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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du jeudi 27 mai 1976 (Vingt heures vingt-quatre
minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications est réunie pour étudier les crédits du
ministère des Communications. Sont membres de cette commission MM.
Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Bienvenue
(Crémazie), Charron (Saint-Jacques), Choquette (Outremont),
Côté (Matane), Bonnier (Taschereau), Déom (Laporte),
remplacé par M. Assad (Papineau), Lapointe (Laurentides-Labelle),
Léger (Lafontaine), Parent (Prévost), Saint-Germain
(Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda), Tardif (D'Anjou), Veilleux
(Saint-Jean).
La façon de procéder, M. le ministre...
M. Hardy: Je pense bien que mon collègue, le
député de Saint-Jacques, représentant de l'Opposition
officielle, sera d'accord pour que l'on procède un peu de la même
façon que nous avons procédé l'an passé aux
Affaires culturelles et que mon prédécesseur aux Communications
le faisait également, c'est-à-dire faire un tour d'horizon assez
complet pour passer, par la suite, à l'étude de chaque programme
et de chaque élément de programme. Cela va?
M. Charron: Bien sûr.
Le Président (M. Pilote): Avant de vous accorder la
parole, est-ce que M. Bérard (Saint-Maurice) pourrait être le
rapporteur de cette commission?
Une Voix: Oui, il fait bien cela.
Le Président (M. Pilote): Parfait. L'honorable ministre
des Communications.
Exposé général du ministre M.
Denis Hardy
M. Hardy: En commençant l'étude des crédits
du ministère des Communications, je voudrais, dans un premier temps,
dresser un bilan des principales activités du ministère au cours
de l'année terminée et, par la suite, exposer les orientations
des programmes du budget à l'étude.
En vertu de la loi qui l'a institué, le ministère des
Communications exerce deux rôles principaux. D'abord, il est
chargé de surveiller l'établissement et le développement
des réseaux de communications dans les limites du territoire qué-
bécois, que ces réseaux soient propriétés
privées ou propriétés publiques. Egalement, il a la
responsabilité d'offrir aux ministères et aux organismes
gouvernementaux des services de soutien, tant en ce qui concerne leurs
communications internes qu'en ce qui a trait aux communications avec leur
clientèle respective et avec la population en général.
Enfin, il vise au développement et à la promotion de
l'industrie québécoise du cinéma en vertu de
l'arrêté en conseil no 4130-75 adopté le 17 septembre
dernier.
Les programmes présentés dans le livre des crédits
1976/77 sont de deux ordres: 1)il y a d'abord les programmes administrés
par le ministère lui-même et qui, au plan administratif, sont
placés sous l'autorité du sous-ministre des Communications; 2) il
y a ensuite deux programmes portant le nom de l'organisme qui les administre et
qui sont placés sous la responsabilité directe du ministre des
Communications.
Du budget 1975/76 à celui de 1976/77, les programmes du
ministère des Communications sont passés de sept à
huit.
Cette augmentation est attribuable au transfert du budget de la
Direction générale du cinéma et de l'audio-visuel du
ministère des Affaires culturelles au ministère des
Communications.
Je voudrais maintenant indiquer quelles furent, pour chacun des
programmes du ministère, les activités significatives de
l'exercice 1975/76. D'abord, le programme 1, réseaux et
équipements gouvernementaux de communication. Ce programme a pour
objectif d'assurer au ministère, ainsi qu'aux organismes publics dont le
budget est voté annuellement par l'Assemblée nationale des
services de communication par téléphone, par
radiotéléphone, des services de transmission des données
et des communications informatiques, ainsi que des services d'ingénierie
se rapportant aux communications. Il fournit aussi les services d'expertise au
secteur parapublic, via les ministères responsables.
Au cours de l'exercice 1975/76, le ministère des Communications a
été l'interlocuteur privilégié des
ministères et organismes auprès des compagnies de
télécommunications. On a acquitté des factures pour
près de $16 230 000 et on a obtenu de 22 organismes gouvernementaux des
remboursements de l'ordre de $1 550 000.
En plus de maintenir ces opérations déjà
existantes, le ministère a mis sur pied différents projets qui
ont permis d'améliorer l'efficacité du réseau. De plus, la
direction générale a fait l'analyse des systèmes de
communication de 59 institutions du secteur parapublic, amenant par ces travaux
des économies annuelles de $153 000. Le Service des communications
informatiques fournit les services d'équipements qui permettent
d'établir les communications avec une douzaine d'ordinateurs
gouvernementaux situés à Québec et à
Montréal. Les coûts de location des communications informatiques
ont été de l'ordre de $1,7 million.
Le réseau gouvernemental de radio-mobile a été
étendu à la Gaspésie, l'Abitibi et l'Outaouais; ceci a
nécessité diverses constructions pour lad-
dition de dix sites de communications. Le réseau dessert
maintenant la majeure partie du territoire habité au Québec.
Pendant l'année écoulée, les dépenses
imputables à la radio-mobile se sont élevées à $1
625 000, dont $525 000 sont défrayés par le ministère des
Transports.
Programme 2, communications gouvernementales et renseignements. Ce
programme a pour but de contribuer à l'amélioration
générale de la communication entre l'Etat et les
administrés en vue d'assurer le fonctionnement efficace des programmes
gouvernementaux et de faciliter l'accès des citoyens aux services de
l'administration. En 1975/76, la Direction générale des
communications gouvernementales a fait du renseignement au citoyen sa
première priorité. Le ministère des Communications compte
dix bureaux régionaux répartis sur tout le territoire du
Québec, soit à Rimouski, Chicoutimi, Québec,
Trois-Rivières, Sherbrooke, Montréal, Hull, Rouyn, Sept-lles et
Saint-Eustache.
Outre le renseignement, les bureaux de Communication Québec ont
poursuivi leur tâche de développement des communications
régionales, d'information, de soutien auprès des
conférences administratives et de services régionaux des
ministères, de même que de conseil et d'aide techniques
auprès de certains intervenants.
L'initiative la plus importante fut l'inauguration, le 15 septembre, de
l'opération Zénith, permettant à tous les citoyens
d'atteindre gratuitement, par téléphone, les centres
régionaux de renseignements de Communication Québec.
Cette extension a contribué à une augmentation sensible
des demandes de renseignements. Alors qu'en 1974/75 les bureaux
régionaux répondaient à 139 891 demandes de
renseignements, en 1975/76 ce nombre atteindra environ 200 000. Il était
de 170 062 au 29 février 1976.
L'impact de l'opération Zénith et de la publicité
dont elle a fait l'objet resssort de la comparaison entre les résultats
du 1er octobre 1974 au 1er mars 1975 et du 1er octobre 1975 au 1er mars 1976.
D'octobre 1974 à mars 1975, les demandes de renseignements se
chiffraient par 57 300, alors que pour la même période elles
atteignaient 101 152, soit une hausse de 76,5%.
De ces 101 152 demandes de renseignements, on compte 83 721 demandes par
téléphone, dont 26 394, soit 31,5% en provenance du réseau
Zénith. Ces 31,5% se comparent aux 35,6% de la population du
Québec qui doivent utiliser le Zénith pour atteindre gratuitement
les centres régionaux de renseignements.
La hausse des demandes occasionnées par l'instauration du
système Zénith et le surcroît de travail exigé par
l'utilisation systématique de la banque de renseignements et par la
nouvelle fiche de rétroinformation a nécessité
l'engagement de 22 employés supplémentaires dans les bureaux
régionaux.
La Centrale de renseignements, en 1975/76, a mis sur pied un
système intégré de renseignement-rétroinformation
constitué d'une banque centrale de quelque 6000 fiches et micro- fiches
utilisées par les agents de renseignements dans tous les bureaux, qui y
ajoutent leurs données régionales et de fiches de
rétroinformation complétées pour chaque demande de
renseignements et traitées mensuellement par ordinateurs.
La Centrale a également pris l'initiative de publier la
première édition d'un répertoire des publications
gouvernementales gratuites destiné aux groupes et organismes
multiplicateurs.
Plusieurs projets de publicité interministérielle ont
été dirigés ou coordonnés par le ministère
des Communications, au cours de la dernière année, notamment
plusieurs cahiers spéciaux publiés à
l'étranger.
Ce furent notamment le cahier du Financial Times sur Mirabel,
commandité financièrement par l'OPDQ, les séries
d'annonces dans le Président, au Japon, dans le Frankfurter Allgemeine,
en Allemagne, dans le Boston Globe, aux Etats-Unis, et dans le Financial Post,
au Canada. Cette année, nous avons consacré une somme de $184 000
à ces réalisations.
Le ministère des Communications a également
géré la publication des appels d'offres, avis publics, avis
légaux et celle des offres d'emploi pour l'ensemble du gouvernement. La
somme totale de $841 000 a été consacrée à la
publication de ces avis selon la répartition suivante: $458 000 pour les
appels d'offres et avis publics et $388 000 pour les offres d'emploi.
Ce compte, scindé en deux depuis deux ans, a été
octroyé selon les critères que mon prédécesseur a
longuement expliqués l'an passé à cette même
commission. Le placement des avis de recrutement a été
adjugé à l'agence Bleau, Duper-rey, Giguère et
Associés, de Québec, et le placement des appels d'offres et avis
publics à l'agence Cossette et Associés, également de
Québec.
En 1975/76, la Direction générale des communications
gouvernementales a mis sur pied la division du développement des
techniques de communications. L'objectif général de cette
division est d'évaluer successivement l'usage qui est fait des diverses
techniques traditionnelles ou nouvelles de communication, de mettre au point et
de promouvoir des modes améliorés d'utilisation de ces
techniques.
Le but est de recueillir toutes les données pertinentes aux
techniques de communication utilisées pour diffuser l'information
administrative, d'en analyser le processus courant, d'en déceler les
failles et d'élaborer ensuite des recommandations qui peuvent prendre la
forme de cahiers de normes, ou d'outils de différente nature qui
aideraient les agents à suivre un meilleur cheminement dans
l'utilisation des différentes techniques.
Des études sont faites dans les quatre secteurs suivants: la
publicité, la presse électronique et les techniques nouvelles, la
rétroaction et les expositions.
Mon prédécesseur a dit l'an dernier devant cette
même commission que nous nous emploierions cette année à
évaluer la formule "Informa-tour" qui a connu du succès en 1973
et en 1974. "En effet, la Direction générale des communications
gouvernementales a jugé essentiel de réé-
valuer cette formule et d'en revoir à fond le déroulement
complet avant d'inviter les ministères et organismes
intéressés à participer à une troisième
ronde d'une formule certes fort intéressante, mais très
coûteuse."
Mes services, en poursuivant cette étude, ont constaté que
ce sont également toutes les participations des ministères et
organismes gouvernementaux aux expositions et foires régionales et
locales qui doivent être repensées.
L'utilisation d'une technique tridimensionnelle pour faire
connaître aux citoyens les services qui leur sont offerts par le
gouvernement du Québec doit faire l'objet de recherches approfondies
pour en évaluer l'impact véritable et en définir le
rendement optimum.
Nous procédons donc encore à l'inventaire complet de cette
technique dans les stratégies de communication des ministères.
Mentionnons simplement pour le moment que, de 1970 à 1974, de telles
participations sont passées de 70 à 292. Il vaut donc la peine
qu'on s'y arrête un peu.
Développement des ressources humaines en communications. Dans ce
domaine, notre travail a consisté à organiser quatorze sessions
de perfectionnement auxquelles ont participé 250 agents et techniciens
en information provenant d'une vingtaine de ministères et organismes
différents. Notre effort a également porté, en
collaboration avec la Commission de la fonction publique, à
améliorer le recrutement des agents d'information au gouvernement du
Québec. Une étude sur le profil des agents d'information a
été réalisée et a permis d'en spécialiser
davantage le recrutement.
Radio-Québec. Suite à la rencontre tenue en octobre 1975
entre les directeurs des communications des ministères
québécois et les représentants de l'ORTQ dans le but de
mettre en place un projet conjoint d'information aux citoyens, il a
été convenu que Radio-Québec mettrait gracieusement
à la portée du gouvernement du Québec du temps d'antennes
destiné à la diffusion de capsules éducatives portant sur
les services offerts aux citoyens par l'Etat.
Dans cette perspective, la Direction générale des
communications gouvernementales assure la coordination de cette
opération auprès des ministères et organismes
gouvernementaux en veillant à l'établissement de toutes les
relations nécessaires à la réalisation de ce projet.
De plus, la Direction générale des communications
gouvernementales s'occupe de la diffusion de ces capsules auprès de tous
les câblodistribu-teurs québécois.
L'édition gouvernementale. Ce programme a pour objectif d'offrir
aux ministères et organismes gouvernementaux des services
d'édition, de documentation administrative et de traduction leur
permettant de mieux informer leur clientèle respective et la population
en général de leurs objectifs et de leurs services. Ce programme
résulte du regroupement et de la coordination des activités qui,
jusqu'à ces dernières années, étaient
exercées par l'Editeur officiel du Québec, le Service de la
traduction et l'Office d'information et de publi- cité du Québec.
On se rappellera que c'est par l'arrêté en conseil no 1981 du 1er
juin 1970 que le bureau de l'Editeur officiel et le Service de la traduction
ont été transférés du contrôle de
l'Assemblée nationale à celui du ministre des Communications. Par
ailleurs, l'Office d'information et de publicité du Québec a
été aboli par le chapitre 57 des lois de 1972 et une partie de
ses attributions ont été conférées à la
Direction générale de l'édition.
Au programme de l'édition gouvernementale, nous désirons
souligner les points suivants:
La documentation québécoise.
Une cinquième collection, intitulée "Initiation aux
métiers d'art" est venue s'ajouter aux collections existantes qui sont:
l'Etat et le citoyen, Etudes et dossiers, Connaissances du Québec et
Guides pratiques. Les principales réalisations de l'année 1975/76
sont: Le Guide du citoyen, Répertoire administratif, Plantes sauvages
printanières et Une Amérique française. De plus, un projet
de vulgarisation des lois et règlements dans le domaine de
l'environnement est présentement en préparation.
La documentation jurimétrique.
Cette division du Service des impressions de l'Editeur officiel est
responsable de la mise en banque, sur mini-ordinateur, des lois selon le
système MODUL développé à la faculté de
droit de l'Université Laval à même des subventions de
l'éditeur et des ministères de l'Education et de la Justice.
Cette banque sert à la refonte des lois, à leur mise
à jour, à la mise au point d'un texte exact, complet et
authentique et à la préparation des codifications
administratives. Sur simple repérage par ordinateur et par
procédé de photocomposition, on peut obtenir une copie du texte
sans avoir à en faire à nouveau la composition typographique. La
banque sera complétée d'un index et d'un système de mots
clés ou de mots descripteurs.
Mémoire de programme sur la reprographie.
A la suite d'un mémoire de programme très
élaboré, le Service de reprographie du bureau de l'Editeur
officiel a obtenu du Conseil du trésor, au début de novembre
1975, la mission et l'autorisation de coordonner et de normaliser les ateliers
de reprographie, de mettre en place un système de comptes
ministériels pour les travaux exécutés aux ateliers
centraux de reprographie et de viser l'achat et la location d'équipement
de reprographie à haut volume.
Cette responsabilité de coordination à l'échelle
gouvernementale, reconnue officiellement pour la première fois, est un
grand pas vers la rationalisation des activités dans ce domaine qui
représentent une dépense annuelle d'environ $10 millions pour le
gouvernement.
En juillet 1975, le Conseil des ministres a accepté le principe
de la publication de la partie I, Avis juridiques, en français
seulement, sauf exceptions prévues aux lois, conformément
à la Loi sur la langue officielle. Ceci a permis d'éliminer la
traduction d'environ 16 000 mots par semaine sur une moyenne de 25 000 mots et
d'épargner la composition et l'impression d'environ 15 pages par
semaine, soit $1200, sans compter la traduction.
L'organisation d'un service d'interprétation consécutive
devant les instances criminelles des cours de justice, l'ouverture d'un bureau
à Montréal et l'aménagement d'une unité de
traduction des jugements rendus en anglais ont constitué des innovations
importantes au Service de la traduction. L'équipe de Montréal a,
d'ailleurs, contribué grandement aux travaux de l'Office de
révision du Code civil en traduisant en anglais tous les travaux de
l'office.
La publication et la distribution, par l'Editeur officiel, en
collaboration avec SEDOJ (responsable de la sélection et du traitement
des jugements) des recueils de jurisprudence depuis près de deux ans
constituent une amélioration importante en regard des anciens Rapports
judiciaires publiés par le Barreau. Cédés par le Barreau
au gouvernement du Québec, les recueils de jurisprudence rapportent
beaucoup plus de jugements qu'auparavant, d'un plus grand nombre de cours, et
dans une forme beaucoup plus rationnelle et utile. Le conseil d'information
juridique qui administre SEDOJ et les recueils a donné naissance
à la Société québécoise d'information
juridique (SOQUIJ).
Les recommandations et les études du rapport CEGIR,
présentées en août 1973, ont conduit l'Editeur officiel
à adopter au service de la commercialisation une attitude et une
pratique nettement orientées vers la mise en marché. De telle
sorte que les ventes ont augmenté sensiblement, passant de $602 000 en
1972/73 à environ $1 200 000 en 1975/76.
Cette orientation a été marquée par l'ouverture de
deux librairies régionales à Hull et à
Trois-Rivières, par l'organisation d'une division de la
publicité, de la promotion et des expositions, par la multiplication des
librairies dépositaires et par l'embauche d'un directeur commercial et
d'un chef des ventes.
A la suite des recommandations et du manuel de procédures soumis
par la Société générale d'informatique, en novembre
1974, l'Editeur officiel a mis sur pied un nouveau système comptable de
gestion des ventes. Ce système assure le contrôle de
disponibilité des publications, l'enregistrement comptable des
transactions, le contrôle permanent des inventaires et le contrôle
des ventes en librairies. De plus, il fournit une statistique complète
des transactions mensuelles et définit le rôle de chaque
unité administrative.
L'entente entre l'Editeur officiel et la Documentation française
a donné lieu à la réalisation de la première
co-production avec "Une Amérique française" dont la
rédaction et la composition typographique sont françaises et dont
une partie de l'iconographie et l'impression sont québécoises. De
plus, les ventes sont passées d'une moyenne de $200 par mois à
l'été 1974 à plus de $1000 par mois à l'automne
1975.
Le Centre d'analyse et d'indexation a été
créé il y a environ deux ans au Service de la documentation dans
le but de préparer une description analytique du contenu de chaque
publication gouvernementale. Cette description analytique, faite selon une
méthode développée à la faculté des sciences
politiques de Paris, permet à tout biblio- thécaire, chercheur,
étudiant ou spécialiste de savoir dans une vingtaine de lignes le
contenu exact d'une publication. Cette description est beaucoup plus
complète que la fiche catalographique préparée par les
bibliothécaires.
Déjà plus de 1200 publications gouvernementales ont ainsi
été analysées.
Toutes les collections de la bibliothèque administrative,
autrefois dispersées dans une dizaine de ministères et organismes
et classifiées selon trois ou quatre systèmes différents,
ont été reclas-sifiées, regroupées,
fusionnées. Un fichier collectif en a été fait. Ce fichier
a été regroupé avec celui de la bibliothèque de la
Législature. Le fichier collectif, une fois terminé, comprendra
toutes les collections des bibliothèques ministérielles. Un
système de prêt permet d'avoir accès à toutes les
collections..
Maintenant, le programme 4, gestion interne et soutien. Ce programme
vise à assurer la planification, la coordination et le contrôle de
l'ensemble des programmes du ministère et à fournir des
services-conseils quant à l'utilisation des ressources humaines,
matérielles et financières requises par l'administration de ces
programmes. C'est également ici qu'il convient d'aborder les relations
intergouvernementales.
Au cours de l'exercice 1975/76 s'est tenue, en deux phases, la
deuxième conférence fédérale-provinciale, les 13 et
14 mai et les 15 et 16 juillet 1975. La première partie de la
deuxième conférence fédérale-provinciale a
été précédée d'une réunion
interprovinciale des ministres responsables des communications qui ont convenu
de présenter une déclaration commune représentant la
position dite de consensus adoptée à la cinquième
conférence interprovinciale des ministres dans le domaine de la
radio-télévision, de la câblodistribution et des
sociétés exploitantes de télécommunications.
Le bilan de cette deuxième conférence
fédérale-provinciale est négatif, le gouvernement
fédéral refusant de considérer la position commune de
toutes les provinces comme une base valable de discussion. Devant le peu de
progrès des discussions sur un partage éventuel des rôles
et responsabilités politiques entre les deux niveaux de gouvernement et
devant la fin de non-recevoir que la partie fédérale a
opposée aux demandes du provincial, le Québec décida
d'assister à la conférence à titre d'observateur, par
respect pour les autres provinces. Il avait également refusé de
participer à un conseil des ministres des Communications que la
deuxième conférence fédérale-provinciale devait
mettre sur pied et dont le rôle sera essentiellement consultatif.
Depuis l'été 1975 jusqu'au début de 1976, le
dossier fédéral-provincial sur les communications n'a
guère évolué, principalement dû à l'absence
d'un homologue au niveau fédéral. Ce n'est qu'à la suite
de la nomination de Mme Sauvé que les négociations ont repris sur
ces questions en mars 1976.
Sur le plan international, la France est demeurée le pôle
d'attraction privilégié au chapitre de la coopération. En
plus des missions traditionnelles
coiffées par la Commission permanente
franco-québécoise, il faut signaler les pourparlers nombreux
auxquels a donné lieu le projet d'utilisation intensive du satellite
Symphonie, projet qui devrait se concrétiser dans un avenir prochain par
la réalisation de plusieurs téléconférences. Il
importe également de noter l'accord signé entre l'Institut
national de l'audio-visuel et l'ORTQ sur l'échange de documents
audio-visuels à caractère éducatif.
Enfin, suite à la visite qu'effectuait le premier ministre du
Québec en Iran, à l'automne 1975, nous avons amorcé une
coopération avec l'Iran convenant de la tenue d'une semaine du
cinéma québécois en Iran et d'une semaine du cinéma
iranien au Québec.
En février 1976, le ministère des Communications a
procédé au lancement de la revue Antennes, qui sera
essentiellement une revue d'information, de réflexion et de
référence dans les divers secteurs des communications. Le
principal objectif de cette revue est d'informer le grand public et plus
particulièrement ceux et celles dont l'activité est reliée
au vaste secteur des communications.
Programme 5, développement des télécommunications.
Ce programme vise à favoriser, orienter, coordonner et surveiller le
développement des réseaux et des moyens de communication sur le
territoire du Québec.
Ceci nécessite l'élaboration de politiques pour chacun des
domaines concernés, à savoir les sociétés
exploitantes de télécommunications, la câ-blodistribution
et la radio-télédiffusion. Ces politiques, il va sans dire, sont
axées sur la réalité québécoise et sont en
conséquence appelées à progresser au rythme de cette
dernière. C'est donc par ce programme que le ministère exerce le
premier rôle qui lui a été confié par la loi.
A cette fin, le gouvernement a proposé à
l'Assemblée nationale, au cours de la session de 1972, de
préciser les compétences du ministère des Communications
eu égard au développement des télécommunications.
Le ministère a institué une Direction générale des
télécommunications et il a entrepris de se doter des moyens
adéquats et des connaissances appropriées lui permettant
d'éclairer ses interventions sur les moyens de communication et pour lui
suggérer les mesures d'incitation et de contrôle d'une meilleure
exploitation par les Québécois des développements
technologiques.
Au cours de l'exercice 1975/76, le ministère, par sa Direction
générale des télécommunications, a consacré
beaucoup d'énergie dans le secteur de la câblodistribution dans le
but de favoriser son développement en fonction de la
réalité socio-culturelle et économique du Québec et
en fonction de la réglementation québécoise. Le
comité interministériel sur la téléinformatique a
terminé ses travaux, après 28 mois d'efforts, et m'a remis
récemment son rapport final, rapport qui a été
distribué tantôt.
Nous avions mentionné l'an dernier, à pareille date, notre
volonté de développer un service de recherche au ministère
et de démarrer une division des mass media électroniques. Quoique
le personnel affecté à ces deux secteurs, comme ce- lui de toute
la Direction générale des télécommunications, soit
très spécialisé et peu abondant sur le marché du
travail, et quoique les coupures budgétaires et le gel des effectifs ait
réduit notre élan, le service de la recherche a tout de
même pris corps et mis en marche plusieurs activités non seulement
d'intérêt pour le ministère, mais également pour le
développement général des communications au
Québec.
Quant au secteur des mass media électroniques, le recrutement de
son personnel vient à peine de se terminer et ses activités
n'atteindront un rythme régulier qu'au cours de l'année fiscale
prochaine. Le rapport final du comité interministériel sur la
téléinformatique rendu public le 17 mai contient, outre une foule
de données sur la situation de la téléinformatique au
Québec, 33 recommandations regroupées sous les trois
thèmes suivants: le développement de l'industrie de
téléinformatique au Québec; le développement
harmonieux du secteur, et la protection du citoyen.
Dans le secteur des sociétés exploitantes de
télécommunication, quelques mots sur les disparités
régionales et sur nos interventions auprès de la Commission
canadienne des transports.
Nous sommes en train de mettre à jour nos données
concernant le service téléphonique au Québec selon les
régions administratives. En y ajoutant des données
économiques, nous pourrons mettre au point un document permettant
d'évaluer la situation de la téléphonie au Québec
sous divers aspects, découvrir les disparités régionales
et autres et proposer les correctifs qui s'imposent.
Nos interventions auprès de la Commission canadienne des
transports.
Dans ses interventions devant la Commission canadienne des transports,
le ministère des Communications du Québec poursuit un objectif
à plusieurs volets, à savoir faire en sorte que les entreprises
de services publics concernés, Bell Canada et CN/CP, fournissent au
public, sans distinction, un service dont la quantité et la
qualité correspondent à ce que le public désire et est
prêt à payer, à des taux justes et raisonnables tant pour
l'abonné que pour l'entreprise.
La Commission canadienne des transports, vous le savez sans doute,
limite son contrôle à l'aspect économique et financier des
entreprises de télécommunication, se substituant ainsi a
l'absence d'un marché libre et visant à prévenir les abus
monopolistiques. Aussi, les implications sociales que nous avons toujours voulu
considérer et évaluer à chacune des requêtes sont
ignorées. Est-il besoin de vous dire que ceci a rendu les interventions
du ministère difficiles et frustrantes?
Nous sommes également d'avis que la poursuite des objectifs
socio-économiques de la réglementation des services publics doit
se faire au vu et au su du public. Aussi, avons-nous recherché à
faire en sorte que les requérants démontrent publiquement qu'ils
jouissent d'une gestion responsable, que leurs dépenses sont
contrôlées, que les prix exigés pour leurs services se
comparent avantageusement à ceux payés ailleurs et que
l'entreprise assume bien sa responsabilité sociale.
Sur ces derniers points, le fonctionnement de la Commission canadienne
des transports est plutôt restrictif et fait que le rideau de la
confidentialité est souvent abaissé. Nous avons maintes fois dit,
et je le répète ici, que cette pratique peut se concevoir dans
les secteurs concurrentiels et non réglementés, mais n'a pas sa
place dans le domaine des services publics. Nos efforts, en conséquence,
devant cet organisme de réglementation n'ont rencontré que des
succès mitigés et partiels. Je ne cache pas qu'il reste beaucoup
à faire pour briser la réticence des entreprises à
divulguer tous les faits pertinents.
Le 31 mai 1975, Bell Canada a déposé une nouvelle
requête en majoration de tarifs, totalisant $102 millions sur une base
annuelle, ce qui constitue une augmentation de ses revenus de 6,2%. Cette
requête était divisée en deux phases. Dans la
première phase, on demandait une majoration des tarifs prenant effet le
1er août 1975 et pouvant générer $28 millions de revenus
supplémentaires en 1975. Dans la deuxième phase, on demandait une
majoration des tarifs prenant effet le 1er octobre 1975 et pouvant
générer $10 millions de revenus supplémentaires en
1975.
Du 7 au 11 juillet 1975, des auditions ont eu lieu et ont porté
sur la phase I de la requête. La preuve de Bell était surtout
axée sur l'urgence d'un redressement tarifaire. Devant la
procédure hâtive adoptée par la Commission canadienne des
transports en cette affaire, le ministère s'est désisté de
son intervention dans la première phase de la requête afin
d'éviter de s'engager dans une voie pouvant mener à l'automatisme
dans l'ajustement des tarifs des entreprises réglementées. Dans
sa décision du 28 juillet 1975, la Commission canadienne des transports
a accordé 50% du montant demandé, soit $14 millions, tout en
proposant d'effectuer un examen complet de la preuve lors des auditions
ultérieures. La commission reconnaissait ainsi nos prétentions
à l'effet qu'une requête aussi importante doit subir l'examen
approfondi de ses allégués.
Du 27 octobre au 28 novembre 1975, la Commission canadienne des
transports a tenu des auditions portant sur la deuxième phase de la
requête. En relation avec cette deuxième phase, nous avons
effectué une analyse détaillée de la requête et des
éléments de preuve. Notre intervention a surtout porté sur
le contrôle des dépenses de la compagnie, son programme de
travaux, ses problèmes de financement et la répartition de ses
majorations de tarifs entre les différents services.
Nous avons également plaidé, entre autres, que la hausse
des travaux demandée devrait être diminuée des
bénéfices escomptés des mesures anti-inflationnistes, soit
$42 millions. Cette recommandation n'a pas été retenue par la
commission, laquelle s'est dite satisfaite que les majorations demandées
se maintenaient dans les limites du taux de rendement
précédemment approuvé par elle.
La décision de la Commission canadienne des transports a
été rendue le 22 décembre 1975 et accordait à la
requérante la totalité des majora- tions tarifaires
demandées, soit $110, 3 millions pour l'année 1976.
Les compagnies de CN/CP, mentionnons que ces sociétés ont
déposé, en février 1975, une requête devant la
Commission canadienne des transports pour majorer les tarifs du service
Télex. La majoration demandée était de l'ordre de $1,8
million, soit environ 1% de leur revenu global. Cette requête sera
entendue devant le nouveau CRTC le 14 juin prochain.
Dans le secteur de la câblodistribution, plusieurs points
méritent d'être soulignés. Je voudrais d'abord rappeler que
l'Association des câ-blodistributeurs du Québec est l'organisme
qui représente les câblodistributeurs du Québec
auprès des organismes gouvernementaux.
Outre la poursuite des études déjà amorcées
en 1974/75, d'autres sujets ont été abordés, comme: -les
problèmes de financement des entreprises de câblodistribution; -le
paiement des frais juridiques occasionnés par la réglementation
québécoise.
Ces travaux conjoints nous permettent de mieux connaître cette
industrie, ce qui est essentiel pour nous permettre d'en orienter le
développement ordonné sur l'ensemble du territoire
québécois. Aussi entendons-nous intensifier nos relations avec
cette association en y adjoignant des sous-comités dont le but principal
serait d'étudier plus à fond certains aspects de l'industrie et
favoriser une plus grande participation des compétences dans la
matière.
La câblodistribution est une industrie en pleine croissance dans
le secteur des communications au Québec et son potentiel est
considérable. C'est aussi le premier secteur où le Québec
a affirmé sa juridiction et il est essentiel que celui-ci participe
pleinement à son développement. Par ses nombreuses interventions
dans les dossiers présentés à la Régie, le
ministère réussit à atteindre cet objectif.
Au cours de la période 1975/76, nous avons étudié
environ 90 requêtes déposées devant la Régie,
requêtes traitant de différents aspects de la
câblodistribution. Les interventions du ministère visent diverses
fins telles la protection de l'intérêt public, l'orientation du
développement de la câblodistribution dans le secteur des
communications et l'élaboration de politiques cohérentes.
Les entreprises publiques de câblodistribution étant des
monopoles, et leurs services ayant été déclarés
services publics par le législateur, celles-ci sont tenues d'obtenir
l'autorisation de la Régie avant d'effectuer tout changement significa-
i tif dans les rouages de leur entreprise, changement qui peut affecter
directement le public. C'est le cas, par exemple, des demandes de hausses de
tarifs, d'extensions de territoire, de l'offre d'un nouveau service et de
l'accréditation de comités communautaires.
Dans ces dossiers, le ministère, représenté par le
Procureur général, s'assure que tous les éléments
pertinents sont portés à la connaissance de la régie pour
permettre à celle-ci de rendre la
décision la plus éclairée et la plus conforme
à l'intérêt public.
L'industrie de la câblodistribution étant en pleine
expansion, il est essentiel que le ministère participe aux débats
traitant de son développement afin d'en orienter les grands traits et de
s'assurer que le tout est conforme aux politiques
québécoises.
C'est dans cette optique que nous avons étudié diverses
causes traitant d'alimentation en signaux éloignés, fusions de
territoires et de partage d'infrastructures de soutènement, tels poteaux
et conduits souterrains.
Dans le même cadre, le ministère a été
appelé à se pencher sur divers aspects non couverts par ses
politiques existantes. C'est le cas des causes telles que l'augmentation du
service de base à plus de douze canaux, l'existence d'antennes
collectives au sein d'un territoire exclusif, l'élaboration de grilles
tarifaires complexes.
Dans ces cas, le ministère a étudié attentivement
les implications de telles initiatives et a présenté ses vues
à la régie et aux parties. En certaines occasions, ces causes
mènent même le ministère à parfaire les dossiers
avec les parties, participant ainsi indirectement au développement de la
câblodistribution.
Dans le but de s'assurer l'intégrité des territoires
exclusifs de câblodistribution, nous avons entrepris de rencontrer des
organismes publics qui permettaient par le passé l'installation
d'antennes collectives dans leurs édifices.
Nous avons étudié avec Radio-Québec toutes les
possibilités dans le but de distribuer la programmation de
Radio-Québec chez les câblodis-tributeurs incapables de capter et
retransmettre ces émissions. Cette étude a mené, dans un
premier temps, à la distribution de cette programmation à 20
câblodistributeurs par vidéo-cassettes trois quarts de pouce.
Par la suite, le ministère s'est engagé, lors d'auditions
devant la Régie des services publics, à assister tout
câblodistributeur techniquement et économiquement incapable de
retransmettre cette programmation. Cet engagement a nécessité des
études considérables de notre part dans le but de
déterminer les modalités d'application et les coûts d'un
tel programme.
La nécessité d'un tel programme d'assistance vient du fait
que plus de 50% des entreprises de câblodistribution
québécoises ont moins de 500 abonnés et constituent donc
des entreprises économiquement marginales.
A cette même occasion, nous entendons favoriser l'implantation
d'un canal de production locale dans plusieurs petites entreprises.
Suite au conflit juridictionnel survenu dans le Bas-Saint-Laurent
concernant les territoires de Mont-Joli et de Rimouski, nous avons
été dans l'obligation d'apporter une assistance à
Câblodistribution de l'Est Incorpérée, dans le but de
permettre à ce câblodistributeur de commencer l'exploitation de
ses réseaux dans les délais fixés par la Régie des
services publics.
Cette assistance soutenue a porté principalement sur les plans
techniques et juridiques. Les opérations menées par la Direction
générale des télécommunications ont
été couronnées de succès dans les deux occasions
malgré la vive opposition du ministère des Communications du
Canada. Nul doute que ces actions ont raffermi la confiance de l'ensemble des
câblodistributeurs vis-à-vis de la réglementation
québécoise.
Afin de remplir le mandat qui lui a été confié,
c'est-à-dire de coordonner le développement des communications au
Québec en fonction des besoins des Québécois, le
ministère a entrepris des actions en vue de favoriser l'accès des
Québécois aux media.
Il s'agit d'un programme de subventions aux media communautaires par
lequel le ministère a injecté plus de $300 000 à une
trentaine d'organismes oeuvrant dans le secteur des media communautaires. Je
vous rappelle que ce programme a alors été appliqué pour
une troisième année consécutive. Les media communautaires
admissibles à ce programme sont les media
télévision, radio, centre de production utilisés de
façon non commerciale dans un cadre de participation des citoyens tant
au niveau de la propriété que de l'orientation et de
l'utilisation du medium, dans un but de développement éducatif,
social, culturel et économique d'un milieu.
Après plus de trois ans d'existence, nous en sommes rendus
à évaluer tous les aspects des expériences vécues.
Une étude est déjà amorcée en ce sens et sera
complétée d'ici quatre à cinq mois.
La direction générale a, par ailleurs, participé
à une expérience de décentralisation des politiques du
ministère à Rimouski au cours de 1975/76. L'évaluation en
cours des résultats de cette expérience déterminera s'il y
a lieu ou non de maintenir en région un agent de développement
des media. D'autre part, le ministère a aussi
bénéficié de la présence en région d'un
autre agent de développement pour l'Abitibi-Témiscamingue, tel
que recommandé par la tournée ministérielle Contact de
1974. Cette expérience ne se renouvellera pas en 1976/77 pour des
raisons de disponibilité de personnel, ne préjugeant pas de
l'opportunité théorique d'un tel agent dans un autre contexte de
ressources humaines.
Le ministère a créé en 1975/76 une division des
mass media électroniques formée d'un adjoint aux cadres
supérieures et de quatre agents de développement.
Cette division a pour objectif de recommander au ministère des
politiques en fonction du développement de ce secteur des communications
conformément aux besoins socio-culturels du Québec.
Elle s'est notamment attachée à étudier les
audiences publiques de Radio-Québec et à préparer des
recommandations pour le développement de celle-ci en région.
Dans le cadre de l'élaboration des schémas
régionaux d'aménagement de l'OPDQ, le ministère a fourni
à l'office des inventaires sur les infrastructures des
télécommunications du Québec ainsi que sur les principaux
services publics de communications, telles la câblodistribution, la
té-
léphonie, la radio, la télévision, disponibles dans
chacune des régions du Québec.
Cette activité se continuera en 1976/77, le tout
s'intégrant dans le cadre du développement tracé par
l'OPDQ.
Programme 6, Régie des services publics.
En vertu de la Loi de la Régie des services publics, cet
organisme vise à assurer la surveillance et le contrôle
nécessaire à la protection de l'intérêt public dans
l'exploitation et le développement des entreprises de services publics
qui agissent particulièrement dans le domaine des
télécommunications.
Au cours de l'année budgétaire qui s'est terminée
le 31 mars, la Régie des services publics a particulièrement
intensifié ses efforts en vue de parfaire ses travaux en
téléphonie visant à atténuer les disparités
régionales, surtout par le biais de l'agrandissement des secteurs de
taux de base et d'un réaménagement en profondeur des
traditionnelles grilles tarifaires interurbaines.
Alors que l'exercice précédent avait donné lieu
surtout à une prise de contact initiale et une vue d'ensemble des
entreprises de câblodistribu-tion québécoises, alors
nouvellement considérées comme des services publics, cette
année a permis une véritable travail de consolidation en fonction
des objectifs fondamentaux de la loi et de la réglementation
québécoise en la matière.
La production locale des câblodistributeurs s'intensifie, de
même que la participation communautaire, et l'industrie connaît un
rythme exceptionnel de croissance de l'ordre de 15%. La programmation de
Radio-Québec, qui est prioritaire, comme on le sait, est
distribuée au maximum via le câble, généralement sur
le canal 8, identifiant ainsi beaucoup mieux la chaîne
québécoise.
En fin d'exercice, la régie a vu à nouveau
s'étendre son mandat, suite à la sanction, le 27 juin 1975, de la
loi 42 modifiant certaines dispositions de la Loi des cités et villes du
Québec et autorisant dorénavant les corporations municipales
concernées à adopter des règlements prescrivant
l'utilisation conjointe des poteaux et autres installations de support à
des fins de service public.
Cette nouvelle législation édicte également que de
tels règlements décrétant l'utilisation conjointe entrent
en vigueur à compter de leur approbation, avec ou sans modification, par
la Régie des services publics.
De plus, la régie est désignée par cette nouvelle
loi comme étant l'instance d'appel de toute partie
intéressée en ces matières.
Pour faire suite à une tradition maintenant établie et
datant déjà de quatre ans, la régie a de nouveau
publié ses ordonnances. Ce document de référence, Recueil
des ordonnances de la Régie des services publics, a fait l'objet d'une
distribution aux principaux organismes oeuvrant dans le domaine des
télécommunications. Il est aussi mis à la disposition du
public par l'entremise des bureaux de l'Editeur officiel du Québec.
Le programme 7 couvre l'Office de radio-télédiffusion du
Québec, Radio-Québec.
En vertu de sa loi constitutive, chapitre 17 des lois de 1969,
modifié par le chapitre 56 des lois de 1972, l'Office de
radio-télédiffusion du Québec a pour fonction
"d'établir, posséder et exploiter un service de production de
documents audio-visuels et de radio-télédiffusion sous le nom de
Radio-Québec ". "De plus, à la demande du ministre des
Communications, l'office prépare pour des fins éducatives des
documents audio-visuels et des émissions de radiodiffusion et de
télédiffusion pour et en collaboration avec les autres
ministères ou les organismes qui relèvent du gouvernement".
Ce réseau québécois de télévision
à caractère éducatif et culturel a poursuivi en 1975 la
diffusion d'une programmation différente de celles que l'on retrouve
habituellement à l'écran. Axée sur la
société d'ici, sur sa vie, sa culture, cette programmation, on a
pu le constater, propose des connaissances d'ordre général, mais
aussi des informations et des analyses sur ce qui se passe ici. Elle a le souci
d'utiliser et de faire connaître les ressources éducatives et
culturelles du milieu, sans négliger pour autant l'ouverture
nécessaire aux réalités du monde dans lequel nous
vivons.
Parallèlement à la diffusion de sa programmation, l'ORTQ a
voulu connaître les points de vue des citoyens québécois
sur sa programmation et sur son développement. A cet effet, l'ORTQ
décidait, en janvier 1975, d'entreprendre une campagne de consultation
auprès des citoyens de toutes les régions du Québec. Les
membres de la direction de l'office ont effectivement tenu des audiences dans
dix régions de la province d'avril à octobre 1975. 175
mémoires y ont été soumis par des groupes
variés.
Toujours dans le but d'accroître l'accessibilité de ses
produits, l'office a poursuivi en 1975/76 le développement de ses
services aux câblodistributeurs. Commencé en 1974, ce service
rendait la programmation de Radio-Québec accessible à une
quinzaine de câblodistributeurs au commencement de 1975. Leur nombre
s'est accru à 20 durant la dernière année et environ une
trentaine d'entre eux devraient, au seuil de 1977, pouvoir présenter en
différé la programmation de Radio-Québec.
Une autre dimension de l'accessibilité que l'office a introduite
en 1975/76: la rediffusion, le lendemain en matinée, de la majeure
partie de sa grille de la veille; à cette diffusion venait s'ajouter, en
début de grille, la présentation d'émissions du
ministère de l'Education du Québec. Poursuivie en 1976/77, cette
politique de diffusion, apte à correspondre aux habitudes
d'écoute variées des différents groupes constituant
l'auditoire possible de l'office, assurera une présence à
l'écran de 2395 heures en 1976/77, comparativement à 1824 heures
en 1975/76 et à 1008 heures en 1974/75.
Ces heures de présence à l'écran comportent, en
première diffusion, un taux de reprises souvent jugé comme trop
élevé. L'ORTQ a pour objectif de diffuser une programmation de
qualité. Son intention est de voir à ce que, dans les grilles
futures, l'importance relative des reprises diminue progressivement, sans pour
autant souhaiter leur disparition pure et simple. En investissant dans la
qualité et la durabilité de ses productions, celles-ci peuvent
avec avantage être reprises selon certains cycles à l'écran
et par ailleurs injectées dans le
système de distribution que l'ORTQ veut développer.
Le programme 8 couvre le cinéma et l'audiovisuel.
Ce programme a pour objectif, selon la Loi sur le cinéma
sanctionnée le 19 juin 1975, d'amorcer une action rationnelle et
planifiée face à l'important domaine économique,
industriel et culturel qu'est l'industrie du cinéma et de
l'audio-visuel.
De plus, ce programme vise à fournir aux ministères et
autres organismes paragouvernemen-taux une expertise technique en
matière de cinéma et d'audio-visuel, soit pour la production, la
distribution, la conservation, la classification des oeuvres et documents.
Nous continuerons d'assurer les mêmes services qu'auparavant,
divisés en trois catégories: production, distribution et
photographie.
Ce programme a assuré la liaison entre les commanditaires et les
maisons de production en donnant un service de production maison avec
l'équipe de Québec et en conseillant les ministères et
organismes gouvernementaux en matière de production
cinématographique.
Le programme a maintenu le prêt communautaire avec ses deux
cinémathèques de Québec et de Montréal,
organisé des lancements, participé à des festivals et
à des colloques, fait la promotion des films de l'OFQ dans les salles de
cinéma et à la télévision et, enfin, publié
des catalogues et des ciné-fiches.
Enfin, le service de prise de photographie et de laboratoire pour les
ministères et organismes par ses deux bureaux de Québec et
Montréal a été continué.
Voilà, M. le Président, un bilan des principales
réalisations du ministère, au cours de l'année qui s'est
terminée le 31 mars 1976.
Nous abordons maintenant les orientations des programmes du
ministère des Communications pour l'exercice 1976/77.
Le ministère des Communications disposera, pendant l'année
en cours, d'un budget de $60 757 000 comparativement à un budget de $56
733 000 en 1975/76 pour les mêmes programmes.
Les crédits du secteur des services de soutien, $38 270 300,
permettront au ministère d'offir les services de
téléphonie, de téléinformatique, de
radiocommunication, d'information et d'édition gouvernementale aux
différents ministères. L'augmentation des crédits de ce
secteur, qui est de 8,2%, servira surtout à faire face à
l'augmentation des coûts des services téléphoniques, $17
675 300 comparativement à $13 329 600 pour l'année 1975/76.
Le budget réservé au développement des
réseaux et des media de télécommunications, de même
qu'à la surveillance et au contrôle des compagnies dispensatrices
de services publics connaîtra une certaine stabilité cette
année, après avoir connu une croissance de 44,9% en 1975/76.
L'augmentation des crédits de ce secteur n'est, en effet, que de 3,1%
pour l'exercice 1976/77.
Le budget de l'Office de radio-télédiffusion du
Québec subit une diminution de $950 000 pour la production de documents
audio-visuels pour le ministère de l'Education. De fait, ce n'est pas
une véritable diminution puisque les crédits sont prévus
dans le budget du ministère de l'Education, et les services qui seront
fournis par Radio-Québec seront facturés au ministère de
l'Education en cours d'année.
Les activités relatives au cinéma et à
l'audiovisuel ont été transférées du
ministère des Affaires culturelles et les crédits
afférents passent de $1 308 000 à $2 832 400 suite à
l'entrée en vigueur de la Loi sur le cinéma. Bien sûr, ceci
ne couvre pas, dans les crédits actuels, ce qui devra être
accordé en subvention à l'Institut québécois du
cinéma lorsque l'institut sera mis sur pied.
Au programme 1, réseau et équipements gouvernementaux de
communication. Dans le secteur des communications téléphoniques,
nous continuerons d'assurer une coordination des systèmes de
communications installés à l'intérieur du réseau
gouvernemental. De plus, on continuera à améliorer le service
pour répondre aux différents besoins des organismes.
En communications informatiques, de nouveaux projets
nécessiteront une augmentation du réseau, en plus de la mise sur
pied de différents systèmes de communication.
En radiocommunications, nous compléterons l'infrastructure du
réseau en Gaspésie et le réaménagement de la zone
de Québec. De plus, différentes études techniques
s'effectueront pour augmenter la capacité du réseau de
radiocommunications mis au service des différents ministères.
Au programme 2, communications gouvernementales et renseignements. Les
principaux objectifs, pour 1976/77, de cette activité prioritaire sont:
-Assurer les ressources humaines et matérielles afin de répondre
à environ 1200 demandes quotidiennement. Le personnel actuel peut
absorber ce nombre tout en maintenant la qualité du renseignement. Ce
nombre est également suffisant pour y attirer une
rétroinformation significative. L'utilisation de la publicité
à la télévision, selon les besoins, servira à
régulariser le flot des demandes. -Nous visons également à
améliorer la qualité du renseignement par la révision et
la mise à jour de la banque centrale de renseignements, la consolidation
des banques régionales et leur intégration à la banque
centrale. Nous voulons réaliser des programmes collectifs de formation
et de perfectionnement du personnel; la réédition du
répertoire des publications gratuites; la publication d'un
répertoire des sources de financement offert aux organismes sans but
lucratif par les ministères membres du comité
interministériel sur la qualité de la vie. -Enfin, nous voulons
améliorer le système de rétroinformation pour en faire un
outil plus efficace de développement de la fonction renseignement dans
l'ensemble de l'appareil gouvernemental.
A l'occasion des Jeux olympiques de Montréal, plusieurs
ministères concentrent actuellement leurs efforts et leurs ressources
pour réaliser
trois actions d'envergure: D'abord, l'accueil des quelque 6000
journalistes et commentateurs, l'accueil des milliers de visiteurs et, enfin,
un appel à toute la population du Québec pour qu'elle
reçoive et accueille tous ces visiteurs avec le même esprit
d'hospitalité et de disponibilité qu'elle a manifesté
à l'occasion de l'Expo 67. Le ministère a accepté,
à la demande des ministères et organismes participants, de se
charger de l'animation et de la coordination de ces importants projets de
relations publiques.
Au cours de la prochaine année, nous entendons redoubler
d'efforts en ce qui a trait au développement des ressources humaines et
au développement des communications. C'est ainsi que nous continuerons
d'offrir des activités de perfectionnement pour les agents et les
techniciens en information. Nous désirons également impliquer
davantage le personnel de direction des services de communication des
ministères et organismes dans une démarche visant à
développer les différents aspects de la communication au
gouvernement du Québec tant sur le plan des techniques que sur le plan
des réseaux de communication.
Au programme 3, édition gouvernementale. Au cours de l'exercice
financier 1976/77, nous entendons faire porter les efforts sur les points
suivants: -la refonte avec mise à jour permanente des lois de 1975; -le
recueil de la Loi des cités et villes avec la jurisprudence pertinente
et certaines lois connexes; -les recueils et annuaires de jurisprudence
publiées dans le cadre de notre participation aux travaux de SOQUIJ; -la
poursuite de l'étude de la situation de la traduction au gouvernement du
Québec afin de répondre, le plus adéquatement possible,
à la demande grandissante des ministères; -la réalisation
de plusieurs publications dans les collections "Etudes et dossiers" et
"Connaissances du Québec" avec, entre autres, les monographies
régionales; -le déménagement des librairies de
Montréal et Québec dans des endroits commerciaux faciles
d'accès à la clientèle; le déménagement
étant prévu pour très bientôt, dans le cas de la
librairie de Québec, et pour l'automne prochain pour la librairie de
Montréal; -enfin, la poursuite du projet d'aménagement d'un
centre de distribution, les plans étant en préparation au
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement.
Au programme 4, gestion interne et soutien. Dans le cadre de son
rôle de soutien aux unités administratives, la Direction
générale de l'administration mettra l'accent sur une
programmation améliorée des activités du ministère.
Les différents paliers de décision seront avisés
régulièrement du degré de réalisation des projets
que les directions générales auront soumis au début de
l'exercice financier.
Une équipe de vérification interne s'ajoutera aux services
actuels de la Direction générale de l'administration: service de
gestion financière, service du personnel et services auxiliaires.
Programme 5, développement des télécommunications.
Les activités qui ont été entreprises et qui se sont
développées au cours de l'exercice 1975/76 seront poursuivies et,
dans certains cas, prendront plus d'ampleur. C'est en particulier vrai pour le
secteur des mass media électroniques et pour celui de la recherche. Par
ailleurs, le ministère entend réaliser sa réglementation
dans le domaine de la téléphonie et de la câblodistribution
et vise à faire adopter une nouvelle version, adaptée aux
conditions actuelles, de ces règlements.
L'effort sera continué au service de la recherche pour le doter
d'un personnel qualifié et pluridisciplinaire. Ces effectifs permettront
au service de structurer ses relations avec le milieu extérieur,
d'organiser ses activités contractuelles, de structurer ses relations
à l'intérieur du gouvernement et d'organiser ses activités
de support pour toutes les directions générales du
ministère, et enfin de faire usage de la planification dynamique en
injectant des idées novatrices, en activant le processus d'organisation
du réseau québécois de recherche en communication et en
trouvant les moyens à mettre en oeuvre pour jouer un rôle de chef
de file dans le domaine de ses intérêts.
Faisant suite aux travaux du comité interministériel sur
la téléinformatique, le ministère a pris charge d'un
groupe de travail sur le télépaiement composé de
représentants de cinq ministères et de la
Fédération des caisses populaires Desjardins. Ce groupe de
travail se penchera au cours de l'exercice financier 1976/77 sur les multiples
répercussions d'un système de paiement électronique au
Québec dans le but de définir les mesures à prendre pour
que la venue d'un tel système soit conforme aux objectifs et
intérêts de la collectivité québécoise.
Le groupe aura sans doute recours aux services d'experts pour effectuer
un certain nombre d'études sur des questions d'ordre juridique,
économique, social et financier.
Au niveau des mass media électroniques, le ministère
établira un portrait de la situation actuelle de ce domaine sous les
aspects propriété, mode de financement, publicité,
clientèle desservie et programmation offerte.
Cet inventaire servira notamment à définir un service de
base en radio-télévision qui devrait être accessible
à tous les Québécois, autant sur le plan quantitatif que
qualitatif.
Cette division établira également, en consultation avec
les artisans de cette industrie et la population à desservir, les
difficultés de tout ordre rencontrées dans le
développement des mass media électroniques afin de
déterminer le rôle que peut jouer l'Etat dans ce secteur.
Dans le secteur de l'écrit, il s'agit ià aussi, dans un
premier temps, de faire l'inventaire de la situation présente. Cet
inventaire servira d'autre part à l'OPDQ pour son plan
d'aménagement du territoire, section communications.
Ce portrait de la situation présente permettra au
ministère de déterminer avec précision les dis-
parités qui existent tant au plan de l'accessibilité
à son contenu et de déterminer les modes d'interventions de
l'Etat en ce domaine. L'objectif du ministère, ici encore, vise à
doter le Québec d'une presse de qualité, qui soit forte et libre
de toute autre contrainte que celle de servir avec rigueur les besoins
socio-culturels des Québécois.
La Régie des services publics entend accentuer au cours de
l'année en cours ses interventions principalement au niveau de la
production d'émissions et de services, de sorte que s'extériorise
une fois pour toutes et s'affirme cette personnalité distincte de la
câblodistribution, qui en fait une industrie unique dont le
véritable potentiel, en termes de services au public, demeure encore
à préciser en fonction de l'intérêt public.
L'Office de radio-télédiffusion du Québec. Au cours
de l'année en cours, préférant investir dans la
qualité et la durabilité, l'office n'envisage pas une extension
quantitative de ses productions autonomes en 1976/77, à l'exception d'un
certain nombre d'heures de production dites régionales, correspondant
à des besoins identifiés par des citoyens des régions du
Québec. Ce type de production sera facilité par la mise en
activité, en 1976/77, d'une nouvelle unité mobile de reportage,
trois caméras.
D'autre part, sur le plan de la distribution, l'office propose de rendre
disponible copie de certaines séries susceptibles d'être
réutilisées hors antennes, par exemple la série "Vivre
comme du monde" sur la santé, jusqu'à concurrence d'une
cinquantaine d'heures. Parallèlement, la Direction de la distribution
procédera à la mise en place des opérations pour
identifier et cataloguer ses documents en prévision de la
réalisation dans les années qui viennent des programmes de
distribution visant à répondre à des besoins qui, sur ce
plan, sont appelés à croître substantiellement, en
particulier dans le monde de l'enseignement.
Programme 8, cinéma et audio-visuel. La Loi sur le cinéma,
sanctionnée le 19 juin 1975, établit la base de la politique
gouvernementale dans le domaine du cinéma et de l'audio-visuel, et
définit le partage des responsabilités, tant du gouvernement que
de l'Institut québécois du cinéma, face au monde du
cinéma et de l'audio-visuel. Cette loi modifie les mandats de deux
organismes gouvernementaux qui oeuvraient dans le domaine: L'Office du film du
Québec et le Bureau de surveillance du cinéma du Québec.
Ceux-ci disparaissent, mais leurs fonctions, considérablement
élargies et diversifiées, se retrouvent au sein de la nouvelle
direction générale.
Il s'agit donc, pour le ministère, d'un nouveau programme qui
amène des activités nouvelles. Le programme, pour cette
première année, consiste globalement en une intervention à
tous les paliers stratégiques, selon les objectifs de la loi.
Nos interventions se situeront, notamment, au niveau de la coordination
de la production et du soutien technique et administratif, ce qui devrait nous
permettre, d'abord, de recevoir, analyser et piloter tous les projets de
production des ministères et organismes gouvernementaux et de superviser
l'attribution de leur exécution vers l'entre- prise privée;
ensuite, de veiller à ce que le pouvoir d'achat gouvernemental, dans ce
domaine, soit employé dans le sens des objectifs de la politique
gouvernementale, tout en favorisant et stimulant les coproductions entre
commanditaires.
Nous nous emploierons également à rassembler tous les
équipements et les effectifs de soutien technique nécessaires
à l'ensemble des activités de la direction générale
et, enfin, à coordonner tous les gestes administratifs de la
direction.
Le deuxième secteur prioritaire est la promotion gouvernementale
du cinéma québécois et la cinémathèque
nationale. En ce sens, nous nous efforcerons d'assurer toutes les
activités de mise en marché des oeuvres, surtout celles
commanditées par les ministères et organismes, en plus d'assurer
la présence de ces documents aux festivals et manifestations culturelles
et leur distribution commerciale sur le territoire québécois et
à l'étranger. La surveillance et la protection du public face
à l'industrie, et celle du cinéma québécois face
à la production étrangère retiendront également
notre attention.
Finalement, la cinémathèque nationale deviendra le
dépositaire privilégié de toute la production
cinématographique, photographique, audio-visuelle, radiophonique et
télévisuelle québécoise, ainsi que de toute la
production étrangère pouvant intéresser le Québec
en vue de diffuser ces oeuvres et de répandre la culture
cinématographique dans tout le Québec.
Voilà, M. le Président, qui complète l'examen des
programmes sous ma responsabilité. Je suis conscient d'être
passé très rapidement sur des sujets susceptibles
d'intéresser les membres de cette commission. Je compte, cependant, que
les membres de la commission n'hésiteront pas à soulever les
points qui les intéressent et je me ferai un plaisir de répondre
aux questions. Merci.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saint-Jacques.
Commentaires de l'Opposition M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, si vous m'appelez, c'est
probablement parce que c'est à moi qu'incombe de remercier le
conférencier. Je m'acquitterai de cette tâche le plus rapidement
possible.
J'en suis à l'étude d'un septième budget du
gouvernement québécois, ce qui ne rajeunit personne. Quand le
leader du gouvernement a convoqué la séance de cette commission
pour étudier les crédits du ministère des Communications,
à ce sentiment de fatigue, qu'il faut bien reconnaître, pouvait
s'ajouter, en même temps je reprends une expression que le
ministre lui-même a utilisée dans son texte une nouvelle
séance de frustration à laquelle nous devrions nous livrer.
Frustration d'ailleurs accentuée par le texte même que
vient de nous lire le ministre des Communications. Je m'explique. Ce texte,
fort informatif en soi, nous sera particulièrement utile au
cours de l'étude des crédits que nous commençons.
Effectivement, il répond d'avance à un certain nombre de
questions que, pour l'information du public tout autant que la nôtre,
nous nous apprêtions à poser. Il est l'image d'un ministère
de soutien qui se contente d'être un ministère de soutien et que,
je le reconnais très positivement, accomplit bien, à plusieurs
endroits, sa tâche de soutien.
En ce sens, M. le Président, si je n'avais que cette conception
du ministère des Communications, il serait possible, avec un
consentement unanime, que nous terminions l'étude des crédits ce
soir. Pourquoi?
Le Président (M. Pilote): Adopté?
M. Charron: Parce que mettez-vous à ma place, M. le
Président que voulez-vous que je suggère de plus...
M. Hardy: De mieux.
M. Charron: ... ou de mieux, je le dis, par exemple, à
l'extension du réseau téléphonique à l'usage du
gouvernement et à l'usage de tous les ministères? Je ne peux ici
qu'exprimer un souhait, que probablement tous les Québécois
formulent, c'est que cela se développe pour le mieux, que cela devienne
le moins coûteux possible et que ce soit le plus utile et le plus
facilement accessible. Probablement que c'est l'avis de tous les membres de la
commission autour de cette table. Que voulez-vous que je dise de plus sur
l'Editeur du Québec, si ce n'est de prendre bon acte de ce que m'a
donné comme informations le ministre des Communications dans son
intervention et de souhaiter je le ferai lorsque vous appellerez le
programme que ce qui émane de l'Editeur du Québec soit
plus accessible, qu'il continue l'oeuvre entreprise l'année
dernière à travers le Guide du citoyen.
Sur la politique du cinéma, nous avons le ministre et
moi-même une discussion à finir. Il est possible que l'action du
ministre, au cours de la dernière année, se soumette à
plus de critiques. Mais, si je ne faisais que cela, M. le Président, je
rendrais un fort mauvais service, je pense, non seulement à la
commission, mais, sans prétention aucune, à ce que les
Québécois escomptent que nous fassions lorsque l'étude des
crédits est soumise à un débat public où nous
pouvons soulever d'autres questions.
Ce n'est pas que je veuille accrocher le grelot sur un point ou sur un
autre, mais vous me permettrez, M. le Président, de constater avec
surprise c'est le moins que je puisse dire; je renforcerai
peut-être mon vocabulaire au fur et à mesure que je parlerai
qu'à la page 13 c'est peut-être symbolique aussi
on résume en quelques lignes la question des relations
intergouvernementales et des négociations
fédérales-provinciales, qui permettrait à ce
ministère d'être autre chose qu'un ministère de soutien et
qui ferait que, ce soir, probablement tous les membres de la commission se
seraient lancés à l'assaut de cette commission, parce que nous
avons tous, à un moment ou à un autre, dans l'esprit
l'idée de ce que pourrait être le ministère des
Communications du Québec comme outil culturel d'intervention dans la vie
des Québécois.
Je prends à témoin le ministre lui-même dans les
communications qu'il a livrées, depuis qu'il est à la tête
du ministère, sur les différentes tribunes publiques qui l'ont
accueilli. Lui-même en est conscient; le livre vert du gouvernement
déposé en 1971, jusqu'à aujourd'hui, répète
à satiété ce que nous pourrions faire si les
Québécois étaient maîtres d'oeuvre de la politique
des communications, ce que nous pourrions développer, quels services
nous pourrions rendre à la collectivité québécoise
qui est une minorité sur le continent nord-américain.
Nous le savons tous, mais, en même temps, il se trouve qu'autour
de cette table je sois le seul homme qui ait déjà accepté
de briser le régime et de travailler à briser le régime
à l'intérieur duquel nous sommes soumis à cette constante
et permanente frustration.
Avez-vous vu comment le ministre nous a résumé les
négociations fédérales-provinciales dans le secteur des
communications, M. le Président? Je termine. "Depuis l'été
1975 au moment de sa nomination, je dis au moment de sa nomination; je
peux même dire depuis l'échec de la conférence de juillet
1975 où son prédécesseur était encore le
porte-parole du gouvernement québécois et de tous les
Québécois là-dessus jusqu'au début de 1976
le dossier fédéral-provincial sur les communications n'a
guère évolué principalement à cause de l'absence
d'un homologue au niveau fédéral. Ce n'est qu'à la suite
de la nomination de madame Jeanne Sauvé que les négociations ont
repris sur cette question en mars 1976. "
Nous bondissons, M. le Président, à la page 14 pour voir
ce qui est arrivé avec les négociations depuis que madame
Sauvé est là. Parce que le ministre ne pouvait pas fonctionner;
madame Sauvé n'était pas là. C'est comme si le
gouvernement fédéral n'avait qu'à retarder la nomination
d'un ministre pour absolument paralyser le développement des
communications québécoises. Probablement qu'il n'imaginait pas
qu'il avait la tâche aussi facile.
Je crois qu'il manque une page, M. le Président, parce que je
saute à la page 14 et on me parle de coopération internationale
avec la France.
Les négociations ont repris en mars 1976. Qu'est-ce qui est
arrivé? Où, quand, comment, qu'est-ce qui est arrivé? Quel
pas avez-vous fait? Encore la même impasse. J'ai souvent l'impression,
lorsque je suis convoqué à cette commission, qu'on m'amène
au pied du mur des lamentations. Il ne me reste plus ici qu'à dire et
à redire, ce que je fais depuis sept ans, M. le Président:
Qu'est-ce qu'on peut souhaiter de plus?
De l'autre côté, si j'engage le débat que j'ai
déjà mené jusqu'à m'en écoeurer, M. le
Président, qu'est-ce qu'on va me répondre de l'autre
côté? On négocie. On a bon espoir. Cela va avancer. Un
jour, cela va débloquer. Il y a Mme Sauvé de
nommée là, on ne sait jamais ce qui va arriver. On a un
nouveau ministre québécois, cela, on ne sait jamais ce qui va
arriver. Le premier ministre du Québec est dans le dossier, comme si
cela réconfortait quelqu'un lorsqu'il s'agit de négocier avec le
fédéral. Et puis quoi?
On va s'asseoir ici, M. le Président, jusqu'à minuit
peut-être ce soir, si on veut. Je vais continuer à dire ce que
pourrait faire le gouvernement du Québec. Je peux énoncer, moi,
ici, toutes les politiques nouvelles que le Québec pourrait lancer, dans
le domaine des communications, à l'intérieur de la petite
collectivité québécoise française; ce que nous
pourrions rendre comme services à nos concitoyens si nous étions
les maîtres-d'oeuvre.
Connaissant le ministre personnellement, M. le Président, je puis
vous dire qu'il endosse très probablement le grand nombre de principes
théoriques que je pourrais me désâmer à
édifier ici. Il les a lui-même faits et à plusieurs
reprises. Je peux plaider coupable sur ce plan, je ne ferai que reprendre ce
que lui-même a avancé à l'aide des hauts fonctionnaires qui
l'accompagnent. Et puis quoi? On va sortir encore à la fin de la
séance en disant: Bien, on va améliorer le
téléphone; bien, on va donner un petit peu non, ce n'est
même pas un peu plus, c'est un peu moins d'argent à
l'Editeur du Québec; bien, on va faire ci, et on va travailler
là-dessus. C'est comme si on était au ministère des
Travaux publics; ils nous disent qu'on a l'intention de mettre des
fenêtres sur les édifices qu'on va construire. C'est le genre de
réponses auxquelles on peut s'attendre.
Mais il est important ce dossier, M. le Président. On dirait que
le gouvernement est rendu conscient de la lassitude que tout le monde peut
avoir devant ce genre de lamentations éternelles auxquelles on a
été soumis depuis que le ministère des Communications
appartient à l'équipe Bourassa. Je me souviens encore de
l'époque du prédécesseur du ministre avec lequel j'ai fait
l'étude des crédits, où nous avions l'occasion de
déterminer, de façon frustrante, ce que pourrait être la
politique des communications québécoises. On dirait qu'ils ont
honte maintenant d'en parler. Ils ont honte de parler de l'échec parce
qu'ils se sont avancé le nez trop considérablement en disant:
C'est une question de mois. Lorsqu'on était en 1971 et que le
gouvernement venait de s'installer, cela pouvait peut-être
apparaître comme une question de mois. Lorsqu'on était en 1973 et
que le gouvernement venait d'être réélu avec un mandat
clair qui pouvait être exprimé aussi bien sur la politique des
communications que sur l'ensemble de la politique du gouvernement
québécois, nous pouvions le croire. Mais quand on est rendu au
septième budget de ce gouvernement et que le dossier est encore à
la même maudite place qu'il était il y a six ans, ce n'est pas
surprenant, M. le Président, que cela nous donne l'impression qu'il
manque une page dans le dossier. Ils ne veulent même plus en parler, eux
autres mêmes, parce qu'ils ont la nette conviction que cela n'avancera
pas.
Ce n'est pas parce que le premier ministre s'en occupe ou que c'est
d'ordre constitutionnel ou pas constitutionnel, c'est parce qu'il n'y a pas de
volonté politique pour régler ce problème, exactement et
purement. Il n'y en a pas du côté québécois,
autrement que pour la frime. Le gouvernement s'est toujours servi de cette
tribune des communications pour se faire une belle jambe nationaliste, pour se
conserver une image et une clientèle, d'ailleurs qui le déserte
à tour de bras, de sondage en sondage, mais une clientèle qui
peut croire encore qu'effectivement on peut faire confiance à
l'équipe Bourassa pour maintenir et défendre
l'intégrité des politiques de communication du Québec. De
fois en fois, cette clientèle diminue. Le gouvernement en est
conscient.
Il y a des négociations avec Mme Sauvé, elles ont repris
en mars 1976. Et puis quoi? Elles vont durer encore l'année prochaine,
M. le Président, si nous sommes encore tous ici autour de cette table,
et elles vont durer encore longtemps. Je n'ai plus envie de reprendre ce que
j'ai maintes fois exprimé à la table de cette commission, parce
que l'opinion fédérale a été exprimée de
façon tellement claire à l'effet que, là-dessus, ils ne
voulaient rien savoir.
Ils nous renvoient braire. C'est exactement dans cette impasse qu'on a
eu tendance, du côté québécois, à nous
enfermer à nous maintenir pendant une grande période de
temps.
Cela ne peut plus marcher. Du vide politique qui caractérise le
gouvernement du Québec, on en a eu, au cours de la dernière
année, un autre exemple avec la conférence
fédérale-provinciale des ministres des Communications. De l'aveu
même du ministre des Communications de l'époque, il s'agissait
d'un échec complet. Cet échec a pris sa source dans les habitudes
de servilité qu'a prises le gouvernement Bourassa depuis qu'il est au
pouvoir et aussi dans la rigidité du fédéralisme tel qu'il
s'incarne depuis que Trudeau, de son côté, est au pouvoir.
Une chose est claire, M. le Président. A Québec, on
oscille entre la résignation systématique et la soumission,
tandis qu'à Ottawa il y a la volonté permanente de soumettre. Les
deux mouvements se complètent et ce n'est pas la présence dans le
paysage d'un ministre québécois un peu moins soumis que les
autres qui va changer le cours des événements.
Il y a cinq ans, face à la volonté de conquête
fédérale, rappelez-vous cela, M. le Président, le
Québec combattait encore sur un certain nombre de fronts: partage
fiscal, développement industriel, programmes conjoints, relations
internationales, politiques sociales, richesses naturelles, communications.
Dans tous ces domaines, on se battait pour conserver les leviers du
Québec. Il s'agissait de les accroître et même, à
l'occasion, de freiner l'expansion du gouvernement central, c'est-à-dire
de ceux qui permettent à un gouvernement digne de ce nom d'orienter la
société dont il est responsable. L'un après l'autre et
désormais sans aucune exception, chacun de ces fronts a
été évacué faute de combattants du
côté québécois. On a graduellement tout
laissé à Ottawa. Ce fut l'époque du
fédéralisme rentable, celle où, pour
quelques dollars de plus, on vendait à Ottawa les droits du
Québec.
Maintenant, le fédéralisme rentable est passé de
mode. Il est presque gênant à employer comme formule car il n'y a
plus grand-chose à vendre. C'est pourquoi, grâce à
l'imagination du publiciste qui nous sert de premier ministre, est né un
autre slogan, fumeux à l'époque, la souveraineté
culturelle, dont le contenu précis n'a jamais été
défini, que s'est efforcé de définir le ministre actuel
lorsqu'il était aux Affaires culturelles. Mais, l'année suivante,
lors de l'étude des crédits, il n'a pas osé le reprendre
parce qu'il était évident, entre les deux années de ces
crédits, qu'il n'avait pas avancé d'un seul pouce vers la
souveraineté culturelle.
Si on ne sait pas grand-chose de cette invention baroque à
laquelle s'est prêté le ministre des Communications et à
laquelle, d'ailleurs, il se prêtera probablement lorsqu'il me
répondra, on croit du moins savoir, par les déclarations du
premier ministre lui-même, qu'elle est directement reliée à
deux dossiers dans lesquels le Québec vient de subir un
écrasement significatif, pour ne pas dire spectaculaire.
L'un de ces dossiers était sur les relations du Québec
avec la France. L'autre était le dossier des communications.
Reprenons-le un instant, M. le Président, parce que je n'ai vraiment pas
envie de refaire un débat l'expression ne peut être plus
juste pour la galerie. J'aime mieux garder mon énergie, M. le
Président, pour aller parler à des Québécois qui,
eux, peuvent sortir du régime que de m'enfermer dans cette commission,
avec une "gang" d'hommes qui travaillent à maintenir ce régime
jour après jour, soir après soir et qui, à l'occasion,
pour se faire une bonne coquetterie nationaliste, se permettent de dire que,
sur le dossier des communications, c'est le Québec qui devrait
être le maître.
Je ne peux pas prendre, M. le Président, en même temps une
affirmation comme celle que peut se préparer à me faire le
ministre sur son intention, sa détermination à faire du
Québec le maître d'oeuvre des communications et ignorer que tous
ces gens alentour de la table, à l'exception de celui qui vous parle,
travaillent chaque jour à ce que le parti qui propose le maintien du
régime actuel, où ces échecs, où ces
défaites, où ces pertes de confiance des Québécois
se multiplient, se maintienne et soit réélu. Ou, alors, ces gens
qui travaillent d'arrache-pied au maintien du fédéralisme
à rencontre d'une volonté croissante des Québécois
ne se servent de cette tribune uniquement que pour avancer des propos qui n'ont
aucune conduite.
On n'est même pas capable de m'informer sur l'état actuel
des négociations. On se contente maintenant de me dire qu'il y en a,
comme s'il s'agissait d'une promotion des intérêts
québécois par le simple fait qu'il existe un comité de
négociation.
M. le Président, le 25 mars dernier, le ministre des
Communications s'efforçait de répondre à son
collègue il pouvait lui parler maintenant, il y en avait un de
nommé le ministre des Communica- tions fédéral qui
venait de dire clair, net et précis que sa position ne changerait pas,
puis qu'il ne concéderait absolument rien, sauf des arrangements
administratifs qui avaient d'ailleurs déjà été
refusés par le gouvernement québécois à une
précédente conférence fédérale-provinciale.
Huit jours plus tard cela c'était le 17 mars le ministre est
invité à une tribune publique de Montréal et reprend les
positions québécoises maintenues dans le livre vert dont nous
avons parlé et répétées par tous les partis de
l'Assemblée nationale à l'unanimité sur cette question. Je
relisais, avant que vous nous convoquiez ce soir, cette intervention du
ministre attendez un peu, je l'ai même ici devant le
Publicity Club de Montréal, le 25 mars dernier. M. le Président,
je n'ai rien à redire sur le contenu, je suis parfaitement d'accord sur
cela. Je dis même plus que le ministre. Moi, je prends les moyens
politiques pour arriver à cela. Ces objectifs sont normaux. C'est vrai
que, par exemple, prenons le cas du téléphone on en
parlera lorsqu'on arrivera au programme précis quand vous l'appellerez,
M. le Président il y a effectivement un grand
intérêt québécois à contrôler les
activités des entreprises de téléphone au Québec.
J'ajouterai aux arguments du ministre dans ce cas-là, ne serait-ce que
pour la galerie, encore une fois, mais je suis convaincu qu'il a raison
là-dessus. Sa politique de la câblodistribution, j'ai
travaillé à sa réglementation, actuellement bafouée
par le gouvernement fédéral et non respectée par le CRTC.
J'ai travaillé, moi, en septembre 1973, avec d'autres collègues
de l'Assemblée à l'amélioration je le dis bien
sincèrement de cette réglementation. Je suis parfaitement
solidaire des objectifs québécois énoncés
là-dedans.
Savez-vous ce que nous annonçait de concret le ministre,
après avoir répété une salade, parce qu'il faut
bien le dire, qui dure depuis 1971? J'en demeurais estomaqué encore ce
soir en relisant cela. Après avoir repris toutes les positions
québécoises maintes fois énoncées, je comprends un
peu la gêne du ministre des Communications de toujours
répéter la même chose, quand il sait très bien que
cela n'avance pas.
A la page 15 de son texte, dans les trois dernières, se voulant
un peu novateur, car il était le nouveau ministre des Communications et
il fallait qu'il aille un petit peu plus loin que l'autre, sinon tout le monde
aurait dit: Ecoute, qu'est-ce que tu es venu nous dire de neuf, tu parles pour
parler, comme on dit, puis cela n'avance rien, il fait une suggestion
concrète: "Je serai même plus précis dans ce contexte et je
me permets d'avancer une suggestion bien concrète. Pourquoi ne
pourrions-nous pas mettre sur pied un groupe de travail vous voyez comme
c'est neuf, M. le Président, comme suggestion constitué de
fonctionnaires des deux gouvernements jusqu'ici ce n'est pas encore
très concret dont le mandat serait de écoutez bien
cela déterminer quelles sont les revendications
particulières du Québec pour lesquelles des clarifications
constitutionnelles pourraient être utiles, et une fois le premier jalon
franchi, il nous sera alors plus facile d'envisager la question avec nos autres
partenaires de la
fédération. Il me paraît qu'il serait assez simple
d'agir ainsi puisque le Québec a inscrit sa position dans le texte "Le
Québec maître d'oeuvre de la politique des communications sur son
territoire. "A partir de ce texte, le groupe de travail proposé pourrait
rapidement en arriver à des conclusions qui seraient soumises aux deux
ministres des Communications. Si ma suggestion était retenue, je serais
disposé, quant à moi, à y consacrer les efforts
nécessaires de mon ministère pour que s'accomplisse ce travail
dans un délai très court, trois à quatre mois tout au
plus."
La suggestion concrète du ministre, après huit ans de
négociation sur le dossier depuis que le ministère des
Communications existe au Québec, après six ans de braillage
Bourassa sur le sujet, c'était de créer un comité qui
déterminerait ce qui est et ce qui n'est pas d'ordre
constitutionnel.
Aie! Est-ce qu'on était avancé à votre goût,
M. le Président, le 25 mars 1976? On ne savait pas encore, on n'avait
pas encore établi dans un comité le comité
n'existait même pas, puisqu'il parlait de sa création ce
qui est constitutionnel, donc qui relève du premier ministre, donc qui
ne se réglera jamais, et ce qui est administratif, donc qui
relève des fonctionnaires et qui pourra se régler avant l'an
2000.
Nous étions donc en train de déterminer ce qu'il fallait
pour faire du Québec le maître d'oeuvre de la politique des
communications et l'on proposait, comme suggestion concrète, de nommer
un comité qui déterminerait le travail à faire pour
l'avenir. C'est le bout de tout! Continuons. En réponse au gouvernement
fédéral, il dit, en parlant de la déclaration de Mme
Sauvé je m'étonne qu'il ne l'ait pas en détail,
moi, je l'avais ceci: "Je n'en connais pas les détails et,
quoique ceci ne présume pas de changements de fond à la position
que le Québec soutient en communication encore une fois, serment
d'allégeance je serais intéressé à prendre
connaissance de ces propositions, de leurs éléments constitutifs
et y souscrire dans toute la mesure du possible, mais ces propositions, je ne
les ai pas encore reçues." Voyez-vous? On négocie fort depuis six
ans! Il n'avait pas encore reçu les propositions fédérales
de Mme Sauvé sur ce sujet.
On travaillait sur quoi, à ce moment-là, dans le dossier
fédéral-provincial? Le ministre s'étonne peut-être
que, comme critique de l'Opposition officielle sur les communications, je ne me
lève pas régulièrement à l'Assemblée. Je
sais; je sais même que des gens des media qui, eux, sont
intéressés, comme bien des Québécois, à ce
que le Québec devienne maître d'oeuvre de sa politique des
communications me demandaient, à l'occasion d'un bavardage, comment il
se faisait que, comme député de l'Opposition, je ne pose pas plus
régulièrement de questions, lors de la période des
questions à l'Assemblée nationale, sur l'évolution du
dossier des communications. Parce que j'ai trop de respect pour la Chambre pour
lui faire perdre son temps.
Qu'est-ce que vous voulez que je demande? Pourquoi me lèverais-je
moi, la semaine prochaine, pour demander au ministre des Communi- cations ce
qui arrive dans le dossier important des communications? Qu'est-ce que vous
croyez qu'il va me répondre? La même chose que depuis six ans: On
négocie. On avance. Je ne sais même pas encore s'il est
constitué, le comité très concret dont parlait le
ministre. Est-ce que le fédéral a envoyé ses
délégués? Je vous le demande tout de suite. Voilà!
J'aimerais que le signe négatif de la tête du ministre soit
enregistré au journal des Débats. Il y avait une proposition
concrète dans tout ce charabia et elle n'est même pas... Je suis
obligé d'appeler cela comme cela, même si je suis d'accord avec
les objectifs, parce que cela devient niaiseux, à un moment
donné. Cela devient niai-seux. On va s'asseoir ici et on va dire: Bien
oui, ils devraient faire cela et ça devrait avancer.
Bien sûr, je pourrais, ici, faire une grande sortie nationaliste
pour cette affaire-là cela peut être fait en d'autres lieux parce
que tout le monde est d'accord avec les objectifs du livre vert. Mais j'aime
mieux que vous preniez conscience d'une lassitude, je ne m'en cache pas, d'une
lassitude. Lorsque vous appellerez les programmes, je travaillerai à
faire les suggestions que la tenue des dossiers pour l'Opposition
m'amène à faire pour remplir mon rôle aux différents
programmes qui sont là, mais je n'ose plus aborder la question des
négociations fédérales-provinciales. Qu'est-ce que vous
voulez que je fasse de plus? Remontez au journal des Débats de toutes
les années, c'est ma septième. J'ai tout mis en long et en large,
j'ai expliqué, développé et j'avais l'assentiment de
l'autre côté 99% des fois sur les suggestions que je faisais sur
ce que devrait au conditionnel être la politique des
communications du Québec.
J'ose espérer que le député de Terrebonne, ministre
des Communications, ressent, au moins, un peu de frustrations face à ce
qu'il pourrait être. Je le sais homme capable de travailler, capable de
beaucoup de travail. Je sais exactement ce qu'il pourrait faire à partir
du livre vert, s'il avait les pouvoirs. J'espère, au moins, que cette
frustration lui sera assez pénible à l'occasion pour qu'au lieu
de diriger le réseau de téléphone du Québec, il
insiste auprès du Conseil des ministres.
C'est la seule affaire que je peux me permettre de redire aujourd'hui,
pour que ce front sur la politique des communications ne soit pas rien qu'un
front pour la galerie. Ou, à l'occasion, lorsque l'avilissement ou
s'asservissement du gouvernement libéral depuis 1970 devient tellement
écoeu-rante à la face de tous les Québécois, qu'on
se sorte une coquetterie nationaliste, à l'occasion, et qu'il dise:
N'oubliez pas, on est en bataille contre le fédéral sur les
communications. Nous aussi. Au moment où la trahison de ce gouvernement
à l'égard de ce qu'a été le Québec et de la
révolution tranquille des Québécois, lorsqu'elle devient
tellement lourde et pénible à supporter, lorsque, par exemple, on
parle de rapatriement de constitution, on affirme, à partir d'un texte
émanant du Conseil exécutif lui-même, que le partage fiscal
n'est même plus à l'ordre du jour, lorsque l'asservissement est
rendu à ce point, lorsqu'on ne veut même plus parler du partage
des pouvoirs comme conditions essentielles au rapatriement de la constitu-
tion, permettez-moi cette parenthèse, M. le Président,
lorsque l'espèce de... incarné par le premier ministre
lui-même, de pli constant que l'on prend à l'égard du
gouvernement fédéral, lorsque cela devient tellement honteux pour
l'ensemble des Québécois, là surgit, à l'aide d'une
tribune, choisie en quelque part, probablement planifiée
également, une coquetterie nationaliste: Vous qui disiez que nous
abandonnions le Québec, n'oubliez pas que nous négocions avec
Ottawa sur les communications. Bien mon oeil!
Ils ne sont même plus capables de dire ce qu'ils font dans les
négociations avec le fédéral. Ils ne sont même pas
capables, puis le ministre des Communications me l'a dit lui-même, de
constituer un comité pour déterminer qu'est-ce qui doit
être négocié, puis qu'est-ce qui ne doit pas être
négocié. Ils ont demandé la participation
fédérale à ce comité puis ils ne l'ont pas eue.
Alors, est-ce qu'on va aller bien loin? Est-ce qu'on va aller bien loin dans
cette politique-là, M. le Président? Est-ce que c'est
encourageant pour aujourd'hui? Qu'est-ce qui nous reste à dire?
Si le ministre veut, à l'occasion, lors de l'étude de ses
crédits, peut-être même avant l'appel du programme 1, lors
de la séance de demain matin, M. le Président, j'en fais la
suggestion, car je pense que c'est vraiment d'intérêt public, nous
pourrions examiner ensemble les propositions de Mme Jeanne Sauvé du 17
mars dernier. Si vous ne les aviez pas reçues, le 25 mars, moi je les
ai. Si vous ne les avez pas, je vous en ferai parvenir une copie.
Peut-être que mes relations avec le fédéral sont meilleures
que les vôtres. Si vous voulez, demain, dans l'intérêt des
Québécois et je le dis d'avance avec la quasi certitude
que nous en arriverons à l'unanimité de cette commission
nous... j'allais dire nous refusions, que nous analysions d'abord les cinq
propositions de Mme Sauvé, que vous nous disiez parce que vous ne
l'avez pas fait, et cela en est déplorable votre position
précise sur ces propositions. Vous nous avez rappelé dans les
tribunes publiques que je mentionnais, la position originelle du Québec,
celle qui émane du livre vert, mais sur ce qui s'appelle une ouverture
fédérale, ce qu'on a appelé une ouverture
fédérale de Mme Sauvé, il n'y a pas eu de réponse
très précise.
Et pour que cette commission ne redevienne pas un éternel mur des
lamentations, et pour que cette commission ne soit pas non plus que l'examen
d'un ministère de soutien qui, par ailleurs, joue fort bien son
rôle, je le dis à l'égard de tous les hauts fonctionnaires
qui sont là, si nous voulons marquer un pas de plus dans la
solidarité québécoise sur cette politique, alors il serait
peut-être bon que demain, lorsque vous appellerez l'ouverture de la
séance, M. le Président, nous prenions quelque temps à
répéter aux homologues fédéraux du ministre le
pourquoi parce que j'ai vraiment la conviction qu'ils ne l'ont pas
compris des objections québécoises sur ce sujet et sur ce
programme.
Je ne peux pas, M. le Président, de moi-même, vous dire
pourquoi, si j'étais à la place du ministre, et pourquoi
aujourd'hui, comme membre de l'Op- position ou de l'Assemblée nationale,
j'insiste pour qu'à chacun de ces points, il refuse la proposition
fédérale. Je n'aurais fait là qu'un discours.
J'aimerais mieux et je suis obligé aussi d'y recourir
que ce soit l'unanimité de la commission parlementaire des
communications sur ce sujet qui émane de nos travaux, plutôt
qu'une intervention d'un député qui, par ailleurs, est fort
fatigué de revenir éternellement sur des sujets qui font pourtant
l'unanimité de l'Assemblée, mais qui n'avancent pas d'un maudit
pouce.
Pour permettre au ministre de réfléchir à cette
suggestion, M. le Président, je vous signalerai qu'il est dix
heures...
M. Hardy: Si vous voulez, M. le Président, peut-être
avec le consentement... Je crois comprendre que le député de
Saint-Jacques a terminé son intervention préliminaire.
Je n'ai pas d'objection d'ailleurs même si j'en avais, je
n'aurais pas le droit, mais je n'en ai pas à ce que nous
étudiions plus en profondeur ce problème des relations
fédérales-provinciales, lorsque nous aborderons ce n'est
pas nécessaire de le faire avant le programme 1 le
programme...
M. Charron: Le programme, volontiers.
Réplique du ministre M. Denis Hardy
M. Hardy: Si vous me permettiez, j'aimerais mieux qu'on reprenne
demain avec les programmes, si vous m'accordiez quelques minutes, ce ne sera
pas long, pour faire quelques commentaires sur les propos du
député de Saint-Jacques. Nous pourrions, par la suite,
ajourner.
M. le Président, je ne pense pas surprendre grand monde en disant
que je suis largement d'accord avec le député de Saint-Jacques.
Je lui dirais même que la lassitude qu'il éprouve devant ce
perpétuel recommencement je l'ai même dit dans mon texte
c'est de la frustration. Je peux dire au député de
Saint-Jacques que je suis aussi fatigué que lui de cette situation qui
existe dans la fédération canadienne à l'heure actuelle,
que ce soit au sujet des communications, parce que j'y suis plus directement
impliqué, ou dans nombre d'autres dossiers. Je suis un de ceux qui sont
très fatigués, d'une part, de cette situation et également
très inquiets, parce que c'est là la différence
entre vous et moi je crois encore que l'appartenance à cette
fédération est encore ce qu'il y a de mieux pour le
Québec. Mais, devant cette situation qui s'éternise, je crains
qu'un jour cela finisse par éclater et que les objectifs du
député de Saint-Jacques et de ceux qui les partagent se
réalisent.
Le premier ministre du Canada peut proclamer d'une façon
artificielle et désincarnée que le séparatisme est mort,
je regrette, mais ce n'est pas vrai. Il faut être complètement
coupé de la réalité, il faut être enfermé
dans un monde artificiel pour prétendre cela. Il ne faut pas parler
souvent aux Québécois, il ne faut pas les rencontrer, il ne faut
plus avoir d'amis au Québec pour prétendre que
l'idée qu'on appelle cela le séparatisme, la
souveraineté ou l'indépendance qui prévaut depuis
quelques années au Québec, qui a toujours prévalu, dans
une certaine mesure, au cours de notre histoire, qui s'est cristallisée
depuis les années soixante et plus particulièrement en 1968 et
1970, que cette idée est morte. Ce n'est pas vrai. C'est absolument
faux.
Je répète, M. le Président, que je suis
fatigué de cette situation actuelle. A cette fatigue s'ajoute une
inquiétude, encore une fois, c'est que ce à quoi je crois encore,
cela saute. Sur ce point, je ne m'éterniserai pas, je partage et les
sentiments et les opinions du député de Saint-Jacques.
Là où je diverge d'opinions avec lui c'est quand il dit
que, si cela n'a pas avancé, si on est encore, non seulement à
peu près, mais exactement au même niveau que quand tout cela a
commencé aux premières conférences
fédérales-provinciales, quand le député de
Saint-Jacques dit que cela découle d'une absence de volonté
politique du Québec, d'une faiblesse du Québec, là je ne
suis pas d'accord. Je pense que le Québec, par la voix de celui qui m'a
précédé à ce ministère, par la voix du
premier ministre et par ma propre voix je ne veux pas l'évaluer
parce que c'est plutôt gênant, mais en tout cas j'ai le
sentiment d'avoir repris avec la même vigueur la thèse du
Québec
Je pense que le Québec l'a affirmée avec une très
grande force, au point que chez certains Québécois moins
sensibles à ces questions, ceux qui défendent cette thèse
sont accusés de flirter avec l'indépendantisme ou le
séparatisme. Quand on défend cette thèse du Québec
dans certains milieux, je ne parle pas seulement des gens d'Ottawa, même
dans certains milieux du Québec, on nous dit: Ah! Ce sont des
idées séparatistes. Alors, je ne suis pas d'accord du tout pour
dire que nous n'avons pas affirmé une volonté politique. Nous
avons affirmé cette volonté politique et nous avons pris tous les
moyens pour la faire triompher. Nous avons des dossiers extrêmement bien
faits. Je pense que le député de Saint-Jacques ne peut pas nous
contredire, nos dossiers sont très bien faits, nos plaidoyers aux
différentes conférences ne pouvaient pas être mieux
articulés, on ne pouvait pas faire plus. J'aimerais que le
député de Saint-Jacques me dise demain ce que nous aurions pu
faire de plus comme gouvernement appartenant à une
fédération pour faire triompher notre point de vue. Si le
député de Saint-Jacques peut me faire des suggestions, il peut
être sûr qu'elles ne tomberont pas dans l'oreille d'un sourd. Une
des premières choses que j'ai faites, même si je ne pouvais pas
parler parce que pour discuter, il faut avoir quelqu'un en face de soi
même si lorsque je suis arrivé au ministère des
Communications je ne pouvais pas discuter parce qu'il n'y avait personne de
l'autre côté de la barricade, une de mes premières
préoccupations a été de revoir tout le dossier et de me
demander ce qu'on pourrait faire de plus, quelle stratégie, quels moyens
le Québec pourrait utiliser pour faire avancer au moins de quelques pas
ce dossier.
Encore une fois, je répète au député de
Saint-Jacques, que s'il a des trucs, ils seront bienvenus. Le
problème se résume à ceci: Nous sommes en face, et le
député de Saint-Jacques l'a très bien dit, d'une
espèce de mur à Ottawa. Jusqu'ici, Ottawa a
démontré... Actuellement, il y a une certaine je ne
voudrais pas me faire d'illusions à moi-même ni en laisser
à d'autres; je ne voudrais pas dire qu'il y a une grande ouverture
une volonté de se parler, de reprendre le dialogue. Or, à
la dernière conférence fédérale-provinciale, de la
part de M. Pelletier, cela avait l'air... il ne voulait même plus parler,
c'était cela ou plus rien. Même en réaffirmant les
positions du Québec d'une façon très ferme à Ottawa
on manifeste le désir de parler, donc, je ne peux faire autrement que de
prendre acte de cette volonté. Mais je ne me fais pas d'illusions. C'est
là que je reviens à ce que nous pouvons faire devant une position
aussi ferme de la part d'Ottawa. Que nous reste-t-il à faire?
Evidemment, il y a une hypothèse, c'est celle que le
député de Saint-Jacques a de dire: Nous, c'est fini, cette
histoire, on veut un Québec indépendant et cela va tout
régler, sauf que si le député de Saint-Jacques
là-dessus il ne s'est pas trop étendu veut être
honnête envers les membres de la commission et envers l'opinion publique,
il va me dire que surtout avec l'évolution récente de son parti,
il risque fort de se retrouver dans le même cul-de-sac dans lequel nous
sommes et de tourner en rond un joli bout de temps, parce que le jour où
vous allez prendre le pouvoir selon vos derniers... A moins que je vous aie mal
interprété, ce que vous voulez faire, c'est de commencer à
discuter avec Ottawa. Avez-vous l'impression que ces gens vont être plus
fins avec vous autres qu'avec nous? Même si vous avez quelques amis, je
n'ai pas l'impression que c'est parce que vous allez être là
qu'ils vont modifier substantiellement leurs positions.
Vous avez l'histoire du référendum. Là aussi, il
faudrait que j'appuie parce que c'est une autre chose qui m'inquiète et
qui devrait inquiéter le député de Saint-Jacques. C'est
que je ne suis pas si sûr remarquez bien que je le déplore,
je suis un de ceux qui le déplorent qu'il y ait une
volonté très grande dans la population québécoise
sur ces questions. Je vous le dis bien honnêtement. Je suis loin
d'être sûr, d'ailleurs, des sondages le
révèlent...
M. Charron: Sur quelle question?
M. Hardy: Sur la question constitutionnelle en
général. Je vous le répète, je ne dis pas cela avec
fierté ou plaisir, je le regrette, parce que je pense que ce sont des
questions extrêmement importantes, mais pour toutes sortes de raisons
qu'il serait trop long ici d'indiquer, je ne pense pas qu'on puisse mobiliser
beaucoup de troupes.
Quand vous parlez de votre référendum, je suis convaincu
qu'ils diraient non. Alors, vous vous retrouveriez dans la même position
où nous sommes. Vous feriez votre référendum. Si les gens
disent: Non, pas de séparation, qu'est-ce que vous faites? Vous essayez
de nouveau de convaincre le monde? Peut-être qu'au bout de 25 ans vous
allez
finir par l'avoir. Après leur avoir fait manger assez de
misère, ils vont dire: On n'a rien à perdre, on va prendre cette
affaire-là.
M. Charron: Ne nous éloignons pas. Ne nous
éloignons pas.
M. Hardy: Bien, je ne m'éloigne pas plus que vous. Je
reste pas mal dans...
M. Charron: C'est parce que vous allez m'obliger à
répondre.
M. Hardy: Vous vous retrouveriez dans la même situation
où nous sommes. Ce que je veux dire, au fond, au député de
Saint-Jacques, c'est que, si on veut agir avec "efficacité" dans ce
domaine si on ne se contente pas des discussions, parce que, quand on
discute, encore une fois, on ne peut pas imposer unilatéralement notre
volonté il faut proclamer l'indépendance du Québec.
Même vous autres, vous ne voulez pas faire cela. Alors, qu'est-ce qu'il y
a de tellement différent entre vous et nous? Ce n'est pas bien bien
différent, au bout de la ligne, pas très différent.
M. le Président, je ne veux pas allonger inutilement ce
débat, mais je veux dire qu'il faut éviter, d'un
côté comme de l'autre, de se faire des illusions, de s'imaginer,
par exemple, que, parce que c'est un nouveau ministre à Ottawa et un
nouveau ministre à Québec, cela va se régler facilement
ou, à plus long terme, de s'imaginer que, parce que c'est un nouveau
parti, qui fait peut-être un peu plus de bruit, qui est un peu plus
turbulent, un peu plus gavroche, cela pourrait changer quelque chose à
la nature des choses, surtout depuis encore une fois, je vous le
répète que vous êtes devenus beaucoup plus
conciliants, plus tranquilles.
Alors, c'est tout ce que je voulais dire ce soir, M. le
Président. Une seule chose en terminant, je voudrais dire que le
député de Saint-Jacques a laissé entendre, dans sa
réponse à mon intervention, que tout était
"focalisé" sur le problème constitutionnel. C'est un peu,
là aussi, simplifier les choses. Je suis d'accord avec lui que, si on
avait les moyens que nous réclamons, on pourrait faire beaucoup de
choses. On pourrait avoir un véritable ministère des
Communications, qui pourrait vraiment jouer un rôle important dans la vie
culturelle et sociale du Québec. Je suis d'accord avec lui. Mais, de
là à dire que, parce qu'on n'a pas cela maintenant, notre
rôle se réduit à poser des téléphones,
là aussi il faudrait je comprends que c'est un rôle, au
député de Saint-Jacques replacer les choses dans une plus
juste perspective.
Alors, M. le Président, je termine en disant que je suis d'accord
pour que nous reprenions cette discussion.
M. Charron: D'accord. Cela veut dire que cela viendrait mardi
plutôt que demain.
M. Hardy: Oui. Je dis tout de suite au député de
Saint-Jacques: Qu'il ne se fasse pas d'illusions; je n'aurai pas grand-chose
à lui dire sur les négociations, parce que les
négociations... Il ne manque pas de page 14, je ne pouvais pas en
inventer. Le bilan que je devais tracer, j'ai essayé qu'il soit
réaliste. Je n'ai pas fait de roman, je n'ai pas fait de
littérature d'imagination; j'ai dit ce qui était. Quand je dis
que les négociations ont repris au mois de mars, c'est que, depuis le
mois de mars, on a commencé à se parler et on s'est
échangé quelques lettres. Mais il y a bien peu de progrès.
Il doit y avoir une nouvelle rencontre ici. Mme Sauvé et ses hauts
fonctionnaires doivent se rendre à Québec vendredi, le 11 juin,
pour avoir des séances de travail plus en profondeur. Mais, au moment
où on se parle et mardi prochain, je ne pourrai pas dire grand-chose au
député de Saint-Jacques parce qu'il n'y a pas grand-chose qui
s'est fait.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, ia commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 14)
Séance du vendredi 28 mai (Onze heures quarante-quatre
minutes)
Séance ajournée faute de quorum
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Etant donné que nous n'avons pas quorum, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 45)