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(Quinze heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'éducation commence
ses travaux. M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si nous avons
quorum, je déclare cette séance de travail ouverte et je vous
rappelle que la commission se réunit actuellement, comme dans les jours
qui vont suivre, pour étudier le projet de loi 107, Loi sur
l'instruction publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui M. le Président. Du
côté de l'Opposition, le député de Dubuc, M.
Desbiens, remplace le député de Saint-Jacques, M. Boulerice, et
le député de Mercier, M. Godin, remplace le député
de Taillon, M. Filion. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Du
côté ministériel, est-ce qu'il y a des remplacements?
M. Gendron: J'ai été distrait. On vient d'annoncer
les remplacements du côté de l'Opposition alors, du
côté ministériel, non, soyez sans crainte.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On n'en a pas.
Cela va à votre goût, M. le député? Il n'y a pas de
changement.
M. Gendron: J'aurai l'occasion d'en faire un peu plus tard. Je
n'en ferai pas tout de suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. S'il n'y
a pas de remplacement, avant de commencer la séance et de donner la
parole au ministre et au porte-parole de l'Opposition officielle, je veux
souhaiter la bienvenue au porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député d'Abitibi-Ouest, qu'on a le plaisir d'accueillir pour la
première fois à cette commission permanente de l'éducation
à titre de porte-parole de l'Opposition officielle. M. le
député d'Abitibi-Ouest, sentez-vous le bienvenu. Il nous fait
plaisir de travailler avec vous et de vous assurer de notre collaboration.
M. Gendron: Je vous remercie rapidement, M. le Président,
de vos meilleurs voeux d'étroite collaboration et, pour ce qui me
concerne, il est clair que cela me fera plaisir de travailler avec les membres
de cette commission qui, normalement, s'intéressent aux questions
d'éducation. C'est une question qui m'intéresse et je vais
essayer de travailler le plus sérieusement possible et le plus
professionnellement possible à véhiculer les
éléments qui m'apparaissent devoir être
véhiculés pour maximiser l'offre éducative que, comme
société, on se doit d'offrir et qui doit être de la
meilleure qualité. C'est dans ce sens que je vais travailler. Alors, je
vous remercie de votre collaboration comme président et je remercie ies
membres de m'accueillir aussi gentiment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va.
Maintenant, comme le veut non pas la coutume, mais le règlement, je
demande à M. le ministre de l'Éducation de faire ses remarques
préliminaires concernant les buts de l'examen de ce projet de loi
article par article. M. le ministre de l'Éducation.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, c'est avec beaucoup de plaisir
et d'optimisme que nous entreprenons, du côté du gouvernement,
cette nouvelle phase dans l'examen du projet de loi 107. Nous avons franchi
avec succès et ouverture, je le pense bien, jusqu'à maintenant
les étapes qui étaient indiquées avant celle-ci. Nous
avons, entre autres, tenu une série d'audiences de la commission
parlementaire de l'éducation qui furent très fructueuses, qui
furent marquées d'une large et fort constructive participation de la
part des milieux concernés.
Nous avons également eu un débat à
l'Assemblée nationale sur le principe du projet de loi qui a
donné lieu à des échanges de vues vigoureux de la part du
gouvernement et de l'Opposition. J'ai eu l'occasion de signaler, à
l'Assemblée nationale, l'excellente qualité des contributions
apportées par les participants au débat, notamment ceux du
côté gouvernemental qui avaient tous soigneusement
préparé leur intervention, qui nous ont permis de mieux
comprendre différents aspects de ce projet de loi aux innombrables
facettes, comme l'est d'ailleurs notre système d'enseignement.
Nous entreprenons aujourd'hui l'étude en comité, article
par article. Je pense que l'occasion est bonne pour rappeler brièvement
les grandes caractéristiques du projet de loi et je voudrais ensuite
m'attarder principalement à des explications sur les amendements que
nous projetons d'apporter au projet de loi, afin de tenir compte de tous les
points de vue dont nous avons été saisis en cours de route
jusqu'à ce jour et d'améliorer le projet, de manière qu'il
puisse devenir, dans toute la mesure possible, le bien de toute la
communauté et non pas simplement l'affaire du gouvernement et de sa
majo-
rité.
Les objectifs du projet de loi sont bien connus, nous les avons
réitérés à plusieurs reprises. Nous voulons d'abord
moderniser, clarifier et rendre plus cohérente notre vieille Loi sur
l'instruction publique. J'ai fait part, à maintes reprises, de mon
attachement pour cette vieille loi qui est l'une de nos institutions les plus
précieuses, mais cela ne doit pas nous empêcher de conclure que,
dans plusieurs de ses dispositions, la loi est devenue désuète,
que plusieurs dispositions qui se sont ajoutées ou superposées
les unes aux autres, au cours des générations, ont
créé un édifice dont la simplicité des lignes n'est
pas toujours la caractéristique principale. Alors, nous avons voulu
faire un effort afin de donner à la communauté
québécoise une législation scolaire qui soit à
l'image du progrès que nous avons accompli ensemble depuis de nombreuses
années et de la vision que nous nous faisons aujourd'hui de notre
système d'enseignement. C'est l'un des objets fondamentaux du projet de
loi.
Nous avons voulu donner une nouvelle définition des
frontières de l'accessibilité à plusieurs égards.
Nous ne pouvions pas innover sérieusement en matière de
gratuité universelle, parce que, déjà, l'instruction
publique primaire et secondaire est accessible à toute la population de
manière gratuite. Une fois qu'on a dit cette chose, on doit se contenter
d'envisager des avancées plutôt complémentaires. On ne peut
pas refaire l'essentiel de cette partie de l'édifice. Mais il y a quand
même bon nombre de secteurs de la population qui ne jouissent pas de
l'accessibilité avec autant d'intensité que d'autres et nous
avons voulu, dans le projet de loi, faire reculer les frontières de
l'accessibilité dans les secteurs que nous jugions
particulièrement vitaux. Je pense à l'éducation des
adultes, en particulier, où nous n'aHons pas aussi loin qu'on pourrait
idéalement le souhaiter, j'en conviens dès le départ. Mais
nous faisons des progrès sensibles, nous ouvrons des portes nouvelles
aux adultes et je pense qu'il s'agit là de progrès
appréciables, surtout quand on tient compte de l'obligation où
nous sommes de mesurer soigneusement les implications financières de
chaque nouveau pas que nous entreprenons. Parmi les progrès que nous
proposons à ce sujet, il y a notamment les suivants: nous laissons
tomber la définition de l'adulte, qui obligeait une personne à
avoir été coupée de l'école pendant une
période autrefois d'un an, dans la version originelle du projet de loi
de six mois, avant d'être admissible aux services éducatifs.
Maintenant, l'admissibilité sera ouverte à toute personne qui a
quitté l'école. Il n'y aura pas de perte de temps; par
conséquent, il n'y aura pas de gaspillage d'expérience entre le
moment où une personne quitte l'école et celui où elle
deviendra admissible au service d'éducation des adultes.
Nous insérons dans le projet de loi le principe de la
gratuité des services d'alphabétisa- tion et des services
éducatifs pour les adultes. Cette gratuité ne peut pas être
absolue et totale, tout le monde en convient. Je n'ai jamais entendu
l'Opposition préconiser que l'éducation des adultes de niveau
secondaire devait être complètement gratuite. Et même dans
la loi 3, que nos vis-à-vis de l'Opposition aiment souvent citer, on
garantissait !a gratuité de l'éducation des adultes dans le cas
des adultes inscrits à des cours devant conduire à l'obtention du
diplôme d'études secondaires. Cela, c'est facile à dire
dans un texte législatif de deux lignes, mais c'est extrêmement
difficile à interpréter. Et, si nous ne l'avons pas
inséré dans le texte même du projet de loi, c'est parce
qu'il se pose des problèmes de définition pratique, de
vérification administrative, qui n'ont pas reçu à ce jour
de solution complètement satisfaisante.
C'est pour cela que nous devrons nous donner une période d'un an
ou deux pour mettre au point le régime pédagogique des adultes,
dont il est question dans le projet de loi, dans lequel nous préciserons
les conditions auxquelles la gratuité sera accessible aux adultes. Mais
je puis déclarer aussi explicitement que j'en suis capable, à ce
moment-ci, que le principe de la gratuité, pour les adultes inscrits
à des cours en vue de l'obtention du diplôme d'études
secondaires, est accepté par le gouvernement et sera incorporé
dans ce régime pédagogique pour les adultes. C'est tellement vrai
que le principe est accepté par le gouvernement que nous l'observons
déjà dans la pratique et il n'est aucunement question du moindre
recul à ce sujet. La mise au point d'un régime pédagogique
propre pour les adultes répondra à un voeu maintes fois
exprimé par les représentants des organismes engagés dans
l'éducation des adultes. Nous avons déjà un projet qui est
très avancé de ce côté. Encore une fois, il faut en
mesurer soigneusement les implications administratives.
Je me permets une parenthèse, M. le Président. Le
gouvernement précédent introduisait, il y a environ cinq ans, le
principe de l'enveloppe ouverte pour les adultes inscrits aux services
éducatifs offerts par les commissions scolaires. C'est un principe
auquel le gouvernement actuel fut heureux de souscrire, mais nous constatons
qu'en pratique l'application de ce principe donne lieu chaque année
à des augmentations de dépenses qui sont tout à fait
disproportionnées par rapport à celles qu'on observe dans
d'autres secteurs comparables du monde de l'éducation. Il est
évident qu'on n'a pas trouvé encore le moyen d'assurer les
contrôles administratifs normaux qui doivent être exercés
dans ce secteur comme dans tous les autres secteurs de l'administration
publique. Nous travaillons à ces choses.
Je vous donne seulement un exemple: sous le régime que nous avons
connu depuis des années, une personne s'inscrivait à des cours
d'éducation des adultes au début de l'année et, si elle
s'y était Inscrite à la fin de septembre, II
était de coutume qu'elle soit considérée comme une
personne inscrite aux cours jusqu'à la fin de l'année. Or, nous
constatons qu'il y a un taux d'abandon très élevé. Il faut
tenir compte de cela. Si la personne n'est plus là pour suivre des cours
au mois de janvier, février ou mars, il n'est pas normal que le
gouvernement continue aveuglément de verser des subventions à la
commission scolaire comme si la personne était encore là.
Alors, il y a des ajustements qui s'imposent. Nous avons cherché
plusieurs solutions, nous faisons l'essai de plusieurs méthodes de
contrôle, nous ne sommes par parvenus à régler tous les
problèmes, et c'est pour cela que nous préférons
réserver pour le débat que nous aurons sur le régime
pédagogique des adultes l'examen de certaines modalités qui
devront être observées en ce qui touche l'application du principe
de la gratuité pour les adultes. (16 heures)
En matière d'accessibilité, j'ai eu l'occasion de
souligner antérieurement les avantages nouveaux qui seront offerts par
le projet de loi aux élèves considérés comme
handicapés ou en difficulté ou en trouble d'adaptation ou
d'apprentissage. Nous inscrivons dans le projet de loi - ceci est une
nouveauté, ce n'était pas dans la loi 3 - le principe selon
lequel tout enfant handicapé ou en trouble d'adaptation ou
d'apprentissage aura droit à un plan d'intervention personnel à
propos duquel ses parents devront être consultés au
préalable. Cela, nous le maintenons dans le texte.
Nous donnons également aux parents le droit d'être entendus
de la commission scolaire par le truchement d'un comité consultatif au
sein duquel ils représenteront une partie très importante des
membres. Nous voulons que les parents soient entendus par la commission
scolaire. Nous créons pour la commission scolaire l'obligation de
dévoiler la partie de son budget qu'elle consacrera chaque année
aux services offerts aux élèves en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage. Actuellement, le gouvernement verse des subsides aux
commissions scolaires pour les élèves en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, mais il n'existe pas de moyen de
contrôler si ces sommes sont vraiment affectées aux services mis
à la disposition de ces enfants. Ce sont d'autres améliorations
que l'on trouvera dans le projet de loi.
Un des soucis majeurs du gouvernement en relation avec le projet de loi
107, c'est le souci d'assurer une meilleure organisation interne de
l'école, un fonctionnement plus harmonieux, plus en conformité
avec les réalités d'aujourd'hui. Le projet de loi donne à
l'école un statut juridique plus clair. L'école devient un
établissement au sens fort du terme. Sa mise sur pied donne lieu
à un acte juridique de la part de la commission scolaire qui ne peut
être résilié ou annulé que par un acte semblable,
lequel doit être précédé d'une consultation des
parents concernés et des responsables de l'école.
À l'intérieur de l'école, nous établissons
clairement le principe de l'unité de direction. L'école doit
être dirigée, en fin de compte, par un directeur, tout comme un
gouvernement doit être dirigé par un premier ministre ou par un
président. On peut bien faire les thèses que l'on voudra,
à la fin, il faut s'assurer qu'il y ait unité de direction et
unité de décision. Ce principe est clairement établi dans
le projet de loi, il n'y a pas de doute possible quant à la
volonté du gouvernement. Nous ne voulons pas que l'autorité du
directeur ou de la directrice d'école s'exerce de manière
capricieuse, solitaire ou impériale. Nous voulons qu'elle soit
partagée et exercée dans un esprit de collégialité
et, à cette fin, nous prévoyons en particulier la création
de deux mécanismes très importants. I! y aura d'abord un
comité d'école, dont la création sera obligatoire,
réunissant un nombre de parents à déterminer, mais qui
seront élus par les parents pour assurer la participation des parents
à la vie de l'école. En plus, il y aura un conseil d'orientation
auquel seront représentés des parents désignés par
le comité d'école et, en plus, les autres personnels
intéressés: le personnel enseignant, le personnel de soutien, les
professionnels non enseignants là où il y en aura et toujours,
évidemment, le directeur ou la directrice. Les rôles respectifs de
ces deux organismes sont définis dans le projet de loi avec autant de
clarté que possible.
Nous nous sommes longuement interrogés sur la possibilité
de n'avoir qu'un seul organisme. C'eût été
préférable à bien des égards, mais les parents, par
le truchement de la Fédération des comités de parents de
la province de Québec, tenaient beaucoup à ce que nous
maintenions le comité d'école et, après étude
approfondie de cette question, nous avons conclu que leur point de vue
était valable, parce que nous avons pris pratiquement un quart de
siècle à construire cette structure qu'est le comité
d'école dans nos écoles publiques du Québec. C'est une
structure qui est maintenant implantée dans pratiquement toutes les
écoles du Québec et qui fonctionne très bien, surtout dans
les écoles primaires, non seulement en ce qui touche la vie quotidienne
de l'école, mais aussi comme lieu d'expérience et de formation
pour les parents intéressés à la chose scolaire.
Hier, M. le Président, j'ai passé la journée dans
la région de Montmagny, L'Islet, Saint-Pamphile et La Pocatière.
J'ai rencontré les membres de quatre commissions scolaires, tour
à tour, pour discuter de problèmes d'intérêt commun.
J'ai constaté une fois de plus, comme l'a sans doute fait le
député d'Abitibi-Ouest avant moi lorsqu'il était ministre
de l'Éducation, que de plus en plus nos commissions scolaires sont
composées de membres qui ont fait leur noviciat, leur apprentissage, si
ce terme vous est préférable MM. de l'Opposition...
M. Gendron: II me semble que j'ai passé par là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... dans des comités d'école ou des
comités de parents. Ce ne sont pas des gens qui sont venus directement
de la Banque Nationale, d'un syndicat ou de toutes sortes d'organismes
extérieurs à l'école; ils ont fait leur apprentissage de
la chose scolaire dans l'école, ce qu'ils considèrent comme une
étape normale. D'ailleurs, généralement, ce choix leur a
été proposé par leurs concitoyens parents qui
considèrent comme normal de se porter candidat à des
élections scolaires. De plus en plus, comme je le disais, nos
commissions scolaires sont formées de personnes qui émanent des
comités d'école et des comités de parents, ce qui
entraîne chez elles une tendance de plus en plus forte à se
préoccuper en priorité de pédagogie et non pas uniquement
de finances. Nous constatons que le climat de nos commissions scolaires a
beaucoup évolué à cause de cela. Je m'en réjouis et
c'est parce que nous respectons ce point de vue des parents que nous avons
décidé de tenir compte de la recommandation qui nous avait
été faite par la Fédération des comités de
parents du Québec en ce qui touche le comité d'école.
En ce qui touche le conseil d'orientation, j'ai pris soin, à
l'occasion d'une tournée que j'ai faite dans au-delà d'une
trentaine de commissions scolaires au cours des mois d'août et de
septembre, de me renseigner surtout auprès de parents de petites
commissions scolaires et de petites écoles quant à la
possibilité d'avoir deux comités qui coexisteraient à
l'intérieur de la même école. Je m'inquiétais un
petit peu de la possibilité matérielle d'un objectif comme
celui-là et je me souviens très bien - je donne un exemple, M. le
Président, qui est très simple - d'une très petite
communauté, Sainte-Thérèse-de-Gaspé, qui a un
comité d'école très actif. On m'a assuré chez les
parents que c'était tout à fait concevable d'avoir les deux
organismes à condition que chacun fonctionne à son niveau et
qu'il n'y ait pas de parallélisme ou de coupure entre les deux. C'est
pourquoi nous avons prévu que le comité d'école sera
formé d'abord, qu'il sera appelé à désigner ses
représentants au conseil d'orientation, les enseignants feront de
même, les autres membres du personnel feront de même et il n'y aura
pas de duplication de la manière dont les choses sont
conçues.
En ce qui touche l'école, on s'était beaucoup
inquiétés du pouvoir d'ester en justice que le projet de loi 107
attribuait aux comités d'école et aux conseils d'orientation.
L'intention était droite et tout à fait justifiable à mon
point de vue. Il s'agissait de donner à ces organismes l'assurance que,
dans l'hypothèse où une direction d'école ne voudrait pas
reconnaître les droits qui leur sont reconnus dans la loi, ils
disposeraient d'un recours en loi. On nous a fait comprendre que, même si
ce n'était pas inscrit dans la loi, ce recours-là est là
quand même de manière implicite et des jugements rendus dans un
passé récent en donnent l'indication claire. Pour éviter
de créer une tentation possible pour des gens qui seraient des fauteurs
de chicanes, nous laissons tomber les dispositions qui créaient ce
pouvoir d'ester en justice. Je pense que cela va peut-être faire
l'affaire d'un grand nombre de personnes.
On s'était inquiétés - je pense au mouvement
laïc en particulier, si mes souvenirs sont bons - du pouvoir de visite des
écoles qui était donné à certains personnages. Nous
tenons, du côté du gouvernement, à ce que les
députés puissent aller visiter une école si cela fait leur
affaire. L'école est une institution publique. Dans la loi 3, on
supprimait ce droit séculaire qui a toujours été reconnu
aux élus du peuple et nous le restaurons dans le projet de loi 107, j'en
suis sûr, avec l'approbation de l'Opposition.
On s'inquiétait du droit qui était donné à
des ministres du culte ou à des membres des comités
confessionnels de visiter n'importe quelle école. Alors, pour
éviter toute confusion, il est indiqué dans les amendements que
je suis heureux de communiquer à cette commission aujourd'hui que les
ministres du culte catholique ne seront autorisés à visiter que
des écoles catholiques, de même que les ministres du culte
protestant ne seront autorisés à visiter que des écoles
protestantes. Il en ira de même pour les membres des deux comités
confessionnels concernés. On ne met pas quelqu'un dans un comité
confessionnel à Québec pour qu'il soit enfermé dans une
tour d'ivoire sans contact avec la réalité. Le moins qu'on doive
reconnaître, c'est la possibilité pour cette personne, qui accepte
de servir au sein d'un comité confessionnel, d'aller visiter des
écoles confessionnelles si le coeur lui en dit, si elle trouve que cela
peut être utile pour le meilleur exercice de sa charge. Ce n'est pas un
caprice, c'est parce que nous trouvons que c'est une affaire de convenance
élémentaire.
Une innovation que nous introduisons, dont les amendements ont
été portés à la connaissance de la commission
aujourd'hui, c'est la réalité qu'on appelle centre
d'éducation des adultes. Nous insérons cette
réalité dans le projet de loi de manière qu'il soit clair
que le lieu juridique où l'adulte sera appelé à recevoir
des services éducatifs sera un lieu conçu spécialement
pour lui et en fonction de ses besoins. Il pourra arriver que le centre
d'éducation des adultes coïncide physiquement avec un lieu qui sera
en même temps considéré comme une école. Il pourra
arriver également, pour des raisons pratiques que l'on comprendra, que
la direction d'un centre d'éducation des adultes soit également
assumée par une personne qui sera directeur ou directrice
d'école, mais la distinction est inscrite dans le texte de loi. Je pense
que nous continuerons, comme nous l'avons fait ces dernières
années, d'évoluer vers une situation où,
de plus en plus, les lieux où est dispensée
l'éducation des adultes seront des lieux distinctement conçus et
gérés en fonction des besoins des adultes.
En ce qui touche les commissions scolaires, nous avons accepté
d'apporter bon nombre d'amendements au projet de loi 107 afin de le rendre plus
acceptable à tout le monde. Le gouvernement - je pense qu'on peut le
dire sans fausser la réalité - n'est pas entêté ni
obstiné. Il a des principes, il a des convictions fermes qu'il
défend avec toute la force nécessaire mais, lorsqu'on lui fait
valoir sur un point ou l'autre que des améliorations seraient
souhaitables, je pense qu'il a fait la preuve maintes fois qu'il est capable
d'écouter et d'ajuster son tir.
Or, en ce qui touche les commissions scolaires, nous n'avons pas
modifié notre position fondamentale suivant laquelle il n'y a pas lieu
de procéder actuellement à des changements radicaux dans le
partage des responsabilités entre les commissions scolaires, d'une part,
et le gouvernement et le ministère ou le ministre de l'Éducation,
d'autre part. On peut faire les thèses qu'on voudra là-dessus, on
peut faire de la démagogie facile, mais je pense que si on regarde la
réalité en face on est obligés de convenir que le partage
que nous avons est, dans l'ensemble, un partage fort convenable, un partage qui
permet à chacun de ces deux pôles d'autorité dans notre
système scolaire de fournir sa contribution respective pour le meilleur
équilibre de l'ensemble du système.
En tout cas, c'est l'hypothèse que nous avions dès le
départ et que nous avons été obligés de maintenir
en cours de route, faute de démonstration de bien des arguments que nous
avons entendus de la part de nos opposants. Que de fois j'ai demandé
à des témoins qui sont venus en commission parlementaire et
à l'Opposition: Cessez les affaires générales, les
généralités vagues et dites des choses précises.
Quelles sont les attributions précises que vous voudriez confier aux
commissions scolaires, disons, quand elles sont exercées
présentement par le gouvernement? Franchement, les réponses
furent extrêmement minces. Vous vous souvenez tous de scènes dont
nous avons été témoins à la commission
parlementaire. Je ne porte pas de jugement sur les personnes ni sur les
organismes, mais sur les idées qui ont été émises,
c'est mon devoir de porter un jugement et je n'ai jamais reculé devant
non seulement l'obligation, mais le plaisir de le faire.
À titre d'exemple des assouplissements que nous apportons au
projet de loi, je voudrais donner quelques illustrations. Tout d'abord, il y
avait de nombreux articles dans le projet de loi qui créaient une
obligation nouvelle de réglementation pour les commissions scolaires. On
disait: La commission scolaire sera responsable de ceci et il faudra qu'elle
procède par règlement. Nous savons tous que l'obligation de
procéder par règlement est beaucoup plus lourde dans ses
implications administratives et politiques que l'obligation de procéder
par simple résolution ou décision. Alors, on alourdissait
à bien des endroits le processus décisionnel à
l'intérieur des commissions scolaires. Devant les représentations
qu'on nous a faites là-dessus, nous avons décidé à
plusieurs endroits de laisser tomber l'obligation de réglementation. (16
h 15)
Je voudrais donner une liste des articles où cela se produit.
Vous pourrez regarder les articles suivants du projet de loi 107: 87, 158, 166,
173, 193, 211, 221 et 262 et vous y constaterez, en regardant la version
amendée qui est proposée par le gouvernement, que nous faisons
tomber beaucoup d'obligations réglementaires pour les commissions
scolaires en ce qui touche des sujets comme la composition, les fonctions et
les modalités de fonctionnement des comités d'école, des
conseils d'orientation ou des comités de parents, la
rémunération des commissaires d'écoles, la composition et
les modalités de fonctionnement des comités consultatifs
rattachés aux commissions scolaires, les critères qui permettront
d'établir un plan triennal de répartition et de destination des
immeubles de la commission scolaire, les critères pour l'implantation de
nouvelles méthodes pédagogiques et le choix des manuels, les
critères d'inscription des élèves, les normes
d'organisation du transport des élèves. Sur tous ces sujets, nous
faisons tomber l'obligation de réglementation qui était
imposée aux commissions scolaires dans le projet de loi 107, version
originelle. Les commissions scolaires auront les mêmes
responsabilités, sauf qu'elles pourront s'en acquitter par voie de
résolution ou de décision ordinaire plutôt que par voie de
réglementation.
On avait entendu beaucoup de représentations au sujet du droit de
vote que le projet de loi 107 accordait aux parents élus par les
comités d'école pour siéger au sein de la commission
scolaire à titre de parents-commissaires. Les commissions scolaires
s'opposaient vigoureusement à cette disposition. La
Fédération des comités de parents du Québec s'y
opposait également avec fermeté, même si un certain nombre
de comités de parents individuels sont venus soutenir des idées
contraires. Il en est venu, peut-être, entre cinq et dix au maximum.
Franchement, j'ai suivi toute la correspondance qui m'a été
adressée sur cela. J'ai reçu, peut-être, une ou deux
lettres additionnelles à ce sujet. Donc, j'ai toutes les raisons d'en
conclure ainsi, à ce moment-ci, quant au point de vue des parents qui
sont actifs à l'intérieur des structures scolaires et à
celui dont nous a saisis la Fédération des comités de
parents de la province de Québec. En conséquence, dans les
amendements que nous portons à l'attention des membres de la commission,
nous laissons tomber ce droit de vote qui était envisagé pour les
parents-commissaires.
Dans le même ordre d'idées, je voudrais souligner que nous
avions prévu dans la version
originelle du projet de loi l'élection de commissaires
spécialement choisis au suffrage démocratique pour
représenter des parents de la communauté linguistique minoritaire
au sein d'une commission scolaire confessionnelle. Si, par exemple, une
commission scolaire confessionnelle est anglophone dans sa majorité,
nous voulions assurer la présence dans son sein de commissaires
représentant la minorité linguistique. Mais il s'est
révélé que la méthode que nous proposions pour
atteindre ce but était très compliquée, soulevait des
questions de principe difficiles et nous avons conclu finalement qu'il serait
plus simple de remplacer le commissaire élu dont nous avions entrevu
l'élection par un commissaire-parent qui serait désigné
par les parents appartenant a la communauté linguistique minoritaire. Il
y aurait donc, suivant les amendements que nous proposons,
représentation des parents de la commission scolaire minoritaire, de la
communauté linguistique minoritaire, mais par voie d'un
parent-commissaire plutôt que par voie d'un commissaire élu au
suffrage universel.
On nous avait parlé du comité exécutif. Dans le
projet de loi, nous disions qu'une commission scolaire était libre de se
donner un comité exécutif, mais que les décisions de cet
organisme devraient ensuite être ratifiées par le conseil des
commissaires siégeant au complet. On nous a dit que cette proposition
était contraire à la pratique implantée depuis de
nombreuses années. C'est vrai. On nous a dit qu'on ne voulait pas de ce
changement. Nous l'avons compris. C'est pourquoi dans les amendements que nous
proposons, il est recommandé que la formation de l'exécutif soit
obligatoire au sein de chaque commission scolaire et qu'il ne soit pas
nécessaire que les décisions de l'exécutif soient toujours
et universellement entérinées par le conseil des commissaires au
complet.
On s'est beaucoup inquiété, à juste titre,
d'ailleurs, des pouvoirs qui étaient confiés aux commissions
scolaires dans le projet de loi. Je vais parler d'un, en particulier, qui a
fait couler beaucoup d'encre et qui est absolument central dans le projet de
loi. Il s'agissait d'un changement qui venait augmenter l'autorité du
ministre. Nous l'avons toujours reconnu. Nous n'en avons jamais disconvenu. En
matière de formation professionnelle, nous disions qu'il appartiendrait
au ministre de dresser la liste des options professionnelles qui pourraient
être offertes dans les commissions scolaires chaque année et nous
concluions que les commissions scolaires qui ne seraient pas autorisées
à dispenser ces enseignements professionnels devraient se retirer plus
ou moins de ce champ.
Or, cela a soulevé des objections compréhensibles. Ce que
voulait dire le législateur, de toute évidence, c'est que le
ministre pouvait dresser, pour fins de subventions, une liste des commissions
scolaires autorisées à dispenser tel ou tel enseignement
professionnel, mais il ne voulait pas enlever sa compétence de fond
à une commission scolaire en ces matières. Et nous avons
rédigé un amendement - nous l'avons fait en consultation avec la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, d'ailleurs - qui prévoit que le ministre pourra dresser
une liste des commissions scolaires autorisées à dispenser des
enseignements professionnels pour fins de subventions. Si une commission
scolaire peut s'arranger et veut s'arranger pour offrir tel ou tel enseignement
à ses propres frais ou à ses propres charges, elle pourra le
faire, le pouvoir ne lui est pas enlevé, mais nous maintenons quand
même la responsabilité du ministre quant à la distribution
des subventions pour fins d'enseignement professionnel. J'ajoute cette
explication, qui est bien familière aux membres de la commission, que
nous ne pouvons pas envisager un régime de laisser-aller
général en ces matières. Il faut absolument qu'une
autorité décide et cette autorité ne peut être
autre, dans l'état actuel des choses, que celle du ministre de
l'Éducation.
La même remarque s'applique pour l'éducation des adultes.
Nous savons tous qu'il est impossible que toutes et chacune des 213 commissions
scolaires du Québec offrent des services régulièrement
organisés d'éducation des adultes à leur population
respective. C'est pourquoi, depuis des années d'ailleurs, un nombre
limité de commissions scolaires sont habilitées à offrir
l'éducation des adultes. Le nombre de commissions scolaires ainsi
autorisées s'établit actuellement autour de 80; je pense que le
chiffre exact est 82. Alors, il faut bien qu'on reconnaisse l'autorité
qui appartient au ministre de choisir ces commissions scolaires. Mais, ici
encore, nous indiquerons dans les amendements qu'il s'agit d'un pouvoir qui est
donné au ministre pour fins de subventions. Cela n'enlève pas le
pouvoir fondamental de la commission scolaire, sa responsabilité
fondamentale en matière d'éducation des adultes, mais cela veut
dire que cette partie de sa responsabilité pour fins de financement sera
exercée par une commission scolaire voisine avec laquelle, d'ailleurs,
elle sera appelée à entretenir des rapports de collaboration.
Alors, c'est un exemple d'un problème qui a fait couler beaucoup
d'encre, c'est un des points les plus litigieux dans les discussions que nous
avons eues avec les commissions scolaires et je suis heureux d'affirmer
aujourd'hui qu'à ma connaissance ce problème est
réglé dans l'esprit des deux parties. J'en ai causé encore
la semaine dernière avec nul autre que le président de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Je crois que la fédération accepte la nouvelle
formulation que nous proposons pour l'article 428 et l'article
précédent, qui traite de l'éducation des adultes, se verra
apporter le même genre de modifications, de manière que les
objections qui existaient à propos de cet article soient
également appelées à se dissiper.
On créait à la commission scolaire l'obligation de se
doter d'un plan triennal d'utilisation
de ses immeubles, sans autre nuance. Cette disposition a provoqué
des réactions compréhensibles. On nous a dit: Vous allez nous
figer dans un plan de trois ans. On aura décidé que telle
école servira à telle fin et la commission scolaire ne pourra
plus rien faire pendant trois ans. C'était exagéré et nous
revenons à une norme plus simple, qui est familière à ceux
qui ont déjà exercé des fonctions ministérielles.
La commission scolaire devra se donner un plan triennal, mais renouvenable
chaque année, si paradoxal que cela soit. Alors, de ce
côté-là, je pense que le problème est
réglé également, mais nous ne voulons pas qu'une
commission scolaire puisse décider du haut de sa grandeur de fermer une
école, à un moment donné, ou de modifier la vocation d'une
école sans passer par un minimum de procédures témoignant
d'un respect élémentaire pour les personnes qui en seront
affectées, autant dans les clientèles jeunes et adultes que dans
les personnels. La disposition que nous introduisons permet de respecter la
volonté tout à fait légitime de souplesse dont nous ont
fait part les commissions scolaires et, en même temps, d'assurer que les
droits fondamentaux des personnes seront également pris en compte.
Nous donnons aux commissions scolaires des pouvoirs élargis en
matière de programmes locaux, en matière d'adaptation ou
d'enrichissement des programmes établis par le ministre. On n'a pas
souligné beaucoup cet aspect, nous aurons l'occasion de le faire en
cours de route, pendant les travaux de la commission, mais je suis très
heureux de souligner avec force que le pouvoir d'initiative attribué aux
commissions scolaires par des articles comme les articles 204 et 205 du projet
de loi élargit sensiblement les perspectives d'action créatrice
de la part des commissions scolaires. On dit clairement: Si une commission
scolaire se rend compte qu'un élève n'est pas capable de suivre
tel programme, par exemple, qu'il n'en est vraiment pas capable, elle pourra
l'en dispenser et remplacer ce programme par un autre pendant un certain temps.
C'est que la commission scolaire pourra instituer des programmes optionnels
dans les matières de son choix qui tiendront compte de la
réalité locale, des besoins de la communauté et elle ne
sera pas obligée de se référer toujours à
Québec pour des choses comme celle-là. Alors, il y a des
améliorations très intéressantes que nous apportons de ce
point de vue.
En ce qui touche les opérations matérielles des
commissions scolaires, en particulier ta gestion de leurs biens immeubles,
l'acquisition de biens immeubles, la réparation de leurs écoles,
les ventes d'écoles, les constructions d'écoles, certaines
dispositions du projet de loi ont donné lieu à des critiques. Je
pense qu'elles avaient été souvent mal comprises et, quand une
disposition donne lieu à des critiques procédant d'une mauvaise
intelligence, if y a problème. Il faut au moins clarifier les choses et,
si possible, les améliorer. Or, dans certains cas, on nous a
laissé entendre qu'on préférait maintenir le régime
qui existe actuellement. Nous avons tenu compte de ces représentations
dans une mesure appréciable. Il y a d'autres cas où il fallait
absolument que nous introduisions certaines améliorations. Nous le
faisons, je pense, avec modération et après avoir pesé
soigneusement toutes les implications de la politique proposée.
Il y a une chose qui a fait parler beaucoup de monde, il existe dans la
loi actuelle de l'instruction publique une disposition suivant laquelle le
ministre peut retenir une subvention versable à une commission scolaire
parce qu'il a des raisons sérieuses de le faire. Et, nous, nous disions
dans le projet de loi 107 que le ministre serait habilité non seulement
à retenir, mais aussi à diminuer, voire à annuler une
subvention qui serait versabie à une commission scolaire. On a dit,
évidemment, que le ministre, en se voyant attribuer des pouvoirs aussi
considérables, pourrait exercer un chantage presque continuel sur
l'administration des commissions scolaires.
En écoutant les représentations qui nous ont
été faites là-dessus, nous ne pouvions rester
indifférents. C'est vrai qu'il y a un danger inhérent. Même
si l'intention était droite, je pense bien, il pourrait arriver que,
dans l'application, elle se traduise par des écarts qui seraient
regrettables. Et tenant compte de ces représentations qui nous ont
été faites, nous travaillons encore à cet article afin de
le formuler d'une manière telle qu'il puisse tenir compte des justes
représentations qui nous ont été faites.
En même temps, il faut être réaliste, il faut se
mettre les pieds par terre. Il faut savoir qu'il est arrivé des cas,
dans le passé, où on a même parfois triché sur les
clientèles, où on a fait des calculs erronés, parfois de
manière inconsciente, parfois de manière consciente, en vue
d'augmenter le montant des subventions. À supposer qu'on ait
versé une subvention dans ces conditions, est-ce qu'il ne faut pas
prévoir un certain pouvoir de récupération ou de
rétention des subventions à venir? J'ai encore des cas à
trancher, actuellement, la loi n'est pas claire de ce
côté-là. Le seul recours qu'on ait actuellement, c'est
souvent d'aller devant les tribunaux, puis traîner un organisme scolaire
devant les tribunaux, ce n'est pas la chose la plus agréable à
faire. Il faut qu'il y ait des pouvoirs plus clairement définis dans la
loi et je pense qu'en travaillant honnêtement nous pourrons nous entendre
sur une formulation qui serait acceptable et aux commissions scolaires et au
gouvernement et, je l'espère, à l'Opposition.
Il avait été question du pouvoir d'enquête du
ministre qui inquiétait beaucoup de monde, à tort, en grande
partie, parce qu'il existe déjà dans la Loi sur l'instruction
publique. Le pouvoir d'enquête du ministre est considérable selon
les dispositions actuelles de la Loi sur l'instruction publique. Nous avions
visé à l'assouplir en insérant une disposition nouvelle
suivant laquelle,
lorsqu'il institue une enquête dans une commission scolaire ou
dans une école, le ministre aurait été habilité
à demander que soit suspendue l'exécution de la décision
ayant donné lieu à l'enquête. Il me semble que c'est une
chose tout à fait élémentaire, c'est une affaire de bon
sens élémentaire. Mais cela n'a pas été compris de
cette manière-là et on n'est pas ici pour porter des jugements
sur le degré d'intelligence de chacun, c'est un fait politique. Quand
une chose n'a pas été comprise, c'est un fait politique et il
appartient à celui qui fut à l'origine de
l'incompréhension d'essayer de clarifier les choses. C'est ce que le
gouvernement fait une fois de plus, dans ce cas-ci, avec sa bonne
volonté habituelle. (16 h 30)
Nous laissons tomber cette disposition qui avait suscité des
appréhensions exagérées et nous revenons au régime
qui existe actuellement sur ce point, le pouvoir d'enquête demeurera
intact, intégral. Il n'est pas question de l'émasculer. Lorsque
les choses ne marcheront pas, le ministre pourra toujours soumettre au cabinet
une recommandation visant des mesures encore plus sévères. Je
pense qu'on peut vivre avec ça pendant un bon nombre d'années.
Comme le but d'une législation est de faire en sorte que les choses
fonctionnent bien et de ne pas donner raison à une personne ou à
une autre, je pense que, de ce point de vue, les critiques qui existaient
tombent d'elles-mêmes. Vu que la source des critiques s'évanouit,
la critique s'en va avec. C'est l'avantage des adaptations qu'on peut apporter
à des projets qui ont pu être conçus avec
sincérité, mais pas toujours avec la justesse qu'il fallait.
Je mentionne un autre point, j'allais l'oublier. On nous a beaucoup
parlé de l'absence d'un droit de recours dans la loi. À un moment
donné, j'ai même reçu une lettre du Protecteur du citoyen,
dont je n'ai pas eu l'occasion de faire état devant la commission
parlementaire parce qu'elle m'est arrivée après les audiences de
la commission. Le Protecteur du citoyen voudrait qu'on l'habilite à
entendre des représentations de personnes qui se sentiraient
frustrées dans leurs droits fondamentaux, par l'application de cette
loi, de la part de différents intervenants. Nous sommes très
sensibles à cette recommandation du Protecteur du citoyen. Je ne suis
pas enclin, parlant au nom du gouvernement, à recommander que le mandat
du Protecteur du citoyen soit élargi de manière à
l'habiliter à intervenir dans ces choses. D'autre part, je suis
très sensible au principe du droit de recours qu'on a fait valoir et je
pense que nous pourrons ensemble, à l'occasion des travaux de la
commission, trouver d'autres moyens par lesquels pourraient être
assurés des recours convenables aux parents ou aux élèves
qui auraient été victimes de violation de leurs droits
fondamentaux.
J'ai pris note de cette représentation qui nous a
été faite à plusieurs reprises. J'avais le plaisir de
rencontrer, hier, à La Pocatière, la personne qui a
peut-être été l'avocat le plus ardent de ce principe du
droit de recours, M. Alain Bellemare, un directeur d'école de la
commission scolaire de La Pocatière, avec qui j'ai discuté
à nouveau, hier, à ce sujet. M. Bellemare me disait que
lui-même, après avoir entendu les difficultés auxquelles
j'ai fait écho tantôt, était enclin à
considérer, comme il l'avait dit vers la fin de son témoignage en
commission parlementaire, qu'il serait peut-être plus utile que ce
recours soit institué à l'intérieur de la commission
scolaire et sous la responsabilité générale de celle-ci.
Nous aurons l'occasion d'en discuter et je pense que nous pourrons, en temps
utile, proposer ou recevoir des amendements qui pourraient être
pertinents.
Un dernier mot à propos du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. J'avais fait mention à quelques reprises de
conversations qui avaient eu lieu avec les représentants du Conseil
scolaire de l'île de Montréal en vue de trouver des solutions aux
problèmes qui ont plus ou moins paralysé, depuis
déjà plusieurs années, le fonctionnement de cet organisme.
Il me fait plaisir de confirmer que, parmi les amendements que nous portons
à l'attention des membres de la commission parlementaire, certains
apportent, je pense, des réponses généralement acceptables
aux difficultés qui avaient surgi de ce côté.
Un premier problème se posait quant au statut même des
représentants des commissions scolaires concernées au sein du
Conseil scolaire de l'île de Montréal. À la suite d'une loi
adoptée sous le parrainage de l'ancien gouvernement, et même de
l'ancien ministre de l'Éducation, qui nous fait l'honneur de nous
retrouver en commission parlementaire de l'éducation, le statut
juridique des représentants des commissions scolaires confessionnelles
au sein du Conseil scolaire de l'île de Montréal était mis
en question. Des avis juridiques reçus par le Conseil scolaire de
l'île de Montréal établissaient que les
représentants de la CECM et de la CEPGM n'avaient pas statut de membre
au sein du Conseil scolaire de l'île de Montréal et ne pouvaient
participer aux décisions qu'autour des questions sur lesquelles leur
organisme avait accepté de participer à l'activité du
conseil. Si bien qu'à plusieurs reprises, lorsqu'est venu le moment de
prendre des décisions au conseil, des débats juridiques
interminables, inextricables se sont élevés concernant le droit
des représentants de la CECM et de la CEPGM, lesquels
représentent les deux tiers de la clientèle scolaire de
l'île de Montréal, de participer au vote. Finalement, la
décision qui fut prise les privait du droit de vote, en vertu de
l'interprétation qui avait été faite de la loi.
Alors, avec le projet de loi 107, nous corrigeons cette anomalie, et les
représentants des commissions scolaires confessionnelles auront plein
droit au sein du Conseil scolaire de l'île de Montréal; c'est une
première amélioration très importante.
Deuxièmement, nous maintenons l'équilibre actuel de la
composition du Conseil scolaire de l'île de Montréal et nous
établissons, pour l'avenir, des critères de représentation
fondés sur le nombre d'élèves de chaque commission
scolaire. Ceci permettra d'assurer que, dans l'hypothèse où les
clientèles scolaires de l'une ou l'autre commission scolaire
évolueraient, soit à la hausse, soit à la baisse, chacune
aurait une représentation proportionnée à son nombre
d'élèves, à son importance réelle. Alors, de cette
manière, on assure la stabilité et, en même temps, on
assure la justice de la représentation pour l'avenir. C'est un
critère qui m'apparaît plus judicieux que la simple inscription de
nombres absolus de représentants dans le texte législatif.
Une grande source de difficulté au Conseil scolaire de
l'île de Montréal gravitait autour de la délégation
de pouvoirs. Dans le système que nous avions, comme les deux commissions
scolaires principales n'avaient pas droit de vote suivant une
interprétation donnée par les autres commissions scolaires et par
les conseillers techniques du conseil, il pouvait arriver que des commissions
scolaires décident de conférer au Conseil scolaire de l'île
de Montréal certaines fonctions ou pouvoirs normalement attribués
aux commissions scolaires individuelles. Après ça, il
exerçait ces fonctions-là, il pouvait dépenser des sommes
en conséquence, puis la majorité n'avait même pas
été impliquée dans la décision. Or, nous autres,
nous avons trouvé une formule beaucoup plus simple en vertu de laquelle,
lorsqu'il y aura vote des deux tiers des membres dûment
accrédités au conseil, une fonction pourra être
exercée par le conseil et, en outre, une commission scolaire qui ne
serait pas d'accord pourra exercer un droit de retrait. Par conséquent,
il n'y aura pas de brimade, il n'y aura pas de frustration pour qui que ce
soit, les choses pourront fonctionner.
Dans fa version originelle du projet de loi, nous avions des
critères beaucoup plus stricts: en plus des deux tiers, nous demandions
le consentement unanime, par résolution, de chacune des commissions
scolaires concernées. J'admets que ça aurait pu conduire à
la paralysie. Et, encore une fois, le gouvernement aura été
sensible et attentif aux représentations qui lui ont été
présentées.
Je ne pense pas avoir autre chose à ajouter en ce qui touche les
pouvoirs du ministre et du gouvernement, je pense qu'ils sont définis
clairement. J'ai indiqué tantôt les principales modifications que
nous apportons aux articles traitant de l'éducation des adultes, de la
formation professionnelle et des pouvoirs d'enquête du ministre. Je pense
que nous en avons dit beaucoup.
Il me reste à conclure, M. le Président, tout d'abord, en
exprimant une fois de plus l'appréciation du gouvernement pour les
concours très larges, très diversifiés qui ont
été apportés au gouvernement et à
l'Assemblée nationale dans les efforts en vue d'améliorer la
teneur et la formulation concrète du projet de loi. Je pense que tous
les députés membres de cette commission ont apporté une
contribution fort utile. Les organismes et les personnes qui sont venus
témoigner en commission parlementaire l'ont fait également. Les
organismes, en particulier les médias, qui ont publié des
analyses ou des critiques du projet de loi, ont rendu également un
service essentiel en démocratie ouverte comme la nôtre. Les
nombreux citoyens et les nombreuses citoyennes qui m'ont écrit ou qui
ont écrit aux députés pour faire part de leurs opinions
sur tel ou tel aspect du projet du loi ont également apporté une
contribution fort utile.
Je pense que nous avons évolué beaucoup vers la mise au
point de divers compromis qui permettront d'arriver à un document
capable de donner lieu à un large consensus. C'est l'esprit dans lequel
nous avons travaillé depuis déjà plusieurs mois et
l'esprit dans lequel nous entendons travailler jusqu'à la fin. Et j'ose
espérer qu'avec chaque jour qui passera nous pourrons nous rapprocher de
l'objectif commun qui est de donner à la population
québécoise une législation scolaire adaptée aux
réalités d'aujourd'hui, mais en même temps capable
d'assurer la continuité avec une tradition historique qui fut riche, qui
fut grande et que nous n'avons pas le droit d'abandonner sans
considération, que nous devons prolonger, enrichir, adapter, mais que
nous n'avons pas le droit de nier, d'oublier ou de laisser tomber purement et
simplement.
Je n'ai pas parlé dans mes remarques, M. le Président, de
l'objectif que nous poursuivons concernant le caractère des commissions
scolaires. Nous maintenons cet objectif qui est de transformer nos commissions
scolaires pour catholiques ou pour protestantes en commissions scolaires
linguistiques. Je pense que cet objectif donne lieu à un très
large accord dans la population et je pense que nous pourrons le
réaliser par étapes. La poursuite de cet objectif se double,
évidemment, de l'engagement que nous avons pris de soumettre au jugement
des tribunaux certaines dispositions du projet de loi qui peuvent comporter des
implications constitutionnelles en relation avec l'article 93 de la Loi
constitutionnelle de 1867. Il me fait plaisir d'informer la commission
qu'à la suite de conversations que nous avons eues à ce sujet
avec les commissions scolaires concernées nous achevons de mettre au
point une liste d'articles du projet de loi qui seront
référés aux tribunaux pour interprétation,
dès que nous aurons terminé le processus d'approbation du projet
de loi à l'Assemblée nationale. Nous procéderons avec
loyauté. Nous ne voulons pas faire un exercice de byzantinisme. Il ne
s'agit pas de soumettre aux tribunaux tous les articles qui pourraient, de
près ou de loin, donner lieu à un scrupule constitutionnel dans
l'esprit de certains qui ont
plutôt des vues étroites et limitées en ces choses.
Il s'agit d'aller à l'essentiel, de dégager du projet de loi les
articles qui comportent vraiment des implications fondamentales.
J'en donne un, par exemple, qui distingue le projet de loi radicalement
de la loi 3 et c'est le point sur lequel la loi 3 avait été
annulée par la Cour supérieure. Dans la loi 3, on instituait des
commissions scolaires linguistiques et, sans autre examen, on
dépouillait littéralement les commissions scolaires existantes
des biens accumulés au cours des générations. On disait
aux commissions scolaires pour protestants ou pour catholiques: Vos biens,
c'est fini; I! y a un processus qui va s'implanter à compter de
maintenant et ça va s'en alter à telle commission scolaire
linguistique.
Nous ne faisons pas ça avec le projet de loi 107. Avant de
toucher aux biens des commissions scolaires, nous irons d'abord devant les
tribunaux chercher un arbitrage et, si l'arbitrage confirme les
hypothèses que nous avons de notre côté, nous pourrons
procéder assez rapidement à des transferts de biens qui seront
nécessaires pour assurer le passage des commissions scolaires pour
catholiques et pour protestants à des commissions scolaires linguisti
ques. Mais nous ne mettrons pas la charrue devant les boeufs, parce que nous
avons entendu la leçon qui nous est venue de la Cour supérieure
et que nous ne trouvions pas du tout nécessaire d'aller plus loin pour
nous faire confirmer cette vérité de justice
élémentaire. La leçon était ciaire. C'est pour
ça que nous ne sommes pas allés plus loin parce que le message
essentiel que nous apportait la Cour supérieure répondait
à la conviction du gouvernement. C'est ça l'argument central.
Lisez le jugement du juge Brossard. Vous verrez que c'est ça qui a
justifié la décision qu'il a prise.
Avec le projet de loi que nous présentons, je pense que ce danger
est écarté. Je ne porte pas de Jugement sur le gouvernement
antérieur. Je dis simplement que nous essayons de tirer profit de la
leçon qu'il s'est fait servir par les tribunaux. Avec ces
précautions que nous prenons, je pense que nous pourrons évoluer
graduellement vers la réalisation complète de l'objectif que nous
poursuivons.
Je lisais un article dans Le Soleil ces jours-ci qui m'a
Intéressé, à propos du projet de loi 107. Le chroniqueur,
après avoir fait état de bien des difficultés qu'on peut
entrevoir, disait: Mais il y a le facteur politique aussi; peut-être
qu'au lieu de toujours chialer contre la constitution, puis de toujours vouloir
bâtir des châteaux en Espagne on pourrait descendre un petit peu
plus souvent sur le terrain des vaches et assumer des responsabilités
qui permettraient d'effectuer des changements aussi. Rien n'empêche les
gens qui chialent à l'année longue contre nos structures
scolaires de se mettre les pieds dans l'appareil et d'essayer de changer des
choses. Je pense que c'est un objectif qu'il ne faudrait pas perdre de vue et
nous l'avons tous fait en nous engageant dans la politique. Il y en a qui
gagneraient à le faire mais, des fois, d'une manière plus
efficace que ça n'a été fait dans le passé. Si
c'est vrai que, dans certaines commissions scolaires, ceux qui sont en position
de commandement représentent des vues archaïques, comment se
fait-il qu'on n'en ait pas fait la démonstration auprès des
citoyens? Comment se fait-Il qu'on se borne à crier du bord de la bande
pendant que la partie se joue sur la glace? (16 h 45)
Aiors, je pense que, de ce côté-là, une fois que le
projet de loi aura été adopté, chacun aura ses
responsabilités à prendre et, moi, je suis très conscient
de cette dimension du problème. Je suis convaincu qu'on ne
réglera jamais une question scolaire en se référant
uniquement à la constitution. En temps utile, s'il le faut, après
que nous aurons clarifié la compétence véritable du
gouvernement en matière de législation scolaire, tant sous
l'angle linguistique que sous l'angle religieux, nous verrons s'il y a lieu
d'envisager des modifications constitutionnelles. Je rappelle à ce sujet
ce que disait le premier ministre dans une entrevue au Devoir il y a
quelques mois, que loin de rejeter cette possibilité, nous l'envisageons
positivement. Mais in tempore opportuno, en temps opportun.
M. le Président je vous remercie. J'assure les membres de la
commission de ma cordiale collaboration et je crois qu'ensemble nous devrions
être capables d'accomplir un travail qui permettra d'ouvrir un nouveau
chapitre dans l'histoire scolaire du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre de l'Éducation. Toujours à l'étape des remarques
préliminaires, je reconnais maintenant le député
d'Abitibi-Ouest, qui est le porte-parole officiel de l'Opposition en
matière d'éducation. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: Alors, moi, M. le Président, je voudrais
profiter effectivement de l'ordre de la Chambre qui nous convoque à
cette commission pour apprécier les éléments ponctuels et
précis du projet de loi 107, ce qu'on appelle communément
l'étude article par article, pour faire en début de nos travaux
les remarques préliminaires suivantes.
Je ne suis pas ministre de l'Éducation pour l'instant et il ne
m'appartient pas, je pense, de présenter l'esprit des principaux
amendements qui ont donné suite aux nombreuses remarques et
revendications des groupes qui sont venus s'exprimer lors des audiences. Il
m'appartiendra cependant de les commenter, d'en faire une très succincte
analyse, parce que ce n'est pas dans le contexte de travail qu'on nous a
donné qu'il nous sera permis d'apprécier ces
amendements-là d'une façon très détaillée,
avec énormément de pertinence, et je dirai pourquoi
tantôt.
Cependant, je ne pense pas qu'il soit logique de faire des remarques
préliminaires si on ne situe pas le cadre de ce projet de loi, son
importance, et si on ne fait pas un minimum de rétrospective. Ce que je
veux rappeler, c'est que le projet de loi 107 avait des caractéristiques
et les groupes qui ont été invités à venir
rencontrer le ministre et à donner leur point de vue se sont largement
et précisément exprimés sous la forme que vous connaissez.
À peu près tous ont eu à apprécier, à tort
ou à raison, parce que ce n'est pas important pour tout de suite, les
remarques qui ont été faites par les concernés, y compris
bien sûr celui qui vous parle au nom de sa formation politique, pas comme
personne impliquée directement, puisque je n'ai pas eu cette chance
extraordinaire de participer à tous ces fructueux débats sur les
modifications souhaitées au projet de loi 107, mais comme nouveau
critique en matière d'éducation, membre d'une formation politique
qui s'appelle le Parti québécois. C'est clair que celui qui vous
parle aura des points de vue à exprimer, aura des choses à dire
précisément.
Or, je persiste à croire que ce qui est peut-être important
que je communique aux membres de cette commission et aux citoyens et citoyennes
du Québec, c'est ce que j'appellerais un courant de pensée qui
peut être différent de celui que le ministre vient de
véhiculer. C'est ça le rôle de l'Opposition, de
véhiculer de temps à autre des orientations, des points de vue
qui ne représentent pas uniquement notre problème personnel ou
nos opinions personnelles, mais, de temps en temps, il faut au moins se donner
la peine de véhiculer des courants de pensée qui nous viennent de
groupes, d'organismes, d'individus intéressés par des questions
fondamentales.
Le projet de loi 107 a été qualifié de projet de
loi le plus centralisateur qui soit, encore là à tort ou à
raison, je ne fais que le rappeler. Je veux seulement rappeler que, même
si on me disait aujourd'hui que non, ce n'est pas comme cela, malheureusement,
il y a des, gens qui n'ont pas compris exactement l'objectif du ministre, il
n'en demeure pas moins que, tout récemment encore, dans des discussions
que j'avais avec les concernés, ces gens-là prenaient la peine de
me refaire des papiers, pas de me donner les mêmes papiers qu'ils avaient
produits lors des consultations particulières ou générales
sur le projet de loi 107, mais de me refaire certains documents. Et je ne veux
pas le faire tout de suite - j'aurai l'occasion de le faire - mais quand je
vois ici cet exemple, parce que ça me tombe dessus: le 12 octobre
1988... Que je sache, le 12 octobre 1988, les audiences avaient eu lieu, les
gens avaient péroré pendant énormément d'heures,
les concernés aussi, et on avait dit ce que je suis en train de vous
dire. Or, le 12 octobre on répétait: "Nous désirons
également vous manifester que les neuf commissions scolaires de
l'Abitibi sont en accord avec les mémoires que cela
fédération des commissions scolaires a présentés et
maintiennent toujours que, quant à elles, elles se doivent de
dénoncer le caractère hypercentra-lisateur et technocratique du
projet de loi 107. " Elles sont probablement dans les patates, et ce sera notre
job de prouver qu'elles sont dans les patates au cours de l'évolution de
nos travaux, mais je me dois de rappeler cela.
Je me dois de rappeler que le projet de loi 107, à des
égards précis, il y a une série de commissions scolaires
qui - j'en notais une tantôt en feuilletant mes documents - me parlaient
de recul et de centralisation abusive à des chapitres précis et
spécifiques. Je ne veux pas le faire aujourd'hui, mais elles me
pariaient de l'article 400 - c'est un exemple parce que je ne l'ai pas
exactement. Ah! je l'ai! Ce sont les articles 428, 439, 437, etc. Je ne veux
pas les lire tout de suite, je veux juste vous dire qu'au chapitre de ces
articles ces commissions scolaires prétendaient que les pouvoirs du
ministre sont exorbitants et placent souvent la commission scolaire en
situation de tutelle permanente et répétée. Ce n'est pas
moi qui l'écris.
Je pourrais faire comme le ministre, prendre beaucoup de temps pour
illustrer que, pour ce qui me concerne, je veux juste établir le fait
que le projet de loi 107 que j'ai lu, le projet de loi 107 que nous avons
adopté grâce à la majorité ministérielle -
sûrement pas à cause de l'Opposition, parce que nous avons
voté contre l'adoption du principe du projet de loi 107 - a fait que
c'est exact que nous avons franchi certaines étapes. Le ministre
rappelait ceci au début, et c'est important de le rappeler; il a dit, et
je le cite: On a travaillé fort. Je félicite tous ceux qui y ont
travaillé, ces gens-là sont tous de bonne foi. Je ne nie pas
cela. Cela n'a rien à voir avec le débat, pour ce qui me
concerne. Je veux dire, il ne faut pas avoir toujours le même discours,
même si on prend une heure pour le répéter. C'est clair que
les gens sont de bonne foi. C'est clair qu'il y a des gens qui ont
travaillé fort pour bonifier la vieille Loi sur l'instruction publique
qui n'est plus appropriée, qui n'est pas opportune, qui ne correspond
plus à ce que j'appelle cette réalité de 1988, que ce soit
en matière d'éducation des adultes, que ce soit en matière
de nouveaux pouvoirs concernant l'intégration et les difficultés
qu'éprouvent ces nombreux mésadaptés, que ce soient des
difficultés d'apprentissage ou d'adaptation.
Cela, c'est une difficulté réelle. Je ne vois pas de
professeurs aujourd'hui qui ne me parlent pas des difficultés qu'ils ont
avec tout ce phénomène-là, qui est un
phénomène de société parce qu'il y a les
gouvernements qui ont parlé et qui ont dit: Dorénavant, il faut
faciliter l'intégration des handicapés. Là, je ne
définis pas les types de handicap: socio-affectifs, déficients
mentaux légers, etc. Peu importe. On ne peut pas avoir deux ou trois
discours. On ne peut pas. prêcher une intégration plus
réelle, plus souple à une société et ne pas se
préparer pour que cela
se passe comme cela. Comme le milieu de l'école est un milieu de
vie passager, en termes de formation pour des jeunes qui vont devenir les
hommes et les femmes de demain, c'est clair qu'il faut commencer là.
Je voulais rappeler qu'on a dit - il me reste quelques minutes pour cet
aspect - du projet de loi 107: Recul important quant à la loi 3. La loi
3, je n'en fais pas une maladie, je veux juste vous dire, par exemple, que dans
la loi 3 il y a eu de très longs débats. Ce n'est pas il y a 25
semaines ou 10 jours, c'est il y a 4 ans ou 5 ans qu'on a fait des
débats d'envergure là-dessus et il s'est dégagé un
large consensus. Je n'accepte pas qu'on laisse des pans de mur entiers de la
loi 3. C'est mon devoir de le rappeler et je vais revenir concrètement
à des étapes données.
En matière d'accessibilité aux services éducatifs,
notamment, pour les adultes, je sais, le ministre nous dit: Faites-moi
confiance, je vous dis que je suis sérieux, je suis rendu là, il
y aura un chapitre particulier et un régime pour l'éducation des
adultes. Il nous a expliqué tantôt, parce que c'était son
rôle de le faire et il l'a fait correctement, en présentant ses
amendements: Écoutez, M. Gendron et membres de cette commission, le
contexte du projet de loi 107 eu égard aux dispositifs concernant
l'éducation des adultes n'est plus le même que celui de mon projet
de loi 107. Il a raison. C'est clair, ce n'est plus le même, mais il va
falloir que j'apprécie si c'est parce qu'il a changé que c'est
satisfaisant, que c'est convaincant, que cela répond aux objectifs d'une
société en développement et en croissance, qui est
constamment en éducation permanente et doit l'être.
J'aurai tantôt des applications concrètes là-dessus.
Tout ce que je dis aujourd'hui - il faut que je revienne un peu au début
- comme remarques préliminaires sur le projet de loi 107 que j'ai lu,
que je connais, c'est qu'il a été décrié et
dénoncé partout. C'est de même qu'on commence un nouveau
travail et c'est cela qui a été adopté en Chambre,
malheureusement pour ce qui me concerne.
Il y a des lacunes majeures également sur le plan de la
participation des parents. Le conseil d'orientation, très affaibli, est
devenu presque consultatif. Il a perdu une série de pouvoirs qui
étaient prévus à la loi 3. J'y reviendrai pour les
illustrer concrètement. Ce sont des pouvoirs majeurs. Moi, cela
m'intéresse qu'un conseil consultatif, si on décide qu'il y en a
un, ait l'occasion de se prononcer sur énormément de choses qui
le concernent. Ce n'est pas parce que le ministre a fini avec quelque chose de
correct... Il nous a fait exactement le même plaidoyer logique,
implacable, selon la logique du Parti libéral, qu'on a appris beaucoup
du jugement Brossard et qu'en conséquence il ne faudrait pas
répéter les mêmes erreurs. Donc, il faut avoir cet esprit
de soumission, d'abandon, de régler une fois pour toutes le
problème fondamental.
De me faire dire que ce projet de loi permet dorénavant de dire
que l'organisation scolaire, au Québec, se fera sur une base
linguistique plutôt que confessionnelle, ce n'est pas une
réalité. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ce n'est pas
vrai, c'est faux, c'est erroné. Ce n'est pas vrai que le Parti
libéral a épousé cette cause. Ce n'est pas parce qu'il va
me dire: Écoutez, oui, M. Gendron, nous autres, on ne peut pas faire ce
que vous avez fait, se faire invalider, etc... Je comprends, c'est facile
aujourd'hui de dire cela et de dire, en latin ou en français, qu'en
temps utile, en temps opportun, etc., mais, moi, cela ne change pas la
réalité dans laquelle nous vivons. On est pris avec l'article 93
de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Ces gens, dans les
négociations constitutionnelles, n'ont jamais voulu partir avec un petit
paquet sous le bras qui aurait compris des dispositions en ce sens que le
premier ministre du Québec, dans ses négociations, aurait dit:
Écoutez, il faut regarder cela aussi. Je ne veux même pas, pour
l'instant, présumer de la résultante. Je veux juste dire: Au
moins, il me semble que je serais un peu plus convaincu du beau discours du
ministre sur cela si le premier ministre du Québec, dans les
négociations constitutionnelles qu'il a eues avec le premier ministre et
qu'il va continuer d'avoir, de temps en temps, aurait laissé voir que
cela l'intéressait de regarder cela sérieusement, ce qu'on peut
faire pour consacrer la responsabilité exclusive du Québec dans
le domaine de l'éducation.
Ce n'est pas cela que je sais et ce n'est pas par cela que je serai
convaincu de leur degré d'intérêt, surtout quand on me dit:
Ce n'est pas le temps! En temps utile, en l'an 4000. Moi, écoutez, en
l'an 4000, façonner un système d'éducation sur la base de
commissions scolaires linguistiques, je ne sais pas si cela va être de
même. Je ne suis pas capable de dessiner le Québec de ces
années. C'est toujours ce qu'ils nous ont dit: II n'est pas question de
mettre la charrue avant les boeufs, on aurait l'air fin. On aurait l'air fin si
on le faisait dans le projet de loi 107. Mais, parce que ces questions sont
traitées dans le projet de loi 107, nous estimons que le projet de loi
107 n'est pas venu comme cela. Vous l'avez dit vous-même, avec raison:
C'est un long cheminement de collaboration de toutes les personnes, de tous les
groupes pour le modifier. S'il y avait eu au préalable une espèce
de démarche volontaire, déterminée qui aurait
prouvé que M. le ministre et son gouvernement étaient d'accord
pour regarder les choses en ce sens et dire: "Bon, là, on va essayer de
se donner un cadre juridique ou constitutionnel qui permettra d'offrir un
régime où l'ensemble des commissions scolaires du Québec
sera sur une base linguistique plutôt que confessionnelle", là, on
aurait une crédibilité. Le problème est à
Montréal et à Québec, et on dit: Cela va être cela
partout où il n'y a pas de problème. C'est cela qu'on est en
train de dire dans le projet de
loi 107. Partout où le problème ne se pose pas,
dorénavant, on va fonctionner sur une base linguistique plutôt que
sur une base confessionnelle, c'est-à-dire à l'extérieur
du territoire protégé de Montréal et de Québec en
vertu de la constitution. Globalement - je m'arrête sur l'analyse du
projet de loi 107 - il a changé. Le projet de loi 107 qu'on a connu,
c'est un projet de loi qui a été sévèrement
critiqué par la quasi-totalité des intervenants. Là, on
nous commande de travailler à l'étude du projet de loi 107,
article, par article sachant très bien que c'est impossible de faire
cela parce que, entretemps, le ministre avait promis une série
d'amendements. Il a donné suite à sa promesse, peut-être
pas dans les délais qu'il avait prévus - cela, il faut le
comprendre, il a eu des problèmes. Il a eu des problèmes avec son
comité de législation, il a eu des problèmes avec le
gouvernement, cela a pris plus de temps que prévu et ce sont des choses
normales. Mais, jeudi dernier, le ministre de l'Éducation nous a
livré une encyclopédie en trois cahiers, tout en reconnaissant
qu'il en manque une série et il nous a fait parvenir une lettre, que
j'ai respectée intégralement, en passant, parce que j'ai eu vent
de certains bobards auxquels je ne souscris pas, en ce sens que j'aurais
manqué à l'engagement que j'avais donné au ministre,
à savoir que les amendements étaient d'ordre privé,
personnel et confidentiel. Je tiens à signaler à tous les membres
de la commission que je n'ai jamais livré les amendements à qui
que ce soit, sauf à moi-même et à mon recherchiste, comme
on en avait deux copies. (17 heures)
Alors, le ministre nous dit ceci: Je vous transmets par la
présente, pour votre usage privé et confidentiel, le texte des
amendements que je proposerai. Le recueil des amendements est complet, sauf
qu'il ne comporte pas ceux qui touchent les chapitres VIII à XI,
imaginez, et ça donne ce que tout le monde sait, c'est-à-dire
cette minceur de document. Et on nous dit: Voilà les amendements
proposés au projet de loi 107, mais il en manque encore la
moitié.
Tout cela pour dire que le projet de loi 107 qu'on nous demande
d'étudier en commission parlementaire, je reconnais que ce n'est
probablement pas le même qu'on a discuté longuement à
l'Assemblée nationale, pour lequel des groupes sont venus s'exprimer. Je
suis tellement convaincu de ce que je viens de dire que c'est important,
à ce moment-ci, de dire: Dans le court délai qui nous
était imparti, parce que ce n'est pas en une fin de semaine - si on
avait exclusivement cette responsabilité, peut-être que cela se
ferait - qu'on peut faire une analyse fine, détaillée,
comparative... Alors, je le dis, je n'ai pas eu le temps de faire tout ce que
j'aurais souhaité faire dans ce domaine-là. J'ai eu le temps d'en
prendre connaissance, de le lire et de faire travailler, comme c'est normal de
le faire, des gens qui ont cette responsabilité d'évalua-
tion.
Encore là, comme je n'ai pas l'habitude de cacher les choses
qu'on fait, oui, dans un court petit document interne à l'Opposition
officielle on a fait une évaluation des amendements du projet de loi
107, en partant des amendements que j'appellerais bonificateurs, positifs. On a
fait une évaluation des amendements que j'appellerais à
caractère d'omission, les lacunes qu'on n'a pas comblées et les
sujets sur lesquels, volontairement ou involontairement, on a
décidé de ne pas donner suite. Il y a également des
amendements que j'appellerais, pour ce qui me concerne, purement
négatifs, des amendements qui ne donnent pas suite aux revendications
des groupes, à cette nécessité d'avoir un projet de loi
qui réponde adéquatement à ce que j'appellerais
l'évaluation de ce que nous faisons des besoins de 1988 dans le monde de
l'éducation.
Avant de parler de la démarche du ministre, je voudrais
apprécier, comme il le fait un peu, les amendements proposés, pas
en détail, on le fera en détail article par article, mais
globalement. Jamais je ne prétendrai aujourd'hui, puisque c'est
aujourd'hui qu'on nous envoie en commission, de ne pas convenir qu'il y a un
certain nombre d'amendements qui vont dans la voie souhaitée par les
intervenants. Oui, il y a des amendements qui répondent à des
demandes précises: le comité d'école obligatoire, la
suppression du droit des comités d'ester en justice, un chapitre plus
sélectif, plus approprié, plus précis concernant toute une
politique de gestion et de droits concernant les commissions scolaires. Pour ce
qui est de l'éducation des adultes, oui, il y a de quoi de plus valable
que ce que l'on connaissait. Oui, c'est vrai qu'il y a un certain nombre
d'articles du projet de loi 107 qui ont été allégés
de leurs dispositions fatigantes pour des mandataires qui ont la
responsabilité de donner suite au mandat qu'ils ont reçu. Oui, il
y a eu la suppression d'une disposition, pour ce qui me concerne
complètement farfelue, à l'effet d'envisager d'exiger
l'unanimité des commissions scolaires pour le conseil de l'île de
Montréal, ce qui l'aurait rendu pratiquement inopérant avant
même de commencer. Le ministre nous dit: J'ai réglé cela,
et bravo! C'est vrai. Je ne dis pas qu'il a réglé cela, mais il y
a des dispositions qui ont enlevé cette image complètement
inexplicable dans le fonctionnement.
Cependant, dans les amendements proposés - il y en a d'autres -
on verra, je le sais, car j'en ai fait une analyse assez exhaustive, mais ce
n'est pas le moment... On dit: Composition du conseil d'orientation
modifiée pour inclure un représentant des professionnels non
enseignants, un représentant des employés de soutien, toute la
dimension concernant les personnes qui ont des problèmes d'adaptation
scolaire ou des difficultés d'apprentissage. Sauf que par hasard, je les
ai rencontrés ce matin et rapidement ils ont pris connaissance... Ce
matin, pas avant ce qui était convenu, mais ce matin, à
11 heures, je rencontrais ces gens-là et on en reparlera plus en
détail tantôt. Or, c'est drôle, je ne les ai pas
trouvés emballés et aussi confiants que vous l'étiez
tantôt dans la présentation des nombreux amendements les
concernant.
Je vais mettre ça sur le dos du temps. Quand on les rencontre
à 11 heures, je comprends qu'à 11 h 15, c'est difficile pour eux
de nous dire: On est complètement satisfait. Prenez-en connaissance.
Mais je peux vous dire que rapidement - ils savaient comment fonctionner; je
parle de la COPHAN, un organisme qui regroupe une série d'autres
organismes plus fins, plus décentralisés pour ce qui est des
difficultés d'apprentissage, que j'ai trouvé immensément
crédible, immensément préparé - ils savaient de
quoi ils parlaient et ils sont allés voir les articles qui les
touchaient. Rapidement, ils n'ont pas pu convenir qu'il s'agissait là,
dans une première impression ou une première appréciation,
d'un projet de loi qui donnerait suite aux nombreuses demandes qu'ils ont
exprimées avec justesse, avec énormément de conviction et
de sagesse, parce qu'ils sont des mandataires réels des divers
intervenants qui leur font confiance.
Je pourrais dire aussi que j'apprévie le fait qu'on ait
adopté pour le conseil d'orientation et le comité d'école
un budget de fonctionnement qui va leur permettre un peu plus d'autonomie. Il y
a aussi des dispositions concernant les restrictions de droit de visite des
membres des comités confessionnels, du clergé aux écoles
de leur confession. Ce sont effectivement des dispositions
intéressantes, parce qu'elles ont été soulignées
par des organismes. Votre nouvelle section sur la constitution d'un centre
d'éducation des adultes - je l'ai dit tantôt - c'est
intéressant, de même que l'ajout d'un représentant des
parents de la minorité linguistique de la commission scolaire
confessionnelle et dissidente.
Je le dis comme je l'ai dit à quelques-uns qui sont très
proches de vous, effectivement, dans le document qu'on a apprécié
rapidement, s'il fallait le faire uniquement quant à la longueur de la
liste, la longueur de liste de certains éléments positifs est
appréciable par rapport à des choses mineures. Cependant, sur des
questions fondamentales, sur l'aspect le plus unanimement décrié
du projet de loi 107, à savoir la répartition des pouvoirs entre
les commissions scolaires et le ministre, c'est mince, c'est mince franc, c'est
mince ouvert. Le ministre dit: Écoutez, nous - je le cite - au
gouvernement, on n'est pas un gouvernement entêté. On est souple,
très ouvert. Il parlait du gouvernement, par exemple.
Cela, on pourra l'apprécier. On va avoir l'occasion de
l'apprécier et on va avoir pas mal d'heures pour le faire. Mais,
au-delà de ça, le ministre dit: Je vous le dis, là-dessus,
il n'y a pas d'ouverture, parce qu'on est convaincu qu'au Québec le
ministère de l'Éducation et le ministre, c'est sérieux et
le ministre doit garder à peu près tous les pouvoirs. Vous
êtes des mandataires, mais pour ce que je vais décider et on le
verra, encore sur des articles.
De toute façon, supposons qu'encore là je sois
complètement dans les patates, j'aimerais ça me faire dire
aujourd'hui par des concernés qu'effectivement, entre ce qu'ils vous ont
dit à vous, M. le ministre, et à vous, M. le Président, et
à vous, chers membres de la commission, au moment des audiences et ce
qu'ils auraient le goût de dire après avoir apprécié
les nombreux amendements proposés suivant votre présentation - je
parle en termes de qualité, de délestage, de souplesse et
d'ouverture - j'aimerais ça les entendre aujourd'hui dire: On pense, M.
le député d'Abitibi-Ouest, on pense, M. le Président et
chers membres, qu'effectivement M. le ministre a été comme son
gouvernement, c'est-à-dire non entêté, d'une souplesse
indescriptible et, en conséquence, on trouve que le projet de loi 107
qu'il nous présente est alléchant, est intéressant. Il ne
nous plaît pas pour partir en croisière, mais il nous agrée
à ce point que, pour faire oeuvre utile collectivement, on décide
qu'ensemble on va essayer de se doter d'une nouvelle loi concernant la gestion
de l'ensemble du domaine de l'éducation au Québec, plus moderne,
plus articulée, plus adaptée, qui répond davantage aux
besoins d'éducation de 1988.
Est-ce qu'aujourd'hui, moi, comme membre de cette commission, je peux
porter un tel jugement d'analyse en ce sens que ces gens, les concernés,
la COPHAN, la CEQ qui est quand même assez touchée - les membres
de la centrale de l'enseignement, que je sache, ce sont des professeurs, ce
sont des enseignants, des enseignantes qui oeuvrent à tous les jours
dans le milieu de l'éducation... Peut-être que, par leur centrale,
ils aimeraient nous redonner un signal, à savoir qu'il y a là un
projet de loi heureux, Intéressant qui correspond à leurs
attentes.
C'est plus cela, à ce moment-ci, que je veux dire, même si,
moi, dans ma lunette, je continuerais à nous présenter une
série de modifications importantes. Il y a des positions qui
étaient maintenues par des organismes, des groupes, des instances qui ne
sont pas nécessairement les mêmes aujourd'hui, mais tant que je ne
serai pas en mesure d'avoir une appréciation un peu plus large de ceux
qui sont touchés par la réforme, de ceux qui auront à
vivre avec la réforme et de ceux qui auront à l'appliquer, mis
à part, bien sûr, le ministre et son gouvernement, je ne suis pas
sûr que je m'acquitte convenablement de ma responsabilité.
C'est-à-dire que je suis plus sûr de l'inverse, que ce n'est pas
comme ça qu'on doit oeuvrer et travailler, surtout pas dans un projet de
loi aussi déterminant.
Encore là, le ministre de l'Éducation, avec raison, a
martelé, dans son discours de deuxième lecture lors de l'adoption
du principe du projet
de loi 107, l'importance d'adapter la Loi sur l'instruction publique,
même si la vieille loi, il l'a dit à plusieurs reprises, il la
trouve intéressante, valable et qu'il y a de très bons principes
dans cette vieille loi, ce que je reconnais sincèrement. Je ne pense pas
qu'on ait un système d'éducation qu'on doit entièrement
débâtir ou rebâtir aux deux ou trois ans. On a un
système d'éducation qui a fait ses preuves. J'ai confiance,
personnellement, à l'école publique. Cependant, ce n'est pas
parce qu'un système a fait ses preuves qu'il n'y a pas lieu de le
rafraîchir et de le moderniser, et c'est dans cet esprit que se sont
inscrits les travaux conduisant au dépôt du projet de loi 107.
Sur la démarche - c'est important d'avoir en remarques
préliminaires quelques commentaires là-dessus - le ministre nous
avait dit, au mois d'août, à la fin de la commission
parlementaire: Je vais déposer mes amendements au début ou
à la fin de septembre, mais à coup sûr avant le
début de la session. Il n'a pas pu le faire. Je ne porte pas de jugement
là-dessus. Je dis seulement que, factuellement, cela ne s'est pas
passé comme cela. On a reçu, comme je l'ai mentionné, une
série d'amendements jeudi après-midi et on n'a vraiment pas eu le
temps d'en faire un examen aussi approfondi que je le souhaiterais. On ne peut
pas seulement parier des amendements en termes de contenu, il faut en parler
aussi en termes numériques pour donner une image - il y a
peut-être quelques gens qui peuvent nous écouter - et on aura
également à faire référence quelquefois à
des propos.
Les amendements, il y en a au-dessus de 400, pour ceux qui veulent avoir
des chiffres. Et cela touche les 7 premiers chapitres, en passant, donc, il en
manque 4 sur 11. Il y a 340 articles de modifiés, donc les trois quarts,
155 articles sont remplacés, 25 articles sont biffés et 60 sont
complètement nouveaux. Or, je veux bien croire, qu'on pourrait commencer
tout de suite. On me dira: Écoutez, M. le député, il
s'agit quelquefois uniquement d'adaptation, de correction; il s'agit seulement,
à d'autres reprises, de faire ce qu'on appelle des ajustements, parce
qu'à un moment donné un même article peut se
répéter à plusieurs endroits et, en conséquence, il
faut lui apporter le même correctif.
Je sais tout cela. Après douze ans de vie parlementaire, je pense
qu'on a une petite idée de la façon dont cela fonctionne. Il n'en
demeure pas moins que, de deux choses l'une: si c'était un projet de loi
majeur et qu'il a tellement changé, il n'est plus du tout le même
et, en conséquence, le ministre est convaincu qu'on doit procéder
- il a le droit, lui, de souhaiter l'adoption de ce projet de loi - sous
prétexte qu'il répond et qu'il correspond aux besoins de la
population du Québec. J'ai le même droit, je pense, de dire: Un
ministre qui veut cela, qui veut s'asseoir pour adopter un projet de loi avec
un consensus minimal, doit essayer de faire exprimer ce consensus. L'a-t-il eu
dans les consultations? La réponse est non. L'a-t-il présentement
sur les amendements proposés? Je ne le sais pas. Le sait-il? Ma
prétention est qu'il ne le sait pas lui non plus. Il peut être
convaincu qu'il l'a, mais je ne prétends pas qu'il l'ait.
En conséquence, si le même ministre est toujours
très sérieux et souhaite toujours que ce projet de loi soit
adopté et réponde a une volonté collective, il faut s'en
assurer et il serait souhaitable que les intervenants qui auront à vivre
avec puissent s'exprimer au préalable. Ce ne se fera sûrement pas
dans un cadre comme celui qui nous est imposé ce matin ou cet
après-midi, alors que nous commencerions nos travaux. Le ministre avait
le droit de faire ce qu'il a fait, il avait le droit de procéder comme
il l'a fait, mais, ce matin, il aurait dû dire à son leader du
gouvernement: Je regrette, je ne convoque pas la commission parlementaire cet
après-midi pour étudier un projet de loi de cette envergure et
aussi majeur, pour lequel j'ai moi-même 400 amendements. Les instances
concernées n'en ont pas pris connaissance, elles n'ont pas eu le temps
d'avoir quelque réaction. C'est surtout ce genre de commentaires que je
recevais. M. le député, allez-vous essayer de faire quelque chose
pour nous donner l'occasion, le temps de réagir et de vous indiquer
que... Oui, moi, je m'engage à faire ma "job"; je m'engage à
assumer ma responsabilité, bien que j'aurais aimé mieux que ce
soit le gouvernement qui assume sa responsabilité de procéder,
à tout le moins, correctement.
Il est clair, M. le Président, que nous serions dans de bien
meilleures dispositions et je serais beaucoup plus convaincu d'un travail
utile, efficace qui corresponde à nos mandats, si j'avais l'assurance
que les amendements seront rendus publics aujourd'hui. Ensuite, on verrait, au
début de la semaine prochaine, à ce que la commission en fasse
l'étude article par article. Là, tous les groupes auront eu le
temps d'en prendre connaissance, tous les groupes auront eu le temps de
réagir, tous les groupes auront eu le temps de parler aux
députés ministériels et aux membres de l'Opposition et
auront eu le temps de communiquer leurs réactions.
Là, ce n'est plus uniquement le point de vue du critique. Faisons
l'hypothèse que nous commencions dans quelques minutes l'étude de
l'article 1, parce c'est ce à quoi le leader membre du gouvernement nous
a convoqués. J'ai des opinions sur l'article 1. Possiblement - cela
m'étonnerait, par exemple, qu'ils s'expriment -que les gens ici en ont
aussi; je parle surtout du côté ministériel, ils ont
sûrement des opinions sur l'article 1. En quoi, aujourd'hui, est-ce si
significatif que ça de répéter ce que vous avez dit quand
les gens sont venus en commission parlementaire? À propos de l'article
1, vous avez entendu les commentaires des concernés, mais vous n'avez
pas entendu les commentaires des gens concernés par le nouvel article 1.
Que le
ministre ait la vérité et que le ministre ait fait ses
consultations, c'est son droit le plus strict, mais, moi, j'ai le droit, il me
semble, comme parlementaire, d'exiger que nous puissions, nous aussi, comme
membres de l'Opposition, avoir l'occasion de recevoir un minimum - je ne
demande pas deux semaines, trois semaines ou un mois, je demande un minimum -
de réactions des concernés et, là, je vais m'ajuster.
Cela ne veut même pas dire, M. le Président et M. le
ministre, qu'il faut que, moi, je vienne en commission parlementaire uniquement
avec la réaction du milieu, mais j'ai le droit comme parlementaire, par
exemple, membre d'une formation politique, de prétendre... Que je sache,
on n'a pas été élus uniquement pour véhiculer les
opinions de sa petite personne. Dans le régime démocratique qu'on
connaît tous, en tout cas pour l'instant, il y a deux formations
politiques majeures au Québec: la formation politique
ministérielle du Parti libéral et celle du Parti
québécois, qui forme l'Opposition officielle. L'Opposition
officielle a le droit et le devoir de véhiculer les courants de
pensée qui ne sont pas nécessairement véhiculés par
!e parti ministériel. Mais, pour le faire, il faut que j'aie l'occasion
de les voir, il faut que j'aie l'occasion de discuter, il faut que j'aie
l'occasion de les rencontrer.
Là encore, j'en profite: Contrairement à ce que certains
ont véhiculé, je n'ai pas véhiculé les amendements,
parce que j'avais donné ma parole au ministre qu'il n'était pas
question de faire cela. Il disait: C'est pour votre usage privé et
confidentiel. Donc, je n'ai consulté personne sur les amendements
proposés. Tout ce que j'ai fait ce matin, c'est dire l'attitude que nous
aurions à l'ouverture des travaux de cette commission à quelques
journalistes intéressés par ces questions, mais je n'ai pas
rencontré d'intervenant, sauf, comme je l'ai mentionné
tantôt, la COPHAN, à 11 heures cet avant-midi, un rendez-vous qui
était fixé de toute façon depuis deux semaines. Et, bien
sûr, parce que c'était de l'actualité, ils en ont
profité pour me parler des amendements proposés.
Dans ce cadre-là, M. le Président, je pourrais continuer
pendant des heures mes remarques préliminaires, mais j'estime que nous
sommes légitimés... Non seulement nous sommes
légitimés, mais nous avons le devoir, pour permettre que nous
fassions notre travail convenablement, de nous prévaloir d'une
disposition prévue à notre règlement, qui est l'article
175, que je vous lis tout de suite. L'article 175 nous dit: Toute commission
peut déposer un rapport intérimaire à l'Assemblée.
Il ne peut être présenté à cette fin qu'une seule
motion par séance. "
Motion proposant le dépôt d'un rapport
intérimaire
sur les amendements du ministre
Donc, avant de discuter de la motion, je dépose,
conformément à notre règlement et à l'article 175,
la motion suivante: "Conformément à l'article 175 de nos
règles de procédure, je propose que cette commission fasse un
rapport intérimaire à l'Assemblée nationale afin de
permettre aux groupes intéressés de prendre connaissance des
projets d'amendement du ministre concernant le projet de loi 107. "
Je ferai juste deux phrases d'explication. Moi, dans mon esprit, c'est
une motion recevable. Je ne la plaiderai pas à ce moment-ci, à
moins que vous ne le souhaitiez. Je donne un élément
d'explication additionnel: quand je dis, dans la motion, "permettre aux groupes
intéressés de prendre connaissance des projets d'amendement du
ministre", pour ce qui me concerne, ce serait au maximum pour la semaine dans
laquelle nous sommes. Je tiens à donner cette indication
supplémentaire au ministre et que son leader convoque cette commission
pour qu'on puisse commencer nos travaux mardi, après la période
des questions, ce qui nous permettrait d'avoir deux ou trois jours de
réactions des groupes concernés et, d'après moi, de
travailler plus convenablement parce que, entre-temps, nous aurions eu
l'occasion de prendre connaissance des réactions des groupes
concernés à l'égard des amendements proposés.
Un instant, M. le Président, j'ai une remarque. Je veux tout
simplement vous indiquer cependant que nous, avant de faire cette motion, on a
pris le temps de l'analyser. Je souhaiterais que vous preniez le temps de la
regarder quelques minutes avant d'en disposer, puisque je suis convaincu que
c'est une disposition qui est prévue à notre règlement en
commission parlementaire justement pour permettre occasionnellement à
des parlementaires qui prétendent qu'ils ne sont pas dans un cadre de
travail pour s'acquitter convenablement de leurs responsabilités de
faire un rapport intérimaire, comme l'article le dit, à
l'Assemblée nationale.
Le rapport, c'est tout simplement qu'on va dire: Le ministre a fait ses
remarques préliminaires, il a présenté ses amendements, le
critique de l'Opposition a fait ses remarques préliminaires et ils ont
convenu, après leurs remarques préliminaires, que pour avancer
plus et faire une appréciation plus fine des articles lors de
l'étude article par article, tel que le propose le règlement, ils
se devaient de donner l'occasion aux organismes les plus touchés par la
planification éventuelle du projet de loi 107 d'en prendre connaissance.
Je vous indique qu'il y a eu des précédents. J'aimerais que la
décision que vous prendrez tienne compte, effectivement, des
précédents en cette matière. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest, est-ce que je comprends bien que le fait
de déposer une motion met fin au droit de votre formation politique de
continuer les remarques préliminaires?
M. Gendron: Non, M. le Président. De façon
très claire, je tenais à faire, comme le ministre l'a
fait, mes remarques préliminaires pour donner un sens à ce
rapport intérimaire que nous ferions comme commission. J'ai rarement vu
une commission faire un rapport de l'expression d'une seule formation politique
en Chambre, puisqu'on sait que nous sommes dans un régime bipartiste et
qu'en conséquence il faut que je m'exprime dans mes remarques
préliminaires avant de faire la motion.
Pour répondre à votre question, cependant, j'estime que
celui qui vous parle a terminé ses remarques préliminaires en
faisant cette motion. Dans la perspective où vous décideriez,
comme président de commission, de ne pas recevoir cette motion, je vais
finir, terminer, conclure mes remarques préliminaires, tel que le
règlement le prescrit, et mes collègues auront également
des remarques préliminaires à faire avant de commencer
l'étude des articles pour laquelle le leader du gouvernement nous a
convoqués.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon. Avant de me
prononcer sur la recevabilité de votre motion, j'ai une demande
d'intervention de la part du député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, compte tenu de la
proposition de l'Opposition officielle, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de
suspendre quelques minutes pour pouvoir prendre connaissance de la
proposition?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Par contre,
je n'ai pas encore reçu l'avis de motion par écrit.
M. Gendron: Je le dépose officiellement. M. le
Président, au-delà de vos responsabilités comme
président, si les députés du parti ministériel
souhaitent une suspension pour y réfléchir sérieusement,
moi, pour ce qui me concerne, je n'ai pas d'objection à ce qu'on
revienne avec une décision à 20 heures, vu qu'il est 17 h 30.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, on va
suspendre pour quelques minutes. La commission suspend ses travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise 17 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Pendant cette période de
suspension, j'ai demandé les avis de nos conseillers juridiques à
l'Assemblée nationale relativement à la recevabilité ou au
rejet de la motion présentée par M. le député
d'Abitibi-Ouest. Les avis, actuellement, sont partagés parce qu'on ne
trouve pas de précédent auquel on puisse faire
référence; un précédent qui concorde avec la
situation que nous vivons aujourd'hui.
D'un autre côté, la façon dont la motion est
présentée, il est dit: Que cette commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale afin de permettre aux
groupes intéressés de prendre connaissance des projets
d'amendement du ministre. Est-ce que c'est un avis de motion pour retarder les
travaux de façon que l'Opposition ou les groupes
intéressés puissent prendre connaissance des amendements ou si
c'est dans le but de faire un rapport à l'Assemblée nationale?
Mais un rapport sur quoi? C'est là-dessus qu'on s'interroge. Faire un
rapport sur les remarques préliminaires? Je ne pense pas qu'on puisse
demander d'une façon sérieuse à une commission
parlementaire de faire un rapport à l'Assemblée nationale - je
vous dis cela, de prime abord - sur des remarques préliminaires,
même si elles ont pris beaucoup de temps et si elles ont
été bien explicites.
Étant donné l'heure - il est déjà 17 h 50
-j'attends encore des avis de la part de nos conseillers juridiques. Je vais
suspendre les travaux jusqu'à 20 heures et, à 20 heures, je
rendrai ma décision sur la recevabilité de cette motion.
Maintenant, étant donné qu'il reste dix minutes, je pourrais
peut-être inviter le proposeur et quelqu'un du côté
ministériel à me faire connaître leur opinion sur la
recevabilité de la motion. Alors, je vous écoute, M. le
proposeur.
M. Gendron: J'ai deux éléments additionnels, M. le
Président, dont je voudrais qu'on tienne compte. Le premier, c'est quand
vous dites que, selon les premières vérifications, il
n'existerait pas de précédent. Je fais référence au
fait que j'ai dit qu'il y en avait, puisque nous avons l'information qu'il y en
a, à la suite de vérifications qu'on a faites, bien sûr. Ce
n'est pas selon les mêmes dispositions dont dispose un président
de commission bien bardé. On faisait référence aux
dispositions de l'ancien règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'ancien
règlement. On l'a celui-là.
M. Gendron: Et nous sommes convaincus, encore là toujours
pour des raisons de longue expérience, que même si nous avons
réécrit un nouveau règlement la plupart des dispositions
que nous avons reprises dans le règlement qui nous régit ont tenu
compte dans les faits de ce qui s'est passé en ce qui concerne les
travaux en commission.
L'autre aspect que je voudrais que vous preniez en compte davantage,
c'est quand vous dites - j'en suis vraiment étonné... Je lis le
règlement: Toute commission peut déposer un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale. Or, là, vous
laissez voir que vous ne savez pas de quel rapport il s'agirait. Je voudrais
vous rappeler que, d'abord, cet article-là est inscrit dans
le règlement, dans la partie concernant les commissions, les
consultations particulières et les rapports de commission. Un rapport
intérimaire déposé à l'Assemblée nationale
peut tenir compte uniquement de ce qui a été fait, et c'est
prévu comme tel. Si on a mis la disposition de l'article 175, ce n'est
pas pour dire: Oui, mais, écoutez, le rapport intérimaire va
obligatoirement nous conduire à autre chose ultérieurement. La
disposition de l'article 175, c'était pour marquer un temps
d'arrêt dans un mandat d'un leader du gouvernement qui convoque une
commission pour dire: Voici votre travail. Les membres d'une commission
peuvent, en vertu de l'article 175, marquer un temps d'arrêt. Il n'est
pas dit que ce temps d'arrêt doive être marqué à la
septième séance, après la vingt-septième heure, la
quarante-cinquième heure ou après les deux premières
heures du début de la commission.
Le sens du rapport intérimaire - c'est là-dessus que je
voudrais que vous vous interrogiez - c'est pour porter un jugement à
savoir si, oui ou non, des membres d'une commission peuvent être
légitimés de marquer ce temps d'arrêt dans la perspective
où, lorsqu'ils seront convoqués à nouveau par le
même leader pour exécuter la démarche subséquente,
ils ne pourront plus invoquer, à mon avis, la justification d'un autre
temps d'arrêt pour soutenir la même justification de
s'arrêter. Quand je dis que je voudrais qu'on fasse rapport d'une
façon intérimaire, c'est parce que je sais que nos travaux
confirmant le mandat du leader ne sont pas terminés et je
prétends que, pour faire convenablement ce à quoi il nous a
conviés, il serait intéressant, comme membres de la commission,
que nous ayons les réactions des groupes concernés.
Je tiens à ajouter pour le bénéfice des
collègues, parce que je n'ai pas eu le temps de le dire, que dans mon
esprit si, effectivement, la commission donnait suite au rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale, oui, il pourrait y
avoir subséquemment d'autres remarques préliminaires, mais, pour
ce qui me concerne, on commencerait tout de suite les travaux d'étude
article par article et il n'y aurait pas usage d'autres mesures que vous
connaissez. Je prétends que c'est pour faire la distinction entre ce qui
est prévu à l'article 175 et autre chose que je n'ai pas besoin
de vous signaler qui peut être prévu et que je n'ai pas
l'intention d'utiliser si ces dispositions étaient utilisées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vos
remarques sont terminées, M. le proposeur de la motion? Est-ce qu'il y a
une réaction de la part des députés
ministériels?
M. Gendron: Excusez, mais il y a un petit élément
que j'ai oublié parce que j'aimerais aussi que vous preniez note de la
dernière phrase: II ne peut être présenté à
cette fin qu'une seule motion par séance. Si on a pris la peine
d'écrire "par séance", je prétends que le
législateur ou ceux qui ont rédigé le règlement
voulaient tout de suite laisser voir que vous n'aviez pas à vous
interroger, à savoir: Est-ce que le rapport va être assez mince,
assez significatif pour le faire à l'Assemblée nationale?
Autrement, on n'aurait pas écrit "par séance".
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: En attendant que vous statuiez sur la
recevabilité de la motion au début de la séance de ce
soir, je voudrais poser une question naïve au député
d'Abitibi-Ouest. Je pense que s'il pouvait nous dire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si elle est
naïve, elle n'est peut-être pas recevable.
M. Ryan: Vous en déciderez. Une voix: Ha,ha, ha!
M. Ryan: Si le député d'Abitibi-Ouest pouvait nous
dire avec un peu plus de limpidité quels sont ses motifs
véritables et à quoi il veut en venir, avec un peu plus de
précisions, cela pourrait faciliter la réflexion qu'on fera de
notre côté pendant la suspension du souper.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le...
M. Ryan: Tout cela a été présenté
dans des termes passablement enveloppés...
M. Gendron: En tout cas, je n'ai pas...
M. Ryan:... et qui ne nous ont pas éclairés
beaucoup sur la substance de l'attitude que veut défendre le
député d'Abitibi-Ouest. Alors, je lui pose la question en toute
candeur.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: La réponse est en toute candeur aussi. Je n'ai
pas d'appareil photo, mais je veux dire que c'est simple et c'est très
précis quant au fond. Écoutez, je ne trouve pas du tout
convenable qu'on nous demande d'étudier un projet de loi de l'ampleur
soulignée par le ministre, article par article, quand on sait que c'est
aujourd'hui qu'on a rendu publics des amendements d'envergure majeure -
ç'a été la prétention du ministre. D'abord, il n'y
en a pas beaucoup, on a juste à regarder ça! Et on essaierait de
me faire croire que j'ai des motifs cachés? Je n'ai pas de motifs
cachés. Mon seul motif, c'est - je l'ai dit à plusieurs reprises
- que je ne suis pas ici pour représenter uniquement mes convictions
personnelles. Je suis
ici pour représenter des courants d'opinion que l'Opposition
officielle doit véhiculer à partir d'un minimum de discussions
avec les concernés. Comme je n'ai eu aucun lien, c'est clair, avec les
concernés, j'ai le choix de dire: Je joue le jeu, puis je vais le jouer,
puis on va jouer correctement mais, dans les faits, on ne sera pas plus
avancé en fin de semaine parce que j'aurai usé d'autres mesures
qui vont nous conduire à la même place.
Ce n'est pas compliqué, c'est très clair et je ne sais pas
si c'était naïf, la question, mais la réponse ne l'est
sûrement pas, c'est très clair. Je n'ai pas de
velléité cachée. Il y a une disposition du
règlement qui dit que, quand un parlementaire prétend qu'il
travaille dans des conditions inconvenantes, il se prévaut d'un article
du règlement, et c'est ce que j'ai fait. Il y a l'article 175 qui dit
qu'on a le droit de faire rapport d'une façon intérimaire pour
dire: Écoutez, on ne peut pas aller plus loin parce qu'un certain nombre
de parlementaires ont prétendu qu'ils n'avaient pas ce qu'il fallait
pour travailler convenablement. Cela, c'est clair, franc, net; c'est ça,
mon objectif.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions du côté ministériel? M. le
ministre?
M. Ryan: Si le gouvernement était arrivé et qu'il
avait déposé ses amendements un par un, qu'est-ce que vous auriez
fait?
M. Gendron: M. le ministre... M. le Président - je dois
m'adresser au président - j'aurais dit que ça n'a pas de bon
sens. On n'a jamais fait ça. Je ne vous ai pas reproché de
l'avoir fait.
M. Ryan: Vous ne l'auriez jamais su si d'autres s'en venaient,
vous ne l'auriez pas su.
M. Gendron: Non, je n'ai pas fait de reproches sur la
façon dont vous avez déposé les amendements. Je pense que
c'est correctement sauf que, là, écoutez, on va verser dans ce
que... Je peux bien sortir quelle a été l'attitude des
députés ministériels actuels qui étaient dans
l'Opposition iors de l'adoption du projet de loi 3. Je vous dis que je ne
serais pas gêné du tout. Je veux dire, c'est de la petite
bière comme moyen parlementaire, à comparer à ce qui s'est
passé ici. Et on serait plus avancé? Cela ne m'intéresse
pas de dire: Vous aviez fait ça, je le refais. Je vous l'ai dit, ce
n'est pas pour ça que je le fais. Je le fais parce que c'est
prévu au règlement et je le fais parce que c'est légitime
de le faire, puis c'est convenable de le faire si on veut travailler
correctement, c'est pour ça que je le fais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission de
l'éducation poursuit ses travaux. Lorsque nous avons suspendu nos
travaux à l'heure du souper, je vous avais informé qu'à
mon retour je rendrais ma décision sur la motion du député
d'Abitibi-Ouest faite conformément à l'article 175 de nos
règles de procédure, proposant que cette commission fasse un
rapport intérimaire à l'Assemblée nationale afin de
permettre aux groupes intéressés de prendre connaissance des
projets d'amendements du ministre. Je suis maintenant prêt à
rendre ma décision.
Je me suis donc interrogé sur ce que doit être l'objet
d'une motion présentée en vertu de l'article 175. Aucun
critère n'y étant édicté, j'ai
procédé à l'examen des précédents. À
ma connaissance, des décisions ont été rendues à
deux reprises. En mai 1987, a été jugée recevable une
motion visant à faire un rapport intérimaire à
l'Assemblée afin de demander d'ajouter des séances pour
l'exécution d'un mandat; il s'agissait alors d'une consultation
particulière sur un mandat de l'Assemblée. En juin 1979, une
motion visant à faire rapport intérimaire afin de demander
à l'Assemblée de convoquer des groupes et des individus pour
donner leur avis a été jugée recevable. Cette motion, en
vertu de l'article...
Une voix: Jugée?
Le Président (M. Parent, Sauvé):... recevable.
Cette motion, en vertu de l'article 161 de l'ancien règlement, a
été présentée à l'étape de
l'étude détaillée d'un projet de loi. Il est à
noter qu'à ce moment les commissions n'avaient pas le pouvoir de
procéder de leur propre chef à des consultations
particulières. Ces précédents, quoique peu nombreux, nous
indiquent certains critères dont il nous faut tenir compte ici.
Une motion présentée en vertu de l'article 175 doit avoir
pour objet une demande à l'Assemblée afin d'obtenir des moyens
supplémentaires pour accomplir le mandat qui lui a été
confié. De plus, Geoffrion affirme, à l'article 438, qu'une
motion peut être utilisée pour obtenir des précisions sur
le mandat qui a été confié à une commission par
l'Assemblée.
La motion qui est devant nous a pour objet de mettre fin dans
l'immédiat aux travaux de cette commission. En outre, l'argumentation du
député d'Abitibi-Ouest repose sur le fait que les travaux
devraient être reportés à plus tard.
Force nous est donc de conclure que les buts recherchés par la
présentation de cette motion ne correspondent pas aux critères
établis
par la jurisprudence. En effet, ni le libellé de la motion - s'il
vous plaît! - ni l'argumentation du député ne nous
indiquent qu'on recherche des moyens ou des précisions
supplémentaires qui pourraient nous être fournis par
l'Assemblée.
Finalement, j'aimerais ajouter qu'il n'existe dans notre
règlement aucune disposition qui permette à une commission de
reporter ses travaux à une date ultérieure dans le cadre d'un
mandat de l'Assemblée. Il ne pourrait donc être question ici
d'avoir recours à l'article 175 pour arriver à cette fin. Donc,
pour ces motifs je déclare la motion du député
d'Abibiti-Ouest irrecevable.
Alors, nous allons poursuivre nos travaux, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, je me rends à votre décision.
J'aimerais cependant que vous nous indiquiez, comme président de cette
commission, compte tenu de l'importance d'une telle décision, à
quel moment vous pensez que les membres d'une commission qui voudraient se
prévaloir des dispositions de l'article 175, qui sont tout de même
inscrites dans nos règlements, pourraient le faire. Et pour quel motif
pourraient-ils le faire? En termes de directive, j'aimerais que vous
m'éclairiez sur ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Selon ma
compréhension de l'article 175, c'est lorsqu'une commission demande des
moyens supplémentaires pour accomplir son mandat. Alors, vous allez
peut-être me dire que ce sont des moyens supplémentaires que vous
demandez. Non, je ne le pense pas. Vous demandez de reporter les travaux
à une date ultérieure dans le but d'étudier les
amendements qui vous ont été soumis par le ministre. Les moyens,
vous les avez déjà. C'est à votre jugement de dire qu'il
vous faut du temps. Je pense que les moyens ont été
présentés.
M. Gendron: M. le Président, j'aurais une question
additionnelle.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, est-ce que je
peux faire une motion?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
M. Gendron: Puisque vous avez mentionné à deux
reprises dans votre décision que l'usage de l'article 175 pouvait
être permis, dans l'hypothèse où on ne demanderait pas un
report, mais un délai comme moyen additionnel de mieux faire notre
travail, je croyais - et ce sera ma dernière intervention - que j'avais
très bien laissé voir qu'en réclamant l'utilisation de
l'article 175, c'était pour permettre que les groupes concernés
aient le temps de réagir aux amendements proposés par le ministre
qui, immanquablement, doivent être pris en compte dans l'étude
article par article que nous allons commencer un de ces Jours. Par
conséquent, j'ai l'impression que dans votre propre argumentaire, quand
vous dites que c'est une motion qui serait d'usage dans la perspective de vous
donner des outils additionnels, j'ai l'impression que l'usage d'un délai
pour mieux faire notre travail est un outil additionnel, exactement dans le
sens de votre argumentaire, pour me permettre de faire... Alors, j'aimerais
concilier cela avec ce que vous avez écrit ou ce que vous avez lu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 175, M.
le député d'Abitibi-Ouest, a pour but premier d'aider la
commission à se donner des moyens pour bien faire son travail, tandis
que dans votre motion, on dit: "fasse un rapport intérimaire afin de
permettre aux groupes interressés de prendre connaissance des projets
d'amendement". C'est quoi, des groupes intéressés? Est-ce la
commission? Ce n'est pas clair.
M. Ryan: M. le Président, question de règlement. Il
y a une décision qui a été rendue, on ne doit pas essayer
de la remettre en cause indirectement et i! me semble que la décision
était parfaitement claire autant dans ses prolégomènes que
dans ses aboutissements.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, remarquez
bien que je suis conscient que le député d'Abitibi-Ouest ne remet
pas en question la décision qui a été rendue. Il me
demande une directive, à savoir quand il peut utiliser l'article 175,
qui a justement pour but de vous fournir des outils supplémentaires pour
faire votre travail. Or, dans le libellé de votre motion ici, vous nous
dites que c'est afin de permettre aux groupes intéressés de
prendre connaissance. Alors, la décision est rendue.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, est-ce que je
peux faire une motion pour qu'on commence l'étude article par article,
en commençant par l'article 1 et les articles suivants du projet de loi
qu'on a devant nous?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Paré: Ceux qui avaient des commentaires
préalables à faire n'ont pas eu la chance de s'exprimer. Ce
serait tout à fait normal que les députés qui ont le
goût de s'exprimer sur un projet de loi aussi important puissent le
faire, comme ça s'est toujours fait en commission parlementaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant!
Pardon?
M. Gendron: D'autant plus, M. le Président, que comme
critique de l'Opposition officielle je vous avais Indiqué qu'au moment
où je faisais usage de l'article 175 prescrit à nos
règlements...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous avais
posé la question, à savoir si ceci mettait fin aux remarques
préliminaires; vous m'aviez dit non. À ce moment-là, vous
m'en aviez informé.
M. le député de Sherbrooke, sur une question de
règlement.
M. Hamel: M. le Président, question de règlement.
En vertu de l'article 244, étude détaillée d'un projet de
loi, il y a une décision qui a été rendue par M.
Jean-Pierre Charbon-neau, à savoir que "le fait d'étudier une
motion préliminaire signifie donc que l'étape des remarques
préliminaires est terminée". Alors, c'est assez clair; c'est
à la page 244 14. 1. du recueil de décisions concernant les
commissions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Hamel: Décision: "Selon la coutume, le processus
d'étude détaillée débute d'abord par des remarques
préliminaires et se continue par la suite par des motions
préliminaires et, finalement, par l'étude article par
article.
Le fait d'étudier une motion préliminaire signifie donc
que l'étape des remarques préliminaires est terminée. Pour
revenir à cette étape, la commission devrait adopter une motion
de retrait conformément à l'article 195. "
M. Gendron: Avez-vous accepté la...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je ne peux
pas l'accepter, parce que j'irais à l'encontre du bon sens. Comme je
n'ai pas reconnu, en vertu de l'article 175, la motion préliminaire, je
l'ai reconnue irrecevable, je ne peux pas refuser à M. le
député de Shefford son droit de parole.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Shefford.
Remarques préliminaires (suite) M. Roger
Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je suis heureux de
voir qu'on a la chance de s'exprimer en commentaires préliminaires avant
d'étudier article par article le projet de loi 107. Très
rapidement, en quelques minutes, pour dire que... Je tiens à parler,
parce que j'ai participe à beaucoup de commissions parlementaires sur
l'éducation depuis 1981. Ce n'est pas la première fois qu'on
parle de structures scolaires. Cela fait déjà, au cours des
dernières années, trois fois qu'on le fait d'une façon
majeure. Je dois dire que c'est la première fois que je vois, dans le
projet de loi 107 sur les structures scolaires, un devoir aussi mal fait. La
preuve, on l'a ici, avec une couple de pouces de documents qu'on appelle des
amendements et des papillons. Cela relève presque de l'incroyable. Ce
n'est presque pas acceptable.
Comment peut-on expliquer cela, après avoir reçu des
études, vers la fin des années soixante-dix, c'était le
livre orange sur l'école québécoise et tout cela; ensuite,
au début des années quatre-vingt on a étudié,
après avoir fait le tour du Québec... À peu près
tout le monde a fait ses commentaires et émis des opinions, des gens sur
le terrain, qui connaissent cela, sont venus s'exprimer. On a
étudié le projet de loi 40 en commission parlementaire, la plus
longue de l'histoire du Québec. Tous les intervenants sont venus
s'exprimer. Du côté de l'Opposition, le ministre actuel venait
écouter tout cela, entendre cela et participer aux discussions.
Ensuite, il y a eu la loi 3 où, encore, on retrouvait un peu les
mêmes intervenants de chaque côté de la table pour
étudier exactement la même chose, la Loi sur l'instruction
publique, avec des modifications pour moderniser et mettre à jour notre
système d'éducation au Québec. Normalement, on aurait
dû comprendre quels étaient les besoins, quel était
l'avenir, ce que le milieu voulait et présenter un projet de loi qui
aurait dû aller un peu dans le sens du consensus ou du bien commun. Cela
aurait été un minimum, surtout qu'on entendait, au moment
où il était critique de l'Opposition en matière
d'éducation, la même personne qui est ministre de
l'Éducation aujourd'hui dire que cela prenait un consensus, qu'il
fallait être à l'écoute et qu'il fallait connaître
vraiment les besoins des gens.
On a eu la preuve qu'il n'a jamais écouté, ou bien il a
fait exprès. Mais c'est un devoir raté, mal fait. On en a la
preuve aujourd'hui. Cela n'a pas de bon sens! Je n'ai jamais vu un devoir aussi
mal fait par un ministre, un projet de loi déposé comme
ça, alors qu'on connaissait les besoins, nous amener ça en
commission parlementaire après avoir écouté des groupes
venir unanimement dénoncer ce projet de loi en disant que cela n'aurait
aucun bon sens.
Le ministre s'en vient nous confirmer qu'on avait raison et que les gens
du milieu avaient raison. La preuve, ii nous apporte 400 amendements.
Est-ce que cela a du bon sens? Dans les sept premiers chapitres, 400
amendements! Il faut le faire! Franchement, la médaille qu'il faudrait
donner au ministre, ce ne serait pas une médaille de l'Assemblée
nationale. Ce serait une médaille qui s'appellerait un prix citron pour
un projet de loi mal foutu, mal pensé, mal préparé et dans
le but d'arriver à quoi? Je ne le sais pas.
J'ai beau me poser la question. Cela ne m'entre pas dans la tête.
Comment quelqu'un qui dit connaître le domaine, le dossier, qui dit
être au courant, avoir parlé aux gens, peut-il nous arriver avec
un document - pour être poli - semblable? Je ne comprends pas qu'en
décembre 1987 on ait déposé un document semblable - je
n'ose pas utiliser d'autres mots, même si j'en ai d'autres qui me passent
par la tête - qu'on nous arrive, en moins d'une année,
avec quelque chose qui aurait dû être réécrit,
parce que, finalement, c'est modifié presque totalement.
Il n'y aura pas beaucoup d'articles qui ne seront pas touchés.
C'est presque incroyable. Le ministre nous disait avoir écouté
beaucoup et savoir exactement où cela en était. Il a
peut-être beaucoup écouté en commission parlementaire,
parce qu'il s'était aperçu qu'il y avait un consensus et il y
avait unanimité dans le sens que ce n'était pas acceptable. Donc,
probablement qu'il n'avait pas écouté avant ou iI avait
oublié. (21 heures)
Je me rappelle les discours qu'il tenait; il y a des choses
fondamentales qu'il sortait quand il était dans l'Opposition.
Premièrement, il disait qu'il fallait un consensus pour faire des
modifications à une loi aussi primordiale pour le Québec,
c'est-à-dire la Loi sur l'instruction publique, qui concerne
l'éducation et l'instruction de nos jeunes, donc des
générations futures. Il fallait un consensus, il l'a eu, mais
contre lui. Au moins, il a accepté de modifier, mais il n'avait pas le
choix parce que, sans un consensus, on ne peut pas modifier une loi aussi
fondamentale que la Loi sur l'instruction publique. Le ministre disait: II faut
aussi plus de pouvoirs aux intervenants des commissions scolaires. Il
était impensable que l'ancien ministre ne cède pas plus de
pouvoirs aux commissions scolaires. Pour autant qu'on retouchait à cette
Loi sur l'instruction publique, il fallait absolument profiter de ce
moment-là pour déléguer davantage aux commissions
scolaires et, pourtant, le projet de loi 107 est certainement l'un, sinon le
projet de loi le plus centralisateur qu'on n'ait jamais vu.
J'ai entendu des commentaires disant: Oui, mais il faut penser qu'un
jour il peut y avoir un autre ministre de l'Éducation. Je dois dire
qu'un projet de loi centralisateur comme celui-là n'est pas acceptable
et encore moins avec le ministre actuel, quand on connaît les
dérogations qu'il accepte. Cela n'a pas de bon sens, c'est un danger
public. Mais cela se passe comme cela pareil: Je suis roi et maître et je
décide à bord, je suis ministre, écoutez-moi, j'ai raison.
C'est impensable, surtout quand on vient de voir un devoir aussi mal fait,
aussi manqué que le projet de loi 107. Il vient de nous donner la
preuve, la constatation qu'il a mal fait sa "job". Là, on le constate,
on en est obligé malgré nous, on a tout modifié.
Habituellement, quand on connaît notre dossier et qu'on est
compétent un peu, ce n'est pas vrai qu'on modifie tous les projets, cela
n'a aucun bon sens, à moins de ne vouloir je ne sais quoi. Je vous le
dis, je cherche encore, je ne comprends pas qu'on soit obligé de tout
modifier cela.
Le projet de loi 107, malgré les modifications, c'est un recul
par rapport à la loi 3 qui, elle, faisait consensus, il ne faut pas
l'oublier. On en avait discuté longtemps; certaines discussions avaient
été serrées, je me le rappelle, elles n'avaient pas
été faciles. On a eu des discussions de fond majeures; des
intervenants ont été assez durs pour le ministre au moment
où on était au pouvoir, mais on a écouté, on a
modifié et il y a eu consensus à la fin. On aurait dû, au
moins, retrouver et ramener dans la loi 107 les consensus qui s'étaient
dégagés. Mais non! On n'a rien corrige, mais là on
corrige. C'est une drôle de correction, je dois vous le dire!
J'ai aussi participé à la commission parlementaire du mois
d'août où on n'a pas vraiment donné la chance aux gens de
se faire écouter, parce qu'on ne leur a même pas donné un
temps équitable, un temps qu'ils auraient mérité, un temps
au moins égal à celui accordé aux groupes qui ont eu la
chance de passer au mois de mai. Ce n'est pas eux qui ont décidé
de passer au mois d'août plutôt que de passer au mois de mai, alors
qu'au mois d'août et de septembre nous aurions dû leur consacrer
plus de temps, étant donné que nous n'étions pas en
session. Mais non! On a voulu rapetisser cela, on a voulu leur donner moins de
temps. Pourtant, cela valait la peine de les écouter. À preuve,
on a apporté 400 amendements, sauf qu'on ne les a pas encore assez
écoutés parce qu'il y a des choses, lors d'une lecture rapide...
Même si on a fait des amendements, on n'a pas encore répondu
à des groupes qui auraient mérité d'être entendus
davantage. On va revenir là-dessus lors de l'étude article par
article.
Comme je l'ai dit, pour parier très rapidement, globalement - je
ne reviendrai pas directement là-dessus - it y a des choses qu'on aurait
pu modifier encore davantage et j'espère que nous allons pouvoir les
faire modifier quand on va arriver à l'étude article par article.
Comme je vous le disais, c'est quand même spécial qu'en
commission, au mois d'août, le ministre ait pris l'engagement... Si vous
ressortez le Journal des débats, vous allez vous apercevoir qu'on
était censé déposer au moins 250 amendements avant la fin
de septembre; on le savait, cela a été annoncé et
enregistré; 250 amendements au moins et ce, avant la fin du mois de
septembre. Pourtant, c'est déposé au mois de novembre. C'est
drôlement plus tard. Les délais, pour le ministre actuel, ne sont
jamais trop longs. On le voit aussi avec les jeunes dans les cégeps. Ce
n'est jamais trop, les délais, quand c'est lui qui décide:
Étirez-moi cela en masse et, si vous en êtes capables,
jusqu'après les prochaines élections.
C'est le "fun", c'est facile, c'est comme cela que ça marche, ses
propres délais, mais quand ce sont les délais pour les autres,
par exemple, on coupe cela. Si on l'avait écouté, on aurait
écouté les groupes pendant quinze minutes au mois d'août,
non pas trois quarts d'heure ou une demi-heure, mais quinze minutes. Les autres
en avaient assez, mais, pour eux, il faut que ce soit court. J'étais
pour dire "short and sweet", mais je vais respecter la loi 101, il faut que ce
soit court et rapide. On n'a pas trop de temps à
consacrer à écouter les autres. On vient d'en avoir encore
la preuve. On ne veut pas permettre aux gens de consulter les 400 articles pour
être capables, avant que la loi soit adoptée, de nous
émettre leurs commentaires. On nous avait promis avant la fin du mois de
septembre 250 amendements et ils n'ont pas été
déposés; au lieu du mois de septembre, ils le sont au mois de
novembre. On nous dépose 400 amendements au mois de novembre seulement
et, maintenant, on va vouloir faire cela vite parce que ce n'est plus un
groupe, c'est nous qui décidons ici, soit le gouvernement en place.
Donc, cela presse.
Est-ce que les groupes ont eu la chance de commenter les amendements,
alors qu'on pourrait entreprendre cela dès ce soir, si on voulait donner
l'occasion, si on avait la volonté de prendre le temps de parler sur
l'ensemble de la situation concernant le projet de loi 107. Or, on les a
déposés en novembre et les gens n'auront pas le temps de se
retourner de bord que nous aurons déjà commencé à
étudier la loi article par article. Pourtant, c'est presqu'un nouveau
projet de loi tellement il y a des modifications, tellement cela touche des
choses. C'est incroyable! Il faut le voir.
Comme Opposition, on a un rôle fondamental qui est de
représenter tous les groupes. Ceux qui ne sont pas d'accord avec cela,
nous devons les représenter. C'est nous qui devons présenter
leurs argumentations. Il faut être capable de discuter avec eux. La
preuve que ce n'est pas facile, le ministre a même cru bon de nous les
envoyer quelques jours à l'avance, pour qu'on puisse commencer à
regarder cela parce que c'est tellement volumineux. C'est incroyable! C'est une
brique. Il faut le voir, il faut le regarder. Nous aurons bientôt besoin
d'une petite valise pour nous promener dans le passage, juste pour être
capables de traîner avec nous les amendements.
Puis, il va y en avoir d'autres. En tout cas, il faut le croire si on
regarde la lettre qui accompagnait les amendements, c'est pour les sept
premiers chapitres. Il reste quatre autres chapitres, si je me rappelle bien,
parce qu'il y en avait onze. J'ai hâte de voir l'épaisseur. S'il y
a une compagnie de récupération dans le coin, cela va être
payant de faire du recyclage ici tantôt. Il y a des papillons, parce que
la loi n'a pas été faite en fonction des consensus et du bien
commun il y a une année. Je ne sais pas pourquoi on voulait être
aussi loin de la réalité. Je ne comprends pas pourquoi on a voulu
être tellement loin de la réalité qu'on soit
s'obligé, un an après, de dire: J'ai tellement mal fait ma "job"
que je suis obligé maintenant de vous amener quelque chose où il
va être plus long de se retrouver dans les papillons que de passer
à travers le projet de loi lui-même article par article.
Donc, je dois vous dire que cela me surprend beaucoup et je ne me
l'explique pas encore. Avec le projet de loi comme tel, on ne s'en vient
même pas régler le sujet sur lequel on voulait vraiment essayer de
moderniser notre système d'éducation. Le Québec est une
société en évolution, tant mieux. C'est une
société de plus en plus moderne. C'est une société
ouverte, surtout à Montréal qui s'en vient cosmopolite et qui
l'est déjà passablement. S'il faut modifier, ce n'est pas pour
des écoles dans des paroisses à 100 % catholiques dans des
petites municipalités dans le fond de la Gaspésie ou d'autres
régions du Québec. Il s'est produit... On connaît
maintenant des problèmes majeurs à Montréal et à
Québec. La modification qu'on voulait apporter à notre
système d'éducation, c'était pour corriger ces nouveaux
problèmes modernes qu'on connaît dans nos deux grandes
métropoles au Québec. Pourtant, le projet de loi 107 exclut les
municipalités qui sont touchées par le problème
d'intégration des nouveaux arrivants québécois. Ils ne
sont pas concernés parce qu'on va en traiter plus tard. Je dis que c'est
encore une erreur du ministre. Ce n'est pas plus tard qu'il aurait fallu le
traiter, c'est plus tôt. Il fallait le traiter quand c'était le
temps.
L'article 93 de la constitution canadienne, si on avait eu vraiment la
volonté, à mon avis, si on avait vraiment voulu,
premièrement, régler le problème parce qu'ii y a
problème... On en a eu connaissance quand on a vu comment cela se
passait dans des régions, comme au nord de Montréal où,
finalement, c'est la minorité anglophone qui intègre et qui
gère les écoles pour la majorité francophone. On a vu
cela. À la surprise de tous les membres de la commission, je me rappelle
cette présentation qu'il y avait eue et, finalement, on était
tous restés surpris et bouche bée là-dessus parce qu'on
trouvait que cela n'avait pas de bon sens.
Il y a un problème et on aurait pu le régler en modifiant
l'article 93. Il y a des occasions qui passent et qu'on n'a pas le droit de
rater quand on est responsable d'un dossier aussi majeur. C'était la
négociation du lac Meech. Si on avait été
déterminé, si on avait eu la volonté et si on avait pris
à coeur la responsabilité qui nous incombait comme ministre de
l'Éducation de dire: Je vais régler cela parce que c'est
fondamental pour (e Québec... La preuve que c'est fondamental, regardez
les problèmes dans la société dans laquelle on vit. On
parle de politique familiale, de dénatalité, de vieillissement de
la population, de décroissance de la population à partir de l'an
2010 environ, en plus du nombre grandissant de nouveaux venus. On connaît
tout cela. On connaît l'article 93 qui nous empêche et, pourtant,
durant tout le temps des négociations sur la nouvelle entente
constitutionnelle du lac Meech, on n'a pas entendu parler de l'article 93.
Donc, qu'est-ce qu'on voulait? On ne voulait pas vraiment régler
ce dossier-là et c'était le temps de prouver, une fois pour
toutes, la bonne volonté de nos intervenants d'en face, pour voir s'ils
étaient prêts à reconnaître que, dans cette
société distincte, d'une façon tangible,
d'une façon claire et nette, ce que la société
distincte voulait dire, c'était la primauté du Québec dans
le domaine culturel, dans le domaine linguistique et dans le domaine de
l'éducation. On avait une occasion unique et on l'a ratée. Cela,
je dois dire que c'est grave parce que, historiquement, il y a des chances
qu'on n'a pas le droit de rater, il y a des moments... Quand on est en poste,
on doit prendre ses responsabilités. On n'avait pas le choix, on n'avait
pas le droit, on avait même l'obligation de prendre cette occasion unique
qui se présentait et de faire modifier tout de suite, dans la nouvelle
entente constitutionnelle, l'article 93 et reconnaître au Québec
son pouvoir. C'est à ce moment-là qu'il fallait le faire. Cela
aurait été vraiment la meilleure occasion de prouver que la
société distincte, cela veut dire quelque chose.
Or, là, on ne le sait pas parce que cela ne repose sur rien de
concret, on n'a pas pris nos responsabilités, on n'a pas profité
de l'occasion qui passait et, aujourd'hui, on est encore "poignés" avec
une société distincte qui ne veut absolument plus rien dire, une
occasion ratée qui va se présenter à nouveau on ne sait
quand. Quand on voit les agissements des gens à Ottawa, peu importent
lesquels, quand on regarde la campagne électorale
fédérale, les chefs de parti disent - je lisais cela dans les
journaux encore aujourd'hui - On va régler le traité du lac
Meech, on va les attacher comme des saucisses, bien comme il le faut; ensuite,
on leur fera la passe de la clause "nonobstant", la seule chose qui pourrait
encore nous permettre d'être une société distincte, et,
quand ils seront bien attachés, on finira de les brûler. Quand ils
seront bien cuits et assez rôtis, on ira jusqu'aux os. C'est cela, le
discours qu'on est en train de tenir.
En matière d'éducation, on n'a pas profité de cette
chance pour faire en sorte qu'au-delà de la clause "nonobstant" dans la
constitution, l'entente du lac Meech, on profite de cette occasion pour faire
en sorte qu'on reconnaisse que c'est notre domaine. On aurait pu régler
ces problèmes qui existent dans les deux grandes métropoles du
Québec, Québec et Montréal. On aurait pu régler
cela parce que la loi 107 aurait pu s'appliquer dans sa totalité, au
lieu d'en retrancher des articles qu'on va soumettre à la Cour
suprême, dont on aura le jugement dans je ne sais combien
d'années. Quand aurons-nous l'occasion d'y revenir pour négocier
cela? Surtout, quand aurons-nous l'occasion de le négocier en ayant -
qu'est-ce qu'on pourrait utiliser comme terme - le gros bout du bâton?
À l'avenir, pour modifier, il faudra convaincre les autres provinces. On
voit comment c'est, comment sont traités les francophones des autres
provinces. On voit aussi la ligne conductrice ou, en tout cas, le cheminement
que prend le gouvernement d'Ottawa avec sa loi C-72. Il s'agit plutôt
d'aider l'anglais que le français, même au Québec. C'est
inquiétant, je vous le dis.
Je vois cela d'une façon très inquiétante et on a
manqué une chance historique de pouvoir mettre cela au clair une fois
pour toutes. On a raté cette occasion et on ne sait pas quand elle va
revenir. Peu importe quand elle va revenir, je pense qu'on ne sera plus
jamais... En tout cas, cela va prendre du temps. J'espère que cela va
changer, mais, en tout cas, selon ce qu'on voit présentement, on ne sera
pas dans le même rapport de forces qu'au moment où on a
négocié l'entente du lac Meech. C'est dommage, c'est une erreur
historique, à mon avis, et le ministre en est responsable. Surtout que
ce n'est pas nouveau. On aurait pu dire qu'on ne connaissait pas le
problème, mais on le connaissait. Si on n'avait pas été en
train de préparer un projet de loi sur la réforme de
l'instruction publique, on aurait pu dire: Ce n'est pas le temps. Mais on n'a
jamais arrêté, la loi 3 était contestée, donc, on
savait qu'elle n'était plus constitutionnelle et qu'il fallait
absolument légiférer à nouveau. Comment se fait-il qu'on
n'en ait pas profité? Je ne comprends pas et je n'accepte pas non plus
qu'on n'ait pas pris ses responsabilités au moment où on aurait
dû le faire.
Donc, cela veut dire: Oui, on va légiférer, on va passer
une loi. On va passer une loi... Disons qu'on va passer un paquet
d'amendements, ce qui va finir par avoir l'air d'une loi à la fin. Mais
on n'aura pas réglé ce qu'on voulait régler avec cela. Les
mêmes problèmes vont persister. La seule chose, quand on regarde
les critiques qui étaient faites par la fédération des
commissions scolaires ou d'autres organismes, c'est qu'on va se ramasser
à Montréal et à Québec non pas avec un
problème réglé, mais avec un problème qui va
s'être davantage complexifié puisqu'il va y avoir des commissions
scolaires qui vont s'ajouter en plus.
Seulement une minute? Je vous remercie, M. le Président.
Alors, malheureusement, je dois m'arrêter, mon temps est fini.
J'aurais aimé continuer parce que, malgré les modifications,
quand on reconnaît qu'on veut une politique familiale au Québec,
quand on reconnaît l'importance de l'éducation et quand on sait
que l'école est un milieu de vie où il n'y a pas seulement
l'instruction, mais où il y a aussi l'éducation, on a
l'obligation d'inclure une définition plus claire des services
complémentaires dans les écoles, ce qu'on n'a pas fait. (21 h
15)
Donc, encore une fois, on prouve qu'on n'a pas l'intention de faire un
véritable milieu de formation globale dans cela. On n'a pas l'intention
de l'imposer. Cela nous permettra peut-être de faire encore des coupures
dans ces services, alors qu'ils sont essentiels pour faire de nos jeunes
Québécoises et Québécois des citoyens complets,
émancipés et bien préparés pour l'avenir. Je trouve
cela dommage. C'est la même chose quand on parle d'une politique
familiale. On a beau en parler dans un autre ministère,
cela ne nous empêche pas d'enlever l'obligation d'avoir des
services de garde dans les milieux scolaires, alors que c'est fondamental
aussi. Cela va à rencontre du discours que tient un autre ministre de
l'autre côté, cela va à rencontre de cette philosophie
qu'on veut implanter de politique familiale, et c'est dommage.
Comme mon temps est terminé, M. le Président, j'y
reviendrai lorsque j'en aurai l'occasion, probablement à l'étude
article par article du projet de loi 107.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
le député de Shefford et vice-président de la commission
permanente de l'éducation. Une intervention du côté
ministériel? Alors, je reconnais maintenant le député de
Mercier. M. le député.
M. Gérald Godin
M. Godin: Merci beaucoup. Je vais commencer par un peu de
statistiques. On a 400 papillons, comme on le dit, pour 7 chapitres, soit une
moyenne de 57 papillons par chapitre. Si on le multiplie par 11 chapitres, cela
fait 627 papillons. Donc, plus de papillons que d'articles dans la loi
actuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Des
papillons...
M. Godin: Donc, cela regarde très mal pour les travaux de
la commission à venir. Je pense que, plus fondamentalement, il faut dire
au ministre dans une langue qu'il comprend, le romain, qu'à
Montréal, dans le domaine scolaire, "omnia nova sub soie". Mais est-ce
que la loi reflète cette réalité nouvelle sociale dans le
domaine scolaire à Montréal? Pas du tout. Je pense que gouverner,
c'est prévoir et j'espérais que notre ministre soit un bon
prévoyant dans le domaine de l'éducation. Je me rends compte que,
face à la réalité nouvelle que nous vivons à
Montréal, c'est-à-dire les écoles multiethniques,
catholiques et françaises, il n'y a rien dans la loi qui nous permette
de croire que le milieu va changer et s'adapter à cette
réalité nouvelle.
Nous avons aussi à Montréal un phénomène
nouveau dans le cas des commissions scolaires protestantes et des écoles
françaises. C'est une réalité entièrement nouvelle.
Encore là, "omnia nova sub soie". Cela veut dire: Tout est nouveau sous
le soleil. Demandez à votre ancien élève de Rome qui va
vous traduire cela. "Omnia nova sub soie", M. le Président, cela veut
bien dire: Tout est nouveau sous le soleil.
M. Ryan: "Nihil sub sole novum".
M. Godin: M. le Président, je dis le contraire. Je dis que
dans la réalité tout est nouveau. "Omnia nova"...
M. Ryan: Vous comprenez tout à l'envers, tout de
travers.
M. Godin: "Omnia nova", mais "nihil novum" dans sa loi,
justement.
M. Ryan: En tout cas, c'est une nouvelle formulation, on ne l'a
jamais entendue.
M. Godin: Dans la loi du ministre, M. le Président, "nihil
novum", comme s'il n'avait pas vu ce qui se passait, comme s'il n'avait rien vu
de la réalité qui changeait. La réalité change,
"alea jacta est", et le ministre: "nihil novum" dans sa loi. Donc, il est
totalement étranger à ce qui se passe dans son propre territoire
où il a travaillé pendant vingt ans et où il vit. Dans la
loi actuelle nouvelle, modifiée, amendée et suramendée, on
constate que le gouvernement est totalement indifférent à ce qui
se passe à Montréal.
M. le Président, pouvez-vous rappeler notre ami romain à
l'ordre, si vous voulez qu'on puisse à notre tour...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
un Romain dans la salle? Vous voulez parler du ministre de l'Éducation,
il a été un temps à Rome. Vous avez la parole, M. le
député.
M. Godin: II y a été un temps. Merci, M. le
Président, je vous en sais gré.
M. Ryan: II y a 35 ans de cela. M. Godin: Les belles
années!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre.
M. Godin: Les belles années tout de même! Je dois
vous dire, M. le Président, que malheureusement la loi est ainsi faite
qu'on peut croire que le Québec est le même que lors de la loi
antérieure de l'éducation publique. En effet, on ne trouve rien
en cette loi qui nous permette de croire que le ministère est au courant
de ce qui se passe à Montréal, c'est-à-dire là
où la réalité a le plus fondamentalement changé,
à mon avis, avec la présence d'écoles multiethniques et la
présence d'écoles françaises dans le secteur anglais
protestant. Face à cela, le ministre nous annonce qu'il va soumettre
éventuellement les articles de sa loi à des tribunaux dans sa
sagesse profonde et intime pour éviter, dit-il, de se faire "planter"
comme nous, on l'a été, comme gouvernement, à
l'époque avec la loi 63 ou était-ce 103? Donnez-moi le chiffre
exact, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La loi 3.
M. Godin: La loi 3, pardonnez-moi. Je vous
remercie beaucoup. Donc, il va peut-être procéder comme
cela, mais l'objectif étant que le plus tôt possible il faut que
les écoles soient changées à Montréal pour que cela
corresponde à la réalité que nous avons vécue et
pour éviter les problèmes que nous avons subis dans le
passé avec les lois 22 et 63 que l'on tente de régler. Il
faudrait que la loi actuelle soit plus prévoyante, à mon avis, et
soit plus en mesure de s'adapter à la réalité nouvelle que
Montréal vit présentement, une réalité
multiethnique.
Dans mon comté de Mercier, il y a plusieurs écoles dont la
majorité, maintenant, n'est plus française catholique, mais
multiethnique et multireligieuse. J'aurais aimé que dans la loi on
tienne compte de cette réalité nouvelle et que l'on travaille
sérieusement, par conséquent, de manière que dans 20 ans
il n'y ait pas une autre situation comme celle qu'on a tenté de
régler par les lois 22, 63 et 101.
Est-ce que cette loi règle ces problèmes en
prévoyant ce qui s'en vient? Pas du tout, pas un mot, "nihil novum" dans
la loi, M. le Président. C'est ce qui me désole et c'est ce que
je voudrais souligner à mon collègue, ex-confrère
journaliste et ami, que cette loi, on l'a vu, ne correspond pas du tout
à la réalité nouvelle qui est vécue à
Montréal, dans chacun des comtés de Montréal et dans
chacune des écoles de Montréal.
L'autre jour, je constatais, en voyant le film "Les tisserands du
pouvoir", qu'au tournant du siècle nos gouvernants n'ont pas
prévu que 1 000 000 de Québécois quitteraient le
Québec pour aller vivre dans les États américains à
la recherche d'emplois, de sorte qu'aujourd'hui le Québec est en
minorité ou presque au Canada, alors que si nos leaders avaient
prévu cela à l'époque, en créant des emplois ici
pour eux, nous aurions pu devenir au Québec 8 000 000 de francophones
et, ainsi, nous assurer qu'en l'an 2000 nous soyons encore un nombre suffisant
pour survivre et rester là et que nos enfants trouvent un milieu propice
à leur développement en français et dans la culture qui
est la leur et celle de leurs ancêtres.
Aujourd'hui, le problème que nous vivons, cela se compare un peu,
c'est un problème encore là relié à la langue et
à la religion. Je déplore que la loi actuelle
présentée par le ministre, la loi 107, ne contienne aucun article
qui se fasse l'écho de cette réalité nouvelle. J'avais
juste espéré que le ministre soit sensible à cela parce
que, dans le quartier où il vit, à la frontière de mon
comté et d'Outremont, il y a des communautés que nous connaissons
tous: grecque, asiatique et autres. Alors, j'aurais souhaité qu'il soit
sensible à ce qui se passe dans les écoles de son environnement
le plus immédiat.
Au contraire, nous ne trouvons rien dans la loi qui règle d'une
façon ou d'une autre ce problème de l'appartenance des nouveaux
étudiants du Québec dans leurs écoles. Il faut donc que,
tôt ou tard, le gouvernement actuel, le ministère de
l'Éducation, joue son rôle, mette ses culottes, se tienne debout,
prenne les affaires en main et détermine qu'il y a des écoles au
Québec, à Montréal, qui sont françaises et d'autres
anglaises, bien sûr, et que le patrimoine de chacun soit
préservé. Nous sommes sensibles à cela, nous aussi.
Dans la loi actuelle, rien ne prévoit qu'il y aura des
Institutions françaises et anglaises permettant aux nouveaux
étudiants de s'intégrer, de s'identifier à des
institutions qu'ils reconnaissent et, surtout, des institutions qui puissent
être souples et avoir les moyens de les intégrer, parce que nous
savons, dans nos comtés de Montréal, que les problèmes
principaux vécus par des enseignants, c'est qu'ils n'ont pas les moyens,
souvent, d'intégrer les nouveaux venus. Ils n'ont pas non plus les
moyens, ni le temps, de comprendre mieux s'il y a une nouvelle culture dans
leurs propres classes et école, avec les problèmes que ça
cause déjà et causera encore plus à l'avenir.
Je souhaite que cette loi soit remaniée et modifiée en
profondeur pour que ces problèmes soient pris en considération ou
pris en compte et que la nouvelle version, ou la troisième ou la
huitième - je ne sais pas à quelle nous en serons à cette
époque - la version finale de la loi 107 en tienne compte. M. le
ministre, je m'adresse à vous, l'esprit ouvert au Québec, s'il en
est, s'il en fut, je ne sais pas trop...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Si cela a déjà
été.
M. Godin:... pour que vous nous montriez à quel point vous
êtes soucieux de l'avenir du Québec, de la ville de
Montréal et de nos nouveaux citoyens à Montréal, les
jeunes, les enfants. Entre enfants, les choses vont très bien. Quand on
prend le métro et que l'on voit des enfants tous avec l'accent
québécois, qu'ils soient Vietnamiens, Chinois de Hong Kong ou du
"main land" comme on dit, Haïtiens, etc., tout le monde parle avec
l'accent québécois et je trouve cela assez merveilleux que
ça se produise maintenant à Montréal. Donc, il y a une
intégration qui se fait. L'école doit être un lieu
supplémentaire d'intégration et ce sont souvent les enfants
d'ailleurs qui enlèvent aux parents leur racisme ou leur
xénophobie en leur montrant qu'ils s'entendent bien avec leurs
collègues d'autres nations, d'autres races, d'autres langues et d'autres
religions dans nos écoles. Ces écoles-là, en fait, n'ont
pas encore de personnalité à elles et cette loi devrait s'occuper
de régler ce problème.
La loi 3, à l'époque, tentait au moins, dans la bonne
direction, de régler ce problème. Malheureusement, cela n'a pas
abouti comme on l'aurait souhaité, mais la leçon apportée
aurait dû être que c'est urgent de le faire et non pas:
Soyons encore plus lents et plus prudents que possible. Parce que le
problème est urgent et la solution presse, si nous voulons
éviter, dans l'avenir, dans vingt ans, qu'il y ait des problèmes
causés par, je dirais, l'inexpérience des hommes politiques de
l'époque précédente de se reproduire et que nous
aboutissions, vingt ans après, avec des problèmes sociaux
importants qui viennent de la question scolaire et de la crainte des
Québécois francophones de perdre leur place en Amérique du
Nord, de perdre leur langue et de voir leurs enfants la perdre aussi.
Ce projet de loi me semble tout à fait impropre à
répondre à ces questions, à ces problèmes et je
souhaiterais que le ministre, dans sa sagesse, comme je l'ai déjà
dit, se repenche sur cette question et qu'il nous arrive avec des amendements,
dans l'avenir, qui tiennent compte de l'importance vitale pour le Québec
d'avoir des écoles françaises avec des écoles anglaises
à côté sûrement, mais que les deux sortes
d'écoles gardent leur personnalité propre et que les enfants qui
les fréquentent puissent s'y identifier et sachent que nous sommes
maintenant au Québec. Nous apprenons le français pour ceux qui y
ont droit, nous sommes à l'école anglaise pour ceux qui ont
droit, que ce soit clair et qu'il n'y ait pas cette confusion qui existe depuis
fort longtemps.
Je me souviens qu'à l'époque de Daniel Johnson il y avait
eu une tentative de régler ces problèmes. Vous vous en souvenez
sûrement comme journaliste, vous. Cela n'a pas été
réglé non plus, parce qu'il y avait un consensus qui
n'était pas mûr, mais je pense que, maintenant, il est
peut-être plus près d'être mûr et, après
l'échec de la loi 3, M. le Président, comme il y a eu
échec de la loi 63 et de la loi 22 avant, la loi 101 a
réglé le problème, en grande partie. J'osais souhaiter que
le nouveau projet de loi sur l'instruction publique au Québec soit aussi
réfléchi que la loi 101 l'a été et qu'il
règle les problèmes qui se posent. Je constate que,
malheureusement, c'est du papier qu'on pourrait passer à la
déchiqueteuse, sans rien perdre, la preuve étant que nous avons
400 amendements sur 547 articles et que la projection, l'extrapolation serait
qu'on nous arrivera avec 627 amendements d'ici à la fin, si la moyenne
au bâton du ministre se maintient et, comme il aime le baseball, je pense
qu'il va la maintenir sûrement!
Votre moyenne au bâton par chapitre, M. le ministre, est de 57
amendements. Pour 11 chapitres, cela fait 627 amendements: plus d'amendements
que d'articles de projet de loi. Je pense donc que nous avons en face de nous
un projet de loi qui n'a pas été suffisamment
réfléchi; cela a l'air de quelqu'un qui n'a pas osé
régler un problème qui se pose à Montréal, dont il
est fort conscient et dont, malheureusement, on ne trouve pas de trace digne de
ce nom dans le projet de loi qui sort de son cerveau, ou du cerveau de ses
conseillers, ou des législateurs de son ministère. Je compte sur
lui. Je me permets encore d'oser compter sur lui pour qu'il consulte le
président de la commission qui est un expert, lui aussi, du domaine
scolaire à Montréal...
Mme Blackburn: II n'était pas de son avis!
M. Godin:... ainsi que sa collègue, la
députée de Jacques-Cartier, qui a vécu également
tous les problèmes et toutes les tensions au sein du CEPGM et qui sait
très bien qu'une solution doit être trouvée. Elle ne plaira
sûrement pas à tout le monde, mais, à la longue, elle
apparaîtra, si elle est sage et bien faite comme la loi 101 l'est
maintenant - tout le monde veut la garder, même les libéraux qui
se battaient contre pendant des nuits entières à l'époque
de la commission parlementaire sur cette question...
Je pense donc qu'il faut avoir le courage de consulter, d'écouter
et de faire modestement son boulot de législateur, ne perdant pas de vue
que l'objectif qui est visé à Montréal, en particulier,
c'est qu'il y ait un réseau d'écoles anglaises et un
réseau d'écoles françaises pour que nous ne soyons pas,
dans vingt ans, devant les mêmes problèmes qu'on a vécus et
que les lois 22 et 63 ont tenté de régler tant bien que mal.
M. le Président, ce sont mes propos pour ce soir, mais je n'ai
pas fini; je vais revenir sûrement là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le député de Mercier. Est-ce qu'il y a des interventions du
côté ministériel? S'il n'y en a pas, je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi. (21 h 30)
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Pour avoir suivi
les travaux de la commission parlementaire au moment des consultations, je dois
dire que je n'ai pas la même confiance. Ayant entendu les réponses
du ministre, j'ajouterais que je n'ai pas la même confiance que mon
collègue de Mercier, quant à la volonté du ministre de
modifier de quelque façon que ce soit le fond du problème et le
rapport de forces en ce qui touche la situation actuelle.
Il est peut-être intéressant de se rappeler deux ou trois
petites choses qui ont été dites ici, en commission
parlementaire, à l'occasion de la consultation, qui illustrent à
cause du rapport de forces auquel le ministre s'est soumis parce que, en
partie, il les partage, qu'on va rester avec une structure complètement
bâtarde qui n'a aucun rapport avec la réalité actuelle au
Québec.
On s'est fait dire ici très clairement - là, je vois les
gens qui étaient ici, les députés du parti
ministériel étaient en commission parlementaire - au moment
où les représentants des commissions scolaires protestantes ont
reconnu que la commission scolaire protestante n'avait
de protestant que le nom, que c'était une fiction. En même
temps, on a dû reconnaître que les commissions scolaires
catholiques et ceux qui prétendaient parler au nom des commissions
scolaires catholiques et de tous les catholiques du Québec,
c'était généralement un groupe d'intégristes, des
purs et des durs. Je me suis toujours demandé: Comment se fait-il que le
ministre soit si sensible à quelque chose qui ne semble plus
correspondre à la réalité? Les personnes qui sont venues
présenter ces mémoires, souvent, pour en connaître un
certain nombre - personnes que le président de cette commission
connaît également - on sait qu'elles envoient d'abord leurs
enfants dans les écoles privées et que les autres n'ont plus
d'enfant à l'école. Or, ils décident de parler pour tous
les catholiques du Québec.
J'ai compris que le ministre n'avait pas l'intention de modifier la
structure, qu'il n'avait pas non plus l'intention et qu'il n'a jamais eu
l'intention de négocier l'article 93. Le ministre s'est donné
comme mission de sauver, à lui seul, l'Église catholique au
Québec et il estime que la façon à peu près la plus
sûre, en tout cas qui a fait ses preuves jusqu'à ce jour, c'est de
maintenir une école catholique mur à mur. Il connaît, comme
le rappelait tout à l'heure mon collègue de Mercier, les
problèmes de la grande région de Montréal. Je suis
certaine qu'il les connaît, j'en suis profondément convaincue,
sauf qu'il n'a certainement pas la même perception des effets de cette
structure sur l'intégration plus particulièrement des nouveaux
arrivants au Québec à la majorité francophone. Il n'a pas
la perception de la même urgence d'intervenir pour renverser le rapport
de forces.
Mais il y a plus que cela dans le projet de loi 107, ce qui
m'étonnait beaucoup au commencement, quand j'ai examiné comme il
faut à la fois la loi 3 et le projet de loi 107, c'est
qu'essentiellement le ministre nous disait, lorsqu'on examinait le projet de
loi 3, que les raisons pour lesquelles il s'opposait au projet de loi 3
étaient les suivantes. C'est bon de se le rappeler, II disait: Je ne
pourrais pas souscrire à une loi qui augmenterait les pouvoirs du
ministre. La deuxième raison: la gratuité totale et
entière pour les adultes, rien de moins, et une structure
pédagogique qui les respecte. La troisième raison: Je ne peux pas
accepter que ceux qui ne sont pas élus au suffrage universel viennent
voter, quoique finalement...
Pour vous dire que, sur ces trois questions, sur ces trois objets
d'opposition à la loi 3, il est revenu, puisque, d'abord, il n'y a pas
de gratuité à l'éducation des adultes;
deuxièmement, il a augmenté ses pouvoirs et, dans le projet
initial, il avait autorisé le droit de vote des parents. Donc, les trois
raisons majeures qu'il invoquait pour ne pas adhérer et pour ne pas
souscrire à la loi 3, ces trois raisons majeures, on les voit, une fois
qu'il a le pouvoir en main, disparaître dans la brume comme si elles
n'avaient pas existé.
On me dit que M. le ministre a beaucoup de rigueur, beaucoup de rigueur
intellectuelle. C'est l'image qu'on en a conservé. Sauf que sur ce
projet de loi...
Une voix: C'est une rumeur.
Mme Blackburn:... comme sur d'autres qu'il a
préparés, sa rigueur est variable selon qu'il a les pouvoirs en
main ou qu'il ne les a pas. C'est cela, la rigueur du ministre.
Vous savez, quand vous examinez le projet de loi 3, le jugement
Brassard, on comprend qu'il dise: Je n'étais pas d'accord avec le
jugement Brassard à savoir que vous enleviez tous les droits des
commissions scolaires existantes. On peut reconnaître ça. Le
ministre sait très bien, cependant, que s'il était allé en
appel du jugement Brassard, toutes les dispositions ne touchant pas les
structures scolaires auraient pu être adoptées. Autrement dit,
l'essentiel de ce qui constitue la loi actuelle qu'on a en-dessous de la main
aurait pu s'appliquer. Donc, il n'est pas allé en appel du jugement. Je
me disais: Pourquoi ne l'a-t-il pas fait. Et je me disais: II va apporter
quelques petites modifications à la loi 3, on va retrouver l'essentiel
dans la Loi 107. Je me disais: II va probablement réduire les pouvoirs
du ministre, s'il est cohérent avec les propos qu'il a tenus, il va
augmenter l'accessibilité aux adultes pour respecter les propos qu'il
tenait à l'époque, puis on va s'attendre qu'il refuse le droit de
vote aux parents. Cela aurait été cohérent et c'est
vraiment dans cette perspective que je voyais le dépôt du projet
de loi 107.
Or, surprise, surprise, étonnement et déception. Sa
rigueur s'exerce quand il n'a pas le pouvoir en main. Quand il a le pouvoir en
main, il se donne plus de pouvoirs et le fait qu'il soit très ouvert et
réceptif aux besoins des adultes et des autres groupes à
l'intérieur, c'est de la fiction. Il n'y avait rien de sérieux.
Il n'y avait aucune volonté réelle de rendre son projet de loi
correspondant aux discours qu'il tenait à l'époque avec, je dois
vous le dire, beaucoup de crédibilité. Moi, je l'ai cru comme
beaucoup de Québécois et je me suis dit: J'ai hâte de voir
le projet de loi. Je vous le dis en toute simplicité. Je pensais
sincèrement que le projet de loi qu'il nous soumettrait... Je comprenais
que, sur les structures scolaires, il n'aille pas très loin parce que -
je m'y attendais - il n'était pas prêt à négocier
l'article 93, il ne l'avait pas mis dans le paquet de Gil, et je connaissais
à peu près ses intentions là-dessus. Quant au reste,
jamais je n'aurais attendu un projet de loi comme celui-là. J'aurais
attendu un projet de loi beaucoup plus cohérent, avec le discours qu'il
nous avait tenu à l'époque, avec une vigueur exceptionnelle,
celle qu'on lui connaît.
Hier, dans son projet de loi, c'a été exactement,
l'inverse de ce que son discours
nous annonçait alors qu'il était dans l'Opposition. Je
trouve toujours amusant quand on relit les notes explicatives du projet de loi:
Modernisation et actualisation, rationalisation de la loi de l'instruction
publique. L'objet principal de modernisation aura été
l'établissement de commissions scolaires linguistiques. Où
ça fait le plus mal, il n'y en a pas. Rationalisation, ce qu'on appelle
la rationalisation: la centralisation des pouvoirs. Alors que tout le mouvement
des sociétés actuelles, des sociétés
contemporaines, va dans la direction de la responsabilisation des partenaires,
il dit: Ma rationalisation, c'est d'accroître les pouvoirs du
ministre.
Le projet de loi 107 est un projet de loi extrêmement
centralisateur. Cela a été dit ici des centaines de fois, je ne
vous le rappellerai pas. C'est un projet de loi qui vient augmenter les
pouvoirs du ministre, diminuer ses obligations dans le sens, si vous n'avez pas
suivi les débats, qu'il ne définit plus les services
complémentaires, qu'il ne fait plus obligation aux commissions scolaires
d'organiser des services de garde et, là, je pourrais vous donner toute
une série.. Cela diminue les obligations à l'endroit des
élèves, des parents, des commissions scolaires et ça vient
en même temps consacrer le rétrécissement des droits des
élèves, des parents, des enseignants et des commissions
scolaires.
Certaines personnes vont continuer de penser que le ministre est
sincère. J'ai peine à le croire et j'ai encore beaucoup de
difficultés à comprendre un tel renversement de situation, un tel
renversement de principes et de valeurs quand on a la possibilité
d'accorder ses principes et valeurs à une réalisation qui
s'appelle l'avenir de nos commissions scolaires et de nos écoles au
Québec. C'est donc dire que les propos que le ministre tenait à
l'époque sur la nécessité de donner aux commissions
scolaires de réels pouvoirs, c'était simplement pour faire bonne
figure, c'était pour la galerie. Il n'y avait aucune
sincérité là-dedans.
C'est ce qui est infiniment décevant dans le projet de loi 107
parce que je ne vous cache pas que, sur les structures, je m'y attendais.
J'étais prête à mener une bonne bataille là-dessus,
mais je m'attendais que le projet de loi soit beaucoup plus conforme à
l'esprit et aux valeurs que le ministre véhiculait alors qu'il
était dans l'Opposition. Il est tout à fait à
l'opposé de ce qu'il a essayé de nous faire croire pendant les
quelques années, deux ou trois ans, peut-être un peu plus, pendant
lesquelles il a porté le dossier de l'Opposition en matière
d'éducation.
Je trouve cela infiniment décevant parce que le ministre de
l'Éducation a été considéré, au
Québec, comme un homme centralisateur, je dirais, un peu dictateur, mais
crédible. Lorsqu'il avançait certaines valeurs, lorsqu'il prenait
position, on tenait pour acquis, on croyait en ce qu'il disait. Sauf qu'entre
ce qu'il a dit à l'époque et ce qu'il est en train de nous
pondre, il n'y a aucun rapport. C'est cela qui est inacceptable. Je me dis: Le
Québec n'a pas tant d'hommes dans lesquels on a cru pour que
celui-là nous déçoive autant. Il s'est payé la
tête des Québécois. Il s'est moqué de nous avec
beaucoup de cynisme. On en a vu d'autres. Je pensais que les grands cyniques
qu'on a eus étaient davantage assis à Ottawa. Mais on doit
reconnaître que les propos du ministre... Il a été
extrêmement cynique dans son attitude. Il est capable de nous dire avec
beaucoup d'assurance: Écoutez, je ne connaissais pas bien la situation.
Donc, on doit reconnaître qu'il parlait à travers son chapeau. Ce
n'était pas l'impression qu'il nous laissait dans le temps. Une fois que
je vois comment cela procède, on ne peut pas tout laisser, il faut
contrôler. Mais ce n'était pourtant pas cela qu'il disait. Cela
veut donc dire qu'il parlait aussi à travers son chapeau. Il
prétendait pourtant avoir réponse à toutes les questions
et être le seul dépositaire de la vérité et des
solutions les plus efficaces et les plus réalistes.
Le projet de loi vient augmenter ses pouvoirs, diminuer ses obligations,
réduire les droits des élèves, les droits des parents, les
droits des commissions scolaires, les droits des enseignants. On ne
reconnaît même pas aux élèves le droit d'en appeler
devant le Protecteur du citoyen. On n'inscrit même pas un droit qui est
reconnu au Québec, le droit d'association. On n'a pas cru utile de le
reconnaître dans ce projet de loi. On ne reconnaît pas... Pourtant,
ce gouvernement qui se targue d'avoir de solides politiques en matière
familiale... D'ailleurs, le premier élément de politique
familiale, faut-il se le rappeler, c'est le ministre qui l'a
déposé en Chambre en disant: Écoutez, il faut absolument
qu'on ouvre une école privée avec pensionnat car, à cause
des parents, des familles éclatées, il y en a qui ont besoin de
placer leurs enfants. Cela a été le premier élément
de notre politique familiale. Pourtant, quand on a quelque chose
d'extrêmement important qui s'appelle les services de garde en milieu
scolaire, quand on sait les difficultés que les parents ont à
amener les écoles à offrir de tels services, quand on sait que
les directeurs d'école ont applaudi quand ils ont vu que cela
n'était plus une obligation de les organiser sur demande, quand on sait
cela, on sait exactement ce qui va se passer tantôt. Cela va être
du tordage de bras pour essayer de se faire ouvrir des services de garde en
milieu scolaire. C'était pourtant une bonne occasion et c'est un
gouvernement qui prétend avoir une préoccupation très
profonde quant aux besoins de la famille et qui est en train de nous faire
croire qu'il va ouvrir de nombreuses places en garderie, sauf que ce qu'il
oublie de nous dire, c'est que ce qui va ouvrir essentiellement, c'est ce que
permet le budget du fédéral en cette matière. On n'a
même pas l'assurance que les garderies qui seront ouvertes par le
fédéral le seront aux conditions du Québec.
Rétrécissement des pouvoirs des parents. Il y a tout un
virage quant aux sujets qui pourront
faire l'objet de consultations ou d'avis par les parents. On est
passé de questions qui touchaient essentiellement, fondamentalement les
écoles, la pédagogie, l'utilisation des écoles, les
rapports avec la communauté à une approche extrêmement
administrative qui n'a aucun rapport direct avec la pédagogie,
l'enseignement ou les élèves.
La diminution des pouvoirs des commissions scolaires, on n'aura pas
longtemps à épiloguer là-dessus. On en a parlé plus
qu'il ne le faut.
Avec le projet de loi qu'on a en main, il y a 400 modifications.
Là, j'écoutais mon collègue de Shefford qui disait:
Écoutez, c'est surprenant. C'est un travail mal fait. Ce n'est pas
rigoureux. Comment se fait-il qu'il n'ait pas pris l'essentiel de ce qui avait
fait un consensus, la loi 3 avec quelques modifications à sa sauce,
à son goût, ce que j'aurais trouvé tout à fait
normal, puis on ne serait pas obligés aujourd'hui de se promener
quasiment avec une brouette pour traîner les amendements?
M. Claveau: Un "truck"!
Mme Blackburn: Oui. Je vous le disais en plaisantant et ce
n'était même pas en guise de plaisanterie. Le ministre est
entré en Chambre cet après-midi avec deux porte-documents. J'ai
pensé que ça prendrait une troisième main pour
traîner les amendements tantôt, puis un troisième sac, parce
que ça fait volumineux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mme la députée de Chicoutimi, vous avez
toujours la parole. S'il vous plaît! M. le député d'Ungava,
M. le député d'Arthabaska.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Donc, 400
amendements, au total, on peut penser qu'il y en aura plus de 600. Et,
là, ça étonne mes collègues. Cependant, moi,
ça ne m'étonne pas. Cela ne m'étonne pas du tout parce que
le projet de loi sur les commissions scolaires du Nouveau-Québec,
réécriture complète! Quand on est arrivé en
commission, il ne voulait même pas consulter là-dessus. Là,
on lui a dit: Écoutez, regardez ça comme il le faut, ça
n'a pas de bon sens. Et ii a dû réécrire ce projet de
loi.
Le projet de loi 24, qui était une loi, n'avait pas
été sitôt adopté qu'il a dû préparer
une autre loi pour amender le projet de loi 24. C'est une habitude avec le
ministre, ses projets de loi sont mal préparés. Il prétend
que la conception qu'il a de ce qui est le mieux pour tout le monde est
tellement bonne qu'il ne consulte pas avant de les préparer, c'est comme
rien, sinon, il ne se retrouverait pas avec une pareille pelletée
d'amendements, 400 amendements.
Et 400 amendements, M. le Président, ça me fait penser...
Vous savez à quoi ça me fait penser? Vous savez, quand vous avez
une boîte de casse-tête mais que vous n'avez pas l'image qui le
compose. On vous dit: C'est censé vous donner un paysage, cela. C'est
tout ce que vous avez. Quand vous avez chacun des morceaux en main, vous ne
savez pas ce que cela donne comme paysage, il faut tous les placer. C'est cela
qu'on nous offre actuellement, une espèce de boîte. On a une
idée approximative de ce que le total va donner, mais on ne le voit pas.
400 amendements, cela étonne des collègues, mais cela ne
m'étonne pas pour avoir vu les précédents projets de loi
du ministre. Il n'est pas rigoureux, contrairement... C'est un travail mal fait
et c'est ce que je ne comprends pas: qu'il n'ait pas au moins accepté de
le réécrire comme il l'avait fait la première fois. La
première fois, c'était quatre ou cinq articles qu'il a dû
réécrire. Là, c'est tout près de 560 articles; il y
aura pour ainsi dire aucun article qui ne sera pas retouché. Si vous
appelez cela du travail bien fait! Cela peut être du travail bien fait
pour quelqu'un qui ne regarde pas la réalité correctement, qui
n'a aucune idée de ce que sont les besoins et la réalité
des commissions scolaires. S'il avait, M. le Président...
M. Gendron:... dans les patates.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Messieurs, madame.
Mme Blackburn: II y a un coprésident. M. le
Président, s'il avait été un tant soit peu attentif
à ce que demandaient les commissions scolaires, s'il avait eu le
moindrement de mémoire pour se rappeler ce qu'avaient été
les propos et les discours des différents intervenants au moment
où on a examiné et adopté la loi 3, il aurait compris
qu'il ne pouvait pas s'en aller dans cette direction.
Est-ce que les amendements sont majeurs? Il reste, à mon humble
avis, des grands trous et il est impensable qu'on puisse faire un travail
sérieux sur les 400 amendements déposés sans entendre
quelques grands organismes nous dire si les amendements proposés
correspondent un petit peu à ce qu'ils ont demandé, à ce
qu'ils sont venus faire valoir, ici, en commission parlementaire. Si on ne
réentend pas ces organismes, cela veut dire qu'on se fout de la
démocratie ici et que c'était une sinistre farce, les commissions
parlementaires.
Motion proposant d'entendre la
Confédération des organismes
provinciaux
de personnes handicapées du
Québec
C'est pourquoi, M. le Président, je voudrais déposer la
motion suivante: II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente de
l'éducation tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 107, Loi sur l'instruction publique,
des consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Confédération des organismes provin-
ciaux de personnes handicapées du Québec. Je pense que
cela se passe d'explications, on les a entendus pendant 45 minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, Mme
la députée de Chicoutimi. Juste un instant, que je prenne
connaissance de votre motion. Alors, je déclare la motion de Mme la
députée de Chicoutimi recevable et vous avez, Mme la
députée... Un instant!
Oui, avec plaisir, Mme la députée de Jacques-Cartier. Mme
la députée de Chicoutimi a déposé la motion
suivante: II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente de
l'éducation tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 107, Loi sur l'instruction publique,
des consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Confédération des organismes provinciaux de personnes
handicapées du Québec. C'est une motion tout à fait
recevable et, Mme la députée, vous avez la parole pour
défendre ou expliquer votre motion. Je dois vous dire que, selon nos
règlements, vous avez 30 minutes pour faire cela.
Mme Blackburn: Trente minutes, M. le Président. Comme le
temps a passé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mais
préférez-vous que l'on ajourne et qu'en reprenant demain
vous...
Mme Blackburn: Oui, on pourrait reprendre demain, s'il n'y a pas
d'objection, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la
commission ajourne ses travaux jusqu'à demain matin, 10 heures, alors
qu'elle se rencontrera au salon rouge de l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 21 h 52)