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Huitième séance du comité de l'éducation
Comité siégeant à la salle des bills
privés
(Cinq heures et seize minutes de l'après-midi)
M. PROULX (président du comité de
l'éducation): Le comité est ouvert. Nous allons
étudier le bill 36 Loi modifiant la Loi des subventions aux
institutions d'enseignement classique et à d'autres écoles. M.
Bertrand, vous avez la parole.
M. BERTRAND: M. le Président, je crois qu'il est de mon
devoir d'expliquer d'abord ce qu'est le régime actuel de financement des
institutions d'enseignement classique et d'autres écoles. A l'heure
actuelle, ce régime de financement des institutions indépendantes
n'a pas été modifié depuis 1961. Depuis ce temps les
subventions gouvernementales à ces institutions sont les suivantes:
Premièrement, en vertu de la Loi des subventions aux institutions
d'enseignement classique et à d'autres écoles (Statuts refondus,
1964, chapitre 238) les collèges classiques reçoivent une
subvention de base de $2,000 par degré du cours enseigné et une
subvention additionnelle de $75 par élève, soit au total, en
moyenne, environ $110 par élève.
Les écoles normales reçoivent la subvention de base de
$2,000 par degré et une subvention additionnelle de $100 par
élève, soit au total en moyenne $156 par élève.
C'est une moyenne.
Les instituts familiaux reçoivent la subvention de base de $2,000
par degré et une subvention additionnelle de $100 par
élève, soit au total, en moyenne, $180 par
élève.
Les écoles secondaires indépendantes reconnues
reçoivent la subvention de base de $2,000 par degré, si elles
comptent plus de cent élèves, et dans tous les cas une subvention
de $75 par élève, soit au total, en moyenne, $97 par
élève.
En vertu des articles 497 et 209 de la Loi de l'instruction publique
(Statuts refondus, 1964, chapitre 235) les collèges classiques et autres
institutions indépendantes reçoivent aussi, par
l'intermédiaire des commissions scolaires, un montant maximum de $212
par élève du niveau secondaire, soit $200 pour les frais
d'enseignement et $12 pour les manuels scolaires, dans le cas où ces
dites institutions mettent gratuitement à la disposition des
élèves les manuels.
Au niveau postsecondaire, les institutions indépendantes
postsecondaires bien entendu, on fait allusion au collégial, ce que l'on
appelle le niveau collégial reçoivent les subventions
prévues au chapitre 238, c'est-à-dire la subvention de base de
$2,000 par degré plus une subvention per capita variant selon le genre
d'institutions. Les collèges classiques qui dispensent l'enseignement de
belles-lettres à la philo II et les écoles normales donnant le
brevet A reçoivent annuellement leur part de la subvention globale
équivalant à $2 par habitant de la province, prévue dans
la Loi de l'aide aux universités. Je donne les références.
Si vous voulez les consulter, on peut les trouver dans le texte intitulé
« Recueil des lois de l'éducation (Statuts refondus, 1964,
chapitre 239). Le problème qu'il y avait à résoudre
et c'était évident cinq ans après l'adoption du
régime de financement sus-mentionné c'est que l'aide
financière aux institutions d'enseignement privé avait
sensiblement diminué en valeur absolue comme en valeur relative. Cela
avait été admis par l'ancien gouvernement.
Il y a eu, d'une part, diminution en chiffres absolus de la subvention
par étudiant payée en vertu de la Loi de l'aide aux
universités. De $256.77 par élève en 61/62, cette
subvention est passée à environ $152.00 par élève
en 66/67.
M. GERIN-LAJOIE: Au postsecondaire.
M. BERTRAND: Au postsecondaire, ceci en raison de l'accroissement
plus rapide du nombre des étudiants visés par la loi et de
l'accroissement de la population globale du Québec.
La valeur des subventions a diminué d'autre part en valeur
relative par suite de l'accroissement des coûts de l'enseignement au
cours de la même période. Divers facteurs ont contribué
à l'augmentation générale des coûts de
l'enseignement dans les diverses institutions considérés ici,
mais le principal facteur a été surtout l'augmentation de la
proportion des laïques parmi le personnel enseignant de ces
institutions.
J'avais l'occasion de rencontrer hier l'association des parents
catholiques. Aussi, je tiens à noter ici qu'on semble croire, en
certains milieux que dans les collèges classiques il y a surtout du
personnel religieux. Or, il ne faut pas faire un tour d'horizon très
rapide pour constater que le personnel religieux dans les maisons, même
dans les institutions privées, diminue considérablement, autant
disons chez les prêtres que chez les communautés religieuses, chez
les frères et même chez les religieuses, à cause de la
difficulté de recrutement.
Donc, en raison de cette diminution sensible en valeurs absolues et en
valeurs relatives de l'aide financière aux institutions d'enseignement
privé, les responsables de ces institutions en sont venus à la
conclusion que de nouvelles
augmentations des frais de scolarité constitueraient l'unique
solution à leurs difficultés financières, à moins
que le régime de subventions gouvernementales ne soit revisé.
Donc, le gouvernement ne croit pas qu'il soit opportun de laisser ces
institutions indépendantes hausser leurs frais de scolarité,
surtout quand cela risque de rendre nulle l'amélioration que nous avons
apportée au système d'aide aux étudiants l'automne
dernier, ainsi que les efforts collectifs que nous faisons pour établir
progressivement le régime de la gratuité scolaire, et en
particulier le régime qui sera établi au sein des CEGEP.
Il devient donc évident et urgent que nous considérions
cette loi qui s'applique d'ailleurs et je le note immédiatement
quant à l'article 2, depuis le 1er juillet 1966. Donc, elle
couvre l'année scolaire 66/67. C'est une loi, d'ailleurs, qui devait
être adoptée l'an dernier et qui, à cause, disons, des
élections, de la dissolution des Chambres, ne l'a pas été.
Elle a été déposée, comme on l'a dit tantôt,
dès le mois de janvier.
M. GERIN-LAJOIE: Elle a été lue en première
lecture au mois de mars.
M. BERTRAND: Au mois de... M. GERIN-LAJOIE: Le 14 mars.
M. BERTRAND: Au mois de mars. Alors, voilà les quelques
considérations que j'ai cru de mon devoir de faire dès le
départ pour bien situer cette loi, de manière que ceux qui se
référeront au journal des Débats puissent en
connaître les relations avec les autres lois que vous trouvez toutes au
recueil des lois de l'éducation publiées, Québec 1966.
Alors, à moins que l'on ait des questions à poser, nous
pourrions peut-être procéder à l'étude article par
article.
Je dirai immédiatement qu'à l'article 1, le bill 36, comme
je l'ai dit, a pour effet de modifier la loi actuelle des subventions.
L'article 19. L'article 1, réfère à l'article 19 et
s'ajoute au chapitre 238, proposé par l'article 1 du bill, assure aux
institutions de l'enseignement classique, aux instituts familiaux ainsi qu'aux
écoles secondaires indépendantes une subvention minimum de $150
par étudiant de niveau secondaire, c'est-à-dire de la
onzième année en descendant, onzième, dizième,
neuvième et...
UNE VOIX: Huitième.
M. BERTRAND: ... huitième. Et ces institutions recevront
pour l'année-scolaire 66/67 une subvention minimum de $150 par
élève, prévue par le chapitre 238 modifié. Plus une
somme de $212, soit $200, comme je l'ai dit tantôt, subvention par
l'entremise de la commission scolaire, et $12 pour le coût des manuels,
là où l'institution met gratuitement à la disposition des
élèves les volumes. Cela, en vertu des articles 497 et 209, de la
Loi de l'instruction publique et on peut dire que c'est une subvention suivant
les calculs que nous avons faits au ministère, une subvention minimum
d'environ $362 par élève de niveau secondaire. Cela, c'est
l'article 19.
M. CLICHE: $362, cela fait une augmentation de combien sur le
passé? En moyenne?
M. BERTRAND: Cela fait une augmentation de $40 à $50.
M. CLICHE: Le ministre pourrait-il me dire combien d'institutions
sont concernées ou reçoivent l'augmentation?
M. BERTRAND: Voici, le nombre d'institutions, d'abord. Il s'agit
d'institutions reconnues. J'ai ici une longue liste des institutions
privées reconnues au 10 décembre 1966, et l'on peut dire que
cette liste d'institutions privées reconnues date de... Depuis 1962,
aucune modification n'a été apportée à cette liste.
400 à 500 institutions au niveau secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: Les postsecondaires aussi, tous ensemble?
M. BERTRAND: Il y a des institutions qui retirent aux deux
niveaux: postsecondaire, et secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: Il y en a qui retirent soit à l'un, soit
à l'autre niveau.
M. BERTRAND: Cest ça.
M. GERIN-LAJOIE: Puis le chiffre que vous donnez, ça
comprend toutes les institutions.
M. BERTRAND: L'ensemble des institutions. Nous parlions du
secondaire, mais nous voudrions savoir l'ensemble, disons le chiffre global et
pour le secondaire et pour le postsecondaire. Alors, disons qu'au
postsecondaire, il y en a moins. Mais si on comprend toutes les institutions,
tant au niveau postsecondaire que secondaire, le chiffre est d'environ 450
à 500.
M. GERIN-LAJOIE: Plus combien au postsecondaire uniquement?
M. BERTRAND: 200.
M. GERIN-LAJOIE: 200 quoi?
M» BERTRAND: 200 au niveau secondaire et au niveau
postsecondaire.
M. GERIN-LAJOIE: Il y a un mélange là. D'une part,
il y a à peu près 450 à 500 institutions, si je comprends
bien, qui donnent soit le secondaire tout seul, soit le secondaire et le
postsecondaire, plus combien qui donnent uniquement le postsecondaire genre
collège Sainte-Marie, qui ne donne plus le secondaire?
M. BERTRAND: Une centaine. D'ailleurs, je pourrai vérifier
d'une manière plus précise ces chiffres et les communiquer au
député d'Abitibi-Est.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron, s'il vous plaît.
M. BERGERON: Je voudrais demander au ministre si le
collège Quirion de Thetford, qui est une école...
M. BERTRAND: Un instant Est-ce un collège à but
lucratif? Si c'est une institution à but lucratif, il ne reçoit
pas l'aide. Non, cette institution n'est pas reconnue.
M. BERGERON: C'est que j'ai eu des représentations des
parents pour demander au ministère de l'Education de reconnaître
cette institution privée.
M. BERTRAND: Si le député de Mégantic me
permet. Toute institution à l'heure actuelle qui poursuit un but
lucratif, comme règle générale, ne bénéficie
pas des subventions qui sont accordées par l'Etat.
M. BERGERON: Est-ce qu'il serait possible de...
M. BERTRAND: Je prends note de la demande du
député. Et d'ailleurs, à la suite de l'adoption du bill
39, il va y avoir une nouvelle régie-' mentation pour cette année
même et de plus, comme je l'ai annoncé en Chambre je parle de la
loi-cadre pour l'an prochain, loi-cadre pour les institutions
indépendantes ou privées, il y aura également une
réglementation assez sévère qui va régir
également les institutions pri- vées indépendantes que
nous connaissons et toutes les autres écoles professionnelles
privées.
UNE VOIX: La loi-cadre.
M. BERTRAND: Eh bien, c'est ce que je veux dire, dans la
loi-cadre.
M. MASSE : D'ailleurs, aucune maison d'enseignement n'a
été reconnue depuis la création du ministère de
l'Education. Aucune.
M. GERIN-LAJOIE: Pardon! M. BERTRAND: Depuis 1962.
M. MASSE: Avant, elles étaient reconnues par le
comité catholique...
M. GERIN-LAJOIE: Oui.
M. MASSE: ... et le ministère de l'Education n'en a pas
reconnues depuis ce temps-là.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministère de l'Education a fait une
reconnaissance pour admettre les institutions qui... Au sujet des subventions,
je me demande, M. le ministre, s'il y aurait lieu de préciser que celles
dont on parle ici sont attribuées aux institutions qui donnent un
enseignement de formation générale au niveau de la 8e à la
11e année...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... et non pas aux écoles
professionnelles, que ce soient des « Business collèges » ou
d'autres écoles professionnelles. Alors, je pense bien que c'est une
distinction à faire ça aussi. Les « Business colleges
» purs et simples sont considérés comme des écoles
professionnelles et n'ont pas droit aux subventions du chapitre 238.
M. BERTRAND: Il y a, comme on vient de le dire, la règle
générale. C'est que les écoles professionnelles
privées comme telles ne bénéficient pas des subventions de
l'Etat. Deuxièmement, les institutions à but lucratif, et c'est
la règle, ne bénéficient pas également des
subventions de l'Etat.
UNE VOIX: Non plus que leurs étudiants.
M. BERTRAND: Non plus que leurs étudiants. Cela, c'est la
règle. On me rapporte qu'il peut y avoir, dans le domaine des
institutions pri-
vées, quelques institutions qui bénéficieraient des
subventions mais...
M. MASSE: Lorsqu'elles suivent exactement le programme du
ministère de l'Education.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. BINETTE: Est-ce que vous en avez en mémoire, de ces
institutions-là?
M. BERTRAND: J'ai une longue liste ici. Je sais qu'il y en a dans
la ville de Québec ici.
M. BINETTE: Une ou deux.
M. BERTRAND: Il y a eu à une époque à
ce qu'on me rapporte l'institut Alie de Montréal, mais les locaux
de l'école elle-même ont été loués à
la Commission des écoles catholiques de Montréal. C'est un
exemple qui m'est rapporté et que je peux donner en passant.
M. BINETTE: Il y en a eu, mais est-ce qu'il en reste encore?
M. BERTRAND: Il y en a quelques-unes.
M. MASSE: Il y en a 25 environ.
M. BERTRAND: Il y en a environ 25.
M. BINETTE: Surtout dans la région de Montréal et
Québec?
M. BERTRAND: Il y en a Québec et aussi à
Montréal.
M. BIENVENUE: Ce sont des cas exceptionnels, M. le ministre?
M. BERTRAND: Ce sont des cas exceptionnels.
M. BIENVENUE: En est-il question où que ce soit dans les
lettres de loi du ministère?
M. BERTRAND: Voici pourquoi ces écoles-là peuvent
en bénéficier. C'est qu'elles suivent le programme du
ministère de l'Education, c'est-à-dire le programme de
l'école secondaire ou des écoles publiques. C'est pour cela
qu'elles ont été reconnues, premièrement. Et c'est pour
cela, deuxièmement, qu'elles reçoivent dans certains cas des
subventions, parce que leurs élèves passent les examens du
ministère.
M. MASSE: Ce sont les écoles qui étaient reconnues
en 1964 par le comité catholique. Depuis ce temps-là, il ne s'en
est pas ajouté d'autres.
M. BERGERON: Est-ce que je dois comprendre que les écoles
privées qui suivraient le programme du ministère de l'Education
pourraient plus facilement recevoir la subvention?
M. BERTRAND: Etant donné l'élaboration d'une
nouvelle loi, étant donné, deuxièmement,
l'élaboration d'une nouvelle réglementation, de même que je
l'ai dit hier devant le groupement qui est venu me rencontrer ici et qui me
demandait ce qui va se faire, j'ai dit; Si on doit élaborer une loi et
élaborer une réglementation qu'on ne me demande pas ce qu'elle va
être. Parce que nous allons justement former un comité
chargé de l'élaborer. Alors, si je me prononçais
immédiatement, on dirait à quoi bon former des comités
parce que tout est organisé à l'avance.
Alors, c'est pour ça qu'il m'est difficile à ce stade-ci
de répondre au député de Mégantic, même s'il
n'y a aucun doute qu'une institution qui aura la qualité des
maîtres, la qualité de l'enseignement, etc., un personnel
compétent, tout cela et qui répondra aux critères qui
seront établis par réglementation, aucun doute qu'elle pourra
bénéficier des subventions de l'Etat.
M. HOUDE: Même si c'est à but lucratif, une
école...
M. BERTRAND: A but lucratif, pour le moment, je suis moins enclin
en principe à accepter, parce qu'une école qui poursuit un but
lucratif devient une institution, disons, commerciale, véritablement
commerciale, et je doute fort qu'il soit du rôle de l'Etat de
l'aider.
M. GERIN-LAJOIE: Ce serait le rôle du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. BERTRAND: Disons que ça pourrait être le
rôle ou d'un certain autre ministère.
UNE VOIX: M. Bellemare s'il...
M. LE PRESIDENT: M. Gardner, s'il vous plaît.
M. GARDNER; Dans un autre domaine, est-ce que vous pourriez me dire quel
est le coût per capita, pour le même enseignement, pour la
même qualité d'enseignement dans le secteur public et dans
le secteur privé? Quel est, en moyenne, le coût d'un
élève dans le secteur public?
M. BERTRAND: D'abord là, si vous voulez l'établir,
la meilleure façon dont on pourra le faire, tantôt, ce sera quand
on étudiera les ententes entre les régionales, au secondaire, les
ententes intervenues entre les institutions privées et les commissions
scolaires régionales. J'aurai les chiffres. Il faudra tenir compte,
à ce moment-là, quand je vous répondrai, ça viendra
au bill 37, il faudra tenir compte à ce moment-là, dis-je,
d'abord, que les écoles secondaires ne sont pas toutes bâties. Il
y a les polyvalentes, il y a un service de la dette qui viendra s'ajouter aux
dépenses des commissions scolaires, mais je serai en meilleure posture
de donner le coût, par exemple, qu'il en a coûté lorsque
telle institution a décidé de s'associer à une
régionale.
M. GARDNER: Est-ce que...
M. BERTRAND: Le coût qui apparaît au contrat...
M. GARDNER: Est-ce que c'est une comparaison qu'on peut faire,
disons, entre $362, qu'on donne au secteur d'enseignement privé, et une
équivalence, disons, de $600 dans le secteur public? Est-ce qu'on peut
faire la comparaison?
M. BERTRAND: Jusqu'à $600, je ne crois pas, parce qu'il y
a, à ce qu'on m'a rapporté, quel était le
coût de la régionale La Vallières, au secondaire?
M. MASSE : Cela dépend, cela varie dans le niveau,
ça peut rouler dans les $650, $680.
M. GARDNER: Pour le même enseignement, dans le secteur
public et le secteur privé,$362.
M. MASSE: Non, non.
M. GARDNER: On ne peut pas faire ces comparaisons.
M. MASSE: Il faut calculer le transport, Par exemple, au
Séminaire de Joliette, le transport est assumé par la commission
scolaire régionale. Ensuite de ça, il y a d'autres services qui
sont assumés. Il y a une partie de la bibliothèque qui est
assumée par la municipalité, il y a une partie du gymnase qui est
assumée par la municipalité. Alors, il faudrait faire le calcul
de l'ensemble de ces choses-là pour savoir...
M. BERTRAND: Il faudrait...
M. MASSE: ... dans chacune des régions pour chaque
institution.
M. BERTRAND: Il faudrait également tenir compte qu'a ce
moment-là, par exemple, une école, prenons l'école
polyvalente, n'étant pas bâtie, quand elle sera construite, il
restera une partie du coût que la commission scolaire devra assumer, il y
aura un service de la dette. Alors, ça va augmenter le coût par
élève dans ces écoles au niveau secondaire. C'est pour
ça qu'il est difficile à l'heure actuelle... Quand on parlait
hier de relier des subventions à l'enfant, il est excessivement
difficile d'établir le coût tant que ces constructions-là
n'auront pas été faites et qu'on ne connaîtra pas d'une
manière précise le coût du service de la dette, par
exemple. Cela, c'est une chose. Il y a les autres choses que vient de
mentionner mon collègue de Montcalm. On reprendra tantôt.
M. MASSE: On reviendra tout à l'heure, parce que...
M. BERTRAND; C'est dans l'autre bill qu'on pourra donner des
exemples.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je ne sais pas si les
membres du comité ont bien compris qu'il s'agit d'un projet de loi, sauf
erreur, M. le ministre, qui s'applique uniquement pour l'année
courante.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: Et en ce qui concerne les subventions qui
s'appliqueront à partir de septembre 1967, c'est un autre bill, 39.
M. BERTRAND: Bill 39. Cela, c'est pourquoi...
M. GERIN-LAJOIE: Alors, nous pourrons discuter du problème
général tout à l'heure.
M. BERTRAND: ... c'est pourquoi j'ai attiré votre
attention tantôt à l'effet que la présente loi est en
vigueur depuis le 1er juillet 1966 et pour un an seulement.
M. GERIN-LAJOIE: Pour un an seulement.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on a d'autres questions à poser sur
1-19? Sinon on peut...
M. CLICHE: Est-ce qu'on peut demander au ministre si les sommes
qui seront versées en vertu de cette loi comblent les besoins ou les
déficits, rencontrent les besoins des institutions concernées,
des collèges classiques, entre autres?
M. BERTRAND: A priori là, je pourrais dire non.
M. CLICHE: Un million, ça veut dire quoi dans cette
loi-ci?
M. BERTRAND: Ma réponse très claire, à la
question du député d'Abitibi-Est, est non.
M. BIENVENUE: Pendant qu'on cherche les millions, M. le ministre,
ça représenterait à peu près quelle
proportion...
M. BERTRAND: Au secondaire?
M. BIENVENUE: Au secondaire, oui. La moitié?
M. BERTRAND: On pourrait dire environ $350. On pourrait dire que
ce niveau-là ça peut aller à quoi?
M. BIENVENUE: $700? M. BERTRAND: Non. M. BIENVENUE:
$750?
M. BERTRAND: Autour de $600, il y aura une différence
d'environ $250.
M. BIENVENUE: Si j'avais des chiffres de l'ordre de $700 ou $730,
ce serait exagéré.
M. BERTRAND: Vous le verrez tantôt, par les ententes. La
question que vous me posez, c'est au sujet des institutions
elles-mêmes.
M. GERIN-LAJOIE: Au secondaire, sans compter le
collégial.
M. BERTRAND: Je dis que ça peut varier entre $550 et $600,
et en certains cas, suivant les services. Il y a des institutions, par exemple,
où ils ont de meilleurs services qu'ailleurs. Cela peut aller
jusqu'à $550.
Si vous avez, par exemple, une institution où il y a des
gymnases, il y a une meilleure bibliothèque, des meilleurs services
à tous les points de vue, le coût augmente et c'est ce qui fera
tantôt, lorsque nous examinerons l'autre loi, le bill 37, que vous
noterez qu'il y a des ententes où le coût est de $855 par
élève et d'autres, par contre, où c'est $645, d'autres
$650. Alors on le verra tantôt en étudiant la loi des ententes
entre institutions privées et commissions scolaires régionales.
Cela pourrait vous donner une très bonne idée.
D'ailleurs, je dois dire que j'ai déposé en Chambre tous
les documents relatifs aux ententes intervenues entre les institutions
privées et les commissions scolaires régionales, de même
que les arrêtés ministériels qui ont confirmé ces
ententes, suivant l'article 226 de la Loi de l'instruction publique.
Or, tous ces documents-là, le député de
Vaudreuil-Soulanges les a. Je ne sais pas si vous les avez polycopiés,
je regrette de ne pas avoir été, à ce moment-là, en
état d'en transmettre à tous les députés. Le
député de Vaudreuil-Soulanges a toutes ces ententes qui sont
intervenues de même que les arrêtés ministériels qui
ont été adoptés. Mais ça reviendra, si vous voulez,
au bill 37.
Alors, 19 adopté? Vingt, il s'agit des institutions classiques,
des écoles normales et des instituts familiaux. Ces institutions
recevront en plus de toutes autres subventions, une subvention spéciale
de $150 par élève de niveau postsecondaire. Ce qui veut dire que,
pour l'année 66/67, ces institutions recevront donc la subvention
déjà prévue au chapitre 238, c'est-à-dire $2,000
par degré du cours, plus $75 par élève, plus la subvention
prévue à la loi de l'aide aux universités.
En 66-67, comme je l'ai dit tantôt, cette subvention correspond
à environ $152 par élève. A cela, on ajoute à
l'article 20 une somme de $150, ce qui veut dire qu'à ce niveau du
postsecondaire, la subvention moyenne sera d'environ $412 par
élève de niveau postsecondaire.
Et cela, je le répète, c'est encore pour l'année
66-67, pour l'année qui estterminée.
M. BINETTE: Elle était de combien avant? M. BERTRAND: Je
l'ai dit tantôt... M. BINETTE: $190...
M. BERTRAND: Elle équivalait à environ $262, un peu
plus que cela, au postsecondaire.
M. GARDNER: Au postsecondaire, oui.
M. GERIN-LAJOIE: Au niveau postsecondaire, sauf erreur, il n'y
aura pas de subvention pour les livres de classe?
M. BERTRAND: De combien était-elle?
M. GERIN-LAJOIE: Alors, il n'y aura pas de $ 12? Parce que c'est
une fichue marche arrière au bill 21 de ne pas donner la gratuité
des livres de classe.
M. BERTRAND: Cela équivalait à environ $152, plus
$100 à $140. Alors, additionnez de $100 à $140 plus $152. Cela
variait suivant les cas. Et au moins, pour l'année 66-67, cette
subvention est portée à $142, en moyenne.
M. GERIN-LAJOIE: Il n'y a pas de$12? M. BERTRAND: Une moyenne!...
M. MASSE: De $12 par élève.
M. BERTRAND: Je ne dis pas que c'est partout $412, je dis que
c'est $412, subvention moyenne.
M. GERIN-LAJOIE: A cause du jeu de la subvention par classe ou
par niveau?
M. BERTRAND: Exactement. Adopté?
M. GARDNER: C'est par niveau, non par classe.
M. BERTRAND: Article 21. C'est que, dans le calcul des
subventions, on exclut les étudiants pour lesquels une commission
scolaire et c'est normal paie déjà la
totalité des frais d'enseignement, en vertu du régime
d'association entre commissions scolaires et institutions d'enseignement
privé, bill que nous retrouverons dans quelques instants.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, simplement pour
enchaîner avec les remarques préliminaires du ministre de
l'Education, je dirai qu'évidemment, de ce côté-ci, nous
sommes parfaitement d'accord avec le principe de la loi. Il y avait, comme le
ministre l'a rappelé, un projet de loi de déposé l'an
dernier, au cours de la session d'hiver 1966.
Le bill 36, cette année, reprend, disons, l'essentiel du principe
de ce projet de loi. Alors, nous sommes entièrement d'accord avec le
principe des subventions augmentées.
M. BERTRAND: Alors, est-ce qu'on peut dire que le bill est
adopté, disons, en comité parlementaire? Sujet, bien entendu, au
rapport qui doit être fait en Chambre au comité
plénier.
M. BIENVENUE: M. le ministre, il y a une question à
laquelle je n'ai pas eu de réponse.
M. BERTRAND: Ah! je vais y répondre, je ne l'ai pas
entendue.
M. BIENVENUE: M. le ministre, je voulais dire: En entendant, plus
on augmente, plus on est d'accord.
M. CLICHE: Les taxes?
M. GARDNER: Cela va de pair.
M. BERTRAND: Est-ce que le député d'Abitibi-Est a
obtenu la réponse à sa question quant aux chiffres?
M. MASSE: La question qu'il posait était à l'effet
de savoir combien le bill 36 coûte de plus à la province que s'il
n'y avait pas eu de loi. Il semble que cela coûtera entre $5 et $6
millions de plus à la province, selon nécessairement le nombre
des élèves et du...
M. CLICHE: A cause principalement de l'augmentation du nombre des
élèves et du coût de l'administration?
M. MASSE: Les deux ensemble.
M. BERTRAND: Les deux, l'augmentation des subventions, bien
entendu.
M. MASSE: Cela va?
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. BERTRAND: Alors, bill 36.
M. LE PRESIDENT: Bill 36, adopté. Bill 37: « Loi
autorisant des ententes entre commissions scolaires et institutions
d'enseignement privé».
M. le ministre, si vous voulez...
M. BERTRAND: Oui, un instant, si vous me permettez,...
M. LE PRESIDENT: Prenez le temps qu'il faut, monsieur!
M. BERTRAND: On va mettre un peu d'ordre dans nos papiers.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. BERTRAND: On me permettra encore,
M. le Président, de faire quelques remarques
générales, qui permettront de poser des questions, sans aucun
doute, et qui situent le problème.
Le but du bill 37, c'est de permettre la conclusion d'ententes entre
commissions scolaires régionales, commissions scolaires locales et
institutions d'enseignement privées, selon la formule du régime
d'institutions associées, tel que cela a été défini
dans le document de l'éducation numéro 1 du ministère de
l'Education, document qui a été distribué à tous
les députés. Si vous n'en avez pas, il nous en reste encore et on
pourra vous en remettre. Ce régime d'institutions associées
permet aux institutions privées de devenir des associées au
secteur public, selon un régime de coordination de leurs
activités et de leur financement. Aux termes de l'entente, une
institution indépendante et une commission scolaire régionale
conviennent de s'associer pour dispenser l'enseignement aux
élèves soumis à la juridiction de la commission scolaire.
Les institutions privées qui choisissent ainsi de coordonner leur
enseignement avec celui des commissions scolaires participent à une
fonction reconnue comme un service public, et, de ce fait, acquièrent le
statut d'institutions associées et sont financées
intégralement par les fonds publics. J'appuie sur ceci: il s'agit
toujours d'un secteur public.
Jusqu'à maintenant, toutes les ententes projetées entre
les institutions indépendantes, d'une part, et les commissions
scolaires, d'autre part, devaient être recommandées par le
ministre de l'Education et autorisées par le lieutenant-gouverneur en
conseil, en vertu de l'article 226 de la Loi de l'instruction publique. Je me
souviens que quand je suis arrivé au ministère, dès les
premiers jours, dès les semaines qui ont suivi, on se demandait comment
procéder exactement. Alors l'article 226 nous permettait de confirmer
ces ententes indépendamment de la loi qui devait être soumise au
parlement mais qui ne l'avait pas été, celle-là.
M. GERIN-LAJOIE: Elle avait été
déposée en partie.
M. BERTRAND: Je ne crois pas. Pas celle-là.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, c'était le bill 35.
M. BERTRAND: A tout événement, l'article 22 6
permettait de ratifier ces ententes. Ce bill-là nous définit donc
la Loi de l'instruction publique en donnant au ministre seul le pouvoir
d'autoriser de telles ententes. Le projet de loi actuel contiendrait trois
dispositions majeures.
Premièrement, il prévoit de façon explicite des
ententes entre commissions scolaires régionales, commissions scolaires
locales et institutions d'enseignement privées en modifiant la teneur de
l'article 496 de la Loi de l'instruction publique. L'article 496, tel que
formulé présentement, prévoit l'autorisation entre deux
commissions scolaires. L'amendement proposé par le présent bill
permet la conclusion d'ententes entre une commission scolaire, d'une part, et,
d'autre part, une autre commission scolaire ou une institution d'enseignement
privée. Il permet de plus à une commission scolaire de payer pour
chacun des enfants relevant de sa juridiction et fréquentant hors de son
territoire une institution d'enseignement privée qui a conclu une
entente avec une autre commission scolaire, les frais d'enseignement
stipulés dans cette entente. Cest donc une extension, ni plus ni moins,
juridique de l'entente.
Deuxièmement, si le présent projet de loi entraîne
par contre la disparition de l'article 497 de la Loi de l'instruction publique,
qui oblige les commissions scolaires à payer, jusqu'à concurrence
de $200, les frais d'enseignement des enfants de son territoire qui poursuivent
un cours secondaire dans une institution privée, cette prévision,
au moment où nous étudions cette loi, peut paraître
discriminatoire pour les étudiants qui préfèrent
fréquenter une institution privée plutôt qu'une
école de la commission scolaire. Mais il n'en est rien, puisque la
subvention de $200 qui était payée à l'institution
indépendante, jusqu'à maintenant, par la commission scolaire,
sera désormais payée directement par le gouvernement en vertu du
nouveau régime de subventions aux institutions d'enseignement
privées proposé par le bill 39 que nous étudierons, soit
cet après-midi soit ce soir, puisqu'il est six heures moins cinq
minutes.
Troisièmement, le projet de loi abroge également l'article
209, qui prévoyait l'allocation annuelle de $12 par enfant que les
commissions scolaires pouvaient payer à l'institution
indépendante qui mettait gratuitement les livres de classe à la
disposition de ses élèves. Effectivement, d'après les
renseignements qu'on nous a fournis, cet article était peu
opérant puisque 38% des élèves bénéficiant
du $200 bénéficiaient aussi de la gratuité des manuels. Il
a donc été jugé préférable d'intégrer
cette allocation aux nouvelles subventions prévues par le bill 39.
L'augmentation des subventions couvrira largement les $200 dont il a
été question et l'allocation de $12 pour les livres de
classe.
Quatrièmement, le bill 37 autorise enfin toute
commission scolaire à transporter gratuitement tous les
élèves qui sont domiciliés sur son territoire et qui
fréquentent une institution d'enseignement, quelle qu'elle soit. Cette
prévision du bill 37, en éliminant les réserves qui
étaient faites à l'article 206 de la Loi de l'instruction
publique, fait du transport scolaire un service public entièrement
gratuit pour tous les étudiants.
Alors voilà, M. le Président, les quelques
considérations générales que je voulais faire au
début de l'étude de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron.
M. BERGERON: M. le Président, est-ce que je dois
comprendre que les restrictions de distance qui existaient ne comptent plus
maintenant?
M. BERTRAND: C'est-à-dire dans quel sens?
M. BERGERON: Bien, ils prenaient les enfants qui demeuraient
à un mille de l'école.
M. BERTRAND: Non, non. Elles sont maintenues, celles-là.
Quant à la distance d'un mille, c'est maintenu.
Voilà justement, ici, ces autobus pourront transporter des
élèves au CEGEP.
M. CLICHE: D'une commission scolaire régionale à
une autre.
M. BERTRAND: Oui.
M. CLICHE: Là où il y a des CEGEP.
M. BERTRAND: A l'intérieur. Et là où il y
aura des CEGEP, il pourra y avoir transport par ces autobus scolaires.
M. MASSE: Egalement, tout à l'heure, on a soulevé
une série de questions concernant le coût par élève
moyen pour ces choses-là, alors on peut en prendre quelques-uns, dans
l'Estrie par exemple, au collège Sacré-Coeur de Sherbrooke, le
coût par élève, $695; au séminaire de Sherbrooke,
$638; au séminaire Salésien, $870 par élève. Dans
d'autres régions, au séminaire de Chicoutimi, $750; au
séminaire de Joliette, $694; au séminaire de
Trois-Rivières, $764; au séminaire de Gaspé, $855. Et on
peut se demander pour quelle raison cela coûte plus cher qu'à
l'école publique. C'est parce que les frais d'administration sont plus
élevés, étant donné qu'il y a le même
personnel pour moins d'étudiants. On remarque, par exemple, qu'au
séminaire de Gaspé, il n'y a que 250 étudiants.
Nécessairement, l'administration est sensiblement la même.
Voilà pourquoi cela se monte à $855.
Et dans les normes d'approbation des budgets, la différence pour
une régionale c'est qu'on accorde $20 pour frais d'administration tandis
que dans ces ententes-là, on peut aller jusqu'à $80 pour les
frais d'administration. Egalement là où ça coûte
plus cher mais pour d'autres raisons, il y a par exemple, l'organisation
pédagogique, comme les bibliothèques. Il est certain qu'au
séminaire de Joliette, la biblio-thque est mieux organisée
qu'à l'école régionale, l'école
Barthélémy-Joliette. Alors, il y a un montant
supplémentaire d'alloué. C'est parce qu'ils sont mieux
équipés. La grosse différence, c'est la question des frais
d'administration.
M. GARDNER: Mais il ne doit pas y avoir autant de
différence.
M. MASSE: Bien, les chiffres sont là.
M. GARDNER: Les frais d'administration...
M. MASSE: Il y a les frais d'administration et, dans les frais
d'administration, ce n'est pas que l'économe qu'il faut calculer mais le
nombre d'heures d'enseignement par professeur. Il y a une différence
là-dedans. Il y a le supérieur dans un collège, il y a
l'économe, il y a le préfet des études, il y a toute une
série de personnes qu'on ne retrouve pas dans la régionale
puisqu'on peut retrouver le directeur de l'école mais on ne trouve pas
le supérieur de l'école, ni l'économe de l'école.
Enfin, le système d'organisation n'est pas le même. Il est clair
que dans un certain nombre de cas, ils sont plus élevés, dans
d'autres ils sont sensiblement égaux. Prenons au séminaire de
Joliette, $694, c'est à peu près le montant qu'on retrouve
à la régionale.
M. BERTRAND: Je ne voudrais pas interrompre nos
collègues...
M. CLICHE: ... meilleur marché dans les instituts au
collège de Gaspé, par élève?
M. MASSE: Non, non, c'est plus cher.
M. BERTRAND: M. le Président, je ne voudrais pas
interrompre, on pourra reprendre ce soir. Il est 6 heures et nous avons un
caucus ici et la Chambre est ajournée à 8 heures. Alors, disons
que nous nous retrouverons à 8 heures.
M. LE PRESIDENT: La séance est levée.
Reprise de la séance à 8 h 22 p.m.
M. PROULX (président du comité de
l'éducation): Messieurs, nous continuons l'étude du bill 37.
Nous sommes aux explications générales. Je vous laisse la parole,
M. le ministre.
M. BERTRAND: Nonpasquejeveuillem'em-parer de la parole, mais tout
simplement pour compléter ce qui a été dit cet
après-midi. Le financement des frais de scolarité des
institutions associées pour l'année 66/67, ce sera
appliqué, c'est-à-dire les ententes entre les commissions
régionales et les institutions privées. D'abord le nombre
d'ententes, 24; le nombre d'élèves, 10,616 et le budget des
dépenses totales $7,444,380. Alors, voilà les quelques remarques
que j'avais à faire en marge de ce projet de loi.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, il y a deux parties au
bill, on pourrait peut-être procéder par étapes si vous en
conveniez. Il y a d'abord l'article 2 du bill 37 qui touche le transport des
étudiants. Il y a ensuite évidemment l'article 4 qui touche toute
la question des ententes entre commissions scolaires et institutions
indépendantes.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: En ce qui concerne l'article je ne sais
pas si vous voulez régler l'article 1, mais...
M. BERTRAND: On peut bien régler l'article 1. C'est un
article de concordance, étant donné l'amendement que nous
apportons plus loin. Car nous abrogeons l'article 497 prévu dans le
même bill 37. Alors, il s'agit d'un article de concordance.
M. GERIN-LAJOIE: L'article 497 qui établissait les $200
payables pour les enfants qui fréquentent les institutions
privées.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, cela a été
intégré au nouveau bill des subventions, 39.
M. BERTRAND: 39. Alors il s'agit tout simplement d'un article de
concordance. Si on veut l'adopter. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, adopté disons toujours sous
réserve de l'adoption du bill 39. Article 2, M. le Président?
M. BERTRAND: Sans préjudice à vos droits. M. LE
PRESIDENT: Article 2.
M. BEAUPRE: Article 2, M. le Président, est-ce que
ça veut dire que cet article-là peut être divisé par
la Commission des écoles catholiques de Québec?
M. BERTRAND: Un instant. Si mon collègue, le
député de Jean-Talon, me le permet, je vais obtenir quelques
renseignements et je pourrai répondre aux questions dont il m'a
donné avis tantôt. Mais, pour le moment, je puis lui dire qu'il
n'y a aucune subvention de payée à la Commission des
écoles catholiques de Québec pour le transport des
élèves.
M. BEAUPRE: Ni à Montréal.
M. BERTRAND: Ni à Montréal d'ailleurs ni au Greater
Protestant School Board de
Montréal.
M. BEAUPRE: Est-ce à dire, M. le ministre, que
malgré tous les amendements apportés à toutes les lois,
cet article-là laisse de côté les villes de Québec
et de Montréal? Alors, cet article-là ne s'appliquerait pas aux
villes de Québec et de Montréal.
M. BERTRAND: Non.
M. BEAUPRE: Et même s'il y a des ententes, s'il y a une
autre loi qui dit que...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas un article de subventions,
ça.
M. BEAUPRE: ... si une institution privée fait des
ententes avec une commission scolaire, elle peut grouper, pour envoyer à
ces institutions indépendantes, ses élèves dans les
autobus qu'elle nolisera pour épargner les frais de transport. Alors
cela ne s'appliquerait pas non plus à la ville de Québec parce
qu'il y a d'autres lois...
M. BERTRAND: La commission scolaire est autorisée à
le faire mais elle ne reçoit pas de subvention. Autrement dit, c'est un
pouvoir qui est accordé à la commission scolaire, mais elle
ne reçoit pas de subvention comme je l'ai dit tantôt pour
les fins de transport, ni la Commission scolaire catholique de Québec,
ni la Commission scolaire catholique de Montréal, ni la commission
protestante.
M. BEAUPRE: Les maternelles non plus?
M. BERTRAND: Non.
M. BEAUPRE: M. le Président...
M. BERTRAND: On me dit ceci et je pense que c'est fondé.
Lorsque nous étudierons le bill 40, nous pourrons donner au
député de Jean-Talon des renseignements plus précis
relativement au statut, au point de vue financier, de la Commission des
écoles catholiques de Québec comme de celle de Montréal,
de même que pour celui des écoles protestantes dans les deux
villes.
M. BEAUPRE: Est-ce que je peux faire remarquer au ministre que
cet article-là me semble un peu discriminatoire pour les
élèves de Québec et de Montréal? Nous avons,
à l'heure actuelle, à Québec, une commission scolaire qui,
non seulement, essaie de donner le cours secondaire mais également un
enseignement classique, un enseignement professionnel, un enseignement
exceptionnel et ces enfants-là sont pris à l'intérieur
d'un circuit assez grand par les autobus privés ou des taxis. Je
considère que s'il était bon autrefois de faire exception de
Québec et de Montréal dans le transport, cet article-là
n'a pas de sens, en 1967, surtout si on veut vraiment encourager
l'éducation à l'intérieur autant des villes que des
campagnes. Nous avons des enfants aux maternelles qui commencent à
quatre ans et à cinq ans en ce moment.
M. BERTRAND: Quatre ans.
M. BEAUPRE: Nous en avons 2,500 à Québec. Est-ce
que vous croyez qu'il est possible de les amener à l'école
autrement que par autobus scolaire? Ce n'est pratiquement pas possible. A ce
moment-là, vous laissez ou les parents ou la commission scolaire faire
les frais de ce transport.
M. BERTRAND: Quand il s'agit des maternelles, entre autres, ces
élèves-là doivent aller dans une école qui est
située assez près de leur domicile.
M. BEAUPRE: Je vous ferai remarquer que...
M. BERTRAND: Surtout dans une ville comme Québec ou
même Montréal...
M. BEAUPRE: Pas toujours.
M. BERTRAND: ... lorsqu'il s'agit d'établir des
maternelles, je pense bien que la classe ou les classes où sont
établies ces maternelles sont situées assez près des
domiciles.
M. BEAUPRE: La relocalisation des écoles a
été effectuée au cours des dernières années.
Nous avons près de 3,000 élèves en maternelle de quatre
ans, cinq ans, six ans et ces enfants-là vont très souvent assez
loin de chez eux, parce qu'on a pris d'anciens immeubles qui étaient peu
appropriés pour l'élémentaire et le secondaire et on les a
transformés en maternelle de sorte qu'on les envoie très loin. Je
ne crois pas qu'il y ait justification en 1967 de continuer ce régime
d'exception qui était celui de Québec et de Montréal.
Déjà vous avez des commissaires qui ne sont pas
élus, qui sont nommés par le gouvernement, qui ne rendent pas
compte aux parents, qui ne rendent compte à personne. Evidemment, ils
font leur travail du mieux qu'ils peuvent, mais il reste que nous ne jouissons
pas, je crois, à Québec et à Montréal, des
mêmes privilèges que tous les autres citoyens de la ville de
Québec, particulièrement dans le transport. Je voudrais que la
porte reste ouverte. Si les commissions scolaires...
M. BERTRAND: Disons donc que c'est une situation temporaire, mais
l'article 2, en fait, au point de vue de sa portée, élargit
considérablement l'article 206 qui existait auparavant.
Parce que la commission scolaire sera autorisée à
permettre à tout élève domicilié dans son
territoire, quelle que soit l'institution d'enseignement qu'il
fréquente, d'utiliser gratuitement le transport qu'elle organise pour
les enfants de ces écoles ou de son territoire.
M. MASSE: Il y aura des maternelles...
M. BERTRAND: Dans la forme actuelle, cet avantage était
réservé, par exemple, aux élèves qui
fréquentaient des institutions qui étaient
désignées par la loi, c'est-à-dire une école
maintenue par le ministère, une école normale, un collège
classique, un institut familial ou une institution d'enseignement reconnue pour
les fins de l'article 497. Alors, ça élargit
considérablement la portée de cet article.
M. BEAUPRE: Ce serait magnifique à la condition que les
villes de Québec et de Montréal puissent en
bénéficier. Là, vous leur donnez la permission d'utiliser
leur service au bénéfice de tout le monde. Mais jamais elles
n'ont droit à des subventions comme les autres.
M. BERTRAND: Non, non. Je note la remarque du
député de Jean-Talon, c'est surtout aux fins des subventions.
Cela ne veut pas dire que la Commission des écoles catholiques de
Québec, pas plus que celle de Montréal, ne peut pas utiliser le
transport mais la remarque du député de Jean-Talon, c'est surtout
que les commissions scolaires concernées ne jouissent pas des
bénéfices, des subventions. C'est cela qui est le
problème.
M. MASSE: Tandis qu'à Québec ou à
Montréal, une subvention globale comprend également cela.
Autrement, il faudrait amender tout le code.
M. BEAUPRE; Bien, on y viendra tout à l'heure et on va voir que
ces subventions-là sont 1/5 du taux du coût réel de
l'enseignement moyen, du coût moyen qui, à toutes fins pratiques,
est équivalent à 20% de ce qui est reçu ailleurs dans tout
le reste de la province.
M. MASSE: Alors, il faudrait...
M. BERTRAND: Le député de Jean-Talon peut
être sûr, puis il n'a qu'à le demander à l'ancien
ministre de l'Education, que tous les problèmes de l'éducation ne
sont pas réglés, au contraire.
M. BEAUPRE: C'est parce que je sais qu'ils ne le sont pas que je
veux...
M. BERTRAND: ... surtout dans le domaine du financement.
M. BEAUPRE; ... comprendre quand ils vont être
réglés et comment. Je vous remercie.
M. MASSE : Ils vont certainement être très bien
réglés aussi longtemps que M. Bertrand sera là.
M. BEAUPRE: Ce n'est pas la bonne volonté qui manque.
M. BERTRAND: Je pourrais peut-être faire le même
compliment à mon collègue qui est à côté.
Alors, est-ce que, sur l'article 2, on a d'autres questions à poser?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais poser la
question suivante au ministre de l'Education. Il y a souligné l'article
206, à l'heure actuelle, à la page 85 du recueil, qui
prévoit déjà que toute commission scolaire peut permettre
à tout élève domicilié dans son territoire
d'utiliser gratuitement le transport qu'elle organise pour les enfants de ces
écoles ou de son territoire, si les enfants fréquentent une
école maintenue par le ministère du gouvernement de la province,
ou une école normale ou un collège classique ou un institut
familial ou une institution d'enseignement secondaire indépendante
reconnue pour les fins de l'article 497. J'aimerais savoir du ministre quel est
le but de l'amendement, quelles sont les institutions qu'on veut englober et
qui ne le sont pas à l'heure actuelle. Avant le souper, le ministre nous
a dit les CEGEP. Alors, est-ce qu'ils sont vraiment les seules institutions
qu'on veut envisager parce qu'effectivement si le CEGEP n'est pas situé
au même endroit...
M. BERTRAND: C'est le CEGEP... M. GERIN-LAJOIE: Pour enlever
497?
M. BERTRAND: C'est ça. Le but, c'est justement à
l'intérieur...
M. GERIN-LAJOIE: Alors, le but, si je comprends bien, c'est
d'enlever l'article 497 et c'est de ne rien ajouter.
M. BERTRAND: C'est d'ajouter justement ce qui permettrait de
couvrir le cas des collèges d'enseignement général et
professionnel.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, si le CEGEP n'est pas situé au
même endroit que l'école de la commission scolaire, que
l'école secondaire régionale, ce qui sera le cas presque
toujours, alors, les élèves de CEGEP ne pourront pas en
bénéficier parce que ce qu'on permet ici, c'est d'utiliser
gratuitement le transport qu'elle organise pour les enfants de ces
écoles.
M. BERTRAND: Ou de son territoire.
M. GERIN-LAJOIE: Ou de son territoire.
M. BERTRAND: Il n'y a aucun doute que voilà un des aspects
du problème d'abord quant au transport. Il est également clair
que l'on aura, dans le cas des CEGEP, des pensionnaires. Nous ne pourrons pas
l'éviter, parce qu'il y aura des distances telles que nous ne pourrons
pas les transporter, et dans la plupart des CEGEP en
voie d'organisation dans certaines régions que vous connaissez,
il y a déjà des résidences.
M. GERIN-LAJOIE: Même pour le secondaire.
M. BERTRAND: Oui. Alors, à ce moment-là, il y a
deux manières d'y arriver: le transport, dans un cas, et, dans l'autre
cas, la résidence. Quant à la résidence, à ce
moment-là, c'est sûr que l'élève, disons, qui n'aura
pas les moyens financiers, devra bénéficier de notre loi des
prêts-bourses, demander l'application de cette loi en vue de subvenir
à ses besoins.
M. MASSE: Egalement, si vous permettez, M. Gérin-Lajoie,
je ne sais pas si c'est ça dont vous voulez parler, mais toute
école indépendante autre qu'un Business College pourra s'entendre
avec la commission scolaire pour bénéficier de la gratuité
du service des autobus.
M. GERIN-LAJOIE: Bon, j'allais en venir à cette
question-là. Est-ce que, franchement, on ne s'expose pas à des
abus en ne définissant pas l'institution d'enseignement
fréquentée par un élève, en laissant la chose
entièrement à la discrétion de la commission scolaire?
Est-ce qu'on ne s'expose pas à ce que des institutions d'enseignement,
qui dispensent des enseignements quelconques, non reconnues par le
ministère de l'Education...
M. BERTRAND: A ce moment-là, si on me permet, voilà
un pouvoir qui est accordé à la commission scolaire. Toute
commission scolaire peut... Alors, à ce moment-là, il lui
appartiendra, à elle, de juger...
M. GERIN-LAJOIE: Si elle doit transporter des
élèves qui vont à une Institution non reconnue, par
exemple.
M. BERTRAND: C 'est ça. Je pense qu'on doit toujours
laisser une certaine latitude aux commissaires, qui connaissent mieux les
problèmes de leur territoire et les problèmes locaux, les
problèmes régionaux. Je pense qu'il est préférable
de leur laisser le soin de juger de l'opportunité ou non d'accepter
pareil engagement.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je ne veux pas en faire
une question d'Etat. Seulement, je m'étonne qu'on laisse une telle
latitude, alors que le ministère de l'Education, sous le ministre
actuel, comme c'était déjà commencé avant le
changement de gouvernement, alors que le ministère de l'Education
s'efforce de protéger le public par des contrôles de plus en plus
définis sur les institutuions privées. Cela comprend toutes
sortes d'institutions, pas les collèges classiques de type traditionnel,
mais toutes les institutions à caractère privé. Qu'on
laisse une telle latitude aux commissions scolaires, alors qu'on sait qu'au
niveau local les commissaires d'écoles ne sont pas en mesure de juger de
la valeur des institutions privées et que, d'autre part, on est beaucoup
plus en proie à des pressions locales. Alors, d'autre part, encore une
fois, au ministère, on sent la responsabilité, même sous le
ministre actuel, de protéger le public. C'est bien à ce point de
vue-là que je l'envisage, de protéger le public en attribuant des
reconnaissances ou en imposant des critères de reconnaissances...
M. BERTRAND: Qui sont absolument nécessaires.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ici, le point d'interrogation qui me
reste, c'est qu'on ouvre la porte au transport des étudiants à
n'importe quel type d'institution.
M. BERTRAND: Je suis prêt, quant à moi, pour le
moment du moins, à moins d'abus et ces abus-là, on le verra dans
la pratique, je suis prêt, pour le moment, à accorder aux
commissions scolaires ce pouvoir, comme je l'ai dit tantôt. Ce n'est pas
une obligation, c'est un pouvoir qui est accordé à la commission
scolaire. Si des abus se produisent, il sera toujours assez tôt d'y
remédier. Et d'ailleurs, on sait que...
M. GERIN-LAJOIE: C'est encore mieux de prévoir, dans la
mesure du possible.
M. BERTRAND: Oui, de prévoir, mais de donner le
bénéfice du doute à ceux-là qui doivent exercer un
pouvoir nouveau.
L'article 2, adopté?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, à l'article 2,
est-ce que le ministre me permettrait de fignoler l'anglais un peu?
M. BERTRAND: Ah! allez-y. Nous allons, aujourd'hui, compter sur
vous. L'autre jour, c'était le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GOLDBLOOM: Il y a le mot « free », à la
cinquième ligne, au deuxième alinéa.
M. BERTRAND: La cinquième ligne: « To use free
».
M. GOLDBLOOM: « To use free ». M. BERTRAND: Utiliser
gratuitement.
M. GOLDBLOOM: Oui. Pour traduire: gratuitement, il faudrait dire:
« without charge ».
M. BERTRAND: Je pense que ce serait préférable, et
de beaucoup.
M. GOLDBLOOM: « Without charge ».
M. BERTRAND: Voulez-vous, M. le Président, ajouter:
« without charge » et l'initialer?
M. GOLDBLOOM: Et à la ligne suivante: « the
transportation provided by it », le mot « it » semblerait
référer à « une institution d'enseignement autre
qu'une école visée... » Ce serait mieux de dire: «
provided by the said Board », parce que c'est, après tout, la
commission scolaire.
M. BERTRAND: Oui, ce serait plus précis: « provided
by it for the children of its school provided by the said...
M. GOLDBLOOM: Said Board.
M. BERTRAND: ... Board because we have mentioned at the beginning
a School Board, by it would refer to that by the Board, by the said Board.
M. GOLDBLOOM: You say in between, « A School Board may also
allow any pupil residing in its territory and attending an educational
institution other than a school cotemplated in the first paragraph to use free
the transportation provided by it...
M. BERTRAND: By the Board, by the said... M. GOLDBLOOM: ... by
the said Board.
M. BERTRAND: The said Board, that's it. Alors l'amendement est
accepté, vous l'avez inscrit, M. le Président. On doit comprendre
que l'article est adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté. Article 3.
M. BERTRAND: Alors l'article 3 prévoit l'abrogation de
l'article 209 qui, comme je l'ai dit déjà, prévoyait le
paiement d'une allocation annuelle de $12 par enfant, que les commissions
scolaires pouvaient payer à l'institution indé- pendante reconnue
pour les fins de l'article 497 qui mettait, dans ce cas-là, gratuitement
les livres de classe à la disposition des élèves.
Comme je l'ai noté, il n'y avait que 38% des élèves
qui bénéficiaient de $200 et qui, en même temps,
bénéficiaient aussi de la gratuité des manuels. Etant
donné les nouvelles subventions prévues par le bill 39, que nous
étudierons tantôt, nous avons cru à propos qu'il
était préférable d'abroger cet article parce que les
écoles à ce niveau recevront des subventions
augmentées.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet de cet article,
je comprends qu'il s'agit en somme d'un article plus ou moins de concordance,
dans une mesure, il s'impose par l'abrogation de l'article 497...
M. BERTRAND: Cest ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... nous pourrons en reparler à
l'occasion du bill 39, mais je tiens à souligner tout de suite
qu'à l'article 209 de la Loi de l'instruction publique, nous avions un
article qui était un encouragement aux institutions privées
à fournir les livres gratuitement Et la subvention de $12 par
élève n'était accordée qu'aux institutions qui
fournissaient les livres gratuitement. Or, quand on arrivera au bill 39, tout
à l'heure, on se rendra compte qu'on prévoit des subventions aux
institutions privées, des subventions à tant par
élève mais dont aucune subvention ni aucun montant de ces
subventions n'est conditionnel à la gratuité des livres. De sorte
que les institutions privées demeureront libres de charger des frais
pour les livres ou de vendre purement et simplement sur une base commerciale
les livres aux élèves.
M. BERTRAND: Comme la plupart le faisaient d'ailleurs, parce que
je sais qu'à ce niveau, au secondaire, $12 pour les livres, ça ne
payait pas les volumes et c'est pourquoi tellement peu d'institutions s'en sont
prévalues.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aurais l'impression
qu'on corrigerait une pareille situation, celle que décrit le ministre
de l'Education, en augmentant les sommes mais non pas en supprimant la
gratuité des livres.
M. BERTRAND: Mais, en augmentant, nous portons à $350.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais sans aucun encouragement à la
gratuité des livres.
M. BERTRAND: Espérons que, dans les $350,
que les Institutions en tiendront compte pour la gratuité des
livres, du moins pour une partie. Sinon pour $12, disons qu'on devrait
souhaiter pour au moins $25.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis sûr que le ministre de l'Education
n'a pas plus de naiveté que moi à ce sujet-là, qu'il est
aussi convaincu que moi que les institutions privées ne fourniront pas
les livres gratuitement.
M. BERTRAND: Mais...
M. GERIN-LAJOIE: Parce qu'il faut aussi bien voir les
problèmes en face...
M. BERTRAND: Mais, d'autre part, il ne faut pas oublier que, je
l'ai noté tantôt, j'ai donné le nombre d'ententes qui
avaient été conclues entre les régionales et les
institutions privées au niveau secondaire, et nous avons cette
année, comme je l'ai dit, 24 ententes et nous en prévoyons pour
l'an prochain au moins 50 de plus. Sans compter les ententes qui pourront
intervenir entre la Commission des écoles catholiques de Montréal
et les institutions privées.
M. BINETTE: Parmi les cas soumis, il y en aurait une cinquantaine
qui seraient acceptés.
M. BERTRAND: C'est à dire que, cette année, je dois
dire que nous avons accepté tous les cas qui nous ont été
soumis. Le premier arrêté ministériel, si mon souvenir est
bon, comportait 16 cas, environ, 19 cas. Le deuxième arrêté
ministériel en comportait cinq, les cinq derniers qui avaient
été soumis plus tard. Alors, adopté.
Article 4. Cet article 4 a pour objet de modifier le titre de la
sixième partie de la Loi de l'instruction publique, titre
précédant l'article 469 qui se lisait comme suit: Des commissions
scolaires régionales, de la fréquentation d'autres institutions
d'enseignement secondaire et qui, désormais se lirait comme suit: Des
commissions scolaires régionales, des ententes entre commissions
scolaires, commissions scolaires régionales et institutions
d'enseignement privées.
Alors, c'est tout simplement le titre qui est changé par cet
article.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. MASSE: Cet après-midi nous avons discuté du
coût moyen par élève entre soit les régionales ou
les institutions privées, puisque la loi, on peut en discuter ici, on
pourra en discuter dans l'autre loi. Nous avons ici le budget 66/67 de
l'ensemble des commissions scolaires régionales...
M. GERIN-LAJOIE: Pour un professeur, il n'est pas bien en
ordre.
M. BERTRAND: Voulez-vous dire qu'il ne respecte pas les
règles parlementaires?
M. MASSE: Voulez-vous qu'on en discute à l'autre? Cest
comme vous voulez, parce qu'on...
M. BERTRAND: Non, je pense l'information...
M. MASSE: ... m'avait demandé l'information puis on avait
dit qu'on en discuterait lorsqu'on traiterait les ententes.
M. GERIN-LAJOIE: Cest une taquinerie.
M. BERTRAND: Je tiens pour acquis que le ministre a le sens de
l'humour.
M. MASSE: Dans le budget, il y a le nombre des
élèves, le coût moyen par élève. On calcule,
en règle générale, que le coût moyen du transport
pour trente et une des régionales est de $108.94. Alors, du coût
moyen des régionales, f ai enlevé un chiffre rond de $100 pour
permettre rapidement de faire le calcul et ça donnerait ceci:
Dans la région de l'Estrie, par exemple, si on enlève le
coût de $100, on arrive pour la commission scolaire régionale
à $670, coût moyen par élève. Et vous avez le
tableau des ententes, il est payé $695 pour le collège du
Sacré-Coeur, $645 pour l'école de Brompton-ville, le
Séminaire de Sherbrooke, $638, et le Séminaire Salésien,
$870.
M. BEAUPRE: Cest payé par la commission scolaire?
M. MASSE: Oui, c'est le coût moyen dans l'institution
privée par rapport au coût moyen dans l'institution publique.
M. BEAUPRE: Cest ça.
M. MASSE: Des chiffres approximatifs. Dans Provencher, par
exemple, le coût moyen pour les élèves à
l'école publique est de $560, au Séminaire de Nicolet il est
versé $690, coût moyen par élève et $650 pour
Notre-Dame-de-l'Assomption.
M. BEAUPRE: Est-ce que ça veut dire que le gouvernement
verse...
M. MASSE: Oui, ça veut dire que l'entente nous coûte
en moyenne tant par élève, la régionale verse
directement.
Maintenant, pour le Saguenay, le coût moyen des étudiants
dans la régionale Saguenay est de $617 et il est versé, lorsque
l'étudiant est au Séminaire de Chicoutimi, un coût moyen de
$750. On pourrait continuer comme ça, c'est mieux de...
M. BEAUPRE: Est-ce que ce tableau-là est
distribué?
M. MASSES Bien, j'ai ça écrit, moi, au crayon.
M. BEAUPRE: Maintenant, celui qui a été
distribué...
M. MASSE: Ah! le tableau distribué, il y en a ici.
UNE VOIX: Est-ce qu'on pourrait en avoir? M. MASSE: Oui.
M. GAGNON: M. le ministre, la régionale des Monts,
avez-vous...
M. MASSE: Je vais continuer, si vous voulez il y a des tableaux
ici.
M. BERTRAND: D'ailleurs, ces documents-là ont tous
été déposés en Chambre, mais on vous en remet des
copies.
M. MASSE: La commission scolaire des Bois-Francs, le coût
moyen, transport enlevé, $629, alors que la même régionale
verse au Collège de Victoriaville le coût moyen de $727. La
régionale des Monts, le coût moyen de la régionale, moins
le transport, $675 et il est versé au Collège de Matane, pour les
étudiants, en moyenne $119. Régionale Pascal-Taché $602
pour les étudiants et il est versé par la même
régionale pour les étudiants qui fréquentent le
Séminaire de Ste-Anne-de-la-Pocatière, $705. Disons qu'on
pourrait calculer comme ça longtemps. Il y a un chiffre qui me saute aux
yeux tout naturellement. Dans Vaudreuil-Soulanges le coût moyen,
transport enlevé, $1,044 et ça coûte dans cette
région moins cher au collège Bourget, puisque c'est $690.
M. GERIN-LAJOIE: On trouvait que ça coûtait cher
à Québec, avec un coût moyen de $600.
M. LE PRESIDENT: Cela se fait en grand.
M. BERTRAND: Cela coûte cher à la Cité des
Jeunes...
M. LE PRESIDENT: Cela se fait en grand.
M. MASSE: C'est une région où le secteur public est
grand.
M. BEAUPRE: L'ancien ministre ne trouvait pas que cela
coûtait cher à Québec, je le comprends maintenant.
M. BERTRAND: L'ancien ministre vous disait cela?
M. BEAUPRE: Oui.
M. MASSE: Il vous disait cela, l'ancien ministre?
M. BERTRAND: Alors, là, c'est la minute de
vérité.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, c'est la minute de vérité. Je
pense bien que le ministre de l'Education...
M. LE PRESIDENT: Tout sort!
M. GERIN-LAJOIE: ... fait des blagues avec un sourire qui ne sera
pas rapporté au journal des Débats, mais il se reprend.
M. BERTRAND: Disons que pour que cela soit enregistré
comme tel, les propos que je viens de tenir étaient marqués au
coin d'un sourire, et s'adressaient au député de Jean-Talon.
M. MASSE: Si le député de Vaudreuil-Soulanges me
permet, pour le soulager un peu, dans la régionale Lanaudière, le
coût moyen de l'école publique est $746- tandis qu'au
séminaire, c'est $694. La marge est moins grande, mais plus
élevée au secteur public.
Or, dans l'ensemble, je n'ai pas de moyenne là, mais on peut dire
que c'est plus cher au secteur privé, bien qu'il y ait des exemples. On
en a cité deux, on pourrait en relever d'autres, où c'est plus
cher au secteur public qu'au secteur privé. Mais dans l'ensemble, c'est
plus cher au secteur privé.
M. BEAUPRE: Au secteur privé?
M. MASSE: Oui, dans l'ensemble. Là, nous n'avons pas le
temps, mais nous pourrions sortir toute la liste, mais c'est cela.
M. BERTRAND: Dans ma région, quant à moi, et dans
Lanaudière, d'où vient le ministre d'Etat, cela coûte cher
également.
M. MASSE: Oui, cela coûte moins cher que dans
Vaudreuil-Soulanges, mais cela coûte cher.
M. LE PRESIDENT: Ils ont de grands autobus là!
M. BERTRAND: Alors, article 5, adopté? M. GOLDBLOOM:
Article 5,... M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BEAUPRE : M. le Président, j'aurais voulu poser une
question au ministre.
M. LE PRESIDENT: Oui?
M. BEAUPRE: L'article 5, est-ce que...
M. BERTRAND: A l'article 5, nous voulons simplement dire ceci.
Cest que l'abrogation de l'article 497 supprime l'obligation pour les
commissions scolaires de payer jusqu'à concurrence de $200 les frais
d'inscription et de scolarité, pour les élèves de leur
territoire qui fréquentent des institutions d'enseignement secondaire
reconnues. Et en vertu du bill 39, ces $200 seront désormais
versés directement, au secondaire, par le gouvernement, aux institutions
indépendantes d'enseignement qui recevraient une subvention globale
comme je l'ai dit tantôt de $350 par
élève.
Le nouvel article 496 autorise le ministre de l'Education à
approuver des ententes entre commissions scolaires et institutions
privées, et c'est cet article qui permet en particulier au ministre
d'approuver des ententes d'associations, conformément à la
politique exposée dans le document de l'Education numéro un,
institutions associées et institutions privées. Je ne reviens pas
sur le nombre d'ententes qui ont été passées l'an dernier,
et sur celles qui sont appelées à être passées cette
année.
M. BEAUPRE: Est-ce que lorsque le ministre autorise une
commission scolaire à accepter des élèves venant d'une
autre commission scolaire? Est-ce qu'il peut permettre à cette
commission de prendre ces élèves à un coût à
25% du prix coûtant? Si le coût moyen de ladite commission scolaire
est $500, $600 ou $700, est-ce que le ministre peut dire à cette
commission scolaire qui va accepter de recevoir mille ou deux mille enfants:
Messieurs, vous allez les prendre, mais au prix que cela vous coûte, et
non pas faire payer par les payeurs de taxes de votre ville, la ville qui les
reçoit, le coût de tels élèves?
Je vous donne des cas concrets. A Shannon, près de Valcartier, il
y a des centaines d'enfants...
M. BERTRAND: Voulez-vous, s'il vous plaît,
répéter l'endroit?
M. BEAUPRE: A Shannon, c'est tout près de Valcartier. La
commission scolaire de Québec a passé des ententes pour donner
l'éducation en anglais à un groupe d'élèves qui
étaient des enfants de militaires ou de préposés à
la base de Valcartier. Ces enfants-là sont amenés dans des
autobus scolaires ici à Québec. Nous avons engagé 68
professeurs spécialisés en anglais pour leur donner une
éducation en anglais, et mes renseignements sont à l'effet qu'ils
ne paient que $150 ou $200 par élève, soit le coût,
évidemment, d'un enfant à l'élémentaire, s'il est
à l'élémentaire.
Or, notre coût moyen à Québec est de $500. Est-ce
que le ministre, lorsqu'il permet une telle entente, va voir à ce que
les contribuables de la ville de Québec soient protégés et
n'aillent pas donner $500,000 de leur argent pour recevoir un groupe d'enfants
envers qui la population de Québec n'a pas de
responsabilités?
M. PLAMONDON: C'est une bonne mesure d'assistance.
M. BEAUPRE: Ma deuxième question...
M. BERTRAND: Un instant, si le député de Jean-Talon
me permet, à ce moment-là, il s'agit d'une entente entre la
Commission des écoles catholiques de Québec et l'autre commission
scolaire dont iI vient de parler. Alors, c'est une entente.
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre doit donner la permission pour
une telle entente? Et ma question c'est celle-ci: est-ce que le ministre va
s'assurer que la commission scolaire qui reçoit de tels
élèves venant d'en dehors ne les reçoit pas à 50%
du prix coûtant, ou à 25%; faisant payer à la population
qui reçoit le coût d'une telle éducation?
M. BERTRAND: Il n'y a aucun doute que ces ententes-là
doivent être soumises au ministre pour approbation.
M. BEAUPRE: Mais est-ce qu'on fournit au ministre des chiffres?
Est-ce que le ministre a des officiers qui vont voir à ce que la
commission scolaire qui reçoit des élèves ne les
reçoive pas à rabais, soit à 50% du coût que la
population d'une ville paie.
M. BERTRAND: Nous nous basons à ce moment-là sur
les chiffres qui nous sont fournis par les commissions scolaires. Ce n'est pas
nous d'ailleurs qui obligeons...
M. BEAUPRE: Non.
M. BERTRAND: Il faut bien noter ceci. Cest la commission scolaire
elle-même qui accepte cette entente. Nous ne l'imposons pas. Cest
à la commission scolaire elle-même, à ce moment-là,
à voir si ce qu'elle reçoit équivaut bien au coût
réel de l'enseignement de l'élève.
M. BEAUPRE: Je vais poser une autre question. Nous avons ici,
à Québec, et le problème est bien particulier parce que la
population de Québec, la population scolaire, présentement, est
celle de 1936, d'il y a trente ans. La population, selon les derniers chiffres
que j'ai eus, est de 159,000 à Québec et non pas 240,000 ou
280,000 ou 260,000 ou 190,000 ou 170,000.
M. BERTRAND: 159,000.
M. BEAUPRE: 159,000 et quelque chose. Or, nous avons des
écoles désaffectées, et nous construisons d'autres
écoles. Nous en construirons pour $7 millions cette année. A
l'élémentaire, nous avons de 1,500 à 2,000
élèves de moins, chaque année, qui entrent. Par ailleurs,
nous en avons d'avantage au secondaire et en 12 e, 13e et 14e années,
où le coût est infiniment supérieur à celui de
l'élémentaire et des maternelles. Or, nos écoles et notre
population scolaire diminuant et, au secondaire, augmentant, nous avons fait
des prévisions futuristes, des prévisions optimistes, et nous
sommes obligés, pour éviter un plus grand mal, de prendre des
élèves, et je crois que c'est là le problème de
Québec, pour ne pas avoir des écoles vides, parce que la
population scolaire diminue, nous sommes obligés de les accepter comme
un sacrifice, pour que nos écoles ne soient pas vides. Alors, à
ce moment-là, est-ce que le ministre, tout de même, ne peut pas
prendre des garanties pour protéger la population? Par- ce que,
n'oubliez pas qu'à Québec et à Montréal, il n'y a
pas personne d'élu. Ces gens-là sont nommés par le
gouvernement pour administrer. Ils ne rendent compte à personne, ils ne
rendent compte qu'au gouvernement, ils sont nommés par lui.
M. BERTRAND: Le député de Jean-Talon me permettra
cette remarque. Est-ce qu'il n'appartient pas aux commissaires d'écoles
de Québec, justement, d'assurer cette protection dont vous parlez?
M. BEAUPRE: Non, ils veulent éviter un plus grand mal, M.
le ministre. Vous avez une population scolaire en 1967 qui est la même
qu'en 1936, si on enlève les maternelles et l'enseignement
professionnel, si on enlève les sourds, les aveugles et les agonisants.
Vous avez exactement la même population scolaire qu'il y a trente ans. Et
les écoles ont augmenté, on en a construit et on en construit
encore pour $7 millions cette année, ou on doit en construire et en
acheter pour $7 millions. Cela veut dire qu'on se prépare pour l'avenir.
Et pendant tout ce temps-là, si on n'accepte pas les
élèves des autres commissions, évidemment les bancs sont
vides, mais le ministre, lorsqu'il...
M. BERTRAND: Est-ce que vous ne prévoyez pas qu'à
ce moment-là, vous posez justement, disons, le rôle du commissaire
d'école à Québec, ses obligations envers la
collectivité québécoise avant d'imposer cette obligation
au ministre. Quels qu'ils soient..
M. BEAURPE: Qui va leur demander? Ils sont nommés par le
gouvernement et l'archevêché, M. le ministre. La population de
Québec ne peut pas leur demander des comptes.
M. BERTRAND: Non, mais comme hommes, comme commissaires
conscients de leurs responsabilités envers le public de Québec,
qu'ils soient nommés par l'autorité gouvernementale et par
l'autorité épiscopate, comme à Montréal, ils ont
quand même des devoirs à remplir, des responsabilités
à assumer. Alors, c'est à eux de les assumer devant la population
de Québec, nommés ou élus...
M. BEAUPRE: Oui, mais il y a un cas particulier. Cest pour
éviter un plus grand mal qu'ils le font. La population à
l'élémentaire diminue, au secondaire elle croît. Il faut se
préparer pour demain, et ils acceptent des élèves à
rabais, peut-être parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. Et j'ai
justement là ce texte,
à l'article 5. Si le ministre, lorsqu'il permet une telle
entente, s'assurait qu'elle n'est pas préjudiciable à la
population de Québec dans l'occurrence ou si elle l'est, s'il donnait
des subventions appropriées, à ce moment-là le bien commun
serait protégé. La population ne paierait pas pour les
élèves de toute la région.
M. BERTRAND: A ce moment-là, si le député de
Jean-Talon me le permet, se pose tout le problème du financement autant
de la Commission des écoles catholiques de Montréal, du Greater
Protestant School Board que de la Commission scolaire protestante de
Québec et que de la Commission des écoles catholiques de
Québec. Il soulève le problème qui se pose chez lui. Le
même problème va se soulever à Montréal cette
année au sujet des ententes qui pourraient être appelées
à être signées entre la Commission des écoles
catholiques de Montréal et les institutions indépendantes, ce qui
va certainement augmenter assez considérablement les dépenses de
la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Alors, là, nous tombons dans ce fameux problème du
financement des commissions scolaires, problème que soulève le
député de Jean-Talon pour Québec et c'est le même
problème qui se soulève partout ailleurs, problème plus ou
moins aigu.
M. BEAUPRE: Y a-t-il quelque chose qui peut être fait, M.
le ministre? Prenez, au cours secondaire...
M. BERTRAND: J'ai déjà parlé, par exemple,
de ce problème de financement.
M. BEAUPRE: Oui, mais pour cette année ou l'an prochain,
mais ce texte de loi, est-ce qu'on ne peut pas dès maintenant donner une
porte de sortie? Pour poursuivre mon argumentation de tout à l'heure,
nous avions, l'an dernier, 676 élèves en l0ème,
llème et 12ème années dans la commission scolaire de
Québec, comprenant Charlesbourg et Sainte-Foy. Le coût moyen est
sûrement de $1,500. Nous recevions peut-être $200 ou $300.
M. BERTRAND: Le coût moyen.
M. BEAUPRE: Non, le coût réel. Pas le coût
moyen. Le coût moyen est de $550 pour l'ensemble. Mais le coût
réel en l0ème, llème et 12ème et pour les enfants
exceptionnels, un professeur pour sept ou huit élèves, cela
coûte $1,500, $1,200, $1,000. Sûrement pas moins de $1,000. Or,
nous recevions peut-être $200 ou $300. Il serait important que le
gouvernement considère que si l'éducation secondaire, le
postsecondaire est public, est-ce qu'on ne devrait pas aider des villes
comme...
M. BERTRAND: Est-ce que...
M. BEAUPRE: ... Québec et Montréal qui donnent ces
cours aux gens d'en dehors...
M. BERTRAND: Je ne veux pas mettre en doute l'exactitude des
chiffres.
M. BEAUPRE: J'ai toutes les statistiques, M. le ministre.
M. BERTRAND: Alors les chiffres que donne le député
de Jean-Talon sont-ils basés sur le rapport...
M» BEAUPRE: Pour 66/67.
M» BERTRAND: ... de la Commission des écoles catholiques de
Québec?
M. BEAUPRE : Vous les avez dans le rapport. En 66/67, vous aviez
616 élèves en l0ème, llème, 12ème et
13ème provenant de l'extérieur. Le coût moyen était
de $508 et $550...
M. BERTRAND: Est-ce que la Commission des écoles
catholiques de Québec tient des réunions?
M. BEAUPRE: Elle essaie d'avoir des réunions de parents
par toutes sortes de moyens. Mais, évidemment, ils ne sont pas
élus, ils sont nommés...
M. BERTRAND: Non, ce n'est pas ça. Mais il y a des
réunions...
M. BEAUPRE: Ces chiffres ne sont pas donnés à ces
réunions-là. Ce sont des réunions pour établir des
programmes.
M. BERTRAND: Ce n'est pas ça que je veux dire. Mais le
problème comme celui que soulève le député de
Jean-Talon là...
M. BEAUPRE: Je ne l'ai pas soulevé.
M. BERTRAND: ... est-ce qu'il a été porté
à l'attention des commissaires qui doivent, sans doute, il me semble, le
connaître puisque ce sont eux qui administrent la Commission des
écoles catholiques de Québec?
M. BEAUPRE: J'ai dit tout à l'heure que c'était un
moindre mal. Ils les acceptent parce qu'ils ont été
obligés de faire des prévisions pour l'avenir parce que le
secondaire augmente et le secteur croît comme ça alors que
l'élémentaire diminue d'autant. Mais en se préparant, il
leur faut, pour remplir les vides qui devront être remplis par les
nôtres seulement dans trois ans, il leur faut prendre des
élèves de partout mais à un coût à rabais
encore. Est-ce que la loi ne devrait pas prévoir que c'est injuste de
faire payer par une population comme Québec, qui depuis trois
siècles, éduque les enfants de la province, de continuer à
lui faire encore payer l'éducation des élèves des environs
de Québec?
M. GAGNON: Mais vous pensez que cela ne peut pas se produire dans
un autre secteur également?
M. BEAUPRE: Oui, mais c'est plus flagrant ici, parce que voici
une population qui...
M. BERTRAND: Québec reçoit déjà une
subvention de $175 par élève.
M. BEAUPRE: M. le ministre, le Québec reçoit 25%
seulement de tout son budget alors que dans la province il n'y a pas une
commission scolaire qui ne reçoit que ça 25%. Pas une seule.
M. BERTRAND: Non. J'ai déjà noté qu'en
dehors des grandes villes de Québec et de Montréal, et surtout de
Montréal, que la proportion des subventions gouvernementales est
beaucoup plus élevée, c'est sûr. Elle est plus
élevée en dehors des grandes villes, les subventions
gouvernementales sont plus élevées en dehors des grandes villes
qu'elles ne le sont dans les villes. Cela, j'en conviens.
M. BEAUPRE: Et elles décroissent àQuébec.
Nous aurons cette année $150,000 de moins pour la Commission scolaire de
Québec alors que le budget a augmenté de 17.9%, $164 millions.
Sur $730 millions, nous n'aurons que$4 millions pour la ville de Québec.
C'est vous dire que si vous divisez par le nombre d'élèves, vous
allez voir que c'est une discrimination qui est persécutrice pour
une...
M. BERTRAND: Quant à moi, je prends note des remarques du
député de Jean-Talon...
M. MASSE: Je pense que...
M. BERTRAND: ... Il va convenir que ce n'est pas dans cette loi
ici, pour le moment du moins,...
M. BEAUPRE: Non, je sais que le ministre n'est pas expert.
M. BERTRAND: ... que je serais en état de régler le
problème qu'il pose, d'abordproblème qui se pose au niveau de la
commission des écoles catholiques, premièrement, et,
deuxièmement, problème du financement de l'enseignement d'une
façon générale, lequel problème reçoit,
dès cette année, l'attention du ministre des Finances.
M. BEAUPRE: Une dernière question, M. le Président,
le ministre me donnerait-il l'assurance que lorsque la commission scolaire,
soit de Québec ou de Montréal, ira demander au gouvernement la
permission de conclure de telles ententes, est-ce que le ministre me donnera
l'assurance qu'au moins on fera déposer les chiffres pour que les
populations de Québec et de Montréal n'aillent pas payer la plus
grosse partie ou une grande partie de coût de l'éducation des
enfants qui entourent ces agglomérations?
M. MASSE: Il y a également un autre tableau dont il faut
tenir compte. C'est celui de l'effort fiscal des différentes
municipalités et c'est là qu'on sera en mesure de juger si, oui
ou non, les 25% payés sont suffisants ou s'ils ne sont pas
suffisants.
M. BEAUPRE: Si le ministre prend l'effort fiscal fait par la
population de Québec et, par exemple, prend également le salaire
hebdomadaire moyen de la région de Québec qui est de $84
comparé à $91, $96 à Montréal, $109 à Aima,
Lac-Saint-Jean, et qu'il compare cela avec les exemptions de 40% des biens
à Québec, en somme 30,000 propriétaires qui payent $17
millions de taxes scolaires pour 30,000 enfants dont 4,000 sont
étrangers ou des enfants encore à la maternelle de quatre ans
à cinq ans, il va voir qu'il n'y a pas une ville de la province, pas une
municipalité qui fait un effort fiscal comme cela.
M. MASSE: C'est justement ce tableau qu'il faut étudier
pour réaliser si oui ou non l'effort fiscal est supérieur
à Québec.
M. GAGNON: Bien, je ne suis pas prêt à dire cela.
Chez nous, le revenu moyen per capita est de $695 et à la commission
scolaire de Cap-Chat $695 annuel, puis l'effort fiscal chez nous est
établi à 2 1/2 dans le centre d'évaluation avec une
évaluation à 80%. Alors, le problème se pose dans toute la
province.
M. BERTRAND: C'est pour cela que je vous dis...
M. GERIN-LAJOIE: Si je peux renchérir sur ce que le
député de Jean-Talon dit. Il y a un problème bien
particulier à Montréal et à Québec...
M. GAGNON: Et en Gaspésie.
M. GERIN-LAJOIE: ... non, à Montréal et à
Québec, c'est qu'il n'y a pas de commissaires élus qui sont tenus
de rendre compte au peuple. Si à Cap-Chat ou en Gaspésie, les
commissaires ne font pas leur devoir, tel que conçu par les
contribuables électeurs, eh bien, les contribuables électeurs
n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes ou agir en temps
d'élection scolaire.
M. GAGNON: Non, mais ils ne changent pas l'effort...
M. BERTRAND: Concernant les nominations qui durent depuis
passablement longtemps tant à Montréal qu'à Québec,
on s'entend là-dessus et il faudra sans aucun doute, dans un avenir plus
ou moins rapproché, essayer de trouver une solution à cela. Mais
je dois dire qu'elle n'est pas pour aujourd'hui.
M. GERIN-LAJOIE: Sur cette question-là, puisque nous
sommes engagés sur la question de Québec et Montréal, bien
sûr que ce n'est pas le moment de discuter à fond la question du
mode de désignation de sélection ou d'élection des
commissaires à Montréal et à Québec ni de discuter
de toute la question de la structure de ces deux commissions scolaires, du
côté catholique sans parler du côté protestant. Mais,
c'est une question de la plus haute importance. Le ministre vient de nous dire
qu'il faudrait trouver une solution tôt ou tard et plutôt tard que
tôt, que ce n'est pas pour demain matin. Je puis dire tout de suite au
ministre que quant à nous, de ce côté-ci, nous croyons la
question de la plus grande urgence et c'est sur le ton le plus amical que je
mentionne, dès maintenant, qu'à l'occasion de l'étude des
crédits du ministère de l'Education, nous avons l'intention de
soulever cette question de toute l'administration scolaire à
Montréal et à Québec. Nous le ferons à l'occasion
du crédit qui porte sur les subventions à ces deux commissions
scolaires. C'est un problème qui dure depuis très longtemps.
Aucun gouvernement n'en est responsable plus particulièrement, mais je
pense que le gouvernement du jour est celui qui a la responsabilité d'y
trouver des solutions et de toute façon...
M. BERTRAND: Alors, je ne blâmerai pas l'Opposition de
jouer son rôle et le gouvernement jouera le sien. Adopté.
M. BEAUPRE: Le ministre ne m'a pas donné la réponse
si, lorsque des ententes sont négociées, il va s'enquérir,
s'il y a un préjudice considérable pour la population qui donnera
les services scolaires.
M. BERTRAND: A ce moment-là, je dois dire que la
responsabilité, suivant la loi actuelle, incombe aux commissaires de la
Commission des écoles catholiques de Québec comme elle incombe
aux commissaires de la Commission des écoles catholiques de
Montréal.
M. BEAUPRE: Le ministre veut-il dire qu'il ne refusera jamais la
permission demandée?
M. BERTRAND: Le ministre confirmera ce que la Commission des
écoles catholiques de Québec aura formulé comme entente
avec les institutions.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté?
M. GERIN-LAJOIE: Non, M. le Président. J'aurais des
questions à poser à M. le ministre et je veux enchaîner
tout de suite avec ce qu'il vient de dire. Le ministre entérinera ce
dont la commission scolaire aura convenu avec les institutions
privées.
M. BERTRAND: Après examen comme on l'a fait pour les
autres.
M. GERIN-LAJOIE: Après examen, c'est justement là
un aspect important souligné par le député de Jean-Talon.
Est-ce que le ministre acceptera les yeux fermés?
M. BERTRAND: On n'accepte pas les yeux fermés. C'est
tellement vrai que le comité, cette année, qui est chargé
de l'examen de ces ententes, a eu des rencontres à plusieurs reprises
avec les commissions scolaires. Et cette mission, qui était
composée de M. Jean-Jacques Bergeron, du Père Gaston Bibeau, du
Dr Marcel Lortie, de Claude Boutin-Duparc, Jean Lessard, Gilles Lavigne, de
Pierre Martin, Antonin Moreau, de Claude Paquette et Marc Brière qui
agissaient tous deux comme conseillers juridiques, a examiné chacune des
ententes et en certains cas, je tiens à le noter pour le
bénéfice du député de Jean-Talon, il y a eu des
demandes qui étaient formulées.
Je ne pourrais peut-être pas, à ce moment-ci, donner de cas
exacts, mais il y en avait qui demandaient $900. Au début,
c'était $900 par élève
et cela a été réduit à$750. Alors, quand je
parle d'examen, cet examen-là est fait, sinon par le ministre
directement, par la mission qui a été chargée de
préparer des ententes, en coopération avec les institutions
privées et les commissions scolaires. Et c'est là un moyen, quand
le député de Jean-Talon me demandait tantôt si
c'était examiné, c'est examiné. Il y a, à ce
moment-là, un rapport qui est présenté au ministre et un
projet d'arrêté ministériel.
M. BEAUPRE: Et à supposer qu'il y a une entente, est-ce
que le ministre peut nous dire quelle est la sanction pour la commission
scolaire qui ne paie pas ses comptes? En 65/66 il y avait $200,000 et plus, je
crois, dans les comptes de la commission scolaire, pour des services rendus aux
commissions scolaires avoisinantes et qui n'avaient pas daigné payer le
prix excessivement bas qu'on leur avait demandé pour tel service. Est-ce
qu'il y a possibilité pour ladite commission, sauf de cesser de donner
ses pleins services, de récupérer les sommes ainsi dues?
M. BERTRAND: Le député de Jean-Talon est un
excellent avocat.
M. BEAUPRE: Mais, est-ce que c'est une chose...
M. BERTRAND: La commission scolaire peut certainement poursuivre.
Il n'y a rien qui empêche la commission...
M. BEAUPRE: Ils n'ont pas de biens. Ils les ont
dépensées avant même de les avoir reçues leurs
subventions. Qu'est-ce qu'il restera à saisir?
M. BERTRAND: Alors, à ce moment-là, la commission
scolaire se tourne vers le ministère de l'Education pour demander des
subventions.
M. BEAUPRE: Vous allez avoir des demandes pour $200,000 comme
l'an passé.
M. BERTRAND: Ce ne sera pas surprenant, parce qu'il en arrive
souvent, des demandes.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre de l'Education s'il y a des normes, des critères, des
règles d'établis par le ministère pour l'étude des
projets de convention entre les commissions scolaires et les institutions
privées?
M. BERTRAND: Il y a d'abord les règles qui relèvent
des commissions scolaires régionales, les règles d'approbation
des budgets premièrement, et, deuxièmement, vous avez tout
ça ici. D'abord, comme je l'ai noté tantôt, l'application
des règles d'approbation des budgets des commissions scolaires
régionales. Et pour déterminer le montant de ces subventions, on
procède à l'analyse des coûts de l'enseignement
dispensé par l'institution associée. Et vous avez le volume des
règles d'approbation des budgets pour l'année 66/67.
Première chose.
Deuxièmement, étant donné le caractère
particulier de certaines institutions associées, leur tradition et leur
degré de développement, on tient compte de certains services.
J'en ai parlé cet après-midi, il y a des institutions qui ont des
services plus adéquats, de bibliothèques, de gymnase,
d'organisation plus complète que l'on retrouve à
l'intérieur des régionales, alors, on en tient compte. Au poste
de l'administration pédagogique, on considère, par exemple, comme
admissible la dépense réelle encourue dans les limites du
raisonnable. Au poste des bibliothèques et des services audiovisuels, on
considère comme admissibles encore les dépenses réelles
encourues. Alors, il y a une analyse, ni plus ni moins, du budget en même
temps de l'institution associée. Il y a également la fourniture
et le matériel didactique, lorsque, par exemple, il y en a eu des cas
où les classes de belles-lettres ont été incluses,
à Trois-Rivières, entre autres.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a des règles concernant
l'admission des élèves dans les institutions privées?
Est-ce que les institutions privées conservent l'entière
liberté de choisir et de refuser les élèves qu'elles
veulent?
UNE VOIX: C'est une entente avec les commissions scolaires.
M. BERTRAND: Le comité paritaire formé de la
régionale et de l'institution associée, c'est ce comité
paritaire qui voit à l'admission des élèves.
M. MASSE: Et cette année, il n'y a pas eu de
problèmes dans ce domaine-là, tout simplement parce que les
ententes ont été ratifiées dans la plupart des cas,
même, à certains endroits, négociées, après
l'ouverture des classes. Le comité paritaire joue surtout pour l'an
prochain. Mais c'est ce qui explique dans beaucoup de cas ce dont le ministre
vient de parler, le coût supérieur. Il faudrait également
ajouter, là-dessus, par exemple, que dans beaucoup de régions,
les professeurs étant très qualifiés, les conventions
collectives sont plus élevées, même si le traitement de
base est le même pour les deux parties.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre et ses collaborateurs ont
songé à l'établissement de règles écrites
qui pourraient être connues du public de tous les
intéressés en ce qui concerne l'association?
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges sait
comme moi que c'était une première étape. Nous en sommes
à la deuxième cette année, avec l'augmentation probable de
ces ententes. Pour le moment, du moins, il serait difficile d'établir
des critères aussi précis que ceux que l'on retrouve dans les
règles budgétaires d'approbation des budgets des commissions
scolaires régionales. Mais j'espère qu'après cette
année, on pourra d'une manière beaucoup plus précise
établir des règles qui pourront être, disons,
publiées, et contenir plus de précisions que celles que je peux
à l'heure actuelle donner au comité.
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, je ne voudrais pas que le ministre
se méprenne sur mes intentions, mes objectifs. Je ne vise pas seulement
les règles d'approbation des budgets des commissions scolaires qui
s'appliquent comme point de départ de calcul aux institutions
privées, mais je pense à toutes les modalités et
conditions de relations entre les commissions scolaires et les institutions
privées. Il y a, bien sûr, de prévu, un comité
paritaire, au point de vue de l'admission des élèves. On ne sait
pas encore comment ça fonctionnera, et il y a évidemment d'autres
types de relations au point de vue de la mise en commun de
bibliothèques, au point de vue de services d'orientation, au point de
vue de services sociaux en général, et les relations qui peuvent
ou doivent s'établir entre commissions scolaires et institutions
privées sont multiples.
M. BERTRAND: Est-ce que le député de
Vaudreuil-Soulanges a pris connaissanceje pense qu'elles étaient
annexées au document que j'ai déposé en Chambre des
conventions qui interviennent à ce moment-là entre une commission
scolaire régionale et l'institution privée. Et ces conventions
sont basées sur l'annexe 2 du document de l'éducation
numéro 1 que l'on retrouve à la page 34 dudit document,
publié en avril 1966, et qui constitue ce que l'on appelle un projet de
convention-type, proposé pour la conclusion d'ententes entre les
commissions scolaires et les institutions associées. Et le comité
conjoint dont il est question là, on le retrouve à l'article 3
dudit contrat ou projet-type, et on le retrouve également dans certaines
conventions, dans les conventions où il est dit que, dans les 30 jours
de la signature de cette convention, les parties formeront un comité
conjoint chargé de déterminer les dispositions requises pour son
application. Ce comité conjoint se composera de six membres et son
quorum sera de quatre membres représentant en nombre égal la
commission et l'institution associée. Et les membres choisiront parmi
eux un président et un secrétaire qui auront le même droit
de vote que les autres membres. Le ministre de l'Education pourra nommer un
autre membre de ce comité à titre consultatif. Et c'est lui, le
comité, à l'article 4, qui détermine l'admission, les
conditions d'admission des élèves, lesquelles devront être
identiques pour la commission et l'institution associée.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président...
M. BERTRAND: Nous nous sommes basés cette année, du
moins ceux qui ont signé des ententes se sont basés sur le projet
de convention-type et, en examinant les contrats qui ont été
produits, le ministre pourra certainement se rendre compte, que les autres
contrats ont respecté les règles établies par le document
numéro 7 publié en avril 1966.
M. GERIN-LAJOIE: Ecoutez...
M. BERTRAND: Dans ce domaine-là, comme dans tous les
autres, il y a certes lieu à améliorations et nous verrons
quelles sont les améliorations qui pourraient être
apportées à la lumière des ententes qui ont
été, disons, signées cette année.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, disons que je suis assez
familier, évidemment, avec tout ce que vient de dire le ministre de
l'Education, parce que je n'ai pas été totalement étranger
à la publication du document d'éducation numéro 1 dont le
ministre vient de nous lire de larges extraits et...
M. BERTRAND: Il l'avait lu avant d'ailleurs.
M. GERIN-LAJOIE: Ce qui me préoccupe, c'est ceci. C'est
que plusieurs personnes s'in-téressant au domaine de l'éducation,
de même que des personnes représentant des institutions, se
préoccupent de l'orientation de tout le régime des institutions
associées. Certaines s'en préoccupent au point de vue de
l'autonomie des institutions, d'autres s'en préoccupent au point de vue
du développement du réseau public d'institutions d'enseignement
secondaire, c'est-à-dire des commissions scolaires régionales
avec
les écoles secondaires régionales. Alors, je me demande si
le ministre ne devrait pas songer, avec ses collaborateurs, à
l'établissement de règles et, j'irais même plus loin,
à l'adoption de règlements qui seraient approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Dans le cas, par exemple, de l'aide aux
étudiants, des prêts et des bourses, il y a des règlements
qui sont adoptés. Est-ce que, dans un cas comme celui-ci, on ne devrait
pas prévoir l'adoption de règlements, par le ministre de
l'Education et le lieutenant-gouverneur en conseil, règlements qui
seraient connus de tous les intéressés et qui pourraient
être appliqués?
M. BERTRAND; Des règlements de?
M. GERIN-LAJOIE: Des règlements déterminant les
conditions d'application de l'article 196. Disons, M. le Président, pour
en venir au au bout de ma pensée, que je me proposais de soumettre
à l'attention de ce comité un projet d'amendement à
l'article 496 tel que proposé par le bill 37. Un amendement qui aurait
pour effet d'ajouter à la troisième ligne, de sorte que les trois
premières lignes se liraient comme suit; Toute commission scolaire
régionale peut, avec l'autorisation préalable du ministre, et en
conformité des règlements visés à l'article 28 de
la Loi du conseil supérieur de l'Education, conclure pour une
période déterminée des ententes, etc. Je pense, M. le
Président, qu'après un an d'expérimentation du
régime des ententes, et du régime d'institutions associées
qu'on devrait être en mesure, au Québec, d'établir des
règlements, règlements qui seraient publics, qui pourraient
être discutés, qui seraient soumis à l'analyse du Conseil
supérieur de l'Education et qui feraient l'objet d'application dans
l'étude des projets d'ententes par le ministère de
l'Education.
M. BERTRAND; D'une part, je dois répondre ceci. D'abord, il y
aura la loi-cadre, qui va être élaborée et
présentée au cours de la prochaine session au sujet du
régime ou d'un régime plus cohérent, plus stable, pour les
institutions indépendantes, premièrement.
Deuxièmement, quant à une réglementation, pour le
moment, je préfère attendre les recommandations de la mission
à qui la tâche a été confiée de conclure ou
de travailler à la conclusion d'ententes entre les institutions
privées et les commissions scolaires régionales, et pour le
moment, je crois que l'amendement que suggérait le député
de Vaudreuil-Soulanges serait prématuré.
M. MASSE: D'autant plus que je crois, et je suis parfaitement
d'accord, qu'il serait sage d'attendre que la mission fasse le bilan, si on
peut dire, de son expérience. Par contre, il y a déjà un
règlement qui existe, parce que, dans le volume d'avril 1966, il est
bien dit, et ce qui compte dans ce domaine-là, c'est l'enseignement
donné, il est bien dit, au paragraphe 44 que l'enseignement
dispensé par l'institution associée, en vertu d'une entente, sera
régi par les règlements du ministère de l'Education. Il
sera soumis au même contrôle pédagogique que l'enseignement
dispensé. Nécessairement, ce sont les règlements qui
touchent à l'enseignement au niveau secondaire. Là, la partie la
plus importante de l'entente...
M. GERIN-LAJOIE: Ce ne sont pas des règlements qui
régissent le ministre dans l'approbation des projets d'ententes.
M. MASSE: Je suis parfaitement d'accord, mais ce que je veux
dire, ce qu'il y a d'important, c'est l'enseignement donné par la maison
qui s'associe...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas tout ce qui compte.
M. MASSE : Non, mais c'est quand même le plus
important.
M. BERTRAND: Il faut toujours...
M. MASSE: Donc, alors, conclusion vous allez être
parfaitement d'accord c'est que la majorité, ou la partie la plus
importante du problème est déjà réglée.
M. BERTRAND: Cela fait à peine une année. Il ne
faut pas oublier une chose: quand je dis, c'est prématuré, c'est
la première année que ces ententes-là sont signées.
Je crois qu'il faudrait au moins attendre l'expérience d'une
deuxième année, et à part cela, comme je l'ai dit et je le
répète, la loi-cadre qui sera présentée au cours de
la prochaine session au sujet du statut des institutions privées ou des
institutions indépendantes. C'est pourquoi je soumets que l'amendement
que voudrait présenter le député de Vaudreuil-Soulanges
est tout-à-fait prématuré.
M. BEAUPRE: Le ministre ne pense pas que l'expérience
serait encore plus valable si la suggestion de l'ancien ministre était
adoptée? S'il y avait des règles, on saurait exactement...
M. MASSE: Il y a déjà des règlements, il
faut se conformer aux règlements...
M. BEAUPRE: Oui, mais ils concernent plutôt
l'enseignement.
M. MASSE: Oui, mais c'est ce qu'il y a d'important dans la
maison.
M. BEAUPRE: Mais il reste que le débat que j'ai
soulevé tout à l'heure pourrait peut-être aider plus
facilement à empêcher, comment dirais-je...
M. BERTRAND: ... discriminations...
M. BEAUPRE : ... ces injustices, si on acceptait la
recommandation, l'amendement de l'ancien ministre.
M. BERTRAND: Je préfère, quant à moi,
attendre et être mieux préparé qu'on ne pourrait
l'être à l'heure actuelle. Etant donné que c'était
la première expérience, la Mission va continuer son oeuvre, et
nous verrons s'il y a possibilité d'établir une
réglementation et des critères beaucoup plus précis, qui
pourraient être publiés.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, sans vouloir
éterniser le débat, disons que, quant à moi, je vais
conclure de la façon suivante. Je comprends très bien le
désir du ministre de ne pas aller trop vite, mais je pense que nous
devons aller plus vite que nous n'allons à l'heure actuelle en
matière d'éducation. Je crois qu'il importe de définir les
conditions dans lesquelles les projets d'entente entre commissions scolaires et
institutions privées seront adoptées.
Le ministre d'Etat à l'Education ainsisté sur les
règlements existant au ministère de l'Education quant à
l'enseignement qui est dispensé dans les institutions, je pense que ce
n'est pas tout ce qui compte. Nous sommes à une époque où,
au Québec, on cherche à établir un véritable
réseau complet d'institutions publiques au niveau de l'enseignement
secondaire et de l'enseignement postsecondaire. La façon dont les
ententes interviendront est susceptible d'affecter de façon très
sensible ce réseau que nous voulons établir.
Alors, pour ces raisons que j'ai exposées bien brièvement,
je propose, appuyé par le député de Jean-Talon, que
l'article 5 du projet de loi numéro 37 soit modifié de
façon qu'à la troisième ligne de l'article 496 de la Loi
de l'instruction publique, on ajoute après le mot « ministre
» les suivants: « et en conformité des règlements
visés à l'article 28 de la Loi du Conseil supérieur de
l'Education ».
M. BERTRAND: Voulez-vous me le donner, que je l'examine
exactement?
M. MASSE; Le député de Vaudreuil-Soulanges a dit dans
son exposé: Plus vite que nous n'allons. Est-ce qu'il pourrait
m'expliquer, si j'ajoutais en amendement à ce qu'il vient de dire; Plus
vite que nous n'allions, pour quelles raisons les règlements n'ont pas
été adoptés en avril 1966?
M. GERIN-LAJOIE: Pour la raison suivante. C'est que, justement
à ce moment-là, il s'agissait d'une entrée dans un domaine
absolument nouveau: Nous avons actuellement l'expérience d'une
année, il y a je ne sais pas environ 24 ou 25 ententes
entre institutions associées et commissions scolaires. Ces ententes sont
en vigueur depuis le mois de septembre dernier. La mission a travaillé,
les fonctionnaires du ministère ont travaillé, et lés
ministres ont sûrement suivi le travail d'aussi près que possible,
je pense que nous sommes à un point où on devrait être en
mesure de rédiger au moins des règlements-cadre. Des
règlements qui n'entreraient pas nécessairement dans tous les
détails, mais qui établiraient des principes
généraux, principes qui éclaireraient la population, et
qui seraient susceptibles de faire dissiper toutes les craintes qui peuvent
actuellement exister.
Car il existe, dans certains éléments de la population,
des craintes que le régime d'institutions associées soit une
façon détournée de maintenir tout un régime
d'institutions privées, aux dépens des fonds publics, à un
coût plus élevé que dans les institutions publiques, comme
l'a mis en lumière tout à l'heure le ministre d'Etat à
l'Education, et un régime d'écoles privées à
l'intérieur desquelles on reçoive une catégorie
sélectionnée ou privilégiée d'étudiants.
Je ne dis pas que c'est cela qui se produit, je ne dis pas que c'est
cela qui se produira, mais c'est contre cela, par exemple, que la grande
majorité de la population demande à être
protégée.
Je veux avoir toute la confiance possible dans le ministre de
l'Education et dans les fonctionnaires qui sont associés à lui
dans son travail, mais je pense que, dans un régime démocratique,
on doit le plus possible administrer le pays, on doit administrer les affaires
publiques selon des règles qui sont consignées par écrit
C'est pour cela qu'il y a un parlement et c'est pour cela aussi que, dans un
grand nombre de domaines, il doit y avoir des règles adoptées par
le pouvoir exécutif.
Cest dans cet esprit que je crois nécessaire que soient
établies des règles par le pouvoir exécutif en ce qui
concerne le régime des institutions associées. Je ne vais pas
jusqu'à prétendre que ces règles doivent entrer dans tous
les détails qui se poseront en pratique dans la négociation
d'ententes, mais je pense que des règles au moins
générales devraient être établies à la
lumière de l'expérience vécue à la suite de la
publication du document d'éducation numéro 1, l'an dernier.
M. BERTRAND: Pour répondre au député de
Vaudreuil-Soulanges il a reconnu lui-même que c'était la
première étape nous sommes au 15 juin 1967. Nous sommes
à peine en train de franchir la deuxième étape. Sa
proposition équivaudrait soit à bâcler des
règlements ou soit à paralyser de nouvelles ententes,
premièrement.
Deuxièmement, dans son document il était question à
la page 17 de la constitution d'une mission pour la mise en oeuvre du projet.
Cette mission j'en ai donné les noms tantôt
était composée de fonctionnaires et de représentants des
commissions scolaires comme des institutions associées.
Ce groupe de travail s'était vu confier trois tâches
principales: premièrement, conseiller les parties dans la mise au point
de leur convention, étudier les projets d'entente et faire au ministre
des recommandations au sujet de leur approbation je l'ai noté
tantôt conseiller les commissions scolaires et les institutions
associées au stade de l'application de leurs ententes.
Cette mission exercera également et c'est ce qu'elle a
fait une fonction de conciliation dans les cas où des
difficultés particulières sembleraient faire obstacle à la
conclusion d'une entente. La mission et c'est ce qu'elle a fait au cours
de la première année pourra rencontrer les
intéressés, faire enquête, faire connaître ses
conclusions et ses recommandations aux parties pressenties de même qu'au
ministre.
Il était question également dans ce document, à la
page 18, des clauses essentielles du comité conjoint j'en ai
parlé tantôt des conditions d'admission, des coordinations
des programmes, du coût de l'enseignement. a) coût à
être déterminé par les parties. b) coût
analysé par le ministère, subventions à la commission
scolaire, suppression des subventions de l'Etat à l'institution
associée et gratuité scolaire, entente modèle. On aurait
toute une série de propositions qui ont été
appliquées dans les premières ententes, mais je le
répète, l'amendement que suggérerait le
député de Vau- dreuil-Soulanges est prématuré pour
le moment et risquerait, à cette date-ci, de bâcler à la
hâte des règlements.
On dit qu'il faut aller vite. Il faut aller vite, mais sûrement.
Aller vite tout simplement, ce n'est pas d'après moi de la bonne
politique. Aller vite quand on sait exactement le geste, disons l'orientation
que l'on doit donner ou la réglementation qui doit être
établie, qui doit être bien pesée, bien analysée,
bien préparée. J'aime mieux aller plus lentement et plus
sûrement que d'aller trop vite, de brusquer les choses et d'adopter une
politique ou une réglementation qui serait bâclée.
Voilà mon attitude.
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre est conscient qu'un grand
nombre d'institutions, en ce moment, préféreraient avoir des
règles assez précises, une loi cadre à cette
liberté qu'on leur laisse avec des conseillers, avec des conciliateurs
et avec une loi qui ne prévoit pas la moitié des points en
discussion.
M. MASSE: Alors, M. le Président, si vous me permettez
également, il y a certains points qui doivent être...
M. LE PRESIDENT: Continuez, s'il vous plaît,
monsieur...
M. BEAUPRE: Ma question,... M. BERTRAND: Je regrette...
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre de l'Education...
M. BERTRAND: ... M. le député de Jean-Talon, le
président, est en...
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre de l'Education est conscient
que nombre d'institutions...
M. BERTRAND: J'espère qu'il continue...
M. BEAUPRE: ... ici à Québec et il y en a huit dans
mon comté, des collèges classiques, des institutions qui ont ce
problème. J'ai rencontré des préfets et des directrices
pour les études de certaines d'entre elles et ces institutions-là
préféreraient, à mon avis, une loi-cadre, tel que le
suggère l'ancien ministre, à ces conseillers, à ces
conciliateurs...
M. BERTRAND: Ce n'est pas une loi-cadre. M. BEAUPRE: ... non,
mais il parlait d'une
loi-cadre, mais dans le moment, j'ai commencé par cet...
M. BERTRAND: Cest moi qui ai parlé d'une loi-cadre pour
les institutions privées.
M. BEAUPRE; Une loi-cadre à venir. Mais là, avec
l'amendement, déjà, on forcerait à suivre certains
règlements qui nous amèneraient beaucoup plus facilement à
des ententes, en fournissant des conciliateurs, en fournissant des conseillers
et en fournissant, je ne sais pas, des coûts moyens et le reste. Parce
que la moitié des problèmes en discussion seront encore
laissés à l'initiative et il y en a qui ne la prennent pas,
d'autres la prennent trop tard. Ils n'ont pas, en somme, de base assez...
M. BERTRAND: Mais, pour répondre au député
de Jean-Talon, justement ce que j'ai lu tantôt...
M. BEAUPRE: Ce n'est pas suffisant
M. BERTRAND: ... relativement aux travaux effectués par la
mission, disons que ce n'est peut-être pas suffisant Je ne dis pas qu'il
n'y a pas moyen d'améliorer, mais je dis que ce serait
prématuré, à l'heure actuelle, de bâcler à la
hâte des règlements. Et c'est pourquoi, étant donné
que nous n'en sommes qu'à la première étape, je
préfère, quant à moi, attendre que nous voyions comment
vont s'élaborer les nouvelles ententes et, d'ici là nous pourrons
adopter une réglementation.
M. MASSE: Si vous me permettez, M. le ministre. Il y a un certain
nombre de points qui ont été soulevés par le
député de Vaudreuil-Soulanges comme, par exemple, il laisserait
entendre que ces conventions sont conclues d'une façon plus ou moins
empirique ou secrète par le ministère de l'Education et que,
puisqu'il y a un parlement, cela prend des règlements publics. Les
règlements sont, à toutes fins pratiques, publics puisque,
premièrement, information a été donnée par la
mission qui a fait pratiquement le tour de la province, tenu des
réunions publiques afin d'informer les gens, répondre aux
questions des gens. Il n'y a absolument rien de caché
là-dedans.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, vous me permettrez, sur
une espèce de question de privilège, de bien préciser que
je n'ai jamais laissé entendre que c'était secret ou
caché, j'ai simplement dit...
M. BERTRAND: Non, les documents sont..
M. GERIN-LAJOIE: ... j'ai simplement dit que c'était
discrétionnaire.
M. MASSE: On a dit également que les coûts
étaient plus élevés. Il est vrai qu'on a cité des
chiffres dans le cours de la discussion, qui prouvent qu'à certains
endroits les chiffres, le coût moyen par étudiant dans les
institutions privées est plus élevé que dans les
institutions publiques et, par ailleurs, il y a également des chiffres
contraires dans certaines régions et on l'a également
illustré. Les coûts supérieurs s'expliquent par
l'administration, on en avait parlé, et également par le fait que
des services plus importants, bibliothèques ou professeurs plus
qualifiés, existent dans certaines régions.
Au sujet d'un règlement, il devrait, à mon avis,
être très large s'il existe, parce que, selon les régions
et selon les problèmes, il nous faut des solutions qui collent à
ces réalités-là; et le règlement en question serait
large au point qu'il équivaudrait à ce qui existe
présentement, parce que, dans la convention, telle qu'elle doit
être signée entre les deux parties, l'institution associée
et la commission scolaire doivent mettre sur pied un comité conjoint,
l'article 3, dont la création est prévue à l'article 15,
et qui doit déterminer les conditions d'admission des
élèves. Lorsqu'on a laissé entendre que ce système
pouvait permettre à des maisons privées d'enseignement, avec des
fonds publics, de propager une classe privilégiée, je crois que
le comité conjoint, où les deux parties sont responsables et sont
représentées, et qui est responsable des conditions d'admission,
devrait certainement y voir.
Egalement, l'enseignement qui est donné dans les institutions
privées doit être régi par les règlements du
ministère ou bien non, lorsqu'il y a lieu, par les facultés des
arts. L'enseignement est donc prévu.
Egalement, l'institution associée et la commission doivent
s'engager à coordonner leur développement et leur programme
d'enseignement. Il y a donc encore une fois un article qui devrait revenir dans
un règlement L'institution associée et la commission scolaire
doivent se consulter sur tout changement aux conditions d'engagement et de
travail de leur personnel. Les principaux points qu'on pourrait voir
réapparaître dans un règlement existent déjà,
à toutes fins pratiques, entre les deux partis.
Qu'est-ce qu'un règlement pourrait apporter de plus, soit comme
information publique ou bien comme moyen de roder un système qui existe
déjà? Ces règlements devraient être très
larges et ils équivaudraient, à toutes fins pratiques, à
ce qui existe déjà. Qu'est-ce qu'un règlement apporterait
de plus?
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, je propose qu'on prenne le vote.
M. BERTRAND: En conformité des règlements
visés de l'article 28 de la Loi du Conseil supérieur de
l'éducation, il y a une raison additionnelle à toutes celles que
j'ai données, c'est que ce serait retarder encore, parce que ces
règlements-là doivent être envoyés au conseil
supérieur, il faut les élaborer.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre est favorable à la
consultation?
M. BERTRAND: Oui, très favorable mais il faut d'abord les
élaborer. Or, j'ai dit que c'était prématuré,
premièrement et, deuxièmement, les envoyer au Conseil
supérieur de l'éducation, ce serait retarder peut-être,
disons au mois de... La moyenne c'est trois mois pour l'approbation...
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, je vais apporter une
précision. Je n'Insiste pas tellement sur le Conseil supérieur de
l'éducation. Seulement j'ai pensé qu'il ferait plaisir au
ministre de l'Education, me souvenant de ses nombreuses déclarations sur
l'importance du conseil...
M. BERTRAND: Je suis prêt à accepter ceci. Qu'il ait
formulé un amendement pour me faire plaisir et qu'il le retire, il va me
donner autant de plaisir.
M. MASSE: Mais moi, ce que j'aimerais savoir puisque pour
voter il faut être bien éclairé c'est ce que le fait
d'avoir un règlement apporterait comme point précis à ce
qui existe déjà. Qu'est-ce que cela apporterait de plus à
ce qui existe déjà?
M. GERIN-LAJOIE: C'est qu'il se trouverait à
établir, par l'autorité exécutive de la province, des
règles qui seraient connues de tous les intéressés.
M. MASSE: Alors, le conseil des ministres approuve les ententes
selon les conventions telles que je viens de les mentionner. Ces
conventions-là couvrent les principaux points.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre d'Etat est évidemment au
courant qu'en vertu de l'amendement proposé, le lieutenant gouverneur en
conseil ne sera plus appelé à sanctionner les ententes.
M. MASSE: Je reprenais votre phrase.
M. BERTRAND: Est-ce que le député de
Vaudreuil-Soulanges est satisfait que ça soit le ministre plutôt
que le lieutenant gouverneur en conseil?
M. GERIN-LAJOIE: Pour les ententes, oui. Mais justement dans le
contexte où il y aurait des règlements qui régiraient
l'action du ministère.
M. BERTRAND: Est-ce que ce n'est pas de nature, disons, à
rendre plus rapide l'approbation de ces ententes-là, plutôt que de
les soumettre au conseil des ministres?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, oui, je suis d'accord là-dessus. Je
n'ai pas critiqué cet aspect du document, j'ai simplement attiré
l'attention du ministre d'Etat sur le projet de loi du gouvernement.
M. BERTRAND: Alors, est-ce que le député de
Vaudreuil-Soulanges y tient encore..? Il m'a fait plaisir, en parlant du
Conseil supérieur de l'éducation, alors...
M. GERIN-LAJOIE: Bien, maintenant que vos membres sont
arrivés, M. le Président, on va reprendre le vote.
M. LE PRESIDENT: Je tiendrais à signaler, que cet
après-midi M. Gabias et M. Morin...
M. GERIN-LAJOIE: Ne parlez pas à vous-même.
M. LE PRESIDENT: M. Gabias, a été remplacé
cet après-midi par M. Gauthier et M. Morin l'a été par M.
Plamondon, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Tandis que M. Cliche, vous n'êtes pas
inscrit, je pense...
M. GERIN-LAJOIE: M. Cliche a été remplacé
l'autre jour...
M. LE PRESIDENT: Oui, mais je ne pense pas...
M. CLICHE: J'ai voté comme tel vendredi dernier et je vais
voter s'il y a un vote.
M. GERIN-LAJOIE: Il a été remplacé de
façon permanente jusqu'à ce que M. Lefebvre reprenne sa
place.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait autre chose
à...
M. GERIN-LAJOIE: C'est le temps de prendre le vote, M. le
Président, n'ayez pas peur.
M. BERTRAND: Je crois qu'on ne doit jamais ordonner au
président qui est le maître de l'assemblée.
M. MASSE: C'est assez surprenant jusqu'à quel point le
député de Vaudreuil-Soulanges a le tour de forcer le
président.
M. GERIN-LAJOIE: Cela va donner un privilège au
président.
M. BERTRAND: Alors, laissons le président voter. Appelez
les votes.
M. LE PRESIDENT: M. Bergeron?
M. BERGERON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand?
M. BERTRAND: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Binette?
M. BINETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Desmeules?
M. DESMEULES: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Fortier? Il n'est pas là. M. Gauthier?
M. Gardner? M. Gérin-Lajoie?
M. GERIN-LAJOIE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Goldbloom?
M. GOLDBLOOM: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Grenier, absent. M. Harvey?
M. HARVEY: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Houde?
M. HOUDE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Maltais?
M. MALTAIS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Masse?
M. MASSE: Contre.
M. LE PRESIOENT: M. Mathieu?
M. MATHIEU: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Plamondon?
M. PLAMONDON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson?
M. PEARSON: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Russell, absent. M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Proulx?
M. PROULX: Contre.
M. CLICHE: Et mon vote, à moi, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Pardon, M. Cliche? M. CLICHE: Pour.
M. GERIN-LAJOIE: Le gouvernement est vraiment contre Amos.
M. LE PRESIDENT: Neuf à huit.
M. GERIN-LAJOIE: Alors on gagne, merci.
M. LE PRESIDENT: Non, non. Vous perdez. C'est neuf pour et huit
contre.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que vous vous attendiez à autre
chose?
M. BERTRAND: Alors, battu. Article 5, adopté. Article 6;
La loi entre en vigueur le premier juillet 1967. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Il y a un mot qui apparaît deux fois.
M. BERTRAND: En anglais?
M. GOLDBLOOM: Le mot « previous ».
M. BERTRAND: « With the previous authorization ».
M. GOLDBLOOM: Ce serait mieux de dire: « prior », qui
implique une relation de cause à effet, une condition
préalable.
M. BERTRAND: Voulez-vous « prior », au lieu de
« previous »?
M. GOLDBLOOM: Oui, à la deuxième ligne du premier
alinéa et à la troisième ligne du troisième
alinéa.
M. BERTRAND: A la première ligne...
M. GOLDBLOOM: A la deuxième ligne du premier alinéa
et à la troisième ligne du troisième alinéa.
M. BERTRAND: « Prior ».
M. GOLDBLOOM: Oui, et je suggérerais aussi que l'anglais
soit formulé de la même façon que le français, au
début: « Any regional School Board may, with the previous
authorization of the Minister, make for a fixed period... »
M. BERTRAND: Voulez-vous, M. le Président, noter ce que le
député...
M. GOLDBLOOM: En français, le mot: « peut »,
arrive avant la virgule. En anglais, le mot: « may » devrait
également arriver avant la virgule. « Any regional School Board
may, with the previous authorization of the Minister, make for a fixed
period... »
M. LE PRESIDENT: That is right, I catch it.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je note le fait qu'il a
fallu le vote du président pour que le gouvernement ne soit pas
renversé.
M. BERTRAND: C'est ça. Alors, de là l'importance
d'un président.
M. LE PRESIDENT: Merci monsieur.
M. GERIN-LAJOIE: D'un président nommé par le
gouverne menti
M. BERTRAND: D'un président. Alors, adopté. Alors,
le bill 37 est adopté.
M. LE PRESIDENT: On continue.
M. BERTRAND: Oui, moi, je suis prêt à continuer.
M. LE PRESIDENT: Le bill 40: « Loi modifiant la Loi des
subventions aux commissions scolaires. »
M. BERTRAND: Au sujet du bill 40, M. le Président, je
pense que c'est un bill que l'on doit analyser, autant que possible, article
par article. Je n'ai pas de commentaires généraux à faire
au début de l'étude de ce projet de loi, intitulé: bill
40, et qui apporte des amendements.
M. GERIN-LAJOIE: Article 1, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 1.
M. BERTRAND: L'article 1, un instant. Il s'agit du chapitre 237,
la Loi des subventions aux commissions scolaires, et l'article 1 du projet
modifie l'article 3, pour simplifier le mode de calcul des subventions aux
commissions scolaires régionales. Le mode de calcul actuel est
établi par l'article 17. Selon le mode de calcul actuel, les subventions
statutaires attribuables aux commissions scolaires régionales doivent
être calculées séparément pour chacune des
commissions scolaires locales qui en font partie. Et les subventions
statutaires varient, en effet, selon le pourcentage du revenu en taxes
foncières de chaque commission scolaire qui provient de compagnies. Le
montant versé à la régionale est le résultat de
l'addition de chacun de ces calculs effectués séparément
pour chaque commission scolaire membre d'une régionale. On nous informe
que ce système est extrêmement lourd sur le plan
administratif.
Alors l'amendement que nous proposons...
M. CLICHE: Plus pratique, est-ce que ça veut dire plus de
taxes ou moins de taxes? D'une façon différente...
M. BERTRAND: Cela veut dire des subventions plus
élevées pour la plupart des commissions scolaires. Cet amendement
qui est proposé cela répond un peu à la question
qui a été soulevée permet de calculer globalement
les subventions statutaires attribuables à la régionale. Et les
subventions seraient établies en fonction du pourcentage du revenu, les
taxes foncières provenant des compagnies pour l'ensemble des commissions
scolaires qui sont membres de la régionale. Ce nouveau mode de calcul
n'entraînerait qu'une variation légère dans le montant
total des subventions statutaires que recevrait la régionale par
comparaison obtenue, avec le résultat obtenu selon le mode de calcul
actuellement en vigueur. Et, en général, il semble que le montant
serait effectivement un peu plus élevé à cause de ce
nouveau mode de calcul.
M. CLICHE: M. le Président...
M. BERTRAND: Je vais donner trois exemples des deux modes de
calcul. Donnons un exemple, ici, pour la régionale Jean-Talon, selon le
mode de calcul actuel, la commission scolaire recevrait $230,196. Suivant le
nouveau mode de calcul, le montant serait de $237,214. Cela, ce sont les
chiffres, une augmentation d'environ $7,000. Dans le cas de la
régionale, on a pris la régionale du député de
Missisquoi, la régionale Missisquoi, $156,000 suivant le mode actuel,
et, suivant le nouveau mode de calcul, $174,454.
M. CLICHE: Est-ce qu'il y a des cas où il y aurait
réduction?
M. BERTRAND: Il y aurait certains cas où il pourrait y
avoir réduction d'environ $4,000 ou $5,000.
M. CLICHE: Pour faciliter le calcul, autrement dit?
M. BERTRAND: C'est ça. C'est la raison principale que l'on
nous a fournie pour apporter ce changement au mode de calcul, c'est une affaire
assez technique et, lorsqu'il s'est agi de l'étude de ce projet de loi,
j'ai demandé qu'on nous donne quelques exemples et j'ai ici le cas de la
commission scolaire régionale Jean-Talon...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que les
subventions pour les enfants qui sont au secondaire sous l'égide d'une
commission scolaire régionale sont toutes payées directement
à la commission scolaire régionale ou s'il y a des subventions
payées à la commission scolaire locale pour ces
enfants-là?
M. BERTRAND: Non, aucune.
M. GERIN-LAJOIE: A la régionale?
M. BERTRAND: Aucune, absolument aucune.
M. GERIN-LAJOIE: De sorte que ce mode de calcul pour la
régionale n'affecte en aucune façon la charge des commissions
scolaires locales?
M. BERTRAND: Non. Voici...
M. GERIN-LAJOIE: Parce que les commissions scolaires locales
contribuent au financement de la régionale à tant par
élève, indépendamment de leurs ressources fiscales,
mais...
M. BERTRAND: Nous pouvons peut-être ajouter quelques notes
qui répondront à cette objection-là. On pourrait faire une
objection à cette modification dans le mode de calcul, en se reportant
à l'article 488 de la Loi de l'Instruction publique, car, selon cet
article, les dépenses d'administration de commissions scolaires
régionales sont réparties entre les commissions scolaires, en
proportion des élèves de chacune qui, le 30 septembre,
fréquentent les écoles de la commission scolaire régionale
ou sont autrement à la charge de celle-ci. Et l'article continue: Les
subventions accordées à la commission régionale
relativement aux élèves de chaque commission scolaire sont
déduites de la part des dépenses de celle-ci. En
établissant, selon le mode de calcul proposé par l'article 1 du
présent bill, la subvention statutaire par élève, en
fonction du pourcentage du revenu des taxes foncières provenant de
compagnies pour l'ensemble du territoire d'une régionale, on se
trouverait à augmenter les subventions statutaires ainsi
calculées pour chaque élève d'une municipalité
où la taxe provenant des compagnies est proportionnellement plus
élevée que dans l'ensemble du territoire de la régionale
dont elle fait partie.
Alors, les milieux industriels seraient ainsi favorisés par
rapport aux milieux ruraux environnants, puisqu'ils recevraient des subventions
statutaires plus élevées et seraient donc appelés à
verser des montants moindres par élève au titre de la
répartition des dépenses. Mais cette situation se trouvera
toutefois immédiatement corrigée par l'amendement
déjà prévu à l'article 488 de la Loi de
l'instruction publique. Car, selon cet amendement qui sera
présenté dès la présente session, je dois dire
immédiatement que des lois qui sont déposées à
l'heure actuelle ne sont pas les seules que le ministre de l'Education a
l'intention de soumettre à la législature.
H y aura des amendements à la Loi de l'instruction publique et,
selon l'article 488, il serait remplacé par le suivant: « Pour
chaque année scolaire, la commission régionale établit la
somme que les commissions scolaires qui en font partie doivent lui payer pour
fin de dépenses d'administration et d'immobilisation, déduction
faite des subventions accordées à cette fin. Cette somme est
répartie entre ses commissions scolaires en proportion de la valeur
totale des biens imposables par chacune ».
Alors, le principe de la répartition en fonction de la valeur des
biens imposables pour chaque commission scolaire est déjà
appliqué en vertu de l'article 488, actuellement en vigueur, aux
dépenses d'immobilisation et dorénavant, en vertu de
l'amendement, le même principe s'appliquerait aux dépenses
d'administration.
Alors, quel que soit le nombre des ressortissants fréquentant la
régionale dont elles font partie, les commissions scolaires paieraient
à celle-ci une somme correspondant à leur richesse relative.
J'ai vu sourire tantôt le député de
Vaudreuil-Soulanges, l'ancien ministre de l'Education quand j'ai dit que
j'avais d'autres projets de loi à présenter. La Loi de
l'instruction publique, annuellement, est sujette à des amendements. Ce
n'est pas la première fois. Je pense que nous pourrons la déposer
dans le courant de la semaine prochaine.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, évidemment, les
gestes que j'ai faits, ce que j'ai manifesté sur mon visage autant que
par les gestes des mains, c'est que je m'étonne que le gouvernement, et
le ministre de l'Education en particulier, à ce moment-ci de la session,
à la mi-juin, alors que, de part et d'autre de la Chambre, on parle
d'ajournement ou de prorogation, qu'on nous parle encore d'un amendement qui
doit venir.
Je ne reprendrai pas mes observations de cet après-midi à
l'Assemblée législative, mais je serais tenté de les
reprendre intégralement. Je m'étonne d'un pareil retard, alors
que la session devrait normalement se terminer. Et je m'en étonne
d'autant plus que ce que le ministre vient de nous dire, si j'ai bien compris
il corrigera si je fais erreur c'est que l'amendement à
l'article 488 est essentiel pour l'application du bill 40, article 1, qui est
actuellement à l'étude. Et on nous demande d'adopter un article
qui, par lui-même, serait une source d'injustice pour certaines
commissions scolaires.
M. BERTRAND: En réponse d'abord au député de
Vaudreuil-Soulanges, je lui dirai que cela fait longtemps que je siège
au Parlement, on a déjà siégé jusqu'au 8
août. On ne s'est pas plaint.
M. HARVEY: Oui, mais nous n'avions pas commencé le 10
décembre.
M. GERIN-LAJOIE: Ah! tout le monde se plaignait, mais seulement,
je pensais que, cette année, on s'efforçait de faire mieux.
M. BERTRAND: Nous sommes restés au poste jusqu'à la
fermeture des Chambres.
M. HARVEY; Jusqu'au 6 août, mais nous avions commencé le 21
janvier et non le 10 décembre.
M. BERTRAND: Peu importe, peu importe! Nous avons
siégé et, de plus, il ne faut pas l'oublier, les
députés à l'heure actuelle, tout le monde l'a
accepté lorsque l'indemnité a été augmentée,
les députés sont payés mensuellement...
M. GERIN-LAJOIE: Mais ils ne sont pas payés pour rester
à Québec à ne rien faire. C'est cela le problème,
M. le Président. C'est qu'on est laissé sans travail.
M. BERTRAND: Nous ne sommes certainement pas à ne rien
faire! A moins que le député de Vaudreuil-Soulanges veuille
laisser entendre que nous ne faisons rien à l'heure actuelle, en
étudiant ces projets de loi là. Ces propos, à tout le
moins en ce moment, sont fort déplacés.
M. GERIN-LAJOIE: Ce que je veux dire, c'est qu'on a tenu trois ou
quatre ou une demi-douzaine de séances du comité de l'Education,
et qu'entre-temps, nous avons attendu des projets de loi du gouvernement, que
les bills en question ici sont inscrits au feuilleton depuis trois ou quatre
mois, qu'on a attendu que vous les étudiiez en réunion et
qu'entre-temps, on a poireauté.
M. BERTRAND: Si le député de Vaudreuil-Soulanges
les avait fait adopter l'an dernier, ces projets de loi quand ils ont
été déposés en Chambre, s'il les avait fait
adopter, nous n'aurions pas été obligés de revenir avec
cela cette année. Ils avaient été déposés en
Chambre, certains de ces projets de loi.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre se plaint qu'il y a eu un
appel au peuple l'an dernier?
M. BERTRAND: Au contraire, au contraire!
M. GERIN-LAJOIE: Bon, alors qu'on ne critique pas!
M. BERTRAND: Mais qu'on ne vienne pas nous reprocher d'avoir
déposé des projets de loi qui n'ont pas encore été
adoptés quand l'ancien ministre en avait déposé qui ne
l'ont pas été! Alors, il lui appartenait, à ce
moment-là, de les faire adopter par les Chambres. C'est pourquoi les
propos que nous tenons à l'heure actuelle n'avancent pas la discussion,
et nous serions aussi bien de nous en tenir à l'article 1 et de
continuer le travail positif que nous avons entrepris depuis le début,
depuis cinq heures, cinq heures et dix cet après-midi.
M. HARVEY: Parfait!
M. GERIN-LAJOIE: Mais, M. le Président, je refuse
d'adopter l'article 1, quant à moi, parce que nous ne sommes pas en
mesure de prendre une décision sur l'article 1 tant que nous n'avons pas
l'amendement à l'article 488 de la Loi de l'instruction publique. Nous
avons coopéré en adoptant d'autres projets de loi, je ne me
souviens pas si c'est le numéro 36, en tenant pour acquis qu'il y
aurait, par exemple, le bill numéro 39, qui viendrait après, et
que nous avons devant nous. Mais on nous demande d'adopter des projets de loi
en tenant compte d'autres qui viendront, dont nous n'avons pas encore le
texte.
M. BERTRAND: Nous n'avons pas d'objection, à ce stade-ci,
à inclure l'article 488 tel que... Mais il faudrait changer le titre de
la loi.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'on change le titre, mais, M. le
Président, je pense bien que le ministre conviendra que...
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection à remettre
l'étude de ce bill-là.
M. GERIN-LAJOIE: Et qui inclut son article 488 dedans.
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection, à première
vue...
M. GERIN-LAJOIE: Ce serait une affaire réglée.
M. BERTRAND: ... à introduire dans cette loi les
subventions aux commissions scolaires, un article qui relève de la Loi
de l'instruction publique. On a déjà adopté d'ailleurs
depuis le début de la session une loi modifiant la Loi de l'instruction
publique, sur la cotisation provisoire.
Je n'aurais pas d'objections à inclure, après l'article 1,
l'amendement que je viens de suggérer en changeant une petite lettre de
la loi: Loi modifiant la Loi des subventions aux commissions scolaires et la
Loi de l'instruction publique. Si ça peut calmer les
inquiétudes...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas une question de calmer les
inquiétudes, c'est la question de remplir notre fonction de
législateurs de façon rationnelle, de ne pas voter la
moitié d'une chose sans avoir l'autre moitié devant nous. Je veux
bien coopérer avec le ministre, mais...
M. BERTRAND: Je ne répondrai pas à ces
propos-là. J'ai fait une suggestion que j'aurais
préférée de beaucoup, étant donné que nous
avons des amendements à la Loi de l'instruction publique, mais ce n'est
pas la première fois que ça se fait. Alors, on peut inclure dans
le bill 40 la modification que je viens de suggérer à l'article
488 de la Loi de l'instruction publique en changeant le titre: Loi modifiant la
Loi des subventions aux commissions scolaires et à la Loi de
l'instruction publique.
M. GERIN-LAJOIE: Pour aider le ministre, je vais lui
suggérer que nous adoptions ceci sous toute réserve et
enfin je ne veux pas dire cela d'une façon blessante, mais je pense
qu'il va me comprendre qu'il prenne l'engagement au nom du gouvernement
que le bill 40 ne sera pas appelé en troisième lecture avant que
les amendements dont il vient de nous parler aient été
discutés...
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection dans la Loi de l'instruction
publique.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, par conséquent, il n'y aura pas
d'appel de troisième lecture.
M. BERTRAND: Alors, disons donc que la troisième lecture,
quant à ce bill, ne sera pas appelée avant que nous ayons
déposé et étudié l'autre loi.
M. GERIN-LAJOIE: Et étudié l'autre loi. M.
BERTRAND: D'accord. Alors adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2. Avez-vous
d'autres questions, messieurs de la gauche?
M. BERTRAND: Cet article 2, qui réfère à
l'article 4 de la Loi des subventions aux commissions scolaires, a
également pour objet de simplifier l'administration des subventions
statutaires aux commissions scolaires. Il prévoit que toute commission
scolaire aura droit à la subvention prévue à l'article 4
de la loi pour ses élèves de 8e année et des années
subséquentes, subvention, entre autres, pour l'organisation du cours
secondaire, subvention supplémentaire égale à celle qui
est prévue à l'article 3 de la loi, de $75 à $10 par
élève selon le pourcentage des taxes provenant des
compagnies.
Vous trouverez ça à la page 236 du recueil des lois de
l'éducation. Pour chaque élève de 8e ou 9e années,
subvention supplémentaire égale à une fois et demie celle
qui est prévue à l'article 3 pour chaque élève dont
le degré de cours correspond au moins à une 12e année de
scolarité.
Le texte actuel permet l'octroi de telles subventions seulement si la
commission scolaire compte au moins 60 élèves dans ses classes du
cours secondaire, et au moins 30 élèves dans ses classes s'il
s'agit d'une commission qui administre des écoles publiques
protestantes. C'est seulement dans des cas exceptionnels, de petites
commissions scolaires assumant elles-même l'enseignement secondaire, que
l'amendement proposé aurait une portée réelle.
M. BEAUPRE: Les élèves de 12e, 13e et même
s'il y avait une 14e année ne comptent pas aussi. Alors, à partir
de la 10e année, il n'y a pas d'exception, en montant, pour n'importe
quel genre de classes, de cours excepté, et en n'importe quelle
année même, s'il y a seulement cinq ou dix
élèves.
M. GERIN-LAJOIE: M. le ministre, pouvez-vous nous fournir les
chiffres quant au nombre d'écoles qui étaient dans les
catégories du nombre d'élèves inférieur à
celui ou à ceux qui sont prévus à l'article 4 de la loi
actuelle?
M. BERTRAND: On m'informe qu'il y en aurait très peu.
Maintenant, ça, c'est un renseignement que je pourrai fournir. On va
convenir avec moi qu'il est assez difficile de trafner tous les dossiers ici.
Je pourrai fournir les renseignements au député de Vaudreuil.
M. GERIN-LAJOIE: Ce qui me préoccupe surtout, en demandant
ces chiffres, c'est que l'article 4 de la loi, telle qu'elle existe, avait
été rédigé de cette façon pour, en somme, ne
pas encourager, si on peut dire, par des subventions, des commissions scolaires
qui maintenaient de petites classes, surtout au niveau secondaire où on
a besoin aujourd'hui de spécialisation et plus encore avec la
polyvalence, n'est-ce pas? Alors, je me demande jusqu'à quel point
l'amendement proposé peut faire disparaître cet
élément de dissuasion.
M. BERTRAND: Alors, comme je l'ai dit tantôt au
député de Vaudreuil-Soulanges, j'essaierai d'obtenir le chiffre
et je le lui donnerai. Cela s'appliquerait surtout dans le cas où il n'y
a pas de régionalisation. La régionalisation a corrigé
fortement cette situation.
M. GERIN-LAJOIE: Ma crainte, sur laquelle le ministre pourra
peut-être me rassurer, c'est que l'amendement ait pour effet d'encourager
les commissions scolaires non régionalisées à demeurer non
régionalisées. Je ne sais pas si le ministre avec les conseils de
ses fonctionnaires est en mesure de me rassurer là-dessus.
M. BERTRAND: Je ne peux pas à ce moment-ci. Je lui
fournirai le renseignement qu'il m'a demandé tantôt, quant au
nombre. Pour le moment, c'est tout ce que je peux lui répondre.
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. M. BERTRAND: Article
3. M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. BERTRAND: Il s'agit tout simplement d'un article de
concordance qui est rendu nécessaire par l'abrogation de l'article 497
de la Loi de l'instruction publique, abrogation qui a été faite
en vertu du bill 37, qui consiste dans la supression de l'obligation pour les
commissions scolaires de payer $200 au titre des frais d'inscription et de
scolarité pour les élèves relevant de leur juridiction et
fréquentant une institution d'enseignement secondaire reconnue. Cette
subvention étant remplacée par une subvention directe du
gouvernement à l'institution indépendante.
M. GERIN-LAJOIE: En vertu du bill 39. M. BERTRAND: Bill 39, c'est
ça!
M. BEAUPRE: M. le Président, est-ce que la Commission
scolaire de Montréal ou la Commission des écoles catholiques de
Québec va être exemptée également de ces paiements
aux institutions privées pour leurs élèves? Parce que la
loi, telle que constituée, évidemment, ne s'applique pas
tellement à Québec et Montréal, mais il y a un article qui
dit qu'au lieu de tous les articles de la loi...
M. BERTRAND: Bien sûr qu'elles vont être
exemptées.
M. BEAUPRE: ... Québec et Montréal ont un article
spécial,...
M. BERTRAND: Bien sûr cela s'applique, bien oui, elle est
abolie.
M. BEAUPRE: Je voulais être bien sûr. Alors,
même pour Québec et Montréal, il n'y aura pas de paiement,
aux institutions. C'est le gouvernement qui va payer pour toutes les
commissions scolaires incluant Québec et Montréal.
M. BERTRAND: Directement. C'est ça!
M. GERIN-LAJOIE: A cause de l'abolition
de l'article 497 que nous avons décrété par le bill
précédent.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. BEAUPRE: C'est parce que - le ministre comprendra il y
a un article spécial pour Québec et Montréal et on est
exempté, on n'est pas assujetti aux articles 7, 2, 3, 4,...
M. BERTRAND: Cet article 497 s'applique à toutes.
UNE VOIX: C'est aboli ça! M. BERTRAND: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Peut-être que le député de
Jean-Talon aimerait avoir la référence. Je pense bien qu'on peut
revenir au bill 37 pour le signaler. A l'article 5, du bill 37 que nous avons
adopté, on a abrogé purement et simplement l'article 497 actuel
de la Loi de l'instruction publique.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. GERIN-LAJOIE: Ce qui veut dire qu'aucune commission scolaire
de la province de Québec, quel que soit son mode de constitution, n'a
plus l'obligation ni même la latitude de payer $200 aux institutions
privées.
M. BERTRAND: Le député de Jean-Talon est content
que cette obligation soit disparue.
M. BEAUPRE: Cela coûtait $500,000... à
Québec.
UNE VOIX: Directement...
M. BERTRAND: A l'institution privée. Alors, article 3,
adopté.
M. VAILLANCOURT: Cela ne passe plus par la commission
scolaire.
M. BERTRAND: Alors, l'article 7 est abrogé. Cet article
n'a plus sa raison d'être étant donné les dispositions du
règlement numéro 1 du ministère de l'Education. Car la
notion de classe dans l'enseignement accéléré, dans le
contexte du règlement, n'a plus de sens, parce qu'en vertu de ce
règlement on permet le passage au cours secondaire
d'élèves n'ayant complété qu'une sixième ou
même une cinquième année d'étude au cours
élémentaire. Alors, tout cela, c'est à la suite de
l'adoption du règlement numéro 1 du ministère de
l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: La notion de classe elle-même est
abrogée.
M. BERTRAND: Cest ça. Adopté. L'article 5
s'applique, on le voit, à la Commission des écoles catholiques de
Montréal, au bureau métropolitain des écoles protestantes
de Montréal, à la Commission des écoles catholiques de
Québec et au bureau des écoles protestantes métropolitain.
L'amendement à l'article 14 accorde aux commissions scolaires
catholiques et protestantes de Montréal et de Québec, pour chaque
élève d'une classe d'enfants inadaptés, une subvention
égale à celle qui leur est versée pour un
élève du cours secondaire, soit $175 par élève, et
ces commissions scolaires recevaient, en vertu du texte actuel de l'article 14,
une subvention égale à $100 par élève d'une classe
d'enfants inadaptés du niveau élémentaire. Et l'amendement
à l'article 15 est un amendement concordant qui a pour objet de tenir
compte des dispositions du bill 37; il permet de tenir compte, dans le calcul
des subventions dues à une commission scolaire, du nombre des
élèves inscrits dans des institutions associées à
cette commission scolaire, en vertu d'une entente conclue, comme on en a
parlé tantôt selon l'article 96 de la Loi de l'instruction
publique, tel qu'amendé par le bill 37.
M. BEAUPRE: Tout à l'heure, le ministre a fait remarquer
qu'en vertu de l'article 3, soit le nouveau mode simplifié pour tenir
compte des capacités de payer et des subventions, que la plupart des
commissions scolaires bénéficieront d'une subvention accrue. Dans
l'article 5, on reprend le même texte qu'avant. On n'enlève que le
mot « sept» eton ajoute « d'une classe spéciale
visée ». En somme, on ne change absolument rien. Une fois de plus,
les commissions scolaires du grand Québec ou de Québec et de
Montréal ne recevront même pas les $6,000, ou les $26,000 ou les
$40,000 que les autres commissions scolaires de la province recevront.
Evidemment, il est mentionné « commission scolaire
protestante, catholique », est-ce que je peux faire remarquer au ministre
qu'au départ, tout de suite, il y a une injustice. La commission
scolaire protestante de Québec, par exemple, a un taux de taxation de
$1.25, $1.35 comparé à $2.25 et $1.75 pour les catholiques. Si
vous achetez une propriété et que vous êtes protestant, la
même propriété évaluée à $100,000,
vous allez payer $1,000 à $1,500 de plus si vous êtes catholiques
plutôt que protestant. Alors, tout de suite, cet article-là ne
tient pas compte des réalités changeantes des dernières
années. On rapièce exactement la
loi en changeant un mot. On ne profite pas de l'occasion qui serait
donnée au gouvernement de donner justice à Québec.
Voici qu'on nous parle, par exemple des maternelles. On mentionne $50
par élève. Est-ce qu'on prend conscience que la définition
du mot « maternelle » ne stipule qu'une classe maternelle, ce n'est
qu'une classe d'enfants dont la classe précède
immédiatement la première année de
l'élémentaire. Or, on sait fort bien qu'à Québec et
Montréal, par exemple à Québec, en 1966, il y avait 7.5%
de tous les élèves qui étaient en cinquième
année, qui n'avaient par conséquent pas droit, à ce
moment-là, à la subvention même de $50. Il y en avait 2.4%,
soit 345, qui n'y avaient pas droit non plus, qui avaient 4 ans.
Alors, voici 700 élèves, il y a un an, qui n'auront
même pas droit, en vertu de la définition au préambule de
la loi actuelle du chapitre 237, à la fichue subvention de $50, et, en
même temps, on incite les commissions scolaires de Québec et de
Montréal à faire commencer les classes plus jeunes aux enfants
pour accélérer, évidemment, leur revenu à
l'élémentaire et au secondaire. Mais, on ne leur donne aucun
encouragement.
Les commissions scolaires, comme celle de Québec, ne
reçoivent pas, à mon avis, la part qui leur est due,
comparée à ce que reçoivent les commissions scolaires
surtout des régions rurales. Moi, je pense que l'occasion est
donnée au gouvernement, à l'article 5, de donner la
faculté aux villes de Québec et de Montréal de
bénéficier exactement des mêmes régimes de
subventions que reçoivent les autres écoles de la province.
Pourquoi cette discrimination? Tout à l'heure, j'ai fait remarquer que
le salaire hebdomadaire moyen à Québec était de $80. Il
est de $115, j'avais dit $109. A Chicoutimi, il est de $115, puis $96 à
Montréal.
Alors, qu'on cesse de traiter la ville de Québec comme si elle
était riche. Qu'on la mette au moins sur le pied moyen de la province.
Le revenu hebdomadaire de la province est $9 plus élevé que celui
de Québec. Est-ce qu'on va encore considérer la ville de
Québec comme étant plus riche que les villes moyennes de la
province? Je crois que c'est irréaliste. Pour une fois, le gouvernement
a l'occasion de re-connaître à une ville de Québec la
faculté de choisi les subventions. Autrement, c'est de la discrimination
parce qu'on continue à traiter cette ville-là comme si elle
était riche, alors qu'elle est plus pauvre que la plupart des
municipalités de la province.
Donnons le moyen de faire un amendement, de dire que la commission peut
bénéficier de ce système ou du même régime
que les autres commissions scolaires. A ce moment-là, on ne pourra pas
accuser le gouvernement de n'avoir pas donné toutes les chances, au
moins à Québec.
M. BERTRAND: Je note le vibrant plaidoyer du député
de Jean-Talon.
M. BEAUPRE: Oui, mais ça ne règle pas le
problème.
M. BERTRAND: Non, je comprends tout ça.
M. BEAUPRE: Vous allez prendre, M. le Président,
simplement les statistiques publiées par tous les journaux. Vous allez
voir que seulement à Sainte-Foy, sur la rue voisine, disons, d'une rue
de Québec, les taxes pour la même propriété de
$15,000 sont de $200 inférieures à Sainte-Foy qu'à
Québec. Est-ce qu'on va continuer comme ça?
Voici que l'agglomération urbaine de Québec à 800,
740 âmes. Après trois siècles cette ville s'est
donné des institutions scolaires qui ont bénéficié
à toute la province. On continue à la considérer comme une
ville capable de subventionner les autres, alors qu'elle n'est même pas
capable de se subventionner. Au moins, qu'on la fasse bénéficier
du régime général, qui est celui des subventions
prévues à l'article 3, maintenant corrigé. Autrement, il y
a une injustice. Ce n'est plus acceptable aujourd'hui.
M. BERTRAND: J'ai déjà entendu, quand nous
siégions de l'autre côté, le député de
Limoilou, qui a plaidé également d'une manière aussi
vibrante que le député de Jean-Talon, la situation des
propriétaires, des contribuables de la ville de Québec en
m?.tiêre de taxation scolaire et en matière de taxation
municipale. Alors, pour le moment, je note le plaidoyer qui vient d'être
fait par le député de Jean-Talon et je pense bien que les
députés de Québec, qui sont ministres, verront à
stimuler, s'il y a lieu, le conseil des ministres dans ce domaine-là,
pour qu'une politique plus raisonnable soit adoptée.
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre me permettrait d'ajouter
ceci?
M. BERTRAND: Oui, ah oui! Vous pouvez ajouter tout ce que vous
voudrez.
M. BEAUPRE: Si vous prenez l'article 14, qui concerne les
commissions scolaires de Québec, par exemple, les subventions
prévues de $50, $100 et $175 sont les seules subventions, pratiquement,
que reçoivent les commissions
scolaires de Québec et de Montréal. J'ai dit, au
début de cette assemblée, que le budget comportait une
augmentation de $164 millions, 17.9% d'augmentation. On est à un
milliard, dont $730 millions payés par la province.
Or, non seulement la ville de Québec n'aura pas de subvention
accrue, mais elle va recevoir, selon les chiffres publiés par la
Commission des écoles catholiques de Québec, $109,000 de moins
cette année. En somme, elle ne recevra que 25% de son budget. Est-ce que
les bons sentiments vont suffire, cette année, à expliquer cet
écart? Nous recevrons $150,000 de moins cette année que l'an
dernier, selon les prévisions du trésorier de la Commission des
écoles catholiques de Québec.
Dans le même temps, pendant que nous, nous ne recevons absolument
aucune subvention pour la construction, $7 millions de projets ont
été annoncés, $3,500,000 viennent d'être
annoncés pour une école d'initiation au travaul au parc Victoria;
$2,300,000 pour une école secondaire polyvalente à
Limoilou-Ouest. Et c'est construit et payé par les seuls gens de
Québec. Le gouvernement ne donne aucune subvention, si j'en juge par les
lois qui régissent Québec spécifiquement et non pas les
mêmes lois que la province. Alors, considérant tous ces facteurs
qui privent la ville de Québec des mêmes droits que les autres
citoyens de la province, est-ce qu'on ne devrait pas lui donner au moins la
faculté de jouir des mêmes articles, quant aux subventions de
base, que celles qui sont mentionnées à l'article 3 qu'on vient
d'amender? Pourquoi ne pas le faire?
M. BERTRAND: La même situation existe à
Montréal. C'est un problème qui n'existe pas seulement à
Québec.
M. BEAUPRE: C'est moins pire à Montréal.
M. BERTRAND: J'admets, avec le député de
Jean-Talon, que les bonnes intentions, ou les bons sentiments ne règlent
pas ces problèmes-là.
M. BEAUPRE: C'est moins pire à Montréal de
beaucoup.
M. BERTRAND: Mais tout cela fait partie, j'en ai parlé
encore tantôt, du financement des commissions scolaires, et d'un
problème qui est complexe et qui doit être examiné, pour le
moment, par le gouvernement, comme le ministre des Finances l'a lui-même
déjà déclaré, à la lumière de tous
les rapports qui ont été présentés, le rapport
Bélanger, le rapport Morcel, le rapport Parent, le rapport Carter.
Je pense que nous avons tous les éléments là pour
faciliter l'adoption d'une politique de financement scolaire qui sera plus
adaptée aux besoins et aux obligations des commissions scolaires, en
général, de même que de la Commission scolaire catholique
de Québec.
M. BEAUPRE: M. le Président, me permettriez-vous de
suggérer au moins qu'on augmente de $50 à $75 pour la maternelle,
de $100 à $150, de $175 à $225? Je vous ai dit tout à
l'heure que le coût moyen était de $550 à Québec.
Comment voulez-vous qu'avec $50 pour un élève, s'il en
coûte en moyenne $550, ce qui veut dire $1,000 et $1,500 en
douzième année, que la commission scolaire puisse arriver? Ce
sont des vieux tarifs, les vieux taux d'il y a quelques années et
déjà le budget a augmenté de 300% depuis ce
temps-là ou 200%. Est-ce qu'il n'y a pas moyen pour rejeunir quelque peu
de mettre $225 au secondaire au lieu de $175 et $125 à
l'élémentaire au lieu de $100. Je crois qu'il y aurait une
justice distributive à exercer là, de la part du ministre.
M. BERTRAND: Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai
dit. Il s'agit de résolutions...
M. GERIN-LAJOIE: En paroles ou en argent?
M. BERTRAND: Ni en argent ni en paroles pour le moment. Je ne
veux pas me répéter. Il s'agit de résolutions
énoncées suivant les règles parlementaires à
l'effet que cela devrait être proposé par le ministre de la
couronne. Dans les circonstances, je dis que je ne peux pas apporter ou
répondre à la demande qui est formulée par le
député de Jean-Talon.
M. BEAUPRE: Est-ce que la définition du mot «
maternelle », « classe maternelle » ne pourrait pas
être amendée pour enlever cette restriction qu'il s'agit d'une
classe précédant immédiatement
l'élémentaire? Est-ce que ça ne serait pas possible, au
moins de définir...
M. BERTRAND: Pour le moment, je dis non.
M. BEAUPRE: Est-ce que ça pourrait perturber tout
l'ensemble du système? Est-ce que ça pourrait, à part
d'une considération d'argent..? Le ministre pourrait-il me donner...
M. BERTRAND: Cela pourra venir, comme je l'ai dit tantôt,
mais pour le moment, je dis non. Je pense que le député de
Jean-Talon aime mieux une réponse claire comme celle-là
plutôt que des promesses...
M. BEAUPRE: Oui, j'aurais voulu...
M. BERTRAND: ... en l'air. Alors, conscient de mes
responsabilités, j'aime mieux être très franc et lui dire
pour le moment, non, que de tenter de lui faire reluire des espoirs que je ne
saurais combler.
M. BEAUPRE: Maintenant, M. le Président, est-ce qu'on
pourrait me permettre de souligner une...
M. BERTRAND: Cela ne veut pas dire que je n'ai pas pris
très bonne note de...
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre de l'Education me permettrait
de lui souligner ceci? Dans un autre projet de loi que nous étudierons
tout à l'heure, il est question de subventions aux institutions
indépendantes qui passeront de $350 à $425. Or voici...
M. GERIN-LAJOIE: $550.
M. BEAUPRE: $450.
M. BERTRAND: A $550.
M. BEAUPRE; Bon, $550. Or, voici...
M. BERTRAND: Au niveau collégial.
M. BEAUPRE: C'est ça. Or voici, il y a au niveau
collégial 18,000 élèves au secondaire dans les
écoles de la ville de Québec alors qu'il y en a 13,000 dans les
institutions privées de la ville de Québec dont huit dans mon
comté. Si nous voulions être méchants, nous n'aurions
qu'à dire à notre commission scolaire; Messieurs, envoyez tous
les enfants dans les institutions privées et le gouvernement va donner
jusqu'à $550 par élève! Si vous venez chez nous nous
n'allons avoir que $150.
M. BERTRAND: Pas au secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: La douzième année, M. le
ministre.
M. BERTRAND: Pas au secondaire. M. BEAUPRE: Au postsecondaire...
M. BERTRAND: Au postsecondaire...
M. BEAUPRE: Je m'excuse, mes chiffres de tout à l'heure
incluaient le secondaire et le postsecondaire.
M. GERIN-LAJOIE: La commission scolaire de Québec donne
une douzième et je me demande si elle ne donne pas dans certains cas une
treizième année?
M. BEAUPRE: Elle donne la treizième, quatorzième,
elle donne la douzième commerciale...
M. BERTRAND: Dans un bon nombre d'écoles, en effet,
à Québec on donne...
M. BEAUPRE: On donne douzième, treizième,
quatorzième, on donne toutes les sciences, latin, grec, on donne les
classes commerciales, on donne les classes classiques, les classes
administratives. Je pense qu'on a douze disciplines.
Alors le ministre comprend-il que l'écart qu'il y aura entre la
subvention qui sera versée à une institution privée de la
ville de Québec, soit jusqu'à $550, et la subvention qui sera
versée si l'élève va à la commission scolaire
publique, ne sera que de $100, $150 et $175? Avec cet écart de $175 d'un
côté, si l'élève est reçu par la commission
scolaire, et de $550 de l'autre s'il va au collège des Jésuites,
au collège Garnier ou au collège des Ursulines, quelle justice
y-a-t-il à ce moment-là? Pourrions-nous blâmer les citoyens
d'envoyer tous leurs élèves dans les institutions privées?
Est-ce qu'on pourrait blâmer tous les parents d'envoyer tous leurs
élèves dans les institutions privées, à ce
moment-là, s'ils sauvent une fortune?
M. BERTRAND: Je me demande si, par contre, la Commission des
écoles catholiques de Québec ne dépasse pas les limites de
sa juridiction...
M. BEAUPRE: Comme nous le disait récemment le ministre,
c'est le gouvernement qui lui donne les commissaires, ce ne sont pas les
électeurs, ce ne sont pas les contribuables, ce ne sont pas les
propriétaires ni les locataires, c'est le gouvernement...
M. BERTRAND: Alors, je demande à mes officiers d'examiner
de très près ce problème qui vient d'être
soulevé par le député de Jean-Talon.
M. BEAUPRE: Cet égard-là peut se traduire pour
2,000 à 5,000 élèves, par $1 million, $2 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, le député
de Jean-Talon vient de mettre en lumière une fois de plus un
problème très grave à la Commission des écoles
catholique de Québec, comme il existe aussi à Montréal le
problème de commissaires qui ne sont pas élus et qui ne sont
responsables absolument à personne, même pas comme le ministre
nous l'a dit tout à l'heure, au ministre de l'Education, sauf en ce qui
concerne les programmes. Mais, au point de vue de l'administration
financière, la Commission des écoles catholiques de Québec
prépare son budget, le soumet à l'approbation du ministère
de l'Education, mais le ministère de l'Education, en autant que je
sache, n'intervient jamais pour empêcher la Commission des écoles
catholiques de Québec de dispenser quelque enseignement que ce soit et
même des enseignements qui sont au-delà de la compétence de
la Commission des écoles catholiques de Québec ou de toute
commission scolaire de la province.
Je pense que ce que le député de Jean-Talon a mis en
lumière devrait constituer non seulement une invitation mais une
espèce d'injonction, je le dis très respectueusement, au ministre
de l'Education d'examiner cette situation de très près et
d'intervenir pour représenter précisément, à la
place des commissaires élus que la ville de Québec n'a pas, les
contribuables et les parents de la ville de Québec, de sorte que
l'administration de la Commission des écoles catholiques de
Québec soit vraiment conforme aux meilleurs intérêts des
contribuables tels qu'ils peuvent être appréciés par des
élus du peuple.
M. BERTRAND: Disons que j'essaierai de faire ce que l'ancien
ministre n'a pas fait.
M. BE AUPRE: Et pour compléter, est-ce que le ministre
nous dirait ce qu'il va advenir de cette situation où $550 seront
donnés pour le même élève s'il va chez les
Jésuites et $175 s'il va dans une école de la commission
scolaire? Qu'est-ce qui va corriger cet...
M. BERTRAND: J'admets qu'il y auralàune situation
d'inégalité.
M. BEAUPRE: Le ministre pourra-t-il nous en vouloir si nous
demandons à nos enfants de remplir les collèges classiques, les
collèges d'institutions indépendantes qui sont dans mon
comté?
M. BERTRAND: Mais quand les parents envoient un enfant dans une
école indépendante, ils sont obligés de payer.
M. BEAUPRE: Avec $550, ils ne paieront pas grand-chose.
M. BERTRAND: Ils sont obligés de payer quand
même.
M. BEAUPRE: Oui, mais ils vont le gagner en taxe.
M. BERTRAND: Ils vont être obligés de payer quand
même.
M. BEAUPRE: Parce qu'à l'heure actuelle, ça leur
coûte énormément cher.
M.BERTRAND: Ils paient en même temps les taxes à la
Commission des écoles catholiques...
M. BEAUPRE: Oui, mais ils vont en payer moins si on les envoie
dans les collèges des institutions indépendantes.
M. BERTRAND: Ils paient quand même la taxe à la
Commission des écoles catholiques de Québec.
M. BEAUPRE: On va en payer beaucoup moins.
M. BERTRAND: Alors, j'ai pris note des remarques du
député de Jean-Talon.
Adopté? Six. On abroge 16 et 17, l'article 16 constituerait une
disposition désuète en raison de l'instauration du régime
des subventions d'équilibre budgétaire aux commissions scolaires.
Cette disposition n'a d'autre effet que de rendre inutilement complexe
l'administration de la loi des subventions aux commissions scolaires.
Quant à l'article 17, son abrogation fait suite à
l'amendement proposé à l'article 7 du présent projet de
loi. La suppression, deuxième alinéa de l'article 17, simplifiera
l'administration des subventions dans le cas d'ententes entre commissions
scolaires. Les subventions payables en vertu des articles 3, 4 et 8 de la loi
seront donc versées à la commission scolaire qui reçoit
les élèves d'une autre commission scolaire, par suite d'une
entente, comme on en a parlé tantôt à cet effet. Cette
subvention sera déduite des frais de scolarité qui seront
exigés de la commission scolaire qui confie à une autre
commission scolaire l'enseignement d'élèves relevant de sa
juridiction.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous donner
l'assurance bien formelle que l'abrogation de l'article 16 n'affectera
défavorablement, au point de vue financier, aucune, et je dis bien
aucune commission scolaire de la province?
M. BERTRAND: C'est ce qu'on m'a affirmé.
Les vérifications qui ont été faites concluent que
la disparition ou l'abrogation de ces articles rendent complexes, comme je l'ai
dit tantôt, l'administration de la loi des subventions aux commissions
scolaires.
On peut être sûr que cela n'est pas fait en vue de nuire,
car les officiers du ministère n'ont pas reçu du ministre de
l'Education d'instructions ou de directives pour chambarder l'administration,
mais au contraire, pour la rendre moins complexe et plus flexible.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends bien les bonnes intentions du
ministre de l'Education: je veux simplement avoir l'assurance qu'aucune
commission scolaire ne sera défavorablement frappée par
l'adoption de la loi. Le ministre est-il en mesure de me donner cette
assurance-là?
M. BERTRAND: D'abord, l'article 16, qui réfère
à un taux de 75% du montant des traitements du personnel enseignant pour
l'année en cours, avec le bill 25, c'est joliment désuet et
inutile.
M. GERIN-LAJOIE: On avait bien l'impression que le bill 25 aurait
des effets.
M. BERTRAND: Le bill 25, il y a eu des articles de publiés
je ne reviendrai pas là-dessus qui ont indiqué que
nous avions fait un pas en avant, un pas heureux dans ce domaine, malgré
toutes les critiques que nous avons reçues. Mais passons. Nous ne sommes
pas ici pour discuter du bill 25. Article 6, adopté?
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté. Article 7.
M. BERTRAND: L'article 7 prévoit deux modifications
à l'article 18; d'abord, un amendement de concordance, qui est la
suppresssion des chiffres cinq et sept dans le cinquième alinéa
par suite des amendements proposés dans le présent bill au sujet
desdits articles. Et, deuxièmement, un changement dans les
modalités de paiement, de subventions statutaires aux commissions
scolaires de Montréal et de Québec Le paiement de ces subventions
prévues par l'article 14 se ferait, en deux versements, en avril et en
juin, plutôt qu'en quatre versements, en octobre, janvier, avril et
juin.
Ces commissions scolaires et nous l'avons fait cette année
à la suite de lettres que j'ai envoyées aux commissions scolaires
intéressées qui ont toutes accepté dans chaque cas
peuvent, en effet, assurer le financement de leurs dépenses de
fonctionnement, à même leur revenu propre durant les neuf premiers
mois de l'année scolaire. Il n'est donc pas nécessaire que les
subventions qui leur sont dues, en vertu du chapitre 237, leur soient
versées avant le 1er avril de chaque année scolaire.
M. BEAUPRE: M. le Président...
M. BERTRAND: Le décalage dans les dates de paiements de
subventions à ces commissions scolaires comporte, il n'y aucun doute,
des avantages du point de vue des déboursés à être
effectués par le gouvernement au cours de l'exercice financier 67/68,
sans pour autant modifier les sommes qui leur sont attribuées. Et je dis
que pour la présente année, nous l'avons fait.
Et les commissions scolaires concernées, Montréal et
Québec, n'ont pas trouvé que cela avait de mauvais effets sur
leur financement.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre de l'Education se
rend...
M. LE PRESIDENT: M. Beaupré, s'il vous plait
M. BEAUPRE: Je veux simplement demander au ministre s'il a fait
un calcul rapide pour Québec et Montréal au point de
l'intérêt que ces commissions scolaires devront payer aux banques
pour les sommes qui leur seront versées. Moi, j'ai fait un calcul
rapide, et j'ai l'impression que cela va coûter seulement à la
commission scolaire de Québec à peu près $6,000 ou $7,000
de plus.
M. BERTRAND: Non, elles perçoivent leurs taxes à
l'automne et j'ai moi-même, à l'époque, communiqué
avec le président de la Commission scolaire de Québec, en
particulier, lorsqu'il s'est agi de leur demander de changer ce mode de
versements. Et on m'a dit qu'il n'y avait pas de problème.
M. BEAUPRE: Le renseignement est inexact, la perception n'est pas
faite...
M. BERTRAND: Je donne le renseignement que j'ai obtenu.
M. BEAUPRE: Il n'est pas exact. La perception est faite par la
ville de Québec, moyennant une entente dont se plaint la commission
scolaire, entente qui coûte $280,000 à la commission scolaire et
qui est le coût réel pour la perception par la ville de
Québec et le coût également des emprunts que la ville fait
auprès des banques pour verser l'argent aux dites com-
missions scolaires à l'heure et à l'époque qu'elles
désirent. Parce que les perceptions par la ville se font en novembre: si
on paie avant, on a une ristourne et si on paie après, on paie un
intérêt.
Mais c'est le 1er novembre que les taxes sont dues et c'est la ville de
Québec qui est obligée d'emprunter aux banques pour verser
auxdites commissions scolaires les montants qui leur sont dus. Alors, c'est
l'un ou l'autre. C'est la ville de Québec qui va payer ou la commission
scolaire qui va recevoir moins. Il va y avoir un écart de $6,000
à $8,000 d'intérêt. Je trouve qu'au lieu de recevoir
quelque chose...
M. BERTRAND: Il y avait même des commissions scolaires qui,
recevant ces subventions, les plaçaient et retiraient des
intérêts.
M. BEAUPRE: Je signale au ministre que ce n'est pas le cas avec
la Commission scolaire de Québec. Dans ce paragraphe, on parle de la
subvention prévue à l'article 14 et ça ne vise que les
commissions scolaires de Québec et de Montréal. Alors, c'est une
autre petite injustice à mon avis qu'on est en train...
M.BERTRAND: Les renseignements que j'ai donnés
tantôt, lorsque j'en ai parlé au président des commissions
scolaires, le député de Jean-Talon dit qu'ils ne sont pas exacts,
ce n'est pas ce qu'on me dit.
M. GERIN-LAJOIE: J'aimerais attirer l'attention du ministre sur
la situation suivante. A la lumière de ce que le ministre nous dit
lui-même, les commissions scolaires de Québec et de
Montréal subiront un désavantage financier indubitable à
la suite de cet amendement. Je pense que cela est particulièrement grave
dans le cas de Québec, parce que l'une de deux choses se produit: ou
bien la commission scolaire, prenons celle de Québec, sera
obligée d'emprunter en attendant de recevoir ces subventions, et dans ce
cas elle paiera de l'intérêt à la banque, ou bien elle
n'aura pas besoin d'emprunter, parce qu'à l'heure actuelle elle
reçoit des sommes, à toutes fins pratiques, plus ou moins par
anticipation de ses besoins.
Les sommes qu'elle reçoit ou recevrait ainsi par anticipation de
ses besoins, parce qu'elle percevrait, disons dès le mois de novembre,
et sa taxe foncière et certaines subventions, à l'heure actuelle,
ces sommes, la commission scolaire les place, elle les prête le
ministre vient même d'y faire allusion. Ce qui veut dire que, dans ces
cas-là, la Commission scolaire de Québec recevrait certains
intérêts. Qu'on trouve cette situation juste ou injuste,
régulière ou peu régulière, ce qu'il y a de
certain, c'est qu'où bien la Commission scolaire de Québec devra
débourser des sommes en empruntant à la banque ou bien elle se
trouvera privée d'un intérêt qu'elle retirait
jusqu'à maintenant.
Dans l'un et l'autre cas, cela signifie une somme de quelques milliers
de dollars par année qui apparaîtra en moins dans les recettes de
la Commission des écoles catholiques de Québec comme dans les
recettes, d'ailleurs, de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Mais la situation j'insiste est
particulièrement grave à Québec où le taux de la
taxe foncière est évidemment très élevé
les Québécois en savent quelque chose, le ministre et les
fonctionnaires du ministère de l'Education aussi. Alors, je pense que,
pour la ville de Québec en particulier, cet amendement représente
un désavantage financier très sérieux que nous ne pouvons
vraiment pas accepter tel quel. Je ne sais pas si le ministre a des
observations supplémentaires.
M. BERTRAND: Les observations que j'avais à faire, je les
ai faites tantôt. Je n'ai pas l'intention d'y revenir.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. BINETTE: On parle de subventions pour le transport des
écoliers. Actuellement, les commissions scolaires ne sont pas
obligées de demander des soumissions publiques pour l'octroi de contrats
de transport.
M. BERTRAND: On ne change pas ça.
M. BINETTE: Est-ce que c'est l'intention du gouvernement de
forcer les commissions scolaires? Vous ne le changez pas ici, mais c'est une
question que je pose en aparté.
M. BERTRAND: Non.
M. BINETTE: Est-ce qu'il est question que le gouvernement, par
exemple...
M. BERTRAND: Nous avons nomme une commission
d'enquête...
M. BINETTE: ... modifie les règlements et force les
commissions scolaires à demander...
M. BERTRAND: ... sur tout le problème du transport: cette
commission est présidée par M. Lois Lachapelle, et nous attendons
le rapport de cette commission. Un instant. Je pourrai produire
l'arrêté ministériel. Je sais que le mandat de la
commission d'enquête a été prolon-
gé et, si mon souvenir est bon, c'est vers le 30 décembre.
Nous attendons le rapport de la commission pour le 31 décembre 1967,
mais je pourrai produire une copie de l'arrêté
ministériel.
On me fait noter, par l'article 207 de la Loi de l'instruction publique,
que le contrat pour le transport des enfants est accordé à la
suite d'une demande de soumission faite au moyen d'un avis public
spécifiant toutes les conditions du service à effectuer pour une
période n'excédant pas cinq ans. C'est la situation...
M. BINETTE: Il arrive que des commissions scolaires ne demandent
pas de soumissions publiques. C'est ça qui est le problème.
M. BERTRAND: C'est la situation actuelle.
M. BINETTE : Mais elles ne sont pas forcées parce qu'il
arrive que les commissions scolaires ne demandent pas de soumissions
publiques.
M. BERTRAND: Mais la commission d'enquête sur le transport
nous fera, sans aucun doute, d'excellentes recommandations, je l'espère.
Cette commission d'enquête dont on avait entendu parler en 19... Alors,
pour compléter ce que j'ai dit, cette commission nous fera rapport et
cette commission, on en avait parlé, si mon souvenir est bon, à
l'occasion d'une réunion au Château Bonne-Entente, à
Québec, où l'ancien ministre de l'Education nous avait
convoqué. Je pense que c'est en 1965.
M. GERIN-LAJOIE: A l'automne.
M. BERTRAND: A l'automne de 1965. Et nous avons vu à la
former parce qu'elle ne l'avait pas été auparavant.
Alors, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Quant à l'article 7, adopté sur
division, M. le Président.
UNE VOIX: Sur?
M. BERTRAND: Article 8. C'est un article de concordance
justement...
M. GERIN-LAJOIE: Sur division, cela veut dire que nous ne sommes
pas d'accord et qu'on ne demande pas un vote enregistré, je pense.
M. LE PRESIDENT: Ah bon!
M. BERTRAND: Article 8. C'est un article de concordance qui tient
compte des articles 3 et 18 de la loi de même que de l'article 14 tel
qu'amendé par l'article 7 du présent projet de loi. C'est tout
simplement de la concordance.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si vous me permettez,
j'aimerais suggérer une modification au texte anglais.
M. BERTRAND: Très bien.
M. GOLDBLOOM: C'est parce que le mot « stoppage »,
c'est un genre de saisie de salaire. Ce n'est pas ce que l'on veut. C'est une
retenue pour fin du régime des rentes.
M. BERTRAND: Que suggérez-vous?
M. GOLDBLOOM: « The amount necessary to pay salary
deductions ».
M. BERTRAND: « Salaries deductions ». M. GOLDBLOOM:
« Salary deductions ». M. BERTRAND: « Salary
deductions ». M. GOLDBLOOM: Oui. M.BERTRAND: Voulez-vous le noter?
M. LE PRESIDENT: A la place de « stoppage ».
M. BERTRAND: Ce n'est pas tout à fait ça. M.
GOLDBLOOM: Je l'ai écrit ici.
M. BERTRAND: Article 13, 14 du Régime de retraite des
enseignants, nous les avons ici.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, à la page 281 du recueil, on voit
quelle est la formulation qui est employée.
M. GOLDBLOOM: Cela doit être la même! Mais si on
remplace l'article par un nouveau...
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais c'est dans un nouveau... Je pense
qu'il était préoccupé de la concordance entre nos
lois.
M. BERTRAND: Voici ce que dit l'article 17 du régime de
retraite. « The amount of the
deductions shall be deducted from any grant payable in accordance with
the School Boards grants, Revised Statutes 1964. »
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le texte de la loi des pensions
donne raison au député de D'Arcy-McGee. C'est le mot «
deduction » qu'il faudra employer.
M. BERTRAND: Au lieu de... oui... M. GOLDBLOOM: Et pour ne pas
répéter... M. BERTRAND: « Salary deductions ».
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BERTRAND: Alors, voulez-vous l'ajouter.
M. LE PRESIDENT: « Deductions ».
M. BERTRAND: Oui, à la place de « stoppages
»
M. GOLDBLOOM: « Salary deductions ». « Salary
» au singulier et « deductions » au pluriel. Pour ne pas
répéter le même mot une deuxième fois, j'aurais dit
« ...shall be withheld from the second instalment... »
M. BERTRAND: Très bien.
UNE VOIX: Excellent.
M. BERTRAND: Adopté. Article 9, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Il va le corriger le texte là.
M. GERIN-LAJOIE: Au nom de certains députés que
j'ai eu l'occasion de consulter...
M. BERTRAND: ... au nom de...
M. GERIN-LAJOIE: ... je proposerais au ministre de l'Education de
remettre l'étude du bill 39 à demain avant-midi. Nous n'avons pas
de réunion de comité de prévue là.
M. BERTRAND: Attendez un peu. Il y a des comités demain
dans la matinée.
M. LEDUC (Laviolette): Il y a des bills privés.
M. LE PRESIDENT: Il y a dix bills demain, je pense.
M. BERTRAND: Il y a, demain matin, plusieurs bills privés.
Il y a de plus le comité de l'assurance-récolte, je pense, qui
siège et, quant à moi, demain matin, je dois aller à
Montréal.
M. GERIN-LAJOIE: Demain matin ou après-midi?
M. BERTRAND: C'est-à-dire, je pars demain matin. Demain
midi, je suis obligé, j'entends, d'accomplir un devoir social au nom du
Québec. Je reçois le président d'Allemagne, demain,
à un déjeuner, et je serai de retour, je l'espère,
immédiatement après, ici, vers 4 heures, demain
après-midi. Je ne voudrais pas être accusé de retarder les
travaux. Le député de Vaudreuil-Soulanges m'a dit tantôt
qu'on retardait. Je n'ai pas d'objection à ce que l'étude du bill
39 soit remise à demain. Il y aura certainement moyen de s'entendre,
demain après-midi, dès mon retour, ou demain soir pour...
M. CLICHE: Demain soir.
M. BERTRAND: ... que nous continuions les travaux du
comité parlementaire. Mais, encore une fois, je ne voudrais pas qu'on
fasse de reproche au ministre de l'Education qui est prêt, lui, avec tous
les membres du comité qui siègent de son côté,
à continuer l'étude, même si nous sommes rendus à la
onzième heure.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que c'est le voeu d'un certain nombre
de...
M. BERTRAND: Pas d'objection à continuer. Je comprends que
l'on continue en Chambre, à ce moment-ci. Est-ce qu'on est encore sur la
loi du cinéma?
M. HARVEY: Ah oui! il semble que le leader...
M. GERIN-LAJOIE: Si le ministre compte être de retour vers
4 heures, je pense bien qu'à son appel, on pourrait régler la
question avant le souper, qu'on siège à 4 h 30 ou à 5
heures. En 1 heure, je pense bien...
M. BERTRAND: Alors, étant donné qu'il y en a qui
veulent aller au cinéma, nous allons leur permettre d'aller suivre une
séance. Alors, M. le Président, vous pourrez le faire, à
moins que l'on préfère attendre pour faire les rapports au sujet
des quatre bills.
M. LE PRESIDENT: La séance est levée.
(Séance du 15 juin 1967)
(Huit heures et quarante minutes de la
soirée)
M. PROULX (président du comité de
l'éducation): La séance est ouverte, messieurs. J'ai
reçu cet après-midi une lettre de M. Desaulniers, du service
d'information de la Corporation des instituteurs et des institutrices
catholiques du Québec, qui vous envoie ces deux communiqués de
presse, qui seront publiés peut-être dans les journaux. Je vous
prie donc de tenir compte de ces deux communiqués de presse. M. le
ministre, malgré la grande chaleur, je vous donne la parole.
M. BERTRAND: Probablement à cause de la grande chaleur. M.
le Président...
M. BINETTE: Est-ce qu'il y aurait possibilité d'attendre
quelques minutes?
M. BERTRAND: Je ferai des commentaires très courts.
M. BINETTE: Que vous voulez faire.
M. BERTRAND: Oui, très généraux. Alors, s'il
y a des problèmes que posent ces commentaires généraux,
sans doute les membres du comité qui sont présents pourront-ils
les communiquer à leur collègue, le député de
Vaudreuil-Soulanges, lorsqu'il sera arrivé.
M. BINETTE: D'accord.
M. BERTRAND: Tout simplement, je voudrais dire ceci, que le bill
39 d'abord, c'est le quatrième projet de loi que nous
étudions au comité parlementaire de l'éducation. Son
titre, c'est la Loi des subventions aux institutions d'enseignement
privées. Ce projet a pour but d'instituer un nouveau régime de
subventions au niveau secondaire ou postsecondaire en faveur des institutions
indépendantes reconnues par le ministère de l'Education.
Bien entendu, par l'adoption de cette loi, le chapitre 238 actuel des
Statuts refondus de 1964, se trouvera abrogé. Je soumets que le
présent projet de loi simplifie le régime actuel de financement
des institutions indépendantes et permet de verser à ces
institutions des subventions plus conformes à leurs nouveaux besoins.
D'ailleurs, nous avons adopté le bill 36, qui avait pour but de modifier
temporairement le chapitre 238 de la Loi de l'éducation, et d'apporter
certains correctifs qui permettaient au gouvernement d'ajuster le montant des
subven- tions aux institutions indépendantes pour l'année
scolaire 66/67.
Le bill 39 corrige encore plus substantiellement le régime actuel
de financement, et davantage par l'annonce que f ai faite en Chambre hier,
dûment autorisée par le lieutenant-gouverneur, conformément
aux règles parlementaires, que les subventions au niveau
collégial de $450 par élève, tel que prévu au bill
que nous avons devant nous, seront portées à $550, et j'aurai
tantôt un amendement à proposer à ce sujet.
Toutefois, le bill 39, comme le bill 36, établit des dispositions
transitoires, qui prendront toute leur signification dans le contexte de cette
loi-cadre des institutions indépendantes dont j'ai parlé lors de
mon discours en deuxième lecture sur le projet de loi, bill 21,
c'est-à-dire ce que l'on appelle les collèges d'enseignement
général et professionnel.
En ce qui concerne la part de l'Etat, donc au financement des
institutions indépendantes, nous considérons que, pour les
années scolaires 1966 et 1967 de même que 1967 et 1968, il s'agit
là d'une période de transition. La loi-cadre instituera sans
aucun doute un régime plus stable, plus cohérent, et, comme je
l'ai déjà annoncé, un comité sera incessamment
formé, groupant les représentants de toutes les institutions
indépendantes, deuxièmement, des associations de parents
également, qui ont des enfants étudiant à ces
différents niveaux d'étude, et ce comité travaillera en
étroite collaboration avec les officiers de notre ministère, de
même que nos conseillers juridiques, en vue de préparer un projet
de loi qui sera discuté au cours de la session de 1968, ce qui veut dire
à compter de janvier prochain.
J'aurai l'occasion, d'ailleurs, tantôt, en étudiant les
articles du bill, de faire quelques remarques. Mais je voudrais
immédiatement dire ceci. En résumé, le bill 39 contient
quatre dispositions majeures.
Premièrement, il uniformise, par élève, de niveau
secondaire, à $350, et il hausse et uniformise, suivant l'amendement que
j'ai déjà annoncé en Chambre et que j'apporterai à
la loi, à $550 la subvention par élève de niveau
postsecondaire, c'est-à-dire de niveau collégial.
Deuxièmement, il abroge, bien entendu, la loi des subventions aux
institutions d'enseignement classique et à d'autres écoles.
Statuts refondus 1964, chapitre 238, tel que nous l'avons modifié par le
bill 36.
Troisièmement, il autorise le lieutenant-gouverneur à
faire des règlements sur la recommandation du ministre de l'Education
pour: 1) Déterminer les conditions que doit remplir
une institution d'enseignement privée afin d'être reconnue
par le ministre comme admissible aux subventions établies par le projet
de loi; 2)Déterminer les cours secondaires et postsecondaires qui
peuvent être reconnus par le ministre aux fins également des
subventions du présent projet de loi; 3) Fixer la date du paiement des
subventions. J'ai, également, lors de mon discours sur le bill 21,
annoncé que le comité des cas exceptionnels, dont le rôle,
depuis 1965 a consisté en ceci, et je reviens. J'ai déjà
annoncé que le comité des cas exceptionnels, son rôle
serait élargi, précisé et tout cela, comme mesure
transitoire également, en attendant la loi-cadre qui sera
déposée lors de la prochaine session de 1968.
Depuis 1965, ce comité des cas exceptionnels a reçu et
étudié les demandes d'un certain nombre de collèges
classiques pour lesquels il s'imposait, dans les circonstances données,
de chercher une solution temporaire au problème de leur financement en
attendant qu'une politique générale de financement des
institutions indépendantes soit mise au point.
Ce comité, qui comprenait des représentants du
ministère et des personnes désignées par la
Fédération des collèges classiques, la
Fédération des commissions scolaires, le Syndicat professionnel
des enseignants, l'Union générale des étudiants du
Québec, l'Association des parents et des élèves des
collèges classiques, a procédé de la manière
suivante. D'abord, il analysait les revenus de l'institution qui se
présentait devant lui en tenant compte, en particulier, des frais
qu'avaient à payer les étudiants ou leurs parents. Ces
recommandations visaient en général à éviter des
hausses des frais de scolarité dans la mesure où ceux-ci
étaient établis à un niveau considéré comme
normal.
Ensuite, il faisait l'examen, aussi, des dépenses prévues
au budget de l'institution pour l'année en cours, de même que des
états financiers au 30 juin de l'année scolaire
précédente.
Finalement, il préparait une recommandation à l'intention
du ministre de l'Education et, dans les cas où une subvention
spéciale avait fait l'objet d'une recommandation approuvée par le
ministre, une demande était préparée en conséquence
à l'intention du conseil de la trésorerie.
En 65/66, le comité avait étudié les demandes
présentées par 26 collèges et il avait recommandé
le versement de subventions exceptionnelles à 17 collèges, pour
un montant global de $963,175. En 66/67, le comité a également
reçu les représentants de 26 institutions et recommandé
des subventions exceptionnelles pour un montant global de $2,116,000 à
17 de ces institutions.
M. BINETTE: Est-ce que ce sont les mêmes..?
M. BERTRAND: A peu près mais quelques demandes
étaient nouvelles. L'orientation, quand j'ai dit à l'effet que
nous voulions élargir le rôle et le mandat de ce comité,
comme mesure transitoire toujours, c'est que les développements
qu'amène le bill 21 et certains autres facteurs tels que la coordination
de l'enseignement, et j'appuie là-dessus, dans le domaine de la
formation des maîtres, problème au sujet duquel le directeur
général de la direction générale de la formation
des maîtres, M. Pierre-Yves Paradis, a prononcé
dernièrement une causerie qui dénote l'état d'alerte que
nous devons constater dans ce domaine, au sujet de la formation des
maîtres, de la pénurie du personnel enseignant.
Alors, nous voulons donc tenir compte de ce facteur et examiner en des
termes plus larges le problème du financement des institutions
indépendantes, particulièrement au niveau postsecondaire. Il y a
donc lieu de prévoir un mécanisme temporaire de solutions
à ce problème au cours de la période qui nous
sépare de l'adoption de la loi-cadre des institutions
indépendantes, et les développements en cours doivent
prévoir dans l'immédiat et ne touchent plus seulement les
collèges classiques mais aussi d'autres institutions d'enseignement du
niveau postsecondaire telles que les écoles normales, en particulier et
également les instituts familiaux. Dans ce contexte, le mandat du
comité des cas exceptionnels serait étendu à l'examen des
problèmes financiers des écoles normales. Quand je parle
d'écoles normales, je parle d'écoles normales privées et
des instituts familiaux.
Donc, sa composition, étant donné que nous devrons en
élargir le rôle et le mandat, sera modifiée en
conséquence, de façon à inclure des personnes
désignées par la Fédération des écoles
normales, le Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec et
l'Association des instituts familiaux. Une procédure serait
établie, elle est en voie d'ailleurs d'être
élaborée, et ces institutions recevront une attention toute
spéciale de la part de l'Etat Toutefois, il faut tenir compte
qu'à ce niveau, nous venons d'augmenter de $100, par l'amendement que je
proposerai tantôt, je l'ai déjà annoncé, de $100 par
élève, la subvention payée au niveau collégial,
donc au niveau postsecondaire. Nous avons l'intention de former ce
comité incessamment, d'inviter les institutions à nous soumettre
leurs demandes et leurs dossiers plus tôt qu'elles ne le faisaient dans
le passé et, à ce moment-là, bien entendu, à nous
apporter tous les docu-
ments et le budget, et de démontrer au comité
l'état réel de l'actif et du passif surtout quant aux
opérations courantes, quant aux dépenses administratives, afin
que le comité puisse, à la lumière de tous les faits,
porter jugement et faire les recommandations qui s'imposeront. Alors,
voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'avais
à faire au début de l'étude de ce projet de loi, en ce qui
a trait d'abord à sa portée, deuxièmement au comité
des cas exceptionnels. Si l'on a des questions à poser, il me fera
plaisir d'y répondre.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Matane, s'il vous
plaît.
M. BIENVENUE: M. le ministre, est-ce que l'on inclut dans ces cas
de subventions certaines institutions qui dispensent des cours aux adultes?
M. BERTRAND: Non.
M. MASSE: Le collège Sainte-Marie.
M. BIENVENUE: Le collège Sainte-Marie est-il un type
d'exemple?
M. BERTRAND: Il y a une institution qui en reçoit,
à l'heure actuelle, c'est le collège Sainte-Marie.
M. BIENVENUE: Quelle sorte de subventions reçoit-il? En
reçoit-il pour ses adultes?
M. BERTRAND: Non. Lorsqu'il s'agit de problèmes comme
ceux-là, on tient compte d'un autre élément qui entre en
ligne de compte, c'est le service de la dette de certaines institutions. Mais,
jusqu'à ce moment-ci, dans le domaine de l'éducation des adultes,
la plupart des institutions indépendantes privées... on me dit
qu'elles s'autofinancent, c'est-à-dire que les adultes paient pour ces
cours et que, du moins dans l'ensemble des cas qui ont été
soumis, jamais aucune demande n'a été formulée pour ces
fins d'éducation aux adultes par les institutions indépendantes
ou privées.
M. BIENVENUE: Elles n'ont fait aucune demande au
ministère?
M. BERTRAND: Non.
M. LE PRESIDENT: M. Beaupré, s'il vous plaît.
M. BEAUPRE: Le ministre nous demande au départ... Il
semble vouloir une discussion non pas tellement sur les articles que sur
l'économie de la loi. Est-ce qu'il pourrait me dire si ce texte de loi
qui nous est soumis aujourd'hui n'est pas l'indication d'un choix de la part du
ministère de l'Education en faveur des institutions privées
versus l'enseignement public? Les autres projets de loi que nous avons
étudiés hier soir nous ont fait voir des différences
notables entre le régime dont bénéficieront certaines
commissions scolaires, par exemple des régions de Québec et de
Montréal, et celui des commissions scolaires privées.
Là, voici qu'on revient avec un bill où le gouvernement
reconnaît qu'il faut faire quelque chose pour les institutions
d'enseignement secondaire privées. Il va jusqu'à proposer $450 et
$550 alors que le secteur public lui...
M. BERTRAND: Si vous me permettez, $350 et $550.
M. BEAUPRE: ... alors que le secteur public lui, tout
particulièrement à Québec et à Montréal, en
est encore à une subvention, pour les mêmes élèves,
suivant les mêmes cours, à une subvention globale de $175 par
élève. Je crois qu'une des conclusions qu'on peut tirer, c'est
que le gouvernement fait un choix qui défavorise l'enseignement public,
va peut-être nuire, demain, aux affiliations qu'on aurait voulues entre
commissions scolaires et institutions privées, puisque les institutions
privées n'auront pas tellement intérêt à faire des
ententes avec les commissions scolaires, puisque, dans un des articles, il est
dit que le montant des subventions ne s'appliquera pas, dans le calcul, il
n'est pas tenu compte des émissions pour lesquelles une corporation
scolaire assume les frais. Il semble que les ententes, au lieu d'être
favorisées, vont être défavorisées et que le secteur
public va péricliter à côté d'un secteur
privé qui va devenir beaucoup plus intéressant.
M. BERTRAND: Pour répondre au député de
Jean-Talon, je dois dire d'abord que l'argument qu'il apporte, que
l'augmentation au niveau secondaire et postsecondaire va nuire à
l'établissement du secteur public. Personnellement, je dis non.
J'ai déjà donné en Chambre des chiffres et la
fédération des collèges classiques, que j'avais d'ailleurs
rencontrée en octobre, je l'ai déjà dit, dans le
mémoire qu'elle a présenté devant le comité
parlementaire, a déclaré en conclusion qu'il y avait 30
collèges classiques qui entendaient s'intégrer carrément
dans le cadre du bill 21. Treize collèges classiques qui enten-
daient conclure une convention avec un CEGEP. Car on sait ceci, je ne
sais pas si vous avez lu dans un rapport du Conseil supérieur de
l'éducation, dans l'annexe, on parle de certaines formes d'association,
36 collèges classiques, à ce que nous dit la
fédération, sont ou deviendront incessamment des institutions de
niveau secondaire.
M. BEAUPRE: Le seront-elles encore intéressées avec
$550...
M. BERTRAND: Avec $350, je n'ai aucun doute que toutes les
institutions privées indépendantes qui ont manifesté le
désir de se joindre, par voie d'association, aux commissions scolaires
régionales, vont continuer à le faire de la même
façon. Parce que, d'abord, la fédération des
collèges classiques a elle-même déclaré, et je cite
de nouveau, il est important de dire « qu'elle et ses membres sont
pleinement conscients que les priorités de l'heure en éducation
au Québec mettent en veilleuse à certains moments le rôle
et la nécessité du développement éventuel des
institutions privées. Toutefois, la fédération le
reconnaît, cependant que les mesures proposées par le bill 21
respectent l'essentiel des principes énoncés dans le
préambule du bill 60, c'est-à-dire de la loi créant le
ministère de l'Education comme la loi du Conseil supérieur de
l'éducation.
M. BEAUPRE: Dans le domaine pratique, le ministre a des chiffres
qui sont réalistes.
M. BERTRAND: D'ailleurs, vous avez lu hier, c'est hier, nous vous
avons donné les chiffres, quel était le coût pour le
secondaire, une série de chiffres, dont tous ces chiffres allaient bien
au-delà non seulement de $350, mais de $550. Lorsque le
député de Montcalm se basait sur les tableaux qui vous ont
été distribués et qui démontraient le coût
par élève, au niveau secondaire, vous aviez des chiffres à
la suite des ententes, des chiffres variant de $650 à $850. Alors, je ne
vois pas en quoi l'augmentation des subventions aux collèges classiques,
et d'ailleurs ces subventions, il faut le reconnaître encore pour les
institutions qui voudront le demeurer, sont encore inférieures et
considérablement inférieures au coût réel qu'il en
coûte aux institutions indépendantes.
M. BEAUPRE: Je sais que le ministre a dit vrai et je pense qu'il
est correct, le coût le plus élevé que $550 ou $350.
Comment peut-il justifier une subvention de $175 seulement par
élève pour les commissions scolaires des écoles ca-
tholiques de Québec ou de Montréal? Il admet lui-même que
le coût est plus élevé que cela. Voici qu'on va laisser une
grande partie, 200,000 élèves à Montréal et 30,000
à Québec, avec des coûts qu'on sait beaucoup plus
réalistes.
M. BERTRAND: Puisqu'on donne l'exemple de Montréal,
à Montréal entre autres, il y a eu toute une époque. On
vient à peine de commencer à augmenter les taxes, on a deux
sources de revenus assez considérables. D'abord, l'impôt foncier
contribuable et, deuxièmement, la taxe des neutres. Je me souviens d'une
remarque qui avait été faite par l'ancien premier ministre, le
député de Louis-Hébert, ici au comité, lorsque la
Commission des écoles catholiques de Montréal et le Greater
Protestant School Board présentaient leur bill, le bill annuel. Il avait
fait la remarque suivante: C'est qu'à Montréal, le taux de la
taxe scolaire, si on le comparait à ce qui est payé ailleurs dans
la province, était joliment inférieur à celui payé
ailleurs.
Alors, pour le cas de Montréal, c'est sûr que, cette
année, à la suite de plusieurs événements,
augmentation des dépenses et tout ça, le taux de la taxe scolaire
à Montréal sera de $2.45, taxe des neutres, et $1.35 pour les
taxes foncières, alors que la loi leur permet d'aller, pour la taxe
foncière, à $2, et pour la taxe des neutres, à $2.50.
M. BEAUPRE: Mais le ministre admettra que tout de même il y
aura une sorte d'injustice entre les montants alloués à ces
commissions scolaires et ceux qu'on allouera à des institutions
indépendantes qui seront d'ailleurs dans l'intérieur des limites
soit des villes de Québec et de Montréal. Prenez le cas d'un
élève. On l'envoie au collège des Jésuites, le
gouvernement va payer $350 ou $450. Il va à la commission scolaire, aux
deux places, il va recevoir exactement le même cours dans un secteur
public, et on va lui donner $175. Si la commission scolaire de Québec
veut avoir une entente avec l'une ou l'autre de ces institutions, par le fait
même, vous la privez du subside qu'elle pourrait avoir si elle n'avait
pas tel élève de la commission scolaire de Québec. Est-ce
qu'il n'y a pas encore là, comme dans les autres projets, quelque chose
qui est discriminatoire pour...
M. BERTRAND: J'ai déjà dit ceci. Il n'y a aucun
doute que le système d'association des institutions privées et
même des commissions scolaires, l'an dernier, entre autres, a
apporté certaines inégalités. Exemple, il y avait dans une
ville que je connais bien, Saint-Jean, enten-
te entre la commission scolaire régionale et le séminaire
de Saint-Jean, au niveau secondaire. Dans une même famille, une jeune
fille fréquentait une autre institution, dans la même ville et
celle-là était obligée de payer des frais de
scolarité, alors que son petit frère, à la suite de
l'entente intervenue entre le séminaire de Saint-Jean et la commission
scolaire Honoré-Mercier, je dis bien, cet enfant-là n'avait pas
de frais de scolarité, c'était gratuit.
Nous sommes dans une période de transition, il n'y a aucun doute.
On ne peut pas régler tous les problèmes en même temps.
M. GERIN-LAJOIE: Pourquoi pas? M. BEAUPRE: Le secteur
public...
M. BERTRAND: Si c'était si facile, sourire aux
lèvres, pourquoi l'ancien ministre de l'Education et son gouvernement ne
les ont-t-il pas réglés, tous ces problèmes-là,
auxquels le ministre actuel et le gouvernement actuel doivent porter une
attention particulière et essayer de trouver des solutions? C'est
dans...
M. GERIN-LAJOIE: Le gouvernement actuel a-t-il des pouvoirs
magiques?
M. BERTRAND: La chaleur nous amène à élever
le ton, je voudrais conserver le sourire que nous avons tous, d'ailleurs que
j'ai, et j'espère que je le conserverai au sein de ces discussions, nous
sommes...
M. GERIN-LAJOIE: Il faut toujours conserver le sourire au
sein...
M. BERTRAND: ... dans une période, nous sommes...
M. BIENVENUE: Dans une période de transition.
M. BERTRAND: La chaleur inspire le député de
Vaudreuil-Soulanges! Ce n'est plus le printemps, c'est l'été.
M. GERIN-LAJOIE: Je prends le ministre de l'Education à la
lettre.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. BEAUPRE; J'aurais voulu poser une dernière question pour
conclure. Comment le secteur public lui-même va-t-il accepter ce
système qui, à mon avis, manifeste un choix du ministère
à l'égard des institutions privées, du moins pour
Québec et Montréal?
M. MASSE: Dans la question des subventions, la subvention moyenne
versée par l'Etat au secondaire est d'environ $300 à $325. Elle
varie d'une commission scolaire à l'autre, nécessairement, selon
la richesse relative. Or, on revient toujours avec les $175 de Québec.
Dans les commissions scolaires, on retrouve à peu près de $150
à $200 dans le montant de $300 à $325, qui est versé au
titre des subventions d'équilibre budgétaire. Or, à
Québec...
M. GERIN-LAJOIE: A Québec?
M. MASSE: Non, pas ailleurs. Or, Québec, au-dessus des
$175, puisque Québec vient d'atteindre son taux normalisé,
Québec aura donc droit de plus en plus à des subventions
d'équilibre budgétaire. Ce qui fait que, l'indice de richesse
étant relatif, d'accord, mais étant quand même le moyen que
nous avons pour l'instant, nous allons être capables, compte tenu de
l'effort, dans les différents milieux, de pallier «
l'inconvénient » que vous soulignez.
M. BEAUPRE: Cette année,...
M. MASSE: Ce que les commissions scolaires perçoivent en
taxes locales est remplacé, dans les institutions privées, par
les frais d'Inscription et de scolarité dans ces genres d'institutions.
Il ne faut pas oublier que le contribuable public comprend deux parties: d'une
part, le particulier, d'autre part, les compagnies. Le contribuable du secteur
privé ne comprend que les familles des élèves
eux-mêmes, et, quelquefois, à l'occasion de campagnes de
souscription, les compagnies qui versent aux institutions privées et qui
ont toujours versé au Québec des sommes.
La différence, en gros, du taux d'inscription entre l'institution
privée et l'institution publique, le montant de la subvention moyenne au
secondaire que nous avions au début du raisonnement, de $300 à
$325, est sensiblement égalé, selon les régions, aux frais
d'inscription que les parents paient en plus des souscriptions qui proviennent,
en vertu de différentes lois, aux institutions privées. C'est
clair?
M. BERTRAND: Espérons que! M. MASSE: Merci!
M. GERIN-LAJOIE: Mais c'est dire que... Bien, M. le
Président, ça n'est pas clair du tout.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît, M.
Bertrand.
M. BERTRAND: Très bien. Je vais laisser la parole à
M. Pearson, qui vous l'avait demandée tantôt.
M. PEARSON: Ecoutez, j'ai quelques questions à poser, M.
le Président. En somme, si on donne une réponse à ces
questions, cela va éliminer une foule de questions
supplémentaires pour avoir des statistiques, parce que nous n'en avons
pas actuellement.
M. BERTRAND: Oui.
M. PEARSON: D'abord, quel est, environ, le nombre
d'élèves dans le système public? Alors, là,
nécessairement, on doit faire appel...
M. BERTRAND: Dans le domaine public. M. PEARSON: Dans le domaine
public?
M. BERTRAND: Au secondaire et au postsecondaire?
M. PEARSON: Disons, au niveau public.
M. BERTRAND: Cela veut dire secondaire et postsecondaire. Je vais
donner des chiffres, si vous voulez.
M. PEARSON: Oui, s'il vous plaît.
M. BERTRAND: Nombre estimatif d'élèves au niveau
secondaire et collégial, pour les années 65/66, et 66/67, tant au
secondaire d'abord, dans le secteur public et le secteur privé.
Premièrement, au secondaire, commissions scolaires, secteur
public, année 65/66, 349,900 élèves. Année 66/67,
385,000. Ecoles de l'enseignement spécialisé, 9,600 pour
l'année 65/ 66,...
M. PEARSON: C'est toujours public?
M. BERTRAND: Oui, secteur public, toujours.
M. PEARSON: Neuf cents?
M. BERTRAND: Neuf mille six cents. Et, secteur public encore,
pour l'année 66/67, 11,200. Institutions privées, institutions
associées, secteur privé, 10,600. Au secondaire encore,
institutions privées subventionnées, là je tombe dans le
secteur privé, pour l'année 65/66, 27,300; pour l'année
66/67, toujours pour les collèges classiques, 20,000.
Instituts familiaux, secteur privé, année 65/66: 1,800;
année 66/67: 1,500. Autres écoles secondaires, secteur
privé, année 65/66: 21,500; année 66/67: 19,950. Autres
institutions, c'est-à-dire écoles de sciences
hospitalières, écoles d'enseignement artistique, etc., secteur
privé, pour l'année 65/66: 6,500; pour l'année 66/67:
8,000.
M. GERIN-LAJOIE: Secteur privé, M. le ministre, cela ne
comprend pas les beaux-arts, quelque chose comme ça.
M. BERTRAND: Non, pas ça. Ce n'est pas au niveau
secondaire.
Maintenant, je vais additionner les chiffres, le total, au secondaire,
pour le secteur public, pour l'année 65/66: 359,500; pour l'année
66/67: 396,200. Pour le secteur privé, pour l'année 65/66:
57,100; pour l'année 66/67: 60,050.
Deuxièmement, au niveau collégial, postsecondaire, secteur
public, pour l'année 65/66, commissions scolaires, 12e année:
14,200; pour l'année 66/67: 17,000. Ecoles de l'enseignement
spécialisé, secteur public toujours, année 65/66: 8,400;
pour l'année 66/67: 15,500. Ecoles normales, secteur public, pour
l'année 65/66: 5,300; pour l'année 66/67: 5,700. Au secteur
privé, toujours au niveau collégial postsecondaire, dans les
écoles normales, pour l'année 65/66: 8,900; pour l'année
66/67: 9,300. Collèges classiques postsecondaires, secteur privé,
année 65/66: 25,200; année 66/67: 24,400. Instituts familiaux,
toujours au secteur privé, pour l'année 65/66: 1,250; pour
l'année 66/67: 1,150. Autres institutions au niveau collégial
postsecondaire et je reprends, écoles de sciences
hospitalières, écoles d'enseignement artistique, secteur
privé, pour l'année 65/66: 13,950; pour l'année 66/67:
15,000. Ce qui fait, au collégial, dans le domaine du secteur public,
pour l'année 65/66: 27,900; pour l'année 66/67: 38,200. Au
secteur privé pour l'année 65/66, au collégial toujours:
49,300 et, pour l'année 66/67: 49,850.
Alors, comme je l'ai dit tantôt, ce nombre est estimatif. C'est un
nombre estimatif d'élèves aux niveaux secondaire et
collégial pour les années 65/66 et 66/67.
M. HOUDE: D'accord! Est-ce que vous avez le nombre
d'élèves dans les universités mais qui, en
réalité, sont du niveau...
M. BERTRAND: C'est difficile à dire, ça. On
m'informe que les élèves du niveau postsecondaire qui pourraient
être dans les universités sont comptés dans ces
chiffres.
M. HOUDE: Ils sont inclus là-dedans?
M. BERTRAND: Ils sont inclus là-dedans. Mais vous donner
le chiffre exact, ce serait assez difficile.
M. HOUDE: Est-ce qu'il serait possible d'avoir des copies?
M. BERTRAND: Oui, je n'ai pas d'objection. Nous pourrons remettre
des photocopies de ces documents.
M. GERIN-LAJOIE: Non, c'est le président qui...
M. BERTRAND: Je vais envoyer faire des copies et on les
distribuera aux membres du comité.
UNE VOIX: Moi, j'en ai une copie.
M. LE PRESIDENT: M. Gagnon, vous avez une question à
poser?
M. BERTRAND: M. Pearson avait...
M. GAGNON: Tout à l'heure, si j'ai bien compris le
député de Jean-Talon, il disait qu'il y avait un
déséquilibre entre les subventions à être
versées aux institutions privées et publiques en vertu du bill
39. Par ailleurs, le ministre d'Etat à l'Education a laissé
entendre qu'il y avait d'autres lois qui, à ce moment-là,
donnaient de l'équilibre en donnant au secteur public des subventions
dont le secteur privé ne bénéficiait pas. Et ça
donne une situation d'équilibre. C'est pour ça qu'on ne peut pas
nécessairement partir du bill 39, il faudrait tout mettre en relief,
toutes les lois, les subventions, et, après ça, faire le...
M. MASSE: Oui, par exemple, il faut ajouter, disons, le
comité des cas exceptionnels. Le comité des cas exceptionnels
accepte de verser des montants qui ne sont au-dessus de certaines des
règles qui ont des cas particuliers...
M. BEAUPRE: Même au secteur public? M. MASSE: ...
même au secteur public.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre a la parole.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, il va nous donner des explications
supplémentaires. Le comité des cas exceptionnels ne s'applique
pas aux institutions publiques.
M. MASSE: Non, non, il m'a demandé s'il y avait même
au secteur public des subventions spéciales dans des cas particuliers.
Certainement. Les normes d'approbation budgétaires prévoient les
versements des crédits budgétaires.
M. GERIN-LAJOIE: Ce ne sont plus des cas particuliers. C'est une
règle générale.
M. MASSE: Elle s'applique dans de nombreux cas.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson n'avait pas fini de poser sa
question.
M. PEARSON: ... M. le Ministre, pour être capable
d'étudier le bill 39, je ne sais pas si c'est possible, c'aurait
été ceci, par exemple, le nombre d'élèves dans le
secteur public, le nombre d'élèves dans le secteur privé,
que vous venez de nous donner. Deuxièmement, la moyenne, si c'est
possible de l'établir, des taxes qui sont fournies par les contribuables
dans le secteur public; troisièmement la proportion de ce que les
parents fournissent pour le secteur privé également, et aussi la
moyenne des subventions qui sont données par le gouvernement pour le
secteur privé comparées au secteur public. Si on n'a pas ces
chiffres-là, c'est difficile d'établir une comparaison
quelconque. Par exemple, vous nous arrivez avec le montant de $550. Alors, pour
nous, si on ne peut pas établir de comparaison, cela équivaut
à...
M. MASSE: Je pense qu'hier on avait un tableau et j'ai produit
certains chiffres. On avait les budgets des commissions scolaires
régionales, le nombre d'étudiants, donc la moyenne dans chaque
commission scolaire régionale pour les étudiants au secondaire.
On voyait que les chiffres variaient énormément entre
différentes commissions scolaires. Par exemple, il y avait les Vieilles
Forges, c'était 600 et quelques dollars et la ligne au-dessus;
Vaudreuil-Soulanges, c'était un peu plus. Cela varie selon les...
UNE VOIX: Pas mal!
M. HOUDE: A peu près la même chose que Joliette,
avez-vous dit?
M. MASSE: Non, non, Joliette c'est 700 et et quelques dollars. Si
vous voulez regarder les chiffres, c'était dans Vaudreuil-Soulanges
$11,100...
UNE VOIX: $1,100.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre... a fait défaut d'expliquer
les raisons des différences...
M. MASSE: Bien, vous ne les avez pas demandées.
M. HOUDE: C'était à cause des nombreux services
rendus.
M. MASSE: Vous avez donc là le coût moyen par
élève dans le secteur public au niveau du secondaire. Vous pouvez
comparer avec certaines institutions associées, la liste des 24 que vous
avez devant vous là, pour le coût au niveau secondaire dans le
secteur privé. On peut sortir une moyenne nationale dans les deux
groupes. Mais je pense que, si on veut réellement discuter, il faut
aller au-delà de la moyenne nationale et discuter la moyenne par
région et on remarque, dans la même région prenez
l'Estrie que vous avez devant vous il y a trois ou quatre institutions
d'inscrites. Quatre dans la même région. Le coût par
élève varie. Alors le coût moyen ne veut rien dire
finalement.
M. BERTRAND: Maintenant, si le député de
Saint-Laurent me le permet, je sais que la Fédération des
collèges classiques a déjà publié dans une de ses
revues un tableau des frais de scolarité qui étaient
chargés dans les institutions. Pour vous donner un exemple d'une
institution que fréquentaient du moins mes enfants, je pense que les
frais de scolarité proprement dits étaient de $450.
M. GERIN-LAJOIE: A Saint-Jean?
M. BERTRAND: Saint-Jean. Mais, ça varie d'une institution
à l'autre. Il y en a quelques-unes où ça été
$550, certaines $450, parce qu'il y avait, en plus, bien entendu, à
payer ce qu'on appelle la pension.
M. PEARSON: Voici pourquoi je posais toutes ces questions. Pour
moi, disons pour être capable d'évaluer. Hier, vous nous avez
mentionné que vous étiez pour changer et proposer un amendement
pour donner une subvention, au lieu de $450, sauter à $550. Alors,
personnellement, n'ayant pas les chiffres en main, c'est très difficile
pour moi d'évaluer à quoi ça correspond. D'après
moi, est-ce que ça voudrait dire que les systèmes publics
paieraient pour subventionner ou pour aider à maintenir un
système privé? Ou est-ce que la masse supporterait un
système privé au même niveau qu'un système public?
Je n'ai aucun chiffre, disons, c'est simplement d'après des
moyennes.
M. BERTRAND; Disons que, pour le moment, lors de l'établissement
des CEGEP, là ou il y aura au mois de septembre, il est clair que le
coût par élève sera certainement plus élevé
qu'il ne l'est dans les collèges ou les institutions
indépendants. Je pourrais donner quelques chiffres en me basant sur un
document que f ai ici mais je regrette de ne pas l'avoir pour l'année
66/67, donner le nom de quelques institutions. Par exemple,
André-Grasset, à Montréal, au secondaire, les frais de
scolarité en 65/66, étaient de $390. Au postsecondaire, $490.
Maintenant, je n'ai pas, malheureusement, je vous l'avoue, les chiffres pour
l'année 66/67.
M. PEARSON: Puis vous allez donner une subvention de $550?
M. BERTRAND: Comment?
M. PEARSON: Et vous allez donner une subvention de $550?
M. BERTRAND: Bien, je vous donne le chiffre pour 65/66. Est-ce
que le collège Grasset a augmenté ses frais de scolarité
au cours de l'année 66/67? Je n'ai pas le chiffre ici.
M. PEARSON: Mais, dans ce cas précis, si ça se
maintenait pour cette année, cela veut dire que les parents n'auraient
rien à payer. Tout serait subventionné par le gouvernement pour
cette institution privée, d'après la subvention que vous donnez
au bill 39.
M. BERTRAND: Si les frais de scolarité ne sont pas
augmentés, à ce moment-là, les parents ne paieraient pas
de frais de scolarité.
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre croit qu'il y a plusieurs
institutions où les parents n'auront presque rien à payer
d'après...
M. BERTRAND: Comme je viens de le dire, il s'agit de chiffres
pour l'annêe 65/66. Or, je ne voudrais pas risquer de déclarations
qui pourraient absolument inexactes, n'ayant pas les chiffres pour 66/67
et...
M. GERIN-LAJOIE: ... et surtout pour 67/68.
M. BERTRAND: ... et davantage pour l'année qui vient, car
je n'ai pas de contrôle sur les frais de scolarité dans les
institutions indépendantes.
M. GARDNER: C'est beaucoup plus que $500 même pour les
collèges classiques.
M. PEARSON: A ce moment-là, c'est un petit nombre
comparé au secteur public.
M. BERTRAND: On peut faire la déclaration suivante qui
pourrait s'avérer fondée après une analyse. On pourrait
dire que l'impôt public, provincial ou local, supporte tout le coût
de l'éducation publique, c'est-à-dire que c'est provincial et
local. Et l'impôt public, disons l'impôt perçu
provincialement parlant...
M. GERIN-LAJOIE: Les taxes de vente, l'impôt sur le
revenu...
M. BERTRAND: Il n'y a pas un gouvernement, à ma
connaissance, au monde, qui ait réussi à accorder ou à
donner à la population un meilleur service dans aucun des domaines de
l'activité gouvernementale, soit de l'éducation ou du
bien-être, sans le faire payer ou sans faire payer ces bienfaits et ces
avantages par le contribuable.
M. GERIN-LAJOIE: C'est M. La Palice qui a dit ça.
M. BERTRAND: Ce n'est pas La Palice. Il y en a qui avaient
déjà dit que tout se ferait sans augmentation de taxes.
Celui-là, je ne sais pas si c'était La Palice ou un autre.
M. GERIN-LAJOIE: ... c'est un cas excep-tionneL
M. BERTRAND; Deuxièmement, pour continuer les propos que je
tenais tantôt, l'impôt public par subventions supporte environ 50%
du coût de l'enseignement secondaire privé et l'on peut dire que
les familles supportent les autres 50%.
M. PEARSON: Oui, mais cela est basé, M. le ministre, sur
un calcul qui est fait scientifiquement. Remarquez bien que ce que vous venez
de dire, si cela se vérifie dans les chiffres, personnellement, je n'y
vois pas d'objection, ceux qui veulent se payer un service
supplémentaire, si l'impôt public paie, le système public
et s'ajoutent également les taxes locales je suis
d'accord. Maintenant, pour le système privé, que l'impôt
public supporte l'institution privée et que les parents qui veulent
s'offrir un service supplémentaire en paient une partie, je suis
également d'accord. Maintenant, toutes les questions... mettez le
pourcentage à 10% comparé à 90% ou quelque chose de
semblable.
M. MASSE: On l'a mis hier. C'est l'administration, ça.
M. PEARSON: C'est simplement ce à quoi je voulais arriver
tantôt, quand j'ai posé une série de questions, pour
être certain que cela arrivait à peu près à quelque
chose de semblable. Pour être certain, par exemple, que ce ne sont pas
les impôts provinciaux, et également les taxes locales dans
certains milieux, ou les taxes des compagnies qui paient par exemple pour
maintenir un même niveau, pour qu'ensuite il puisse arriver des
accidents, par exemple une espèce de discrimination pour les
institutions privées.
M. BERTRAND: D'ailleurs, j'ai bien ditet je pense qu'il
faut le relever j'ai déclaré dans mon discours lors de
l'étude du bill 21, qu'il ne pouvait être question et je
pense avoir repris les mêmes propos devant l'Association des parents
catholiques ici il ne pouvait pas être question d'établir,
par exemple, un système parallèle au niveau postsecondaire.
M. PEARSON: Non, d'accord, mais...
M. BERTRAND: Cela ne se peut pas, parce qu'il y a des
institutions, à l'heure actuelle, qui désirent demeurer
privées, qui ont une vocation propre et qui poursuivront cette vocation.
Mais qu'il y ait un système parallèle polyvalent, polyvalence que
nous avons décrite lors de l'étude du bill 21, et polyvalence que
l'on verra encore davantage lors de l'étude des programmes qui sont
préparés et des matières qui seront enseignées dans
les CEGEP, on verra qu'il ne peut pas y avoir de systèmes
parallèles.
M. MASSE: Est-ce que le député a l'impression que
le gouvernement aide trop les institutions privées au Québec?
M. PEARSON: Ce n'est pas la question, je vous ai donné en
somme le fond de ma pensée.
M. MASSE : Non, mais c'est la mienne.
M. PEARSON: Ce qui m'a amené à poser ces
questions-là, c'est ce saut de dernière minute, puisque le fameux
bill 39 était préparé depuis un bout de temps et, à
la dernière minute, dans l'espace d'une journée, malgré
toutes sortes de calculs, on est arrivé et on a fait un saut de $450
à $550.
M. MASSE: Est-ce que le gouvernement a mal fait?
M. PEARSON: Je ne dis pas qu'il a mal fait, c'est parce que je
voudrais...
M. BERTRAND: Si mon collègue de Montcalm me le permet, de
même que mon collègue de Saint-Laurent, c'est mon devoir de
rétablir les faits, et nous avons attendu que le lieutenant-gouverneur
soit informé de l'attitude que le conseil des ministres et le ministre
des Finances prenaient d'augmenter les subventions, avant de le faire.
M. PEARSON: Mais là, est-ce que l'ancien ministre de
l'Education en avait discuté avec le ministre des Finances?
M. MASSE : Je ne suis pas convaincu.
M. BERTRAND: Oui, je pense qu'il en avait...
M. GERIN-LAJOIE: Apparemment, je pense que vous avez des
problèmes nouveaux?
M. BERTRAND: Non.
M. MASSE: Mais j'aimerais entendre les vôtres, par
exemple.
M. BERTRAND: J'ai même oui dire dernièrement,
à l'occasion d'une causerie qui était prononcée par un
haut fonctionnaire...
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. BERTRAND: ... que six ou huit mois avant les élections
on ne s'y connaissait pas beaucoup au ministère de l'Education.
M. MASSE: ... posez une question pour avoir une
réponse.
M. BERTRAND: Alors, est-ce que le député...
M. GERIN-LAJOIE: ... fait bien son rôle?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs!
M. GERIN-LAJOIE: On reviendra plus vite que je ne
l'espère.
M. LE PRESIDENT: Quand on rendral'ame, on rendra l'esprit
aussi.
M. BERTRAND: Si vous voulez, nous allons...
M. GERIN-LAJOIE: A moins que ça ne soit les deux en
même temps, on n'en doute pas.
M. BERTRAND: M. le Président, étant donné
que vous êtes debout, je vais me taire.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Pearson, avez-vous d'autres
questions?
M. PEARSON: Quelle est la différence, en gros, entre les
subventions aux institutions privées d'après le bill 36,
autrement dit, juillet 1966 à juillet 1967, cette année,
comparée aux subventions qui seront données d'après le
bill 39?
M. BERTRAND: Bien voici...
M. PEARSON: En gros, comme moyenne.
M. BERTRAND: ... au niveau secondaire, c'est la même chose,
c'est $350, alors qu'au niveau postsecondaire, au lieu d'être $400, c'est
$550. Si vous comparez le bill 36 et le bill 39.
M. PEARSON: Oui, mais écoutez, M. le ministre, ça
voudrait dire que s'il n'y avait pas eu ce changement à la
dernière minute, le bill 39 serait identique au bill 36?
M. MASSE: Non, non.
M. BERTRAND: Non. Au contraire...
M. PEARSON: Vous venez de dire que le seul changement,
c'est...
M. BERTRAND: Non, parce que le bill 39 prévoyait $450
alors que le bill 36 prévoit environ $400.
M. BIENVENUE: M. le ministre, une question, est-ce qu'il y a un
but pour lequel le postsecondaire est augmenté par opposition au
secondaire? Est-ce qu'il y a une raison, je veux dire profonde?
M. BERTRAND: La raison, d'ailleurs on l'a dit, est que ces
subventions n'avaient pas fait l'objet d'examen depuis 1961. Alors, toute
personne qui est au fait des problèmes de l'éducation, qui les
vit quotidiennement, est en état de réaliser que, d'abord, et je
l'ai noté hier, dans les institutions privées, trop de personnes
ont l'impression qu'il n'y a que des religieux qui enseignent là. Or,
ça, aujourd'hui, ce n'est plus fondé. Il y a
énormément, et dans toutes les institutions ou à peu
près, de maîtres qui sont laïques. Alors, ce que nous avions
auparavant, des gens qui travaillaient pour un salaire de
famine, c'est révolu, cette époque-là, et de plus
en plus, les membres du clergé doivent s'adonner à un
ministère. Il y en a qui restent encore dans l'enseignement et c'est
fort heureux, car il y en a qui ont une excellente préparation. Mais, de
plus en plus, ce sont des laïques alors, dont les exigences sont telles
qu'il faut payer des salaires plus élevés. Ils ont des familles
à faire vivre et c'est le même problème qui se pose
à tous les niveaux et à tous les paliers de l'enseignement.
M. BIENVENUE: Et c'est surtout au postsecondaire?
M. BERTRAND: Surtout au postsecondaire.
M. MASSE: Au niveau collégial postsecondaire,
Paugmentation des dépenses est proportionnellement plus rapide au
collégial qu'au secondaire à cause de l'équipement soit
en...
M. BIENVENUE: En laboratoire.
M. MASSE: ... en bibliothèque ou en laboratoire,
également à cause des options, du système des options qui
croît rapidement depuis quelques années et qui amène des
frais d'administration, des frais d'équipement et des frais de personnel
en plus grand nombre. L'augmentation proportionnelle des dépenses
à cause de ces raisons-là, quelques autres.
M. BIENVENUE; Satisfait de la réponse.
M. LE PRESIDENT: Je permets quelques autres questions à M.
Pearson. La dernière avant qu'on adopte Particle.
M. BERTRAND: C'est-à-dire qu'on commence l'étude,
article par article.
M. LE PRESIDENT: Article 1.
M. PEARSON: Est-ce que le gouvernement a un certain droit de
regard sur les institutions privées quant à l'acceptation, par
exemple, de ceux qui veulent aller dans ces institutions privées, ou
bien si c'est laissé automatiquement aux autorités de
l'institution privée. Je donne un exemple, M. le ministre...
M. BERTRAND: Le député me demande si nous avons
droit de regard sur l'admission des étudiants...
M. PEARSON: Sur les règlements, c'est ça. M.
BERTRAND: A Pheure actuelle, non.
M. MASSE: Sauf s'ils sont associés. S'ils sont
associés...
M. BERTRAND: Non, non, mais il parlait au niveau postsecondaire,
je pense.
M. PEARSON: Je vous donne un exemple. Il y a un certain temps, je
ne sais pas si c'est véri-dique, pour les jeune s filles qui voulaient
devenir gardes-malades, à un moment donné, à cause du
manque d'espace et du manque de locaux, on exigeait jusqu'à 130 ou 140
de quotient intellectuel, on exigeait une moyenne de 85% dans leurs classes,
une foule d'autres excédents. Par contre, elles recevaient une
subvention du gouvernement.
Autrement dit, ça veut dire que ce sont des normes qu'elles
établissent accidentellement selon les années, selon les
circonstances, c'est discrétionnaire. La subvention du gouvernement,
elle, n'est pas discrétionnaire puisque...
M. MASSE: Ces exigences-là venaient de la corporation ou
de l'association.
M. BERTRAND: Oui, mais...
M. PEARSON: D'accord, mais par contre la subvention du
gouvernement, elle, est statutaire.
M. BERTRAND: Est-ce que le député de Saint-Laurent
est sûr des chiffres qu'il vient de donner quant aux exigences du
quotient intellectuel?
UNE VOIX: 140.
M. BERTRAND: Parce qu'on me dit que ça
représenterait une proportion infime, tellement infime qu'à ce
moment-là même ceux qui sont autour de la table auraient eu la
malchance de ne pas faire leurs études!
M. PEARSON: Je vous ai donné ça comme exemple, M.
le ministre. Je veux dire qu'on a exigé un quotient intellectuel.
Supposons qu'on reçoit 200 demandes et qu'on se rend compte qu'il y a de
la place pour à peu près 50, alors, à ce moment-là,
on augmente continuellement les exigences au point de vue du quotient
intellectuel et si ce n'est pas suffisant, on demande une moyenne de classe
très supérieure a une moyenne normale pour finalement arriver au
chiffre de 50. Finalement, on élimine selon telle déficience
physique, etc. Par contre, les subventions du gouvernement sont statutaires et
le choix dans certaines institutions est discriminatoire, c'est-à-dire
que les candidatures sont limitées à l'espace des locaux.
M. BERTRAND: Je ne crois pas que la situation qui vient
d'être décrite par le député de Saint-Laurent soit
générale.
M. PEARSON: Non, non. Je n'ai pas mentionné qu'elle
était générale, J'ai cité un exemple.
M. BERTRAND: Elle peut être je dirais même
très exceptionnelle.
M. PEARSON: Je ne peux pas vous dire si c'est
général.
M. BERTRAND: Je n'ai jamais eu d'échos de ce
problème au sujet des gardes-malades et je ne crois pas que les
exigences soient telles que ces jeunes filles-là aient pu être
privées disons d'entrer dans une institution pour les raisons
évoquées par le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Non, écoutez. Disons que c'est un exemple qui
peut...
M. LE PRESIDENT: Je pense que nous sommes...
M. BERTRAND: Nous allons commencer article par article.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais, autant que possible, de rester
dans les limites des articles.
M. PEARSON: Nous sommes suffisamment informés.
M. BERTRAND: a) « Institution privée. Une
institution d'enseignement secondaire ou postsecondaire qui n'est pas sous le
contrôle d'une corporation scolaire ni administrée par un
ministère du gouvernement ». Alors, je pense que nous en avons
suffisamment parlé...
UNE VOIX: Bon, bon, d'accord!
M. BERTRAND: Vous connaissez le postsecondaire, on a donné
des exemples tantôt. Alors a), adopté?
M. LE PRESIDENT: a) adopté.
M. BEAUPRE: M. le Président, vous l'avez bien
expliqué en disant qu'il n'est pas sous le contrôle d'une
corporation scolaire. Mais avant de l'adopter s'il y a , à un moment
donné, une affiliation et si, effectivement, on peut dire que
l'institution privée n'est pas sous le contrôle d'une commission
scolaire, est-ce qu'à ce moment-là elle n'aura plus droit?
Evidemment, il y a aussi l'article 4 qui la privera, mais est-ce ça que
le ministre veut?
M. BERTRAND: Cela n'empêche pas ce dont on a parlé
dans un autre bill, l'association...
M. BEAUPRE: Alors, le contrôle de l'association, la
distinction ce serait quoi? Par le mot « contrôle », le
ministre veut dire quoi?
M. BERTRAND: Qui n'est pas sous le contrôle d'une
corporation scolaire.
M. BEAUPRE: Le mot « contrôle » voudrait dire
quoi dans l'esprit du ministre? Le contrôle administratif? Le
contrôle sur le programme? Le contrôle sur quoi?
M. BERTRAND: Bien, disons une corporation scolaire qui voudrait
elle-même organiser une institution comme celle-là. Elle
n'appartient pas...
M. BEAUPRE: H y a une affiliation qui peut intervenir, puis le
contrôle peut appartenir à un moment donné.
M. BERTRAND: Oui, mais l'affiliation-là... Ne mêlons
pas les deux problèmes. L'institution associée, commission
scolaire et institution indépendante, ça ne tombe pas sous
l'application de cette loi-là. Et vous trouvez à l'article 4,
d'ailleurs, comment le calcul de ces subventions est fait. Vous retrouverez
à l'article 4 une référence à l'article 496 de la
Loi de l'instruction publique.
Alors, f) adopté?
M. LE PRESIDENT: f), adopté. Paragraphe c).
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe d).
UNE VOIX: Ce sont les étudiants, personne...
M. LE PRESIDENT: Paragraphe e).
M. BERTRAND: Personne n'a d'objection au paragraphe e).
M. LE PRESIDENT: Je ne crois pas...
M. BERTRAND: Est-ce qu'il y en a qui ont objection au paragraphe
e)?
UNE VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est au singulier ou au pluriel?
M. LE PRESIDENT: Paragraphe e) adopté.
M. BERTRAND: Votre question est singulière.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. BERTRAND: Alors, voilà où l'on tient compte des
subventions de $350, nous en avons parlé tantôt.
M. BIENVENUE: Adopté. M. BERTRAND: Adopté? M. LE
PRESIDENT: Adopté. Article 3.
M. BERTRAND: Alors, j'ai un amendement ici pour porter à
$550.
M. BIENVENUE: Adopté.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer...
M. BERTRAND: On l'a fait tantôt.
M. LE PRESIDENT: Oui, le comité a commencé à
huit heures et demie.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais comment avez-vous fait pour
anticiper l'article 3 que vous n'aviez pas encore passé?
M. BERTRAND: Je l'ai annoncé en Chambre.
M. GAGNON: C'est la discussion générale,
M. BERTRAND: Je l'ai annoncé en Chambre et nous l'avons
fait dès le début...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela, je le sais.
M. BERTRAND: J'ai fait des considérations
générales que les membres du comité et le président
ont admises.
M. GERIN-LAJOIE: Quelles étaient-elles, au fait, ces
considérations particulières?
M. BERTRAND: Alors, je ne blâme pas le député
de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Comme il s'agit d'un chiffre
extrêmement spécifique et non pas général, est-ce
que le ministre pourrait tout simplement nous dire, parce que le bill a
été imprimé à $450,...
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre des Finances était au
courant...
M. BERTRAND: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et forcément, cela avait
été prévu au budget.
M. BERTRAND: Non, parce que, cette année, c'est
payé et le...
M. GERIN-LAJOIE: C'est payé à même les fonds
consolidés, mais cela ne veut pas dire que ça n'a pas
été prévu par le cabinet, je l'espère bien.
M. BERTRAND: Si le député de
Vaudreuil-Soulanges...
M. GERIN-LAJOIE: Si cela n'a pas été prévu
par le cabinet, ça va être inquiétant pour l'administration
de la province.
M. BERTRAND: Bon, alors disons que le député de
Missisquoi ne s'inquiète pas du tout de cela, et que cette année,
suivant l'article 8, ce sera payé par les fonds consolidés du
revenu. Or, on connaît ce qu'est le fonds consolidé du revenu.
M. GERIN-LAJOIE: Ce sont nos taxes à tous nous autres,
celles qui sont en train de faire vivre...
M. BERTRAND: Nos taxes...
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président,...
M. BERTRAND: Le député de Laurier semblait dans
l'ordre, et le député de Vaudreuil-Soulanges voudrait le plonger
dans le désordre.
M. HOUDE: Parce qu'on le provoque!
M. GERIN-LAJOIE: Ah! les taxes, vous savez!...
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. BERTRAND: Ceux qui veulent discuter des taxes...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, je m'excuse, M. le Président,
mais je n'ai pas voulu du tout...
M. BERTRAND: ... seraient beaucoup mieux en Chambre...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne parle pas de taxes à l'heure
actuelle.
M. BERTRAND: ... en haut. Non, mais le député de
Vaudreuil-Soulanges veut en parler. S'il préfère aller discuter
des lois fiscales, il pourrait le faire en haut. Ici, nous sommes au
comité chargé de l'étude du bill 39.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas de monde en haut.
M. BERTRAND: M. le Président,...
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que j'ai le droit, à ce
moment-ci, d'intervenir pour bien insister sur le fait que l'équipe
libérale...
M. BERTRAND: Mais il a enlevé la parole à son
collègue, le député de Montréal-Laurier.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je pense que vous m'avez
donné la parole.
M. LE PRESIDENT: Non, un instant.
M. GERIN-LAJOIE: Nous nous sommes partagé les
responsabilités...
M. LE PRESIDENT: Je retire ma parole. Je vous en prie.
M. GERIN-LAJOIE: ... à ce comité-ci, nous
déterminons ce que ça doit coûter, et puis, en haut, on
détermine comment on va aller le chercher. Alors, je ne sais pas si le
ministre de l'Education est bien conscient de cela.
M. BERTRAND: Et nous, nous n'avons jamais dit que nous ne
taxerions pas, nous n'avons jamais fait de promesse solennelle comme en avait
faite le chef de l'ancien parti.
M. GERIN-LAJOIE: Nous allons voir cela en haut.
M. BERTRAND: Jamais!
M. LE PRESIDENT: Messieurs!...
M. HARVEY: Deux mille et quatre mille...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela dit, M. le Président, et
j'avais commencé...
M. BERTRAND: Laissons-donc le député de Laurier
exposer son idée.
M. GERIN-LAJOIE: Au comité, ici, onreste assis.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais c'est seulement pour être
sûr que j'ai une chance... simplement de savoir d'où vient la
décision des $100. Je crois que comme c'est de l'argent public, je
connais le député de Missisquoi suffisamment pour savoir qu'il ne
fera pas de cachette. Ces $100 miltipliés par le nombre
d'élèves, cela implique quand même, d'après ce que
j'ai vu dans les journaux parce que c'est évidemment approximatif
$3 ou $4 millions.
M. BERTRAND: Je pourrais donner des chiffres...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais $3 ou $4 millions de plus,...
Alors, comme c'est de l'argent qui vient de nos poches à tous et que
c'est prévu par une loi de la province. Je suis sûr que le
député de Missisquoi ne se contentera pas de
généralités ni d'annonces qui ont été faites
à la Chambre, dans le genre: On attend le ministre des Finances. Quand
il sera arrivé, on fera les annonces qu'il faut. Mais il pourrait nous
dire un peu la genèse de cette addition quand même subite de $100,
qui n'est pas nécessairement une chose critiquable. Je voudrais
simplement savoir, si le ministre veut bien, nous sommes ici pour avoir des
renseignements.
M. BERTRAND: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... d'où spécifiquement,
précisément, c'est venu, cette décision-là.
M. BERTRAND: C'est pour répondre davantage aux besoins des
institutions indépendantes, et si le député de
Montréal-Laurier avait été ici hier, incidemment,
lorsqu'au niveau secondaire, par exemple, nous avons examiné quel avait
été le coût par élève des ententes
signées ou qui sont intervenues entre les commissions scolaires
régionales et les institutions d'enseignement privées, il
pourrait noter qu'au niveau secondaire je ne parle pas au niveau
postsecondaire le coût varie entre $650 par élève,
jusqu'à $800 et quelques dollars par élève, au niveau
secondaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Au niveau...
M. BERTRAND: C'est dans les ententes qui sont intervenues, dans
les vingt-quatre ententes.
M. LEVESQUE (Laurier): Au niveau secondaire,...?
M. BERTRAND: Au niveau secondaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Tel qu'il est maintenu par les entreprises
privées actuellement?
M. BERTRAND: C'est-à-dire suivant les régionales,
on fait des ententes avec des institutions privées...
M. LEVESQUE (Laurier): Les collèges classiques?
M. BERTRAND: On fait des ententes renouvelables et la plupart des
ententes qui ont été signées l'an dernier sont sujettes
à la tacite reconduction, parce qu'il n'y a pas eu d'avis donné,
et ces ententes étaient conformes en tous points au document
numéro 1 d'éducation publié par le ministre de l'Education
à l'époque, en avril 1966. Et il notera à l'examen du
tableau combien il en coûte au secondaire. Alors, ça c'est pour le
secondaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Maintenant, ce que je voudrais
savoir...
M. BERTRAND: S'il le permet, il voulait que je lui donne...
M. LEVESQUE (Laurier): Un précision sur cette
partie-là. Le secondaire dont parle le ministre n'est essentiellement
là je ne veux pas parler des à-côtés
que par voie de contrat ou d'association ou je ne sais pas quel jargon
précis c'est, mais que les collèges classiques en gros
fournissent à l'ancien niveau je veux dire l'équivalent de
ce qu'on appelait éléments, syntaxe, méthode et
versification, dans notre temps des quatre premières
années du cours classique...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): ... dans les collèges où on
n'a pas complètement abandonné ça, en gros, c'est
ça aussi que ça couvre.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui veut dire que les chiffres qu'on a
ici sont des chiffres homogénéisés normalement, ils sont
sûrement réalistes, je le suppose. En tout cas, ils doivent avoir
leurs auditeurs eux aussi, ce sont des chiffres vérifiés.
M. BERTRAND: Je l'ai dit d'ailleurs. Cela a fait l'objet
d'examens minitieux de la part de la mission qui avait été
formée pour étudier chacune des ententes.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc ce sont les chiffres grosso modo des
entreprises d'enseignement privées sur leur coût par
élève pour ce qui leur reste d'années, de ce qui
s'appele-rait le précollégial actuellement dans les mêmes
collèges où se donne également le collégial.
M. BERTRAND: Oui. D'accord, c'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse, c'était juste pour
être sûr.
M. BERTRAND: Voilà au secondaire ce que nous avons
constaté. Or, au collégial également, il n'y a aucun doute
que, pour l'institution privée, le coût augmente. J'ai
donné des chiffres tantôt pour l'année 65/66.
Malheureusement, je n'ai pas les chiffres pour l'année 66/67, et je n'ai
pas non plus les chiffres pour l'année 67/68. J'ai donné comme
exemple ceci: C'est que, de plus en plus, même dans les institutions
privées, on ne compte plus de maîtres religieux, le nombre, du
moins, des maîtres religieux, comme on l'a connu à
l'époque, a diminué considérablement, à un point
tel que, dans certaines institutions, aujourd'hui, ce sont des laïques, et
c'est de là souvent qu'on part sur une fausse piste quand on veut
prétendre que c'est de l'enseignement disons donné par des
religieux.
M. LEVESQUE (Laurier): La propriété est religieuse,
mais l'enseignement est laïque.
M. BERTRAND: Bon, disons ça. Elle est religieuse. Je
dirais que, dans la plupart des cas, du moins les plus récentes
institutions qui se sont organisés, l'ont été à la
suite, premièrement, de souscriptions locales, deuxièmement de
subventions gouvernementales. Il faut reconnaître également que,
depuis au moins cinq ou six ans, les subventions gouvernementales pour les fins
d'immobilisation ont été à peu près nulles dans le
domaine des institutions privées, à peu près nulles. Or,
ces institutions ont quand même un service de la dette qui est assez
lourd,
et lorsque nous l'avions établi à $450, lors de
l'élaboration du projet de loi, même à ce moment-là
nous envisagions de donner un montant plus élevé en tenant compte
des éléments que je viens de décrire.
M. LEVESQUE (Laurier): La décision...
M. BERTRAND: Si la décision, disons, a été
retardée, c'est qu'il y a des choses qu'un ministre peut
révéler et d'autres qu'il ne peut pas révéler.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, sur un sujet comme ça...
M. BERTRAND: Il y a d'abord un domaine... M. GERIN-LAJOIE: De
délégations.
M. BERTRAND: ... disons donc ceci: indépendamment des
délégations, il y a à l'heure actuelle des ententes qui
s'élaborent sur le postsecondaire avec les autorités
fédérales.
M. GERIN-LAJOIE: Hein? Quoi?
M. BERTRAND: Le niveau postsecondaire, on sait que ça a
fait l'objet de la conférence fédérale-provinciale.
M. LEVESQUE (Laurier): A propos de construction, vous voulez
dire?
M. BERTRAND: Non, pas pour les constructions, c'est pour les
subventions qui vont être versées.
M. GERIN-LAJOIE: Bien non! C'est pour le secondaire, ça.
Ce n'est pas le postsecondaire.
M. BERTRAND: Pour le postsecondaire. Le partage fiscal.
M. LEVESQUE (Laurier): Expliquez-nous ça! Pendant deux
jours, vous avez donné...
M. BERTRAND: Voici, juste pour donner un détail. Lorsque
nous sommes allés à la conférence
fédérale-provinciale, il a été établi que le
calcul, pour le partage fiscal, s'effectuerait en comptant les dépenses
à compter du niveau pos-secondaire. Or il semble que nous allons
probablement obtenir des montants plus élevés que ceux qu'on
attendait.
M. GERIN-LAJOIE: On va obtenir... M. BERTRAND: Non.
M. LEVESQUE (Laurier): On n'essaie pas de les poigner. On veut
savoir ce qui se passe et on va les poigner après.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le mot « poigner »
n'est pas un mot parlementaire.
M. BERTRAND: A ce moment-là, le ministre des Finances
avait moins de renseignements qu'il en a à l'heure actuelle et disons
qu'à la lumière de cela, nous avons cru que nous pouvions nous
permettre d'augmenter ces subventions.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce que le 50-50? Est-ce que, sur
les frais d'enseignement postsecondaire, est-ce que c'est en vertu...
M. MASSE: C'était un peu le per capita ou le 50-50.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est en vertu du domaine
technique, ça?
M. BERTRAND: $1,000 par élève. Non, non. M.
LEVESQUE (Laurier): C'est général. M. BERTRAND: C'est
général.
M. LEVESQUE (Laurier): L'enseignement général.
M. GERIN-LAJOIE: Il s'agit des subventions aux
universités, qu'on les appelle donc par leur nom. Mais qu'est-ce que
cela a affaire avec une loi provinciale, ça?
M. BERTRAND: Bien voyons! C'est tout simplement une remise dans
ce partage fiscal, une remise à la province...
M. LEVESQUE (Laurier): Sous forme...
M. BERTRAND: ... sous forme de points d'impôts, d'argent
dont la province a besoin pour remplir ses obligations dans le domaine de
l'éducation qui lui est propre.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je comprends bien que les subventions
déterminées par la province dans le bill 39 sont
conditionnelles...
M. BERTRAND: Du tout!
M. GERIN-LAJOIE: ... au résultat des négociations
fédérales-provinciales des affaires fiscales?
M. BERTRAND: Ce n'est pas ça que j'ai dit, du tout.
M. GERIN-LAJOIE: Alors pourquoi est-ce que le ministre nous parle
des négociations à Ottawa?
M. BERTRAND: J'ai dit ceci...
M. GERIN-LAJOIE: Lorsqu'il s'agit d'augmentation de $450 à
$550, il nous donne l'impression que cela dépend du résultat des
négociations avec Ottawa.
M. BERTRAND: J'ai répondu au député de
Montréal-Laurier. Il m'a dit: Pourquoi ne l'avez-vous pas fait à
l'époque quand vous avez élaboré le projet?
M. LEVESQUE (Laurier): Vous attendiez l'argent du
fédéral...
M. BERTRAND: On n'attendait pas l'argent du fédéral
mais on attendait...
M. LEVESQUE (Laurier): Bien alors vous vouliez faire le
calcul...
M. BERTRAND: ... on attendait que ce soit précisé.
Si l'ancien ministre veut parler des délégations, jamais le
ministre de l'Education actuel ne refusera de recevoir des
délégations quelles qu'elles soient, qu'elles
représentent...
M., GERIN-LAJOIE: Je l'espère bien. Tous les milieux du
Québec.
M. BERTRAND: ... quelque opinion que le ministre de l'Education
partage ou ne partage pas. Le ministre recevra toujours les
délégations, les écoutera, les entendra. Lorsqu'on est
venu l'autre jour, on m'a demandé de remettre l'étude.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui est venu?
M. BERTRAND: L'association des parents catholiques du
Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce sont les derniers ça?
M. BERTRAND: Les derniers. Lorsqu'on m'a demandé de
remettre l'étude du bill 21, parce qu'on prétendait que
c'était prématuré, j'ai dit non. J'ai été
franc. Il n'est pas question de remettre l'étude du bill 21 ni de son
adoption.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous poignez en « sandwich »,
il n'y a pas d'erreur.
M. BERTRAND: Ni non plus son adoption.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais est-ce que je pourrais poser une
question? Quant à moi, c'est la question essentielle. A partir de toutes
ces explications, et des chiffres qui sont là, que le ministre a
donnés sur le coût par élève dans l'enseignement
privé, le coût apparemment réel, ces chiffres tels que
vérifiés sont de l'ordre de $600, $600 et quelques dollars, $700
et cela va jusqu'à $800 d'après ce que je peux voir. Cela, peu
importe les extrapolations qu'on fait sur le collégial, c'est le
coût des années secondaires.
M. BERTRAND: Secondaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Il est évident qu'il est impossible
qu'il n'existe pas en parallèle, dans les années secondaires
publiques tel que c'est à la même date, c'est-à-dire pour
l'année 66/67, le coût réel moyen ou, autant que possible,
détaillé, s'il y a des détails. Est-ce que...
M. BERTRAND: Le député de Montcalm l'a donné
Ici hier. Il l'a donné excepté que, dans la plupart des cas,
à ce niveau-là, au public, c'est plus bas. Mais il ne faut pas
oublier une chose, c'est que, dans la plupart des cas, les écoles
polyvalentes ne sont pas construites. Alors, si le coût, est plus bas
dans le secteur public, il faut tenir pour acquis qu'il est appelé
à augmenter lui aussi.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais celui-ci aussi.
M. BERTRAND: Alors, il est appelé à augmenter
à cause, bien entendu, du service de la dette et non seulement
ça, à cause de l'augmentation des salaires du personnel
enseignant et d'une foule...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'en vertu des mêmes
critères qui sont ceux que le ministre a donnés tantôt,
à propos des augmentations de coût qu'on trouve dans le secteur
privé, le coût réel de l'enseignement dans le domaine
secondaire public qui, comme le dit le ministre... J'espère que le
député de Montcalm pourra me fournir les chiffres...
M. BERTRAND: Il ne les a pas.
M. LEVESQUE (Laurier): ... mais comme dit le ministre, comme le
député de Montcalm l'a dit hier apparemment, et je crois que le
ministre m'excusera si nous sommes obligés de « zigonner »
mais enfin ça nous arrive à tous, d'un étage à
l'autre...
M. BERTRAND: C'est le prix que vous devez payer pour partager les
tâches et siéger en comité.
M. LEVESQUE (Laurier): Et peut-être à l'occasion, en
tout cas, si le coût de l'enseignement public est, dans l'ensemble, plus
bas que le coût réel actuellement, c'est à peu près
cela la conclusion des chiffres?
M. RUSSELL: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Bon. Il est appelé
évidemment i monter, comme le dit le ministre, de même que
celui-ci en fonction des critères qu'a détaillés le
ministre tout à l'heure et que je ne reprendrai pas. Celui-ci aussi est
appelé à monter, ce qui fait que, tout compris, actuellement, on
a un enseignement privé, quelles que soient les autres motivations qu'on
peut avoir, un enseignement privé qui, tout compris, tout compte fait,
est plus coûteux que l'enseignement public
M. MASSE: Cest clair.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson, s'il vous plaît.
M. PEARSON: Je ne voudrais pas être méchant. Quand
nous avons présenté le bill 39, on a fait certains calculs et
puis on est arrivé avec un écart entre le secondaire et le post
secondaire d'à peu pris de $100, c'est-à-dire $350 par
étudiant et $550 pour le postsecondaire, et puis, finalement, il y a eu
un amendement à la dernière minute. Ce qui fait un écart
actuellement de $200 entre le secondaire et le postsecondaire, quand il y
avait, avant, il y a quelques jours, après toutes sortes de calculs,
seulement un écart de $100.
M. BERTRAND: Est-ce que le député...
M. PEARSON: Disons, laissons faire les $550, mais voyons les
$350.
M. BERTRAND: Je voudrais dire que le coût au secondaire
privé, approximativement, à l'heure actuelle, varierait entre
$600 et $700 alors que nous allons accorder une subvention de $350.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah! au secondaire.
M. BERTRAND: Secondaire privé. Le coût au
postsecondaire privé, pourrait varier, ce sont des chiffres
approximatifs...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela pourrait, oui.
M. BERTRAND: ... de $900 à $1,000, alors que l'Etat ou le
gouvernement va accorder une subvention de $550.
M. PEARSON: Est-ce que vous aviez ces chiffres-là en main,
M. le Ministre?
M. BERTRAND: C'est-à-dire, ce sont des chiffres que l'on
me fournit, disons, à la suite de calculs faits très rapidement
et c'est pour cela que je dis que ce sont des chiffres approximatifs.
M. PEARSON: Mais en gros, lorsque le bill 39 a été
préparé, est-ce qu'il y avait ces chiffres-là?
M. BERTRAND: Certains de ces chiffres ont été
depuis vérifiés, à la demande du gouvernement. Alors, les
chiffres que je viens de donner démontrent assez clairement que les
subventions qui peuvent être accordées aux institutions
privées sont relativement basses.
M. LEVESQUE (Laurier): Cest quand même un article important
qui représente quelque chose d'inattendu et qui, d'après ce qu'on
peut voir, va être de $5 millions à peu près de plus,
peut-être plus ou moins.
M. MASSE: Trois.
M. HOUDE: Bien il y a 49,850 élèves.
M. LEVESQUE (Laurier): En tout cas,...
M. BERTRAND: $3 millions, environ...
M. HOUDE: Vous avez 49,850 élèves pour 66/67 au
secteur privé postsecondaire, d'après le tableau distribué
tantôt. Alors, si c'est 49,850, vous multipliez $100 par
élève.
M. BERTRAND: Vous oubliez qu'il y a une foule de ces
élèves qui vont s'en aller aux CEGEP. Alors nous calculons
ici...
M. LEVESQUE (Laurier): Ce n'est pas prouvé encore.
M. GERIN-LAJOIE: Entre $3 et $5 millions.
M. BERTRAND: Pour répondre à la question
précise qui vient d'être posée, quant aux dépenses,
au niveau secondaire, cela équivaudrait à environ
$14,840,000...
M. GERIN-LAJOIE: Au total de quoi?
M. BERTRAND: L'augmentation de la loi actuelle, le nombre
d'élèves par $350.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est au secondaire.
M. BERTRAND: Cela équivaudrait à $14,840,000...
M. GERIN-LAJOIE: Par rapport à combien?
M. BERTRAND: Etant donné qu'il y avait les $200 qui
étalent payés par les commissions scolaires et un autre montant,
on pourrait faire le calcul à l'aide des chiffres que J'ai donnés
lors de l'étude du bill 36, mais au niveau du cours postsecondaire,
à $550, cela ferait un total de $19,580,000...
M. GERIN-LAJOIE: Par combien d'élèves?
M. BERTRAND: Pour 35,600, parce qu'on a exclu approximativement
le nombre d'élèves qui vont s'en aller dans les CEGEP dès
septembre.
M. LEVESQUE (Laurier): Et que vous calculez à combien,
approximativement?
M. BERTRAND: A $550, on calcule à peu près 35,600.
Maintenant, les travaux de la mission...
M. LEVESQUE (Laurier): Combien calculez-vous
d'élèves au CEGEP à l'automne?
M. BERTRAND: Tout va dépendre du nombre.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, vous devez avoir une
prédiction.
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, étant donné qu'il
y a à Montréal des études qui se font pour
l'établissement de quelques CEGEP, si c'est possible pour le mois de
septembre, le nombre exact peut aller jusqu'à 7,000
élèves, mais cela peut augmenter.
M. LEVESQUE (Laurier): Plus ou moins 7,000. Donc, le total
diminuerait si l'on comprend bien?
M. BERTRAND: Acause de cela, ça diminuerait
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a 50,000 élèves ici, en
1966-67 dans le secteur privé, s'il en reste 35,000 pour les $19,500,000
et qu'il y en a plus ou moins 7,000, cela fait 42,000.
M. BERTRAND: Dans la liste que j'ai donnée tantôt,
les autres institutions que j'ai nommées: l'école de sciences
hospitalières, etc., il n'y a pas de subventions, il y a 15,000
élèves là qui ne reçoivent pas de subventions.
Alors, tenez en compte.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre me permettrait une
dernière question? Sur ses propres chiffres, le ministre disait $600,
$700 pour l'enseignement secondaire. D'après les chiffres qu'on a
là, on voit ça. Et il donnait de $900 à $1,000 pour
l'enseignement postsecondaire et on parle du secteur privé. Autant que
je sache, les institutions privées ont le même service de la dette
aux deux niveaux, elles ont le même service d'équipement physique
aux deux niveaux, elles doivent faire les mêmes chiffres aux deux
niveaux. Pour l'équipement physique, je le disais en termes de profane,
elles ont la même bâtisse, les mêmes corridors. Le gars a
beau avoir trois pouces de plus, il place dans les mêmes places...
M. MASSE: Sur le plan pédagogique...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que la différence d'à
peu près $300 est scientifiquement calculée? Ce n'est pas une
extrapolation approximative, c'est calculé en fonction de quoi?
M. BERTRAND: Il y a eu de préparé par la
fédération des collèges classiques...
M. LEVESQUE (Laurier): Par la fédération, oui.
M. BERTRAND: Par la fédération des collèges
classiques des relevés comptables assez précis des budgets des
institutions privées. Je regrette de n'avoir pas ici tous ces
renseignements-là.
M. LEVESQUE (Laurier): Quels sont les critères
principaux?
M. BERTRAND: Je pense que les chiffres
que l'on me donne là sont basés pas mal sur ces
études qui ont été faites par la fédération
des collèges classiques et qui peuvent être assez facilement
vérifiées.
M. LEVESQUE (Laurier): Quelles sont leurs implications
principales?
M. MASSE: On a vu tout à l'heure que l'augmentation
proportionnelle est plus forte au collégial qu'au secondaire en
particulier pour trois raisons. D'abord, les professeurs, les enseignants, sont
proportionnellement plus qualifiés au collégial qu'au secondaire,
l'équipement coûte, proportionnellement, en termes
d'années, le taux monte proportionnellement plus fort au
collégial qu'au secondaire, que ce soit en bibliothèques, en
laboratoires de toute sorte et troisièmement, (une chose qu'on oublie
quelque fois) c'est que le jeu des options au collégial, s'étant
développé, dans ces dernières années, beaucoup plus
rapidement qu'au secondaire, amène un taux d'augmentation, beaucoup plus
rapide au collégial. Parce que les options amènent plus de
professeurs, plus d'administration, plus de bouquins et plus de papiers, plus
de crayons, plus de toute sorte d'affaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour autant que le savent les gens du
gouvernement pour qu'on soit bien sûr qu'on n'ait pas des CEGEP qui
soient des sous-collèges, pendant que les collèges seront les
seuls collèges véritables surtout pour nos parents qui, de
pères en fils, ont pris l'habitude d'avoir des bons collèges,
est-ce que le gouvernement peut nous assurer que puisqu'on est
très savant en calcul, ça doit être vrai là aussi
abstraction faite de tous les autres frais qui sont les frais de
départ, les frais d'investissement ou les frais de consolidation ou les
frais de tout ce qu'on voudra, le minimum sera au moins l'équivalent de
coût comme beaucoup...
M. MASSE; Pour les CEGEP.
M. LEVESQUE (Laurier): ... pour les CEGEP...
d'opérations...
M. BERTRAND: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et que ça pourra être
prouvé dès l'automne? Cela ne sera pas des collèges de
pauvres?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle si le député de
Montcalm me le permet, les calculs faits au ministère, par exemple, pour
le coût de l'enseignement pour les institutions de technologie
équivaut à environ $1,100 par élève. Nous
prévoyons pour les CEGEP un coût qui va s'élever au
postsecondaire de $1,000 à $1,100 par élève...
M. LEVESQUE (Laurier): Un coût... M. BERTRAND: ... suivant,
par élève...
M. LEVESQUE (Laurier); ... comparable, parce que les CEGEP; c'est autre
chose. C'est pour ça que je disais: Abstraction faite d'une foule
d'autres choses.
M. BERTRAND: Alors à ce moment-là le coût par
élève, aux CEGEP, tel qu'établi à l'heure actuelle
par la mission qui est en train de travailler avec des groupes qui ont
l'intention d'implanter des CEGEP et je tiens à redire ici qu'il
y a en... et que dans toutes les régions qui ont été
visitées et d'où nous avions reçu des demandes
c'est l'intention des autorités, des institutions indépendantes,
dans plusieurs cas, de vendre leurs maisons à l'Etat, tout en
conservant, peut-être, une partie de leurs maisons pour certaines autres
fins qu'elles ont le droit de poursuivre et qui ne relèvent ni du
député de Laurier ni du ministre de l'Education.
Alors on calcule de $1,000 à $1,100 par élève. La
subvention que nous donnons, nous, à ce niveau postsecondaire par la
loi, même avec l'augmentation de $100, c'est de $550; alors ça
représente à peu près 50%. Et si on l'applique au niveau
secondaire, autrement dit, l'Etat va verser une subvention d'environ $350 par
élève par rapport à un coût estimé de $650
à $700 au secondaire. Alors je ne vois pas pourquoi on tenterait de
laisser croire et de répandre dans le public que nous faisons un pas en
arrière et que nous défavorisons l'établissement d'un
secteur public dont le principe était accepté publiquement par
toutes les associations de droite, de gauche, de centre,
d'extrême-gauche, d'extrême-droite, qui se sont fait entendre
devant le comité parlementaire de l'éducation.
Alors, priorité au secteur public, établissement d'un
secteur public complet et, à côté de cela,
conformément au préambule que l'on retrouve à la Loi du
ministère de l'Education et du Conseil supérieur de l'Education,
subventions aux institutions désireuses de poursuivre leur vocation
propre et de rester indépendantes et privées. Voilà, je
crois, la meilleure manière de régler les problèmes.
M. PEARSON: Seulement, avec les questions
qui ont été posées, vous avez fini par
établir justement votre point, ce que nous ne savions pas quand nous
avons commencé à poser des questions.
M. BERTRAND: Loin de moi...
M. PEARSON: Nous n'avons aucune statistique en main...
M. BERTRAND: Nous sommes ici justement pour engager ce dialogue
et vous allez convenir avec moi, qu'à toutes les questions que vous avez
posées, j'ai essayé de répondre de la manière la
plus complète...
M. PEARSON: D'accord.
M. BERTRAND: ... et donner les renseignements que je
possède personnellement. Ceux que je n'ai pas, je ne me gêne pas
de les demander à mes officiers, comme c'est mon devoir.
M. PEARSON: D'accord, mais d'une fois à l'autre, chacune
des questions que nous avons posées, ce n'était pas pour tendre
des pièges, c'était pour avoir des réponses, on n'avait
rien...
M. BERTRAND: Je ne me suis jamais attendu à aucun
piège et, même s'il y en avait, je les éviterais.
M. MASSE: Même les pièges à renard. M.
PEARSON: D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Si j'ai bien compris, par rapport à
ces $550, il y a au total, $19.5 millions.
M. BERTRAND: Un instant, je voudrais donner le chiffre
exact...
M. LEVESQUE (Laurier): Ou à peu près. M. BERTRAND:
$19,580,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a à peu près 35,000
élèves dans le secteur privé au niveau secondaire.
M. BERTRAND: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Concernant les CEGEP, pour l'automne, je
suis sûr qu'il y a une prévision puisque, comme on vient de dire
pour les $100 qui ont été ajoutés, cela n'a pas
été improvisé. Quelle est la prévision, pour
l'année 67/68, pour les CEGEP du Québec?
M. BERTRAND: Il y a deux sortes de coût
M. LEVESQUE (Laurier): Pour le moment, quelle est la
prévision?
M. BERTRAND: J'ai donné tantôt, voici... M. MASSE:
$7 millions.
M. BERTRAND: J'ai donné tantôt le coût, $1,000
par élève; à prévoir environ $7 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): $7 millions?
M. BERTRAND: Oui.
M. MASSE: Oui, 7,000 élèves à$l,000.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. BERTRAND: Oui, et ça peut augmenter.
M. LEVESQUE (Laurier): Maintenant, est-ce que je pourrais...
M. BERTRAND: Cela peut augmenter s'il y a d'autres CEGEP qui
s'organisent pour septembre 1967.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, budget « open end » un
peu.
M. BERTRAND: Deuxièmement, il y aura dans plusieurs cas
acquisition d'immeubles.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien ça, justement, c'était
l'autre question.
M. BERTRAND: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce qui est prévu du
côté de l'achat ou de la construction?
M. BERTRAND: De ce côté-là, à l'heure
actuelle, partout où la mission va, là où l'institution
veut se vendre, nous avons un comité qui est formé pour examiner
le problème. D'abord, quelle est l'institution qui veut se vendre?
Etablir sa valeur, faire une expertise par des experts indépendants et
examiner les livres, la comptabilité de manière à se
rendre compte que nous payons un prix raisonnable. Je vais donner un exemple.
Lorsqu'il s'est agi de l'acquisition de l'Académie de Québec, le
prix a été de $10,500,000. De ce prix nous avons dû
déduire toutes les subventions gouvernementales qui avaient
été payées.
M. LEVESQUE (Laurier): C'était quoi? $20 millions.
M. BERTRAND: Le prix que nous serons appelés à
payer n'est pas $10,500,000. Le prix de vente a été de
$10,500,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Moins l'argent et les fonds publics, cela
en fait deux.
M. BERTRAND: Dans le cas du collège Saint-Laurent, les
pourparlers ne sont pas encore totalement terminés, ils doivent
l'être sous peu. J'ai mentionné qu'il y avait des collèges
qui voulaient s'intégrer carrément dans le cadre des CEGEP.
Alors, ceux qui vont s'intégrer carrément, il n'y a aucun doute
que nous pouvons prévoir l'achat. A ce moment-là, il s'agira pour
le ministre des Finances et le gouvernement d'étudier les
modalités de paiement. Il n'y a aucun doute qu'il s'agira de
modalités échelonnées sur un certain nombre
d'années parce qu'on ne peut pas, en une seule année, assumer ce
fardeau qui serait excessivement lourd pour l'Etat.
M. HOUDE: Est-ce que le gouvernement va acheter tous ceux qui le
désirent, ou si la corporation pourra également en acheter?
M. BERTRAND: C'est-à-dire c'est la corporation. Mais
comme, à ce moment-là, il y a un article dans le bill 21 qui
prévoit que le gouvernement peut garantir donc, celui qui
garantit, c'est un peu comme l'endosseur il devient le payeur. Et
d'ailleurs, tous les budgets adoptés par les collèges en vertu du
bill 21, sont soumis à l'approbation du ministre de l'Education.
M. MASSE: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir au
bill...
M. BERTRAND: Alors, est-ce qu'on pourrait continuer
l'étude du bill, article par article?
M. LE PRESIDENT: Article 3, s'il vous plaft.
M. BERTRAND: Alors, vous avez $550.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. BERTRAND: Un instant là!
M. LE PRESIDENT: Il est dix heures...
M. BERTRAND: Voici, j'aurais un amendement ici.
UNE VOIX: Juste une explication, pourquoi le 1er
décembre?
M. BERTRAND: Oui, un instant. Alors, article 4,
adopté?
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté? M. BERTRAND: Article
4.
M. LE PRESIDENT: Article 4. Une question, M. Goldbloom?
M. GOLDBLOOM: Il y a une erreur à la première
ligne...
M. BERTRAND: La version anglaise?
M. GOLDBLOOM: Oui, le mot « grants » devrait
être au singulier.
M. LE PRESIDENT: Quel mot?
M. BERTRAND: « Grant » au lieu de « grants
».
M. GOLDBLOOM: Oui. M. BERTRAND: Enlevez le « s ».
M. GOLDBLOOM: A l'article 5. M. BERTRAND: Alors, adopté?
M. LE PRESIDENT: Oui, un instant, s'il vous plaît? M.
Pearson?
M. PEARSON: J'ai une question à poser. Dans le
deuxième paragraphe, on dit ceci: « Dans le calcul des
subventions, il n'est pas tenu compte des étudiants pour lesquels une
corporation scolaire assume les frais d'enseignement ». Et ces
frais-là, la commission scolaire les paye $200.
M. BERTRAND: Non, c'est fini cela, c'est aboli. C'est le
gouvernement qui va payer directement à l'institution
indépendante.
M. PEARSON: Alors, comment se fait-il que c'est là?
M. BERTRAND: C'est sûr...
M. PEARSON: Parce qu'il y a un choix...
M. BERTRAND: ... parce que la commission scolaire assume les
frais en vertu de l'article 496. On ne tient pas compte du tout des
subventions...
M. MASSE: Ce sont ceux dont les frais sont payés par des
associations.
M. BERTRAND: ... parce que c'est en vertu d'association entre une
institution privée et une commission scolaire. Alors, à ce
moment-là, c'est sûr qu'il n'y aura pas de subvention.
M. PEARSON: Mais l'institution n'a pas le choix, par exemple, de
ne pas payer de subvention; à ce moment-là, c'est le gouvernement
qui paie $550, elle n'a pas le choix entre...
M. BERTRAND: Oui, mais là, vous êtes au niveau
secondaire, en vertu de 496, non au niveau collégial.
M. BEAUPRE: Supposons que, dans une commission scolaire
donnée, supposons la commission scolaire de Québec, il y a dix ou
douze élèves en septembre. On réalise qu'organiser une
classe pour dix ou douze élèves dans une discipline
donnée, ce ne serait pas rentable et on veut faire une entente avec le
collège des Jésuites ou un autre collège de Québec
pour qu'il les prenne. Ils ont été inscrits à la
commission des écoles catholiques de Québec et l'entente pourrait
se négocier, à ce moment-là, pour cinq, dix ou douze
élèves. Est-ce à dire, en vertu du paragraphe 2 de
l'article 4, que dès ce moment-là, vu que c'est la commissions
scolaire qui a négocié une entente, ils ne sont pas reconnus
comme pouvant recevoir les subventions prévues?
M. BERTRAND: Non.
M. BEAUPRE : Alors, on les priverait.
M. BERTRAND: Oui.
M. BEAUPRE: Et quelle justification y aurait-il à faire
cela? Parce qu'au point de vue de l'économie, il y a sûrement une
économie pour une commission scolaire à ne pas ouvrir une classe
pour quinze élèves.
M. BERTRAND: Parlez-vous des élèves au
secondaire?
M. BEAUPRE: Oui, je parle au secondaire.
M. BERTRAND: Au secondaire. A ce moment-là, il n'y a rien
qui empêche une entente. Ce sera l'entente entre la commission scolaire
de Québec...
M. BEAUPRE: Mais pourquoi priver...
M. BERTRAND: ... de Québec et l'institution
indépendante.
M. BEAUPRE: Oui, mais pourquoi priver ces
élèves-là du fait qu'ils se sont inscrits à la
commission scolaire régionale proprement dite de Québec? On ne
peut pas ou on ne trouve pas logique d'ouvrir une classe pour quelques
élèves dans telle discipline, alors pourquoi les priver de la
subvention que normalement...
M. BERTRAND: Cela revient au problème que nous avons
déjà discuté avec le député de
Jean-Talon.
M. BEAUPRE: Oui, mais est-ce qu'il n'y a pas encore, là,
une injustice? Prenez le cas des institutions privées de Québec.
Elles ne paient pas de taxes. Leurs services sont fournis par la ville.
M. BERTRAND: Quant à moi, je n'ai rien à ajouter
à ce que j'ai déjà dit là-dessus. Le
député de Jean-Talon revient avec le même problème
qui a déjà été discuté.
M. BEAUPRE: C'est toujours le même, M. le Président,
c'est toujours le même problème qui revient avec toutes nos
lois...
M. BERTRAND: Oui, je comprends, mais...
M. BEAUPRE: ... avec toutes les lois d'exception...
M. BERTRAND: ... je lui ai alors donné une réponse.
Je comprends qu'elle n'est pas satisfaisante, mais...
M. BEAUPRE: Mais déjà, ces institutions
bénéficient d'exemptions de taxes, vont recevoir des subventions
plus considérables alors qu'à la commission scolaire locale on
recevra $175 et que l'on paiera des services que les institutions
privées ne paient même pas. On ne pourra pas, si on y envoie
quelques élèves, les faire bénéficier de
subventions.
M. BERTRAND: A ce moment-là, la Commission des
écoles catholiques de Québec est astreinte également
à la Loi de l'instruction publique. C'est à elle de prendre les
mesures nécessaires pour que les cours d'étude du niveau de la
première année à celui de la onzième année
inclusivement adoptés et reconnus soient dispensés aux enfants
domiciliés dans son territoire. Elle a exactement les mêmes
obligations, les mêmes devoirs, les mêmes responsabilités
que toute autre commission scolaire au Québec.
M. BEAUPRE: Oui, mais n'y aurait-il pas moyen de dire que les
commissions scolaires qui assument, disons, des frais de $200, si elles veulent
payer ces $200, pourquoi le gouvernement ne se reconnaîtrait-il pas une
responsabilité, ne paierait-il pas la différence entre ces $200
et $350, par exemple?
M. BERTRAND: Je regrette, c'est encore le même
problème que nous avons discuté hier, je pense, et je n'ai pas
d'autre réponse à donner au député de Jean-Talon
que celle que je lui ai fournie hier.
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministre reconnaît qu'ici
encore...
M. BERTRAND: Je le lui ai dit, hier. Alors, je ne voudrais pas
reprendre les propos que j'ai déjà tenus au sujet de ce
problème qu'il a soulevé.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain.
M. BERTRAND: Ce serait tout simplement de la
répétition.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain, s'il vous plaît.
M. SAINT-GERMAIN: Alors si vous le permettez, M. le
Président, M. le ministre, alors si je comprends bien ces $200 sont
disparus.
M. BERTRAND: Ils ne sont pas disparus. L'élève,
autrefois, allait voir le secrétaire-trésorier de sa
municipalité, avec une formule. Cette formule devait être
également signée ou indiquer que l'élève
fréquentait telle institution privée. C'est à ce
moment-là qu'il y avait versement à la commission scolaire du
montant de $200. Cela est changé. Ces $200, au lieu d'être
payés de la manière que je viens de décrire, seront
payés directement à l'institution privée.
M. SAINT-GERMAIN: Alors dans votre paragraphe, vous dites: Dans
le calcul de cette subvention, il n'est pas cependant pas tenu compte des
étudiants pour lesquels la corporation scolaire...
M. BERTRAND: Vous arrivez aux CEGEP, là. M. LE PRESIDENT:
Cest le bill 21, ça.
M. BERTRAND: Quand l'institution dans une autre ville est
associée...
M. SAINT-GERMAIN: Très bien, M. le ministre.
M. BERTRAND: ... la commission scolaire régionale ou
l'institution privée, c'est la commission scolaire qui assume tout le
fardeau. Et, à ce moment-là la commission scolaire vient nous
voir pour des subventions d'équilibre budgétaire.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson, s'il vous plaît.
M. PEARSON: Je n'ai pas les chiffres en main. Supposons qu'une
commission scolaire garde un élève dans une école et doit
payer un certain montant pour l'éducation de cet élève,
premièrement. Deuxièmement, au lieu de ça, si la
même commission scolaire décide de l'envoyer dans une institution
privée ou si les parents décident d'envoyer leurs enfants dans
une institution privée, la commission scolaire paie un montant. Je ne
sais pas s'il y a possibilité de savoir ce que paie la commission
scolaire, ou si elle ne fait pas d'argent en l'envoyant dans une institution
privée, à cause des subventions qui sont versées à
l'institution privée, ou s'il n'y aurait pas discrimination pour ceux
qui demeureront dans le secteur.
M. BERTRAND: Voulez-vous dire ici qu'il s'agirait d'un seul cas,
de deux ou trois cas?
M. PEARSON: Indépendamment Supposons un enfant de
septième année.
M. BERTRAND: Il ne s'agirait plus là d'entente entre une
institution privée et la commission scolaire.
M. PEARSON: Supposons un enfant de septième année.
Au lieu de le garder en huitième année, les parents
décident d'envoyer ce petit garçon faire son cours classique. A
ce moment-là, la commission scolaire doit payer un certain montant
où elle a le choix. Alors c'est le gouvernement qui paie à ce
moment-là. Alors vous demandez à la commission scolaire...
M. BERTRAND: C'est le gouvernement qui va payer au secondaire
$350.
M. PEARSON: Autrement dit, ne pensez-vous pas que la commission
scolaire serait plutôt tentée, dans ce cas, d'envoyer les enfants
dans les institutions privées? Elle se déchargerait de certaines
responsabilités.
M. BEAUPRE: Il doit sûrement y avoir une invitation aux
commissions scolaires d'envoyer les enfants...
M. BERTRAND: Je ne vois pas pourquoi il y aurait plus
d'invitation à les envoyer dans les institutions privées, surtout
au moment où on développe de plus en plus dans les écoles
polyvalentes, entre autres, l'enseignement secondaire. Je ne vois pas du
tout.
M. PEARSON: Mais maintenant, pour ce nouveau point de vue des
parents, pour les mêmes parents si au lieu de garder leurs enfants dans
l'institution publique, ils décident de l'envoyer à l'institution
privée, est-ce qu'il y aura un écart à ce moment-là
sur les charges qu'ils devraient payer en taxes parce qu'ils devront continuer
quand même à payer les taxes...?
M. RUSSELL: Ils paient les mêmes taxes d'abord.
M. PEARSON: ... ils devront payer une surcharge pour les
frais...
M. BERTRAND: J'ai donné les chiffres tantôt.
M. RUSSELL: La différence.
M. PEARSON: D'accord. Seulement, j'étais.,.
M. BERTRAND: C'était approximatif, je l'ai dit.
M. PEARSON: D'accord.
M. HOUDE: On a dit que ce sera jamais gratuit à
l'institution publique pour les parents.
M. BERTRAND: Cela pourra difficilement être gratuit. Tant
et aussi longtemps...
M. HOUDE: Cela pourra.
M. BERTRAND: Il n'y a pas à le cacher. Je l'ai
affirmé, je le redis...
UNE VOIX: On n'a rien à cacher.
M. BERTRAND: Il faut établir un secteur public complet,
depuis la maternelle jusqu'à l'université.
M. LEVESQUE (Laurier): Incluse.
M. BERTRAND: Il n'y a personne qui met en doute ce principe. Or,
pour le mettre en pratique, il y a des gestes à poser. Nous en avons
posé un, par le bill 21, qui complète le réseau public,
qui va le compléter par étapes. Personne ne pourrait
l'établir en une année.
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse, je n'ai pas compris le
ministre. Le ministre vient de dire qu'il faut établir un secteur
public, je pense bien qu'on est d'accord, depuis la maternelle jusqu'à
l'université. Et là, le bill 21, c'est le
préuniversitaire. Quand le ministre a dit jusqu'à
l'université, est-ce qu'il voulait dire un secteur public complet, parce
qu'autrement le mot « complet » serait un peu baroque,
jusqu'à l'université inclusivement?
M. BERTRAND: A l'université il y aura d'autres
étapes à franchir.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien enfin, un secteur public complet
jusqu'à l'université.
M. BERTRAND: Entendons-nous. Nous sommes rendus au bill...
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez c'est ce qu'il dit.
M. BERTRAND: ... 21.
M. GERIN-LAJOIE: J'essaie de comprendre l'interprétation
du ministre.
M. BERTRAND: Nous sommes rendus au bill 21. Il est sûr que
nous nous acheminons inévitablement vers une gratuité scolaire
qui va permettre une plus grande accessibilité à tous depuis la
maternelle jusqu'à l'université inclusivement.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans un secteur public complet.
M. BERTRAND: Inclusivement.
M. HOUDE: Mais vous avez également dit qu'il pourra...
M. BERTRAND: Là on est en train de faire un tour d'horizon
de tous les problèmes de l'éducation.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, c'est parce que la phrase venait du
ministre.
M. BERTRAND: Je l'ai dit d'ailleurs dans mon discours.
M. LEVESQUE (Laurier): Au point où elle est rendue,
d'accord!
M. MASSE: M. le Président, est-ce qu'on peut...
M. BERTRAND: Il y aura des centres universitaires qui vont
être établis...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous passez votre vie à l'Expo,
vous n'êtes pas fatigué.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Un instant, j'aurais une question.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais dire quelques
mots sur l'article 4. Je pense que j'ai attendu assez patiemment pour que vous
me donniez la parole.
M. LE PRESIDENT: Ah oui! Votre patience est admirable!
M. GERIN-LAJOIE: Je pense qu'à la suite des paroles du
député de Jean-Talon et des paroles du député de
Saint-Laurent, il y a lieu de mettre quelque chose en lumière et
d'obtenir du ministre certaines explications ou éclaircissements.
Le deuxième paragraphe de l'article 4 spécifie que, dans
le calcul des subventions, il n'est pas tenu compte des étudiants pour
lesquels une corporation scolaire paie une institution privée. Or, la
situation, je pense, peut-être décrite de la façon suivante
et ça ça ne s'applique pas seulement à Québec mais
à Montréal, ce n'est donc pas le problème soulevé
hier par le député de Jean-Talon, c'est un problème encore
plus vaste. Or, je voulais dire que dans le cas d'étudiants qui sont
à une institution privée, s'il y a un régime
d'association, la charge est entièrement aux frais des contribuables
locaux, sauf les subventions payées à la commission scolaire par
le gouvernement de la province, ce qui ne couvre qu'une partie,
évidemment, des frais encourus par la commission scolaire.
M. BERTRAND: La plus grande partie.
M. GERIN-LAJOIE: Disons que cela varie selon les commissions
scolaires.
M. BERTRAND: Pour l'année 1967, si on n'inclut pas les
commissions scolaires de Montréal et de Québec, de
Montréal en particulier...
M. GERIN-LAJOIE: Mais le ministre voudrait exclure plus que la
moitié des étudiants de la province.
M. BERTRAND: Alors, si le député de
Vaudreuil-Soulanges veut parler, qu'il parle!
M. GERIN-LAJOIE: Bien, c'est cela que je fais, M. le
Président. Je pensais avoir la parole. Alors, je ne veux pas qu'on se
fâche, je pensais seulement pouvoir exposer un problème
réel et avoir très sereinement les explications du ministre de
l'Education par après.
Alors, la commission scolaire reçoit du gouvernement de la
province dans certains cas $175, dans d'autres cas, davantage. S'il n'y a pas
de régime d'association, les étudiants de la localité qui
fréquentent l'institution privée le feront intégralement,
aux frais des contribuables provinciaux, sans aucune charge pour les
contribuables locaux.
Je pense avoir exposé assez clairement et succinctement la
différence qui existe entre les deux situations et je me demande si le
ministre, premièrement, croit cette situation équitable et, dans
l'hypothèse qu'il ne la croirait pas équitable, s'il envisage des
modifications à cette situation.
M. BERTRAND: J'ai expliqué tantôt combien il pouvait
en coûter au secondaire, quel était le montant de la subvention
qui serait payée par l'Etat: $350. Les parents qui envoient leurs
enfants dans une institution privée où il n'y a pas
d'association, sont appelés à payer un montant plus
élevé que $350. Alors, ils payent donc leurs taxes et, en plus de
cela, ils payent un montant plus élevé parce qu'ils choisissent
d'envoyer leur enfant là. Cela, c'est dans le cas où il y a
l'institution privée, où il n'y a pas d'association.
Là où il y a association, en vertu du document qui a
été publié par le gouvernement, l'an dernier, au cours du
mois d'avril, il est sûr que c'est et le contribuable local et le
contribuable provincial qui assument le coût. Mais dans le cas où
j'envoie mon enfant à l'institution privée au niveau secondaire,
ça me coûte plus cher que $350; s'il n'y a pas d'association,
ça me coûte beaucoup plus cher. A ce moment-là je paye ma
taxe comme tous les autres. Je la paye au niveau local et je la paye au niveau
provincial. Pour mon enfant, je ne retire que $350 de l'Etat, alors que, s'il y
a association, je paye ma taxe comme contribuable local si je suis
propriétaire. Je paye également ma taxe au niveau provincial par
le jeu, bien entendu,
des subventions d'équilibre budgétaire que le gouvernement
accorde aux commissions scolaires qui ont conclu des ententes en vertu du
document numéro 1. Alors, je ne vois pas...
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, le ministre...
M. BERTRAND: Je ne vois pas où est le problème que
soulève le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre vient de nous présenter le
problème du point de vue du père de famille qui a un
étudiant, un jeune, un garçon ou une jeune fille à
l'institution privée associée ou non. Disons que je tentais de le
présenter du point de vue non pas du père de famille mais du
point de vue du contribuable de la commission scolaire d'une façon
générale. Et je dis que, dans un cas, le contribuable de la
commission scolaire, qu'il ait ou non un enfant à l'institution
privée associée, se trouve dans une situation différente.
Il paye des montants différents selon qu'il y a un régime
d'association ou non.
Dans un cas, pas d'association, c'est le contribuable provincial, pour
employer une expression peu française « at large », qui paye
la subvention prévue par le bill 39, quel qu'en soit le montant au
secondaire ou au postsecondaire. Dans le cas d'un régime d'association,
c'est le contribuable local qui en paye une partie substantielle qu'il n'est
pas appelé à payer dans l'autre cas.
Alors, je me préoccupe du point de vue de ce contribuable local
il ne faudrait pas faire de blague au sujet des partis qui sont
près du peuple ou non et je me demande si cette question
préoccupe dans le sens qu'elle est à l'esprit du ministre de
l'Education et de ses collaborateurs et qu'on cherche vraiment une solution
à ce problème.
M. BERTRAND: Oui, est-ce qu'elle l'était à l'esprit
du député de Vaudreuil-Soulanges lorsque ce régime
d'association a été prévu? Parce que le même
problème existait, le même problème était à
prévoir.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, la réponse, M. le
Président, c'est qu'elle était à l'esprit du
député de Vaudreuil-Soulanges et du gouvernement libéral
avant juin 1966, que nous reconnaissions à ce moment-là qu'il y
avait un problème, mais ce problème était moins aigu qu'il
ne va l'être sous les lois du gouvernement actuel. Parce que sous les
lois de l'ancien gou- vernement, il y avait un montant de $200 qui était
payé par les contribuables locaux ce qui égalisait un peu la
situation. Ce qui ne sera plus le cas maintenant.
M. BERTRAND: Je trouve qu'au contraire, c'est
préférable, parce que c'est payé à ce
moment-là par l'ensemble des contribuables.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais on accentue la
différence...
M. BERTRAND: Alors qu'en vertu de la loi qui existait, le
contribuable local avait lui aussi une partie à payer.
M. MASSE: Est-ce que vous trouvez que le régime
d'association coûte trop cher aux contribuables là où il y
a des associations?
M. GERIN-LAJOIE: Ce que je trouve, M. le Président, c'est
qu'on a un régime qui établit deux situations
différentes...
M. MASSE: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: ... et qu'on devrait viser à avoir une
situation uniforme pour les contribuables fonciers locaux, les contribuables
qui assument une partie importante des frais des commissions scolaires.
M. MASSE: Est-ce que vous préconiseriez d'enlever
l'association?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre d'Etat
à l'Education voudrait faire dévier la question.
M. MASSE: Non.
M. GERIN-LAJOIE: La réponse est non.
M. MASSE: Alors, l'association...
M. GERIN-LAJOIE: Ce qu'on dit, M. le Président, c'est
qu'on doit rechercher un régime en vertu duquel les contribuables locaux
ne soient pas pénalisés à cause du régime de
relations qu'ils choisissent d'établir avec l'institution
privée.
M. MASSE: Alors, c'est justement la place pour en parler, puisque
c'est dans le principe du bill. Quel système
préconiseriez-vous?
M. GERIN-LAJOIE: Nous posons des questions au gouvernement
et...
M. LEVESQUE (Laurier): Qui est le gouvernement? Vous avez
été élu au gouvernement.
M. GERIN-LAJOIE: ... et à ceux qui ont la
responsabilité du gouvernement, on ne peut pas prétendre relever
tout ce qui a été dit avant juin 1966 où on
prétendait avoir les réponses à tous les problèmes,
je dirai simplement qu'un gouvernement, quel qu'il soit aujourd'hui,
c'est le ministre qui a cette responsabilité-là prend la
responsabilité de chercher les solutions aux problèmes avec les
équipes de fonctionnaires compétents qu'il a à sa
disposition.
M. BERTRAND: Il me semble que, non seulement ce
problème-là, mais l'autre qui a été soulevé
par le député de Jean-Talon...
M. MASSE: Il n'y a pas que les fonctionnaires qui ont des
idées.
M. BERTRAND: ... on pose un peu tout le problème de
financement de l'éducation et en particulier, du financement des
commissions scolaires. J'ai dit à plusieurs reprises que nous avions
suffisamment de rapports à l'heure actuelle, je vais les nommer de
nouveau: Carter, Bélanger, Morcel, Parent, nous avons suffisamment
d'études qui ont été faites...
UNE VOIX: C'est bien ce qu'on pense.
M. BERTRAND: ... pour, à l'analyse de tous ces rapports,
non plus former une nouvelle commission d'enquête, mais prendre une
décision. C'est ce que le ministre des Finances a déjà
déclaré, c'est un problème qui retenait notre attention
immédiate et que nous allons essayer d'y apporter la solution qui
s'impose.
M. LE PRESIDENT: L'article 4 est-il adopté?
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais une question à poser, M. le
Président.
M. MASSE: Là-dessus, si vous me permettez d'ajouter
quelques précisions pour donner un tableau. Le ministre tout à
l'heure a déclaré que, dans le cas qui était posé,
ce sont les familles qui remplaçaient les contribuables locaux.
D'après les feuilles que vous avez devant vous, si l'étudiant est
dans une commission scolaire, le coût de $700 est partagé: $350
par le contribuable national et $350 par le contribuable local.
M. LEVESQUE (Laurier): National. C'est une façon d'abrier
ce qui se passe!
M. MASSE: Dans le régime d'association, c'est exactement
$700, partagés, c'est le même partage: $350 - $350. Si
l'institution est privée, le coût de $700 est partagé: $350
en moyenne par le contribuable, provincial ou national, ou bien comme dit M.
Lajoie, le contribuable « at large », le nouveau groupe, et puis
$350 par la famille. Qu'est-ce qui remplace le contribuable local dans
l'institution privée? Cest la famille. Cest exactement ce que le
ministre avait donné.
M. GERIN-LAJOIE: On se souvient de l'aide que le ministre d'Etat
a reçue de ses compétents fonctionnaires. Seulement, ces
compétents fonctionnaires lui ont soumis des moyennes qui ne tiennent
pas compte des situations particulières.
M. MASSE: On a vu hier, quand on a étudié le budget
des commissions scolaires régionales, que...
M. BERTRAND: L'ancien ministre de l'Education, même s'il
est allé étudier à Oxford, avait lui-même recours
à ces hauts fonctionnaires...
M. GERIN-LAJOIE: Je suis d'accord sur l'utilisation des
fonctionnaires; ils sont les piliers du ministère. Seulement...
M. BERTRAND: Quand je suis arrivé là, j'ai dit:
Vous n'êtes pas ici pour bâtir un ministre mais pour bâtir un
ministère.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est bien ça.
M. MASSE: Est-ce que ça serait un des changements de
politique?
M. LE PRESIDENT: M. Pearson, s'il vous plaît.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je pense que le ministre
de l'Education a quand même passé à côté de ma
question...
M. BERTRAND: Dans mes derniers propos, je n'ai pas passé
à côté de ce que je voulais dire.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis bien heureux mais, M. le
Président, vous me permettrez de préciser même là
pour faire des blagues sur les fonctionnaires, je pense que le journal
des Débats qui n'a pas rapporté les sourires et les rapportera
avec ce que je dis maintenant...
M. BERTRAND: Ce n'est pas un journal parlé.
M. GERIN-LAJOIE: Nous sommes tous d'accord sur le rôle
essentiel et compétent des fonctionnaires. J'en suis sur ceci: C'est que
les chiffres que nous a donnés le ministre d'Etat à l'Education
sont des moyennes...
M. MASSE: D'accord, sur votre prière d'ailleurs, quand on
a étudié...
M. GERIN-LAJOIE: ... il faut tenir compte que les individus, les
6.5 millions d'habitants de la province de Québec ne sont pas des
moyennes, ce sont des individus qui payent des taxes.
M. MASSE: C'est la même chose dans les commissions
scolaires régionales. Il n'y a pas deux budgets qui sont identiques. Il
n'y a pas un per capita qui est le même. On a vu que dans
Vaudreuil-Soulanges, c'était beaucoup plus élevé
qu'ailleurs...
M. GERIN-LAJOIE: Pour des raisons qu'il y aurait à
analyser, M. le Président, le ministre d'Etat ne fera pas bifurquer la
question.
M. MASSE: Non, pour les mêmes raisons que...
M. BERTRAND: Je ne me rappelle pas pour Montcalm mais on a vu
hier comment ça coûtait pour Vaudreuil-Soulanges.
M. MASSE: $300 ou $400.
M. GERIN-LAJOIE: Je pensais avoir soulevé un
problème fort sérieux qui est celui de la différence du
fardeau imposé aux contribuables selon qu'il y a régime
d'association ou non et je n'ai pas fait une attaque...
M. MASSE: Je pense que... D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: ... ni de procès d'intention. Je
soulignais un problème qui ne me paraît pas résolu et j'ai
demandé au ministre s'il était d'accord qu'il y avait là
un problème, s'il était d'accord que c'était un
problème qui méritait étude et s'il envisageait une
solution à brève échéance.
M. MASSE: Tout problème mérite étude mais,
règle générale, disons que c'est la famille qui supporte
la grande majorité des différences. C'est clair.
M. BERTRAND: Même avec le taux normalisé des taxes
scolaires à travers la province, c'est quand même le contribuable
qui paie. Qu'on l'appelle contribuable national, québécois ou
« at large » c'est sur que le contribuable paie. Le contribuable
local paie, admis.
Et en réponse au problème que soulevait le
député de Vaudreuil-Soulanges, le problème du financement
de l'Education, je lui ai répondu tantôt que les frais vont
augmenter encore considérablement d'année en année. C'est
un des ministères, il n'y a aucun doute, qui va drainer de plus en plus
les fonds publics. Et c'est pour ça que, chaque fois que j'en ai
parlé, j'accepte que nous connaissions en même temps un
développement économique qui nous permettra justement de
percevoir les revenus dont le gouvernement, quel qu'il soit, aura besoin pour
faire face aux dépenses accrues dans le domaine de l'éducation,
un secteur que nous considérons tous comme prioritaire et qui est
essentiel à l'avenir du Québec.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Adopté. Article 5.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. SAINT-GERMAIN: J'ai une question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. PEARSON: Au sujet des chiffres que vous avez donnés
tantôt, j'aimerais bien poser une question. Par exemple, lorsque vous
parliez de contributions provinciales, vous recueillez 100% et vous retournez
dans certaines commissions scolaires le pourcentage, d'après la loi de
l'instruction publique, qui peut aller de 10% à 80%. Par exemple,
à la commission scolaire de Saint-Laurent, je crois que vous retournez
23%, quelque chose de semblable. Par contre l'institution privée, qui
est dans la même localité, reçoit une subvention statutaire
qui ne bouge pas.
Mais, à ce moment-là, ça veut dire qu'il y a un jeu
qui se fait entre la taxe que paient les contribuables, la taxe locale, et la
marge que vont payer ceux qui envoient leurs enfants aux institutions
privées. C'est ce jeu que je ne saisis pas. Cela dépend des
localités. Si chez moi vous recueillez 100% et que vous retournez 23%,
alors qu'ailleurs, vous retirez également 100% et vous retournez 80%,
cela fait une différence; parce que dans les deux cas, il y a une
subvention statutaire de $550.
M. BERTRAND: C'était le même problème quand
la commission scolaire donnait, par exemple, $200. C'était exactement le
même problème.
M. MASSE: C'est par la loi que c'était la même
chose.
M. BERTRAND: C'est exactement le même problème.
M. MASSE: La majorité des subventions des Affaires
municipales, aux municipalités sont automatiques, c'est le même
montant pour tel objet.
M. PEARSON: Oui, mais la même commission scolaire, si vous
retenez seulement, disons 20%...
M. MASSE: Oui, oui, je comprends.
M. PEARSON: ... elle-même doit hausser sa taxe scolaire
pour combler...
M. MASSE: Je comprends le problème, mais ce que je veux
dire, c'est que...
M. BERTRAND: C'est-à-dire qu'à ce moment-là,
si elle n'a pas atteint le taux que l'on appelle normalisé, elle doit
hausser son taux de taxe. Toutefois, si elle a atteint le taux
normalisé, la commission scolaire peut bénéficier de ce
que l'on appelle les subventions d'équilibre budgétaire.
M. MASSE: C'est par l'effort fiscal...
M. BERTRAND: L'effort fiscal est basé sur le
critère du taux normalisé. Et tant et aussi longtemps qu'on ne
l'a pas atteint, il doit y avoir des étapes et il y en a. Si le taux
normalisé dans une commission scolaire est de $2 et que le taux de la
taxe actuelle est de $1.50, c'est sûr, que le ministère ne fait
pas franchir en une année, cet écart. Nous le faisons par
étapes: augmentation de, disons, $0.20 une année, $0.20 l'autre
année et $0.10 l'autre année, de manière à
atteindre le taux normalisé. Or, quand ce taux normalisé est
atteint, à ce moment-là, les dépenses admissibles sont
sujettes aux subventions d'équilibre budgétaire. Voilà un
moyen d'aider par la taxation générale, les impôts
payés par l'ensemble des contribuables québécois,
voilà le moyen d'aider les commissions scolaires locales et
régionales.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, si je comprends bien, les $350 que
vous allez donner en subvention à l'institut privé, ça
comprend toutes les subventions... ça veut dire que ces $350 sont
déductibles des subventions que cette institution privée recevait
antérieurement?
M. BERTRAND: Cela veut dire que ça remplace les
subventions qu'elle recevait précédemment.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, puisque la commission scolaire
payait...
M. BERTRAND: A ce moment-là, entendons-nous. Est-ce que
nous parlons des institutions privées...
M. SAINT-GERMAIN: Je parle d'Institutions privées.
M. BERTRAND: Cela remplace les subventions qu'elles recevaient
auparavant au niveau secondaire, $350.
UNE VOIX: C'est ça.
M. BERTRAND: $550 au niveau postsecondaire, cela remplace toutes
les subventions qu'elles recevaient auparavant en vertu des droits dont j'ai
déjà donné le nom ici au comité, hier.
M. SAINT-GERMAIN: Bon. Ces subventions, que l'institut
privé ou que le collège privé, si vous voulez, recevait
antérieurement était de combien par étudiant en
moyenne?
M. BERTRAND: Je l'ai donné hier.
M. SAINT-GERMAIN: Moi, écoutez, je pars de cette
optique-là, je n'étais pas ici auparavant.
M. BERTRAND: Je comprends tout ça. Il recevait environ
$310 au secondaire et c'est porté à $350.
M. SAINT-GERMAIN: Il recevait $310. M. BERTRAND: Environ, en
moyenne.
M. SAINT-GERMAIN: Bon. Ces $310, est-ce que l'élève
qui recevait de sa commission scolaire $200...
M. BERTRAND: Ils étaient compris là-dedans, les
$200.
M. SAINT-GERMAIN: Ils étaient compris dans les $310.
M. BERTRAND: Bien oui, ils étaient compris
là-dedans.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, l'élève qui
appartient à une commission scolaire et qui s'inscrit à une
institution privée, est-ce qu'au point de vue de la commission scolaire,
qui est responsable de cet élève-là, est-ce qu'au point de
vue des subventions du gouvernement maintenant, cet
élève-là est calculé sous la responsabilité
de la commission scolaire...
M. BERTRAND: Non, et c'est justement là l'article 4. C'est
que cet élève devra être compté comme
élève de l'institution privée. Et lorsque nous aurons
reçu le nombre d'élèves fréquentant telle
institution privée, c'est à ce moment-là que le calcul
global de la subvention pourra être fait et être versé
directement à l'institution privée.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, cet élève pour faire ses
études, ne recevra rien de la commission scolaire locale?
M. BERTRAND: Non.
M. SAINT-GERMAIN: Et en plus, la commission scolaire locale ne
recevra rien du ministère?
M. BERTRAND: Non.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, le coût total de l'enseignement de
cet élève-là, au point de vue des finances publiques, sera
de $350 exclusivement.
M. BERTRAND: Il coûtera au contribuable
québécois $350...
M. SAINT-GERMAIN: $350...
M. BERTRAND: ... au niveau secondaire. Il coûtera au
contribuable québécois au niveau postsecondaire $550.
M. SAINT-GERMAIN: Je parle toujours au niveau secondaire.
M. BERTRAND: Je donne des réponses pour les deux
niveaux.
M. SAINT-GERMAIN; Alors, en somme, un élève qui sera
inscrit cette année à une institution privée va
coûter moins cher aux contribuables qu'il ne coûtait l'année
dernière.
M. BERTRAND: II va coûter moins cher...
M. SAINT-GERMAIN: ... contribuables qu'il ne coûtait
l'année dernière, s'il va dans une institution privée qui
n'est pas affiliée aux CEGEP.
M. BERTRAND: Oui, si on compare. Aux deux niveaux, aux CEGEP, on
a dit tantôt combien cela pourrait coûter. On a dit que cela
pourrait varier en $1,000 et $1,100 par élève.
M. SAINT-GERMAIN: Bon.
M. BERTRAND: Et au niveau secondaire, j'ai donné des
chiffres approximatifs tantôt, qui pouvaient varier au secondaire entre
$600 et $700.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, ces $600 ou ces $700 seront payés
exclusivement par la taxe publique, locale ou provinciale.
M. BERTRAND: C'est-à-dire que dans tous les cas, il y aie
contribuable québécois en général, et dans le cas
des commissions scolaires locales, il y a également le contribuable
local qui paie l'impôt foncier.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, pour l'enfant qui est inscrit dans une
institution privée non affiliée, il y aura baisse du coût
pour cet enfant-là relativement aux contribuables de la province.
C'est-à-dire qu'il coûtera moins cher à la taxation que
précédemment.
M. HARVEY: Ses parents vont payer pour!
M. BERTRAND: C'est-à-dire que ces parents-là seront
appelés à payer un montant additionnel dans les institutions
privées.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, dans ces conditions-là, les
parents de ces enfants paieront plus cette année qu'ils ne payaient
l'année dernière. Enfin, c'est un enfant qui ne reçoit
pratiquement plus rien.
M. BERTRAND: L'an dernier, il recevait, comme je l'ai dit
tantôt, environ $310; $200 de la commission scolaire et $110 en vertu des
autres lois.
M. SAINT-GERMAIN: Juste!
M. BERTRAND: Cette année, ce sera $350, au niveau
secondaire. Au niveau postsecondaire, en vertu de la loi que nous avons
adoptée, (le bill 36) c'était environ $400.
M. SAINT-GERMAIN: C'est cela.
M. BERTRAND: En vertu du bill 39, ce sera $550.
M. SAINT-GERMAIN: C'est juste. Mais il reste, M. le ministre,
qu'antérieurement, lorsque la commission scolaire payait $200 en
subvention à cet élève-là, cet élève
restait sous la responsabilité de la commission scolaire locale, et la
commission scolaire locale recevait des allocations...
M. BERTRAND: Non, cet élève ne resterait pas sous
la responsabilité de la commission scolaire locale, parce qu'il est
inscrit dans une autre institution.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, il n'était pas calculé
comme étant un élève au point de vue des subventions du
gouvernement provincial, il n'était pas...
M. BERTRAND: C'est-à-dire qu'à ce moment-là,
la commission scolaire locale recevait une subvention du gouvernement.
M. HARVEY: Comme selon l'échelle?
M. BERTRAND: Selon une certaine échelle.
M. SAINT-GERMAIN: Il recevait la même subvention qu'un
élève qui prenait ses cours à la commission scolaire
locale?
M. BERTRAND: C'est-à-dire ces $200 qui étaient
payés par la commission scolaire locale à l'institution
privée...
M. SAINT-GERMAIN: Oui?
M. BERTRAND: ... étaient remboursés à la
commission scolaire locale suivant certaines proportions.
M. HARVEY: Jusqu'à un maximum de $150?
M. BERTRAND: Jusqu'à un maximum...
M. HARVEY: ... de $150.
M. BERTRAND: De $150.
M. HARVEY: C'était le maximum.
M. SAINT-GERMAIN: Alors si la commission scolaire locale recevait
$150 pour l'élève qui étudiait dans une institution
privée, et que le gouvernement donnait $110 à l'institution
privée, c'est dire que le gouvernement payait et $110 à
l'institution privée et $150...
M. BERTRAND: Environ $150 à la commission scolaire...
M. RUSSELL: Et la commission scolaire payait la
différence.
M. BERTRAND: Et la ville payait $200 à l'institution
privée.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté.
M. BEAUPRE: M. le Président, j'aurais voulu poser une
question au ministre.
M. LE PRESIDENT: M. Beaupré.
M. BEAUPRE: A deux ou trois reprises, hier et ce soir, il fut
question de taux normalisé. Est-ce que le ministre me permettrait une
question pour comprendre ce qu'il veut dire par taux normalisé? Je
voudrais lui donner un exemple. Supposons que vous avez une ville où 38%
des biens sont exemptés et que de ce fait l'administration municipale
n'impose pas tellement de taxes foncières, mais trouve moyen d'imposer
des taxes de service, des taxes d'affaires de 18%, des taxes de service de 1%
ou 2%, est-ce que ceux qui sont exemptés de taxes
bénéficient quelque peu des services comme c'est le cas à
Québec? Alors le taux, à ce moment-là, reste à 90%
disons du taux idéal de 100% poursuivi par le ministère de
l'Education.
Est-ce que, dans les calculs qu'on fait du taux normalisé, on
tient compte de ce pourcentage global d'exemption, disons de $157 millions
à Québec, et de cet effort qu'on n'appelle pas taxes mais qu'on
appelle service, qui est par exemple, pour tous les commerces ici, de 18% du
taux de location, qui est de 1%, disons, du coût d'évaluation pour
l'eau? Est-ce qu'on tient compte de ça lorsqu'on fixe le taux
normalisé? Parce que dans le cas de la commission scolaire qui a le
même taux très souvent, c'est-à-dire qui utilise la
même évaluation, le contribuable, qui a fait un effort fantastique
au point de vue de l'administration municipale proprement dite, fait
évidemment le même au point de vue scolaire, avec une
évaluation qui est la même. Si on dit qu'il n'y a pas un taux
normalisé lorsque 80% seulement sont évalués à la
valeur réelle, il reste qu'à mon avis c'est injuste puisque
déjà il a donné 150%.
M. BERTRAND: Je vais donner certains
des éléments qui servent à établir ce qu'on
appelle le taux normalisé. Ce taux normalisé est établi
d'après un indice des richesses calculées à partir de
critères qui ne sont pas complets: la valeur du loyer, le salaire moyen
des chefs de famille, la valeur des permis de construction dans des territoires
donnés, dans des régions économiques. Alors ce sont
quelques-uns des critères qui servent à établir le taux
normalisé.
M. BEAUPRE: Alors on ne tient pas compte du tout de tous ces
pourcentages de biens exemptés, par exemple, comme dans Québec
où 38% des biens sont exemptés de taxes. On n'en tient pas
compte?
M. BERTRAND: On n'en tient pas compte. On ne tient pas compte de
ces biens-là.
M. BEAUPRE: De ces facteurs, disons, d'exemptions de taxes,
même s'ils sont considérables à 35%.
M. BERTRAND: Non. On n'en tient pas compte.
M. BEAUPRE: Est-ce que le ministère pourrait faire une
étude en utilisant un facteur? En donnant un exemple concret, à
Québec pour ce facteur d'exemption, disons plus d'un tiers de biens
exemptés, pour cet effort qu'on demande au même contribuable pour
des services qu'on n'appelle pas taxes, on laisse l'évaluation un peu en
bas de 100%, mais on demande un service sous d'autres noms, taxes d'affaires
par exemple sur le loyer, taxe d'eau qu'on appelle service d'eau.
M. BERTRAND: La plupart de ces institutions, par exemple, qui ont
des exemptions de taxes n'envoient pas d'enfants aux écoles. On n'en
tient pas compte dans le calcul. Je ne suis pas prêt à dire,
après un an au ministère, que le taux normalisé n'a pas
besoin d'être revisé.
M. BEAUPRE: Si jamais le ministre fait faire une étude sur
la revision, est-ce qu'il peut faire une étude...
M. BERTRAND: Il m'est arrivé à plusieurs reprises
d'en discuter avec nos officiers de ce taux normalisé et, en certains
cas, on s'est rendu compte qu'il y avait lieu d'y apporter des
améliorations. Disons donc que c'est un taux normalisé qui est
appelé, en certains cas, à être amélioré, en
tenant compte de certains indices.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article est adopté?
M. SAINT-GERMAIN: Pour continuer, je n'ai pas tout a fait
terminé. Alors pour revenir, M. le ministre, si vous le permettez, cet
élève-là, toujours, recevait $150 de subventions.
J'entends que le gouvernement provincial remettait à sa commission
scolaire $150 de subventions.
M. BERTRAND: Environ.
M. SAINT-GERMAIN: Le gouvernement provincial remettait au
collège privé $260.
M. BERTRAND: Non, c'était la commission scolaire
qui...
M. SAINT-GERMAIN: Je veux dire, $110. Le gouvernement provincial
remettait $110 à l'Institution privée. Alors cet
élève-là a coûté, l'année
dernière, au gouvernement provincial, avant cette loi, $260 en
subventions, $110 au collège privé et $150...
M. BERTRAND: Non, il coûtait plus que ça. M.
RUSSELL: Vous avez $50...
M. BERTRAND: Il coûtait au gouvernement $260...
M. SAINT-GERMAIN: $260.
M. BERTRAND: ... et la commission scolaire...
M. SAINT-GERMAIN: Et il coûtait $50 à la commission
scolaire, puisque la commission scolaire lui remettait $200.
M. BERTRAND: $50.
M. SAINT-GERMAIN: C'est dire que l'élève qui
fréquentait une institution privée coûtait aux
contribuables de la province, sur le plan local ou provincial, $310.
M. RUSSELL: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: C'est bien ça.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. SAINT-GERMAIN: Alors maintenant, vous lui accordez...
M. BERTRAND: Au deux, aux contribuables sur le plan local et
provincial.
M. SAINT-GERMAIN: ...et provincial. Maintenant, de cette portion
de taxes, vous lui accordez $40 de plus pour un élève du cours
secondaire.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que c'est fondé?
M. BERTRAND: C'est ça!
M. SAINT-GERMAIN: C'est dire que votre augmentation de $200
à $300, au point de vue des subventions, avec l'argent qu'on a
été chercher du contribuable, correspond à 10% de
l'augmentation, un peu plus. C'est bien ça.
M. BERTRAND: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: L'augmentation du coût.
M. BERTRAND: Vous avez donné les chiffres, faites le
calcul vous-même, vous allez avoir la proportion.
M. SAINT-GERMAIN: C'est que c'est une augmentation de $40. Si je
dis ça, c'est qu'on peut croire, d'après la législation,
que c'est une...
M. BERTRAND: On retrouve la même chose au bill 36.
M. SAINT-GERMAIN: Mais le contribuable ou la population peut
croire que, lorsque le gouvernement augmente une subvention de $200 à
$350, il rend l'éducation dans la province de plus en plus gratuite.
Mais on s'aperçoit, en calculant, que c'est un pas, mais c'est un
très petit pas fait relativement à la gratuité
scolaire.
M. BERTRAND: C'est un pas à la mesure des
disponibilités financières du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article est adopté?
M. BERTRAND: Adopté. Article 5, adopté. Article
6.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. PEARSON: Juste une question sur l'ar- ticle 6... Dans
l'article vous mentionnez des règlements...
M. BERTRAND: Les règlements, je dois dire, sont à
peu près en élaboration et...
M. PEARSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. BINETTE: Est-ce qu'il serait pré mature, M. le
ministre, de savoir...
M. PEARSON: Très bien!
M. BINETTE: ... quelles sont les principales conditions qu'un
collège doit remplir? Conditions essentielles.
M. BERTRAND: Je n'ai aucun doute que, d'une façon
générale, la plupart des institutions qui étaient
reconnues...
M. BINETTE: Elles étaient reconnues et elles vont
l'être encore.
M. BERTRAND: Toutefois, il y aura certainement un examen beaucoup
plus minutieux au point de vue de la comptabilité et à plusieurs
autres points de vue...
M. BINETTE: D'une façon générale.
M. BERTRAND: ... la qualité de l'enseignement, les
services...
M. BINETTE: Est-ce que les conditions seront élargies ou
restreintes?
M. BERTRAND: Disons que nous serons plus
sévères.
M. BINETTE: Plus sévères.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté. Article 7,
adopté. Article 8, adopté. Article 9.
M. GERIN-LAJOIE: Objection.
M. LE PRESIDENT: M. Gérin-Lajoie.
M. BERTRAND: Sous réserve!
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté.
M. BERTRAND: Article 10, adopté. Article 11, M. le
Président, je voudrais biffer les mots « mais les
règlements qui y sont prévus pour-
raient être faits et publiés antérieurement au 1er
juillet », ils seront suivant l'article 6. Les règlements entrent
en vigueur à compter de la date de leur publication étant
donné que le projet de loi a été adopté vers le 15
juin, il sera sanctionné dans le cours du mois de juin. Je ne vois plus
la nécessité de laisser au texte ces mots-là. Je
demanderais qu'ils soient biffés et que la présente loi entre en
vigueur le 1er juillet 1967.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté, le bill est
adopté.
M. BERTRAND: M. le Président doit faire ses quatre
rapports en Chambre comme M. Bonin l'indiquera.
Alors, je remercie, quant à moi, les membres du comité qui
ont été assidus. Ils ont posé des questions, c'est leur
devoir. J'espère que si toutes les réponses n'ont pas
donné entière satisfaction, elles ont au moins permis
d'éclairer, d'apporter, disons un peu plus de compréhension sur
certains problèmes qui se posent au ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: La séance est close.
(Séance du 16 juin 1967)
(Deux heures et quarante-trois minutes de
l'a-pres-midi)
M. PROULX (président du comité de
l'éducation): Messieurs, la huitième séance du
comité parlementaire de l'éducation est ouverte. Nous
commençons par les modifications à apporter au bill 21.
M. BERTRAND: M. le Président, tel que nous l'avons
déclaré ce matin en Chambre, et de consentement unanime,
même si le rapport des travaux du comité parlementaire de
l'éducation était terminé, au sujet du bill 21, et que
nous étions retournés en comité plénier en Chambre,
nous avons obtenu la permission de revenir au comité parlementaire de
l'éducation pour étudier trois nouveaux amendements qui doivent
être apportés, l'un à l'article 3, et l'autre à
l'article 8, et le troisième à l'article 23.
M. le Président, un amendement est nécessaire à
l'article 3 parce que nous apportons un changement à l'article 8. Au
lieu que le lieutenant-gouverneur, suivant le paragraphe a) de l'article 8,
désigne six personnes, le nombre en sera réduit à cinq. De
là, faut-il un amendement de concordance à l'article 3, pour
changer le chiffre 6 dans la troisième ligne et y inscrire le chiffre
5.
Voilà le premier amendement, disons, à l'article 3,
amendement de concordance. Si l'amendement est agréé, je pourrai
donner tantôt, à l'article 8, des explications additionnelles pour
ce changement que nous apportons à la composition du collège.
M. BINETTE: Je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté.
M. BERTRAND: L'amendement.
M. LE PRESIDENT: L'amendement, adopté.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LAFRANCE : L'article 8 aussi.
M. BERTRAND: Nous allons arriver à l'article 8
tantôt, mais je dis que l'amendement à l'article 3 est un
amendement de concordance étant donné le changement que nous
apportons à l'article 8, paragraphe a).
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Alors, voulez-vous inscrire l'amendement?
M. LE PRESIDENT; Article 8.
M. BERTRAND: Le deuxième amendement a trait à
l'article 8, je viens d'en dire un mot. Au paragraphe a), au lieu de «
six personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil, il y en
aura cinq ».
Au paragraphe b), où il est question de dix personnes
nommées par le lieutenant-gouverneur, la loi actuelle indiquait sept,
dont trois nommées pour trois ans étaient des professeurs. Nous
changeons ce chiffre pour mettre quatre, nommés pour trois ans. Ce sont
des professeurs du collège désignés par les professeurs.
Et là où nous avions deux personnes nommées pour deux ans,
ce sont des parents d'étudiants du collège désignés
par les parents. Nous portons ce nombre de deux à quatre nommés
pour deux ans. Ce sont des parents d'étudiants du collège
désignés par les parents. Et il en reste deux, nommés pour
un an. Ce sont des étudiants du collège désignés
par les étudiants. Ce changement a été apporté. Il
y a eu le rapport des membres du comité ou de personnes qui ont
participé aux travaux du comité des deux côtés. En
particulier, je dois dire que le député de Matane, que le
député de Richmond et nous aussi, de notre côté,
nous avons eu des représentations à l'effet d'augmenter le nombre
de parents pour répondre à certaines objections qui
étaient formulées indiquant que le nombre de parents
n'était pas suffisant à cause du rôle qu'ils peuvent
être appelés à jouer surtout au sujet du problème
qui a été soulevé l'autre jour devant le
comité.
Voilà pourquoi nous avons porté à quatre le nombre
de ces parents. Et, il y a également un changement qui est
apporté pour ne pas avoir un collège où le nombre serait
trop grand parce que cela devient trop lourd, nous avons diminué au
paragraphe c), à deux, le nombre des personnes nommées pour trois
ans par le lieutenant-gouverneur en conseil et désignées par la
majorité des personnes qui composent le collège.
Quant au reste de l'article, le dernier alinéa, nous avons
dû faire des changements de concordance quant au nombre d'années
où les personnes nommées en vertu du paragraphe b) et du
paragraphe c) quant à leur terme d'office.
M. GERIN-LAJOIE : Au total, le nombre passe de 18 à
19.
M. BERTRAND: A 19.
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais d'abord
souligner qu'il s'agit d'une amélioration très appréciable
et je tiens à rendre hommage à l'esprit ouvert du ministre de
l'Education. C'est certainement un geste que nous apprécions et comme il
l'a souligné, l'intervention de mon collègue de Matane, la mienne
et celle de certains de ses collègues n'est pas étrangère
à ce changement.
Je ne voudrais pas être taxé d'intransigeance, cependant,
j'attache une très grande importance à cette loi-cadre qui est,
pour ainsi dire, la pierre angulaire de notre nouveau système
scolaire.
Alors, comme il s'agit d'un précédent, je crois que les
parents ne sont pas suffisamment représentés. Il s'agit
là, je crois, d'une violation flagrante des droits des parents.
Le premier ministre, le ministre actuel ont dit et
répété, à satiété: Ce sont les
parents, en définitive, qui auront la décision finale pour
l'orientation du collège et pour une foule de choses. Mais en
réalité, ce n'est pas ce que dit la loi. La loi dit maintenant 4
sur 18, c'est une belle amélioration, évidemment. Mais les
parents qui représentent 80% au moins de la population ont la même
représentation que les professeurs qui représentent à
peine 2% ou 3% de la population.
M. BERTRAND: Le député de Richmond me
permettra-t-il seulement une remarque? Est-ce que parmi les professeurs, il n'y
en a pas de parents?
M. LAFRANCE: Oui, moi, je connais trop les hommes publics. Je
connais trop les choses qui se sont passées, des choses invraisemblables
qui sont malheureusement devenues des réalités et je sais, je ne
me fie pas seulement à des voeux pieux. Le gouvernement est neutre.
Qu'est-ce qui nous dit qu'il ne nommera pas des neutres au gouvernement
neutre?
M. BERTRAND: Cest-à-dire que l'Etat est neutre.
M. LAFRANCE: L'Etat est neutre, oui. Moi, je me fie au...
M. BERTRAND: Je pense bien que le député de
Richmond ne voudrait pas que l'Etat en fait joue le rôle de l'Eglise.
M. LAFRANCE: Du tout. Ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai dit
que l'Etat est neutre, je trouve que c'est normal, j'accepte cela. Alors,
comment voulons-nous que l'Etat accorde la préférence à
des parents catholiques ou à des parents protestants? Je crois que c'est
le texte
de loi qui compte. Ce sont les parents qui ont la décision finale
ou ce n'est pas eux. Alors, il me semble qu'on pourrait peut-être en
ajouter un.
Nous sommes ici pour représenter les parents. Nous avons eu
Pavantage d'assister à la réunion des parents, on connaît
leurs inquiétudes, on sait de quelle façon les parents sont en
train de s'organiser dans la province. Disons que dans le passé, les
parents n'étaient pas prêts à jouer ce
rôle-là. Ils seront plus compétents à l'avenir, ils
vont s'en occuper. Et si les parents sont en minorité, d'une
minorité aussi forte, je crains fort que ce soit, au sein de nos
écoles de la province de Québec, une véritable guerre
civile où l'on verra des intrigues, des intransigeances de certains
secteurs qui pourront peut-être empêcher la majorité des
parents d'exercer leurs droits. J'aimerais bien mieux accepter
l'amélioration considérable qu'on a apportée et que f
apprécie énormément. C'est un geste que j'apprécie
et que je tiens à souligner mais s'il faut le faire, pourquoi le faire
seulement à moitié, pourquoi ne pas en rajouter un autre?
M. BERTRAND: Je l'ai fait, M. le Président, et le
comité le fait plus qu'à moitié puisque de deux, nous les
portons à quatre. Alors, pour le moment, je ne voudrais pas reprendre
ici les arguments que j'ai déjà apportés.
Notre population, dans la plupart des secteurs, surtout en campagne, est
à 99%, disons, de foi catholique. De plus en plus, et c'est l'Eglise qui
l'a indiqué, il appartient aux laïques de manifester leur foi et
c'est à eux qu'il appartient de poser des gestes qui s'imposent surtout
dans un domaine comme celui-là.
Quant à moi, je ne vois pas pourquoi les parents, qui autrefois
s'en remettaient presque entièrement à l'Eglise pour assurer un
caractère confessionnel des écoles n'agiraient pas surtout au
moment où l'Eglise invite les parents chrétiens à
manifester leur foi, je ne vois pas pourquoi les parents n'agiraient pas au
sein de cette assemblée qui va les grouper, car il y aura convocation
des parents, il y aura des procédures de convocation de cette
assemblée telles que prévues par les règlements. De plus,
nous sommes à un niveau d'étude de 17, 18 et 19 ans.
M. LAFRANCE: D'accord. Je pense que c'est une loi-cadre qui
crée un précédent...
M. BERTRAND: Mais le député de Richmond me
permettra toujours de répondre. Nous sommes à un niveau
d'étude où les élèves ont 17, 18 et 19 ans. Le
député de Richmond con- naît comme moi ce qu'on appelle
aujourd'hui le conflit des générations.
M. LAFRANCE: On s'accorde là-dessus.
M. BERTRAND: Il a des enfants, j'en ai, nous en avons tous, je
pense, et nous savons quels sont les problèmes qui se posent. Alors,
à ce moment-là, les laïques devront affirmer leur foi. Ils
le feront par le truchement de cette assemblée des parents et par les
délégués qu'ils auront au sein de ce collège. Le
député de Richmond dit quatre. J'ai dit qu'il y aura des
professeurs parmi les membres qui vont être nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il est entendu qu'il y aura plusieurs
critères. Il faut d'abord des gens compétents.
M. LAFRANCE: Qu'est-ce que le ministre entend par
compétent?
M. BERTRAND: Des gens capables d'administrer un collège
comme celui-là.
M. LAFRANCE: D'accord.
M. BERTRAND: Comme ces nouvelles institutions. A ce moment-ci, je
ne veux pas faire allusion au directeur des services pédagogiques du
collège, qui va être choisi par le collège. Je ne veux pas
faire allusion non plus au directeur général du collège,
qui sera choisi par le collège. Alors je pense bien que le texte
juridique apporte une bonne garantie et, deuxièmement, comme je l'ai dit
l'autre jour, ce ne sont pas les textes juridiques seuls qui vont garantir,
disons la foi qui, suivant les mots de saint Augustin, ne s'impose pas.
M. LAFRANCE: D'accord.
M. BERTRAND: Je pense que je suis en très bonne compagnie
quand je cite saint Augustin parce qu'il a vécu à une
époque païenne et, malgré sa vie que l'on connaît,
c'est tellement vrai que la foi ne s'imposait pas que, chez lui, elle est venue
sans doute grâce aux prières de sa mère...
M. LE PRESIDENT: A l'influence de saint Jérôme
aussi.
M. BERTRAND: ... et à l'influence de saint
Jérôme, ville d'où vient le président du
comité. Voilà les quelques propos que j'avais à apporter
en réponse aux arguments du député de Richmond.
M. LAFRANCE: Saint Augustin, c'était un... M. HARVEY: Il
était polyvalent.
M. BERTRAND: Saint Augustin était joliment polyvalent.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. PEARSON: Personnellement, je suis satisfait des amendements
que vous venez d'apporter. Je ne suis pas d'accord avec certains
collègues d'un coté et de l'autre...
M.BERTRAND: D'ailleurs, dans un dialogue, s'il y avait toujours
accord, il y aurait uniformité. Et l'ennui naquit un jour de
l'uniformité.
M. PEARSON: D'accord, alors nous sommes ici pour ça.
Personnellement, je considère que ce n'est pas à l'Etat de
s'imposer comme protecteur de la foi, ce n'est pas son rôle. Les parents
doivent prendre leurs responsabilités. Actuellement, les parents ne sont
pas organisés. Dans certains secteurs, il sont organisés à
un pourcentage extrêmement élevé, par contre, dans d'autres
secteurs, par exemple, la région de Montréal, vous avez des
centaines de milliers de parents qui ne sont pas organisés pour faire
part au gouvernement de leurs représentations.
M. BERTRAND: C'est-à-dire au comité catholique,
à ce moment-là, n'est-ce pas? Pas au gouvernement.
M. PEARSON: Oui, dans ce sens-là. Maintenant, on a
également donné un certain nombre de représentations
à cause des pressions qui ont pu être apportées, surtout
pour essayer de protéger, peut-être, la question confessionnelle.
Mais il n'y a pas que cette question au niveau des CEGEP.
M. LAFRANCE: Non, non.
M. PEARSON: Pourvu qu'on se soit assuré que les parents
puissent remplir leur rôle et que, si la majorité est
confessionnelle, ils puissent assurer cette confessionnalité. Il y a
d'autres problèmes également. On ne pourrait pas accepter que les
parents puissent s'introduire dans des domaines qu'ils ne connaissent pas,
comme le domaine pédagogique, la psychologie, les programmes
d'étude, etc.
M. BERTRAND: Vous avez raison de le noter. D'ailleurs le
comité catholique lui-même, on en a parlé l'autre
jour, au règlement numéro 2, je pense, article 11 il est
question qu'à ce niveau-là, la matière d'enseignement de
la religion est à option libre. Mais ce n'est pas le ministre de
l'Education qui le décrète. Je n'aurais jamais voulu être
appelé à décréter cela. Ce rôle-là
appartient au comité catholique comme au comité protestant.
M. LAFRANCE: Je tiens à dire que ce qui me
préoccupe en particulier, à ce moment-ci, ce n'est pas au niveau
collégial; mais il s'agit d'une loi, d'un précédent que
l'on crée, qui pourra peut-être influencer d'autres lois que nous
aurons à passer. On dit que le gouvernement n'est pas le protecteur de
la foi, je suis bien de cet avis...
M. BERTRAND: Disons qu'il doit s'assurer que les lois que nous
avons à l'heure actuelle puissent être appliquées. Or,
c'est justement ce que nous faisons par la loi. Nous avons prévu un
mécanisme, d'abord une procédure que peut utiliser le
collège pour demander sa reconnaissance. Voilà le devoir de
l'Etat. Mais je crois que, là, s'arrête son rôle.
M. LE PRESIDENT: Un instant, le député de Portneuf,
s'il vous plaît.
M. PLAMONDON: Pour moi, ça me satisfait grandement, et je
voudrais faire remarquer que dans le paragraphe b) on mentionne bien qu'il y a
quatre personnes qui sont nommées ou désignées par les
parents. On a dit que dans les quatre qui sont désignés parmi les
professeurs, encore là, on peut retrouver des parents. Et dans les cinq
personnes au paragraphe a), l'on mentionne que ces personnes sont
nommées, après consultation des institutions d'enseignement
postsecondaire supérieur des groupes sociaux économiques, des
commissions scolaires. Et, encore là, je pense, qu'on pourra retrouver
des parents; ces gens-là n'oublieront certainement pas leur rôle
de parents du fait qu'ils représentent un groupement
socio-économique.
M. BERTRAND: D'ailleurs, n'oublions jamais ce conflit que l'on
constate à l'heure actuelle. Conflit des générations qui
s'opposent, même à l'intérieur des institutions
d'enseignement indépendantes, entre, parfois, parents et enfants. Je me
rappelle d'avoir assisté à certaines réunions auxquelles
les étudiants étaient invités, et ils n'avaient pas
toujours le même point de vue que les parents. Alors,
quant à moi, pour le moment, voilà les remarques que
j'avais à faire au sujet des amendements apportés à
l'article 8. Est-ce qu'ils sont adoptés?
M. HOUDE: M. le ministre, quand je lis à l'article 6 et
que je vois par la suite l'article 8, je comprends fort bien toute la
procédure à suivre pour démarrer, pour commencer un CEGEP.
Mais si on se fie à l'article de la loi, cela suppose qu'il y a
déjà des facilités existantes. Mais qu'advient-il dans le
cas d'un territoire vierge, dans le cas d'un territoire où justement il
n'y a pas d'institution existante, où il n'y a pas de professeurs? Par
conséquent, à ce moment-là, il est impossible de
démarrer, cela devient une espèce de cercle vicieux. Comment
allons-nous faire, par exemple, à la ville de Laval? H n'y a pas de
collège classique, il n'y a pas d'école du gouvernement, il n'y a
rien.
Il n'y a pas de bâtiment, il n'y a pas de terrain, il n'y a
absolument rien. On part à zéro. Or, pour partir à
zéro... C'est bien beau, nommer cinq personnes au paragraphe a)
ça va, mais comment allons-nous faire pour nommer dix personnes pour
trois ans, dont quatre sont des professeurs? Il n'y a pas de professeurs! Et
quatre sont des parents d'élèves; il n'y a pas
d'élèves! Et la même chose pour c), etc. Alors, est-ce que
la loi va prévoir quelque chose pour les cas exceptionnels? Cest
vraiment un cas d'exception, j'imagine.
M. BERTRAND: Vous soulevez le cas extrême. A l'heure
actuelle, la mission est chargée de recevoir les demandes, de les
examiner, de les étudier. C'est ce qu'elle fait. Son travail doit
être complété sous peu. J'attends le rapport assez
définitif sous peu au sujet des CEGEP qui pourraient être
organisés en septemble. Et j'ai dit que, dans ce domaine, nous
procédions par étapes. L'an prochain, on en verra d'autres qui
naîtront, et en 1969 également, on en verra d'autres. On ne peut
pas les établir tous la première année.
M. HOUDE: Non, d'accord.
M. BERTRAND: Le problème que soulève le
député de Fabre peut se poser à l'heure actuelle dans un
coin comme, un territoire comme celui de...
M. HOUDE: La ville de Laval.
M. BERTRAND: ... la ville de Laval et, à ce
moment-là, s'il y a lieu, comme dans certains autres endroits qu'il
appelle vierges, il faudra voir probablement à bâtir...
M. HOUDE: Ce que je veux dire, M. le ministre, c'est que la
mission...
M. BERTRAND: Il y a des parents toujours dans ce
coin-là...
M. HOUDE: Oui, d'accord mais...
M. BERTRAND: ... il y a des étudiants également
dans cette région, et il y a des groupes sociaux également dans
la ville de Laval.
M. HOUDE: Cela va très bien pour le paragraphe a), mais
vous ne pouvez pas nommer des professeurs de ce collège lorsque le
collège n'existe même pas et que le collège est la
corporation.
M. MASSE: Non, non. Je pense que la première étape,
c'est de faire un inventaire des besoins, un inventaire des ressources.
M. HOUDE: Cest fait. Un comité d'organisation temporaire.
La mission est venue, c'est fait. Maintenant, ils nous disent de
procéder à la formation d'une corporation, enfin d'un
collège. Comment allons-nous faire?
M. MASSE: A ce compte-là, si on tire ça à
l'extrême, il y a un autre paragraphe qui ne peut pas s'appliquer. Quand
on dit que la corporation est formée de deux éudiants...
M. HOUDE: On ne peut pas non plus.
M. MASSE: A nulle part: Il est clair et certain qu'avant
l'ouverture des classes, la corporation doit exister. Le conseil
d'administration doit mettre sur pied le système qui doit exister, et
pourtant ils ne peuvent pas nommer d'étudiants. Cela n'empêche pas
que le groupe peut fonctionner quand même.
M. HOUDE: Mais au point de vue pratique, si on veut former ce
collège ou cette corporation disons que notre objectif chez nous,
à Laval, est pour septembre ou octobre prochain est-ce qu'il est
possible, en collaboration avec la mission, de fournir une liste, par exemple,
de 18 personnes?
M. MASSE: La même chose qu'ailleurs.
M. HOUDE: En supposant que parmi les 18 personnes, il y aura 4
parents de futurs élèves de ce collège-là.
M. MASSE: Les 4 parents des élèves ne peuvent
être non plus dans aucune corporation puisqu'il n'y a pas
d'élèves encore. Cest clair.
M. HOUDE: Oui, mais il y a des places où il y a des
collèges classiques où c'est groupé, et vous avez moins de
problèmes.
M. MASSE: Non, mais ils ne sont pas...
M. BERTRAND; Ce n'est certainement pas cet après-midi, autour de
la table, que nous allons pouvoir régler ce problème qui est
à l'heure actuelle entre les mains de la mission qui est chargée
des problèmes dont nous avons parlé. Alors, je n'ai pas
d'objection à écouter le député de Fabre, mais on
ne pourra certainement pas régler le problème ici cet
après-midi.
M. HOUDE: Ce que je veux savoir, c'est qui va le régler?
La mission?
M. BERTRAND: La mission et le ministre, suivant les
recommandations qui leur seront faites.
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant, le député de Matane a
une petite question.
M. BIENVENUE: Ce n'est pas une question, cela sera une remarque,
une observation.
M. LE PRESIDENT: Remarquez.
M. BIENVENUE: Je veux dire, avec votre permission, au ministre de
la Justice que j'ai pris connaissance de l'amendement, et que j'en
apprécie la teneur. Je dirai davantage en troisième lecture. Le
vieux principe « du choc des idées naît la lumière
» n'a pas reçu son application dans ce cas-ci parce qu'il n'y a
pas eu de choc d'idées à ma connaissance.
Je constate et apprécie que le ministre a bien saisi l'optique
dans laquelle j'avais parlé en fonction du texte du rôle des
parents. Je pense que l'Etat leur tend une perche qu'ils devront saisir dans
toute la mesure du texte qui la leur donne, et f espère je le
leur dirai en troisième lecture que les parents joueront un
rôle qu'ils ont peut-être négligé depuis trop
longtemps. Cest tout ce que j'avais à dire.
M. BERTRAND; Je remercie le député de Matane. Autrement
dit, le couteau dont il avait parlé l'autre jour et dont la lame
n'était pas aiguisée, est maintenant aiguisée et,
deuxièmement, la personne à qui nous devions donner une
bouée et qui ne savait pas nager, a dorénavant une bouée
au moins pour se sauver si elle ne sait pas nager.
M. HARVEY: Pour l'aider à apprendre à nager.
M. BERTRAND: Dr Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Je voulais dire simplement ceci en relation avec
les remarques du député de Fabre tout à l'heure. Dans le
cas de l'établissement d'un nouvel hôpital, il y a des
règlements qui prévoient la constitution d'un bureau
médical provisoire, ensuite l'élection d'un exécutif
provisoire, tout ce qui cédera la place à un organisme permanent.
Alors, je suggère au ministre que peut-être, dans les
règlements, on pourrait prévoir de tels mécanismes.
M. BERTRAND: J'en tiendrai compte, s'il y a lieu.
M. LE PRESIDENT: Les modifications à l'article 8,
accepté? Adopté.
M. BERTRAND: Adopté. Maintenant, messieurs...
M. GERIN-LAJOIE: Je ne voudrais pas que mon silence au sujet de
l'article 8 soit interprété ni en cette chambre, ni en dehors de
la Chambre comme un manque d'intérêt dans la question qui a fait
l'objet de l'amendement et de l'exposé du ministre et de certains de mes
collègues. Je pense que les parents ont un rôle très
important à jouer à tous les niveaux de l'enseignement, et en
particulier au niveau qui nous occupe. Cest donc dire que j'accepte dans cet
esprit l'amendement proposé par le ministre.
Seulement, je pense qu'il y a un aspect qu'on n'a pas mis en
lumière et qu'il faut bien souligner. Cest que les collèges
d'enseignement général et professionnel, à cause de la
fonction qu'ils sont appelés à remplir dans notre
société, doivent être aussi enracinés que possible
dans les milieux qu'ils sont destinés à servir.
Il me paraît aussi important d'avoir des gens vraiment
représentatifs des groupes socio-économiques de la
réalité sociale du milieu où s'intègre le CEGEP,
que d'avoir des représentants élus par l'assemblée des
parents. Je ne dis pas des parents, parce que des parents, on en trouve dans
tous les groupes, comme on l'a bien souligné tout à l'heure, mais
je pense qu'il importe qu'on ait dans le CEGEP et dans le conseil
d'administration, des gens qui sont choisis par ces deux sources.
Cest à cause de cela que j'accueille, avec une certaine
réticence intérieure la diminution du chiffre 6 à 5 en ce
qui concerne le paragraphe a) de l'article 8. Je l'accepte, bien sûr,
mais,
c'est tout de même en ayant à l'esprit que l'enracinement
des collèges dans le milieu socio-économique est d'importance
capitale. On a dit pendant longtemps que nos collèges classiques
n'étaient pas suffisamment adaptés à la
réalité socio-économique. C'est une question discutable et
sur laquelle je ne veux pas me prononcer, mais, ce qu'il y a de certain c'est
que les CEGEP vont avoir une fonction de formation professionnelle. Alors,
quand on touche à la formation professionnelle, il est encore plus
important que l'institution d'enseignement soit bien intégrée et
reliée au milieu, qu'elle puisse constamment être sensible aux
besoins du milieu socio-économique et qu'elle puisse, en
conséquence, y adapter son enseignement.
Alors, je suis sûr que le ministre est d'accord avec tout cela,
mais je pense que, pour bien placer l'article 8 et la question de la
composition du CEGEP dans sa véritable perspective, il n'était
pas totalement inopportun de rappeler cet aspect du problème.
M. BERTRAND: Le lieutenant-gouverneur, par cet amendement, on le
notera il y en a qui ont dit que ces institutions seraient de
véritables institutions d'Etat diminue ses pouvoirs, puisqu'au
lieu de nommer six personnes, il n'en nommera plus dorénavant que cinq.
C'est donc dire que nous confions davantage au milieu l'organisation de ce
collège. Il y en a qui avaient manifesté des craintes, en disant
que l'Etat avait trop de contrôle. Alors nous diminuons d'un.
Voilà un argument pour démontrer que l'Etat n'a pas en vue de
contrôler ces institutions, mais, comme le député de
Vaudreuil-Soulanges vient de le souligner, de bien les ancrer dans le milieu,
et qu'elles soient véritablement enracinées dans le milieu.
Alors, le lieutenant-gouverneur diminue ses pouvoirs suivant l'article
un, parce qu'au lieu de nommer six personnes, il ne va n'en nommer maintenant
que cinq.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, puisque le ministre a
ajouté ses observations, moi, je vais ajouter celles-ci. Je pense que le
ministre ne mérite pas de félicitations pour avoir diminué
le pouvoir du lieutenant-gouverneur de cette façon. Quant à moi,
je n'ai jamais eu peur de l'Etat, et l'Etat, en l'occurence, le
lieutenant-gouverneur en conseil, avait justement une fonction bien
précise: celle de voir à l'enracinement du collège dans le
milieu. Il n'y a pas de groupe socio-économique auquel on puisse donner
un pouvoir de désignation d'office. Alors, je pense que c'est au
gouvernement à le faire et, personnellement, je ne suis pas de ceux qui
voudraient retirer le moindrement ce pouvoir au lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. MASSE: Si vous me permettez, l'enracinement dans le milieu va
se faire, par les personnes nommées au conseil d'administration bien
sûr, mais surtout, par des comités de travail entre les
professions et les étudiants du milieu. Et c'est beaucoup plus par de
tels comités, qui vont assurer aux étudiants une vue d'ensemble
pratique de leur profession, et vont informer les gens de la région de
la formation des étudiants, c'est beaucoup plus par ces
comités-là, que le groupe va se relier au milieu, que par le
conseil d'administration.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, il y a tout un régime de
consultation, d'ailleurs, de prévu, qui est essentiel. C'est dans cet
esprit que j'ai parlé du rôle du lieutenant-gouverneur en conseil,
bien sur.
M. BERTRAND: Alors, adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. BERTRAND: Nous arrivons à l'article 23. On vous a remis
le texte. J'avais parlé dernièrement qu'une rencontre devait
avoir lieu. Elle a eu lieu entre les représentants de SPEC et de SPE.
Cette rencontre a eu lieu le 9 juin, à 4 heures de
l'après-midi.
Il y avait des conseillers juridiques, Mes Robert Normand et Claude
Rioux et Yves Martin, sous-ministre adjoint au ministère de l'Education,
et des représentants des deux syndicats, MM. Proulx, Doyon, Dumas,
Lamoureux, et Halley. Après plus de trois heures de discussions, une
proposition a été formulée et d'ailleurs, les
journaux l'ont rapportée une solution qui donnerait satisfaction
sinon complète, du moins satisfaction raisonnable aux
représentants syndicaux. C'est cette proposition qui a été
longuement discutée entre les parties, qui fait l'objet de l'amendement
que nous apportons à l'article 23, lequel amendement remplace
intégralement l'article 23 que vous avez au bill.
L'addition, d'abord, au début de l'article 23 de la
référence à l'article 36 du code du travail, je l'avais
déjà, quant à moi, acceptée en principe. J'en avais
parlé l'autre jour. J'avais demandé que l'on suspende
jusqu'à la rencontre qui a eu lieu. Cette addition a pour effet
d'évoquer la garantie accordée par cet article du code du travail
et de permettre que les conventions collectives en cause puissent recevoir une
interprétation suivant le sens de l'article
36 du code du travail.
Dans le deuxième alinéa, on notera qu'on ne fait plus
seulement référence à l'échelle de traitement mais
aux conditions de travail en général. Et cette approbation
implique qu'elle sera sujette au respect, par les collèges, des
conventions collectives qui régissaient les nouveaux employés
avant leur engagement par le collège, et ce, jusqu'à ce qu'une
convention collective soit signée conformément au premier
alinéa de l'article 23.
Les représentants syndicaux ont admis qu'ils pourraient apporter
certains ajustements mineurs aux conventions collectives afin de permettre des
adaptations indispensables à la bonne marche d'un collège.
A mon avis, il y a également des dispositions qui devraient
être prises dans le but de donner aux enseignants actuellement
régis par des conventions collectives, une meilleure assurance quant
à la possibilité, pour eux, de se prévaloir de l'article
36 du code du travail, par suite de leur intégration dans un CEGEP; et
c'est pourquoi on a discuté à cette occasion-là que le
ministre donne à la mission des collèges, par
l'intermédiaire de la direction générale de l'enseignement
collégial, un mandat d'exiger des corporations de collèges
qu'elles signent de tels contrats avec les institutions auxquelles elles
succèdent, et que, comme ministre également, en tant que
responsable des instituts de technologie et comme employeur des professeurs
attachés à ces institutions, je signe également de tels
contrats avec une nouvelle corporation de collège.
M. GERIN-LAJOIE: Quels contrats? A quoi se rapporte « Tels
»?
M. BERTRAND: C'estuneconventioncollective, de manière
à préserver ni plus ni moins les droits acquis.
M. GERIN-LAJOIE: Mais les CEGEP signeraient des contrats avec les
anciennes institutions? Ce n'est pas ça qui importe, si je comprends
bien. Le ministre pourra m'expliquer ce que je ne saisis pas, parce que je
comprends...
M. BERTRAND: Que la mission invite...
M. GERIN-LAJOIE: Mais les contrats entre qui et qui? Pour moi,
c'est entre le CEGEP et les enseignants. Pas entre les CEGEP et les vieilles
écoles normales, les instituts de technologie ou les
collèges.
M.BERTRAND: Non, mais au sujet des con- ditions de travail et des
traitements de ceux qui vont passer à l'intérieur de la nouvelle
corporation. C'est en vue de préserver les droits acquis.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, il me semble que c'est avec les professeurs
qu'il faut signer ces contrats-là mais pas avec...
M. BERTRAND: C'est ça!
M. GERIN-LAJOIE: ... les anciennes institutions.
M. BERTRAND: C'est ça, c'est avec les professeurs.
Les conditions de travail et de traitement, etc. Il n'y a aucun doute
que dès que les nouvelles conventions collectives seront signées,
ce problème-là va être résolu.
UNE VOIX: Ah bon!
M. BERTRAND: Tout cela, c'est une période transitoire.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais ce qui me préoccupe, c'est le
transitoire. Le 23, avec la situation permanente, je comprends bien cela, puis
j'ai l'impression d'être satisfait,...
M. MASSE; Disons qu'il y a un CEGEP qui se crée. En règle
générale il ne part pas de rien tel qu'on peut le voir. Il va
partir d'un certain nombre d'institutions. Le CEGEP, la corporation du CEGEP va
donc signer ou un contrat ou une sorte d'entente avec ces maisons-là et
ça, ce serait inclus dans le contrat.
M. BERTRAND: De manière à protéger les
professeurs qui sont à l'heure actuelle, dans une institution. Exemple,
l'institut de technologie. A l'heure actuelle, c'est le ministre qui est,
disons, leur employeur. Alors, il m'appartient, comme ministre, c'est
l'assurance qu'on leur a donné, de voir à ce qu'ils soient
protégés.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends que le ministre comme employeur
peut donner cette assurance-là. Mais dans le cas d'une institution
privée,...
M. BERTRAND: Mais dans l'autre cas, des instructions sont
données à la mission de voir à ce que pareils gestes
soient posés au sujet de ceux qui ne relèvent pas comme
employés du ministère à l'heure actuelle. C'est cette
par-
tie-là que j'appelle transitoire et on en a discuté, comme
je l'ai dit tantôt, avec les représentants de SPEQ et de SPE et on
a accepté cette proposition qui nécessairement est de nature
temporaire.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre ou d'autres autour de lui
ou chez les représentants de SPEQ et SPE ont envisagé une
modification à l'article 22 pour que l'objection dont il vient de nous
faire part soit inscrite dans la loi?
M. BERTRAND: Non. L'article 22 a été accepté
tel quel. Il n'y a pas eu de problème soulevé autour de l'article
22, vu les amendements que nous apportons à l'article 23 et l'attitude
que le ministre prend, j'entends, de donner des directives précises
à la mission.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je comprends mal quand je vois, dans
l'article 23, uniquement des dispositions pour régir les nouvelles
conventions collectives qui seront signées par les CEGEP avec le corps
enseignant? Il n'y a rien dans cet article régissant la
préservation des droits acquis.
M. BERTRAND: C'est toujours sous réserve de l'article 36
du code du travail, le cas échéant et l'article 36 prévoit
juste la préservation de ces droits acquis.
M. GERIN-LAJOIE : De toute façon, je pense que nous
l'avons dans...
M. BERTRAND: Article 36. Voici ce que dit l'article 36, je lis
tout l'article. « L'aliénation, la concession totale ou partielle
d'une entreprise autrement que par vente en justice n'invalide aucun certificat
émit pas la commission, aucune convention collective ni aucune
procédure en vue de l'obtention d'un certificat ou de la conclusion de
l'exécution d'une convention collective.
Sans égard à la division, à la fusion ou au
changement de structure juridique de l'entreprise, le nouvel employeur est
lié par le certificat ou la convention collective comme s'il y
était nommé et devient, par le fait même, partie à
toutes procédures s'y rapportant, aux lieu et place de l'employeur
précédent.
C'est pour cela qu'on nous avait demandé d'inclure cet article.
J'en al fait mention l'autre jour et c'est ce qui a fait l'objet des
discussions, lors de la rencontre du 9 juin dernier.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, seulement, mon opinion, M. le
Président, et celle des conseillers juridiques que nous avons pu
consulter en dehors du gouvernement, c'est que l'article 36 est peu susceptible
de recevoir application dans les cas qui nous occupent. Parce qu'il est
vraisemblable qu'un CEGEP ne succède pas juridiquement au sens de
l'article 36 à certaines anciennes institutions. Par exemple, si une
école normale privée cesse d'exister purement et simplement, ce
n'est pas un transfert d'entreprise au sens de l'article 36, tout simplement
l'institution disparaît. L'institution disparaissant ainsi, son personnel
étant intégré aux CEGEP, il n'y aurait pas succession ni
fusion au sens de l'article 36. Je crains fort qu'on risque en pareil cas que
l'article 36 ne reçoive pas application, et que le personnel de
l'ancienne institution privée ne soit pas protégé par la
loi.
M. MASSE: Sans vouloir vous prouver autre chose, uniquement pour
information, qu'est-ce qui s'était passé dans les commissions
scolaires régionales? Est-ce qu'elles étaient
interprétées comme nouvel employeur succédant ou bien
comme nouvelle entreprise?
M. GERIN-LAJOIE: Nouvelle entreprise.
M. MASSE: Qu'est-ce qu'il y avait comme protection?
M. GERIN-LAJOIE: Cela a posé desproblèmes. Il n'y
avait pas de protection.
M. BERTRAND: Nos conseillers juridiques, après voir
examiné le problème et cela fit l'objet des discussions
comme je l'ai dit tantôt croient que les employés, les
professeurs, dans ce cas particulier, sont protégés.
M. BINETTE: S'il y avait une disposition particulière dans
l'article, pour protéger justement ce cas spécial.
M. BERTRAND: J'ai donné, justement tantôt, quelques
extraits d'un rapport qui m'a été fait, à la suite de la
rencontre du 9 juin; et j'ai ajouté les directives qui étaient
données tant à la mission qu'à la direction
générale de l'enseignement, et j'ai donné le cas
également de nos professeurs des instituts de technologie qui
relèvent directement de l'Etat comme employés.
M. BINETTE: On a parlé tantôt du cas des
collèges, des écoles secondaires où cela avait
causé un problème. On a l'expérience de ces...
Est-ce qu'il est possible de prévoir...
M. BERTRAND: Vous avez noté, comme moi, quelle a
été la réaction à la suite de cette rencontre. Ce
n'est pas nous qui avons publié la nouvelle du tout...
M. GERIN-LAJOIE: Je ne l'ai pas vue, la nouvelle.
M. BERTRAND: La nouvelle a paru. Je regrette, je n'ai pas la
coupure ici. Mais il y a une nouvelle, parue dans les journaux voulant
qu'à la suite de cette rencontre, les professeurs se soient
déclarés satisfaits. Alors, pour le moment, disons, que c'est une
période transitoire. Il va nécessairement se poser des
problèmes, mais nous allons essayer d'y garderie meilleur climat
possible, et la coopération des syndicats nous est acquise.
M. LE PRESIDENT: Messieurs du comité, un instant s'il vous
plaît, il y a actuellement un vote en haut, je suggérerais qu'on
accélère pour finir.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on peut adopter l'amendement et on
continuera le bill...
M. BINETTE: Un mot. M. BERTRAND: Oui.
M. BINETTE: Je voulais dire tout simplement que l'on ne fasse
qu'une mention à l'article 23 pour dire que les droits acquis de tout
professeur transféré seront protégés. Les droits
acquis de tout professeur! Ils n'auront pas moins que ce qu'ils ont, et ils
pourront signer quand même une nouvelle convention.
M. BERTRAND: Je dois dire que les syndicats se sont
déclarés satisfaits et, dans les circonstances, je soumets qu'on
devrait adopter l'article.
M. LE PRESIDENT: Article 23, adopté?
M. BERTRAND: Adopté. Alors amendements adoptés? Et
nous pourrons continuer. Laissez vos documents ici, nous reviendrons dans
quelques minutes entreprendre l'étude du bill 43. D'accord?
UNE VOIX: D'accord.
M. PROULX: Comme authéâtre. Messieurs, nous allons
commencer à étudier le bill 43. La Loi du financement des
investissements univer- sitaires 1967-1968. M. le ministre, je vous donne la
parole.
M. BERTRAND: C'est une loi qui revient à peu près
chaque année depuis quelques années. D'abord, nous avons
déjà voté le bill 42 qui s'appliquait au financement des
investissements universitaires pour l'année 1967-1968, laquelle loi a
été sanctionnée le 14 avril 1967. Il s'agit par celle-ci
des investissements universitaires pour l'année 1967-1968. Or concernant
ce que vous retrouvez dans l'annexe, d'abord à la page deux, je dois
immédiatement, suivant les informations que le ministre des Finances a
fournies à la Chambre tantôt, apporter un amendement qu'il a plu
au lieutenant-gouverneur d'agréer et de recommander; à la page 2,
où vous lisez: Ecole des hautes études commerciales. Au lieu de
$30,000, ce sera $500,000 de plus. Ce qui veut dire $530,000. J'expliquerai
pourquoi tantôt.
Et dans les engagements subséquents, pour les hautes
études commerciales, $4,500,000.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous que je le note ici, M. le
ministre?
M. BERTRAND: Oui, vous devez le noter parce qu'il s'agit d'un
amendement. A la page 2, annexe A. Et nous devrons également apporter la
concordance, à la page 8. Vous devrez ajouter pour l'année 67/68
« Etudes et plans », vous devrez mettre $500,000 et «
Engagements subséquents », $4,500,000, ce qui change, à la
page 8, le grand total à $5,280,000.
D'abord pour l'année 67/68, $530,000.
M. LE PRESIDENT: Etudes et plans?
M. BERTRAND: Alors, c'est $500,000. Les $30,000, vous les
retrouverez au fonds de « bibliothèque ».
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, je ferais mieux d'attirer
l'attention du ministre sur le fait que « études et plans »,
ce n'est pas tout à fait l'expression qui convient le mieux.
M. BERTRAND: Bien, je pourrais dire ici, il s'agit...
M. GERIN-LAJOIE: Quant à faire un amendement...
M. BERTRAND: Non. « Achat de terrain et construction
» au lieu de « études et plan ».
M. LE PRESIDENT: Alors, on biffe « Etudes et plans »
et on écrit..
M. BERTRAND: Achat de terrain et construction.
M. GERIN-LAJOIE: Terrain au singulier ou au pluriel?
M. BERTRAND: C'est au singulier, parce qu'il s'agit d'un terrain
qui va être acheté de la Corporation de l'université de
Montréal pour une valeur de $1.
M. GERIN-LAJOIE: On peut dire que, de toute façon, le
singulier embrasse le pluriel.
M. BERTRAND: Oui. Alors, est-ce qu'on a noté?
M. GERIN-LAJOIE: Achat de terrain et construction.
M. BERTRAND: Quand on parle de construction, c'est compris
là-dedans. Alors, est-ce que tout le monde a apporté la
correction qui s'imposait?
M. GOLDBLOOM: Il était temps, M. le Président.
M. BERTRAND: Vous avez parfaitement raison, il était
grandement temps, je dois dire que...
M. GERIN-LAJOIE: Il faut le féliciter du fait que les
autorités en cause aient été finalement entendues.
M. BERTRAND: Dès mon arrivée au ministère,
les autorités de l'Ecole des hautes études commerciales et de la
Corporation des hautes études commerciales sont venues me rencontrer. A
ce moment-là, on m'a indiqué qu'il y avait des pourparlers de
plus en plus précis avec les autorités de l'université de
Montréal.
Egalement, le recteur, M. Gaudry, avait en vue la construction de
l'édifice pour la faculté des sciences sociales et la
faculté de droit.
Alors il s'agissait d'essayer de combiner un plan qui permettrait
à l'Ecole des hautes études commerciales de s'établir
près de ce nouveau complexe. Des rencontres ont eu lieu à
plusieurs reprises et finalement, tout dernièrement, la corporation de
l'Ecole des hautes études c'est comme ça qu'on l'appelle
est venue nous voir et nous a dit que tout semblait être
complété et qu'on serait prêt à commencer la
construction dès cette année.
M. GOLDBLOOM: Pour terminer vers quelle date?
M. BERTRAND: Pour septembre 1968. C'est pourquoi nous avons
dû retarder, d'ailleurs, l'inclusion à la Loi des investissements
universitaires 1967-1968, nous avons dû retarder jusqu'à ce que
les pourparlers soient entrepris et que les démarches soient
complétées.
M. PEARSON: Pour recevoir combien d'élèves, en
gros?
M. BERTRAND: Pour recevoir 1,600 élèves.
M. PEARSON: Est-ce que ça tient compte disons des...
M. BERTRAND: C'est au niveau de la licence.
M. PEARSON: La prévision est faite pour plusieurs
années à venir?
M. BERTRAND: Elle est faite pour répondre aux besoins
durant plusieurs années. D'ailleurs, cette étude a
été faite par les autorités de l'Ecole des hautes
études commerciales et nous nous sommes basés sur cette
étude pour accepter le projet qui a été
présenté et qui sera bâti par la corporation, suivant la
loi, en suivant toutes les formalités requises de soumissions publiques,
etc.
M. GERIN-LAJOIE: H s'agit bien du projet de
l'établissement d'un campus commun, à l'ouest de la rue
Louis-Collin, à l'est de la rue Decelles, par les Hautes études,
le Droit et les Sciences sociales, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: C'est ça, oui. Vous avez sans doute vu la
maquette à l'université de Montréal si vous y êtes
allé il y a deux ou trois mois.
M. GERIN-LAJOIE: C'est le projet qui est en discussion depuis un
an ou deux.
M. BERTRAND: Sur cette maquette on indiquait bien quels
étaient les bâtiments qui devaient être
érigés: sciences sociales, faculté de droit, et hautes
études commerciales.
UNE VOIX: A l'est de la rue Decelles?
M. GERIN-LAJOIE: Entre la rue Decelles et la rue
Louis-Collin.
M. BERTRAND: Ce qu'il y a de pratique et de commode, c'est
très fonctionnel, c'est l'utilisation commune de la cafétaria et
des
vestiaires. Etant donné que c'est un campus où les
bâtiments sont tellement rapprochés, on a essayé de
combiner certains services afin d'éviter des dépenses.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense qu'on n'a pas de
bibliothèque.
M. BERTRAND: Non. On nous a représenté que la
bibliothèque des Hautes études commerciales avait besoin de ses
propres locaux.
M. GERIN-LAJOIE: De toute façon je pense bien que
ça n'empêchera pas des échanges. L'Ecole des hautes
études commerciales a toujours ouvert sa bibliothèque à
tous les étudiants sérieux d'où qu'ils viennent.
M. BERTRAND: C'est une des bonnes bibliothèques
complètes que nous retrouvons dans nos institutions au Québec,
une des belles bibliothèques.
M. GOLDBLOOM: Non seulement au Québec, mais dans le monde.
C'est une des meilleures collections bilingues à part ça dans ce
domaine, dans le monde entier, et elle est actuellement dans une situation
excessivement dangereuse à cause du risque du feu.
M. BERTRAND: L'addition de $500,000 que nous venons de faire,
porte ces investissements universitaires pour l'année 67/68 à
$35,075,000 et les engagements subséquents à $24,430,000.
M. GERIN-LAJOIE: Le grand total: $213,720,000
M. BERTRAND: C'est cela. Les universités de langue
française, pour l'année 66/67, bénéficiaient de
$15,080,000; les universités de langue anglaise, de $11,530,000, ce qui
représentait un pourcentage pour les universités
françaises de 57% et de 43% pour les universités anglaises.
Pour l'année 67/68, sans tenir compte des $500,000 qui viennent
d'être ajoutés pour les hautes études, le chiffre pour les
universités de langue française est de $26,665,000. A ce chiffre
on devrait ajouter $500,000, ce qui ferait un pourcentage de plus de 77%, et
pour les universités de langue anglaise, $7,910,000, pour un pourcentage
inférieur à 23%.
Vous retrouvez les sommes à la suite de la page 2, aux pages
suivantes. D'abord à l'annexe A, page 3, détails des emprunts de
la société centrale d'hypothèque; à la page 4, les
investissements subventionnés pour l'université Laval, de
même qu'à la page 5; à la page 6, les inves- tissements
subventionnés pour l'université de Montréal de même
qu'à la page 7; à la page 8, pour l'école des hautes
études commerciales, avec les corrections et les amendements que nous
lui avons apportés; page 9, pour l'école polytechnique, des
projets, page 10, l'université McGill, de même que la page 11;
pages 12 et 13, l'université de Sherbrooke; page 14, l'université
Bishop et page 15, l'université Sir George Williams.
Or, je dois ici remercier les membres du sous-comité ad hoc qui
avaient été chargés de discuter de ces problèmes
d'investissements universitaires et d'ailleurs, j'ai déjà produit
en Chambre tous ces documents que sans doute le député de
Vaudreuil-Soulanges a communiqués à ses collègues.
Les membres du sous-comité des investissements étaient les
suivants: Gilles Bergeron, président du sous-comité,
sous-ministre adjoint au ministère de l'Education; Yves Martin,
sous-ministre adjoint au ministère de l'Education; Germain Gauthier,
directeur général de l'enseignement supérieur au
ministère; Robert Bois-vert, directeur général de
l'équipement; Louis-Philippe Bonneau, vice-recteur de
l'université Laval; Lucien Picher, vice-recteur de l'université
de Montréal; M. G. Grimson, assistant exécutif du principal de
l'université McGill; Richard Crépeau, doyen de la faculté
de droit de l'université de Sherbrooke; I.L. Campbell, doyen de la
faculté des arts de l'université Bishop; Jean-Pierre Petolas,
directeur des projets, université Sir George Williams; Raymond
Gariépy, assistant auditeur de la province de Québec; Roger
Farrel, directeur de la direction générale de l'enseignement
supérieur au ministère de l'Education; Jean-Paul Proulx,
directeur de la direction générale de l'enseignement
supérieur au ministère de l'Education et Pierre-G. Dumont,
secrétaire du sous-comité de la direction générale
de l'enseignement supérieur au ministère de l'Education.
Ce sous-comité des investissements du comité ad hoc, du
financement des institutions universitaires a finalement fait rapport, il avait
été d'ailleurs formé par le ministre des Finances et le
ministre de l'Education en collaboration avec les recteurs, et en particulier
le président de la Conférence des recteurs des universités
du Québec, Mgr Vachon, le recteur de l'université Laval Ce
sous-comité nous a fait rapport et à la suite d'une rencontre
avec les recteurs des universités, nous avons accepté les
recommandations qui étaient faites. Nous avons entériné le
rapport et finalement nous l'avons soumis, le ministre des Finances et
moi-même, au conseil des ministres qui l'a accepté. De là
vient la pré-
sentation du bill 43. A ce moment-là nous ne pouvions pas y
inclure, comme je l'ai dit tantôt, le projet de l'Ecole des hautes
études commerciales car les pourparlers qui se poursuivaient depuis
longtemps n'étaient pas terminés.
Quant à moi, je tiens à remercier les membres de ce
comité du travail qu'ils ont accompli et ce rapport a été
unanime. De plus, je voudrais ajouter que nous avons en cours, à l'heure
actuelle, deux études que je crois fondamentales. L'une au sujet de
l'inventaire des locaux universitaires et de leur utilisation, et nous
attendons d'ici quelques semaines le rapport de la maison qui en a
été chargé. Une deuxième étude...
M. GERIN-LAJOIE: Quel est le nom de la maison, M. le
ministre?
M. BERTRAND: La maison qui nous a été
recommandée comme étant la seule capable d'effectuer un pareil
travail est une maison américaine, la maison Taylor & Company de New
York, des conseillers qui ont travaillé en collaboration avec les
universités. C'est une maison qui a été chargée de
travaux semblables aux Etats-Unis, une maison qui est reconnue pour sa
compétence.
Deuxièmement, nous avons également une autre étude,
celle qui consiste à établir les prévisions de la
population anglophone, au postsecondaire pour 1971 et 1976. Cette étude
est conduite et dirigée par MM. Jacques Henripin et Jacques
Légaré de l'université de Montréal. Tous deux sont
de la faculté des Sciences sociales et plus particulièrement du
service de démographie et ils ont été acceptés
comme étant d'ailleurs des experts reconnus en la matière.
Et voici pourquoi nous avons procédé à cette
étude. C'est que, suivant le rapport Parent, on indique qu'il y aurait,
au niveau universitaire, dans les universités anglophones pour 1971,
11,000 élèves alors que les universités anglophones
auraient des chiffres pour le niveau postsecondaire, c'est-à-dire
collégial et universitaire, de 25,000 élèves pour
1971.
Alors, étant donné que, dans le rapport Parent, on parle
du niveau universitaire seulement, 11,000 élèves et que les
universités anglophones parlent de 25,000 aux niveaux postsecondaire et
universitaire, nous avons jugé à propos de faire faire une
étude qui nous permettrait de préciser davantage ces chiffres en
vue d'établir des prévisions beaucoup plus précises,
beaucoup plus complètes. De là est venue l'étude que nous
avons confiée aux deux messieurs que je viens de nommer.
Ce rapport nous parviendra très prochainement.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'ai différentes
questions, d'abord d'ordre général. Le ministre nous a
parlé de la façon dont on a procédé pour
établir les subventions qui sont proposées dans le projet de loi
qui est devant nous. Il nous a aussi parlé des comités
d'étude qui ont été formés. J'aimerais savoir si,
au ministère, on a envisagé les besoins de construction
universitaire en fonction de la population universitaire prévue pour les
dix ou quinze prochaines années.
M. BERTRAND: Nous avons demandé aux universités
d'abord un plan de développement pour les cinq prochaines années.
Et c'est ce plan de développement qui est à l'étude
à l'heure actuelle. Il a servi de base pour préparer les
investissements universitaires pour les années à venir, pour
67/68 mais en même temps avec prévision pour les quatre prochaines
années. C'est pour ça que j'ai fait les remarques, tantôt,
quant à l'étude que nous avons fait faire par cette maison, que
j'ai nommée, à la lumière bien entendu des recommandations
qui nous sont faites. Car l'étude qui est conduite consiste en un
inventaire des locaux universitaires et leur utilisation, pour savoir s'il n'y
a pas, par exemple, à l'intérieur de telle ou telle
université, des locaux qui pourraient être mieux utilisés
qu'ils ne le sont à l'heure actuelle.
Tous ces projets sont sujets aux recommandations qui nous seront faites
par le rapport dont j'ai parlé tantôt et qui nous parviendra d'ici
quelques semaines. D'ailleurs on aura noté que, pour certaines
universités, il y a des campagnes de souscription qui sont
organisées. C'est le cas, à l'heure actuelle, à Laval. On
sait qu'il y a presque chaque jour à la radio et à la
télévision, des appels au public. L'université de
Montréal doit elle-même lancer une campagne de souscription dans
le même sens et en vue de projets futurs.
Autrement dit, le comité ad hoc attend les résultats des
études que nous faisons faire avant d'entreprendre la deuxième
partie, la deuxième étape de ses travaux en vue des projections
pour les cinq prochaines années.
M. GERIN-LAJOIE: Je me permettrais d'attirer l'attention du
comité sur le fait que tout d'abord une prévision pour cinq ans
me paraît beaucoup trop de courte vue. Bien sûr, dans les
années qui ont passé, en particulier depuis 1961, on s'est
restreint à des prévisions de cet ordre-là. La
première loi du financement des investissements universitaires
prévoyait, en effet, un programme de cinq ans qui n'a pas pu être
établi au tout début, bien sûr, mais qui s'est
défini au fur et à mesure parce que les institutions
universitaires existantes n'étaient pas en mesure de soumettre au
gouvernement des projets pour les cinq ans à venir.
Mais je pense, qu'à la suite des enquêtes qui ont
été faites, en particulier du rapport de la commission Parent,
que nous devrions être en mesure, à l'heure actuelle, de faire des
prévisions pour une période beaucoup plus longue que cinq ans. Je
pense que, dans le domaine universitaire, avec le prix des investissements,
avec le personnel scientifique, tout le corps professoral que cela exige et par
conséquent la longue préparation qu'il faut mettre pour avoir un
tel corps professoral en place, quand le temps devient nécessaire, que
nous devons faire des prévisions sur une période beaucoup plus
longue.
Et je rejoins, ici, une deuxième observation qui me paraît
fondamentale. C'est qu'il me pa-raît aussi être une attitude
à très courte vue que de se contenter de demander aux
universités existantes de soumettre au gouvernement leurs
prévisions. Je pense que ce qu'il nous faut, c'est d'établir au
Québec des prévisions pour au moins dix ans, de
préférence pour quinze ans. Etablir nos besoins de
bâtiments et de services d'enseignement universitaire, y compris la
recherche que cela comporte, non seulement en tenant compte des institutions
existantes, mais de toute nouvelle institution qu'il faudra établir.
Nous pourrons, bien sûr, à l'occasion de l'étude des
crédits, revenir sur cette question des nouvelles universités.
Mais en posant ma question au point de vue des prévisions du
ministère en ce qui concerne les besoins dans le domaine de
l'enseignement universitaire pour dix ou quinze ans à venir, je pense
aux besoins globaux du Québec, et non pas uniquement aux besoins des
institutions existantes qui se sentent, sans doute, une certaine
responsabilité de répondre aux besoins du Québec, mais qui
le font dans leur perspective à elles, et non pas dans la perspective de
l'établissement de nouvelles institutions.
C'est pour cela que je crois très important d'insister, pour ma
part, sur cette question, et d'inviter le ministre à nous faire, s'il le
juge à propos, ses commentaires sur cette question qui me paraît
très sérieuse. Le ministre a souligné hier que nous avions
déjà fait un grand nombre d'études dans le domaine de
l'éducation, qu'il était temps de passer à l'action. Je
pense, d'un autre côté, qu'en partant des études
déjà faites comme celle par exemple de la commission Parent, il y
a moyen d'établir des plans d'action plus précis. La commission
Parent nous donne des programmes d'ordre généraux, des objectifs
à atteindre, mais je pense qu'il faut maintenant établir des
échéanciers d'exécution. Alors, c'est dans cette
perspective que j'insiste sur l'importance d'établir un programme sur
une période de dix ou quinze ans à venir.
M. BERTRAND: Chose certaine, le député de
Vaudreuil-Soulanges va reconnaître que les deux études dont je
viens de parler, sont très importantes.
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas le même secteur.
M. BERTRAND: Non, non, il y a plus que ça. Il y a
l'inventaire des locaux aux universitaires et leur utilisation. Cela, c'est le
premier problème, et nous aurons des recommandations.
Deuxièmement, quant aux problèmes plus
généraux, nous avons annoncé dans le discours du
Trône la formation d'un organisme chargé de la planification. Il
ne s'agit pas, ici, des seules universités existantes.
M. GERIN-LAJOIE : Mais ça, on va l'avoir à quel
moment?
M. BERTRAND: Ce projet est en voie d'élaboration. J'ai
reçu plusieurs mémoires. Ces mémoires ont
été analysés, examinés, et nous avons un projet en
voie d'élaboration, qui ne pourra peut-être pas être
déposé cette année. Mais, le problème que
soulève le député de Vaudreuil-Soulanges, de ne pas
s'arrêter à des prévisions seulement pour les
universités existantes, est très juste. Nous devons
prévoir, d'abord, l'établissement probable d'une autre
université française à Montréal,
premièrement. Deuxièmement, des centres universitaires dans des
villes où il y a déjà des embryons, exemples;
Trois-Rivières et Chicoutimi; peut-être Rimouski à la
lumière des études qui sont entreprises.
Alors, je ne voudrais pas que l'on soit sous l'impression qu'il n'y a
pas de prévisions de faites ou ce que l'on appelle de la planification,
même si nous n'en avons pas parlé souvent. Tous ces
problèmes-là...
M. GERIN-LAJOIE : J'ai demandé au ministre s'il y avait
des prévisions de faites. C'est lui qui m'a dit non. Alors...
M. BERTRAND: C'est-à-dire des prévisions,
entendons-nous. On voulait parler des prévisions pour les
universités existantes. Concernant ces prévisions pour les
universités exis-
tantes,on attend. D'abord, il y a des projets qui sont lancés par
les universités. Il y a certains de ces projets qui vont être
soumis à l'étude du comité ad hoc, et en vue des trois ou
quatre prochaines années. Mais cela ne comporte pas ce que j'appelle la
planification universitaire à travers le Québec, parce
qu'à ce moment-ci je ne veux pas tenir compte seulement des
universités existantes. Notre planification doit tenir compte des autres
universités qui peuvent être appelées à être
créées et des centres universitaires.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ce que j'ai mis en lumière.
M. BERTRAND: Et justement, ma réponse c'est que nous
sommes à élaborer un projet de loi qui va justement
répondre aux questions que pose le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: En somme, le projet de loi aurait pour objet de
créer un organisme qui va étudier et proposer des solutions au
gouvernement.
M. BERTRAND: Plus que cela. Un organisme qui pourra être
appelé à réaliser.
M. GERIN-LAJOIE: Mais, pour le moment, cet organisme-là ne
pourra pas recevoir du gouvernement des projets et certains plans
répartis sur dix ou quinze ans et déjà
élaborés au ministère.
M. BERTRAND: Rien n'empêche le gouvernement, à ce
moment-ci, ou dans les années qui viennent, à la lumière
de tous les documents que nous avons et de tous les renseignements, de
procéder, disons, au développement des centres universitaires
existants, à Trois-Rivières, comme à Chicoutimi, comme
à Rimouski.
M. GERIN-LAJOIE: Suivant quels critères?
M. BERTRAND: Suivant les critères qui sont établis,
à l'heure actuelle, au ministère de l'Education, à la
direction de l'enseignement supérieur.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a des critères
d'établis pour déterminer l'ouverture de nouvelles
facultés et pour l'expansion des facultés existantes?
M. BERTRAND: Pour établir des études
démographiques, comme on en fait dans le secteur anglophone, vous avez
des études qui sont faites dans certaines régions du
Québec. Les études démographiques sont assez
complètes. Deuxièmement, il y a, à l'heure actuelle,
l'établissement des CEGEP et on doit tenir compte que par
l'établissement des CEGEP il y a, à l'intérieur des
universités, ce qui va se produire dans certains cas, un certain
rapatriement, un rapatriement dans le sens qu'il y a des cours donnés
à l'université, dans certaines facultés, qui vont tomber
ou passer aux CEGEP.
M. BINETTE: Est-ce que vous en connaissez le nombre, environ?
M. BERTRAND: C'est assez difficile à établir. Tout
dépend des institutions.
M. BINETTE: C'est-à-dire de 5,000 à 6,000
environ.
M. BERTRAND: Mes officiers me disent qu'on ne pourrait pas
risquer de chiffres de 5,000 à 6,000 pour le moment
M. PEARSON: Est-ce que les études ne sont pas assez
poussées, actuellement, pour que le ministre, en étant optimiste,
puisse nous établir une échéance quelconque ou une
priorité quelconque dans l'établissement de ces centres
universitaires, ou de l'université sur le trottoir, par exemple?
M. BERTRAND: Est-ce que le député veut
répéter?
M. PEARSON: C'est-à-dire, les études, actuellement,
ne sont pas probablement assez poussées pour que le ministre puisse
établir une échéance probable, même en étant
optimiste, au sujet de ces centres universitaires et au sujet, par exemple, de
l'université sur le trottoir, pour me dire, par exemple: En 1970,
probablement qu'il y aura un centre universitaire dans telle région et
en telle année il y aura une université sur le trottoir dans
telle région. Vous n'êtes pas assez avancés pour
ça?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, nous sommes en mesure d'affirmer
que nous pouvons recevoir tous les étudiants jusqu'en 1969 mais 11 y a,
entre autres à Montréal, une étude qui a été
conduite en vue de l'établissement d'une université
française à Montréal. Je dois ajouter également,
ce qui n'apparaît pas dans cette loi l'établissement
de la faculté de médecine à Sherbrooke. Pour cette
année, à cause de problèmes assez complexes au sujet de
l'hôpital Saint-Georges, la faculté de médecine de
Sherbrooke relève quant à son budget, du ministère
de la Santé. Le ministère de la Santé, au cours de
l'année 66/67, relativement à la faculté de
médecine, a dû faire des investissements, c'est-à-dire
accorder une subvention de $1,130,000 et, pour l'année 67/68, une
subvention de $3,120,000, ce qui fait un total de $4,250,000. Alors, cela
n'apparaît pas dans les investissements universitaires au bill 43, mais
c'est un véritable investissement universitaire puisqu'il s'agit de la
création de cette nouvelle faculté de médecine à
l'université de Sherbrooke.
M. GERIN-LAJOIE : M. le Président, j'ai fait un effort
considérable pour rester dans l'ordre. Je n'ai posé ma question
qu'en ce qui concerne la planification des investissements. Le ministre m'a
répondu qu'il n'y avait pas de planification sur une portée de
dix ou quinze ans pour les investissements totaux, généraux au
Québec pour répondre aux besoins tels qu'établis par la
commission Parent ou revisés par le ministère.
M. BERTRAND: Je voudrais corriger immédiatement. Il n'y a
pas de planification dans le sens que le calendrier est établi à
tous les points de vue. Pas de planification du tout, je dirais que ce n'est
pas juste...
M. GERIN-LAJOIE: Aucune détermination d'abord de besoin
financier sur le plan des investissements.
M. BERTRAND: Ce n'est pas juste de dire qu'il n'y a pas de
planification parce que ça voudrait dire d'abord que le ministre qui m'a
précédé n'a rien prévu. Je pense bien qu'il ne
voudrait pas que cela soit dit.
M. GERIN-LAJOIE: J'admets - je l'ai dit tout à l'heure, je
pense que le ministre l'a entendu que du temps où j'étais
ministre nous n'avions établi aucune planification sur une
période de dix ou quinze ans. Nous nous étions restreint à
une planification sur une période de cinq ans mais j'ai dit que je
crois, qu'à la suite de la publication du rapport Parent, le
Québec doit entrer dans une période de planification d'un terme
beaucoup plus long que cinq ans. D'ailleurs, ce n'est même plus une
planification de cinq ans avec la loi que nous avons devant nous, c'est la fin
d'une planification de cinq ans. Alors, ce que je dis, j'ai posé la
question au ministre, il m'a répondu qu'à son ministère il
n'y avait pas, à l'heure actuelle, de planification en marche sur une
période de dix ou quinze ans à venir pour l'ensemble des besoins
du Québec en investissements universitaires.
M. BERTRAND: Mais, qu'il y avait, par contre, des études
qui se faisaient en vue de posséder tous les éléments
nécessaires à une planification à long terme.
M. GERIN-LAJOIE: Il nous a signalé certains
éléments qui vont être recueillis par les comités,
dont il nous a parlé, mais cela me paraît assez restreint
comme...
M. BERTRAND: Avant de parler de planification à long
terme, c'est un mot, il faut recueillir tous les éléments qui
permettent à un gouvernement quel qu'il soit d'établir sa
planification. Donc, nous en sommes à la période de la cueillette
de tous les renseignements et, deuxièmement, à la lumière
des études qui sont conduites et d'autres qui seront entreprises, nous
serons en meilleure posture, lorsque l'organisme qui a été
annoncé dans le discours du Trône sera formé, d'indiquer
exactement l'orientation que le gouvernement du Québec entend donner au
développement des institutions universitaires actuelles et de celles qui
naîtront.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, voilà pour la question des
investissements. Je veux bien souligner que je me réserve, pour la
période d'étude des crédits, la question de planification
d'établissement des nouveaux centres d'études universitaires.
M. le Président, je ne sais pas dans quel ordre vous proposez
qu'on continue l'étude, je ne voudrais pas être hors d'ordre, j'ai
fini mes observations générales, mais...
M. BERTRAND: Je n'aurais pas d'objection à ce que l'on
passe...
M. GERIN-LAJOIE: ... j'aurai des questions sur chaque...
UNE VOIX: Chaque université.
M. GERIN-LAJOIE: Sauf que, il y aune question qui ne
relève pas des annexes, c'est celle-ci: J'aimerais savoir combien de
subventions ont été payées jusqu'à maintenant aux
institutions de niveau universitaire autres que les universités. En
particulier les collèges classiques, écoles normales...
M. MASSE: Le centre d'études de Trois-Rivières.
M. GERIN-LAJOIE: ... depuis 1961, c'est-à-dire depuis la
première loi du financement des investissements universitaires.
M. BERTRAND: Je vais vous donner ces chiffres d'ici quelques
instants.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, vous acceptez la page 2, oui?
M. BERTRAND: Non, voici, on va attendre quelques minutes, on va
lui donner...
M. LE PRESIDENT: Oui M. Pearson. M. PEARSON: Pour
éviter...
M. BERTRAND: On me dit que dans le rapport du ministère
qui vient d'être déposé, on retrouve ces chiffres.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, quels sont-ils?
M. BERTRAND: Eh bien, voici, avez-vous le rapport du
ministère?
M. GERIN-LAJOIE: Cela ne sera pas compliqué.
M. BERTRAND: Disons donc que je fournirai les chiffres lors de
l'étude des crédits.
M. GERIN-LAJOIE: Oh non! c'est important pour la loi. Est-ce que
l'un de vos collaborateurs ne pourrait pas faire un appel
téléphonique? Il n'est que 4 h 30, il pourrait avoir le
renseignement.
M. MASSE: Cela serait de l'ordre de $160 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que quelqu'un pourrait faire un appel
téléphonique pour vérifier la chose?
M. BERTRAND: Oui, oui. Je n'ai pas d'objection. Alors, on peut
continuer en attendant la réponse à cette question qui demande la
consultation de dossiers que je n'ai pas en ma possession.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je peux proposer, M. le
Président, qu'on passe les annexes une par une pour qu'on pose des
questions et on reviendra aux articles proprement dits après les
annexes?
M. BERTRAND: Je voudrais, si vous me per- mettez, donner ce
qu'était le mandat. J'ai donné tantôt les noms, vous l'avez
au document que j'ai produit en Chambre. Le mandat de ce comité
était de soumettre au comité ah hoc du financement des
institutions universitaires les recommandations au sujet du calendrier des
subventions gouvernementales d'investissement pour les projets, d'abord, en
cours de réalisation. Deuxièmement, de proposer des
critères de priorité en vue de classifier des projets soumis au
ministère par ordre de première, deuxième et
troisième urgences. Ces critères tiennent compte, en particulier,
des influences normales de l'accessibilité aux études
universitaires du niveau préuniversitaire et professionnel,
déjà établi par règlements, et des
clientèles que les institutions ont normalement à desservir, des
centres universitaires à créer, des propres ressources des
institutions. Et pour chaque projet nouveau, le sous-comité
établira, avec les institutions en cause, le calendrier des
dépenses et des subventions pour chaque année couvrant la
réalisation du projet. Il proposera au comité ad hoc une
classification de priorité pour chaque projet, soumis par les
institutions en vue de leur lancement en 1966-1967 ou en 1967-1968. Et de plus,
il proposera une procédure et des règles d'acceptation des
projets d'investissement soumis, pour réalisation en 1967-1968. Cette
procédure et ces règles, permettent de mieux planifier les
investissements universitaires et de normaliser les coûts et faire toute
autre recommandation pertinente. D'ailleurs, le député de
Vaudreuil-Soulanges a tous ces documents que j'ai produits en Chambre, il a
dû les lire...
M. GERIN-LAJOIE: C'est ici, M. le Président, devant nous.
Alors, est-ce qu'on peut...
M. LE PRESIDENT: Oui, nous procédons par une annexe, page
2, accepté. Page 3...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je propose que l'on
commence à la page 4 pour que l'on voie le détail, car la page 2
et la page 3 sont le résumé. Alors on adoptera le
résumé après avoir adopté le détail.
M. LE PRESIDENT: C'est une proposition très intelligente.
Je l'accepte!
M. PEARSON: M. le Président...
M. BERTRAND: Vous avez le détail à la page 4, les
chiffres pour chacune des universités.
UNE VOIX: Cela fait une heure dans le...
M. GERIN-LAJOIE: On a des questions sur Laval?
M. BERTRAND: Quelles sont les questions?
M. GERIN-LAJOIE : Des questions à poser, disons, pour
éviter une foule de questions pour les pages à venir. Je
remarque, par exemple, qu'il y a des universités qui ont des
augmentations de 72% par rapport à l'année dernière et,
par contre, il y en a d'autres qui ont 38% et cela varie. Quels sont en gros,
les normes, les critères qui peuvent avoir servi de base pour ces
augmentations dans les subventions? Est-ce que c'est pour combler les
déficits, certaines prévisions qui ont été
apportées au ministère, les constructions, en gros, quels...?
M. BERTRAND: Je l'ai dit, c'est selon les besoins des
universités, selon l'ordre de priorité, et l'on vient d'en parler
lorsque j'ai donné le mandat du comité, et suivant les
clientèles universitaires que ces institutions ont à
desservir.
M. GERIN-LAJOIE: Mais en général, cela veut dire
que c'est pour subvenir à des besoins à peu près
immédiats, cela veut dire à très court terme...?
M. BERTRAND: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: ... puisque vous dites qu'il y a des
études en cours pour les prévisions a plus long terme.
M. BERTRAND: Alors, disons, premièrement: besoins;
deuxièmement; ordre de priorité quant à ces besoins et
quant aux clientèles à desservir dans l'immédiat.
M. GERIN-LAJOIE: A l'immédiat, cela veut dire que...
M. BERTRAND: A l'immédiat, cela veut dire... Il faut
s'entendre. Lorsque, par exemple, on bâtit le nouvel édifice de la
faculté des sciences sociales, à ce moment-là, c'est
prévu pour quelques années. Pour jusqu'en 1972.
M. GERIN-LAJOIE: En tenant compte, par exemple, de tous les
étudiants qui vont sortir des CEGEP d'ici quelques années et qui
iront à l'université.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. GERIN-LAJOIE: Cela tient compte de ce facteur important.
M. BERTRAND: C'est ça! Cela tient compte des
clientèles, dans le domaine de la faculté des sciences entre
autres, jusqu'en 1972. C'est pourquoi j'ai dit que nous avions des
études qui se faisaient au sujet de l'établissement d'une autre
université française à Montréal.
M. PEARSON: Ce que vous venez de mentionner, M. le ministre,
s'applique aux sciences sociales. Cela veut dire que, pour chacune des
universités, c'est quelque chose d'incomplet. Par exemple, les sciences
sociales ont fait des prévisions, elles, pour être capables
d'absorber les étudiants qui vont sortir du CEGEP, mais par contre, la
faculté de médecine et d'autres facultés n'ont pas fait
leurs prévisions encore. Ce qui veut dire, que dans quelques
années d'ici, les étudiants qui vont finir des CEGEP ne pourront
pas entrer, je suppose, dans ces facultés-là?
M. BERTRAND: Nous prévoyons, pour le moment, jusqu'en
1972; d'ici cette période-là, il y aura certainement, d'abord des
centres universitaires plus complètement organisés.
M. PEARSON: Oui, je suis d'accord!
M. BERTRAND: Et tout probablement, une autre université
française.
M. GERIN-LAJOIE: On ne le sait pas.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges dit
à son collègue de Saint-Laurent: On ne le sait pas. Nous, on sait
qu'on va travailler pour répondre aux besoins du Québec. Et si
nous rendons l'instruction plus accessible à la masse des citoyens, il
est entendu qu'il faudra dès maintenant poser des gestes qui permettront
d'accueillir cette jeunesse appelée à fréquenter
l'université.
M. PEARSON: Remarquez bien, M. le ministre, actuellement, quant
j'ai posé ces questions, ce n'était pas pour blâmer ou pour
faire des recommandations au ministère. Je veux simplement savoir ce que
ces subventions comportent exactement. Alors vous m'avez répondu
qu'elles comportent certaines prévisions, dans certaines
facultés, prévisions faites, à plus ou moins long terme.
Par contre, il y a d'autres facultés qui n'ont aucune
prévision.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que M. le ministre aimerait
peut-être dire que ce sont des prévisions qui sont faites par les
universités elles-mêmes; et il me corrigera si ce n'est pas juste.
Ce ne sont pas des prévisions faites
par le ministère de l'Education sur les besoins globaux
d'universitaires à travers la province. Je pense, si mes renseignements
sont bons, que chaque université du Québec a fait ses propres
prévisions. D'ailleurs, dans les diverses facultés , c'est sur la
base de ces prévisions que le comité ad hoc en est arrivé
à certaines conclusions au point de vue des investissements.
M. BERTRAND: Pour répondre au député de
Vaudreuil-Soulanges, et au député de Saint-Laurent, vous
retrouvez dans certaines pages des documents que nous vous avons fournis,
je n'ai pas exactement la pagination ici les critères de
priorité pour la classification des projets. Vous avez ça. Alors,
à la lecture de ces documents, vous pourrez trouver une foule de
renseignements qui vous fourniront des réponses aux questions que vous
posez. Je voudrais tout simplement vous demander un instant de
concentration...
M. PEARSON: Oui, d'accord.
M. BERTRAND: M. le Président, nous pouvons continuer.
Maintenant, le député de Saint-Laurent n'a sans doute pas lu
toute cette documentation.
M. PEARSON: Sur la...
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges
pourra la lui passer, elle a été déposée en Chambre
comme document. Vous avez là une documentation qui est assez
complète et qui fournira au député de Saint-Laurent, je
pense, les réponses aux questions qu'il vient de poser.
M. PEARSON: Merci.
M. BERTRAND: Alors, page 4, université Laval. On me donne
les chiffres suivants. De 1961 au premier avril 1967, il a été
payé aux institutions affiliées, une somme de $74,511,094.21.
Donc par l'entremise de la société centrale d'hypothèques,
quant aux emprunts, une somme de $31,612,065. Il s'agit donc, si on soustrait
les deux montants, de subventions ordinaires de l'ordre de $42,899,029.21.
Cette liste d'institutions affiliées comprend les écoles normales
qui donnent le cours du brevet A.
M. GERIN-LAJOIE: Cela comprend toutes les institutions qui ont
reçu des subventions en vertu de la loi maîtresse, le bill 43,
autres que les universités qui apparaissent en annexe. Les
séminaires intercommunautaires, les collèges classiques, les
écoles normales...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... au complet
M. BERTRAND: Au complet. Ce sont les chiffres que l'on me donne
et que vous tirez du rapport du ministre de l'Education qui a été
déposé en Chambre dernièrement pour les années
64/65 et 65/66. Volume qui sera imprimé, que j'ai dû
déposer, lithographier, étant donné que je voulais que
vous l'ayez en votre possession, pour le consulter avant l'étude des
prévisions budgétaires. L'année 66/67 est incluse
là-dedans et, dans le rapport, ça arrête à 1966.
C'est donc dire que vous avez ici des renseignements...
M. GERIN-LAJOIE: Plus complets.
M. BERTRAND: ... qui viendront dans mon rapport qui sera produit
pour l'année en cours. Alors, on vous donne plus de renseignements qu'il
y en avait dans le rapport.
M. GERIN-LAJOIE: Comme il convient que le ministre nous en
fournisse à l'occasion de cette étude...
M. BERTRAND: Avec plaisir. M. LE PRESIDENT: Sur Laval...
M. GERIN-LAJOIE: Quant à moi, je n'ai pas de question, je
ne sais pas si les autres en ont.
M. BERTRAND: Alors, 4, c'est bien? D'ailleurs, vous avez les noms
de toutes les facultés, des bâtiments et je dois avouer que,
chaque année, cette loi-là ne prenait pas beaucoup de temps
à être étudiée, seulement...
M. GERIN-LAJOIE: Alors, procédons. Moi, j'ai des
questions...
M. BERTRAND: Alors, 4, c'est bien. M. GERIN-LAJOIE: Quatre et
cinq. M. BERTRAND: Quatre et cinq, d'accord. M. LE PRESIDENT: Six.
M. BERTRAND: Maintenant six, c'est l'université de
Montréal.
M. GERIN-LAJOIE: Six, c'est l'université de
Montréal. Alors disons que j'ai des questions. La première est au
sujet du centre médical. Est-ce qu'on peut nous dire ce qui arrive
à ce su-
jet? C'est une question qui est en suspens depuis de nombreuses
années, je le sais évidemment très bien. Alors, j'aimerais
savoir quels sont les projets, étant donné qu'il n'y a rien de
prévu dans la loi.
M. BERTRAND: Voici ce qu'on me dit. C'est que d'abord la
faculté de médecine se développe et va être
appelée à se développer davantage, par suite de la sortie
de la faculté des sciences sociales des bâtiments occupés
par la faculté de médecine. Les sciences sociales vont...
M. GERIN-LAJOIE: Vont libérer les...
M. BERTRAND: ... vont libérer des locaux qui pourront
être utilisés par la faculté de médecine. Et c'est,
à ce moment-là que se posera le problème du centre
médical à l'université de Montréal.
M. GERIN-LAJOIE: Mais est-ce que ce pro- blème a
progressé? C'est un problème qui a...
M. BERTRAND: C'est un problème qui a de la barbe!
M. GERIN-LAJOIE: Mais la question est tout de même
sérieuse. Je comprends que le ministre ait raison de mettre un peu
d'humour dans nos discussions, dans notre étude; mais, est-ce que le
problème a progressé depuis un an ou deux?
M. BERTRAND: Un instant. On me dit qu'au comité ad hoc, il
y a un comité spécial qui a été formé, des
représentants de la faculté de médecine, du
ministère de l'Education. Pardon, ce n'est pas le comité ad hoc,
mais bien un sous-comité qui est formé des représentants
de la faculté de médecine, du ministère de l'Education, du
ministère de la Santé et du Collège des
médecins.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on peut nous fournir les noms des
membres de ces comités? Si on ne peut pas le faire tout de suite...
M. BERTRAND: Je pourrai les fournir lors de l'étude des
prévisions budgétaires. Je pourrai alors les donner au
député de Vaudreuil-Soulanges et au Dr Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. BERTRAND: Je n'ai pas les noms ici.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il est ques- tion d'un campus
médical autour de l'ancien hôpital des vétérans?
M. BERTRAND: C'est une des possibilités. Mais, disons,
qu'il n'y a pas de décision de prise.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je comprends que le problème est
à l'étude par les intéressés, M. le
Président, mais...
M. BERTRAND: Disons que c'est à l'étude depuis
longtemps.
M. GERIN-LAJOIE: Je veux à ce moment-ci, juste en deux
mots, dire combien il est important que ce problème se règle.
L'université de Montréal est sûrement dans une situation
d'infériorité par rapport à un grand nombre d'autres
universités nord-américaines, n'ayant pas son centre
médical complet. Je pense qu'au Québec nous voulons former nos
médecins d'une aussi bonne façon que les autres
universités nord-américaines, en particulier l'université
McGill qui jouit des services de deux grands hôpitaux, Royal Victoria et
Montreal General. Alors je pense qu'il est très urgent que, du
côté de l'université de Montréal, le problème
qui est en discussion depuis...
M. BERTRAND: X années.
M. GERIN-LAJOIE: ...une quarantaine d'années.
M. BERTRAND: Life begins at forty. Alors...
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, il faudrait que ce
problème-là se règle, je suis très conscient qu'il
y a diverses solutions possibles, mais je pense qu'il faut qu'une
décision soit prise et j'espère qu'au cours de l'année qui
s'en vient, les décisions se prendront au niveau approprié et que
le ministre sera en mesure, l'an prochain, lorsque le financement des
investissements universitaires se discutera, de donner des bonnes nouvelles
à cette Chambre.
M. BERTRAND: Quel que soit le ministre, II y aura certainement
des réponses à vous fournir au sujet des questions que vous me
posez.
Alors, vous avez une note sur l'immeuble du boulevard Mont-Royal, entre
Bellingham et Hollywood.
M. GERIN-LAJOIE: Cela, c'est la maison des Soeurs Grises.
M. BERTRAND: C'est le couvent des religieuses Jésus-Marie
à Montréal, et c'est là que l'on loge à l'heure
actuelle...
M. GERIN-LAJOIE: La formation des maîtres.
M. BERTRAND: ... la faculté des sciences sociales...
M. GERIN-LAJOIE: Des sciences de l'éducation.
M. BERTRAND: ... des sciences de l'éducation, et les
facultés de mathématiques et de biologie.
M. GERIN-LAJOIE: Cet édifice est d'ailleurs vidé ou
libéré progressivement par les religieuses. Est-ce qu'en
septembre 1967, il sera complètement libéré ou s'il faut
un an de plus?
M. BERTRAND: Environ un an de plus. Est-ce qu'on a d'autres
questions à poser sur les pages 6 et 7.
M. GERIN-LAJOIE: Alors au sujet de la page 7, toujours sur
l'Université de Montréal, je constate que pour le fonds de
bibliothèque, on prévoit une somme de $200,000. Si je compare
cette somme à ce qu'on a prévu dans le cas de Laval, à la
page 5, soit $400,000, et dans le cas de McGill, que nous étudierons
plus loin, à la page 11, et dont la somme prévue est de $200,000,
j'aimerais savoir, tout d'abord, si la somme de $200,000 pour
l'université de Montréal est celle qui a été
demandée par l'université?
M. BERTRAND: On me dit qu'on a tenu compte, pour établir
ce montant, qu'il y a au budget des opérations courantes un autre
montant qui a été prévu pour le fonds de
bibliothèque. Quel est le montant approximatif?
M. GERIN-LAJOIE: Cela va venir lors de l'étude des
crédits, ça, mais on constate...
M. BERTRAND: Vous voudrez bien noter ceci. C'est bien pour
Montréal que vous le demandez?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, pour Montréal.
M. BERTRAND: Au point de vue de l'achat de livres, M. Gauthier,
qui faisait partie du comité ad hoc, me dit qu'on a respecté
intégralement les demandes formulées par les
universités.
M. GERIN-LAJOIE: Et c'est ce dont il est question dans la loi du
financement des investissements universitaires.
M. BERTRAND: C'est ça, en partie. C'est une partie et il y
a une autre partie qui vient au chapitre des opérations
universitaires.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, j'ai pris connaissance des documents que
le ministre nous a soumis. Je constate que pour fin de fonctionnement, les
sommes prévues au budget selon le rapport du comité
présidé par M. Gauthier, encore l'université de
Montréal apparaît comme un parent pauvre avec une somme de
beaucoup inférieure à celle qu'on prévoit pour
l'université McGill.
M. BERTRAND: Vous parlez d'achat de livres. On a respecté
intégralement la demande formulée par l'université de
Montréal. Alors, autrement dit, suivant une expression peut-être
vulgaire, on n'en a pas donné plus que le client en demandait. A ce
moment-là, c'estl'université qui présentait sa demande, et
nous avons tenu compte de sa demande et y avons répondu.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il appartient à cette
université de combler...
M. BERTRAND: Il appartient à l'université pour le
moment, au sein du comité ad hoc, de formuler ses demandes, et nous en
tenons compte.
Alors on a donné, comme on me le rapporte de nouveau, à
peu près ce qui avait été demandé par chacune des
universités. Il ne faudrait pas que l'on soit sous l'impression,
à la suite des remarques du député de Vaudreuil-Soulanges,
que le gouvernement a traité en parent pauvre l'université de
Montréal si nous avons répondu à la demande qui nous
était formulée.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je comprends la préoccupation du
ministre. Qu'il ne sente pas la responsabilité, qu'il ne sente pas que
le gouvernement a la responsabilité de se substituer aux
universités pour analyser les besoins qu'elles ne portent pas à
l'attention du gouvernement. Mais je ne puis pas m'empêcher de trouver
fort étonnant, pour ne pas dire déplorer amèrement, que
l'université de Montréal ne soit pas appelée à
recevoir des sommes plus considérables au titre des fonds de
bibliothèque, soit dans la loi du financemnet des investissements
universitaires, soit dans les budgets d'opérations courantes.
Il est de notoriété publique que l'université de
Montréal a une bibliothèque beaucoup moins
bien garnie, par exemple, que l'université de McGill, pour des
raisons historiques. Il ne s'agit pas ici de faire des comparaisons de
jalousie, de dépréciation de qui que ce soit mais il s'agit de
constater que l'université de Montréal doit aspirer à
avoir une bibliothèque beaucoup plus complète que celle qu'elle a
actuellement de façon qu'elle puisse remplir pleinement sa fonction
d'éducation et sa fonction de recherche scientifique. Or, M. le
Président, que l'université de Montréal ne sente pas le
besoin de demander et que d'une certaine façon le gouvernement ne sente
pas le besoin d'offrir plus qu'il n'est prévu dans le bill numéro
43 et dans les prévisions budgétaires, puisque le ministre y a
fait allusion, au titre des fonds de bibliothèque, je crois qu'il s'agit
là d'une situation inquiétante au point de vue du
développement universitaire et du développement culturel
canadien-français.
M. BERTRAND: Disons que toute manifestation, tout désir,
de la part de l'université de Montréal, en particulier,
d'accélérer l'organisation de ses fonds de bibliothèque,
de mieux organiser ses bibliothèques, de les compléter, auront du
gouvernement une réponse faite avec plaisir.
M. GER1N-LAJOIE: M. le Président, je sens le besoin
d'ajouter ceci. Quand les prévisions budgétaires du gouvernement
ont été rendues publiques et que le public a constaté que
l'université de Montréal ne recevrait pas plus qu'il n'est
prévu effectivement aux prévisions budgétaires, il y a eu,
dans les milieux universitaires de Montréal, certaines interventions
pour expliquer que les prévisions gouvernementales, à la suite du
travail du comité présidé par M. Gauthier, que les
prévisions gouvernementales étaient basées sur des frais
de fonctionnement normaux, sans tenir compte des besoins résultant d'une
nécessité de rattrapage. C'est ce qui a été dit
dans des milieux universitaires et en particulier, c'est l'attitude qui a
été prise par l'association des professeurs de
l'université de Montréal.
Disons que cela est exact. Ce qui me semble conforme aux documents,
d'ailleurs, qui ont été déposés, ce qui semble
conforme au contenu du rapport du comité Gauthier. Je m'étonne
que, dans la loi du financement des investissements universitaires, loi qui a
pour objet d'accorder des sommes pour établir des choses plus ou moins
à perpétuité, des fonds, qui sortent justement des
opérations courantes, des fonds, qui sont appelés à
répondre à des besoins spécifiques variant d'une
université à l'autre beaucoup plus et d'une façon tout
à fait différente que les frais de fonctionnement, dans une loi
comme celle-ci le bill 43, qu'on n'ait pas senti le besoin quand je dis
« on » je vise à la fois, le gouvernement et
l'université de Montréal qu'on n'ait pas senti le besoin
de prévoir, ici, au titre de l'université de Montréal pour
fonds de bibliothèque, une somme beaucoup plus considérable que
celle de $200,000 qui est la même que celle prévue pour Mc Gill,
qui est la moitié de celle prévue pour Laval.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges vient
de mêler deux problèmes. IL a mêlé le
problème, disons, du comité Gauthier relatif aux...
M. GERIN-LAJOIE: ... aux frais de fonctionnement.
M. BERTRAND: ... aux frais de fonctionnement et je voudrais noter
immédiatement que l'an dernier, c'était $44 millions et, cette
année, c'est $67 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Tout le monde l'a noté et avec
bonheur.
M. BERTRAND: Avec bonheur. Alors, il y a du coté du
gouvernement, je pense, un effort immense qui a été accompli et
je puis dire que, lorsque le ministre de l'Education et le ministre des
Finances ont rencontré les recteurs et tous les membres du comité
ad hoc, ils ont entériné le rapport intégralement.
Ensuite, quant au comité des investissements universitaires et
nos officiers étaient là nous avons également
entériné intégralement les recommandations qui ont
été faites.
Alors, je crois que le député de Vaudreuil-Soulanges ne
veut certainement pas, par ses remarques, attaquer le gouvernement qui, avec,
bien entendu, les disponibilités financières qui sont mises
à sa disposition par le peuple, sous forme de la taxation, a
répondu, cette année, d'une manière beaucoup plus
complète aux exigences et aux demandes des universités du
Québec.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je me dois d'apporter
une mise au point à ce que le ministre a dit, sans doute de bonne foi,
mais qui me parait quand même injuste. Il a dit que j'avais
mêlé deux choses. C'est le ministre lui-même qui nous a dit
qu'il y avait des fonds prévus pour les bibliothèques des
universités aux deux endroits: dans le bill 43 et dans les
prévisions budgétaires du gouvernement. C'est pour
ça...
M. BERTRAND: En vue de donner une réponse plus
complète.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne l'ai pas reproché au ministre, mais
seulement que le ministre ne me reproche pas, à son tour ou à mon
tour, de parler des deux sujets. Il y a ici $200,000 de prévus pour
Montréal dans le bill 43, pour fonds de bibliothèque. Il y a une
autre somme dont nous parlerons à un autre moment, dans l'autre loi,
dans les prévisions budgétaires. Alors, je pense bien que le
ministre ne me reprochera pas de l'avoir suivi sur le terrain qu'il a
lui-même choisi.
M. BERTRAND: Aussi longtemps que, par ses propos, il ne veut pas
tenter de laisser croire que le gouvernement n'aurait pas répondu
adéquatement aux demandes des universités.
M. GERIN-LAJOIE : Non, ah non! Je prends la parole du ministre et
je ne veux dire quoi que ce soit qui porte atteinte à ce qu'il vient de
dire. Ce que je prétends, par exemple, c'est que d'abord, les chiffres
qui sont là me paraissent fort étonnants. Nous n'avons pas
d'explications sur le pourquoi de la chose, il faudrait sans doute avoir des
représentants des universités puisque le ministre y a
référé. Et je me pose la question à savoir si le
gouvernement n'a pas une responsabilité à assumer pour s'assurer
que les universités font des demandes qui correspondent vraiment aux
besoins de la société québécoise.
M. BERTRAND: Je pourrai ajouter plus de détails...
M. GERIN-LAJOIE: Lors de l'étude des crédits.
M. BERTRAND: ... lors de l'étude des prévisions
budgétaires.
M. GOLDBLOOM: Néanmoins, j'aimerais demander une petite
précision au ministre qui a bien pris soin de préciser, quand il
parlait de ces chiffres qui paraissent au poste « fonds de
bibliothèque », que dans ce domaine de l'achat des livres, le
gouvernement avait respecté intégralement les demandes
formulées par les universités. Il a laissé croire ou
peut-être sous -entendre qu'il y avait peut-être d'autres demandes
qui n'avaient pas été respectées intégralement
parce que le gouvernement n'avait pas été en mesure de les
respecter. Et je souligne que, pour l'université Laval, il paraît
un article in- titulé « Bibliothèque générale
» avec la somme de $3 millions pour l'année prochaine...
M. BERTRAND; C'est la construction, ça. M. GOLDBLOOM: ... et
$7,420,000.
M. BERTRAND: C'est l'édifice à construire,
ça.
M. GOLDBLOOM: Et pour l'université McGill, un engagement
subséquent de $2,500,000 pour l'agrandissement de la bibliothèque
Red-path. Il n'y a pas de montant semblable pour l'université de
Montréal. C'est parce qu'elle n'en a pas besoin?
M. BERTRAND: Il y a, à Montréal, une
bibliothèque dans chaque pavillon, au lieu de centraliser, on a
décentralisé.
M. GOLDBLOOM: Alors, dans ce domaine-là, il n'y a pas eu
de demandes formulées par l'université qui n'a pas
été...
M. BERTRAND: C'est ce qu'on me rapporte. M. GOLDBLOOM: Merci!
M. BERTRAND: Très bien! Alors, adopté. Hautes
études, nous en avons parlé tantôt. Ecole polytechnique,
page 9, ça va? Page 10, université McGill, et page 11; page 12,
université de Sherbrooke, ça va? Voilà une
université qui se développe considérablement et quand on y
retourne j'y suis allé au tout début, et
dernièrement on y note que nous avons là un magnifique
campus universitaire. Nous en sommes fiers parce que c'est dans notre
région. La région des Cantons de l'Est ou de l'Estrie.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre dit... « nous », comme
le pape!
M. BERTRAND: « Nous », au nom de tous les
députés des Cantons de l'Est.
M. LE PRESIDENT: Ils sont nombreux!
M. BERTRAND: Le ministre n'a pas l'habitude!... Du moins s'il le
fait, il n'a pas l'habitude de pontifier.
M. GERIN-LAJOIE: Je veux bien reconnaître cela! Le ministre
a parfaitement raison.
M. BERTRAND: L'université Bishop, et l'université
Sir George Williams où l'ancien
ministre de l'Education a reçu un doctorat d'honneur, pendant que
moi, j'en ai reçu un, il y a quelque temps, à l'université
de Sherbrooke. Et j'ai eu l'insigne honneur d'assister à la
cérémonie d'inauguration en coupant le ruban, assisté de
M. Hall, originaire de mon comté, et qui a joué un rôle de
première importance dans le développement de l'université
Sir George Williams.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je ne sais pas si je
peux poser cette question. Le journal des Débats l'enregistrera, avec le
sourire que j'ai sur les lèvres. Je ne sais pas si je peux demander au
ministre si, le gouvernement, c'est-à-dire le ministre de l'Education et
ses collègues, ont fait le décompte des rubans qu'ils ont
été appelés à couper depuis un an.
M. BERTRAND: Je pourrais dire au député de
Vaudreuil-Soulanges que pendant au moins six ans, vous avez, à plusieurs
reprises, pas vous, mais votre gouvernement, et certains de ses ministres,
inauguré des travaux qui avaient été mis en marche sous
l'ancien gouvernement. Alors disons rubans pour rubans, on va tout simplement
dire...
M. GERIN-LAJOIE: Lesquels? J'aurais le goût de demander un
inventaire!
M. BERTRAND: Le Québec est en marche... M. HARVEY: On
pourrait avoir un...
M. BERTRAND: ... et plus de rubans nous aurons à couper,
plus on assistera à des développements intéressants au
Québec.
M. HARVEY: Nous promettez-vous le tableau?...
M. BERTRAND: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE : Pas tout le bill. J'aurais une observation en
revenant au début, aux articles, M. le Président.
Est-ce que je peux demander au ministre si le projet de loi a
été soumis à l'auditeur de la province? Il ne le sait pas
probablement.
M. BERTRAND; Règle générale... Un de ses
représentants faisait partie du comité ad hoc.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je serais
désireux de voir cette loi s'appliquer et de voir toutes les sommes
prévues, dont on a parlé, être versées aux
universités. Mais je crains fort qu'elles ne puissent pas l'être
et que l'auditeur empêche les paiements.
M. BERTRAND: Pourquoi?
M. GERIN-LAJOIE: Parce que la Loi du financement des
investissements universitaires telle qu'elle apparaît dans le recueil des
lois de l'éducation à la page 251 une façon commode
de la consulter prévoit à l'article 3 que le ministre de
l'Education est autorisé à préparer, en collaboration avec
les institutions universitaires, un programme de contributions gouvernementales
à leurs investissements, réparties sur sept années
financières, à compter du 1er avril 1961 et n'excédant pas
$250 millions dans l'ensemble et $40 millions par année. Or, le projet
de loi que nous avons devant nous excède de deux façons.
M. BERTRAND: Voici, si le député de
Vaudreuil-Soulanges...
M. GERIN-LAJOIE: Un instant, j'aimerais terminer mon
exposé. Il excède de deux façons. D'abord il excède
la période de sept ans et, deuxièmement, il excède la
somme de $250 millions.
M. BERTRAND: C'est justement Nous avons obvié à ce
problème par le bill 42, à l'article un, qui permet au ministre
de l'Education de répartir sur plus de sept ans le programme de
contributions gouvernementales aux investissements universitaires prévus
dans la loi, le texte actuel de la loi lui imposant une limite de sept
années à compter du premier avril 1961. C'est dans l'article un
du bill 42.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, l'article que le
ministre vient de nous lire...
M. BERTRAND: Je réfère à l'article trois de
la loi du financement des investissements universitaires que vient de citer le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Dans ce que le ministre vient de nous lire, le
bill 42 de la présente session, si j'ai bien suivi ce qu'il a lu, ne
permet pas d'excéder la somme de $250 millions.
M. BERTRAND: Voici...
M. GERIN-LAJOIE: Or, je constate que les annexes incluses dans le
projet devant nous atteignent la somme de $213,720,000...
M. BERTRAND: On ne le dépasse pas, voici pourquoi. Parce
que par le bill 42, les montants de la société centrale
d'hypothèques étant couverts dans ce montant de $250 millions,
ça ne nous dérange pas pour les fins de subventions.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on a fait le décompte, M. le
Président, est-ce qu'on peut nous le donner?
M. BERTRAND: Avez-vous fait le décompte? $189 millions
plus $43 millions égalent $232 millions.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, merci, M. le Président.
M. BERTRAND: Très bien. Alors est-ce qu'on peut dire que
l'étude du bill 43 est terminée. Adopté tel
qu'amendé?
M. LE PRESIDENT: Ce sont seulement les amendements
prévus.
M. BERTRAND: Alors, je demanderais au président de faire
rapport à la Chambre et je remercie encore une fois les membres du
comité de leur assiduité.
M. LE PRESIDENT: Moi, je vous remercie, messieurs, de votre
patience. Malgré ces grandes chaleurs, ce fut très facile pour
moi de pré- sider un tel comité, où j'ai obtenu tant de
collaboration.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, avant la fin de la
séance, est-ce que je pourrais dire au ministre de l'Education,
très gentiment, que les membres du comité, en autant que je parle
en leur nom ou au nom d'un certain nombre d'entre eux, sont très
désireux de se rencontrer de nouveau pour prendre connaissance, sans
délai, des autres projets de loi que le ministre se propose de nous
soumettre, et que nous sommes à sa disposition et que nous voulons
procéder avec célérité.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges va
convenir d'abord que le ministre de l'Education a présenté depuis
deux jours, quatre, cinq projets de loi...
M. GERIN-LAJOIE: Qui remontent au mois de janvier, et au mois de
mars.
M. BERTRAND: Peu importe, peu importe, malgré toutes ses
besognes. Et je continuerai à le faire avec mes autres projets de loi.
C'est justement ce que je m'en vais faire, je vais examiner le projet de loi
qui apportera des amendements à la loi de l'instruction publique.
Bon.
M. LE PRESIDENT: La séance est levé.