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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Projet de règlement sur la
câblodistribution
Séance du vendredi 17 août 1973
(Dix heures treize minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre!
La commission reprend ses travaux et, comme il avait été entendu
hier, le premier organisme à se faire entendre ce matin sera
l'Association des compagnies de téléphone indépendantes du
Québec. Je donne immédiatement la parole à l'honorable
ministre des Communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, nous allons entendre maintenant les
représentations de l'Association des compagnies de
téléphone indépendantes du Québec de même que
Téléphone du Nord et Télébec.
Je voudrais tout simplement, avant de procéder à
l'audition des témoins, souligner que c'est, en fait, pour la
commission, le deuxième volet de l'aspect technologique qui va, à
l'analyse des mémoires qui nous ont été soumis, ressortir
de ces présentations.
J'ai laissé connaître le point de vue du gouvernement
à savoir que nous ne voulions pas, dans cette réglementation,
avant que d'avoir permis de s'exprimer à chacun des partenaires
économiques du développement des communications au Québec
et particulièrement de l'industrie et de l'implantation du câble
coaxial, décider a priori que tel ou tel groupe serait favorisé
ou ne pourrait pas participer à ce développement.
C'est dans cet esprit que nous entendons ce matin les compagnies de
téléphone qui, je l'espère, seront en mesure de nous
expliquer et de faire la lumière sur la fonction de leur
société en regard du développement du câble coaxial
et la compatibilité possible des réseaux ou des implantations
techniques qui permettent un maximum d'utilisation à un minimum de
coût pour l'usager, c'est-à-dire que ce soit l'usager du
téléphone ou que ce soit l'usager du câble, ce sont, dans
le fond, les mêmes personnes qui doivent faire les frais de quelque
installation technologique que ce soit.
Nous cherchons à savoir s'il est, à ce moment-ci et dans
l'état actuel de nos connaissances, dans l'intérêt des
citoyens et s'il est dans l'intérêt général du
développement qu'on tente des regroupements sur un même territoire
ou qu'au contraire on encourage une concurrence qui est rendue
nécessaire par une technologie différente sur un même
territoire, ou si encore il faudra en arriver à faire en sorte que, la
libre concurrence jouant, certains territoires soient développés
par tel entrepreneur en communications et tel autre territoire par tel autre
entrepreneur.
Alors, c'est en gros la question que, pour ma part, je voudrais poser
aux intervenants et que je leur voudrais voir souligner dans leur
mémoire, compte tenu de ce que nous ont déjà dit les
entreprises de câble.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux pas
retarder les travaux de la commission, mais je voudrais faire observer aux
membres de la commission et à ceux qui sont venus ici présenter
des mémoires que, si nous avons accepté l'ordre qui avait
été fixé par le ministre, cela n'en indique point que nous
n'accordons pas une très grande importance aux groupes qui
représentent les organismes de la télévision dite
communautaire. L'ordre que nous avons suivi nous paraissait être un ordre
logique, puisque nous avons entendu d'abord les câblodistributeurs, les
radiodiffuseurs, les entreprises de téléphone ce matin, mais ce
n'est pas là un jugement de valeur sur les mémoires qui nous ont
été présentés et ceux qui le seront
ultérieurement. Si nous avons réservé pour la fin les
entreprises de télévision dite communautaire, c'est que nous
voulions avoir une vue d'ensemble de tout l'aspect financier et l'aspect
technique de la câblodistribution avant de voir exactement comment il
sera possible au ministère des Communications d'exiger que les
entreprises de télévision dite communautaire soient
intégrées dans cet ensemble d'instruments qu'on peut qualifier de
services publics. Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs de l'association, vous avez la
parole.
Association des compagnies de téléphone
indépendantes du Québec
M. JOLI-COEUR: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je représente la délégation de
l'Association des compagnies de téléphone indépendantes du
Québec. Je dirige cette délégation à titre de
conseiller juridique et je suis assisté dans ce devoir par Me Jean-Marc
Tremblay, également par M. Charles Mercier, à ma droite, qui est
ingénieur et président de l'association. En fait, je
présenterai de façon générale le mémoire de
l'association et je laisserai Me Tremblay exposer plus particulièrement
la notion de service public et les relations que nous avons déjà,
l'association, avec les organismes du gouvernement, notamment la Régie
des services publics. Quant à M. Mercier, il traitera d'un sujet,
évidemment, qui a été longuement traité par les
compagnies de câble, c'est la polyvalence du câble coaxial, les
fonc-
tions que l'on a pour ce câble actuellement et les
prévisions techniques qui peuvent être aujourd'hui
considérées pour ce câble à l'avenir.
Alors, qui est l'Association des compagnies de téléphone
indépendantes du Québec? Elle est un groupe qui, sous ce nom,
groupe en fait 23 compagnies et organismes qui possèdent autant de
réseaux dans la province de Québec. Ces compagnies, quoique
n'ayant que 215,000 appareils dans la province de Québec, couvrent
au-delà de 50 p.c. du territoire de la province, dans des endroits
souvent beaucoup plus difficiles que des compagnies plus grosses. Nous avons,
à la page 3 de notre mémoire, l'énumération des 23
compagnies ou organismes qui détiennent ces réseaux. Enfin toutes
ces compagnies... évidemment nous, nous n'avons aucun problème
à soulever au point de vue constitutionnel; c'est que toutes ces
compagnies qui font partie de l'association sont déjà sous la
juridiction du Québec et dirigées par la Régie des
services publics quant à l'étendue de leurs services, à la
qualité, aux tarifs et toutes les normes de la
téléphonie.
L'association croit et ici je tombe dans le mémoire
que ces membres sont responsables pour desservir la population de leur
territoire avec la qualité, la quantité et la
variété des services de communications auxquels la population a
le droit de s'attendre en 1973. Nous sommes, évidemment, d'accord sur
l'ensemble des règlements qui sont proposés ici, qui ne posent
à l'association aucun problème fondamental sauf un point
où nous reviendrons plus tard.
L'association, en fait, considère ses membres comme des
transporteurs publics de communications et doit insister pour que cette
vocation soit reconnue et va jusqu'à demander que leurs réseaux
servent à l'acheminement de tout message de quelque nature qu'il
soit.
Les compagnies de téléphone fournissent déjà
l'équipement nécessaire pour le service
téléphonique et également, dans de nombreux cas,
l'équipement aux câblodistributeurs. Nous aimerions, c'est le
désir de l'association, que le contenant, évidemment, le
câble, soit la propriété des compagnies de
téléphone et que le contenu et la programmation demeurent aux
organismes de câblodistribution et de câblodif-fusion.
Cette attitude de l'association nous pose le problème de demander
certaines modifications aux articles de la réglementation
proposée, notamment à l'article 1 a) où nous
désirons évidemment ajouter un texte qui permettrait d'expliquer
que le fait d'être propriétaire ou de fournir à
l'émission, à la transmission, à la réception de
son ou d'image les installations nécessaires ne constitue pas en soi de
la câblodistribution.
L'Association des compagnies de téléphone
indépendantes ne désire aucunement tomber dans le domaine de la
câblodistribution. Nous désirons demeurer les propriétaires
des câbles et laisser ce domaine aux autres entreprises plus
spécialisées. C'est dans cette même optique et c'est ici
que nous avons évidemment des différends fondamentaux avec les
compagnies de câble. Nous voulons modifier l'article 32. Enfin, à
l'article 32, nous sommes conscients de nos obligations. Les compagnies de
téléphone, et particulièrement les indépendants qui
desservent des réseaux dans des régions moins populeuses, ont
dû faire l'investissement de sommes énormes pour fournir à
la population un réseau, sur l'ensemble de tout le territoire de la
province, qui soit moderne, et cette obligation a été
assumée à la suite de la demande des usagers. Egalement, les
compagnies se sont rendu compte elles-mêmes de leurs obligations et se
sont engagées à fournir des réseaux et, toujours sous la
surveillance de la Régie des services publics, qui a fixé les
taux et a, en maintes occasions nous nous sommes soumis
forcé les indépendants à donner des services qui, quoique
non rémunérateurs dans des cas particuliers, faisaient partie de
l'ensemble du réseau et faisaient partie des responsabilités d'un
transporteur dans un territoire donné.
Or, les membres de l'association désirent demeurer des
entrepreneurs en communications et, à cette fin, ils désirent
être les seuls propriétaires des réseaux sur leur
territoire, y compris les câbles coaxiaux. C'est en ce sens que nous
demandons que l'article 32 soit modifié. Nous sommes bien conscients,
évidemment, qu'il y a des problèmes actuels qui devront
être réglés, mais nous sommes également conscients
qu'il y aura des investissements futurs à faire dans ce domaine, que les
compagnies de téléphone sont prêtes à faire, en se
soumettant toujours à la Régie des services publics pour
établir l'utilisation de ces câbles futurs ainsi que les tarifs
qui devront être demandés.
Nous ne voyons pas que le problème qui a été
soulevé ici par plusieurs compagnies de câble à l'effet que
les coûts devaient être nécessairement plus onéreux
pour des câbles quand ils étaient posés par des entreprises
privées de téléphone et d'autres que je ne nommerai pas,
Bell Canada; nous ne sommes pas ici pour faire l'histoire des autres compagnies
de téléphone. Dans le cas des indépendants, ils sont
prêts à assumer leurs responsabilités et à se
soumettre aux décisions de la régie pour l'établissement
et l'utilisation de ces câbles et des tarifs.
Je passe maintenant la parole à Me Tremblay qui parlera un peu
plus longtemps.
M.TREMBLAY (Jean-Marc): M. le Président, M. le ministre,
j'aimerais ajouter, au mémoire que vous avez déjà en main,
deux commentaires que je crois pertinents au débat. D'abord, au nom des
compagnies de téléphone, je voudrais féliciter le
gouvernement du Québec d'avoir pris juridiction sur la
câblodistribution et de vouloir, par le projet de règlement
qu'étudie cette commission, établir des normes qui
permettent à la Régie des services publics un contrôle
rationnel de la câblodistribution. Depuis le début de ces
auditions, nous avons pu noter un consensus de tous les membres de cette
commission afin que la câblodiffusion soit considérée par
tous comme un service public et qu'elle soit réellement sous
contrôle québécois par le biais de la régie.
Nous nous déclarons d'accord sur le concept du service public,
car la câblodiffusion offre aujourd'hui de telles possibilités
qu'elle doit être accessible à tous les citoyens du Québec.
Je voudrais, à ce propos, relever un exemple qui prouve bien cet
avancé: le service téléphonique donné à la
moyenne et à la basse Côte-Nord, par exemple. En effet,
Québec Téléphone, un des membres de l'association, a
investi, il y a cinq ans, plus de $6 millions dans la région
s'étendant de Havre-Saint-Pierre à Blanc-Sablon afin de fournir
le service téléphonique à une population d'environ 5,000
âmes vivant sur un territoire s'étendant sur 450 milles de
longueur et ce, même si cet investissement considérable ne lui
rapporte annuellement qu'environ $100,000 de revenu.
Nous soumettons donc que les compagnies de téléphone, de
par leur vocation, sont les seules qui puissent assurer, en étant
transporteurs publics, le caractère essentiel de service public que le
gouvernement et cette commission veulent donner à la
câblodiffusion. Les compagnies de téléphone de
l'association étant sous la juridiction de la Régie des services
publics depuis toujours et connaissant la compétence, le sens de
l'équité et de justice de ce tribunal qui, sans perdre de vue le
caractère social des communications, sait tenir compte des contingences
inhérentes et du contexte économique, l'Association des
compagnies de téléphone déclare que ladite régie
est la mieux placée pour assumer les responsabilités de
normalisation de l'équipement et de l'utilisation des moyens de
communication au Québec.
Qu'il y ait en câblodiffusion cogestion par la régie,
l'expérience de cogestion entre la régie et les compagnies de
téléphone est un gage qu'une telle administration sera à
l'avantage du public en général, sans être au
détriment des compagnies de câble. Nous soumettons qu'il est
important que la régie, avec son indépendance et son autonomie de
tribunal administratif, soit l'organisme de contrôle et de surveillance
absolu, évitant ainsi des conflits préjudiciables à la
population car, comme elle l'a prouvé dans le passé, elle saura
décider des questions soumises d'après les faits de la cause
et/ou de l'argumentation apportée par les partis.
Voilà, M. le Président, les deux commentaires additionnels
que je voulais apporter comme complément au mémoire qui vous a
été soumis.
M. JOLI-COEUR: Je demanderais maintenant à M. Mercier de donner
son point de vue sur le câble coaxial.
M. MERCIER: Avec votre permission, M. le Président, nous
aimerions nous étendre quelque peu sur l'emploi polyvalent du
câble coaxial. Tout d'abord, nous croyons qu'il serait utile, ici, de
rectifier l'idée qu'on a d'une compagnie de téléphone. De
façon générale, les gens pensent que seuls les services de
communication fournis par les compagnies de téléphone sont ceux
auxquels est relié un appareil téléphonique.
Or, depuis plusieurs années, les compagnies de
téléphone offrent une gamme complète de services de
communication: la transmission de données, le système d'alarme,
le système de surveillance, le système audio pour postes
radio-phoniques, le transport de canaux de télévision par
micro-ondes, les fac-similés, la transmission
d'électrocardiogrammes, la distribution de musique, et j'en passe. Le
vrai terme d'une compagnie de communication prête un peu à
confusion quand on parle d'une compagnie de téléphone, parce que
je pense que le terme de compagnie de téléphone est
dépassé actuellement. On devrait plutôt s'appeler compagnie
de communication.
Un deuxième point que j'aimerais faire ressortir ici, c'est que
nos membres utilisent déjà, depuis de nombreuses années,
du câble coaxial, entre autres, sur ces câbles, nous transportons
des circuits téléphoniques, des circuits de
télévision en boucle fermée et aussi des circuits de
télévision entre nos micro-ondes et les studios des
câblodiffuseurs. Nous croyons que ceci n'est qu'un début.
Les nouveaux services en voie de développement
nécessiteront pour un grand nombre l'usage du câble coaxial, que
ce soit le vidéophone, la transmission ultra-rapide de données ou
le téléshopping. Pour toutes ces raisons, nous affirmons que les
compagnies de téléphone seront forcées, dans un avenir
très prochain, d'étendre leur réseau coaxial à un
rythme accéléré, même si celui-ci ne devrait pas
transporter les canaux de télévision des
câblodiffuseurs.
Bien plus, à notre avis, le câble conventionnel à
paires multiples est en perte de vitesse et fait place au câble coaxial.
Quoi qu'on en dise, une grande proportion des services offerts sur le
câble coaxial seront commutés. Devant les possibilités
immenses mises à la disposition de l'abonné, celui-ci ne voudra
certainement pas se voir imposer des frontières que seule la commutation
peut lever.
En conclusion, nous croyons qu'il est impensable qu'un câble
coaxial soit installé pour chacun des nouveaux services qui se
présentera dans l'avenir. Dans le secteur rural où nos membres
travaillent, il est techniquement possible de superposer tous les services
auxquels nous pouvons penser, évitant ainsi la multiplicité des
investissements. Si une politique de prolifération de câble
était approuvée et que le partage du transport des signaux
électroniques était fait entre plus d'un organisme public,
nous
sommes convaincus que les mêmes services seraient plus dispendieux
pour tous les Québécois et que l'avenir même des compagnies
de téléphone serait en péril.
Pour ces raisons, nous recommandons à la commission que seules
les compagnies de téléphone soient habilitées à
installer les câbles coaxiaux dans la limite de leurs territoires.
M. JOLI-COEUR: M. le Président, nous sommes maintenant à
votre disposition pour répondre à vos questions.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable ministre des
Communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais remercier ceux qui ont
fait des présentations, MM. Joli-Coeur, Tremblay et Mercier. Je dois
dire qu'en particulier les propos de M. Tremblay nous changent un peu de ceux
de M. de Gaspé Beaubien quant à la responsabilité
québécoise en matière de communications, comme quoi on
peut être Québécois et pas toujours avoir le même
sens de l'intérêt public.
Je voudrais aussi souligner le fait que les compagnies de
téléphone indépendantes, Téléphone du Nord
et Télébec sont, en fait, les seuls organismes de communications
qui ont, depuis toujours, à toutes fins pratiques, été
soumis à la Régie des services publics du Québec, qui est
l'organisme responsable de réglementer en matière de
communications et qui est l'organisme à qui les règlements, qui
sont à l'étude présentement, s'appliquent.
Comme vous êtes les seules sociétés à avoir
une expertise de vie avec la Régie des services publics, j'étais
particulièrement heureux de vous entendre souligner la qualité de
l'expertise de la régie et des rapports que vous avez jusqu'ici
entretenus avec la Régie des services publics.
En d'autres mots, alors que d'autres pourraient nous laisser croire
qu'en confiant la câblodistribution à la Régie des services
publics, on confie, en fait, un secteur hautement complexe et technologique
à des gens qui, en définitive, sont des éléphants
dans des plates-bandes et qui n'ont jamais vu ça, vous nous dites: Nous,
on a vécu avec la régie et on sait que, compte tenu du potentiel
de développement économique de nos entreprises, la régie a
toujours, dans l'ensemble, tenu compte à la fois des facteurs humains et
du potentiel économique et a su aménager les choses pour nous
permettre de vivre en pensant quand même aux citoyens.
Cela, je le retiens parce que c'est quand même important qu'on
sache qu'on a une expertise en ce sens à la régie. Cela peut
donner confiance aux parlementaires ou à ceux que ce débat
intéresse, quant à la qualité des prestations de la
régie en cette matière.
Ceci dit, M. le Président, je voudrais poser une question, soit
à M. Joli-Coeur ou à M.
Tremblay, libre à eux de répondre ou de demander à
quelqu'un d'autre de répondre, sur l'aspect technologique. Les
entreprises de câble nous ont dit, hier, qu'elles avaient
généralement de la difficulté à obtenir le service
qu'elles jugeaient nécessaire, à des conditions raisonnables,
à l'implantation du réseau de télédistribution ou
de télévision par câble.
Vous avez mentionné, vous, que les compagnies de
téléphone indépendantes seraient amenées, à
plus ou moins court terme, à développer le réseau coaxial
et que, même si on excluait de ce réseau coaxial la
clientèle des sociétés de câble, il faudrait quand
même développer un réseau coaxial au niveau des compagnies
de téléphone.
Est-ce que l'expertise technique dont vous disposez vous amène
à conclure, compte tenu de ce que vous avez entendu des
sociétés de câble qui visent à offrir dans un avenir
très rapproché à Montréal, en particulier, un
service de 30 canaux de télévision, que l'infrastructure que vous
êtes en mesure de développer et d'administrer pourrait, dans le
même délai et aussi rapidement, toat en comblant les besoins
présents et futurs de vos entreprises, à moyen et à long
terme, combler aussi les besoins des entreprises de câblodistribution,
notamment en mettant à leur disposition l'équivalent de 30 canaux
de retransmission de télévision? Ou, est-ce que, pour arriver
à cette opération, il vous faudra vous-mêmes installer deux
câbles coaxiaux?
M. JOLI-COEUR: C'est à M. Mercier de répondre à
cette question.
M. MERCIER: M. le ministre, aujourd'hui, il est possible de combiner les
deux services dans un même câble. Il n'y a pas de problème,
il n'y a aucune raison pour avoir deux câbles parallèles afin de
donner les services dont on parle.
M. L'ALLIER: Je parle de 30 canaux. Vous pourriez assez rapidement, du
moins dans les mêmes délais que ceux prévus par les
sociétés de câble, fournir une installation technologique
coaxiale de 30 canaux aux sociétés de câble? Vous allez en
avoir suffisamment pour prévoir vos besoins?
M. MERCIER: C'est assez difficile, vu l'étendue du territoire. On
parle de 30 canaux pour la ville de Montréal.
M. L'ALLIER: D'accord.
M. MERCIER: Quand on est rendu dans la Gaspésie ou un endroit
reculé de la province de Québec, il est assez difficile d'amener
30 canaux à un tel endroit.
M. L'ALLIER: Je m'excuse, ce n'est pas sur le degré de
pénétration territoriale, c'est uniquement sur le potentiel
technologique. Si vous
étiez à Montréal, par exemple, ou dans un endroit
où c'est nécessaire, si on vous demandait, à un endroit
où c'est rentable de le faire pour le câblodistributeur, de
fournir un service de 30 canaux de la qualité de celle recherchée
par les câblodistributeurs, pourriez-vous dans le développement
normal de votre entreprise fournir ce service et, en même temps,
planifier à l'intérieur du même service vos besoins actuels
et futurs?
M. MERCIER: Certainement. M. L'ALLIER: II y a de la place. M. MERCIER:
Certainement.
M. L'ALLIER: Est-ce que vous pourriez nous expliquer comment il se fait
que, ayant des ingénieurs de chaque côté, on arrive
à des choses qui seraient aussi contradictoires?
M. MERCIER: On a nommé plusieurs études qui avaient
été faites, qui datent de cinq ans et plus. Evidemment, ces
études étaient peut-être vraies dans le temps, mais il
reste que le développement technique a continué depuis ce temps.
La preuve que je peux vous apporter, c'est qu'on a des câbles coaxiaux
où il y a déjà 600 canaux de voix qui passent dans ces
câbles.
M. L'ALLIER: La question de la commutation qu'on nous a indiquée
comme étant une technologie propre à l'utilisation des
câbles, des fils pour fins téléphoniques et qui ne se
reproduisait pas dans le domaine de la câblodistribution, de quelle
façon cela joue-t-il là-dedans?
M. MERCIER: Pour certains services, cela va prendre de la commutation.
Il y a déjà de l'équipement de développé
à cette fin, ce qu'on appelle des matrices avec de l'équipement
à l'état solide. Cela existe déjà aujourd'hui, et
les perfectionnements se déroulent de façon
accélérée.
M. L'ALLIER: Votre expertise actuelle quant à la fourniture de
services à des entreprises de câble, quelle est-elle? Est-ce que
des entreprises de câble vous ont demandé des services? Est-ce que
des entreprises de câble, sur vos territoires, ont des systèmes
parallèles? Quel est l'état de la situation? Si vous voulez
prendre l'exemple d'une ou l'autre de vos entreprises, mais essayez de nous
donner une idée générale de ça.
M. MERCIER: Actuellement, dans le territoire où les membres de
l'association agissent, les systèmes de télévision sont
assez rares. On a eu des demandes de certaines personnes nous demandant des
coûts, ce que cela coûterait pour développer la
télévision à tel ou tel endroit. C'est à peu
près le plus loin où nous sommes allés. On n'a pas eu de
réalisations comme telles jusqu'à présent. Tout ce qu'on a
fourni, ce sont des estimations.
M. L'ALLIER: En d'autres mots, à votre connaissance, il n'y a
aucun des membres de votre association, y compris
Québec-Téléphone, M. Tremblay, qui fournit actuellement un
service de location de coaxiaux à des entreprises de câble.
M. MERCIER: On en fournit d'une façon. On loue à
Radio-Canada du transport de signaux de télévision.
M. L'ALLIER: Oui.
M. MERCIER: A partir des micro-ondes à aller jusqu'au
transmetteur, on fournit le câble coaxial.
M. L'ALLIER: Si c'était possible, ma question s'adresserait
à M. Tremblay, s'il pouvait y répondre à partir de
l'exemple de Québec-Téléphone. En millage, quel est le
réseau actuel de Québec-Téléphone?
M. MERCIER: Je dirais qu'on a environ 100 milles de câble
coaxial.
M. L'ALLIER: Cent milles.
M. MERCIER: Ce n'est pas un chiffre exact, si vous voulez, mais c'est
approximativement 100 milles.
M. L'ALLIER: Si sur les territoires qui sont desservis par
Québec-Téléphone, on souhaitait ou quelqu'un obtenait
l'autorisation de fournir un service de télédistribution par
câble, de câblodistribution, de quelle façon
réagiriez-vous? Est-ce que ça pourrait influencer directement vos
plans de développement ou vos rythmes de développement du coaxial
ou si ces gens risqueraient de se retrouver, comme, semble-t-il, ils ont pu se
retrouver à Montréal, face à des poches moins importantes,
où on a dit: La compagnie de téléphone n'est pas
intéressée à câbler?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Pour répondre à votre question,
M. le ministre, présentement, M. Mercier a dit qu'il y avait 100 milles
de câble coaxial. On parle de câble coaxial, ce n'est pas la
longueur du réseau de Québec-Téléphone, bien
sûr. Présentement, il y a des entreprises de CATV sur le
territoire de Québec-Téléphone, par exemple, mais qui sont
propriétaires de leurs câbles qui sont installés depuis un
certain nombre d'années. Si, pour répondre
précisément à votre question, il y avait une demande
expresse qui nous était faite par une compagnie de
câblodistribution pour avoir ou pour louer de l'espace sur un câble
coaxial, Québec-Téléphone ferait la pose du câble
coaxial et
louerait les canaux nécessaires pour la compagnie.
M. L'ALLIER: A ce moment-là, est-ce que le câble coaxial en
question ferait double emploi avec le câble actuel ou si cela
constituerait pour vous un remplacement de votre équipement actuel?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Dans le processus normal de modernisation du
réseau, on doit aller, comme M. Mercier l'a dit, vers le câble
coaxial. On avancerait peut-être un peu, mais au début, il
servirait peut-être strictement pour la câblodistribution. Mais
avec la planification de modernisation du réseau, à plus ou moins
brève échéance, il servirait aussi pour le service
téléphonique. Si on considère, à l'heure actuelle,
les exigences de la régie pour les compagnies de téléphone
quant au dégroupement, on vient de faire un pas en voulant dire quatre
et moins.
Le jour n'est pas loin où on parlera d'exiger les groupes deux
partout. Alors, pour les compagnies de téléphone, l'utilisation
du câble coaxial sera absolument indispensable à ce
moment-là.
C'est pour cela que Québec-Téléphone
n'hésiterait pas à dire: Oui, voici nos taux et on vous loue de
l'espace.
M. L'ALLIER: Maintenant, je vais vous poser une question qui va un tout
petit peu plus loin, et ce sera ma dernière question pour permettre
à chacun de s'exprimer là-dessus, car on pourrait filer pendant
des heures. Dans l'utilisation ultérieure du câble coaxial, parce
qu'en définitive c'est là qu'est le potentiel de
développement en termes d'entrepreneur en communications, disons que le
câble coaxial est principalement utilisé aujourd'hui soit pour
fins téléphoniques, soit pour fins de câblodistribution, et
à l'intérieur des deux, surtout à l'intérieur du
bloc téléphonique, il y a d'autres sous-objectifs ou d'autres
choses qui peuvent être faites, comme une transmission pour Radio-Canada
mais c'est quand même occasionnel.
Groupons cela en téléphone et retransmission de
télévision par câble. Dans votre esprit, les autres
utilisations qui peuvent nécessiter le véhicule du câble
coaxial et qui soient relativement importantes, comme la
télémesure ou des choses comme cela, est-ce que, dans votre
esprit, la compagnie de téléphone, face à ces utilisations
ultérieures, est d'abord et avant tout un transporteur ou si elle est un
opérateur comme elle l'est pour l'utilisation
téléphonique? Pour l'utilisation téléphonique, vous
êtes un transporteur, mais vous êtes aussi, dans une certaine
mesure, un fournisseur du service individualisé. Dans la
télémesure, par exemple, est-ce que la compagnie de
téléphone, dans l'esprit du développement normal d'une
société, concentre ses efforts sur l'élaboration et
l'implantation de réseaux dont on loue les sous- services partie aux
gens du câble, partie aux gens de tel ou tel groupe ou si, au contraire,
le développement normal veut dire pour vous que vous vous impliquez dans
le processus de la télémesure et des choses comme cela? Je ne
sais pas si ma question est claire.
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Comme M. Mercier l'a dit tantôt, les
compagnies de téléphone ne sont même plus aujourd'hui
et si on parle de quelques années à venir, ce sera encore
plus vrai strictement des compagnies de téléphone. Les
compagnies de téléphone, du moins je parle pour
Québec-Téléphone, envisagent et planifient d'entrer dans
des nouveaux champs de communication qui s'ouvrent à elles, et la
polyvalence du câble coaxial lui donne la possibilité de le
faire.
M. L'ALLIER: Est-ce que vous considérez cela, à ce
moment-là, comme des éléments essentiels à une
planification à long terme du développement? Ce que je veux dire,
c'est que le développement des réseaux de communications suppose,
dans la mesure où vous acceptez et qu'on applique la notion de service
public, qu'il n'y a pas d'écrémage qui se fait. Vous savez ce que
l'on veut dire devant la régie quand on parle de cela. En d'autres mots,
on ne peut pas donner à un transporteur le meilleur marché
là où il y a le plus de densité de population et laisser
un autre desservir l'arrière-pays. Il faut essayer de faire un
équilibre dans cela. Est-ce que vous allez aussi loin que de faire en
gros le même raisonnement qu'on fait dans la notion de service public
pour demander à une entreprise comme la vôtre, par exemple, en
même temps qu'on lui accorde l'autorisation de développer tel
service, l'obligation d'en développer un autre? Est-ce que vous
appliquez cela mutatis mutandis à la polyvalence de l'utilisation des
câbles comme moyen de rentabiliser les services non rentables en
eux-mêmes.
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Exactement. Dans le mémoire qui est
soumis, on en parle. On dit que, si la régie nous oblige à faire
des choses parce qu'on est une compagnie de services publics qui
ne sont pas toujours rentables comme, par exemple, le dégroupement...
Parce que, en regard de l'investissement fait par les compagnies de
téléphone pour le dégroupement, que l'abonné soit
sur une ligne de six ou sur une ligne de trois, il ne paie pas plus cher au
point de vue de l'abonnement... Donc, ce sont des millions que les compagnies
de téléphone pour l'association, on parle de $8 millions
doivent investir pour donner un meilleur service, parce que la
régie considère qu'aujourd'hui c'est un service public accessible
à tous et avec la meilleure qualité possible.
Bien sûr, à ce moment-là, on dit à la
régie: Très bien, on va y aller, on va jouer notre rôle,
mais donnez-nous aussi les possibilités d'aller dans d'autres champs
d'activités qui nous per-
mettraient de rendre rentable l'investissement qu'on doit faire pour
assumer notre rôle, notre vocation sociale de service public.
Assurément, M. le ministre, il n'y a aucun doute là-dessus;
d'ailleurs, on a un allégué dans notre mémoire à ce
sujet.
M. L'ALLIER: C'était celui-là que je voulais voir
préciser, je n'étais pas exactement sûr que c'était
cela.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie Me
Joli-Coeur et ses collègues de l'exposé qu'ils nous ont fait.
Evidemment, nous sommes ici, en interrogeant les entreprises de
téléphone, dans un domaine très technique, qui
échappe à la compétence de la majorité des membres
de cette commission; c'est pourquoi votre présence ici est
éminemment nécessaire.
Les préoccupations que nous avons, Messieurs, sont des
préoccupations de service aux citoyens, de qualité de service et,
en même temps, de coût minimum. Nous serons, par la force des
choses, du fait que nous sommes des législateurs, appelés
à trancher une question très difficile, soit le partage des
responsabilités ou, pour employer un terme peut-être un peu plus
brutal, le partage d'un gâteau entre différentes entreprises qui
en revendiquent la totalité. J'insiste donc sur le fait que nous n'avons
pas l'intention de prendre parti pour l'un ou pour l'autre des groupes qui sont
venus devant nous et ont parlé tantôt du câble, tantôt
du téléphone. Ce qui nous intéresse, je le
répète, c'est qu'il y ait les services et cela vaut pour
le téléphone comme pour la câblodistribution que ces
services soient de qualité et que les coûts soient les moindres
pour les citoyens individuellement et collectivement.
Je suis assuré, et le texte de votre mémoire en fait foi,
que vous partagez ces préoccupations. Cela étant sauf, nous
imaginons que vous acceptez la concurrence. Vous êtes une entreprise
privée et, s'il y a service de qualité à des coûts
raisonnables, vous acceptez, je n'en doute pas, de faire face à la
concurrence; c'est ce que le ministre aura à trancher lorsque nous
aurons recueilli toutes les données techniques qui nous permettront de
voir dans quelle mesure ou les entreprises de câblodistribution ou les
entreprises de téléphone devront ou pourront être les
propriétaires de ces véhicules de communication.
Vous avez, Me Joli-Coeur, dans votre mémoire certaines
propositions. A la page 5, par exemple, vous nous suggérez une nouvelle
définition de la câblodistribution. Le règlement qui nous
est soumis dit ceci : Câblodistribution : Le service public offert au
Québec par une entreprise publique dont l'objet principal ou accessoire
comprend l'émission, la transmission ou la réception par fil ou
par câble de sons ou d'images contenant de la programmation.
C'est le texte de la réglementation.
Vous suggérez: Câblodistribution: Le service public offert
au Québec par une entreprise publique, dont l'objet principal ou
accessoire comprend l'émission, la transmission ou la réception
par fil ou par câble de sons ou d'images contenant de la programmation.
Et vous ajoutez: Etre propriétaire ou fournir les installations
nécessaires à l'émission, la transmission ou la
réception de sons ou d'images ne constitue pas, en soi, de la
câblodistribution.
Vous imaginez bien que je pourrais vous retourner l'argument. Etre
propriétaire des installations qui permettent d'acheminer les messages
téléphoniques ne constitue pas davantage de la
téléphonie, si on se réfère aux termes
rigoureusement techniques, scientifiques, technologiques. Cet
argument-là ne me paraît pas avoir beaucoup de poids, parce que,
dès lors que l'on accepte qu'il y ait des câblodistributeurs, on
accepte en même temps que ceux-ci soient munis des installations
techniques qui sont nécessaires à leur activité.
Le problème, dans votre esprit, je pense, réside dans
l'idée que vous vous faites du service qui doit être donné
aux citoyens par la câblodistribution à un moindre coût. Et
vous prétendez que vos services de téléphone pourraient
être utilisés par les entreprises de câblodistribution,
parce que cela leur coûterait moins cher. Est-ce que c'est bien là
votre prétention, Me Joli-Coeur ou Me Tremblay?
M. JOLI-COEUR: M. Tremblay, c'est partiellement notre argumentation.
Evidemment, on a parlé de chiffres d'investissement des compagnies de
câble, dans le câble, et on a parlé de besoins et ainsi de
suite. Nous, nos prétentions sont que nous sommes le transporteur public
en communication dans un territoire donné et, comme tel, nous ne voulons
aucunement nous immiscer dans l'entreprise de câblodiffusion pour la
programmation ou pour le transport. Evidemment, les besoins qu'ont ces gens en
câble, nous sommes prêts à les soutenir ces
besoins-là. Nous prétendons qu'il ne devrait y avoir qu'une
entreprise dans un territoire qui donne un service de câble, parce
qu'aujourd'hui on voit la câblodistribution mais demain on aura
peut-être aussi un câble pour des organismes de
sécurité. On a un câble, évidemment, peut-être
pour l'Hydro-Québec et nous prétendons qu'il y aura
multiplication. A ce moment-là, le coût à l'usager et au
contribuable sera augmenté, alors que ces services pourraient être
fournis par l'entreprise dans le territoire, loués à l'entreprise
de communication ou de télédistribution qui, elle,
évidemment, pourra même aller à la régie pour
établir les coûts.
C'est pourquoi on ajoute cela, c'est parce que nous ne voulons
aucunement être des câblodistributeurs; nous voulons être les
transporteurs de communications et laisser à la régie le pouvoir
et le devoir de réglementer, en fait, l'usage de ce câble et les
coûts à l'usager, au contribuable à la fin.
Enfin, la compagnie de câble, comme la compagnie de
téléphone, n'est, jusqu'à un certain point, qu'un
accident. En dernier, c'est le contribuable qui compte et c'est la régie
qui pourrait réglementer dans le territoire ce qu'on doit donner dans ce
territoire au contribuable, étant donné la situation
géographique, la situation démographique.
Les compagnies de téléphone sont prêtes à
assumer leurs responsabilités, à fournir les câbles, pour
autant évidemment que les ressources financières seront
là. Je crois que la régie est en mesure de juger cela. C'est dans
ce sens que nous voulons amender l'article 1 a). C'est sûr qu'aux
compagnies de téléphone vous retournez l'argument; c'est
partiellement vrai et nous ne sommes pas uniquement des compagnies de
téléphone aujourd'hui; nous sommes des compagnies de
communication.
Et c'est dans ce sens que nous demandons l'amendement de
propriété seulement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Tremblay...
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Je pourrais préciser le but de cet
amendement en tenant compte du contexte de la réglementation qui nous
est soumise et du mémoire que nous présentons à l'effet
que nous, nous demandons d'être transporteurs publics.
En amendant ici l'article 32, et vu que l'article 6 expressément
exclut les compagnies de téléphone, pour être consistants
avec notre demande et la nature de notre mémoire, nous nous sentons
obligés de dire que, dans la définition de la
câblodistribution, le fait de posséder des installations n'est pas
en soi une compagnie de distribution, parce qu'à l'article 6 les
compagnies de téléphone sont exclues et que dans notre
mémoire en demande que l'article 32 soit amendé, afin qu'on soit
reconnu comme transporteur public.
Je pense que c'est la raison véritable de l'amendement
suggéré à l'article 1 a).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Tremblay, j'entends bien votre
argument, sauf qu'à la page 9 de votre mémoire vous proposez une
nouvelle rédaction de l'article 32. Je me réfère à
la réglementation elle-même, et l'article 32 dit: "Conditions
d'utilisation des installations existantes. Lorsque des installations d'une
autre entreprise publique assujettie à la régie sont disponibles,
la régie doit ordonner leur utilisation par l'entreprise publique de
câblodistribution." Vous demandez ceci: "Lorsqu'une entreprise
téléphonique dispose de câbles ou autres installations
propres à la transmission de sons ou d'images, la régie doit
ordonner leur utilisation par l'entreprise publique de câblodistribution,
lorsque de telles installations ne sont pas disponibles. L'entreprise
téléphonique desservant ce territoire devra en assurer la
disponibilité et la régie devra en ordonner l'utilisation par
l'entreprise publique de câblodistribution."
H y a peut-être, dans la rédaction de l'article 32, une
certaine ambiguïté. Je pense que le ministre a déjà
donné des explications à ce sujet et il pourra en donner tout
à l'heure et je vais lui demander de le faire. Je pense que l'article 32
ouvre quand même la porte à une décision de la régie
qui serait favorable aux compagnies de téléphone, toujours dans
l'optique de service, de qualité et de coût. Alors, une nouvelle
rédaction plus précise de l'article 32 pourrait peut-être
répondre à l'objection que vous avez au sujet de cette
utilisation des services téléphoniques par les entreprises de
câblodistribution. M. le ministre, j'aimerais, à ce propos, vous
demander s'il est de votre intention de revoir la rédaction de cet
article 32?
M. L'ALLIER: M. le Président, le sens de l'article 32
était essentiellement de viser à ce que, sur le même
territoire, il n'y ait pas double emploi et qu'en conséquence, dans la
mesure où des installations sont déjà disponibles, compte
tenu des besoins de l'entreprise qui en a la propriété, elles
puissent à des conditions jugées acceptables par la régie,
être mises à la disposition et utilisées par une entreprise
de câblodistribution. En ce sens-là, dans notre esprit, au moment
de cette première rédaction, ça ouvrait la porte
précisément à la location à une
société ou à une autre, suivant la nature de celle qui
fait les meilleures propositions, quant à l'implantation du
réseau coaxial. En d'autres mots, nous n'avons pas voulu, par l'article
32, fermer la porte aux câblodistributeurs ou aux compagnies de
téléphone.
Cependant, la question que vous me posez, M. le Président,
m'inciterait, si les membres de la commission étaient d'accord, à
poser une question soit à M. Tremblay, soit à M. Joli-Coeur, sur
le même point. En supposant qu'une société de
câblodistribution dispose déjà de câbles coaxiaux,
prenons la situation inverse, dispose de câbles coaxiaux, qu'elle dispose
déjà d'un réseau dans un milieu donné, et que ce
réseau puisse être utilisé à meilleur compte sur la
construction d'un réseau propre à la compagnie de
téléphone, et en supposant troisièmement, que vous
souhaitiez étendre vos services au-delà de la
téléphonie, est-ce qu'il vous paraîtrait acceptable que ce
soit la compagnie de téléphone, dans un cas comme
celui-là, qui soit locataire de l'équipement coaxial d'une autre
société, d'un autre service public? La rédaction de votre
article signifie, si j'ai bien compris, ceci: si on a le service, on veut le
fournir; et si on n'a pas le service, on est prêt à se voir
demander de l'installer pour le fournir.
Mais, en tout état de cause, on veut être les seuls
à fournir un service de cette nature. Ma question va à l'encontre
un peu de votre article.
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Bien, c'est-à-dire que nous voulons
réellement être transpor-
teurs publics exclusifs. Cela, le mémoire le dit. Si la situation
que le ministre énonce existe, nous voudrons encore quand même
être transporteurs. A ce moment-là, ayant la régie comme
tribunal, nous irons devant la régie et nous ferons prévaloir les
raisons pour lesquelles nous souhaiterions acheter ce que le
câblodistribu-teur pourra avoir pour pouvoir continuer. La régie
prendra la décision et on s'y soumettra, purement et simplement. Mais je
dois dire au ministre que réellement nous soutiendrons que nous tenons
à être transporteurs publics.
M. L'ALLIER: Est-ce que je peux résumer ce que j'ai compris de
votre intervention comme ceci? Vous souhaitez avoir, disons-le franchement,
l'exclusivité de la fonction de transporteur public à
l'intérieur de la régie et soumis aux normes de services publics.
En échange de ça, si on peut parler ainsi, vous êtes
d'accord qu'on précise partout où c'est nécessaire que, si
vous êtes transporteurs publics exclusifs, vous ne serez d'aucune
façon câblodistributeurs ou quoi que ce soit autre que
transporteurs publics. Est-ce que c'est en gros sur ce point-là ce que
vous dites?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): C'est-à-dire qu'au sens de la
définition de câblodistributeur qu'il y a là-dedans...
M. L'ALLIER: Oui.
M. TREMBLAY (Jean-Marc): ... oui. Mais, d'un autre côté,
comme je l'ai dit tantôt et comme on le dit dans notre mémoire,
les compagnies de téléphone, de par leur vocation de services
publics, vont plus loin que les câblodistributeurs. Je n'irais pas
jusqu'à dire au ministre et je n'irais pas jusqu'à dire à
la régie qu'on est prêts à renoncer aux autres
développements technologiques qui peuvent nous permettre de donner
à tous le service de base qu'est le service
téléphonique.
M. L'ALLIER: Qu'est-ce qui vous amènerait, à ce
moment-là, à décider, arbitrairement, dans une certaine
mesure, de vous retirer de la câblodistribution dans la mesure où
elle ne comporterait pas de production locale, dans la mesure où ce
serait tout simplement le "master antenna", la redistribution de canaux, par
exemple?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Je ne comprends pas trop votre question.
M. L'ALLIER: Qu'est-ce qui vous amène, à ce
moment-là, à exclure la partie de la câblodistribution qui
ne comporte pas de programmation?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): C'est-à-dire celle qu'on connaît
aujourd'hui?
M. L'ALLIER: Oui. Ou si c'est tout simple- ment une reconnaissance d'une
situation acquise?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Peut-être.
M. L'ALLIER: D'accord.
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Peut-être.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Joli-Coeur ou Me Tremblay, vous
avez des entreprises de téléphone qui sont des services publics
et reconnus comme tels par la régie. Evidemment, vous prévoyez
des développements qui seront conformes aux besoins des populations que
vous avez à desservir.
Le téléphone est plus vieux que la
câblodistribution. C'est un truisme de le dire. La
câblodistribution est une entreprise nouvelle, je le veux bien, mais qui
est, elle aussi, un service public. La régie aura donc à
décider de la vocation de chacun de ces services publics et des moyens
dont chacun de ces services publics doit disposer pour
précisément jouer son rôle.
Ce que l'on va nous demander, au fond, à nous, de décider,
c'est comment partager là le gâteau, comme je le disais tout
à l'heure. Vous voudriez être, au fait, les grands
véhicules de communication, ceux qui détiennent l'ensemble des
services techniques et technologiques qui permettront à la
câblodistribution de fonctionner sur tout le territoire du Québec.
C'est une prétention qui peut se défendre. Mais les
câblodistributeurs nous ont fait valoir des arguments qui nous ont, dans
une certaine mesure, impressionnés quand ils nous ont dit, par exemple,
qu'une société de téléphone, dans la région
de Montréal, était, à l'heure actuelle, incapable de faire
face aux besoins des câblodistributeurs. Si je vous ai bien entendu, vous
nous avez dit tantôt que vous ne faisiez pas, à l'heure actuelle,
de location aux câblodistributeurs. Est-ce que c'est exact?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon. Alors, je ne peux pas vous demander quels
sont les revenus que vous en retirez et quelles pourraient être les
pertes qui s'ensuivraient si on vous demandait de vous retirer de la
câblodistribution. Mais je trouve, à la page 8 de votre
mémoire, une affirmation qui, encore une fois, peut se retourner contre
vous. Vous dites ceci: "Si, obligatoirement, les compagnies de
téléphone sont tenues de fournir partout sur leur territoire le
service à cause de leurs responsabilités sociales, il n'est que
justice qu'elles n'aient pas à subir une concurrence discutable,
concurrence qui risque de se faire au détriment du public qui en absorbe
les coûts de tous ordres, particulièrement les classes les plus
pauvres de la société". Admettons cela. Vous ne pensez pas que
cette situation vaut tout autant pour les câblodistributeurs?
Dès lors que l'on considère l'entreprise de
câblodistribution comme un service public, elle a les
responsabilités que vous avez et elle a aussi à subir la
concurrence que vous qualifiez de discutable des entreprises
téléphoniques. Il nous faut donc savoir ce qui, en
définitive, va coûter le moins cher pour que, à la fois,
les services de téléphonie et les services de
câblodistribution soient donnés à tous les citoyens du
Québec, à des coûts que ceux-ci peuvent supporter. Vous
devinez un peu le dilemme dans lequel se trouve le législateur. Il a
devant lui un ensemble d'entreprises privées qui oeuvrent dans un champ
où la libre concurrence est une loi normale. Alors, quand vous dites que
vous aurez à supporter des coûts pour donner des services parce
que vous êtes un service public, il faut bien penser que l'entreprise de
câblodistribution est exactement dans la même situation. Il nous
faut donc cerner le problème et en arriver, justement, à ces
coûts.
Qu'est-ce que votre entreprise ou plutôt les entreprises que vous
représentez peuvent nous fournir comme renseignements d'ordre financier
et qui établiraient, sans nul doute, que vous pourrez donner aux
câblodistributeurs les installations techniques dont ils ont besoin, et
que ces installations techniques entraîneront des coûts qui seront,
si vous voulez, raisonnables, et qui seraient moindres il me semble que
c'est sous-jacent à votre thèse que ceux
qu'entraîneraient les installations, par les entreprises de
câblodistribution elles-mêmes, de tout l'appareillage technique
dont elles ont besoin et dont elles nous ont dit, encore hier, qu'une
société de téléphone, en particulier,
n'était pas en mesure de leur donner, précisément dans des
zones qualifiées par vous comme étant celles des classes les plus
pauvres de la société? Est-ce que, techniquement, vous pouvez
nous faire une comparaison entre les coûts de vos installations et ceux
des câblodistributeurs?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): M. le Président, dans votre question, M.
Tremblay, quant au premier paragraphe de la page 8, il y a deux réponses
qui me viennent à l'esprit. Il faut d'abord ne pas oublier le territoire
qui est desservi par les compagnies de téléphone membres de
l'association. Quand on a parlé, au début, de près de 50
p.c. du territoire géographique du Québec, c'est un fait. Vous
comprenez bien que, au point de vue de l'investissement, pour assurer une
vocation sociale, le service public, c'est très coûteux. Il y a un
autre point aussi, je ne voudrais pas sous-entendre que le député
de Chicoutimi l'a oublié, je pense qu'il y a une différence
fondamentale majeure entre les compagnies de CATV ou de câblodistribution
et les compagnies de téléphone, même si les deux sont des
entreprises privées.
Les compagnies de téléphone sont des entreprises
privées, d'accord, mais sous contrôle et surveillance de la
régie, ce qui fait en sorte que le taux de rendement des compagnies de
téléphone, quoique entreprises privées, est plafon-
né, est contrôlé. On allègue que, vu
qu'obligatoirement on est obligé d'aller dans des endroits très
dispendieux et très coûteux, on ne peut pas subir sur le
même territoire une concurrence qui peut être néfaste
justement à cause du fait qu'on ne peut pas aller jusqu'à 10 p.c.
ou 12 p.c. ou 15 p.c. de rendement d'une compagnie de téléphone.
Elle est limitée, plafonnée à 6 p.c. par la régie,
même si elle est entreprise privée, parce qu'il y a cogestion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Tremblay, cet argument se tient. Mais ne
pensez-vous pas que la régie aura aussi à se prononcer sur les
coûts de l'entreprise de câblodistribution en ce qui concerne les
usagers de la câblodistribution? C'est une chose qui est très
importante. Vous parlez, d'autre part, du territoire à desservir. Je vis
dans une région où ce problème se posera dans l'optique,
dans la perspective du développement de la câblodistribution. Vous
parlez d'un territoire à desservir, la régie aura aussi des
exigences en ce qui concerne les entreprises de câblodistribution puisque
ces organismes devront aller devant la régie comme vous y allez
vous-mêmes. Or, l'article 32 auquel vous faites allusion et pour lequel
vous proposez un amendement permet à la régie,
précisément pour abaisser les coûts et permettre aux
entreprises de se développer normalement, selon un rythme de croissance
normal, d'exiger des entreprises de câblodistribution qu'elles utilisent
les installations déjà existantes, soit celles de la
téléphonie. Vous voyez donc la difficulté qui est la
nôtre, celle de savoir quels seront les coûts les plus avantageux,
étant bien entendu que les services seront là et la
qualité sera là. Je me sens obligé de vous demander encore
une fois quels sont les avantages, en termes de coûts, qu'il y aurait
pour les câblodistributeurs d'utiliser, sauf dans les régions
où il n'y a pas d'installations techniques encore de la
câblodistribution, le téléphone plutôt que des
installations propres à la câblodistribution. Il ne faut pas
oublier une chose, c'est que la câblodistribution est une entreprise qui
va en se développant et qui, même dans l'utilisation de ses moyens
techniques et technologiques, va connaître certainement des
transformations assez radicales et probablement très rapides.
Replaçons-nous dans le contexte de ce jour pour apprécier
les coûts actuels comparatifs de ce que vous pouvez offrir aux
câblodistributeurs et de ce qu'ils peuvent se payer en installant
eux-mêmes leur appareillage technique.
M. JOLI-COEUR: M. Tremblay, avant de demander à M. Mercier de
répondre à votre question sur les coûts, il y aurait
peut-être lieu de souligner de nouveau ici à la commission
qu'effectivement les compagnies de téléphone, dans le moment,
couvrent 100 p.c. du territoire du Québec alors que les compagnies de
câble n'en couvrent peut-être que 40 p.c. et, en plus, ce sont des
endroits à population plus dense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez, Me Joli-Coeur, lorsque
vous parlez de 100 p.c. du territoire, est-ce que vous entendez que toutes ces
installations sont faites avec des câbles coaxiaux?
M. JOLI-COEUR: Non, je n'entends pas que les installations sont faites
avec des câbles coaxiaux, mais en fait, au point de vue de la
téléphonie, le territoire du Québec est couvert,
aujourd'hui, par les compagnies de téléphone alors qu'au point de
vue de la câblovision, évidemment, pour des questions
d'économique, ce sont les plus grands centres qui ont été
couverts en premier et les plus petits centres par la suite.
Il y a, en fait, au-delà de 50 p.c. du territoire du
Québec qui n'est pas couvert par la câblovision ou la
câblodistribution. Je pense que c'est un élément. Quand on
dit qu'on fait une loi avec des règlements, cela va s'appliquer à
des entreprises qui sont en place actuellement et les endroits moins lucratifs
vont rester des endroits non couverts, à moins que le Québec,
lui-même ne devienne un câblodistributeur. En effet, s'il n'y a pas
un intérêt économique, je ne pense pas que nous verrons des
compagnies de câble s'établir dans des endroits
éloignés que nous desservons déjà comme compagnie
de téléphone.
Alors, sur cette remarque, je passe la parole à M...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous permettez, Me Joli-Coeur, il ne faut
jamais oublier que, dans les endroits éloignés où il n'y a
pas de service de câblodistribution et où il sera
nécessaire d'en établir, la régie peut toujours ordonner
que l'on utilise vos installations ou celles d'autres entreprises identiques
à la vôtre.
M. JOLI-COEUR: C'est justement dans ce sens que nous allons au devant,
peut-être, de la réglementation ici pour faire réellement
de la compagnie de téléphone une compagnie de
télécommunication, de communication pour toutes les
données, qui soit réellement sous le contrôle de la
régie. Dans le moment la régie peut nous ordonner des choses,
alors qu'elle ne peut pas ordonner à des compagnies qui n'existent pas
ou même à des compagnies de câble d'étendre leur
réseau. Elle peut nous ordonner à nous de fournir des services
aux contribuables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une dernière précision, parce
que je suis un peu inquiet après ce que vous venez de dire. Est-ce que,
quand vous parlez de vos entreprises de communication, de
télécommunication, il n'y a pas sous-jacente à vos
propositions l'idée que vous devriez avoir l'exclusivité des
appareillages techniques?
M. JOLI-COEUR: Oui. L'idée est clairement énoncée
dans notre mémoire: les appareillages techniques simplement pour la
transmission. Quand nous arrivons à la question de programmation ou de
l'appareillage qui sera nécessaire à l'entreprise
particulière de câble pour qu'elle fournisse, si ce n'est pas pour
faciliter, eh bien, cela appartiendra à l'entreprise de câble,
mais le transport des communications devrait être laissé à
l'entreprise de communication, l'entreprise de téléphone
actuelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous comprenez que là vous nous placez
dans une autre situation tout aussi difficile, c'est que, si cela devait
être, l'entreprise de câblodistribution deviendrait presque
fatalement une entreprise de télédiffusion.
M. JOLI-COEUR: Pas nécessairement. Cela dépendra
évidemment des directives qu'elle a reçues.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais l'évolution peut se faire
dans ce sens.
M. JOLI-COEUR: En enlevant jusqu'à un certain point, en
soustrayant les entreprises de câblodiffusion ou de distribution des
investissements de l'ordre on parlait de $27 millions dans un cas et de
$25 millions dans l'autre ces investissements en grande partie seraient
faits par l'entreprise téléphonique et elles pourraient
elles-mêmes avoir je pense à l'argument qu'on nous donnait
de besoins financiers des revenus qui leur permettraient
d'évoluer dans leur distribution et leur programmation pour devenir
réellement des transporteurs de pensée et des transporteurs de
messages communautaires ou de tout ordre, suivant les priorités que le
Québec pourra leur donner. On serait complètement exclu de ce
domaine; on serait simplement les techniciens qui fourniraient à ces
entreprises les moyens nécessaires pour le faire à des
coûts que la Régie des services publics fixerait pour qu'on ne
puisse pas accuser les compagnies, non pas seulement accuser... Nous sommes
là pour faire un profit, mais nous sommes réglementés dans
nos profits. Alors, le coût pour l'utilisateur à la fin serait
régi par le service et comme il y a une polyvalence du câble,
nécessairement les coûts seraient moindres que si on multiplie les
transporteurs dans la même région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Mercier...
M.MERCIER: C'est difficile, évidemment, sur un territoire aussi
vaste que le nôtre, de dire: De façon générale,
ça va coûter tant. En général, on peut dire que,
nous, ça nous coûte environ $5,000 le mille pour poser un
câble coaxial. Les câblodiffuseurs ont parlé de $6,000 : je
ne sais pas quel est le coût réel à eux, mais ils ont
parlé de $6,000. Maintenant, il y a un autre fait que j'aimerais faire
ressortir. Nous, on a des hommes et des équipements un peu
partout dans notre territoire. Dans le territoire qu'on dessert, assez
souvent je regardais la liste de câblodiffuseurs ce sont
des endroits où il y a 400, 500 abonnés: c'est difficile pour eux
d'avoir l'organisation nécessaire pour pouvoir faire les travaux.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les régions que vous desservez,
vous entendez dire...
M. MERCIER: Pardon?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les régions que vous desservez.
M. MERCIER: Justement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne parlez pas de Montréal.
M. MERCIER: Pas dans la ville de Montréal. Aucun de nos membres
n'est à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que des câblodistributeurs, il y
en a quand même qui ont 170,000 abonnés.
M. MERCIER: Oui, mais si vous regardez la liste, vous prenez les six
premiers et les 139 autres, c'est plutôt petit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M.MERCIER: Etant donné qu'on est déjà
installé dans notre territoire, ce sera beaucoup plus facile pour nous
et, par conséquent, de le faire à un coût moindre que les
câblodiffuseurs.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Me Joli-Coeur, je voudrais vous poser une
dernière question. J'aurais évidemment aimé
d'autres pourront le faire vous interroger sur le coût de vos
services de téléphone cela n'entre pas
véritablement dans le cadre de cette dicussion, nous pourrons la
reprendre en un autre endroit mais est-ce que vous avez eu,
récemment ou il y a quelque temps, des discussions avec les
câblodistributeurs en ce qui concerne l'utilisation éventuelle de
vos appareillages techniques?
M. JOLI-COEUR: Je puis dire que, pour le territoire couvert par les
indépendants, nous n'avons pas eu de discussion récemment. Il y a
eu, évidemment, des ententes de faites; je sais qu'avec
Québec-Téléphone il y a eu des demandes mais il n'y a pas
eu d'entente pour simplement accepter les fils de certains
câblodistributeurs. Cela a été fait avec
Continental-Téléphone, je sais que cela a été fait
avec Québec-Téléphone, mais il n'y a pas eu d'autres
discussions.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez eu des discussions, des
rencontres avec les autres entreprises de téléphone, y compris la
société Bell, pour déterminer des coûts, pour faire
l'examen des coûts concernant la pose des câbles et l'utilisation
de nouveaux appareillages techniques?
M. JOLI-COEUR: Je demanderais cela à M. Mercier, il est plus au
courant.
M. MERCIER: Non, à ma connaissance, aucun de nos membres n'a eu
de discussion avec d'autres compagnies de téléphone comme Bell,
Télébec, etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie, messieurs.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Je voudrais rester, si vous le voulez bien, sur cette
question des coûts que je trouve très importante. Je vais
reprendre avec M. Mercier qui vient juste de mentionner que les entreprises de
téléphone, en général, pouvaient poser du
câble coaxial à $5,000 le mille. Est-ce que ces $5,000 comprennent
les équipements connexes, c'est-à-dire les amplificateurs et
autres?
M.MERCIER: Oui.
M. LATULIPPE: Les entreprises de câblodiffusion nous ont dit que
jusqu'à présent la majorité des compagnies de
téléphone ne s'occupaient pas de ce secteur-là, ne
posaient pas les amplificateurs, ne faisaient même pas les joints
principaux sur les lignes. Tout ce que ces compagnies fournissaient,
c'était le câble coaxial, un point, c'est tout, de telle sorte que
les entreprises de câble elles-mêmes faisaient l'entretien de
l'appareillage, parce que c'est une ligne qui mérite d'être
équilibrée de temps à autre, et elles fournissaient les
appareils d'amplification et autres appareils techniques.
M. MERCIER: Comme nous le disions tout à l'heure, nous n'avons
pas eu de cas où nos membres louent ces services à des
câblodiffuseurs.
M. LATULIPPE: C'est un service, en fait, que vos membres n'ont jamais
fourni à des sociétés de câblodiffusion
jusqu'à présent.
M. MERCIER: Non.
M. LATULIPPE: Donc, vous n'avez pas d'expérience
là-dedans.
M. MERCIER: Non, mais nous avons posé des câbles coaxiaux
pour nos propres fins.
M. LATULIPPE: Est-ce que c'étaient des
câbles coaxiaux pour des fins de câbiodiffusion ou à
des fins...?
M. MERCIER: Oui, on a eu des demandes de certains organismes qui
voulaient se lancer dans le domaine et ils nous ont demandé combien cela
coûtait. C'est de cette façon qu'on le sait, si vous voulez.
M. LATULIPPE: Effectivement, vous n'avez pas fait
d'expérience.
M. MERCIER: Non.
M. LATULIPPE: Ce sont seulement des expertises, des études qui
ont été faites.
M. MERCIER: II y a quand même ceux qu'on a posés pour nos
propres fins.
M. LATULIPPE: Mais ceux que vous avez posés pour vos propres
fins, est-ce que ce sont des câbles coaxiaux qui relient deux points
donnés ou si ce sont des câbles qui déservent un
réseau d'abonnés?
M. MERCIER: Non, c'est entre deux points donnés.
M. LATULIPPE: Entre deux points donnés. Ce n'est pas tout
à fait la même chose parce qu'hier, si vous vous souvenez bien,
National Cablevision nous a dit que je ne sais pas si vous êtes
d'accord sur ces données-là; vous les confirmerez ou vous les
infirmerez le coût d'installation d'un câble, selon ses
pronostics de développement actuels, était de $2,500 et autant
pour les équipements qui sont nécessaires pour faire fonctionner
ce câble.
Je ne parle pas des instruments de programmation, mais je parle des
amplificateurs et des appareils pour faire les joints...
M. MERCIER: Disons que cela revient sensiblement au même
coût que ce qu'on vient de dire. C'est parce que quelqu'un a
mentionné, à un moment donné, que c'était de $6,000
le mille.
M. LATULIPPE: Disons que cela venait aussi un peu en contradiction avec
ce qui a été dit hier et je voulais refaire le point sur cette
question.
Vous avez dit aussi qu'actuellement et pour l'avenir, si les compagnies
de téléphone n'ont pas une juridiction sur la
propriété des câbles coaxiaux, naturellement, étant
donné qu'une entreprise de radio et de câbiodiffusion a un objet
qui est celui qu'on connaît aujourd'hui et que, d'autre part, vous vous
attendez de donner d'autres services comme la télémesure et
divers trucs audio-visuels qui sont possibles aujourd'hui, vous avez donc dit
qu'effectivement, vos compagnies dans le domaine de la téléphonie
vont s'orienter vers les câbles coaxiaux. Mais vous avez pris soin de
dire également que, dès le départ, il y aura juxtaposition
de deux câbles, soit celui de la paire de fils et du câble coaxial.
Dans combien de temps croyez-vous qu'il sera devenu nécessaire pour les
compagnies de téléphone d'étendre à Québec
des câbles coaxiaux, pour leurs propres besoins? Est-ce que des
études ont été faites dans ce sens-là, qui
pourraient justifier...
M.MERCIER: C'est difficile à dire. Les développements s'en
viennent à un pas accéléré, mais c'est difficile de
vous dire qu'en telle année, tout le réseau desservi par nos
membres sera couvert. Cela dépend de la demande de nos abonnés
aussi.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous seriez en mesure de nous dire quelle est
la vie moyenne d'utilité d'un câble coaxial?
M. MERCIER: Evidemment, les développements technologiques sont
assez rapides, mais je dirais que la vie est entre dix et quinze ans.
M. LATULIPPE: Dix et quinze ans. Donc, si vous teniez pour acquis,
actuellement, que vous câbliez tout le Québec avec des
câbles coaxiaux, vous le feriez et ce seraient des investissements qui
seraient faits pour une période de quinze ans. Dans quinze ans, il
faudrait les renouveler.
M. MERCIER: Oui.
M. LATULIPPE : Donc, dès le départ, je me demande quel
serait pour vous étant donné que vous êtes
obligés d'avoir deux systèmes, dès le départ, tel
que vous l'avez mentionné l'avantage marqué à ce
que, dès maintenant, dans une loi ou dans une réglementation qui
est présentement à l'étude, nous vous réservions le
secteur de la propriété des équipements de base qui
servent, dès le départ, en majeure partie aux fins de
distribution de signaux qui sont actuellement acheminés par les
câblodiffuseurs?
M. MERCIER: Je pense que le projet de règlement n'est pas fait
seulement pour cette année ou l'an prochain. C'est un projet à
long terme. Et à long ternie, je crois qu'on ne peut pas en sortir.
M. LATULIPPE: Mais je pense bien qu'un projet de règlement reste
un règlement et il sera certainement, à l'expérience,
révisé d'année en année. Parce que, justement, si
le législateur a voulu que ce soit un règlement, c'est parce
qu'il a conçu, à mon point de vue, qu'il fallait dans ce
domaine-là une certaine souplesse pour s'adapter, adapter
constitutionnellement sa réglementation aux besoins du milieu. Dans ce
sens-là, je trouve que l'argumentation que vous soutenez actuellement
peut certainement perdre un peu de son acuité.
Si les compagnies de téléphone étendaient
leurs réseaux à tous leurs abonnés au
Québec, tel que vous semblez vouloir le dire, dans un avenir de 25, 30
ou 40 ans, cela nécessiterait des investissements de quel ordre? On
remplacerait le système de paires de fils par le câble coaxial
chez l'abonné et ces mêmes câbles coaxiaux pourraient servir
également à des fins de téléphonie, à des
fins de câblodiffusion et à d'autres fins,
télémesures et autres?
M. MERCIER: A première vue, je n'ai pas d'idée sur le
montant que ça peut coûter.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous connaissez actuellement des entreprises au
Québec, au Canada ou aux Etats-Unis qui implantent des câbles
coaxiaux jusqu'à la résidence du client, pour des fins de
téléphonie?
M. MERCIER: J'ai entendu parler d'une expérience qui est assez
loin de chez nous, au Japon. Dans un secteur de la ville de Tokyo, il y a un
seul réseau de câble coaxial pour tous les services de
communication. C'est un projet qui devait s'implanter, mais je n'en ai pas
entendu parler par la suite. Est-ce que c'est réalisé à
l'heure actuelle ou non? Je ne pourrais pas vous le dire.
M. LATULIPPE: Dans le domaine de l'expérience passée, vous
n'êtes pas en mesure de nous dire si les possibilités techniques
actuelles peuvent permettre, d'une façon rentable, d'utiliser les
câbles coaxiaux à des fins téléphoniques
actuellement ?
M. MERCIER: Au point de vue technique, c'est réalisable
aujourd'hui.
M. LATULIPPE: Au point de vue de la rentabilité?
M. MERCIER: Au point de vue de la rentabilité, certains cas sont
rentables, d'autres le sont moins.
M. LATULIPPE: Si, dans certains cas, ils sont rentables, est-ce qu'il y
a des cas qui ont été étudiés au Québec
où ce serait rentable de le faire?
M. MERCIER: Non, je n'ai pas de cas pour le Québec.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais également une
autre question à poser. Advenant que le règlement reste ce qu'il
est, tel que conçu actuellement, il faut tout de même admettre que
le grand problème qui peut se poser entre l'industrie du câble et
l'industrie de la téléphonie, relativement à la
propriété des équipements, ne se trouve pas
réglé et la situation reste ce qu'elle est. Dans un tel contexte,
comment pouvez-vous concilier l'article 6 et l'article 5? A mon point de vue,
actuellement, les entreprises de téléphonie, à la lecture
des divers articles, peuvent se rattacher dans une certaine mesure à la
câblodiffusion. Si effectivement on s'oriente en laissant à des
étrangers, dans la majorité des cas la propriété
des équipements majeurs, c'est-à-dire les équipements
majeurs pouvant servir à la câblodiffusion, à ce
moment-là comment peut-on répondre à l'impératif de
80 p.c. de résidents du Québec, dans l'investissement? Est-ce que
ça vous touche d'une façon ou d'une autre?
M. JOLI-COEUR: Cela ne nous touche pas du tout dans le moment. En fait,
nous sommes exclus par l'article 6.
M. LATULIPPE: Supposons qu'on vous imposât une règle de 80
p.c. de résidents du Québec pour être actionnaires chez
vous, est-ce que c'est une mesure qui vous causerait des préjudices?
M. JOLI-COEUR: C'est évidemment une question hypothétique
qui, dans le cas de 21 des membres, ne se pose pas, parce que ce sont des
actionnaires entièrement du Québec pour 21 entreprises. Dans le
cas des deux autres, ça poserait certainement un problème. Je
sais qu'au moins une entreprise, Continental Téléphone, qui a un
réseau de 15,000 abonnés, ferait comme elle a fait jusqu'ici,
elle se soumettra aux décisions de la régie ou des
autorités gouvernementales lorsque ce sera décidé.
M. LATULIPPE: Mais si vous revendiquez la propriété
exclusive des équipements dans le domaine des transporteurs publics,
pourquoi une mesure comme celle-là ne s'appliquerait-elle pas
également à vous? Si vous êtes propriétaires des
moyens techniques de réaliser les objectifs de l'entreprise, qui
s'appelleraient le câblodiffusion, à ce moment-là pourquoi
imposerait-on des normes à la câblodiffusion? Le
propriétaire des investissements majeurs de cette entreprise-là
se verrait lui, parce qu'exclu de la réglementation, soustrait à
une règle visant essentiellement à ce que ce soient les
Québécois qui assurent la gouverne des affaires dans le domaine
de la câblodiffusion?
M. JOLI-COEUR: Je pense que c'est une question qui doit beaucoup plus
être posée au législateur qu'à nous.
Maintenant, comme réponse, en premier lieu, nous ne voulons pas
être des câblodistribu-teurs. Nous l'avons établi clairement
dans notre mémoire. Deuxièmement, je pense que le but de la loi,
évidemment, est de protéger une culture et un mode de vie dans le
Québec. Cette culture et ce mode de vie sont les nôtres aussi,
dans le contexte actuel. Enfin, nous serions les détenteurs des
câbles mais nous ne serions pas les gens qui feraient la programmation et
qui feraient la distribution des messages et de la
culture, de ce mode de câblodistribution comme moyen de
culture.
Alors, nous ne le sommes pas et je ne vois pas pourquoi, à ce
moment-là, il y aurait une loi qui nous affecterait plus qu'une autre
entreprise dans le Québec.
M. LATULIPPE: Mais, dans le fond, à ce moment-là, les
entreprises de câblodiffusion s'occupent simplement du contenu. Je trouve
que ces entreprises n'auront que des investissements relativement mineurs parce
que, à mon point de vue, le gros des investissements se fait dans
l'infrastructure et dans l'équipement technique pour se rendre chez
l'abonné.
M. JOLI-COEUR: C'est justement notre intention. C'est que les compagnies
de câble auront des investissements mineurs et devront ou pourront bien
plus s'occuper...
M. LATULIPPE: Vous ne trouvez pas que cela devient un peu superflu que
de dire : II faut que ce soit contrôlé à 80 p.c. par des
résidents québécois?
M. JOLI-COEUR: Evidemment, c'est difficile pour moi de répondre
à cette question pour les câblodistributeurs. La
câblodistribution est un véhicule qui servira
définitivement à transporter la culture et à propager la
culture québécoise. Alors, c'est peut-être dans l'esprit du
législateur une protection, mais c'est difficile pour nous de...
M. LATULIPPE: M. Joli-Coeur, j'aimerais reprendre un thème que
vous venez de mentionner. Quand vous dites que ce serait pour les
câblodistributeurs un investissement moindre, je suis d'accord lorsque
l'on parle d'investissements en termes comptables. Mais en fin de compte,
est-ce que, effectivement, cela constituerait quelque chose qui leur
coûterait meilleur marché puisque les câblodiffuseurs nous
ont dit qu'effectivement les compagnies de téléphone, dès
la première année, exigeaient à peu près
l'équivalent du coût de l'implantation des câbles?
M. JOLI-COEUR: Je pense qu'on a parlé d'un cas précis
à Montréal et, évidemment, d'une compagnie qui n'est pas
soumise à la Régie des services publics.
M. LATULIPPE: Selon vos études, quel est le prix que vous auriez
demandé aux clients éventuels qui se seraient
présentés chez vous? Quelle est la nature du contrat que vous
auriez négocié avec l'entreprise de câblodiffusion?
M. JOLI-COEUR : Je vais demander, sur ça, à M. Mercier de
répondre.
M. LATULIPPE: Relativement au prix demandé la première
année et les années suivantes.
M. MERCIER: Evidemment, on ne s'est pas rendu encore au contrat puisque
cela s'est résumé, ni plus ni moins, les cas qu'on a eus,
à une rencontre préliminaire. On a discuté des territoires
qui devaient être couverts et ainsi de suite. On n'est pas arrivé
à un contrat ferme.
M. LATULIPPE: Les renseignements qu'on a eus des câblodiffuseurs
sont qu'on leur faisait payer dès la première année
pratiquement le coût de l'investissement qu'ils auraient pu faire
eux-mêmes et que, par la suite, on leur demandait un loyer annuel qui
semblait raisonnable et que, en définitive, c'étaient eux qui
payaient tout l'investissement, dès le départ, et que cela
revenait exactement au même, au point de vue pratique.
M. MERCIER: Avant de répondre à cette question, j'aimerais
revoir un cas précis où on verrait ce qui a été
payé au départ et le loyer qui est demandé par la suite.
Je n'ai pas ces chiffres en main.
M. LATULIPPE: Donc, vous ne pouvez pas, effectivement, soutenir
l'affirmation, à mon point de vue, que vous souteniez tout à
l'heure, que c'était, pour les câblodiffuseurs, une
économie au niveau de l'investissement dès le départ, si
vous n'êtes pas en mesure de nous fournir les renseignements que je
voulais.
M. MERCIER: Ce que j'ai dit, c'est qu'un câblodiffuseur nous a
dit, au début des séances, que cela coûtait $6,000 le
mille, et moi, je vous ai dit que, dans l'étude que nous avons faite,
c'était $5,000 le mille. Ensuite de cela, il faut rattacher toute une
série d'appareils de vérification que nos compagnies de
téléphone, pour la majorité, ont déjà en
main, tandis qu'un câblodiffuseur devra les acheter. En plus on a du
personnel situé un peu partout avec l'équipement
nécessaire pour poser les câbles, ce que la plupart des
câblodiffuseurs n'ont pas actuellement. Une petite entreprise surtout
aurait peut-être de la difficulté à...
M. LATULIPPE: Ces appareils de vérification technique, pour vous,
est-ce que cela représente beaucoup d'investissements?
M. MERCIER: Ce sont des appareils assez dispendieux. Evidemment, cela
dépend un peu de la qualité du signal qu'on veut donner. Mais, de
façon générale, l'équipement de vérification
est assez dispendieux.
M. LATULIPPE: Disons que le point majeur, c'était ce que M.
Joli-Coeur nous disait tout à l'heure. Il nous disait que si
l'entreprise de téléphonie faisait l'investissement pour les
principales parties de l'infrastructure du réseau, c'est-à-dire
les câbles principaux, c'était autant de moins pour le
câblodiffuseur. Donc, c'était une économie pour lui. Je
vois difficilement que ce soit une économie, parce que, en fin de
compte, il y a quelqu'un qui va payer. Définitivement, c'est
l'abonné qui va payer cela.
M. JOLI-COEUR: En fait, c'est la régie qui va fixer le taux qui
sera chargé au câblodistribu-teur. Evidemment, il y a
peut-être eu des contrats je ne les connais pas, je ne les ai pas
devant moi où les prix ont pu être exorbitants ou non; c'est
facile à vérifier si on a les données techniques
précises. Je pense que la régie a le personnel pour
vérifier. Si, au lieu d'investir, on parle de $27 millions dans
cinq ans, dans le cas d'une entreprise cet investissement est fait par
la compagnie de téléphone et qu'un loyer est exigé pour
l'utilisation du câble qui pourra servir à d'autres choses,
certainement il y aura une économie, et le tarif pourra être
établi par la régie pour l'utilisation du câble.
M. LATULIPPE : M. le Président, j'aurais une dernière
question, parce que je trouve que c'est important. Je l'adresserais au
ministre: Est-ce qu'il y a une étude, par ses fonctionnaires
peut-être, de faite à son ministère, à sa
connaissance ou non, ou une espèce de relevé des coûts que
les compagnies de téléphone peuvent exiger des compagnies de
câblovision pour qu'elles aient droit de se servir de leur réseau
de câbles coaxiaux?
M. L'ALLIER: Non, M. le Président, parce que le principal
locateur d'équipement ou de câbles coaxiaux aux compagnies de
câble actuellement est Bell Canada, sur laquelle nous n'avons aucune
responsabilité et à qui on ne peut pas poser ce genre de
questions, semble-t-il. Deuxièmement, la Régie des services
publics, au moment d'audiences sur ces questions, pourra obtenir ces
renseignements. Quant à nous, tout ce dont nous disposons comme
renseignements, c'est ce qui a été donné comme exemple
particulièrement par, si je me souviens bien, National Cablevision,
à qui on pourrait, éventuellement, demander de revenir ici et de
nous donner un cas précis et des chiffres concrets quant à une
location donnée sur un territoire identifié.
M. LATULIPPE: Je voyais M. Levasseur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez l'intention de demander à la
société Bell de venir devant nous? Elle échappe à
notre contrôle.
M. L'ALLIER: Nous aurons, je crois, tout à l'heure, l'occasion
d'entendre les représentants de Télébec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les associés de Bell Canada.
M. L'ALLIER: C'est plus qu'un associé, c'est un fils.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que cela permettrait aux
observateurs du gouvernement d'Ottawa qui sont ici dans la salle d'avoir une
image complète de la situation, étant donné que ce sont
eux qui prétendent avoir compétence sur Bell.
M. L'ALLIER: Non, on ne les a pas invités. On ne les a pas
invités, remarquez M. le Président, mais ils sont toujours les
bienvenus.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je pense qu'on a dit tantôt que le territoire couvert
par l'ensemble des membres que vous représentez est environ 50 p.c. Il y
a 23 entreprises qui relèvent de votre association. L'ensemble de cette
association recouvre combien de foyers en pourcentage? Et, dans le pourcentage
d'affaires, cela représente quoi, comparativement au total dans le
domaine du téléphone au Québec?
M. MERCIER: D'abord, dans le territoire couvert par nos membres, il y a
à peu près 600,000 habitants. Je pense que la moyenne, c'est
à peu près quatre par famille. Cela ferait à peu
près au-delà de 100,000 foyers, si vous voulez.
M. LEGER: Dans le pourcentage des affaires comparativement aux affaires
faites par l'ensemble de ceux qui sont dans le domaine de la
téléphonie, cela correspond à quoi, en chiffres, en
pourcentage?
M. MERCIER: Je dirais que c'est moins de 10 p.c. de tout ce qu'il y a au
Québec.
M. LEGER: A l'article 32, je pense c'est là-dessus qu'on
achoppe depuis le début de la commission c'est sûr que le
problème est double, de savoir qui devrait avoir les installations et si
cela devrait être uniquement les compagnies de téléphone ou
l'Hydro-Québec ou bien si les compagnies de câble devraient
elles-mêmes être propriétaires. S'il n'y avait qu'une
juridiction, ce serait plus simple, en ce sens que les intérêts
des deux groupes, câblodis-tributeurs d'un côté et compagnie
de téléphone d'autre part, seraient sauvegardés. Dans une
même juridiction, il est possible d'établir une
réglementation qui permettrait d'éviter qu'un des deux groupes
diminue ou dérange les intérêts de l'autre groupe ou soit
un danger pour l'autre groupe.
Le deuxième problème est le suivant: Les six plus gros
câblodistributeurs, dans l'ensemble, désirent être
propriétaires des installations à cause du coût et de la
possibilité de capitaliser là-dessus ou d'avoir une
capitalisation pour permettre un meilleur développement, avoir des
garanties. Ce n'est pas la même chose pour les 139 autres, qui ont
peut-être des moyens
financiers moins grands pour désirer être
propriétaires du câble. C'est sûr que, tôt ou tard, il
faudrait qu'il y ait un phénomène de regroupement de plusieurs de
ces entreprises de câble pour permettre d'avoir du poids au point de vue
financier, pour désirer la même chose.
Je pense que ce sont les deux problèmes. Le fait est qu'un
certain groupe est assez fort et désire être propriétaire.
L'autre ne l'est pas. Une réglementation provinciale doit tenir compte
de ces deux choses.
Je pense que cela situe les deux grands problèmes que nous avons
devant nous concernant l'article 32.
De votre côté, si vous désirez vous-mêmes
être les transporteurs ou les propriétaires des instruments qui
vont transporter les messages, les communications, chez vous, est-ce que vous
avez ou vous auriez, même si vous n'êtes pas rendus jusqu'au
contrat, des restrictions dans le contrat comme celles que la compagnie Bell
Canada faisait pour les compagnies de câblodis-tribution?
M. JOLI-COEUR: Nous, nous laisserions tout simplement la régie,
qui a les pouvoirs de le faire, imposer les restrictions qui pourraient
être à l'avantage des usagers.
M. LEGER: II semble y avoir une définition différente du
câble coaxial, selon qu'elle vient des responsables de compagnies de
téléphone et des responsables de compagnies de câble. Les
responsables du câble nous disaient que ce sont deux câbles
absolument différents. Le câble coaxial, pour l'entreprise de
communication par le câble, était très différent du
câble du téléphone. C'était un signal qui allait
dans les deux directions pour le téléphone tandis que l'autre
était un câble qui n'envoyait que des messages.
Est-ce que vous calculez que c'est réellement dans le même
câble que passeraient le message téléphonique, les signaux
téléphoniques et les signaux des émissions de
télévision par câble?
M.MERCIER: Tout récemment, quand on parlait de polyvalence de
câble, c'est à ça qu'on faisait allusion, c'est que notre
intention est de tout canaliser dans le même câble, un câble
pour tous les services.
M. LEGER: Qu'est-ce que vous répondez à la compagnie de
câble qui dit que ce sont deux câbles absolument
différents?
M. MERCIER: C'est que leur source d'information n'est peut-être
pas bonne.
M. JOLI-COEUR: Les compagnies de câble, en employant le mot
anglais, ont voulu limiter des compagnies de téléphone à
des compagnies de transmission dans les deux sens avec du "switching", comme on
dit. Par contre, dans le câble coaxial, il n'y avait pas, pour employer
encore ce mot, de "switching", c'était tout simplement une communication
dans un sens. Mais on commence déjà à avoir la
communication dans les deux sens. Ces compagnies prévoient on a
vu, entre autres, la projection audio-visuelle que, dans le moment,
c'est simple-en direction de l'usager, d'une station émettrice en
direction de l'usager.
Mais on prévoit déjà des communications de l'usager
vers un ordinateur pour certaines données
téléinformatiques et autres. Si ce système est le
moindrement étendu, elles devront elles aussi employer soit des cerveaux
électroniques ou du "switching". C'est ce qui s'en vient dans l'avenir.
La communication se fait actuellement de l'abonné à ce cerveau
électronique, mais il y aura plus tard on peut prévoir
cela une nouvelle communication du cerveau avec retour à
l'abonné. Parce que là, on demande un service comme le service de
la météo. Il n'y a pas de retour à l'abonné; c'est
simplement sur un canal, mais on peut prévoir techniquement que cela se
fera à l'avenir.
M.MERCIER: M. le Président, j'aimerais ajouter un détail.
Actuellement, on a des voies téléphoniques bidirectionnelles sur
un câble identique au câble des télédiffuseurs. C'est
donc possible.
M. LEGER: Vous parlez de $5,000 le mille pour l'installation, en
incluant les amplificateurs, etc. Et ces compagnies parlaient de $6,000. Je me
demande si les $6,000, ne provenaient pas justement... Ces gens avaient fait un
chiffre hypothétique, c'est-à-dire que, partant d'une
hypothèse de 100 milles de câble, ils avaient dit que cela
coûterait environ $450,000 d'équipement pour dix ans et $20,000
par année de location; ce qui faisait leur $650,000. Alors, il y avait
une question de location en plus. C'est peut-être cela la
différence entre les $5,000 et les $6,000 le mille.
M. MERCIER: Je ne sais pas justement, de quelle façon ils ont
fait leur calcul, mais il y a un facteur qu'il ne faut pas qu'ils oublient,
c'est qu'il y a de la dépréciation à payer. Il faut payer
de l'argent sur les intérêts; il faut payer des impôts. Je
ne sais pas s'ils tiennent compte de tous ces facteurs.
M. LEGER: II y a aussi l'autre aspect; vous avez dit tantôt que la
durée, l'usure possible du câble coaxial était de 10 ans
à 15 ans. Si vous-mêmes avez les mêmes barèmes que
les compagnies de téléphone qui disent que cela coûterait
$450,000 pour l'hypothèse des 100 milles, $450,000 pour le coût
d'installation et qu'ils demeurent propriétaires de cela, est-ce que
cela veut dire que, de votre côté, quel que soit le prix que vous
exigeriez pour l'installation, au bout de 15 ans, si c'est usé, comme
vous êtes encore propriétaires de cela, vous exigeriez une
deuxième fois ce déboursé pour
des installations nouvelles? Ou bien les $450,000 qu'on disait qu'ils
devaient payer, ce serait définitif et, après la location de
$20,000 par année, c'est cela qui se continuerait pour 10 ans ou 20 ans,
mais que, le coût initial, ce serait à la compagnie de
téléphone à changer l'équipement?
M. MERCIER: Justement, c'est entré dans le calcul sous forme de
dépréciation. La dépréciation c'est d'accumuler
l'argent pour pouvoir reconstruire lorsque le réseau devient
désuet. Quand on parle de 15 ans, c'est une vie moyenne; il y a des
câbles qui peuvent durer moins. On peut avoir un déplacement de
rue dans une ville, par exemple. Au bout de 5 ans, on est obligé de
refaire le câble. Par contre, il y en a d'autres qui peuvent durer 20 ans
et il n'y aura rien qui s'y passera. On dit que la vie moyenne sera de 15
ans.
M. LEGER: Est-ce que, chaque fois qu'il y aura un câble
d'usé, vous facturerez la compagnie de câble pour ces
dépenses de changement de matériel?
M.MERCIER: Non. C'est entré dans le calcul cela. Justement,
l'accumulation de la dépréciation permet, au bout de 15 ans, de
reconstruire le cable.
M. LEGER: Est-ce que je peux parler au ministre? Est-ce que la
régie se réserverait le droit de vérifier et de
réglementer cette portion où l'on voit qu'une partie très
vaste du Québec, mais très peu dense, pourrait louer des
équipements, tel que l'article 32 le propose? Dans les régions
plus denses, pour permettre le développement que nous demandent les
compagnies de câblodistribution, est-ce que cela pourrait être un
achat ou la possibilité d'implanter eux-mêmes les
câbles?
M. L'ALLIER: A mon avis, M. le Président, l'article 32 tel que
rédigé donne précisément à la régie
cette latitude d'évaluer, sur place et compte tenu des potentiels
d'implantation, ces situations et de trancher en ce sens. Ce dont la
régie doit tenir compte, comme tout organisme d'adjudication, c'est de
l'équilibre qui doit exister entre les bons et mauvais risques qu'on
donne à une même entreprise.
Si on accorde à une compagnie de téléphone un
territoire densément peuplé qui, par définition, est plus
rentable, il est normal que la régie, dans le même temps, ne
confie pas à une autre compagnie ou à une autre
société, qu'elle soit de câble ou de
téléphone, un territoire qui, lui, ne sera pas rentable pendant
50 ans. La régie a cette souplesse et, effectivement, pour les
compagnies de téléphone dont elle a la juridiction, elle
procède depuis le début en ce sens-là. Et je pense que les
membres de l'association peuvent le confirmer. Ils se sont vu imposer des
obligations qui, dans leur strict sens de rentabilité, ne sont pas
rentables pour l'entreprise, mais, sur une longue période de temps,
compte tenu d'autres avantages donnés aux sociétés, ils
deviennent supportables pour l'économie, notamment la réduction
obligatoire, sur une période de temps, à un maximum de quatre
abonnés par ligne dans le domaine du téléphone. La
régie procède exactement dans ce sens-là.
M. LEGER: Pour permettre une politique intégrée des
communications, actuellement, la régie a quand même juridiction,
je pense, sur le Téléphone du Nord et sur Télébec,
mais elle ne l'a pas sur Bell Canada. Est-ce que le ministre entrevoit ou
est-ce qu'il y a actuellement des rencontres, des pressions qui se font pour
que Bell Canada, dans sa partie du Québec qui n'est pas régie,
où Télébec et le Téléphone du Nord n'ont pas
de responsabilité, est-ce possible, via Télébec ou le
Téléphone du Nord, que le reste du Québec, qui a le
service de Bell Canada, passe à la filiale du Bell pour tomber sous
juridiction québécoise?
M. L'ALLIER: Cest un peu loin du règlement qu'on étudie,
mais je peux répondre à la question. Disons, en toute logique et
intuitivement, que c'est une situation qui me paraîtrait beaucoup plus
normale que celle d'avoir, sous juridiction de la régie l'ensemble des
opérations québécoises de la société Bell
Canada. La société Bell Canada est devenue de juridiction
fédérale suite à une loi privée du gouvernement
fédéral et à la demande de la société Bell
Canada. Pour faire le mécanisme inverse, on peut bien demander,
solliciter, quant à nous; il reste que la décision et la
façon de le faire ce n'est pas de notre ressort.
Je ne voudrais pas, sur le plan strictement politique, faire des
invitations à la provincialisa-tion sans connaître vraiment toutes
les conséquences que cela peut avoir. Si, par exemple, cela se
traduisait par une hausse de tarifs ou une demande exagérée de
hausse de tarifs sur le territoire québécois ce qui ne me
paraîtrait pas normal, compte tenu du fait que des sociétés
québécoises fournissent actuellement des services ici au
même tarif que Bell ce sont tous des facteurs qu'il faut
évaluer. Pour répondre plus précisément à la
question, nous avons régulièrement invité la
société Bell Canada à accélérer son
processus d'étude en vue d'une provincialisation de ses activités
québécoises.
M. LEGER: Vous avez dit tantôt qu'il y avait deux compagnies, sur
les 23, qui ne correspondaient pas aux normes désirées par la
réglementation, soit d'avoir 80 p.c. de propriétaires
résidents. La deuxième compagnie, je présume, c'est
Québec-Téléphone. Pour
Québec-Téléphone, quel est le pourcentage de
propriétaires résidents du Québec?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Québec-Télé-
phone étant une compagnie inscrite à la Bourse de
Montréal et à la Bourse de Toronto, il est très difficile
de le dire. Ce que je peux dire, si le député de Lafontaine parle
du contrôle de la compagnie, c'est qu'il y a, à l'heure actuelle,
55 p.c. des actions qui sont détenues par une compagnie qui s'appelle
Anglo Canadian Telephone avec charte provinciale et résidant à
Montréal.
M. LEGER: Et les 45 p.c. sont sur le marché?
M. TREMBLAY (Jean-Marc): Sur le marché.
M. LEGER: Je pense que c'est tout ce que j'avais à demander dans
ce domaine. Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, seulement sur un aspect qui a
été soulevé par le député de Frontenac et
par le député de Lafontaine. M. Joli-Coeur, vous me corrigerez si
je présume peut-être de certaines choses, vous me direz si j'ai
tort.
En somme, que vous ayez ou non l'exclusivité dans le câble
coaxial, est-ce que c'est vrai, à cause des développements futurs
qui s'en viennent, par exemple le
téléphone-télévision, peut être un lien avec
des ordinateurs éventuellement, que vous soyez obligés de poser
quand même ce fameux câble, à cause des
développements futurs qui s'en viennent? Prévoyant cela, vous
vous dites: Pourquoi avoir deux câbles parallèles, étant
donné que vous serez obligés de le poser pour vos propres
besoins. Est-ce que c'est cela un peu votre pensée? C'est pour
cela...
M. MERCIER: Si je peux répondre à cette question, M. le
Président, c'est exact, d'autant plus qu'à l'heure actuelle du
moins, beaucoup de câblodiffuseurs ne répondent pas aux normes de
transmission qu'on exige sur ces câbles.
M. PEARSON: Ce qui veut dire qu'en même temps, plutôt que de
laisser se développer les compagnies de façon
désordonnée, vous aimeriez mieux, étant donné que
vous servez l'ensemble du Québec, qu'il y ait une planification qui soit
ordonnée et qu'il ne pousse pas un peu partout, un peu comme de la
broche à foin, des réseaux parallèles.
M. MERCIER: C'est exact.
M. PEARSON: Personnellement, en somme, c'est un argument qui
m'impressionne, qui me fait hésiter. Je ne suis pas prêt à
trancher cela au couteau pour dire qu'on va le donner ou on ne le donnera pas.
Mais je pense que c'est un argument vraiment sérieux et qui vaut la
peine d'être exploité.
M. LEGER: Le député de Saint-Laurent me permettrait-il une
dernière question que je voulais mentionner? Cela correspond à ce
qu'il vient de dire. Il y a eu deux chiffres qui ont été
mentionnés hier. Je ne sais pas si c'est le ministre qui pourrait
répondre à cette question. Les compagnies de câble nous
parlaient de la possibilité, dans un avenir rapproché je
pense dans quelques années d'atteindre 80 p.c. des foyers. Les
télédiffuseurs et les radiodiffuseurs parlaient hier de 45 p.c.
Est-ce qu'on parlait exactement de la même chose quand on a parlé
de 80 p.c. et de 45 p.c?
M. L'ALLIER: De mémoire, je ne vois pas à quoi vous faites
allusion. De toute façon, en termes de potentiel de
pénétration du câble, j'aurais plutôt tendance
à considérer les prévisions optimistes des compagnies de
câble plutôt que les prévisions pessimistes des
radiodiffuseurs.
M. LEGER: Mais de toute façon on parlait...
M. L'ALLIER: C'est entendu que ce sont eux qui sont dans le domaine.
M. LEGER: Les 45 p.c. mentionnés par les radiodiffuseurs et M. de
Gaspé Beaubien et les 80 p.c. des...
M. L'ALLIER: Je me souviens en fait de la discussion qu'il y a eu sur ce
point-là mais je ne me souviens pas si on faisait allusion aux
mêmes choses. On peut parler de la pénétration du
câble sur un territoire donné et dire que le câble est
accessible à 80 p.c. des citoyens, dont 50 p.c. s'en prévalent.
Et, à l'intérieur de ceux qui s'en prévalent, il y en a 20
p.c. qui utilisent la partie qui ne fait pas double emploi avec les canaux par
ailleurs accessibles par antenne. C'est tout cela qui est compliqué. Je
pense qu'il y a eu ambiguïté d'ailleurs; chacun donnait les
chiffres qui faisaient son affaire.
M. LEGER: Excusez-moi.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. le député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: J'aimerais vous poser une question mais, auparavant,
j'aimerais relire un paragraphe de votre mémoire que je considère
très important. Vous dites à la page 8: "En acceptant que la
polyvalence le mot polyvalence ici est extrêmement important pour
moi des systèmes de distribution par câble coaxial est
aujourd'hui une réalité et que les compagnies de
téléphone, conscientes de leurs responsabilités envers la
population qu'elles desservent, sont les pourvoyeuses sur leurs territoires du
medium dans la câblodistribution, il en résultera: a) un
accès à la télédiffusion par câble offert
à tous, avec une qualité et un choix égaux pour tous".
J'aimerais poser une question sur le premier
article, au point de vue de la facilité d'accès et de la
pénétration. Est-ce que, dans votre esprit, la
pénétration au sein de la population serait plus facile et
accentuée en se servant de common carriers?
M. JOLI-COEUR: Je crois que certainement cela a accentué la
tendance. Dans les territoires desservis par les indépendants, où
la population est de densité moindre, c'est moins attrayant pour les
compagnies de câble que Montréal ou Québec ou les grands
centres.
M. PERREAULT: A cause de la densité.
M. JOLI-COEUR: A cause de la densité. C'est sûr que les
compagnies de câble iront dans ces endroits-là de façon
secondaire. Si elles ne doivent pas faire l'investissement initial et que le
taux de rendement, le coût de cela, est régi par la régie,
il sera plus facile, je crois, du moins, aux compagnies de câble de
s'installer dans ces endroits et de demander les services des compagnies de
téléphone.
M. PERREAULT: Dans le deuxième paragraphe, vous dites: "Une
diminution des coûts sur la partie câblodiffusion en
répartissant plus exactement les coûts communs". S'il y a une
diminution de coûts sur la câblodiffusion, cela peut aussi
engendrer une diminution du coût du téléphone à
l'abonné, étant donné la polyvalence.
M. JOLI-COEUR: C'est de la polyvalence.
M. PERREAULT: Est-ce que là-dessus il y a une question en rapport
avec le rapport Rostoff qui a été fait aux Etats-Unis, qui date
d'il y a huit ou neuf ans, comme je le disais tout à l'heure, qui n'a
pas tenu compte de la technologie qui s'est faite depuis ce temps? Est-ce que,
pour les indépendants qui couvrent un territoire de très faible
densité, les conclusions du rapport sont totalement différentes,
dans votre optique, de celles qui ont été faites aux Etats-Unis
où ce rapport a été étudié pour un
système de grande densité?
M. MERCIER: C'est exact.
M. PERREAULT: La troisième chose; ici, vous dites, au paragraphe
c): une meilleure planification et une coordination améliorée du
réseau de communication lui permettant ainsi de rencontrer plus
adéquatement les besoins de la population présente et future
où qu'elle soit. Là-dedans, je pense bien qu'au point de vue de
la planification vous voulez dire tous les services futurs qui pourraient
être rendus par une même voie de communication.
M. MERCIER: C'est bien ça.
M. PERREAULT: Les services qu'on ne prévoit même pas
aujourd'hui, qui pourraient venir dans l'avenir. On a parlé de 30
canaux, mais je pense bien qu'avec la technique qui se développe, et le
switching solide, on pourra parler de beaucoup plus de 30 canaux sur un
coaxial.
M. MERCIER: On envisage même 80 canaux.
M. PERREAULT: Oui, c'est ce que je voulais vous faire dire. Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur la question des
coûts, vous avez bien dit tout à l'heure, c'est M. Mercier je
crois qui l'a dit, que ça coûte $5,000 le mille. Alors en
reprenant les chiffres qui nous ont été fournis par les
câblodistributeurs, je voudrais porter à votre attention les faits
suivants: on nous a dit que 5,000 pieds de câble employés comme
ligne secondaire et 1,000 pieds de câble employés comme ligne
maîtresse représentent, en ce qui concerne le prix de la pose
seulement par la société Bell, $2,695, et par National
Cablevi-sion, $2,174, ce qui fait une économie de $521. Pour ce qui est
de l'équipement, on nous a fourni aussi des renseignements, soit que 60
pièces associées aux 6,000 pieds de câble dont je viens de
parler, l'échantillonnage d'amplificateurs, dériveurs de lignes,
prises multiples, etc. enfin le prix de la pose de ces 60 pièces,
ajouté aux 6,000 pieds de câble, par la société
Bell, de $255, et par National Cablevision, de $145, soit une économie
de $110.
National Cablevision a déclaré que le coût par mille
pour l'utilisation du câble coaxial était de $6,000. Ce montant
comprend à la fois le coût de l'installation et de la location.
Les entreprises de téléphone soutiennent qu'elles pourraient ou
peuvent installer un câble coaxial à $5,000 le mille. Est-ce qu'on
doit en conclure que les compagnies de téléphone encaissent un
profit de $1,000 par mille en louant leurs câbles aux entreprises de
câblodistribution?
Je vous soumets ces chiffres parce qu'ils sont nécessaires pour
l'étude comparative et ils peuvent nous permettre d'apprécier les
arguments qui nous ont été servis par vous et par les entreprises
de câblodistribution et qui pourront nous être servis par les
autres entreprises de téléphone, notamment la fille de Bell
Canada.
M. MERCIER: M. le Président, nous avons parlé, tout
à l'heure, de $5,000 le mille, c'est le coût moyen de revient
à la compagnie de téléphone. On ne fait pas de profit
là-dessus, c'est ce que cela nous coûte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que cela vous coûte.
M. MERCIER: Maintenant, disons qu'on n'a pas un territoire aussi
condensé que celui de la ville de Montréal. S'il faut parcourir
500 milles pour aller installer un câble, ce n'est pas la même
chose que parcourir un mille.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez une idée de ce que
cela coûte à Bell Canada?
M. MERCIER: Non, je ne peux pas parler pour Bell Canada, je ne connais
pas ses tarifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas de relation avec la belle du
téléphone!
M. MERCIER: II y a des relations, mais de toute autre nature que
celle-là!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne doit pas faire des enfants forts, si
cela se fait par ligne téléphonique !
M. le Président, je voulais porter ces faits à l'attention
de la commission parce qu'on se rendra compte qu'il nous est difficile,
à nous, qui ne sommes pas des experts, même si on nous en donne le
titre et on nous en attribue la responsabilité... Cela nous rendra
difficile l'appréciation des données de fait. Je vous soumets ces
données de fait et j'imagine que nous pourrons les comparer avec les
données du ministère des Communications, celles des autres
entreprises de téléphone qui voudront bien nous renseigner, soit
elles-mêmes, soit par la voie de leurs protecteurs officiels, nos amis
observateurs du gouvernement central.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. le député de Frontenac
pour une dernière question.
M. LATULIPPE : Elle avait été posée par le ministre
et je la trouve bien pertinente. Je pense que la réponse est
restée, pour moi, un peu ambiguë. C'est sur la question technique.
Le ministre avait dit: Est-ce que vous pouvez, sur un même câble,
actuellement, desservir 30 canaux et, en même temps, faire les services
de téléphonie et envisager également les services futurs
que vous entendez desservir?
M. MERCIER: La réponse est: Oui.
M. LATULIPPE: Vous êtes certains de ça. Actuellement, avec
les données techniques que vous avez, vous pouvez faire tout
ça.
M. MERCIER: Oui.
M. LATULIPPE: Au point de vue de la réalisation des coûts,
est-ce que vous pouvez le faire?
M. MERCIER: Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est chaque fois
un cas d'espèce. Il y a certaines réalisations qui peuvent
être réellement économiques, d'autres qui le sont
moins.
M. LATULIPPE: II y a aussi un concept qu'il faut que je mentionne
immédiatement, c'est toujours dans le concept du service à
l'abonné et...
M. MERCIER: Oui, oui.
M. LATULIPPE: ... non du service d'un point à l'autre. Parce que
j'imagine qu'à ce moment-là les équipements ne sont pas
les mêmes, les données techniques non plus ne sont pas les
mêmes.
M. MERCIER: Disons qu'il y a beaucoup d'éléments qui sont
les mêmes. Les appareils de vérification sont les mêmes. Le
câble lui-même, c'est la même chose. C'est seulement une
question d'amplificateur. Un amplificateur à deux sens au lieu d'en
avoir un à un sens.
M. LATULIPPE: Oui, mais ce ne sont pas les mêmes appareils,
certainement, pour démêler 200 signaux ou 600 signaux et en
démêler 30.
M. MERCIER: Non, justement. Il y a des fils d'attachés à
ça et différentes pièces de matériel.
M. LATULIPPE: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Cornellier ): M. le ministre.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais, s'il n'y a pas
d'autres questions, remercier les représentants de l'Association des
compagnies de téléphone indépendantes du Québec
pour leur présentation et leur répéter, en fait, ce que
j'ai dit au début de la présentation, à savoir que, quant
à nous, nous allions, avant de poser quelque geste qui compromette
l'avenir, soit pour les compagnies de câble, soit pour les compagnies de
téléphone, permettre à chaque entreprise de bien faire
valoir le bien-fondé de ses prétentions quant à son
insertion dans le développement des communications et faire en sorte que
la régie ait, dans le cadre réglementaire, la marge de manoeuvre
suffisante pour oeuvrer à l'intérieur de cette grande ligne de
force, et éviter, dans un règlement, de trancher au
préalable avant d'avoir permis à chacun de plaider le
bien-fondé de sa participation.
M. le Président, il est 12 h 15, nous pouvons peut-être
commencer immédiatement l'audition du témoin suivant; c'est un
mémoire conjoint de Téléphone du Nord de Québec
Inc. et Télébec. Comme, par ailleurs, c'est un mémoire qui
est assez important parce que, comme vous l'avez souligné, en fait, ces
deux sociétés sont des sociétés filiales de Bell
Canada et je crois qu'elles ont sur leurs territoires des liens avec des
entreprises de câblodiffusion ou avec certaines d'entre elles, les
questions que nous pourrons vouloir leur poser seront peut-être assez
longues quant à moi, j'en aurais un certain nombre alors,
nous pouvons soit commencer l'audition du mémoire, soit tout
simplement, pour que cela fasse bloc, ajourner nos travaux au 11
septembre prochain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je préférerais, M. le
Président, que nous ajournions parce que le mémoire qui doit
suivre est un mémoire très important et il va nous obliger,
évidemment, à poser des questions qui mettent en cause un certain
nombre d'intérêts et d'objectifs préconisés par le
gouvernement du Québec; je serais mal à l'aise de commencer tout
de suite et de reprendre ensuite fatalement, par mode de
répétition, ce que nous entendons demander à ceux qui
auront à témoigner.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Si c'est l'opinion des membres de la
commission et si les organismes concernés n'ont pas d'objection, nous
reporterons l'étude du mémoire des compagnies de
Téléphone du Nord et de Télébec au mardi 11
septembre, à 10 heures.
M. RACICOT: M. le Président, d'autant plus que nous allions faire
la même suggestion.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Très bien, Me Racicot. Avant
l'ajournement, j'aimerais céder de nouveau la parole à
l'honorable ministre des Communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, vous avez constaté que,
lorsque nous aurons terminé d'entendre les mémoires de
Téléphone du Nord et de Télébec, nous passerons
à l'audition des mémoires des groupes communautaires.
Je voudrais tout simplement rappeler à ceux des groupes
communautaires qui seraient ici que les documents qui ont été
étudiés à la commission sont disponibles au
secrétariat de la commission. Comme plusieurs groupes avaient
manifesté le désir d'avoir un délai supplémentaire
pour préparer des mémoires ou étoffer une
présentation, la force des choses fait qu'ils auront ce délai. Je
m'excuse auprès d'eux du fait qu'on ne puisse pas les entendre
aujourd'hui. Mais je ne veux pas que nous bousculions l'ordre des travaux pour
escamoter, en fait, cette partie importante d'audition.
M. BROCHU: M. le Président, est-ce qu'un avis pourrait être
envoyé à tous les membres de la commission?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le secrétaire des commissions verra
à faire parvenir un avis à tous les organismes et tous les
groupes qui désirent se faire entendre.
M. BROCHU: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Pour ce qui est des membres parlementaires
de la commission, eux aussi seront avisés de la façon
normale.
Messieurs, la commission ajourne ses travaux au mardi 11 septembre,
à dix heures.
(Fin de la séance à 12 h 22)