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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite, c'est le cas de le dire, nos invités à prendre
place. Si vous voulez fermer les portes à l'arrière... J'invite
aussi les membres de cette commission à réintégrer leur
fauteuil et j'invite le président de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec à prendre place avec
ses invités, comme l'a si bien dit le député d'Arthabaska,
à l'avant.
La commission permanente de l'éducation, dans le cadre du mandat
qui lui a été confié par l'Assemblée nationale,
continue ses séances d'addition dans le cadre de l'étude des deux
projets de loi qui nous préoccupent, à savoir le projet de loi
106, Loi sur les élections scolaires, et le projet de loi 107 sur la
restructuration de la Loi sur l'instruction publique.
Cette commission permanente a entrepris ses travaux au mois de mai. Nous
avons ajourné durant la période intensive, pour recommencer la
semaine dernière et terminer, selon nos prévisions, jeudi. Nous
aurons, à ce moment-là, entendu plus de 100 organismes
représentant les employés, les clients, les commissions
scolaires, les comités de parents, les comités d'école,
les professionnels et les cadres. Autrement dit, cette commission aura fait le
tour. On en oublie toujours, mais, en principe, on aura fait le tour d'à
peu près tous les intervenants dans le domaine de l'éducation
pour que ceux-ci aient la chance d'informer le gouvernement, le ministre et
aussi en premier, dirais-je, les membres de cette commission de leurs
préoccupations ou pour nous faire connaître le fruit de leurs
réflexions sur ces deux projets de loi.
C'est donc dire que nous entreprenons ce matin le dernier sprint. Nous
nous engageons dans l'opération finale en ce qui regarde ces auditions.
Je voudrais en profiter pour vous dire à quel point il est important
pour le gouvernement et pour cette commission de vous entendre. La semaine
dernière, nous avons entendu la Fédération des
comités de parents. Ce matin, pour commencer notre semaine, parce qu'on
sait toujours que ce sont les premières séances qui attirent le
plus l'attention du public, la commission a décidé d'un commun
accord d'accueillir, si ce n'est pas l'intervenant le plus important, l'un des
plus importants, parce qu'il n'y en a pas de plus important dans le monde de
l'éducation, je pense, ils sont tous importants. Lorsque la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
décide de se faire entendre, nous avons la conviction que c'est un gros
morceau. Alors, c'est pour cela, M. le président de la
fédération des commissions scolaires, que nous avons
décidé ce matin - d'ailleurs, on vous l'avait laissé
sentir à un certain moment - que nous ferions tout notre possible pour
vous entendre dans une bonne période. Nous pensons que le début
de cette dernière semaine est une bonne période et nous vous
remercions beaucoup de votre collaboration et d'avoir répondu d'une
façon positive à notre invitation. Alors, c'est avec joie et
plaisir, M. le président, que nous vous accueillons.
Avant d'entreprendre nos travaux, j'aimerais que le secrétaire
nous informe, à savoir si nous avons quorum.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a Mme
Pelchat, députée de Vachon, qui remplace M. Khelfa,
député de Richelieu; et du côté de l'Opposition, M.
Jolivet, député de Lavio-lette, remplace M. Gendron,
député d'Abi-tibi-Ouest.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Si nous
avons quorum, je déclare officiellement ouverte cette séance de
travail. Je vous donne aussi lecture de l'ordre du jour sur lequel nous allons
nous pencher aujourd'hui. D'abord, ce matin, nous accueillons les
invités dont j'ai fait mention tout à l'heure, la
Fédération des commissions scolaires catholiques, qui sera suivie
de l'Association des commissions scolaires protestantes du Québec,
suivie de l'Université du Québec, du Comité central de
parents de la commission des écoles protestantes du Grand
Montréal et, à 16 h 45, nous recevrons le Comité de
parents de la commission scolaire Jérôme-Le Royer. À 20
heures ce soir, en principe, nous devrions accueillir la commission scolaire
Lauren-val et, à 21 heures, la commission scolaire Vallée-de-la
Lièvre.
Alors, je vous rappelle, messieurs les membres de cette cornmission, que
vous avez toujours le droit de présenter des motions
préliminaires. Si vous n'avez pas de motions préliminaires, je
vais souhaiter encore une fois la bienvenue à nos invités. M.
Légaré, la commission a prévu de vous entendre pendant une
heure trente environ. On n'en est pas à la minute près. Je vous
invite à nous présenter les gens qui vous accompagnent et
à enchaîner immédiatement avec la présentation de
votre mémoire. Le reste du temps, comme d'habitude, sera réparti
de façon égale entre les deux formations poli-
tiques avec lesquelles vous pourrez discuter et échanger. Nous
vous écoutons, monsieur.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. Légaré (Gabriel): Merci, M. le Président.
Comme vous le souhaitez, je vais vous présenter en premier lieu notre
délégation: à ma gauche, M. Fernand Paradis, directeur
général de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec; immédiatement à ma droite, M.
Charles Péron, premier vice-président de la
fédération des commissions scolaires; finalement, au bout de
cette table, M. Marc Sabourin, qui est président du comité que
nous appelons le comité de la responsabilisation des commissions
scolaires et qui était chargé de préparer la
démarche de réflexions qu'a menée la
fédération des commissions scolaires sur les deux projets de loi
qu'a déposés le ministre en décembre dernier.
Alors, ceci dit, M. le Président, je voudrais aussi, avant
d'aborder la lecture du document que je viens vous présenter, vous
remercier d'avoir bien voulu accepter... La commission, je pense,
s'était mise d'accord pour reporter à l'automne notre comparution
en commission parlementaire et, lorsque nous vous avons adressé nos
copies de mémoire au mois de juillet, je vous indiquais dans une petite
note que les documents que nous vous remettions n'étaient pas, de fait,
des documents officiels, bien qu'ils aient été écrits et
rédigés à partir des orientations dégagées
à nos assemblées générales, à notre
assemblée générale de mai dernier, et n'avaient pas
reçu l'approbation officielle du conseil d'administration, ce qui est
prévu dans notre organisation. De fait, nous avons tenu ce conseil
d'administration en fin de semaine et je vous informe que les mémoires
sur les lois 106 et 107 que vous avez reçus en juillet n'ont
été aucunement modifiés. Donc, nous n'avons ni ajout ni
retrait à formuler à l'égard de ces mémoires. Ceci
dit, je ferais ma présentation.
Alors, M. le Président, mesdames et messieurs de la commission
parlementaire, nous tenons à remercier les membres de cette commission
parlementaire de l'éducation de l'occasion qui est nous offerte
d'exprimer le point de vue des commissions scolaires sur ces projets de loi. Le
report de notre audition devant cette commission nous aura permis de respecter
l'engagement que nous avions pris envers nos membres de les consulter
aussitôt que le projet gouvernemental de restructuration scolaire serait
rendu public et de les réunir en assemblée générale
pour apporter nos orientations à ce sujet. Si vous le permettez, je vais
aborder en premier lieu le projet de loi 106.
À plusieurs reprises, au cours des dernières
années, les commissions scolaires se sont montrées favorables
à une refonte de la Loi sur l'instruction publique afin de lui donner
une structure plus cohérente, de la moderniser et de la rationaliser.
Depuis plusieurs années, la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec réclame des modifications
substantielles à la procédure électorale utilisée
pour l'élection des commissaires d'écoles. Les commissions
scolaires ont toujours été d'avis que l'accroissement de leurs
responsabilités et l'amélioration des mécanismes
électoraux pouvaient amener plus de citoyens de chacun des milieux
à s'intéresser et à s'impliquer dans la gestion du
gouvernement local qu'est la commission scolaire. La proposition
gouvernementale de renfermer dans une loi spécifique l'organisation des
élections scolaires est donc accueillie avec intérêt.
L'objectif gouvernemental d'harmoniser le plus possible les procédures
électorales scolaires avec les règles applicables lors des
élections provinciales correspond effectivement à l'objectif que
nous visions. L'avis de la fédération sur le projet de loi 106
est, dans l'ensemble, positif et les remarques portent principalement sur
l'époque des élections, les circonscriptions électorales,
les qualités requises pour être électeur ou candidat aux
élections scolaires, la déclaration de candidature, la
reconnaissance d'équipes, le remboursement des dépenses et,
finalement, l'assermenta-tion.
Passons maintenant au projet de loi 107. Concernant la réforme de
la Loi sur l'instruction publique, déjà, dans le cadre de la
conférence Québec-commissions scolaires en 1979 et au moment des
discussions sur les projets de loi 40 et 3, la fédération avait
mis de l'avant des principes pour la réviser, notamment pour contrer les
effets négatifs de l'hypercentralisa-tion de notre système
d'éducation. Si la réforme de l'enseignement de 1960 a
nécessité une concentration des pouvoirs décisionnels et
des ressources au niveau de l'État pour assurer une certaine
uniformisation des services et une juste redistribution des ressources de la
collectivité québécoise, il se trouve aujourd'hui que
l'objectif atteint, nous sommes devant un phénomène
d'hypercentralisation à l'origine de plusieurs problèmes de notre
système d'éducation. De nombreuses études ces
dernières années ont démontré que les fondements de
toute réforme valable en éducation ou dans tout autre secteur
résident dans leur enracinement dans les projets locaux et dans
l'interrogation des pratiques quotidiennes. En éducation, nous sommes
actuellement prisonniers d'un système d'administration centralisé
où le gouvernement est appelé tous les jours à
régler des problèmes concrets et ponctuels qui gagneraient
à être résolus localement. Il en résulte une perte
de temps et d'argent, ainsi qu'un lourd processus décisionnel non
seulement démotivant pour les administrateurs scolaires, mais aussi
inefficace pour répondre rapidement aux besoins de la population.
Au moment où la population s'inquiète de la qualité
de l'enseignement dans le système public, les commissions scolaires et
les écoles doivent
composer avec les lourdeurs et les lenteurs de la bureaucratie, avec une
tendance au ministère de l'Éducation à dicter et à
normaliser des comportements et des attitudes peu propices au dialogue, avec le
poids et la rigidité des conventions collectives ainsi qu'avec l'absence
d'intérêt de la population pour les élections des
comités d'école et des conseils scolaires. Le système
d'éducation souffre aujourd'hui des maux qui caractérisent tous
les grands systèmes centralisés. Il est devenu rigide, lent,
insensible et il brime l'initiative locale ainsi que le développement
des ressources humaines. Dans ce régime centralisé,
l'uniformité constitue un standard à atteindre alors que la
différence est considérée comme une anomalie. Il faut se
rendre à l'évidence, contrairement aux tendances actuelles un peu
partout dans les pays industrialisés, le système
d'éducation au Québec a du mal à s'ajuster à la
nouvelle conjoncture en maintenant et même en augmentant les
contrôles a priori. Nécessaire il y a 25 ans, la centralisation
est devenue un handicap à l'amélioration de la qualité des
services éducatifs. Nous constatons, malheureusement, que le projet de
loi 107 ne corrige pas cette situation et qu'il s'inscrit ' de surcroît
dans la même ligne de pensée que les projets antérieurs de
restructuration scolaire.
Le projet de loi 107 propose essentiellement des modifications
technocratiques à la Loi sur l'instruction publique et ne constitue pas
une réponse satisfaisante aux besoins en matière de
responsabilisation, comme nous le démontrons dans notre mémoire.
Ce renforcement vers la centralisation découle manifestement d'une
profonde méfiance de l'État à l'égard de
l'administration scolaire locale, méfiance par ailleurs
injustifiée et dont on constate actuellement les effets pervers. Les
commissions scolaires n'ont pratiquement plus le choix d'orienter leur gestion
des besoins des citoyens de leur territoire à partir des perceptions
lointaines du ministère de l'Éducation. Malgré la
légitimité de leur mandat, les élus locaux sont à
la merci des autorisations du ministre et trop souvent incapables de
répondre adéquatement et rapidement aux besoins de leur
communauté. À titre d'exemple, comment accepter que le
ministère puisse refuser que des commissions scolaires offrent certaines
options professionnelles, alors que les milieux sont prêts à les
financer pour garder les jeunes près de leur domicile? On pourra
toujours essayer de modifier certains articles du projet de loi 107 afin de le
rendre plus acceptable, mais il faut se rendre à l'évidence,
c'est l'esprit même du projet de loi qu'il faut changer. Il faut que les
auteurs aient confiance dans la capacité des citoyens et de leurs
représentants, au niveau scolaire, à. prendre les
décisions qui les concernent.
La fédération ne conteste pas le droit du gouvernement de
déterminer les grandes orientations du système
d'éducation. Cependant, le rôle du gouvernement et du ministre de
l'Éducation n'est pas de se substituer à ceux qui ont le mandat
et la capacité de gérer efficacement l'éducation sur leur
territoire. À moins que l'on ne souhaite l'étatisation
complète de tout le système d'éducation, il faut revoir le
projet de loi 107. La loi devrait se limiter à indiquer quelles sont les
responsabilités de la commission scolaire et lui fournir les pouvoirs
nécessaires pour qu'elle puisse elle-même déterminer les
modalités pour les assumer. L'amélioration de la qualité
de l'éducation passe par l'implication de ceux qui font
l'éducation et par la disponibilité de ressources humaines,
matérielles et financières suffisantes. Elle suppose avant tout
une confiance dans la capacité des gestionnaires des commissions
scolaires à assumer les responsabilités que la loi et la
population leur confient.
Trois articles du projet de loi illustrent plus que tout autre l'esprit
de méfiance qui a présidé à la rédaction du
projet de loi: l'article 437 sur les subventions et les articles 438 et 439 sur
la tutelle. L'article 13 de la Loi sur l'instruction publique permet
actuellement au ministre de retenir la subvention destinée à une
commission scolaire en cas de refus d'observer la loi et les règlements
ou lorsque les services ne sont pas rendus. Avec les dispositions de l'article
437 du projet de loi 107, le ministre pourrait également annuler une
subvention destinée à une commission scolaire ou même en
diminuer le montant. Cet ajout au pouvoir du ministre est exorbitant et place
la commission scolaire en situation de tutelle permanente. Selon la loi
actuelle, une commission scolaire peut recourir aux tribunaux pour faire
respecter son droit d'obtenir une subvention. L'article 437 rendrait nettement
plus difficile la possibilité pour une commission scolaire d'obtenir la
subvention qu'elle est en droit de recevoir si elle ne partage pas le point de
vue du ministre. La loi actuelle permet au ministre d'effectuer des
enquêtes dans une commission scolaire et au gouvernement de nommer un
administrateur pour assumer les pouvoirs d'une commission scolaire, si une
enquête se rapporte à l'administration ou au fonctionnement d'une
commission scolaire. L'article 438 du projet de loi 107 accroîtrait
considérablement les pouvoirs du ministre en étendant le pouvoir
d'enquête et de vérification à toute matière se
rapportant à la qualité et à l'organisation des services
éducatifs. Si cet article était adopté tel quel, cela
signifierait que les fonctionnaires du ministère de l'Éducation
pourraient prendre prétexte d'à peu près n'importe quoi
pour s'ingérer dans les activités de la commission scolaire.
L'article 439 du projet de loi va encore plus loin en permettant au ministre,
pendant la tenue d'une vérification d'enquête, la suspension de la
prise d'une décision ou de l'application d'une décision prise de
façon tout à fait légitime et légale par les
représentants élus de la population à la commis-
sion scolaire. Ces deux articles constituent des reculs importants par
rapport à ce qui est prévu actuellement aux articles 14 et 340
à 346 de la Loi sur l'instruction publique. Les dispositions
prévues au projet de loi, en regard des pouvoirs de la commission
scolaire, apparaissent nettement restrictives par rapport à ce qui
existe dans la loi actuelle et par rapport à ce qui avait
été retenu dans la loi 3 à l'article 259.
S'il peut apparaître compréhensible que le gouvernement
détermine, après consultation des gouvernements scolaires locaux,
les critères qu'il entend utiliser pour évaluer le montant des
subventions à allouer à une commission scolaire, il est difficile
de concevoir que le ministre de l'Éducation puisse s'arroger le pouvoir
de refuser à une commission scolaire le droit d'offrir des services
éducatifs voulus par la population de son territoire et avec ses propres
ressources. Le projet de loi 107 semble nier l'existence de deux structures
complémentaires pour assurer la gestion de l'éducation: une
structure provinciale pour déterminer les orientations et fournir les
ressources nécessaires, et une structure locale, la commission scolaire,
pour s'assurer que la population de son territoire reçoit les services
éducatifs auxquels elle a droit.
Le projet de loi 107 maintient l'ensemble des dispositions relatives au
financement des commissions scolaires. Au moment de l'adoption de la loi 57 sur
la fiscalité municipale, le gouvernement de l'époque avait promis
aux commissions scolaires que le transfert de l'impôt normalisé
aux municipalités et le remplacement de celui-ci par un accroissement
des subventions ne causeraient aucun préjudice aux commissions
scolaires. Le gouvernement s'était engagé à financer le
coût de ses décisions tout en affirmant que le pouvoir de taxation
laissé aux commissions scolaires devait leur permettre de se donner une
couleur locale, c'est-à-dire de répondre à des besoins et
à des attentes spécifiques de leur milieu. Le produit de la taxe
locale sert de moins en moins à répondre aux besoins de services
voulus par les citoyens. Les commissions scolaires doivent l'utiliser pour
combler le manque à gagner généré par les
diminutions annuelles des subventions qui leur sont allouées par le
gouvernement. Le gouvernement n'assume plus les coûts moyens
observés des services essentiels qui, dans leur ensemble, sont la
résultante de ses propres décisions. Année après
année, une indexation située sous le taux réel
d'indexation ou, encore, une non-indexation pure et simple et des compressions
budgétaires ont contribué à restreindre les ressources
financières des commissions scolaires et les obligent à puiser
dans les produits de la taxe scolaire pour équilibrer leur budget.
Chaque nouvelle loi, et le projet de loi 107 ne fait pas exception,
amène son cortège d'obligations a respecter sans que le soutien
financier soit prévu. Comment stimuler l'innovation pédagogique
et la réalisation de projets spéciaux de nature à faire
évoluer l'enseignement si les milieux ne peuvent se donner les
ressources financières nécessaires? Les écoles publiques
fourmillent de projets innovateurs qui ont porté fruits. Ce sont les
agents d'éducation directement en contact avec les élèves
qui possèdent ce pouvoir créateur. Il faut soutenir leur
initiative et cesser de fixer des limites de toutes sortes aux commissions
scolaires. Il nous apparaît essentiel que la commission scolaire
bénéficie d'un pouvoir de taxation locale accru ou d'une source
de revenus autonomes significative pour réaliser efficacement son
rôle de gouvernement scolaire local. (10 h 30)
II est curieux, par ailleurs, qu'au moment même où le
gouvernement s'interroge sur la pertinence de maintenir une foule de
commissions, de comités et de conseils consultatifs qui, bien souvent,
alourdissent l'appareil administratif, le projet de loi 107 propose la
création de nombreux comités et augmente considérablement
les lieux et les objets de consultation. À force de trouver une place
pour tout le monde, on en arrive à ce qu'il n'y ait plus de place
véritable pour personne. On nourrit des espoirs, on ralentit le
processus décisionnel et les gestionnaires des commissions scolaires
sont appelés à occuper de plus en plus de temps à
préparer et à assister à de nombreux comités. La
fédération considère que les commissions scolaires n'ont
pas à être olaligées de gouverner à l'aide d'une
série de comités ou de mécanismes préétablis
qui limitent leurs initiatives et qui viennent restreindre leur
possibilité d'assumer adéquatement leurs responsabilités
en tenant compte des particularités de leur milieu.
La formation d'un comité doit relever de la commission scolaire,
parce que c'est elle qui est le plus en mesure de décider de ce qui
correspond vraiment aux besoins de ses clientèles.
Autre point qui étonne. Si le projet de loi 107 était
adopté tel quel, les conseils d'orientation et les divers comités
de la commission scolaire auraient le droit d'ester en justice. Ce
système ne tient pas compte de certaines réalités. S'il
n'en coûte rien à un comité pour poursuivre - et il y en
aurait des milliers pour l'ensemble des commissions scolaires si le projet de
loi était adopté - les gestionnaires des commissions scolaires et
l'argent des citoyens pourraient être utilisés à des
poursuites juridiques inutiles plutôt que de servir à
améliorer la qualité de l'éducation. Les séquelles
éventuelles de telles actions devant les tribunaux sont
disproportionnées par rapport aux avantages qu'on pourrait en retirer.
Le droit d'engager la responsabilité de la commission scolaire ne doit
relever, en dernier ressort, que de ceux qui ont reçu un mandat de la
population au moment des élections scolaires, soit les commissaires
d'écoles.
En fonction des commissions scolaires
linguistiques, le gouvernement a indiqué son intention de faire
valider devant les tribunaux compétents la constitutionnalité de
la proposition relative aux commissions scolaires linguistiques avant de
l'appliquer. La fédération se réjouit de cette
décision qui va d'ailleurs dans le sens de la suggestion qu'elle
formulait dans son mémoire sur la loi 3 d'en référer aux
tribunaux compétents pour faire valider ce projet de loi quant à
sa constitutionnalité avant de le mettre en application. Cela nous
paraît l'attitude la plus raisonnable à tenir dans les
circonstances. Cela éviterait à plusieurs organismes d'encourir
des frais financiers importants et d'être dans l'obligation de s'opposer
à une loi non respectueuse de leurs droits - je me réfère
ici au mémoire de la fédération sur le projet de loi 3 en
décembre 1984.
Concernant les commissions scolaires linguistiques, à l'occasion
des débats sur les projets de restructuration scolaire du gouvernement
précédent, la fédération s'était
montrée ouverte à la création de telles structures. Les
membres de la fédération partagent toujours ce point de vue,
surtout si l'on considère que, pour l'année 1987-1988, plus de 75
% des commissions scolaires pour catholiques, soit 135 commissions scolaires
sur 181, étaient de fait linguistiques et offraient des services
éducatifs à une clientèle uniquement francophone. Il est
également intéressant de constater que 87,3 % de la
clientèle issue de la minorité linguistique anglophone inscrite
dans les commissions scolaires pour catholiques fréquente les
écoles de la région de Montréal, ce qui nous amène
à croire que, s'il existe un problème relié aux types de
structures, il s'agit surtout d'un problème concentré dans la
région de Montréal. Certaines commissions scolaires dans d'autres
régions de la province vivent d'autres situations que celle de
Montréal. La minorité linguistique et la majorité
francophone ont développé dans ces milieux un mode de
fonctionnement respectueux des droits de chacun. Ces milieux se demandent au
nom de quel principe supérieur il faudrait modifier une structure qui
répond de façon adéquate à leurs besoins.
Pour tenir compte des particularités de certains milieux, il
devrait être possible de gérer une commission scolaire autre que
linguistique. La commission scolaire est un gouvernement local qui doit
bénéficier de l'autonomie suffisante pour répondre aux
besoins de la population de son territoire. Démocratique, le
gouvernement scolaire local répond à des actes à la
population qu'il représente. La prise de décision ultime dans une
commission scolaire doit appartenir à des représentants de la
population de son territoire élus au suffrage universel. Depuis
maintenant dix ans, des représentants du comité de parents, l'un
pour le primaire et l'autre pour le secondaire, participent sans droit de vote
au conseil des commissaires. La fédération estime que ces
intervenants permettent de faire valoir de façon toute
particulière le point de vue de ceux qui participent au comité
consultatif de chacune des écoles. Le droit d'adopter une
résolution pour les commissions scolaires doit cependant revenir
à ceux et celles qui ont un mandat de la population. La
fédération maintient donc sa position que tous les commissaires
d'écoles doivent être élus au suffrage universel.
Après avoir analysé le contenu du projet de loi 107 et la
portée des articles qu'il contient, nous en venons à la
conclusion qu'il ne répond pas globalement aux objectifs
d'amélioration de la Loi sur l'instruction publique et, incidemment, du
système public d'enseignement. Loin d'amorcer le virage
nécessaire à l'égard de l'hypercentrali-sation, il aurait
pour effet d'accentuer la mainmise du ministre sur la gestion des
écoles. Il s'agit de la troisième tentative d'un gouvernement
pour modifier la Loi sur l'instruction publique dans le but de lui donner une
structure nouvelle et plus cohérente, de la moderniser et de la
rationaliser. Les lois doivent concrétiser les attentes de la population
et des intervenants concernés. Elles doivent aussi, dans la mesure du
possible, faciliter l'administration. Le projet de loi 107, au contraire,
compliquerait la gestion locale de l'éducation. Il repose sur une
approche trop bureaucratique. Nous l'avons mentionné à plusieurs
reprises dans des avis antérieurs ou dans le présent
mémoire, la tendance dans la plupart des pays industrialisés ou
en Ontario, que ce soit dans les entreprises publiques ou privées, est
de décentraliser une large part des pouvoirs et des
responsabilités. En un mot, il faut faire confiance aux gens en
fonction, leur fixer des objectifs, en vérifier l'atteinte sans
contrôle abusif, bref, stimuler la créativité et
l'initiative. Les institutions locales doivent pouvoir faire des choix
significatifs pour intéresser les citoyens à la gestion de
l'école publique et faire évoluer l'enseignement pour tenir
compte de nouvelles réalités. Le projet de loi 107 tend à
centraliser davantage le système public d'enseignement et
témoigne d'un sentiment de méfiance de l'État à
l'endroit de ses partenaires. Il doit donc être révisé en
profondeur et s'appuyer sur des prémisses de responsabilisation des
commissions scolaires et des écoles. Il doit respecter davantage les
acquis des Québécois en démocratie scolaire et
prévoir des moyens pour stimuler l'exercice. Les rôles du
gouvernement, du ministère de l'Éducation et du ministre doivent
être redéfinis. Cette révision doit tenir compte de la
capacité des citoyens et de leurs représentants élus au
conseil des commissaires à prendre des décisions qui les
concernent. Dans sa forme actuelle, le projet de loi 107 est inacceptable. Il
doit être révisé de façon à permettre aux
commissions scolaires de choisir les meilleurs moyens possible pour s'assurer
de la participation des divers groupes affectés par les décisions
de la commission scolaire et pour assumer les responsabilités que leur
confie la loi. Le rôle du gouvernement est aussi de s'assurer que les
commissions scolaires aient les ressources suffisantes pour assumer
toutes les responsabilités que la loi leur confie pour leur permettre de
faire progresser le système public d'enseignement. Le produit de la taxe
locale doit être réservé au financement des
activités voulues et désirées localement. En
résumé, la fédération recommande que le
gouvernement réoriente son approche avec les gouvernements scolaires
locaux en remplaçant les contrôles et les normes administratives
de plus en plus poussés par des mesures menant à une
responsabilisation accrue des commissions scolaires, que le rôle du
ministère de l'Éducation soit redéfini et limité,
que les gouvernements locaux scolaires soient revalorisés et
responsabilisés par un transfert de pouvoirs du ministère de
l'Éducation vers les commissions scolaires et, finalement, que les
commissions scolaires soient autonomes dans la gestion des activités
éducatives et dans la gestion des ressources humaines,
matérielles et financières. Cela signifie une réduction de
la réglementation, l'élimination des contrôles a priori et
l'évaluation centrée sur les résultats.
Je vous remercie, M. le Président, ainsi que les membres de la
commission, de bien avoir voulu nous entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Légaré, de votre présentation. Nous avons
encore une cinquantaine de minutes à vous consacrer. Alors, je reconnais
immédiatement, dans un premier temps, le ministre de l'Éducation.
M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il m'est agréable de
saluer la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec et de la remercier du mémoire qu'elle soumet à
l'attention de la commission parlementaire sur les projets de loi 106 et 107.
Les commissions scolaires, d'après l'économie de notre
système d'enseignement, sont des partenaires essentiels du gouvernement
dans la dispensation de services éducatifs à la population
québécoise. En raison du caractère électif des
commissions scolaires, elles tiennent de la population elle-même un
mandat très important qui est un élément essentiel de la
tradition historique du Québec en matière éducative et que
le Parti libéral du Québec s'est engagé à maintenir
dans ses grandes orientations qu'il a proposées à la population
à l'occasion des élections de 1985.
D'autre part, comme vous le savez, le Parti libéral est aussi
celui qui a été à l'origine du ministère de
l'Éducation du Québec. C'est lui qui a fait la grande
réforme de l'éducation du Québec dans les années
soixante et qui a conclu, à l'époque, qu'il fallait assurer la
direction du système d'enseignement par la création d'un
ministère de l'Éducation doté de pouvoirs et de moyens
d'action forts afin d'assurer, non seulement l'unité du système
d'enseignement à travers tout le territoire, mais aussi
l'égalité des chances pour tout le monde. Nous avions vécu
longtemps un régime de décentralisation très poussé
et nous avons constaté que les fruits de ce régime se
traduisaient par des situations d'inégalité flagrante qui furent
dénoncées avec force par la commission Parent. La création
du ministère de l'Éducation ne fut point, par conséquent,
l'oeuvre de technocrates coupés de la réalité ou de
politiciens en mal de pouvoir. Elle fut une réponse précise,
convaincue et, j'en suis convaincu, durable à des besoins très
réels qui s'étaient manifestés dans notre système
d'enseignement.
Alors, il s'agit, chaque fois qu'on veut modifier la Loi sur
l'instruction publique, de se souvenir de ces deux pôles essentiels: le
principe de la responsabilité locale ou régionale et le principe
de la responsabilité gouvernementale. On peut chercher des modifications
qui iront tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre; il y a
matière à discussion dans ces choses. Le gouvernement actuel est
prêt à des conversations, il l'a montré depuis le
dépôt du projet de loi. Nous sommes très heureux de
l'occasion qui nous est fournie ce matin de discuter d'abord avec la
Fédération des commissions scolaires catholiques et, plus tard,
cet avant-midi, avec l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec. Je tiens à dire que, de manière
générale, moi, je circule beaucoup dans le territoire - je l'ai
fait encore considérablement au cours de la dernière fin de
semaine - et que je suis à même de vérifier tous les jours
l'excellente qualité des rapports de travail qui se sont établis
entre le ministère de l'Éducation et les commissions scolaires.
Lorsque je vais sur le terrain et que je cause avec les commissions scolaires,
je n'observe que très peu souvent le climat de tension auquel on fart
allusion dans certains mémoires qui nous sont soumis. Ce que j'observe,
c'est l'existence de liens de coopération très poussés,
très étroits, quotidiens et empreints en général de
cordialité et de respect mutuel. J'en suis très heureux et je le
souligne avec toute la force dont je suis capable. (10 h 45)
Je constate, en second lieu, que la marge d'initiative laissée
aux commissions scolaires est plus grande qu'on ne voudrait le laisser souvent
entendre. J'étais, hier soir encore, à la Commission scolaire du
Sault-Saint-Louis. Dieu sait que c'est une commission scolaire qui prend de
nombreusis initiatives en matière pédagogique et
administrative, en matière de diversification des services offerts
à sa clientèle. J'entendais le président décrire
devant l'auditoire hier soir la liste des priorités que s'est
fixée la commission scolaire pour la prochaine année. S'il
existait la moitié de ce régime de menottes dont j'entends parler
souvent, il serait impossible pour cette commission scolaire de prendre autant
d'initiatives. Je pense que c'est bon de le signaler aussi. J'apprends tous les
jours des éléments nouveaux au sujet d'initiatives qui sont
prises par différentes commissions scolaires et je le disais hier
soir à l'auditoire que j'ai rencontré, en
général, nous en sommes extrêmement heureux dans la mesure
où ces initiatives sont prises en conformité avec les grandes
orientations pédagogiques, les normes administratives
générales du gouvernement. Nous en sommes extrêmement
heureux et nous usons de tout le pouvoir d'initiative dont nous pouvons
disposer pour épauler les commissions scolaires qui veulent innover et
faire montre d'initiative. Je pense que c'est important de souligner cet
aspect. J'étais à un autre événement dimanche,
à la commission scolaire de Le Gardeur et, à certains moments, en
écoutant les discours qui étaient faits, on aurait pensé
que le ministre était du côté de la commission scolaire, et
non pas du côté du gouvernement, tellement la marge d'initiative
dont se glorifiait, à juste titre, la commission scolaire à cette
occasion n'était pas inexistante, loin de là. Je pense que c'est
bon de mentionner ces faits comme base factuelle de la discussion que nous
voulons entreprendre.
Du côté du gouvernement, nous ne visons pas de
modifications substantielles à l'équilibre qui existe
présentement. Nous visons à clarifier, à unifier, à
moderniser, à rationaliser, à simplifier, mais je ne pense pas
que nous visions de modifications fondamentales dans l'équilibre des
responsabilités qui s'est établi au cours des années,
autant par les interventions législatives de l'Assemblée
nationale que par la pratique administrative et par la pratique des
échanges qui se sont établies entre le ministère et les
commissions scolaires. Tantôt, j'en viendrai aux propositions plus
concrètes. Je pense que c'est important d'établir cela clairement
au début. C'est la vraie perspective du projet de loi 107, à mon
humble point de vue. C'est la perspective qu'ont retenue un très grand
nombre de témoins que nous avons entendus à cette commission.
Je voudrais dire un mot de l'aspect financier. On ne peut pas l'ignorer.
Deux remarques à ce sujet. Tout d'abord, au sujet du niveau des
ressources mises à la disposition des commissions scolaires. Le
mémoire que M. Légaré a résumé tantôt
reprend une critique bien connue qui porte sur le niveau insatisfaisant des
ressources mises à la disposition des commissions scolaires. Je vous
assure que nous faisons un effort considérable pour que ce niveau soit
maintenu de façon raisonnable, mais il y a un critère qui nous
guide là-dedans qui a beaucoup influencé la conduite du
gouvernement au cours des dernières années et c'est celui de la
comparaison avec les autres provinces canadiennes. Nous savons, par toutes les
données dont nous disposons, que le niveau de ressources mises à
la disposition des commissions scolaires pour la gestion des services
éducatifs dans leur territoire respectif se compare très
avantageusement à celui qu'on observe dans les autres provinces
canadiennes, y compris dans la province voisine de l'Ontario. C'est vrai qu'il
y a eu des compressions ces dernières années qui ont
entraîné des effets douloureux dans bien des cas, nous le
reconnaissons. Nous ne pouvons pas nier les faits, les chiffres sont là
pour l'attester. Il reste que, dans l'ensemble, nous gardons toujours cette
norme présente à l'esprit. Jusqu'à maintenant, les
données les plus récentes dont nous disposons indiquent que nous
sommes encore légèrement en avance sur les autres provinces
canadiennes à cet égard. Par conséquent, je ne pense pas
qu'il y ait la situation dramatique que certains voudraient évoquer.
Encore une fois, en circulant comme je le fais, ce n'est pas non plus ce que je
crois observer.
Je tiens à dire que les commissions scolaires font montre de sens
des responsabilités. Nous avons une règle qui oblige les
commissions scolaires à avoir des budgets équilibrés. De
manière générale, de manière très
très générale, cette règle est observée.
Nous avons introduit une modification législative il y a deux ans
autorisant le ministre à permettre à une commission scolaire
d'avoir un budget déficitaire à certaines conditions. Cette
discipline est très fidèlement respectée et ceci explique
que, dans l'ensemble, la situation financière du réseau des
commissions scolaires soit très saine, suivant les données les
plus récentes dont je disposais et qui ne sont pas encore
définitives. Je crois que le surplus consolidé de l'ensemble des
commissions scolaires devait se situer entre 150 000 000 $ et 160 000 000 $
pour l'ensemble du Québec. Je remercie les commissions scolaires de ne
pas s'être dit: On va tout dépenser cela et on va aller jusqu'au
dernier cent seulement pour impressionner le gouvernement. Je pense que c'est
important qu'une attitude de grande responsabilité en matière de
gestion soit observée. De ce côté-ci, je suis très
heureux de reconnaître l'excellent travail qu'accomplissent nos
commissions scolaires qui permet au gouvernement de planifier davantage son
action, qui lui permet, par exemple, d'investir des ressources pas mal plus
considérables cette année dans la modernisation de notre
réseau d'écoles dont l'état laissait beaucoup à
désirer. Cette année, nous faisons un effort considérable
de ce côté et je pense que c'est un point qu'on ne doit pas
négliger.
Maintenant, il y a des niveaux de revenus et il y a des sources de
revenus. Actuellement, c'est à peu près 92 % et 8 %; 92 % des
ressources des commissions scolaires viennent de subventions gouvernementales
et à peu près 8 % viennent d'autres sources, principalement de la
marge d'imposition qui a été laissée aux commissions
scolaires par la loi 57 adoptée en 1979. Le mémoire indique qu'on
voudrait un partage différent. En principe, on serait d'accord
là-dessus sans aucune discussion. Je souhaite qu'éventuellement
nous puissions aller vers un partage qui favorisera un meilleur
équilibre. J'ai dit souvent au président de la
fédération et à ses collègues que nous serions
fondés de souhaiter une évolution dans ce sens.
Nous sommes les héritiers d'une situation
qui découle de la loi 57. Il y a eu un pacte à ce
moment-là conclu surtout entre le gouvernement et les
municipalités. Les commissions scolaires furent malheureusement
laissées pas mal en dehors de la discussion. Nous qui étions dans
l'Opposition à l'époque, nous étions opposés
à cette partie du projet de loi 57 et c'est une situation politique
extrêmement délicate. Est-ce qu'on veut contester les faits?
Des voix: Ha, ha, ha! Mme Blackburn:...
M. Ryan: C'est une situation extrêmement délicate et
même explosive, et je ne crois pas qu'existe à l'heure actuelle la
mesure de consensus qui nous permettrait d'envisager à courte
échéance une modification de l'équilibre actuel. Cela
n'empêche pas que chacun travaille à sa manière à
promouvoir une situation meilleure. J'apprécie le travail que les
commissions scolaires font de ce côté et je leur ai dit à
maintes reprises que je demeure réceptif.
Nous faisons des études. Il y aurait un point sur lequel une
amélioration sensible pourrait être apportée. Ce serait
dans cette disposition de la loi 57 qui prévoit que c'est le moindre des
deux montants, 0,25 $ les 100 $ d'évaluation ou 6 % des dépenses
admissibles, qui doit être retenu. Si c'était le contraire, si
c'était au choix des commissions scolaires, l'un ou l'autre montant,
cela favoriserait une situation meilleure dans beaucoup de commissions
scolaires. Mais les implications financières d'un changement comme
celui-là sont considérables. Nous les étudions. Mais le
moment n'est pas arrivé de l'insertion d'une clause semblable dans la
Loi sur l'instruction publique. Il faudra que nous continuions les travaux
à la fois au ministère des Finances et au ministère de
l'Éducation. Les travaux se poursuivent, mais je vous mentirais si je
vous laissais entendre que nous pouvons changer l'équilibre. Tant que
l'équilibre reste ce qu'il est, il est évident que le
gouvernement doit conserver des contrôles précis et efficaces sur
la manière dont les subventions gouvernementales sont utilisées
dans l'ensemble du réseau et ceci explique tout le régime des
règles budgétaires mis au point au cours des années auquel
nous avons apporté, depuis l'arrivée au pouvoir du présent
gouvernement, des assouplissements considérables qui n'ont pas
été soulignés dans la présentation, mais dont le
président et ses collègues sont parfaitement informés. Si
nous pouvons introduire des assouplissements encore plus grands, nous le ferons
volontiers sur démonstration du bien-fondé d'un changement ou
d'un assouplissement souhaitable. Nous sommes prêts à l'examiner,
mais nous en avons fait beaucoup depuis deux ans et demi. Je pense que c'est
important de le souligner également.
Cela résume la perspective générale dans laquelle
je suis enclin à réagir à la présentation qui nous
a été faite. Je voudrais maintenant aborder brièvement les
propositions qui nous sont faites sous forme de recommandations par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Les recommandations se divisent en deux catégories; c'est
assez facile de les identifier. Il y en a quatre ou cinq au début qui
sont de caractère très général, qui sont d'ordre
philosophique, je dirais, de philosophie politique, sur lesquelles je n'ai
malheureusement pas beaucoup de choses à dire. Quand on demande, par
exemple, que le rôle du ministère de l'Éducation soit
redéfini et limité - je viens de dire ma position tantôt.
Nous trouvons que l'équilibre général que nous avons est
satisfaisant et ne crée pas d'état de crise, ne demande pas de
remèdes d'urgence. Par conséquent, cette recommandation me
crée problème. Si on a des explications à me fournir ou
des exemples à me donner, je serai très heureux de les entendre.
Quand on dit que les gouvernements locaux et scolaires soient
revalorisés et responsabilisés par un transfert de pouvoirs du
MEQ vers les commissions scolaires, tout de suite ma réaction à
côté c'est de marquer: Quid? Qu'est-ce qu'on veut dire par
là? La vieille notation qu'on mettait autrefois au collège sur
les explications du professeur qui n'étaient pas satisfaisantes: Quid?
Qu'est-ce qu'on veut dire par là? Je l'ai demandé depuis le
début des auditions publiques de la commission scolaire à tous
ceux qui nous ont parlé sur ce ton. Je vais vous le demander
tantôt avec tout le respect que je vous accorde, évidemment.
Alors, sur les recommandations de caractère
général, les positions sont assez clairement établies dans
le projet de loi. Et à moins d'exemples précis et de
démonstrations, je ne pense pas pouvoir laisser entrevoir qu'il y aura
des changements importants à cet égard.
Maintenant, si je passe aux recommandations précises, qui
commencent à compter de la recommandation no 5, on tombe dans un tout
autre domaine. Je prends la première, par exemple: "Que le pouvoir du
ministre se limite à "retenir" la subvention destinée à
une commission scolaire en cas de refus à observer la loi et les
règlements ou lorsque les services ne sont pas rendus." J'ai
écrit en note, à ma copie de votre mémoire,
"négociable"; c'est une chose qui est négociable. Nous pensions
améliorer les choses en mettant les additifs qui étaient
insérés dans le projet de loi, c'est de l'ordre du
négociable. Nous pouvons vivre avec la situation actuelle. Je pensais
que nous l'améliorions notablement, mais si tout le monde pense que nous
l'empirons, ce sont des choses que nous sommes prêts à
écouter volontiers.
Prenons la recommandation no 6: "Que seul le gouvernement puisse,
pendant ou après la tenue d'une vérification ou d'une
enquête, ordonner que les pouvoirs d'une commission scolaire soient
suspendus." Nous proposions des
modifications qui, selon nous, eussent amélioré la loi
actuelle et l'eussent rendue beaucoup plus fonctionnelle. C'est perçu
autrement. Ce n'est pas de l'ordre de la vie ou de la mort. Ce sont des choses
négociables. J'ai déjà indiqué à votre
président, dès le tout début de nos conversations à
ce sujet, que, si cela vous apparaissait comme un mal, c'est un mal que nous ne
sommes pas résolus à vous imposer de force.
La septième recommandation: vous demandez que la
compétence de la commission scolaire soit élargie de
manière à tenir compte de certaines dispositions de la Loi de la
protection de la jeunesse et de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. C'est une chose qui est acceptable pour nous et qui peut
très bien se discuter. Par conséquent, dès qu'on tombe
dans ce que j'appelle le "brass tacks", les choses réelles, je pense
qu'on est tellement habitué de travailler ensemble, il y a tellement de
rapports entre nous que c'est impossible qu'on n'en vienne pas à trouver
un terrain d'entente. Je ne dis pas sur tous les points, il faut bien qu'au
bout de la ligne l'autorité du gouvernement existe, il y en a seulement
un. En tout cas, je donne des exemples. Vous dites que l'expression "fonctions"
soit à remplacer par l'expression "pouvoirs". Ce n'est pas un casus
belli cela non plus, c'est un problème de dictionnaire. Il y a beaucoup
de dictionnaires, on peut prendre le Robert, le Larousse, on a le nouveau
dictionnaire, le Dictionnaire du français Plus. Ici, négociable.
Il n'y a pas de problème là-dessus, on peut très bien
mettre "fonctions et pouvoirs" si cela peut améliorer les choses, nous
en avons discuté longuement. Il n'y a pas de problème majeur sur
cela.
La recommandation no 9: Je vais prendre une vieille expression latine
aussi "redit difficultas". La difficulté que j'ai évoquée
tantôt revient à la surface, évidemment. C'est tout
l'équilibre du partage des sources de revenu. Nous ne pouvons pas
régler ce problème à ce moment de l'évolution
politique du Québec, je vous le dis franchement. Par conséquent,
celle-ci est plus difficilement recevable.
La recommandation no 10: "Que la loi ne vienne pas préciser
arbitrairement le nombre, la nature et les pouvoirs des comités à
créer dans les écoles et les commissions scolaires. " On va
essayer de simplifier ici. Peut-être qu'il y en a un peu trop dans le
projet de loi. Mais quand nous parlons aux comités de parents, quand
nous parlons à ceux qui sont appelés à participer à
la gestion de la chose scolaire, ils nous amènent toutes sortes de cas
et de frustrations accumulées auxquels ils veulent des solutions
législatives. Nous ne pouvons pas vous garantir qu'il n'y aura rien de
ce côté, mais on va essayer de simplifier les choses de
manière que l'appareil, le comité prévu dans la loi soit
réduit à un minimum raisonnable. Par conséquent, il y a
beaucoup qui peut être fait de ce côté. (11 heures)
La recommandation no 11: "Que seule la commission scolaire ait le droit
d'ester en justice. " Cela fait référence au pouvoir qui
était donné au comité d'école, au comité de
parents, au conseil d'orientation d'ester en justice. Ce pouvoir était
bien circonscrit. Je ne voudrais pas qu'il y ait de méprise entre nous.
Cela voulait dire que, là où la commission scolaire ne voulait
pas qu'il exerce les attributions que lui définit la loi, elle pouvait
demander aux tribunaux de l'aider à obtenir le respect de ses droits.
C'était limité seulement à cela, ce n'était pas un
pouvoir général qui était envisagé.
Est-ce que cela doit rester là? Des gens m'informent que,
d'après la jurisprudence déjà établie, de toute
manière, ce droit existe et on ne peut le constater qu'en pratique, il
peut s'exercer. C'est une chose que nous discutons. Il y a matière
à négociation ici. Ce n'est pas une chose qui nous apparaît
comme un nec plus ultra.
La douzième, nous sommes d'accord là-dessus, je pense
qu'il n'y a pas de remarque à faire là-dessus. La
fédération est d'accord sur le principe général des
commissions scolaires linguistiques moyennant vérification auprès
des tribunaux. Je tiens à dire que nous avons soigneusement
établi la liste des articles du projet de loi qui devraient être
référés aux tribunaux pour clarification. Nous serons
prêts à discuter de cette liste avec les grandes
fédérations comme la vôtre. Surtout si vous avez des
suggestions à nous faire quant à des dispositions qui devraient
être incluses dans la liste, nous les écouterons avec
intérêt. Nous n'avons aucun intérêt à cacher
des choses sous le boisseau pour qu'elles nous reviennent par la suite avec
d'autres complications judiciaires. Le recours que nous envisageons a
précisément pour objet de faciliter des clarifications.
Je pourrais continuer et vous demander que des précisions soient
apportées sur le processus d'intégration. Je pense que
là-dessus on va trouver des modifications qui tiennent compte de ce que
vous dites. Je pense que ce sont des représentations tout à fait
légitimes, dérivées de l'expérience que nous avons
acquise ensemble ces dernières années, et il ne sera pas
difficile d'ajuster le projet de loi pour tenir compte de ces choses, sauf sur
une couple de points. Quand vous dites qu'on devrait substituer, en
matière d'intégration, la règle de la majorité
à celle de l'unanimité, je ne peux pas être d'accord. Je
pense qu'on va garder la règle de l'unanimité et, en cas de
désaccord, quand arrivera le partage des actifs et des passifs, il
faudra que le pouvoir d'arbitrage du ministre soit envisagé. Je pense
que c'est cela la modification que nous jugeons devoir intervenir. Nous ne
sommes pas prêts à aller à la règle majoritaire
là-dedans. Si vous avez des remarques à me faire, je les
écouterai volontiers.
L'élection des commissaires au suffrage universel. La tâche
a été un peu facilitée par l'apparition, la semaine
dernière, de la Fédéra-
tion des comités de parents de la province de Québec
à qui nous pensions faire une sorte de cadeau de bon aloi tenant compte
de la contribution que les parents commissaires apportent à notre
système d'enseignement. La fédération est venue nous dire
que c'est le genre de cadeau dont elle ne voulait pas. Il reste un
problème, c'est qu'un bon nombre de comités de parents sont venus
nous dire le contraire. J'en ai rencontré encore en fin de semaine, au
cours de la tournée que j'ai faite dans plusieurs commissions scolaires,
qui m'ont dit: Pensez-y deux fois. Alors, la question reste à
l'étude, mais nous abordons cette question avec beaucoup d'ouverture.
Nous ne sommes pas du tout fermés.
La formation du comité exécutif demeurera obligatoire. Ses
décisions n'auront pas besoin d'être entérinées par
le Conseil des commissaires, conformément au voeu que vous
émettez dans votre mémoire. C'est une des modifications qui sera
apportée également.
Le maintien des comités d'école, je pense que j'en ai
donné l'assurance déjà dans les modifications que nous
apporterons, les comités d'école seront maintenus obligatoires
partout à travers le territoire.
Je pense que les exemples que j'ai donnés indiquent que sur les
quelque 30 recommandations que présente la fédération, les
24 recommandations que présente la fédération, la
très grande majorité, à peu près toutes, sauf
celles qui sont de caractère plus philosophique, ont déjà
donné lieu à une réflexion de notre côté.
Nous avons même - je peux vous le dire en toute vérité -
rédigé des projets d'amendement qui traitent de tous ces articles
dont vous avez parlé, que nous rendrons publics au cours du mois de
septembre, avant même la reprise des travaux parlementaires, je le
souhaite vivement, de manière qu'on puisse avoir des réactions.
Je pense que là-dessus les auditions de la commission parlementaire
auront permis de faire pas mal de lumière et de rétablir
l'équilibre là où certaines dispositions, nonobstant les
bonnes intentions des auteurs, pouvaient conduire à des excès
comme ceux que vous redoutiez.
Ceci dit, j'aborderais une question s'il me reste du temps. S'il ne m'en
reste pas, je pense bien que M. Légaré va trouver le moyen,
à travers le temps qu'il lui reste, d'y revenir. Les quatre
premières recommandations posent le problème que j'ai
mentionné. Nous ne pouvons pas vraiment, à ce stade-ci
très avancé de l'étude du projet de loi, revenir à
un exercice philosophique de base qui dirait où est la pierre
philosophale dans cet exercice. Dans la mesure où il y aura des exemples
précis qui seront donnés, des cas concrets, nous pourrons les
examiner avec le reste, mais je doute que l'équilibre fondamental puisse
être modifié par un débat à ce stade
déjà très avancé de nos travaux. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. S'il n'y a pas d'autres interventions du côté
ministériel, s'il n'y a pas de réaction de la part de nos
invités, je vais reconnaître dans un deuxième temps la
porte-parole de l'Opposition officielle, Mme la députée de
Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, messieurs, il me fait plaisir au nom de l'Opposition de vous
souhaiter la bienvenue en commission parlementaire. Comme vous le savez, cela
fait déjà plusieurs commissions parlementaires auxquelles
j'assiste et où je tiens compagnie à l'actuel ministre de
l'Éducation et je suis obligée de constater une chose, c'est que,
quand il ne veut pas trop entendre un organisme, il prend tout le temps dans
des explications. J'aurais le goût, peut-être avant même de
commencer parce que j'ai plusieurs questions à vous poser, de vous
entendre réagir aux propos du ministre. Alors, je vous laisserais, avec
la permission du président, un temps de réaction.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M.
Légaré, la parole est à l'Opposition. L'Opposition a toute
la latitude pour poser le genre de questions qu'elle souhaite. Alors, elle vous
demande de réagir aux réflexions du ministre de
l'Éducation. Nous vous écoutons.
M. Légaré (Gabriel): II n'y a pas de
problème, M. le Président. Je l'aurais fait probablement à
la suite des deux interventions, mais, si c'est le souhait de Mme Blackburn, je
procéderai.
À la réaction du ministre de l'Éducation, si , je
me réfère en particulier aux recommandations, parce que c'est sur
cette question qu'il a donné des précisions
supplémentaires qui m'apparaissent quand même
intéressantes, j'indiquerai qu'en regard des quatre premiers articles
sur lesquels M. Ryan apprécierait avoir davantage d'information, de
questionnement, etc., il nous apparaît important que, dans ce
cadre-là, c'est-à-dire que c'est une philosophie... Bien que la
pierre philosophale, vous ne l'ayez pas retrouvée là-dedans, ce
que nous voulons exprimer, c'est que nous serions prêts à nous
asseoir avec vous et à tenter de la trouver pour arriver à
quelque chose qui corresponde à peu de chose près aux
volontés des commissions scolaires. Je vous dirai que, peut-être
de votre côté, M. le ministre, avec tout le respect que je vous
dois, avez-vous des échos de commissions scolaires qui se disent tout
à fait satisfaites de la balance ou de l'équilibre des pouvoirs
existant entre le ministère et les commissions scolaires. Je vous dirai
de ma part que les propositions qui sont là ne sont pas des propositions
de Gabriel Légaré ou de permanents de la
fédération; ce sont des positions adoptées en
assemblée générale où on pouvait retrouver, sur 181
commissions scolaires, 178 commissions scolaires présentes, et c'est
adopté unanimement pour à peu près l'ensemble. Entre
autres, la partie où vous nous dites que la philosophie n'a
jamais été précisée, et ce n'est
peut-être pas non plus l'opinion de l'ensemble des commissions scolaires,
je vous dirai que là-dessus l'ensemble et la totalité des
commissions scolaires ont endossé ces positions qui sont
exprimées ici. C'est quand même, selon moi,
révélateur d'une volonté provinciale du réseau
scolaire de vouloir davantage être autonome, responsabilisé plus
qu'il ne l'est présentement et d'avoir avec le ministère de
l'Éducation... Cela ne veut pas dire que les relations que nous avons
présentement sont mauvaises, loin de là. Je n'ai jamais
prétendu que nos relations comme commissions scolaires avec les
fonctionnaires étaient dans un mauvais état, ce n'est pas le cas.
Ce qui nous apparaît important, c'est qu'on développe face au
réseau scolaire actuel une approche, une philosophie, une
mentalité qui voudrait leur donner plus confiance plutôt que
d'avoir de la méfiance, comme nous l'indiquons dans le rapport.
Alors, ce n'est pas plus que cela. Nous serions prêts, dans ce
cadre-là, à nous asseoir avec vous et à élaborer
des positions qui seraient tout à fait respectueuses et du ministre, du
ministère de l'Éducation et des commissions scolaires.
Année après année, les divers gouvernements se sont
essayés à modifier ces choses-là. Ils l'ont toujours fait
en catimini, en vase clos et, chaque fois, nous avons eu des réactions
négatives venant de l'ensemble des commissions scolaires au
Québec. Or, on vous dit, M. le ministre, qu'il nous apparaîtrait
important que cette recherche d'une solution qui ferait l'affaire des deux,
c'est-à-dire du réseau scolaire, d'une part, et du
ministère de l'Éducation d'autre part, soit
élaborée sous la forme d'un travail conjoint, et nous vous
indiquons notre volonté à vouloir faire ainsi. Si vous acceptiez
que cela se fasse, nous serions dès demain matin prêts à y
travailler.
Si j'aborde l'ensemble des autres questions, c'est-à-dire du
point 5 jusqu'au point 24, je vous dirai, M. le ministre, que je suis tout
à fait heureux de vous entendre exprimer publiquement que, sur la
plupart des articles qui constituent des recommandations de notre part, vous
êtes prêt à négocier. Le problème, c'est que
je n'ai malheureusement pas devant moi des contre-propositions pour savoir
jusqu'où vous êtes prêt à aller sur certains
éléments qui, pour nous, sont très importants. Mais je
crois reconnaître que c'est une première de la part à la
commission parlementaire, c'est-à-dire de votre présence à
la commission parlementaire, de donner autant d'information à
caractère public sur les ouvertures que vous seriez prêt à
regarder. Je m'en réjouis et je vous indique là aussi notre
disponibilité à - je vais utiliser votre mot - à
négocier avec vous, si le coeur vous en dit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que cela
termine votre réaction aux...
M. Légaré (Gabriel): Ma réaction
première.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Votre
réaction première, M. Légaré, j'imagine. Pour la
deuxième vague, Mme la députée.
Mme Blackburn: Alors, deuxième vague, je voudrais vous
dire que, de façon générale, et j'ai eu l'occasion de
l'exprimer à plusieurs reprises ici en commission parlementaire, je
partage votre lecture du projet de loi 107. C'est dans son esprit même un
projet qui vise à une plus grande centralisation et, si les mots veulent
dire quelque chose, quand on change pouvoirs pour fonctions, quand on
réduit les obligations du ministre en matière de consultation,
qu'on en impose de plus en plus aux commissions scolaires, quand on
contrôle a priori, quand on prend de plus en plus de décisions,
quand on ne fait même plus obligation aux commissions scolaires de rendre
compte de leur gestion à la population qui les élit, je trouve
qu'il y a comme un esprit au départ qui nous indique le sens des
recommandations ou des articles du projet de loi.
Vous avez eu la délicatesse de ne pas rappeler au ministre les
propos qu'il tenait à l'occasion de la commission parlementaire sur
l'étude du projet de loi 3, mais je vais me permettre de le faire parce
que, et cela n'est pas la première fois qu'il y a contradiction entre
les propos du porte-parole de l'Opposition d'alors et de l'actuel ministre,
mais je me permets de le rappeler parce que c'est important. C'est important
parce que je maintiens que les propos qu'il tenait à l'époque, je
les partage. Je dirais la même chose à l'égard de
l'éducation des adultes, le fait qu'on ne retrouve plus la
gratuité dans le texte, mais revenons aux propos qu'il tenait alors. Il
disait: "Vu la très forte centralisation réalisée depuis
20 ans, le rôle du ministre doit maintenant être
révisé de manière à tenir compte du rôle
propre des commissions scolaires et des écoles." Il poursuivait: "Les
pouvoirs que le gouvernement entend réserver au ministre - parlant de la
loi 3 - de l'Éducation sont pour nous une source de
préoccupation." Tout le monde s'attendait à une diminution
raisonnable des pouvoirs du ministre. Et il concluait en disant: "Nous ne
saurions souscrire à une opération qui consisterait à
augmenter les pouvoirs du ministre de l'Éducation dans le contexte
actuel." Le contexte est-il tant modifié depuis 1984 que nous nous
retrouvions aujourd'hui avec la nécessité d'encadrer et de
réglementer davantage les commissions scolaires? Et, d'ailleurs, le
Parti libéral lui-même prenait un certain nombre d'engagements
dans le document qu'il rendait public en février 1985 Maîtriser
l'avenir. Il disait, entre autres, parlant de la responsabilisation des
partenaires: "II nous faut envisager une responsabilisation accrue des
institutions par l'allégement des règlements, des contrôles
souvent tatillons imposés par le ministère de
l'Éducation."
Le projet de loi qu'on a sur la table, tous les organismes qui se sont
présentés en commis-
sion parlementaire et qui ont abordé la question, parce qu'il
faut bien tenir compte de cet aspect, ce ne sont pas tous les organismes qui
ont abordé la question du partage des pouvoirs, mais tous ceux qui l'ont
abordée, c'était pour le dénoncer. Je n'ai pas vu
d'organisme qui se soit prononcé sur cette question, ici en commission
parlementaire, et qui se soit dit d'accord avec le partage des
responsabilités, tel que prévu au projet de loi. (11 h 15)
II y a une espèce de contradiction entre l'esprit, je dirais, du
projet de loi 106 et le projet de loi 107. Quant au projet de loi 106, il y a
des modifications plus techniques qu'il faudra apporter pour l'essentiel de son
contenu. Il y a des choses un peu plus fondamentales aussi, telle la
représentation des minorités que vous soulevez très
judicieusement dans votre avis. Mais, pour l'essentiel, je dirais que l'esprit
du projet de loi 106 devrait précisément nous donner une
structure qui soit plus... j'allais dire plus représentative des
milieux, donc capable et en mesure de prendre plus de responsabilités,
et le projet de loi 107 qui est présenté en même temps
vient réduire les responsabilités. Il y a là une
espèce de contradiction que je n'ai pas bien comprise. On est prêt
à investir, et pas seulement à investir en matière de
ressources humaines et d'énergie - certaines mesures qui sont
proposées dans le projet de loi 106 coûtent cher - pour nous
donner une structure qui aura moins de responsabilité. Le ministre nous
a dit tout à l'heure, quand il a commencé son propos: Les
commissions scolaires sont les partenaires essentielles du gouvernement. J'ai
déjà posé la question ici en commission parlementaire. Je
comprends l'hésitation des commissions scolaires à me
répondre, cependant, mais j'ai fait un petit exercice pour comparer les
pouvoirs des commissions scolaires avec les pouvoirs d'un hôpital au
Québec. Quand le ministre parle des initiatives qu'une commission
scolaire peut prendre, je vous dirais: Allez dans un hôpital, il y a
aussi des initiatives qu'ils peuvent prendre et ils n'ont qu'un conseil
d'administration. Ils sont totalement étatisés. Je crois que le
mouvement, et vous avez raison, tout le mouvement, dans les pays
industrialisés, est vers la décentralisation et la
responsabilisation.
J'aurais un certain nombre de questions. J'aurais le goût de
commenter davantage, mais je voudrais vous entendre. Le ministre a passé
sous silence... Il nous dit: Je suis prêt à faire un certain
nombre de négociations, de modifications, j'en ai prévu plusieurs
déjà, et je le crois sérieux là-dessus. Il aurait
peut-être été souhaitable qu'il fasse un projet de loi qui
soit davantage conforme aux propos qu'il tenait à l'époque, mais
quand même. Il n'a pas touché des points qui m'apparaissent
essentiels par rapport aux responsabilités des commissions scolaires en
ce qui touche l'éducation des adultes, l'enseignement professionnel, les
effectifs-cadres, par exemple, la détermination du nombre
d'effectifs-cadres dans les commissions scolaires. J'aimerais un peu vous
entendre là-dessus parce que je me rappelle que dans votre
mémoire vous abordez ces questions. Qu'est-ce qui justifierait qu'on
laisse aux commissions scolaires la responsabilité, par exemple, de
déterminer qui et dans quelles conditions on doit offrir
l'éducation des adultes, l'enseignement professionnel et,
évidemment, les effectifs-cadres?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Légaré.
M. Légaré (Gabriel): Si vous me permettez, M. le
Président. En réponse à votre question, Mme Blackburn, il
m'apparait évident que les commissions scolaires souhaitent ardemment
devenir des gouvernements locaux, autonomes et responsables. Si je prends, par
exemple, la question de l'éducation des adultes, elles doivent, dans les
circonstances, répondre aux besoins locaux, aux besoins qui se
présentent à elles par leur population, population qui les a
d'ailleurs élues. Alors, dans les circonstances, il nous apparaît
important que, face à cette volonté de répondre aux
besoins du milieu, on puisse, d'une part, donner comme responsabilité
à la commission scolaire le soin de déterminer le type de
services qu'elle accordera à l'éducation des adultes, et la
même chose à l'égard de la formation professionnelle. Je
comprends qu'il y a des questions de financement sous-jacentes à cela.
Selon nous, le ministre a, par cette mécanique de financement, une
certaine emprise sur la décision que prendront les commissions
scolaires. C'est la situation que nous vivons présentement avec la Loi
sur l'instruction publique. Elle ne nous apparaît pas
problématique au plus haut point, c'est-à-dire que nous acceptons
de fonctionner et on peut envisager actuellement, dans le cadre d'un
fonctionnement de ces articles de la Loi sur l'instruction publique, un
mécanisme. La commission scolaire pourrait répondre à des
besoins qu'elle serait en mesure d'autofinancer, ou une entreprise importante
dans ce milieu-là pourrait dire à la commission scolaire: Je veux
financer la formation. Je voudrais donner tel type d'éducation aux
adultes ou tel type de formation professionnelle et je serais en mesure de
payer. Pouvez-vous me fournir le service? La commission scolaire, dans les
circonstances, si la loi 107 était adoptée, devrait retourner au
ministère pour y obtenir l'autorisation avant de pouvoir répondre
positivement à un tel besoin que nous qualifions de local. Donc, cela
nous apparaît, dans les circonstances, une enfarge
supplémentaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: Lorsque vous parlez du partage des
responsabilités entre les gouvernements élus, les commissions
scolaires, et le gouvernement et le ministre, vous dites: Le
gouvernement devrait avoir la responsabilité d'établir les
grandes orientations et de donner les ressources nécessaires. J'aimerais
que vous me disiez si, dans les responsabilités du gouvernement, on
devrait inclure ce que j'appelle les grands principes généraux,
celui de l'accessibilité, de la gratuité jusqu'à la fin
des études secondaires, indépendamment de l'âge, de la
définition des services éducatifs et des services particuliers.
On retrouve cela aussi dans le projet de loi. Il y a une diminution des
obligations du ministre et du ministère, et une augmentation de ces
contrôles. Est-ce que vous incluriez dans les obligations du ministre et
du gouvernement celle d'assurer la gratuité et une certaine
définition des services éducatifs et particulliers?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Légaré.
M. Légaré (Gabriel): J'apporterais une petite
nuance et je n'engloberais pas sur-le-champ tous les éléments que
vous venez de mentionner. Par exemple, nous reconnaissons facilement que le
ministre de l'Éducation ou que le ministère doit être
chargé, comme vous le dites, des grandes orientations et cela
représenterait facilement, par exemple, la question de la
gratuité scolaire, de l'accessibilité, etc.
Par ailleurs, vous mentionniez les services particuliers et demandiez
une précision de la définition de services. C'est
là-dessus que je voulais exprimer tantôt à M. le ministre
notre disponibilité à discuter et à échanger. Dans
ce cas-là, on peut arriver à des définitions pointues de
services qui sont utiles, nécessaires pour une région du
Québec et qui ne sont pas nécessaires dans une autre
région à caractère urbain ou en rapport ou en opposition
avec une situation de milieu rural. Il nous apparaîtrait important
d'aller discuter de ce partage des responsabilités entre le ministre et
les commissions scolaires.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. On me dit qu'il
reste huit minutes. Vous voyez, le temps passe trop vite, mais, avec
l'autorisation du parti ministériel, on pourrait peut-être
prolonger un peu.
En page 23 de votre document, et vous le ramenez d'ailleurs dans les
propositions, vous dites: "Que les commissions scolaires soient autonomes dans
la gestion des activités éducatives... Cela signifie une
réduction de la réglementation, l'élimination des
contrôles a priori et l'évaluation centrée sur les
résultats." J'aimerais que vous me parliez un peu de ce que pourrait
être cette évaluation centrée sur les résultats.
M. Légaré (Gabriel): Nous reconnaissons, comme je
vous le disais tantôt, le droit ou le privilège à
l'État de déterminer les grands paramètres, de fournir les
ressources nécessaires pour mettre en place localement le réseau
de l'éducation et le faire fonctionner de façon satisfaisante
pour l'ensemble des Québécois. Il nous apparaît aussi que,
si l'État investit dans l'éducation au Québec, il est en
droit de demander des comptes et nous acceptons facilement de rendre compte. Ce
que nous n'appécions pas, c'est d'avoir des interventions ponctuelles
à l'intérieur du mandat qui nous est donné. Nous
souhaitons avoir une autonomie complète à l'égard de gens
responsables, élus démocratiquement, et qui disposent, de la part
d'un gouvernement responsable lui aussi, de crédits. Le gouvernement
doit s'attendre et nous sommes tout à fait prêts à lui
rendre des comptes et à lui fournir les éléments
d'évaluation qui lui seront nécessaires pour constater que
l'éducation, ça se fait selon les grandes orientations qu'il a
établies.
Mme Blackburn: Y compris les résultats scolaires, la
performance académique, la qualité des services.
M. Légaré (Gabriel): C'est-à-dire que les
grandes démarches d'évaluation existant actuellement nous
apparaissent satisfaisantes.
Mme Blackburn: D'accord. Sur la question touchant la taxation, le
ministre a oublié de rappeler tout à l'heure que ce mouvement du
passage de la taxe scolaire vers la taxe municipale a été
lancé au moment où le Parti libéral était au
pouvoir et que, s'il s'était opposé au projet de loi 57 et s'il
était constant, il continuerait à penser qu'il faut aller dans le
sens des oppositions qu'il avait alors fait valoir au projet de loi 57.
Ma question est la suivante: Concernant le pouvoir de taxation, à
la page 30 de votre mémoire, vous dites: "Que la commission scolaire
bénéficie d'un pouvoir de taxation local accru ou d'une source de
revenu autonome significative pour réaliser efficacement son rôle
de gouvernement scolaire local." Avez-vous une idée de ce que pourrait
être une source de financement autonome?
M. Légaré (Gabriel): Je dois vous dire que nous
sommes à étudier cette question. Nous avons, à
l'intérieur des travaux que mène la fédération au
cours de l'actuelle année... Nous avions entrepris cette démarche
l'an passé. C'est une démarche relativement ardue et vous
comprenez pourquoi. Il y a déjà le secteur municipal qui
intervient de façon importante auprès de la taxe locale et notre
capacité ou volonté de vouloir intervenir dans un même
champ doit se faire de façon tout à fait correcte et graduelle,
et c'est ce type de démarche que nous sommes actuellement à
étudier et à élaborer, et que nous soumettrons
possiblement en cours d'année à l'attention du ministre et
éventuellement du gouvernement, s'il y a lieu.
Mme Blackburn: Une question d'un ordre plus
général. À la page 19 de votre mémoire - et
vous le reprenez à la page 48 - vous dites, concernant le projet
de loi 107: "On pourra toujours essayer de modifier certains articles du projet
de loi 107 afin de le rendre plus acceptable. Mais il faut se rendre à
l'évidence: c'est l'esprit même du projet qu'il faut changer. Il
faut que les auteurs aient confiance dans la capacité des citoyens et de
leurs représentants au niveau scolaire à prendre les
décisions qui les concernent. " Vous dites, à la page 48: Le
projet de loi "doit être révisé en profondeur et s'appuyer
sur des prémisses de responsabilisation des commissions scolaires et des
écoles. "
Tout à l'heure, vous proposiez vos services au ministre pour
l'aider dans une démarche qui viserait à rendre le projet de loi
plus conforme aux attentes des commissions scolaires. Est-ce que j'ai bien
compris vous trouvez intéressant que le ministre soit prêt
à apporter un certain nombre de modifications, mais, plus
fondamentalement, que c'est l'esprit général, la philosophie,
l'économie générale du projet de loi qu'il faudrait revoir
et que cela demande une réécriture.
M. Légaré (Gabriel): Excusez-moi. Vous avez
terminé en disant que cela demande une réécriture?
Mme Blackburn: Est-ce ce que je peux entendre?
M. Légaré (Gabriel): Je croirais que oui, si je
prends les propos du ministre qui nous disait tantôt que sur une
vingtaine ou une trentaine d'éléments, il est prêt à
négocier. Je ne pourrais pas vous dire si c'est: Laissons
complètement le projet de loi de côté et refaisons-en un
neuf, ou modifions-le de façon importante. Cela nous apparaît
important que, fondamentalement, ces éléments que nous soulignons
dans notre mémoire, qui sont des attitudes de méfiance et une
philosophie de non-confiance à l'égard du pouvoir local, que tous
les éléments qui se réfèrent à cet objectif
soient étudiés à nouveau. Cela m'apparaît des
changements importants à apporter au projet de loi, mais il ne
m'apparaît pas non plus impossible de le faire dans le contexte du projet
de loi actuellement sur la table.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Légaré. Une dernière question, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Oui. Dans votre mémoire, à quelques
reprises, vous rappelez que le projet de loi qu'on a sur la table constitue un
recul par rapport à la loi 3 et également par rapport à la
Loi sur l'instruction publique en ce qui concerne les articles 340 à 346
- il faudrait peut-être les rappeler - qu'on retrouve à la page 25
de votre mémoire en ce qui concerne la tutelle.
En gros, dites-moi une chose. On connaît la vétusté
de la Loi sur l'instruction publique qui demande une certaine modernisation
au-delà des structures scolaires qu'on n'a pas abordées. J'aurais
aimé avoir un peu plus de temps pour le faire, mais, au-delà de
ça, est-ce que les aménagements qu'on a apportés à
la Loi sur l'instruction publique... Est-ce que la situation actuelle ne serait
pas préférable à celle qui nous est suggérée
dans le projet de loi 107? Je sais que les parents sont venus nous dire qu'il y
avait un recul par rapport aux comités de parents, les pouvoirs et
fonctions qui leur étaient réservés. Diriez-vous, à
tout prendre, que, si le projet de loi devait être adopté à
peu près comme il est actuellement, le statu quo serait
préférable? (11 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Légaré.
M. Légaré (Gabriel): Je répondrais à
cette question qu'il nous faudrait prendre dans chacun... Dans l'actuelle Loi
sur l'instruction publique, il y a des éléments avec lesquels
nous sommes d'accord. Il y avait dans le projet de loi 3 des
éléments avec lesquels nous étions d'accord, mais nous
n'avions pas endossé le projet de loi 3 comme tel, c'est-à-dire
que nous y observions encore certaines lacunes, comme dans le projet de loi
107, sur la responsabilisation des commissions scolaires. La Loi sur
l'instruction publique comporte aussi, selon nous, des lacunes sur ce
plan-là. Donc, quel que soit le projet de loi, il nous apparaît
important de nous asseoir et d'y étudier cet aspect. Aucune des lois
mentionnées ne nous satisfaisait, bien que certaines parties l'aient
fait.
Je reprends, par exemple, la question de la loi 106. Ce qui
apparaît dans la loi 106 est un peu différent, mais cela ressemble
passablement à ce que l'on retrouvait sur cette dimension de la
démocratie scolaire dans la loi 3. Nécessairement, nous avons
indiqué notre accord avec la loi 106, à la condition qu'on y
apporte certaines modifications très techniques ou pratiques. Quant aux
éléments qu'on retrouvait dans la loi 3 concernant la
démocratie scolaire, nous étions aussi en désaccord avec
l'aspect du suffrage universel qui était de beaucoup amoché par
rapport à ce qu'il est dans le projet de loi 107. Le ministre vient nous
dire: Vous allez consever, à toutes fins utiles, le suffrage universel.
Ce n'est peut-être pas fait, mais le ministre l'a dit publiquement, je
veux bien le croire.
Donc, sur cet aspect, pour nous, la loi 107 est avantageuse. Pour
d'autres aspects, la loi 3, par exemple, nous donnait - je le reprends - le
pouvoir d'adopter nous-mêmes nos budgets. Quand le ministre a voulu me
questionner tantôt pour me faire dire ce que nous voudrions avoir comme
pouvoirs nouveaux, cela en est un entre autres parmi ceux qu'on devrait, je
pense, nous accorder, le privilège d'adopter nos budgets
nous-mêmes. Nous sommes des gens responsables, nous adoptons notre budget
et nous allons lui en rendre compte. Il pourra toujours intervenir et ajuster
si jamais il constate qu'une commission scolaire ne fait pas selon les lois
prévues. C'est
ce type de situation devant laquelle nous sommes confrontés,
c'est-à-dire qu'il y a des bons côtés dans l'actuelle Loi
sur l'instruction publique, elle doit être modifiée, on le
reconnaît. Il y avait des bons côtés dans la loi 3, il y en
avait des mauvais. Il y en a des bons dans la loi 107 et on vous dit par
ailleurs que, dans le cas de la loi 106, c'est, dans l'ensemble, très
positif.
Mme Blackburn: Bien. Je peux poursuivre? Dans le projet de loi
106, vous dites que vous vous opposez - à la page 17 de votre
mémoire -à la reconnaissance formelle d'équipes, qui est
prévue dans le projet de loi 106, des équipes scolaires, parce
que cela permet en même temps d'indiquer qu'un tel, je ne sais pas, M.
Légaré, est, je ne vous dirai pas de quel parti, mais d'un parti
scolaire donné et de l'indiquer sur le bulletin de vote, ce qui permet
aux gens de voter, de choisir, d'être représentés par le
mouvement scolaire MEMO ou par le mouvement des parents catholiques, par
exemple. Vous dites qu'il ne faudrait pas que ce soit formalisé.
Pourquoi?
J'aurais une deuxième question, parce que je sais
déjà que le président va devoir me couper la parole tout
à l'heure. Alors, deux questions en même temps qui ne sont pas du
même ordre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais vous
l'enlever, pas vous la couper.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: L'enlever, ce serait difficile.
Une deuxième question qui n'est vraiment pas du même ordre:
Est-ce qu'une commission scolaire... Parlons de la dérogation à
l'âge d'admission. On connaît... J'ai l'impression que le ministre
n'avait pas vraiment mesuré ce qui se passerait lorsqu'il entrerait dans
cette espèce de mouvement où il autorise des dérogations
dans tout le Québec, alors que les règles ne sont pas connues,
pas suffisamment uniformes, pas générales. Est-ce qu'une
commission scolaire... Vous dites: Les dérogations, il faudrait que ce
soit laissé aux commissions scolaires. Iriez-vous aussi loin que de dire
que les dérogations devraient être laissées aux commissions
scolaires de manière que l'argent qui pourrait être consenti
là-dessus, une commission scolaire pourrait choisir de le consacrer
à des clientèles de milieux défavorisés souffrant
d'un handicap physique, intellectuel ou sensoriel? Est-ce de cela que vous nous
parlez lorsque vous dites qu'il faudrait un peu plus plus de
responsabilités dans les commissions scolaires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'était la
dernière intervention que je reconnaissais du côté de
l'Opposition. M. Légaré, je vous écoute.
M. Légaré (Gabriel): En regard de votre
première question, concernant les équipes, je dois vous dire que
c'est une... En tout cas, on vous le dit dans le mémoire: II ne nous
apparaît pas souhaitable de voir cette situation
concrétisée dans la loi, et je m'explique. Nous constatons que de
fait, et vous faisiez référence au MEMO dans la région de
Montréal et de certains autres endroits, principalement dans la
région de Montréal, où il y a eu des partis politiques mis
sur pied, que dans ces circonstances c'est peut-être souhaitable, mais
par ailleurs l'ensemble du Québec trouverait - et j'exprime l'opinion
des commissions scolaires en assemblée générale -
malheureux qu'elles soient placées dans une situation où on
incite, à toutes fins utiles, la mise sur pied de partis politiques
quand elles n'en sentent pas le besoin du tout en éducation.
Peut-être y aura-t-il avec le temps une certaine évolution dans ce
sens-là, mais, présentement, c'est ce que nous vous indiquons,
que ce ne serait pas opportun et souhaitable de procéder à
changer l'approche à l'égard de la formation de partis politiques
dans le domaine scolaire.
En regard de la deuxième question, je vous dirais que, face
à la dérogation, c'est aussi un autre objectif que nous
souhaiterions voir comme élément nouveau qui devrait nous
être accordé comme responsabilité. C'est possible aussi,
comme vous le disiez, que dans certains cas, suivant les milieux, il y ait
ajustement à l'intérieur des ressources financières ainsi
données pour répondre à certains cas de dérogation
et verser ou impliquer plus d'argent vers un autre type de services que le
milieu souhaiterait obtenir. Alors, c'est le type d'attitude que nous croyons
utile et souhaitable dans le domaine de l'éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Légaré. J'inviterais maintenant Mme la porte-parole de
l'Opposition officielle à conclure rapidement au nom de sa formation
politique.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Messieurs, j'ai
beaucoup apprécié la qualité de votre mémoire de
même que - le ministre pourra ne pas partager mon avis - j'allais dire sa
modération dans le sens suivant: il a posé les grandes questions
de principe. On comprend des 24 recommandations, dont 19 sont, j'allais dire,
plus spécifiques, que vous n'avez pas fait le tour de la question et que
le projet de loi 107 devrait, plus fondamentalement, être vu quant
à l'esprit. Je redis ce que j'ai dit tout à l'heure: J'ai
toujours et de tout temps favorisé une plus large
décentralisation. Est-ce parce que je viens d'une région?
Peut-être bien. Parce que j'ai eu à souffrir des contraintes et
des normes qu'on imposait indépendamment des besoins au Québec?
Et cela, indépendamment des gouvernements, je me permets de le dire.
J'ai toujours favorisé la décentralisation parce que je fais
confiance à ceux qui sont proches de l'action pour prendre les bonnes
décisions. On a connu au Québec un très fort mouvement de
centralisation et le
ministère de l'Éducation a été... Je dois
dire que la réforme - il faudrait peut-être revenir
là-dessus - était nécessaire parce qu'il y avait de trop
grandes inégalités en raison des revenus des parents, etc. On
sait comment cela se passait. Je pense qu'elle était nécessaire.
Aujourd'hui, au moment où l'on se parle, alors qu'on a
développé des ressources humaines très compétentes
au Québec, qui sont de plus en plus expérimentées, le
Québec est capable de faire passer de plus en plus de pouvoirs vers les
instances locales. Là, on parle aujourd'hui des commissions scolaires,
mais je pense que, de façon générale, on devrait donner
aux instances régionales et locales plus de pouvoirs, et les normes mur
à mur, cela devrait être le commencement de la fin.
Là-dessus, je voudrais vous dire, et les propos que je tiens, je
les tiens aussi au nom de l'Opposition parce que nous en avons longuement
discuté que mon parti favorise davantage une plus grande
décentralisation des pouvoirs et des modifications à ces normes
qu'on appelle mur à mur. Je voudrais vous assurer de tout notre appui
dans l'effort que vous faites pour amener le ministre à revoir le projet
de loi dans une perspective de décentralisation. Je vous remercie de
votre participation aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
Mme la porte-parole de l'Opposition officielle. Je vais
reconnaître M. le ministre de l'Éducation pour les remarques
finales.
M. Ryan: Juste une remarque à propos de ce que je viens
d'entendre. Je pense que la députée de Chicoutimi aurait avantage
à consulter le chef de son parti, M. Parizeau, pour lui demander s'il a
changé d'opinion depuis 1979 à propos de la loi 57 et s'il est
prêt à souscrire aux propos qu'elle a tenus en matière de
fiscalité. Il connaît très bien les questions de
fiscalité et nous serions intéressés à
connaître les propositions qu'il aura à formuler là-dessus.
Il est à l'origine du système que nous avons actuellement, il ne
faut pas l'oublier.
Mme Blackburn:...
M. Ryan: M. Parizeau. On ne fera pas son procès ici, mais
son dossier public est bien connu. À ma connaissance, c'est lui qui est
le chef du Parti québécois.
En ce qui touche l'échange que nous venons d'avoir, je voudrais
tout d'abord rappeler que, pour ce qui est des modalités
concrètes, j'ai donné de nombreux exemples d'accommodements
possibles qui seront apportés au projet de loi et autour desquels il y
aura, non pas des négociations privées au sens de marchandage,
nous n'en voulons pas, mais des échanges qui seront toujours a
répercussions publiques, tôt ou tard. Les principes ne sont pas
négociables en privé, je tiens à le signaler bien
clairement. Ils ont été établis publiquement. S'il y a
quelque chose qui est du domaine public, ce sont les principes d'un projet de
loi, les grandes orientations. Il ne peut pas y avoir de négociations ou
de conversations privées là-dessus. À ce stade très
avancé de nos travaux, ce serait une antinomie absolument inacceptable.
Comme je l'ai dit en cours de route, si on a des exemples à nous donner
de pouvoirs précis qui devraient être dévolus aux
commissaires, nous sommes prêts à les examiner. Il faudra qu'ils
soient proposés publiquement. Cela fait partie de l'essence même
du projet de loi. On ne peut pas jouer avec cela en privé, c'est
évident.
J'ai entendu quelques exemples ce matin qui relèvent davantage,
à mon point de vue, de la fiction juridique. Je prends l'affaire des
budgets des commissions scolaires. Je peux bien débattre si cela doit
être approuvé par le gouvernement ou non. Tant que le gouvernement
versera 92 % de leurs revenus aux commissions scolaires, c'est difficile de
passer à côté de cette exigence. On peut la formuler d'une
manière ou de l'autre, mais sur le fond, il faut que le gouvernement ait
un contrôle sur l'appropriation faite des fonds publics. Je défie
qui que ce soit de mettre cela en doute.
Sur la formation professionnelle, on peut bien dire: Gardons la fiction
que ce sont les commissions scolaires qui décident, mais de facto, en
pratique, que se produit-il depuis des années? Que s'est-il produit au
cours de la dernière année? Il faut que les gouvernements
prennent des responsabilités. C'est ce qu'on dit dans le projet de loi.
On va essayer de le formuler de manière que la formulation
reflète encore davantage ce qui s'est passé réellement. Il
y a peut-être des nuances qu'on peut ajouter là-dessus pour nous
permettre de nous rapprocher. Mais vivre sous le régime de la fiction
juridique pure proposé par la contre-suggestion qui nous est faite, ce
ne serait pas réaliste. Ce ne serait pas tenir compte de ce qui s'est
passé, des exigences concrètes de la réalité
auxquelles nous devons toujours répondre avec les mesures
législatives. Nous ne légiférons pas pour faire de la
philosophie. Nous légiférons pour ordonner le mieux possible la
marche concrète des choses. La philosophie, cela se passe ailleurs.
D'ailleurs, il n'y en a pas beaucoup dans le projet de loi 107 de la
philosophie. Ce sont toutes des propositions très concrètes. Les
grandes affirmations, on les a évitées le plus possible. Vous
souvenez-vous des débats que nous avons eus sur les questions de droit?
Nous évitons les proclamations de droit absolu parce que nous ne sommes
pas capables d'en mesurer toutes les implications. Nous les circonscrivons le
plus possible de manière à être prêts à faire
face aux conséquences des choses que nous mettons dans les projets de
loi. Sur cette base, il nous reste encore quelques semaines pour
procéder à des améliorations, peu de semaines. Comme je
l'ai dit tantôt, nous ferons connaître d'ici à la fin du
mois de septembre
très probablement les modifications que nous proposons au projet
de loi. Il y en a beaucoup d'autres que celles que j'ai mentionnées ce
matin, entre parenthèses. Il y en a beaucoup qui viseront à
assouplir certains contrôles. Il y en a qui ne sont pas tellement
nécessaires ou impérieuses. On est prêts à assouplir
de ce côté. On a beaucoup de propositions qui vont alléger
les lourdeurs qui peuvent peser sur les commissions scolaires. Ce sont des
choses qui sont de l'ordre des aménagements concrets. Il y a bien des
choses qu'on peut envisager de ce côté. Dans le projet de loi, on
multipliait, par exemple, l'obligation de procéder par voie de
réglementation pour les commissions scolaires. Il y a des cas où
ce n'est pas vraiment nécessaire. Cela peut se faire par voie de
résolution ordinaire plutôt que par voie de réglementation
qui est plus compliquée. De ce côté, on peut envisager de
nombreux assouplissements qui vont nous permettre de nous rencontrer quelque
part sur le terrain concrètement, encore une fois sur les questions
vraiment fondamentales qu'évoquent les quatre premières
recommandations du mémoire. Je pense que le fardeau de la preuve
appartient à ceux qui font la critique du projet de loi. Ceux qui l'ont
conçu et présenté l'ont présenté dans toute
sa nudité, dans son intégrité. Je pense que les principes
sont là pour rester, à moins qu'on ne nous fasse une
démonstration formidable, mais à ce stade très
avancé je ne pense pas qu'on puisse reprendre toute la discussion
à partir de zéro. Je pense que cela ne serait pas
réaliste. Ce ne serait pas honnête envers la population.
Je crois pouvoir dire en conclusion que, d'après les contacts
nombreux que nous avons de notre côté, nos concitoyens
désirent l'adoption de ce projet de loi. Nos concitoyens qui oeuvrent
dans le domaine scolaire, que ce soit à titre d'administrateurs, de
cadres, de parents, d'enseignants, de techniciens, d'un ordre ou de l'autre,
souhaitent, d'après les choses qu'ils nous disent tous, l'adoption du
projet de loi. Si on peut l'améliorer de manière qui donne lieu
à un consensus très large, c'est infiniment souhaitable et nous
allons travailler dans ce but au cours des prochaines semaines en collaboration
avec votre fédération en particulier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, M. Légaré.
La commission suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 47)
(Reprise à 11 h 50)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission va reprendre ses travaux dans quelques
minutes et j'invite immédiatement... S'il vous plaît, j'invite
l'Associa- tion des commissions scolaires protestantes du Québec
à prendre place à l'avant. Je remercie nos
précédents invités.
À l'ordre, s'il vous plaît!
J'invite les représentants de l'Association des commissions
scolaires protestantes du Québec à prendre place à
l'avant. J'invite nos invités à s'asseoir, de façon
à conserver le décorum de cette séance. J'invite aussi les
membres de la commission à prendre place.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
accueille le prochain organisme, l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec. L'association est représentée par
M. John Simms, qui en est le président. M. Simms, je vous souhaite la
bienvenue et je vous remercie beaucoup d'avoir répondu à
l'invitation de la commission pour venir nous faire connaître vos
réactions face à ces deux projets de loi, à savoir le
projet de loi 106 et le projet de loi 107. Alors, monsieur, je vous invite
immédiatement à nous présenter les gens qui vous
accompagnent et à enchaîner avec la présentation de votre
mémoire. Je regarde les noms que j'ai devant moi ici... I would like to
tell you to feel free to express yourself in English or in French.
M. Simms (John): Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, nous vous
écoutons.
Association des commissions scolaires protestantes du
Québec
M. Simms: M. le Président, M. Ryan, membres de la
commission de l'éducation, j'ai choisi de présenter ce
mémoire en anglais, mais le texte de ce mémoire est disponible en
français.
Mr. Chairman, Mr. Ryan, members of the Education Committee, I am
Reverend Dr. John Simms, president of the Quebec Association of Protestant
School Boards. With me are David Wadsworth, on my left, our association's
executive director; Dr. George Cochrane, on my extreme right, our secretary
general; Mr. Colin Irving, our legal counsel.
The Quebec Association of Protestant School Boards is pleased to have
this opportunity to appear before you today in order to comment on Bill 107,
the proposed education Act. You have received copies of our association's brief
in English and in French and the summary of the same. Therefore, it should not
be necessary for me to repeat all of its contain therein. Rather, I wish to
make an opening statement concerning what has been proposed, following which
Mr. Wadsworth, Mr. Irving, Dr. Cochrane or I will be ready to answer any
question that you might have in English or in French concerning our brief.
Let me say at the outset that we are
disappointed that the government has seen fit to present another piece
of legislation which proposes to restructure the system of school boards in
Quebec rather than, as we had hoped, to give the restructuration question a
rest to concentrate our combined energies on the many serious pedagogical
problems which are limiting the abilities of our students to excel. This is not
the first such proposal in recent years, but rather the third. There were Bill
40, then Bill 3 and now Bill 107. We are also disappointed because the Minister
indicated that nothing would be done on educational reform until there was a
consensus on what was needed. Instead, after three years, we have the Bill 107,
almost a rewrite of Bill 3.
Our school boards constitute a level of government and our commissioners
are elected to provide local and regional input into education. However, there
was no consultation with us by the writers of this bill on what was being
considered nor was there any demand from our members that changes be made. Why
then we ask, have we now got another piece of legislation which has, as its
aim, the same thing that its predecessors tried to accomplish: the
concentration of control in the Ministry of Education?
Bill 107 contains much of what was in Bill 3: the expropriation and the
eventual disappearance of the confessional school board system which has
existed for more than 150 years in Quebec and which enjoys the protection of
section 93 of the Constitution Act of 1867.
I would like to remind the members of this committee that Bill 3 was
declared unconstitutional by judgment of the Superior Court in 1985 and that
judgment is final and binding. It is our belief, supported by advices from
legal counsels, that what has been proposed in Bill 107 will also be found to
be unconstitutional. Parts of Bill 107 are apparently going to be referred to
the Court of Appeal for decision on their constitutional validity, the Minister
has said so. However, we believe, as did justice André Brassard in the
Bill 3 case, that Bill 107 will have to be judged in its entirety as to its
legal status.
The main problem with Bill 107, appart from the great question of the
constitutional validity of the proposal to abolish the confessional school
board system in Quebec, is that what has been proposed is not school boards
with full rights and powers of management and control of their personnel,
properties, finance and pedagogy, but, under section 122, some nebulous public
legal person having the powers necessary for the discharge of its functions
under this Act. Bill 107 confers on the new school boards the public legal
person only the powers necessary to carry out the functions conferred on them
by the Act. These functions are contained in sections 187 to 272 of Bill 107.
We cannot accept that these functions are equivalent to the real powers of
management and control given to the elected school boards as representatives of
a class of persons in the Preconfederation Statutes of Quebec. As we said in
our brief, it is our opinion that not only these sections of the bill which are
apparently going to be referred should be held in abeyance pending a decision
of the court, but all of the bill. Let us find out if the courts agree with our
position that the protestant school board system in Quebec enjoys the same as
if not more than the rights of the seperate school boards of Ontario. School
boards are elected bodies, representative of the local community; they are not
and should never be a body ful filling functions and for this one could read
instructions under the watchfull eye of the Minister or the Ministry of
Education. (12 heures)
It is on this last tought that I wish to conclude. I wish to say
something concerning sections 438, 439 and 440 of the proposed legislation.
They are in our opinion totally unacceptable, not only because they could
cripple the operation of a school board, but also because they indicate the
philosophy behind the bill as a whole. School boards are to be creatures of the
Ministry and are to do what the latter wishes. A school board could for
instance decide that it wishes to seek status before the courts in a proposed
reference case. The Minister, at that time of that year, under section 438,
could ask someone to investigate the matter and, while the investigation is
under way, suspend the decision of the board for a period which he determines,
thus effectively blocking the school board from being able to appear before the
courts. These sections make it possible for the Minister and the government to
do what they want, when they want, to any school board without any restriction,
whatsoever.
Where is the system of democratically elected school boards with this
type of legislation? It is not there, and to suggest that what has been offered
responds to the needs and aspirations of the population and will lead to local
decision making is false and misleading. Bill 107 should either be withdrawn in
its entirety or should be referred in total to the Quebec Court of Appeal for
determination on its constitutional validity.
Mr. President, I wish to make it very clear that, unless the foregoing
recommendations are accepted, this association will challenge the legality of
the legislation at the earliest moment and will do what is necessary to see
that it is not put into force. I would say here, as an a-side, that our
opposition to the writers of this Bill 107 seeking to take powers onto the
Ministry and to the Minister is not to be regarded as any reflection upon our
attitude towards the Ministry or towards the Minister. In the years that I have
known the minister, I have had the upmost regard and admiration for him, a man
of goodwill, a man who has been open to us, a
Minister who has been available to discuss. But the writers of this Bill
107 have not been open to us. I have been a commissioner in this province
before the Ministry of Education was actually created in 1964, and I have seen
many Ministers, and I have seen many changes. Many of the changes were very
welcome, but I really regret, with the hundreds of commissioners like myself
across this province who are dedicated to education, that the writers of this
bill did not take them into their confidence and did not seek to ameliorate
those things in education that should be upgraded and did not take into
consideration the fact that they would have local input. That is their job,
that is their part in this whole process. I have no mandate for it, but
personally I would like to see this bill put on hold, and perhaps a commission,
a Royal Commission set up to see what really Quebec needs in education. I said
that I have been in education since the sixties, the time of the Parent
Commission, which was a lively time, a time of great new ideas that generated a
lot of the advance of education in this province. And perhaps surely the time
has come, not just for a rewrite of linguistic bills and so on, but perhaps for
a Royal Commission, a Ryan Commission, one that would set up laws that will
endure for decades and generations perhaps to come.
And this personally would be my wish. We should have some time for
discussion and I thank you for your attention.
Le Président (M. Gardner): Thank you very much, Mr.
Simms.
Maintenant, pour le parti au pouvoir, M. le député
d'Argenteuil et ministre de l'Éducation, M. Ryan.
M. Ryan: M. le Président, c'est avec grand plaisir que
j'ai écouté le résumé très sobre que M.
Simms a fait du jugement porté par l'Association des commissions
scolaires protestantes du Québec sur le projet de loi 107 et le projet
de loi 106. En écoutant tantôt M. Simms faire allusion aux
excellents rapports que sa fédération a toujours eus avec le
ministre de l'Éducation, je me rappelais une autre commission scolaire
qui est venue nous visiter il y a quelque temps et qui disait: Cela ne se peut
pas, avec ce ministre-là, que nous ayons abouti à ce projet de
loi. Et je veux dire une chose, il n'y a aucun divorce là-dessus entre
les collaborateurs techniques que j'ai pu avoir et moi-même. Nous avons
travaillé dans un climat d'étroite collaboration et je porte et
assume l'entière responsabilité du projet de loi. Je peux dire
qu'il exprime aussi les convic-tipns que j'ai acquises au cours des
années à l'occasion des études que j'ai faites. Je pense
que vous savez cela également, parce que nous avons discuté de
ces questions à un nombre considérable de reprises.
I think I will make a few remarks in English, if you allow me, and then
I will come to a question which I consider central in your presentation. You
suggested, Mr. Simms, that there was no prior consultation with bodies like
yours before the tabling of the legislation in the House. That is absolutely
true and that is how we wanted it to be. We had decided that the first phase
must be a phase of leadership and authorship on the part of the government. We
had to clarify our ideas, put them clear on paper and then put them to the
population in order to get the reactions of our fellow citizens and the bodies
which are representative of them. And then we have this phase of the
parliamentary committee and then we will have additional conversations with all
bodies which may have improvements to suggest in this last phase which we are
now entering. I wish to assure you that, if there is any item that you want to
discuss with me or my assistants, we will be at your disposal as always.
This is a question of philosophy. Perhaps I am wrong on this but I think
that at the inceptive stage of a piece of legislation the government must take
its responsibilities and not begin bargaining them away with interested groups.
Maybe situations suggest we should move otherwise but, when it comes to major
pieces of legislation, it is part of my philosophy of legislation that it ought
to be in the way it happened. But I admit that there can be differences in this
matter and I respect the point of view which you expressed, but I want to tell
you that it was here a matter of principle.
I think there is a basic difference between Bill 3 and Bill 107 which
must be underlined especialy as regards eventual judiciary developments. In
Bill 3, and that was the point which struck justice Brossard's attention above
all others, there was going to be an imposed modification of the structure of
school boards and a new distribution of assets and obligations which would have
constituted a direct major change in the existing situation of the school
boards. The justice reasoned that he could not allow such a development to
occur unless we would end up with a situation which could not be brought back
to the pre-existing situation. In that way, I think that it was the rational
invoked by justice Brossard to justify his conclusion.
In Bill 107, we situate that no such danger exists. Well, there may be
some clarifications that will be required and I will come little later to one
that you suggested. But we situate that the existing structured of school
boards be maintained as long as the courts have not pronounced themselves on
the clauses of the bill which are going to be put to their interpretation and
adjudication. There is a major difference which we insisted must be clearly
marked into that piece of legislation.
Thirdly, I think that we can separate the provisions of the bill into
great categories. Some categories come under the regular legislative
authority of the National Assembly. We want to change the structure of a
school committees, for instance. We want to redefine the authority of the
school principal. We do not need to go to the courts, in our humble view. The
government did it time and again in the past 40 years. We have innumerable
clauses in the present law on public education which are of this nature. I
think all the provisions in Bill 107 which are of this nature are to be allowed
to proceed and be implemented once the bill has been adopted.
There are other clauses with explicite or implicite constitutional
implications. We agree that such clauses are to be referred to the courts
before any action is undertaken on them. We believe it is possible to set a
list of such articles. We have one which we have carefully prepared.
You suggest some articles which might be added to this list in your
presentation. That is up for discussion as I told you time and again in the
past two years. We will be pleased to discuss them with you and, if we could
agree on a list of articles which are to be put to the courts that is not
putting in question the other clauses which seem to us to be a normal, ordinary
application, I think we would make a great progress.
There is a paragraph in your presentation which I will read in French
because I read your brief in French. I am making my observations in English and
I can hardly shift from one version to the other. So, I will shift to the
French text where I wrote my notes. On page 9 you say: L'article 579 devrait
être modifié de manière à donner une meilleure
assurance que ces dispositions du projet de loi ne seront pas mises en oeuvre
par le gouvernement en n'importe quel temps. Vous avez raison de signaler que
la formulation de l'article 579 est plutôt très
générale et qu'elle pourrait permettre, par exemple, à un
autre gouvernement que celui-ci, plus arbitrairement incliné, de
chercher à procéder avant que les tribunaux, comme il l'a
déjà fait d'ailleurs, ne se soient prononcés. C'est une
chose que nous allons examiner de près, la possibilité de
resserrer cet article de manière que les garanties de la bonne foi du
gouvernement soient plus clairement inscrites dans le texte
législatif.
Deuxièmement, en ce qui touche la liste, nous avons une
première liste, dans le projet de loi à l'article 579, d'articles
qui n'entreraient pas en vigueur immédiatement et qui étaient
particulièrement retenus, ceux-là, pour référence
aux tribunaux. Dans la liste révisée que nous avons
établie au cours des dernières semaines, nous avons ajouté
plusieurs autres articles.
Vous suggérez dans votre mémoire que certains autres
articles soient ajoutés. À la page 9 vous parlez des articles 6,
101 à 106, 109 à 114, 116 à 121, 122, 188 à 190,
456 et 459 dont vous dites justement qu'ils concernent principalement la
création ou l'existence de commis- sions scolaires confessionnelles
après la création des commissions linguistiques. Nous allons
étudier attentivement ces propositions qui ne me paraissent pas
déraisonnables a priori. Nous allons les étudier
attentivement.
S'il pouvait y avoir un accord de bonne foi - et nous ne cherchons pas
de faveur, nous ne cherchons pas d'accord au rabais non plus - sur ces articles
qui seront référés aux tribunaux et que, sur le reste,
nous n'entrerions pas dans une guérilla judiciaire, je pense qu'on
aurait accompli un grand progrès. Vous savez, je pense ne pas fausser la
vérité en disant que le gouvernement actuel estime que sa
première responsabilité est d'assurer le fonctionnement de notre
système scolaire dans un climat de paix, d'harmonie et de collaboration.
Je pense que nous l'avons prouvé à maintes reprises depuis trois
ans et que, malgré ces mémoires un peu dissonants que nous
entendons, il existe dans l'ensemble un climat d'excellente collaboration entre
vous et nous, entre les commissions scolaires et nous. Il ne faut pas l'oublier
non plus, surtout pour que les journalistes et nos concitoyens aient toute la
vérité en ces matières. (12 h 15)
C'est la question que je vous pose: What do you mean exactly by those
paragraphs on page 9 in your brief which allude to two desirable improvements
in the present drafting of the bill so that we would put it above the prospect
of a judiciary guerilla which no one wants in the present context? We all want
peace, harmony and cooperation, in spite of some honest differences which must
be accepted. So that is the question which I put to you. If these matters were
to be resolved in a satisfactory fashion, what would you do with the rest of
the bill?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Thank you. Mr.
Simms? M. Cochrane?
M. Wadsworth (David): Vous avez posé une question qui
n'était pas...
M. Ryan: Qui était?
M. Simms: The rest of the bill is acceptable with the exclusion
of these.
M. Wadsworth: Mr. Chairman, if I may.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Wadsworth.
M. Wadsworth: When this draft was written, we had the input from
our commissioners and they indicated that, in addition to the ones that were
going to be held in abeyance, if these were in, this would just about answer
all the questions we would have on the constitutional validity of the bill.
M. Irving (Colin):... M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Irving.
M. Irving: Juste un exemple. J'étais en train de
vérifier le plus rapidement possible la liste des articles
mentionnés à la page 9 et, par exemple, les articles 438, 439 et
440 n'y sont pas. La fédération a fait grand état de ces
articles et nous partageons son point de vue. Quitte à vérifier
les articles qui figurent à la page 9 et nous assurer que tous les
articles qui touchent vraiment les pouvoirs essentiels des commissions
scolaires soient inclus, la réaction sera que, pour le reste, il n'y
aura pas de problème. S'il y a moyen de présenter le tout
à la Cour d'appel, dans le renvoi, je ne veux pas dire la loi en entier,
mais les articles réellement en question, on n'aurait pas de
problème avec le reste. Mais le problème parfois, c'est difficile
de découvrir, de déterminer si un article d'une loi est
constitutionnel ou non sans le contexte au complet. Parfois c'est plus simple
de mettre le tout devant la cour.
M. Ryan: Regardez, M. Irving, à propos de l'article 438,
j'ai déjà indiqué à plusieurs reprises ces derniers
mois et confirmé ce matin que nous n'avons pas d'objections à
maintenir pour l'essentiel ce qui est actuellement dans la loi et je pense bien
que cela existe depuis au-delà de 25 ans; cela n'a pas été
conteste, je ne pense pas qu'il y ait un problème nouveau qui surgisse
de ce côté-là. On peut toujours remettre tout en question,
mais je pense que ce n'est pas l'objectif ni de votre association ni du
gouvernement.
M. Irving: Non.
M. Ryan: Maintenant, il y a une chose que je tiens à
préciser aussi. Nous n'incluons pas dans une liste d'articles à
référer aux tribunaux les articles relatifs au régime
pédagogique pour des raisons qui nous sont très
familières, c'est que nous sommes présentement devant la Cour
suprême à ce sujet, nous attendons de part et d'autre un verdict
favorable...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...au cours des mois à venir. Par
conséquent, il n'y a pas lieu de ramener tout ceci. La Cour
suprême nettoiera ces questions-là, je pense bien. Il y a des
points qui ont été clarifiés dans le jugement de la Cour
suprême sur les écoles catholiques de l'Ontario. Il y a des points
très intéressants dont nous avons pris note également qui
conditionneront notre approche sur certaines questions. Mais je crois que sur
la liste il va y avoir moyen d'arriver assez proche, en tout cas. Nous autres,
on va viser arriver assez proche pour que, si vous allez devant les tribunaux,
vous receviez une fin de non-recevoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais je crois que par la bonne volonté et le
dialogue on est capables d'arrêter une liste, surtout à
l'intérieur des paramètres ' qui ont été
mentionnés et j'en suis très heureux. Pour le reste...
M. Irving: Si...
M. Ryan: Oui, je ferai une remarque générale
ensuite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Irving ou M.
Simms; M. Irving.
M. Irving: Oui, M. Ryan. Je dois signaler un autre
problème. Si on est d'accord, par exemple, que l'article 122 qui touche
les pouvoirs des commissions scolaires soit référé
à la cour ou si cela figure dans une poursuite judiciaire, il y a un
problème avec la définition. Une commission scolaire
confessionnelle ou dissidente est une personne morale de droit public. C'est
une expression qui n'existe pas en droit québécois. Cela fait
partie des amendements proposés au Code civil, mais qu'ils ne sont pas
proclamés et, apparemment, on ne les attend pas avant un an et demi,
deux ans. Alors, avant la mise en vigueur des amendements au Code civil, vous
aurez créé des personnes morales qui n'existent pas, qui ne sont
pas définies dans notre droit. Il me semble que, si la loi entre en
vigueur, il faut un changement de vocabulaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous voulez répondre à cela.
M. Ryan: Oui, volontiers. Je pense bien que c'est justement le
genre d'articles dont la formulation peut être examinée. C'est
vrai qu'il y a des concepts nouveaux qui sont apparemment introduits ici; c'est
pour tenir compte des derniers développements de la pratique et de la
réflexion à l'intérieur des services juridiques du
gouvernement. Mais il n'y a pas du tout l'idée de la part de l'auteur ou
du parrain du projet de loi d'introduire de nouvelles exigences ici. C'est une
chose qu'on pourra regarder pour ce qui est de la rédaction et, s'il
subsistait des questions de fond, là cela peut être
envisagé dans les questions pour référence aux tribunaux,
mais j'aimerais qu'on aborde d'abord cette question pour ce qui est de la
rédaction pour voir s'il n'y a pas une formulation qui peut être
trouvée, qui maintienne la conception qu'on a eue là-dessus parce
qu'on n'est pas intéressés à écrire tout un nouveau
traité de droit à propos de ce projet de loi. On a
déjà assez de complications quand on reste dans notre domaine
immédiat.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. Ryan:
Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bien, monsieur.
Cela va? D'autres interventions du côté ministériel?
M. Ryan: Oui, je voudrais faire une intervention de
caractère plus général. J'ai remarqué les sept
principes que vous rappelez dans votre mémoire qui avaient
déjà inspiré des présentations antérieures
et qui résument, je pense, assez fidèlement la philosphie de
l'Association québécoise des commissions scolaires protestantes.
Je dois vous dire, juste pour que les choses soient claires entre nous encore
une fois, et il n'a jamais existé trop de malentendus dans nos rapports,
que dans l'ensemble... Des divergences et des malentendus, c'est très
différent. Des divergences, j'aime cela. Des malentendus, cela me
répugne profondément.
Or, les principes que vous évoquez sont intéressants. Le
premier, démocratie locale et suffrage universel, je pense que je n'ai
pas d'objection à ce principe si vous êtes prêts à
ajouter la nuance qu'il faut que cela se fasse en conformité avec les
grandes orientations et les exigences normales définies par le
gouvernement et l'Assemblée nationale. Je pense que cela n'y est pas
dans le principe ici. Il y a une petite virgule qui fait défaut et qui
est assez importante, à mon point de vue.
Deuxièmement, l'équilibre des forces, je pense que c'est
acceptable dans sa formulation actuelle. Pour moi, il n'y a aucun
problème là-dessus. S'il y a des exemples dans le projet de loi
de dispositions qui constituent à votre point de vue des
interférences inutiles, vous pouvez nous donner la liste et on va les
examiner l'une après l'autre. Je pense qu'on s'entend très bien
sur ce principe et je suis sûr que la porte-parole de l'Opposition sera
d'accord avec nous malgré que la pratique du gouvernement
précédent fut souvent différente.
Troisièmement...
Mme Blackburn: Le discours de l'Opposition également.
M. Ryan: ...vous dites que les commissions scolaires et les
municipalités doivent être indépendantes les unes des
autres. Nous sommes d'accord sur ce principe également. La tradition
québécoise a toujours voulu qu'il y ait deux pouvoirs distincts
sur le plan local: matière scolaire, matière municipale. Je pense
que nous le maintenons par le projet de loi. Cela va bien de ce point de vue
aussi.
Quatrièmement, le pouvoir d'imposition donne lieu à des
difficultés que nous avons déjà évoquées ce
matin et sur lesquelles je ne veux pas revenir. C'est que cela prend en compte
toute la structure municipale, provinciale, scolaire et nous n'avons pas
actuellement les éléments de consensus pour agir
là-dessus. Mais, en principe, je suis d'accord avec vous personnellement
qu'il faut travailler à trouver une marge plus large pour les
commissions scolaires. Comme membre du gouvernement, je dois être
solidaire d'un contexte très difficile dans lequel nous devons oeuvrer
et qui ne permet pas d'envisager de modifications importantes à court
terme. Il y a des propositions quant aux modalités, dans votre
mémoire, que nous allons examiner avec intérêt. Je vais les
examiner avec intérêt. A priori, elles m'intéressent. Je
verrai la réaction de mes collègues du gouvernement aussi. On a
eu une proposition semblable de Western Quebec School Board. C'est une chose
qui est très intéressante et qui allégerait
considérablement les procédures. En tout cas, nous en prenons
très bonne note.
Cinquième principe, les consultations. Il faut mettre un minimum
dans la loi. Nous ne voulons pas mettre de maximum. Nous avons
été saisis d'innombrables exemples, de cas où la
consultation ne se faisait pas et où les gens étaient
traités avec une certaine hauteur ou un certain mépris. Nous
voulons assurer qu'il y ait un minimum dans la loi. Là où cela
n'est pas vraiment nécessaire, il y a une marge de discussion qui est
possible ici; ce ne sont pas des choses qui sont fermées.
Sixième principe, la diversité religieuse et culturelle.
Je pense bien que le gouvernement actuel, dans son projet de loi, donne des
preuves abondantes de sa volonté d'accepter les diversités
culturelles et linguistiques. Je ne serais pas enclin à accepter la
formulation que vous proposez ici. Je pense que cela va trop loin. Un
gouvernement ne pourrait pas se lier de la manière que vous proposez.
Mais, sur l'objectif de fond, je pense qu'il y a un grand accord entre nous ici
là-dessus. C'est une caractéristique de notre parti, d'ailleurs,
qui a toujours respecté la diversité religieuse et linguistique,
ce qui lui permet d'avoir des appuis dans toutes les communautés
culturelles du Québec, pas seulement dans une.
Septième principe, l'influence de la communauté sur le
programme d'étude. C'est magnifiquement formulé, je suis
entièrement d'accord sur ceci. Je tiens à vous dire que nous
avons des dispositions dans le projet de loi qui donnent aux commissions
scolaires une marge d'initiative beaucoup plus grande en matière de
programmes locaux. C'est justement inspiré de ce principe. Vous verrez,
en regardant comme il faut le projet de loi, qu'il y a des dispositions
très intéressantes de ce point de vue et même pour les
programmes nationaux nous souhaitons que des mécanismes se
développent de plus en plus afin de permettre aux communautés
locales d'avoir une influence sur leur orientation générale.
Ceci étant dit, je vous remercie de la franchise de votre
présentation. Je crois comprendre - et là je ne veux pas vous
interpréter de travers, c'est pourquoi vous pourrez me corriger, M. le
Président - si nous réussissons à travailler sur le plan
dont nous avons discuté
jusqu'à maintenant, que votre proposition demandant que ce soit
tout le projet de loi qui soit référé aux tribunaux ou mis
en suspens tant que les clarifications requises n'auront pas été
obtenues n'est pas une demande dogmatique, catégorique, intraitable ou
immuable. Est-ce que je me trompe? Est-ce que j'interprète mal vos
propos, M. le Président?
M. Irving: Non, vous ne vous trompez pas, M. Ryan.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Chicou-timi, qui est la
porte-parole de l'Opposition officielle en matière d'éducation.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, messieurs, il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue
à cette commission parlementaire au nom de l'Opposition officielle.
J'ai lu votre mémoire avec beaucoup d'intérêt. Votre
position ne m'étonne pas. On s'y attendait. Cependant, étant
donné les positions qu'on a entendues ici en commission parlementaire,
j'aurais comme besoin de mieux comprendre. Je ne comprends pas vraiment votre
position. Je vous le dis de façon très claire, simple,
peut-être un peu simpliste.
Vous allez me dire pourquoi vous vous sentez mieux protégé
comme commission scolaire protestante que linguistique. Tout à l'heure,
le ministre disait à la suite d'un commentaire sur l'article 579: II
faudrait réécrire cet article, parce que, au cas où il y
aurait un gouvernement un peu plus arbitraire, cela risquerait de poser
problème. Je voudrais juste rappeler au ministre qu'on a connu au
Québec dix ans d'un gouvernement péquiste qui n'a en rien
réduit les pouvoirs de la communauté anglophone sur la gestion de
ses institutions. Même s'il n'y avait pas de loi, même s'il n'y
avait pas d'article 93 qui protégeait les droits des anglophones
à leur CLSC, à leurs hôpitaux, à leurs
universités, à leur collège, on sait qu'on a un double
réseau partout au Québec et que même à Gaspé
on retrouve une section d'un collège anglophone.
Alors, j'ai de la difficulté à comprendre vos craintes et
vos appréhensions et il me semble que ce que j'ai lu en dessous de tout
cela, c'est davantage le désir très profond de voir - et vous me
corrigerez si j'erre - les droits des anglophones protégés dans
la constitution canadienne et pas exclusivement dans les lois
québécoises. Autrement, j'ai beaucoup de peine à vous
suivre, d'autant plus que tous les groupes qui sont venus, les cadres, les
enseignants chez vous nous disent: Les commissions scolaires linguistiques,
cela nous convient. Qui plus est, on souhaiterait plus des commissions
scolaires linguistiques neutres. Vous le dites dans votre mémoire, votre
clientèle est protestante, je ne sais pas dans quelle proportion, mais
finalement relativement modeste.
Alors, qu'est-ce qui nous justifierait de maintenir une structure
confessionnelle alors que votre clientèle n'est pas de confession
protestante, en tout cas, pas en totalité? Qu'est-ce qui justifie vos
appréhensions alors que, sans obligation aucune, le Québec a, et
avec tous les gouvernements, assuré un plein droit à
l'accès à des services en anglais dans toutes les institutions
québécoises qui, elles, n'étaient pas
protégées et garanties en vertu de la constitution canadienne?
(12 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La question est
posée, qui désire y répondre? M. Simms? M. Irving.
M. Irving: Mme la députée, vous demandez pourquoi
on se sent mieux protégés comme commissions scolaires
confessionnelles que linguistiques. La réponse est très simple.
Une commission scolaire confessionnelle protestante est protégée
par l'article 93. Laissez-moi prendre un exemple. Vous avez parlé des
dix ans du gouvernement péquiste. La loi 29, il y a quatre ou cinq ans,
enlevait à nos citoyens dits non protestants le droit de vote dans des
élections à des commissions scolaires, c'est-à-dire nos
commissaires juifs, par exemple, ne pouvaient plus siéger. On s'est
présenté devant la cour; on a gagné la cause, parce qu'on
était protégé par l'article 93. Une commission scolaire
linguistique n'aurait même pas le commencement d'une cause. Juste un
exemple, la loi 3. Notre cause a été basée
entièrement sur l'article 93. Alors, comme n'importe quelle
minorité, si on a une garantie qui est enchâssée dans la
constitution, on préfère de beaucoup la garder.
Je peux donner des dizaines d'exemples si vous voulez, mais c'est une
garantie constitutionnelle qui existe depuis la Confédération.
C'est la protection de nos écoles protestantes au Québec comme
c'est la protection des écoles catholiques en Ontario. Alors, jusqu'au
moment où c'est remplacé par quelque chose d'autre, mais qui est
dans la constitution, évidemment, on préfère le garder.
Une commission scolaire linguistique n'a aucune protection constitutionnelle,
aucune.
Mme Blackburn: Ma question était la suivante. Je comprends
cela. Les commissions scolaires confessionnelles ne sont qu'un prétexte
que vous utilisez, parce que cela vous donne une garantie inscrite dans
l'article...
M. Irving: Un prétexte...
Mme Blackburn: ...parce que confessionnel chez vous... Je dirais
qu'à la CECM c'est quand même un peu plus vrai que chez vous et on
connaît les effets. Mais, au-delà de cela, ce que je comprends
dans votre réponse, ce que vous nous dites et ce que d'autres sont venus
nous dire, c'est: Si vous êtes capable de nous garantir
ces mêmes droits dans une constitution canadienne, on serait
d'accord. C'est juste cela que...
M. Irving: Peut-être. Si une garantie constitutionnelle est
remplacée par une autre, cela change le portrait, c'est évident.
Nous ne sommes plus en 1867, Mme la députée. Personne ne
songerait aujourd'hui, si on commençait de nouveau, à
créer un système d'écoles divisées entre
catholiques et protestants.
Mme Blackburn: En fait, ce que vous nous dites, c'est que vous
seriez d'accord avec l'établissement de commissions scolaires
linguistiques du moment où c'est protégé.
M. Irving: Oui. D'ailleurs, la question de savoir si le
Québec avait le pouvoir de créer un système linguistique a
été posée à la cour en 1926. Ce n'est pas nouveau.
Les cours ont donné une réponse claire et nette, il y a 50 ans et
plus. Oui, on peut créer un système neutre ou linguistique
à condition qu'on n'affecte pas de façon préjudiciable le
système confessionnel existant. Alors, il n'y a rien de nouveau dans
tout cela. Mais cela exige un amendement constitutionnel, ce qui est fort
difficile.
Mme Blackburn: Plus fondamentalement, qu'est-ce qui justifie les
appréhensions de votre communauté quand on sait qu'au
Québec - je le rappelle, indépendamment des gouvernements - la
communauté, la minorité anglophone a eu droit à tous les
services, non seulement tous les services, mais la gestion de ses services,
alors que rien ne garantissait ces droits dans la constitution?
M. Irving: C'est une question très large que vous posez et
je ne peux pas vous répondre comme représentant des commissions
scolaires, mais vous me permettrez de dire que je ne suis pas tout à
fait d'accord. Mais il y a une autre question que vous avez posée tout
à l'heure. Comment justifier un système confessionnel quand,
d'après votre question, le réseau protestant n'est pas
très confessionnel? Vous avez parfaitement raison. L'idée
protestante d'une école protestante n'est pas la même chose que
l'idée catholique d'une école catholique. Cela n'a jamais
été la même chose. Mais quand même, même
à l'époque de la Confédération, les gens
comprenaient parfaitement bien la différence. Alors, les écoles
protestantes sont confessionnelles dans un tout autre sens que les
écoles catholiques. Elles se ressemblent drôlement, les
écoles publiques. Mais elles sont quand même confessionnelles dans
le sens de confessionnel protestant. C'est plutôt une question, disons,
presque linguistique que religieuse, dans ce cas. Mais elles sont de plein
droit des écoles confessionnelles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Imprudence!
M. Irving: On l'avait déjà dit devant la Cour
suprême, alors on peut faire la même chose.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, le ministre essayait de
vous amener très adroitement sur le terrain suivant: si on
établit avec vous la liste des articles qui devraient être l'objet
d'un avis de la Cour d'appel, est-ce que vous vous engagez à ne pas
contester toute la loi, donc à empêcher son application? Comme la
définition que vous donnez de ce que devraient être les pouvoirs
d'une commission scolaire est extrêmement étendue - et je ne
parlerai pas du régime pédagogique pour les raisons qu'on sait -
qu'est-ce qui serait, très sommairement, applicable dans la loi?
M. Irving: Vous dresser une liste, on ne peut pas le faire
immédiatement.
Mme Blackburn: Je sais bien, mais d'une façon plus
générale. Autrement dit, selon vous, quels sont les pouvoirs qui
devraient être laissés au ministre et au ministère et ceux
qui devraient être laissés aux commissions scolaires? L'exercice
que le ministre proposait tout à l'heure m'ap-paraît
extrêmement difficile. Comment allons-nous dire: Cette partie de tel
chapitre, il y a trois articles qu'on ne pourra pas appliquer tout de suite et
le restant des articles s'appliquera? Il me semble qu'il y a quelque chose qui
sera difficile à gérer tantôt. Cela va ressembler aux
quatre commissions scolaires sur l'île de Montréal.
M. Wadsworth: Dans notre mémoire sur la loi 3, nous avons
fait une liste des pouvoirs qui pourraient être ceux du ministre. Est-ce
que je peux le lire en anglais, parce que j'ai seulement la copie en
anglais?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M.
Wadsworth.
M. Wadsworth: Essentially, we view the role of the Ministry in
education in the domain of elementary and secondary education as that of
providing, coordinating and support while insuring an acceptable level of
educational services available to every child in the province. Specifically, we
would recommend that the respon-sabilities of the Minister of Education be
defined as follows: to establish an acceptable level of educational services to
insure that this quality of education is available to children in all parts of
the province and to provide to boards the funding required to enable them to
offer this acceptable level of services; to establish the minimal terminal
objectives of the course of study and to provide a syllabus and teaching
guidelines to determine the requirements for
certification of success full completion of secondary studies; to
prepare and publish annually a list of recommended textbooks and teaching
materials; to establish a policy for conducting educational research; to
provide school boards with additional funding required for special needs in
technical and vocational education, special aid, etc.; and to establish
criterias for teachers classification and certification and to act as a
clearing house and library for the state of the art of littérature in
education.
Basically, it is thus that we see the Minister of Education's role. What
we find in Bill 107 is to much interference and demands a permission be granted
before a school board can do anything.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: En guise d'exemple, comment la
responsabilité touchant la consultation - vous l'avez abordée un
peu avec le ministre tantôt - le ministre a énuméré
la liste des sept conditions en disant: La responsabilité et la
consultation, c'est négociable. Là, on constate qu'il y a de plus
en plus de choses négociables, mais, cela dit, cette partie de la loi
qui traite de la création et de l'obligation de consulter, estimez-vous
que c'est une matière sur laquelle on devrait aller devant les
tribunaux?
M. Wadsworth: La question de la consultation des commissions
scolaires, à savoir qu'on soit obligé de consulter, on
n'était pas d'accord avec cela, parce qu'il y a trop de consultation.
S'il est nécessaire de le faire, on le fait, mais, pour l'inclure dans
la loi, cela pousse trop vers les commissions scolaires. C'est une obligation
pour nous; chaque fois qu'on veut faire quelque chose, on doit consulter
quelqu'un. Normalement, c'est fait, mais pour ce qui est de mettre cela dans la
loi, pour nous, c'est une obligation. C'est ma réponse.
M. Irving: Je voudrais ajouter...
Le Président (M. Parent, Sauvé): En conclusion.
M. Irving: Mme la députée, que, dans la cause du
régime pédagogique qui a été
présentée en Cour suprême au mois de mai, beaucoup de ces
questions ont été débattues et on attend le jugement de la
cour avec impatience. Les questions devant la cour étaient très
larges. On en avait abordé des deux côtés. Les grands
principes de la responsabilité du ministre et du gouvernement en
général... Il est fort difficile d'aborder la question du
régime pédagogique sans traiter des grands principes.
Peut-être qu'on aura une tout autre lumière prochainement; c'est
un autre problème avec le renvoi à la Cour d'appel.
Est-ce qu'il faut attendre le jugement de la Cour suprême du
Canada, parce que cela peut tout changer? Toutes ces questions, au moins pour
les grandes lignes, sont déjà devant la Cour suprême. On ne
sait jamais quelle approche la cour prendra. Il est possible que ces questions
ne soient pas tranchées, mais il est fort possible qu'on ait une
réponse à votre question qui vient d'en haut d'ici Noël, qui
sait?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Irving.
D'autres interventions de la part de l'Opposition?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Ce qu'il y a
d'amusant - je pense qu'il faut le dire comme cela - dans la loi de
façon générale, c'est que le ministre augmente les
obligations faites aux commissions scolaires de consulter et que, par ailleurs,
il diminue les siennes. Vous savez qu'il n'y a rien qui l'oblige dans la loi
actuelle de vous consulter advenant l'adoption d'un règlement ou d'un
projet de loi. Il se justifie en disant: On a une loi générale
qui oblige le gouvernement à rendre le projet de règlement
public, etc. Mais on a vu une petite passe se faire il n'y a pas très
longtemps au sujet des règlements des comités catholiques et
protestants; s'il n'y avait pas eu l'opposition pour réclamer qu'il y
ait des audiences làndessus, je ne suis pas sûre que cela aurait
été vu en commission parlementaire. Je pense qu'il faut
prévoir un certain nombre de dispositions touchant les rapports à
établir entre les usagers, donc les parents et les élèves,
et les commissions scolaires.
Mais sur une tout autre question, vous n'avez pas abordé dans
votre mémoire, et cela se comprend, toute la question des droits de
l'élève. Je sais que dans la communauté anglophone vous
êtes généralement assez sensibles à ces questions du
droit des personnes. On ne retrouve plus ce qu'on avait dans la loi 3,
c'est-à-dire le droit d'association - cela, je pense que ça peut
s'arranger dans les écoles - et le droit de recours auprès du
Protecteur du citoyen pour l'élève qui s'estimerait
lésé dans ses droits. (12 h 45)
M. Wadsworth: II y avait quelque chose dans la loi 3 sur cette
question des élèves. Nous avons fait la recommandation cette
fois-là qu'il n'était pas nécessaire de mettre cela dans
la loi, mais de laisser cela aux commissions scolaires de chaque école,
la manière dont elles veulent consulter les élèves, etc.,
mais ce n'était pas quelque chose qui était important pour
nous.
Mme Blackburn: Bien, sur un autre aspect du projet de loi,
qu'est-ce que vous pensez de l'article qui permet de créer des
circonscriptions réservées aux minorités linguistiques
à l'intérieur des commissions scolaires confessionnelles?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui
répond?
M. Wadsworth: Nous avons fait allusion à cela dans notre
mémoire, je crois, sur la loi 106, mais je n'ai pas de copie de cela
devant moi. Est-ce que je peux en avoir une copie? C'était une autre
chose. C'est mis à un autre niveau. Si c'est nécessaire de mettre
des minorités linguistiques à une commission scolaire, cela va
augmenter le nombre. Je sais que The Protestant School board of Montreal a dit
clairement qu'il ne veut pas cela parce que ces personnes ne seront pas
élues ou, si elles sont élues, cela va donner trop de personnes
à la commission scolaire. Ce n'est pas une question qui a
été discutée par nos commissaires, sauf qu'ils disent: Non
ce n'est pas nécessaire de le mettre parce qu'on est élus pour
toute la population, non pas seulement pour les minorités ou les
majorités.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Madame.
Mme Blackburn: J'aurais terminé mais je voudrais
peut-être poser une question en rapport un peu avec le titre de votre
mémoire: Vous dites: "La décentralisation n'est qu'un
prétexte". À tout prendre, même si la Loi sur l'instruction
publique est désuète, si la loi devait être adoptée
telle quelle, est-ce que vous préférez le statu quo?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Simms? M.
Irving?
M. Wadsworth: Actuellement l'Association des commissions
scolaires protestantes veut le maintien de la loi qui est là au lieu de
la loi 107 si nous avons la chance de laisser la loi qui est là
maintenant.
M. Irving: C'est que nous ne sommes pas persuadés, loin de
là, que c'est essentiel de tout changer et de démolir le
système qui existe pour en créer un autre. Nous partageons en ce
sens les propos de M. Légaré qui nous a
précédé ce matin. Il faut d'abord, d'après nous,
voir où, dans les intérêts des étudiants, dans
l'intérêt d'une meilleure administration du sytème, il faut
faire des changements. Pour nous, on préférerait de beaucoup
rester avec la loi telle qu'elle, faire l'enquête nécessaire et
après décider si vraiment c'est nécessaire de tout refaire
comme cela ou bien de faire des modifications. C'est dans ce sens, je
présume, que M. Wadsworth dit qu'on préfère rester avec la
Loi sur l'instruction publique pour le moment. On ne prétend pas que
tout est parfait, loin de là. Mais est-ce que vraiment c'est
nécessaire, est-ce que ce n'est pas trop coûteux de
procéder de cette façon-ci sans, d'après nous, une preuve
convaincante que le sytstème qu'on a ne fonctionne pas? C'est
peut-être une approche un peu conservatrice, mais "if it is not broken,
do not fix it" et puis, s'il y a quelque chose qu'il faut changer, alors faire
l'enquête nécessaire d'abord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M
Irving.
Mme Blackburn: M. le Président, je conclurais sur cela.
Vous savez le problème que pose le projet de loi 107 et je dirais la
décision du gouvernement libéral concernant les modifications
qu'il nous propose en cette matière, c'est qu'il n'est pas allé
jusqu'au bout de sa logique, cela aurait été de réclamer
ce que nous réclamions, c'est-à-dire la reconnaissance des pleins
pouvoirs des provinces en matière d'éducation.
L'article 93 vient brimer plus particulièrement les pouvoirs du
Québec, et vous le savez, en matière d'éducation. Vous
allez me passer l'expression, les autres provinces se sont enfar-gées
là-dedans. Je le dis de façon un peu brutale. Vous savez
pertinemment que les services offerts à la minorité
française dans les autres provinces canadiennes sont largement en
deçà de ce que le Québec a toujours offert et,
indépendemment des gouvernements, je le rappelle. Peut-être un
exemple qui illustre assez l'ouverture d'esprit des Québécois et
qui devrait, il me semble, rassurer un peu la communauté anglophone,
c'est que je pense que c'est le seul gouvernement - je ne dirais pas au monde
mais je pense qu'on m'a déjà dit au monde - qui finance des
écoles confessionnelles, privées vous allez me dire, à 80
%, 60 %, 70 %. Je pense aux écoles juives, je pense aux écoles
privées qui sont de dénomination religieuse autre que protestante
ou catholique, et il les finance entièrement ou en partie. C'est une
preuve d'ouverture avec laquelle je suis tout à fait d'accord et qui
illustre l'esprit d'ouverture dans laquelle se sont toujours faits ces
rapports.
Et je pense que le problème qu'on vit actuellement c'est que le
gouvernement n'ait pas poussé sa logique jusqu'à demander que le
Québec puisse garantir - et je trouve cela important, on est allé
jusque-là et je pense qu'il faut le reconnaître - des droits
à la minorité anglophone de gérer ses institutions
scolaires. Pour le reste, à mon avis, cela devrait être au
Québec. Le gouvernement libéral n'est pas allé
jusque-là et son problème va rester entier parce qu'il y a gros
à parier que vous aurez raison et que rétablissement de
commissions scolaires linguistiques va être possible - s'il n'est pas
garanti - dans tout le Québec à l'exception de là
où il y a effectivement des problèmes. Parce que même le
précédent gouvernement aurait pu adopter la position de
commissions scolaires unifiées. Compte tenu de ce qu'on sait, on a
pensé que la commission scolaire linguistique donnait de meilleures
garanties. Il y en a encore beaucoup, on va en entendre tantôt qui nous
diront qu'il faudrait avoir des commissions scolaires unifiées.
Alors, je dois vous dire que sur cette
question plus particulière de l'établissement de
commissions scolaires linguistiques au Québec, dans la région de
Montréal, cela pose un réel problème. Je ne vous dis pas
que le problème naît de la commission scolaire protestante. Vous
savez pertinemment que, ayant fait preuve de plus d'ouverture, on voit une
clientèle francophone qui glisse de plus en plus du côté
des commissions scolaires protestantes, et les allophones. Mais par ailleurs on
sait que vous auriez sensiblement les mêmes clientèles si vous
preniez tous les anglophones, ceux qui sont à la CECM, par exemple, et
que vous fassiez une commission scolaire linguistique. Je comprends que vous
souhaitiez que vos droits soient garantis.
Si l'histoire veut dire quelque chose, si la tradition veut dire quelque
chose, et je sais que vous vous fondez là-dessus pour défendre
votre position, il me semble que l'histoire du Québec démontre
largement que le peuple québécois et sa majorité
francophone ont toujours été extrêmement respectueux des
droits des anglophones.
Cela dit, j'ai aimé votre présentation ici en commission
parlementaire. Cela m'a permis d'un peu mieux vous entendre, de mieux
comprendre votre position, celle des groupes que vous représentez, des
cadres, des enseignants; c'est beaucoup plus proche qu'on ne le sent dans votre
mémoire, et je n'en doutais pas. Je pensais bien que c'était cela
que je devais y lire.
Je vous remercie infiniment de votre participation aux travaux de cette
commission et je souhaite qu'au moment où vous entreprendrez des
négociations avec le ministre... Il nous dit: II n'est pas question de
négocier sur les principes. On a consulté là-dessus. Je
souhaite sincèrement que ces négociations puissent porter des
fruits, mais je souhaiterais également que le ministre comprenne qu'avec
tout ce qu'il est en train de nous annoncer comme étant des
modifications, des négociations possibles cela va finir par ressembler
à un autre projet de loi et qu'il accepte très
sérieusement de revoir la démarche quant à l'avenir de ce
projet de loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Ryan: Je veux assurer la députée de Chicoutimi
tout de suite en partant qu'il n'est pas question d'un autre projet de loi.
C'est ce projet-ci amélioré à la lumière de toutes
les bonnes choses que nous aurons entendues pendant les auditions publiques de
la commission parlementaire. Je ne voudrais pas qu'il se glisse le moindre
malentendu entre nous là-dessus.
En parlant de malentendus, j'en dissipe une couple rapidement dans les
propos que je viens d'entendre. La politique du Québec envers les
établissements privés, j'ai cru entendre que ce serait la seule
au monde? Cela fait longtemps que vous n'êtes pas allée en
France.
Mme Blackburn:... qui finance entièrement des
écoles confessionnelles autres que de la confession de la
majorité.
M. Ryan: Financement entier, c'est une autre chose. En France, en
Belgique, en Hollande... En Hollande, vous avez des établissements
confessionnels qui sont financés à 100 % par les fonds publics et
qui représentent une partie très importante de la
clientèle. Ce n'est pas une chose qu'on a inventée ici. On a fait
pour le mieux, mais on n'était pas les seuls à être
fins.
Deuxièmement, à propos de respect des droits des
minorités, ce n'est pas mauvais de rappeler que la loi 3 avait
été adoptée par le gouvernement précédent et
qu'elle dépouillait les commissions scolaires confessionnelles de leurs
biens mêmes. Elle les mettait dans un pot commun, sans avoir recouru
à l'arbitrage des tribunaux. il est très heureux qu'il y ait eu
les tribunaux à ce moment-là.
Là-dessus, avant de faire des remarques trop catégoriques,
c'est bon de se rappeler les événements qui se sont passés
il n'y a pas tellement longtemps et c'est pour cela que nous autres, parce que
nous avons une tradition plus forte de ce côté-là, beaucoup
mieux enracinée, nous allons recourir à l'arbitrage des tribunaux
avant d'appliquer les dispositions qui peuvent avoir des liens avec les droits
constitutionnels des minorités religieuses et même de la
majorité religieuse.
Cela étant dit, ce sont des échanges entre nous parce que,
vous comprenez facilement, ce n'est pas nécessaire qu'on fasse un peu de
ventilation entre nous. Je pense que sur le fond nous avons eu un
échange de vues très intéressant ce matin. Je pense que
cela a permis de cerner avec plus d'exactitude les soucis que vous aviez en
préparant votre mémoire. Cela nous a permis de comprendre
certains points et je pense pouvoir dire en toute vérité qu'on
n'est pas tellement loin ce matin du point où nous étions quand
nous avons eu nos premières conversations sur ces sujets après
que le gouvernement eut pris le pouvoir. Je pense que j'avais indiqué
assez clairement la démarche que nous envisagerions et il avait
été entrevu que nous nous retrouverions autour de questions comme
celles de ce matin. Je pense que nous allons continuer.
Je voudrais ajouter qu'en plus des questions qui sont d'ordre ou
d'incidence constitutionnelle forte toutes les autres clauses du projet de loi
peuvent donner lieu à des critiques. Je voudrais répéter
ce que j'ai dit devant la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec tantôt, les représentations
raisonnables et fondées qu'on nous soumettra à ce sujet au niveau
de la bonne législation, nous serons intéressés
également à les examiner avec ouverture en vue d'améliorer
le projet de loi de façon
à répondre le mieux possible aux attentes de tout le
monde. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, MM. Simms et Irving, ainsi qu'aux gens qui vous
accompagnent.
Nous suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures, alors que nous
accueillerons les représentants de l'Université du
Québec.
(Suspension de la séance à 12 h 59) (Reprise à 15 h
7)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation va poursuivre ses travaux
entrepris, tout le monde s'en souviendra, en mai dernier et qui se continuent
depuis mardi dernier. Nous en sommes à la dernière étape
de cette consultation sur les projets de loi 106 et 107.
Nous accueillons, en début d'après-midi aujourd'hui, les
représentants de l'Université du Québec, dont le
président est M. Gilles Boulet. Je veux vous remercier, M. le
président, d'avoir bien voulu répondre de façon
affirmative à l'invitation des membres de cette commission et de venir
nous faire connaître le fruit de votre réflexion sur ces deux
projets de loi dont l'un, le projet de loi 106, a pour but de remettre en
question ou d'améliorer le processus des élections scolaires au
Québec et l'autre, le projet de loi 107, qui est, en fait, la
pièce majeure de cette consultation, concerne la restructuration de la
Loi sur l'instruction publique.
M. Boulet, je vous invite à nous présenter les gens qui
vous accompagnent et à enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire. Le reste du temps, comme
d'habitude, sera réparti également entre les membres des deux
formations politiques avec lesquels vous aurez l'occasion de dialoguer et
d'échanger jusqu'à l'expiration de la période d'une heure
qui vous est allouée. M. Boulet, nous vous écoutons.
Université du Québec
M. Boulet (Gilles): Merci. M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, ceux qui m'accompagnent sont,
à ma gauche, M. Guy Bertrand, vice-président aux
télécommunications de l'Université du Québec, et M.
Pierre Nadeau, secrétaire général et conseiller juridique
de l'Université du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bienvenue,
messieurs.
M. Boulet: M. le Président, si la direction de
l'Université du Québec a accepté l'invitation qui a
été faite à tous les citoyens et à tous les corps
de se présenter à votre commission, ce n'est pas tellement
qu'elle soit mêlée aux niveaux d'enseignement qui sont
étudiés dans le projet de loi 107 en particulier, mais parce que,
à l'occasion de cette loi, elle a un message qu'elle juge important et
qu'elle aimerait transmettre à la commission.
Notre mémoire est très court. Je vais me permettre de le
lire assez rapidement, si vous le permettez, et je répondrai ensuite
à vos questions.
De l'enseignement primaire et secondaire à l'enseignement
supérieur, collégial et universitaire, la collectivité
québécoise doit se donner des outils de continuité et
d'excellence. C'est cette conviction qui explique l'intérêt que
porte l'Université du Québec aux grandes orientations des projets
de loi 106, sur les élections scolaires, et 107, sur l'instruction
publique, et plus particulièrement au projet de loi 107. Outre ces
orientations majeures, on comprendra, cependant, que l'Université du
Québec n'entend pas présenter une analyse ou une critique
détaillée de tous les aspects de ces projets de loi ou des
modalités d'application de ceux-ci.
L'effort de modernisation et de rationalisation que représentent
les projets de loi 106 et 107 est une condition essentielle à la
valorisation de l'enseignement primaire et secondaire public au Québec.
La réforme de l'enseignement au Québec amorcée dans les
années soixante, malgré tous les bouleversements
créés, demeure une oeuvre inachevée qu'il faut continuer
à parfaire et à consolider. L'Université du Québec,
mise sur pied en décembre 1968, il y a bientôt 20 ans,
représentait un des éléments de cette réforme de
l'enseignement des années soixante. Université publique
constituée en réseaux selon le modèle américain
d'universités à campus multiples, l'Université du
Québec s'ajoutait comme composante d'un ensemble qui comprenait
déjà des écoles secondaires polyvalentes et des
collèges publics d'enseignement général et professionnel.
Également, selon le modèle d'un grand nombre d'universités
publiques américaines, une mission spécifique de formation des
maîtres lui était confiée et devait occuper une part
importante de ses activités. C'est donc un ensemble cohérent
qu'on a voulu instituer vers la fin des années soixante. Cet ensemble,
bâti sur une très courte période de temps, dans un climat
de foisonnement et d'effervescence, a permis à un nombre accru de jeunes
et d'adultes vivant, notamment, en région d'avoir accès à
des études plus poussées. Pendant les 20 ans qui ont suivi, ces
institutions ouvertes au plus grand nombre ont changé le visage du
Québec.
Aux élites québécoises du début des
années soixante, issues des professions libérales, des
collèges classiques et des universités traditionnelles, ont
succédé des groupes plus larges, dépassant le concept
d'élite et de petit nombre, qui se sont retrouvés dans des
secteurs de plus en plus diversifiés, dans des firmes
d'ingénierie à dimension internationale, dans des entreprises
petites, moyennes et grandes qui ont façonné le
Québec moderne, lui ont procuré un essor économique
même au cours d'années difficiles et lui ont valu une
réputation d'excellence dans une foule de domaines, qu'il s'agisse
d'hydroélectricité, d'aluminerie, de pâtes et papiers et
d'agro-alimentaire, en faisant appel à un éventail de disciplines
de moins en moins compartimentées, qu'il s'agisse des sciences humaines,
de l'administration et des sciences. Cela, une société ne
disposant que d'institutions d'enseignement réservées à
une élite et au petit nombre, fussent-elles les meilleures au monde, ne
l'aurait pas réalisé.
Que seraient les États-Unis aujourd'hui s'ils ne disposaient que
d'institutions d'enseignement réservées à l'élite
et s'ils n'avaient pas constitué un aussi vaste secteur public devant
favoriser non seulement l'accessibilité, mais aussi l'excellence?
C'est à titre d'université publique chargée d'une
mission spécifique de formation des maîtres que
l'Université du Québec intervient dans l'examen des projets de
loi 106 et 107. Son intervention porte sur les principes généraux
et les grands objectifs de ces projets de loi qui constituent des outils
privilégiés pour parfaire et consolider la réforme de
l'enseignement au Québec.
Les grands objectifs de cette réforme demeurent; ils n'ont
qu'à être adaptés à la société
québécoise des années quatre-vingt-dix:
démocratisation des institutions; participation des parents; respect du
pluralisme de notre société; fondement linguistique plutôt
que religieux des commissions scolaires; maintien d'objectifs
d'accessibilité et de scolarisation poussée; intégration
de services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
La clarification de ces choix fondamentaux et la modernisation des
structures scolaires effectuées par cette refonte législative
sont susceptibles de créer un climat favorable à la poursuite
d'objectifs plus larges d'amélioration de l'école:
amélioration de la qualité de l'enseignement, meilleure formation
des enseignants, meilleurs programmes de perfectionnement des enseignants.
Les progrès réalisés depuis l'après-guerre
dans le passage d'un plus grand nombre de diplômés du primaire au
secondaire, puis, lors des années soixante, dans le passage d'un plus
grand nombre de diplômés du secondaire à l'enseignement
supérieur doivent encore s'intensifier. Un plus grand nombre de
Québécois doit accéder à une scolarisation plus
poussée, à l'exemple non seulement des Canadiens, mais
également des Américains qui, malgré des
phénomènes démographiques analogues à ceux que nous
connaissons, continuent d'accéder en aussi grand nombre à
l'enseignement supérieur.
Bien que des progrès aient été accomplis, le
Québec accuse un retard scolaire marqué sur l'Ontario et les
États-Unis. Des études récentes ont confirmé ce
retard et, plus particulièrement, le retard encore plus
considérable du Québec francophone. Ces statistiques indiquent
que près de 24 % des Québécois, notamment les plus
âgés, n'ont pas dépassé le stade de la
neuvième année. Une situation d'analphabétisme fonctionnel
chez un trop grand nombre de Québécois existe encore. La
qualité de la langue écrite, même chez des étudiants
de niveau collégial et de niveau universitaire, est trop souvent
lamentable. L'urgence de corriger cette situation est reconnue par tous.
À une époque où le niveau de formation des ressources
humaines constitue la plus grande richesse d'un pays, il est certain que, si
l'éducation coûte cher, l'ignorance, l'analphabétisme et la
formation médiocre et incomplète coûtent encore plus
cher.
Au moment où nous accusons un retard important sur les
Américains en matière de scolarisation, ceux-ci constatent
pourtant qu'ils doivent augmenter leur taux de scolarisation pour
améliorer leur qualité de vie, le dynamisme de leur
économie et pour faire face a la concurrence venant d'autres pays
industrialisés. Dans un important document de travail de l'American
Association of State Colleges and Universities, intitulé "To secure the
blessings of liberty", différents objectifs de scolarisation sont mis de
l'avant: obtention d'un diplôme universitaire de premier cycle par au
moins 35 % des adultes pour l'an 2001; diminution de moitié des taux
d'abandon à l'école secondaire d'ici 1996; amélioration
des programmes de formation des maîtres en fonction des deux objectifs
précédents et une plus grande coopération des
différents niveaux d'enseignement. Ces objectifs que se donnent les
Américains sont de nature à nous rappeler l'importance toujours
actuelle de la mission particulière de formation des maîtres que
le législateur confiait à l'Université du Québec en
décembre 1968, à l'article 3 de la Loi sur l'Université du
Québec.
Cette mission s'inscrit aujourd'hui dans un cadre nouveau de
consolidation des acquis et de poursuite d'une qualité plus
élevée. Le Québec des années 1990 et 2000 doit
être aussi ambitieux que les États-Unis dans ses objectifs
d'enseignement et de scolarisation, à plus forte raison dans un cadre
d'association économique et de libre-échange. C'est dans un tel
cadre que le Québec doit se donner des objectifs analogues d'une
meilleure intégration des cycles d'enseignement et d'une meilleure
collaboration de ses institutions, particulièrement de ses institutions
publiques.
Le Québec moderne, s'il veut s'inscrire dans le XXIe
siècle, se singularise par sa qualité de vie, par le dynamisme de
son économie, par le rayonnement de sa langue et de sa culture, doit
déployer un effort considérable à rehausser et à
revaloriser encore davantage l'instruction publique à tous les niveaux
et dans tous ses aspects. Une telle entreprise, parce qu'elle est le moteur du
développement et du bien-être collec-
tif, revêt une importance primordiale.
Il faut instaurer dans l'école un goût encore plus
développé du savoir et du dépassement. Il faut instaurer,
dans l'ensemble du Québec, la conviction de l'importance de
l'école.
Toutes les étapes de la formation étant vitales, qu'il
s'agisse du préscolaire, du primaire, du secondaire, du
collégial, du premier cycle de l'université, des études
avancées, du perfectionnement, de la formation permanente ou de la mise
à jour des connaissances, toute forme de cloisonnement de ces
étapes est dangereuse. Un enseignement de qualité au plus bas
âge est d'une importance cruciale pour les étapes
ultérieures de scolarisation. C'est à chacune des étapes
de l'enseignement et de la formation que s'ouvrent ou se ferment les
possibilités d'études plus poussées.
Le processus de scolarisation doit s'adresser à tous, quelles que
soient l'origine sociale et la situation financière. Il faut fournir
à chaque étudiant toutes les possibilités d'accès
aux niveaux les plus poussés. Si les Américains se fixent un
objectif d'accès à un premier cycle universitaire pour 35 % de la
population adulte, nos objectifs ne sauraient désormais être plus
modestes. Le processus de scolarisation doit aussi s'adresser à la
totalité des élèves; il doit intégrer les
élèves handicapés, les élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Quiconque, quelles que
soient ses possibilités, doit disposer des moyens d'atteindre le plus
haut niveau dont il est capable. Pousser au maximum la scolarisation de tous,
fournir tous les moyens possibles d'intégration ou de rattrapage,
augmenter le taux de passage entre les ordres d'enseignement, déployer
toute l'ingéniosité possible pour diminuer les taux d'abandon
à tous les niveaux n'est pas seulement un acte d'humanisme et de
sollicitude, c'est aussi un acte d'intérêt collectif.
Ce processus de scolarisation doit être accessible dans toutes les
régions, dans tous les milieux, pour tous les âges. La
réforme de l'enseignement des années soixante a permis à
la plupart des régions du Québec d'accéder à tous
les niveaux d'enseignement. Il faut maintenant consolider ces acquis et assurer
en région périphérique un éventail suffisant de
programmes.
Une telle opération est intrinsèquement liée
à la promotion du développement technologique des régions
du Québec.
De plus en plus, il faudra aussi rendre accessibles tous les niveaux
d'enseignement à domicile par les moyens d'enseignement à
distance et rejoindre l'entreprise à l'aide de formules d'enseignement
originales et adaptées à ses besoins en vue de lui permettre
d'accroître ses connaissances et de les maintenir à jour.
L'augmentation considérable de la proportion des retraités
et des personnes âgées dans notre société, leur
droit à la dignité, à la qualité de vje et à
l'accès aux connaissances exigent qu'une place à part
entière leur soit consacrée dans notre système
d'enseignement. Les personnes âgées deviendront de plus en plus
une préoccupation importante de notre système scolaire; les
programmes de formation ayant pour objet les services de santé et les
loisirs des personnes âgées auront également une importance
accrue; la collaboration des professeurs, des chercheurs et des administrateurs
scolaires à la retraite, dans un rôle d'appoint à notre
système scolaire, devra être favorisée.
Les projets de loi 106 et 107, dans leur ensemble, constituent un cadre
qui à la fois respecte ces grandes orientations, modernise et
rationalise les structures et favorise les efforts considérables
d'amélioration de la qualité que le Québec devra
déployer.
L'Université du Québec, en plus de souscrire aux principes
généraux mis de l'avant par les projets de loi 106 et 107,
souhaite que, dans l'élaboration des règlements concernant
l'application des articles 21 (délivrance du brevet d'enseignement ou de
permis d'enseigner) et 413 (régime pédagogique) du projet de loi
107, les universités québécoises soient consultées
dans un cadre formel et dans un esprit de meilleure coordination des
différents paliers d'enseignement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup, M. le
président. La parole est maintenant au ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Merci. Je remercie la direction de l'Université
du Québec de l'intérêt qu'elle porte aux
projîts de loi 106 et 107. J'avais déploré, lors des
audiences de la commission parlementaire de l'éducation qui portait sur
le projet de loi 3, l'absence des universités québécoises
dans le débat. Cette fois-ci, autour des projets de loi 106 et 107, le
même phénomène s'est pratiquement
répété. La rencontre que nous avons aujourd'hui avec vous,
M. le président, et vos collaborateurs de l'Université du
Québec fait exception à ce phénomène et j'en suis
très heureux. En effet, l'université ne saurait être
étrangère aux développements qui se préparent du
côté de l'enseignement primaire et secondaire, de même que
les autres niveaux d'enseignement ne sauraient être indifférents
à ce qui se produit au niveau universitaire. J'apprécie
énormément cet intérêt manifesté une fois de
plus par l'Université du Québec pour les questions plus larges
qui embrassent le bien général de la société
québécoise. Je peux dire que je l'apprécie d'une
manière toute spéciale.
Dans votre mémoire, M. le président, vous ne vous
étonnerez point que j'aie entouré d'un cercle un paragraphe de la
page 6 dans lequel je lis que les projets de loi 106 et 107 constituent dans
leur ensemble un cadre qui respecte les grandes orientations définies
dans votre mémoire, qui "modernise et rationalise les structures et
favorise les efforts considérables d'amélioration de la
qualité que le Québec devra déployer."
J'apprécie ces commentaires qui résument bien les
intentions fondamentales des responsables du projet de loi. Nous savons que
bien des améliorations peuvent et doivent être apportées au
projet de loi, mais les intentions fondamentales m'apparaissent saines. Chaque
fois que je réfléchis, au lieu de discuter de philosophie
abstraite, sur les avantages qui découleront du projet de loi pour des
catégories particulières de citoyens, j'y vois beaucoup
d'avantages.
La semaine dernière, nous avons passé une journée
en compagnie des groupes qui s'occupent des élèves
handicapés, en difficulté ou en troubles d'apprentissage ou
d'adaptation. J'ai été renversé du résumé
que j'ai été amené à me faire à
moi-même des améliorations qu'instaure le projet de loi au sujet
de ces catégories d'élèves. Quand nous avons reçu
en commission parlementaire la direction de l'Institut canadien
d'éducation des adultes, j'ai eu l'occasion de signaler à la
délégation tous les points du projet de loi qui traitaient de
l'éducation des adultes et la directrice générale a dit
elle-même spontanément et très honnêtement que
beaucoup de ces points-là étaient passés inaperçus
lors de la lecture qu'ils avaient faite. Il y a beaucoup de choses dans le
projet de loi qui viennent enrichir considérablement les perspectives
d'avenir des personnes qui passeront par le système. Je suis
extrêmement heureux que vous les ayez signalées, en termes
à la fois modérés et sobres.
Dans votre texte, vous faites allusion à des grands objectifs
qu'on a définis aux États-Unis dans un rapport qui nous est
familier à d'autres niveaux de préoccupation. Il me fait plaisir
de vous dire que, sur au moins trois des objectifs qui sont là,
déjà de nombreuses actions sont engagées sous la direction
ou l'inspiration du gouvernement. Nous portons une attention spéciale
à la diminution du taux d'abandon des études aux niveaux
secondaire et collégial. Au niveau secondaire, fort heureusement, le
Québec accuse des progrès considérables. Le taux de
persévérance jusqu'à l'obtention du diplôme approche
maintenant les 75 %, alors qu'il était à peine de 60 %, il y a
quelques années. Nous avons fait des progrès
considérables. De ce point de vue, je pense que nous sommes dans une
bonne moyenne par rapport à l'ensemble du continent. Il y a encore des
progrès à accomplir. Il y a surtout des mesures de rattrapage
à instituer pour ceux qui n'auraient pas pu persévérer
jusqu'à l'obtention du diplôme pour toutes sortes de raisons.
Au niveau collégial, nous avons de gros problèmes. Le taux
de persévérance se situe autour de 53 % ou 54 % au niveau des
études professionnelles; au niveau des études
générales, c'est autour de 60 %, je pense. Il y a
énormément de pertes en cours de route. Nous avons incité
les collèges à travailler pour identifier les causes de ce
phénomène et trouver des remèdes. Je pense qu'on assistera
au cours des années à venir à l'instauration de nombreux
programmes d'encadrement amélioré, de suivi plus efficace des
étudiants à compter du moment où ils entrent dans le
système collégial.
Inutile de vous dire qu'à l'université il y a
également beaucoup de pertes, vous le savez comme moi. Concernant les
inscriptions de premier cycle, nous atteignons maintenant un degré de
développement qui voisine la moyenne canadienne. Mais quand il s'agit du
taux de persévérance et du taux de diplomation, nous avons encore
beaucoup de rattrapage à faire. Je suis content que cet objectif ait
retenu votre attention. Nous entendons faire davantage de ce point de vue.
La coopération entre les différents niveaux d'enseignement
est l'un des soucis importants du gouvernement. Ce souci explique que nous
ayons conservé l'unité de l'autorité politique sur
l'ensemble du système, parce que nous voulons que les
phénomènes de déboublement, de défaut de
communication ou de désarticulation qu'on observe souvent puissent
trouver des correctifs. Il y a de nombreux organismes qui sont au travail
actuellement: des groupes de travail, des comités
interministériels, des comités d'étude sur les programmes.
Il y a beaucoup de choses qui se font. Je pense qu'en particulier en ce qui
regarde les programmes d'enseignement des sciences et des mathématiques
au niveau collégial et au niveau secondaire aussi il y a beaucoup de
rapprochements à faire. Chacun va de son côté. Vous savez
comme moi qu'en matière de sciences en particulier les
définitions que les universités font des préalables
à l'admission universitaire conditionnent singulièrement non
seulement les études collégiales, mais même les
études secondaires, au point qu'il en résulte des distorsions
majeures dans le phénomène de l'orientation des jeunes. C'est
sûr qu'il y a des problèmes qui nous préoccupent en commun
et je suis heureux qu'ils aient été soulignés dans votre
mémoire.
Vous apportez une attention spéciale à la formation des
maîtres. Je vais terminer mes remarques sur cela. Je voudrais laisser
quelques minutes pour mon collègue de Rimouski, qui a l'avantage de
représenter une circonscription où l'on trouve une constituante
très vivante de l'Université du Québec,
l'Université du Québec à Rimouski. Je termine
brièvement mon intervention. À propos de la formation des
maîtres, comme vous le savez, nous avons reçu ces derniers mois le
rapport de l'étude faite par le Conseil des universités sur les
programmes de sciences de l'éducation dans les universités. Nous
avons également reçu l'avis formulé par le Conseil des
universités à la suite de la publication de ce rapport. (15 h
30)
Des groupes de travail sont présentement à l'oeuvre et au
ministère de l'Enseignement supérieur et au ministère de
l'Éducation. Je compte les amener à oeuvrer ensemble au cours des
prochaines semaines. Une fois que chacun aura bien rodé son travail de
son côté, nous
allons créer une équipe commune qui ensuite travaillera
avec les universités, évidemment, pour l'approfondissement de ces
questions. C'est un des problèmes qui nous préoccupent le plus.
Je pense que cela fait dix ans que les ministres de l'Éducation, l'un
après l'autre, reportent toujours l'examen de ce problème
à l'année suivante. J'espère que, pour nous, ce sera
l'année qui s'en vient et qu'on n'aura pas une autre année. On a
une raison de plus de le faire.
Peut-être seulement une question à propos de la formation
des maîtres. Je ne sais pas si vous pourriez nous donner
brièvement la réaction que vous avez au rapport du Conseil des
universités et aux attentes que vous en retirez en ce qui touche
l'action qui doit être instituée par le gouvernement.
M. Boulet: Le rapport du Conseil des universités est en
train de subir, si je peux m'exprimer ainsi, l'analyse des responsables de
l'enseignement de chacune de nos constituantes. Jusqu'à maintenant, ceux
d'entre nous qui en ont discuté trouvent extrêmement
intéressantes les voies que trace le Conseil des universités. Il
y a un certain nombre de détails avec lesquels on est moins d'accord,
comme d'habitude, et d'autres avec lesquels on est davantage d'accord. Mais -
comment vous dirais-je cela correctement? - si je peux m'exprimer un peu plus
personnellement, c'est-à-dire en tant que président de
l'université, mais président qui quitte l'université, qui
donc n'engage pas la position de l'université qui est en train de se
traduire par écrit et qui parviendra au Conseil des universités,
je pense qu'il faudrait donner à nos futurs maîtres une formation
qui sera moins celle d'une école de pédagogie avancée
qu'une formation culturelle et disciplinaire indispensable à un
enseignement de qualité doublé des connaissances
pédagogiques utiles à l'enseignant.
L'analyse que je fais là-dessus, M. le ministre, est la suivante
- et c'est pour cela que je vous ai dit que je voulais parler personnellement
plutôt que d'exprimer une opinion qu'on n'a pas encore fini
d'écrire - lors des années soixante-dix, la population des
universités, comme celle des cégeps d'ailleurs et des
écoles secondaires avant eux, augmentait à un rythme tel qu'il y
a eu dans les universités du monde industrialisé, au
Québec comme ailleurs et peut-être plus qu'ailleurs, la
nécessité de former constamment les maîtres dont on avait
besoin à l'intérieur de l'université. Alors, on a
développé dans la pluplart de nos universités de
très bonnes écoles de pédagogie qu'on a appelée
"sciences de l'éducation" et l'expression est en elle-même
très significative. C'est-à-dire qu'on a formé des gens
qui connaissaient toutes les règles de la psychologie moderne, toutes
les règles de la pédagogie moderne, qui pouvaient en disserter
par écrit et en discuter, mais on ne les avait pas nécessairement
formés à enseigner à des enfants de six ans, à des
jeunes filles de douze ans ou à des adolescents de quinze ou seize ans.
Et les universités sont à un moment où elles doivent se
rendre compte que, depuis cinq ou six ans, cette nécessité
d'autoformation de maîtres universitaires est terminée et que le
rôle des facultés de sciences de l'éducation, puisqu'on les
appelle encore comme ça, ce n'est pas de former des maîtres pour
l'université, mais de former des maîtres pour l'école.
Voilà ce que j'ai à dire, ce que je sens le besoin de dire
à ce moment-ci.
Le Président (M. Paré): Alors merci. M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, M. le Président. Comme le
disait si bien M. le ministre tout à l'heure, je représente une
circonscription électorale qui a l'avantage d'avoir dans ses limites une
université en région. Je dois vous dire combien nous sommes fiers
d'avoir cette université, l'Université du Québec à
Rimouski, et quel rôle utile elle joue pour la population. Revenant un
peu plus précisément au contenu de votre mémoire et
surtout en fonction de la formation des maîtres, une faculté qui
est très achalandée dans les universités en région,
je voudrais savoir si votre collaboration avec le milieu scolaire, tant
élémentaire que secondaire, vous satisfait présentement ou
si l'université pourrait faire plus pour accentuer cette collaboration,
d'une part, quant à la formation des maîtres qui sont
déjà en fonction et aussi quant à la qualité de la
formation reçue à l'université.
M. Boulet: Si je commence par la dernière partie de votre
question, la qualité de la formation reçue à
l'université, j'ai déjà un peu répondu dans mon
intervention précédente en vous disant ce que je voyais comme
formation qu'on devrait donner à nos maîtres. J'ajouterais,
cependant, plus spécifiquement pour les régions, la
nécessité qu'on puisse avoir un éventail de programmations
suffisamment large pour donner la formation à laquelle je faisais
allusion tout à l'heure.
À mon avis, dans les facultés de sciences de
l'éducation, il faudra insister moins pour former de grands
spécialistes en pédagogie et insister plus pour former des
maîtres qui, tout en ayant une formation pédagogique, connaissent
bien ou la physique ou la littérature française ou l'histoire ou
la géographie qu'ils auront à enseigner. Et, pour ce faire, il
est nécessaire, dans chacune des régions, que l'éventail
des programmes offerts au premier cycle soit suffisant pour qu'on puisse, sur
place, donner à ces futurs maîtres la formation en
mathématiques, en physique, en chimie, en géographie, en
littérature, en français, en morale, en science morale, etc.
Quand je parle d'éventail, je ne parle pas nécessairement
de la multiplication des baccalauréats; je parle aussi bien de
baccalauréats
qui seraient plus largement ouverts, plus mul-tidisciplinaires, plus
pluridisciplinaires que d'une multitude de baccalauréats. Je parle d'un
éventail de disciplines qui doivent être à la disposition
des futurs enseignants et cela me semble fondamental. C'était la
deuxième partie de votre question.
Quant à la première partie de votre question concernant
les liens entre le milieu scolaire et le milieu enseignant dans nos
constituantes, aussi bien à Montréal que dans les régions,
ils sont, tout d'abord, assurés par la structure de l'Université
du Québec, structure qui, je dois vous l'avouer, fonctionne à
certains endroits très bien et à certains autres endroits moins
bien, selon les personnes et le temps. Je fais allusion aux modules. Vous savez
qu'à l'Université du Québec chaque programme
d'enseignement est sous la direction d'un groupe formé de professeurs,
d'étudiants et de représentants du milieu. Ce groupe constitue ce
qu'on appelle un conseil de modules. Un conseil de modules est responsable d'un
programme. À partir de là, il fait des commandes aux
différents départements qui donnent les cours. Dans chaque
conseil de modules, il y a donc des représentants du milieu auxquels
s'adressent les diplômés qui auront ce programme.
Dans les modules de sciences de l'éducation, normalement il y a
des représentants du milieu scolaire. J'ai bien dit "normalement", mais
cela dépend à la fois des professeurs et des étudiants qui
sont dans le module, de la direction de l'université. Parfois, cela va
très bien dans certains secteurs, cela va moins bien dans d'autres
secteurs, etc. Mais il y a une structure qui favorise cette relation.
Il y a une deuxième structure, si on peut l'appeler "structure".
Je sais que, dans la plupart de nos constituantes, les futurs enseignants
doivent faire un certain nombre de stages dans les écoles. Cependant, je
pense qu'il y aurait avantage - et là je crois qu'il y a une
amélioration qu'on doit envisager chez nous - à organiser des
systèmes - je ne veux pas là de structures formelles, etc. -
à trouver des moyens pour que se rencontrent assez
régulièrement aussi bien des groupes de professeurs de
l'enseignement secondaire et primaire avec les professeurs de
l'université que des dirigeants de commissions scolaires, directeurs
d'école, etc. Et cela, on n'a pas réussi à le faire
encore, je pense, suffisamment.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le
député de Rimouski.
C'est maintenant le tour de la porte-parole de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M.
Boulet, messieurs, il me fait plaisir de vous accueillir au nom de
l'Opposition. Cela fait déjà quelques fois qu'on a l'occasion de
se voir ici en commission parlementaire.
Je dois dire que, pour une bonne partie de votre mémoire - non
pas sur la totalité, vous allez comprendre que je ne partage pas tout
à fait la lecture qu'en a faite le ministre tout à l'heure - je
partage la lecture que vous faites des besoins du Québec en
matière de scolarisation et l'urgence qu'il y a d'intervenir, qu'il
s'agisse des abandons, du taux de diplomation ou de la formation aux cycles
supérieurs. Je pense que vous l'avez très bien exprimé:
tout ça n'est possible que dans la mesure où on a ce que vous
avez appelé un enseignement de qualité au plus bas âge, ce
qui est d'une importance cruciale pour les étapes ultérieures de
la scolarisation. On ne se le dit pas suffisamment: Si on a autant
d'échecs, d'abandons et si peu de diplomation à tous les niveaux,
y compris au niveau secondaire, cela trouve son origine et sa source
essentiellement dans les premières années de la
scolarité.
Je partage avec vous cet avis. Cependant, je me serais attendue - je
comprends que vous ayez choisi de ne pas entrer dans le projet de loi; vous
n'étiez pas obligé, si vous me passez le terme, de vous
compromettre là-dedans - à plus de l'Université du
Québec et je vais vous dire sur quoi. J'aurais attendu plus parce que
c'est l'Université du Québec qui, aujourd'hui, forme nos
administrateurs publics, à qui on parle et on enseigne toutes les
notions d'imputabilité, de responsabilisation et de
décentralisation de la gestion. J'aurais donc attendu qu'un minimum de
jugement soit porté sur le partage des responsabilités entre les
divers intervenants. C'est un peu ce que j'aurais attendu de l'UQ, d'autant
qu'avec l'Université de Montréal et les HEC, vous êtes
l'université qui dispense et qui forme le plus grand nombre
d'administrateurs publics au Québec. C'est à vous, d'ailleurs,
qu'on doit - je le disais, à un moment donné, aux HEC, mais c'est
plus à l'UQ - ces notions de responsabilisation, de
décentralisation et de gestion participative. Je dois dire qu'à
cet égard - et je le dis simplement, en toute franchise - j'aurais
souhaité que votre mémoire aille plus loin.
Mais vous faites certaines affirmations et j'aurais le goût que
vous me disiez un peu de quelle façon et par quel article le projet de
loi permet ce que vous avancez. Je reprends votre mémoire, en page 2,
mais on retrouve également la même affirmation en conclusion. Vous
dites que votre "intervention porte sur les principes généraux et
les grands objectifs de ces projets de loi qui constituent des outils
privilégiés pour parfaire et consolider la réforme de
l'enseignement au Québec. Les grands objectifs de cette réforme
demeurent; ils n'ont qu'à être adaptés à la
société québécoise des années
quatre-vingt-dix: démocratisation des institutions, participation des
parents - s'il y avait eu un deux-points, j'aurais partagé votre avis,
mais il y a une vir-
gule - respect du pluralisme de notre société - je pense
qu'il faut reconnaître qu'il y a quand même un effort qui est juste
dans le projet de loi - maintien d'objectifs d'accessibilité et de
scolarisation poussée". Comment peut-on prétendre que le projet
de loi nous permet d'atteindre ces objectifs, alors qu'il n'y a rien sur la
gratuité, la définition des services éducatifs, des
services complémentaires, qu'il n'y a rien sur le matériel
scolaire, qu'il n'y a pas de définition de l'âge d'admission avant
six ans? C'est laissé au pouvoir discrétionnaire du ministre.
Je dois vous dire que, quand j'ai lu ça, cela m'a
étonnée. J'ai relu votre mémoire deux fois pour m'assurer
que j'en avais fait une lecture correcte et j'ai été
étonnée de cette affirmation selon laquelle ce projet de loi
favorisait l'accessibilité, la scolarisation plus poussée et la
démocratisation des institutions. (15 h 45)
M. Boulet: Je réponds, madame, tout d'abord à votre
première réflexion. Nous aurions, nous aussi, aimé aller
plus loin. Cependant, une analyse plus poussée des projets de loi nous
aurait amenés à impliquer plusieurs des départements, par
exemple, de sciences de l'éducation de nos universités,
l'École nationale d'administration publique, etc. Nous n'avions pas le
temps de procéder à cette analyse profonde et poussée qui
aurait permis à toute l'université de se prononcer sur l'ensemble
du projet de loi. C'est donc la direction de l'Université du
Québec, comme je le disais tout à l'heure, qui est venue faire
part de ses réactions personnelles.
Les vues de la direction de l'Université du Québec quant
à ce projet de loi sont à peu près les suivantes. Comme je
le dis dans le mémoire, durant les années soixante, on s'est
donné un certain nombre de structures. La société
québécoise a évolué. Cela a été
dû en partie aux nouvelles structures scolaires, en partie à une
série d'autres événements socio-économiques. Mais
la société québécoise a grandement
évolué. Depuis à peu près dix ans, on veut donner
à la structure d'organisation de l'élémentaire et du
secondaire un cadre qui lui permette de jouer son rôle à fond.
Nous pensons que les démarches qui ont été faites avaient
chacune leurs qualités, chacune leurs difficultés, mais
étaient, cependant, des démarches qui suivaient
l'évolution de la société québécoise et
amenaient la législation à se clarifier par rapport à
cette évolution de la société québécoise. Ce
sont là les deux premiers objectifs et nous pensons que les deux
premiers objectifs correspondent à ce que je viens de dire.
Quant au "maintien d'objectifs d'accessibilité et de
scolarisation poussée", c'est que nous ne voyons pas, en tout cas dans
le projet de loi 107, de choses qui, à nos yeux, vont à rencontre
de ce qui s'est fait jusqu'ici. Jusqu'ici, l'accessibilité aux niveaux
élémentaire, secondaire et même collégial a
été ouverte. On a permis même aux universités
d'ouvir largement leurs portes. Partant, on a jusqu'à un certain point
favorisé la scolarisation du Québec. Rien dans la loi 107 ne
contredit ces démarches. C'est pour cela que nous parlons de "maintien
d'objectifs".
Maintenant, si vous me le permettez, je déborde un peu votre
question. Nous pensons qu'il ne suffira pas de maintenir, mais qu'il va falloir
que l'État intervienne de façon systématique et de
façon extrêmement rationnelle pour augmenter la scolarisation et
la pousser davantage, et à tous les niveaux.
Je me permets de faire ici allusion à une conversation
personnelle que j'ai eue avec un grand démographe américain de
l'Université de Californie, il y a sept ans. C'est un spécialiste
de la démographie universitaire. Nous l'avions rencontré en
groupe à Montréal. J'avais eu l'occasion de dîner
personnellement avec lui et j'avais discuté de ses dernières
recherches. Ses recherches portaient sur une chose à laquelle nous
faisons allusion ici, mais allaient beaucoup plus loin: le vieillissement de la
population. Tout le monde le sait et le dire ici, ce n'est pas faire une
révolution. Mais le vieillissement de la population analysé comme
il le faisait nous menait à ceci: la proportion de la population
âgée dépendant de plus en plus de l'argent de l'Etat
augmente considérablement. Dans un même temps, la proportion de la
population qui a l'âge de la main-d'oeuvre productrice diminue en nombre.
La première augmente en nombre, la deuxième diminue en nombre et,
partant, les proportions sont en train de jouer d'une façon
extraordinaire. Or, l'État aura besoin tout à l'heure de plus en
plus d'argent pour prendre soin des personnes âgées.
Vous avez entre vous, MM. les députés et ministres,
discuté des problèmes qui attendent les grands programmes de
pension, etc., en l'an 2000 ou 2010, parce que l'État risque de manquer
d'argent. La seule façon, me disait ce démographe, de
répondre à ce problème, la seule et unique façon
est de moderniser considérablement - il insistait sur l'adjectif
"considérablement" - l'industrie de chacun des pays
industrialisés et, pour ce faire, de produire de plus en plus
d'ingénieurs et de techniciens de haut vol pour moderniser l'entreprise
à outrance. Il disait que la seule façon pour les entreprises du
monde industrialisé de demain de produire économiquement ce qu'il
va falloir à cette petite partie de la population qui est la
main-d'oeuvre active pour prendre soin de cette large partie de la population
que constituent les personnes âgées, c'est une production
considérablement accrue. Il ajoutait: Le mythe du chômage dans les
années 2000 est un mythe pur et simple. On aura besoin de plus de
main-d'uvre que nous en avons, on aura besoin d'entreprises plus
productrices et on aura besoin de main-d'oeuvre pour prendre soin des gens
âgés de sorte que, quand on lit que l'Association des
universités et collèges d'État américains se donne
les objectifs
que soulignait M. le ministre et que nous avons marqué dans notre
rapport, cela n'est pas à l'aveuglette, mais à la suite
d'études faites par des gens de cette taille et qui amènent
nécessairement les sociétés industrialisées qui
voudront atteindre un certain niveau de qualité de vie à
augmenter considérablement la scolarisation.
Nous soulignons - madame, je retourne à votre question - que,
selon nous, la loi maintient les objectifs d'accessibilité et de
scolarisation poussée qui avaient pris naissance dans les années
soixante, mais - et je vous le disais au début - nous allons un peu dans
la marge de votre projet de loi pour dire qu'il faudrait, à notre avis,
que, lorsque ce cadre sera établi, se donner d'autres outils pour aller
beaucoup plus loin.
Mme Blackburn: M. le président, vous dites deux choses et
j'y reviens. Vous rappelez ce que vous avez dit dans votre mémoire,
à savoir que les grands objectifs n'ont qu'à être
adaptés à la société québécoise des
années quatre-vingt-dix. Parlant de démocratisation, tous les
organismes qui se sont prononcés sur cette question du partage des
pouvoirs et des responsabilités entre l'État et les commissions
scolaires ont dénoncé la centralisation de ce pouvoir et vous
nous dites que l'évolution de la société
québécoise appelait, c'est la conclusion à laquelle je
suis obligée d'en venir, un projet de loi comme le projet de loi 107.
Est-ce à dire que l'évolution actuelle de la
société québécoise invite à une plus grande
centralisation? C'est ma première question.
La seconde, et, là, je vous rejoins en même temps que je me
dis que j'aurais aimé que cela se traduise dans le projet de loi parce
que ce que vous y voyez, moi, je ne le vois pas: Quand vous dites qu'il faut
accélérer les objectifs d'accessibilité, il me semble
qu'il aurait fallu faire un certain nombre d'obligations inscrites dans la loi
qui auraient assuré une plus grande accessibilité. Je pense
à la gratuité de l'éducation des adultes, c'était
dans la loi 3, au moins pour qu'ils terminent leur secondaire. C'est
élémentaire.
Concernant l'éducation préscolaire pour les enfants qui
souffrent de handicaps, pour les enfants de milieux défavorisés,
ce qu'on a actuellement, c'est un système de dérogation qui ne
vient pas favoriser les plus démunis, mais une classe qui l'est
déjà. Le problème qui se pose, votre lecture... Vous
rappelez une conversation que vous avez eue avec ce professeur californien,
vous dites qu'il y a une population de main-d'oeuvre qui diminue en pourcentage
et une population âgée qui augmente plus rapidement, un
déséquilibre, donc, entre les deux, mais au Québec, cela
vient se doubler d'une main-d'oeuvre potentiellement moins nombreuse dont une
partie importante demeure incapable d'occuper des fonctions sur le
marché du travail, faute de formation. Alors, non seulement on a une
population vieillissante, mais on a une population jeune qui est moins
nombreuse pour répondre aux besoins de cette population vieillisssante
et qui est encore moins nombreuse, il y a une partie de sa population qu'elle
est obligée de supporter aussi. Cela est le problème au
Québec. La seule façon ce sont toujours des recherches
américaines, ils sont toujours un petit peu plus avancés que nous
- de trouver une solution à ce problème, c'est vraiment la
scolarisation précoce dans les milieux défavorisés,
l'intervention très précoce auprès des familles en
difficulté et l'enseignement préscolaire aux enfants qui
souffrent de handicaps intellectuels ou physiques ou sensoriels. C'est
démontré que c'est par une de ces façons qu'on peut
éviter le décrochage un peu plus tard. Il n'y a rien dans le
projet de loi. C'est cela que je... C'était ma lecture de la situation
et c'est ce que je trouve inquiétant. Il y a de plus en plus
d'obligations et de contrôles de faits aux commissions scolaires. Quand
vous êtes en train de remplir des formulaires, vous le savez, je pense
bien, comme administrateur d'une université publique, vous n'êtes
pas en train de travailler aux objectifs de qualité,
d'accessibilité.
Je me rappelle, quand j'étais au Conseil des collèges du
Québec, on avait, en termes de règlements, de directives de
toutes sortes, deux cahiers à anneaux de quatre pouces, dans les
collèges, seulement pour gérer le quotidien. Cela ne tenait pas
compte des conventions collectives, seulement pour gérer le quotidien.
Pendant que les gars et les filles sont en train de remplir tous les
formulaires, ils ne sont pas en train de travailler aux objectifs.
Le projet de loi actuel, c'est ce qu'on a en main, un projet de loi qui
va obliger de plus grands contrôles, à tous égards, une
plus grande centralisation des décisions et pas d'obligation, de moins
en moins d'obligations faites au ministre en matière de services
complémentaires, de définition des services éducatifs,
d'accessibilité, de matériel scolaire. On en entend parler
beaucoup du matériel scolaire. On dit: Pour un enfant, cela peut
coûter jusqu'à 150 $ de matériel scolaire par année.
On sait que... Je lisais un rapport, ce matin, où on prétend que
40 % de la population québécoise est dans une sous-culture de
pauvreté. Ces gens ont de la difficulté, ils entrent
déjà handicapés à l'école. Alors, c'est tout
cela que je ne retrouve pas dans le projet de loi et cela me
préoccupe.
M. Boulet: L'étude que nous avons présentée,
comme je l'ai souligné tout à l'heure, ne prétend pas que
le projet de loi pousse plus loin. Nous affirmons que le projet de loi
maintient les objectifs d'accessibilité et de scolarisation
poussée, qui étaient les objectifs de la société
québécoise depuis 20 ans. Notre mémoire dit qu'il faut
aller plus loin.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Boulet: Ce que nous pensons, madame, grossièrement -
vous permettrez que je n'entre pas dans chacun des détails que vous avez
dits, je ne saurais, par exemple, me prononcer sur la nécessité
de l'entrée précoce dans le système scolaire, je ne
connais pas suffisamment cette question - ce que nous pensons, c'est que la
société québécoise, depuis à peu près
huit ou dix ans, par les projets de loi 40, 3, 107 - cela fait dix ans - essaie
de régler, entre autres, un problème, celui de la
pluralité désormais acquise de notre communauté
québécoise. À l'occasion de chacun de ces projets de loi,
que chacun des ministres a présenté, on a songé à
des types de restructuration, appelons cela du monde scolaire: commission,
école, directeur, rôle de chacun, ministre, etc. Nous n'avons pas
voulu entrer là-dedans parce que c'est vraiment en dehors de nos
préoccupations et de nos études quotidiennes. J'ai eu l'occasion
de lire plusieurs des résumés des mémoires qui vous ont
été présentés et je sais que beaucoup de ces
mémoires discutent de ces choses; les uns disent qu'on enlève aux
commissions scolaires et qu'on donne trop aux directeurs d'école;
d'autres, qu'on enlève aux commissions scolaires et qu'on donne trop au
ministre. Il y a un certain nombre de reamarques de ce genre qui sont faites,
mais nous ne sommes pas de ce milieu quotidien des commissions scolaires. (16
heures)
En tant que responsables et administrateurs d'université, nous
nous serions sentis un peu inélégants que d'entrer dans le
détail de ces questions. Nous aurions risqué d'être un peu
comme des éléphants dans un magasin de porcelaine.
Les questions que vous posez, je vous avoue que, personnellement, je les
trouve toutes intéressantes. Je vois bien que vous possédez
profondément ce dossier. Mais nous avons préféré
dire: Écoutez, il y a eu le projet de loi... Il y a dix ans qu'on
travaille à un cadre. Avec le projet de loi 40, le projet de loi 3, le
projet de loi 107 maintenant, il y a dix ans qu'on y travaille. Il y a
là un cadre qui nous semble correct. Nous pensons, nous, de
l'Université du Québec, qu'il est urgent qu'on termine ces
discussions, qu'on règle, selon ce que les membres de l'Assemblée
nationale jugeront le plus opportun, l'ensemble des problèmes à
la fois de la confessionnalité, du pluralisme de notre
société, des responsabilités des différents niveaux
d'enseignement, élémentaire, secondaire, des commissions
scolaires et du ministre. Il est nécessaire qu'on les règle
rapidement pour passer à autre chose. Le message, c'est cela. Je me
sentirais vraiment incorrect de me mettre à pénétrer dans
le détail de la loi 107 que encore une fois, je ne vis pas
quotidiennement comme les gens des commissions scolaires, les directeurs
d'école, etc., qui sont venus devant vous et qui vous ont fait
là-dessus des remarques beaucoup plus intelligentes que je ne pourrais
le faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Mme la députée, une dernière intervention.
Mme Blackburn: Une dernière intervention.
Brièvement, et c'est davantage dans un secteur qui vous concerne, vous
avez certainement pris connaissance de l'article qui touche les devoirs des
enseignants. Cela tombe plus dans le... J'imagine que c'est quelque chose dont
on doit se préoccuper un peu chez vous.
M. Boulet: J'ai lu toute la loi, madame, mais il y a des choses
sur lesquelles j'aime mieux ne pas me prononcer.
Mme Blackburn: D'accord. Mais, sur les enseignants, que
pensez-vous de cette disposition? Est-ce qu'on devrait trouver en contrepartie
un certain nombre de pouvoirs?
M. Boulet: En contrepartie?
Mme Blackburn: Un certain nombre de pouvoirs laissés aux
enseignants. On a des devoirs.
M. Boulet: Les devoirs inscrits aux enseignants, si ma
mémoire est bonne, sont des devoirs d'animateurs, d'orienteurs de Jeunes
qui leur permettent de prendre les moyens appropriés pour
développer chez ces élèves le respect des droits des
personnes, le goût d'apprendre, de contribuer à la formation
intellectuelle.
Un bon professeur - et c'est là qu'est la difficulté -
quels que soient les cadres ou les règles, on doit lui laisser enseigner
sa matière, lui fournir les instruments dont il a besoin. Un cadre comme
celui-ci - j'ai été professeur de secondaire - ne
m'empêcherait pas de donner mon cours de littérature ou d'histoire
du Canada, à moins qu'il n'y ait à la porte un inspecteur
quelconque qui vienne vérifier si je suis en train, en donnant le cours
que je donne, de développer vraiment chez chaque élève le
goût d'apprendre. Cela n'empêche pas le professeur de bien jouer
son rôle. Qu'il applique les décisions et les règlements du
gouvernement, du ministère, de la commission scolaire, du comité
d'orientation et du directeur d'école, cela semble lourd. Mais on a
toujours été un peu... J'étais professeur et il fallait
que j'applique les directives du préfet des études et de
l'Université Laval qui avait autorité sur le collège, les
règles et le programme. Mais, comme je vous dis, à partir du
moment où on est un bon professeur et qu'on a des résultats, il y
a peu de monde qui vient voir comment vous les appliquez. C'est cela, au fond.
C'est vers la qualité des enseignants qu'il faut aller.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Boulet.
Ceci met fin à la période d'échange avec l'Opposition
officielle.
Mme Blackburn: Si vous permettez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, en
conclusion, pour votre formation politique.
Mme Blackburn: Je voudrais juste remercier le président de
l'UQ et les personnes qui l'accompagnent de leur participation aux travaux de
cette commission, vous dire, tout comme le ministre l'a fait tout à
l'heure, que je suis heureuse de voir que l'Université du Québec
- même si je suis un peu sévère dans mon jugement - ait
accepté de venir participer aux travaux de cette commission et
déplorer avec le ministre que les universités, de façon
générale, ne se sentent pas plus impliquées dans les
grands débats de la société et cela, je trouve cela
infiniment déplorable. C'est comme si, tout à coup, tout ce qui
se passait à l'extérieur de leurs murs ne les concernait pas et
plus particulièrement un dossier comme celui de la réforme de la
Loi sur l'instruction publique, cela aurait dû attirer l'attention et
cela aurait dû nous assurer de la participation des différentes
universités au Québec, les privées, parce que vous
êtes la seule publique. Alors, je vous remercie infiniment de votre
présence. Cela m'a fait plaisir de vous rencontrer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, pour les
remarques finales, M. le ministre de l'Éducation.
M. Boulet: M. le Président, est-ce que je pourrais, en
lien avec ce qu'elle vient de dire et ce qu'a dit M. le ministre tout à
l'heure, faire une petite remarque?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. M. Boulet:
Si vous me le permettez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis beaucoup
plus permissif pour nos invités que pour les membres de cette
commission, vous l'avez remarqué.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulet: C'est que les deux ont souligné cet
intérêt que l'université doit apporter et le lien,
l'enchaînement, le maillage, diraient les modernes - le terme est joli,
d'ailleurs - qu'il doit y avoir entre chaque niveau d'enseignement. Je pense
qu'il y a là - et ce que je vais vous dire, je l'ai dit à mes
collègues, recteurs des universités dans un dernier petit
"speech" de dernière réunion de Conférence des recteurs -
il y a au niveau collégial et il y a au niveau secondaire des choses
incompréhensibles et qui sont dues à l'université. Au
moment où les collèges sont nés, il y a eu toutes sortes
de comités rapidement mis sur pied où on a demandé aux
professeurs d'universités de dire ce qu'il faudrait comme enseignement
collégial pour entrer à l'université dans telle, telle ou
telle discipline. Et, à un moment donné, cela s'est
répercuté au cours secondaire et on en est rendus à exiger
d'un jeune homme ou d'une jeune fille de quinze ans en quatrième
année, de prendre, je ne sais trop quelles mathématiques 104 s'il
veut un jour penser aller en médecine ou en sciences forestières.
Je trouve qu'il y a là la nécessité d'un lien beaucoup
plus intelligent que celui qui existe actuellement à établir
entre le niveau universitaire et le niveau collégial, le niveau
collégial et le niveau secondaire. Et qu'on permette aux professeurs,
à ceux qui font les programmes du niveau secondaire, etc., de former des
jeunes qui auront une bonne formation secondaire et au collégial de bien
s'arrimer avec l'université, mais sans subir - je m'excuse, et je suis
de l'université - des diktats de l'université qui parfois,
à mon avis, désorientent l'enseignement qu'on devrait y
donner.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, cela me fait un peu de peine de
mettre fin à cet entretien qui a été trop bref et qui
allait déboucher sur des perspectives extrêmement importantes
concernant la liaison entre les divers degrés de notre système
d'enseignement. Je pense que ce sont des problèmes sur lesquels nous
devons continuer à travailler. À ce moment, je voudrais remercier
particulièrement M. Boulet de cette rencontre qui sera la
dernière que nous aurons le plaisir d'avoir avec lui en sa
qualité de président de l'Université du Québec.
Cela fait maintenant de nombreuses années que je siège à
cette commission parlementaire de l'éducation. Nous avons eu l'occasion
de discuter souvent avec M. Boulet et ses collègues, autant quand nous
étions dans l'Opposition que depuis que nous formons le gouvernement.
Dans une situation comme dans l'autre les échanges sont toujours
empreints de collaboration et de respect mutuel.
Je voudrais remercier particulièrement M. Boulet de sa
précieuse collaboration aux travaux du gouvernement et de la commission
parlementaire au cours des dernières années et plus encore de sa
contribution précieuse au développement de l'enseignement
universitaire chez nous dans le rôle de premier plan qu'il a joué
à l'Université du Québec, en qualité de
président de la Conférence des recteurs, également de
membre actif depuis de nombreuses années et l'assurer qu'à l'aide
des précisions que nous avons apportées ces derniers mois
à la vocation et aux perspectives de développement de
l'Université du Québec nous continuerons du côté du
gouvernement à travailler très étroitement avec
cette institution pour qu'elle puisse remplir pleinement le rôle
très important qui lui a été dévolu par le
législateur. Merci beaucoup, M. Boulet, et j'espère que les
circonstances nous offriront de nombreuses occasions de continuer de collaborer
avec vous.
M. Boulet: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Boulet, nous
vous remercions et nous suspendons les travaux pour quelques minutes.
M. Boulet: Merci. (Suspension de la séance à 16 h
10)
(Reprise 16 h 11)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'éducation poursuit
ses travaux et accueille maintenant le Comité central de parents de la
Commission des écoles protestantes du Grand Montréal. Alors, je
veux vous souhaiter la bienvenue et aussi souligner la présence de M.
Sheldon Brandes, président. Alors, M. Brandes, la commission a environ
45 minutes à consacrer à votre organisme, à vous entendre.
Alors, je vous inviterais, d'ores et déjà, à nous
présenter les gens qui vous accompagnent et à enchaîner
immédiatement avec la présentation de votre mémoire. Je
vois que les noms qui sont ici sont à consonance anglaise. Alors, I
would like to tell you to feel free to express yourself in English or in
French.
Une voix: Thank you.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons.
Comité central de parents de la CEPGM
M. Brandes (Sheldon): Mr. Chairman, I would like to introduce the
people with me here today. To my left, Maxime Doherty, communications
consultant with PSBGM; Meg Sheppard, past president of the Parents Committee of
the Protestant School Board of Greater Montreal who will speak to the brief and
Mrs. Gaby Ostro, communications consultant with the PSBGM. Meg.
Mme Sheppard (Meg): Thank you, Sheldon. We welcome an opportunity
to bring you the concerns of the parents at the PSBGM. Before getting into
specific concerns that we have with the proposed bill, I feel I must make the
general statement that there is considerable dissatisfaction on the part of our
parents with the bill as a whole. And at the root of this dissatisfaction is a
fear that the proposed changes will result undoubtedly in an upheaval of the
system for our children or for ourselves. We feel the need, after so many years
of changes and proposed changes, for some stability in the system.
One of the most fundamental changes involves the establishment of
linguistic boards, always a controversial subject. However, as we studied the
proposed law, we really found that the establishment of the boards was too
complex an item for us to get into frankly. We did not have the expertise, we
do have the time to make an in-depth study of the ramifications of this. So, we
are not making any specific recommendations as to the wisdom or not of
establishing linguistic boards. But I will say that there is a lot of concerns
expressed about the proposed linguistic structures, the lack of constitutional
guarantees and the division of powers.
Our primary concern here today is parent participation. How we can most
effectively participate. We begin with the orientation committee. We understand
very well the desires of some parents to have an orientation committee. They
feel left out and often stone-walled in their attempts to participate. However
as constituted, we have great doubts that the orientation committee will change
this. Cooperative attitude among educational partners can only be encouraged
not legislated, in our opinion.
We have certain specific concerns about the orientation committee, the
first is the composition of the committee. The fact that the majority of the
membership of the committee must be of parents. We wonder where they are going
to be sufficient number of parents found who can serve on this committee.
Already, we have a very limited resource in our parent volunteers. Those of us
from Montréal who go to meetings in the province of Québec see
the same faces over and over again. Many parents do give a lot of time to
this.
But when you are talking about the orientation committee and the types
of responsabilities assigned to it, you are really talking about a different
level of involvement not only in time, which would be considerable, but really
there is a requirement that all of those parents become very educated in the
business of education in order to make knowledgeable decisions.
But, as parents, we want to be partners in the decision making process.
We really feel that decisions concerning the educational process should be made
primarely by those best qualified to do so, professional educators. Parents
feel they lack the expertise to make knowledgeable decisions on the broad range
of issues to be considered by the proposed committee.
If an insufficient number of parents are willing to serve on this
committee, as the law stands now, the committee cannot exist. This leads to two
scenarios. One is that the principal, who already has a great many
responsibilities, must assume the undue burden of all the responsibilities of
the committee.
The other, and perhaps more serious in my
point of view, is that in those instances where pincipals would really
prefer not to have any interferences by parents or any consultation with
parents before decision are made are really going to be in a very good position
to do so because the school committees, while they may exist, there is no
requirement that they be consulted about anything. So, the parents in this
situation could really find themselves with absolutely no recourse as far as
being participant in their schools.
Another concern is that a vocal and active minority of parents could
dominate the committee to the detriment of the school. There could be yearly
tug of war over the orientation of the school, the confessionality of the
school, curriculum, almost any issue that you might care to think of. We are
really concerned that the orientation committee could become a destructive
influence rather that a constructive influence within the school under these
circumstances.
We would like to see school committees remain as the primary vehicle for
consultation with parents with an optional orientation committee permitted in
those schools where they feel the necessity to have one or the desire to have
one.
Moving away from parent participation, another issue which concerns us
more each year is the increasing tendancy to charge parents for educational
services and matériels. This is especially true when we come to the
subject of workbooks that are required for the implementation of the new
"régime pédagogique". Many students require three and four
workbooks and if you are like myself and you have multiples of children, you
are talking real money pretty soon.
We really feel that these changes undermine the concept of equity and
free access to educational resources for all children in Québec
regardless of socioeconomic status. We feel that specific funding should be
given to boards for these purposes and that the law should clearly require the
boards to provide these matériels and services free of charge to their
students.
There are many other points in our brief but I would not go over each
one of them with you. I would like to bring some thoughts to what we would like
to see in any proposed Education Act. In effect, as I mentioned before, we
would like to see the school committee remain as presently constituted and with
its present powers to continue as the primary vehicle for parent concertation.
On the Island of Montréal, we would also like to maintain the parents
committees and the central parents committee.
Presently, our board has extended as a privilege the right to sit on all
board committees insuring full access to information as well as a forum for
exchange of ideas between the board and its parents. Perhaps this should be
enshrined as a right in the law. This will go a long way towards addressing the
problems of parents elsewhere who feel frustrated by the lack of meanings for
participation.
We would, of course, like to continue to see the representation of
parents on the board of commissioners, but with the addition that, where
numbers warrant, a minority representation should be made available. Right now,
we do have one commissioner representing our linguistic minority; we would like
to see two. We feel that, in order to represent both the elementary and the
secondary systems within our board is really too much of a burden for any one
person. So, we would like to see that extended again as a right within the
law.
We have found that the present system works effectively for us,
permitting us to participate in all deliberations of issues concerning
education in our schools. No system is perfection. We acknowledge the need for
a continuing refinement of the current system. However, we feel that no such
radical changes as proposed are either necessary or desirable. Thank you for
your attention.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Thank you, Mme Doherty.
Je passe maintenant la parole à Mme Dougherty, la
députée de Jacques-Cartier.
Une voix: C'est Mme Sheppard qui a parlé.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Excusez-moi, madame.
Mme Dougherty: Thank you, Mr. Chairman. It is a pleasure for me
to welcome the representatives of the parents of the PSBGM. I think that your
brief which I read with great interest, plus the comments that you have made
today and some of the major points that you have made have been shared by a
great many of the groups that we have heard, particularly in the English
community. You are feeling that the present mechanisms for parent participation
are by and large satisfactory and you do not see any real reason to change
them.
There certainly has been in what we have heard a clear sort of majority
consensus for the maintenance of the school committee. I think that the
Minister certainly has been thinking along those lines in terms of the many
many amendments that will be brought to this Bill. Because time is very short,
I want to ask you some very specific questions because, while your general
philosophy has been shared by many, I think that you brought some additional
points that bear discussion.
In your arguments against the appropriateness of a "conseil
d'orientation", you mentioned very clearly that many of the powers that are
given in the "projet de loi" to the "conseil d'orientation" are inappropriate
and should be the powers of the principal and the school board or whatever.
Just for the benefit of
everybody here, many people have said that, but nobody has come to grips
with what Mr. Ryan likes to call the brass tacks. Have you got a copy of the
law there? Could you give me a couple of examples? You have told me that the
choice of the confessional status should not be given to the "Conseil
d'orientation", if, in fact, it should exist. I want to know what other powers
fall into the category of your criticism that should be clearly the power of
the director of the school, the principal, or the school board. I do not want
you to go through the whole thing because they are several, but the powers and
the functions. Just give us a few examples of who they should belong to.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
présidente, Mme Sheppard.
Mme Dougherty: I am not trying to put you on the spot. I know
that you have thought this thing through.
Mme Sheppard: No, I am just refreshing my memory here to what is
exactly in the law, because I was looking at our brief more than this. Okay. I
think that, when you get to questions, for instance, of curriculum, textbooks
and teaching material, this is a very specific area where we feel that those
who have the greatest expertise should be the ones who are making the
decisions. That is certainly one area. Also the fact that sort of
extracurricular activities and this sort of thing, we do not see why it is
appropriate to run each one by the orientation committee. Again, we feel that
the school principal and the teacher should be able to decide among themselves
what would be an enrichment program that might be valuable for the students or
not.
Getting into questions of budget. This is a very complicated issue, as
you know. Each year, we receive from the board, very kindly their budget for
the year. It takes us about four weeks just to wade through it. I mean, let us
face it, we are not experts in the whole area of how schools are run, how they
are funded and all the rest of this.
So, I would say that, basically, what parents want to be consulted about
is the general orientation of the school. They also do not want to be
sandbagged, if I may use that expression, by a particular group of parents that
may want to radically quickly change an orientation of a school. As very often
will happen, you get a group of ten or twelve parents who will decide: Well, we
do not want to do it this way anymore; we want to have a curriculum based
entirely on the arts, for example. That is fine for them and maybe if it goes
through channels and there is plenty of consultations and the parent body, as a
whole, decides, that would be all right. But we do not want an orientation
committee to ever have the power with five or six parents sitting there to say:
Yes, we are going to turn the curriculum on its head and make this into an
alternative school of some sort.
So, we have those kinds of concerns that that orientation committee as
constituted not only has too wide a range of power but, in effect, has too much
power for the number of parents who are sitting on it. We have real concerns
too about the fact this school committee has 23 parents on it and I will say
that - I will even stick my neck out - most of our schools have that many. They
have that level of parent participation. That is maybe 5 % of the population.
That is a reasonable sampling. But If you are talking three to five parents,
that is a pretty small group to making very radical decisions.
Again, as I say, just for anyone of those parents to make reasonable and
knowledgeable decisions about budget, curriculum, textbooks, can you imagine
the amount of research that parents are going to have to do in order to really
do that job properly? I think those are the concerns we have.
Mme Dougherty: O. K. Thank you. The next ones I'm on the same
ones. You say at the bottom of page three, and I am looking at your brief, your
French statement, something very interesting that nobody else has said in this
way, that you do not want parents to become scapegoats "boucs
émissaires". I presume that is what you want to say. For the
deficiencies of the school board in teaching or budgetary decisions, that to me
is a very interesting point. Would you just very briefly, because I have other
questions, try to explain what you are saying there?
Mme Sheppard: Well, I think this is the old story that we all
find faults with any system, with any school, with any curriculum, you want to
name it, there is no such thing as perfection. Many of the things that we find
lacking we know are direct result of the lack of funding for whatever reason
and we will not put this at anybody's door. We are not here to discuss that
today. We feel that the orientation committee could become a place to dump all
those responsibilities where they do not really appropriately belong. An
orientation committee could say: Allright, we would like to have this program
within our school; it we require thus and such. Now, you go to the board and
the board says: I am sorry, we cannot find that. Now, what are we going to do?
So, whose fault is this now? Now, it is all going to be the parents and the
students, or whomsoever, the school are going to be looking to their
orientation committee and saying: But we want this; why cannot you produce this
for us?
So, we feel that it is putting the responsibility a little bit too
heavily where it does not go belong. When we are really talking in realis-
tic terms, what can you find within the present system?
(16 h 30)
Mme Dougherty: Thank you. O. K. Next point. You brought up the
business of transports, school transports. I do not know that we have discussed
this before these hearings. Article 264. I think you are referring to the
problem which I think has happened in the PSBGM - I imagine other school boards
have had it - of the dilemma between financing - in your mémoire I'm on
page... You are very afraid that the thing is in watertight, I gather, this
article 264, and that the boards could be charging kids to go home at noon and
using the money to pay for noon hour supervision. Is that what you are afraid
that they are going to juggle and not play the game, perhaps honestly with the
parents? Is that what you are raising here? Would you tell us what the problem
is?
Mme Sheppard: Well, the problem is, as you very rightly say. It
has become recently a problem at the PSBGM. Before, there were no problems with
noon hour supervision charges. Our parents have felt very strongly that when
children are obliged to stay at school for lunch, then the school board has the
responsibility to provide supervision for them. In response to this, sometimes,
the school board has made the point that after all they are not only obliged to
do this, but bussing is questionable, that they are obliged to provide it but
perhaps not free of charge. So I think that this is in response to certain
responses we have had when we have discussed this whole issue of whether
parents being charged for and whether not being charged for. What we see is
that each year as parents we seem to be having more and more levies put on us,
you know. There will be noon hour supervision and then there will be the
workbooks for the regime and then there will be this and there will be that and
I think there is concern that unless in the law it is very clearly stated that
not only the boards must provide the service but it must be provided free of
charge, that certain boards might take advantage of that. Interpretation, let
us put it that way.
Mme Dougherty: Are you telling us that article 264 is full of
holes that need to be closed?
Mme Sheppard: I think there is only one, that hole that we would
like to be closed and that is that services that are provided are provided free
of charge to the students.
Mme Dougherty: Whether they go home or whether they stay, whether
they chose to go home or do not chose to go home, whether they have to stay or
do not have to stay, that they should all be paid. Is that what you mean?
Mme Sheppard: No, that is really not our position. Our position
is that if a student choses to stay at school, no problem with charging a fee
for that. If both parents work and want the child to stay at school, fine. But
in those instances where the child is bussed and has no option to go home, then
we feel it is the responsibility of the board...
Mme Dougherty: To pay.
Mme Sheppard:... to supervise those children without extra charge
to parents.
Mme Dougherty: Because they are capted. Mme Sheppard:
Exactly.
Mme Dougherty: And you do not feel that that article necessarily
reflects that. Is that what you are telling us?
Mme Sheppard: That is...
Mme Dougherty: Can I have one last question? O. K. If, in fact -
I know the PSBGM has perhaps a different status in the law and is being treated
a little differently in the law and so on - but if in fact linguistic board
come to be which regroups the" English-Catholics and the non-Catholics all
under one schoolboard... You have criticized in your memoire the process or the
idea that the confessional status should be decided by a "conseil
d'orientation". You say that is not the appropriate place, it would be a real
problem, conflict with the school and so on. Who should do it? How should it be
decided? Have you thought about this? By what process should the school board
decide which schools are going to be what and what is the role of the parents
in this process obviously?
Mme Sheppard: I cannot give you an official answer on that
because as I said we did discuss it at lenght but we came to no conclusions
because of the complexity of the issue. But I can share with you certain of the
ideas that were put forward at that time. One was if you are going to have
linguistic boards, perhaps you should not try to have confessionality as well,
that this was a contradiction of sorts. If you are happy with the confessional
system, leave it the way it is. But if not, if you are looking for a linguistic
board, perhaps it should be purely linguistic. And I think at the PSBGM this is
particularly pertinent because we do not have only protestants. In fact, in
many of our schools, the majority are Muslim or Jewish or whatever else you
might want to chose and to ask them to chose an orientation that way is
probably unfair on top of everything else. But when we looked at the law and we
said: Well, look, the PSBGM in effect is not going to be changed very much by
the proposed law because
it is going to continue to exist. So as we understood that these other
boards were to be superimposed on top and we became rather confused. That is
the idea: Who will go where and under what circumstances? But the reason that
we felt so strongly about the orientation committees not getting in the middle
of this business is the fact that our schools are so incredibly multicultural.
There are very few that could probably come to any sort of decision on this
without a wrangle. We know what religion can bring out in people, the kind of
controversy, the kind of anger. We would just rather not see that at the school
level in every school in our system.
So I guess if you are asking us: Where it belongs, we would say: If we
belong to the PSBGM, it is not an issue, but if we are a member of...
Mme Dougherty: To a linguistic...
Mme Sheppard:... the linguistic boards, I do not know. I would
imagine - this is a personal opinion I am putting forth - you would almost have
to make those schools neutral because you could not find in too many of them a
majority of any particular group, surprisingly enough. I think it would be very
difficult to do that.
Mme Dougherty: Well, I am talking about integrating the
Catholics... If the English Catholics were in there, some would want an English
Catholic school...
Mme Sheppard: Yes.
Mme Dougherty:... and some would settle for English Catholic
instruction and various permutations and combinations.
Mme Sheppard: It gets really complicated for us. We just could
not come up with anything, except that we did not want each school to go
through every year, every two years: Well now, we have 52 % Catholic
population, therefore we are going to change our confessionality. Then, three
years down the road: No, no, that will not suit us because we prefer to be of
no denomination. So we just do not think that that is the appropriate place to
put that on us to decide.
There was also a lot of concern that by superimposing linguistic boards
in this way even less money will go to the classroom. So I think that the
concern is that we do not need more bureaucracy, we need more dollars where the
children are. So we are not anxious to see linguistic boards as proposed in the
Bill. It is sort of the general feeling for different reasons from different
people.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Merci, madame. Je vais reconnaître le porte-parole de l'Opposition
officielle, M. le député de
Shefford.
M. Paré: Non, c'est madame la critique.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Non? Ah! madame la
députée de Chicoutimi, je m'excuse.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, je voudrais vous souhaiter la bienvenue. J'ai pris connaissance de
votre mémoire et du résumé qui nous en a été
fourni.
Peut-être des questions d'information au départ. Le
Comité central de parents de la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal, c'est composé à la fois de
parents des écoles françaises et des écoles anglaises.
Comment se partagent les postes au sein de l'exécutif? Quelle est la
proportion de parents? Combien y a-t-il d'écoles françaises
à la PSBGM, donc combien de parents? Je pense que c'est automatique.
Mme Sheppard: There are approximately 30 % French population at
the PSBGM and this is representative... The Central Parents Committee presently
has five regions, two French, three English, each of which have four
representatives on the committee.
Mme Blackburn: Et au sein de votre exécutif? Il y a un
exécutif de l'association des parents...
Mme Sheppard: Yes. Well, Mr. Brandes is the president. Our
vice-president is M. Marc Arnold, who is the chairman, I believe, of region 01,
is he not? No. He is from the French sector as well.
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Sheppard: Our secretary is from one of the English sector. So
it is that way.
Mme Blackburn: Vous avez une proposition qui nous est revenue
à quelques reprises et, d'ailleurs, qui s'appuie sur une des
recommandations, un des articles du projet de loi: assurer la
représentation de la minorité linguistique au sein des
commissions scolaires. L'évolution des clientèles à la
PSBGM est en train de faire passer les clientèles obligées de
recevoir l'enseignement en français à 50-50; alors, 50 %
d'écoles anglaise, 50 % d'écoles françaises. Dans cette
perspective, comment peut-on parler de minorité au sein d'une commission
scolaire?
Mme Sheppard: Well, I think at the moment that we hit 50-50,
alright, but as soon as we are on either side of the scale, we are talking
about a minority within the system. At the moment, as I say, we have about one
third of
our students who are French students and certainly the day may very well
come when over 50 % who are not English will be the minority. But we feel that
there is no difference in this sense that it will be a substantial minority
either way, a substantial number of students. I doubt that we will ever reach 5
% minority, for example. Maybe I am hopeful, but I doubt it. And I think that
the question of minority representation is fundamental because the two systems
do differ and their needs differ, French and English, and elementary and
secondary. That is why we feel the need for four representatives where numbers
warrant. If you have a very small percentage of either, fine. Then you live
with it.
Mme Blackburn: Dans un tout autre ordre d'idées, votre
opposition quant au conseil d'orientation est vraiment tout à fait
à l'opposé de ce qu'on a entendu ou à peu près. Je
dirais oui et non, ce n'est pas tout à fait juste, parce que certaine
associations de parents nous ont dit: Nous, cela nous suffit, le comité
d'école, et les fonctions dévolues au conseil d'orientation
devraient être confiées au comité d'école. Mais de
façon générale, je dirais que la tendance c'est de dire:
Le conseil d'orientation est là pour rester et il devrait rester, mais
vous défendez une autre thèse. Je comprends votre idée de
dire qu'on ne veut pas servir de bouc émissaire au ministre qui ne
fournit pas assez d'argent, mais, à tenir ce raisonnement-là,
pourquoi faudrait-il faire des commissaires des boucs émissaires,
puisqu'ils n'ont pas droit de taxation? Ils ne peuvent pas aller chercher
l'argent qui leur permettrait de donner les services qu'ils souhaiteraient
donner. Alors, ne trouvez-vous pas que c'est un argument facile?
Mme Sheppard: I do not understand exactly the question your are
asking about this.
Mme Blackburn: Oui, ce que je dis, c'est que dans votre
mémoire...
Mme Sheppard: Oui.
Mme Blackburn:... Mme Dougherty l'a soulevé tout à
l'heure. Vous dites ne pas vouloir de pouvoir au sein des conseils
d'orientation pour ne pas servir de bouc émissaire à des usagers,
des parents ou des élèves, qui estimeraient que les services sont
inadéquats. Actuellement, les boucs émissaires sont donc les
commissions scolaires et les commissaires qui, eux ne peuvent pas percevoir de
taxes plus que ce qui est prévu dans la loi. Alors, sur la base de votre
raisonnement, est-ce qu'on ne devrait pas confier la gestion des écoles
au ministre de l'Éducation?
Mme Sheppard: No.
Mme Blackburn: II est d'accord. Cela ressemble à cela,
d'abord.
Mme Sheppard: It is fair to say that what we are proposing is
that essentially the present system with the present structures and decisions
of who is responsible for what should remain in place. We feel that there is a
certain logic to those systems, and we feel they can work. So I say we are not
insensitive to those parents who feel the need for the orientation committee. I
have sat in many a meeting with these parents and felt their frustration and
their anger at not being able to participate.
But we really feel that fundamentally the problem is one of human
relations when that happens. If a principal decides that he or she does not
want to have to deal with parents, it is not too difficult to achieve that end,
and we do not feel that the orientation committee is going to improve that very
much. It will either lead to the principal being a despot because there is an
orientation committee, or you could have eternal wrangles between principals
and parents on this committee. We do not think that that will address the
problem. The problem is all you can do is encourage people to try to cooperate
as much as they can, but we just do not believe it can be mandated. And because
of all of the many dangers and problems we see connected with the orientation
committee, and I would say that just the number one problem with this is we do
not feel that you will find enough parents who can serve. So what are we left
with? An optional school committee. We are actually going to wind up with less
representation than we had before because they are not obliged to consult with
the school committee, according to the proposed law. i would like to also just
make the point because Mrs. Dougherty did about many of the anglophones coming
and making the same points, we are unanimous with our French sector on this:
None of us likes the orientation committee. And I know that many many school
committees through the FCPPQ have endorsed it strongly, but I believe the last
position of the FCPPQ was that the school committee should remain and
orientation committees be made optional. Maybe I am incorrect on that but I
thought that is what they had agreed on finally. But in any case, certainly
within our board and with our parents there was unanimity. There was no
question of what the French sector wants, what the English sector wants. We all
wanted the same thing in this area.
Mme Blackburn: Dans un tout autre ordre d'idées, vous
abordez dans votre mémoire toute la question de la gratuité
scolaire. Vous recommandez que les manuels dans lesquels les
élèves écrivent soient aussi gratuits du moment où
ils sont obligatoires. Il est peut-être important de rappeler au ministre
la position qu'il tenait à l'occasion de l'étude du projet de loi
3. Le ministre recommandait précisément ce que vous
recommandez, c'est-à-dire la gratuité pour les cahiers
d'exercice dans lesquels on écrit, dessine ou découpe, et
c'était vraiment ce qu'il utilisait comme termes "devraient être
gratuits", sauf que, une fois rendu de ce côté-là de la
table, les décisions n'ont pas suivi.
J'aurais terminé là-dessus, M. le Président. Je
voudrais vous remercier de votre participation aux travaux de cette commission.
C'est toujours avec beaucoup d'intérêt qu'on entend l'expression
des gens qui sont un peu plus proches de l'action et nous y sommes sensibles.
Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
Mme la députée, et, pour le mot de la fin, je reconnais M.
le ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: Just a word in conclusion to thank you for your
participation in this hearing of the parliamentary committee. I think your
views are extremely interesting. Some of them will be studied in great
interest. When you talk about the orientation committee, you are not alone, we
have had similar questions from other sources and I think the question you put
to us deserves to be examined in depth and before making a final decision on
this matter, we will certainly reread your brief with great attention.
I wish to add one point that we are going to introduce by way of a
modification to the proposed legislation regarding representation of linguistic
minorities on confessional school boards. This will remain in the Bill and I
think the form we will retain would be similar to that of parent
representation. There would be an additional parent representative to speak and
be present at all meetings of the school board on behalf of the linguistic
minority rather than go for the parallel system of voting that we had devised
which would be extremely complicated. Perhaps the other approach will be
simpler and I think that is in line with what you suggested in your brief. So
this is an avenue which we are considering at the moment and it would appear to
me to be more practical and more likely to lead to satisfactory results than
the very complex approach which we had first contemplated.
Thank you very much and please be assured that your interest in school
affairs is greatly appreciated. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Merci, Mme Sheppard. Nous allons suspendre nos travaux pour
quelques minutes. J'invite immédiatement les représentants du
comité de parents de la commission scolaire Jérôme-Le Royer
à s'avancer et à prendre place aux fauteuils qui leur sont
réservés.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 16 h 51)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'éducation poursuit
ses travaux et nous accueillons le Comité de parents de la commission
scolaire Jérôme-Le Royer dont le porte-parole est Mme Belley,
vice-présidente. Elle est accompagnée de M. Julien Dionne,
vice-président, et de M. Robert Lemieux, membre de l'exécutif.
J'aimerais saluer d'une façon particulière mon
ex-collègue, M. Légaré, avec lequel j'ai eu le plaisir de
siéger au Conseil scolaire de l'île de Montréal. Alors,
mesdames, messieurs...
Une voix: De la parenté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne sais pas si
c'est de la parenté, mais enfin, ce sont de bons souvenirs. Alors,
madame, je vous souhaite la bienvenue au nom des membres de cette commission
permanente et je veux aussi vous remercier d'avoir bien voulu répondre
à notre invitation de venir nous faire connaître les fruits de
votre réflexion sur les deux projets de loi, 106 et 107, mais surtout
sur le 107, j'imagine, dont l'objet est la restructuration de la Loi sur
l'instruction publique. La commission a prévu de vous accueillir durant
une période de 45 minutes. Je vous suggère, mais sentez-vous bien
libre, de prendre peut-être un tiers du temps, à peu près
quinze minutes, pour nous présenter votre mémoire et,
après cela, le reste du temps sera réparti à part
égale entre les membres des deux formations politiques de façon
à ce que nous puissions échanger ensemble.
Alors, madame, si vous voulez bien commencer avec la présentation
du mémoire et après cela...
Mme Belley (Diane): J'aimerais dire que les personnes qui
m'accompagnent ont le droit de répondre aux questions tout comme moi,
j'en serais bien contente. M. Robert Lemieux, M. Pierre Légaré et
M. Julien Dionne pourront répondre aussi aux questions des
personnes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
Sentez-vous bien à votre aise. Vous êtes ici pour nous faire
connaître votre réaction à ce projet de loi-là. Nous
ne sommes pas formalistes du tout. Nous sommes ici pour discuter ensemble et
tenter d'avancer un peu.
Comité de parents de la commission scolaire
Jérôme-Le Royer
Mme Belley: Merci. Notre mémoire reflète l'opinion
d'un comité de parents d'une des plus importantes commissions scolaires
de la province, Jérôme Le Royer. Nous représentons quelque
20 000 élèves, nos enfants. En leur nom, nous vous
présentons le fruit d'une longue étude sur les projets de
loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va.
Mme Belley: Les 58 recommandations faites au ministre
découlent de quatre principes fondamentaux auxquels nous adhérons
fermement: 1° la place prépondérante que tout parent doit
occuper dans la vie éducative de ses enfants; 2° dans une
société démocratique comme la nôtre, tous les
citoyens doivent pouvoir se retrouver à part entière dans la
commission scolaire proposée, quels que soient leur handicap ou leur
croyance religieuse, sans distinction de race, de couleur ou de sexe; 3° le
projet de loi doit pouvoir favoriser l'harmonie entre les divers comités
composés en tout ou en partie de représentants de parents; 4°
si nous voulons, comme l'État, une solution composée de citoyens
autonomes, il faudra voir dans la loi une volonté ministérielle
d'accorder pleinement aux citoyens parents une capacité d'autonomie et
la possibilité d'assumer pleinement leurs responsabilités.
Au chapitre I, sur l'élève, nous formulons trois
recommandations: accorder aux élèves des autres religions les
mêmes droits en ce qui concerne les services complémentaires en
animation religieuse; modifier les contenus des manuels de base afin de
diminuer les coûts d'achat des cahiers d'exercice; permettre une plus
grande marge de manoeuvre à la direction de l'école dans les cas
d'absentéisme chronique.
Au chapitre II, sur les enseignants, nous formulons six recommandations
qui portent, entre autres, sur une plus grande responsabilisation de ceux-ci
face à la condition des élèves, un encadrement plus
serré quant à leurs choix des modalités d'intervention
pédagogique et des instruments d'évaluation, et une plus grande
exigence quant à leur maîtrise de la langue parlée et
écrite. De plus, nous sommes contre la proposition du ministre de les
placer sous l'autorité du conseil d'orientation.
Au chapitre III, sur l'école, nous formulons 24 recommandations
de changement. La plupart de ces recommandations tentent de rectifier un
problème majeur du projet de loi qui est celui de ne pas
reconnaître une place prépondérante aux parents au sein de
leur propre école vis-à-vis des autres intervenants, ainsi que de
ne pas leur accorder suffisamment d'autonomie. C'est pourquoi nous voulons
rendre obligatoire l'existence du comité d'école et que nous
élargissons la liste des sujets devant faire l'objet de consultations.
Plusieurs autres recommandations illustrent notre désir de limiter
l'ingérence de la commission scolaire dans les opérations
internes de l'école et démontrent jusqu'à quel point les
parents sont disposés à assumer les responsabilités qui
leur sont propres. Enfin, nous demandons que le ministre tienne compte dans la
loi des besoins des enfants doués et talentueux.
Au chapitre IV, sur la commission scolaire, nous faisons connaître
notre désaccord profond avec les propositions du ministre. Nous
proposons une solution qui élimine les grandes difficultés
créées par l'établissement de commissions scolaires
linguistiques et favorisons une structure basée sur des commissions
scolaires unifiées.
Nous demandons au ministre de demander un avis aux tribunaux afin de
vérifier son champ d'autorité quant à la création
d'autres commissions scolaires sur le territoire des commissions scolaires
confessionnelles exemptées de l'application du projet de loi parmi les
20 recommandations que nous faisons dans ce chapitre.
Nous proposons l'abolition des commissions scolaires dissidentes. Enfin,
nous favorisons une présence plus importante des représentants de
parents dans les instances décisionnelles de la commission scolaire,
notamment au conseil des commissaires où nous demandons une
présence au tiers des membres pour les représentants de parents.
De plus, nous augmentons le nombre de sujets sur lesquels le comité de
parents doit être consulté.
Nous sommes généralement favorables aux propositions du
ministre relativement au Conseil scolaire de ITle de Montréal. Nous
faisons deux recommandations au niveau du fonctionnement du conseil. Trois
recommandations sont faites concernant le projet de loi 106. Nous exprimons
notre désaccord quant à l'article 9. Nous préférons
qu'un parent n'ait qu'un seul droit de vote lors des élections. Nous
affirmons qu'un membre du conseil municipal doit être inhabile à
exercer la fonction de commissaire.
Dans notre mémoire nous avons recommandé près d'une
soixantaine de changements que nous souhaitons voir apportés dans les
projets de loi 106 et 107. Ces propositions de changement sont issues de notre
conviction que le ministre est d'accord avec les principes fondamentaux que
nous avons énoncés dans l'introduction légitimement dans
chacune de nos recommandations. C'est pourquoi elles vont dans le sens de
reconnaître aux parents une place importante dans toutes les instances
décisionnelles de la structure administrative de la commission scolaire
proposée.
Les recommandations affirment notre croyance en une
société démocratique et en une égalité des
droits entre tous ses citoyens. Nous avons favorisé l'harmonie entre les
comités composés en tout ou en partie de représentants de
parents en augmentant leur champ d'action et en ouvrant la voie de
communication pour qu'ils s'expriment plus facilement entre eux et avec la
commission scolaire.
Cependant, le point fondamental sur lequel nous nous sommes le plus
souvent attardés dans nos rencontres est celui d'une plus grande
responsabilité des parents dans les structures proposées.
À moins que le ministre ne tienne compte de ce plus profond souhait dans
l'âme des parents, il y a risque de faire de nous des décrocheurs
par rapport à nos systèmes d'éducation. Une
société qui se respecte favorise une capacité d'autonomie
chez ses citoyens. Nos recommandations remplacent une attitude vel-
léitaire ministérielle par un fondement clair et
précis quant à la fonction d'accorder aux parents cette
possibilité de se prendre en charge vis-à-vis de leurs
responsabilités en matière d'éducation de leurs enfants.
(17 heures)
Le ministre a besoin de parents qui croient au système
d'éducation proposé. Les recommandations que nous soumettons dans
ce mémoire sont le témoin de notre intérêt; elles
sont l'expression de nos attentes et de nos aspirations. Le comité de
parents de la commission scolaire Jérôme-Le Royer est heureux de
contribuer à l'élaboration d'une loi qui reflète nos
valeurs, une loi qui saura profiter à nos enfants et, par eux, à
la société et à l'État. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, Mme Belley, de votre présentation.
M. Légaré (Pierre): M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Légaré (Pierre): Permettez-vous que j'ajoute
quelque chose?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Légaré, tout vous est permis ou presque.
M. Légaré (Pierre): Presque, oui.
Vous avez sûrement remarqué que notre mémoire
comporte 58 recommandations. Quelques-unes, évidemment, sont là
pour la concordance. Vous admettrez qu'il est assez difficile de faire
même un tour d'horizon dans ces quelques minutes. Par ailleurs,
j'aimerais attirer votre attention sur notre mémoire en ce qui a trait
au chapitre IV du projet de loi 107. De la page 25 à la page 29 de notre
mémoire, nous vous soumettons une série de raisons qui nous ont
amenés à privilégier les commissions scolaires
unifiées. Ces raisons sont soit économiques, soit
pédagogiques, soit philosophiques. Nous aimerions aujourd'hui nous
expliquer davantage sur ces dernières.
Permettez-nous d'abord de nous étonner et de trouver paradoxal
qu'un gouvernement qui préconise au niveau pancanadien l'unité
dans la diversité manifeste l'intention dans le projet de loi 107
d'isoler la minorité anglophone de la majorité francophone en ne
permettant pas, dans les structures, aux représentants de ces deux
communautés, d'oeuvrer ensemble à l'éducation de tous les
Québécois et de toutes les Québécoises. Dans le
domaine municipal, notamment pour les loisirs, qu'ils soient sportifs ou
culturels, les administrateurs francophones et anglophones travaillent ensemble
pour le plus grand bien des uns et des autres. Vous viendrait-il à
l'esprit d'inclure dans nos lois des articles discriminatoires qui
empêcheraient ou à un anglophone ou à un francophone de
siéger au même conseil d'administration de certains centres
hospitaliers, de certains CLCS ou de certains centres d'accueil, quelle que
soit la langue des employés et des usagers? Pourquoi voudrait-on mettre
fin à près d'un siècle et demi de collaboration entre
administrateurs francophones et anglophones dans nos commissions scolaires? On
nous répondra que ce ne fut pas toujours facile et que ce n'est pas
encore facile. Soit, mais voudrait-on tomber dans une facilité à
court terme et à courte vue? Voudrait-on délibéremment ne
pas continuer à combler le fossé qui existe peut-être
encore entre les deux solitudes?
Les services rendus à la population par les divers gouvernements
au Québec sont dispensés selon des territoires à
l'intérieur desquels aucune distinction n'est faite. Pourquoi alors, au
chapitre du système d'éducation, créer une discrimination
qui n'apparaît nulle part ailleurs dans la structure des services autant
aux plans provincial, régional, municipal ou de comté? Vous avez
devant vous, M. le Président, quatre parents francophones dont
quelques-uns oeuvrent dans les comités de parents depuis plusieurs
années. Ils y côtoient des parents anglophones. Je puis vous dire
que, malgré nos différences et nos différends, cette
cohabitation a été des plus enrichissantes et des plus
fructueuses. Au nom de la bonne entente, au nom d'une meilleure connaissance et
d'une meilleure compréhension des autres, de grâce, M. le
Président, que votre commission parlementaire recommande instamment au
gouvernement de modifier son projet de loi 107 en laissant tomber l'aspect
ségrégationniste qu'on retrouve dans les structures
proposées. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Parent, Sauvé): Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants de la part de nos invités?
Du côté ministériel, M. le député
d'Arthabaska. M. le député.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Je veux d'abord vous
mentionner, Mme et MM. du Comité de parents de la commission scolaire
Jérôme-Le Royer, la qualité de votre mémoire que
j'ai lu avec grand intérêt. Pour ce qui est de la question des
écoles unifiées et de toute cette histoire de... Non, des
commissions scolaires unifiées - excusez-moi - et de la
ségrégation possible, je laisse cela à notre ministre. Je
pense qu'il va avoir quelques minutes tout à l'heure. Je laisse tout
cela à notre ministre parce que je n'ose pas m'aventurer.
M. Légaré (Pierre): Auriez-vous peur de vous
contredire? Vous auriez peut-être peur de le contredire.
M. Gardner: Nous défendrons notre point de vue en
caucus.
Voici. J'aimerais... Il faut le faire, madame... Vous n'avez pas
d'objections, madame...
Une voix: J'en conclus que vous le contestez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant...
M. Gardner: M. le Président, j'aurais quelques questions.
Puisque le temps passe vite, il faut que j'aille vite. Vous n'avez pas
parié du tout de cet ajout sur les personnes handicapées. Vous le
mettez dans votre mémoire. Vous n'en avez pas parié du tout.
J'aurais aimé que vous en glissiez un petit mot. L'avez-vous bien...
Mme Belley: Nous n'en avons pas parlé parce que cela avait
été fait par une personne et elle nous l'avait remis après
que le mémoire eut été fait. Alors, nous avons
décidé que nous l'enverrions pour que ce soit
étudié. Je vous dis bien qu'on a à coeur le sujet des
enfants en difficulté. On y tient beaucoup.
M. Légaré (Pierre): Par ailleurs, vous remarquerez
dans plusieurs de nos recommandations...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, monsieur, on va essayer de se comprendre. Par exemple, vous allez
vous adresser au président, vous allez demander la parole à
chaque fois sinon cela va devenir une espèce de
chassé-croisé et on ne se comprendra pas.
Mme Blackburn: M. le Président, vous nous dites toujours
d'être plus tolérants à l'endroit des invités. Il
faudrait peut-être laisser terminer M. Légaré.
Le Président (M. Parent,
Sauvé): Je suis
très tolérant envers nos invités. J'aimerais mieux
entendre nos invités. La parole était à M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Si je comprends bien,
vous tenez beaucoup à l'annexe que vous avez ajoutée. C'est ce
que je voulais vous entendre dire.
Maintenant, j'ai bien remarqué la grosse préoccupation
quant à la participation des parents dans toutes les structures, y
compris le comité de parents. J'ai bien vu à la page 38 que vous
voulez ajouter, à l'article 175, à la liste qui est
déjà là neuf autres sujets sur lesquels le comité
de parents devra être consulté. Ne trouvez-vous pas que vous en
mettez beaucoup? Aux sept sujets déjà établis, vous en
ajoutez neuf autres, qui sont probablement très judicieux, mais ne
trouvez-vous pas que vous en mettez un peu trop?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Légaré.
M. Légaré (Pierre): Ce sont des sujets que l'on
retrouve à l'article 52.3 de la Loi sur l'instruction publique actuelle.
On s'est dit que si depuis plusieurs années les parents sont
consultés là-dessus on ne voit pas pourquoi leurs pouvoirs, qui
ne sont que consultatifs, même ceux-là seraient restreints.
M. Gardner: D'accord. Merci.
M. Légaré (Pierre): Pendant que j'ai la parole,
j'aimerais dire, concernant les handicapés, que vous retrouverez
plusieurs de nos recommandations qui ont justement trait aux articles sur les
handicapés et les personnes en voie d'apprentissage.
M. Gardner: Merci. Profitez-en.
À la page 6 de votre mémoire, si je comprends bien, c'est
à cause de la situation de la commission scolaire Jérome-Le
Royer, vous n'avez pas que des catholiques ou des protestants, vous avez aussi
une clientèle de personnes qui pratiquent d'autres religions.
Voulez-vous qu'on implante cela dans toute la province ou si c'est simplement
une possibilité que vous voulez dans certaines commissions scolaires que
l'élève inscrit dans une religion autre que catholique ou
protestante ait droit à des services complémentaires en animation
religieuse? Je pense que vous voulez que ce soit exclusif à certaines
commissions scolaires.
Mme Belley: À certaines commissions scolaires. Mais, si
toutes les commissions scolaires de la province en ont besoin, je crois qu'il
faut l'implanter à toutes les commissions scolaires.
M. Gardner: 11 faudrait l'implanter.
D'accord. Merci. J'ai une autre question. Je vais vite parce que je sais
que le temps passe vite. L'obligation, à la page 8 de votre
mémoire, que l'école avise par écrit les parents de
prendre les moyens nécessaires pour que leur enfant fréquente
assidûment l'école, cela me surprend. C'est revenu dans d'autres
rapports. Cela me surprend qu'on exige cela de l'école. C'est une chose
qui est normale, qui doit être faite. Pourquoi l'ajoutez-vous, vous
aussi, parce qu'il y en a eu d'autres qui l'ont fait?
M. Dionne (Julien): Je peux répondre à cette
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, monsieur.
M. Dionne: Je pense que, dans bien des cas, le genre
d'avertissement qui a été servi aux parents pour
absentéisme chronique...
M. Gardner: N'était pas écrit?
M. Dionne: ...l'a été fait d'une façon
verbale. Quand on sait que la loi permet à la
direction de l'école de signaler au directeur de la protection de
la jeunesse les cas d'absentéisme, nous croyons qu'une conclusion aussi
brutale pourrait être prévenue et tout au moins comporter un
avertissement écrit pour, bien entendu, conserver un certain
sérieux dans le dossier et être sûr s'il y a eu un suivi ou
non dans ce dossier.
M. Gardner: Bon, c'est bien. Maintenant, pour ce qui est des
enseignants, il y a une chose que j'ai appréciée dans votre
rapport, à la page 12, c'est que l'enseignant, pour avoir son brevet,
devrait maîtriser la langue d'enseignement autant parlée
qu'écrite. Je dois vous dire que je l'ai grandement
apprécié parce que je constate de plus en plus que ceux qui se
préparent à l'enseignement font même corriger leurs travaux
par des spécialistes des corrections à l'université. Je le
déplore mais je vois mal qu'on mette cela dans la loi. Est-ce que ce
n'est pas plutôt dans les règlements qui vont suivre le projet de
loi qu'on devrait inscrire cela ou encore préférez-vous que cela
soit inscrit dans la loi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Là-dessus,
Mme Belley ou monsieur?
M. Lemieux (Robert): Je pense que c'est dans la
réglementation que de tels critères devraient être
appliqués plutôt que... Par l'économie de la loi, je pense
que c'est... D'ailleurs, un peu plus loin à la page 12 de notre
mémoire, au neuvième alinéa, on dit: "... dans la
réglementation qui fixe les exigences pour l'obtention du brevet ou du
permis d'enseigner". On dit bien dans la réglementation plutôt que
dans l'essence même de la loi.
M. Gardner: Merci. C'est pas mal ce que je pensais aussi.
À la page 16, j'ai été surpris... Depuis qu'on entend des
demandes Ici, j'ai été surpris qu'il n'y ait pas de demandes
venant des élèves. Il n'y a pas eu de groupes
d'élèves qui se sont présentés alors que la Loi sur
l'instruction publique va vraiment influencer leur avenir. Vous avez
parlé du conseil d'orientation composé de personnes... Vous
êtes d'accord au sujet du conseil d'orientation? Vous voulez absolument
que ce soit dans toutes les écoles.
M. Dionne: Nous sommes d'accord. La seule chose, c'est que dans
les autres recommandations, nous disons au ministre: S'il vous plaît, ne
rendez pas facultatif le comité d'école à cause de
l'existence du conseil d'orientation.
M. Gardner: D'accord.
M. Dionne: Nous demandons que le comité d'école
demeure tel qu'il est et ne soit pas facultatif, mais inscrit dans la loi. Au
sujet du conseil d'orientation, nous croyons fortement qu'au niveau secondaire
les étudiants pourraient prendre en main leur destinée, avoir une
chance, parce que cela ne leur a jamais été offert de se prendre
en main et de participer au processus décisionnel, tout au moins dans le
cadre du conseil d'orientation.
M. Gardner: Vous m'avez précédé. C'est
à cela que je voulais vous amener. Pour ce qui est du conseil
d'orientation, vous savez que cela fait deux structures: conseil d'orientation,
comité d'école. Certains groupes sont venus nous dire que cela en
ferait trop. Est-ce que vous pensez que cela ferait trop de structures dans une
école?
M. Dionne: Non, je ne crois pas. M. Gardner: C'est
possible?
M. Dionne: La participation des parents, d'ailleurs... On ne doit
pas, au profit de réunir ces groupes, empêcher des parents d'avoir
accès... Je pense que certains parents vont se sentir beaucoup plus
à l'aise dans un rôle de participation au sein d'un comité
d'école et que d'autres parents vont se sentir beaucoup plus à
l'aise au sein du conseil d'orientation. Je pense que le but poursuivi devrait
être de faire des comités non pas conjoints mais
complémentaires.
M. Gardner: Bon. Alors, je vous félicite de cette
participation que vous voulez tant dans les écoles. Je pense que c'est
très louable.
M. Dionne: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Juste avant de
reconnaître le porte-parole de l'Opposition, je ne suis pas encore
intervenu à cette commission et j'aurais une question à vous
poser. Vous avez mentionné tout à l'heure que vous n'aimeriez pas
que le comité d'école soit facultatif. Vous voulez qu'il soit une
institution bien reconnue à l'Intérieur de la loi. (17 h 15)
À la suite de la consultation que nous poursuivons aujourd'hui,
qui a quand même commencé au mois de mai, si on en venait à
une conclusion qu'il y a peut-être, dans le cadre de l'obligatoire, une
difficulté à avoir deux comités dans une école, un
comité d'école et un comité d'orientation, si on avait un
choix à faire, est-ce que vous croyez que le comité d'orientation
pourrait devenir pas nécessairement obligatoire?
M. Dionne: Je pense que ce serait plutôt la politique
contraire qui serait bien appréciée par les parents de
Jérôme-Le Royer, en ce sens qu'on aimerait mieux, si on avait
à choisir, garder la structure actuelle du comité d'école.
Nous croyons que le comité d'école... On pourrait plus facilement
ajouter, plutôt que la création totale d'un nouveau conseil
d'orientation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme la
présidente ou vice-présidente, messieurs, il me fait plaisir de
vous souhaiter la bienvenue au nom de l'Opposition à cette commission
parlementaire. Je veux vous remercier également de votre contribution
aux travaux de cette commission. Tout comme le député
d'Arthabaska, je reconnais et j'apprécie la qualité de votre
réflexion. Pour l'essentiel, vos recommandations sont
intéressantes. Je ne pourrais pas dire que sur la totalité je
pourrais dire finement que je les appuie, mais je sais que, pour une partie de
vos recommandations, en ce qui concerne les responsabilités des parents,
vous avez repris plusieurs articles qui étaient dans la loi 3.
Je voudrais juste reprendre, sur la dernière question qui vous a
été adressée et votre réponse, en disant: Ce qu'on
souhaite, dans le fond... Pourquoi est-ce qu'on n'a pas maintenu la structure
d'un comité d'école? Moi, plus je réexamine ce qui nous
est proposé là, moins je comprends pourquoi on a apporté
tant de modifications; je ne comprends pas. Je trouvais que les gens
étaient en train d'apprivoiser cette nouvelle structure. Cela
commençait à être mis en place. C'était un peu moins
boudé. Tout à coup, on dit: Non, c'est fini, on recommence. Je
suis d'accord avec vous; je me demande: Est-ce qu'il était
nécessaire de changer quelque chose qui semblait bien s'amorcer?
Je dois reconnaître que ce n'est pas tout à fait ce que
j'ai entendu de la part de la Fédération des comités de
parents. Je dois dire que vous n'êtes pas les seuls à être
venus nous dire que vous n'étiez pas d'accord avec le rapport de la
Fédération des comités de parents du Québec, mais
cela nous étonne. Cela m'étonne parce que les gens qui sont venus
nous dire qu'ils n'étaient pas d'accord sont nombreux. Est-ce que vous
êtes membres de la fédération?
Mme Belley: Oui.
Mme Blackburn: Oui, vous êtes membres.
Mme Belley: Oui.
Mme Blackburn: Vous n'avez pas réussi à les
influencer, à ce que je comprends, parce qu'à ce qu'on entendait
c'était unanime, pas majoritaire. Je ne veux pas discréditer
l'avis de la fédération, mais il y a comme quelque chose de
dérangeant là-dedans. Je pense à une réflexion du
ministre au moment où un comité de parents, je ne sais plus trop
lequel, est venu ici en disant qu'il ne comprenait pas que la
fédération ait, par exemple, proposé qu'on enlève
le droit de vote des parents-commissaires. Le ministre disait: Vous savez, on
peut - ou l'équivalent - mener l'âne à la fontaine, mais on
ne peut pas le forcer à boire; autrement dit, on ne peut pas leur donner
les pouvoirs qu'ils ne veulent pas.
Cela m'a laissée un peu sur mon quant-à-soi. La
comparaison était un peu malicieuse aussi, je dois reconnaître.
Comment expliquez-vous, plus fondamentalement, que les parents... On a deux
discours. Là, on est habitué. Je pense, pour avoir assisté
à plusieurs commissions parlementaires, qu'il y a les... Du
côté des anglophones, des pouvoirs, ils n'en veulent pas. La
structure qu'ils ont, ils la maintiennent et ils sont d'accord avec cela parce
qu'ils ont une autre conception de la gestion des affaires publiques. C'est
culturel, je dirais. Du côté des francophones, c'est davantage de
participation et de responsabilisation des parents. Je pense qu'il faut
respecter cela, cela relève davantage de la culture. Je ne porte pas de
jugement sur la valeur de l'un ou de l'autre.
Comment expliquer que la Fédération des comités de
parents soit aussi loin des recommandations qu'on a entendues de tous ceux qui
se sont présentés ici? D'abord, cela me rend mal à l'aise
aussi, pour tout dire, en toute sincérité. Normalement, les
fédérations, on leur accorde un peu plus d'importance. Elles sont
censées mieux représenter l'opinion générale des
membres. Cela me rend mal à l'aise.
M. Lemieux (Robert): Je peux peut-être commencer à
répondre à votre question, M. Légaré
renchérira. Plus vous mettez d'organisations en commun, plus vous
grossissez les tables et plus, à un moment donné, on dilue. C'est
officiel que lorsqu'on retourne dans notre comité d'école, avec
quinze personnes, avec notre directeur d'école, c'est une situation. On
s'en va au comité de parents, il y a le secteur anglophone, le secteur
francophone, le secteur primaire et le secteur secondaire, vous allez à
l'exécutif, vous montez à la commission scolaire, on s'en va
ensuite à la Fédération des comités de parents de
l'île de Montréal. Effectivement, quand on arrive à la
fédération des comités, c'est vraiment très
dilué, et il y a des idées de la base. Parce qu'autrement,
à un moment donné, on va vous arriver avec des
présentations de quelques tonnes. Cela prendrait des camions pour venir
vous rencontrer. Donc, effectivement, il y a des idées qui sont
diluées, qui sont perdues.
Mme Blackburn: Mais comment expliquer que... La loi 3 avait, du
côté des associations de parents, des comité de parents, je
ne dirais pas fait l'unanimité - ce serait exagéré - mais
consensus. Le consensus, nous disait le président de la
Fédération des comités de parents, était fragile.
Je me suis fait expliquer ce qu'était sa fragilité. J'ai
demandé: Est-ce que c'est au sein des comités de parents? Il a
dit: Non, c'est avec les directeurs d'école. Ah bien là j'ai dit
oui, que c'était bien vrai que c'était fragile. Les directeurs
d'école, les directions d'école n'étaient pas tout
à fait d'accord avec les pouvoirs que la loi 3 accordait aux parents.
Mais je suis étonnée
qu'on ait fait un tel recul alors qu'on avait la loi 3, qui
n'était pas un projet de loi, rappelons-le pour les fins de la
réflexion. l_a loi 3 était une loi et, n'eût
été qu'elle a été invalidée sur ses
dispositions touchant les structures scolaires... Le ministre aurait pu
poursuivre l'appel devant les tribunaux supérieurs et aurait pu obtenir
que la loi 3 s'applique dans les autres dispositions. Il y en a beaucoup qui
prétendent que, s'il avait poursuivi, c'était cela. Sauf qu'il
n'a pas maintenu l'appel, et là on comprend plus parce que pour lui la
loi ne donnait pas assez de pouvoirs au ministre et cela lui créait trop
d'obligations. Je suis obligée d'en conclure cela, parce
qu'essentiellement les modifications qu'il a apportées vont dans cette
direction.
Maintenant, moi je ne comprends pas que les parents qui s'étaient
un peu reconnus dans la loi 3 n'aient pas maintenu, comme vous le faites
aujourd'hui, pour l'essentiel je dirais, les grandes orientations du projet de
loi 3. Est-ce que c'est faute d'information? Est-ce que l'Information... Est-ce
que cela s'est oublié entre les deux? Comment expliquer cela?
M. Légaré (Pierre): M. le Président, nous
sommes tout aussi étonné de la position de la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec que l'est Mme la députée de Chicouti-mi. La seule
façon dont je pourrais expliquer cette situation, c'est que les
comités de parents ne se sont peut-être pas tous prononcés
sur ces questions, aussi bien sur les pouvoirs des parents et sur le droit de
vote des représentants des parents au conseil des commissaires, ne se
sont fort probablement pas tous prononcés avant, justement, que la
fédération puisse elle-même se prononcer, ce qui a fait que
c'était les représentants des divers comités de parents
qui étaient là et qui parlaient peut-être en leur nom
personnel. C'est la seule explication qui me vient à l'esprit et qui ne
peut peut-être pas être vérifiée, mais c'est
l'explication qui me vient à l'esprit.
Mme Blackburn: Vous savez, le problème que cela pose, en
tout cas que cela me pose à moi, je pense que cela n'en posera pas au
ministre cependant, cela peut même lui faciliter la chose, c'est
qu'étant donné qu'il y a autant d'opinions qu'il y a de
comités ou quasiment il pourra faire ce qu'il veut.
M. Ryan: ...mais jamais arbitrairement.
Mme Blackburn: Et c'est le problème que cela pose
actuellement. Et à moins que les autres...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Légaré (Pierre): À moins qu'on tente de
l'influencer en caucus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: II va peut-être y avoir de l'opposition.
Vous n'avez qu'à vous bien tenir.
Dans un tout autre ordre d'idées, ce que vous recommandez ce sont
des commissions scolaires unifiées. Moi je vous dis que personnellement
je serais tout à fait favorable à rétablissement de
commissions scolaires unifiées. Cela m'apparaît logique, c'est
tout plein de bon sens. Vous savez, le modèle que nous avons
actuellement est difficile à soutenir longtemps. Sauf qu'il faut
reconnaître qu'on a dû faire ce que j'appellerais certaines
concessions pour nous assurer qu'on ait l'adhésion des différents
groupes, concessions qui n'ont pas obtenu les résultats qu'on en
attendait. On aurait pu s'attendre, à la suite de cette décision
à la fois des gouvernements libéral et du Parti
québécois, qu'on dise: Donnons-nous des garanties que vous
pourrez au moins avoir... Je vais continuer à gérer votre
réseau scolaire dans votre langue - et là, cela va loin. C'est
dans tout le Québec, cela veut dire qu'on pourrait avoir de petites
commissions scolaires anglophones un peu partout au Québec, ce qu'on n'a
pas. Cela va nous coûter cher tantôt. Je pense que les groupes qui
se prononcent là-dessus ont tout à fait raison. Cela va nous
poser tantôt un problème de coût de système - je ne
sais pas comment on va le gérer - mais cela nous semblait, à
l'époque, être deux concessions qu'il fallait faire; l'une, sur
les écoles catholiques et l'autre sur la structure linguistique parce
qu'on sentait qu'il y aurait une opposition, encouragée par l'Opposition
libérale d'alors, qui ne nous laisserait même pas sortir des
portes de l'Assemblée nationale. On aurait vu les bannières
dehors, ce n'est pas compliqué. Donc, cela a été la
concession. Mais vous qui proposez des commissions scolaires unifiées,
est-ce que vous pensez que c'est réaliste, à moins de
négocier l'article 93?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Légaré (Pierre): Nous pensons sûrement que
c'est réaliste, autrement nous ne l'aurions pas recommandé.
Mme Blackburn: Oui.
M. Légaré (Pierre): On sait fort bien que cela
dépend de la volonté politique du ministre et du présent
gouvernement. Je me suis "amusé", et je mets cela entre guillemets parce
que c'était un travail plutôt qu'un loisir, à consulter les
112 mémoires qui vous ont été présentés en
commission parlementaire spécifiquement, justement, sur les structures,
et je me suis aperçu que 37 sur ces 112 ne se prononcent pas sur les
structures; 22 demandent le statu quo, les commissions scolaires
confessionnelles pour diverses raisons, évidemment chacun a ses raisons,
et 19 accepteraient des commissions scolaires linguistiques à la
condition qu'il y ait des garanties constitu-
tionnelles comme il y en a sur la religion aujourd'hui. Ce qui veut dire
que 78 sur 112 ne sont pas d'accord avec le projet de loi et pour un certain
nombre, c'est-à-dire 19, à moins qu'il y ait une garantie
constitutionnelle, et la garantie constitutionnelle ce n'est pas pour demain,
je pense bien... Maintenant, je constate aussi qu'il n'y a que 4 ou 5 de ces
mémoires qui préconisent les commissions scolaires
unifiées. Plusieurs des arguments qu'on invoque dans ces mémoires
en faveur des commissions scolaires linguistiques sont des arguments qui
peuvent être invoqués tout aussi facilement pour les structures
unifiées.
Mme Blackburn: Oui, c'est vrai.
M. Légaré (Pierre): Plusieurs aussi, on le voit
dans certains mémoires, acceptent les commissions scolaires
linguistiques telles que proposées par le projet de loi 107 de guerre
lasse parce qu'ils se disent: C'est la xième tentative de
restructuration, nous souhaitons que les commissions scolaires soient
déconfessionnalisées, acceptons donc ce moindre mal des
commissions scolaires linguistiques. Mais, si chacun de ces organismes
s'était donné la peine et avait été aidé,
justement, par les autorités à étudier sérieusement
les avantages et les inconvénients des différentes
hypothèses de structure, moi, je parie qu'il y en aurait un beaucoup
plus grand nombre qui auraient privilégié ces structures.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Effectivement vous avez raison. D'ailleurs, on
nous soumettait des données sur un sondage qui s'était tenu je ne
sais plus à quel moment et qui démontrait qu'une fois bien
expliquée l'hypothèse des commissions scolaires unifiées
recevait l'adhésion d'une partie importante de la population.
Évidemment, cela pose les problèmes qu'on connaît. Il y a
deux discours qu'on entend, dans le fond. Ce matin, on a rencontré
l'Association des commissions scolaires protestantes - c'est comme cela que
cela s'appelle - qui, eux, veulent le statu quo parce qu'ils disent: Des
commissions scolaires protestantes, c'est important. On a fini par leur faire
dire que des commissions scolaires linguistiques, dans le fond, si
c'était protégé, ils seraient d'accord avec cela. On a eu
un autre groupe ici, les anglo-catholiques de Québec, je pense, qui,
finalement, nous disait: Laissez-nous à la CECQ, on est bien là;
on a un bon service, on ne veut rien savoir d'autre. Des commissions scolaires
linguistiques, on ne veut pas avoir cela; on est bien dans le système
qu'on a actuellement. (17 h 30)
Autrement dit, vous avez tout à fait raison sur le fond et cela a
été dans le temps une façon de négocier
l'adhésion de ce que j'ap- pellerais les noyaux durs au Québec
à ce projet de restructuration. Et vous savez pertinemment que les
arguments invoqués par la CECM ne sont pas tout à fait la
même chose que ceux de la PSBGM. Le groupe qui dirige actuellement la
CECM - et je pense bien que cela ne heurtera personne que je le dise
aujourd'hui - c'est plutôt le noyau dur des parents catholiques qui
voient la survie du catholicisme au Québec exclusivement par le biais
des écoles publiques catholiques. Alors, l'argument qu'ils utilisent par
rapport à l'argument des commissions scolaires protestantes n'a pas les
mêmes fondements sauf que les objections se retrouvent finalement toutes
les deux devant les tribunaux. Cela pose un problème.
Je ne veux pas faciliter les choses au ministre parce que je pense que
ce qu'il aurait dû faire... Il avait un pouvoir de négociation et
il ne l'a pas utilisé et c'est ce que j'ai de la difficulté
à lui pardonner. Parce que, quand ils ont négocié l'accord
du lac Meech, il avait un pouvoir que le Québec n'a jamais eu parce
qu'on avait refusé de signer en 1984. Il aurait pu, pour Meech,
négocier l'article 93, il ne l'a pas fait. Et je trouve que c'est une
belle occasion ratée.
À présent, pour ce qui est des commissions scolaires
unifiées, je vous dis que moi, personnellement, je pense que c'est
davantage la solution qui correspond à un Québec moderne. On a
des petits problèmes. Je le dis simplement parce que je souhaitais un
peu rappeler les raisons qui avaient amené le gouvernement du Parti
québécois à opter pour les structures linguistiques.
Je vous remercie infiniment de votre participation aux travaux de cette
commission et j'espère que le ministre saura tenir compte de vos
recommandations dans les nombreux amendements qu'il nous a annoncés et
je me disais que, s'il ne faisait que retenir les quelque 50 que vous lui
faites, cela demanderait une réécriture. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. Le
mot de la fin, M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, brièvement. Tout d'abord
j'apprécie le caractère précis et fonctionnel des
remarques qui nous ont été communiquées par le
Comité de parents de la commission scolaire Jérôme-Le
Royer. Nous constatons que vous avez fait un examen minutieux du projet de loi
et que les recommandations que vous faites, même si elles ne sont pas
toutes également acceptables aux yeux du gouvernement, sont toutes
inspirées d'un souci sérieux d'améliorer la qualité
du fonctionnement de notre système d'enseignement. Je vous en exprime ma
vive appréciation.
Tout à l'heure le député d'Arthabaska a
laissé entendre que je dirais un mot au sujet de la proposition visant
des commissions scolaires
unifiées. Je le fais volontiers tout en précisant que,
nonobstant les impressions qu'on a cherché à créer
tantôt du côté de l'Opposition, il n'y a aucun
désaccord là-dessus du côté ministériel.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Parce que même quand il y en a, la version
officielle est qu'il n'y en a pas!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: L'apparence est plus importante que la
réalité.
M. Ryan: Dans ce cas-ci, je peux vous assurer qu'il n'y a pas de
désaccord parce que c'est un sujet qui n'a pas donné lieu
à des discussions approfondies jusqu'à ce jour. Pourquoi?
Mme Blackburn:...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous plait,
madame, vous avez pu parler tout à l'heure.
M. Ryan: C'est parce que la proposition que vous faites,
attrayante au point de vue des principes, ne résiste pas facilement
à l'examen de la réalité concrète. Au Canada,
depuis que je suis les affaires publiques, depuis la fin du deuxième
conflit mondial, la tendance des organismes francophones, dans les autres
parties du Canada, a été de revendiquer des structures qui leur
appartiennent dans des questions vitales comme celles des écoles, des
institutions d'enseignement, des hôpitaux, des services sociaux, des
organes de communication comme les journaux, par exemple. Leur instinct profond
a été de travailler dans cette direction-là. Même au
plan national là où il existait des structures uniques dans des
domaines reliés à l'éducation, souvent même aux
services sociaux, on a tendu à créer des structures
parallèles, francophones d'un côté, anglophones de l'autre.
Pas par désir de séparatisme, mais par souci de respecter la
diversité propre de chaque communauté et permettre à
chacune de se doter de l'arsenal d'institutions sans lequel son existence,
comme communauté, risquait d'être compromise.
Dans le domaine des hôpitaux, allez faire votre proposition
à la communauté anglophone et vous savez comme moi qu'elle sera
rejetée au départ. La communauté anglophone tient beaucoup
à garder son Montreal General Hospital. La communauté juive tient
énormément à garder son Hôpital
général juif. Et je respecte ce désir et cette
volonté. Dans les autres provinces où les francophones ont des
institutions de ce genre, ils veulent les garder aussi et les catholiques
également.
Autant c'est beau du point de vue d'une vision de l'esprit, ce que vous
proposez, autant en pratique cela se heurte à la réalité
de deux communautés linguistiques principales qui ont chacune une
implantation très solide au Québec, à la fois historique,
géographique, sociologique et culturelle. Si on nous présentait
des signes d'une volonté quelconque de ces deux communautés
principales de mettre en commun leurs institutions scolaires, le gouvernement
serait très heureux de l'accueillir, mais à ce stade du
développement de notre communauté nous n'en sommes point
là. Je ne voudrais pas qu'on entretienne des illusions à ce
sujet-là, des illusions pratiques, j'entends. Je ne pense pas que ce
soit possible de l'envisager pour l'avenir prévisible, sachant le genre
de réactions que nous avons eues devant la commission parlementaire
depuis le début des travaux autour du projet de loi 107.
Par conséquent, c'est une idée que nous gardons en
réserve pour l'avenir. Peut-être un autre gouvernement,
peut-être une autre génération de parlementaires aura la
chance de s'y attaquer, mais entreprendre une réforme sur cette
base-là dans l'immédiat, je pense que ce serait radicalement
impossible.
Regardez ce que nous avons au niveau collégial, au niveau des
universités. Des institutions distinctes. Le collège Dawson est
une institution anglophone dirigée par la communauté anglophone
qui lui appartient. Le collège qui est situé à la ville de
Saint-Laurent, le collège Vanier, le collège John Abbott, c'est
la même chose. Allez essayer de faire des collèges communs avec
cela et vous aurez des opposants sur le dos des deux côtés de la
barrière linguistique.
Nous croyons que la manière la plus efficace de favoriser le
rapprochement des communautés, c'est dans le respect des
communautés et dans l'aménagement de voies de passage et de
communication qui permettront peut-être éventuellement d'en venir
là, mais, à court terme, je n'en vois pas la possibilité,
je pense devoir vous le dire en toute franchise, quoique je respecte beaucoup
l'idée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous voulez
conclure, M. le ministre.
M. Ryan: Je conclus là-dessus. Je pense que la conclusion
est là. Pour le reste, nous allons étudier très
sérieusement toutes les propositions formulées dans le
mémoire. Je pense que nous pourrons en retenir un certain nombre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la présidente.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 38) (Reprise à 20 h
7)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À
l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
accueille ce soir, comme premier groupe, la commission scolaire Laurenval,
représentée par M. Norman Liebergott. M. Liebergott, nous vous
remercions beaucoup d'avoir répondu à l'invitation des membres de
cette commission et de venir nous faire connaître les fruits de votre
réflexion ou vos réactions, si vous voulez, concernant les
projets de loi 106 et 107.
La commission a prévu vous entendre durant une heure. Je vous
suggérerais bien amicalement peut-être de prendre un tiers du
temps pour nous présenter votre mémoire et, ensuite, on pourra
diviser le résidu du temps entre les membres des deux formations
politiques avec lesquels vous pourrez échanger. M. Liebergott, si vous
voulez bien...
Une voix: C'est M. Edwards.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est M. Edwards
qui est le porte-parole? Alors, si vous voulez bien nous présenter les
gens qui vous accompagnent. And feel free to express yourself in French or in
English, as you like. Nous vous écoutons.
Commission scolaire Laurenval
M. Conrod (Scott): Merci, M. Parent. Je m'appelle Scott Conrod et
je suis le directeur général de la commission scolaire Laurenval.
Merci de nous donner l'occasion de vous présenter notre mémoire
ce soir. Je voudrais vous présenter M. Ron Edwards, notre
président; Dr. Norman Lebergott, notre vice-président; le
président de notre syndicat, M. Michael Weiner; le président de
notre comité de parents, M. Jim Paterson; mon adjoint, le directeur
général adjoint et le directeur des finances de notre commission
scolaire, M. Roger Drapeau; un représentant des directeurs de nos
écoles, M. Howard Shapiro, et trois autres membres de notre conseil, le
Dr Neville Gurudata, M. Walter Fogel et M. Michael Kyrtatas.
Nous sommes ici en équipe parce que notre mémoire est
vraiment un travail d'art qui regroupe toutes les composantes de notre
commission scolaire. Je passe la parole à M. Edwards. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Edwards, nous
vous écoutons.
M. Edwards (Donald): Merci. Thank you.
I really intend to only summarize and to give the conclusions and
recommendations, but there would be a small preface and an introduction of
Laurenval School Board.
The Laurenval School Board welcomes the opportunity to present this
brief as a response to the government Bill 107, the revised Educa- tion Act,
which was given first reading in the Québec National Assembly in
December 1987. The Laurenval School Board task force on Bill 107 was made of
representatives from the Council of Commissioners, the Directorate, the
Laurenval Administrators' Association, the North Island, Laurentian Teachers'
Union, the Laurenval Parents' Committee. In responding to Quebec's call for
briefs in consultation on Bill 107, the Laurenval School Board will be
responding to only a few of the many concerns we have on the proposed
legislation.
I would like to just introduce the board itself. The Laurenval School
Board is the result of an amalgamation of two elementary school boards, the
Laval School Board and the Laurenval School Board, and a secondary school
board, the North Island Regional School Board. These three founding boards were
in turn the result of earlier amalgamations of school boards whose histories
predate confederation. The original dissident school boards of
Saint-Henri-de-Mas-couche, of Terrebonne, of Sainte-Rose, of
Sainte-Thérèse, of the parish of
Saint-Maurice-de-Bois-des-Filion, over the years became the Laurenval School
Board. The Laval School Board was also an amalgamation of dissident protestant
school boards serving the communities on Île-Jésus.
The Laurenval School Board is a Protestant school board which provides
elementary and secondary education to some 7500 students who live in Laval on
Île-Jésus and in the north shore communities from Oka to
Repentigny and include Rawdon, Joliette and all the communities in and around
and in-between. The boundaries of the Lauvenval School Board enclose eleven
Catholic school boards and take in 96 different municipalities. The area over
which the Laurenval School Board has responsibility is approximately the same
size as Prince Edward Island. In the northern communities of Rawdon and
Joliette, all the English Catholic children attend Laurenval schools under the
entente with the local Roman Catholic school boards. In Deux-Montagnes,
Saint-Eustache, Rosemère, Lorraine and Terrebonne areas, secondary Roman
Catholic students attend Laurenval high schools under entente. The Roman
Catholic children receive catechism, pastoral animation as well as a place to
worship.
The Laurenval School Board is therefore, we think, quite unique when
compared to other Québec school boards. It covers an extremely large
territory and it provides education to both an urban and a rural population. It
serves both Roman Catholic pupils under entente as well as Protestant children
including some 2300 French Protestant children.
While I have been talking, I noticed that you received the pamphlet
which we were going to distribute.
Coming to the conclusions and recommendations: item 1, local control.
The Laurenval School
Board respectfully submits that the control of public education should
rest with elected school boards. The Ministry of Education should play a
coordinating role, which ensures equal opportunity and financial and
educational accountability. The integrity of communities and the energy and
potential of professional educators can only be respected by continuing a
system which gives the major responsibilities to school boards.
Item 2, confessionality. A confessional school board system, we believe,
will maintain the existing guarantees and also allow for the continuance of
Roman Catholic schools, where appropriate. Bill 106 provides for the
enfranchisement of parents of English Catholic pupils who elect to have their
children attend Protestant school by entente.
Item 3, school committees. The present structure of school committees,
parents committees and non-voting parent representatives on the councils, we
believe, allows for them a more powerful presence within the public education
system. It is our studied opinion and that of the many parents we represent
that the orientation committees will have the opposite effect to that intended
in Bill 107. While Bill 107 proposes to give parents more responsability in the
establishment, composition, operating rules and fonctions of school, the
orientation committee will limit the role of parents involvement to a handful
of parents at each school. Presently, the Laurenval School Board school
committees are healthy, active and involve over 20 parents per school.
Item 4, teachers. We believe that the existing Education Act deals
appropriately with the certification of teachers and the boards'
responsibilities for their dismissal in extraordinary circumstances. The duties
and responsibilities of teachers and all other employees belong more right, we
believe, in the collective agreements that school boards reach with their
employees.
Item 5, school age. The Laurenval School Board recommends that entry to
kindergarten and grade 1 should be similar to other Canadian provinces, namely
that December 31st should replace the October 1 st as the entry date.
Item 6, compulsory school age. Lastly, we believe that the dropouts will
be better served by reinsertion into the continuing education system of the
school boards. Extending the age of compulsory attendance and referai to an
already overburdened Director of Youth Protection will only serve to delay the
student's entry into the continuing education system. The Laurenval School
Board has been operating Phoenix, a very successful alternative school for
dropouts. We recommend that specially designed programs for those troubled
adolescents are more appropriate than extending the compulsory schooling for
one year.
We thank the government for this opportunity to respond to Bill 107 and
for heeding those who in the past have urged that legislation of such
fundamental importance ought to be referred directly to the courts prior to
implementation. Before any revisions to the Education Act are contemplated,
there is an urgent need to clarify the constitutional guaranties applicable to
school boards, as well as related questions regarding ministerial and school
board powers.
That ends my...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Your topics?
M. Edwards: Yes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
intervenants?
Je vais maintenant reconnaître la députée de
Jacques-Cartier. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. I lam sure it is
not the end but it is a very concise statement of the point of view of
Laurenval. I would like to welcome you here. It is a pleasure for me to see so
many of you here and I think your very presence and the diversity of the
representatives that you have brought with you, exemplifies and bears out the
picture that you have painted of your board for us.
I would like to congratulate you on the concise and very clear statement
of your position that you have given us. Also I think that it is very clear
that perhaps many of us at this table have not realized the great variety of
cultures, religions, and the regional variety, the demographic and geographical
variety that you represent in your board.
The other thing that I appreciate particularly in your brief is that I
think that your arguments, particularly with regard to the linguistic versus
the confessional situation or the proposals, are based on educational grounds
and not on constitutional grounds. And I think that it is important because
many of the arguments that we have heard are constitutional and perhaps there
has not been enough that discusses the real educational implications and, you
know, do we need it.
I also would like to say that you bring up the age of admissibility to
schools. Well, you know that our policy is clear. It still stands. Our policy
has been to gradually set back the age to December rather than the present one
of September. We still face financial problems but we have no problem with the
principle and, hopefully, in time, we will be able to change our policy to
recognize this need and to bring us into line with other provinces.
As far as the school committees are concerned, I think that the
positions you have taken on the school committees and the present structure of
parent participation are shared by
many that we have heard. And I think it is becoming increasingly clear
that school committees are important and that they should be maintained as an
obligatory committee with consultative powers. And I think that probably the
final result, which none of us really know yet, is certainly tending towards
the position that you have taken on parent participation.
As far as the local control and the powers of the minister versus the
boards and so on, that too is something that appears to be of broad concern and
I believe that our government will certainly look at those powers and there may
be some amendments in that regard. Perhaps Mr Ryan will have some comments on
that question.
Now, I have some questions for you. I think you have brought up
something that nobody else has perhaps raised with regard to the English
Catholic representation. This, of course, has been a sore point as far as the
English Catholics are concerned that, while many of them were housed and
educated in Protestant Boards with Catholic instructional services, they still
have been denied today the right to vote and to run as commissioners, and so
on. And you pointed out that, according to Bill 106, articles 20 and 22 really
take care of that situation. What I would like to ask you is: From your
experience and from your contact with a great many English Catholics who are
educated in your school board, do these proposals in the bill seem to solve the
problem as far as they are concerned in terms of representation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président.
M. Edwards: We have not specifically gone back and asked them
that question. One of the parents is with us and maybe he has some comments he
could make on that. But, certainly, in the case where we have met with parents
who are Catholic parents, they seemed very happy with the arrangements we are
providing on the high school level and also on the elementary level, where we
provide the various facilities for them for learning the catechism on their
basic attendance of the Catholic church within the school-day, and also in the
case of the high schools where we have provided various facilities which are
opened for them.
I am thinking now to the brief which we presented to a task force which
the minister set up in our particular area, and we made a brief to them to that
effect, which was very well received and very well supported by the Catholic
parents who are in our school system. They felt that they really wanted to stay
with the school system and really were very unhappy. One of the points that, I
think, we made when we made the brief was that we were wondering whether that
was really the opening shot and that these ententes would be dumped some time
to go to this sort of arrangements. We mentioned this to the commission that
was set up. They maintained at the time - and, I think, they seem to be bearing
it out - that they had no intention of doing that. All they wanted to do was to
solve another local problem.
My own impression, in certainly regards to the number of Catholics who
live in the area where I live, actually out in Deux-Montagnes, is a very good
response to the issue. The only one which I know is one case which we have
against us is one parent, Griffin, who has brought a case against us and really
against his own school board for sending children in this area to a Protestant
school system. But there was a referendum which was held several years ago in
the area before the school board signed an agreement with us. It was an open
referendum which was conducted and had a very good turn out and the majority of
the parents favoured to join at that time the North Island Regional School
Board.
My understanding again is that it is still true. I think there is a
small number of parents - if you ask me for a pourcentage I would say something
around 5 % or 6 %, maybe as much as 8 % - who would feel that they really
wanted a Catholic school with a Catholic principal and Catholic teachers and
the whole process. But I would say that the majority of the students and the
parents seem to be delighted with what we have offered actually.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Would you like to
add something?
M. Peterson (Jim): I suppose I would just reinforce what Mr
Edwards said from dealing from the parents' prospect, it seems that the parents
I am associated with through the parents committee and the school committees
appreciate the services that the school board provides because of the resources
that the school board has. Plus, they appreciate having the opportunity to work
through the school committees to make their wishes known. Those are the two
areas that I see as being positive in this concern.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Dougherty: I would like to talk about your position with
regard to the roles and duties of teachers on page 7.
M. Edwards: Just before you go on, could I say that, in the
Griffin case, Mr. Griffin who I know... I was walking around the road with the
dog one night, he stopped the wrong side having turned around. I saw him going
in the other direction. Then he turned around and he came the wrong side and
said to me that he just wanted to know the action had nothing to do with the
satisfaction he felt for what his
children were receiving. It was just a matter of Catholic rights.
Mme Dougherty: O. K. Thank you. With regard to the rules and
duties of teachers, you said something here which surprised me a little bit.
You said that you do not think it is appropriate - I hope I am interpreting you
correctly - that the rules and duties of teachers and their functions or
whatever should be in the law, that that is a matter of negotiations for the
teachers' contract. O. K. There are two questions: Should there be something in
the law - you say it is inappropriate and what is in the law is irrelevant and
so on - should there be something in the law - and, if you do not think so, why
not? - of certain principles, certain basic fundamental responsibilities of
teachers, given the fact, obviously, that all sort of modalities and parameters
will be in the negotiated agreement? But why should not there be something in
the law, perhaps not what is, but something more appropriate and how do you
justify your opinion on this question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mr.
Edwards.
M. Edwards: If I may, just a moment, I would say that in the case
in the law, it is actually in it at the moment. We are not saying that we
disagree to what is already in the existing law. We are saying that the
existing law where it gives us the right to dismiss teachers for a variety of
reasons actually and I think that it is strong enough in itself I really do not
have a copy of the Bill with me but I think one of the items which I recall is
the series of responsibilities, of teachers' obligations and it seems to me
that these were really not the kind of things that should be in the Education
Act. And that should really, I think, expressing what was the sum total of not
only just the all around statement but the teachers' union spelt on what I
think the parents felt.
Mme Dougherty:... think this whole chapter? I am not sure what
the number is.
M. Edwards: 19, page 9... Mme Dougherty: Is...
M. Edwards:... division 2. Teachers' obligations.
Mme Dougherty: It is not appropriate in here?
M. Edwards: I would say that would be true. (20 h 30)
M. Conrod: We are saying that it would be more appropriate to
deal with teachers' obliga- tions as a fluid statement that would be able to
react with the changing times at each and every negotiation, be a provincial or
a local negotiation. And we think that what is in the present Education Act is
sufficient...
Mme Dougherty: O. K.
M. Conrod:... to respect the profession of teaching and that
there is no need for something as definitive as this in the Education Act.
Mme Dougherty: O. K.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
Mme Dougherty: Now, on the compulsory education business. You are
saying that it would be a mistake to extend it beyond age 16 because what is
needed in special programs at that point not to keep a child in school just for
the sake of keeping him in school. Many others have made that same point
because these particular children who are likely the drop-out and so on, what
they need is something special not just more of the same. What I want to ask
you is: You did not object to the delay of six months. As many people have
objected to the six months delay before they can then re-enter for the same
reasons...
M. Edwards: It is a part of it.
Mme Dougherty:... that they do not want that gap. If they really
need special, let's give it to them right away and not allow them to float
around for six months. How do you feel about that?
M. Edwards: I think that it was one of our concerns. As we have
said, actually the numbers we are concerned which we did not intend to make the
brief too weighty, but the concern was that, in having this six-month period -
because it was a six-month period, if I remember the way it read, after the
school year - it meant that if a child dropped out in, say, October, he would
still not be able to go until six months after the end of that current year
which could be really much more than six months; it could be a very extended
period. I think that we felt very strongly that this should indeed be handled
and not be put in.
We also felt that, within our school system, we have, I suppose, a
number of children who have problems in delinquency or difficulties and are
suspended, or do not turn up to school for a variety of reasons and we do have
problems referring them to the youth people. Their response is very poor and
they are just so overburdened with work that we do not see the purpose of
adding another line of people to that process because what this would in fact
do is
that more people would be forced to really stay into school when they
would not stay into school and then create more cases for the youth
protection.
M. Conrod: Although it says in the Youth Protection Act that
nonattendance at school for a person under fifteen years of age is reason to
recommend a child to youth protection, we have also heard from the youth
protection authorities, as has every other school board, that that is not a
reason for which they would give priority for a social worker to work on the
case. There are lots of other priorities such as child abuse, sexual abuse, or
physical abuse on which they are spending their time.
We believe that we should leave it open as it is and the school boards
will meet their responsibilities by creating some very creative models both in
cooperative education and in... The initiative to take sixteen plus on the
"cheminement particulier is an excellent model for the school boards to follow,
plus alternative education for young adults. So we think that the mechanisms
are there right now.
Mme Dougherty: Okay, last question. You have a number of French
schools which, I presume, are a mixture of... I do not know, you can tell me
where the population comes from. There are anglophones who have chosen French,
there are people who must have received French education because of Bill 101,
there may be others from the Catholic school board who choose to go to the
French Protestant school, I do not know. I would like to know what the mix is
there. But I want to know secondly... I will put it all into one question.
Secondly, what is the attitude of your French parents to this Bill in terms of
the proposed change to linguistic structures?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Edwards.
M. Edwards: Yes. In relationship to the last part of the
question, the parents that we have met actually seem to be most anxious to stay
with us. They really feel that the kind of services which we are giving them is
something that they really want, and the people whom I have met personally, as
associated with the task force, have all been very strongly in favour of
keeping the present system because they want to stay within the Laurenval
school system.
M. Conrod: Over half of our francophone students of course are
first generation immigrant children and if the Bill were to pass those
immigrant communities would be split in half: half their children would come to
English language school boards and the other half would go to French language
school boards, those that are not eligible for instruction in English. For our
community, particularly in the Chomedey-Laval area, that would split a great
community right in two. We have another interesting group of parents however in
the northern section, north of the river, where there is a growing number of
Protestant francophones who are leaving the Roman Catholic faith and going
towards a more Evangelical Protestant faith. That is a small number but it is
becoming more and more significant and then, as you said before, there are
people who are coming from French Protestant schools in the city, in Montreal,
and are immigrating out to Laval as their second home or their third home.
M. Edwards: I think of just one other point. In some schools we
have a number of parents who felt in the past that Protestant education, that
their long time residence of Québec, maybe for several generations...
They feel that Protestant schools have really not done them a service in
teaching adequately their children to operate and function in French. These
people are very strong that they want their children in the elementary school
system to go to a French school where their first language will be French. I
know a number of parents who feel that way. Some of the parents who I know are
even suspicious of the French schools, the first language schools that we run,
and send them to French schools, period, in other words. The thing is that the
Laurenval School Board has a very good record in trying to move into the area
for our graduates and students to be able to operate in French. We have, over a
large number of years in the case of Laval, had immersion programs right from
grade one, and I am talking about the former Laval School Board about a century
on île Jésus. In the case of the former Laurenval School Board, we
have had various programs which have been 50 % optional and over the last ten
or twelve years there has been 30 % of the child's day in elementary school
which was totally in French, so that the children who are graduating from our
schools are very bilingual actually and able to operate and to become full
citizens of Québec within a French environment which I think is very
important.
We are still kind of amazed and naturally come back to one of the items
which we feel quite strongly about and that is local control. The kind of thing
that I am talking about, we could not have done if we have been directed by the
Ministry on a very rigid arrangement of what we had to do. It is only by having
that degree of flexibility and the extra amount of funds to be able to fund
these programs. Because you realize that the Ministry has not provided any
extra money for the development of these programs. These programs, I would
maintain that the local school board, the Laurenval School Board, and whether
the former North Island Regional School Board, etc., have contributed
over 500 000 $ or 600 000 $ to the development of special programs
within the elementary school and within the high school. We do not get any
extra special consideration, you know. We are always in to make a plug
actually, you have noticed that.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Edwards.
Malheureusement, c'est la fin de la période de temps allouée au
côté ministériel. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Chicou-timi. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président, M. le directeur général, messieurs, il me fait
plaisir de vous souhaiter la bienvenue au nom de l'Opposition officielle. Il
est toujours intéressant d'avoir le plus large éventail possible
de points de vue et, même si on n'en partage pas pour l'essentiel toutes
les orientations, cela enrichit quand même notre réflexion.
Je vous écoutais parler avec enthousiasme à la fois de la
qualité des services que vous offrez et de l'harmonie qui règne
entre les différentes communautés chez vous. Je voyais par la
brochure que vous avez distribuée, qui est malheureusement unilingue
anglaise, j'imagine que vous avez des versions françaises...
M. Conrod: Je vais vous en envoyer une copie
française...
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Conrod: ...si vous voulez, quand elle existera.
Mme Blackburn: Parce qu'à l'occasion cela se passe aussi
en français ici. Je vois que vous êtes fiers de votre commission
scolaire, et avec raison.
Je me demandais, à vous entendre si vous gériez une
commission scolaire protestante, linguistique ou unifiée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui va
répondre? Le directeur général ou le président? M.
Edwards.
M. Conrod: Je peux répondre. Nous gérons une
commission scolaire non catholique, française et anglaise, protestante
et non protestante. La seule personne que nous n'avons pas en ce moment est un
jeune qui dise: Je suis catholique et ma commission scolaire ne veut pas signer
une entente avec vous. Nous avons à peu près 2000 à 2500
élèves catholiques, mais par entente. Sans entente, ils doivent
aller aux écoles catholiques.
Mme Blackburn: Actuellement, le tiers de votre clientèle
ou près du tiers se trouve obligée ou consent à recevoir
un enseignement en français.
M. Conrod: Ou par choix, un tiers. Mme Blackburn: Ou par
choix... M. Conrod: Oui.
Mme Blackburn: ...mais cela reste à la marge. C'est
généralement parce que la loi les y oblige ou encore parce que ce
sont des francophones d'origine.
M. Conrod: Oui.
Mme Blackburn: Vous finissez par me répondre que tout ce
qui n'est pas catholique est protestant, c'est à peu près cela,
dans le sens que vous gérez une commission scolaire protestante, mais,
dans l'hypothèse où cette croissance de vos clientèles
francophones se continue - pas francophones mais tenues de fréquenter
des écoles françaises - est-ce que vous admettriez que votre
conseil d'administration devrait être proportionnellement composé
de parlants français?
M. Conrod: Nous avons engagé, en juin dernier, trois
nouveaux directeurs d'école francophones. Nous nous attendons que, dans
l'avenir, toutes les personnes occupant des postes d'administration à la
commission scolaire soient capables de travailler en français et en
anglais, bien sûr, mais nous voyons un avenir où nous allons
engager plus de francophones pour nos postes.
Mme Blackburn: Vos écoles françaises actuellement
sont-elles dirigées par des directeurs qui parlent français ou si
je comprends que vous venez d'en engager trois? Est-ce à dire que les
écoles françaises... Vous avez des écoles
françaises, d'abord, première question?
M. Conrod: Nous avons cinq écoles primaires
françaises...
Mme Blackburn: Françaises.
M. Conrod: ...et deux écoles secondaires partagées,
anglais et français.
Mme Blackburn: Ces écoles françaises sont
dirigées...
M. Conrod: Quatre d'entrés elles, en ce moment, sont
dirigées par des francophones...
Mme Blackburn: Oui.
M. Conrod: ...donc une personne qui parle français, soit
que c'est sa langue maternelle ou sa deuxième langue. Nous avons un
Italien qui est vraiment...
Mme Blackburn: Oui.
(20 h 45)
M. Conrod: ...maintenant francophone, mais le cinquième
est un anglophone qui parie français bien mieux que moi,
sûrement.
Mme Blackburn: Alors, votre conclusion, c'est que cela va bien
dans le système actuel et pourquoi le changer?
M. Conrod: Excusez?
Mme Blackburn: Votre conclusion c'est: Cela va bien dans le
système actuel, pourquoi le changer?
M. Conrod: Exactement. Nous pensons vraiment qu'un changement
vers un système linguistique va causer plus de problèmes que nous
en éprouvons maintenant, particulièrement dans notre coin.
Mme Blackburn: Poussons la logique un peu plus loin. Vous
gérez bien des écoles françaises, et à leur grande
satisfaction, semble-t-il. Pourquoi ne concevrions-nous pas au Québec
des commissions scolaires unifiées, gérées dans leur
très grande majorité, parce que ce sont toujours les francophones
qui sont majoritaires, par des francophones?
M. Conrod: Je ne sais pas, je ne peux pas parler pour l'avenir,
mais je parle très personnellement en ce moment, pas pour la commission
. scolaire. Nous serons plus proches d'un système unifié si nous
conservons la situation que nous avons maintenant plutôt que de changer
notre système pour un système linguistique, et cela, je le crois
très très honnêtement.
Mme Blackburn: Mais, pour vous, une commissions scolaire
unifiée, ce sont des anglophones qui gèrent des écoles
françaises.
M. Conrod: Les personnes qui peuvent parler les deux langues
gèrent les écoles françaises et les écoles
anglaises.
Mme Blackburn: Bien. Un instant, je reviens à vos
propositions. Vous souhaitez, dans un tout autre ordre d'idées, que
l'âge d'admissibilité à l'école sort conforme
à celui des autres provinces canadiennes, c'est-à-dire cinq ou
six ans au 31 décembre. Que pensez-vous du système de
dérogation mis en place par l'actuel ministre de l'Éducation?
M. Conrod: Nous avons voté l'autre soir pour envoyer au
ministre huit dérogations et les commissaires m'ont frappé sur le
nez pour ne pas avoir annoncé le processus à tous les parents.
Nous avons seulement les requêtes que nous avons reçues. Nous
n'avons pas fait une grande annonce dans tous les journaux, mais l'année
prochaine les commissaires m'ont dit qu'ils espéraient que nous allions
mentionner cela dans nos annonces publiques.
Mme Blackburn: Vous ne vous laisserez pas prendre l'année
prochaine, comme tout le monde, le service des privilèges... Je vous
comprends d'ailleurs. Je dois dire que je vais faire cela dans ma commission
scolaire l'année prochaine aussi.
M. Ryan: J'examinerai vos requêtes.
Une voix: Je ne suis pas sûr qu'elles vont être
acceptées.
Mme Blackburn: Je n'en doute pas. De toute façon, c'est
prouvé qu'elles sont moins nombreuses plus les milieux sont
défavorisés. Je regardais la liste que le ministre a fournie
aujourd'hui. On retrouve fatalement moins de demandes de dérogation,
toute proportion gardée, sur la Côte-Nord qu'on en retrouve dans
l'ouest de Montréal ou dans les écoles privées.
Mme Dougherty: Et à Chicoutimi, il y en a combien?
Mme Blackburn: C'est par région que cela a
été donné. Ce n'est pas très nombreux. Je ne l'ai
pas comme cela, mais ce n'est pas très élevé, parce que le
ministre le sait, nous ne sommes pas suffisamment informés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Tenons-nous-en
à l'audition de nos invités.
Mme Blackburn: Vous recommandez, et je trouve cela
intéressant, touchant le conseil d'orientation et le conseil
d'école... Surtout chez les anglophones, je pense que c'est le premier
mémoire qui prend parti de façon aussi claire en faveur d'un
pouvoir réel à être confié aux parents. Cela vous
distingue un peu des positions qui ont été prises par les autres
et je trouve cela particulièrement intéressant. Dans le fond, ce
que vous recommandez, c'est de conserver la situation actuelle qui a permis une
participation des parents dans un éventail plus large de sujets et de
façon heureuse. Est-ce que vous pourriez nous dire un petit peu comment
cela se passe actuellement par rapport au comité de parents et au
comité d'école dans votre commission scolaire?
M. Conrod: Est-ce que vous voulez parler en français?
M. Paterson: Is it okay for me to speak English?
M. Conrod: Est-ce qu'il peut répondre en anglais?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Absolument.
M. Paterson: If I can respond in English, we studied at each of
our 18 schools the proposition and we appreciate the opportunity to respond to
that but it was the consensus of all of our schools that the parental
involvement is so important and the school committee itself is that entity that
gives us that opportunity to be so involved in our schools in a way of being a
consultative body so that we can be involved in the decision making by making
recommendations and reactions to situations. We think that the idea of having
an orientation committee or an orientation council will only have less
participation for the parents where the present structure of the school
committee is going to encourage more involvement from the parents and we
appreciate that opportunity.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Monsieur.
M. Weiner (Michael): Nous avons une optique spéciale parce
que, depuis 1976, le syndicat et la commission scolaire ont conclu une
convention locale qui offre aux parents et aux élèves du
secondaire une chance de participer à chaque conseil d'école avec
les enseignants comme membres votants, comme tous les autres enseignants ou
membre de direction, et donc, c'est ma conclusion personnelle qu'ajouter
d'autres moyens de participation ne va pas augmenter la qualité de
participation, mais peut-être que cela va avoir un effet contraire, soit
de diminuer la qualité qui existe maintenant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. D'autres
interventions de la part de l'Opposition? Mme la députée.
Mme Blackburn: J'aurais terminé, M. le Président.
Je voudrais vous remercier de votre participation aux travaux de cette
commission, vous dire que ce n'est pas faute d'intérêt, mais la
journée a été un peu longue et on a, pour l'essentiel des
positions que vous tenez, entendu exprimer ces avis-là à
plusieurs reprises. Il me reste à souhaiter que le ministre sera
réceptif aux avis qui ont été émis ici et, en
même temps, vous dire mon étonnement de voir que, dans la loi qui
nous est soumise pour examen et consultation, il a trouvé
nécessaire de modifier ce qui, finalement, était en train de bien
s'installer dans les commissions scolaires et je pense en particulier aux
conseils d'école, aux comités de parents. Cela s'était
arrangé, les gens étaient assez satisfaits des
responsabilités qui leur étaient confiées et je me demande
encore pour quelles raisons le ministre a cru utile à nouveau de
modifier cette structure-là pour en proposer une nouvelle dont il a
réduit les pouvoirs. Je dois dire que cela me laisse perplexe.
Pour ce qui est de vos autres... Je vous dirais, comme je l'ai dit tout
à l'heure, que je ne partage pas tout à fait votre avis quand il
s'agit de l'établissement de commissions scolaires linguistiques. Pour
vous, cela ne pose pas de problèmes, mais nous maintenons que
l'intégration des nouveaux Québécois ou des allophones
à la majorité francophone est rendue difficile, pour ne pas dire
menacée, dans la mesure où leur environnement scolaire, à
l'exception de l'enseignement qu'ils sont obligés de recevoir en
français, est anglais, quelquefois bilingue. Pour les francophones
d'origine, j'ai peu d'inquiétude. Pour les allophones, cela constitue -
pour un certain nombre de raisons, la démographie, la
dénatalité, etc. - une menace réelle à l'avenir du
français au Québec. Je pense que c'est une chose, on l'a peu dit
ici en commission parlementaire, et le problème le plus important n'est
pas vraiment dans votre commission scolaire, il est sur me de Montréal.
N'importe quel gouvernement qui est un peu conscient de l'importance de
sauvegarder une culture, pas seulement de sauvegarder une culture, comme on
veut le laisser entendre ici, par xénophobie, mais parce que cela
constitue un enrichissement pour l'humanité, une culture, n'importe quel
gouvernement un peu conscient de cela a la responsabilité de se donner
les moyens pour que les nouveaux Québécois sachent qu'au
Québec cela se passe en français. C'est pourquoi je maintiens ma
position, bien que j'aie beaucoup de respect pour la qualité des
services que vous offrez et pour le dynamisme que vous y mettez, mais je
demeure inquiète par rapport à la situation qui prévaut
particulièrement, je le rappelle, sur l'île de Montréal et
qui aura des effets, je le crains, si on ne corrige pas la situation
actuelle.
Je voudrais vous remercier infiniment de votre participation aux travaux
de cette commission...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée.
Mme Blackburn: ...et vous dire qu'on a écouté de
façon attentive vos éléments de réflexion.
M. Conrod: Je voudrais vous inviter à visiter nos
écoles françaises, si vous voulez. Ce serait une surprise de voir
comment sont ces écoles en ce moment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant, pour le mot de la fin, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je voudrais vous poser juste une question auparavant.
À la commission scolaire Laurenval, combien avez-vous de membres qui
sont francophones et combien en avez-vous qui sont catholiques?
M. Conrod: Élèves ou commissaires?
M. Ryan: Commissaires. Élèves d'abord et
commissaires ensuite.
M. Conrod: En ce moment, nous avons 2000...
M. Drapeau (Roger): 2300.
M. Conrod: 2300.
M. Ryan: Sur combien?
M. Conrod: 2300 francophones.
M. Drapeau: 2300 francophones.
M. Ryan: Sur combien?
M. Drapeau: Sur 7500.
M. Ryan: D'accord. C'est presque le tiers.
M. Drapeau: Oui.
M. Ryan: Ce sont des catholiques?
M. Drapeau: Non.
M. Ryan: Francophones?
M. Drapeau: Non. Les catholiques, il y en a environ... On a
seulement des catholiques anglais. Il y en a environ 1000 qui proviennent de
commissions scolaires catholiques anglaises.
M. Ryan: Combien y a-t-il de commissaires francophones?
M. Conrod: II y a un membre francophone et à peu
près six ou sept autres qui travaillent en français et en
anglais, mais nous avons des immigrants, des personnes qui viennent d'en dehors
du Québec. C'est un mélange. Mais un Québécois
francophone est membre de notre comité sur 19 membres.
M. Ryan: 19? M. Conrod: Oui.
M. Ryan: Combien de catholiques sont membres du conseil des
commissaires? None?
M. Drapeau: Non.
M. Conrod: Je ne peux pas dire si oui ou non ils sont
catholiques.
M. Ryan: Cela, c'est un problème pour le gouvernement.
Pour tout vous dire, c'est pour cela qu'il y a un problème. C'est facile
quand on est entre nous de dire: Cela va bien, ne dérangeons rien, le
château de cartes est très bien.
Mais il y a des problèmes de représentation qui sont
sérieux et nous cherchons des solutions équitables à ces
problèmes. On peut avoir des arrangements transitoires comme ceux qui
découlent d'ententes entre une commission scolaire et une autre. Cela
n'est pas mauvais. Mais, in the long run, we have got to look for solutions
that are more solid, that can take in all factors more effectively than it is
done in the moment. This is one of the concerns of the Government in proposing
this legislation. We are looking for some formula which might make it possible
to embrace all aspects of reality more effectively than it is done in the
moment.
My personal impression is that the Protestant label is, to a large
extent, a legal fiction, to be frank with you, an heritage, an historical
heritage. When you try to identify and define the precise contents, the most
precise definition I have heard so far is non Catholic. I do not think you can
last eternally on the basis of such a definition. It may be a working
definition for the short term, but this is the kind of question that concerns
the Governement. It is of a deep concern to the Government. Perhaps the formula
which was put forward in Bill 107 is not the ideal formula, perhaps it will not
resist the test of public opinion which is now undergoing. I hope the opposite
occurs, but I put a question to you as forthrightly as it is possible. I know
you share those concerns too. You may have different answers, but this is the
basic concern we have in dealing with this aspect of Bill 107.
I thank you very much for your kind presentation. You have a few words
to offer in reaction. I hope the chairman will be a little more tolerant than
he generally is with us and I will gladly sacrifice some of my time next
time.
M. Conrod: I would just like to tell you that I have been
informed that two members of our council are Roman Catholic and that we did
talk before you came in tonight, Mr. Ryan, about article 20 of Bill 106 which,
we believe, would go a long way to meeting that very concern that you are
raising.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Alors, merci beaucoup aux représentants de la commission scolaire
Laurenval. Nous suspendons pour quelques minutes et nous accueillerons le
groupe suivant, la commission scolaire Vallée-de-la-Lièvre.
(Suspension de la séance à 21 h 1)
(Reprise à 21 h 5)
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, la commission continue ses travaux. J'invite les membres de
cette commission à prendre place et j'invite, par le fait même,
les représentants de la commission scolaire
Vallée-de-la-Lièvre à prendre place à l'avant.
Cette commission scolaire est représentée par Mme Chartrand,
présidente, accompagnée de M. Luc Montreuil, commissaire. Mme
Chartrand, M. Montreuil, nous vous souhaitons la bienvenue et nous vous
remercions d'avoir bien voulu répondre à notre invitation. La
commission a environ une heure à consacrer à votre commission
scolaire. Je vous suggère donc, peut-être, de commencer par nous
lire votre mémoire et, après cela, nous engagerons le dialogue
entre vous et les membres de la commission. Alors, madame, si vous voulez bien
enchaîner, nous vous écoutons.
Mme Chartrand (Suzanne): Alors, bonsoir. Le Président
(M. Parent, Sauvé): Bonsoir. Commission scolaire
Vallée-de-la-Lièvre
Mme Chartrand: C'est à notre tour de remercier les membres
de la commission parlementaire de nous permettre de venir présenter la
position de notre commission scolaire. Pour débuter, j'aimerais
présenter un peu la situation de notre commission scolaire pour bien
situer tous les membres. Notre commission scolaire compte quatorze
écoles et nous avons près de 4 000 élèves. Dans la
population de notre territoire, celui de la CSVL, il y a à peu
près 10 % de la clientèle qui est anglophone. Il y a eu
intégration à notre commission scolaire. En 1986, les commissions
scolaires primaire et secondaire se sont intégrées et un an
avant, soit en 1985, il y a eu protocole d'entente entre les commissions
scolaires avoisinantes pour offrir les services à notre clientèle
anglophone. Alors, de fait, depuis 1985, notre commission scolaire dessert une
clientèle francophone.
Quand le projet de loi a été déposé, notre
commission scolaire a formé un comité ad hoc et s'est
donné comme mandat de consulter tous les intervenants pour recueillir
les opinions et développer le mémoire de la commission scolaire.
L'objectif de notre comité a été de développer la
position, mais aussi de sensibiliser les intervenants et de faire
connaître les composantes et les orientations du projet de loi. Alors, le
mémoire qu'on va vous présenter est un reflet de cette
consultation-là. Ce sont également des recommandations qui se
veulent un peu des politiques ou des directives qui pourraient être le
fondement du contenu ou de l'orientation du projet de loi, plus que, disons,
des aspects légaux. C'est surtout une réflexion à la lueur
de leur perception et de leur compréhension du projet de loi qui ressort
dans nos recommandations.
Pour débuter, je peux peut-être suivre au fur et à
mesure les différentes recommandations qu'on a à
l'intérieur de notre mémoire. Un des premiers points traite des
commissions scolaires francophones et anglophones. Notre commission scolaire
est d'accord avec la constitution de commissions scolaires anglophones et
francophones. Comme je l'ai expliqué tantôt, de fait, dans notre
commission scolaire, c'est une clientèle francophone qui est desservie.
Les anglophones vont dans des commissions scolaires avoisinantes pour recevoir
les services éducatifs. On sait qu'il y a des avantages et des
inconvénients à ce processus-là. On sait qu'il y a un
transport additionnel et les écoles sont plus loin. Il y a des
détails comme cela. Par contre, au chapitre des choix de cours, des
services éducatifs et des milieux étudiants qui reflètent
les particularités culturelles de cette clientèle-là, les
services, je pense, sont de meilleure qualité ou répondent mieux
aux besoins de la clientèle anglophone. Alors, nous recommandons
d'appuyer la constitution de commissions scolaires francophones et anglophones,
à condition, toutefois, qu'elles offrent des garanties
équivalentes aux commissions scolaires confessionnelles dans la
constitution canadienne, soit en tant que gouvernement local au plan du droit
de taxation, au plan du droit à l'école confessionnelle et non
confessionnelle.
Par la suite, j'aimerais préciser que, durant toute notre
consultation, on a accepté comme principe de base les objectifs de
départ du projet de loi. On a vu l'objectif de décentralisation;
on a aussi accepté le désir de voir un pouvoir, une participation
accrue des parents, de tous les intervenants et on a appuyé ce concept.
On croit, de base, que cela va permettre de donner un certain prestige, quel
que soit le niveau d'implication de la personne, que ce soit comme commissaire,
comme parent ou comme enseignant; s'il y a un certain prestige à son
rôle, un pouvoir accru ou plus de décisions à prendre, on
pense que cela maintient un certain intérêt et que cela invite une
certaine participation de gens qui ont une expertise ou qui ont vraiment le
désir de faire changer des choses.
À partir de ça, le conseil des commissaires a
consulté les représentants des comités de parents et la
consultation n'a pas fait l'unanimité à ce chapitre dans notre
commission scolaire. Tous les niveaux d'intervenants ont accepté le
statu quo, sauf, comme peut-être plusieurs autres commissions scolaires,
les comités d'école et les comités de parents qui nous ont
demandé d'appuyer le principe du droit de vote. Mais, si on fait
l'équilibre parmi les personnes qui ont été
consultées, la position de la commission scolaire est de garder le statu
quo, alors que les représentants du comité de parents
siègent sans droit de vote au conseil des commissaires.
On veut reconnaître que le rôle des représentants des
comités de parents est d'acheminer des dossiers d'intérêt
des comités d'école; c'est un peu un rôle de groupe de
pression auprès du conseil des commissaires et c'est dans cette
veine qu'on a appuyé le statu quo. Il y a quelques points d'ordre
général, toujours concernant le conseil des commissaires. On a
regardé le point concernant la présence du directeur
général aux réunions du conseil des commissaires. On
aimerait que la présence du directeur général soit en tant
que participant. Il n'est pas membre du conseil des commissaires, mais il
participe aux réunions du conseil des commissaires.
On a aussi examiné la nomination du représentant du
comité de parents. On sait que, dans le projet de loi, le comité
d'école sera facultatif et on aimerait que la nomination du
représentant du comité de parents vienne au conseil
d'orientation; alors, que le conseil d'orientation nomme son
représentant au comité de parents. On a aussi
évalué la durée du mandat du président et du
vice-président. On sait que le rôle de ces deux personnes est
très important au conseil des commissaires et que cela a un effet sur le
fonctionnement et l'efficacité du conseil des commissaires. Alors,
à partir de ça, même si le leadership que ces personnes
exercent est important et qu'on veut développer un esprit
d'équipe et une bonne atmosphère de travail, on pense qu'un
engagement de trois ans pourrait être difficile. On aimerait voir une
relève et une rotation des commissaires en place. Alors, on aimerait que
le mandat du président et celui du vice-président demeurent pour
une durée d'un an.
Le dernier point au sujet du conseil des commissaires concerne le droit
d'abstention de vote. On a vu plusieurs autres structures qui fonctionnent avec
la pratique du droit d'abstention, alors que ce n'est pas le cas au sein du
conseil des commissaires et on aimerait un peu fonctionner comme le font les
autres structures, que ce soit n'importe quel conseil d'administration, et que
l'abstention de vote soit permise et n'ait pas d'influence sur le quorum de la
séance. (21 h 15)
On a aussi regardé le comité exécutif et, à
partir de notre étude et des réflexions des intervenants, nous
sommes une petite commission scolaire et, encore là, pour maintenir
l'intérêt de l'ensemble des commissaires qui siègent au
conseil des commissaires et pour avoir un regard sur un peu toutes les
décisions prises au sein de la commission scolaire, on a cru bon
recommander que le conseil des commissaires décide de la formation du
comité exécutif. Si le comité exécutif est
formé, on pense que les décisions devraient être
entérinées ou, à tout le moins, que le comité
exécutif réponde au conseil des commissaires et, s'il n'est pas
formé, le conseil des commissaires peut, soit prendre charge de
l'administration courante de la commission scolaire ou déléguer
en tout ou en partie cette tâche au directeur général. On a
quand même pris comme principe de base que l'administration courante de
la commission scolaire devrait relever des élus politiques.
Il y a peut-être une petite notion sur laquelle on aimerait avoir
des précisions, c'est au sujet de la définition d'administration
courante. Qu'est-ce qu'on entend par "administration courante de la commission
scolaire"?
Un autre point sur lequel on a consulté concerne les pouvoirs du
directeur d'école. À l'article 48, on mentionne que le directeur
d'école va appliquer les dispositions des conventions collectives. On
pense qu'il pourrait y avoir risque d'interprétation différente
d'une école à l'autre et on préférerait voir
l'interprétation des conventions collectives demeurer au niveau des
commissions scolaires, tel que cela existe présentement.
On a aussi regardé l'aspect du droit d'ester en justice. Dans le
projet de loi, on prévoit ce pouvoir avec les conseils d'orientation,
les comités d'école et les comités de parents. Pour nous,
cela signifie que la commission scolaire aurait à soutenir
financièrement un de ces comités pour qu'il la poursuive en
justice. On sait que c'est la commission scolaire qui est reconnue comme
entité légale. À partir de cela, comme plusieurs autres
organismes, nous recommandons que seule la commission scolaire ait le droit
d'ester en justice.
De plus, on a regardé l'aspect de la taxation et on sait que,
surtout dans notre territoire, ce sont des écoles, des structures qui
vieillissent, ce sont des bâtisses qui vont avoir de plus en plus besoin
de réparations. À partir de cela, cela a tout de suite un impact
au niveau financier. On ne voulait pas pénaliser les commissions
scolaires qui ont plusieurs écoles sur l'étendue de leur
territoire et dont les revenus sont souvent modestes. On aimerait que la limite
de taxation soit majorée afin de donner un pouvoir de taxation plus
élevé aux commissions scolaires.
Finalement, pour mentionner quelques points au sujet des pouvoirs du
gouvernement et de ceux du ministre, toujours en gardant en tête
l'objectif de départ qui en est un de décentralisation, on a
regardé quelques éléments, je les ai mentionnés
dans le mémoire, dans le but de donner plus de responsabilités
aux commissions scolaires. On aimerait que le ministère de
l'Éducation donne plus de responsabilités aux commissions
scolaires et qu'on continue dans la même veine de départ, qu'on
modifie les contrôles et les normes administratives pour faciliter ce
processus.
Un des points au chapitre des pouvoirs du ministre, à l'article
28, par exemple, on mentionne le refus d'adresser une plainte relative à
un enseignant au comité d'enquête. On pense qu'à ce niveau
il devrait y avoir une seule et même politique disciplinaire pour toutes
les catégories d'employés au sein de la commission scolaire.
À ce chapitre, on aimerait qu'il y ait une
déréglementation et qu'on élimine tous ces
contrôles. Cela demanderait peut-être une redéfinition du
ministère de l'Éducation.
En guise de conclusion, je pense que .notre commission scolaire, comme
je le disais, a appuyé les principes de départ, les principes de
base de
ce projet de loi et on souhaiterait la bienvenue à tout
amendement qui garderait cet objectif en tête. Pour nous, la formation
d'une commission scolaire linguistique, c'est un peu officialiser un
état de fait, c'est un peu comme cela qu'on fonctionne dans le moment.
Tous les intervenants ont beaucoup apprécié de participer
à cette consultation. Je pense que c'est une sensibilisation qui fait
partie d'un objectif à long terme, l'implication de nos intervenants
dans les décisions qu'on prend au sein de notre commission scolaire.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme Chartrand. Je reconnais maintenant M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Mme la présidente, monsieur,
permettez-moi de vous féliciter d'avoir présenté votre
rapport devant la commission de l'éducation. Cette consultation est
importante, vous savez que votre rapport sera retenu dans la mesure où
il contient des suggestions qui pourraient satisfaire la majorité des
intervenants. Cette consultation est très importante dans le sens qu'on
vous entend et que vous essayez, avant l'adoption de la loi, d'apporter des
correctifs. Si nous voulons que la loi soit la plus acceptable possible par les
intéressés, nous nous devons d'écouter les
différents intervenants, particulièrement ceux qui
représentent les commissions scolaires.
Dans votre cas, vous vivez déjà - vous nous le dites dans
votre rapport et vous nous l'avez dit tout à l'heure - la
"bilinguisation" des commissions scolaires, ce qui est tout à fait,
à mon sens, un exemple d'un vécu qui nous permettrait
peut-être de mieux apprécier l'importance d'avoir des commissions
scolaires bilingues.
Pour ma gouverne personnelle, j'aimerais savoir quelles villes vous
représentez, quels secteurs, quels endroits. Vous ne l'avez pas dit dans
votre rapport.
Mme Chartrand: Non! La CSVL couvre le territoire de
Buckingham...
M. Tremblay (Rimouski): Buckingham.
Mme Chartrand:... Masson, Thurso, Notre-Dame-de-la-Salette,
Val-des-Bois, Angers. Alors, c'est près de Hull-Gatineau, c'est le
comté de Papineau.
M. Tremblay (Rimouski): Où est le siège social?
Mme Chartrand: II est à Buckingham. M. Tremblay
(Rimouski): Buckingham. Mme Chartrand. Qui est la ville
principale.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien. Je vais revenir
à des questions plus précises. À la page 4, par exemple,
lorsque vous parlez des droits de vote des comités de parents à
la commission scolaire, vous avez nécessairement... Je m'aperçois
que cela a été assez divisé chez vous. Il y en a qui
étaient favorables pour qu'ils aient ' droit de vote, d'autres qui ne
l'étaient pas, etc. Cela est revenu dans plusieurs rapports. On semble
oublier une chose: les commissaires d'écoles sont déjà des
parents. Je comprends que les représentants des comités de
parents devraient siéger au conseil des commissaires et avoir droit de
vote, mais il ne faut pas oublier non plus que les commissaires d'écoles
sont déjà des parents et que, par conséquent, ils ont
intérêt à défendre les revendications ou les
préoccupations des parents.
Cette recommandation que vous faites, en fait, à la page 4,
est-ce que c'était énormément divisé ou...
Mme Chartrand: Comme je l'ai mentionné, la majorité
des personnes qui appuyaient le droit de vote des représentants des
parents au conseil des commissaires, c'étaient les comités
d'école et le comité de parents. Tous les autres intervenants,
soit...
M. Tremblay (Rimouski): En fait, la consultation que vous avez
menée, cela a été battu par l'assemblée. Le
comité d'école et le comité de parents ont
été battus pour avoir une recommandation dans le sens qu'ils
n'avaient pas de droit de vote au conseil des commissaires.
Mme Chartrand: Oui.
M. Tremblay (Rimouski): C'est un peu drôle.
Mme Chartrand: C'est que, de la façon qu'on a
fonctionné, on a consulté tous les intervenants de la structure;
alors, cela va du directeur d'école aux professionnels non enseignants
et enseignants, au personnel de soutien, aux cadres - je pense que je les ai
tous nommés - au comité d'école et au comité de
parents. Tous les résultats des consultations ont été
compilés. Cela a été rapporté au comité qui
a été formé. C'était la majorité des
réponses qu'on avait qui faisait qu'on formulait une position en
fonction des réponses qu'on avait reçues.
M. Tremblay (Rimouski): Une autre question. Au sujet du directeur
d'école qui doit appliquer la convention collective, vous semblez
être réticents à lui donner tous ces pouvoirs. Par contre,
dans le projet de loi qui est devant vous, on renforce le pouvoir du directeur
d'école. Si on renforce ce pouvoir, il faut bien lui donner les moyens
de l'appliquer, y compris la convention collective. Je ne sais pas si vous avez
regardé cela dans ce sens-là. Cela semble vous faire peur, que le
directeur d'école ait à
appliquer la convention collective. Mme Chartrand: Mais...
M. Tremblay (Rimouski): Le directeur doit toujours
répondre à la commission scolaire, de toute manière.
Mme Chartrand: Oui, je suis d'accord avec cela. Je pense qu'il y
a plusieurs domaines où on pourrait accroître les pouvoirs du
directeur d'école, mais quand on parle de convention collective, on sait
qu'il y a souvent des différences d'opinions; plusieurs personnes vont
la regarder et il va y avoir plusieurs opinions. Alors, dans ce sens-là,
on a cru bon que l'interprétation des conventions collectives demeure au
sein de la commission scolaire. Je ne sais pas si tu veux ajouter quelque
chose.
M. Montreuil (Luc): C'est une question
d'homogénéité, je pense, de l'interprétation de la
convention collective. Alors, si c'est laissé à la direction
générale du personnel, à ce moment-là, il n'y aura
plus d'homogénéité d'application de la convention
collective dans l'ensemble des écoles de la commission scolaire. C'est
dans ce sens-là qu'on est intervenu.
M. Tremblay (Rimouski): Remarquez bien, cela peut être
interprété un peu différemment, mais je pense que, si on
donne au directeur d'école un pouvoir accru de gérance, il faut,
à mon sens, l'accompagner d'un pouvoir pour gérer son personnel
et appliquer la convention. Enfin, la question est posée, elle demeure
à l'étude.
Lorsque vous parlez aussi des pouvoirs accrus des commissions scolaires,
vous semblez dire que la commission scolaire n'a pas assez de pouvoirs. En
fait, elle a des pouvoirs certains, elle voudrait en avoir davantage, mais
donnez-moi donc des cas précis de pouvoirs supplémentaires que
vous voudriez avoir, par exemple.
Une voix:...
M. Tremblay (Rimouski): Ils les ont déjà.
Mme Chartrand: J'ai peut-être...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame. S'il vous
plaît!
Mme Chartrand: On a peut-être mentionné cela de
façon à interpréter une demande de pouvoirs additionnels.
C'est que dans le projet de loi il y a des pouvoirs qui n'étaient pas
reconnus comme étant ceux du gouvernement et du ministre et qui sont
maintenant rendus à ce niveau-là. Alors, c'est plus vers un statu
quo que vers une demande de pouvoirs additionnels. Il y a certains points que
nous avons ressortis, et M. Montreuil va les ressortir.
M. Montreuil: Si on prend, par exemple, l'article 105, lorsqu'une
commission scolaire peut être divisée par suite de la formation
d'un nouveau territoire ou encore de l'annexion d'une partie de son territoire
au territoire d'une autre commission scolaire. Alors, il n'y avait rien de
prévu tel que le fait que, par exemple, le ministre va statuer sur tous
différends qui opposeront les commissions scolaires, quant à la
répartition des effectifs, la répartition du personnel, la
situation géographique des immeubles scolaires. Alors, il n'y avait rien
de prévu pour tout cela dans l'ancienne loi de l'instruction publique.
Donc, cela devient un nouveau pouvoir du ministre, à titre d'exemple. Il
y en a d'autres comme cela qu'on pourrait relever. Je pense bien qu'à
l'article 28 c'est un nouveau pouvoir du ministre. Alors, si on parcourt comme
cela les différents articles du projet de loi, on voit que le ministre
s'arroge de nouveaux pouvoirs qui, jusqu'à maintenant, étaient
dévolus à la commission scolaire.
M. Tremblay (Rimouski): Mais, tout de même, la commission
scolaire, il ne faut pas l'oublier, a un pouvoir de taxation, je pense qu'elle
l'exerce. Elle a un pouvoir de gérance, elle gère son personnel,
elle gère ses immeubles. En fait....
M. Montreuil: Au sujet de la gestion des immeubles, si vous
prenez cela comme exemple. Je m'excuse de vous interrompre. Dans la gestion
d'immeubles, par exemple, ce qui arrive actuellement, c'est que le ministre
s'arroge plus de pouvoirs qu'il n'en avait auparavant - je ne pourrais pas vous
sortir cela - dans la question des plans et devis, la disposition des
immeubles, et ainsi de suite.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, mais, écoutez, dans toute
cette partie-là du pouvoir des ministres, parce que j'y reviendrais,
j'aurais aimé mieux que vous me disiez les pouvoirs additionnels qu'on
devrait donner à la commission scolaire. Si vous voulez discuter des
pouvoirs additionnels que vous pensez qui sont donnés au ministre, il
faut tout de même que le ministre ait des pouvoirs de statuer pour
certaines grandes planifications. Par exemple, tous les enseignements
professionnels, on ne peut pas les laisser, à mon sens, "at large",
à la volonté de chacune des commissions scolaires. Il faut que,
quelque part, il y ait quelqu'un qui planifie cette chose. Quand on parle des
immeubles, vous savez que ce sont des normes, c'est norme. Alors, il faut que
quelqu'un décide de la normalisation de ces immeubles, on ne peut pas
les faire.... Sans cela on se retrouverait, il me semble, avec peut-être
50 ou plusieurs planifications différentes. Tandis que, si on veut
regarder au niveau des pouvoirs du ministre, je pense qu'il a le pouvoir
d'établir des normes, pour que ces normes soient respectées
autant que possible dans toute la province,
et qu'on ait à mon sens un réseau d'enseignement qui
corresponde aux désirs de la population.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions du côté ministériel? M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais signaler une chose, ce n'est pas parce que
vous écrivez que le ministre a un pouvoir nouveau... Ce n'est pas un
jugement, cela ne nous informe pas beaucoup quand vous dites cela. Il faut dire
que c'est un pouvoir nouveau qu'on n'aime pas et pour quelles raisons. Il peut
très bien arriver qu'un pouvoir nouveau soit nécessaire. Ce n'est
pas une horreur, il faut arrêter de s'imaginer qu'on va impressionner la
galerie avec cela.
M. Montreuil: Bon, attendez...
M. Ryan: II faut que vous nous disiez en quoi ce pouvoir nouveau
est mauvais et indésirable. Là, on va discuter
sérieusement, mais tant que vous nous dites que c'est nouveau... Bien
oui, cela pourrait être ancien et n'être pas bon non plus. Cela ne
prouve rien. Mais ce que je vous demande, dites-nous, par exemple: il est
question que l'on donne au gouvernement le pouvoir d'instituer un régime
pédagogique pour les adultes. C'est nouveau, êtes-vous contre
cela, est-ce que c'est mauvais?
M. Montreuil: Bien moi, j'aurais pensé qu'il aurait pu
exister plus de concertation entre les commissions scolaires qui sont
visées et le gouvernement. Alors, on dit, par exemple, comme fonction de
la commission scolaire, en vertu du projet de loi le ministre peut ou pourrait
établir la liste des commissions scolaires qui peuvent offrir
l'éducation des adultes, certaines le peuvent, d'autres ne le peuvent
pas, établir la liste des options professionnelles qu'une commission
scolaire est autorisée à dispenser, et tout cela. Alors, comme
commission scolaire, que devons-nous faire? Nous devons nous assurer que tous
ceux sous notre juridiction aient le maximum de services possibles. (21 h
30)
M. Ryan: Moi, je vous le dis, la concertation c'est un beau mot
pour faire des discours et aller chercher des votes, mais il faut que vous
arriviez, que vous établissiez la clé de décision dans
votre texte de loi. Cela, c'est important. La concertation, ce n'est pas une
clé de décision, si cela ne marche pas, si les parties ne
s'entendent pas... Il y a un certain nombre de commissions scolaires dans une
région. Elles sont cinq qui veulent avoir l'option machinerie lourde.
Elles vont voir la direction régionale et disent: Arbitrez-nous donc
cela. Si elles ne veulent pas le faire arbitrer et si chacune le veut, il faut
bien que quelqu'un décide. Les fonds publics ne sont pas
illimités là-dedans. Je ne vois pas comment, encore une fois, le
fait de mettre le mot "nouveau", cela enrichit le débat en quoi que ce
soit. Si vous me dites: Ceci ou cela n'est pas bon pour telles raisons, je suis
prêt à écouter autant pour l'ancien que pour le nouveau.
Mais je cherche les arguments ici et je ne les trouve pas dans votre texte, je
vous le dis franchement, sur ce chapitre-là.
M. Montreuil: Ce n'est pas bon dans le sens que ce qu'on avait
comme prérogatives sous l'ancienne Loi sur l'instruction publique, vous
admettrez comme moi qu'on en perd.
M. Ryan: Oui, mais regardez, pour la formation professionnelle,
il y a de l'eau qui a coulé sous le pont Jacques-Cartier depuis quinze
ans. Il s'est passé des choses. On a été obligés,
au cours de la dernière année, d'établir une carte des
enseignements professionnels. Le régime qu'on a eu pendant des
années, cela ne marchait plus. D'abord, les clientèles avaient
diminué beaucoup. Les équipements coûtent infiniment plus
cher aujourd'hui.
M. Montreuil: Puis désuets avec cela, je suis d'accord
avec vous.
M. Ryan: Pardon?
M. Montreuil: Certains équipements sont devenus
désuets au cours des années.
M. Ryan: Vous le savez, il a fallu au bout de la ligne que le
ministère prenne un paquet de décisions, que le ministre prenne
un paquet de décisions et, si elles n'avalent pas été
prises, cela traînerait encore actuellement. On dit: Ce qui a
été la pratique depuis dix ans, on va le mettre dans la loi pour
ne pas qu'il y ait de malentendus, que cela soit clair. Puis, vous nous dites:
On ne veut pas cela.
M. Montreuil: Mais d'abord qu'à la fin de tout cela il y
aura une garantie que ceux qui sont sous notre juridiction pourront avoir des
services adéquats. Si c'est pour améliorer la situation,
d'accord.
M. Ryan: Regardez, ce ne sera pas nécessairement par votre
commission scolaire qu'ils vont les avoir. Quand ce sont des services
raréfiés, des services très coûteux, il peut arriver
qu'ils vont les avoir par la commission scolaire voisine. C'est pour cela qu'on
ne peut pas accepter que chaque commission scolaire dise: On a pleine
juridiction sur chacun de ces aspects-là. Physiquement,
financièrement, ce n'est pas possible.
Mme Chartrand: Non, je pense que ce n'est pas dans ce
sens-là non plus, mais s'il y a certaines normes pour pouvoir
établir un programme d'enseignement quelconque dans une commission
scolaire, on s'y fait ou on ne s'y fait
pas et je pense que le rôle des commissaires doit être
reconnu et encouragé dans ce sens. Si on veut que nos commissaires
prennent leur part de responsabilités, si on veut que les gens qui
s'impliquent comme commissaires soient des gens qui veulent faire changer des
choses, qui veulent connaître le milieu de l'éducation, je pense
qu'il faut leur donner une certaine reconnaissance de leur rôle, aussi.
On a besoin de gens qui veulent non seulement gérer des commissions
scolaires, mais bien les connaître pour les gérer de la meilleure
façon possible.
M. Ryan: Juste pour terminer en ce qui nous touche, nous avons
indiqué ce matin à la Fédération des commissions
scolaires catholiques un nombre assez important de points sur lesquels il y
aura des amendements aux projets de loi et plusieurs des amendements que nous
avons laissé entrevoir vont répondre à des demandes que
vous formulez dans votre mémoire. Par conséquent, il y a beaucoup
de points... Je ne veux pas qu'on ait de malentendus; je vous parie franchement
parce que je vous connais et je sais qu'on est capables de discuter librement
entre nous, cela, c'est la base même de nos rapports. Il y aura plusieurs
changements qui seront apportés qui vont dans ce sens-là, sur la
question fondamentale du partage des pouvoirs. J'ai bien indiqué
à la fédération ce matin qu'on ne discutera pas quant aux
principes abstraits. On va discuter pour ce qui est des modalités
concrètes. S'il y a des choses qui ne sont pas acceptables, qu'on nous
le prouve. On est prêts à regarder notre position. Là, j'ai
regardé la "shopping list" qu'il y a ici et je ne vois pas beaucoup de
points sur lesquels on pourrait vous laisser entrevoir des modifications aux
projets de loi. On va regarder attentivement et, si vous avez des
précisions à nous envoyer sur votre liste qui est à la
page 14, cela m'intéresserait vivement.
Il y en a un en particulier que je mentionne, juste pour terminer. Vous
dites: Le pouvoir d'arbitrage dans les cas d'intégration ou de fusion.
Vous savez, il y a des cas qui...
Mme Chartrand: Quand on sera de retour dans notre commission
scolaire, le comité se fera un plaisir de regarder en particulier cette
page-là.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Chartrand: Mais j'aimerais faire ressortir quand même
le point que ce sont des réponses qu'on a reçues à la
lueur des perceptions et de la compréhension des personnes du milieu.
C'est à partir de cela qu'on a formulé nos...
M. Ryan: Puis là, nous, on vous donne les réponses
du gouvernement.
Mme Chartrand: C'est bien correct. C'est accepté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le ministre, et
je reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition officielle en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme la
présidente, monsieur, il me fait plaisir de vous accueillir même
s'il se fait un peu tard. J'écoutais le ton du ministre, à la fin
et les interventions du député de Rimouski et ils essaient, je
pense, de vous impressionner en vous disant: Écoutez, montrez-moi
à quel endroit il y en a et où vous en voudriez. Ce qu'il faut se
rappeler, c'est ce que disait votre fédération ce matin: C'est
l'esprit même de la loi qui fait en sorte que les commissions scolaires
ne sont ni plus ni moins qu'en tutelle. Il ne l'aborde pas dans ce
sens-là. Il dit: Les grands principes, on ne veut rien... Nous autres,
ce sont des affaires concrètes, ce sont des articles. Je souriais
tantôt en regardant la définition des responsabilités des
enseignants. Si ce ne sont pas là des grands principes
généraux, j'ai hâte de voir comment on va mesurer cela.
Quand cela convient au ministre, il dit: Écoute, nous, on ne s'en va pas
dans les grands principes. Mais, par ailleurs, il accepte d'y aller, surtout
lorsqu'il s'agit de créer des obligations aux commissions scolaires.
L'essentiel du projet de loi qu'on a sous la main, qu'on examine
actuellement, sur lequel il y a une consultation, est venu apporter des
modifications à la loi 3 et on a beau les lire comme cela, les mettre en
parallèle, l'unique raison pour laquelle il a modifié le projet
de loi, excluons la partie sur les structures des commissions scolaires,
linguistiques ou autres, toutes les modifications, et sans exception, viennent
augmenter le pouvoir du ministre et diminuer ses obligations: la
gratuité, les services éducatifs, la définition des
effectifs cadres, la définition de - cela prend un cadre pour
gérer surtout les écoles catholiques et protestantes, je ne me le
rappelle. plus - ce que j'appelle le conseiller cadre. Le titre est tellement
long que je ne me rappelle plus. On décide que c'est un cadre que cela
prend là. Ce sont des choses nouvelles dans la loi.
Je pense que c'est trop facile de dire cela à quelqu'un qui ne
gagne pas son pain et son beurre à gérer une commission scolaire
dans l'immédiat, c'est trop facile de tenir le discours qu'il vient de
tenir en disant: Montrez-nous donc à quelle place c'est. Je trouve que
c'est trop simple. Cela fait six semaines qu'on est en commission
parlementaire. J'imagine que le ministre a contribué à
écrire le projet de loi, il le connaît bien. Je trouve que c'est
trop facile de faire cela. Je pense qu'il y a une contradiction fondamentale
entre la décision du ministre, que je partage et que j'encourage, de
modifier tout ce qui s'appelle élections scolaires, le projet
de loi 106, de manière à s'assurer que ce niveau de
gouvernement soit le plus représentatif possible et, de l'autre
côté, le projet de loi 107 qui enlève de plus en plus de
pouvoirs aux commissions scolaires. Le discours que je tiens aujourd'hui...
Le ministre disait tantôt: Vous savez, depuis quinze ans, il a
passé de l'eau sous le pont Jacques-Cartier. Je pourrais lui dire qu'il
en a passé aussi sous le pont Pierre-Laporte. Mais cela ne nous avance
pas d'une minute quand on sait que le ministre actuel, en 1983 - pas 1984, la
loi a été adoptée en 1984 et jugée
inconstitutionnelle en 1985 - disait: On ne pourra pas accepter ou encourager
un projet de loi qui viendrait augmenter les pouvoirs du ministre. Il n'y a pas
quinze ans! Ce dont on parle, c'est il y a cinq ans, même pas tout
à fait cinq ans. Cela me laisse... Je me dis: C'est trop facile de tenir
ce genre de discours. C'est seulement cela que je voulais vous dire. J'aurais
peut-être une brève question, parce que mon collègue
voudrait poser des questions. C'est une question de compréhension de
votre texte. Vous dites, à la page 18 de votre mémoire - je n'ai
pas très bien compris ce que vous vouliez entendre par là, ce
n'est pas majeur, mais c'est pour satisfaire ma curiosité - "Que le MEQ
établisse une seule et même politique disciplinaire pour tous les
détenteurs de fonctions éducatives et administratives. "
Qu'est-ce que vous entendez par là?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Chartrand: On réfère à l'article
où on parle de l'enseignant qui détient un permis d'enseignement,
l'article 23, et il y a l'article 28 qui dit que le ministre peut refuser
d'envoyer une plainte à un comité d'enquête. À
partir de cela, cela enlève un peu la force de l'article 27 qui dit
qu'il peut y avoir un comité d'enquête de formé. Alors,
pourquoi est-ce que le ministre, au niveau des enseignants, peut avoir une
intervention sur un permis d'enseignement et que ies autres intervenants de la
commission scolaire... S'il n'y a pas de permis d'enseignement, on ne peut pas
travailler. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas ce pouvoir au niveau des autres
intervenants, soit les soutiens, les cadres et tout le reste du personnel des
commissions scolaires?
Je peux peut-être juste mentionner un autre commentaire sur une
partie de votre présentation. Je dois être d'accord avec vous
qu'effectivement les commissaires ne gagnent pas leur pain et leur beurre en
travaillant comme commissaires d'écoles. Je suis entièrement
d'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
d'interventions? M. le député de Shef-ford, le
vice-président de la commission de l'éducation.
M. le député.
M. Paré: Quelques questions très rapide- ment,
parce qu'on se rend compte, en vous écoutant et en lisant votre
mémoire, que c'est à la suite de consultations et aussi sur le
vécu vraiment de gens sur le terrain. Vous avez des recommandations qui
sont très précises, c'est court et clair. C'est plus facile d'en
discuter comme cela. Je ne reviendrai pas sur les commissions scolaires
francophones et anglophones. Vous disiez tantôt en discutant que cela
existe déjà, sauf qu'on a vu, et vous avez été
à même de le voir aussi tantôt, que ce qui existe
déjà, c'est plutôt l'anarchie, parce qu'il y a
déjà des commissions scolaires qui sont unifiées,
linguistiques, confessionnelles et anticonfessionnelles. Il y a vraiment
quelque chose à faire là. C'est inacceptable comme situation ce
que l'on vit présentement.
Mais, sur le vécu des commissions scolaires et des gens dans les
commissions scolaires, vous faites des recommandations très
précises et sur lesquelles je voudrais juste revenir rapidement. Vous
dites que vous voudriez que le mandat du président, de la
présidente, du vice-président ou de la vice-présidente
soit d'une durée d'une année. Je comprends que, dans des petites
commissions scolaires, cela peut être très intéressant de
se donner la chance d'exercer le rôle et d'échanger comme cela,
mais ne trouvez-vous pas que, si c'est une recommandation, cela voudrait dire
l'inscrire dans la loi? Si je comprends bien, si on dit que le mandat est d'une
année, c'est qu'il est seulement d'une année. Ne trouvez-vous pas
que c'est court? Que ce serait en même temps empêcher des gens?
J'en connais dans nos commissions scolaires un peu partout au Québec qui
sont là depuis des années et qui reviennent de façon
automatique de par leur personnalité, mais par le choix des gens aussi,
pour la continuité et l'expérience. Qu'on en fasse un choix et
que l'on décide dans les commissions scolaires, à un moment
donné, par l'élection et tout ce que l'on fait, finalement, pour
remplacer des gens. Est-ce que vous ne trouvez pas que d'insérer dans la
loi, parce que si je comprends bien, c'est cela, des mandats d'une année
seulement par personne, ce soit trop restreignant et en même temps que
cela risque de déstabiliser d'une certaine façon ou de couper
dans la continuité?
Mme Chartrand: Au contraire, c'est le fait de fixer des mandats
de trois ans qui pourrait peut-être restreindre les gens dans leur
implication. Il n'y a rien qui dit qu'on ne peut pas renouveler un mandat. Il
n'y a rien qui dit qu'on ne peut pas rester plus d'un an comme président
ou vice-président, mais, si on veut que les gens se préparent
à assumer une présidence... On sait que, lorsqu'il y a des
élections scolaires, on a des mandats de trois ans et il y a des gens
qui, après avoir siégé trois ans au sein d'un conseil des
commissaires, sont prêts à prendre la présidence pour un ou
deux ans, mais, en même temps, les gens qui sont nouveaux
commissaires
peuvent être prêts à se préparer pour en
assumer la présidence pendant un an. C'est le choix d'une personne.
Trois ans, c'est un terme long, surtout au gros salaire que les commissaires et
les présidents de commission scolaire font, c'est un engagement moral
que l'on fait quand on s'implique comme commissaire d'école. Il faut
laisser la chance aux gens de faire le choix de la longueur de leur mandat de
façon qu'ils ou qu'elles puissent le renouveler si elles le
désirent et qu'elles puissent le terminer si c'est le cas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
M. Paré: D'accord. En vertu de l'expérience, ce
serait plutôt motivant que démobilisant pour la personne en
place.
Mme Chartrand: Sûrement.
M. Paré: Je parle toujours en fonction de votre
vécu ou du vécu, parce que, chaque année... C'est vrai que
trois ans renouvelables cela peut être long, mais, même
renouvelable à chaque année, une année ça vient
quand même vite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Montreuil.
M. Montreuil: Vous pourrez dire qu'avec les ajustements qui ont
eu lieu au cours des trois dernières années, en tout cas, la
présidente de la commission scolaire... Il est arrivé à
certains présidents de devoir être élus trois fois en un an
et demi. Je pense que c'est vraiment charrier. Et j'ai déjà
entendu la réflexion suivante: Le président a beau être un
bon gars, mais on aime autant avoir la chance de l'élire à chaque
année.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
vice-président. (21 h 45)
M. Paré: Sur le vote des commissaires. Ce sont des points
précis, mais c'est intéressant d'entendre des gens qui le vivent
exprimer leur point de vue là-dessus. Les gens qui sont élus sont
des gens qui acceptent de prendre des responsabilités malgré le
salaire pas très élevé dans une commission scolaire. Cela
veut dire de participer aux décisions par un vote. Qu'est-ce qui vous
amène à demander qu'on puisse s'abstenir du droit de vote?
M. Montreuil: II faut justifier cela, étant donné
que moi-même, je suis tout à fait de votre avis, monsieur. C'est
que, si un commissaire a été élu, qu'il exerce sa fonction
de commissaire, qu'il reste assis à une table et qu'il vote sur toutes
les questions qu'on voudrait bien lui apporter. Maintenant, je vous le dis
encore, c'est le fruit d'une consultation. Ce n'est pas mon opinion.
Mme Chartrand: Je pense que c'est pour faire valoir.... Comme
nouvelle commissaire, vous pouvez ne pas être au courant ou vous pouvez
avoir d'autres questions, alors que vous devez voter à ce
moment-là. Et puis, moi, quant à prendre une décision sur
un point sur lequel je peux ne pas être prête à voter, je
préfère m'abstenir. À partir de cela, soit que vous
puissiez demander de repousser le vote, mais parfois vous ne pouvez pas
toujours contrôler comment les choses se passent. Et pourquoi ne pas
s'abstenir? Sans avoir un effet sur le quorum puisque, souvent, if y a
peut-être d'autres parties de la réunion sur lesquelles vous
voulez que cela se passe ce soir-là. Vous voulez que les
décisions soient prises. Vous voulez que les résolutions soient
votées. Mais, si cela a un impact sur le quorum et que le quorum se
brise, eh bien! cela en est fait de cette réunion-là.
M. Paré: D'accord. Cela répond à ma
question. On retrouve aussi dans votre mémoire que le conseil
décide de la formation du comité exécutif. La
Fédération des commissions scolaires, ce matin, était
claire là-dessus, cela va être une obligation dans la loi qu'il
doive y avoir un comité exécutif. Qu'est-ce qui fait que vous
recommanderiez plutôt que le conseil décide? Donc, c'est
volontaire, cela ne s'appliquera pas de façon générale
partout. Est-ce la grosseur de la commission scolaire qui vous fait favoriser
cela? Mais même là, étant donné que c'est une loi,
vous ne pensez pas qu'en le mettant comme cela il y a des risques pour les
autres commissions scolaires plus grosses, plus importantes en termes de
nombre, pas importantes en termes de responsabilités, mais de
grosseur?
M. Montreuil: En pratique, justement, si on parle de grosseur de
la commission scolaire, nous sommes une petite commission scolaire. Nous savons
très bien que, pour certaines petites commissions scolaires semblables
à la nôtre, le comité exécutif est actuellement
obligatoire suivant la Loi sur l'instruction publique. Ce qui arrive dans ces
commissions scolaires-là, c'est que bien souvent le comité
exécutif est utilisé ou, en tout cas, les gens qui sont là
vont adopter les comptes; c'est à peu près tout ce qui leur est
délégué comme pouvoir de sorte que tout se passe au
conseil des commissaires. Alors, nous disons qu'il soit possible à la
commission scolaire de se nommer un comité exécutif, de lui
donner, puisque le conseil des commissaires possède tous les pouvoirs,
les pouvoirs qui vont avec. Alors, dans une grosse commission scolaire, je ne
conçois pas qu'il soit possible, en tout cas, de fonctionner sans
comité exécutif, mais,
dépendamment de la grosseur de la commission scolaire, il serait
possible... En tout cas, si on le laisse obligatoire, cela ne se passera pas
autrement que cela se passe actuellement, c'est-à-dire que le
comité exécutif sera là, mais très peu de pouvoirs
seront délégués.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M.
Montreuil: J'aimerais aussi...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez du
temps, allez.
M. Montreuil: Tantôt, on a dit qu'on parlait toujours de
l'administration courante de la commission scolaire. Tout le monde en parle.
J'en ai beaucoup entendu parler. On ne sait pas où cela commence ni
où cela finit. Il y aurait peut-être lieu d'indiquer ce qu'est
l'administration courante d'une commission scolaire. Qu'est-ce que c'est?
M. Paré: II semblerait que ce ne soit pas dans le
dictionnaire.
M. Montreuil: Ce n'est pas dans le dictionnaire non plus?
M. Ryan: C'est une expression couramment reçue. On ne
pourra jamais lui donner une définition arithmétique, je pense
bien. On a fonctionné avec des expressions comme ça depuis des
générations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
vice-président de la commission.
M. Paré: Concernant la taxation, vous n'êtes pas le
premier à venir là-dessus. Il y a eu de bons échanges. On
sait dans quel contexte on vit ici au Québec avec les différentes
instances élues: municipales, provinciales et les commissions scolaires.
Vous souhaitez que la limite de taxation soit majorée afin de donner
plus de pouvoir, mais vous ne dites pas jusqu'à quel niveau. Dans les
échanges qu'on a eus avec d'autres groupes, on a dit: Au moment
où la loi a été adoptée, en 1979, elle donnait aux
commissions scolaires une certaine marge de manoeuvre, sauf que, depuis le
temps, la marge de manoeuvre a toujours diminué parce qu'on utilise
maintenant ce qu'on avait, ce qu'on a ou ce qu'on perçoit directement
pour combler ce que le gouvernement ne nous donne plus. Dans votre esprit,
est-ce que cela pourrait être que la taxation nous ramène au
pourcentage de la marge de manoeuvre qu'on avait au moment de l'adoption de la
loi en 1979 ou si c'est plus que ça?
M. Montreuil: De quoi parlez vous? Des 6 % ou du...
M. Paré: Oui. La taxation de 6 % vous donne un montant qui
représente...
M. Montreuil: Chez nous, 0, 16 $ et, dans d'autres commissions
scolaires, il ne faut pas parler de commissions scolaires riches, mais de
pauvres et de moins pauvres.
M. Paré: Oui, de pauvres et de moins pauvres, disons.
J'accepte ce qualificatif. Au moment où la loi a été
adoptée, les 6 % représentaient quand même un certain
montant pour les commissions scolaires. Ce qu'on s'est fait dire à
plusieurs reprises depuis le début de la commission, c'est
qu'étant donné qu'il y a eu toutes les compressions et de
coupures, plus de responsabilités aux commissions scolaires, mais non
pas nécessairement les fonds qui ont suivi, la commission scolaire a
utilisé ou utilise présentement sa marge de manoeuvre pour son
fonctionnement obligatoire en fonction des responsabilités qu'on lui
impose.
Là, vous dites que vous voulez maintenant une marge de manoeuvre
par la taxation. Est-ce que la marge de manoeuvre serait de revenir à ce
qu'elle était en 1979, toute proportion gardée, en pourcentage,
étant donné que vous l'utilisez maintenant juste pour faire vos
devoirs imposés par le ministère? Ou, pour vous, quel serait le
plafond que vous souhaiteriez? Là, on ne le retrouve pas. On dit
d'augmenter le plafond...
M. Montreuil: Ou encore l'intervention gouvernementale,
c'est-à-dire quand on va donner des subventions aux commissions
scolaires, en regardant un peu la richesse et les besoins de chacune des
commissions scolaires, y aller graduellement de sorte que les commissions
scolaires moins riches puissent aussi avoir des services de qualité.
Maintenant, comment cela se ferait-il? Je ne le vois pas très bien,
mais, de toute façon, on ne peut pas enlever à une commission
scolaire moins pauvre pour en donner à celle qui est plus pauvre. Mais
maintenir le niveau actuel des subventions tout en ajoutant un peu plus pour
les commissions scolaires qui sont un peu plus dans le besoin, à mon
sens.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. D'autres
interventions?
M. Paré: Cela pourrait être plus une
péréquation qu'une taxation.
M. Montreuil: Oui.
Mme Chartrand: C'est difficile pour nous de nous prononcer sur un
chiffre quand on n'a pas vraiment un chiffre qui nous a été
donné par notre commission scolaire.
M. Paré: D'accord. Un dernier point où vous touchez
les fonctions de la commission scolaire et vous dites qu'elle s'assure que la
population de son territoire reçoive les services éducatifs
auxquels elle a droit en vertu de la Loi sur la protection de la
jeunesse, de la Loi sur les services de santé et les services sociaux et
de la Loi sur les jeunes contrevenants. On a eu des discussions
là-dessus, particulièrement la semaine dernière, et on a
dit que, dans la loi, on retrouve à l'article 1 qu'il faut donner tous
ces services, que la commission scolaire doit donner ces services. Par contre,
dans le reste de la loi, il y a juste l'article 208 qui impose des choses, mais
cela touche les services complémentaires en animation pastorale. Cela
veut dire que, pour les autres, on ne retrouve pas d'autres articles qui
viennent obliger, confirmer d'une façon très précise dans
la loi... Est-ce que, d'après vous autres, la loi 107 telle qu'elle est
là vous donne suffisamment de garanties que la commission scolaire va
pouvoir donner les services que vous demandez présentement, la
protection de la jeunesse, les services complémentaires et
particuliers?
M. Montreuil: Oui, on pourrait dire qu'actuellement, en tout cas,
les programmes offerts sont satisfaisants à partir de ce qu'on a. C'est
à 208?
M. Paré: Oui, c'est 208.
Mme Chartrand: II y a un choix qui est offert présentement
de cours en enseignement moral ou religieux. Si la commission scolaire devient
linguistique, anglophone ou francophone, s'il y a d'autres besoins, ce sera
probablement à la commission scolaire de se prononcer s'il y a un besoin
dans une autre religion comme la religion protestante, j'imagine...
M. Paré: C'est cela.
Mme Chartrand: ...et la commission scolaire réagira en
fonction de sa clientèle et de ses demandes.
M. Paré: Mais, au-delà de cela, vous voulez que les
autres services complémentaires et particuliers dans chaque commission
scolaire soient reconnus dans la loi et qu'on leur donne les moyens de pouvoir
les obtenir et les donner.
Mme Chartrand: Pour pouvoir répondre aux besoins.
M. Paré: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Parent Sauvé): Merci, M. le
député. S'il n'y a pas d'intervention du côté
ministériel, je tiens à vous remercier, madame, monsieur, de
votre participation à cette commission.
La commission ajourne ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 55)