolaires?
M. Archambault:... une commission scolaire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant. S'il
vous plaît, M. le président.
M. Archambault: Excusez-moi.
M. Ryan: M. le Président, je termine là-dessus. On
s'est rencontrés. Très bien. Vous avez bien compris que j'allais
terminer.
Qu'est-ce qu'on va faire avec cette réalité multiforme,
infiniment diverse que nous avons à Montréal? Même chez les
catholiques - je termine - il y en a de toutes les nuances et de toutes les
tendances d'opinion. Qu'est-ce qu'on va faire? Est-ce qu'on va les mettre tous
dans le moule unique du Mouvement scolaire confessionnel?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Archambault, si vous voulez réagir...
M. Archambault: Une chose qu'il faudrait mettre au clair...
Excusez-moi, est-ce que vous m'aviez donné la parole?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui, je vous
l'ai donnée.
M. Archambault: Premièrement, un résumé ne
donne pas toutes les nuances. Je dois vous avouer que nous considérions
notre mémoire qui a 30 pages comme un résumé. Nous avons
fait trois résumés et on considère que celui-ci est encore
boiteux et qu'il ne dit à peu près rien - c'est une
première mise en... - qu'il ne donne pas toute l'information.
Si M. le ministre veut avoir plus d'informa-
tion sur la concentration à la page 9, il pourra lire l'article
37 qui donne ce que nous considérons que nous pouvons avoir. Il ne faut
pas oublier une chose: la loi 107, nous avons eu combien de temps pour
l'étudier? Je ne sais pas combien de temps il a fallu pour la
préparer, mais, pour bien l'étudier et y répondre, il
aurait fallu prendre un an et avoir des conseillers juridiques pour la
comprendre. Les nuances et les détails sont dans notre mémoire,
ce qui n'apparaît pas dans notre résumé.
Deuxièmement, une mise au point doit être faite, dès
le début. Nous représentons les parents, à savoir si c'est
aux parents qu'appartient le droit de décider le type d'école, le
choix de l'école qu'ils veulent avoir pour leurs enfants. Quand vous me
parlez du Mouvement laïque québécois, j'ai vu dans les
journaux qu'il se disait composé de 500 membres. Cela fait longtemps
qu'on connaît le Mouvement laïque québécois. Cela fait
très longtemps que nous le connaissons. Nous vivons avec lui. Nous
disons que nous représentons 977 organismes dont au-delà de 400
comités d'école, 28 commissions scolaires, 320 paroisses, 200
organismes divers comme les Chevaliers de Colomb, les Filles d'Isabelle et
ainsi de suite, et 29 communautés religieuses et autres organismes, dans
toute la province, du nord et au sud, de l'est à l'ouest. Si vous
comparez notre représentativité avec celle du Mouvement
laïque québécois, là nous n'avons plus rien à
dire. Nous ne pouvons même pas parler.
Vous avez parlé de solutions modérées. En
réalité, quand on parle de solutions modérées, j'ai
plutôt l'impression d'entendre: de compromis. Actuellement, dans la
province de Québec, depuis le début, nous avons fourni avec notre
mémoire un historique des oppositions de la population à toutes
les lois qui ont voulu déconfessionnaliser le milieu scolaire le plus
cosmopolite, Montréai, et vous pouvez lire, à partir de M. Jean
Lesage qui a dit qu'il avait été battu par l'éducation et
les promesses de M. Johnson, tous les efforts qu'a fait le gouvernement. Si
cela ne représente pas une opposition certaine de la population à
ce que fait le gouvernement, je ne comprends absolument rien au
français.
En plus de cela, le ton peu modéré. Peut-être que le
ton semble agressif mais, après 22 ans de batailles, les parents
commencent à se choquer. D'ailleurs, vous vous rappelez la
décon-fessionnalisation de l'école Notre-Dame-des-Neiges. C'est
tout de même le Mouvement scolaire confessionnel et l'Association des
parents catholiques qui ont pris la première action juridique contre
cette déconfessionnaiisation. Et nous avons continué. Nous serons
obligés de continuer si nos droits ne sont pas
protégés.
Nous ne demandons pas de privilèges particuliers autres que
d'avoir nos écoles. On nous dit: Donnez-nous toutes vos écoles
catholiques que nous avons payées et bâties. On va en faire des
écoles neutres et ensuite on vous en redonnera. Si le conseil
d'orientation fait une très bonne consultation auprès des
parents, vous aurez votre école catholique. Et, à l'article 71,
M. le ministre se contente d'un quorum sur ce conseil d'orientation de trois
membres. Cela ouvre la porte à toutes les manipulations possibles.
Je crois bien que notre position peut sembler un peu dure. Elle n'est
pas dure du tout. Elle représente ce que veulent les parents. Cela fait
22 ans que nous travaillons avec eux, que nous voyageons parmi la population,
parmi le peuple, pas parmi les cadres, pas parmi les syndicats, pas parmi les
directeurs généraux, pas parmi les députés. Nous
voyageons et nous sentons le pouls. D'ailleurs, toutes ces choses ont
été envoyées à nos membres et, même plus, en
5000 exemplaires à tout ce que nous considérons des centres
d'action dans la province. Cette liste était en 1985 de 240 membres, en
comprenait 755 en 1986, 940 en 1987 et nous allons dépasser les 1000
membres. Nous comptons que nous allons pouvoir rejoindre 1200 organismes dans
toute la province.
Je crois que ce groupe est assez représentatif d'un consensus de
parents qui veulent conserver leurs écoles catholiques. Ils ne veulent
pas les imposer aux autres. Ils veulent les avoir. Elles leur appartiennent.
Ils les ont payées. Ils y ont droit et ils protestent auprès du
gouvernement contre ces positions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Archambault. M. le ministre.
M. Ryan: C'est sur la représentativité. Je ne veux
pas prolonger le débat. Vous avez dit: On a 400 comités
d'école. Je crois qu'il y a 28 commissions scolaires. Il y a 213
commissions scolaires au Québec, n'est-ce pas. Il y en a 213.
M. Archambault: Nous sommes au courant.
M. Ryan: Vous savez très bien qu'il y en a un grand nombre
qui ne pensent pas comme vous là-dessus. Encore une fois, je
répète ce que je vous ai dit. C'est un point de vue et je vous
conteste fortement le droit de vous présenter comme les porte-parole de
tous les parents catholiques. J'en suis un et je trouve que votre point de vue
ne me représente pas. Je suis loin d'être le seul. J'ai des
électeurs qui m'appuient. Il y a beaucoup d'autres députés
dans cette Chambre qui sont dans la même situation que moi. Je vous
invite seulement à un peu plus de réserve là-dessus. Pour
le reste, je respecte votre opinion. Je dis qu'elle n'est pas applicable dans
le contexte actuel, qu'il n'est pas souhaitable pour le bien
général concret qu'elle soit appliquée sous les formes
où vous la proposez. C'est tout. On continue le débat. Il n'y a
pas de problème là-dessus. À Montréal, dites-moi
donc comment vous allez organiser cela pour tenir compte de la
réalité multiforme que nous avons,
y compris à l'intérieur même de la CECM?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Archambault.
M. Archambauit: Je ne comprends pas qu'on puisse nous affirmer au
point de vue de la réalité multiculturelle de Montréal...
Le président de la Commission des écoles catholiques le disait
à notre rencontre du 12 avril dernier avec les évêques,
s'il y a une réalité, un pluralisme ethnique, il n'y a pas de
pluralisme religieux à Montréal. La population ethnique est
à 91 % catholique et considère même que la CECM n'est pas
assez catholique malgré qu'elle y va en majorité, elle
préférerait les institutions privées à cause de ce
point de vue. Le nombre de personnes qui vont à la commission scolaire
protestante n'est tout de même pas à ce point élevé,
cela justifierait l'ouverture de quelques écoles et d'une commission -
je ne vois pas quelle est la difficulté. J'ai moi-même
été gestionnaire d'entreprise toute ma vie et vous garantis qu'au
point de vue de la gestion, ce que cela va coûter, ce que cela va causer
d'embarras et de désorganisation - on n'a pas abordé ce
point-là, c'est pour cela que je n'en parle pas trop - je suis
étonné qu'on puisse penser à réaliser cela. Cela va
encore biffurquer à un moment donné. (12 h 15)
De toute façon, pour en revenir à ce que nous disions, le
nombre de parents qui veulent une école française neutre est
très limité même à Montréal où se
trouve justement le milieu le plus cosmopolite. Alors, que dire dans le reste
de la province? Pourquoi installer des commissions scolaires linguistiques qui
masquent tout simplement, qui transposent le débat sur la foi à
celui de la langue? C'est tout simplement cela. Cela veut dire des commissions
scolaires neutres. C'est un peu comme quand on a essayé de nous vendre
l'idée d'une école rnulticonfessionnelle qui n'était pas
multiconfessionnelle... C'était une école avec des enseignements
religieux divers. C'est justement là qu'on a pris les parents de
Notre-Dame-des-Neiges et ils n'ont pas compris ce qui se passait, qu'une
école multiconfessionnelle, était une école ni catholique,
ni protestante, ni quoi que ce soit. C'était une école
neutre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Archambauit. Je reconnais maintenant, pour la dernière période de
discussion, Mme la députée de Chicoutimi, qui est la porte-parole
officielle de l'Opposition en matière d'éducation. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci. M. le Président, M. Archambauit,
madame, messieurs, à la commission parlementaire, nous essayons
d'accueillir avec le plus d'ouverture possible toutes les opinions qui sont
émises. Je dois dire que je partage les réserves du ministre
touchant la représentativité de votre organisme. Quand j'entends
de tels propos - je suis baptisée, catholique, croyante - je dois vous
dire que l'esprit chrétien pour moi, c'est fait de respect, de
tolérance et d'ouverture. J'ai toujours beaucoup de difficultés
à m'identifier à cette attitude intransigeante,
intolérante, radicale, exclusive. D'autant que j'ai rencontré
à l'occasion d'une réception officielle Mgr Vachon, il y a
quelques jours, et je lui parlais précisément du projet de loi
qui est sur la table. Il m'a semblé avoir compris que l'Assemblée
des évêques était d'accord avec un projet qui garantirait
aux écoles la possibilité d'être confessionnelles. Vous
allez me permettre de dire un peu ce que j'ai rappelé. Il y a certains
groupes - et c'est le fait dans toute société, je pense bien -
qui ont toujours le goût d'être plus catholiques que le pape.
C'est normal probablement et il faut vivre avec cela. Mais, je ne
partagerais pas votre avis. Si je fais votre analyse quant à votre
représentativité, cela veut dire qu'ici... Prenons seulement les
gens - pas ceux qui vous accompagnent, évidemment - qui sont autour,
nous sommes une vingtaine, cela voudrait dire qu'ici, il y en a au moins sept
que vous représentez; cela me paraît beaucoup. Il se peut que vous
ayez raison en nombre. Je vais vous raconter une petite anecdote qui m'est
arrivée, il y a déjà quelques années, alors que ma
fille était inscrite dans une école privée.
Des voix: Ah!
Mme Blackburn: Oui. D'ailleurs, elle s'est opposée, elle
n'a pas voulu y rester.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon point pour
elle!
Mme Blackburn: Excellent! M. Ryan: La petite
Blackburn.
Mme Blackburn: Je me suis aperçue que, deux ou trois mois
après, j'étais membre de l'Association des parents
catholiques.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Oui, je vous dis cela avec le plus grand
sérieux. Dans l'inscription, il y avait une somme, j'ai dit: Cela sert a
quoi? On m'a donné de vagues explications. À un moment
donné, je me retrouve membre de l'Association des parents catholiques
sans mon autorisation. Je n'en avais pas contre les 2 $ qu'on envoyait à
l'Association des parents catholiques - 2 $ sur les 15 $ ou 20 $ qu'on donnait
- mais contre le fait qu'on m'avait embrigadée et qu'on
prétendait ensuite que l'Association des parents catholiques parlait en
mon nom. J'ai écrit et j'ai dit: Ce
n'est pas vrai, je ne vous autorise pas à parler en mon nom. Si
c'est le genre de représentation que vous avez, je pense que vous pouvez
représenter 2 000 000 de citoyens. Vous savez, 2 000 000 au
Québec, c'est un sur trois, c'est considérable, c'est le tiers de
la population. Je vous dirai que, dans les démarches que j'ai faites,
parmi les gens que je rencontre, je rencontre peu de personnes qui
partageraient la lecture que vous faites. Elles la partagent si on leur dit
carrément: Voulez-vous encore des écoles confessionnelles? Elles
vont dire oui. C'est bien évident, je pense qu'il n'y a pas de
problèmes. Mais avec une information beaucoup plus claire, beaucoup plus
nette, beaucoup plus précise, il y a peu de personnes, à mon
avis, qui partagent votre lecture. Vous semblez parler au nom d'une
société québécoise qui serait homogène. La
société québécoise n'est plus homogène. J'ai
quasiment entendu M. Le Pen en vous entendant - vous avez suivi... - parce que
très exclusif, on n'aurait plus le droit de recevoir d'immigrants... Par
ailleurs, vous allez me permettre également... Vous parlez au nom des
parents catholiques, des écoles du Québec. Vous allez me le
permettre même si c'est un peu brutal. J'en vois peu chez vous, à
l'oeil, je ne connais pas votre âge, qui semblent avoir des enfants
d'âge scolaire. Je dis les choses brutalement, parce que je me dis qu'on
ne peut pas dire n'importe quoi. La démocratie permet l'expression de
toutes les opinions, mais il y a un minimum, je ne dirais pas de
vérité, mais un minimum à ce qu'on peut dire sans que cela
suscite une certaine réaction.
Par ailleurs, je dois vous dire que, dans votre mémoire, je
partage une bonne partie de votre lecture quant aux effets de la
centralisation. Je l'ai dit à maintes reprises, je pense qu'il y a plus
de qualité, d'efficacité et de créativité dans la
responsabilisation de ia décentralisation. Cela n'était pas
l'essentiel de votre propos et je pense que la décentralisation n'a pas
nécessairement d'effet sur ce que veut défendre votre
mouvement.
Une toute petite question. Les commissions scolaires qui sont membres,
elles le sont combien? C'est la commission scolaire qui paie une cotisation
chez vous?
M. Archambault: II n'y a pas de cotisation.
Mme Blackburn: Mais comment devient-on membre de votre
mouvement?
M. Archambauft: Nous envoyons une formule, dans tout le
Québec, à toutes les commissions scolaires, aux comités
d'école, aux paroisses et à tous les organismes qui sont actifs.
Elle contient les attendus... C'est marqué: Le but, le maintien et la
promotion du système scolaire confessionnel; les attendus que vous lisez
dans le mémoire sont là. S'ils veulent adhérer, ils
remplissent la formule qui est attachée et nous la retournent avec les
attendus; ils sont bien apparents et très clairs.
Maintenant, je récuse l'accusation d'avoir un curieux de ton.
Nous avons peut-être un ton ferme; il est à peu près temps
que quelqu'un le tienne. Au point de vue de l'ouverture, nous sommes
très ouverts. Nous acceptons - ce serait un droit de ces parents - qu'on
ouvre des écoles autres et nous serons très heureux quand ils le
feront parce que nous commencerons à avoir la paix scolaire.
Les parents, quand ils voient ce qui est arrivé à leurs
enfants, quand je vois dans les nouvelles qu'on nous parle d'alcool, de
drogues, de ceci et de cela, qu'on nous illustre les "parties" de cégep
où nos enfants apprennent à prendre de la drogue, à boire
ou etc., où il n'y a plus de discipline ni rien, quand les parents
voient les conséquences sur leurs enfants et nous parlons au nom des
parents et non pas au nom des cadres, comme je l'ai dit tout à l'heure,
franchement, leur demander de la tolérance, c'est un peu
exagéré.
Nous ne sommes pas intransigeants. De plus, vous mettez en doute notre
représentativité, mais lisez donc l'historique. Il y a même
un parti politique qui a disparu de la circulation. M. Johnson a promis que la
réforme scolaire suivrait la volonté de ia population et que le
sous-ministre, Arthur Tremblay, devrait démissionner. Il n'a pas tenu
parole. J'étais présent aux réunions qui se sont tenues
sur le chemin de Sainte-Catherine, chez les Dominicains où M. Cardinal
était présent; notre président, M. Bouchard, était
présent. La température de la salle faisait quasiment
éclater le plafond. Ils n'ont pas tenu leurs promesses. Quand M. Lesage
a été battu, c'est lui qui a déclaré: "Nous avons
été battus par l'éducation", ce n'est pas nous qui l'avons
dit, c'est lui. C'est M. Johnson qui a prononcé ces paroles. Qu'est-ce
qui est arrivé, ce n'est pas la seule cause, mais c'est une des
principales causes qui a fait que le parti de l'Union Nationale a subi une
défaite plus sérieuse que tous les autres. Il ne faut tout de
même pas minimiser nos problèmes.
Une voix:... il me semble qu'il est parti.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! M.
Beaudoin...
M. Archambault: Je demanderais à M. Beaudoin...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que M.
Beaudoin voudrait renchérir? M. Beaudoin.
M. Beaudoin (Benoît): Je ne veux pas renchérir, mais
les propos...
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, messieurs!
M. Beaudoin: Je voudrais faire une réflexion sur les
propos de Mme la députée de l'Opposition. Je crois qu'il faut
faire la distinction fondamentale en ce qui regarde la nation et l'État.
Vous qui êtes en politique, au gouvernement, vous êtes conscients
que dans les projets que vous déposez ou les lois que vous faites, vous
devez vous assurer tout d'abord que ces lois et ces projets correspondent aux
voeux, aux désirs et aux valeurs de la nation, mais ii ne faut pas
confondre le gouvernement, l'État avec la nation. C'est ce qu'on est
venu vous dire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée, en conclusion.
Mme Blackburn: J'aurais terminé, M. le Président.
Je veux simplement dire que vous semblez avoir une définition
très homogène de la société, de la nation
québécoise. Elle est de plus en plus pluraliste. C'était
simplement mon commentaire. Je vous remercie de votre participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Je remercie le Mouvement scolaire confessionnel. Je
voudrais juste rappeler un fait d'histoire, en terminant. Nos commissions
scolaires, en dehors de Montréal et de Québec, ont
été pendant très longtemps des commissions scolaires
communes, pas confessionnelles. Elles l'ont été de 1867
jusqu'à 1971, d'après la jurisprudence. Il n'y avait pas de
caractère juridiquement confessionnel dans ces commissions scolaires.
Elles ont quand même produit des écoles catholiques, les
écoles étaient aussi catholiques à Trois-Rivières
qu'elles l'étaient à Montréal et à Québec,
territoires protégés par la constitution. Cela n'a pas
empêché d'avoir des écoles catholiques. Pourquoi? Parce que
les convictions des citoyens, l'atmosphère générale de la
société, les valeurs religieuses occupaient une place dominante
qui s'est traduite dans le système scolaire par le voeu de la
démocratie librement exercée. C'est ce qu'on demande de
faire.
Je ne voudrais pas que vous puissiez penser que vous pouvez compter sur
le gouvernement actuel pour reproduire à travers tout le Québec
la situation qui existe en particulier à Montréal et à
Québec et qui rend très difficiles les solutions raisonnables,
justes et équitables aux problèmes que nous avons. On cherche les
solutions, on va continuer de les chercher et l'éclairage que vous nous
apportez est l'un de ceux dont nous avons besoin, même si nous ne pouvons
pas partager votre opinion sur beaucoup de choses que vous avez dites.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Archambault, une dernière intervention.
M. Archambault: Une petite mise au point. D'après nos
informations, au point de vue juridique, premièrement, selon l'article
93 de la constitution, les commissions scolaires qui existaient en dehors de
Montréal et Québec étaient réservées aux
catholiques ou aux protestants, elles étaient automatiquement, d'une
façon, confessionnelles. De plus, dans le jugement rendu par la Cour
suprême dans le cas Hirsch, les juges étaient unanimes à
déclarer qu'elles étaient toutes confessionnelles, et c'est le
Conseil privé de Londres qui a renversé leur décision. Des
décisions récentes rendues jusqu'en 1987, montrent bien que
certaines des 737 commissions scolaires sont confessionnelles de droit. Alors,
c'est un débat juridique qu'il faudrait approfondir plus, mais nous
avons suffisamment d'information là-dessus pour nous baser sur nos
actions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Archambault. Les règlements étant ce qu'ils sont et
l'Assemblée nationale siégeant à 14 heures aujourd'hui,
nous devons suspendre nos travaux. Alors, la commission suspend ses travaux
jusqu'après la période des affaires courantes, à 15 h
30.
(Suspension à 12 h 28)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation va poursuivre ses travaux
dans le cadre du mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale, à savoir de tenir des auditions publiques
sur les projets de loi 106 et 107, projets de loi ayant trait aux
élections scolaires et à l'instruction publique.
Cet après-midi, avant de débuter, j'aimerais souhaiter une
bienvenue particulière à des gens du comté de
Deux-Montagnes, comté un peu au nord de Montréal, qui sont venus
ici nous visiter. Ils sont accompagnés de leur professeur, M. Claude
Rousseau. Alors, soyez les bienvenus à cette commission parlementaire
qui traite de l'éducation. C'est un dossier très important. On
est très heureux de voir que vous vous en préoccupez.
Dans un deuxième temps, je vais souhaiter la bienvenue à
nos invités, officiels ceux-là, l'Association provinciale des
enseignants protestants, qui est représentée par son
président, M. Harvey Weiner. M. Weiner, la commission parlementaire de
l'éducation va vous entendre durant une heure. Nous vous
suggérons de prendre de quinze à vingt minutes pour nous
présenter votre mémoire. Après cela, le reste du temps
sera réparti également entre les deux formations politiques et
nous pourrons échanger des propos ensemble.
Alors, M. Weiner, je ne sais pas si vous
parlez français ou anglais.
M. Weiner (Harvey): Je parle très bien
français.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui? Sentez-vous
bien à l'aise de vous exprimer dans la langue avec laquelle vous vous
sentez le mieux. Pour les besoins du Journal des débats, M.
Weiner, si vous voulez nous présenter les personnes qui vous
accompagnent et, immédiatement après, enchaîner avec la
présentation du mémoire. Nous vous écoutons.
Association provinciale des enseignants
protestants
M. Weiner: Merci, M. le Président. Évidemment, je
parle les deux langues, comme tout le monde. Cela me fait plaisir d'être
ici, comme représentant des 6000 enseignants et enseignantes membres des
syndicats affiliés à l'Association provinciale des enseignants
protestants du Québec. Nous sommes heureux de pouvoir soumettre ce
mémoire sur le projet de loi 107, qui vise une réforme de la Loi
sur l'instruction publique. Mes collègues autour de la table sont Lloyd
Brereton, à mon extrême gauche, qui est le président du
Syndicat des enseignants de Saint-Laurent-Richelieu; Mme Ruth Rosenfield,
présidente de l'Association des enseignants de Montréal; Mme
Maureen Morris, présidente du Syndicat de l'Association des enseignants
du Lakeshore et M. Mike Weiner, président du Syndicat des enseignants de
Laurenord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mesdames et
messieurs, soyez les bienvenus, ainsi que Mme la députée de
Deux-Montagnes, Mme Legault. Soyez les bienvenus. Allez, monsieur, nous vous
écoutons.
M. Weiner: Merci. The presentation, I understand, has to have
started at 3: 30 and actually we had chosen this particular time because, in
consultation with my astrologer, Mme Jean Quigley...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Weiner: She suggested this would be a fairly propitious moment
for our presentation. Actually, we are a bit late now. I wonder whether 6: 00
a. m. tomorrow morning would a convenient replacement time.
On a more serious vein, Mr. Chairman, permettez-moi de décrire un
peu notre organisation. Nous représentons tous les enseignants et
enseignantes des écoles protestantes de langue française et de
langue anglaise. Environ 30 % de nos membres sont francophones. Les commissions
scolaires protestantes ont à leur emploi des enseignantes et enseignants
protestants, catholiques, juifs, musulmans, hindous, agnostiques et
athées. Environ 25 % des membres de l'APEP sont catholiques et nous
sommes très fiers du fait que notre organisme, par ses membres,
reflète la diversité de plus en plus grande de notre
société québécoise.
La nécessité d'une réforme scolaire. Il ne faut
surtout pas croire qu'une réforme scolaire ne sert qu'à redresser
les structures. Son but principal est en effet d'améliorer le niveau et
la qualité des services pédagogiques offerts aux
élèves. Ce n'est qu'alors que les structures pourront s'adapter
plus efficacement à ces besoins. Nous maintenons effectivement que toute
réforme scolaire, bien que sa rentabilité économique soit
importante, doit non seulement maintenir, mais aussi améliorer la
qualité de l'éducation dans nos écoles. Malheureusement,
il y a très peu dans le projet de loi 107 - et on est conscient du fait
qu'on ne peut pas mettre tout là-dedans - qui tend à
suggérer un engagement renouvelé à l'importance de
l'éducation dans les écoles publiques et on attend de voir ce
renouvellement.
Le rapport du Conseil supérieur de l'éducation émis
en 1984 sur les conditions d'enseignement devrait être relu et
analysé dans cette optique. Nous pensons effectivement que dans une
telle brique, il y a des choses qui sont très bonnes pour
l'éducation et nous croyons que cela doit être vu. Il en va de
même du rapport sur les États généraux qui lui aussi
devrait être analysé de la même façon.
Droits de l'élève, à la page 4. Les manuels
scolaires ainsi que le matériel didactique doivent être davantage
accessibles à l'élève qu'ils ne le sont
présentement. Leur accès gratuit est important, mais cet
accès devient inutile si les manuels scolaires et le matériel
didactique ne sont pas disponibles. Les recommandations de notre organisation
suivent.
Sur la question des droits et obligations de l'enseignante et de
l'enseignant, effectivement, on met le focus sur cet aspect. Quoique les droits
de l'enseignante et de l'enseignant soient spécifiquement reconnus dans
le projet de loi 107, la liste en est minime. En fait, des trois points
énumérés à l'article 16, le premier est une
obligation, notamment le droit de régir la conduite de chaque groupe
d'élèves qui lui est confié.
Nos obligations sont définies par la convention collective et
doivent continuer, à notre avis, à être définies
ainsi. Nous devons exprimer notre réticence quant aux obligations de
l'enseignante et de l'enseignant énumérées à
l'article 19. Plusieurs de ces obligations, M. le Président, peuvent
discutablement être remplies par un saint ou toute autre personne s'y
rapprochant. Nous admettons ouvertement aujourd'hui que la plupart des
enseignantes et enseignants n'ont pas atteint ce statut et n'aspirent pas non
plus à l'atteindre. L'APEP s'interroge à savoir si le ministre
prétend que cet objectif est réaliste.
Par exemple, comment peut-on évaluer si
l'enseignante ou l'enseignant a développé chez chaque
élève qui lui est confié le goût d'apprendre? Il
semble raisonnable de s'attendre que ce sujet soit considéré
comme un objectif à poursuivre, de concert avec toutes les personnes
impliquées dans l'éducation de l'enfant, y compris les parents.
Toutefois, il est certain que ce sujet ne doit pas être
considéré comme une obligation lorsque celle-ci est impossible
à remplir, sur une base universelle, et il ne peut pas être
évalué selon les critères objectifs.
Pareillement, l'article 19 du paragraphe 7 semble mettre l'accent de
façon plutôt brutale et sans égard au fait qu'il
relève de l'enseignante et de l'enseignant de mettre en application des
décisions prises par un peu tout le monde. D'ailleurs, l'enquête
du Conseil supérieur de l'éducation sur l'état des
écoles au Québec a démontré que ce point constitue
un problème majeur. Nous trouvons que le paragraphe 7 est redondant et,
en plus, est potentiellement dangereux. Il arrive souvent que des
décisions prises sur un même sujet, à un certain niveau
d'autorité, viennent en conflit avec celles faites par d'autres niveaux
d'autorité. Quelles décisions l'enseignante ou l'enseignant
appliquera-t-il?
Cette approche n'améliorera pas le moral de l'enseignante et de
l'enseignant, ni la profession d'enseignant elle-même. Le remède
se situe davantage dans un plus grand degré d'autonomie individuelle et
collective. Le projet de loi 107 ne touche pas, à notre avis, à
ce point fondamental. (16 heures)
Nos recommandations suivent à la page 7. Sur la question de
révocation ou de suspension de l'autorisation d'enseigner, on a quelques
commentaires. On pense effectivement que les règles de preuve et de
procédure doivent être établies et transmises à
l'enseignante et à l'enseignant. Cela ne doit pas être quelque
chose de facultatif qui est laissé au soin du comité. De plus,
les dispositions prévues à l'article 18, paragraphe 7 de la Loi
sur l'instruction publique, qui lui permettent de remettre en vigueur le brevet
de capacité de toute enseignante et de tout enseignant qui, depuis deux
ans après la date de révocation d'un tel brevet, a eu une
conduite irréprochable, nous ne comprenons pas pourquoi cette
disposition a été supprimée de la loi actuelle.
Quant à la question de directeur d'école, à la page
9, nous pensons effectivement que, contrairement à ce qui est
déterminé pour les enseignantes et les enseignants, il y a une
augmentation des droits du directeur d'école. On ne dit pas qu'en soi ce
n'est pas bon, mais effectivement, on veut se trouver d'une façon plus
importante aussi, comme enseignant et enseignante. Il y a des conflits, nous
pensons, entre certains articles ou clauses de la convention collective de
notre entente avec le CPNCP et ce qui est écrit dans la loi 107. On
mentionne ici un exemple de ces conflits potentiels. Il y en a d'autres, et on
va se référer à ces articles aussi.
Quant à la question de la participation des parents, à la
page 12, nous croyons effectivement que le rôle décisionnel
accordé par le ministre au conseil d'orientation n'est ni
réalisable, ni pratique, ni souhaitable, parce qu'il remet en question
le rôle et la responsabilité des éducateurs qui ont les
qualifications professionnelles pour prendre des décisions en
matière d'éducation, à l'intérieur de leurs champs
de compétence. Par analogie - on a utilisé la même, parce
que c'était un problème avec la loi 3 - même si un
chirurgien confère habituellement avec son malade et lui explique la
nature d'une opération majeure, la décision finale sur cette
intervention et la méthode employée relèvent du
médecin et ne sont certainement pas basées sur le choix ou les
directives du malade. Nous pensons effectivement - je ne sais pas si c'est
exclusivement dans notre secteur protestant - que les parents n'ont pas
nécessairement la volonté, le désir de diriger une
école, tout simplement parce qu'ils sont des parents. Les parents de
notre secteur, qui siègent à des comités d'école,
ont déjà affirmé ce fait et vont l'affirmer, les
regroupements de parents du secteur protestant dans les jours qui suivent. On a
quelques recommandations sur ce sujet à la page 13. Il y en a quatre
pour le ministre, la troisième, c'est pour nous, c'est une
recommandation à nos syndicats affiliés, c'est un travail qui
continue au moment actuel. Effectivement, on encourage la tenue de
réunions conjointes entre le comité d'école et le conseil
d'école, ainsi que l'échange d'observateurs entre ces deux
groupes. C'est quelque chose qui fonctionne bien dans un grand nombre
d'écoles. On encourage aussi, au sein de nos syndicats, des
réunions fréquentes entre les parents et les enseignants pour
discuter de ce qui se passe à l'école.
Le rôle et les attributions de la commission scolaire.
Effectivement, on voit une balance: pouvoirs et attributions entre la
commission scolaire, le gouvernement et tous les autres intervenants qui ont un
intérêt dans l'éducation. On pense que l'équilibre
existe actuellement. On trouve quelque chose dans la loi qui nous
inquiète un peu. Je vais faire référence à ces
choses dans mes prochains commentaires. Sur la question du conseil des
commissaires, à la page 16, nous prétendons effectivement que les
articles 148 et 149 doivent également s'appliquer au comité
exécutif du conseil des commissaires, tel que décrit à
l'article 164. Nous pensons que les séances à huis clos doivent
être restreintes au strict minimum. Nous pensons que le mandat du
comité consultatif des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
ou d'appentissage, article 167, chevauche celui du comité prévu
à la clause 8-11. 02, de notre entente citée ci-dessous.
Nous nous interrogeons également sur la phraséologie des
articles 196 à 198, comparativement au contenu de l'article 450 de la
loi
actuelle. On s'oppose à une possibilité de majoration de
prestation de services qu'une commission scolaire peut conclure par entente
avec une institution d'enseignement privé. C'est une situation qui peut,
à notre avis, avoir des répercussions sur la
sécurité d'emploi de nos membres ainsi que sur la qualité
des services offerts aux élèves.
Le gouvernement et le ministre de l'Éducation, à la page
19. On pense que c'est quelque chose dont on doit tenir compte dans n'importe
laquelle loi. Nous pensons, effectivement, qu'il y a ce but dans le projet de
loi 107. On ne doit pas permettre à un groupe, que ce soit un groupe
d'élèves, de parents, d'enseignantes ou d'enseignants, de
directeurs ou de commissaires, à un membre de l'Assemblée
nationale ou au ministre de l'Éducation lui-même, de prendre seul
des décisions fondamentales, à l'exclusion des autres. Il y a
quelques articles pour lesquels nous avons des Inquiétudes; on va les
mentionner.
Les recommandations, à la page 22. Effectivement, nous pensons
que l'un de ces articles, l'article 423, rendrait optionnelle
l'éducation dans les spécialités professionnelles, selon
la discrétion du ministre. Les ramifications pour (a
sécurité d'emploi sont importantes. Les mots, je cite: "... et,
s'il le juge opportun, dans les spécialités professionnelles"
doivent être biffés, à notre avis. Le ministre - on
s'interroge - a-t-il vraiment le pouvoir de décider que certaines
commissions scolaires n'auront pas le droit d'offrir des
spécialités professionnelles ou des services aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage? On
n'est pas certain de cela et on pense que c'est un article qui doit être
soumis aux tribunaux avec les autres que le ministre a déjà
indiqués.
Dispositions transitoires et finales. On s'oppose catégoriquement
et on a fait la même chose avec la loi 3 - au contenu de l'article 577
qui ne tient pas compte des articles 3 et 10 de ia Charte
québécoise des droits et libertés de la personne. Nous
nous opposons également aux exclusions citées à l'article
578 touchant la constitution du Canada. Les droits auxquels il est
référé dans ces deux articles sont des droits fondamentaux
et ne doivent être mis de côté sous aucune
considération.
Et maintenant, le gros de notre présentation, notre objectif qui
est partagé chez nous, c'est la formation de commissions scolaires
linguistiques. C'est une réforme des structures qui a été
traitée par l'APEP à de nombreuses occasions au cours des dix
dernières années, sinon plus, je ne me souvient plus.
Effectivement, l'APEP a toujours prôné la formation de commissions
scolaires publiques communes et ce, depuis 1864. Et, 124 ans plus tard, nous ne
sommes pas plus près de cet objectif.
Confessionnalité par rapport à consolidation. Dans ce
contexte, l'APEP réitère son appui à la création de
commissions scolaires linguistiques avec des écoles non
confessionnelles. De plus, nous réaffirmons notre position de longue
date, à savoir que la constitution du Canada doit garantir le
contrôle et la gérance de telles commissions scolaires par la
communauté de la minorité linguistique, anglaise ou
française, dans chaque province ou territoire. Ce n'est pas un
préalable, M. le ministre, la formation des commissions scoiaires
linguistiques, c'est une volonté de notre organisation de voir cela
comme disposition dans la constitution du Canada pour toutes les
minorités autour du Canada.
Lors des audiences publiques sur les projets de ioi 40 et 3, il nous a
été impossible de réconcilier la proposition de
commissions scolaires linguistiques, tout en retenant le modèle
d'écoles confessionnelles. On retrouve la même difficulté
dans le projet de loi 107. Quoique son but soit de créer des commissions
scolaires linguistiques, il crée une situation hybride qui
préserve les quatre commissions scolaires, CECM, CEPGM, CECQ et la
Commission scolaire du grand Québec, en tant que commissions scolaires
confessionnelles. Le maintien des commissions scolaires dissidentes actuelles
et la possibilité que d'autres soient créées sont
également des complications additionnelles. De plus, la
possibilité de surimposition de commissions scolaires linguistiques dans
ies territoires de commissions scolaires confessionnelles ne va créer
que des fragmentations additionnelles, à notre avis. L'APEP
réaffirme sa croyance, à savoir que dans une
société québécoise de plus en plus pluraliste, il
est illogique de maintenir un système d'éducation public
basé sur la confessionnalité.
Une des raisons pour lesquelles l'APEP décide d'appuyer la
création de commissions scolaires linguistiques est le besoin accru de
consolidation et d'utilisation des ressources humaines et matérielles,
vu la diminution marquée du nombre d'élèves dans le
secteur anglophone des commissions scolaires protestantes. Le maintien des
commissions confessionnelles nie largement cet objectif.
M. le Président, si vous me le permettez, je vais continuer un
peu dans ma langue maternelle.
Declining enrolments in English schools have resulted in a problem, a
real problem of surplus of personnel, particularly for teachers in the
Montréal area. These teachers, and others who are not yet in surplus,
are legitimately concerned about their job prospects now and in the immediate
future. These concerns could easily be exacerbated if the staffing question is
not addressed humanely.
In assessing the proposed legislation, the Montreal area teachers are in
a particularly difficult situation. For them, it is impossible to evaluate
purely on the basis of idealogical beliefs when the ramifications of the
proposal may very well cause many teachers to lose their current jobs.
PAPT has supported the creation of language boards in the past - we have
so indicated - although it must be admitted, as we
got closer to the actual implementation date of Bill 3, many fears began
to surface about the impact of the amalgamation of different teacher groups
with different levels of seniority.
I think the members of this committee must understand the deep sense of
insecurity that is being felt by teachers who are working in the English
language. With enrolments still in decline, with the potential for that decline
to continue, perhaps stabilized at some point, but with very little prospect
for real growth, these are concerns which must be dealt with and must be
clarified in order to address the issues that our teachers in the Montreal area
in particular would be facing.
The legislation, we recognize, appears to leave the Protestant School
Board of Greater Montreal as it is, which is very illogical. I think we would
all admit, in terms of the overall structure for the educational system that is
proposed, but is also understandable in some respects, in view of previous
judgments that have been rendered by the courts on attempts at
reorganization.
Nevertheless, the appearance in this case is certainly deceiving, in
that the PSBGM territory is not the same as that of the Montreal Catholic
School Commission. Therefore, there will be areas of the protestant school
boards territory which will overlap with a newly created English school boards.
Examples of this kind of over-laping can be found in Verdun, in LaSalle, in
Lachine, in Saint-Laurent. What kind of choices will PSBGM parents in these
areas make in the future? Will they choose English education in the nearest
English school, or English education in the protestant system with which they
are already familiar, even though they, themselves may not be protestant. What
will be the impact of these choices?
If the legislation creates an exodus of students of PSBGM into the new
language boards, leaving the teachers with the PSBGM, their fate will surely be
to become teachers on availability in greater numbers than is currently the
case. In 1987-1988, such teachers without long-term substitution assignments
are expected to receive only 95 % of their salary. For 1988-1989, this
percentage will drop to 90 %. Since this is the first year in which salaries
for those teachers on availability or some teachers, at least, on availability
will be lower than or less than 100 %, you can, no doubt, appreciate the extent
to which concerns about jobs and the effect of potential legislation have been
magnified.
We do not see a solution which allows for a comfortable discussion of
this issue that is based, as I mentioned before, solely on these intellectual
principles. Many of the teachers who might be in jeopardy have devoted more
than twenty years of service to education in Québec. We are not talking
about teachers who recently entered the profession.
If there was at least some positive sign that this kind of issue could
be dealt with in a humane way, there might be iess apprehension. It is
certainly an issue that must be addressed. We recognize fully that it cannot
addressed in the law itself, but there are other fora in which that issue can
be discussed and can be resolved in a satisfactory way. (16 h 15)
Le besoin de clarification, à la page 29. Nous sommes conscients
de la complexité des sujets et questions touchant la constitution qui
ont inévitablement surgi lorsqu'une loi touchant la restructuration
scolaire a été introduite dans le passé. Par
conséquent, nous trouvons qu'il est essentiel que la loi soit soumise
devant les tribunaux afin qu'une décision soit rendue avant sa mise en
application. Camille Laurin avait la conviction que la loi 3 était
conforme à la constitution. Le jugement rendu par le juge Brossard en a
décidé autrement. Bien que le ministre de l'Éducation
prétende que le projet de loi 107 soit constitutionnel, il reviendra aux
tribunaux d'en décider.
L'APEP, effectivement, félicite le ministre de l'Éducation
de s'être engagé à soumettre le texte de la loi
proposée à la Cour d'appel du Québec. Cela va
éviter la situation catholique qui peut résulter si la loi est
mise en vigueur dès son adoption. Toutes les questions, nous pensons,
touchant les structures des commissions scolaires doivent également
être soumises. Ainsi, les droits constitutionnels qui s'appliquent aux
minorités linguistiques devraient être clarifiés. Les
articles qui traitent de tels sujets ne doivent pas avoir force de loi d'ici
à ce que ces questions obtiennent une réponse.
Nous reconnaissons que le processus législatif proposé
dans ce domaine est long et ardu et cela est frustrant pour ceux d'entre nous
qui reconnaissent le besoin d'un changement depuis plusieurs années.
Toutefois, nous reconnaissons le travail difficile pour le ministre d'essayer
de trouver une piste. Il semble y avoir très peu d'alternatives viables
légales et politiques à la procédure proposée. On
doit le constater. Il est, par conséquent, essentiel que les parties
intéressées se voient garantir l'opportunité - on souligne
cela - d'évaluer le jugement de la Cour suprême lorsqu'il sera
émis dans quatre ou cinq années. La situation légale qui
sera alors établie pourra nécessiter l'introduction de
différentes propositions.
L'APEP recommande donc que d'autres auditions publiques soient tenues
à ce moment-là. Il est nécessaire que des discussions
aient lieu afin de déterminer les amendements ou modifications
constitutionnels requis afin d'établir un système
cohérent, et c'est cela qui est nécessaire.
Il est évident que le statu quo n'est pas possible comme option.
Il n'existe pas de statu quo en éducation, particulièrement au
Québec. Les méthodes d'inscription, les lois sur la langue
et une clientèle changeante ont fait qu'il a
résulté des changements majeurs sur le caractère des
commissions scolaires protestantes et catholiques du Québec au cours des
dix dernières années. Des changements sont survenus de
façon ad hoc parfois et continueront de survenir au hasard si rien n'est
fait. Cela est sûrement inacceptable.
La réforme scolaire se doit d'être un sujet positif et non
négatif. L'APEP prétend que le débat peut être
productif et qu'il amènera l'unité lorsque la situation
légale sera clarifiée. Nous devrions alors faire un effort pour
obtenir un consensus quant à la meilleure façon d'obtenir les
objectifs désirés.
Il est grand temps de le savoir. Nous nous devons d'avoir des
réponses si nous désirons prendre notre avenir en main et le
façonner dans l'intérêt des enfants auxquels nous
enseignons. Certains apprécieront les décisions rendues par les
tribunaux et d'autres, inévitablement, ne les apprécieront pas.
Toutefois, chacun d'entre nous se doit de savoir le sens de ce qui existe si
nous devons abandonner tous mythes et impressions et, finalement, faire face
à la réalité qui a été convenue. Ce ne sera
qu'alors que nous pourrons transiger avec confiance sur les questions qui nous
concernent afin de faire en sorte que les élèves soient
prêts à relever les défis du XXIe siècle. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Weiner, d'avoir bien voulu accepter notre invitation et de venir
apporter votre éclairage sur ce projet de loi. Dans un premier temps,
comme premier intervenant, je vais reconnaître le ministre de
l'Éducation, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie. Il me fait
plaisir de saluer la délégation de la Provincial Association of
Protestant Teachers of Quebec, l'Association provinciale des enseignants
protestants du Québec, sous la présidence de M. Harvey Weiner,
qui nous est bien familier à cette commission parlementaire parce qu'il
est venu à plusieurs reprises rencontrer les parlementaires au nom de
son groupe. L'association des enseignants du Québec a
préparé un mémoire qui touche un grand nombre de points
essentiels du projet de loi 107. Je pense que nous aurons intérêt
et profit à discuter avec la délégation de cet organisme,
question d'intérêts communs
Je remarque, au départ, dans tes précisions qu'on nous a
données sur la composition de l'association, qu'on indique que 30 % des
membres sont francophones, que 25 % sont catholiques, ce qui indique, en
prolongement de nos débats de ce matin, que le processus de
diversification des opinions, des modes d'engagement en matière
d'éducation est déjà pas mal plus avancé que
certains ne veulent l'admettre du côté de ceux qui adoptent une
approche plus intégriste, je dirais. Déjà, dans la
pratique, les choix que font les gens indiquent une diversité beaucoup
plus forte que ne saurait le suggérer une approche trop fortement
teintée de logique abstraite. Je pense que ce que vous vivez avec vos
membres se vit aussi dans une mesure assez large chez les parents et les
enfants.
I! y a d'autres territoires du Québec où des enfants
catholiques de langue anglaise sont confiés pour leur instruction
à des commissions scolaires protestantes qui sont, à toutes fins
utiles, des commissions scolaires de langue anglaise. Des ententes sont faites
entre les commissions scolaires catholiques qui en sont responsables et les
commissions scolaires protestantes qui couvrent le même territoire. En
général, je dois observer que les services offerts è ces
étudiants catholiques anglophones par des commissions scolaires
protestantes anglophones sont de bonne qualité et donnent satisfaction
aux parents. On a des arrangements prévoyant que l'instruction
religieuse sera donnée conformément à la confession
à laquelle appartiennent ces élèves. Sauf cette mesure
particulière, le reste ne semble pas susciter de problèmes
invincibles. C'est une des raisons qui poussent le gouvernement à
évoluer dans cette direction-là. Nous avons déjà de
facto une situation au Québec où les commissions scolaires sont
largement linguistiques, en dehors de Montréal en particulier. Nous nous
disons: Si le législateur reconnaît cette réalité et
la confirme dans un texte législatif, les choses seront claires pour
tout le monde. Je vois que votre association favorise cette orientation. Je
n'entends point, par conséquent, engager de débat avec vous sur
cela. Nous sommes résolus à aller dans cette voie-là en
prenant, comme vous l'avez dit, des précautions judiciaires
nécessaires. En tout cas, j'apprécie l'appui que votre
association donne au projet de loi du gouvernement sur ce point
précis.
Un point sur lequel nous nous séparons d'avec vous a trait au
statut des écoles en matière de confessionnalité. Vous
voudriez que les écoles soient non confessionnelles et nous trouvons que
ce n'est pas la meilleure manière de répondre aux attentes de nos
concitoyens pour qui les écoles existent en définitive. Elles
n'existent pas pour le gouvernement. Elles n'existent pas pour les corporations
professionnelles. Elles n'existent pas pour les groupes d'intérêt.
Elles existent pour les familles et pour les enfants. Or, notre lecture de la
réalité nous indique qu'une très grande majorité de
parents veulent encore pour leurs enfants des écoles où il y a
une connotation religieuse et morale explicite. Dans le projet de loi, nous
assouplissons les choses par rapport à la situation actuelle.
Actuellement, vous avez des commissions scolaires catholiques dont les
écoles sont également catholiques ou protestantes. Tandis que
là, il y aurait une commission scolaire linguistique, deux commissions
scolaires linguistiques parallèles dont les écoles auraient un
statut déterminé à la suite de consultations qui
permettraient de savoir
ce que veulent les parents. Et là où les parents ne
voudraient pas d'une école confessionnelle, ils seraient
entièrement libres de l'indiquer. Si on combine le projet de loi et les
nouveaux règlements des comités confessionnels, une
vérification devrait avoir lieu périodiquement au sujet de la
volonté des parents, ce qui permettrait d'ajuster davantage le
caractère des écoles sur la volonté des parents. Ceci me
paraît un progrès considérable. On ne sait pas ce que cela
donnera à la longue. Peut-être à la longue, serons-nous
conduits à la situation que vous évoquez. Le projet de loi ne
l'exclut pas, mais il ne la crée pas artificiellement non plus, il
préfère tenir compte de la volonté des gens.
Ce sont des points qui nous distinguent d'avec vous, mais quoi qu'il en
soit, je pense que la conception de fond que vous exprimez n'est pas tellement
éloignée de celle que recherche le gouvernement et nous allons
essayer de tenir compte des avertissements que vous nous donnez. Vous soulignez
des difficultés qui vont se présenter à Montréal,
par exemple, si des commissions scolaires linguistiques sont superposées
aux commissions scolaires confessionnelles protégées par la
constitution et dont nous maintenons l'existence et le territoire dans le
projet de loi.
Là, il y a un problème de iogistique sérieux qui
nous a été souligné à propos de Québec ce
matin et à propos de Montréal au cours des derniers jours. Or,
nous sommes conscients de la difficulté. Nous n'avons pas
arrêté exactement la ligne de conduite que le gouvernement suivra.
Peut-être le gouvernement décidera-t-il de procéder plus
vite dans les autres territoires qui présentent moins de
difficultés constitutionnelles et d'attendre les clarifications des
tribunaux dans le cas de Montréal et de Québec afin
d'éviter toute confusion ou toute situation conflictuelle comme celle
que vous redoutez. Je pense que l'avertissement que vous nous donnez est
d'excellente prudence et nous allons essayer d'en tenir compte.
Maintenant, je voudrais peut-être vous adresser quelques questions
rapides. Il y en a une sur les droits et les obligations de l'enseignant. Vous
soulevez des difficultés à propos de l'article 19. Les
difficultés sont plausibles. Vous allez jusqu'à proposer un texte
alternatif, à la page 7 de votre mémoire. J'ai pris, connaissance
du texte alternatif que vous proposez. C'est un texte intéressant et
pertinent. Je suis conscient des difficultés que vous soulevez à
propos des passages du projet de loi qui traitent des obligations. À
i'aide de suggestions comme celles que vous faites, nous allons essayer de
resserrer le projet de loi de manière qu'il se rapproche d'une
formulation que j'appellerais applicable. Je pense que c'est cela qui vous
préoccupe le plus: si c'est trop vague, l'application et la
vérification deviendront, à toutes fins utiles, impossibles. Ce
sont des choses que nous allons vérifier. Dans le projet que vous nous
soumettez, peut-être que l'équilibre n'est pas encore atteint de
manière complètement satisfaisante entre les droits et les
responsabilités, peut-être qu'il y aurait lieu de le travailler.
Mais il y a des éléments intéressants là-dedans
pour lesquels je tiens à exprimer mon intérêt.
Vous parlez de la commission scolaire et du rôle du ministre. J'ai
l'impression... Je ne sais pas... J'ai vu le professeur Burgess. Je ne sais pas
s'il a travaillé ce point avec vous, mais je crois que cela me rappelle
certaines idées qu'il a déjà exprimées devant la
commission à d'autres occasions. Si vous voulez qu'il se joigne à
vous pour cette partie de la discussion, soyez bien à l'aise. J'ai
l'impression que ce que vous proposez comme responsabilités pour le
ministre ici et pour la commission scolaire manque beaucoup de
précisions. Dans les choses qui sont dites, à peu près
tout cela se fait actuellement. Je ne sais pas si vous pourriez nous donner des
choses plus précises là-dessus parce que la formulation que vous
avez retenue est une formulation plutôt générale qui ne
suffirait pas à régler nos problèmes de textes
législatifs.
Une voix: M. Weiner.
M. Weiner: Merci. Peut-être que je peux faire un
commentaire sur la question de la confessionnalité de l'école.
C'est la façon de le faire qui nous inquiète beaucoup - le
ministre indique effectivement qu'il y aura une consultation des parents pour
établir si l'école devient catholique ou protestante ou ni l'un
ni l'autre - le comment et la façon de mener la consultation et les
effets d'une telle consultation. Est-ce qu'on va prendre un vote majoritaire ou
si ceia va se faire par consensus si tous les parents ne sont pas d'accord sur
l'une ou l'autre confessionnalité comme la confessionnalité de
l'école? Est-ce que cela veut dire que l'école sera une
école dite commune? C'est notre inquiétude. On ne voit pas
comment cela peut se faire sans avoir des effets énormes et
négatifs au sein de la communauté qui entoure l'école. (16
h 30)
Sur la question des droits et responsabilités des commissions
scolaires et du ministre de l'Éducation, c'est bien vrai que c'est un
peu vague. On est conscient de cela. J'ai essayé de dire
qu'effectivement on trouve que l'équilibre qui existe actuellement n'est
pas quelque chose qui doit être changé trop trop. Ce qui nous
inquiète, c'est effectivement la bataille pour le pouvoir qui est une
bataille qui continue depuis la création du ministère de
l'Éducation entre les commissions scolaires et le gouvernement. On pense
que c'est le temps effectivement d'essayer de clarifier le plus possible le
champ légal du ministère et des commissions scolaires. Les choses
précises qui me chicotent à l'heure actuelle sont celles qu'on a
mentionnées. Effectivement, on s'interroge à savoir si le
ministre a effectivement le droit de dire qu'une commission
scolaire peut offrir, par exemple, des services dans l'enseignement
professionnel et que ce soit interdit à une autre ou qu'elle ne soit pas
subventionnée pour cela. Pour l'enfance inadaptée, c'est la
même chose. Alors, c'est plutôt dans ce sens que l'on voit les
choses. Il y a évidemment la question du régime
pédagogique où on souhaite effectivement un peu plus de souplesse
au niveau local, à la commission scolaire. Nous pensons que c'est
quelque chose de souhaité effectivement par les milieux.
M. Ryan: Là-dessus, je voudrais vous signaler une
difficulté réelle qui se pose. En matière d'options
professionnelles, en matière d'éducation des adultes, en
matière de services aux élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, certains services doivent être offerts
à une échelle plus large que celle du territoire de chacune des
213 commissions scolaires que nous comptons au Québec. Par exempte, pour
toute la région située à l'est de Trois-Rivières,
nous avons seulement un établissement au Québec qui se
spécialise dans les services aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Il est situé à
Québec, mais il ne peut pas relever d'une commission scolaire. Il faut
bien que les décisions relatives à cet établissement
soient prises à un autre niveau. Il faut qu'il y ait une marge
décisionnelle qui reste au ministre de l'Éducation. Nous avons
fait la carte des enseignements professionnels au cours des derniers mois. Il a
fallu prendre un grand nombre de décisions: quelles options iraient du
côté des commissions scolaires protestantes, du côté
anglophone, du côté francophone. Il a fallu établir un
"master plan" pour tout le Québec. Ensuite, chaque commission scolaire a
été invitée à se concerter avec ses voisines pour
essayer de voir ce qu'elles pouvaient faire, mais lorsqu'elles ne pouvaient pas
s'entendre, il fallait que l'on décide quelque part. De même,
l'éducation des adultes comporte beaucoup de services complexes qui ne
peuvent pas être offerts à l'échelle de chaque territoire
de commission scolaire. C'est pourquoi nous avons 82 services
d'éducation des adultes alors qu'il y a 213 commissions scolaires.
Vous dites: II ne faudrait pas que ce soit là. Je ne vois pas
comment ça ne peut pas l'être. Je vous pose la question: Est-ce
que vous êtes conscient de ces difficultés pratiques qui se posent
en fin de compte pour le gouvernement?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Weiner.
M. Weiner: Je suis bien conscient de ces difficultés et je
n'ai pas envie de faire le travail du ministère de l'Éducation
dans ia situation actuelle, mais comme je l'ai déjà dit, je pense
qu'on a besoin rapidement d'une clarification sur les champs du
ministère et des commissions scolaires. Effectivement, cela se conteste
le droit du ministre de dire à une commission scolaire:
Vous ne pouvez pas offrir ces services ou vous ne serez pas
subventionné pour ces services. Comment faire le choix entre ces
commissions scolaires si effectivement c'est le droit du ministre, si c'est
légal pour lui de faire cela? Alors, c'est réglé une fois
pour toutes. Après cela, on parierait d'une façon
différente. La démarche à poursuivre serait une
démarche juste et équitable pour que tout le monde ait son mot
à dire avant de décider. C'est seulement ce que l'on dit.
M. Ryan: Si c'est cela, c'est exactement ce que nous avons fait
cette année et ce que nous voulons pouvoir faire en toute
sécurité juridique dans les années à venir.
M. Weiner: Mais il y a des contestations quand même et il y
a des commissions scolaires qui contestent le droit légal du ministre de
faire cela, de trancher.
M. Ryan: II y a une cause devant les tribunaux actuellement. Elle
est rendue en Cour suprême. Il y a des commissions scolaires qui
contestent le pouvoir du gouvernement sur les programmes d'études et le
régime pédagogique. La cause sera décidée par la
Cour suprême prochainement. Jusqu'à maintenant, les tribunaux nous
ont donné raison, mais s'ils ne nous donnent pas raison, ce sera une
tout autre situation. I! faudra voir à ce moment-là, mais
j'espère bien qu'ils vont reconnaître le bien-fondé de la
position gouvernementale. Quoi qu'il en soit, j'ai une autre question. Je crois
que vous n'êtes pas favorable au conseil d'orientation au niveau de
l'école. Cela m'étonne, parce que la CEQ est venue ici et elle
s'est déclarée favorable. Nous avons eu la visite de trois
groupements différents de directeurs d'école qui se sont
montrés favorables également. De manière
générale, le sentiment est plutôt favorable. J'aimerais que
vous nous disiez, de manière plus précise, pourquoi vous
êtes contre cela. Le conseil d'orientation n'est pas un organisme
fortement décisionnel. Il a un certain pouvoir sur les orientations
générales de l'école et sur certaines matières qui
sont mentionnées dans le projet de loi. Pour le reste, il demeure
plutôt consultatif. Vous demandez même que l'on supprime deux
articles du projet de loi qui lui donnent le droit d'être
consulté. J'ai trouvé cela assez fort. J'aimerais que vous
m'expliquiez pourquoi vous faites cette proposition.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Weiner.
M. Weiner: Évidemment, on n'est pas toujours sur la
même longueur d'onde que la CEQ. Effectivement, comme on dit en anglais:
If there is nothing wrong, if it ain't broken, don't fix it. Effectively, in
our sector, in the protestant sector, we would say, without any fear of
being contradicted by the parent groups that you have already heard or
perhaps will be hearing in the future, that our relations with parents have
traditionally been excellent. There has been full communication, all sorts of
opportunities to get together to discuss all kinds of issues. And the parents
that we have been listening to - and we have been listening to them, we had a
meeting of our provincial parent liaison committee about three or four weeks
ago, a committee that Maureen Morris chairs - are telling us they don't want
this. There is an orientation committee which is permitted by law, as you are
well aware, in the Act presently, which I think is being used in one or two
schools in the South Shore, but that's it. They are very satisfied with the
school committee, their opportunity to participate, to be consulted and to have
a say in the kinds of decisions that are being made at the school. And if the
parents are not really interested in having it, we are certainly not interested
in having another level of committee. That is the basis of the orientation that
we have here. We are not against consultation. We are not against the
participation of parents within the school. We think we have had an excellent
record of that kind of consultation participation and maybe it is because of
that excellent record that we find that there is little need, if any, for that.
We do not see it as being obligatory. If it remains, it should be optional.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: Just one more question, if you would allow me. You had
embarked upon negotiations with your English-speaking Catholic counterpart. In
order to see if some common ground could be defined in view of forthcoming
changes regarding the structure of school boards, I would like to know if you
have progressed in this direction and what are the difficulties wich have yet
to be surmounted here?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M.
Weiner.
M. Weiner: Do you have a couple of hours, Mr Ryan? I would say
that Bill 3 put us in a situation where there was progress, but the progress
was much more the result of Bill 3 and the fact that it was going to be
implemented. A shotgun marriage or almost a shotgun marriage. The differences,
I would suggest, to me and to some of the people I have worked with very
closely in the PACT on a personal level, are really not there. But, at the
level of the membership, they are still very important. Many of those
differences dealt with the very issue we discussed earlier this afternoon,
dealing with job security and seniority and the perceptions and the realities,
particularly on the island of Montreal. There was also a fairly strong lobby
within the association on the part of some teachers, not shared necessarily by
the leadership, but a fairly strong lobby that expected that in the creation of
English language boards, there would be Catholic schools and Catholic schools
which would be staffed predominantly, if not exclusively, by those who profess
the Catholic religion and then there would be Protestant and / or other schools
wich would continue as they have been organized over the past number of years,
to be open to all teachers. So Catholics would have access to Catholic schools
plus all other schools; Protestants and others would have access to Protestant
schools; and maybe if there was an opening for which an unqualified Catholic
could not be found... So, these, I would suggest to you, somewhat minor
differences in point of view, have been obstacles. But I would say that, with
what is happening within the English community and the trends within the
English community and the reduction in enrolment, it is my personal belief, and
I believe it is something shared by Mike Palumbo who is the incoming president
of the PACT, that inevitably we must move to some sort of a consolidation.
There should be, and I believe there is, much more that unites us as teachers
who work in English language, that there should be that divides us.
Le Président (M. Parent-Sauvé): Merci, alors je
reconnais maintenant la porte-parole officielle. Oui, vous voulez
compléter, monsieur?
M. Weiner: Concerning the confessionnal school issue, which is
raised once again by us here, I want to add some clarity to what has been said.
We are, of course, not opposed to the concept of religious and moral
instruction in schools, but I would point out that we have, I think, very
legitimate pedagogical concerns about the results of allowing the schools to
choose their own confessionnality. I know that previous groups that have
presented have pointed out the danger of the schools becoming a focal point of
political turmoil as groups of parents with various viewpoints on religious
matters, strive for control of the schools. That is one concern. But I am also
looking at from the standpoint of the individual pupil in that school. At the
outset of the child's career in school, the parents have a choice currently,
and presumably would like to have that choice in the future, about choosing a
school in which the student will feel most at home, because feeling at home is
an important fundamental prerequisite for a successful learning. And the danger
in the legislation as it now stands, is that that initial choice may be negated
within a year or two, when another group decides that now we are the majority
and the "projet éducatif" has to reflect the views of the majority of
parents. That majority is very mutable. And what happens to the student who
feels no longer at home in that school? Where does he go? In some areas, it may
be possible to
withdraw the child from school, send him to another school nearby, in
others, it is totally impractical. And we are talking here about the existing
English language network, which is rather thinly spread. And personally, I find
it unworkable, and I know many of the people who are sitting next to me today,
really find it anathema, because the result will be that values are imposed
upon students, upon families, when these values are not widely shared in the
community. So, I understand, Mr. Minister, that it is the belief that you hold
that the legislation embodies what the majority of Quebec's population would
like to see, but our reading of it is somewhat different. The majority of the
population is certainly in favor of the possibility of religious instruction in
the schools, but I seriously have to question whether they want a "projet
éducatif' that reflects all the values of a particular religious
denomination, and excludes others. And further, when I read the press release
that accompanied the new regulations last January, we also have concerns about
who will be required to teach under the new environment when a group decides,
ah, ah, the school will now be such and such coloration, and some of the
existing staff may no longer fee! comfortable or be competent at teaching and
inculcating the values of the group that now has the majority at the "conseil
d'orientation". So we see many serious difficulties, political, pedagogical,
philosophical in this proposal. And we are opposed to that.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Thank you, Mr.
Weiner. Je reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition officielle en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée? (16 h 45)
Mme Blackburn: M. le Président, mesdames, messieurs, je
voudrais vous souhaiter la bienvenue au nom de l'Opposition officielle. Votre
mémoire est parmi, j'ose le dire, les plus intéressants. Et je
m'explique tout de suite, parce qu'on en a lu plusieurs autres aussi, fort
intéressants. J'ai déploré le fait que trop de
mémoires nous ont présenté des positions touchant les
structures et peu touchant la qualité, l'accessibilité, les
objectifs même pour lesquels on revoit une structure.
D'entrée de jeu, vous avez abordé ces questions. Vous le
faites de façon claire. Vos positions sont bien exprimées j'ai
beaucoup apprécié. Cette préoccupation, j'ai beaucoup de
respect pour cette situation où on essaie de bien intégrer les
objectifs de ce genre de démarche plutôt que d'en faire un
débat qui porte sur le partage des pouvoirs, sur la structure. Est-ce
catholique ou protestant, anglais ou français? Je pense qu'il faut
ramener le débat à l'objectif final qui est celui
d'accroître la qualité de la formation de même que
l'accessibilité.
Vous soulevez la question touchant les délais que constitue la
démarche du ministre en matière de reconnaissance des commissions
scolaires linguistiques, l'incapacité de le faire dans les grandes
régions de Québec et de Montréal. Vous prenez position en
faveur d'écoles neutres.
En ce qui concerne les modifications aux structures confessionnelles en
faveur de structures linguistiques, il n'y avait en fait qu'une façon de
le faire. C'était la négociation de l'article 93. Cela passe par
là et toute autre modification, finalement, ne sont que des cataplasmes.
Cela ne résout pas fondamentalement le problème ou la situation.
D'ailleurs, on le voit. C'est très bien traduit dans le texte de loi. La
seule façon était la négociation de l'article 93.
Le gouvernement du Parti québécois n'a pas
négocié l'article 93 pour une raison très simple. Il
n'avait pas adhéré à la constitution. Vous ne pouvez pas
négocier une constitution à laquelle vous n'avez pas
adhéré. Il y a comme une certaine logique là-dedans. Alors
que ce gouvernement qui s'apprête à y adhérer, qui
négocie actuellement, n'a pas cru utile de réclamer les pleins
pouvoirs en cette matière. J'estime que c'est inacceptable. D'autant que
le jugement Deschênes qui avait été porté en appel,
on a retiré l'appel. Je me permets de le rappeler ici.
La loi 3 - et vous le disiez tout à l'heure, au moment où
vous parlez de l'harmonisation des secteurs catholique-protestant chez vous -
était une loi. Il ne s'agissait pas d'une vague promesse
électorale. Si cette loi n'avait pas été invalidée
à cause des articles portant sur les structures scolaires, on aurait
aujourd'hui - cela me fait plaisir de le rappeler, ce serait un acquis scolaire
- la gratuité en éducation des adultes. On aurait des services de
garde pour lesquels le gouvernement serait obligé de fournir les moyens.
On aurait un certain nombre de services complémentaires. Ce serait la
réalité au moment où on se parle.
Malheureusement, tout cela est disparu du projet de loi en faveur d'une
centralisation que je trouve, comme vous d'ailleurs, excessive. Le ministre
utilise souvent - et je trouvais intéressante votre réaction tout
à l'heure - l'argument qui veut que le gouvernement doit avoir des
pouvoirs pour établir la carte des enseignements professionnels de
même que pour l'éducation des adultes. Il y a des petites
commissions scolaires que j'ai rencontrées, où il n'y a pas
beaucoup de monde, qui aimeraient pouvoir offrir les services à
l'éducation des adultes sur leur territoire. Les gens ne se
déplacent pas. Il n'y a pas de moyen de transport comme on les retrouve
à Québec et à Montréal quand on s'en va dans des
petits villages du côté de l'Estrie, de la Gaspésie ou du
Saguenay. Les gens, plutôt que de faire 25, 30, 40 kilomètres
aller-retour, n'y vont pas. Je ne suis pas certaine que cette décision
soit la plus heureuse dans ses effets concrets.
Deuxièmement, sur l'enseignement professionnel. On m'a
apporté un exemple, justement
ce matin, à la commission scolaire Chibougamau-Chapais. Je pense
que c'est comme cela que cela s'appelle. De toute façon, c'est la
commission scolaire qui couvre ce territoire. Je pensais à Harricana
mais je pense que c'est Chibougamau-Chapais. Il n'y aurait pas, à cette
commission scolaire, d'enseignement professionnel. Vous savez que les gens qui
résident dans ces municipalités sont à 200
kilomètres d'une école qui offre l'enseignement professionnel.
Selon l'entente qui a été négociée, on me dit que
la commission scolaire de Roberval, je pense, aurait eu les options
professionnelles au détriment de la commission scolaire de
Chibougamau-Chapais.
M. Ryan: Je voudrais soulever une question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur une question
de règlement, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il y a certaines options
professionnelles, à ma souvenance, qui ont été
données à cette commission scolaire, pas toutes celles qu'elle
voulait, parce que c'est impossible, mais il y en a quelques-unes.
Mme Blackburn: C'est ce que j'ai...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'était
pas une question de règlement, M. le ministre, c'était une
explication.
Mme Blackburn: Ce n'était pas une question de
règlement. Oui. Cela mérite...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous me l'avez
passée facilement. Mme la députée de Chicoutimi, je vous
reconnais.
Mme Blackburn: Oui, c'est parce que vous reconnaissez trop
facilement le ministre. Je reconnais avec le ministre que cela m'est apparu
complètement aberrant. J'ai dit: Ils ont dû au moins garder les
techniques de bureau ou de secrétariat, quelque chose comme cela,
autrement cela n'a pas de bon sens. Mais cela mérite d'être
vérifié parce que dans les options... Vous savez que dans ces
municipalités, la tendance qu'on connaît, c'est que les milieux
les plus défavorisés vont en enseignement professionnel. On vide
les paroisses et les petites municipalités d'enseignement professionnel
avec les conséquences qu'on pense que cela va avoir. Sur cela, je
partage également votre avis.
Vous n'êtes pas d'avis qu'on devrait constituer un conseil
d'orientation, vous l'expliquez. Une partie de l'explication,
c'est-à-dire une partie des raisons que vous invoquez pour justifier
cette orientation nous a été un peu livrée par le
président de la CEQ, mais pas de la même façon. Il disait:
Le conseil d'orientation a des pouvoirs, il n'a pas des pouvoirs réels
en vertu de la loi, mais il pourrait effectivement en avoir si la commission
scolaire décidait de lui en donner. C'est un peu la même position,
je pense que ce n'est pas si loin, il y a comme quelque chose là qui se
rejoint. Cela ne veut pas pour autant dire que je n'aurais pas de
réticence, que j'endosserais entièrement votre position. Je vous
dis qu'on l'a aussi entendu de la CEQ parce que je n'avais pas vu dans ia ioi
que ce conseil pouvait avoir des pouvoirs mais, effectivement, il pourrait s'en
voir déléguer.
Mais vous n'avez pas abordé la question... Il y avait dans le
projet de loi 3 un comité pédagogique, c'est à l'article
102: Est institué dans chaque école un comité
pédagogique composé d'enseignants et de professionnels
affectés à l'école. Les règles sur la composition,
la formation et les modalités de consultation peuvent être
prévues dans une convention collective. Je n'ai pas vu que vous ayez
rapporté cette proposition. Est-ce parce que cela se fait chez vous?
Est-ce parce que ce n'était pas digne d'intérêt?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Weiner.
M. Weiner: Merci. Effectivement, on voit cela comme quelque chose
qui doit faire partie de la négociation, faire partie du chapitre 4.
C'est la voie de la négociation qu'on privilégie sous cet
aspect.
Mme Blackburn: À la page 19 de votre mémoire, vous
avez indiqué un certain nombre d'obligations qui devraient être
faites au gouvernement et au ministre. La conception, je dirais, la plus
courante des responsabilités d'un gouvernement, c'est d'établir
les grands objectifs nationaux, d'identifier un certain nombre de moyens pour
atteindre ces objectifs et de s'assurer qu'ils soient équitablement
répartis sur l'ensemble du territoire. C'est généralement
ce qu'on convient qui devrait appartenir au gouvernement et quant au reste, que
ce soit le plus possible décentralisé avec un partage des
responsabilités. Je le rappelle, la loi 3 reconnaissait le droit
à la gratuité pour les adultes qui poursuivaient leurs
études dans te cadre d'un diplôme d'études secondaires.
Vous revenez d'une façon, en tout cas, que je trouve intéressante
sur ces questions, mais vous n'avez pas ramené l'obligation qui devrait
être faite au gouvernement en matière de services de garde. Vous
êtes, j'imagine, des enseignants qui avez eu l'occasion de voir les
problèmes que pose actuellement le fait que de plus en plus de
mères travaillent et le père aussi évidemment.
Actuellement, on prétend qu'au Québec, à peu près
61 % des mères qui ont des enfants de moins de six ans sont sur le
marché du travail. Cela veut donc dire une proportion importante
d'enfants qui se retrouvent peut-être sans surveillance au moment
où ils rentrent à la maison, avec une clé dans le cou,
comme on se le rappelait. Cela, c'était prévu dans la loi 3,
c'est-à-dire que l'école devait organiser des services de garde
et cela n'ap-
paraît plus. Vous, comme enseignant, quelle est votre position sur
cette question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Weiner: Effectivement, on est pour cela et on a
déjà revendiqué cela. Ce qu'on a essayé de faire
dans ce chapitre, Mme Blackburn, c'est de revendiquer pas seulement les
principes mais d'indiquer clairement - et j'espère qu'on l'a fait - que
cela manque de ressources dans notre système d'éducation public,
que cela manque d'un certain respect pour les enseignants et enseignantes.
Effectivement, tout cela a été ramassé, je pense, d'une
façon très intéressante, très
étoffée, dans les études du Conseil supérieur, en
1984, et dans les États généraux. Effectivement, on a deux
rapports, deux ' mémoires, sur les discussions qui ont entouré
ces démarches, mais il n'y a presque rien de concret de fait pour
poursuivre les travaux qui avaient été
exécutés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci Mme la
députée.
Mme Blackburn: Vous avez, parlant de l'élève, fait
une recommandation touchant le matériel scolaire. Est-ce que vous
incluez dans le matériel scolaire qui devrait être gratuit celui
que l'enseignant choisit, les cahiers d'exercices, par exemple, qui viennent
s'ajouter au matériel scolaire fourni par l'école, par la
commission scolaire?
M. Weiner: Effectivement, cela doit être inclus aussi.
C'est essentiel, c'est nécessaire. On espérait au moins qu'il y
ait Ses éléments de base, le matériel de base pour les
élèves parce que cela manque dans certains coins aussi, mais,
évidemment, le plus possible. Il y a de grands besoins dans notre
système d'éducation public qui ne sont pas remplis au moment
actuel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Vous avez évoqué les
problèmes que poserait, éventuellement, une seule commission
scolaire en raison du fait, par exemple, que les enseignants catholiques aient
plus d'ancienneté que les protestants et avec, évidemment, les
dangers de se voir, tantôt, mis en disponibilité. C'est parce que
je suis en train de me rappeler qu'à la CECM, la section catholique de
la CECM est plus nombreuse que ce qu'on retrouve de francophones à la
PSBGM. On retrouve environ 10 000 francophones à la Commission scolaire
protestante du Grand Montréal et on retrouve environ 14 000 ou 15 000
catholiques anglophones à la CECM. Ce qui fait que s'il y avait un
établissement do commissions scolaires linguistiques, vous auriez plus
d'élèves qu'il y en a actuellement simplement sur l'île de
Montréal. Parce que les chiffres que j'ai vus là-dessus me
faisaient... J'ai aussi posé la question à Mme Pagé, de
l'Alliance des professeurs de Montréal, parce que si demain matin on
avait le pouvoir au Québec d'établir nos commissions scolaires
selon le modèle qui nous convient, on aurait ce transfert-là de
la CECM vers la PSBGM.
M. Weiner: Je vais demander à Mme Rosenfield de
répondre.
Mme Blackburn: Mais, sauf que, oui, le professeur viendra avec
aussi. C'est le même problème. Vous avez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voilà.
C'est la réponse de Mme Rosenfield.
Mme Rosenfield (Ruth): C'est cela que j'allais dire.
Des voix: Ha, ha, ha! Le Président (M. Parent,
Sauvé): Merci Mme Blackburn: Elle a raison, c'est sûr.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Rosenfiefd: II y a beaucoup d'enseignants en
disponibilité, déjà, qui vont venir.
Mme Blackburn: D'accord. C'est juste. Comme on doit voir un autre
groupe et qu'on a déjà dépassé notre temps, je suis
un peu responsable, d'ailleurs, du retard qu'on a pris ici en commission
parlementaire - j'ai aussi rencontré des groupes juste avant de vous
voir, je m'en excuse - je vous remercie infiniment pour votre participation aux
travaux de cette commission. (17 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Je reconnais une dernière intervention, Mme la
députée de Jacques-Cartier, au nom de sa formation politique.
Mme Dougherty: Votre mémoire soulève une question
qui me semble fondamentale. À plusieurs reprises, vous avez
proposé, notamment à l'égard des responsabilités
des directeurs d'école, de la commission scolaire, etc., que certaines
clauses existantes dans la convention collective soient inscrites dans la loi,
par exemple en ce qui concerne les enfants en difficulté
d'apprentissage. Il y a un problème avec cette proposition parce qu'il
me semble que la loi doit inclure un ensemble de responsabilités,
devoirs, etc. qui forment un cadre général et durable auquel la
convention collective doit être subordonnée et non pas vice versa.
De plus, la convention collective est négociable tous les trois ou
quatre ans, mais la loi n'est pas négociable. Alors, pourquoi
aimeriez-vous voir ces clauses... Ce n'est pas parce que je suis contre ce
qu'il y a
dans la convention collective, surtout pour les enfants en
difficulté. Je suis d'accord avec le contenu, mais c'est le principe qui
me gêne. Pourquoi insérer quelque chose qui est négociable
au lieu d'accepter un certain cadre dans la loi? Je suis sûre que vous
êtes d'accord que la convention collective doit être
subordonnée à un certain cadre établi dans la loi.
Voudriez-vous expliquer pourquoi vous avez proposé cela?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Weiner, si vous
voulez expliquer et réagir à l'interrogation de Mme la
députée de Jacques-Cartier. Cela sera malheureusement la
dernière intervention, étant donné que nous avons un autre
groupe à entendre et que nous devons terminer nos travaux pour 18
heures. M. Weiner.
M. Weiner: Merci. Effectivement, on n'a jamais dit et on ne dit
pas aujourd'hui que la loi doit être subordonnée à une
convention collective. Ce qu'on dit, c'est qu'il y a des choses qu'on doit
négocier dans le cadre d'une convention collective. Ce sont nos
conditions de travail, toutes nos conditions de travail. Nos
responsabilités, nos obligations doivent faire partie d'une convention
collective. Ce qu'on n'accepte jamais, et je pense qu'il y a quelque chose qui
apparaît dans le projet de loi, c'est d'avoir des choses qui
étaient négociées par voie de convention collective,
agréées par les parties impliquées, qui sont
détournées ou contournées par la loi. C'est ce qu'on ne
veut pas avoir. Il y a quelques exemples où on a des clauses
spécifiques qui avaient été négociées de
bonne foi, qui étaient agréées de bonne foi, et maintenant
il y a des dispositions dans la loi qui vont les contourner ou qui vont les
mettre en doute. Leur application sera douteuse. On ne veut pas avoir de telles
dispositions dans une loi.
Mme Dougherty: Accepteriez-vous la possibilité qu'il y ait
quelque chose dans le projet de loi 107 qui soit accepté unanimement
après débat, etc. qui oblige peut-être qu'on repense
quelques clauses dans les négociations? C'est dans ce sens que je pose
la question. Si on accepte comme "untouchable" tout ce qui est dans la
convention collective, et après qu'on fait une loi qui ne bouscule rien
dans la convention collective, cela pourrait être difficile de
rédiger une telle loi. La loi doit avoir préséance,
d'abord, et peut-être faut-il s'ajuster un peu dans les conventions
collectives. Je parle d'une façon hypothétique parce que je n'ai
pas de choses précises à proposer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous voulez
réagir une dernière fois, M. Weiner.
M. Weiner: Oui, brièvement. Effectivement, nous croyons
à la liberté de négocier nos conditions de travail. On se
souvient de la Soi 105 et des conditions de travail qu'on avait dans une
convention collective signée et qui a été abrogée
par l'Assemblée nationale. C'est cela la réponse, Mme
Dougherty.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
Weiner, merci, madame. Au nom des membres de la commission de
l'éducation, je vous remercie, vous et vos représentants, et nous
allons accueillir immédiatement le groupe suivant, le Nouveau parti
démocratique du Québec. Nous allons suspendre pour quelques
secondes.
(Suspension de la séance à 17 h 6)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission poursuit ses travaux et nous accueillons les
représentants du Nouveau parti démocratique du Québec. Je
vous rappelle que cette séance de travail a lieu en raison du mandat qui
nous a été confié par l'Assemblée nationale,
à savoir de tenir des auditions publiques sur les projets de loi 106 et
107; le premier a trait aux élections scolaires et le deuxième
à la Loi sur l'instruction publique.
M. Morin, c'est vous qui êtes le porte-parole du Nouveau parti
démocratique du Québec. On peut dire qu'on est entre nous. Ce
sont trois partis politiques qui sont assis à la table et qui vont
discuter d'éducation. J'ai l'impression que cela va bien aller, parce
que d'habitude les politiciens se comprennent bien entre eux. Alors, je veux
vous souhaiter la bienvenue, M. Morin, et vous remercier d'avoir bien voulu
répondre à l'invitation de la commission et vous dire que je suis
agréablement surpris de voir un parti politique ici. On a vu des
syndicats, des commissions scolaires, des groupements, mais un parti politique
qui prenne la peine de venir ici nous parler d'un projet de loi, c'est
très encourageant. Le Parti québécois y étant
déjà représenté par l'Opposition et le Parti
libéral par le ministre de l'Éducation, cela ne peut être
que très enrichissant pour ces deux projets de loi.
M. Morin, pour les besoins du Journal des débats, je vous
invite à nous présenter les deux personnes qui vous accompagnent
et à enchaîner immédiatement avec la lecture du
résumé de votre mémoire que vous nous avez soumis. Le
reste du temps sera réparti à part égale entre les deux
formations politiques de façon que l'on puisse échanger avec la
troisième formation politique. Nous vous écoutons.
Nouveau parti démocratique du
Québec
M. Morin (Roland): M. le Président, je vous remercie de
votre accueil. C'est vrai que nous sommes entre représentants de partis
politiques. Le mien, malheureusement, pour l'instant n'est pas encore
représenté à l'Assemblée nationale. Si
j'étais déjà à l'Assemblée nationale,
je choisirais l'Assemblée nationale comme forum plutôt que de
venir m'asseoir à ce bout-ci de la table. Mais il faut ce qu'il faut et
comme on n'a pas encore pour l'instant pénétré à
l'Assemblée nationale, on y pénètre par la porte de
côté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer, M. Morin, que lors de l'étude du projet de loi 40,
j'étais assis à la même place que vous. Je n'aurais jamais
cru que je serais assis de ce côté-ci trois ans après.
M. Morin: On ne sait jamais. La même chose pourrait
peut-être m'arriver.
J'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent: Mme
Claire Lalande, militante du NPD, enseignante et libérée à
titre de conseillère syndicale au Syndicat de l'enseignement de la
région des Mille-lsles; M. Louis Roy, directeur de la recherche au
NPD-Québec. Mme Lalande vous lira le mémoire. Il est très
court, j'imagine qu'on aura amplement le temps pour les questions. Cela va vous
permettre de refaire vos forces avant le dur labeur que vous avez à
faire ce soir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. Morin,
Mme Lalande et M. Roy, soyez les bienvenus. Mme Lalande, nous vous
écoutons.
Mme Lalande (Claire): Pour le Nouveau parti démocratique
du Québec, la réforme de la Loi sur l'instruction publique est
d'une importance majeure. Plus que de la simple organisation administrative du
système scolaire, c'est de l'avenir du Québec qu'il s'agit.
La réforme de cette loi fondamentale doit prendre en
considération le fait que le Québec est une société
moderne et ouverte qui veut survivre et s'affirmer comme société
distincte. La question linguistique est au coeur de ce projet. Mais la
volonté de structurer le système scolaire sur une base
linguistique de façon claire et cohérente se heurte encore aux
obstacles constitutionnels qui forcent le maintien de structures
confessionnelles, en particulier à Montréal et à
Québec.
Pour le NPD-Québec, ces obstacles doivent être levés
et des démarches doivent être entreprises dans ce but par le
gouvernement du Québec. Le système d'éducation
québécois doit être structuré sur la base de
commissions scolaires laïques francophones en général, et
anglophones là où le justifient les règles
d'admissibilité de la Charte de la langue.
Cependant, les privilèges constitutionnels ne doivent pas nous
empêcher de procéder à une réforme réelle et
profonde visant à assurer le plein exercice du droit à
l'éducation et la démocratisation du système scolaire.
Les enjeux de la réforme. La réforme de la Loi sur
l'instruction publique est urgente et nécessaire. Elle exige que nous
regardions en face la réalité du Québec actuel, puis que
nous tournions notre regard vers l'avenir. (17 h 15)
Le Québec: une société moderne et ouverte. Le
Québec a beaucoup changé, fauî-il le rappeler, depuis le
compromis historique de 1867. À cette époque, la survivance du
peuple québécois et la garantie des droits linguistiques de sa
minorité anglophone passaient par des structures scolaires
confessionnelles.
Depuis, le Québec s'est industrialisé; il s'est
urbanisé et, surtout depuis la révolution tranquille, il s'est
laïcisé. L'équation entre langue française et foi
catholique s'est dissoute dans le mouvement de modernisation et aussi
d'émancipation des dernières générations par
rapport aux croyances et aux valeurs que l'école et l'Église ont
parfois véhiculé avec un certain autoritarisme.
Le Québec vit dans un monde en pleine mutation, de plus en plus
complexe, de plus en plus ouvert, de plus en plus exigeant, tant pour les
individus que pour les peuples, en termes d'autonomie, d'adaptation au
changement, d'acceptation de la diversité. S'y affirmer nécessite
une saine confiance en soi et une grande certitude quant à son
identité propre.
Le Québec s'est ouvert au monde et il veut s'y affirmer comme
société distincte. Il veut aussi, et il le doit, accueillir de
nouveaux arrivants, venus de tous les horizons géographiques, culturels
et religieux.
Le Québec s'est ouvert aussi à de nouvelles valeurs,
notamment la transformation des rapports entre femmes et hommes, de leurs
rôles dans la société et dans la famille.
La question de la survivance du fait français se pose toujours
avec autant d'acuité. Le débat sur la loi 101 et les
études démographiques montrent très bien que notre survie
en tant que société distincte est loin d'être garantie.
Mais la question ne se pose plus dans les mêmes termes. La
survivance ne passe plus nécessairement et exclusivement par la
promotion de la foi catholique ni par la direction idéologique et morale
des Églises sur le système scolaire. Notre
pérennité en tant que société distincte sera bien
mieux assurée par la consolidation et l'épanouissement d'une
culture résolument francophone, moderne, ouverte, démocratique,
respectueuse des droits de la personne et du droit fondamental à
l'éducation.
Dans toute société, mais bien plus encore dans une
société moderne et ouverte, l'éducation est le facteur
premier à la fois de l'épanouissement personnel, de la
socialisation des individus et du développement d'une culture vivante et
distincte.
Pour toute personne, le droit à l'éducation est un droit
fondamental. Sa capacité de participer à la vie sociale,
économique, culturelle et politique dépend de l'accès
qu'il ou elle aura eu
à des services éducatifs de qualité. Pour la
société dans son ensemble, la réalisation du droit
à l'éducation est un devoir et une nécessité. Sa
cohésion, son identité, sa capacité d'intégrer les
nouveaux arrivants et de réduire les inégalités, tout cela
en dépend.
Pour le Québec en particulier, société moderne et
ouverte, en pleine mutation, foyer d'une culture francophone minoritaire dans
un immense continent anglophone, mais décidé à survivre et
à s'affirmer face au monde, l'éducation doit être la
première des priorités. C'est sa survie qui en dépend.
Si l'on admet le rôle primordial de l'éducation, si on lui
attribue la plus importante des priorités, alors il faut non seulement
lui allouer les ressources nécessaires, mais aussi en faire l'objet d'un
débat démocratique.
Une vraie priorité ne s'impose pas d'en haut; elle appelle la
collaboration des principaux intéressés. Le projet
éducatif répondant à une telle priorité ne
s'élabore pas dans le secret des ministères; il demande à
être discuté publiquement pour s'imposer par consensus. Un
système scolaire ne peut s'adapter aux changements et aux
particularités qu'en s'ouvrant lui-même à la participation
des parents, des élèves et des personnels.
C'est de ce besoin de démocratie, de collaboration, de consensus
et d'adaptation qu'est issue l'idée du projet éducatif
d'école. Il est temps que cette idée s'applique non seulement aux
écoles, mais aussi au plus haut niveau de décision en
matière d'éducation: au gouvernement, au ministère de
l'Éducation et au Conseil supérieur de l'éducation.
En fin de compte, c'est dans les salles de classe que se réalise
le projet éducatif. Et il faut faire confiance aux personnels de
l'éducation pour adopter les moyens et les méthodes permettant
d'atteindre les objectifs pédagogiques choisis de façon
démocratique.
Il faut préserver l'autonomie professionnelle des personnels de
l'éducation. On ne peut pas dire, en même temps, que
l'éducation est une priorité, mais que les personnes à qui
on en confie la responsabilité quotidienne sont traitées comme de
simples exécutants au bas de la hiérarchie scolaire.
Les personnels de l'éducation, enseignantes st enseignants,
professionnelles et professionnels des services complémentaires et
particuliers, smployées et employés de soutien, toutes et tous
acceptent une grande responsabilité. Ils doivent être
valorisés en conséquence. À titre d'exemple, pour
illustrer cette démarche que nous vous proposons, nous allons parler du
matériel didac-ïique et des manuels scolaires. Dans le projet de oi
107, les critères d'établissement du matériel
pédagogique et des manuels scolaires sont établis par les
commissions scolaires, c'est l'article 211, st le choix est fait par les
directions d'école, c'est l'article 47. Nous croyons - et c'est un
exemple de l'application des pouvoirs et de l'autonomie des personnels - que le
choix des manuels scolaires et du matériel didactique devrait, en
dernière analyse, relever du personnel enseignant.
Un autre exemple rapide. À l'article 46 du projet de loi, on dit
que c'est la direction de l'école qui choisit le plan d'intervention
pour les élèves en difficulté et les élèves
handicapés. Nous croyons, là aussi, que le choix ultime d'un plan
d'intervention personnalisé, ce qu'on a appelé le PIP dans nos
milieux, doit relever, en dernière analyse, des professionnels de
l'enseignement et des enseignantes et enseignants. Alors c'est un exemple
où il nous apparaît que la répartition des pouvoirs devrait
être modifiée.
L'éducation est au coeur de l'avenir et c'est notre vision de
l'avenir qui doit présider à sa mise en oeuvre. C'est pourquoi
nous considérons urgent et nécessaire de procéder à
une réforme réelle et profonde de la Loi sur l'instruction
publique.
Cette réforme doit nous faire sortir des carcans du passé
et mettre fin aux batailles d'arrière-garde visant le maintien de la
confes-sionnalité du système scolaire.
Cette réforme doit permettre au Québec de se doter de
structures scolaires adaptées à sa réalité actuelle
et aptes à affronter les défis de l'avenir, c'est-à-dire
des commissions scolaires linguistiques, constituées de façon
cohérente et assurant la prédominance du français.
Cette réforme doit permettre la démocratisation du
système d'éducation et la collaboration des parents, des
élèves et des personnels dans l'élaboration d'un projet
éducatif pour le Québec, tout en respectant l'autonomie
professionnelle des personnels dans l'exercice de leur métier.
Cette réforme doit faire de l'éducation une
priorité. Pour cela, il faut, au départ, définir
clairement ce droit fondamental et préciser les engagements de
l'État face à la population.
La Loi sur l'instruction publique peut être
considérée comme la loi fondamentale du Québec en
matière d'éducation. À ce titre, elle doit elle-même
être fondée sur le droit à l'éducation clairement
défini afin qu'on ne puisse en réduire la portée.
La nouvelle Loi sur l'instruction publique doit garantir la
gratuité et l'accessibilité à des services
éducatifs de qualité, indépendamment de l'âge, du
sexe, de l'origine ethnique, de la condition socio-économique, du lieu
de résidence, du handicap ou des croyances religieuses des
personnes.
La nouvelle loi ne peut absolument pas être soustraite aux
exigences de la Charte des droits et libertés de la personne. Et c'est
pourquoi nous demandons la disparition de l'article 577 du projet de loi
107.
La nouvelle Loi sur l'instruction publique doit définir la nature
et les objectifs des services éducatifs ainsi que des services
complémentaires et particuliers auxquels a droit tout
élève. Ainsi se trouvera assuré le caractère
intégral de
l'éducation. À titre d'exemple encore, si on compare
l'obligation des enseignants - il en a été question, tout
à l'heure - par opposition aux obligations du gouvernement, on pense
que, toujours à titre d'exemple, l'article 19, cinquièmement, qui
fait une obligation à tout enseignant d'assurer la qualité de la
langue, devrait, tout au moins, apparaître aussi dans les obligations du
gouvernement. Ce devoir est un devoir de société et il devrait y
apparaître à ce titre.
En précisant la nature de ces services, l'État s'engage
effectivement, envers la population, à assurer le plein exercice du
droit à l'éducation. En exposant au débat public et
parlementaire les objectifs éducatifs que ces services contribuent
à atteindre, le gouvernement permet à la société
québécoise de connaître et de discuter le projet
éducatif du Québec.
Ce projet éducatif pour le Québec existe
déjà. Il est contenu dans le régime pédagogique que
le gouvernement est encore seul à orienter et à définir.
Dans le projet de loi 107, l'article 413 prévoit encore que le
régime pédagogique relève d'un pouvoir
réglementaire du ministre et il est défini, sous l'égide
des comités catholiques et protestants du Conseil supérieur de
l'éducation. Ce régime pédagogique, qui déjà
définit la nature et les objectifs des services, est porteur de valeurs
et, pourrait-on dire, d'un projet de société. Il fait
déjà force de loi dans le système scolaire, mais il n'est
pas inscrit dans la Loi sur l'instruction publique. C'est une omission que la
nouvelle loi doit corriger, à moins qu'on ne veuille refuser toute
discussion sur les valeurs et le projet de société que l'on se
propose d'inculquer aux futurs citoyens et citoyennes du Québec.
Sans chercher à établir dès maintenant tous les
services auxquels devrait avoir droit la population du Québec, il en est
dont nous voulons signaler l'importance. Il s'agit d'abord des services de
garde pour les élèves de l'enseignement préscolaire et
élémentaire. Il devrait être obligatoire pour chaque
commission scolaire de fournir ces services. Bien entendu, ce devoir devrait
être associé à un droit au financement approprié
pour y arriver.
Les services complémentaires devraient aussi faire place à
l'éducation interculturelle. Le Québec et en particulier les
grands centres urbains accueillent déjà en grand nombre les
enfants des nouveaux arrivants. L'école est le principal lieu de leur
intégration à la société québécoise.
Cette école doit non seulement être ouverte et résolument
francophone, mais elle doit aussi mettre en oeuvre des services
éducatifs et d'animation particuliers permettant aux jeunes et aux
parents, néo-québécois et de souche, de se connaître
mutuellement et de cohabiter.
Une remarque s'impose à propos de la gratuité et de
l'accessibilité aux services d'éducation. Tout en reconnaissant
pleinement le droit pour les parents de choisir l'école qui
répond le mieux à leur préférence ou dont le projet
éducatif correspond le plus à leurs valeurs, comme le propose le
projet de loi à l'étude, il nous faut faire preuve de prudence.
L'élaboration du projet éducatif d'école ne devrait pas
permettre de justifier des frais de scolarité, ni d'établir des
critères de sélection au moment de l'inscription. À
l'article 122 du projet de loi 107, on établit comme un possible
critère d'inscription le choix du projet éducatif. Cet article
122 nous apparaît éminemment dangeureux. On se trouverait, par le
biais de ce nouvel acquis démocratique, à restreindre
l'accessibilité et à nier le principe de la gratuité.
Il ne faudrait pas non plus que le projet éducatif en vienne
à contredire le caractère public et commun de l'école. Le
concept de projet éducatif d'école vise, selon nous, à
permettre une adaptation de l'école à la réalité du
milieu ou à mettre en oeuvre des initiatives pédagogiques
nouvelles. Il contribue certainement à valoriser la participation des
parents, des élèves et des personnels de l'éducation
à une entreprise commune, mais il ne devrait pas permettre que cette
appropriation collective se traduise par des exclusions ou par une sorte de
privatisation déguisée, à saveur élitiste. C'est
pourquoi nous croyons que le projet éducatif devrait être
encadré par certaines dispositions législatives qui en
préciseraient le contenu et les limites.
La structuration du système scolaire doit refléter la
volonté d'assurer la survivance et l'épanouissement du
Québec en tant que société distincte, résolument
francophone et respectueuse des droits de sa minorité anglophone.
C'est pourquoi le NPD-Québec approuve et appuie la constitution
de commissions scolaires linguistiques, tout comme nous appuyons le projet de
loi 106, qui modernise le processus électoral dans les commissions
scolaires.
Le système scolaire doit être structuré sur la base
de commissions scolaires francophones, comme règle
générale. Des commissions scolaires anglophones seraient
constituées là où le nombre et les règles
d'admissibilité à l'enseignement anglophone établies par
la Charte de la langue française le justifient.
Ce choix en faveur de commissions scolaires linguistiques doit
être clair, sans échappatoire et sans ambiguïté. En
conséquence, les commissions scolaires linguistiques doivent être
l'unique mode de structuration sur un territoire donné et ne doivent pas
subir de dédoublement fondé sur la confessionnalité. Les
commissions scolaires doivent donc être laïques.
Pour respecter le droit à l'éducation,
indépendamment des croyances religieuses, pour respecter le droit
à la liberté de conscience, pour assurer le caractère
public et commun des écoles, pour faciliter l'intégration des
jeunes Néo-Québécois aux écoles francophones, pour
moderniser et démocratiser le système scolaire dans son ensemble,
nous devons procéder à la
déconfessionnalisation des structures scolaires.
Pour cela, le gouvernement du Québec doit entreprendre les
démarches pour faire lever les obstacles constitutionnels, à
savoir l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et
l'article 29 des accords de 1982 qui garantissent l'existence des commissions
scolaires confessionnelles de Montréal et de Québec ainsi que le
droit de constituer des commissions scolaires confessionnelles par voie de
dissidence. Dans ces démarches, le gouvernement doit faire
prévaloir le droit exclusif du Québec de légiférer
en matière d'éducation. (17 h 30)
D'ici là, le gouvernement du Québec peut abolir les
éléments du système confessionnel qui ne sont pas
protégés par la constitution, à savoir les postes de
sous-ministres associés de fois catholique et protestante, les
comités catholique et protestant du Conseil supérieur de
l'éducation, la reconnaissance du statut confessionnel des écoles
et la prédominance que ce statut peut attribuer aux croyances
religieuses sur les projets éducatifs d'école. Bien entendu,
certains de ces volets ne sont pas couverts par la Loi sur l'instruction
publique. Cependant, nous croyons qu'une réforme du système
scolaire devrait aussi inclure la modification des lois concernant le Conseil
supérieur de l'éducation et concernant le ministère de
l'Éducation, pour s'assurer d'en faire un tout cohérent et
décon-fessionnalisé.
En toute logique, l'enseignement religieux devrait être
assumé et financé par les Églises en dehors de
l'enseignement académique. Mais si le droit à l'enseignement
religieux devait être reconnu, il ne devrait s'exercer que dans la mesure
ou l'accessibilité à l'enseignement moral laïc est
pleinement assuré, et seulement en fonction des demandes
exprimées par les parents lors de l'inscription. On a connu autrefois le
régime d'"opting out", on a maintenant le choix entre l'un ou l'autre,
nous croyons qu'on devrait instaurer un régime d'"opting in". Il
faudrait alors tenir compte du pluralisme confessionnel et permettre l'exercice
de ce droit pour d'autres religions que catholique et protestante, là
où le nombre de demandes le justifie.
La déconfessionnalisation des structures et la volonté de
définir la nature et les objectifs des services éducatifs et des
services complémentaires: voilà l'occasion d'ouvrir un
réel débat public en vue de définir un projet
éducatif pour le Québec.
À l'image des conseils d'orientation dans les écoles, le
Conseil supérieur de l'éducation doit être
transformé pour faire place aux associations et
fédérations représentatives des parents, des
élèves, des personnels de l'éducation et des commissions
scolaires, et tenir compte, par cet ajout, des dispositions des divisions des
commissions scolaires linguistiques. Le Conseil supérieur de
l'éducation devrait avoir plus qu'un simple pouvoir de consultation. Il
devrait définir les orientations, guidant le ministre dans ses
décisions.
Si ces partenaires en éducation avaient eu leur mot à dire
sur les objectifs poursuivis et les services nécessaires pour les
atteindre, ils n'auraient certainement pas endossé les choix
budgétaires à courte vue qui sont en train de détruire
notre système d'éducation et d'en éteindre les forces
vives.
L'élaboration et la réalisation d'un projet
éducatif, que ce soit dans une école ou au sein du Conseil
supérieur de l'éducation, appelle la collaboration de ces
partenaires. Cette collaboration implique aussi le respect de l'autonomie
professionnelle des personnels de l'enseignement. Ainsi, la composition des
conseils d'orientation des écoles devrait assurer la
représentation de toutes les catégories de personnel:
enseignantes et enseignants, professionnelles et professionnels, personnel de
soutien, ainsi que la parité entre les personnels et les parents. Et
nous croyons qu'en instaurant cette parité entre les personnels et les
parents, le comité d'école jouerait son véritable
rôle de structure permettant aux parents de l'exprimer, et il devrait, en
conséquence, être obligatoire et non facultatif, comme il est
prévu à l'article 84.
Si l'on considère la gravité de la situation dans laquelle
se trouve le système d'éducation québécois et les
défis auxquels nous devons faire face maintenant pour pouvoir envisager
notre avenir en tant que société distincte, on ne peut être
que déçu du projet de loi 107 sur l'instruction publique.
Il faut croire que le but annoncé dans les notes explicatives
porte à confusion. On nous dit que le projet de loi 107 remplace la loi
actuelle "dans le but de lui donner une structure nouvelle et plus
cohérente, de la moderniser et de la rationaliser". Naïvement, nous
avons cru que ces objectifs visaient la réalité du système
scolaire lui-même, et pas seulement le texte de loi.
Malheureusement, après étude, il faut bien constater que
ce projet de loi ne fait que rendre plus cohérente une loi
dépassée, dont on retrouve les fondements dans l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique de 1867.
Or, le statu quo, même dépoussiéré, ne permet
que de sombres perspectives. Il faut bien reconnaître que le
système scolaire québécois est dans un état
critique. Pendant que le débat s'enlise sur la question de la
confessionnalité, c'est tout le système scolaire
québécois qui donne des signes de crise: inadéquation des
ressources financières, manque d'outils pédagogiques,
bouleversement des programmes, lourdeur de la tâche des personnels,
coupures de postes, manque d'autonomie professionnelle, manque de ressources
pour l'intégration des élèves en difficulté,
dévalorisation des personnels, dévaluation des résultats
scolaires, difficultés d'intégration ethnique,
détérioration de la qualité du français
écrit et parlé.
Les structures actuelles du système scolaire
n'ont rien empêché de cela. Au contraire, les structures et
la répartition des pouvoirs dans le système d'éducation y
contribuent. Alors que la situation actuelle et les défis de l'avenir
devraient susciter un large débat public sur la nature d'un projet
éducatif pour le Québec, on doit souffrir une
pseudo-réforme qui renforce !a concentration des pouvoirs.
Le système scolaire est victime des compromis constitutionnels
qui l'enferment dans des structures confessionnelles. C'est à
Montréal surtout que cette situation confine à l'absurde. La
métropole du Québec, qui accueille la plus grande partie des
immigrants et qui est au coeur des batailles linguistiques, devrait être
dotée d'un système scolaire moderne, ouvert et structuré
de façon cohérente sur une base linguistique. Pourtant, c'est
là que se vit la bataille d'arrière-garde sur la
confessionnalité et que sont maintenues les structures confessionnelles
les plus anciennes.
Mais notre système scolaire est victime aussi, et surtout, des
choix économiques des gouvernements actuel et précédent,
qui se concrétisent par un désinvestissement continu, par une
détérioration constante des services et par une
dévalorisation des personnels de l'éducation, confinés
à un rôle d'exécutant sans autonomie professionnelle et
sans moyen face aux responsabilités qu'en fait ils assument.
Cette dévalorisation, que nous ne sommes pas les seuls à
constater, pourrait bien s'expliquer par la volonté du gouvernement de
faire taire les voix qui résistent à la
détérioration de la qualité des services éducatifs.
Et il faut bien admettre que ce sont les personnels de l'éducation qui
résistent à ces choix budgétaires de la façon la
plus évidente, mais aussi parce que les parents et les
élèves n'ont quasiment pas voix au chapitre dans les structures
actuelles.
Le système d'éducation est ainsi victime de la
concentration du pouvoir, en premier lieu celui de définir le projet
éducatif du Québec, c'est-à-dire les services auxquels a
droit tout élève et les objectifs à atteindre.
Concentration, faut-il le rappeler, au sein du gouvernement et aux mains du
ministre sous l'égide des comités catholique et protestant du
Conseil de l'éducation. L'absence de débat public autour du
régime pédagogique transforme le système
d'éducation en champ de bataille plutôt qu'en lieu de
collaboration entre les principaux intéressés: les
élèves, les parents, les personnels de l'éducation.
C'est en regard de ce contexte que nous avons étudié le
projet de loi 107 et que nous avons cherché les réformes
permettant de démocratiser et de moderniser les structures
scolaires.
Bien qu'elle apparaisse comme la loi fondamentale du système
scolaire québécois, la Loi sur l'instruction publique ne traite
pas do l'ensemble dos structures de ce système. Deux autres lois doivent
être considérées pour avoir une image complète de
ces structures. Il s'agit de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation et de celle sur le ministère de
l'Éducation.
C'est à travers ces trois lois que se concrétise le
caractère confessionnel de l'ensemble du système scolaire
québécois. On y retrouve tous les instruments par lesquels agit
le pouvoir confessionnel. sous-ministres associés de fois catholique et
protestante, comités catholique et protestant du Conseil
supérieur de l'éducation, conseillers en éducation
chrétienne, enseignement religieux, pastorale ou service d'animation
religieuse, projets éducatifs confessionnels et reconnaissance du statut
confessionnel des écoles.
Le projet de loi 107 ne change rien à l'ensemble de ces
éléments confessionnels. Même s'il annonce la constitution
de commissions scolaires linguistiques, le caractère confessionnel du
système continue de prédominer. Bien plus, le projet de loi
assure la continuité de l'existence des commissions scolaires
confessionnelles et dissidentes, ainsi que le droit à la dissidence,
c'est-à-dire à la constitution de commissions scolaires
confessionnelles pour la minorité catholique ou protestante sur le
territoire de toute commission scolaire autre que confessionnelle, ce qui
apparaît à l'article 110 du projet de loi.
À ce point de vue, le projet de loi, répétons-le,
ne fait que dépoussiérer l'ancienne Loi sur l'instruction
publique, édifiée en fonction de l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, qui a été confirmé
par les accords constitutionnels de 1982.
Nous, du NPD-Québec, ne sommes pas les premiers à
dénoncer cet article de la constitution qui porte atteinte au droit
exclusif du Québec de légiférer en matière
d'éducation. Il est inacceptable pour quiconque a la ferme
volonté de préserver le droit fondamental à la
liberté de conscience.
En s'y conformant, et malgré ce qu'en dit l'article 577 du projet
de loi 107, la nouvelle Loi sur l'instruction publique porterait encore
atteinte aux libertés de conscience et de religion parce qu'elle accorde
aux confessions religieuses catholique et protestante non seulement des droits
et privilèges, mais aussi des pouvoirs institutionnels pouvant
être exercés au détriment des autres confessions
religieuses et du droit à renseignement moral laïc.
Ainsi, d'une part, les écoles se voient reconnaître un
statut confessionnel qui ne peut que déterminer le contenu global du
projet éducatif de l'école. Notons que l'acceptation du projet
éducatif peut être établi comme l'un des critères de
l'inscription à l'école, ce qui peut constituer une atteinte au
droit à l'accessibilité.
D'autre part, le maintien du droit à la constitution de
commissions scolaires dissidentes consacre, tacitement, la prédominance
d'une confession religieuse malgré le caractère officiellement
non confessionnel d'une commission scolaire. La dissidence s'exprime en
opposition à
cette prédominance tacite.
Toute une gymnastique, visant à constituer des commissions
scolaires linguistiques tout en évitant de remettre en question
l'article 93 de l'AANB et le caractère confessionnel des institutions,
conduit à la multiplication et au dédoublement des structures
scolaires, commissions scolaires francophones non confessionnelles, anglophones
non confessionnelles, anglophones confessionnelles, francophones
confessionnelles.
Nous ne pouvons pas voir comment cette
pseudo-déconfessionnalisation peut assurer la cohérence du
système scolaire, ni son ouverture à la diversité
culturelle ou ethnique, ni le respect des droits de la personne.
Contrairement à la défunte loi 3, le projet de loi 107 ne
définit pas la nature et les objectifs des services éducatifs et
des services complémentaires et particuliers. Selon ce projet de loi,
les personnes auraient droit, de 5 ans à 16 ans, à ce que le
gouvernement voudra bien leur donner. Un droit aussi fondamental et aussi mal
défini ne peut qu'ouvrir la porte aux choix arbitraires, essentiellement
d'ordre budgétaire, qui ont conduit à la situation actuelle.
Le pouvoir d'exercer de tels choix est encore plus centralisé par
le projet de loi 107. Le gouvernement et le ministre de l'Éducation
reprend plusieurs pouvoirs aux commissions scolaires. Aucun mécanisme de
consultation des parents, des élèves et des personnels de
l'éducation n'est prévu pour encadrer ce pouvoir central, aucune
définition non plus des devoirs et obligations du ministre et des
commissions scolaires envers la population.
En fait, le ministre et le gouvernement ne continueraient, sous la
nouvelle loi, qu'à rendre compte aux comités catholique et
protestant du Conseil supérieur de l'éducation, qui conservent
leurs pouvoirs réglementaires. Le Conseil supérieur de
l'éducation comme tel n'a qu'un pouvoir consultatif et, en outre, sa
composition demeure fondée sur le critère de la
confessionnalité. Aucune place n'est faite aux associations et
fédérations représentant les parents, les
élèves, les personnels de l'éducation et les commissions
scolaires.
En conclusion, le projet de loi 107 est tourné vers le
passé. Il ne peut que soutenir le combat d'arrière-garde sur la
confessionnalité. Il empêche de mettre en place les institutions
propres à garantir le droit fondamental à l'éducation. Il
bloque, pour longtemps encore, la modernisation et la démocratisation du
système scolaire. Il ne permet pas de susciter la collaboration des
partenaires en éducation dans l'élaboration et la
réalisation d'un projet éducatif pour le Québec.
C'est pourquoi le NPD-Québec demande le retrait du projet de loi
107. Nous demandons au ministre de l'Éducation de prendre ses
responsabilités face à la société
québécoise et face à l'avenir.
Nous demandons que des démarches soient entreprises pour obtenir
le retrait des articles de la constitution qui forcent à maintenir des
structures scolaires confessionnelles. Nous demandons que les aspects
confessionnels du système d'éducation actuel soient abolis.
Il est urgent de sortir des carcans du passé. Pour qu'une
nouvelle Loi sur l'instruction publique soit valable, elle doit être
basée sur le droit exclusif du Québec de légiférer
en matière d'éducation et sur le droit fondamental à
l'éducation, sans discrimination, et non pas sur des compromis
historiques désuets. Nous avons le devoir de moderniser et de
démocratiser le système scolaire québécois pour
pouvoir envisager l'avenir d'un Québec ouvert sur le monde.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Lalande, je vous remercie beaucoup. Je reconnais immédiatement le
porte-parole officiel de la formation ministérielle, M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Mme Lalande, M. Morin et votre
associé, il me fait plaisir de prendre la parole et de suppléer
à l'absence du ministre, pas de le remplacer, étant donné
qu'il est occupé ailleurs.
J'ai bien entendu vos propos au sujet du rapport que vous avez pris la
peine de lire en commission. Vous semblez dire que nous avons un regard, avec
le projet 107, sur le passé. Vous voudriez, dans votre rapport, tout
remettre en cause et ne pas vous occuper du passé. Je trouve cela un peu
sévère, parce que nous avons tout de même du vécu et
nous ne pouvons pas l'oublier. Nous ne pouvons pas nous en dispenser, à
mon sens, d'une façon aussi arbitraire.
Ceci dit, lorsque vous nous dites dans votre rapport que le projet de
loi 107 ou le gouvernement du Québec ne devrait pas s'occuper de l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique de 1867, qu'il devrait ignorer ces
articles-là et procéder à l'instauration des commissions
scolaires linguistiques, je me demande en vertu de quel pouvoir nous ne
pourrions pas nous occuper de la loi constitutionnelle qui régit notre
pays présentement. En vertu de quoi? De quelle manière vous allez
le faire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne sais pas qui
répond, M. Morin ou Mme Lalande.
M. Morin: Madame va commencer, je vais compléter. (17 h
45)
Mme Lalande: Quant au regard sur le passé, vous avez
sûrement remarqué dans le mémoire que nous venons de vous
lire que l'aspect que nous remettons en cause, c'est l'aspect sur la
confessionnalité. Il ne s'agit pas de renier tout notre passé,
bien au contraire, la demande que nous faisons de commissions scolaires
linguistiques tient compte au contraire de ce passé, de même que
tout ce qui concerne les services complémentaires, les services de garde
et les
services éducatifs.
Ce sur quoi nous trouvons que le projet de loi 107 est tourné
vers le passé, c'est lorsqu'il maintient en place toutes les structures
confessionnelles et c'est sur ce volet que nous vous demandons de revenir.
Quant à la réponse sur PAANB, je vais donner la parole à
M. Morin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Morin.
M. Morin: Je tiens à dire d'abord que le ministre de
l'Éducation actuel et moi-même partageons le même alma
mater: on est allé au même collège qui est disparu
maintenant. Les collèges classiques sont disparus. Je reconnais qu'il y
a eu un changement dans le domaine de l'éducation. Espérons que
ce changement a été pour te mieux. Pour ce qui est de la question
constitutionnelle... Le ministre est disparu lui aussi. Le collège est
disparu, c'est devenu un grand cégep.
Pour ce qui est de l'aspect constitutionnel, j'ai entendu ce que Mme
Blackburn a dit tout à l'heure à propos des questions
constitutionnelles justement. Je pense que le gouvernement actuel, lorsqu'il a
négocié l'accord du lac Meech, a manqué une belle occasion
peut-être d'ouvrir cet article-là, d'autres aussi, mais
celui-là entre autres aurait probablement permis de régler le
problème de la confessionnalité de l'éducation. En
passant, étant donné qu'il semblait que du côté
d'Ottawa il y avait une ouverture d'esprit fantastique à intégrer
le Québec à la constitution, au nouveau Canada Bill, il aurait
peut-être été possible en même temps de s'arracher un
droit exclusif de légiférer en matière de langue au
Québec aussi. Je ne suis pas prêt à dire que j'admets les
excuses évoquées par Mme Blackburn pour le fait que le PQ ne
l'ait pas fait, mais passons l'éponge. Ce que l'on dit, ce n'est pas
qu'il faut aller à rencontre de l'article 93, c'est qu'il faut approcher
Ottawa s'il le faut - et il n'y a pas d'autre façon - et dire à
Ottawa: Cela ne marche pas cette affaire-là. On veut rouvrir
là-dessus et on veut récupérer ce pouvoir-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski, vous avez la parole.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je vous remercie.
Je pense qu'il ne faut pas brûler les étapes. Au moment où
on se parle, l'Acte de l'Amérique du Nord britannique s'applique encore,
l'article 93, et nous devons composer avec cet article. Nous n'avons pas le
choix.
Pour répondre à l'autre interrogation de Mme Lalande tout
à l'heure, lorsque vous contestez le bien-fondé de maintenir les
confession-nalités, qu'est-ce que vous faites des rapports qu'on a
entendus tout à l'heure, d'une espèce de sondage des commissions
scolaires catholiques de Québec auprès des utilisateurs des
écoles qui indique que 84 % des parents demandent par exemple une
école confessionnelle au primaire et 71 % au secondaire? Que faites-vous
à ce moment-là de ces rapports ou de ces sondages auprès
de la population et comment conciliez-vous la démocratie et l'aspect
confessionnel demandé et exprimé démocratiquement par des
citoyens? Quelle est votre conciliation de ces deux paramètres?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Lalande ou M. Morin.
M. Morin: Mme Lalande.
Mme Lalande: Ce que l'on demande, c'est l'abolition des
structures confessionnelles, c'est-à-dire que soit modifiée non
seulement la Loi sur l'instruction publique, mais aussi la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation qui est composé de deux
comités, protestant et catholique, que soit aussi modifiée la Loi
sur le ministère de l'Éducation pour abolir les postes de
sous-ministres associés de fois catholique et protestante et que soient
corrigées dans le texte législatif toutes les questions
soumettant tout le système scolaire au principe de la
confessionnalité. Cependant, nous disons que si les parents demandent
effectivement que dans une école soit assuré l'enseignement
religieux catholique, cette école pourra le faire, mais pour cela on n'a
pas besoin d'instaurer une structure entièrement confessionnelle. C'est
cette structure que nous dénonçons et non pas le droit à
une population de demander ce que j'ai appelé tantôt l'"opting
in", que dans telle école donnée, compte tenu de la demande de la
population, soit assuré l'enseignement religieux catholique, protestant,
musulman, indou, etc., si le nombre le justifie.
M. Tremblay (Rimouski): Je dois vous dire que dans le projet de
loi 107, la confessionnalité est remise à l'école. Alors,
c'est l'école qui détermine la confessionnalité. Nous
maintenons les commissions scolaires catholiques et protestantes de
Montréal et de Québec et nous maintenons aussi les deux
sous-ministres. Ce qui ne veut pas dire nécessairement qu'ils n'auront
pas, à ce moment-là, une préoccupation pour l'ensemble des
ethnies qui composent le Québec. Je voudrais vous poser une
dernière question. Cela m'intrigue un peu parce que vous dites que le
ministre s'arroge des pouvoirs supplémentaires et, lorsque vous parlez
du projet éducatif, vous semblez dire que ce projet éducatif
devrait être soutenu par une législation supplémentaire.
Alors, je ne comprends pas. Si, d'une part, vous dites que le ministre s'arroge
des droits supplémentaires, vous en demandez encore plus? C'est
quoi?
Le Président (Parent, Sauvé): Mme Lalande.
Mme Lalande: Non, c'est la différence entre des
dispositions législatives qui, jusqu'à maintenant à ma
connaissance, ne sont pas établies
seulement par le ministre mais bien par l'Assemblée nationale.
C'est donc la différence entre un pouvoir réglementaire et des
dispositions législatives. Nous croyons que les dispositions
législatives sont susceptibles d'un débat public beaucoup plus
large qu'un pouvoir réglementaire et c'est pourquoi nous demandons que
le projet éducatif, que le régime pédagogique soit soumis
à cette même discussion qui entoure des dispositions
législatives, de sorte qu'un réel consensus social soit
établi quant au régime pédagogique. Alors, il ne s'agit
pas d'augmenter les pouvoirs du ministre, mais bien de prévoir des
dispositions législatives qui feraient en sorte que le pouvoir
réglementaire du ministre soit encadré par ces dispositions qui
pourraient refléter un choix de société. Je vous donne un
très bref exemple. Dans le régime pédagogique actuel, on
dit qu'il y a, par exemple, six crédits qui sont affectés
à l'enseignement du français au secondaire 1. Cela dénote
un choix de société, un choix culturel. On décide qu'une
telle importance relative doit être donnée à l'enseignement
de la langue française. C'est un exemple minime, mais qui implique un
choix de société, un choix de valeur. Comme je vous le dis, c'est
un exemple minime, mais vous connaissez sans doute le régime
pédagogique. Il contient vraiment beaucoup de valeurs et de choix de
société qui, à notre avis, devraient être
intégrés à la loi.
M. Tremblay (Rimouski): Quelle partie va demeurer aux commissions
scolaires et à l'école, à ce moment-là, pour ce qui
est du régime pédagogique?
Le Président (Parent, Sauvé): Madame.
Mme Lalande: Les dispositions législatives verraient
à encadrer l'aspect qui concerne les choix de valeurs, les choix de
société. Mais l'application de cela devrait être
déléguée aux divers intervenants, les commissions
scolaires d'une part, les directions d'école et aussi évidemment
le personnel de l'enseignement, non seulement enseignantes et enseignants, mais
professionnels et personnels de soutien.
Le Président (Parent, Sauvé): Merci. Je reconnais
la porte-parole officielle de l'Opposition en matière
d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Morin, madame et
monsieur, je voudrais vous souhaiter la bienvenue au nom de l'Opposition
officielle. Comme le faisait remarquer tout à l'heure M. Roy, la
position que vous défendez est assez proche de celle que nous
défendons, avec la différence, cependant, pour les raisons que
j'expliquais tout à l'heure, qu'on ne peut pas déroger pour le
moment à l'article 93 de la loi. Cependant, le ministre aurait dû,
à notre avis, poursuivre l'appel du jugement qui avait été
logé contre le jugement du juge Brassard touchant la loi 3. Ce jugement
a malheureusement invalidé, comme je le disais tout à l'heure,
toute la loi 3, c'est-à-dire qu'il l'a rendue inapplicable en vertu
seulement des quelques articles qui étaient considérés
comme étant inconstitutionnels. C'est, selon certains juristes, sans
précédent. C'est sans précédent et très
probablement qu'un appel logé nous aurait permis de rendre applicable la
loi 3 dans les autres dispositions. Ce que je dois comprendre dans la
décision du ministre de ne pas poursuivre l'appel qui était
logé, c'est qu'il ne voulait pas que certaines autres dispositions
viennent s'appliquer. Là, à présent, on est en mesure de
voir quelles dispositions de la loi 3 le ministre ne voulait pas voir
appliquées éventuellement, dans le cas où la Cour d'appel
nous aurait donné raison, c'est-à-dire l'application des autres
dispositions. Comme vous le soulignez, toutes les questions qui touchent la
responsabilité, la définition des responsabilités
gouvernementales en matière de services éducatifs disparaissent
du projet de loi qu'on a actuellement sur la table, qu'il s'agisse des services
de garde, de la gratuité à l'éducation des adultes, du
service complémentaire, etc., en même temps que disparaissent les
obligations du ministre de consulter les grands organismes nationaux. Il impose
la consultation à de multiples reprises aux commissions scolaires, aux
écoles et, lui, il ne se tient pas pour obligé. Il invoque le
fait qu'il y a une nouvelle loi qui oblige le gouvernement à publier ses
règlements de manière que les organismes puissent réagir.
Cela n'identifie pas les organismes, cela ne lui fait pas obligation de les
consulter. Il est en attente des réactions des organismes après
publication du règlement. Moi, je trouve que c'est déplorable et
que cela constitue un net recul.
Dans votre mémoire, vous parlez d'un regard sur le passé.
J'estime que le projet de loi qu'on a sur la table, c'est une version
ratatinée de la loi 3. Malheureusement, je ne suis pas capable de
l'exprimer autrement parce qu'on perd des acquis, c'est un recul inacceptable.
Parce que la loi 3, dans ses autres dispositions, c'était un acquis
qu'on s'était collectivement consenti.
M. le député de Rimouski, tout à l'heure, rappelait
des sondages qui ont été menés ici, dans la région
de Québec, sur le désir des parents de conserver des
écoles confessionnelles. Moi, je prétends que ce sont les outils
qui sont donnés, les moyens qui sont fournis, aux comités
catholiques, au conseil supérieur, aux sous-ministres, de fois
catholique et protestante, aux conseillers en éducation
chrétienne, puis là, mettez-en, tous ces moyens qui leur sont
fournis et sans commune mesure avec ce qui serait fourni aux parents qui
souhaiteraient l'enseignement moral. Alors, ma question est la suivante:
Étant donné qu'on a cela dans le projet de loi et qu'on l'a
également dans les règlements, c'est-à-dire qu'on a
réaffirmé ces structures qui sont très fortes et qui
viennent influencer les orien-
tations des écoles, est-ce qu'il ne serait pas souhaitable que
dans la loi actuelle apparaisse en contrepartie de ce pouvoir des catholiques
et des protestants l'équivalent d'une structure pour ceux qui
désirent l'enseignement moral?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Lalande ou M.
Morin.
Mme Blackburn: Logique, mon cher Watson.
M. Morin: Sur la question des sondages, il faudrait voir la
question. Je n'ai pas vu la question. Je sais que chez les parents du
Québec, il y a, dans une grande mesure, un désir de faire donner
un enseignement religieux aux enfants à l'école, ce qui ne veut
pas dire une école confessionnelle, il y a une différence,
là. Pour nous, l'école déconfessionnalisée,
l'école laïque, peut laisser place à un enseignement
religieux, mais un enseignement religieux décloisonné,
c'est-à-dire que ce ne serait pas strictement catholique, protestant.
Si, dans un coin de Rimouski, Chicoutimi, Montréal ou Québec, il
y a suffisamment d'enfants de religion bouddhiste qui veulent avoir de
l'enseignement bouddhiste, pourquoi pas? Si ailleurs, ce sont des musulmans,
pourquoi pas? Cela pourrait régler, entre autres choses, le cas des
enfants qui étudient dans des écoles dans la région de
Montréal et qui sont obligés d'aller dans des écoles
privées pour étudier la religion juive. Leur problème
pourrait être réglé. Ce qui les intégrerait
davantage à la collectivité québécoise, je pense.
Cela, c'est un des problèmes.
Pour ce qui est du problème constitutionnel, c'est sûr que
ce problème-là existe. C'est sûr qu'on ne sait pas ce que
le tribunal aurait pu dire dans le cas de ia loi 3 si l'appel avait
été poursuivi - on ne sait pas toujours - sauf qu'on a une bonne
idée qu'une fois rendu en Cour suprême, cela ne tombe pas toujours
du côté qui fait le plus plaisir au Québec et, justement,
cela nous ramène à la case 1. S'il y a une tare, s'il y a un
défaut quelque part, c'est dans la constitution elle-même et il
faut le modifier là. Mais, en attendant, il y a des mesures qu'on peut
prendre pour enlever beaucoup des aspects confessionnels du système
d'éducation du Québec actuellement. Et cela peut se faire sans
que cela porte atteinte à l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique ou au Canada Bill. Cela pourrait se faire à peu près
immédiatement.
M. Roy (Louis): Juste pour compléter, si vous
permettez.
Mme Blackburn: Oui. (18 heures)
M. Roy. À propos d'une structure pour les autres, ce
matin, à la commission, vous avez entendu et nous avons entendu aussi le
Mouvement scolaire confessionnel du Québec qui a aussi proposé
cette formule-là qui, finalement, complique encore plus la situation. Je
pense qu'il faut se rendre à l'évidence qu'il faut choisir des
structures scolaires qui sont, soit confessionnelles, soit linguistiques. Si on
essaie de répondre aux deux attentes, on se trouve à compliquer
les structures et à en faire des structures conflictuelles aussi. C'est
ce que l'Association provinciale des enseignants protestants nous a dit aussi,
à savoir que les conseils d'orientation, si les problèmes
confessionnels ne sont pas réglés, vont constituer des terrains
de bataille dans les écoles. C'est un danger qu'on peut éviter en
prenant un choix clair. Ce qu'on a dit à propos de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, ce n'est pas d'en faire fi, de faire
comme s'il n'était pas là et de provoquer un affrontement. Ce que
nous avons dit dans notre mémoire, c'est que le gouvernement devrait
entamer immédiatement des démarches visant à retirer ces
articles. Le projet de loi 107, à ce point de vue, risque d'être
inutile dans le sens où on va être appelé de toute
façon à soumettre la cause à la Cour d'appel qui va nous
dire et nous répéter ce qu'on sait, soit qu'il y a des droits
confessionnels et on n'en sortira pas. À partir du moment où on
admet le droit à la constitution de commissions scolaires dissidentes,
ce qui est un droit inclus dans la constitution et défini par l'article
93, on se trouve à redonner un contenu confessionnel à des
commissions scolaires dites linguistiques et on se trouve à les
dédoubler etc. On n'en sort pas si on ne fait pas un choix clair. Notre
choix est en faveur de commissions scolaires linguistiques.
Mme Blackburn: M. le Président, ma remarque, c'est dans le
cadre de ce que nous propose le projet de loi... Je comprends que cela n'est
pas très clair, ce n'est pas garanti et ce n'est pas assuré. Ce
sont des commissions scolaires linguistiques, à l'extérieur de
celles qui sont protégées et avec la possibilité à
la dissidence... Mais, ce que je me disais, pour au moins donner un minimum de
chances aux parents qui choisissent l'enseignement moral de voir leurs droits
respectés... On n'a même pas ce minimum de garanties.
Actuellement, les pressions sont telles que... Pression morale, pression du
milieu sur des enfants qui finissent par dire: Maman, je veux aller à
l'enseignement religieux. Ce n'est pas compliqué.
Même les sondages, à mon avis, mériteraient
d'être examinés de très près. Je suis comme vous. Je
n'ai pas vu les questions. Je ne sais pas comment est présenté
l'enseignement moral ou l'école dite neutre. Là-dessus, je
voudrais voir cela parce que, essentiellement, ceux qui ont la tâche de
faire ce genre de sondage sont ceux qui ont déjà pris parti pour
la confession à l'école. Je me dis: Au moins, donnons-nous un
minimum de chances. Donnons à ces parents le droit à un minimum
de soutien pour s'assurer qu'au moins leurs droits soient respectés avec
ce projet de loi parce qu'il y a tout lieu de croire que c'est
probablement avec quelque chose qui va ressembler à cela qu'on va
se retrouver.
J'avais une toute petite question. Vous proposez que le Conseil
supérieur de l'éducation soit plus que consultatif. J'ai
présidé un conseil consultatif et cela m'apparaît
difficilement acceptable du moment où les gens qui ne siègent pas
là-dessus n'ont pas à rendre de comptes. Ils sont nommés
ou désignés par des groupes même si ce sont des
représentants désignés par voie électorale par les
grands syndicats, par les commissions scolaires. Ils ne sont pas élus au
suffrage universel et leurs postes, n'étant pas remis en question tous
les quatre ans comme cela se veut par notre système démocratique,
cela m'apparaît difficile de leur donner de réels pouvoirs sur les
grandes orientations. Oui?
Mme Lalande: J'attendais que M. le Président me donne la
parole.
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Lalande: D'accord. Je vais revenir un peu en arrière.
Quant à une structure sur l'enseignement moral, je pense que ce serait
vraiment un pis-aller, en ce sens que nous croyons que le système
devrait entièrement être construit sur la base où c'est
l'enseignement moral laïc qui a prédominance. En
conséquence, on n'aurait pas besoin d'un comité de l'enseignement
moral. Ce serait le système. Ce serait vraiment un pis-aller en
attendant possiblement la modification de l'article de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique. Justement, quant au choix ou à la
valeur des sondages qui sont faits, je veux seulement vous raconter une petite
anecdote pour vous donner effectivement un exemple de ce qui peut se passer.
Actuellement, le régime qui existe, c'est que les parents choisissent -
je parle d'écoles primaires - pour leur enfant l'enseignement moral ou
religieux, catholique dans le cas de l'exemple que je vais vous donner.
Dans une école où ce choix avait été fait
par les parents, l'animateur de foi pastorale a rappelé tous les parents
qui avaient choisi l'enseignement moral pour leur dire: Êtes-vous bien
sûrs que c'est l'enseignement moral que vous voulez? Cela dénature
un peu les sondages quand on voit que des pressions comme celles-là sont
exercées. En ce sens, il est sûr que les structures
confessionnelles qui peuvent être abolies dans le cadre de la loi
actuelle et du régime constitutionnel actuel devraient l'être
rapidement pour éviter ce genre de situation.
Quant au Conseil supérieur de l'éducation, le rôle
qu'on aimerait lui voir tenir est de définir des orientations qui
devraient guider le ministre et non pas de légiférer. Autrement
dit, actuellement, le Conseil supérieur de l'éducation a le
rôle de répondre aux questions du ministre. On croit qu'il devrait
susciter lui-même certains débats et lancer auprès des
législateurs des dispositions, des orientations. C'est ce rôle
qu'on voudrait lui voir donner, évidemment, à partir du moment
où le Conseil supérieur de l'éducation serait
modifié de fond en comble pour être un organisme de conseil et de
consultation, représentatif des parents, des élèves des
personnels de l'éducation et des commissions scolaires et non pas
constitué tel qu'il l'est actuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. La
dernière intervention, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'aimerais juste vous dire que le Conseil
supérieur a déjà ce pouvoir en vertu de sa loi
constitutive. Il est prévu qu'il fasse annuellement rapport sur
l'état et les besoins de l'éducation - d'ailleurs, on a des
rapports qui sont assez consistants - sauf que cela ne fait pas obligation au
ministre de s'inspirer de ces rapports, malheureusement, pour définir
ses grandes orientations.
Je partage - je l'ai dit tout à l'heure - pour l'essentiel vos
positions. J'ai eu l'occasion de le dire ici à maintes reprises. Je
voudrais seulement vous dire aussi, madame, que ce que vous citez comme cas
d'un directeur d'école qui appelle les parents pour dire: Pourquoi
l'enseignement moral? Il y a justement un directeur d'école qui nous a
dit ce matin qu'il faisait cela. Il a dit: II n'y a pas de problème.
Quand je leur explique ce qu'est l'enseignement religieux, les parents les
envoient à l'enseignement religieux. Il est certain qu'il y a quelque
chose de faussé dans ce système. Cela ne peut pas fonctionner.
Là-dessus, je vous donne tout à fait raison.
Je partage votre avis à savoir que ce projet de loi ne
définit pas de façon claire le droit à l'éducation.
Je cite une partie de votre mémoire. Vous dites: "Contrairement à
la défunte loi 3, le projet de loi 107 ne définit pas la nature
ni les objectifs des services éducatifs et des services
complémentaires. Selon ce projet de loi, les personnes auraient droit,
de cinq ans à seize ans, à ce que le gouvernement voudra bien
leur donner. Un droit aussi fondamental et aussi mal défini ne peut
qu'ouvrir la porte aux choix arbitraires, essentiellement d'ordre
budgétaire, qui ont traduit la situation actuelle. "
Le ministre veut toujours se faire rassurant en disant: Ce n'est pas
vrai. On n'a pas l'intention de couper là-dedans. Je vous dis: C'est
l'actuel ministre. Il peut être sincère. Je lui donne le
bénéfice du doute, mais qu'on prenne seulement le
président du Conseil du trésor et qu'on l'assoie sur le
même siège, la réaction du ministre est de dire: C'est
vrai. On ne fait pas un projet de loi en vertu d'un ministre, si bon soit-il,
on le fait en fonction de l'avenir.
Je vais conclure en vous remerciant d'être
venu enrichir la réflexion de la commission parlementaire de
l'éducation. Souhaitez que le ministre soit sensible aux
représentations qui ont été faites ici. Il se
dégage au moins une certaine forme d'unanimité sur au moins une
question, à tout le moins, la centralisation; cela fait
l'unanimité sur la qualité des services, également. Je
souhaite que le ministre entende raison à un moment donné ou
à tout le moins qu'il puisse influencer le président du Conseil
du trésor pour qu'on ne coupe pas un peu partout et
particulièrement dans ce qui constituait les acquis réels
consentis par la loi 3.
M. Morin, vous n'êtes pas encore habilité à
siéger à l'Assemblée nationale, mais, ce n'est
peut-être pas si loin le jour où on verra des
élections. On aura peut-être le plaisir. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah! Je ne sais
pas. On ne sait jamais.
Mme Blackburn: Au revoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Mme Lalande, M. Morin et M. Roy, je vous
remercie, au nom de la partie ministérielle et au nom du ministre, de la
présentation de votre rapport. Je pense que c'est un tour d'horizon
qu'il est important d'analyser et dont on doit tenir compte dans l'approche que
vous avez des projets qui sont devant nous, les projets de loi 106 et 107. Pour
contredire un peu ou pour apporter un élément
supplémentaire, vous semblez remettre en cause la question des
consultations qui sont faites auprès des parents. Je dois vous dire que
cette consultation a une valeur, à mon avis, dont il faut tenir compte,
sans cela, c'est ne pas faire confiance à l'intelligence des parents. Je
pense qu'on doit leur faire confiance et c'est le reflet de la
société.
Cela étant dit, madame et messieurs, je vous remercie et je vous
encourage à continuer à nous aider à donner au
Québec le meilleur système d'enseignement. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur ce,
madame...
Mme Blackburn: Juste une petite remarque. Je veux dire à
M. Morin qu'il n'a probablement pas choisi le bon comté pour s'asseoir
rapidement à l'Assemblée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
ajourne ses travaux jusqu'à mardi 10 heures; elle les reprendra à
la salle du Conseil législatif en accueillant la Commission des
écoles protestantes du Grand Montréal.
(Fin de la séance à 18 h 12)