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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du vendredi 4 mai 1973
(Onze heures huit minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de
l'éducation): A l'ordre, messieurs!
Avant de reprendre nos travaux, je voudrais signaler les changements
apportés aux membres de la commission. M. Audet remplace M. Brochu; M.
Gagnon remplace M. Cardinal. A la place de M. Leduc, c'est M. Carpentier
à qui je fais des salutations particulières, ce matin, pour
l'immense mérite qu'il a, à ce qu'on me dit.
UNE VOIX: Vous allez blesser des sentiments d'intimité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gallienne remplace M. Pearson; M.
Berthiaume remplace M. Saint-Germain.
Messieurs, selon l'indication qu'on m'a donnée ce matin, la
commission était sur le point d'aborder l'étude du programme
13.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. M. AUDET: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Au sujet de la question que nous posions au ministre de
l'Education tout à l'heure, M. le ministre nous a dit que probablement
on pourrait revenir sur un programme qu'on avait déjà
étudié.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ce n'est pas tout
à fait ce que j'ai dit. Le Ralliement créditiste semble
manifester un intérêt très marqué pour le
Nouveau-Québec. Certains de ses représentants m'ont posé
des questions, ce matin. J'ai dit qu'on pourrait faire le point aux
crédits et je pense qu'étant donné que les questions
portaient sur les relations de travail au Nouveau-Québec, nous pourrions
le faire au moment où nous discuterons, dans le groupe 8, le programme
2, c'est-à-dire le soutien technique comprenant le service
général des relations de travail. Je suis convaincu qu'à
ce moment-là, nous pourrons répondre à vos questions.
M. BELAND: On vous remercie, honorable ministre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On me signa- le qu'on aurait des
difficultés avec l'audition. Est-ce que le volume n'a pas une certaine
puissance? Alors, il n'y a pas d'amplification. J'inviterais donc les membres
à y aller avec un peu plus de vigueur dans la parole.
M. CARPENTIER: M. le Président, nous n'entendons absolument
rien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de Laviolette,
j'ai demandé un effort de volume un peu spécial à tous
ceux qui vont intervenir au cours du débat.
M. CARPENTIER: Je suis entièrement d'accord.
M. CHARRON: On devrait demander au député de Laviolette de
nous donner le ton.
Il a l'habitude de chanter ses discours à l'Assemblée
nationale; alors vous devriez nous donner la gamme.
M. CARPENTIER: Qu'on me suive et qu'on ait le courage d'expliquer
clairement ce qu'on veut exprimer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et brièvement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député
d'Abitibi-Ouest avait terminé ses questions?
Enseignement secondaire privé
M. GAGNON: Concernant le programme 13 évidemment, cela
répète un peu, au niveau des normes, celui qui concernait
l'élémentaire mais le ministre pourrait-il nous dire,
tenant compte que les crédits sont de près de $34 millions, quel
est le nombre d'élèves qu'il y a dans les institutions
privées, au niveau secondaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 38,900 à peu près; 35,094 dans des
institutions déclarées d'intérêt public et 3,866
dans celles reconnues pour fins de subventions. Nous avons, comme vous le
savez, deux catégories, l'une déclarée
d'intérêt public, qui comporte des subventions de 80 p.c, et celle
reconnue pour fins de subventions qui comporte des subventions de 60 p.c.
M.GAGNON: Lorsque le système d'éducation publique a pris
de l'ampleur, il y a quelques années, toutes les institutions
privées ont été soit transférées ou vendues
au secteur public.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas toutes, mais la majorité.
M. GAGNON: La majorité. Je constate par ailleurs que, dans les
endroits ruraux ou éloi-
gnés des grands centres, cela s'est opéré à
peu près à 100 p.c. Tenant compte que ces endroits étaient
dispersés sur un territoire assez considérable, tenant compte
également de l'économie du milieu, je peux dire qu'il y en a eu
à 100 p.c. Tous les séminaires ou toutes les autres écoles
ont été vendus au secteur public, sauf pour les régions de
Québec, Montréal et d'autres villes favorisées. C'est dire
que le secteur public, en pénétrant à l'intérieur
du secteur privé, a causé des préjudices pour les
régions éloignées, alors que ces préjudices ont
été atténués dans les régions comme
Montréal, Québec. Je ne sais pas si on a présenté
cette lacune au gouvernement, au ministère de l'Education en
particulier. Dans nos régions, je donne comme exemple la
Gaspésie, à venir jusqu'à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, il y a une seule institution privée
qui est à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, et elle doit couvrir un
secteur de 700 milles. Je ne sais pas si le ministère de l'Education a
eu des représentations. C'est que le ministère de l'Education a
pris plusieurs années avant de s'ajuster par des subventions
raisonnées et raisonnables. Le ministre l'a dit hier, cela a
été en 1969. Mais, de 1963 à 1969, il s'agit d'une
période de cinq ans, cela a été l'écroulement
total.
Je ne sais pas s'il y a eu des demandes, si on a fait des suggestions au
ministère de l'Education dans ces secteurs, qu'il y aurait
peut-être des institutions privées qui manifesteraient le
désir de se rétablir, vu que les subventions semblent assez
généreuses, du moins semblent convenir aux besoins financiers
actuels. J'aimerais que le ministre donne son opinion à ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y a eu une seule
demande venant de cette région, laquelle a été
accordée. Il s'agissait du rétablissement d'une école
secondaire à Rivière-du-Loup. C'est donc dire que le
ministère est donc parfaitement conscient du problème et est
prêt à intervenir le cas échéant. Maintenant, il
faut bien se rendre compte que, sur le territoire du Québec, il y aura
toujours des endroits où les distances seront grandes, n'est-ce pas, et
il faut tenir compte non seulement de ce facteur géographique mais du
bassin de population et du nombre d'élèves; de manière
qu'une institution puisse dispenser un enseignement de qualité, il faut
un nombre minimum. On ne peut donc pas s'attendre à ce qu'il y ait des
collèges publics ou privés partout. Il y a des citoyens du
Québec qui devront parcourir des distances plus grandes à
certains endroits qu'à d'autres.
M. BELAND: J'ai une question dans le même contexte. Si je me
rappelle une déclaration que l'honorable ministre aurait faite à
l'effet que le ministère de l'Education entamera des poursuites massives
contre les écoles privées qui fonctionnent sans permis, cela se
situe dans le contexte du 29 septembre 1972, est-ce que vous pourriez faire le
point à ce sujet, et, en même temps, apporter quelques chiffres
faisant suite à la discussion d'hier soir concernant les écoles
d'enseignement privé, là où nous sommes rendus dans le
secondaire privé? A combien évaluez-vous le nombre
d'élèves qui auraient fait leur demande pour aller dans des
écoles privées et qui n'auraient pas obtenu de place.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme je l'ai dit pour
l'élémentaire, ce genre de statistiques n'existent pas. J'ai
retenu la suggestion du député de Gaspé-Nord et je pense
qu'il y aurait intérêt à ce que, dorénavant, on les
collige. Les renseignements que nous avons nous portent à croire que
l'équilibre se fait, c'est-à-dire qu'il y a très peu de
liste d'attente, tant au niveau élémentaire qu'au niveau
secondaire.
M. BELAND: En pratique, si je prends seulement un exemple, celui de
l'école d'enseignement secondaire où se trouvent deux de mes
fils, il a fallu que je fasse l'inscription pour le deuxième de mes
fils, neuf mois avant l'ouverture dudit collège. A la toute
dernière minute, c'étaient les demandes qui affluaient de toutes
parts et on n'avait pas de place.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous savez, tirer des conclusions à
partir de cas particuliers. D'ailleurs, à entendre les opposition parler
de leur famille...
M. BELAND: Ce ne sont pas des cas particuliers, en somme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me le demande. Il n'y a que le
député de Saint-Jacques au fond qui n'a pas ce titre
d'expérience.
M. CHARRON : Surtout pas avec l'enseignement privé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait normal; vous allez
trouver ce genre de situation partout. Si vous voulez aller dans un
collège privé, ce qui est un choix parfaitement légitime
dans une démocratie, alors que et cela va certainement continuer
tant que je serai là en tout cas croyez-moi, parallèlement
à cela, vous avez un système public, il peut très bien
arriver que vous ne puissiez pas toujours placer instantanément votre
fils dans un collège donné, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a
pas de place ailleurs. En revanche, l'Etat assume ses responsabilités
à votre égard en vous offrant un système public.
M. BELAND : Dans le même ordre d'idées, je pose la question
à M. le Président, concernant l'Ecole de médecine
vétérinaire de Saint-Hyacinthe, qui est une maison
d'enseignement, est-ce qu'on peut la considérer secondaire ou...?
M. GAGNON: Ce n'est pas une école privée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. GAGNON: Cela relève exclusivement du gouvernement.
M. BELAND: Et McGill, l'université Mc-Gill?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous parlez du collège...
M. BELAND: ... d'enseignement de médecine
vétérinaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un autre problème, cela. On
pourrait peut-être en discuter, si vous voulez, parce que c'est le
secteur de l'enseignement agricole et c'est l'avenir de cette institution qui
vous intéresse sans doute. Alors, nous pourrions en discuter lorsque
nous arriverons au programme 16, c'est-à-dire très bientôt,
si nous pouvons terminer celui-ci. Universités et recherche.
M. BELAND: D'accord.
M. GAGNON: Une question maintenant. Au niveau des institutions
privées, l'institution privée, pour qu'elle puisse
bénéficier des avantages offerts par le ministère de
l'Education, il faut qu'elle obtienne un permis. On sait qu'il y a des
institutions privées qui refusent de se soumettre aux normes et
critères déjà établis par le ministère de
l'Education. Je ne suis pas contre cela. Je n'ai pas la compétence pour
en juger. Mais cela présente certains problèmes qui sont les
suivants: dans les régions éloignées comme la mienne,
certaines personnes font des demandes à ces institutions pour être
admises à des cours et doivent débourser une somme d'argent au
tout début. Je n'en suis pas non plus contre cela parce que ces
institutions doivent savoir si l'élève va fréquenter
l'école ou non. Mais le problème qui se pose est le suivant: je
ne sais pas si le ministère de l'Education n'aurait pas avantage
à obliger ces institutions privées qui ne veulent pas accepter
d'être soumises aux normes du ministère de l'Education, à
donner les noms de tous les étudiants qui demandent d'être admis
à ces institutions, et à faire parvenir les informations à
l'étudiant disant qu'il n'a pas le droit de bénéficier de
l'aide à l'étudiant, des prêts-bourses.
Dans de nombreux cas, les étudiants ou les parents viennent nous
voir pour nous demander quelles sont les raisons qui motivent... Ces
étudiants qui vont aux études, dans des options que le
gouvernement ne semble pas capable d'offrir dans le secteur public, vont
essayer de se placer dans une institution que le gouvernement a
autorisée ou qui relève du secteur public, parce qu'il y a trop
d'élèves ou que l'on n'a pas l'option requise.
L'élève veut donc aller dans une option qui réponde
à ses aptitudes, à ses qualités, mais par ailleurs; il ne
bénéficie pas de l'aide prévue pour l'étudiant.
Alors, s'il est informé dès que la demande est faite, dans les
quinze jours où la demande est présentée à
l'institution privée, et si on oblige cette institution privée
qui ne peut bénéficier de l'aide du ministère de
l'Education à fournir au ministère de l'Education le nom de tous
les étudiants et que le ministère s'engage à fournir
à l'étudiant la brochure qui le renseignerait sur le fait qu'il
ne peut bénéficier des avantages offerts par la Loi du
ministère de l'Education, je crois qu'il y aurait là un
réel avantage pour ces étudiants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, la question du
député de Gaspé-Nord rejoint celle du député
de Lotbinière ou tout au moins la première partie de la question
à laquelle je n'avais pas répondu, parce que la deuxième
n'était guère en relation avec la première.
L'année dernière, à la suite d'ailleurs d'une
déclaration de l'ombudsman, j'avais dit que j'avais l'intention de
réorganiser le service de l'enseignement public pour qu'il n'y ait plus
d'institutions fonctionnant sans permis qui ne soient pas l'objet de poursuite,
le cas échéant. C'est que, jusque là, la structure ne
permettait peut-être pas d'agir assez rapidement. C'est ainsi que nous
avons maintenant un avocat à temps plein qui peut nous permettre
d'instruire nous-mêmes un certain nombre de causes.
Pour vous donner une idée, il y a eu durant l'année 135
refus d'obtention de permis. Nous avons dans tous les cas demandé des
enquêtes; 20 enquêtes ne sont pas encore complétées.
Par conséquent nous avons reçu 115 rapports. Là-dessus, 40
écoles ont été fermées; 32 ont obtenu un permis
entre-temps. Ce qui arrive parfois, c'est qu'il suffit de suggérer
à l'école telle modification pour qu'elle puisse rentrer dans les
normes. Or, cinq n'étaient pas véritablement des écoles,
neuf sont actuellement poursuivies et pour les autres, le dossier est en voie
d'être complété ou elles encore sont sur le coup d'une mise
en demeure. C'est donc dire que l'efficacité a augmenté et que la
situation qui, à mon sens, n'était pas acceptable, a
été corrigée.
Le ministère publie dans son bulletin officiel une liste des
institutions dont le permis a été refusé, et ce bulletin
officiel est très largement diffusé dans tous les milieux de
l'éducation.
Par conséquent, une autre des préoccupations du
député de Gaspé-Nord se trouve déjà
prévue.
M. AUDET: M. le Président, ainsi, on doit conclure probablement
que, compte tenu de l'affluence de la demande des institutions privées,
comme le député de Lotbinière le mentionnait tout à
l'heure, le gouvernement n'est pas prêt à considérer le
maintien ou l'encouragement des maisons d'enseignement privé, vu qu'il y
en a quarante qui ont fermé leurs portes au cours de l'année.
Est-ce que cette diminution...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, écoutez là, comprenons-nous.
Je pense qu'il y a un peu de confusion. Les statistiques que je viens de
donner, en réponse à des questions précises, portent sur
des institutions qui n'ont pas obtenu de permis, par conséquent, qui ne
se qualifiaient non seulement pas pour des subventions, mais même pas
pour fonctionner, soit que l'enseignement soit inadéquat ou qu'il y ait
d'autres raisons. Ce que le député semble avoir dans l'esprit
je dis "semble", parce que je ne suis jamais parfaitement sûr de
saisir sa pensée c'est le fait qu'il voudrait...
M. BELAND: D'ailleurs, c'est assez difficile de comprendre la
vôtre parfois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous savez, j'ai l'impression que ce n'est
peut-être pas une opinion générale que vous énoncez
là. C'est probablement qu'il souhaiterait que le ministère ouvre
des écoles privées. Or, il est évident que ce n'est pas
là le rôle d'un ministère...
M. AUDET: M. le Président, c'est sûr que si le gouvernement
ouvrait des maisons d'enseignement privées, ça deviendrait des
maisons publiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon, ça commence à progresser.
M. AUDET: Le ministère de l'Education aurait-il plutôt
tendance à les encourager ou voudrait-il élargir un certain
encouragement? Est-ce que la tendance du ministère de l'Education va
vers l'amplification des maisons d'enseignement privées ou si la
tendance est à la réduction? C'est embêtant de
répondre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je répète ce que j'ai dit, pas du
tout, pas du tout...
M. AUDET: ... j'hésiterais à répondre pour le
ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... c'est d'autant plus facile que c'est
peut-être la première question qui se tient un peu que le
député de Beauce pose. Je la repère facilement.
M. AUDET: M. le Président, je ne suis pas de Beauce, c'est
d'Abitibi-Ouest. Je pense...
M. GAGNON: Vous vous opposez à ce que le député
pose...
M. AUDET: Ah! excusez-moi, hier, j'ai posé une question à
laquelle le ministre n'a pas pu répondre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): N'a pas aimé parce qu'elle était
incompréhensible.
M. AUDET: II a cru ne pas devoir répondre.
Ma question était embêtante un peu, mais de toute
façon tenait compte d'un montant qui était affecté
à la restructuration scolaire de l'île de Montréal. J'ai
fait un parallèle avec la demande de certains mouvements pour la
démocratisation de la vie scolaire de Montréal. Il n'a pas voulu
me répondre ou il a cru ne pas devoir me répondre.
Mais je vais d'abord lui dire qu'il faut mettre les points sur les i. Je
vais lui dire que mon intention était de faire voir au ministère
que, lorsque les gouvernements s'impliquent dans l'éducation et paient
pour le public, ils s'occupent constamment, à 100 p.c, de ce qui devrait
être pour la population. La démocratisation, n'en parlons plus,
c'est...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est un jugement de
valeur. H n'y a pas de commentaires qui s'imposent sur cet aspect-là.
Mais je vais répondre à sa question antérieure. Je ne
pense pas qu'il y ait beaucoup de gouvernements qui fassent un effort aussi
prononcé pour le secteur privé. Je répète que nous
subventionnons à 80 p.c. les institutions qui sont reconnues
d'intérêt public et nous subventionnons à 60 p.c. les
institutions qui sont reconnues pour fins de subventions. Si ce n'est pas
là un encouragement, je voudrais bien savoir ce que vous en pensez.
D'ailleurs, il ne manque pas de gens ici au Québec pour trouver
que le gouvernement en fait trop, précisément pour le secteur
privé. A mon avis, il n'en fait pas trop mais il le traite très
généreusement. Toutes les demandes qui viennent du secteur
privé sont étudiées au mérite. J'ai cité
l'exemple d'une région qui est celle que connaît le
député de Gaspé-Nord, où le permis a
été accordé. Mais il va de soi qu'il n'appartient pas au
gouvernement de susciter la formation d'une institution privée.
Mais lorsqu'une demande est faite, il l'étudie.
M. AUDET: M. le Président, sur les 40 fermetures au cours de l'an
dernier, y a-t-il eu des écoles privées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président et il ne s'agit pas
là d'écoles régulières. C'est peut-être
là que la confusion règne. Il s'agit de cours de
personnalité ou de cours vaguement professionnels. Et c'est
précisément dans le but de protéger les citoyens du
Québec et plus particulièrement les étudiants que j'ai
souhaité cette restructuration du service et que nous agissons, depuis
un an, avec beaucoup plus d'efficacité et même de vigueur.
M. BELAND: II est à prévoir, M. le Président, que,
de toutes les demandes qui affluent vers le ministère, il y en ait qui
soient refusées. Nous sommes bien d'accord là-dessus parce que
toute demande ne veut pas nécessairement dire que l'enseignement peut
être bon dans les
écoles, à tous les endroits où c'est
demandé. Mais ce à quoi faisait allusion le député
d'Abitibi-Ouest, c'est qu'il émettait le désir qu'il y ait
davantage d'écoles d'enseignement privées suite aux demandes de
plus en plus nombreuses de parents pour envoyer leurs enfants dans ce genre
d'écoles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère ne s'y oppose absolument
pas. Toutes les demandes sont étudiées et, dans la plupart des
cas, le permis est accordé. Le permis n'est pas accordé lorsque
ce n'est pas justifié sur le plan des programmes, et même sur le
plan de l'aménagement des cours.
M. BELAND: Continuant dans le même domaine, est-ce que, par
exemple, l'enseignement qui est accordé à l'école
d'agriculture de Sainte-Croix, peut être classifié comme
enseignement secondaire privé ou collégial? Je pose simplement la
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout dépend à quel moment nous
pourrons en discuter.
M. BELAND: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II aurait fallu en parler à
l'élémentaire et au secondaire. Je pense que le
député n'était pas là. Nous avons...
M. BELAND: Nous sommes au secondaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes dans le privé, nous ne sommes
pas dans le public. Je veux bien...
M. BELAND: En somme, c'est semi-privé, semi-public.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Ecoutez. Prenez la peine de lire un peu le
programme et vous verrez. Nous parlons actuellement du programme 13:
Enseignement secondaire privé. Ce sont toutes les institutions qui
tombent sous le coup de la loi 56.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres questions au
programme 13? Adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. CHARRON: Au programme 13, M. le Président, je veux demander au
ministre...
M. VEILLEUX: Cela, c'est pour enregistrer.
M. CARPENTIER: Je suis entièrement d'accord. Je le sais. Mais
est-ce qu'il y aurait possibilité de demander aux membres de
l'Opposition, lorsqu'ils posent des questions, de parler assez fort pour que
les membres du côté ministériel puissent comprendre? M.
Gallienne qui est près de moi se pose des questions à savoir quel
genre de questions est posé. Nous ne comprenons rien. Si le micro ne
fonctionne pas, qu'on ait au moins le courage d'exprimer clairement la question
qu'on veut poser.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Laviolette doit
savoir que dans cette salle-ci...
M. CARPENTIER: Je ne comprends pas.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... l'installation des micros est pour les
seules fins de l'enregistrement du journal des Débats.
M. CARPENTIER: Entièrement d'accord. Nous le savons. Nous le
reconnaissons. Mais celui qui s'exprime doit avoir au moins le courage de
parler assez fort pour se faire entendre.
M. CHARRON: Oui, mais ce qui est important pour nous, c'est que le
ministre comprenne, parce que vous autres, vous êtes ici seulement pour
faire le quorum.
M. CARPENTIER: Très bien. Ayez donc le courage de parler aussi
fort lorsque vous vous exprimez pour que tout le monde comprenne. Nous le
savons. Nous connaissons votre attitude négative. Nous le savons. Que
tout le monde ait donc le courage de parler assez fort pour pouvoir se faire
entendre.
M. BELAND: Je pense que l'interrogation...
M. CARPENTIER: Très bien. Je vous félicite. Allez-y.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Jacques
avait demandé la parole.
M. BELAND: Simplement pour éclaircir davantage la situation.
L'interrogation soulevée par le député de Laviolette fait
justement suite à une grande logique. Comme nous avons d'ailleurs
déjà demandé dans le passé, nous devrions
même avoir, dans chacune de nos salles, je ne sais pas comment je
pourrais le dire...
UNE VOIX: La traduction simultanée.
M. BELAND: ... la traduction simultanée. Cela fait longtemps que
cette chose est demandée et nous ne l'avons pas. Cela peut à peu
près entrer dans la même ligne de compte de ce que vous
énumérez ce matin.
M. CARPENTIER: Je ne demande pas actuellement, ce matin, la traduction
simultanée, mais bien au contraire, l'expression assez forte pour que
tous les membres de la commission et que l'auditoire en général
puisse comprendre les questions et les réponses concernant la commission
à laquelle nous siégeons présentement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, je cède la parole au
député de Saint-Jacques qui, semble-t-il avait une question
concernant le programme 13.
M. CARPENTIER: Très bien.
M. CHARRON: M. le Président, au sujet du programme 13, je voulais
demander au ministre si la statistique qui, paraît au rapport annuel
précisant que 97 institutions d'enseignement secondaire avaient
été déclarées d'intérêt public, 34
avaient été reconnues pour fins de subvention en 71/72 a
changé depuis quelque temps et de quel ordre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Actuellement, au niveau secondaire, il y a 114
institutions déclarées d'intérêt public et 31
reconnues pour fins de subvention.
M. CHARRON: Trente et une.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Trente et une reconnues pour fins de
subvention.
M. CHARRON: C'est donc dire que celles qui sont reconnues pour fins de
subvention ont diminué. Il y en a au moins trois, si je me base sur la
statistique qui figurent au rapport annuel, qui ne sont plus reconnues pour
fins de subvention et elles l'ont déjà été
puisqu'on a déjà atteint le chiffre de 34, à un moment
donné. C'est exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais quelques-unes qui étaient
reconnues pour fins de subvention ont vu leur statut modifié en celui
déclaré d'intérêt public. Quelques-unes...
M. CHARRON: Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... parce qu'elles ont satisfait aux
critères et aux exigences voulues.
M. CHARRON: Je voulais vous demander, faisant suite à la
série de questions que les autres ont posées, combien de ces
institutions sont gérées, administrées aux mains de,
à toutes fins pratiques, communautés religieuses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas ces statistiques
précises mais, d'une façon générale, on peut dire
qu'actuellement c'est la très forte majorité, quoique qu'il y ait
une tendance à modifier les modes administratifs sous forme
d'élargissement des conseils d'administration qui peut aller, disons,
jusqu'à la forme coopérative. C'est ce qui se développe
présentement.
M. CHARRON: Combien de ces institutions sont à Montréal
par rapport au reste du Québec? Je ne vous demande pas la statistique
précise. A votre avis, est-ce que le plus grand nombre est en province
plutôt que dans la zone métropolitaine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La distribution géographique
évidemment tient compte, de toute façon, des masses de
population. Il va de soi que les institutions sont surtout dans
Montréal, Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke parce
qu'à partir de Québec vers toute la partie est de la province, il
n'y en a que deux: Sainte-Anne-de-la-Pocatière et
Rivière-du-Loup. Dans l'Abitibi, il n'y en a pas si ce n'est qu'une, le
séminaire Saint-Michel. Dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, il n'y en a que
deux. Cela veut dire que toutes les autres sont centralisées à
Québec, Montréal, et sept, dans la région de
Sherbrooke.
M. CHARRON: Pour ce qui est des programmes diffusés au niveau
secondaire dans ces institutions, est-ce que c'est, à toutes fins
pratiques, la même chose que dans l'enseignement public? Je sais bien que
la différence existe mais en ce qui concerne les examens et
l'évaluation des étudiants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non seulement au point de vue pratique, mais au
point de vue théorique aussi, c'est exactement le même programme,
les mêmes examens.
M. CHARRON: Autrement dit, "l'avantage" que certains parents pourraient
trouver à inscrire leurs enfants à l'enseignement privé
tient en grande partie à l'atmosphère et au climat de
l'école.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Question de choix, d'option. J'entends, pas
d'option professionnelle ou d'option de cours, mais d'option personnelle de la
population parce que, pour les programmes, ce sont les programmes officiels qui
sont tenus exactement, et on fait des visites dans les écoles pour
vérifier l'exactitude.
M. CHARRON: Est-ce que certaines de ces écoles secondaires
privées, en plus du programme obligatoire auquel ils sont obligés
de se conformer et qui est le même que dans le secteur public, ont
d'elles-mêmes l'initiative de créer d'autres formes de cours ou de
programmes qui leur soient propres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas tellement. Dans ces écoles d'abord,
le programme officiel est déjà suffisamment chargé qu'il
laisse très peu de place à d'autres options et bien souvent la
question du transport les retient comme les écoles publiques. En effet
les institutions, déclarées d'intérêt public,
profitent du transport public, de sorte que les heures passées à
l'école sont à peu près les mêmes dans la plupart
des cas que pour les écoles publiques. Alors, les programmes
spéciaux sont difficiles à établir.
M. BELAND: Est-ce que le problème, que
semble vouloir soulever le député de Saint-Jacques, ne se
situerait pas quelque peu autrement, à savoir qu'à
l'intérieur du même laps de temps accordé aux écoles
publiques d'enseignement et aux écoles privées d'enseignement,
pour l'enseignement de certains jeux ou certaines formes de
récréation, est-ce qu'il n'y a pas une différence tout
à fait spéciale de l'une à l'autre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas que la chose soit tellement
facile. Je pense bien que c'est plutôt parfois dans des traditions
pédagogiques qui existent dans des institutions, des façons de
présenter la matière, des façons d'y vivre, des
contributions, de la collaboration du personnel enseignant. C'est dû, si
vous voulez, à un lot de facteurs impondérables. Mais, si on s'en
tient aux choses officielles, cela ne peut pas être tellement
différent puisqu'ils sont soumis aux même exigences. Ils ont le
même temps de présence en classe, le même programme, le
même rapport professeurs-élèves.
M. BELAND: A l'intérieur de la même journée de
travail, si on peut appeler cela une journée de travail, est-ce qu'il
n'y a pas davantage de cours, soit un cours ou deux, ou à
l'intérieur d'une semaine, tiens, cela irait peut-être mieux?
Est-ce qu'il n'y a pas augmentation de cours de donnés dans les
écoles d'enseignement privées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense seulement aux périodes que l'on
peut appeler libres; tout dépend de l'initiative des professeurs ou du
dynamisme de l'école pour meubler autrement ces périodes
libres.
M. VEILLEUX: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui, M. le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'aurais une question. Je ne sais pas si on doit poser la
question dans ce programme ou si c'est au programme 16 ou 17. Ce serait une
question relative à l'école chiro-pratique Palmer aux
Etats-Unis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quelle école?
M. VEILLEUX: L'école chiropratique Pal-mer.
M. GAGNON: Cela ne relève pas du ministère des Affaires
sociales?
M. VEILLEUX: Non. Je crois que c'est universitaire, cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'entre pas sous le coup de la loi 56 des
institutions privées, c'est à un autre niveau. Si vous voulez
avoir mon opinion sur la chiropraxie, je peux vous la donner. Elle est
connue.
M. VEILLEUX: Non, non. La question est...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne tombe pas sous le coup de la loi 56. Par
conséquent, il n'y a pas besoin de permis.
M. VEILLEUX: La question est la suivante. C'est une reconnaissance ou
une non-reconnaissance de cette école par le ministère,
étant donné qu'il n'y en a pas au Québec, pour des
étudiants du Québec qui vont étudier là pour fins
de prêts et bourses aux étudiants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de demande, d'abord. Ensuite,
cela relève véritablement du niveau universitaire. Je ne vois pas
comment le ministère aurait à se poser la question de
reconnaître ou de ne pas reconnaître.
M. VEILLEUX : Pour fins de prêts et bourses, un étudiant du
Québec qui va étudier là, qui -voudrait
bénéficier d'un prêt ou d'une bourse du ministère de
l'Education, ne faut-il pas que l'école, à l'extérieur
parce qu'il y en a à l'extérieur qui sont reconnues, pour,
fins de prêts et bourses... Je mentionne, par exemple, les
collèges qu'on retrouve au Nouveau-Bruns-wick et en Nouvelle-Ecosse, qui
sont reconnus par le ministère de l'Education pour fins de prêts
et bourses aux étudiants. Le même problème se pose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'accord, mais il n'y a pas d'étudiants
qui ont des prêts-bourses pour fréquenter cette école. Si
vous voulez, lorsqu'on parlera des prêts-bourses, on pourra vous
expliquer par quel mécanisme nous y arrivons. Mais, pour ma part, je me
poserais sérieusement la question...
M. VEILLEUX: Je poserai la question...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... avant de permettre que l'on donne des
prêts-bourses pour fréquenter une école de chiropraxie.
M. AUDET: Est-ce que le ministère détient des statistiques
concernant le pourcentage de la clientèle scolaire au Québec
entre le niveau privé et le niveau public?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons distribué ce document et nous
allons retrouver le renseignement pour vous éviter d'avoir à le
chercher, parce que nous le cherchons nous-mêmes.
M. AUDET: On n'a pas lu toutes vos paperasses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A quel niveau? Nous parlons du niveau
secondaire, 1972. Quelle année vous intéresse, 1972 ou 1973?
M. AUDET: Actuellement, les dernières statistiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Enseignement public, 656,600; enseignement
privé, 38,960, pour un total de 695,560.
M. AUDET : C'est au secondaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous parlons du secondaire, c'est bien ce que
j'ai pris la peine d'essayer de préciser au début. Pour 73/74,
656,500, il n'y a pas de modification, et 42,850 pour l'enseignement
privé.
M. GAGNON : Cela représenterait plus de 20 p.c. des
élèves du secondaire qui fréquentent l'enseignement
privé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quel est le pourcentage?
M. GAGNON: 23 p.c, 24 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, 38,000 sur 656,000.
M. GAGNON: A 20 p.c, cela fait 60,000; cela doit faire environ 21 p.c.
ou 22 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela fait 6 p.c. d'après le directeur
général de la gestion qui est un mathématicien
reconnu.
M. GAGNON: C'est plus réaliste, parce que 20 p.c, je me perdais
dans le nombre.
M. AUDET: A l'élémentaire, est-ce qu'il y a des
élèves...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas d'objection à revenir
à un autre poste budgétaire, si le président me le permet,
pour fins de comparaison. A l'élémentaire, vous avez, en 72/73,
755,750 étudiants; pour l'enseignement privé, 4,031 ; c'est un
chiffre qu'on a déjà donné. Pour 73/74, 726,800, au
public, pour 4,188; alors le pourcentage est 2/3 de 1 p.c.
M. AUDET: Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Programme 13, adopté. Programme 15,
Enseignement collégial privé. Elément 1 : Fonctionnement
au collégial privé.
Enseignement collégial privé
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à peu près la même
chose. Nous avons exploré longuement le niveau collégial.
M. GAGNON: Une question. Lorsque le gouvernement évalue le
coût par élève de l'enseignement public, est-ce qu'à
ce moment-là il inclut également le coût des
immobilisations par élève ou si c'est simplement au niveau du
budget annuel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il y a une formule nouvelle que je vais
vous faire exposer, qui permet de tenir compte des immobilisations lesquelles
s'ajoutent au coût moyen par élève. Vous n'ignorez pas que
notre subvention est basée sur le coût moyen du système
public à pourcentage, soit 80 p.c, soit 60 p.c. de ce montant total.
M. GAGNON: Est-ce que c'est une nouvelle formule qui n'existait pas
autrefois?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle a été introduite
l'année dernière. C'est la deuxième année que nous
tenons compte de ce que nous appelons la valeur locative dans l'attribution des
subventions aux institutions. Dans tous les postes budgétaires qui
servaient de base à l'établissement du coût moyen, il
semblait difficile d'y introduire le calcul des services de la dette des
commissions scolaires puisque les façons dont les commissions scolaires
avaient été subventionnées lors de constructions pouvaient
varier avec le temps.
Le coût moyen tel que calculé ne comporte pas le service de
la dette due aux immobilisations des commissions scolaires. On y a pourvu d'une
autre façon en prenant le cas d'une école secondaire type de 1500
élèves qui, en 1971, aurait été construite par le
gouvernement en comprenant tels ou tels services, et on a transposé le
coût d'une telle école idéale, dans le cas de chacune des
institutions privées existantes, en analysant tous les locaux existants
dans telle institution, l'attribution de ces locaux, leur affectation, leur
dimension, le nombre d'élèves que chacun des locaux acco-mode et
on a pu dire que telle institution privée aurait une valeur locative,
disons, de $150 par élève. Cela voudrait dire que si le
gouvernement avait construit une école publique de 1500
élèves ayant les mêmes services, disposés de la
même façon, appliqués au même nombre
d'élèves, cela aurait coûté comme service de la
dette réparti sur un amortissement de 40 ans, $150 par
élève.
On a ajouté ces $150 au coût moyen établi
d'après les budgets des commissions scolaires qui ne comprenaient pas de
service de la dette. On l'a ajouté tout simplement.
M. GAGNON: Alors, dans le rapport que j'ai ici devant moi, j'imagine que
la formule qu'on vient d'exposer n'était pas incluse parce que je vois,
au niveau collégial, que le coût moyen par élève
dans le secteur privé était de $1395. Il faudrait, si j'ai bien
compris, ajouter à nouveau $150.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lorsqu'il est publié comme cela, le
coût moyen comprend ce que nous payons effectivement en moyenne par
élève au secteur collégial. On l'a ajouté dans ce
temps-là.
M. GAGNON: Au secteur collégial privé; que vous voulez
dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, oui. C'est inclus.
M. GAGNON: Non. Le coût moyen que vous donniez à 80 p.c.
s'établirait à $1117, ce que vous payez. Ce qu'il coûte,
c'est $1395 et ce que vous payez, c'est $1117.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous payons soit 80 p.c. soit 60 p.c.
M.GAGNON: Mais $1395, c'est le coût total.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le coût total.
M. GAGNON: C'est cela et le 80 p.c. égale $1117.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. GAGNON: Mais ce que je veux dire, dans la nouvelle formule, cela
augmenterait la somme versée par le ministère de l'Education par
élève.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, cela l'augmente. Lorsque nous ajoutons la
valeur locative, nous soustrayons autre chose.
M.GAGNON: Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous soustrayons le service de la dette
réelle qui apparaissait au budget. Cela veut dire que maintenant le
coût moyen payé sur lequel seront basées les subventions
comporte deux parties: un A et un B. Le A est l'ensemble des postes
budgétaires moins le service de la dette; le B est le service de la
dette. Alors, le coût moyen qu'on paie aux institutions, c'est le
coût moyen A plus, non pas le B qui est le service de la dette de telle
commission scolaire, mais la valeur locative de telle institution.
En somme, le raisonnement que nous faisons, c'est qu'il était
juste de tenir compte de la valeur locative des institutions privées
étant donné qu'on tenait compte du service de la dette pour les
commissions scolaires.
M. GAGNON: C'est donc dire qu'il est possible que la nouvelle formule
soit moins dispendieuse pour le gouvernement que la formule d'autrefois?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, pas la formule d'autrefois. Il faut
s'entendre par autrefois...
M. GAGNON: Je veux dire dans le temps où vous vous en teniez au
remboursement annuel sur le paiement de l'édifice alors qu'aujourd'hui
vous faites la moyenne, indépendamment des remboursements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. C'est précisément que l'on
n'en tenait pas compte, du tout. Dans les deux ou trois premières
années d'application de la loi, on ne tenait pas compte des
remboursements pour fins d'immobilisations des commissions scolaires, parce que
ces remboursements n'étaient pas inscrits au budget des commissions
scolaires.
M. GAGNON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, on trouvait qu'il y avait une lacune
parce que, de la part des institutions privées, la plupart avait quand
même des dettes et ce service de dettes apparaissait à un poste
qui n'avait pas d'équivalent dans les subventions qu'on leur
donnait.
M. GAGNON: Parce que, dans les budgets scolaires, il apparaissait au
niveau des dépenses simplement le coût des intérêts
et non pas le coût de capital qui, à ce moment-là, n'est
jamais inclus dans l'état dépenses des commissions scolaires.
C'est l'intérêt qui est simplement inclus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est même pas tout
l'intérêt qui apparaissait. Il n'apparaissait, au budget des
commissions scolaires, que les intérêts des emprunts à
court terme ou la partie d'immobilisations dont la commission scolaire
était responsable.
M. GAGNON: Cela devait arriver curieusement dans l'équilibre du
fonds d'administration budgétaire?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Programme 15. Adopté. Programme
16.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Puis-je, M. le Président, vous faire
observer qu'en adoptant les programmes 9, 13 et 15, nous adoptons en même
temps, 5 et 7.
C'est en fonction du plan de travail que nous avons accepté.
C'est l'aspect administratif qui se retrouve dans le programme 5, les
dépenses du service.
M. GAGNON: Et dans ces dépenses n'est pas compris l'aide aux
étudiants au niveau des prêts-bourses? Ce serait un autre: Le
service des prêts-bourses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas dans les dépenses administratives
mais dans les dépenses aux prêts-bourses. Il y aura les
dépenses administratives du service des prêts-bourses mais le
montant des subventions est apparu, vous vous souvenez, au niveau des postes
que nous avons étudiés.
M. BELAND: Cela ne veut pas nécessairement dire, par exemple, que
nous adoptons en même temps la partie du Haut-Commissariat à la
Jeunesse aux Loisirs et aux Sports, parce que l'on en a pas encore
discuté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, cela n'a
strictement aucun rapport.
M. BELAND: Non, c'est parce qu'à l'élémentaire il
ne faut pas se méprendre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rassurez-vous, le ministre d'Etat chargé
du Haut-Commissariat surveille cela de très près. Vous aurez le
plaisir de l'entendre assez longuement s'il reste du temps, parce que l'on
piétine un peu, et j'ai bien peur qu'il ne reste pas de temps
pour le Haut-Commissariat, ni pour la langue française. A moins que vous
accélériez un peu!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le programme 16.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On est rendu à dix heures de discussion
ou dix heures et demie.
Enseignement universitaire
M. GAGNON: On sait que l'on a eu un problème d'enseignement au
niveau universitaire en ce qui concerne la faculté de droit. Beaucoup de
professeurs ont émis des doutes sur la valeur de l'enseignement que les
étudiants recevaient avant d'entrer à l'université
j'en ai moi-même entendu parler à la télévision
et qui aurait été je ne sais pas, c'est une des
opinions que j'émets ici une des causes de l'échec de
nombreuses personnes lors de l'examen du Barreau. Je me demande si ce n'est pas
le Bâtonnier qui a émis des doutes sur la valeur de l'enseignement
qui a été donné je comprends que c'est à
l'université mais cela se répercute et qui occasionnait un
échec aux étudiants parce que le nombre des étudiants en
droit qui ont échoué au Barreau était assez
élevé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un conflit auquel le ministère de
l'Education, pour une fois, n'a pas eu à participer. Le tout s'est
négocié entre le ministère de la Justice, le Barreau et
les facultés en question.
M. GAGNON: Non, mais on s'est plaint qu'il y avait une cause et que
c'était celle de la qualité de l'enseignement. C'est clair,
cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu des mises au point des doyens qui,
semble-t-il, ont réussi à faire l'unanimité. Le conflit
est rentré dans l'ordre. Je ne sais pas si le député de
Maisonneuve a suivi de près cette affaire.
M. GAGNON: Alors, est-ce que la qualité de l'enseignement est en
cause, comme on l'a dit, comme le Bâtonnier l'a affirmé?
M. BURNS: En fait, j'ai l'air d'un ministre mais cela ne fait rien, cela
va m'habituer.
Ce qui est arrivé, c'était beaucoup plus le
décalage qu'il y avait entre l'enseignement et le système
d'examen. Il semble que ce soit ajusté, peut-être pas à la
satisfaction de tout le monde encore, mais c'est en voie de réparation,
si on peut dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et on ajoute que nous préparons, nous, un
dossier sur l'enseignement du droit dans les différentes
facultés. Pour le moment, j'ai l'impression qu'on parle d'un
problème qui est pas mal refroidi, heureusement.
M. BELAND: En ce qui a trait à l'enseignement de la
médecine vétérinaire, c'est le temps d'y revenir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le bon moment. Je suis assez content qu'on
y arrive.
M. BELAND: Alors est-ce que vous pourriez, M. le ministre, faire le
point à ce sujet-là, compte tenu du nombre de places disponibles,
et le reste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'enseignement de l'Ecole de médecine
vétérinaire de Saint-Hyacinthe se rattache à
l'Université de Montréal.
M. BELAND: Ce n'est pas McGill, c'est Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est rattaché à
l'Université de Montréal. Donc...
M. GAGNON: Moi, j'aimerais, si vous me permettez, que le ministre
parfois identifie celui qui donne les informations. Cela nous aide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux l'identifier, c'est le directeur
général de l'enseignement supérieur. Vous avez
remarqué que je fais appel aux hauts fonctionnaires lorsqu'il y a des
éléments techniques, répondant moi-même à
toutes les questions qui comportent des implications politiques ou
générales touchant l'orientation du ministère. Là,
c'est vraiment une information factuelle et M. Gaston Denis va y
répondre.
M. GAGNON: ... suite aux informations qu'il nous a données, avec
l'identification...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous serez toujours très heureux des
relations que vous aurez avec les hauts fonctionnaires du ministère.
Alors, nous ne traitons pas directement avec l'Ecole de médecine
vétérinaire, puisqu'elle
est une partie de l'Université de Montréal, c'est avec
l'Université de Montréal elle-même que nous examinons les
besoins de l'Ecole de médecine vétérinaire de
Saint-Hyacinthe. Nous sommes en ce moment à examiner des projets
d'investissement parce que, semble-t-il, selon l'Université de
Montréal, l'Ecole de médecine vétérinaire a besoin
d'agrandissement et d'installations plus adéquates. Alors, ce sont des
études qui se déroulent à l'heure actuelle avec
l'Université de Montréal, par laquelle l'Ecole de médecine
vétérinaire exprime ses besoins.
M. BELAND: Est-ce que c'est réel qu'il n'y a que 120
places-élèves dé disponibles présentement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A cause des problèmes d'espace, il y a
restriction évidemment dans le nombre d'élèves, mais nous
sommes à réexaminer cette question avec l'Université de
Montréal.
M. BELAND: Pensez-vous qu'il va y avoir d'autres locaux
aménagés suffisamment tôt pour permettre qu'à
l'automne, dès le début des cours, il y ait possibilité
d'un agrandissement de ce côté-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les besoins dont on nous a fait part
étaient plutôt de nature d'installation de laboratoires qui
semblaient inadéquats. Quant aux places-élèves dans les
classes, ce n'est pas une question qu'on a mise en évidence dans nos
rapports avec l'Université de Montréal. Il est possible que le
nombre de places disponibles dépende des installations de laboratoires;
le problème se trouvera réglé par le fait même.
M. BELAND : Est-ce que vous pourriez faire le point également au
niveau, par exemple, des examens que les élèves ont à
subir pour pouvoir être admis à l'Ecole de médecine
vétérinaire? Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de quelque peu
anormal qui s'est passé dans les mois derniers à ce
sujet-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... Rien du tout n'a été
porté à notre connaissance. On n'est pas au courant.
M. BELAND: J'ai eu des plaintes d'un certain nombre de parents qui
avaient des enfants, je ne dirais peut-être pas surdoués, mais
enfin qui étaient des premiers de classe; on m'a dit qu'à la
toute dernière minute on a inventé des raisons pour les refuser
à l'admission pour l'Ecole de médecine
vétérinaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons jamais entendu parler de ça
et vous conviendrez avec moi que ce sont des décisions de l'institution
sur lesquelles le ministère n'a pas à intervenir.
M. BELAND: En somme, est-ce que l'admission est au niveau de l'Ecole de
médecine vétérinaire même ou si c'est au niveau de
l'Université de Montréal pour l'admission? Comment est-ce que
ça fonctionne exactement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, c'est au niveau de l'université,
c'est une partie de l'université.
M. BELAND: Oui, mais qui accepte et qui n'a pas à accepter?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'université en tant que personne
morale, c'est un département de l'université, une institution
rattachée à l'université, mais c'est certainement, sur le
plan administratif, l'institution elle-même qui...
M. BELAND : Alors, ce sont des préposés qui sont
attitrés spécifiquement, qui ont même une fonction bien
précise, comme enseignants, etc., à l'Ecole de médecine
vétérinaire, qui ont à prendre la décision ou
enfin...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est très certainement la
responsabilité de l'institution de s'organiser comme elle l'entend, en
fonction de ses inscriptions.
Je crois qu'il est important de comprendre que le ministère
n'administre pas les universités. Tout ce que le ministère fait,
c'est de subventionner, en fonction d'un certain nombre de normes. Les
universités, elles, assument leurs responsabilités sur tous les
plans.
Il y a bien sûr des mécanismes de coordination entre les
différentes universités, la conférence des recteurs, par
exemple. Mais ceci ne donne pas au ministère le droit d'aller
vérifier chaque petit aspect administratif au niveau de chacun des
départements.
M. BELAND: Non, mais, jusqu'à une certaine limite, lorsqu'on peut
s'apercevoir qu'il y a une faille quelque part, c'est au ministère
d'intervenir pour essayer de corriger la situation. Moi, du moins, c'est de
cette façon que je l'entends.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous avez des cas précis, vous pouvez
très certainement nous les faire parvenir sans hésiter et nous
verrons à quoi ça correspond.
M. BELAND : On a dit tout à l'heure que c'était
plutôt au point de vue d'équipement de laboratoire qu'il n'y avait
pas plus de places-élèves. Est-ce qu'il y a une cédule
quoi? Est-ce que ça va être avec certitude que, dans tant de mois,
on va s'équiper en conséquence pour pouvoir augmenter?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela dépend avec quelle rapidité
l'Université de Montréal
nous fournira les éléments d'information
nécessaires pour qu'on puisse prendre une décision. C'est
l'Université de Montréal qui a l'initiative dans cette
affaire.
M. BELAND : Est-ce que vous savez sur quoi se base l'Université
de Montréal, pour décréter que, cette année, on
n'accorde pas de place à cet élève là? On ne
s'occupe pas de régler le problème d'augmenter les
places-élèves.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'Université de Montréal
souhaiterait pouvoir accueillir plus d'étudiants, mais il y a des
normes, des exigences de la part des organismes professionnels, et c'est en
vertu de ces exigences que l'Université de Montréal fait valoir
la nécessité d'améliorer les installations, de faire des
investissements supplémentaires.
M., BELAND: II y a eu des reportages assez précis, en ce qui
concerne la nécessité que nous ayons, au Québec, davantage
de médecins vétérinaires, pour combler les besoins. Comme
vous venez de le mentionner, est-ce que c'est le comité
interprofessionnel, s'il en existe un, qui décide si, oui ou non, dans
cette section donnée, c'est-à-dire la médecine
vétérinaire s'il peut ou s'il doit y avoir une augmentation au
cours de l'année qui commence?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On fait état d'un besoin plus grand de
médecins vétérinaires, et nous sommes prêts à
accepter ces augmentations et à fournir à l'université les
moyens nécessaires de le faire, mais selon certaines normes et certaines
procédures. Tout ce que je peux répondre, c'est que c'est en
cours.
M. GAGNON: En vertu du programme 16, le ministre peut-il nous dire
quelle a été l'enveloppe globale présentée par les
universités du Québec au ministère de l'Education?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez dire les demandes des
universités?
M. GAGNON: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous savez qu'il y a tout un cheminement.
M. GAGNON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic ): Ces demandes sont d'abord
étudiées. Elles doivent ensuite être vues par le Conseil
des universités, puis elles reviennent au ministère. Il y a,
d'une part, les dépenses de fonctionnement et ensuite les
dépenses d'immobilisation. Les universités, contrairement aux
collèges, ne formulent pas de demandes comme telles. Cela se fait
d'après certaines formules que nous allons vous exposer avec plaisir,
qui sont assez complexes, qui sont basées sur la population
étudiante, avec un certain nombre de facteurs de correction.
C'est à partir de ces formules nous parlons, dans notre
jargon, de méthode historique, parce que ça fait plusieurs
années que ces formules ont été
élaborées que les subventions sont
déterminées. Elles sont, pour l'année, de $230 millions,
répartis entre les différentes universités.
M. BURNS: M. le ministre, le point de repaire, quant à
l'établissement des différents critères, est
l'année 1968, sauf erreur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A peu près.
M. BURNS: Je me pose des questions. Pour certaines universités,
ça peut être une année idéale. Par exemple,
Montréal, McGill ou Laval qui étaient déjà en
état de fonctionner et qui progressaient normalement, sauf
peut-être pour l'Université du Québec.
C'est peut-être une mauvaise année, en ce sens que
c'était pratiquement une année de départ pour cette
université.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exact.
M. BURNS: Est-ce qu'il n'y a pas une façon de réexaminer,
de normaliser cette façon d'accorder des subventions ou d'établir
les critères, à cause justement de cette différence. Je
fais tout simplement un parallèle entre... Parce que je pense qu'on
avait utilisé la même méthode de calcul lorsqu'on avait
établi l'assurance-hospitalisation. On avait calculé les
dépenses des hôpitaux dans l'année précédant
la mise en vigueur de l'assurance-hospitalisation. Or, il y a certains
hôpitaux qui, cette année-là, avaient fait de grosses
dépenses; d'autres étaient en état de fonctionnement
normal. J'aimerais que le ministre explique comment le ministère peut
rétablir les normes, les critères de façon qu'ils
représentent véritablement les besoins, comme, par exemple,
l'Université du Québec, qui est en état de croissance et
c'est normal, parce que c'est beaucoup plus récent que les autres
universités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Maisonneuve a tout
à fait raison. Et il met le doigt sur les faiblesses de cette
méthode historique que je vous ai décrite. Il y a actuellement
une révision qui est en cours, qui est pas mal compliquée, et qui
fait l'objet d'études et au ministère et au Conseil des
universités. Nous souhaiterions pouvoir évoluer vers un
système qui tiendrait compte davantage des programmes, de sorte qu'on ne
pénaliserait pas une université à cause de sa croissance,
ou même à cause des variations de sa population étudiante.
Ce n'est pas parce qu'une université a moins d'étudiants une
année que ses dépenses diminuent nécessairement. Cela ne
fait pas disparaf-tre les départements et cela ne diminue pas le nombre
de professeurs. Il y a certainement quelque chose à faire de ce point de
vue.
En attendant, cependant, toutes les universités, en plus de la
base, peuvent présenter ce que l'on appelle des cas particuliers,
lesquels sont étudiés à leur mérite et permettent
une marge de correction. C'est ainsi que l'Université du Québec a
pu bénéficier de cette façon de faire et il y a même
actuellement un certain nombre de demandes qui sont en cours.
Il y a d'ailleurs un autre problème pour l'Université du
Québec. C'est l'importance de sa population d'étudiants non
à temps plein. Il y en a pratiquement 40 p.c, et c'est une excellente
chose parce que c'est précisément une des raisons d'être de
l'Université du Québec. Or, pour les étudiants qui sont
à demi-temps, ou à temps partiel plus exactement, là
encore, il y a peut-être des formules qui restent à trouver.
Mais je veux manifester le fait que nous nous y employons.
M. GAGNON: Si j'ai bien compris le ministre, les universités du
Québec doivent avoir une correspondance avec le ministère de
l'Education, à savoir que la formule doit être repensée,
révisée et que le ministère de l'Education doit être
plus généreux pour permettre de garder la pointe de leur haut
savoir, parce que nous sommes dans le contexte nord-américain, nous
coudoyons les Américains qui sont parmi les plus avancés au
monde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas une question de
générosité.
M. GAGNON: Besoin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une question d'équité et
c'est une question de besoin. Nous avons une formule qui est bonne, mais nous
pensons qu'elle peut être améliorée. Nous cherchons
à l'améliorer. C'est certainement une des priorités que
nous nous sommes fixées.
Par ailleurs, les universités doivent également
s'insérer dans les enveloppes totales, les enveloppes budgétaires
que le gouvernement peut consacrer à l'éducation. Je dois dire
que la progression a été extrêmement importante.
L'année dernière, elle était de 15 p.c, ce qui est tout de
même un taux de croissance intéressant.
N'allons pas nous y tromper. Les universités auront toujours des
besoins qui ne seront pas comblés par les subventions gouvernementales.
Il n'y a pas de limite à ces besoins.
M. BURNS: Je reviens à cette méthode que le ministre
annonce, cette prévision de méthode d'examen des subventions.
Actuellement, le ministre n'est pas sans savoir qu'entre autres
l'Université de Montréal fait une certaine publicité, qui
va augmenter, semble-t-il c'est ainsi que je l'interprète
sa population étudiante. Cela me donne un peu mal au coeur parce que je
suis un diplômé de l'Université de Montréal et j'ai
l'impression qu'on vend mon université comme on vend du savon
actuellement. Et je me demande si cela n'est pas justement cette façon
d'établir les critères qui forcent, entre autres,
l'Université de Montréal à essayer d'augmenter sa
population étudiante. Vous avez vu les annonces...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai un peu réagi...
M. BURNS: Pourquoi vas-tu à l'Université de
Montréal? Parce que c'est l'Université de Montréal. Je
trouve cela un petit peu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi aussi, j'ai réagi un peu comme le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: C'est pour cela que je trouve... Le ministre nous dit quelque
chose d'intéressant en ce sens que, semble-t-il, vous êtes en
train de réviser ces critères et je me demande quand on pourra
voir l'établissement de nouveaux critères quant au...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a plusieurs éléments dans
cette question. D'abord, pour ce qui est de la publicité, on peut
l'aimer ou ne pas l'aimer. Tout ce que je peux dire, c'est que toutes les
universités font de la publicité. Un certain degré de
concurrence entre nos universités est certainement souhaitable. Je ne
crois pas qu'il soit sage...
M. BURNS: Moi, je trouve que le ministre va admettre qu'on ne vend pas
des cours universitaires comme on vend des boîtes à savon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas caché au député
de Maisonneuve que moi-même je réagissais... C'est à
l'université de prendre ses responsabilités touchant la
façon de faire ses relations publiques. Je n'ai pas de jugement à
faire à ce point de vue sauf qu'en tant qu'individu, moi aussi, je peux
réagir devant certaines choses qui sont...
Pour ce qui est des dates, plus exactement d'un échéancier
en vue d'une révision, cela nous mène assez loin: 1975-1976.
M. BURNS: Qu'est-ce qui empêche que cette révision ne soit
pas faite plus tôt? Notez que je plaide l'ignorance en vous posant la
question mais, c'est parce que justement, je veux avoir une réponse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Enfin, il faut réviser les bases de
subvention et identifier des bases selon une identification de programmes, par
exemple programme d'enseignement, programme de recherche. Pour faire cela, nous
avons besoin de plus d'information sur les activités universitaires que
nous n'en avons à l'heure actuelle. Il faut donc mettre en place avec
les universités un système d'information sur les
étudiants, les programmes, les personnels et c'est une opération
très complexe. Donc, c'est la création d'une banque de
données, ce que nous poursuivons avec les universités dans
le cadre de l'élaboration d'un système informatique de
gestion. C'est un processus qui est long et nous ne prévoyons pas
pouvoir proposer un système qui soit opérationnel avant 1975 ou
1976.
Il faut également que ces données soient comparables,
jusqu'à un certain point, ce qui ne facilite pas les choses parce que
toutes nos universités ont évolué pour leur propre compte,
parce qu'il s'agissait d'institutions privées, mais, il y a eu
d'énormes efforts de faits envers la rationalisation et la coordination.
Je veux simplement citer ces opérations dans le domaine des sciences de
la santé et dans le domaine des sciences appliquées qui visent
justement, dans le cadre de ce qui est devenu un véritable
réseau... On peut parler de réseau lorsqu'on subventionne, d'une
façon très importante, des organismes qui permettraient
certainement d'en arriver à une meilleure planification.
M. BURNS: Dernière question sur ce point. Est-ce que les
données que vous colligez actuellement, puisqu'on est en train de le
faire en 1973, vont s'adapter également aux années 1974 et 1975
qui est la date, semble-t-il, où cela sera prêt ou bien si vous
allez arrêter votre examen?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le système que nous sommes à
élaborer et qui sera mis en place, un système global
d'information et...
M. BURNS: Oui, mais vous avez mentionné que vous aviez besoin de
données.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, une fois le système mis en
place, les données seront mises à jour continuellement pour que
les subventions, le système de financement s'adaptent aux situations
nouvelles qui vont se présenter selon l'évolution des
données.
Je tiens à souligner que, cette année, nous avons
réussi à rattraper des retards considérables sur les
années précédentes dans le dépôt des budgets
de fonctionnement et d'immobilisation des universités. C'était
une des critiques venant des universités qui, à cause de la
complexité des opérations, de la mise en place du
système... Ces budgets étaient déposés beaucoup
trop tardivement, ce qui les empêchait de faire leurs
prévisions.
Mais, cette année, nous les avons déposés il y a
quelques semaines déjà, ce qui constitue la première
année où nous avons pu procéder aussi rapidement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Au sujet de l'Ecole de laiterie à Saint-Hyacinthe,
est-ce que le ministère de l'Education...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'école?
M. AUDET: De laiterie, à Saint-Hyacinthe, est-ce que le
ministère de l'Education a quelque chose à dire
là-dedans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Décidément, on a de la
difficulté avec nos niveaux. Ce n'est pas le niveau universitaire. Cela
n'entre pas dans le cadre de ce programme.
M. AUDET: Vous n'avez rien à dire là-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On m'informe d'ailleurs que non seulement cela
n'est pas dans le cadre du programme, mais cela ne relève pas du
ministère de l'Education, cela relèverait du ministère de
l'Agriculture.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autre question? Oui, M. le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: Revenant à l'Université du Québec, on a
annoncé il y a quelque temps qu'un nouveau module serait installé
en sciences juridiques à l'Université du Québec à
Montréal. Est-ce que le ministre peut nous donner des précisions
à ce sujet-là? D'abord j'aimerais bien savoir quelle va
être l'approche de ce module. Est-ce que cela va être
orienté vers la pratique ou vers tout simplement l'étude des
sciences juridiques? Est-ce que cela va être une espèce de
boutique à formation de juristes, dans le sens académique du mot
ou dans le sens de praticien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais bien connaître l'opinion du
député de Maisonneuve, qui est avocat et qui a certainement
réfléchi à cette question parce que...
M. BURNS: Est-ce qu'il va falloir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II a une idée derrière la
tête.
M. BURNS: Cela fait douze ans que je suis en pratique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah non! vous faites encore partie de ce qui peut
ressembler à une caste.
M. BURNS: Cette caste, vous avez raison, le mot est exact.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu une demande faite par
l'Université du Québec pour ce programme-là, ce qui a
supposé des approbations tant du ministère que du Conseil des
universités. Cependant, récemment, un document a
été mis par les professeurs qui s'occupent du module,
décrivant ce programme d'une façon qui, puisque le document a
été porté à mon attention, me paraissait ne pas
cadrer avec l'approbation qui avait été donnée. Il y
avait, en
particulier, dans ce document, certaines remarques touchant la
société d'oppression qui serait, paraît-il, la
société que l'on trouve au Québec. Certaines remarques
laissaient entendre que le droit et ce n'est peut-être pas faux
était une des professions les plus conservatrices qui soient et
qu'il fallait inventer une nouvelle génération
d'étudiants. L'impression que j'ai eue à la lecture de ce
document, je le dis tout net, c'est que, de deux choses l'une, ou l'approbation
du ministère et du Conseil des universités n'était pas
justifiée, parce qu'un Etat qui se veut responsable ne peut quand
même pas subventionner des orientations révolutionnaires et
ce document manifestait de nettes orientations révolutionnaires
ou il s'agissait d'une initiative des professeurs, laquelle avait
dépassé le cadre qui était le leur. J'ai donc
demandé que l'on fasse une enquête discrète. J'ai
également donné des instructions au sous-ministre pour qu'il
communique avec le recteur de l'université de manière à
indiquer nettement que, si la présentation que l'on faisait du programme
ne correspondait pas à l'approbation qui avait été
donnée, à ce moment-là, nous remetterions notre
approbation en cause.
M. BURNS: Je veux juste...
M. GAGNON: C'est l'université d'Etat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas d'université d'Etat au
Québec. C'est une université du Québec et, contrairement
à ce que l'on pense généralement, c'est une
université comme toutes les autres universités.
M. BURNS: Indépendamment de la façon qu'ont eu les
personnes concernées de s'exprimer, M. le ministre, est-ce que vous
n'avez pas trouvé dans cette demande, justement, le désir de
changer, ce que vous mentionniez tantôt, cette espèce d'impression
que la profession du droit ou la profession d'avocat était une
profession infiniment conservatrice qui se bornait, je l'avoue bien humblement
en étant membre de cette profession, à regarder la situation
plutôt qu'à vouloir la faire changer, la faire évoluer. Je
pense que les avocats ou les membres de cette profession en
général, les juristes, ont non seulement le rôle de voir
à l'application de la loi telle qu'elle existe mais aussi de la faire
évoluer. C'est un des rôles, comme par exemple les médecins
qui doivent voir à ce que leur profession évolue; et je pense que
les avocats doivent le faire aussi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis entièrement d'accord.
M. BURNS: Malheureusement, la profession n'a jamais favorisé ce
genre d'intervention et ce n'est que dans les années récentes
qu'on a vu les étudiants même les étudiants à
l'Université de Montréal il y a quelques années, se
plaindre du fait qu'on ne leur enseignait que des matières de droit
utile, dans le sens qu'on leur montrait du droit civil, qu'on leur montrait de
la procédure civile, du droit commercial, etc, pour la raison qu'on
pourrait s'en servir en pratique alors qu'un tas de gens dans la
société, actuellement, ne reçoivent pas d'information
solide sur des lois ou du droit pas payant, si vous me passez l'expression,
c'est-à-dire le droit social. Quel avocat, actuellement, est capable de
conseiller un assisté social sérieusement? Je n'en connais pas
beaucoup. Quel avocat est capable de conseiller des gens relativement à
leurs droits, concernant la Commission des accidents du travail, concernant la
Loi de l'assurance-chômage? Je n'en connais pas beaucoup. Parce que c'est
du droit pas payant, qu'est-ce que vous voulez, vous allez charger $25 comme
consultation à un assisté social qui vient vous voir pour savoir
ce que le bill 26 lui accorde ou ne lui accorde pas. Ce n'est pas possible.
C'est dans ce sens que je posais la question. Quel serait, mis de
côté tout le problème du langage révolutionnaire
auquel le ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député de
Maisonneuve a vu ce texte?
M. BURNS: Je l'ai feuilleté, je dois dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que je vais lui faire parvenir avec
plaisir.
M. BURNS: Je l'ai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que le député de
Maisonneuve est d'accord avec moi parce que je suis entièrement d'accord
sur tout ce qu'il vient de dire. C'est sur la base de l'orientation
décrite par le député de Maisonneuve que le programme a
été approuvé. C'est sur cette base et ça restera
sur cette base. Je n'accepterai pas, dans la limite de mes
responsabilités, que l'on fausse cette orientation par l'introduction
d'un langage ou d'une idéologie qui ne cadre pas avec l'approbation
donnée.
M. BURNS: Remarquez que, dès que vous parlez de droit social et
dès que vous parlez de situation actuellement non favorable aux
personnes qui doivent avoir recours au droit social, vous êtes
pratiquement obligé d'en arriver à tirer la conclusion et
d'utiliser des mots tel qu'oppression, possédant, exploitation, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On n'est pas obligé, quand on est
professeur d'université subventionnée, d'employer un vocabulaire
pseudomarxiste, d'ailleurs totalement dépassé dans tous les
cercles qui connaissent les relations du travail. Ceci dit, l'aspect politique
étant clairement établi, en ce qui me concerne, on peut vous
donner quelques notions sur le programme que nous avons approuvé !
Et si ce n'est pas ce programme, j'en fais mon affaire de le faire
changer.
M. BURNS: Une autre question à ce sujet, est-ce que le Barreau a
été consulté relativement à cette situation,
à cette demande?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour répondre à la première
partie de la question, sur le programme, son objectif et son contenu, je
voudrais dire d'abord que c'est un programme à double voie,
c'est-à-dire qui prépare à deux sorties différentes
à la fin du programme de trois ans. Une voie est orientée vers la
pratique et l'admission au Barreau, mais on reviendra sur cette question;
l'autre voie prépare à des fonctions qui ne sont pas normalement
exercées par des avocats en pratique mais qui, de plus en plus, font
appel à des connaissances juridiques. Il s'agit beaucoup d'agences
d'aide aux citoyens ou de sécurité sociale, etc. Ces deux voies
donnent lieu à une option en troisième année,
c'est-à-dire que la troisième année du cours est
différente dans l'un et l'autre cas. Dans les deux cas cependant,
l'accent est mis au cours du programme sur le droit qui était
ignoré par l'enseignement traditionnel, sinon ignoré, du moins
négligé, le droit du travail, le droit social, le droit familial,
tout ce droit qui a été longtemps marginal dans l'enseignement et
dans la pratique des avocats actuellement.
Dans les deux cas également, le programme fait appel à des
cours d'autres disciplines, comme l'économique, les sciences politiques
ou la sociologie comme appoint aux sciences juridiques et pour permettre aux
étudiants d'avoir un horizon plus large. Cela répond en partie
sûrement à des demandes des étudiants des facultés
de Droit en général de pouvoir s'ouvrir, d'avoir un peu de
fenêtres sur d'autres horizons. Dans les deux cas également, il y
a des stages intercalés dans le cours de la formation et non pas
à la fin de la formation. Ces stages se font en milieu de travail, non
seulement dans des bureaux d'avocats et, cela aussi rejoint un des
objectifs du programme mais aussi dans des agences ou dans des
administrations publiques qui s'occupent de certaines catégories de
citoyens qui, en général, sont qualifiés de
défavorisés.
Comme on le voit, on a d'excellents programmes à dimension
sociale. Il faut qu'on reste dans cette optique et non dans une autre sinon
nous allons le revoir.
M. BURNS: Remarquez que tout cela est bien beau. La raison pour laquelle
je vous ai parlé de communication avec le Barreau... j'aurais
peut-être même dû vous demander également, M. Pierre
Martin, s'il y a une étude des besoins qui a été faite
relativement à cela. Tout ceci, je le greffe à la grande question
parce que c'est cela qui me préoccupe dans le fond. C'est
peut-être bien beau d'avoir un programme qui va former des gens en
sciences juridiques, orientation, droit social et, je dirais, de la
façon la plus crue, la plus bête, comme je l'ai mentionné
tantôt, droit pas payant, mais qu'est-ce que cela va donner aux gens?
C'est ce qui est, dans le fond, le problème de base. Est-ce que l'on va
faire des académiciens autour du droit social ou est-ce que l'on va
faire de ces gens des gens que l'on va orienter vers une certaine pratique donc
vers une certaine assistance à la population qui a le plus besoin de ce
genre d'information? C'est tout cela que je pose comme problème et c'est
cela qui m'inquiète le plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez des doutes sur la possibilité
de bien réussir?
M. BURNS: Oui, j'ai des doutes parce que, actuellement, si vous
regardez... Remarquez que le système est bien jeune encore, mais si vous
regardez l'approche du système d'aide juridique qui relève
évidemment du ministre de la Justice, si vous regardez cette approche,
ce n'est pas une approche qui semble favoriser l'assistance et l'information
à des groupes, par exemple, qui peuvent avoir besoin de certaines
informations; c'est justement dans ces domaines que ces groupes peuvent avoir
besoin de renseignements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais cela nous porterait à croire que ce
qui est en cause, ce n'est pas tellement le cadre de l'aide juridique mais
davantage la formation de ceux qui auront à y travailler.
M. BURNS: C'est peut-être cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dirais qu'un programme comme celui-là,
s'il est bien appliqué parce qu'il peut l'être mal
devrait pouvoir pallier la difficulté. J'imagine que le
député de Maisonneuve songe à se recycler également
en droit non payant et en droit social?
M. BURNS: J'en fais du droit non payant. Je fais du droit du travail
alors...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh! Allons! Allons!
M. BURNS : II faudrait voir comment !
C'est parce que tantôt, dans l'énumération des
droits non payants, j'ai entendu le ministre mentionner le droit du travail,
c'est pour cela...
La question à laquelle M. Martin n'a pas répondu, c'est
celle de l'étude des besoins. Est-ce que vous êtes en mesure de
répondre à cette question?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a la question du Barreau
également.
Alors, sur la question du Barreau, l'Université du Québec
à Montréal est responsable initio
du projet de programme. Elle avait pris des contacts, appelons-les
officieux si on veut, tout au long de l'élaboration du projet du
programme. Maintenant que le programme a été approuvé par
toutes les instances, l'Université du Québec à
Montréal commence ces rencontres formelles avec le Barreau en vue de
l'accréditation du programme.
M. BURNS: Cela commence dans le moment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela commence. Je pense que la première
rencontre réelle, officielle a eu lieu mardi la semaine dernière.
C'est tout récent.
M. BURNS: Vous semblez avoir, soit dit en passant, un très bon
interlocuteur en la personne du bâtonnier actuel, Me Moisan, qui, je
pense, est de cette tendance qui professe que le droit social je pense
qu'il l'a exprimé à plusieurs reprises que le droit
à caractère social n'a pas été suffisamment
exploité dans le bon sens du mot par les avocats. Je vous mentionne
ça en passant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Adopté? M. BURNS: Non, bien, l'autre
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon.
Sur les besoins, il y a eu deux types d'études qui ont
été faites; ces études sont échelonnées sur
trois ans. Une première étude a été faite avec le
concours de toutes les facultés de droit existantes à ce
moment-ci et c'est un comité que je présidais personnellement
dans les années 1970 et 1971. Toutes les facultés de droit qui
étaient représentées à ce comité se sont
d'une façon unanime, mises, d'accord sur la nécessité
d'ouvrir de nouveaux enseignements de droit pour, en simplifiant,
alléger la pression ou le poids des inscriptions chez elles, soit pour
répondre aux demandes des étudiants. A ce comité, il y
avait également le bâtonnier du temps, M. Cinq-Mars, et d'autres
personnes, des professeurs de l'Association des professeurs de droit ainsi que
deux étudiants de l'Association des étudiants de droit du
Québec. Cette première conclusion a donc amené des aspects
positifs et ensuite l'Université du Québec à
Montréal elle-même s'était attachée à
étudier les besoins en termes de contenu, de formation et de fabrication
de programmes et c'est là que l'orientation appelons-la sociale
du programme a été développée.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, est-ce qu'on pourrait tenir pour
acquis que le programme 16 serait adopté?
M. BURNS: J'aurais encore quelques questions, non pas sur ce
sujet-là, mais j'aimerais que le ministre nous dise ce qu'il advient de
la succession, si succession il y a, du président de l'Université
du Québec qui, semble-t-il, doit partir.
En tout cas, il y a des rumeurs à cet effet. M. Riverin, je
crois, doit partir. Qu'est-ce qui arrive? J'aimerais que le ministre nous fasse
des commentaires là-dessus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils seront brefs. J'ai une entrevue avec le
président actuel, M. Riverin, qui m'a fait part de son désir de
quitter l'université. J'ai reçu sa lettre de démission ce
matin seulement. Nous allons prendre des dispositions pour le remplacer
aussitôt que possible.
M. BURNS: Est-ce que son successeur est déjà en vue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Est-ce que le député de
Maisonneuve aurait des suggestions?
M. BURNS: Je pourrais peut-être en avoir en temps et lieu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous les considérons dans
l'intérêt de la population du Québec.
LE PRESIDENT (M. Giasson): D'autres questions, M. le
député de Maisonneuve?
M. BURNS: Oui. Dernière question, M. le ministre. Je sais que le
ministre, à ma demande d'ailleurs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça; c'est vous qui me l'avez
demandé.
M. BURNS: Je suis d'accord. Donc, je vais m'efforcer...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends que l'intérêt que vous
éprouvez à cette discussion vous pousse à prolonger.
M. BURNS: Oui, mais je vais quand même tenter d'être le plus
bref possible. Dans un des programmes que l'enseignement supérieur
semble vouloir mettre de l'avant, on parle d'opération sciences
appliquées. Je cite: l'OSA s'inscrit dans le cadre d'une planification
à long terme par secteurs de l'enseignement supérieur. Les
sciences de la santé et de la formation du personnel du système
scolaire constituent, avec les sciences appliquées, les trois premiers
secteurs choisis pour fins de planification.
J'aimerais savoir s'il y a des mécanismes mis en place ou
prévus, des mécanismes de coordination avec le ministère
du Travail relativement à cette opération, sciences
appliquées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec le ministère du Travail, les gens
qui font ces opérations
sectorielles, ce sont des équipes du ministère de
l'Education, prennent contact avec tous les milieux intéressés
par ces groupes de professions et obtiennent des données disponibles
dans la mesure où elles le sont.
Les gens qui ont fait l'opération sciences appliquées sont
allés au ministère du Travail, au ministère
fédéral de la Main-d'Oeuvre pour obtenir le plus de
données possible, des données prévisionnelles dans la
plupart des cas, et ont utilisé, dans leurs propres prévisions,
les données existantes. Ce sont les relations qu'il y a eu avec le
ministère du Travail, en particulier.
M. BURNS: Est-ce qu'il n'y a pas plus que cela de prévu
jusqu'à maintenant? Sans en parler trop longuement, j'aimerais bien que
le ministre écoute cette remarque que j'ai à faire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec grand intérêt.
M. BURNS: Personnellement, j'ai toujours trouvé ce domaine
aberrant, quand on revoit le chevauchement des trois juridictions:
fédérale, provinciale, scolaire-municipale. Quant à
Montréal, pour la partie que je connais, il y a des incidences
absolument aberrantes dans ce domaine, c'est-à-dire que vous avez tout
le domaine de la sélection qui est de juridiction fédérale
et cela, sans problème constitutionnel... Vous avez
l'assurance-chômage qui, par voie de conséquence, à un
certain moment, laisse au Centre de main-d'oeuvre du Canada l'aspect de la
sélection, ensuite, l'aspect de l'éducation relève du
provincial et, dans certains cas, comme dans le cas de la CECM à
Montréal, l'éducation elle-même est donnée par le
niveau municipal-scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me demande si le député de
Maisonneuve ne voudrait pas revenir à d'autres programmes,
c'est-à-dire aux programmes 18 et 19: Formation générale
des adultes, et au programme 23: Formation professionnelle des adultes.
M. BURNS : Nous pourrons peut-être y revenir à ce moment,
oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Effectivement...
M. BURNS : C'est dans ce sens que je parlais de coordination avec le
ministère du Travail. Simplement pour terminer sur ce point, je dis, par
exemple, qu'il y a un an ou deux, on formait encore c'est
peut-être là que le ministre a raison; je devrais revenir plus
tard des briqueteurs, alors que tout le monde sait que la profession de
briqueteur est en voie de disparition. C'est quand même extraordinaire
qu'on prenne des journaliers et qu'on leur dise: Devenez briqueteurs. C'est un
métier qui est en voie de disparition. On est à la veille de
faire tout cela au plastique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu des efforts très
considérables de faits et nous en parlerons à la formation
professionnelle des adultes.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Programme 16. Adopté?
Conseil des universités
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, pourrais-je vous
demander si nous pourrions également adopter le programme 17 qui est un
tout petit programme,- qui va avec le programme 16? Nous avons parlé
à plusieurs reprises du Conseil des universités. Il n'y a rien
d'autre à ajouter probablement.
M. BELAND: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. La commission ajourne ses
travaux à mardi, 10 heures.
(Fin de la séance à 12 h 37 )