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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du mardi 8 mai 1973
(Dix heures seize minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communication): A l'ordre,
messieurs!
La commission continuera ce matin l'étude des crédits
73/74 du ministère de l'Education. Pour les séances
d'aujourd'hui, M. Béland, de Lotbinière, remplacera M. Brochu, de
Richmond. M. Léger, de Lafontaine, remplacera M. Charron, de
Saint-Jacques, M. Dionne, de Compton, remplacera M. L'Allier, de Deux-Montagnes
et M. Faucher, Yamaska, remplacera M. Saint-Germain de Jacques-Cartier.
Nous en sommes rendus, je crois, au groupe 6 du plan de travail soumis
par le ministre et ce groupe comprend les programmes 18, 19, 23 et, au
programme 5, les éléments 4 et 5.
Formation générale des adultes
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président. Le
programme 18 porte sur la formation générale des adultes; le
programme 19, sur la formation socio-culturelle des adultes; le programme 23,
sur la formation professionnelle des adultes et le programme 5,
éléments 4 et 5, représente des imputations pour
l'administration de ces programmes.
Le programme 18, Formation générale des adultes, vise
à fournir aux travailleurs la formation de base requise pour
accéder à la formation professionnelle et satisfaire aux
exigences de certains postes du travail. Il comprend trois
éléments: la formation dans les organismes, Multi-Media et
l'administration proprement dite du programme.
M. BELAND: Pour ce qui concerne justement le premier programme,
Formation générale des adultes, est-ce qu'on peut connaître
par exemple le nombre d'adultes qui ont suivi des cours au cours du dernier
exercice?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le nombre d'adultes pour 72/73: II y a eu
137,000 inscriptions réparties en 1,250,000 heures-groupes pour la
formation professionnelle.
M. BELAND: De ce nombre, je présume qu'il y en avait qui
suivaient des cours dits élémentaires et d'autres dits
secondaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il s'agit en ce moment de formation
professionnelle pour la formation générale et c'est probablement
à cela que le député pense. Il y a eu 180,000 inscriptions
réparties en 1,300,000 heures-groupes.
M. BELAND: A partir du nombre de ceux qui ont suivi les cours dits
professionnels, soit à la suite des cours qu'ils ont suivis, soit au
niveau élémentaire ou secondaire, de ce nombre, de plus en plus
grand de professionnels par les cours qu'ils ont suivis, combien se sont
trouvé du travail immédiatement après? Est-ce que vous
avez des chiffres là-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Le ministère
du Travail s'intéresse de près à cette question, mais les
instruments pour colliger toutes les statistiques n'existent pas encore. Il
faut avouer d'ailleurs que ce n'est pas très facile de savoir exactement
si tel individu va trouver du travail et dans quelle sphère. Mais c'est
une préoccupation dont il faut tenir compte.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux poser une petite
question ici? Est-ce qu'il y a une relation établie entre le monde du
travail et le domaine de l'éducation pour planifier, à la sortie
des études, le nombre d'emplois dans telle ou telle sphère,
permettant de planifier autant les étudiants qui iront dans telle
sphère que les industries qui auront besoin de tel ou tel
diplômé pour entrer dans le domaine du travail?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, il y a un
comité mixte avec le ministère du Travail et le ministère
de l'Industrie et du Commerce qui définit précisément ces
besoins. La question du député de Lafontaine pourrait d'ailleurs
être élargie, parce qu'au niveau collégial dont on a
parlé, il y a également des mécanismes qui permettent de
coller à la réalité le plus possible dans la
détermination des options avec le milieu.
M. LEGER: Mais, avec cette étude-là, est-ce qu'il y a des
limites dans le choix des élèves permettant de dire: Vous ne
pouvez pas aller dans telle sphère parce qu'il y a suffisamment
d'élèves, mais, dans telle et telle autre sphère connexe,
vous pouvez y aller? Il y aura suffisamment d'emplois dès la sortie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. BELAND: Concernant le nombre total, est-ce que vous avez, en
pourcentage, le nombre de ces nouveaux professionnels, dans plusieurs cas, qui
ont été dirigés vers des emplois à
l'intérieur des ministères d'une part, et, d'autre part, vers
d'autres organismes qui dépendent directement des ministères?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que
le ministère de l'Education, vous le comprendrez, s'occupe de
l'aspect de la formation, ensuite, ce sont d'autres ministères comme le
ministère du Travail, soit québécois, soit
fédéral, qui interviennent.
M. BELAND: Pour ce qui est du programme 18, pour ma part, je n'ai pas
d'autres questions.
M. LEGER: J'aurais aimé que le ministre soit un peu plus loquace
sur la question très générale que je lui ai posée.
Il m'a dit: Oui, il y a des mécanismes. J'aurais aimé qu'il me
donne un peu plus d'explications. Comment est-ce qu'il fonctionne et quelles
sont les difficultés qu'il éprouve, comment se fait-il qu'il
existe un sentiment général au niveau des CEGEP qu'il n'y a pas
d'ouverture à la sortie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, si je n'ai pas
été plus loquace, c'est que nous avons abondamment discuté
ce point lorsque nous avons parlé du programme...
M. LEGER: Vous avez déjà donné des réponses
là-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... collégial. En ce moment, il ne s'agit
pas du programme collégial. Je me suis contenté d'y faire une
allusion.
M. LEGER: D'ailleurs, c'est pour la formation des adultes et non pas
uniquement des étudiants. En ce qui nous concerne, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 18, adopté? Pour les
séances d'aujourd'hui, M. Lavoie, Wolfe, remplacera M. Cardinal, Bagot,
M. Russell de... Shefford.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II mérite son comté et son
comté le mérite.
M. RUSSELL: Moi, j'ai gardé mon comté, ce n'est pas comme
d'autres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que j'avais dans l'esprit.
M. RUSSELL: Cela fait 17 ans que je le garde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela devient inquiétant.
M. RUSSELL: Ce qui se passe actuellement est inquiétant.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le programme 19.
Formation socio-culturelle des adultes
M. BELAND: En ce qui concerne le programme 19, disons qu'on peut faire
ressortir un aspect à l'effet qu'il y a une certaine quantité de
personnes qui ont suivi des cours supplémentaires, cours aux adultes que
l'on pourrait placer dans le cadre artisanal par leurs connaissances,
peut-être sommaires, techniques et principalement pratiques dans le
domaine culturel et artisanal proprement dit. Est-ce qu'il y en a une certaine
quantité qui ont été dirigés vers l'artisanat?
Est-ce qu'il y a une sphère d'activités assez importante de ce
côté-là pour intéresser ou diriger quelques adultes
finissants vers ce domaine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que le ministère des Affaires
culturelles nous pourrons en discuter lorsque nous arriverons aux
crédits de ce ministère a insisté beaucoup sur les
programmes de formation dans le domaine de l'artisanat. En particulier dans le
Bas-du-Fleuve et la Gaspésie, il y a actuellement un très vaste
projet qui est en cours et qui va permettre l'ouverture de nombreux
débouchés.
M. BELAND: Mais dans le moment, il n'y a pas eu tellement de pas de
faits pour les adultes, typiquement, qui sont sortis de cours
spécialement pour eux.
M. LEGER: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre. Est-ce qu'il pourrait nous dire s'il y a une partie du programme
19 que nous étudions actuellement qui relève du domaine du
Haut-Commissariat, quand on regarde l'organigramme qui dit : Service des
activités socio-culturelles? Est-ce qu'il y a quelque chose qui
relève du Haut-Commissariat pour ce programme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit, en somme, des cours de ce qu'on
appelait autrefois l'éducation populaire: cours de littérature,
cours de tout ordre qui permettent aux gens de se cultiver, aux adultes
d'accéder également au système d'éducation.
M. BELAND: Pour ma part, je n'ai pas d'autres questions sur ce
sujet.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous
donner le nombre de personnes qui ont fréquenté ces cours durant
l'année 1972-1973?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Je l'ai
donné, je crois, avant l'arrivée du député.
M. RUSSELL: Je m'excuse, je n'étais pas ici. Est-ce que
c'était aujourd'hui ou hier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec grand plaisir, je l'ai sous les yeux. Il y
a 180,000 inscriptions réparties en 1,300,000 heures-groupes.
M. RUSSELL: Ce sont 180,000 inscriptions, 180,000 personnes qui ont
suivi le cours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, je parlais de formation
générale. Je complète en donnant les chiffres à
l'éducation populaire: 125,000 inscriptions, soit 170,000
heures-groupes.
M. RUSSELL: Le montant de $2,400,000 qui a été
porté au budget 72/73... Est-ce que le montant total a été
dépensé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas les crédits
périmés, l'année n'étant pas encore fermée,
me dit-on, mais il semble que nous ayons dépensé la plus grande
partie.
M. BELAND: Pendant que nous y sommes, est-ce qu'il y a des normes
précises qui stipulent, par exemple, qu'une personne rendue à un
certain âge, en le spécifiant, ne peut être acceptée
à aucun de ces cours?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de limite d'âge, ce qui
permettrait au député, par exemple, de s'inscrire s'il le
souhaitait.
M. BELAND: Ou même au ministre s'il est rendu à 70 ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre n'hésiterait pas un instant
à le faire.
M. LEGER: A l'inscrire ou à s'inscrire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A s'inscrire lui-même. Il y a toujours
quelque chose à apprendre.
M. BELAND: Quant à cela, vous avez raison.
M. RUSSELL: Ces cours sont sous le contrôle des commissions
scolaires locales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président.
M. RUSSELL : Est-ce à leurs dépens ou si le total des
dépenses est payé par le ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire qu'il y a des imputations.
La totalité de ces cours est remboursée. Il y a un certain nombre
de cours qui sont autofinancés par les commissions scolaires.
M. RUSSELL: Autofinancés par les commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... sous forme de frais d'inscription.
M. RUSSELL: Je remarque une augmentation des dépenses à la
catégorie des traitements, qui passent de $488,000 à $643,000.
Est-ce qu'il s'agit simplement de salaires de fonctionnaires qui s'occupent du
fonctionnement de ces cours?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous donne les renseignements à
l'instant.
C'est dans la catégorie 1, n'est-ce pas, de
l'élément 3. Ce sont bien ces chiffres-là? Au programme
19.
Alors l'augmentation s'explique par, d'une part, les conventions
collectives, 18 p.c., pour les conventions collectives.
M. RUSSELL: Quel est le nombre de fonctionnaires qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 102 permanents.
M. RUSSELL: 102 fonctionnaires vont coûter à la province
$643,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Plus 103 occasionnels pour 72/73 et 73/74, 107
permanents et 119 occasionnels.
M. RUSSELL: Combien y a-t-il de professeurs qui se trouvent
touchés par ces cours? Ceci n'inclut pas les professeurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour suivre les cours?
M. RUSSELL: Non, qui donnent des cours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr que non. Les professeurs sont
rattachés aux commissions scolaires, à l'instance
décentralisée qui dispense ce type d'enseignement, et on pourrait
évaluer leur nombre total à, à peu près 13,000.
M. RUSSELL: 13,000 professeurs qui donnent ces cours?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais vous n'ignorez pas, les
députés n'ignorent pas que nous achetons ces cours, n'est-ce pas,
et que la commission scolaire rend un service de cette façon.
M. RUSSELL: La commission scolaire rend le service et le
ministère de l'Education donne des subventions à la commission
scolaire ou reconnaît cette dépense, qui est admissible à
une subvention.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II donne des subventions à la commission
scolaire, lesquelles subventions il se voit rembourser par la suite; c'est la
raison pour laquelle, dans les statistiques que j'ai données, j'ai fait
état non seulement des inscriptions mais également des
heures.
M. RUSSELL: Quel est le montant total des subventions données
pour couvrir ces 13,000 professeurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce programme précis, "formation dans
les organismes", c'est-à-dire l'élément 1 du programme
19,
si vous vous rapportez à la ventilation des crédits, vous
avez les crédits nets, $2,559,500.
M. RUSSELL: C'est inscrit à transfert?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement, transfert.
M. RUSSELL: D'accord.
M. BELAND: D'autre part, étant donné que nous sommes
toujours au programme 19, est-ce que nous abordons également
Multi-Media?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pouvons en parler au programme 19, si vous
le souhaitez. Il apparaît également au programme 18. Alors, je
crois que ce serait le bon moment.
M. BELAND: Alors, dans ce cas-là, qui est responsable de
Multi-Media?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne comprends pas très bien ce
que...
M. BELAND: Bien, en somme, il y a certainement quelqu'un
spécifiquement d'attitré comme responsable, à la
tête de ce Multi-Media?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, il y a un coordonnateur, qui est M.
Guy Messier.
M. BELAND: Bon. Deuxièmement, suite peut-être à
certaines informations ou enfin observations, je devrais plutôt dire, qui
ont paru la semaine dernière concernant Multi-Media, je vais poser la
question comme ceci: Qui peut nous définir ce qu'est
réellement...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! On pourrait
revenir, vous l'avez tout de suite après, au programme 5,
élément 5.
M. BELAND : Services imputés, Multi-Media.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous avez Multi-Media au programme 5,
élément 5. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme
19?
M. RUSSELL: Bien, Multi-Media, c'est l'élément 2.
LE PRESIDENT (M. Picard): Au programme 5, élément 5, vous
avez tout...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Multi-Media apparaît également, M.
le Président, et au programme 18 et au programme 19 en tant
qu'élément. Mais il peut très bien être
discuté, comme vous le suggérez, au programme 5: Services
imputés. Nous aurions à ce moment-là la vue
d'ensemble.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous l'avez globalement à ce
moment-là.
M. RUSSELL: M. le Président, tout à l'heure j'ai
mentionné un chiffre et je ne voudrais pas induire la commission en
erreur; lorsqu'on a parlé d'administration, si je regarde le programme
ici, la dépense de l'an dernier était de $361,000 pour
l'administration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet.
M. RUSSELL: Cette année, elle est à $485,000,
contrairement au chiffre que j'ai avancé de $643,000. Donc, je tiens
à faire cette correction. Si je comprends bien, toutes les
dépenses qui sont remboursées aux commissions scolaires
s'élèvent à des prévisions de $2,500,000 en 73/74,
contrairement à $2,489,000 pour l'année 72/73.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président.
M. RUSSELL: C'est simplement une prévision. Est-ce que la raison
qui motive le ministère à élever ces
crédits-là est qu'il était à court en 72/73?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Augmentation d'activité normale.
M. RUSSELL: Sur quel pourcentage se base-t-on pour justifier cette
augmentation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les salaires qui augmentent et...
M. RUSSELL: Simplement les salaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...également l'augmentation de la
clientèle...
M. RUSSELL: Ce sont des pourcentages arbitraires et qui sont
fixés; vous espérez arriver à l'intérieur de ces
crédits-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous espérons.
M. RUSSELL: Et si vous n'arrivez pas, ce seront des crédits
supplémentaires, comme à l'ordinaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, nous arrivons, en ce qui concerne ces
postes-là.
M. RUSSELL: Est-ce que le montant de $2,489,000 que vous avez inscrit,
qui a été dépensé l'an dernier, était le
montant qui avait été voté à l'occasion des
crédits ou si ce sont des crédits supplémentaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de budget supplémentaire
du tout en ce qui concerne ce poste.
M. RUSSELL: II n'y a pas eu de budget supplémentaire. D'accord!
Le ministère a dépensé tous ses crédits et si un
député...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas entièrement, et il semble que,
même si nous ne pouvons pas vous donner des chiffres précis pour
la raison que je vous ai déjà indiquée, il y aura
peut-être $300,000 de crédits périmés.
M. RUSSELL: $300,000 de crédits périmés. Mais je
tiens à remarquer qu'à la date où on est rendu, ces
chiffres devraient être arrêtés actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le service comptable, qui est sous la
juridiction du contrôleur des Finances, est encore en train de terminer
les régularisations de fin d'année, les comptes à
recevoir, les comptes à payer. Différents comptes
n'étaient pas entrés au 31 mars et doivent être
comptabilisés, même si les déboursés ne sont pas
effectués.
Il faut faire une évaluation précise des comptes à
recevoir, des comptes à payer et des prévisions pour diverses
dépenses qui sont imputables à l'année 72/73. Cela
achève maintenant, mais les chiffres ne sont pas encore publiés
évidemment. Il reste les toutes dernières
régularisations.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, selon la coutume, 30 jours
après le 1er avril, soit le 1er mai, normalement, tout doit être
fermé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On est en train de vérifier actuellement
la fermeture des livres, pour qu'il n'y ait aucune erreur.
M. RUSSELL: Est-ce une coutume qui se répète à
l'Education, que vous soyez en retard encore cette année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est général au
gouvernement. Cela prend à peu près d'un mois à un mois et
demi après le 31 mars, pour s'assurer que tous les livres sont
exacts.
M. RUSSELL: Malgré les dates fixées, cela "défonce"
encore?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne faudrait pas donner l'impression qu'il
s'agit là d'un retard imputable au gouvernement actuel. Ce sont des
retards fréquents, et il faut tenir compte qu'il y a eu cette
année l'implantation du PPBS.
M. RUSSELL: C'est une coutume établie et
répétée. C'est une continuité de vieilles coutumes
qui demeurent dans les traditions qu'on veut conserver.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que, depuis le début de la
Confédération...
M. RUSSELL: Le gouvernement demeure conservateur dans ses habitudes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le seul point sur lequel il peut encore
accepter de l'être. J'aimerais préciser que les livres ont
été fermés effectivement avant la fin d'avril, mais
qu'actuellement nous sommes en train de vérifier tout simplement
l'exactitude.
M. RUSSELL: C'est une vérification. C'est définitivement
fermé comme la coutume le demande que les livres soient fermés le
1er mai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais on y travaille encore pour fins de
vérification.
M. RUSSELL: Je tiens à informer le ministre que nous allons
continuer à examiner bien sagement les crédits, pour tâcher
de l'aider à examiner chaque point et voir s'il n'y aurait pas
réellement avantage que le gouvernement soit conservateur dans d'autres
domaines que celui-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je reçois avec plaisir cette offre de
collaboration.
M. RUSSELL: Quant à moi, je n'ai pas d'autre question.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, programme 19, adopté?
M. BELAND: Programme 19, d'accord. M. RUSSELL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 23.
Formation professionnelle des adultes
M. BELAND: Est-ce qu'il y a d'autres agencements qui sont censés
être mis sur pied pour peut-être compléter, dans certaines
sphères d'activités ou certaines professions bien précises
qui n'étaient pas incluses jusqu'à maintenant, la formation
professionnelle des adultes? Est-ce qu'il y a d'autres éléments
nouveaux qui seront mis de l'avant au cours de l'année que nous
commençons?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avoue que je ne vois pas très bien ce
que le député a dans l'esprit. Est-ce qu'il pense à des
programmes lorsqu'il emploie le mot "élément"?
M. BELAND: Justement, programmes quelconques où, par exemple,
certaines demandes qui ont été faites jusqu'à maintenant.
L'an passé, plus précisément, dans la formation
professionnelle des adultes, il y avait une certaine quantité
d'éléments pour couvrir une
certaine quantité de professions. Mais ce n'était pas
complet. Est-ce qu'il y a d'autres éléments qui sont nouveaux
cette année ou qui seront nouveaux à ce moment?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'un point un peu technique. Je vais
demander au directeur général, M. Pelletier, de nous donner
quelques brèves explications.
Vous savez peut-être, M. le député, qu'à
chaque année, par l'intermédiaire d'un comité, on fait une
estimation, une analyse de tous les besoins en formation professionnelle dans
la province. Or, c'est une assez grosse mécanique qui se passe dans les
régions, qui est consolidée. Des experts économistes
viennent apporter leur point de vue là-dessus et, finalement, au bout
d'un certain nombre d'opérations de pondération, on
détermine ce qu'on appelle, dans notre langage technique, l'annexe des
cours qui seront offerts cette année.
Après cela, c'est redistribué dans chacune des
unités des institutions qui donneront la formation. Ceci a lieu chaque
année. Chaque année, on essaie de suivre le courant des besoins
pour dire: Cette année, mettons l'accent sur les gens qui vont
réparer les appareils ménagers, mettons la pédale douce
sur les électriciens, suivant les demandes qui surviennent.
M. BELAND: Selon le besoin du marché du travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En somme, c'est exactement la même
préoccupation qu'on cherche à manifester dans ce secteur comme
dans les autres, c'est-à-dire de coller le plus possible aux
réalités socio-économiques.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a coopération entre le
ministère de l'Education et le ministère du Travail dans ce
domaine bien particulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il y a une collaboration constante. J'ai
parlé du comité mixte tout à l'heure qui comprend le
ministère du Travail et, également, le ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. RUSSELL: Mais le ministère du Travail a encore ses
écoles de formation aussi qui fonctionnent et auxquelles...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu une entente il y a quelques mois dont
j'ai fait état publiquement. C'est par cette entente que le
ministère de l'Education est chargé entièrement du contenu
de formation, alors que le ministère du Travail conserve la
responsabilité pour la négociation des annexes de l'entente avec
le gouvernement fédéral et également pour l'analyse des
besoins. Ce sont les deux fonctions principales que conserve le
ministère du Travail.
M. RUSSELL: Et le ministère du Travail subventionne quand
même encore certaines écoles dans ce domaine particulier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. M. RUSSELL: C'est fini.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis environ six mois.
M,RUSSELL: Donc, si je comprends bien, toutes les écoles qui
étaient sous la juridiction du ministère du Travail vont revenir
sous la juridiction du ministère de l'Education et vont appartenir aux
commissions scolaires dans certains milieux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En ce qui concerne la formation, oui, M. le
Président.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a d'autres domaines qui seront sous la
juridiction du ministère du Travail, dans la formation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans la formation proprement dite, non; mais, je
rappelle ses deux fonctions extrêmement importantes: les
négociations et l'analyse des besoins.
M. BELAND: Est-ce que cela comprend ce qu'on appelle communément
les cours de recyclage?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, cela les comprend; on est en plein
là-dedans.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, il y a des écoles il y
en a une à Granby comme il y en a une à Rimouski, je crois
ou cela va devenir la propriété de la commission scolaire
régionale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La propriété, cela peut varier. Ce
qui est important, c'est que ce soit la formation qui devienne sous la
responsabilité du ministère de l'Education et c'est
déjà accompli.
En ce qui concerne Granby, il y a un petit problème qui n'est pas
encore élucidé au point de vue des transferts des
propriétés.
M. RUSSELL: Est-ce que le problème existe simplement à
Granby?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II existe plus particulièrement à
Granby parce qu'il a été question que cet immeuble puisse
être utilisé par le CEGEP. Il y a là une question à
résoudre en fonction de l'analyse des besoins du CEGEP ou je
pense en ce moment au campus régional de la commission
scolaire.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, le ministère du Travail ne
s'occupe plus de ces cours du tout; à partir de 1973-1974 cela va
devenir la responsabilité du ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exact.
M. RUSSELL: L'administration va être faite sous la juridiction des
commissions scolaires régionales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle l'a toujours été.
M. RUSSELL: Non, elle ne l'a pas toujours été.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous ne pensez pas aux centres professionnels.
Vous parlez toujours...
M. RUSSELL: Je parle des centres professionnels...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous parlez des centres professionnels. D'accord
!
M. RUSSELL: ... en particulier parce qu'il y avait en province plusieurs
groupes. Je pense que c'est à Rimouski, il y avait le centre
professionnel de formation qui était sous la juridiction du
ministère du Travail et à côté ou pas loin de
là, il y avait l'école régionale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exact; ce genre d'anomalie...
M. RUSSELL: Ce n'était pas le même genre de cours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et ce genre d'anomalie disparaît avec la
signature de cette entente. Je me demande même si elle n'a pas
été déposée à l'Assemblée nationale,
à ce moment-là.
M. RUSSELL: Je ne le crois pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De toute façon je la déposerai
avec plaisir si cela peut éclairer la commission.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre est en mesure de discuter de
façon plus certaine ce qui va se passer à Granby ou ce qui se
passe à Granby actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il y a une négociation avec le
ministère du Travail.
M. RUSSELL: Ce n'est pas terminé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas terminé. Le CEGEP
souhaiterait récupérer l'immeuble du centre professionnel.
M. RUSSELL: M. le Président, ce n'est pas seulement le CEGEP,
c'est la population aussi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr; mais quand je dis
CEGEP...
M. RUSSELL: Certains intéressés exceptés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... je n'élimine pas la population.
M. RUSSELL: C'est important que cette question qui est dans l'air depuis
déjà quelques années se règle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis trop longtemps. A mon avis, pour la
meilleure utilisation des immeubles de la région il faut arriver
à une solution rapidement.
M. RUSSELL: Maintenant, la plupart de ces immeubles ont
été construits par... Il y avait eu trois genres de subventions,
la province et le fédéral, les mouvements locaux, les syndicats.
Est-ce qu'il y a un remboursement qui se fait de ces fonds à un
organisme quelconque, ou si simplement la possession de ces
propriétés est prise par le gouvernement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela appartient à la Commission de
formation professionnelle.
M. RUSSELL: Oui. Mais est-ce que la commission va être
remboursée pour ces édifices-là, ou
l'équipement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de négociation encore;
pour le moment, les immeubles restent la propriété de ces
commissions.
M. RUSSELL: Les commissions...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous vous souvenez peut-être que c'est le
ministère du Travail qui a subventionné largement la construction
des immeubles.
M. RUSSELL: Oui, il y a eu trois subventions. Cela était
divisé en trois. Je pense que le système marchait, c'était
le fédéral, le provincial et la commission, qui ramassait
localement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Canalisé... Oui, c'est cela.
M. RUSSELL: Même les mouvements ouvriers ont souscrit des
montants. C'est pour savoir exactement ce qui arrive de ces montants-là,
quelle est l'entente qui est intervenue et qui va
bénéficier...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de négociation
d'engagée pour la vente de l'immeuble; d'ailleurs, il n'est pas du tout
sûr qu'il y ait intérêt à ce que ce soit le
ministère de l'Education qui en soit propriétaire. Ce qui est
important, c'est que le ministère ait le contrôle du
contenu de la formation, ce qui est acquis maintenant depuis cette
entente.
M. RUSSELL: Je suis bien d'accord là-dessus; je suis bien
d'accord avec le ministre que le ministère de l'Education ne doit pas
devenir propriétaire, mais je pense que la commission scolaire
régionale devrait devenir propriétaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le cas particulier de Granby, je pense
qu'il faut trouver une solution, et rapidement. Je m'y emploie, j'en ai
discuté avec un collègue, le ministre du Travail, et il semble
que les quelques obstacles qui existent encore pourront être aplanis.
M. RUSSELL: D'accord.
M. BELAND: Dans le secteur d'une certaine catégorie de
défavorisés, suite à des situations économiques
s'étant détériorées comme par exemple lors de la
fermeture de mines, comme on l'a vu dans le passé, est-ce que toutes ces
personnes-là, tous ces employés-là ont pu, à la
suite de cours donnés comme cela, trouver de l'emploi ailleurs ou est-ce
que vous pourriez préciser quelque peu dans ce domaine-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'impression que le député
pense à un cas particulier.
M. BELAND: Non, absolument pas. En général, parce qu'il y
a eu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas-là, en général,
c'est le but même du programme de favoriser le recyclage,
puisqu'aujourd'hui l'ouvrier, comme d'ailleurs n'importe quel employé,
sauf peut-être un fonctionnaire, n'est jamais sûr de pouvoir
continuer à travailler dans sa spécialité.
M. BELAND: Cela prend tellement de permis pour se placer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que la société bouge
malheureusement, même si certains partis politiques souhaiteraient la
conserver dans son immobilisme; or, comme elle bouge, il faut forcément
prévoir des mécanismes d'adaptation.
M. BELAND: Je pense que vous bougez en sens inverse parfois, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est une petite taquinerie. Je n'ai pas pu
résister au plaisir de la faire.
M. BELAND: Amusez-vous! Vous n'en avez pas pour longtemps
d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne m'amuse pas beaucoup. Alors, quand cela
m'arrive...
M. RUSSELL: On va passer aux loisirs tout à l'heure... M. le
Président, j'ai une simple question. On a parlé de centres de
formation professionnelle. Actuellement, est-ce qu'il y a une étude plus
précise pour changer certaines coutumes qui voulaient qu'on forme les
gens dans l'élément dans lequel ils voulaient eux-même se
former. Je précise ma pensée. Dans le passé, on a
découvert qu'on formait des milliers de ferblantiers et que le
métier était presque en train de disparaître. Ces
gens-là étudiaient pendant des périodes assez longues pour
se ramasser après sans emploi.
Est-ce qu'on a fait une étude plus rationnelle de la formation de
nos gens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il y avait le cas des briqueteurs
également, autre profession en train de disparaître. Mais je crois
qu'on peut vous donner des renseignements plus précis. Je crois que
c'est pas mal contrôlé.
Je voudrais dire quelque chose là-dessus. Dans les cas que vous
soulevez, comme les ferblantiers ou certains métiers de la construction,
les briqueteurs ou briqueteurs-maçons, nous sommes en étroite
collaboration avec le ministère du Travail. Le ministère du
Travail fait des analyses de tâches selon les besoins de l'industrie
à l'heure actuelle. Nous, du ministère de l'Education, une fois
ces analyses reçues du ministère du Travail, nous fabriquons les
programmes en conséquence, comme par exemple... Il arrive toutes sortes
de cas. Je cite le cas des réparateurs d'articles ménagers. On se
rend compte qu'aujourd'hui, dans les maisons, il y a beaucoup plus
d'instruments techniques, les laveuses se sont perfectionnées, on
introduit les cassettes, on introduit les radios. Il faut que le
réparateur, pour survivre sur le marché du travail, ait une
formation un peu plus grande. Nous sommes constamment, avec le ministère
du Travail, en train de nous ajuster. Un autre cas qui arrive, c'est qu'un
métier devient moins en demande, comme celui des briqueteurs. Ce qu'on
essaie alors de faire, c'est de le combiner avec d'autres
spécialités. Par exemple, pour les briqueteurs, il y a la
question des blocs de ciment, il y a aussi les foyers de cheminée, la
céramique. On essaie d'ajuster ça de façon à
pouvoir mieux recycler les gens.
M. RUSSELL: Pour qu'une personne soit plus polyvalente et obtienne un
permis pour tous ces emplois, contrairement à ce qu'on tente dans
certaines...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est d'ailleurs la polyvalence qu'on doit
retrouver à tous les niveaux d'enseignement, y compris dans le domaine
de l'éducation des adultes. Sans polyvalence aujourd'hui, il n'y a pas
de survie.
M. RUSSELL : Je pense qu'il y a là un petit problème. Je
suis heureux de l'entendre dire par le ministre parce qu'il y a là un
problème qui s'aggrave de jour en jour. M. le Président, j'aurais
une autre question ici, rapidement, pour
passer le programme en bloc. Je vois qu'il y a une contribution
fédérale d'un montant, à l'élément 1...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une bonne question à poser.
M. RUSSELL: ... de $30 millions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $34 millions, élément 1 ; dans les
dépenses de transfert, vous avez $37 millions.
M. RUSSELL: II y a $34 millions qui sont une compensation de
contribution fédérale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la réclamation que nous
faisons.
M. RUSSELL: Pour contribution dans quel domaine en particulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le domaine de la formation professionnelle
des adultes...
M. RUSSELL: Seulement la formation professionnelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... d'après la loi spéciale
à cet égard.
M. RUSSELL: Le montant total, si je comprends bien, remboursé par
le fédéral, en chiffres ronds, c'est $85 millions et la partie de
la province, en chiffres ronds, ça peut devenir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $2,140,000. M. RUSSELL: $2,140,000 à la
province.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 23, adopté?
M. BELAND : Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 5, élément 4...
M. BELAND: Education des adultes.
Services administratifs dont les coûts sont
imputés
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la direction générale, comme
telle. Cela se trouve adopté pratiquement en même temps, de
même que 5, sauf pour ce qui est de Multi-Media qui pourrait faire
l'objet de quelques remarques si cela est souhaité.
M. BELAND: II y a une baisse sensible, quand même au point de vue
pécuniaire. Est-ce que cela voudrait dire qu'il y aurait moins de cours
de donnés au cours de l'année ou à quel niveau se
situerait la baisse plus exactement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député pourrait
parler d'un chiffre précis, comme comparaison.
M. BELAND: II y a le programme 5, élément 4.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes dans le programme 5.
M. BELAND: Au programme 5, élément4: Education des
adultes.
M. CLOUTIER (AHuntsic): Oui, à l'élément 4, c'est
exact.
M. BELAND: Alors, $3,682,000 comparativement à $3,976,000 pour
72/73.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas où le député
prend ses chiffres, on va essayer de suivre le même cheminement.
M. BELAND: Dans le livre général, page 10-13.
LE PRESIDENT (M. Picard): Dans le livre des crédits.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'ai ici sous forme détachée.
Les prévisions étaient trop fortes l'année
dernière.
M. BELAND: Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela arrive parfois, alors, à ce
moment-là on rajuste.
M. RUSSELL: II y a eu combien de crédits de
périmés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà, il y a eu trop de crédits
périmés.
M. RUSSELL: Combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A peu près $800,000.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a eu transfert à l'intérieur de
l'élément pour l'utilisation de ces crédits à
d'autres fins?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. RUSSELL: C'est une coutume qui se continue, à
l'intérieur de certains éléments, on fait des transferts
pour utiliser des crédits?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, très certainement, mais à
l'intérieur de l'élément que souligne le
député de Shefford.
M. RUSSELL: A l'intérieur des éléments et des
catégories. On continue à le faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, cela n'est pas permis de le faire en dehors
de l'élément.
M. RUSSELL: D'accord!
M.CLOUTIER (Ahuntsic): Autrement la tentation existerait
certainement.
M. BELAND: Surtout à cet élément-là.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 4, adopté.
Elément 5: Multi-Media, je crois que c'est là où le
député de Lotbinière avait des questions tout à
l'heure.
M. BELAND: Etant donné qu'il y a même eu une augmentation
cette année relativement au programme Multi-Media, est-ce qu'on pourrait
connaître quelles ont été les activités principales
dans une énumération, peut-être grosso modo, au cours de
l'année écoulée, et quelles seront celles projetées
au cours de l'année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'année écoulée,
Multi-Media a surtout procédé à l'organisation de ses
structures, à la mise en place de ses effectifs et à l'amorce de
l'implantation de son programme. Pour l'année à venir, des
discussions sont actuellement en cours. Je pense que Multi-Media consolidera ce
qui a été acquis jusqu'ici sans envisager d'extension trop
ambitieuse. Il s'agit d'un programme pilote. Je crois qu'il est
extrêmement important de bien l'asseoir avant d'aller trop vite.
Actuellement, Multi-Media travaille dans trois régions au Québec.
La caractéristique principale de ce programme est de viser une
clientèle particulière, une clientèle
défavorisée, une clientèle qui n'a pas, normalement ou
habituellement, accès aux services normaux d'éducation, aux
services classiques, traditionnels. En plus de viser cette clientèle
particulière, Multi-Media met l'accent sur la définition des
besoins des groupes concernés par des techniques d'animation sociale et
également sur l'utilisation des média comme le nom du programme
l'indique, d'ailleurs, en particulier tout le domaine de l'audio-visuel.
M. BELAND: Etant donné que vous avez énuméré
qu'il y avait entre autres trois secteurs bien particuliers où il y
avait une plus grande intensité par ce moyen d'information, quels sont
ces territoires plus spécialement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Saguenay-Lac-Saint-Jean et
Abitibi-Témiscamingue.
M. BELAND: Est-ce que cela couvre également tout le territoire du
Nouveau-Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. BELAND: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, vous savez, pour l'instant, je ne
suis pas sûr qu'il y ait des besoins de cet ordre-là dans le
territoire du Nouveau-Québec, où une organisation scolaire doit
d'abord commencer par être mise en place.
M. BELAND: Maintenant, est-ce qu'il y a des réactions
défavorables, par exemple, du monde enseignant face à
Multi-Media?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a très certainement des
problèmes qui se posent en particulier dans les relations avec les
différentes initiatives locales ou les différents services qui
s'occupent d'éducation des adultes. Je n'irai pas jusqu'à parler
de conflits, mais très certainement un processus d'éducation
s'impose pour que l'expérience de Multi-Media soit bien comprise, bien
perçue.
Il faut dire également que Multi-Media continue de chercher, et
ma préoccupation à moi est d'éviter que Multi-Media en
vienne à regrouper certains programmes qui sont déjà faits
ou qui peuvent parfaitement être réalisés dans le milieu
même. C'est la raison pour laquelle j'ai indiqué, lors de la
dernière discussion des crédits l'année dernière,
que mon ministère était à la recherche de
mécanismes permettant une meilleure intégration du programme
Multi-Media à la direction générale des adultes. Il est
évident que Multi-Media ne peut pas travailler, ne peut pas fonctionner
d'une manière isolée, et ce n'est d'ailleurs pas le cas
actuellement.
M. BELAND : Quels seraient les éléments les plus
importants soulevés, par exemple, soit par les conseils scolaires ou
encore par les associations de parents ou groupements analogues, en ce qui
concerne, peut-être, des améliorations qu'ils désireraient,
eux, à l'intérieur du programme Multi-Media?
M.CLOUTIER (Ahuntsic): A ma connaissance, les associations de parents ne
sont pas intervenues directement au ministère et le coordinateur me
confirme que lui-même n'a pas eu vent de revendication de ce point de
vue. En ce qui concerne le milieu des gens impliqués dans
l'éducation des adultes, leur préoccupation rejoint exactement la
mienne, celle que j'ai fait mienne, lorsque j'ai commencé à
m'occuper du ministère de l'Education, c'est-à-dire une meilleure
coordination au niveau local.
M. BELAND: Est-ce qu'il y a des moyens pédagogiques nouveaux que
Multi-Media voudrait implanter au cours de l'année, par exemple, dans le
programme de l'année qui vient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas ce que le député
entend par moyens pédagogiques, mais s'il pense à l'orientation
générale du programme, je me suis trouvé à
répondre à sa question en indiquant ces deux dimensions
principales, c'est-à-dire l'identification de clientèles
particulières, de clientèles marginales par
rapport au système d'éducation et la technique d'animation
qui permet la définition des besoins. Je pourrais peut-être
prendre le cas purement hypothétique d'un individu qui n'a pratiquement
aucune scolarité il ne faut pas oublier qu'ici au Québec,
comme d'ailleurs un peu partout au monde, il y a quand même encore un
taux assez élevé de non-alphabétisation lequel
individu peut ressentir une certaine difficulté à
s'insérer dans les programmes actuels du ministère et les
programmes de ces diverses instances décentralisées. Ces
programmes sont extrêmement variés et sont souples, et en plus des
programmes réguliers aux divers niveaux, il y a tout ce secteur
d'éducation des adultes dont on vient de parler. Malgré tout, cet
individu peut avoir de la difficulté à apprendre à y
vivre. C'est justement lui que vise Multi-Media, et Multi-Media l'aidera
à définir avec son entourage ses besoins propres qui peuvent ne
pas être nécessairement des besoins habituels sous forme de cours
structurés.
En somme, il ne s'agit pas de viser à donner des diplômes
à ces gens.
II s'agit de les aider à prendre conscience d'eux-mêmes,
à prendre conscience de la société dans laquelle ils
vivent. C'est là une dimension extrêmement riche dans le
système d'éducation parce que, pour ma part, si j'ai
souhaité une intégration de plus en plus poussée de
Multi-Media tant au niveau local qu'au niveau central, ce n'est pas seulement
pour avoir un meilleur contrôle sur des fonds publics ou encore pour que
le ministère assume sa responsabilité en ce qui concerne le
processus éducatif. C'est aussi pour qu'un programme aussi fluide, aussi
souple que Multi-Media puisse faire évoluer tout le secteur de
l'éducation des adultes et même la direction
générale de l'éducation des adultes du ministère.
Le dynamisme, vous savez, n'est jamais perdu et, par définition,
Multi-Media est un programme dynamique.
M. BELAND : Quels sont les principaux niveaux d'acheminement qui ont
nécessité une augmentation de budget de quand même $400,000
supplémentaires à l'an passé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La mise en place de l'effectif, ce qui
était prévu d'ailleurs l'année dernière; c'est le
plan qui continue.
M. RUSSELL: Quel est le montant total dépensé par le
ministère de l'Education pour Multi-Media?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour 72/73?
M. RUSSELL: Pour 73/74.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour 73/74...
M. RUSSELL: C'est-à-dire les crédits prévus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les crédits pré- vus; vous
trouverez le chiffre au programme 5, élément 5: $2,219,800.
M. RUSSELL: C'est une partie, il y en a ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est le total, ça. On trouve le
total au programme 5, élément 5.
M. RUSSELL: Non, non, M. le Président, c'est-à-dire que
les autres montants qui sont mentionnés ailleurs sont reportés
ici?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour Multi-Media, oui. Vous avez là le
total des trois programmes et ils sont imputés aux différents
secteurs de l'éducation des adultes et ils sont reportés
là. C'est une meilleure identification. Le député peut
avoir des doutes, mais...
M. RUSSELL: J'ai des doutes, certainement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. Le total des trois programmes, 18, 19
et 23, en ce qui concerne l'élément Multi-Media, donne $2,219,800
que nous retrouvons au programme 5, élément 5.
M. RUSSELL: Les montants de Multi-Media qui se trouvent aux programmes
18 et 23, je pense, sont reportés ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement. Par exemple, au programme 23,
élément 2, vous avez $622,300. Au programme 18,
élément 2, vous avez aussi $622,300. Et au programme 19,
élément 2, vous avez $624,100. Le total donne l'ensemble du
budget de Multi-Media, $2,219,800. Et ceci c'est seulement le coût du
personnel d'animation puisque les personnes elles-mêmes doivent faire
leur propre cheminement dans le processus de Multi-Media.
M. RUSSELL: Est-ce que c'est la même chose pour les autres
éléments qui sont au programme 5?
LE PRESIDENT (M. Picard): Tout le programme 5.
M. RUSSELL: Tout le programme 5 est une révision des autres
sections qui sont reportées là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour ça que nous avions
présenté au début ce plan de travail qui a
été accepté par votre parti, de manière à
avoir des discussions de fond. Mais tout ce qui concerne l'administration se
retrouve au programme 5 et nous nous sommes trouvés à adopter une
grande partie du programme 5 en cours de route.
Ceci a pour but, évidemment, de faciliter l'administration
puisque l'administration de Multi-Media se fait à un seul endroit,
au
programme 5, élément 5; mais les imputations ont pour but
de donner une meilleure indication des objectifs poursuivis dans les trois
programmes, 18, 19 et 23.
M. RUSSELL: Le montant de $1,812,000 a été totalement
épuisé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il reste environ $450,000 ou $500,000 non
utilisés.
M. RUSSELL: Le montant de $450,000 ou $500,000 n'a pas été
dépensé; donc, ce sont simplement des prévisions
hypothétiques les montants que vous demandez cette année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est dû au fait que durant
l'année 72/73, le personnel n'a pas été en place durant
douze mois complets. Il y a plusieurs personnes qui ont été
recrutées en cours d'année et cette année, au début
de l'année 73/74, l'ensemble du personnel est déjà en
place de sorte que nous aurons à assumer les traitements pour douze mois
et les réalisations diverses vont se faire.
M. RUSSELL: Vous avez combien de postes actuellement à cet
élément?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le plan de l'effectif, l'année
dernière, était de 127 personnes et cette année il est de
138 personnes. Il y a seulement 35 postes réguliers de prévus
à même les 138 postes.
M. RUSSELL: Trente-cinq réguliers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A même les 138 personnes prévues
dans le plan d'effectif, du fait que c'est du personnel d'animation et qu'il
serait peut-être imprudent d'engager ces gens à très long
terme puisque c'est un projet qui est moins stable dans le temps.
M. RUSSELL: Est-ce encore au niveau de l'essai ou si..?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas parce que c'est au niveau de
l'essai, mais c'est parce que c'est loin d'être sûr que le
personnel que nous engageons maintenant sera encore utilisé dans dix ou
quinze ans selon les mêmes modalités. C'est pour cela qu'on est
plus restrictif en ce qui concerne les postes réguliers.
C'est une espèce de conception générale qui vise
à éviter de créer des espèces d'establishment alors
que nous avons parfois affaire à des programmes susceptibles
d'être modifiés, transformés ou même
disparaître.
M. RUSSELL: De quelle façon ce personnel est-il engagé?
D'une façon occasionnelle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Multi-Media, oui, en grande partie mais nous
avons constitué des jurés, un peu calqués sur ceux de la
Fonction publique et qui permettent un tamisage sérieux.
M. RUSSELL: Pour ce qui est des adultes qui suivent ces cours, peut-on
en tenir compte lorsqu'ils postulent un poste de fonctionnaire? Est-ce qu'on en
tient compte?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce ne sont pas précisément des
cours qui sont donnés à Multi-Media.
M. RUSSELL: C'est-à-dire que c'est de l'information, de la
formation d'adultes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, tout à fait cela.
M. RUSSELL: Je n'ai pas d'autre question.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le programme 5, élément 5, est
adopté? Je ne sais pas si l'on ne pourrait pas passer au groupe 9? Le
programme 5, élément 6, qui est le suivant? Est-ce que nous
pourrions passer au groupe 9, programme 5, élément 6?
M. RUSSELL: Programme 5...
LE PRESIDENT (M. Picard): L'élément 6 du programme 5 :
Bureaux régionaux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que nous ne passons pas au groupe 7,
l'élément 8, au programme 5 : Prêts et bourses?
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le groupe 7, programme 5,
élément 8: Prêts et bourses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si on retrouve prêts-bourses au programme
5, ceci est surtout pour le député de Shefford qui n'a pas pu
suivre toutes nos discussions, c'est parce que la partie des bourses est
imputée à d'autres programmes. Cela fait partie par exemple du
programme 6. Au programme 6, élément 1, catégorie 3,
élémentaire public; au programme 9, élément 1,
élémentaire privé; au programme 10, élément
1, catégorie 3, secondaire public; au programme 13,
élément 1, secondaire privé; au programme 15,
élément 2, collégial privé; au programme 14,
élément 2; collégial public; au programme
16,élément 1, universitaire.
Tout cela a été adopté. Il y a seulement
l'administration qui se trouve ici, ce qui n'exclut pas que nous posions des
questions sur les prêts et bourses.
M. RUSSELL: Je ne tiens pas à revenir sur une discussion qui a
déjà eu lieu. Simplement, peut-être au point de vue de
clarification dans le domaine administratif, si je comprends bien, on discute
un montant de $234,000. Non, un instant. A l'élément 8?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, élément 8.
M. RUSSELL: Bon, $1,082,000?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact.
M. RUSSELL: Combien y a-t-il de fonctionnaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quatre-vingt-quatorze.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a assez de fonctionnaires pour
répondre aux demandes de bourses qui sont faites quotidiennement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, vous savez, l'expérience que j'ai
depuis que je suis au gouvernement, c'est qu'il n'y a jamais assez de
fonctionnaires. Je suis convaincu que, si je posais la question au directeur du
service, ce serait sa réponse. Il faut dire que c'est un service qui a
une tâche très lourde, mais les effectifs se trouvent
augmentés cette année, surtout pour permettre un meilleur
contrôle.
M. RUSSELL: Est-ce qu'ils n'ont pas un équipement technique qu'on
appelle la mécanographie pour répondre à toutes ces
demandes qui viennent par milliers et que ce n'est plus l'être humain qui
répond mais simplement une machine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que c'est un paradoxe. Il est
évident que lorsqu'on fait appel à de grands nombres, il est
assez difficile de procéder autrement. D'ailleurs, cela
intéressera peut-être le député de Shefford de
savoir...
M. RUSSELL: Je suis toujours intéressé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... que le leader parlementaire de l'Union
Nationale, qui a brillamment représenté ce parti au début
de la discussion de ces crédits, a fait des éloges du service de
prêts et bourses; il a semblé considérer que ce service
fonctionnait de manière efficace, plus que par le passé.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne comprends pas le ministre qui
commence à présumer que je veux lui faire des reproches en
tentant d'obtenir des informations pour pouvoir les qualifier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Mais...
M. RUSSELL: II vient au-devant des coups. H pense que je vais lui faire
des reproches.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que je voulais absolument situer...
M. RUSSELL: Je dois reconnaître le dévoue- ment des
fonctionnaires dans ce domaine bien particulier et je sais que le peu
d'intérêt avec lequel le ministre s'occupe du service des bourses
est dû au fait qu'il est tellement préoccupé par d'autres
choses qu'il n'a pas le temps de s'occuper des bourses. Mais les
députés sont obligés de s'en occuper parce que, lorsqu'il
y a des erreurs, on vient voir le député et on lui demande
d'intervenir. Surtout, à certains moments, lorsque le refus est fait par
la machine, on vient et on dit que c'est injustifié. Donc, on tente
d'obtenir du fonctionnaire responsable l'information pour savoir s'il n'y a pas
eu une erreur, si l'étudiant qui a fait cette demande est bien
justifié de revenir et de réclamer le montant de la bourse qu'il
exige. On a la chance de revenir peut-être plus souvent que le ministre.
Je ne dis pas que le ministre est tellement préoccupé par
d'autres choses que les bourses deviennent une quantité
négligeable dans le ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon! Pardon! Rien n'est négligeable
dans le ministère de l'Education aux yeux du ministre et les prêts
et bourses font l'objet, d'ailleurs, actuellement, d'une révision que je
suis de très près.
M. RUSSELL: Quel est le volume de travail qui est créé
pour tous ces fonctionnaires par le nombre de bourses demandées, non pas
obtenues, parce qu'il y a une différence entre le nombre de bourses
demandées et le nombre de bourses obtenues?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a environ 70,000 demandes de prêts et
bourses au niveau collégial-universitaire, 60,000 ont obtenu un
prêt et environ 30,000 ont obtenu une bourse en plus du prêt. Pour
chaque niveau, il y a l'étude des formulaires spécifiques qui
nous permet d'établir les ressources financières et des parents
et des étudiants, qui entraînent des vérifications, des
analyses, des communications avec l'extérieur, surtout avec les CEGEP et
les universités, où les responsables de l'aide financière
fournissent l'information aux étudiants, aident l'étudiant
à communiquer avec nous, l'aident à s'orienter dans ce domaine de
l'aide financière.
Je fais distribuer en ce moment tout un dossier qui comprend, en
particulier, un numéro spécial du bulletin officiel du
ministère de l'Education qui permet d'avoir une idée, un peu, de
la façon dont on procède.
Il faut dire que notre information auprès des étudiants
est beaucoup plus poussée qu'autrefois.
M. LEGER: Sur la dernière affirmation, vous dites qu'au service
des prêts et bourses il y a eu 70,000 demandes, 60,000 ont obtenu une
réponse positive au niveau du prêt et 30,000, au niveau des
bourses. Est-ce que vous voulez dire qu'il y en aurait eu à peu
près 10,000 qui auraient eu une réponse négative? Quel
serait le
total des personnes qui ont eu une réponse favorable, autant pour
les bourses que pour les prêts, sur les 70,000?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a 60,000 qui ont obtenu une
réponse favorable. Parmi les 10,000, il y en a 2,000 qui
n'étaient même pas éligibles. Cela peut être des
étudiants du niveau secondaire, mais pour nous, cela fait quand
même tout un traitement. Le député me demandait...
Je pense qu'il manque un élément au député
de Lafontaine pour bien évaluer sa question. Pour obtenir une bourse, il
faut avoir obtenu un prêt.
M. LEGER: Parfait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela répond pratiquement à votre
question.
M. LEGER: Cela signifie qu'il y a 10,000 personnes qui n'ont pas
reçu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela... qui n'ont pas reçu, pour
des raisons diverses...
M. LEGER: Quelle est la raison la plus souvent évoquée
pour le refus de la bourse, en plus des 2,000 qui n'étaient pas
éligibles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une analyse suivant le mécanisme
dont on vous a parlé il y a un instant et en fonction de la situation
financière de l'étudiant. Le refus est justifié ou non. Je
dirais que, si la situation financière de l'étudiant passe
l'épreuve des critères, à ce moment le prêt est
acquis immédiatement. La bourse vient compléter le
prêt.
M. LEGER: Le critère qui amène le refus le plus souvent
est la question de la situation financière de l'étudiant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y en a pas d'autre, par
définition.
M. LEGER: Etant donné que le montant est augmenté de
près de $500,000 à l'élément: Prêts et
bourses, est-ce que cette augmentation est surtout due au nombre de
fonctionnaires qui a été augmenté ou à la
quantité des bourses qui seront distribuées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, je me permets de faire remarquer au
député de Lafontaine que si l'on passe de $773,000...
M. LEGER: C'est un montant de $300,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...à $1,082,100, cela ne fait pas
$500,000.
M. LEGER: $300,000. Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela fait $250,000 à $300,000, et,
ensuite, il s'agit de l'augmentation de la masse salariale...
M. LEGER : Cela n'est aucune augmentation dans le domaine des
bourses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...et, bien sûr, l'accroissement des
effectifs, augmentation due aux conventions collectives.
M. LEGER: Donc, le total des bourses de cette année serait
à peu près le même que celui de l'année
dernière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que je veux bien faire
remarquer qu'il s'agit là uniquement de l'administration du
programme.
L'on retrouve à tous les autres niveaux de l'enseignement:
élémentaire, secondaire, collégial, privé, public,
les montants eux-mêmes des bourses, lesquels montent à plusieurs
dizaines de millions.
M. LEGER: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le montant de $34,030,000, le total de toutes
les bourses données par le ministère.
M. RUSSELL : M. le Président, je ne veux pas allonger le
débat sur la question des bourses. Je présume que cette question
a été discutée à fond. C'est simplement pour
l'information de la commission et la mienne. Il y avait dans le passé la
coutume qui voulait que le montant que l'étudiant gagnait soit
additionné totalement comme revenu. Je sais qu'il y a eu un
adoucissement dans ce domaine. Est-ce qu'il est question d'élargir ou
d'adoucir encore d'une façon additionnelle cette façon
d'apprécier le montant gagné par l'étudiant qui travaille
durant les vacances?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Shefford a tout
à fait raison de souligner qu'il y a eu déjà des
adoucissements. Pour ma part, je serais certainement disposé à
envisager d'autres adoucissements. J'ai créé, il y a
peut-être quatre ou cinq mois, un comité qui se penche
actuellement sur toute la question des prêts et bourses et sur
l'évaluation des demandes parce qu'il n'y a pas que
l'appréciation du travail de l'étudiant, il y a également
un autre facteur qu'il faut évaluer très sérieusement,
c'est ce qu'on appelle la contribution des parents. Il est certain que cette
contribution des parents pouvait peut-être être justifiée au
niveau où elle est actuellement, dans une société
où les jeunes s'émancipaient peut-être, un peu moins
rapidement. Mais aujourd'hui, il n'est pas anormal de trouver des
étudiants qui sont mariés ou des étudiants qui quittent
leur famille et qui se trouvent, à cause de cela, face à des
difficultés financières.
Je veux bien être compris. Je ne dis pas qu'il sera possible
d'apporter, compte tenu des ressources de la collectivité, des
remèdes immédia-
tement mais c'est certainement dans ce sens que s'oriente le
ministère.
M. RUSSELL: Seulement une remarque, M. le Président. Je voudrais
terminer là-dessus. Il est difficile pour le fonctionnaire qui analyse
une formule de voir la condition familiale de l'étudiant parce qu'il
arrive souvent que l'étudiant travaille durant les vacances et que
personnellement, son habillement ayant été négligé,
il profite de ce temps pour s'habiller. Dans d'autres cas, ce sont les parents
qui exigent qu'il laisse sa paie à la maison et eux autres s'en servent
pour d'autres fins. A l'automne, à l'analyse de la formule, la preuve
est faite du montant qu'il a gagné. Après cela, on analyse le
revenu des parents même si les parents ne sont pas prêts à
contribuer et l'étudiant aboutit souvent à ce qu'on peut appeler
un cul-de-sac, un refus catégorique. Ce n'est pas la faute du jeune qui
veut réellement faire ses études. Ce n'est pas la faute du
fonctionnaire ou de la machine qui analyse une formule froidement; c'est
évident, la condition familiale n'apparaît pas dans la
formule.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exact. On essaie de
pallier cette difficulté parce que j'insiste pour qu'on puisse tenir
compte le plus souvent de l'élément humain par des rencontres
avec les étudiants et même au niveau local, l'étudiant peut
se faire entendre et expliquer son point de vue. D'ailleurs, je crois que le
service reçoit lui-même un bon nombre d'étudiants.
L'année dernière, il y en a eu 4,000 qui ont
été interviewés.
M. LEGER: Quel est le mécanisme pour permettre à
l'étudiant de se faire entendre? A la suite du refus, si
l'étudiant calcule que sa situation n'a pas été comprise,
quel est le mécanisme pour se faire entendre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous trouverez dans la pochette que je vous ai
fait distribuer, l'explication de tout ce mécanisme. Je le cite à
nouveau uniquement pour que cela paraisse dans le journal des Débats.
Même si nous faisons beaucoup d'information, les étudiants ne sont
pas assez informés parfois: L'étudiant peut toujours se
présenter au service aux étudiants de son établissement
d'enseignement et c'est là que tous les renseignements lui seront
donnés.
Je salue, M. le Président, l'arrivée du
député.
M.BROCHU: Je salue également la salutation du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le premier pas. Ensuite, c'est par ce
truchement que, le cas échéant, le service pourra voir
l'étudiant.
M. LEGER: Pour revenir à la question du député de
Shefford, un étudiant qui est majeur, qui a 18 ans, dont la famille
demeure dans une ville de province et qui vient demeurer à
Montréal... Y a-t-il un mécanisme pour évaluer uniquement
la situation de l'étudiant qui demeure en dehors de la ville et non pas
celle de sa famille, pour lui octroyer ce prêt-bourse?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le plan actuel, un certain nombre
d'éléments interviennent dans le calcul et un de ces
éléments, comme je l'ai signalé il y a quelques instants,
c'est ce que nous appelons la contribution des parents. La réponse
à la question du député de Lafontaine est donc
négative. C'est justement ceci qui doit être
réévalué par notre commission, notre groupe
d'étude. Il faut aller assez prudemment de ce point de vue parce qu'on
ne peut pas décréter d'un seul coup qu'on pourrait faire
disparaître la contribution des parents. Nous avons calculé que
celle-ci représente $100 millions à peu près. Alors, vous
vous rendez compte de ce que cela peut signifier sur le plan des ressources.
Mais je suis de ceux qui croient qu'on doit pouvoir tenir compte de cas
particuliers et qu'on doit peut-être même pouvoir remettre en cause
ce principe.
M. LEGER: Maintenant, M. le Président, pour les étudiants
qui ne trouvent pas de travail à la fin de la période de leurs
études, alors qu'ils ont leurs diplômes, est-ce qu'ils sont
obligés de commencer le remboursement immédiatement ou s'il y a
un mécanisme qui prévoit une possibilité de retarder le
remboursement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Normalement, il doit commencer son
remboursement, le remboursement du prêt, non pas de la bourse, six mois
après la fin de ses études. S'il est en chômage, le service
de cette dette est assumé par le gouvernement.
M. LEGER: Oui, mais pour être plus subtil, plus
détaillé, un étudiant qui a étudié dans un
domaine lui donnant un diplôme et qui ne peut pas se placer est
obligé, en attendant, de se trouver, s'il n'est pas paresseux, un
travail ailleurs qui n'est pas dans le domaine précis de son
éducation. A ce moment-là, pour lui, suivant le critère
que le ministre vient de mentionner, si c'est plus payant de rester en
chômage pour faire rembourser sa dette que de se trouver un travail,
même si c'est très peu rémunérateur et si ce n'est
pas dans le domaine où il a été
diplômé...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis peut-être pas très bien
ce que veut dire le député de Lafontaine. Il est évident
qu'on ne peut pas garantir à tous les étudiants qui sortiront de
notre système d'enseignement un emploi dans leur
spécialité. En fait, j'ai souvent prétendu qu'il fallait
s'enlever de la tête cette espèce de concept qu'un diplôme
signifie un emploi. Cela
sera de moins en moins vrai et on en revient à l'idée de
polyvalence sur laquelle nous avons tous insisté il y a quelques
instants. Lorsqu'un étudiant commence à travailler, que ce soit
dans sa spécialité ou autrement, il a certaines obligations et
ces obligations-là, il doit les honorer.
M. LEGER:Ce à quoi je voulais en venir, c'est que je ne voulais
pas dire qu'un étudiant qui avait un diplôme lui permettant
d'accepter plusieurs emplois connexes au diplôme qu'il a... Ce n'est pas
ce que je veux dire. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il ne peut pas se
placer à un salaire équivalant à ce qu'il gagnerait s'il
était engagé dans la discipline où il est
diplômé ou une discipline connexe. Mais pour ne pas rester sans
emploi, il accepte un travail temporaire à un salaire très
inférieur. Est-ce qu'alors, il est obligé de rembourser?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LEGER: Cela, c'est une invitation au type d'être en
chômage, de prendre un travail caché pour ne pas rembourser.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D n'y a pas d'assurance-chômage de toute
façon avant d'avoir commencé à travailler. J'ai
l'impression que...
M. LEGER: Oui, l'assurance-chômage, mais on parle d'être en
chômage, c'est-à-dire qu'il ne travaille pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ose croire qu'un étudiant qui a eu la
motivation suffisante pour faire ses études et qui se retrouve avec une
dette qu'il a assumée, qui est une dette envers la société
tout entière qui contribue au système d'éducation, y
compris les non-instruits, saura prendre ses responsabilités, même
s'il ne se place pas instantanément dans le travail de son choix.
M. LEGER: M. le ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas quelle motivation il aurait
à rester chômeur, d'autant plus que l'assurance-chômage ne
joue pas à ce moment-là.
M. LEGER: Non, mais le ministre disait tantôt que le gouvernement
prend à sa charge la dette de l'étudiant s'il est en
chômage. Est-ce que vous voulez parler de l'assurance-chômage ou du
fait qu'il ne travaille pas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le fait qu'il ne travaille pas. Mais cela n'est
pas un cadeau. C'est une prise en charge, mais la responsabilité de
l'étudiant demeure au moment où il pourrait faire face à
ses obligations. La dette demeure.
M. RUSSELL: La dette demeure vis-à-vis de l'étudiant
constamment et n'est pas effacée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. RUSSELL: Parce que ce serait drôlement une invitation aux gens
de prendre les moyens pour ne pas rembourser.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour cela que j'ai voulu apporter cette
précision.
M. RUSSELL: Maintenant, j'ai remarqué que le ministre, tout
à l'heure, a fait une remarque à l'effet qu'il fallait mettre de
côté cette fausse publicité qu'il y a eue à l'effet
que la formation ou le diplôme était l'équivalent d'un
emploi et que cette publicité devrait être faite en vue de faire
comprendre que celui qui finit son éducation, obtient un diplôme,
peut faire tout genre d'emplois et que les parents le comprennent. J'ai eu,
moi-même, une expérience.
Je parle en particulier, d'une mère furieuse qui avait un langage
assez soigné au téléphone, pour m'exposer le fait que son
fils qui était un diplômé conduisait un camion. Mais le
fils aimait mieux conduire un camion, parce qu'il faisait $150 par semaine,
plutôt que d'aller travailler, pas avec la formation qu'il avait, pour
retirer $90 ou $100 par semaine. Mais la mère était vexée
de ça. C'est ce genre de publicité qui a été faite
l'année passée. Je pense qu'on devrait essayer d'adopter une
publicité contraire, aujourd'hui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez tout à fait raison.
M. BROCHU: Si le ministre me permet une petite question...
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais faire remarquer que le
député de Richmond reprend son siège comme membre en titre
do la commission et remplace M. Béland, de Lotbinière.
M. BROCHU: Merci de cette précision. Est-ce qu'à ce
chapitre il y a des études faites sur les ouvertures du marché du
travail en ce qui concerne certaines professions précises, pour arriver
à utiliser...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons abondamment discuté de tout
cela, lorsqu'on parlait des autres programmes. Je ne sais pas si je dois y
revenir. J'ai parlé des mécanismes qui existaient tant au niveau
collégial... J'ai parlé également des plans qui existaient
pour la formation des adultes. C'est l'inconvénient de ne pas avoir
suivi tous les travaux d'une commission. Je me permets de...
M. BROCHU: Je comprends très bien le ministre, parce que souvent,
lorsqu'on fait des interventions, le ministre est absent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Hein? Je vou-
drais bien savoir quand. S'il y a quelqu'un qui est présent,
c'est bien moi.
M. BROCHU: Ce n'est pas tout à fait le sons de ma question.
J'aimerais savoir, d'un autre côté, vous parlez des programmes...
Mais est-ce qu'il existe une analyse du marché du travail dans le milieu
professionnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le répète, c'est ce que nous
avons discuté à maintes reprises. Si le président veut
qu'on y passe un certain temps, je n'ai pas d'objection. On vient d'en parler,
d'ailleurs.
M. BROCHU: M. le Président, si vous en avez discuté, j'en
prendrai connaissance dans le journal des Débats. Sinon, je le
soulignerai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Lafontaine a
même posé la question.
M. BROCHU: Je remercie le ministre de sa tolérance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, si le président le veut, je n'ai
aucune objection.
M. BROCHU: C'est juste sur la façon dont vous m'avez
répondu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une question d'ordre dans les
débats. Cela fait déjà douze heures que nous
discutons.
M. RUSSELL: M. le Président, sur la question des heures, je
trouve que c'est irrationnel pour un ministre de penser qu'on peut passer au
travers d'un ministère aussi volumineux que le ministère de
l'Education en dix ou douze heures. Je pense que quelqu'un a commis un impair
flagrant lorsqu'on a fixé le nombre d'heures qu'une commission devrait
siéger pour passer au travers de toutes les questions qu'on aurait
à poser sur un ministère comme celui de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le même nombre d'heures pour tous
les ministères.
M. RUSSELL: C'est irrationnel. Si je prends le ministère des
Affaires culturelles, je peux discuter pendant dix heures. Imaginez-vous,
j'entreprends le ministère de l'Education et j'ai encore dix heures. Je
suis obligé de m'inscrire en faux contre cela. Je ne ragarde pas les
noms, mais ceux qui ont fixé le nombre d'heures d'étude pour les
crédits... j'espère que le ministre n'essaiera pas de nous amener
à accepter...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas du tout, je crois que le président a
manifesté une certaine souplesse.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je l'ai men- tionné dans une
dernière séance. De toutes façon, il est à
remarquer que l'article 128 du règlement prévoit un minimum de
dix heures. Ce n'est pas un maximum. Par contre, l'étude des
crédits est limitée à 45 jours de calendrier. C'est
justifié. Pour les jours de vacances, comme la période de
Pâques, pour tout ajournement de l'Assemblée nationale, pour une
période de plus de cinq jours, à ce moment-là, on les
ajoute à la période de 45 jours, toutes vacances de plus de cinq
jours.
M. LEGER: M. le Président, c'est quand même un peu
illogique, puisque le gouvernement détermine l'importance qu'il donne
à ses ministères par les budgets qu'il leur consacre, et les
ministères de l'Education et des Affaires sociales ont à eux deux
les deux tiers du budget. Ils ont les même nombre d'heures. C'est pour
ça qu'il y a une certaine latitude à donner dans ces
ministères.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est pour cette raison qu'on dit que c'est un
minimum; j'ai rnentionné lors d'une dernière séance, qu'il
ne s'agissait pas du tout de limiter le débat. On peut continuer encore
pendant deux ou trois heures l'étude des crédits du
ministère de l'Education et je ne crois pas qu'il y ait personne qui ait
une objection.
M. RUSSELL: M. le Président, je vous comprends, mais je ne sais
pas ce que le minimum vient faire là. Si on veut discuter les
crédits d'un ministère dans deux heures, on peut le faire. On
n'est pas obligé de discuter pendant dix heures. Maintenant, je ne
discute pas ça. Je ne fais de cette remarque un reproche ni à
vous ni au ministre en place. C'est simplement le système qui est faux.
Parce que j'ai l'impression, lorsque j'étudie les crédits d'un
ministère, ceux de l'Education ou d'un autre, que je tâche
d'obtenir les informations dans ce domaine, suivant les critiques qui se font
normalement, qu'on reçoit comme membres de l'Opposition.
C'est notre rôle, et c'est ce rôle que je veux remplir aussi
efficacement que je peux le faire, avec mes faibles moyens, j'ai l'intention de
le faire, mais indépendamment des critères qu'on va essayer de
nous imposer. Vous dites qu'une période de 45 jours est justifiée
et je dis qu'encore là ce n'est pas un critère, 45 jours, c'est
complètement injuste. Je pense que la population veut qu'on fasse ce
travail et le bien faire, indépendamment du temps que cela va
prendre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je ferai remarquer au député de
Shefford que la critique que vous faites du règlement n'est pas
l'endroit pour le faire. Deuxièmement, et règlement a
été étudié par les leaders de chacun des quatres
partis en présence en Chambre. Cela a été adopté
à l'unanimité.
M. RUSSELL: Par les leaders.
LE PRESIDENT (M. Picard): Par les leaders de même qu'à
l'Assemblée nationale.
M. RUSSELL: On nous a fourni ça et on nous a demandé de
l'adopter.
M. BROCHU: Suite aux propos du député de Shefford à
ce sujet, une grande partie de l'anomalie réside dans le fait que, dans
l'ensemble de nos règlements, on ne peut pas, à
l'Assemblée nationale, poser un certain nombre de questions, même
un grand nombre de questions. On nous réfère durant toute
l'année à l'étude des crédits. Lorsqu'on se
retrouve à l'étude des crédits, on est limité. Je
ne vous en fais pas de reproche, mais la grande partie de l'anomalie
réside à ce niveau.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je regrette, mais je voudrais vous faire
remarquer que vous n'êtes pas limité, mais, c'est malheureux, il
est prévu lors de l'étude soit des crédits ou d'un projet
de loi, par le système parlementaire que, quand une question, un article
ou un sous-article est adopté, on ne peut pas y revenir après. Si
une personne, malheureusement ce n'est pas un blâme que je vous
fais a été absente, elle ne peut y revenir.
M. BROCHU: Ce n'est pas sur ce sujet. Je m'excuse, ce n'est pas sur ce
sujet. C'est sur l'ensemble des procédures de la commission
parlementaire. Au cours de l'année, on nous réfère les
questions en commission parlementaire à l'étude des
crédits. Lorsqu'on arrive à l'étude des crédits, il
y a quand même une limitation qui est assez importante, avec un minimum
de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ce n'est pas lieu de
discuter, ça aussi, je n'ai pas l'intention de prolonger les
débats.
M. BROCHU: Je comprends, mais il s'agissait là de souligner cette
anomalie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au tout début, nous avons proposé
le député de Richmond n'était pas là
un plan de travail qui avait justement pour but de donner la chance de discuter
à la commission. D'ailleurs, aucun des députés des
Oppositions aujourd'hui n'était là, aucun. Or, il est difficile
de travailler sans avoir cette espèce de continuité. Nous sommes
bien obligés, de temps en temps, de dire: Ceci, nous en avons
parlé et nous l'avons adopté. Ce qui est arrivé...
M. RUSSELL: M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous me permettez, je pense que c'est
peut-être utile. J'ai bel et bien indiqué que, dans le but de
favoriser des discussions, de permettre aux députés, à
chaque partie de se faire entendre, je proposais un plan de travail qui
permettait un groupement fonctionnel de manière qu'on puisse aborder les
questions de fond plutôt que de suivre programme par programme. De plus,
j'ai suggéré que les députés se fassent certaines
priorités. Ainsi, le député de Saint-Jacques m'a
manifesté son désir de discuter plutôt de telle chose plus
à fond plutôt que de telle autre chose. Evidemment, je pense qu'il
faut aussi en tenir compte.
M. RUSSELL: M. le Président, il y a des remarques que je ne peux
laisser passer inaperçues de la part du ministre. Je pense que ce n'est
pas fait malicieusement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sûrement pas!
M. RUSSELL: ... mais je pense que je dois relever ses remarques quand il
dit que nous n'étions pas ici au début. Je comprends que ce n'est
peut-être pas ma place de venir discuter au ministère de
l'Education, mais je vous ferais remarquer qu'il y a trois commissions qui
siègent à la fois. C'est bien difficile pour moi d'être aux
trois commissions. Donc, je suis obligé de siéger à une
commission. C'est la même chose pour mes collègues. Il arrive donc
à certains moments qu'un député soit malade et ne puisse
pas remplir le rôle qu'il devrait remplir à la commission. On est
obligé de le remplacer. Cela se fait aussi dans les autres partis. Je
pense donc...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait normal.
M. RUSSELL: ... que je suis prêt à adopter le travail qui a
été accepté par la commission, par ceux qui étaient
ici préalablement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça!
M. RUSSELL: ... quitte à suivre les directives que va nous donner
le président de la réunion. Maintenant, M. le Président,
je ne tiens pas à prolonger le débat là-dessus, je pense
qu'on est peut-être hors d'ordre, mais je reste sur mes positions pour
dire qu'on pourra y revenir à l'Assemblée nationale où on
pourra discuter de ces règlements.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je permettrai toute autre question sur le
programme 5, élément 8: Prêts et bourses.
M. LEGER: En ce qui nous concerne, M. le Président, nous sommes
prêts à l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Picard): Pas d'autres questions. Elément 8,
adopté. Programme 2 du groupe 8.
M. RUSSELL: Programme 2.
Soutien technique
LE PRESIDENT (M. Picard): Soutien technique.
Au programme 2, il va sans dire qu'il s'agit des élections
scolaires.
M. RUSSELL: Les élections scolaires, non. Est-ce que vous voulez,
M. le Président, que l'on commence à voter?
LE PRESIDENT (M. Picard): Non, ce n'est pas celui-là. C'est au
mauvais programme.
M. RUSSELL: On parlera d'élections à "autres
dépenses", tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est la mauvaise page. Soutien technique.
M. RUSSELL: Informatique, si je comprends bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, le soutien
technique, le programme 2 vise à fournir les services d'appoint
nécessaires à la bonne marche du ministère...
M. RUSSELL: Un instant!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et comprend 5 éléments:
Subventions spéciales et surnuméraires...
M. RUSSELL: Quel élément?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'élément 2: Informatique.
M. RUSSELL: Le programme 2, l'élément 2. Je m'excuse, M.
le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. On se trouve à passer les cinq
éléments, M. le Président: 1- Subventions
spéciales, 2- Informatique, 3- Services généraux au
personnel des organismes d'enseignement, 4- Information, 5-
Coopération.
M. RUSSELL: Donc, est-ce que l'on va commencer par les
éléments 1, 2 et 3?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, si vous le souhaitez; ce serait normalement
la façon de procéder.
M. RUSSELL: On revient aux subventions spéciales; ces subventions
sont distribuées à qui?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, les principales subventions sont
données à certains collèges qui font l'objet d'un accord
de coopération avec la France: les collèges Loyola, Stanislas,
Marie-de-France, plus un certain nom- bre de subventions à des
organismes dont je peux vous donner la liste complète si vous le
souhaitez; ou, ce qui serait peut-être plus simple, je pourrais la
déposer.
M. RUSSELL: Ce serait peut-être plus simple.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une bonne trentaine d'associations.
M. RUSSELL: M. le Président, je me demande s'il n'y aurait pas
avantage à ce que le ministre la lise et que ce soit inscrit au journal
des Débats pour ceux qui ne peuvent pas siéger à la
commission, qui sont occupés dans d'autres commissions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président. Ce n'est
pas tellement long d'ailleurs.
M. RUSSELL: A moins que le journal des Débats accepte de
l'inscrire; je n'ai pas d'objection. (Voir annexe).
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est plus facile.
M. RUSSELL: Le montant de $12,585,000 qui a été
voté en 72/73, a-t-il été totalement
épuisé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas tout à fait. De mémoire, il
doit rester environ $500,000.
M. RUSSELL: Est-ce que ces subventions couvrent les collèges
privés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela comprend surtout les subventions pour les
collèges privés...
M. RUSSELL: Surtout?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... plus les subventions aux organismes que j'ai
cités, des associations dans le domaine de l'éducation.
M. RUSSELL: Ce même système qui a été
utilisé l'an dernier pour les collèges privés
prévaut pour l'année 73/74?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Nous avons discuté au programme de
l'enseignement privé, secondaire et collégial, la question des
collèges privés. Là, il s'agit seulement de trois
institutions qui sont des institutions étrangères et qui font
l'objet d'accord spécial avec le gouvernement français; deux
étrangères et un cas particulier, le collège Loyola.
M. RUSSELL: Le ministre va nous remettre la liste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. RUSSELL: Y en a-t-il plus qu'une copie pour en laisser une copie au
journal des Débats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas, je vais la lire, c'est très
rapide, et vous verrez de quel type d'association il s'agit: Association du
Québec pour les enfants arriérés; Association de paralysie
cérébrale du Québec; Association canadienne
d'éducation; Association canadienne d'éducation de langue
française; Association canadienne-française pour l'avancement des
sciences; Entraide universitaire mondiale du Canada; Conseil des ministres de
l'Education du Canada qui est l'organisme qui groupe tous les ministres
d'Education du Canada et le Québec contribue, comme les autres provinces
d'ailleurs, sur une base de per capita; Association d'éducation du
Québec; Association canadienne de la formation professionnelle;
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
(pour fins de...
M. RUSSELL: Quel montant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $125,000 et nous demandons $100,000 pour
73/74.
M. RUSSELL: Cette subvention a été augmentée de
beaucoup depuis trois ans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle a baissé. En 72/73, elle
était de $125,000 et elle est de $100,000. Il s'agit d'une subvention
spéciale pour les négociations et ce que nous demandons pour
73/74 est en fonction des frais d'arbitrage ou des frais inhérents aux
conventions collectives. Pour la Fédération des CEGEP, c'est
identique. C'est une subvention de $30,000 pour exactement la même
raison. Je m'excuse, le chiffre de $30,000 pour les CEGEP n'est pas exact. Il
n'y a rien de prévu pour 73/74, mais il y a une demande en
considération actuellement et qui sera probablement de l'ordre, au
maximum, du chiffre de l'année dernière, $75,000.
Conservatoire LaSalle. Inventaire de la recherche scientifique.
Société de mathématiques du Canada. Société
royale d'astronomie de Québec. Société royale d'astronomie
de Montréal. Société de géographie de
Québec. Société de géographie de Montréal.
Centre de formation des maîtres de Cap-Rouge. Et les subventions
spéciales des collèges dont je vous ai parlé.
M. BROCHU: M. le Président, est-ce bien à cet
élément-là qu'il avait été convenu, avec le
député de Lotbinière, de reporter la question des
relations de travail?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elément 3.
M. BROCHU: Elément 3, au niveau des services
généraux au personnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. BROCHU: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 1, adopté.
Elément 2: Informatique.
M. RUSSELL: Informatique, M. le Président, il y a combien de
personnes à ce service?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a 225 permanents et le chiffre
apparaît à l'élément 2.
LE PRESIDENT (M. Picard): Page de gauche.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La ventilation des chiffres de droite se fait
toujours à gauche.
M. RUSSELL: Ce n'est pas nécessairement du personnel, ce peuvent
être les postes qui sont demandés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les postes, oui. Le personnel en place,
218.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a eu une augmentation sur l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Stable, on augmente les machines.
M. RRUSSELL: C'est stable, vous augmentez les machines, ah! Quel est le
montant total que le ministre a l'intention de dépenser pour acheter de
l'équipement pour remplacer le personnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas pour remplacer le personnel,
même si j'ai fait une blague à ce sujet-là, c'est pour
assister le personnel. Les machines n'ont aucune signification sans un
être humain...
M. RUSSELL: Je remarque la correction du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... à l'extérieur, $550,000.
M. RUSSELL: Je croyais que l'équipement qui était
ajouté, c'était pour donner un meilleur service au public.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour ça, M. le Président.
Nous admettons nos lacunes et nos faiblesses.
M. RUSSELL: L'augmentation de $1,400,000 est simplement due à
l'augmentation des salaires, surtout du personnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De 18 p.c. pour le traitement, comme ailleurs,
ce qui fait $800,000 seulement pour le traitement. Et le reste, c'est l'achat
de l'équipement dont on vient de parler.
M. RUSSELL: D'accord. Est-ce que cet équipement est acheté
par le service général des achats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une location faite par le service des
achats. Ce sont toujours des locations en général, ces
ordinateurs.
M. RUSSELL: C'est la même coutume qui se continue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle était bonne.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, élément 2, adopté.
Elément 3: Services généraux au personnel des organismes
d'enseignement. Le député de Richmond, je crois.
M. BROCHU: Alors, à cet élément-ci, j'avais
certaines questions à poser au ministre relativement à l'entente
justement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'attends, M. le Président, le
fonctionnaire qui avait une réunion ce matin même à ce
sujet-là, qui va arriver d'un instant à l'autre et qui pourrait
peut-être faire le point. Il s'agit bien du Nouveau-Québec,
n'est-ce pas?
M. BROCHU: C'est ça, la Commission scolaire du
Nouveau-Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et si nous pouvions passer à
l'information et à la coopération. Je m'excuse de ce
contretemps.
LE PRESIDENT (M. Picard): On peut suspendre l'étude de
l'élément 3.
M. BROCHU: La preuve que cela peut arriver, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, élément 4;
Information.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. Comme je mobilise beaucoup de
fonctionnaires, j'essaie de minimiser tout cela en tenant compte du rythme de
nos travaux.
M. RUSSELL: M. le Président, je vois ici à information; il
est inscrit 43 postes. Est-ce que ces postes sont tous occupés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tous, M. le Président.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a eu une augmentation avec l'an dernier ou si
c'est le même nombre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Combien aviez-vous de postes l'année
dernière à l'information? Vingt-quatre. Plus dix postes qui rele-
vaient du ministère des Communications, ce qui fait 34, qui ont
changé d'allégeance pour ainsi dire dans la restructuration des
différents services d'information.
M. RUSSELL: II y a donc neuf nouveaux postes demandés et qui ne
sont pas nécessairement occupés actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les concours sont ouverts.
M. RUSSELL: Est-ce que tous les engagements sont faits par concours
actuellement9
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. RUSSELL: De quelle façon procède-ton pour le choix du
fonctionnaire? Est-ce celui qui remporte les meilleurs points à
l'examen, le premier, en fait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'imagine. C'est la Fonction publique qui
s'occupe de cela et qui présente une liste d'admissibilité.
M. RUSSELL: D'accord, on présente une liste avec le nom des dix
personnes qui ont réussi le concours. De quelle façon
procède-t-on au choix?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! je n'ai pas encore vu de liste avec dix
personnes qui avaient passé le concours.
M. RUSSELL: Mais s'il y en a dix qui passent le concours...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est rare que je voie des listes qui
comportent plus qu'un nom. Et souvent, je me demande pourquoi d'ailleurs.
M. RUSSELL: Je suis surpris. Si le ministre ne voit pas la liste, il y a
certainement quelqu'un qui la voit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. Mais ce que je veux dire, c'est...
M. RUSSELL: Quand on publie un concours, il y a cinquante personnes qui
se présentent. Les cinquante sont invitées à passer le
concours et il y en a dix qui réussissent avec succès l'examen de
la Fonction publique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un règlement de la Commission de la
fonction publique, M. le Président. D'ailleurs, je m'interroge, moi
aussi, sur l'intérêt de ce règlement. On ne voit que le
premier nom, celui qui a réussi, et s'il est refusé, le
deuxième nom nous est présenté.
M. RUSSELL: Le ministre a le droit de le refuser.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. RUSSELL: Quelle raison faut-il qu'il invoque?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que c'est à ce niveau que le
choix peut s'exercer. Le ministre peut très bien décider de ne
pas remplir un poste. La Fonction publique présente des candidats et
elle présente le candidat qui a le mieux réussi et, en
général, c'est le candidat qui est évidemment choisi. Je
n'ai pas conscience ou souvenir d'avoir refusé un candidat
jusqu'ici.
M. RUSSELL: Mais le ministre peut refuser un candidat. Il ne voit pas de
liste et il peut redemander immédiatement à la Fonction publique
un autre candidat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Automatiquement, il doit considérer le
deuxième choix.
M. RUSSELL: Automatiquement. Le deuxième doit être
accepté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, pas nécessairement. Le ministre peut
parfaitement ne pas remplir un poste à la suite d'un concours.
M. RUSSELL: Combien de candidats a-t-il le droit de refuser?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le problème existe certainement, mais il
ne s'est jamais posé dans mon cas. En général, les
concours permettent de faire sortir deux ou trois candidats. Ce que je
déplore, c'est le fait que nous n'ayons pas suffisamment de candidats.
C'est un problème ici, au Québec, la rareté des
administrateurs, même pour les postes élevés.
M. RUSSELL: M. le Président, je suis un peu surpris de la
réponse du ministre. Cela me fait penser à un de ses
prédécesseurs au ministère des Travaux publics qui disait
qu'il trouvait le nom des entrepreneurs dans les pages jaunes de l'annuaire
téléphonique. Je présente simplement un exemple pour
tâcher de... parce que je n'ai pas la facilité du ministre pour
interpréter en français tous ces postes, fonctions et noms ou
qualificatifs techniques qui peuvent être utilisés par la langue
française. Je suis obligé de procéder par exemples. C'est
la raison pour laquelle je me référais à certains
arguments entendus dans le passé. Je trouve très
révélateur le fait que le ministre me dit qu'on lui transmet
seulement le nom d'un candidat lorsqu'il demande des examens pour remplir un
poste en particulier.
M. CARON: M. le Président, que faisiez-vous quand vous
étiez au pouvoir, vous?
M. RUSSELL: C'est-à-dire que ce n'est pas moi qui ai les
crédits du ministère de l'Education et la responsabilité
de l'administration actuellement. J'ai le droit de poser des questions au
ministre, j'ai le droit de m'interroger et je comprends aussi que je suis
obligé de prendre sa parole. Mais je peux me poser des questions par
exemple. Et c'est pour cette raison que je m'inquiète un peu.
M. CARON: Qu'est-ce que vous faisiez dans votre temps?
M. RUSSELL: Lorsque je serai là, je répondrai aussi
allègrement que je pourrai le faire aux questions qui me seront
posées. J'ai répondu chaque fois que les questions
m'étaient posées lorsque nous étudiions les crédits
de mon ministère, du ministère dont j'avais la
responsabilité. Si le député avait été
là et m'avait posé des questions, j'aurais répondu dans
les faits.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a
réalisé que, dans d'autres ministères, la façon
dont on présentait des candidats à la suite d'un concours,
était la même? Autrement dit, selon le nombre de candidats qui ont
subi avec succès les examens, c'est le candidat ayant la plus haute note
qui est présenté devant lui et le ministre, dans tous les autres
ministères, n'a le choix que d'accepter ou de refuser et n'a pas
l'occasion de comparer les sept ou huit premiers ayant réussi
l'examen.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas, je me suis peut-être mal
exprimé. Il y a ce qu'on appelle une liste d'admissibilité et
dans cette liste d'admissibilité, le ministre peut parfaitement
consulter les différents dossiers, ce qui n'empêche pas que la
Commission de la fonction publique présente le premier qui est sorti.
C'est à ce niveau que s'exerce le choix.
M. LEGER : Le ministre nous disait tantôt qu'il n'avait devant ses
yeux que le nom du candidat qui était premier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce qu'on me présente, mais je peux
demander les dossiers, s'il y a d'autres candidats qui sont sortis dans la
liste d'admissibilité. Ce que j'ai ajouté, c'est qu'il m'est
rarement arrivé d'avoir plus qu'un ou deux candidats, parce qu'il semble
que, malgré les postes extrêmement intéressants qui se
présentent au ministère de l'Education, on n'a pas toujours les
candidats qui se qualifient.
M. LEGER: Mais si le ministre avait l'occasion d'avoir plusieurs
personnes devant lui, il ne serait pas uniquement soumis aux critères du
concours. Autrement dit, la fonction publique qui fait passer les concours
est-elle apte à dire que, pour le poste précis, dans le domaine
précis où il est choisi, il est le meilleur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LEGER Est-ce que c'est seulement un "background"...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Pas du tout.
M. LEGER: ... général qu'il doit avoir pour postuler ce
poste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, parce que la Commission de la fonction
publique a des jurys, lesquels jurys sont complètement
indépendants. C'est le jury qui évalue, non seulement le
curriculum du candidat, ses qualifications, mais son aptitude à remplir
tel type de poste.
Il faut noter tout d'abord que la Commission de la fonction publique
nomme les membres du jury. Il y a deux fonctionnaires, en principe, qui font
partie du jury et une personne de l'extérieur du ministère, soit
d'un autre ministère soit de l'extérieur du gouvernement.
M. RUSSELL: Est-ce que vous pourriez les qualifier? Quand vous parlez de
deux fonctionnaires, vous parlez de deux fonctionnaires du ministère de
l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Du ministère. Le troisième doit
nécessairement être de l'extérieur du ministère de
l'Education, soit d'un autre ministère ou d'une régie, ou du
public en général. C'est la commission elle-même qui
décide de la composition du jury sur présentation de candidats de
la part du ministère de l'Education. Lorsque les membres du jury
siègent, ils déterminent qu'un certain nombre de candidats sont
admissibles au poste et ils doivent indiquer un rang à ces candidats qui
sont déclarés admissibles par le jury. Ceci est
présenté à la commission et la commission peut changer la
recommandation du jury ou la maintenir et la commission décide du
classement des gens en ce qui concerne leur admissibilité et aussi en ce
qui concerne leur rang. Le ministère doit d'abord choisir le premier qui
est déclaré admissible. Si le ministère ne veut pas nommer
le premier candidat qui est déclaré admissible, il doit, à
ce moment, donner les raisons à la commission et peut choisir le
deuxième, ensuite, s'il y en a un deuxième. Dans la plupart des
cas, il n'y a pas beaucoup plus qu'un, deux ou trois candidats.
M. LEGER: Quand il y a deux ou trois candidats, c'est la même
chose quand même, puisque le ministre disait tantôt que même
s'il avait un nom devant lui, il avait la possibilité de vérifier
les dossiers des autres candidats qui avaient aussi obtenu les deuxième
et troisième places.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ici, il y a une distinction entre les concours
publics et les concours interministériels, c'est-à-dire
réservés à des fonctionnaires. En ce qui concerne les
concours interministériels, il y a un seul nom qui est
présenté par la commission et c'est seulement au refus du nom
présenté par la commission qu'un deuxième nom peut
être présenté, s'il y en a un deuxième qui a
été déclaré admissible.
M. RUSSELL: Ce sont des fonctionnaires qui travaillent
déjà au sein du gouvernement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Lorsque c'est un concours
interministériel, donc ouvert à des gens qui sont
déjà fonctionnaires. Lorsque c'est un concours public, la liste
d'admissibilité indique l'ensemble des candidats qui sont
déclarés admissibles. On a quand même l'obligation de
choisir le premier, à moins de le refuser avec raison,
c'est-à-dire que le choix doit d'abord porter sur le premier candidat
admissible et, en cas de refus, il faut indiquer clairement les raisons du
refus pour fins de protection du public.
Il y aurait peut-être intérêt, M. le
Président, à ce que cette discussion ait lieu au ministère
de la Fonction publique. Je ne sais pas si les crédits en ont
été discutés.
M. RUSSELL: Voici, le ministère de la Fonction publique peut nous
établir les normes qu'il utilise...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela qui serait peut-être utile.
M. RUSSELL: ... mais on a le droit de questionner le ministre sur la
façon dont il procède. Je vois qu'il n'y a pas eu tellement de
changements parce qu'on procède de la même façon que dans
le passé. Il y a des fonctionnaires qui sont
délégués par le ministre pour siéger sur le
jury.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. RUSSELL: Donc, ils donnent indirectement un droit de regard au
ministre sur le choix des candidats qui seront soumis pour...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire, M. le Président,
qu'un droit de regard est peut-être assez excessif. Les fonctionnaires
sont là non pas en tant que délégués du ministre,
mais ils sont là à titre individuel. Ensuite, ils travaillent de
façon confidentielle et c'est ce qui se passe au niveau de tous les
ministères. La raison est simple, c'est que seuls les fonctionnaires
d'un ministère déterminé peuvent évaluer l'aptitude
d'un candidat à remplir tel poste.
Il faut mentionner que les membre du jury n'ont absolument aucune
autorité pour divulguer quelque information que ce soit; c'est seulement
la commission qui peut répondre de ce qui s'est passé lors de la
discussion du jury en relation avec les candidats. Il n'y a aucun
membre du jury qui soit autorisé à donner quelque
information que ce soit concernant le déroulement du jury.
M. RUSSELL: Qui établit les critères qu'on utilise pour
choisir un candidat dans un domaine bien particulier, dans une fonction bien
particulière au ministère de l'Education? Par qui sont
établis les critères qui doivent servir pour le choix des
candidats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est dans le plan d'organisation du
ministère, qu'un poste est défini, ceci est discuté avec
le Conseil du trésor et classé par la commission.
M. BROCHU: Est-ce qu'il existe des normes précises en ce qui
concerne les administrateurs du ministère de l'Education, le choix?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des normes précises, il existe des normes
précises au niveau de tous les ministères, puisque c'est en
fonction de postes particuliers.
M. RUSSELL: Je comprends que, dans le domaine administratif, que ce
soient des postes aux Travaux publics, à l'Education, aux Finances ou
ailleurs, cela exige la même formation, mais, à l'Education comme
dans d'autres ministères, il y a des postes bien particuliers, bien
spéciaux au ministère. A ce moment-là, c'est le
ministère de l'Education qui établit les normes qui doivent
être utilisées pour établir ou évaluer un candidat
pour un poste bien particulier, spécialement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le ministère qui détermine
les qualifications requises pour occuper tel poste ainsi que
l'expérience, c'est tout à fait cela.
M. BROCHU: Est-ce qu'il y a des normes pour cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si c'est cela que vous appelez des normes, je
suis d'accord, ce sont des normes.
M. RUSSELL: Quelles sont-elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je parle de qualifications et
d'expérience, parce que c'est la définition du poste.
M. BROCHU: Tout à l'heure vous avez bel et bien mentionné
qu'il y avait des difficultés à obtenir des administrateurs
chevronnés, disons, pour le ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que c'est partout au Québec;
c'est un problème sur lequel je reviens fréquemment. C'est vrai
au niveau des commissions scolaires et c'est vrai au niveau des hôpitaux.
Nous manquons d'administrateurs au
Québec, et une partie de nos difficultés sociales
actuellement viennent de cette carence.
M. BROCHU: Mais pourquoi est-ce plus vrai au niveau des organismes
gouvernementaux que dans le secteur privé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vrai aussi dans le secteur
privé.
M. BROCHU: Mais pas au même point.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh! vous savez, je rencontre assez souvent des
représentants de l'industrie et ils me font toujours état de la
difficulté d'avoir des administrateurs canadiens-français. Il y
en a de plus en plus. Nous avons mis au point des programmes de ce point de
vue. Nous avons même des bourses. Un effort très sérieux
devrait être fait de la part de notre collectivité.
M. BROCHU: La difficulté que le ministre souligne existe. Il
semble y avoir une disproportion, quand même, parce que, selon certains
rapports que j'ai, au ministère de l'Education, il y aurait seulement
environ 10 p.c. des administrateurs du ministère qui ont suivi des
études en administration ou qui ont oeuvré dans la grande
entreprise, avant d'entrer au ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut dire que le ministère de
l'Education a une fonction qui n'est pas qu'administrative. Il a avant tout une
fonction pédagogique.
M. BROCHU: C'est pour cela aussi qu'on établissait une
distinction tout à l'heure dans le choix des administrateurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. C'est ce que j'ai tenté
d'expliquer de mon mieux en parlant de définition de fonctions et en
faisant appel aux qualifications comme à l'expérience.
M. BROCHU: Parce qu'apparemment au niveau de... Est-ce qu'il existe une
formation, d'abord, pour les administrateurs que vous choisissez en fonction de
l'éducation, au ministère comme tel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas ce que le député de
Richmond pense exactement. Je vais donner un exemple. Si nous avons à
remplir un poste de directeur général à
l'élémentaire ou au secondaire, il est bien évident que
nous nous mettrons à la recherche de quelqu'un qui a des qualifications
en pédagogie et, si possible, de quelqu'un qui a de l'expérience
à ces niveaux. Est-ce que je réponds à sa question?
M. BROCHU: Oui. Vous parlez d'expérience, de préacquis;
mais est-ce qu'il existe des
programmes de formation pour les administrateurs, spécifiquement
en matière scolaire pour ceux qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! c'est autre chose. Oui, il y a des
programmes de formation, mais ces programmes sont doubles. Ils visent à
former les administrateurs en place ou, si vous voulez, à perfectionner
les administrateurs en place, et à former de nouveaux administrateurs.
Il est évident que ce sont là des titres qui peuvent être
extrêmement utiles pour oeuvrer dans la fonction publique. C'est une des
raisons d'être j'ai l'impression de défendre les
crédits de la Fonction publique de l'Ecole nationale
d'administration, par exemple, où il existe un cours d'administration
scolaire. Les universités ont des cours d'administration scolaire et
nous avons, nous, un bon nombre d'administrateurs qui viennent du réseau
où ils ont acquis une expérience pratique.
M. BROCHU: Parce qu'on semble dire, dans certains rapports, que la
plupart venaient de secrétariats quelconques ou avaient une
expérience en matière d'éducation mais n'étaient
pas versés directement en administration comme telle, ce qui
créait une certaine lourdeur à un moment donné.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme je viens de l'indiquer, la majorité
a une expérience administrative dans le réseau, mais il est
évident qu'elle n'a pas de diplôme. D'ailleurs, ces cours
n'existent que depuis peu de temps, le diplôme précis en
administration scolaire. Moi, j'ai dans mon secrétariat, par exemple
dans mon cabinet, un ou deux secrétaires qui ont des diplômes en
administration scolaire, mais il ne faut pas s'imaginer que c'est là un
signe d'incompétence si les autres n'en ont pas. C'est une
compétence accrue qui peut peut-être s'exercer dans un poste
plutôt que dans un autre. Je dirais que la compétence des
fonctionnaires du ministère de l'Education je ne les connais
peut-être pas tous individuellement, mais en tout cas je connais
certainement tous les hauts fonctionnaires avec lesquels je travaille
très étroitement est très grande.
M. RUSSELL: M. le Président, seulement en vue de rassurer le
public ou les hommes d'affaires je sais que ce n'est peut-être pas
l'endroit où je devrais poser la question est-ce que le ministre
pourrait nous donner l'augmentation graduelle des étudiants qui, de plus
en plus, prennent ces cours en administration générale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je pense. Là encore ce sont des
statistiques qui ne relèvent pas du ministère, mais je peux vous
en donner une idée. Pour l'Ecole générale
d'administration, je m'excuse, il faudrait s'adresser au ministère de
qui relève cette école. Pour ce qui est du secteur universitaire,
là encore, parce que le secteur universitaire relève de notre
responsabilité indirectement, il faudrait colliger des renseignements au
niveau de chaque université. On m'informe qu'il y a véritablement
une augmentation dans ce secteur.
M. RUSSELL: II y a des cours qui se donnent au CEGEP, aujourd'hui?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui ce sont les techniques administratives.
M. RUSSELL: Cela existe depuis quelques années. Les techniques
administratives qui débouchent à l'université; ceci, pour
compléter le cours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qui peuvent déboucher à
l'université ou qui permettent l'accès immédiat au
marché du travail.
M. RUSSELL: Je remercie le ministre du renseignement. On était
à Information, j'étais justifié de poser la question.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 4. Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on peut revenir...?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut revenir à l'élément
3, si vous voulez. Le fonctionnaire en question est là. Et
malheureusement je vais demander au député de poser sa
question et je tenterai d'y répondre de mon mieux il y a quelques
difficultés.
M. BROCHU: J'aimerais tout d'abord savoir quels ont été
les budgets de la commission scolaire du Nouveau-Québec au cours des
trois dernières années.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, qu'il y a eu
un malentendu. Le député qui était là avant le
député de Richmond s'était entendu pour que nous
discutions du problème des relations de travail à ce programme et
non pas de la question du Nouveau-Québec qui aurait dû être
discutée lorsqu'on a parlé de l'élémentaire et du
secondaire. Si le président le souhaite, je n'ai pas d'objection
à en parler.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je voudrais demander au député
de Richmond si sa question relève de l'élément 3: Services
généraux au personnel des organismes d'enseignement.
M. BROCHU: Elle relève du programme "Soutien technique",
élément des services généraux, tel qu'on l'avait
mentionné tout à l'heure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit uniquement des relations de travail,
comme je l'ai expliqué à plusieurs reprises. Ce service regroupe
tous les autres services qui s'occupaient de relations de travail.
M. BROCHU: Je pense qu'il y a des implications directement
là-dessus, étant donné qu'il y a des problèmes
particuliers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. BROCHU: Je pense que le ministre a une réponse d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La réponse je crains d'être
obligé de décevoir le député de Richmond
c'est que tout est sub judice. Je n'ai pas le droit de faire des commentaires.
Je peux vous indiquer quelles sont les causes devant les différentes
cours. Je l'avais signalé au prédécesseur du
député de Richmond. Mais là, je viens d'en avoir la
confirmation avec une consultation juridique. Il y a quatre causes
actuellement: une en cour Supérieure ce sont des poursuites
judiciaires de la CEQ contre la commission scolaire du Nouveau-Québec
une devant le tribunal du travail, une devant un
commissaire-enquêteur du ministère du Travail et une devant un
arbitre du ministère du Travail.
M. RUSSELL : Cinq causes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quatre causes.
M. BROCHU: A présent, M. le Président, j'aimerais
demander...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que j'ai cité quatre
causes, mais il peut y en avoir une où il y a deux causes.
M. RUSSELL: Combien y a-t-il d'employés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la commission du Nouveau-Québec?
M. RUSSELL: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des enseignants ou..? Parce que si nous entrons
dans le fond du problème, je vais vous demander la permission d'y
revenir pour faire venir d'autres fonctionnaires. On avait bel et bien
décidé que tout cela était discuté au programme
élémentaire et secondaire et que nous parlerions de l'aspect des
relations de travail avec cette nuance que je n'étais pas sûr
qu'on puisse en parler à cause du sub judice.
M. RUSSELL: Je pense qu'on devrait peut-être tâcher d'en
parler indirectement pour obtenir l'information qu'on veut avoir. Relations de
travail, on peut en parler et on ne peut pas. Etant donné les causes
pendantes, on dit: On ne peut pas en parler. Donc, si on veut obtenir des
renseignements dans ce domaine, il faudrait parler d'autres choses pour revenir
indirectement et obtenir ce qu'on veut avoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis entièrement d'accord, mais je ne
pourrai pas parler...
M. RUSSELL: Des cas particuliers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... des cas juridiques, des cas
particuliers.
M. RUSSELL: Les cas sont en cause, on ne peut pas en parler directement
mais on peut en parler indirectement, pour savoir combien ça fait de
temps que ces gens travaillent pour le ministère ou la commission
scolaire du Grand-Nord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons vous donner les renseignements qui
nous paraissent ne pas rentrer dans le sub judice. Il y a 100 enseignants en
tout, me dit-on, à la commission scolaire. Je n'ai aucune objection
à faire venir le président.
M. RUSSELL: Au point de vue de l'administration, est-ce que ça
relève des Richesses naturelles ou si ça relève
directement du ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela relève maintenant du
ministère de l'Education.
M. BROCHU: Uniquement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Uniquement oui, mais en collaboration avec le
ministère des Richesses naturelles qui conserve certains
intérêts au Nouveau-Québec.
M. BROCHU: Avec la loi qui a été adoptée, cette
commission scolaire est directement sous la juridiction du ministère
comme tel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement. M. BROCHU: II n'y a pas
d'intermédiaire.
M. RUSSELL: La commission scolaire couvre tout le Grand-Nord. Donc, il y
a différentes municipalités, si on peut les appeler ainsi.
Combien y a-t-il de localités en tout?
LE PRESIDENT (M. Picard): Je ferais remarquer au député de
Shefford que ce sont là des questions qui auraient pu être
posées aux programmes 6, 10, sur la...
M. RUSSELL: M. le Président, j'aurais pu les poser à
plusieurs programmes. Si je comprends bien, on avait demandé de les
discuter au programme 3; je suis bien dans les relations.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les relations de travail.
M. RUSSELL : Si vous me dites que je n'ai plus le droit d'en discuter,
je vais me soumettre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous posez des questions, par exemple sur
le budget alloué à cette commission scolaire ou sur la question
du fonctionnement du secteur élémentaire, sur le fonctionnement
du secteur secondaire, je suis obligé de vous déclarer hors
d'ordre.
M. RUSSELL: Je vais accepter vos remarques et je serai hors d'ordre et
je poserai d'autres questions.
M. BROCHU: Dans ce cas-là, est-ce que je peux demander au
ministre quel est le salaire de l'administrateur nommé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais me procurer le renseignement, M. le
Président. D'abord, quel administrateur? Pouvez-vous donner le nom?
M. BROCHU: Est-ce que le nouvel administrateur est nommé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Son salaire est à peu près
$20,000. C'est le niveau du poste. C'est un fonctionnaire du ministère
de l'Education on peut retrouver ce renseignement à l'instant
qui a accepté cette mission particulière. Il a
démissionné. Il n'est pas encore remplacé. J'ai
créé, il y a quelque temps, un groupe qui a justement pour but de
me faire des recommandations sur une réorientation de la commission
scolaire du Nouveau-Québec. C'est exactement $20,200, son
traitement.
M. BROCHU: Quels sont les critères de sélection pour ce
type en particulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'administrateur?
M. BROCHU: II a quand même un statut particulier. Il vient du
ministère de l'Education et il est nommé là-bas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais on n'est pas forcé que le
suivant ait exactement ce statut. La commission scolaire a d'ailleurs un statut
particulier. Elle a été créée par une loi
spéciale. C'est la raison pour laquelle il y a eu un administrateur
détaché du ministère de l'Education. C'est exactement ce
genre de question que je veux me poser actuellement, à savoir si on ne
peut pas franchir une nouvelle étape dans la question du
Nouveau-Québec.
M. BROCHU: Quelles sont les options qui s'ouvrent à vous dans ce
cas-là, face à cette réflexion dans laquelle vous
êtes plongé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a quantité de problèmes
je ne sais pas si le président nous permet de continuer à
être hors d'ordre, parce que nous le sommes qui se posent.
Ecoutez, je suis désolé. Moi, je veux bien le faire, mais je dois
indiquer que ce n'est pas à ce poste. Un des problèmes, par
exemple, c'est le fait que les quartiers généraux de la
commission scolaire du Nouveau-Québec étaient à
Québec et non sur place. Il était très difficile de faire
autrement. Je ne sais pas s'il y a des députés, ici, qui ont
déjà eu l'occasion de visiter le Grand-Nord. On ne peut quand
même pas adopter exactement les mêmes façons de
procéder là-bas qu'ici, dans les régions plus
développées. C'est une des difficultés et on s'interroge,
à savoir s'il n'y aurait pas intérêt à ce qu'on
puisse avoir une administration sur place, ce qui n'exclurait pas qu'il y ait
également, pour la coordination qui est extrêmement difficile avec
une région éloignée, une mission qui ne serait pas au
ministère, mais qui pourrait être à Québec, par
exemple.
M. BROCHU: Actuellement, le siège social est à
Sainte-Foy.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Ce qui ne facilite pas, vous en conviendrez
avec moi, les relations entre le personnel en place et les administrateurs.
M. RUSSELL: Les relations de travail ne sont pas bonnes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les relations de travail ne sont pas bonnes.
Elles ne le sont pas et je n'en suis pas satisfait. C'est la raison pour
laquelle j'ai créé ce petit groupe pour pouvoir revoir tout le
dossier de la commission du Nouveau-Québec et également pour
pouvoir trouver un certain nombre de solutions. Je ne suis pas satisfait du
tout de la manière que cela fonctionne. Remarquez qu'il y a tout de
même eu des programmes intéressants. Nous donnons la formation en
esquimau dans les premières années de
l'élémentaire. Nous avons réussi à créer un
bon nombre de manuels en esquimau, je vous en ferai distribuer, d'ailleurs, si
vous le voulez. Ils sont extrêmement intéressants.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre ne pourrait pas nous lire une page en
esquimau de ce manuel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si nous continuons, M. le Président, je
ne serais pas surpris, j'y arriverai peut-être à la fin de la
session.
M. BROCHU: M. le Président, est-ce qu'il y a des mesures
précises prises pour doter cet organisme du personnel requis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon?
M. BROCHU: Est-ce qu'il y a des mesures précises prises pour
doter cet organisme du personnel requis? Il semble y avoir des problèmes
au niveau du personnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que cela fera partie de cette
étude. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cette loi
spéciale qui créait la commission du Nouveau-Québec a mis
en place des structures cela a été fait sous l'ancien
gouvernement qui ne me paraissent pas, à moi, adéquates.
Sans doute était-il impossible de faire autrement parce qu'il fallait
quand même démarrer. C'est à l'expérience qu'on peut
se rendre compte quels sont les problèmes très particuliers qui
se posent dans une région éloignée, tant sur le plan des
structures que sur le plan du personnel et que sur le plan des programmes.
C'est ce que je voudrais revoir dans son entier. Et le point plus particulier
qui intéressait le prédécesseur du député de
Richmond, c'étaient les relations de travail. Il se trouve que c'est
justement le point dont on ne peut pas parler. Mais c'est avec plaisir que je
vous donne des renseignements généraux.
M. BROCHU: Si je comprends bien, le ministre nous dit, actuellement,
qu'il n'y a rien de définitif, qu'il n'y a rien de décidé,
que tout est à étudier. Il n'y a pas un début
d'orientation de pris.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah si!
M. BROCHU: Dans quel sens vous oriente-rez-vous et dans quel...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais là, vous me permettrez de conserver
ce début d'orientation pour moi. Je ne veux pas entrer dans les
détails.
De façon très générale, je vous ai
déjà signalé que j'envisageais la possibilité
d'avoir une implantation sur place. C'est déjà...
M. BROCHU: Du siège social?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Du siège social. Ce qui est
déjà un changement majeur. Ensuite, une insistance accrue sur les
programmes, en particulier sur les programmes autochtones et ensuite, une
formation spéciale pour les enseignants. Nous avons déjà,
à l'Université du Québec à Chicoutimi, un programme
à cet égard, un programme qui porte sur le Grand-Nord.
M. BROCHU: Est-ce qu'il y a des relations d'entreprises avec le
gouvernement fédéral à ce niveau-là, pour en
arriver à assumer ces responsabilités? A quel stade sommes-nous
rendus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un comité de fonctionnaires qui
règlent les problèmes partiques qui se posent, parce qu'ils
existent. Il tournent autour du fait qu'il y a deux réseaux: le
réseau fédéral et le réseau provincial. Le
réseau fédéral existe depuis toujours, parce que le
gouvernement fédéral ne s'est pas intéressé
à ces autochtones et, loin de s'y intéresser, il n'a jamais fait
autre chose que... Il n'a jamais offert que des palliatifs aux problèmes
de la population locale. Depuis qu'il s'y intéresse, il a choisi, non
pas de procéder de manière autoritaire, mais de procéder
avec souplesse en tenant compte des désirs des populations autochtones.
C'est ainsi, par exemple, que l'orsqu'une école est établie,
c'est en consultation avec la population autochtone. J'aurais bien
souhaité avoir auprès de moi le fonctionnaire qui s'occupe plus
particulièrement de ce dossier, parce que ce fonctionnaire est
allé à plusieurs reprises dans le Grand-Nord. Il aurait pu vous
donner des détails précis, mais curieusement, le fonctionnaire en
question n'est pas dans le Grand-Nord actuellement, il est au Kenya.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre est allé dans le Grand-Nord
lui-même?
M. CLOUTIER (Shuntsic): Non, pas dans l'exercice de mes fonctions. J'ai
eu l'occasion de faire une expédition dans le Grand-Nord, mais il y a
une vingtaine d'années pour le gouvernement fédéral. Mais
ceci n'a pas à intervenir dans mon évaluation. Je songeais
à faire un voyage l'année dernière. Je n'ai pas pu le
réaliser.
M. RUSSELL: Est-ce que cela n'aiderait pas le ministre à se
former une idée pas mal plus précise de la situation qui existe
là-bas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, et c'était d'ailleurs mon intention.
Je viens de vous l'indiquer. Peut-être que cela m'aurait aidé
davantage, parce que j'ai eu la chance de connaître toute cette
région à fond. J'y ai passé à peu près six
mois, il y a une vingtaine d'années. Cela me permettrait
peut-être... Je faisais justement une étude sur les
problèmes des autochtones, à ce moment-là, des Esquimaux.
Cela me permettrait probablement de voir ce que le gouvernement a tenté
de réaliser sur le plan scolaire. Malheureusement, je ne vous cache pas
que le temps m'a manqué et peut-être que, si nos travaux
progressent, je trouverai le temps nécessaire de prévoir le
voyage.
M. RUSSELL: Je suis bien prêt, moi, à proposer de suspendre
l'étude des crédits, si cela peut permettre au ministre d'aller
faire un voyage dans le Grand-Nord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, à ce moment-là, je
suggérerais que nous y allions tous ensemble. Ce serait une commission
qui pourrait voir sur place... Je n'ai pas d'esprit...
M. RUSSELL: Pour l'information du ministre, j'ai fait le voyage
déjà. J'ai visité les lieux et j'ai été
drôlement surpris de voir combien d'argent on dépensait là,
pour le peu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui...
M. RUSSELL: ... de résultats que l'on obtenait. Il serait
peut-être mieux que je ne donne pas, ici, au ministre, mon opinion de la
situation qui existe...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je serais très heureux de l'entendre
votre opinion. On pourrait vous faire discuter avec notre commission, parce que
tous ceux qui ont une expérience pratique... Il n'y a pas de doute que
ceci devrait être revu. Maintenant, je me permets respectueusement de
faire remarquer au député de Shefford que c'est sous le
gouvernement dont il faisait partie que les orientations que je cherche
à revoir actuellement ont été prises.
M. RUSSELL: Un instant, cela a commencé bien avant, sous un autre
gouvernement. C'est avant celui de l'Union Nationale que cette chose-là
a commencé. C'est durant le régime...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vous qui avez créé la
commission scolaire.
M. RUSSELL: D'accord. Cela a été créé pour
tâcher de corriger une situation qui était peut-être pire
que celle qui a été créée depuis ce
temps-là. Si ceux qui ont été nommés depuis ce
temps-là n'ont pas su suivre d'assez près le fonctionnement de
cette commission scolaire, je ne vois pas où l'on doit tenter d'en
imputer la responsabilité à un gouvernement
précédent. On peut créer une chose et, si l'on engage
quelqu'un pour la surveiller et qu'il ne la surveille pas, cela devient un
désastre. C'est probablement ce qui est arrivé dans le Nord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Je n'accepte pas...
M. RUSSELL: Ce n'était pas quelque chose de très
recommandable d'abord, et je pense qu'à la suite de la création
de cette nouvelle commission, si les choses n'ont pas été suivies
de près, cela ne pourra pas s'améliorer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je n'accepte pas ce que vous dites
là parce que l'administrateur que j'ai eu l'occasion moi-même de
convoquer à plusieurs reprises a suivi la situation de près.
Cependant, il s'est heurté à des dificultés
très considérables en ce type de territoire et ensuite il a
probablement été la victime d'un problème de structure au
départ et c'est là que nous retrouvons l'orientation. Je n'ai pas
blâmé l'ancien gouvernement, au contraire, j'ai même
apporté des réserves en disant qu'il était peut-
être difficile de faire autrement à ce moment-là. Mais ce
que je crois qu'il faut bien clairement souligner, c'est que des dispositions
ont été prises pour revoir l'ensemble de la question, pour revoir
tout le dossier du Nouveau-Québec et je m'engage à aller sur
place, si nécessaire, pour évaluer moi-même la situation.
Il y a un problème réel, je serais le dernier à le
nier.
M. BROCHU: Dans ces projets-là tels qu'ils avaient
été prévus, est-ce que c'est l'intention du ministre
est-ce qu'il peut nous donner plus de détails là-dessus
de passer à la construction d'écoles secondaires en ce qui
concerne la baie James et puis la baie d'Hudson?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un projet de construction d'école
secondaire et ça, ça va coûter cher également. Je
déplore, moi je le dis là, puisque je suis en train de
m'ouvrir là-dessus le fait que les études n'ont
peut-être pas été suffisamment poussées avant qu'on
prenne certaines décisions. C'est une chose que je regrette souvent ici
au Québec. On est prêt à construire des édifices,
mais souvent sans faire des études de rentabilité ou des
études de besoins qui existent. Je ne suis pas satisfait de la
manière dont ce dossier de l'école secondaire a été
mené à mon propre ministère et j'ai repris l'ensemble de
la question.
M. BROCHU: Dans le même sens, est-ce que la commission scolaire du
Nouveau-Québec a juridiction en matière d'éducation sur la
nouvelle municipalité de la baie James?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas, M. le Président, je
demande à vérifier cependant, parce que la Loi de la
Société de la baie James lui donne certains pouvoirs de ce point
de vue. Maintenant, il y aura très certainement des accords qui
interviendront parce que nous fonctionnons beaucoup sous forme d'accords et
c'est probablement dans cette perspective que l'application va se faire.
M. BROCHU: Apparemment, conformément à l'article 8 de la
loi qui crée cette commission scolaire du Nouveau-Québec, une
nouvelle commission scolaire peut être créée, alors est-ce
qu'il y a des choses précises là-dedans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas encore. Vous parlez de la baie James en ce
moment?
M. BROCHU: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas encore. C'est un dossier que je ne suis pas.
Mais sur le plan scolaire il est évident que nous allons tenter de faire
quelque chose. Les travaux ne sont pas encore suffisamment avancés pour
qu'on en soit arrivé à ça.
M. BROCHU: Vous avez des problèmes de territoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il y a des problèmes; je parlais
tout à l'heure de relations avec le gouvernement fédéral,
j'ai fait allusion à un comité de fonctionnaires qui règle
les problèmes sur le plan pratique et, en fait, on m'informe que
ça ne marche pas si mal de ce point de vue-là. Mais le
problème de base n'est pas réglé, à savoir qui doit
avoir juridiction dans le domaine de l'éducation dans le
Nouveau-Québec et ça, c'est une question qui sera à
négocier et à débattre. Il y a là un dossier.
M. RUSSELL: Le fédéral continue d'être un
compétiteur au provincial dans le domaine de l'éducation dans le
Nouveau-Québec.
M. CLOUTIER(Ahuntsic): A cette nuance près que le
fédéral a quand même été là avant le
provincial et à cette différence près que le
fédéral a tout de même une loi spéciale en ce qui
concerne les Indiens. Mais quant aux Esquimaux, il s'agit très
certainement d'une responsabilité directe du Québec, qu'il n'a
malheureusement assumée que très tardivement. Quand j'y suis
allé, moi, il y a vingt ans ou, hélas, 25 ans, en 1948
exactement, j'ai passé six mois à faire tous les postes, de la
baie d'Hudson, de l'île Southampton, de l'île Résolution,
Chesterfield Inlet et Churchill. Il n'y avait pas un seul fonctionnaire du
gouvernement du Québec. Il n'y avait que des postes de la Compagnie de
la baie d'Hudson et des fonctionnaires fédéraux, et d'ailleurs
très rares, et quelques missionnaires, qui étaient tous d'origine
étrangère. Je n'ai pas rencontré un seul
Québécois, ils préféraient aller en Afrique
à ce moment-là. Il y avait des Oblats, des Belges, des
Français et c'est d'ailleurs eux qui faisaient le travail le plus
valable, soit dit en passant, sauf qu'ils n'ont jamais réussi à
convertir un Esquimau, mais sur le plan de l'assistance sociale,
c'était, je pense, assez remarquable. Mais il y a tout de même eu
un désintérêt total de la part des différents
gouvernements du Québec.
M. RUSSELL: Non, je pense bien que les Oblats n'ont peut-être pas
réussi à convertir les Esquimaux, mais le ministre va admettre
que ce n'est pas une tâche très facile et je trouve que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et on ne doit pas les convertir, c'est ça
la question fondamentale.
M. RUSSELL: ... des gens ont au moins essayé, c'est comme le
ministre actuellement qui essaie de faire quelque chose dans ce domaine bien
particulier du Grand-Nord. Lui-même n'a pas réussi à
convertir ou à régler tout le problème encore.
J'espère qu'il va avoir plus de chance que les Oblats ont eu à
convertir les Esquimaux, et qu'on puisse sortir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne chercherai certainement pas à
convertir, M. le Président, ni les Esquimaux, ni qui que ce soit. Je ne
fais pas de prosélytisme, moi.
M. RUSSELL: Non, je fais un parallèle entre la conversion et
l'administration, et j'espère que, dans le domaine administratif, il
aura plus de chance que les Oblats en ont eu dans ce domaine-là. M. le
Président, je ne veux pas discuter du Grand-Nord.
Je le connais assez bien et je crois que ce serait superflu, mais je
pense que le ministre aurait peut-être avantage je dis cela avec
réserve d'aller visiter les lieux. Il va peut-être changer
complètement son optique de la situation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne prendrai pas de décision sans y
être allé.
M. RUSSELL: Je le recommanderais au ministre pour l'avoir vu
moi-même.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a...
M. BROCHU: Dans le cheminement des événements qui se sont
produits au niveau des relations de travail, est-ce que le ministre a pu
accumuler un certain dossier? Est-ce qu'il a été mis au courant
des problèmes qui ont amené la situation que nous connaissons
actuellement au niveau du conflit des relations de travail?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. BROCHU: Est-ce que le ministre peut nous en faire part de
façon générale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Pour la raison que j'ai indiquée au
début. Toutes ces causes sont pendantes devant les tribunaux ou
différentes instances administratives.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'élément 3 du
programme 2 est adopté?
M. RUSSELL: Bien, j'avais l'impression que nous n'avions pas
discuté de l'élément... Nous avons discuté du
Grand-Nord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Bien, du Grand-Nord qui comprenait...
M. RUSSELL: M. le Président, le ministre nous a prévenus
d'avance que la partie que cela comprenait, on ne pouvait en discuter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On en a discuté quand même,
avouez-le.
M. RUSSELL: On a discuté du Grand-Nord et non de la partie des
relations de travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah, non! D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cela ne vous empêche pas d'adopter les
crédits.
M. RUSSELL: On pourrait peut-être les adopter, mais le ministre ne
serait pas heureux si on ne lui posait pas d'autres questions sur cet
élément bien particulier. Je pense qu'il aimerait se faire poser
des questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous voulez parler des relations de
travail?
M. RUSSELL: Bien, des relations. De tous les crédits. Il y a
quand même quatre millions quelques cent mille dollars qui seront
dépensés et je suis certain...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Allez-y, cela me fait plaisir.
M. RUSSELL: ... qu'il aimerait se faire poser des questions dans ce
domaine pour tâcher qu'il puisse lui-même les justifier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec grand plaisir.
M. RUSSELL: M. le Président, ici à l'élément
3, je vois un montant de $2,547,300 à la catégorie des
traitements qui comprend 150 postes. Est-ce que ces postes sont tous
remplis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sont-ils tous remplis? Non. 125 sont
comblés.
M. RUSSELL: Cent vingt-cinq sont comblés. Est-ce que cela
comprend les crédits pour combler tous les postes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. RUSSELL: Donc, je présume que le ministre aura des
crédits périmés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le service comportait 125 postes l'année
dernière, en 72/73, et nous avons ajouté 25 postes nouveaux au
1er avril. Il s'agit des postes qui sont vacants actuellement parce que tous
les autres étaient déjà remplis.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, on...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'affecte pas le budget 72/73. Ces 25
postes sont nouveaux et tous les montants ont été
dépensés en 72/73. Il ne reste à peu près pas de
crédits périmés.
M. RUSSELL: J'ai dit qu'il y aura des crédits
périmés en 73/74 si les 25 postes ne sont pas comblés
encore, et si je prévois que la Commission de la fonction publique va
faire des concours, cela va prendre de trois à six mois pour trouver les
fonctionnaires pour remplir les postes. On pourrait peut-être enlever les
crédits pour une douzaine de fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lorsque nous prévoyons des crédits
pour des postes nouveaux, on n'affecte pas le salaire à 100 p.c, mais
une partie seulement du salaire est considérée dans les
crédits.
M. RUSSELL: Quel pourcentage?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela varie selon les prévisions
d'embauchage. Si on croit qu'en général les effectifs
additionnels seront là durant neuf mois, par exemple, on prend 75 p.c.
du salaire.
M. RUSSELL: 75 p.c. du montant total qui est alloué aux
crédits.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela varie selon les unités
administratives et la vitesse de recrutement.
M. RUSSELL: M. le Président, sur les 125 employés en
poste, combien y a-t-il de responsables de l'administration du Grand-Nord?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucun rapport avec le Grand-Nord.
M. RUSSELL: Aucun rapport. Dans les relations de travail avec le
Grand-Nord, il n'y a pas de fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Spécifiquement?
M. RUSSELL: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quelqu'un s'en occupe au niveau des tribunaux
d'arbitrage de temps en temps. Mais partiellement.
M. RUSSELL: Est-ce que ce sont les mêmes fonctionnaires qui
s'occupent d'autres parties de la province ou d'autres fonctionnaires qui
s'occupent de la partie du Grand-Nord? Lorsque les problèmes arrivent,
ce sont eux qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais il y aurait peut-être lieu de
spécialiser quelqu'un et ceci fera partie de l'étude.
M. RUSSELL: C'est une spécialité. Le ministre va le
comprendre, c'est sûr.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, très certainement.
M. RUSSELL: Parce que ce n'est pas une administration normale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Absolument pas.
M. RUSSELL: C'est extrêmement difficile et compliqué.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et vouloir appliquer les mêmes normes,
c'est ridicule.
M. RUSSELL: Les distances, les facilités de transport, la
mentalité qui existent là-bas, c'est complètement
différent de ce à quoi on est habitué
régulièrement. Je n'ai pas d'autre question.
M. BROCHU: A la catégorie "transfert", j'aimerais, si possible,
que le ministre nous donne plus d'éclaircissements sur l'affectation de
ces sommes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans quel élément?
M. BROCHU: A la catégorie 10 de l'élément 3.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des contrats pour le perfectionnement
des cadres. On nous posait la question tout à l'heure concernant le
perfectionnement des administrateurs. J'ai donné pas mal d'explications
mais j'ai négligé de dire qu'il y avait également une
formation qui se faisait sur place, pour ainsi dire. Nous pouvions permettre
à des fonctionnaires de se perfectionner tout en occupant leur poste.
C'est pour ces contrats. C'est versé à l'ENAP, par exemple, au
Centre de perfectionnement des cadres de la CECM.
M. RUSSELL : Cela a toujours existé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela a toujours existé.
M. BROCHU: Est-ce que vous avez le nombre de personnes qui ont pu
bénéficier de ces programmes? Avez-vous le rapport?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour nos fonctionnaires, oui.
Les deux contrats pour l'ENAP et le Centre de perfectionnement des
cadres de la CECM ont permis de perfectionner 1,300 cadres et gérants
des commissions et des collèges, au cours de l'année 72/73.
M. RUSSELL: Quels étaient les crédits en 72/73?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $100,000 pour l'ENAP et environ $100,000 aussi
pour le Centre de perfectionnement des cadres de la CECM.
M. RUSSELL: Mais comparativement aux crédits demandés
cette année à la catégorie transfert, $1,315,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'année 73/74, l'année
scolaire, ces montants doivent augmenter pour passer au double, plus environ
$240,000 pour chacun des deux centres. Il y a d'autres sommes qui sont
prévues pour le perfectionnement des professionnels non enseignants des
commissions et des collèges. Ces sommes seront allouées pour
l'année 73/74, c'est-à-dire, à compter de juillet.
M. RUSSELL: En 73/74, ici à la catégorie transfert, on
demande des crédits pour $1,315,000. Quel était le montant
prévu en 72/73? Pouvez-vous le détailler? C'est le montant
global?
M. CLOUTIER ( Ahuntsic ): Le montant comparatif a été fait
pour fins de comparaison, évidemment, d'une année à
l'autre. Il est basé sur un montant de $1 million et ce montant
était prévu, auparavant, dans les subventions aux commissions
scolaires. Cela a été réaménagé en ce qui
concerne l'année 72/73 pour que le montant comparatif soit valable. Le
montant comparatif est de $1 million, précisément.
M. RUSSELL: II y a donc augmentation de 30 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était prévu, dans la politique
administrative et salariale pour le personnel de cadres et de gérance.
C'était inscrit dans les documents 1 et 2 de la politique administrative
et salariale et dans le document 7, qui sont des documents techniques relatifs
au perfectionnement. Ces sommes ont été allouées par suite
d'une décision du Conseil du trésor comme mandat pour assurer le
perfectionnement des cadres en exercice dans les commissions et dans les
collèges.
M. RUSSELL: Est-ce que cela ne serait pas pour avoir un meilleur
contrôle de la dépense? Parce que je vois ici qu'il y a une
augmentation assez marquée. Je pense bien que le ministre s'en rend
compte. Il y a une augmentation de 30 p.c. S'il fallait augmenter son budget de
30 p.c, cela serait affreux au point de vue des dépenses. Donc, ces
catégories qui augmentent de 30 p.c, je suis convaincu qu'il leur porte
une attention bien particulière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela sera fait.
M. BROCHU: Si vous permettez, le ministre doit savoir à quelles
fins cela est affecté, étant donné qu'il nous demande un
montant précis à voter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'on vous a répondu.
M. RUSSELL: C'est-à-dire que, l'année dernière,
72/73, il y avait un montant de $1 million qui a été
dépensé. Cette année, on demande un montant de $1,315,000.
C'est donc dire une augmentation de 30 p.c. Ce qui
nous inquiète, c'est l'augmentation marquée de 30 p.c.
dans une catégorie bien particulière. S'il fallait appliquer
cette augmentation à toutes les catégories, le budget du
ministère de l'Education augmenterait de 30 p.c. Ce serait affreux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il y a deux réponses
supplémentaires que je pourrais faire. La première, c'est que
cela a été influencé par les conventions collectives
où le perfectionnement apparaît, comme vous le savez, comme l'une
des conditions. La deuxième, c'est qu'il y a un effort particulier qui
est fait dans l'optique de la carence d'administrateurs dont j'ai fait
état à plusieurs reprises. Nous avons en fait... Je me souviens
avoir donné une conférence à ce sujet il y a
peut-être un an maintenant, au début de novembre de l'année
dernière, alors que j'annonçais un programme de perfectionnement
des cadres en place et un programme de formation d'administrateurs dans le
domaine scolaire. En fait, je me souviens même d'avoir insisté sur
un concept de polyvalence qui semble cher au député de Shefford,
avec raison, pour que les administrateurs puissent passer du secteur scolaire
au secteur hospitalier et vice versa le cas échéant. Parce que si
on compartimente trop nos employés, nous aurons constamment des
difficultés et on se dirige rapidement vers l'inefficacité
totale.
M. RUSSELL: M. le Président, ici à "Communications",
à la catégorie 3, il y a $107,000 qui sont demandés cette
année. Quel était le montant en 72/73?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $90,400.
M. RUSSELL: $90,400; d'accord. A la catégorie 4: Services...
M, CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. RUSSELL: ... on a $780,000. Comparativement à 72/73,
c'était combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $339,600.
M. RUSSELL: Voyez-vous, M. le Président, on a une augmentation de
presque 100 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien oui, parce que là encore...
M. RUSSELL: De quelle façon le ministre peut-il justifier
cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que nous allons faire. L'année
dernière le budget s'est révélé insuffisant. Il a
dû y avoir un certain nombre de virements et cette année, nous
avons...
M. RUSSELL: Le ministre a bien dit "virements", non pas
détournements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai bien dit "virements". Cette année
nous avons un certain nombre d'études qui viennent de démarrer,
études dont j'ai d'ailleurs fait état dans le discours de
présentation en insistant sur la réflexion qui était
entreprise actuellement au ministère de l'Education tant sur les aspects
pédagogiques que sur les aspects administratifs. Une des études
les plus importantes, c'est celle qu'on appelle le groupe Poly, qui porte sur
le fonctionnement et l'organisation des écoles polyvalentes.
Il y a également la commission d'étude dont j'ai
annoncé la création, sur la classification des enseignants. Il y
a deux commissions d'étude sur les tâches des enseignants,
analyses et répartitions et ceci vient des conventions collectives, plus
exactement du décret tenant lieu de convention collective tant au niveau
des commissions scolaires qu'au niveau collégial.
M. RUSSELL: Adopté, catégorie 4. Le loyer est de $29,000 ;
c'était combien l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En général les loyers, ce sont des
locations. Je pense bien ne pas me tromper. C'est cela, il s'agit
d'équipements microfilmés pour les dossiers qui sont
extrêmement considérables. Il y a des centaines de milliers de
dossiers, 240,000 plus exactement. Cela comprend tous les dossiers des
enseignants.
M. RUSSELL: Est-ce qu'on est à mettre les dossiers sur microfilms
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur microfilms, cela va commencer cet
été; nous les mettons aussi tous sur ordinateur.
M. RUSSELL: Sur ordinateur. M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. RUSSELL: Ce montant de $29,000 est pour les nouveaux services que
vous vous êtes agréés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, tout cela c'est purement pour
l'opération de microfilms. C'est uniquement pour la location
d'équipements qui vont servir à ces fins.
M. RUSSELL: ... qui vont servir à ces fins. M. CLOUTIER
(Ahuntsic): Uniquement.
M. RUSSELL: Quel était le montant prévu l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $9,500.
M. RUSSELL: M. le Président, je vous ferais remarquer qu'il y a
une autre augmentation;
l'avez-vous remarquée? Le pourcentage est affreux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je reviens sur les conventions collectives dont
je parlais et la nécessité de créer deux commissions
d'étude et également sur toute la question de l'évaluation
qu'on a abondamment discutée, soit dit en passant. Je crois que cette
augmentation est parfaitement légitime.
M. RUSSELL: Là, il ne s'agit pas de salaire, il s'agit
d'équipement. Les conventions collectives ne devraient pas affecter la
location de l'équipement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, dans la mesure où cela augmente les
dossiers et dans le cas du microfilm, je pense que la relation est
évidente.
M. RUSSELL: C'est pour du nouvel équipement. On va passer cela.
Je ferai part au ministre des Finances de l'exagération de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci. Je vous suis très reconnaissant,
M. le Président. Accepté ce montant de $24,000 sur un budget de
$1,500,000,000.
M. RUSSELL: Fournitures, M. le Président... D'accord. Il faut
regarder les petits montants, c'est avec les petits montants... Quand j'allais
à l'école, l'institutrice m'a toujours dit: Surveillez vos sous,
c'est avec vos sous qu'on fait des dollars. Je pense bien que le ministre a
fait la même chose, parce qu'il a assez bien réussi dans la vie.
Alors, je présume qu'il a conservé ses sous. Donc, comme le
ministre des Finances est tellement occupé et qu'il n'a pas le temps de
regarder les sous, c'est à nous de regarder pour voir si le ministre
surveille les sous. Parce que s'il surveille les sous, il va surveiller les
millions facilement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un bon principe.
M. RUSSELL: M. le Président, autres dépenses: $14,000,;
c'était combien l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autres dépenses? Il n'y en avait pas.
M. RUSSELL: Voyez-vous l'augmentation que cela... Vous voulez faire quoi
avec cela? Quelles sont les dépenses du ministre ou dans quel domaine
particulier peut-il dépenser? Est-ce qu'il peut me lire cela, toute la
liste des dépenses?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les autres dépenses?
M. RUSSELL: Oui, quelles sont les autres dépenses qui sont
couvertes par cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des cours, par exemple, que des fonctionnaires
peuvent suivre, des cours de perfectionnement ou ce genre de choses, c'est
passé dans autres dépenses.
M. RUSSELL: Mais, je pense que même le ministre peut faire des
dépenses électorales avec cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh non! M. le Président. Le
député de Shefford s'amuse, je crois.
M. RUSSELL: Non, je ne m'amuse pas. Il s'agirait de regarder ce qui est
couvert par autres dépenses. Je pense que, dans les livres, vous allez
voir que c'est peut-être couvert. De toute façon, il n'en fera pas
une grosse dépense, c'est juste un petit montant, alors on va l'adopter.
Catégorie "équipement," $40,000, à la catégorie
8.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je ne reviens pas en arrière.
M. RUSSELL: Equipement, $40,000; le montant l'an dernier était de
combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $12,003.
M. RUSSELL: Voyez-vous, M. le Président?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous fais remarquer qu'il s'agit là
d'un nouveau service qui regrouperait certaines instances du ministère.
Je vous fais remarquer également que les conventions collectives, c'est
l'année dernière que cela a eu lieu, entraînent des
obligations que je crois vous avoir énumérées.
M. RUSSELL: M. le Président, je tiens à vous faire
remarquer qu'au début j'avais dit au ministre qu'on lui prouverait les
points où le ministère pourrait être plus conservateur.
Donc, ce sont des places où il pourrait peut-être être plus
conservateur en pourcentage, diminuer en pourcentage ses crédits et cela
va beaucoup aider le ministre des Finances. Adopté. M. le
Président, élément 3, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 3 du programme 2,
adopté. L'élément 4 a été adopté.
Nous passons maintenant à l'élément 5: Coopération
extérieure en éducation.
M. BROCHU: J'aimerais que le ministre fasse ici le point sur cette
situation, également sur l'augmentation des budgets accordés
à cet élément et l'affectation de ces sommes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de Richmond, pendant que je change
d'équipe, de répéter sa question?
M. BROCHU: Oui, d'accord.
C'est une question d'ordre général: le ministre
pourrait-il faire un tour d'horizon de la coopération extérieure
en éducation et, deuxièmement, situer l'affectation des sommes
supplémentaires qu'on demande pour le budget 73/74?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les sommes supplémentaires touchent
uniquement l'administration; comme le député de Richmond le sait,
le budget de la coopération se trouve au ministère des Affaires
intergouvernementales, pour tous les ministères qui sont
impliqués dans ce programme, et c'est là qu'on peut en discuter,
au moins en ce qui concerne cet aspect. Les dépenses administratives
portent uniquement sur l'augmentation de la croissance normale des coûts.
Il y a les 18 p.c. qui s'ajoutent partout. Il y a un poste, qui est celui de
responsable des programmes de coopération du Québec avec le reste
de l'Amérique du Nord. Je cite ce programme avec d'autant plus de
plaisir que c'est sur mon insistance qu'il a été
créé parce que je considérais que même si nous
avions d'excellents programmes de coopération avec la France et
l'Afrique, il y avait également des groupes francophones qui se
trouvaient aux frontières du Québec, en particulier au
Nouveau-Bruns-wick et en Ontario, qui n'avaient peut-être pas toujours
l'occasion de bénéficier ou d'entrer en relations
d'échange avec le Québec, même s'il existait des ententes
avec ces deux provinces. Alors, nous avons un fonctionnaire qui pourra suivre
de très près cette question.
M. BROCHU: Vous n'avez pas inclus là-dedans la coopération
du ministère avec les commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est un autre programme, M. le
Président.
M. LEGER: M. le Président, concernant cette coopération
avec les provinces comme l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, est-ce que les
groupes, comme une ville comme Sudbury, qui font parfois des demandes de
subvention au ministère du Québec, doivent passer directement par
le ministère ou s'ils doivent passer par le ministère de
l'Education de l'Ontario? Est-ce que c'est directement avec votre
ministère...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ces groupements passent en général
par les Affaires culturelles. Il y a un service de coopération aux
Affaires culturelles qui s'occupe plus particulièrement de ce que l'on
appelle le Canada français d'outre-frontières. Le service de
coopération traite avec les gouvernements, ici, dans le cadre d'ententes
qui ont été signées avec l'Ontario et avec le
Nouveau-Brunswick, en ce qui concerne l'éducation, bien sûr. Mais
ces ententes n'ont peut-être pas reçu, surtout dans le cas du
Nouveau-Brunswick, un contenu très précis et c'est pour ça
que j'ai voulu affecter un fonctionnaire à ce point de vue.
M. LEGER : Est-ce que ce fonctionnaire traite avec le ministère
de l'Education de l'Ontario ou directement avec les organismes de
l'éducation dans les...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec les gouvernements...
M. LEGER: Avec les gouvernements. C'est donc dire que le gouvernement de
l'Ontario ne mettrait pas suffisamment de budget pour l'élément
francophone de son territoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas du tout! D'ailleurs, il ne s'agit pas
simplement d'une coopération pour favoriser l'élément
francophone, il s'agit de coopération dans le domaine des
échanges de l'éducation: programmes, techniques administratives,
personnel.
M. RUSSELL: M. le Président, si je comprends bien, ces questions
pourraient être posées lorsque nous ferons l'étude du
ministère des Affaires culturelles ou si...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien oui!
M. RUSSELL : On n'est pas pour continuer à discuter
là-dessus si c'est le ministère des Affaires culturelles qui
s'occupe...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ce n'est pas le ministère des
Affaires culturelles. J'ai parlé uniquement des associations pour
répondre à la question du député de Lafontaine. Le
ministère des Affaires culturelles a son programme de
coopération, qui regarde les affaires culturelles. Et le
ministère de l'Education a son programme qui est d'ailleurs beaucoup
plus important en ce qui concerne...
M. RUSSELL: II s'occupe de formation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans sa juridiction.
M. RUSSELL: D'aide à la formation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans sa juridiction. C'est à peu
près ça !
M. LEGER: Ceci veut quand même dire, d'après ce que le
ministre disait au début, que, dans ces échanges de
coopération avec la France et avec des pays d'Afrique, il a jugé
qu'il pouvait le faire en Amérique du Nord. C'est donc dire qu'il veut
aider les Etats voisins de l'Etat du Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que je crois qu'au sein de là
Fédération canadienne il y a intérêt à ce que
les différentes parties constituantes puissent collaborer. C'est ainsi,
par exemple, que le Conseil des ministres de l'Education du Canada groupe tous
les ministres de l'Education et se réunit régulièrement.
Il a mis
sur pied un certain nombre de comités dans des secteurs
très précis comme l'audio-visuel ou le secteur de la formation
professionnelle des adultes. De ces échanges découle une
collaboration extrêmement précise et le Québec n'a pas la
prétention de pouvoir apporter plus que ce qu'il reçoit.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'élément 5 est
adopté?
UNE VOIX: Adopté.
Services administratifs dont les coûts sont
imputés (suite)
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 5, adopté. Ceci
complète l'étude du programme 2. Nous allons maintenant revenir
au programme 5, élément 6: Bureaux régionaux.
M. RUSSELL: Programme 5. Il y a combien de bureaux régionaux, M.
le Président?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dix, onze avec les régions
administratives.
M. RUSSELL: Quelle région n'est pas couverte? Si je comprends
bien, il y a un bureau par région administrative. Il y a onze
régions administratives.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a dix régions administratives.
M. RUSSELL: Dix.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a dix bureaux plus un supplémentaire
à Montréal. C'est pour ça que nous arrivons au chiffre de
onze.
M. LEGER: Quel est le rôle particulier de ces bureaux
régionaux, dans leurs régions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce rôle a été revu. Je pense
qu'une nouvelle politique est en train d'apparaître de ce point de
vue.
Or, elle n'est pas tout à fait à point.
C'est une des priorités de l'année, je l'ai indiqué
au tout début de mon intervention. Les bureaux régionaux
représentent le prolongement du ministère dans les
régions, mais je ne voudrais pas que ce soit seulement un prolongement
administratif. Je voudrais également que l'on puisse tenter de
régler sur place certains problèmes, en particulier le
problème des relations avec les enseignants, avec les administrateurs,
que l'on puisse également traiter l'information de telle façon
que l'on puisse non seulement la dispenser au niveau de la région mais
recevoir une espèce de "feed-back" également qui nous permettrait
d'être plus au point, plus au courant des besoins du milieu. Pour ma
part, je donne beaucoup d'importance aux bureaux régionaux, même
si ces derniers ne semblent pas encore avoir trouvé tout à fait
leur vocation, probablement pour des raisons historiques, parce qu'ils n'ont
pas été implantés à partir d'un plan d'ensemble,
à partir d'un concept, ils sont nés de situations
particulières qui existaient ici et là.
Alors, en gros, je dirais que c'est l'orientation qui est actuellement
souhaitée.
M. LEGER: Est-ce que c'est un style de déconcentration ou de
décentralisation, est-ce qu'il y a une certaine autonomie? Je sais qu'il
y a une partie de rétroalimentation ou rétroinformation mais,
sont-ce seulement des renseignements que vous avez ou s'il y a un certain
pouvoir de décision à l'intérieur de plans
déjà établis avec la population de ces régions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il n'y a pas de pouvoir de décision.
Alors, dans ce cas-là, je crois que l'on peut parler de
décentralisation.
Mais ce n'est peut-être pas de cette façon qu'il faut se
poser la question de la décentralisation, parce que ce n'est pas au
niveau du prolongement du ministère qu'elle existe, parce qu'elle
existe, c'est au niveau des commissions scolaires et des collèges.
Alors, il nous parait logique que le ministère puisse être
présent et engager le dialogue avec ces instances
décentralisées.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 6.
M. RUSSELL: M. le Président, je tente de comprendre un peu le
rôle bien précis que jouent ces bureaux régionaux et je ne
peux saisir encore la valeur de ces bureaux s'ils n'ont pas de pouvoir
décisionnel et s'ils ne sont pas nécessairement le prolongement
du ministère à l'intérieur de la région. Est-ce
qu'ils sont les dictateurs des commissions scolaires? Ce n'est pas possible
parce qu'ils n'ont pas de pouvoir. Quelle est la raison qui motive leur
existence?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a énormément d'actions qui
partent du ministère au niveau des grandes directions
générales.
Je pense surtout aux directions générales de services,
comme l'élémentaire, le secondaire, le collégial, et qui
doivent faire l'objet d'implantations sur place ou qui doivent faire l'objet
d'un "follow-up". C'est ainsi que je pourrais vous énunérer tout
un ensemble d'activités qui entrent dans ce cadre-là. Il y a
également l'analyse des budgets qui se fait au niveau du bureau
régional.
M. RUSSELL: Donc, dans ce sens-là, ça devient une
extension du ministère...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que j'ai pensé décrire
clairement au début; manifestement, je n'ai pas réussi.
M. RUSSELL: Actuellement, ce n'est pas
complet, ça fait combien de temps qu'ils existent
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les bureaux régionaux existent depuis
1966.
M. RUSSELL: Depuis 1966, mais ils n'ont pas encore trouvé leur
vocation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis pas satisfait en tout cas, moi, de la
façon dont les bureaux régionaux fonctionnent. Il semblait y
avoir là des possibilités qui n'avaient pas été
exploitées, c'est pour ça que, dans le cadre des priorités
que je me suis tracé, j'ai mis beaucoup d'insistance sur la
définition d'une nouvelle politique. J'ai moi-même
rencontré tous les directeurs généraux des bureaux
régionaux pour bien me rendre compte de leurs problèmes et
essayer de me sensibiliser aux orientations qu'on pourrait adopter. Mais ce
n'est pas possible de tout réaliser en même temps et je pense
qu'il faut y arriver quand même.
M. RUSSELL: Oui, je pense que le ministre a raison de ne pas être
satisfait et il n'est pas le seul qui ne soit pas satisfait. Est-ce qu'on va
trouver le juste milieu dans la façon d'animer ces bureaux, quelle est
l'autorité qu'on doit leur donner, quelles sont leurs obligations
à remplir quotidiennement? Je pense qu'il y a encore un rodage qui n'est
reconnu ni par les commissions scolaires ou les autorités en place qu'on
veut faire surveiller, ni par le bureau. Il semble y avoir un manque de
dialogue...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très juste.
M. RUSSELL: ... de fonctionnement, je ne sais pas lequel et...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a même des problèmes.
M. RUSSELL: ... je vous avoue honnêtement, je peux comprendre que
le ministre est embêté et moi aussi, pour comprendre, localement,
c'est la même chose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic) : II y a même des problèmes internes
au ministère auxquels j'essaie actuellement d'apporter des solutions: le
fait que les directions générales peuvent intervenir directement
dans le milieu, alors que, d'autre part, le bureau régional peut avoir
certaines responsabilités dans les mêmes dossiers; c'est un
travail de coordination qui est en train...
M. RUSSELL: Le ministre a dit tout à l'heure qu'il pouvait nous
donner la liste des responsabilités qui sont dévolues à
ces bureaux-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, la direction générale de
l'élémentaire et du secondaire, par exemple, intervient dans
l'organisation scolaire, l'enseignement professionnel, ce qu'on appelle les
mesures et l'évaluation, et les affaires étudiantes, par
l'intermédiaire des bureaux régionaux.
La direction générale de l'équipement intervient et
des études se font sur place des besoins des commissions scolaires, ce
qui est un avantage par rapport à ce qui se faisait dans le
passé. Nous avons d'ailleurs longuement discuté la marge de
manoeuvre accrue que nous avons donnée aux commissions scolaires en ce
qui concerne les équipements et les immobilisations. Avant, je ne veux
pas y revenir puisque ce n'est pas le programme, mais il fallait tout une
série d'approbations du ministère pour que la commission scolaire
puisse prendre certaines décisions. Ce n'est plus nécessaire
maintenant.
A la direction générale du financement, il y a
également des actions régionales dans ce secteur. Pour les
prêts et bourses aussi, et également pour le classement des...
M. RUSSELL: Ils ont un droit de regard en ce qui concerne les
prêts et bourses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'appellerais pas cela un droit de regard.
C'est que les enfants, par exemple, qui ont droit à des bourses...
M. RUSSELL: M. le Président, si je comprends bien, le
fonctionnaire qui répond n'est pas identifié et tout ce qu'il dit
est attribué au ministre. C'est cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Je choisis uniquement les points
techniques parfois...
M. RUSSELL: Je n'ai pas d'objection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les enfants qui demandent des bourses font une
demande à la commission scolaire et le service des prêts et
bourses à Québec se fait aider dans l'administration par les
bureaux régionaux.
M. LEGER: J'apporterais juste un cas concret pour bien saisir la
portée du rôle de ces bureaux régionaux. Par exemple, dans
mon comté, il y avait une commission scolaire qui avait obtenu une
approbation du ministre précédent d'une immobilisation pour une
école pour handicapés. Par la suite, il y a eu un refus. A ce
moment, au niveau régional, vous venez de dire tantôt qu'il y
avait étude sur place des besoins concernant l'équipement et
l'immobilisation. Est-ce que la commission scolaire peut, auprès de ce
bureau régional, obtenir des explications ou faire pression pour que ce
bureau régional qui fait une étude sur place de cette approbation
qui avait déjà été faite par le ministre
précédent puisse faire quelque chose
au niveau régional pour permettre de réévaluer la
situation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, très certainement. Le cas auquel
fait allusion le député de Lafontaine n'est peut-être pas
le meilleur exemple parce qu'il s'agit d'un cas très spécial que
je connais et auquel je cherche actuellement des solutions. L'approbation a
été refusée dans l'attente d'une politique d'ensemble
touchant le secteur des enfants handicapés et, faute de ressources
immédiates, c'est une manière de planifier au lieu de
créer des institutions.
Cette planification n'avait peut-être pas été
suffisamment poussée.
Mais, normalement, dans des cas d'approbation habituelle, c'était
effectivement par le bureau régional que la commission scolaire pouvait
se faire entendre.
M. LEGER: A ce moment, le bureau régional reçoit les
doléances ou les renseignements qu'il peut obtenir de la commission
scolaire et les transmet au ministre. Est-ce que c'est plus
préférable de cette façon, plutôt que de le faire
directement avec le ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Bien sûr, c'est
préférable, parce que, contrairement à ce que certaines
personnes ont encore tendance à croire ici, les problèmes
techniques ne se règlent pas par une intervention directe au ministre.
Je sais très bien, par exemple, qu'il y a beaucoup de gens qui veulent
me voir. J'en vois un bon nombre aussi, dans la mesure de mon horaire, mais je
m'arrange pour que cette rencontre se transforme en rencontre de travail, pour
que cela soit véritablement utile, parce que ce n'est pas par des
pressions que nous travaillons et que nous fonctionnons. Lorsqu'il faut voir
certains groupes, parce qu'il y a quand même des éléments
humains dont il convient de tenir compte, je m'arrange toujours pour
qu'à la suite, il y ait une rencontre de travail, quitte à y
assister avec les fonctionnaires pour qu'on aille au fond des choses.
M. LEGER: Je me suis peut-être mal exprimé. Je ne voulais
pas dire: Le ministre comme tel, mais le ministère à
Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très certainement. Nous tentons de plus
en plus de valoriser les bureaux régionaux, pour qu'ils puissent servir
de relais. Dans mon esprit, du moins, la majorité des problèmes
devraient être réglés ou recevoir un début de
solution au niveau régional.
M. LEGER: Autrement dit, la solution précise au problème
que je soumets, qui est un cas concret, serait encore de voir le bureau
régional ou d'attendre la grande politique d'ensemble...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le cas pré- cis, je pense qu'il faut
sauter le relais du bureau régional, parce qu'il s'agit,
véritablement, d'une politique.
M. RUSSELL: Je pense qu'ils ont toujours avantage de voir le ministre,
parce qu'au moins, ils obtiennent une réponse habile avec lui. C'est
plaisant. On est heureux. On a eu notre belle réponse du ministre, mais
après, ce n'est pas si certain que cela marche.
Alors le travail technique commence. Il y a toujours un peu
d'obstruction, peut-être normale, qui se fait et les projets ou les
programmes semblent retarder un peu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si le député de Chicoutimi
était ici, il citerait très certainement ce vieil adage latin:
Timeo Danaos et dona ferentes. Je crains les Danois surtout lorsqu'ils
apportent des cadeaux.
M. RUSSELL: Ah bon! Pour tâcher de donner la chance au ministre de
continuer de nous parler en latin, il pourrait peut-être m'ex-pliquer
quelle est la raison... Pardon?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je connais quelques expressions, oui.
M. RUSSELL: Je veux simplement lui poser une question très
simple. Je suis certain que je peux m'en servir comme exemple; il s'agit du
CEGEP qui doit faire une construction à Granby. Est-ce le bureau
régional qui bloque ou si c'est le ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La direction régionale de l'enseignement
collégial, programme 14, étant donné qu'elle se trouve au
début de l'implantation du réseau des CEGEP, est dans une
situation un peu différente. Elle comprend également son propre
service d'équipement de sorte que, dans le cas particulier, il faut
aller directement à la direction générale du
collégial.
M. RUSSELL: D'ailleurs, le bureau régional n'a aucune
autorité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. RUSSELL: Au point de vue de l'information non plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le bureau régional peut très
certainement donner l'information.
M. RUSSELL: II y a un service qui s'adresse directement aux CEGEP dans
la région.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. RUSSELL: Mais il faut que l'autorisation vienne directement du
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans tous les cas, d'ailleurs.
M. RUSSELL: Dans tous les cas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Parce qu'une étude des besoins est
faite. Un devis pédagogique est fait. Ensuite, il y a une planification
dont il faut tenir compte. Les besoins sont évalués.
M. RUSSELL: Ces bureaux régionaux ont combien d'employés
par bureau, en moyenne?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a 192 en tout.
M. RUSSELL: Mais combien par bureau, en moyenne?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela varie beaucoup. Il y en a 68 à
Montréal, 30 à Québec.
M. RUSSELL: Le bureau régional, ce n'est pas au
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, et je me demande si c'est
nécessaire. Cela fait aussi partie de l'étude entreprise. Je ne
suis pas convaincu qu'il y ait intérêt à avoir un bureau
régional à Québec, étant donné que le
ministère y est présent.
M. RUSSELL: Ce bureau est composé d'un directeur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet.
M. RUSSELL: A qui est-il responsable directement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au chef du service des bureaux
régionaux.
M. RUSSELL: A Québec, ici?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est ici, à Québec.
M. LEGER: M. le Président, je vous fais remarquer qu'il est une
heure.
LE PRESIDENT (M. Picard): II est une heure. La commission suspend ses
travaux jusqu'après la période des questions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que nous aurions une chance d'adopter ce
qui concerne les bureaux régionaux? Cela éviterait de faire
revenir les fonctionnaires.
M. BROCHU: J'aurais un certain nombre de questions à poser.
M. RUSSELL: Je suis certain que le ministre a la réponse habile;
il n'est peut-être pas nécessaire que les fonctionnaires soient
ici. Le ministre va répondre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aime bien les avoir avec moi.
M. RUSSELL: Je suis certain que le ministre est heureux de les avoir
avec lui. Il se sent pas mal plus rassuré !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est contradictoire avec ce que le
député de Shefford vient de dire.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'après la période des questions à l'Assemblée
nationale, soit vers 4 heures environ, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
Reprise de la séance 16 h 6
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue l'étude des crédits du ministère
de l'Education. J'aimerais faire part aux membres de la commission que M.
Assad, député de Papineau, remplace M. Leduc,
député de Taillon, pour les séances d'aujourd'hui.
Au moment de la suspension des travaux, je crois que c'était le
député de Richmond qui avait mentionné son intention de
poser quelques questions au programme 2, élément 6.
M. BROCHU: Programme 5, élément 6. LE PRESIDENT (M.
Picard): C'est cela.
M. BROCHU: Les bureaux régionaux. Merci, M. le
Président.
Ces bureaux régionaux ont été créés
à partir d'expériences pilotes qui n'étaient pas
nécessairement, au point de départ, dans le sens du rapport
Parent ou du Conseil supérieur de l'éducation. Est-ce que le haut
fonctionnaire qui a bien voulu se déplacer encore cet après-midi
pour nous donner plus d'explications pourrait nous indiquer un peu le
cheminement qui se produit là-dedans? Etant donné qu'un peu tout
le monde de l'intérieur comme de l'extérieur du ministère
semble remettre cet organisme en cause actuellement, il semble y avoir une
"désorganisation organisée," si on peut parler ainsi, à
l'intérieur des bureaux régionaux. Est-ce que, soit le ministre
ou le haut fonctionnaire pourrait faire un peu le tableau de l'évolution
de ces bureaux régionaux et du rôle qu'ils jouent actuellement?
Surtout sur l'évolution.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. A l'origine il y avait des inspecteurs
d'écoles dans chacune des régions et c'est à partir de ce
noyau que les bureaux régionaux ont été
créés et non pas comme expérience pilote mais d'un seul
coup en 1966. Vous voyez qu'on remonte quand même pas mal en
arrière. Petit à petit les bureaux régionaux ont pris
cette fonction que je décrivais ce matin, le prolongement administratif
du ministère et je ne crois pas qu'il soit exact de parler de
désorganisation, comme le fait le député de Richmond,
parce qu'on s'interroge sur les fonctions d'une structure. Les bureaux
régionaux ont rempli des rôles utiles tout au long de cette
période mais j'ai souhaité, moi, en arrivant au ministère,
que l'on essaie peut-être de revoir l'ensemble de leurs activités
et je vous ai indiqué ce matin dans quelle optique il me semblait qu'une
révision s'imposait.
M. BROCHU: Ce qui semble arriver actuelle- ment, c'est que j'ai
l'impression que cela devient comme un relais additionnel du ministère
de l'Education où il n'y a pas de pouvoir décisionnel de sorte
qu'on n'entre pas dans une structure vraiment décentralisée. On
crée, en d'autres mots, si vous voulez, une marche intermédiaire
encore supplémentaire qui, j'ai l'impression, n'a pas encore
défini son rôle ou acquis suffisamment de pouvoir pour être
capable de jouer un véritable rôle là-dedans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce dont il faut bien se souvenir et je l'ai
également indiqué à la dernière séance,
c'est que la décentralisation n'a pas à jouer à ce
niveau.
Elle existe par les structures des commissions scolaires et les
structures des collèges, de sorte que les bureaux régionaux se
présentent comme des prolongements administratifs. Il est évident
qu'il ne faut pas qu'il s'agisse d'un relais inutile. Ceci ne suppose pas
nécessairement des pouvoirs de décision. Il est plus sûr
que nous envisagions de donner des pouvoirs de décision étendus
aux bureaux régionaux. Ce qu'il est important d'éviter, c'est le
double emploi avec les activités de nos directions
générales qui se font dans différentes régions.
Celles-ci doivent être faites par l'intermédiaire des bureaux
régionaux qui sont beaucoup plus près des problèmes
locaux, ou encore en coordination avec ces derniers.
M. BROCHU: On a l'impression qu'il y a des lourdeurs
créées, parce qu'il y a quand même des dédoublements
de fonctions, soit de la part des bureaux régionaux avec la commission
scolaire ou de la part des bureaux régionaux avec d'autres organismes du
ministère de l'Education, de sorte qu'à un moment donné il
se crée un certain fouillis. C'est là que je dis qu'on a
peut-être manqué l'objectif s'il y en avait un de bien
déterminé. On est peut-être arrivé à
créer un dérivatif plutôt qu'une vraie
décentralisation. Si on se place dans une structure de "management", il
faut établir un système de responsabilités avec, en
même temps, un système de pouvoirs équivalents aux
différents niveaux, si on veut que la structure fonctionne bien. Je
pense tout simplement au niveau du service des achats, des choses comme
ça; on sait qu'il se crée des chevauchements qui apportent des
lenteurs administratives et souvent des résultats qui sont loin
d'être efficaces.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu beaucoup de progrès de faits
récemment de ce point de vue. C'est ainsi que l'étude des budgets
des commissions scolaires se fait aux bureaux régionaux. A ce
moment-là, c'est décisif. Quant à l'équipement ce
sont des exemples dont nous avons abondamment parlé, lorsque nous avons,
au début de cette discussion...
M. BROCHU: A présent, ce n'est pas arrêté
définitivement. Vous dites: On fait l'étude des
budgets, il y a certaines décisions qui se prennent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah non! Il s'agit de décisions...
M. BROCHU: Même la nature et le rôle, le comment et le
pourquoi des bureaux régionaux ne semblent pas avoir été
arrêtés définitivement encore, loin de là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, bien sûr, mais les deux exemples dont
je viens de parler, celui des équipements et celui des immobilisations,
représentent des éléments de politique nouvelle. J'en ai
surtout parlé au début de la discussion des crédits, je ne
me souviens plus à quel programme, quand je donnais des exemples de
décentralisation.
M. BROCHU: Parce que, là aussi, vous n'avez pas l'intention de
vous impliquer dans les conflits...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans cette décentralisation, les bureaux
régionaux se trouvent à jouer leur rôle.
M. BROCHU : Vous n'avez pas l'impression qu'à ce niveau il peut
se créer des conflits, parce que les...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, il y a des améliorations
à apporter.
M. BROCHU: ... centres de décisions ne sont pas clairement
définis entre la commission scolaire et le bureau régional, les
superstructures du ministère, c'est-à-dire les structures
supérieures du ministère de l'Education?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le bureau régional est le prolongement du
ministère, et devront se régler au niveau régional, tous
les problèmes qui peuvent l'être.
M. BROCHU: A présent, d'après certaines recherches qui ont
été faites, on nous a mentionné qu'il y avait environ un
cinquième de la masse salariale du personnel actif du ministère
de l'Education qui était investi là-dedans. Est-ce exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un cinquième de la masse salariale?
M. BROCHU: Un cinquième de la masse salariale active du
ministère comme telle. Je ne parle pas des professeurs, des enseignants,
les effectifs du ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans les bureaux régionaux?
Si l'on considère les postes permanents, les postes
réguliers, cela représente à peu près 12 p.c. Et si
on tient compte de l'ensemble de la masse salariale en incluant les
contractuels et les occasionnels, on descend alors à 7 p.c. et 8 p.c.
Nous sommes assez loin de votre évaluation que vous situez à 20
p.c.
M. BROCHU: Je me posais la question parce que nous avions certains
chiffres sur ça et ça semblait laisser la porte ouverte à
des discussions.
Une dernière question au sujet du conseil de développement
scolaire, en ce qui concerne la région de Montréal et ces
choses-là. Ne semble-t-il pas y avoir une certaine contradiction
là-dedans puisque, d'après le rapport Parent, en fait, les
conseils scolaires seraient plus en mesure de favoriser la
décentralisation administrative et la coordination régionale
comme telles du fait que, par leur définition, ils incorporent à
la fois des représentants du milieu et du ministère, qui sont
à même de prendre certaines décisions appropriées
concernant leur milieu? Face à ces deux éléments, qui
semblent un peu venir en conflit, que se produira-t-il?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que c'est une constatation qui est
très judicieuse et qu'il faudrait s'interroger sérieusement,
à savoir s'il y a lieu de conserver un bureau régional dans la
région de Montréal.
Je vous ai déjà dit que je me demandais s'il était
nécessaire d'en avoir un à Québec également,
puisque le ministère y est présent. Cela signifie que mes
réflexions s'orientent pas mal dans le sens que vous indiquez
là.
M. CHARRON: A ce chapitre, combien de régions administratives
actuellement couvrent ce...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons répondu à cette
question, bien sûr, ce matin. Il y a onze bureaux régionaux, en
comptant celui de Montréal, de sorte que dix régions
administratives...
M. CHARRON: Est-ce que l'ensemble du territoire québécois
se trouve couvert y compris le Nouveau-Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Nouveau-Québec n'est pas
considéré de la même façon. Il n'est pas une
région administrative et la commission a été
créée de par une loi spéciale. Nous en avons assez
longuement discuté.
M. CHARRON: Je sais, mais pourquoi n'y a-t-il pas un bureau
régional pour cet immense territoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très franchement, je pense qu'avant
d'envisager un bureau régional, il faudrait mettre un peu d'ordre dans
l'ensemble de la situation qu'on a bien diagnostiquée ce matin.
J'ai créé une commission qui doit me faire rapport, ce qui
n'exclura pas la création d'un groupe d'étude qui impliquerait
davantage le milieu, et sur la base de ce rapport, on pourra même
commencer par se demander s'il n'y a pas lieu de déménager le
centre social sur place. Ce serait probablement la première chose
à faire.
M. CHARRON: C'était pour cela que je vous posais la question. Je
vous écoutais décrire au député de Richmond la
philosophie de l'existence des bureaux régionaux, et il me semblait que
dans cette région dont les problèmes sont nombreux, par exemple,
un bureau régional aurait certainement signalé au ministre avant
que la moitié des enseignants démissionnent, par exemple, comme
ils viennent de le faire, certains malaises dans la commission scolaire. Le
déménagement pourrait être en soi une bonne chose. Il
faudrait donc écarter la nécessité d'un bureau
régional pour la région. Le déménagement du
siège social n'écarterait pas non plus le fait quand même
que cette commission scolaire fonctionne présentement avec des cadres
tout à fait réduits; à l'exception de l'administrateur et
d'un autre directeur de services, je pense que tous les autres, services aux
étudiants, services pédagogiques, tous ces gens sont
disparus.
Moi, comme je l'avais entendu, et je me souviens d'autres débats
des crédits du ministère, lorsque nous arrivions à ce
chapitre des bureaux régionaux, c'était en quelque sorte, je ne
sais pas si le député de Richmond est du même avis que moi
là-dessus, l'espèce de présence du ministère au
niveau de chaque région, non pas comme centre de décision mais
comme "feed-back"; on avait insisté sur cet aspect d'information venant
des commissions scolaires de la part des bureaux régionaux, comme
courroie de transmission vers le ministère. C'est pour cela que j'ai
ouvert la parenthèse sur le Nouveau-Québec, parce qu'il me semble
que si un bureau régional avait couvert ce territoire pour compenser le
fait que, incroyablement, le siège social de cette commission scolaire
est à Québec, peut-être certains problèmes en cours
actuellement et qui hypothèquent sérieusement l'avenir de
l'éducation au Nouveau-Québec auraient pu être
écartés. En tout cas, c'est l'utilité que je vois aux
bureaux régionaux.
Je dois dire aussi que la nouvelle version que veut en faire le ministre
de l'Education me semble plus adéquate que la
précédente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci.
M. BROCHU: Une autre question. Est-ce que l'on doit conclure de ce que
le ministre a mentionné, premièrement, dans un premier volet, que
ce n'est pas uniquement la situation d'ambiguïté qui peut exister
sur l'île de Montréal avec le conseil de développement
scolaire de la ville de Montréal mais la situation d'ensemble qui va
faire que le ministre va réévaluer cette situation?
Deuxièmement, est-ce que ce sera plutôt dans le sens d'un
changement de vocation des bureaux régionaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela peut très bien être dans le
sens d'un changement de vocation des bureaux régionaux. En ce qui
concerne Montréal, l'économie même du projet de loi 71 en
est une de décentralisation, revient à remettre au milieu le plus
de pouvoirs possible, compte tenu, bien sûr, de la responsabilité
générale du ministère.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 6, programme 5, adopté?
Adopté. Nous revenons maintenant au programme 3: Moyens
d'enseignement.
Moyens d'enseignement
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le programme 3, M. le Président, a pour
objectif de planifier et de coordonner les moyens d'enseignement au sens large
et d'assurer la production des documents nécessaires â cette fin.
Il comprend un certain nombre d'éléments, comme le service des
bibliothèques, le service des moyens techniques d'enseignement, le
service des cours par correspondance et enfin, un dernier élément
où se retrouve toute l'administration du programme.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 3, adopté?
M. RUSSELL: M. le Président, le service des bibliothèques,
il s'agit simplement d'un service administratif aux bibliothèques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est un service qui fait partie du service
général des moyens d'enseignement, lequel regroupe, en plus du
service des bibliothèques, le service des moyens techniques et le
service des cours par correspondance.
M. RUSSELL: Les $360,000 qui sont à "services", c'est ça,
les cours par correspondance, le montant là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Service des cours par correspondance; vous
pensez à la catégorie 4: Services; élément 1:
Services des bibliothèques. C'est bien ce chiffre qui vous
intéresse?
M. RUSSELL: Les $360,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, il s'agit d'une subvention qui est
accordée à ce que nous appelons la centrale des
bibliothèques, laquelle centrale rend des services techniques à
l'ensemble des bibliothèques dans les institutions d'enseignement.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il est question de
faire une fusion entre les services bibliothécaires qui sont
subventionnés par le ministère des Affaires culturelles et le
ministère de l'Education pour avoir seulement un service qui comprenne
tout?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais profitant du fait que, pour l'instant,
les deux ministères ont le même titulaire, j'ai demandé aux
fonctionnaires d'essayer de faire disparaître les recoupements qui
seraient susceptibles d'exister. Voilà justement un secteur où
certaines clarifications, certains éclaircissements s'imposent; mais je
ne prévois pas qu'il y ait de fusion des deux types de
bibliothèque qui visent des clientèles différentes et qui,
d'ailleurs, correspondent à des besoins différents. Cependant, il
y a des endroits où on peut peut-être se demander s'il n'y aurait
pas intérêt à ouvrir davantage de bibliothèques
scolaires ou à permettre de donner une vocation un peu différente
à la bibliothèque publique. C'est le genre de questions que le
comité ad hoc qui vient d'être constitué devra se
poser.
M. RUSSELL: Je comprends que dans certaines municipalités,
c'était peut-être un peu difficile; mais je prends pour exemple la
ville de Waterloo parce que je la connais assez bien. Il y a une
bibliothèque publique mais qui n'est pas tout à fait
outillée à 100 p.c. pour répondre à un besoin. De
l'autre côté, vous avez celle à l'intérieur des
écoles et qui, elle aussi, pourrait être améliorée.
Donc, s'il y avait moyen d'inclure à l'intérieur de la même
bâtisse tous les services, améliorer les deux, je pense que cela
pourrait rendre service.
Evidemment, on va avoir de l'opposition de la part de certains individus
qui ont vu cette bâtisse depuis nombre d'années et qui ne verront
pas, ou verront mal le fait qu'on va envoyer le service ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pense pas cependant que cela puisse
être fait systématiquement parce que, comme je le laissais
entendre, il y a des besoins qui varient. Ce n'est pas seulement une question
de clientèle. Les bibliothèques scolaires sont souvent des
bibliothèques de recherche où les étudiants ont à
travailler. On n'y trouve pas nécessairement le même type
d'ouvrages que dans la bibliothèque publique. Mais je suis d'accord avec
le député de Shefford: il y a certainement une coordination qui
doit être faite dans ce domaine.
M. RUSSELL: Je peux peut-être poser ma question d'une façon
un peu différente. Dans les municipalités où il n'y en a
pas de bibliothèque publique, est-ce qu'il y a une possibilité
d'ouvrir au public la bibliothèque scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me parait, à moi, très
important d'y arriver. Cela ne se fait pas sur une échelle suffisante
et, à mon avis, je ne vois pas pourquoi on n'y arriverait pas.
D'ailleurs, c'est une orientation générale que je fais mienne,
d'ouvrir non seulement les bibliothèques mais également tous les
équipements sportifs, tous les équipements culturels.
Il ne faut pas que l'école soit coupée du milieu.
D'ailleurs, nous avons fait des investissements tels dans ce domaine que c'est
toute la collectivité qui doit en profiter, pas seulement une fraction
de la collectivité.
M. RUSSELL: Je suis bien heureux de la réponse du ministre qui me
dit que ceci devrait exister pas simplement pour les bibliothèques, mais
aussi dans le domaine sportif. Je suis complètement d'accord. Cela fera
suite à une lutte que je mène depuis quinze ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que vous aurez satisfaction lorsque
nous parlerons du Haut-Commissariat...
M. RUSSELL: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... parce que nous avons déjà
réussi à signer certaines ententes, de ce point de vue.
M. RUSSELL: Parfait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a plusieurs qui fonctionnent.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 1 du programme 3.
Adopté. Elément 2: Service des moyens techniques
d'enseignement.
M. CHARRON: Quelle est la relation de ce service avec l'ensemble des
commissions scolaires? Quelle est la méthode de travail avec les
commissions scolaires en ce qu'il s'agit des moyens techniques
d'enseignement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Production de documents d'une part et formation,
également, sur place, par le service.
M. CHARRON: L'ensemble des commissions scolaires sont-elles toutes
desservies?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles le sont. D'abord, certains de ces
documents sont distribués par l'Office du film, par les
différents services et, également, le service
général des moyens d'enseignement prépare des documents
audio-visuels qui apparaissent sur les ondes et auxquels le public, en
général, peut avoir accès.
Il y a également des documents qui peuvent circuler.
M. RUSSELL: C'est couvert par le montant de $4,368,000?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Services professionnels, c'est bien cela.
Formation des ensei-
gnants, production de documents audio-visuels, contrats avec
Radio-Québec et avec l'Office du film. Nous avons d'ailleurs la liste de
tout cela.
M. RUSSELL: Si cela n'est pas trop long, le ministre devrait
peut-être lire pour que cela soit inscrit au journal des
Débats.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La programmation.
M. RUSSELL: Si cela n'est pas trop long.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'hésiterais à faire inscrire le
programme 73/74 parce qu'il s'agit là de prévisions et il peut y
avoir des changements. Cela serait peut-être éveiller certains
espoirs dans la population en disant qu'on va nécessairement produire
tel disque ou tel film après le moment.
M. RUSSELL: Quel est le montant que nous avons dépensé en
72/73?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En 72/73, au même poste?
M. RUSSELL: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $4,594,000.
M. RUSSELL: Donc, il y a une diminution de crédits. Est-ce qu'il
y a eu des surplus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu en effet des crédits
périmés assez importants puisqu'on me dit que c'est à peu
près $2 millions. Ceci s'explique par des problèmes de
coordination, que je serais le dernier à nier et que je soulignerais
plutôt d'ailleurs, avec Radio-Québec.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère possède on en
avait parlé l'année dernière aussi
l'élaboration de devis pédagogiques, au niveau secondaire, par
exemple? Quelles sont les relations entre la direction générale
de l'enseignement élémentaire et secondaire et le service des
moyens d'enseignement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dirais que le service est articulé de
façon très étroite avec des responsables de la direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire au niveau de la programmation. Tout projet de production
audio-visuelle s'inspire de propositions venant de la DIGEES et cela vaut pour
n'importe quel niveau également.
M. CHARRON: Puisque vous m'avez répondu, tout à l'heure,
à une première question, au sujet de la collaboration avec les
commissions scolaires, est-ce qu'aussi le service des moyens techniques
d'enseignement du ministère peut répondre à des demandes
émanant non pas de la
DIGEES, mais de commissions scolaires dans l'utilisation des
techniques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout passe par l'élaboration, par la
direction générale. Maintenant, si vous faites allusion à
la distribution, les demandes peuvent arriver directement.
M. CHARRON: Lorsque l'on parle de la formation technique donnée
à du personnel, c'est du personnel qui appartient aux commissions
scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est du personnel qui appartient aux
commissions scolaires et qui se rend sur place pour s'initier au maniement de
l'instrumentation audio-visuelle.
M. CHARRON: C'est sur demande des commissions scolaires? Quel est le
personnel actuel du service?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'effectif, en tout, 135. Nous passons de 121
à 135.
M. CHARRON: Est-ce que l'augmentation est due à la nouvelle
politique de l'enseignement des langues dont nous parlerons tout â
l'heure?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Il n'y a pas eu de poste nouveau à
ce niveau.
M. CHARRON: Mais est-ce que la nouvelle politique de l'enseignement des
langues ne nécessitera pas l'embauchage de personnel
supplémentaire dans ce secteur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas impossible; à ce moment cela
se fera par occasionnels, au moins pour cette année. Les postes
créés par le plan d'enseignement des langues sont surtout au
niveau de l'encadrement et j'en ai parlé aux programmes
élémentaire et secondaire: encadrement, animation
pédagogique, agent de développement pédagogique.
M. CHARRON: Lorsque nous avons parlé des agents de
développement pédagogique, vous avez mentionné que
l'embauchage était de dix agents supplémentaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, dix ou quinze.
M. CHARRON: Mais puisque, sans en parler sans qu'il en soit l'heure, les
programmes d'enseignement des langues portent en majorité chez les
immigrants allophones...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ce n'est pas exact. Je m'excuse, M. le
Président, il s'agit surtout...
M. CHARRON: II n'était donc pas l'heure d'en parler, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voulais simplement préciser que la
partie la plus importante du programme, tant sur le plan des ressources
financières qui y sont consacrées que sur le plan de sa
définition même, porte sur l'enseignement du français,
langue maternelle.
M. CHARRON: Mais la clientèle d'âge scolaire à
laquelle il va s'adresser est quand même une clientèle beaucoup
plus jeune. On va au moins s'entendre là-dessus pour le moment, le
programme a une grande portée au niveau de l'élémentaire.
C'est l'endroit où, je crois, les moyens techniques d'enseignement,
nouveaux, modernes ont le plus de portée. Dans le budget que nous sommes
appelés à voter, quelles sont les nouvelles dimensions que la
politique de l'enseignement des langues a apportées? Quel mandat
particulier l'adoption de cette politique des langues a amené au service
des moyens techniques d'enseignement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pense pas que ce soit un mandat
particulier. C'est un mandat qui va porter sur la production des documents
audio-visuels dont nous aurons besoin pour ce programme. Nous passons nos
commandes en fonction de nos besoins et nos besoins varient ; dans le cadre des
activités de la direction générale, nous ferons faire ce
dont nous avons besoin. Déjà il y a quelques émissions que
vous connaissez, comme Les Oraliens, qui sont produites par le service.
M. CHARRON: Je ne la regarde pas tous les jours mais je l'ai
déjà vue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi non plus.
M. RUSSELL: M. le Président, à l'élément 2,
catégorie 15, "imputations", il y a un montant de $1,153,000. Cela vient
d'où?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela vient de deux autres programmes. Environ
$450,000 de Multi-Media et $700,000, le solde, de la direction
générale de l'éducation des adultes. Ce sont des montants
que nous avons déjà trouvés et qui reviennent là
pour qu'on puisse... Parce que tout le principe du PPBS, c'est de pouvoir
affecter les sommes qui font partie d'un programme là où le
programme se fait.
M. RUSSELL: Je n'ai pas d'autres questions sur l'élément
2.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'élément 2 du programme
3 est adopté?
M. RUSSELL: Elément 3, service des cours.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, élément 3: Service des
cours par correspondance.
M. RUSSELL: Encore là, M. le Président, c'est un
remboursement de $487,000. Il s'agit de quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des achats de cours parce que ces cours
se vendent également.
M. RUSSELL: Ah bon! C'est l'achat des cours pour $487,000. C'est une
dépense...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un revenu.
M. RUSSELL: Vous vendez les cours. D'accord. Vous vendez les cours et
vous retirez l'argent pour ça, ce qui vous donne un revenu de $487,000.
Cela répond à la question.
M. CHARRON: Est-ce que l'éventail des cours par correspondance
est plus large cette année? Dans quels domaines en particulier? Je ne
vous demande pas d'en faire l'énumération.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'augmentation a été comme
prévue, surtout du côté des cours de formation
générale pour compléter l'ensemble du cycle du niveau
secondaire en formation générale. Nous disposions
déjà d'une quarantaine de cours, on les portera, au 31 août
prochain, à environ 70, ce qui complète l'ensemble des cours que
la direction générale de l'éducation des adultes ou
permanente a défini comme étant les programmes des niveaux
secondaires pour adultes.
M. CHARRON: Tous les cours sont, en fin de compte, disponibles par
correspondance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A une ou deux exceptions près, qui sont
des cours difficiles à mettre sous forme de cours par
correspondance.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a une diminution de ces cours? Je remarque
que, l'an dernier, on avait un montant de $811,000; cette année, il y a
une diminution assez marquée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je peux me permettre de répondre
là-dessus, c'est que, lorsqu'on produit des cours, on n'est pas
obligé de les reproduire ou de les réviser indéfiniment.
Déjà le bagage de cours qu'on a réussi à produire
fait qu'on en a moins à produire dans l'exercice financier 73/74 pour
combler les besoins.
M. RUSSELL: Est-ce que la vente était aussi élevée
l'an dernier que l'année précédente et est-ce qu'on
prévoit une continuation au même rythme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On prévoit une continuation,
c'est-à-dire que le nombre d'inscriptions je vous
répondrai plutôt de cette façon d'adultes qui
s'inscrivent à ces cours
continue d'être légèrement en montée. Avec
l'augmentation des cours de niveau secondaire en particulier.
M. RUSSELL: D'accord. Donc, les déboursés baissent tandis
que les cours augmentent. Elément 3, programme 3, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 3, programme 3, adopté.
Elément 4: Administration du programme.
M. RUSSELL: Les 55 postes qui sont demandés, est-ce que c'est le
même nombre qui existait ou s'il y a augmentation du personnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il y a augmentation. C'est qu'il faut que
vous considériez le total de 135.
M. RUSSELL: Je comprends, mais il y a une distribution ici, il y a 55
postes demandés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est que ça porte surtout sur
l'encadrement.
M. RUSSELL: C'était le même nombre de postes qui existait
l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Trois postes de plus.
M. RUSSELL: Trois postes de plus. Il n'y a pas eu grand changement. Les
crédits votés l'an dernier ont-ils été tous
épuisés? Il n'y a pas eu de crédits
périmés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas au niveau de l'administration. Parce
qu'évidemment la plus grande partie est absorbée par des
dépenses fixes.
M. RUSSELL: Salaires... les postes sont plus...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Salaires. C'est dans les programmes qu'on risque
des crédits périmés.
M. RUSSELL: Les postes sont presque tous occupés
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. RUSSELL: Communications, $47,000, est-ce qu'il y a une augmentation
avec l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une diminution. Attendez, non. Je
m'excuse. En 72/73, il y a une augmentation.
M. RUSSELL: L'augmentation est de combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, M. le Président,
l'augmentation est passée de $9,800 à $47,000.
M. RUSSELL: Quelle est la motivation de cette augmentation
marquée? J'espère que le ministre comprend que si c'était
en pourcentage cela serait assez imposant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II peut y avoir une petite difficulté que
j'essaie de faire vérifier, c'est que le comparatif n'est pas toujours
facile, étant donné le changement au PPBS. Dans certains cas, il
a fallu faire des évaluations, et je vérifie toujours si
l'évaluation est exacte, à partir de quels éléments
on l'a fait.
M. RUSSELL: J'apprécie la prudence du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La comparaison entre les deux catégories
de communications est un peu faussée par le fait que, l'année
dernière, les frais étaient placés dans
l'élément cours par correspondance et moyens techniques
d'enseignement qui, eux, ont diminué beaucoup cette année. Par
exemple, on est passé de $130,000 dans les moyens techniques
d'enseignement à $38,000, alors que dans la catégorie services,
il y a une augmentation assez importante, parce que là on a
replacé les budgets à la bonne place. Il y avait une mauvaise
répartition entre les éléments.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il n'y a pas une augmentation marquée du
nombre d'appels téléphoniques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au total, quand on regarde la comparaison, on a
$216,500 pour 72/73 et $148,600 pour l'année 73/74. C'est donc une
réduction de plus de 25 p.c. Mais l'augmentation qui apparaît dans
la catégorie "services" est simplement une question de comparatif
donné à l'autre.
M. RUSSELL : D'accord ! On pourrait passer à la catégorie
7, s'il n'y a pas d'autres questions là-dessus, sur les communications.
Eléments 4, catégorie 7 : Fournitures.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est-à-dire que les
éléments 3 et 4 sont adoptés.
M. RUSSELL: C'est-à-dire l'élément 4 du programme
3.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 4 du programme 3. Est-ce que
c'est adopté?
M. RUSSELL: Non, élément 4, catégorie 7:
Fournitures.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, vous allez dans la catégorie 7
de l'élément 4.
M. RUSSELL: Catégorie 7, oui. C'est ça, $254,000. Quelle
est l'augmentation sur 72/73? Fournitures.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense bien que c'est à peu près
la même explication. C'était $209,000 l'année
dernière et c'est $254,000 cette année.
M. RUSSELL: Catégorie 8: Equipement. Est-ce qu'il y a une
augmentation?
LE PRESIDENT (M. Picard): Catégorie 8: Equipement. Est-ce qu'il y
a augmentation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Catégorie 8: Equipement audio-visuel.
Nous passons de $91,000 à $56,000.
M. RUSSELL: II y a une baisse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement. Vous voyez que, de temps en
temps...
M. RUSSELL: Je n'ai pas d'autres questions là-dessus, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'élément 4 du programme
3 est adopté.
Nous allons passer maintenant au programme 4 : Conseil supérieur
de l'éducation.
Conseil supérieur de l'éducation
M. BROCHU: Avant d'entrer dans les détails des crédits,
est-ce que le ministre pourrait nous donner dans son esprit le rôle
actuel du Conseil supérieur de l'éducation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Son rôle n'a pas changé. Il est
défini par la loi. Le Conseil supérieur de l'éducation
doit être consulté pour certains règlements, peut
être consulté pour certains avis et peut lui-même rendre des
avis touchant tout le secteur de l'éducation.
Nous en avons beaucoup discuté, je le signale au
député de Richmond, lors du programme collégial, parce que
le député de Saint-Jacques s'est intéressé au
mandat donné au Conseil supérieur en rapport avec l'enquête
en cours sur le réseau collégial, car ceci représentera
une partie importante des activités du conseil au cours de
l'année.
M. BROCHU: Parce que, disons, qu'il y a le rôle théorique,
enfin le rôle qui est défini par la loi et le rôle qu'il
joue effectivement dans la réalité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les deux que j'ai...
M. BROCHU: Parce que si je fais une analyse rapide ou si je me
réfère à certaines données comme le premier rapport
du ministre de l'Education en 1965, il décrivait justement le Conseil
supérieur de l'éducation véritablement comme une
clé de voûte et c'est mentionné tel quel ici "une
clé de voûte du vaste système de consultation qui permet
l'enracinement dans toutes les couches de la société et dans
toutes les régions de l'action que le ministre de l'Education a la
mission de poursuivre pour assurer un progrès réel de
l'éducation au Québec. Les responsables du ministère ont
la conviction très ferme que cet enracinement est la seule garantie de
succès à leur effort. Alors, cela est dans un premier temps,
lorsque l'on a défini le Conseil supérieur de l'Education, le
rôle que l'on voulait lui faire jouer, l'importance dans la
hiérarchie que l'on voulait lui accorder. Par ailleurs, lorsque l'on
ouvre, un moment donné, les rapports du Conseil supérieur de
l'éducation comme tels, on s'aperçoit que... ici, il est dit, par
exemple, que le ministère a consulté le conseil au cours de
l'année sur les questions où la loi l'obligeait à le
faire, tel que vous l'avez mentionné tout à l'heure. Il y aurait
intérêt à le faire plus souvent même sur les sujets
qui ne sont pas obligatoires, afin de recevoir de divers milieux de la province
une plus vaste information avant de prendre des décisions parfois
précipitées...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela date de quelle année?
M. BROCHU: Cela date de 1966 ou 1967, je pense.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous dire que c'est largement fait.
M. BROCHU: Oui, d'une certaine façon mais c'est là
où j'en venais, cela a été les premiers reproches que le
Conseil supérieur de l'éducation a faits à ce
moment-là où...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): "Reproches" est peut-être un peu fort
quand même !
M. BROCHU: Alors, les premières constatations sur son rôle,
si vous voulez, et par la suite il a semblé quand même subsister
certaines anomalies à ce niveau, de sorte que l'on arrivait, par
exemple, souvent à des chevauchements dans les études, entre les
études qui pouvaient être faites par le Conseil supérieur
de l'éducation d'une part et d'autre part par les officiers du
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela est assez normal, M. le Président.
La première fois que j'ai rencontré le Conseil supérieur
de l'éducation, j'ai dit à ses membres, la chose suivante:
N'hésitez pas à critiquer le ministère, n'hésitez
pas même à le devancer. Vous avez cette chance exceptionnelle de
pouvoir réfléchir à l'éducation sans avoir les
contraintes de ceux qui administrent le ministère sans être
obligés de
tenir compte nécessairement des réalités comme des
réalités financières et même certaines
réalités inhérentes à dess décisions prises
parfois des années auparavant.
C'était une façon de dire au conseil que, dans mon esprit,
il avait à jouer un rôle d'inspiration et je crois avoir fait
abondamment, peut-être plus que dans le passé, appel aux services
du conseil. Je n'ai jamais négligé une chance de le consulter,
même en dehors du cadre de la loi. Et l'exemple plus récent de
cette enquête donne au conseil un rôle plus important qu'il n'a
jamais eu. C'est la première fois que le conseil aura un budget
spécial, à utiliser en toute liberté, pour une
étude dans un domaine aussi vaste que l'enseignement collégial.
Autrement dit, il n'aura pas simplement à rendre un avis qui peut
représenter le résultat des cogitations de ses membres, mais il
aura, véritablement, à cerner les causes des malaises que l'on
constate dans l'enseignement collégial.
M. BROCHU: C'est ce que je voulais savoir du ministre, si effectivement
cette situation avait évolué au point de devenir un travail
d'équipe où ces gens pouvaient se sentir responsables et avoir
vraiment un travail efficace à faire, qui puisse rendre service au
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir répondu, M. le
Président.
M. CHARRON : J'ai demandé au ministre sur la formation du Conseil
supérieur: Est-ce qu'il y a eu des modifications au cours de
l'année, quant aux membres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Le président
du conseil avait songé à démissionner à un certain
moment; il est revenu sur sa décision, j'en ai été fort
heureux.
M. CHARRON: Et son mandat est de combien d'années?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Son mandat a été reconduit pour
une période de trois ans, je pense, mais je devrais vérifier ce
point.
M. CHARRON: II n'y a eu aucune démission et nomination.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a peut-être quelques modifications,
mais rien d'important.
M. CHARRON: C'est flatteur pour ceux qui viennent d'arriver!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On a reconduit le mandat du président
pour un an et il ne semble pas y avoir eu d'autre changement.
M. CHARRON: M. le Président, dans l'avant-propos durant
l'étude des crédits et, comme le dit le ministre, au moment de la
DIGEES, j'ai donné mon opinion sur cet organisme extrêmement
important; je ne vois pas pourquoi je le répéterais aujourd'hui;
ma foi n'a pas changé.
M. RUSSELL: Je crois bien que la question a été
discutée ardemment; l'augmentation des crédits est très
modérée, de façon plutôt conservatrice. Donc on va
passer à d'autres crédits.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le programme 4. Adopté. Est-ce
qu'on peut procéder maintenant au programme 22?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 22 : Amélioration et
promotion du français.
Amélioration et promotion du
français
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme il s'agit, M. le Président, d'un
programme un peu spécial, on peut d'ailleurs le comparer au programme
des loisirs et des sports, je me permettrais peut-être de faire quelques
remarques préliminaires. Je ne serais pas étonné que les
membres de l'Opposition souhaitent faire la même chose. C'est une
façon d'abréger les débats puisque je me trouverai
à répondre par anticipation à un bon nombre des questions
qu'on pourrait me poser.
Le député de Saint-Jacques a fait allusion, à
plusieurs reprises, au plan de développement des langues. Ce plan de
développement des langues, annoncé récemment, n'a rien
à voir avec l'Office de la langue française et avec ce programme
précis. Ce plan est relié à deux programmes en
particulier, celui de l'élémentaire secondaire et celui du
postsecondaire, dans la mesure où il touche la formation des
maîtres. Si le président ne s'oppose pas et si l'Opposition
souhaite poser certaines questions plus tard, je n'aurai pas d'objection
à y répondre; mais cependant je vais limiter mes quelques
remarques à l'Office de la langue française et je voudrais les
situer dans un esprit de continuité.
En effet, lorsque j'ai pris pour la première fois la
responsabilité du ministère des Affaires culturelles, j'avais
clairement indiqué que j'avais l'intention de restructurer l'Office de
la langue française de manière qu'il puisse devenir un instrument
utile pour le programme, qu'avait annoncé le gouvernement, du
français, langue de travail.
Je pense être en mesure aujourd'hui de dire que cette
restructuration a été réalisée et que nous avons pu
satisfaire aux exigences du programme français, langue de travail. Qu'on
n'aille pas me faire dire qu'il n'y a plus de problèmes linguistiques au
Québec. Ce n'est pas du tout là mon propos. Cependant, je suis
convaincu que nous nous sommes tout de même donné l'outil
indispensable si l'on voulait tenter un jour une démarche
législative de ce
point de vue ou si tout simplement on se contentait, ce qui est le cas
actuellement, d'agir au niveau des entreprises.
Le fait le plus important de l'année 72/73 a été
par conséquent la mise en place de ces nouvelles structures et du nouvel
effectif de l'Office de la langue française. L'effectif permanent avant
cette période était de 79 plus 46 occasionnels, soit 125
personnes. C'est l'effectif de 72/73 alors qu'auparavant les effectifs
étaient de beaucoup moindres.
Je vais, si vous permettez, repasser rapidement les activités des
différents services. Nous avons le service des relations avec le monde
du travail, service tout à fait nouveau qui s'est
révélé être le fer de lance de l'implantation du
programme; le service de linguistique qui existait déjà sous une
forme différente; le service d'information et diffusion qui existait
déjà mais qui s'est vu conférer un dynamisme certain; un
service de coopération avec l'extérieur qui est relié au
service d'information et diffusion. En somme, il y a trois grandes dimensions
dont il convient de tenir compte. Le service des relations avec le monde du
travail a commencé modestement par la constitution d'une équipe
provisoire sur laquelle je ne reviens pas puisque j'en ai parlé
l'année dernière, équipe qui unissait des
représentants des syndicats et des représentants du patronat
ainsi que certains fonctionnaires.
Cette équipe a été remplacée par une
équipe permanente qui est en fonction depuis le mois d'avril 1972 et qui
comprend sept personnes qui viennent de l'administration publique comme
d'ailleurs du secteur privé. Une des préoccupations que j'avais
manifestée à l'époque consistait à tenter de faire
appel à des gens expérimentés du secteur privé. Je
dois dire que nous avons eu beaucoup de chance et que les compagnies
auprès desquelles nous nous sommes adressés ont presque toujours
donné suite à nos demandes sans hésitation. Actuellement,
par exemple, nous avons un employé qui nous vient du Canadien Pacifique
pour une période de six mois et nous en avons un autre qui vient de Bell
Canada.
Nous travaillons... Pardon?
M. CHARRON: Je me demandais si vous aviez haussé son tarif
à lui aussi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, nous avons en général des
ententes avec les entreprises. Les entreprises continuent dans un certain
nombre de cas à payer les traitements de leurs employés alors que
nous, nous compensons pour certains frais supplémentaires.
Nous avons mis au point un instrument essentiel qui est une grille
d'analyse au sein des entreprises de manière que l'on puisse
évaluer le degré de francisation. Cette grille comprend un
certain nombre d'étapes qui permettent d'étudier les
communications. Elle s'est établie d'une façon un peu empirique,
et aujourd'hui, elle est utilisée dans toutes les entreprises où
nous travaillons actuellement. 7
Nous avons tenté de choisir des entreprises représentant
certains secteurs industriels. C'est ainsi que nous pensons que si nous pouvons
faire une percée dans un secteur industriel, le travail effectué
pourra être utilisé dans d'autres usines analogues.
Nous avons travaillé dans un certain nombre d'entreprises, comme
l'Aigle d'Or à Saint-Romuald. Il s'agit là d'un cas particulier
puisque cette entreprise s'est implantée au Québec et a
demandé l'aide des services de l'Office de la langue française
pour travailler en français. Il nous a donc été permis
pour la première fois et la seule fois jusqu'ici de suivre
l'implantation de l'entreprise dès le début. Cette entreprise
travaille, comme vous le savez sans doute, dans le secteur du pétrole,
et l'exemple que je vous donnais, à savoir qu'il était possible
de faire une percée dans un secteur pour ensuite l'étendre
à tout le secteur se vérifie puisque nous avons pu, à
partir de l'expérience acquise, commencer à travailler
également dans une autre usine du secteur des pétroles, qui est
BP.
Nous avons également fait des travaux à la Banque de
Montréal, à la Banque Royale du Canada, Canada Packers, Canadian
Industries, CIL, tant à Shawinigan qu'à Trois-Rivières,
Canadian International Paper, John's Manville, la compagnie General Electric
à Québec et à Montréal. En particulier, à
Québec, si vous avez l'occasion de visiter les usines, vous constaterez
que non seulement tous les employés travaillent en français, mais
encore qu'ils utilisent un vocabulaire français dans un secteur qui est
un secteur de pointe, un secteur de haute technologie. Il y a aussi Domtar,
Dominion Textiles, General Cigar et quelques autres où le travail
commence à peine.
Je n'ai pas l'intention d'insister très longuement
là-dessus, sinon pour dire que, dans une première étape,
il y a des négociations avec l'entreprise qui doivent avoir lieu de
manière que l'équipe de l'Office de la langue française
soit bien acceptée, que dans une deuxième étape, la grille
est appliquée de manière que l'on puisse véritablement
avoir un tableau de la pénétration des communications et, dans
une troisième étape, l'implantation doit se faire et cette
implantation a été réalisée avec succès, en
particulier dans cet exemple que je vous ai donné de la compagnie
General Electric à Québec.
Nous sommes actuellement en train de mettre au point ce que nous
appelons une trousse d'implantation qui comportera un certain nombre
d'éléments, un guide, par exemple, ainsi que des travaux de
terminologie, ce qui permettra aux entreprises, en collaboration avec l'Office
de la langue française, de contrôler pour ainsi dire leur
processus de franconisation.
Le service de linguistique établit des terminologies, publie des
lexiques depuis de nombreuses années. Vous conviendrez avec moi que,
pour refranciser, il faut tout de même avoir des mots et ceci peut
sembler beaucoup plus simple qu'en réalité. Ce service, entre
autres activités importantes de l'année précédente,
a organisé un colloque international de terminologie, ce qui a permis,
justement de créer une espèce de corps de doctrine dans ce
domaine et mettre au point la banque de terminologie dont j'ai parlé
l'année dernière, banque de terminologie qui, en collaboration
avec le ministère de l'Education, grâce à son gros
ordinateur, permettra de présenter au public trois programmes.
Un premier programme fera en sorte que les usagers
québécois pourront interroger directement l'ordinateur pour
obtenir des renseignements terminologiques, soit par mot isolé, soit par
ensemble de mots, et ceci deviendra extrêmement utile aux entreprises
dont l'obstacle majeur est souvent l'absence de vocabulaire.
Un autre programme centralisera l'inventaire des travaux de terminologie
qui existent déjà au Québec dans les services
gouvernementaux, dans les entreprises, l'objectif du programme étant
d'éviter la répétition des travaux déjà
exécutés.
Et, enfin, il y a un autre programme qui est un programme de classement
des mots et des expressions. J'ajoute que nous avons des négociations en
cours dans le cadre de l'Agence culturelle et technique des pays francophones,
de manière que l'on puisse peut-être en arriver à un projet
commun de ce point de vue.
Il m'apparaît extrêmement important que l'on ne se limite
pas uniquement au Québec, mais que l'on puisse également profiter
des travaux qui se sont faits à l'extérieur, en particulier en
France où, sur le plan du vocabulaire, il y a eu des études
depuis de nombreuses années.
Ce n'est peut-être pas nécessaire d'entrer dans le
détail des activités d'information et de diffusion. Je me
contente de dire que l'office publie chaque année un certain nombre de
lexiques dont le tirage est important. Je n'aurais pas d'objection à ce
que l'on dépose la liste des cahiers publiés en 1972-73 et les
projets pour 1973-74.
Tous les secteurs y passent. C'est ainsi, par exemple, que pour
1973-1974 savez-vous ce que nous projetons de faire? nous
envisageons un vocabulaire anglais-français de la bourse et des valeurs
mobilières, un lexique de l'industrie minière, un autre
vocabulaire de l'automobile, un vocabulaire de la machine à coudre
industrielle, etc. De plus le service répond aux demandes des gens qui
ont besoin de renseignements et c'est un nombre considérable de
demandes, autour de 15,000, qui reçoivent des réponses chaque
année.
Je voudrais uniquement citer deux initiatives particulièrement
importantes: la constitution d'un groupe interministériel des services
d'information qui a été possible grâce à la
collaboration de la direction générale des communications du
ministère de l'Education. Cette réu- nion permet d'expliquer
à tous les représentants des directions des communications dans
les différents ministères, les services que l'office peut rendre
aux administrateurs publics. Nous étudions également en ce moment
des possibilités de collaboration afin d'améliorer la
qualité de la langue française. Elle en a bien besoin,
croyez-moi, dans les communications écrites des ministères.
Enfin, nous nous intéressons de très près au
français dans la publicité. J'avais déjà
publiquement fait état au cours de l'année des résultats
d'une enquête faite pour le compte de l'office par SORECOM, enquête
qui avait permis de mettre en évidence le fait que ce n'est pas en
utilisant un français boiteux ou un français incorrect que le
message publicitaire passe mieux mais, bien au contraire, en utilisant un
français correct. Nous avons voulu, de cette façon, sensibiliser
les publicitaires à l'utilisation de la langue française. Nous
travaillons actuellement dans le cadre d'un comité d'étude
à un code de déontologie pour les publicitaires, à un code
de déontologie qui pourrait s'appeler déontologie de la
communication et de la publicité, qui déterminerait certaines
normes de la profession et nous croyons que, au cours de l'année
1973-1974, ce comité pourrait terminer son travail.
Je passe sous silence les émissions
télédiffusées, les dépliants, l'action
précise pour uniquement retenir un programme qui m'a paru
particulièrement intéressant et auquel je compte donner la plus
grande extension possible, c'est un programme ou plus exactement une
expérience pédagogique auprès des étudiants des
cours professionnels du niveau secondaire. Le directeur de l'Office de la
langue française, qui a une bonne expérience dans le domaine des
relations de travail de par ses antécédents, a toujours
été préoccupé et m'a fait partager ses
préoccupations touchant l'utilisation du vocabulaire correct dans le
secteur professionnel. Il est bien évident que, si nous formons dans nos
institutions d'enseignement des élèves qui ne peuvent pas
utiliser le vocabulaire adéquat, on peut se demander à quoi sont
promis nos efforts de refrancisation dans l'entreprise. Or, cette
expérience pédagogique, qui s'est faite à l'Ecole des
métiers de Montréal, a été couronnée de
succès. Il y a eu des animateurs qui ont travaillé avec les
élèves, les professeurs de français, les professeurs de
métiers; chaque corps de métiers a établi un minilexique
et a préparé un production audio-visuelle de manière
à illustrer les termes techniques français de chacun des
métiers visés. Soit dit en passant, la façon dont nous
procédons souvent dans les usines, c'est d'inscrire sur des
dépliants, au niveau des machines, le terme exact de manière que
l'ouvrier puisse s'habituer à l'utiliser. Il est bien évident que
cette utilisation ne peut se faire que s'il y a de l'animation et que s'il y a
de l'encadrement et je n'hésite pas à dire que la collaboration
que nous avons trouvée, au niveau
des entreprises, a été véritablement remarquable.
Nous n'avons pas eu de blocage mais je crois que ceci est lié à
notre façon de procéder. Si nous avions tenté d'agir par
coercition, si nous avions imposé par diktat nos exigences, je ne crois
pas que nous aurions pu sensibiliser aussi bien le milieu. Et quand je parle de
sensibiliser le milieu, je ne pense pas seulement aux anglophones, je pense aux
francophones. On a souvent tendance à oublier que les résistances
les plus fortes viennent des francophones lorsqu'il s'agit d'utiliser un
vocabulaire correct et un vocabulaire français. Il est parfois
même plus facile, sur le plan mental, de passer de l'anglais au
français que de passer d'une langue incorrecte, sur le plan du
vocabulaire, à une langue correcte.
On a tendance à sous-estimer cet effort de sensibilisation. Tout
programme qui voudrait aller trop vite et qui n'en tiendrait pas compte serait
je n'hésite pas à le dire voué à
l'échec.
La coopération à l'extérieur, qui est
rattachée au service d'information et de diffusion, je n'en dirai qu'un
mot pour affirmer que, dans le cadre de l'entente France-Québec et dans
le cadre du programme du ministère de l'Education, l'Office de la langue
française se taille une part importante et il y a de plus en plus des
échanges de spécialistes de France et du Québec. De plus,
nous avons organisé un certain nombre de missions terminologiques qui
ont permis à des équipes responsables de la préparation de
vocabulaire d'aller vérifier la qualité de leurs travaux dans
certains secteurs. Il y a eu des missions dans le secteur minier, dans le
secteur de l'électro-acoustique, dans le secteur de l'alimentation, dans
le secteur de l'électroménager et dans le secteur de l'assurance.
Il y a également eu des missions de cadres d'entreprises, missions qui
permettent aux cadres de prendre conscience du fait qu'il est parfaitement
possible de travailler en français tout en établissant des liens
avec des sociétés françaises. Il y a eu sept missions de
cadres que je tiens à souligner. Une mission de Canada Packers, de BP,
du Canadien national, de la Banque Royale, de Steinberg, de la compagnie
General Electric et de CIP, de son usine de Trois-Rivières.
M. le Président, je m'arrête là, pour ne pas prendre
trop de temps et pour donner l'occasion aux membres de la commission de poser
des questions. Je voudrais simplement signaler que ce que je viens d'exposer
là, ce n'est pas une politique linguistique, ce n'est pas du tout mon
propos, c'est tout simplement le travail pratique d'un organisme gouvernemental
qui a été restructuré en fonction d'un programme
précis, qui est de travailler dans l'entreprise. A venir jusqu'à,
je pense, l'amémagement de ce nouveau programme, l'Office de la langue
française jouait un rôle important, mais qui était
limité à une normalisation des vocabulaires et à la
production de vocabulaires techniques. Ce rôle était
peut-être plus académique que prati- que. Avec cette
restructuration et le programme "français langue de travail", je pense
que l'office a franchi une étape extrêmement importante,
étape qui supposait que la première le soit, mais qui permet
maintenant de travailler au niveau pratique. C'est la raison pour laquelle, au
début, j'ai parlé d'un instrument comme préalable à
toute action dans le domaine linguistique. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, je remercie le ministre pour ses
remarques. Je ne me fais pas de complexe, parce que je sais que, même
chez nous, il y a de l'espace pour l'amélioration de la langue
française. Quand je pense à certains professeurs de
français et que je me compare, je me console. Je suis satisfait de
l'approche que le ministre fait de ce problème, qui est un
problème important, difficile. Je sais que l'on n'y arrivera pas en
tentant d'imposer à un industriel, qui avec son argent, développe
un commerce, la volonté de quelqu'un quant à la langue qu'il va
utiliser dans son commerce, mais je sais que la meilleure façon
peut-être, c'est de lui faire comprendre la valeur de la langue, lui
faire aimer la langue. De cette façon, on va obtenir peut-être de
ces gens-là une meilleure coopération qu'en tentant de lui
imposer ceci. Je suis d'accord avec le ministre, quand il dit que ce n'est pas
souvent chez les Anglo-Saxons qu'est le problème. Ces gens-là
sont souvent comme nombre de Canadiens français, ils respectent les
Anglo-Saxons qui sont à leur emploi. Donc, ces Anglo-Saxons vont
certainement avoir du respect pour la langue française qui est la langue
utilisée dans le milieu où ils travaillent. Je suis convaincu que
là vous obtiendrez une coopération extrêmement bonne pour
tâcher d'améliorer ce problème. Mais je sais que, dans
plusieurs milieux, il y a des Canadiens français qui souvent ont fait
incorporer leur compagnie sous un nom anglais. Si vous allez leur demander de
rescinder ce nom pour qu'il devienne un nom français, il va y avoir une
certaine objection. Je ne sais pas si c'est par prétention ou par
orgueil ou parce qu'ils ne veulent pas se faire imposer quoi que ce soit, mais
on voit que c'est ou une mauvaise habitude qui est née chez eux de dire:
Mes affaires, je peux les mener et je les mènerai comme je l'entends.
Mais on constate que c'est toujours plus difficile de le faire comprendre aux
nôtres que de le faire comprendre à ceux qui parlent une langue
différente de la nôtre.
UNE VOIX: C'est par snobisme.
M. RUSSELL: Pardon? Je n'ai pas voulu utiliser le mot, de toute
façon.
Je connais le problème. J'ai moi-même eu l'occasion
souvent, dans des congrès, dans les contacts avec les hommes d'affaires,
j'ai eu
l'avantage d'en discuter et de connaître un peu le climat qui
existe en certains milieux. C'est pour cette raison que je crois que la
commission a certainement bien informé le ministre parce que la photo,
la description que vient de nous faire le ministre de la situation est assez
réaliste. Je conçois que le travail qui est fait va assez bien
pour le peu d'argent qu'on dépense dans ce domaine. Peut-être
qu'il y aurait là un espace pour amélioration. Je ne sais pas si
c'est avec des sous qu'on va procéder plus rapidement. Peut-être
que non. Peut-être que ce n'est pas l'approche. C'est en sollicitant la
coopération des nôtres qu'on va peut-être obtenir un
développement plus rapide plutôt que d'inscrire des programmes
additionnels.
Je n'ai pas d'autres questions là-dessus, M. le Président.
Je pourrais me lancer dans de grandes déclarations pour tâcher de
démontrer que le gouvernement pourrait faire plus, mais est-ce que,
réellement, ça porterait fruit? Cela pourrait peut-être
nuire au travail qui se fait actuellement. Je sais l'effort qu'ont fait
certains officiers du ministère. Je connais certaines
déclarations de gens ambitieux dans ce domaine. Je ne leur fais pas de
reproche. Mais avant de faire des déclarations fracassantes dans un
domaine comme celui-là, on devrait peut-être se renseigner pour
savoir si, lorsque ces gens font des déclarations, ils ne nuisent pas au
travail que certains comités ou groupements font pour améliorer
la situation de la langue dans notre province.
M. le Président, j'invite le ministre à continuer,
à accélérer ses efforts et, s'il peut procéder plus
rapidement, tant mieux. Sinon, il faudra s'accommoder avec les facilités
qu'on a actuellement à sa disposition. Je pense que c'est encore par
persuasion que nous allons réussir le mieux.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Richmond.
M. BROCHU: Le ministre a mentionné tout à l'heure les
expériences qui avaient été faites avec différentes
compagnies comme la Domtar, Aigle D'Or, Canadian John's Manville à
Asbestos. Est-ce que le ministre ou certains organismes ont mis sur pied
certaines méthodes d'évaluation en termes de rentabilité
de ces essais? Est-ce qu'il y a eu des vérifications faites, est-ce
qu'on peut mesurer qualitativement, d'une certaine façon, les
résultats de la mise sur pied de ces plans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à la raffinerie Aigle D'Or de
Saint-Romuald que nous avons pu tenter de mesurer des résultats. Parce
que dans les autres usines, le travail est en cours depuis trop peu de temps
pour qu'on puisse vraiment faire état de changements qu'on peut mesurer.
Il y a aussi l'usine General Electric à Québec. On a fait une
analyse qualitative du français technique utilisé à la
raffinerie Aigle d'Or auprès d'ouvriers, de contremaîtres, de
techniciens; on a été vraiment surpris. Il y a des linguistes de
l'office qui se sont rendus là, qui ont interviewé un certain
nombre d'ouvriers, de contremaîtres au hasard, et on a même fait le
relevé du journal quotidien de techniciens et la qualité du
français s'est améliorée constamment. Aujourd'hui, on
utilise couramment les termes techniques français.
C'est évidemment là un point de vue très important,
mais je pense que le député de Richmond s'intéresse
peut-être à d'autres aspects de la rentabilité. Parce que
sa question portait uniquement sur l'évaluation du programme.
M. BROCHU: L'évaluation de l'amélioration du parler
français comme tel au niveau des employés ou de leur journal,
comme vous le mentionnez dans ce cas. C'est un aspect, qui peut être
mesuré, mais est-ce qu'il y a eu des évaluations faites sur le
parler ou l'emploi des terminologies précises, dans le secteur minier en
particulier, ou dans un autre secteur? Est-ce qu'il y a des méthodes
d'approche pour l'évaluation qualitative de la langue parlée? Si
oui, est-ce qu'on a essayé ces méthodes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans chacune des analyses que nous faisons dans
les entreprises, il y a cet élément de l'analyse qualitative du
français parlé. Dans la plupart des entreprises que M. le
ministre a mentionnées, nous avons procédé à une
analyse qualitative. On se rend compte que c'est un peu la même chose
partout. Ce qui est intéressant, c'est de pouvoir constater
l'amélioration après que le travail d'implantation du
français est commencé d'une manière systématique.
Là où cela a été commencé, les
progrès ont été très rapides. A l'usine General
Electric, à Québec, par exemple, les ouvrières qui
travaillent sur les chaînes de montage connaissent maintenant les mots
techniques de leur métier et les utilisent couramment, le font avec
plaisir. Cela devient presque un jeu. On se taquine, on se fait des reproches
et puis finalement les mots pénètrent.
En somme, nous pouvons dire que l'expérience est positive. Mais,
encore une fois, elle est limité à quelques entreprises.
M. BROCHU: II y a sûrement aussi une certaine difficulté
à élargir les cadres de cette expérience disons, si
on prend le secteur minier à la société qui
l'entoure. Parce qu'il reste que la société qui entoure le
secteur minier dans un point x, comme chez nous, à Asbestos, la
population a reçu la transpiration de ce vocabulaire qui date de
plusieurs années où il y a eu plusieurs termes anglais.
Même si vous changez le milieu intérieur de l'usine, s'il y
a beaucoup d'amélioration dans le langage, il reste qu'il y a encore une
autre étape à franchir par la suite, soit celle de sensibiliser
le reste de la population ambiante, si vous voulez,
à cette nouvelle terminologie pour l'emploi usuel du
vocabulaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exact. Aussi, est-ce la
raison pour laquelle nous devons mettre en place des forces, des structures qui
porteront des fruits sur une assez longue période. C'est la raison pour
laquelle je mentionnais l'importance du programme du français technique
dans le secteur professionnel tant au niveau secondaire qu'au niveau
collégial, parce qu'en plus du travail dans l'usine même, encore
faut-il former nos étudiants et tout ça finira par influer
également sur le milieu, sur le contexte. Maintenant, il ne faut pas
croire que ce que nous visons, c'est d'en arriver à ce qu'on ne parle
que le français au Québec. Ceci serait parfaitement utopique. Il
est bien évident que lorsque nous faisons une analyse des communications
dans l'entreprise, nous tenons compte des communications internes et des
communications externes et nous distinguons, d'ailleurs, dans ces
communications, plusieurs types de communication. Nous essayons de
déterminer quel est le degré de francisation possible, compte
tenu du contexte nord-américain qui est le nôtre. C'est ainsi, par
exemple, qu'il est tout à fait naturel que les communications externes
continuent de se faire en anglais, dans la mesure où elles se feront
avec d'autres provinces ou avec le reste du continent nord-américain ou
avec une clientèle anglophone. Ceci, seuls certains esprits un peu
fourvoyés sur le plan nationaliste peuvent dire le contraire. Ceci se
pratique dans tous les pays du monde. Allez en France ou allez au Japon et vous
constaterez qu'aussitôt qu'une usine dépasse le stade purement
artisanal ou qu'elle a une clientèle qui déborde la rue, elle est
obligée d'utiliser des langues de communication et l'anglais se trouve
à être une des grande langues de communication.
Le but que nous poursuivons n'est pas d'en arriver à créer
des entraves et des contraintes telles que nous irions contre les
intérêts même de la collectivité
québécoise. Mais nous pensons qu'un effort extrêmement
sérieux et soutenu peut nous permettre d'aller très loin dans ce
domaine, à la condition de bien distinguer les types de communication.
Et le français, langue de travail, c'est cela que ça
signifie.
M. BROCHU: Si je prends la discussion, disons, à un autre niveau,
il y a deux facteurs en cause, à mon sens, au niveau linguistique. Il y
a une responsabilité de la part du ministère, de la part du
gouvernement et par contre il y a une responsabilité individuelle aussi.
Il existe une espèce de fierté de sa langue que moi, toujours, en
tant que Canadien français, j'ai et que je dois développer. Je
pense que mes concitoyens sont quand même pareils. Le rôle du
gouvernement reste le même, soit celui de fixer certaines règles
de jeu. Là, évidemment, on étendrait tout le débat
au niveau de l'immigration et le reste, ce qui est peut-être hors du
contexte qu'il y a ici. Mais je veux dire que ce n'était quand
même pas une responsabilité unique d'un côté ou de
l'autre. C'est une responsabilité partagée. On ne peut pas forcer
indéfiniment des individus.
Ce que je voudrais relever, c'est que même dans le milieu de
l'éducation, actuellement, où pourtant on fait des gorges chaudes
avec le bon parler français, souvent c'est un des milieux qui est le
plus affecté par un mauvais parler français. Je regrette de ne
pas avoir rapporté ça, cet après-midi. Je prends
simplement des journaux d'étudiants publiés par nos institutions.
Je me rappelle, entre autres, d'un numéro du CEGEP de Sherbrooke, dans
lequel il y avait vraiment des choses inacceptables au point de vue
français, de ceux qui veulent faire une bataille, même dans la
rue, pour la langue et qui, dans leur propre maison, chez eux, n'ont pas le
courage d'écrire un français correct. Je le dis ouvertement; je
voulais mettre les choses à leur place.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tellement vrai...
M. BROCHU: Cela est en plus de toutes les "conneries" qu'il y a à
l'intérieur de la patente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et le mot "con-nerie" est un mot parfaitement
français, soit dit en passant. C'est vrai.
M. CHARRON: Mais il n'est pas parlementaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il n'est pas parlementaire, ce qui nous
empêche de l'utiliser. Ceci est tellement exact que nous avons, dans ce
plan de développement des langues que j'ai cité à quelques
reprises, mis l'accent sur le français, langue maternelle. Nous allons
consacrer, sur une période de cinq ans, espérons-nous, une somme
totale de $46 millions, uniquement pour aider les professeurs de
français à dispenser un enseignement adéquat en
français, pour leur fournir les moyens nécessaires tant sur le
plan de leur formation, sur le plan de leur encadrement et sur le plan des
moyens techniques mis à leur disposition.
Il y a là quelque chose d'extrêmement innovateur et je suis
très heureux d'entendre les remarques du député de
Richmond, parce que ceci montre bien que le plan de développement des
langues n'est pas une création isolée. Il fait vraiment partie
d'une stratégie dont j'ai fait état à plusieurs reprises
publiquement et qui consiste, quelques soient les démarches que l'on
veuille entreprendre par la suite, à se donner d'abord des instruments.
Or, là, nous en avons deux: Un instrument qui consiste à pouvoir
travailler dans l'industrie à des paliers différents et suivant
des intensités différentes en fonction des moyens que l'on voudra
bien nous consentir, que l'on voudra bien y mettre, et un
deuxième instrument, qui est celui d'améliorer la
qualité de la langue parlée, tant du français, langue
maternelle, que de l'anglais, langue seconde ou du français, langue
seconde.
M. BROCHU: Je veux bien distinguer quand même ici, par exemple,
que je donne des exemples concrets au ministre de ce qui se passe dans la
réalité pour répartir aussi les responsabilités en
matière linguistique, mais cela ne veut pas dire automatiquement que
j'approuve l'attitude du ministère dans ses positions...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, j'ai bien compris que le
député de Richmond n'approuvait pas le ministère de
façon inconditionnelle.
M. BROCHU: ... mais je veux bien distinguer... Je dois apporter
certaines nuances là-dedans, pour dire qu'il y a des partages de
responsabilités et qu'il y a quand même là-dedans
l'individu concerné, qui doit faire aussi une certaine promotion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, nous touchons à un autre
phénomène sur lequel vous me permettrez peut-être de dire
quelques mots. Cet engouement pour le jouai, qui est un engouement qu'il ne
faudrait pas dramatiser parce que, pour ma part, je suis convaincu qu'il s'agit
d'un phénomène marginal mais un engouement qui se présente
comme une espèce de revendication nationaliste à beaucoup de
points de vue.
Le jouai, c'est une impasse sur le plan de la langue. Il est bien
évident que si le Québécois en arrivait à parler
jouai, il se couperait de tout le grand courant de la francophonie et en
arriverait à se créer un véritable ghetto. Je suis
convaincu que cela ne se produira pas. Mais il reste que nous sommes en
présence d'un phénomène qu'il ne faut pas sous-estimer et
je crois que la racine, que la cause vient du fait qu'il y a beaucoup de gens
ici qui se perçoivent comme menacés sur le plan linguistique. Ils
ont l'impression ou la conviction, justifiée dans certains cas,
justifiée jusqu'à un certain point, que leur langue est en grave
danger et que si certaines mesures radicales ne sont pas prises
immédiatement, c'est la catastrophe.
Je pense, moi, que ce n'est pas en prenant des mesures radicales
ce qui n'exclut pas l'importance d'amener des mesures de protection du
français que nous allons régler le problème. Mais
je me permets ces quelques commentaires pour montrer que, dans cet engouement
pour le jouai, il y a souvent une dimension de cet ordre-là.
M. BROCHU: Sur ce fait, il y a souvent une certaine bourgeoisie qui
s'installe à l'intérieur du jouai. Il y a une espèce de
jouai de salon, si vous voulez, si on veut aller jusqu'au bout de la discussion
à ce niveau-là. Vous avez parlé de phénomène
marginal. Il reste quand même qu'il y a des expressions régionales
qui sont typique- ment québécoises, de chez nous, c'est tout un
autre contexte. Il faudrait quand même peut-être établir la
nuance là-dedans; il y a des choses qui sont assez savoureuses
même là-dedans, et qui, à mon sens, sont à
conserver. Ici, il n'y a pas de loi à faire là-dessus, c'est
simplement une constatation. Il existe des langages régionaux qui ont
une saveur personnelle, qui ont une saveur particulière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis tout à fait d'accord. Ici, il
s'agit des régionalismes qui font partie de notre héritage
culturel.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté? M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je remercie le député de
Saint-Jacques de bien vouloir participer aux débats.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je parlerai d'abord sur l'Office de
la langue française, dont nous sommes appelés à voter les
crédits pour ensuite, comme le ministre nous y a invités,
enchaîner brièvement par un commentaire sur la politique de
l'enseignement des langues, qui n'est pas directement liée à
l'Office de la langue française mais qui est quand même la seule
occasion qui nous est donnée d'en parler.
En ce qui concerne l'Office de langue française, il m'est venu
une image à l'esprit au moment où je préparais mes
commentaires, et sans qu'elle soit parfaitement préparée,
j'essaierai de la développer au fur et à mesure pour bien me
faire comprendre.
Je suis, depuis quatre ans maintenant, les activités
même du temps où l'office était aux Affaires
culturelles de l'Office de la langue française.
J'étais favorable à son rattachement au ministère
de l'Education et je suis encore heureux qu'il y soit. Mais je n'ai jamais
considéré l'Office de la langue française je
n'accuse pas le ministre de le faire, je ne crois pas qu'il le fasse non plus
comme étant la clé de voûte et l'endroit d'où
nous devons attendre une solution. Malheureusement, à l'époque de
sa création, on en a fait un tel état. L'ancien ministre des
Affaires culturelles qui l'avait lancé l'avait présenté
comme un telle bombe, avec tellement de répercussions, qu il a ainsi
faussé l'opinion publique et que l'opinion publique s'est mise à
attendre de cet office des missions, des résultats, des fruits que dans
son origine même, dans son mandat même, dans sa composition
même, dans sa nature même, il n'était pas en mesure de
fournir. Ceci fait que bien des gens je n'emploierai pas les expressions
du ministre, de nationalisme fourvoyé ou quoi que ce soit disons,
pour qui la préoccu-
pation quant à l'avenir de notre langue est vive, ont souvent
porté des flèches, dures à avaler probablement, aux
officiers de l'Office de la langue française. Ils en sont en partie
responsables parce que peut-être en sont-ils venus eux-mêmes
à se créer des ornières, mais je tiens également
responsable le fait que l'office, dès sa naissance et il y a des
politiciens plus vieux que moi ici pour s'en rappeler ait
été présenté, à mon avis, sous un faux jour,
ait été présenté comme la solution miracle alors
qu'il ne l'était pas. Il ne faut pas s'attendre que ce milieu qui
attendait cette réponse et qui s'est vu présenter cet office
comme étant le miracle exige maintenant le fruit qu'on avait
attendu.
Moi, j'ai toujours considéré l'Office de la langue
française comme devant produire horizontalement, c'est l'image qui m'est
venue à la tête tout à l'heure. Par exemple, le travail
accompli actuellement par l'Office de la langue française dans ce qui
s'appelle les relations avec le monde du travail, que le ministre a
présenté tantôt comme le fer de lance, le coeur de l'Office
de la langue française... J'ai écouté avec attention et
j'ai eu l'occasion de suivre au cours de l'année, par différents
renseignements qui m'ont été donnés, les résultats
de ce travail. Je n'ai en aucune façon la moindre amélioration,
M. le Président; notre situation linguistique est à encourager.
En aucun temps, je ne considère pas que l'Office de la langue
française a contribué à un amoindrissement de la
qualité de notre langue. Donc, le moindre de ses résultats est un
acquis et à ce moment, objet de nos félicitations pour ce qu'il
peut faire. Mais prenons cet aspect, ce coeur de lance; on va s'en tenir, M. le
Président, à cet aspect pour démontrer justement les
limites de l'Office de la langue française.
On veut faire du français la langue de travail et on est en train
progressivement... C'est quand même encore très peu, mais aux
endroits mentionnés par le ministre, qui dans leur secteur technologique
sont peut-être à la pointe, dont on peut espérer des
résultats plus loin, je donne entièrement la chance au coureur
là-dessus. Les résultats que M. Cholette vient de donner sur les
produits à l'Aigle d'Or sont encourageants, tant mieux. Mais le
résultat est, à mon avis, horizontal. C'est à la base,
c'est dans l'usine, c'est dans l'entreprise que le français qui, de
toute façon, était parlé à la base... Ceci n'a pas
été nié par ceux qui préconisent le
français, langue de travail. Ce français parlé à la
base par les employés d'en bas et par les cadres mineurs, on a
noté, grâce à l'Office de la langue française
et il mérite nos félicitations dans certaines de ces entreprises
où il s'est vu confier un mandat des résultats, tant
mieux. Mais ceux qui préconisent pour vrai le français, langue de
travail ceux qui n'en font pas un slogan électoral, ceux qui
s'intéressent à la montée du français dans ce
domaine du travail, ce n'est pas tant sur le plan horizontal qu'ils demandent
des réformes, c'est sur le plan vertical.
Ce qu'il faut abattre au Québec, ce ne sont pas simplement les
fautes de langage parlé à la base, mais faire que le fait de ne
parler que ce français, même mieux parlé à l'Aigle
d'Or, par exemple, le fait d'être unilingue français chez nous est
un obstacle à la montée dans les rangs de l'entreprise. C'est
là que doit se porter la bataille. L'Office de la langue
française n'a rien à faire là-dedans. Son travail est
horizontal, il produit des résultats, tant mieux. Ce n'est pas là
qu'est le problème. A Saint-Henri, dans Saint-Jacques, n'importe
où ailleurs, même dans l'usine où les travailleurs
francophones sont les plus exploités par le petit "boss" le plus
restreint, on travaille quand même en français en bas. On n'a
jamais dit, ceux qui s'inquiètent de l'avenir du français dans le
monde du travail, que des ouvriers n'avaient aucunement l'occasion, un peu
comme dans l'armée dans le temps de la guerre, s'ils se faisaient
prendre à parler français, ils perdaient leur emploi. On n'a
jamais dramatisé la situation à ce point. Même si cela
s'est produit à quelques endroits avec quelques anglophones à
l'esprit borné.
Encore une fois, le problème doit être situé sur un
autre plan. Il n'est pas horizontal mais vertical. Quel est donc le
progrès fait au Québec depuis trois ans à ce chapitre?
Est-il dans tous les endroits? Peut-on l'indiquer aussi facilement qu'on a
indiqué les succès horizontaux de la langue française?
Peut-on mentionner également dans le Québec les succès
verticaux de notre langue si tout le monde continue à suivre l'image que
j'ai du mal à maintenir, encore une fois? Quels ont été
les progrès chez nous au Québec depuis trois ans à l'effet
que dans une entreprise où, il y a trois ans, être unilingue
français était un obstacle à atteindre certains cadres
supérieurs et que maintenant, cela ne l'est plus? Le fait d'être
unilingue français vous permet, dans n'importe quelle grande entreprise,
de parvenir au sommet. Cela ne l'est plus, le cas. L'Office de la langue
française remplit son travail horizontal. C'est la volonté
politique qui fera que nous réussirons sur le plan vertical.
Ce fer de lance de l'Office de la langue française, je ne puis
que l'encourager à continuer parce que, précisément,
lorsque viendra le jour de cette volonté politique où le fait
d'être unilingue français ne sera plus un obstacle à la
promotion individuelle dans les entreprises, c'est là que
véritablement le fruit des efforts de l'Office de la langue
française transparaîtra, se doublera, du fait que la
qualité du français se sera améliorée à la
base, permettra à des jeunes cadres promus de véhiculer un
langage encore meilleur au niveau supérieur lorsque politiquement ils
seront capables de le faire, d'apporter et de faire rayonner notre langue,
cette fois-là, une langue de qualité, parce que leur
séjour à la base de l'entreprise leur aura permis de
l'améliorer. Tant mieux.
Nous avons un certain nombre de petits hommes d'affaires
canadiens-français et ce sont malheureusement ceux qui, entre vous et
moi, s'expriment le plus mal en français comparative-
ment bien souvent à un ouvrier de la base qui n'a jamais connu de
hausse de traitement ou de statut parce qu'il était unilingue
français. J'espère que le jour où la politique des
Québécois sera claire à cet effet et que le fait
d'être unilingue français ne sera plus un obstacle, tous les
efforts que l'office a faits depuis le début de son existence et que par
les crédits que nous lui votons cet après-midi il continuera
à faire, se trouveront doublés parce que la portée, le
rayonnement de cette langue améliorée à la base de
l'entreprise par le fait qu'elle accédera aux postes supérieurs
fera véritablement du Québec un pays où la langue
française est non seulement la langue de tout le monde mais la langue
également reconnue comme étant officiellement celle du pays.
Voilà donc pour le fer de lance de l'Office de la langue
française. Quant aux autres domaines, les autres domaines
d'activités de l'Office de la langue française, à mon
avis, ils s'y rattachent également. Les contacts avec
l'extérieur, la banque de terminologie et les autres projets qu'on nous
a mentionnés sont aussi, à mon avis, du travail horizontal au
français. Ils permettent au français, là où il est
dans le Québec, de s'améliorer, de s'étendre et
d'améliorer sa qualité, mais ils ne créent pas un statut
différent de celui qu'il a et le Québec, dans bien des domaines,
et en particulier dans la vie économique, demeure avec une langue
inférieure.
Je n'en fais pas pour la dernière fois, je le dis
grief à l'Office de la langue française. La responsabilité
porte sur la politique et les Québécois le jugeront.
Et puisque je viens de mentionner la politique, j'enchafne donc avec la
politique de l'enseignement des langues qu'a annoncée le ministre pour
dire que je crois que le dépôt du rapport Gendron a
signifié, dans ce débat fondamental des Québécois,
autour de leur sécurité linguistique, un point tournant dans la
qualité du débat. __
Les Québécois ont pris conscience, en parcourant ce
rapport, de l'insignifiance que nous venions d'atteindre quant aux espoirs de
voir un jour surgir une politique linguistique cohérente.
Je crois que l'establishment anglophone et l'establishment francophone,
qui ont toujours contrôlé nos destinées politiques et
économiques, viennent de connaître à leur tour, un peu
comme le jouai, comme le prétendait le ministre, leur cul-de-sac, et
que, désormais, toutes les initiatives locales qui seront prises pour
tenter dans le cadre actuel d'améliorer le français seront
vouées non seulement à la même insignifiance que les
recommandations du rapport Gendron mais aussi au même accueil froid aussi
bien des milieux nationalistes que de tous les Québécois dans
l'ensemble.
Qui, aujourd'hui, parle encore du rapport Gendron? Qui est encore
préoccupé? Quel parti d'Opposition, à l'exception de mon
intervention de cet après-midi, a tenaillé le gouvernement comme
normalement cela a été notre rôle comme dans tous les
domaines où nous nous efforçons de le faire, on a
resoulevé en Chambre l'application de telle ou telle ou telle
recommandation d'un rapport d'une Commission royale d'enquête tant
attendu et derrière lequel le gouvernement s'était si
souventefois retranché?
Les solutions présentées par le rapport Gendron nous sont
apparues tellement mièvres et tellement encoquinées dans
l'impuissance du régime actuel qu'elles ne soulèvent même
plus d'intérêt et je suis convaincu qu'à peu près
chacun d'entre nous a oublié l'essentiel de ces recommandations.
S'il en est vraiment un qui, par la volonté populaire cette fois
plutôt que par la volonté gouvernementale, a pris le chemin des
oubliettes, c'est bien le rapport de la commission Gendron.
Ceci fait que le débat a fait un bond, alors qu'auparavant
je me souviens du bill 63, par exemple chaque intervention
gouvernementale dans le domaine linguistique soulevait un débat
où chacun essayait d'apporter sa réforme, de greffer son
élément, d'améliorer telle position, on a vu clair,
à un certain moment.
Il n'y a plus d'amélioration par ci, par là et des
tatillonnages et des incitations qui vont faire. Il n'y a plus de
français, langue officielle, langue nationale, langue marinée,
tout ce que vous voulez, tout fait que le ridicule a atteint son comble enfin,
sur cette question fondamentale, avec le rapport Gendron.
Les Québécois savent maintenant que la solution est
politique et qu'elle viendra quand ils auront choisi, politiquement,
d'être des Québécois. La langue française sera la
langue nationale le jour où les Québécois
décideront d'être une nation.
La langue française sera une langue officielle le jour où,
officiellement, nous nous inscrirons au chapitre des peuples qui ont fait leur
indépendance et qui vivent normalement. C'est clair, même pour les
fédéralistes.
Ceci fait qu'une politique comme celle que le ministre nous a
présentée au début d'avril s'inscrit, pour son plus grand
malheur maintenant, dans la suite du rapport Gendron elle aussi, malgré
certaines de ses bonnes mesures que j'aurai l'occasion de mentionner, parce que
je ne voudrais pas terminer mon intervention sans mentionner les aspects qui
nous plaisent.
Mais dans son ensemble et dans l'accueil qu'elle a reçu
également, cette politique s'inscrit dans la fin de non-recevoir que la
population oppose maintenant à toutes ces tergiversations, ces calculs,
ces stratégies pour faire croire que cela s'appelle
l'amélioration et la promotion du français, alors que, tout au
long, on entend aussi bien français, langue seconde, anglais, langue
seconde, enseignement du français, incitation des immigrants à
une école où, dès la première année, ils
apprendront le français et l'anglais, où le titre est aussi
mensonger, M. le Président, que l'était la fameuse loi 03
dont vous vous rappelez sans doute le titre puisque vous l'avez
votée et qui a sans doute contribué également à
faire pourrir le climat du débat à l'entour de cet aspect.
Donc, M. le Président, cette politique de l'enseignement des
langues est apparue à tous les analystes, sans exception, comme
étant une suite logique d'un gouvernement logique à maintenir le
bill 63. Elle ne touche en aucun cas les droits et les privilèges qui
ont été consacrés par cette loi. Cette politique ne
constitue que des aménagements administratifs que le règlement no
6, de toute façon, devait imposer et que, dans sa difficulté
d'application, imposait, que l'article 1 de la loi 63, de toute façon,
imposait au gouvernement du Québec et que, de toute façon aussi,
d'autres dispositions de nos lois antérieures, la Loi de l'instruction
publique forcément, obligeaient le ministre à refaire. C'est une
poudrette 1973 qu'on s'est posée sur un vieux maquillage qui craque de
partout. La réception, à mon avis, de cette politique a
été saine. On a dit: tant que le choix ne sera pas fait,
continuons avec cela, faisons-le.
C'est un peu comme les efforts de l'Office de la langue française
dans le domaine horizontal, continuons-les. C'est demain, lorsque nous aurons
pris la décision qui s'impose, que les fruits de l'un et de l'autre
pourront se faire. C'est pour cela que tous les gargarismes de $100 millions de
plans quinquennaux ou toutes les recommandations d'incitation faisons
beaux yeux, faisons bonne jambe aux immigrants apparaîtront
désormais comme étant classés à ceux qui ont
oublié ou qui négligent de voir ou qui s'efforcent que la
population ne voie pas que le problème de notre sécurité
linguistique, le problème de la promotion de notre langue passe, chez
nous, comme il passé chez tous les peuples du monde, d'abord par le
canal politique et que ce ne sont pas les efforts de certains officiers, les
crédits votés à certains officiers, les tergiversations de
ministres devant les clubs Kiwanis qui vont assurer demain matin, à une
langue, le canal que toutes les autres se sont assuré. Le ministre
mentionnait tout à l'heure, en accusant certains partisans de
nationalisme fourvoyé j'imagine que je devais être dans le
lot, M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, parce que je suis
singulièrement d'accord avec le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Tant mieux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est évident qu'un problème
comme celui-là est un problème politique.
M. CHARRON: Le ministre disait tout à l'heure, M. le
Président, en donnant son exemple, que les plus grandes entreprises au
Japon, les plus grandes entreprises en France, les plus grandes entreprises du
Danemark, ou n'importe où ailleurs, ont admis le besoin pour elles de
comprendre et de parler la langue anglaise qui est devenue la langue
internationale. C'est évident.
Mais ce que le premier ministre ne mentionne jamais lorsqu'il en fait
des ballons, c'est qu'au Japon, en France, au Danemark ou dans tous les pays
dont on peut se servir comme exemple, ils ont là-bas, eux, une
sécurité culturelle assurée. Leur langue est
consacrée officiellement comme étant la langue parlée. Les
immigrants chez eux, sans aucun problème, vont chez la majorité
sans qu'ils aient besoin de faire d'incitation ou de tape-à-l'oeil parce
qu'ils l'ont décidé, eux, M, le Président, comme tous les
autres peuples normaux, par voie législative et que, bien sûr,
calmement, sans nervosité, ils peuvent espérer, ils peuvent
emprunter une langue qui appartient à un autre peuple et qui devient une
langue courante parce qu'ils ne sentent pas qu'au fond elle menace leur
existence culturelle.
M. le Président, on invoquait je veux terminer
là-dessus au début, dans la justification de nouveaux
plans de développement de l'enseignement des langues, le fait que la
langue anglaise que les jeunes francophones apprennent à l'école
en vertu de nos règlements n'est pas de qualité suffisante et
qu'au sortir du secondaire IV, puisqu'ils arrêtent actuellement de
l'apprendre au secondaire IV, on ne peut pas dire qu'ils aient une connaissance
suffisante de l'anglais comme nous pourrions l'espérer. C'est un fait.
Il y a une amélioration technique à apporter à la
connaissance de cette langue seconde qui est très importante, en
particulier en Amérique du Nord. Personne ne va faire l'autruche avec la
tête dans le sable là-dessus. Le projet apporte une aide
pédagogique, une aide financière aux commissions scolaires pour
l'amélioration de cette langue seconde; mais le ministre devrait savoir
également que, si la langue seconde des jeunes francophones est aussi
mal parlée et s'ils connaissent aussi peu la langue anglaise, même
au sortir du cours secondaire, la responsabilité pour une fois n'en
repose pas simplement sur le ministre ou sur les commissions scolaires. Il y a
chez les jeunes Québécois actuellement un dégoût
d'apprendre la langue anglaise, car elle leur apparaît en même
temps comme une menace, et le jour où on leur assurera qu'ils pourront
vivre en français et que ce pays est un pays de langue française
et qu'ils y vivront, ils quitteront cette nervosité. Ils quitteront
cette agressivité qu'ils peuvent avoir et étudieront
véritablement l'anglais comme étant une langue seconde utile, je
crois que c'est le sens qu'on donne aux langues secondes, utile, parfois
même dans certains domaines nécessaire ; mais l'appeler langue
seconde actuellement, dans le contexte actuel, c'est mentir. La langue anglaise
a, dans les faits, et elle s'est trouvée en cela renforcée
par la loi 63 et renforcée par les dispositions administratives de la
politique de l'enseignement des langues
plus qu'un rôle de langue seconde, elle est quasi l'égale
de notre langue, et en cela, les jeunes Québécois, fiers de
l'être, se sentent directement menacés lorsqu'ils doivent s'y
soumettre. M. le Président, on a fait état également, et
tout à l'heure le député de Richmond le faisait, de la
faible qualité du français. Je parle des francophones au niveau
secondaire et même au niveau collégial. J'ai moi-même, M. le
Président, mentionné ce fait l'année dernière dans
la discussion des crédits avec Mme Hendricks, de la direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire.
J'ai, pour quelques mois, enseigné moi-même dans un CEGEP
et comme plusieurs, j'ai été abasourdi de la mauvaise
qualité écrite du français dans les copies d'examens qui
m'arrivaient. On propose des améliorations techniques qui ne seront pas
sans effet, pas plus que ne sont sans effet, les efforts de l'Office de la
langue française. Mais la consécration officielle du
français: faire du français j'ai aimé l'expression
du député de Chicoutimi l'autre jour !a langue de
l'environnement, faire du français la langue de l'affichage, imposer,
s'il le faut, des amendes à ceux qui ne respectent pas le
français au Québec de façon correcte dans nos affiches,
tout ça revalorisera beaucoup plus qu'un agent pédagogique, ou
beaucoup plus que n'importe quelle subvention aux commissions scolaires
revalorisera le français aux yeux mêmes des francophones. Donc,
leur attention et leur attrait à parler cette langue et à
l'écrire correctement et l'abandon progressif de la crainte de
connaître l'anglais, réaliseront beaucoup plus peut-être
lorsque l'Etat québécois se sera prononcé sur la
qualité de cette langue et n'aura pas peur de l'affirmer;
réaliseront aux yeux de la collectivité québécoise,
la place que doit occuper le français chez nous et aideront
considérablement comme climat. Je pense que M. Cholette sera d'accord
avec moi que le climat de réception est utile et presque indispensable
à la réussite technique de certaines interventions dans le
domaine. Quels que soient les efforts des officiers techniques, si le refus ou
le désintéressement est à la base, il faudra multiplier
les crédits que nous sommes appelés à voter cet
après-midi et il faudra encore faire des mesures une après
l'autre et forcer l'imagination de nos officiers linguistes pour percer un
milieu qui voit au niveau même de sa consécration,
c'est-à-dire l'Etat, le refus de reconnaître sa langue comme
étant la langue officielle et sa langue de travail. Comment peut-on
espérer que ceux qui se sentent ainsi négligés et voient
ainsi la langue abandonnée par l'Etat... se sentent obligés chez
eux de faire les efforts qu'ils doivent faire pour s'y soumettre?
Voilà donc, M. le Président, ce que j'avais à dire
en distinguant bien clairement mon opinion sur l'Office de la langue
française et ses efforts que l'office doit maintenir et sur la politique
de l'enseignement des langues que le ministre a annoncée au mois
d'avril.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Brièvement, M. le Président, je
dirais que, malgré certains excès qui sont liés à
l'idéologie politique du député de Saint-Jacques, et c'est
la raison pour laquelle je ne lui reproche pas puisque c'est son droit le plus
absolu, il a dit des choses fort intéressantes. Il est bien
évident et le gouvernement actuel ne l'a jamais nié, que le
problème linguistique est un problème politique. Il est bien
évident que la question de l'environnement a une importance primordiale
et qu'il conviendra a un moment donné d'agir dans le domaine de
l'affichage, pour ne donner qu'un exemple. Ce dont nous discutons ici, c'est
tout autre chose. J'ai d'ailleurs pris la peine, dans mes remarques
préliminaires, de bien le souligner. Nous discutons de programmes
précis qui sont des programmes administratifs, l'un dans le domaine de
l'implantation du français comme langue de travail, l'autre, puisqu'on y
a fait allusion, dans le domaine de la langue d'enseignement.
Qu'on juge ces programmes pour ce qu'ils sont, mais qu'on ne leur fasse
pas dire ce qu'ils ne veulent pas dire. Je serais le dernier à
prétendre que nous allons régler le problème de la langue
au Québec parce que nous faisons. En revanche je suis de ceux qui
croient qu'il convient avant toute autre démarche je me
répète en ce moment de se donner d'abord des instruments
d'action.
Il existe ici un état d'esprit assez curieux, c'est qu'on
préfère construire des immeubles avant, souvent, de s'interroger
sur leur utilisation. C'est un travers qui a fait que notre Québec a
été couvert, un moment donné, d'hôpitaux monstrueux,
avec des entrées en marbre qui étaient totalement inutiles et non
indiquées et encore, on s'imagine qu'avec des lois on règle des
problèmes. Très souvent avec des lois on ne règle pas
nécessairement les problèmes. Ce n'est pas en agitant le drapeau
du français, langue officielle, par exemple, que l'on va
véritablement faire un travail en profondeur. Je prétends que
nous faisons, en ce moment, un cheminement infiniment plus important pour
l'avenir de la collectivité par le travail actuel de l'Office de la
langue française, tel qu'il a été défini par le
gouvernement et par le plan de développement des langues qui pourra
renverser de véritables tendances, qu'en décidant d'une
façon spectaculaire que du jour au lendemain le français devient
langue officielle.
N'allez pas en conclure que je serais contre une mesure de cet ordre. Je
pense qu'elle peut peut-être être indiquée dans un certain
contexte politique. Ce que je dis, en revanche, c'est que s'il n'y avait que
des mesures de cet ordre on aurait peut-être fait plaisir à ceux
qui aiment bien faire des démonstrations dans la rue mais on n'aurait
rien réglé pour notre collectivité. Notre
collectivité, c'est tout un ensemble de citoyens qui essaient de
survivre depuis des générations.
Il est extrêmement difficile de comparer
avec des pays comme le Danemark, le Japon, la France, parce que ce n'est
pas par voie législative que la langue s'est imposée dans ces
pays, c'est par voie historique. Qu'on aille voir ce qui se passe en Belgique,
qu'on aille voir ce qui se passe en Suisse et on s'apercevra que, dans un pays
comme dans l'autre, les problèmes linguistiques ont reçu des
traitements différents et on pourra mesurer ce que cela signifie sur le
plan des tensions et du malaise social. Nous sommes totalement incapables
d'oublier le contexte qui est le nôtre. Il faudrait pratiquement faire un
cours d'histoire et un cours de géographie pour rappeler quel a
été le sort de notre collectivité au cours des
siècles et quelle est sa situation véritable participant au
réseau d'échanges nord-américain.
C'est à partir de ces données de base qu'il faut
réfléchir et toute autre décision ou toute autre
démarche serait irresponsable pour notre survie même. C'est
d'ailleurs pour une raison analogue que mon option est une option nettement
fédéraliste parce que je crois que, sur le plan linguitisque,
nous pouvons parfaitement envisager certaines solutions qui donneraient au
français un statut particulier au Québec, ce qui
n'empêcherait absolument pas qu'il se pratique un bilinguisme. Je suis de
ceux qui croient également qu'il est possible de sécuriser, qu'il
faut envisager de sécuriser les jeunes et qu'il sera infiniment plus
aisé de leur apprendre un français de qualité et un
anglais également qui est indispensable et, sur ce plan, je peux suivre
le député de Saint-Jacques, mais encore faut-il se donner les
instruments pour le faire et c'est ce que ce programme de développement
des langues tente de faire.
Pour me résumer, M. le Président, je ne nie pas que le
problème soit politique, mais je demande que l'on juge c'est
d'ailleurs au fond ce que le député de Saint-Jacques a fait
les programmes que nous présentons, et pour lesquels nous
demandons des crédits, â leur mérite et pour les objectifs
qu'ils visent et non pour ce qu'ils ne veulent pas réaliser et ce qu'ils
ne peuvent pas réaliser.
M. RUSSELL: M. le Président, tout simplement quelques remarques
pour vous dire, d'une façon très brève, très
sommaire, que je suis totalement opposé à l'attitude et aux
recommandations du député de Saint-Jacques. D'abord, il parle
d'abattement dans le Québec, il parle de travailleurs exploités
dans le Québec. Je pense que le plus bel exemple de l'exploitation,
c'est la démonstration qu'il nous a faite de la façon que lui
dirigerait les choses, de la façon qu'il aimerait que les choses soient
dirigées dans le Québec et par son imposition. C'est la
façon qu'il prévoit et qu'il entrevoit la démocratie. De
toute façon, je pense que j'ai tâché dans le passé
d'attaquer les causes difficiles, mais celle-là, je pense qu'elle est
désespérée. Donc je cesse immédiatement mes
remarques pour vous dire que, quant à moi, je suis prêts à
adopter le programme 22.
LE PRESIDENT (M. Picard) : Le programme 22. Adopté. Maintenant,
il reste encore les programmes...
M. CHARRON: Les crédits supplémentaires.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... 20 et 21 des crédits du
ministère, de même que l'élément 9 du programme 5 et
ensuite nous devrons étudier les crédits supplémentaires.
Alors, étant donné qu'il n'est que six heures moins deux minutes,
je propose que la commission suspende ses travaux jusqu'à huit heures et
quinze ce soir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, les crédits
supplémentaires, si je comprends bien, pourraient être
discutés immédiatement ou ce soir?
LE PRESIDENT (M. Picard): Ce soir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon, parce que, M. le Président, dans ces
crédits supplémentaires, il y a deux éléments. Une
somme de $18 millions qui...
LE PRESIDENT (M. Picard): On va les étudier aux programmes 20 et
21, ces éléments-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, justement. Une somme de $18 millions qui
touche le ministère de l'Education et une somme de $2,500,000 qui
implique le Haut-Commissariat. La somme de $2,500,000 pourrait être
discutée en cours de route, ce serait peut-être plus logique, mais
je serais très heureux si on me demandait un accord pour la somme de $18
millions qui représente l'abattement de $0.05 sur le taux de la taxe
scolaire, abattement qui a été promis par le ministre des
Finances et qui doit être compensé par les subventions accrues aux
commissions scolaires.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que le crédit, comme ça,
on est prêt à l'adopter?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont uniquement des subventions aux
commissions scolaires.
M. CHARRON: Alors, les programmes 5, 6 et 10, c'est adopté. Les
programmes 20 et 21, ce soir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, adopté, les programmes 6 et 10
des crédits supplémentaires.
M. CHARRON: Les programmes 5, 6 et 10: Services administratifs dont les
coûts sont imputés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les programmes 6 et 10.
M. CHARRON: Les programmes 5, 6 et 10, ce sont les imputations.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ah oui! C'est un transfert. Alors, les
programmes 5, 6 et 10 des crédits supplémentaires sont
adoptés. Adopté? Adopté.
Alors, la séance est suspendue jusqu'à huit heures et
quinze ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h)
Reprise de la séance 20 h 20
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs! La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue l'étude des crédits du ministère
de l'Education. Pour la séance de ce soir, M. Drolet, de Portneuf,
remplace M. Brochu, de Richmond; M. Gagnon, de Gaspé-Nord, remplace M.
Cardinal, de Bagot; M. Léger, de Lafontaine, remplace M. Charron, de
Saint-Jacques; M. Faucher, de Yamaska, remplace M. Leduc, de Taillon; M. Caron,
de Verdun, remplace M. Saint-Germain, de Jacques-Cartier. M. Caron?
M. CARON: Je voulais seulement dire que, si la commission était
télévisée ce soir, la population du Québec pourrait
voir que les membres de l'Assemblée nationale ainsi que les
fonctionnaires et les journalistes sont aussi sportifs.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous voulez dire qu'en même temps que
les parties éliminatoires de la coupe Stanley se jouent les gens
regarderaient cela?
M. DROLET: Je ne sais pas si cela sera aussi excitant, par exemple.
M. CARON: Ah! on va voir cela. Le temps va nous le dire.
M. HARDY: Cela dépend de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le compte est maintenant un à
zéro pour les Canadiens. Alors, le programme 20.
Promotion du sport
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, si je désire dire
quelques mots avant de donner la parole au ministre d'Etat à
l'Education, qui est chargé du Haut-Commissariat, c'est pour
établir la continuité avec la discussion des crédits de
l'année dernière. L'année dernière, je
m'étais engagé à poser un certain nombre d'actions
précises, en ce qui concerne le domaine du sport et des loisirs. Je
m'étais engagé en premier lieu à présenter une
politique; je m'étais engagé à emmener des modifications
de structures et également, à faire évoluer le
Haut-Commissariat vers une structure de plus en plus autonome. Je pense qu'il a
été possible de réaliser ces trois engagements et j'y
reviens très brièvement. La politique a été
présentée au cours d'une conférence de presse, il y a cinq
ou six mois. Le ministre d'Etat aura certainement l'occasion d'y revenir. Elle
mettait l'accent sur le plein air et, également, sur les subventions aux
organismes dans le domaine du sport et du loisir, subventions qui devaient
s'accompagner de conditions, de manière que chaque organis-
me joue son rôle tout en conservant au Haut-Commissariat un
leadership certain.
Les modifications de structures ont porté d'abord sur un statut
juridique donné au Haut-Commissariat sans qu'il ait été
nécessaire de... le conseil québécois en matière de
sports et de loisirs, conseil dont les membres ont été
nommés il y a environ doux ou trois mois, la constitution d'un
comité interministériel permettant de définir les
différents secteurs d'activité et d'identifier les recoupements
entre les ministères. C'est ainsi que ce comité a pu se
réunir et déjà s'intéresser à certains
problèmes comme celui des loisirs sccio-culturels et certaines
initiatives, en particulier celles qui concernent le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Par la même occasion, j'ai pu annoncer la création d'un
comité, Comité 76, pour préparer la population du
Québec à cette échéance des Jeux olympiques. Il y a
enfin, le troisième point portant sur l'évolution même de
l'organisme. Vous avez à mes côtés, le ministre d'Etat, le
premier ministre d'Etat qui, sous notre gouvernement, est chargé de cet
organisme et qui, en s'en occupant, lui donne véritablement toute
l'importance qu'il mérite.
Ceci ne préjuge pas d'une évolution ultérieure,
mais je désire simplement souligner le fait que le Haut-Commissariat
étant à l'Education, ceci a permis une collaboration
extrêmement précieuse dans beaucoup de domaines.
C'est ainsi, par exemple, que nous avons pu donner aux affaires
étudiantes, qui étaient peut-être pensées d'une
manière un peu trop académique, toute une dimension qui
n'existait pas jusqu'ici, c'est-à-dire la dimension des sports et
loisirs.
Je vous remercie donc, M. le Président, et je passe maintenant la
parole au ministre d'Etat.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, M. le ministre de l'Education.
Maintenant, c'est le ministre d'Etat à l'Education, responsable du
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. PHANEUF: Merci, M. le Président. Avant de débuter, vous
me permettrez de faire un tour d'horizon du Haut-Commissariat, de sa situation
et, comme vous le savez, ce matin, on a reçu copie des crédits
supplémentaires qui seront discutés en annexe de toutes les
discussions. Naturellement, mon texte préliminaire ne comprend pas les
crédits supplémentaires parce que nous ne les avions pas à
ce moment.
Dans le domaine des loisirs, des sports, le Haut-Commissariat à
la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports dispose d'un budget brut de $11,446,300
pour l'année financière 73/74.
De ces crédits budgétaires, $10,754,000 seront
alloués comme assistance financière à des organismes qui
oeuvrent dans les secteurs des activités sportives, socio-culturelles et
de plein air.
L'action du Haut-Commissariat n'est pas la seule source d'intervention
du gouvernement du Québec dans ce domaine. D'autres ministères
participent au développement des loisirs et des sports par
différents, programmes. Il est essentiel de bien situer, et
d'évaluer, l'assistance financière du Haut-Commissariat, dans le
cadre de cette action gouvernementale, pour en saisir la pertinence et la
signification. Pour la même raison, et parce que le Haut-Commissariat a
obtenu une augmentation rapide et importante de ses crédits pour
répondre aux besoins de la population, il est aussi nécessaire de
faire connaître l'action qu'il a suivie, jusqu'à maintenant et
d'indiquer les grandes lignes de son orientation future.
Permettez-moi d'expliquer la répartition des crédits
budgétaires du Haut-Commissariat aux organismes de loisir.
Pour regrouper et classifier les programmes gouvernementaux dans le
domaine du loisir, sport socio-culturel et plein air, il faut d'une part,
être capable de définir ou de préciser ces termes et,
d'autre part, supposer qu'un seul objectif soit relié à chacun
des programmes. Evidemment, telle n'est pas la situation. Selon des
définitions larges ou restreintes du loisir et des secteurs
mentionnés, il est clair que le nombre de programmes retenus est plus ou
moins élevé et important et que nombre d'entre eux ont des effets
sur plusieurs secteurs d'activités à la fois. L'identification et
le regroupement des programmes gouvernementaux de loisirs est donc une
tâche complexe.
Cependant, le comité interministériel en matière de
jeunesse, de loisir, de sport et de plein air s'est penché, dans le
cadre de ses activités, sur ce travail d'inventaire des programmes dans
le domaine des loisirs et des sports et doit présenter un rapport sur
cette question. Cet inventaire sera plus facile à effectuer à
cause de l'implantation du système de budget par programme.
Malgré les quelques remarques qui précèdent, il
demeure possible d'identifier, en nous basant sur les crédits
budgétaires de l'année financière 72/73, les
différentes structures gouvernementales qui s'occupent
d'activités dans le domaine du loisir. Cinq ministères avaient
prévu des crédits bruts de $97,753,000 dont $44,143,800 pour les
dépenses de fonctionnement, soit 45.1 p.c, et $53,509,200 pour les
dépenses de capitalisation, soit 54.9 p.c.
La part de chacun de ces ministères et du Haut-Commissariat
représente, sur le total de ces crédits, les pourcentages
suivants selon la nature des dépenses.
M. GAGNON: Le ministre n'a pas une copie qu'il pourrait nous
remettre...
M. PHANEUF: Oui, oui, nous avons remis...
M.GAGNON: ... parce qu'on pourrait suivre et parfois souligner quelque
chose. Ce serait très important.
M. PHANEUF: J'attends. On vous remet chacun une copie. Je pourrai
continuer par la suite. Il y a des tableaux explicatifs, je pense, qui sont
fort intéressants et qui donnent suite à certaines recherches
faites par le comité interministériel.
Je vous parlais des pourcentages, vous pouvez voir les pourcentages
suivants: au niveau des Affaires culturelles, 8.7 p.c; Communications, 0.8 p.c;
Education sans le Haut-Commissariat, 47 p.c; Justice, 0.6 p.c; Tourisme, Chasse
et Pêche, 32.7 p.c; Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs
et aux Sports, 10.2 p.c. Il y a aussi ici une omission, mais volontaire, nous
n'avons pas encore les chiffres, il y a des investissements faits par le
ministère des Transports et le ministère des Terres et
Forêts. Ces données ne tiennent pas compte des dépenses de
l'ensemble des municipalités du Québec puisqu'il ne s'agit ici
que d'analyser les dépenses du gouvernement québécois.
Les programmes des ministères des Affaires culturelles et des
Communications concernent le secteur des activités socio-culturelles;
ceux du ministère de l'Education ont pour objectif les secteurs du
sport, du plein-air et des activités socio-culturelles. Ceux du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sont
orientés vers les activités de plein air. Enfin les programmes du
Haut-Commissariat se répartissent entre les secteurs du sport les
activités socio-culturelles et du plein air.
Si nous répartissons les crédits bruts des
ministères et du Haut-Commissariat entre les secteurs du sport, des
activités socio-culturelles et du plein air, nous avons le
résultat suivant vous avez ici la liste des ministères: Le
ministère des Affaires culturelles a un montant de $8,515,400 au niveau
du socio-culturel. Au niveau des Communications, vous avez un montant de
$795,000. Au niveau de l'Education, vous avez $41,416,900, au niveau du sport
et $4,865,900 au niveau du socio-culturel. Au niveau de la Justice, vous avez
un montant de $545,000 au niveau du sport. Au niveau du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, vous avez un montant de $31,656,200, et au niveau de
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports $5,440,000 au
niveau du sport, $2,080,000 au niveau du socio-culturel et $2,438,000 au niveau
du plein air. Vous avez l'addition de tous ces montants pour arriver à
un montant global de $97,753,000.
Les crédits bruts du gouvernement du Québec, dans le
domaine du loisir, représentent 1.9 p.c de son budget brut total, tandis
que ses crédits nets représentent 1.7 p.c. de son budget net
total. Nous constatons que la part du Haut-Commissariat, dans le domaine du
loisir, est minime, non seulement par rapport au total des dépenses
gouvernementales mais aussi par rapport à chacun des secteurs
d'activité. Par contre, son action est la seule qui touche les trois
secteurs d'activité.
D'autre part, si le secteur socio-culturel semble
défavorisé, il faut signaler que les secteurs sports et plein air
tiennent compte des investissements respectifs des ministères de
l'Education et du Tourisme dans les installations sportives et
l'aménagement des sites de plein air, alors que sont ignorés
totalement les investissements effectués en milieu scolaire et qui sont
utilisés pour fins de loisir dans le secteur socio-culturel.
L'impossibilité actuelle de cerner les sommes investies à ce
titre expliquent cette déficience. Sur le total de ces crédits
budgétaires gouvernementaux, les dépenses de transfert,
subventions, qui sont versées comme assistance financière
à divers organismes publics ou privés, représentent 59.1
p.c. soit un montant de $57,815,800. La répartition de cette assistance
financière s'établit comme suit. Les affaires culturelles:
Centres culturels, $250,000; services des bibliothèques du
Québec, $1,700,000; monuments historiques, $589,000. Niveau de
l'éducation: subvention de fonctionnement pour le service des loisirs et
des sports et autres services éducatifs, $9,731,800; subvention
d'investissement pour des centres sportifs, $36,551,000. Haut-Commissariat
à la Jeunesse aux Loisirs et aux Sports : subvention aux organismes des
loisirs et des sports, $8,994,000 pour un grand total de $57,815,000.
Deux constations majeures découlent de ces chiffres. D'une part,
l'action du gouvernement du Québec est indirecte et incitative dans le
domaine des loisirs et des sports. D'autre part, l'assistance financière
représente 90.9 p.c. du budget du Haut-Commissariat.
L'assistance financière du Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports a servi, jusqu'à maintenant au
développement et à la consolidation d'une partie de
l'infrastructure dans le domaine du loisir et a poursuivi l'objectif de rendre
accessibles les activités sportives, socio-culturelles et de plein air,
à l'ensemble de la population.
Au niveau de l'infrastructure, cette assistance financière a
surtout favorisé le développement des ressources
organisationnelles, humaines et matérielles, les subventions
accordées devant être utilisées pour l'engagement du
personnel, les frais d'administration et l'acquisition du matériel
d'animation. En fait, ces diverses ressources ont permis aux organismes de se
structurer et de se développer sur une base permanente, afin de mieux
répondre aux besoins de leur clientèle.
Les organismes jouant un rôle au niveau du Québec ont
été largement appuyés par le soutien du Haut-Commissariat.
Pour rendre accessibles les diverses activités de loisirs, les
subventions versées aux divers organismes devaient favoriser la
participation de l'ensemble de la population, y compris celle de
l'élite, aux stages de formation et aux compétitions ou
manifestations sportives, socio-culturelles et de
plein air. Dans les divers secteurs, des projets tels que
Découverte du Québec, les Jeux du Québec, les Camps de
vacances etc., de même que la nature variée des divers stages de
formation sont quelques exemples qui permettent de vérifier les
progrès accomplis pour que cette accessibilité devienne une
réalité.
Durant l'année financière 73/74, le Haut-Commissariat
terminera cette phase de consolidation et retient la répartition de ses
crédits, selon les deux programmes d'activités inscrits dans le
budget-programme du gouvernement du Québec. Ce sont pour la promotion du
sport, $3,926,800 et pour le développement des loisirs, $7,519,500; ce
qui donne un total de $11,446,300.
Les dépenses de transfert, soit le montant des subventions qui
est versé aux organismes, représentent 93.7 p.c. du prochain
budget du Haut-Commissariat. Ces dépenses ont connu une augmentation de
24.2 p.c. par rapport à celles de l'année
précédente.
A l'intérieur de ces deux programmes on retrouve les trois
secteurs d'intervention du Haut-Commissariat. Ces secteurs sont ceux du sport,
des activités socio-culturelles et du plein air, La répartition
des crédits dans ces trois secteurs a été établie
en fonction des diverses catégories d'activités retenues pour
chacun d'entre eux. Deux activités sont mises en retrait vu leur
implication dans les trois secteurs concernés. Ce sont celles du
développement régional et de la récréation
municipale.
Pour le sport, voici quelle est la répartition du budget,
$3,620,500.
L'assistance aux fédérations sportives, les affectations,
$1,195,916; services administratifs aux organismes sportifs et CSQ, $700,600;
développement du sport scolaire, $248,150; développement des
activités sportives et de conditionnement physique pour tous, $671,034;
développement de l'élite sportive: Mission Québec 76, Jeux
de l'Arctique et les Jeux du Canada, pour un montant de $804,800.
Sur le plan socio-culturel, le partage du budget de $1,294,000
s'établit ainsi: les voyages-échanges, $459,000; la vie sociale
et communautaire, $505,000; culture-création, $195,000; action-loisir,
$135,000.
Dans le secteur du plein air, le budget de $1,513,096 est ainsi
divisé: les activités physiques de pleine nature, $413,000;
l'accueil et hébergement, $812,000; interprétation de la nature,
$200,000; sécurité, $62,000.
Pour le multi-sectoriel, le développement régional,
conseils régionaux de loisirs, $1,779,000; l'opération locale,
l'opération hors normes, $1,206,704; l'immobilisation, arénas,
etc., $1,382,700.
Les trois secteurs d'activités ont obtenu une augmentation
importante par rapport aux montants de l'année précédente.
Il est essentiel que le Haut-Commissariat explique cette situation et fasse
connaître les priorités pour lesquelles une assistance
supplémentaire a été accordée.
Dans le secteur des activités socio-culturelles, l'augmentation
du budget de cette activité correspond, en très grande partie,
à la décision de réaliser un plus grand nombre de projets
relatifs à la découverte du Québec. Ces projets
étaient en nombre nettement inférieur aux projets de type
interprovincial et international. Le Haut-Commissariat est convaincu qu'il lui
appartient d'accorder la priorité à la découverte du
Québec par les Québécois, puisque l'intervention des
autres organismes de voyages-échanges favorisent les autres types de
projets et que les Québécois doivent d'abord découvrir
leur milieu.
L'ensemble des autres activités de ce secteur connaîtra une
phase de consolidation. Les activités de culture-création
jouiront cependant d'une augmentation un peu plus élevée, afin de
permettre la structuration de quelques nouveaux organismes et
l'amélioration de services offerts par ceux qui existent
déjà. D'autre part, action-loisir, avec un budget identique
à celui que possédait action-sociale-jeunesse, voit le jour et la
réalisation de festivals culturels régionaux sera
favorisée.
En regard de l'assistance aux fédérations sportives,
l'augmentation est due à la mise en place de directeurs techniques et de
secrétaires administratifs. Cette action complète cette
année la consolidation de l'infrastructure de ces organismes.
Le montant additionnel accordé cette année correspond,
d'une part, aux demandes accrues des fédérations sportives
résultant de l'établissement d'un réseau de directeurs
techniques et de secrétaires administratifs et, d'autre part, à
la consolidation des services administratifs offerts aux
fédérations sportives.
Pour le développement du sport scolaire, l'augmentation
s'explique par la création d'une nouvelle organisation sportive, au
niveau élémentaire, pour compléter le système
actuel qui existe aux niveaux universitaire, collégial et
secondaire.
Le développement des activités sportives et le
conditionnement physique pour tous a motivé la réalisation des
Jeux d'hiver du Québec, ce qui explique l'augmentation
considérable dans cette activité pour cette année.
Pour le développement de l'élite sportive, le budget de la
Mission Québec 7.6 a presque doublé en 73/74. Ceci s'explique par
le fait que la période de financement comprend une année
entière, comparativement à une demi-année pour l'exercice
précédent.
La participation, cette année, du Québec aux Jeux du
Canada, qui sont présentés tous les deux ans, explique
également l'augmentation substantielle qui en découle.
Au chapitre de l'immobilisation, l'augmentation du budget est due
à la réalisation de nouveaux projets d'aréna pour lesquels
des municipalités vont recevoir une assistance financière pour
fins d'immobilisation. Si j'ai sauté le
chiffre à ce moment-ci, c'est parce que je ne voulais pas le
spécifier, compte tenu du budget supplémentaire qu'on aura
à définir tantôt.
M. DROLET: Parfait.
M. PHANEUF: A cause de la faveur du hockey au Québec et parce que
la politique d'implantation d'équipement du ministère de
l'Education ignorait les arenas, le Haut-Commissariat a jugé essentiel
de poursuivre l'accroissement de ces installations.
Pour le secteur du plein air, aucun nouveau projet ne sera mis en
application dans les quatre activités inscrites au secteur du plein air,
durant l'année budgétaire 73/74. Les augmentations
allouées serviront à améliorer et consolider
l'infrastructure des organismes existants, compte tenu des analyses qui seront
faites par les services concernés.
Deux secteurs profiteront cependant d'une augmentation substantielle,
soit, d'une part, l'accueil-hébergement et, d'autre part, la
sécurité. Dans le premier cas, (camps et colonies de vacances),
l'assistance du Haut-Commissariat a été jusqu'à maintenant
insuffisamment importante pour qu'elle soit significative. Il a donc
été décidé d'augmenter sensiblement les sommes qui
seront consenties pour le personnel et le matériel d'animation à
ces organismes. Dans le cas des organismes de sécurité,
l'augmentation permettra aux deux organismes subventionnés d'intensifier
la formation de cadres en sécurité et la diffusion intensive
d'une information en ce domaine.
En regard des activités multisectorielles et plus
particulièrement du développement régional, le montant
additionnel versé aux conseils régionaux de loisirs est consenti
pour compléter l'organisation de ces structures régionales et
pour favoriser la régionalisation sportive, de même que la
réalisation des festivals régionaux culturels.
Pour la récréation municipale, le montant alloué au
projet "assistance au leadership" a doublé, et dans le but de favoriser
l'engagement d'un personnel adéquat dans le secteur des loisirs au
niveau municipal. Cette assistance passe de $40,000 à $80,000.
Une dizaine de nouvelles municipalités seront ainsi
favorisées par une telle augmentation, alors que l'opération
locale conserve à peu près le statu quo.
En regard des orientations futures de l'assistance financière du
Haut-Commissariat, son budget actuel et les budgets précédents
ont surtout favorisé le développement des organismes oeuvrant au
niveau du Québec. Le Haut-Commissariat estime que l'année
financière 73/74 termine cette phase de consolidation et qu'un taux de
croissance régulier, soit de 5 p.c. à 10 p.c, sera
dorénavant suffisant pour respecter les besoins de trois secteurs
d'activité à ce niveau.
A l'avenir, l'intervention du Haut-Commissa- riat en vue de favoriser
l'accessibilité aux activités sportives, socio-culturelles et de
plein air sera définie de plus en plus en fonction de paliers
régional et local. Les organismes de ces deux paliers se trouvent en
contact direct avec le consommateur du loisir et le Haut-Commissariat entend
maintenant favoriser davantage leur action. D'ailleurs, tel que l'exige le
mandat qui lui est confié dans l'arrêté ministériel
1608-72, le Haut-Commissariat préparera les plans de
développement du loisir en fonction des régions et ajustera son
assistance financière pour en favoriser la réalisation.
Ensuite, vous avez le tableau des différents ministères et
des sommes qui sont affectées au domaine du loisir au sens large du mot.
Je m'excuse si cette lecture a été un peu ardue mais je pense,
compte tenu de tout ce qui s'était dit, écrit, qu'il était
peut-être important de faire une mise au point sur la situation actuelle
du Haut-Commissariat, des champs d'action qu'on a l'intention de consolider et
de continuer cette année. Là-dessus, j'espère recevoir vos
commentaires et passer à l'étude de nos crédits.
M. GAGNON: M. le Président, d'abord, nous devons féliciter
le ministre de sa nomination au Haut-Commissariat de la Jeunesse, des Loisirs
et des Sports. On sait que ce service a été passablement
charroyé depuis deux ans. Nous avons beaucoup de sympathie pour tous ses
employés, ses fonctionnaires qui, pendant deux ans, ne savaient pas
où mettre leur tête. Tantôt, c'était
transféré à un service, tantôt, c'était un
député qui était en charge de ce service. On sait que le
député de Fabre, qui a eu charge du Haut-Commissariat de la
Jeunesse, des Loisirs et des Sports, a connu pas mal de moments
troublés. Finalement, on le lui a enlevé, je ne sais si c'est un
certificat de compétence, pour le remettre au député de
Vaudreuil-Soulanges. Tout de même, j'ai foi au ministre actuel,
connaissant sa compétence.
M. PHANEUF: On n'a pas enlevé le Haut-Commissariat au
député de Fabre, il a démissionné et a
demandé d'être affecté ailleurs.
M. GAGNON: Oui. Moi, qui ai déjà été au
conseil des ministres, imaginez-vous donc que je sais comment cela se
passe.
Le ministre actuel est un homme qui a la compétence, l'adresse et
le dévouement. Et je suis certain qu'entouré de tous ses
fonctionnaires, il saura mener à bien le Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, parce que je puis dire qu'il part presque
à zéro.
Le ministre a donné un exposé qui laisse plusieurs points
d'interrogation parce que le ministre est allé chercher beaucoup de
deniers dans les autres ministères. J'ai pensé qu'il y avait deux
façons de voir cet état de choses. Soit que le ministre a
l'intention de repatrier ces sommes puisque si déjà,
théoriquement,
elles apparaissent dans son exposé, je crois que, pratiquement,
cela devrait revenir au Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports ou...
M. PHANEUF: Je ne voudrais pas laisser supposer par cet exposé...
On a posé beaucoup de questions en Chambre sur la création
même du comité interministériel, sur son rôle, sa
fonction et ceci m'a amené à vous exposer une partie du travail
de ce comité, pour vous sensibiliser à l'impact loisir au sens
large du mot, de la part du gouvernement du Québec. Et ce n'est pas dans
le but d'un regroupement que ce travail a été fait.
M. GAGNON: Je remercie le ministre. Il n'y a aucun doute que connaissant
les oiseaux qui portent les petits messages, il y a des officiers qui font des
suggestions au ministre, à savoir que tel service devrait revenir
à son Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports.
Cela ne veut pas dire que là où on a établi des petites
chapelles on est prêt à les laisser aller, mais tout de
même, je crois que le ministre a bien fait de donner cet exposé.
Une chose m'a frappé en particulier c'est lorsqu'il a fait mention au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qu'une somme
de près de $32 millions était affectée au
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports alors que le
budget du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
représente une somme de $34 millions. Encore là, j'ai
pensé que peut-être le ministre envisageait que ces $32 millions
devaient être inclus un jour au Haut-Commissariat à la Jeunesse,
aux Loisirs et aux Sports, que le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche deviendrait tout l'ensemble, avec le Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports. C'est une opinion que
j'émets mais tout de même ce chiffre fabuleux de $32 millions, qui
représente plus de 95 p.c. du budget du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, démontre, quand j'écoute
l'exposé du ministre, que cette somme devrait être greffée
au Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports parce
qu'elle est à 95 p.c. sport et loisir, si j'ai bien compris
l'exposé. Je ne dis pas que je ne partage pas son opinion mais j'ai
là des antennes sur les vues du ministre qui ne sont pas bêtes et
c'est pour cela que j'ai dit que j'avais foi dans la compétence du
ministre.
Le ministre a exposé l'ensemble du travail du comité
interministériel qui est appelé à jouer un rôle
important et j'imagine que ce n'est pas facile lorsqu'on a quatre, cinq, six,
sept, huit ministères je ne sais trop qui ont chacun une
petite part qui toucherait aux sports et aux loisirs. Peut-être que dans
certains ministères il serait difficile d'aller chercher l'assiette
financière mais dans d'autres ministères, cela serait
peut-être facile. Il n'y a aucun doute que cela se grefferait
peut-être davantage au Haut-Commis- sariat à la Jeunesse, aux
Loisirs et aux Sports qu'au ministère auquel il appartient.
Je ne voudrais pas être trop lent parce que, pour ma part,
j'espère qu'on essaiera de passer tous ces crédits ce soir, afin
de permettre au ministre des Communications de prendre la place; c'est
là un voeu que je formule.
Le ministre a parlé de l'ensemble des politiques qui seront
adoptées relativement à la construction des arénas. Il y a
une chose que nous avons constatée et qui est regrettable. C'est que le
ministère des Affaires municipales, par ses lois, qui est tenu de
surveiller les finances municipales, autorise j'ai ma région,
c'est peut-être le cas type dans la province, mais tout de même
cela en est un gros la construction d'arénas.
Il autorise les municipalités par des règlements qui ont
été adoptés par les conseils municipaux, soumis au
ministère des Affaires municipales, soumis à la Commission
municipale du Québec, soumis au ministre des Affaires municipales. Le
ministre et ces deux organismes autorisent, en vertu des règlements
dûment adopté par le conseil municipal, la construction
d'arénas alors que c'est à l'insu du Haut-Commissariat des Sports
et Loisirs. Cette attitude a pour but de placer certaines municipalités
dans des situations financières intenables, puisqu'on sait qu'au niveau
des arénas, dans les endroits ruraux, aucune aréna ne peut faire
l'équilibre de ses opérations budgétaires et que, par
contre, elles se soldent par des déficits très
considérables. J'ai un exemple présent à l'esprit,
Cap-Chat, Saint-Anne-des-Monts. Dans un secteur de sept milles de distance, on
y a permis la construction de deux arénas qui sont commencées,
qui ont été approuvées par le ministère des
Affaires municipales, alors que le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux
Loisirs et aux Sports a promis à la ville de Sainte-Anne-des-Monts, il y
a un an environ, qu'il lui accordait une subvention de $100,000 pour la
construction d'une aréna. Or, la ville de Cap-Chat était
autorisée avant la ville de Sainte-Anne-des-Monts à construire
son aréna sans recevoir une promesse de subvention. Ceci a eu pour effet
de créer un malaise énorme entre les populations, les
autorités municipales, le ministère des Affaires municipales, et
j'irais même jusqu'à dire au bureau du premier ministre.
Je ne sais pas quelle est la politique du ministère sur les cas
qu'on constate, surtout sur un cas que l'on constate, où les
municipalités vont être appelées à payer des
déficits qui vont augmenter la taxe municipale. Je donne l'exemple de
Cap-Chat, que je connais très bien, parce que j'y ai été
secrétaire pendant plus de 18 ans. Cela va peut-être obliger
à tripler ou à quadrupler la taxe municipale pour payer les
déficits de fonctionnement de l'aréna de Cap-Chat, pour payer les
remboursements d'emprunts pour la construction de cette aréna, pour
payer les intérêts sur les emprunts à long terme,
puisqu'une municipalité, dans le contexte du mar-
ché actuel, va payer un loyer d'argent de $8.50. Un loyer
d'argent de $8.50 représente, après huit ans, 100 p.c. du montant
qui a été emprunté. J'aimerais connaître l'opinion
du ministre vu qu'une municipalité a déjà eu une promesse
officielle. Envisage-t-il de se porter au secours de l'autre
municipalité et envisage-t-il également de demander au
ministère des Affaires municipales de demander à son ministre
quoique le problème se soit présenté non pas avec
le ministre actuel, mais avec l'ancien ministre, le ministre des Travaux
publics actuel, le député de Rimouski à la
Commission municipale et au ministre des Affaires municipales, une
collaboration pour éviter des culs-de-sac comme ceux que l'on
connaît, pour éviter que le Haut-Commissariat soit pris dans une
situation extrêmement difficile alors que, la plupart du temps, il y a
pénurie de crédits, et pour apporter à la
municipalité en cause, celle qui n'a pas reçu de promesse de
subvention la certitude qu'elle recevra une promesse de subvention du
Haut-Commissariat pour aider à la construction de cette aréna,
qui est avancée, qui peut-être, dans un mois ou deux, sera
terminée?
J'aimerais que le ministre me donne quelque lumière à ce
sujet-là.
M. PHANEUF : Assez facilement, disons qu'il y a un mécanisme qui
a été mis sur pied avec...
M. LEGER: Excusez-moi, M. le Président, est-ce qu'il...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre...
M. LEGER: ... n'y aurait pas possibilité peut-être que
chaque parti puisse avoir l'occasion de faire un court exposé, quitte
à retourner dans les périodes de questions?
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que le député de
Gaspé-Nord a terminé son exposé?
M. GAGNON: Oui.
M. PHANEUF: II n'y a pas de problème; je peux revenir
là-dessus tantôt.
M. GAGNON: Si vous me permettez, j'ai posé une question
particulière. Je crois que si le ministre pouvait répondre tout
de suite, cela lui permettrait de garder son problème là.
M. PHANEUF: Je l'ai très bien noté, M. le Président
; je peux y revenir tantôt.
M. GAGNON: Je n'ai pas d'objection.
M. PHANEUF : Je peux y revenir tantôt facilement et continuer de
faire...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, avant de faire un court exposé
sur la situation des loisirs, j'aimerais que le ministre nous présente
l'équipe qui l'entoure, parce qu'il y a certaines personnes
peut-être qu'on ne connaît pas et j'aimerais que le ministre nous
les présente, si cela ne lui fait rien.
M. PHANEUF: Alors, M. Yves Bélanger, sous-ministre adjoint
responsable du Haut-Commissariat; M. Benoit, qui est directeur de la
planification au niveau du Haut-Commissariat ; M. Guy Desrosiers, qui est
affecté au service des sports; M. Claude Despatie, qui est
affecté au service de la régionalisation et du plein air et M.
Rioux, qui est affecté au niveau du service socio-culturel.
M. GAGNON: Le dernier, c'est votre secrétaire, j'imagine.
M. PHANEUF: M. Paul Roland est mon secrétaire particulier
adjoint.
M. LEGER: Juste après M. Dépatie, pourriez-vous
répéter le nom?
M. PHANEUF: M. Jean Rioux.
LE PRESIDENT (M. Picard): Et les trois à la table?
M. PHANEUF : Est-ce que vous voulez que je vous présente les
députés présents aussi?
M. GAGNON: Ils vont s'identifier quand ils vont parler, car ils vont
tonner tout à l'heure, les trois à la table.
M. DROLET: Alors, M. le Président, je remercie le ministre de
nous avoir présenté l'équipe qui l'entoure.
M. PHANEUF : Excellent équipe, soit dit en passant.
M. DROLET: Je prends la parole du ministre. Alors, M. le
Président...
M. CARON: Maintenant que vous les connaissez, il ne faudrais pas trop
flirter avec eux.
M. DROLET: Ce n'est pas dans mes habitudes.
M. CARON: Non. Je dis cela seulement pour vous taquiner.
M. GAGNON: Cela leur inspirerait confiance peut-être parce que,
depuis deux ans, ils ont été massacrés pas mal.
M. DROLET: Alors, M. le Président, lorsqu'on parle du
Haut-Commissariat il y a certainement énormément de choses
à dire. Depuis quelques années, on a entendu parler de cet
organisme gouvernemental de différentes façons et moi, en
ce qui me concerne, du moins depuis mon élection, j'ai eu l'occasion de
me pencher plus spécialement sur ce problème, ayant
été délégué par mon parti pour surveiller,
si vous voulez, tout ce qui se passait dans le domaine des sports et des
loisirs. C'est sûr que cela n'a pas toujours été bien et je
ne suis pas prêt à dire, aujourd'hui, que cela va à 100
p.c. Lorsque le ministre de l'Education a parlé tout à l'heure,
je me rappelais justement l'année dernière, ici même dans
cette salle, lorsqu'on étudiait les crédits du ministère
de l'Education, que le ministre Cloutier avait dit j'ai ici un
paragraphe de son intervention: "J'ai donné une indication en
commençant mes quelques remarques sur le Haut-Commissariat, lorsque j'ai
dit que le Haut-Commissariat avait ses problèmes et que c'étaient
des problèmes sérieux. J'ai tenté de les circonscrire en
parlant de l'absence d'une politique et en parlant également de
difficultés au niveau des structures. Je crois c'est toujours le
ministre qui parle que ce sont les raisons fondamentales qui ont
amené un certain nombre de gens, qu'il s'agisse de fonctionnaires ou
d'autres personnes impliquées dans des activités de sports et
loisirs, à se désintéresser du Haut-Commissariat.
Indiscutablement, des démissions manifestent une insatisfaction. Il
n'est pas du tout question de le nier. C'est précisément parce
qu'il y a insatisfaction qu'il me parait plus urgent que jamais d'apporter des
réponses, tant au niveau des programmes qu'au niveau des structures".
C'était au début de l'étude des crédits,
l'année dernière, que ces paroles du ministre Cloutier avaient
été prononcées.
A ce moment-là, le ministre admettait justement qu'il y avait des
problèmes sérieux à l'échelle du Haut-Commissariat.
C'est pourquoi il y a eu durant l'année des attaques peut-être
assez dures de la part des membres de l'Opposition sur le Haut-Commissariat en
général. Le ministre avait admis que ça n'allait pas bien
et les membres de l'Opposition qui étaient poussés, soit par des
fédérations, soit par les gens, le public en
général, par des éditoriaux, des articles de journaux
à l'effet qu'il y avait un fouillis indescriptible dans cet organisme du
gouvernement avaient certainement droit d'interroger le ministre, parce qu'il
n'y avait pas de ministre responsable, comme aujourd'hui, pour se
renseigner.
Nous avions demandé, je me rappelle l'avoir fait moi-même,
la convocation de la commission parlementaire afin de pouvoir interroger le
ministre sur tout ce qui se passait. Soit dit en passant, nous avions raison de
nous poser énormément de questions et nous ne savions
pratiquement rien. Suite à des séries de questions que nous avons
posées au feuilleton de la Chambre j'en ai posé
moi-même plusieurs, mon collègue de Lafontaine en a posé
également nous avons pu savoir toutes sortes de petites choses qu
pouvaient se passer à l'intérieur de ce Haut-Commissariat.
Maintenant que le gouvernement a nommé un ministre responsable
à qui, soit dit en passant je l'avais fait d'ailleurs en Chambre
je souhaite un fructueux mandat... J'ai énormément
confiance au ministre actuel, j'espère qu'il saura s'entourer d'une
équipe qui pourra le conseiller afin de faire fonctionner le
Haut-Commissariat une fois pour toutes, le faire bouger. C'est vrai qu'on a
déjà dit que c'était le logis des endormis, qu'il y avait
un fouillis indescriptible. Certaines personnes n'avaient pas aimé qu'on
les attaque à ce moment-là. Je suis en train de me demander si
les attaques que nous avions portées n'ont pas porté fruit. Parce
que je dois l'admettre, on se rend compte aujourd'hui que cela bouge
peut-être un peu plus que ç'a bougé dans ce domaine. Nous
avons eu plusieurs réponses à des questions que le public, par la
voie des journaux se posaient; nous en avons eu par le ministre en Chambre
lorsque nous avons posé des questions au feuilleton. Aujourd'hui, le
ministre nous a même remis un exposé général de
cette situation qui sévit présentement dans le domaine des sports
et loisirs au Québec.
Toutefois, je crois que ce n'est pas le temps de s'arrêter. Je
pense que le ministre l'a souligné lui-même, le budget actuel est
peut-être supérieur à ce qu'il a été dans le
passé, mais pas assez avec 1.7 p.c, 1.8 p.c., 1.9 p.c. du budget. Avec
les heures de loisir qui augmentent continuellement dans la province de
Québec, avec la situation dans laquelle nous vivons, il va falloir
absolument que le gouvernement donne un budget beaucoup supérieur
à ça dans le domaine des loisirs et des sports dans la
province.
Il y a autre chose que j'aimerais souligner au ministre. C'est bien beau
de donner des subventions aux organisations de loisirs, des petites subventions
de $200, $300, etc. Il reste quand même que je ne crois pas que ce soit
une véritable politique qui permette à toute la jeunesse de nos
comtés de pouvoir s'amuser sainement, se récréer
sainement. J'ai l'impression depuis une couple d'années le
ministre pourra répondre tout à l'heure qu'on semble
vouloir centraliser les loisirs vers les régionales. Je prends un
exemple: dans un comté rural comme le mien où il y a 32
municipalités, il y a présentement deux régionales qui
fonctionnent. En centralisant les loisirs vers les régionales... Je ne
dis pas de ne pas du tout faire des loisirs dans les régionales, qu'il
ne devrait pas y avoir de gumnase, qu'il ne devrait pas y avoir de salles de
jeu dans toutes ces régionales. Je veux dire qu'à ce moment, si
on centralise la majorité des budgets vers les régionales, il
reste que toutes nos petites municipalités qui sont assez
éloignées... Dans les comtés ruraux, on voit ça, ce
n'est pas comme en pleine ville...
Il faut quand même que les gens du Haut-Commissariat se mettent,
à un moment donné, les deux pieds sur terre et qu'ils se rendent
compte qu'on a différents comtés dans la province qui ne sont pas
tous pareils. Là, je pense qu'on délaisse un peu trop
peut-être
toutes les petites places. Il y a de petites municipalités de
1,000 de population qui, assez souvent, sont de plus en plus laissées de
côté parce que dans un comté il y a deux, trois ou quatre
gros centres où on essaie de centraliser tout le sport.
Je pense que le ministre devrait porter une attention
particulière là-dessus. Il y a également, on en a fait
allusion dans l'exposé du ministre tout à l'heure et on en parle
de plus en plus, le plein air. On aura l'occasion d'y revenir lorsqu'on
étudiera tout à l'heure les éléments des
programmes, la question des bases de plein air. J'en ai discuté avec le
ministre; il est présentement question d'une base de plein air qu'on
veut fermer à l'échelle de mon comté. J'ai l'impression,
à la suite de certaines enquêtes qui ont été faites,
non seulement par celui qui vous parle, mais par des personnes très
compétentes, que le comté de Portneuf est un comté reconnu
pour être un comté touristique, un comté qui a une vocation
récréative. Je me demande de quelle façon on a
analysé pour décider du jour au lendemain: Bien, ce n'est
peut-être pas l'endroit idéal; il leur manque peut-être une
chose ou deux; et en ce qui nous concerne, nous, on va mettre l'argent
ailleurs. Mais je pense que le Haut-Commissariat devrait réviser des
positions et faire de véritables enquêtes sérieuses, pas
des visites de deux minutes, pour savoir réellement ce qui se passe,
dans des comtés comme le nôtre. Justement, ces comtés sont
reconnus touristiques non pas par n'importe qui, semble-t-il, car c'est le
gouvernement lui-même qui dit qu'un comté, comme celui que je
représente actuellement, est un comté à vocation
récréative et touristique.
Egalement le ministre nous a dit, dans la série de questions que
j'ai posées, il nous parle qu'il y avait de plus en plus de structures,
qu'au sujet du Haut-Comissariat, on semblait, du moins pour le moment, avoir
fini de jouer aux dames avec lui, de le transporter d'un ministère
à l'autre. Alors il semble stable. Je pense que le ministre doit
continuer, ce que le ministre Cloutier nous avait dit l'année
passée, c'est-à-dire non seulement y aller avec des structures
mais y mettre de l'ordre, savoir où l'on va. Je pense que, dans un
ministère, le ministre sait d'abord où il va avec les gars ou
l'équipe qui l'entoure, parce que j'ai toujours considéré
que dans n'importe quoi, une équipe, c'est d'une extrême
importance. On dit présentement qu'à Montréal, il se joue
une partie décisive. C'est sûr que l'équipe qui va jouer le
meilleur jeu d'équipe, c'est celle-là qui va gagner.
Dans n'importe quoi, même dans un ministère, lorsqu'une
équipe travaille, je pense que c'est à ce moment qu'il va y avoir
des résultats. Si le ministre veut bien continuer cette politique,
c'est-à-dire y établir de véritables structures, en venir
avec un véritable ministère, mettre de l'ordre, comme le ministre
nous l'avait promis l'année dernière, je pense qu'il le faut
réellement, parce que vous savez que nous sommes rendus en 1973, les
Jeux olympiques de 76 s'en viennent à grands pas et il faut, au
Québec, démontrer qu'on est capable de bouger dans le domaine des
loisirs. Ce ne sont pas seulement des médailles de carton qu'il nous
faut gagner en 1976 mais il faut que le Québec aille de l'avant; et je
suis convaincu que si on cesse les petites politiques et qu'on cesse les
petites chicanes et dire: Celui-là on va le punir parce qu'il a
déjà parlé contre nous, je pense que si on met tout
ça de côté et si tout le monde se donne la main, il y a
certainement possibilité de faire du Haut-Commissariat quelque chose de
plus sérieux que cela a été dans le passé et, comme
l'a dit mon collègue de Gaspé-Nord, je suis convaincu que nous
pouvons faire confiance, dans le moment, au ministre actuel. Nous sommes
prêts à l'appuyer. C'est le rôle de l'Opposition de
l'appuyer quand c'est le temps. Mais, je suis persuadé que le ministre
sait très bien que si ça ne fait pas notre affaire et si on se
rend compte qu'il se passe de petites choses qu'on n'aime pas, eh bien ! on va
lui dire; c'est à lui qu'il faut le dire. Il fera le message aux hommes
qu'il voudra. Mais nous, nous allons lui dire à lui. H peut être
persuadé qu'on ne passera pas par la porte d'en arrière. Parfois
c'est direct, c'est vrai. J'ai toujours prétendu que c'était
mieux de le dire directement et en pleine face que de jouer à
l'hypocrite par en arrière.
Alors, M. le ministre, dans l'ensemble, nous avons eu une série
de réponses aux questions que nous avons posées, mais lorsque
nous allons entamer pour de bon l'étude des crédits, nous aurons
d'autres questions à vous poser. J'espère que, comme l'a dit le
sous-ministre dans un article de journal, le Haut-Commissariat fera parler de
lui en 1973. J'espère qu'il fera parler de lui, en bien.
M. PHANEUF: Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais d'abord, comme de raison,
féliciter le ministre pour sa nomination et je pense que sa nomination a
coïncide avec un désir du gouvernement de mettre une
amélioration, d'établir un commencement au Haut-Commissariat et
de permettre peut-être la possibilité d'avoir un indice qui nous
permettrait de prévoir une politique générale des loisirs
au Québec.
C'est un commencement, la nomination d'un ministre d'Etat responsable du
Sport, des Loisirs et de la Jeunesse. Cela a été aussi un
début, qui mérite des félicitations, à la formation
du Conseil consultatif des loisirs. Cela a été aussi un autre
début à l'occasion de la formation d'un comité
interministériel.
Aller jusque-là, je pense, M. le Président, c'est un bon
point. C'est un bon départ. Maintenant, nous allons pouvoir suivre de
très
près les activités du ministère. Je veux
féliciter le ministre parce que je pense qu'il a la compétence
pour faire un bon travail dans ce domaine.
Les fleurs étant lancées, M. le Président, je vais
maintenant reprendre mon rôle de l'Opposition et donner ma version sur la
façon dont je perçois les politiques du ministre actuellement et
sur les obstacles qu'il aura à franchir dans les premiers pas du nouveau
Haut-Commissariat.
Tout d'abord, je tiens à dire que les crédits
augmentés tels que ceux que nous a présentés le ministre
en allant chercher les montants que les différents ministères
peuvent octroyer dans des domaines qui relèvent du sport, des loisirs et
de la jeunesse, pour une somme de $97 millions... Ceci est quand même
pour nous un paravent qui cache une réalité. Les loisirs,
malgré les bonnes intentions, existent encore comme un parent pauvre
dans l'esprit du gouvernement. D'ailleurs, l'absence, ce soir, du ministre
responsable de l'Education, qui devrait être ici, je pense que... Ce
n'est pas que je veuille l'exiger, mais je pense que c'est lui qui est le
responsable final du ministère de l'Education et, comme l'ancien
ministre responsable de l'Environnement était un ministre d'Etat
et l'Environnement était une section du ministère des Affaires
municipales le ministre des Affaires municipales était quand
même le responsable et son absence ce soir...
M. PHANEUF: Je m'excuse. Pour qu'on ne fasse pas d'erreur, je pense
qu'il serait peut-être important de faire une mise au point. Dans le cas
du statut du ministre actuel, du ministre responsable de la Jeunesse, des
Sports et des Loisirs, tous les pouvoirs du ministre de l'Education sur la
gestion même du Haut-Commissariat vous avez eu le texte de
l'arrêté en conseil qui me nommait et qui me donnait les pleins
pouvoirs administratifs, donc les pouvoirs de signature ne me donnent
pas tout à fait le même statut que le ministre d'Etat à
l'Environnement lorsque l'on avait étudié les crédits.
Alors, je pense que la comparaison est assez boiteuse et le fait que le
ministre de l'Education ne soit pas ici ne démontre pas son manque
d'intérêt. Bien au contraire.
M. LEGER: Je ne dis pas le manque d'intérêt, M. le
Président. Je veux dire par là que le ministre, même s'il
est responsable au niveau de la signature, n'est quand même pas le
responsable final. Il doit relever quand même du ministre de
l'Education.
M. PHANEUF: Pas dans le cas du Haut-Commissariat.
M. LEGER: De toute façon, M. le Président, la
comparaison...
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant. Est-ce que le député
de Lafontaine me permet- trait un mot d'explication à l'adresse de tous
les membres de la commission?
Le ministre m'a informé tout à l'heure qu'il devait
s'absenter. Il sera de retour avant la suspension de la présente
séance.
M. LEGER: De toute façon, M. le Président, je ne voulais
même pas demander et exiger la présence du ministre de
l'Education.
D'ailleurs, je pense que, pour les questions que nous posions au
ministre de l'Education dans le domaine des loisirs, le député
ministre des Loisirs était mieux placé que lui pour y
répondre. De toute façon, ce n'est pas sur ce point-là que
je voulais amener cela.
Je voudrais quand même dire que le domaine du loisir va demeurer
actuellement, s'il n'y a pas de changement, le parent pauvre pour d'autres
raisons. J'en donnais une qui était très minime. C'est d'abord
que le Conseil consultatif des loisirs qui a été nommé,
qui a été créé à la suite de plusieurs
demandes de notre part... J'avais justement posé cette question au
feuilleton, j'en avais même fait une motion que l'on aura à
discuter demain et j'avais demandé des pouvoirs beaucoup plus
élevés pour le Conseil consultatif, en ce sens que j'avais
comparé le Conseil consultatif des loisirs à un organisme qui
devait avoir des pouvoirs semblables à ceux du Conseil supérieur
de l'éducation.
C'est-à-dire que ce conseil devrait, si on veut réellement
faire une politique des loisirs, avoir les pouvoirs lui-même d'entamer
les études et non pas attendre que le ministre lui suggère ou
demande des études. Ce conseil devrait aussi avoir un budget beaucoup
plus élevé que celui de $50,000 qu'il a actuellement. Ce conseil
actuellement devrait être capable de faire comparaître devant ses
membres n'importe quel groupe, n'importe quel citoyen, n'importe quel
responsable, n'importe quel organisme et cela, de son propre chef.
Actuellement, c'est un organisme consultatif qui va faire du travail à
la demande du ministre.
Il y a aussi le comité interministériel qui, pour nous,
est un comité qui doit exister actuellement, mais qui dénote
quand même une impossibilité d'avoir une politique d'ensemble
puisque ce comité-là est là pour essayer d'unifier,
d'avoir un semblant de cohérence dans une politique d'ensemble,
puisqu'il y a des centres de décision complètement disparates,
différents, avec des personnes et des groupes qui ont des
priorités pas mal différentes et supérieures, des
priorités qui peuvent être complètement opposées
à celles d'un ministère ou de la politique du ministre actuel des
loisirs.
C'est donc dire que je pense que c'est un paravent de dire qu'il
y a $97 millions le Haut-Commissariat aura beaucoup de difficultés
pour en faire une politique d'ensemble. Il est impossible, M. le
Président, de le réaliser. Et la preuve, je vais en donner une.
Quand on a annoncé à grand renfort de tambours, on avait raison
quand même de le faire, la nomination
du ministre d'Etat et en même temps la formation des deux
comités, on avait aussi annoncé et là je parle d'un
arrêté en conseil, le 2 février 1972, no 277-72
qu'on transférait du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche au Haut-Commissariat les fonctions et responsabilités
relatives aux terrains de camping et de caravaning, attribuées en vertu
de la Loi de l'hôtellerie. On avait transféré ça au
Haut-Commissariat de façon à permettre d'avoir une politique
d'ensemble du plein air.
Dernièrement, le premier ministre Bourassa, après un
premier pas vers une politique québécoise du plein air et
possiblement une politique des loisirs, a reculé ainsi et
accélère peut-être l'effritement du Haut-Commissariat parce
qu'il vient, dans un arrêté en conseil, de détruire cette
décision-là en date du 28 mars, sans aucun tambour ni trompette,
d'une façon très gentille, à l'intérieur des
déclarations habituelles qui passent dans la Gazette officielle, ce
transfert annulait l'autre arrêté en conseil. C'est donc dire que
le domaine du camping et du caravaning retourne au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et empêche un regroupement,
au sein du ministère des loisirs, de la direction générale
des parcs du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
qui devrait être là. Je pense qu'on devrait aussi penser que, si
on veut avoir une politique d'ensemble, on devrait aussi ramener la direction
et la diffusion de la culture du ministère des Affaires culturelles.
Tant qu'un tel regroupement ne sera pas effectué, M. le
Président, je pense qu'il est illusoire de parler d'une politique
d'ensemble des loisirs du Québec.
C'est la raison pour laquelle je pense qu'il est important de noter que
le bon pas en avant, c'est encore un peu une samba, un pas en avant, deux pas
en arrière, on a reculé. Je dois l'admettre, ça nous
déçoit quant aux possibilités que nous voyions dans les
corrections qu'on avait mises de l'avant au ministère.
Je termine cet exposé en posant quelques questions au ministre
d'Etat concernant l'organigramme à la suite de l'exposé qu'il a
fait de son équipe devant lui. Dans l'organigramme qu'il nous a
donné, tantôt j'essayais de placer les personnes qui travaillent
à son ministère dans différentes cases. Et les
premières questions qui me viennent à l'esprit : Est-ce que le
poste de directeur général du Haut-Commissariat a
été tenu techniquement très longtemps par M. Paul Ohl?
Est-ce qu'actuellement le poste de directeur général est encore
techniquement détenu par M. Paul Ohl ou si c'est encore le sous-ministre
adjoint qui est en même temps sous-ministre adjoint et directeur
général? Comme il y a les deux postes dans la même case de
l'organigramme, est-ce que ça veut dire que le sous-ministre
possède encore la responsabilité des deux postes? Je vais en
donner cinq, six et je demanderai au ministre de répondre.
D'un autre côté, dans la case qu'on nous a donnée
là pour l'information, à l'occasion des questions que j'avais
posées en Chambre sur l'organigramme du Haut-Commissariat, on a mis la
case de l'information en pointillé.
Est-ce qu'un responsable permanent est nommé pour s'occuper de
cette case? Est-ce que c'est encore M. Jacques Rivelin ou s'il est devenu
attaché de presse permanent du ministre Phaneuf? Une autre question
concernant cet organigramme: Est-ce que M. Ernest Brière est titulaire
du service administratif; sinon, qui occupe ce poste? Qui est maintenant le
conseiller technique à la direction, parce qu'on ne nous a pas
présenté cette personne? Est-ce que le directeur du service des
activités socio-culturelles je pense que c'est M. Jean Rioux qui
a été choisi et qu'on nous a présenté tantôt
a été nommé à la suite d'un concours de la
Fonction publique annoncé dans le journal? Si oui, à quelle date?
Une dernière question. D'abord, à quelle date et à quel
moment, suivant quelles procédures s'est faite la fusion du service de
plein air à celui du développement régional, qu'on voit
tous les deux dans la même case sur l'organigramme? Etant donné
que, dans l'ancien organigramme, ce n'était pas ensemble et qu'on les a
remis ensemble dans le nouvel organigramme et qu'on apprend par
l'arrêté en conseil qu'une partie d'une responsabilité pour
le plein air est retournée au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, comment s'est faite cette procédure et est-ce que
cela demeure la même chose maintenant?
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre.
M. PHANEUF: Vu qu'il y a peut-être un danger que j'oublie de
répondre à certaines questions, compte tenu du nombre de
questions qui ont été posées, on pourra peut-être
revenir à l'organigramme d'une façon plus sectorielle
tantôt. Quant à la première intervention qui était
au niveau des arénas...
M. GAGNON: Si le ministre me le permet, vu qu'on peut revenir sur les
crédits, je n'ai pas d'objection à ce qu'on en discute tout
à l'heure, quand on discutera de tout le problème des
arénas.
M. PHANEUF: Par contre...
M. GAGNON: Vu qu'on peut peut-être revenir sur le sujet une
deuxième fois.
M. PHANEUF: Oui, je pense que, dans le cas des arénas et dans le
cas de l'organigramme, on pourra peut-être y revenir lorsqu'on
étudiera les crédits d'une façon sectorielle. Pour ce qui
est des normes, par contre, je pense qu'il est important de souligner qu'il
existe d'une façon précise des normes au niveau du financement
pour les organismes qui participent à des subventions de la part du
Haut-Commissariat. Je crois qu'on vous a remis tantôt les cahiers de
normes et je pense qu'il serait très intéressant pour tous
et chacun de prendre connaissance de ces normes. Le cahier no 1 vous donne le
mandat et les activités des organismes reconnus par le Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports. Il est rouge; c'est une
couleur qui est à la mode ces temps-ci et qui sera sûrement
à la mode longtemps.
M. DROLET: C'est une couleur changeante.
M. PHANEUF: Le document no 2 donne les normes et les procédures
administratives établies par une demande d'assistance financière,
avec les normes d'admissibilité, les normes administratives, les normes
budgétaires, les procédures et les échéances. Le
cahier no 3 vous donne le plan comptable à suivre dans la
présentation des prévisions budgétaires. Le cahier no 4
devient donc le document officiel entre l'organisme et le Haut-Commissariat,
sur ce qui va être financé par le Haut-Commissariat. C'est aussi
un protocole d'entente à l'intérieur de cela. Je pense que ceci
complète quand même, en bonne partie en tout cas, la normalisation
entre les organismes participants quels qu'ils soient, dans quelque domaine que
ce soit, et le Haut-Commissariat.
Il y a une petite mise au point, si vous le permettez; c'est qu'on a
fait certaines critiques sur ce qui s'est passé antérieurement
à mon arrivée. On m'a félicité, je vous en
remercie, mais je pense que, comme tout organisme qui débute, le
Haut-Commissariat est un organisme quand même assez jeune. Il a
débuté en 1968 avec un budget assez minime. On a
transféré des sommes qui venaient autrefois on peut
remonter jusqu'à 1958 du ministère de la Jeunesse au
Haut-Commissariat. C'est sûr que le Haut-Commissariat a connu et
probablement connaîtra encore des difficultés parce que, lorsqu'on
fait des choses, ce n'est pas toujours facile de les accomplir.
Je pense que tous et chacun, quels qu'ils soient et sans aucune
espèce de partisanerie, ont participé à l'évolution
même du domaine des loisirs au Québec. Cela, pour moi, est pas mal
important. Avant d'être député en 1970, j'ai
été dans le domaine des loisirs. J'étais un de ceux qui
ont su profiter, parce que j'étais peut-être plus près et
que je connaissais les normes à ce moment-là, des avantages
mêmes du Haut-Commissariat. Tout n'était pas fait à cette
époque. Tout n'est pas fait au moment où je vous parle, mais de
grands pas ont été faits dans le domaine des loisirs et je tiens
à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont
travaillé au Haut-Commissariat.
Ceci étant dit, je pense qu'on serait prêt à passer
à l'étude des crédits d'une façon plus sectorielle,
en procédant par le premier programme, le programme 20.
LE PRESIDENT (M. Picard): Avant de procéder à
l'étude des crédits...
M. LEGER: Avez-vous un organigramme?
M. PHANEUF: Cela serait peut-être plus facile au niveau de
l'organigramme. C'est sûr qu'il y a eu des départs, des
arrivées au Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux
Sports. Cela fait partie de ce qu'on appelait d'une façon assez
amusante...
M. DROLET: II n'y a pas eu de départ dernièrement.
M. PHANEUF: Non. Il y a une équipe très formidable qui
travaille maintenant au Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports. Ceux qui ne désiraient plus travailler au Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports ont été
mutés dans d'autres organismes. Ceux qui ont décidé de
quitter le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports
sont partis. Il y a maintenant une équipe que je vous ai
présentée tantôt.
Pour ce qui est du titre du directeur général du
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, M. Yves
Bélanger, est le sous-ministre adjoint et aussi le directeur
général.
Pour ce qui est de M. Rioux, dont vous avez parlé tout à
l'heure, il était déjà au service du gouvernement au
ministère de l'Education, et c'est strictement une mutation. Donc, on
s'est servi d'un fonctionnaire en place pour remplir ce poste. Dans les autres
cas, des concours publics ont été annoncés au niveau du
secteur du service des sports, au niveau du directeur général
adjoint, au niveau de la planification, et ces postes seront permanents et
comblés sous peu, tel que la procédure le veut. Je pense que nous
serons en mesure de l'annoncer sous peu. Les concours sont terminés. Les
jurys se sont prononcés et il y aura annonce officielle d'une nomination
sous peu.
M. DROLET: Combien y a-t-il de fonctionnaires en tout au
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports dans le
moment?
M. PHANEUF: II y en a 39.
M. LEGER: Est-ce que vous voulez me permettre de rappeler quelques
questions auxquelles le ministre n'a pas répondu?
M. PHANEUF: Oui.
M. LEGER: La première. Est-ce que, techniquement, M. Paul Ohl est
encore directeur?
M. PHANEUF: Non. M. Paul Ohl est muté dans un autre service.
M. LEGER: Techniquement, il n'appartient plus à ce poste?
M. PHANEUF: Absolument pas.
M. LEGER: L'autre question que j'avais
posée au ministre, est-ce que la case de l'information est
remplie actuellement? Est-ce M. Jacques Rivelin où y en a-t-il un
autre?
M. PHANEUF: C'est M. Bernard Béliard qui remplit la fonction de
directeur de l'information, actuellement.
M. LEGER: Est-ce que M. Brière est au service administratif?
M. PHANEUF: Oui, toujours.
M. LEGER: Qui est maintenant le conseiller technique à la
direction?
M. PHANEUF: M. Raymond Bornais. M. LEGER: Bornais?
M. PHANEUF: Oui. Il n'est pas ici ce soir, parce qu'il est aussi du
conseil québécois qui siège actuellement.
M. LEGER: La dernière question que j'avais posée
était à quel moment et en suivant quelle procédure s'est
faite la fusion du service de plein air et de celui du développement
régional.
M. PHANEUF: C'est une décision de régie interne au
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, lorsque nous
avons décidé de faire trois secteurs bien précis: Le
service des sports, le service des activités socio-culturelles et le
service de la régionalisation et du plein air. Nous avons
décidé, à ce moment, d'attacher le plein air au service de
la régionalisation.
M. LEGER : Est-ce que le ministre peut nous dire la raison pour laquelle
la responsabilité du camping et du caravaning est retournée au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
M. PHANEUF: C'est à ma demande même, parce que nous
n'avions pas les personnes voulues pour faire l'analyse des émissions de
permis pour une implantation de terrains de camping. Il y a aussi que nous
sommes en train de faire l'étude de l'aspect touristique comme tel
d'implantation d'équipement. Les terrains de camping font partie de
cette implantation d'équipement et de l'aspect d'animation comme tels.
On offre à une population touriste des terrains de camping, des sites et
on ne retrouve pas actuellement dans nos programmes de l'animation sur les
terrains de camping.
Donc, je n'avais aucune réticence, au contraire, à
remettre au ministère du Tourisme, de la Chasse, et de la Pêche
les terrains de camping comme tels, parce qu'il était mieux
adapté pour en faire l'analyse.
M. LEGER: Vous calculez que ce n'est pas le Haut-Commissariat à
la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports qui peut établir une politique
globale de plein air incluant des normes de camping et de caravaning? Vous
laissez cette responsabilité au ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche?
M. PHANEUF: II y a deux aspects. J'ai bien dit qu'il y a l'aspect
touristique comme tel à offrir à une population touriste qui
n'est pas forcément québécoise, ni ontarienne, ni
canadienne, ni américaine, qui peut venir de partout. Et il y a aussi
l'aspect dit d'animation. L'aspect d'animation, je dis que c'est le rôle
du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports. Il ne
faut pas oublier aussi que c'est le rôle du Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports de conseiller le gouvernement,
continuellement, en matière de loisirs, de sports et de jeunesse.
LE PRESIDENT (M. Picard): Avant de procéder plus loin, je pense
qu'il y aurait lieu d'établir un plan de travail, parce que nous
avons...
M. LEGER: Sur la même question, avant d'élaborer un plan de
travail.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord.
M. LEGER: Je voudrais dire au ministre qu'au moment précis
où le camping avait été donné comme
responsabilité au Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports, le premier ministre avait déclaré: "Le camping,
jusqu'à ce jour, responsabilité du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, est confié au Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports". Et M. Bourassa disait que
c'était un remaniement important. "D'autres regroupements sont possibles
mais ils ne peuvent se faire avec précipitation et improvisation. Chaque
fois qu'une réforme nous apparait suffisamment mûre pour
être fonctionnelle et efficace, nous la faisons".
Cela veut dire qu'il y avait pensé et que vous avez
reculé...
M. PHANEUF: M. le Président, cela ne veut pas dire que le premier
ministre Bourassa, que le gouvernement a reculé, compte tenu de ce qu'on
a fait avec le Haut-Commissariat depuis cette date, compte tenu qu'on a aussi
le comité interministériel qui se penche, qui s'est penché
et qui a comme mandat de suggérer au conseil des ministres et au premier
ministre, des solutions à envisager, sur le plan peut-être de
certains regroupements. Mais, pour moi, en tout cas, il demeure important
parce qu'on a parlé tantôt des sommes de $97 millions
que le Haut-Commissariat demeure à l'intérieur du
ministère de l'Education, où vous retrouvez tout de même
$47 millions et, sur le plan de l'immobilisation, des choses assez importantes
au niveau des gymnases, des piscines et où on
participe drôlement à l'élaboration de la
programmation sur le plan d'implantation d'équipement. Pour moi, il
n'est pas nécessaire de regrouper sous une même tête tout ce
qui s'appelle loisirs, sports, actuellement au Québec; il est
plutôt important, dans un premier temps, de prendre conscience de ce qui
existe et d'avoir les mécanismes pour arriver à une meilleure
coordination et utilisation de ce qui existe actuellement et pour pouvoir
permettre de nouveaux programmes par la suite. Mais il y a des étapes
à franchir et pour moi, nous sommes rendus à ces étapes
seulement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je pense que le ministre a dit "pour le
moment".
M. PHANEUF: J'ai dit "pour le moment", parce que le reste demeure
à venir et on verra en temps et lieu, suite à toutes les analyses
que nous sommes en train de faire.
M. DROLET: M. le Président, juste un mot. Le ministre nous a
nommé tout à l'heure l'équipe qui l'entourait. J'ai ici,
dans la série de questions, un M. Guy Desrosiers. Est-ce que c'est le
monsieur qui est là?
M. PHANEUF: Oui.
M. DROLET: C'est cela. Dans la réponse que le ministre me
donnait, au feuilleton de la Chambre, le ministre dit que M. Desrosiers n'est
engagé qu'à titre contractuel, pour la période du 1er
août 1972 au 31 juillet 1973. Qu'est-ce qu'il entend faire avec lui,
après le 1er juillet 1973?
M. PHANEUF: Le 31 juillet 1973 n'étant pas arrivé, nous
avons, si vous vous rappelez, ouvert des concours publics. Un concours a
été tenu pour le poste de directeur des sports; le nom de cette
personne, qui a été choisie pour le poste permanent de directeur
des sports, sera annoncé sous peu. Comme le contrat de M. Guy Desrosiers
se termine en 1973, s'il n'a pas été le candidat choisi pour la
permanence du poste, il sera, à ce moment-là, peut-être
remercié de ses services. Il reste à voir les nominations qui
s'en viennent.
M. DROLET: Parfait.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais savoir, des membres de la
commission, de quelle façon vous voulez procéder? Je vais vous
dire ce que nous avons à faire sur le programme. Nous avons à
étudier, au budget régulier, le programme 20, le programme 21 et
une partie du programme 5, plus précisément
l'élément 9 qui est tout simplement un transfert de fonds. En
plus, nous avons à étudier les programmes 20 et 21, aux
crédits supplémentaires. De quelle façon voulez-vous
procéder? Voulez-vous procéder par programme? Il est à
remarquer qu'au programme 20 il faudra parler exclusivement de sports, alors
qu'au programme 21 on pourra parler des loisirs ou des activités
socio-culturelles et le plein air.
M. GAGNON: Moi, je remarque qu'au programme 20 on parle de l'assistance
technique et financière aux organismes sportifs; au programme 21,
budgets supplémentaires, on cite la même chose. Tout cela peut se
marier très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les deux peuvent se marier.
M. GAGNON: Je crois que ça se discute dans la même chose.
Moi, je discuterais aux budgets supplémentaires, s'il y avait un
élément qui n'apparaîtrait pas dans le budget
régulier mais, dès que c'est la même chose, on marie tout
cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): II n'y a que deux éléments par
programme et je pense qu'on aurait peut-être pu...
M. PHANEUF: C'est que dans le programme 20, vous allez retrouver
l'élément "sport" comme tel et les affectations, et dans le
programme 21, qui est le développement des loisirs, vous allez retrouver
le domaine du plein air, de la régionalisation et des activités
socio-culturelles.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on va discuter globalement, quitte
à revenir sur...
M. DROLET: Prenons donc programme par programme. Si on discute une heure
de temps pour savoir comment nous allons procéder, nous perdons du
temps. Prenons donc programme par programme et avançons.
M. PHANEUF: On peut prendre le programme 20.
LE PRESIDENT (M. Picard): Au programme 20, la discussion devra s'en
tenir strictement sur le sport et non pas sur les activités
socio-culturelles et le plein air.
M. DROLET: On ne va parler que du sport.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous allez être rentables. Strictement
le programme 20, élément 1 : Assistance technique et
financière aux organismes sportifs.
M. GAGNON: Les programmes 20 et 21 pour le même
élément.
LE PRESIDENT (M. Picard): Non, c'est le programme 20. C'est ce qui se
passe.
M. PHANEUF: Nous sommes au programme 20. Le programme 21
répète la même chose.
M. GAGNON: Mais, avec un montant de $20,900.
M. DROLET: On le passera d'un coup sec.
M. GAGNON: Non, mais ça ne s'applique pas exactement à la
même chose, le programme supplémentaire? Pourtant ici, il y a la
même phrase.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Au sujet du programme 20, élément 1;
Assistance technique et financière aux organismes sportifs, est-ce que
cela exclut tout ce qui touche aux commissions scolaires?
LE PRESIDENT (M. Picard): II faudrait décider de la
procédure à suivre avant.
M. PHANEUF: M. le Président, si vous le permettez, je pense que
la procédure à suivre qui est la plus facile, c'est de
procéder comme vous procédiez antérieurement. Qu'on prenne
le programme 20 qui traite des sports comme tels et qu'on prenne les
éléments du programme 20. Quand on aura terminé le
programme 20 nous n'y reviendrons plus et nous allons prendre le programme 21
qui traite des activités socio-culturelles. Cela va?
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord. Le député de
Saint-Laurent a une question au programme 20 seulement, élément
1.
M. PEARSON: On remarque d'assistance technique et financière;
est-ce que cela exclut toutes les ententes ou les contrats de service entre une
commission scolaire et une municipalité au sujet, par exemple, des
arénas, de l'équipement sportif au sein d'une commission
scolaire?
M. PHANEUF : Oui, cela exclut parce que ce n'est pas le
Haut-Commissariat qui finance les ententes entre les commissions scolaires et
les municipalités. Le seul programme qu'on finance en relation avec les
municipalités parce qu'il y a un protocole d'entente au niveau de la
co-utilisation des équipements, c'est au niveau des arénas.
M. PEARSON: Est-ce que vous avez au moins un pouvoir consultatif
vis-à-vis des fonctionnaires qui vont étudier ces contrats de
service pour être capable de décider qu'elle est la qualité
ou la quantité de l'équipement au niveau d'une commission
scolaire?
M. PHANEUF: Non. L'implantation de l'équipement au niveau
scolaire est faite par le ministère de l'Education pour les besoins
scolaires dans un premier temps et à partir de ce moment où on a
établi les besoins scolaires, disons le nombre de plateaux, de gymnases,
de piscines, nous voyons, nous, avec une municipalité, à
établir un protocole d'entente pour utiliser ces facilités.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. DROLET: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a l'intention de
continuer à verser aux organismes de loisirs de nos petites
municipalités les subventions de la même façon que, depuis
quelques années, le Haut-Commissariat le fait? Est-ce que c'est
l'intention du ministère de continuer de la même façon?
M. PHANEUF: Programme 21. Opération hors normes, donc qui
s'étend au niveau de la régionalisation scolaire.
M. GAGNON: Alors, le programme 20 inclut les subventions que vous
accordez pour les constructions d'arénas?
M. PHANEUF: Non. C'est strictement au niveau du secteur des sports: les
fédérations sportives, la CSQ, les organismes comme cela.
M.GAGNON: Ah bon! Alors, le ministre pourrait-il dire quelles sont les
nonnes ou les critères qui président au versement de subventions
et contenus à l'intérieur de ce programme 20? Il y a des sommes
qui sont versées à des organismes divers; de quelle façon
le ministre ou son ministère procède-t-il pour établir les
normes? Est-ce que c'est en relation avec la population desservie dans un
secteur ou l'activité que témoigne une organisation quelconque,
brièvement?
M. PHANEUF: Dans le programme 20, si on parle des
fédérations sportives comme telles, pour les normes, nous avons
établi des priorités, compte tenu des priorités qu'on
retrouve au Québec. On a classé les fédérations
sportives comme telles par priorités un, deux, trois, quatre. Ces
priorités correspondent aussi à d'autres défis du
même secteur, le secteur des sports. Exemple: les Jeux olympiques qui
vont être tenus en 1976; les disciplines sportives qui collent aux
réalités olympiques sont devenues des priorités
numéro 1 à ce moment-ci.
M. DROLET: Combien avez-vous de fédérations, dans le
moment, qui reçoivent une subvention du Haut-Commissariat?
M. PHANEUF: Cinquante-neuf.
M. GAGNON: Face aux jeux qu'il va y avoir à Montréal en
1976, est-ce que le ministère est à préparer un plan dans
lequel on pourrait investir davantage pour les années à venir
afin d'assurer la réussite de tous les organismes qui
désireraient promouvoir davantage ou qui voudraient faire davantage au
niveau des sports? Parce que c'est 1976 qu'il faut viser. Il ne faut pas
manquer la bateau, il faut que ce soit une réussite et le gouvernement
provincial a une tâche importante.
M. PHANEUF : Ce qui veut dire que, si on veut faire la promotion du
hockey, si on veut faire la promotion de l'athlétisme, de la
gymnastique, le rôle premier revient à la fédération
sportive concernée. Je pense que c'est quand même elle qui a le
mandat de faire la promotion de sa propre discipline. Je peux assurer les
membres de cette assemblée qu'actuellement la majorité des
fédérations sportives concernées ont en leur possession
les subventions voulues pour répondre aux besoins actuels. L'analyse a
été faite et, sans être pour autant arrivé à
un niveau de saturation dans le domaine, je pense qu'on est arrivé quand
même à un financement logique, compte tenu des besoins
actuels.
Je m'explique. C'est que dans nos normes, une fédération
je vais vous donner un exemple comme l'athlétisme, vous en
avez entendu parler quand même pas mal dernièrement, recevait en
1968, $6,000 du gouvernement. C'est sûr qu'avec $6,000, il n'était
pas question, au niveau de cette fédération, d'avoir des
permanents, un directeur technique, de faire venir des animateurs dans cette
discipline, pour former d'autres entraîneurs ici au Québec. Par
contre, dans le budget de l'an passé, on a dépensé, pour
la fédération sportive comme telle et pour le
développement de l'élite pour cette discipline, $161,000 ou
à peu près. Vous voyez quand même la différence
entre $6,000 et $161,000, ce qui a permis, et ce qui permet maintenant à
cette fédération d'avoir toute la permanence voulue même au
niveau du secrétariat, au niveau de la compilation et la classification
des athlètes ici au Québec, ce qui a donc permis d'arriver
à des niveaux supérieurs. C'est sûr que j'ai bien dit qu'on
n'est pas arrivé à un niveau de saturation, mais je pense que la
consolidation dans toutes les fédérations, pour toutes les
disciplines, on en est arrivé là, compte tenu de l'ordre de
priorité qu'on a donné.
Si vous voulez me poser une question de façon plus sectorielle,
parce que je vous donne le portrait d'ensemble au niveau des
fédérations, si vous voulez parler d'un sport plutôt qu'un
autre, je pourrai vous donner les montants précis, même
l'évolution des montants depuis 1968.
M.GAGNON: Evidemment, les montants ont sans doute augmenté. Ils
sont appelés à le faire davantage d'ici 1976. Je ne sais pas si
le ministre prévoit une rencontre au sommet avec ces organismes, pour
faire le point, pour dire quelles sont vos priorités pour 1976,
qu'est-ce que vous pensez nous demander...
M. PHANEUF: Les rencontres avec les fédérations sportives
sont constantes. Nous avons un service des sports. Le directeur de ce service
est en contact continuel avec toutes les fédérations sportives.
Il fait avec les fédérations l'analyse des besoins et
après, compte tenu des cahiers et des normes, ils établissent les
montants qu'il faut. Si on regarde, on sait qu'au niveau des normes nous allons
financer des stages de formation. On fait l'analyse des besoins du nombre de
stages à tenir au Québec, pour la discipline concernée. On
affecte la somme qui colle à la réalité du nombre de
stages acceptés. Je pense que, dans tous les cas, on peut
répondre aux exigences des fédérations.
M. GAGNON: La ville de Montréal est appelée
évidemment à patronner les jeux d'une façon
particulière; elle n'a pas fait de demande au ministère, n'a pas
soumis de suggestions. La collaboration entre votre ministère et la
ville de Montréal, j'imagine, est excellente. A ce moment-là, il
n'y a eu aucune demande de la part de la ville de Montréal...
M. PHANEUF: Au niveau du financement comme tel?
M. GAGNON: Oui.
M. PHANEUF : Absolument pas. D'ailleurs, vous ne voyez pas au budget des
sommes qui doivent être affectées au financement des Jeux
olympiques. Il faut bien s'expliquer, parce que j'entends plusieurs sons de
cloche, plusieurs sortes de questions? Les Jeux olympiques ont
été confiés à la ville de Montréal, donc
elle a le mandat de tenir les Jeux olympiques. Une ville a aussi tous les
règlements, toutes les lois qui lui permettent d'établir des
zonages dans son services d'urbanisme, pour planifier tout ça. C'est
donc la responsabilité et le rôle de la ville de Montréal
et du COJO, qui est le comité organisateur des Jeux olympiques, qui a
été formé par la ville, de voir à l'organisation de
tout ceci.
M. GAGNON: Parfois, on sait que c'est arrivé durant l'Expo 1967,
que la ville tend la main vers les gouvernements, pour demander une aide
financière quelconque. Je ne sais pas si ç'a été
fait ou si on a...
M. PHANEUF : II y a plusieurs moyens par lesquels le gouvernement
provincial et le gouvernement fédéral peuvent aider. Plusieurs
ont été mis de l'avant. On a parlé d'une loto, ce n'est
pas fait. On a parlé aussi d'autres façons, il y a la
société disons que je m'écarte un peu du sujet,
parce que ce n'est pas mon ministère qui aura à financer
ça, mais au niveau d'autres ministères il y a des
possibilités d'aide et d'entraide à la ville de Montréal.
Je peux vous donner un exemple au niveau du ministère de l'Education
comme tel. Peut-être qu'on peut arriver à accélérer
certaines facilités sportives au niveau de l'implantation physique pour
des universités à Montréal qui pourraient servir pour
l'entraînement des athlètes qui seront ici en 1976. Il y a mille
et une formules, mais il faut aussi admettre une chose, c'est qu'au niveau des
équipements à Montréal, il y en déjà pas mal
plus qu'il en existait dans d'autres villes.
M. LEGER: M. le Président, sur la même question, la ville
de Montréal a le mandat d'organiser les jeux selon les règlements
internationaux, c'est sûr, mais même si c'est la ville qui a une
responsabilité, elle le fait à l'intérieur de sa propre
juridiction, en ce sens que, si elle veut faire des installations, comme
l'installation du village olympique, c'est sûr que ça doit quand
même entrer à l'intérieur d'une planification provinciale,
pour l'utilisation future de ces maisons.
M. PHANEUF: Si on nous demande de l'aide, oui, vous avez raison.
M. LEGER: Je ne dirais pas ça, M. le Président, je pense
que ça va plus loin que ça. C'est que, si le gouvernement
provincial a une politique d'ensemble dans le domaine de l'habitation, il
devrait coordonner une activité temporaire, mais qui coûte
très cher à l'intérieur des moyens financiers d'une
population.
C'est donc dire que, s'il faut bâtir un village olympique, il ne
faut pas qu'après cela ça demeure un éléphant blanc
comme c'est le cas à Munich. C'est donc dire que, si on veut en faire
des maisons à prix modique par la suite, c'est parce que cela va servir
selon un plan d'ensemble de l'habitation au Québec.
M. PHANEUF: Un point d'ordre, M. le Président, j'aimerais
beaucoup continuer sur l'implantation des facilités olympiques à
Montréal, mais ce n'est pas le rôle du Haut-Commissariat d'en
discuter. Je n'ai pas les budgets qu'il faut, ni le mandat de voir à
coiffer les installations. Je pense que le premier ministre a répondu en
Chambre cet après-midi...
M. LEGER: C'est-à-dire qu'il n'a pas répondu.
M. PHANEUF: ... qu'il vous donnerait ce qui serait fait dans ce domaine.
J'aime mieux attendre, à ce moment-là, de voir sa propre
décision. Ce n'est pas le rôle du Haut-Commissariat, ce n'est non
plus dans les budgets du Haut-Commissariat de financer...
M. LEGER: Parfait, M. le Président, je vais laisser l'aspect de
construction ou d'habitation qui ne touche pas le domaine du Haut-Commissariat,
mais il y a un domaine qui devrait y toucher. S'il y a une politique de loisirs
à long terme à planifier, ce sont quand même les
résultats au niveau des équipements sportifs et aussi d'une
possibilité d'un sport ou d'une pratique de sport de la masse par la
suite. Autrement dit, dans la planification des athlètes, des
entraîneurs ainsi que de l'équipement, on doit tenir compte de ce
qu'il va y avoir après ces quinze jours. A la suite de
l'entraînement de ces athlètes, à la suite des
entraîneurs qui vont être engagés, est-ce que le
Haut-Commissariat a une politique d'ensemble sachant que, par la suite, quand
les Jeux olympiques vont être terminés, il y aura peut-être
possibilité de se servir de ce qui aura été
créé pour cette occasion pour en faire des outils pour permettre
une participation de la masse au niveau des sports?
M. PHANEUF: Cela m'amène à vous expliquer Mission
Québec 7 6 qui a été mise sur pied et qui correspond
exactement à ce que vous venez de décrire. C'est sûr que
pour moi, dans un premier temps, c'est un défi pour 1976 de former une
certaine élite pour arriver à 30 p.c. de participation
d'athlètes québécois au niveau des équipes
canadiennes. On s'entend là-dessus. Maintenant, cela ne veut pas dire
qu'à partir de 1976 nos responsabilités seront terminées,
au contraire. On a bien dit que c'était une mission, ce n'est pas une
corporation, c'est une mission du Haut-Commissariat. Par la suite nous verrons
à continuer. C'est de la planification à très long terme,
à plus long terme, disons, parce qu'il y a encore trois ans pour le
rôle de Mission Québec 76.
M. LEGER: Mais que votre ministère doit commencer
immédiatement.
M. PHANEUF: C'est déjà fait.
M. LEGER: Ce que je veux savoir c'est si le ministre accepte que c'est
sa responsabilité de planifier...
M. PHANEUF: Oui, assurément!
M. LEGER: ... pas seulement pour les Jeux olympiques mais pour
après les Jeux olympiques.
M. PHANEUF: D'ailleurs, ceci nous a amenés à consolider et
à augmenter, en dehors même de Mission Québec 76 et du
défi olympique comme tel, le rôle même des
fédérations dans la promotion des disciplines sportives au
Québec. Ce n'est pas à cause seulement de Mission Québec
76 et des Jeux Olympiques. C'est à cause du défi qu'on
s'était donné, même avant l'arrivée des olympiques
ici, ce défi de se donner des fédérations sportives
saines, bien équipées, avec des entraîneurs
qualifiés pour faire que nos athlètes, dans toutes les
compétitions, même au niveau des Jeux du Canada, aient une
participation importante et de qualité au niveau de différentes
compétitions.
M. LEGER: M. le Président, dans ce domaine j'aimerais quand
même montrer au ministre la situation actuelle. Au niveau d'une politique
d'ensemble de loisirs-sport c'est la partie du sport que je veux toucher
surtout pour la santé des personnes au niveau des jeunes qui sont
au primaire, il y a quand même des grandes carences quant aux
équipements et aux programmes. Au niveau des écoles secondaires
il y
a un manque de politique d'utilisation quant à la totalité
des équipements pour les jeunes de cet âge. Au niveau des
universités et des CEGEP, on est encore à former une partie de
l'élite sportive. On n'a pas encore un plan d'ensemble pour
prévoir la participation massive des jeunes au niveau du sport.
Finalement, quand on arrive au niveau des adultes, ces gens sont laissés
à leur propre initiative, il n'y a pas de politique d'ensemble
là-dessus.
C'est la raison pour laquelle la question que je posais tantôt est
la suivante. Si l'on se sert des Jeux olympiques et que le Haut-Commissariat a
une responsabilité là-dessus, la raison pour laquelle je pose
cela, c'est que... J'ai déjà posé souvent au premier
ministre en Chambre et au ministre actuel la question suivante: Est-ce qu'il y
aura une commission parlementaire permettant au COJO de venir se
présenter devant la commission parlementaire et est-ce que le ministre
actuel ou un autre ministre du gouvernement provincial pourrait participer au
COJO de façon que cette politique d'ensemble soit planifiée,
permettant que les Jeux olympiques servent justement à ce sport de masse
qui pourra être implanté par l'esprit, par les équipements
et par les facilités, après les Jeux olympiques de 76?
M. PHANEUF: Encore une fois, il faudrait remonter à beaucoup de
choses pour faire le tour du problème, parce que vous remontez à
partir du niveau secondaire, ensuite vous parlez du collégial, vous
parlez du niveau universitaire, de la formation des athlètes...
M. LEGER: Je parle de la situation actuelle. A tous les niveaux, il y a
un problème.
M. PHANEUF: Non. Il ne faut pas seulement dire qu'il y a des
problèmes. Il y a des choses qui se sont faites. Il y a dix ans, quand
même, dans nos écoles, quelles qu'elles soient, il y avait
seulement certains secteurs qui étaient desservis par le biais de
l'éducation physique.
En 1973, le seul secteur qui est mal servi dans le domaine de
l'éducation physique demeure le secteur élémentaire,
d'après moi. Les autres secteurs, compte tenu du nombre de
périodes d'activités physiques, de type d'éducation
physique, par semaine, on pourrait dire qu'au lieu de deux au niveau
secondaire, on devrait en avoir quatre et cinq. Je suis entièrement
d'accord. Il reste qu'il faut garder un certain équilibre dans tout
cela.
Il y a des rôles différents au niveau de l'éducation
physique, la formation. C'est l'initiation aux sports que nous n'avons pas eue,
nous, dans notre jeunesse, mais que les jeunes d'aujourd'hui sont en mesure
d'avoir, compte tenu des facilités existantes. Je suis certain que l'on
va continuer à évoluer à un rythme assez important. Une
évolution s'est faite, depuis 1960, à un rythme assez fantastique
quand même. Il demeure une lacune je l'ai dit tantôt
c'est au niveau élémentaire et on arrivera bientôt à
pallier cette lacune.
Dans les autres niveaux, l'éducation physique existe, le sport
scolaire existe; maintenant, le sport scolaire est échafaudé aux
quatre paliers. Je suis certain que les athlètes, qu'ils soient du
niveau scolaire parce qu'un jeune de 18 ans peut aussi participer aux
Olympiques, malgré qu'il a quitté le domaine scolaire et qu'il
est un jeune ouvrier. Il faut arriver à avoir les structures voulues
pour les amener à la pratique des sports. C'est ce qui nous a
amenés à faire des programmes, à ouvrir les gymnases dans
les écoles, des collaborations avec les municipalités et, par le
biais des fédérations sportives aussi, à regrouper,
à l'intérieur de certains clubs, et à identifier des clubs
dans une discipline précise dans à peu près toutes les
régions du Québec, ce qui a aussi amené la création
des conseils régionaux de loisirs, 15 dans le Québec, avec, dans
chacun des conseils régionaux, un animateur sportif qui fait, lui aussi,
l'analyse de ce qui existe autour de lui. Vous avez aussi, pour la
participation des plus jeunes, les Jeux du Québec. C'est
là-dedans. Et les Jeux du Québec, au niveau dis 15
régions, amènent les jeunes des niveaux élémentaire
et secondaire à participer à des disciplines sportives et
à arriver à une finale au niveau des Jeux du Québec.
Je pense que toutes ces mesures, qui ont été mises /sur
pied depuis quelques années, ne peuvent pas nous permettre de dire qu'il
n'y a rien de fait, que ça va mal au Québec actuellement dans la
situation du sport comme tel. Bien au contraire, je pense que l'on est
peut-être un des endroits les mieux structurés il ne
faudrait peut-être pas non plus tomber dans l'excès des structures
mais on est rendu pas mal bien structuré pour répondre aux
besoins. Il s'agit d'accélérer certains programmes en augmentant
certaines sommes, mais, dans l'ensemble, nous sommes passablement bien
structurés actuellement pour répondre aux besoins
réels.
M. LEGER: M. le Président, je pense que le ministre a très
mal compris mon intervention. Je n'ai pas dit qu'actuellement il n'y a rien de
fait. Ce n'est pas cela.
M. PHANEUF: II ne faut pas trop tomber dans l'olympisme parce que j'ai
bien dit que ce n'était pas ma responsabilité. Je n'ai pas les
budgets pour discuter des Olympiques comme telles. Je ne veux pas embarquer
dans ce domaine.
M. LEGER: M. le Président, je pense que le ministre ne comprend
pas mon intervention. Tout ce que je veux qu'il réalise aujourd'hui,
c'est que le ministre actuel... Je lui ai dit qu'il ne part pas
nécessairement à zéro, il y a des choses de faites. Je ne
dis pas qu'il n'y a rien de fait. Il y a des améliorations. Mais je dis
quand même que, dans la situation actuelle de la société
québécoise, ça va mal et qu'il faut la corriger.
Tout ce que je veux savoir du ministre, c'est s'il prend conscience de
la situation et que le système actuel, qui est une amélioration
sur le passé, je l'admets, ne prépare que des athlètes
pour une élite et non pas pour la masse. Ce que je veux lui demander,
c'est qu'il prenne conscience que, grâce aux Jeux olympiques qui s'en
viennent et à la responsabilité nouvelle qu'il vient d'avoir au
niveau du Haut-Commissariat, il doit utiliser l'occasion qui lui est
donnée par les Jeux olympiques et se servir de cet
événement pour préparer une politique d'un sport de masse
chez les citoyens. Je lui faisais remarquer qu'au niveau
élémentaire, primaire, au niveau secondaire, au niveau des CEGEP,
des universités et au niveau des adultes, actuellement ce n'est pas ce
que la société québécoise devrait avoir et on est
en retard sur les autres provinces là-dessus.
Tout ce que je veux qu'il me dise, c'est qu'il est conscient de
ça et qu'il se met à la tâche là-dessus. S'il me dit
que ça va bien et qu'il ne faut pas dire que ça va mal, je pense
qu'il n'a pas compris le problème. Je ne dis pas que c'est sa faute, il
est là.
M. PHANEUF: On est tellement conscient de ça, je pense, qu'on est
entièrement d'accord là-dessus, excepté qu'il faut
expliquer certaines choses. Quand on parle strictement de sport d'élite
ou qu'on dit qu'on a fait des programmes qui collent à des sports
d'élite, moi, je m'inscris en faux contre ces déclarations et je
vais vous expliquer pourquoi. Parler de l'ensemble, c'est parler un peu de la
philosophie comme telle. J'aime beaucoup mieux arriver à l'approche
sectorielle où on peut définir exactement, identifier à ce
moment-là les efforts qui sont faits. Exemple, si on parle de
fédérations sportives, on veut parler de la
Fédération sportive de la voile, qui est une discipline sportive,
la voile sportive comme telle, et la voile de plein air, sur le plan du loisir.
L'on sait fort bien que dans la fédération de la voile, par la
promotion qu'elle fait à ce moment-ci, vous retrouvez non pas dans le
domaine de la compétition, mais dans le domaine de la formation comme
telle, pour le seul plaisir d'aller faire un sport de plein air qui s'appelle
la voile, beaucoup plus de participants que vous en retrouviez il y a cinq
ans.
Ce qui est vrai pour la voile est vrai pour le ski de fond. Vous allez
retrouver dans le domaine du plein air des gens qui pratiquent le ski de fond
pour le seul plaisir de la découverte de la nature, pour
améliorer leur santé et pour avoir du plaisir à pratiquer
une discipline sportive, sans pour autant être intéressés
à pratiquer cette discipline sous forme de compétition. Et ce qui
est vrai pour le ski de fond est aussi vrai pour énormément de
disciplines maintenant. On a vu à mettre des programmes et à
regrouper certaines fédérations parce que le danger était
de retrouver un trop grand nombre de fédérations, au nom d'une
pratique sportive dite de loisirs, donc aucun but de compétition, et
l'autre dans un but de compétition comme telle. Pour moi, une
fédération sportive dite de compétition a aussi le
rôle, le droit et le mandat de faire la promotion du sport pour le seul
plaisir de l'individu à participer à une activité
sportive, sans pour autant avoir aucune espèce d'intérêt
à faire de la compétition.
Le ski est un autre exemple et je pourrais vous en
énumérer d'autres. On a des programmes qui collent à ces
réalités actuellement, c'est ce que je vous disais, et c'est pour
ça que je dis qu'il n'est pas vrai qu'on oriente totalement nos
programmes purement vers l'élite, c'est faux. On est en train de mettre
en branle des programmes qui collent beaucoup plus à la
réalité de plein air comme telle, à une participation
libre pour le seul plaisir de participer à une discipline sportive et de
faire du plein air.
M. LEGER: M. le Président, je laisse la parole au ministre,
d'abord qu'il est conscient, il commence, et je pense que l'année
prochaine, s'il n'y a pas eu d'élections, on pourra déterminer
les résultats tangibles qui commenceront à se dessiner. Je vais
revenir quand même aux normes dont on parlait tantôt. A l'occasion
d'une question que j'avais posée en Chambre concernant les normes
officielles régissant les subventions, le ministre avait
déposé quatre documents. Je veux lui demander qui a
préparé ces documents. Quand a-t-il commencé à
travailler à faire ces documents-là et quand ont-ils
été terminés?
M. PHANEUF: On a commencé le travail de normalisation lorsqu'on a
parlé de consolidation et de normalisation à l'été
et les documents ont été terminés en novembre, ce qui nous
a permis de faire avec ces documents l'évaluation des besoins de tous
les organismes de loisirs au Québec.
M. LEGER: Est-il vrai, M. le Président, que ces documents
n'étaient pas prêts quand les subventions de l'an dernier ont
été accordées, premièrement?
M. PHANEUF: C'est vrai.
M. LEGER: Deuxièmement, pour quelle raison n'a-t-on pas
rapidement formé le conseil consultatif pour lui demander de se
prononcer sur ces normes avant de les récrire en vitesse et de donner un
délai très court aux organismes pour s'y conformer, alors qu'ils
avaient déjà eu une promesse tacite d'avoir une. période
de trois à six mois pour obtenir ces normes pour qu'eux puissent s'y
conformer?
M. PHANEUF: C'est faux parce que, lorsque je suis arrivé au
Haut-Commissariat, la plupart des organismes avaient déjà
reçu leur montant ou avaient fini la négociation, parce que
c'était au mois de juin. Par contre, les normes ont été
établies, comme je l'ai dit tantôt, par la suite,
mais en consultation avec la CSQ et d'autres organismes qui sont des
organismes de regroupement. Il est faut de dire qu'il n'y a pas eu de
consultations. Bien au contraire, aucun de ces cahiers n'a été
formulé sans consultation avec les organismes concernés.
M. LEGER: Je remarque que l'augmentation du budget général
du Haut-Commissariat prévoit une augmentation pour jusqu'à
l'année prochaine. Est-ce qu'il y a une projection d'augmentation,
déjà dans votre planification, pour ce budget pour les
années dépassant ce qu'on nous a présenté?
M. PHANEUF: Disons que nous discutons ce soir d'un budget de près
de $14 millions, d'accord? compte tenu du budget supplémentaire qui a
été accordé qui est de l'ordre de $2,500,000. Ce budget,
dans un premier temps, pour cette année, en tout cas, de fonctionnement
colle je pense à nos réalités et est en mesure de
répondre à une grande partie des besoins de la population. Mais
il faut aussi admettre que, si on avait $50 millions demain matin, je ne suis
pas certain qu'on pourrait réussir à les dépenser d'une
façon intelligente, compte tenu de ce qu'on a actuellement. Il ne faut
pas dire, non plus, dans 10 ou 15 ans, où on en sera dans le domaine des
dépenses. C'est toute la planification au niveau d'un plan triennal qui
est en train d'être mise sur pied au niveau de la régionalisation,
d'études, de consolidation des régions, etc. Cela fait partie de
la planification normale du Haut-Commissariat, parce que, je l'ai dit et je le
répète, le Haut-Commissariat avant 1968 n'existait même
pas. On est rendu quand même à cette étape de 1973.
M. LEGER: II y avait quand même eu un budget proposé de $10
millions pour 72/73, $12.5 millions pour 73/74 et $15 millions en 74/75.
Après cela?
M. PHANEUF: Pardon?
M. LEGER: II y avait eu, dans un rapport présenté, je
pense, par celui qui vous a précédé, une proposition que
le budget soit porté à $10 millions pour 72/73, à $12.5
millions pour 73/74 et à $15 millions en 74/75. Est-ce que,
actuellement, vous avez une projection pour augmenter dépassant ces
années-là ou si vous êtes limité au budget jusqu'en
74/75?
M. PHANEUF: Non, je ne suis pas limité. J'ai le budget actuel et,
dans la projection, j'ai dit qu'on était en train de travailler sur une
espèce de programme pour en arriver à une planification
quinquennale. Je ne suis pas enco- re rendu là et je ne peux pas vous
annoncer quoi que ce soit ce soir.
M. LEGER: Tantôt, je disais au ministre... Il n'a pas
répondu à cette question. Pour quelle raison le Conseil à
la jeunesse, aux loisirs et aux sports n'a-t-il pas été
consulté ou formé rapidement pour lui permettre d'étudier
ces normes? Entre autres, la création de ce conseil avait
été proposée et annoncée le 8 juin 1972 par le
ministre actuel. La formation du conseil ne date que de quelques semaines.
Est-ce que le minis-tie peut nous donner la raison de ce délai?
M. PHANEUF: C'est très simple. Lorsqu'on avait annoncé au
mois de juin la création à venir du conseil
québécois, il était entendu que nous étions pour
consulter les organismes pour leur demander de nous suggérer des noms
pour former ce conseil québécois. Il y avait à ce moment
six organismes qui, ex officio, étaient représentés au
conseil québécois, les présidents et neuf autres qui
devaient venir sur des recommandations des organismes participants. Cela a pris
quand même quelques mois avant que nous n'obtenions les curriculum vitae,
les suggestions faites par les organismes. Après les avoir obtenus, nous
avons fait la compilation du tout, évalué cela et nous sommes
arrivés avec les noms; lorsque nous avons eu les noms, nous avons pu
compléter cette opération.
Mais vous savez fort bien que, dans la plupart des organismes, il y a
encore du bénévolat, etc., et dans certains cas, c'est assez
long. Nous sommes arrivés à créer le conseil
québécois et je n'ai pas entendu de critique sur les nominations
et sur le choix des gens qui a été fait parce que toutes ces
nominations ont été véritablement faites en consultation
avec les gens du milieu.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire si...
M. GAGNON: Un instant. Comme j'ai l'impression que nous ne pourrons pas
terminer les crédits ce soir, je ne sais pas si mes collègues
auraient objection à ajourner à 10 heures pour permettre d'aller
prendre la dernière période. Je n'ai pas d'objection. Je laisse
cela à mes collègues.
M. LEGER: Je suis bien d'accord que nous ajournions pour aller voir au
moins le triomphe de la coupe Stanley.
M. DROLET: C'est 7 à 5 pour Chicago.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous m'obligez donc à suspendre les
travaux à demain matin, 10 heures, même salle.
(Fin de la séance à 22 h 3)
ANNEXE Référer à la version PDF page B-1152 ET
B-1153