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(Seize heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les membres de la commission de l'éducation à
prendre place. La commission va commencer ses travaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplaçants?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que nous
avons quorum, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, nous avons
quorum.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si nous
avons quorum, je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle que
la commission permanente de l'éducation siège dans le cadre du
mandat qui lui a été confié par l'Assemblée
nationale, à savoir... À l'ordre, s'il vous plaît! Je vous
rappelle le mandat de cette commission, à savoir l'étude des
projets de loi 106 et 107, Loi sur les élections scolaires et Loi sur
l'instruction publique.
La commission permanente de l'éducation accueille cet
après-midi la Confédération des syndicats nationaux, dont
la porte-parole est Mme Céline Lamontagne, qui est en la
vice-présidente. Mme Lamontagne, nous vous souhaitons la bienvenue et
vous remercions d'avoir bien voulu répondre à l'invitation de la
commission en venant nous faire connaître votre point de vue sur ces deux
projets de loi.
La commission vous entendra jusqu'à 18 heures. Nous nous sommes
donné jusqu'à 18 heures pour écouter vos
représentations. Ne vous sentez pas non plus limités par le
temps. Je vous suggère de prendre une vingtaine de minutes pour
présenter votre mémoire et le reste du temps sera réparti
équitablement entre les deux formations politiques avec lesquelles vous
avez l'occasion d'échanger des propos.
Mme Lamontagne, pour les besoins de l'enregistrement du Journal des
débats, je vous invite à nous présenter les personnes
qui vous accompagnent et à commencer immédiatement la
présentation du mémoire de la CSN. Madame.
Confédératon des syndicats
nationaux
Mme Lamontagne (Céline): Bonjour. Merci, M. le
Président. D'abord, je veux signaler que cela nous fait plaisir et on
remercie la commission d'avoir accepté de nous entendre aujourd'hui. Je
vais d'abord vous présenter les personnes qui m'accompagnent. À
ma droite, Mme Ginette Guérin, présidente de la
Fédération des employés, services publics de la CSN,
à laquelle est affilié le personnel de soutien des commissions
scolaires; Mme Rose Pellerin, présidente de la Fédération
nationale des enseignants et enseignantes du Québec, et M. Pierre
Lanouette qui a travaillé à la recherche pour la
préparation de notre mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mesdames et
messieurs, soyez les bienvenus. Madame, nous vous écoutons.
Mme Lamontagne: Nous allons tenter de nous limiter à la
période de 20 minutes...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est une
suggestion seulement. Si cela prend 25 ou 30 minutes, ne vous gênez pas,
ne vous sentez pas pris dans un carcan.
Mme Lamontagne: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est seulement
une suggestion que je vous ai faite.
Mme Lamontagne: Jusqu'ici, les deux projets de loi à
l'étude actuellement et particulièrement le projet de loi 107 ont
suscité un vif intérêt de la part de beaucoup d'organismes,
à preuve les nombreux mémoires que vous avez reçus. On a
aussi parlé de refonte en profondeur de la Loi sur l'instruction
publique. À la CSN, on tenait à participer à ce
débat comme on le fait depuis toujours, je dirais même depuis les
débuts de notre existence. On a toujours considéré que la
question de l'éducation était très très importante
et on tient à faire connaître nos positions, à formuler nos
revendications. Dans un passé plus récent, on a participé
et on a donné notre point de vue sur le projet de loi 40 et sur le
projet de loi 3 et on a même négocié à
l'échelle nationale, dans le cas du personnel de soutien, un protocole
d'entente de façon que les fusions volontaires des commissions scolaires
se fassent dans l'harmonie et le respect des travailleuses et travailleurs
impliqués dans ces fusions.
Aujourd'hui, je pense que le projet de loi 107 vise un nombre important
d'objectifs. On n'a pas traité de chacun des aspects du projet de loi
107 et on ne traite à peu près pas du projet de loi 106, mais on
s'est arrêté sur des points qui nous apparaissent fondamentaux.
D'abord, un des points qui suscite peut-être le plus de débats,
c'est la restructuration des commissions scolaires sur une base linguistique
plutôt que confessionnelle. On va aussi traiter de toute la
redistribution des responsabilités à l'intérieur de
l'école et des commissions scolaires, de la modification du rôle
et surtout de la composition du conseil de IHe de Montréal. On veut
aussi aborder la question des personnels qui sont affectés dans
les restructurations proposées dans la loi 107. Cela nous
apparaît un danger majeur à notre niveau.
Mais avant d'aborder chacun de ces points, on tient à
réaffirmer que seul un système d'éducation public et
laïque peut donner une chance égale à tout le monde
d'obtenir une éducation de qualité. En termes de constat
général, dans la loi 107, même si on parle
d'éducation pour adultes, on considère qu'encore une fois, tout
le secteur de l'éducation des adultes fait encore figure de parent
pauvre. Pourtant, c'est une clientèle de plus en plus importante, qui a
de plus en plus de besoins et où il y a de nombreuses
priorités.
Sur l'éducation des adultes il y a deux aspects qu'on tient
à signaler. D'abord, on s'interroge sur l'accessibilité à
l'éducation des adultes dans la mesure où le droit à
l'éducation des adultes est comme limité dans le projet de loi
107. On s'interroge aussi sur la gratuité. Est-ce qu'on reconnaît
des services gratuits? Il nous semble qu'on devrait réaffirmer le
principe de l'accessibilité à l'éducation des adultes et
à la gratuité à des services éducatifs pour les
adultes.
L'autre aspect touchant toujours les adultes - ce n'est pas dans notre
texte écrit, mais on tient à le signaler aussi - c'est la
question de la représentation, par exemple, dans les comités de
consultation. Il n'y a aucune mention que l'étudiant adulte doit faire
partie du comité d'orientation dans l'école. On ne parle pas
spécifiquement de l'étudiant adulte. Pourtant, on parle, et c'est
très correct, des étudiants au niveau secondaire. Alors, ce sont
des points qui nous apparaissent fondamentaux, quant à
l'éducation des adultes.
Un autre point qu'on veut traiter, c'est toute la question de la
déconfessionnalisation qui est un des objectifs du projet de loi 107.
C'est sûrement le point qui a fait le plus couler d'encre jusqu'ici et
qui a suscité des grands débats. On est d'accord sur le principe
de déconfessionnaliser les commissions scolaires en les restructurant
sur une base linguistique. On avait déjà pris cette position lors
d'un projet de loi antécédent. Cela rejoint des revendications
qu'on avait. On pense effectivement que le système scolaire doit tenir
compte d'une société où le nombre d'immigrants augmente,
d'une société qui est aussi de plus en plus pluraliste dans les
idées et la religion.
Cependant, et ce à l'instar de beaucoup d'autres groupes, si on
déconfessionnalise les structures de l'éducation, on
considère que le contenu n'est à peu près pas
déconfessionnalise. D'abord, les commissions scolaires sont tenues de
donner l'enseignement religieux, soit l'enseignement catholique ou
l'enseignement protestant. Pour renforcer la structure de l'enseignement, on
ajoute un cadre dans les commissions scolaires qui sont affectées au
soutien de cet enseignement-là. De plus, le droit d'obtenir des services
catholiques ou protestants est reconnu, alors qu'en ce qui concerne les autres
religions, on a une certaine ouverture, qui est effectivement nouvelle,
à l'enseignement d'autres religions, mais c'est loin d'être les
mêmes services que ceux qui sont acquis pour les religions catholique et
protestante.
D'autre part, le projet de loi mentionne à plusieurs reprises le
rôle des comités catholique et protestant. Ils ont un rôle
important pour ce qui est du projet éducatif. On croit que
l'enseignement religieux devrait principalement relever des Églises et
des communautés religieuses. Dans le passé, nous avons souvent
prétendu que ce devait être un réseau public et laïc.
On ne nie pas l'importance et le rôle qu'ont joué les
communautés religieuses en matière d'éducation au
Québec, mais on considère qu'actuellement il y a des changements
dans l'identification de la société québécoise et
que cela n'a pas la même justification aujourd'hui, en 1988, de continuer
une école où on enseigne, où la religion catholique et la
religion protestante ont une place aussi importante. Alors, on considère
et on répète qu'il faut que l'école soit de plus en plus
le reflet d'une société pluraliste, d'une société
de plus en plus diversifiée, de plus en plus
hétérogène.
L'autre aspect, qui nous apparaît dangereux, toujours sur la
confessionnalisation, quand on dit "les commissions scolaires linguistiques",
on donne ouverture aussi au concept des écoles confessionnelles. Cela
nous apparaît dangereux et, en plus, dans les cas où il y a eu des
débats pour savoir si l'école va être confessionnelle ou
laïque, on a connu des expériences où il y a eu des
déchirements et des tiraillements importants. On trouve qu'on ne devrait
pas avoir cette ouverture, c'est-à-dire que les écoles ne
devraient pas non plus avoir de statut confessionnel.
L'autre aspect qui nous fait dire que la déconfessionnalisation
des structures est théorique, c'est tout le cas de le CECM et de la
commission scolaire protestante de Montréal et de la CECQ. On
répète une revendication, une demande qui a été
faite par plusieurs autres groupes. C'est une vérité très
connue, une évidence actuellement que le portrait de la population de
Montréal se modifie. En ce qui concerne la région de
Montréal, cette population-là est le plus affectée par les
changements en matière de pluralité, en matière de
multicité des ethnies, et pourtant, le projet de loi ne garantit pas que
la CECM et les commissions scolaires de l'île de Montréal, entre
autres, protestante et catholique, vont devenir des commissions scolaires
linguistiques. On demande aussi que l'article 93 de la constitution canadienne
soit abrogé pour permettre une véritable
déconfessionnalisation des trois grosses commissions scolaires du
Québec.
On sait aussi - et ce n'est pas innocent non plus - que, à cause
de cette situation de confessionnalisation, entre autres à la CECM,
il
y a de plus en plus de francophones qui vont à la commission
scolaire protestante. Finalement, c'est un déversement de la population
francophone, qui devrait demeurer dans la commission scolaire mais elle va
à une commission scolaire protestante parce qu'il y a une plus grande
ouverture d'esprit et une plus grande possibilité de reconnaissance des
différentes croyances religieuses ou des différentes
adhésions morales. Cela nous apparaît un aspect majeur, la
question de l'abrogation de l'article 93 de la constitution. C'est vraiment
majeur si on prétend transformer les commissions scolaires ou
structurer, changer la structure des commissions scolaires.
Sur les structures internes, à l'école et aux commissions
scolaires, c'est évident qu'on est favorable à l'implication des
parents et des membres du personnel dans les comités, soit au conseil
d'orientation, entre autres. On est favorable, mais on tient à ce que ce
soit une véritable participation et une véritable consultation,
que ce ne soit pas juste une façade de consultation.
Un des aspects qu'on voulait souligner aussi, toujours dans les
structures internes, mais aussi dans l'ensemble des participants au projet
d'éducation dans une école, que ce soient les parents, les
étudiants, les enseignants et les autres personnels, c'est la question
des obligations des enseignantes et enseignants. On sait que le projet de loi
définit de façon assez exhaustive les obligations des
enseignantes et des enseignants. On peut y voir là - et je pense que
c'est important de le signaler - l'importance qu'on accorde aux enseignantes et
aux enseignants dans le projet éducatif, mais on tenait à faire
une certaine mise en garde d'avoir des contraintes face à des
personnels, alors qu'il y a des conventions collectives qui existent et ces
contraintes ou ces obligations devraient à certains niveaux être
négociées dans les conventions collectives.
L'autre aspect, c'est que le projet de loi devrait garantir, toujours en
ce qui concerne les enseignantes et les enseignants, que les lieux de
consultation du personnel qui sont prévus dans les conventions
collectives soient respectés dans la loi.
Concernant le conseil d'orientation plus précisément, on
est d'accord avec la création obligatoire de conseils d'orientation
où tous les intervenants et les intervenantes sont
représentés et on est d'accord avec l'élargissement de la
participation des parents, des enseignantes parce qu'on pense que cela va
favoriser l'implication et la collaboration de toutes les parties et que cela
ne peut que favoriser l'amélioration du projet éducatif de
l'école et qu'améliorer la démocratie à
l'intérieur de l'école. Par ailleurs, on demanderait, là
où le nombre le justifie et où il y a assez de personnes qui y
travaillent, que les employés de soutien et les professionnels et
professionnelles soient représentés de façon distincte au
conseil d'orientation.
Actuellement, le projet de loi prévoit une représentation
de l'une ou de l'autre, mais on pense que là où ils sont assez
nombreux, il devrait y avoir une représentation distincte dans la mesure
où leurs rôles ou leurs tâches sont différentes
à l'intérieur de l'école.
Concernant le conseil d'orientation, un autre aspect important, c'est
que le directeur doit avoir une obligation que ce conseil soit consulté
sur les sujets qui relèvent de sa compétence, toujours dans
l'optique qu'il n'ait pas un rôle plus ou moins factice, mais un
véritable rôle dans l'école.
Au sujet des comités d'école, actuellement, le projet de
loi les rend facultatifs. On considère qu'avec le rôle qu'ils ont,
ils devraient ne plus exister dans la mesure où on a donné un
plus grand rôle au conseil d'orientation, parce que les sujets sur
lesquels ils sont consultés sont déjà des sujets sur
lesquels le conseil d'orientation est consulté. On pense aussi que le
lien qui doit se faire avec le comité de parents de la commission
scolaire doit se faire par le conseil d'orientation et non pas par le
comité d'école. On considère que, dans ce
contexte-là, s'il y a un bon conseil d'orientation, c'est
représentatif des parents et des autres intervenants. On pense alors que
le comité d'école devient un peu superflu.
Au sujet des structures de consultation de la commission scolaire, on
est d'accord aussi avec l'élargissement du mandat du comité de
parents de la commission scolaire. Je répète que le lien qui
devrait exister entre le comité de parents de la commission scolaire
doit se faire par le conseil d'orientation et non pas par le comité
d'école.
Un autre aspect. On est favorable à la mise sur pied de
comités consultatifs des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage, mais on se pose la question: Pourquoi veut-on exclure de
ces comités les employés de soutien qui dispensent les services
à cette clientèle? C'est fort important, dans la mesure où
le travail d'assistance, d'aide, de soutien par rapport aux
élèves en difficulté d'adaptation ou aux
élèves handicapés est peut-être encore plus grand
que par rapport aux autres élèves. D'ailleurs, il y a une
enquête qui a été faite par le comité patronal des
négociations qui démontre qu'un certain nombre d'employés
qui travaillent auprès des élèves handicapés le
font pour un élève handicapé. Cela veut dire que c'est une
assistance presque continue avec ces personnes. Donc, il nous apparaît
important qu'ils soient présents au comité consultatif, parce
qu'ils ont aussi un rôle presque d'ordre pédagogique, puisqu'ils
sont constamment, dans certains cas, avec ces élèves, selon le
genre de handicap qu'ils ont. Par ailleurs, toujours sur la question des
élèves handicapés et des élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, le projet de loi ouvre
la
porte à ce que ces services soient donnés en
sous-traitance. On considère que ces services devraient être
donnés comme les autres services par la commission scolaire. D'ailleurs,
on mentionne dans notre mémoire deux situations à la commission
scolaire Iberville et à la commission scolaire non pas de la
Côte-Nord, comme c'est mentionné dans notre rapport, mais la
commission scolaire de la Jeune Lorette où on a donné des
contrats à sous-traitance, c'est-à-dire que les services aux
handicapés n'étaient pas effectués par du personnel de la
commission scolaire. Des griefs ont été déposés et
gagnés. Dans un cas, on a même eu recours à Office
Overload. À notre avis, le projet de loi devrait fermer la porte
à la possibilité pour la commission scolaire de demander à
d'autres de donner des services à cette clientèle.
Alors, en termes de propositions, nous croyons d'abord que le
gouvernement doit reconnaître une priorité à
l'éducation des adultes; on doit garantir l'existence de services
éducatifs aux adultes qui soient gratuits et accessibles à tous;
on pense que l'enseignement religieux doit être pris en main par les
communautés concernées et par les Églises et que
l'école doit respecter la nouvelle composition de la
société québécoise; qu'au niveau du conseil
d'orientation de l'école, les enseignants, le personnel de soutien et
les professionnels fassent l'objet d'une représentation distincte; que
les membres du comité de parents soient désignés par le
conseil d'orientation de l'école; que les directeurs et directrices
d'école soient obligés de référer au conseil
d'orientation les sujets qui les concernent; que les employés de soutien
puissent participer au comité consultatif des services aux
élèves handicapés; et qu'on ne fasse pas appel à la
sous-traitance pour la mise sur pied de services spécialisés.
Un autre aspect - nous avons presque terminé - ce sont tous les
mécanismes de respect des personnels lorsqu'il y aura restructuration ou
changement de commissions scolaires, lorsqu'on formera les commissions
scolaires linguistiques au lieu des commissions scolaires confessionnelles.
Actuellement - c'est encore en cours - il y a des fusions de commissions
scolaires aux niveaux élémentaire et secondaire, entre autres, et
on a négocié, il y a quelques années, un protocole de
mécanisme de transfert qui visait à respecter toutes les parties
dans les mécanismes de fusion. Pour ce qui est de la loi actuellement,
lorsqu'il y aura des transferts ou des redécoupages de commissions
scolaires, il y a deux articles qui touchent à cette
réalité. On souhaiterait avoir la garantie qu'il y ait, comme il
y a eu par le passé, un protocole de négociation au niveau
provincial qui prévoit les modalités de transfert et
d'intégration du personnel chez leur nouvel employeur et que tous et
chacun soient respectés.
Quelques mots seulement sur le conseil de l'île de
Montréal. Nous sommes inquiets des modifications à la composition
du conseil de I'îIe de Montréal, plus particulièrement au
fait qu'il y avait trois représentants des citoyens et qu'ils ne sont
plus au conseil de I'île de Montréal. (17 heures)
En terminant, je pense que sur des principes de fond, on est d'accord
avec le projet de loi 107, entre autres la confessionnalisation, les
commissions scolaires linguistiques plutôt que confessionnelles, une
implication plus grande, qui semble être souhaitée des
usagères et des usagers et du personnel dans le projet éducatif.
Par ailleurs, comme vous pouvez le voir, les modifications qu'on demande sont
très substantielles, elles changent fondamentalement le projet de loi
qui est devant nous et on souhaite que, évidemment, il y ait des
modifications qui soient faites. Il y a d'autres aspects du projet de loi 107
qu'on n'a pas abordés qui pourraient faire en soi l'effet d'un autre
mémoire, c'est toute la question du sens du projet éducatif. On
aurait pu aussi développer beaucoup plus quant à
l'éducation des adultes, toute la valorisation de l'école
publique, la question de la centralisation des pouvoirs, la question des
services complémentaires, plus particulièrement des services de
garde où on ne développe pas plus de services de garde. Pour
aujourd'hui, on s'en tient à ces aspects-là, mais y a d'autres
facteurs qu'on aurait souhaité aborder, qui sont aussi majeurs pour la
société et pour le Québec. Je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme Lamontagne. Maintenant, nous allons passer à la
période de discussion avec les membres de la commission et, dans un
premier temps, je vais reconnaître le ministre de l'Éducation. M.
le ministre.
M. Ryan: M. le Président, d'une manière
générale, j'ai apprécié le ton constructif du
mémoire qui nous a été présenté par la CSN
et la démarche de recherche et de réflexion qui
caractérise le document. Je remercie la délégation qui est
ici, de son apport à notre propre recherche qui est celle de toute la
collectivité québécoise et qui ne connaîtra de
conclusion que quand nous aurons entendu et examiné tous les points de
vue qui se présentent devant nous, y compris ceux qu'on nous a soumis
cet après-midi. Je pense que le mémoire, de façon
générale, témoigne d'un vif intérêt pour les
questions d'éducation dont nous savons gré à la centrale
syndicale. Parmi les observations que je voudrais peut-être soumettre au
début de mes remarques avant d'adresser quelques questions à la
délégation de la CSN, il y aurait peut-être les
suivantes.
Tout d'abord, je remarque que sur l'objectif des commissions scolaires
linguistiques, la CSN est d'accord avec le gouvernement, de même que sur
le rajeunissement des structures de participation qui président à
la vie de l'école. Il
y a des différences au niveau des modalités, mais de
façon générale, je ne pense pas exagérer en
considérant que la position de la CSN est plutôt favorable
à l'orientation du projet de loi.
Évidemment, au sujet des commissions scolaires linguistiques, il
y a un premier obstacle qui se dresse, c'est celui des commissions scolaires
protégées, surtout sur les territoires de Montréal et de
Québec. Nous sommes conscients de cette difficulté. La CSN en est
consciente aussi parce que tout en demandant que ce problème soit
réglé par une modification constitutionnelle, elle se montre
avertie des difficultés d'application pratique que ce recours ne peut
manquer de soulever. Et elle propose, en phase transitoire, au moins, certaines
mesures que j'aurai l'occasion de discuter tantôt. Nous sommes conscients
comme vous de ces difficultés, nous essayons d'y faire face,
évidemment, dans le respect des droits constitutionnels mais aussi dans
l'examen des problèmes qui découlent de l'interprétation
et de l'utilisation que certains sont tentés d'en faire.
Si nous avons choisi la démarche décrite dans le projet de
loi, c'est parce que nous voulions procéder par étapes. Nous
voulions d'abord que le projet de loi permette de délimiter avec plus de
précision l'ampleur exacte de la compétence législative du
gouvernement en matière de commissions scolaires et d'écoles et
la démarche qui suivra immédiatement l'approbation du projet de
loi sera, évidemment, un référé à la Cour
d'appel, accompagné de questions précises qui permettront de
faire la lumière sur un bon nombre de problèmes demeurés
obscurs depuis 1867. Mais ceci ne ferme pas la porte au recours qui est
mentionné dans le mémoire de la CSN. Le gouvernement ne rejette
pas l'hypothèse d'une éventuelle modification constitutionnelle.
Il juge que ce n'est pas l'étape à franchir hic et nunc,
c'est-à-dire ici et maintenant, mais il n'en rejette ni le principe, ni
l'éventualité future.
Vous avez des remarques abondandes au sujet de l'éducation des
adultes. Nous avons discuté de ce sujet l'autre jour avec une
délégation de l'Institut canadien d'éducation des adultes.
Je crois qu'à cette occasion, nous avons fait la lumière sur le
projet de loi. Il y a des critiques qui sont fondées dans ce que vous
avez dit. Lorsque vous dites, par exemple: On ne reconnaît pas le
principe de la gratuité pour l'éducation des adultes. Même
si je voulais affirmer le contraire, j'aurais de la peine à le trouver
dans le projet de loi; il n'est pas là.
Nous avons pensé - lorsque nous avons rédigé le
projet de loi, nous étions en pleine période
d'austérité budgétaire - que les circonstances ne se
prêtaient pas à une mesure comme celle-là et que mieux
valait prévoir une certaine marge de manoeuvre pour les commissions
scolaires, même si l'objectif du projet de loi va dans ce
sens-là.
Au stade de l'examen des amendements que nous ferons, nous allons
étudier la possibilité de resserrer un petit peu cette
partie-là. Peut-être faut-il prendre son bien où on le
trouve; et il est arrivé, dans plusieurs cas, que nous avons pris notre
bien dans la loi 3. Nous l'avons pris ailleurs, parfois. Parfois, jusque dans
le programme du Parti libéral du Québec. Parfois, non. Nous
examinerons la possibilité, peut-être, de reprendre un article qui
était dans la loi 3 concernant la gratuité de l'éducation
des adultes, au moins dans le cas des adultes qui s'inscrivent à des
cours en vue de l'obtention du diplôme d'études secondaires. Cela
serait déjà une amélioration sensible que nous n'excluons
pas, loin de là. Je suis content que vous insistiez sur ce
point-là, parce que cela nous rappelle une caractéristique du
projet de loi que la commission parlementaire a pour objet de nous permettre de
mieux percevoir. Alors, de ce point de vue-là, je pense que c'est bon de
le dire.
Sur le reste, je pense que si on avait l'occasion d'expliquer toute
l'économie du projet de loi, vous verriez qu'il est quand même
plus contraignant qu'on ne le pense et que certaines dispositions, qui peuvent
paraître comme des dispositions que j'appellerais dispensant les
commissions scolaires d'obligations, n'ont pas du tout cette
portée-là. Si on regarde l'ensemble des dispositions, pour les
commissions scolaires, il y aura obligation de fournir les services auxquels
les adultes ont droit, de par l'article 2 du projet de loi, mais nous ne
voulons pas que cela s'applique nécessairement à chaque
commission scolaire nommément, vu que nous ne pouvons pas avoir 212
services d'éducation des adultes à travers le Québec. Mais
les commissions scolaires qui seront désignées pour fournir
l'éducation des adultes sur leur territoire et peut-être sur un
territoire plus grand auront, elles, en vertu de retouches que nous envisageons
de faire au projet de loi, l'obligation de fournir ces services-là.
Parce que nous considérons, comme position gouvernementale, que, si des
droits sont accordés aux adultes ou reconnus - parce que cela n'est pas
vraiment accordé, c'est reconnu aux adultes - dans le projet de loi, il
doit en découler des obligations correspondantes pour les organismes qui
ont la responsabilité de fournir des services. Alors, de ce point de
vue-là, nous sommes portés à penser dans la même
ligne que vous, quitte à montrer, lorsque arriveront les textes
définitifs, que ce qui est dit là est vrai.
Ensuite, je voudrais peut-être dire un mot des structures internes
de l'école auxquelles vous consacrez plusieurs observations. Nous
autres, nous avons pensé que c'était mieux de mettre le
comité, le conseil d'orientation obligatoire, le comité
d'école facultatif, avec, cependant, certaines attributions en
matière de consultation. Vous autres, vous dites qu'il faudrait le
supprimer. Il y en a plusieurs qui nous ont fait la même remarque; vous
n'êtes pas les seuls. Hier, un organisme est venu nous dire qu'il
faudrait garder le comité d'école obligatoire et laisser le
conseil d'orientation facultatif. Il y a toutes
sortes de théories là-dessus. Mais j'aimerais entendre des
explications de votre part, tantôt.
Je finis mes commentaires avec le conseil scolaire de l'île de
Montréal. J'ai deux autres commentaires, celui-ci et un autre. Sur le
conseil scolaire de l'île de Montréal, ce que vous dites, je
pense, est compréhensible dans le contexte actuel. L'autre
problème, c'est que, dans l'état actuel des choses, étant
donné les jugements rendus ces dernières années, on ne
peut pas faire une obligation aux commissions scolaires confessionnelles
protégées de faire partie du conseil scolaire de l'île pour
certaines fins qui sont reliées à leurs attributions propres. Si
elles veulent en faire partie, pour ces fins-là, ou l'une ou l'autre de
ces fins, elles peuvent le faire. Il est arrivé un problème que
vous connaissez sans doute: c'est que, même quand elles acceptent de
participer pour certaines fins, on leur dit qu'elles n'ont pas le droit de
participer. On leur dit: Vous êtes dehors. Vous êtes dedans
seulement pour les fins précises que vous indiquez tandis qu'eux
prétendent qu'ils sont dedans, mais qu'ils sont dehors pour les fins
pour lesquelles ils ne veulent pas. Évidemment, quand arrive le vote...
Je vais vous donner un exemple concret. Quand on a choisi des officiers du
conseil scolaire de I'île, la CECM voulait voter, la PSBGM aussi et on
leur a dit: Vous n'avez pas d'affaire à voter. Alors, les officiers sont
élus par des représentants de commissions scolaires qui
représentent une minorité de la clientèle, à peu
près 33 % sur l'île de Montréal. C'est pour cela que nous
disons: Tout le monde en fait partie, mais pour certaines fins pour lesquelles
les commissions scolaires confessionnelles ne voudront pas et n'en feront pas
partie; et les responsabilités qui seront assumées par le conseil
au nom de tout le monde devront être prises avec l'assentiment des
commissions scolaires concernées. Il y a peut-être matière
à discussion sur la mécanique, sur la tuyauterie
là-dedans. Je vous donne l'explication de fond. On ne peut pas continuer
comme cela marche actuellement parce que c'est vraiment un organisme qui marche
avec une grosse béquille. Mais, s'il y a des améliorations
possibles, on va les examiner. Nous maintenons le principe d'un conseil
scolaire de l'île et je vous assure qu'en matière d'actions, pour
les milieux défavorisés, le plus gros de l'action dans ce domaine
vient encore des subventions générales du gouvernement aux
commissions scolaires et non pas de l'action très très marginale
qui est laissée au conseil scolaire de I'île dans ce domaine.
Quoi qu'il en soit, je suis content que vous ayez manifesté votre
préoccupation à ce sujet parce qu'il y a des points
d'interrogation auxquels on doit chercher des réponses. Le projet de loi
propose des réponses, mais elles ne sont pas définitivement et de
manière absolument intouchable la position du gouvernement à son
stade ultime.
J'ai pris note de vos remarques à propos des transferts de
personnel dans l'éventualité du passage des commissions scolaires
religieuses et confessionnelles aux commissions scolaires linguistiques. On
aura l'occasion de regarder cela de près. Je pense qu'on peut donner des
garanties peut-être un peu plus fortes que celles qui sont dans le projet
de loi en matière de consultation préalable.
Sur le caractère de notre système d'enseignement - je
termine là - vous voudriez un système d'enseignement public et
laïque "all the way", sur toute la ligne tandis que le gouvernement dit:
Au niveau de l'école, nous allons laisser une plus grande place aux
valeurs religieuses et morales des parents. Là, il y a une
appréciation différente de la réalité locale. Je
pense que, sans préjudice pour le respect que nous avons envers votre
organisme, nous autres, les personnels politiques, nous pensons être
peut-être plus proches des aspirations et des convictions de nos
concitoyens sur ces questions. Nous avons voulu que le projet de loi soit
calqué d'assez près sur les aspirations dont nous font part nos
concitoyens et nos concitoyennes régulièrement à
l'occasion de notre travail de présence dans nos comtés
respectifs. Mais nous laissons les voies ouvertes pour toutes sortes de
développements dans l'avenir. Ce qu'il y a de bon dans le projet de loi,
c'est qu'il ne met pas des clés partout. Il laisse des portes ouvertes.
Pour le moment, si vous en êtes rendus à tel point, nous tiendrons
compte de cela dans le façonnement des écoles. Si,
éventuellement, les opinions évoluent autrement, ce au sujet de
quoi personne n'a de certitudes, il n'y a rien qui empêche
l'évolution de se faire alors que sous le système que nous
avions, c'était souvent vissé de manière absolument
invincible.
C'est l'essentiel de la réaction que m'inspire votre projet.
J'apprécie énormément le ton sur lequel il nous est
présenté, et je vais vous dire, même sur les points
où nous ne sommes pas en accord avec la CSN, que nous allons regarder sa
réaction avec beaucoup d'intérêt et d'attention.
Question. Pourquoi éliminer complètement le comité
d'école? Est-ce qu'éliminer complètement le comité
d'école, ce n'est pas faire fi d'un certain droit d'association qu'on
doit reconnaître aux parents?
Mme Lamontagne: En ce qui concerne le comité
d'école, d'abord, il y avait deux raisons. On renforce le conseil
d'orientation et on donne une place aux parents. C'est sûr qu'en ce qui
regarde la discussion autour du projet éducatif, du projet de
l'école, c'est collectivement avec tous les intervenants... En tout cas,
c'est une façon intéressante et dynamique de le faire. Le
comité d'école dans ce contexte, on le trouvait un peu
vidé de sa substance, un peu vidé de son intérêt.
Aussi, en préparant le mémoire, des témoignages de membres
qui sont parents et qui ont participé à des comités
d'école et qui constatent... Les parents sentent un peu... À
certains niveaux, le comité d'école est un peu bidon. Si
on veut le replacer, si on veut... Je pense que dans notre esprit, loin de
là de dire aux parents qu'ils n'avaient pas le droit d'association. Ce
n'est pas dans notre ligne de pensée du tout. Mais on ne veut pas non
plus créer des comités qui soient un peu factices. Si on veut
remettre sur pied le comité d'école, il faudrait lui donner un
rôle, mais un vrai rôle de participation, de consultation avec, je
ne dirais pas des décisions à tous les niveaux, mais vraiment un
projet substantiel pour que cela soit stimulant et encourageant et que les
parents sentent qu'ils ont un mot à dire au sujet de l'orientation de
l'école. Mais si on dédouble le conseil d'orientation, s'il est
vidé, on ne voit pas pourquoi il demeurerait. Ce n'est pas stimulant
pour les parents d'avoir une structure qui ne donne rien ou presque. (17 h
15)
M. Ryan: J'ai une seconde question, si vous le permettez.
À propos du conseil scolaire de l'île, vous exposez certaines
difficultés dont nous avons été les témoins au
cours des deux dernières années. Pourriez-vous m'expliquer
peut-être davantage comment, selon vous, cet organisme pourrait
fonctionner, jouer un rôle utile? Pourquoi tenez-vous à ce que le
gouvernement continue à nommer trois membres au sein du conseil?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame. Monsieur.
Allez.
M. Lanouette (Pierre): Comment pourrait-il fonctionner?
Évidemment, le premier problème, ce sont les décisions
judiciaires qui ont effectivement créé l'imbroglio qu'on a connu
avec, entre autres, la CECM et la PSBGM. Si on pouvait, d'une part,
éliminer réellement la question des commissions scolaires
confessionnelles avec leurs droits inclus à l'article 93, ce serait la
première solution. L'avantage qu'on voyait au maintien des citoyens
désignés par le gouvernement, c'est que cela permettait d'aller
chercher un peu des arbitres qui se voulaient neutres tout en connaissant
évidemment la situation. La composition actuelle du conseil scolaire,
nonobstant les problèmes de juridiction actuels, mettait un peu un
pouvoir d'arbitrage entre les commissions scolaires de I'île et les deux
grosses commissions scolaires, la CECM et la PSBGM. Ces trois citoyens avaient
un peu la balance du pouvoir, ce qui évitait les chicanes, en tout cas
ce qui limitait probablement les chicanes stériles et pouvait permettre
de prendre des décisions. La situation actuelle, avec une composition
telle que proposée, vous donnez le pouvoir aux deux grosses commissions
scolaires, d'une certaine façon. Mais, dans la mesure où chacun
s'exclut mutuellement selon son bon plaisir, c'est évident que ce ne
sera pas facile à régler tant que l'article 93 va donner des
droits spécifiques à la CECM et à la PSBGM à ce
niveau-là. C'est comme cela qu'on l'envisage. C'est pour cela qu'on
recommande l'abolition de l'article 93, cela inclut aussi le fonctionnement du
conseil scolaire, si on veut qu'il continue à jouer le rôle
important qu'il a déjà joué et qu'il devrait continuer
à jouer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La deuxième
question du ministre: Pourquoi vous inquiétez-vous de l'absence des
délégués désignés par le ministre au
conseil, des trois représentants des citoyens, comme vous les
appelez?
Mme Lamontagne: Cela a été signalé par mon
collègue. C'est un peu leur rôle d'arbitre qu'on voyait, face aux
différentes tensions ou aux différents déchirements, pas
déchirements, mais tiraillements pour le moins, entre les
différentes commissions scolaires qui sont présentes au conseil
de l'île. On voyait que cela pouvait avoir un effet catalyseur et avoir
peut-être plus d'objectivité. C'est le rôle qu'on voyait
à ces trois personnes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. D'autres
interventions du côté ministériel? M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Vous semblez dire dans votre
mémoire et vous le dites effectivement, que l'enseignement religieux
devrait être sorti des écoles et des commissions scolaires. Cela
m'intrigue un peu parce qu'en fait, comme le disait le ministre tout à
l'heure, je pense qu'il faut tenir compte d'une réalité
québécoise, à savoir que les sondages qui sont faits un
peu partout nous démontrent de façon virtuelle que la population
veut avoir un enseignement religieux dans les écoles.
Nécessairement, le projet de loi prévoit que cette disposition
sera ramenée au niveau de l'école. Chacune des écoles
déterminera le choix de l'enseignement religieux qu'on voudra bien
donner à cette école. Je suis intrigué aussi au sujet de
votre rapport. Vous êtes une centrale syndicale. Est-ce que vous avez
consulté vos militants qui enseignent présentement la religion?
Est-ce qu'ils sont favorables à cela ou pas?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Lamontagne ou monsieur.
Mme Lamontagne: Nous n'avons pas fait un référendum
chez nos membres sur la question religieuse à l'école. On a
déjà débattu cette question-là à d'autres
occasions. Je suis certaine que du temps de la CTCC on était d'accord
pour l'enseignement de la religion à l'école, mais on
évolue aussi et quand on a déposé notre mémoire sur
la loi 40 et la loi 3, à ce moment-là, on était d'accord
sur la question du principe d'une école laïque, sauf qu'à
cause de la tradition, on pensait que l'enseignement religieux devait se
poursuivre à l'école. Par ailleurs, depuis quatre
ou cinq ans, il y a une évolution, la composition de la
population a changé. Peut-être qu'on n'a pas la même vision
de la réalité, c'est un fait, ce n'est pas juste en termes
d'arguments, il y a une vision de la réalité qui peut être
différente, mais on pense que, sinon maintenant, assez à court
terme, on devra changer aussi la question de l'école. Le fait de faire
des commissions scolaires linguistiques, c'est un pas en avant dans ce
sens-là. Le fait que les écoles ne soient plus, sauf au choix,
confessionnelles, c'est un autre pas. Par ailleurs, même si on maintenait
juste la question de l'enseignement des religions à l'école, il
demeure le problème pour les religions autres que catholique et
protestante, il y a un aspect discriminatoire et c'est de plus en plus une
réalité à laquelle on est confronté.
Deuxièmement, en plus du seul enseignement de la religion, il y a
des renforcements dans le projet de loi sur la question de l'enseignement
religieux. On parle d'un soutien dans les commissions scolaires. Le rôle
des comités catholique et protestant est encore important et doit
être celui de "censeur", entre guillemets, à plusieurs niveaux.
Si, par exemple, le projet de loi n'avait fait que maintenir l'enseignement des
deux religions catholique et protestante à l'école, mais qu'on
avait minimalement diminué les rôles des comités catholique
et protestant, qu'on n'avait pas renforcé aussi le soutien, on pourrait
dire: On va vers une évolution, mais la question qui se pose à
l'heure actuelle, même si on peut avoir une vision différente, et
ce, je comprends très bien, on le savait avant de venir ici, d'une
lecture différente de la réalité de la population au
Québec, il reste que le projet de loi actuel ne nous apparaît pas
comme étant un cheminement vers une plus grande pluralité, une
ouverture plus grande dans l'école, sauf la question des commissions
scolaires linguistiques. Je répète que cela pose aussi un
problème en ce qui concerne la CECM. Tout le monde l'a dit, plusieurs
l'ont manifesté, la CECM reçoit de moins en moins de population
francophone; celle-ci va à la commission scolaire protestante qui est
aussi religieuse, mais qui, historiquement, dans les dernières
années a montré une plus grande ouverture d'esprit, une plus
grande ouverture à plus de culture ou une plus grande pluralité.
De plus en plus, la population francophone et pas seulement des descendants
d'autres immigrants, mais aussi des Québécois, des descendants de
souche sont attirés vers une commission scolaire qui est de plus en plus
ouverte aux idées et à la religion.
Même si on n'a pas la même lecture de la
réalité actuelle, il y a une évolution qui se fera. Elle
se fait tranquillement, mais on ne voudrait pas qu'un nouveau projet de loi
où on prétend qu'il y a une refonte en profondeur de
l'instruction publique renforce la question de la présence de la
religion à l'école et, à certains niveaux, le projet de
!oi la renforce. C'est tellement vrai qu'on doit tenir compte de la charte
qu'on a deux articles dans le projet de loi qui disent que ce ne sera pas
discriminatoire en vertu de la charte, même si les religions catholique
et protestante ont une place plus grande à l'école. C'est un peu
dans ce sens-là. C'est un grand débat de société
cette question-là, mais on tiendrait, à ce que, même si on
peut comprendre à la rigueur que demain matin on ne peut pas cesser
l'enseignement des religions à l'école, qu'on aille vers une plus
grande ouverture, plutôt qu'un renforcement de deux religions en
particulier.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, madame.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme
Lamontagne. Je reconnais maintenant la porte-parole officielle de l'Opposition,
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, Mme Lamontagne, mesdames,
messieurs, cela me fait plaisir, au nom de l'Opposition officielle, de vous
souhaiter la bienvenue. J'ai apprécié, tout comme le ministre je
dirais, la modération dans vos commentaires, mais aussi un certain sens
pratique, qui vous fait aller à l'essentiel des questions qui
préoccupent particulièrement le groupe que vous
représentez.
Je dois vous dire tout de suite que, sans que cela ne m'étonne
autrement, la question du député de Rimouski qui veut un peu
mettre en doute la légitimité de votre intervention ou de votre
position touchant le caractère confessionnel de l'école est un
peu désolante. Évidemment, d'aller demander de façon
spécifique aux enseignants de religion et de morale s'ils sont d'accord
avec la position de la CSN, c'est un peu comme biaiser les résultats, et
les résultats seraient toujours les mêmes si vous n'alliez voir
pour savoir si cela sert bien les intérêts de la communauté
en général que le seul groupe qui pourrait, tantôt,
être pénalisé par la mesure adoptée. Je ne pense pas
que ce soit la façon la meilleure d'assurer une plus grande
démocratie. Je pense qu'il faut vous rassurer. On comprend que ces
gens-là ne sont pas des anges plus que les autres et qu'ils ne
souhaitent pas nécessairement que leur poste soit aboli. Je pense que
c'est assez spécial comme question.
Par ailleurs, les principaux concernés, peut-être pour
faire écho à ce que souffle le député de Rimouski,
c'est la population en général et les élèves et les
parents. Les enseignants ne sont que des moyens d'atteindre un certain nombre
d'objectifs et ne sont donc pas, au sens où l'entend le
député de Rimouski, les principaux intéressés. Les
principaux intéressés, lorsqu'on parle du caractère
confessionnel de l'école, c'est la population du Québec en
général.
Vous avez, parlant des écoles confessionnelles,
précisément répondu au député, que les
commissions scolaires protestantes avaient comme effet, à cause de leur
ouverture sur les différentes communautés, d'entraîner de
plus en plus
d'élèves qui sont admis à l'école
française dans leurs murs. Il y a même une commission scolaire
protestante qui est venue nous dire ici - et je dois reconnaître qu'elle
a en partie raison - que, somme toute, la commission scolaire protestante
était au Québec, !a seule des commissions scolaires qui
permettait des écoles communes et publiques, dans le sens qu'elle
faisait preuve de beaucoup d'ouverture et qu'elle accueillait toutes les
confessions religieuses.
Vous parlez également du renforcement du caractère
confessionnel de l'école, pour déplorer le fait que, par exemple,
on nomme un cadre responsable du respect du caractère confessionnel de
l'école, des encadrements, je présume, de même que des
programmes. Je me demandais, étant donné qu'on a le projet de loi
qu'on a actuellement - évidemment, on ne peut pas le refaire au complet
- s'il ne serait pas souhaitable, étant donné qu'on
reconnaît aussi la possibilité pour un parent ou un
élève de choisir l'enseignement moral, qu'on retrouve le
même type d'encadrement pour s'assurer qu'on respecte le droit des
personnes qui choisissent l'enseignement moral, et que les programmes et que
les activités à l'école respectent aussi ce droit. Est-ce
qu'il ne serait pas souhaitable qu'on retrouve un cadre à l'enseignement
moral, de même qu'on s'assure que les enseignants possèdent la
formation leur permettant d'enseigner la morale, parce que vous savez qu'avec
le règlement du comité catholique, on a des exigences assez
élevées quant à ceux qui seront autorisés à
enseigner la religion et la morale.
Ma question: Le projet de loi ne devrait-il pas prévoir deux
choses, qu'on ne peut pas retrouver dans le règlement du comité
catholique, cela va de soi, ni dans le règlement du comité
protestant, parce que cela ne relève pas de leur compétence?
Est-ce qu'on ne devrait pas retrouver dans le projet de loi les encadrements
qui permettent, qui assurent les parents que le droit de l'élève
sera respecté en matière d'enseignement moral, donc
peut-être un cadre à la commission scolaire, et deuxième
volet, une formation chez les enseignants qui leur permettrait effectivement
d'enseigner la morale et d'organiser des activités, par exemple
d'animation spirituelle ou morale? (17 h 30)
Mme Lamontagne: Sur la question précise que vous posez, je
pense qu'on n'a pas évidemment d'objection de principe. Je pourrais
aller jusqu'à dire que peut-être le seul cadre de soutien qu'il
devrait avoir, cela devrait être un cadre d'enseignement moral, puisque
la morale devrait être enseignée à tous et pour tous. La
seule crainte, c'est le dédoublement de nombreux cadres. Est-ce qu'on
peut pousser cela jusqu'à dire qu'on va avoir un cadre d'enseignement de
religion juive ou d'une autre religion? Cela ne se pose peut-être pas
partout. Mais sur le principe d'avoir un cadre pour l'enseignement moral et la
formation, le perfectionnement, pour s'assurer que cela soit vraiment de
l'enseignement moral, on n'a pas d'objection de principe. Cela pourrait
peut-être permettre que l'enseignement moral soit sur le même
niveau que les autres enseignements, les enseignements religieux. Mais c'est
une modalité, vraiment...
Le Président (NI. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Dans votre
mémoire, vous insistez beaucoup sur la nécessité de
maintenir, d'accorder la gratuité à l'éducation des
adultes. Vous me voyez réjouie du début d'ouverture dont semble
faire preuve le ministre de l'Éducation. Sans doute que le
harcèlement, je dirais, sur cette question, depuis le début des
travaux de la commission parlementaire, je dois constater que cela n'a
peut-être pas été inutile. Cependant, il ne me reste
qu'à souhaiter qu'on puisse offrir des services adéquats à
ces personnes-là et tout le problème de l'harmonisation des
clientèles reste entier par rapport aux services spécifiques
à chacune de ces clientèles-là: harmonisation des
clientèles jeunes et adultes. Cela va sûrement causer un
problème, lorsqu'on parle de spécificité de
l'éducation des adultes.
Vous parlez également de l'unification des commissions scolaires.
Je pense bien que le ministre a déjà répondu à un
groupe que cela n'était plus la mode et que personne n'avait
avancé cette hypothèse. Sauf que, on n'a pas l'impression que la
question a été récemment posée, ce qui fait qu'on
ne peut pas penser que les gens ont eu l'occasion de réagir sur cette
hypothèse qui serait une hypothèse extrêmement
intéressante.
En ce qui concerne l'établissement de structures scolaires, le
ministre nous dit qu'il devait aller, sur certaines questions, sur certains
articles de la loi, en avis auprès de la Cour d'appel, en
référé auprès de la Cour d'appel. Ce qu'on ne sait
pas, c'est sur quel article il va y aller. Mais on sait déjà,
cependant, que de nombreux organismes qui se sont présentés ici,
que ce soit l'Association des parents catholiques, la PSBGM, ont
déjà annoncé clairement leur intention d'en appeler des
tribunaux sur la légitimité, la légalité de cette
loi, en vertu des droits reconnus par la constitution canadienne.
Évidemment, je ne vous cache pas que c'est un peu, j'allais dire un peu
démobilisant en même temps qu'un peu inquiétant, parce que
le moindrement que cela s'en va devant les tribunaux... On connaît le
sort qui a été réservé à la loi 3 et les
délais nombreux que cela suppose. La situation, dans la région de
Montréal en particulier, devrait nous inquiéter tous, mais il
semble que cela ne soit pas le lot de tout le monde et cela nous laisse
songeurs, mais, en même temps, un peu inquiets par rapport à
l'énergie qu'on demande aux gens de consacrer à la
présente commission parlementaire, en regard
des résultats qu'on pourra éventuellement obtenir.
Dans votre volet sur les structures internes, vous dites, à la
page 10 de votre mémoire, que, à l'exception des droits du
ministre dont la liste est plutôt exhaustive, on ne peut pas en dire
autant touchant les droits des autres intervenants et des autres intervenantes.
Vous vous dites assez d'accord avec le conseil d'orientation, mais il y a deux
questions que j'aimerais vous entendre commenter. D'abord, le conseil
d'orientation, à l'article 62, prévoit qu'il peut être
constitué, en l'absence de tout représentant de l'interne,
c'est-à-dire les enseignants, les professeurs, si je ne m'abuse; les
enseignants et les professionnels ou leur représentant ou personnel de
soutien, ou les élèves, même. Donc, tout ce qui est
à l'interne pourrait être absent de ce comité et le
comité pourrait quand même être constitué, donc
fonctionner. Je trouve que cette hypothèse est inquiétante et
l'inverse n'est pas vrai: Vous ne pourriez pas avoir un conseil d'école
entièrement composé de gens de l'interne, sans les parents, qui
fonctionnerait.
La deuxième question: Vous abordez également le rôle
que pourrait jouer le conseil d'orientation quant aux droits qui sont reconnus
par le biais des conventions collectives et vous vous dites qu'il ne faudrait
pas que ce conseil d'orientation gère le personnel. Pourtant, il y a
l'article 83, qui dit que les commissions scolaires peuvent
déléguer des pouvoirs au conseil d'orientation. Il pourrait y
avoir des pouvoirs qui soient délégués, qui soient proches
de la gestion de personnel. Alors, j'aimerais avoir une réponse sur ces
deux questions-là, à la fois le conseil d'orientation et le fait
qu'il puisse fonctionner sans la présence des personnels de
l'école et, également, le pouvoir qu'aurait la commission
scolaire de déléguer des fonctions au conseil d'orientation qui
seraient apparentées à la gestion de personnel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, Mme
Lamontagne ou M. Lanouette? Mme Lamon-tagne.
Mme Lamontagne: D'abord, sur la question précise -
j'aimerais revenir aussi sur la question des tribunaux - du conseil
d'orientation, on a pris la peine de spécifier que, normalement, ce
conseil-là ne devrait pas faire de la gestion de personnel, justement
à cause de l'article 83 où il peut y avoir des pouvoirs
délégués. Ce qu'on dit substantiellement, c'est que dans
la délégation de pouvoirs ne devrait pas être
insérée la gestion de personnel parce qu'il y a des conventions
collectives et des définitions d'employeurs qui sont très
précises et que cela devrait se maintenir comme c'est actuellement.
Sur la question du conseil d'orientation qui peut siéger sans le
personnel interne, enseignants, professionnels, personnel de soutien ou des
élèves, en définitive, c'est un comité de parents,
j'avoue qu'on ne s'est pas beaucoup arrêté sur cet article parce
qu'il nous apparaissait que la formule habituelle du conseil d'orientation,
cela devrait être que chaque composante de l'école,
évidemment avec les parents, puisse travailler collectivement.
C'était cela l'intérêt qu'on voyait au conseil
d'orientation. Ceci dit, que l'article 62 soit biffé, je pense qu'on ne
verrait pas de problème majeur. J'avoue que, cet article-là ne
nous a pas vraiment très frappés. Je ne sais pas...
M. Lanouette: Effectivement, l'article 62, on l'avait
remarqué, mais il ne nous a pas frappés pour deux raisons. La
composition du comité du conseil d'orientation, telle qu'on la voyait
dans le projet de loi, était très claire, c'était
très net, les modalités de nomination aussi. Ce qu'on a
présumé de l'article, c'est que c'était peut-être la
référence à d'éventuels moyens de pression qui
pourraient être utilisés par certaines constituantes en boycottant
certaines participations. Les motifs seraient peut-être bons, mais sauf
que paralyser un organisme qui s'occupe de l'éducation des enfants...
À ce moment-là, c'est probablement l'objectif de l'article 62 tel
qu'on le lisait, mais la composition obligatoire, telle que définie dans
la loi, nous semblait suffisamment claire en termes de garantie pour ne pas
nous inquiéter. Mais comme l'a dit Céline, s'il disparaît
de la loi demain matin, on ne pleurera pas, ça, c'est clair.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Mme Lamontagne: Cela semble évident. C'est pour parer
à certains moyens de pression éventuels qu'il pourrait y
avoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
Mme Lamontagne: Alors, deux aspects qui ont été
soulevés par Mme Blackburn. Sur la question des tribunaux, on est
d'accord que cela devrait... Il y a un projet de loi sur la table, il a
suscité un grand débat chez plusieurs composantes de la
société et si on doit attendre des années et des
années pour en voir l'application, effectivement, ce n'est pas
très stimulant. Nous, on maintient qu'il faudrait qu'il y ait un
changement à la constitution, à l'article 93 de la
constitution.
L'autre aspect et, en même temps, je pourrais faire quelques
commentaires sur une intervention de M. le ministre de tout à l'heure,
c'est l'aspect de l'éducation des adultes. Sur l'accessibilité
à l'éducation des adultes, est-ce qu'on doit comprendre que
même si chaque commission scolaire ne sera pas tenue de faire dispenser
des programmes aux adultes, on va s'assurer que sur l'ensemble du territoire,
il y aura des programmes qui seront accessibles dans toutes les régions,
dans tous les territoires même
si ces programmes-là sont donnés par une commission
scolaire sur trois ou sur cinq dans une région donnée? Est-ce que
c'est cela qu'on doit comprendre des amendements qu'il pourrait y avoir au
projet de loi? L'article 2 est un peu inquiétant, parce qu'on dit:
L'adulte a droit à des services, mais dans le cadre des programmes
offerts par les commissions scolaires. Donc, si la commission scolaire n'offre
pas de programme, quel est le service? On a comme une garantie qu'il va y avoir
des amendements.
Sur la gratuité de l'éducation des adultes, il nous
apparaît intéressant qu'il y ait un principe. Ce qu'on nous
annonce aussi, c'est qu'il y aura gratuité, minimalement dans le cas
où les études serviront à l'obtention d'un diplôme
reconnu. Cela aussi nous apparaît un amendement intéressant.
L'autre aspect sur lequel on n'a pas réagi mais qu'on a
soulevé verbalement, c'est l'aspect d'intégrer l'adulte aux
structures de consultation de l'école où il n'y a aucune
garantie. Je pense qu'il serait souhaitable d'avoir un amendement si on veut
reconnaître la question de l'éducation des adultes.
Quant à la question de l'harmonisation aux jeunes adultes, on l'a
vu un peu. On a participé à des séances de consultation,
entre autres sur le projet de réforme de la formation professionnelle.
Toute la question de la spécificité de l'éducation des
adultes nous fait nous interroger beaucoup aussi dans le cadre de cette
réforme. C'est une question sur laquelle il va falloir revenir dans
d'autres forums, car il peut y avoir des pertes d'acquis pour les adultes,
surtout dans les réformes qui sont actuellement sur la table.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. D'autres
questions?
Mme Blackburn: Oui. À la page 17 de votre mémoire,
vous abordez le volet du personnel en regard des mutations qui pourraient se
produire à l'occasion de la restructuration scolaire. Vous dites que
dans ce projet de loi 107, il n'est même pas fait mention d'une
consultation des principaux intéressés et encore moins d'une
quelconque négociation. C'est tout a fait inacceptable. En fait, la loi
3, qui était, je le rappelle, une loi dûment adoptée,
prévoyait dans la sous-section Transfert et intégration du
personnel, un certains nombre d'articles qui, de façon
spécifique, faisaient obligation au ministre, avant d'adopter un
règlement, qu'il consulte conjointement avec les associations ou
fédérations représentant les commissions scolaires, les
associations représentantes de ses membres du personnel. Autrement dit,
il y avait déjà des dispositions dans la loi 3. Donc, ce que vous
souhaitez, c'est qu'on rapporte dans ce projet de loi ce qui apparaissait dans
la loi 3. Cela pourrait être un autre emprunt que le ministre pourrait
faire au projet de loi 3.
Une voix: C'est...
Mme Blackburn: Allez-y, si vous voulez réagir.
M. Ryan: M. le Président, juste une question de
règlement. Est-ce que la députée de Chicoutimi pourrait
répéter la dernière affirmation qu'elle a faite?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas une
question de règlement, mais...
M. Ryan: Pour mon information.
Mme Blackburn: Non, j'ai dit que si vous empruntiez à la
loi 3 les articles touchant l'obligation à être faite au ministre
de consulter les associations syndicales et patronales et les commissions
scolaires au moment où on établira un règlement pour le
transfert des personnels, vous pourriez emprunter cet article pour l'ajouter
à votre projet de loi, M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Lamontagne.
Mme Lamontagne: Je voudrais juste souligner...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
voulez réagir après le ministre?
Mme Lamontagne: Je voudrais souligner qu'effectivement on
voudrait avoir des articles beaucoup plus spécifiques et qui ressemblent
à ceux de la loi 3 et juste rappeler qu'on avait travaillé fort,
à ce moment-là, pour avoir des amendements et des garanties dans
la loi 3. Peut-être que ce travail se continue, mais il n'est pas perdu
non plus parce qu'on avait fait plusieurs représentations pour obtenir
des garanties. On avait eu une garantie qui est la garantie majeure: un
protocole de négociation dûment signé par les parties qui
faisait en sorte que les transferts se faisaient de façon
équitable, partout en province, avec des mécanismes qui soient
les mêmes pour tous, donc de façon harmonieuse pour tout le monde.
Cela facilitait la vie de tout le monde, la vie de nos membres, mais aussi, je
pense, des commissions scolaires et du gouvernement, que de travailler de cette
façon.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée. (17 h 45)
Mme Blackburn: Une dernière question. Je comprends que
vous n'ayez pas abordé les droits des élèves. Vous avez
parlé à certains endroits des droits des différentes
parties: droits des élèves, droits d'association, droits de
recours en appel au Protecteur du citoyen. Vous parlez du conseil scolaire de
I'île de Montréal. Il y a un
groupe ici - je ne me rappelle plus lequel - qui nous suggérait
que le Conseil scolaire de 111e de Montréal pourrait gérer le
réseau des écoles autres. Vous savez qu'à Montréal,
cela nous donnerait, si le projet du ministre franchissait l'étape des
différentes cours, six possibilités pour les parents, quatre
commissions scolaires superposées: catholiques, protestantes, secteur
anglais, secteur français, et françaises et anglaises. Donc,
l'anglophone qui a droit à l'école anglaise aurait, au moment
où l'on se parle, six choix, parce que rien ne l'empêche de
s'inscrire dans une commission scolaire française ou dans une
école française. Alors, l'anglophone sur IHe de Montréal
pourrait avoir six choix.
Ma suggestion, c'était que le Conseil scolaire de l'île de
Montréal pourrait peut-être être l'organisme qui
gérerait les écoles autres, un réseau d'écoles
autres sur le territoire protégé de la CECM. Qu'est-ce que vous
en pensez?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame? Mme
Blackburn: Vous n'avez pas réfléchi...
Mme Lamontagne: On n'a pas réfléchi... Je crois que
c'est l'Alliance des enseignants de Montréal qui a fait cette
suggestion, si je me fie...
Mme Blackburn: Oui, je pense, oui.
Mme Lamontagne: ...au communiqué de presse que j'ai vu.
J'avoue qu'on n'a pas poussé notre réflexion. Ce n'est pas
inintéressant, comme suggestion, mais on n'a pas réfléchi
plus en profondeur sur cette question.
Mme Blackburn: Bien, M. le Président, j'aurais
terminé, non pas par manque d'intérêt mais parce que je
suis attendue à une autre réunion, depuis 17 h 30. Je pensais que
c'était entre 16 h 30 et 17 h 30 et je dois vraiment quitter.
Je voudrais, en terminant, vous remercier de votre participation aux
travaux de cette commission. Soyez assurés pour ma part, qu'il y a
certains éléments de votre mémoire qui touchent les
questions plus particulières, je dirais, de l'éducation des
adultes, de la participation des enseignants de même que de la
consultation à être faite auprès des associations
syndicales, que je vais sûrement retenir et insister auprès du
ministre pour qu'il en tienne compte au moment où il apportera
nécessairement des amendements à son projet de loi.
Je vous remercie infiniment de votre participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je vous
remercie, Mme la députée de Chicoutimi et je reconnais le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Alors, tout d'abord, je voudrais revenir à
certaines questions qui ont été soulevées au cours des
échanges pour essayer de progresser.
En ce qui touche l'éducation des adultes, Mme Lamontagne a
demandé si, en donnant par exemple à un nombre limité de
commissions scolaires des mandats pour la dispensation des services
d'éducation des adultes, on verrait à ce que l'ensemble du
territoire soit couvert. La réponse est affirmative. D'ores et
déjà, la répartition des services régionaux
d'éducation des adultes est aménagés de telle façon
que toute la population soit desservie par les services mandatés
à cette fin. Si c'est nécessaire d'établir plus clairement
cet élément dans le projet de loi, nous allons essayer de le
faire. Mais c'est vraiment l'intention. Je pense que c'est une question que
vous avez bien fait de faire clarifier. C'est vraiment l'intention...
Deuxièmement, en ce qui touche l'obligation qui existerait pour
les commissions scolaires de fournir les services d'éducation des
adultes, il y a peut-être certaines précisions qui peuvent
être apportées dans le projet de loi. Comme je vous le disais
tantôt, déjà dans notre esprit, nous autres, l'article 2
définit des droits. L'article qui traite des fonctions de la commission
scolaire définit les obligations de celle-ci. Il y aura moyen, je pense,
de préciser davantage certaines formulations de manière qu'elles
soient au moins entendues, que le corollaire de ce que je laissais entrevoir
tantôt soit assuré, c'est-à-dire que si les adultes
devaient avoir accès à la scolarisation gratuite en vue de
l'obtention du diplôme d'études secondaires, à plus forte
raison faudrait-il préciser que ces services devront leur être
fournis. Alors, là, il y a des choses qui peuvent se compléter de
manière que l'intention du législateur soit affirmée de
manière plus explicite, là où elle peut fournir
matière à doute ou interrogation.
Un autre point a été mentionné à propos des
consultations que vous demandiez. La députée de Chicoutimi
disait: II y avait une disposition dans la loi 3 qui prévoyait des
consultations auprès des grandes associations nationales, autour de
certains sujets. M. Dupont, pourriez-vous me donner l'article où il
était prévu une consultation nationale dans la loi 3? Nous avons
une véritable encyclopédie vivante avec nous; M. Côme
Dupont.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...qui est notre conseiller juridique principal en ces
choses et l'auteur de toutes les erreurs que vous nous signalez...
Des voix: Ha! ha! ha!
M. Ryan: ...qu'il a une disposition remarquable à vouloir
corriger, parce qu'il semble que rédiger un texte juridique soit pour
lui une passion. Alors, quel numéro, M. Dupont? Je vais
regarder cet article avant de répondre à votre
question.
Alors, la députée de Chicoutimi faisait allusion
tantôt à cet article de la loi 3 qui disait ceci: "Le ministre
établit, après consultation des associations ou
fédérations nationales représentant des parents, des
commissions scolaires, des salariés ou du personnel cadre, des
mécanismes de consultation sur les règlements prévus dans
la présente section. "Il consulte ces associations ou
fédérations sur les règlements désignés par
entente avec chacune. "Il les consulte aussi sur l'établissement
d'écoles à vocation régionale ou nationale."
Nous avons laissé tomber cet article pour la raison suivante:
c'est que depuis l'avènement du nouveau gouvernement, l'Assemblée
nationale a adopté une loi sur les règlements qui prévoit
que tout projet de règlement du gouvernement doit être
publié dans la Gazette officielle et sujet à une
consultation publique qui dure un minimum de 45 jours, période pendant
laquelle tous les organismes peuvent venir présenter leurs
réactions au gouvernement. Comme nous avions ajouté cet
élément pour toutes les lois, nous trouvions que cela aurait
été redondant de l'inscrire ici. L'autre jour, j'ai laissé
entendre que si c'était de nature à rassurer certaines personnes
ou certaines organisations qui semblent avoir de la difficulté à
respirer devant certains articles du projet de loi, on verrait à la
possibilité de restituer cet article ou quelque chose
d'équivalent. Nous n'avons pas d'objection au principe. C'est ce que
nous faisons à longueur d'année, des consultations. En
particulier, pour le sujet que vous avez mentionne, on va voir à
prévoir quelque chose, c'est-à-dire toutes les questions
entourant les transferts de personnel en cas de remplacement des commissions
scolaires confessionnelles par des commissions scolaires linguistiques. On
verra à examiner cela de très près. Mais sur l'article 457
de la loi 3, qui traitait des consultations des organisations nationales, je
vous ai donné la raison pour laquelle nous avions retenu une ligne de
conduite différente, tout en indiquant que nous gardons une certaine
ouverture d'esprit là-dessus.
Il y a un dernier point que je voudrais peut-être soulever et que
vous aviez mentionné. Si on avait le temps, je vous poserais une
question. Vous avez parlé du traitement spécial qui est fait aux
enseignants en matière de droits et obligations. La raison pour laquelle
nous faisons cela, c'est que de tous les intervenants de l'école,
l'enseignant est celui qui est en contact le plus direct, le plus durable, le
plus continu avec l'élève lui-même. Comme nous
définissons des droits pour l'élève dans le projet de loi,
il est assez normal qu'il y ait une définition des droits et des
responsabilités pour l'enseignant, qui est l'acteur numéro 1,
nous l'avons toujours dit. C'est la raison. Maintenant, quand on traite du
directeur d'école, on lui donne une série de
responsabilités qui comporte à la fois des droits et des devoirs.
Cela n'a pas été formulé de la même manière.
Si on allait faire cela pour tous les intervenants, ce serait peut-être
un peu complexe. Il nous a semblé judicieux de le faire pour les
enseignants, parce que c'est déjà dans la Loi sur l'instruction
publique de la plupart des provinces canadiennes. Mais cela soulève
certaines difficultés dont on nous a saisis. Ce sont des choses que nous
examinons aussi. Ce ne sont pas des questions d'Évangile. Nous examinons
cela et je ne vois pas comment on pourrait le faire pour tout le monde. Il y a
le cas spécial des enseignants. Il y a d'autres intervenants qui sont
très importants aussi. Je veux vous dire une chose. Quant aux
employés de soutien en particulier, parce que je pense que la CSN
représente la grande majorité des employés de soutien des
commissions scolaires, nous allons tenir compte des remarques que vous nous
avez faites à leur sujet. Je pense que ce sont des remarques pertinentes
dont nous allons tenir compte dans la mesure où c'est physiquement ou
arithmétiquement possible. En tout cas, nous allons tenir compte de ces
remarques. Elles sont très opportunes. Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je
reconnais, pour une dernière intervention de l'Opposition, le
député de Shefford et vice-président de la commission de
l'éducation. M. le député.
M. Paré: Merci, M. le Président. Très
rapidement, quand on regarde votre mémoire, vous dites et cela
répond... Je rejoins un peu le député qui a posé
tantôt une question sur l'enseignement religieux. Ce n'est pas le
thème auquel je veux en venir, mais vous dites, concernant cela,
qu'à cause de l'évolution, des changements de
société et on sait le problème qui est vécu
à Montréal, que c'est bien plus linguistique et que la commission
scolaire protestante réussit à attirer de son côté
presque tout le monde, alors qu'on cantonne, à la commission scolaire
catholique, les catholiques qui acceptent d'être dans une école
vue comme catholique. Mais vous dites que, pour éviter toute pratique
discriminatoire, on enlève la religion. Ma question: Est-ce que vous
avez poussé la réflexion jusqu'à ce qu'on établisse
plutôt à Montréal comme ailleurs sur le territoire,
plutôt une seule commission scolaire unifiée? Je dois vous dire,
il y a un groupe qui est venu le présenter. Le ministre n'a absolument
pas dit qu'il était contre, que c'était même
peut-être à atteindre à un moment donné, un jour,
mais que c'est par étapes et que c'est vraiment un grand saut à
faire, sauf que, comme c'est de la dispensation de service, même si c'est
un service essentiel, l'éducation, il ne faut pas oublier que nous, les
députés, on représente tout le monde à
l'intérieur de nos comtés, les anglophones, les francophones, les
catholiques, les
protestants, l'ensemble de la population, que les municipalités
sur leur territoire représentent l'ensemble de la population. Est-ce
qu'une commission scolaire où les commissaires sont aussi des gens
éius ne pourrait par représenter l'ensemble des parents et des
élèves de leur territoire, et ensuite, par une loi, fournir,
selon la demande des parents et des élèves, l'école en
fonction de leur religion, une école religieuse confessionnelle ou pas,
et ensuite, bien sûr, francophone ou anglophone, en tenant compte de la
loi 101 et du contexte québécois?
Étant donné que vous dites qu'il ne faut pas qu'il y ait
de pratique discriminatoire dans la religion, est-ce que vous avez
poussé la réflexion jusqu'à la possibilité d'une
commission scolaire unifiée, de façon qu'il n'y ait pas de
discrimination à aucun niveau et que ce service donné par une
structure où les gens sont élus soit comme les autres structures
élues, finalement, qu'il relève d'une seule
responsabilité?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
Lamontagne?
Mme Lamontagne: C'est un élément qu'on a
abordé un peu, mais on n'a pas vraiment fait une réflexion en
profondeur sur cet aspect. Je sais que le Mouvement Québec
français a aussi fait cette réflexion du point de vue où
l'intégration des minorités, que ce soit la minorité
anglophone ou les autres ethnies qui sont de plus en plus nombreuses, serait
peut-être, dans une culture francophone, plus assurée si
effectivement, il y avait des commissions scolaires unifiées où
il y aurait un environnement et où on aurait comme objectif de
véhiculer la culture, la langue française, mais pas seulement la
question de la langue, mais une culture et un environnement francophone. Cela a
un aspect mais j'avoue qu'on n'a pas poussé notre réflexion plus
en profondeur sur cet aspect-là, mais c'est un débat qui pourrait
se poursuivre. Il nous ferait plaisir d'y participer en poursuivant
collectivement une réflexion sur ce sujet.
M. Paré: Donc, ce n'est pas...
Mme Lamontagne: On n'a pas rejeté cela. On n'a pas
rejeté cette hypothèse-là.
M. Paré: Vous vous êtes plutôt limités
à ce que propose le projet de loi 107.
Mme Lamontagne: Oui, c'est cela. On a vu que c'était, en
tout cas, un pas en avant, par rapport à la réalité
actuelle.
M. Paré: Je vous remercie beaucoup. Le temps étant
maintenant écoulé, je vais tout simplement vous remercier, au nom
de l'Opposition, de votre présence et de votre mémoire.
Mme Lamontagne: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, en
conclusion.
Mme Pellerin, vous vouliez intervenir? Vous êtes la seule qui
pouvez vous permettre de dépasser l'heure, je suis plus permissif pour
vous que pour les membres de la commission.
Mme Pellerin (Rose): Pourquoi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pourquoi? Parce
que vous représentez les intérêts de l'ensemble, de la
collectivité.
Mme Pellerin: J'aimerais intervenir quelques secondes sur ce dont
parlait M. Ryan tantôt, les enseignantes et enseignants, étant
moi-même une enseignante du secondaire. Même si on voit la CSN
comme représentant la majorité des membres du personnel de
soutien et aussi des profs du collégial, il y a quand même des
gens du secondaire. Et quand on regarde les droits et les obligations qu'on
donne aux enseignants, comme M. Ryan le disait, ce sont des gens qui sont un
peu l'agent moteur dans la place. Quand on arrive à l'article 23 et
qu'on voit la révocation ou la suspension de l'autorisation d'enseigner,
on voit un peu là comme une entrée dans les conventions
collectives. On dit "sur recommandation d'un comité d'enquête, le
ministre" nomme les personnes qui sont au comité d'enquête, et le
ministre peut décider de révoquer ou d'enlever le permis
d'enseigner à quelqu'un, mais jusqu'où le ministre
s'autorise-t-il cela, quand les conventions collectives permettent les
congédiements et tout cela? C'est le champ du négociable qu'on
sent un peu envahi. Disons qu'on est un peu réticents, depuis les lois
qui ont été adoptées en Colombie britannique, de voir les
ministres envahir le champ du négociable et les conventions collectives.
On le fait maintenant dans un projet de loi pour le primaire et le secondaire,
on a des enseignants et des professeurs un peu partout. Comment le ministre
peut-il décider qu'une personne peut porter une plainte et de là
voir si on retient quelque chose? On le reconnaît, c'est dans la loi 3
aussi. C'est un grand pas dans le champ du négociable ce que l'on
retrouve à l'article 23 et pourquoi les droits et obligations sont venus
surtout pour les enseignantes et enseignants quand avant on les retrouvait un
peu partout aussi.
La deuxième chose sur laquelle je voudrais intervenir, c'est sur
l'harmonisation des clientèles jeunes et adultes dont on parlait
tantôt, parce que comme on voit présentement s'ouvrir des
écoles de formation professionnelle où on intègre les
jeunes et les adultes ou qu'on met ensemble les jeunes et les adultes parce
qu'il n'y a pas assez de jeunes dans certains endroits, quand on regarde les
différences d'âges, je pense qu'il faudra comme le disait Mme
Lamontagne, qu'il y ait tantôt des forums où on pourra intervenir
là-dessus. J'aimerais entendre le ministre sur ce pas qu'il fait dans
les conven-
tions collectives et aussi pourquoi c'est revenu seulement sur les
enseignantes et les enseignants alors que tout le personnel est aussi important
et qu'on ne demande pas que tous les droits et obligations soient pour eux,
mais c'est le champ du négociable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. M. le
ministre, une dernière intervention.
M. Ryan: II s'agit bien ici du permis d'enseigner. Ce n'est pas
l'emploi, c'est le permis d'enseigner qui est accordé par le ministre et
qui, par conséquent, sera révocable par le ministre. Les motifs
inscrits dans le projet de loi sont l'inconduite, l'immoralité ou une
infraction grave dans l'exécution des fonctions de l'enseignant. Je
crois pouvoir vous dire que ces motifs-là sont déjà
inscrits dans la loi actuelle de l'instruction publique. Nous reproduisons ici
ce qui est déjà dans la Loi sur l'instruction publique. C'est un
recours exercé par des citoyens, en moyenne trois, quatre ou cinq fois
par année. Dans plusieurs cas, après enquête
préliminaire, après vérification plutôt
administrative, nous concluons qu'il n'y a pas de matière à aller
plus loin. Il n'y a pas autre chose que cela. C'est une protection
donnée contre des abus graves susceptibles de se produire et cela ne
touche pas du tout l'exercice habituel des fonctions. Par conséquent,
cela n'élargit en rien l'aire d'intervention ministérielle qui
existe déjà en vertu de la Loi sur l'instruction publique et ce
serait difficile de faire disparaître cela de la loi, surtout que c'est
le permis d'enseigner qui est concerné et non pas l'emploi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ceci met fin
à nos débats. La commission parlementaire de l'éducation
ajourne ses travaux jusqu'à demain matin, 10 heures, alors qu'elle
accueillera le Conseil scolaire de l'île de Montréal. J'invite les
membres de la commission à être ici à 9 h 55.
(Fin de la séance à 18 h 3)