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(Vingt heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Kehoe): Je déclare la
séance de la commission de l'éducation ouverte. Je rappelle le
mandat de la commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 22, Loi modifiant le Code des
professions. Je demande au secrétaire d'annoncer les remplacements, s'il
y a lieu.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Yvon Lemire
(Saint-Maurice) remplace M. Laurier Gardner (Arthabaska) et M. John Kehoe
(Cha-pleau) remplace M. Parent (Sauvé). Merci.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a des
déclarations d'ouverture ou des motions préliminaires à
présenter? M. le ministre? Mme la députée?
M. Ryan: Tous les échanges de bons procédés
ont déjà eu lieu.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 1.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est au ministre.
Le Président (M. Kehoe): L'article 1 est-il
adopté?
M. Ryan: S'il ne dépendait que de moi... Mais que
voulez-vous, l'Opposition a des choses à dire, on l'écoutera avec
grand plaisir.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai toujours compris que
le rôle de l'Opposition était d'améliorer les contenus; il
ne faudrait pas penser qu'ils sont parfaits. Sauf que je voudrais
suggérer par rapport à l'article 1 que, comme il s'agit d'un
article de concordance, on l'adopte une fois qu'on aura adopté les
autres articles.
Le Président (M. Kehoe): Donc, l'article 1 est en suspens.
J'appelle l'article 2.
M. Ryan: M. le Président, à propos de l'article 1,
j'aimerais autant vous prévenir tout de suite que je veux déposer
un amendement. Je pense que je vais demander la permission de le déposer
maintenant pour ne pas qu'on l'oublie.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Ryan: C'est un amendement de pure concordance. Il n'y a pas de
problème, mais j'aimerais autant le déposer maintenant.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement aussi sera en
suspens. J'appelle l'article...
M. Ryan: Une chose qu'on pourrait faire, M. le Président,
si la députée de Chicoutimi n'avait pas d'objection, l'article
88, on aurait pu le voir maintenant parce qu'il concerne un certain nombre de
dispositions qui suivent. C'est un article principal. Il y a les articles 88,
89, 90 et 95. Si on voyait ces articles, cela nous amènerait dans le
coeur du sujet tout de suite.
Mme Blackburn: Ce que vous nous suggérez, c'est que vous
nous expliquiez un peu les modifications qui sont apportées et qui se
justifient par les articles touchant les concordances avec d'autres
dispositions.
Le Président (M. Kehoe): Quels sont les articles encore,
M. le ministre?
M. Ryan: À partir de l'article 88 jusqu'à l'article
95. C'est l'article 22 du projet de loi et 88 du code actuel des
professions.
Il y a seulement une difficulté à ce que je viens de dire,
je m'en excuse. Nous avons un amendement assez important à
déposer à l'article 88 et il est en train d'être
copié, il n'est pas prêt. Peut-être qu'on est aussi bien de
garder l'autre procédure, M. le Président?
Le Président (M. Kehoe): Cela veut dire qu'on en est
où? On recommence?
M. Ryan: L'article 1 a été remis.
Le Président (M. Kehoe): Bon, l'article 1 c'est en
suspens. Est-ce qu'on procède à l'article 2?
Mme Blackburn: M. le Président, souvent, au moment
où on examine des projets de loi, le ministère prépare une
espèce de cahier dans lequel on nous présente la loi actuelle et
les modifications sur deux ou trois colonnes. Cela nous permet de faire une
lecture beaucoup plus rapide, si on veut être efficace et si vous n'aviez
pas d'objection. On dispose de moins de personnel.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: On dispose de moins de personnel pour faire ce
genre d'exercice.
M. Ryan: On l'a eu cet après-midi, nous; on l'a eu en fin
d'après-midi. On est pratiquement sur un pied
d'égalité.
Mme Blackburn: Bien.
Office des professions du Québec
Le Président (M. Kehoe): De nouveau
j'appelle l'article 2. Est-ce que vous avez des commentaires, M. le
ministre?
M. Ryan: Oui, peut-être un petit commentaire. Juste une
seconde, M. le Président. En comparant les deux textes... Est-ce que
nous sommes à l'article 2, là?
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Ryan: En comparant les deux textes, on constate qu'il y a des
modifications significatives dans la rédaction. Je pense que l'esprit
est le même et la formulation est modifiée de manière
à tenir compte des exigences de la loi et des règlements et
à clarifier le pouvoir du gouvernement concernant la modification
possible des projets de règlement qui lui sont soumis par l'office. Je
pense que ce sont les deux points importants de ces modifications qu'apporte
l'article 2.
Comme on peut le voir en lisant l'article: 'Tout règlement
adopté par l'office en vertu de ce code - le code des professions - ou
d'une loi constituant une corporation professionnelle doit être soumis au
gouvernement qui peut l'approuver avec ou sans modification. "La Loi sur les
règlements s'applique à tout règlement adopté par
l'office qui n'est pas un règlement au sens de cette loi." Cela veut
dire la Loi sur les règlements, mais cela comporte en particulier
l'obligation de prépublication pendant une période de 45
jours.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais comprendre. On vient ajouter d'autres
corporations?
M. Ryan: Pas ici.
Mme Blackburn: Non, mais le pouvoir, cela s'étend. La
modification ou le texte proposé, c'est: 'Tout règlement
adopté par l'office en vertu de ce code ou d'une loi constituant une
corportation professionnelle doit être soumis au gouvernement qui peut
l'approuver avec ou sans modification." Alors que...
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que c'est une question que la
députée de Chicoutimi pose?
Mme Blackburn: Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Ici, M. le Président, je crois qu'il est question
de deux règlements différents. Il peut arriver que ce soit un
règlement adopté par l'office à l'intérieur de ses
prérogatives normales.
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Ryan: II peut arriver que ce soit un règlement que
l'office adopte, à défaut par une corporation de l'avoir
adopté, comme le lui prescrivait sa loi ou le Code des professions.
À ce moment-là, l'office a le pouvoir de suppléer à
la corporation qui ne s'est pas acquittée de son devoir de se donner un
règlement.
Mme Blackburn: Est-ce que la différence ne vient pas - je
ne suis pas certaine, parce que je prends connaissance des deux textes - de qui
peut l'approuver avec ou sans modification? Il me semble que, dans le texte
actuel, cela n'apparaît pas.
M. Ryan: M. le Président, il y a deux
éléments dont on doit tenir compte ici. Tout d'abord, en vertu de
la Loi sur les règlements, le gouvernement peut modifier un projet de
règlement. Après l'avoir prépublié pendant 45
jours, il peut lui donner sa forme définitive en lui apportant certaines
modifications et, deuxièmement, l'expérience nous enseigne qu'il
peut arriver que l'office soumette un projet de règlement au
gouvernement qui ne réponde pas à toutes les exigences du
gouvernement, y compris parfois des exigences politiques. (20 h 30)
Là, le gouvernement a le pouvoir d'approuver le règlement
avec ou sans modification, en vertu de l'amendement que nous proposons. Cela
nous paraît tout à fait sensé, parce que, finalement, c'est
celui qui présente les lois au Parlement qui doit avoir le dernier mot
sur le contenu des projets de loi. La même chose s'applique pour les
règlements.
Mme Blackburn: Comme cela ne paraissait pas dans la loi actuelle,
premièrement, est-ce que cela a posé des problèmes?
Deuxièmement, je pense à un règlement qui était
celui du comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation. Au moment où il s'est agi d'y faire faire des
amendements, on a retourné le règlement en demandant au
comité catholique - je pense que c'est vous qui l'avez fait - de refaire
ses devoirs sur certains aspects de ce règlement. N'est ce pas davantage
la pratique? N'est-ce pas ce qui est souhaitable, parce que le gouvernement a
à l'adopter? Il peut donc dire: II n'est pas conforme, il ne respecte
pas certaines valeurs que j'ai défendues, certains principes que j'ai
mis de l'avant. Mais de là à ce que le gouvernement le modifie,
je trouve que c'est un peu fort.
M. Ryan: D'après la Loi sur les règlements, dans le
cas que vous mentionnez, d'abord, je vais rappeler les faits. Le comité
catholique m'avait saisi d'un projet de règlement. Nous l'avons
examiné en commission parlementaire parce qu'il y avait eu une demande
de la part de groupements d'être entendus...
Mme Blackburn: De l'Opposition.
M. Ryan: ...et le gouvernement lui-même voulait s'assurer
que tous les avis qu'on voulait lui communiquer auraient eu la chance
d'être entendus. Après avoir entendu ces avis, le gouvernement a
demandé... Nous n'avons pas écrit au comité catholique
là-dessus parce que le comité catholique avait suivi toutes les
auditions publiques de la commission parlementaire et je me souviens d'avoir
demandé à la présidente du comité catholique de
réexaminer le projet de règlement en tenant compte de ce qui
avait été dit en commission parlementaire. Là, le
comité catholique m'a écrit pour me faire part des changements
qu'il voulait apporter au projet de règlement. Le gouvernement l'a
adopté sans autre publication, sans autre consultation, avec plusieurs
modifications, mais toujours sous l'empire de la Loi sur les
règlements.
Maintenant, je voudrais souligner que, dans le texte actuel de l'article
13 du Code des professions, il est déjà prévu la
possibilité qu'un règlement soumis au gouvernement par l'Office
des professions soit modifié lors de l'approbation du règlement.
Par conséquent, nous n'innovons pas vraiment. C'est une formulation
différente, mais il n'y a pas d'innovation substantielle.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Mme Blackburn: M. le Président, ce n'est pas tout à
fait aussi clair dans l'article actuel. D'ailleurs, dans le commentaire, on
voit, dans le troisième paragraphe: En plus de cette disposition - on
parle d'une standardisation avec les autres dispositions relatives au code et
à l'approbation de l'entrée en vigueur des règlements - on
dit: En plus de cette disposition, on vient préciser le pouvoir du
gouvernement lorsqu'un règlement de l'office lui est soumis pour
approbation. Cela veut dire qu'on vient reconnaître au gouvernement le
pouvoir de les modifier. Ma question simplement: .Je veux bien
réglementer mieux et moins, mais est-ce qu'on ne pourrait pas laisser un
peu plus d'autonomie? N'était-il pas souhaitable et est-ce que cela nous
a posé des problèmes tels que cela mérite qu'on introduise
cela? C'est toujours là-dessus que je m'interroge: Est-ce qu'il faut
absolument essayer de tout écrire dans les lois? C'est à la
demande de qui? J'ai toujours beaucoup de difficultés à entrer
dans ce genre de mécanique qui est en train de vouloir tout gérer
à la place de tout le monde. Je ne suis pas sûre qu'un
gouvernement soit obligé de faire cela, qu'il en ait le temps et qu'il
faille continuer à mettre des ressources là-dessus.
M. Ryan: Quoi qu'il en soit, comme je l'ai dit tantôt, ce
pouvoir est déjà dans le texte actuel du Code des professions. La
modification que nous proposons doit être prise comme un tout. Les
parties relatives au pouvoir du gouvernement viennent simplement clarifier ce
qui était déjà dans le texte antérieur. Personne ne
nous a demandé d'enlever cela. Je pense qu'il tombe sous le sens commun
que le gouvernement doit avoir cette possibilité. Autrement, on
risquerait de se trouver continuellement dans des impasses auxquelles il n'y
aurait pas de réponses claires. Il faut bien une réponse claire
finalement. Supposez que surgisse un condlit entre l'Office des professions et
le gouvernement. Qu'est-ce qu'on va faire? On va écrire trois articles
de loi pour prévoir comment on va régler le conflit. On ne sera
pas plus avancés et on va se compliquer la vie.
Mme Blackburn: Le ministre peut-il me dire à quelle
endroit il est indiqué que le gouvernement peut les modifier?
M. Ryan: Le troisième alinéa du texte actuel de
l'article 13: "Cependant, les règlements adoptés en vertu du
paragraphe u... doivent être publiés dans la Gazette officielle
du Québec trente jours avant leur approbation et ils n'entrent en
vigueur qu'après une semblable publication d'un avis de cette
approbation ou, s'ils ont été modifiés lors de cette
approbation, le jour de la publication des règlements tels qu'ils ont
été modifiés."
Mme Blackburn: Oui, mais c'est en vertu du paragraphe u et cela
concerne les tarifs.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Oui. Le troisième alinéa auquel la
députée de Chicoutimi fait référence doit
être compris à la lumière d'une modification qui est
déjà contenue dans l'article 1 dont nous sommes convenus
tantôt qu'il était laissé en suspens.
Mme Blackburn: À quel paragraphe de l'article 1?
M. Ryan: À la fin de l'article 1... Mme Blackburn:
Oui. M. Ryan: ...le paragraphe u. Mme Blackburn:
D'accord.
M. Ryan: Essentiellement, ce qui était écrit, c'est
que l'office pouvait suggérer un règlement au gouvernement et
là, on dit que l'office peut adopter un règlement et le soumettre
au gouvernement pour approbation.
Mme Blackburn: Si je comprends, l'article u concerne les
honoraires, le paragraphe u. Tandis que l'article 13 qu'on vient modifier par
l'article 2 de ce projet de loi a une portée beaucoup plus
générale, c'est: 'Tout règlement" - pas seulement
en raison des honoraires - adopté par l'office en vertu de ce code ou
d'une loi constituant une corporation..." C'est de portée beaucoup plus
générale.
M. Ryan: C'est ce que nous voulons.
Mme Blackburn: ...réglementer mieux et moins, si cela doit
passer comme cela.
M. Ryan: C'est justement parce qu'on ne veut pas avoir trois
pages de règlement pour nous dire comment on réglerait un
éventuel conflit entre l'office et le gouvernement. On veut que ce soit
clair tout de suite, que l'office sache à quoi s'en tenir et nous
aussi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais seulement
savoir...
M. Ryan: Et l'administration de ces lois, M. le Président,
est une procédure très complexe. Les professions - et vous le
savez, M. le Président, parce que vous êtes membre de l'une de
celle qui excelle...
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Ryan: ...dans ce genre de complication - aiment à
détailler au maximum toutes les choses qui peuvent être
imaginées, prévues ou définies d'avance. À ce
moment-là, il faut bien que celui qui est au bout de la ligne prenne des
décisions au service du bien général. Il faut bien qu'il
dispose du pouvoir d'agir. C'est pour cela qu'un gouvernement existe, c'est
pour agir. Ce n'est pas seulement pour regarder agir.
Mme Blackburn: Oui. Si vous permettez, M. le Président. Ce
que je voulais dire tout simplement, si on était capable de nous
illustrer à l'occasion que c'est indispensable... C'est un peu cela que
je demandais. Dans le fond, chaque fois - vous connaissez mes réserves
là-dessus - qu'on légifère pour des cas d'exception, je
trouve qu'on alourdit notre système. Est-ce qu'on a des exemples qui
nous permettent de dire...?
M. Ryan: M. le Président, quand on est plutôt
relaxe, la députée de Chicoutimi trouve qu'il faudrait être
plus précis. Quand on est un peu plus large, elle trouve qu'il faudrait
être moins large. Je pense que c'est normal, c'est le jeu de l'Opposition
de faire cela. Mais dans ce cas-ci il me semble que cela tombe sous le sens et
l'exemple que j'ai donné des règlements du comité
catholique en est la meilleure preuve. S'il avait fallu retourner faire une
négociation officielle, que le comité catholique n'eût
point voulu et qu'en même temps il eût eu un besoin très
grand, qui aurait été là pour trancher?
M. Blackburn: Ce que je demandais simple- ment au ministre, et
c'est sa loi avec laquelle il devra vivre tantôt, en tout cas, quelques
années encore sûrement - si ce n'est pas lui, au moins un membre
de son gouvernement - ce que je voulais simplement dire, c'est que,
premièrement, cela alourdit. Quand on prend de telles décisions,
cela doit reposer sur des cas qui nous amènent à penser qu'il
faut que cela se passe comme cela. Lorsqu'on ne m'en cite aucun, j'ai de la
difficulté à embarquer dans cela. C'est mon rôle, et je
partage sur cela l'avis du ministre quand il était dans l'Opposition: on
réglemente trop et c'est trop tatillon. Cela rentre partout et cela
alourdit notre système, cela alourdit la fonction publique, cela
ralentit les discussions. C'est essentiellement ce que je voulais dire. Si cela
s'appuyait sur des données concrètes qui nous permettent de dire:
Écoutez, on a bloqué le fonctionnement d'une corporation pendant
six mois, un an, deux ans ou trois ans, j'embarquerais. Cela dit, M. le
Président, je termine mon intervention.
M. Ryan: Très bien. Juste un mot, si la
députée de Chicoutimi veut se donner la peine d'étudier le
dossier des rapports entre le gouvernement et l'office pendant les
années qui se sont écoulées sous le président
précédent, elle va trouver qu'il y a un grand nombre de cas qui
ont traîné dans les tiroirs pendant des années justement
à cause de facteurs comme celui-là où l'autorité
n'était pas clairement définie. Je le sais pour avoir
hérité de cette succession et avoir mis pas mal d'ordre dans cela
depuis deux ans.
Mme Blackburn: Ce que je voudrais comprendre, il a
été possible de mettre de l'ordre sans que la loi soit
modifiée.
M. Ryan: Mais avec celle-ci cela va être plus clair.
Nous-mêmes avons dû traîner... La preuve que des choses ont
traîné, c'est ce catalogue de modifications particulières
et il y a encore beaucoup d'autres choses qui traînent dans les tiroirs
de portée plus générale qui s'étaient
accumulées au cours des années On faisait des belles
études, on faisait des belles recommandations et, moi, on m'envoyait les
choses, elles étaient toutes prêtes à être soumises
au cabinet. On lisait cela attentivement et on ne pouvait pas les
présenter. Il y avait des carences dans cela. Il fallait les retourner
et on ne savait jamais quand cela finirait. À un moment donné, le
gouvernement a bien d'autres choses à faire et il se disait: On
s'occupera de ces affaires une autre fois. Avec ceci, je pense qu'on a
donné la preuve qu'on a fait beaucoup de choses dans le secteur des
professions depuis deux ans et demi. On a eu la collaboration des organismes
concernés. Le Conseil interprofessionnel est ici ce soir. Je suis bien
content quand on donne suite aux choses, que cela ne traîne pas. C'est
une garantie que cela ne traînera pas. Cela
n'alourdit pas, cela allège le processus. C'est ma thèse
à moi.
Mme Blackburn: M. le Président, libre au ministre de
croire que cela puisse alléger le processus, mais cela centralise
également. J'ai terminé mon intervention, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Mme Blackburn: Adopté.
Professions d'exercice exclusif
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 3. M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. L'article 3 traite des situations où le
président d'une corporation est habilité en vertu d'une
autorisation spéciale à permettre à une personne d'exercer
une profession au Québec pour une période temporaire. Dans le
texte actuel, la durée d'une telle autorisation est de trois mois.
L'expérience a montré que cette durée est trop courte.
Dans le projet de loi, nous voulons que la durée soit étendue
à une période d'au plus douze mois sujette à
renouvellement seulement par l'autorité du bureau. On dit en commentaire
que la modification proposée régularise la pratique actuelle
suivant laquelle de telles autorisations spéciales sont
généralement accordées pour une période de temps
supérieure à trois mois. Quand c'est supérieur à
trois mois, c'est le bureau qui l'accorde, je suppose, M. le Président?
(20 h 45)
Mme Blackburn: Est-ce qu'il pourrait y avoir plusieurs
renouvellements de trois mois en trois mois?
M. Ryan: M. Mulcair, le président de l'Office des
professions, m'indique qu'à l'heure actuelle on est obligé de
revenir. Pour les renouvellements, il faut aller devant le bureau. Cela
alourdit les ordres du jour des réunions du bureau d'une manière
qui n'est pas vraiment pratique. Comme de facto la plupart des autorisations
finissent par dépasser la période de trois mois, on dit, en
proposant douze mois, que cela va mettre le fonctionnement de ce système
sur une base plus efficace.
Mme Blackburn: Mais est-ce que...
M. Ryan: C'est beaucoup plus facile à gérer pour
les corporations concernées.
Mme Blackburn: Mais ensuite est-ce qu'il y aura des... Ces
dérogations, est-ce qu'elles peuvent s'étendre sur plusieurs
années? Cela va être de douze mois en douze mois?
M. Ryan: Sur décision du bureau. Cela passe au bureau. Le
bureau est quand même un organisme assez considérable dans lequel
il y a aussi des représentants du public.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut nous...
M. Ryan: On ne veut pas justement... Je vous remercie de
l'argument qui a été employé tantôt, j'en suis
très heureux. On ne veut pas commencer à se mettre le nez
là-dedans, justement. On veut que ce soit la corporation qui prenne ses
responsabilités.
Mme Blackburn: Ah bon!
M. Ryan: Le bureau de ces grandes corporations ne se
réunit pas toutes les semaines. Dans bien des cas, il se réunit
deux, trois ou quatre fois par année.
Mme Blackburn: Quatre fois par année. Cela veut dire que
cela pourrait être renouvelé une fois tous les douze mois au
même rythme. Quelle est la procédure et quelles sont les
corporations ou les professions touchées par cela? Est-ce que cela ne
vient pas faciliter les choses dans le cas de professionnels qui viendraient
travailler? Dans le cadre de la libéralisation des échanges, on
va retrouver plus de professionnels chez nous qui vont venir des
États-Unis. Est-ce que ce n'est pas ce que cela vise? Est-ce qu'on ne
pense pas qu'on va en avoir plus? Je veux bien comprendre. Il y en a combien
qui passent par ce système? Probablement que le président de
l'Office le sait à peu près.
M. Ryan: Je voudrais quand même apporter un
élément de réponse pour commencer. Nous venons d'indiquer
que, dans la majorité des cas, cela va au delà de trois mois, de
toute façon.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Ryan: Alors, nous disons qu'entre trois mois et douze mois
c'est beaucoup mieux douze mois. Tout le reste demeure comme c'est
actuellement. C'est sujet à une décision du bureau de la
corporation. Nous trouvons que trois mois ou deux mois, cela ne changera rien.
Déjà, actuellement, cela va plutôt vers douze mois que vers
trois mois. C'est seulement cela que l'article dit.
Mme Blackburn: Je voulais seulement vérifier et savoir un
peu de quoi on parle. Je me demandais pourquoi passer de trois mois... Ce n'est
pas du simple au double, c'est du simple au quadruple, ce qui est beaucoup.
Est-ce une pratique courante? Combien de centaines de ces cas trouve-t-on au
Québec? Est-ce que cela justifie un élargissement aussi important
de la pratique?
M. Ryan: On m'informe que, de toute manière, cette
pratique est plutôt restreinte en nombre. Elle est surtout
utilisée par des professionnels qui sont engagés dans la
réalisation de contrats de construction, de réalisation de grands
ouvrages. On a besoin alors d'une personne qui a telle expertise. Ou c'est une
grande firme comme quand on a fait le projet de la Baie James, c'est la grande
firme américaine Bechtel qui avait la gérance du projet. Il y a
probablement un certain nombre de ses ingénieurs ou de ses
administrateurs qui auront reçu un permis les autorisant à
exercer leur profession au Québec pendant une certaine période.
Peut-être que la période aurait été plus longue si
cela avait été donné par le bureau. Mais le
président n'était autorisé à donner qu'une
permission de trois mois. Il peut arriver que ce soit un médecin. Il y a
des gens qui veulent être opérés par un médecin de
Toronto. Ils ne peuvent pas se déplacer. Il faut que le médecin
vienne a Montréal. Il va venir opérer ici. Il y a aussi
très souvent des avocats du Québec qui veulent exercer dans la
province voisine à propos d'une cause. C'est une chose qui est
absolument nécessaire, qu'on aille la mobilité dans nos lois
professionnelles pour permettre des situations comme celle-là. Tout ce
que nous faisons, nous augmentons la souplesse de notre loi en portant le
délai de base de trois mois à douze mois.
Mme Blackburn: Est-ce que cela n'aura pas aussi pour effet
d'augmenter le nombre de professionnels qui vont venir travailler chez nous?
Est-ce que ce n'est pas une façon de décloisonner entre les
provinces canadiennes certaines professions? Il y en a seulement quelques-unes
qui ne sont pas autorisées à venir pratiquer au Québec,
quand on regarde l'ensemble canadien. C'est davantage par rapport aux
Américains. En génie, il n'y a sûrement pas de
frontières. En architecture... Il y a la médecine, le
droit...
M. Ryan: Dans chaque profession, même si vous êtes
accrédité par l'Institut canadien du génie, pour pratiquer
le génie au Québec, il faut que vous soyiez autorisé par
l'Ordre des ingénieurs. La capacité d'exercer la profession est
de compétence exclusivement québécoise.
Mme Blackburn: Une dernière question: Pourquoi n'a-t-on
pas penser mettre six mois? Il me semble que douze mois, c'est du
quadruple.
M. Ryan: On a pensé à tout cela et on a
trouvé que... On me signale que, déjà, dans une autre
disposition de la loi, il est indiqué que, sous réserve de
certains articles de la Charte de la langue française, le bureau d'une
corporation peut délivrer, aux conditions qu'il détermine,
à une personne légalement autorisée à exercer hors
du Québec la même profession que les membres de cette corporation
un permis temporaire valable pour un an et renouvelable.
Mme Blackburn: Oui. Alors, si cela existe déjà dans
votre projet...
M. Ryan: C'est dans le code actuel.
Mme Blackburn: Dans le code actuel. Si cela existe, à quel
article?
M. Ryan: L'article 41.
Mme Blackburn: Pourquoi conserve-t-on deux articles? Quelle est
la différence entre un permis temporaire émis par le bureau et
valide pour un an, et votre autorisation renouvelable, une autorisation
spéciale?
M. Ryan: Ici, M. le Président, si vous remarquez bien,
l'article 33, c'est uniquement dans le cas de personnes qui veulent exercer au
Québec pour le compte de toute personne ou de tout groupe de personnes
indiqués dans l'autorisation, tandis que l'autre c'est
général.
Ici, en vertu de l'article 33, le président ne peut pas, de sa
seule autorité, décider qu'il va permettre à une personne
d'ouvrir un bureau de médecin ou d'ingénieur rue Sainte-Catherine
à Montréal. Ici, c'est le cas d'une firme qui veut avoir un
contrat, elle va dire: J'ai besoin de tel ingénieur pour travailler
là-dessus. Le président peut autoriser pour une période
qui va aller de trois mois à douze mois, en vertu de l'amendement que
nous proposons. Si c'est pour la pratique ordinaire de la profession, cela
passe nécessairement par le bureau. Ce sont des autorisations
spéciales qui peuvent requérir une action pressée.
Mme Blackburn: Professions d'exercice exclusif... Les deux sont
utiles, mais il y en a un qui vient doubler l'autre.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous une question, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Simplement, je me demandais... Parce que l'article
33 interprète l'article 32. C'est: "Nonobstant à l'article 32..."
L'article 32, ce sont les professions d'exercice exclusif, alors que l'article
40 auquel vous avez fait référence tout à l'heure, ce sont
toutes les professions. Cela veut donc dire que l'article 33 que vous voulez
modifier inclut les titres réservés, mais les autres
également?
M. Ryan: M. le Président, si vous me permettez, l'article
33 porte uniquement sur les professions d'exercice exclusif.
Mme Blackburn: D'exercice exclusif, oui. Cela va.
M. Ryan: L'article 39 porte sur les profes-
sions de titre réservé et l'article 41 porte sur les unes
et les autres. C'est parfaitement cohérent, à ma grande
surprise!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Oui, à l'exception qu'il y en a un
où c'est le bureau et l'autre le président.
M. Ryan: C'est cela, mais c'est un cas spécial. À
l'article 33, comme vous le voyez, c'est un cas particulier.
Mme Blackburn: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Le pouvoir du président...
Mme Blackburn: Donc, il n'y aura plus de différence, en
somme. Il y en a un où c'est le bureau et l'autre le président.
Il n'y aura plus de différence, dans un cas comme dans l'autre...
M. Ryan: Non, mais regardez... Oui...
Mme Blackburn: ...qu'il s'agisse d'une autorisation
spéciale ou d'un permis.
M. Ryan: II y a une chose qu'il faut souligner - une
dernière fois, j'espère - c'est qu'à l'article 33 le
pouvoir du président ne porte que sur les cas où une personne
veut venir exercer cette profession pour le compte de toute personne ou de tout
groupe de personnes indiqué dans l'autorisation. Par conséquent,
c'est très limité.
Mme Blackburn: Cela va.
M. Ryan: Si c'est pour un exercice plus général, on
retombe à l'article 41.
Mme Blackburn: À l'article 41, et cela devient un
permis.
M. Ryan: Oui, c'est cela. On se comprend? Mme Blackburn:
Cela va.
Le Président (M. Kehoe): L'article 3 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Professions à titre
réservé
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 4. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, l'article 4 est peut-être
le plus important de tout le projet de loi. C'est un article qui répond
à des représentations qui nous sont soumises depuis longtemps par
les professions concernées et également par l'Office des
professions. Dans le débat que nous avons eu à l'Assemblée
sur le principe du projet de loi, la députée de Chicoutimi
m'avait demandé si on pouvait donner des exemples de problèmes
qui s'étaient présentés à l'appui de la
modification proposée.
Dans un avis que l'Office des professions avait remis au ministre
responsable de l'application des lois professionnelles en juin 1985, un avis
intitulé "Avis sur le titre réservé", l'Office des
professions avait indiqué de nombreux exemples de situations qui
justifiaient une modification. Il avait indiqué, par exemple, des
problèmes vécus par les corporations professionnelles, des
problèmes concernant l'adhésion à la corporation
professionnelle, vu qu'on pouvait pratiquer la profession en passant à
côté, en utilisant un titre laissant croire que la personne avait
la même compétence que les membres de la profession. On passait
à côté et on jouissait de tous les avantages que procure la
corporation, mais sans en encourir les obligations et les
responsabilités. If y avait un autre point. C'est qu'on échappait
au contrôle des membres également. On y échappait pour la
pratique courante. On n'était pas astreint à toutes les
obligations auxquelles s'astreignent librement les membres qui acceptent de
faire partie de la corporation.
Il y avait des usurpations de titres et toutes sortes de trucs
employés pour usurper le titre qui était réservé
aux membres de la corporation. Pour les personnes qui utilisent le
système professionnel, c'était une source de confusion
énorme. On ne savait pas si on s'adressait à une personne de
bonne foi, à un professionnel de bonne foi, à un charlatan ou
à une personne située entre les deux. Cela compliquait beaucoup
le choix des personnes. (21 heures)
Pour toutes ces raisons, l'office avait recommandé à
plusieurs reprises au gouvernement d'adopter cette modification. Nous sommes
venus près à une couple de reprises, depuis l'avènement au
pouvoir du présent gouvernement, de le faire. Je suis content que le
projet de loi 22 nous permette d'envisager que ce problème trouvera une
solution satisfaisante.
Je veux expliquer brièvement en quoi consiste la solution que
nous apportons. Dans le texte actuel de la loi, il est écrit ceci. Je
prends l'exemple d'une profession, mais je pourrais prendre toutes les
professions à titre réservé qui ont le même
problème: "Nul ne peut utiliser le titre de comptable en management
industriel ni un titre quelconque comportant cette expression ou
l'équivalent ou s'attribuer les initiales décrivant la
profession, s'il n'est détenteur d'un permis valide à cette
fin..." Les mots qui étaient source de difficulté sont "ni un
titre quelconque comportant cette expression ou l'équivalent".
C'était tellement général que ce n'était pas
interprétable. Il n'y avait pas moyen de saisir ce que cela voulait dire
en pratique. On nous a représenté qu'il faudrait dire quelque
chose
comme ceci: Ne peut pas utiliser le titre de comptable en management
industriel ni un titre pouvant laisser croire qu'il l'est, s'il n'est
détenteur, etc. Ce que nous ajoutons, c'est "ni un titre pouvant laisser
croire qu'il l'est".
Moi-même, je serais loin de prétendre que ce soit une
formulation parfaite. Bien loin de moi cette prétention. Mais c'est le
résultat de l'expérience. C'est la formule la meilleure qu'on ait
pu trouver jusqu'à ce jour, après quinze ans
d'expérimentation du Code des professions. Je pense que, en bonne
sagesse, ce que nous avons le mieux à faire, c'est d'accepter le conseil
des personnes sages et de l'Office des professions qui ont travaillé ces
choses pendant longtemps. Sur le fond, je pense qu'il doit y avoir accord entre
l'Opposition et le gouvernement sur le principe de cet article.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Effectivement, si cela a posé un
problème d'interprétation...
M. Ryan: Parce que la clause actuelle a donné lieu
à plusieurs contestations devant les tribunaux. Ces contestations ont
abouti à des échecs parce que le juge concluait que, devant une
clause comme celle-ci, il n'y avait pratiquement pas de pouvoir
d'interprétation qui lui était donné.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Mme Blackburn: Un instant. Je pense qu'on pourrait
procéder paragraphe par paragraphe. Vous en avez quelques-uns, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Kehoe): Comme vous voulez.
Mme Blackburn: Le premier paragraphe concerne...
M. Ryan: ...les CMA.
Mme Dougherty: M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question? Simplement pour mon information, est-il possible
d'être accrédité par formation et non par reconnaissance
dans une corporation professionnelle?
M. Ryan: Non.
Mme Dougherty: Ce n'est pas possible?
M. Ryan: Non. On va avoir un titre universitaire ou
académique en vertu de la formation qu'on a reçue. Mais le droit
d'exercer la profession découle de l'appartenance à la
corporation...
Mme Dougherty: Alors, le titre...
M. Ryan: ...surtout pour les professions d'exercice exclusif.
Pour les professions de titre réservé, c'est différent. Le
titre est réservé aux personnes qui pratiquent cette profession.
Avec ce qu'on fait, vous n'aurez pas le droit d'utiliser un titre qui pourrait
laisser croire que vous êtes psychologue, par exemple, ou travailleur
social, si vous n'avez pas les qualifications qui sont requises pour être
membre de la corporation.
Mme Dougherty: Mais on pourrait avoir toutes les qualifications,
parce que ces qualifications sont surtout universitaires ou théoriques
et on pourrait répondre à toutes les qualifications requises par
l'université et ne pas être, pour des raisons quelconques, membre
de la corporation. Est-ce possible?
M. Ryan: Pour les professions?
Mme Dougherty: Ou est-ce que c'est automatique?
M. Ryan: Pour les professions d'exercice exclusif, prenez un
avocat, même s'il est docteur en droit de l'Université de
Montréal, s'il n'est pas membre du Barreau, il n'a pas le droit de poser
des actes de l'avocat.
Mme Dougherty: D'accord. Pour l'avocat, je comprends parce qu'il
y a des stages, etc. et tout un processus...
M. Ryan: Le médecin...
Mme Dougherty: ...demandés par le Barreau.
M. Ryan: Oui.
Mme Dougherty: D'accord, c'est simplement cette question.
M. Ryan: Avec ceci, prenez un psychologue. Une personne pourrait
rendre des services comme psychologue même si elle n'est pas membre de la
corporation, mais elle n'aura pas le droit d'utiliser ce titre-là, si
elle n'est pas membre de la corporation. Il va falloir qu'elle trouve un titre
qui ne laisse pas croire qu'elle l'est. C'est assez...
Mme Dougherty: Je comprends le sens de l'amendement.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Bien. Le premier paragraphe, adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le premier paragraphe,
adopté. Le deuxième paragraphe?
Mme Blackburn: Le deuxième paragraphe concerne quelle
profession?
M. Ryan: Les CGA.
Mme Blackburn: Comptable général. Le
deuxième, adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 3° de l'article
4?
Mme Blackburn: Au paragraphe 3°, ce sont les
diététistes. Adopté.
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 4°?
Mme Blackburn: Une question: Pourquoi faut-il avoir aussi les
initiales en anglais dans la version française?
M. Ryan: C'est là comme cela depuis un bon bout de temps.
Cela a été inséré de cette manière pour
répondre au voeu des corporations professionnelles à
l'époque. Il est vrai que cela fait un peu curieux. Je pense que la
députée de Chicoutimi a raison de soulever cette anomalie. Mais
ici, comme on est dans un domaine où il s'agit de faciliter l'exercice
de la profession, certaines de ces professions s'exercent également dans
d'autres provinces et aux États-Unis. Prenez la profession de
travailleur social. Si c'est consacré par la loi que la personne peut
s'appeler aussi "social worker", SW, cela lui facilite les choses quand elle
écrit ailleurs et si elle veut exercer sa profession ailleurs. Ce sont
des choses qui... C'est pour faciliter la vie des professionnels.
Mme Blackburn: Les initiales françaises se
retrouvent-elles aussi dans la version anglaise?
M. Ryan: On peut se réserver de le vérifier. C'est
une chose qu'il faudrait voir à insérer si ce n'y était
pas. Je suis complètement d'accord avec la députée de
Chicoutimi. Oui, cela y est.
Mme Blackburn: Oui, d'accord. Bien.
Le Président (M. Kehoe): Le paragrahe 4° est-il
adopté?
Mme Blackburn: Adopté. Le Président (M. Kehoe):
Le paragraphe 5°? Mme Blackburn: Le paragraphe 5° touche...
Une voix: Les psychologues.
M. Ryan: M. le Président, avez-vous appelé
l'article 5?
Le Président (M. Kehoe): Non...
Mme Blackburn: Non, non, le paragraphe 5° de l'article 4.
Le Président (M. Kehoe): ...le paragraphe 5° de
l'article 4. On est rendu à l'article 4, paragraphe 5°.
M. Ryan: Je trouvais que vous alliez vite, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui. Cela irait trop bien.
M. Ryan: C'est la même chose sur toute la ligne.
Mme Blackburn: Bien. Au paragaphe 6°...
Le Président (M. Kehoe): Le paragrahe 5° est-il
adopté?
Mme Blackburn: Oui, adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 6°.
Mme Blackburn: Au paragraphe 6°, j'aurais une proposition
d'amendement, je vais la distribuer. J'ai soulevé la question en Chambre
et je me demandais si le ministre y avait réfléchi et s'il avait
examiné la possibilité de procéder à cela
dès l'adoption ou l'examen de ce projet de loi, c'était la
féminisation des désignations.
M. Ryan: II aurait fallu y penser plus tôt, parce qu'on en
a déjà adopté une couple. On a adopté
diététicien tantôt, je vous attendais.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: On a adopté travailleur social.
Mme Blackburn: Puis, comme...
M. Ryan: On va rester dans la même logique que je vais vous
expliquer. La logique du gouvernement est bien simple: Le gouvernement n'a pas
d'objection du tout à procéder à la féminisation
des titres, mais il veut le faire en accord avec la volonté des
corporations concernées. Là où les corporations nous ont
indiqué leur volonté de procéder à la
féminisation, nous le faisons, c'est-à-dire dans deux cas, et
nous serons prêts à le faire, à l'avenir, dans d'autres
cas, mais, jusqu'à ce jour, les autres corporations ne nous ont pas fait
part de cette volonté. Nous ne voulons pas leur imposer cela de
manière artificielle, sans que leur accord ait été obtenu,
pour l'instant. Dans le cas de la corporation dont parle la
députée de Chicoutimi nous avons justement une lettre qui avait
été adressée à l'ancien président de
l'Office des professions le
25 février 1985 dans laquelle on disait ceci, c'était le
secrétaire qui écrivait: "La présente lettre fait suite
à votre lettre du 7 février au sujet des mots "conseiller" et
"conseillère". Personnellement, nous traitons le mot "conseiller" comme
un générique englobant deux sexes et, en conséquence, ne
demandons pas d'amender notre loi." C'est encore lui qui est secrétaire,
d'ailleurs, je pense, De Lierre.
Mme Blackburn: D'abord, je voudrais réagir: Quand le
ministre dit: Nous autres, on est prêts lorsqu'on nous le demande, ce
serait bien le reste s'il fallait qu'il ne soit pas prêt lorsqu'ils le
demandent. Je veux dire si le gouvernement... Écoutez, je pense que la
responsabilité d'un ministre, c'est d'aller peut-être plus loin
à un moment donné dans ces questions. Mon argument est le
suivant: D'autant que ces corporations détiennent des mandats, des
pouvoirs et des fonctions qui leur sont conférés en vertu d'une
loi, le Code des professions. Donc, je ne dis pas que ce sont des organismes
para ou péripublics mais à pouvoir quasi judiciaire, à un
moment donné, qui détiennent leur pouvoir d'une loi. Dans ce
sens, il me semble qu'on peut leur indiquer...
Vous parliez tout à l'heure de règlement, quand on dit:
peut et peut modifier. Vous expliquiez que la raison de cette modification,
c'était pour tenir compte de certaines orientations et de certaines
politiques du gouvernement. Il me semble que l'une des politiques, elle a
déjà plusieurs années, c'est de tenter avec l'Office de la
langue française, dans la mesure du possible et par moyens incitatifs et
divers, de féminiser les termes pour mieux tenir compte de la
réalité. Dans la grande partie de ces corporations on va trouver
des femmes et des hommes. Qu'on m'explique que le terme masculin est
générique et comprend aussi bien les hommes que les femmes, il y
a longtemps qu'on m'a expliqué cela, d'ailleurs, sauf qu'au
Québec on a pensé qu'il y avait moyen de procéder
autrement. Au-delà de se faire dire, quand ils nous le demandent: On est
prêts, je me demande s'il ne serait pas intéressant et pertinent
de fortement les inciter à le faire, à moins qu'on ne croie que
la réalité ne porte pas, c'est-à-dire que les termes n'ont
pas symbole de valeur. Moi, je me dis que les termes et les expressions portent
une valeur. Dans ce sens, je pense qu'il serait important que les corporations
professionnelles s'ajustent à cette réalité.
Le Président (M. Kehoe): Compte tenu qu'on discute le
paragraphe 6°, je déclare que l'amendement présenté
par la députée de Chicoutimi est recevable. On peut
procéder à la discussion. M. le ministre.
M. Ryan: Très bien. Je vais dire ceci: Je ne comprends pas
l'amendement. Est-ce qu'il y a un amendement qui a été
présenté en bonne et due forme? Je n'avais pas compris cela, M.
le Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut nous en donner le texte? Je ne l'avais
pas vu. Il me semble que les propos que la députée de Chicoutimi
vient de tenir ne vont pas dans le sens de cet amendement. Elle a dit
tantôt: Est-ce qu'il n'y aura pas moyen d'inciter les corporations
à s'orienter dans ce sens? J'allais lui répondre que
j'étais prêt à faire une demande explicite à
l'Office des professions à cette fin. Je croyais comprendre que,
fidèle à la logique dont elle disait s'inspirer au début
de ses propos, elle ne voulait pas qu'on multiplie les impositions. Elle
voulait qu'on procède le plus possible par voie de persuasion ou de
respect de la liberté de décision des organismes
concernés. Dans cette ligne, je suis prêt à faire un bon
bout de chemin et à travailler le plus vigoureusement possible pour
qu'on accomplisse des progrès de ce côté, mais je ne
voudrais pas qu'en cette matière où il y a encore une grande
marge de débats entre les citoyens qu'on vienne trancher
impérialement à la faveur d'une discussion très
brève qu'on va avoir ce soir sur cela. Là où on nous l'a
demandé, là où on nous a exprimé explicitement la
volonté de le faire, nous sommes très heureux de collaborer
à ce que cela se fasse. Encore une fois, dans les autres cas - je le dis
publiquement en présence du président de l'Office des professions
et d'autres membres de l'Office des professions qui sont ici ce soir - le
gouvernement sera très heureux de voir les progrès se multiplier
dans cette direction. (21 h 15)
Maintenant, on me signale un problème. C'est pour cela qu'on ne
peut pas régler cela dans l'espace de deux minutes. C'est pour le titre
des corporations. Cela comportera un allongement du titre. Les travailleurs
sociaux s'appelleront à l'avenir "Corporation des travailleuses et des
travailleurs sociaux du Québec". Avec le temps, il faudra mettre
"sociales" et "sociaux" parce que, si le masculin n'englobe pas le
féminin, il faudra que ce soit sur toute la ligne. Cela n'a pas
été discuté encore.
Mme Blackburn: C'est juste.
M. Ryan: Les lettres patentes, qu'est-ce qu'on va en faire?
Est-ce qu'on va changer cela d'un bout à l'autre? Ce que je dis, c'est
qu'on ne peut pas procéder rapidement sans avoir l'assentiment des
groupes concernés. Mais qu'on l'enregistre ce soir à
l'état de voeu, je suis très disposé à le faire. Je
suis foncièrement d'accord avec la proposition dans son esprit.
Mme Blackburn: Vous savez, M. le Président, on
connaît l'écart qui existe encore, à tous égards,
par rapport au traitement, aux
rémunérations qui sont accordés aux femmes. Ce
n'est pas parce qu'on les a scolarisées qu'on les a amenées au
même niveau de reconnaissance sociale. Cela passe aussi par ce genre de
choses. C'est pourquoi je l'ai apporté.
Si le ministre était capable de s'engager - au moment où
l'on se parie, il dit: Je suis prêt à faire une certaine
démarche - à le faire de façon plus officielle en
rappelant que ces corporations, encore une fois, se voient confier des devoirs,
des responsabilités, des fonctions et des pouvoirs en vertu d'une loi et
que, à cet égard, on peut, dans une certaine mesure, avoir des
exigences qu'on n'aurait pas à l'endroit d'organismes bona fide. Il me
semble qu'on devrait faire une démarche formelle et pas seulement
d'incitation en disant qu'il serait peut-être souhaitable que...
Je pense qu'il faudrait vraiment s'assurer que cela se conforme, le plus
rapidement possible, aux avis qui ont été émis par un
organisme gouvernemental, qui est l'Office de la langue française, sur
cette question, sur la féminisation des fonctions et des titres. Il me
semble que cela relève de la responsabilité du gouvernement. Si
le ministre peut prendre cet engagement, je suis prête à retirer
la demande.
M. Ryan: M. le Président, je suis prêt, tout
d'abord, à procéder à une consultation préalable
avec ma collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine, aussi avec l'Office de la langue française et
l'Office des professions. Sur la base de cette consultation, je suis
également prêt à écrire ensuite à l'Office
des professions pour lui demander d'entreprendre des démarches
auprès des corporations concernées afin d'explorer avec elles les
possibilités d'en venir à l'objectif qui serait de
reconnaître la réalité, la présence de membres des
deux sexes dans les professions.
Mme Blackburn: À titre d'information, j'ai sur mon bureau
- j'ai oublié de le descendre - un avis de l'Office de la langue
française sur la féminisation des titres et des fonctions - si ma
mémoire est fidèle, c'est du printemps 1986, cela doit faire deux
ans - où l'on retrouve une liste de titres qui ont été
féminisés. Je pense que cela pourrait être une source
d'information importante. Comme cela fait déjà deux ans que c'est
sur la table, je pense qu'on pourrait, d'autant plus que deux professions l'ont
demandé... On a examiné une douzaine de professions dont on
pourrait féminiser les titres. Ce ne serait pas un drame. Et il me
semble que ce serait assez significatif.
M. Ryan: Je pense qu'on va reconnaître une chose: Si on
veut agir sur le titre d'une corporation, on va d'abord fonder toute action sur
l'avis des membres de la corporation eux-mêmes. C'est la première
démarche qu'on doit faire, s'enquérir de l'avis des membres. On
n'est pas obligés d'être d'accord avec eux. On peut leur dire
ensuite: On trouve que vous devriez aller plus loin. Éventuellement, le
gouvernement peut décider d'aller plus loin à l'intérieur
de sa politique d'égalité. Il peut décider d'aller plus
loin, mais on n'est pas à cette étape actuellement. C'est ce que
j'essaye d'indiquer. Je suis prêt à faire les démarches qui
vont nous permettre d'avancer.
Le Président (M. Kehoe): Si je comprends, Mme la
députée de Chicoutimi, l'amendement que vous avez
présenté au paragraphe 6° est retiré?
Mme Blackburn: Oui. J'aimerais que le ministre nous garde
informés de ses démarches. L'amendement est retiré.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le paragraphe 6°
est adopté?
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que la députée de Chicoutimi m'a
adressé une question. Je veux lui répondre oui. Elle a tout
loisir de m'interroger à la Chambre, surtout les jours où
l'Opposition a l'air d'être un peu pauvre en questions, vers les fins de
sessions.
Mme Blackburn: C'est le gouvernement qui m'a paru pauvre avec son
budget d'immobilisation. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le paragraphe 6°
est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 7°.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 8°.
Mme Blackburn: Le paragraphe 8°, cela touche qui?
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 9°?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 10°?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 11°?
Mme Blackburn: Cela concerne qui?
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 11°, M. le
ministre, cela concerne qui?
M. Ryan: Les hygiénistes dentaires.
Mme Blackburn: Les hygiénistes dentaires.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le paragraphe 11 °
est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 12°?
Mme Blackburn: C'est du service, n'est-ce pas?
M. Ryan: Au service de tout le monde, y compris le
président, j'espère.
Mme Blackburn: On doit cela à M. Sain-tonge qu'on
remercie.
Le Président (M. Kehoe): En récompense, est-ce que
le paragraphe 12° est adopté?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Je pensais que c'était notre... C'est cela
avec les libéraux, ils pensent que tout s'achète. Non? Ha, ha,
ha! Merci de votre thé. J'apprécie.
Ce que je comprends, au paragraphe 12°, on féminise
techniciennes dentaires, où il y a seulement des femmes, on est
prêt à féminiser ou à peu près, il ne doit
pas y avoir beaucoup de techniciens dentaires. 2 % à peu
près.
Une voix: II y a beaucoup de techniciens dentaires.
Mme Blackburn: Techniciens dentaires? Une voix: C'est
à peu près moitié, moitié. Mme Blackburn:
Pas des...
Une voix: Vous parlez d'hygiénistes dentaires, les
techniciens, c'est autre chose.
M. Ryan: Nous allons vérifier parce qu'il y a une
affirmation très grave qui vient d'être entendue.
Mme Blackburn: II doit y avoir plus d'hommes que de femmes. C'est
hygiéniste dentaire, vous avez raison.
M. Ryan: Hygiéniste dentaire; l'autre, c'est assistant
dentaire, ceux qui suivent le cours secondaire, c'est assistant et assistante
dentaires.
Il y a des renseignements qui commencent à dater.
Mme Blackburn: C'est à hygiéniste dentaire que je
pensais.
M. Ryan: Technicien dentaire, c'est à 80 % masculin.
Mme Blackburn: II n'y avait pas de femmes du tout, il y a dix
ans. Il n'y avait que des hommes.
M. Ryan: Je prétends que tous ces paragraphes sont du
pareil au même, jusqu'à la fin de l'article 4.
Le Président (M. Kehoe): Pour commencer, est-ce que le
paragraphe 12° est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 13°?
Mme Blackburn: Le paragraphe 13°, cela concerne qui?
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 14°?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 15°?
Mme Blackburn: Cela concerne les ergothé-rapeutes. Cela ne
se féminise pas non plus. Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 16°?
Mme Blackburn: Donc, infirmiers et infirmières
auxiliaires. Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 17°?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 18°?
Mme Blackburn: Cela me donne l'occasion de revenir sur la
reconnaissance d'une corporation de sages-femmes. Si on l'avait reconnue dans
le texte, on la retrouverait ici également, cette corporation. Sa
désignation se retrouverait ici, comme on vient de retrouver
technologues en sciences appliquées.
M. Ryan: Les deux corporations que nous ajoutons
détiennent déjà leurs lettres patentes. Elles fonctionnent
comme corporation, mais les modifications au code n'avaient pas
été faites pour tenir compte des réalités qui sont
déjà implantées, de toute manière. Tandis que, dans
le cas des sages-femmes dont parle la députée de Chicoutimi, il
n'y a pas eu encore émission de
lettres patentes, ni même de décision politique quant au
statut qui leur sera réservé. Il y a une étude qui vous a
été remise par l'Office des professions qui est à l'examen
présentement, tout d'abord au ministère de la Santé et des
Services sociaux et ensuite au ministère responsable de l'application
des lois professionnelles. La question est prématurée ici.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai été
assez informée de cette situation. C'est pour cela que je trouve qu'on
est en train de toucher... C'est un projet de loi, je ne dirais pas majeur,
mais qui a son utilité, certainement. Tant qu'à ouvrir une loi,
pourquoi n'aurions-nous pas attendu d'avoir réglé ce cas? C'est
majeur et je ne comprends pas qu'on tarde comme cela au Québec. Le
dossier était relativement bien engagé, il y a deux ans et demi.
Si je me rappelle, c'est le député de Joliette qui était
ministre des Affaires sociales. Il avait, lui, pris un certain nombre
d'engagements à l'endroit de la profession pour viser à les
reconnaître. On est le seul endroit au monde, avec l'Afrique du Sud,
où on ne reconnaît pas la profession de sage-femme.
Je me dis des fois que l'Afrique du Sud et nous, on va finir par avoir
un certain nombre de ressemblances. Je trouve cela infiniment
déplorable, d'autant plus qu'il y a eu un avis de l'Office des
professions. Le président de l'office est ici. Cet avis a
été émis à quel moment? Cela fait
déjà un bon moment, au moins une année.
M. Ryan: Un an, à peu près. Dix ou douze mois.
Mme Blackburn: II y a eu également un rapport du
ministère des Affaires sociales. Dans le fond, sur cette question, si on
était les premiers à innover, je comprendrais la prudence. Pour
l'acupuncture, on a le même problème. On sait pourquoi, parce que
la corporation des médecins est capable d'exercer un lobby
démesuré. Le ministre le sait. Sur toutes les professions
médicales ou paramédicales, son pouvoir est énorme. Sauf
qu'il faut se demander ce que cela coûte au Québec, parce qu'on
peut nous imposer - la Corporation des médecins, les facultés de
médecine - une année de plus de formation à des
coûts complètement astronomiques et tout le monde est
obligé de s'y plier. Nous imposer des règles touchant la
reconnaissance des autres corporations, je trouve que cela commence à
devenir abusif. (21 h 30)
Si, à un moment donné, il n'y a pas quelqu'un - et c'est
la responsabilité du ministre - qui met un peu de pression pour que cela
change, il y a de bonnes raisons pour qu'ils n'aient pas l'intention de
changer. On voit là, il y a les acupuncteurs et les sages-femmes et,
dans les deux cas, on a l'impression que ce qui bloque la reconnaissance de ces
professions-là, c'est le lobby des médecins, comme ils l'ont fait
pendant je ne sais combien de temps en ce qui concerne les chiropraticiens.
Cela a été une guerre d'usure, cela a dû prendre 20 ans
avant qu'ils les reconnaissent. Dans ces deux professions-là, la
pratique est largement répandue dans tous les pays du monde, et
là on ne parle pas de pays en développement, on parle de pays
très évolués.
Mme Dougherty: Est-ce qu'on aura des "sages-hommes"?
Mme Blackburn: Quand ils accoucheront. Ha, ha, ha!
M. Ryan: M. le Président, je pense que les propos qu'on
vient d'entendre sont très intéressants, mais ne s'appliquent pas
au projet de loi que nous examinons ce soir. Nous examinons des
améliorations qu'il convient d'apporter au Code des professions afin de
mieux en assurer le bon fonctionnement pour les corporations reconnues. Ce
n'est pas un projet de loi qui vise à donner une reconnaissance à
des professions qui n'auraient pas encore cette reconnaissance-là. Le
problème qui est soulevé par la députée de
Chicoutimi est actuel, se pose, doit être l'objet d'un examen à un
autre endroit, mais je ne pense pas que ce soit le lieu de l'examiner ce soir
et j'ajoute, en ce qui me touche en ma qualité de responsable de
l'application des lois professionnelles, que je ne suis point encore
arrivé au stade où je serais en mesure de recommander une
décision au gouvernement sur cette question-là. J'attends encore
des avis, j'attends d'avoir pu examiner ce problème en profondeur
à la lumière de l'étude qui sera faite dans les autres
secteurs de l'administration publique qui sont plus immédiatement
concernés. Par conséquent, même si on voulait discuter
davantage, on ne pourrait pas décider davantage ce soir parce que le
dossier n'est pas mûr encore.
Mme Blackburn: Mais, M. le Président, le ministre
lui-même reconnaît que le...
M. Ryan: Et j'ajouterai si... Excusez. Je l'ajouterai
après, excusez-moi.
Mme Blackburn: Non, allez-y.
M. Ryan: Je voulais ajouter, sur le cas de l'acupuncture, le
deuxième exemple mentionné par la députée de
Chicoutimi, que, de toute évidence, cette profession n'avait pas atteint
l'homogénéité nécessaire en matière de
normes de formation et de qualification professionnelle, et même en
matière d'unité de ses membres, pour qu'il pût être
question sérieusement de lui conférer maintenant un statut de
corporation professionnelle. Nous avons laissé la porte ouverte pour
l'avenir, et cet avenir viendra quand les normes de compétence
professionnelle auront été davantage accordées et,
deuxièmement, quand il y aura une plus grande unité à
l'intérieur de cette profession-là. Mais je pense qu'avoir
érigé ce groupe en corporation professionnelle maintenant
eût été agir de manière tout à fait
prématurée et précipitée de la part du gouvernement
et ce n'est pas le lobby des médecins qui nous a conduits à cette
constatation, ce sont nos propres observations.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre
reconnaît que l'objectif du projet de loi, c'est d'améliorer le
Code des professions et le fonctionnement de nos corporations, ce que je
reconnais avec lui, mais du moment où on est en train de discuter d'une
mesure qui aurait comme effet d'améliorer le fonctionnement et la
reconnaissance d'autres professions, je pense qu'il est tout à fait dans
l'ordre des choses qu'on en parle. Ce n'était pas hors du sujet dans le
sens où ces questions-là se soulèvent à l'occasion
de l'examen d'un projet de loi qui concerne la reconnaissance des corporations
professionnelles.
L'article 18 est adopté, le paragraphe.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 5. Est-ce que l'article 4 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 5.
M. Ryan: L'article 5, M. le Président, c'est un article de
concordance qui reproduit dans l'article 37 du Code des professions une
modification que nous venons d'introduire en ce qui concerne la description du
titre réservé.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut comprendre pourquoi il y a une
partie de...
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Ryan: Je crois qu'on...
Mme Blackburn: On dit que cette disposition vise à
rectifier... Est-ce qu'on pourrait avoir des explications?
M. Ryan: Sur l'article 6?
Le Président (M. Kehoe): L'article 5.
Mme Blackburn: Sur l'article 5.
M. Ryan: L'article 5, c'est uniquement un article de
concordance.
Mme Blackburn: Le paragraphe 1°.
M. Ryan: C'est uniquement un article de concordance, l'article 5.
On reprend les titres des corporations qui sont décrites à
l'article précédent. Cette fois-ci, c'est pour décrire
certaines activités propres à chacune des professions.
Mme Blackburn: On parle du paragraphe 1° qui... La note que
j'ai ici, c'est: Cette disposition vise à rectifier une modification qui
n'aurait pas dû être rapportée à la version anglaise
lors de l'entrée en vigueur du projet de loi 11 de 1987, Loi portant
changement du nom de la Corporation professionnelle des comptables en
administration industrielle du Québec et du titre de ses membres. Mais
pourquoi cela se retrouve-t-il dans le projet de loi, ici?
M. Ryan: M. le Président, si vous me permettez, à
la fin de l'étude du projet de loi, j'aurai une série de
modifications à proposer concernant la version anglaise, parce qu'il y a
un certain nombre de choses qui n'étaient pas vraiment conformes au
texte français dans la version anglaise qui avaient été
dressées. Il y a un certain nombre de modifications que nous voudrons
proposer. Je pense que nous pourrions prendre cette partie et la garder en
suspens.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Ryan: Si on aborde des problèmes ensemble, je pense
qu'on n'aura pas de misère à se comprendre.
Le Président (M. Kehoe): Cela veut dire que l'article 5
est en suspens?
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 6. L'article
6, M. le ministre.
Mme Blackburn: Conseillers et conseillères. Ce sont
toujours les conseillers et les conseillères...
Le Président (M. Kehoe): Y a-t-il des explications, M. le
ministre, sur l'article 6?
M. Ryan: C'est un article de pure concordance. On applique aux
professions de titre réservé ce qui a été
énoncé tantôt à l'article 33 pour les professions
d'exercice exclusif concernant l'admission à la pratique temporaire
d'une profession.
Mme Blackburn: Adopté.
Dispositions communes
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Ryan: Je pense que nous avons un
amendement à vous communiquer ici, M. le Président. Je ne
sais pas si l'Opposition l'a eu?
Le Président (M. Kehoe): II y a un amendement à
l'article 7. Je vais le lire: Remplacer le paragraphe 2° par le suivant:
"2° par l'insertion, dans la première ligne du quatrième
alinéa et après le mot "bureau", des mots "les trois expertises
qui constituent". Avez-vous des explications sur l'amendement, M. le
ministre?
M. Ryan: Oui. Si vous voulez m'excuser juste une petite seconde,
je vais vous donner une explication, je vais vous proposer une explication.
L'article 49. 1°... Dans le Code des professions, on dit qu'en cas d'examen
médical requis par le bureau, les trois médecins
désignés qui doivent former le "panel" doivent produire au bureau
le rapport de l'examen médical de la personne visée au plus tard
90 jours après la désignation du dernier d'entre eux, à
moins que le bureau ne leur accorde un délai supplémentaire.
L'amendement que nous proposons aurait pour objet de préciser que
le rapport en question se définit par les trois expertises qui le
constituent. Il y a trois médecins qui font partie de ce "panel". Il
faut que le rapport des trois médecins soit là. Il peut arriver
que les trois médecins produisent un rapport identique. Il peut arriver
qu'ils aient des opinions différentes ou que l'un mette une nuance que
les autres n'auraient point mise. Mais avec ces trois rapports, nous aurons le
rapport du "panel". C'est ce qui serait le rapport du "panel". C'est une
demande qui nous a été faite par la Corporation des
médecins qui lui semble plus accordée à ces exigences en
matière professionnelle. Cela me paraît une exigence
défendable. Ainsi, on évite qu'un médecin, membre d'un
"panel", se décharge sur les deux autres du soin de faire un rapport et
qu'il dit: Présentez un rapport et je souscrirai à cela. On veut
qu'ils prennent véritablement leurs responsabilités. Cela donne
l'assurance que la personne a été examinée par les trois
et non seulement par un médecin agissant sur délégation
des deux autres. Cela accroît les garanties de sérieux.
Mme Blackburn: Je pense que la formulation est plus... Cela va
pour l'amendement.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 7 est
adopté tel qu'amendé?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 8.
M. Ryan: C'est une disposition, l'article 51 du Code des
professions, visant la possibilité qui est donnée au bureau d'une
profession de suspendre ou de limiter le droit d'un membre de la corporation
d'exercer des activités professionnelles, ce pouvoir pouvant être
exercé lorsque des raisons médicales concernant l'état
physique ou psychique d'un membre d'une profession justifie le bureau d'agir
ainsi. L'objet de l'amendement est de disposer d'une distinction
sémantique relative à la portée des mots "limiter" et
"suspendre", eu égard au caractère exhaustif de ce dernier mot et
à son impact réel et global en fonction de l'objectif visé
qui est la protection du public. Toutefois, l'addition du dernier
alinéa, qui se lit comme suit: "Une décision prise en vertu du
premier alinéa, à laquelle est annexée, le cas
échéant, une copie du rapport de l'examen médical sur
lequel elle se fonde, doit être signifiée immédiatement...
"
Mme Blackburn: Ce n'est pas "de l'examen", c'est "des
examens".
M. Ryan:... cette addition vise tout autant à assurer une
prompte exécution des décisions prises par le bureau, dans un
souci de protection immédiate du public, que de favoriser la compilation
des délais d'appel.
Mme Blackburn: Mais cela fait quand même trois examens.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pour "limiter" et "suspendre", je pense que je
vais me dire d'accord parce qu'il n'y avait que deux possibilités,
c'était soit la limiter ou la radier.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: Je pense que "suspendre", cela va de soi, vous
n'aviez pas trop le choix. Je trouve qu'on ne peut qu'être d'accord
là-dessus. Cela me semble donner plus de souplesse et, quand c'est le
cas, je suis toujours d'accord, vous savez.
M. Ryan: Je pense que c'est l'esprit même de tout le projet
de loi.
Mme Blackburn: Pour ce qui est du paragraphe b, une
"décision prise en vertu du premier alinéa, à laquelle est
annexée, le cas échéant, une copie du rapport de
l'examen", d'abord, est-ce que ce ne seraient pas "des examens
médicaux", puisqu'il y en a trois? Il y a trois spécialistes.
J'imagine qu'avant de faire une expertise ils doivent faire des examens sur
lesquels elle se fonde, "... doit être signifiée
immédiatement à la personne visée conformément au
Code de procédure civile. " Cela veut dire que ce n'était pas
fait antérieurement? (21 h 45)
M. Ryan: Ici, ce qui est bien important, c'est qu'il y a un droit
d'appel d'une telle décision du bureau qui est institué par le
projet de loi. C'est l'article 53. Excusez, je suis rendu à l'article
53.
Mme Blackburn: Cela veut dire qu'antérieurement, il n'y
avait pas obligation de signifier la décision? Cela n'a pas de bon
sens.
M. Ryan: Non, je pense qu'on est peut-être mieux de ne pas
déterrer toutes les omissions qui existaient avant parce qu'on va
peut-être en trouver plus qu'on pensait.
Mme Blackburn: "...immédiatement à la personne
visée conformément..." Oui, on n'aurait plus besoin de
gouvernement s'il n'y avait plus rien à améliorer. Avec de bons
fonctionnaires, on serait corrects.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: On ne veut pas contrôler toute la vie.
Mme Blackburn: Adopté. M. Ryan: M. le
Président... Le Président (M. Bradet): Oui. M. Ryan:
L'article 52 est adopté. Le Président (M. Bradet):
L'article 8.
M. Ryan: On est encore à l'article 8? J'étais rendu
a l'article 9 depuis longtemps.
Le Président (M. Bradet): D'accord. On appelle l'article
9.
M. Ryan: L'article 9 est d'une limpidité qui vous
enlève le goût de faire tout commentaire.
Mme Blackburn: Mais le droit d'appel existait. On dit: "Une
décision prise en vertu de l'article 51 - c'est l'article qu'on vient de
voir - est susceptible d'appel devant le Tribunal des professions. Cet appel
doit être interjeté dans les vingt jours de la signification,
conformément au Code de procédure civile..." "Un avis d'une
décision définitive de limitation du droit d'exercice..."
Là, c'est de limitation, de suspension ou de radiation. On ajoute
suspension, j'imagine, ici?
M. Ryan: C'est le texte actuel que vous lisez.
Mme Blackburn: Oui, c'est cela. Alors, qu'est-ce que c'est?
M. Ryan: Essentiellement, ce qu'on propose à l'article 53,
c'est que le délai pour interjeter appel auprès du Tribunal des
professions soit porté de vingt à trente jours.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est une harmonisation avec le code de
procédure?
M. Ryan: Trente jours et plus... Mme Blackburn: Trente
jours.
M. Ryan: ...c'est usuel; vingt jours, on ne voit pas cela
souvent.
Mme Blackburn: C'est trente jours.
M. Ryan: Trente jours et plus, c'est usuel.
Mme Blackburn: À l'article 52, en fait, il n'y a pas
vraiment de droit nouveau puisque l'appel existait. On parle d'un droit
nouveau, mais je... Il y a peut-être une étape de plus où
on permet: "Le bureau dispose de la demande suivant le rapport
médical..."
M. Ryan: Dans l'article que nous avions autrefois...
Mme Blackburn: C'était alourdi?
M. Ryan: ...on ne précisait pas ce qu'il advenait du
professionnel qui était l'objet d'une telle décision tandis
qu'ici c'est indiqué clairement. On dit l'effet de la décision et
on dit comment il doit agir pour la réparer ou pour la faire annuler. On
indique clairement le cheminement qu'il sera appelé à suivre.
Mme Blackburn: C'est cela, on clarifie. Ce n'est pas vraiment du
droit nouveau, c'est une clarification.
M. Ryan: Ce n'était pas prévu. Moi, j'ai eu
connaissance de cas qui ont été rendus très
compliqués à cause de cette absence de précision. Eux ont
dit que ce sont des précisions, on ne se chicanera pas là-dessus.
Ce n'est pas vraiment du grand droit nouveau, c'est du petit droit nouveau.
Mme Blackburn: Du grand droit nouveau au petit droit nouveau.
Cela va alourdir probablement, mais si cela peut aider à clarifier des
cas... Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 10.
M. Ryan: L'article 9 est adopté, n'est-ce pas?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bradet): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, si vous me permettez quelques
explications.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Ryan: Dans le premier alinéa de l'article 55
modifié, comme le voudrait le projet de loi 22, nous précisons la
manière dont une corporation peut agir pour obliger un de ses membres
à suivre un programme de recyclage. On dit qu'elle peut obliger tout
membre de cette corporation à faire un stage ou à suivre des
cours de perfectionnement, ou l'obliger aux deux à la fois. Quand vous
lisez l'article du texte actuel, on parle uniquement d'un stage de
perfectionnement, ce qui peut donner lieu à toutes sortes de
difficultés d'interprétation juridique, administrative ou autres.
En mettant toutes sortes de possibilités, trois possibilités au
moins: soit un stage de perfectionnement, soit des cours, soit les deux
à la fois, on donne plus de marge de souplesse au bureau de la
corporation. Je pense que c'est hautement souhaitable qu'il en soit ainsi. Ici,
on revient avec l'idée, le pouvoir de limiter ou de suspendre. On
ajoute: ou suspendre. C'est cela qui est important ici, le pouvoir d'exercer sa
profession pour une personne visée par cela. Le bureau peut très
bien décider avec l'article que nous proposons: Vous, Mme Unetelle qui
pratiquez telle profession, nous suspendons votre pouvoir de pratiquer la
profession pendant six mois. Nous vous obligeons, nous vous ordonnons de suivre
un cours de perfectionnement ou un stage de recyclage; après quoi, vous
pourrez vous présenter avec une demande demandant d'être
réinstallée.
Mme Blackburn: Antérieurement, est-ce à dire...
L'article était beaucoup plus simple. On disait: Le bureau d'une
corporation peut limiter le droit d'exercer. Là, c'est: La corporation
peut, sur recommandation du comité d'inspection professionnelle. Dans
les faits, est-ce que le bureau passait par-dessus? Il y a déjà
un comité d'inspection professionnelle et un comité de
discipline. Est-ce que le bureau pouvait passer par-dessus le comité de
discipline et le comité d'inspection professionnelle? Pourquoi est-ce
qu'on est obligé de le spécifier? C'est cela que je ne...
M. Ryan: Le bureau, en vertu de l'article 94 du Code des
professions actuel, a le pouvoir d'édicter des règlements pour
déterminer les cas où les professionnels peuvent être tenus
de faire un stage de perfectionnement...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...fixer les conditions et modalités de
l'imposition de ce stage, etc. On ne prévoyait pas l'intervention
obligatoire du comité d'inspection professionnelle ou du comité
de discipline. Là, c'est prévu explicitement dans l'article que
nous proposons. Cela clarifie des choses.
Mme Bîackburn: Est-ce que les corporations dans le code, il
n'est pas prévu qu'elles aient ces comités d'inspection
professionnelle et ces comités de discipline? Du moment où c'est
prévu - on reconnaît des fonctions au comité de discipline
et au comité d'inspection professionnelle - il me semble que cela allait
de soi. Écoutez, je me demandais si ce n'était pas redondant.
Mais oui, ces deux comités font partie de leurs responsabilités,
il me semble. Qu'on vienne les ajouter ici, je n'en vois pas vraiment la
nécessité, je ne comprends pas. J'ai l'impression qu'on alourdit
les textes, à moins qu'on ne soit en train de me dire que le bureau
pouvait, par-dessus les comités de discipline ou les comités
d'inspection professionnelle, prendre ce genre de décisions. Mais il me
semble que, comme la loi confie des responsabilités à ces deux
comités, le bureau ne pouvait pas court-circuiter ces comités.
Est-ce qu'il était nécessaire de le préciser là,
étant donné que c'est déjà précisé
dans la description des fonctions de ces comités? Est-ce qu'on a le
comité...
M. Ryan: Ce qu'il faut bien réaliser dans ceci, c'est que
nous avons affaire à des enjeux considérables. Ce sont des
situations qui mettent en jeu le droit d'une personne à exercer sa
profession. Très souvent, lorsque le mécanisme d'une corporation
se met en branle à ce sujet, les risques de contestation se multiplient
rapidement. Moins le texte est clair sur ce pouvoir grave qui est
conféré au bureau, plus c'est dangereux que surgissent toutes
sortes de difficultés de parcours qui rendent finalement le
règlement du problème beaucoup plus difficile. Or, cette
clarification nous a été recommandée par l'office sur la
base de l'expérience faite au cours des dernières années.
Là, on n'a pas nécessairement ici toute la documentation des cas
où il a fallu clarifier des choses, mais on nous les recommande à
cette fin. Il m'apparaît fort normal qu'on ait cette exigence
explicitement formulée parce qu'il ne faut pas oublier que ce sont des
cas ici qui ont des conséquences très graves, encore une
fois.
Mme Blackburn: Oui, je suis d'accord. Je comprends que ce soit
important, on a déjà quelque 800 règlements qui concernent
cette profession. Ce que je me demandais tout simplement, c'est qu'à
l'article 112 du Code des professions on définit les fonctions du
comité d'inspection professionnelle par rapport aux obligations qu'il
peut imposer quant aux stages de perfectionnement, à l'article 113.
Alors, comme c'est déjà dans ses fonctions, est-ce qu'il
fallait absolument ajouter cela?
M. Ryan: C'est plus clair quand cela est dit.
Mme Blackburn: Vous savez, à l'article 113,
c'était: "Sur recommandation du comité d'inspection
professionnelle, le bureau d'une corporation peut obliger un membre d'une
corporation à suivre un stage de perfectionnement et limiter le
droit..." Évidemment, il va falloir le corriger aussi, c'est limiter ou
susprendre. Alors, j'imagine que c'est prévu. Alors, il me semble que
c'est redondant. Vous ne définissez pas à trois places... Une
fois que l'obligation est inscrite là, on alourdit. Moi, je
prétends qu'on ne clarifie pas.
M. Ryan: L'article dont nous traitons a une portée
beaucoup plus large que celle de l'article 113.
Mme Blackburn: Bien oui, parce qu'il touche à la fois le
comité de discipline et l'autre...
M. Ryan: Cela porte sur tous les cas...
Mme Blackburn: ...mais l'autre aussi se définit en
comité de discipline.
M. Ryan: ...où le bureau pourrait... Excusez. Cela porte
sur tous les cas où le bureau reçoit le pouvoir d'obliger tout
membre d'une corporation à faire un stage ou à suivre un cours de
perfectionnement. C'est pour cela que nous prenons à la fois le
comité d'inspection professionnelle et le comité de discipline.
Je pense qu'on élargit la protection du membre avec cela et on
élargit la protection du public aussi. Ce ne sera pas un bureau de
direction qui va pouvoir agir de son autorité arbitraire. Il va falloir
qu'il passe par un des deux comités qui sont spécialement
habilités à faire ce genre de vérification.
Mme Blackburn: Oui, j'ai bien compris cela, sauf que je dis que
c'est déjà prévu à l'article 113.
M. Ryan: Oui, mais à l'article 113, c'est seulement le
comité d'inspection professionnelle.
Mme Blackburn: C'est sur recommandation du comité
d'inspection, le bureau d'une corporation...
M. Ryan: II n'est pas question du comité de discipline
ici.
Mme Blackburn: ...ne peut le faire que sur recommandation de. (22
heures)
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Ils le veulent comme cela.
M. Ryan: Je pense qu'ici on assure un horizon plus large. C'est
comme cela qu'on voit ça. En tout cas, quand on arrivera... On peut
prendre 113 en note. Moi, je n'ai pas d'objection à ce qu'on le prenne
en note, puis qu'on s'assure d'une...
Mme Blackburn: Qu'on s'assure que ce n'est pas redondant, que ce
n'est pas inutile, dans le fond.
M. Ryan: Non, ici, cela dit plus que 113 en tout cas.
Mme Blackburn: 113 dit que le bureau peut, sur recommandation
de.
M. Ryan: Du comité d'inspection, il ne parle pas du
comité de discipline.
Mme Blackburn: Oui, mais le comité de discipline, plus
loin, on le retrouve.
M. Ryan: Non. On ne le retrouve pas tel quel plus loin.
Mme Blackburn: Constitution des comités de discipline,
composition, choix du président.
M. Ryan: II n'en est pas question au comité de
discipline.
Mme Blackburn: "Le comité est saisi de toute plainte
formulée contre un professionnel pour une infraction aux dispositions du
présent code, de la loi constituant la corporation..." Alors, est-ce que
cela n'aurait pas été plus simple...
M. Ryan: M. le Président, je voudrais vous faire une
suggestion. Peut-être qu'on pourrait garder cet article-là en
suspens. Comme il est relié à 113 et à 160 dans le projet
de loi, on pourrait peut-être les prendre tous ensemble quand nous serons
rendus à ce stade-là; le garder entre parenthèses pour
l'instant puis on verra à s'assurer qu'il y ait une parfaite
cohérence et absence de répétition dans la mesure
où cela pourrait être obtenu. Est-ce que cela irait, M. le
Président?
Le Président (M. Bradet): Madame?
Mme Blackburn: Oui. Moi, cela m'irait parce que si cela n'est pas
indispensable, je ne vois pas la nécessité d'alourdir.
Le Président (M. Bradet): Alors, on suspend l'article 10
et on passe à l'article 11.
Administration Le bureau
Mme Blackburn: Est-ce qu'on avait des gens qui n'étaient
pas domiciliés au Québec s'ils ne peuvent pas être membres
du bureau de la corporation?
M. Ryan: M. le Président, me permettrez-vous de
déposer un projet d'amendement à l'article 11?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Ryan: Vous verrez qu'il ne s'agit de rien de grave. La
modification que nous proposons, je l'explique tout de suite, est très
simple. Dans le premier alinéa, on écrirait "par le remplacement
dans la première ligne du paragraphe a" au lieu de "dans la
deuxième ligne". C'est une erreur qui a été faite ici.
L'objet de cette modification que propose l'article 11 est bien simple.
Nous voulons qu'il soit clair que le président et les administrateurs
d'une corporation devront être des citoyens canadiens, domiciliés
au Québec. L'article ajoute que celui qui cesse d'être
domicilié au Québec au cours de la durée de son mandat est
réputé avoir démissionné. Ni plus, ni moins. On
veut que le Québec soit dirigé par des
Québécois.
Mme Blackburn: Je veux bien.
M. Ryan: Je pense que le Parti québécois va
être d'accord avec nous sur ce point-là.
Mme Blackburn: Je n'ai vraiment rien contre.
M. Ryan: Parce que là je ne comprendrai plus rien.
Mme Blackburn: Simplement, je voudrais vous demander si c'est
pour prévoir surtout les cas de ceux qui s'en vont à
l'étranger ou s'il y avait effectivement des étrangers qui
siégeaient aux bureaux. Difficilement croyable.
M. Ryan: Ce sont des gens qui voulaient finir leur mandat dans
certains cas. On m'informe que des membres de certains bureaux avaient
déménagé leur domicile ailleurs, puis exigeaient
même de leur bureau qu'il défraie les dépenses de voyage
pour venir participer aux réunions. Il me semble que, quand une personne
déménage du Québec, déplace son domicile ailleurs,
elle doit cesser d'exercer une fonction de caractère parapublic dans une
corporation professionnelle.
Mme Blackburn: Je suis d'accord avec vous. C'est comme les
députés qui représentent le Québec et qui ne
restent pas au Québec - je pensais aux députés du
gouvernement supérieur.
Je ne comprends pas vite probablement, mais à l'article 11,
remplacer, dans la première ligne du paragraphe 1°, le mot
"deuxième" par le mot "première".
M. Ryan: C'est juste la première iigne. On disait que
c'était dans la deuxième ligne que se faisait le changement, le
remplacement du mot "huit" par le chiffre "8". On voit que la fatigue du jour
commence à se faire sentir et on en a encore pour longtemps. Je pense
qu'on se comprend, n'est-ce pas?
Mme Blackburn: Si vous commencez à tiquer, on va rester
longtemps, certain.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'amendement est
adopté, Mme la députée de Chicoutimi?
M. Ryan: L'amendement qui fatigue la députée de
Chicoutimi, encore une fois, c'est de mettre le chiffre "8" à la place
du mot "huit"...
Mme Blackburn: Adopté.
M. Ryan: ...par souci de concordance avec les alinéas qui
suivent, ce n'est pas autre chose. À la fin, c'est l'exigence de
domicile au Québec.
Mme Blackburn: Adopté. M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 12.
M. Ryan: À l'article 12, M. le Président, nous
précisons certains pouvoirs de l'Office des professions dans les cas
où l'assemblée générale annuelle des membres d'une
corporation n'a pas eu lieu, conformément aux exigences du Code des
professions ou de la loi constitutive de la corporation en question.
On dit: "L'office peut ordonner la tenue d'une élection à
la date qu'il fixe, sur avis du secrétaire d'une corporation, dans les
cas suivants: "1° une élection n'a pas eu lieu conformément
aux premier et deuxième alinéas; "2° il n'y a pas quorum au
bureau, pour cause de vacance..."
On dit aussi que l'office peut ordonner de nouveau la tenue d'une
élection à la date qu'il
fixe si l'élection qu'il a ordonnée n'a pas eu lieu et si
le quorum du bureau ne peut être obtenu, malgré la tenue de
l'élection ordonnée. Dans l'hypothèse où cela ne
marche pas encore, l'office se voit attribuer le pouvoir de procéder
à la nomination d'une personne qualifiée pour remplir un poste
vacant.
Mme Blackburn: On alourdit considérablement, M. le
Président. Est-ce qu'on peut me dire dans quels cas cela s'est
présenté? Combien de cas sur les 40 corporations assujetties aux
dispositions du Code des professions? Est-ce pour régler un cas
d'espèce? Si c'est pour régler un cas d'espèce...
M. Ryan: On me signale qu'il s'est présenté un cas
sérieux ces dernières années.
Mme Blackburn: Un cas, et on modifie une loi pour cela.
M. Ryan: Bien oui! Un cas, cela suffit à empêcher le
fonctionnement d'une corporation. Il y a une corporation très importante
qui est menacée actuellement d'une situation d'impuissance parce qu'il y
a une grosse section qui refuse de participer aux réunions des organes
directeurs. Si nous devions constater que cela conduisait à l'absence de
quorum, il faudrait que l'office ait le pouvoir de faire quelque chose. On ne
peut pas laisser un vide se produire. Cela comporte un risque trop grand pour
la protection du public. Dans la mesure où la corporation s'acquitte de
ses obligations en matière de processus démocratique, il n'y a
aucun problème. Si elle ne s'en occupe pas, on n'est pas pour passer une
loi spéciale pour une affaire comme cela. Il faut que l'office ait le
pouvoir d'intervenir. C'est cela qu'on veut clarifier.
Je pense que la députée de Chicoutimi sait que, dans le
cas des commissions scolaires, lorsque survient une vacance, les commissaires
ont un mois pour combler la vacance par nomination et, s'ils n'ont pas
procédé à l'intérieur d'un mois, le ministre peut
décider de nommer un commissaire de sa propre autorité. Il
recommande au gouvernement et le gouvernement nomme.
Mme Blackburn: M. le Président je trouve que ce n'est pas
vraiment l'exemple le plus indiqué.
M. Ryan: II peut décréter. Le gouvernement peut
décréter aussi la tenue d'une élection. Le gouvernement a
le choix.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Les commissions
scolaires ne sont peut-être pas l'exemple le plus indiqué. Il ne
reste plus de pouvoir dans les commissions scolaires.
M. Ryan: Quelle plaisanterie! Quelle grossière
plaisanterie!
Mme Blackburn: Libre au ministre de la trouver grossière.
Je pense que les commissions scolaires ne la trouvent pas si
grossière.
M. Ryan: Nous verrons à la fin. Attendons la fin.
Mme Blackburn: Ce que je dis, c'est qu'on alourdit. Je rappelle
seulement que ce gouvernement devait légiférer mieux et moins, et
réglementer mieux et moins. Il légifère moins, mais il
passe son temps à réglementer. Il augmente le pouvoir de
réglementation, de dérogation discrétionnaire tout le
temps, constamment. Cela alourdit, et c'est le discours que tenait ce ministre
à l'Opposition. Cela alourdit, à notre avis, inutilement. On est
en train de légiférer pour régler un cas ici et là.
On va finir par légiférer à peu près sur tout. On
était supposé alléger les lois et les
réglementations, et là on continue. C'était mon seul
commentaire. Comme c'est la loi du ministre, M. le Président, je dis:
Adopté, en ce qui me concerne.
M. Ryan: M. le Président, avant qu'on adopte, ce n'est pas
madame qui décide ici, nous sommes deux côtés.
Mme Blackburn: En ce qui me concerne, M. le Président. Je
l'ai bien dit.
M. Ryan: Oui, oui, c'est très bien. Mais vous avez dit
adopté...
Mme Blackburn: En ce qui me concerne.
M. Ryan: ...et nous disons que ce n'est pas adopté encore,
nous voulons discuter.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai dit adopté en
ce qui me concerne. Merci.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. M. le ministre.
M. Ryan: Ce que je veux préciser ici, c'est que la
responsabilité du législateur est d'éviter qu'il se
produise un vide en vertu duquel les gens seraient plongés dans
l'impuissance. C'est la responsabilité propre du législateur de
voir à ce que les problèmes se règlent. Ici, il y a une
situation qui est prégnante dans la loi actuelle. Si une corporation
aboutit, par des divisions internes ou par l'indifférence ou l'apathie
de ses membres, à une situation où ses réunions
fondamentales ne peuvent plus être tenues, on n'a pas de recours
actuellement. Il va falloir aller prendre une injonction devant les tribunaux,
obliger des gens à venir se présenter et qui ne voudront
peut-être pas s'acquitter de leurs responsabilités. C'est
infiniment plus compliqué. On a un office dont c'est la fonction
d'assurer la bonne marche des professions. C'est tellement vrai qu'on a
d'autres dispositions du Code des
professions qui donnent à l'office le pouvoir d'adopter un
règlement à la place d'une corporation, si celle-ci ne le fait
pas. C'est là depuis le début. On lui dit: S'ils ne font pas
leurs élections, s'ils ne tiennent pas leurs assemblées
conformément à ce qu'ils doivent faire, l'office pourra ordonner
la tenue d'une élection. Ordonner la tenue d'une élection. C'est
très bien. C'est très bien. Il va ordonner que la
démocratie soit respectée, et la députée de
Chicoutimi a peur de cela. Je ne comprends pas.
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Ryan: Je préfère infiniment cette disposition au
genre de confusion à laquelle on est exposé avec le vide
actuel.
Mme Blackburn: M. le Président, si le ministre avait
réussi à m'exposer de nombreux cas dans lesquels il aurait
été indiqué que l'office puisse intervenir ou soit tenu
d'intervenir pour protéger l'intérêt du public, je l'aurais
cru. Je ne vois rien là-dedans qui me prouve que c'est indispensable.
Quand le ministre me parle d'un risque, qu'il ne faut pas laisser cette
situation se produire dans les cas où elle se produirait, où il y
aurait des possibilités hypothétiques que la situation se
produise - on dit une fois au cours des quelque cinq dernières
années - il invoque le fait que le risque serait trop grand pour la
protection du public. Il faudrait voir si le public est si terriblement
menacé dans les autres pays et dans les autres États
américains où on n'a pas l'équivalent. Je pense qu'il y a
des exagérations là-dedans.
Deuxième chose, s'il y a un tel problème au sein d'une
corporation professionnelle, soit qu'il y ait un conflit, mais plus
sérieusement qu'il y ait indifférence ou apathie, ce n'est pas
parce qu'on va avoir convoqué une assemblée
générale que l'apathie ou l'indifférence vont être
solutionnées. Il faudrait chercher ailleurs les solutions. Je
répète, M. le Président, qu'en ce qui me concerne c'est la
volonté du ministre, 99 à 20, et c'est adopté.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, est-ce que
l'article 12 est adopté?
M. Ryan: Oui, adopté.
Le Président (M. Kehoe): Article 13.
(22 h 15)
M. Ryan: L'article 13 contient une modification à la
disposition actuelle qu'on trouve dans le Code des professions à 64. On
dit expressément dans la modification proposée qu'un membre d'un
bureau d'une profession ne peut être candidat à la fois au poste
de président et à un poste d'administrateur. Actuellement, ce
n'est pas prévu clairement et on trouve que, si la personne se
présente au poste de président, elle ne doit pas se
présenter, en même temps, à un poste d'administrateur. Il
me semble que c'est une affaire dont la logique est assez facile à
saisir.
Mme Blackburn: Oui, c'est cela, mais c'est tellement logique.
Est-ce qu'il y a des cas?
M. Ryan: Oui, il y a eu des cas. Cela nous a été
présenté ici. Je le dis d'autant plus librement que ce n'est pas
l'invention du gouvernement; ce projet de loi, dans la très grande
majorité de ses dispositions, émane de propositions qui ont
été faites par l'Office des professions, après
consultation avec le conseil interprofessionnel et les bureaux des corporations
concernées. On nous a dit: II y a des cas de cette nature-là qui
se sont présentés ou qui ont menacé de se présenter
à certains moments. On veut que ce soit clair qu'il n'y aura pas de
possibilités de jouer sur les deux tableaux: se présenter
à la fois à la présidence et, après cela, essayer
d'attraper un poste et continuer de faire de la division si on a perdu. On veut
que les choses soient claires.
Le président, c'est l'officier principal de la corporation. Il
est élu au suffrage de l'assemblée générale ou par
un autre mode prévu dans le règlement. La double candidature
n'est pas du tout souhaitable. J'ai sauté là-dessus quand on m'a
dit cela, j'ai trouvé que c'était tellement
élémentaire que j'ai dit: On l'accepte sans discussion.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que la
députée de Chicoutimi l'accepte?
Mme Blackburn: C'est tellement élémentaire qu'il me
semble qu'il ne doit pas avoir de cas à la douzaine. Mais, si on veut
continuer à épaissir le projet de loi, je...
M. Ryan: J'ajoute seulement une chose. Les professions, il y a de
très bons côtés là-dedans et nous les soulignons
souvent. Mais il y a également des côtés de
procédure dont il faut être conscients, parce que ce sont des
activités, en général, qui comportent de gros
privilèges, de gros enjeux et, à un moment donné, quand il
y a des batailles qui s'engagent, des cas de procédu-rite, on en a eu un
très grand nombre. Dans la mesure où on peut les prévenir,
je pense que c'est la responsabilité du législateur de le faire,
sans exagérer dans le sens de la crainte des moindres araignées
qui pourraient circuler dans la pièce.
Mais cela en est une qui nous a été suggérée
et cela n'a sûrement pas été inventé par les gens
juste pour le plaisir d'ajouter un petit paragraphe dans le projet de loi.
C'est parce qu'il y a eu des difficultés qui se sont
présentées. On en voit ailleurs aussi. On avait la même
chose dans les Affaires municipales à certains moments et on a dit: On
va éliminer cela. Cela n'a pas de bon sens. Autrefois, dans le temps
d'Henri Bourassa, je pense qu'on s'en souvient, les gens pouvaient se
présenter à la deputation, à la fois à
Québec et à Ottawa. Aujourd'hui, c'est interdit. Autrefois, on
pouvait être maire en même temps que député.
Aujourd'hui, c'est interdit. Alors, c'est dans le même sens que ces
clarifications qui ont été apportées ces dernières
années.
Mme Blackburn: En France, on peut être
député-maire.
M. Ryan: Je le sais bien, mais ce n'est pas notre modèle
dans ces choses-là.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 13
est...
Mme Blackburn: Quand on est fédéraliste, on
pourrait être député aux deux aussi. Cela ne
m'intéresserait pas, mais...
M. Ryan: Peut-être bien, mais, ici, on a eu nos raisons
d'agir autrement. Je pense qu'on est d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
Mme Blackburn: Oui, j'avais dit que c'était adopté,
M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): L'article 14? M. le ministre.
M. Ryan: Dans le texte actuel, on ne précise pas de quelle
manière le gouvernement peut exercer ce pouvoir de délimiter le
territoire du Québec en régions pour l'organisation d'une
profession. Comme cela a presque toujours été exercé par
règlement et non pas par simple décret, on indique, dans le texte
de la loi, que cela se fera par règlement. C'est une protection qui est
donnée aux membres des corporations. Il n'y aura pas de décisions
décrétales qui seront prises par le gouvernement dans l'ombre. Si
elle l'est par règlement, cela veut dire qu'il faut que ce soit
publié pendant 45 jours avant de s'appliquer. Là, les gens ont le
temps de faire des représentations. C'est une protection qu'on donne aux
membres contre des possibilités d'actions arbitraires de la part du
pouvoir exécutif.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 15?
M. Ryan: La modification qu'on apporte ici, c'est que le nombre
de membres qui doivent signer un bulletin de présentation d'une
candidature doit être de cinq ou, suivant un règlement de la
corporation, un nombre déterminé par règlement de la
corporation, tandis que, dans la loi actuelle, c'est cinq et pas autre chose.
Il peut arriver qu'une corporation qui a 20 000 membres... Je pense que l'Ordre
des infirmières et infirmiers a 55 000 membres et il peut arriver qu'ils
veuillent exiger que ce soient 50 membres qui doivent signer le bulletin et ce
serait normal dans ce cas-là. Alors, actuellement, c'est limité
à cinq. Cela permet toutes sortes d'abus. Ce qu'on dit, c'est que ce
sera soit cinq, soit le nombre déterminé par règlement de
la corporation. Au lieu de leur dicter jusque dans les détails la ligne
de conduite qu'ils doivent suivre, on dit aux bureaux des corporations: Prenez
vos responsabilités. Si vous trouvez que cela peut être plus, ne
vous gênez pas pour le faire.
Mme Blackburn: Bien. Écoutez, si on regarde le premier
article, c'était "par au moins cinq membres". Cela ne pouvait pas
être moins de cinq, mais cela pouvait être plus. C'est le
libellé de la loi actuelle. La fatigue commencerait à se faire
sentir, non?
M. Ryan: Oui. Et c'est un point que je serais prêt à
vous concéder. Je pense qu'on pourrait écrire quelque chose comme
ceci: doit être signé par au moins cinq membres de la corporation
ou par un nombre plus élevé de membres déterminé
par règlement de la corporation. Cela pourrait très bien
être envisagé.
Mme Blackburn: Oui. J'aurais ... Oui?
M. Ryan: Parce que ce que veut éviter la
députée de Chicoutimi, si je comprends bien...
Mme Blackburn: C'est que cela soit en deçà de
cinq.
M. Ryan: C'est cela. Non, c'est "ou par le nombre de membres",
cela pourrait être moins de cinq. On pourrait défaire le
but...
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Ryan: Je pense qu'on est d'accord là-dessus.
Mme Blackburn: Je pense qu'il faudrait garder "au moins cinq
membres".
M. Ryan: "...ou par un nombre plus élevé de
membres..."
Mme Blackburn: C'est cela: "ou par un nombre supérieur".
C'est la proposition d'amendement qu'on vous fait.
M. Ryan: "...ou par un nombre supérieur de membres", c'est
très bien.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que vous présentez
un amendement, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Je vais lire l'amendement
à l'article 15: Le texte de l'article 67 du Code des professions, tel
qu'inséré au premier paragraphe de l'article 15 du projet de loi
22, est modifié par le remplacement, dans la cinquième ligne, des
mots "le nombre" par les mots "un nombre supérieur". Je déclare
l'amendement recevable. Est-ce que l'amendement est adopté? M. le
ministre.
M. Ryan: Oui, je pense que oui. Là, vous partez du texte
actuel du Code des professions. Cela se lirait comme suit: Les candidats aux
postes d'administrateurs sont proposés par un bulletin signé par
le candidat et par au moins cinq membres de la corporation ou par un nombre
supérieur... Mais, là, il y a quelque chose qui ne marche
pas.
Mme Blackburn: On part de votre texte, du texte du projet.
M. Ryan: C'est cela. Il faudrait donc que vous ajoutiez d'abord:
par l'insertion, avant les mots "cinq membres", des mots "au moins".
Mme Blackburn: Non. Cela se trouverait corrigé.
Écoutez, je le relis: Ce bulletin doit également être
signé par cinq membres de la corporation ou par un nombre
supérieur de membres déterminé..."
M. Ryan: D'accord. Je pense que c'est acceptable pour nous. Je
pense que c'est juste. C'est plus concis.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement
présenté par la députée de Chicoutimi est-il
adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Est-ce que
l'article 15 tel qu'amendé...
M. Ryan: M. le Président, voulez-vous, nous allons faire
juste une vérification avant?
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Ryan: Je pense que la députée de Chicoutimi sera
d'accord avec nous, M. le Président, pour peut-être modifier le
début de son amendement pour dire: Le texte de l'alinéa 1° de
l'article 15 est modifié...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: D'accord? Vous pourriez peut-être vous entendre
avec notre conseillère juridique en arrière et nous
présenter cela un peu plus tard.
Mme Blackburn: Du moment qu'il s'agirait seulement de
modifications.
Le Président (M. Kehoe): L'article 15 est suspendu pour le
moment.
Mme Blackburn: Non, je pense que...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que c'est cela?
Mme Blackburn: ...l'on comprend que l'amendement...
M. Ryan: Je pense qu'il est accepté, sujet à
vérification du libellé.
Mme Blackburn: ...le nombre supérieur, il s'agit seulement
de voir le libellé du texte, mais le nombre supérieur est
accepté, si je comprends la modification. Donc, pour le reste, il s'agit
d'une correction de texte.
Le Président (M. Kehoe): Mais l'amendement n'est pas
prêt encore. Pour le moment, on pourrait le suspendre et...
Mme Blackburn: Suspendez-le.
Le Président (M. Kehoe): L'article 16?
Mme Blackburn: L'article 16.
M. Ryan: À l'article 16, M. le Président, ce sont
des modifications techniques qui viennent raffiner un peu la procédure
électorale pour assurer qu'il n'y aura pas
d'irrégularités, pas de malentendus, pas de confusion. Je pense
qu'il n'y a pas de problème avec ces choses-là. Je ne suis pas
particulièrement versé dans toutes ces modalités, mais je
suis enclin à faire confiance à ceux qui nous ont proposé
ces choses.
Le Président (M. Kehoe): L'article 16 est-il
adopté, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Cela m'apparalt tatillon. Quand on est rendu dans
ce détail-là, on va finir par mettre la couleur de
l'enveloppe.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
Mme Blackburn: Je trouve que cela laisse l'impression qu'on a
bien du temps à perdre.
M. Ryan: M. le Président, je vous assure que, s'il n'en
dépendait que de moi, il y a bien de ces choses qui pourraient
très bien figurer dans des règlements plutôt que dans la
loi. Mais, là, nous sommes avec un Code des professions qui a
été constitué il y a une quinzaine d'années et qui
comprend des dispositions de cette nature. On ne peut pas faire par
règlement des choses qui affectent la loi. Il faut procéder
à des modifications législatives. On reste au même
niveau où on est. Mais la question que pose la
députée de Chicoutimi est, à mon point de vue,
parfaitement valide. Sur une longue période, je pense qu'il faut tendre
à renvoyer vers la réglementation des choses qui sont très
techniques, quoique, en matière d'élections
générales, d'élections scolaires, d'élections
municipales, les dispositions relatives à ces choses soient contenues
dans les lois parce que cela regarde les droits fondamentaux des citoyens.
C'est l'autre côté de la thèse. Comme il y a de très
bons arguments pour les deux côtés, nous optons pour le maintien
de la position générale que nous avons, c'est-à-dire pour
l'amélioration de choses qui sont déjà dans la loi.
Mme Blackburn: Mon commentaire, c'était: Si cela continue,
on va mettre la couleur de l'enveloppe.
M. Ryan: Cela va, adopté. M. le Président.
Mme Blackburn: Adopté. De toute façon, je
trouve...
Le Président (M. Kehoe): Adopté.
Mme Blackburn:... qu'on est rendu tellement loin que je me
demande s'il n'y a pas - pour parler bien québécois - du
"taponnage" là-dedans.
M. Ryan: Mais, dans ce cas-ci, cela fait quinze ans...
Mme Blackburn: Oui, oui, pour l'essentiel... M. Ryan: Cela
fait quinze ans... Mme Blackburn: Oui, je vois cela. M. Ryan:
Cela remonte à 1973. Mme Blackburn: Et là, on le
raffine.
M. Ryan: Oui, mais on n'a pas le choix, il y a des défauts
qui se sont présentés. On n'est pas pour laisser les
défauts continuer parce qu'on va pécher par scrupule.
Mme Blackburn: Oui, mais il faudrait seulement voir, encore une
fois, si cela s'est présenté une fois ou deux. Chaque fois qu'on
fait des généralités pour des cas d'exception, j'ai des
problèmes, mais c'est adopté.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Kehoe): L'article 17?
M. Ryan: Je propose l'adoption, c'est une simple concordance.
Mme Blackburn: C'est un article de concordance.
Le Président (M. Kehoe): Adopté? Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 18.
M. Ryan: II y a des problèmes qui se sont posés
ici. On procède à l'élection des membres, dans certains
cas, par écrit. Le membre est déclaré élu à
un moment donné et la première assemblée n'a lieu que,
disons, deux semaines plus tard. Là, il y a des problèmes qui se
sont posés. On s'est demandé: Qui a autorité pour agir?
Est-ce le président sortant ou le nouveau président? Là,
on veut que ce soit précisé dans le règlement de la
corporation, le moment où le président entrera en fonction. Je
pense que c'est une disposition qui est très judicieuse, n'est-ce
pas?
Mme Blackburn: Oui, mais comme c'est une disposition qui touche
des articles qu'on n'a pas vus, on le suspend en attendant. On reviendra quand
les articles concernés seront adoptés. C'est une modification
à venir dans le texte.
M. Ryan: On va le suspendre en attendant d'avoir vu l'article
93.
Le Président (M. Kehoe): L'article 17 est suspendu.
J'appelle l'article 18.
M. Ryan: L'article 18. M. le Président, le rythme
s'accélérait tellement que j'étais rendu à
l'article 19. C'est la même situation qu'à l'article
précédent; par conséquent, c'est la même
conclusion.
Le Président (M. Kehoe): II est suspendu. L'article 18 est
suspendu. J'appelle l'article 19.
M. Ryan: L'article 19 vise à préciser les modes de
participation d'un membre à une réunion du bureau. On lui donne
le droit de s'exprimer à une réunion du bureau suivant un mode de
communication et aux conditions prévus par règlement
adopté en vertu du paragraphe b de l'article 94. C'est une disposition
que nous introduisons de plus en plus dans nos lois et en vertu de laquelle il
devient permis à des membres de participer par téléphone
ou par d'autres moyens électroniques ou modernes aux
délibérations du bureau.
Mme Blackburn: C'est un article de concordance. On voit l'article
concerné qui vient le modifier à l'article 20. Alors, on passe
à l'article 20?
M. Ryan: Oui, on peut prendre l'article 20 et voter sur l'article
19 après l'article 20. Il n'y a pas de problème à cela, M.
le Président, je
pense que ce serait cohérent.
Le Président (M. Kehoe): Alors, c'est suspendu pour le
moment. On procède à l'étude de l'article 20.
M. Ryan: L'article 20, c'est la même chose; par
conséquent, on n'est pas obligé de faire de raisonnements
nouveaux.
Mme Blackburn: L'article 27 sur l'article 94 n'est pas encore
adopté; on le suspend? C'est cela, les articles de concordance arrivent
tous avant les articles qu'on modifie sur le fond. C'est la structure du
texte.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Mme Blackburn: À l'article 21, est-ce la même
chose?
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. Est-ce que
l'article 20 est adopté?
Mme Blackburn: Non, c'est suspendu. Le Président (M.
Kehoe): Suspendu. M. Ryan: C'est suspendu à l'article 94
b.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 21.
Mme Blackburn: C'est la même chose, c'est de concordance
avec les articles 26 et 27.
M. Ryan: C'est cela, cela va tout devenir des articles de
concordance tantôt.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Kehoe): C'est suspendu encore? L'article
21 est suspendu. J'appelle l'article 22.
Mme Blackburn: L'article 22 également.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que nous pourrions
demander une suspension de dix minutes? Est-ce qu'il y aurait moyen de demander
une suspension de dix minutes?
Le Président (M. Kehoe): Je pense, de consentement.
Mme Blackburn: Oui, est-ce que c'est parce que vous avez besoin
d'un caucus?
M. Ryan: Oui, nous avons une consultation à faire
auprès du ministre de la Justice sur une disposition de l'article
suivant.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Les travaux de la commission sont
suspendus pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 36)
(Reprise à 23 h 1}
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation poursuit ses travaux. Où en
étions-nous rendus, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: À l'article 22.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'article
22. On me dit qu'il y a des photocopies qu'on va distribuer aux membres de la
commission. Je m'excuse: Qui avait la parole au moment où vous avez
suspendu?
Mme Blackburn: C'est le ministre qui a demandé la
suspension.
M. Ryan: J'allais déposer un projet d'amendement à
l'article 22 que ■ nous allons vous remettre instanter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai ici un
amendement. Est-ce que vous voulez qu'on en fasse lecture?
M. Ryan: Oui, M. le Président, s'il vous plaît.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Remplacer
l'article 22 par le suivant: "88. Le bureau doit déterminer, par
règlement, une procédure de conciliation et d'arbitrage des
comptes des membres de la corporation que peuvent utiliser..." Il n'y a pas
moyen de faire taper cela, qu'on ait un document sur lequel on puisse
travailler?
M. Ryan: On va vous le lire, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...qui l'a
écrit?
M. Ryan: II a été écrit sous
dictée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II a
été écrit sous dictée. Un amendement de cette
longueur, on va attendre que chaque membre de la commission en ait une copie
devant lui. On va prendre deux minutes pour en faire des copies.
M. Ryan: Vous allez en faire des copies. Le Président
(M. Parent, Sauvé): Oui. Une voix: On peut passer à
l'autre.
Mme Blackburn: Article suivant?
Le Président (M. Parent, Sauvé): On peut passer
à l'article suivant en attendant. J'appelle l'article 23. M. le
ministre.
M. Ryan: La grosse modification qu'introduit l'article 23 porte
sur les limites qui peuvent être fixées par le règlement du
bureau d'une corporation concernant les indemnités susceptibles
d'être versées à même le fonds d'indemnisation.
Mme Blackburn: Les indemnités au client.
M. Ryan: Oui, une corporation est obligée de se doter d'un
fonds d'indemnisation. Actuellement, il n'y a pas de limite. Il est
arrivé des causes célèbres, en particulier une cause
impliquant un avocat de Sherbrooke, ces dernières années,
où un montant très élevé avait été
fixé et il suffisait à lui seul à épuiser le fonds
d'indemnisation. On veut que le bureau puisse établir un plafond pour
ces indemnités qui seront susceptibles d'être versées.
Encore une fois le règlement qu'adoptera le bureau d'une corporation
devra être approuvé par l'office et adopté par le
gouvernement au bout du compte.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres explications?
Mme Blackburn: Cela veut dire...
M. Ryan: Me permettez-vous, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: II y a une autre modification. Le règlement devra
fixer les règles d'administration d'un tel fonds et les règles
devant régir le placement des montants qui constitueront ce
fonds-là. Il précise également les conditions et les
modalités pour la présentation de réclamations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Des interventions
de la part de l'Opposition?
Mme Blackburn: Cela veut dire que ces pratiques-là
n'étaient pas arrêtées par règlement: II doit en
fixer, par règlement, les règles d'administration. Je regardais
l'ancien texte, mais je voudrais savoir ceci au deuxième paragraphe:
"fixer le montant maximal des indemnités que peut verser le fonds
d'indemnisation relativement à une même réclamation."
Est-ce qu'il ne risque pas d'y avoir une espèce de conflit entre
l'intérêt du consommateur en ce qui concerne cela et
l'intérêt de la corporation? Il n'y aura pas intérêt
à fixer cela bien haut. J'imagine que moi si j'étais eux aussi et
que je leur donne la responsabilité de fixer cela...
M. Ryan: Encore une fois, l'office sera appelé à se
prononcer et ensuite le gouvernement. Il y a deux crans de
sûreté.
Mme Blackburn: Cela veut dire qu'on va faire cela pour 40
corporations? L'article 89 concerne...
M. Ryan: Six ou sept au plus.
Mme Blackburn: Les corporations avaient des règlements sur
cette question-là qui leur auraient permis de fixer, j'imagine?
M. Ryan: Oui, ils sont obligés d'établir par
règlement.
Mme Blackburn: Bon. Alors, donc, comme ils établissaient
déjà par règlement, quel est le problème?
M. Ryan: Comme ce n'était pas prévu dans la loi, ce
pouvoir de fixer la limite du montant d'indemnisation, cela a été
déclaré illégal par les tribunaux quand cela a
été fait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions sur l'article 23?
Mme Blackburn: C'est surprenant.
M. Ryan: Ne vous inquiétez pas. Il y a bien des points qui
peuvent sembler être rajoutés de manière à alourdir
le texte des lois mais cela répond souvent à des
expériences qui ont été faites devant les tribunaux qui
obligent à apporter ces précisions.
Mme Blackburn: Et cela concerne les professions à exercice
exclusif.
M. Ryan: Oui. Cela comprend le notariat, le Barreau, la
médecine, j'imagine, les corporations dont les membres sont
appelés à détenir des valeurs pour leurs clients. En
particulier, ce sont les comptables, pas les médecins, les avocats, les
notaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 23 est adopté?
M. Ryan: Oui, adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté,
l'article 23. Et je reviens à l'article 22 avec l'amendement
proposé par le ministre. Chacun en a une copie et je vous invite
à suivre avec moi, j'en fais lecture. L'amendement a pour effet de
remplacer l'article 22 par le suivant: "88. Le bureau doit déterminer,
par règle-
ment une procédure, de conciliation et d'arbitrage des comptes
des membres de la corporation que peuvent utiliser les personnes recourant aux
services de ceux-ci. Ce règlement doit contenir entre autres: "1°
des dispositions permettant à une personne de se prévaloir de
cette procédure si elle a déjà acquitté le compte,
en tout ou en partie, pourvu que sa demande de conciliation soit faite dans les
quarante-cinq jours qui suivent le jour où elle a reçu ce compte.
Le bureau peut fixer un délai plus long sans toutefois dépasser
un an. Lorsque le membre prélève ou retient des sommes à
même des fonds qu'il détient ou qu'il reçoit pour ou au nom
de cette personne, le délai ne commence à courir qu'à
partir du moment où la personne a connaissance que ces sommes ont
été prélevées ou retenues; "2° des dispositions
prévoyant la constitution d'un conseil d'arbitrage et permettant
à ce conseil de déterminer, s'il y a lieu, le remboursement
auquel une personne peut avoir droit; "3° des dispositions
prévoyant que l'arbitrage des comptes puisse se dérouler devant
un conseil d'arbitrage formé d'un ou de trois arbitres, selon le montant
en litige que ce règlement indique. "Ce règlement peut
prévoir que lorsqu'une convention écrite intervenue entre le
membre et la personne fixe les honoraires ou les modalités
précises permettant de les déterminer, cette procédure ne
peut être utilisée que pour assurer la conformité des
services effectivement rendus en regard de ladite convention."
M. Ryan: M. le Président, si vous me permettez une
explication...
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'amendement
étant déposé, M. le ministre, je vous reconnais.
M. Ryan: Si vous permettez une explication, M. le
Président, en vertu de la loi il est loisible à un client d'un
membre d'une corporation de se prévaloir d'une procédure de
conciliation et d'arbitrage s'il n'est pas satisfait de la note d'honoraires
qu'il a reçue. En plus, nous précisons que les règlements
d'une corporation traitant de ces sujets doivent prévoir, entre autres,
des dispositions pour certains cas, en particulier pour le cas où un
client a déjà acquitté une note d'honoraires qu'il a
reçue, mais s'aperçoit qu'il a été l'objet d'un
abus. On veut que, même s'il a payé, il puisse disposer d'un
recours pour obtenir la réouverture du dossier. On lui donne un
délai de 45 jours, par exemple, à partir du moment où il a
reçu le compte. Il ne faut pas que cela traîne trop longtemps,
parce que cela peut entraîner des conséquences financières
graves pour le professionnel concerné.
Dans un autre cas, le professionnel peut prélever certaines
sommes à même des fonds qu'il détient au nom du client.
S'il a envoyé une note d'honoraires, il a une dette qui lui est due par
le client, il peut se payer à même le fonds en question. Mais le
client peut bien trouver à protester. Dès qu'il a connaissance de
cela, il dispose d'un délai minimum de...
Une voix: Un délai de 45 jours.
M. Ryan: ...un délai de 45 jours encore, à compter
du moment où il a eu connaissance de ce prélèvement pour
demander une procédure de conciliation et d'arbitrage. Ensuite, le
règlement devra prévoir la constitution d'un conseil d'arbitrage
et certaines modalités qui en découlent. Il prévoira
également un dernier point; lorsqu'une convention écrite est
intervenue entre le membre de la corporation et son client pour fixer les
honoraires ou les modalités permettant de les déterminer, la
procédure de révision ne pourra être utilisée que
pour assurer la conformité des services effectivement rendus en regard
de ladite convention et non pas pour rouvrir la convention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine vos
explications, M. le ministre? Est-ce qu'il y a des réactions de la part
de l'Opposition sur l'amendement déposé par le ministre? Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je trouve que ce n'est pas facile de se prononcer
comme cela. Vous arrivez ici avec une grosse modification.
M. Ryan: Le projet de loi est déposé depuis le 14
mai. Il est en circulation depuis ce temps-là.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est l'amendement dont je parle, ce
n'est pas du projet de loi. Ce que je voudrais comprendre, l'article 88...
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: ...est remplacé au complet. L'article 22
vient remplacer l'article 88. Je ne suis pas sûre que cela soit...
M. Ryan: Essentiellement, encore une fois, ce que nous ajoutons
c'est ceci.
Mme Blackburn: C'était beaucoup plus sur la
présentation, le caractère technique; sur le fond, c'est une
autre question.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant.
Avez-vous terminé votre intervention, Mme la députée?
Mme Blackburn: Non. Ce que je voudrais savoir c'est si c'est
conforme au plan de la
présentation technique. On dit: L'article 22. Est-ce que cela
veut dire que l'article 88 reste?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(23 h 15)
Mme Blackburn: C'est seulement au plan technique, au plan de la
rédaction.
M. Ryan: Oui, regardez, l'article 88 demeure. C'est lui qui sert
d'article général d'entrée en matière ici.
Mme Blackburn: Oui, c'est cela, c'est ce que je vois.
M. Ryan: II demeure.
Mme Blackburn: Sauf que la rédaction ici ne le dit
pas.
M. Ryan: Ce n'est pas nécessaire de le dire. Ce n'est pas
nécessaire qu'on le dise. Dans le texte du projet de loi...
Mme Blackburn: Oui, c'est cela.
M. Ryan: Ce qu'on garde, ici, ce sont les deux premières
lignes de l'article qui est dans notre projet de loi. Cela n'est pas
changé. "L'article 88 de ce code est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant... " Alors, de l'alinéa suivant, cela veut dire
que l'alinéa qui est là... Il y a seulement un alinéa dans
l'article 88. Il demeure.
Mme Blackburn: Non, ici c'est le libellé qu'on a. Ici,
c'est: "Remplacer l'article 22 par le suivant... " Donc, il faut absolument
qu'on trouve quelque part une place où on dit que l'article 88 est
remplacé par l'article 22. C'est technique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, il
faudrait peut-être le rajouter, M. le ministre, juste au début de
votre amendement, de bien écrire dans l'amendement: L'article 88 de ce
code est modifié par cela, il est remplacé par...
M. Ryan: C'est cela. C'est très bien. J'accepte cela, M.
le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? M.
Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, cela se
lirait comment?
M. Ryan: "L'article 88 du code est remplacé par le
suivant... " C'est un pas historique pour la protection du consommateur, un de
plus sous le gouvernement actuel. On les multiplie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Blackburn: Alors, je voudrais savoir pourquoi, si la
protection est son souci, on passe de trois mois, ce qui est dans le
présent projet de loi, à 45 jours. C'est la moitié moins
long. Tout à coup, on vient de couper, de sabrer la moitié. Cela
demande de bonnes explications.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: C'est vrai, cela a donné lieu à des
explications assez nombreuses avec les collaborateurs du ministre. On nous a
fait valoir que dans le cas des professionnels concernés il y a des
sommes d'argent importantes qui peuvent être impliquées dans ces
choses-là et que les délais qu'entraîne
nécessairement le recours aux procédures de conciliation et
d'arbitrage peuvent entraîner obligation de remboursement parce qu'il
s'agit de comptes qui ont déjà été
payés...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan:... ou pour lesquels le professionnel a pu se payer en
faisant des prélèvements sur des fonds en fiducie.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Si jamais la procédure instituée aboutit
à une décision l'obligeant à rembourser, il y a toutes
sortes de conséquences qui en résultent. C'est pour cela qu'il ne
faut pas que les délais d'inscription d'une demande soient trop longs.
Si la personne a déjà payé son compte, elle doit
être capable d'inscrire aussi une demande pour que le bien-fondé
de la note d'honoraires soit examiné par une procédure
impartiale. En fait, le bâtonnier du Québec m'a adressé une
lettre que j'ai reçue aujourd'hui même, dans laquelle il demandait
qu'on mette un délai de 30 jours. Nous trouvions que cela prenait un
minimum de 45 jours.
Mme Blackburn: Parce que le bâtonnier, les avocats
sont...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant. Est-ce
que vous avez terminé, M. le ministre?
M. Ryan: II ne faut pas oublier une chose. C'est que nous partons
d'une situation où présentement la personne qui a payé n'a
aucun recours, elle ne peut rien faire.
Mme Blackburn: Pour cela, cela va.
M. Ryan: Là, on lui donne un recours. On dit: On n'abusera
pas non plus, il ne faut pas mettre les professionnels en danger non plus de
déséquilibre financier. Il peut y avoir des clients capricieux.
Alors, avec ceci, je pense qu'on
donne une protection des deux côtés. On avait mis trois
mois pour commencer. C'est vrai. Mais les représentations qui nous ont
été faites sont dignes d'être examinées avec
respect. Il nous semble qu'en mettant 45 jours on demeure dans le domaine du
raisonnable.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: D'abord, j'apprécie la modification qui a
été apportée, en ce sens qu'une personne puisse contester
les honoraires même si le compte a été payé. Dans
votre formulation cependant, deux remarques, on dit: "...en tout ou en partie,
pourvu que sa demande de conciliation soit faite dans les quarante-cinq jours
qui suivent le jour où elle a reçu ce compte." Pas où elle
a acquitté le compte.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: A reçu le compte. Alors, imaginez-vous,
vous recevez le compte et généralement vous prenez deux, trois ou
quatre semaines à l'acquitter, le temps quand même de
régler les choses, selon la note. Cela peut être assez
élevé. Alors, si vous avez pris deux ou trois semaines, et
souvent c'est 30 jours d'autorisés comme étant les délais
normaux pour acquitter un compte d'honoraires professionnels, cela veut dire
qu'il va lui rester 15 jours pour contester si la personne a payé. Ce
n'est pas beaucoup. Est-ce que vous suivez mon raisonnement?
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Parce que c'est 45 jours qui suivent le jour
où elle a reçu le compte. Vous recevez un compte, je vous envoie
mes honoraires et cela vous coûte quelques milliers de dollars.
M. Ryan: Mais elle a 45 jours pour réfléchir
à son affaire. Elle n'est pas obligée de payer...
Mme Blackburn: Non, ce que je veux dire, la personne qui dit...
Même si elle a payé, cela veut dire que tout à coup elle a
payé et quelqu'un lui dit: Cela n'a pas de bon sens ce que tu as
payé. C'est généralement comme ça que probablement
cela se produit. J'en ai vu un autre: J'ai eu tel service et cela m'a
coûté moitié moins cher. Elle dit: D'accord, je
conteste.
Mais, si on introduit cela, il faut que cela ait une utilité
quelconque, parce que la personne, entre le moment où elle reçoit
le 15 mai son compte et elle l'acquitte le 15 juin, cela veut dire qu'au 30
juin c'est sa date maximale pour contester. Ce n'est pas très long.
C'est ma première remarque, parce que, si on veut conserver cela, il
faudrait dire: qui suivent le jour où elle a reçu son compte ou
acquitté son compte.
Il y a deux hypothèses.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si on écrivait "acquitté", c'est
très dangereux parce qu'à supposer qu'elle paie son compte six
mois après, elle aurait encore un délai de 45 jours; cela
n'aurait pas de bon sens. Il n'y a aucune loi qui prescrit qu'elle doit le
payer dans une semaine, dans deux semaines ou dans trois semaines. C'est une
transaction privée.
Mme Blackburn: Je pense que... M. Ryan: Non, ce n'est pas
réaliste.
Mme Blackburn: ...le ministre et ceux qui ont
rédigé le projet de loi avaient ouvert une porte
intéressante. Mais à 45 jours, à mon avis, cela ne
signifie plus rien, vous le savez très bien. Je pense que n'importe qui
sait que 45 jours, une fois que le compte est payé, 45 jours cela ne
laisse plus de temps. Ensuite, je vais vous dire que cela ne m'impressionne pas
que le Barreau vous demande de mettre cela à 30 jours. C'est bien
sûr que le Barreau voudra avoir le moins de temps possible. C'est tout
à fait dans son intérêt.
M. le Président, 45 jours pour contester des honoraires et savoir
que l'on peut contester selon la procédure prévue ici, cela prend
des gens informés. C'est comme les dérogations, ce n'est pas le
premier des citoyens qui sait comment cela se passe, sauf que moins tu es
scolarisé, moins tu es informé.
M. Ryan: II faut bien considérer que le Barreau nous
faisait des demandes qui allaient beaucoup plus loin que ce que nous
acceptons.
Mme Blackburn: Oui, mais dans la pratique actuelle, au moment
où l'on se parle - on connaît un peu la pratique - il y en a
combien dans ces circonstances qui ne pourront pas s'en prévaloir? Je
trouvais que vos trois mois, quoique j'aurais même pensé qu'il
fallait peut-être que ce soit un peu plus élastique, mais 45
jours, cela ne signifie plus rien. À présent, ce qu'il faudrait
savoir, c'est: Est-ce que les règlements actuels fixent des
délais? Et quels sont ces délais? Des délais de
contestation, parce que, si le compte était acquitté, les
contestations... Est-ce qu'il y a des règlements qui fixent cela
actuellement? Il n'y en a pas, à part cela?
M. Ryan: On fait une vérification. On m'assure que pour
ceux qui n'ont pas payé leur note d'honoraires les règlements
actuels n'indiquent pas de délai.
Mme Blackburn: Donc, c'est beaucoup plus
généreux que ce que l'on propose.
M. Ryan: Pour la présentation des
réclamations...
Il ne faut pas oublier que celui qui paie sa note, il faut être
réaliste, il reconnaît qu'il a une obligation, autrement il ne
paierait pas. Une fois qu'il a payé, il ne peut pas jouer
indéfiniment avec celui qui est à l'autre bout de la ligne. On
lui donne un délai de 45 jours pour se faire une opinion
là-dessus. Franchement, c'est raisonnable. Il ne s'agit pas de
memérer indéfiniment là-dessus. Parce qu'on lui donne un
délai raisonnable, il a confié cet argent de bonne foi,
reconnaissant qu'il a une obligation à un professionnel. Il ne peut pas
jouer avec le professionnel non plus indéfiniment.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit: Écoutez, le projet de
loi a été déposé le 15 mai. Vous auriez dû
avoir le temps de le lire. Oui, j'ai eu le temps de le lire, mais je n'ai pas
eu le temps de lire cet amendement-là. Il est important, l'amendement.
Il vient changer considérablement ce qu'on a ici dans le projet de loi.
Je m'explique: dans l'article que vous avez, dans le premier paragraphe, vous
dites: "des dispositions permettant à une personne de se
prévaloir de cette procédure même si elle a
déjà acquitté ou payé le compte. " Le mot
"même" inclut celle qui ne l'aurait pas payé, si je sais lire.
Dans le paragraphe 1°. Alors là le ministre me dit: Ce sont
seulement ceux qui ont payé qui sont couverts.
M. Ryan: Mais non, l'autre c'est entendu. Celui qui ne l'a pas
payé, il l'a déjà en vertu de l'article actuel. Le mot
"même" on peut le laisser tomber, s'il est redondant.
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre et
Mme la porte-parole, s'il vous plaît! À l'ordre! Les cloches
sonnent; les parlementaires sont appelés à se rendre à
l'Assemblée nationale pour un vote. Nous suspendons temporairement.
(Suspension de la séance à 23 h 27)
(Reprise à 23 h 44)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux et
nous en étions à l'étude de l'article 22. La discussion
portait sur le délai de trois mois ramené à 45 jours.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si je pouvais apporter quelques explications
supplémentaires en vue de favoriser le rapprochement des points de vue,
ce serait peut-être de nature à nous rendre service. Encore une
fois, nous partons d'une situation où il n'existe pas de protection pour
ces personnes qui ont déjà acquitté une note d'honoraires
et qui se rendent compte qu'elles ont pu être victimes d'abus.
Deuxièmement, nous réduisons le délai pour l'inscription
d'une réclamation à 45 jours, à partir de la
période de 90 jours qui avait été prévue
initialement, et ce, à la suite de représentations qui nous ont
été faites et que nous jugeons raisonnables.
Il y a un point que je n'ai pas souligné jusqu'à
maintenant et que je voudrais porter à l'attention des membres de la
commission. C'est le suivant: On prévoit un délai de 45 jours,
mais on prévoit également que le bureau d'une corporation peut
fixer un délai plus long, pouvant aller jusqu'à un maximum d'un
an. On m'a informé, pendant l'intermission, que certaines corporations
ont déjà indiqué leur volonté de prescrire un
délai plus long que 45 jours, celui-ci pouvant même aller
jusqu'à un an. Finalement, on me signale que dans la Loi sur la
protection du consommateur le délai fixé pour l'inscription d'une
réclamation est de dix jours. Par conséquent, 45 jours dans ce
contexte plus complexe, cela apparaît comme un délai non
dépourvu de rationalité et d'équité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
une intervention de la part de l'Opposition?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Écoutez, cela me rassure. Je vois que ceux
qui n'ont pas acquitté leurs comptes peuvent avoir des délais
beaucoup plus longs. Il n'y a rien qui est déterminé
là-dessus. Cependant, se baser sur la Loi sur la protection du
consommateur pour dire que le délai de 45 jours est peut-être
beaucoup comparativement à dix jours, il faut simplement se demander si
dix jours sont suffisants. C'est beaucoup plus comme cela qu'il faudrait se
poser la question. Je maintiens que je trouvais que trois mois donnaient le
temps, d'autant que c'est... On dit: "a reçu ce compte. " Si on disait
"a acquitté le compte", ce serait déjà... Étant
donné que dans l'autre cas vous n'avez pas de limite, me dites-vous,
dans le cas de ceux qui n'ont pas acquitté leur compte, pourquoi est-ce
qu'on ne dirait pas "acquitté le compte" plutôt que "reçu
le compte"?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: M. le ministre.
M. Ryan: Je m'excuse, j'ai été distrait, j'avais
une communication à faire avec mes collègues.
Mme Blackburn: Étant donné qu'on semble être
beaucoup plus strict à l'endroit de ceux qui ont payé qu'à
l'endroit de ceux qui n'ont pas payé - c'est cela, en fait - parce qu'on
dit ceux qui n'ont pas payé, eux autres, ils peuvent avoir des
délais très longs, il n'y a rien de fixé en ce qui les
concerne, alors que ceux qui ont payé, on dit "les 45 jours qui suivent
le jour où elle a reçu ce compte". Est-ce qu'il ne serait pas
intéressant de dire: qui suivent le jour où elle a
acquitté ou donné un premier versement?
M. Ryan: Nous avons considéré cette
possibilité et avons décidé de ne pas la retenir. Nous
l'avons considérée. Parce que, là, cela prolonge
indûment les délais au risque de créer un détriment
sérieux pour le professionnel concerné.
Mme Blackburn: Adopté, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Article 22, est-ce
que l'amendement proposé est adopte?
Mme Blackburn: ...en souhaitant qu'on ne se retrouvera pas en
train d'amender cela dans six mois parce que cela n'a pas
fonctionné.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Amendement
adopté. Est-ce que l'article 22 tel qu'amendé est
adopté?
M. Ryan: Je signale qu'on n'a pas amendé beaucoup des lois
que nous avons adoptées jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre, j'ai demandé...
M. Ryan: On n'en a pas amendé beaucoup, une ou deux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, j'ai
demandé... Madame, M. le ministre, on a commencé à
approuver l'amendement. L'amendement a été accepté. Est-ce
que l'article tel qu'amendé est accepté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle
maintenant l'article 24. M. le ministre.
M. Ryan: À l'article 24, on ajoute une
légère précision à ce qui est déjà
contenu dans le Code des professions. À l'article 90 actuellement, il
est dit ceci: Le bureau doit déterminer par règlement la
procédure du comité d'inspec- tion professionnelle de la
corporation. On ajoute les mots: Le bureau doit déterminer par
règlement "la composition, le nombre de membres et" la procédure.
C'est une précision qui permet d'assurer que cela va fonctionner d'une
manière plus responsable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Intervention de la
part de l'Opposition?
Mme Blackburn: C'était déjà dans les
règlements.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Les modifications proposées font suite à
un jugement rendu en 1985 énonçant que le nombre de membres ne
pouvait être légalement fixé par le règlement
adopté en vertu de l'article 90 du code. C'est un point que j'ai
très souvent mentionné en commission parlementaire au cours des
derniers mois, il y a beaucoup de fois où l'imprécision de la loi
a amené les tribunaux ou des juristes à mettre en cause des
règlements qui semblaient aller au-delà de ce que permettait la
loi. Ici, c'est pour visser ces dispositions-là de manière claire
et sûre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 24 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle
l'article 25. M. le ministre, avez-vous des explications à donner sur
l'article 25?
M. Ryan: Les modifications apportées visent à
compléter l'éventail des mesures destinées à
protéger le public à l'égard de tous les
éléments reliés à l'exercice d'une profession lors
d'une cessation d'exercice, que celle-ci soit volontaire ou non. De plus, la
mesure proposée aura notamment pour effet de favoriser
l'exécution, à l'égard de toutes les situations
professionnelles, des fonctions prévues à l'article 112 du Code
des professions, selon une modification qu'en propose l'article 35 du projet de
loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Des remarques sur
l'article 25? Est-ce que l'article 25 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 26.
M. Ryan: Je pense qu'à l'article 26 on ajoute les
alinéas b et c: "Le bureau doit, par règlement: fixer la date et
les modalités de l'élection, la date et le moment de
l'entrée en fonctions et la durée du mandat du
président."
C'est le fameux article 93b dont nous étions convenus d'attendre
l'adoption pour revenir à d'autres articles.
Il y a c): "fixer des normes d'équivalence des diplômes
délivrés par les établissements d'enseignement
situés hors du Québec, aux fins de la délivrance d'un
permis ou d'un certificat de spécialiste."
Ces articles parlent par eux-mêmes. À vouloir les
expliquer, on risquerait de les rendre moins clairs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée. Devant la clarté de
l'explication, Mme la députée.
Mme Blackburn: Je voudrais savoir... Je pense qu'on change "peut"
par "doit". Combien y avait-il de corporations qui s'étaient
donné de tels règlements, étant donné qu'elles
pouvaient le faire, et qui avaient fixé des normes d'équivalence?
Est-ce que cela avait comme effet, les règlements que se donnaient les
corporations, de limiter l'accès ou d'exercer un pouvoir excessif par
rapport à l'accès des personnes qui auraient reçu leur
formation à l'extérieur du Québec?
M. Ryan: M. le Président, je voudrais signaler que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: ... dans le texte actuel de l'article 93 c'est le mot
"doit" et non pas le mot "peut" qui est utilisé. On doit présumer
qu'à peu près toutes les corporations...
Mme Blackburn: C'était quoi le...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madame.
Mme Blackburn: Ma question était: quel est le
problème?
M. Ryan: C'est que vous avez dit: On emploie le mot "doit" au
lieu du mot "peut". Ce n'est pas vrai. C'est le mot "doit" qui est
déjà dans la loi. Première correction qui s'impose.
L'article 93, pas 94.
Deuxièmement, on a déjà discuté tantôt
de l'élection. Il faut indiquer clairement que le règlement doit
prévoir également la date et les modalités de
l'élection. Ce sont des questions relatives aux droits et obligations
tout à fait fondamentaux des membres dans une corporation
démocratique.
L'autre clause s'impose également parce que jusqu'à
maintenant ils n'ont pas le pouvoir et l'obligation de fixer des normes
d'équivalence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Ce qu'on veut dire, c'est qu'avant, pour fixer les
normes d'équivalence, ils "pouvaient", là ils "doivent". Je pense
qu'on a raison. C'est ce que j'ai dit est correct. La question est la
même: Est-ce qu'il y a eu vraiment un défaut de le faire de la
part des corporations?
M. Ryan: Je n'ai pas de réponse sur le terrain des faits
actuellement. Je ne sais pas combien de corporations ont adopté ces
règlements. On me signale que certaines corporations n'auraient pas de
telles dispositions concernant les normes d'équivalence. Plus de la
moitié n'en ont point après quinze ans d'expérience avec
le Code des professions. Il est temps de clarifier les obligations des
corporations.
Mme Blackburn: Alors, vous nous dites que les effets
c'était que, étant donné qu'il n'y avait pas de normes
d'équivalence des diplômes délivrés par les
établissements d'enseignement situés en dehors du Québec,
ils n'étaient pas autorisés à exercer ici?
M. Ryan: C'est cela. Ou encore ils réglaient cas par cas.
C'est là une méthode que vous n'affectionnez pas
spécialement.
Mme Blackburn: Non, c'est juste. M. Ryan: Merci.
Mme Blackburn: Je ne vous le fais pas dire sur cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions à l'article 26? Est-ce que l'article 26 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Étant donné l'heure et avant de passer à l'article 27,
s'il n'y a pas de demande de dépasser l'heure, nous allons... M. le
ministre.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut dépasser l'heure en
commission parlementaire? On ne peut pas.
M. Ryan: M. le Président, je serais prêt, si c'est
le sentiment de l'Opposition, à dépasser l'heure pour essayer de
progresser davantage dans cet exercice où nous avons fait
déjà pas mal de chemin et où, je pense, après avoir
disposé de quelques articles qui sont vraiment substantiels, nous
retrouverons ensuite un grand nombre d'articles qui sont plutôt de
concordance. Comme la semaine a été très longue et que la
semaine suivante le sera, moi, je serais prêt à continuer avec les
membres de l'équipe ministérielle afin de faire avancer le
travail.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
j'ai entendu votre requête et je la reconnais. Par contre, il me faut le
consentement des deux formations politiques. Alors, je m'adresse à la
porte-parole officielle de l'Opposition concernant la demande du ministre. Mme
la députée.
Mme Blackburn: Non, M. le Président, habituellement je
suis relativement ouverte à ce genre de proposition mais demain on a une
bonne journée. Je pense qu'il est plus indiqué d'aller se reposer
et de reprendre l'exercice à tête reposée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors,
étant donné la situation, la commission parlementaire de
l'éducation suspend ses travaux jusqu'à une date qui sera
déterminée par le leader en Chambre.
(Fin de la séance à 23 h 57)