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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du jeudi 3 juin 1976 (Dix heures quinze minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue ce matin l'étude des crédits du
ministère des Communications. Nous en sommes au programme 2.
L'honorable ministre.
M. Hardy: J'écoute.
M. Charron: En reprenant...
Le Président (M. Gratton): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: ... le texte fourni par le ministre des
Communications au début de l'étude des crédits, il y a une
information qui nous avait été communiquée la semaine
dernière mais qui n'apparaît pas cette année.
M. Hardy: Vous avez la nostalgie de l'an passé?
Répartition de la publicité
M. Charron: Non, mais elle est d'importance, si je veux la
ravoir. Ce sont les sommes consacrées aux différents journaux du
Québec pour la publicité gouvernementale. L'année
dernière, on nous avait fait un tableau de ce que les quotidiens et les
hebdomadaires du Québec avaient reçu. Est-ce disponible encore
cette année?
M. Hardy: Pour tout le gouvernement ou pour le ministère
des Communications?
M. Charron: Avez-vous les deux?
M. Hardy: Non.
M. Charron: Vous l'avez pour le ministère?
M. Hardy: Oui. Il faudrait que vous fassiez le recoupage. On
pourrait faire une photocopie de ce document. Je n'ai que d'avril 1975 à
fin janvier 1976, c'est-à-dire que je n'ai qu'une partie de
l'année financière. On pourra bientôt avoir les autres. On
n'a pas encore reçu les factures pour l'autre partie. Pour le journal
des Débats, je vais en faire la lecture, si vous le voulez, et je vous
ferai parvenir une photocopie du texte. Dès que nous aurons les factures
de janvier 1976 à la fin de l'année, au 31 mars, nous vous les
ferons parvenir par voie normale.
The Citizen, d'Ottawa: $880; le Devoir... Oui, oui, on
s'intéresse à l'Ouest du Québec. Là aussi c'est
important de renseigner les gens.
M. Charron: Avez-vous des objections, M. le Président?
Le Président (M. Gratton): Non.
M. Hardy: Le Devoir: $1062.60; le Droit...
Le Président (M. Gratton): ...
M. Hardy: Vous avez presque un conflit d'intérêts,
ici, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Non. J'en aurais
peut-être eu un il y a plusieurs années.
M. Hardy: Autrefois, oui.
Le Président (M. Gratton): Avant que le journal ne soit
séparatiste.
M. Hardy: A l'époque où ce grand journaliste
qu'était votre père dirigeait ce journal.
M. Charron: Est-ce que je dois comprendre que le président
de la commission est en rupture avec les Oblats?
M. Hardy: Non, mais on connaît la grande
vénération pour son père et son grand-père du
président de la commission et c'est bien sûr qu'il
considère que, depuis que son père n'en est plus le directeur, il
y a une certaine déchéance.
Le Droit, $1414.05; The Gazette $21 990.40; le Globe & Mail,
$1992.15.
M. Charron: C'est vraiment à l'ouest du Québec.
M. Hardy: le jour, $530.22.
M. Charron: Du gaspillage. Gaspillage.
Une Voix: Ehonté.
M. Hardy: M. le Président, j'espère que le
député de Saint-Jacques ne recommencera pas ce matin son
harcèlement pour museler les journalistes du Jour. Le Journal de
Montréal, $1866.90; le Journal de Québec, $964.75;
Montréal-Matin, $2554.60; Montreal Star, $16 288.90; le Nouvelliste de
Trois-Rivières, $6538; la Presse, $155 443.15; le Quotidien au Saguenay,
$3628.25; Sherbrooke Daily Record, $331.28; le Soleil, $81 417.65; la Tribune
de Sherbrooke, $5752.80; la Voix de l'Est de Granby, $235.60, pour un
coût total de $302 890.65.
Mais je répète, évidemment, que c'est seulement ce
qui apparaît au budget de notre ministère
pour la publicité gouvernementale, c'est-à-dire les appels
d'offres et les avis publics.
M. Charron: Est-ce que vous allez les déposer pour les
hebdos également?
M. Hardy: Maintenant, pour les offres d'emplois qui appatiennent
aussi à notre ministère. Je vais en faire faire des photocopies
également. Alors, ici, j'ai tout l'exercice financier 1975/76 pour les
offres d'emplois. Alors, j'en fais encore la lecture pour le journal des
Débats: The Citizen, $1201; le Devoir, $3526.20; le Droit' $20 743.88;
The Gazette, $1466.55; le Globe & Mail, $724.50; Le Jour, $135; le Journal
de Montréal, $21 449.10; le Journal de Québec, $1350.30;
Montréal-Matin, $2846.25; Montreal Star, $789.75; le Nouvelliste de
Trois-Rivières, $5 737.35; la Presse, $152 401.75; le Quotidien au
Saguenay, $2 749.50; le Soleil, $97 315.75; la Tribune de Sherbrooke, $5
853.80; la Voix de l'Est, $908.45.
J'aimerais faire un commentaire, à la suite de cette lecture.
J'ai déjà dit, au début des travaux de cette commission,
en parlant de cette question de la publicité dans les journaux, que le
ministère des Communications du gouvernement ne pouvait pas avoir comme
objectif de faire servir sa publicité dans les journaux pour assurer la
survie d'un media. D'ailleurs, si vous regardez je rapporte cela
précisément à un cas d'actualité le cas du
Jour, supposons qu'il y aurait eu la même publicité dans le Jour
que dans le Devoir, dans ce cas-là, cela représente $3526.20.
On nous dit, d'après les derniers rapports, qu'il y a un
déficit de $40 000 par mois au Jour. Alors, si on additionne cela, plus
les offres d'emplois, j'ai l'impression que ce n'est pas cela qui ferait
revivre le Jour. Même si le Jour était mis sur le même pied
que le Devoir, par l'ensemble du gouvernement, je ne pense pas que c'est cela
qui le ferait vivre.
Cela n'enlève pas le principe, que je n'ai pas l'intention de
recommencer à défendre aujourd'hui, du droit que tous les
citoyens du Québec, quelle que soit leur allégeance, quelle que
soit leur idéologie, ce droit qu'ils ont d'être
informés.
M. Charron: Ce sont deux choses. Si le gouvernement ne devait que
faire vivre des media d'information, par sa propre publicité, c'est un
peu comme quand il fait vivre les agences de publicité, à partir
de ses contrats. Ce qui nous apparaît...
M. Hardy: ... ce matin.
M. Charron: ... inacceptable. Je pense que nous avons
suffisamment débattu cette question. Il y a l'autre principe, celui du
traitement équitable de tous les citoyens du Québec, quel que
soit le quotidien qu'ils ont choisi d'adopter.
L'année dernière, M. le Président, lors des
crédits du ministère, l'ancien ministre avait
déclaré que si le journal Le Jour détenait sa
certification de tirage auprès de Audit Bureau of Circula- tion, il
serait disposé à traiter ce quotidien comme tous les autres
quotidiens, en ce qui a trait aux annonces obligatoires qui sont de la
responsabilité de son ministère. Cette déclaration, il l'a
d'ailleurs intégralement reprise, dans une lettre adressée
à M. Yves Michaud, le directeur du Jour, le 16 juillet 1975. Moins d'un
mois plus tard M. Mi-chaud, au nom du conseil d'administration du Jour,
transmettait au ministre des Communications son certificat de l'A.B.C, tel que
demandé.
Le 25 août 1975, le ministre transmettait le dossier et le
certificat au nouveau ministre ainsi qu'à chacun de ses collègues
du Conseil des ministres. Depuis, pas de nouvelles. Puis-je demander au
ministre combien le Jour a reçu du ministère des Communications
pour le remplacement d'annonces publicitaires à caractère de
services au public? Quel sort a-t-il fait au dossier dans l'ensemble lorsque
son collègue, maintenant ministre des Affaires culturelles, le lui a
transmis lors du remaniement ministériel de l'année
dernière?
M. Hardy: Ce que je dois vous répondre comme ministre des
Communications, c'est que les contrats étaient en cours, je ne suis pas
intervenu. D'ailleurs, il y avait une politique, pour le choix des media, pour
les secteurs qui sont les nôtres, bien définie à laquelle
je n'ai pas apporté de changement. J'ai demandé tout à
l'heure qu'on la retrouve, je voudrais vous la donner intégralement.
Nous dirons sur quels critères nous nous basons ou nous demandons aux
agences de publicité qui travaillent pour nous de se baser pour placer
les appels d'offres, les avis publics et les avis de concours; c'est bien
précis. Encore une fois, je fais une très nette distinction. Si
vous faites des appels d'offres pour construire des édifices pour le
gouvernement, c'est différent du fait d'annoncer une politique
salariale. Il est évident que nous ne pouvons nous mettre à
annoncer dans tous les journaux des appels d'offres. De mémoire je ne
peux vous le donner, j'aimerais mieux avoir le texte et vous le citer
intégralement. Mais les principes de base pour ce genre de
publicité, les appels d'offres, les demandes de soumissions, nous
tentons d'aller dans le quotidien qui a le plus grand tirage en langue
française ou en langue anglaise et dans l'hebdo ou le journal
régional où se trouvent des articles sur la construction.
C'est pour cette raison que vous avez des chiffres assez minimes et des
chiffres qui apparaissent à Trois-Rivières. Si un moment
donné on a un appel d'offres pour un contrat dans la région de la
Mauricie, de Trois-Rivières, cela va être probablement
annoncé dans deux grands quotidiens, un de langue française et un
de langue anglaise, et dans un journal régional. On n'annonce pas dans
le Journal de Montréal et dans le Devoir parce que cela coûterait
des sommes énormes.
Pour ce qui est de la publicité qui n'est pas de mon ressort,
c'est-à-dire l'ensemble je pense que je l'ai dit assez
clairement, je ne voudrais pas dévoiler des secrets du Conseil des
ministres j'ai exposé publiquement ma thèse. Ma
thèse, et je ne veux pas m'attribuer tout le mérite de cela, il
y
en a d'autres qui pensent comme cela, est à l'effet que lorsque
le gouvernement s'adresse à tous les citoyens. Lorsqu'on fait une
demande de soumissions, on s'adresse aux entrepreneurs, on ne s'adresse pas
à tout le monde quand on s'adresse à tous les citoyens comme
salariés ou comme contribuables...
Quand il s'agit de la politique salariale, on est
intéressé soit comme salarié ou comme contribuable. Mon
principe, qui rejoint totalement celui exposé par mon
prédécesseur, est qu'on doit prendre tous les moyens
disponibles.Donc, cela implique qu'on doit prendre tous les media.
M. Charron: Comment se fait-il que votre thèse ne soit pas
appuyée par vos collègues?
M. Hardy: J'ai assez de répondre pour moi, pour mon
ministère. Ne me demandez pas de répondre pour les autres.
M. Charron: Vous comprenez bien que cela peut être
très facile pour un gouvernement de prendre une position collective de
refus de participer à la publicité dans le journal...
M. Hardy: M. le Président...
M. Charron: Laissez-moi terminer. Je n'ai pas interrompu le
ministre.
M. Hardy: Je ne ferai pas comme vous hier.
M. Charron: II est assez facile, comme jeu, de prendre une
position collective qui est de refuser de participer à la
publicité dans le Jour et d'envoyer comme "front", ou comme pion
avancé, le ministre des communications qui dit...
M. Hardy: Je n'ai pas...
M. Charron: ... vous savez que si ce n'était que de moi,
si je n'écoutais que mon coeur à moi, le Jour aurait la
publicité parce que c'est ma thèse, c'est mon principe. Cela nous
en fait une belle jambe après, M. le Président. Quand même
vous la répéteriez votre thèse.
M. Hardy: Cela n'a pas eu de résultats?
M. Charron: Si vous n'êtes pas capable de convaincre vos
collègues immédiats du Conseil des ministres de votre
thèse, jetez-la dans la poubelle.
M. Hardy: Voyons donc!
M. Charron: Votre thèse nous intéresse en tant que
vous êtes membre d'un conseil des ministres.
M. Hardy: Pourquoi parlez-vous en l'air comme cela. Est-ce que
vous n'admettez...
M. Charron: Elle ne nous intéresse pas parce que vous avez
une opinion personnelle sur le sujet.
M. Hardy: Vous n'admettez pas...
M. Charron: Votre opinion personnelle ne m'intéresse pas.
C'est votre opinion comme membre du Conseil des ministres...
M. Hardy: C'est mon opinion comme...
M. Charron: Quand même vous demanderiez toutes les tribunes
publiques dans le Québec, pour dire: Si ce n'était que de moi...
il n'y a aucun de vos collègues qui suit là-dedans.
M. Hardy: Ce n'est pas vrai. Vous mentez encore.
M. Charron: Non, il y a le ministre de l'Education.
M. Hardy: ... le ministre de la Fonction publique et le ministre
des Affaires sociales. Cela en fait trois.
M. Charron: Mais pourquoi vous êtes-vous
décidé d'intervenir au cours des derniers jours?
M. Hardy: C'est encore pas bon. M. Charron: Vous l'avez
dit...
M. Hardy: On le fait, ce n'est pas bon; on ne le fait pas, ce
n'est pas bon. Ce n'est jamais bon.
M. Charron: Vous l'avez dit vous-même dans une entrevue que
vous avez accordée à la presse il n'y a pas tellement longtemps
en vous inquiétant du sort des sondages et en disant clairement qu'il
était urgent pour votre gouvernement de réagir. Lorsque trois
Québécois sur quatre se disent insatisfaits, et en particulier
dans la période de conflit dans les secteurs public et parapublic, il
vous faut réagir. Or, pour réagir, s'il y a un endroit où
vous devez réagir comme gouvernement, si vous voulez vous assurer la
face et l'existence en même temps...
M. Hardy: Annoncer dans le Jour?
M. Charron: ...c'est ne pas ménager les moyens de
publicité sur votre attitude dans le conflit actuel dans les secteurs
public et parapublic.
Vous en conviendrez avec moi, s'il y a un endroit où
l'insatisfaction à l'égard du gouvernement est marquée,
c'est vis-à-vis de votre attitude collective, comme gouvernement, dans
ce conflit. Donc, il était essentiel que le ministère de la
Fonction publique, le ministère de l'Education et le ministère
des Affaires sociales doublent ou quadruplent, s'il le fallait, les montants de
publicité prévus à cette fin, parce que, comme vous l'avez
dit vous-même, il est curieux que les syndicats soient moins forts qu'en
1972, mais que la position du gouvernement soit moins solide également
dans l'opinion publique.
Cette analyse que vous avez livrée au journal La Presse est
vraie.
M. Hardy: Elle n'est pas "bebête ", celle-là?
M. Charron: Non, elle est réelle. Dans ce sens, l'effort
de publicité monstre que font les Affaires sociales et l'Education dans
tous les media d'information, y compris à la télévision, y
compris à la radio, comme jamais on n'en avait vu
précédemment, fait partie d'un effort collectif d'un gouvernement
qui veut sauver sa peau. Dans ce sens, cela se comprend.
Votre intervention dans le Jour est compréhensible puisqu'il
s'agit d'un conflit d'intérêt public et que le Jour, vous le
savez, compte plusieurs lecteurs émanant même des secteurs public
et parapublic, soit dans le monde de l'éducation, soit dans le monde
hospitalier. Donc, pour faire connaître vos offres et ainsi couper
l'herbe sous le pied à la propagande syndicale de l'autre
côté, si vous vouliez vous adresser directement aux
syndiqués pour dire: Pourquoi n'acceptez-vous pas nos offres, nos offres
sont bonnes, elles ont déjà été acceptées
par un grand nombre d'autres, il s'agissait de prendre les media d'information
pour les rejoindre, si vous ne vouliez pas parler dans les airs.
Or, vous le savez que le monde syndical est parmi les lecteurs du
Jour.
M. Hardy: En partie.
M. Charron: Si vous vouliez les rejoindre, il s'agissait
d'annoncer là.
N'allez pas me dire qu'il s'agit d'un déblocage de
générosité ou qu'on retrouve de l'équité
dans la publicité. Vous êtes dans une guerre et vous utilisez tous
les moyens possibles dans cette guerre, y compris, à l'occasion, ce que
vous considérez comme des moyens de l'adversaire.
M. Hardy: Y compris nos ennemis!
M. Charron: Y compris ce que vous considérez comme des
moyens de l'adversaire. Parce que la vérité demeure telle: tous
vos collègues, membres du Conseil des ministres, continuent à
considérer le quotidien Le Jour...
M. Hardy: Tous mes collègues?
M. Charron: ... comme un moyen de l'adversaire et continuent
à le boycotter.
M. Hardy: Vous dites: Tous mes collègues?
M. Charron: Au lendemain du conflit des secteurs public et
parapublic, si vous êtes capable de m'assurer et de me dire aujourd'hui
que vous avez l'assentiment du Conseil des ministres à l'effet que,
quand, l'année prochaine, si vous êtes encore là, vous me
donnerez les chiffres de la publicité émise dans chacun des
quotidiens du Québec, on trouvera pour le Devoir et pour le Jour un
traitement équitable, alors je vous croirai.
M. Hardy: Le député de Saint-Jacques peut-il...
M. Charron: Mais ne me donnez pas l'exemple de l'exception faite
au cours du conflit des secteurs public et parapublic. C'est parce que vous
êtes mal pris que vous le faites et ce n'est pas parce que vous avez
changé d'opinion.
Quand allez-vous changer d'opinion? Vous aviez posé une condition
l'année dernière; le Jour y a répondu. Le ministre, en
quittant le portefeuille des Communications, vous a laissé ce
dossier.
Vous, vous continuez à vous parader en disant: Vous savez, si ce
n'était que de moi; pour ma part, c'est bien fait. Même les offres
d'emploi dont vous parlez, ce qui relève de vous-même, c'est
contraire à votre thèse. Quand vous parlez d'offres d'emploi et
qu'on voit un traitement aussi inéquitable que $3500 pour le Devoir et
$135 pour le Jour, n'allez pas me dire que vous avez vous-même
appliqué votre thèse, en ce qui vous concerne.
M. Hardy: Un instant, c'est pour l'année 1975/76. Je suis
arrivé au mois d'août.
M. Charron: D'accord. M. Hardy: Ne charriez pas.
M. Charron: J'attendrai de voir les chiffres de 1976 à
aujourd'hui.
M. Hardy: C'est le même contrat qui s'est continué.
Je n'ai pas changé le contrat en cours de route.
M. Charron: Par exemple, hier, on parlait d'un permanent au
ministère des Communications qui manque depuis au-delà d'un an et
demi, le directeur du service de la publicité, et on a parlé avec
M. Brisebois de la recherche de ce personnage et vous me dites qu'il y a des
avis de concours. Avez-vous mis un avis de concours dans le Jour, et avez-vous
mis un avis de concours également dans le Devoir, et avez-vous mis un
avis de concours également dans le Soleil, dans la Presse? Ces offres
d'emploi, quand vous dites que la publicité s'adressant à tous
les citoyens, selon ce que vous appelez votre thèse, doit s'adresser
indépendamment du choix politique des citoyens, il faut prendre les
moyens de rejoindre tous les citoyens, la même chose pour une offre
d'emploi. Lorsqu'un gouvernement est à la recherche d'un haut
fonctionnaire pour un poste important et vacant depuis au-delà d'un an,
il doit s'adresser à tous les media d'information pour rejoindre tous
les citoyens possibles, afin de combler ce poste le plus rapidement
possible.
M. Hardy: Encore une fois, vous parlez à travers votre
chapeau.
M. Charron: Allez-y, répondez-y.
M. Hardy: D'abord, M. le Président, quand le
député de Saint-Jacques prétend que c'est tout simplement
pour essayer d'améliorer la cote du Parti libéral qu'on a
commencé à annoncer dans
le Jour, c'est, dans une large mesure, encore une fois, passer à
côté de la "track". Il a raison très partiellement quand il
dit qu'en mettant les offres salariales dans le Jour on rejoint un certain
nombre de salariés qui ne lisent que le Jour, cela est vrai, pour ces
gens. Et en disant cela, vous venez confirmer une thèse du gouvernement,
vous venez très bien confirmer une thèse du gouvernement à
l'effet que les syndiqués, que ce soit dans le réseau de
l'éducation ou dans le réseau des affaires sociales, ne sont pas
informés par leurs chefs syndicaux et que la seule façon pour le
gouvernement de savoir si ces salariés connaissent les offres
gouvernementales, il faut prendre tous les moyens y compris le seul journal, le
seul quotidien qu'ils peuvent lire. Quand vous dites que c'est le seul moyen
pour rejoindre certaines personnes pour s'assurer que certaines personnes
connaissent nos offres c'est le Jour, vous confirmez la thèse à
l'effet que les chefs syndicaux ne transmettent pas exactement les offres.
Là-dessus, on est d'accord et je prends acte de l'aveu du
député de Saint-Jacques. Quand vous venez me dire qu'on fait cela
tout simplement pour améliorer notre cote, quand vous rattachez cela
à mon inquiétude devant les sondages, vous êtes encore
à mille lieues de la voie exacte.
Les gens qui ne lisent que le Jour, même si l'on publiait à
pleines pages dans le Jour, vous pensez qu'on va aller en chercher pour le
Parti libéral? Des gens qui sont assez butés, qui ont une
visière pour se limiter à lire uniquement le Jour? Ici, je fais
une distinction parce que les journaux ont mis cela en manchette, laissant
entendre que j'ai dit que les 22 000 lecteurs du Jour sont
sous-développés intellectuellement. Ce n'est pas ce que j'ai dit;
j'ai déclaré: Les gens, parmi les 22 000 lecteurs du Jour, ceux
qui se contentent de ne lire que le Jour, sont sous-développés
intellectuellement, et c'est ma conviction. Se contenter de lire le Jour, se
dire qu'on est absolument informé avec seulement le Jour, il faut
souffrir d'un certain sous-développement intellectuel. Je ne compte pas
sur ce genre de monde pour voter pour le Parti libéral, jamais!
Même si on mettait dix pages d'annonces dans le Jour, ces gens
sont tellement bornés, tellement pris par le PQ, jamais on ne pourra
convaincre ce monde-là, voyons donc! Ce serait de l'utopie, de la
naïveté que je ne partage pas. A part cela, le député
de Saint-Jacques me dit: Pouvez-vous me promettre que quand les
négociations actuelles vont être terminées vous allez
continuer à annoncer? Je pourrais voius renvoyer la question et vous
dire: Pouvez-vous me promettre que le Parti québécois ne
réussira pas à tuer le Jour d'ici ce temps-là? Parce qu'il
faudrait que le Jour existe encore pour qu'on y mette de la publicité.
Pouvez-vous me promettre que le Parti québécois ne tuera pas ce
journal?
Moi, vis-à-vis de la liberté d'information, malgré
tous les reproches que je peux faire au Jour, personnellement, j'espère
que ce journal va continuer à vivre parce qu'il permet une certaine
expression de la population. C'est bien beau de dire:
Hardy est un gars de droite, c'est un conservateur et c'est un partisan.
Oui, je suis tout cela, mais je suis aussi un partisan acharné de la
liberté d'expression. Dans la Presse, hier, on n'a pas dit tout ce que
j'ai dit à un moment donné, que je me suis battu avec votre
collègue Burns. Mais cela se rapproche parce que c'est la même
philosophie. Je me suis battu avec votre collègue Burns quand on a fait
le règlement pour que l'Opposition ait le plus de droits possible. Je me
suis même battu je l'ai dit et je le répète
contre mon leader, à maintes reprises j'étais d'accord avec le
député de Maisonneuve pour que l'Opposition ait plus de droits.
Dans la même philosophie, dans le même esprit, je pense que plus il
y aura de journaux, plus les différents courants d'opinions dans la
province pourront s'exprimer, plus ce sera valable pour la vie
démocratique, plus ce sera valable pour la liberté et la
qualité de l'information. Je suis peut-être bien plus partisan de
la survie du Jour que le député de Saint-Jacques.
M. Charron: Vous n'avez absolument pas répondu à la
question.
M. Hardy: Qu'est-ce que vous voulez que je vous réponde? A
quoi n'ai-je pas répondu?
M. Charron: J'ai posé une question. Votre thèse et
votre attachement acharné...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... à la liberté d'expression,
voulez-vous, pour les fins de la discussion, nous les considérerons
comme acquises. Ne revenons pas sur ce genre de témoignage qui, à
l'occasion, peut être fastidieux lorsqu'il n'est pas accompagné de
réalisation concrète. La réalisation concrète que
j'espère c'est de me dire comment vous, si acharné, n'avez
même pas réussi à convaincre vos collègues du
Conseil des ministres à partager cet acharnement.
M. Hardy: Réussissez-vous, comme député ou
comme membre d'un parti, à toujours convaincre tous vos collègues
de vos idées? Si vous faites cela, je lève mon chapeau, vous
êtes un gars pas mal fort.
M. Charron: Quand l'année passée, il n'y a pas
tellement longtemps même pas l'année passée, il y a
quelques semaines l'Office des professions du Québec avait
décidé de s'adresser à tous les citoyens du Québec,
pour leur donner un certain nombre de renseignements sur les droits qu'ils ont
à l'égard des catégories de certains professionnels, cette
demande de l'Office des professions a été bloquée au
Conseil du trésor.
Pourtant il s'agissait de droits de citoyens. Si je comprends bien tous
les "sparages" que vous avez faits sur cette question, vous devez être
d'accord que lorsqu'il s'agit de droits de citoyens par rapport aux recours
qu'ils peuvent avoir à l'endroit de certains professionnels et que
l'Office des pro-
fessions choisit de les en avertir, il s'agit de droits pour les six
millions de Québécois dans leur ensemble.
Le Conseil du trésor a bloqué le Jour sur la liste des
quotidiens devant recevoir cette publication de l'Office des professions.
M. Hardy: Avez-vous les raisons? Moi je ne les possède pas
actuellement parce que, encore une fois...
M. Charron: C'est à moi de vous les demander. Pouvez-vous
nous dire...
M. Hardy: Bien non, parce que strictement, si je voulais
être procédurier, je vous dirais que c'est hors d'ordre, votre
question...
M. Charron: Non, mais vous qui avez... M. Hardy: Parce que
cela ne relève pas...
M. Charron: ... défendu ce principe au Conseil des
ministres...
M. Hardy: Bien, cela c'est comme...
M. Charron: ... qui avez eu souvent l'occasion d'avoir des
réponses, êtes-vous capable d'exprimer à la commission,
sans dévoiler le secret du Conseil des ministres et le nom des
ministres...
M. Hardy: Je pense que je peux difficilement aller plus loin que
ce que j'ai dit.
M. Charron: ... sur quoi se base le refus du Conseil des
ministres?
M. Hardy: II me semble que là-dessus, sans causer des
brèches graves à la solidarité ministérielle
je me demande même si je ne l'ai pas fait dans une certaine mesure
jusqu'ici je peux difficilement aller plus loin que cela. Moi, devant
vous, ici, je peux vous parler de ce dont je suis responsable. Par exemple,
vous m'avez parlé des avis de concours. Je regrette, mais la Commission
de la Fonction publique est un organisme, indépendant, peut-être
pas quasi judiciaire, mais la Commission de la fonction publique est un
organisme indépendant.
Or, quand il s'agit des avis de concours, des offres d'emplois, parce
qu'elle connaît le genre d'emplois et est censée avoir le profil
de tout cela, c'est la Commission de la fonction publique, organisme
indépendant qui nous dit dans quel media on doit publier.
C'est déjà arrivé que des hommes politiques soient
intervenus dans le processus de la Commission de la fonction publique et on
sait ce que cela a donné. Voulez-vous que j'intervienne? Voulez-vous que
je refuse les avis de la Commission de la fonction publique? Voulez-vous que je
dise à la Commission de la fonction publique: Non, non, vous n'avez pas
raison? Vous voulez qu'on annonce dans le Devoir, non, ce n'est pas dans le
Devoir que vous allez annoncer, c'est dans le Jour. Vous voulez que je fasse
cela?
M. Charron: Les chiffres que vous m'avez donnés
tantôt, vous m'avez dit que c'était de votre
responsabilité.
M. Hardy: Comme budget, mais on me précise que quand il
s'agit de publier une offre d'emploi, la Commission de la fonction publique
donne sa recommandation disant dans quel journal publier.
M. Charron: C'est sa recommandation?
M. Hardy: Oui, je peux la mettre de côté,
légalement, oui.
M. Charron: Comme quelqu'un qui serait un défenseur
acharné de la liberté d'expression pourrait dire, sur la
recommandation: J'accepte la recommandation, j'y ajoute un ou deux quotidiens,
pour être certain que tous les citoyens reçoivent cette
information.
M. Hardy: Cela devient très subjectif. J'aime bien tout ce
que vous dites, parce que je vous avoue que cela va me servir de nouveau, ce
que vous dites là.
M. Charron: J'en doute beaucoup. M. Hardy: Oui, oui,
oui.
M. Charron: J'ai l'impression que vos principes, vous les avez
alentour de cette table ici, puis aussitôt que vous êtes devant le
Conseil des ministres, vous êtes parmi les plus conservateurs puis les
plus partisans qu'on puisse trouver.
M. Hardy: Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que
la Commission de la fonction publique, organisme indépendant, donne un
avis, dit qu'on va publier dans tels journaux puis vous, le ministre, vous
allez dire: Non, non, non, ce n'est pas assez, on va en ajouter un ou deux.
Subjectivement, d'une façon discrétionnaire, vous allez
décider de vous-même, puis si cela ne fait pas, si les journaux
que je choisis cela ne fait pas votre affaire, bien là vous allez me
dire que je suis partisan et que je fais de la politique avec cela.
M. Charron: Est-ce que, par exemple, il vous serait possible
à vous, sans que cela vous apparaisse monstrueux, ni que vous montiez
dans les rideaux, de...
M. Hardy: S'il y a un gars qui ne devrait pas parler de monter
dans les rideaux...
M. Charron: ... vous adresser...
M. Hardy: D'abord vous montez souvent dans les rideaux, puis
c'est une bonne chose, parce que vous êtes un des rares gars qui
réveillez la Chambre en montant dans les rideaux.
M. Charron: ... M. le Président, est-ce que je peux
continuer à poser la question? ...de vous adresser à l'ensemble
de vos collègues, de même qu'au président de la Commission
de la fonction publique, avec tout le respect dû à sa tâche
et a son intégrité je ne parle pas de Saindon, je parle de
celui qui lui a succédé et de lui signaler que l'Audit
Bureau of Circulation, à la demande du ministre des Communications, vous
a fait part de l'existence d'un quotidien nouveau, qui a un tirage
identifié, consacré.
Même le gouvernement a tellement reconnu l'existence de ce
quotidien, lors du conflit dans les secteurs public et parapublic, qu'il a
décidé d'y annoncer, peut-être pas de la même
façon ou selon la même quantité, mais cela, vous n'avez pas
besoin de le préciser. Je voulais simplement rappeler au
président de la Commission de la fonction publique il en fera ce
qu'il voudra, notez bien que, pour ce qui est du gouvernement,
répondant à l'Audit Bureau of Circulation, les chiffres en main,
vous croyez que plusieurs citoyens du Québec sont maintenant
informés par ce quotidien. Selon la discrétion du
président de la Commission de la fonction publique, à l'occasion,
il serait peut-être bon qu'il y songe sérieusement.
M. Hardy: Je regrette, on ne les a pas, mais il existe
actuellement, en ce qui concerne ces choses-là, des critères. Je
suis bien prêt à les réviser. Hier ou avant-hier, le
député de Saint-Jacques m'a tenu grief, m'a reproché
amèrement d'avoir révisé des critères mis en
application par mon prédécesseur. Aujourd'hui, il m'invite
à réviser certains de ces critères, dans un autre domaine.
Je suis bien prêt à les réviser, parce que, encore une
fois, tout conservateur que je sois, je crois également à
l'amélioration constante des politiques et des programmes. Je pense
qu'il n'y a rien qui doit demeurer statique.
Alors, cette politique, en ce qui concerne la publication des offres
d'emplois, je suis bien prêt, avec mes fonctionnaires, avec la
collaboration de la Commission de la fonction publique, à la
réviser, à la lumière des principes généraux
auxquels je crois. Je dirai, soit à la Chambre ou à la commission
parlementaire, éventuellement, quel sera le résultat de cette
réévaluation de notre politique en ce domaine. Je suis totalement
disposé à faire cela. Je ne suis pas disposé, par exemple,
à vous dire quelle va être la conclusion avant d'avoir fait la
réévaluation.
M. Charron: M. le Président, il me reste...
M. Saint-Germain: M. le Président, sur cette même
question, cela fait trois quarts d'heure...
Le Président (M. Gratton): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain:... qu'on parle du jour. Quel est
l'intérêt public dans le Jour et quel est l'intérêt
de la province.de Québec dans ce journal? On a à peu près
ici seize ou dix-sept journaux; s'il faut que les députés
commencent à se faire les défenseurs d'un journal en particulier,
on n'en finira plus.
M. Charron: C'est d'un principe qu'on discute.
M. Saint-Germain: On parle d'un conflit d'intérêts
actuellement.
M. Charron: C'est d'un principe qu'on discute.
M. Saint-Germain: II n'y a aucun principe là-dedans.
M. Charron: Mais certainement ou bien vous bafouez la
thèse du ministre d'en face.
M. Saint-Germain: Ecoutez...
M. Charron: Quand un quotidien existe, que les citoyens l'ont
choisi et que l'Etat informe les citoyens de leurs droits ou de leurs
obligations le principe, c'est que tous les citoyens soient rejoints, quelle
que soit leur préférence politique. Ce n'est pas à l'Etat
de choisir. C'est un principe, cela.
M. Saint-Germain: M. le Président, tout le monde sait que
le Jour est le journal du parti que le député défend. A
quel titre le Jour va-t-il déléguer des députés
pour venir défendre ses intérêts à la table de
discussion que nous avons dans le moment? Si le journal Le Jour, après
avoir quêté la population...
M. Hardy: Voulez-vous laisser entendre que le
député de Saint-Jacques est actionnaire du Jour?
M. Charron: Non.
M. Saint-Germain: ... quêté des partis
politiques...
M. Tardif: Un actionnaire moral!
M. Saint-Germain: ... est obligé de quêter la
commission et le ministère des Communications pour survivre, bien, qu'il
crève donc! Mais qui est-ce que cela intéresse, cette
patente-là? Cela peut intéresser le député, mais
pourquoi nous engueuler pendant trois quarts d'heure là-dessus? Que le
ministre des Communications donne des annonces au Jour, tant mieux pour le
Jour! S'il trouve que c'est juste de le faire, qu'il le fasse donc! Qu'il en
donne plus, qu'il en donne moins, je m'en fous comme de l'an quarante et la
population s'en fout comme de l'an quarante, à part cela!
On sait, tout de même, que le Jour est fondé par un parti
politique. Les gars qui ont été mis là l'ont
été beaucoup plus pour des thèses politiques que pour
leurs qualités de journalistes et d'administrateurs. Ils survivent
à quêter tout le monde. Alors, tant qu'ils auront les mêmes
administrateurs, ce sera toujours un cancer pour les lecteurs, un cancer pour
le parti politique qui le subven-
tionne et un cancer pour les syndicats. Si, pour survivre, il est
obligé de quêter le ministère des Communications, qu'il
disparaisse donc! Qu'on nous foute la paix avec cela! Passons à quelque
chose de plus important.
M. Tardif: Qu'ils quêtent les riches!
M. Saint-Germain: Où est l'intérêt de la
province dans cela, voyons donc? Si c'est ignoble pour le ministre, pour des
raisons politiques, de ne pas subventionner le Jour ou de ne pas faire
d'annonces dans le Jour, c'est aussi ignoble pour un député de
défendre ses intérêts personnels, par l'entremise de son
poste, dans une feuille de chou comme le Jour. Il n'y a pas de grandeur de
sentiment à défendre le Jour, pour un député,
voyons donc!
C'est aussi bien des intérêts publics ou des
intérêts particuliers, pour ceux qui veulent avoir de l'annonce
comme pour ceux qui ne veulent pas leur en donner. Ce qui motive de tels
intérêts, que ce soit contre ou que ce soit pour, ce sont des
petits intérêts personnels politiques; ce n'est pas plus noble
pour l'un que pour l'autre. Il n'y a pas plus de grandeur d'âme pour un
député de défendre le Jour qu'il y en aurait pour un
ministre de ne pas lui donner d'annonces. Laissez-nous donc la paix avec cela
et passons à un autre article!
Le Président (M. Gratton): Le programme est-il
adopté?
M. Charron: Non, je pense qu'on est en train d'avoir la vraie
opinion du gouvernement, M. le Président, aussi bien l'entendre comme il
faut.
Le Président (M. Gratton): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, à ce titre, si on
regarde la liste de tous ces journaux, j'aimerais bien que le Devoir ait, au
moins, l'équivalent de la Gazette. Si je me faisais le protagoniste de
M. Ryan et des nationalistes du Québec et des descendants de M. Bourassa
et le reste, je pourrais peut-être m'en aller dans le même sens que
le député de Saint-Jacques et continuer finalement et nous
joindre en haut tous les deux avec quelques différences et dire: Comment
se fait-il que la Gazette de Montréal récolte $22 000 de contrat
et que le Devoir n'en récolte que $1000 dans les appels d'offres.
M. Hardy: M. le Président, il y a un aspect technique que
M. Brisebois pourrait peut-être expliquer. Parce que, c'est très
important, à première vue, on peut sursauter et dire: Comment se
fait-il que l'un en a tant. Mais il faut que vous regardiez aussi la
Presse.
M. Tremblay: Je tiens également compte de cela, mais je
rejoins la ligne de pensée de mon collègue, M. Saint-Germain, et
même de mon collègue du comté de Saint-Jacques. Si je
compare la
Gazette et le Devoir, c'est peut-être comme lui comparer le Jour
avec un autre, d'une autre dimension, s'il ne veut pas se comparer au
Devoir.
M. Hardy: Mais je pense que ce serait important pour le
bénéfice...
M. Tremblay: Je pourrais m'indigner autant.
M. Hardy: ... des membres de la commission et le journal des
Débats que M. Brisebois explique pourquoi la Presse, par exemple,
reçoit $154 000. Nous aimerions que M. Brisebois explique ces
différences.
M. Tremblay: Nous le présumons.
M. Hardy: Au niveau des offres de services et des avis publics,
le critère qui a été retenu jusqu'ici était que
c'est le quotidien qui a le plus gros tirage, et dans la région
où ont lieu les travaux pour les avis publics de travaux. Il est
évident que c'est dans cette politique, un journal francophone ou un
journal anglophone qui a le plus gros tirage, compte tenu de la région.
A Montréal, c'est le Star ou la Gazette et la Presse parce qu'ils ont le
plus gros tirage. Dans une ville, c'est le journal qui a le plus gros tirage et
là où ont lieu les travaux. C'est pour cette raison que le
Soleil, par exemple, à Québec, a un gros montant par rapport au
Nouvelliste.
Alors, ces avis publics pour des travaux ne sont pas envoyés
à tous les journaux, mais dans les journaux où ont lieu les
travaux parce qu'ils requièrent des demandes de soumission. On choisit,
alors les journaux qui ont le plus fort tirage. C'est bien sûr que le
Devoir se trouve un peu à la remorque, si vous voulez, de la Presse
parce que lorsqu'on choisit à Montréal un journal français
et un journal anglais, on prend la Presse, le Star ou la Gazette,
comprenez-vous? C'est à cause des tirages dans les régions. Cela
c'est pour les avis publics.
Pour les offres d'emploi, je pense que le tableau est un peu
différent. Mais là encore, si on a besoin d'un fonctionnaire, par
exemple, pour la région de Montréal, on ouvre le concours pour la
région de Montréal et on annoncera dans la Presse et le Devoir si
ce sont des francophones. Si on a besoin de personnel anglophone, on prendra la
Gazette ou le Star.
C'est là que se fait une discussion avec la fonction publique,
à savoir la procédure à suivre parce qu'eux connaissent
les bassins de population dans lesquels ils veulent puiser le type de personnes
au niveau des offres d'emploi. Au niveau des avis publics et des offres de
services, c'est avec le ministère des Travaux publics que cela se fait,
car ils connaissent le bassin de clientèle où on va annoncer. Par
exemple, je pense à un journal qui se spécialise dans des avis
publics dans la construction, par exemple. Il est normal qu'on annonce dans ce
journal parce que c'est un bassin important de gens qui lisent ce journal et
qui soumissionnent.
M. Tremblay: Quel est le tirage du Devoir à
Montréal?
M. Hardy: Je ne pourrais vous dire...
M. Tremblay: Non, mais d'après vous, est-il
supérieur au journal le Jour?
M. Hardy: D'après les ABC, je n'ai pas ceux de mars 1976,
mais je pense qu'il y a une différence de quelques milliers...
M. Tremblay: En faveur du Devoir ou faveur de l'autre?
M. Hardy: Je pense que le Devoir a 28 000 ou 30 000, contre 26
000 pour le Jour.
M. Tremblay: Alors, si on prend en considération les
proportions, huit parutions dans le Jour, quatorze dans le Devoir, cela peut
correspondre aux critères que vous venez de déterminer.
M. Hardy: Cela dépend, par exemple, lorsqu'on veut...
M. Tremblay: On ne veut pas chialer plus qu'autrement.
M. Hardy: Cela dépend, lorsqu'on veut...
M. Tremblay: Le Devoir pourrait se plaindre autant que lui
d'abord et les autres pourraient se plaindre aussi. Si c'est en
considération du tirage de chacun des journaux, alors, pourquoi faire
une tempête qui n'en finit plus. Alors, continuons, M. le
Président.
Je pourrais parler pour la Voix de l'Est, c'est un journal de ma
région. Je sais bien que la Voix de l'Est ne tire pas tellement; c'est
un journal régional un peu comme le Nouvelliste de Trois-Rivière,
etc.
M. Saint-Germain: J'en ai un journal local, M. le
Président, on ne lui a rien donné; je n'a pas soulevé une
tempête. Vous avez un bon exemple, vous avez le Devoir. Il ne vient pas
écoeurer le gouvernement à chaque discussion pour avoir sa
pitance. C'est un journal qui est Indépendant.
M. Tremblay: On pourrait bien...
M. Saint-Germain: II a des lecteurs, ses administrateurs. Il
existe depuis des décades et cela fonctionne. C'est un bon journal et il
dure. Il a fait ses preuves. Que le Jour fasse donc ses preuves!
M. Tremblay: Si on y allait avec nos sentiments, j'aimerais bien
mieux voir le Devoir que la Presse avoir $152 000 de contrats. Peu importe
Power Corporation ou pas, que le bon Dieu les bénisse!
M. Saint-Germain: Si j'étais administrateur du Jour, je
trouverais cela humiliant d'embêter tout le monde avec des détails
semblables.
M. Tremblay: La tempête du Jour devient la tempête du
siècle.
M. Saint-Germain: Je dirais au gouvernement: Gardez votre pitance
et nous on va vous faire la lutte. Il se traîne à quatre pattes
devant le gouvernement qu'il veut descendre.
M. Tremblay: Ce n'est pas une bonne façon.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas caractéristique des grands
chevaliers d'autrefois.
M. Tardif: C'est un mauvais exemple avec Charron.
Le Président (M. Gratton): Adopté?
M. Charron: M. le Président, si les lamentations sont
terminées, je...
M. Hardy: Franchement, en matière de lamentations, ce
matin, vous avez bien fait votre part.
M. Charron: Vous devez comprendre, M. le Ministre, que c'est
à partir de votre thèse que j'ai commencé cette
discussion.
M. Hardy: Oui, avec un peu de vos intérêts
politique? Les deux.
M. Charron: Aussi.
M. Hardy: D'accord.
M. Tremblay:On s'équivaut finalement.
M. Hardy: Malgré ma thèse que je continue à
soutenir, il y a quelque chose là-dedans.
M. Charron: Vous avez l'air fin avec votre thèse.
M. Hardy: L'air fin! Il y a quelque chose là-dedans. Vous
parlez toujours des conflits d'intérêts. Vous êtes membre
d'un parti politique, lequel parti a 350 actions dans le journal Le Jour. Vous
vous servez de votre poste de député pour venir défendre
cela. Vous défendez deux choses actuellement. Vous défendez la
liberté de l'information et la qualité de l'information. C'est
votre rôle de député; très bien, c'est parfait, vous
êtes en plein dans votre rôle. Vous avez, à
côté de cela... Je ne sais pas comment vous faites la distinction
chez vous, la démarcation. Quand vous parlez, est-ce que c'est comme
député, est-ce que c'est comme défenseur de la
liberté de l'information et de la qualité de l'information ou si
c'est comme membre d'un parti politique qui détient 350 actions dans ce
journal?
M. Charron: II s'agirait d'un conflit d'intérêt,
j'imagine, si... Je ne suis même pas actionnaire, mais...
M. Hardy: Vous l'êtes indirectement.
M. Charron: J'aurais un conflit d'intérêts si
j'avais essayé...
M. Hardy: II serait encore pire.
M. Charron: ... d'obtenir des faveurs.
M. Hardy: II serait encore pire. Des faveurs...
M. Charron: Si j'essayais d'aller retirer quelques faveurs... Je
demande un principe équitable basé sur des principes que vous
avez vous-même reconnus.
M. Hardy: Oui, je le reconnais. M. Charron: C'est ce que
je fais.
M. Hardy: Je le reconnais, mais il y aussi un autre aspect.
M. Charron: Je ne vous demande pas un cent de plus.
M. Hardy: II y a aussi un autre aspect. Je vais vous donner
l'exemple en vertu des règles d'éthique du gouvernement. Mon
épouse pourrait avoir un commerce très légitime; elle
pourrait faire une soumission et avoir la plus basse. Elle pourrait être
$50 000 plus bas que le deuxième soumissionnaire et, à cause des
règles d'éthique qui existent, elle ne pourrait pas avoir le
contrat.
M. Charron: Vous admettez bien que ce n'est pas mon avantage
personnel...
M. Hardy: Ce n'est pas tout à fait le même
chose.
M. Charron: ... ni ma fortune personnelle.
M. Hardy: Non. On admet cela, mais essayez donc de faire un peu
de nuances. Faites toutes ces nuances. Il reste quand même que vous avez
un intérêt personnel indirect, parce que votre parti politique est
actionnaire dans ce journal. L'intérêt de votre parti politique
n'est pas complètement séparé de votre
intérêt personnel, parce que vous vous faite élire comme
député à partir d'un parti politique. Si vous voulez jouer
au pur jusqu'au bout, il faut jouer le jeu. Il ne faut pas adopter des grands
principes...
M. Charron: On ne peut pas avoir non plus des thèses
hypocrites qu'on défend à une table de commission. On sait que la
vraie opinion des partis, ce sont les "back-benchers" qui l'expriment. On sait
que sur cette question, c'est la caucus qui a toujours été le
patron, à commencer par le chef qui a toujours plié comme une
guenille devant son caucus; à commencer par une couple de ministres qui
ont toujours été seulement des "fronts" là-dessus, mais
qui dans le fond, lorsqu'on est dans le secret du Conseil des ministres, sont
aussi étroits d'esprit que le député de Jacques-Cartier ou
le député de D'Anjou. Ils répètent exactement la
même situation. On l'a, le tableau; on l'a, la position donnée.
Vous avez bien fait de laisser parler les gens, parce que c'est cette position,
qui est celle du gouvernement, qu'on devrait entendre.
M. Hardy: Ils sont libres de parler. Laisser parler! Ce n'est pas
moi qui laisse parler les gens. Avez-vous vu le lapsus?
M. Charron: ... très bien. M. Tardif: M. le
Président...
M. Hardy: Dans ce parti, pour parler, il faut qu'on se laisse
parler par en haut!
Ce n'est pas moi qui décide qui parle!
M. Charron: Je vous ai vu trop de fois à l'oeuvre, couper
la parole aux "back-benchers".
M. Hardy: Laisser parler! Cela, ça démontre la vie
démocratique de ce parti: Laisser parler!
M. Charron: Bien voyons donc!
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
Laissez-moi parler une minute!
M. Hardy: Oui! Laisser parler, imaginez-vous donc!
Le Président (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait
revenir...
M. Hardy: Dans ce parti-là, il faut demander la permission
pour parler!
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Hardy: Très bien, oui.
Le Président (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait reprendre
la discussion sur un ton un peu plus bas? Et, s'il vous plaît,
adressez-vous au président.
M. Saint-Germain: M. le Président, on a mentionné
mon nom. Je pense bien que j'ai un droit de réplique. Lorsqu'on accuse
un "back-bencher", comme on dit si bien, de faire du patronage, qu'est-ce que
cela veut dire? Est-ce que cela veut dire qu'un gars fait du patronage pour
mettre de l'argent dans sa poche ou bien si cela veut aussi dire qu'un gars
fait du patronage pour des intérêts politiques? C'est cela qu'on
appelle du patronage, habituellement, en politique.
Quand le député qui représente le Jour soutient
qu'il ne fait pas de patronage ce matin, parce qu'il n'a pas
d'intérêts personnels, qu'il a des intérêts
politiques, mais qu'est-ce que cela change? C'est du pareil au même. On
sait que le député n'a pas d'intérêt, il n'a
probablement pas d'intérêt financier mais il a des
intérêts politiques marqués. Si le Parti
québécois était élu au gouvernement,
on saurait au moins qu'avec le Jour il y aurait du patronage,
sûrement. On saurait cela. Il y en aurait des annonces et il y en aurait
du patronage.
Mais cela ne serait pas du patronage parce que ce sont des
nationalistes, ce sont des gars du Parti québécois. Ils ne font
pas de patronage, eux. Ce sont des purs, des gars qui sont en croisade. Si vous
n'êtes pas séparatiste, vous êtes un bon à rien, un
pas bon! Vous êtes député par intérêt!
Ils n'en auront pas de "back-benchers", eux autres, quand ils vont
être élus. Ce seront tous des "front men". Ce sont tous des
génies, d'ailleurs!
M. Hardy: Ils ne se font pas élire parce qu'ils n'ont
jamais de "back-benchers"!
M. Saint-Germain: Non mais ce sont des pertes de temps pour le
gouvernement! C'est une perte de temps pour nous autres.
M. Tremblay: ... député de Saguenay.
M. Saint-Germain: Si ce n'est pas du patronage, qu'est-ce que
c'est?
M. Tremblay: Le député de Saint-Jacques
a-t-il...
M. Tardif: Intellectuellement, c'est un "backbencher", le
député de Saint-Jacques!
M. Saint-Germain: Le Parti québécois n'a pas de
"chums" dans le Jour! Il n'a aucun intérêt dans le Jour.
M. Tremblay: Les crédits du ministère, M. le
Président. Ce serait intéressant d'en parler.
Le Président (M. Gratton): Programme 2, adopté?
M. Charron: Avant l'adoption du programme 2, M. le
Président, j'aurais juste une information à demander au ministre.
Le "Boston Sunday Globe" du 22 février 1976 a publié un cahier
spécial de 20 pages sur le Québec, auquel se greffait une lettre
du premier ministre. Ce n'est pas sur le contenu de la lettre, qui est
d'ailleurs d'une banalité consommée, que je veux poser des
questions au ministre mais sur les graphiques qui ont accompagné ce
texte. Il y a eu cette élégante présentation c'est
le moins qu'on puisse dire de la fleur de lys québécoise
coupée en deux au profit de l'aigle américain, ce qui peut
être, en plusieurs cas, considéré de fort mauvais
goût.
M. Hardy: C'est scandaleux!
M. Charron: Est-ce que je peux savoir le nom du brillant
personnage qui a inventé cela? Est-ce que c'est quelqu'un du
ministère?
M. Hardy: Ce n'est pas pour me défendre mais ce n'est pas
quelqu'un du ministère des Communications. C'est le service de
l'information du mi- nistère de l'Industrie et du Commerce. Nous avons
évidemment, le député de Saint-Jacques va dire que
c'est pour la parade protesté violemment contre cette faute non
seulement de goût mais qui est quasiment de la fraude intellectuelle.
M. Tremblay: M. le Président, pour enchaîner avec le
député de Saint-Jacques, lorsque les ministères produisent
des choses comme celles-là, est-ce qu'il y a une règle à
l'effet que votre ministère impose une sorte de censure?
M. Hardy: Non. Nous ne censurons rien.
M. Tremblay: Un dessin comme celui-là, par exemple, n'est
pas passé chez vous avant?
M. Hardy: Non. Nous n'avons aucun pouvoir de censure. Ce que le
ministère en cause peut faire, c'est de demander nos services. Nous lui
offrons des services techniques, des conseils. Comme je l'ai expliqué
hier, c'est la décentralisation de l'information, l'autonomie des
ministères en matière d'information. C'est eux qui ont le dernier
mot sur le contenu. On peut leur dire et c'est notre devoir que
ce n'est pas bien ce qu'ils font. On peut même protester devant des
choses semblables. Ils peuvent accepter ou refuser nos conseils. Mais nous
n'avons pas une autorité sur les ministères. Les
ministères demeurent libres.
M. Tremblay: Ne serait-il pas de bon aloi que vous essayiez
d'avoir un peu plus d'autorité, avec le temps?
M. Hardy: Pour cela, il faudrait reprendre tout le débat.
Il faudrait revenir antérieurement à l'arrêté en
conseil de 1972.
M. Tremblay: Ce n'est peut-être pas défendu de faire
un petit retour et de...
Le Président (M. Gratton): Programme 2, adopté?
Adopté.
M. Hardy: Juste une petite information en finissant. Nous sommes
actuellement à préparer un règlement que nous
soumettrions, pour essayer de le faire adopter, au Conseil des ministres.
Alors, évidemment, si c'était adopté, il serait soumis
à tous les ministères.
M. Tremblay: Un droit de regard, très bien. M. Hardy:
C'est le règlement.
Le Président (M. Gratton): Programme 2, adopté.
Programme 3, édition gouvernementale.
M. Tremblay: M. le Président, je m'excuse, mais je
voudrais aussi demander au ministre si on aurait pu avoir un exemplaire de ce
qui a été fourni aux hebdos.
M. Hardy: Oui, j'ai demandé que tous les
députés l'aient.
M. Tremblay: Est-ce que nous l'avons? M. Hardy: Les
photocopies de la liste... M. Tremblay: Aux hebdomadaires. M. Hardy:
Les hebdos? M. Tremblay: Aux hebdos.
M. Hardy: Nous ne l'avons pas ici, mais je vais m'enquérir
pour l'obtenir. En général, la publicité dans les hebdos
est faite à partir des bureaux régionaux du ministère.
M. Tremblay: A toutes fins pratiques, est-ce qu'on peut avoir
cela éventuellement, si ce n'est pas aujourd'hui?
M. Hardy: Je demande qu'on prépare la liste. M.
Tremblay: D'accord, merci beaucoup.
Guide du citoyen
M. Charron: M. le Président, en abordant les questions de
l'édition gouvernementale, on ne s'étonnera pas que ma
première question porte sur ce qui avait été
présenté, l'année dernière, comme une pièce
maîtresse de l'édition gouvernementale, la création du
Guide du citoyen. Est-ce qu'on peut me faire le bilan de l'année
d'expérience, les ventes, les commentaires qui se sont greffés
autour de cette réalisation, etc?
M. Hardy: Quelle est votre dernière question? M.
Charron: Le bilan de l'expérience.
M. Hardy: Le bilan de l'expérience. Entre autres, je pense
que c'est assez significatif, il y a eu 30 000 exemplaires vendus.
M. Charron: Au-delà ou en dessous des
prévisions?
M. Hardy: Cela a été une expérience qui est
allée au-delà de ce qu'on avait prévu. Les
prévisions de vente étaient de 20 000 et on en a vendu 30 000.
C'est à cause de ce succès d'édition en quelque sorte que
nous nous préparons à une deuxième édition qui
devrait sortir au mois de septembre.
M. Charron: Revue et corrigée?
M. Hardy: Les exemplaires qui nous restent, parce que même
en ayant vendu 30 000 il en reste, seront distribués gratuitement au
niveau des foyers, des maisons de personnes âgées, ou des
institutions.
M. Charron: Combien en reste-t-il? M. Hardy: II en reste
20 000.
M. Charron: Vous en aviez imprimé 50 000. S'est-il vendu
en particulier à des groupes ou à des associations ou s'il s'est
aussi fort bien vendu au détail?
M. Hardy: Ce sont surtout les individus. Cela s'est fait surtout
à nos comptoirs...
M. Charron: Au détail, dans les kiosques.
M. Hardy: ... à Montréal, Québec et en
province.
M. Tremblay: II a été distribué à des
kiosques?
M. Hardy: Oui, oui.
M. Tremblay: Est-ce que cela a été conçu
à votre ministère?
M. Hardy: Pardon?
M. Tremblay: C'est l'éditeur?
M. Hardy: C'est l'éditeur, oui.
M. Tremblay: Est-ce qu'on peut féliciter votre
ministère de ce travail-là?
M. Hardy: Et en particulier l'édition gouvernementale.
M. Tremblay: Cela a été très
apprécié parce que nous, on en a eu des copies.
M. Hardy: II faut bien distinguer celui que l'on appelle
l'éditeur. M. Dubé a deux chapeaux. Il est l'Editeur officiel,
tel que ses fonctions sont déterminées par la Loi de la
Législature. Il est maintenant rattaché directement au ministre
des Communications. Et il y a une direction générale de
l'édition gouvernementale; M. Dubé est également directeur
de l'édition gouvernementale. Le Guide du citoyen n'est pas fait par
l'éditeur en tant qu'éditeur du Québec mais il est fait
par l'édition gouvernementale.
M. Charron: Avant de procéder à une
réédition qui sera vraisemblablement revue et corrigée
également pour s'adapter à septembre 1976, quels moyens a-t-on
pris pour vérifier l'efficacité du guide ou s'il a atteint ses
objectifs, est-ce qu'on a procédé à des enquêtes
auprès des acheteurs, etc.?
M. Hardy: Non, le seul moyen d'évaluation,
évidemment, il y a le succès de librairie, c'est
déjà un facteur, un indice, il y a aussi les commentaires que
nous recevons dans nos comptoirs, les commentaires qui sont faits directement
au ministère, les commentaires qui peuvent être faits dans nos
bureaux régionaux. C'est la façon avec laquelle nous avons pu
évaluer l'appréciation. Je dois dire qu'en général,
que ce soit dans les jour-
naux ou ailleurs, je n'ai jamais eu de commentaires défavorables.
La critique a semblé, dans son ensemble, très favorable à
ce volume.
M. Charron: Est-ce que la réédition comportera des
nouveautés que l'on avait omises?
M. Hardy: Je m'excuse, pour compléter ma réponse,
M. Tardivel, de notre ministère, lui, enquête auprès de
tous les ministères pour connaître leurs appréciations sur
le Guide du citoyen.
M. Bonnier: M. le Président, si le
député...
M. Hardy: Je m'excuse, je pense que j'ai interrompu le
député de Saint-Jacques tantôt.
M. Charron: Je demandais si s'ajouteraient des nouveautés
dans l'édition de septembre 1976 qui n'avaient pas été
retenue la dernière fois.
M. Hardy: La décision n'est pas définitivement
prise sur le contenu; il y a différentes choses que nous examinons. Je
pense bien ne pas me tromper en disant qu'il y aura sûrement des
nouveautés, mais le manuscrit n'est pas terminé. Je ne peux pas
vous affirmer d'une façon exacte quelles seront les nouveautés
qui seront incluses dans cette nouvelle édition.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Taschereau.
M. Bonnier: Avant qu'on passe à un autre sujet, je pense
qu'il serait important de savoir qui a acheté le Guide du citoyen et
s'il est vraiment efficace. Je vous avoue, bien franchement, que j'ai des
points d'interrogation sérieux.
M. Hardy: C'est important que vous nous en fassiez part.
M. Bonnier: C'est l'occasion, je pense. 30 000, vous dites que
c'est un succès de librairie; cela dépend du volume.
M. Hardy: Cela dépend du genre littéraire.
M. Bonnier: Oui, pour des poètes, peut-être en
est-ce un, mais quand il s'agit...
M. Hardy: Pour un roman, ça ne serait pas un
succès.
M. Bonnier: ... d'un guide du citoyen, quand on calcule le nombre
de citoyens qui doivent être rejoints au Québec, personnellement,
je ne pense pas que ce soit un succès de librairie.
Deuxièmement, j'ai un certain nombre de ces volumes au bureau de
comté et quand je vois les gens qui le feuillettent, par respect du
volume lui-même, je pense que c'est un peu rébarbatif par rapport
à l'amplitude physique de ce guide. Ce ne sont pas les renseignements en
soi qui ne sont pas intéressants, mais je pense qu'il faudrait
peut-être les présenter d'une façon différente. Si
vous devez faire une autre édition, il faudrait peut-être songer
plutôt que chacun des ministères publie chacun sa petite brochure
par votre intermédiaire.
Il faut admettre que les lois sociales, que les lois du travail, que les
lois de l'éducation ou d'autres domaines changent et changent assez
rapidement. Même la réglementation. Je pense que l'objectif
poursuivi dans le Guide du citoyen est d'être à la page par
rapport aux services qui sont offerts par le gouvernement et par rapport aussi
aux droits du citoyen, ce à quoi il a droit. Ce qui me préoccupe
c'est que, d'un côté, hier...
Je ne veux pas revenir au programme 2, on n'a pas le droit d'en parler
mais quand je fais une comparaison avec l'accroissement du nombre de
demandes aux bureaux d'information, en particulier le numéro de
téléphone Zenith, on peut dire tant mieux, les citoyens
s'informent, mais cela veut peut-être dire également que le Guide
du citoyen, lui, ne joue pas pleinement son rôle. Beaucoup de citoyens,
s'ils avaient accès facilement à ce guide, s'il était plus
facilement digestible, j'ai l'impression qu'ils trouveraient les renseignements
dont ils ont besoin.
Et, la question que je pose, M. le Président, c'est de savoir si,
avant d'imprimer une autre édition, on ne devrait pas
sérieusement s'interroger sur la présentation et
l'accessibilité des faits qui se trouvent là-dedans. A ce
moment-là, plutôt que d'avoir un gros volume, est-ce qu'on ne
serait pas mieux de songer à des rééditions mais qui
seraient des ajouts tout simplement à des parties très
précises, tenant compte des nouveaux développements, des
nouvelles lois, des nouvelles réglementations?
M. Hardy: Je partage l'opinion du député de
Taschereau. C'est évident que cela constitue un volume assez
considérable. Est-ce que l'on peut davantage vulgariser l'information?
Je vais sûrement demander à ceux qui s'en occupent, aux
spécialistes, mais il faut bien se demander pourquoi on fait le Guide du
citoyen. C'est une synthèse, on veut couvrir toute l'information
gouvernementale; alors, si on en enlève, on va avoir moins
d'information. C'est bien sûr qu'on a essayé de donner
l'essentiel, mais ce serait difficile d'appeler cela un Guide du citoyen si on
voulait dire que dans ce volume on peut trouver à peu près tout
ce dont on a besoin sur l'activité gouvernementale. Mais l'existence de
ce guide du citoyen n'empêche pas les ministères de publier des
choses plus réduites sur des points particuliers.
Je ne vois pas comment on pourrait réduire la quantité
d'informations sans enlever au Guide du citoyen son objectif, qui est de
permettre aux citoyens d'avoir, dans un seul volume, une vue complète,
d'ensemble de l'activité gouvernementale. Je pense qu'il y a eu des
efforts pas mal grands qui ont été faits. Si cela peut être
vulgarisé davantage, si cela peut être plus facile de lecture,
soit, mais je ne pense pas qu'on puisse enlever de l'information. Je pense que,
si c'est là, c'est abso-
lument essentiel que cela y soit. Encore une fois quelqu'un qui voudrait
avoir des informations sur quelque chose de plus particulier, il y a
l'information des différents ministères. Quand vous dites que ce
n'est pas un succès de librairie, 30 000, il faut quand même
penser que c'est nouveau. Il y a une espèce d'habitude à
créer. Je pense bien que, pour la deuxième édition, la
publicité va continuer, on va mettre l'accent sur la publicité.
Je disais tantôt qu'il était en vente dans tous nos comptoirs,
mais pas seulement dans les comptoirs du gouvernement. Il a été
distribué dans un très grand nombre de comptoirs privés,
de tabagies; il y a des agences de distribution qui l'on distribué.
De toute façon, je prends note des interrogations du
député de Taschereau, mais je lui dis que ce serait impossible de
réduire le volume de l'information. On peut le présenter
différemment, mais je pense que ce serait rendre un mauvais service
à ceux qui voudraient utiliser cet outil, d'enlever une partie de
l'information qui y est déjà. On va en enlever par la force des
choses, à cause des changements, c'est la raison d'être des
corrections, mais...
M. Bonnier: Je ne veux pas insister outre mesure, M. !e
Président, mais c'est le concept même. Lorsque vous dites que le
concept premier était que dans un seul volume le citoyen trouverait
tout, moi je me demande s'il n'y aurait pas lieu de se demander si ce ne serait
pas mieux d'avoir une série. Il y a déjà un début,
il y a eu un premier concept, un seul volume, mais les ajouts...
M. Hardy: Vous allez être obligé, le citoyen va
être obligé d'acheter plusieurs volumes...
M. Bonnier: Ce ne seraient pas des volumes, ce seraient des
plaquettes.
M. Bérard: Tout de même j'aimerais faire remarquer
au député de Taschereau que ce volume, le Guide du citoyen, est
extrêmement utile pour une certaine catégorie de personnes, comme
par exemple les députés dans les comtés, les
secrétaires ou les personnes qui ont comme fonction de donner de
l'information. C'est bien évident que ce volume ne peut pas être
acheté par tout le monde. Il y a une catégorie de gens
directement impliquée en ce sens, et d'autres personnes, de par leurs
fonctions, à donner de l'information continuellement.
Je pense que ce guide est extrêmement utile, et essayer de le
vulgariser, de rétrécir l'information, cela n'atteindrait pas
l'objectif, à mon sens, que le ministère des Communications a
voulu.
Il est bien évident que ce ne sont pas tous les gens qui vont se
procurer ce volume, mais tout de même, une certaine catégorie de
personnes trouvent très utile ce guide, pour fournir l'information qui
nous est demandée tellement souvent.
M. Tremblay: M. le Président, dans la perspective des
proportions que vous attachez à la vente d'un volume comme
celui-là, par exemple, vous prétendez qu'il y a combien de
personnes, par volume, qui y ont accès? On dit 30 000, cela
représente combien de lecteurs du même volume?
M. Hardy: Cela peut en représenter plusieurs. Je sais que
j'en ai un certain nombre dans la salle d'attente de mon bureau, et comme il y
passe, chaque semaine, de 50 à 60 personnes... Evidemment, elles n'ont
pas le temps de tout lire, mais...
M. Tremblay: Alors, dans le langage de l'éditeur...
M. Hardy: C'est assez difficile, c'est sûr qu'il y a
beaucoup de lecteurs.
M. Charron: Comme ils sont obligés de revenir parce que le
cas n'a pas été réglé, cela leur donne la chance de
lire un autre chapitre.
M. Hardy: C'est assez rare qu'ils reviennent, c'est assez
rare.
M. Tremblay: Dans les statistiques...
M. Hardy: II ne faudrait pas que le député de
Saint-Jacques parle de son expérience personnelle pour l'attribuer
à ce qui se passe dans mon bureau.
M. Tremblay: ...prévues par l'éditeur, en langage
d'éditeur, vous attribuez combien de paires d'yeux pour chaque volume
qui est vendu, par exemple? Y a-t-il une statistique d'établie?
M. Hardy: Non, théoriquement, cela pourrait toujours se
faire, mais cela représenterait une étude assez dispendieuse.
M. Tremblay: Je pensais que vous aviez ces chiffres.
M. Hardy: Non.
M. Tremblay: Vous n'avez pas cela.
M. Hardy: Je peux, pour répondre aux inquiétudes du
député de Taschereau sur ce qu'il semble considérer comme
un relatif succès, lui dire que tous les volumes que nous allons
distribuer, dans les différentes maisons et ailleurs, vont contribuer,
dans une certaine mesure, à faire connaître davantage ce volume.
Je pense que cela aidera, pour une deuxième édition, à en
augmenter le succès.
Quand on envoie le Guide du citoyen à une association... Il est
également disponible dans les bibliothèques publiques. Combien de
personnes, dans une bibliothèque publique, vont recourir au Guide du
citoyen? Le Guide du citoyen n'est pas un livre qu'on lit comme un roman; on
peut le consulter pour une chose bien particulière. Je pense que la
table des matières permet assez facilement d'aller là où
on veut avoir le renseignement.
C'est à peu près impossible, je pense, d'évaluer le
nombre de personnes qui peuvent...
M. Tremblay: D'évaluer en termes de quantité. M.
Hardy: ... avoir utilisé cet outil.
M. Tremblay: On peut certainement facilement mettre cinq pour un.
Les 30 000, on peut les multiplier par cinq et on est encore conservateur, pour
rester dans la ligne de pensée du ministre.
M. Charron: M. le Président, je ne veux pas quitter ce
sujet si d'autres députés veulent intervenir, mais on m'affirmait
tantôt que quelque 20 000 copies invendues de l'édition
précédente du Guide du citoyen seraient distribuées, ce
contre quoi...
M. Hardy: En voulez-vous?
M. Charron: Oui, j'en prendrais volontier, parce que j'ai ai
déjà distribué quelques-uns.
M. Hardy: On va vous en envoyer.
M. Tardif: Moi aussi, j'en prendrais pour mon bureau de
comté.
M. Charron: Cela m'a rappelé ce que j'ai lu dans le
rapport du Vérificateur général à propos de cette
distribution gratuite des éditions gouvernementales.
M. Hardy: Gratuite, il n'aime pas cela! Le Vérificateur
général n'aime pas qu'on fasse des cadeaux?
M. Charron: Voici ce qu'il dit, pour vous en rendre compte. "Il
importe, si on veut exercer un contrôle interne adéquat sur les
ventes des publications, que ces gratuités et que ces remises soient au
moins comptabilisées dans un système de comptes-mémo.
Selon des informations obtenues" dit le Vérificateur
général; "ces gratuités et remises
s'élèveraient annuellement à plusieurs centaines de
milliers de dollars".
M. Hardy: Chez l'éditeur?
M. Charron: Chez l'éditeur. J'aimerais voir, puisque c'est
une remarque faite par le Vérificateur général, sur
l'année financière se terminant le 31 mars 1975, il y a donc plus
d'un an, quelles ont été les mesures prises, chez
l'éditeur, pour régulariser la situation.
M. Hardy: On confirme qu'on met tout en oeuvre pour se conformer
aux directives.
M. Charron: Par exemple, pour en demeurer à l'exemple du
Guide du citoyen, les 20 000 copies qui seront distribuées gratuitement
totalisent quelle somme, à peu près? Cela représente
quelle somme?
M. Charron: Vous dites $30 000.
M. Hardy: Alors, si vous voulez savoir ce que nous faisons
actuellement concernant, par exemple, la distribution gratuite des
publications, il n'existait, en 1974/75, aucune espèce de
contrôle, donc aucun formulaire qui aurait pu effectivement nous
permettre de comptabiliser une telle distribution. Le vérificateur avait
parfaitement raison. Depuis ce temps, nous avons mis sur pied un formulaire et
nous sommes en mesure de produire annuellement une liste complète du
nombre et du prix de détail des publications distribués
gratuitement, soit à des fins de services de presse, de
dépôt légal, de dépôt de bibliothèque
ou autres.
Alors, les distributions que nous allons faire seront
comptabilisées, le tout va être indiqué dans une formule
à cet effet.
M. Charron: De même, M. le Président, il est dans la
pratique de l'Editeur du Québec, lorsqu'un surplus de copies d'une
édition gouvernementale demeure sur les tablettes, qu'on procède
à des remises auprès de certaines librairies, avec un escompte
équivalant parfois, dit le Vérificateur général,
à 40% du prix de vente précédemment établi, ce qui
est peut-être de coutume dans une entreprise commerciale. Ce qui est
curieux, signale le Vérificateur général, c'est qu'aucune
entente écrite ne soit intervenue entre les parties et que tout cela se
fait un peu à la bonne franquette, sans que ce soit comptabilisé.
A l'occasion, on peut of-fir 30% de réduction à un libraire et
40% à un autre. J'imagine qu'en lisant ceci, M. le
Président...
M. Hardy: Nous avons pris en considération cette remarque
du vérificateur et nous avons examiné la possibilité de
facturer selon la méthode prix brut moins remise, prix net, comme cela
se fait normalement. Alors, cela sera très clair; il n'y aura pas
d'ambiguïté sur les façons de procéder. C'est ce que
nous faisons. Nous sommes à mettre en place ce système de
facturation.
M. Charron: Est-il exact que, contrairement à la
loi...
M. Hardy: Nous avons violé la loi?
M. Charron: La loi qui régit l'Editeur officiel du
Québec dit: "L'Editeur officiel du Québec est chargé de la
vente des publications du gouvernement et en fixe le prix." Le
Vérificateur général, encore une fois, s'étonnait
du fait que, malgré cette disposition très claire, très
précise de la loi, par exemple, le ministère des Affaires
culturelles, en ce qui concerne le Musée du Québec et Place
Royale, et le ministère de l'Agriculture vendent effectivement les
publications gouvernementales depuis plusieurs années, sans que
l'éditeur n'intervienne d'aucune façon. Cela a-t-il
été régularisé?
M. Hardy: En fait, c'est tout le problème du statut exact
de l'éditeur, du système de commercialisation. L'éditeur,
M. Dubé, m'a remis, il y a trois semaines, un rapport à ce sujet
que je dois examiner. Les travaux de la session m'empêchent d'être
présent autant que je le voudrais; vous êtes
un peu responsables de cela et, plus rapidement vous terminerez la
session, plus rapidement je pourrai retourner à plein temps au
ministère. Je vais examiner avec beaucoup d'attention les
recommandations que formule M. Dubé sur l'ensemble de cette question et
je serai appelé à prendre des décisions pour clarifier
toute cette situation.
M. Charron: M. le Président, élargissant, si vous
voulez, un peu le débat, j'aimerais m'informer auprès du ministre
et de l'éditeur des principales activités de l'Editeur officiel
au niveau des quatre grandes collections axées sur l'information du
citoyen de façon simple et vulgarisée, c'est-à-dire la
collection l'Etat et le citoyen, la collection Etudes et dossiers, la
collection Guides pratiques.
M. Hardy: Ce que nous avons fait au cours de l'année.
M. Charron: C'est cela.
Autres publications
M. Hardy: Je vais commencer par vous donner,
indépendamment des collections dont vous parlez, les publications
courantes les plus vendues cette année. Il y a le Guide du citoyen qui
se place en tête avec 30 000 exemplaires; en deuxième lieu vient
le rapport Cliche, avec 25 825 exemplaires. Comme toute appréciation est
relative, vous voyez que le Guide du citoyen a même eu plus de
succès que le rapport Cliche, avec toute la publicité que la
Commission Cliche a pu avoir.
M. Tremblay: Combien de non vendus?
M. Hardy: Cela, c'est vendu. Mais non vendu? On me demande les
non-vendus.
M. Charron: II va falloir installer un kiosque au local 144.
M. Tremblay: Ce qui nous reste sur les bras.
M. Hardy: Alors, le tirage est de 40 000 et, jusqu'à
présent, il y en a 25 000 qui sont vendus. Evidemment, il se peut que la
vente se poursuive.
M. Charron: Pour le rapport Cliche, est-ce qu'on avait
installé un kiosque au local 144?
M. Tremblay: Qu'est-ce qu'on prétend faire avec la
différence?
M. Hardy: Quant à y être, vous pourriez
peut-être demander si on a donné un mandat à M. Desjardins
d'assurer !a distribution.
M. Tremblay: Qu'est-ce qu'on entend faire avec le reste?
M. Hardy: Bien, cela continue à être en vente, ils
sont dans les différents dépôts. Pour le rapport
Cliche également, comme le Guide du citoyen, ce n'est pas
seulement en vente dans nos librairies, dans les librairies de
l'éditeur, mais cela a été distribué dans les
tabagies et dans les différentes librairies.
Ensuite vient Les plantes sauvages printaniè-res, 7620
exemplaires vendus; Les recettes de poissons, 4642; Annuaire du Québec,
4000; La petite flore forestière, 2600; Le rapport Batshaw, 1300.
Pour les différentes collections...
M. Charron: Le chiffre total de l'éditeur pour
l'année dernière est de combien?
M. Hardy: II est de 1 200 000. Cela intéresse
peut-être le député de Saint-Jacques de savoir ce que nous
avons en chantier. Nous avons pas mal de choses en chantier dans les
différentes collections.
Dans la série Sciences naturelles, nous avons un ouvrage en
préparation sur les plantes sauvages des villes et également un
guide des champignons; dans la série images de l'ancien temps, nous
avons un ouvrage sur nos moulins à vent et un autre volume sur nos vieux
manoirs.
Dans la série Histoire et tourisme, nous avons un volume sur le
Trois-Rivières d'autrefois, un autre sur les églises anciennes du
Québec et un autre sur le Sherbrooke d'autrefois.
Dans la série Voir le Québec, nous avons un volume en
chantier sur le Vieux Montréal et un autre sur le Montréal
moderne, celui que connaît mieux le député de
Saint-Jacques. Il s'intéresse aux deux.
M. Charron: J'habite le Vieux Montréal.
M. Hardy: Dans la collection Hors série, nous avons un
ouvrage, Profile of Québec, un autre sur les affiches
québécoises et Je dossier Nouvelle-France; dans la collection
l'Etat et le citoyen, il y a un répertoire administratif, un volume sur
la protection de l'environnement et le Guide du citoyen dont on a
parlé tantôt et un autre qui serait le Répertoire
législatif du Québec. Dans la collection Guides pratiques, nous
avons un ouvrage en préparation, Guide de correspondance; on a
également en préparation un guide de l'auto-stoppeur; dans la
section Itinéraires, nous avons un ouvrage sur le Grand-Portage; nous
avons également dans la collection Etudes et dossiers une série
de monographies régionales que nous préparons; une monographie
régionale sur le Saguenay-Lac-Saint-Jean M. le Président,
vous voyez que nous pensons à votre belle et grande région
une monographie régionale sur l'Abitibi-Témiscamingue, une
monographie régionale sur la Gaspésie, une autre sur la Beauce et
nous faisons actuellement une étude sur les media communautaires.
Eventuellement ce sera publié dans cette collection Etudes et
dossiers.
Enfin, dans la collection Initiation aux métiers d'art, nous
avons des projets pour la tapisserie, la gravure et la poterie.
Comme vous !e voyez, nous avons un programme d'édition
très considérable.
M. Tremblay: M. le Président, serait-il de bon aloi que
l'éditeur, à l'occasion du lancement d'un volume nouveau,
n'importe lequel, en fasse parvenir une copie gratuite à chaque
député de l'Assemblée nationale, comme pratique courante?
Pas nécessairement nous envoyer le catalogue des publications de
l'éditeur mais à chaque fois qu'une nouvelle édition
sort...
M. Hardy: Vous comprendrez...
M. Tremblay: Parce qu'il reste toujours des exemplaires. Je ne
vous demande pas ce qu'il reste de tout ce que vous avez vendu. On ouvrira un
autre débat sans doute. Mais de toute façon, il vous en reste
toujours.
M. Hardy: Quand il en reste, c'est normal, mais on me dit
justement qu'à cause des surplus, nous allons réajuster... Nos
prévisions de vente étaient peut-être un peu trop
libérales.
M. Tremblay: Ne trouvez-vous pas, M. le ministre, que ce serait
de bonne conception?
M. Hardy: Vous comprendrez que comme ministre et comme membre de
l'Assemblée nationale, je serais très heureux de répondre
à votre suggestion mais mes fonctionnaires me font part que cela
représenterait une dépense assez considérable.
M. Tremblay: Est-ce qu'elle n'en vaudrait pas la peine, cette
dépense? D'abord, le nombre serait toujours limité au nombre de
comtés qu'il y a au Québec.
M. Hardy: Ecoutez, je serais heureux de connaître l'opinion
des membres de la commission. On me dit que cela représenterait une
dépense de $250 000 par année.
M. Tremblay: Avec un volume gratuit à chaque
député?
M. Hardy: Un volume gratuit à chaque député
pour chaque édition.
M. Tremblay: Chaque nouvelle parution.
M. Hardy: C'est cela.
Après cela, si on distribue gratuitement aux
députés...
M. Tremblay: $250 000?
M. Hardy: Je m'excuse. Ce ne serait pas $250 000 pour les
députés. Si on répondait à toutes les demandes de
gratuité, ce serait $250 000.
En tout cas, je suis prêt à réexaminer le sujet,
mais un des problèmes qui se posent, c'est que si on l'accorde aux
députés, pourquoi ne l'accorderait-on pas aux maires?
M. Tremblay: Non, non. Député de l'Assemblée
nationale, c'est un autre statut que maire de municipalité.
M. Charron: C'est plus haut!
M. Tremblay: Non, non, ce n'est pas la question que c'est plus
haut mais...
M. Hardy: Je ne suis pas en mesure ce matin de vous donner une
réponse affirmative ni négative.
M. Charron: C'est plus pesant! Ha! Ha!
M. Hardy: Je suis prêt à écouter l'avis des
députés parce qu'à toutes fins pratique, ce sont les
députés qui votent les budgets. Alors, les grands patrons du
budget du gouvernement, ce sont les députés.
M. Tremblay: M. le Président, peut-être pas toutes
les publications mais...
M. Hardy: Je lance l'invitation aux députés. S'ils
ont des recommandations à me faire dans ce sens, soit par écrit
ou autrement, je les écouterai avec beaucoup d'attention et j'examinerai
les possibilités.
M. Tremblay: Au niveau de la commission parlementaire, à
moins que des collègues ne veuillent pas m'appuyer... Si c'est unanime,
on est au moins sept ou huit.
M. Charron: Je ne veux pas embarquer là-dedans moi
là!
M. Tremblay: Vous ne voulez pas embarquer là-dedans?
M. Charron: Non. M. le Président, je considère que
la pratique habituelle, qui est de nous envoyer gratuitement ie cahier de
l'éditeur pour chaque année, nous permet de le feuilleter et si
jamais on en a besoin, on s'adresse à un comptoir comme n'importe
qui.
M. Tremblay: Ou bien si on veut en demander un exemplaire, on
peut le demander.
M. Charron: Je ne requiers certainement pas plus de paperasse que
j'en reçois chaque jour à mon bureau.
M. Tremblay: Ils ont de jolies choses à nous
présenter, chez l'éditeur.
M. Hardy: Vous n'avez pas d'aptitudes pour devenir archivistes un
jour?
M. Charron: Ah non! Cela, vraiment, c'est loin de mon
caractère!
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président...
M. Hardy: J'ai donné tantôt (es projets de 1976/77.
Je pense qu'il serait peut-être intéressant de donner
également ce qui a été réalisé en
1975/76.
M. Charron: Je pensais que vous l'aviez fait. Je m'excuse.
M. Hardy: Je m'excuse, je l'ai donné.
M. Charron: M. le Président, l'année
dernière, on avait abordé une question qui est difficile mais
importante.
M. Hardy: M. le Président, dans ce que j'ai donné
tantôt pour 1975/76, j'ai omis de parler de cette espèce de
co-édition avec le gouvernement français, Une Amérique
française, à l'occasion du bicentenaire des Etats-Unis.
M. Tremblay: Quand?
M. Hardy: Cela a été lancé au mois de
janvier, en Louisiane.
M. Tremblay: On n'a pas vu ça.
M. Hardy: Bien, si vous regardez le catalogue...
M. Tremblay: On va voter les crédits, puis on ne voit pas
cela.
M. Hardy: Si vous regardez le catalogue, vous allez voir ce
titre.
M. Tremblay: Ce n'est pas le catalogue qu'on veut, c'est un
exemplaire.
M. Hardy: Le catalogue vous est distribué
gratuitement.
M. Tremblay: C'est un exemplaire qu'on veut.
M. Hardy: S'il ne vous est pas fourni gratuitement, je demande
immédiatement qu'on distribue gratuitement le catalogue à tous
les députés.
M. Charron: M. le Président, il y a une question qui ne
devrait pas soulever de grand débat puisqu'elle est difficile et en
même temps importante. Nous avions discuté, l'année
dernière, avec l'éditeur, du caractère aride des textes
des lois votées par l'Assemblée nationale pour n'importe quel
citoyen, y compris, je le dis très humblement, à l'occasion, pour
plusieurs membres de l'Assemblée nationale eux-mêmes.
Une Voix: Même les ministres.
M. Charron: A l'occasion je pense faire un
pléonasme en disant ceia, je le fais quand même le
caractère juridique des textes législa- tifs rend à peu
près incompréhensible ce que d'autre part les tribunaux appellent
la volonté du législateur.
J'ai eu, à plusieurs reprises, peut-être d'autres
députés peuvent-ils témoigner de cela, des gens qui
m'arrivaient au bureau pour simplement me demander d'être le
traducteur...
M. Hardy: En consultation juridique?
M. Charron: ...à peu près, d'être le
traducteur...
M. Hardy: J'espèce que vous n'avez pas demandé
d'honoraires.
M. Charron: ...ou l'interprète. Ils déposent la loi
et me demandent à moi: Qu'est-ce que c'est mes droits, à moi,
là-dedans? Où est-ce que cela commence et où est-ce que
cela finit? Etc.
M. Hardy: Là, vous regrettez de ne pas avoir fait votre
droit au lieu de faire de la politique.
M. Charron: Ce débat a eu lieu l'année
dernière et je pense que plusieurs députés étaient
intervenus dans ce sens. Il y avait l'initiative suggérée d'une
collaboration entre le président de l'Assemblée nationale et
l'éditeur du Québec pour une vulgarisation admettant que
le texte formel de la loi devrait toujours malheureusement maintenir le
même langage pour au moins que tous les citoyens, surtout ceux qui
sont directement concernés par cette loi, aient l'occasion d'en prendre
connaissance dans toutes ses implications sans être obligés de se
plier aux contorsions cérébrales qui sont les nôtres
quotidiennement. Est-ce que cette initiative a avancé?
M. Hardy: D'abord, je ne voudrais pas encore que le
député de Saint-Jacques me dise: Ah! c'est bien beau les
thèses et les principes du ministre des Communications!
Là-dessus, je suis totalement d'accord avec lui. Je l'ai dit à
maintes reprises, je considère que c'est un devoir essentiel du
ministère des Communications et de ses services de faire connaître
aussi bien que possible les lois, les règlements, les services du
gouvernement. Cette vulgarisation de la législation est sûrement
un excellent moyen. Actuellement nous faisons une expérience avec la Loi
de la qualité de l'environnement. Nous sommes à préparer
un document qui vulgariserait la Loi de la qualité de l'environnement.
Ce sera prêt au mois de septembre 1976.
Evidemment, il se pose deux problèmes vis-à-vis de cela.
D'abord une grande difficulté. Ce n'est pas facile de vulgariser un
texte de loi. L'autre problème matériel qui se pose pour nous,
c'est que les effectifs sont trop réduits dans ce domaine. Mais, compte
tenu de ce que je viens de vous dire, de l'importance que j'accorde
spécialement à cela, je vais sûrement prendre des moyens
pour augmenter les effectifs et, si l'expérience s'avère heureuse
avec la Loi de la qualité
de l'environnement, pour élargir considérablement ce
programme.
M. Charron: Je ne veux pas insister outre mesure, c'est quand
même fréquent. Je pense à l'expérience toute
récente qui m'est arrivée avec le dépôt de la Loi
amendant la Loi de la protection du consommateur. S'il est une loi importante,
c'est bien celle-là. Les gens sont intéressés à
savoir quelles sont les intentions du gouvernement, même à
l'occasion, pour nous faire proposer ce qu'ils ont pleinement le droit
de faire des modifications dans le sens de leurs expériences
concrètes. Ils nous écrivent ici disant: J'ai entendu dire dans
les journaux qu'ils ont déposé hier la Loi amendant la Loi de la
protection du consommateur, voulez-vous m'en envoyer une copie? C'est
très facile d'aller au bureau du greffier, d'en demander quatre ou cinq
copies, de les envoyer. Je ne leur ai aucunement rendu service en faisant cela,
surtout si on prend les groupes de citoyens qui travaillent à la
protection du consommateur, par exemple. Parce qu'on fait
référence à une autre loi dans les statuts refondus de
1972. Si je me rappelle bien la Loi de la protection du consommateur, on y fait
référence directement. Il leur faut donc obligatoirement avoir
l'autre loi pour être en mesure de considérer que le paragraphe
ajouté vient modifier l'autre paragraphe. Ils n'en ont pas le sens.
M. Hardy: C'est très difficile, même pour ceux qui
ont une formation juridique.
M. Charron: Oui. Alors toute initiative dans ce genre serait
bienvenue par tous les membres de la commission et aussi par plusieurs groupes
de citoyens qui, à plusieurs reprises, nous en font la demande.
M. Tardif: M. le Président, sur la même question. Je
sais qu'il y a certains textes de vulgarisation qui existent; j'en ai vu
moi-même un certain nombre au bureau de Communication-Québec
à Montréal, ainsi qu'à ma connaissance au palais de
justice. Je pense, entre autres, à des brochures sur la location
d'appartement, sur le droit matrimonial. Il n'est pas possible, cela va de soi,
de vulgariser tous les textes. D'ailleurs, il y a sans doute plusieurs lois qui
n'intéressent pas la plupart de nos électeurs, mais il y a
quelques lois qui sont plus importantes. Je pense qu'un effort devrait
être fait non seulement pour vulgariser, mais également pour
diffuser les textes en question.
Ce sont des textes qui pourraient se retrouver non seulement au bureau
du ministère, au bureau de Communications-Québec, mais dans les
différents palais de justice, dans les différents bureaux de
députés. Moi, j'en ai à mon bureau de député
parce que je les ai demandés. Ce sont des textes qu'on devrait retrouver
à plus d'endroits, entre autres, aux caisses populaires aussi, qui sont
présentes un peu partout sur le territoire du Québec.
Il y a un autre aspect que j'aimerais aborder. Je ne sais pas si c'est
le temps. Le député de
Saint-Jacques parlais du fait qu'il est parfois difficile de se
retrouver dans certains textes juridiques. Etant moi-même avocat et
l'étant vous-même, M. le Président, on réussit
peut-être plus facilement que d'autres à s'y retrouver, mais je
m'imagine que, pour le commun des mortels, ce n'est certainement pas une
tâche facile. D'autre part, j'ai attiré l'attention de certains
ministres et de certains ministères sur la qualité du
français utilisé dans les textes juridiques, dans les projets de
loi.
Je ne sais pas si c'est une question qui relève du
ministère de la Justice ou du ministère des Communications, mais
il arrive souvent qu'on emploie, dans des lois, des termes impropres, des
anglicismes, des tournures anglaises, qu'on y retrouve des fautes de syntaxe.
Un de vos collègues, je pense que c'est le Solliciteur
général, m'a dit que cette question était à
l'étude. J'aimerais profiter de l'occasion de l'étude des
crédits du ministère des Communications pour insister sur cette
question. Bien souvent, on retrouve des fautes dans les textes juridiques qui
remontent à une époque où nous n'étions
peut-être pas assez conscients de la nécessité d'avoir
d'excellents textes français, à la fois dans nos
règlements et dans nos lois.
Malgré le fait qu'on accorde plus d'importance maintenant
à la langue française qu'on ne le faisait auparavant, il n'y a
pas eu une amélioration considérable à cet égard.
J'incite le ministre à se montrer plus vigilant et à demander
à ses autres collègues du Conseil des ministres qui peuvent
être responsables de cela parce que je ne sais pas si c'est
lui de faire attention et d'insister sur cette question, afin qu'on ait
des textes juridiques non seulement plus compréhensibles, mais en
meilleur français.
M. Hardy: Ce que vous soulevez actuellement, la qualité du
français, je pense bien que c'est plutôt la responsabilité
de l'Office de la langue française. D'ailleurs, quand il s'agit de
rédiger des lois, les ministères qui se soucient de la
qualité de la langue consultent assez fréquemment l'Office de la
langue française. C'est cet organisme qui est vraiment compétent
pour les conseiller sur la qualité de la langue, beaucoup plus que
nous.
M. Tardif: Voulez-vous dire, par cela, que, chaque fois qu'une
loi ou un projet de loi est rédigé, le ministère
impliqué consulte l'Office de la langue française?
M. Hardy: Je ne peux pas dire s'ils le font, mais ils peuvent le
faire. Ils peuvent le faire et ils devraient le faire.
M. Tardif: II y a des textes, d'autre part, comme le Code de la
route, qui existent depuis longtemps et où on retrouve des anachronismes
ou une mauvaise qualité du français.
M. Hardy: Je vous invite fortement à faire vos
représentations aux crédits du ministère des
Transports.
M. Tardif: Non.
M. Hardy: Si vous ne le voulez pas, ne le faites pas.
M. Tardif: Ecoutez, je pense que le ministre est sûrement
capable de comprendre ce que je veux dire. Je pourrais le faire à
l'étude des crédits de chaque ministère...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Tardif: ... cela va de soi. Ce que je dis, c'est que, dans
plusieurs textes de loi, qui sont sous la responsabilité de plusieurs
ministères, on retrouve des textes juridiques dont le français
laisse à désirer. Je peux faire le tour des commissions
parlementaires, si vous voulez, mais le ministre des Transports va me dire:
Oui, mais cela regarde le Solliciteur général.
M. Hardy: Si vous ne voulez pas faire le tour des
ministères, comme le comité de législation est
rattaché directement et est présidé par le ministre de la
Justice et comme le ministre de la Justice est le jurisconsulte de tous les
ministères, vous pourriez peut-être le faire au ministère
de la Justice.
M. Tardif: Je vais le faire, M. le Président, mais je
voulais profiter du fait que vous avez un rôle important dans ce domaine
auprès de vos collègues pour attirer votre attention sur cette
question, en espérant que votre influence, que je sais grande, aura des
résultats bénéfiques.
M. Hardy: Très bien. M. le Président... M. Charron:
Avocat trois étoiles.
M. Hardy: ... pour compléter la liste, pour rendre
exhaustive la liste du programme de publications, pour l'année 1976/77,
je ne voudrais pas en faire la lecture complète, mais je pense que si la
commission y consentait, on pourrait déposer cela pour que ce soit
inclus au journal des Débats, la liste du programme de parution
1976/77.
M. Charron: D'accord.
M. Hardy: II y a consentement. Alors il faudrait envoyer cela au
journal des Débats pour qu'on inclue cette liste, pour le
bénéfice des autres députés, des journalistes, des
lecteurs du journal des Débats. (Voir annexe).
M. Charron: M. le Président, j'aimerais reprendre une
question qui était un peu restée en plan l'année
dernière, sur laquelle on avait dit qu'on travaillerait un peu. Il
semble que l'Editeur officiel, dans son budget nous en parlerons encore
plus en détail dans un moment ne possède pas de
crédits suffisants pour rééditer les livres ou les
publications, et que lorsqu'il doit rééditer, il est
obligé d'aller en ce qu on appelle coédition avec quelqu'un de
l'extérieur, un éditeur de l'extérieur.
Peut-être le ministre pourrait-il nous expliquer comment cela se
fait, si cette pratique est répandue ou si elle est exceptionnelle,
décrire un peu les clauses types d'un contrat qu'il peut y avoir avec un
autre éditeur, et finalement nous dire si un livre en coédition
coûte plus cher ou moins cher que s'il était édité
par l'Editeur du Québec lui-même.
M. Hardy: C'est moins cher en coédition, mais
évidemment il faut avoir un coéditeur.
M. Charron: Est-ce qu'il y en a, de façon permanente,
disponible à l'Editeur du Québec?
M. Hardy: II n'y a pas de système. Ce n'est pas
institutionnalisé. Mais à chaque fois, c'est un peu des cas
ponctuels. Quand nous avons une édition, nous essayons de trouver un
coéditeur, et c'est profitable pour nous.
Quant au problème de la réédition, du manque de
fonds pour la réédition, cela fait partie justement du
mémoire qui m'a été soumis. On suggère, entre
autres, je vais examiner cela, un moyen d'assurer à l'éditeur un
fonds de roulement qui lui permettrait d'avoir les fonds pour assurer des
rééditions.
M. Charron: Comment se prend la décision d'une
réédition, à partir de...
M. Hardy: Je pense bien que c'est à partir du
succès de la dernière édition, que ce soit la
première, la deuxième ou la troisième; à partir du
succès et à partir de la demande que nous avons. Je pense bien
que là-dessus on procède exactement comme n'importe quel
éditeur, c'est selon. Oui c'est cela! C'est la demande qui
détermine si on réédite.
M. Charron: Si la publication connaît un succès,
pourquoi la nécessité de recourir à un autre
éditeur en coédition, plutôt que de poursuivre
soi-même et, ainsi, ce qu'on appelle entrer dans ses coûts et
réduire les coûts de publication?
M. Hardy: Les coûts d'édition, habituellement, c'est
pour la première édition. Quand un ouvrage a déjà
été édité par nous seuls, la pratique c'est qu'on
le réédite seuls. Mais il arrive parfois que pour la
première édition d'un ouvrage, si on peut avoir la collaboration
d'un coéditeur, il s'avère que c'est profitable, quant aux
coûts et quant à la distribution. En fait, le problème
c'est tout le statut financier de l'éditeur, le volet commercial de son
action que je dois étudier au cours des prochaines semaines.
M. Charron: Alors, M. le Président, vous me permettrez de
conclure avec cela sur ce programme, puisqu'on dit que c'est tout le statut
financier de l'éditeur qu'il s'agit de revoir. Je note, à la
seule lecture du budget, que cette année, le budget de l'éditeur
connaît une diminution d'environ $2 millions, baissant de $10 millions
à $8 mil-
lions. J'imagine que c'est dans le cadre des coupures des
dépenses gouvernementales, mais...
M. Hardy: C'est l'austérité.
M. Charron: C'est l'austérité, mais pourquoi a-t-on
décidé de sabrer à cet endroit? Cela affectera...
M. Hardy: Parce qu'il y a des endroits où, non seulement
on ne peut pas sabrer, mais il faut augmenter, le téléphone.
C'est assez difficile. Il y a d'autres endroits où ce serait
préférable qu'on fasse l'édition cette année, mais
on peut toujours la reporter à l'an prochain. Ce sont des
problèmes de priorité quotidienne.
M. Charron: On a diminué, également, au programme
2, d'environ $750 000...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... ce qui s'appelait Communications gouvernementales
et renseignements.
M. Hardy: Oui.
M. Charron: On a les deux outils principaux de communication de
l'Etat avec les citoyens, soit l'Editeur du Québec, d'une part, et le
réseau gouvernemental de Communication-Québec, et les deux sont
coupés.
M. Hardy: Je suis le premier à le déplorer
très vivement.
M. Charron: Dans le cas de l'éditeur, par exemple, cela
amènera quoi cette coupure?
M. Hardy: Le député de Saint-Jacques me reprochait
vivement hier d'épargner $120 000. Il disait: Ah! $120 000... C'est pour
des raisons comme celle-là.
M. Charron: Je ne vous ai rien reproché.
M. Hardy: Cela va se faire dans d'autres programmes.
M. Charron: Chez l'éditeur, cela amène quelle
conclusion?
M. Hardy: Pardon?
M. Charron: Est-ce que tous les programmes que vous m'avez
énoncés...
M. Hardy: Cela amène qu'on va faire moins
d'éditions qu'on aurait pu en faire; si, au lieu d'avoir $8 510 000
à ce programme, j'en avais eu $12 millions, on aurait pu éditer
plus de choses et aurait pu faire...
M. Charron: Toutes les publications devant être faites, de
l'année financière 1976/77...
M. Hardy: Elles sont en chantier; cela ne veut pas dire que cela
va sortir. On travaille à ces choses-là.
M. Charron: Est-ce que ce sont celles que vous avez
établies, à la suite des coupures budgétaires ou
auparavant, ce qui fait qu'à cause des restrictions budgétaires
un grand nombre ne se feront pas?
M. Hardy: C'est-à-dire que cela ne nous empêche pas
de travailler à ces choses-là. Cela peut nous empêcher de
passer au produit final, au cours de l'année financière. Mais
nous continuons à travailler aux projets que j'ai
énumérés ou ceux qui vont apparaître dans la liste
que la commission accepte d'inclure au journal des Débats.
M. Charron: M. le Président, je n'ai pas d'autre question
au programme 3.
M. Tardif: M. le Président, j'ai, par contre, un certain
nombre de questions à poser sur les efforts qu'entend faire, cette
année, le ministère des Communications, dans le domaine de
l'édition gouvernementale.
D'abord, est-ce que je peux savoir quand...
M. Hardy: II est ineffable. Pas vous, l'autre!
M. Tardif: C'est mieux.
M. Hardy: On l'aime bien quand même!
M. Tardif: ... la refonte des lois va être
terminée?
M. Hardy: La refonte des lois? M. Tardif: Oui.
M. Hardy: Là aussi, cela ne dépend pas de nous.
Nous, nous sommes le ministère de soutien. Le tout est
décidé par le ministère de la Justice, et je pense qu'il y
aura bientôt une loi concernant cette question qui sera
présentée par le ministre de la Justice. Si elle n'est pas
déjà déposée, elle devrait l'être
incessamment.
M. Tardif: Je sais qu'elle n'est pas déposée, mais
je...
M. Hardy: Ce que je peux vous dire, par exemple, c'est que
l'Editeur officiel travaille en très étroite collaboration avec
le ministère de la Justice, dans ce nouveau projet de refonte des lois,
qui serait, en quelque sorte, une refonte permanente plutôt qu'une
refonte des statuts à tous les dix ou quinze ans.
M. Tardif: Est-ce que cela veut dire qu'on aurait, à ce
moment-là, des lois présentées sous forme de feuilles
mobiles?
M. Hardy: Cela ressemblerait à cela, oui.
M. Tardif: Oui.
M. Hardy: Et de mise à jour...
M. Tardif: Et de mise à jour continuelle? Un peu comme
nous avons avec...
M. Hardy: Le Code civil de Lafleur. M. Tardif: ... les
lois fiscales? M. Hardy: Pardon?
M. Tardif: En somme, on suivrait un peu le même principe
qu'avec les lois fiscales où nous recevons, trois ou quatre fois par
année, une...
M. Hardy: A cet effet, il faut une loi. M. Tardif: ...
mise à jour.
M. Hardy: II faut une loi que le ministre de la Justice va
déposer; s'il ne l'a pas déjà déposée, cela
doit se faire.
M. Tardif: En 1973, je crois, on nous a distribué dix
cartables des règlements d'application. Depuis ce temps, aucune mise
à jour n'a été faite. L'instrument en question n'est
absolument plus valable, n'est plus utilisable. Même si, au
départ, le principe était bon, on se retrouve avec quelque chose
de complètement dépassé, puisqu'il n'y a pas eu de mise
à jour.
Est-ce que, à cette occasion, votre ministère entend
renouveler, au complet, les règlements d'application, en vous assurant,
d'autre part, que ceux-ci seront mis à jour d'une façon
permanente?
M. Hardy: Vous parlez de la codification de toute la
réglementation québécoise...
M. Tardif: C'est exact.
M. Hardy: ... sous la direction de M. Raoul Barbe.
M. Tardif: Oui, et qui avait, je pense, été
publiée en 1973. Chaque député avait reçu un
exemplaire des règlements en question.
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il y a eu certains
problèmes techniques à ce sujet. A mon niveau, il n'y a pas de
décision finale prise. Je sais que différentes propositions
doivent m'être soumises, mais il n'y a pas de décision finale.
Alors, je ne peux pas vous dire une chose, si nous ne le savons pas d'une
façon exacte. Je sais qu'il y a des propositions de mise à jour;
il y a une entreprise privée, entre autres, qui a fait une proposition
dans ce sens, mais il n'y a pas de décision prise.
M. Tardif: Avez-vous une idée de la date où la
décision sera prise?
M. Hardy: Le plus tôt possible.
M. Tardif: Merci. Maintenant, en ce qui a trait au recueil de la
Loi des cités et villes, je remarque, parmi les déboursés
faits ou éventuels, qu'un montant de $4500 est prévu pour Me
Jacques Viau. J'imagine qu'on achète les droits d'auteur de Me Viau pour
le volume qu'il publie depuis plusieurs années. Est-ce exact?
M. Hardy: C'est cela. Le lancement du volume a été
fait au cours du mois de mai, mais nous avons maintenant les droits d'auteur de
cet ouvrage.
M. Tardif: Va-t-il avoir, encore là, une mise à
jour permanente?
M. Hardy: Le dernier volume a été lancé au
mois de mai. C'est sûr que nous allons avoir une mise à jour, mais
pas demain matin, j'espère.
M. Tardif: Sous forme de feuilles mobiles? M. Hardy: Oui,
oui.
Traduction des jugements
M. Tardif: Bon. maintenant, je pense que c'est votre
ministère qui est responsable de la traduction des jugements rendus en
anglais. Est-ce exact?
M. Hardy: Nous sommes responsables de toute la traduction
gouvernementale, y compris les jugements.
M. Tardif: Si mes renseignements sont exacts, est-il vrai que les
jugements rendus en anglais ne sont traduits en français que sur
demande?
M. Hardy: C'est exact. Nous avons très peu de demandes.
Nous ne sommes pas pour gaspiller l'argent des contribuables en nous mettant
à traduire des jugements pour le plaisir de les traduire si personne ne
le demande, si cela ne rend service à personne.
M. Tardif: Non, mais je voulais obtenir une réponse du
ministre parce que, bien que je n'aie pas la loi 22 devant moi...
M. Hardy: N'oubliez pas que la langue officielle au
Québec, c'est le français.
M. Tardif: Je sais cela, mais, si je me le rappelle bien, dans la
loi 22, d'après ce que j'avais compris du moins, les jugements rendus en
anglais seraient traduits automatiquement en français.
M. Hardy: Non, ce n'est pas notre interprétation de la loi
22.
M. Charron: C'était notre amendement.
M. Tardif: C'est comme cela que je l'avais compris.
M. Hardy: Votre amendement disait quoi? Que cela devait
être traduit pour tout le monde?
M. Charron: Oui, tous les jugements devaient être traduits
en français; c'est la langue officielle.
M. Hardy: Ah, je comprends. Vous vouliez que les juges unilingues
anglais rendent leurs jugements en français.
M. Charron: Non, non. S'ils le disent en anglais, qu'on en ait
une copie en français, comme le souhaite le député
d'Anjou.
M. Tardif: Oui, c'est comme cela que j'avais compris la loi
22.
M. Charron: La langue officielle, c'est habituellement celle des
tribunaux.
Je n'ai aucune objection à ce qu'un juge soit anglophone et
même à ce que le procès se fasse en anglais si c'est la
langue de l'intimé, mais lorsque le jugement est rendu, puisque le
jury...
M. Hardy: Les jugements rendus en anglais, maintenant je
n'ai pas vu les dernières statistiques il n'y en a pas
tellement.
M. Tardif: Oui, je reconnais qu'il y en a beaucoup moins qu'il y
a quelques années.
M. Hardy: Même les juges anglophones rendent leurs
jugements en français.
M. Tardif: Mais je pense, entre autres...
M. Charron: Cela n'a pas été le cas pour le gros
Ouellet, ministre fédéral.
M. Tardif: Oui, c'est justement ce que...
M. Charron: II s'est fait faire un sermon en anglais et il
était ministre francophone.
M. Tardif: J'allais citer ce jugement de M. André Ouellet,
non pas l'expression qu'a utilisée le député de
Saint-Jacques. Voici un jugement qui, je pense, était
d'intérêt public. Je ne sais pas s'il y a des gens qui ont...
M. Hardy: Le député de Maisonneuve-Rosemont, M.
Serge Joyal, a immédiatement demandé une traduction, que nous
avons faite.
M. Tardif: Ce que j'allais ajouter, M. le Président, c'est
que voici un jugement d'intérêt public, je pense bien. C'est le
genre de jugement où, proprio motu, le service de la traduction pourrait
lui-même, sans qu'une demande soit faite, en entreprendre la traduction
à cause de son intérêt.
M. Hardy: Quand c'est en anglais.
M. Tardif: Oui.
M. Hardy: II faudrait faire la même chose pour les
jugements rendus en français, les traduire en langue anglaise.
M. Tardif: Non, ce n'est pas ce que la loi dit.
M. Hardy: Non, mais c'est cela. On fait actuellement ce que la
loi dit. La loi dit "sur demande" et on se conforme à la loi.
M. Tardif: Ce que je dis au ministre s'applique dans le cas de
jugements présentant un intérêt pour l'ensemble de la
population.
M. Hardy: Qui va décider que cela présente un
intérêt?
M. Tardif: Ecoutez, c'est sûr qu'il a un jugement de valeur
à porter à cet égard; je suis d'accord avec le
ministre.
M. Hardy: Quand c'est un ministre fédéral qui est
impliqué dans quelque chose, cela est d'intérêt public?
M. Tardif: Non, je ne suis pas d'accord avec le ministre. Quand
il y a un accident d'auto de $400, cela intéresse peut-être trois
personnes au monde.
M. Hardy: C'est très difficile de juger cela.
M. Tardif: Le genre de jugements en question, par le fait
même intéresse passablement de gens.
M. Hardy: Le député D'Anjou sait très bien
que si cela intéresse des gens, il y a quelqu'un qui le demande. Cela se
fait automatiquement. Vous n'avez pas le problème de poser un jugement
de valeur. Et si c'est vraiment un jugement qui intéresse bien des gens
c'est une question naturelle ils vont le demander. Un seul
citoyen qui le demande, on le fait. Nous demander de décider quels sont
les jugements qui méritent d'être traduits et ceux qui ne
méritent pas de l'être, je trouve que ce serait bien dangereux. Ou
bien on les traduit tous, ou bien on les traduit sur demande. Je pense que
comme norme, c'est ce qu'il y a de plus valable sur le plan administratif.
Quand cela a un intérêt comme celui que vous mentionnez, il y a
nécessairement quelqu'un qui va demander la traduction.
M. Tardif: Est-ce que je peux savoir combien de temps cela prend
pour traduire un jugement en français, entre le moment où la
demande est effectuée et le moment où le jugement français
est disponible?
M. Hardy: Le député demande une moyenne.
M. Tardif: Je ne peux pas m'attendre à des cas
particuliers.
M. Hardy: Depuis qu'on le fait, c'est en moyenne trois à
quatre jours.
Je voudrais bien faire remarquer au député D'Anjou que ce
n'est pas une question de caprice.
Cela représente des coûts considérables de traduire
un jugement. L'argent qu'on utilise à cela, on ne l'a pas pour d'autres
choses. Il s'agit de se demander si c'est un problème de
priorité.
M. Tardif: Je n'en doute pas, M. le Président, mais je
suis peut-être plus sensibilisé à cette question parce que
je pratique encore un peu le droit.
M. Hardy: Est-ce votre intérêt personnel que vous
défendez ce matin?
M. Tardif: Absolument pas. Je vous l'ai dit que j'étais
tout simplement sensibilisé à cette question. Quant à moi,
je pense que c'est un instrument de travail, et lorsqu'il est en
français, il est beaucoup plus facile de l'utiiiser.
M. Hardy: C'est bien simple, demandez à votre
secrétaire de suivre tous les jugements qui sont rendus et demandez la
traduction, on va vous la faire.
M. Tardif: Je n'ai pas l'intention de faire cela. Vous
prévoyez déménager les librairies de Montréal et de
Québec, pouvez-vous me dire où va être située celle
de Montréal?
M. Hardy: II est très important que je dise ceci: Pendant
un an, sur tous les jugements rendus au Québec, on a eu dix demandes de
traduction. Voyez-vous cela, si on décidait de tous les traduire
automatiquement, ce que cela coûterait. Puisqu'il y a eu seulement dix
demandes, c'est parce qu'il y a des besoins pour dix demandes.
M. Tremblay: De l'anglais au français? M. Hardy: De
l'anglais au français.
M. Charron: Ceux qui le demandent, ce sont des gens...
M. Hardy: Ce sont les parties.
M. Charron: ... vivement intéressés. C'est
justement, ce sont les parties. Lorsqu'elles se préparent à aller
en appel, il faut qu'elles aient une connaissance très précise du
jugement rendu.
M. Hardy: Les autres peuvent le faire.
M. Charron: Ce n'est pas ce qui s'appelle, par exemple, la
jurisprudence à laquelle un avocat en préparation de cabinet a
besoin de remonter. Supposons un dossier parlant de formation monopolistique,
comme les raffineries de sucre; on pourrait prendre le cas Ouellet à
l'origine, où le jugement a été rendu en anglais. Il est
dans un dossier et un client vient le voir à un moment donné; il
doit remonter à un jugement émis. La seule copie qu'il va trouver
est en anglais.
M. Hardy: II peut toujours demander la traduction.
M. Charron: Dans combien de temps? S'il est à la pratique
quotidienne.
M. Hardy: Trois à quatre jours.
M. Charron: S'il est un étudiant dans sa formation
juridique également.
M. Hardy: II ne peut pas attendre trois à quatre jours
pour avoir son jugement?
M. Charron: Dans un pays où la langue officielle est le
français, on devrait avoir accès à tout ce qui se passe
devant les tribunaux en français.
M. Hardy: Je suis un étudiant en droit; aujourd'hui je
constate que j'ai besoin de tel jugement rendu il y a... Je suis en 1985; je
prépare mon examen du barreau et j'ai besoin d'un jugement rendu en
1976; j'appelle au service de la traduction et trois jours après j'ai
mon jugement en français si je veux comprendre exactement ce que dit le
jugement et si je veux bien préparer mon examen. Il ne faut quand
même pas faire des drames avec tout cela. Cela représenterait
peut-être des centaines de milliers de dollars.
M. Tremblay: C'est un service gratuit?
M. Hardy: Oui, c'est gratuit. C'est gratuit, mais cela
coûte de l'argent à tout le monde. Il n'y a rien de gratuit.
M. Tremblay: Le contribuable qui le demande, il l'obtient
gratuitement?
M. Hardy: Oui.
M. Tremblay: II n'a pas d'argent à débourser.
M. Hardy: Pour sauver le principe de traduire tous les jugements
alors qu'on a dix demandes par année...
M. Charron: Qui a dit que le principe du français
était la langue officielle?
M. Hardy: Oui, mais tout principe, il faut l'appliquer
intelligemment. Il ne faut pas l'appliquer d'une façon bête comme
un ordinateur. C'est pour cela qu'il y a des gens qui sont supposés
avoir une tête sur les épaules. C'est pour se servir de leur
jugement. Tout principe quel qu'il soit...
M. Charron: C'est pour cela qu'il y a des principes qui restent
en l'air aussi, et dans la réalité concrète cela ne change
en rien.
M. Hardy: II y a des principes qu'on doit appliquer d'une
façon intelligente. Il n'y a pas un principe qui se fait de façon
"bébête". Justement, vous en connaissez du monde. Vous en avez,
parmi vos amis, qui ont essayé dans un journal d'appliquer d'une
façon "bébête" un principe de cogestion. Vous voyez ce que
cela fait: La guerre
est prise, là chicane est prise et cela va faire patate. C'est
cela des principes appliqués d'une façon "bébête",
des bons principes appliqués d'une façon
"bébête".
M. Charron: Le cas soulevé par le député
d'Anjou est un autre exemple du fait qu'une affirmation de principe, par
exemple, dans une loi, dans son article premier, ne change rien à ta
réalité. Avant la loi 22 comme après la loi 22, un
étudiant qui veut avoir un jugement en français, lorsqu'il a
été rendu en anglais, doit suivre le même chemin
qu'auparavant, que le français soit devenu langue officielle ou pas.
M. Tardif: Ce n'était pas possible, je pense, auparavant,
d'obtenir une traduction en français.
M. Hardy: M. le Président, je suis aussi farouchement
favorable, j'ai défendu le principe du français langue officielle
et je vais le défendre. C'est normal qu'au Québec le
français soit la langue officielle. Mais, parce qu'on défend ce
principe, cela ne veut pas dire que, tout simplement pour satisfaire des
caprices personnels ou des coquetteries, on va se mettre à
dépenser des centaines de milliers de dollars pour faire des traductions
qui vont dormir sur les tablettes. Ce n'est pas vrai. Tant que je serai
ministre des Communications, je m'opposerai à cela parce que l'argent
des contribuables, c'est important. On n'est pas pour dépenser les fonds
publics tout simplement pour satisfaire des caprices et des coquetteries.
Le Président (M. Pilote): Programme 3, adopté?
M. Tardif: Non, un instant. Un instant. Je ne veux pas prolonger
indûment ce débat mais j'ai d'autres questions, soit dit en
passant. J'espère que le ministre ne m'a pas mal compris. Je n'ai pas
dit qu'on devrait traduire tous les jugements mais seulement ceux
d'intérêt public. De toute façon, je ne veux pas relancer
la question. On ne la réglera pas ce matin.
M. Hardy: Est-ce que vous êtes prêt à venir
comme conseiller au ministère des Communications pour nous dire quels
sont les jugements d'intérêt public qu'on devrait traduire?
M. Tardif: Je pourrais faire cela gratuitement, vous savez, dans
mes moments libres.
M. Hardy: Vous feriez cela? Vous vous sentiriez capable de faire
cela?
M. Tardif: Je pense que oui. Ah oui. Je vous le dis
honnêtement.
M. Hardy: j'ai toujours su que le député d'Anjou
avait beaucoup de talent mais je ne pensais pas que cela allait
jusque-là!
M. Tardif: Je voudrais savoir où va être
située à Montréal la librairie qui doit être
déménagée.
M. Hardy: Place Desjardins.
M. Tardif: J'aimerais revenir au mémoire de programme sur
la reprographie. Jusqu'au 2 juillet dernier, tous les députés,
ainsi que les courriéristes parlementaires, recevaient une revue de
presse qui comportait une quinzaine ou une vingtaine d'articles publiés,
en règle générale, dans les quotidiens. J'ai fait des
démarches innombrables après que ce service eut cessé de
fonctionner, en juillet dernier, pour demander une reprise de ce service. On
m'a laissé savoir qu'on préférait utiliser les ressources
disppnibles pour constituer des dossiers sectoriels.
Je suis tout à fait d'accord avec ce principe puisque je conserve
moi-même les dossiers sectoriels qui proviennent du ministère des
Communications pour référence éventuelle. Mais j'aimerais
savoir cfe la part du ministre s'il est possible d'envisager la reprise de ce
service qui, quant à moi, était diablement utile pour constituer
mes propres dossiers sectoriels.
Je lis à chaque jour le Devoir et la Presse mais je n'ai pas le
temps...
M. Hardy: Vous ne lisez pas le Jour? M. Tardif: Absolument
pas.
M. Hardy: Franchement! Un jeune député comme
vous.
M. Tardif: Je n'ai pas le temps de lire les articles des
journaux...
M. Hardy: Un jeune député nationaliste!
M. Tardif: ... tels que le Droit, le Soleil, la Gazette, le Star,
où on retrouve et le Journal de Québec, soit dit en
passant parfois d'excellents articles qui étaient reproduits dans
la revue de presse en question. Bien que je ne m'attende pas à une
réponse favorable tout de suite, j'insiste auprès du ministre
pour que, dès que les ressources humaines et financières
redeviendront disponibles, ce service en question puisse reprendre vie.
Je pense que je me fais le porte-parole d'autres députés
qui trouvaient que c'était une publication très utile que nous
recevions, en début d'après-midi, chaque jour. Elle nous
permettait de gagner du temps et de nous renseigner adéquatement chaque
jour. J'ose croire que le ministère n'hésitera pas, lorsque les
ressources humaines et financières seront disponibles, à
reprendre le service en question, qui m'apparaît essentiel.
M. Hardy: II y a deux raisons à cette décision.
C'est d'abord, comme vous le souligniez très bien, un problème de
ressources et on s'est rendu compte qu'il y avait un peu double emploi avec les
revues de presse des ministères.
La revue de presse que nous publiions, les coupures de presse sont
reprises par les différentes revues de presse des ministères. Je
dois dire aussi que, lorsque nous avons envoyé aux députés
une lettre les avisant que le service serait inter-
rompu, sur 110 députés, la seule lettre que nous avons
reçue se plaignant de cette décision, c'est celle du
député d'Anjou.
M. Tardif: J'aimerais tout simplement...
M. Hardy: C'est bien sûr que s'il y avait une levée
de bouclier ou si une bonne proportion des membres du Parlement nous faisaient
valoir que c'est un outil absolument essentiel peur accomplir leurs devoirs de
législateurs, nous réexaminerions la question. Mais à ce
jour, nous avons envoyé une lettre aux 110 députés et seul
le député d'Anjou a réagi.
M. Tardif: M. le Président, j'ai réagi avant de
recevoir la lettre, parce que je ne me rappelle pas avoir reçu la lettre
en question. D'autre part, je ne pense pas qu'on puisse dire que cela fasse
double emploi avec les revues de presse publiées par chaque
ministère. Je reçois la revue de presse du ministère des
Communications et celle de l'Education. Il y a sans doute vingt revues de
presse couvrant autant de ministères, mais je ne peux pas passer huit
heures à chaque jour pour feuilleter les vingt revues de presse des
vingt ministères. Dans le cas de la revue de presse que vous publiiez
à l'époque, c'était une revue de presse qui allait...
M. Hardy: ... ministères.
M. Tardif: ... chercher des articles d'intérêt
général. Dans la revue de presse des Communications, on parle de
tout, de A à Z, aussi bien d'une grande déclaration du ministre
et c'est tout à fait normal qu'elle s'y trouve que de la
nomination de Tartampion à Northern Electric, parce que cela touche une
compagnie de communication.
M. Hardy: Peut-être qu'il y aurait possibilité
également, puisque chaque ministère publie sa revue de presse
l'Assemblée nationale améliorant constamment ses services
étant donné que c'est un service destiné
exclusivement aux députés, que le service d'information de
l'Assemblée nationale ait sa propre revue de presse.
Je dois préciser au député d'Anjou que, sur tous
les sujets particuliers, il peut faire appel à notre service de
documentation. Il peut avoir un dossier de presse sur n'importe quel sujet en
particulier.
M. Tardif: Mais ce n'est pas cela que je veux, M. le
ministre.
M. Hardy: Oui, je comprends.
M. Tardif: Vous devez comprendre. Il peut y avoir des articles
publiés dans le Soleil, que je ne lis pas. je peux les rater, tout
simplement. Mais avec la revue de presse en question, j'en prenais
connaissance.
M. Hardy: Cette revue de presse vous permettrait de lire les
articles du Jour que vous ne lisez pas actuellement.
M. Tardif: Entre autres, mais c'est bien secondaire.
M. Hardy: Nous allons réexaminer cette question.
Encore une fois, je répète que, malgré toute
l'estime que j'ai pour le député d'Anjou, il est le seul,
à ce jour, à avoir réagi. Si, même après
l'appel que je fais ici, et après son appel, il n'y a pas d'autres
députés qui manifestent de l'intérêt pour cette
revue de presse...
Le Président (M. Pilote): Programme 3, adopté,
ainsi que les éléments 1, 2 et 3.
M. Hardy: M. le Président, si les membres de la commission
étaient d'accord, nous pourrions ajourner, parce que je dois partir pour
Montréal.
M. Charron: Je voudrais dire au ministre qu'avant d'ajourner, je
suis disposé à adopter le programme 6.
Le Président (M. Pilote): Programme 6.
M. Charron: Régie des services publics.
Le Président (M. Pilote): Régie des services
publics...
M. Charron: Les questions sur la Régie de services publics
viendront dans notre discussion sur le dossier constitutionnel,
c'est-à-dire la situation de l'Est du Québec.
Le Président (M. Pilote): Le programme 6 est
adopté.
M. Hardy: Les programmes 1, 2, 3 et 6.
Le Président (M. Pilote): Les programmes 1, 2, 3 et 6,
ainsi que les éléments, sont adoptés. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 19)
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