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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du jeudi 3 mai 1973
(Seize heures cinq minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications continuera cet après-midi
l'étude des crédits du ministère de l'Education.
J'aimerais faire part aux membres de la commission de certains changements pour
les séances d'ajourd'hui. M. Audet, d'Abitibi-Ouest, remplacera M.
Brochu, de Richmond; M. Gagnon, de Gaspé-Nord, remplacera M. Cardinal,
de Bagot; M. Shanks, de Saint-Henri, remplacera M. Saint-Germain, de
Jacques-Cartier; M. Pelletier, de Kamouras-ka, remplacera M. Veilleux, de
Saint-Jean.
Nous en étions au programme 8, je crois.
Administration de l'enseignement
élémentaire public
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous en sommes au programme 8.
M. LEDUC: Adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un programme qui vise à
établir et à appliquer les normes pédagogiques,
financières et administratives régissant l'enseignement
élémentaire public.
En somme, ce sont les problèmes de fond que l'on peut continuer
d'étudier dans ce cadre.
M. GAGNON: Ce sont des crédits qui sont exclusivement
dépensés pour les services du ministère dans l'application
de ces programmes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement. Nous avons disposé de toutes
les dépenses de transfert dans les autres programmes qui correspondaient
aux subventions.
M. CHARRON: Je voudrais poser au ministre ou à Mme Hendricks
quelques questions qui portent là-dessus.
Dans son intervention de départ, le ministre avait fait mention
d'une attention particulière à l'enfance inadaptée. Je
voudrais savoir à quel endroit, dans ce programme de l'enseignement
élémentaire public, programme 8, on peut retrouver les
crédits et de quel ordre seront-ils? De quelle façon seront-ils
utilisés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, il s'agit d'un programme qui est
l'administration de l'enseignement élémentaire public. Le service
de l'enfance inadaptée devient une activité ou un
sous-élément et donc n'apparait pas comme tel dans les documents
dont vous disposez. Je n'ai malheureusement pas le détail de
l'effectif.
M. CHARRON : II n'y a pas moyen de l'isoler à l'intérieur
du programme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Non, mais enfin, rien n'empêche d'en
discuter sur le plan des orientations.
M. CHARRON: Non. Si je peux retrouver mon papier, cela va aller.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez probablement quelque chose
derrière la tête qui vous préoccupe.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous nous le disiez, ce serait bien plus
facile d'identifier vos besoins.
M. CHARRON: Je l'avais même mis sur un papier, c'est le papier que
je ne trouve plus.
M. AUDET: M. le Président, on mentionne ici la classe maternelle,
est-ce qu'on prévoit aussi des classes prématernelles? Est-ce
que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Est-ce que le
député de Saint-Jacques a retrouvé...
M. AUDET: Pour ces classes prématernelles, est-ce que le
ministère prévoit l'addition, dans les années à
venir, d'un cours de classes prématernelles dans différents
milieux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous axons ce programme vers les milieux
défavorisés. Ceci fait partie d'une orientation que j'ai
déjà indiquée. Il ne s'agit pas d'une mesure susceptible
d'être généralisée, en tout cas certainement pas
maintenant.
M. AUDET: Pourquoi cette politique serait-elle plus orientée vers
les milieux défavorisés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que c'est là que les besoins sont
les plus grands. En théorie, on peut très bien admettre que la
maternelle de quatre ans serait l'idéal pour tous les
Québécois, mais il y a des questions de coûts très
importants qui interviennent. Pour des clientèles spéciales, qui
ont des besoins spéciaux, on peut envisager ce type de mesure. Dans les
milieux défavorisés, on constate qu'il ne suffit pas de fournir
des services scolaires adéquats, ou même des services scolaires
excellents, pour nécessairement aider les enfants qui
viennent de ces milieux. Il faut une approche beaucoup plus globale
parce que, dans les milieux défavorisés, les enfants, au point de
départ, n'ont pas les mêmes chances de succès ou de
réussite dans le cadre scolaire. La maternelle de quatre ans permet de
les prendre en main plus tôt et de les préparer à aborder
l'élémentaire.
M. CHARRON: Est-ce qu'effectivement on en est rendu aujourd'hui
où toutes les commissions scolaires qui couvrent ces territoires dits
défavorisés offrent le service de la maternelle à quatre
ans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, on en est loin encore. D'ailleurs, j'ai
indiqué que nous étions à préparer une politique
générale des zones défavorisées. Ce sera
certainement un des éléments majeurs.
Cette politique ne sera pas appliquée par le ministère;
elle le sera par l'intermédiaire des commissions scolaires et, pour ce
qui est de l'île de Montréal, par l'intermédiaire du
conseil qui a un mandat précis de ce point de vue; mais, le
ministère pourra déterminer des orientations
générales.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu, effectivement, av. cours de la
dernière année, progrès dans le nombre de commissions
scolaires offrant ces services maternels avec enfants de 4 ans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu une légère augmentation
du budget spécial consacré à ce type de classe. Donc, pour
l'année 73/74, il sera possible d'ouvrir peut-être jusqu'à
une dizaine de classes pour les enfants de 4 ans de certains milieux
défavorisés et c'est à peu près l'étendue du
progrès; mais c'est quand même un domaine dans lequel il faut
énormément de recherche d'abord pour identifier des milieux
défavorisés. Ce n'est pas un critère uniquement
socio-économique dont il faut tenir compte et les ressources
également sont limitées.
Mais, en fait, l'effort me paraît nettement insuffisant. C'est
pour cela que j'ai indiqué dans mes remarques préliminaires qu'il
fallait en faire une priorité de l'année. Il n'y a pas que des
démarches d'ordre scolaire qu'il faut tenter; il y a également
tout un travail qui doit se faire avec le ministère des Affaires
sociales. Il y a le problème des garderies, les problèmes qui se
posent concernant l'alimentation des enfants et c'est dans ce sens qu'il faut
s'orienter.
M. CHARRON: Mais, actuellement, les zones couvertes par cette
école maternelle pour enfants de 4 ans, c'est en particulier la
région métropolitaine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, pas nécessairement. J'en ai le
détail ici. A la CECM, il y a 21 classes maternelles pour enfants de 4
ans, onze maternelles pour enfants de 5 ans, temps plein. A la Commission des
écoles catholiques de Québec, vous avez 180 enfants qui
fréquentent la maternelle pour enfants de 4 ans; à Sherbrooke, 30
enfants; à Saint-Hyacinthe, 30 enfants; à Grand'Mère, 60
enfants; à Port-Cartier, 15 enfants; à Milles-Iles, 15 enfants.
Il est bien évident qu'il s'agit là de projets pilotes et ce sont
ces projets qu'il faudrait continuer.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a quelqu'un, au sein de la DIGEES qui est
responsable en particulier de...?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il y a deux fonctionnaires. D'abord, il y a
le directeur adjoint qui s'occupe plus particulièrement de ce secteur.
Mais je compte procéder, pour cette politique des zones
défavorisées, comme je l'ai fait pour le plan d'enseignement des
langues, c'est-à-dire de prendre moi-même le "leadership" d'un
groupe de travail et de le suivre avec les fonctionnaires impliqués.
Très souvent, ceci recoupe plusieurs directions
générales, plusieurs programmes. Je crois que c'est comme
ça que nous avons réussi à débloquer, dans le
domaine du plan d'enseignement des langues.
M. AUDET: M. le Président, si je comprends bien, ce ne sont pas
les commissions scolaires qui ont la tâche de faire la recherche et de
déterminer les milieux défavorisés. Avez-vous au
ministère de l'Education une équipe qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. L'équipe au ministère de
l'Education cherche surtout à élaborer les orientations
générales. Mais il appartient aux commissions scolaires de faire
leur choix, de faire la preuve au ministère que leur programme est
justifié.
M. GAGNON: Face à la diminution du nombre d'élèves
de première année, puisque l'on sait qu'il y a une
dénatalité au Québec, est-ce que, pour permettre que les
écoles continuent à être pleines et entières, le
ministre envisage de réduire ou d'avancer je ne sais pas comment
le ministre va prendre ça l'âge d'admission pour la
première année? Et je dis ceci: Je crois que l'âge
d'admission pour la première année est celui des enfants qui ont
six ans au 30 septembre ou au 1er septembre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au 1er octobre.
M. GAGNON: Le ministre pourrait dire que ceux qui auraient six ans le
1er décembre pourraient être admis en 1ère année,
et, par voie de conséquence, faire la même chose pour la
maternelle, ce qui permettrait de continuer à remplir les classes
pendant un certain temps et, au niveau psychologique, je suis père de
dix enfants...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Justement, c'est ce que je viens de dire, ce
n'est pas à vous à qui il faudrait adresser des reproches pour la
dénatalité.
M. GAGNON: Mes trois plus vieilles ont commencé à 5 ans. A
ce moment-là, on les admettait et quand elles eurent fait l'effort,
elles n'eurent jamais de problème. Il y en a deux autres qui ont voulu
commencer. La commission scolaire a refusé. Je crois qu'on pourrait
avoir un recul dans l'âge des enfants, surtout lorsqu'on va s'apercevoir
qu'il va y avoir des vides dans les écoles, pour avoir les
clientèles suffisantes pour les écoles. Je crois que le
ministère devrait envisager cette chose, quitte à réduire
quelque peu l'âge requis pour la maternelle, le reculer à 4 ans et
demi. Au niveau de l'enfant, ça n'apporte pas tellement de
conséquences. On sait que, au niveau intellectuel, par rapport au milieu
social, avec la télévision, les enfants sont beaucoup mieux
préparés qu'ils ne l'étaient autrefois. Je ne sais pas si
le ministère envisage cette chose, mais cela ne serait pas mauvais.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je comprends bien, ce que vous
suggérez, c'est de déplacer la date du 1er octobre au 1er
décembre.
M. GAGNON: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas très bien ce que vous
gagnez, parce qu'elle peut parfaitement l'être. C'est purement arbitraire
d'avoir choisi le 1er octobre. On aurait pu choisir une autre date.
M. GAGNON: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais je suis mal le reste de votre raisonnement,
parce qu'il ne faut quand même pas considérer cette date de
façon isolée. Il y a l'élémentaire et
également le secondaire. Le moment de l'entrée dans
l'élémentaire conditionne le moment de l'entrée dans le
secondaire.
M. GAGNON: Très bien mais à ce moment, je ne sais pas...
Comme expérience de père de famille, il ne s'est pas
présenté de problème. Disons qu'un enfant serait trop
jeune... Même, j'ai une de mes filles qui a commencé à cinq
ans, rendue à la 7e année, on la lui a fait sauter pour aller en
8e année. Là, j'ai trouvé que peut-être
psychologiquement... L'enfant à quinze ans se retrouvait avec des
élèves de 17 à 18 ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est là le problème. Je suis
content que vous le souleviez.
M. GAGNON: Mais la différence d'âge de quelques mois ne
créerait pas, je crois, de problème.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien pour cela encore une fois que la date
est assez arbitraire et que vous n'obtiendrez peut-être pas les
changements que vous souhaitez eu la déplaçant de deux mois. Il
faut tout de même qu'il y ait une norme dans un tel système et
qu'on détermine une date d'entrée.
M. GAGNON: Oui, d'accord, que ce soit reporté à un peu
plus tard. Maintenant, le ministre fait ici mention au programme 8: Ce
programme vise à établir et appliquer les normes
pédagogiques, financières et administratives. Est-ce que les
normes pédagogiques chaque année, il y en a de nouvelles
sont faites en collaboration avec la Fédération des
commissions scolaires, avec peut-être la collaboration de la
Fédération des enseignants ou si c'est le ministère qui
prend la décision de faire les normes et après cela, de les
appliquer sans consultation quelconque dans le milieu pratique de
l'enseignement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce que vous entendez par normes
pédagogiques?
M. GAGNON: Je crois que des normes pédagogiques, c'est au niveau
de l'enseignement, si je comprends bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que vous pensez au contenu des
programmes? Est-ce que vous pensez aux programmes?
M. GAGNON: Cela dépend. Peut-être que deux personnes n'ont
pas la même vision des normes pédagogiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, il s'agit d'une question de
définition. Qu'est-ce que vous entendez?
M. GAGNON: Je crois qu'au niveau des normes pédagogiques,
c'est-à-dire au niveau des programmes, ce sont des programmes qu'on doit
enseigner au niveau de la 2e, 3e 4e ou 5e année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Vous pensez aux programmes et
à leur contenu. Ils ne sont pas établis de façon
unilatérale par le ministère. Ils sont établis avec une
collaboration très étroite des enseignants au sein de nombreux
comités.
M. GAGNON: Très bien. Alors, c'est ce qui est inclus et qui
demande une dépense de $3 millions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A quelle dépense?
M. GAGNON: Au programme no 8.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes dans le programme no... Il y a plus
que cela.
M. GAGNON: Oui, c'est inclus là-dedans. M. CLOUTIER (Ahuntsic):
Oui, oui.
M. GAGNON: Très bien. Alors, il y a une collaboration très
étroite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une collaboration très
étroite pour l'élaboration des programmes.
M. AUDET: Lorsque vous parlez de participation pour définir les
programmes, chez les comités d'école et de parents mis en place
depuis très peu de temps, est-ce que vous avez décelé des
résultats assez concrets vis-à-vis de la participation, de la
consultation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, on s'éloigne un peu de la
discussion sur les programmes.
M. AUDET: Cela vient aux programmes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'appartient pas aux comités de
parents d'élaborer les programmes.
M. CHARRON: On va en parler de toute façon.
M. AUDET: Cela s'attache passablement à la question du
député de...
M. GAGNON: Non, je ne crois pas que les parents aient la
compétence, d'une façon générale, à
planifier les programmes de l'éducation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ce qui ne les empêche pas de
s'intéresser à l'aménagement des programmes.
C'est là une de leurs responsabilités dans les
écoles mêmes et également de faire certaines
recommandations.
M. CHARRON: Je voudrais savoir, pour faire suite à la question du
député de Gaspé-Nord, si le contenu enseigné aux
enfants, le contenu des programmes, à l'école
élémentaire, encore une fois je me restreins au programme
8 a été modifié au cours des derniers mois et dans
quels domaines en particulier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Particulièrement dans le domaine de
l'enseignement des mathématiques, à l'élémentaire,
nous avons publié un certain nombre de documents pédagogiques,
plans d'études, guides pédagogiques à l'intention des
maîtres.
Le programme de musique à l'élémentaire est en voie
de révision actuellement.
Pour le programme d'éducation physique, il y a déjà
deux ou trois guides pour l'interprétation et l'application de ce
programme qui sont présentement à l'impression et qui devraient
être disponibles au cours des prochaines semaines.
Du côté de l'enseignement du français, en
collaboration avec le service général des moyens d'enseignement,
il y a un certain nombre de documents pédagogiques qui ont
également été publiés.
Pour les sciences humaines à l'élémentaire, nous
avons publié une bibliographie annotée à l'intention des
maîtres pour enrichir leur bagage de références.
Rapidement, ce sont ceux qui me viennent à l'esprit.
M. CHARRON: Ce sont, en général, des programmes que l'on
pourrait appeler "cadres" et dans lesquels les enseignants ont latitude, selon
les milieux, selon leur méthode.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au chapitre des programmes-cadres, nous n'avons
rien sorti de neuf, parce que la plupart étaient en cours,et je parle de
celui de la musique qui sera révisé, qui sera un nouveau
programme-cadre. Mais dans la majeure partie des cas, ce sont des guides, des
suppléments qui ne modifient en rien le programme-cadre lui-même,
mais qui sont des aides.
M. CHARRON: Donc, aucun programme-cadre à
l'élémentaire n'a été modifié depuis...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Modifié, non. Il y a un nouveau programme
qui a une certaine importance et qui a été approuvé
à titre expérimental, une expérimentation très
contrôlée, un programme de formation personnelle. C'est à
peu près la seule nouveauté importante.
M. CHARRON: Actuellement, un enfant, puisque c'en est un, à
l'élémentaire, a combien d'heures de cours par semaine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est 25 heures-semaine.
M. CHARRON: 25 heures. Cinq heures par jour.
Je reviens à une autre catégorie...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'hésitation vient du fait qu'on les
compte en minutes, parce que ça se négocie en minutes; 1,500
minutes.
M. CHARRON: Et cela, ça va jusqu'à la sixième
année de l'élémentaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui; et à ceux qui ont besoin d'une
septième année pour faire le trajet, ça s'applique
aussi.
M. CHARRON: A ce moment-là, est-ce qu'on a noté des
difficultés d'adaptation dans le passage de l'élémentaire
au secondaire, à cause du nombre d'heures où l'étudiant
est convié à l'école?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, à l'élémentaire, ce
sont 1,500 minutes-semaine, au secondaire, 1.575; la différence est
minime.
M. CHARRON: Pour l'ensemble.
M. AUDET: M. le Président, vous mentionnez que lorsque
l'élève a besoin de la septième année, elle est
dispensée. Dans quelle proportion? Est-ce qu'il y a des statistiques au
niveau du ministère à ce sujet, pour ceux qui ont besoin d'une
doublure de la sixième?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La situation se complique un peu du fait que,
dans certaines commissions scolaires, on appliquait encore d'anciens programmes
qui étaient répartis sur sept ans. On avait retardé
à adopter les nouveaux programmes et donc on avait le sentiment que les
enfants n'avaient pas complété les études
élémentaires, il fallait une septième année. Mais
ceci dit, je pense que l'an dernier on peut établir à tout
près de 60 p.c. la proportion des enfants qui avaient
complété six années d'études à
l'élémentaire et qui sont passés au secondaire. Le passage
a été assez fort parce qu'on avait déjà des
septièmes années; alors cette année, toutes proportions
gardées, le pourcentage sera moindre parce que la règle
générale s'est appliquée l'an dernier.
M. AUDET : Est-ce que le pourcentage baisse à la demie ou en bas
de la demie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! je ne saurais dire.
M. GAGNON: Au niveau des programmes d'enseignement contenus au programme
8, est-ce qu'à ce moment-là les manuels scolaires font partie de
ce qu'on peut appeler les normes de l'enseignement? On peut discuter d'une
façon un peu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'agrément des manuels est une
responsabilité partielle de la direction générale de
l'enseignement élémentaire et secondaire. Les éditeurs
nous soumettent du matériel didactique, des manuels, que nous faisons
étudier par des enseignants, et s'ils sont trouvés valables, ils
sont soumis à l'approbation du ministre qui, à son tour, les
soumet au comité catholique et au comité protestant pour
approbation. Une fois ce cheminement fait, si l'approbation est
accordée, la liste des manuels apparaît dans le bulletin officiel.
Depuis un an, nous publions des listes partielles pour faciliter
l'administration des commissions scolaires et, une fois par année, nous
publions une liste consolidée de tous les manuels approuvés.
M. GAGNON: Parce que je ne sais pas s'il y a une grande
mobilité dans les manuels je sais qu'il y a des années
où les parents se sont plaints car les manuels changeaient à la
vitesse de l'éclair; c'était un coût effarant de nouveaux
manuels qui prenaient la place d'anciens. Je ne sais pas si à ce
moment-là on peut essayer d'agrémenter...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut dire que ce n'est pas le
ministère qui intervient à ce moment-là. Ce sont à
la fois les enseignants et la commission scolaire. C'est une
responsabilité qui leur revient dans le cadre de la liste des manuels
adoptés, agréés. H y a donc un choix. Ceci est un autre
exemple de décentralisation, ce choix étant laissé aux
commissions scolaires. Voilà quand même une toute petite marge de
manoeuvre.
M. GAGNON: Disons que tout en étant laissée aux
commissions scolaires...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous vous retrouvez.
M. GAGNON: ... il reste que le ministère, avant de laisser cette
liberté aux commissions scolaires, leur a dit: Voici cet immense manuel
dans lequel vous pouvez choisir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela va de soi. M. GAGNON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est bien évident qu'il y a une liste.
D'ailleurs, la loi nous l'impose, parce qu'elle nous impose de consulter le
comité catholique et le comité protestant.
M. GAGNON: Très bien mais, ce que je veux dire je ne sais
pas s'il y a possibilité d'une consolidation c'est qu'il y a trop
de manuels. Les maisons d'édition...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous demandez qu'on limite le choix. Pensez-y
bien, parce que peut-être viendrez-vous me répéter...
M. GAGNON: Je ne dis pas de limiter le choix...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... que les commissions scolaires n'ont plus
rien à décider.
M. GAGNON: Non, mais je dis: Est-ce que tous les manuels seraient aussi
bons l'un que l'autre et que, dans une école, on trouverait un manuel de
tel auteur et que dans l'autre école, peut-être d'une même
commission scolaire, on trouverait des manuels d'un autre auteur et qu'il y
aurait une différence assez marquée dans l'enseignement contenu
dans le manuel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne m'apparaît pas mauvais d'ailleurs
qu'il y ait une différence dans l'enseignement. Il faut vraiment se
rendre compte de l'espèce d'ambivalence qu'on manifeste parfois ici au
Québec. D'un côté, on
semble souhaiter un système centralisateur qui déciderait
de tout avec des programmes uniformes et des manuels identiques pour tous et,
de l'autre côté, on souhaite un système où la marge
de manoeuvre serait la plus grande et où ce seraient les commissions
scolaires et les collèges qui prendraient toutes les décisions.
Il y a là quelque chose d'un peu contradictoire.
M. GAGNON: Non, il y aurait peut-être à se situer au
centre. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on a reconnu que les
élèves se soient plaints eux-mêmes et que, pendant x temps,
ils semblaient perdus. Je suis allé dans...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis de votre avis. Pour ma part, je souhaite
que l'on ne passe pas rapidement d'un manuel à un autre, qu'on
ménage au moins des transitions.
M. CHARRON: II y a peut-être eu un temps, comme le dit le
député de Gaspé-Nord, où il y a eu une
hémorragie de nouveaux volumes. Mais je ne crois plus maintenant
peut-être que la directrice de DIGEES pourrait nous le confirmer
qu'il y ait une telle profusion de nouveaux volumes comme on en a connu
à une certaine époque.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous affirmez que c'est vraiment
stabilisé maintenant. Le député de Saint-Jacques a
raison.
M. AUDET: M. le Président, l'orientation vers une
décentralisation du ministère actuel est bonne et on devrait
d'abord le féliciter de la faire. Réellement, il y a eu une trop
grande centralisation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Cela n'arrive pas souvent, mais il faut...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, ça arrive souvent. Vous avez fait une
contribution très intéressante.
M. AUDET: ... décentraliser. Je vois l'ancien ministre de
l'Education, il était ici, je l'ai déjà accusé
il est parti maintenant d'avoir trop centralisé les
pouvoirs.
Maintenant, on décentralise. J'espère que cela continuera.
J'ai une question à poser au sujet du cours de sixième
année et au passage du secondaire au CEGEP, collégial. Est-ce que
le ministère, d'après les résultats obtenus,
prévoit continuer cette attitude ou s'il voit des possibilités de
remettre la septième année, vu que cela fait partie d'une
recommandation des parents, que j'ai citée hier? Certains parents
trouvent que la disparition de la septième année...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'est certaine- ment pas question de revenir
en arrière. Mais il y a eu justement une phase de transition qui a
été ménagée puisqu'il est possible tout de
même de faire sa septième année. Mais procéder
autrement, cela serait revenir; cela serait ajouter une année et
allonger la scolarité de onze à douze ans. Remarquez que dans
l'ensemble, il y a peut-être eu quelques bouleversements mais je pense
que les choses se sont pas mal tassées.
M. CHARRON: Dans un rapport qui n'est pas neuf je pense qu'il
date de deux ans le Conseil supérieur de l'éducation
s'était penché sur l'école élémentaire en
particulier et l'année dernière, on en avait parlé aussi.
Une des recommandations que je retrouve était qu'au niveau de chaque
commission scolaire, des animateurs soient engagés pour aider le
personnel et que ceux-ci devaient être des professionnels de
l'enseignement élémentaire. Cette recommandation faisait suite
à une analyse que le Conseil supérieur de l'éducation
avait fait qui disait qu'on n'avait pas encore atteint ce qu'on voulait
atteindre à l'école élémentaire. Le
ministère compte maintenant plusieurs de ces animateurs. Je vois dans le
rapport annuel qu'on les appelle des agents de développement
pédagogique. Combien y en a-t-il et quel est leur travail? De qui
relèvent-ils actuellement et sont-ils employés à
moitié par le ministère et à moitié par les
commissions scolaires qu'ils desservent ou comment?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au total, nous disposons de 125 postes d'agents
de développement pédagogique. Ce sont des personnes qui, pour la
grande majorité, sont déjà à l'emploi de
commissions scolaires. Leurs services nous sont prêtés pour un an,
deux ans, et la commission scolaire continue à verser leur traitement et
le ministère rembourse ce montant.
Quelques-uns sont engagés à temps partiel. Cela veut dire
qu'ils servent la moitié du temps comme agents de développement
pédagogique dans un milieu plus large que leur propre commission
scolaire et ils restent à l'emploi de la commission pour l'autre partie.
C'est l'exception cependant.
Dans les mandats, dans certains domaines, nous avons pu recruter un
nombre moindre d'agents de développement pédagogique qu'il n'y a
de régions administratives et cela veut donc dire que leur territoire,
leur champ d'action est très veste mais dans la majeure partie des cas,
c'est une orientation qui se concrétise cette année par rapport
à l'an dernier et encore l'année précédente.
Nous essayons de loger un agent de développement
pédagogique dans chaque région et en améliorant le mode de
fonctionnement avec le bureau régional où se trouve, pour
certains domaines, un répondant, nous doublons les efforts et nous
assurons, qu'à long terme, une fois la phase innovation, à
laquelle se consacre l'agent de développement pédagogique,
passée, les ressources locales et les ressources du bureau
régional prennent la relève pour assurer un
développement continu.
M. CHARRON: Mais cet agent, on peut l'imaginer un peu comme un
commis-voyageur. Est-ce que c'est exactement ce genre de travail qu'il fait?
Est-ce qu'il travaille avec l'administration des commissions scolaires ou les
enseignants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est très variable. Les agents de
développement pédagogique des services aux étudiants
travaillent beaucoup plus étroitement avec les responsables, les
directeurs des services aux étudiants, les coordonna-teurs des
activités de consultation ou d'animation dans les commissions scolaires.
Les agents de développement pédagogique qui se consacrent aux
programmes par exemple en français il y en a un nombre
plus considérable. Ils sont donc dans une région et, selon les
désirs de la commission scolaire parce que c'est cela qui
détermine les services rendus ils travaillent avec du personnel
professionnel au niveau de la commission mais dans la plupart des cas, ils
travaillent avec des groupes d'enseignants dans des ateliers.
M. CHARRON: Ah bon! Vous dites, sur les 125 postes, combien sont
occupés? Est-ce que c'est 125 personnes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils sont tous occupés.
En fait, il y en aura plus l'an prochain parce qu'il faut ajouter les 18
ou 28 du plan de développement des langues, en particulier du
français, langue maternelle. Nous avons créé douze
nouveaux postes d'agent de développement pédagogique, plus neuf,
plus sept.
M. CHARRON: Est-ce que ce sont aussi ces mêmes agents de
développement pédagogique qui sont responsables de la recherche
et de l'expérimentation avec les commissions scolaires? Ce sont d'autres
personnes.
M. le Président, pour ce qui est de l'enseignement
élémentaire, pour moi cela va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le programme 8, l'enseignement
élémentaire est-il adopté?
Adopté.
Nous allons procéder maintenant au programme 12 qui est le
même genre de dépense pour l'enseignement secondaire public.
Administration de l'enseignement secondaire
public
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce programme, comme le nom l'indique, vise
à établir, à appliquer les normes pédagogiques,
financières et administratives dans le domaine de l'enseignement
secondaire public. C'est le même objectif qu'à
l'élémentaire mais axé à une clientèle
différente.
M. GAGNON: Concernant les bureaux régionaux, est-ce qu'on leur a
donné, disons plus de travail, est-ce que le ministère a
apporté certains changements de façon à assurer une plus
grande coordination et également une plus grande réussite dans le
travail de ces bureaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On discute actuellement le programme 12 et les
bureaux régionaux n'apparaissent pas à ce programme.
M. GAGNON: Programme 12, élément 1?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Programme 12, élément 1 :
Enseignement élémentaire et secondaire.
M. GAGNON: Oui, oui, très bien, mais le programme 12,
élément 4... On ne peut pas prendre cela dans un tout?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'élément 4, on le discute
normalement d'après notre plan de travail. Un peu plus tard.
M. GAGNON: Très bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était simplement pour l'ordre de nos
discussions.
M. AUDET: Lorsqu'il s'agit d'application des normes pédagogiques,
j'imagine que là, ce n'est pas le temps de parler de la participation
des différents comités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La participation des comités de
parents?
M. AUDET: Cela regarde l'application. La participation des
comités d'école et de parents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons, comme je l'ai indiqué dans
mes remarques préliminaires, inclus maintenant ce service avec les
bureaux régionaux. Ce serait normalement à ce poste qu'il
faudrait le discuter.
M. CHARRON: Au niveau de la polyvalente, comment s'est
réalisée, avec la mission 7, l'application du règlement no
7?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La mission 7 a été
constituée l'automne dernier; elle comprend trois personnes, une qui est
plus versée en organisation de l'enseignement, une deuxième dans
les questions de mesure et évaluation, une troisième dans les
questions de services aux étudiants, vie étudiante. L'an
prochain, pour l'année scolaire 1973-74, nous ajouterons une
quatrième personne qui sera particulièrement
préoccupée par la dimension des programmes. Cette équipe a
fonctionné cette année comme équipe multidisciplinaire et
la majeure partie de ses efforts a porté sur une analyse des
difficultés qu'éprouvent les commissions scolaires et les
écoles dans l'application du règlement no 7.
Alors, ils ont fait une étude qui leur a demandé à
peu près trois ou quatre mois d'efforts; ils ont rencontré, dans
un échantillon de commissions scolaires, à peu près toutes
les catégories d'enseignants, de personnel. Ils ont également
tenu un certain nombre de rencontres où on trouvait, autour de la
même table, des administrateurs, des enseignants, des parents, des
étudiants, pour un échange complet de vues. Ce rapport nous
indique, à la direction générale, un certain nombre de
secteurs où la cohérence entre les différentes politiques
n'étaient peut-être pas aussi claires qu'on l'aurait
souhaité, et nous a également soulevé un certain nombre de
problèmes dont les uns pourraient trouver leur solution chez nous mais
pour d'autres, la solution est vraiment dans le milieu, dans la commission
scolaire et tient à ses propres modes de communication, à la
délégation de responsabilité de la commission à
l'école et des choses comme ça.
En ce qui nous concerne, c'est sûr que nous allons essayer
d'améliorer nos actions. Ce que nous allons faire dorénavant,
c'est proposer aux commissions scolaires que cette mission soit à leur
disposition, à titre de ressource, consultant, conseil, pour tout projet
novateur à caractère multidisciplinaire, un projet qui engage
toute une école et qui donc touchera toutes les dimensions que j'ai
mentionnées tout à l'heure.
M. CHARRON: L'étude qu'ils ont complétée est
complétée par un rapport qui a été remis au
ministre sur...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le rapport n'a pas été remis
officiellement au ministre. C'est un document d'étude.
Pas encore, mais il y a souvent des rapports intérimaires qui me
sont remis lors de réunions.
M. CHARRON: Je voulais demander au ministre de quelle façon le
ministère est intervenu, au cours de la dernière année,
auprès des commissions scolaires qui en sont les responsables en ce qui
concerne la qualité de la vie étudiante, l'atmosphère des
polyvalentes, tout le programme d'humanisation de l'école qui avait
été annoncé à plusieurs reprises. Comment cela
s'est-il transposé, outre la mission 7 qui a eu cette tâche
multidisciplinaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Plus particulièrement par les services
aux étudiants.
Les services aux étudiants comptent un effectif enrichi cette
année, en plus de dix agents de développement pédagogique
qui, eux, sont doublés dans chaque bureau régional d'un
répondant de la vie étudiante.
Ils ont fait énormément de rencontres au niveau
régional qui suscitaient un échange de vues, un échange
sur la philosophie de l'organisation des activités étudiantes et
de la vie étudiante en général et surtout un
échange d'idées pour ne pas dire de trucs, de recettes, de moyens
qu'on peut adopter. J'en ai dit un mot hier, je crois. En plus de
l'organisation des activités étudiantes comme telles, qui
nécessitent une coordination des services d'enseignement et des services
aux étudiants, ce qui a été fait cette année, on a
essayé de soutenir les commissions scolaires dans la recherche de
formules d'encadrement des élèves qui répondent aux
exigences du règlement no 7, visant la création de
cellules-communautés.
M. CHARRON: Est-ce que cela s'est réalisé dans la
majorité des commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans la majorité des commissions
scolaires. Nous avons d'ailleurs un document qui pourrait être
distribué et qui, si le ministre le juge à propos, fait
état, qui présente une nomenclature, un tableau de toutes les
catégories d'activités étudiantes organisées dans
chacune des commissions scolaires responsables de l'enseignement
secondaire.
M. CHARRON: II existe une objection à l'école polyvalente,
qui est très publique, très populaire. D'ailleurs, je pense que
le député d'Abitibi-Ouest, l'autre soir, en a fait mention,
peut-être un peu grossie. Mais je crois qu'on a identifié un des
problèmes de la polyvalente, par le fait que les élèves de
secondaire I à secondaire V se trouvaient parfois non seulement dans le
même édifice, parfois même voisin, pour ne pas dire qu'ils
se pilaient sur les pieds. J'ai eu l'occasion, au cours de la dernière
année, de visiter quelques polyvalentes, et l'occasion m'a
été donnée de donner de l'information sur l'option
politique que j'ai. Cela s'adressait évidemment à des
étudiants de 17 ans ou 18 ans, ceux qui sont en âge de voter ou
qui le seront à la prochaine élection, donc secondaire V,
peut-être même secondaire IV. Après avoir parlé de
politique, lorsque je réussissais à amener le débat sur
eux et sur ce qu'ils faisaient, il n'y a pas une polyvalente où je n'ai
pas entendu, comme première plainte, le fait de la présence des
jeunes de secondaire I et de secondaire II. L'énorme distance culturelle
entre les deux groupes faisait que, pour eux, la polyvalente était
rendue un enfer. Je crois que c'est le moment d'en parler, la proportion
élevée de "drop-out", lorsqu'on est capable de les identifier
je sais qu'il y a un groupe au ministère qui a travaillé
là-dessus, l'ancien ministre l'avait annoncé relève
comme une des premières raisons pour lesquelles ils ont quitté la
polyvalente, même s'ils étaient rendus en secondaire IV ou
secondaire V, c'est le fait du climat. La majorité étant plus
jeune, la direction de l'école et même les services aux
étudiants concentrent plus de leur énergie et plus de leur action
à fournir et à répondre à la clientèle plus
jeune de secondaire I et II. Les gars et les filles de secondaire IV et V se
sentent délaissés, se sentent prisonniers dans une école
qui ne correspond plus à leurs besoins. On me
répondait à ça. J'ai aussi discuté avec des
directeurs de services aux étudiants. Je dois dire, je ne sais pas si
c'est parce que j'ai été chanceux, mais la qualité des
responsables de services aux étudiants dans les écoles
polyvalentes s'est considérablement améliorée. Je pense
que les responsables des services aux étudiants dans les polyvalentes
font vraiment, dans l'ensemble il y a toujours quelques exceptions qui
vont malheureusement contredire la règle un bon travail.
En discutant avec eux, ils me disaient eux-mêmes
l'impossibilité de répondre à deux clientèles aussi
différentes à la fois sans écoeurer l'une ou sans
écoeurer l'autre et la difficulté qu'ils ont avec la commission
scolaire locale. Il n'y en a pas un qui n'ait pas fait allusion à la
difficulté qu'il avait à faire entendre aux commissaires locaux
qu'il fallait apporter des aménagements parce que, effectivement, la vie
était rendue impossible à l'intérieur de cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est assez curieux parce qu'une critique qui
nous parvient fréquemment à nous est presque à l'inverse
de ce que dit le député de Saint-Jacques. Le député
de Saint-Jacques a eu l'impression que c'étaient surtout les grands, les
plus grands, qui semblaient souffrir de la situation, alors qu'on nous dit que
ce sont les plus petits. Je crois que la raison, c'est
précisément parce que le député de Saint-Jacques,
pour des fins politiques qui sont parfaitement légitimes dans une
démocratie, a rencontré les plus grands, ne tablant pas encore
sur le vote des plus petits.
M. CHARRON: Celui-là viendra naturellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, blague à part, il est quand
même important de tenir compte que le problème peut exister aux
deux extrémités et, en fait, dans certaines écoles nous
avons organisé un encadrement spécial pour les plus petits. Je
dirais au député de Saint-Jacques qu'il ne faudrait
peut-être pas qu'il oublie que les plus grands se trouvent à
l'âge de l'adolescence et ont des problèmes qui ne sont pas
nécessairement liés à l'école mais qui sont
liés à l'étape qu'ils traversent dans la vie. C'est par
des techniques d'encadrement que l'on peut le mieux pallier cette
difficulté. Il est bien évident qu'on ne peut pas avoir, je
crois, un niveau d'enseignement par âge. Il y a tout de même un
continuum dans un processus d'éducation. Il me paraît à peu
près inévitable qu'au secondaire vous ayez ces deux niveaux.
M. CHARRON : J'admets parfaitement avec le ministre qu'à 16, 17
ou 18 ans, ils sont en train de traverser une période bien
particulière et c'est là qu'ils ne sentent pas que l'école
les aide, au contraire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous savez, quand on connaît un peu
l'adolescence, on peut se demander jusqu'à quel point il y a des
organismes ou des structures qui peuvent aider. Il y a vraiment là un
bouleversement, c'est important.
M. CHARRON: II y a aussi des structures qui nuisent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr, et je crois que c'est dans
l'encadrement, comme je le disais tout à l'heure. Peut-être
également le règlement no 7, dans la mesure où il pourra
s'appliquer, permet-il l'intégration d'activités parascolaires,
la constitution de groupes qui s'adressent très particulièrement
à ce groupe d'âge.
M. CHARRON: Le problème est sérieux, en fait. Quand on
pense que c'est ce qui hypothèque le plus le résultat à
espérer du concept de polyvalence et de l'école polyvalente au
point que tout le monde le sait, c'est public le Conseil
supérieur avait même parlé de diviser les deux cycles,
avait parlé d'écoles satellites. Vous avez identifié ce
problème comme étant un des plus grands. Je voulais
demander...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que même si je m'excuse de
vous interrompre on divisait les deux cycles, on n'aurait rien
résolu. J'en suis pour ma part convaincu. C'est peut-être une vue
un peu trop théorique de l'esprit de s'imaginer qu'il suffit de mettre
ensemble les enfants qui ont à peu près les mêmes
préoccupations pour régler le problème. C'est vraiment par
le biais des activités de l'encadrement que l'on peut régler
cette difficulté.
M. CHARRON: Au fait d'être ensemble, s'ajoute parfois le
problème du nombre, qui vient juste mettre de l'huile sur le feu. Je
suis bien d'accord que de Secondaire I à Secondaire V, dans une
polyvalente de 1,000 étudiants, la coexistence peut être
pacifique. Mais dans une polyvalente, en plus d'avoir cet écart
culturel, sont vraiment parfois deux générations...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, c'est une
génération.
M. CHARRON: Les générations ont cinq ans maintenant au
Québec. En plus ce cela, il y a le nombre. Par exemple, ici, à la
polyvalente de l'Ancienne-Lorette, la grande majorité des
étudiants se trouvent en Secondaire I, II et III; ils sont nombreux et
ils sont bruyants. Pour les plus vieux, c'est d'ailleurs une école
les statistiques sont ouvertes où il y a eu un grand
nombre de "drop-out" depuis le début de septembre, en particulier avec
l'arrivée du printemps, c'est vraiment un endroit que moi j'ai
trouvé quasiment intolérable à vivre. Les plus vieux,
comme vous dites, aux prises avec des problèmes qui sont parfois
carrément indépen-
dants de l'école, plus axés vers
l'insécurité qui les attend, sont dans une école
où, sur l'heure du midi, lorsque le tocsin se fait entendre et que les
portes s'ouvrent à n'en plus finir, sont mêlés à de
petits bonhommes et à de petites bonnes femmes de douze ans qui jouent
à la cachette ou courent à travers les corridors de la
polyvalente. Je vous assure que ce n'est rien qui les attire là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le propre de toutes les phases de
transition. Vous l'avez à la base du collégial également.
Il n'est peut-être pas très facile d'imaginer que les solutions se
trouvent dans les modifications de structures. Je reviens encore à
l'encadrement.
M. CHARRON: Je ne crois pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je reviens encore à l'encadrement et aux
activités.
M. CHARRON: Je ne crois pas non plus que ce soient des modifications de
structures, mais les services aux étudiants, par exemple, la direction
générale, travaillent-ils de façon séparée
pour le premier cycle et pour le deuxième cycle dans leur approche?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Seulement, je dois souligner... La mission
7 nous a recommandé d'accorder une attention particulière au
cours de la prochaine année à l'encadrement ou à
prévoir des conditions de discipline ou d'organisation des enseignements
qui soient différentes pour les plus jeunes et les plus
âgés.
Maintenant, cela cause toujours des complications dans la mesure
où l'on veut appliquer un régime de promotion par matière
et où, peut-être pas... Déjà, en première
secondaire, où l'on a des élèves qui sont inscrits
à peu près exclusivement à des cours de niveau de
première secondaire et d'autres qui ont à faire certains cours
d'appoint, il y a une sorte de distinction qui se fait, de sorte que, rendu en
troisième secondaire, on a des élèves qui chevauchent sur
peut-être deux ou trois degrés dans le sens où on les
entendait par le passé. Il y a une autre mesure qui, graduellement,
s'adopte dans les commissions scolaires et qui tient à la façon
d'aménager les horaires, où l'on peut prévoir du temps
structuré et du temps non structuré, et cela, c'est d'autant plus
propice ou favorable aux élèves plus âgés qui
peuvent dans ce contexte exercer plus d'autonomie et apprendre en tout cas.
M. CHARRON: A Nicolet, on a réalisé la polyvalente
Jean-Nicolet, un modèle qui me semble à étendre dans
l'aménagement de l'horaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dirais que beaucoup de choses
dépendent du climat de l'école, de la qualité de son
administration et même de son histoire antérieure. On retrouve
aussi la question de taille, que l'on n'arrive jamais à éviter
complètement. Dans l'ensemble, je dirais que cela ne marche pas si
mal.
M. CHARRON: Oui. Je ne crois pas que ce soit une modification de
structure, encore une fois. Souvent, c'est la volonté et un
aménagement intelligent des horaires. Par exemple, à la
polyvalente de Dolbeau, on a réussi là-bas. On m'a raconté
que cela a nécessité démarches par dessus démarches
et pressions par dessus pressions auprès des commissaires. Mais
finalement, ils ont eu la possibilité de réserver une salle ou un
domaine de l'école aux grands de Secondaire IV et de Secondaire V. On
m'a signalé que cette obtention, avec la musique de leur
génération, etc., dans le coin où ils pouvaient aller, a
considérablement amélioré la qualité de
l'école, alors qu'auparavant on venait à reculons. Il n'a pas
fallu grand-chose.
C'est pour cela que je posais ces questions-là, parce que je suis
content de voir que la mission 7 l'a signalé. J'espère que la
direction mettra aussi beaucoup d'attention là-dessus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, tout l'esprit du règlement no
7 va dans cette direction-là, encore faut-il qu'il s'applique avec
intelligence et esprit.
M. CHARRON: En plus de cela, hier, j'avais posé des questions au
sous-ministre sur les règles budgétaires des commissions
scolaires, en espérant que l'enveloppe dite aux services des
étudiants contienne une plus grande souplesse pour permettre aux
commissions scolaires qui, elles, ont atteint ce niveau de compréhension
de ne pas avoir trop d'entraves financières.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les entraves financières ne sont pas trop
grandes, bien que les budgets ne soient jamais suffisants. Il faut tenir compte
de l'ensemble, mais l'intérêt des missions, analogues à la
mission 7 et à toutes les autres missions qui visent à implanter
nos décisions législatives ou administratives, c'est de
sensibiliser le milieu qui a, lui, à administrer. Et le milieu, ce sont
les enseignants, mais ce sont aussi les administrateurs. Alors, le
député de Saint-Jacques n'a pas tort de penser qu'à peut y
avoir parfois des difficultés à convaincre certains commissaires,
en particulier au niveau élémentaire, au niveau secondaire, alors
que l'on risque d'aller contre des habitudes établies. Tout cela prend
du temps.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je suis bien aise d'entendre le député de
Saint-Jacques appuyer les propos qu'il vient de mentionner.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, vous
voyez, M. le Président, qu'il n'est pas si méchant que
cela. Le député d'Abitibi-Ouest s'en rend compte.
UNE VOIX: Cela s'améliore.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela dépend dans quelle commission.
M. AUDET: En temps et lieu, je sais où adresser des
félicitations, même au député de Saint-Jacques,
parce que je crois qu'il devient logique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il l'a toujours été, cela
dépend des commissions!
M. AUDET: ... dans certains milieux, à l'école
élémentaire. Je dirais, M. le Président... Je citerai, en
passant, un qui a peut-être poussé encore plus fort que moi
lorsqu'en fin de semaine, ce personnage deviendra peut-être une
célébrité dans la province de Québec.
Je parle de notre chef politique, qui mentionnait que les enfants,
à certains moments, étaient plus en danger dans l'école
que dans la rue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous voulez qu'on parle des opinions de votre
chef politique dans le domaine de l'éducation, on va en parler.
Allez.
M. AUDET: Oui, mais je vois que le ministre a endossé, lui aussi,
un certain malaise que le député de Saint-Jacques mentionnait.
Donc, je suis bien aise d'écouter ça; on s'aperçoit qu'il
y a du malaise réellement, et puis on s'oriente vers une
décentralisation. On veut diminuer le nombre des élèves
par école, c'est quelque chose de bon, c'est quelque chose que les
parents revendiquent depuis longtemps et je félicite le ministre de
s'orienter dans cette direction. Maintenant, j'ai remarqué aussi que le
député de Saint-Jacques faisait une tournée politique dans
les écoles élémentaires; je vois aussi qu'il était
au niveau... Pardon?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans les écoles secondaires, il n'en est
pas encore rendu à l'élémentaire, ni à la
maternelle.
M. AUDET: Secondaire, mais en tout cas, de toute façon, il
s'éloignait des personnes qui ont l'âge de voter. Je crois que le
Parti québécois sait bien investir, il sait où investir
ses idées, dans la fragilité des jeunes têtes. Maintenant,
je poserais une question au député de Saint-Jacques: Est-ce que
c'était pendant les heures de cours?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Saint-Jacques n'a pas
à répondre aux questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! Si vous
voulez reposer vos questions au ministre?
M. AUDET: Parce qu'à l'occasion, M. le Président, nous
avons noté dans le passé qu'il y avait certaines apparitions de
ce parti qui se faisaient dans les écoles secondaires surtout aux heures
de cours, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): On étudie présentement
l'administration de l'enseignement secondaire public, est-ce qu'on pourrait y
revenir?
M. AUDET: Vous pouvez continuer, ma remarque est faite.
M. CHARRON: M. le Président, si vous me le permettez, j'ai
effectivement cette année été dans quelques polyvalentes,
mais je veux préciser quelque chose...
LE PRESIDENT (M. Picard): On vérifie l'administration.
M. CHARRON: ...immédiatement parce que ç'a un rapport avec
ce qu'on était en train de dire. C'est qu'au niveau de la polyvalente,
justement pour combler ce manque d'intérêt que pouvaient avoir les
plus vieux à aller à l'école, du fait qu'on leur imposait
cette existence massive. On s'est efforcé au niveau de certaines
commissions scolaires de leur rendre l'école attrayante, de faire entrer
l'extérieur dans l'école, d'ouvrir l'école au milieu,
parce que, comme le disait le ministre, ils ont souvent beaucoup plus la
tête ailleurs qu'à l'école. Et donc, plutôt que de
maintenir ce fossé-là qui devient intolérable à un
moment donné et du fait que là ils sont obligés de partir
parce que l'école est trop loin de la vie, on fait entrer la vie dans
l'école. Or, une des dimensions de la vie de l'école, c'est
évidemment la vie politique. Je dois aussi signaler que chaque fois que
j'ai été dans une polyvalente je le dis à votre
intention chaque fois que je vais dans une polyvalente, c'est la plupart
du temps sur invitation et en même temps que les trois autres partis,
dans le cadre d'informations politiques données aux étudiants
à l'heure du dîner ou parfois même durant les heures de
cours parce que je suis convaincu que leur donner à 17 ans ou 18 ans un
aperçu de ce que les quatre partis politiques peuvent présenter
comme option au Québec, c'est aussi formateur, ça les
prépare à entrer sur le terrain de la vie, bien plus que
d'arriver et ne même pas connaître le nombre de partis politiques
qui oeuvrent au Québec, alors qu'à 18 ans on les convie à
choisir ce gouvernement. Je trouve que ce sont des ouvertures d'esprit qui se
manifestent maintenant beaucoup plus au niveau des commissions scolaires et qui
ont des effets positifs sur la
qualité de la vie à l'intérieur de ces
écoles polyvalentes.
M. AUDET: M. le Président...
M. CHARRON: Avant de vous remettre la parole, vous avez fait allusion
à celui qui vous sert de chef, je voudrais simplement dire que des
paroles comme celles que M. Dupuis a dites en fin de semaine et les autres
attaques basses, à mon avis, qu'il fait sur le système
d'éducation au Québec et les caricatures qu'il apporte du
système d'éducation au Québec...
M. AUDET: Cela vous fait mal!
M. CHARRON: ...contribuent beaucoup plus à amplifier le manque de
confiance de la population et des jeunes dans ce système que le
contraire. Et s'il y a quelqu'un actuellement au Québec qui travaille
à détruire et à amplifier les malaises existants et qu'on
n'a pas aucunement cachés autour de la table cet après-midi, on
en a toujours parlé, c'est précisément l'utilisation basse
et mesquine que votre chef fait de chacun de ces
problèmes-là.
M. AUDET: II se restreint à dire la vérité, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, la question, lors du
débat de censure du Parti créditiste, lequel s'est largement
ridiculisé de toute façon...
M. AUDET: M. le Président, je remercie M. le ministre. Je ne
crois pas être ridicule ici lorsque...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas de vous. Jamais je ne me suis
permis de faire la moindre allusion personnelle. Mais je parle de ce
débat de censure au cours duquel le député de
Saint-Jacques, le député de Chicoutimi et moi-même avons
fait certains discours, qu'il aurait peut-être intérêt
à relire, sur l'utilisation, en particulier, des préjugés
lorsqu'on discute d'éducation.
M. AUDET: M. le Président...
M. CHARRON: Vous prenez les préjugés du monde; vous
tournez avec; vous les amplifiez; vous les étirez mais vous ne
présentez jamais de solution.
M. AUDET: Je voudrais vous mentionner, M. le Président, que le
député de Lotbinière me remplacera. Avant de partir, je
désire dire à cette commission, parce que le député
de Saint-Jacques nous dit que les cours sont bons dans les polyvalentes, que je
ne crois pas que, lorsqu'il étale son programme du Parti
québécois, ce soit tellement formateur pour nos jeunes au
Québec. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lotbinière
remplace le député d'Abitibi-Ouest pour les séances
d'aujourd'hui. Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: M. le Président, je vais être assez bref. Sur ce
que le député de Saint-Jacques vient de dire au sujet du malaise
dans les écoles polyvalentes en I, II et III, j'écoutais l'autre
jour à la télévision une émission du père
Congar et je crois que c'est très révélateur. Le
père Congar, qui est un belge, disait qu'il a vu des professeurs dans
les lycées de Paris qui lui disaient qu'entre le Secondaire I, II, III
ou IV, il y avait toute une génération de différence.
On dit que les générations, autrefois, étaient de
25 ans. On dit que c'est rendu à cinq ans. Maintenant, plusieurs
professeurs constatent que les générations se présentent,
dans plusieurs écoles, avec un an de différence, soit du
Secondaire I, du Secondaire II, ou du Secondaire II et du Secondaire III et
ça, il n'y a aucun doute que ça crée certains malaises,
à l'intérieur de l'école, qu'on ne peut pas
empêcher. Comme on ne peut pas empêcher le retour...
J'écoutais, par exemple, un autre professeur qui disait, il y a
quelque temps, qu'autrefois, dans les écoles, les professeurs
enseignaient également l'éducation et la discipline. Il dit
qu'aujourd'hui, dans les écoles, ça n'existe plus. Le professeur
vient; il donne sa matière; on l'écoute, on ne l'écoute
pas; les résultats seront dans les examens ou à la fin de
l'année. Chez l'élève, ça a une certaine
conséquence et possiblement l'élève a tendance à se
chercher pendant un certain temps.
Ce qu'il doit prendre de formation, d'éducation et de discipline,
il faut qu'il aille le chercher au milieu de la famille. Tandis
qu'autrefois...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une certaine responsabilité
là-dedans aussi.
M.GAGNON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On est en train d'accuser l'école
d'à peu près tous les maux de la société.
M. GAGNON: Non, je dis ce que les professeurs disaient. Je n'accuse pas
l'école.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. GAGNON: Je me suis fait exactement l'interprète de ce que des
professeurs d'école constataient pour dire que tout ça, ça
crée peut-être, ce que le député de Saint-Jacques a
dit, certains malaises quand on va dans les polyvalentes et que simplement
entre I et II et II et III...
J'imagine qu'un jour, ça se replacera mais il y a
certainement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ça ne se replacera jamais. Il y a
là...
M. GAGNON: Jusqu'à un certain point.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...une espèce de nostalgie de l'ancien
système d'éducation restreint à quelques milliers
d'individus ici au Québec, un système d'éducation
axé vers l'élite. Ce qui s'est réalisé au
Québec depuis quelques années, c'est une transformation totale
qui fait que tous les jeunes Québécois sont à
l'école actuellement. La société québécoise
est à l'école. Il est normal que ce soit là qu'on trouve
les tensions et les malaises.
M. GAGNON: Oui, c'est normal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je ne prends pas ça pour une
critique non plus. J'essaye d'illustrer le fait que certains d'entre nous
discutent dans le cadre d'un système d'éducation tel que nous
l'avons établi et que d'autres se rattachent à des valeurs pour
lesquelles j'ai le plus grand respect et que je ne veux pas voir
disparaître, mais qui étaient liées à un autre type
de système d'éducation.
M. GAGNON: II ne faut pas voir que les malaises sont dans
l'école. Les malaises sont dans la société et la
société n'est pas dans l'école.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, elle y est. Elle y est lorsqu'on a fait
l'option de démocratiser l'enseignement. Elle y est lorsqu'on a
décidé que tout le monde irait à l'école, qu'ils
soient beaux, qu'ils soient laids, qu'ils aient les cheveux blonds ou noirs,
qu'ils soient handicapés ou qu'ils ne le soient pas, qu'ils soient
intelligents ou qu'ils ne le soient pas. Parce que ce sont vraiment tous les
jeunes Québécois qui sont actuellement à l'école,
de sorte que la nature des problèmes qui se posent est totalement
différente de ce qui existait dans le cadre de l'école
traditionnelle, l'école du rang ou le collège classique.
M.GAGNON: Mais la société québécoise a
beaucoup changé également. Ce n'est pas seulement le
système d'éducation qui a changé, la société
québécoise a changé profondément.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr mais le système
d'éducation a largement servi de moteur à ce changement. Et c'est
dans le système d'éducation que la société
québécoise a le plus investi.
M. GAGNON: Et que la télévision est un des gros
éléments du changement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le
programme 8?
M. LEDUC: ... ceux qui sont à la régionale, à
l'élémentaire ou au collégial émanent aussi d'une
famille.
Et je pense que, s'il y a certains malaises dans des régionales
ou au niveau collégial, il y a une bonne partie qui dépend des
parents qui ont démissionné, qui ont dit: Ils s'en vont à
l'école. Ils vont non seulement se faire éduquer dans le sens...
mais aussi éduquer dans le sens scolaire.
M. GAGNON: Qu'il y ait des problèmes à l'intérieur
de l'école, je ne le nie pas. Parce que je sais bien que je connais des
problèmes dans l'éducation de ma famille que mes parents n'ont
pas connus. C'est un peu normal. Il faut essayer de trouver des solutions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous en avez, une école. Avec dix
enfants, vous devez retrouver probablement tous les types de conflits
entre...
M. GAGNON: C'est cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... les différents groupes d'âge.
Je suis convaincu qu'il doit y avoir exactement le même genre de tension
entre votre groupe d'âge de sept et huit ans et votre groupe d'âge
de treize et quatorze ans...
M. GAGNON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... que ceux que vous rencontrez à une
échelle autre dans nos polyvalentes.
M. CHARRON: Ce n'est pas une maison qu'il a, c'est une polyvalente.
M. GAGNON: C'est merveilleux: C'est une excellente polyvalente. Si vous
permettez, je vais poser une question au ministre. Est-ce que nous pouvons
parler également des examens dans ce programme 12?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Très volontiers.
M. GAGNON: Le ministre a certainement reçu la recommandation du
Conseil supérieur de l'éducation qui formulait le désir
que les examens ne soient plus considérés dans le système
d'éducation du Québec. Est-ce que le ministre en a pris
connaissance et quels sont ses commentaires à ce sujet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai pris connaissance de cet avis avec beaucoup
d'intérêt. Il est actuellement à l'étude dans les
différents services du ministère. Cette étude n'est pas
terminée mais je peux déjà vous donner une indication de
l'orientation que le ministère pourrait peut-être prendre de ce
point de vue. Il faut bien dire
d'abord que ce que le Conseil supérieur de l'éducation dit
n'est pas de nier au ministère la nécessité ou le droit et
même le devoir de vérifier la qualité de l'enseignement. Le
conseil dit qu'il y aurait peut-être lieu à un moment
déterminé de supprimer certains examens centralisés, qui
sont des examens...
M. GAGNON: Certains.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... du ministère au niveau qu'il discute
pour que ces examens se fassent au niveau local. Et cela pose un certain nombre
de difficultés que nous sommes en train d'évaluer. Je ne suis pas
sûr d'ailleurs que le conseil les ait évaluées
complètement. Je ne vous cache pas que personnellement j'ai un certain
nombre de réserves de ce point de vue.
Je vous rappelle que le ministre n'est pas lié par un avis du
Conseil supérieur de l'éducation. Il en tient toujours compte
avec beaucoup d'intérêt, de respect, étant donné
l'autorité que le conseil représente mais il est tout de
même, lui, obligé de tenir compte également des contraintes
qui sont les siennes en tant qu'administrateur d'un ministère.
Je pense qu'il n'est pas question de donner suite à cet avis pour
1974, comme l'a suggéré l'avis du conseil. Mais, en revanche, on
peut peut-être déjà apporter certaines
améliorations. C'est ainsi, par exemple, qu'à partir de l'an
prochain, une note donnée au niveau local comptera pour 50 p.c. de
l'évaluation. Ceci représente déjà une
évolution extrêmement intéressante. Le milieu local aura la
possibilité de s'exprimer dans l'évaluation de son
élève.
Il n'est pas sûr qu'il y ait intérêt à ce que
cette responsabilité soit entièrement au niveau local. On risque
de se trouve avec des disparités qui seraient peut-être
gênantes. De plus, dans le domaine professionnel, le ministère du
Travail, le ministère de l'Education sont associés très
étroitement et les certificats, les certifications donnent des
crédits d'apprentissage. Et c'est à se demander s'il sera
possible de donner les mêmes crédits d'apprentissage lorsque ce
seront les différentes commissions scolaires qui auront
déterminé l'évaluation de leurs élèves.
Nous nous acheminons peut-être vers l'intensification de
l'évaluation au niveau local mais sans nécessairement supprimer
les examens au niveau central.
J'ajouterais peut-être que certaines provinces en ont fait
l'expérience, deux provinces en particulier, l'Ontario et la
Colombie-Britannique si je ne me trompe, et il y a pas mal de réserves
qui semblent se manifester. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on regrette
cette décision mais on remet en cause un bon nombre d'aspects.
M. GAGNON: Si j'ai bien compris le ministre, c'est que nous, par les
journaux, nous avions appris que le Conseil supérieur de
l'éducation avait recommandé de laisser tomber les examens alors
qu'il aurait recommandé que certains examens ne soient plus tenus et, en
second lieu, que d'autres examens soient tenus au niveau local, je dirai au
niveau de chaque commission scolaire régionale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'avis touchait tous les examens uniformes.
M. GAGNON: Ah! Uniformes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les examens qui sont les mêmes partout
dans les commissions scolaires. Nous pouvons vous donner certaines statistiques
intéressantes de ce point de vue.
Je pense qu'on amplifie la question quand on dit que tous les examens
qui servent à la certification des études sont des examens au
contenu uniforme. Il existe actuellement 468 codes d'examens. Qu'est-ce que
cela veut dire? Cela veut dire que pour la certification de secondaire V, il y
a 468 cours, pour lesquels les élèves peuvent écrire des
examens et ainsi obtenir les unités requises pour l'attribution d'un
certificat.
Parmi ces 468 codes d'examens, il y en a 60 p.c. qui portent dans le
secteur de la formation professionnelle où il y a une grande
variété de familles et de profils de formation.
Parmi les autres, il y en a 173 qui s'appliquent à des cours qui
intéressent les élèves francophones et 128 qui
intéressent les élèves anglophones.
Les 167 autres codes d'examens qui restent s'appliquent à des
examens dont les notes sont fournies par les commissions scolaires et non pas
par le ministère.
Deuxième élément, quant au grand nombre des codes
on a parlé de cours de formation professionnelle tout à
l'heure qui en absorbent plusieurs il y a les cours en français,
pour lesquels il y a une épreuve écrite et une épreuve
orale, comme pour les cours de formation professionnelle, où il y a une
épreuve théorique et une épreuve pratique. Ce qui fait
que, pour chaque cour, il y a deux codes.
De plus, on pourrait noter que même si le nombre de codes
d'examens paraît impressionnant, 468, il y en a 118 qui ont
été utilisés l'an dernier par moins de dix candidats et
161 qui en ont conservé moins de 60. Il faut rappeler, en plus, si vous
le permettez, que les examens au contenu uniforme qui restent, qui sont
préparés sous la responsabilité du ministère, sont
préparés par des équipes d'enseignants et
révisés par des équipes d'enseignants et toujours au
début comme à la fin, le devis pédagogique est
préparé par ceux qui sont responsables des programmes et
visé au terme par ceux qui sont responsables des programmes pour
s'assurer que les objectifs soient respectés.
M. GAGNON: Au niveau des examens, je partage un peu l'opinion du
ministre, par expérience un peu comme père de famille, à
savoir que les examens sont des moteurs très
bons, qui permettent à l'élève un effort, un
travail essentiel. Si les examens étaient rayés, surtout pour un
certain nombre à qui ils sont essentiels, je me pose une question sur le
résultat, peut-être pas immédiat mais, sur le
résultat des autres années, résultat qui permet à
l'élève de poursuivre ses études. A ce moment-là,
personnellement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faudrait peut-être ajouter d'ailleurs
que tout ce que nous faisons au point de vue des examens touche le Secondaire
V. Il y a d'autres examens, mais qui sont la responsabilité des milieux
locaux. Ce que nous voulons amener comme innovation, c'est que, même dans
l'examen terminal, le niveau local puisse influer sur à peu près
50 p.c. du résultat.
Je crois que notre façon de procéder donne quand
même une garantie à l'élève. Le problème que
soulève le député de Gaspé-Nord déborde un
peu notre discussion. C'est la valeur même de l'examen en tant que
formation. Je ne vous cache pas que moi aussi j'ai tendance à croire
qu'il faut à des moments donnés des épreuves à
surmonter, de manière que la personnalité puisse
progresser...
M. GAGNON: L'athlète se prépare.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et à moins qu'on me prouve qu'il y a
une mutation biologique qui se fait très rapidement, je ne crois pas que
l'espèce humaine ait beaucoup changé à ce point de vue.
Maintenant, ceci ne veut pas dire que les examens traditionnels que nous avons
connus ne doivent pas évoluer et, en fait, ils évoluent
considérablement. Mais je ne vois pas, moi, comment on pourra faire
disparaître entièrement ce genre d'étape qui, à mon
avis, joue un rôle dans le développement de la
personnalité.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 12, adopté?
Adopté.
M. CHARRON: Ma dernière question, M. le Président, porte
sur le problème des régions éloignées. C'est que
l'ancienne convention collective et le décret qui tient lieu de
convention collective maintenant, ont aboli l'une et l'autre ce qui avait
déjà existé pendant un certain temps, c'est-à-dire
que les zones éloignées pouvaient bénéficier,
à l'égard du ministère, de normes plus favorables et qui
tenaient compte de leur situation particulière. C'est maintenant fini.
On a eu, je pense aujourd'hui non, il y a plus longtemps, je voudrais en
donner un extrait, simplement pour ouvrir le débat sur cette question
une séance spéciale du Conseil des commissaires de la
commission régionale du Golfe, sur la Côte-Nord, tenue le 16
avril, à 8 heures.
Bon, toute l'affaire. "Attendu que, depuis 1969, la commission scolaire
fait régulièrement des représentations au ministère
de l'Education du Québec et à la Fédération
scolaire catholique du Québec sur les difficultés de recrutement
et de stabilité de son personnel, on connaît ces
problèmes-là"; "Attendu que le ministère, par le
décret du 15 décembre, rejette le principe des mesures
spéciales pour les zones éloignées. Et cela
continue. Il est long _I1 est proposé par le commissaire Untel de
formuler au premier ministre du Québec, au ministre de l'Education, au
ministre de la Fonction publique, aux représentants des partis
d'Opposition, les demandes suivantes: 1) Qu'un montant minimum de $500,000 soit
rendu immédiatement admissible par le ministère de l'Education
pour régler les problèmes urgents qui concernent les
problèmes de la régionale ; 2) Que le ministère accepte de
recevoir immédiatement des représentants...
Je ne sais pas quelle suite pratique et concrète le ministre a pu
donner à ce télégramme qu'il a reçu.
Il y a aussi un autre problème dont j'avais parlé au
ministre qui, là-bas, se transpose par une demande de transformation de
la régionale du Témiscamingue, la régionale du Cuivre.
L'abolition des mesures spéciales pour l'enseignement
élémentaire et secondaire diffusé par ces
régionales cause donc des problèmes, et sans vouloir revenir aux
mesures spéciales, qu'est-ce qu'on fait dans des cas comme
ceux-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les deux exemples que cite le
député de Saint-Jacques sont réels, et il y a, à
mon sens, des problèmes. Il s'agit de savoir comment les aborder. La
question des zones éloignées ne peut pas être
considérée isolément par le ministère de
l'Education. Le ministère des Affaires sociales est tout autant
impliqué et également le ministère de la Fonction
publique. Il est exact que, pour cette convention collective, il n'y a pas eu
de provision particulière. Je pense qu'une étude doit être
entreprise, et en ce qui concerne l'éducation, elle a commencé.
Elle doit être entreprise pour essayer de trouver des solutions; il y a,
par exemple, le problème afférent des primes
d'éloignement. Mais dans une province comme le Québec, on peut se
demander si toutes les régions ne sont pas plus ou moins excentriques.
Il y a également le problème de la variation du coût de la
vie, qui n'est pas tout à fait la même. D'autre part, vous pouvez
avoir un coût de vie plus élevé à Montréal
même, alors que ce n'est pas une région excentrique. De la sorte,
je ne peux pas dire qu'il est possible d'accéder immédiatement
aux demandes du milieu, même si nous en prenons conscience. En fait, j'ai
un groupe de fonctionnaires qui s'est rendu sur place, et nous suivons la
situation de très près.
L'autre exemple est pas mal différent en ce qu'il concerne une
demande de fusion de l'élémentaire, du secondaire, et qui
signifierait aller à l'encontre de la loi 27. Là encore, il y a
eu une étude extrêmement approfondie qui a été
faite, et je crois même l'avoir fait parvenir à tous les critiques
de l'éducation des partis d'Opposition.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que, même si nous n'avons pas
apporté une réponse qui répond à tous les
désirs des populations locales, je crois que nous avons tout de
même fait état des difficultés que cela susciterait, si on
agissait de cette manière-là. C'est ainsi, par exemple, que dans
la région du Témiscamingue, si on accédait à cette
demande immédiatement, les populations locales seraient obligées
de payer des taxes plus élevées. Cela, c'est un
élément dont, apparemment, on n'avait pas conscience, et le
rapport le met clairement en évidence.
Il y a des difficultés qui concernent les petites commissions
scolaires. J'ai déjà parlé d'une étude pour les
commissions scolaires de moins de 3,000. Il y a des difficultés
administratives qui se posent, et il faut y apporter des solutions. Il y a
également des difficultés qui se posent pour les régions
éloignées. Je dirais peut-être qu'il y a un comité
qui évalue actuellement ce qu'on appelle les annexes A et B de la loi
27. Ce comité est en train d'analyser le domaine du milieu, pour
proposer certains critères qui permettraient probablement d'apporter des
solutions en ce qui concerne, en particulier, le deuxième exemple qu'a
cité le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON : Mais quand vous dites qu'il étudie les annexes A et
B, c'est la carte...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, mais ce sont des problèmes de
carte en somme.
M. CHARRON : Je vois, dans le rapport du ministère: Elaboration
de cartes et documents législatifs relatifs à
l'aménagement territorial des commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Malheureusement, ce qui se passe souvent, c'est
que les populations locales, qui voient leurs problèmes
immédiats, ont de la difficulté à tenir compte de
l'ensemble du système, de l'ensemble du territoire, des
répercussions qu'une décision rendue ici aurait en d'autres
endroits. Parfois également, les populations locales ont tendance
à croire que telle amélioration dans le système
d'enseignement réglerait toutes leurs difficultés, y compris
leurs difficultés économiques; ce qui est loin d'être
toujours le cas.
M. CHARRON: Autre question, est-ce que le contenu et le profil des
programmes on a posé la question tantôt pour
l'élémentaire au secondaire ont été
modifiés au cours de la dernière année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au sujet des contenus de programmes comme tels,
les programmes-cadres, il y a eu du travail fait particulièrement,
encore une fois, en mathématiques et en sciences et il y a un travail
intéressant qui est amorcé dans le domaine des sciences humaines,
histoire et géographie. L'option fondamentale qui se discute, c'est
à savoir si on devrait avoir un cours qui s'appelle sciences humaines ou
si on doit maintenir cette distinction entre les disciplines. Il faut noter
qu'à la lumière des travaux qui ont été faits au
cours de l'année dernière sur les objectifs de l'école
secondaire et qui devraient aboutir au cours des prochains mois, nous nous
sommes engagés dans une nouvelle réflexion sur les objectifs
spécifiques des programmes, qui nous amènera probablement
à repenser la structure des programmes qui seraient sur une base non pas
de discipline comme on les connait actuellement et qui est très
traditionnelle, mais dans l'optique d'un curriculum mieux
intégré. C'est le travail qui est amorcé, la
réflexion qui va se faire en cours d'année et à laquelle
on joint également une réflexion sur l'opportunité de
s'orienter très loin dans la définition d'objectifs
spécifiques de comportement et toute cette question qui est
extrêmement complexe, surtout quand on touche des élèves de
niveau de formation aussi cruciale que l'élémentaire et le
secondaire.
M. CHARRON: Pour l'admission au CEGEP, les cours où il est
obligatoire d'avoir réussi, en particulier en mathématiques au
niveau secondaire, ceux-là ont-ils été
modifiés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne saurais dire s'il y a eu des modifications
dans les cours eux-mêmes mais ce sera peut-être une question
à vérifier tout à l'heure; il y a eu cependant des
allégements apportés aux conditions d'admission au CEGEP
posées au préalable de sorte que, si mon renseignement est bon,
il y a possibilité pour un élève qui n'aurait pas
satisfait certaines exigences de formation en mathématiques, qui
l'empêcheraient de s'inscrire dans certaines familles au niveau
collégial, de suivre à ce niveau un cours d'appoint qui lui
permette de continuer son plan. Les exigences d'entrée au
collégial ont été réduites de beaucoup au cours de
la dernière année.
M. CHARRON: Oui, j'ai constaté dans le bulletin officiel.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 12, adopté? Adopté.
Ceci termine l'étude et l'adoption des six programmes dans le groupe 2
du plan de travail soumis par le ministre et accepté par les membres de
la commission.
Avant de procéder au groupe 3, si les
membres de la commission veulent prendre note, avec l'adoption des
programmes 8 et 12, du même fait se trouvent à être
adoptés, au programme 5, les éléments 1, 2 et 3. Je
mentionne ça à ce stade-ci pour la bonne raison que, lorsqu'on
arrivera au programme 5, il ne faudra pas revenir aux éléments 1,
2 et 3 du programme 5. D'accord?
M. CHARRON: Vous allez un peu trop vite, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les éléments purement
administratifs, c'est-à-dire l'administration de ces programmes qui se
retrouvent au programme 5. Les trois directions générales.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous regardez au programme 5, "services
administratifs", dont les coûts sont imputés. Si vous additionnez,
par exemple, 8.1 plus 12.1 cela totalise 5.1. La même chose, 8.2 plus
12.2 totalisent 5.2.
M. LEDUC: On ne doute pas de votre parole, M. le Président; on
accepte ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez les programmes administratifs et vous
retrouvez dans ce programme tout le reste.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ne faites pas les additions par exemple parce
que vous allez vous apercevoir qu'il y a une différence de $1000. C'est
une question comptable qu'on me dit.
M. BELAND: II faut continuer votre question.
LE PRESIDENT (M. Picard): II ne veulent pas fermer le compte, ils
laissent $1000 dedans.
M. CHARRON: II faut trouver ces $1000. C'est notre
responsabilité.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord pour...?
M. LEDUC: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le programme 5, les
éléments 1, 2 et 3 sont aussi adoptés. Alors, groupe 3, le
programme no 14: Enseignement collégial public.
Enseignement collégial public
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je veux dire à ce sujet, c'est que
les éléments 1, 2, 3, 4, 5 sont des subventions aux CEGEP.
L'élément 6 représente le coût d'administration de
la direction générale. Je crois qu'il est utile de le dire pour
orienter la discussion.
M. CHARRON: Est-ce que c'est le ministre qui a obligé le
directeur général à porter la moustache ou si c'est un
souhait personnel du directeur général?
M. LEDUC: Cela change toute la philosophie de la direction
générale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous avouer que c'est pour faire plaisir
à sa jeune fille de onze ans.
M. GAGNON: Alors, le programme 14, élément 1 : Services
pédagogiques. Je ne sais pas si le ministre pourrait nous dire s'il est
exact que l'enseignement du CEGEP cette année serait à court
d'une somme de $10 millions qui permettrait la réalisation de son
programme pour l'année scolaire 1972/73?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez dire pour tout le réseau?
M. GAGNON: Pour le réseau collégial. Cela, c'est lors
d'une entrevue qu'un professeur, comme dirigeant des CEGEP à la suite
d'une réunion de tous les CEGEP, faisait part qu'il y aurait une demande
présentée au ministère de l'Education pour des
crédits supplémentaires de $5 à $10 millions pour leur
permettre de compléter leur programme éducationnel de
l'année 1972-73.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agissait à ce moment de
l'année budgétaire 73/74 dont on discutait la répartition
de l'enveloppe avec les collèges, pour tenir compte des priorités
et des difficultés que posaient déjà nos règles
budgétaires. Cette étude se faisait évidemment non pas sur
la base de budgets approuvés mais sur la base des règles
budgétaires. Nous avons un cahier des règles budgétaires
qui est connu et modifié à chaque année. De leur part, les
collèges avaient fait des projections pour savoir ce que leur
donneraient les règles s'ils les appliquaient telles qu'ils les
comprenaient à ce moment-là et ils arrivaient à la
conclusion, en prenant tous les collèges ensemble, qu'il manquait
à peu près $10 millions. Une des études qui nous a
été remise a été à cet effet qu'il manquait
quelque $10 millions dans l'enveloppe pour boucler.
Alors, nous les avons rencontrés et nous avons discuté
leurs chiffres. D'abord, il y avait la base de calcul et des choses tout
à fait mécaniques. Par exemple, ils avaient tenu pour acquis que,
dans le montant dont ils parlaient, on avait déjà inclus des
sommes qui ont été décidées au moment du
décret concernant les chefs de département. C'était aux
mois de décembre et janvier qu'on discutait avec eux, et dans les
chiffres qu'on avait avant cela, on n'avait pas inclus évidemment les
montants qui ont été offerts et c'était déjà
$2,500,000. Ensuite, pour calculer l'augmentation de salai-
res des professeurs et des cadres, il y avait toute une mécanique
à partir des échelles de salaires de 1969-70, de sorte que
finalement nous nous sommes expliqués et ils n'ont pas fait leur
demande. C'est un document de travail qui a été corrigé et
qui fait que présentement ils jugent que l'opération budget,
l'étude des budgets des collèges, qui se déroule
présentement, devrait aboutir de façon satisfaisante.
M. GAGNON: Est-ce que le ministre peut nous dire si les maisons
d'enseignement collégial sont assez bien réparties dans toute la
province ou s'il prévoit pour l'année 1973-74 l'ouverture
d'autres CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avant de répondre à cette
question, j'aimerais peut-être compléter ma pensée au sujet
de cette croissance des coûts. Parce que je ne voudrais pas que
l'impression soit laissée que les CEGEP risquent de manquer
d'argent.
La croissance des budgets est fonction, comme vous le savez, des
coûts d'abord, et ensuite de l'augmentation de la clientèle. Si on
compare les chiffres de 72/73 à 73/74, on s'aperçoit qu'il y a
une différence de $18 millions, une augmentation de $18 millions. $18
millions sur $90 millions pour 72/73, cela donne une croissance de 20 p.c, et
si vous déduisez l'augmentation de la clientèle qui est d'un peu
plus de 10 p.c., autour de 11 p.c., cela vous donne une croissance
réelle de 8 p.c. à 9 p.c, plus près de 8 p.c. Alors, cela
signifie que le régime collégial progresse normalement, et c'est
cela qui me paraît important. Pour ce qui est de l'implantation de
nouveaux CEGEP, c'est une planification à long terme et vous pourriez
peut-être donner quelques renseignements.
Oui. Il n'y a pas de prévision de création de nouveaux
CEGEP. Il y en a deux qui sont déjà créés et qui,
pour la première fois, vont recevoir des étudiants en septembre:
André-Laurendeau et Montmorency. Il y a des campus qui se
développent au point de vue de la clientèle, de la construction
et tout, mais il n'y a pas de prévision de création de nouveaux
campus, si j'exclus la région de Montréal pour le cas des campus
anglophones. Etant donné le surplus de population qui arrive en
septembre, il va y avoir trois nouveaux campus relativement temporaires.
M. CHARRON: ... ou à Vanier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Chacun des trois collèges anglophones va
assumer à peu près 1,000 étudiants de plus de ce
groupe-là, en se donnant chacun un nouveau campus.
M. GAGNON: Est-ce qu'au niveau du personnel enseignant de tout cet
enseignement collégial, ce personnel répond assez bien, par sa
compétence, à toutes les exigences que peut demander un
enseignement collégial aussi avan- cé que celui que l'on
connaît actuellement? Est-ce que le ministère est assez bien
documenté pour dire que le niveau des professeurs peut répondre
convenablement à l'enseignement de tous les étudiants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sans hésitation, oui. Maintenant, vous
n'ignorez pas que le ministère ne se désintéresse pas de
la formation des enseignants et qu'il est nécessaire de les classer
suivant leur catégorie.
M. GAGNON: On parle précisément des enseignants. On sait
que la décision qui a été rendue il y a quelque temps
concernant la reclassification des enseignants au niveau collégial a
créé, même au niveau des étudiants, une certaine
perturbation. Je ne sais pas si c'était bien de l'annoncer au moment
où l'on était presque à la fin des classes, ou si c'est
une tradition, avec l'année dernière, qu'à la fin d'une
année scolaire, voici que les CEGEP entrent en perturbation...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ce n'est pas une décision. Il n'y a
jamais eu de décision. C'est un processus, qui a commencé sous
l'ancien gouvernement d'ailleurs, et qui continue, amélioré, sous
le gouvernement actuel.
M. GAGNON: Bon, d'accord, mais il ne s'agit pas... Il s'agit des
décisions rendues, à savoir qu'il y aurait
déclassification et qu'un certain nombre de professeurs se verraient
diminuer leur traitement parce que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a jamais eu de décision disant
qu'il y avait déclassification.
M. GAGNON: J'aimerais à faire préciser
là-dessus...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est là un processus de classification
qui a été entrepris il y a plusieurs années d'ailleurs,
qui est en partie terminé dans les commissions scolaires et qui a
commencé dans les CEGEP. Les attestations des enseignants sont
envoyées au fur et à mesure que les dossiers parviennent au
ministère et la difficulté actuelle vient surtout des suites
à donner au décret et c'est dans ce contexte-là qu'il faut
tenter de les comprendre.
Maintenant, le système de classification que nous avons est
basé sur l'année de scolarité et c'est un système
qui, à mon sens, présentait je dis "présentait",
parce que je crois que nous sommes en train de le corriger largement
certaines difficultés, en particulier en ce qui concerne des types de
formation non formels touchant le secteur professionnel, le cas des artistes et
également en ce qui concerne l'évaluation de certains
diplômes, en particulier le diplôme de maîtrise.
Or, il y a des projets de modification de fond dont j'ai fait
état moi-même lors d'une confé-
rence de presse et qui constituent une ouverture par rapport à ce
qui existait avant. Je dis bien des projets de modification, parce que le
gouvernement est tenu de par la loi de consulter les représentants
accrédités des syndicats avant qu'il y ait modification. La
consultation est en cours.
M. GAGNON: Si j'ai bien compris, pour les professeurs qui sont en place,
qui étaient établis à une certaine échelle de
salaires, j'appellerai cela pour les fins de discussion, des droits acquis.
Alors, il n'est pas dans l'intention du ministère de l'Education de
tenir compte des droits acquis, soit au niveau salarial ou autre chose, mais
cela suivra son cours.
C'est-à-dire qu'il pourra y avoir une déclassification,
une baisse, si vous voulez, soit dans les émoluments ou autrement.
J'aimerais que le ministre nous le dise un peu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, il n'y aura aucune baisse de
traitement. Ce qui peut arriver, par exemple, c'est qu'un enseignant qui aurait
été classé provisoirement dans son collège à
une certaine catégorie peut se retrouver à une autre
catégorie. Je dis bien: Classé provisoirement, parce que ceci
faisait partie de la convention collective 1968-1971 et ceci fait partie de
chaque contrat individuel de travail. Je pense qu'il a fallu peut-être
trop de temps pour qu'on en arrive aux classifications permanentes et c'est un
des éléments du malaise actuel, mais pour autant que je suis
concerné, je cherche et je crois avoir réussi à
accélérer de plus en plus le processus, tout en le modifiant dans
les cas qui me paraissaient plus ou moins acceptables.
M. GAGNON: Cela pourrait représenter combien d'enseignants qui
auraient été classés temporairement à la suite
soit...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tous ont été classés
temporairement par le règlement no 5, selon des critères
très généraux. Mais ce qui s'est passé, c'est que
certaines institutions ont peut-être été plus
généreuses que d'autres dans l'évaluation des titres, en
particulier des titres étrangers. Il convient de le dire parce que
beaucoup des difficultés que nous avons concernent des titres
étrangers qui viennent de 80 pays différents. Dans bien des cas,
il faut faire des recherches; il faut comparer les contenus de formation et il
faut attendre que les documents parviennent au ministère, que les
dossiers soient complétés, ce qui est loin d'être toujours
le cas. J'ai d'ailleurs déposé à l'Assemblée
nationale un dossier complet de ce point de vue donnant toutes les statistiques
sur les différents CEGEP. La totalité des titres au Québec
est au-dessus de 100,000 et, pour les commissions scolaires, je crois que nous
ne sommes pas loin de 75,000 à 80,000 diplômes, alors que, pour
les CEGEP, je crois que le nombre est à peu près de 6,500
professeurs attestés.
M. GAGNON: Alors, en écoutant le ministre, c'est dire que ce
travail est loin d'être terminé, tenant compte de tous les
éléments que ça implique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me suis sans doute mal exprimé. Il est
pratiquement terminé dans les commissions scolaires, qui
représentent 75,000 cas au moins, et il est très avancé au
niveau collégial. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que c'est un
processus continu parce que, d'une part, un bon nombre d'enseignants modifient
leur scolarité et modifient leur classement par des études
supplémentaires et, d'autre part, il y a tous les nouveaux venus dans le
système, qui doivent recevoir des attestations.
M. CHARRON: Mais le ministre mentionne les diplômes
étrangers qui ont posé, en particulier dans les CEGEP
anglophones, des difficultés à évaluer, mais le
problème me semble avoir pris d'autres dimensions que celles-là.
Il y a des enseignants québécois, de formation
québécoise, qui ont accepté de se perfectionner au moment
du grand appel à la formation des maîtres. Certains de
ceux-là en tout cas, je ne dis pas que c'est la majorité, se
trouvent déclassés ou perdent des années, une
année, deux dans certains cas, de scolarité qui leur
étaient précédemment reconnues.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Reconnues par leur institution de façon
provisoire et, comme je l'indiquais au début, dans certains cas il faut
bien dire que l'évaluation de certaines institutions n'a pas
été adéquate, a été trop
généreuse, souvent à la suite de surenchère, parce
qu'on désirait avoir tel professeur, ou à la suite de pressions,
et c'est là qu'une certaine rationalisation s'imposait. Je ne
défendais pas le système tel quel lorsque je suis arrivé
au ministère parce que j'étais le premier à
reconnaître qu'il y avait un certain nombre d'anomalies et c'est la
raison pour laquelle je me suis efforcé de corriger ces anomalies et je
crois que nous sommes tout près d'y arriver. Mais personne n'a
nié l'importance d'un système et même si moi, pour ma part,
j'aurais préféré un système basé sur les
diplômes plutôt que basé sur la scolarité, je suis
lié par des décisions qui ont été prises
antérieurement. Et compte tenu de tous les facteurs, un système
sur les diplômes aurait présenté autant de
difficultés, même si, pour ma part, philosophiquement, ça
me satisfaisait davantage.
M. CHARRON: Mais pourquoi a-t-on procédé je sais
que ça ne relève pas de vous; vous n'étiez pas là
à ce moment au ministère, à un moment donné,
à un classement provisoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas le ministère qui a fait le
classement provisoire ; ce sont les CEGEP, les commissions scolaires.
M. CHARRON: Pourquoi l'a-t-on laissé faire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'on était incapable à ce
moment-là de faire le classement définitif. C'est une
opération d'une complexité terrifiante, littéralement. Ce
sont plus de 100,000 titres parce qu'au Québec c'était l'anarchie
au point de vue des diplômes. Avant même le règlement no 5,
chaque commission scolaire allait faire du "shopping" en Europe pour avoir des
enseignants et on évaluait les diplômes d'une façon qui
était loin d'être toujours rigoureuse.
Il y a eu des formations qui étaient très discutables au
Québec. Le député de Saint-Jacques a raison de dire qu'il
n'y a pas seulement le secteur anglophone. J'ai donné le secteur
anglophone comme exemple mais il y a également un bon nombre
d'enseignants francophones qui se voient non pas pénalisés en
stricte justice, mais qui se retrouvent dans une catégorie
inférieure parce qu'on les a placés dans une catégorie qui
n'était pas véritablement la leur.
Je dis cependant qu'il y a des mécanismes de révision
auxquels on peut faire appel n'importe quand si on se croit lésé.
Egalement, dans les mesures que j'ai proposées pour mettre fin à
cette crise, il y a la possibilité pour tous les CEGEP de venir discuter
de leur cas individuellement. Etant donné que l'équipe
d'évaluation a été renforcée, cinq ou six CEGEP
sont venus et je crois qu'on avait réussi à leur donner
satisfaction dans chacun des cas.
C'est un domaine assez technique et, évidemment, dans le cadre
d'un certain affrontement qui suit le décret, je déplore pour ma
part je l'ai dit dans mes remarques préliminaires qu'on
ait été obligé d'en venir à un décret. On a
peut-être monté en épingle toute cette crise. Je ne nie pas
l'existence d'un problème. Tout ce que je dis, c'est que je
prétends que ces problèmes peuvent être résolus par
les mécanismes actuels.
Mais il n'est absolument pas question de mettre le système de
côté.
M. CHARRON: Est-ce que l'ensemble des enseignants du niveau
collégial ont touché la rétroactivité à
laquelle ils avaient droit selon le décret?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ceux qui ont reçu leur attestation ont
touché et c'est déjà la majorité leur
rétroactivité. Mais il y en a qui n'ont pas encore touché
leur rétroactivité parce que les négociations entreprises
avec les syndicats, à la demande du gouvernement qui a ouvert le
décret sur ce point, doivent reprendre incessamment je le
souhaite du moins mais n'ont pas abouti.
Dans les mesures que j'avais proposées, en plus de celle dont
j'ai fait état, c'est-à-dire la possibilité de faire des
modifications de fond dans le manuel de classification, il y avait la
possibilité de payer un forfaitaire aux traitements gelés,
c'est-à-dire à ceux des enseignants qui pouvaient se retrouver
dans une catégorie inférieure jusqu'à ce qu'ils retrouvent
leur véritable niveau.
Je ne sais pas si je m'exprime clairement mais je vous jure...
M. CHARRON: Mais pas au point de vue du salaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au point de vue du salaire. Et en plus de
ça, il y avait la possibilité de payer la
rétroactivité immédiatement sous forme d'avance.
M. CHARRON : Quelle a été la réponse de la partie
syndicale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La partie syndicale, lors de la dernière
réunion, celle de jeudi dernier, a refusé ces propositions en
revenant sur ce qu'elle souhaitait, c'est-à-dire la mise au rancart
littéralement du système de classification ainsi que le maintien,
au moins pour un certain temps, du système provisoire.
Remarquez que j'avais déjà indiqué très
clairement qu'il ne pouvait pas en être question pour tout un ensemble de
raisons, raisons que j'ai évoquées brièvement tout
à l'heure et auxquelles j'ajoute le fait que la grande majorité
des enseignants ont déjà été classés sur
cette base. Mettre de côté le système, c'est revenir
à l'anarchie d'il y a dix ans. Ce serait une décision
parfaitement irresponsable.
Il y a tout de même eu une évolution depuis ce temps. Il y
a eu une demande, de la part des enseignants, de me rencontrer, demande qui
m'est parvenue sous forme de télégramme, qui a été
également faite publiquement. Demande que je n'ai pas refusée. Je
me suis tout simplement contenté de souligner l'existence de
mécanismes normaux dans notre régime de relations de travail et
la nécessité de reprendre le dialogue au niveau de la table.
D'abord, parce qu'il y a une véritable négociation qui
peut avoir lieu touchant les aspects financiers et ensuite, parce que nous
n'avions pas eu le loisir, à cause de la façon dont s'est
terminée la rencontre du jeudi précédent, d'exposer les
modifications de fond dont j'ai fait état dans une conférence de
presse lundi.
Mais j'ai reçu, aujourd'hui même, un nouveau
télégramme, très positif, comme d'ailleurs le premier de
la part de la partie syndicale, dans lequel on se dit tout à fait
disponible pour rencontrer mes représentants, c'est-à-dire les
négociateurs gouvernementaux et j'ai demandé à ces
derniers de se mettre en communication le plus rapidement possible avec la
partie syndicale pour qu'il y ait une rencontre de prévue.
Je préfère et c'est là, je pense, une
question de jugement que l'on explore véritablement, dans les
mécanismes qui sont les nôtres, toutes les possibilités,
sans exclure nécessairement une rencontre avec moi. Mais le travail
technique doit vraiment être fait à ce niveau avant.
Or, je prétends et je prétendrai que, dans le cadre qu'on
doit accepter, qui est la contrainte fondamentale d'un système de
classification, nous pouvons apporter les améliorations, ne perdant
jamais de vue les enseignants et également les étudiants qui sont
au bout.
M. CHARRON: Est-ce qu'à l'heure où nous nous parlons il y
a encore des collèges d'enseignement général et
professionnel où les cours sont gelés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais la situation est peut-être moins
dramatique que l'a laissé entendre la presse, qui reçoit ses
informations de plusieurs sources différentes pas toujours de
sources gouvernementales, il faut bien le dire ce qui n'est pas du tout
anormal. Le tour d'horizon que j'ai fait avec mes collaborateurs il y a
à peine quelques heures m'a indiqué qu'il y avait quatre CEGEP
où véritablement on peut parler de gel et même de
façon partielle dans certains cas et que, dans la majorité des
CEGEP, les choses fonctionnaient et que l'année scolaire ne serait pas
compromise.
M. CHARRON: On est un peu chanceux à cet effet parce que, dans la
majorité des CEGEP également, les cours sont, à toutes
fins pratiques, finis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous appelez cela de la chance?
M. CHARRON: Non. Je dis: De la chance, oui, parce que l'année est
peut-être moins compromise...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. CHARRON: ... qu'elle aurait pu l'être si une pareille action
était intervenue au début du...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. CHARRON: Quels sont les quatre CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a Saint-Laurent, mais le problème
aurait existé de toute façon, croyons-nous, sur le plan de
l'année scolaire, parce qu'il y avait des difficultés ailleurs.
Soit dit en passant, dans les CEGEP où il y a des difficultés,
c'est qu'il y en avait également pour d'autres raisons. Il y a souvent
toute une histoire antérieure. Il y a aussi Lionel-Groulx. Est-ce que le
CEGEP de Maisonneuve a pris sa décision maintenant? Pas encore. Nous
espérons qu'elle sera bonne. Et il y a le CEGEP Edouard-Montpetit.
Vous n'ignorez pas que nous sommes intervenus également dans le
cas de certains CEGEP qui s'étaient placés dans des situations
que nous avons jugées illégales, mais dans ces CEGEP, à
part celui de Saint-Laurent, les cours ont repris de façon tout à
fait normale.
La majorité des enseignants ont jugé que leur
responsabilité et je les en félicite était
de donner leurs cours, ce qui n'excluait pas les revendications, parfois
légitimes, qu'ils peuvent avoir envers le gouvernement.
Tout ce que je dis, c'est qu'il y a moyen d'en parler et d'en discuter,
mais dans un cadre, par exemple, pas n'importe comment.
M. CHARRON: J'ai écouté le ministre faire le tour
d'horizon là-dessus et il me semble qu'il a passé assez
rapidement par-dessus une faute que j'ai mentionnée à l'ouverture
de nos travaux.
On a procédé à une classification en
français, c'est un classement d'employés de façon
unilatérale ou à peu près, suite à l'échec
du comité Rossignol de l'ancienne convention collective et de tous les
mécanismes, de toutes les tables importantes, parce que le
ministère se refusait à fonctionner une année de plus avec
une classification provisoire qui n'avait pas causé de problème
jusqu'ici.
On a procédé à un classement unilatéral. Il
ne faut pas se surprendre que dans les relations de travail en 1973, alors que
toutes les petites industries se trouvent protégées sur ce
terrain... Il n'y a pas une "shop" il n'y a pas une usine qui va fonctionner
avec le patron qui décide de façon unilatérale, à
lui seul, quel est le traitement et quel est le statut qu'aura chacun de ses
employés, à l'intérieur de cela. On reproche au patron qui
s'est d'ailleurs fort mal comporté depuis la dernière
année, allant jusqu'au décret, de continuer son entêtement
à vouloir gérer seul un domaine où pourtant les
syndiqués avaient été conviés comme étant
les partenaires essentiels pour la réussite de l'entreprise qui
s'appelle l'éducation au Québec.
Le ministre peut bien mentionner les gestes qu'il a posés, la
nécessité d'un classement, ce qui est facile à dire
à toutes fins pratiques; ce qui est beaucoup plus difficile à
dire c'est où sont les propres responsabilités de chacun à
l'intérieur de cela.
Je n'ai pas nié la responsabilité syndicale à
l'ouverture des travaux mais je n'ai pas nié non plus, la
responsabilité patronale là-dedans. D'ailleurs, qu'a valu,
à toutes fins pratiques, la mise en tutelle de Saint-Laurent, comme
geste de recours puisque de toute façon c'est probablement le CEGEP... ?
J'étais heureux de l'entendre dire par le ministre parce que c'est assez
courant maintenant. Le CEGEP aussi le- plus compromis maintenant. Qu'a valu ce
geste dans le cas de Dawson, dans le cas de Vanier ou dans le cas de
Saint-Laurent suite à l'entêtement qu'avait eu le ministère
à procéder de façon unilatérale au classement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une longue histoire et je peux comprendre
le raisonnement du député de Saint-Jacques. Je ne peux pas
l'accepter à cause de l'évolution de ce classement. D'abord, de
par la convention collective 1968-1971, il y a eu un comité provincial
de classification qui devait prendre des décisions touchant le
règlement no 5.
Ce comité provincial de classification détenait ses
pouvoirs uniquement de délégation par le ministre. Il a
été incapable de rendre une
seule décision. Cela a été l'échec total. Le
président a dû démissionner et, d'ailleurs, il y a eu des
poursuites devant la cour. Je me demande même s'il n'y en a pas encore.
Ce n'est pas terminé.
Le ministre du temps, mon prédécesseur immédiat, a
récupéré ses pouvoirs et-s'est mis à classer
d'autorité. Maintenant, j'ajouterai qu'il faut bien distinguer
l'évaluation des titres qui est littéralement la
responsabilité d'un ministère de l'Education, d'un
établissement des traitements qui sont négociables. Ce que fait
actuellement le ministère, c'est l'évaluation des titres
d'après certains critères qui sont des critères objectifs,
lesquels viennent du milieu lui-même.
M. CHARRON: Oui, mais faites attention...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une influence sur les traitements, c'est
évident et cela va de soi. Il y a une influence sur les traitements et
c'est de là d'ailleurs que vient toute la difficulté. Mais les
solutions que nous recherchons, en particulier les solutions que je crois
originales dans le domaine du secteur professionnel, dans le cas des artistes
qui sont souvent des gens qui n'ont pas reçu une formation formelle,
c'est-à-dire une formation dans une institution reconnue et qui ont
été engagés sur une base de salaire qui tenait compte de
leur expérience... Nous sommes précisément en train de
chercher des solutions qui influeront sur le traitement.
Cette partie-là est négociable et devra d'ailleurs
être négociée de par la loi. C'est là que nous avons
réussi à identifier les difficultés du système. Je
n'ai jamais nié, je le répète, qu'il y en ait eu. C'est
là que nous croyons pouvoir apporter des solutions, mais je ne vois pas
comment le ministère pourrait cesser d'évaluer, d'après
les critères des années de scolarité, les titres.
Maintenant, la commission dont j'ai annoncé la formation, et qui a pour
but de nous faire des recommandations, pourra peut-être également
nous apporter d'autres solutions. Elle ne suggérera certainement pas,
parce que ce n'est pas son mandat, de mettre complètement de
côté le système d'évaluation par année de
scolarité. C'est impensable, ce serait, je l'ai dit, revenir en
arrière. D'ailleurs, ce sont les syndicats eux-mêmes qui ont
souhaité les années de scolarité.
M. CHARRON: C'est cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aurais été là et j'aurais
dit: Non, je préfère les diplômes. Je n'aurais pas
réussi d'une part et je me serais peut-être retrouvé avec
des difficultés plus grandes, parce qu'évaluer une
maîtrise, alors qu'il y en a je ne sais combien de douzaines qui ont des
valeurs différentes, ce n'est pas beaucoup plus simple qu'évaluer
des années de scolarité, c'est peut-être plus
difficile.
M. CHARRON: Les syndicats tiennent beau- coup à
l'évaluation par années de scolarité maintenant. Ils ont
été mis sur cette voie-là par le premier ministre de
l'Education du Québec qui, le premier, pour les appeler à une
formation, à un recyclage s'instruire, c'est s'enrichir a
fait miroiter leur perfectionnement comme étant une amélioration
des conditions de travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avoue que j'ai des réserves
là-dessus.
M. CHARRON: Oui. J'ai vécu là-dedans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que l'on a peut-être trop mis
l'accent sur le fait d'ajouter une année de scolarité qui se
traduisait immédiatement par un revenu accru. Mais cela a
été fait et il faut bien comprendre que, lorsqu'on hérite
d'une situation, on peut la faire évoluer, mais il y a des contraintes
qu'on ne peut quand même pas mettre de côté.
M. CHARRON: Le débat est serein et je veux le garder comme cela,
mais j'écoutais tantôt le ministre raconter comment, la semaine
dernière, s'est déroulé l'entretien avec les syndicats,
comment cela s'est fini également, et le fait qu'on a refusé
l'offre du ministre parce qu'on veut s'en tenir à la proposition
originale. Le ministre propose, lui, de revenir à la table de la
négociation. Il faut comprendre leur réaction.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je la comprends, mais il faut comprendre la
mienne aussi.
M. CHARRON: C'est cela. C'est exact.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il faut comprendre qu'il peut y avoir des
stratégies des deux côtés.
M. CHARRON: Comment est-ce que vous voulez qu'ils aillent
négocier avec un patron qui, le même jour, peut décider de
les poursuivre devant les tribunaux, n'importe quel syndicat, à la suite
de la loi 19 ou à cause des termes du décret? C'est un
drôle de patron. On a l'impression que le patron aime dire qu'il
négocie. Ce qui est surtout important pour le patron, c'est que les
caméras voient des syndiqués entrer, rencontrer le ministre de
bonne humeur, qui donne des poignées de main et...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai vu beaucoup de scènes comme
ça depuis quelques années!
M. CHARRON: Non. Peut-être pas la vôtre, mais vous avez un
chef qui est particulièrement fort là-dessus. Il est même
intervenu au-dessus de votre tête dans le conflit de l'UQAM.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un autre problème.
M. CHARRON: Ce que je veux dire, c'est
qu'on a l'impression que la négociation n'est pas une
négociation. Elle est un élément tactique du patron, pour
que, lorsqu'il sera tanné d'être négociateur, il deviendra
législateur, deviendra décréteur, deviendra... Il a toutes
les possibilités, le patron. C'est comme ça; c'est que,
même la négociation, comme activité, est
hypothéquée. On a l'impression qu'on se fait une stratégie
qui va aboutir à un moment donné, où tout l'arsenal est en
réserve, l'emprisonnement des chefs syndicaux s'il le faut...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On ne peut pas les emprisonner...
M. CHARRON: On ne lésine plus là-dessus au Québec,
on n'a plus rien à envier à personne dans les mesures de
répression. Je vous assure qu'on va bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut voyager un peu.
M. CHARRON: Nommez-moi des pays où les chefs de centrale
syndicale sont en prison.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne les nommerai pas parce que j'aurai tous
les ambassadeurs sur le dos, qui vont venir protester, mais je peux vous en
faire une liste copieuse.
M. CHARRON: La Grèce et l'Espagne, probablement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De véritables oppressions et des prisons
où l'on torture. Je ne sache pas que l'on torture nos chefs
syndicaux.
M. GAGNON: En Angleterre, il y en a eu un. On a été
obligé de le sortir parce que la population ne voulait pas le
garder.
M. CHARRON: Ce que je veux dire c'est l'opinion de la partie
syndicale qu'elle exprime manifestement dans chaque communiqué ou dans
le ton même de ses télégrammes au ministre ou de ses
réponses publiques que les journaux rapportent chaque jour c'est
qu'on a l'impression que la négociation est l'entrée,
l'apéritif que se donne un gouvernement dans une stratégie
parfaitement définie à l'avance. Le gouvernement aurait tort. Il
a déjà suffisamment de tort public d'avoir à dire devant
les gens: Bien oui, nous avons procédé de façon
unilatérale au classement. Parce que n'importe quel travailleur au
Québec, aujourd'hui, protégé par le syndicalisme, n'admet
pas ça dans sa moindre petite entreprise. Laissez-moi terminer
là-dessus. Ce petit point qui pourrait devenir embarrassant à la
longue, s'il était si souvent public. Oui, nous procédons de
façon unilatérale dans nos relations avec nos employés.
Cela fait un patron dépassé, un patron démodé, en
arrière même de l'entreprise privée. Sur ces aspects, le
gouvernement, conscient de cette faute qu'il porte, mais conscient aussi de sa
stratégie, peut s'en donner une autre qui consiste à faire
semblant de négocier pour ne pas paraître comme un si mauvais
patron.
Parce qu'il est mauvais patron, la preuve en est assez faite. Les trois
chefs de centrale syndicale sont en prison; on a des poursuites judiciaires;
les seules interventions dans le domaine des relations de travail depuis les
trois ans . que nous sommes ici ont été des lois d'exception, des
lois matraques, à chacune des occasions. Ce n'est pas le patron le plus
tendre que l'on ait connu.
Il est obligé de se donner une belle figure, de se donner une
belle jambe. Et pour faire cela, il dit: Revenez à la table, nous sommes
disponible, nous sommes ouvert. Il ne faut pas se surprendre que la partie
syndicale soit si peu intéressée à entrer dans un
scénario aussi grassement décrit par la stratégie
patronale d'autant plus qu'on sait que le patron n'est pas à court de
moyens. Ce n'est pas un patron ordinaire, c'est le plus grand patron qui existe
au Québec.
On va tout à l'heure commencer l'étude de l'enseignement
collégial. On vient de terminer l'enseignement
élémentaire. On peut parler de l'aide aux milieux
défavorisés, des politiques à l'enfance inadaptée,
mais tout cela peut être compromis par l'attitude patronale de celui qui
est en même temps le responsable de l'Education. Là, je pense que
le débat s'est ouvert, parce que c'est ce qui nous touche le plus
actuellement au niveau collégial. On connaît la situation. La
semaine dernière, il y avait peut-être une vingtaine de CEGEP
où les cours étaient gelés. A part cela, ce n'est pas vide
non plus. Je voudrais ajouter une dernière chose: quand vous allez dans
les CEGEP actuellement pour rencontrer les étudiants, ceux dont on se
sert souvent pour justifier des lois comme la loi 19, les malades dans les
hôpitaux, etc., quand vous allez les rencontrer, ils sont
écoeurés. Leur apathie vient en grande partie... Moi, j'y vais,
et leur dis qu'ils sont apathiques, qu'ils sont assis sur leur cul et qu'ils ne
bougent plus. C'est vrai, comme génération, ils sont
décevants. Mais ils nous disent: que veux-tu qu'on fasse, nous,
là-dedans? Si on ne nous trame pas dans une grève, un conflit ou
un blocage de cours ou une autre affaire de même... Ils sont les
premières victimes de la mauvaises qualité des relations de
travail au Québec. Sans nier les responsabilités de la partie
syndicale encore une fois, et j'ai bien l'occasion de leur dire quand je les
rencontre. Là, cet après-midi, je suis devant le patron et je dis
au patron qu'il s'est comporté de façon tellement
grossière depuis un an avec ses employés dans ce secteur qu'il ne
faut plus s'attendre à ce que, quand il les convie à une table de
négociation, les gars disent: Aie, ne nous prends pas pour des caves. On
va aller là combien de temps? Pendant 25 heures? On va s'asseoir et
quand tu seras tanné d'être négociateur, tu vas
décider de te transformer en
législateur ou en décréteur ou en chef de police,
comme le ministre de la Justice, n'importe quoi, et c'est fini, la
négociation.
Qu'est-ce que cela nous aurait donné? On va avoir excité
nos membres; on va leur avoir expliqué que l'on va négocier mais
que cela n'a pas marché du tout. Exciter les membres, en fait, leur
laisser croire que la négociation peut porter fruits. Il ne faut pas
penser que les dirigeants syndicaux se promènent simplement pour les
éveiller à la grève. Ils sont obligés, aujourd'hui,
non pas de les convaincre à faire une grève, mais de les
convaincre à négocier parce que chez les travailleurs, on n'y
croit même plus à la négociation. Avant il fallait faire
des mouvements de pression pour les faire débrayer; maintenant, il faut
faire des mouvements de pression pour les amener à la table de
négociation. Ils sont rendus tellement écoeurés et ils ne
veulent tellement plus y croire et cela a tellement de conséquences.
Comme le disait le député de Gaspé-Nord, ils vont à
la polyvalente ou au collège d'enseignement général ou
professionnel; ils donnent, comme ils disent dans leur propre expression: Mon
maudit cours; j'ma aller chercher ma maudite paye avec les nouveaux classements
que j'ai. Si j'ai perdu de l'argent, diable... je m'occupe pus de rien. Cela,
ça hypothèque.
Je termine là-dessus, M. le Président, parce que l'on a
passé notre heure. Cela permet à des politiciens, comme Dupuis,
d'utiliser ce malaise, d'envenimer les préjugés et d'aller
chercher n'importe qui, d'aller chercher n'importe quoi.
M. BELAND : M. le Président, question de privilège.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît !
Vous pourrez voter l'article 96 de notre règlement à la
reprise des travaux à huit heures, ce soir, même salle.
M. HARDY : M. le Président, il n'y a pas de question de
privilège.
LE PRESIDENT (M. Picard ); Oui, monsieur, il y en a maintenant.
M. HARDY : Oui, par le nougeau règlement ! (Suspension de la
séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation): A l'ordre, messieurs!
Au moment de la suspension des travaux de la commission, le
député de Lotbinière avait fait un appel au
règlement et, en vertu de l'article 96 de notre règlement, je lui
cède la parole, mais j'aimerais lui rappeler qu'il ne devra qu'apporter
les corrections qu'il veut sur les propos tenus par le député de
Saint-Jacques, sans toutefois engendrer un débat. Le
député de Lotbinière.
M. BELAND: Je vois, M. le Président, que vous connaissez
très bien votre règlement et ça va être tout
simplement pour dire que l'honorable député de Saint-Jacques, je
veux bien le respecter en tant que citoyen du Québec. Par contre, je
n'accepterai plus de démagogie à l'endroit de mon chef ou envers
qui que ce soit de notre formation politique. Je lui rappellerai qu'au moins
dans notre parti, nous ne changeons pas d'idée aussi souvent que nous
changeons de chemise et je rappelle tout simplement ce qui s'est passé
en 1971, dans le mois de décembre, où le député de
Saint-Jacques a changé d'attitude trois fois dans la même semaine
à propos du bill 28. Et ceci clôt, M. le Président, si vous
ne voulez pas que j'engendre le débat, l'incident.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, nous allons continuer l'étude du
programme no 14...
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Pas de droit de réplique.
M. CHARRON: Non, non, je voulais vous dire que je pourrais aussi
rétablir les faits, mais ça ne m'intéresse pas.
M. CARON: Cela n'aurait plus de fin.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme no 14.
M. CHARRON: On en était, M. le Président, lorsque nous
avons suspendu la séance, à six heures, à faire le point
sur les relations de travail entre le ministère de l'Education et les
employés que sont les enseignants. Je ne crois pas qu'il nous soit
possible d'aller beaucoup plus loin, en commission parlementaire, dans
l'analyse du conflit actuel qui occupe et les journaux et l'attention du
public, et j'espère aussi l'attention du ministre. Il n'y a pas
grand-chose à ajouter â l'opinion que j'ai émise à
la fin de la séance et la responsabilité que je vois directe du
ministre de l'Education et du ministère dans le conflit actuel. Je
terminerai quand même ce sujet en posant une dernière
question. Quel est ce statut particulier qu'occupe le CEGEP de
Sainte-Foy? Pas besoin de me faire l'historique, je le connais, j'en veux la
justification.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, justement, on va vous donner ça,
mais après, je voudrais revenir sur certaines de vos remarques.
La classification tient dans le respect d'un droit déjà
acquis, c'est-à-dire d'une reconnaissance qui a été faite
au moment de la signature de l'entente collective de Sainte-Foy en 1967.
La première où il était dit que la classification
faite par le collège serait définitive. Cette entente
était aussi signée par le gouvernement. Pour les professeurs qui
ont été classés selon cette clause, ils ont reçu la
même garantie que les professeurs des autres collèges qui ont
été classés par le comité provincial de
classification. C'est-à-dire que, comme catégorie de traitements,
leur classification se trouve à être maintenue tant qu'ils restent
à l'emploi du collège de Sainte-Foy. Pour eux, c'est limitatif au
collège de Sainte-Foy, alors que, pour les autres professeurs, ce n'est
pas limitatif à leur collège.
M. CHARRON: Avant d'aller plus loin, est-ce que vous pouvez justifier
l'attitude de 1967, lorsqu'on a reconnu ce classement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai pas l'intention
de prendre la responsabilité de tout ce qui a été fait
depuis le début de la Confédération. Je considère
que c'est là une anomalie qui peut recevoir des explications, mais
peut-être pas nécessairement des excuses.
Disons deux choses. D'abord, ce CEGEP n'était affilié ni
à la CSN, ni à la CEQ. C'est la raison pour laquelle il y a eu
une négociation individuelle. Ensuite, il n'y a pas un classement de
scolarité différent, contrairement à ce que l'on croit. Il
y a uniquement une garantie des catégories de traitements. La
classification se fait de la même façon qu'elle se fait partout au
Québec.
Il en découle que tous les nouveaux enseignants au CEGEP
Sainte-Foy sont classés comme les autres, et ceux qui quittent le CEGEP
Sainte-Foy se retrouvent dans une autre catégorie ailleurs.
M. CHARRON: Combien d'enseignants se trouvent visés par cette
situation d'exception?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une cinquantaine. C'est une situation qui va
disparaître avec le temps.
M. BELAND: Est-ce qu'il y aurait également des situations
d'exception dans d'autres commissions scolaires au Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. CHARRON: Pas des commissions scolaires, des CEGEP.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous parlons des CEGEP en ce moment, mais j'ai
compris.
M. BELAND: Je reviendrai lorsque...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je pense que j'ai compris ce que le
député avait dans l'esprit.
M. BELAND: Bon! En ce qui concerne la commission scolaire du
Nouveau-Québec, est-ce qu'il existerait un ou des différends
quelconques avec des enseignants? Puisque nous sommes sensiblement dans...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne sommes pas sensiblement, M. le
Président. C'est complètement en dehors du sujet. Je n'ai pas
d'objection à répondre, mais...
LE PRESIDENT (M. Picard): S'il y a unanimité de la part des
membres de la commission, nous sommes au programme 14. C'est l'enseignement
collégial public et non pas...
Nous avons passé le stade des écoles
élémentaires et secondaires et nous en sommes maintenant au stade
de l'enseignement collégial. Il faudrait peut-être s'en tenir
à cela.
M. BELAND: Je sais qu'il n'y a pas d'enseignement collégial
là-bas. Je sais cela parfaitement bien mais je posais ma question quand
même, étant donné que le député de
Saint-Jacques a parlé de relations entre le ministère de
l'Education et les enseignants. Automatiquement, cela me faisait
déboucher sur cette question par ricochet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que nous ne nous en sortirons pas si
nous mélangeons tous les problèmes.
M. BELAND: Est-ce que les problèmes sont à ce point
cruciaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais je crois qu'il y a des
règlements qui existent et il y a un délai.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le règlement ne le permet pas. Je
regrette mais il faudrait peut-être poser un autre genre de question qui
toucherait le domaine collégial public.
M. BELAND: D'accord. On y reviendra.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions? Le
député de Gaspé-Nord? Non.
M. GAGNON: Non.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jacques a une
question?
M. CHARRON : On n'a pas justifié le cas du CEGEP de Sainte-Foy.
Je sais que le ministre n'a pas à être responsable des anomalies
de 1967 mais il est responsable du fait que le décret du 15
décembre 1972 répétait cette anomalie de 1967 et
reconfirmait le fait que le CEGEP de Sainte-Foy a un statut particulier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'il s'agit, dans le cas précis,
véritablement, d'un statut particulier. D'ailleurs, cela faisait partie
de la convention 1968-1971 et cela a été reconduit comme le
reste. Il n'y avait pas d'autre solution sur le plan juridique. D'ailleurs,
l'aurions-nous fait que les syndicats auraient été les premiers
à protester. Soyez-en convaincus.
M. CHARRON : Mais est-ce à dire que tant qu'il restera un
enseignant sur les 50 visés par le statut particulier, même dans
dix ans de convention collective ou de décret, si le gouvernement
continue à avoir les relations qu'il a avec ce syndicat, il y aura
toujours ce statut particulier au CEGEP de Sainte-Foy? Je sais bien qu'on a
affaire à un quartier particulier de la ville de Québec
mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense avoir répondu. Donc, j'aime
mieux ne pas parler de cela.
M. CHARRON: C'est fini?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, c'est terminé. Très
brièvement, je voudrais simplement faire quelques remarques étant
donné qu'à la fin de la séance précédente,
le député de Saint-Jacques a proposé des commentaires sur
l'Etat et sa façon de négocier. Je voudrais simplement faire
quelques remarques.
La première. Lorsque le député de Saint-Jacques dit
que l'Etat est le patron et négocie en patron, il faut quand même
se rendre compte d'une chose, c'est que ce n'est pas un patron comme les
autres. Nous ne sommes pas dans le secteur privé. Nous sommes dans le
secteur public.
Et c'est peut-être un patron, en ce sens que c'est un employeur et
c'est un employeur qui administre des fonds publics et qui négocie avec
une fraction de la population qui se trouve à travailler pour lui, mais
il doit tenir compte de l'intérêt de l'ensemble de la
collectivité. Cela me parait fondamental.
Ceci, d'ailleurs, m'amène au deuxième point dont a
parlé le député de Saint-Jacques, la responsabilité
du malaise actuel. Je serais le dernier à nier qu'il y ait probablement
eu des fautes dans la façon de négocier des différents
gouvernements qui se sont succédé et je ne crois pas qu'on ait
encore réussi à trouver les meilleures techniques de
négociation. Je n'irais pas jusqu'à prétendre que notre
régime des relations de travail est également parfait. Je crois
qu'il faut se mettre à la recherche de mécanismes nouveaux. Mais,
ayant admis ceci, il est bien évident que, même s'il y a des
éléments d'escalade qui expliquent les attitudes de part et
d'autre, certaines prises de position très politiques de la part des
syndicats ne facilitent pas non plus les négociations. Il est certain
que, lorsqu'il y a des prises de position nettement révolutionnaires,
à ce moment, comment voulez-vous qu'on puisse s'entendre sur des
objectifs de la société et en arriver à trouver des
solutions à l'intérieur de ces objectifs? C'est tout le
problème.
Je ne nie pas, à qui que ce soit, le droit d'avoir des
idées politiques et je lui suggère, à ce moment,
d'utiliser les secteurs habituels dans une démocratie,
c'est-à-dire les partis politiques. S'il n'y a pas de parti politique
qui correspond à leurs opinions, qu'ils en fondent et je leur souhaite
bien du plaisir. Mais dans la mesure où ils travaillent à
l'intérieur du système, mais dans un autre cadre, je crois qu'il
y a des attitudes à réviser. J'ai dit au début que,
à mon avis, le problème syndical était le problème
no 1 du Québec et que c'est avec, peut-être, une bonne
évolution qu'on va arriver à mieux comprendre les
problèmes.
Le député de Saint-Jacques a bien souligné le fait
que ce sont les syndicats eux-mêmes qui ont souhaité ce
système basé sur des années de scolarité. Aussi
est-il un peu étrange d'entendre certains de ces représentants
dire actuellement qu'ils seraient prêts à mettre le système
de côté, au moins jusqu'à une révision. Ce serait
extrêmement dangereux. D'une part, parce que nous ne mettrons pas le
système de côté; il existe et les contraintes sont telles
qu'on ne peut que l'améliorer et je crois que les syndicats ont tout
intérêt à collaborer avec le gouvernement pour
améliorer ce système. Les ouvertures que j'ai faites, sur
lesquelles je suis revenu dans la séance précédente, sont
claires, nettes, précises et correspondent très certainement
à un bon nombre de critiques qui ont été logées
contre le système.
Un tout dernier point, c'est qu'il serait faux de dire que le
gouvernement continue ce long processus de classement commencé il y a
déjà plusieurs années pour des raisons d'ordre
financier.
En fait, les calculs montrent que la masse salariale à cause du
classement, parce qu'il y a beaucoup plus d'enseignants qui ont
été classés à la hausse vous ne les entendez
pas ceux-là, par exemple qu'à la baisse. Quand on dit
également que certains enseignants se trouvent pénalisés
parce qu'on leur enlève des années de scolarité, je crois
que c'est là une inexactitude. Ce qui se passe, c'est qu'il y a eu des
interprétations et des évaluations faites dans certains
collèges, évaluations provisoires, par la convention collective
1968-1971 et par chacun des contrats de travail individuel, lesquelles
étaient
trop élevées et qui se trouvent ramenées à
leur véritable niveau. Il peut y avoir des erreurs et il y en a eu. Ces
erreurs peuvent être corrigées très rapidement. Il peut y
avoir également des enseignants qui se croient lésés et il
y en a eu. Il y a alors des mécanismes de révision qui peuvent
parfaitement fonctionner.
M. CHARRON: M. le ministre vient d'affirmer quelque chose. Il y a plus
d'enseignants qui, selon le nouveau classement, ont des avantages
comparativement à ce que leur offrait le classement provisoire
négocié avec chacun de leurs collèges d'enseignement
général et professionnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je parle des commissions scolaires. On n'a pas
le bilan pour les CEGEP ni pour l'ensemble. Mais pour les commissions
scolaires, oui. Mais je parle de masse salariale totale.
M. CHARRON : Mais aux CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne le savons pas, c'est trop tôt. Il
n'y a pas 50 p.c. des...
M. CHARRON: Je me dis que si, véritablement, dans les CEGEP, il y
avait une majorité d'enseignants qui avaient vu leur classement
amélioré par rapport à celui que leur offrait la
négociation provisoire avec les autorités locales du CEGEP, on
n'aurait peut-être pas assisté à un gel de cours
étendu à travers le Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je parle des commissions scolaires en ce moment.
Je ne parle pas des CEGEP.
M. CHARRON: Je ne veux pas dire que le ministre a menti; je veux
plutôt dire que le ministre se trompe, je crois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne parle pas des CEGEP, je parle des
commissions scolaires.
M. CHARRON : Moi, je parle des CEGEP.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Justement et je vous dis que, pour les CEGEP,
nous ne le savons pas.
M. CHARRON: Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que l'opération n'est pas assez
avancée. Les statistiques que j'ai déposées à
l'Assemblée nationale montrent qu'il y a une proportion importante de
cas qui sont encore des cas de recherche ou des cas en attente de
documents.
M. CHARRON: Je ne voudrais pas l'affirmer moi non plus, parce que je
n'ai pas les moyens techniques de vérification que possède le
minis- tre, mais, selon mes informations prises dans le conflit actuel, on se
trouverait dans une situation différente de celle des commissions
scolaires. Au niveau des CEGEP, il s'en trouve beaucoup plus à souffrir
du nouveau classement qu'il s'en trouve à en
bénéficier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'est pas impossible. Ce n'était pas
impossible sous le système avant les ouvertures que j'ai faites
récemment, parce qu'au niveau des CEGEP, il y avait tout le secteur
professionnel qui est important, de plus en plus important, puisque nous en
sommes à près de 50 p.c. dans certains CEGEP,. et où,
effectivement vous aviez un problème réel, le problème de
ceux qui avaient été classés par le CEGEP en tenant compte
de leur expérience, même s'ils n'avaient pas eu une formation
traditionnelle ou formelle.
Nous apportons des solutions, nous avons un projet nous permettant
d'apporter des solutions à ce problème. Pour les CEGEP, je dirais
que, sous le système intégral, j'aurais tendance à croire,
sans avoir aucun moyen de le vérifier encore, l'opération
n'étant pas avancée, qu'on serait peut-être à la
baisse, contrairement aux commissions scolaires, ce n'est pas impossible, mais
avec les ouvertures mêmes.
M. LESSARD: M. le Président, je connais peut-être...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plait! Le
député de Gaspé-Nord attend depuis quelque temps.
M. GAGNON: ... assez brièvement pour re-connaitre que
négocier avec le gouvernement, indépendamment des gouvernements
qui sont là, sans critiquer les gouvernements, évidemment, c'est
un problème qui ne se présente pas de la même façon
que dans l'entreprise privée. Le gouvernement, ce sont les élus
du peuple. Ce sont des patrons qui, lorsqu'ils ont à négocier,
ont également, par leurs propres lois, à imposer des taxes. Ils
ont également à imposer des pénalités pour la
perception des taxes chez l'individu. Ils ont également à
négocier des conventions collectives et à adopter des lois. C'est
un peu un cercle vicieux. Moi, si j'étais un fonctionnaire, je
n'aimerais pas négocier avec l'Etat, cela me révolterait
peut-être un peu. C'est un cercle vicieux. D'un côté, le
gouvernement donne le syndicalisme et il permet la convention, le droit de
grève. D'un autre côté, le législateur a
adopté une loi qui dit: Nous allons émettre une injonction. C'est
donc blanc bonnet bonnet blanc. D'un côté, on permet de faire une
grève, mais, de l'autre côté... Indépendamment de
vouloir discuter du gouvernement, quel que soit le gouvernement, à
droite, je dis: Je permets la grève, mais à gauche, je dis: J'ai
adopté une loi qui me permet de prendre une injonction et de dire:
Retournez au travail. Dans l'entreprise privée, cela ne se passe pas
comme ça. L'entreprise privée dit: C'est le
législateur qui nous a donné des instruments. Le
législateur, ce n'est pas nous. L'entreprise privée dit: Si on
augmente les salaires, nous allons augmenter nos produits. Ils sont à
prendre ou à laisser. Tandis qu'au niveau du gouvernement, la taxe n'est
pas à prendre ou à laisser, elle est imposée, vous devez
la percevoir. C'est un problème complexe et difficile, et je suis
convaincu que ceux qui négocient avec l'Etat le font un peu d'une
façon révoltée, quand ils voient ça. On nous promet
ça d'un côté et de l'autre côté on a
également des instruments que le même législateur a
votés et qui nous enlèvent nos droits. Ce n'est pas facile. C'est
pour ça que négocier avec le patron-Etat, c'est un peu ce que
disait le député de Saint-Jacques. Evidemment, il a
l'épée de Damoclès sur la tête, il faut agir
à certains moments. Nous sommes des hommes élus par le peuple et,
à certains moments, la pression publique se fait plus grande que parfois
les pressions des syndicalistes.
Et là, nous sommes pris entre deux feux et nous devons
répondre à la majorité mais ce n'est pas facile. Et
à certains moments, c'est très frustrant pour le syndiqué.
Il n'y a aucun doute là-dedans.
M. BELAND: M. le Président, à l'élément 2,
"services aux étudiants", il y a quand même une différence
majeure dans les crédits.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce qu'on laisse la
classification des enseignants et on revient sur un autre problème?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela fait une heure et demie qu'on en parle.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord et je regrette
énormément...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre! J'aimerais faire remarquer au
député de Saguenay que, malheureusement, n'étant pas
membre de la commission, en vertu de l'article 148 de notre règlement,
je me dois de demander le consentement de la commission pour vous céder
le droit de parole. Est-ce que j'ai ce consentement?
M. HARDY: En tant que membre de la commission, je donne mon
consentement. On ne peut pas se priver des lumières du
député de Saguenay.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le député de Saguenay a
la parole.
M. LESSARD: M. le Président, je pense qu'il y a toujours eu une
coutume à l'effet que tous les députés avaient le droit de
parole aux commissions parlementaires. Lorsque le ministre dit qu'au niveau des
commissions scolaires la classification était supérieure pour
l'ensemble des enseignants, moi, vous me permettrez d'en douter.
M. CHARRON: Moi aussi.
M. LESSARD: Nous avons eu l'occasion, le député de
Saint-Jacques et moi-même, devant le ministre de l'Education, M.
Saint-Pierre, devant le ministre du Travail, M. Cournoyer, devant le ministre
de la Fonction publique, M. L'Allier, de discuter de ce problème.
J'espère en tout cas que le ministre actuel va essayer de tenir compte
d'une situation qui est humaine. On ne peut pas décider du jour au
lendemain, à partir de 1968, de classifier des enseignants comme si tout
simplement on oubliait complètement ce qui s'est passé dans le
passé.
C'est que, en 1968/71, il y a eu une négociation collective.
D'accord. Il y a eu un comité qui a été formé
à l'intérieur et qui a été accepté par les
enseignants, par les commissions scolaires et par le gouvernement, pour
classifier les enseignants. Mais...
M. BELAND: Je fais appel au règlement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je ne sais pas en vertu de quel article vous
allez être capable de le faire.
M. BELAND: J'aurais des directives à vous demander. C'est que
justement l'élément que semble vouloir développer
l'honorable député de Saguenay, malgré que je ne veuille
pas lui reprocher quoi que ce soit mais de toute façon, c'est que
justement il est en train de discuter d'une chose qui a été
longuement discutée tout à l'heure.
Moi-même, vous m'avez ramené à l'ordre. Enfin, je
n'ai rien à redire là-dessus. Vous m'avez ramené à
l'ordre parce que justement, j'étais quelque peu hors du contexte
étant donné qu'apparamment ce sujet précis avait
été discuté auparavant. Alors, je vous demanderai tout
simplement s'il y a possibilité d'appliquer exactement le même
règlement à l'endroit du député de Saguenay comme
il fut appliqué à mon endroit.
M. LESSARD: M. le Président, j'attire...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plait! Sur la directive
que me demande le député de Lotbinière, j'aimerais lui
faire remarquer qu'au moment où il a pris la parole, il a
commencé à parler soit du programme 8 ou du programme 12 qui
étaient adoptés et nous les avions dépassés; nous
étions à discuter le programme 14, alors qu'actuellement le
député de Saguenay parle du programme 14.
J'admets, comme tous les membres de la commission, que cela fait
au-delà d'une heure et trente que nous parlons de ce sujet et je
demanderais au député de Saguenay d'être aussi
bref que possible parce que les réponses à ces questions,
on les a entendues au moins deux fois de la part du ministre.
M. LESSARD: Voici, M. le Président, c'est que...
M. BELAND: On a parlé à peu près vingt minutes tout
à l'heure, en long et en large sur tout...
M. LESSARD: M. le Président, c'est que je n'accepte pas la
réponse du ministre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous n'étiez pas ici.
M. LESSARD: D'accord, le ministre...
M. CHARRON: Je le lui ai dit, M. le Président.
M. LESSARD: M. le Président, c'est que le ministre vient de dire
que les enseignants, au niveau des polyvalentes, ont été
classés à des niveaux supérieurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai jamais dit cela.
M. LESSARD: Vous nous avez dit que, dans l'ensemble, à un moment
donné, au niveau des commissions scolaires, les enseignants...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon, M. le Président, un point de
règlement.
M. LESSARD: ... ont été classés à des
niveaux supérieurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Sur un rappel au règlement? Je
m'excuse, M. le ministre, mais vous pourrez faire appel au règlement, en
vertu de l'article 96, lorsque le député de Saguenay aura
terminé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh! Oh!
LE PRESIDENT (M. Picard): A ce moment-là, vous pourrez essayer de
corriger les inexactitudes de la déclaration du député de
Saguenay.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voulais simplement, M. le Président,
souligner la sagesse de notre règlement qui refuse le droit de parole
à ceux qui ne sont pas membres de la commission, parce que cela rend le
travail extrêmement difficile. On recommence toute la discussion.
M. LESSARD: M. le Président, je veux tout simplement que le
ministre me prouve que ce qu'il vient de dire tout à l'heure est
vrai.
D'accord? Ma question est bien simple. Ce que le ministre vient de dire
tout à l'heure, qu'il me le prouve, qu'il me donne des documents en
conséquence pour que je sois convaincu de cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'accord.
M. LESSARD: Parce que moi, M. le Président, j'ai vécu
l'enseignement depuis 1962. M. le Président, justement, ce sont
ceux-là qui l'ont vécu depuis 1962 jusqu'en 1968 qui,
aujourd'hui, à un moment donné, sont pénalisés dans
le système de classification.
Alors, si le ministre me dit que ces gens ont été
classifiés à des niveaux supérieurs à ce qu'ils
étaient avant par les commissions scolaires, que le ministre me le
prouve et j'en serai très heureux, et à ce moment-là, M.
le Président, j'arrêterai de discuter. Avec documents à
l'appui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon, M. le Président, je donnerai cette
réponse, avec documents à l'appui, au moment où cette
discussion aurait dû prendre place, c'est-à-dire au programme 2,
élément 3, lorsque nous parlerons des services
généraux au personnel des organismes d'enseignement. Je
répète cependant ce que j'ai dit; c'est que la masse salariale
totale se trouve augmentée. Je n'ai jamais dit autre chose et je n'ai
pas parlé de polyvalente; j'ai parlé des commissions scolaires.
Il m'est impossible de sortir des statistiques immédiatement; j'ai
ouvert une porte en utilisant...
M. CHARRON : On attendra ce moment. M. LESSARD: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... cet argument; je n'ai aucune objection
à la franchir avec vous.
M. CHARRON : En attendant l'endroit où nous pourrons avoir ce
débat...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, le débat, on l'a eu, j'apporterai la
réponse.
M. CHARRON : Oui, il y aura un débat aussi, j'aime autant vous
prévenir, programme 2, élément 3. Je veux tout de suite
dire au ministre qu'il est aussi bien de ne pas nous revenir avec l'argument
qu'il vient de nous servir là parce qu'il est déjà
désuet. Que la masse salariale totale soit augmentée par rapport
à la convention collective de 1968-1971, c'est normal. Ce que nous avons
demandé et ce que le ministre a affirmé peut-être de
façon un peu trop rapide, c'est individuellement, un à un,
vous fournirez la réponse aux groupes 8 et 9 se trouve-t-il plus
d'enseignants qui voient leurs conditions de travail et salariales, en
particulier, augmentées avec le classement définitif, par rapport
au classement provisoire qu'ils avaient eu, comparativement à ceux qui,
eux,
subissent une diminution? Au niveau collégial, je suis convaincu
qu'il s'en trouve plus qui connaissent une diminution par rapport à
l'augmentation. Au niveau secondaire, au niveau des commissions scolaires, je
ne serais pas loin d'affirmer, mais là j'attends les chiffres, je donne
foi aux chiffres, que la même chose se produit. Le ministre, lui, a
affirmé tout à l'heure que non. Il aura à nous fournir les
chiffres à ce moment-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je vais vous fournir les chiffres. J'ai dit
que la masse salariale, il reste à l'analyser. Pour ce qui est du niveau
collégial, je vous ai dit qu'il était beaucoup trop tôt et
il était totalement impossible...
M. CHARRON: Ah! M. le Président, avant d'abandonner le sujet, je
veux bien préciser la question que j'ai posée parce que, quand on
arrivera au programme 2, élément 3, il ne sera plus le temps de
reposer la question. La question que je pose est: Au niveau des commissions
scolaires, les...
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous devenez hors d'ordre, monsieur, parce que
c'est sur le plan collégial strictement.
M. CHARRON: M. le Président, d'accord, je vais poser ma question
autrement pour être dans l'ordre. Je demande au ministre, lorsque nous
atteindrons le programme 2, élément 3 et j'abandonnerai le
sujet immédiatement après, M. le Président de me
fournir les chiffres et du niveau collégial et du niveau secondaire pour
me dire combien d'enseignants connaissent une hausse de traitement, une hausse
de statut, avec le nouveau classement par rapport au classement provisoire et
combien connaissent une baisse?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement ce que j'ai l'intention de
faire pour les commissions scolaires et ce que je n'ai pas l'intention de faire
pour le niveau collégial parce que nous n'avons pas encore les
données. Est-ce que je m'explique clairement?
M. CHARRON: Pour le niveau collégial, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon!
M. CHARRON: (Ahuntsic): J'attendrai les chiffres pour les niveaux
secondaire et primaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement, c'est toujours ce que j'ai dit
depuis le début et je n'ai jamais refusé de le faire. Je ne les
ai pas devant moi, là.
M. CHARRON: N'oubliez pas que vous avez déjà
affirmé qu'aux niveaux secondaire et pri- maire il y en avait plus qui
avaient une hausse qu'il y en avait qui avaient une baisse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai dit que la masse salariale...
M. CHARRON: Non, non, non...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On n'a pas parlé de la masse
salariale...
M. CHARRON: Nous allons regarder les débats s'il le faut. Vous
avez déjà affirmé ça et je le mets en doute. Quant
au fait que vous ne puissiez pas fournir de statistiques au niveau
collégial qui nous concerne à l'heure actuelle, ça ne me
surprend guère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais non, l'opération n'est pas assez
avancée.
M. CHARRON: Mais je suis convaincu que, si vous aviez la
possibilité de les fournir, vous vous apercevriez qu'il y en a
étonnamment plus qui connaissent une baisse par rapport à ceux
qui connaissent une hausse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est totalement impossible de fournir ces
données avant qu'on ait terminé.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre s'il vous plaît, messieurs!
Etant donné que le ministre a consenti à vous fournir les
chiffres lorsque nous étudierons le programme 2, qui est le soutien
technique, et le programme 3, les moyens d'enseignement, je ne dois pas
permettre un débat et le recommencer lorsque nous étudierons les
programmes 2 et 3. Nous revenons au programme 14. Est-ce que le programme 14
est adopté?
M. CHARRON: Non, non. Nous avons parlé d'un aspect de
l'enseignement collégial: les mauvaises relations de travail
qu'entretient le ministère avec ses employés. Mais nous n'avons
pas parlé du CEGEP et de tout ça. Le directeur
général est là. Premier sujet que je voudrais aborder dans
l'enseignement collégial, prenons d'abord un sujet plus tendre pour le
ministre.
Au sujet de la décision qu'a prise le ministre de demander au
Conseil supérieur de lui soumettre un rapport sur l'enseignement
collégial, son opinion sur le développement futur de
l'enseignement collégial au Québec, j'aimerais que le ministre
nous explique, parce qu'il ne l'a pas fait à la Chambre à ce
moment-là, sur quoi, comment et quelle est la nature exacte du mandat et
de la recherche qu'il a confiés au Conseil supérieur de
l'éducation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je comprends bien, le député de
Saint-Jacques voudrait avoir le mandat précis.
M. CHARRON: Que vous avez donné au Conseil supérieur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai aucune objection à déposer
la lettre que j'ai écrite au président du Conseil
supérieur de l'éducation et qui faisait état du mandat
parce que la plus grande partie de cette lettre a été reproduite
dans les communiqués de presse...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui annonçaient cette initiative. En
gros, le mandat est extrêmement ouvert. Le Conseil supérieur peut
faire exactement ce qu'il veut; il peut procéder comme il l'entend, peut
se structurer comme il le désire et a uniquement pour objectif de
fournir, à un moment déterminé, un rapport sur
l'état de l'enseignement collégial, y compris les aspects
administratifs et les aspects pédagogiques.
C'est à la fois un mandat étendu et vague volontairement,
de manière que le conseil puisse agir comme il l'entend. Il est
également dit dans cette lettre que le conseil pourra recevoir des
mémoires, tenir des audiences publiques, aller dans le milieu,
s'adjoindre qui il voudra, et qu'il aura, à cette fin, un budget
à discuter avec le ministère de l'Education.
M. CHARRON: Est-ce que ce budget figure quelque part?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, pas nommément. Il sera
réparti sur deux années. Nous avons suffisamment, dans certains
postes budgétaires, dans les études, de quoi faire
démarrer l'opération. Le budget total qui nous a
été demandé est autour de $400,000.
M. CHARRON: Qui vous a été demandé par le Conseil
supérieur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par le conseil. Nous avons laissé le
conseil déterminer lui-même ses besoins.
M. CHARRON: Et il a déjà formulé une demande de
budget de l'ordre de $400,000 pour la réalisation de cette
enquête.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. CHARRON: J'avais vu dans le communiqué de presse...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Plus exactement $427,000.
M. CHARRON: $427,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'ensemble de la période, bien
sûr.
M. CHARRON: Est-ce que vous pouvez déposer également
cette...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. M. CHARRON : Pourquoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas sous cette forme, parce qu'il s'agit tout
simplement d'une demande qui a été faite au ministère.
Elle n'a pas encore été étudiée par le Conseil du
trésor. Il y a un certain nombre de cheminements. Je vous donne un ordre
de grandeur. Il n'est pas sûr, d'ailleurs que l'on accepte le budget tel
quel, mais cela sera certainement à peu près à ce
niveau.
M. CHARRON: Mais si, par hasard, que cela soit tel quel ou non, vous
devez accepter un budget pour ladite recherche, où pouvons-nous le
retrouver dans les crédits actuels? Au budget du Conseil
supérieur de l'éducation? Il devra fonctionner cette année
avec ce que nous lui voterons?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons le retrouver...
M. CHARRON: ... au programme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... au programme que nous discutons en ce
moment, au collégial.
M. CHARRON : Au programme 4?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au programme 14.
M. CHARRON : L'argent sera puisé dans le programme 14?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CHARRON: Ah bon! J'avais vu dans le communiqué de presse qui
annonçait cette décision. Encore une fois, je déplore le
fait que cela ait été annoncé d'une façon aussi
cachée que celle-là...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comment annoncé de façon
cachée?
M. CHARRON: Je veux dire que normalement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu une conférence de presse et
tous les journalistes ont été invités.
M. CHARRON: Normalement, il me semble qu'une décision... Dans le
débat que nous avons eu à l'ouverture de l'étude des
crédits, j'ai signalé cette décision comme en étant
une bonne. Je ne vois pas pourquoi le ministre a
négligé l'Assemblée nationale pour annoncer une
aussi bonne décision alors que, habituellement, dans tous ses tangos
avec les CEGEP et les universités, il n'hésite pas à faire
des déclarations ministérielles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon. Vous ne m'avez pas entendu faire une
déclaration ministérielle depuis un bon bout de temps.
M. CHARRON: Depuis un bon bout de temps, parce que vous avez l'habitude
d'en faire de mauvaises. Je me demande pourquoi, au moment où vous aviez
l'occasion d'en faire une bonne, une utile, vous avez
préféré fonctionner par communiqué de presse et
retrouver cela à la page 92 de n'importe quel quotidien. Il me semble
que cela était plus important que de le faire... En tout cas, peu
importe.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. Pas peu importe. Je suis le juge de la
façon dont j'entends annoncer certaines initiatives du ministère.
Il y a des initiatives qui m'apparaissent pouvoir être annoncées
dans le cadre d'une déclaration ministérielle, laquelle, soit dit
en passant, ne comporte que trois minutes d'exposition, ce qui ne facilite
certainement pas des explications complètes pour des sujets complexes,
ou de l'annoncer directement à la presse, c'est une prérogative
ministérielle.
M. CHARRON : Selon le mandat confié au Conseil supérieur
de l'éducation, celui-ci pourra donc se pencher sur la structure
administrative, c'est-à-dire, à toutes fins pratiques, la loi 21,
y suggérer des amendements, y suggérer des modifications; en
particulier, j'ai l'impression qu'il tiendra compte grandement du fait que le
ministère a procédé, malgré la loi 21, à des
régionalisations qui devraient nécessiter des aménagements
et, en plus de cela, il pourra se pencher également sur la structure
pédagogique des CEGEP...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout à fait juste.
M. CHARRON:... le contenu des cours. Ceci m'amène à parler
d'un deuxième sujet à l'enseignement collégial, soit le
régime pédagogique des CEGEP. On sait que la dernière
année a été marquée par le fait qu'on a
tenté, à un certain moment, d'amener une discussion je
serai très large pour le ministre, je ne dirai pas imposer autour
d'un projet de régime pédagogique qui a eu plus d'un écho
à travers les CEGEP québécois. Cela n'a pas
été malsain d'une certaine façon.
L'origine de l'histoire est peut-être un peu douteuse. Le fait que
ce soit devenu public et la façon dont c'est devenu public, c'est encore
ambigu. On dit que c'est de la fuite d'un fonctionnaire, peu importe. Mais elle
a certainement donné l'occasion à plus d'un CEGEP et je crois que
l'ensemble des CEGEP se sont pen- chés sur le problème, ont tout
au moins fourni une réaction négative ou positive, peu importe.
Cela a quand même soulevé un débat. On s'est donc
aperçu que, contrairement à ce qu'on pouvait croire, si le milieu
collégial était complètement éteint et anonyme dans
le décor québécois, il a fallu le projet de régime
pédagogique pour que, d'un endroit à l'autre, se soulèvent
des interrogations.
J'ai assisté, pour ma part, et j'en avais d'ailleurs parlé
avec le directeur général de l'enseignement collégial,
à des débats au CEGEP de Rimouski où, du plus petit
étudiant jusqu'à la direction générale du CEGEP, on
s'est impliqué, on s'est posé des questions et, je crois, que
même on a fourni à la direction générale un document
d'une réelle valeur quant à l'avenir du régime
pédagogique.
Y a-t-il un rapport entre la décision annoncée par le
ministre, à un moment donné, par une déclaration
ministérielle justement à l'Assemblée nationale à
l'effet de retarder la décision concernant ce régime
pédagogique et le mandat confié au Conseil supérieur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. La consultation touchant le nouveau
régime pédagogique a été entreprise il y a
plusieurs années. C'est là aussi un processus au niveau des
fonctionnaires qui a démarré par la création de deux
comités; un s'intéressant plus particulièrement au
contenu, un autre s'intéressant plus particulièrement à
l'aménagement. Ces deux comités ont remis des rapports. Il y a
eu, à ce moment-là, des consultations avec les étudiants;
il y a eu une véritable enquête d'opinion sous forme de lettre
à au moins 2,000 personnes. Tout ceci a été fondu et, dans
le cours normal des activités de la direction générale,
sans que je sois informé, il y a eu des consultations qui se sont faites
au niveau des administrateurs. D n'y a jamais eu aucune fuite de la part des
fonctionnaires. Le document n'était pas secret. Il y a eu simplement un
document à envoyer sous forme de projet, qui n'avait pas du tout
commencé son cheminement, à tous les administrateurs des
CEGEP.
J'ai constaté qu'il y avait eu des interprétations
peut-être un peu inexactes à ce sujet et qu'on en avait conclu
trop rapidement que c'était un régime qu'on voulait imposer.
Maintenant, ne soyons pas naïfs au point de croire qu'il n'y ait pas
utilisation dans certains milieux, y compris le milieu collégial, des
démarches gouvernementales à des fins soit politiques soit
partisanes ou syndicales. Quoi qu'il en soit, lorsque je me suis aperçu
très rapidement que tout cela risquait de bifurquer vers une autre
crise... Parce qu'il ne faut pas s'étonner, je vous dirai quelle sera la
prochaine crise après la classification, si vous le voulez.
M. CHARRON: Oui!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous dire
exactement quel sera son sujet et là vous constaterez qu'on est
en présence, à part les problèmes de fond, de
véritables affrontements parfois.
Pour en revenir au régime pédagogique, quand j'ai
constaté cela, j'ai pris le dossier et je suis venu à la
conclusion qu'à cause de cette amorce de crise touchant le régime
pédagogique et à cause évidemment de crises
répétées dans le domaine collégial, le moment
était venu non pas d'apporter des solutions partielles comme le
régime pédagogique, l'aurions-nous appliqué, aurait
été d'essayer d'avoir un tableau d'ensemble de la
question. Il y avait des pressions qui s'exerçaient sur moi pour
quelques modifications de la loi 21, qui n'est pas adoptée. D'ailleurs,
le député de Saint-Jacques a tout à fait raison de dire
que pour la régionalisation, cela nous gêne; c'est une
espèce de carcan.
Mais j'ai cru que ce n'était pas sage de procéder
autrement. C'est pour cela que j'ai confié ce mandat, ayant
éliminé l'hypothèse de la commission parlementaire ou
commission royale d'enquête, de sorte qu'il n'y aura pas de changement au
niveau collégial, pas de changement majeur, avant qu'on ait un tableau
d'ensemble. A ce moment-là, il faudra s'attaquer à la refonte de
la loi 21. Ceci va probablement entraîner un régime
pédagogique qui peut évoluer ou être différent.
N'oublions pas que le réseau collégial a été
créé très rapidement, trop rapidement, à mon sens.
Il y a eu 21 collèges en une seule année, du temps du
gouvernement de l'Union Nationale. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si
j'avais été là. Ce n'est pas juste faire de l'histoire
rétrospectivement, mais il ne faut pas s'étonner si un tel
rattrapage a amené des bouleversements. Maintenant, la majorité
des CEGEP se sont créés â partir d'institutions qui
n'avaient pas toujours des vocations identiques, de mariages entre des
instituts de technologie et des collèges classiques. La plupart de ces
institutions ont hérité d'administrateurs qui étaient
très souvent de dévoués religieux qui n'avaient pas
toujours...
M. CHARRON: Des "old timers".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... une formation parfaite, et qui avaient
tendance à utiliser les mêmes schèmes de pensée des
vieux collèges classiques. Tout cela a amené les bouleversements
dont vous êtes témoins aujourd'hui. Il ne faut pas dramatiser
outre mesure. Ce qui ne remet pas en cause le très grand
intérêt du réseau collégial, en tant que
démarche éducative au Québec. Je pense, par
conséquent, que le Conseil supérieur, ayant tous ces instruments
en main, pourra nous apporter les éléments dont on a besoin pour
s'attaquer à une réforme du système, si elle s'impose.
M. CHARRON: Je posais la question, parce que j'ai mentionné dans
ma question, M. le Président, que l'origine du débat autour du
régime pédagogique proposé a été quelque peu
douteuse, en ce sens qu'une lettre accompagnait l'envoi du document aux
administrations locales de CEGEP, dans laquelle, un officier de la direction
générale de l'enseignement collégial et ce
n'était pas le directeur général de l'enseignement
collégial invitait de façon très circonscrite
à la consultation et à la participation. C'est-à-dire que
l'on mentionnait, dans la lettre qui accompagnait l'envoi du document, qui
devait être consulté et de qui on attendait un avis, avant de
prendre une décision officielle quant à l'avenir de ce
régime pédagogique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact et cela ne m'a pas paru
satisfaisant.
M. CHARRON: D'accord et le ministre admettra avec moi que le groupe
était particulièrement restreint.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est aussi une raison pour laquelle j'ai
souhaité élargir la consultation. Cependant...
M. CHARRON: Alors, il ne faut pas s'étonner du fait que ceux qui
pourraient avoir tendance à utiliser pareil geste pour des fins
politiques ou partisanes, ce que je ne nie pas qui puisse arriver, se
trouvaient, à la suite d'une maladresse du ministère, avec un
outil particulièrement alléchant entre les mains.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons qu'il y a quand même un point dont
il faut tenir compte, c'est qu'il est normal que, dans notre système, le
ministère communique avec les administrateurs de ces instances
décentralisées et il appartient aux administrateurs de ces
instances décentralisées d'organiser leurs consultations avec le
maximum de participation...
M. CHARRON: Encore faut-il parfois, si c'est dans notre esprit, qu'on
les y invite, qu'on leur rappelle...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est entièrement mon avis et tous les
efforts que je fais au ministère, et je rends hommage à mes
fonctionnaires qui me suivent sur ce terrain, consistent justement à
mettre l'accent sur les relations humaines et sur les communications.
M. CHARRON: De toute façon, quoi qu'il en soit, M. le
Président, que cela ait été voulu ou non, le projet de
régime pédagogique, l'année dernière, a
soulevé ce débat espéré, je pense, par tous ceux
qui étaient intéressés au développement de
l'enseignement collégial, et comme je le mentionnais dans le cas de
Rimouski, dans le cas de Trois-Rivières, dans le cas du CEGEP de
Saint-Jean, du CEGEP de Thetford Mines, et d'autres qui m'échappent,
cela a donné lieu à, véritablement, un éveil de
toutes les instances du CEGEP, étudiants compris. On
s'est demandé si la décision du ministre, que moi j'ai
interprétée, la fois qu'il l'a présentée à
l'Assemblée nationale, comme étant celle de ne plus favoriser ce
projet plutôt qu'un autre et de remettre le régime
pédagogique à l'étude, sans s'attacher à un projet
en particulier... Je crois que c'était la décision admise par le
ministre. Il me donne raison actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je veux surtout dire, c'est qu'il ne me
paraissait pas de bonne méthodologie de vouloir changer quelque chose
d'aussi fondamental au régime pédagogique sans...
M. CHARRON: A l'endroit d'un seul projet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... tenir compte de l'ensemble de tout le
réseau collégial.
M. CHARRON: Même si le projet, d'ailleurs je le dis bien
honnêtement pouvait être positif à plusieurs
égards.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est...
M. CHARRON: J'ai eu je l'en remercie encore ce soir avec
le directeur de l'enseignement collégial, une conversation très
intéressante sur ce projet de régime pédagogique. Beaucoup
d'aspects du régime pédagogique tel qu'il était
proposé devant modifier celui en cours actuellement me plaisaient. Je
lui avais signalé à ce moment-là mes inquiétudes et
elles ne sont guère effacées; d'autres me paraissaient plus
douteuses comme conséquence possible. En fait, on parle toujours pour
employer le langage des technocrates, du produit cégépien; on se
demandait toujours ce qui allait en sortir comme hommes, comme jeunes
Québécois, à la sortie du système collégial.
On pouvait se poser des questions. Là où le doute était
très net et très clair, c'était sur la méthode
employée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la méthode de la
présentation qui n'était certainement pas heureuse. Maintenant,
il faut aussi dire que le régime pédagogique, au départ,
était celui du rapport Parent, plus ou moins. Il s'agissait d'un
régime empirique. Il n'y avait pas véritablement de recherche
antérieure puisqu'on créait le réseau. Il faut quand
même remettre un peu en cause certains des postulats. Ce sera
peut-être beaucoup plus facile de le faire à partir d'une
réflexion d'ensemble qu'à partir d'un régime qu'on essaie
de faire évoluer.
M. CHARRON : Je dois dire aussi que ce que je pouvais regretter dans le
régime pédagogique proposé, qui j'espère ne se
représentera pas cela me surprendrait que le Conseil
supérieur tombe dans le même panneau c'est qu'il comportait
des mesures proprement pédagogiques, un contenu de l'enseignement et en
même temps des mesures qu'enseignants et étudiants jugeaient comme
"disciplinaires". Le projet étant présenté d'un seul bloc,
il se trouvait que pour bien des raisons, les unes parfois complètement
différentes des autres, on en voulait à l'ensemble du
régime et on a donc soulevé une opposition assez nette. Ce que
j'aimerais, c'est qu'un nouveau régime pédagogique je suis
d'accord pour un aménagement du régime pédagogique des
CEGEP, et le directeur le sait, j'en avais parlé avec lui ne
mélange pas les deux sauces. J'ai vu des gens s'opposer, par exemple, au
régime pédagogique, c'était le cas de Rimouski dont je
parlais tantôt, vraiment pour des raisons pédagogiques,
celles-là: la diminution des cours de philosophie, par exemple, telle
qu'interprétée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'interprétation était discutable.
Vous en avez pris conscience probablement.
M. CHARRON: Discutable aussi, mais fondée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que "philosophie", qu'est-ce que c'est
à notre époque? Ce sont les sciences humaines au sens large.
M. CHARRON: La nouvelle façon de former les concentrations, etc.,
tout ça était mélangé avec des mesures proprement
disciplinaires. Je pense que c'est l'article 10 qui visait le droit de
réinscription obligatoire au milieu du semestre, en cas de trouble
grave, laissé aux autorités locales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disposition qui existait déjà,
soit dit en passant; le régime ne faisait que reprendre ça.
M. CHARRON : Oui. C'est ce que je disais moi-même aux
étudiants qui se soulevaient contre cet aspect du régime
pédagogique. Ce que j'espérerais d'un nouveau régime
pédagogique et le Conseil supérieur devrait s'y pencher de
façon claire c'est qu'il soit proprement pédagogique et
qu'on vise la formation intellectuelle, morale, mentale, mettez le mot que vous
voudrez, du jeune Québécois dans le système plutôt
que de sa façon de se comporter, les règlements disciplinaires
que toute maison doit comporter, etc...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rien n'empêche, d'ailleurs, le
député de Saint-Jacques de présenter un mémoire
faisant part de ses réflexions au Conseil supérieur de
l'éducation. Je le souhaiterais pour ma part.
M. CHARRON: Bien non, bien mieux que ça. Au moment où le
Conseil supérieur remettra son mémoire, c'est nous qui serons au
pouvoir et nous aurons la possibilité de faire des
règlements.
M. GAGNON : Cela prend donc bien du temps à déposer un
mémoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela nous mène déjà
à l'an 2000.
M. CHARRON: Sans blague, quelle est la durée du mandat? Quand
demandons-nous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La date précise, c'est un an et demi.
J'ai demandé juin 1974 en demandant au conseil...
M. CHARRON: Juin 1974, c'est excellent!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Attendez, ce n'est pas fini. Ne vous
réjouissez pas trop rapidement. Je lui ai demandé de me dire si
cette date semblait réaliste. Les premières indications, c'est
qu'elle ne l'est pas...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et je le crois facilement d'ailleurs parce
que la mise en train... mais je ne serais pas étonné qu'on puisse
à la fin de 1974 avoir quelque chose de précis.
M. BELAND: Mais comme certains rapports demeurent sur la tablette au
moins quinze ans avant de paraître, à ce moment-là, disons
que cela règle le problème.
M. CHARRON: Peut-être à partir de...
M. BELAND: Question suivante, M. le Président, quels sont...
M. CHARRON: Mais sur le même sujet.
M. BELAND: Oui, oui, oui, sur le même sujet.
M. CHARRON: Sur le même sujet, je voudrais poser une question au
ministre. On nous avait dit l'année dernière, au moment du projet
de régime pédagogique, que, eût-il été
accepté, ce projet, tel quel...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est impossible. M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II aurait fallu que je l'accepte, ce que je n'ai
jamais fait.
M. CHARRON: Oui. L'information qu'on m'avait fournie à ce
moment-là, au moment du débat, était la suivante.
Eût-il été accepté dans les meilleures conditions du
monde, soit d'ici juin, unanimement ou à peu près pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne s'appliquait pas avant 1975.
M. CHARRON: Avant son application, cela n'allait pas avant septembre
1975. Est-ce exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. CHARRON: Bon. Le rapport du Conseil supérieur de l'Education
devant venir en 1975, mettons...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 1974. Fin 1974.
M. CHARRON: 1974, fin 1974, ceci veut dire que cela prendra encore, en
admettant aussi de façon quasi fantaisiste que la décision
politique vienne dans les mois qui suivront directement le dépôt
du rapport, qu'on ne peut espérer une modification au régime
pédagogique et à la structure administrative des Collèges
d'enseignement général et professionnel avant deux ans ou trois
ans après.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Majeure. M. CHARRON: Majeure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Majeure, parce que je n'exclus absolument pas
des modifications mineures ou des modifications même sur le plan
pédagogique qui s'imposeront compte tenu des circonstances.
M. CHARRON: Je clôture le débat là-dessus, M. le
Président. Nous attendrons ce rapport et nous suivrons attentivement les
travaux du Conseil supérieur de l'éducation, ce secteur
absolument clé de l'éducation qu'est l'enseignement
collégial. Puisque le sujet est ouvert, je voudrais demander au ministre
si, au cours de l'année qui vient de se terminer, l'année
scolaire qui se termine, on a procédé à des modifications
au contenu des programmes enseignés aux CEGEP et de quel ordre et
à quel endroit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des changements sont apportés chaque
année, il y en a encore qui sont en préparation
présentement pour septembre 1974. Là, il faudrait que je dise un
peu un mot du cheminement...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de ces changements. Nous avons pour chaque
discipline et pour chaque programme d'enseignement un comité
composé d'un enseignant de chacun des collèges qui donne ce
programme. Dans le cas des mathématiques ou du français, c'est
évidemment un de tous les collèges, mais dans le cas des
techniques électrotechniques, ce sont les représentants des
collèges.
M. CHARRON: Se réunissent-ils souvent?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II se réunit en moyenne il y a des
réunions plénières et des réunions de ce qu'on
appelle l'exécutif, etc. à peu près six fois par
année, si on met tout ensemble, le comité, soit plénier,
soit exécutif. Il travaille au cours de l'année 1972-73 sur le
programme qui sera appliqué à compter de septembre 1974, parce
qu'il dépose son rapport en mai 1973. Et là, il y a encore des
étapes qui sont finalement acceptées. Les recommandations que
fait le comité ont des implications sur d'autres ou sur les
universités. C'est accepté et, ensuite, le processus pour
l'impression fait que c'est un an après que c'est applicable de sorte
que les rapports qu'il dépose aujourd'hui ce mois-ci, il en
dépose il le sait très bien, c'est prévu que c'est
pour septembre 1974. Ce qui va être applicable en septembre 1973, c'est
ce qui a été déposé en mai et juin de l'an dernier.
Alors, les modifications sont mineures. Il y a des modifications dans les
programmes professionnels où, chaque année, on essaie de mieux
adapter cela aux besoins du marché du travail tels qu'on les
connaît. Dans les programmes du paramédical, par exemple, à
mesure qu'on voit l'évolution des services de santé, il y a des
améliorations à apporter. On rentre vraiment ici dans les
détails. Par exemple, on avait deux cours de statistiques, un qui
était plus d'application et l'autre, un peu plus théorique.
Le comité de programmes propose qu'étant donné les
objectifs au niveau collégial et le rôle que jouent ces
programmes, l'on en fasse seulement un et qu'il subisse simplement une
accentuation selon les groupes. Alors, cela permettra aussi qu'un
étudiant se serve de ce même cours, qu'il soit dans un programme
professionnel ou dans un programme général, et s'il change, c'est
l'équivalent; en somme, c'est une des modifications dont il est question
présentement.
M. CHARRON : A-t-on modifié beaucoup le programme de
mathématiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Le travail s'est surtout fait dans la
précision des objectifs comme tels et non pas dans le changement. Alors
qu'on avait des objectifs très généraux et plutôt
vagues, on a fait un travail en utilisant la méthode de Bloom, la
taxonomie des objectifs, en précisant cela, en articulant mieux le
contenu et la séquence des objectifs et en commençant à
développer des contrôles qui tiennent vraiment compte des
objectifs et non pas seulement du contenu comme on avait trop tendance à
le faire. C'est de ce côté surtout que s'est fait le travail.
M. CHARRON: Au cours de l'année. Et on en prévoit. Les
rapports des comités ne sont pas encore remis. C'est au cours du mois de
mai?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est au cours du mois de mai que les
comités déposent leur rapport. Il y en a probablement qui sont
reçus physiquement mais l'opérateur présente son rapport
en personne au service des programmes et examens.
M. CHARRON : Mais, est-ce que l'on peut dire que, en règle
générale, les rapports de ces comités obtiennent des
résultats? C'est-à-dire qu'effectivement ils modifient les
programmes ou s'il y a encore une autorité qui doit décider
au-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il y a évidemment une
autorité parce que, comme je le disais, il y a des implications. En
mathématiques, cela touche tous les programmes du professionnel de
même que la plupart des programmes du général. Il faut voir
à des implications de toutes sortes. Mais ces recommandations sont
acceptées dans 95 p.c. ou 98 p.c. des cas. Et quand on les refuse, on
retourne cela à l'étude. Mais ce qu'il y a dans les cahiers de
l'enseignement collégial, c'est vraiment ce qui sort des
comités.
M. CHARRON: J'ai lu dans le bulletin officiel du ministère que
l'on avait procédé récemment à l'acceptation dans
certaines demandes de CEGEP, de nouvelles options. Je me demandais, au moment
où je l'ai lu et je pense que c'est le moment d'avoir cette information,
combien, en proportion, à peu près, de demandes de nouvelles
options sont reçues par la direction générale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai peut-être ces statistiques
précises. Je pense que c'est quand même... C'est moins que la
moitié.
M. CHARRON: C'est moins que la moitié!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Mais il faudrait voir ce que cela signifie.
C'est de l'ordre du tiers.
Il y a eu pour l'an prochain, 220 demandes. Il y avait à
l'automne, 220 demandes. Il y en a eu, au moment où ce rapport a
été écrit, 70 d'acceptées et depuis il y en a qui
se sont ajoutées. C'est peut-être de l'ordre de 85, 90 à
présent.
M. CHARRON : Tout à l'heure, nous en reparlerons mais j'aimerais
que tout de suite vous me fournissiez cette réponse, si vous pouvez.
Est-ce que les projets de régionalisation de CEGEP ou, ce ne sont plus
seulement des projets, la réalisation de la régionalisation des
CEGEP a des effets sur le fait que vous acceptez ou non une option
demandée par un CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, sauf que les demandes d'options, qu'elles
viennent d'un CEGEP régional ou de CEGEP locaux, sont toujours
étudiées en termes de région, de sorte que dans les
régions où il n'y a pas de collège
régional mais plusieurs collèges, nous les
réunissons ensemble pour que chacun puisse prendre connaissance des
demandes des autres et des implications de l'un sur l'autre.
M. LESSARD : Est-ce que vous tenez compte de la situation
économique des régions en ce qui concerne les options?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, surtout...
M. LESSARD : Par exemple, dans des régions comme la mienne, les
terres et forêts, les mines, etc.. Est-ce que vous en tenez compte?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Surtout l'intérêt...
M. LESSARD : Et en relation avec, à un moment donné, le
milieu du travail?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Evidemment.
M. LESSARD: J'espère. Je n'en ai pas l'impression
quelquefois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous connaissez un peu la structure des
CEGEP, c'est pour cela que l'on a conçu ces conseils d'administration
avec des représentants socio-économiques pour qu'ils puissent
coller le plus possible.
M. BELAND: Vers quelles maisons d'enseignement collégial sont
envoyés ou sont dirigés les élèves qui viennent
justement du territoire du Nouveau-Québec? Est-ce qu'il y a, enfin, un
secteur particulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, le Nouveau-Québec est un cas
très particulier. Là encore, on n'est pas tout à
fait...
M. BELAND: Je parle du niveau collégial. Il doit certainement y
en avoir quelques-uns qui se dirigent...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut dire que les étudiants de
n'importe quelle région peuvent s'inscrire dans n'importe quel CEGEP
d'une autre région et c'est la même chose pour les
étudiants du Nouveau-Québec sauf que, dans le cas des
Amérindiens, il y a des programmes particuliers qui sont en train
d'être développés. A Saint-Félicien, en particulier,
ils s'intéressent beaucoup à un nouveau programme qui
répondrait aux besoins particuliers des Amérindiens. Mais les
étudiants, qu'ils soient des Amérindiens ou non, qui viennent du
Nouveau-Québec, peuvent s'inscrire et s'inscrivent effectivement
à Sept-Iles, à Gaspé ou n'importe où, surtout selon
les programmes qu'ils veulent prendre.
Il y a des cours de pilotage, par exemple, à Chicoutimi.
Quelqu'un de Montréal peut aller suivre ces cours de pilotage à
Chicoutimi. Il est bien évident que chaque CEGEP ne peut pas avoir
toutes les options. Ce serait l'anarchie totale et on n'aurait ni les
ressources financières ni les ressources humaines pour faire face
à ça. Je le redis parce que c'est souvent mal compris et on a
actuellement des appels téléphoniques de gens qui disent: Mais
pourquoi mon fils ne peut-il pas trouver telle facilité dans son CEGEP,
dans le CEGEP le plus près?
Je dois dire qu'il n'y a pas beaucoup de collectivités qui
peuvent offrir un réseau comme celui-là et autant d'options, tant
professionnelles que générales. Il est nécessaire qu'on le
dise de temps en temps pour qu'on puisse aussi l'apprécier et
apprécier l'effort colossal qui a été fait.
M. BELAND: Mais la plupart de ceux qui proviennent de ces territoires
éloignés se dirigent-ils plutôt vers l'ouest de la province
ou plutôt vers l'est?
M. LESSARD: Cela dépend des options.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela dépend des options. Je pense qu'il y
aurait peut-être intérêt justement à ce que votre
chef, que vous avez cité, puisse s'informer un peu sur ce qu'est le
système d'éducation au Québec. Cela l'empêcherait de
dire autant de bêtises.
M. BELAND: Mais, il vous fatigue donc bien!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que je l'ai sous les yeux.
M. CHARRON: C'est parce qu'il dit des choses qui retardent.
M. BELAND: II faut croire, enfin... Je me demande si nous ne pourrions
pas parler également de certains autres chefs véritables qui ne
viennent pas siéger, tout comme mon chef d'ailleurs.
Je crois qu'alors le président nous resituerait dans le contexte
et ça pourrait enchaîner, surtout si nous parlons, par exemple, de
Ti Poil Lévesque ou d'autres acabits semblables. Nous pourrions nous
faire ramener à l'ordre.
M. LESSARD: Parlant de formation physique, 0-4. Cela va mal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Adopté?
M. BELAND: M. le Président, à l'élément 2,
"services aux étudiants", pourrions-nous connaître quelque peu, en
gros, la nature de la différence, par exemple, entre l'an passé
et cette année, au point de vue des chiffres, puisqu'il y a une
différence très sensible, il s'agit même de $4 millions.
Pourrions-nous avoir un éventail approximatif?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La différence tient d'abord à
l'augmentation de la population.
La différence de $4 millions tient à ce que le budget de
l'an dernier a dû être augmenté en cours d'année
parce que les prévisions pour l'an passé avaient
été inférieures à la réalité.
M. BELAND: De l'ordre de combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les prévisions de l'an dernier
étaient de 84,000 et le nombre d'inscrits a été de 87,000.
Cela fait 3,000 de différence. Ensuite, le budget de cette année,
à partir de 87,000, a été augmenté en fonction de
nos prévisions pour septembre et l'augmentation est de 11 p.c. Le nombre
d'étudiants, prévoit-on, va passer de 87,000 à 97,000.
M. CHARRON: En septembre. M. COUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. CHARRON: Avec quelle proportion dans le niveau professionnel?
M. COUTIER (Ahuntsic): Vous avez une légère augmentation
encore de la proportion en faveur du professionnel.
On est autour des 50 p.c. Je pense qu'on était à 48
p.c.
M. CHARRON: L'année dernière, on avait
dépassé les 50 p.c, je pense.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faudrait que je retrouve ces
chiffres-là aussi. On était à 48.5 p.c, l'année
dernière, je pense. Cette année, pour l'année en cours, on
atteindrait les 50 p.c. en septembre. Et au professionnel, il y a une
augmentation de peut-être 1 p.c. C'est à ce rythme-là qu'on
peut penser à les augmenter.
Voilà un des objectifs réussis du réseau
collégial parce qu'au départ les proportions était de
20-80.
Je le souligne et je continuerai de le souligner parce que je pense
qu'il est important qu'on prenne conscience de ce qui a été
réalisé.
M. LESSARD: Vous dites que c'est quelque chose de réussi, mais
est-ce qu'il y a des efforts réels au niveau des CEGEP pour que le
professionnel ait véritablement sa place?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Grand Dieu! Nous sommes partis, comme le
rappelait le député de Saint-Jacques, de 20 p.c. Il y a des
raisons historiques qui tiennent à notre collectivité, à
son degré de sensibilisation professionnel et aux collèges
classiques qui ont été à leur origine. C'est l'esprit qui
a prévalu.
Maintenant, le professionnel va dépasser le général
dans le domaine des CEGEP.
M. LESSARD: Mais, M. le Président, quand je demande s'il y a des
efforts réels, est-ce qu'il y a des efforts d'organisation au niveau des
CEGEP pour que le professionnel ait au moins les mêmes avantages que le
régional a actuellement ou avait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que le député de
Saint-Jacques devrait donner des cours au député de Saguenay dans
le domaine de l'éducation.
M. LESSARD: Non, M. le Président, j'ai enseigné dans les
CEGEP...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'il est bien évident que tout le
secteur collégial bénéficie d'un équipement
considérable.
M. LESSARD: Mais au niveau du général, je regrette, M. le
Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au niveau du professionnel.
M. LESSARD: Au niveau du général, ça va, mais au
niveau du professionnel, je regrette, mais ce n'est pas tellement riche
actuellement et c'est pour ça que, en plus...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sortez-nous des exemples. 0 est bien
évident que c'est perfectible, mais dans l'ensemble...
M. LESSARD: En plus du problème sociologique, on avait aussi le
problème de l'équipement qu'on n'avait pas et les
étudiants n'étaient pas du tout intéressés à
aller au professionnel, parce qu'il n'y avait pas d'équipement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est peut-être pas tout à fait
exact. Il y avait également des établissements...
M.LESSARD: En tout cas, dans certaines régions, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr. Il y a des problèmes
d'équipement, il y en aura toujours. Mais je crois que c'est pas mal
rentré dans l'ordre, selon les options.
M. CHARRON: Le député de Lotbinière a ouvert le
sujet des services aux étudiants, le climat à l'intérieur
des CEGEP. Le rapport annuel fait état d'une étude de ce qu'on a
appelé la réalité mouvante du monde étudiant. On a
procédé, au cours de l'année, à une rencontre avec
les étudiants membres des conseils d'administration. C'est exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était au début de l'année
1972.
M. CHARRON: C'est ça, l'année dernière. Est-ce que
ç'a été satisfaisant comme expérience? Je vais vous
dire une opinion tout de suite avant que vous ne me répondiez.
Très souvent, les deux étudiants membres du conseil
d'administration, selon la loi 21, sont très peu
représentatifs du milieu. C'est une opinion que je peux avoir faussement
développée. On accuse souvent les leaders syndicaux locaux, les
"agitateurs", de ne pas être représentatifs, ce qui peut aussi
être vrai dans bien des cas. Les moutons non plus
nécessairement.
On a vu souvent des étudiants siéger au conseil
d'administration par faveur un peu. C'est pour ça que je me
demandais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a toujours là un problème qui
me préoccupe aussi, l'absence de structures étudiantes. Un seul
exemple. En ce moment, pour discuter de la question des prêts et bourses,
alors que nous avons mis au point des mécanismes que je pense
intéressants pour en arriver à des révisions, le cas
échéant, c'est une chose que j'ai également
annoncée pas à l'Assemblée nationale mais à
l'extérieur, il est extrêmement difficile de savoir comment
contacter les étudiants.
Précisément, on ne sait plus où sont les plus
représentatifs. Faut-il prendre d'emblée les étudiants qui
sont dans les conseils d'administration? On se heurte à votre
réserve.
M. CHARRON: D'accord. Le sous-ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comment inventer les mécanismes pour
aller chercher des étudiants? Faut-il les choisir au hasard? C'est une
question qu'on n'a pas résolue.
M. CHARRON: Le sous-ministre doit certainement regretter le bon temps de
l'Union générale des étudiants du Québec. Moi
aussi, je la regrette beaucoup, parce que, au moment où elle devait
disparaître c'est exact, on peut ouvrir une parenthèse
d'une minute, M. le Président, on parle de l'absence de structures
étudiantes elle n'était plus la structure efficace. Elle
avait été créée en 1964, il n'y avait pas de CEGEP,
il n'y avait rien. C'était universitaire. Cela s'est étendu aux
collèges classiques. Quand les CEGEP sont arrivés
là-dedans, avec la nouvelle mentalité que comportait la
démocratisation des CEGEP en 1968 ou 1969, la structure UGEQ...
M. BELAND: M. le Président...
M. CHARRON: II fallait détruire ça. Mais je n'ai jamais
dit, pas plus à ce moment-là qu'aujourd'hui d'ailleurs, que toute
structure étudiante devait disparaître.
L'UGEQ telle qu'elle était, elle le devait.
M. GAGNON: Les services aux étudiants à
l'élément 2 ne comprennent pas les prêts et bourses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. BELAND: Nous ne discutons réellement pas de prêts et
bourses immédiatement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Absolument pas. Je vous ai donné un
renseignement qui est inexact. Je pensais que vous parliez de la discussion des
prêts et bourses sur le fond mais l'enveloppe se trouve dans chaque
service.
M. GAGNON: Ah bon! L'élément 2, "services aux
étudiants", dans le programme 14 comprend les prêts...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La partie collégiale se trouve là.
Nous en avons le détail.
M. GAGNON: Parce qu'il y aurait certainement quelques...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... $12,500,000.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais rappeler aux membres de la
commission qu'il y a un maximum de dix heures alloué pour l'étude
des crédits de chaque ministère. Nous avons maintenant
dépassé dix heures. Remarquez bien qu'il ne s'agit pas
d'arrêter l'étude des crédits. Mais j'aimerais vous faire
remarquer que nous n'en sommes qu'au programme 14, et qui signifie que,
jusqu'à maintenant, nous avons étudié exactement sept
programmes. Il y a aussi dans notre règlement, à l'article...
M. GAGNON: 7 sur 23.
LE PRESIDENT (M. Picard): 7 sur 23. Il y a aussi dans notre
règlement l'article 160 qui prévoit qu'un député a
droit de parole pendant un maximum... Je lis cet article 160: "Lorsqu'une
commission étudie un projet de loi après la deuxième
lecture ou des crédits, un député peut prendre la parole
sur le même point aussi souvent qu'il lui plaît à condition
de ne pas parler plus de 20 minutes en tout sur un même article."
Lorsque nous étudions les crédits, ce que vous appelez
programme, c'est un article. Ce qu'on appelle un élément, c'est
un sous-article. Et vous avez aussi les catégories de dépenses.
Ce qui veut dire que nous avons passé jusqu'à maintenant 600
minutes pour sept programmes et, du côté de l'Opposition, il n'y a
jamais eu plus de trois interlocuteurs. Faites le calcul. Nous avons
passé environ 90 minutes par programme, ce qui veut dire par article,
avec seulement trois interlocuteurs. Je pense que dans chacun des cas que nous
avons étudiés jusqu'à maintenant, surtout dans le cas du
député de Saint-Jacques, vous avez certainement
dépassé les 20 minutes.
Il ne s'agit pas de vous bâillonner ou quoi que ce soit. Mais
c'est dans l'intérêt même des députés, des
membres de la commission que je vous conseille d'aller plus dans les grandes
lignes
du budget que d'entrer dans les menus détails parce que,
autrement, vous ne vous rendrez jamais au programme 23. Vous avez encore
à étudier des choses qui, je sais, vous intéressent
hautement comme, par exemple, le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux
Loisirs et aux Sports.
M. CHARRON: J'admets parfaitement le point de règlement que vous
venez de faire. Je crois que c'est ma quatrième étude des
crédits de l'Education et l'habitude est le ministre peut en
témoigner, il était là l'année dernière
qu'après le collégial public et le secteur universitaire
d'ailleurs, l'année dernière, nous ne l'avons même
pas fait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour des raisons que je n'aurai pas le mauvais
goût de rappeler.
M. CHARRON: Grâce à la brillante collaboration du
député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A cause du retard du député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: A cause du retard du député de Saint-Jacques,
ce qui ne s'est pas produit cette année et qui ne se reproduira pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La discussion n'est pas terminée.
M. CHARRON: Habituellement, cela déboule beaucoup plus
rapidement. Nous sommes vraiment dans le coeur. Ce matin, nous parlions d'une
clientèle d'environ 900,000. Ce soir nous sommes dans une
clientèle de 100,000. C'est le coeur. Après cela, le reste va
assez rapidement. D'ailleurs, je ne veux pas allonger inutilement.
M. GAGNON: Evidemment, le règlement ne prévoit pas... Je
donne un exemple. A un certain moment, le Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports vient échouer à l'Education.
Et à ce moment, nous sommes toujours à l'intérieur des dix
heures pour discuter, y compris le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux
Loisirs et aux Sports.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas de loisirs.
M. GAGNON: Non. Il s'agit d'une constatation...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui a donné d'excellents
résultats pour le Haut-Commissariat.
M. GAGNON: Ce n'est pas cela que je dis. Au niveau de la discussion des
crédits, à ce moment, il n'y a pas une soupape dans le
règlement qui pourrait peut-être permettre une heure de plus, deux
heures de plus.
LE PRESIDENT (M. Picard): II n'est pas question d'arrêter. Je l'ai
dit au début.
M. GAGNON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard); Je veux tout simplement...
M. GAGNON: Je crois que le président est assez large.
LE PRESIDENT (M. Picard): A un certain moment, il pourrait y avoir une
demande d'accélérer les travaux. Alors, je le fais à ce
stade-ci.
M. CHARRON: Sur ce sujet, nous allons certainement terminer ce programme
14 avant l'ajournement. J'ai une dernière question à
l'élément 2: Services aux étudiants. Nous en avons
parlé assez longuement. Je pense que le directeur général
était ici au moment où nous parlions du secteur secondaire.
Le secteur secondaire a été profondément, je crois,
altéré du fait du règlement no 7 qui a amené des
décisions au niveau de chacune des polyvalentes des commissions
scolaires. Est-ce qu'il s'est produit quelque chose de semblable dans le
domaine des services aux étudiants au niveau collégial? Est-ce
qu'on a aussi mis un effort là-dessus, comme on l'a fait au niveau
secondaire, pour humaniser le CEGEP? Je crois que c'est le secteur par
où cela peut se faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut dire que, du côté des
CEGEP, la place importante des services aux étudiants a
été acquise dès les premières années des
CEGEP.
M. CHARRON: Par la loi, en fin de compte. La loi 21 a créé
les services aux étudiants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'après moi, il n'y a rien dans la loi 21
qui touche...
M. CHARRON : Mais, je veux dire que cela a existé dès le
début des CEGEP, les services aux étudiants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais pas en vertu de la loi, en vertu du
régime administratif qui a été aménagé.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Etant donné aussi le genre de programmes
que nous avons, les espaces nécessaires à ces activités
sont tout naturellement dans nos programmes, alors qu'à
l'élémentaire et au secondaire, avec le régime qu'ils ont,
tant de minutes par semaine etc., ça donnait l'impression qu'il n'y
avait pas ces espaces, au moins, il a fallu les prévoir tels quels. Cela
existait déjà.
Le travail qui a été fait chez nous, au cours
de l'année, touchant spécifiquement les services aux
étudiants, a été une étude de la norme, de la
règle budgétaire qui s'applique aux services aux
étudiants, où il y avait des difficultés, une sorte
d'inégalité d'un CEGEP à l'autre selon qu'ils
étaient gros ou petits.
Nos études nous ont permis de changer un peu la formule pour que
cela soit plus convenable à tous et que les petits collèges, en
particulier, aient une règle un peu plus potable, étant
donné l'enveloppe dont nous disposions. Il y a eu cet aménagement
et il y a eu ensuite des études qui se poursuivent sur le genre
d'aménagement des services aux étudiants, l'animation, les
services que les étudiants veulent vraiment. Ce sont des études
qui se poursuivent toujours avec la commission des directeurs des services aux
étudiants et qui permettent d'améliorer les services.
Il y a eu aussi, dans les services aux étudiants, au cours de
l'année, l'intégration des services de santé par le
ministère des Affaires sociales. Cela a été une
amélioration, je pense, dans l'équilibre des ressources, de sorte
que les personnes qui s'occupent des services de santé, dans les CEGEP,
relèvent désormais du ministère des Affaires sociales,
soit d'un hôpital ou d'un centre de service social de la
région.
M. CHARRON: L'aménagement des normes auquel on a
procédé cette année, j'en ai entendu parler. On m'a dit
qu'effectivement, parce qu'on a voulu favoriser un peu plus les petits CEGEP
qui en avaient souffert depuis le début, ce sont maintenant les gros qui
se sentent... J'ai rencontré des représentants du plus gros CEGEP
du monde, le CEGEP du Vieux-Montréal, et eux se sentent
lésés par les nouveaux aménagements. Est-ce qu'ils ont
vraiment des conditions altérées par rapport à celles dont
ils bénéficiaient auparavant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela m'étonne parce que c'est le poste
où les gros CEGEP connaissaient des surplus, c'est-à- dire qu'ils
n'arrivaient pas à dépenser leur argent.
M. CHARRON : Est-ce qu'on a abandonné le per capita comme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non, c'est un per capita, sauf que la
formule du per capita, c'est une formule avec un montant de base pour tout
CEGEP plus tant per capital et, dans la mesure où on augmente le montant
de base et diminue un peu le per capita qui s'ajoute, on favorise les petits
collèges ou les gros.
On a fait des études de courbe pour avoir une courbe qui soit
à la satisfaction de tous. Dans certaines enveloppes, ça nous
prend une courbe avec deux incidences, par exemple, disons $50,000 pour le
minimum normal de 1,500 étudiants. En bas de cela, il n'y a pas de norme
qui s'applique, ils sont étudiés à la pièce.
Ensuite, tel per capita jusqu'à 3,000 et tel autre jusqu'à
5,000. Cela est selon la nature des dépenses. Il y a des analyses de
courbe qui sont faites pour avoir une courbe qui correspond au besoin.
M. CHARRON: Quand on a procédé l'élaboration d'une
stratégie face au monde étudiant, je pense que la direction
générale a fait beaucoup de consultations avec les directeurs des
services aux étudiants pour en arriver à ce choix. Quand vous
faites ce genre de consultations, quelles relations avez-vous avec les CEGEP
régionaux? Est-ce que vous invitez les directeurs des services aux
étudiants de chacun des campus du CEGEP régional ou un pour le
CEGEP régional?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ce qui est des services aux
étudiants, nous n'avons pas de responsable des services aux
étudiants au niveau régional...
M. CHARRON: Le CEGEP régional.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... même, ils sont exclusivement au niveau
du campus parce que, étant donné la nature même des
activités, évidemment cela reste la responsabilité
générale du directeur général qui les réunit
pour coordonner cela, mais tous les officiers qui s'occupent des services aux
étudiants sont dans les campus mêmes.
M. CHARRON: Autrement dit, quand vous procédez à ce genre
de réunion-là, les directeurs des services aux étudiants
des campus de Saint-Félicien, Jonquière et Chicoutimi, par
exemple, sont convoqués.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il faut dire qu'on est en train de discuter
avec les collèges ce problème de représentativité
des collèges régionaux dans nos différents comités,
qu'ils soient pédagogiques ou autres. Mais, dans ce cas-là, c'est
évident que cela vient des campus. A présent, est-ce que dans le
cas du CEGEP du Saguenay-Lac-Saint-Jean quand il y a une telle réunion,
ils envoient quatre ou s'ils s'entendent entre eux pour qu'il y en ait un qui
représente les autres?
M. CHARRON: Mais c'est libre à eux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est libre au CEGEP, pour le moment,
d'aménager cela avec les quatre.
M. CHARRON: Ce qui m'amène à vous poser...
M. GAGNON: Je ne sais pas, M. le Président, je ne voudrais pas
être déplaisant, mais le député de Saint-Jacques y
va pas mal en grande. Cela fait deux heures qu'il accapare le débat.
Je
crois que c'est insignifiant au possible. Nos élèves dans
les CEGEP sont favorisés. On s'en tient à des détails dont
on n'entend jamais parler par les élèves du CEGEP. J'en ai chez
nous en Gaspésie, j'ai quatre CEGEP. Je n'entends jamais parler de ce
dont le député de Saint-Jacques parle. On est après broder
sur des insignifiances. On perd absolument notre temps et cela fait deux heures
qu'on est assis ici. Le député de Saint-Jacques parle et parle.
Je ne voudrais pas être déplaisant, mais tout de même, il y
a d'autres partis qui ont d'autre chose à dire et des choses
importantes.
M. CHARRON: Dites-les.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 14, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
UNE VOIX: Pas adopté.
M. GAGNON: Si, au moins...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Lotbinière.
M. GAGNON: ... qu'on parle sur un autre élément, les
prêts-bourses, par exemple.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On doit parler des prêts-bourses sous un
autre programme. Il n'y a aucune difficulté.
M. GAGNON: Là-dessus, on peut en parler?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. On va en parler... A quel programme on
parle...
LE PRESIDENT (M. Picard): Au programme 5.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait le meilleur endroit, parce que cela va
grouper les prêts-bourses à tous les niveaux.
UNE VOIX : On devrait commencer à appliquer les
règlements.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Lotbinière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Programme 5, élément 8. Alors, le
programme 14 est adopté, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): Non.
M. BELAND: La question que j'aurais à poser concerne une certaine
mobilité de la main-d'oeuvre, un certain genre de mobilité, je
devrais dire. Relativement aux élèves qui proviennent du
territoire du nord, est-ce qu'il n'y a pas présentement une
concentration qui ferait en sorte qu'ils iraient tantôt grossir la gent
estudiantine à la Macaza, où le fédéral projette
d'aménager ces locaux en écoles d'enseignement. Je ne sais pas si
cela va couvrir également le plan collégial, mais puisque...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas, ce n'est pas précis.
M. BELAND: Puisque le fédéral veut aménager cette
usine, est-ce qu'il y a des efforts suffisants qui sont faits, au niveau du
Nouveau-Québec, pour faire en sorte que, pour tous les étudiants
qui vont sortir de là, qui vont vouloir se destiner au niveau
collégial, il y ait suffisamment de maisons d'enseignement
collégial pour les admettre ailleurs qu'à cette usine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il n'y a aucun problème. On peut les
admettre certainement dans les collèges un peu partout. Il n'est pas
question de construire un CEGEP dans le Nouveau-Québec, je vous le dis
tout de suite.
M. BELAND: II n'est pas question de construire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un CEGEP dans le Nouveau-Québec?
M. BELAND: Enfin, je pose la question en somme pour avoir une
réponse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous réponds. Vous êtes au
courant de la population d'autochtones qu'il y a...
M. BELAND: Approximative.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon! Alors, je pense qu'il sera même
difficile d'alimenter une école secondaire.
M. GAGNON: Ce qu'il veut dire, c'est de savoir où le placer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, il y aurait de grandes discussions.
M. LESSARD : II y a des problèmes au point de vue du
primaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, il y a déjà des
problèmes au point de vue de l'élémentaire.
M. BELAND: Mais là, on ne peut pas revenir au point de vue du
primaire parce que tout à l'heure j'ai été rappelé
à l'ordre. On y reviendra plus tard.
M. GAGNON: Au niveau collégial les collèges d'enseignement
présentent des budgets au ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça! Ils sont préparés
d'après certaines directives, certaines normes.
M.GAGNON; Oui. Lorsqu'il y a déficit, c'est le ministère
de l'Education qui s'engage à payer entièrement le déficit
lorsque le budget a été approuvé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des prévisions budgétaires
qui sont présentées et il y a un budget qui est approuvé
en juin par le ministre de l'Education et ce budget est limitatif par la loi.
Si les gens éprouvent des difficultés telles qu'ils ont besoin
d'un budget supplémentaire, ils doivent revenir au ministère. Il
y a des articles de la loi qui prévoient que le ministre peut rapidement
autoriser des sommes dans certains cas. Mais les déficits, selon la loi,
il ne devrait pas y en avoir.
M. LESSARD: Est-ce que le budget n'est pas préparé sur le
nombre d'étudiants prévu pour le CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le budget est divisé en dix enveloppes.
La plupart des enveloppes suivent une règle qui est à la base
d'un per capita. Mais, il y en a d'autres qui ne sont pas selon... Quand on
arrive à l'entretien de la bâtisse, cela va par pieds
carrés; quand on est dans l'enveloppe 3, les laboratoires, ça,
ça va aussi par le type et le nombre de laboratoires. La plupart sont
selon une formule...
M. LESSARD; A ce moment-là on prévoit, par exemple en
juin, le nombre d'étudiants pour le mois de septembre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça!
M. LESSARD: Là, il y a certains CEGEP qui peuvent prévoir
un certain nombre d'étudiants qu'ils n'ont pas au mois de septembre.
Est-ce qu'il y a une correction qui se fait à un moment donné par
le ministère de l'Education?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un budget révisé en cours
d'année sur la base de la clientèle réellement dans le
collège au 30 septembre. C'est conforme à la convention
collective.
UNE VOIX: Adopté.
M. GAGNON: Les revenus des CEGEP sont assez minimes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Cela touche surtout ce qu'on appelle les
services auxiliaires, cafétarias, auditoriums, résidences et des
cours à temps partiel pour adultes.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté.
M. CHARRON: M. le Président, un dernier sujet que je voulais
aborder l'année passée je l'avais abordé en
premier, cette année je le garde en dernier c'est la
régionalisation des CEGEP. On a procédé au cours de
l'année à une étude avec le groupe de la direction
générale de la planification, éducation et planification
régionale, à une analyse des quatre CEGEP
régionalisés actuellement. Est-ce exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, la direction de la planification a
procédé à une analyse de toute la province au point de vue
collégial pour en arriver à une carte géographique du
collégial par région...
M. CHARRON: En vue d'une régionalisation éventuelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, en vue d'une carte géographique qui
n'a pas de... Evidemment, en fonction de la régionalisation qui est une
politique mais qui n'a pas de... Il s'agit d'avoir une carte pour savoir
d'où les étudiants proviennent, comment ils se
répartissent, etc. C'est ce que j'entends par carte géographique.
C'est vraiment le mouvement des étudiants qu'il s'agit d'étudier.
Ensuite ils ont aussi travaillé à la question du modèle
administratif qui convient au CEGEP régional.
M. CHARRON : Un CEGEP régional.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors là on a consulté,
évidemment, les CEGEP en fonction, en action et ce n'était pas
afin de les étudier, ni de les évaluer.
M. CHARRON: D'accord. Mais est-ce que ce document est
terminé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il n'est pas terminé, nous
l'attendons dans les prochaines semaines.
M. CHARRON: Est-ce qu'il est dans les projets du ministère de
régionaliser d'autres CEGEP du Québec pour l'année qui
vient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de projet précis pour le
moment, non. On va consolider ce que nous avons.
M. CHARRON: Est-ce qu'on est en mesure de dire après
l'expérience de régionalisation que cela comporte
également des désavantages par rapport aux avantages qui sont
connus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On est encore en train de les mettre au monde,
les quatre CEGEP régionaux, de sorte qu'on peut certainement dire que
cela ne se fait pas sans difficulté. On peut dire aussi que cela se fait
avec des avantages. Mais le bilan comme tel, ce que nous avons convenu avec
l'ensemble des CEGEP, c'est qu'il y a des études qui se font chez
nous
et aussi à la Fédération des CEGEP. Il y a des
expériences que nous faisons dans les quatre et nous allons à
l'été voir où on en est avec tous les directeurs
généraux de tous les CEGEP sur la régionalisation, parce
qu'il y a aussi des régionalisations de services qui se font dans le
domaine des admissions et cela aussi aide les collèges à
penser.
M. CHARRON: Est-ce que la régionalisation a aidé ou non
à l'implantation de projets communautaires de l'utilisation des...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne saurais dire.
M. CHARRON: Pas directement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il n'y a pas de relation directe.
M. CHARRON: De ces projets d'implantation de projets communautaires,
lesquels ont été réalisés et où?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De quels projets communautaires parlez-vous?
M. CHARRON: Ceux qu'on appelle dans le rapport annuel les
aménagements sociaux récréatifs et sportifs aux
étudiants des CEGEP et de la communauté environnante.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ouverts à la collectivité?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a Victoria-ville où il y a des
ententes avec la municipalité et le secondaire, qui font que les lieux
d'éducation physique, piscines, etc. vont être faits selon un plan
intégré et vont pouvoir être utiles beaucoup plus à
la collectivité.
M. CHARRON: Est-ce que, sur ce genre d'entente, les autorités
locales des CEGEP sont parfaitement libres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est dans le cadre de la loi 21. Il faut
qu'eux-mêmes votent une résolution et le demandent. A
Montréal également, je pense au Vieux-Montréal qui a
déjà des ententes avec la ville de Montréal.
M. CHARRON: Edouard-Montpetit aussi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense à Ahuntsic qui a certaines
ententes, mais je ne suis pas satisfait, moi, dans l'ensemble de
l'évolution. Je considère qu'il y a des équipements
très coûteux dans le domaine des CEGEP qui ne sont pas encore
suffisamment utilisés. Il y a trop de résistance de la part des
CEGEP mêmes, parce que cela peut être gênant d'ouvrir
suffisamment à la collectivité. Il y a des progrès
sérieux à faire de ce point de vue. Bon. Je pense qu'on a pas mal
couvert le problème.
M. LESSARD: Si vous me permettez, c'est en coordination avec le
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, avec le ministère, avec le
Haut-Commissariat.
M. LESSARD: Je pense bien qu'on va avoir l'occasion de discuter des
critères et des normes qu'on établit au Haut-Commissariat
à ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, pour l'établissement des
plateaux.
M.LESSARD: Tant au niveau des polyvalentes qu'au niveau de ...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des politiques du ministère de
l'Education, cela.
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 14, adopté. Nous allons
maintenant procéder au groupe no 4 qui touche le domaine privé,
soit les programmes 9, 13 et 15. Le programme 9, l'enseignement
élémentaire privé.
Enseignement élémentaire
privé
M. GAGNON: Concernant l'enseignement... le ministre avait
peut-être quelque chose à dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, brièvement, je dirais que ce
programme porte bien son nom.
Il vise à assurer le fonctionnement de l'enseignement
élémentaire dispensé dans les institutions privées.
Il s'agit du programme 9. Le programme 13 touche le niveau secondaire, le
programme 15 touche le niveau collégial et on retrouve, dans le
programme 5, élément 7, les aspects administratifs.
M. GAGNON: Est-ce que le ministre a fini?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai terminé. Cela vous parait trop
long?
M. GAGNON: Bon! Au niveau de l'enseignement collégial
privé, évidemment, il y a une augmentation à l'enveloppe
de $2,500,000. Je ne sais pas si c'est dû au fait qu'il y a un nombre
plus considérable d'élèves qui vont fréquenter
l'enseignement collégial privé...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous avez l'intention d'aller
à renseignement collégial ou de commencer par
l'élémentaire ou le secondaire, et ensuite commencer au 9? C'est
l'élémentaire privé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Commencer au 9.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous commencez au 9, c'est
l'élémentaire privé. Programme 9.
M. BELAND: Est-ce qu'il y a une augmentation sensible du nombre
d'étudiants dans les diverses maisons d'enseignement privé dans
ce domaine, ou si c'est sensiblement comme l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une augmentation, mais qui est beaucoup
moins spectaculaire qu'on le croit dans certains milieux. C'est ainsi, par
exemple, que, pour le programme 9, élément 1, l'augmentation est
passée de 4,051 en 1972-73 à 4,213 en 1973-74.
M. BELAND: Est-ce que c'est dû à un manque de
places-élèves ou si c'est dû...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est dû à l'évolution
normale du système.
C'est l'accroissement que l'on retrouve dans à peu près
les mêmes proportions à tous les niveaux, tant au public qu'au
privé.
M. BELAND: Oui, mais est-ce que, justement, il y a quand même des
places-élèves qui sont demeurées libres?
M. GAGNON: Vous n'avez pas le nombre de demandes qui ont
été faites dans les institutions privées au niveau
élémentaire et les disponibilités
places-élèves? Il y a le nombre de demandes et, après
cela, il y a les disponibilités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous aimeriez savoir combien il y a de
places-élèves au niveau collégial dans l'enseignement
privé?
M. BELAND: C'est cela.
M. GAGNON: Et les demandes qui ont été faites.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de place libre, m'informe-t-on, et les
chiffres que vous avez là...
M. GAGNON: Avez-vous des statistiques sur les demandes qui sont faites
comme placements d'enfants dans les institutions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous aimeriez savoir s'il y a plus de
demandes?
M. GAGNON: C'est cela. Le nombre de demandes, c'est une chose, et le
nombre d'élèves admis, c'est une autre chose. Cela permet de
mieux nous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas de statistiques précises
puisque chaque collège conserve sa responsabilité, mais
d'après...
M. GAGNON: Mais il ne fait pas un rapport?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ils ne font pas de rapport
systématique sur ce point-là, mais il semble qu'il n'y ait des
listes d'attente que dans quelques collèges.
M. GAGNON: Mais je crois que ce ne serait peut-être pas une
mauvaise chose que le ministère de l'Education demande aux institutions
privées de leur donner des statistiques sur les demandes et
également les disponibilités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Suggestion que nous allons retenir avec plaisir,
dans un grand esprit de collaboration, comme dit le leader parlementaire.
M. BELAND: Avez ces statistiques, c'est entendu que nous pourrions aller
plus avant dans l'évaluation peut-être des deux modes
d'enseignement. Mais par contre, là c'était au niveau
élémentaire. Mais, en ce qui concerne, par exemple, le niveau
collégial...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On change d'élément là.
M. BELAND: Est-ce qu'on étudie ensemble ou si...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'hésite à permettre qu'on fasse
l'étude ensemble des trois programmes, pour la bonne raison qu'on voit
ce qui est arrivé tantôt, lorsqu'on a...
M. BELAND: C'est d'accord, si d'autres ont des questions sur
l'élémentaire, très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais qu'on finisse
l'élémentaire, ensuite on attaquera le secondaire.
M. GAGNON: Au niveau élémentaire, est-ce que, dans les
résultats obtenus, on peut dire qu'ils sont aussi bons que ceux obtenus
au niveau de l'école publique? Et si le ministre, chaque année,
adopte des mesures nouvelles concernant les écoles publiques...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les moyennes sont vraiment les mêmes que
dans le système public. Les êtres humains étant pas mal
semblables partout, les examens sont les mêmes.
M. GAGNON: Les examens sont les mêmes...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je sais bien ce que vous cherchez sans doute
à évaluer, c'est la supériorité éventuelle
du système privé sur le système public.
M. GAGNON: Non, je dirai non pas la supériorité en tant
qu'intelligence des élèves, mais peut-être la
supériorité, en tant que discipline de l'élève, qui
est peut-être...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne semble pas se répercuter sur les
examens. Il faudrait peut-être trouver... Ah bien! je suis
désolé, je vous dis que les moyennes sont les mêmes.
M. GAGNON: Non, écoutez, les moyennes, c'est possible. C'est
parce qu'on ne peut pas tomber au niveau collégial; on en parlera tout
à l'heure. C'est simplement pour avoir des points de repère, si
parfois on rencontre des personnes qui nous font valoir le bien-fondé de
l'institution privée et d'autres qui nous parlent du bien-fondé
de l'institution publique. Le législateur, il est bon qu'il soit
renseigné et c'est au ministère de l'Education, c'est avec le
ministre qu'on peut le mieux cueillir les informations de façon à
répondre aux interlocuteurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous n'avez pas tort, parce qu'il peut y avoir
dans certaines écoles une sélection qui se fait de par la force
des choses dans le secteur privé et qui ne se fait pas dans le secteur
public.
M. GAGNON: Qu'est-ce que vous voulez dire par sélection?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le secteur privé, il faut payer, par
exemple. Alors, il y a une espèce de sélection au départ
qui peut s'effectuer dans...
M. GAGNON: Une sélection d'argent, pas d'intelligence.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non.
M. BELAND: II y a une sélection à propos de
l'épaisseur du porte-monnaie du père, mais ça ne veut pas
dire qu'on fait une bonne sélection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! n'allez pas toujours croire ça? Il y
a des gens qui font des sacrifices considérables parce qu'ils
préfèrent, pour des raisons parfaitement valables, envoyer leur
enfants dans le secteur privé.
Ce n'est pas toujours une question d'argent.
M. GAGNON: Mais ce qui me surprend, c'est que dans la députation,
chez les ministres, plusieurs envoient leurs enfants dans des institutions
privées. Je n'en ai jamais eu mais c'est tout de même
extrêmement curieux, comme dit le député de
Lotbinière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est leur choix personnel.
M. GAGNON: Oui mais quelle est la raison, si le système public
qu'on met en place est si bon, s'il répond si bien aux aspirations, s'il
donne de si bons résultats, d'envoyer les élèves dans des
institutions privées? C'est là que le peuple peut parfois
s'interroger. Parce qu'au niveau de l'institution publique, on fournit des
deniers publics.
Non pas que je sois contre l'institution privée. Je crois que
ça doit demeurer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ose espérer que vous allez nous
permettre de continuer.
M. GAGNON: D'ailleurs, en Europe, en Belgique, on dit que les
institutions privées ont connu une augmentation considérable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais même apporter de l'eau à
votre moulin. En Russie soviétique, on m'informe également que le
secteur privé a une certaine importance.
M. CHARRON: Si les communistes le font!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si les communistes le font, le
député de Saint-Jacques s'en va. Je considère que c'est la
raison pour laquelle il faut conserver un système privé
parallèlement à un système public. Je l'ai toujours
dit.
M. GAGNON: Mais je crains que le système privé ait
certaines difficultés parce qu'on se plaignait de ne pas recevoir toute
l'aide nécessaire du gouvernement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est certainement pas justifié. Le
problème portait surtout sur le traitement fait aux immobilisations.
L'année dernière, il y a eu un correctif apporté à
ce point de vue.
M. GAGNON: Mais est-ce que l'aide que le gouvernement apporte aux
institutions privées égale celle qui est donnée à
l'institution publique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, et ce serait anormal qu'il en soit ainsi.
En fait, je considère qu'on subventionne très largement les
institutions privées.
M. GAGNON : Combien par élève?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Jusqu'à 80 p.c.
M. GAGNON: 80 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 80 p.c. et 60 p.c. Croyez-moi, il n'y a pas
beaucoup de pays et de régions au monde...
M. GAGNON: II n'y a pas de nombreuses années qu'on a porté
ça à 60 p.c. et 80 p.c. Il y a à peine deux ans
peut-être, on se plaignait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est en 1969; c'est sous votre gouvernement,
d'après la loi 56. En décembre 1968, plutôt.
M. BELAND : Toujours à l'élémentaire, on peut quand
même compter assez facilement et très vite la quantité
d'écoles privées d'enseignement élémentaire. Est-ce
que vous avez la liste et à l'intérieur de quelles commissions
scolaires sont-elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le nombre d'écoles?
M. BELAND: Le territoire, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! Les endroits où c'est. C'est
publié dans le bulletin officiel. On va le distribuer, si vous voulez.
Nous parlons actuellement des écoles subventionnées, n'est-ce
pas?
M. CHARRON: C'est cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, à l'élémentaire, il
n'y en a pas beaucoup, parce que nous ne subventionnons pas
systématiquement l'élémentaire. Il y en a 17.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous discutez seulement
l'élémentaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comptez sur moi pour cela.
M. CHARRON: Quelle est la question que le député de
Lotbinière a posée? Si d'autres avaient été
reçus?
M. BELAND: Combien il y en avait présentement?
M. CHARRON: Mais, au cours de l'année actuelle, est-ce que
d'autres institutions au niveau élémentaire ont été
reconnues d'intérêt public?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a une seule qui l'a été,
pour des raisons particulières, qui fait partie d'une politique, c'est
l'école Maimonides, qui est une école juive.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dis qu'elle fait partie d'une politique parce
que, lorsqu'il s'agit d'écoles de groupes ethniques, nous avons assez
récemment...
M. CHARRON: Incitation aux immigrants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est plus que de l'incitation, parce que c'est
une négociation et je le souligne, parce que je crois que c'est
assez important qui fait qu'en contrepartie de subventions nous exigeons
un contenu français à l'enseignement. Mais la première
fois, cela a été fait grâce à l'intervention du
ministère de l'Immigration, alors que j'y étais, auprès du
ministère de l'Education pour l'école Socrates, qui est une
école grecque.
M. CHARRON: Est-ce tout pour le programme 9?
M. BELAND: Est-ce qu'il y en aurait une à l'intérieur du
secteur de Fort-George?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous êtes drôlement
intéressé par le nord du Québec. En ce moment, vous devez
avoir...
M. BELAND: Je m'intéresse à tout le Québec.
M. CHARRON: M. Dupuis veut se présenter dans le
Nouveau-Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Il veut se faire élire par les
Esquimaux.
M. HARDY: II veut y envoyer les jeunes.
M. BELAND: C'est une suggestion que fait le député de
Terrebonne. C'est aussi intelligent que cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne soyez pas méchant pour l'adjoint
parlementaire des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Au moment où Chicago mène 5 à 0, je
pense qu'il serait mieux...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'on a adopté le programme
9.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le programme 9. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission ajourne ses travaux à
demain matin, 11 heures, soit après la période des questions
à l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 22 h 3)