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Commission permanente de l'éducation
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du mercredi 2 juin 1976 (Dix heures vingt-huit
minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications continue ce matin l'étude des crédits du
ministère des Communications.
Sont membres de la commission M. Bellemare (Johnson); M. Bérard
(Saint-Maurice); M. Leduc (Taillon) remplace M. Bienvenue (Crémazie); M.
Charron (Saint-Jacques); M. Choquette (Outremont); M. Côté
(Matane); M. Bonnier (Taschereau); M. Déom (Laporte); M. Lapointe
(Laurentides-Labelle); M. Léger (Lafontaine); M. Parent
(Prévost); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Samson
(Rouyn-Noranda); M. Boudreault (Bourget) remplace M. Tardif (Anjou) et M.
Veilleux (Saint-Jean).
Nous étions rendus au programme 2, hier.
Contrats de publicité (suite)
M. Hardy: M. le Président, évidemment, il est
difficile pour moi de reprendre l'élan d'hier, parce que quelques heures
se sont écoulées depuis, et, d'autre part, n'ayant pas pu relire
la transcription on me dit que ce n'est même pas fait. Il y avait
trois commissions qui siégeaient hier vous comprendrez, à
moins que le député de Saint-Jacques décide de me
repomper, je ne suis pas dans la même ambiance qu'hier, sauf que je
voudrais quand même, avant de terminer mes propos d'hier, dire tout de
suite, en réponse à la question que le député de
Saint-Jacques a formulée à la toute fin de la séance, que,
d'abord, je ne peux pas déposer ce matin le contrat intervenu, parce
qu'il n'existe pas. Au moment où on se parle, je n'ai même pas
signé de CT demandant une attribution de contrat, parce que j'ai
exigé, avant de prendre une décision finale sur ces deux
contrats, qui sont quand même assez importants, de la part des
fonctionnaires et du sous-ministre intéressés, que l'on me fasse
une recommandation très claire, très précise, très
explicite et qui n'a aucune sorte d'ambiguïté.
Je n'ai reçu cette recommandation que la semaine dernière,
recommandation dont j'ai pris connaissance, et, évidemment, maintenant
que cette recommandation est formulée, le processus normal va se
dérouler, c'est-à-dire la préparation des deux CT pour les
deux contrats à attribuer et tout ce qui s'ensuit.
Je voudrais également, avant de terminer, faire une autre
remarque. Sans avoir relu le texte du journal des Débats, il me semble
là-dessus, le député de Saint-Jacques me corrigera
si je l'interprète mal, en vertu de l'article 97 ou en vertu de tout
autre article que le député de Saint-Jacques a
porté des accusations assez sévères à mon
endroit.
Je pense même qu'il m'a accusé d'avoir tripoté les
critères pour essayer, évidemment, de favoriser une agence qui,
enfin... Je fais grâce à la commission de tous les
péchés dont le député de Saint-Jacques a
accusé cette maison de publicité, mais je pense, et c'est
très important que je le dise, parce que c'est une des
vérités, et toutes les vérités sont absolument
essentielles à dire, mais je pense, dis-je, que celle-là, dans le
contexte du débat, le mérite davantage...
Quand le député de Saint-Jacques laisse entendre que c'est
le ministre qui, de sa propre initiative, a modifié les crédits,
M. le Président, il est peut-être de bonne foi, mais cela ne
change rien au fond.
Le député de Saint-Jacques fausse totalement les faits. Ce
sont les fonctionnaires concernés qui m'ont suggéré de
modifier, en partie, les critères. Je n'ai pas l'intention de rejeter
sur d'autres épaules mes responsabilités, mais je veux
également que les choses soient dites telles qu'elles sont. Les
fonctionnaires m'ont proposé une modification des critères,
modification que j'ai trouvé très valable et que j'ai
acceptée et, bien sûr, devant la Chambre, devant le Parlement,
devant l'opinion publique, c'est moi qui assume la décision finale et je
n'ai pas, encore une fois, l'intention de rejeter ma responsabilité sur
d'autres.
Mais ce que je veux bien clarifier est que, très souvent et en
particulier, depuis 1970, l'Opposition accuse les ministres de ne pas souvent
prendre en considération les recommandations et quand on base une
décision ministérielle sur des recommandations des
fonctionnaires, quand cela ne fait pas l'affaire de l'Opposition, on nous
accuse.
Encore une fois, je veux bien mettre les choses au clair. Il est
évident qu'un ministre a parfaitement le droit de ne pas accepter une
recommandation de fonctionnaire. C'est son droit le plus absolu, le plus total,
parce que c'est lui qui prend la décision finale et c'est lui qui
l'assume devant le Parlement, devant l'opinion publique.
Alors, jamais je ne blâmerai un collègue cela peut
même m'arriver personnellement de ne pas accepter une
recommandation de fonctionnaire, mais, d'autre part, quand un ministre
l'accepte, il ne faudrait quand même pas partir en guerre et
prétendre que ce sont des agissements plus ou moins corrects sur le plan
administratif.
Je tenais à faire cette mise au point.
Je ne peux donc pas déposer les contrats, mais je vais
déposer autre chose. J'ai tout intérêt personnellement
à ce qu'il n'y ait aucune ambiguïté au sujet de cette
question. On me dit que le dossier va être prêt dans quelques
minutes, parce qu'on a dû faire des photocopies. Je vais déposer,
dès que cela arrivera tantôt, les propositions des
différentes maisons. Vous pourrez prendre connaissance des propositions
des différentes maisons de publicité qui ont été
soumises au mi-
nistère et la recommandation que j'ai reçue des
fonctionnaires sur laquelle sera basée ma demande au Conseil du
trésor. Si le député de Saint-Jacques veut suspendre cette
discussion en attendant d'avoir le dossier, s'il est prêt à
continuer la discussion même en attendant le dossier, je...
M. Charron: M. le Président, pour ma part, pendant que le
ministre recherchait ses documents qu'il s'apprête à nous
déposer...
M. Hardy: Vous vous êtes recherché.
M. Charron: ... j'ai recherché les Débats de
l'année dernière où le ministre de l'époque
et on peut constater comment cela peut changer...
M. Hardy: J'ai l'impression que vous aimiez mieux parler au
ministre de l'époque qu'au ministre actuel. Est-ce que je fais
erreur?
M. Charron: J'aime mieux entendre des propos comme ceux du
ministre de l'époque qu'entendre les propos du ministre actuel parce que
ceux qu'il y avait à cette époque-là... Et je vois toute
la justification quasi scientifique, M. le Président, que mettait le
ministre des Communications à convaincre la commission, l'année
dernière, de l'établissement des critères maintenant
modifiés, à lire et à relire les arguments, d'ailleurs
préparés à l'aide de ses fonctionnaires également,
et, s'étant rendu aux recommandations de ses fonctionnaires
également, le ministre des Communications de l'époque nous avait
décrit le programme qui est là. J'ouvre une parenthèse, M.
le Président, pour dire qu'un des arguments importants à l'appui
de la réglementation de l'année dernière, M. L'Allier
disait l'avoir puisé dans l'expérience anglaise et il disait
qu'en Angleterre cela se faisait de cette façon. Je cite M. L'Allier,
page B-2215 du journal des Débats de l'année dernière. '
'Je pense qu'en Angleterre on accrédite une dizaine de firmes qui sont
les meilleures, quels que soient les clients qui les emploient sur le plan du
volume, sur le plan du curriculum de leur personnel, sur le plan de la
diversité de leur clientèle, sur leurs ressources internationales
et tout cela qui sont considérées comme les plus importantes et
les meilleures. "L'Etat, en Angleterre, si mes informations sont exactes, est
obligé de confier sa publicité à l'une ou l'autre de ces
firmes. Je ne pense pas qu'il soit allé aussi loin que de dire: Cela
devra, à l'intérieur de cela, être réparti de telle
façon, parce que cela dépend du marché."
Ce sur quoi je serai amplement d'accord. J'ai entendu le ministre me
répondre hier en jouant avec deux affirmations que j'avais faites au
cours de l'échange et en les grossissant pour des fins défensives
auxquelles elles s'appliquaient mais qui ne tiennent pas.
Premièrement, il peut bien caricaturer autant qu'il voudra la
politique gouvernementale de l'année dernière. Il ne s'agissait
pas et M. L'Allier l'avait fort bien décrit, et les membres de la
commission qui étaient intervenus sur ce sujet l'avaient très
bien compris aussi à ce moment-là de proposer une rotation
bébête où on aligne les agences de publicité et
où on fait extrêmement attention pour qu'une n'ait pas plus que
0,1% de l'autre de différence, il s'agit bien évidemment d'une
impossibilité, parce que certaines agences ne sont pas sur le moment
disponibles. Par exemple, le gouvernement place une commande de
publicité et de propagande gouvernementale sur ses offres aux
employés des secteurs public et parapublic; il se peut qu'au moment
où elle s'adresse à une agence, telle agence en a
déjà par-dessus la tête avec un autre contrat
émanant d'ailleurs. Or, comme il y a urgence, le gouvernement est en
conflit avec ses employés et a l'intention d'utiliser tous les moyens de
propagande possible. Il recourt donc à une autre agence par ailleurs
qualifiée par les mêmes critères professionnels; il y en
avait quatre l'année dernière que nous avions retenues.
M. le Président, aller affirmer que le principe de rotation en
était un d'assumer équitablement au cent près, ce n'est
jamais ce que la commission avait soutenu l'année dernière. Ce
n'est d'ailleurs jamais ce que le ministre de l'époque avait
présenté. Autrement, cela n'aurait pas été
acceptable. Mais ce qu'il était important de maintenir et ce qui
n'existe plus maintenant, c'était la capacité du gouvernement, la
possibilité ouverte au gouvernement de ne pas soutenir uniquement une
agence de publicité à laquelle il se rend lui-même pieds et
mains liés, d'avoir des critères suffisamment souples et une
conception suffisamment souple de ce que c'est que d'être gestionnaire
des fonds publics pour savoir qu'il y a plusieurs entreprises du même
genre qui peuvent rendre des services de qualité professionnelle du
même ordre.
L'autre argument qu'a voulu grossir le ministre d'une façon
disproportionnée hier, et je l'ai laissé aller, parce qu'elle
atteignait la taille du ridicule, c'est de dire que j'avais soutenu qu'il
s'agissait, pour un ministre libéral, d'écarter une firme
libérale parce qu'elle était libérale. Au contraire, je ne
sais rien de certaines firmes de publicité qui avaient été
retenues l'année dernière quant à l'allégeance de
ses membres, sauf évidemment celle de Pierre Tremblay, parce que
ça saute aux yeux. J'ai des papiers de Pierre Tremblay signés par
Guy Morin, j'ai des papiers de Pierre Tremblay signés par Ben
Payeur.
Cela ne prend pas un cours classique pour faire un joint entre ce qu'est
la firme Pierre Tremblay et l'orientation politique de la firme. J'ai aussi des
statistiques qui nous disent qu'elle a fait $2 423 000 en 1974/75 et j'ai aussi
des statistiques qui disent qu'elle a eu 56% de la publicité
gouvernementale. C'est presque rouge sur blanc à comprendre qu'il s'agit
là d'une firme vendue au Parti libéral, mais c'est une autre
chose.
Ai-je besoin de décrire, à l'intention des membres de la
commission, la ristourne à la caisse du Parti libéral que l'on
tire à partir des contrats la firme ou les députés
sont-iIs informés de cette façon de procéder?
Les structures du Parti libéral sont-elles suffisamment
démocratiques pour que tous les membres du parti soient informés
de la façon dont on procède lorsqu'il s'agit d'une ristourne
à la caisse?
Bien voici. On donne un contrat de publicité à une firme
libérale comme celle de Pierre Tremblay. A l'occasion, par exemple,
lorsqu'il s'agit d'appels d'offres ou lorsqu'il s'agit d'avis publics, le
rôle de la firme de publicité est absolument ridicule. Il ne
s'agit que d'une boîte aux lettres. L'annonce est complètement
faite et préparée par les fonctionnaires du Québec
à partir des fonds publics du Québec, donc sur leur salaire et
sur leurs émoluments, et elle est transmise à l'agence de
publicité.
L'agence de publicité n'a même pas à toucher
à l'annonce parce que le contenu a été fait par les
fonctionnaires du ministère. Elle n'a qu'à appeler le Devoir,
bien sûr, premièrement, et elle a à appeler, par la suite,
d'autres quotidiens, comme la Presse, comme le Soleil, selon l'importance de
l'annonce et selon les directives qui viennent même du ministère.
Elle n'a même pas à choisir, et pour faire ce transfert de
boîte aux lettres, il y a une petite commission de l'ordre de 15% de la
valeur de l'espace réservé dans un journal.
Si, par exemple, pour Pierre Tremblay, qui reçoit...
M. Hardy: Permettez-moi une question. Qui paie la commission?
M. Charron: Le gouvernement.
M. Hardy: Ce n'est pas vrai. Si le gouvernement passait
directement...
M. Charron: C'est le journal qui paie, mais les 15% que retient
la firme de publicité, c'est son profit net à elle. On lui a
donné l'occasion, en lui demandant d'être uniquement une
boîte aux lettres...
M. Hardy: C'est ce qui est important. M. Charron: Oui.
M. Hardy: Vous pouvez bien dire que j'ai caricaturé. C'est
possible que, dans un plaidoyer, parfois, on exagère, mais ce que vous
dites actuellement ou ce que vous laissez entendre très habilement
devant l'opinion publique, vous prétendez que l'agence de
publicité ne fait pas grand-chose. Je ne discute pas cela. Ce sont des
questions techniques que je ne connais pas.
Ce que je sais, par exemple, c'est que, même s'il n'y avait pas
d'agence de publicité, cela ne coûterait pas un cent de moins.
C'est pour cela que je dis qu'indirectement c'est le journal qui la paie.
En d'autres termes, si le gouvernement passait directement avec les
media, il paierait les 15% aux media. Cela ne coûterait pas un cent de
moins et cela a été dît maintes et maintes fois et vous
n'avez jamais voulu le reconnaître.
Tous les gens qui connaissent ce domaine vous le diront, et je n'ai
jamais vu cela dans les journaux. On laisse entendre que le gouvernement fait
de plantureux cadeaux à des agences de pu- blicité et qu'on paie
à ses amis. Ce n'est pas vrai. Cela ne vous coûte pas un cent de
plus.
M. Charron: L'agence de publicité est dans ce cas un
intermédiaire dont ie gouvernement pourrait se passer.
M. Hardy: Mais cela ne coûterait pas un cent de moins.
M. Charron: Mais cela...
M. Hardy: ... donnerait de l'argent aux journaux.
M. Charron: Mais cela ferait que la firme Tremblay
Publicité...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... qui pourrait être uniquement une
boîte aux lettres du gouvernement, se trouve à avoir un chiffre
d'affaires, en commissions tirées des journaux... Vous avez permis, en
vous en servant comme boîte aux lettres, de faire que cette firme a fait,
en commissions, quelque $2,4 millions.
M. Hardy: C'est vrai. C'est là qu'on voit exactement quel
est le fond de votre pensée. Et tantôt, je vous l'expliquerai
d'une façon plus élaborée. Vous reconnaissez avec moi
qu'on passe par l'agence Tremblay, Bleau, Duperey ou quelqu'au-tres, cela ne
coûte pas un cent de plus au gouvernement que si on allait directement
aux media. Admettez-vous cela?
M. Charron: J'ai soutenu et je soutiens, comme le ministre
dés Communications, l'année dernière, que, pour ce qui
s'appelle appels d'offres, avis publics, c'est-à-dire là
où l'agence de publicité n'a même pas à toucher
à l'annonce et à la réclame en cause, où elle n'est
uniquement qu'une boîte aux lettres, ii ne devrait pas y avoir
d'intermédiaire.
C'est la Commission de la fonction publique elle-même qui
devrait...
M. Hardy: Mais répondez donc à ma question. Cela
coûterait-il moins cher au gouvernement si on faisait cela?
M. Charron: Non. M. Hardy: Bon.
M. Charron: Je ne dis pas que cela coûterait moins cher au
gouvernement, mais cela ferait qu'à partir...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... des coûts...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... qu'exige la firme de publicité, que
négocie la firme de publicité avec les journaux...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... il n'y aurait pas d'occasion pour des patroneux
de s'engraisser...
M. Hardy: C'est cela.
M. Charron: ... de $2 millions à partir de ce qui pourrait
revenir au gouvernement.
M. Hardy: C'est cela. Exactement. Vous avez dit...
M. Charron: S'il n'y avait pas cet intermédiaire, cet
argent reviendrait au gouvernement.
M. Hardy: Bien non. Comment? M. Charron: Actuellement,
c'est...
M. Hardy: Comment cela reviendrait au gouvernement? Non. On vous
le dit. Le montant est le même.
M. Charron: Je vais vous donner des exemples...
M. Hardy: Donnez-m'en.
M. Charron: ... dans les plaintes. Exemple de services...
attendez un peu. Le MCQ, c'est quoi, ça?
M. Hardy: Ministère des Communications du
Québec.
M. Charron: C'est ça, a porté de $50 000 à
$80 000 le montant maximum à verser à la firme Tremblay pour le
placement dans les media des avis de recrutement de la CFP, Commission de la
fonction publique du Québec, pour les mois d'avril et mai 1975.
M. Hardy: C'est ça, d'accord.
M. Charron: Pour autoriser le ministère des Communications
à verser à l'agence Walter Thompson une somme n'excédant
pas $23 000 pour la création de la production d'annonces promotionnelles
pour stimuler...
M. Hardy: Qui sont-ils, des rouges, des bleus, des Anglais?
M. Charron: Je n'en sais rien, c'est justement pour ça que
je faisais cette intervention. C'est que ça ne me fait rien qu'ils
soient des bleus, des rouges ou des vert caille, si vous voulez. Ce qui est
important, c'est que le gouvernement, sachant qu'il permet à des
entreprises de se faire un revenu à partir de contrats gouvernementaux
et d'obligations gouvernementales à informer le public, devrait avoir la
décence d'alterner entre les différentes agences de
publicité avec lesquelles il fait contrat plutôt que
d'établir des critères qui excluent à peu près
toute autre compétition et qui permettent au gouvernement de faire que
Pierre Tremblay fait des revenus aussi importants en étant presque
uniquement je ne dis pas presque uniquement mais en faisant,
comme transmetteur de boîtes aux lettres, des profits de cet ordre.
M. le Président, la suite de cela, évidemment pour une
firme qui se permet de faire des profits, se passe évidemment dans le
secret des caisses électorales, ce que ni vous ni moi, probablement, ne
pouvons connaître. Il est évident qu'une firme qui, aussi
généreusement, reçoit par la complicité
gouvernementale l'occasion d'augmenter ses revenus de $2,4 millions en une
seule année...
M. Hardy: Vous êtes plus honnête que ça, vous
dites des bêtises, là. Je vais vous le montrer tantôt.
M. Charron: Vous croyez? D'accord!
M. Hardy: Vous dites des bêtises et vous êtes...
M. Charron: Je vais vous montrer la... M. Hardy: J'ai du
respect pour vous.
M. Charron: Pouvez-vous me montrer la contribution qui vient de
rentrer à la caisse électorale du Parti libéral?
M. Hardy: Vous êtes un des députés pour qui
j'ai du respect, mais, ce matin, ce n'est pas le temps où vous allez
remonter dans mon esprit. Cela ne vous "sapre" peut-être de rien, vous
dites des choses fausses et pas intelligentes.
M. Charron: De l'eau sur le dos d'un canard.
M. Hardy: Bien ça, c'est votre affaire. Moi, quand vous
dites quelque chose, ça ne me coule pas comme sur le dos d'un canard. Je
prends ce que vous dites et j'essaie de voir si vous avez raison ou non. Si, de
ce côté-ci, tout ce qu'on dit, ça vous coule comme sur le
dos d'un canard, d'abord, ça ne démontre pas beaucoup de respect
pour l'opinion des autres et pour la démocratie.
M. Charron: En restant rationnel...
M. Hardy: Je vais vous en donner des exemples rationnels.
M. Charron: ... avoir votre estime ou de ne pas l'avoir, c'est un
autre détail. Je ne suis pas ici pour l'avoir de toute façon.
M. Hardy: Vous, quand vous parlez, ça, c'est personnel
à vous. Mais je vais vous en donner des
arguments rationnels, vous allez voir, des arguments beaucoup plus
rationnels que les souscriptions de Pierre Tremblay à la caisse
électorale. Voyons donc! Personnellement, je ne connais pas les
souscriptions de Pierre Tremblay. Je sais une chose, parce que c'est de
notoriété publique, Guy Morin, qui est de la firme Pierre
Tremblay Associés, c'est évident que c'est un libéral
connu. Je vous ai dit hier que, jamais, je le répète, j'irai le
soutenir devant n'importe quelle tribune, je ne pénaliserai pas
quelqu'un tout simplement parce qu'il est libéral pour après
ça aller me péter les bretelles et dire: Moi, je suis un bon
gars, je ne donne pas de contrats aux libéraux.
M. Charron: C'est exactement sur quoi j'étais en train de
vous répondre.
M. Hardy: Jamais je ne ferai ça. Jamais! M. Charron: Je ne
vous ai pas demandé ça. M. Hardy: Oui, ce que vous venez
de dire...
M. Charron: Non, je ne vous ai pas demandé
d'écarter un libéral parce qu'il était libéral. Au
contraire, l'année dernière, quand le ministre avait
présenté sa réglementation quant à l'octroi de
contrats de publicité, la firme Pierre Tremblay était encore
parmi les quatre inscrites, celle de Payeur ne s'était pas
classée, et je n'ai pas protesté contre cela. Ce que je veux,
c'est qu'il y en ait plusieurs.
M. Hardy: La mesure de 25% ne visait pas directement Pierre
Tremblay, ça?
M. Charron: Je m'en fous de ça. Attendez un peu. Bon Dieu!
On va le reprendre... On va refaire ce qui s'est fait l'année
dernière, dans ce cas.
M. Hardy: Ah oui! Je suis prêt à passer trois jours
là-dessus, je vous le dis tout de suite, je ne suis pas pressé et
on va le vider une fois pour toutes, ce problème. Sous tous les angles,
je suis prêt pour un mois même, préparez-vous, je suis
capable de vous endurer.
M. Charron: Je ne vous ai pas demandé d'écarter une
firme parce qu'elle était d'allégeance libérale.
M. Hardy: Non, mais avec de petits trucs...
M. Charron: Je vous ai demandé, connaissant l'importance
que les fonds consacrés à la publicité peuvent avoir sur
certaines entreprises, de ne pas établir des critères pour la
remettre à une seule, qu'elle soit de quelque allégeance que ce
soit. Il s'agit de deniers publics et il y a plusieurs compagnies se classant
au point de vue professionnel pour recevoir ces contrats. La normalité
dans un régime démocratique est de permettre à tous ceux
qui, professionnellement, se classent comme postulants à recevoir des
contrats de publicité, d'y avoir droit.
Ce qui est injuste, ce qui n'est pas démocratique, c'est
d'établir des critères ou de modifier des critères de
telle sorte qu'on se retrouve avec une seule agence qui, à la
discrétion du ministre, peut recevoir plus de 50%.
M. Hardy: Me permettez-vous une question?
M. Charron: Laissez-moi terminer. L'année dernière,
avec les critères qu'on avait établis, il y avait quatre firmes
quand même, qui se classaient et qui étaient nommées par le
ministre lui-même. Il dit: Si on s'en tient aux critères
professionnels mentionnés plus haut il venait de me les
expliquer il y a quatre agences de publicité de Québec qui
sont aptes à administrer ce compte. Pierre Tremblay Publicité, la
première, Cossette et Associés, Jacques Dussault, Bleau,
Duperrey, Giguère et Associés.
M. le Président, je n'ai pas protesté parce que le nom de
Pierre Tremblay y était. C'est bien évident que c'est une firme
de publicité importante de la ville de Québec, mais ce qu'il est
important d'apprendre dans l'ancienne réglementation, c'est que cette
firme n'a pas été choisie pour être la seule à
recevoir la manne gouvernementale maintenant et qu'elle doive maintenant
alterner avec les autres. Je n'ai pas demandé au ministre des
communications, l'année dernière, à la suite de
l'explication des critères, et parce que je croyais que le nom de Pierre
Tremblay apparaissait encore à la suite de l'établissement des
critères, d'écarter Pierre Tremblay parce qu'il était
libéral. Ce n'est pas ce que j'ai demandé.
M. Hardy: II dit cela sans rire.
M. Charron: J'ai endossé cela l'année
dernière, vous me l'avez dit vous-même en remontant à
l'année dernière, parce que je défendais cette politique
hier, j'endosse encore la politique de l'année dernière,
même si elle permettait à Pierre Tremblay de recevoir des
contrats. Qu'est-ce que vous voulez que cela me "sacre"? Mais ce que je ne veux
pas, c'est que Pierre Tremblay soit l'unique à recevoir, de façon
discrétionnaire, à partir de contrats octroyés sur des
contrats de publicité aux journaux, à partir de critères
établis par le ministre lui-même et modifiés par le
ministre lui-même, ce qui auparavant nous apparaissait comme une rotation
normale et saine. C'est cela qui a été modifié hier, dans
ce que nous a annoncé le ministre, c'est ce qui n'existe plus
aujourd'hui et ce qui lui permet maintenant d'établir toutes sortes de
critères. Probablement, maintenant, que Pierre Tremblay va encore rafler
plus de 50% de la publicité gouvernementale. Probablement que le chiffre
d'affaires qu'on lui permettra de faire à l'aide de contrats dans les
journaux dépassera les $2 millions et probablement que la ristourne
également sera augmentée en conséquence.
Le ministre admet qu'il y a une modification.
M. Hardy: Bien sûr.
M. Charron: Le ministre sait que cela ne veut plus dire la
même chose que l'année dernière.
M. Hardy: Sûrement.
M. Charron: Et le ministre sait également que,
l'année dernière, l'effort qui avait été fait,
connaissant l'importance de la publicité, les sommes qui y
étaient consacrées et les critères professionnels selon
lesquels plusieurs compagnies pouvaient se classifier, faisait comme le disait
le ministre des Communications, presque un devoir à l'Etat d'alterner,
entre les différentes agences qui s'étaient classées
professionnellement, à l'octroi des contrats de publicité du
gouvernement. C'est cela qui a été modifié, c'est cela qui
est inacceptable.
M. Hardy: Vous avez terminé? M. Charron: Oui.
M. Hardy: M. le Président, quand bien même le
député de Saint-Jacques serait un excellent plaideur, qu'il
essaierait de prendre toutes sortes de détours, reprenant la phrase que
je lui ai fait dire tantôt très clairement, je vais vous le
démontrer d'une façon rigoureuse, c'est très clair que le
député de Saint-Jacques a une seule chose qui le hante, c'est que
Pierre Tremblay ait des contrats ou non. Je vais vous démontrer
tantôt que la haine...
M. Charron: C'est faux, M. le Président.
M. Hardy: Ce n'est pas faux et je vais vous le démontrer.
Attendez que je vous le démontre, et vous me répondrez.
M. Charron: Mon intention est que toutes les firmes
professionnelles capables de recevoir des contrats de publicité y aient
droit et qu'il y ait une rotation entre les différentes agences de
publicité, qu'elles soient de l'allégeance politique qu'elles
veulent bien être; mais quand une agence se classe professionnellement,
elle n'a pas à être écartée. Cela avait duré
assez longtemps. L'année dernière, le ministre avait
apporté une réglementation qui introduisait la rotation, qui
introduisait l'alternance. Nous l'avions appuyé mais cela a
été détruit au cours de l'année par le nouveau
ministre.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Saint-Jacques, même si cela avait été intéressant
pour la compréhension du débat, m'a refusé de lui poser
des questions tantôt, alors qu'il me laisse lui répondre. C'est
bien sûr qu'il n'aimera pas ce que je vais lui dire, mais je vais lui
prouver ce que je vais lui dire. Je soutiens et je pèse mes
mots que, dans toute cette affaire, depuis hier soir, et le
député de Saint-Jacques a confirmé cela dans mon esprit
tantôt, il y a un seul objectif majeur que vous poursuivez, c'est
assouvir votre haine à l'endroit d'une firme qui s'appelle Pierre
Tremblay, parce que ce sont des libéraux.
C'est cela votre objectif.
Quand vous affirmez que les nouveaux critères écartent des
maisons de publicité, c'est faux. Je dis même que vous mentez.
Peut-être de bonne foi, peut-être pas subjectivement, mais,
objectivement, vous mentez. Je voudrais bien qu'on le comprenne. Quand le
député de Saint-Jacques dit que les nouveaux critères
écartent des maisons de publicité pour en favoriser une en
particulier, il ment. Vous trompez les membres de cette commission et vous
trompez le public en général.
Vous allez le voir dans le dossier. Le critère de la
géographie, le critère régional, n'a pas été
modifié. Il était de l'an passé. Toutes les maisons,
toutes les agences de publicité qui répondaient à ce
premier critère prioritaire, en quelque sorte, le critère
géographique, ont été invitées. On n'en a pas mis
de côté, ce n'est pas vrai. Si on avait décidé, sans
faire appel à d'autres agences de publicité, de dire que c'est
Pierre Tremblay qui va avoir le contrat, un point c'est tout, parce qu'on pense
que c'est la meilleure firme, là, vous auriez raison de dire qu'on en a
mis de côté. Mais ce n'est pas vrai, on n'en a pas mis de
côté.
Vous allez le voir dans le dossier. Il y a quatre maisons qui ont fait
des propositions. Il y en a cinq qui ont été appelées et
il y en a une qui s'est désistée. Il y en a quatre qui ont fait
des propositions. C'est à partir de l'étude de ces propositions
que les fonctionnaires m'ont remis une note qui analyse ces propositions et qui
fait une recommandation.
Je répète que, quand vous dites qu'on a
écarté des gens, c'est faux. Ce n'est pas vrai. C'est tromper la
population et c'est tromper les membres de la commission.
Quand vous dites qu'à cause de ces critères, cela va avoir
pour résultat de donner 50% de la publicité à une agence,
encore là, soit par ignorance ou par volonté de confondre le
débat, ce n'est pas vrai. Le ministère des Communications ne
donne que deux contrats uniquement: le contrat des appels d'offres et le
contrat... Tous les autres contrats de publicité du gouvernement, nous
n'avons rien à y voir.
La publicité que peuvent faire le ministère de
l'Education, le ministère de la Fonction publique, le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche je n'en ai pas les
chiffres exacts, ni en ce qui concerne la publicité globale du
gouvernement mais les deux contrats que, comme ministre des
Communications, je suis appelé à administrer, c'est très
minoritaire dans l'ensemble de la publicité du gouvernement.
La publicité totale du gouvernement, pour une année, cela
peut représenter de $5 millions à $6 millions, alors que les deux
contrats que j'administre, cela représente un peu plus de $700 000.
Voyez-vous, M. le Président, jusqu'à quel point vont ces
affirmations? Le député de Saint-Jacques m'a dit que je
caricaturais hier. Peut-être que j'ai gonflé un peu mon
argumentation qui, à la base, était vraie. Mais vous, à la
base, votre argumentation est fausse.
Vous m'avez dit textuellement, tantôt, qu'avec
les nouveaux critères que nous avons établis cette
année, on donnerait 50% de la publicité du gouvernement à
Pierre Tremblay. Ce n'est pas vrai, parce que la publicité totale du
gouvernement, dans une année, est de $5 millions à $6 millions.
Le gouvernement dépense annuellement en publicité de $5 millions
à $6 millions.
Les crédits du ministère des Communications que nous
étudions présentement vont représenter cette année
exactement je vais vous donner des chiffres bien exacts, je vais faire
l'addition $745 000. Ce que nous étudions actuellement, c'est
$745 000 sur un montant de $6 millions. Même si on accordait le contrat
à Pierre Tremblay, ce serait $350 000 sur $6 millions.
Après cela, le député de Saint-Jacques vient
soutenir sérieusement que les nouveaux critères que nous avons
établis cette année, cela pourrait donner je reprends son
expression 50% de la publicité du gouvernement à Pierre
Tremblay.
Comment pouvez-vous soutenir cela logiquement? Alors que j'administre
$745 000, donc les critères que nous avons établis, cela ne vaut
que pour notre ministère, donc cela ne vaut que pour $745 000 et,
là-dessus, les contrats sont scindés et on ne donne pas le
même contrat aux deux.
Supposons que Pierre Tremblay aurait les avis publics, cela
représenterait $395 000 sur un montant de $6 millions. S'il avait les
offres d'emploi donc, i! n'aurait pas les avis publics cela
représenterait $350 000 sur un montant de $6 millions.
Vous me dites que les critères que nous avons établis,
cela représente 50% de la publicité gouvernementale.
Soutenez-vous cela sérieusement?
M. Charron: Je ne parle évidemment que des sommes dont le
ministre en face de moi est responsable, évidemment.
M. Hardy: Bon!
M. Charron: Dieu merci! qu'elles ne soient pas plus
élevées, d'ailleurs, que celles qu'il vient de mentionner. Mais
je dis que, dans les sommes dont il est le responsable quant à la
publicité gouvernementale, il vient de rétablir, en modifiant les
critères arbitraires qui lui permettront, au cours de l'année, de
faire son choix sur les différentes firmes de publicité, sans
qu'une rotation ou une alternance ne soit soutenue...
M. Hardy: C'est vrai!
M. Charron: ... entre les différentes agences
professionnelles...
M. Hardy: C'est vrai!
M. Charron: ... et sans imposer cette norme qui avait
été fixée l'année dernière et entendue par
la commission selon laquelle aucune de ces agences ne devrait vivre aux
dépens du gouvernement et ne devrait faire plus que 20% de son chiffre
d'affaires total à partir de...
M. Hardy: Je regrette. Je ne recommencerai pas le débat
là-dessus. Je pense que j'ai été assez clair
là-dessus.
M. Charron: ... C'est ça qui a été
rétabli
M. Hardy: Mais tantôt, vous avez dit qu'on
écartait... Ce n'est pas mon système. Ce ne sont pas les
critères que nous avons adoptés cette année qui
écartent. Les critères que nous avons adoptés cette
année n'écartent personne, justement.
M. Charron: Au contraire! J'en conviens, ils introduisent
ailleurs...
M. Hardy: Ils n'écartent personne. Les critères
adoptés cette année disent à toutes les maisons de
publicité, même à celles qui peuvent se fonder...
M. Charron: C'est ça!
M. Hardy: ... qui peuvent être fondées depuis six
mois.
M. Charron: C'est ça!
M. Hardy: On dit à toutes les maisons de publicité:
Vous pouvez faire des propositions et c'est la meilleure qui sera retenue,
c'est-à-dire selon deux critères fondamentaux; finalement, c'est
la proposition... Encore une fois, vous examinerez attentivement le dossier que
je viens de vous remettre. La maison qui sera retenue ou les maisons qui seront
retenues seront celles qui donnent le meilleur service, qui nous permettent
d'atteindre plus facilement l'objectif que nous poursuivons au meilleur
coût possible.
M. Charron: Savez-vous à quoi ça me fait penser
comme argument? Cela me fait penser quand le ministre de la Justice, devant les
listes d'avocats libéraux, disait: Ce sont toujours les plus
compétents qu'on va chercher. Ce sont toujours les "plus meilleurs"
qu'on va chercher.
M. Hardy: Sauf que vous avez...
M. Charron: Sauf que c'étaient tous des libéraux
cotés en vertu de leur travail dans la dernière
élection.
M. Hardy: Voyons donc, tous des libéraux! Je pourrais
vous... Là, on s'écarte de nos crédits...
M. Charron: Quand vous dites... M. Hardy: Ce n'est pas
vrai!
M. Charron: Quand vous dites que les agences...
M. Hardy: Ce n'est pas vrai ce que vous dites
II y a des avocats qui agissent pour le gouvernement qui sont des
péquistes. Entre autres, à la CECO, il y a des gens qui sont
très bien reconnus comme péquistes. Il y avait un gars dont il
est question comme candidat PQ au Lac-Saint-Jean. Ne venez donc pas nous
"achaler" avec ces folies. Bon!
M. Charron: M. le Président, quand même... M.
Hardy: II y a des limites pour charrier.
M. Charron: Quand, l'année dernière, le
gouvernement avait fixé des normes...
M. Hardy: Vous ne voulez pas me laisser... M. Charron:
Non, mais au contraire..
M. Hardy: ... achever. Vous ne me ferez pas perdre le fil de mon
idée.
M. Charron: ... donner la permission... Non, ne le perdez
pas.
M. Hardy: Je vous avertis.
M. Charron: C'est l'idée que vous pouvez peut-être
perdre, mais ...
M. Hardy: Laissez faire!
M. Charron: ... gardez le fil.
M. le Président, le ministre peut me dire que la modification de
critères qu'il a faite va ouvrir à toutes les maisons de
publicité qui répondront d'abord au critère
régional qui demeure...
M. Hardy: ... au moins? M. Charron: Oui. M. Hardy:
Bon!
M. Charron: Je vous dis que ça me "sacre" rien, ça.
J'aimerais mieux...
M. Hardy: Vous voudriez qu'on favorise vos amis.
M. Charron: ... que vous me disiez, comme l'année
dernière, selon les critères professionnels, il y en a quatre ou
il y en a cinq qui se sont classées...
M. Hardy: C'est ça!
M. Charron: ... et nous fonctionnerons...
M. Hardy: Par rotation.
M. Charron: ... par alternance entre les cinq. Là, que
vous me disiez qu'il y en a 17 qui vont se classer, mais que vous, si vous le
voulez, vous pouvez choisir perpétuellement une, deux ou trois de ces
17, qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse de savoir qu'il y en a
17?
M. Hardy: Me permettez-vous une question? Que ce soit dans le
domaine de la publicité ou dans n'importe quel autre domaine, ne
pensez-vous pas qu'on a plus de chances d'avoir de la qualité à
meilleur coût s'il y a dix personnes qui sont invitées à
faire des offres que s'il y en a trois? Admettez-vous ça? Si vous vous
adressez à dix plutôt qu'à trois, ne croyez-vous pas qu'on
a plus de chances d'avoir la qualité à meilleur coût chez
dix que chez trois? Vous ne répondez pas à ça?
M. Charron: Je ne le sais pas.
M. Hardy: Ah bien, écoutez! M. le Président, pour
le journal des Débats, il faut vraiment souligner ça. Le
député de Saint-Jacques vient de répondre à une
question, à savoir: Est-ce qu'on a plus de chances d'avoir meilleure
qualité au meilleur coût si on a dix personnes ou dix maisons que
si on en a trois? Le député de Saint-Jacques, d'une façon
ineffable, candide, avec son air angé-lique, a dit: Je ne le sais pas.
Pourquoi on demande des soumissions publiques, alors? Savez-vous que vous
remettez en cause tout le système des soumissions publiques? Pourquoi,
quand on bâtit une école, demande-t-on des soumissions
publiques?
M. Charron: Est-ce que ce sont des soumissions publiques,
ça?
M. Hardy: Un instant1
M. Charron: Est-ce que ce sont des soumissions publiques?
M. Hardy: II y a des différences, mais c'est le principe
de base. Pourquoi demande-t-on des soumissions publiques à tout le
monde? Quand il y a des contrats importants, on demande des soumissions
publiques à tout le monde, parce qu'on part du principe que plus il y
aura de gens qui vont soumissionner, plus on a de chances d'avoir un meilleur
prix. Evidemment, on ne peut pas demander de la même façon des
soumissions publiques pour de la publicité...
M. Charron: ... prix, que vous avez dit là.
M. Hardy: A meilleur prix et à meilleure
qualité.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: C'est évident qu'on ne peut pas appliquer le
même système d'appels d'offres pour de la publicité ou
même pour un autre domaine, que je connais assez bien, parce qu'entre
autres, il y a le critère régional que vous avez endossé.
Hier, et encore ce matin, vous m'avez dit que vous endossiez tous les
critères de l'an passé.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Parmi ces critères, il y en a un que je trouve
très convenable, c'est que, pour des raisons de convenance, il faut que
la maison soit dans la région de Québec.
M. Charron: Procédez-vous par appels d'offres entre les
agences de Québec?
M. Hardy: C'est une sorte d'appel d'offres. On leur
demande...
M. Charron: Qu'est-ce que c'est "une sorte d'appel d'offres"?
M. Hardy: Vous avez...
M. Charron: Parce que vous êtes en train de nous donner
l'exemple des soumissions publiques. Procédez-vous par soumissions
publiques?
M. Hardy: Est-ce que cela vous fait si mal ce que je dis, que
vous essayiez constamment de m'interrompre? Est-ce que c'est parce que cela
vous...
M. Charron: Non, c'est parce que... M. Hardy: Cela vous
ébranle?
M. Charron: Non, c'est parce que ce n'est pas extrêmement
brillant, ce que vous dites.
M. Hardy: Cela, mon cher monsieur...
M.Charron: Cela me fatigue quand on frise la bêtise.
J'aimerais mieux que vous vous en teniez au débat.
M. Hardy: Oui, mais vous savez fort bien que cela ferait
longtemps que je serais disparu de cette Chambre si la bêtise m'ennuyait,
surtout quand je vous écoute, peut-être moins vous, mais un bon
nombre de vos collègues, entre autres, votre chef. Là-dessus, on
ne s'embarquera pas dans ce domaine, parce qu'encore une fois, s'il fallait
qu'à chaque fois que le chef de votre parti ou que le
député de Lafontaine disent des bêtises, je sorte dehors...
Oui, mais c'est vous qui avez ouvert la porte. Je ne tiens pas à faire
de débat là-dessus, sur la bêtise des uns et des
autres.
Le Président (M. Pilote): Revenons aux crédits.
M. Hardy: Je suis bien d'accord avec vous. Quand je dis qu'on ne
peut pas appliquer d'une façon semblable des demandes de propositions de
soumissions, s'il s'agit d'une construction d'école ou de la
publicité, c'est évident, parce que ce n'est pas de la même
nature. Ce que je veux dire, ce que je veux souligner très clairement,
c'est qu'avec votre système, quand vous me dites: Si on en demandait
trois, je ne sais pas si on a plus de chance d'avoir quelque chose de
qualité que si on en demandait dix. Ecoutez, vous irez soutenir cela
devant des gens, même dans le domaine de la publicité, qui
connaissent un peu cela. Ecoutez, votre système...
M. Charron: Ne charrions pas, M. le ministre.
M. Hardy: Encore une fois, il m'interrompt. Il n'aime pas ce que
je dis. C'est bête, ce que je dis.
M. Charron: Non, c'est parce que vous le savez vous-même,
le critère régional, c'est qu'au maximum, si vous deviez offrir
une soumission publique à toutes les agences de publicité de la
ville de Québec, vous en auriez cinq.
M. Hardy: Oui.
M. Charron: Avec les critères de l'année
dernière, vous en aviez quatre. On ne peut pas dire que vous venez
d'élargir la qualité tant que cela. Il y a quatre compagnies
l'année dernière qui pouvaient soumissionner et qui pouvaient se
présenter. Là, avec vos critères, il y en a cinq. Vous ne
venez pas d'établir...
M. Hardy: Cette année, parce qu'il n'y a pas plus
d'agences de publicité au Québec, je vous l'ai dit hier. Si on
avait gardé ce critère de rotation cette année, ce n'est
pas quatre que nous aurions eu cette année, parce que si on avait
gardé exactement les mêmes critères que l'an passé,
on restait avec Payeur et Dusault. On n'en avait que deux. Dusault s'est
retiré. Donc, on n'en avait qu'une. Alors, avec ce que le
député de Saint-Jacques veut absolument nous faire admettre,
cette année, on avait pour...
M. Charron: Ce que le gouvernement préconisait
l'année dernière.
M. Hardy: L'année dernière, c'est le même
gouvernement qui a changé d'idée cette année, et vous
n'avez pas changé d'idée. Alors, voulez-vous, on va ragarder cela
comme cela. Avec vos critères à vous...
M. Charron: Je sais que le gouvernement a changé
d'idée. Je veux savoir pourquoi.
M. Hardy: Cette année, les critères de l'an
passé sont devenus des critères du député de
Saint-Jacques. Ce ne sont plus des critères du gouvernement ou du
ministère des Communications. Avec les critères du
député de Saint-Jacques, cette année, je ne peux pas
parler au nom de mon prédécesseur, mais cela l'aurait
probablement...
M. Charron: Vous êtes bien mieux de ne pas parler en son
nom.
M. Hardy: Cela l'aurait probablement ébranlé. En
tout cas, cela m'ébranle, parce que, si cette année on applique
de nouveau les critères de l'an passé, c'est-à-dire
ratation et 25%, on se retrouve
avec deux agences à Québec. On se retrouve avec Payeur et
on se retrouve avec Dusault. Dusault s'est désisté. Donc, on se
retrouve avec une seule agence, Payeur. Imaginez-vous si la concurrence est
bonne. Payeur sait qu'il est tout seul pour les deux contrats, pour le contrat
de $395 000 d'avis publics et appels d'offres et $350 000 d'offres d'emplois.
Il est tout seul, M. Payeur. Vous imaginez qu'il va se forcer pour avoir
quelque chose de plus économique. Il va se forcer sur le plan de la
créativité pour donner à sa publicité un meilleur
impact. Ce que soutient le député de Saint-Jacques, il faut que
cela soit connu, je m'engage à prendre les moyens pour que ce soit
connu. Ce que soutient ce matin le député...
M. Charron: ... l'annonce par Pierre Tremblay.
M. Hardy: ... je vais le faire connaître par tous les
moyens qui sont à ma disposition, même par le jour. Ils sont assez
honnêtes pour transmettre ce que j'ai à dire. Ce que soutient le
député de Saint-Jacques cette année, est ceci: Vous, le
ministre des Communications, cela aurait été mieux pour
l'intérêt public que vous fassiez appel à une seule agence
de publicité, que vous vous retrouviez avec une seule agence de
publicité, plutôt que de faire ce que nous avons fait, faire appel
à cinq agences. Nous, avec les critères que j'ai établis
cette année, faisons appel à cinq agences. On demande à
cinq agences de faire des propositions.
Avec les critères du député de Saint-Jacques, nous
nous retrouvons avec une seule agence. Cela, c'est l'intérêt
public, M. le Président.
C'est la raison pour laquelle je dis: Ou bien le député de
Saint-Jacques ne comprend rien à cette question ou il y a une seule
chose qui l'inspire, c'est sa haine viscérale à l'endroit des
libéraux et plus particulièrement à l'endroit de Pierre
Tremblay Associés. Parce que vous n'avez aucun argument... Si vous en
avez, je vais vous écouter encore une fois. Je suis prêt à
vous écouter jusqu'à la fin du mois, si vous êtes capable
de m'apporter des arguments justifiant les critères que vous soutenez
cette année et que vous auriez voulu garder.
De plus, M. le Président, le député de
Saint-Jacques a soutenu tantôt que l'on faisait des cadeaux, parce que,
là aussi, la position du député de Saint-Jacques a l'air
passablement floue et ambiguë.
D'une part, il dit: Les principes de l'an passé, ce sont les
bons. Il faut faire la rotation. Donc, si on admet les critères de l'an
passé, il faut demander à des agences de publicité... Du
même souffle, sans s'apercevoir de l'illogisme et de l'incohérence
totale de son discours, il me dit qu'on ne devrait pas avoir d'agences de
publicité, qu'on devrait aller directement dans les media. Vous pourriez
le faire. Ce serait bon, etc., parce que vous faites des cadeaux aux agences.
Les agences ne font absolument rien. Elles mettent 15% dans leurs poches, des
centaines de milliers de dollars ou millions et reçoivent cela comme une
espèce de cadeau. C'est un peu comme si le gouvernement faisait une
souscription aux agences de publicité, si je pousse à sa fine
logique, s'il y en a une, le raisonnement du député de
Saint-Jacques.
Or, encore là, M. le Président, j'ai soutenu et je
continue à soutenir et demandez-le à n'importe qui qui s'y
connaît dans ce domaine, que le gouvernement passe par une agence de
publicité ou qu'il passe directement par les media, cela ne lui
coûte pas un cent de plus. On n'épargne pas un cent. Je ne
prendrai pas cela chez Pierre Tremblay, je vais prendre cela chez Cossette.
Evidemment, si c'était Pierre Tremblay, le député
de Saint-Jacques dirait: Cela ne vaut rien, Pierre Tremblay. Tout ce que ces
gens disent, tout ce qu'ils font, c'est...
M. Charron: C'est quoi les CT qui portent de $50 000 à $80
000 les... Expliquez-moi donc cela.
M. Hardy: Oui, je vais tout vous expliquer. Je
répète pour la nième fois que je n'ai pas de limite
à mon temps, que je serai ici 15 heures, 20 heures, 25 heures, 30
heures. Je vais répondre à toutes les questions du
député de Saint-Jacques, mais je lui demande de prendre cela
point par point pour ne pas embrouiller les affaires. Je comprends qu'il aime
mieux que ce soit embrouillé, mais on va mettre cela clair;
comprenez-vous?
M. le Président, quand le député de Saint-Jacques
dit que le gouvernement épargnerait s'il allait directement, sans passer
par les agences de publicité, encore là, ou bien il ne
connaît rien, ou bien il trompe sciemment la Chambre ou la commission.
Parce que. si on place une annonce de $500 dans le quotidien Le Jour, si c'est
par une agence de publicité, les 15% des $500 vont à l'agence. Si
ce sont les fonctionnaires qui font directement le travail nécessaire
pour aller dans le journal Le Jour, les 15% appartiennent au Jour. C'est
peut-être cela que vous voulez. C'est peut-être pour que vous
cessiez d'être otage. C'est peut-être cela que vous voulez; en tout
cas!
Ce que je veux dire, ce qui m'intéresse, ce n'est pas que vous
soyez un otage ou non, c'est de savoir si les fonds publics sont bien
utilisés ou non. Si on faisait ce que le député de
Saint-Jacques dit, non seulement cela ne coûterait pas un cent de moins
au gouvernement, mais cela lui coûterait davantage, parce que, quand il
dit que l'agence ne fait rien, écoutez bien ce que Cossette dit: Les
15%, à quoi cela sert? "L'analyse en profondeur du dossier, nos appels
d'offres, ce qu'on nous a demandé, avis publics, nous permettent de
prévoir un nombre de 1500 heures." Pour réaliser le contrat, cela
va leur prendre 1500 heures. M. Brisebois pourrait peut-être donner plus
de détails, mais les 1500 heures, cela comprend la composition
d'annonces, etc., en fait, tout ce que nous devrions faire. Si ce
n'était pas l'agence de publicité qui faisait cela, ce seraient
nos fonctionnaires. C'est évident, si on part du principe que les
fonctionnaires actuellement travaillent, n'ont pas d'heures libres, il faudrait
engager un supplément de fonctionnaires pour ces 1500 heures, à
$30 l'heure, soit un mon-
tant total de $45 000, basé sur un budget de placement de $395
000. Ce n'est pas net, les 15%. On calcule qu'elles ont 11%. Vous êtes
familier avec ces chiffres. C'est combien, l'an passé, pour Tremblay? $2
millions qu'ils ont eus.
M. Charron: $2 400 000.
M. Hardy: II faut que vous enleviez 11% là-dessus de
dépenses. Leurs vrais bénéfices..
Et pour reprendre le député de Saint-Jacques, la vraie
faveur là je cite le député de Saint-Jacques
qu'on peut faire à Pierre Tremblay ou à une autre maison c'est 4%
de ces $2 millions, à part cela, il y a l'impôt. Ce qui reste
net...
M. Charron: C'est effrayant, il ne lui reste rien. M. Hardy:
Non, là c'est vous qui caricaturez.
M. Charron: C'est écoeurant, je dois dire qu'il ne lui
reste rien.
M. Hardy: II ne lui reste pas rien, mais, quand vous laissez
entendre qu'on lui donne $2 millions, dans ses poches, comme un cadeau, vous
trompez les gens. Ce n'est pas honnête intellectuellement ce que vous
dites, parce que ce n'est pas cela. Mais, encore là, ce n'est pas cela
qui est l'argument important. L'argument important que je retiens, comme
administrateur de fonds publics, c'est que, si on suivait votre
recommandationévidemment, je ne sais plus laquelle... De temps en
temps vous dites qu'on aurait dû garder les cinq critères qui nous
auraient permis de faire appel à une seule agence de publicité
et, après cela, vous dites qu'on ne devrait pas avoir de
publicité et passer directement. Si on passait directement sans agence
de publicité, cela ne nous coûterait pas un sou de moins que nos
$350 000, on débourserait le même montant en versements d'argent
et on serait obligé de faire au ministère le travail que l'agence
fait, c'est-à-dire à peu près 11%, cela veut dire,
à toutes fins pratiques, qu'il faudrait ajouter 11% aux $350 000 que
nous dépensons. Sur $350 000, cela nous coûterait 11% de plus si
on suivait votre raisonnement. Je suis prêt à défendre cela
devant n'importe qui, devant les journalistes, devant n'importe qui, que cela
nous coûterait 11% de plus, Belle économie! Cela irait bien si
c'étaient les péquistes qui étaient au pouvoir. Cela irait
bien si c'était le député de Saint-Jacques qui
était le ministre des Communications, cela coûterait 11% de plus
sur $350 000 et 11% de plus sur le $395 000. On se demandera après cela
pourquoi le Jour est en faillite, parce que c'est sur ces critères qu'on
administre. Les beaux principes flous, nuageux, mais , quand on regarde les
chiffres bien précis, c'est à ces résultats qu'on
arrive.
Je regrette, M. le Président, le critère a
été changé sur la recommandation de mes fonctionnaires. Je
trouve que cette modification des critères de l'an passé, que
cette recommandation des fonctionnaires était excellente; je l'ai
approuvée parce que, d'abord, elle permet d'économiser de
l'argent, tout en obtenant les mêmes services et la décision que
je vais prendre, qui n'est pas encore prise, le CT que je vais signer au cours
des prochains jours sera basé sur la recommandation du directeur
général des communications gouvernementales, endossé par
le sous-ministre.
M. Charron: M. le Président, je considère qu'il n'y
a plus rien d'intelligent à sortir du ministre sur cette question,
autrement que des...
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Jacques-Cartier.
M. Hardy: J'espérais que vous démoliriez, il n'y a
rien d'attribuable.
M. Charron: Non, maintenant, je pense que vous êtes sur un
terrain tellement bête qu'on risque de se...
M. Hardy: Mais, qu'y a-t-il de bête? Economiser de
l'argent, c'est bête?
M. Charron: Non, je ne disais pas cela pour que vous continuiez,
au contraire.
M. Hardy: Mais, vous m'invitez à continuer. M. Charron:
Je faisais cela...
M. Hardy: C'est bête d'économiser de l'argent pour
le gouvernement?
M. Charron: Gardez-vous de l'énergie!
M. Hardy: J'en ai de reste, je suis capable d'essouffler le
député de Saint-Jacques, s'il savait!
M. Charron: Sur ce terrain-là probablement. M. Hardy: Sur
ce terrain-là et bien d'autres.
M. Charron: Je suis très heureux pour votre santé
mentale.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Saint-Jacques vient de dire que l'argumentation que je viens de soutenir est
bête. C'est-à-dire, essentiellement, l'argumentation que je viens
de soutenir, c'est que nous devons... Comme ministre des Communications, j'ai
le devoir dans ce domaine de tâcher d'avoir le meilleur service possible,
au meilleur coût possible. Le député de Saint-Jacques dit
que c'est bête. C'est bête d'essayer d'économiser de
l'argent au gouvernement. Très bien! J'en prends acte!
M. Charron: M. le Président, quand le ministre des
Communications, l'année dernière nous disait...
M. Hardy: On est cette année, ce n'est pas l'année
dernière.
M. Charron: Quand l'année dernière, il nous disait:
II ne s'agit pas de faire une rotation bébête,
je ne savais pas que c'était de son successeur qu'il parlait!
M. Hardy: Mais quelle sorte de rotation voulez-vous faire? La
fait-on ou ne la fait-on pas? Je suis prêt à vous écouter.
Vous avez des recommandations à me faire. Dites-le. Le
député de Saint-Jacques vient de dire que je suis
bébête. D'accord. C'est son jugement. Je n'ai pas à le
discuter. Vous êtes le ministre des Communications, cette année.
Faisons un peu preuve d'imagination, vous êtes le ministre des
Communications. Comment procédez-vous pour attribuer les contrats? Je
vais vous écouter. Allez-y! Je suis prêt à vous
écouter. Vous avez le dossier, vos fonctionnaires. Remettons les choses
telles qu'elles sont, vous avez les fonctionnaires que j'ai. Les fonctionnaires
vous font la recommandation qu'ils m'ont faite. Que faites-vous?
M. Charron: Je passe la parole au député de
Jacques-Cartier.
M. Hardy: Pourquoi? Je vous donne la chance, pendant quelques
minutes, d'être ministre des Communications. Je vous donne la chance de
démontrer quel talent vous avez, comment vous administreriez très
bien ce budget. Je vous donne cette chance que vous n'aurez peut-être
plus jamais de votre vie. Je vous l'offre. Pourquoi ne la prenez-vous pas?
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, on a parlé de
critères...
M. Hardy: Les journalistes ont l'air de trouver cela
épouvantable, eux aussi ont l'air de trouver cela bébête.
Non? Mais vous faites des signes.
M. Saint-Germain: Vous parlez de critères...
Le Président (M. Pilote): Vous n'avez rien à dire,
c'est vrai.
M. Saint-Germain: ... qui font que les agences ont 11% de
dépenses dans la distribution de ces annonces aux journaux. Est-ce qu'on
pourrait nous donner ce que fait l'agence pour dépenser...
M. Hardy: C'est très technique, si la commission le
permet...
M. Saint-Germain: Au point de vue technique, oui.
M. Hardy: ... je demanderais à M. Robert Bri-sebois de
donner les explications là-dessus, ce que ça peut coûter
à une agence.
Pour une agence, bien sûr, ça coûte d'abord du
personnel de soutien assez important, parce qu'elle a tout le matériel
qu'elle reçoit sous forme dactylographiée, qu'elle doit faire
composer en caractères d'imprimerie et qu'elle doit, par la suite,
acheminer...
M. Saint-Germain: Ce n'est pas reçu du gouvernement?
M. Hardy: Non, le matériel qu'elle reçoit du
gouvernement, c'est une feuille dactylographiée.
M. Saint-Germain: Ah bon!
M. Hardy: Alors, elle doit concevoir la mise en page,
préparer la maquette, l'envoyer aux journaux par la poste...
M. Saint-Germain: II me semble qu'on a mentionné que les
maquettes... que le gouvernement envoyait la maquette.
M. Hardy: Non, non, le gouvernement n'envoie rien, il envoie une
feuille de papier qui nous vient des Travaux publics pour les appels d'offres,
qui nous vient de la Fonction publique pour les offres d'emploi, c'est
envoyé à l'agence, elle fait le montage de ça, elle fait
la maquette, l'expédie aux journaux, reçoit la coupure de chaque
journal, l'examine pour voir si les normes de publication sont
respectées, facture le journal, reçoit les sommes, paie, si vous
voulez, l'agence et nous facture après. En fait, il y a tout un travail
de facturation, d'acheminement de matériel, de vérification des
journaux, bref, on évalue un contrat comme ça à environ
1500 heures de travail, ça veut dire au moins deux personnes à
temps plein qui ne font que ça. Je n'ai pas besoin de vous dire les
appels; les offres d'emploi viennent au moins toutes les semaines et les avis
publics parfois deux fois par semaine.
Il y a toute la correspondance, tout l'acheminement du matériel
qui est quand même à la charge de l'agence. Nous, cela ne nous
coûte absolument rien. On prend le texte dactylographié, on
l'envoie à l'agence et on est facturé pour un montant
donné pour l'espace qu'on a pris, c'est tout.
M. Saint-Germain: S'il y a une erreur qui se glisse quelque part
dans l'annonce?
M. Hardy: S'il y a une erreur qui se glisse, c'est le rôle
de l'agence d'avertir le journal, qu'on ne paie pas l'annonce en question. La
vérification est faite d'une part chez nous aussi, parce qu'on
revérifie lorsqu'on reçoit les factures, mais ce qu'on appelle un
"make good" dans le métier, c'est que les journaux, s'ils font une
erreur, s'engagent à republier la même annonce gratuitement. C'est
une entente courante. Mais c'est l'agence qui supervise et la disposition et
tout le texte; s'il y a des fautes dans le texte, etc., c'est l'agence qui
vérifie ça avec le texte qu'elle a envoyé, avec la
maquette.
M. Saint-Germain: C'est la raison pour laquelle les journaux
remettent 15%.
M. Hardy: C'est une entente qui existe entre la CDNPA, qui est la
Canadian Daily Newspaper Association, et les agences de publicité; on le
retrouve à la radio, à la télévision; c'est une
entente qui a été négociée entre les media
d'information et les agences de publicité sur le plan
nord-américain. Ce n'est pas seulement au Québec ou au Canada,
c'est dans toute l'Amérique du Nord et même en Europe. Cette
entente consiste à dire pour un media d'information, quel qu'il soit:
Nous vous accordons 15%, si vous nous donnez de l'annonce. En ce sens, les
media vivent de la publicité et savent que ce sont les agences qui
décident dans une certaine mesure où placer la publicité.
Donc, il y a eu une entente qui remonte quand même assez loin dans le
temps et qui permet aux agences de publicité de se financer au point de
vue de leur fonctionnement, au point de vue opérationnel, avec
l'escompte que donne le journal.
Si, moi, je vais dans un journal placer une annonce, on ne me donnera
pas cet escompte, parce que je ne fais pas partie de cette entente. Je vous
dirai même plus, c'est qu'il y a des agences qui ne font pas partie de
cette entente parce qu'elles n'ont pas payé une licence spéciale,
qui coûte quand même $150 000. Pour avoir le droit à la
commission de 15%, les agences reconnues doivent payer une licence qui est
d'environ $150 000.
Cela veut dire que toutes les agences peuvent placer de l'annonce dans
les journaux avec un escompte de 15%. C'est pour cela que, dans le
critère no 2, on insiste pour que les agences soient membres de la
CDNPA; c'est un prérequis, parce qu'autrement elles n'auraient pas
l'escompte de 15%.
M. Saint-Germain: Si le gouvernement envoie l'annonce au journal,
directement, sans passer par l'agence, le travail qui est fait par l'agence,
est-ce qu'il est fait par le gouvernement ou par le journal?
M. Hardy: II est fait par le gouvernement. Il est fait par le
ministère ou par le fonctionnaire du gouvernement. Les journaux n'ont
pas le temps de refaire les maquettes. D'ailleurs, ils ne font pas de
maquettes.
M. Saint-Germain: Ils ne font pas de maquettes?
M. Hardy: Ils ne font pas de maquettes. C'est possible qu'un
particulier arrive avec une feuille de papier, pour les annonces
classées, ou les petites annonces, et dise, au comptoir du Soleil:
Ecoutez, j'aurais cette annonce à publier, est-ce que vous voulez le
faire?
Quelquefois, les responsables vont la composer; mais ils ne feront pas
un montage pour une petite annonce. S'il y a des frais considérables que
le journal doit encourir, au point de vue de la maquette, il va vous le
réclamer en plus de votre annonce, parce que c'est du travail
technique.
M. Saint-Germain: Les entreprises qui ont beaucoup d'annonces,
est-ce qu'elles passent aussi par les agences?
M. Hardy: Je pense par exemple aux grands magasins à
rayons. Ils ont des ententes particulières avec les journaux. Mais cela
va encore plus loin, cela va même dans le lignage.
Je pense, par exemple, à la maison Eaton. Elle a une entente
globale avec la Presse, parce qu'elle prend, en moyenne, de huit à douze
pages. J'ai été, moi-même, vice-président de la
Presse et j'ai négocié avec la plupart de ces grands magasins,
des contrats où, c'est bien sûr, sur le volume de publicité
que ces magasins, on faisait une entente.
Mais en dehors de ces grands magasins à rayons, vous avez, la
plupart du temps, au niveau des commerces en général, pour
profiter des connaissances techniques et professionnelles d'une agence, on va
payer le 15%.
Bien sûr, il y a, aujourd'hui, une tendance à fonctionner
par honoraires. Il y a des agences, surtout aux Etats-Unis, qui
réclament les honoraires et la commission, parce qu'elles vont
considérer qu'au niveau création, cela dépasse 15%. Elles
vont demander, en plus, des honoraires, parce qu'il y a du travail de
création, de graphisme, si l'annonce est très complexe. C'est
bien sûr que, si on fait faire des dessins, elles vont exiger davantage,
parce que la marge de profit est assez mince.
M. Saint-Germain: Dans le montant que le gouvernement
dépense dans l'ensemble pour l'annonce, est-ce que c'est une
capacité d'achat qui lui permettrait de faire des ententes, comme les
grands magasins peuvent le faire?
M. Hardy: Je ne peux pas parler pour l'ensemble du gouvernement,
parce que je n'ai pas les données de l'ensemble du gouvernement. Pour le
ministère des Communications, c'est bien sûr que nous n'avons pas
le volume nécessaire pour discuter avec les média sur ce
plan.
Je dirais plus. Au niveau des pages "carrières et professions",
dans la Presse, on a demandé aux agences d'essayer de négocier
des ententes. Vous allez le voir dans les soumissions, on a dit aux agences:
Essayez donc de contacter les journaux s'ils ne seraient pas prêts
à nous accorder un escompte.
Elles ne veulent rien savoir parce qu'elles ont un "bargaining power"
pour elles. C'est-à-dire que pour les offres d'emplois, des journaux
comme la Presse et le Soleil ne sont pas intéressés à nous
donner des escomptes, parce que ce sont les pages qui sont les plus payantes.
Quelqu'un qui cherche un emploi n'a pas le choix; il faut qu'il aille voir dans
la Presse, le Soleil, le Devoir et dans quelques grands quotidiens. C'est tout.
Il peut aussi aller voir dans le Montreal Star ou la Gazette.
Alors, les pages "carrières et professions", dans les journaux,
sont des mines d'or, parce que c'est un véhicule captif. Ils ne sont pas
intéressés à accorder de l'escompte d'aucune sorte,
même aux agences, et ce, même pour un volume consi-
dérable. Mais le volume du ministère des Communications
est quand même assez mince. Ce n'est pas un gros volume.
M. Saint-Germain: Au point de vue des communications
téléphoniques, vous avez la responsabilité totale, en tant
que gouvernement. Au point de vue des annonces, pourquoi n'établit-on
pas la même politique? Est-ce qu'il y aurait, M. le ministre, des raisons
particulières?
M. Hardy: C'est une belle et grande question. Il faudrait presque
refaire un peu l'historique des communications gouvernementales. Je n'ai pas de
document devant moi qui me permet de refaire un historique tout à fait
rigoureux.
Dans les grandes lignes, à un moment donné, il y a eu ce
que l'on appelle l'Office d'information et de publicité du
Québec, qui jouait, à toutes fins pratiques, ce rôle, qui
faisait la publicité de tous les ministères du gouvernement.
Il y a eu beaucoup de difficultés, découlant d'une foule
de facteurs. Je pense que l'un des facteurs que l'on peut le plus facilement
identifier, c'est la volonté de chaque ministère d'être
responsable de sa propre publicité. Chaque ministère
considérait que la centralisation de la publicité ne permettait
pas au ministère sectoriel de faire l'information telle qu'il la
concevait, une information qui collait le plus possible à ce qu'est le
ministère, au programme des ministères.
Il y a eu l'Office d'information et de publicité qui centralisait
toute l'information. Il a été attaché au Conseil
exécutif, au bureau du premier ministre, à l'époque, par
exemple, de M. Johnson. Il a été rattaché directement au
bureau du premier ministre. Avec M. Bertrand, l'office s'en est allé,
c'est-à-dire que l'office comme tel s'est
désintégré et l'information...
Quand c'est parti, avec M. Bertrand, c'est retourné au
ministère des Communications. Finalement, en 1972, après toutes
ces péripéties et ces difficultés, il y a un
arrêté en conseil qui a dit que l'information des
ministères, sauf pour les appels d'offres et les avis de concours,
demeurait au ministère des Communications, mais que toute autre
information, restait à ces ministères. Par exemple, quand le
ministère de l'Education a publié ses conditions de travail dans
le présent conflit, c'est le service d'information du ministère
de l'Education qui l'a fait.
Il y a deux écoles qui ont sûrement des arguments valables,
de part et d'autre, mais, pour des raisons d'ordre pratique, en 1972, la
décision a été prise de redécentraliser
l'information et de la confier à chaque ministère.
Vous comprendrez que quand vous faites la comparaison avec le service
téléphonique, il s'agit d'un domaine quand même
passablement différent. Le service téléphonique est un
service purement technique. Le ministère des Communications met à
la disposition des ministères simplement les appareils, tandis que, dans
l'information, il y a tout le contenu. Cela fait bien différent.
D'ailleurs, à votre propre suggestion, hier, nous allons examiner
la possibilité de faire assumer les comptes de téléphone
par chaque ministère, pour les raisons que vous avez
mentionnées.
M. Saint-Germain: On a mentionné que l'annonce, ou la
publication, ou les coûts des annonces du gouvernement, dans l'ensemble,
atteignaient une somme de $5 millions à $6 millions. Est-ce qu'avec une
telle somme, il n'y aurait pas moyen de faire des arrangements avec les grands
journaux, comme les grandes compagnies le font, comme les grands magasins le
font?
M. Hardy: II faudrait que ce soit centralisé, à ce
moment.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y aurait moyen de savoir où
centraliser?
M. Hardy: II ne m'appartient pas...
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y aurait tout de même une
base?
M. Hardy: Les questions techniques, M. Bri-sebois peut y
répondre.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y aurait moyen tout de
même... Est-ce qu'il y aurait une base pour amorcer une discussion?
M. Hardy: C'est une question politique. Il est évident que
si l'information, comme avant 1972, était centralisée au
ministère des Communications, le pouvoir, à ce moment, du
ministère des Communications, parce que cela représente $6
millions actuellement, pour négocier avec une enveloppe de $6 millions
serait plus grand qu'avec une enveloppe de $700 000.
Sur ce plan, sur le pouvoir de négociation, la centralisation
serait avantageuse, mais, comme je vous l'ai expliqué tantôt, il y
a tous les autres problèmes qui se posent et, en particulier, cette
volonté je n'ai pas à la discuter ici, ce serait
plutôt aux différents ministères que vous pourriez poser la
question qui s'est manifestée et qui a amené la dicision de
1972, des ministères d'être responsables de leur propre
information.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, je voulais simplement faire
remarquer à la commission qu'on utilise souvent des chiffres, mais,
probablement qu'on manque un peu de précision. On s'est aperçu
d'abord que, dans les discussions, lorsque le député de
Saint-Jacques promenait un chiffre de $2 millions qui était le montant
qui était alloué à Pierre Tremblay et Associés,
cela ne recouvrait pas nécessairement des frais de services
professionnels pour les appels d'offres et les offres d'emploi, mais bien
d'autres choses.
Je pense que les $5 millions et les $6 millions auxquels on fait
allusion aussi, il faut faire bien attention.
Ce sont probablement des services, des frais de services professionnels
aux agences de publicité au total, ce qui ne couvre pas
nécessairement de la publicité comme telle. Cela peut être
aussi des agences de publicité auxquelles on demande de préparer
des maquettes de dépliants ou de rapports annuels ou des choses comme
cela. A ce moment, cela n'a absolument rien à faire avec les annonces
dans les journaux. Je pense aussi qu'à la suite des explications de M.
Brisebois, on doit tout de même se rendre compte que, lorsque des grandes
chaînes de magasins ont leur propre personnel au niveau du "lay-out" et
le reste, ce sont des frais fixes, des coûts fixes extrêmement
élevés tout de même, surtout la préparation de
maquettes, et que le gouvernement devrait, avant de s'enfermer dans ce
corridor, y réfléchir à plusieurs reprises. C'est que,
s'il n'est pas capable d'amortir ses coûts fixes dans ce domaine, je ne
pense pas personnellement qu'un budget de $5 millions ou de $6 millions soit
suffisant même pour amortir un certain nombre de ces coûts fixes,
que ce serait avantageux.
M. Hardy: Le député de Taschereau vient de
mentionner une chose pas mal importante qui met en doute encore le
député de Saint-Jacques; tantôt, je ne l'ai pas
relevée. Le député de Saint-Jacques a lancé
à la volée, comme cela: Pierre Tremblay a fait sans
préciser, évidemment, que c'était pour un an ou deux ans
ou trois ans $2,6 millions. C'est ce que vous avez dit? Le
député de Saint-Jacques ne répond pas; alors, cela veut
dire que c'est vrai. Le député de Saint-Jacques vient de lancer
tantôt que Pierre Tremblay a fait $2,6 millions. Regardez bien cela. Mon
directeur des communications gouvernementales me dit que l'ensemble de la
publicité gouvernementale peut être de $6 millions pour l'an
dernier ou pour cette année. $6 millions, à 15%, cela fait $900
000. Même si, ce qui n'est pas vrai, il y a beaucoup d'autres agences de
publicité qui travaillent pour le gouvernement, même si Pierre
Tremblay avait eu toute la publicité gouvernementale à 15%, cela
lui aurait fait $900 000. Il n'a pas eu toute la publicité du
gouvernement. Le député de Saint-Jacques, sans broncher, dit
qu'on a donné, en commissions, $2,6 millions. Ce n'est pas plus grave
que cela. Cela passe de même.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député
d'Anjou.
M. Hardy: Je vous le dis, je trouve cela... Que l'Opposition
critique, que le gouvernement se défende, que l'Opposition
exagère un peu ses critiques, que le gouvernement, évidemment, en
contrepartie, exagère un peu sa défense, c'est dans le jeu
normal. Nous sommes tous des êtres humains. Ce qu'on n'a pas le droit de
faire de part et d'autre, c'est qu'on n'a pas le droit de fausser
fondamentalement la vérité. On n'a pas le droit de le faire. Le
gouvernement n'a pas le droit de fausser la vérité. L'Opposition
n'a pas le droit de fausser la vérité, parce que c'est un
élément... Hier, le député de Saint-Jacques parlait
de la vie démocratique. C'est un élément important de la
vie démocratique, dire la vérité au monde. Si la vie
démocratique, actuellement, au Québec, connaît de tels
soubresauts, s'il y a tellement de problèmes sociaux, je pense, en
particulier, aux relations de travail, c'est parce qu'il y a trop de gens qui
sont des menteurs. Il y a trop de gens qui ne disent pas la
vérité. Qu'on dise donc la vérité, qu'on
défende sa cause; qu'on n'ait pas le même jugement sur une
même réalité, c'est normal. Par exemple, que le
député de Saint-Jacques dise que mon argumentation n'est pas
brillante, c'est une appréciation de valeur, il en a parfaitement le
droit, mais qu'il mente, qu'il dise qu'une maison de publicité a eu $2,6
millions de commissions quand, en fait, elle ne peut pas avoir eu plus que $900
000 et même pas, parce qu'elle n'a pas eu tous les... C'est tromper,
c'est fausser les faits. C'est grave. C'est extrêmement grave.
Le Président (M. Pilote): Le député
d'Anjou.
M. Tardif: M. le Président, dans la liste des contrats
accordés au programme 2. on retrouve le nom de Claude Morin. Est-ce
qu'il s'agit du Claude Morin, membre de l'Exécutif du Parti
québécois?
M. Hardy: Pardon? Je m'excuse.
M. Tardif: Dans la liste des contrats accordés au
programme 2, on retrouve le nom de Claude Morin. Je voudrais savoir s'il s'agit
du membre de l'Exécutif du Parti québécois?
M. Hardy: Ce doit être lui. On rne dit qu'on ne le sait
pas, parce qu'on ne fait ce genre de...
M. Tardif: Est-ce qu'on sait pourquoi le contrat a
été accordé?
M. Hardy: Ce doit être quelque chose de brillant, parce que
M. Morin... Vous savez, je n'ai pas une haine viscérale de mes
adversaires.
M. Tardif: Je pose la question, pas parce que... de la personne
en question, mais parce que je voudrais...
M. Hardy: M. Morin, je ne partage pas ses opinions politiques,
mais M. Claude Morin, j'ai beaucoup de respect pour lui. J'avais beaucoup de
respect pour lui quand il était sous-ministre des Affaires
intergouvernementales. J'ai connu M. Claude Morin la première fois que
j'ai été député, en 1965. J'ai travaillé
avec lui à la commission qui étudiait le problème de
l'assurance-santé. J'ai appris à l'estimer à ce moment.
Oui, je vais le dire. J'ai appris à l'estimer à ce moment. Ce
n'est pas parce que Claude Morin est devenu péquiste, à un moment
donné, que j'ai décidé que Claude Morin, ce n'était
plus un bon. C'est un homme de valeur.
M. Charron: Vous ne savez même pas si c'est lui.
M. Hardy: Vous n'aimez pas ça que je parle en bien de
Claude Morin?
M. Charron: Non, mais ce n'est... M. Hardy: Vous
êtes jaloux?
M. Charron: ... pas la ligue du vieux poêle ici. C'est une
commission parlementaire.
M. Hardy: Oui, mais vous, vous avez manifesté...
M. Charron: On n'est pas pour se mettre à nommer tous ceux
qu'on a aimés et qu'on hait ce soir.
M. Hardy: Vous avez bien nommé ceux que vous haïssez.
Moi, je vais nommer ceux que j'aime.
M. Charron: Je n'ai nommé personne que je
haïssais.
M. Hardy: Moi, je suis plus fort sur l'amour que sur la
haine.
M. Charron: Est-ce que le député d'Anjou a d'autres
brillantes questions?
M. Tardif: Elles valent sûrement celles de celui qui
s'imagine être le député de Saint-Jacques.
M. Hardy: De toute façon, tout le monde pensait que
c'était le Claude Morin pour qui j'ai beaucoup d'estime. C'est un Claude
Morin que je ne connais pas. Il a eu un contrat de $150 à $30 la
pièce, comme narrateur. Cela m'a permis de dire que j'avais beaucoup
d'estime pour Claude Morin, mais ce n'est pas ce Claude Morin dont il a
été question dans les contrats. C'est Claude Morin...
Le Président (M. Pilote): Programme 2?
M. Charron: Non, M. le Président. M. Brise-bois est
à l'emploi du gouvernement depuis quand?
M. Hardy: Du gouvernement?
M. Charron: Du ministère des Communications, au poste
qu'il occupe dans le moment.
M. Hardy: II est entré le 12 avril. M. Charron: Le
12 avril dernier.
M. Hardy: A la suite d'un concours tenu en bonne et due
forme.
M. Charron: Je n'en doute pas. A quel salaire? M. Hardy:
$30 600. Il était antérieurement di- recteur du service
d'information du ministère de la Justice depuis 1972. Il était
antérieurement, de 1960 à 1969, parce qu'il avait
été au gouvernement avant ça, directeur de l'information
au ministère des Terres et Forêts et à l'Education. De 1969
à 1972, il a été vice-président de la Presse. Avant
d'être au service du gouvernement, il était journaliste au Soleil
et à la Presse.
M. Charron: Depuis 1972, étiez-vous revenu dans l'appareil
gouvernemental? A quel endroit?
M. Hardy: Au ministère de la Justice, comme directeur du
service d'information.
M. Charron: D'accord!
Vous avez un salaire de $30 000 par année Est-ce qu'il y avait
d'autres postulants au concours?
M. Hardy: II y a eu deux personnes qui se sont
présentées au concours dont M. Pierre Chalout, qui est au
ministère des Communications à titre d'agent d'information. C'est
un concours qui a été publié dans les journaux, ouvert au
public.
M. Charron: Si je pose cette question, c'est parce que,
l'année dernière, le ministre, que vous n'aimez peut-être
pas, mais en tout cas, qui était là l'année
dernière...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque une question de
privilège! Je n'aime pas mon prédécesseur. A partir de
quoi? C'est mon voisin de comté. Je travaille avec lui
régulièrement. J'ai assumé la presque totalité des
politiques qu'il a préparées et défendues...
M. Charron: On a vu ça!
M. Hardy: ... avec brio au ministère des
Communications.
M. Charron: On a vu ça! On n'a même pas fini le
programme 2 et on en a déjà "scrappé" une.
M. Hardy: Regardez ça! M. le Président, franchement
je ne sais pas ce qu'a le député de Saint-Jacques! Il est plus
brillant que ça d'habitude. Parce que j'ai modifié, encore une
fois, sur la recommandation de mes fonctionnaires, un critère sur cinq
pour l'attribution d'une partie infime du budget du ministère des
Communications, alors que, d'autre part, sur toute la politique fondamentale
vis-à-vis d'Ottawa, en matière de câble, de
télécommunications, de téléphone, je continue
intégralement et j'essaie, avec mes humbles talents de la
défendre, cette politique, le député de Saint-Jacques dit:
Vous n'aimez pas le prédécesseur.
Imaginez-vous donc! J'ai modifié deux critères sur cinq
pour l'attribution de contrats à la suite de recommandations de mes
fonctionnaires, et le député de Saint-Jacques conclut que je
n'aime pas mon prédécesseur.
C'est de la rigueur intellectuelle.
M. Charron: Le prédécesseur du ministre actuel
avait dit ceci l'année dernière, à propos de la recherche
active dans laquelle il s'était lancé, lui et son sous-ministre,
pour un directeur du service qu'occupe aujourd'hui M. Brisebois.
Parlant de la difficulté d'en trouver un, il avait dit: "Nous
voulons un jeune avec cinq ou six ans d'expérience, capable vraiment de
s'attaquer à l'ensemble du problème et pour jouer un rôle
au conseil beaucoup plus dynamique, c'est très difficile parce que la
concurrence est grande avec l'entreprise privée. Contre une
sécurité à $20 000 par année, ils aiment parfois
mieux une insécurité à $32 000 par année dans
l'entreprise privée."
M. Hardy: Vous êtes sur que vous parlez de la même
chose?
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Je voudrais tout simplement préciser pour que
cela soit bien clair.
M. Charron: Le directeur général des
communications.
M. Hardy: Ce n'était pas du service d'information du
ministère?
M. Charron: Le directeur général des
communications.
M. Hardy: II en cherchait un l'an passé?
M. Charron: Attendez un peu.
M. Hardy: Cela ne se peut pas. Il y en avait un.
M. Charron: Directeur de la publicité à
l'intérieur du ministère.
M. Hardy: Oui. C'est le service de l'information.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Ce n'est pas ce poste. Vous parlez d'un autre poste.
Vous parlez d'un service... Cela ne me fait rien qu'on en parle, même si
ce n'est pas le programme dont nous sommes censés discuter. Vous parlez
du service d'information qui est rattaché au programme... Le directeur
de publicité... Je m'excuse. Moi aussi, je fais erreur. Il parlait du
directeur d'un service de la direction générale des
communications gouvernementales, c'est-à-dire quelqu'un qui travaille
sous la direction de M. Brisebois et autrefois de M. Loiselle. C'est un service
de la direction générale des communications gouvernementales.
M. Charron: Ce poste a-t-il été comblé?
M. Hardy: Ce poste n'existe plus en vertu d'un
organigramme...
M. Charron: Bon!
M. Hardy: Un instant. Faites attention à vous. Ne vous
allongez pws trop la tête sur le billot.
M. Charron: Qu'est-ce qu'il y a?
M. Hardy: En vertu d'un nouvel organigramme que mon
prédécesseur avait approuvé, quelques jours avant mon
arrivée au ministère des Communications. Je suis arrivé au
ministère des Communications au début d'août.et, avant son
départ, à la suite d'une recommandation, j'imagine, de ses
fonctionnaires, mon prédécesseur, le député du
comté des Deux-Montagnes, avait approuvé un nouvel organigramme,
mais il ne l'avait pas envoyé au Conseil du trésor parce que cela
se faisait pendant la transmission des pouvoirs. Par délicatesse
à mon endroit, il ne l'avait pas envoyé pour que je puisse en
prendre connaissance et j'ai approuvé, intégralement, le nouvel
organigramme qui avait déjà été approuvé par
mon prédécesseur et je l'ai envoyé au Conseil du
trésor. Dans ce nouvel organigramme préparé, alors
que...
Le service a été modifié. Il a une nouvelle
appellation. Ce service, sous l'ancien organigramme, s'appelle maintenant:
Division du développement des techniques de communication. Le poste est
vacant. Il y a un concours ouvert.
M. Charron: Où le trouvez-vous sur l'organigramme?
M. Hardy: Sous "Directeur général des services
techniques". Je m'excuse. Ce ne sont pas les services techniques.
M. Charron: Bien non. Ce n'est pas cela.
M. Hardy: C'est sous la direction générale des
communications gouvernementales.
C'est un sous-service du service du développement des
communications gouvernementales.
M. Charron: C'est ce poste qui est vacant. Le service du
développement des communications gouvernementales.
M. Hardy: II s'agit du développement des communications
gouvernementales. Le poste est vacant. Il y a un concours en cours et, à
la division du développement des techniques de communication, il y a un
responsable, c'est M. Hénot. Les personnes dans ce service sont M.
Hénot, M. Dage-nais, M. Blouin.
M. Charron: Est-ce qu'on rencontre les mêmes
difficultés de concurrence avec l'entreprise privée pour combler
ce poste?
M. Hardy: C'est au niveau de la Commission de la fonction
publique. C'est sûr. C'est-à-dire que cette affirmation que le
député de Saint-Jacques a faite tantôt, elle est vraie pour
une foule de services gouvernementaux. On fait toujours face à la
concurrence de l'entreprise privée. Ce n'est pas particulier à ce
service ou ce n'est pas particulier au ministère des Communications.
C'est un problème plus généralisé.
Renseignements fournis au public
M. Charron: M. le Président, j'aimerais aborder, à
cet endroit, la question de toute la politique à l'égard du
renseignement des citoyens dont nous avions parlé abondamment
l'année dernière, j'ai tiré des informations de
l'échange que nous avions eue l'année dernière des projets
du ministère portant sur trois actions spécifiques et c'est mon
intention de m'informer de l'état actuel du dossier dans ces questions.
On nous avait dit, par exemple, l'année dernière, qu'on ailait
travailler à mettre en place un nouveau système de
repérage et de dissémination des données d'information
pour fins de renseignement. Ce qui voulait dire, à toutes fins
pratiques, M. le Président, l'intégration progressive de toutes
les sources gouvernementales d'information par sujet, selon une classification.
Où en est-on dans ce projet?
M. Hardy: Nous avons la banque de renseignements qui est le
réservoir du nouveau système Zénith qui a
été mis en opération au mois de septembre et les
personnes, les agents d'information, au bout de la ligne, qui opèrent
dans le système Zénith, se servent de cette banque de
renseignements telle que décrite par le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Est-ce que c'est complété?
M. Hardy: Elle se complète constamment. Evidemment, elle
ne sera jamais complétée, parce que, à mesure qu'il y a de
nouvelles demandes et qu'il y a de nouveaux services, de nouveaux programmes,
c'est une banque qui est en perpétuelle mutation, qui s'enrichit
constamment et qu'on peut émonder si un programme cesse d'exister.
Evidemment, on enlève l'information. Je vous donne...
M. Charron: Est-ce qu'on a procédé à
l'uniformisation des tâches du personnel affecté aux
renseignements?
M. Hardy: II y a une uniformisation. Far exemple, des agents
d'information sont assignés uniquement au téléphone et
vous avez aussi les gens dans les bureaux régionaux qui parlent
directement au public, les gens qui se présentent dans les bureaux. Il y
a des téléphonistes, il y a des personnes qui parlent
directement, physiquement en présence des...
M. Charron: Est-ce qu'on a procédé à une
certaine formation de ce personnel? A la suite d'un certain nombre de
plaintes...
M. Hardy: Je ne sais pas s'il y a eu des plaintes...
M. Charron: Elles avaient été soulevées
l'année dernière.
M. Hardy: Oui, mais...
M. Charron: Non pas des plaintes, mais des agacements.
M. Hardy: C'est évident que non seulement on
procède à la formation de notre propre personnel en cause, mais
nous avons périodiquement des sessions d'information organisées
par le ministère des Communications pour les agents d'information de
tous les ministères. Il y a eu encore une telle session il y a quelques
semaines. En plus de ces sessions d'information générale, il y a
eu des sessions spécialisées pour les personnes qui sont
assignées au service Zénith.
Actuellement, je ne sais pas si le député de Saint-Jacques
est intéressé, mais on a quelques chiffres ici qui
démontrent que le service Zénith...
M. Charron: Vous les avez donnés je pense... M. Hardy:
Je les ai donnés dans le texte...
M. Charron: ... dans la communication d'ouverture.
M. Hardy: C'est-à-dire que je les ai donnés...
M. Charron: ...
M. Hardy: ... globalement, je les avais ici par bureaux
régionaux.
M. Charron: Donnez-les donc, ce serait peut-être
intéressant.
M. Hardy: Je vais vous donner les extrêmes pour montrer...
non ce serait peut-être mieux de montrer la différence entre avant
le système Zénith et après, puis le nombre de
renseignements. En 1974/75, une année complète où il n'y
avait pas de système Zénith, à Rimouski, on avait 4052
demandes de renseignement alors qu'avec le système Zénith on a eu
19 648 demandes. Cela vous donne un aperçu de la différence.
A Jonquière, avant le système Zénith, on avait 14
415 demandes; avec le système Zénith, on en a 18 881. Evidemment,
l'augmentation avec le système Zénith varie selon l'endroit,
c'est-à-dire dans des endroits où la communication interurbaine
gratuite couvrait un plus grand territoire, le système Zénith a
moins d'impact que dans des régions où l'interurbain est
établi. C'est pour ça que la différence de Rimouski est
beaucoup plus grande que la différence à Jonquière. A
Québec, avant le système Zénith, on avait 17 389 demandes,
maintenant, avec le système Zénith, on en a 26 655. Cela,
évidemment, je le fais remarquer, c'est pour l'année 1975/76 et
le système Zénith n'a fonctionné que quelques mois.
M. Charron: Que depuis septembre.
M. Hardy: Oui. Alors, on peut imaginer qu'avec le même
ordre de grandeur, pour l'année 1976/77, ça va être une
augmentation beaucoup plus considérable. A Trois-Rivières, les
gens de
Trois-Rivières s'informent, avant le système
Zénith, on avait 8410 demandes, maintenant, on en a 22 672. Le
système téléphonique ne doit pas être bien bon
à Trois-Rivières, il y a beaucoup d'interurbains; on a donc rendu
un grand service aux gens de Trois-Rivières.
M. Charron: II n'est jamais à son bureau.
M. Hardy: M. le Président, encore une
parenthèse...
Une Voix: Question de privilège.
M. Hardy: C'est tout à fait faux. Plus un
député est à son bureau, plus il rend des services, plus
il incite les citoyens à en demander davantage.
A Sherbrooke, avant le système Zenith, 7820 demandes pour
1974/75. En 1975/76, 16 688. A Montréal, je ne sais pas trop ce qui est
arrivé. Le Zenith ne fonctionne pas, alors, les chiffres ne veulent rien
dire. A Saint-Eustache, là également, cela ne veut rien dire,
parce que le bureau n'était pas ouvert, avant le système, en
1974/75. A Hull, en 1974/75, 27 560 demandes de renseignements; en 1975/76, 31
461 demandes. A Rouyn, en 1974/75, 11 901 demandes; en 1975/76, 1932a
demandes.
Je pense que ces chiffres démontrent assez clairement que le
nouveau système Zenith rend service à la population.
M. Charron: Quand le ministre a évoqué
Montréal, Montréal a toujours été un
problème, à cause de sa taille, quant à la communication
gouvernementale. Il est évident que des locaux bien connus et bien
identifiés du ministère des Communications, ce qu'on appelle
Communications Québec, à Hull ou à Rimouski, par exemple,
sont facilement identifiables dans une petite ville, font rapidement partie du
système de référence mentale de chaque citoyen, se
rappelant d'avoir vu l'édifice; il sait que c'est là qu'il peut
s'adresser.
Dans un grand centre urbain, c'est différent. Le gouvernement
je ne sais pas si cette, politique a été modifiée
également avait décidé de procéder, pour ce
qui est de Montréal, un peu comme un grossiste en information, se fiant
sur les instances déjà créées dans les
différents quartiers... oui, ou communautaires.
M. Hardy: Comme le député de Saint-Jacques le sait
très bien, on a fait une innovation dans ce domaine. Je partage
parfaitement l'opinion du député de Saint-Jacques
là-dessus, à Montréal, l'anonymat est très fort, et
il y a bien des gens qui peuvent appeler gratuitement et qui ne savent
même pas que cela existe.
Je crois beaucoup, en particulier, dans certains quartiers de la ville
de Montréal, à essayer de personnaliser l'information et c'est
dans cet esprit que nous avons accordé une subvention au centre
communautaire...
M. Charron: Au Centre d'information et de référence
de l'Est...
M. Hardy: Au Centre d'information et de référence
de l'Est, où je suis allé l'automne dernier. Je pense que c'est
un moyen, en quelque sorte, de décentraliser, de personnaliser,
l'information gouvernementale. C'est un peu une espèce de laboratoire,
c'est un peu à l'état d'expérience.
Si cette expérience s'avère heureuse, pour ma part, je
souhaiterais qu'elle soit multipliée.
M. Charron: Quel est le montant destiné à cela?
M. Hardy: Cela a été $20 000, je pense. M.
Charron: Vous me dites que...
M. Hardy: La subvention a été surtout pour la
publication du bottin. D'autre part, on fournit toute l'information que l'on
retrouve. Toute la publicité écrite que nous avons, nous la
fournissons à ce centre pour qu'il puisse la mettre à la
disposition des gens qui fréquentent ce centre.
M. Charron: Une dernière question sur ce sujet, M. le
Président. C'est évidemment, comme on l'avait décrit
l'année dernière, à l'état d'expérience.
Est-ce qu'on va renouveler la subvention pour l'exercice financier dont nous
parlons?
M. Hardy: J'accepterais de renouveler la subvention à la
lumière du rapport que nous recevrons.
M. Charron: Quand attendez-vous ce rapport?
M. Hardy: On me dit qu'on devrait recevoir le rapport au mois de
juin.
M. Charron: Est-ce qu'il y a possibilité de
l'étendre à d'autres quartiers de Montréal?
M. Hardy: Comme je vous dis, si l'expérience
s'avère heureuse, j'admets le principe. Je ne pense pas que ce soit
nécessairement plus valable; que ce soient des fonctionnaires qui
fassent l'information; que l'on permette à des gens de la place, connus,
de donner l'information.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, il est midi. La
commission...
M. Hardy: Déjà.
M. Charron: Caucus? Vous n'avez pas un caucus, vous autres?
M. Hardy: Si mes collègues sont prêts, je suis
prêt à continuer jusqu'à 1 heure. Je n'insiste pas.
M. Charron: Je dois rencontrer...
M. Hardy: Vous, vous avez un caucus?
M. Charron: Non. Je dois rencontrer votre collègue du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche à 12 h 30, à cause du
projet de loi que je présente
cet après-midi. Je suis prêt à aller jusqu'à
12 h 30, si vous voulez.
M. Hardy: On continuera jusqu'à 12 h 30, parce qu'il y a
un petit problème. Cet après-midi, on ne peut pas, parce que,
justement, vous présentez un projet de loi. J'ai un "lunch" à 12
h 30, mais on peut s'y rendre en cinq minutes. Je ne veux rien vous imposer,
mais, cet après-midi, on ne peut pas siéger, parce que le
député de Saint-Jacques est retenu en Chambre.
Demain, nous ne pourrons pas procéder, parce que je suis retenu
à Montréal pour les fins du ministère. De même
vendredi, je ne pourrai pas être ici vendredi matin. Cela irait à
la semaine prochaine.
M. Charron: Cela écarte mardi aussi, parce que, mardi et
mercredi probablement, je serai à la commission des affaires sociales,
avec votre collègue, pour entendre les assistés sociaux que nous
avons invités.
M. Hardy: Nous reprendrons à la Pentecôte. Je serais
disponible pour une demi-heure, si les députés le sont. Cela va
bien?
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
M. Charron: Non, M. le Président. Continuant sur cette
politique de renseignement et d'information à l'endroit des citoyens,
l'année dernière, on nous avait dit que le ministère
s'était fixé une période de réflexion sur le projet
Informatour, l'expérience Informatour. C'était plus qu'un projet,
puisque cela avait été réalisé. Cette
réflexion conduit à quelle conclusion maintenant?
M. Hardy: Justement, la réflexion n'est pas
terminée, comme je l'ai signalé dans mon texte original.
M. Charron: J'ai trouvé votre information trop
brève dans le texte pour...
M. Hardy: Oui. Les officiers et les fonctionnaires de mon
ministère qui s'occupent de cela n'ont pas encore terminé. Je
n'ai pas encore reçu le résultat de cette réflexion.
Evidemment, je ne suis pas en mesure de dire à ce moment si nous allons
continuer l'expérience dans la forme qu'elle avait, si nous allons
l'annuler complètement ou si nous allons la reprendre sous une autre
forme.
M. Charron: Elle prend bien du temps, cette réflexion.
M. Hardy: Bien!
M. Charron: Réfléchir sur une expérience
comme Informatour, ce n'est pas réfléchir sur l'avenir du monde,
quand même. On est en mesure de mesurer...
M. Hardy: II y a le problème, évidemment, que M.
Brisebois, qui n'est au ministère que depuis le 12 avril, ne peut pas me
le dire d'une façon exacte, mais il peut s'informer et vous pourriez
poser une question en Chambre, éventuellement. Je vous dirai pourquoi et
quand la réflexion se terminera.
M. Charron: On pourra la poser à la prochaine
séance peut-être, plutôt que de la poser en Chambre.
M. Hardy: Ou à la prochaine séance, d'accord. Si M.
Brisebois peut me fournir la réponse d'ici la prochaine séance,
je suis bien prêt.
Bureaux régionaux
M. Charron: M. le Président, les bureaux régionaux
du ministère, dans la vocation idéale que l'on peut
espérer pour eux, ne sont pas là uniquement et la
commission en entier en convenait l'année dernière
même s'ils le sont pour beaucoup, pour donner des renseignements à
la population, mais aussi, un tant soit peu, à l'occasion, pour apporter
une rétroaction envers le gouvernement de l'opinion des citoyens sur un
certain nombre de services offerts par le gouvernement. J'aimerais savoir
quelles démarches concrètes ont été faites cette
année pour faire des bureaux régionaux du ministère un peu
cet outil de rétroaction de l'opinion publique.
M. Hardy: La formule avec laquelle on procède dans les
bureaux régionaux, de même qu'avec le système
Zénith, c'est que nous... En fait, la rétroinformation ou la
rétroaction provient de l'analyse des demandes faites, qui sont
enregistrées sur des fiches. C'est à partir de ces demandes.
C'est ainsi, par exemple, qu'on prévoit peut-être
alléger un peu le nombre de demandes. A partir de la nature des
demandes, on va faire des profils, et, à partir de ça, cela nous
inspirera de la publicité, soit à la radio, à la
télévision ou dans les journaux, de façon à
éliminer... Si, à un moment donné, une question...
M. Charron: Ce n'est pas encore fait?
M. Hardy: Non, ce n'est pas encore fait. Nous n'avons pas encore
préparé de programmes de publicité. Mais à partir
de cette rétroaction que nous avons, nous allons préparer des
programmes de publicité. Si on s'aperçoit, par exemple, qu'il y a
une foule de demandes concernant la Loi des accidents du travail, pour diminuer
ces demandes, on fera de la publicité. Ce que l'on fait
également, c'est que, dans un bureau régional, on se rend compte
qu'il y a beaucoup de demandes pour un ministère en particulier, on
demande aux agents d'information du ministère de se rendre sur place
pour donner directement de l'information.
M. Charron: Mais il y a quelqu'un dans le ministère ou aux
bureaux régionaux, par exemple, qui va faire la compilation statistique
des demandes portant sur le même service...
M. Hardy: Je parle de renseignements...
M. Charron: ... et qui communique ensuite avec le
ministère. Pour prendre l'exemple que le ministre vient lui-même
de donner, dire que, vraiment, tel service a l'air d'être mal connu de la
population, et on avise l'autorité gouvernementale en
conséquence. Ce genre de communication se fait.
M. Hardy: On demande au ministère du Revenu de venir
expliquer la Loi de l'impôt.
M. Charron: Bien... M. Hardy: Pardon? M. Charron:
Avez-vous...
M. Hardy: Non, le whip me distrayait.
M. Charron: De toute façon, nous n'avons plus quorum, M.
le Président.
M. Hardy: Vous êtes sûr?
M. Charron: Absolument!
M. Hardy: Quatre, cinq, six. Bon! On n'a plus quorum.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)