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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du vendredi 11 mai 1973
(Onze heures dix minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications); A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications entreprend l'étude ce matin des crédits du
ministère des Communications. J'inviterais l'honorable ministre, s'il le
désire, à donner un exposé au tout début de cette
séance.
Remarques préliminaires
M. L'ALLIER: M. le Président, sans accélérer
inutilement la présentation des crédits du ministère des
Communications, j'aimerais quand même, brièvement, donner un
aperçu des structures de programmes, présenter l'organisation
administrative du ministère, faire un bref bilan des principales
activités et donner finalement un aperçu général
des orientations. Je crois que, comme d'habitude, les représentants de
chacun des partis pourront ensuite faire également un exposé
général. Je pourrai alors répondre aux questions qui
seront posées et nous terminerons finalement avec l'étude
spécifique des crédits.
D'abord, les programmes du ministère des Communications. Dans le
cadre du regroupement des activités gouvernementales par missions,
domaines et secteurs, le ministère des Communications administre sept
programmes dans quatre secteurs d'activités et dans trois missions. J'ai
demandé qu'on distribue l'organigramme de même que la structure de
programmes du ministère.
D'abord, la mission gouvernementale et administrative. Dans cette
mission, nous administrons trois programmes dans le secteur des services de
soutien de la mission gouvernementale et administrative. Ces trois programmes
sont le réseau gouvernemental de télécommunications,
gestion interne et soutien ainsi qu'édition et communications. De plus,
le ministère administre un programme dans le secteur des relations
intergouvernementales qui est celui de l'Office franco-québécois
pour la jeunesse rattaché au ministre des Communications en sa
qualité de membre de l'Exécutif.
Dans la mission économique, le ministère administre deux
programmes dans le secteur des communications de la mission économique.
Ces deux programmes sont la recherche et les moyens techniques de même
que le programme de la Régie des services publics. Enfin, le budget du
ministère des Communications fait apparaître les crédits
alloués à l'Office de radiotélédif-fusion du
Québec qui a été inscrit comme programme dans le secteur
administration et services de là mission éducative et
culturelle.
Cette présentation des programmes par secteurs, domaines et
missions illustre assez clairement les attributions polyvalentes du
ministère des Communications. Certes, si on exclut le programme que
constitue l'Office franco-québécois pour la jeunesse, tous les
programmes sont interreliés dans la mesure où ils concernent des
problèmes de communications au sens large. Il n'en demeure pas moins
que, par ces programmes, le ministère agit à la fois dans des
champs d'activités divers. Par Radio-Québec, il participe
à la mission éducative et culturelle de l'Etat. Par son programme
de recherche et par la Régie des services publics, il couvre l'ensemble
du secteur des communications et assume en exclusivité le rôle que
l'Etat s'est donné à l'égard du développement des
télécommunications sur son territoire. Par ses programmes
"Réseau gouvernemental," "Gestion interne et soutien" de même
qu'"Edition et communications," il assume une vocation horizontale qui consiste
à offrir à l'ensemble des ministères et organismes
gouvernementaux ou, si on préfère, à l'éventail des
programmes de l'Etat, des services de soutien en matière de moyens de
communication, d'information et de publicité, d'édition et de
documentation.
Voici maintenant une description sommaire de chacun de ces sept
programmes. D'abord, le réseau gouvernemental.
Ce programme est celui par lequel le ministère offre à
l'ensemble des ministères et organismes gouvernementaux des services de
communication par téléphone, par radiotéléphone
ainsi que par transmission de données.
Programme 2: Gestion interne et soutien. Il s'agit du programme qui
groupe les centres de direction et de coordination du ministère,
c'est-à-dire la direction du ministère ainsi que le service de
l'information et la direction générale de l'administration
comprenant un service du personnel, un service de programmation
budgétaire et des services auxiliaires.
Programme 3: Edition et communications. C'est par ce programme que le
ministère offre aux ministères et organismes du gouvernement des
services d'édition, de documentation administrative, de presse
écrite et électronique ainsi que des renseignements permettant de
mieux informer leur clientèle respective et la population en
général de leurs objectifs et de leurs programmes. C'est aussi
par ce programme que le ministère des Communications prend en charge les
activités d'édition et d'information de l'Etat
québécois qui ne relèvent d'aucun ministère ou
organisme en particulier. Vous savez, en effet, qu'il y a une
décentralisation qui existe à ce niveau et ce sont les services
qui ne sont pas déjà assumés par les ministères que
nous assumons à ce titre.
Le quatrième programme est celui de l'Offi-
ce franco-québécois pour la jeunesse. Comme je l'ai dit,
il est rattaché au ministre des Communications et, administrativement,
dans la mesure où cela est nécessaire, au ministère des
Communications, essentiellement, parce que l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, qui est dirigé
conjointement par la France et le Québec via le mécanisme d'un
conseil d'administration, doit être présidé par un membre
du Conseil exécutif du Québec et c'est un membre du gouvernement
qui doit en être responsable devant l'Assemblée nationale. C'est
au ministre des Communications qu'incombe, actuellement, cette
responsabilité d'où l'inclusion de l'office dans la programmation
du ministère des Communications.
Programme 5: Recherche et moyens techniques. On a regroupé ici
l'ensemble des activités de recherches, d'études et d'inventaires
préalables à l'élaboration par le gouvernement d'une
politique visant à favoriser le développement des réseaux
de télé-communication et des media de communication sur le
territoire québécois.
Quant au programme qui concerne la Régie des services publics, ce
programme vise essentiellement à assurer la surveillance et le
contrôle, dans l'intérêt public, des activités des
entreprises publiques de communications au Québec, donc celle de
câblo-distribution, conformément à la loi récemment
adoptée par l'Assemblée nationale.
D'ici l'adoption possible du projet de loi 88, la régie poursuit
en outre le mandat d'adjudication qui lui est présentement dévolu
en matière d'expropriation, de fixation d'indemnités suite
à l'expropriation. Enfin, ce programme a trait au mandat de production
et de diffusion de Radio-Québec.
Si vous me le permettez, M. le Président, je présenterai
les objectifs de chacun de ces sept programmes, de leurs
éléments, lorsque nous entreprendrons l'étude des
crédits programme par programme.
Deuxièmement, l'organisation administrative du ministère.
Depuis le 14 février dernier, le ministère des Communications
dispose d'un nouveau plan d'organisation administrative supérieure
correspondant à l'organigramme que j'ai demandé qu'on vous
remette au début de cette séance. Je voudrais maintenant vous
indiquer les rapports existant entre ce plan d'organisation et la structure des
programmes dont nous venons de parler.
D'abord, le programme intitulé "Réseau gouvernemental" est
administré par le service de l'exploitation et le direction
générale des services techniques. Le programme "Gestion interne
et soutien" est administré par la direction du ministère, son
service des communications et la direction générale de
l'administration constituée, comme je l'ai dit, d'un service du
personnel, d'un service de programmation budgétaire et de divers
services auxiliaires tels qu'ils apparaissent sur l'organigramme.
Le programme "Edition et communications" est administré par la
direction générale des communications gouvernementales, pour la
partie des communications, et la direction générale de
l'édition gouvernementale pour l'autre partie. Les
éléments du programme, "Publication" et "Documentation", sont
sous la responsabilité de la direction générale de
l'édition, alors que les éléments du programme, "Services
centraux" et Directions régionales", dépendent de la direction
générale des communications gouvernementales.
Le programme "Office franco-québécois pour la jeunesse",
comme je l'ai dit, également est administré par l'office
lui-même, lequel est dirigé par un conseil d'administration.
Le programme "Recherche et moyens techniques" est administré par
la direction générale des télécommunications, ainsi
que par les services du génie et de la téléinformatique de
la direction générale des services techniques.
Quant au programme "Régie des services publics", il est
administré par la régie elle-même, directement sous la
responsabilité du ministre des Communications.
Le programme "Office de radiotélédiffusion du
Québec" est également administré par Radio-Québec
sous la direction de son conseil d'administration et c'est le ministre des
Communications qui répond pour cet organisme devant l'Assemblée
nationale.
Troisièmement, je voudrais maintenant vous faire un bref bilan
des principales activités du ministère des Communications en
1972-1973, d'abord en regard du programme no 1 qui est le réseau
gouvernemental.
Tout en assurant l'exploitation courante du service
téléphonique gouvernemental et en analysant les besoins des
ministères et organismes gouvernementaux en matière de
téléphonie, de transmission de données et de
radiocommunications, le service de l'exploitation de la direction
générale des services techniques a été
particulièrement impliqué dans la planification des installations
des services téléphoniques dans de nouveaux édifices
gouvernementaux, notamment dans le nouveau palais de justice de Montréal
ainsi que dans les immeubles G, H, I, J de la colline parlementaire à
Québec.
Etant donné que toutes les activités de planification
réalisées à l'intérieur de ce programme doivent
être faites en étroite collaboration avec le ministère des
Travaux publics, nous avons entrepris de mettre au point un certain nombre de
normes qui permettront et qui devraient permettre d'assurer une utilisation
plus rationnelle des services téléphoniques et de mieux planifier
le développement du service en fonction des besoins de la population
à desservir et de l'ensemble des ministères et organismes
gouvernementaux. A ce propos, le ministère des Communications
élabore présentement un projet de directive destiné
à permettre de mieux évaluer la croissance des coûts du
service téléphonique gouvernemental. Par ailleurs, au cours de
l'exercice 72/73, nous avons entrepris
une étude coût-bénéfice qui nous permettra de
mettre en lumière s'il est plus avantageux pour le gouvernement
d'acheter que de louer les équipements de radiocommunication dont font
usage certains ministères tels les ministères de la Justice, des
Terres et Forêts, du Tourisme, etc.
Quant au deuxième programme, gestion interne et soutien, la
direction de l'administration a été conçue en tenant
compte des exigences de la gestion par programme commandée par le PPBS.
Nous entendons faire de cette unité administrative centrale du
ministère non seulement un centre de service de soutien en
matière de gestion des ressources humaines, financières et
matérielles, mais aussi un instrument d'évaluation constante de
l'impact et de la performance des programmes -du ministère. Nous
entendons, dans toute la mesure du possible, également attacher une
importance particulière à la formation, au recyclage et à
l'affectation du personnel de communications dont nous avons la
responsabilité.
Quant au programme no 3, il s'agit de "Edition gouvernementale et
communications". Il faut scinder en deux, d'abord les éléments de
programme au sujet des publications. Après près de deux ans de
consultation avec les ministères, la direction générale de
l'édition a mis au point, en collaboration avec le Conseil du
trésor, une directive sur les publications gouvernementales. Cette
directive fixe le partage des compétences des divers ministères
et organismes du ministère des Communications et du Service
général des achats en matière de publication. En plus de
préciser le cheminement que doit suivre un projet de publication d'un
ministère, la directive prévoit que les divers ministères
assument le coût du tirage de la publication qui sera distribuée
gratuitement alors que l'éditeur détermine le nombre
d'exemplaires destinés à la vente et en paie le coût
d'impression selon le mode de calcul connu dans le milieu comme étant
celui du "mille additionnel".
Le service des communications graphiques, en plus d'assurer au
ministère des services courants d'arts graphiques en vue de la
réalisation de publications, a entrepris de concevoir des normes de
signalisation des édifices ainsi que des véhicules du
gouvernement. C'est une opération extrêmement complexe. Ces normes
ont été conçues en vue d'assurer une personnalité
visuelle cohérente du gouvernement et de l'Etat, de ses organismes et de
ses équipements.
En vue d'intégrer et de rendre plus cohérents les services
de reprographie gouvernementaux, le ministère des Communications a
entrepris de regrouper les services de polycopie des ministères
localisés dans les immeubles "G" et "H". Par contre, afin d'assurer un
service rapide, il a mis en place quatre ateliers dans les immeubles "G" et
"H". Par ailleurs, toujours dans l'optique d'une intégration des
services de reprographie, nous avons entrepris de regrouper les services de
polycopie des bureaux régionaux des ministères dès lors
que ces bureaux régionaux sont regroupés dans un même
immeuble gouvernemental. En 72/73, le regroupement a été
effectué au centre administratif régional de Rimouski; le
regroupement pourra être réalisé partout où les
bureaux régionaux des ministères dans les capitales
régionales seront localisés dans un même immeuble
gouvernemental, lorsque les conditions économiques le justifieront.
Le service de la traduction a augmenté son volume de production
et a accru l'éventail de sa section de langues étrangères.
Ainsi, en 72/73, le service a traduit au-delà de 6 millions de mots tout
en assurant des traductions et interprétations en 45 langues.
Au cours de 72/73, le réseau des librairies de l'Editeur officiel
s'est élargi par l'ouverture de succursales à
Trois-Rivières, Hull et Rimouski. L'expérience pilote qui est
ainsi tentée, accompagnée d'une étude de
rentabilité et de marché, nous permettra de déterminer
à quel rythme et selon quels modes l'Etat donnera aux citoyens un
accès toujours plus grand à ses publications, c'est-à-dire
à ses imprimés et à ses documents audio-visuels.
En collaboration, pour la première fois depuis 1867, avec le
bureau de la législation déléguée du Conseil
exécutif, l'Editeur officiel a publié, au cours de 72/73, un
recueil en dix volumes des règlements d'application des lois. Cette
entreprise répond à des besoins évidents de codification
des règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil et
certains ministres sur délégation du Parlement. Quant à
l'élément de programme documentation, le regroupement de certains
ministères dans les immeubles "G" et "H" de la colline parlementaire a
été accompagné d'une fusion des bibliothèques des
ministères concernés en une bibliothèque administrative
administrée par le ministère des Communications.
Cette fusion permettra de rationaliser l'acquisition de livres et de
périodiques, assurera un meilleur service de documentation
administrative et éliminera le double emploi que favorisait la
dispersion des bibliothèques entre les ministères et les
organismes du gouvernement. A cette nouvelle bibliothèque administrative
est lié un centre de documentation écrite et de documentation
photographique chargé de la réalisation d'une revue de presse
quotidienne dont bénéficient notamment les parlementaires, des
dossiers de presse sur des sujets particuliers ainsi que de l'organisation
d'une photothèque servant à alimenter les publications
gouvernementales.
A l'élément de programme "Services centraux", le
ministère des Communications a assuré une présence
gouvernementale à plusieurs salons, congrès, expositions, tant
régionaux, nationaux qu'internationaux dans certains cas.
De plus, le ministère a organisé une tournée
d'information dans quinze centres commerciaux du Québec, tournée
qui est actuellement
en cours et qui touche onze villes québécoises. Cette
tournée, désignée sous le titre d'informatour et dont vous
avez sûrement entendu parler, a pour but de présenter les
programmes, les activités et les projets spécifiques de cinq
ministères. Ainsi, le ministère des Affaires sociales
présente des informations sur les soins dentaires. Le ministère
de la Justice explique la loi d'accès à la justice et l'Office de
la protection du consommateur met en relief les principales dispositions de la
Loi de la protection du consommateur. La Régie des rentes
présente l'éventail des services offerts à la population
du Québec. Et le ministère des Transports explique son nouveau
système des points de démérite pour les permis de
conduire. Entreprise à la mi-mars, cette tournée se prolongera
jusqu'au début de novembre 1973.
Par ailleurs, conformément aux dispositions du livre vert
québécois, les agents d'information relèvent maintenant
des ministères et organismes gouvernementaux auxquels ils sont
affectés et auxquels ils étaient jusqu'alors prêtés
par, d'abord, l'Office d'information et de publicité et ensuite le
ministère des Communications. Cette décision permettra, quant
à nous, à chaque ministère du gouvernement d'associer plus
étroitement les agents d'information chargés de l'information des
clientèles et de la population à la prise de décision et
à l'administration des programmes de leur ministère respectifs.
D'autre part, la direction générale des communications
gouvernementales assume trois responsabilités principales: prendre en
charge les communications institutionnelles de l'Etat avec la population;
offrir des services de soutien aux ministères et aux organismes
gouvernementaux en matière de communications gouvernementales; fournir
aux régions du Québec des services d'information et de
renseignements.
En collaboration étroite avec le ministère des Affaires
intergouvernementales, la direction générale des communications
gouvernementales a commencé à fournir des services aux
délégations et bureaux du Québec à
l'étranger.
Un agent d'information est désormais assigné de
façon toute particulière à la liaison avec le
ministère des Affaires intergouvernementales et ses
délégations et bureaux à l'étranger.
La direction générale exerce auprès de ces
délégations et bureaux un rôle semblable à celui
qu'elle joue auprès des différents ministères. En plus de
leur fournir des avis d'experts-conseils, elle met à leur disposition un
réservoir de moyens techniques et de services favorisant une meilleure
information des personnes et des groupes qui sont en rapport avec les
délégations et bureaux du Québec.
Par son service de presse, la direction générale des
communications gouvernementales prépare, à l'intention de la
presse quotidienne et de la presse régionale, des milliers de
communiqués, d'horaires ministériels, d'avis, de chroniques, de
documents imprimés, de reportages illustrés, de photographies. De
plus, ce service procède quotidiennement à l'enregistrement
d'entrevues radiophoniques et télévisées avec les hauts
fonctionnaires et, lorsque c'est nécessaire, avec les ministres.
Les entrevues radiophoniques sont offertes à 37 stations du
Québec et les entrevues télévisées sont
acheminées à 13 postes de télévision ainsi
qu'à 9 compagnies de câble.
Depuis l'ouverture des édifices "G" et "H", le ministère
des Communications, par son service des relations publiques, administre un
service d'accueil dont les membres sont chargés de recevoir, de diriger
et d'accompagner les personnes dans la Cité parlementaire pour des
conférences, des réunions et des rencontres. Ce service d'accueil
dispose également d'hôtesses lors d'événements
spéciaux, de conférences interprovinciales, de. congrès,
de colloques et de certaines expositions auxquelles participe le
gouvernement.
Quant à l'élément de programme "Directions
régionales", c'est un programme quant à nous, extrêmement
important. Au cours de l'exercice 72-73, la direction générale
des communications gouvernementales a entrepris de mettre au point un service
de renseignements à la population dont les bureaux de
Communication-Québec, dans les régions, constituent des
satellites. Par ce service, le ministère des Communications sera en
mesure d'enregistrer les demandes de renseignements de la population sur les
activités et programmes gouvernementaux, non seulement en vue d'y
répondre mais aussi en vue d'orienter les activités d'information
des divers ministères et organismes gouvernementaux, en vue d'une
meilleure information et d'un meilleur accès aux services
gouvernementaux par la population. Les bureaux de Communication-Québec
offrent, dans chaque capitale régionale où ils sont
implantés, divers services de communications au profit des populations
régionales.
Ils organisent de plus certaines manifestations et réceptions
pour différents ministères, assurent l'accueil des journalistes
et des personnages officiels, lors de leur visite régionale.
Les bureaux de Communication-Québec sont intégrés
aux conférences administratives régionales, là où
elles existent.
En somme, leur travail s'apparente d'assez près à celui de
la direction générale au niveau de tous les ministères. Je
rappelle qu'il existe sept bureaux de Communication-Québec au
Québec: Chicoutimi, Hull, Montréal, Rimouski, Rouyn, Sherbrooke
et Trois-Rivières.
L'Office franco-québécois pour la jeunesse. Depuis sa
création le 9 février 1968, l'Office
franco-québécois pour la jeunesse analyse continuellement sa
programmation en regroupant les divers stages par secteur d'activités.
Ces différents secteurs d'activités se divisent en
supercatégories: économie et technologie, affaires sociales et
urbaines, affaires éducatives et culturelles. La supercatégorie
"économie et technologie" regroupe l'agriculture, la pêcherie, la
fores-
terie, la technologie, l'industrie et les services de l'administration.
Par "éducation et culture", on entend ici les secteurs suivants:
enseignement, loisirs socio-culturels et artistiques, sport et plein air,
découverte générale de la France. Quant aux affaires
sociales et urbaines, il s'agit de l'administration et du développement
social, du bien-être et de la santé. Les statistiques de 1968
à 1973 indiquent un net glissement de 14 p.c. à 43 p.c. en faveur
de la supercatégorie "économie et technologie", comparativement
à "éducation et culture" qui subit une baisse importante de 83
p.c. à 41 p.c. Cette répartition correspond aux objectifs de la
coopération franco-québécoise recherchés par les
gouvernements français et québécois et indique l'effort
porté à tous les niveaux, notamment à celui des
échanges de jeunes dans les secteurs "économie et
technologie".
En effet, jusqu'en 1970, les préoccupations de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse se portaient majoritairement
sur des thèmes d'études liés aux activités
éducatives et culturelles. La réorientation amorcée en
1969 devait se concrétiser en 1971 et demeurer permanente par la suite.
En fait, l'office voulait rejoindre tous les centres d'intérêt de
cette jeunesse québécoise âgée de 18 ans à 30
ans et, dans certains cas, 35 ans. Le conseil d'administration, en
précisant les objectifs de l'office et en acceptant de considérer
tous les secteurs d'intérêt comme étant d'égale
importance, parce que la jeunesse québécoise s'y exprimait, a
été amené conséquemment à modifier les
priorités de la programmation qui glissèrent graduellement du
secteur "éducation et culture" pour favoriser globalement les
thèmes d'études qui rejoignaient le jeune par le biais de son
engagement professionnel, plutôt que par ses activités
paraprofessionnelles. A cette fin, l'office organise des voyages d'étude
qui permettent une découverte globale d'une autre société
et d'une autre culture par une approche et une pédagogie qui tiennent
compte des intérêts professionnels et techniques des
stagiaires.
Ainsi les jeunes qui s'identifient comme les plus dynamiques des deux
communautés deviendront-ils quant à nous des agents plus
efficaces de développement de leur collectivité en s'engageant
dans un effort d'analyse plus poussé par une réflexion
comparative de la réalité culturelle, économique et
sociale des deux pays,
Aussi, on peut affirmer aujourd'hui que l'office n'est plus
exclusivement l'instrument des jeunes cadres mais celui de tous les jeunes et,
parmi ceux-là, des plus dynamiques. D'autre part, la découverte
globale de l'autre communauté tient compte de plus en plus du mode
d'apprentissage et des intérêts de chaque catégorie de
stagiaires et conséquemment de la pluralité culturelle des
sociétés.
Enfin, l'office veut, par le biais de la réflexion comparative,
permettre aux jeunes de s'engager dans le développement de leur collec-
tivité. Donc, en fait, trois réorientations importantes marquent
le développement de l'office: La clientèle des stagiaires, la
programmation, les méthodes pédagogiques.
Recherche et moyens techniques. Les 20 et 21 novembre 1972, le
Québec a été l'hôte de la première
conférence interprovinciale des ministres provinciaux des Communications
du Canada. A l'occasion de cette première conférence, les
ministres ont convenu d'instituer une structure de coopération
intergouvernementale permanente par laquelle les fonctionnaires des dix
ministères provinciaux se rencontreront régulièrement, et
les ministres des Communications se réuniront au moins une fois l'an.
C'est à Calgary, Alberta, qu'a été fixée la tenue
de la deuxième conférence, au début de juin prochain.
A la même occasion, les ministres ont convenu de mettre sur pied
un comité ad hoc chargé d'examiner l'ensemble des questions
relatives à la câblodistribution, sujet d'intérêt
commun pour les provinces. Enfin, et c'est la raison qui m'amène
à parler de cette conférence interprovinciale. Les ministres
réunis à Québec ont décidé de
procéder à des échanges d'informations sur les
études, recherches et inventaires qui sont réalisés par
leurs ministères respectifs.
Pour toutes les provinces dont les interventions sont relativement
récentes en matière de communications, ces échanges
devraient permettre de faire profiter de leurs connaissances et de leurs
expériences, tout en profitant de celles des autres.
Dans le cadre de la commission permanente de coopération entre le
Québec et l'Ontario, le ministère des Communications a entretenu
des relations permanentes avec le ministère des Communications ontarien.
Plusieurs rencontres ont eu lieu entre les fonctionnaires au cours desquelles
on a discuté des problèmes communs en matière de
téléinformatique, d'utilisation des satellites de communication,
de télévision éducative, de
télédistribution, de séparation des coûts en
téléphonie et d'interconnections.
Pour ma part, j'ai rencontré mon homologue ontarien à
quatre reprises, en juin, octobre, avril 1973 ainsi que tout
dernièrement. Ces relations particulières avec la province
voisine sont elles aussi de nature à favoriser les échanges
d'informations sur les sujets qui font l'objet d'étude, de recherche ou
d'inventaire pour le Québec.
La téléinformatique constitue une préoccupation
importante pour le ministère des Communications. En 72/73, nous avons
entrepris un inventaire complet des équipements utilisés
actuellement par les divers ministères et organismes gouvernementaux.
Cet inventaire constitue la démarche initiale à
l'élaboration d'une politique gouvernementale s'appliquant aux
institutions publiques et visant à rationaliser l'utilisation et l'achat
d'équipement de transmission de données par le gouvernement et
les organismes gouvernementaux et paragouvernementaux.
Mais l'intérêt du ministère des Communica-
tions pour la téléinformatique ne se limite pas à
l'utilisation qui en est faite par le gouvernement. Pour assurer un
développement rationnel des réseaux de transmission de
données sur le territoire québécois, le gouvernement doit
être plus qu'un utilisateur de la téléinformatique, mais
aussi, dans une certaine mesure, un régulateur. Dans cette perspective,
nous avons modestement mais résolument entrepris certaines études
en vue d'inventorier les équipements disponibles, les besoins ainsi que
les projets d'investissement public et privé pour la prochaine
décennie.
Nous avons entrepris également d'analyser la structure des tarifs
pour les réseaux existants, d'examiner les effets des interconnections
avec les réseaux continentaux et enfin, d'évaluer les chances de
développement de cette industrie de pointe au Québec.
Vous comprenez bien qu'il s'agit là d'un domaine
extrêmement complexe et vaste dans lequel, compte tenu des moyens dont
nous disposons, nous ne pouvons progresser qu'assez lentement.
En matière de télévision éducative, le
ministère des Communications a entrepris, en collaboration avec
Radio-Québec, de dresser un bilan de tous les travaux qui ont
été réalisés au cours des trois dernières
années en vue de doter le Québec d'un réseau public de
télévision éducative. Les études techniques,
pédagogiques et économiques sont en cours et en voie d'être
achevées, en collaboration avec Radio-Québec et le
ministère de l'Education, en vue de déterminer les
modalités d'utilisation de réseaux hertziens pour des fins de
télévision éducative.
Le ministère a entrepris, au cours de 1972, un certain nombre de
travaux de recherche concernant les media communautaires. Ces travaux ont pour
but de faire le point sur l'utilisation de plus en plus grande que font des
communautés de citoyens d'équipements de communication tels le
câble coaxial, la magnétoscopie, les vidéo-cassettes, etc.,
de déterminer, également, les actions qui devraient être
prises par le ministère des Communications pour favoriser l'utilisation
de ces équipements. Jusqu'à maintenant, ces travaux nous ont fait
découvrir, avec étonnement, l'intérêt que peuvent
avoir des groupes de citoyens à ne plus être de passifs
téléspectateurs et à produire eux-mêmes leurs
propres documents audio-visuels. Aussi, pour le ministère des
Communications, les media communautaires constituent désormais une
réalité et un élément important d'une politique de
développement socio-culturel.
Dans le cadre de ses travaux, le ministère poursuit, depuis le
mois d'août 1972, une série d'expériences visant à
familiariser les autochtones du Nouveau-Québec avec la
télévision à laquelle ils auront désormais
accès grâce aux satellites canadiens de communication. Ces
expériences consistent à permettre aux Esquimaux d'utiliser
eux-mêmes des équipements magnétoscopiques portatifs au
moyen desquels ils produisent des documents audio-visuels communautaires qui
sont réutilisés sur place.
Enfin, conformément aux attributions que le ministère des
Communications s'est vu conférer par la loi 37 de 1972, nous avons
entrepris de mettre au point un programme de réglementation visant
à favoriser le développement des réseaux de
télécommunications sur le territoire du Québec. Ce
programme de réglementation pourrait être présenté
en partie en 73/74 et suscitera évidemment de multiples travaux
d'étude, de recherche et d'inventaire.
Quant au programme 6, Régie des services publics, depuis trois
ans, les budgets de la régie ont quadruplé.
Les effectifs ont triplé pour mettre en oeuvre notre politique de
communications sans négliger pour autant le mandat actuel que nous avons
en matière d'expropriation.
Ces moyens nouveaux donnés à la régie ont permis de
tenir la majeure partie des séances qui étaient
nécessaires en expropriation dans les différentes régions
du Québec, notamment celle de Forillon, et des
réaménagements urbains dans les régions de
Trois-Rivières et de Hull. Bien que le volume des affaires de la
régie se soit accru du double en ce qui a trait à Montréal
et quadruplé en ce qui a trait à Québec, la régie a
réussi à tripler le nombre des dossiers clos qui étaient
de l'ordre de 500 pour 1970 et qui s'est situé au cours de la
dernière année à 1,500 dossiers qui ont été
étudiés et fermés.
Il est à signaler le regroupement des entreprises de
téléphone sous la juridiction québécoise où
on a vu la consolidation au cours des derniers mois des entreprises de
Télébec et de Téléphone du Nord.
L'inventaire des entreprises de câblodistribu-tion et le
dépôt de celles-ci à la régie a
révélé l'existence de quelque 110 entreprises de ce type
au Québec qui devront se présenter en audience publique au cours
des prochains mois devant la Régie des services publics dès
l'adoption des éléments de réglementation qui doivent
être publiés préalablement dans la Gazette officielle et
que je me suis engagé à soumettre à la commission
parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications.
Quant au programme no 7, celui de Radio-Québec, celle-ci comme on
le sait a un rôle de producteur de documents audio-visuels à
caractère éducatif. Depuis quelques mois, six mois en fait,
Radio-Québec participe par ailleurs à une expérience de
production intensive et de diffusion par câble qui s'avère un
succès selon les résultats qui nous ont été
communiqués et compte tenu des moyens de diffusion utilisés. Il
s'agit, je le souligne, d'abord et avant tout d'une expérience de
production et non pas d'une expérience de diffusion. La diffusion par
câble étant, à toutes fins pratiques, faite gratuitement,
nous avons, dans un premier temps, voulu consolider l'expérience de
production pour dégager les lignes de force de ce que serait une
production éventuelle en ondes ouvertes.
Malgré les obstacles causés par de fréquentes
remises en cause de projets, de contenus ou d'échéanciers,
ainsi que par la grève de l'Union des artistes, la production a quand
même connu une croissance notable, tant en radio qu'en
télévision.
La production de Radio-Québec est en nette progression et il est
à prévoir que cette courbe ascendante continuera de se
développer à mesure que s'établiront des modes de
fonctionnement plus harmonieux avec les ministères clients. Elle montera
en flèche évidemment le jour où Radio-Québec
deviendra diffuseur sur ondes ouvertes, jour qui n'est pas aussi
éloigné qu'on pourrait le croire car il apparaît urgent,
selon des études préliminaires, d'établir un tel
réseau regroupant ses énergies à des coûts
avantageusement comparatifs au réseau de télévision
éducative de l'Ontario.
Somme toute, l'année 1972-73 a été pour
Radio-Québec la plus significative de sa courte histoire puisque
l'office s'est engagé résolument dans l'exercice de la partie la
plus importante de son mandat, celui de diffuseur.
La justification de l'Office de radiotélédiffu-sion du
Québec vis-à-vis du "citoyen ordinaire" consiste
précisément à lui donner une présence réelle
et quotidienne dans un maximum de foyers en répondant aux immenses
besoins des Québécois en matière d'éducation, qu'il
s'agisse de formation générale, professionnelle ou civique.
Cette troisième télévision qui pourrait être
le terme désignant dans l'avenir la télévision de
Radio-Québec à cause de sa spécificité propre
nullement comparable au style et au genre de télédiffusion que
l'on connaît présentement au Québec, aura comme tâche
de protéger, si je peux employer l'expression, l'environnement culturel
des Québécois tout en leur permettant une accessibilité
plus ouverte à l'éducation, à l'adaptation sociale et
à la culture actuellement affectée par les habitudes de confort
et les barrières psychologiques qui retiennent les gens au foyer et par
le nombre restreint de services les rejoignant à domicile.
Ainsi, l'équilibre linguistique que certains préconisent
en matière de télévision communautaire ne pourrait alors
être jugé satisfaisant puisque l'important, c'est d'assurer aux
Québécois le contrôle d'une capacité de
production.
Voici maintenant, en terminant, quelles sont les grandes orientations
des programmes du ministère des Communications pour l'exercice 73/74. En
vertu de la loi qui l'a institué, le ministère des Communications
exerce deux rôles principaux. D'abord, il est chargé de surveiller
l'établissement et le développement des réseaux de
communications dans les limites du territoire québécois. De plus,
il a la responsabilité d'offrir aux ministères et organismes
gouvernementaux des services de soutien, tant en ce qui concerne leurs
communications internes qu'en ce qui a trait aux communications qu'ils
entretiennent avec leurs clientèles respectives et la population en
général.
Jusqu'à maintenant, le ministère a été
principalement occupé à organiser les services de soutien qu'il
doit offrir aux ministères et organismes gouvernementaux. Tantôt
il a fallu réorganiser des services qui lui ont été
rattachés, tantôt il a fallu créer des services
complètement nouveaux. A compter de 1973-1974, le ministère entre
dans ce que l'on pourrait appeler la deuxième étape de son
existence au cours de laquelle il consolidera ses services de soutien et mettra
désormais l'accent sur le rôle qu'il doit jouer eu égard au
développement des réseaux de communications.
Dans la mesure où le budget d'un ministère traduit ses
préoccupations, le budget que nous proposons à l'Assemblée
nationale d'adopter, pour le prochain exercice, confirme à la fois la
place prédominante des programmes de soutien et le début d'un
virage nouveau.
En effet, les programmes de soutien continuent, par la force des choses,
à absorber autour de 80 p.c. des crédits nets du ministère
alors que les deux programmes du secteur des communications, "Recherche et
moyens techniques" d'une part et "Régie des services publics" d'autre
part, ne prennent que 8 p.c. de l'ensemble des crédits mis à la
disposition du ministère. L'augmentation du budget 73/74 par rapport
à celui de 72/73 serait, si vous acceptez nos propositions, de
$5,062,400, soit 21 p.c. De cette augmentation, 80 p.c. ira aux services de
soutien et 18 p.c. ira aux programmes de communications proprement dits.
Toutefois, si on observe le taux de croissance de chacun des programmes, l'un
après l'autre, on constate que le programme "Recherche
(c'est-à-dire télécommunications) et moyens techniques"
s'accroît dans une proportion de 76.6 p.c. alors que les programmes de
soutien s'accroissent dans une proportion moyenne de 23 p.c. En chiffres
absolus, il y a donc encore un écart extrêmement large entre les
crédits destinés aux services de soutien et ceux qui vont aux
programmes de communications; mais se dessine, comme je l'ai dit, une tendance
nouvelle traduisant l'effort que veut mettre le ministère des
Communications sur son rôle de planification du développement des
réseaux de communications.
En ce qui concerne les programmes de soutien, l'augmentation des
crédits s'explique essentiellement de deux façons. D'abord par
l'augmentation du volume des services offerts aux ministères, qu'il
s'agisse de services téléphoniques,
radiotéléphoniques, téléinformations,
d'édition de publications ministérielles, d'impression en
régie, de traduction, de documentation; ensuite par les projets nouveaux
qui permettront au ministère des Communications de mieux informer et de
mieux renseigner la population sur les programmes gouvernementaux.
En ce qui concerne la planification du développement des
réseaux de communications, l'accroissement des crédits est
destiné principalement à des travaux de recherche et
d'inventai-
re qui permettront à l'Etat d'effectuer un rattrapage de
connaissances par rapport à l'entreprise privée et qui seront
à la base de la réglementation dont j'entends recommander
l'adoption au lieutenant-gouverneur en conseil conformément à la
loi 37 de 1972.
Voilà, je pourrai ensuite dans la réponse aux questions
fournir plus d'éléments statistiques quant au ministère
des Communications et sur les chiffres comparatifs du budget. Je voudrais
cependant, avant de céder la parole aux membres de la commission, vous
présenter le sous-ministre des Communications, M. Florian
Rom-pré, qui m'accompagne, ici à ma gauche, et qui assume, comme
seul sous-ministre aux Communications, les responsabilités de sous-chef
au ministère des Communications.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Avant de céder la parole
à l'honorable député de Chicoutimi, j'aimerais mentionner
pour la bonne marche de nos travaux que le député de Saint-Jean
va agir comme rapporteur de cette commission, s'il n'y a pas d'objection.
J'inviterais l'honorable ministre à nous présenter les officiers
de son ministère, qui l'entourent.
M. L'ALLIER: Oui, il y a M. Morgan, qui est mon directeur de cabinet; M.
Pierre Boucher, qui est directeur général de l'administration; M.
Grégoire, qui est directeur de la planification budgétaire; M.
Picard, qui est secrétaire particulier adjoint à mon cabinet. Il
y a aussi M. Gaboury.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie
très cordialement le ministre des Communications de l'exposé
qu'il vient de faire. Cet exposé, assez long en ses termes, ne nous a
pas paru long, tout au contraire, parce qu'il nous a fourni des renseignements
extrêmement précieux sur l'organisation du ministère, sur
l'activité du ministère et sur le programme d'action qu'il se
propose d'entreprendre au cours du prochain exercice financier. Il nous a
permis aussi de constater, et je le dis sans réserve, que le ministre
est bien informé, qu'il connaît son ministère et qu'il est
capable, en un temps relativement court, de nous faire voir exactement quelles
sont toutes les structures et de quelle façon chacune des pièces
de cette machine s'articulent l'une à l'autre. Nous lui savons donc
gré de cet exposé qui nous permettra d'aborder avec beaucoup plus
d'efficacité et avec toute la célérité
nécessaire l'examen du budget qu'il propose à notre adoption.
M. le Président, le ministre ne s'étonnera pas que,
dès le début de mes observations, je pose certains
problèmes de principe, problèmes qu'il n'a pas
évoqués, parce que, comme nous, il a déjà eu
l'occasion d'en discuter, particulièrement lors de l'examen des projets
de loi 35, 36 et 37, mais problèmes d'une extrême importance,
puisqu'ils se rattachent à un objectif que le gouvernement du
Québec s'est fixé et qu'a proclamé le premier ministre,
soit celui de la souveraineté culturelle.
Alors que je faisais une observation similaire ou identique au ministre
des Affaires culturelles, il y a quelques heures à peine ou quelques
jours maintenant cela fait une journée et demie quelqu'un
avait fait remarquer que c'était tomber dans un piège que
d'évoquer cette question de la souveraineté culturelle. Il faut
bien comprendre, M. le Président, que si l'on parle de
souveraineté culturelle, c'est que l'on est conscient de la situation
constitutionnelle du Québec et que, vivant en un régime
fédéré, il est nécessaire de revenir sur certaines
positions de principe qu'a déjà, d'ailleurs,
énoncées le ministre des Communications et que j'entends bien lui
rappeler ce matin en l'incitant à nous fournir de plus amples
renseignements sur l'évolution du dossier constitutionnel, sur
l'évolution de ce contentieux qui, à mon avis, si on n'apporte
pas une solution à ce problème, risque de paralyser certains
secteurs vitaux du ministère des Communications.
Donc, le ministre s'attend bien à ce que je lui demande quels
sont les progrès que lui-même et son gouvernement ont accomplis
dans les négociations avec le gouvernement central en ce domaine
stratégique de la compétence constitutionnelle.
En effet, l'un des éléments majeurs, à mon sens, du
programme du ministère des Communications est celui de la
radiotélédiffusion, en raison de ses répercussions et de
tout ce qu'elle peut comporter d'instruments destinés à
promouvoir ce que le premier ministre a appelé lui-même,
après bien d'autres premiers ministres d'ailleurs, la
souveraineté culturelle du Québec.
Je veux donc demander au ministre, il me répondra après
mon exposé, quel est l'état du dossier, quelles
négociations ont été entreprises depuis le moment
où le ministre actuel nous faisait rapport, en Chambre et en commission
parlementaire, lors de l'étude des projets de loi que j'ai
évoqués tantôt, quel est l'état des
négociations depuis ce moment, quelles négociations ont
été reprises et de quelle façon le gouvernement central
a-t-il reçu ou semble-t-il devoir recevoir les propositions à ces
exigences qu'avait faites le ministre des Communications, propositions qu'il a
reprises maintes fois et qui lui tiennent à coeur parce qu'elles
touchent un aspect fondamental des droits dévolus aux Etats membres de
la fédération canadienne.
Je suis invité, M. le Président, à poser ces
questions au ministre par le rapport même du ministère des
Communications qui fait état des déclarations
répétées de diverses personnalités de la politique
québécoise affirmant la souveraineté du gouvernement du
Québec en matière d'éducation et, par voie de
conséquence, en matière de culture.
A la page 27 du rapport, on a consigné les
déclarations notamment de Narcisse Pérodeau, dans le
discours du trône du 8 janvier 1929, déclaration reprise le 10
janvier 1929 par l'ancien premier ministre Taschereau, déclaration
reprise le 13 mars 1945 par le grand chef d'Etat qu'a été Maurice
Duplessis, déclaration reprise par un premier ministre qui porte,
à mon sens, la responsabilité d'un énorme contentieux
constitutionnel, l'ancien premier ministre Adélard Godbout, le 13 mars
1945, déclaration de M. André Laurendeau qui, le 13 mars 1945
également, affirmait les droits du Québec en matière de
radiotélévision éducative, culturelle, déclaration
d'un autre grand chef d'Etat, l'honorable Daniel Johnson, dans le
mémoire du premier ministre du Québec soumis à la
conférence fédérale-provinciale du 5 au 7 février
1968, déclaration de l'honorable Jean Lesage...
M. HARDY: Grand chef d'Etat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... du 22 février 1968,
également un chef d'Etat qui a accompli du travail pour le
Québec, et il faut le reconnaître. J'ai le droit d'avoir mes
préférences, M. le Président.
M. HARDY: Vous êtes plus porté vers l'histoire ancienne que
contemporaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que cette histoire est
maîtresse d'enseignement et c'est cette histoire et l'histoire de ces
chefs qui nous donnent l'espoir d'un retour.
Alors, M. le Président, déclaration également de
l'honorable Jean-Jacques Bertrand disparu prématurément il y a
quelques mois, déclaration qu'il faisait le 16 mai 1969 et, enfin,
déclaration d'un homme qui est disparu de la politique, M. Yves Michaud,
le 16 mai 1969.
Chacun de ces hommes politiques a affirmé le droit du
Québec a exercer sa compétence en matière de radio et de
télévision pour des fins de culture et d'éducation. C'est
la raison pour laquelle je voudrais savoir, toujours dans cette
continuité des propos qu'a déjà tenus le ministre des
Communications, s'il y a progrès dans les relations, quel est
actuellement l'état du dossier et si le ministre entend soumettre
bientôt au gouvernement central d'autres propositions.
Ces propositions, M. le Président, j'imagine que le ministre
entend les soumettre. Il va sans doute nous le dire, mais je voudrais lui
suggérer, puisqu'il a parlé des rencontres qui ont eu lieu entre
les ministres responsables des communications dans les divers gouvernements des
Etats membres de la fédération canadienne... J'entends lui
demander s'il est de son intention de convoquer une conférence
spéciale des ministres responsables des Etats membres de la
fédération canadienne pour discuter spécifiquement de ce
problème de la compétence législative des gouvernements
dans le domaine de la radio et de la télévision éducative.
Parce que je ne crois pas et nous l'avons dit déjà
à maintes reprises en Chambre, à propos d'autres aspects du
contentieux constitutionnel que le mode de négociation actuel du
gouvernement libéral soit de nature à provoquer ou à
apporter une solution rapide à un problème qui traîne et
qui irrite à bon droit les citoyens qui voudraient bien voir le
gouvernement du Québec et les autres gouvernements également
prendre l'initiative des opérations.
Ils voudraient bien les voir aussi déterminer eux-mêmes
quels sont leurs droits et leurs priorités et proposer à un
gouvernement central les exigences ou soumettre, pour mieux parler, les
conditions d'association nouvelles des Etats membres de la
Fédération à l'intérieur de cette entité que
constitue la Fédération canadienne actuelle, qu'il faudra bien
réexaminer dans l'optique d'une révision complète de la
Constitution.
M. le Président, je ne veux pas insister davantage sur cet
aspect, disons, "théorique", enfin je dis théorique entre
guillemets, parce que c'est un aspect théorique qui sous-tend, ce sont
des problèmes qui peuvent paraître théoriques, mais tout
cela sous-tend la politique du gouvernement en matière de
communications. Et j'y reviens parce que cela me parait tellement essentiel.
Les trois lois que nous avons adoptées, 35, 36 et 37, ne peuvent
recevoir une application véritable, ne peuvent devenir
véritablement efficaces que si l'on en arrive à une solution
définitive, très nette, très claire de ce problème
qui a paru inextricable un temps des relations
fédérales-provinciales.
Avant les dernières élections fédérales, il
semblait y avoir eu adoucissement du côté du gouvernement central;
le gouvernement central, qui s'était raidi et qui s'était
même cabré, a paru donner des arrhes aux gouvernements des Etats
membres de la fédération. Mais immédiatement après
les élections, il s'est repris très vite de sorte que nous avons
le droit de nous interroger sur l'état du dossier et j'entends bien que
le ministre nous éclaire sur cette question. Cette question,
évidemment, est liée à celle de la
câblodistribution, à celle de l'utilisation des antennes,
satellites, etc., de tous ces media communautaires que l'on peut utiliser
actuellement dans le cadre de la compétence qui nous est
réservée, mais qui ne peuvent être utilisés
pleinement par le gouvernement du Québec qu'à partir du moment
où le Québec occupera véritablement, comme cela est son
droit, le champ des ondes qui jusqu'à présent a été
le monopole, l'apanage du gouvernement central.
Alors, M. le Président, je termine sur ce chapitre en invitant le
ministre tout à l'heure à nous dire quels sont les progrès
qui ont été accomplis dans ce domaine particulier.
Je voudrais aussi que le ministre soit plus explicite sur les services
de son ministère aux populations éloignées,
dispersées par tout le territoire du Québec. Il a
évoqué le problème des Indiens, des Esquimaux, etc. Il a
parlé des
services régionaux et j'aimerais qu'il nous fournisse des
renseignements peut-être plus spécifiques, des détails
techniques sur la façon dont son ministère entend desservir les
populations qui vivent dans des régions éloignées des
grands centres et qui, de ce fait, ne peuvent se prévaloir des services
de la radio, de la télévision et des moyens de communication dont
on se sert à Montréal, à Québec et dans des villes
d'une certaine importance.
Il y aurait eu lieu également que le ministre nous exposât
de quelle façon il envisage, par exemple, le problème des
relations de son ministère en matière de radio,
télédiffusion, câblodistribution, antenne, etc., avec les
stations privées de radio et de télévision, de quelle
façon il voit le problème de la collaboration avec ces moyens de
diffusion que sont les stations de radio et de télévision
privées. Le cas de Radio-Canada est un autre cas dont le ministre devra
nous parler et j'imagine qu'il voudra bien nous dire comment, par exemple,
Radio-Québec est en mesure ou sera en mesure, à des fins de
diffusion, d'utiliser les moyens de diffusion qui existent à l'heure
actuelle.
Au chapitre de Radio-Québec, le ministre a fait un exposé.
Il a fait un bilan de l'activité de Radio-Québec. Ce qu'il nous
en a dit est de nature à nous réjouir parce qu'il semble bien que
Radio-Québec ait démarré et que ce départ soit bon.
Il restera à voir quelle est, pour les mois à venir, la
programmation et de quelle façon l'Office de
radiotélédiffusion du Québec pourra concilier les deux
vocations de production et de diffusion.
Au titre de l'information gouvernementale, le ministre nous a fourni une
foule de renseignements techniques, renseignements qui nous sont assez
satisfaisants mais qui exigeront de sa part des réponses à des
questions sur les mécanismes d'information gouvernementale, la
constitution des services, les modes d'opération et la nature de
l'information gouvernementale qui est diffusée par le territoire du
Québec.
Je voudrais à ce propos, précisément parce que je
parle d'information gouvernementale, attirer l'attention du ministre sur la
nouvelle voie que doit emprunter cette information gouvernementale je
parle ici plus spécifiquement de l'activité de l'Assemblée
nationale par les journaux, par la radio, par la
télévision.
Il y a le journal des Débats. Il est évident que les
journaux, les media d'information pour les prendre tous ensemble, ne peuvent
pas donner une information complète sur l'activité de
l'Assemblée nationale.
D'autre part, le journal des Débats est en soi, quand même,
assez aride et ce ne sont pas tous les citoyens qui peuvent s'en servir. De
plus, le règlement de la Chambre et la façon de travailler que
nous avons maintenant à l'Assemblée nationale empêchent les
journalistes d'être présents à toutes les commissions
parlementaires où se discutent des problèmes extrêmement
importants qui touchent aux intérêts des ci- toyens. Je me demande
si je ne pourrais pas proposer au ministre de s'interroger sur la
possibilité de téléviser les débats de
l'Assemblée nationale.
Je ne parle pas nécessairement des débats qui se tiennent
en haut parce que ces débats ne sont pas toujours très
édifiants, sur les projets de loi que nous étudions où
l'humeur des députés qui y participent quels qu'ils soient et
quelque formation politique à laquelle ils appartiennent... Mais je
crois que, à l'heure actuelle et j'en ai des témoignages
nombreux les citoyens se plaignent de ne pas savoir ce qui se passe
à l'Assemblée nationale.
Il y a bien des raisons à cela et je crois que l'une des raisons
majeures est justement le nouveau mode de travailler que nous avons. Nous
sommes en commission parlementaire. Le travail en commission parlementaire a,
évidemment, un caractère assez technique mais, en commission
parlementaire, s'instituent des débats très sérieux,
très objectifs. Il serait important que le ministre étudie cette
question et examine la possibilité de tenter une expérience
pilote afin de voir si les citoyens du Québec seraient heureux de
recevoir, par d'autres canaux que ceux par lesquels ils la reçoivent
actuellement, l'information sur l'Assemblée nationale, s'ils seraient
intéressés à voir ce qui se passe au moment où cela
se passe. Il peut y avoir diverses formules. Cela peut se faire en
différé, cela peut se faire en direct. Mais je crois que le temps
est venu de se poser la question sérieusement, compte tenu de
l'évolution que nous avons connue dans les méthodes de travail de
l'Assemblée nationale parce que, de plus en plus, la Chambre comme
telle, ce que l'on appelait autrefois le Salon de la race, n'est plus le lieu
privilégié où se discutent de façon objective,
sérieuse et à fond, les grandes questions qui intéressent
les citoyens.
J'invite donc le ministre à penser à ce problème et
dans sa réplique il pourra nous dire ce qu'il en pense et quelles
pourraient être, selon lui, à la suite d'études qu'il a
sans doute déjà entreprises, les possibilités en ce
domaine.
Le ministre, l'an dernier, nous avait parlé des publications du
gouvernement. Il a repris le sujet tout à l'heure. Nous fournissons
encore des renseignements très précieux. Il avait, l'an dernier,
insisté sur la nécessité d'uniformiser un certain nombre
de publications du gouvernement. Nous recevons chaque jour, à la
Chambre, des rapports présentés de toutes sortes de
façons. Celui-ci est présenté sous tel format, un autre
sous tel format, ainsi de suite. Ces publications ont quelquefois un
caractère, une allure un peu luxueuse. Ils ne sont pas tous de
consultation facile. Or, il s'agit d'instruments extrêmement importants
pour l'information du public, et je me demande si le ministre ne devrait pas
examiner avec les services compétents de son ministère cette
question afin de concevoir un mode de publication des rapports gouvernementaux
par exemple qui soient, dans
leur formulation, dans leur teneur, dans leur libellé, beaucoup
accessibles au grand public. Ils ne constituent pas simplement des paquets de
papier qu'utilisent les gens qui, comme nous, par profession, doivent le faire,
mais qui ne sont pas connus du public, alors que le public pourrait y trouver
toute une série de renseignements qui lui permettraient de voir ce que
le gouvernement fait pour lui et quels sont les services que le gouvernement
peut lui offrir. C'est, à mon sens, une lacune qu'il faudrait combler
et, l'an dernier, le ministre, en parlant de l'uniformité ou de
l'uniformisation plutôt des publications gouvernementales, avait
lui-même évoqué ce problème et je m'étais
réjoui de ce qu'il l'eût fait.
Il y a aussi la question de la diffusion des publications
gouvernementales. Evidemment, ce ne sont pas toutes les publications
gouvernementales qui peuvent intéresser tous les citoyens, mais il y a
des catégories de citoyens, que ce soient des hommes d'affaires, des
professionnels, que ce soient des travailleurs, des centrales syndicales, des
enseignants, ainsi de suite, qui voudraient bien que les publications
gouvernementales soient accessibles à des prix raisonnables.
Naturellement, le ministre pourra me répondre qu'il y a des contraintes
budgétaires et c'est vrai, il y a des contraintes budgétaires,
mais il s'agit d'un service public. Ce sont les contribuables qui paient ces
publications. Il serait donc important que le ministre étudie le
problème afin de rendre ces publications accessibles à des prix
qui soient raisonnables. Il y a eu récemment un certain nombre de
rapports de commissions gouvernementales, rapports très importants, qui
mettent en cause la vie de la collectivité. Ces rapports ne sont pas
accessibles au grand public à cause du coût. Le coût en est
énorme. Je le voyais encore hier, alors que le ministre de l'Education
déposait le rapport de son ministère.
Il s'agissait d'une publication assez luxueuse qui coûte, je
crois, je ne voudrais pas me tromper, entre $3 et $4. C'est quand même le
rapport du ministère de l'Education, le rapport d'un ministère
qui bouffe, si on me permet cette expression argotique, plus de $1 milliard;
par conséquent, les citoyens sont intéressés à
savoir ce qui se passe au ministère de l'Education, ce qu'on fait de
leur argent, particulièrement ceux qui ont vocation d'enseignants,
d'administrateurs scolaires. Je parle bien entendu, toujours, du public, de
tous les citoyens, quels qu'ils soient.
Je m'interroge également sur les économies dont le
ministre nous parlait l'an passé, qu'il se proposait de réaliser
en uniformisant les publications, en voyant leur présentation graphique,
etc. Le ministre s'était proposé de voir à réaliser
des économies. Je voudrais bien qu'il nous dise plus tard ce qu'il en
est. Nous avions aussi l'an passé abordé la question des services
contractuels, particulièrement dans le domaine de l'impression, dans le
domaine de l'art gra- phique; or, le ministre n'en a pas parlé ce matin,
et j'entends bien l'interroger sur cette question des services contractuels. Le
ministre parlait tout à l'heure de traduction, de documents traduits, de
publications traduites. Nous aurons des questions à lui poser sur ce
service de traduction, quelles sont les possibilités d'emploi dans le
domaine de la traduction, puisqu'il y a des écoles de traduction dans
diverses facultés. Je sais que beaucoup d'étudiants s'interrogent
sur les possibilités de travail. Il serait important que le ministre
nous renseigne sur celles qu'offre précisément le gouvernement du
Québec, via le ministère des Communications. La même chose
vaut pour les documents audio-visuels. Ces documents audio-visuels sont
produits par des spécialistes. De quelle façon
procède-t-on lorsqu'on passe des commandes pour la production de
documents audio-visuels et de quelle façon le ministre envisage-t-il de
stimuler l'économie, puisque son ministère a, comme tous les
autres, une vocation économique? Comment le ministre se propose-t-il de
stimuler l'économie en nous indiquant exactement quelles sont les
ouvertures, si je peux employer ce mot, pour tous ces spécialistes qui
sont devenus des producteurs de documents ou qui se sont préparés
à devenir des producteurs de documents audio-visuels? Il y a aussi le
problème des agents d'information. Le gouvernement a mis sur pied des
mécanismes très importants pour l'information du public,
information interministérielle, information gouvernementale pour
l'Assemblée nationale et information pour le grand public, parce que
c'est surtout dans l'optique du service à la collectivité qu'il
faut penser le problème. Alors, le ministre a parlé des agents
d'information, le ministre nous informera sans doute de la façon dont
sont recrutés ces agents, quelle est la formation que l'on exige d'eux
et quelles sont aussi, dans ce domaine, les possibilités d'emploi,
puisque son ministère, prenant de l'expansion, l'information
gouvernementale étant une exigence de toute première importance,
il y a là encore des possibilités d'emploi pour un grand nombre
de jeunes qui sortent de nos diverses maisons d'enseignement.
Cela vaut également pour la téléinformatique, enfin
tout ce qui constitue le réseau des communications du gouvernement.
Dans le cas des bureaux régionaux, le ministre nous a dit qu'il
en existait sept. J'imagine qu'il a l'intention d'en créer quelques
autres. Evidemment, on ne peut pas les multiplier à l'infini, un dans
chaque localité, mais j'aimerais que le ministre nous explique comment
fonctionnent exactement ces bureaux régionaux et de quelle façon
le public peut utiliser les services de ces bureaux régionaux. Il en
existe un dans ma région et je me suis rendu compte que beaucoup de
citoyens ne savaient pas encore que cela existait et que d'autres ne savaient
pas comment les utiliser. Alors, j'attends du ministre qu'il nous donne ces
rensei-
gnements afin que nous puissions les communiquer à la population
et que lui explique à la population comment elle peut recevoir des
renseignements que chaque jour, nous, les députés, nous sommes
obligés de communiquer.
M. le Président, je voudrais savoir aussi si le ministre a
établi des relations avec l'Office de la langue française pour la
promotion du français. Le ministère des Communications est un
instrument; il est donc important de se demander comment, dans ce domaine de la
promotion, de la diffusion, de la correction du français, ce
ministère est en mesure d'établir des relations avec l'Office de
la langue française dont, malheureusement, un très grand nombre
de travaux de toute première valeur, de très grande
utilité, ne sont pas connus. Il faut faire appel à l'Office de la
langue française pour recevoir certaines publications qui devraient
normalement recevoir une diffusion automatique et, j'ose le dire, même si
ça faisait sursauter le ministre des Finances, gratuite, du moins, au
départ, un certain paquet, une certaine somme des publications de
l'Office de la langue française devrait être diffusée,
envoyée aux citoyens ou, à tout le moins, au départ,
à des groupes représentatifs qui pourraient se charger, eux, de
les mettre à la disposition du public.
On parle beaucoup de la langue, je trouve qu'on devrait on parle
toujours de la langue pour parler de la langue permettre aux gens de la
parler et surtout mettre à leur disposition les instruments qui les
aident à la parler correctement. Je sais d'expérience, et je le
sais parce que j'ai eu l'occasion, il y a quelque temps, de voir un inventaire
des publications de l'Office de la langue française, qu'il y a là
une série d'instruments qui permettraient de démythifier le
problème de la langue et permettraient à des gens qui se
plaignent qu'on ne s'occupe pas du problème de la langue, qu'on ne les
aide pas à bien parler... Il y a là une foule d'instruments qui,
utilisés couramment, permettraient à ces gens de parler
français, de corriger leur langue et de la faire prévaloir dans
tous les domaines de l'activité québécoise,
particulièrement dans le domaine du travail.
Au chapitre de l'Office franco-québécois de la jeunesse,
je me réjouis de constater que l'orientation que l'Office
franco-québécois de la jeunesse devait prendre semble se
concrétiser par ce glissement des effectifs des stagiaires du
côté de l'économie et de la technologie, contrairement
à ce qui s'était produit auparavant alors que l'on s'était
surtout intéressé aux problèmes de l'éducation et
de la culture. Le ministre a rappelé les objectifs de l'Office
franco-québécois de la jeunesse. Il s'agit de mettre en contact
des jeunes des deux pays avec des cultures, des civilisations, des
sociétés, des modes de vie différents. Lorsque nous avions
créé cet office, nous avions insisté sur cet objectif,
nous avions bien indiqué qu'il ne s'agissait pas de créer un
office de tourisme et que les stagiaires de l'Office
franco-québécois de la jeunesse devaient être choisis,
triés sur le volet, parmi les cadres les plus dynamiques, pour reprendre
les propos du ministre, afin de rendre service à la
collectivité.
Je me permets de rappeler au ministre qu'au mois de janvier dernier,
alors que j'avais le plaisir de participer à la conférence
internationale des parlementaires de langue française, que les pays
africains avaient adressé des reproches à la France concernant le
choix des stagiaires en indiquant que l'insistance que l'on avait mise sur le
choix de personnes intéressées d'abord aux disciplines des
sciences humaines avait eu comme effet de politiser leurs pays et de troubler
à certains égards le climat social. J'ai, à la suite de
mes collègues africains, fait les mêmes observations. C'est pour
cela que je me réjouis de voir que l'Office
franco-québécois de la jeunesse semble infléchir sa
politique dans le sens d'un dynamisme pratique, efficace, concret et que l'on
s'intéresse à envoyer là-bas des gens
préoccupés beaucoup plus à bâtir le Québec
qu'à se promener pour découvrir les moyens de détruire le
Québec.
C'est donc, à mon sens, un actif qu'il faut porter au compte du
ministre responsable de l'Office franco-québécois de la jeunesse,
sans pour autant lui faire des compliments et lui dire que tout est beau et
parfait dans ce domaine; mais ce qu'il nous a dit est une indication de
l'évolution de la politique de l'Office franco-québécois
de la jeunesse.
M. le Président, il est midi trente. Tel que convenu...
LE PRESIDENT (M. Croisetière); Alors, la commission ajourne des
travaux à mardi matin, dix heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même salle.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Même salle.
(Fin de la séance à 12 h 31)