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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du mardi 15 mai 1973
(Dix heures dix minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
La commission parlementaire de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications continue ce matin l'étude des
crédits du ministère des Communications. Lors de l'ajournement
des travaux, vendredi dernier, l'honorable député de Chicoutimi
avait la parole. Avant de la lui céder, j'aimerais indiquer les
changements suivants : le député de Lafontaine va remplacer le
député de Saint-Jacques; le député de Chauveau va
remplacer le député de Terrebonne; le député de
Verdun va remplacer le député de Taillon; le député
de l'Assomption va remplacer le député de Vaudreuil-Soulanges; le
député de Compton va remplacer le député de
Saint-Jean; le député d'Yamaska va remplacer le
député de Jacques-Cartier et, sur l'approbation des membres de la
commission, le député d'Yamaska agira comme rapporteur.
L'honorable député de Chicoutimi.
Remarques préliminaires (suite)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment où
nous avons ajourné, vendredi, j'étais â faire part au
ministre de certains commentaires qui avaient été faits lors de
la réunion de l'Association des parlementaires francophones, alors que
des collègues africains soulignaient l'importance qu'il y avait
d'envoyer des stagiaires qui fussent intéressés à
s'initier aux différentes techniques, à s'intéresser aux
problèmes techniques, économiques, etc., plutôt qu'à
s'occuper simplement des questions qui relèvent des sciences humaines,
non pas qu'ils négligeassent ces problèmes et cet aspect du
travail de l'Office franco-québécois. Je partage leur avis. J'ai
dit l'autre jour que je me réjouissais de voir que la politique de
l'Office franco-québécois de la jeunesse semblait
s'infléchir dans un sens beaucoup plus pratique et dynamique et que l'on
tend davantage à envoyer là-bas et en tirer des leçons,
des exemples, des méthodes et des techniques d'action destinés
à s'appliquer à l'activité québécoise.
Dans le document qui nous est remis ce matin, "Le stagiaire", il y a ici
un tableau qui nous montre qu'il y a des stages organisés en divers pays
francophones, ce qui est excellent. Le ministre aura l'occasion, tout à
l'heure, de nous donner peut-être de plus amples renseigne- ments sur la
nature de ces stages, sur le but et les objectifs que l'on poursuit.
Je ne veux pas insister plus longuement sur l'Office
franco-québécois, puisque j'en ai parlé la semaine
dernière. J'ai simplement porté ces faits à l'attention du
ministre, invité que je l'avais été par lui, alors qu'il
nous a fait part de ce changement qui s'était produit dans l'orientation
des stagiaires.
M. le Président, le dernier point que je voudrais aborder avec le
ministre, c'est le problème des communications
téléphoniques ou d'autres façons, dont s'occupe plus
spécifiquement la Régie des services publics, soit la question du
téléphone, la société Bell Canada, les
sociétés de téléphone qui ont encore leur
indépendance à côté de la société
Bell. J'aimerais que le ministre nous fasse un rapport sur l'activité de
son ministère concernant les possibilités d'exercice de la
souveraineté du Québec dans ce domaine de la
téléphonie ou de tout autre mode de communication qui se rattache
à la téléphonie et à la
télégraphie.
M. le Président, à la suite du ministre, j'ai
essayé de brosser une sorte de tableau des problèmes qui nous
préoccupent dans le domaine de son ministère, celui des
Communications. J'ai posé plusieurs questions. J'ai évoqué
un certain nombre de sujets que le ministre aura le loisir de reprendre.
Ce ministère, nous l'avons dit au départ, est un
ministère à caractère technique, mais dont la vocation a
et peut avoir une très grande influence sur la souveraineté
culturelle du Québec.
C'est pourquoi je me suis réjouis de la présentation qu'a
faite le ministre et, sans entrer dans l'examen proprement dit du budget, des
différents postes budgétaires, je serais porté à
conclure, sans pour autant absoudre le gouvernement de tous ses
péchés, que le ministre a bien pris en main le ministère,
qu'il le connaît, qu'il l'a structuré et qu'il est maintenant en
mesure, je pense, de nous informer sur les orientations majeures qu'il entend
donner à ce ministère et sur les politiques qu'il se propose de
mettre de l'avant.
On peut regretter que le budget de ce ministère n'ait pas encore
tout le poids qu'il devrait avoir. Il y a des contraintes, certes, mais c'est
justement par le truchement de ces ministères à vocation
particulière, comme celui des Affaires culturelles, des Communications,
du Tourisme, de l'Immigration, que le gouvernement peut affirmer davantage la
personnalité du Québec et qu'il peut davantage associer les
Québécois à l'oeuvre de consolidation, de restructuration,
de relance et de renouvellement de la vie et de l'activité des citoyens
du Québec.
M. le Président, en terminant, je remercie encore une fois le
ministre des renseignements qu'il nous a donnés, et j'écouterai
avec beaucoup d'attention les commentaires qu'il voudra bien faire sur les
problèmes que nous avons plus spécialement portés à
son attention.
Quant aux postes budgétaires eux-mêmes, il
nous sera plus facile par la suite de les examiner et de les adopter
étant donné cette revue exhaustive que nous aurons faite de
l'activité du ministère. Je vous remercie, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Pour les fins du journal des
Débats, j'aimerais signaler que le député d'Abitibi-Est
remplace ce matin le député de Richmond. Sans plus de
préambule, je lui cède la parole.
L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. AUDET: M. le Président, je vais être bref. Je tiens
d'abord à excuser le député de Frontenac et celui de
Richmond, qui n'ont pu venir ce matin. Je les remplace, c'est impromptu. De
toute façon, je me contenterai d'écouter de toutes mes oreilles
le long cheminement du ministère des Communications vers cette
juridiction provinciale qu'il a toujours désirée. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais ce matin utiliser,
contrairement au député de Chicoutimi, la période de
départ pour, plutôt que de faire un exposé, poser une
série de questions sur la politique générale du
ministère, quitte par la suite, en ce qui nous concerne, à
adopter les différents programmes du budget en bloc. Pour les autres,
s'ils veulent les adopter un par un, je n'ai pas d'objection, mais je voulais
simplement utiliser ce temps pour poser des questions d'ordre
général sur la politique du ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député me
permettrait une petite intervention?
Je suis du même avis que lui, ayant fait un exposé et ayant
posé un grand nombre de questions au ministre, il doit y
répondre, et je serais disposé moi aussi, après ça,
à adopter globalement les postes budgétaires.
M. LEGER: En mars 1972, à l'occasion d'une entrevue dans une
revue, le ministre disait à une question qu'on lui posait demandant si
Radio-Québec deviendrait bientôt un diffuseur: Dès que nous
aurons à la fois les moyens de diffusion et le besoin de diffuser.
Je demande au ministre: Quand Radio-Québec commencerait-il
à diffuser autrement que par le câble? J'entends ici par ondes
UHF. En d'autres mots les émissions actuelles du ministère, soit
émissions éducatives et culturelles par câble, ne
rejoignent qu'une clientèle plutôt restreinte et
privilégiée des citoyens québécois.
Or, ces émissions devraient surtout atteindre la masse des
Québécois qui ont besoin d'être rejoints par les moyens de
leur gouvernement qui est le plus près d'eux, celui à qui ils
s'identifient davantage, celui du Québec qui est là pour
protéger leur culture. Quand le ministre peut-il nous assurer que
Radio-Québec commencera à diffuser? Quelles sont les
difficultés qui l'empêchent de commencer le plus tôt
possible?
M. L'ALLIER: M. le Président, si le député de
Lafontaine veut poser toutes ses questions... J'ai déjà
noté quinze questions du député de Chicoutimi, si le
député de Lafontaine est d'accord, il pourra poser ses
questions...
M. LEGER: Ah bon!
M. L'ALLIER: ... au complet. Je reprendrai chacune de ses questions par
la suite et j'y répondrai. Si j'en avais oublié, il pourra me les
rappeler; je pense que ce serait plus facile pour moi et peut-être dans
un enchaînement logique avec les questions du député de
Chicoutimi.
M. LEGER: Ecoutez, je n'ai pas d'objection. Maintenant, selon les
réponses du ministre, il y a des sous-questions qui peuvent survenir. Je
voudrais donner les principales questions, quitte à attendre les
réponses du ministre pour lui apporter des sous-questions.
M. L'ALLIER: Si les réponses à ces grandes questions ne
sont pas satisfaisantes, vous pourrez entrer dans les détails.
M. LEGER: M. le Président, pour l'an prochain, est-ce que
Radio-Québec envisage d'élargir régionalement la diffusion
par câble de ses émissions? C'est une autre question que je
voulais poser.
Est-ce que le ministère possède des statistiques sur
l'écoute réelle des émissions éducatives de
Radio-Québec sur le câble? Est-ce qu'il est quand même
capable d'évaluer quelle clientèle il rejoint et si ça
vaut réellement la peine, par le système de câble
actuellement?
Une autre question, M. le Président: Des groupes communautaires
ont protesté dernièrement contre le fait que Radio-Québec
utilisait le câble. C'était l'unique canal de
télévision communautaire que possèdent les stations de
câblodiffusion, disait-on, et Radio-Québec bloquait
involontairement les vraies émissions communautaires. En d'autres mots,
on sait que les propriétaires de l'industrie du câble savent que
par la loi ils doivent donner une station pour Radio-Québec, mais
très souvent ils empêchent peut-être d'avoir d'autres
émissions communautaires et c'est la station du câble
communautaire qui est enlevée pour Radio-Québec. Quelle solution
le ministre envisage-t-il pour réglementer la câblodiffusion?
Autrement dit, une sorte de réglementation qui obligerait les
propriétaires de câble à ne pas enlever la station
communautaire pour passer un programme de Radio-Québec ou une
émission du gouvernement, et ainsi ne pas priver en même temps les
usagers du câble communautaire des émissions qui leur conviennent.
N'y aurait-il pas possibilité d'avoir
une réglementation permettant d'avoir, en plus des
émissions communautaires, une autre station sur le câble qui
serait pour Radio-Québec?
Comme de raison, M. le Président, il est toujours question aussi
du fameux dossier fédéral-provincial de la câblodiffusion.
Où en est rendu ce dossier depuis l'invitation qu'a faite à
Ottawa le ministre de porter le litige devant les tribunaux? Est-ce que depuis
ce temps, toutes les compagnies de câblodiffusion comme on nous
l'avait déjà annoncé en réponse à une
question que j'avais posée en Chambre ont répondu à
la demande d'information de la Régie des services publics en date du 12
mars? Est-ce qu'elles ont toute répondu et quel est le nombre de
compagnies qui ont répondu, si ce n'est pas le cas?
Quelle est la prochaine étape de la reprise en main par la
régie de la câblodiffusion au Québec? J'ai entendu dire, M.
le Président, qu'au ministère des Communications il y avait une
enquête, une analyse sociologique de la pénétration, de
l'impact des media.
Je veux demander au ministre quel est le but de cette analyse, où
on en est rendu et est-ce qu'elle ne recoupe pas un peu l'enquête de
SORECOM commandée par la commission spéciale de la liberté
de la presse?
Un autre aspect aussi de la responsabilité du ministère,
c'était au sujet des services de Communication-Québec dont j'ai
eu le plaisir et l'honneur de participer à l'ouverture avec le ministre,
à Montréal. Il y en a d'autres dans le Québec, à
Chicoutimi si je me souviens bien, en tout cas il y en a à plusieurs
endroits au Québec. Est-ce que le ministre peut nous dire par des
chiffres l'accueil réservé par la population à ces
nouveaux services, par exemple, le nombre de demandes de renseignements
reçues, pour vérifier si les Québécois se servent
de ces services d'une façon nombreuse?
Aussi, quelle échéance est prévue pour l'extension
de ces services? Et, finalement, est-ce qu'il y a des efforts ou est-ce qu'il y
aurait des efforts de faits quant à la rétroaction? Autrement
dit, la population peut demander des renseignements concernant une telle loi ou
un projet de loi qui s'en vient, ou une loi qui vient d'être
adoptée par le canal des services de Communication-Québec. Quelle
est l'action qui est faite par la suite par le ministère? Est-ce que
c'est envoyé directement au ministère concerné, concernant
sa loi? Est-ce qu'il y a une action à la suite de ces interventions des
citoyens? Autrement dit, est-ce que pour la population, ça vaut
réellement la peine d'obtenir des renseignements? Est-ce que le
ministère en tient compte, et est-ce que les ministères
concernés en tiennent compte?
Une autre question, M. le Président: Où en est
l'élaboration de la réglementation sur les lois 35, 36 et 37?
Cette réglementation sera-t-elle soumise, comme le ministre nous l'avait
dit, à la commission parlementaire pour discussion et approbation? Et
à quelle date prévoyez-vous l'élaboration de cette
réglementation?
Maintenant, une question qui peut être très litigieuse, je
voudrais que le ministre écoute bien celle que je vais lui poser: Quelle
est la réaction du ministre face aux possibilités d'implantation
de stations françaises de télévision à
Montréal et Québec? Est-ce que le ministre entrevoit une aide
technique aux groupes qui tentent de donner à ces stations à
venir une propriété coopérative? Est-ce que le ministre a
l'intention d'agir concrètement dans cette matière, et est-ce
qu'il entend amener une réglementation de la Régie des services
publics sur ces deux nouveaux postes qui peuvent être octroyés
prochainement?
Une autre question, M. le Président, on en a parlé depuis
tellement longtemps: Où le ministère en est-il rendu par rapport
à ses relations avec Bell Canada? Quel geste concret le ministère
entend-il poser pour "québécoiser" ou "québéciser"
Bell Canada? Est-ce qu'il y a un calendrier là-dessus?
A la suite des nombreuses interventions que le Parti
québécois a faites sur l'importance d'agir sur la
téléinformatique, il semble que le gouvernement esquisse un pas
timide à ce sujet puisqu'on lit dans le rapport annuel du
ministère qu'une étude sur l'importance économique de la
téléinformatique, des consultations ont été
entreprises pour la préparation d'une étude sur la
séparation des coûts en ce domaine, notamment avec le gouvernement
de l'Ontario dans le cadre de la coopération interprovinciale et que le
sous-ministre Bergeron, en mai 1972, annonçait une réglementation
à ce sujet. Où en est le dossier maintenant concernant la
téléinformatique?
Finalement, M. le Président, dans le rapport du
vérificateur général, on a noté deux faiblesses du
ministère, entre autres la faiblesse de la facturation et aussi le fait
qu'il y avait 30 p.c. de temps improductif des employés. Quels
remèdes ont été utilisés pour remédier
à cet état de choses? Je pense que c'est à la page 73
du...
M. L'ALLIER: Radio-Québec?
M. LEGER: ... de l'ORTQ. C'est l'ensemble des questions, M. le
Président. Comme de raison, il y a certainement des sous-questions,
selon les réponses du ministre. En ce qui me concerne, j'aimerais
écouter les réponses qu'il a à donner sur ces
questions.
M. L'ALLIER: M. le Président, je remercie d'abord le
député de Chicoutimi de son exposé et de ses questions
qui, je crois, complètent parfaitement les informations que j'ai pu
donner au début de la présentation de ces crédits.
Il faut noter que les questions du député de Chicoutimi
étaient particulièrement pertinentes, puisqu'elles sont à
90 p.c. reprises par le député de Lafontaine. Je suis heureux
aussi que le député de Lafontaine ait accepté de poser
toutes ces questions; ça nous permet de faire la jonction. En fait, ce
sont les mêmes questions qui ont déjà été
abordées par le député de
Chicoutimi qui en a abordé, par ailleurs, un certain nombre
d'autres.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une petite allusion?
C'est sûr que, comme on parle toujours après l'Union Nationale, on
est exposé à se faire dire qu'on répète.
M. L'ALLIER: Je n'en fais pas un reproche, M. le Président, au
député de Lafontaine.
M. LEGER: Ce serait peut-être la même chose si
c'était l'inverse.
M. L'ALLIER: Cela démontre que les questions qui sont
posées sont extrêmement pertinentes et touchent
véritablement les préoccupations de l'ensemble des citoyens,
quels que soient les partis politiques.
Dossier constitutionnel
M. L'ALLIER: Je voudrais, dans un premier temps, parler
brièvement de la question du dossier constitutionnel et de
l'évolution du dossier constitutionnel, qui a été
abordée tant par le député de Chicoutimi que par le
député de Lafontaine. Comme je l'ai dit à plusieurs
reprises, il n'y a pas eu jusqu'ici de véritables négociations
avec le gouvernement fédéral sur la répartition des
responsabilités en matière de communications.
Vous vous souvenez que le gouvernement du Québec, reprenant en
cela un certain nombre de dossiers existants, a énoncé qu'une
politique des communications n'était pas uniquement une politique
technique, mais bien une politique à incidences socio-culturelles
extrêmement importantes et que, de ce fait, la politique des
communications sur le territoire du Québec devait être la
responsabilité première du gouvernement
québécois.
C'est en ce sens que le bloc des communications s'inscrit dans le bloc
plus vaste de la souveraineté culturelle. Or, depuis un peu plus de deux
ans déjà, nous avons fait connaître, dans un livre vert,
les grandes lignes de la politique que nous entendions développer et
réaliser en matière de communications. Le principe sous-jacent
à cette politique québécoise, c'est, encore une fois, que
c'est au gouvernement du Québec qu'il appartient d'être le
maître d'oeuvre du développement de l'ensemble des communications
sur son territoire, en tenant compte du fait que le Québec n'est pas
isolé, qu'il doit y avoir des interconnexions, évidemment, avec
les autres provinces et avec les responsabilités fédérales
en cette matière, de même qu'avec les pays soit francophones, soit
voisins, comme les Etats-Unis.
S'il n'y a pas eu de véritables négociations, il y a eu,
par ailleurs, une accélération, semble-t-il, des prises de
position du gouvernement fédéral en cette matière. Le
gouvernement fédéral a produit deux livres verts jusqu'ici et il
est possible qu'il en produise d'autres, si j'ai bien compris, sur un certain
nombre de sujets.
Le premier comporte un certain nombre d'énoncés
généraux de principes et devrait faire l'objet, de même que
le deuxième, des discussions de la première conférence
fédérale-provinciale sur les communications qui devrait avoir
lieu fin octobre, début novembre. Vous vous souvenez que le ministre
fédéral avait suggéré que cette rencontre ait lieu
dès le mois de juillet. Toutes les provinces ont été
unanimes à demander que cette réunion
fédérale-provinciale soit reportée à l'automne,
précisément parce que les questions abordées sont
extrêmement complexes et parce que nous souhaitons pouvoir nous y
préparer de la meilleure façon.
De quelle façon entendons-nous préparer la position
québécoise? Plutôt que d'essayer de donner des
réponses ou des alternatives au document fédéral, au livre
vert fédéral, nous avons l'intention, dans le détail et
d'une façon concrète, d'élaborer ce que doit être la
répartition juridictionnelle et les mécanismes de fonctionnement
d'une telle répartition à partir de la position
québécoise.
Je peux dire ici aux députés que nos conversations avec le
gouvernement de l'Ontario en cette matière nous indiquent que, dans les
grandes lignes, le gouvernement de l'Ontario adoptera la même attitude.
En d'autres mots, nous considérons comme restrictif, si on le prend au
pied de la lettre, le document fédéral.
Et dans la mesure où il est restrictif, si nous adoptions comme
base de discussion ce seul document, nous serions vite pris dans un cul-de-sac
et nous ne pourrions pas aller au fond des problèmes. Nous avons donc
l'intention...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que je pourrais
poser ici une question très brève au ministre? Est-ce que le
ministre a fait faire une analyse juridique du document fédéral
sur les communications
M. L'ALLIER: Je n'ai pas fait faire d'analyse juridique comme telle,
non. Mais nous travaillons actuellement en comité sur ses
différents aspects. C'est un document qui a une très belle
présentation, mais qui est extrêmement touffu dans ses
énoncés qui sont interreliés. A première lecture,
en tout cas, on risque de voir un certain nombre d'ambiguïtés pour
ne pas dire d'oppositions dans les propositions qui sont faites. Or, nous avons
l'intention de consacrer la meilleure partie de l'été à
travailler sur ce document, pour pouvoir l'analyser, bien sûr, mais nous
allons surtout travailler à l'élaboration, à partir de nos
propres principes, de ce que serait une position acceptable, dans le contexte
fédéral, d'une politique québécoise des
communications.
Je faisais référence tout à l'heure à
l'Ontario. Il me fait plaisir de souligner ici que du côté du
gouvernement de l'Ontario on semble... Je mentionne l'Ontario parce que c'est
en fait le
partenaire le plus apte à la discussion et au dialogue avec le
Québec en ces matières, parce que, précisément,
nous avons en gros les mêmes préoccupations, les mêmes
volumes de communications à nous occuper, en gros les mêmes moyens
aussi et les mêmes problèmes, même si nous n'avons pas
toujours les mêmes priorités pour des raisons évidentes. Il
est difficile de faire référence à l'Ile-du-Prince-Edouard
ou aux provinces de l'Est, par exemple, pour la bonne raison que, dans ces
provinces, il n'est pas question encore de politique des communications comme
telle. Par ailleurs, les provinces de l'Ouest sont également
extrêmement préoccupées par le secteur des communications.
On a pu le constater au cours de la dernière conférence
interprovinciale, et nous pourrons également le voir, j'en suis
sûr, à l'occasion de la prochaine rencontre interprovinciale, les
provinces de l'Ouest ont des problèmes qui sont, à bien des
points de vue, nettement différents des problèmes
québécois ou même ontariens.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait de lui demander quels
sont, entre les deux provinces, les éléments communs pour cette
lutte qui pourrait être commune? Il y a quand même une chose
très différente, c'est que le Québec a une culture
différente de celle des autres provinces, mais qu'est-ce qu'elle a en
commun avec l'Ontario qui fait que ça peut être une lutte de deux
provinces ensemble?
M. L'ALLIER: Pour établir les similitudes et les
différences entre les positions provinciales, M. le Président, il
faut d'abord regarder quels sont les moyens techniques de communications qui
sont implantés sur un territoire donné. Au Québec et en
Ontario, nous avons les mêmes implantations de communications. Que ce
soit dans le câble, que ce soit dans la téléphonie, que ce
soit dans la téléinformatique, etc., nous avons en gros les
mêmes clientèles, les mêmes besoins et les mêmes
volumes de moyens de communications. Il est évident que le Québec
se distingue à partir de ce moment sous l'aspect socio-culturel des
communications. En d'autres mots, comme je l'ai dit à l'occasion de la
présentation des projets de loi 35, 36 et 37, pour le gouvernement du
Québec, les contenus en communications, notamment en radio,
télévision, câble, sont absolument liés à
l'ensemble de ses politiques culturelles ou même de sa politique
linguistique, alors qu'un gouvernement comme celui de l'Ontario par exemple,
par définition et à cause de la facture même du
système, se verra toujours représenté en majorité
au sein du gouvernement fédéral sur le plan culturel. Quoiqu'il
advienne, la population de l'Ontario, dans sa culture et dans ses
éléments socio-culturels, quel que soit le parti qui forme le
gouvernement fédéral, sera toujours majoritaire au sein du
gouvernement fédéral. D'où, pour l'Ontario, le fait de
confier une partie de la responsabilité de la politique culturelle des
communications au gouvernement central pré- sente des
inconvénients beaucoup moins sérieux que cela peut en
représenter pour les Québécois qui, eux, par
définition également, et aussi à cause de la nature
même du système, seront toujours, sur le plan culturel,
représentés par une minorité à Ottawa, quel que
soit le parti qui forme le gouvernement fédéral. C'est donc
là une distinction majeure. L'objectif que j'ai essayé de
poursuivre dans les relations interprovinciales, depuis déjà un
peu plus d'un an, n'a pas été d'essayer de convaincre les
provinces, et notamment l'Ontario, que nous devions avoir des positions
communes, des priorités identi-aues.
J'ai plutôt essayé de souligner l'importance qu'il y avait
pour chacune des provinces, à son niveau et à son degré
d'intérêt, de reconnaître les particularismes ou les
priorités différentes des autres provinces. En d'autres mots,
j'ai dit qu'une politique canadienne des communications n'est pas
l'équivalent d'une politique fédérale des communications,
mais que cela peut et devrait être la jonction des politiques
provinciales et d'une politique fédérale; dans notre cas, cette
politique provinciale englobant l'ensemble du secteur des communications.
Cette acceptation par les provinces de la disparité des
priorités et des moyens nécessaires à l'accomplissement de
nos responsabilités provinciales me paraîtrait l'objectif majeur
à atteindre à ce moment-ci. Si nous ne réussissons pas
à accepter ensemble, au niveau des provinces, qu'il puisse y avoir des
objectifs différents compte tenu des moyens et des
éléments en cause, nous nous présentons devant le
gouvernement fédéral et nous risquons de nous voir placés
dans une position intenable, en ce sens que le gouvernement
fédéral pourrait techniquement nous dire: Entendez-vous sur des
objectifs communs, sur des priorités et, ensuite, nous discuterons avec
vous. C'est une position qui nous parait ne pas correspondre à la
réalité politique.
M. LEGER : Est-ce que le ministre pourrait expliquer l'affirmation qu'il
a faite il y a quelques secondes, en disant qu'une politique canadienne des
communications n'est pas nécessairement une politique
fédérale des communications?
M. L'ALLIER: J'ai dit "pas nécessairement"? Je vais corriger;
elle n'est pas une politique fédérale des communications. Cela
doit tenir compte de l'existence des responsabilités actuelles des
provinces et ça devrait tenir compte d'une réévaluation
complète de tout le champ juridictionnel des communications entre les
provinces et le gouvernement fédéral. Qu'on en arrive à
des situations complexes qui feraient que certaines provinces ont plus de
juridiction que d'autres en matière de communications, pour des raisons
qui nous sont évidentes quant à nous au Québec, ne serait
pas une négation du système fédéral et ne serait
pas une négation de la responsabilité fédérale. Par
exemple, nous
nous battons et nous défendons depuis des décennies la
responsabilité provinciale en matière d'éducation. Si
cette responsabilité s'étend par la suite en matière de
radio-télévision éducative, il est entendu que certaines
provinces, plus pauvres en population ou en moyens, pourront avoir un certain
nombre d'appréhensions quant à l'exercice par elles-mêmes
de cette juridiction.
En d'autres mots, je ne veux pas pointer de province en particulier,
mais prenons l'exemple, encore une fois, de l'Ile-du-Prince-Edouard. Si le
fait, pour le Québec et l'Ontario, disons, qui s'entendent sur ce point,
de demander l'exercice complet de la juridiction en matière de
radio-télévision éducative était traduit par le
gouvernement fédéral comme voulant dire que toutes les provinces
doivent donc l'assumer directement, cela voudrait dire, pour une province comme
l'Ile-du-Prince-Edouard, qu'elle devra attendre 25 ans ou 50 ans avant de
pouvoir se payer un minimum de moyens audio-visuels et de contenus valables.
D'où il y a une distinction qui doit être faite ici.
Par ailleurs, parce que le gouvernement fédéral pourrait
consentir à faire via l'ONF, par exemple, de la production
éducative pour les provinces de l'Est, cela n'entraînerait pas
nécessairement notre obligation de renoncer à nos
responsabilités, bien au contraire. Donc, c'est à
l'intérieur de cela qu'il faudra trouver des attitudes qui sont à
la fois différentes pour les raisons que j'ai indiquées, mais qui
sont en même temps complémentaires et qui font qu'une politique
des communications est complexe et peut être, en fait, la juxtaposition
de trois, quatre ou onze politiques de communications.
Je souligne ici, très brièvement, le fait qu'au niveau des
provinces nous avons convenu de travailler entre les réunions
interprovinciales que nous avons convenu de tenir une fois par année
en trois blocs: l'Est, Québec et l'Ontario, et les provinces de
l'Ouest. Déjà, on voit des regroupements qui sont plus conformes
à la réalité. En d'autres mots, les problèmes des
provinces de l'Est se ressemblent davantage entre eux que les problèmes
du Nouveau-Brunswick par rapport au Manitoba, par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, est-ce que je pourrais poser une question
au ministre, lui rappeler plutôt celle que je lui posais? Il a
parlé de ces mécanismes de rencontres entre les divers
gouvernements, les Etats membres de la fédération dans le domaine
des communications.
Est-ce qu'il pourrait me dire ce qu'il pense de la suggestion que je lui
ai faite que préalablement à toute rencontre avec le gouvernement
central, dans les mois à venir, le Québec avec l'Ontario, si cela
est possible, prenne l'initiative de la convocation d'une conférence qui
permettrait d'examiner le problème constitutionnel du partage des
pouvoirs spécifiquement dans ce domaine des communications? Est-ce que
le Québec est prêt à prendre l'initiative des
opérations de formuler ses propositions afin que les autres provinces
sachent exactement, une fois pour toutes, quelle est la position du
Québec et quelle serait la position de négociation du
Québec face au gouvernement central dans ce domaine du nouveau partage
des compétences constitutionnelles?
M. L'ALLIER: Je ne suis pas prêt, M. le Président, à
affirmer que le Québec prendra cette initiative, officiellement, de
convoquer chez lui, par exemple, une telle conférence. Ce que je peux
dire au député de Chicoutimi, cependant, c'est ceci : Au niveau
je commence par cela des relations entre le Québec et
l'Ontario, nous sommes, pour employer une expression à la mode ces
jours-ci, à arrimer nos positions, même si elles sont
différentes; nous sommes à voir quels sont les points de
jonction. Nous allons nous rendre à Calgary prochainement, au tout
début de juin, à une conférence interprovinciale où
seront abordés essentiellement deux sujets: la câblodistribution
et les problèmes de l'interconnexion, si ma mémoire est exacte
c'est cela qui sont le résultat de la conférence de
Québec.
Les conversations que j'ai eues avec mon homologue ontarien indiquent
qu'il est possible que nous abordions également mais en fin de course,
si vous voulez, la question des juridictions à la conférence de
Calgary, mais essentiellement pour vraisemblablement essayer de chercher un
consensus sur une nouvelle rencontre interprovinciale avant la rencontre
fédérale-provinciale au niveau des hauts fonctionnaires,
peut-être même au niveau ministériel. C'est à ce
moment-là que seraient abordées les questions dont parle le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre ne pense pas que cette
forme de négociation, qui, à mon avis, est fragmentaire ou
parcellaire, risque de faire oublier, à long terme, l'objectif majeur du
Québec qui est de s'assurer une compétence exclusive dans un
domaine qu'il déclare être de sa compétence
constitutionnelle afin que le gouvernement central comprenne, une fois pour
toutes, qu'il nous faut procéder à un nouveau partage des
pouvoirs et que, dans le cas des communications, les exigences du Québec
sont celles qu'a déjà d'ailleurs exprimées le ministre
actuel des Communications?
M. L'ALLIER: Oui, ce danger existe mais je crois qu'il n'est pas,
à ce moment-ci, aussi grand qu'on pourrait l'imaginer. En d'autres mots,
nous avons choisi comme attitude de bien préparer la première
conférence fédérale-provinciale et de la préparer
à partir de la position québécoise. Si nous nous rendons
compte, à l'occasion de cette conférence, que le gouvernement
fédéral, de son côté, n'est pas disposé,
n'est disposé d'aucune façon à ouvrir l'ensemble du
dossier des communications pour en regarder tous les aspects radio,
télévision, etc. à ce moment-là, je crois
qu'à l'issue de la première conférence
fédérale-provinciale il nous faudra très rapidement
chercher une voie peut-être un peu plus précise et plus rapide
aussi d'aborder la question des juridictions. Mais nous ne le ferons pas avant
cette conférence, on ne sait pas ce qui s'y produira exactement; il est
possible, théoriquement, que l'essentiel des positions
québécoises soit retenu, par exemple, comme document de travail
et autrement. A ce moment-là, nous verrons.
Je crois que c'est après la première conférence
fédérale-provinciale, qui nous donnera véritablement le
ton du gouvernement fédéral, ses intentions, que nous verrons de
quelle façon il y a lieu de poursuivre ce dossier. J'attends donc cette
conférence avec beaucoup de curiosité pour savoir si
véritablement il s'agira d'une négociation en profondeur d'un
nouveau partage de juridictions, même pas d'un nouveau mais d'un partage
de juridictions. Les juridictions, en matière de communications,
appartiennent à l'un ou l'autre niveau de gouvernement mais par des
références tellement lointaine dans la Constitution il
s'agit de champs neufs qu'on doit parler de partage de juridictions
plutôt que de nouveau partage de juridictions en ces matières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le ministre me le
permet, évidemment cette approche peut être valable, mais
j'insiste sur le danger qu'il y a de procéder de la façon
qu'indique le ministre, parce qu'il y a risque que le gouvernement central
fasse des propositions, que les gouvernements des Etats membres fassent des
propositions, et qu'on en arrive à des formules d'accommodement qui
paraissent satisfaisantes mais qui, en réalité, ne touchent pas
au fond, ne touchent pas le problème de base qui est celui de la
compétence, laquelle doit être consacrée dans un nouveau
texte constitutionnel.
Je le souligne au ministre parce que l'expérience qui vient
d'être vécue dans le domaine des affaires sociales, par exemple,
et dans le domaine des finances nous indique très bien que l'approche du
gouvernement fédéral et ses méthodes techniques sont des
techniques d'enveloppement. On propose des choses au gouvernement, les Etats
membres de la fédération; ceux-ci ont l'impression d'avoir fait
des gains énormes, et on s'aperçoit après que c'est la
manoeuvre en pointe, c'est la manoeuvre de la pince, à la
Napoléon, et qu'on ne retire, à toutes fins utiles, que des
miettes.
M. L'ALLIER: M. le Président, je suis d'accord sur le danger que
souligne le député de Chicoutimi. Effectivement, les positions
actuelles du gouvernement fédéral et du gouvernement
québécois sont opposées, sont véritablement
opposées l'une à l'autre.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député
d'Abitibi-Est aimerait poser une question.
M. L'ALLIER: Je voudrais juste dire un petit mot là-dessus. Elles
sont opposées l'une à l'autre en ce sens que toute la
problématique se ressemble énormément. Il y a
énormément de choses dans le livre vert fédéral,
par exemple, qui sont reprises, volontairement ou non, du livre vert
québécois, quant à la problématique du
développement des communications face à une collectivité,
sauf que le gouvernement fédéral voit le bloc des communications
s'appli-quant uniformément à l'ensemble canadien, donc à
une culture canadienne, alors que, pour les mêmes motifs, nous croyons
qu'il est essentiel qu'une politique de communications s'applique au bloc
québécois.
Et c'est pourquoi, plutôt que de discuter à partir du
document fédéral, qui supposerait, même en apparence,
même si ce n'était pas vraiment le cas, qui laisserait croire en
tout cas que nous acceptons cette problématique du gouvernement
fédéral et que nous allons tenter de trouver des accommodements
à l'intérieur de ça, nous allons plutôt essayer de
présenter une problématique québécoise des
communications en indiquant en quoi elle n'est pas contradictoire avec
l'intérêt national, mais bien essentielle à
l'intérêt national du Canada. C'est ça que nous allons
essayer de faire à cette première conférence.
Si cette approche, pour quelque raison que ce soit, n'était pas
perçue positivement par les participants à la conférence,
nous serions devant la position où nous devons réévaluer
l'approche que nous avons prise à ce sujet-là. Il y a donc
possibilité d'échec, bien sûr, à cette
conférence fédérale-provinciale, mais d'un échec,
à mon avis, qui serait temporaire en ce sens qu'on reprendrait à
ce moment-là la problématique.
Je ne sais pas comment on la reprendrait; une chose est certaine, c'est
que cette question ne sera certainement pas vidée en deux jours ou deux
jours et demi de conférence fédérale-provinciale. C'est
une question qui, si on veut aller au fond des choses avec le gouvernement
fédéral et avec les gouvernements des autres provinces, demandera
énormément de travail et de temps, au niveau des fonctionnaires
notamment, et plusieurs rencontres, à mon avis,
fédérales-provinciales, quitte à ce qu'elles soient de
l'ensemble des provinces ou même qu'elles soient bipartites
fédérales-québécoises dans certains cas.
On ne pourra pas porter de diagnostic d'échec ou de succès
de la première conférence fédérale-provinciale
parce que précisément le succès, s'il doit y avoir
succès dans ce domaine, devra se faire, suite à de très
nombreuses rencontres, à mon avis, parce que c'est un domaine complexe.
Le gouvernement fédéral, comme le gouvernement des provinces,
commence dans ce domaine à faire des études, des analyses. On
découvre chaque jour de nouvelles
implications, et à partir de là c'est une première
rencontre. Nous allons faire en sorte qu'elle ne marque pas un recul sur les
positions que nous avons prises. Nous allons faire en sorte que les provinces
reconnaissent en fait les disparités qui doivent exister et qui existent
entre les provinces, et que le gouvernement fédéral reconnaisse
également que c'est dans l'acceptation de ces disparités, de
l'organisation des communications conformément à ces
disparités par les gouvernements responsables que naîtra une
politique cohérente des communications pour l'ensemble du pays.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, je comprends très bien la
grande prudence du ministre vis-à-vis de l'attitude qu'il devra prendre
devant cette conférence fédérale-provinciale en
matière de communications. Cependant, je crois que cette attitude pourra
se traduire par une échéance retardée de la solution. En
effet, si, par exemple, le Québec ne se prononçait pas sur
l'attitude qu'il a prise vis-à-vis de cette juridiction en
matière de communications, nous pourrions peut-être voir un
durcissement de la part du fédéral vis-à-vis de ces
prérogatives. Peut-être reculerions-nous devant ce
règlement recherché par le Québec. Si le ministre
prévoit une conférence interprovinciale avant cette
conférence fédérale-provinciale, il serait probablement
logique d'établir définitivement la position du Québec
pour se préparer à l'apporter à cette conférence
fédérale-provinciale pour faire en sorte de sortir de cette
conférence avec un argument valable et peut-être
d'avant-garde.
M. L'ALLIER: Le député de Chicoutimi, sur ce même
point, posait deux autres questions: Est-ce que les lois 35, 36 et 37 peuvent
devenir véritablement efficaces avant que l'on en arrive à une
solution définitive du problème des communications? A cette
question, je répondrai ceci: Les lois 35, 36 et 37 peuvent augmenter
l'efficacité du Québec en matière de communications
à l'intérieur de son cadre actuel de juridiction, lequel est
extrêmement restreint. Elles l'ont fait, d'ailleurs. Or, si on les
compare avec les objectifs poursuivis pour une politique des communications, il
est évident que ces lois ne pourront être vraiment efficaces,
notamment celle qui touche la Régie des services publics, que lorsque
nous aurons arrêté une répartition définitive des
juridictions en matière de communications.
Il est évident, également, que toutes les questions, comme
on l'a dit tout à l'heure, de radio-télévision devront
être discutés à ce moment-là. Tant et aussi
longtemps que la juridiction du Québec se limitera à la
câblodis-tribution, c'est un pas dans la bonne direction, mais on ne peut
pas aller tellement loin parce que les frontières sont, à toutes
fins pratiques, refermées autour de ces deux pôles qui nous
appartiennent maintenant; la télévision éducative et la
câblodistribution. C'est au-delà de ça qu'il faudra voir
également pour compléter.
Donc, ces lois, dans l'optique de l'objectif poursuivi, même si on
les appliquait aux mieux maintenant, ne nous donnent pas les moyens en
elles-mêmes de faire une politique globale des communications. Elles nous
les donneront si nous arrivons, par ailleurs, à nous entendre sur des
répartitions de juridictions qui correspondent à nos
priorités. Ces lois, à ce moment-là, seront applicables
à peu près sans modification.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que justement cette prudence qu'exprime
le ministre et les difficultés qu'il évoque sont responsables,
enfin expliquent la lenteur à promulguer la réglementation
afférente à chacune des lois? Par le truchement justement de
cette réglementation, le ministre ne peut-il pas hâter les
démarches du gouvernement central et des autres gouvernements afin que
soit consacrée la compétence du Québec dans le domaine des
communications?
M. L'ALLIER: M. le Président, sur ce point, ce n'est pas le fait
que les discussions avec les autres gouvernements en fait, avec le gouvernement
fédéral ne se soient pas tenues, qui retarde la promulgation de
la réglementation. Ce sont essentiellement non pas des
difficultés techniques, mais c'est la complexité de
l'élaboration même de cette réglementation qui fait qu'elle
n'est pas encore produite. Je peux dire ici, cependant, que nous
prévoyons, si tout se passe normalement, pouvoir rendre public, par les
mécanismes prévus dans la loi, le premier bloc de la
réglementation touchant notamment la câblodistribution, dès
le mois de juin prochain.
M. LEGER: En confiant cela à la commission parlementaire des
communications?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que la procédure qui a
été prévue dans la loi, c'était que le projet de
réglementation soit publié dans la Gazette officielle et qu'une
fois publié dans la Gazette officielle, pour un délai de l'ordre
de 60 jours, que la commission parlementaire siège pour étudier
ce projet de réglementation qui n'a aucune valeur du fait de sa
publication, mais qui est publié pour informer les parties. A ce moment,
la commission parlementaire pourrait siéger, entendre les
câblodistributeurs, par exemple, et les autres intéressés,
pour compléter, pour permettre au gouvernement de compléter ce
premier bloc de réglementation qui sera publié de nouveau dans la
Gazette officielle c'est ce que la loi prévoit et qui
n'entrera en vigueur qu'au moment de cette nouvelle publication ou au moment
prévu dans cette nouvelle publication.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que
cette réglementation, qui est en gestation, est-ce que le
ministre peut nous dire si cette réglementation qu'on prépare
précise les champs de compétence comme si les négociations
à venir allaient aboutir dans le sens des propositions que le ministre a
faites et qu'il vient encore d'évoquer?
M. L'ALLIER: Non, M. le Président, cette réglementation ne
couvrira que les secteurs que nous reconnaissons actuellement comme de
juridiction provinciale, et notamment la câblodistribution. Cela ne
touche ni la radio, ni la télévision, si c'est la question du
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est ce que je voulais faire dire au
ministre. Je pensais, que dans la préparation de la
réglementation et je pense que c'était le sens d'une des
questions du député de Lafontaine le gouvernement...
Est-ce qu'il y aurait déjà, dans sa réglementation, des
clauses, des articles, des prescriptions qui seraient tout simplement une
occupation du champ de compétence que réclame le ministre et
qu'il a réclamé à Ottawa il y a peu de temps encore?
M. L'ALLIER: Non, ce n'est pas l'intention du gouvernement ni mon
intention de procéder de cette façon. Le premier bloc de
réglementation et nous sommes extrêmement prudents dans sa
préparation ne touchera que la juridiction que nous
considérons incontestable du Québec en matière de
communication. Une fois cette étape franchie et, au fur et à
mesure d'un déroulement positif des discussions avec le gouvernement
fédéral, nous pourrons, par la suite, procéder. Je ne
crois pas qu'il y aurait avantage, à ce moment-ci, à faire des
règlements que le premier intéressé de l'ACRTF
amènerait devant les tribunaux pour les déclarer ultra vires et
créer un imbroglio dont personne ne pourrait sortir effectivement. Nous
voulons être bien sûrs que la réglementation qui sera
adoptée soit, sur le plan juridique, parfaitement à
l'intérieur de ce que les juristes reconnaissent comme étant la
juridiction québécoise en ce moment.
M. LEGER: Le ministre doit quand même réaliser que, plus
les négociations fédérales-provinciales s'allongent, se
prolongent et que, pendant ce temps, le fédéral embarque de plus
en plus dans les différents domaines des communications, plus ça
va être difficile pour le ministère de réaliser cette
politique, cette juridiction qu'il requiert pour les communications au
Québec. C'est à l'avantage du fédéral de ralentir
les ententes et, pendant ce temps, le fédéral avance et
s'implante un peu partout dans différents domaines. Est-ce que ce n'est
pas une façon beaucoup plus stratégique de la part du
gouvernement du Québec que de s'installer pendant qu'on négocie,
de la même façon que le fédéral le fait?
Après ça, on discute. C'est la stratégie du
fédéral.
M. L'ALLIER: On ne peut pas faire par réglementation autre chose
que ce que la loi permet. Or les lois que nous avons adoptées ne
permettent pas précisément d'entrer dans les juridictions qui ne
sont pas les nôtres.
M. LEGER: Mais je parle de...
M. L'ALLIER: A partir de là, ce serait une réglementation
qui serait, à mon avis, ultra vires, ne conduirait à rien, sinon
à créer des imbroglios. Cela ne veut pas dire
qu'éventuellement, au fur et à mesure du déroulement des
discussions fédérales-provinciales, on ne procédera pas
à l'implantation de telle réglementation, mais au fur et à
mesure que nous aurons récupéré le champ de juridiction.
Si on ne récupère pas le champ de juridiction pour toutes sortes
de raisons et que, comme vous dites, le gouvernement fédéral
accélère son pas dans ce domaine, cela donnera raison en partie
à la thèse politique que vous défendez. Si, par ailleurs,
nous réussissons effectivement, au fur et à mesure des
juridictions acquises, à réglementer et à agir, cela
donnera raison à d'autres thèses politiques que la
vôtre.
M. AUDET: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Dans le domaine des juridictions reconnues...
M. L'ALLIER: Oui.
M. AUDET : Etant donné que vous travaillez à la production
de la réglementation dans le domaine des communications, ne trouvez-vous
pas superflue cette parution, si, toutefois, vous voyez la possibilité
ou la nécessité de revoir la commission parlementaire qui,
probablement... Il a dû y avoir des amendements à ces
règlements?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire, M. le Président, qu'au moment
de l'étude des projets, nous avons, en commission parlementaire,
discuté de ces questions. Il est apparu, à ce moment-là,
qu'il n'y avait pas de façon idéale de procéder, mais
qu'une façon possible qui, à mon avis, est la meilleure, la plus
démocratique. Il s'agit d'abord de procéder à la
publication des règlements, pour qu'ils soient connus tant des
câblodistributeurs, qui sont visés directement, que de toute
personne intéressée. Pendant ce délai de publication, la
commission parlementaire siégera sur le document.
Plutôt qu'uniquement les déposer à la commission
parlementaire, pour les distribuer de quelque façon que ce soit, les
règlements seront publiés. Le but de la première
publication est de susciter discussions, critiques et commentaires pour
bonifier la réglementation proposée. Je dois souligner ici que
j'ai eu une rencontre la
semaine dernière avec les représentants des entreprises de
câble au Québec, dont le président de l'association
canadienne et une douzaine des principaux propriétaires ou
représentants des entreprises de câble au Québec. Nous
avons discuté assez longuement avec eux et c'est d'ailleurs ce que
j'avais dit en commission parlementaire que nous ferions.
Les conversations sont très positives. Les appréhensions
que pouvaient avoir les entreprises de câble, au moment où elles
ne connaissaient pas les intentions du gouvernement disparaissent au fur et
à mesure de nos rencontres. Nous en arriverons vraisemblablement
à les mettre parfaitement en confiance, de telle sorte qu'elles
acceptent, étant au Québec, le rôle qu'elles ont à
jouer dans le développement des communications sur le territoire du
Québec. Je crois qu'on a fait passablement de chemin de ce
côté. Il vous sera possible de constater l'état de
perception des câblodistributeurs au moment précisément
où nous étudierons en commission parlementaire la
réglementation proposée. Vous serez en mesure de voir à ce
moment-là comment ces gens réagissent et de quelle façon
ils sont prêts à s'insérer dans ce que l'on
considère être la politique essentielle.
J'en profite pour répondre à une question du
député de Lafontaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant qu'il ne
réponde à la question du député de
Lafontaine...
M. L'ALLIER: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je voudrais revenir sur une affirmation
qu'a faite le ministre concernant les trois projets de loi. Le ministre a dit
que les trois projets de loi couvraient des domaines de compétence
reconnus du gouvernement. Mais il me parait y avoir une contradiction, et nous
l'avions déjà soulignée lors de l'étude des projets
de loi. Les trois projets de loi, en réalité, recouvrent beaucoup
plus que les champs de compétence occupés actuellement par le
gouvernement du Québec. Ils englobent l'ensemble de tous les pouvoirs de
communication. Le ministre a intentionnellement proposé ces projets de
loi, les a fait adopter, afin de se donner justement un outil. Il a pris
à ce moment-là l'initiative des opérations.
Je ne vois donc pas comment il ne la prendrait pas, cette même
initiative, dans le domaine de la réglementation. Il m'a répondu
lui-même que les trois lois sont difficiles dans leur application
à cause des discussions en cours, mais par ailleurs, les trois lois
couvrent le champ complet de la compétence constitutionnelle. Par
conséquent, la réglementation afférente devrait être
conséquente et couvrir également les divers champs, puisque le
ministre me disait l'autre jour...
M. L'ALLIER: J'ai l'impression...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qu'il avait requis un avis juridique
à ce sujet-là et qu'il croyait nécessaire de
procéder quelle que soit l'issue des négociations. C'est
peut-être une sorte de piège que je tends au ministre, mais c'est
lui-même qui l'a tendu, le piège.
M. L'ALLIER : J'ai effectivement l'impression, M. le Président,
que le député de Chicoutimi me pose une colle, parce qu'il a
lui-même répondu à cette question-là en commission
parlementaire, en ce sens que les lois du Parlement québécois ne
peuvent cela fait partie des règles d'interprétation
que s'appliquer aux juridictions de la Législature, de
l'Assemblée nationale ou de l'Etat québécois, toujours
sous cette réserve que des lois sont édictées, sous
réserve de la juridiction, etc., à tel point que certains
juristes considèrent qu'il est redondant de répéter la
formule dans les lois, d'autres préfèrent l'inclure.
Quoi qu'il en soit, c'est sous cette réserve que les lois
existent, mais sous cette réserve, il est entendu que la
définition qui est donnée dans chacun des projets de loi 35 et
37, peut englober et englobe en fait l'ensemble du secteur des
communications.
Le député de Chicoutimi m'avait posé la question en
commission parlementaire. Je lui avais dit à ce moment que
c'était essentiellement pour normaliser la définition que nous
donnions dans nos lois avec les définitions internationales des
communications, de telle sorte que, lorsque nous parlons de communications au
Québec, nous parlions de la même chose que ceux qui sont à
l'extérieur, mais toujours sous réserve de la juridiction
québécoise.
Or, la définition peut être la plus vaste possible mais,
à cause des juridictions existantes, il n'y en a qu'une partie
applicable en fait au Québec et, au fur et à mesure que nous
reculerons les frontières de la juridiction québécoise, la
définition s'appliquera à tel ou tel aspect des communications
qui tombera sous la juridiction québécoise. Or, actuellement,
comme juridiction québécoise reconnue par les juristes, sans
équivoque, il y a la câblodistribu-tion et également, la
télévision éducative comme prolongement.
M TREMBLAY (Chicoutimi): Mais la réserve dont parle le ministre
est tout à fait fictive. On ne peut pas faire jouer cette clause, ce
proviso de la réserve des compétences puisque la loi, les lois
proposées par le ministre englobent le champ des compétences. A
ce moment, le ministre ne s'est pas préoccupé de la
réserve. Il a virtuellement, si je puis dire, occupé le champ et
il est normal de penser que cette réserve, on l'a déjà
fait disparaître puisque le ministre a affirmé par ses projets de
loi l'intention de son gouvernement d'occuper le champ. C'est pourquoi je vois
une contradiction entre ce qu'il a dit...
M. L'ALLIER: C'est une autre colle, cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et ce qu'il vient de nous dire concernant
la réglementation. On est justement dans un domaine qu'on peut appeler
une zone grise. Le ministre a éclairé la zone grise, il en a fait
une zone très lumineuse en affirmant ses positions et en nous
présentant trois projets de loi que nous avons adoptés. La
réglementation devrait suivre, ce qui indiquerait au gouvernement
central que le Québec a mis en place tout le dispositif qui lui
permettrait d'occuper le champ que réclame le ministre. Alors, la clause
de réserve devient ici un artifice de juriste.
M. L'ALLIER: Pas tout à fait. On pourrait techniquement, dans les
zones grises, procéder par action législative ou
réglementaire. Le résultat que cela aurait et qui, à mon
avis, est extrêmement dangereux, ce serait en fait de confier aux
tribunaux le soin de trancher les juridictions. Parce que les zones sont
grises, il y aurait possibilité de contestation par les parties
intéressées, contestation devant les tribunaux...
M. LEGER : Ce n'est pas ce que vous aviez proposé au
fédéral?
M. L'ALLIER: J'ai proposé au fédéral de contester
les juridictions que nous considérons comme acquises, étant
convaincu du résultat positif que nous aurions. Mais si, dans les zones
grises, on réglemente ou on légifère, qu'arrive-t-il?
Contestation possible jusqu'en cour Suprême et la cour Suprême ne
peut que trancher à partir des juridictions existantes. On se retrouve
devant quoi? Les juridictions existantes donnent au gouvernement
fédéral une espèce de pouvoir législatif
résiduaire en matière de communications. De la radio, on
étend à la télévision et de la
télévision à autre chose et ainsi de suite. Alors, c'est
faire trancher le problème par le judiciaire alors que le
problème est essentiellement politique.
M. LEGER: Est-ce que cela n'amènerait pas justement la prise de
conscience générale de l'ampleur du problème et à
ce moment, l'éclatement de la verrue?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'on ferait affirmer des choses
peut-être, je ne sais pas de quelle façon...
M. LEGER: Ce serait inacceptable pour les Québécois qui ne
sont pas au courant.
M. L'ALLIER: ... et il faudrait recommencer à zéro. Cela
peut prendre trois, quatre ou cinq ans avant d'aller en cour Suprême.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle des tribunaux, dans
la perspective générale d'une redéfinition des pouvoirs
consti- tutionnels entre les états membres de la
fédération et l'organisme régulateur qu'est le
gouvernement central, est-ce qu'il ne pense pas que doit être remise en
cause également la compétence des tribunaux et que si le
Québec avait ses propres tribunaux à partir d'une nouvelle
définition des pouvoirs, à ce moment, les contestations
deviendraient assez difficiles? Le ministre voit bien que c'est un
problème global que nous lui posons...
M. L'ALLIER: Exactement. C'est un problème global.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et cela rejoint la préoccupation
que j'exprimais tout à l'heure, à savoir que toute
négociation parcellaire dans un domaine précis, sans replacer
tout cela dans le cadre d'une négociation générale, risque
d'aboutir à des impasses comme celle que vient d'indiquer le ministre
des Communications en nous parlant des tribunaux.
Je n'aurais pas peur des tribunaux, moi.
M. LEGER: II n'y a pas d'affrontement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que si on a à contester des
compétences, quelle que soit l'opinion des tribunaux à ce moment,
comme le ministre vient de le dire, cela devient un problème politique
et non plus un problème judiciaire.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. AUDET: M. le Président, est-ce que le ministre prétend
ou s'attend à des résultats plus concrets, plus rapides et plus
avantageux pour le Québec sur le palier politique plutôt que
d'aller jusqu'au palier juridique pour classer ces choses?
M. L'ALLIER: Comme j'ai dit, M. le Président, le problème
de la répartition des juridictions est un problème politique. Il
n'existe pas véritablement de bases constitutionnelles ou
jurisprudentielles qui aient leur origine dans une volonté politique de
partager les champs de responsabilité en matière de
communication.
On fait référence à des choses dans la
Constitution; ça date quand même de 100 ans. Les choses dont on
parle aujourd'hui, câble et tout ça, ça n'existait pas
à ce moment-là. Donc, la base, tout en étant
légalement bonne en référence à la Constitution,
est politiquement inacceptable en ce qui nous concerne, parce que
précisément ça ne correspond pas aux
réalités d'aujourd'hui. C'est en ce sens que plutôt que
d'essayer de nous faire dire que parce que le télégraphe, etc.
etc., bon on arrive au câble avec ça, puis ça c'est le
fédéral ou le provincial... Même si les tribunaux nous
donnaient raison sur un très grand nombre de juridictions en
matière de communication, la base même est faible et ne correspond
pas aux réalités politiques à couvrir.
Ce n'est pas dans des décisions judiciaires, à mon avis,
qu'on doit puiser les sources d'une répartition raisonnable des
juridictions des communications, c'est dans une négociation politique.
C'est dans une négociation politique, si on a choisi la
négociation politique, ou, si on a choisi l'option du
député de Lafontaine, c'est dans une affirmation et c'est dans un
autre mode d'action. Mais quels que soient les approches ou les
différents partis, ce n'est pas à partir de décisions
judiciaires qu'on pourrait, même si on gagnait sur toute la ligne,
être satisfait d'un partage de juridictions. C'est dans ce sens qu'on
veut éviter de disperser nos efforts et d'aller livrer des batailles sur
des terrains qui ne sont d'aucune façon propres à un
règlement rationnel de ce partage de juridictions, c'est-à-dire
le terrain judiciaire.
Maintenant, dans les champs de juridiction que nous considérons
les nôtres, notamment en matière de câblodistribution parce
que nos conseillers juridiques arrivent tous à la même conclusion
à savoir que c'est provincial. Dans ce champ en particulier, nous allons
exercer pleinement notre juridiction et voir vraisemblablement deux
juridictions, deux réglementations.
Alors, si l'autre partie, si le gouvernement fédéral en
particulier souhaite contester cette juridiction, libre à lui. Mais
encore une fois, c'est dans ce sens que j'ai, pour ma part, toujours
refusé de porter moi-même le débat devant les tribunaux,
parce que je ne considère pas que ce soit une source de règlement
valable d'une question qui est essentiellement politique.
Si on parlait d'agriculture, si on parlait d'autres choses, ça
peut être différent à ce moment, parce que la Constitution
en fait est peut-être mieux adaptée dans ces domaines. Mais
lorsqu'on parle de communications, ce sont des champs neufs. C'est du
défrichage de partout. Les règles juridiques qu'on pourrait
reconnaître aujourd'hui pour partager les éche-veaux de
responsabilités, à mon avis sont des règles, tout en
étant juridiques, inadéquates.
Donc, évitons de disperser nos efforts et d'aller faire un combat
sur un front où on ne rencontre pas véritablement l'interlocuteur
valable qui dans les circonstances est le gouvernement fédéral et
non pas les tribunaux. Cela répondait, M. le Président, à
la première question du député de Chicoutimi et en
même temps, à une ou deux questions du député de
Lafontaine.
La deuxième question que posait le député de
Chicoutimi était...
Câblodiffusion
M. LEGER: Je pense que le ministre se préparait à
répondre à ma question sur le câble. Est-ce que les
demandes d'information...?
M. L'ALLIER: Oui; sur ce point, la Régie des services publics
m'informe que, sans exception, toutes les compagnies de câble au
Québec susceptibles d'être couvertes par la loi ont effectivement
répondu à l'ordonnance de la Régie des services publics et
s'y sont conformées. En conséquence de quoi, ces
sociétés fonctionnent actuellement à l'intérieur de
la loi provinciale, tel que prévu.
M. LEGER: La prochaine étape, c'est quand même la
réglementation.
M. L'ALLIER: La prochaine étape, c'est la réglementation,
précédée de consultations auprès des principaux
organismes réglementés, c'est-à-dire les entreprises de
cadre, et complétée par la publication dans la Gazette officielle
: commission parlementaire, audition des intéressés et
"finalisation", si je peux employer l'expression, de la réglementation,
qui sera une réglementation générale et qui est une
première phase de réglementation. On n'a pas la prétention
de tout couvrir. Nous allons commencer par une première étape
au-delà de laquelle nous pourrons, par le même processus,
compléter cette réglementation. Cela est prévu pour le
mois de juin.
M. LEGER: Je pourrais en profiter parce que la question suivante fait
suite à la première à laquelle le ministre vient de
répondre... Quand Radio-Québec commencera-t-elle à
diffuser autrement que par câble?
M. L'ALLIER: Je vais parler de Radio-Québec tout à
l'heure, un peu plus loin, parce que j'ai pris des notes là-dessus. Il y
a plusieurs aspects à Radio-Québec, il y a la diffusion,
l'augmentation de la diffusion par câble, la diffusion en direct par
ondes ouvertes, le volume de production, l'improductivité que vous avez
soulignée, etc. Je voudrais en parler dans un deuxième temps.
Régions éloignées
M. L'ALLIER: Je voudrais suivre l'ordre des questions du
député de Chicoutimi pour parler maintenant des services du
ministère aux populations éloignées. Le
député de Chicoutimi nous a demandé ce que nous faisions
au ministère pour desservir ou pour faire en sorte que les populations
éloignées soient desservies en matière de communication.
J'ai indiqué que, pour ce qui était des populations autochtones,
les Indiens et les Esquimaux, nous avions actuellement une expérience en
cours depuis août 1972, une série d'expériences visant
à familiariser les autochtones du Nouveau-Québec à la
télévision à laquelle ils auront désormais
accès grâce aux satellites canadiens de communication. Ces
expériences consistent à permettre aux Esquimaux et aux Indiens
d'utiliser eux-mêmes des équipements magnétoscopiques
portatifs aux moyens desquels ils utilisent des documents audio-visuels,
communautaires, qui sont réutilisés sur place et dans leur
langue.
Alors, c'est l'expérience qui se poursuit. Nous avons
relativement peu de moyens deux ou trois personnes s'en occupent
mais des équipements sont sur place et j'ai eu l'occasion moi-même
de visionner quelques-uns de ces documents qui sont, compte tenu du contexte,
d'une qualité que je considère exceptionnelle, et qui
correspondent véritablement aux besoins de cette population
éloignée. C'est pour sa propre information, sa propre
familiarisation avec les moyens audio-visuels.
Cette expérience, si ma mémoire est exacte, se poursuit
à Chimo, à Poste-de-la-Baleine, Fort George, Povungnituk. Pour ce
qui est des autres régions qu'on peut appeler éloignées,
ce sont les services régionaux du ministère qui s'en occupent
essentiellement, nos directions de communication dans les régions.
Alors, sur ce point, je pourrais dire ceci: La diffusion ou l'utilisation des
moyens de communication et la diffusion d'information aux régions
éloignées est une de nos préoccupations. Cela s'est
d'ailleurs traduit dans l'effort que nous avons fait au niveau des bureaux
régionaux. Si on s'en souvient, il y a trois ans, on avait à
peine une dizaine de personnes dans les bureaux régionaux. Cette
année, le personnel est passé à 69, de 35 qu'il
était l'année précédente. Ce personnel dans les
bureaux régionaux se définit et nous les définissons comme
étant essentiellement au service de la population qu'il a à
desservir. En d'autres mots, c'est à lui qu'il appartient d'adapter les
moyens existants en publication, audio-visuel, aux besoins exprimés par
la population. C'est donc beaucoup plus que de simples bureaux de
renseignements où des personnes sont assises et répondent au
téléphone ou à des lettres. Nos bureaux régionaux
ont une fonction active qui amène nos techniciens en information et nos
agents d'information auprès de la population à participer avec
elle à la familiariser avec les moyens de communication et avec les
informations disponibles.
Régions urbaines
M. L'ALLIER: Le problème qui se pose pour les centres
éloignés si vous me permettez de faire une digression, qui
répond aussi à une question du député de
Chicoutimi est relativement facile à régler en regard des
problèmes qui peuvent se poser pour les grandes populations urbaines.
S'il est relativement facile de mettre sur pied des bureaux régionaux
qui sont dynamiques et qui, avec le temps, vont s'implanter dans les milieux
qu'ils ont à desservir, être identifiés par la population
comme véritablement un service public, nous n'avons pas encore
trouvé de moyens vraiment efficaces de desservir la majorité de
la population québécoise des grandes zones urbaines comme
Montréal, Laval et même Québec.
Pour y arriver, il faudrait probablement des moyens beaucoup plus
considérables que ceux dont on dispose. Ce que nous faisons pour ces
populations urbaines, c'est de concentrer nos efforts sur le renseignement
téléphonique et sur la diffusion d'un certain nombre de documents
qui simplifient tel ou tel aspect. Mais les volumes des populations à
rejoindre, de même que les besoins à la fois communs de ces
quelques millions de Québécois et en même temps
différents par secteurs municipaux sont tels que ni nous ni personne
encore n'avons trouvé, que ce soit au Québec ou ailleurs, des
moyens à partir des communications d'humaniser les communications
individuelles et de groupes à l'intérieur des grands ensembles
urbains. C'est un problème qui n'est pas propre au Québec, c'est
un problème général et nous essayons, comme d'autres, d'y
trouver des solutions.
Information
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait ici de
revenir sur ce dont nous avons parlé la semaine passée? Nous
parlions d'information dans le sens général du terme, de
l'information gouvernementale, et j'insistais sur la nécessité
d'une action à deux directions, une information qui vient du
gouvernement et une information qui vient des populations
elles-mêmes.
J'ai sous les yeux ici deux documents émanant du ministère
des Affaires culturelles et un autre émanant du ministère des
Communications, où l'on a regroupé un ensemble d'articles de
presse, de coupures de journaux. Je m'interroge sur la nature de cette
information et sur son utilité puisque ce qui se retrouve dans ces
documents, ce ne sont au fait que des choses qui ont déjà
été portées à l'attention des gens puisque ce sont
simplement des coupures de presse. Quelle est l'utilité, en termes
d'économie c'est important de se poser la question de ces
coupures de presse qui sont tirées de journaux que reçoivent
déjà les citoyens ou qui reprennent des opinions, des
déclarations ou des nouvelles déjà diffusées par la
radio ou la télévision dans les régions
déterminées? Je parle de ma région, nous avons deux
stations de télévision et six stations de radio plus un quotidien
et peut-être douze à quinze hebdomadaires, dont un hebdomadaire
important, le Progrès-Dimanche. On reprend simplement l'information
déjà diffusée. Quelle est, en termes d'objectifs, le sens
de ces publications et quelle peut-être leur utilité et est-ce que
l'argent que l'on consacre à la diffusion de ces documents ne pourrait
pas être utilisée à meilleur escient en établissant
ce système à double voie de la communication entre le
gouvernement et les citoyens et entre les citoyens et le gouvernement? Parce
que ce genre de documents, je pense qu'on a vécu l'expérience
depuis longtemps, ça ne sert pas à grand-chose et pas à
beaucoup de monde. D'autant plus que je ne sais pas du tout quel est le
système de distribution que l'on a adopté dans le cas de ces
documents.
M. L'ALLIER: Je ne sais pas si le député de Chicoutimi
fait allusion à des revues de presse propres à chaque
ministère ou pour diffuser...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le ministère des Communications,
ça vient du bureau régional des Communications et l'autre vient
du ministère des Affaires culturelles, du bureau régional des
Affaires culturelles à Chicoutimi.
M. L'ALLIER: Et c'est pour diffusion locale?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour diffusion locale. A qui c'est
distribué et pourquoi on fait ces revues de presse qui me paraissent
inutiles, sauf pour des spécialistes qui veulent avoir ça en
dossier pour en discuter, comme nous autres, par exemple, pour étudier,
parce que...
M. L'ALLIER: Je ne sais pas, M. le Président, ce que fait le
ministère des Affaires culturelles dans son cas, mais je peux dire que,
dans le cas du ministère des Communications, nos bureaux
régionaux font, à l'occasion, des revues de presse, soit sur un
sujet donné, soit sur un ensemble de sujets connexes. Le but poursuivi
n'est pas une diffusion générale. Ce n'est pas une diffusion, la
plus large possible, auprès de la population pour les raisons qu'a
indiquées le député de Chicoutimi. Par ailleurs, ce que
nous recherchons ainsi, c'est de contribuer à l'élaboration de ce
que j'appellerais une documentation régionale et qui est essentiellement
à la disposition soit des journalistes, soit des étudiants, soit
des chercheurs et qui donne une vue synthétique et régionale d'un
sujet tel qu'il a été traité par les media. Donc, c'est
une utilisation spécialisée qui est recherchée par la
publication de cette documentation.
Nous espérons ainsi pouvoir faciliter le travail de ceux qui ont
à faire soit des analyses, soit des recherches sur tel ou tel sujet.
C'est une expérience qui n'est pas faite sur une haute échelle,
et dans chaque région, on est libre, lorsque le besoin s'en fait sentir,
de faire ou de ne pas faire cette compilation.
Par exemple, si vous regardez dans la Revue de presse, d'ailleurs on
indique, ici, dans le document que vous m'avez aimablement communiqué,
dans le dernier paragraphe, je me permets de le lire: "Nous tenons à
avertir nos destinataires que nous avons fait cette Revue de presse à
titre expérimental." Alors, en même temps, on veut voir à
qui elle sert, si effectivement elle sert à quelqu'un et de quelle
façon, en fait, si l'expérience doit être poursuivie ou si
elle doit carrément être abandonnée.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je souligne au ministre, ici, que je n'en vois
pas l'utilité pour les raisons que j'évoquais la semaine
dernière. Je faisais part au ministre de l'expérience que nous
vivons, depuis un certain nombre de mois, à propos du travail
parlementaire et j'indiquais que les organes de diffusion: radio,
télévision et journaux, ne disposaient pas de tous les moyens
pour donner une information complète. Je prends simplement le cas, je ne
restreins pas, de l'information gouvernementale, de l'activité
gouvernementale. En reprenant tout simplement ce que les journalistes ont
déjà écrit, on n'ajoute rien à l'information qui
manque aux citoyens et, faute d'espace, de temps, en raison de toutes sortes de
circonstances, les journalistes ne sont pas capables de faire rapport des
discussions de chacune des commissions. Prenez, ce matin, il y en a trois, par
exemple. Comment, à la fin de la journée, celui qui est
chargé de l'information va-t-il faire la synthèse, le partage, si
vous voulez, de l'espace accordé à chaque journaliste qui a
produit des papiers au cours de la journée afin de renseigner les
citoyens? Alors, c'est pour cela que je m'interroge sur cette formule qui est
expérimentale, comme le dit le ministre, mais dès le
départ je suis porté à penser qu'elle ne peut être
utile que pour ceux qui veulent vraiment compiler des documents et s'en servir
comme moyens de références le cas échéant.
M. L'ALLIER: Voyez-vous, M. le Président, et je note les
appréhensions et les réserves du député de
Chicoutimi, je voudrais tout simplement et très brièvement dire
que de tels documents nous sont, de toute façon, nécessaires,
à nous, dans les régions, au niveau de nos bureaux. Et dans la
mesure où nous devons les faire pour nous-mêmes, le coût
d'en faire 25, 30 ou 40 de plus, à l'intention soit des universitaires,
soit même des analystes des journaux régionaux, n'est pas
considérable. Je sais que nous avons eu un certain nombre de demandes de
la part des analystes de journaux locaux, qui n'ont pas à leur
disposition les moyens de faire ces compilations. Par ailleurs, ce n'est pas
une opération qui prendra énormément d'envergure. Elle
s'inscrit uniquement dans cette volonté de faire
bénéficier ceux qui auraient besoin des services que nous avons
déjà à notre propre disposition. Mais je note, ici, les
réserves du député de Chicoutimi, que je transmettrai aux
fonctionnaires des régions pour qu'ils puissent, le cas
échéant, regarder cette question de beaucoup plus près et
voir si, effectivement, c'est utile à quelqu'un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi, juste une petite question. Ce qui
m'inquiète dans tout cela, enfin, ce qui me préoccupe, c'est ce
problème que j'appelle la rétroaction, l'information dans un
sens, la réaction dans l'autre sens; le gouvernement informe et le
public aussi informe. Alors, je pense que c'est un des objectifs...
M. L'ALLIER: C'est cela.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... de cette
machine de communication que le ministère est en train de mettre
sur pied. J'aimerais que l'on s'interroge sur les formules à adopter et
à adapter, le cas échéant. Evidemment, c'est difficile, je
le comprends avec le ministre, c'est très difficile, et dans des zones
très peuplées comme celle de Montréal, par exemple, ou de
Québec, il est assez difficile d'inventer un système qui
satisfasse tout le monde. Mais si on veut faire participer le public à
la vie de la société et à connaître aussi quels sont
les réactions, les besoins, les exigences du public, il est
nécessaire d'inventer une formule qui soit beaucoup plus rapide,
dynamique, qui ne soit pas simplement ce système de documents, pour
valable qu'il soit, qui ne répond pas, je pense, à l'objectif que
formulait le ministre.
M. L'ALLIER: Oui, ce n'est pas une réponse du tout au
problème de la rétroaction que vous mentionnez. Pour ce qui est
de la rétroaction, c'est effectivement une de nos préoccupations
par nos bureaux régionaux notamment.
Par nos bureaux régionaux, par nos participations à un
certain nombre de manifestations ou d'expositions locales, nous sommes en
mesure de compiler les principales questions qui sont posées par les
citoyens, les principales préoccupations quant à
l'efficacité administrative et nous sommes à systématiser
la retransmission de ces informations vers les ministères
concernés.
Nous avons déjà commencé à le faire. Le
problème ne sera pas tellement de transmettre ces informations dans les
ministères mais de trouver un moyen de faire en sorte que les
ministères les lisent et en tiennent compte. C'est là qu'est le
problème et il faudrait peut-être en arriver à prendre un
certain nombre de fonctionnaires par le cou et les amener dans les
régions pour voir les problèmes sur place. Ce n'est pas
nécessairement la même chose que lorsqu'on les voit à
75° Fahrenheit dans un bureau confortable.
Ceci dit, je voudrais, sur la rétroaction, souligner
l'opération qui est en cours, actuellement, et qui s'appelle
Informa-tour et qui va couvrir, comme je l'ai dit dans l'exposé
préliminaire, une bonne partie de la population québécoise
en étant disponible, sur une période de six mois, dans quinze des
principaux centres commerciaux du Québec.
Or, dans cette opération Informa-tour, qui a un but d'information
de la population mais qui a aussi un but très précis de collecte
d'informations de la population, nous serons en mesure, suite à cette
opération Informa-tour, de voir quelles sont, sur des sujets très
précis, et dans des régions données, les
préoccupations ou les questions des citoyens.
Si vous avez l'occasion et c'est la meilleure réponse
à la question de visiter Informa-tour là où il se
trouve, c'est dans cinq centres commerciaux à la fois, vous pouvez
constater qu'en plus de fournir des renseignements, nous demandons, sur un
questionnaire, aux citoyens qui veulent répondre, quels sont les
mécanismes qu'ils considèrent les plus efficaces pour
accéder à l'information gouvernementale, pour accéder
à la machine administrative.
Il y a aussi un appareil que l'on a mis au point au ministère des
Communications et qui consiste à poser, sur un tableau, un certain
nombre de questions, en poussant des boutons, questions qui portent soit sur le
système de démérite, soit sur la Loi des petites
créances, soit sur les services de santé et qui nous permettent
de voir le degré de bonnes et de mauvaises réponses que les
citoyens donnent à ces questions. Pour dix questions, il y a un choix de
vingt réponses, si ma mémoire est exacte.
UNE VOIX: Est-ce comptabilisé?
M. L'ALLIER: Donc, il y a une marge d'erreur possible et l'analyse des
réponses qui sont ainsi fournies à la machine par le citoyen nous
permet de constater oui, c'est comptabilisé que, sur tel
sujet en particulier, les gens ne connaissent strictement rien. Donc, il y aura
quelque chose à faire là. Et on peut voir, en même
temps...
M. LEGER: Parmi tous ceux qui ont posé les questions.
M. L'ALLIER: Les questions ont été préparées
par chaque ministère...
M. LEGER: Cela dépend de qui pousse sur les boutons.
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. LEGER: Cela peut être une personne qui n'est absolument au
courant de rien.
M. L'ALLIER: On ne prend pas les empreintes digitales.
M. LEGER: Cela va jouer.
M. L'ALLIER: Cela nous permet également de voir quelles sont les
question que les gens choisissent de poser. Il y a des temps, par exemple,
pendant lesquels il n'y a virtuellement pas de questions. Est-ce que c'est
parce que cela n'intéresse personne ou parce qu'on connaît les
réponses? Il y a des temps pendant lesquels il y a eu beaucoup plus de
questions. Et cela nous permet, à ce moment, d'évaluer, dans une
certaine mesure, à la fois l'impact de l'information et surtout de voir
quels sont les mécanismes à développer pour que les
citoyens communiquent avec l'Etat, parce que c'est ce qui est le gros
problème.
M. LEGER : Est-ce que la réponse au problème n'est pas
justement dans le fait que le ministre disait, lors d'une entrevue, que les
communications ne contrôlent que le tiers, à
peine, de l'ensemble des communications? Autrement dit, s'il y a une
rétroaction, s'il y a du moins un objectif de rétroaction, le
ministre recueille l'information auprès des citoyens qui s'interrogent
sur différents sujets, il communique ces renseignements au
ministère et, par la suite, il n'y en a plus que le tiers qui reviennent
entre les mains du ministère. C'est sûr qu'il y a des
ministères qui feront eux-mêmes leur propre publicité. Mais
s'il n'y a pas cette coordination que le ministre espérait avec un de
ses projets de loi de coordonner la diffusion de la publicité des
différents ministères, est-ce que ce n'est pas là qu'est
le grand problème?
M. L'ALLIER: Pour la rétroaction, le problème ne se pose
pas tellement, parce que, lorsqu'on est dans un centre commercial, les gens ne
choisissent pas, parce qu'on est présent, de s'informer uniquement sur
les 30 p.c. dont on a la responsabilité. Cela peut porter sur le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, etc.
M. LEGER: Le ministre n'a pas saisi ma question. Je voulais dire par
là que dans la publicité, au niveau de l'information, des
réalisations gouvernementales, des projets de loi ou de tout ce sur quoi
le citoyen devrait être renseigné, le fait qu'il n'y ait que le
tiers qui passe entre les mains des Communications et qu'il y en ait seulement
un peu d'envoyé par les ministères eux-mêmes, ce n'est pas
là le problème.
M. L'ALLIER: Le député de Lafontaine vient d'employer deux
expressions que j'évite pour ma part lorsque je parle d'information
gouvernementale, parce que ce n'est pas cela précisément la
fonction de l'information gouvernementale, la publicité sur les
réalisations du gouvernement et les projets de loi.
M. LEGER: Quand on dit les lois passées...
M. L'ALLIER: Quant aux projets de loi, il n'appartient pas à
l'information gouvernementale de les faire connaître et de les vendre
à la population. Il appartient aux hommes politiques de faire cela.
C'est de l'information politique, cela. Et la publicité sur les
réalisations gouvernementales est aussi un travail politique. Il
appartient à chaque chef de ministère et à chaque membre
de...
M. LEGER: Un exemple au ministre, la Loi de la protection du
consommateur.
M. L'ALLIER: Ce que nous faisons, nous, c'est de l'information
administrative, lorsqu'une loi est passée, pour que le citoyen, cette
loi étant passée, puisse s'en servir au maximum et dans les
meilleures conditions.
M. LEGER: C'est cela, comme la Loi de la protection du consommateur.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. LEGER: Que les citoyens aient en main des renseignements lui
permettant de se servir de cette loi dans des situations
particulières.
M. L'ALLIER: C'est cela. Mais là, le problème qu'on a,
lorsqu'il s'agit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me permet, je n'aime pas
tellement l'entendre dire que le ministère des Communications n'a pas de
responsabilité en ce qui concerne les projets de loi. Il a
corrigé un peu sa réponse. Evidemment, le ministère des
Communications ne doit pas être un organe de publicité au service
du gouvernement mais dès qu'une loi est passée...
M. L'ALLIER: Ce n'est plus un projet.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A ce moment-là, cela devient un
problème d'application de la loi, de connaissance de la loi, ce qui
n'est plus un problème politique.
M. L'ALLIER: Et ce n'est plus un projet de loi. C'est sur le mot projet
que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une loi et il est important que le
citoyen en connaisse les tenants et aboutissements et ce qu'il peut en tirer.
Alors là, c'est de l'information administrative puisqu'il s'agit de
l'application de la loi. Et même dans le cas des projets de loi,
puisqu'on invite des citoyens à la participation et que ces citoyens
sont invités à venir se faire entendre devant les commissions
parlementaires toutes les fois que les projets de loi sont
déférés aux commissions, le ministère des
Communications a aussi une responsabilité. Il ne s'agit pas pour lui de
dire que cette loi est la meilleure du monde, mais il peut informer les gens
sur l'objectif du projet de loi et ce qu'il pourra éventuellement
comporter pour les citoyens afin que ceux-ci fassent connaître tout de
suite leurs réactions et viennent devant les commissions
parlementaires.
M. L'ALLIER: Ce que nous faisons pour les projets de loi actuellement,
c'est essentiellement de les rendre disponibles via l'Editeur officiel parce
que, que le ministère des Communications tente de définir quelque
autre action que ce soit pour expliquer des projets de loi qui ne sont pas
encore adoptés par l'Assemblée nationale, c'est ce qui nous fait
courir les plus grands dangers de propagande, si je peux employer
carrément l'expression. Un projet de loi, tant qu'il n'est pas
adopté par l'Assemblée nationale, demeure un projet de loi du
gouver-
nement, donc d'un parti politique qui désire le traduire via
l'Assemblée nationale. Comment faire objectivement de l'information sur
un projet de loi via un service gouvernemental sans en même temps faire
de la politique et dire que ce projet de loi est bon pour telle ou telle
raison, ce qui est contradictoire avec ce que peut dire un parti d'opposition?
Cela nous entraînerait à mon avis, compte tenu de la
maturité politique le mot est peut-être un peu fort
à la fois de la population et de tout le monde au Québec,
véritablement vers la propagande. Je ne dis pas que cela en serait
automatiquement, mais on serait dans des zones vraiment grises de ce
côté-là. On se souviendra par exemple, le
député de Chicoutimi se souviendra de la loi 63. A ce
moment-là, cela avait été tout un problème du fait
qu'à un certain moment l'information gouvernementale officielle avait
pris en main le marketing de la loi 63. Cela crée, à partir d'un
service qui doit appartenir à tout le monde et essentiellement au
citoyen, qui ne doit pas être à la disposition d'un parti
politique, au parti au pouvoir un avantage que les autres n'ont pas. Je ne vois
pas de quelle façon on pourrait, dans les projets de loi, trancher entre
propagande et information au citoyen si ce n'est par l'action politique. Que
chaque ministre et son attaché de presse, fasse valoir les aspects
positifs des projets du gouvernement, cela va, il n'y a pas de problème;
mais dès qu'on entre dans le bloc d'information gouvernementale,
à mon avis, cela ne doit porter que sur les lois dès qu'elles
sont passées. Dès qu'une loi est votée, c'est alors
véritablement une loi de l'Etat et donc la responsabilité de nos
services de la rendre accessible à tous les citoyens
concernés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans faire une publicité qui soit de la
propagande, le gouvernement peut très bien dire : Nous présentons
tel projet de loi. L'objectif de ce projet de loi sera tel et tel. Il, y aura
tel et tel article qui toucheront tel et tel sujet. Parce qu'on invite les gens
à venir comparaître devant nous. Le ministre faisait allusion au
projet de loi 63. Quand il s'est agi du projet de loi 63, nous avons dû
prendre l'initiative de renseigner les gens parce que, avant même que le
projet de loi ne fût déposé, déjà, on avait
commencé à donner une information fausse sur les objectifs du
projet de loi et sur ce qui pourrait en résulter.
Nous avons dû, de la façon la plus discrète possible
parce que j'ai encore en dossier tous les documents qui ont
été publiés à ce moment expliquer aux gens
quel était l'objectif du projet de loi, enfin quelle étape nous
entendions marquer par ce projet de loi, laissant ouvertes toutes discussions
et invitant les gens à venir se faire entendre.
Evidemment c'est délicat, comme le dit le ministre. Je le
comprends. Mais, en fin de semaine, j'avais l'occasion de discuter avec des
spécialistes en fiducie du projet de loi sur l'expropriation. Nous avons
entendu des mémoires. Or, ces messieurs, qui ont de très grosses
administrations et qui ont des problèmes extrêmement
sérieux à régler en matière de succession, donc de
biens immobiliers, d'expropriation, etc., me disaient: Mais nous n'avons pas
été invités. Nous n'avons pas pris connaissance de ce
projet de loi. C'est un peu votre faute, parce que s'il y a des gens qui
doivent être à l'écoute, ce sont bien eux. Mais ils ne
connaissaient pas le projet de loi. Ils ignoraient même qu'il y avait un
projet de loi.
Entre la propagande et la publicité partisane et l'information
objective, il y a quand même des lignes de démarcation qu'il est
facile de tracer et qu'un ministère comme celui des Communications, avec
un personnel bien équipé et bien formé aussi nous
allons reparler de la formation, j'espère que le ministère
répondra à mes questions là-dessus le gouvernement
est capable, à mon avis, d'informer les citoyens, sans pour autant faire
de la propagande pour ses lois. H y a d'autres moyens de faire la propagande.
Même chaque ministre peut la faire dans son ministère, de
façon assez subtile et Dieu sait s'ils le font.
M. L'ALLIER: Là-dessus, je suis peut-être plus prudent, je
suis peut-être trop prudent, mais, pour ma part, je crois que, sur les
projets de loi, l'information incombe au personnel politique. Que l'information
soit insuffisante, c'est que le personnel politique ne fait pas son travail
comme il devrait le faire au sujet des projets de loi.
Mais le risque que comporterait l'implication des services officiels et
administratifs du gouvernement en matière de communications sur les
projets de loi m'apparaît plus grand que les avantages qu'on pourrait en
tirer à ce moment-ci.
Il est peut-être possible que, dans le temps, plus tard, on
définisse des mécanismes tels que la distinction puisse se faire
facilement. Je ne partage pas l'opinion du député de Chicoutimi
sur la facilité de démarquer, si ce n'est après coup, la
marge ou la frontière entre l'information politique, partisane, la
propagande, pour permettre au citoyen une meilleure participation.
S'il est possible, après coup, de dire: Là, cela a
été bien, là, cela a été mauvais, cela ne
reste que des constatations et le mal est fait s'il y a du mal à se
faire de ce côté.
On pourrait prendre plusieurs exemples. Prenons le projet de loi 89.
Cette loi, n'étant pas adoptée, est loin de faire
l'unanimité, par exemple, des partis à l'Assemblée
nationale et même dans la population. Je vois mal, si le principe d'une
participation des services officiels du gouvernement à l'information sur
des projets de loi était retenu, comment on pourrait dire: Cela est une
loi tellement contentieuse qu'on n'en fait pas d'information
là-dessus.
Telle autre qui est unanimement acceptée, on en fait
là-dessus. Au contraire. La tentation du gouvernement serait
plutôt de faire porter son effort sur les projets de loi contentieux,
donc qu'il a de la difficulté à faire accepter par la population
ou par les parlementaires. Et c'est dans ces cas que le problème se
poserait. Pour les lois qui sont unanimement acceptées ou dont les
principes sont unanimement acceptés par la population et par les
citoyens, le problème ne se pose pas.
Le problème se posait dans les cas contentieux et les cas
contentieux mettent en opposition les partis politiques et du même coup
les blocs de la population, et le risque, à mon avis, est trop grand
à ce moment-ci, compte tenu des moyens dont on dispose de
vérification préalable, pour que je puisse, moi, comme
responsable du ministère engager le gouvernement dans un
précédent comme celui-là.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour clore cette petite
discussion, je dirais que je comprends les réticences du ministre, mais
je n'accepte pas nécessairement son point de vue. C'est vraiment en fin
de course et quand les mécanismes seront rodés que l'on pourra
voir de quelle façon tout cela fonctionne et quels en sont les
résultats. Mais il reste que, si le ministère a pris l'initiative
de créer un ministère des Communications et de mettre en place
des mécanismes, il doit avoir l'audace d'assumer sa
responsabilité, dont l'objectif est de renseigner les citoyens sur toute
l'activité gouvernementale. Et précisément parce qu'il
évoque le cas des projets de loi contentieux, j'ai l'impression que
c'est précisément dans ce domaine qu'il est important d'informer
au préalable les citoyens sans verser dans la propagande. H
évoquait le cas de la loi 89; évidemment, un projet de loi
contentieux, c'est bien clair. Il ne s'agit pas pour le gouvernement de dire:
Ce projet de loi est bon. Il s'agit de dire: Ce projet de loi vise à
régler tels, tels, tels problèmes par tels, tels, tels moyens. Un
point, c'est tout. Il n'y a pas à s'étendre longuement. A ce
moment-là, les citoyens sont avertis et sont alertés et ils le
sont par voie officielle autrement que par des bribes d'information qui sont
communiquées par des gens qui, avant même d'informer, ont
déjà pris parti.
M. L'ALLIER: Oui.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: II est quand même à noter que, sur cette
question, il y a un danger de dire que tel projet de loi a pour objectif de
régler tel ou tel problème parce que souvent le titre de la loi
est exactement le contraire de ce qu'elle veut faire. Je donne l'exemple du
bill 63, Loi pour promouvoir la langue française au Québec.
M. L'ALLIER: M. le Président, je comprends l'objectif du
député de Chicoutimi et je concours à cet objectif du
maximum d'information possible pour amener la participation du citoyen,
mais...
M. LEGER: II y a un danger.
M. L'ALLIER: ... pour l'atteindre via l'information gouvernementale
aujourd'hui, le député de Chicoutimi dit qu'il faudrait de
l'audace, moi, je pense que ce serait de la témérité
à ce moment-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans un gouvernement téméraire,
exemple la baie James.
M. AUDET: Dans le même domaine, je crois...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député
d'Abitibi-Est.
M. AUDET: ... que le gouvernement se doit, lorsqu'il est élu, de
prendre ses responsabilités et adopter des projets de loi qui... Mais de
toute façon, je pense qu'il y a une certaine prudence à apporter
à ce sujet-là, parce que, dans les programmes électoraux
énoncés par certains partis lors des élections, on n'a pas
le temps d'élaborer toute la politique des quatre ans à venir.
Souvent on a vu, dans certaines administrations, des projets de loi nous
arriver complètement à rencontre des programmes électoraux
annoncés alors. Donc, je pense que, lorsqu'il y aurait contradiction
vis-à-vis de certains projets de loi présentés qui
viendraient à l'encontre des programmes électoraux alors
annoncés, ce serait bon qu'on les mentionne et qu'on en avertisse la
population pour qu'au moins les intéressés soient
sensibilisés, parce qu'il y a nettement contradiction à bien des
points de vue, au cours des quatre ans qui suivent l'élection.
M. L'ALLIER: M. le Président, c'est le rôle, comme dit le
député de Chicoutimi, des partis de bien souligner s'il y a des
incohérences entre les programmes et les réalisations. Quoi qu'il
en soit, c'est un débat que l'on pourrait poursuivre très
longuement. Je note les points de vue qui sont énoncés ici et,
pour ma part, afin de garder à l'information gouvernementale, à
ce moment-ci de son développement, sa crédibilité, je vais
plutôt me concentrer sur la "consciencisation" de mes collègues du
cabinet quant à l'information qu'ils doivent faire sur leurs projets de
loi à ce moment-ci, plutôt que de tenter de définir un
mécanisme qui nous ferait suppléer via l'information officielle,
parce que cela risque de miner considérablement la
crédibilité de l'information administrative. On a eu quelques
exemples.
Un cas particulier s'est produit il n'y a pas longtemps et je termine
là-dessus, sur ce point, M. le Président. Par inadvertance, un
communi-
que politique a été émis d'un ministère sur
le réseau d'information gouvernementale. Il a été
émis à 5 heures le soir, on s'en est donc aperçu le
lendemain matin en lisant le télex. On a immédiatement
apporté une précision par le même moyen en disant qu'il
s'agissait là d'une erreur de transmission, que ce n'était pas la
règle du ministère de transmettre des communiqués
politiques, etc. Ce genre de correction a été
apprécié par les media qui auraient été en mesure
de se demander si on ne glissait pas tranquillement vers autre chose que le
travail qui a été fait. On va essayer de garder cette
frontière pour l'instant tout en ayant à l'esprit l'objectif de
participation des citoyens aux projets de lois du gouvernement.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait me donner une réponse
à la question que je lui avais posée au début, savoir si
vous avez des chiffres concernant le nombre de demandes de renseignements
à travers tous ces bureaux régionaux?
M. L'ALLIER: Oui, je peux répondre. Dans l'ordre de grandeur
suivant, pour les bureaux régionaux, pour une période d'un an: le
bureau régional de Hull, par exemple, 7,152 demandes de renseignements;
pour le bureau de Montréal, c'est à peu près le même
nombre de demandes de renseignements, avec des périodes de pointe
beaucoup plus considérables au moment de l'impôt, par exemple;
à Rouyn, 550 demandes; à Sherbrooke, 3,700 demandes;
Trois-Rivières, 2,500; à Chicoutimi, pour mars et avril 1973, ce
sont les seules statistiques dont je dispose, 600 demandes pour les deux
mois.
Dans la région de Rimouski, en particulier, on a
procédé à la publication d'un bottin administratif que
j'ai distribué à tous les députés, qui a
été distribué dans chacune des familles, soit 83,000
foyers qui ont reçu le document. Il donne la liste complète des
services gouvernementaux, les numéros de téléphone, les
adresses, ainsi que la description des fonctions de chacun de ses principaux
fonctionnaires ou des principaux bureaux. Ce document a été
distribué gratuitement, de porte à porte, dans ces
régions. Nous allons continuer ce travail dans les autres régions
et, si nous pouvons, une fois par année, distribuer un tel bottin
régional. Je crois que ça peut servir à la population dans
son accessibilité aux services.
M. LEGER: Ces chiffres sont pour un année, sauf le cas de
Chicoutimi. Est-ce que le ministre a trouvé une raison pour laquelle le
bureau de Hull, qui n'est quand même pas tellement gros comparativement
à celui de Montréal parce qu'il y en a à peu près
pour un an dans Montréal et a à peu près le
même nombre.
M. L'ALLIER: Je ne suis pas sûr que le chiffre que je vous donne
pour Montréal comporte également les demandes de renseigne- ments
téléphoniques compilées au complet parce que, si ma
mémoire est exacte, les chiffres sont beaucoup plus importants à
Montréal en termes de demandes de renseignements
téléphoniques. Je vous donne ces chiffres tels qu'ils me sont
communiqués actuellement. Ce sont les seuls dont je dispose maintenant.
Je pourrai vérifier là-dessus, faire une note et envoyer
ça à tout le monde, ce sera très précis.
Relations avec les postes privés
M. L'ALLIER: Je voudrais arriver à la troisième question
du député de Chicoutimi, j'en ai quinze à passer, les
questions du député de Lafontaine recoupent celles du
député de Chicoutimi. Quelles sont les relations du
ministère en matière de radio et de télévision avec
les stations privées de radio et de télévision? Nous
fournissons un service de documentation aux postes de radio et de
télévision et, depuis quelque temps, nous préparons un
bulletin spécial à l'intention des postes de radio et de
télévision, un bulletin spécial de nouvelles
parlées. Plutôt que d'envoyer uniquement un communiqué
écrit, nous avons des capsules de nouvelles qui sont prêtes pour
diffusion immédiate sur réception, quand les postes de radio et
de télévision le souhaitent. Ce bulletin spécial, auquel
viendra s'ajouter de courts enregistrements sonores pour la radio et de courts
documents filmés pour la télévision sera accessible
gratuitement au cours des prochains jours pour les postes de radio et de
télévision qui voudront s'en servir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre donne des renseignements d'ordre
technique. En plus de ce que vient de me dire le ministre, ce que j'avais dans
l'esprit était ceci: Est-ce qu'il y a eu des rencontres entre le
ministère des Communications et les stations privées de radio et
de télévision afin d'utiliser ces stations de radio et de
télévision qui le voudront bien à des fins de diffusion
des programmes éducatifs et culturels préparés par les
ministères compétents?
Est-ce qu'on a poursuivi des démarches, comme je l'avais fait au
ministère des Affaires culturelles, pour que certaines stations de radio
et de télévision acceptent de devenir des diffuseurs pour le
gouvernement dans les cas où le gouvernement ne puisse pas avoir
lui-même ces moyens de diffusion?
M. L'ALLIER: II y a des projets qui sont en marche en ce sens-là.
Ces projets ne sont pas complétés. Nous avons effectivement des
contacts avec les radiodiffuseurs et les télédiffuseurs aux fins
précisément qu'indique le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il est raisonnable de penser que
d'ici quelques mois le ministère des Communications sera en
mesure d'annoncer qu'il y a un certain nombre de programmes à des
heures fixes qui soient à l'horaire de ces stations et qui nous
permettent de constater que le ministère utilise tous les moyens de
diffusion pour les fins que j'indiquais tout à l'heure?
M. L'ALLIER: Je crois, M. le Président, que nous serons en
mesure, d'ici quelques mois effectivement, d'annoncer l'un ou l'autre de ces
projets qui comportera soit de la nouvelle administrative, ou des
renseignements à la population d'une façon
régulière par les media de radio et de télévision.
Maintenant, c'est une question que nous pourrons aborder plus en détail,
lorsque l'opération sera amorcée à l'occasion de la
commission parlementaire que je voudrais réunir au cours de
l'été, pour faire le point sur les contenus de communications
diffusés.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il est question aussi
d'émissions à caractère éducatif et culturel?
M. L'ALLIER: Oui. Nous avons un projet, notamment avec CFCF-TV à
Montréal pour l'enseignement du français aux anglophones, par
exemple, dans le domaine éducatif, qui est en gestation.
M. LEGER: Quant aux négociations que le ministre est en train de
faire avec ces postes privés, est-ce que vous vous attendez d'avoir des
heures où la cote d'écoute est quand même acceptable?
M. L'ALLIER: C'est tout cela que nous voulons discuter et mettre au
point avant de nous lancer dans des opérations de cette nature. Il est
évident que l'utilisation des media, dans certaines régions en
tout cas, peut nous être accessible gratuitement ou presque, et dans
d'autres régions, notamment les régions urbaines,
l'accessibilité est plus difficile et les conditions qui pourraient
être posées par les postes de radio et de télévision
pour nous accorder des périodes préférentielles peuvent
n'être pas toujours acceptables. C'est cela que nous sommes actuellement
à étudier.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que dans cette optique le
ministère a pensé aux relations de son ministère avec
celui de l'Education pour le programme de Multi-Media?
M. L'ALLIER: Le ministère des Communications a quatre
représentants à la commission de Multi-Media. Le rôle du
ministère des Communications est essentiellement à partir de ce
qu'entend faire Multi-Media, de proposer les moyens techniques les plus
appropriés pour la diffusion de Multi-Media. Donc, nous participons
d'office à la commission qui dirige Multi-Media. C'est une question que
nous suivons d'assez près, parce que nous aurons à faire, comme
je l'ai déjà dit, des arrimages entre Multi-Media et
Radio-Québec, par exemple, entre Multi-Media et la
télévision communautaire. Or, nous n'en sommes pas au point
où on peut d'ores et déjà dire, sur le plan technique des
communications: Voici ce que sera Multi-Media. Mais notre participation
à l'intérieur de la commission vise essentiellement, au fur et
à mesure de ce que nous en apprenons, à tenter de traduire
techniquement ce que signifie Multi-Media et ce que cela devrait signifier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que Multi-Media vous a fait des
demandes qui vous permettent de voir que sa programmation est
déjà établie et qu'il a besoin d'heures de diffusion,
etc?
M. L'ALLIER: II n'y a pas eu de demandes précises, à ma
connaissance, qui ont été faites par Multi-Media en ce
sens-là, parce que je ne suis pas informé que Multi-Media ait
déjà arrêté les moyens de communication qu'il
entendait prendre pour une diffusion en vitesse de croisière. Tout
dépend des clientèles qu'il veut atteindre et tout dépend
des objectifs qu'il poursuit.
Autant les clientèles que les objectifs le ministre de
l'Education pourrait peut-être vous donner beaucoup plus de
détails de mon point de vue, ils ne sont pas encore
définitivement arrêtés. Enfin, on cherche un peu dans ce
domaine. Quant à nous, nous allons tenter d'atteindre deux objectifs. Le
premier, c'est de nous assurer que Multi-Media disposera en temps utile des
moyens de communication les meilleurs, compte tenu de ses objectifs, et
deuxièmement, de faire en sorte que Multi-Media ne soit pas un programme
d'une telle amplitude qu'il mette en danger, par exemple, d'autres programmes
de communications à d'autres fins, tels que Radio-Québec.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait me dire si la Régie des
services publics aurait les pouvoirs de réglementer surtout le fait que
les postes de radio et de télévision privés soient
obligés de donner gratuitement, pour l'information du public, des heures
ou des demi-heures pour de la télévision éducative?
Tantôt, vous avez dit que la Régie des services publics, par les
lois qui viennent d'être adoptées, leur donne juridiction sur le
câble et sur la télévision éducative.
M. L'ALLIER: La Régie des services publics n'a pas, d'office,
juridiction sur la télévision éducative dans la mesure
où la télévision éducative utiliserait autre chose
que le câble, par exemple. A l'intérieur du câble, la
Régie des services publics pourra déterminer les conditions
d'utilisation du câble pour fins de télévision
éducative, etc. Concernant l'antenne de radio et de
télévision, la Régie des services publics n'a d'autre
juridiction que celle qui était
auparavant assumée par les autorités municipales, à
savoir l'utilisation des sols pour fins d'implantation d'équipements de
communication aux fins de radio et de télévision.
M. LEGER: Est-ce que le CRTC aurait le pouvoir de le faire sur
Radio-Canada, de l'obliger à donner des heures éducatives?
M. L'ALLIER: Je présume que le CRTC pourrait le faire;
maintenant...
M. LEGER : Est-ce qu'il en aurait le pouvoir sur la
télévision privée aussi?
M. L'ALLIER: Je présume que le CRTC a toute latitude à
l'intérieur de sa loi pour déterminer l'utilisation des ondes au
moment de l'attribution d'un permis, parce que les ondes sont un service
public. Ce sont donc des conditions qu'on pose à l'utilisation d'un
service public par des intérêts privés ou par une
société d'Etat.
M. LEGER: Mais le Québec, lui, dans son territoire, n'aurait pas
les pouvoirs...
M. L'ALLIER: Je pourrais vous parler des responsabilités
de...
M. LEGER: ... d'obliger ceux qui utilisent les ondes à donner du
temps pour communiquer avec les Québécois.
M. L'ALLIER : Le Québec n'a pas juridiction sur la radio et la
télévision, dans l'état actuel de la juridiction. C'est
notre avis. Et à partir de là, quelles que soient les
utilisations, nous n'avons pas juridiction.
M. LEGER: Le ministre conçoit qu'il est urgent de trouver des
solutions dans ce domaine.
M. L'ALLIER: Tout est urgent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même le CRTC; sauf erreur, je ne pense
pas que le CRTC ait lui aussi le pouvoir d'imposer des contingentements. Le
CRTC a le pouvoir de voir au contenu véhiculé par les moyens de
diffusion électronique. Mais je doute sérieusement
évidemment, il faudrait que je revoie exactement les pouvoirs du CRTC
qu'il ait le droit d'obliger des stations à diffuser.
M. L'ALLIER: Cela répond aussi à la quatrième
question du député de Chicoutimi au sujet de Radio-Canada. Nous
n'avons aucune juridiction sur Radio-Canada, que ce soient ses contenus ou que
ce soient le rythme ou la nature des implantations faites ou proposées.
Cela ne nous empêche pas d'avoir une opinion là-dessus comme
n'importe quel citoyen, mais nous n'avons pas, à ce moment-ci, quelque
pouvoir que ce soit sur l'implantation des stations de radio et de
télévision de Radio-Canada ou des postes privés.
M. AUDET: M. le Président, par exemple, lorsque le gouvernement
fédéral fait des communications via les postes de radio ou de
télévision privés, d'après la connaissance du
ministre, est-ce que le poste de radio est rémunéré de
quelque façon?
M. L'ALLIER: Je n'en ai aucune idée. Je ne le sais pas du
tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II achète du temps.
M. L'ALLIER : Je présume que le gouvernement
fédéral achète du temps. Cela varie d'un pays à
l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II en achète même à
Radio-Canada.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait en profiter pour
répondre à la question de tantôt? Est-ce que
Radio-Québec entend diffuser par UHF?
Radio-Québec
M. L'ALLIER: Bon, cela m'amène à la cinquième
question du député de Chicoutimi qui était sur
Radio-Québec. La question était la suivante : Pour les mois
à venir, de quelle façon Radio-Québec pourra-t-elle
concilier les deux vocations de production et de diffusion?
Comme vous le savez, depuis six mois, Radio-Québec procède
à une expérience de production maison qui est diffusée par
câble. Dans la région de Montréal, le câble
touché par Radio-Québec dessert 160,000 foyers et environ 20,000
à Québec. La cote d'écoute de Radio-Québec, telle
qu'elle a été établie par le BBM de Toronto, qui vient de
faire un sondage auprès des compagnies de câble, établit
à environ 20,000 auditeurs par semaine, pour le mois de mars, par
exemple, les auditeurs de Radio-Québec sur le câble. Le but de
l'expérience, encore une fois, n'était pas de diffuser parce
qu'en termes de diffusion, nous sommes tout à fait conscients que le
câble n'offre pas, et de loin, les meilleures possibilités de
pénétration et d'accessibilité aux citoyens, que ce soit
par la concurrence qu'il comporte, le nombre de canaux à faire, que ce
soit par la qualité même de la transmission par câble.
L'opération diffusion n'est pas faite par câble.
Ce qui nous amène à la deuxième phase. Si,
effectivement, Radio-Québec produit des émissions qui
correspondent à l'intérêt public dans le contexte culturel
et éducatif actuel, il faudra très rapidement chercher une
solution de diffusion en ondes ouvertes.
J'étudie actuellement le plan de développe-
ment triennal soumis par Radio-Québec et ce plan comporte
effectivement une proposition de diffusion en ondes ouvertes. Les coûts
sont quand même assez importants. Ce plan triennal sera
étudié en même temps que l'ensemble des projets du
ministère des Communications au niveau du Conseil du trésor et
aussi au niveau du conseil des ministres. Cela devrait se faire au début
de l'été, de sorte que je serai vraisemblablement en mesure de
donner quelle est l'orientation, pour les trois prochaines années, de
Radio-Québec au cours de l'été en disant exactement ce que
Radio-Québec propose de faire, quels sont les moyens que nous entendons
mettre en place pour y arriver, l'objectif étant la diffusion la plus
large possible, l'accessibilité la plus large possible, par la
population du Québec, à la programmation de Radio-Québec.
Radio-Québec produit et diffuse actuellement deux heures par jour,
quatorze heures par semaine. Nous avons l'intention, pour la prochaine
période de six mois, de maintenir ce niveau de production de diffusion
et nous étudions la possibilité, en réponse à la
question du député de Lafontaine, de porter la diffusion à
21 heures par semaine, de quatorze qu'elle était et, en même
temps, d'étendre le réseau à Sherbrooke et à Hull.
Maintenant, l'extension du réseau par câble à Sherbrooke et
à Hull pose aussi des problèmes techniques qui sont en discussion
entre Radio-Québec et les compagnies de câbles impliquées.
H s'agit du transport de l'émission de Montréal à Hull et
de Montréal à Sherbrooke. Cela peut se faire par autobus, bien
sûr, en différé. Mais si cela peut se faire
simultanément, c'est une possibilité qui a été
étudiée. Donc, extension de la diffusion par câble possible
à deux régions, Hull et Sherbrooke. Extension de la programmation
de 14 à 21 heures, vraisemblablement dans cette deuxième phase,
et, essentiellement, étude et parachèvement du plan de
développement de trois ans de Radio-Québec pour en arriver
à la diffusion en ondes ouvertes.
M. LEGER: Concernant la diffusion par UHF, est-ce qu'il y a des
délais nécessaires pour commencer cette opération?
Autrement dit, cela ne pourrait pas se faire pour l'automne, mais ça
pourrait commencer l'autre année. Quels sont les délais...
M. L'ALLIER: Cela ne pourrait pas se faire pour l'automne, bien
sûr, et ce serait en 1974, à un certain moment. D faut compter,
pour l'implantation d'une tour de diffusion UHF, entre douze et 18 mois du
moment de la décision. Le député de Lafontaine a
mentionné un certain nombre de problèmes qui avaient
été soulevés dans le rapport du vérificateur
général quant au temps non employé à
Radio-Québec. C'est effectivement un problème qui existait quand
Radio-Québec ne diffusait pas, donc ne produisait pas pour sa propre
diffusion. C'est un problème complètement disparu actuel- lement
et je puis vous assurer que les employés de Radio-Québec
travaillent à temps plein.
Il y a, bien sûr, un problème de relations de travail au
niveau de l'Union des artistes qui est indirectement lié à celui
de Radio-Canada. Dans la mesure ou le problème n'est pas
réglé à Radio-Canada, il est difficile de concevoir qu'il
puisse l'être dans une unité plus petite de négociations
qui est Radio-Québec, d'autant plus que les questions en litige ne se
présentent pas tout à fait de la même façon à
Radio-Québec, notamment en ce qui touche ce qu'on appelle le droit de
suite. En d'autres mots, à Radio-Canada, on peut rémunérer
les artistes et prévoir des grilles de rémunération qui
comportent en moyenne une répétition de l'émission une
fois, peut-être deux fois, alors qu'à Radio-Québec c'est de
l'essence même souvent de la production d'être projetée
plusieurs fois, cinq, huit, dix, douze ou quinze fois. Les mêmes
règles appliquées à Radio-Québec comporteraient des
coûts absolument fantastiques et c'est cela qui est en négociation
aussi entre l'Union des artistes et Radio-Québec.
M. LEGER: Qu'offrait la facturation? Il me semblait qu'il y avait une
mauvaise facturation d'après le rapport du vérificateur
général...
M. L'ALLIER: Une facturation qui a été...
M. LEGER: ... procédés comptables mal
organisés.
M. L'ALLIER: C'est une situation qui a été souvent
à ce qu'on en dit corrigée et Radio-Québec facture
actuellement les ministères clients de la même façon que
n'importe quel producteur extérieur...
On m'informe aussi que, auparavant, la facturation de
Radio-Québec c'était un des points soulevés par le
vérificateur était une facturation annuelle. On disait:
Voici, on a fait tant dans l'année et cela va vous coûter tant.
Actuellement, la facturation se fait par étapes et au fur et à
mesure des productions.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre parlait tout à l'heure de la
possibilité de diffusion des émissions de Radio-Québec en
ondes ouvertes. Est-ce qu'il pourrait expliquer un peu le procédé
qu'il entend suivre pour en arriver à atteindre cet objectif? Quels
canaux a-t-il employés?
M. L'ALLIER: Qu'entendez-vous par procédé à
suivre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels canaux allez-vous employer...
M. L'ALLIER: Ce serait essentiellement, si les projets sont
adoptés, par diffusion UHF, compte tenu des disponibilités
actuelles des ondes. Ce serait essentiellement par UHF. Il
pourrait se faire que, dans une région donnée, la
diffusion se fasse par les ondes ouvertes actuelles, mais c'est peu probable
pour la cohérence du réseau essentiellement. Il faudrait en
arriver, à mon avis, à atteindre une pénétration
d'au-delà de 80 p.c. à 85 p.c. des foyers d'ici trois ou quatre
ans si on veut véritablement que Radio-Québec puisse prendre sa
vitesse d'envol.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a des chiffres, dans un ordre de
grandeur, de la quantité d'appareils au Québec qui ont la
possibilité d'utiliser l'UHF?
M. L'ALLIER: Je n'ai pas les chiffres en mémoire, M. le
Président, mais disons que la réglementation américaine,
qui a été aussi, je crois, mais je ne suis pas sûr, reprise
par les autorités canadiennes oblige les fabricants d'appareils de
télévision à équiper depuis 1969 les postes de
télévision de UHF de sorte que, en 1974, une partie infime
seulement des appareils utilisés ne seront pas équipés de
UHF. Pour les équiper, il en coûte, si mes informations sont
exactes, entre $20 et $25 pour un adaptateur.
M. LEGER: Pour n'importe lequel appareil qui n'en aurait pas, mais c'est
quand même important, pour le moment, si le ministère entrevoit la
possibilité de diffuser par UHF, dans un an, un an et demi, de
connaître ces chiffres avant. Pour 1974, on va les connaître
mais...
M. L'ALLIER: On a des chiffres déjà là-dessus, je
ne les ai pas en mémoire, plus de la moitié, je crois, des postes
sont déjà équipés de UHF. Les chiffres que nous
avons, ce sont les statistiques sur la vétusté des appareils. On
sait qu'en 1973/74, les appareils qui seront utilisés à 60 p.c,
70 p.c. ou 80 p.c. auront été construits en 1970/71. Donc, il n'y
a pas de conséquence là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme dispositif.
M. LEGER: J'avais posé, M. le ministre, la question qui pourrait
arriver juste à point concernant des groupes communautaires de
Québec qui avaient protesté contre l'utilisation par
Radio-Québec de l'unique canal communautaire qu'ils avaient. Est-ce que
le ministre a envisagé des solutions ou une réglementation par la
câblodiffusion pour éviter que ces gens ne perdent leur canal? On
sait que les compagnies de câble voudraient bien conserver la presque
totalité des canaux pour fins commerciales, mais est-ce qu'il y a
possibilité de penser à une réglementation de ce
côté?
M. L'ALLIER: M. le Président, il n'y a pas suffisamment de
télévision communautaire actuellement pour occuper un canal toute
la journée de sorte qu'on peut physiquement retrouver sur le même
canal Radio-Québec et la télévision communautaire. Le
problème qui se posait était dans les heures attribuées
à Radio-Québec par rapport à la télévision
communautaire. C'est un problème, à mon avis, qui peut être
réglé par discussion avec chaque groupe intéressé
sur place.
Dans les cas où le problème serait très aigu, il
serait peut-être possible d'obtenir par négociation ou même
par réglementation l'utilisation d'un autre canal pour fins
éducatives et d'un canal pour fins communautaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur la nature de la programmation de
Radio-Québec, le ministre nous a donné certains renseignements,
mais est-ce qu'il pourrait revenir sur la nature des émissions de
Radio-Québec? Qu'est-ce qu'on a produit jusqu'à présent et
qu'est-ce qu'on se propose de produire?
M. L'ALLIER: Si vous me permettez de prendre quelques secondes pour
retrouver... Le député de Chicoutimi ne me demande pas de lui
donner... les exemples de programmation ou de production?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, des exemples et enfin, quelle est
l'orientation générale de cette programmation en termes de
nature? Qu'est-ce qu'on va exactement produire? Je voudrais savoir ce qu'on se
propose de produire dans un certain nombre d'émissions.
M. L'ALLIER : Disons d'une façon générale que
Radio-Québec, dans cette expérience de production, tend de plus
en plus à s'identifier comme le diffuseur d'une information qui n'est
pas du même type que celle qu'on retrouve habituellement sur les canaux
de télévision ordinaires, privés ou Radio-Canada et qui
n'est pas non plus du même type que celle qu'on pourrait retrouver dans
le cadre d'émissions strictement éducatives.
En d'autres mots, à propos de l'objectif que semblent retenir
à la fois ceux qui reçoivent Radio-Québec et qui
communiquent avec Radio-Québec, vous savez qu'en cours de diffusion,
tous ceux qui reçoivent Radio-Québec à Montréal et
à Québec peuvent téléphoner à
Radio-Québec pour faire des commentaires.
Nous essayons de fournir aux citoyens une information qui viserait
d'abord et avant tout l'optique d'une adaptation de son environnement à
ses besoins à lui. Cela se situe à mi-chemin entre
l'éducation et l'information-divertissement. Comment faire en sorte de
fournir aux citoyens des renseignements, des informations qui complètent
en définitive ses moyens d'action et ses moyens d'utilisation de
l'environnement, une espèce d'apprivoisement du développement
technique, technologique, l'apprivoisement des connaissances dans tous les
domaines, mais complémentaires à la vie quoti-
dienne des citoyens? C'est dans cet esprit que Radio-Québec, une
espèce de troisième télévision, essaie de
s'orienter. H ne s'agit pas de donner des cours qui conduisent à des
diplômes. Il ne s'agit pas non plus de faire du divertissement pour le
plaisir de faire du divertissement. Il s'agit de familiariser le citoyen avec
sa culture, avec les origines de sa culture, de le familiariser avec son
environnement économique et technique, avec les origines de cet
environnement technique et économique et aussi de lui faire percevoir
quelles sont les possibilités de développement futur dans son
environnement. En gros, c'est cela, Radio-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a les détails dans ce rapport.
Publications gouvemementales
M. L'ALLIER: Le député de. Chicoutimi m'avait
également posé une question sur les publications du gouvernement,
notamment les rapports annuels, la normalisation des rapports annuels, etc. Il
avait dit notamment: Je m'interroge sur les économies dont le ministre
nous parlait, l'an passé, en uniformisant les publications.
Nous sommes actuellement, pour répondre précisément
à cette question, à faire une étude de
coûts-bénéfices et une étude de mise en
marché chez l'Editeur officiel qui devraient nous permettre d'avoir des
données plus précises quant à la rentabilisation des
regroupements dont a la responsabilité l'Editeur officiel.
Disons tout de suite qu'au niveau de la coordination des publications
gouvernementales, le Conseil du trésor a émis à cette fin
une directive qui est en vigueur depuis le 1er mars. Cette directive, tout en
laissant toute latitude au ministère au plan du contenu et du traitement
graphique, permet au ministère des Communications d'être
informé de tout projet de publication, de recevoir et d'examiner les
devis de chaque publication, de vérifier les factures, d'effectuer un
certain contrôle de la qualité et de tenir un répertoire
annuel complet de toutes les publications gouvernementales. Cette année,
par exemple, à une ou deux exceptions près, dont le rapport du
ministère de l'Education, les rapports annuels ont été
uniformisés dans leur présentation extérieure pour une
meilleure utilisation par les clientèles de ces rapports annuels.
Quant aux questions précises qui avaient été
posées sur le rapport annuel du ministère de l'Education, le
rapport annuel pour 71/72 du ministère de l'Education a
été tiré à 7,000 exemplaires. Il en a
coûté $14,000 et le rapport d'activités pour 1971 du
ministère de l'Education a été publié en
français et en anglais, soit 4,000 exemplaires en français et
2,000 exemplaires en anglais. Le prix de vente est de $3 chaque exemplaire.
Quant au prix de vente et au prix fixé par l'Editeur officiel, la
politique est de récupérer les frais d'impression seulement.
Comme il faut par ailleurs donner des remises de 30 p.c. à 40 p.c. aux
libraires, il faut adopter un prix raisonnable qui est de beaucoup
inférieur au prix exigé par l'entreprise privée pour des
documents de même qualité et de même volume. Alors, le but
de l'Editeur officiel, ce n'est pas de faire de l'argent avec les publications
gouvernementales, ce serait un désastre si c'était cela, c'est
essentiellement de recouvrer le coût de publication en tenant compte des
tabelles qui doivent être payées aux éditeurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, en termes de diffusion
auprès du grand public, j'ai insisté là-dessus, de ses
rapports dans la mesure, évidemment, où le grand public s'y
intéresse j'avais posé une question au ministre
là-dessus est-ce qu'on ne songerait pas à une
présentation qui fasse que les coûts soient moindres et qui
permette une diffusion beaucoup plus large de ces rapports?
M. L'ALLIER : L'Editeur officiel actuellement est à
préparer des propositions qui viseraient à enlever le
caractère somptuaire d'un certain nombre de publications
inutilement somptuaire dans certains cas tout en ayant à l'esprit
que, lorsqu'il s'agit de publications qui sont destinées à
l'étranger, par exemple, et qui doivent concurrencer en termes
d'informations d'autres publications gouvernementales, il faut y ajouter
certains éléments de prestige en termes de qualité
graphique et de qualité photographique notamment.
Alors, la direction générale de l'édition, et en
particulier l'Editeur officiel, sont à revoir toutes ces questions d'une
façon quasi permanente et nous allons, c'est notre objectif, tenter d'en
arriver à une meilleure pénétration des publications
gouvernementales par une diminution des coûts, si c'est possible et aussi
par un meilleur réseau de distribution. Quant au réseau de
distribution, nous avons cette année, comme je le disais au
début, ouvert trois bureaux supplémentaires de l'Editeur officiel
soit à Hull, Trois-Rivières et Rimouski. Nous allons voir si
l'expérience d'une distribution directe par l'éditeur des
publications gouvernementales correspond aux besoins de la population et a
quelque rentabilité. Sinon, nous allons tenter de définir
d'autres mécanismes avec les éditeurs existants pour les amener
à diffuser les publications gouvernementales. Je dois dire ici qu'on m'a
informé que l'éditeur passait entente avec tous les libraires qui
étaient intéressés à la diffusion de publications
gouvernementales. Cela devient une question de tablettes, à ce
moment-là, d'avoir les espaces requis pour la présentation. Comme
le niveau de vente des publications gouvernementales n'est pas toujours le
même que celui d'Astérix, par exemple, on se retrouve souvent avec
des tablettes restreintes et c'est un problème qu'il faudra envisager
dans la mesure
où on pourrait en arriver à la conclusion qu'il n'est pas
rentable pour l'éditeur d'avoir ses propres vitrines.
M. LEGER: Est-ce la politique du ministère, étant
donné le faible budget du ministère des Affaires culturelles pour
les bibliothèques publiques, de faire parvenir, par le ministère
des Communications, gratuitement aux bibliothèques publiques, toutes les
publications gouvernementales?
M. L'ALLIER: Je pense que oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela leur est envoyé d'office; elles
sont sur les listes d'office, ordinairement.
M. LEGER: Est-ce qu'elles les reçoivent?
M. L'ALLIER: Les bibliothèques publiques reçoivent,
à ma connaissance, des publications gouvernementales gratuitement, de
même que celles des CEGEP, si ma mémoire est exacte, pour
certaines publications. Les recueils des lois, par exemple, les recueils de
réglementation, qui coûtent quand même assez cher
$150 pour le recueil de règlements, si ma mémoire est exacte
les CEGEP les recevront gratuitement.
M. LEGER: Tantôt, on a bifurqué sur une question alors que
je n'avais pas terminé. C'est une question que j'avais posée au
ministre au début de la matinée. Il y a actuellement une
enquête sociologique sur la pénétration et l'impact des
media en préparation ou en cours au ministère. Quel est le but de
cette analyse et est-ce qu'actuellement on est en mesure de dire qui et
pourquoi, avec quel moyen, appareils de télévision, radio,
journaux, publications... Est-ce que vous avez une étude faite?
M. L'ALLIER: Cette enquête porte sur un point très
précis et elle n'est qu'amorcée, non pas complétée.
Donc, je ne peux pas en donner les résultats pour la bonne raison que je
ne les ai pas, mais c'est essentiellement dans le cadre d'une
réévaluation de la distribution de la publicité
gouvernementale. En d'autres mots, les règles que nous suivons
actuellement...
M. LEGER: ... ce sont des renseignements généraux.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'il faut étudier les media
pour savoir quel est leur degré de pénétration, pour
savoir où on doit placer la publicité gouvernementale, dans les
hebdos, en particulier. Vous avez les hebdos A-l, vous avez les autres, vous
avez les diffusions gratuites, etc. On veut voir tout ça pour en arriver
à proposer au Conseil du trésor un certain nombre de
règles et de normes qui devraient, si elles sont acceptées,
être suivies par quelque ministère que ce soit, en termes
d'attribution de publi- cité. Même si on contrôle seulement
30 p.c. de la publicité chez nous, par le Conseil du trésor, si
on propose des normes, qu'elles sont ensuite adoptées, nous atteignons
l'objectif de normalisation que nous poursuivons. Mais c'est en cours.
M. LEGER: Est-ce que les cours que Radio-Québec diffuse sont
faits en correspondance avec des cours qui se donnent dans les écoles?
Autrement dit, est-ce que les émissions culturelles de
Radio-Québec sont en concordance avec des programmes d'éducation?
Est-ce qu'un professeur peut faire écouter à ses
élèves un programme de télévision correspondant aux
programmes actuels et donner lui-même ses commentaires, utiliser
Radio-Québec dans les écoles...
M. L'ALLIER: La programmation de Radio-Québec, au moment
où elle est adoptée, l'est en consultation avec les
ministères qui sont plus directement impliqués par les sujets
touchés. Ceci dit, il n'y a pas de relation directe entre la
programmation de Radio-Québec et les programmes dans les écoles,
les CEGEP ou les universités. Ce n'est pas de la
télévision scolaire. C'est de la télévision
éducative, au sens large, comme la télévision
éducative de l'Ontario, par exemple. Mais il y a un certain nombre
d'émissions que vous retrouvez à Radio-Canada, qui sont produites
par Radio-Québec et qui, elles, s'inscrivent dans le programme de
télévision scolaire du ministère de l'Education. Ce n'est
pas la même chose; les Oraliens, par exemple, ces choses-là.
M. LEGER: Est-ce que le ministre est prêt à répondre
à la question que je lui ai posée tantôt, à savoir
quelle est la réaction du ministre face aux possibilités
d'implantation de stations françaises de télévision
à Montréal et à Québec? Est-ce qu'on accorde une
aide technique aux groupes qui veulent tenter d'avoir des stations
coopératives?
M. L'ALLIER: Le ministère n'a pas eu de demandes d'aide technique
de quelque nature que ce soit à ce sujet. Je peux vous dire que j'ai
moi-même rencontré à Hull des responsables du groupe
coopératif qui sollicitent un permis de diffusion pour la région
de Hull et que je leur ai dit que, si nous pouvions, soit par
Radio-Québec ou autrement, leur fournir une aide technique ou une aide
conseil on n'a pas de budget pour le faire nous serions heureux
de le faire.
M. LEGER: C'est la même chose pour Montréal et
Québec?
M. L'ALLIER: Oui, mais il n'y a pas eu de contact de ce
côté-là.
Agences de publicité
M. LEGER: Au sujet de la publicité gouver-
nementale, lors de la discussion en Chambre, on avait parlé de la
possibilité, du moins j'avais avancé le point de vue suivant. Si
le gouvernement avait lui-même ses propres possibilités, sa propre
agence de publicité, il pourrait bénéficier des 15 p.c.
que les agences paient.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas vrai, ça.
M. LEGER: Un instant. Le ministre avait alors répondu un peu
à côté de la question. Il avait dit que ça
coûterait plus cher pour la conception et qu'il pouvait
bénéficier de la diversité de l'imagination des diverses
agences.
Mais la question que je lui posais, c'était que ce n'est pas
nécessairement dans le rôle de conception de la publicité
mais dans le placement de la publicité. La conception peut être
faite quand même auprès de certaines agences, mais au niveau du
placement de l'annonce auprès des media d'information, cela permettrait
de bénéficier de cet argent.
M. L'ALLIER : Est-ce que le député de Lafontaine pourrait
me dire actuellement, comment il perçoit la question des 15 p.c, qui
paie ça?
M. LEGER: Supposons que vous faites une publicité dans une revue,
l'agence qui place la publicité facture le gouvernement. Admettons que
c'est une publicité de $100, elle est facturée par la publication
à $85, elle facture le gouvernement pour $100. Si c'était le
gouvernement qui plaçait directement son annonce, il aurait le
bénéfice de ces 15 p.c.
M. L'ALLIER: En gros, c'est le principe des agences de voyage. En
d'autres mots, si le gouvernement plaçait directement dans un journal,
il paierait $100.
M. LEGER : Pas s'il y a une agence reconnue comme telle.
M. L'ALLIER: Non, mais il n'y a pas d'agence gouvernementale.
M. LEGER: S'il en avait une.
M. L'ALLIER: C'est une hypothèse. S'il en avait une, il faudrait
négocier avec l'Association des publicitaires et les media pour
être sûr qu'ils acceptent qu'il y ait une autre agence de
publicité, etc. C'est une question qui est complexe. Ce n'est pas
seulement une question de 15 p.c, quand on parle de politique linguistique, de
qualité de la langue, de qualité de la publicité. On
arrivera à faire quelque chose de ce côté dans la mesure
où il y aura des agences québécoises qui seront valables
sur le marché. Si on prend tous les moyens pour les empêcher de
vivre et de fonctionner, dans la mesure où on a une clientèle qui
est relativement importante au niveau du gouvernement, c'est un aspect dont il
faut tenir compte. On ne peut pas leur dire: Ecoutez, allez-y, soyez
dynamiques, prenez la publicité de GM, tout ça, faites ça
en français, en beau et en bon français. Et en même temps,
leur faire une concurrence qui pourrait être néfaste, du moins,
aux meilleures agences de publicité.
M. LEGER: Sur la publicité que le gouvernement peut placer
comparativement à l'ensemble de la publicité que les agences
reçoivent, c'est une bonne commande.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas l'argument principal. Les techniciens chez
nous se sont peut-être trompés si vous avez des
propositions plus précises à faire, je serais heureux de les
entendre mais ils arrivent à la conclusion qu'il ne serait pas
rentable de tenter de récupérer ces 15 p.c. par une agence d'Etat
de publicité, compte tenu du travail que suppose à la fois la
conception et le placement de la publicité.
M. LEGER: La conception de l'annonce peut être faite par une
agence et on lui paie les services que ça vaut. Mais il y a beaucoup de
publications ou de publicité du gouvernement dont la conception est
déjà faite par le ministère. A ce moment-là, on
paie tout simplement pour une agence les 15 p.c. qu'on pourrait faire
directement si on avait notre propre agence.
M. L'ALLIER : Là-dessus, c'est une question qu'on pourrait
peut-être aborder à la commission parlementaire lorsqu'on
discutera des contenus là-dessus. Je n'ai pas l'information technique
sur le coût réel pour une agence de publicité du placement
d'annonces. C'est sûr que, dans certains cas, c'est un
bénéfice net; dans d'autres cas, il y a des coûts
impliqués. La multiplicité de l'utilisation des réseaux de
placement suppose une machine assez complexe; cela voudrait dire que le
gouvernement aurait une agence de publicité qui serait uniquement pour
ses fins, ça voudrait dire qu'il faudrait essayer de regrouper dans
ça les agences du gouvernement, les régies, tout le circuit, les
universités, les CEGEP; ça laisse quoi en dehors? Pourquoi est-ce
qu'on le ferait pour 21 ministères si on ne le fait pas pour
Loto-Québec ou pour...
M. LEGER: C'est ça, il faudrait faire une politique
là-dessus.
M. L'ALLIER: En gros, si on faisait une politique qui englobe tous les
organismes du gouvernement, publics et parapublics, on place les agences
québécoises de publicité qui réussissent de peine
et de misère à s'équiper en bon personnel, comme BCP et
compagnie, dans une situation de faillite.
M. LEGER: Autrement dit, les agences canadiennes-françaises ne
pourraient pas survivre si elles n'avaient pas la commande du gouvernement?
M. L'ALLIER: Vous leur poserez la question; c'est ce qu'elles m'ont
dit.
M. LEGER: Si c'est le cas, je suis peut-être d'accord, mais je
doute fort; c'est un bon argument de vendeur.
M. L'ALLIER: C'est un bon argument de vendeur mais le même
argument, on pourrait l'appliquer aux parcs-automobiles du gouvernement, pour
l'entretien des véhicules automobiles. On pourrait l'appliquer, je ne
sais pas, aux services de santé des fonctionnaires, on pourrait dire: On
va économiser sur l'assurance-maladie si on s'engage des médecins
au gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Régie de la Place des Arts, tout
édifice similaire...
M. AUDET: M. le Président, je crois que le gouvernement...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait, avant M.
Audet, une petite question?
Justement, cette question d'une agence de publicité du
gouvernement n'est pas une chose à écarter du revers de la main
mais, comme le dit le ministre, c'est assez complexe. J'ai eu l'occasion de
l'examiner longuement. Il faut penser aussi que, si on organisait une agence de
publicité du gouvernement ce n'est pas simplement une question de
15 p.c, cela peut être un élément ce que l'on
récupérerait en termes de coût ou de dépense serait
vite absorbé, et combien de fois davantage, par la mise en place des
mécanismes et d'un personnel qu'il faudrait recruter. Alors, quand on
examine le travail que font les agences gouvernementales comme la Régie
du Grand Théâtre, la Place des Arts, l'Opéra du
Québec actuellement, pour ne nommer que celles-là et
même l'Hydro-Québec on se rend compte que cela coûte
drôlement cher au gouvernement d'avoir ses propres services; ce qui ne
veut pas dire que l'on doive laisser là l'affaire en plan et dire: Cela
fonctionne bien, laissons les choses telles qu'elles sont. Mais je crois que,
avant de se lancer dans une aventure comme celle-là, il est important de
faire une évaluation complète. Nous aurons l'occasion,
d'ailleurs, d'en discuter en commission parlementaire parce qu'il y a des
risques et le ministre en a évoqué un, celui de la situation, de
la rentabilité des agences actuelles et de la consolidation de ces
agences.
Il y a là une question, je pense, de philosophie
socio-économique, il y a tout le problème de l'entreprise
privée qu'il est important de considérer dans cette optique,
à savoir si le gouvernement va occuper tous les champs, de sorte que,
à un moment donné, l'entreprise privée sera
déficitaire dans tous les domaines qu'elle occupe actuellement. Pour ma
part, je suis fortement intéressé à savoir ce qu'il en
coûte au gouvernement pour vendre, se faire vendre sa publicité ou
la faire concevoir selon le cas, et ce qu'il en coûterait si le
gouvernement s'occupait lui-même de toutes ces fonctions qu'exerce pour
lui l'entreprise privée. Il y a une question de philosophie, il y a
aussi une question d'examen des coûts, il y a une question aussi de
fonctionnement technique. C'est un vaste problème que l'on ne peut pas
réduire à la simple dimension des 15 p.c. lancés en l'air
comme cela; le ministre évoquait, par exemple, le cas des agences de
voyage, c'est un peu le même système, mutatis mutandis. J'aimerais
que le ministre se prépare à répondre à des
questions très précises lorsque nous irons en commission
parlementaire précisément pour étudier ces
problèmes.
M. L'ALLIER: C'est précisément mon intention, M. le
Président, parce que, au moment de la commission parlementaire des
communications, on pourra aborder dossier par dossier ces grandes questions.
J'ai l'intention de faire préparer, pour la commission parlementaire, un
document qui fera le point sur les coûts de la publicité,
l'opportunité et la non-opportunité d'avoir une agence
gouvernementale et tout cela. Ce que j'ai voulu éviter à ce
moment-ci, et comme l'a dit le député de Chicoutimi, ce n'est pas
de rejeter pour toujours la possibilité d'une agence gouvernementale de
publicité, c'est de céder à la facilité en disant:
Oui, nous allons le faire, sans avoir véritablement étudié
toutes les conséquences et tous les aspects de cette question. Or, les
renseignements qui nous sont fournis actuellement et les études
très sommaires qui sont faites sur ces questions au ministère
on continue à pousser dans ce domaine nous indiquent
qu'à ce moment-ci et dans un avenir rapproché il ne serait pas
utile et rentable et même efficace de procéder à
créer à la mitaine une agence de publicité qui, pendant
deux, trois, quatre ou cinq ans aurait des tas de difficultés et ne
pourrait pas, sur le plan de la qualité du service, concurrencer, par
exemple, les agences privées à qui la publicité est
actuellement confiée.
Ce qui m'apparaft plus important, c'est d'étudier le
mécanisme d'attribution des contrats de publicité. Comment
peut-on faire en sorte que la publicité gouvernementale devienne un
élément positif dans le développement...
M. LEGER: La rotation.
M. L'ALLIER: ...socio-économique? Il ne s'agit pas de faire une
rotation comme l'on fait...
M. LEGER: Quatre ans par quatre ans ou an par an.
M. L'ALLIER: ...je ne sais pas, dans la garde de la Citadelle, à
toutes les quatre heures, changer les gardiens; ce n'est pas cela. La rotation,
cela veut dire qui l'on met dans cela.
Est-ce que l'on va établir des standards de qualité qui
font qu'une agence de publicité qui n'a pas déjà tel
niveau de programmation publicitaire n'aura pas la clientèle
gouvernementale?
Ou est-ce qu'au contraire le but du gouvernement serait de favoriser
l'éclosion du plus grand nombre possible d'agences de publicité
et, dès que quelqu'un décide qu'il met une affiche à la
porte en disant "Agence de publicité", automatiquement on le met dans la
liste de rotation et qu'il a le droit lui aussi? C'est complexe.
M. LEGER: Mais la roration, pourvu qu'elle ne soit pas de quatre ans en
quatre ans peut-être d'année en année ou dans la même
année.
M. L'ALLIER: Mais là, ce sont des questions démagogiques.
Moi, je ne l'accepte pas comme ça. Si vous avez six, sept, huit agences
de publicité au gouvernement, par exemple pour les appels d'offres, et
que vous faites une rotation tous les mois, vous n'aurez personne qui va
vouloir en faire, car ça suppose une mise en place de personnel et un
certain nombre de techniques. Si la rotation se fait aux six mois aux
appels d'offres c'est ce qu'on a fait jusqu'à présent et on n'a
pas dévié de la politique de l'OIPQ dans ce domaine-là
ça peut prendre un certain temps avant d'avoir fait le tour.
Même dans la rotation, on a à tenir compte, j'essaie de tenir
compte d'autres facteurs. Quels sont les contrats qui ont, par ailleurs,
été obtenus par telle agence de publicité d'autres sources
gouvernementales? Encore une fois, ça peut avoir un certain
caractère arbitraire, d'où l'urgence qu'il y a de
déterminer des mécanismes de sélection des agences qui,
ensuite, pourraient bénéficier d'une rotation qui n'est pas
nécessairement une rotation sur la grosseur des contrats, mais qui
pourrait être aussi sur les contenus. Si vous avez des agences qui sont
meilleures dans tel domaine plutôt que dans tel autre, il faudra faire en
sorte qu'elles soient dans la rotation de ce domaine-là, même si
c'est une toute petite roue par rapport à une autre qui est plus
importante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et le ministre, tout à l'heure, disait
qu'il ne voulait pas répondre à des arguments
démagogiques. Il a raison, mais il voit l'importance qu'il y a de
démythifier toute cette histoire, toute cette question des agences de
publicité, notamment en ce qui concerne les contrats octroyés
à des agences de publicité qui sont des filiales d'agences
américaines ou multinationales. On se rend compte en regardant les
divers magazines internationaux qui publient des pages publicitaires, enfin des
documents publicitaires, qu'il se fait actuellement une unification de la
publicité, quelle que soit la langue que l'on utilise,
particulièrement dans le domaine de la présentation graphique. Il
est important à ce moment-là d'avoir des agences qui soient
dotées d'un personnel très compétent, un personnel
rodé qui a une grande expérience. Nos agences
canadiennes-françaises sont entrées dans le mouvement. Alors un
examen complet de la situation en commission parlementaire permettrait
d'examiner les possibilités de création d'une agence du
gouvernement et aussi de démythifier ce problème qui revient
constamment et qui fait l'objet d'accusations de part et d'autre,
particulièrement en ce qui concerne l'octroi des contrats aux diverses
agences de publicité du Québec.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député
d'Abitibi-Est voulait poser une question.
M. AUDET: M. le Président, je crois que, pour ma part, avant de
s'en aller dans les agences de publicité, pour un gouvernement le
gouvernement est déjà passablement impliqué dans beaucoup
trop de domaines où il aurait été peut-être
préférable qu'il ne s'implique pas il serait bon qu'il
fasse des études de rentabilité et aussi des études
à beaucoup d'autres points de vue avant d'y aller. Dans les domaines
où la publicité pourrait être faite directement par le
gouvernement, sans passer par les agences de publicité, il serait
peut-être mieux de faire des analyses sérieuses avant de se servir
des agences de publicité. Mais de là à aller organiser une
propre agence publicitaire pour le gouvernement, je crois que le ministre est
assez prudent et voit la rentabilité avant de réaliser une chose
assez difficile à atteindre. Je ne crois pas que ce soit le bon moyen
à prendre.
Bell Canada
M. LEGER: Le ministre peut peut-être répondre aux deux
dernières questions auxquelles il n'a pas encore répondu.
C'était concernant le rapport de Bell Canada au sujet de sa politique
dans le but de "québéciser" ou "québécoiser" Bell
Canada. Où en est rendu ce dossier?
M. L'ALLIER: Bien, disons d'abord que dans la décision de
"québéciser" ou de "québécoiser",
"québéciser" est plus exact...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas "québécoiliser",
j'espère!
M. L'ALLIER: ... Bell Canada n'est pas une décision qui
relève du ministre des Communications ou du gouvernement
québécois. D'une façon plus pragmatique, il faut bien dire
que pour que Bell Canada devienne, disons Bell Québec, il faudrait aussi
qu'elle devienne Bell Ontario aussi, parce qu'il faudrait avoir les deux.
A partir de là, c'est une question qui est abordée
à l'occasion de nos rencontres avec le ministre ontarien et lorsque nous
rencontrons je ne l'ai pas fait récemment les
autorités de Bell Canada, elles nous disent qu'elles n'ont
pas d'opposition majeure à scinder leurs opérations entre
Québec et l'Ontario, que c'est une question qu'elles étudient
actuellement, que c'est très complexe et c'est là que c'en est
actuellement. Je suis convaincu qu'un jour, dans l'optique de cette politique
globale des communications, il faudra peut-être accorder la
priorité à ce dossier. Pour l'instant, cela ne m'apparaît
pas prioritaire que de prendre tous les moyens pour essayer de placer Bell
Canada au Québec dans ses opérations sous la Régie des
services publics.
M. LEGER : Le dossier du câble?
M. L'ALLIER: Oui. Le dossier du câble a peut-être
amené Bell Canada à réfléchir sur les avantages
d'une juridiction provinciale en matière de téléphone. Il
y a plusieurs éléments qui jouent là-dedans, mais pour
répondre très précisément à votre question,
il n'y a pas de négociation en cours avec Bell Canada pour les champs de
juridiction.
M. LEGER: Elles sont en train de réfléchir.
M. L'ALLIER: Deuxièmement, il n'y a pas de négociations
non plus avec le gouvernement fédéral aux mêmes fins. Nous
en discutons avec le gouvernement de l'Ontario. Vous pouvez noter que, depuis
déjà cinq ou six ans, je crois, toutes les acquisitions faites
par Bell Canada au Québec, d'autres compagnies de
téléphone, se font par Télébec, qui est sa filiale
québécoise. Donc, il n'y a pas eu d'hémorragie de ce
côté et c'est l'état du dossier.
Téléinformatique
M. LEGER: La dernière question à laquelle le ministre n'a
pas encore répondu, où en est le dossier concernant la
téléinformatique? Je pense que dans son rapport annuel, il est
question d'une étude sur l'importance économique de la
téléinformatique ainsi que sur la séparation des
coûts dans ce domaine.
M. L'ALLIER: Alors, sur la question de la
téléinformatique, le Conseil du trésor, à la
suggestion du ministère des Communications, a créé un
comité responsable d'étudier le problème de la
téléinformatique au gouvernement du Québec. Ce
comité est composé de techniciens, de spécialistes en
téléinformatique, plutôt que de clients, de fonctionnaires
utilisateurs de téléinformatique, même si souvent les deux
se recoupent; ils sont là en leur qualité de techniciens en
téléinformatique. Par ailleurs, nous avons créé
chez nous un service de la téléinformatique et, au cours de la
prochaine année, nous allons certainement faire des progrès dans
l'étude de ce dossier, qui est aussi complexe, qui porte à la
fois sur les équipements de téléinformatique ou
d'informatique que l'on retrouve tant au sein des ministères que des
agences et organismes gouvernementaux et qui porte aussi sur les réseaux
de téléinformatique, en d'autres mots les liaisons qui existent
entre les villes et entre les différents services gouvernementaux de
téléinformatique. Il y a le traitement des données d'une
part et aussi la transmission des données; ce sont deux questions qu'il
faut étudier d'une façon distincte. On note cependant une chose:
L'accroissement des coûts du gouvernement dans ce domaine nous
apparaît, à première vue, extrêmement important et
cela double à peu près à tous les trois ans, si mes
informations sont exactes; d'où l'importance de nous pencher sur le
dossier, non pas essentiellement avec comme objectif de réduire ces
coûts, mais de voir s'ils sont vraiment justifiés et si on en
tire, en même temps, tous les avantages.
Actuellement, les actions du gouvernement sont assez dispersées
dans ce domaine. Le ministère de l'Education est un gros utilisateur,
ainsi que le ministère de la Justice. Le député de
Chicoutimi s'en souviendra, M. Cardinal, qui était ministre de
l'Education, a confié à l'Université de Montréal la
mise sur pied de Datum. Donc, on a pas mal de gros équipements en place
et reste à voir actuellement si ces équipements sont parfaitement
adéquats et surtout quelle est l'utilisation maximum qu'on peut en
tirer, avant d'aller plus loin dans des investissements qui sont
considérables, ces équipements étant souvent
désuets après quatre, cinq ou six ans d'utilisation. Cela pose
beaucoup de problèmes. Vous voyez dans les journaux, à
l'occasion, que telle société, qui produit des ordinateurs, donne
gratuitement à tel CEGEP un ordinateur de la première
génération. Alors, c'est un cadeau de Grecs parce que ces
ordinateurs en plus d'être dépassés, créent
l'habitude de l'utilisation des équipements de ce fournisseur en
question. Or, si le CEGEP reçoit cela comme quelque chose d'absolument
extraordinaire et de fantastique en termes budgétaires, parce que cela
n'a rien coûté, ce qu'il faut regarder c'est ce que cela suppose
ensuite comme conséquence dans l'implantation de l'équipement non
contradictoire, si vous voulez.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous n'avons
plus d'autres questions. J'aimerais avant de proposer, si les autres sont du
même avis, l'adoption des budgets, faire une réflexion que je n'ai
pas faite au début, mais que je peux faire en conclusion surtout devant
les différents conflits de juridiction qu'on retrouve à chacune
des études des crédits des différents ministères
qui passent à l'étude devant les commissions, au sujet de cette
paralysie de solution aux problèmes québécois par les
différents ministères québécois, que tout cela
relève de deux philosophies qui s'affrontent de plus en plus dans les
dernières années, la philosophie d'un fédéralisme
d'un Etat qui prend ses propres destinées en main. Je dois remarquer,
quand même, que parmi les tenants
du fédéralisme pour trouver une solution aux
problèmes québécois, cela se divise maintenant, je pense
bien, en deux. Ce sont ceux qui honnêtement espèrent encore,
à travers le fédéralisme actuel, trouver des solutions
pour l'intérêt à long terme de la nation
québécoise, mais ce groupe diminue de plus en plus. Je trouve
malheureux que l'on trouve maintenant de plus en plus de gens qui ont
jeté la serviette au niveau des possibilités
d'épanouissement de la nation québécoise à travers
les juridictions actuelles et qui essaient tout simplement, dans le
fédéralisme, d'obtenir le maximum possible sachant bien
qu'à long terme la nation québécoise y perd. Il reste
maintenant la solution que nous proposons, qu'il n'y a qu'un seul espoir, c'est
de rapatrier tous les pouvoirs pour régler et éviter ces conflits
éternels et de réaliser nous-mêmes ce que nous voulons
réaliser avec nos propres pouvoirs au Québec.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député
d'Abitibi-Est.
M. AUDET: Je serais heureux d'entendre, de procéder... de dire
que certains groupes diminuent de plus en plus...
Maintenant, j'aurais une question à poser. En matière de
systèmes électroniques qui permettent de capter des appels
téléphoniques, est-ce que le ministère des Communications
a quelque chose à dire là-dedans?
M. L'ALLIER: Non. Vous voulez dire les tables d'écoute.
M. AUDET: Oui, un système comme... On veut parler de...
M. L'ALLIER: Non, non, on n'a rien à voir là-dedans.
Question juridique, la seule chose qui puisse arriver, c'est que nos propres
téléphones soient "tapés" mais on ne sait pas par qui.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'avais posé un
certain nombre d'autres questions au ministre. Il a répondu à la
plupart de celles que j'avais posées et qui ont été
reprises ce matin incomplètement par le député de
Lafontaine. Certaines des questions que j'avais posées recevront
réponse, je pense bien, quand nous irons devant la commission
parlementaire. Il s'agissait de certains détails techniques et de
certains problèmes d'ensemble auquel le ministre a apporté des
réponses qui, quoique partielles, me satisfont.
Je notais que le député de Lafontaine, en fin d'examen de
ce budget, a passé son message commercial. Nous sommes dans le domaine
des communications, c'est normal. Il n'a pas eu à payer pour le
passer...
M. LEGER: Achetez du temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas combien il a pu payer à
ceux qui ont placé et conçu le message qui, dans sa formulation,
me paraissait correct pour une fois, dans sa formulation, je le dis bien, non
pas dans sa substance.
M. LEGER: II est conclu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est bien évident qu'il y a diverses
philosophies qui s'affrontent. Il y a la philosophie des gens raisonnables qui
ont le sens de l'histoire, de la tradition, qui connaissent l'histoire surtout
et qui comprennent que l'évolution d'une collectivité sur le plan
politique, économique et social ne se fait pas de façon brutale
et que les événements que nous avons connus, des bombes, des
assassinats nous laissent inquiets sur les résultats que pourraient
avoir des négociations menées par des personnes qui sont
disposées à rompre toute relation avant que de chercher des
terrains d'entente qui sont encore possibles.
Notre philosophie à nous diffère peut-être
sensiblement de celle, je ne dis pas du ministre des Communications, mais du
Parti libéral, en ce sens que nous visons dans le travail que nous avons
mené, dans les années passées, et celui que nous
accomplissons actuellement, à en arriver à déterminer une
nouvelle orientation du fédéralisme.
Nous croyons qu'il est possible de créer, de vivre, ici, sous un
régime fédéral, mais un régime
fédéral qui ne soit pas celui qui nous a conduits aux impasses
dont nous essayons de nous tirer à l'heure présente. Nous croyons
que c'est une négociation globale qu'il faut et que, pour la faire, il
importe de manifester beaucoup d'audace en prenant l'initiative des
opérations, quitte à faire ratifier par le peuple ensuite, par
voie de référendum, les exigences que nous entendons formuler
dans le domaine constitutionnel.
A tout événement, M. le Président, quelle que soit
l'issue des négociations qui seront menées, c'est le peuple qui
aura le dernier mot et tous les membres des diverses formations politiques
représentées à la Chambre doivent s'en aviser.
S'il est confortable et réjouissant d'élaborer, en cercle
fermé, avec des amis qui se sont trouvé un nouveau snobisme, un
régime qui serait l'idéal et qui correspondrait au Paradis perdu
dont Milton a fait le sujet de l'un de ses grands poèmes, il est aussi
important de s'interroger en tout réalisme sur ce qui peut se passer. Le
Québec, par sa situation géographique, n'est pas à tous
égards dans une position confortable et, deviendrait-il un Etat
indépendant, qu'il aurait encore à vivre accoté et avec
des gens qui constituent une majorité socio-culturelle, une
majorité économique aussi extrêmement puissante. Alors,
entre une aventure difficile, un cheminement cahoteux, douloureux, qui est
celui de notre collectivité actuelle, et l'aventure qui consisterait
à sauter dans un abîme dont on ne sait pas s'il est sans fond, il
y a matière à
réflexion et la démarche des hommes lucides,
réalistes et qui essaient de se dépouiller de tout sectarisme et
de tout fanatisme va dans le sens de la recherche, dans la paix et dans
l'ordre, d'une solution à des problèmes qui, même dans
l'hypothèse de l'avènement d'un Québec indépendant,
seraient constamment "reposés", parce que les gens qui nous entourent
nous obligeraient à nous remettre en cause. S'il est beau d'utiliser des
phrases, des expressions littéraires que j'utilise assez souvent
moi-même, de mener son destin, d'être maîtres de son destin,
d'être maîtres chez nous, il est encore plus important de se
demander quel genre de régime veulent avoir les citoyens et si ces
expressions correspondent aux situations, aux besoins et aux exigences qui sont
les leurs.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, et ce sont les mots que
je voudrais apporter en conclusion, que la politique menée par qui que
ce soit doit se traduire chaque jour en termes de pain et de beurre. C'est
l'expérience du quotidien et c'est une expérience difficile.
M. le Président, je voudrais, en terminant, en ce qui me
concerne, proposer également l'adoption du budget du ministre des
Communications, le remercier de la façon dont il a répondu
à nos questions et des renseignements qu'il nous a donnés.
Je voudrais également remercier tous ses collaborateurs et
cela ne m'arrive pas souvent je me dois de féliciter le ministre
de la présentation qu'il a faite de son budget.
Il n'a pas été seul, bien entendu, à
préparer ce document qu'il nous a lu au départ, mais il faut lui
reconnaître ce mérite, qu'il connaît son ministère.
Il en voit les difficultés. Il n'essaie pas de se dérober et il
nous a permis de proposer l'adoption de son budget sans avoir à lui
poser un ensemble de petites questions sur des points d'administration
très techniques et très complexes.
Alors, M. le Président, ces remerciements, je vous les adresse,
bien entendu, ainsi qu'à tous mes collègues de la commission.
Adoption des programmes
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Avant de remettre la parole au
ministre, j'aimerais, pour la bonne compréhension de l'étude des
crédits du ministère des Communications, signaler que le
programme 1 : Réseau gouvernemental est adopté; le programme 2:
Gestion interne et soutien, adopté; le programme 3: Edition et
communications, adopté; le programme 4 : Office
franco-québécois pour la jeunesse, adopté;le programme 5:
Recherche et moyens techniques, adopté; le programme 6: Régie des
services publics, adopté; le programme 7: Office de
radiotélédif-fusion du Québec, adopté. Tous les
éléments sont adoptés.
Les crédits du ministère des Communications sont
adoptés; M. le ministre.
M. L'ALLIER: Très brièvement, M. le Président, je
voudrais à mon tour aussi remercier les membres de la commission
parlementaire qui ont procédé à cette étude des
crédits qui, en fait, a été aussi et surtout un
échange de vues et un exercice de compréhension des
difficultés que pose le problème du développement des
communications à l'intérieur de l'appareil administratif et
surtout, peut-être, à l'extérieur, c'est-à-dire face
aux citoyens, dans l'optique du service aux citoyens et dans l'optique aussi
que les communications sont un élément essentiel du
développement de la collectivité québécoise.
Bien sûr, les approches politiques sont différentes. Les
choix de moyens sont différents. Les options sont différentes,
mais en définitive, à 6 millions de population, il y a une chose
qu'on ne peut pas se payer le luxe de partager et de diviser, c'est
l'intérêt de la collectivité québécoise. Pour
ma part, c'est cet intérêt que je vais essayer de continuer
à rechercher dans le cadre d'une politique des communications.
Je remercie le député de Chicoutimi, le
député de Lafontaine, le député d'Abitibi-Est et
ses collaborateurs, mes collègues du côté gouvernemental,
de leur participation. Je souligne en passant que le député de
Chicoutimi est très bien préparé pour ces assises
prochaines et de même, que le député de Lafontaine,
connaît passablement bien certains éléments du programme de
son parti.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A mon tour, j'aimerais remercier
tous les membres de la commission pour leur collaboration, ce qui m'a
facilité la tâche de conduire les travaux d'étude de ces
crédits. La séance est levée.
(Fin de la séance à 13 h 8)