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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
Séance du jeudi 10 mai 1973
(Dix heures huit minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La commission parlementaire de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications continue ce matin l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles. Au moment de la
suspension de nos travaux, hier après-midi, la parole était au
député de Chicoutimi.
Livres et autres imprimés (suite)
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui concerne
l'élément 1 : Aide à la publication et à la vente
du livre, adopté. Elément 2: Développement d'un
réseau de bibliothèques publiques, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci. Vous avez été brillant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
directeur des bibliothèques publiques. A la Bibliothèque
nationale, M. le Président, j'aimerais que le ministre nous fasse
quelques commentaires sur des événements récents et qu'il
nous explique ce qui s'y passe; si le conservateur a été
remplacé et quel est le fond de ce conflit dont on a entendu parler dans
les journaux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si le député de Chicoutimi n'a pas
d'objection, ce serait peut-être une première occasion de donner
la parole à l'adjoint parlementaire qui s'est occupé plus
particulièrement de ce dossier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Disons, M. le Président, que je
n'aurais pas d'objection, sauf qu'il y a la réserve du principe de la
responsabilité ministérielle. J'aimerais donc entendre d'abord le
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Brièvement, lorsque je suis arrivé
au ministère, j'ai fait le tour de cette querelle qui semble avoir
opposé les anciens et les modernes, sans que je définisse quel
groupe représentait les anciens et quel groupe représentait les
modernes, touchant les dépôts de manuscrits. La Loi des archives
indiquait clairement que c'est ce service qui devait conserver les documents
imprimés et manuscrits. La coutume avait voulu, au Québec, que
les manuscrits littéraires soient déposés à la
Bibliothèque nationale. Une directive de l'ancien ministre des Affaires
culturelles a imposé le transfert de la Bibliothèque nationale
aux Archives. Ceci a été l'occasion de cette querelle que j'ai
décrite en quelques mots au début de mes remarques.
Voilà par conséquent la situation. Il y a eu des
conséquences, en particulier la démission du directeur de la
Bibliothèque nationale, M. Cartier, une polémique dans les
journaux que j'ai suivie avec beaucoup d'intérêt, même si je
n'étais pas titulaire du ministère des Affaires culturelles, avec
d'autant plus d'intérêt que cela me reposait d'autres types de
polémique dans le domaine de l'éducation. Il semble que les
choses soient rentrées dans l'ordre, pour l'instant du moins. Mais
peut-être notre discussion d'aujourd'hui va-t-elle ressusciter certains
des fantômes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que l'on a pourvu au
remplacement de M. Cartier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un concours et il y a des candidatures.
Il faut par conséquent que le cheminement habituel se fasse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui en assume actuellement la
responsabilité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Roland Auger.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Auger. Il est actuellement par
intérim.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par intérim.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, le
concours est ouvert, me dit-on?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis combien de temps?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'examen doit avoir lieu dans une dizaine de
jours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans une dizaine de jours.
Quelles sont les exigences que l'on peut avoir concernant ce poste?
Est-ce que vous avez une description de tâche?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, comme toujours,
dans ces cas... Nous ne l'avons pas ici, mais je vais m'arranger pour
qu'on la fasse venir et qu'on la dépose; d'ailleurs, cette
description a été publiée dans les journaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Il s'agit d'un universitaire,
diplômé en bibliothécono-mie, degré
académique supérieur, de préférence en sciences
humaines et au niveau du doctorat. C'est bien cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me parait bien correspondre aux
qualifications.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, une connaissance vaste et solide dans la
plupart des spécialités et à tous les niveaux de la
bibliothé-conomie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis sûr que le député de
Chicoutimi a un nom en tête.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Particulièrement dans l'administration
de bibliothèques, de recherches, bibliothèques universitaires et
ainsi de suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que je sais de qui il s'agit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, est-ce qu'il y a beaucoup de
candidatures?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit là d'un processus qui
relève de la Fonction publique et le nombre de candidatures reste
secret. Nous saurons à quoi nous en tenir lorsque le ministre se verra
présenter une liste d'admissibilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Maintenant, la tâche du conservateur
correspond un peu à la description que j'en donnais moi-même tout
à l'heure. Est-ce qu'il apparaît que les candidats ont des
qualifications équivalentes à celles que possédait M.
Cartier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est au jury d'évaluer.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le jury va être constitué
quand?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est constitué actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et, sans me donner les noms, où a-t-on
puisé les membres de ce jury?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la Fonction publique qui en a la
responsabilité. Il y a deux fonctionnaires du ministère, à
titre individuel comme toujours, et un représentant de la profession.
C'est la constitution habituelle du jury.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un représen- tant de la profession,
ça veut dire quoi, ça? Un bibliothécaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un membre d'une association de
bibliothécaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un membre de l'Association des
bibliothécaires, vous le prenez à l'extérieur
celui-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II vient de l'extérieur, oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Qui choisit ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la Commission de la fonction publique qui
choisit, qui constitue ses jurys.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre pourrait
nous donner une idée générale, c'est-à-dire non pas
nous donner une idée générale, mais nous faire le point
sur cette dispute survenue et qui a abouti au départ de M. Cartier? Ce
que le ministre nous a dit tout à l'heure est fort vrai. Comment tout
cela a-t-il commencé? Est-ce que le ministre pourrait nous faire un peu
la genèse de ce conflit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pourrions y consacrer plusieurs heures, je
me suis contenté, comme certains historiens, de retenir les faits...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pas votre sous-ministre, parce qu'il fait bien
ses travaux d'historien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec le sous-ministre, nous risquons de revenir
jusqu'au XVIIIe siècle, ce qui ne me paraît pas anormal quand on
discute des archives.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas à Bigot.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir relevé les principales
dates de cette querelle. Il y a eu, d'une part, une directive, d'autre part,
une réaction assez violente de la part du directeur de la
Bibliothèque nationale. Tout cela a été suivi d'une
polémique dans la presse. Il y a eu des gens pour prendre parti pour le
retrait de la Bibliothèque nationale, comme d'ailleurs la loi
l'indiquait clairement.
D y en a eu d'autres pour prendre parti pour que les dépôts
restent à la Bibliothèque nationale.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle est l'opinion du ministre? La
genèse, c'était juste une petite entrée en matière,
je la connais.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre pense que c'est une tempête
dans un verre d'eau. Il croit que tout cela n'était peut-être pas
absolu-
ment nécessaire, qu'il aurait peut-être été
possible de procéder autrement, mais c'est là une opinion a
posteriori. J'ai trouvé pour ma part une situation établie.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre disait que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Personnellement, je n'aurais pas d'objection
à ce qu'on trouve des accommodements ad hoc qui permettraient de laisser
les manuscrits littéraires à la Bibliothèque nationale,
alors que les archives pourraient recueillir tous les autres manuscrits. D faut
d'ailleurs dire que les archives sont mieux équipées que la
Bibliothèque nationale pour la conservation et le traitement de certains
manuscrits. Ceci ne s'applique probablement pas aux manuscrits
littéraires qui, dans notre Québec, sont assez récents
pour la plupart, des oeuvres contemporaines diverses. Je ne sais pas si le
député de Chicoutimi a eu l'occasion de faire don de ses oeuvres
à la Bibliothèque nationale, mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut quand même que j'attende de les
publier!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah non! Nous recevons parfois des dons de
manuscrits non publiés, n'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ne doivent pas être bons. Ils ont
dû être refusés par les éditeurs!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils ne sont jamais refusés par la
bibliothèque, semble-t-il.
M.HARDY: C'est pour les publications à titre posthume.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce problème, enfin, le ministre appelle
cela une tempête dans un verre d'eau. Je n'aime pas beaucoup le mot.
C'est quand même quelque chose d'assez sérieux qui nous oblige
à poser le principe de savoir quelle est exactement la vocation des
archives et celle de la Bibliothèque nationale. Les deux lois
constitutives établissent assez clairement, quand même, les
responsabilités respectives des deux. Il peut apparaître que les
archives ont le premier droit sur tous genres de documents, y compris les
documents manuscrits et la loi, d'ailleurs, l'établit. Maintenant,
étant donné la situation de la Bibliothèque nationale
à Montréal et étant donné, d'autre part, l'habitude
prise de déposer là les manuscrits, je me demande, comme on l'a
dit tout à l'heure, si le ministre ne devrait pas faire preuve d'un peu
plus de souplesse, utiliser certains accommodements, pour reprendre son terme,
afin de permettre aux gens qui vivent à Montréal d'avoir un
accès plus direct aux manuscrits sur lesquels il n'y a pas
d'embargo.
Je suis d'avis que les Archives sont, par excellence, les lieux
où on doit conserver ces choses. La loi des archives, d'ailleurs, le
dit. Maintenant, comme il ressort des discussions dont on a fait écho
dans les journaux et tout cela, que ceux qui ont protesté contre la
décision du ministère le faisaient parce qu'ils estimaient que
ces documents deviendraient d'un accès difficile, est-ce que le
ministre, dans ses accommodements, ne peut pas penser à un
système de doublage par photocopie, etc., toujours dans le cas des
manuscrits sur lesquels il n'y a pas d'embargo? Il y en a qui en ont.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, quand je parlais d'une
tempête dans un verre d'eau, je ne voulais pas minimiser l'importance du
problème. Je voulais simplement dire que les choses n'ont pu se
dérouler autrement et qu'il aurait probablement été
possible, au départ, de trouver certains accommodements.
En fait, le sous-ministre a tenté, dans les négociations
qui ont précédé le passage sur la place publique de toute
cette querelle, d'en arriver à un plan où les manuscrits auraient
pu justement être microfilmés de manière que la
consultation puisse être assurée.
Malheureusement, il s'est heurté, semble-t-il, à des
volontés clairement exprimées de la part de la
Bibliothèque nationale de conserver ce qu'elle avait recueilli.
Sur le plan pratique, je suis, pour ma part, disposé à ce
que l'on conserve les manuscrits littéraires à la
Bibliothèque nationale. Je suis également disposé à
ce que, par le jeu des microfilms, tout en conservant aux Archives, comme la
loi le demande, son rôle, l'on puisse trouver également à
la Bibliothèque nationale les documents de consultation.
Enfin, je pense que tout se réglera lorsque nous pourrons
construire, comme il en est question, un immeuble qui grouperait et les
Archives et la Bibliothèque nationale. De cette manière, la
consultation des documents pour les chercheurs en sera de beaucoup
facilitée.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, cette dernière
remarque et même énoncé de politique du ministre nous
laissent songeurs. Je vais y revenir. Avant d'y revenir, j'aimerais savoir
quels ont été les mécanismes, les étapes de la
consultation qui ont finalement amené M. Cartier à remettre sa
démission. Est-ce que vraiment M. Cartier avait été
consulté? Est-ce qu'on l'a mis devant un fait accompli ou est-ce qu'il y
avait eu de longues discussions, soit au palier du sous-ministre, soit au
palier de l'archiviste du Québec? Est-ce que c'est le ministre qui,
d'autorité, a tranché une question sans que les parties aient
été longuement consultées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut bien comprendre, M. le Président,
que je réponds par oui-dire. Je n'étais pas présent. Je
n'avais aucune responsabilité ministérielle et, à mon
arrivée, j'ai fait une enquête pour savoir un peu ce qui
s'était passé.
On m'informe qu'il y a d'abord eu une directive ministérielle,
laquelle ne semble pas avoir été précédée de
consultations avec les intéressés c'est ce que je vous
demande laquelle plutôt semble avoir été
précédée de consultations avec les
intéressés, plus particulièrement avec le directeur de la
Bibliothèque nationale. Mais c'est après la directive qu'auraient
eu lieu les négociations dont je vous parle, à savoir que le
sous-ministre aurait recherché un plan par lequel il aurait
été possible de laisser certains manuscrits à la
Bibliothèque nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, moi non plus je ne
veux pas chercher une querelle d'Allemand au ministre à ce propos. Je
déplore quand même le départ de M. Cartier...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi aussi, M. le Président, je le
déplore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... parce qu'il s'agissait d'un fonctionnaire
de grande qualité, de grande compétence. Il doit avoir ses
défauts comme tout le monde, mais c'était certainement un
fonctionnaire très efficace et il nous est apparu, des
témoignages que nous avons entendus de droite et de gauche, qu'il y
avait eu manque de consultation et précipitation de la décision.
Je ne porte pas de jugement de valeur. Ce sont des problèmes de
régie interne et, quelquefois, il est difficile de faire le partage des
responsabilités.
Je me contente donc de déplorer amèrement le départ
de M. Cartier en souhaitant que son remplaçant ait la même
compétence et la même efficacité.
Je reviens à ce que le ministre nous a dit tout à l'heure,
qui était un énoncé de politique, à savoir la
centralisation, le regroupement des Archives et de la Bibliothèque
nationale. Est-ce que cela signifie, dans l'esprit du ministre, que tout ce
fonds, les Archives réunies à la Bibliothèque nationale,
serait transféré à Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, je me suis
peut-être mal exprimé. Les archives resteraient à
Québec, mais il y a à Montréal un dépôt
d'archives et c'est ce dépôt d'archives, qui s'enrichit de jour en
jour, qui pourrait être à la Bibliothèque nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et que, par le procédé du
microfilm, etc., que l'on doublerait afin que les Archives qui sont ici
à Québec aient les mêmes pièces pour consultation,
pour fins de recherche, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait cela et, pour
l'instant, je vais chercher à assouplir le plus possible l'application
de cette directive, de manière qu'on ne soit pas trop rigide. Il est
bien évident que, si quelqu'un veut donner son manuscrit à la
Bibliothèque nationale, il n'est peut-être pas nécessaire,
compte tenu de tous nos projets, qu'on lui impose nécessairement de
l'envoyer aux Archives. C'est, pour cela qu'il me semble qu'on peut faire une
dérogation pour les manuscrits proprement littéraires qui sont
tout de même d'une nature différente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que ce ne sont pas ce qu'on appelle, au
sens de la loi, des écrits; il y a des choses publiées...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, une question
d'interprétation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... matière à discussion. C'est
une question d'interprétation, j'en conviens. Maintenant, quand le
ministre parle de ce regroupement et d'une éventuelle construction,
est-ce qu'il y a des plans bien arrêtés pour la construction ou
l'agrandissement des édifices actuels de la Bibliothèque
nationale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'une construction et il y a depuis
d'ailleurs assez longtemps des plans bien arrêtés, toute une
série d'études qui ont été faites et la
négociation se poursuit avec le ministère des Travaux
publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut espérer que cela
aboutira à des résultats très bientôt en ce qui
concerne Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les Travaux publics nous ont informés
qu'on pourrait peut-être envisager quelque chose pour 1976. A remarquer
qu'il y a déjà eu l'année dernière je ne
l'ai pas signalé dans mes remarques préliminaires une
démarche extrêmement heureuse du point de vue du ministère,
c'est la centralisation de tous les services à l'ancien palais de
justice. Ceci est accompli maintenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui concerne les archives à
Québec, est-ce que l'on prévoit l'agrandissement de
l'édifice? Est-ce qu'on a préparé des plans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des années que c'est
souhaité, mais il n'y a malheureusement pas de plan très
précis; les Archives sont toujours logées trop à
l'étroit au Musée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont les trois possibilités des
Travaux publics? Il peut parler fort, c'est public, ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela fait trois hypothèses à
évaluer au lieu d'une.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux avoir les trois.
M. CHARRON: Le ministre de l'Education peut laisser parler ses
fonctionnaires des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que je vais faire aussitôt que la
situation le permettra. Ce sont uniquement des hypothèses qui n'ont pas
encore d'assises avec les Travaux publics. On envisage soit un agrandissement,
soit une construction nouvelle, soit un déménagement mais il n'y
a vraiment rien de précis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais à quel endroit on
déménagerait ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a rien de précis M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où on construirait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a rien de précis, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comment on construirait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a rien de précis, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors il n'y a rien de fait et il n'y a rien
qui va se faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah ça! Nous verrons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les Travaux publics ont-ils prévu dans
leur budget de cette année un montant qui pourrait être
affecté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. C'est pour ça qu'il m'est
difficile de m'avancer; il n'y a rien de prévu cette année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais savoir du ministre,
qu'il me dise qu'il n'y a rien de prévu cette année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a rien de prévu cette
année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par conséquent, les archives vont
rester là où elles sont pour l'instant et dans...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, l'effort a porté du
côté de Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... les conditions dans lesquelles ont les
voit actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Conditions qui sont déplorables.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Déplorables, c'est sûr.
Maintenant, sur cette question des archives, M. le Président, il y a
toujours le problème des greffes, des archives des greffes. Est-ce que
le ministère a fait un inventaire comme l'exigeait la loi qui a
transféré toutes les archives au ministère des Affaires
culturelles lorsqu'on a démembré ce qu'on appelait le
secrétariat provincial? Est-ce qu'on a fait l'inventaire des greffes
à travers le Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais demander à M. Vachon, puisqu'il
s'agit d'une question très technique, de répondre à cette
question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut la permission de la commission, M. le
Président, pour qu'un fonctionnaire s'exprime.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les propos du haut fonctionnaire sont
enregistrés au nom du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! Il faut que vous demandiez si la
commission est d'avis et accepte qu'un fonctionnaire s'exprime au nom du
ministre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que tout le monde est d'accord?
M. BROCHU: D'accord!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le député de Chicoutimi
n'est pas d'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): II n'est pas d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qui n'est pas d'accord?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chicoutimi.
UNE VOIX: ... le nommer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut le consentement unanime.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah bon! Le député de Chicoutimi
n'est pas d'accord.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais que le ministre nous dise exactement
ce qu'il en est de l'inventaire des greffes, ce qu'on a fait jusqu'à
présent et ce qu'on entend faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pourrais peut-être demander au
député de Chicoutimi de préciser sa pensée et de me
dire ce qu'il entend par greffes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les greffes des notaires, des palais de
justice. Il y a dans les palais de justice, le ministre le sait, des
greffes,
dans les bureaux d'enregistrement, etc. Il y a là des documents
dont on ne se sert plus. Ils ne sont plus d'utilité immédiate.
Par conséquent, il y a là un fonds d'archives extrêmement
important.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me souviens d'ailleurs que nous en avions
discuté en 1971 ou 1972.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Déjà, à ce
moment-là, il y avait eu transfert aux Archives d'une partie très
importante de ces greffes qui constituent, effectivement, le patrimoine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. La Chambre des notaires ayant
protesté, qu'est-ce qui a suivi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes en négociation avec le
ministère de la Justice.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel genre de négociation
poursuivez-vous? Sur des bases bien précises? Quelle est la
programmation que vous avez prévue pour récupérer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous cherchons à récupérer
tous les greffes antérieurs à 1850, antérieurs aux
cadastres, comme le sait le député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et comme je viens de l'apprendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est fort étonnant que vous ne le
sachiez point avant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit là de questions très
techniques et je pense que les fonctionnaires ont...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non. Ce n'est pas une question technique,
ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... quand même une certaine
responsabilité de ce point de vue. Alors, je tiens bien à la leur
laisser.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une question technique, parce que
la loi qui a démembré le Secrétariat d'Etat a bien
spécifié de quoi il s'agissait. Il restait au ministère
à préparer sa programmation en collaboration avec le
ministère de la Justice et dans chacun des palais de justice du
Québec et des bureaux d'enregistrement. Alors, je voulais savoir
où on en était, si on avait fait un inventaire et si on avait
commencé à récupérer ces archives.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends,
M. le Président, que nous discutons en même temps, je n'y
ai aucune objection, le programme 2, l'élément 1, des Archives,
n'est-ce pas. Dois-je en conclure que nous avons adopté la
Bibliothèque nationale?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas encore.
LE PRESIDENT (M. Picard): En effet, le ministre a raison. Les Archives
nationales pourraient être discutées à
l'élément 1 du programme 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien, M. le Président,
nous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai aucune objection, même si on en
parlait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Nous y reviendrons à
l'élément 1 du programme 2. A moins que, pour dégager les
fonctionnaires qui s'occupent des Archives, on veuille le faire tout de
suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis à la disposition du
député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je poursuis, si la commission le permet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela nous permettra d'adopter les deux
éléments en même temps, peut-être, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bibliothèque nationale.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que c'est le désir des membres
de la commission de faire l'étude de l'élément 1 du
programme 2 conjointement avec l'étude de l'élément 3 du
programme 1, c'est-à-dire la Bibliothèque nationale et les
Archives nationales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, cela se défend bien au plan
fonctionnel. Cela va vraiment ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si la commission n'a pas d'objection,
j'interroge le ministre là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Consentement unanime, n'est-ce pas?
LE PRESIDENT (M. Picard): Consentement unanime?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je donne mon consentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'hésite à le donner.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai failli suivre l'exemple du
député de Chicoutimi quand j'ai voulu faire parler le
compétent fonctionnaire qui est à mes côtés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Poursuivons. Alors, M. le Président,
rapidement ce n'est pas un sujet de guerre, ce n'est pas un casus belli
quel est le programme du ministère en ce qui concerne les
archives au chapitre d'abord de la récupération de ce qui se
trouve dans les greffes? Qu'est-ce que l'on a récupéré
jusqu'à présent? D'où proviennent les documents
récupérés et quel est le programme que l'on entend suivre
pour la récupération ultérieure de ce qui peut...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons récupéré les
greffes d'un bon nombre de régions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lesquelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rimouski, Montmagny, Montréal,
Québec, ce qui constitue déjà une masse
considérable de documents.
Nous cherchons également, par une politique de
régionalisation, à établir des dépôts dans
les principaux centres du Québec, Chicoutimi par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle forme prendraient ces
dépôts? Est-ce qu'on les logerait dans les palais de justice
mêmes où ils pourraient être...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sûrement pas dans les palais de justice
parce que déjà...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils sont dans un mauvais état.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà, c'est ce que je
préfèrais ne pas dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, je le dis parce que je connais la
situation à Chicoutimi notamment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit là uniquement d'un projet,
n'est-ce pas? Il n'y a rien de fait encore, sauf le dépôt de
Montréal qui existe depuis déjà longtemps mais, à
ce moment-là, il faudra forcément trouver des locaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment il est difficile de penser à
des constructions dans chacune des régions, mais ces locaux ne doivent
pas être faciles à trouver.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, lorsque le moment sera
venu, nous les trouverons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a rien de prévu actuellement au
budget pour la location...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à des fins de dépôt
d'archives?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut d'abord, je pense, consolider
l'opération à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, il y a eu quelques postes
d'archivistes qui ont été créés cette année.
Le député de Chicoutimi se souvient que le service était
pas mal pauvre du point de vue de l'effectif. Le directeur actuel est
entré en fonction au moment où je quittais le ministère
moi-même, c'est-à-dire il y a à peine un an et demi, et
depuis ce temps-là les archives sont en train de prendre un nouveau
départ.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le directeur actuel, M. Vachon...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Vachon, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à qui j'avais demandé
d'occuper le poste mais il n'était pas libre à ce
moment-là, parce que les archivistes sont assez rares à
Québec...
Alors, on peut résumer en disant que, à part ce qui s'est
fait à Montréal, Montmagny, quelques endroits, il n'y a pas eu
d'inventaire, on n'a pas de plan précis et il n'y a rien de prévu
au budget, soit des Travaux publics ou du ministère des Affaires
culturelles pour installer des dépôts d'archives dans les
régions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire non, il y a
déjà eu des inventaires de faits. Par exemple, tous les documents
du gouvernement ont été inventoriés, mais cette politique
de régionalisation dont je vous parle fait partie de projets à
moyen terme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, pour l'utilisation des archives,
M. le Président, quelles sont les publications des archives? On a un
programme de publications, outre le rapport de l'archiviste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, qui a été
déposé tout récemment à l'Assemblée
nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je l'ai dans mon pupitre. Est-ce que les
archives ont publié ou se proposent de publier d'autres documents?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, il y a déjà
un certain nombre de volumes de publiés, l'inventaire des greffes
de notaires. C'est une publication qui a démarré il y a
déjà plusieurs années et il y en a deux depuis un an. Il y
en a deux autres sous presse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a deux autres ouvrages sous presse...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui portent sur quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur les greffes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur les greffes. Maintenant, quelles sont les
publications régulières des archives, à part le rapport de
l'archiviste et ces ouvrages spécialisés? Est-ce qu'il y a des
publications qui peuvent être utilisées et distribuées dans
les maisons d'enseignement, etc., pour les chercheurs, et ainsi de suite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas d'autres publications
régulières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas d'autres publications
régulières. Est-ce qu'il y a une programmation en vue de
publications régulières?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le programme de publication des archives de
notaires continuera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout pour l'instant. Il y a des projets,
mais ils ne sont pas encore suffisamment structurés pour que j'en fasse
état, de publier certaines archives françaises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En 1970, le ministre nous avait dit à
peu près la même chose, que ce n'était pas encore assez
structuré, etc., alors, constatons qu'on a marqué le pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce que constate le député
de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'on a marqué le pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, je ne le crois pas, M. le
Président. Il y a eu cette consolidation du dépôt de
Montréal. Il y a eu ces publications, qui sont des publications
extrêmement complexes, des greffes de notaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été fait au cours de
quelle année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au cours de l'année
précédente, il y a eu deux publications d'un tirage de 1,500.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel coût? Cela a coûté
combien ce tirage, cette publication à tirage, 1,500?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les sommes de $6,915.01 et $8,620.45, ce sont
des milliers de dollars et non des millions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va de soi! Alors, M. le Président,
en ce qui me concerne, Bibliothèque nationale et archives, ça
pourrait aller.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'élément 3 du
programme 1 est adopté, Bibliothèque nationale? Adopté.
Programme 2, élément 1 : Conservation et utilisation des
archives, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté.
Est-ce qu'on me permettrait de faire part aux membres de la commission
que M. Gratton, député de Gatineau, remplace M. Saint-Germain, du
comté de Jacques-Cartier, et M. Pilote, député du
Lac-Saint-Jean, remplace M. L'Allier, de Deux-Montagnes.
Alors, nous en sommes maintenant à l'élément 2 du
programme 2 : Conservation des sites et des biens historiques et
archéologiques.
Sauvegarde et mise en valeur des biens
culturels
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, ce chapitre de
la conservation des sites et des biens historiques et archéologiques se
rattache directement à la Loi sur les biens culturels que nous avons
adoptée l'an dernier.
J'aimerais que le ministre nous fasse d'abord un rapport sur la mise en
application de la Loi sur les biens culturels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir. La Commission des biens culturels,
créée par la loi, a siégé
régulièrement à compter du 4 novembre 1972 et a tenu onze
réunions jusqu'ici. La commission reçoit les demandes qui
s'attachent à tout ce qui est historique au Québec, la loi
débordant le cadre ancien qui était surtout limité aux
immeubles. La commission est actuellement en train d'élaborer un
ensemble de règles pratiques concernant le patrimoine sous toutes ses
formes. Je ne cacherai pas que la commission éprouve certaines
difficultés en particulier budgétaires et je compte revoir
l'ensemble de la situation. Il ne me parait pas que la loi ait
été accompagnée d'un budget suffisant pour lui permettre
véritablement de fonctionner de façon vraiment optimale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre, lorsqu'il
a fait ses demandes de crédits, s'est prévalu de l'article 63 de
la loi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre actuel n'a pas fait de demandes de
crédits, puisqu'il n'a pas participé à
l'élaboration du budget que nous demandons de voter. Cet article a
été utilisé pour une somme d'à peu près
$200,000, mais quand je pense à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au cours de l'exercice qui vient de finir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Mais quand je pense à la
préparation qui va commencer d'ailleurs cet été du
prochain budget, j'aurai des demandes très précises à
faire de manière que cette loi puisse trouver une application plus large
encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui concerne la réglementation,
où en est actuellement la Commission des biens culturels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu cinq règlements
consécutifs à l'article 53 qui ont été
adoptés. Les règlements concernant les arrondissements
historiques et les arrondissements naturels, c'est l'arrêté en
conseil 344-73 du 8 février qui est déjà publié
dans la Gazette officielle. Le règlement concernant la réduction
de la valeur inscrite au rôle d'évaluation pour un bien culturel
immobilier classé, arrêté en conseil du 20 décembre,
3820-72. Un règlement concerne là recherche archéologique,
et ce règlement a été également publié le 11
mars 1973. Un règlement concernant le registre des biens culturels a
également été adopté. Enfin, il y a un
règlement prescrivant la forme et la teneur de certaines formules
relatives à la Loi sur les biens culturels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, ces
règlements ayant été promulgués, est-ce que le
ministre peut nous dire si la Commission des biens culturels a commencé,
comme elle devait le faire, l'inventaire des sites?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas la commission qui fait
l'inventaire, c'est le service des monuments. Il n'est pas question de
dissocier les deux discussions, mais je tiens à apporter cette
précision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, alors, est-ce qu'on a commencé cet
inventaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est commencé, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que des sites ont été
classés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu un seul classement de sites
encore. Des recommandations sont à l'étude.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que la Commission des biens culturels
et la Commission des monuments historiques se sont occupées des
problèmes dont on parle actuellement, dont on fait grand état
particulièrement, l'affaire de la Jacques-Cartier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas du tout? C'est la responsabilité
quand même du ministre puisqu'en vertu de la Loi sur les bien
culturels...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais le problème de la
Jacques-Cartier relève également de la Loi des parcs et le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a pris position
très clairement de ce côté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. Il a pris très
clairement position en ce qui concerne l'aménagement de la
Jacques-Cartier. C'est une affaire. Mais pour la protection de ce qu'on
pourrait trouver de richesses archéologiques, par exemple, est-ce que la
commission a pris des positions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. J'ai vérifié moi-même
récemment auprès de la commission. La commission, qui jouit
d'indépendance de ce point de vue, n'a pas pris position sur ce
problème précis. Il n'est pas sûr d'ailleurs qu'elle doive
le faire parce que, comme je le soulignais, il ne s'agit pas
véritablement d'un arrondissement naturel. Déjà, la Loi
des parcs donne au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche tous
les pouvoirs pour intervenir de ce point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche est intervenu très rapidement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais le ministre sait très bien
que la loi prévoit qu'il peut intervenir toutes les fois que,
directement ou indirectement, le bien culturel ou les biens culturels peuvent
être mis en cause.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, et d'ailleurs on m'informe qu'il y a des
discussions en cours actuellement entre le cabinet du ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche et mon cabinet pour tenter de voir justement
jusqu'à quel point nous pourrions nous-mêmes prendre l'initiative
d'en saisir la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans la région de Montréal,
qu'est-ce que la commission a
fait comme travail pour protéger le Vieux-Montréal, tous
ses sites, ses monuments historiques dont on parle beaucoup depuis quelques
mois dans la presse et dont on a les échos chaque jour?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La commission a recommandé un certain
nombre de classements qui ont été faits d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lesquels, par exemple?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous donner quelques exemples, de
recommandations, mais ils ne sont pas tous rendus dans leur état final.
J'ai la liste pour l'ensemble du Québec, je vais essayer de retrouver la
partie de Montréal. De mémoire, il y a une recommandation
touchant la gare Windsor, une recommandation touchant la maison Van Horne, une
recommandation touchant l'église Saint-Jacques. Ce sont les
principales.
M. CHARRON: Des recommandations venant de la commission?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Venant de la commission, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'elles ont été
exécutées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu une intention et cela, c'est une
nouvelle qui a été manifestée ce matin même, pour la
maison Van Home, parce que selon la loi, si on cherche à bloquer
certains travaux, il faut que le ministre en manifeste l'intention. Ceci a
été fait ce matin même pour la maison Van Horne à la
suite de consultations avec les autorités de la ville de
Montréal. Pour l'église Saint-Jacques, il y a une
négociation en cours, parce que la recommandation de la commission entre
en conflit avec certains projets de l'Université du Québec
à Montréal. Une réunion est prévue entre l'adjoint
parlementaire, qui aimerait bien, à l'occasion, si la commission lui en
donnait la permission, faire état de responsabilités que je lui
ai confiées dans certains secteurs, dont celui-ci en particulier, il y a
donc une entente prévue entre le recteur de l'Université de
Montréal, M. Dorais, le président de la commission, M. Lapalme,
et l'honorable député de Terrebonne, me représentant, pour
essayer de voir un peu comment dénouer cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le cas de la propriété des
soeurs Grises a-t-il fait l'objet d'une étude de la commission?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le cas de?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la propriété des soeurs
Grises, qui doit être mise en vente...
M. CHARRON: La maison grise des soeurs blanches!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas encore, M. le Président; la
commission est en saisie, nous n'avons pas encore eu de recommandations.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas eu de recommandations. Etant
donné l'imminence d'une transaction...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le président de la commission est
extrêmement actif...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... est-ce que la commission...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et il n'y a pas grand-chose qui lui
échappe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'est pas tout de le dire, mais il faut
le voir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais je vous ai donné la liste des
recommandations que nous avions eues. Je vous ai fait l'état de la
question pour deux recommandations et en ce qui concerne les soeurs Grises,
tout ce que je peux vous dire, c'est que la commission en est saisie, mais que
ce n'est pas encore arrivé jusqu'à mon bureau.
M. CHARRON : Vous avez mentionné la gare Windsor. Est-ce qu'il y
a longtemps que la recommandation a été faite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à la dernière séance
qui a eu lieu au tout début de mai.
M. CHARRON: Combien de temps devrons-nous attendre avant d'avoir une
décision sur cet édifice?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut des avis. La loi le stipule et il faut
un avis de 60 jours de sorte que le cheminement peut quand même prendre
plusieurs mois. En fait, l'expérience que j'ai eue dans les
problèmes de classement en France, c'est qu'il faut souvent des
années. Personnellement, sauf en cas d'urgence, je ne crois pas qu'il
faille être trop expéditif dans un domaine comme celui-ci.
M. CHARRON: Non, mais les entrepreneurs qui visent la démolition
de la gare Windsor pour l'édification d'un gratte-ciel sont
expéditifs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eux, ils le sont et c'est pour cela que notre
loi prévoit tout de même que dans des cas d'urgence on puisse
interrompre les travaux ; mais dans l'instruction d'une demande de classement,
certaines étapes doivent être respectées.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu une demande également, puisqu'on
est à Montréal,
pour l'église Sainte- Catherine-d'Alexandrie que la ville de
Montréal veut détruire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais la commission je vais retrouver
la décision puisque j'en ai la liste complète n'a pas fait
une recommandation favorable.
M. CHARRON: Elle n'a pas fait une recommandation favorable. Le Pied du
courant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Pied du courant, nous l'avons ici sur
proposition. La commission recommande néanmoins il semble y avoir
eu une nuance le classement du complexe indépendamment de toute
autre considération. Il y a eu une demande de classement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le truc de L'Ilot des...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous l'avons, L'Ilot des Voltigeurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Voltigeurs, c'est cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'après la commission il y aurait une
maison qui mériterait d'être classée ou transportée
le cas échéant; ce serait la maison dite Montcalm.
M. CHARRON: Ah oui! je la connais. M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comment?
M. CHARRON : Je la connais, c'est à côté de chez
nous.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous la connaissez . Elle est bien?
M. CHARRON: Oui, d'ailleurs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous tiendrons compte...
M. CHARRON: J'ai écrit à M. Lapalme là-dessus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez déjà communiqué
avec le président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ces recommandations de
la commission concernant les immeubles à Montréal et tout cela,
à quel moment peut-on s'attendre que le ministère les
exécute, avant qu'on entreprenne des travaux qui exigeront par la suite
des compensations sous forme de dommages-intérêts, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Personnellement, je n'ai pas encore fait de
classement dans le cadre de mon mandat actuel. J'en avais fait un bon nombre
dans le cas d'un premier mandat et on m'informe que mon
prédécesseur n'a pas fait de classement non plus en vertu de ta
nouvelle loi, puisque la commission a dû commencer à fonctionner
et à présenter ses avis. C'est maintenant qu'il faudrait donner
suite à certains de ces avis ou ne pas leur donner suite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et à Québec, quels sont les
monuments que l'on a classés? Quels sont les sites que l'on a
classés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans la ville de Québec proprement dite
ou dans la région?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans la région, si vous le voulez, le
Québec métropolitain et même au-delà.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A Québec, il y a eu douze demandes parce
que le travail de la commission consiste également à
entériner des permis de construction dans les arrondissements
historiques. Il y en a eu 100. Il y a eu 16 demandes à Place Royale. Je
vous donne le sommaire d'abord...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et on pourra passer aux détails si
cela vous intéresse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Certainement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les remarques que je faisais pour
Montréal sont valables; il n'y a pas eu de classement encore, il n'y a
eu que des demandes.
En ce qui concerne Place Royale, les classements individuels ne
s'imposent pas puisque c'est tout l'arrondissement qui est classé.
L'îlot de l'Arsenal a donné lieu à une recommandation que
je vous lis d'ailleurs: "Le voeu de la commission est à l'effet que cet
emplacement et les bâtiments qui s'y trouvent et s'y trouveront
après restauration restent propriété de la province, du
moins de la corporation de l'Hôtel-Dieu."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre s'est
prévalu, comme il devait le faire, de l'article de la loi, à la
section III, articles 8, 9, 10, 11, 12, etc.: Tout bien culturel, y compris
tout bien du domaine public, peut être reconnu ou classé en tout
ou en partie par le ministre, conformément à la présente
section. Nous donnions, par cet article, au ministre, le droit de classer
d'office. Actuellement, on nous parle de recommandations, ça va, ce sont
des étapes, mais devant l'importance de certains biens, de certains
monuments historiques, et les dangers de les voir disparaître, est-ce que
le ministre s'est prévalu de l'article de la loi pour empêcher
qu'on ne détruise des monuments?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas encore eu de classement d'office,
M. le Président.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas eu de classement d'office.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De toute façon, cela restera une
procédure d'exception, très exceptionnelle. En France, par
exemple, j'avais fait une revue de la question, il n'y a pratiquement jamais de
classement d'office. Les classements se font à l'amiable et, comme le
classement d'office pèse comme une menace dans certains cas, les
propriétaires préfèrent accepter la procédure
habituelle. Si vous me permettez, c'est une précision que j'ai fournie
tout à l'heure, mais sur laquelle j'aimerais revenir, c'est que l'avis
d'intention qui peut être signifié, et qui l'a été
dans le cas de la maison Van Horne ce matin, donne un laps de temps suffisant
pour que la commission c'est d'ailleurs son but puisse se
prononcer et, dans cette période-là, on souhaite en arriver
à des arrangements,
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maitenant, il faut peut-être... Je
m'excuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous en prie, continuez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voulais simplement dire que, dans cette
question de classement, il ne faudrait peut-être pas se laisser emporter
par un enthousiasme, que je trouve éminemment respectable, mais qui ne
serait pas toujours justifié. Pour ma part, le classement doit rester
une procédure d'exception et j'ai constaté que, parfois, on avait
tendance à classer trop facilement certains immeubles. C'est pour cela
que cette loi nous donne un meilleur contrôle que la loi
antérieure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce propos, M. le Président, je ne
suis pas de l'avis du ministre. Je comprends toutes les contingences qui
peuvent se présenter, mais, quand nous avons voté la Loi sur les
biens culturels, nous avons introduit cette disposition
précisément, compte tenu de la pauvreté de notre
patrimoine en ce domaine, pour permettre au ministère et au ministre une
mobilité d'action beaucoup plus grande, parce que les mécanismes
ordinaires de la Commission des monuments historiques n'étaient pas
toujours efficaces, non en raison de l'incompétence des fonctionnaires,
mais parce que le mécanisme était difficile d'application.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II était temps de changer, tout
simplement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, la dis- position de la loi donne au
ministre, justement, la possibilité d'intervenir très vite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre nous a parlé de
recommandations. Il nous a dit qu'il n'y a pas eu de sites classés,
qu'il n'y a pas eu de monuments classés. Cela revient à dire que
la loi n'a pas encore été mise en application.
M. CLOUTIER (Ahuntsic); Ah! pardon, M. le Président, elle est
mise en application du moment que la commission fonctionne et du moment que la
commission fait des recommandations. Je viens de vous citer une utilisation de
ce mécanisme d'urgence dans le cas de la maison Van Horne. Je pourrais
vous en citer une autre également dans le cas de l'île des
Moulins, l'avis d'intention a été signifié il y a à
peu près 24 ou 48 heures. Alors, nous avons, de par la loi, un laps de
temps de 60 jours et, dans ces 60 jours, une recommandation devra être
faite par la commission, à savoir si l'on doit agir, ce qui
entraînera, d'après la loi, les compensations dont parlait le
député de Chicoutimi et même la fin des travaux. Il y a
donc deux exemples qui ont permis au ministère d'intervenir
immédiatement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère dispose d'une
équipe volante assez importante pour accélérer les
inventaires, la recherche et les recommandations qui peuvent être faites?
Parce qu'on fait actuellement beaucoup de construction dans le Québec,
on fait des tracés de route, ainsi de suite, et, à tout moment,
s'élèvent des protestations. Alors, j'aimerais savoir si le
ministère a une équipe de recherche, a des gens qui font des
inventaires constants et si le ministère est, grâce à cela,
en alerte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a sept nouveaux postes qui ont
été créés justement dans ce but au service que l'on
appelait autrefois monuments historiques et qui s'appelle maintenant monuments,
sites et arrondissements, pour mieux coller avec le contenu de la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous avez sept fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nouveaux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, le service était indigent sur
le plan des effectifs, il était même impossible, comme le
signalait le député de Chicoutimi, sous l'autre loi, de suivre
certaines situations comme dans l'arrondissement historique de l'île
d'Orléans. C'étaient des centaines de demandes de permis qu'il
fallait
théoriquement vérifier et qui l'étaient, mais avec
des délais qui faisaient en sorte que les constructions étaient
parfois terminées...
M. CHARRON: Est-ce que vous n'avez pas un directeur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il y a également un concours, parce
que je ne vous cache pas qu'il y a un problème aigu de personnel...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! Il ne
faudrait pas s'aventurer trop. Vous vous en allez dans le programme 3 de
gestion interne.
M. CHARRON: Non, c'est une question sur ce groupe.
M. HARDY: On déborde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député de Terrebonne
peut parler à titre de membre de la commission?
LE PRESIDENT (M. Picard): Absolument.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II peut donner son opinion comme n'importe
quel député, membre de la commission. Il ne peut pas nous fournir
les renseignements que le ministre doit nous fournir. Les avis, enfin l'opinion
du député de Terrebonne, nous intéressent; nous serons
heureux de l'entendre comme collègue mais nous nous réservons
toujours le droit d'interroger le responsable du ministère.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais faire remarquer aux membres de la
commission et particulièrement au député de Chicoutimi,
qu'au cours de son intervention hier, le ministre a dit qu'il prenait à
son nom les propos du député de Terrebonne, qu'il avait la
responsabilité des propos du député de Terrebonne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me le
permettez, il faut auparavant que ledit député ait obtenu le
consentement de la commission pour que cela puisse se faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II semble que ce consentement n'ait pas
été accordé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Momentanément.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour des raisons que je respecte. Et le
momentanément nous ouvre un petit espoir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on pourrait avoir les opinions du
député de Terrebonne?
M. HARDY: Je n'ai pas d'opinion personnelle, à ce stade-ci, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Sur le problème?
M.HARDY: J'ai cru comprendre que le député de Chicoutimi
restreignait mes interventions à cette commission en tant que
député de Terrebonne strictement. En tant que
député de Terrebonne, à ce stade-ci, je n'ai pas
d'observation particulière à formuler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, ça clarifie la
situation, M. le Président. Alors on disait donc que nous
débordions le cadre, parce que nous avions parlé de cette
équipe de recherche. De toute façon, nous avons
déjà obtenu quelques renseignements, le député de
Saint-Jacques avait posé une question demandant s'il y a un directeur;
on nous dit qu'il y avait un concours. Alors, nous allons nous en tenir
à ça, M. le Président. Maintenant, toujours à ce
chapitre de la conservation des sites et des biens historiques et
archéologiques, est-ce que le ministère a procédé,
en vertu de la Loi sur les biens culturels, à des inventaires de sites
archéologiques et est-ce qu'il a dépêché des
équipes de travail, particulièrement dans la région de la
baie James?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On m'informe qu'il n'y a pas eu d'inventaire de
nouveaux sites archéologiques et il semble que la raison en soit un peu
responsable puisque, l'hiver, étant donné notre climat, il est un
peu difficile de faire des fouilles. Cela doit démarrer cet
été.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais le ministre comprend très bien
que, si je pose la question, c'est que je me réfère à
l'automne dernier ou à l'été dernier et que je me
réfère à la programmation pour la saison qui vient. Alors,
quel est le programme d'inventaire dans le domaine des sites
archéologiques pour la saison qui vient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a en particulier un projet à la baie
James, dont j'avais d'ailleurs moi-même fait état lors de mon
premier mandat, et qui continue.
Une équipe s'est rendue sur place. J'ai à mes
côtés le fonctionnaire qui a dirigé cette équipe.
C'est ça! Je n'ai rien d'autre à ajouter. C'est simplement pour
faire, état de cette équipe qui s'est rendue à la baie
James et qui négocie actuellement avec la Société de la
baie James, pour voir ce qui pourrait être tenté, en particulier
pour sauver un certain nombre de vestiges amérindiens.
M. CHARRON: Et d'Indiens.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, et d'Indiens, parce que c'est une
préoccupation que je crois extrêmement importante. Comme nous
avons également des responsabilités dans le domaine de
l'ethnologie, la question se pose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur le territoire de la Côte-Nord,
est-ce que l'on a fait des recherches, des inventaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur la Côte-Nord?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quelle partie, exactement, de la
Côte-Nord?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toute la Côte-Nord. La région de
Sept-Iles, par exemple, Baie-Comeau, Hauterive.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de recherche dans la
région de Sept-Iles proprement dite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas eu d'équipe qui se soit
rendue là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Du ministère, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va vite. On va prendre la Commission des
biens culturels. Ce n'est pas riche encore.
Donc, pas de classement, inventaire sommaire, semble-t-il, dans la
région de la baie James...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sommaire, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui va se poursuivre. Rien dans la
région de la Côte-Nord. Est-ce que d'autres régions ont
été inventoriées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. La loi a
été adoptée, il y a quelques mois seulement. Il y a eu la
mise en place de la commission, ce qui a pris un certain temps. Il y a eu
l'organisation des différents services. Il y a eu l'engagement du
personnel, parce que ces sept postes sont des postes qui collent à
certaines fonctions. C'est ainsi, par exemple, que deux postes s'occupent plus
particulièrement des permis, un poste de l'archéologie, deux
postes d'un centre de documentation. Ceci vient simplement d'être fait.
J'ajoute six postes particulièrement importants pour la mise en
application de la Loi sur les biens culturels et l'inventaire, etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ces postes, quelles sont les disciplines
qui ont été retenues? Est-ce que ce sont des spécialistes
des disciplines?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, ce sont des spécialistes des
disciplines: archéologie, archéologie subaquatique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Ethnographie, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CHARRON: Dans la liste des monuments recommandés à
l'attention du ministre par la commission pour la région de
Québec, est-ce que vous avez mentionné tout à l'heure
l'église Saint-Patrice?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est, m'informe-t-on, déjà
classée sous l'ancienne loi. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs,
la démolition n'a pas été permise.
M. CHARRON: Donc, si elle est déjà classée, il ne
devrait pas y avoir de problème, entre autres...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sauf peut-être le problème de
restauration où de conservation, ce qui exige une mise de fonds. Mais
sur le plan du classement, c'est acquis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il est prévu un budget pour
la restauration, la conservation et l'utilisation de ce monument? C'est un
problème assez difficile à cause de la situation de cette
église. Quand on connaît bien Québec, le problème
s'est souvent posé à savoir ce qu'on pourrait en faire. Est-ce
qu'on prévoit la restaurer, afin d'en assurer une pleine
conservation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de fonds de prévus cette
année pour ça. L'église appartenait à la fabrique.
On m'informe qu'elle a été vendue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle a été vendue, oui. Qui en
sont les propriétaires maintenant? C'est juste une information de
détail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas l'information.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas l'information. Est-ce que
c'est un groupe d'hommes d'affaires qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas l'information, je vais la
demander.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II était question de la démolir
pour y faire un parc de stationnement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'après la loi actuelle, c'est
certainement impossible. Il faudrait qu'un permis soit obtenu.
M. CHARRON: Cela a été fait dans le
Vieux-Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela a été fait dans le
Vieux-Montréal, et vous savez que cela a été fait ici
même également à Québec alors que
nous avons eu je ne sais pas si les députés de
l'Opposition s'en souviennent cette discussion à
l'Assemblée nationale concernant le stationnement de l'hôtel de
ville...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... alors qu'on avait trouvé certains
vestiges, nous avions fait interrompre les travaux sous l'empire de l'ancienne
loi, ce qui nous donnait très peu de jeu, de manoeuvre. Nous avons
réussi à négocier et à préserver certains
éléments des trouvailles.
M. CHARRON: M. le Président, le député de
Chicoutimi a fait état de l'application de la loi 2. Il y avait une
disposition de la loi 2, l'année dernière qui, lors d'une
discussion en commission, avait attiré particulièrement notre
attention. C'était le fait que la loi 2 faisait également mention
des biens meubles et les partis de l'Opposition avaient questionné le
ministre d'alors, sur la possibilité réelle d'application de
cette loi. On parlait d'un inventaire pouvant aller jusque dans les maisons
privées et du contrôle des ventes, des achats de ces biens meubles
sur le territoire québécois. Quelles difficultés, parce
que j'imagine qu'il y en a eu, l'application de cet article ou de cette partie
de la loi a-t-elle connues? Qu'est-ce qui s'est fait à ce chapitre
précis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'était déjà fait
beaucoup avant.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de Saint-Jacques de différer cette
question pour que je puisse poser une petite question sur la commission
elle-même, la Commission des monuments historiques?
M. CHARRON: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui sont les membres de cette commission?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les membres de la commission.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): La liste des membres de la Commission des
monuments historiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... des biens culturels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je comprends bien, il y a la Commission des
biens culturels, telle que la loi le veut, mais la Commission des monuments
historiques demeure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Le service des monuments historiques
demeure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Service.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un service technique, en somme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, il y avait la Commission des
monuments historiques. Qu'est-ce qu'elle est devenue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La Commission des monuments historiques est
disparue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle est disparue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle a été transformée en
cette Commission des biens culturels qui... Le changement de nom s'explique
parce que le mandat est beaucoup plus étendu. Il ne s'agit plus
seulement des monuments historiques, il s'agit, comme nous l'indiquait le
député de Saint-Jacques...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. C'est ce que je voulais
savoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... des biens meubles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, quels sont les membres? Si le
ministre voulait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui et ensuite, je répondrai
peut-être à la question du député de
Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je m'excuse auprès du
député de Saint-Jacques parce que je voulais avoir cette
liste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les membres... Je peux déposer cette
liste, si vous voulez. Vous voulez que je la lise?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais, ce ne doit pas être
très long.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le président, M. Georges-Emile Lapalme.
Vous connaissez?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, un peu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le secrétaire, M. Roland Boulanger, et
les membres, Mme Andrée Paradis, Mlle Danielle Bédard, M. John
Bland, M. Roland Bourret, qui, soit dit en passant, a été
président de la Commission des monuments historiques ceci permet
une certaine continuité M. John Briarley, M. David Carter, M. Guy
Dubreuil, un anthropologue de l'Université de Montréal, M.
Fernand Grenier, M. Louis-Edmond Hamelin, un géographe, M. Jean Palardy,
que bien des gens connaissent...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et M. Marcel Jetté, un architecte.
Alors, dans cette composition ces nominations ont été
faites par mon prédécesseur on a très certainement
respecté les différentes disciplines.
Pour en revenir à la question du député de
Saint-Jacques, il y a déjà longtemps qu'il existe un inventaire
des oeuvres d'art, lequel a été commencé par M.
Morissette. Il a joué un rôle extrêmement important dans
cette initiative et l'inventaire continue. Alors, nous avions
déjà dans le cas particulier, un excellent point de
départ.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cet inventaire est toujours
à l'Université Laval, M. le Président? Est-ce que
l'inventaire des oeuvres d'art est toujours à l'Université
Laval?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est actuellement au Musée du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a été rapatrié.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre s'est prévalu des
possibilités que lui donnait la loi 2, par exemple, pour interdire
certaines ventes ou transactions d'oeuvres d'art, comme biens culturels ou
meubles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On me dit que cela ne s'est pas encore fait.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des moyens de contrôle? Est-ce que
l'on a au moins établi un contrôle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous avoue que c'est le point sur lequel je
m'interroge, et je crois comprendre que les députés de
l'Opposition l'ont fait aussi lors de la présentation de cette loi. Les
moyens de contrôle sont évidemment très faibles. D'autre
part, il parait utile que l'on ait une disposition comme celle-là dans
la loi; même dans d'autres régions du monde, d'autres pays, on a
des lois analogues. Elle n'est pas appliquée pour les petites
transactions. Elle est appliquée lorsqu'une transaction importante se
fait jour sur la place publique, ce qui donne les moyens au gouvernement
d'intervenir.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, justement
à propos de l'applicabilité, si je peux employer le mot, de cette
loi. L'an dernier, nous avions fait valoir au ministre que cette loi
était inapplicable pour deux raisons principales.
D'abord, parce que cette loi allait contre la Constitution qui permet le
transfert des biens d'une province à l'autre, d'une partie du Canada
à l'autre, c'est le commerce interprovincial. D'autre part, il y avait
cette autre disposition de la Constitution qui rend la loi inapplicable, c'est
que le gouvernement du Québec n'a aucun droit sur l'entrée ou la
sortie des biens aux postes douaniers.
Cela m'amène à poser la question suivante parce que, si
vous voulez, cela se situe dans la continuité des propos que nous avions
déjà tenus quand nous en avons parlé: Est-ce qu'on a
poursuivi les discussions avec le Secrétariat d'Etat à Ottawa,
avec les ministres qui sont responsables de la culture dans les autres
provinces, en vue d'en arriver à l'adoption d'une loi par le
gouvernement central et l'adoption de lois identiques ou similaires par les
gouvernements des Etats membres de la Fédération, comme le
gouvernement du Québec l'a fait? Parce qu'on avait engagé des
discussions, et je m'en souviens, parce que c'est moi qui ai engagé les
premières discussions avec M. Pelletier à ce moment là, le
Secrétaire d'Etat. On avait engagé des discussions parce que nous
nous rendions compte que, même si une province adoptait une loi, elle
serait inapplicable tant et aussi longtemps que le gouvernement central
n'aurait pas lui-même adopté une loi. Or, avant que ne surviennent
les élections fédérales, le ministre Pelletier avait
annoncé son intention de présenter une loi de même nature
que celle que nous avons adoptée. Alors, j'aimerais savoir où en
sont les négociations avec le gouvernement central dans ce domaine
vraiment important et qui permettrait à la loi d'avoir une certaine
efficacité, sinon une efficacité totale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si le député de Chicoutimi me
permet, je dirais une certaine efficacité sur ce point
précis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que l'efficacité est acquise dans
le domaine où il n'y a pas de problème de juridiction. Sur ce
point précis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, on parle des biens meubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... il est exact que le député de
Chicoutimi a commencé des discussions avec le Secrétariat d'Etat,
je les ai continuées. Je pense qu'elles étaient pas mal
avancées à mon départ. On me dit qu'actuellement, c'est un
peu le statu quo. Le Secrétariat d'Etat a reçu copie de la loi,
il a manifesté beaucoup d'intérêt et je sais, quant
à moi, que le Secrétaire d'Etat du tempe, M. Pelletier, lorsque
j'étais moi-même aux Affaires culturelles, m'avait dit qu'il
songeait à intervenir, peut-être pas par législation, mais
par des mesures administratives qui permettraient, je crois, de contrôler
les entrées par la Loi des douanes ou quelque chose d'analogue et on me
dit qu'il n'y a rien eu depuis. Alors, c'est certainement une discussion
à reprendre, parce qu'il est exact qu'il faut un certain contrôle.
Le problème se pose non seulement pour le Qué-
bec, il se pose pour toutes les provinces et il se pose pour le
Canada.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre a fait
réexaminer par les juristes du gouvernement le problème de ce
transfert des biens meubles d'une province à l'autre? Est-ce que vous
avez eu des opinions juridiques, tel que j'avais demandé au ministre des
Affaires culturelles d'en obtenir une au moment où elle a
présenté la loi?
M . CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y en a pas eu. Maintenant, est-ce qu'il y
a eu un inventaire le député de Saint-Jacques en a
parlé tout à l'heure est-ce qu'on a commencé un
inventaire? Je ne parle pas là de l'inventaire des oeuvres d'art.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais c'est à partir de cet
inventaire-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais je parle d'un inventaire des collections
privées ou publiques ou semi-publiques qui devaient faire l'objet de cet
inventaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les premières démarches ont
été tentées, une lettre a été envoyée
aux principaux collectionneurs pour les informer des dispositions de la loi,
mais il n'y a pas d'inventaire tel quel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que le ministre veut dire quand il
affirme qu'une lettre a été envoyée aux principaux
collectionneurs? Qui sont ces gens-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi n'en a pas
reçu?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Ni la visite de personne. Quels sont ces
collectionneurs à qui on aurait envoyé des lettres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la Commission des biens culturels qui nous
a fait cette liste en se basant sur les consultations avec les
différents milieux. De toute façon, la loi est sur la place
publique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous donner
les noms de ces collectionneurs à qui on aurait envoyé des
lettres? C'est un acte public, cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas d'objection à la
déposer, mais c'est une liste assez considérable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre l'a ici? Il devait
s'attendre qu'on lui posât une question comme cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. J'avoue que je ne m'attendais pas qu'on me
pose une question qui m'obligerait à donner une liste de plusieurs
centaines de noms et j'offre de déposer cette liste à la
première occasion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La première occasion, cela veut dire
quand? Est-ce que cet après-midi...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cet après-midi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le ministre pourra déposer la
liste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne me parait pas anormal que nous n'ayons pas
instantanément les documents de cette nature.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'en fais pas le reproche au ministre mais
je lui dis qu'il devait s'y attendre parce que c'est quand même un aspect
très important pour la loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Curieusement, je ne vois pas
l'intérêt de déposer la liste de noms d'individus qui
peuvent posséder des collections, mais c'est avec plaisir que je
réponds...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans la loi, il est bien
spécifié que le ministère doit tenir un registre
par conséquent, cela devient du domaine public et registre qui
peut être consulté. Alors, si le ministre dépose la liste,
on pourra voir de quelle façon la commission a commencé à
travailler.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me demande s'il n'y a pas là un peu de
confusion. Le registre est celui des biens classés. Là, nous n'en
sommes pas à ce stade. N'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas d'un registre de
collectionneurs ou de gens qui peuvent avoir tel tableau ou telle oeuvre
d'art.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre devrait relire la loi
très bientôt parce que c'est assez spécifique, d'autant
plus que j'y ai fait mettre des dispositions pour respecter la
confidentialité dans certains cas. J'ai fait introduire certaines
dispositions moi-même.
Alors, je reviens à la question qu'a déjà
posée le député de Saint-Jacques. Outre ces lettres...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quel article de la loi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que l'on aurait envoyées, est-ce
qu'on a commencé à faire des inventaires? Parce qu'il est bien
dit qu'on peut se rendre chez un individu et faire un inventaire de biens qui
pourraient être considérés comme des biens culturels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aucun inventaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucun inventaire. Je répète
l'explication que j'ai donnée tout à l'heure. La loi a
été adoptée il y a quelques mois à peine. Il a
fallu mettre en place la commission, organiser les différents services
pour l'application d'une loi complexe et je pense qu'il y a eu un travail
valable de fait. Je n'hésite pas à le dire. Le bilan que nous
avons fait rapidement semble l'indiquer mais tout n'est pas encore
réalisé, je l'avoue.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Entre-temps, est-ce qu'on a porté
à la connaissance du ministre des faits qui indiquent que certaines
collections prestigieuses se retrouvent maintenant notamment à Vancouver
où j'en ai vu? J'ai vu des pièces de collection prestigieuses de
ces personnes auxquelles on avait adressé des lettres. Parce que je
connais un certain nombre de personnes qui ont reçu ces lettres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais si le député de
Chicoutimi pense à la collection dite collection Van Horne qui s'est
vendue à Londres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a quand même déjà un
certain temps de cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il faut bien se dire que, malgré
toutes les dispositions de la loi, on ne peut s'attendre que le gouvernement
intervienne dans tous les cas pour une excellente raison, c'est que les
ressources sont limitées. Il est déjà utile de pouvoir
agir mais ce sera toujours en fonction des ressources de la
collectivité. Le ministère n'a jamais cessé de
s'intéresser à la récupération, depuis des
années d'ailleurs, des oeuvres d'art. Et tout récemment encore,
nous nous sommes arrangés pour pouvoir récupérer la
collection Borduas qui sera au Musée d'art contemporain incessamment. Je
crois que cela s'est fait avant mon départ également; le
ministère avait négocié la charte de la collection de
Lortie, collection qui est aussi extrêmement intéressante au plan
de l'histoire.
Voilà des exemples qui montrent bien qu'il y aura intervention
quand celle-ci sera possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est toujours cela qui me préoccupe et
c'est important pour la conservation du patrimoine culturel
québécois. J'ai eu l'occasion je donne cet exemple, parce
que cela m'a frappé l'automne dernier, quand j'étais
à Vancouver, de me rendre dans une galerie que je connais bien. Le matin
où je me suis rendu là, on venait de recevoir exactement 253
toiles provenant de deux galeries commerciales de Montréal. Dans ces
pièces, il y avait évidemment des objets qui tombent sous le coup
de la loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire antérieurs...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De plus de 50 ans. Il y avait des
Suzor-Côté, il y avait des Clarence Gagnon, il y avait des Osias
Leduc, il y avait des Roy-Audy, il y avait des Pellan, il y avait des
Légaré, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait de tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y avait un peu de tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'étaient des tableaux qui devaient
tomber sous l'empire de la loi, mais pas les autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, et ces pièces étaient
là. Le directeur de la galerie, que je n'identifie pas, et pour cause,
me disait: Nous nous hâtons de récupérer tout ce que les
gens de Montréal veulent nous vendre. Nous venions tout juste d'ailleurs
de l'adopter. C'était en juin, je pense, sanctionnée...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le 8 juillet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela m'a inquiété. C'est pour
cela que je demande au ministre si la commission a vraiment commencé
d'agir dans ce domaine et si la commission ne devrait pas faire porter ses
efforts d'abord sur l'inventaire de ce qui se trouve dans les galeries
commerciales. Je l'avais signalé au ministre à l'époque.
J'y reviens ce matin, parce que, par le biais des galeries, le canal des
galeries, on comprend très bien que n'importe quel individu peut faire
passer n'importe quelle pièce. Il n'y a pas de contrôle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aussi, y a-t-il quelque chose de
théorique dans ces dispositions de la loi. Je ne l'ai pas caché.
D'abord, permettez-moi de préciser que ce ne serait pas la commission
qui aurait cette tâche. C'est le service...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand je dis la commission, je parle de tout
ce qui s'y rattache.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il peut être utile de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... bien définir où se situe la
responsabilité. C'est peut-être de ce point de vue que je disais
au début qu'il y a des problèmes de budget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II m'apparaît difficile d'appliquer la loi
dans sa totalité, à moins que l'on puisse prévoir pour le
prochain budget des sommes accrues.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a la clause de préemption.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Sur le plan des achats, il est
évident que nous serons toujours... Je crois qu'il n'y a aucun pays au
monde qui se trouve dans une situation difficile, incapable...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est exact.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Même des pays riches comme la France ont
vu filer des oeuvres majeures vers l'Angleterre, parce que l'Etat
considère qu'il ne pouvait pas se les offrir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je pose cette question, je comprends
très bien les difficultés. Nous en avons parlé assez
longuement d'ailleurs avec le ministre actuel comme avec l'autre. Il y a un
problème de budget. C'est clair. Cela vaut pour tous les pays. Mais je
pose le problème, parce qu'il me paraît nécessaire de
demander au ministre de faire accélérer ce travail d'inventaire,
afin de sauver ce qu'on peut sauver avec les moyens que nous avons. Et est-ce
qu'on a prévu un montant d'argent qui serait une sorte de fonds de
réserve pour parer à certaines éventualités?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais je dirais que la situation ne
m'apparaît pas satisfaisante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel genre de montant a-t-on prévu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous pensez aux acquisitions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les acquisitions de ces biens pour lesquels on
pourrait exercer le droit de préemption.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans un cas qui serait très particulier,
je pense qu'il faudrait aller hors budget. C'est ce qui se fait partout
d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un fonds de secours ou enfin...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Mais dans les budgets
réguliers, nous avons simplement des budgets d'acquisition des deux
musées que je peux vous donner à l'instant, soit dit en
passant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous y re- viendrons. Je ne veux pas prolonger
la discussion sur ce problème, mais je le signale au ministre, parce que
la loi est très difficile d'application pour des raisons que nous avons
invoquées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très. Surtout dans ce secteur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a ensuite cette contrainte
budgétaire, mais cela n'empêche pas que la commission devrait
accélérer son travail afin d'avoir au moins une idée de ce
qui, à un moment donné, pourrait sortir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je compte m'y employer, mais je pense que les
effectifs ne sont pas suffisants et les budgets sont inadéquats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre parle d'effectifs à ce
poste précis, est-ce qu'on a réuni un certain groupe? Est-ce
qu'on a engagé un certain groupe de fonctionnaires qui pourraient se
charger de ces inventaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si j'ai besoin d'un petit instant pour chercher,
c'est que nous parlons du programme 4 en même temps, n'est-ce pas? Je
n'ai aucune objection. Il est évidemment difficile de dissocier tout
cela, on en tiendra compte dans l'adoption, j'imagine.
LE PRESIDENT (M. Picard): Nous étudions le programme 3.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous empiétons même dans le
programme 4 en ce moment. Nous en sommes aux budgets d'acquisition des
musées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas parlé des budgets
d'acquisition des musées. Je demande simplement, si pour
accélérer le travail de la commission, on a prévu des
postes pour permettre de dresser les inventaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a six fonctionnaires. Je l'ai
indiqué tout à l'heure. Je vois très bien ce à quoi
pense le député de Chicoutimi. Il y a six fonctionnaires qui ne
font que cela parce que ces postes viennent d'être comblés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela que je voulais savoir parce que
cela m'inquiète.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'avais dit, mais je crois que c'est
passé un peu avec mes explications sur l'archéologie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à
l'élément 2: Conservation des sites et des biens historiques et
archéologiques, disons que, en ce qui concerne la Loi sur les biens
culturels, les observations que j'avais à faire là-dessus sont
faites. Le ministre pourrait-il maintenant nous expliquer ce qui apparaît
ici dans les composan-
tes de l'élément 2, à la direction
générale du patrimoine, nous dire qui en est le responsable et
quelle est exactement la tâche de cet...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Encore un intérim, M. Gariépy, le
sous-ministre adjoint, en est chargé depuis à peu près un
mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui était auparavant le directeur du
patrimoine? Est-ce qu'il y en avait un?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Fleury, mais il y a un concours qui vient
d'être tenu, il y a une liste d'admissibilité et je pense qu'il y
aura un nouveau directeur dès la semaine prochaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le concours est fait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais je ne peux pas révéler
son nom...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... mais il est déjà choisi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le comprends très bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai donné mon approbation et il a
accepté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a accepté. M. CLOUTIER (Ahuntsic):
Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est M. Ju-nius, je pense.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je regrette que nous ayons des problèmes
de personnel au ministère. Il est clair qu'un bon nombre de directions
générales n'ont pas de directeur, ce qui ne facilite certainement
pas l'évolution des travaux, mais j'ai mis sur pied un petit plan
d'urgence et vous voyez qu'il y a toute une série de concours qui
viennent d'être ouverts de manière qu'enfin on puisse combler ces
postes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A cette direction générale du
patrimoine, enfin, on sait ce qu'elle va faire, est-ce que le directeur aurait
un personnel assez important?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Du patrimoine. L'effectif total est de 90.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et cela comporte le tout, service des
monuments historiques, archéologie, technologie, Place Royale...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et les archives.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et les archives. .
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout l'élément.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous avons
parlé tout à l'heure, de façon générale, de
la conservation des sites et des biens historiques et archéologiques. On
a parlé du classement des sites et du classement des monuments.
J'aimerais maintenant que le ministre nous parle du service des monuments
historiques et c'est à cela qu'il va rattacher, sans doute, Place
Royale. J'aimerais aborder le problème du service. D'abord qui en est le
responsable?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là encore, il y a un concours
alors, vous voyez que la commission fonctionne et il aura lieu les 16 et
17 mai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Actuellement, qui assure l'intérim?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Morency.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Morency assume l'intérim de ce
service.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il y a, pour Place Royale, un coordonnateur
qui est M. Roy, que connaît le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je sais, fort heureusement, vous l'avez
nommé là. Il y a mis de l'ordre. Alors, abordons donc, puisqu'il
n'y a qu'un intérim au service, le problème de Place Royale, si
le ministre veut bien faire le point sur Place Royale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président.
Voilà un autre exemple de dossier que j'ai confié de façon
très spéciale à mon adjoint parlementaire. Il s'en est
occupé presque à temps plein et, si le député de
Chicoutimi était prêt maintenant à lever...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'embargo.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... l'embargo temporaire dont il a parlé,
je souhaiterais donner la parole au député de Terrebonne sous ma
responsabilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant de ce faire, j'aimerais entendre le
ministre sur la politique générale concernant Place Royale.
D'abord, les étapes des travaux, l'utilisation éventuelle des
lieux, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais si le député de
Chicoutimi serait d'accord sur la procédure qui se fait dans toutes les
autres
commissions et qu'il avait d'ailleurs acceptée à la
commission lorsque nous avons discuté le budget de l'éducation
l'année dernière, c'est-à-dire de permettre aux
fonctionnaires d'apporter des renseignements de première main et, dans
le cas particulier, il s'agirait du coordonnateur, M. Roy. Il vous parlerait
sous ma responsabilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suspends mon approbation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! je croyais que c'était l'embargo qui
était suspendu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jusqu'à ce que le ministre nous ait
quand même fait part de ses considérations sur le sujet. Parce que
c'est le ministre qui est responsable et, comme il vient de reprendre un
ministère qui était, comme disent les Canadiens "en
démanche", il est temps que... Oui, vous ne connaissez pas le mot? C'est
un vieux mot français.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le président est au courant de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un vieux mot français.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si le député de Chicoutimi
commence à "joualiser", vraiment, nous ne savons plus où nous
allons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! non, ce n'est pas du "jouai". Demandez au
sous-ministre Frégault, vous allez voir. Il va vous dire que c'est un
beau vieux mot.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cruel, cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je disais donc que le ministre reprend la
responsabilité d'un ministère et que, pour l'aider à se
remettre dans l'atmosphère, j'aimerais qu'il se livre à quelques
considérations que j'écouterai, comme il l'a fait longtemps quand
il animait l'émission "Un homme vous écoute".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai, pour Place Royale,
un sentiment assez tendre puisque j'ai eu la chance de faire démarrer ce
projet...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Continuez, vous voulez dire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... c'est-à-dire que le projet existait,
en ce sens que le ministère avait acquis un certain nombre de maisons.
Mais c'est au moment où je suis arrivé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... avait fait faire un relevé
topographique, avait fait faire des études de rentabilité, etc.
Prenons les choses là où le ministre a commencé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh bien! il a commencé au moment
précis où il fallait négocier une entente de
manière à obtenir les fonds et démarrer les
restaurations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Négocier une entente sur un dossier qui
était déjà préparé par le
député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, je ne nie en rien qu'il s'agissait
là d'une...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Simplement une petite précision.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Place Royale aurait été impensable
si M. Laporte, qui a été ministre des Affaires culturelles,
n'avait pas le premier pris cette initiative.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien sûr.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): N'est-ce pas? Ensuite le député de
Chicoutimi a vaillamment relevé le défi et a fait sa
contribution. Je ne peux pas lui reprocher de ne pas avoir
démarré les travaux puisque l'entente n'était pas encore
prête à être négociée, mais tout était
en place pour que nous puissions le faire. Cela va?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon, alors, commençons là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que vous voilà avec un bon point
de départ. Tout le monde étant heureux, il y a eu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Entrons en Egypte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... dans mon premier mandat, onze maisons de
restaurées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Restaurées ou reconstituées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Restaurées. Dans ce cas particulier, dans
le cas de cette première phase.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lesquelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On va vous donner cela. Ce serait certainement
plus simple si le fonctionnaire pouvait faire le point.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y aurait consentement à ce
que le fonctionnaire donne des informations, quitte à ce que les propos
soient enregistrés au nom du ministre au journal des Débats?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... M. le Président, j'aimerais
beaucoup entendre le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Chevalier, Fornel...
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous mettez l'embargo?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'y soumets, M. le Président, avec
bonne grâce. Chevalier, Fornel, Parent, Barbel, LePicart, Lambert-Dumont,
Leduc, Baudoin, Leber, Charest, Saint-Amant, les voûtes de l'îlot
02, Millot. Nous en sommes à 13 parce que je vous ai donné la
liste de ce qui est fait maintenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle est la programmation sur la
restauration des autres? Quels sont les projets de restauration? Quel est le
budget qui va être consacré à Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le projet porte sur neuf maisons à
restaurer et reconstruire, dans le cas particulier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, lesquelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lesquelles? M. le Président,
terminées: Morin, Davaine, Drouin, Maheu, Couillard-Lespinay, Chinique,
Guéroult, Sagot-Laforge, Niel; neuf, le compte y est.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est le budget qui va être
affecté à cette restauration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $3,200,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez les fonds?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'où proviennent-ils?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une partie du gouvernement fédéral
dans le cadre de cette entente des zones spéciales, c'est-à-dire
$2 millions, et le solde vient du gouvernement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): En vertu de l'entente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En vertu de l'entente; il y a partage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle se poursuit. C'est la même
entente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement la même entente; d'une
année à l'autre, ce qui d'ailleurs représente une certaine
difficulté, nous négocions nos budgets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que l'entente elle-même est
automatiquement reconduite sur présentation d'un budget?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, mais c'est
négocié par l'intermédiaire de l'OPDQ.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. C'est le programme de restauration,
ce qui a été fait, ce qu'on se propose de faire cette
année. Quelle est l'utilisation que l'on entend faire de ce qui est
actuellement restauré ou reconstitué ou rebâti ou ce qui
sera rebâti, reconstitué ou restauré?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député de Chicoutimi
veut avoir l'utilisation des maisons qui s'en viennent, pour ainsi dire, ou
celles passées?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, quel est le plan général de
l'utilisation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous envisageons pour les maisons qui sont
à restaurer 16 logements. Il y aura un bureau de médecin, il y
aura deux commerces. Il y a eu des études faites sur la
rentabilité, sur la concentration, sur le partage logements
établissements commerciaux. Je m'étais engagé
personnellement avec le comité de citoyens j'avais même
invité un citoyen à siéger à notre comité
consultatif de Place Royale à ce que, autant que faire se peut,
on puisse reloger les gens sur place. Ce programme a été
entièrement rempli. Actuellement, le député de Chicoutimi,
le député de Lafontaine, dont je salue l'arrivée, le
député de Richmond pourraient faire une visite que l'adjoint
parlementaire, qui n'a pas l'occasion de parler souvent, pourrait
peut-être diriger c'est pour lui faire faire quelque chose
de manière à visiter les locataires sur place.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas un guide historique, lui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me demande ce qu'on va...
M.HARDY: M. le Président, sauf en musique, je pourrais
peut-être servir de guide historique.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'embargo est levé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois. J'essaie toujours, à tout
hasard, de trouver une faille.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! le blocus continental, vous savez ce que
c'est; les historiens savent ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On y arrivera.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, dans le cas des
logements, le ministre vient de nous dire que l'on avait relogé dans les
lieux que ces gens occupaient un certain nombre de personnes. Il y a donc 16
logements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Prévus. Il y en a cinq actuellement qui
sont habités par des gens de Place Royale. Je suis allé les voir
moi-même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait déposer
la liste nous indiquant quels sont les noms des personnes qui occupaient les
lieux et qui vont les occuper à nouveau?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce ne sont pas nécessairement les
mêmes lieux. Je pense que le député de Chicoutimi s'en rend
compte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a pas d'importance. Ce que je veux
savoir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En somme, ce que le député de
Chicoutimi souhaiterait, c'est la liste de tous les locataires du
quadrilatère.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): La liste de tous les locataires du
quadrilatère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et la liste de ceux qui sont logés
actuellement ou qui sont relogés actuellement ou qui vont l'être
bientôt.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou qui vont l'être. Je ne sais pas si le
choix a été fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas nécessairement dans les mêmes
lieux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons toutes ces listes, M. le
Président. Je remercie le député de Chicoutimi de me
permettre de les déposer plutôt que de les lire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Cela va de soi. Le ministre lit bien,
c'est pour ça que je lui demande de lire de temps en temps.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme il y a plusieurs centaines de noms, je
crois que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait aussi
déposer la liste comportant les noms des personnes qui utiliseront les
lieux de Place Royale à des fins professionnelles...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... médecins, avocats, notaires ou
autres, enfin tout ce qui s'appelle utilisation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que tout n'est pas
négocié. Là, ça me paraît un peu plus
difficile. Ce qui est acquis, les gens qui sont déjà
logés, c'est fait. Mais pour l'avenir, je ne crois pas qu'on
puisse...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon! Vous pouvez déposer la liste de ce
qui est fait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Je vais déposer tous les
renseignements que nous avons sur ce point de vue. Est-ce que le
député de Chicoutimi souhaiterait que l'on inclue
également les établissements commerciaux?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah si!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En somme, nous vous donnerons la liste de tous
les baux.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien! Bientôt? Cet
après-midi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cet après-midi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, je veux l'avoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'efficacité administrative du
gouvernement est bien connue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas de l'efficacité
administrative, c'est une exigence des contribuables.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tant mieux, si cela peut coïncider.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, qu'en est-il du plan
d'utilisation par une société qui s'appellerait Hilton?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu une négociation entre le
député de Marguerite-Bourgeoys, mon prédécesseur
aux Affaires culturelles, et la société Hilton. Il y a eu une
lettre, une entente de principe par lettre, de l'ancien ministre des Affaires
culturelles louant certains locaux à la société Hilton. Il
y a eu un projet de bail qui a été approuvé par l'ancien
ministre, projet de bail auquel j'ai donné suite et que je suis
prêt à déposer également. Je m'y étais,
d'ailleurs engagé à l'Assemblée nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic); J'attendais que les crédits
commencent.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre va nous
déposer ces documents. Il est important de voir les clauses des baux,
voir les baux, quelles sont les clauses que comportent ces baux. Mais
j'aimerais savoir pour quelles raisons on a arrêté son choix sur
la société Hilton. Je tiens au départ, à faire tout
de suite une précision. Je ne me lancerai pas dans des envolées
pseudo-nationalistes et surtout dans des envolées
antiaméricaines. J'aimerais quand même connaître les raisons
qui ont amené le ministère à signer avec la
société Hilton. Est-ce que les conditions auparavant
plutôt est-ce qu'il se trouvait des gens, des
Québécois de Québec ou du Québec, qui eussent
été capables d'utiliser ces lieux et d'offrir les garanties que
la société Hilton aurait offertes au gouvernement et dont on ne
connaît pas encore les termes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, on m'informe, puisque je
n'étais pas là à ce moment-là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet, là, ce
n'est pas un procès qu'on fait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, bien sûr, j'ai très bien
compris.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On veut savoir, exactement, pour
éclairer...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai posé exactement les mêmes
questions que le député de Chicoutimi quand je suis arrivé
parce que j'étais en présence d'une décision qui avait
été prise et je devais y donner suite. J'ai convoqué le
sous-ministre, j'ai convoqué le coordonnateur, j'ai même eu des
discussions avec le ministère du Tourisme, plus particulièrement
avec mon collègue le ministre du Tourisme, pour évaluer
l'ensemble de la situation. Je suis venu à la conclusion que
c'était là une décision heureuse. Il y avait eu un certain
nombre d'offres qui avaient été présentées touchant
la location de ces locaux. L'offre de Hilton était indiscutablement la
plus avantageuse et l'élément qui semble être intervenu
dans la décision, c'est qu'il paraissait utile de pouvoir louer à
une organisation internationale des locaux à Place Royale, de
manière que Place Royale puisse être connue un peu partout au
monde.
La publicité d'une chaîne d'hôtels comme Hilton est
telle que ceci signifie pratiquement le démarrage de Place Royale et ce
sont tous les autres commerçants de Place Royale qui en
bénéficieront comme d'ailleurs tous les Québécois
en général. L'expérience a été faite un peu
partout même dans une grande ville comme Montréal, l'apparition
d'un hôtel ou d'une chafne d'hôtels de renommée
internationale augmente indiscutablement, c'est ce que je voulais
vérifier avec le tourisme, l'apport touristique, de sorte que, il n'y a
pas eu la moindre hésitation du côté du ministère du
Tourisme pour me recommander de donner suite à une décision qui,
de toute façon, était prise et que je n'aurais pas pu changer
après consultation avec le contentieux du ministère. C'est une
décision que je trouve heurev.se, c'est une décision que je suis
prêt à défendre et je ne vois absolument pas en quoi elle
pourrait pénaliser qui que ce soit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi'): Maintenant, M. le Président, quelle
est la superficie, le nombre de maisons, enfin, aux termes du bail, qu'occupera
la société Hilton dans ce complexe de Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 6,000 pieds carrés, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 6,000 pieds carrés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai une lettre qui me vient du cabinet du
ministre du Tourisme au cours de cette consultation et je voudrais
peut-être citer parce que c'était important dans
l'évaluation un ou deux paragraphes: II est évident que
nous pouvons dire que le nom de Hilton est prestigieux. Tout le monde ou tout
au moins les gens habitués à voyager sont au courant que le globe
est émaillé d'établissements qui portent le nom de Hilton.
Non seulement le nom de Hilton constitue-t-il une valeur sûre, une
garantie sûre de la valeur des services qui seront dispensés aux
touristes, à la Place Royale, mais il est de plus synonyme de
stabilité même si les établissements commerciaux faits
à cet endroit par toutes les parties en cause tardaient à
atteindre le seuil de la rentabilité. Il faut d'autre part voir la
facette qui, à mon sens, est une des plus importantes, celle des
communications.
En effet, il s'agit d'Hilton of Canada ou Hilton international à
cause de ses ramifications dans plusieurs dizaines de pays situés aux
antipodes et vu les moyens qu'il possède, lui permettant d'avoir une
puissance de communication, constituent un inestimable véhicule de
propagandes touristiques dont bénéficiera non seulement la Place
Royale mais la région de Québec et de par le fait même
toute la province, je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre
ayant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous permettez, M. le Président, on me
signale...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre ayant cité un extrait de ce
document et de par la loi, de par notre règlement, est obligé
maintenant de déposer le document.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai aucune objection à déposer
cela, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
Alors, M. le Président, tout à l'heure le ministre nous
disait qu'il avait considéré qu'il avait dû
considérer, pas lui-même mais celui qui l'a
précédé, d'autres offres.
Est-ce que le ministre pourrait nous fournir des renseignements
additionnels sur ces offres qui avaient été faites? Par qui
avaient-elles été faites? Quelles en étaient les
conditions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président. Il y a eu
un grand nombre de demandes de renseignements, me dit-on, il y en a eu beaucoup
mais il y a eu seulement deux ou trois offres qui se tenaient, qui
étaient par écrit, les autres étaient verbales...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les autres étaient des propositions
verbales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et c'est sur la foi de ce dossier que
l'ancien ministre s'est prononcé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, ces offres, celles qui ont
été présentées par écrit émanaient de
citoyens de Québec ou du Québec? Quels étaient les gens?
Est-ce que ce sont des gens qui avaient déjà des commerces dans
le secteur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il y avait en particulier une personne qui
avait déjà un commerce. Je peux également déposer
la liste des soumissionnaires, sur la base de laquelle le choix a
été fait à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourra nous donner
quelques noms à la volée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux déjà vous donner certains
noms. Il y a eu un monsieur Gérard Julien de Montréal mais sa
demande ne comportait aucune proposition pécuniaire, aucune adresse pour
répondre et il y avait simplement une demande d'opérer un
chirurgien un restaurant bar-salon pour préciser...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Exploiter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comment?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'exploiter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien sûr. Qui assumerait le
coût des aménagements? Parce que ça aussi c'était un
élément dont il fallait tenir compte. Il v a eu une demande de
Pierre Labossière, Guy Lefebvre, Jean-Jacques Racicot, Mario Coudret, de
Montréal également, soumission qui a été
reçue le 31 janvier 1973. Il y a eu une demande provenant de
Québec, de M. Yves Simard, déjà propriétaire ou
exploitant la Traite du Roy qui est, me dit-on, un restaurant
québécois, mais elle a été reçue le 19
février alors que la décision avait déjà
été prise, c'est-à-dire en retard, et il y a eu la demande
de Hilton.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, dans la procédure que l'on
a suivie, M. le Président, pour ces appels d'offres, quels ont
été les mécanismes de publicité? Comment cela
s'est-il fait? Comment a-t-on procédé pour intéresser les
gens à présenter des soumissions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu d'appel d'offres, il n'y a pas
eu de demande. L'intérêt s'est manifesté
spontanément et c'est à partir de ces intérêts que
le choix a été fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'en fais pas de
reproche au ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ceci a été fait pour toutes les
locations, me dit-on.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Je ne fais pas de reproche ici au
ministre actuel, mais ce qui a contribué énormément
à provoquer le remous que l'on connaît à propos de Hilton,
c'est justement le fait que le ministère ne semble pas avoir fait
suffisamment de publicité sur les possibilités d'exploitation
commerciale de Place Royale. Ecoutez, ça vaut ce que ça vaut, on
a porté à mon attention des plaintes me disant qu'on avait eu du
mal à obtenir du cabinet du ministre des renseignements, etc., je ne
prends pas ça pour de l'argent comptant parce que quelqu'un qui n'est
pas satisfait peut trouver toutes sortes de raisons. Mais je retiens simplement
ceci que et c'est un reproche que j'adresse, enfin, au gouvernement que
ce soit comme ça de ne pas avoir fait suffisamment de
publicité pour intéresser même d'autres chaînes
internationales, si on voulait les intéresser. Alors, je le dis au
ministre bien franchement et, sans nécessairement être d'accord
avec le ministre sur la décision qui a été prise, je crois
que les renseignements qu'il nous a fournis vont permettre certainement de
démythifier cette histoire de Hilton. Et je poursuis mon interrogatoire
en demandant au ministre, dans les 6,000 pieds carrés dont il a
parlé, qu'est-ce qu'on va installer là? Qu'est-ce qu'on va
faire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, en reprenant les
commentaires du député de Chicoutimi, je dirais que je peux
très bien suivre son raisonnement. Personnellement, j'aurais
peut-être souhaité que l'on puisse faire une publicité plus
large, que l'on puisse étudier même la possibilité
d'intéresser d'autres chaînes, étant établi
qu'à mon avis c'est une excellente décision en soi, mais sur la
procédure on aurait certainement pu envisager d'autres
possibilités. Mais il y a tout de même un élément
majeur qui est intervenu pour que la préférence soit
donnée à Hilton et qu'on ne cherche pas à faire du
"shopping" auprès de d'autres entreprises, c'est que Hilton était
déjà installé à Québec et ceci signifiait
que la clientèle de Hilton serait canalisée déjà
vers Place Royale. Cela semblait être, sur le plan touristique, un
élément extrêmement utile.
Pour ce qui est de l'utilisation des locaux, est-ce que par hasard le
ministre est maintenant disposé à écouter le fonctionnaire
qui a négocié
tout cela et qui a suivi la situation de très près ou s'il
préfère que ce soit encore moi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie le ministre de m'avoir
appelé le ministre. C'est un heureux lapsus.
M. HARDY: C'est la coutume française.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Absolument. Et je crois comprendre que ça
ne déplaît pas au député de Chicoutimi et que, lors
de certains voyages, en particulier un voyage à Dakar qu'il a fait avec
des parlementaires, il a abondamment été appelé ministre
et il en était fort réjoui, m'a-t-on dit.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que c'est le
président de l'Assemblée nationale qui était fort
réjoui d'être accompagné d'un ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est curieux. Le président m'avait
présenté la chose de façon différente.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très amusant tout cela. Mais cela
ne me dit rien de ce qu'on veut faire de Place Royale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bar-salon, discothèque,
café-terrasse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Petites boutiques, non?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. C'est d'ailleurs dans le bail que vous
allez avoir incessamment, je crois que nous avons assez de copies. Il est
déjà distribué. Vous l'avez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, comme je
vous l'ai dit tout à l'heure, sans nécessairement approuver la
décision du ministre, les renseignements que l'on nous a fournis, les
documents qui ont été déposés... Est-ce qu'on a
déposé... On n'a pas encore déposé la lettre du
ministère du Tourisme? Le ministre n'a pas encore déposé
la lettre du ministère du Tourisme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Nous n'avons pas assez de copies. Si vous
permettez, nous ferons cela cet après-midi avec la liste de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, parce que cela contribuera à
démythifier cette question de Hilton,
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, avec tout l'ensemble des autres
documents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel moment, doit-on inaugurer
officiellement Place Royale? J'ai appris de source sûre qu'on avait
demandé que cela coïncidât avec les fêtes de la
Saint-Jean, soit le 24 juin, et qu'on devait même y tenir des
festivités à l'occasion de la Saint-Jean. Alors, à quel
moment doit-on inaugurer Place Royale? Est-ce que ce sera le 24 juin?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas d'une inauguration qui
marquerait la fin des travaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi s'en doute
bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais le premier ministre doit être
présent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Chaque année, nous avons une
cérémonie. Cette habitude a été prise lorsque
j'étais au ministère des Affaires culturelles, de manière
à lancer la saison touristique. Parce que l'impact de Place Royale, sur
la plan touristique, a été absolument énorme. La
première année, c'est-à-dire dès 1971, alors que
nous n'avions que sept ou huit maisons à peine restaurées, nous
avions au ministère ouvert une espèce de centre d'information qui
comportait l'exposition de certains objets d'ordre archéologique
trouvés lors de travaux et nous avons eu des centaines de milliers de
visiteurs, tant du Québec que de l'étranger. C'est ceci qui nous
a permis de prendre conscience de la signification de ce grand projet.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cela doit se faire le 24 juin et
pourquoi aurait-on refusé qu'on y tienne des manifestations dans le
cadre des fêtes de la Saint-Jean?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pense pas qu'on ait refusé quoi que
ce soit. Cette cérémonie d'inauguration de la saison a lieu le 15
juin. On m'informe qu'il y aura également des fêtes de la
Saint-Jean.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a pas été
refusé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'a pas été refusé,
j'ai même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela l'avait été au
départ.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! cela l'avait été? En tout cas,
moi, je sais que j'avais donné le feu vert. J'ai même écrit
une lettre au maire de Québec.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, il y a quelques jours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dites donc, vo-
tre service d'information va m'imposer de faire une enquête.
D'ailleurs, elle est déjà assez avancée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourra me donner ses
sources de renseignements?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais soyez prudent, parce que j'ai
déjà commencé à faire filtrer par les gens que vous
avez en place certains documents qui risquent de vous mettre sur de fausses
pistes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois qu'il faut faire ici une mise au
point qui s'impose. Je la fais tel que le règlement me le permet. Que le
ministre soit assuré de la loyauté de ses fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le suis, vous savez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'autre part, je tiens à dire que je
n'ai jamais communiqué avec quelque fonctionnaire que ce soit. Quand
j'ai eu à communiquer avec le ministère des Affaires culturelles,
j'ai communiqué avec le cabinet du ministre pour des questions qui
relevaient de ma circonscription. La seule exception, c'est qu'un jour j'ai
appelé il y a un an et demi peut-être M. Cartier, de
la Bibliothèque nationale, pour lui demander un renseignement sur un
Uvre que je possédais et dont je voulais connaître la valeur.
C'était, pour l'information du ministre, le dictionnaire du père
Lejeune.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me suis permis cette remarque uniquement,
parce que le député de Chicoutimi avait laissé entendre
qu'il avait des documents, qu'il était au courant de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais je veux bien que le ministre sache
que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... ma lettre au maire de Québec
aussi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... ses fonctionnaires sont parfaitement
loyaux. Il doit comprendre que, dans une administration, il y a bien des
petites nouvelles qui filtrent et que, quand on fréquente un peu les
restaurants de Québec, on entend bien des choses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah bon! Comme je ne les fréquente
pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et comme il y a des fonctionnaires qui parlent
fort, qui ont des voix fortes, quand on a l'oreille sensible, on entend.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! Ah!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est aussi simple que cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député de Chicoutimi
pourrait déposer une liste des restaurants?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excellente suggestion, ce qui permettra
d'affiner le goût du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Son système de renseignements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons aux choses sérieuses. Le
ministre me disait qu'il avait adressé une lettre au maire de
Québec lui indiquant son intention de permettre des manifestations sur
les lieux de Place Royale. Cela me rassure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je confirme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous confirmez. La lettre, d'ailleurs, est
très explicite. Elle est charmante et bien tournée. Ce n'est pas
le ministre qui l'a écrite, mais quand même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous seriez étonné. Je reprends
presque toutes les lettres qu'on me présente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas pour les corriger.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très fréquemment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas pour les corriger.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les assouplir. Parce qu'il y a un style
administratif que je trouve souvent provocant, je n'hésite pas à
le dire, et très fréquemment, les lettres sous ma signature sont
reprises par moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien. J'en ai plusieurs autographes du
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En général, quand je signe quelque
chose, c'est parce que j'ai vraiment fait le tour de la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On le verra dans certains cas. Revenons donc
à cette question de Place Royale, éminemment intéressante.
Quelle est la planification sur une période maintenant de quatre ou cinq
ans de développement de Place Royale? Il y a X maisons de
rénovées. Il y en a X qui le seront. Quel est
l'échéancier que le ministre s'est fixé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'étais fixé, lors de mon
premier mandat, une planification
sur sept ans. Cette planification était assez rigoureuse. Elle
comportait des restaurations à des périodes fixes. Elle
comportait également des aménagements, des maisons
restaurées, à d'autres périodes fixes. On me dit que cette
planification est tombée et je pense que la raison en est probablement
la difficulté de négocier les budgets autrement que d'une
année à l'autre dans le cadre de l'entente des zones
spéciales, de sorte que c'est chaque année que l'on fait
maintenant le programme d'action. J'ai demandé d'ailleurs au
député de Terrebonne de revoir cette question pour essayer
d'évaluer si on ne pourrait pas avoir une planification un peu plus
prolongée. Le système PPBS n'a pas eu encore d'influence
là-dessus parce que c'est vraiment une question d'obtenir les fonds
nécessaires. On les obtient du gouvernement fédéral dans
le cadre de l'entente sur les zones spéciales. Cette entente est
négociée par l'OPDQ. Il y a des comités mixtes. Chaque
année, on est obligé de présenter un programme.
Cependant, ceci n'exclut pas qu'il y ait une planification sur plusieurs
années et qu'on se base sur cette planification pour entreprendre des
travaux. Or, je crois comprendre que ce qui avait été
prévu n'a pas pu être respecté et le député
de Terrebonne doit me présenter bientôt un plan qui porterait sur
les trois années à venir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, justement, le ministre ne pourrait
pas parce qu'on a quand même maintenant une idée de ce que
Place Royale peut comporter au point de vue de l'affectation budgétaire
présenter une demande globale avec évidemment certaines
clauses de réserve au ministère fédéral, par le
canal de l'OPDQ, afin d'être assuré que le gouvernement central
s'engage à fournir sur une période de X années un montant
de tant de millions de dollars, ce qui permettrait non seulement une
planification meilleure mais une accélération des travaux de
Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que j'ai fait lorsque j'ai
démarré les travaux de Place Royale. Je les ai
démarrés avec une planification, un cheminement critique qui
était vraiment très rigoureux. Malheureusement, le gouvernement
fédéral n'a pas voulu s'engager, puisqu'il s'agissait d'une
entente renouvelable, comportant des budgets à renouveler chaque
année. L'entente se termine d'ailleurs l'an prochain. Je rappelle
qu'elle est négociée par l'OPDQ et il y aura là un
problème. Il faudra essayer de voir quelle suite sera donnée,
pour que l'entente soit reconduite ou qu'il y ait un autre type d'entente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'entente tenait pour combien
d'années?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cinq ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cinq ans. Et elle expire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle expire l'an prochain.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais elle n'est pas automatiquement
reconduite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout le...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est impossible d'obtenir des
comités...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... OPDQ, ministère de l'Expansion
économique, de qui relève l'administration de cette entente, ce
que j'ai tenté d'obtenir, moi, pendant un an et demi,
c'est-à-dire une approbation qui nous aurait permis de pouvoir compter
sur tel budget, chaque année. Le plan initial que j'avais
présenté était d'à peu près $18 millions, si
ma mémoire est bonne, $18 millions à $20 millions. C'est ce que
j'aurais souhaité voir approuvé, même d'une façon
conditionnelle, un peu comme on le fait si vous me permettez une
comparaison puisée à l'Education pour les investissements
universitaires. Nous présentons, pour les investissements
universitaires, un plan de cinq ans, mais il n'y a que la première
année qui est assurée; les autres chiffres sont donnés de
manière indicative. Cela permet tout de même de tenir compte d'une
tendance, et c'est ce qui me parait manquer actuellement à Place Royale.
Il semble que, d'une année à l'autre, c'est cela, on
décide ce qui sera réalisé et il est vraiment difficile de
savoir quand le projet sera terminé, de quelle façon il sera
terminé et également ce qu'il va impliquer comme coût.
C'est une situation à revoir.
M.TREMBLAY (Chicoutimi); Toujours au chapitre de Place Royale, est-ce
que le ministre pourrait nous dire qui sont les architectes actuellement
responsables du projet, soit du ministère ou soit des architectes dont
on a requis les services à l'extérieur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député de Chicoutimi
pourrait reprendre sa question? Il y a un mot qui m'a
échappé.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je demande au ministre, dans le cas de Place
Royale, qui sont les architectes qui ont été chargés des
travaux, quels sont ceux qui le sont actuellement et quels sont ceux qui le
seront dans les semaines ou les mois à venir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai sous les yeux le plan des ravaux
prévus pour cette
année. L'ensemble est divisé en îlots qui sont
numérotés. Je peux citer le nom de la maison Lavigne et Marquis
pour trois maisons de l'îlot 9.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De Québec?
M. CLOUTIER(Ahuntsic): Oui. Labelle, Marchand et Geoffroy, pour les six
autres maisons du même îlot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De quel... M. CLOUTIER (Ahuntsic): De
Montréal. M. TREMBLAY (Chicoutimi): De Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... Dupéré pour quatre maisons de
l'îlot 7...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dupéré de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De Québec. Voilà pour les projets
de l'année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour les projets de l'année.
Les projets antérieurs ont été
exécutés par quel architecte?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par Lavigne et Marquis pour l'îlot 5;
Laroche et Déry pour l'îlot 6, enfin une partie de l'îlot 6;
Laroche et Déry pour l'îlot 3; Dorval et Fortin pour l'îlot
2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Québec, Dorval et Fortin?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Québec, oui, me dit-on, et Ayotte. Il n'y
a eu que des plans de faits et une suite n'a pas été
donnée pour des raisons, je pense, liées à des
approbations de la ville de Québec ou à des questions
d'homologation de terrains.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ayotte était de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De Montréal. Il y a à Place
Royale un coordonnateur qui est M. Roy, ici. Qui choisit les architectes?
Est-ce la responsabilité du coordonnateur sur approbation du
ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le ministre qui choisit les
entrepreneurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le ministre qui choisit les
entrepreneurs sur une liste...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, sur une liste. Je vous signale que
moi, je n'ai pas eu une seule décision à prendre de ce point de
vue...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Préférentielle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas eu à prendre de
décision. Je n'ai nommé personne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais enfin, il existe une liste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un certain nombre d'architectes, oui, qui
sont considérés, mais quand un des éléments...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je tiens à savoir s'il y a une liste
préférentielle...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de liste
préférentielle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une inquiétude
légitime.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que nous tenons compte surtout de
l'expérience, et le nombre d'architectes qui ont une expérience
en restauration est extrêmement faible au Québec. En fait, nous
avons contribué à en former un bon nombre et c'est pour ça
qu'il ne faut pas s'étonner de retrouver les mêmes noms, parce
qu'il y a tout intérêt à ce que les techniques se
ressemblent jusqu'à un certain point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, dans le travail de restauration...
Comment procède-t-on lorsqu'il s'agit de récupérer les
matériaux et comment procède-t-on lorsqu'il s'agit d'utiliser du
matériau neuf? Est-ce qu'il y a des appels d'offres, etc? De quelle
façon cela se fait-il?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne semble pas y avoir eu de soumissions ou
d'appel d'offres.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne demande pas au ministre s'il semble ou
non. Est-ce qu'il y a eu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons commencé incessamment à
en demander. Il n'y en avait pas avant. C'est aussi un aspect dont s'occupe
activement le député de Terrebonne. Parce qu'il y avait un
problème. Le problème est le suivant: il est extrêmement
difficile de procéder pour des restaurations comme on procède
pour des constructions neuves. Je ne connais aucun pays au monde qui a
réussi à résoudre ce problème d'une façon
satisfaisante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est évident.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ainsi, par exemple, qu'en France, pays que
je connais un
peu, il existe bien des devis, mais on ne peut pas procéder par
appel d'offres puisqu'il est à peu près impossible
d'évaluer ce que cela va représenter comme dépense
lorsqu'on restaure. S'il fallait procéder par devis, nous en arriverions
à des sommes fabuleuses, les architectes comme d'ailleurs les
entrepreneurs voulant se protéger au maximum. C'est la raison pour
laquelle il n'y a pas eu de soumissions par dérogation à
l'arrêté en conseil de ce point de vue. Je dois dire que c'est
là une politique qui existait également sous l'ancien
gouvernement et qui a été continuée pour des raisons
parfaitement logiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, pourquoi je
pose la question, c'est pour encore une fois démythifier l'affaire de
Place Royale. Il y a eu beaucoup de tintouin à ce sujet-là, mais
j'aimerais savoir une chose du ministre: on a parlé des architectes et
tout cela, on sait comment on peut requérir leurs services, chercher des
compétences, ainsi de suite, en former le cas échéant.
Mais dans le cas des entrepreneurs qui effectuent des travaux à partir
des plans et devis dressés par les architectes, est-ce que l'on a
procédé par appel d'offres lorsqu'il s'agissait de travaux
importants dont il était possible d'évaluer le coût?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. On ne fait que
commencer. Maintenant, je ne vous dirai pas qu'il ne faut pas se mettre
à la recherche de formules. J'avais, lorsque j'étais aux Affaires
culturelles, la première fois, demandé au ministère des
Finances, étant donné cette impossibilité de
procéder par soumissions, de nous fournir un contrôleur des
coûts, ce qui avait été fait et ce qui nous a permis de
savoir exactement où nous allions. Il est bien évident que,
lorsqu'il n'y a pas de soumissions précises, il faut contrôler les
coûts parce qu'autrement ils peuvent être augmentés, je ne
dis pas malhonnêtement, mais un peu de par la force des choses. Mon
prédécesseur s'est interrogé également sur des
formules qui permettraient peut-être de pallier l'impossibilité de
demander des soumissions pour la restauration, c'est une réflexion que
poursuit le député de Terrebonne. Il pourrait vous donner des
renseignements là-dessus, mais je crois que le moment n'est
peut-être pas venu. Il y a plusieurs formules possibles...
M.HARDY: M. le Président, peut-être, à titre de
député de Terrebonne, pourrais-je faire valoir mes opinions de
député de Terrebonne...
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est votre droit.
M. HARDY: ... sur ce problème?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est bien entendu que ce sont les opinions
du député de Terrebonne.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont ses opi- nions, mais rien ne
m'empêchera de les partager.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à ce moment-là que nous
les consignerons comme des propos du ministre.
M.HARDY: M. le Président, en tant que membre du parlement du
Québec, représentant d'une circonscription...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Légitime.
M. HARDY: ... Terrebonne, je suis particulièrement sensible au
problème de l'affectation des deniers publics et comme tous mes
collègues de l'Assemblée nationale, je recherche les moyens qui
peuvent permettre que ces deniers publics soient utilisés à
meilleur escient. Or, comme les circonstances veulent que je m'intéresse
d'une façon particulière à ce champ précis de Place
Royale, j'ai eu l'occasion, comme le ministre vient de le mentionner,
d'étudier différentes possibilités qui seraient de nature
à concilier et les exigences particulières de ce genre de travaux
et l'utilisation maximale des deniers qui sont prévus pour cela.
Je pense qu'il y a trois hypothèses que l'on peut envisager.
Quand il s'agit de reconstruction totale ou ce que l'on appelle techniquement
les maisons d'accompagnement ce qui constituera la majeure partie du
programme ou presque la totalité du programme de cette année
c'est-à-dire qu'il s'agit de reconstruire vraiment des maisons
suivant les plans des maisons qui ont existé antérieurement, je
pense qu'il est possible d'avoir recours au principe des soumissions publiques.
Par ailleurs, quand il s'agit de restauration, c'est-à-dire de prendre
des bâtiments existants et de refaire la maçonnerie, de refaire
les murs intérieurs, ce que l'on appelle la restauration, il
apparaît, suivant les spécialistes, à peu près
impossible de faire appel au système des demandes de soumissions
publiques. On risquerait à ce moment-là de se retrouver avec des
coûts de beaucoup supérieurs; l'entrepreneur, ne sachant pas
exactement en quoi vont consister les travaux, va présenter un prix qui
sera peut-être bien supérieur. Devant cette situation, il y a deux
possibilités ou bien on procède par contrat
négocié...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des travaux en régie.
M. HARDY: Ce ne sont pas nécessairement des travaux en
régie parce que dans les travaux en régie, c'est le
ministère qui est le maître d'oeuvre. Mais on confie cela à
un entrepreneur qui est payé suivant les coûts.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Forfaitaire.
M. HARDY: Ou il y a le système de l'entreprise pilote,
c'est-à-dire que l'on confie à un
entrepreneur général le soin de faire la restauration et
lui-même pourra demander des soumissions pour des travaux qui seront
accomplis par des sous-traitants. Parce que même dans les travaux de
restauration totale, on évalue qu'il y a peut-être 60 p.c.
à 70 p.c. des travaux qui peuvent être faits suivant le
système des soumissions publiques: la plomberie,
l'électricité et des choses semblables. Par ailleurs, pour la
maçonnerie, à titre d'exemple, c'est à peu près
impossible. Les autres 30 p.c. pourraient être faits en vertu de contrats
donnés sans soumissions, c'est-à-dire à "cost plus",
l'expression communément employée.
Même quand il s'agit de demander des soumissions à cause de
la nature bien particulière de ce genre de travaux ou si on adopte la
solution de l'entreprise pilote, il faudra quand même que le
ministère recoure à des moyens pour être capable
d'évaluer exactement la nature des travaux pour ne pas s'en remettre
uniquement à l'entrepreneur. Pour y arriver, on a pensé que les
ingénieurs et les architectes qui vont préparer les plans aient
un mandat étendu, c'est-à-dire qu'en plus de préparer ces
plans, ils soient appelés à faire une évaluation des
coûts. Pour augmenter également le contrôle, le
ministère aurait recours à un évaluateur qui aurait pour
responsabilité d'évaluer exactement à partir des plans et
devis quels seraient les coûts. De cette façon, quand on demandera
des soumissions, si les soumissions sont vraiment trop élevées
par rapport aux évaluations de notre propre évaluateur, on pourra
tout simplement refuser, même d'accorder le contrôle au plus bas
soumissionnaire et demander de nouvelles soumissions ou négocier avec le
plus bas soumissionnaire. Quand il s'agira aussi de l'entreprise pilote, encore
là nous pourrons contrôler, nous pourrons vérifier si les
coûts présentés par l'entrepreneur pilote sont vraiment
plus considérables que les coûts réels tels
qu'évalués par nos professionnels et nos évaluateurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un seul inconvénient.
Peut-être pourrais-je dire que je partage entièrement l'opinion
personnelle que vient de donner le député de Terrebonne et
même, s'il m'était permis de la prendre en mon nom, je la
prendrais en mon nom.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre la prend en son
nom?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je la prends en mon nom, avec les virgules.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Consigné, dont acte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci. Il y a un seul inconvénient, c'est
le temps que tout ce processus peut prendre; mais les études sont en
cours et nous verrons comment pallier la difficulté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, dans
l'évaluation, enfin dans l'appréciation que l'on fait des
entrepreneurs, est-ce qu'on a tenu compte de leur compétence à
effectuer des travaux de cette nature?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'élément principal pour ne
pas dire le seul élément qui joue. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle, lorsque je suis arrivé au ministère, j'ai
renommé certains entrepreneurs qui avaient été
engagés par le gouvernement de l'Union Nationale pour certains travaux,
certaines maisons, précisément parce qu'ils avaient acquis cette
expérience.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait déposer
la liste des entrepreneurs qui ont travaillé à Place
Royale...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très certainement, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... afin qu'on puisse avoir une idée
exacte de toutes ces choses fort intéressantes?
Enfin, M. le Président, à ce chapitre de Place Royale, que
l'on a étudié dans le cadre du service des monuments historiques,
en ce qui me concerne, je suis relativement satisfait des renseignements que
l'on nous a fournis. Je souhaite évidemment que les ententes avec le
gouvernement central soit renégociées et que l'on puisse, si je
puis employer l'expression anglaise, faire un "package deal" et le
présenter au gouvernement pour qu'on établisse une planification
et qu'on accélère ainsi les travaux. J'incite le ministre,
évidemment, à beaucoup de prudence dans le choix des personnes
qui doivent effectuer des travaux, ne serait-ce que pour faire taire les gens
qui, ayant des intérêts directs ou indirects, sont toujours
disposés à jeter les hauts cris quand un gouvernement, quel qu'il
soit, prend une décision. Il y a là des intérêts
évidents, il y a des conflits d'intérêts, et cela provoque
tout les bruits et toutes les rumeurs que l'on a entendus et qui circulent
encore.
Je crois qu'il faut féliciter le coordonnateur d'avoir pris
vraiment la chose en main et remercier le ministre de lui avoir donné un
mandat assez large et de lui avoir confié une autorité assez
ferme, et assez forte pour qu'il puisse remettre de l'ordre dans une entreprise
qui risquait de se gâter.
Mais, M. le Président, au service des monuments historiques, il
n'y a pas que Place Royale. Si importante que soit cette question, il y a les
autres monuments historiques. Quels sont les monuments historiques qui ont
été restaurés l'an passé? Oui, pardon!
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on me permettrait? Est-ce qu'il y a
eu une demande de dépôt de documents à propos de la liste
des entrepreneurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, oui. Je signale que c'est dans les comptes
publics. Alors, on va les déposer. Ce sera dans les comptes publics.
Alors on va les déposer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez,
il est midi trente. Est-ce que...
LE PRESIDENT (M. Picard): On ajourne à une heure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On ajourne à une heure normalement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien. C'était tout
simplement pour faire reposer le ministre, le député de
Terrebonne...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, le ministre a une réunion sur les
négociations dans le domaine de l'Education, mais c'est prévu
pour deux heures, alors, il a le temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va lui donner le temps de
déjeuner.
M. le Président, je demandais donc si l'on avait restauré
d'autres monuments historiques dans le Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux monuments seulement, la maison
Légaré et le moulin du Petit-Pré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon! A propos de la maison
Légaré, est-ce que le ministre pourrait nous fournir des
explications concernant le coût, d'abord nous dire quel en a
été le coût, si tout est terminé, quelles
étaient les estimations du ministère, enfin, faire une sorte
d'historique de la question de cette maison dont on a dit qu'elle avait
coûté bien cher au ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maison Légaré, le coût total
est réparti sur plusieurs années, n'est-ce pas, alors je veux...
Le coût total est de $350,000, cela comprend l'achat...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'achat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... au coût de $55,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $55,000. Alors, c'est $350,000?
M. C.LOUTIER (Ahuntsic): Cela a été acheté le 11
juin 1960. Cela comprend également des frais de notaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors le taux total, y compris l'achat, c'est
$300...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est $350,000.
En plus de l'achat d'immeubles, il y a également eu des achats de
lisières de terrain, qui faisaient partie d'autres lots, pour
agrandir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais qu'est-ce qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse d'interrompre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je vous en prie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La restauration proprement dite monte à
$276,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qui explique le coût
très élevé de cette restauration? Qu'est-ce que l'on a
dû faire pour que cette maison en face de l'hôtel de ville,
coûte si cher.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne me semble pas. Les coûts de toutes
restaurations sont écrits. Les coûts de restauration à
Place Royale le sont. Je pense que c'est une contrainte presque
inévitable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, comparativement à d'autres
maisons que l'on a restaurées, la maison Fornel, etc...
Comment expliquer que cela a coûté aussi cher? Il y a bien
des gens qui s'inquiètent, qui se demandent: Mon Dieu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que ce sont surtout des gens qui ne
savent pas ce que peut représenter une restauration. Il faut bien
distinguer reconstruction et restauration. Le député de
Chicoutimi a à faire cette distinction lui-même. Il y a
restauration et restauration. On peut se contenter de mettre des pierres les
unes sur les autres et d'appeler cela une restauration, mais on est loin
d'avoir respecté le style de l'immeuble. Nous restaurons nos maisons
avec, autant que possible, des artisans qui ont acquis les techniques de
l'époque, avec des matériaux qui sont des matériaux
originaux ou des matériaux traités, le cas échéant.
Nous sommes également obligés de faire tout cela en tenant compte
des règlements du ministère du Travail et les coûts sont
élevés. Je crois que c'est un choix à faire. Ou on
restaure ou on ne restaure pas. Ici, on restaure. Et on me dit que ces
coûts sont tout à fait comparables à ceux d'autres maisons.
La maison Fornel remonte déjà à quelques années de
sorte qu'il faudrait ajouter un bon facteur d'augmentation. Dans le coût,
il y a eu une croissance énorme.
La maison Fornel a été restaurée en 1960, 1961.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, il y a une différence de
coût.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les coûts ne
sont à peu près pas comparables. Cela a augmenté
quatre ou cinq fois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je voulais avoir une idée
des coûts par rapport à certaines maisons équivalentes dans
un flot de Place Royale où l'on a fait de la restauration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait comparable avec les
maisons de Place Royale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre aurait un exemple?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. La moyenne à Place Royale est
d'à peu près $300,000.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): $300,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a qui coûtent moins cher, il y en
a d'autres qui coûtent plus cher.
Et ceci pose également pour l'avenir c'est là
qu'une planification s'imposerait certaines décisions, parce que
je constate bien, en regardant le dossier, que les coûts nous ont
échappé. Dans la planification initiale, on s'en tirait pour $20
millions. N'oubliez pas qu'il y a 80 maisons d'impliquées alors que
maintenant, si j'extrapole, j'ai l'impression que l'on va dépasser de
beaucoup ce montant et je m'inquiète sur l'avenir même du projet.
C'est pour cela que j'ai demandé au coordonnateur, sous la direction du
député de Terrebonne, à titre d'adjoint parlementaire,
d'essayer de revoir tout cela et de me présenter une planification sur
au moins trois ans.
Sur la base actuelle, les coûts vont doubler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que l'on utilise actuellement la maison
Légaré? A quoi sert-elle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est prête à être
utilisée. Ce qui a retardé, ce sont certains règlements du
ministère du Travail touchant des escaliers de secours, et tout cela est
en train d'être corrigé.
Je n'ai rien d'autre à ajouter, à moins que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que l'on va en faire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De la maison Légaré?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas encore déterminé. Le
programme comprendrait un établissement commercial au
rez-de-chaussée et deux logements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais quel type d'établissement
commercial, parce que j'ai vu quand même la maison et je vois mal qu'elle
se prête à une exploitation commerciale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On pense à un établissement
d'artisanat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'artisanat. Elle a déjà
d'ailleurs été occupée par, je ne me rappelle pas comment
ça s'appelle, la Coopérative d'artisanat, en tout cas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça. Il semble que ce soit le type
d'établissement commercial qui collerait bien au site.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le coût important de la maison exige
qu'on respecte ce qu'on a fait comme restauration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, c'est pour ça que nous
éliminerons tout commerce qui aurait une simple vocation
commerciale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas de discothèque.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'en est pas question !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, on a parlé tout à l'heure
du moulin de Petit-Pré, qu'est-ce qu'on a fait là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le moulin du? M. TREMBLAY (Chicoutimi): De
Petit-Pré.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le deuxième immeuble qui a
été restauré. Le coût total est de $189,000;
ça comprend également l'achat, ça comprend tous les frais
afférents. Sa vocation n'est pas encore déterminée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demande pardon au ministre, parce que je
causais avec son collègue du Lac-Saint-Jean. C'est combien le
montant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un montant de $189,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des projections, ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non, c'est la totalité des
coûts depuis le début, y compris l'achat, y compris les
dépenses afférentes, y compris le gardien de garage. C'est le
prix total.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'on va faire là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On ne sait pas encore. Il y a des études
en cours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère en est
propriétaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et on ne sait pas du tout ce qu'on va en
faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas, semble-t-il, un immeuble facile
d'utilisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je le sais. Je l'ai vu.
M. LEDUC: M. le Président, est-ce que le monument de Duplessis
fait partie des monuments historiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a plusieurs possibilités qui sont
envisagées actuellement. Peut-être un musée, qui serait un
peu spécialisé sur ce que sont les moulins dans l'histoire du
Québec. C'est dans une perspective d'aménagement touristique que
nous sommes en train d'évaluer ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'insiste pas, je comprends que ce n'est
pas facile d'utilisation.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Taillon, je crois,
a une question pour le ministre.
M. LEDUC: Oui, je voulais demander, M. le Président, si le
ministre considère le monument de Duplessis comme étant un
monument historique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, un homme d'Etat de cette
envergure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense qu'il faudrait
d'abord consulter la Commission des biens culturels pour avoir son avis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec Lapalme, on n'a pas de chance!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, lorsque j'aurai une recommandation,
j'agirai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La question du député de Taillon
est fort pertinente et remet en lumière la grandeur de ce chef d'Etat.
Alors, M. le Président, revenons...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En tout cas, moi, j'ai vu une photographie de la
statue; je peux dire, en effet, que sa taille est considérable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon! Alors, M. le Président, ceci
étant dit, revenons aux monuments historiques. Où en est-on dans
la restauration des Vieilles Forges?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autre dossier sur lequel j'aimerais bien
entendre le député de Taillon, puisque je l'ai
chargé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De Taillon?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, pardon, je n'ai qu'un adjoint
parlementaire. Le député de Taillon serait tout à fait
compétent pour parler également de bien des aspects du
ministère...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre n'en a pas
décidé ainsi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Terrebonne, dis-je,
non seulement a revu la question, mais a également entamé les
négociations. Je ne sais pas s'il pourrait parler à titre
personnel. Je jugerai ensuite si je peux entériner ou non certains de
ses dires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais connaître l'opinion
personnelle du député de Terrebonne.
M. HARDY: Lorsque j'ai été nommé adjoint
parlementaire auprès du ministre des Affaires culturelles, il y avait
entre autres, ce dossier des Vieilles Forges où déjà
certains travaux ont été faits dans le cadre de la zone
spéciale. Il y avait eu l'automne dernier des négociations au
niveau du ministre d'alors, le député de Marguerite-Bourgeoys, et
du ministre du Grand-Nord, l'honorable Jean Chrétien. Une entente de
principe est intervenue à ce moment-là et les négociations
avaient apparemment été interrompues pendant un certain temps.
Depuis mon arrivée, il y a eu une rencontre au niveau des
fonctionnaires, rencontre à laquelle j'ai participé. Je
prévois d'ici quelques jours rencontrer M. Chrétien afin de
concrétiser cette entente de principe.
Ce que nous cherchons, de notre côté, dans la
concrétisation de cette entente, c'est de faire en sorte que les
intérêts du Québec, tels que nous les définissons
sous ce chapeau général de la souveraineté culturelle,
soient 'respectés, c'est-à-dire que le gouvernement puisse, avec
la collaboration du gouvernement fédéral, puisque ce gouvernement
dispose de fonds assez intéressants, établir des priorités
dans la réalisation de ce programme de restauration des Vieilles
Forges.
M. LEGER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plait ! Je reconnais le
député de Lafontaine comme remplaçant du
député de Saint-Jacques au sein de la commission et je lui
cède la parole.
M. LEGER: Concernant justement l'Héritage Canada auquel on
faisait allusion et à la responsabilité de M. Chrétien
dans les négociations en cours avec lui, est-ce que le
député peut nous dire si, quand le fédéral
s'approprie ou achète des terrains dans le territoire du Québec
et qu'il peut se permettre d'avoir des budgets qui déclassent le budget
que le ministère des Affaires culturelles du Québec peut
établir, il y a des négociations qu'il veut entreprendre pour
permettre que, là comme dans d'autres cas, même si c'est le
fédéral qui finance, ce soit administré par le
Québec?
M. HARDY : C'est-à-dire que comme j'ai eu l'occasion de le
mentionner à Ottawa et à quelques reprises depuis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi,
je ne veux pas interrompre le député de Lafontaine il est
bien entendu que le député de Terrebonne parle actuellement
à titre personnel.
M. HARDY: A titre personnel, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'écoute très attentivement et
j'éplucherai chacune de ses paroles pour essayer de donner ma caution ou
non.
M. HARDY: Ce problème des Vieilles Forges ne peut pas être
discuté d'une façon séparée de l'ensemble du
problème de l'intervention fédérale dans le domaine des
affaires culturelles. C'est pourquoi le ministre, ai-je entendu dire,
doit...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Formation juridique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a aussi des informations, lui. Je ne suis
pas le seul à en avoir.
M.HARDY: Le ministre actuel avait déjà entamé* des
pourparlers avec le secrétaire d'Etat du temps, M. Pelletier,
pourparlers qui, encore une fois j'ai cru le comprendre doivent
se poursuivre incessamment avec le nouveau secrétaire d'Etat, M.
Faulkner, afin d'arriver à déterminer une politique qui
permettrait au Québec de déterminer ses objectifs, ses
priorités dans le domaine culturel et qui permettrait, par voie de
conséquence, de coordonner l'action fédérale et
provinciale. Et il y a différentes formules dont on peut s'inspirer et,
entre autres, la formule utilisée à Place Royale ou la formule
utilisée dans le cadre de l'ODEQ ou dans les autres zones
spéciales, ce qui se produit actuellement dans la région de
Sainte-Scholasti-que. Ce sont des formules, je pense, qui peuvent être
utilisées et qui correspondraient aux objectifs que poursuivent des gens
comme ceux du front commun parce qu'au fond... Evidemment, il y a une certaine
discussion quant aux formules utilisées. On parle de rapatriement. Je
pense que ce qui est important de ne pas perdre de vue, ce sont les objectifs
et que, là-dessus, les objectifs que le ministère semble
poursuivre et les objectifs des gens du front commun se rejoignent. Parce
qu'encore une fois il s'agit d'éviter cette espèce d'anarchie qui
existe actuellement par le fait que le Conseil des Arts du Canada ou le
Secrétariat d'Etat agit d'une part et que nous, nous agissons d'autre
part, sans qu'il y ait une certaine coordination, sauf dans un domaine comme
celui des musées. A la suite de l'entente que le ministre des Affaires
culturelles a conclue avec Ottawa, il y a vraiment une coordination dans le
domaine des musées avec la formule des musées
associés.
M. LEGER: Prenons un exemple bien concret, l'Ilot de l'Arsenal où
le fédéral mettra un budget assez important de plusieurs millions
et où le Québec n'a absolument rien à dire.
M.HARDY: Oui. L'îlot de l'Arsenal et les Plaines d'Abraham sont
déjà des territoires fédéraux.
M. LEGER: Une autre partie qu'on a perdue!
M. HARDY: Je pense que si on veut être pratique et espérer
voir des choses concrètes se réaliser, il faut travailler pour
l'avenir et non pas pour le passé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, il est assez normal que le
gouvernement du pays possède certaines parties du territoire. Cela ne me
choque en rien.
M. LEGER: Oui, mais quand on sait que le domaine de la culture est ce
qu'il y a de plus cher aux Québécois et que c'est le gouvernement
fédéral qui aurait à administrer même l'aspect
culturel d'un territoire dont il est devenu le propriétaire, quel est le
rôle du ministère des Affaires culturelles là-dedans?
M. HARDY: M le Président, si l'on permet de nouveau au
député de Terrebonne de dire un mot là-dessus. Au
début de ses remarques hier, le ministre, le député de
Chicoutimi... Dans la coutume française, on pourrait encore appeler le
député de Chicoutimi ministre parce qu'en France, lorsqu'on a
été ministre, on l'est jusqu'à sa mort.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une invitation que je retiens.
M. HARDY: Quant au titre, même si on n'a jamais de portefeuille.
La responsabilité ministérielle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je retiens cette invitation
discrète.
M. HARDY: Je ferine la parenthèse. M. PILOTE: Un ministre
déchu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si je pourrais approuver cette
partie du discours du député de Terrebonne.
M. HARDY: Pour répondre au député de Lafontaine et
également au député de Chicoutimi, avec la constitution
actuelle et je ne dis pas que la constitution actuelle est valable et ce
qu'il y a de mieux à ce point de vue les experts en droit
constitutionnel...
M. LEGER: Il y a de plus en plus de réserves.
M. HARDY: ... ne sont pas d'accord pour dire que le domaine de la
culture est de juridiction exclusive et de compétence exclusive du
gouvernement provincial, tandis que, dans le domaine de l'éducation, il
n'y a aucun doute, mais comme... Et cela se comprend, lorsque les pères
de la Confédération ont rédigé le texte...
M. LEGER: Ils manquaient de culture.
M. HARDY: Non, mais la culture n'était pas un domaine où
les gouvernements, en tout cas, d'une façon très explicite,
intervenaient. C'est la raison pour laquelle on ne s'est pas prononcé
d'une façon précise sur ce domaine. C'est pour cela qu'il y a un
certain flottement quant à savoir où est la compétence.
Une opinion encore plus personnelle que je peux exprimer c'est vraiment
l'opinion du député de Terrebonne qui n'engage en rien le
ministère je pense que, si on interprète l'économie
générale du texte constitutionnel de 1867, non pas la lettre du
texte, mais l'économie générale de ce texte, la culture
devrait relever des provinces parce que, puisqu'on en a décidé
ainsi de l'éducation, je pense que, si la culture avait
été en 1867 un domaine où les gouvernements intervenaient,
les législateurs de 1867 auraient confié aux provinces le domaine
de la culture. Mais comme cela n'existait pas, c'est un domaine...
M. LEGER: Une zone grise...
M. HARDY: ... une zone grise qu'il y aurait lieu peut-être de
préciser dans d'éventuels amendements à la
Constitution.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une question
précise? Depuis que le ministère a adopté le bill 2, la
Loi sur les biens culturels, est-ce qu'il a obtenu un avis juridique sur la
possibilité que cette loi provinciale s'applique sur les territoires qui
appartiennent au fédéral?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai déjà répondu à
cette question par la négative. Je crois comprendre que l'ancien
ministre s'y était engagé. Je vais faire reprendre cette question
et j'ai déjà donné des instructions, pendant que parlait
le député de Terrebonne, pour qu'on puisse y donner suite.
Puis-je ajouter, M. le Président, pour la bonne tenue de nos
débats qu'après mûre réflexion et une analyse rapide
des dires du député de Terrebonne, je souscris entièrement
à ce qu'il a anoncé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Terrebonne, parlant en son nom non pas personnel
puisque, quand on parle, c'est toujours en son nom personnel, évitons le
pléonasme a parlé d'une entente de principe. Est-ce que le
ministre responsable pourrait nous dire à quel moment est intervenue
cette entente et quels en sont les termes exacts? Est-ce qu'il pourrait
déposer le document?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le 25 octobre 1972, une entente est intervenue
entre Mme Claire Kirkland-Casgrain, ministre des Affaires culturelles du
Québec, et M. Jean Chrétien, ministre des Affaires indiennes et
du Nord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous quelle forme? Sous la forme d'un
télégramme, d'une lettre ou d'un document signé?
M.HARDY: C'est-à-dire qu'il y a eu une lettre de la part du
ministre, député de Marguerite-Bourgeoys.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le président, est-ce que le ministre
pourrait déposer cette lettre à laquelle a fait allusion le
député de Terrebonne?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas m'y engager, M. le
Président, parce que je n'ai pas retrouvé cette lettre, le texte
de la lettre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, substantiellement, est-ce que le
ministre pourrait nous dire quels sont les termes de cette entente?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, parce qu'il y a eu un communiqué qui
a été rendu public et qui faisait état du principe de
l'entente, laquelle entente était intervenue sur le développement
des Vieilles Forges et celui du vieux moulin à vent dans la
municipalité de Pointe-du-Moulin à l'île Perrot, dans la
région de Montréal. "Le ministre des Affaires culturelles a
convenu de remettre au ministère des Affaires indiennes et du Nord le
site historique des Vieilles Forges, afin qu'il soit aménagé en
parc historique national. En retour, M. Chrétien s'est engagé
à y entreprendre, durant les trois prochaines années, des travaux
de plus de $1 million dans le but d'évaluer son potentiel historique.
Ces travaux comprendront entre autres là, il y a la description
des travaux envisagés: stabilisa-
tion des ruines, recherches archéologiques et historiques,
administration du site. En retour, le ministre des Affaires indiennes et du
Nord a convenu de remettre au ministère des Affaires culturelles du
Québec le site historique du moulin à vent situé dans la
municipalité de Pointe-du-Moulin, afin d'assurer son
développement historique qui sera administré par le gouvernement
du Québec. A cette fin, le ministère des Affaires indiennes et du
Nord partagera à part égale avec le ministère des Affaires
culturelles les coûts de son aménagement historique, selon un plan
qui sera élaboré au cours des prochains mois".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous lire le
télégramme? Le ministre pourrait-il nous dire s'il y a un
télégramme qui confirme l'entente de principe? Il a dit qu'il y
avait une lettre. J'aimerais bien, parce que c'est bien important, que nous
soyons renseignés là-dessus. Il y a un communiqué, le
communiqué fait état de conversations. Mais est-ce qu'il y a un
texte?
Est-ce qu'il y a eu une lettre du ministre des Affaires culturelles de
l'époque? Est-ce qu'il y a eu une réponse de M. Chrétien
qui définissait les termes de l'entente? Est-ce que le ministre a bien
compris ce que je lui demande? Est-ce qu'il y a eu une lettre de l'ancien
ministre des Affaires culturelles, une réponse de M. Chrétien,
lettres dans lesquelles on retrouverait les termes de l'entente?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce qu'il y aurait objection à ce que
le député de Terrebonne, en son nom personnel puisque le
hasard a voulu qu'il soit au courant de tout l'ensemble de la question
réponde?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne peux pas empêcher un membre de la
commission de s'exprimer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme il a déjà commencé,
il y aurait continuité dans nos travaux.
M. HARDY: M. le Président, en tant que représentant
élu du peuple, il m'a été donné de prendre
connaissance du dossier des Vieilles Forges du ministère des Affaires
culturelles. A la lecture de certains documents du dossier, j'ai pu voir qu'il
y avait eu des conversations entre le ministre des Affaires culturelles, le
député de Marguerite-Bourgeoys et le ministre du Grand Nord, M.
Chrétien. Je n'ai pas retracé de documents écrits,
télégrammes, lettres. Mais il y a des mémoires, des notes
qui témoignent qu'il y a eu des conversations au niveau
ministériel. Je voudrais simplement ajouter une chose à ce que le
ministre a dit tantôt. C'est que justement les discussions qui font suite
à l'entente de principe ont actuellement élargi un peu le cadre
de l'entente puisqu'on envisage la possibilité d'étendre les
travaux à non seulement le moulin de l'île Perrot, mais à
l'ensemble des moulins du Québec. C'est une des clauses que l'on discute
actuellement afin que tous les moulins susceptibles d'être
restaurés au Québec puissent être intégrés
à cette entente générale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il y a eu
conversation, entente de principe, etc., il n'y a pas de document signé,
c'est à renégocier. Mais est-ce qu'à toutes fins utiles,
cela voudrait dire que le gouvernement central devient propriétaire du
site de Vieilles Forges et est-ce que, par ailleurs, le gouvernement du
Québec en conserve l'utilisation et l'exploitation?
M. HARDY: L'entente de principe, d'après ce que j'ai vu... Je
n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer M. Chrétien.
Encore une fois, la seule rencontre que j'ai eue c'est au niveau des
fonctionnaires, fonctionnaires de notre ministère et fonctionnaires du
ministère du Grand Nord. Evidemment, au moment où j'aurai pu
parler à M. Chrétien, je connaîtrai davantage ce qui s'est
fait réellement. Je sais, entre autres, qu'il y avait une
possibilité qu'il y ait une période transitoire, une
période de quatre ans, avant qu'il y ait vraiment échange de
terrains. C'est-à-dire que, pendant quatre ans, le gouvernement
fédéral aurait investi des sommes sur le site des Vieilles Forges
et il y aurait également eu des sommes d'investies au moulin de
l'île Perrot. C'est au moment où les conversations ont eu lieu
entre les deux ministres. Il y a eu entente de principe mais il reste encore
en tout cas tel que j'ai compris le dossier place à
beaucoup de négociations. Il y a des choses qui peuvent changer quant
à la nature exacte.
Quant à moi, je pense qu'il y a lieu d'explorer
différentes avenues je l'ai dit à l'Assemblée
nationale la semaine dernière qui permettraient que l'on puisse
mettre en valeur les Vieilles Forges. Il est évident qu'avec nos seules
ressources il est impossible d'y penser dans l'immédiat. Je pense qu'il
faut être pratique, il y a lieu de collaborer avec le gouvernement pour
mettre en valeur les Vieilles Forges, mais tout en garantissant certaines
choses auxquelles tient le Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'imagine que ces
propos sont ceux du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Tout à
fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je serais
disposé, quant à moi, à adopter le programme 2.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 2 du programme 2,
adopté?
M. BROCHU: Adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Avant d'annoncer la suspension des travaux,
est-ce qu'on me permettrait de suggérer la tenue d'une conférence
au sommet afin d'étudier la possibilité de lever l'embargo
sur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On verra ça en temps et lieu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les choses se passent normalement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous voyez que cela se passe bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les travaux sont suspendus jusqu'à 4
heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
Reprise de la séance à 16 h 9
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue l'étude des crédits du ministère
des Affaires culturelles. Nous en étions au programme 3,
élément 1 : Direction et gestion interne.
Gestion interne et soutien
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui concerne les
éléments 1 et 2, étant donné que cela a
déjà fait l'objet de discussion générale, je suis
prêt à adopter ces deux éléments.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, élément 1, programme 3.
Adopté. Elément 2, programme 3. Adopté.
Elément 3 : Développement culturel régional.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, au chapitre du
développement culturel régional... Avant cela, M. le
Président, un instant. Où sont mes grands papiers? On pourrait
peut-être adopter aussi le programme 4, élément 1. Il y a
des choses techniques...
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous voulez retenir l'élément 3
du programme 3?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'élément 3 du programme
3 est retenu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En somme, nous adoptons ce qui a fait l'objet
d'une discussion générale et les programmes purement
administratifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Arts plastiques
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 1, programme 4.
Adopté.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Elément 1... M. BROCHU: Initiation
à la création?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est cela.
M. BROCHU: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et l'élément 2.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'élément 2 du programme 4.
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec une seule petite réserve pour le
budget d'acquisition des deux musées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'ai cité, je pense, lors des
dernières discussions. Il est peu élevé, il est d'à
peu près, pour les deux musées, $120,000.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Richmond.
M. BROCHU: Sur l'élément 1, j'aurais eu une petite
question au niveau des transferts.
Il y a un montant de $936,000 qui apparaît à la
catégorie 10, "transfert", élément 1: Incitation à
la création...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va attendre à la fin.
M. BROCHU: D'accord. Alors, on peut peut-être réserver pour
la fin...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Plus la catégorie "transfert".
M. BROCHU: ... l'étude de la question des transferts à
travers tous les budgets, étant donné que l'on veut faire une
critique globale qui est assez importante.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, élément 2du programme 4,
adopté.
Arts d'interprétation
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au programme 5, je
suis disposé à adopter l'élément 1.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'élément 1, programme 5.
Adopté.
Cinéma et audio-visuel
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Programme 6, élément 1 et
élément 3.
LE PRESIDENT (M. Picard): Eléments 1 et 3du programme 6,
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. Alors, M. le Président,
si on revient au programme 3...
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 3, programme 3.
Gestion interne et soutien (suite)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'aimerais avoir du ministre certains
renseignements sur la politique de développement culturel
régional. Sans entrer dans les généralités et les
exposés de principe sur la nécessité de la
décentralisation ou de la déconcentration, etc., j'aimerais lui
poser une question très précise: Combien de bureaux
d'aménagement culturel, si on les appelle encore ainsi, ont
été créés depuis 1970?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis 1970? M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis
1970.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En 1970, il y en avait trois, nous avons
maintenant six bureaux et nous envisageons d'ouvrir, comme je l'ai
indiqué au tout début, je pense, deux ou trois bureaux
supplémentaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre pourrait
nous donner une idée de la programmation que l'on entend appliquer ou
enfin ce qu'on entend faire comme travail d'activité, d'animation, de
diffusion dans ces bureaux d'aménagement culturel qui ne me paraissent
pas, à l'heure présente, très dynamiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'ils le deviennent de plus en plus,
M. le Président. La programmation de l'année porte sur à
peu près toutes les directions générales du
ministère. C'est ainsi que, pour les arts plastiques, il y a des
expositions de prévues dans plusieurs bureaux et la programmation que
j'ai sous les yeux permet de voir comment les tournées sont
organisées. Il y a également une exposition d'artisanat dont je
peux me servir comme exemple qui sera montrée dans la région 5,
c'est-à-dire dans une seule région. Mais il y a d'autres
expositions comme une exposition qui porte sur des peintres de moins de 35 ans,
bien que je trouve un peu odieux que l'on détermine l'âge de 35
ans comme étant une espèce de lieu de passage...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi qui allais commencer à peindre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle sera montrée dans les bureaux deux,
trois, quatre, cinq et six.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est mon appartement que je veux peindre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On vient de déposer une loi sur la
construction. Je ne crois pas qu'on puisse discuter de cet
aspect-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas ma carte de travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le domaine du théâtre,
c'est-à-dire les spectacles, il y a un certain nombre de tournées
d'organisées et qui seront montrées dans la majorité des
bureaux existants. Il y a également la danse, la musique et le
cinéma. Le total de tous les projets est de 45.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire un montant global, grosso modo,
de combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Du budget?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du budget.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $215,000. Ce que je voudrais faire remarquer,
c'est que tous ces projets ne viennent pas du ministère. Ils sont
conçus, définis par le milieu lui-même, le ministère
dans certains cas n'apportant qu'une aide technique.
M. BROCHU: On permet un dynamisme des populations locales et une
participation mixte et du bureau régional et des organismes locaux.
Est-ce que ces expositions sont prévues dans le cadre d'expositions
à endroits fixes ou s'il y a un élargissement possible dans une
région?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles sont toutes itinérantes. Elles vont
d'une région à l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Elément 3, programme 3,
adopté. Nous passons maintenant à l'élément 2 du
programme 5: Soutien aux arts d'interprétation.
Arts d'interprétation (suite)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, il y a le service de la musique dont le
titulaire est toujours M. Bouchard... c'est-à-dire à la
direction, c'est M. Vallerand.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Vallerand, oui, qui est directeur
général.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et le service comme tel, c'est M. Bouchard,
pour la musique. J'aimerais poser simplement une question ici. D'abord, une
question d'ordre général qui aurait pu entrer dans le cadre des
conservatoires, mais comme c'est l'enseignement et tout cela, je la pose ici.
Est-ce que le ministre pourrait répondre à la question que je
formulais hier dans mes observations préliminaires concernant les
équivalences de diplômes entre les conservatoires et les
écoles de musique? Comment en est-on venu à des ententes avec le
ministère de l'Education?
Puisque là, j'ai les deux ministres en même temps devant
moi...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II existe au niveau de nos conservatoires un
diplôme qui s'intitule: Diplôme de formation des maîtres. Ce
dernier diplôme est reconnu par le ministère de l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis quand?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et c'est d'ailleurs le plus important à
reconnaître.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis quand?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis exactement trois mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Trois mois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai déjà indiqué que
j'allais profiter de cette période où le même titulaire
peut diriger deux ministères via certains recoupements pour tenter de
mettre fin à quelques-uns d'entre eux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait me dire, en sa
qualité de ministre des Affaires culturelles en même temps que de
ministre de l'Education, s'il a pensé à nouveau et trouvé
des solutions au problème du double emploi que constitue l'existence de
l'enseignement professionnel de la musique dans les conservatoires et, d'autre
part, l'enseignement de la musique dans les maisons d'enseignement,
écoles privées, semi-privées et universitaires, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de double emploi si l'on pense
à l'enseignement donné dans les conservatoires et à
l'enseignement donné dans le réseau d'enseignement.
L'enseignement au niveau du conservatoire est un enseignement professionnel. Au
niveau des écoles du réseau des commissions scolaires ou du
réseau collégial, il s'agit à ce moment d'un enseignement
de formation. En revanche, on peut très certainement parler de double
emploi lorsque l'on pense aux écoles privées mais là, il
ne me paraît pas anormal qu'il y ait plusieurs débouchés
possibles. Et une certaine concurrence est peut-être même
souhaitable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La seule inquiétude je l'ai
souvent exprimée et je l'ai déplorée quand j'étais
ministre c'est un problème d'équipement, d'investissement
en ressources financières, en ressources humaines aussi, parce qu'il
arrive souvent qu'on ait du mal à trouver des professeurs et que ces
professeurs enseignent dans d'autres maisons. J'aimerais bien savoir si le
ministre a établi un plan de coordination qui permette d'alimenter en
ressources physiques et humaines tout ce réseau d'écoles
où l'on enseigne la musique, que
ce soit l'enseignement professionnel ou l'enseignement dit de formation
ou de culture.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nos diplômés du conservatoire se
placent très facilement. Il ne semble pas y avoir de chômage et
ces écoles servent très souvent de débouchés pour
eux. J'ajoute que nos conservatoires, je pense, ont fait leurs preuves et,
même si quelques-uns d'entre eux ne jouissent pas encore des locaux, de
l'équipement qu'il serait souhaitable, pour des raisons
budgétaires... Je crois que l'on peut dire que, sur le plan des
ressources humaines, ils sont probablement les mieux nantis des centres
musicaux au Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce chapitre de la musique, il y a lieu, je
pense bien, de parler un petit peu d'une grande affaire qui s'appelle
l'Opéra du Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous, parler d'opéra? Très
volontiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous allons entonner les grands airs et mettre
les artistes en place. Le ministre pourrait-il faire une sorte de bilan,
toujours provisoire, de l'expérience de l'Opéra du Québec
depuis sa création? D'abord, j'aimerais savoir du ministre quelle est
actuellement la composition de cet organisme de l'Opéra du
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu, M. le Président, des
changements récents. Le président est le juge Vadeboncoeur et,
dans un instant, je pourrai vous donner le nom des membres de la
corporation.
En attendant, c'est avec plaisir que je vais faire un bilan rapide. Ce
bilan est très certainement positif si l'on pense aux objectifs qui
avaient été poursuivis lors de la création de cet
organisme. Un des objectifs était d'impliquer les chanteurs
québécois. Toutes les productions, jusqu'ici, ont compté
une majorité de Québécois.
Un autre objectif était d'impliquer nos orchestres, nos
dessinateurs, nos costumiers, de susciter un vaste mouvement
d'intérêt dans ces professions qui soutiennent le
théâtre. Je crois que, de ce point de vue, nous pouvons
également nous féliciter.
Un troisième objectif était de permettre la
création d'une espèce d'axe Montréal-Québec, en
permettant à Québec, même si, sur le plan de la stricte
rentabilité, il était difficile de monter des opéras,
d'avoir également un certain nombre d'opéras.
De ce point de vue également, je crois qu'on peut parler de
réussite sans hésitation. Je dirais cependant que le bilan n'est
pas positif en ce qui concerne l'aspect administratif. Je le dis clairement,
parce que j'avais, lors de la création de cet organisme, fixé un
programme précis aux administrateurs. Je leur avais demandé
d'accor- der leurs productions au budget que le gouvernement du Québec
pouvait consentir. J'avais insisté à maintes reprises sur la
très grande importance de faire la preuve, pendant une période
peut-être de deux ans, trois ans, qu'un opéra pouvait être
viable compte tenu des limites budgétaires. J'avais également
souligné le fait que l'opéra, malgré le goût
très vif qui existe dans notre population, ne s'adressait qu'à
une partie de cette population et que la responsabilité du
ministère était très large et beaucoup plus large,
puisqu'elle devait s'adresser à tous les Québécois.
Malheureusement, dès ma seconde arrivée, parce que je m'y
perds un peu, au ministère des Affaires culturelles, j'ai fait le point
de l'opéra, pour découvrir qu'il y avait un déficit
important d'accumulé, un déficit d'à peu près
$350,000. J'en ai donc conclu, ce qui semblait bien évident, qu'on ne
s'en était pas tenu depuis mon départ à ces contraintes
administratives que j'avais pourtant clairement indiquées. C'est le
problème des organismes subventionnés, qui ont leur dynamisme
propre et qui, parfois, se laissent emporter par les productions, alors qu'il y
a quand même un certain nombre d'impératifs derrière. Mes
fonctionnaires, à ma demande, ont préparé un plan de
résorption du déficit, parce que non seulement y avait-il un
déficit de $350,000 d'accumulé, mais si la saison 73/74,
c'est-à-dire la saison qui doit commencer, se faisait sur la même
base, on pouvait s'attendre à un déficit de près de
$625,000.
Je n'ai pas accepté cette façon de faire et, au cours
d'une réunion avec l'administration, j'ai carrément
indiqué qu'il fallait premièrement modifier la programmation de
la saison 73/74, quitte à laisser tomber une production et,
deuxièmement me proposer un plan de résorption du déficit
et que c'est à cette condition seulement que le gouvernement
continuerait de subventionner. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on a
accepté cette façon de procéder avec le sourire. On aurait
très certainement préféré que le gouvernement
comble le déficit. Je m'y suis opposé. L'Opéra du
Québec a fait un communiqué disant qu'il acceptait d'annuler une
de ses émissions, c'est-à-dire la présentation du Vaisseau
fantôme.
Mais dans son communiqué, on laisse entendre que cette obligation
vient du fait qu'il a été impossible d'obtenir des subventions
gouvernementales. Ce n'est pas faux, bien sûr, mais je tiens à
bien indiquer que c'est dans le cadre dont j'ai parlé. Ce n'est pas
parce que le gouvernement n'a pas voulu donner de subventions, c'est parce que
l'opéra a été incapable de faire la preuve qu'il arrivait
à s'administrer à l'intérieur du budget que nous pouvions
consentir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a maintenant la liste
des administrateurs de cette régie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le président est M. le juge Vadeboncoeur;
le vice-président est M. Jean-Marie Poitras, qui est le président
de la Régie du Grand Théâtre; comme membres, vous avez M.
Raymond Crépeau, M. Gérard Lamarche, M. Guy Beaulne MM.
Lamarche et Beaulne étant là un peu à titre ex officio
puisque l'un est directeur général de la Régie de la Place
des arts et l'autre de la Régie du Grand Théâtre M.
Gustave Lachance, M. Miville-Deschesnes, M. Lionel Daunais et M. Jean-Paul
Jeannotte.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Desches-nes est-il l'ancien chef du
protocole?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle est sa compétence
particulière dans le domaine musical?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avoue que je l'ignore...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme nous, d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... n'ayant pas fait cette nomination, mais je
pense qu'il s'y intéresse fortement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme beaucoup d'amateurs. H n'y a pas
beaucoup de compétence dans ce domaine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil d'administration n'a pas
nécessairement à être compétent dans les aspects
techniques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va en reparler. Est-ce qu'il y a des
fonctionnaires du ministère qui font partie de ce conseil
d'administration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais nous avons un observateur à
toutes les réunions, qui est M. Emilien Morissette, que connaît,
je crois, le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Miville-Deschesnes reste fonctionnaire du
ministère des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont, outre ses fonctions
d'observateur, enfin quelle peut être son autorité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'autorité de M. Morissette? Dans ce
domaine, nulle.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II vous fait simplement rapport?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne peut que faire rapport. Il s'agit d'une
corporation privée, comme la plupart des organismes culturels au
Québec, laquelle corporation reçoit des subventions, lesquelles
subventions sont assorties de conditions analogues à celles dont j'ai
parlé tout à l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que l'on a réglé le
problème de la direction artistique de l'Opéra du
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un triumvirat, pour une pas dire une
troika, composé de M. Edgar Fruitier et deux autres personnes,
Marie-Thérèse Paquin et John Newmark. Il semble que ce groupe ait
été formé après le départ de M. Simoneau. Il
s'agit d'un amateur dans un cas, M. Fruitier, et de spécialistes dans
deux autres cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Newmark ayant eu vent de sa nomination
alors qu'il était à l'étranger.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'est pas interdit de voyager.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a-t-il l'intention d'exiger de
cette régie tout indépendante qu'elle soit, elle est
dépendante du gouvernement parce que c'est le gouvernement qui la
finance que l'on nomme vraiment un directeur artistique? Parce qu'il
semble absolument aberrant qu'une maison d'opéra n'ait pas un directeur
artistique qui soit un spécialiste du métier, un homme de la
carrière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il y a un problème
réel de ce côté. Dans un premier temps je vais certainement
exiger que l'opéra arrive à s'administrer dans les limites
budgétaires. Dans un deuxième temps, qu'il se réorganise
en particulier de ce point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre parle de limites
budgétaires, mais il lui faut bien comprendre que, ces limites
budgétaires, il ne pourra vraiment les imposer et surveiller
l'utilisation des fonds que donne le ministère qu'à partir du
moment où il y aura un directeur artistique vraiment responsable qui,
étant un homme du métier, un homme de la carrière, sera
capable d'apprécier le coût d'une production. J'écoutais
l'autre jour M. Lamarche, à la télévision, annoncer le
programme de la saison prochaine. J'essayais d'évaluer à l'oeil
à partir des connaissances que j'en ai le coût que
représentait chacune des productions. On annonçait, par exemple,
qu'on allait donner Othello, Don Juan de Mozart, etc. Je trouvais
que le programme était assez lourd du point de vue de
l'implication budgétaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi aussi, M. le Président. C'est bien
pour ça que je tente actuellement de faire fonctionner ces gens dans des
limites.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous assurer qu'il
y aura, à un moment donné, un directeur artistique unique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais certainement l'exiger. J'ai l'intention
d'exiger non seulement un plan de résorption du déficit, mais
également une refonte de la structure. Je trouve qu'il y a trop
d'organismes au Québec qui, une fois fondés, se laissent emporter
par des besoins réels qui existent dans la population mais sans tenir
compte de l'équilibre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est normal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... nécessaire dans un budget de
ministère.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ils suivent l'enthousiasme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ensuite, ils s'arrangent pour faire combler leur
déficit. C'est un genre de situation auquel j'entends mettre fin et
c'est pour cela que, grâce à ces cahiers de charges, à ces
subventions conditionnelles, nous devrions pouvoir y arriver.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre pourrait
nous donner les raisons pour lesquelles on supprime toujours, dans le cas des
deux saisons que l'on a connues, une production à Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de suppression. Les productions
à Québec ne sont pas rentables, elles sont déficitaires et
cela, c'est vraiment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même en termes d'abonnements et en
termes de recettes de guichet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles sont déficitaires à cause de
la faible capacité de la salle à Québec par rapport
à la salle de Montréal. Et, en fait, c'est l'ensemble de
l'opération qui permet à Québec d'avoir quelques
opéras. Au départ, le président de la
société m'avait bien dit qu'il serait difficile d'en arriver
à l'équilibre budgétaire si on présentait toutes
les productions à Québec. C'est la raison pour laquelle j'ai
accepté qu'on en présente soit une, soit deux, suivant les
possibilités, mais aucune production d'opéra à
Québec ne s'est révélée rentable, alors qu'à
Montréal, elles le sont. La salle, à Montréal, est le
double pratiquement de celle de Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je veux bien croire ce que me dit
le ministre en ce qui concerne Québec, mais est-ce que, justement, ce
déficit dont parle le ministre et j'aimerais qu'il me dise dans
quel ordre de grandeur il se situe est-ce que ce déficit ne
provient précisément pas du fait que l'on ne multiplie pas
suffisamment les représentations de telle ou telle production, parce
qu'on a un mal fou à trouver des billets?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais on se trouve devant une étrange
situation, plus on multiplie les représentations à partir du
niveau actuel, plus le déficit augmente et je n'aurais pas d'objection,
moi, à revoir l'ensemble de notre subvention vis-à-vis de
l'opéra, mais j'attends que l'opéra fasse ses preuves, par
exemple, qu'il puisse s'administrer d'une façon plus rigoureuse qu'il ne
l'a été. Le déficit est de $25,000 par production à
Québec et de $15,000 à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Déficit de $15,000 à
Montréal et de $25,000...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par représentation.
M. TREMBLAYY (Chicoutimi): Par représentation. Donc, à
Montréal, ce n'est pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est moindre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est moindre, mais c'est déficitaire
également.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est déficitaire partout à cause
du fait que, justement, on a dépassé... En somme, ce qu'il aurait
fallu faire, c'est qu'au lieu de faire quatre productions, il aurait fallu en
faire trois pendant deux années, comme d'ailleurs je l'avais
suggéré, pour bien consolider l'ensemble de l'opération et
ensuite, on aurait peut-être pu augmenter...
L'opéra ne vit pas seulement de subventions du gouvernement du
Québec. Il y a également une subvention du Conseil des arts et
même, actuellement, le Conseil des arts est un peu réticent
à financer la prochaine saison et nous aurons à négocier
avec le Conseil des arts. Si le plan que nous avons proposé à
l'opéra est suivi, comme nous l'espérons, le plan de
résorption du déficit, je crois que nous pourrons revoir la
question de la subvention avec le Conseil des arts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre me parle des réticences du
Conseil des arts. Il parle du Conseil des arts d'Ottawa. Le ministre parle du
Conseil des arts d'Ottawa?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ces réticences ne
viendraient pas du fait que
l'on a, sous la couverture, entamé des négociations pour
inciter les gens qui s'occupent de l'Opéra du Québec,
particulièrement ceux qui sont à Montréal, à
joindre la grosse machine que l'on veut monter et qui serait l'Opéra du
Canada, appelons-le comme on voudra, ce qui signifierait la disparition de
l'Opéra du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons jamais entendu parler de cela.
Je ne vois aucun fondement à cette affirmation. Pour ma part, je
m'opposerais à la disparition de l'Opéra du Québec. Je
souhaite simplement que l'on stabilise la situation financière et,
à ce moment-là, nous verrons, compte tenu du budget du
ministère, quel niveau de subvention pourrait être consenti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a dit tout à l'heure que
l'on avait supprimé, dans la programmation qui avait été
annoncée par M. Lamarche, une production, la dernière, le
Vaisseau fantôme. Qu'est-ce que cela va signifier en termes de
récupération pour l'équilibre budgétaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A peu près $120,000. En fait, ce que le
ministère avait suggéré, c'était de supprimer
Othello qui est une...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une grosse machine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... production beaucoup plus coûteuse;
mais, bien sûr, il était normal de laisser les autorités de
l'Opéra du Québec prendre leurs responsabilités. C'est
à elles ensuite d'essayer de voir si elles ne peuvent pas couper
certaines dépenses au niveau des autres productions. Mais nous nous
attendons à un non-déficit pour l'an prochain et un plan de
résorption qui peut être réparti sur quelques années
par le déficit accumulé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, après deux ans
d'expérience, il est difficile de parler de ça, mais est-ce que
le ministre a étudié avec les gens de l'Opéra du
Québec le problème de l'amortissement des coûts par la
reprise des productions? Cela, évidemment, ça ne peut pas se
faire après deux ans d'expérience, ça ne peut se faire
qu'après, disons, trois ou quatre ans. Est-ce prévu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est prévu, mais l'économie
est beaucoup moindre que ce que les autorités de l'Opéra du
Québec croyaient au début. Il est certain qu'on peut utiliser les
mêmes décors. En fait, l'opéra doit viser à se
créer un répertoire, mais les frais les plus importants viennent
des cachets, viennent de l'orchestre, viennent des machinistes et viennent d'un
certain nombre d'obligations syndicales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et les costumes aussi quand les prima donna
engraissent, il faut changer les costumes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! j'imagine que certains ajustement doivent
être faits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a des fermetures éclair!
Alors...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et on me dit que l'économie n'est pas
beaucoup plus élevée que 10 p.c.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas plus de 10 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui signifie qu'on y gagne. Il est certain
que lorsque l'Opéra du Québec aura peut-être une dizaine
d'opéras à son répertoire, il pourra quand même s'y
retrouver sur le plan budgétaire. Il y a d'ailleurs des problèmes
pratiques qui se posent comme la conservation des décors, des
problèmes d'espace qui ne sont pas résolus, d'entreposage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où loge-ton toutes ces
choses-là? Est-ce la Place des Arts de Montréal qui s'occupe de
cela? On n'a pas prévu encore de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la Place des Arts de Montréal.
Jusqu'ici toutes les productions ont été réalisées
à Montréal, j'avais beaucoup insisté à
l'époque pour qu'on en ait qui soient réalisées à
Québec aussi et il y en aura une, me dit-on, qui le sera très
bientôt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La permanence de l'opéra...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est Madame Butterfly qui sera
réalisée à Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que la permanence de l'Opéra du
Québec se trouve à Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la Place des Arts. Il faut bien dire que cette
création se serait faite de façon différente si le budget
l'avait permis. Si nous avions voulu créer une véritable maison
d'opéra, il aurait fallu lui donner un quartier général,
des fonctionnaires, une structure de secrétariat et mettre
d'emblée $1 million, $1,500,000. Et c'est déjà un tour de
force d'avoir réussi ce qui a été réussi avec cette
formule très souple qui consistait à faire réaliser
l'opéra par les structures existantes, soit la Place des Arts, soit la
Régie du Grand Théâtre, et qui faisait, en fait, qu'il n'y
avait pratiquement pas de dépenses de secrétariat...
Je dois vous dire qu'une autre chose que j'ai exigée, c'est que
les coûts qui passaient au début dans les frai? d'exploitation de
la Place des Arts comme de la Régie du Grand Théâtre
soient imputés au budget, de sorte que les chiffres que nous vous
donnons comprennent la location des salles, les frais d'administration sous une
forme proportionnelle. Ceci a très certainement augmenté les
prévisions de ceux qui, au début, avaient peut-être
l'impression que certains de ces frais pourraient être absorbés
dans les budgets réguliers. Je m'y suis refusé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on a intégré tout ce
programme de publicité pour Montréal et pour Québec?
Est-ce qu'il y a une centralisation de cette activité de
publicité pour qu'il n'y ait pas de dédoublement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas très bien. La
publicité est faite par la Place des Arts et ici, à
Québec, elle est faite par la régie.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Par la régie, mais est-ce que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est imputée aux budgets
respectifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais est-ce que la conception de tout cela est
centralisée, afin qu'il n'y ait pas double emploi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. D'ailleurs, à mon départ,
j'avais suggéré une structure très légère
sur laquelle on pourrait peut-être envisager de revenir maintenant, qui
était de sortir le secrétariat de la Place des Arts, quitte
à ce que le ministère des Affaires culturelles qui a des locaux
un peu partout puisse fournir de l'espace et même un fonctionnaire...
J'avais alors envisagé que M. Morissette puisse jouer le rôle
d'une espèce de gérant, de manière qu'on puisse vraiment
identifier l'activité en dehors de la Place des Arts. Cette idée
ne semble pas avoir été retenue et on pourrait peut-être la
reprendre sous une forme ou sous une autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une dernière observation.
J'écoutais l'autre jour M. Lamar-che parler de la saison qui s'en vient,
en insistant sur la présence d'artistes canadiens et
québécois, ce qui est excellent dans la mesure où ce sont
des artistes. Par ailleurs, devant certains noms qui ont été
évoqués, qui me fournissent une indication sur une orientation
que pourrait prendre l'Opéra du Québec, à savoir de
puiser, enfin de se faire une obligation sacramentelle de puiser rigoureusement
aux sources canadiennes ou québécoises, parce que la vie d'un
opéra implique évidemment qu'on importe des artistes, des voix,
si on veut donner du prestige...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce qu'on fait d'ailleurs. Manon est une
distribution purement québécoise, sauf pour un rôle qui est
le rôle titre. Il y a souvent intérêt à faire appel
à des voix étrangères qui servent un peu de locomotives.
En fait, j'ai eu l'occasion, au tout début de l'opéra, de
rencontrer un bon nombre d'artistes qui étaient absolument ravis d'avoir
enfin un débouché et aussi ravis de pouvoir travailler sur place
et même de profiter de l'expérience de ceux qui venaient de
l'extérieur.
C'est pour cela que je souhaite que l'opéra puisse vraiment
consolider ses difficultés. Cela me parait essentiel pour lui faire
franchir une nouvelle étape. Mais si on continue de cette façon,
je ne vois pas comment on pourra franchir une nouvelle étape, parce que
cela ne serait pas juste vis-à-vis des autres activités du
ministère.
Le ministère ne peut pas et ne doit pas investir plus qu'une
certaine partie dans ce genre d'activité parce qu'il y a d'autres
besoins. Les priorités, à mon sens, sont vraiment du
côté du développement régional, du côté
de l'animation en milieu défavorisé et dans des perspectives qui
touchent beaucoup plus de citoyens que certaines activités qui ne sont
peut-être pas des activités de luxe, qui sont des activités
plus restreintes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très heureux que le ministre
nous dise cela parce qu'il ne faut quand même pas faire de l'opéra
l'expression par excellence de la culture. Il y a un public pour cela comme il
y a un public pour le cinéma, comme il y en a pour toutes sortes de
formes d'art d'interprétation. Je suis heureux que le ministre nous dise
cela et j'espère qu'il pourra concilier les exigences de l'opéra
avec les exigences budgétaires de son ministère afin que ne
naisse pas un monstre dont j'avais pressenti la naissance au moment ou le
ministre avait annoncé la création de cet organisme.
En ce qui concerne le service de la musique, je n'ai plus rien à
dire quant à moi. Il y a le service du théâtre. Mes
collègues...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Richmond.
M. BROCHU: J'aimerais que le ministre fasse le point sur les sommes
investies au niveau de la formation musicale comme à Orford, par
exemple.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit là d'une subvention qui est de
$180,000; mais Orford est un centre indépendant, un centre qui
relève des Jeunesses musicales, auquel contribue le
ministère.
M. BROCHU; Oui. Au niveau professionnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire qu'on y forme des musiciens.
On y reçoit des musiciens.
M. BROCHU: II y a un point que j'aimerais
soulever. C'est un cas particulier. Au niveau de la formation de
musiciens amateurs, il semble qu'il y ait eu un certain "vacuum" depuis 1969.
J'avais commencé à soulever la question l'an passé en ce
qui concerne le camp musical d'Asbestos qui est justement un camp de formation
pour musiciens amateurs, un camp d'été. Cela a été
fondé sous la juridiction de l'Harmonie d'Asbestos. On a étendu
cela à un camp musical sur une ferme qui a été acquise,
où une centrale avec salle à manger, un kiosque pour les
concerts, des dortoirs pour les étudiants et une salle de pratique ont
été érigés. C'est moitié plein air
également. L'an dernier, par exemple, on a favorisé
l'accès à 135 jeunes pour la formation musicale amateur; c'est un
palier intermédiaire avant la formation professionnelle qu'on donne
à Orford.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous subventionnons un bon nombre d'organismes
de musiciens amateurs. Je vous donne quelques exemples.
M. BROCHU:Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les Musiciens amateurs du Canada. Nous
subventionnons également quelques camps musicaux...
M. BROCHU: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui reçoivent surtout des amateurs.
Il y en a un au Lac-Saint-Jean et nous subventionnons un certain nombre de
fédérations qui groupent soit des chorales, soit des fanfares
parce que nous recevons des centaines et des centaines, pour ne pas dire des
milliers, de demandes. Nous avons établi comme politique de
subventionner l'organisme central, sachant très bien que cet organisme
avec des subventions restreintes ne pourrait pas distribuer la manne à
l'extérieur; mais encore faut-il tenir compte des problèmes
budgétaires.
M. BROCHU: Mais jusqu'en 1969, cet organisme en particulier était
subventionné par le ministère des Affaires culturelles et
l'Harmonie d'Asbestos pour le camp musical d'Asbestos.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est subventionnée maintenant, mais
très faiblement, à travers la Fédération des
harmonies-fanfares. Nous ne pouvons pas subventionner. Il y a je ne sais
combien de fanfares au Québec et je ne sais combien de centaines de
demandes que nous recevons. C'est la raison pour laquelle il y a eu une
politique d'établie de ce point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire si
la politique du ministère a changé en ce qui concerne la
création de nouveaux camps musicaux, d'un ensemble de camps comme celui
du mont Orford, celui du Lac-Saint-Jean? Je comprends les contraintes
budgétaires. Orford prend un gros morceau et c'est normal parce que
c'est une extraordinaire maison de formation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le seul qui soit à un niveau
vraiment professionnel.
M. TREMBLAY(Chicoutimi): Et il y a celui du Lac-Saint-Jean. Quelle avait
été l'an passé la subvention pour le Lac-Saint-Jean?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $33,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a une subvention d'immobilisation
là-dedans. Il y a $60,000 sur trois ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me souviens que cela avait été
promis par l'ancien ministre des Affaires culturelles, le député
de Chicoutimi, et je l'avais reconduite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas qu'évoque le
député de Richmond, est-ce que de l'avis des fonctionnaires du
ministère, les spécialistes, ce camp peut devenir une autre
école de formation, mutatis mutandis, dont la qualité pourrait
être équivalente, petit à petit, à celle que l'on
retrouve ailleurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Personnellement, vous comprendrez que
j'administre un ministère; je ne fais pas de jugement de valeur. Les
fonctionnaires, eux, peuvent en faire. Il ne semble pas qu'avec
l'évolution actuelle on puisse s'attendre à cela. Pour l'instant
il s'agit de loisirs socio-culturels dans le domaine de la musique; c'est
déjà excellent.
M. BROCHU: Si le député de Chicoutimi me le permet, pour
poursuivre dans la même ligne, il se passe quand même un peu plus
que cela actuellement, à Asbestos proprement dit. C'est que, depuis
déjà quelques années, on fait venir pour la période
d'été, durant les dix semaines de formation, des professeurs
connus, qualifiés en vue de la formation des jeunes et c'est une
formation strictement musicale.
D'ailleurs, à ce niveau, même dernièrement il y a eu
le congrès des harmonies et fanfares pour les fanfares scolaires; elles
ont remporté huit des douze bourses attribuées là-bas et
elles sont arrivées les premières. On peut déjà
voir une qualité de l'enseignement qui est donné là-bas
et, pour monter toute une installation comme celle que nous avons, il y a quand
même eu beaucoup de bénévolat et surtout des objectifs
précis. C'était beaucoup plus qu'un loisir socioculturel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Remarquez qu'un loisir socio-culturel, ça
n'a rien de préjo-ratif. Mais on me dit qu'à moins que cette
formation puisse être articulée avec un conservatoire ou une
institution déterminée, c'est
assez difficile d'assurer une continuité; mais je suis convaincu
qu'un bon nombre de talents peuvent se manifester dans des organismes comme
celui dont vient de parler le député de Richmond.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il me dire si l'on a mis
sur pied, définitivement, un groupe de dépisteurs qui feraient le
tour des différentes maisons d'enseignement, etc. pour recruter les
talents, les amener au conservatoire; dès gens qui enfin manifestent des
aptitudes telles que l'on puisse penser qu'ils deviendront d'excellents
musiciens.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de commando qui parcourt le
Québec pour essayer d'aller repérer les talents, mais le
dépistage se fait presque automatiquement par les structures qui
existent, par le fait qu'un tel professeur a manifesté un
intérêt pour tel élève; ceux-ci se trouvent
encouragés par tout un système où les conservatoires
jouent un rôle important. En fait, si je ne me trompe, la très
grande majorité des musiciens québécois ont
été formés dans nos conservatoires. Le directeur
général me parle de 98 p.c, ce qui est extrêmement
important.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va pour la musique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci! Alors adopté. Programme 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le théâtre. On retourne dans
5.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le même élément.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ferme le rideau et on le rouvre.
M. le Président, au service du théâtre, qui en est
le directeur actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le même directeur
général; c'est le même programme. Il y a deux
éléments. Nous envisageons le même type de structure que
j'ai déjà décrit pour un autre, c'est-à-dire
l'existence d'adjoints qui s'occuperaient, le cas échéant, de
chacune des composantes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a un directeur, enfin quelqu'un
qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour le théâtre, il n'y a
personne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... s'occupe spécialement du
théâtre, depuis le départ de M. Dufour?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour la musique, il y a M. Bouchard; pour le
théêtre, il n'y a personne. Un concours a été tenu
à deux reprises, mais malheureusement n'a pas donné de
résultat. Nous sommes toujours à la recherche, qu'on se le dise,
d'un fonctionnaire à ce niveau, pour le théâtre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En Chambre, il peut y en avoir. Alors, dans le
domaine du théâtre, M. le Président, est-ce que le ministre
a revu la politique générale de subventions dans l'optique de
regroupement, comme cela s'est fait à Québec, et qui semble
donner d'excellents résultats? Est-ce que le ministre a repensé
à une politique de regroupement des formations de théâtre
en vue d'établir un ensemble de formations qui aient des vocations
précises?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y a eu, au cours de l'année, une
étude en profondeur de tous les aspects administratifs et financiers de
toutes les troupes de théâtre au Québec. Il y a
déjà eu des regroupements, je peux citer comme exemple le
Trident, ici à Québec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et ce regroupement est certainement un
succès, à partir d'un nombre assez élevé de
troupes, et le mouvement a été amorcé alors que le
député de Chicoutimi était ministre des Affaires
culturelles. On a réussi à créer une troupe certainement
valable. De par la force des choses, les troupes se trouvent des vocations. On
ne peut pas les déterminer à l'avance. C'est ainsi, par exemple,
que le Théâtre populaire est un théâtre de
tournée, un théâtre qui a une clientèle
étudiante. C'est ainsi que le Théâtre du Rideau Vert s'est
trouvé une vocation, qui est difficile à qualifier, mais qui,
d'après le répertoire, est davantage un théâtre
style boulevard et de répertoire alors que le théâtre du
Nouveau Monde est peut-être plus innovateur à certains points de
vue, crée des pièces nouvelles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère a émis
des directives concernant la production, par l'une ou l'autre de ces formations
subventionnées, du théâtre québécois,
canadien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des mécanismes qui existent
déjà depuis longtemps pour encourager le théâtre
québécois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La pièce canadienne.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait l'aide à la première
pièce, mais on a mis de côté ce moyen d'incitation parce
que cela ne semblait pas donner tellement de résultats. Il y a certains
prix, comme le prix Jean-Valcourt, qui peuvent également aider beaucoup.
Disons que la situa-
tion a évolué depuis quelques années, parce qu'on
ne manque pas de pièces canadiennes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Il y en a beaucoup. De toutes les
sortes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Reste à savoir ce qu'elles valent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère a fait une
sorte d'enquête sur la production appelons-là comme cela
régionale, en vue de l'encouragement au théâtre dans
les diverses régions, que ce soit dans des écoles, des CEGEP,
etc? Est-ce que le ministère envisage la possibilité d'aider
financièrement ces troupes qui, régionalement, mènent une
activité théâtrale qui est souvent de bonne qualité
et qui, en collaboration avec les formations mieux assises, pourraient
accroître l'activité théâtrale au Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, et c'est
probablement là la tendance la plus intéressante de ce qui se
passe actuellement dans le domaine du théâtre. Il se trouve que
les troupes dont j'ai parlé tout à l'heure sont devenues des
troupes traditionnelles avec le temps. H y a quinze ans, ce n'était pas
le cas. Maintenant, l'avenir, on doit probablement aller le chercher en
province. C'est dans le cadre du développement régional que nous
arrivons à faire travailler ce que j'appellerais une multitude de
troupes semi-amateurs ou d'amateurs. Elles ne reçoivent pas de
subventions directes, mais elles travaillent dans le cadre des tournées
du développement régional dont on parlait tout à
l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère insiste pour
que les formations théâtrales connues intègrent ou fassent
appel aux services de certaines de ces personnes qui oeuvrent dans des
formations théâtrales régionales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le ministère encourage...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... encourage, demande, exige des troupes
subventionnées, troupes que l'on connaît bien, le
Théâtre du Nouveau Monde, ainsi de suite, d'utiliser les services
de ces gens qui travaillent dans les régions et qui mènent une
activité théâtrale valable? Est-ce qu'il y a des
échanges? Est-ce qu'on a pensé à un système de
stage, par exemple, de gens qui sont dans des troupes régionales et qui
pourraient, à partir d'une expérience avec une troupe
d'expérience, poursuivre, après ça, une activité
théâtrale de qualité dans les régions, dans les
écoles, un peu partout?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Prési- dent. Cela s'est fait
pour deux organismes, les Compagnons de la danse et la Jeune Compagnie du
Théâtre du Nouveau-Monde. Ces deux organismes intègrent
à l'occasion et c'est une tendance que nous favorisons. Mais je reviens
à mes remarques du tout début, c'est dans la mesure où
nous utiliserons notre cahier de charges pour poser des conditions que nous
réussirons à le faire. Or, nous avons ce cahier de charges pour
le développement régional. Il est tout à fait
adéquat.
Ce sont, en somme, des espèces de contrats, de conventions. Nous
acceptons de faire tourner tel organisme à la condition que telle
condition soit remplie. Autre exemple de grandes troupes qui ont des vocations,
le Théâtre populaire du Québec, qui va visiter en 73/74
dix-neuf municipalités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que le ministère a fait ou
entend faire d'un instrument culturel qui était, à mon avis, de
première valeur, le bateau l'Escale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le bateau l'Escale, je ne suis pas sûr
qu'il flotte encore. Il est dans un piètre état. Il est toujours
amarré à Hull.
M. CHARRON: C'est une escale prolongée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une escale prolongée et nous
tentons de le vendre actuellement. Je ne veux pas faire de publicité
mais si ça intéressait quelqu'un... Blague à part, le
bateau l'Escale aurait pu être un instrument vraiment merveilleux de
diffusion culturelle. Mais, pour tout un ensemble de raison, il n'a pas
été possible de faire démarrer le projet. A la suite d'une
entente avec la ville de Hull, qui ne possédait pas de salle de
spectacle, le ministère a accepté de le faire naviguer jusqu'aux
rives de l'Outaouais.
M. CHARRON: Est-ce que le beau-père du premier ministre ne
pourrait pas nous arranger ça?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, je crois
que c'est une question qu'il faut traiter avec beaucoup de sérieux. Je
déplore la décision que le ministère s'apprête
à prendre, soit celle de vendre le bateau l'Escale. Le ministre nous dit
qu'il n'a pas été possible de mettre ne marche un plan de
diffusion qui aurait permis d'utiliser ce bateau. Nous l'avons fait, au cours
d'une saison, avec un succès relatif parce que c'était la
première fois que nous le faisions. La ville de Hull nous avait
demandé à ce moment-là de l'amarrer au quai de l'Outaouais
et nous devions reprendre l'expérience sur une base beaucoup plus
systématisée. Voilà que le ministre nous dit qu'on laisse
tomber cet instrument de diffusion culturelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me suis mal
exprimé. Il est irrécupérable. Il y a eu un
incendie et il s'agit véritablement en ce moment d'une épave.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un élément nouveau que le
ministre se devait d'apporter. Evidemment, si c'est le Titanic, on n'ira pas le
chercher au fond de la mer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les banquises en moins. Le service
général des achats l'a mis en vente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a eu un incendie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu un incendie, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui était responsable du bateau
à ce moment-là, la ville de Hull ou le ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'incendie a eu lieu alors qu'il était
sous la responsabilité de la municipalité de Hull. H semble que
cela n'ait pas été un acte criminel, mais un accident.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je ne cherche pas les causes, mais je
veux savoir qui était responsable. C'était la ville de Hull qui
avait la responsabilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était la ville de Hull.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cet incendie a détruit
l'intérieur du bateau, évidemment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Trois étages.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II reste la cale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II reste l'épave. C'est après une
évaluation qu'elle a été jugée
irrécupérable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, dans ces circonstances, on peut
comprendre la décision du ministère de le vendre pour le vieux
fer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, oui, je ne m'oppose pas à ce
que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le chef de l'Opposition est peut-être
intéressé. Il faudrait le lui offrir. Il achète le vieux
fer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était la seule flotte que
possédait le ministère des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y avait le musée en plus, aussi. La
Caravane du Centenaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Toute notre flotte, la Caravane du Centenaire a
été prêtée au ministère des
Communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut penser qu'il va en faire une bonne
utilisation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, si. La caravane est utilisée de
façon régulière pour des publicités, pour des
tournées.
M. HARDY : Est-ce que les crédits du ministère des
Affaires culturelles sont adoptés? On est déjà rendu
à l'étude des crédits des Communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous fais remarquer que le
député de Terrebonne parle en son nom propre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'avions d'ailleurs établi
très nettement ce matin. Nous ne reviendrons pas là-dessus.
M. le Président, au chapitre du théâtre, il serait
bien important que le ministre nous dresse un bilan de l'activité de la
Régie du Grand Théâtre de Québec. A l'est ou
à l'ouest, rien de nouveau?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Toute la régie fonctionne tout à
fait normalement. Il y a eu 738 spectacles, c'est-à-dire
représentations dans les deux salles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est le rapport financier? Est-ce qu'on
est en déficit ou si...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce genre d'opération est, par
définition, en déficit. Autrement, si on le voulait rentable, il
faudrait demander des prix d'entrée très élevés. Il
faudrait l'administrer comme une entreprise privée, ce qui n'est pas le
cas. Le devoir du gouvernement est de tenter de donner des instruments
cutlurels. Le prix moyen des billets à Québec est nettement moins
élevé qu'à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand le ministre a créé la
Régie du Grand Théâtre, il nous avait dit que l'une des
raisons qui l'incitaient précisément à créer une
régie à la place des structures que nous avions nous-mêmes
mises en place, c'était d'assurer la rentabilité du Grand
Théâtre. Je vois mal aujourd'hui qu'il reprenne un vieil argument,
à savoir que tout genre d'activité de cette nature n'est pas
nécessairement rentable. Qu'est-ce qu'on a fait pour rentabiliser
l'exploitation du Grand Théâtre de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais bien retrouver cette affirmation,
parce que je n'ai certainement jamais envisagé que le Grand
Théâtre de Québec puisse ne pas être
déficitaire. Il est inévitable que ce genre d'organisme
reçoive des subventions et c'est ce qui se passe. En fait, les
états financiers qu'on nous présente ne sont pas
déficitaires dans la mesure où on tient compte des subventions
dans les revenus. C'est dans ce sens qu'ils ne sont pas déficitaires.
J'ai sous les yeux ceux de la Régie du Grand Théâtre de
Québec, les revenus de location. Est-ce que ça vous
intéresse que je vous donne le détail?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, oui. C'est ce qui est intéressant
de savoir. Enfin, l'actif et le passif.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà! Les revenus sont de $1,146,698.78
et les dépenses sont de $1,050,251.11, de sorte qu'il y a un
excédent des revenus sur les dépenses de $96,442.67. Les revenus
se décomposent en revenus de location des salles et en subventions. Il y
a une subvention du ministère des Affaires culturelles qui
s'élève à $625,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A $625,000. M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette année, ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au 31 mars 1972.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la fin de l'exercice qui vient de se
terminer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des états financiers
arrêtés au...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on prévoit pour
l'année qui vient une subvention plus importante?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De $750,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De $750,000. Pour quelle raison?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que les dépenses augmentent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour quelles raisons augmentent-elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic); Elles augmentent, ne serait-ce qu'à cause
des conventions collectives, de la croissance des traitements.
C'est une augmentation d'ailleurs qui n'est pas très
élevée. C'est la plus grande partie des... ce sont les salaires
en fait et c'est à tous les niveaux.
Maintenant, il y a également l'élément
supplémentaire du Conservatoire de musique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que veut dire l'élément
supplémentaire du Conservatoire de musique? Je ne parle pas de
l'amortissement de ce que peut constituer le coût d'une construction?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons passé un budget
supplémentaire que nous avions discuté, lequel comportait une
somme de $150,000...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... représentant le loyer à toutes
fins utiles du Conservatoire de musique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais c'est du même et du pareil. Ce
sont des jeux de chiffres à l'intérieur de la gestion du
gouvernement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr, mais c'est utile d'en faire
l'imputation pour savoir ce que représente la part du Conservatoire de
musique.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont les recettes de guichet et
d'abonnement du Grand Théâtre pour le dernier exercice?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dois faire remarquer qu'il s'agit bien
sûr d'une régie, n'est-ce pas? Alors, la régie est tenue de
nous présenter des états financiers, mais je n'ai pas à ma
disposition tous les détails. Je peux vous donner le coût de
location des salles mais c'est un coût global: $179,150.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le revenu en termes de location.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le revenu de location des salles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, recettes de guichet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que les recettes, ce que vous appelez
les recettes de guichet, c'est la vente des billets...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, forcément!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... alors, dans ce cas-là, c'est compris
là-dedans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est important de savoir quelles sont
exactement les recettes de guichet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais ces recettes ne sont pas des
productions maisons.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M.CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que vous avez...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il y a des recettes de guichet aussi pour
les spectacles qui sont achetés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, alors je vais vous donner tous les
détails. Location des salles $179,000, voulez-vous les dollars aussi et
les cents?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Laissons tomber les cents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le service auxiliaire et autres, $136,000; bar
parce que ce ne sont peut-être pas des recettes de guichet mais
cela compte $76,000; productions, $120,000. Alors, c'est là que
nous retrouvons le poste qui vous intéresse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $120,000 de recettes pour les productions
locales. Maintenant, les spectacles achetés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $179,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les recettes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le coût de l'administration. Quel
est-il?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le coût de l'administration
n'apparaît pas dans un poste séparé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Salaires, traitements, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Laissez-moi revoir une annexe. $168,597.67.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le dernier chiffre qu'a donné le
ministre comporte les coûts d'administration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, M. le Président.
Cela comprend les traitements et les frais généraux, les
assurances, les contrats de service, dépenses diverses, frais de bureau,
contentieux, comptabilité, vérification, poste, papeterie, taxes
d'amusement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'administration. D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les dépenses habituelles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais avoir une ventilation pour voir
comment le...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs ce document qui n'est pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ce n'est pas un secret.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... il sera déposé officiellement
à l'Assemblée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un document public, d'ailleurs c'est
pour cela que j'interroge le ministre là-dessus. C'est une affaire
publique.
La raison pour laquelle je pose toutes ces questions, c'est pour voir
dans quelle mesure la Régie du Grand Théâtre fonctionne,
est en train d'établir un rythme de croissance et de croisière
normal qui corresponde vraiment à sa vocation, à son rôle
et qui soit peut-être meilleur que ce que l'on trouve à la Place
des Arts de Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que la Régie du Grand
Théâtre relève directement du gouvernement, de son
ministère des Affaires culturelles alors que la Régie de la Place
des Arts est une régie mixte, elle relève à la fois du
gouvernement et de la ville de Montréal.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. C'est ce qui est malheureux et
c'est justement une question que je m'apprêtais à poser au
ministre, que j'avais posée à son prédécesseur:
Est-ce que le ministre envisage de reprendre toute cette affaire dans son
optique d'axe Québec-Montréal, reprendre tout le problème
de l'intégration à l'intérieur d'une régie ou d'un
organisme dirigé beaucoup plus immédiatement par le gouvernement,
des deux instruments culturels que sont la Place des Arts et le Grand
Théâtre de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'occasion serait peut-être favorable
parce que le problème s'est déjà posé entre la
ville de Montréal et la communauté urbaine. La régie ne
dessert pas que la ville de Montréal, elle dessert largement le
territoire de la communauté urbaine. Alors, je pense que ce serait
peut-être le moment de rediscuter cette question. D'autre part, il est
bien évident que la ville de Montréal a également des
intérêts, elle a participé aux dépenses depuis le
début.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est encore là un jeu
d'écriture. On l'a subventionnée et elle a payé, puis on
s'est repayé et ainsi de suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On a subventionné... Les
municipalités ont leurs revenus propres.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'ac-
cord, elles ont leurs revenus propres, mais elles les tirent quand
même de ce que le gouvernement veut bien leur donner.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des fonds publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De toute façon, ce sont les
contribuables qui paient.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ça devient des jeux
d'écriture, mais en termes de planification du ministère, je me
demande s'il n'y aurait pas lieu d'explorer cette avenue...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... une sorte de centralisation en vue de
créer un organisme unique qui pourrait administrer les deux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, de nombreuses études
s'imposeraient parce que centraliser ce n'est pas toujours souhaitable et
l'avantage d'avoir deux organismes de gestion, c'est que ces organismes peuvent
peut-être coller davantage aux problèmes locaux. C'est à
voir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord; en respectant l'autonomie de la
direction artistique, par exemple, de chacune des maisons, on peut quand
même penser à une centralisation qui permettrait d'abord de
réduire les coûts et d'amortir les coûts de l'une ou de
l'autre, dans le domaine de la publicité par exemple.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La collaboration entre les deux régies
n'a jamais été si intense, si bonne. Le fait de créer
l'Opéra du Québec, en lui imposant cette obligation de servir
tant Montréal que Québec, a donné, je pense, le ton et
dans bien des domaines il y a des échanges, je pense en particulier
à des échanges de décors.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin, ce que nous dit le ministre n'est pas
à tous égards rassurant, mais la Régie du Grand
Théâtre est relativement jeune, il va falloir lui donner la chance
aussi de faire ses preuves; mais il m'apparaît qu'une surveillance
s'impose. Si les déficits doivent s'accroître et si les
subventions doivent augmenter, on risque d'avoir un effet d'entraînement
dangereux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très certainement, mais elle a aussi une
fonction qui est peut-être plus celle d'un vaste centre culturel que la
Régie de la Place des Arts et je crois qu'il faut évaluer cela en
termes de services à la population et à l'ensemble de la
population québécoise. La Place des Arts fait des efforts
très sensibles pour s'adresser également aux étudiants,
s'adresser à certains groupes défavorisés; certains
organismes comme l'Orchestre symphonique de Montréal mettent beaucoup
l'accent sur des matinées. Je crois qu'il convient de souligner ce genre
d'initiative. Il reste que la Régie du Grand Théâtre,
dès sa fondation, avait reçu un mandat de la part du
ministère assez clair de ce point de vue et il y a beaucoup
d'activités qui entrent dans le cadre de l'animation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre comprendra que ce n'est pas un
jugement de valeur que je porte sur les administrateurs, loin de là,
mais je m'interroge sur ce que peut devenir, en termes de coûts,
d'exigences budgétaires, la Régie du Grand Théâtre
de Québec et sur ce que cette régie peut donner en services
à la population. Maintenant, j'aimerais poser une autre question au
ministre au sujet du Grand Théâtre et de la Régie du Grand
Théâtre de Québec. Est-ce qu'on a fait des études
pour intéresser un nombre plus considérable de citoyens à
monter à ce qu'on appelait autrefois la haute ville, à
fréquenter la Place des Arts? Est-ce que les indices de
fréquentation permettent de déterminer certaines zones?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas de renseignements
là-dessus, mais j'ai eu l'occasion de parler avec le directeur
général et il semble qu'il y ait véritablement eu un
phénomène qui s'est passé de ce point de vue et que le
Grand Théâtre serve un peu d'élément unificateur ici
à Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est accessible à tous et...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est accessible à un prix
modéré, et je reviens sur ce que je disais. Il y a beaucoup
d'activités qui ont été, contrairement à celles de
la Régie de la Place des Arts, des activités d'animation qui
collent peut-être davantage à la population. Il faut dire que la
clientèle de la Place des Arts est différente également et
qu'on ne peut peut-être pas comparer une ville de 250,000 habitants avec
une ville de deux millions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Disons 450,000, si on prend tout le
Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, si on prend tout Québec, cela
devient 450,000, mais la structure de la population est différente et
c'est pour cela que je me réjouis de voir cette orientation que j'avais
souhaitée lors de ma première rencontre avec les
régisseurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va pour les services du
théâtre en ce qui me concerne.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'élément 2 du programme 5 est
adopté?
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. L'élément 2 du
programme 6: Réglementation de l'exploitation
cinématographique.
Cinéma et audio-visuel (suite)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, j'aimerais interroger le ministre sur le
Bureau de surveillance du cinéma. Est-ce que le ministre, sans s'engager
dans des disputes stériles et niaises dans le domaine de la
moralité, etc. peut dire comment est composé, à l'heure
actuelle, le Bureau de surveillance du cinéma? Qui en assume la
direction?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le président en est toujours M.
Guérin, le vice-président en est toujours M. Pierre Saucier, le
secrétaire en est toujours M. Jean Tellier, il y a deux membres qui font
partie du bureau lui-même et, bien sûr, il y a tout le personnel de
soutien, pour un effectif total dé 26 personnes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vingt-six. Il y a beaucoup de critiques
à l'heure actuelle si j'en parle, cela ne veut pas
nécessairement dire que je les partage sur l'appréciation
qu'on fait des films. Est-ce que les normes d'appréciation des films ont
été révisées ou si on s'en tient toujours à
celles qui existaient quand j'étais là, si elles ont
été maintenues quand le ministre est arrivé au
ministère? Est-ce qu'on s'en tient simplement à déterminer
des catégories de films: bons, adultes, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il n'y a eu strictement aucun changement en
ce qui concerne le Bureau de surveillance du cinéma. La loi est
appliquée telle qu'elle existait et telle qu'elle existe encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas eu de changement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Il n'est pas dit que certains points ne
pourront pas être revus dans l'optique d'une loi-cadre, mais pour
l'instant, aucun projet précis n'existe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je n'ai pas parlé du cinéma
comme tel pour la question de la loi-cadre, c'est que justement on attend une
loi-cadre et qu'il ne sert à rien d'engager un long débat sur
quelque chose dont on n'a pas encore tous les éléments. On en a
toute une série d'éléments, on les connaît tous.
Seulement, il faut voir ce que le gouvernement décidera en pratique pour
l'industrie du cinéma, ainsi de suite.
Il y a des problèmes. Enfin, il y a une question qui me vient
à l'esprit au sujet des ciné-parcs. Est-ce qu'il existe toujours
une commission des ciné-parcs? Est-ce qu'il existe toujours un
comité des ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Comité consultatif des
ciné-parcs a été supprimé par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour quelle raison? Et à partir de quel
moment?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Décembre 1972.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour quelle raison ce comité a-t-il
été supprimé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à la demande même du
comité des ciné-parcs qui avait jugé que son travail
était terminé, le comité s'étant donné comme
mandat de procéder à l'implantation du réseau suivant une
planification qui avait d'ailleurs été établie par
l'ancien ministre des Affaires culturelles, le député de
Chicoutimi.
Cette planification avait été revue par moi-même par
la suite et c'est consécutivement à cette demande que mon
prédécesseur immédiat a supprimé le comité,
confiant la responsabilité administrative au sous-ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je conçois très mal cette
suppression du comité des ciné-parcs. Le comité des
ciné-parcs avait reçu un mandat quand même assez large. Il
devait, au départ, appliquer la loi du cinéma au chapitre de
l'implantation des ciné-parcs. Il y avait la phase, évidemment,
de l'implantation, de l'octroi des permis d'exploitation et il y avait la
réglementation à préparer, qui a été
promulguée d'ailleurs. Mais le comité des ciné-parcs
devait, enfin dans mon esprit, par la suite, poursuivre son activité de
surveillance parce que cela n'est pas tout d'implanter des ciné-parcs.
D'abord, on peut en implanter d'autres que ceux qui existent à l'heure
actuelle et il faut voir aussi de quelle façon ces ciné-parcs
fonctionnent. C'est constamment à revoir.
J'ai reçu, par exemple, de nombreuses plaintes de ceux qui
fréquentent les ciné-parcs concernant le cas que l'on fait de la
langue. J'aimerais que le ministre me dise quelles sont les normes en ce qui
concerne la langue des films présentés.
Si le ministre me permet de poursuivre brièvement, j'ai
personnellement demandé au responsable du comité de voir à
ce que 80 p.c. des films présentés dans les ciné-parcs,
sauf exception pour des zones frontières, c'est-à-dire les zones
limitrophes aux Etats-Unis, soient des productions, pas nécessairement
en langue française, des films français, mais des films
présentés dans la langue française parce que ce sont des
films français ou en langue française sous forme de doublage ou
au pis aller avec des sous-titres français.
Or, les informations qu'on me donne sont à l'effet que la
proportion des films français n'est pas toujours très forte.
J'aimerais savoir du ministre quel article de la réglementation des
ciné-parcs établit des normes en ce qui concerne la langue des
films présentés dans les ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il y a deux problèmes qu'il
faudrait dissocier. Le premier est celui de l'utilité des structures
administratives pour conseiller le ministre du champ d'établissement des
ciné-parcs ou touchant le renouvellement des permis d'exploitation; le
deuxième est celui, beaucoup plus vaste, d'un contingentement ou de
certaines conditions qui pourraient être imposées à
l'industrie cinématographique, dans le domaine particulier des
ciné-parcs où en ce qui concerne la totalité des
salles.
Pour le premier point, je vous ai expliqué que le comité
avait été supprimé à la demande même du
président du comité; mais je revois la question en ce moment et
je ne dis pas que je ne recréerai pas une structure conseil. Il me
paraît là y avoir quand même une utilité.
J'ai l'impression qu'une autre raison qui a milité en faveur de
cette suppression a été le fait que mon
prédécesseur pensait pouvoir présenter une loi sur le
cinéma très rapidement, et dans une loi sur le cinéma, il
y aurait eu un autre traitement donné à cette question des
ciné-parcs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me permet d'ajouter seulement
une petite remarque.
Ces explications, il le comprendra, sont assez astucieuses, mais elle
est en porte à faux. Quant on présente un projet de loi nouveau
visant à remplacer d'autres structures, on n'abolit pas ces structures
avant que l'autre structure soit prête.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une simple interprétation de ma part, je
consens à la...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ce n'est pas une interprétation.
C'est qu'il y a des raisons qui ont justifié la supression de la
commission des ciné-parcs. Est-ce que le gouvernement ou le ministre de
l'époque voulait se donner plus de latitude dans l'octroi des permis de
ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne le crois pas, puisque c'est vraiment
à la demande du comité que cette décision a
été prise.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cette demande a été
formulée par écrit et est-ce qu'il y a un mémoire au
ministère des Affaires culturelles qui établirait que ledit
comité s'est fait hara-kiri, a demandé qu'on le trucide?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est lors d'une réunion, et il y a eu un
procès-verbal. Il a été suggéré que le
moment... Enfin, on disait quelque chose, alors que, en rapport avec la
loi-cadre, le président croyait qu'il faudrait peut-être envisager
de nouvelles structures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous faire lecture de
ce document? Il est déposé, parce que les explications qu'il
donne me paraissent...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un document interne, je ne vois pas
l'utilité de le déposer, je me contente d'expliquer ce qui a
été fait par mon prédécesseur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les explications du ministre sont un peu
embarrassées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les seules explications qui m'ont
été formulées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est un peu gêné à ce
chapitre des ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne lui fais pas de procès,
mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il comprendra que son attitude est un peu
équivoque. Il ne veut pas nous lire le document. Il nous dit que ces
gens ont recommandé... En quels termes ont-ils demandé que ce
comité disparaisse?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En faisant état je ne lis pas de document
en ce moment, du fait qu'ils avaient l'impression d'avoir rempli une partie de
leur mandat, et également en faisant état, en prévision de
la loi-cadre qui était attendue, semble-t-il incessamment au
ministère qu'à ce moment-là, leur utilité leur
paraissait moindre. Dans le projet de loi auquel nous travaillons, il y aura
toute une section qui porterait sur les ciné-parcs, toute une
série de dispositions. En fait, il y aura probablement trois
séries de dispositions: Une qui rajeunira la loi actuelle du
cinéma, une qui créera un centre de cinématographie et une
également qui parlerait justement des mesures qu'évoque le
député de Chicoutimi concernant certains contingentements. Et
à ce propos, pour répondre plus précisément
à sa question, on m'informe que la proportion de films français
est d'à peu près 80 p.c, le marché étant ce qu'il
est ici au Québec. Ceci n'exclut pas la nécessité
d'établir des contingentements, plus particulièrement des
contenus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre détourne là la
conservation. Je reviens à la suppression du comité des
ciné-parcs. En quels termes les gens de ce comité ont-ils
exprimé au ministre le désir de se voir assassiner?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le mot est peut-être un peu fort, parce
que le président du
comité, M. Emilien Morrissette, n'avait pas du tout l'air d'une
victime à ce moment-là, m'a-ton dit; c'est son analyse de la
situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le comité déclarait,
dans le document interne que le ministre ne veut pas déposer, qu'il
envisageait ne plus pouvoir le terriroire étant couvert
octroyer de nouveaux permis de cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comment se fait-il qu'il se désistait
de sa responsabilité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour des raisons que j'ai
évoquées, moi, personnellement, et il est très possible
que je remette sur pied une autre structure qui pourrait conseiller pour
l'obtention des permis de ciné-parcs. Entendons-nous bien. Ce
comité avait été créé par le
député de Chicoutimi alors qu'il était ministre des
Affaires culturelles et alors qu'il n'y avait pas de ciné-parcs au
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est précisément pour cela
qu'on l'a créé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. Par la suite, une planification
s'est faite de manière que l'implantation tienne compte d'un certain
nombre de conditions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était fait au moment où je
suis parti.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et pour donner un excellent départ
c'est cela à cette industrie nouvelle. J'ai continué cette
façon de faire et nous en sommes actuellement rendus à un point
tel que la majorité du territoire du Québec est couverte. C'est
l'interprétation ou la conviction du conseil des ministres que le moment
est peut-être venu de laisser jouer la libre concurrence de ce point de
vue-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah tiens! C'est un élément
nouveau.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais cet élément n'est pas
lié à la décision qui aurait été prise, je
pense, par le président ou à la recommandation qu'aurait faite le
président du comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous permettez, je
reviens au moment de la création du comité des ciné-parcs.
Quand est venu le temps de mettre en application la loi qui permettait
l'implantation des ciné-parcs, j'ai cru bon de créer ce
comité, qui était dans mon esprit un organisme absolument
essentiel et un mécanisme de protection contre l'ingérence
politique, pour appeler les choses par leur nom.
Nous avions appelé à siéger à ce
comité des gens qui représentaient l'industrie du cinéma,
des fonctionnaires d'autres ministères ainsi que des fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles. Ceux-ci après une
étude exhaustive de la situation, nous faisaient une recommandation. Le
ministre le sait, il a entériné lui-même les propositions.
Il faisait une recommandation, laquelle recommandation était soumise au
ministre des Affaires culturelles. Le ministre des Affaires culturelles ne
pouvait pas lui-même, se basant sur cette recommandation du
comité, prendre la décision d'octroyer un permis. Il devait
soumettre au conseil des ministres une recommandation afin qu'en
collégialité le conseil des ministres responsables décide
d'octroyer des ciné-parcs en se basant sur les recommandations de ce
comité. C'était donc un mécanisme de protection; en
même temps qu'un mécanisme administratif efficace, c'était
un mécanisme de protection.
L'implantation des ciné-parcs sur le territoire du Québec
n'était pas terminée au moment où le ministre qui a
précédé celui qui est devant moi a décidé de
supprimer le comité des ciné-parcs. Je m'interroge donc encore
sur les raisons qui auraient incité les membres du comité des
ciné-parcs à déclarer qu'il n'y avait plus rien à
faire quand, en plus des devoirs, des tâches que nous leur avions
confiés, ils devaient par la suite s'occuper de la surveillance. Le
ministre me dit qu'il pense à un autre organisme, c'est valable et on
verra ce que cela donnera, mais il y en avait un organisme. Il était
encore nécessaire, puisqu'on n'avait pas terminé l'implantation
des ciné-parcs. En décembre 1972, on dit: II n'y a plus de
comité. Alors, je m'interroge sur les raisons qui ont motivé
cette suppression brutale du Comité des ciné-parcs
indépendamment du document dont fait état le ministre et qu'il ne
veut pas déposer, et j'aurai des doutes, M. le Président, tant et
aussi longtemps que le ministre n'aura pas enfin, il faut que j'emploie
le mot le courage de nous lire ce document afin qu'on connaisse
exactement toutes les raisons sur lesquelles se sont appuyés les membres
du comité pour demander qu'on le supprime. Je vais apporter tout
à l'heure un autre élément au ministre, un
élément de fait, qui va lui démontrer que l'existence de
ce comité était encore nécessaire. Il a du reste
lui-même des dossiers à son ministère qui attestent que ce
comité était nécessaire puisqu'il a des problèmes
à régler dans ce domaine-là, qui l'embarrassent et qui
l'ont embarrassé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai trouvé, moi, une situation
établie. Ce comité, dont je me suis servi lorsque j'étais
aux Affaires culturelles, au cours de mon premier mandat, était disparu.
Il se trouve que je n'ai pas eu à prendre de décision, depuis que
je suis en poste à nouveau, touchant les ciné-parcs. Je
m'interroge, comme le député de Chicoutimi d'ailleurs, et c'est
parce que je m'interroge que je n'élimine pas la possibilité de
reconstituer une structure conseil,
cela peut être vraiment extrêmement commode. Cependant, je
suis tout de même sensible à l'argument que le président du
comité des ciné-parcs avait évoqué en disant qu'il
avait l'impression d'avoir terminé son mandat, à savoir qu'il y
avait 21 ciné-parcs jusqu'ici d'établis au Québec, qu'il y
en avait quatre autres sur le point d'être établis et que le
travail était à peu près terminé.
On aurait fort bien pu et je suis parfaitement le raisonnement du
député de Chicoutimi confier un autre mandat à ce
comité, peut-être même lui demander de faire des recherches
touchant les états financiers ou la rentabilité de l'ensemble du
réseau, mais ça n'a pas été fait. En ce moment, ce
que je fais travailler, c'est une loi-cadre sur le cinéma où nous
reviendrons sur cette question des ciné-parcs et on pourra
peut-être envisager d'autres types de mécanismes pour
l'émission de nouveaux permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette réponse ne me satisfait pas et
j'y reviens encore, si le député de Saint-Jacques me le permet.
Cette réponse ne me satisfait pas. Le ministre, chaque fois que je
l'interroge sur les raisons qui ont motivé la disparition, se basant sur
le document qu'il a entre les mains...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me base sur tout le dossier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... n'est pas capable de me donner les vraies
raisons, ce qui serait très simple, en me lisant le document. On
pourrait l'apprécier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas d'autres raisons, je ne peux quand
même pas en inventer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais poser une question très
précise au ministre: Est-ce qu'il peut nous dire, au cours de
l'année qui vient de se terminer, combien de permis ont
été octroyés et à quel moment?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu neuf permis d'aménagement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au cours de 72/73? Alors est-ce que le
ministre peut nous donner la liste complète, avec le moment de l'octroi
du permis et le numéro de l'arrêté en conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous composer ça à partir
de plusieurs documents. Vous pensez uniquement aux ciné-parcs de cette
période?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, à ceux-là. Jusqu'à
ce jour, 1972, 1973 jusqu'à ce jour, 10 mai 1973.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ciné-parc à Grand-mère,
arrêté en conseil du 14 juin 1972. Ciné-parc à
Laval, arrêté en conseil, même date. Ciné-parc
à Fatima, 9 août. J'espère qu'il n'y aura pas trop
d'apparitions. Ciné-parc à Laval, 11 octobre 1972.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, deux à Laval.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ciné-parc à Bonaventure, 7 avril
1973...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 7 avril 1973.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça. Ciné-parc à
Templeton, 28 mars 1973; Ciné-parc à Saint-Jérôme,
dans le comté de Terrebonne, 28 mars 1973; ciné-parc à
Chicoutimi, dans le comté de Chicoutimi, 13 mars 1973.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On avait déjà octroyé le
permis, alors on a repris les procédures.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, oui. Ciné-parc à
Boucherville, 8 février 1973.
M. CHARRON: A quelle date le comité est-il disparu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En décembre 1972.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc six permis depuis la suppression du
comité.
M. CHARRON : Quel processus ont pris ces gens alors que le comité
n'exerçait plus sa fonction?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le comité était une
création du ministre et lui servait de conseil. Le ministre de
l'époque a préféré...
M. CHARRON : N'a pas eu besoin de conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... se servir des mécanismes du
ministère...
M. CHARRON: C'est-à-dire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le sous-ministre adjoint...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui les donne? Qui les a donnés. Qui a
été...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Chaque dossier a été
étudié par le sous-ministre adjoint avec le contentieux. C'est un
autre mécanisme qu'a choisi le ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! ça, c'est bizarre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les permis ont tous été
accordés par le conseil des ministres.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, on a
supprimé le comité des ciné-parcs en décembre 1972.
Depuis lors, on a octroyé six permis. Comment le ministre ou comment le
comité, puisqu'on va revenir au comité...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cinq comités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est six. Celui de Chicoutimi, qui avait
déjà été octroyé, mais cela a
été repris, parce que les gens qui étaient
là-dedans ont changé, etc. Comment le ministre ou le
comité a-t-il pu déclarer que sa tâche, à toutes
fins pratiques, était terminée, puisqu'après la
suppression de ce comité on a octroyé six nouveaux permis? C'est
ce que je ne comprends pas, M. le Président. Je n'en accuse pas le
ministre actuel, mais je suis obligé de lui demander les raisons pour
lesquelles il a supprimé le comité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends fort bien ! Je tente d'apporter
tous les éclaircissements qui sont à ma disposition.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous les avez dans le document.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que c'était là la
prérogative ministérielle. Le ministre de l'époque a
jugé qu'il préférait un autre mécanisme que
celui-là.
M. CHARRON : Est-ce que vous pourriez déposer les noms des
membres du conseil d'administration, les propriétaires de chacun des
ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai donné des chiffres tout à
l'heure. Le comité des ciné-parcs avait déjà
étudié ces dossiers.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, la décision n'était
pas rendue. Mais leur recommandation avait déjà été
faite, l'instruction du dossier était faite.
M. CHARRON: Tous les cas, y compris les derniers, en date du 7 avril
1973, avaient été étudiés et avaient
été recommandés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur tous les cas, nous dit-on, sauf
peut-être un ou deux.
M. CHARRON: Pouvez-vous donner quand même la liste des conseils
d'administration, des membres de chacun de ces...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, très certai- nement, c'est
publié dans la Gazette officielle. Les dossiers ont été
instruits exactement de la même façon, c'est-à-dire que le
sous-ministre adjoint a fait une étude administrative, en fonction de la
réglementation, pour voir si toutes les pièces étaient
bien réunies.
M. CHARRON: II ne s'agit pas de faire une chasse aux sorcières,
mais il se produit dans ces cas-là, en particulier, que le favoritisme
peut se démontrer. Le député de Chicoutimi faisait mention
de la raison pour laquelle il avait créé le comité des
ciné-parcs. Je me souviens très bien qu'à la
première étude des crédits des Affaires culturelles,
malgré l'existence du comité des ciné-parcs, on avait
trouvé l'existence de deux ciné-parcs, celui de Joliette et un
autre, où le frère d'un ministre de l'Union Nationale et le
frère d'un député de l'Union Nationale s'étaient
retrouvés directeurs, comme par hasard, d'un de ces ciné-parcs.
Il faut donc dire que le comité, même s'il surveillait
l'intégrité politique, avait eu quelques failles. Maintenant
qu'il n'y a plus de comité, peut-être que la porte est encore plus
largement ouverte, et c'est à bon droit que le député de
Chicoutimi peut maintenant s'interroger sur la raison qui a prévalu dans
l'esprit de l'ancien ministre des Affaires culturelles à cette
décision. Je ne pousserai pas plus loin, parce que j'ai l'impression,
qu'une fois de plus, le ministre actuel est en train de se dire: Mais qu'est-ce
qu'elle a fait là? Puisque c'est public, allons-y, mais j'ai
l'impression qu'en arrivant dans vos dossiers, vous avez découvert
plusieurs autres endroits où la lourde présence du
député de Marguerite-Bourgeoys s'est fait sentir dans le
ministère des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une réglementation précise
qui a été constamment tenue à jour, qui a
été modifiée et qui a été suivie dans tous
les cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je vais porter à la
connaissance du ministre un document qu'il connaît. Le 3 avril 1973, le
ministre des Affaires culturelles, celui-ci, recevait sous pli
recommandé la lettre suivante dont M. le Président vous me
permettrez de donner la lecture:
A l'honorable ministre des Affaires culturelles, Dr Cloutier,
Hôtel du Gouvernement, Québec, P.Q.
M. le ministre,
Pour faire suite à mon télégramme du 27 mars 73, en
rapport avec l'arrêté en conseil no 427-73, MM. Jacques
Préfontaine, Lionel Gi-roux et moi-même avons rendu visite
à M. Harvey de votre département, le 27 mars dernier à 5
heures 30 de l'après-midi, afin d'obtenir de lui le texte complet de la
Loi sur le cinéma avec les amendements à date et aussi dans le
but d'avoir toutes informations concernant l'émission de
l'arrêté en question dont le numéro apparaît plus
haut. Nous avons surtout
demandé à M. Harvey, en plus du texte de la loi, de nous
faire part si toutes les formalités prescrites par la loi avaient
été observées antérieurement à
l'arrêté en question. Nous avons reçu dernièrement
de M. Harvey une enveloppe contenant le texte de la loi mais il n'y avait
aucune lettre de ce monsieur nous fournissant les détails
demandés. "Nous croyons, d'après nos informations, que la loi
dans cette affaire n'a pas été observée. L'article 22 de
la Loi sur le cinéma, division 3, stipule qu'une résolution du
conseil municipal de la municipalité où le cinéma doit
être érigé doit approuver et recommander cette
érection. Dans les circonstances nous regrettons de vous dire que cette
formalité sans laquelle, à notre avis, un tel arrêté
ne peut être passé, n'a pas été observée.
Nous désirons de plus porter à votre attention, M. le ministre,
qu'une demande semblable avait été faite par la même
compagnie, pour la même location, au cours du mois de novembre 1969 et
que le tout avait été refusé, non seulement par la ville
de Boucherville mais également par le comité de l'Office des
ciné-parcs ainsi que par le ministre des Affaires culturelles d'alors
qui jugeait, à juste titre, que le fait d'avoir deux ciné-parcs
à une distance aussi rapprochée l'une de l'autre n'était
pas économiquement rentable et que, connaissant les facilités,
pour ne pas dire le monopole, de la compagnie des cinémas Odéon
Limitée en ce qui concerne l'obtention des permis, il en
résulterait un préjudice très grave pour votre
soussigné. "De plus, d'après nos informations, la compagnie des
cinémas Odéon Limitée désire emprunter la sortie 58
de la route Trans-Canada comme sortie principale de son ciné-parc. Comme
cette sortie sert déjà au ciné-parc Boucher-ville et que
la capacité de ces deux ciné-parcs réunis sera de 3,500
voitures, il est facile de prévoir qu'il y aura une forte congestion de
trafic. En outre, la loi stipule que le requérant dans une demande de
permis d'exploitation et d'érection d'un ciné-parc doit
être citoyen canadien, domicilié au Québec. Or, la
compagnie des cinémas Odéon Limitée est
contrôlée par une compagnie étrangère, soit Arthur
J. Rank de Londres. "A la lumière de ces renseignements, nous croyons,
M. le ministre, que vous conviendrez avec nous que cet arrêté en
question devrait être rescindé, premièrement parce qu'il
n'a pas été accordé après que toutes les
formalités prescrites par la loi eurent été
observées, deuxièmement, parce qu'il avait été
jugé, en 1969, que cette demande de la compagnie des cinémas
Odéon Limitée devait être refusée et aussi,
troisièmement, parce que deux ciné-parcs ne peuvent pas
être exploités avec avantage alors qu'ils se trouvent dans un
rayon d'un mille de distance. "Votre soussigné est propriétaire
de ciné-parcs depuis plusieurs années.
Il exploite ses ciné-parcs de façon indépendante et
sans entente avec les compagnies, comme les cinémas Odéon
Limitée et Famous Players. Le fait d'accorder des permis à des
compagnies, comme celles mentionnées ci-dessus qui exercent un monopole,
contribuerait éventuellement à la fermeture des ciné-parcs
exploités par les indépendants, ce qui serait contraire à
l'esprit dans lequel la loi des ciné-parcs avait été
édictée. "Le tout respectueusement soumis, signé Parc
Boucherville Enr., par Joseph Dydzak."
Alors, j'aimerais que le ministre me fasse quelques commentaires sur
cette correspondance, qu'il possède sans doute.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je pourrais savoir à quelle
date a été signée cette lettre?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le 3 avril 1973.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le 3 avril, c'est bien ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-il arrivé dans ce cas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne sais pas
exactement ce qui est arrivé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui a octroyé le permis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est mon prédécesseur, le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a fait la recommandation,
semble-t-il, au conseil des ministres et effectivement il y a eu un
arrêté en conseil.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous êtes membre du conseil des
ministres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais je n'y étais pas à ce
moment; je n'assiste pas nécessairement à toutes les
séances et je n'ai pas été consulté
nommément sur cet arrêté en conseil. J'ai, à la
suite de la réception de cette lettre qui a été
portée à mon attention tout récemment, demandé que
l'on fasse le tour du dossier et c'est ce que nous sommes en train de faire
actuellement. Et j'ai même eu une consultation à ce sujet avec mon
collègue, le ministre des Travaux publics, en particulier en ce qui
concerne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La sortie 54.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... la sortie de l'autoroute, pour bien
m'assurer que les consultations avaient été faites. IL y a
là très certainement des éléments que je n'ai pas
l'intention d'accepter et si je me convaincs que toutes les
procédures n'ont pas été suivies et que la
réglementation n'a pas été respectée, je vais
certainement représenter le problème au conseil des
ministres.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je crains bien que le
ministre n'arrive trop tard. Est-ce que, étant donné
l'arrêté du 27 mars 1973 et le fait qu'on doit se préparer
à aménager ce ciné-parc, le ministre peut nous dire s'il a
dépêché quelqu'un sur les lieux pour savoir si on a
commencé les travaux ou si on s'apprête à les
commencer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les renseignements que j'ai obtenus, c'est qu'il
n'y a rien de commencé. Les Travaux publics ont commencé à
faire une étude pour essayer de voir exactement quelles en
étaient les implications sur le plan de la circulation automobile et je
crois que, même si le temps presse, les choses peuvent aller très
vite, parce que j'ai l'intention d'en saisir le conseil à la
première occasion. Le sous-ministre m'a d'ailleurs préparé
un mémoire complet de ce point de vue et nous devrions en avoir le
résultat d'ici quelques jours.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, j'aimerais
ici demander au ministre, à la suite d'une question que posait le
député de Saint-Jacques...
D'abord, j'aimerais faire une petite observation. Quand nous avons
décidé l'implantation des ciné-parcs, nous avions voulu
que ces ciné-parcs, que ces permis fussent octroyés à des
gens du Québec ou à tout le moins, à des gens qui
faisaient affaires au Québec et dont la maison avait un siège
social au Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La réglementation est claire de ce point
de vue. C'est moi-même, d'ailleurs, qui ai fait cette partie.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que vous ne l'avez pas
faite parce que c'est celle que j'observais moi-même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que nous avons apporté, à
la suite de la politique du livre, certains éléments touchant le
contenu québécois des compagnies.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Tout à l'heure, le
député de Saint-Jacques disait: Quand nous avons examiné
la première fois le problème de la subvention des
ciné-parcs, on s'est rendu compte qu'il y avait des frères
d'anciens ministres, etc. Ce n'est pas un problème. Ce n'est pas parce
qu'on est frère d'un ministre ou pas qu'on ne puisse pas à un
moment donné se lancer dans une affaire si la façon d'accorder
des permis ou des contrats est normale et régulière et
honnête. C'est une question tout simplement de concurrence et chacun a
droit de faire valoir ses droits, de se prévaloir des avantages des lois
dans ce domaine. Le problème qui se pose est de savoir si, dans le cas
des six derniers permis qui ont été octroyés, on a
respecté les exigences de cette présence québécoise
dans le conseil d'administration des compagnies qui vont exploiter ces
ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux affirmer solennellement que, dans tous
les cas, les cinq ou six cas suivant qu'on compte Chicoutimi ou qu'on ne le
compte pas, la procédure habituelle a été suivie et la
réglementation a été respectée sauf dans le cas,
semble-t-il, qu'a cité le député de Chicoutimi. C'est
justement sur ce cas que porte actuellement le dossier que je fais constituer
et j'ai l'intention de reprendre la question devant le conseil des
ministres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a communiqué
avec la ville de Bou-cherville pour savoir si elle avait donné son
agrément, puisqu'il faut absolument un permis d'une
municipalité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ceci fait partie de la revue que j'ai
envisagée pour savoir si le dossier était complet lorsque la
demande a été présentée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a été présenté
par qui, ce dossier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez dire quels sont les procureurs?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui l'a présenté au conseil des
ministres? Sur la recommandation de qui?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur la recommandation du ministre des Affaires
culturelles du temps, c'est-à-dire le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. On la connaît. Mais par qui
avait-elle été conseillée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que cela a été une
décision personnelle du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la fin des haricots!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et c'est la raison pour laquelle...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On supprime un comité dont la fonction
est précisément d'établir les dossiers. Et voilà
que, tout à coup, le ministre décide de recommander
elle-même l'octroi de permis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Remarquez que cela est son droit le plus
absolu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est son droit le plus absolu !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...parce que le comité n'est qu'un...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut discuter de l'exercice de ce
droit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...comité conseil qui peut exister ou ne
pas exister.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais nous l'avions investi de pouvoirs et
de responsabilités et c'était consacré; aucun permis
n'avait été octroyé sans que ce comité ne
présentât une recommandation expresse et très
circonstanciée. C'est toute la politique du gouvernement qui est en
cause.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est
toute la politique du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une personne...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II semble qu'il y ait un certain nombre
d'irrégularités touchant un seul dossier sur 25 ou 26 dossiers
alors qu'il y en a peut-être eu plusieurs centaines qui ont
été instruits à des moments divers. J'ai admis qu'il y
avait quelque chose qui ne me satisfaisait pas. Je l'ai admis très
clairement, d'autant plus que je n'y suis pour rien et je tiens à faire
la lumière là-dessus. Et c'est exactement ce que je suis en train
de faire. Il n'est pas question d'accepter qu'il puisse y avoir des permis
d'émis si toutes les conditions n'ont pas été
remplies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est 6 heures, M. le Président. Nous
reviendrons là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15 ce soir, même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Remise de la séance à 20 h 18
M. PICARD (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue l'étude des crédits du ministère
des Affaires culturelles. Je cède de nouveau la parole au
député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, comme nous sommes en
éliminatoires, nous allons essayer de "scorer" le premier but en
demandant au ministre s'il y a encore à son ministère des
dossiers de requérants pour des permis de ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des dossiers pendants?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, des dossiers pendants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucune demande.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aucune demande.
Le ministre lui-même a-t-il, depuis la suspres-sion du
comité des ciné-parcs, accordé des permis, fait octroyer
des permis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II me semble, en effet, M. le Président,
que j'ai recommandé un ou deux permis qui apparaissaient dans la liste
de ceux qu'on a identifiés dans les six.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pendant que monsieur le sous-ministre va
chercher cela, le ministre pourra-t-il me dire à quel moment
précis on l'a dit cet après-midi et la date m'a
échappé a été adopté
l'arrêté en conseil 87-73?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le 8 février. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Pardon? M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le 8 février.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le 8 février. Madame le ministre
n'était plus là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Madame le ministre n'était plus
là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas à quel moment elle a
quitté le ministère. Je sais que la recommandation est
signée par Mme Casgrain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est vous qui l'avez
présentée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne se fait pas comme cela. Moi, elle ne
m'est jamais passée entre les mains.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon, alors, nous prenons note.
Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Richmond.
M. BROCHU: Avant l'adoption de cela, lorsque nous avons terminé
les travaux, le député de Chicoutimi me semblait quand même
avoir un certain nombre de questions fort pertinentes sur la façon dont
certains permis avaient été attribués. Dans cette optique,
cela revenait, après l'abolition de la commission à la
discrétion du ministre uniquement, du ministre d'alors, d'attribuer
certains permis.
Quand le cas de Boucherville a été soulevé, je ne
sais pas si le député de Chicoutimi a oublié ce facteur;
il avait l'intention, je pense, de revenir là-dessus.
Mais le ministre avait probablement d'autres éclaircissements
à donner à ce sujet ou d'autres explications à donner sur
la façon de procéder.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense que je me suis
pas mal expliqué de ce point de vue-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre s'est laborieusement
expliqué. Nous n'avons pas encore pu percer le secret qui explique la
suppression du comité des ciné-parcs et j'aimerais bien recevoir
ce soir l'assurance du ministre qu'un comité de surveillance, à
tout le moins, soit de nouveau constitué pour assurer la protection du
ministre et celle du gouvernement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai déjà dit qu'il me paraissait
important qu'il y ait une structure qui puisse étudier ces dossiers, les
suivre et faire des recommandations en ce sens. A propos, la date de
l'arrêté en conseil 3742, c'est bien cela que vous m'avez
demandé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez moi, c'est 427-73.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous ai répondu c'est bien le 8
février.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et ce dossier ne vous est pas passé par
les mains?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aurait-il été
présenté par l'ancien ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas s'il a été
présenté. En général, il y a un cheminement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II me semble que madame, à ce
moment-là, avait quitté le ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas encore, elle est partie quand? Le 14 ou le
15, me dit-on.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. C'est une vérification.
M. BROCHU: M. le Président, je voulais simplement vous demander
ce qui s'était passé sur l'heure du repas, car on ne continue pas
à éclaircir sa situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a eu les renseignements qu'on pouvait
avoir.
LE PRESIDENT (M. Picard): A ce moment-là, est-ce qu'on peut dire
que l'élément 2 du programme 6 est adopté?
M. BROCHU: Sous réserve. Sous certaines réserves.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Alors ceci complète
l'étude des crédits du ministère des Affaires culturelles.
J'aimerais faire part aux membres de la commission qu'on m'a remis quelques
copies de deux documents, dont une lettre en date du 12 février 1973, et
signée par M. Christian Balizet, chef de cabinet du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Est-ce que c'est le désir
des membres de la commission que ce document-là soit
déposé et soit retranscrit au journal des Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si, M. le Président. (Voir annexe 1
)
LE PRESIDENT (M. Picard): J'ai quelques copies que je pourrais faire
distribuer si vous voulez. L'autre document a trait aux baux signés avec
certaines personnes, soit pour des locaux résidentiels ou des locaux
commerciaux à la Place Royale. Est-ce que c'est le désir des
membres de la commission que ce document soit retranscrit au journal des
Débats?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président. (Voir annexe
2)
M. BROCHU: Pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Picard): Comme je le disais tantôt, ceci termine
l'étude des crédits du ministère des Affaires
culturelles...
M. BROCHU: Je m'excuse, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y avait une réserve qui avait
été faite.
Subventions
M. BROCHU : II y avait une réserve qui avait été
faite au chapitre des transferts et j'aimerais que le ministre puisse nous
donner plus d'éclaircissement en ce qui concerne les montants qui sont
consacrés aux transferts, aux différents éléments
des différents programmes que nous avons vus, parce qu'après
compilation rapide au niveau des crédits du ministère des
Affaires culturelles, il apparaît que le budget total de $19 millions et
quelques centaines de milliers de dollars se retrouve amoindri d'environ $10
millions au chapitre des transferts. J'aimerais que le ministre puisse nous
donner des éclaircissements à ce sujet et savoir où vont
l'ensemble de ces sommes et qu'il nous dise s'il conserve une certaine
juridiction sur l'utilisation comme telle de ces sommes. Est-ce qu'il participe
d'une façon totale ou en partie aux décisions qui sont prises
pour l'affectation de ces sommes également?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qui ça, le ministre?
M. BROCHU: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est évident. Les transferts sont bel et
bien des subventions. Je ne crois pas qu'on puisse dire que le budget des
Affaires culturelles est amoindri de la somme de ces subventions, puisque
subventionner constitue...
M. BROCHU: Bien, à la façon dont le programme est
présenté...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que le transfert...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la nouvelle expression pour
subventionner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre le permet, ordinairement, le
budget était présenté de la façon suivante: c'est
qu'il y avait un poste général, celui des subventions, et
après chaque article, dans les directions générales, il y
avait toujours un poste de subventions. Tout ça apparaît
maintenant sous le titre de transfert. C'est comme ça que...
M. BROCHU: Cela a été regroupé sous l'appellation
"transfert".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ç'a été
regroupé sous l'appellation "transfert". Supposons par exemple
qu'à la diffusion de la culture, il y avait une subvention de $200,000,
on l'a regroupée avec la musique, le théâtre, etc. pour
former ce qu'on appelle le poste ou la supercatégorie "transfert".
M. BROCHU: J'avais l'impression que l'ap- pellation demeurait comme dans
l'ancienne façon d'étudier les règlements où un
transfert était presque directement une imputation au ministère,
où le ministère perdait juridiction sur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parfaitement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends parfaitement qu'on puisse le croire
mais il s'agit de subventions et subventionner reste une activité
essentielle dans un ministère comme celui-ci.
Permettez-moi de vous faire remarquer que je vous ai fait distribuer un
tableau qui donne le détail de toutes les dépenses de transfert
par programme, c'est-à-dire que vous y trouverez, si vous arrivez
à le lire, parce qu'il est en chiffres assez petits, vous y retrouverez
tous les montants, tous les programmes et tous les éléments de
programme. C'est la ventilation. D'ailleurs, il y a une augmentation importante
des dépenses de transfert puisque nous sommes passés de
$8,478,000 l'année dernière à $10,362,000 cette
année.
M. BROCHU: Ah bon! C'est là que je me posais une...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui fait une augmentation de $1,884,000. J'ai
déjà fait état d'une augmentation de plus de $2 millions
pour le budget total. La plus grande partie consiste en subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Il n'y a pas
nécessité, de toute façon, d'adopter les transferts et les
déductions. Nous n'adoptons que les crédits nets.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! On n'a pas fini, nous autres. On
commence à...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, si je peux me
permettre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'en est qu'à la première
période !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les transferts sont adoptés puisqu'il
s'agit de subventions. Il ne s'agit pas là d'imputations. Alors, ils
doivent être adoptées, comme le reste.
LE PRESIDENT (M. Picard): Justement dans le programme où elles
sont distribuées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça!
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous regardez à chaque
programme...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait, à des
fins d'étude personnelle pas ce soir évidemment
déposer ultérieurement une liste ventilée nous indiquant
exactement quels sont les organismes, etc., qui recevront des subventions, qui
ont reçu des subventions l'an passé et qui en recevront cette
année, en vertu du programme du ministère des Affaires
culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers. Je crois pouvoir la
distribuer immédiatement. Nous en avons suffisamment de copies, je
crois. Non. Alors je peux la déposer à cette commission
plutôt que de la déposer à l'Assemblée nationale et
nous ferons tirer des copies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle sera inscrite au journal des
Débats.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'ensemble? La totalité?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit, bien sûr, des subventions de
l'année 72/73.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est complète.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Et que ce soit retranscrit au
journal des Débats aussi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Je suis entièrement d'accord. (Voir
annexe 3)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, qu'il me soit
permis d'abord de remercier le ministre, tous ses collaborateurs, tous et
chacun de ses collaborateurs, avec lesquels, contrairement à ce que l'on
a dit, j'ai toujours eu d'excellentes relations et contre lesquels je ne
poursuis aucune vindicte. Mais la politique étant ce qu'elle est,
lorsque l'on fait l'examen d'un budget, on est obligé de poser des
questions et il se peut que la formulation de ces questions ne plaise pas
toujours aux personnes qui se trouvent directement ou indirectement
impliquées. Tout le monde comprend cela, les fonctionnaires ont assez
d'expérience pour le comprendre et ils l'acceptent d'ailleurs, cela fait
partie de leurs responsabilités.
Je remercie le ministre des renseignements qu'il a bien voulu nous
donner. Il reste des zones obscures et surtout, je conçois,
malgré les assurances que nous a données le ministre, une
certaine inquiétude sur la vitalité, et j'oserais dire sur la
viabilité du ministère des Affaires culturelles. Il s'est fait
beaucoup de travail. On poursuit des politiques qui ont été mises
de l'avant depuis déjà assez longtemps. Il y a quand même
assez peu, même à peu près pas, de politiques nouvelles,
originales, audacieuses, et je le déplore, bien entendu, en souhaitant
que le ministre des Affaires culturelles, avant que de passer la main à
un autre, redresse la situation.
J'ai dit au départ que le ministère me paraissait
fonctionner de façon assez cahoteuse, que le climat n'était pas
le meilleur. Il appartient au ministre actuel de remettre les choses en place
et je voudrais, M. le Président, en terminant, exprimer le voeu que le
ministre qui est devant nous fasse sien l'objectif qu'a proposé,
à toute la société du Québec, le premier ministre,
en parlant de la souveraineté culturelle et qu'il n'ait pas peur
d'ouvrir très largement ce dossier éminemment contentieux des
relations avec le gouvernement central.
Alors, là-dessus, M. le Président, personne n'ayant
compté de point encore, ni Chicago, ni Montréal, je vous
réitère mes remerciements, de même qu'au ministre et
à ses collaborateurs et à tous les membres de la commission, et
je déclare que nous suivrons avec beaucoup d'attention les finales du
ministre au ministère des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, vous me permettrez
à mon tour de remercier tous les membres de cette commission, en
particulier les critiques officiels, de chacun des partis qui ont
apporté, comme chaque année, leur contribution à cette
discussion. Le député de Chicoutimi a été
amené à s'exprimer peut-être plus abondamment que les
autres, un peu à cause des circonstances et de l'intérêt
particulier qu'il porte au secteur de la culture. Beaucoup de ses remarques
sont extrêmement intéressantes et pertinentes.
Je désire également remercier le député de
Terrebonne qui s'est exprimé ici à titre de député,
mais qui se trouve par hasard adjoint parlementaire aux Affaires culturelles,
lequel adjoint parlementaire joue un rôle susceptible de devenir de plus
en plus important, dans la mesure où il s'occupe de plus en plus de
dossiers.
Enfin, mes remerciements vont aux fonctionnaires qui m'ont
entouré au cours de ce travail, qui n'a pas été un
marathon, au cours de cette période où l'on a pu dans un climat
serein et positif étudier les différents programmes du
ministère.
Mon dernier mot va à notre président, avec lequel je vis
depuis dix jours pratiquement, puisqu'il a également
présidé cette même com- mission
lorsque j'ai discuté les crédits de l'Education. C'est un
président remarquable, qui nous a conduits à travers tous les
écueils auxquels nous aurions pu nous heurter, mais c'est quand
même avec plaisir que je le quitterai. Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, M. le ministre. Je me joins aux
représentants des quatre partis pour remercier moi aussi tous les
membres de la commission, de même que les fonctionnaires et les
collaborateurs du ministre. La commission ajourne maintenant ses travaux sine
die, étant donné que l'Assemblée nationale siège
à dix heures demain matin et que l'Assemblée nationale
émettra un ordre de la Chambre pour savoir quelle commission
siégera à compter de onze heures.
(Fin de la séance à 20 h 36)
ANNEXE 1
Lettre concernant Hilton et Place
Royale
GOUVERNEMENT DU QUEBEC
MINISTERE DU TOURISME, DE LA CHASSE ET DE LA PECHE
CABINET DU MINISTRE
Québec le 12 février 1973
Monsieur P.H. Roy,
Coordonnateur de la Place Royale
Ministère des Affaires Culturelles
955 Chemin Saint-Louis Québec 6
Cher monsieur,
Suite à notre conversation
téléphonique de la semaine dernière, je vous fais parvenir
les commentaires que j'ai pu recueillir à l'intérieur du
ministère concernant le bail que votre ministère se propose de
signer avec la compagnie Hilton.
Il est évident que de prime abord nous pouvons dire
que le nom de Hilton est prestigieux. Tout le monde, ou tout au moins les gens
habitués à voyager sont au courant que le globe est
émaillé d'établissements qui portent le nom de Hilton. Et
non seulement le nom de Hilton constitue-t-il une garantie sûre de la
valeur des services qui seront dispensés aux touristes, Place Royale,
mais il est de plus synonyme de grande stabilité et ceci, même si
les investissements commerciaux faits à cet endroit par toutes les
parties en cause tardaient à atteindre le seuil de la
rentabilité.
Il faut, d'autre part, voir la facette qui à mon sens est une des
plus importantes: celle des communications. En effet, Hilton of Canada ou
Hilton International, à cause même de leurs ramifications dans
plusieurs dizaines de pays situés aux antipodes et vu les moyens qu'ils
possèdent leur permettant d'avoir une puissance de communication,
constituent un inestimable véhicule de propagande touristique dont
bénéficiera, non seulement la Place Royale, mais la région
de Québec et par le fait même, la province.
En effet, il ne faut que penser que dans chaque chambre
d'hôtel, chaque jour, chaque client a à sa disposition une
brochure des plus attrayantes où sont énumérés,
tantôt sous forme d'images, tantôt sous forme d'articles, mais
toujours sous forme d'enumerations tous les établissements Hilton
existant à travers le monde.
Il faut d'autre part penser qu'au point de vue
gastronomique, Hilton possède une renommée. Il suffit de regarder
à Montréal le Beaver Club ou les restaurants de la Place
Ville-Marie où chaque jour des milliers de personnes assiègent
pour pouvoir déguster des spécialités.
Je pense qu'il faut toujours se rappler qu'un client, ou disons
plutôt un touriste, gardera toujours un bon souvenir d'un endroit
où il est passé si sa visite s'est accompagnée d'un repas
bien préparé et ceci, même si le prix payé
dépasse la somme consacrée habituellement à cet item. De
plus, cette même personne devant l'attrait de la Place Royale, cadre
unique en Amérique du Nord par la concentration de ses vieilles maisons
typiquement québécoises rassemblées dans un même Heu
et après un excellent repas gastronomique qu'il aura peut-être
pris, se révélera une parfaite propagandiste auprès des
autres membres de son entourage.
Si une entente intervient entre Hilton et le gouvernement, elle ne doit
pas être considérée comme un simple bail, mais plutôt
comme un exemple typique de solide collaboration entre le secteur privé
et le secteur public.
Lorsque les gouvernements, à quelque palier que ce soit,
investissent des fonds publics ou concluent des ententes afin de favoriser la
mise en place d'équipements touristiques, il arrive trop souvent qu'on
évalue la rentabilité d'un projet en ne retenant que les revenus
directs qui en découlent par rapport aux montants investis ou encore en
fonction d'un manque à gagner découlant de l'octroi d'un
privilège.
Le plus curieux, c'est que les subventions et autres avantages consentis
à l'industrie manufacturière sont considérés comme
des interventions recommandables alors que des mesures de même nature
à l'égard du secteur tertiaire, plus particulièrement du
tourisme, soulèvent presque spontanément des protestations.
Pourtant il ne faut pas oublier que le tourisme s'est hissé au
second rang des industries du Québec en 1971, avec des revenus globaux
de 861 millions de dollars, et comme la moyenne de son taux de croissance est
relativement stable, tout indique qu'il est en bonne voie de déclasser
d'ici peu l'industrie des pâtes et papiers. Si l'on tient compte du
facteur multiplicateur du dollar touristique, on constate que les visiteurs qui
nous sont venus de l'étranger ou des autres états de la
Confédération et nos citoyens qui ont parcouru les
différentes régions du Québec ont ainsi activé
notre économie dans une mesure dépassant les deux milliards de
dollars en 1971.
Promouvoir l'industrie du tourisme, ce n'est pas seulement mettre en
route des programmes de commercialisation afin d'accroître le nombre de
nos visiteurs; c'est aussi assurer la mise en place des équipement
nécessaires à leur confort et à leur agrément et de
plus, d'inviter des compagnies renommées à s'installer.
Autrement, le mot de bouche à oreille, la plus puissante forme de
publicité, jouerait contre nous.
On a déjà souligné que la Place Royale qui
était le coeur de la cité de Champlain à la fin du
régime français, constitue avec son quartier immédiat, la
plus belle collection en Amérique du Nord d'immeubles historiques
authentiques qui se dressent encore tous là où les ancêtres
les ont érigés. Il ne s'agit pas d'une sorte de musée
formé d'édifices autrefois épars et que l'on a
regroupés en un village factice.
La région de la capitale est donc promise à un billant
avenir en ce qui a trait au tourisme. En 1970, 1,340,000 visiteurs y sont venus
de l'extérieur du Québec, selon les statistiques de la
Communauté urbaine de Québec. Les estimés les plus
conservateurs prévoient que leur nombre sera de 2,513,978 en 1975. Et
ces deux chiffres ne tiennent aucun compte des citoyens de la province.
Cette popularité, bien sûr, découle de plusieurs
facteurs, mais il faut admettre que les plus récents sont deux attraits
majeurs que les gouvernements sont en bonne voie d'implanter: le parc du Mont
Sainte-Anne et la Place Royale.
Ce serait faire preuve de naiveté que de mesurer la
rentabilité de telles entreprises en ne tenant compte que des revenus
directs. Pour être réaliste, il faudrait évaluer leur
impact sur la croissance de l'industrie du tourisme, estimer le nombre des
dollars additionnels que leur existence a transfusés dans les
artères de l'économie régionale, en se rappelant que 34
cents de chacun de ces dollars s'en vont directement dans les coffres des
paliers de gouvernement.
Le même raisonnement s'applique aux équipements
complémentaires qui accueillent les visiteurs et mettent à leur
portée les services qu'ils recherchent. La qualité de ceux-ci est
la meilleure assurance que nous puissions espérer de voir les touristes
prolonger leur séjour, nous revenir et convaincre leurs parents et amis
d'en faire autant.
Quant aux renseignements que vous m'avez demandés, à
savoir si le Ministère du Tourisme a déjà signé,
avec des particuliers ou des compagnies, des baux comportant une clause
d'option prioritaire de renouvellement, je puis vous dire que cette clause a
déjà été utilisée dans de tels baux.
Espérant le tout à votre satisfaction, je vous prie de
croire, cher monsieur, en l'expression de mes sentiments les meilleurs.
(Signé) Le chef de cabinet Christian Balizet
ANNEXE Référer à la version PDF page B-1378
À B-1388