Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du mercredi 9 juin 1976 (Dix heures six minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications qui devait siéger ce matin devra ajourner ses
travaux dû à l'état de santé du député
de Saint-Jacques, représentant de l'Opposition officielle. Alors, la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 10 h 7)
Séance du jeudi 10 juin 1976 (Dix heures dix
minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications est réunie de nouveau ce matin pour continuer
l'étude des crédits du ministère des Communications.
Sont membres de la commission M. Bellemare (Johnson), M. Bérard
(Saint-Maurice), M. Cornel-lier (Saint-Hyacinthe), qui remplace M. Bienvenue
(Crémazie); M. Charron (Saint-Jacques), M. Choquette (Outremont), M.
Côté (Matane), M. Bonnier (Taschereau), M. Déom (Laporte),
M. Lachance (Mille-Iles) qui remplace M. Lapointe (Laurentides-Labelle); M.
Léger (Lafontaine), M. Parent (Prévost), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Tardif (Anjou) et M.
Massicotte (Lotbinière), qui remplace M. Veilleux (Saint-Jean).
Nous étions rendus au programme 4, page 7-9, gestion interne et
soutien, élément 1, direction; élément 2, soutien
administratif et technique.
Le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, c'est peut-être
l'endroit où je pourrais m'informer des modifications dans la haute
direction du ministère qui ont accompagné la nomination du
ministre actuel. Il y a eu des changements au niveau du sous-ministre et
d'autres directeurs.
M. Hardy: M. le Président, ce n'est pas tout à fait
juste de dire: qui ont accompagné. J'ai été nommé
au ministère des Communications au début d'août 1975 et le
1er mars 1976, M. Rompré, qui était à ce moment
sous-ministre aux Communications, a été nommé
secrétaire adjoint au Conseil exécutif, et M. Frigon a
été nommé sous-ministre au ministère des
Communications.
L'autre changement survenu un peu plus tard est la nomination de M.
Gérard Lajeunesse à titre de sous-ministre adjoint. Non, c'est
avant. M. Lajeunesse avait été nommé sous-ministre adjoint
à l'automne 1975. Après la nomination de M. Frigon, M. Pierre
Deschênes a également été nommé sous-ministre
adjoint.
M. Charron: Et au niveau de votre cabinet?
M. Hardy: L'autre changement majeur, que vous avez sûrement
constaté, est survenu à la direction générale des
communications gouvernementales, lorsque M. Loiselle, qui occupait ce poste, a
été nommé au ministère des Affaires
intergouvernementales. Il y a eu un concours, et M. Brisebois, l'un des
candidats à ce concours, a été nommé.
M. Brisebois, je pense, vous a donné les grandes lignes de son
curriculum vitae. Au niveau de mon cabinet, ces nominations ont
accompagné mon arrivée au ministère des Communications,
M.
Gérald Ponton a été nommé directeur de
cabinet. M. Ponton était antérieurement secrétaire
particulier adjoint lorsque j'étais aux Affaires culturelles. L'autre
changement qui est intervenu, après mon arrivée aux
Communications, est celui du poste du secrétaire particulier adjoint ou
attaché de presse. Antérieurement, c'était Mlle Gingras,
et maintenant c'est Mme Krieber.
M. Charron: Les restrictions budgétaires auxquelles le
ministre des Finances a convié tous ses collègues ont-elles eu
des effets sur des postes que vous aimeriez voir combler et qui ne le sont pas
actuellement?
M. Hardy: Dans l'ensemble du ministère? M. Charron:
Oui.
M. Hardy: Nous sommes soumis, comme tout le monde, à la
restriction de 1%. Nous ne pouvons pas augmenter nos offectifs de plus de 1%,
sauf dans un cas exceptionnel. Evidemment, il y a eu le cas de la direction
générale du cinéma et de l'audio-visuel, qui est un cas un
peu à part, qui n'a pas tout à fait respecté ce principe
de 1%. Il y avait 40 postes gelés à la direction
générale du cinéma; dernièrement, il y en a eu 20
de dégelés, et nous espérons en dégeler
d'autres.
Négociation constitutionnelle
M. Charron: Ce programme 4, comme nous en avions convenu le
moment, où sans vouloir refaire tout l'historique et tenter de
régler entre nous ce qui doit se négocier entre deux niveaux de
gouvernement, nous pouvons aborder la question des relations constitutionnelles
dans le domaine des communications.
C'est d'autant plus le temps de le faire, M. le Président, que le
ministre des Communications rencontrera demain son homologue
fédéral et qu'à cette occasion, les mondanités une
fois passées...
M. Hardy: Non, les mondanités vont venir après la
rencontre sérieuse.
M. Charron: Ah bon! Donc, avant même les
mondanités...
M. Hardy: Nous allons travailler.
M. Charron: ... le ministre des Communications devra, une fois de
plus, tenter d'ébrécher la muraille fédérale et
convaincre le ministre fédéral des Communications, une
dernière fois, j'espère, du bien-fondé de la position
québécoise, qui est celle de l'Assemblée nationale dans
son entier.
M. le Président, comme je viens de vous le dire, je n'ai pas
envie de faire l'historique du méli-mélo constitutionnel dans le
domaine des communications, mais, puisque la rencontre avec Mme Sauvé,
demain, permettra probablement de faire un premier entretien, je crois que ce
sera la première rencontre du ministre avec Mme Sauvé...
M. Hardy: II y a eu une rencontre officieuse, un
tête-à-tête.
M. Charron: Mais, depuis le 17 mars dernier, ce sera la toute
première.
M. Hardy: II n'y a eu que des échanges
téléphoniques ou littéraires.
M. Charron: Ou littéraires.
M. Hardy: Epistolaires, plus précisément.
M. Charron: Sur les propositions de Mme Sauvé, j'aimerais
exprimer une position que j'aurai tout à loisir d'entendre commenter par
le ministre, par la suite, propositions contenues dans son discours du 17 mars
dernier devant le club Kiwanis-Saint-Laurent et auxquelles le ministre a
répondu par le discours que j'ai déjà cité à
cette table de la commission et auxquelles, vraisemblement, il aura encore
à répondre, demain, lorsqu'il s'entretiendra officiellement au
niveau des ministres des Communications avec Mme Sauvé. Je veux lui
expliquer et lui répéter que j'espère bien attirer son
accord sur les objections fondamentales que nous formulons à le voir
accepter les propositions fédérales telles qu'elles ont
été énoncées à ce moment.
En effet, le 17 mars dernier, Mme Sauvé, ministre des
Communications du gouvernement fédéral, a livré
l'essentiel de ses opinions personnelles quant à la manière dont
elle entend mener le dossier des négociations
fédérales-provinciales dans le secteur des communications.
Elle a même également profité de cette occasion pour
faire de nouvelles offres aux provinces, en matière de partage de
compétence dans ce domaine dans ce que certains ont appelé une
nouvelle ouverture d'esprit et un esprit de conciliation envers les provinces,
surtout, cela va de soi, envers le Québec.
J'estime, pour ma part, que la véritable attitude de Mme
Sauvé est toute autre et à cause de l'incroyable faiblesse du
premier ministre québécois, dans ce dossier si vital pour
l'avenir des Québécois, je me dois, encore plus que jamais, au
nom de l'Opposition, de dénoncer ses propos et le caractère de
ses offres. Ses offres me paraîtront toujours aussi inacceptables pour
les Québécois, parce qu'elles partent toujours du même
principe, celui de la préservation d'un concept artificiel
d'unité nationale canadienne, basée essentiellement sur une
notion encore plus artificielle, celle d'une culture canadienne.
Il est de plus en plus évident que la culture américaine
est en train surtout par le biais de la télévision et du
câble d'influencer dune manière dramatique le concept d'une
culture canadienne anglaise différente de celle des Etats-Unis.
D'ailleurs, Mme Sauvé, dans ce discours, a très bien
identifié les trois facteurs: internationalisation des ondes,
interdépendance des systèmes de communication et contrôle
de la câblodiffusion par ceux qui contrôlent la
télédiffusion, qui prouvent que cette faiblesse ne peut aller
qu'en s accentuant.
D'un autre côté, la culture québécoise, par
le fait qu'elle est francophone, bien qu'assujettie elle aussi à cette
influence de nos voisins américains, est en même temps moins
perméable à celle-ci et a réussi à se maintenir de
façon instinctive un semblant de spécificité, au moins,
à elle. Aussi, est-ce de façon très lucide que Mme
Sauvé et le gouvernement fédéral qu'elle
représente, parce qu'ils sont conscients de la faiblesse relative de la
culture canadienne-anglaise et de la force relative de la culture
québécoise ne laisseront jamais leur échapper le
véritable pouvoir décisionnel en matière
constitutionnelle, et feront tout en leur pouvoir pour récupérer
au complet ce qui leur échappe au Québec, en partie,
c'est-à-dire le domaine de la câblodiffusion.
En résumé, nous, les Québécois, par notre
culture française, sommes les garants de l'identité culturelle
canadienne et, à ce titre, il est essentiel que les pouvoirs
décisionnels en matière de communication soient situés
à Ottawa plutôt qu'à Québec, bien que,
fondamentalement, vu de chez nous, cela soit aussi dangereux pour nous que
s'ils étaient à New York ou à Washington. Au fond, il n'y
a d'identité culturelle anglaise que parce que nous sommes dans le
Canada. Si le gouvernement central ne possédait pas cette cohabitation
francophone avec la culture canadienne-anglaise, il y aurait mal à faire
une distinction entre la culture canadienne-anglaise et la culture
américaine tout court.
Nous sommes un peu les otages de ce qui semble être une recherche
d'identité culturelle anglaise. La seule conclusion de Mme Sauvé
qui mérite d'être retenue et la seule qui soit vraiment
significative pour le Québec, c'est qu'il n'y aura aucun transfert de
pouvoir massif entre Ottawa et le Québec. Or, celle-ci est en
contradiction flagrante avec tous les principaux éléments de la
politique du Québec en matière de communication, tels que mis de
l'avant à la dernière conférence
fédérale-provinciale, avant que celle-ci ne tourne à
l'impasse complète. Quant aux offres plus particulières de Mme
Sauvé, elles confirment de façon très claire le principe
qu'une fois le gouvernement fédéral assuré d'être le
seul maître à bord, celui-ci n'a aucune objection à
discuter des réaménagements administratifs possibles au niveau
provincial. Les offres de Mme Sauvé sont dans ce sens. Ne fait-on pas le
cadeau au gouvernement du Québec d'être administrateur
délégué d'Ottawa auprès des populations locales du
Québec, en matière de câblodiffusion? N'offre-t-on pas la
possibilité pour le gouvernement du Québec d'exploiter son propre
réseau de télévision indépendant, mais à
condition que des arrangements administratifs soient pris et que la croissance
de ce réseau ainsi que son rayonnement soient limités?
N'offre-t-on pas ce que le prédécesseur de Mme Sauvé avait
déjà offert au prédécesseur du ministre actuel du
Québec, et qui avait été à ce moment-là
carrément refusé, c'est-à-dire une participation
administrative et consultative au niveau du CRTC, dans le cadre d'un grand
organisme-cadre groupant les dix provinces canadiennes et le gouvernement
central? Mme Sauvé a parlé à cette occasion de "nouvelle
voie à explorer", pourtant, toutes ces offres que je viens de mentionner
ne font que reprendre en substance ce qui était contenu dans le livre
gris des Communications publié à Ottawa et qui avait mis de
l'avant le concept des provinces comme responsables de l'administration de
certains secteurs des communications, par une délégation de
pouvoirs du gouvernement central, rien de plus.
Pour toutes ces raisons, j'espère que, demain, en rencontrant Mme
Sauvé, le ministre québécois des Communications lui
rappellera et lui exprimera publiquement son désaccord avec les vues du
ministre fédéral des Communications et refusera de
négocier quoi que ce soit en matière de communication sur la base
proposée par celle-ci.
Il est également urgent que le premier ministre sorte de son
immobilisme et prenne tous les moyens pour aller chercher à Ottawa les
pouvoirs nécessaires à la préservation de ce qu'il a
lui-même voulu appeler notre souveraineté culturelle.
Pendant que le Québec maintient son attitude défensive, le
gouvernement fédéral, lui, en profite pour occuper, de
façon très agressive, tous les champs de compétence sur
lesquels le Québec prétend avoir autorité, et mettre
celui-ci, d'ici quelques années, devant le fait accompli de sa
prépondérance dans ces domaines.
Je ne retire, de nos échanges longs et ardus des dernières
années à la table de cette commission sur la négociation
constitutionnelle dans le domaine des communications, que cette affirmation,
maintes fois reprise des ministres des Communications québécois,
que le temps joue en notre défaveur et qu'au fond, Ottawa n'a
qu'à faire durer les négociations pour occuper progressivement
tous les différents terrains et tous les différents domaines.
Il se peut bien que demain, au lendemain de la rencontre
Sauvé-Hardy, les deux s'entendent pour émettre un
communiqué réitérant à nouveau la bonne marche des
négociations. Il s'agira d'une victoire fédérale, parce
que plus le Québec défend sa position, plus Ottawa a l'occasion
d'occuper les terrains. A titre d'exemple, dans le conflit du câble de
Rimouski, qui nous a conduits dans une véritable situation ridicule et
qui s'est perdu dans les dédales juridiques, énumérons un
certain nombre de gestes que le gouvernement fédéral a pu faire
en toute quiétude, laissant aux tribunaux le soin de
démêler ce que les hommes politiques ont été d'une
impuissance consommée à régler et profitant du temps qui
est devenu littéralement pour eux de l'argent et du pouvoir.
Des exemples: Le nouveau CRTC, qui exercera les pouvoirs de l'ancien
Conseil de la radiotélévision canadienne et du comité des
télécommunications de la Commission canadienne des transports,
entrera en fonction bientôt, avec un budget accru de $12,4 millions, avec
la fonction de régir toutes les formes de radio-télévision
et de télécommunications au Canada d'une façon encore plus
centralisatrice et efficace; la mesure a été annoncée.
Autre exemple du petit train bon train qu'Ottawa mène: pendant
qu'on continue les sparages sur le plan fédéral-provincial,
Radio-Canada continue de mettre de l'avant son plan de développement
visant à assurer la télévision de langue anglaise à
tout groupe de 500 anglophones et plus au Québec, au détriment
des services de la population francophone, qui, eux, sont encore
inadéquats, sur le territoire québécois.
A l'heure actuelle, le service complet et intégral de la
télévision de Radio-Canada n'est accessible qu'à 78,7% des
francophones, comparativement à 87,3% des anglophones du Québec.
Le plan de développement tel que déposé, bon train mal
train, ne fait qu'empirer cette situation.
Autre exemple que le temps joue en faveur du gouvernement central dans
ce domaine. Depuis le 1er avril dernier, la nouvelle réglementation du
CRTC, concernant la télévision par câble, est entrée
en vigueur. Cette réglementation touche plus spécialement l'ordre
des priorités des câblodiffu-seurs dans leur programmation, ce qui
avait été établi par cette commission et par cette
assemblée comme étant une prérogative
québécoise, la substitution de signaux identiques et même
l'ingérence dans la télévision communautaire et
éducative. Ce règlement affecte évidemment toute la
politique du gouvernement québécois concernant la
câblodiffusion.
Autre exemple de l'entrée fédérale. Pendant que la
négociation continue à faire couler beaucoup d'encre, on occupe
le terrain par en dessous. Depuis le 1er décembre dernier, le CRTC a
annoncé l'adoption d'un règlement concernant le contenu
"Canadian" des messages publicitaires à la télévision. On
dit que, d'ici 1980, 80% de ces messages devront être de conception
canadienne.
Ce règlement qui vise à protéger l'identité
culturelle canadienne-anglaise de l'invasion américaine pourrait avoir
chez nous l'effet désastreux de faire considérablement augmenter
le pourcentage de messages publicitaires traduits ou adaptés, le
marché québécois n'étant plus
considéré comme un marché spécifique.
Tous ces phénomènes, tout ce domaine d'occupation
fédérale progressive se fait pendant que, périodiquement,
des rencontres comme celle qui aura lieu demain se tiennent et se terminent
dans une impasse avec un bon voeu et un au-revoir mille fois
répété devant les caméras et les journalistes, pour
éviter les critiques les plus sévères et pour camoufler
l'échec. Pendant ce temps, je suis convaincu qu'avec un budget
supérieur à celui que nous nous apprêtons à voter et
surtout avec un sans-gène que le pouvoir de dépenser lui permet,
le gouvernement central profite de cette longueur des négociations pour
occuper le terrain. L'argument fondamental qu'on me soutenait l'année
dernière avant de dire d'abandonner tout espoir était, selon le
ministre de l'époque, l'argument clé qui pouvait faire que nous
pouvions encore avoir confiance, était l'appui de certaines autres
provinces à la position québécoise. Ai-je à vous
rappeler, M. le Président, que la conférence de mai 1975,
prolongée en juillet 1975. malgré l'appui de certaines provinces
à la position québécoise, s'est terminée par un
échec complet? Le front commun a éclaté, seuls le
Québec et la Colombie Britannique se sont retirés
carrément de la conférence, et c'est là qu'on s'est
aperçu que cette notion de front commun des provinces était
illusoire, parce que les provinces anglophones et le Québec
n'étaient pas tout-à-fait sur la même longueur d'ondes,
celles-ci étant à la limite intéressées à
discuter de l'aménagement administratif, alors que le Québec,
lui, dans son livre, l'a publiquement maintes fois répété,
veut discuter de modifications constitutionnelles.
M. le Président, j'aimerais savoir si, depuis ce temps, les
discussions ont repris avec d'autres provinces sur le sujet des communications
et. en même temps, demander au ministre s il est conscient que le temps
joue en notre défaveur, s'il est conscient que ce que j'ai
énuméré n'était qu'un certain nombre d'exemples,
que je pourrais lui en citer d'autres où, profitant de la durée
des négociations, Ottawa intervient et prend position, se rend
propriétaire d'un certain nombre de champs de compétence dans le
domaine des communication. J'aimerais lui demander, tout simplement aussi, ce
qu'il espère de sa rencontre avec Mme Sauvé, demain.
M. Hardy: Tout d'abord, M. le Président, je voudrais
répéter pour la nième fois, cela ne fait pas encore un an
que je suis au ministère des Communications, mais j'ai eu l'occasion de
le dire publiquement, assez souvent, que la position du Québec dans ce
dossier fédéral-provincial demeure exactement la même. Ce
n'était pas et ce n'est pas encore la position d'un homme, d'un
ministre, c'est la position d'un gouvernement. Cette position, je voudrais
brièvement la résumer. Elle est quelque peu
atténuée par rapport au livre vert, parce qu'elle a
été atténuée en ce sens quelle a fait l'objet d'un
consensus des dix provinces et. bien sûr, ce consensus des dix provinces
est le minimum que le Québec peut accepter et le maximum que d'autres
provinces peuvent accepter. Cette position du Québec se résume
ainsi: nous considérons que le Québec doit avoir juridiction sur
le câble, juridiction sur les télécommunications, en
particulier le problème du téléphone, et juridiction sur
la radiotélévision qui se trouve sur le territoire
québécois.
En annexe ou comme corollaire à cette demande, dans le cas
d'organismes pancanadiens comme Radio-Canada, les plans de développement
de Radio-Canada en ce qui concerne le Québec, Radio-Canada demeurant de
juridiction fédérale, devraient être soumis au
Québec, à la juridiction provinciale.
C'est là, en résumé, la position du Québec
au mois de juillet dernier, qui est encore celle du Québec et, à
la veille de cette rencontre avec Mme Sauvé, cela demeure exactement
notre position. Ce n'est pas c'est cela qui est bien important de
rappeler au député de Saint-Jacques, aux membres de la commission
et à l'opinion publique
québécoise parce que nous acceptons de nous asseoir
à une même table avec le gouvernement fédéral,
demain, que les positions fondamentales du Québec sont
modifiées.
Si nous acceptons de discuter, c'est pour voir... Je dis bien
honnêtement au député de Saint-Jacques, que je ne suis pas
plus optimiste qu'il ne faut. Je crois également qu'il ne faut pas se
faire d'illusion. Surtout, les hommes publics n'ont pas le droit d'entretenir
des illusions dans l'opinion publique. C'est un principe auquel je crois
fondamentalement, qui n'est pas toujours rentable politiquement ou
électoralement, le principe de la franchise, dire exactement ce que l'on
pense, sans fard, sans "crémage".
Si nous acceptons, demain, de nous asseoir avec les gens du
fédéral, c'est pour voir dans quelle mesure il y a
possibilité de régler des cas concrets, sans qu'il y ait quelque
atteinte que ce soit à notre position de principe de base,
c'est-à-dire à nos demandes de juridiction. Autant je suis
disposé à accepter des règlements pour des cas ponctuels
qui n'atténueraient en rien, qui ne préjugeraient en rien notre
prise de position fondamentale, autant je refuserai toute entente qui pourrait
présupposer que nous cédons un pouce sur nos réclamations
de base. Je ne sais pas si c'est assez clair.
Je pense que je n'ai pas le droit, même en étant
très réaliste, en n'espérant pas de miracle, de refuser de
m'asseoir avec le ministre fédéral des Communications pour voir
dans quelle mesure il y aurait possibilité de régler des cas
pratiques je pense, entre autres, à Rimouski où des gens
souffrent de la mésentente fédérale-provinciale
s'il y aurait possibilité de régler des cas concrets sans
préjuger d'aucune façon de notre prise de position.
Dans un deuxième temps, aussi, examiner s'il y a
possibilité de faire avancer le dossier même sur un plan plus
fondamental, sur un plan plus global.
Quand le député de Saint-Jacques, comme il l'avait dit
récemment, il l'a répété ce matin, met la faute sur
l'absence de volonté ce matin, il n'a pas dit du gouvernement
il a polarisé sa critique sur le premier ministre, encore
là, le député de Saint-Jacques n'est pas juste. Je partage
j'y reviendrai tantôt sans aucune honte, plusieurs opinions
émises par le député de Saint-Jacques. Cependant, quand il
dit que le non-règlement dans ce dossier dépend d'une absence de
volonté de la part du premier ministre, ce n'est pas exact. Que le
député de Saint-Jacques se donne la peine de refaire l'histoire
constitutionnelle du Québec, en particulier, de relire les
déclarations des premiers ministres les plus autonomistes, je pense
à Mercier, à Gouin, à Taschereau, à Duplessis, le
député de Saint-Jacques verra que les prises de position de
l'actuel premier ministre dans ce dossier particulier des communications ont
été faites avec la même vigueur que les déclarations
des premiers ministres que je viens de nommer dans d'autres secteurs, dans le
domaine des relations fédérales-provinciales.
Le premier ministre, à maintes occasions, a
réaffirmé que c'était une condition essentielle pour le
Québec, que le Québec ait les pouvoirs qu'il réclame en
matière de communications, comme en matière d'immigration, entre
autres. Donc, encore une fois, si on veut être honnête et juste, on
doit reconnaître que sur ce dossier particulier des communications, le
premier ministre a réaffirmé la volonté politique du
Québec avec la même vigueur que tous les premiers ministres du
Québec dans les problèmes de juridiction
fédérale-provinciale.
Donc, ce n'est pas l'absence de volonté politique du
Québec ou l'absence de volonté de la part du premier ministre,
qui fait qu'aujourd'hui nous ne sommes pas plus avancés qu'il y a deux
ans ou trois ans dans ce dossier des communications. La raison fondamentale
provient d'une conception du fédéralisme entretenue par les
dirigeants actuels du Canada, qui vient en totale opposition avec la conception
du Québec qui, encore une fois, n'est pas quelque chose de nouveau.
La conception actuelle du Québec, la conception du
fédéralisme qu'entretient le gouvernement actuel du Québec
est la même conception adaptée aux conditions changeantes, bien
sûr, mais c'est la même conception que tous les gouvernements
québécois ont eue, sauf, une petite parenthèse, de 1939
à 1944, avec M. Godbout.
Le problème, c'est que les dirigeants actuels du Canada, et je le
répète en pesant bien mes mots, n'ont pas une conception d'un
véritable fédéralisme. Si on analyse les prises de
position, soit du premier ministre actuel du Canada, ou de différents de
ses ministres qui sont appelés à traiter de ces questions, il est
très clair que la conception du Canada, telle qu'entretenue par le
gouvernement fédéral, n'est pas celle d'un
fédéralisme, mais d'un régime unitaire; ce dont, sans le
dire d'une façon aussi précise, les dirigeants actuels du Canada
rêvent, c'est d'un pays unitaire, qui aurait des gouvernements ou des
administrations locales à cause de l'étendue géographique
et pour des raisons purement de nécessités administratives.
Quand le député de Saint-Jacques dit que le temps joue
contre le Québec, là-dessus, je diffère quelque peu
d'opinion avec lui. Le temps joue contre le fédéralisme, pas
nécessairement contre le Québec, et je dirais même que si
j'étais un indépendantiste convaincu, comme semble l'être
le député de Saint-Jacques, du moins jusqu'ici, je dirais que le
temps joue en faveur de ma thèse, parce que si on devait continuer,
pendant plusieurs années, la situation actuelle, c'est-à-dire
cette impossibilité d'entente entre le gouvernement du Québec et
le gouvernement d'Ottawa sur des choses essentielles, c'est le
fédéralisme canadien qui peut éclater, ou, en d'autres
termes, c'est le Québec qui peut sortir de la
Confédération. Cela, personnellement, je l'ai dit et je le
répète, ça m'inquiète au plus haut point. Cela
m'inquiète infiniment plus que le sort du parti auquel j'appartiens dans
un moment précis, parce que le sort d'un parti politique, c'est quand
même, je ne dirais
pas accidentel, mais circonscrit dans le temps. Le parti auquel on
appartient peut être au pouvoir aujourd'hui, peut être dans
l'Opposition le lendemain et revenir au pouvoir. C'est quand même
relativement important dans une perspective historique.
Mais je continue à croire que le Québec, compte tenu du
contexte nord-américain, compte tenu d'une foule de facteurs et, en
particulier, de facteurs d'ordre économique, a plus de chances de survie
dans une fédération, dans un marché commun canadien que
s'il n'était séparé de cette fédération.
C'est à partir de cette constatation, de cette conviction que la
situation actuelle m'inquiète. Je suis de ceux qui croient que le
Québec est mieux servi, non pas dans le fédéralisme
canadien actuel, mais dans un fédéralisme canadien qui laisserait
au Québec les pouvoirs dont il a besoin sur le plan culturel, sur le
plan social.
Et je reviens à ce que je disais tantôt au sujet de
l'affirmation de la volonté politique du Québec. Cette
affirmation de la volonté politique ne se fait pas seulement
verbalement.
Le député de Saint-Jacques disait tantôt que le
fédéral occupe des champs. C'est vrai. C'est vrai que constamment
le fédéral occupe des champs, mais, nous aussi, nous occupons les
champs.
Nous avons adopté des lois qui affirment la ju-rjdiction du
Québec et nous ne nous sommes pas contentés d'adopter ces lois.
Nous avons pris toutes les mesures pour que ces lois soient respectées.
De là, les poursuites que nous avons intentées devant les
tribunaux pour que les décisions de la Régie des services publics
soient respectées.
Nous avons également adopté une réglementation dans
le domaine du câble, entre autres, réglementation qui sera
d'ailleurs réadaptée, refondue puisqu'à
l'été 1976, la rédaction des modifications aux
règlements sera terminée. Pendant l'été 1976, nous
allons procéder à la consultation, de façon que ces
modifications aux règlements sur la câblodistribution puissent
être soumises au Conseil des ministres à l'automne, après
consultation.
M. Charron: Quand vous dites consultation, c'est auprès de
qui?
M. Hardy: C'est le public. Non, M. le Président, là
encore, il est faux de dire que nous nous croisons les bras. Au contraire. Nous
avons occupé tout le champ. Nous avons non seulement verbalement, en
principe, mais dans les faits quotidiens, affirmé ce que nous
considérons être de juridiction provinciale, qui devrait
être de juridiction provinciale.
Comme ministre des Communications du Québec, comme membre du
gouvernement actuel, je répète que nous avons fait tout ce qu'il
était intellectuellement et physiquement possible de faire pour affirmer
la juridiction du Québec en matière de communications. Je
répète également que s'il n'y a pas eu de conclusion
valable, c'est que nous avons constamment été placés en
face d'un mur, lequel mur découle de la conception qu'entretien- nent
les dirigeants actuels du gouvernement fédéral.
F.n terminant j'ajoute ceci. Je ne peux pas me convaincre, malgré
la situation difficile et rebutante qui existe actuellement, et depuis un
certain temps, je ne peux pas accepter de faire le saut que le
député de Saint-Jacques a fait, qu'il nous invite à faire
ou que les gens de son parti nous invitent à faire, je ne peux pas
accepter, dis-je, de détruire un pays, de détruire un
régime, tout simplement parce que temporairement il y a, à la
tête de ce pays, un gouvernement, des femmes et des hommes qui ont une
conception du fédéralisme qui n'est pas celle à laquelle
nous croyons.
Ces gens-là, d'ailleurs comme tous les gouvernements, comme tous
les hommes politiques, sont là d'une façon temporaire. L'on peut
très bien envisager, dans un avenir qui peut-être plus ou moins
prochain, que d'autres hommes ou d'autres femmes dirigeront ce pays, le Canada,
qui auront une autre conception du fédéralisme, une conception
qui serait plus conforme aux exigences du Québec; parce que les
exigences du Québec ne sont pas des exigences ou des demandes d'un
gouvernement, ce sont des demandes, des exigences historiques, qui n'ont
à peu près pas dévié quant au fond depuis 1867.
Quand on refait l'histoire du fédéralisme canadien, on est
obligé de reconnaître qu'à la tête du gouvernement
central il y a eu, à certains moments, des gens qui avaient une
conception bien différente de celle des dirigeants du Canada, soit une
conception plus décentralisée. Il y a même, actuellement,
des politiques, au gouvernement fédéral, qui prônent
ouvertement une conception plus décentralisée du Canada que celle
de ceux qui assument actuellement le pouvoir.
A cause de ces faits, je ne peux pas accepter de détruire un pays
pour ensuite, peut-être dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans, le
rebâtir. Je préfère continuer à défendre
vigoureusement la position historique du Québec, même si nous
semblons être, pendant un certain temps, dans un cul-de-sac.
Je crois que, demain ou après-demain, il y aura au Canada,
même pas, peut-être, dans un autre parti, même dans le parti
qui dirige actuellement le Canada, cela s'est fait dans les années
soixante, il y aura des hommes qui seront plus réceptifs qui
comprendront davantage l'intérêt du véritable
fédéralisme canadien.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je vous dis tout de suite,
avant d'exprimer un certain nombre de commentaires à la réponse
du ministre, que j'ose souhaiter que le débat demeure sur le terrain
où nous sommes actuellement parce qu'il est vraiment intéressant.
Je n'ai sans doute pas d'objection à rejoindre le ministre dans
l'affirmation qu'il est essentiel pour le Québec que le régime
Trudeau il faut appeler les choses par leur nom disparaisse, que
l'administration centrale à
la conception Trudeau ou à la conception Lalonde pour qui nous ne
sommes qu'une béquille ou à la conception Sauvé pour qui
nous ne sommes qu'une région administrative ou à la conception
et là, je pourrais nommer tous les... ou à la
conception Gillespie pour qui nous ne sommes qu'un bureau local ou à la
conception... et encore, je pourrais vous passer l'ensemble du cabinet
fédéral actuel...
Je me joins très fermement au ministre des Communications pour
dire qu'il est essentiel pour le Québec que Pierre Elliott-Trudeau ne
soit plus le premier ministre du pays le plus rapidement possible. Mais il n'y
a pas que cette question, M. le Président, et nous n'avons pas tout
réglé en affirmant, ce qui est maintenant devenu une
évidence au bout de huit ans de régime, que ce qui pouvait nous
arriver de pire nous est arrivé au moment où nous croyions que
c'était ce qui pouvait nous arriver de mieux.
C'est peut-être le signe d'un peuple colonisé, M. le
Président, que de se lancer souvent sur des mirages. Nous avons cru un
moment qu'en élisant un francophone, fleur au bec, nous pouvions
espérer renverser les forces historiques et les forces
géographiques, les forces économiques qui allaient à
l'encontre de nous.
Force nous est de reconnaître, et je pense ne pas trahir le
ministre des Communications en le disant, que, chez les anciens alliés
mêmes du régime Trudeau, autant il pouvait semer de l'espoir en
1968, autant aujourd'hui, il sème du dépit et de l'insatisfaction
au point qu'un ministre, d'un parti longtemps identifié, et dans
les faits, qui est celui qui dirige le gouvernement fédéral en
même temps soit obligé aujourd'hui, publiquement, de le
dénoncer.
Pourtant, les choses se sont passées ainsi. Il y aura huit ans
bientôt ce mois-ci, dans quelques jours que nous vivons sous
le régime Trudeau, mais depuis six ans aussi que nous vivons sous le
régime Bourassa. Cela non plus n'a pas aidé le Québec.
Et même qu'on s'est trouvé devant quelqu'un qui
préconisait le fédéralisme comme s'il s'agissait d'un
régime unitaire je reprends les mots du ministre et qui
profitait de tous les pouvoirs fédéraux pour centraliser, de plus
en plus, à Ottawa, un certain nombre de pouvoirs, nous avions, à
Québec, le premier ministre le plus faible de notre histoire, celui qui
facilitait...
M. Hardy: C'est vous qui ne maintenez pas le débat sur un
ton de non partisanerie.
M. Charron: Celui qui facilitait le plus... C'est aussi un fait
que j'ai le droit d'exprimer dans la même analyse. Je me dis que c'est
très facile, en fin de compte, même si cela peut paraître
courageux, de dire aujourd'hui que, pour le Québec, il est important que
Trudeau disparaisse, cela peut être en même temps très
facile de ne voir que I'autre côté.
Trudeau n aurait pas eu le champ libre qu'il a eu. Il n'aurait pas pu
appliquer sa conception du fédéralisme qu'il a... Je partage
votre analyse de sa conception du fédéralisme, mais ce n'est pas
du fédéralisme qu'il a dans la tête, il l'a appelé
comme cela, mais pour lui, c'est un régime unitaire, où nous ne
sommes que des administrations locales ou régionales, presque
obligatoires, en fonction de la diversité géographique du
pays.
Il n'aurait pas eu le terrain si facile si le premier ministre du
Québec avait été Daniel Johnson. Sur cela je serais
prêt à en mettre. Le gouvernement québécois a
abandonné un certain nombre de fronts extrêmement importants,
presque sans bataille, au cours de ce mandat. Le pouvoir, le prestige,
l'ambition du gouvernement central...
M. Hardy: Les drapeaux. Vous donnez plus d'importance aux
drapeaux qu'aux faits.
M. Charron: Bataille sur le partage fiscal, bataille sur le
développement industriel, bataille sur un certain nombre de programmes
conjoints, bataille sur la place du Québec, dans les relations
internationales, bataille du Québec sur la politique des communications,
sur la politique d'habitation. Tous ces terrains ont été
progressivement amenuisés, diminués. Pourquoi? Parce que, du
côté québécois, une chose avait changé aussi.
Combattre le fédéralisme, s'ériger contre la structure, la
conception unitaire de Trudeau, était amener de l'eau à
l'opposition québécoise.
M. Hardy: Etes-vous en train de dire que je vous amène de
l'eau?
M. Charron: Absolument.
M. Hardy: Je m'en défends bien.
M. Charron: Je sais que vous vous en défendez bien. Mais
regardez ce que vous me dites ce matin. Quand je vous dis que le temps joue
contre le Québec, vous me dites: Non. le temps joue contre le
fédéralisme. Et vous ne comprenez pas que moi.
indépendantiste, je ne sois pas en train de m'en réjouir.
Je suis indépendantiste, effectivement. Je peux dire que, plus je
connais le Québec, plus je suis convaincu qu'il mérite d'avoir le
statut que nous lui proposons depuis plusieurs années maintenant. Mais,
j'opterais pour la politique du pire et vous seriez le premier, partisan comme
je vous connais, à me le reprocher...
M. Hardy: C'est cela que beaucoup de péquis-tes ont fait.
Me permettez-vous une petite remarque?
M. Charron: Oui.
M. Hardy: C est cela que beaucoup de péquis-tes ont fait.
Dans les faits, les péquistes votent pour Trudeau. C'est cela qui est
arrivé, entre autres, en 1968 et même en 1972. Les
péquistes votent pour Trudeau parce qu'il joue la politique du pire,
à mon avis. Je ne sais pas comment vous vo-
tez au fédéral, mais je connais un nombre incalculable de
péquistes qui votent libéral à Ottawa.
M. Charron: Ce n'est pas la question, pour moi, actuellement.
C'est...
M. Hardy: Je suis bien d'accord.
M. Charron: Non. Essayons donc de garder ce que j'étais en
train de vous dire.
M. Hardy: Je ferme la parenthèse.
M. Charron: Les positions successives du Parti
québécois quant à sur les élections
fédérales sont des choses dont je n'ai pas envie de discuter ici,
ce matin.
M. Hardy: Pourquoi?
M. Charron: Je vais vous dire pourquoi je ne me réjouis
pas du fait que le temps joue en défaveur du fédéralisme.
C'est parce que, justement vous avez donné vous-même
l'argument pendant tout ce temps, Trudeau "rides "; pendant tout ce
temps, sa conception unitaire du pays s'affirme, s'établit. Il dispose
d'un budget dix fois supérieur au vôtre rappelez-vous,
lorsque vous étiez ministre des Affaires culturelles pour
contrecarrer vos décisions le lendemain; cela, quotidiennement, ce qui
fait que je n'ai pas envie d'hériter d'un Québec en lambeaux. Ce
qu'il est en train de faire, c'est d'établir et de réduire le
Québec, et avec le consentement quasi quotidien de l'administration
québécoise actuelle...
M. Hardy: C'est faux.
M. Charron: ... à un statut d'administration locale et
à un statut de petite administration régionale où on
continue à mener des batailles pour la frime, mais où, dans les
faits le terrain, l'histoire des relations
fédérales-provinciales sous le gouvernement Bourassa en sont
remplis d'échec en échec et de repli en repli, le
Québec abandonne progressivement des terrains que, jadis, non seulement
il revendiquait, mais que, déjà, à l'occasion, il
occupait.
Dans ce sens, je n'ai pas à me réjouir que, du jour au
lendemain, je sente ce gouvernement et je sente cette Assemblée
nationale réduite et consommée à des batailles locales ou
à devenir un gigantesque conseil de ville pour la nation
québécoise. C'est un statut de gouvernement national des
Québécois que je revendique pour cette Assemblée et pour
le gouvernement dont vous êtes membre, non pas simplement un traducteur
de volonté fédérale ou un aménageur de politiques
à l'intérieur de grandes lignes prescrites ou de budgets
votés par un gouvernement central.
C'est malheureusement, dans le domaine de la politique
énergétique, dans le domaine de la politique des richesses
naturelles, dans le domaine de la culture, dans le domaine de l'agriculture...
Puis-je rappeler ce que votre collègue a si claire- ment affirmé
à l'Assemblée nationale, la semaine dernière? On dirait
que le fédéral est en train de faire exprès pour torpiller
l'agriculture québécoise. Devant tout cela, nous sommes
uniquement ici pour dire: Nous sommes d'accord, nous ne sommes pas d'accord;
nous déplorons le geste fédéral ou nous acceptons le geste
fédéral, mais toujours en réponse, toujours ensuite,
toujours en conséquence.
M. le Président, c'est le Québec qui se diminue, c'est le
Québec qui s'atrophie dans cette situation. Si nous héritons d'un
gouvernement québécois qui ne peut qu'être une succursale
provinciale d'une administration gigantesque et unitaire, comme a dit le
ministre des Communications du gouvernement canadien, nous n'avons rien
gagné.
J'aimerais savoir de la part du ministre des Communications quelle a
été la réaction du ministre fédéral au cours
des échanges téléphoniques et épistolaires sur les
propositions québécoises quant au passage de Bell Canada de la
juridiction fédérale à la juridiction provinciale, sur
cette position du Québec quant à la reconnaissance par Ottawa
d'un statut associé pour le Québec en matière de
télévision, entre autres, et en ce qui concerne le plan de
développement de Radio-Canada sur le territoire du Québec.
Quelle a été la réaction de Mme Sauvé sur
cette proposition de la formation d'un groupe de travail pour déterminer
les revendications d ordre administratif et celle d'ordre constitutionnel, et
la réaction de Mme Sauvé sur cette proposition d'un moratoire
dans les causes du câble à Rimouski? Est-ce que Mme Sauvé a
fait parvenir de façon officielle sa réponse au ministre des
Communications québécois?
M. Hardy: Non, c'est pour cette raison que ce serait assez
délicat, à la veille de cette rencontre, de m'aventurer à
répondre aux questions que vient de poser le député de
Saint-Jacques car, précisément, les réponses officielles
seront nécessairement fournies demain. C'est précisément
I'objet de la rencontre de demain, à savoir ces différents points
que vient d'aborder le député de Saint-Jacques.
Alors, je serais mal vu de dire, aujourd'hui, ce que je pense être
les réponses de Mme Sauvé, demain. Je pense que pour la bonne
marche des négociations, je pourrais être accusé, à
juste titre, de dire des choses ou de poser des gestes qui sont de nature
à torpiller les négociations en répondant aux questions du
député de Saint-Jacques.
Je serai très heureux de lui répondre la semaine
prochaine, parce que, demain, il y aura une discussion approfondie sur ces
différents points. Dans la mesure où l'intérêt
public le voudra, je serai prêt à répondre, la semaine
prochaine, aux questions que le député de Saint-Jacques vient de
formuler. Ce matin, je lui dis tout de suite que c est vraiment
prématuré.
M. Charron: Si je demandais au ministre des Communications, dans
tous ces tuyaux bloqués actuellement dans les négociations...
M. Hardy: Ils ne sont pas tout à fait bloqués. Les
gens d'Ottawa viennent à Québec, demain.
M. Charron: Oui. Réjouissons-nous. M. Hardy: Pas
trop, mais un peu.
M. Charron: Quel est pour vous demain, vous avez l'embarras du
choix il y a à peu près 25 dossiers que vous pouvez lancer
en l'air l'objectif le plus important? Quel est le dossier que vous
voudriez, entre tous, est-ce celui de Bell Canada, du câble, de Rimouski,
ou celui encore...
M. Hardy: Dans l'ordre de...
M. Charron: Si j'osais espérer une seule victoire, tant
soit peu concrète, demain, en plus des sourires de circonstances, ce
dont on se passerait aisément après sept ans de
piétinement...
M. Hardy: Vous présumez que je vais sourire, demain?
M. Charron: Je vous sais assez partisan pour cela, effectivement.
J'aimerais savoir s'il y a une victoire...
M. Hardy: Vous auriez pu dire, au moins,: assez civilisé;
partisan...
M. Charron: Mais si vous réussissez à faire sourire
Mme Sauvé, ce sera une victoire concrète, mais une autre pour les
Québécois. Quel est le dossier concret au sujet duquel vous
exigez, demain, une réponse du gouvernement central entre tous?
M. Hardy: Bon! M. le Président, dans l'ordre des valeurs,
c'est très difficile de répondre à cette question et de
dire lequel de ces dossiers est le plus important, parce que cela dépend
de l'aspect que l'on envisage. Sur le plan culturel, il est évident que
les deux secteurs les plus importants sont le câble et la
radio-télévision. Sur le plan socio-économique, c'est le
téléphone. La juridiction que le Québec réclame en
matière de téléphone a peu à voir avec le
problème culturel. C'est d'abord et avant tout pour des raisons d'ordre
socio-économique. Nous considérons nous l'avons
expliqué à maintes reprises qu'une seule juridiction en
matière de téléphone permettrait une meilleure
répartition des coûts, un meilleur développement, etc.
Je dis donc qu'au fond, au point de départ, tous les dossiers
sont presque également importants, sauf que j'accorderais-une
légère préférence à celui de la
radio-télévision et du câble à cause de l'aspect
culturel, donc, à l'ensemble du contexte actuel, c'est peut-être
ceux qui sont les plus urgents.
Ce que j'espère demain, c'est d'une part, de régler
certains cas bien pratiques, entre autres le cas de Rimouski, pour que les gens
de cette région cessent de souffrir du conflit de juridiction actuel,
et, d'autre part, ce que j'espère, c'est que l'on trouve un moyen que
les négociations reprennent sans, encore une fois, préjuger
d'aucune façon de nos positions de principe. C'est tout ce que
j'espère pour demain, parce qu'il ne faut pas, encore une fois, se faire
d'illusion. Il faut surtout ne pas semer l'illusion. Si, demain, j'obtenais ces
deux choses, régler des cas ponctuels, d'une part, et, faire en sorte
que la négociation entre les deux niveaux de gouvernement démarre
de nouveau, je serais, demain après-midi, pleinement satisfait pour
cette première rencontre.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux demander
au ministre des Communications, puisqu'il vient de mentionner l'importance du
câble pour la politique culturelle du Québec, le contrôle
sur le câble, s'il est informé si National Cablevi-sion, dont le
principal actionnaire est d'ailleurs la Caisse de dépôt et
placement du Québec, continue de demander des permis au CRTC,
reconnaissant ainsi implicitement la compétence du gouvernement
fédéral dans le domaine de la câblodis-tribution?
M. Hardy: Oui, comme d'ailleurs toutes les entreprises de
câble au Québec, sauf l'entreprise de Rimouski. Il y a seulement
Câblodistribution de l'Est Inc. que l'on appelle habituellement ou mieux
connue sous le nom de D'Auteuil, qui n'a jamais demandé ce permis, mais
toutes les autres entreprises de câble au Québec s'adressent au
deux niveaux de juridiction.
M. Charron: Comment le gouvernement explique-t-il ce qui a
été qualifié ailleurs de non-sens que, d'une part, on
apporte à M. D'Auteuil un appui aussi spectaculaire et certainement
irréprochable en ce sens, du fait qu'il ne désire se plier
qu'à la réglementation québécoise, et que, d'autre
part, une entreprise de câble importante, et dont le gouvernement, par le
biais de la Caisse de dépôt et placement est, en quelque sorte, le
principal actionnaire, continue à...
M. Hardy: II y a un problème, vous savez... M. Charron:
... à ne pas se plier...
M. Hardy: ... vous connaissez un peu les structures des
compagnies, c'est la majorité qui décide des politiques d'une
compagnie. Or, la Caisse de dépôt et placement est un actionnaire
important, mais minoritaire. La Caisse de dépôt et placement n'a
que 30% des actions...
M. Charron: Combien?
M. Hardy: 30%. Evidemment, elle ne peut pas imposer sa
volonté.
M. Charron: Est-ce que le ministre est déjà
intervenu auprès de la Caisse de dépôt et placement pour
lui demander de lui faire connaître la position québécoise
dans ce dossier et lui demander d'in-
tervenir à l'intérieur des structures de National
Cablevision pour endosser la position québécoise sur ce
sujet?
M. Hardy: D'abord, il faut bien rétablir les faits. Nous
n'avons jamais demandé comme tel... Vous comprenez que c'est assez
délicat. Nous ne sommes jamais intervenus auprès de personnes
pour les inciter à ne pas respecter la législation
fédérale. Nous avons aidé, parce que je pense que cela
était normal, M. D'Auteuil, mais nous ne sommes jamais intervenus pour
demander aux gens... Et je ne peux pas reprocher aux individus physiques ou
moraux, quand il s'agit de compagnies, de ne pas se soumettre.
Ce que je comprends moins bien, et je l'ai dit je n'ai pas
d'objection à le répéter est que l'association des
câblodistributeurs du Québec n'ait jamais osé se prononcer
sur le fond du litige et je le regrette profondément.
Autant je ne peux faire de reproches à une compagnie comme telle
de vouloir éviter d'avoir des ennuis économiques, juridiques,
etc, parce que vous savez, dans une certaine mesure, M. D'Auteuil fait preuve,
je dirais, presque d'héroïsme parce qu'en fin de compte, il
pourrait se retrouver, même avec l'aide que nous lui apportons, si jamais
l'issue juridique lui était défavorable... Cela pourrait
être assez grave pour lui. Donc, je ne peux pas reprocher aux entreprises
comme telles de ne pas agir avec beaucoup de prudence et de s'organiser pour
avoir les permis des deux juridictions.
De toute façon, quand une compagnie satisfait à nos lois,
nous sommes satisfaits, en d'autres termes, mais si une compagnie s'adressait
uniquement au fédéral et ne venait pas chez nous,
évidemment, on intenterait des poursuites pour faire respecter nos
lois.
M. Charron: Croyez-vous que la même chose puisse se
produire à l'inverse?
M. Hardy: Cela s'est produit. Le fédéral... M.
Charron: Mais encore...
M. Hardy: ... il n'y a pas eu d'occasion. Il n'y a plus de
poursuites actuellement contre M. D'Auteuil, mais il y a eu quand même,
depuis l'automne dernier, à la demande... Il n'y a pas eu d'acceptation
officielle de la part du fédéral quand j'ai demandé un
moratoire, mais il y a eu une espèce d'acceptation officieuse. Il n'y a
pas eu d'autres poursuites intentées.
Mais je dis que j'accepte difficilement que l'association des
câblodistributeurs du Québec se lave les mains dans la situation
actuelle, un peu comme d'autres organismes. Je lisais le mémoire de la
chambre de commerce présenté la semaine dernière au
gouvernement au premier ministre, où on nous invite à
régler... Je trouve que c'est assez facile de dire au gouvernement du
Québec: Tâchez donc de régler le problème du
câble. Bien sûr, on veut le régler, mais je pense que la
cham- bre de commerce, comme d'autres organismes québécois,
manifesterait un peu plus de courage, un peu plus de volonté, un peu
plus de je n'ose pas employer le mot patriotisme parce que c'est...
volonté québécoise si elle ne se contentait pas
seulement de nous dire de régler, mais si elle épousait les
intérêts du Québec et si elle se prononçait
carrément en faveur de la thèse québécoise.
En parlant de la chambre de commerce, je dois dire qu'il y a un certain
nombre d'années je pense aux années avant 1960 la
Chambre de commerce du Québec, devant ces problèmes, manifestait
plus de courage, plus de clarté, plus de limpidité qu'elle n'en
manifeste actuellement. C'est quand même la Chambre de commerce de la
province, si mon souvenir est bon, qui avait obtenu cette enquête sur les
problèmes constitutionnels, l'enquête Tremblay.
Je pense que, si des organismes qui ont le prestige de la Chambre de
commerce de la province de Québec, des organismes tels que l'association
des câblodistributeurs du Québec épousaient
carrément la thèse québécoise, cela pourrait
peut-être faire avancer le dossier.
M. Charron: C'est peut-être parce qu'ils n'ont pas
très confiance.
M. Hardy: Ecoutez. Ce n'est pas une question de confiance, quand
on est convaincu d'une chose. Quand je suis convaincu d'une thèse,
même si je crains de perdre ma cause, je la défends avec toute
l'énergie. C'est pour cela qu'on m'accuse parfois d'être partisan,
mais je pense que, lorsqu'on est convaincu d'une chose, on ne doit pas se
demander si on va gagner ou non. La première chose qu'on doit se dire
est: Est-ce que c'est bon ou non? Et à partir du moment où on a
acquis la convinction qu'une thèse est bonne, on doit se prononcer en
faveur et on doit tout mettre en oeuvre pour la défendre.
M. Charron: Mais vous savez bien que la chambre de commerce, pour
donner cet exemple je ne veux pas prolonger le débat
là-dessus, j'ai d'autres exemples plus concrets, plus proches de nos
préoccupations à vous donner se sacre éperdument
que cela soit le Québec ou Ottawa qui gagne là-dessus. Tout ce
qu'elle veut, c'est qu'il n'y ait pas d'ennui, que cela reste calme pour
qu'elle puisse continuer à faire de l'argent.
C'est une politique...
M. Hardy: Je m'excuse. On m'a quelque peu dérangé
et, comme je suis très disponible pour les journalistes, je m'excuse
auprès du député de Saint-Jacques. Qu'est-ce que vous
disiez?
M. Charron: Je répète à l'intention du
ministre, qui était dérangé par un journaliste que...
M. Hardy: Mais pour une bonne cause, pour l'information du
public. C'est excellent.
M. Charron: ...il ne faut pas s'étonner de cela. La
Chambre de commerce ne prendra jamais position contre le gouvernement
fédéral, en faveur du gouvernement québécois,
là-dessus, parce que...
M. Hardy: Elle l'a déjà fait.
M. Charron: Oui. Autant elle est venue, comme on dit,
lécher les balustrades ici la semaine dernière, autant elle peut
se rendre à Ottawa la semaine prochaine et leur chanter la même
sornette. Ce sont des hommes d'affaires, ils jouent sur les deux
côtés. C'est le bacon qui compte. Il ne faut pas escompter
beaucoup plus que cela.
M. Hardy: Vous n avez pas beaucoup de respect pour les hommes
d'affaires.
M. Charron: Non, pas "très très beaucoup". Non. Je
ne dis pas des hommes d'affaires je parle de cette chambre corporatiste, que
votre collègue de Sainte-Marie d'ailleurs a dénoncée pour
ses positions sociales extrêmement concervatrices et c'est le moins qu'on
puisse dire. Mais je veux vous dire que peu importe que la Chambre de commerce
ait confiance dans le gouvernement du Québec ou pas, il y a que les gens
du câble semblent très peu enclins, malgré tout l'appui
qu'ait donné le gouvernement du Québec, au moins publiquement,
à M. D'Auteuil, à s'engager dans le chemin de M. D'Auteuil
Malgré que le gouvernement du Québec ait apporté cet
appui, il reste, M. le Président, que le CRTC a commencé de
nouvelles audiences mardi, cette semaine, le 8 juin. Si je regarde l'ordre du
jour des travaux du CRTC, il y a par exemple, une demande d'amender le permis
de télédiffusion par câble de la Société
Treeford Limitée, qui dessert Sainte-Thérèse,
Rosemère, Saint-Eustache, Deux-Montagnes. Vous voyez, M. le
Président, le ministre des Communications est trahi dans son propre
comté. Il y a une demande d amender un permis de
télédiffusion pour câble de National Cablodiffusion, qui
dessert le Cap-de-la-Madeleine. Le CRTC aura à se prononcer sur un
amendement pour le permis de diffusion détenu par
Télécâble de Québec, qui dessert Québec, en
vue d'une majoration de tarifs. Le CRTC aura à se prononcer sur
l'installation d'un réseau de microondes destiné à
transmettre les signaux de télévision à des
câblodiffuseurs desservant Québec, Cap-de-la-Madeleine,
Lévis, Chicoutimi, Jonquière, Arvida, Kénogami, Alma,
Dolbeau, Saint-Félicien, Baie-Comeau et Sept-lles. C'est chez vous,
cela, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): C'est cela
M. Charron: II aura à renouveler le permis de
télédiffusion par câble de Chouinard
Télévision Ltée, qui dessert La Pocatière,
Saint-Pacôme, Saint-Gabriel-de-Kamouraska, une autre région du
Québec. Il aura à amender le permis de
télédiffusion par cable de Gagnon TV Ltée, qui dessert
Saint-Félicien et Gagnon. Il aura à étudier un pro- jet
d'exploitation de câblodiffusion à La Sarre, Abi-tibi. Il aura
à amender le permis de télévision par câble dans le
Haut-Richelieu, qui dessert Iberville, Ile-Sainte-Thérèse,
Saint-Grégoire, Saint-Jean-sur-Richelieu.
Vous voyez, M. le Président, que toutes ces régions du
Québec, si on se penche sur le problème, et je vous fais
grâce des demandes de permis de diffusion à une station de FM de
langue anglaise, par exemple, dans différentes régions, ce qui
est un autre problème, mais cela pour vous dire que M. D'Auteuil, que le
député de Matane connaît sans doute fort bien...
M. Côté: ...merci.
M. Charron: M. D'Auteuil a entrepris une bataille que le ministre
a qualifiée de quasi héroïque, qui a reçu l'appui du
gouvernement québécois. On lui a dit: Ne lâchez pas, nous
sommes derrière vous, on va vous soutenir, on va vous fournir l'appui.
C'est ce que m'avait dit le ministère l'année dernière. On
va vous fournir l'appui juridique nécessaire et, s'il vous faut une
antenne, on vous en posera une et s'il vous faut du fil, on vous en donnera.
Cela va marcher, votre affaire, pourvu que vous teniez votre point de ne pas
aller devant le CRTC.
M. Hardy: II n'aurait plus été attaqué s'il
avait été devant le CRTC.
M. Charron: Devant cette attitude ferme du gouvernement
québécois, on aurait pu croire que d'autres
télédiffuseurs par câble se seraient sentis
protégés par le gouvernement Québécois et auraient
emboîté le pas à M. D'Auteuil, mais ce pauvre homme, que
j'admire également, comme j'espère tous les membres de la
commission, est à peu près seul comme Don Quichotte, parce que
les autres télédiffuseurs par câble, malgré le
pé-tage de bretelles du ministre des Communications
québécois, savent bien où se trouve le véritable
pouvoir dans le domaine de la câblodiffusion.
M. Hardy: C'est du pétage de bretelles de réclamer
la juridiction du Québec en matière de câblodiffusion?
M. Charron: Mais ils savent bien que c'est à l'occasion
une bataille pour la frime, que si vous voulez avoir une véritable
décision qui vous donne un permis de diffusion pour offrir un service de
câblodiffusion et diriger une entreprise, le "boss " s'appelle le CRTC et
il faut s'adresser au "boss".
M. Hardy: Le député de Saint-Jacques disait
tantôt: Le débat est serein, ça va bien, mais il
dévie un peu de ça, il fait... si c'était moi, en tout
cas, qui disait des choses semblables, on n'hésiterait pas a dire que
c'est de la partisanerie. Le député de Saint-Jacques fausse un
peu les faits; ce qu'il vient d'énumérer, c'est vrai, toutes ces
demandes sont devant le CRTC, mais il faudrait dire également que toutes
ces demandes sont devant la Régie des services publics.
M. Charron: C'est bien sûr. M. Hardy: Bon.
M. Charron: Qu'est-ce que vous voulez qu'ils fassent? Le
régime est fou, le régime oblige deux permis, parce que les deux
gouvernements ne se sont pas entendus.
M. Hardy: C'est ça.
M. Charron: Ils vont parler de deux permis et tant que les
politiciens ne se sont pas entendus, il ne faut pas que tu demandes à
des gars qui dirigent des entreprises de câble...
M. Hardy: C'est ce que j'ai dit tantôt, il ne faut pas
demander à tout le monde d'être des héros, c'est ça,
les gars disent...
M. Charron: Mais comment se fait-il que la position
québécoise n'ait pas plus de succès?
M. Hardy: Parce que même si on défend M. D'Auteuil
avec toute l'énergie que nous avons sur le plan juridique, sur le plan
financier, il reste quand même que M. D'Auteuil a des problèmes.
Même si nous avons tout fait pour l'aider et que les autres... c'est la
seule conclusion à laquelle j'arrive. La conclusion que semble tirer le
député de Saint-Jacques est la suivante: Pendant que les autres
doutent de la volonté du Québec... Ce n'est pas ça. Les
autres regardent M. D'Auteuil et disent: Même si le Québec nous
apportait la même aide... ce n'est pas du "pétage de bretelles ce
que nous avons fait à Rimouski, ce sont des faits bien concrets, bien
exacts. On a même fait des choses, des antennes cachées... Bon, en
tout cas.
Mais ce que les autres disent, c'est que même malgré cet
appui du Québec, nous ne sommes pas prêts à connaître
les difficultés ou à éprouver les inquiétudes que
peut vivre M. D'Auteuil. C'est uniquement ça, c'est un problème
strictement humain et, encore une fois, autant je condamne I'attitude de
l'association, je peux difficilement condamner l'attitude individuelle des
gens, parce que je ne peux pas nier que malgré l'appui du Québec,
si ces gens ne demandaient pas des permis de l'organisme fédéral,
ils auraient des ennuis, au moins des ennuis juridiques.
Mais c'est la seule explication, ce n'est pas une question de faiblesse
ou de force de l'appui québécois. C'est un problème qu'il
y a des gens qui ne veulent pas s'engager dans tous les ennuis
économico-juridiques que le fait d'ignorer la juridiction
fédérale pourrait leur occasionner.
M. Charron: Pendant ce temps, le CRTC poursuit des
audiences...
M. Hardy: Comme la Régie des services publics.
M. Charron: ... et continue à occuper le terrain...
M. Hardy: Comme la Régie des services publics.
M. Charron: ... le 26 novembre 1975 publie un règlement
relatif aux entreprises de réception de radiodiffusion...
M. Hardy: Comme nous en avons un.
M. Charron: ... par câble dans lequel on affirme que la
télévision par câble fait partie intégrante du
système de la radiodiffusion canadienne; publie, le 16 décembre
1975, une politique relative aux entreprises de réception de
radiodiffusion télévision par câble dans lequel il
se sacre bien des négociations et des sparages entre ministres on
dit à la page 15, par exemple que...
M. Hardy: Comme la Régie des services publics ne s'occupe
pas des sparages du fédéral
M. Charron: ... les entreprises doivent refléter, lorsque
tel est le cas, le caractère bilingue des communautés desservies,
dans certains cas, il sera nécessaire de réserver un canal
distinct à la diffusion dans chacune des langues officielles.
Si on laissait appliquer ça comme ça ici...
M. Hardy: C'est ce qu'on ne fait pas. on s oppose.
M. Charron: On s'oppose à la table de la commission
parlementaire...
M. Hardy: Non, non, on s'oppose devant les tribunaux
supérieurs, c'est en Cour d'appel actuellement et ça risque fort
probablement d aller en Cour suprême...
M. Charron: Bonne chance tout le monde M. Hardy: Bien
oui.
M. Charron: Bonne chance tout le monde, on joue aux
dés.
M. Hardy: Ce qui rend la discussion très difficile, M. le
Président, dans ce domaine comme dans beaucoup d autres domaines avec
les représentants de lOpposition officielle, c est qu évidemment
nous partons de postulats diamétralement opposés. La discussion,
la dialectique du député de Saint-Jacques s'inscrit dans une
dynamique indépendantiste tandis que la mienne s inscrit dans une
dynamique fédéraliste. C'est évident qu'on ne peut jamais
se comprendre. Même si nous partageons... Ce qui arrive avec le
député de Saint-Jacques, c'est que nous pouvons nous mettre d
accord sur des constats de faits, mais sur leurs conclusions, c'est
évident qu on ne peut jamais arriver aux mêmes, parce qu'on
s'inscrit dans une dialectique complètement différente.
Aussi longtemps que le député de Saint-Jacques ne m aura
pas convaincu du bien-fondé de son postulat ou aussi longtemps que je ne
I au-
rai pas convaincu du bien-fondé du mien, cela sera un peu, autour
de cette table un dialogue de sourd.
Relations France-Québec
M. Charron: Avant d'achever le programme 4, j'aurais quelques
questions d'information à poser au ministre des Communications.
J'aimerais savoir quelles ont été les principales
activités entre la France et le gouvernement du Québec, en
matière de communications, à la suite de l'insertion de
paragraphes, dans ce domaine, dans le relevé de conclusions
adoptées à l'issue des entretiens entre les premiers ministres de
France et du Québec, en décembre 1974.
M. Hardy: Les seules choses qui se font sont dans le cadre
de...
M. Charron: Symphonie...
M. Hardy: Satellite Symphonie. Il y a un groupe qui va l'utiliser
à l'automne. Il devait y avoir, l'automne dernier, au mois de
décembre plus précisément, deux conférences l'une
sur le plan médical et l'autre sur les affaires, et pour des raisons...
Ce n'est pas à cause de nous, c'est à cause de la France, c'est
à cause d'une grève en France, que cela n'a pas eu lieu. Non pas
à l'automne dernier, cela avait eu lieu... Auparavant, il y a eu une
conférence, un échange sur le plan médical; mais ce qui
avait été prévu pour le mois de décembre dernier,
un colloque, un séminaire sur le plan des affaires et sur le plan
médical, cela n'a pas eu lieu, à cause d'une grève qui
avait cours en France.
M. Deom: II y en a eu un dernièrement, avec le Centre des
dirigeants d'entreprises et le Conseil français du patronat.
M. Hardy: II devait avoir lieu, mais il n'a pas eu lieu.
M. Deom: II a eu lieu.
M. Hardy: Non
M. Deom: Ah oui. J'étais là.
M. Hardy: Avec la France?
M. Deom: Oui.
M. Charron: Quand est-ce que cela a eu lieu?
M. Deom: Je n'ai pas mon agenda.
M. Charron: En hiver?
M. Hardy: Ce à quoi vous avez assisté, c'est
à une conférence téléphonique. Ce n'est pas par
satellite.
M. Deom: Est-ce que c'était
télévisé?
M. Charron: Par Symphonie? Par le Satellite Symphonie?
M. Deom: Ecoutez, je ne suis pas un expert en ingénierie
de communications.
M. Hardy: Je suis placé en face de la prétention de
mon excellent collègue et ami le député de Laporte et ce
que me disent mes fonctionnaires. A la commission d'apprécier.
M. Charron: Une dernière question, M. le Président.
Quel est le montant de la subvention accordée cette année
à la corporation de la revue Forces?
M. Hardy: La revue Forces, au budget de 1975/76, cela relevait du
ministère des Communications. C'était de combien? Le dernier
budget? Il n'y a pas eu de subvention de la part du ministère des
Communications à la revue Forces au dernier budget, 1975/76.
M. Charron: II n'y en aura pas cette année non plus?
M. Hardy: Non, je pense que c'est le ministère des
Affaires culturelles...
M. Charron: Est-ce que cela vient d'une source
gouvernementale?
M. Hardy: Ce sont les Affaires culturelles, je pense...
M. Charron: Ce sont les Affaires culturelles?
M. Hardy: Les Affaires culturelles, oui. Comme vous le savez, le
ministère des Communications a maintenant sa propre revue, la revue
Antennes.
M. Charron: Alors, vous, vous avez apporté le
cinéma au ministère des Communications et le ministère des
Affaires culturelles a apporté la revue Forces au ministère des
Affaires culturelles? C'est fort bien.
Le Président (M. Pilote): Le programme 4 est-il
adopté?
M. Charron: Le programme 4 est adopté.
M. Hardy: Je vous ferai remarquer que le livre et les
périodiques, cela relève encore du ministère des Affaires
culturelles.
M. Charron: J'espère, sinon, il ne restera plus rien.
M. Hardy: Au ministère des Affaires culturelles?
Le Président (M. Pilote): Programme 5: Déve-
loppement des télécommunications. Planification du
développement des réseaux; planification du développement
des media.
Etude sur la presse écrite
M. Charron: Je voudrais demander au ministre ce qui s'est fait de
concret, au cours de la dernière année, quels sont les projets
pour la prochaine année, dans son programme de développement et
de diffusion de la presse écrite dans tout le Québec.
M. Hardy: Nous avons en cours actuellement une étude qui
va constituer un inventaire complet de la presse écrite, de sa
pénétration, pour avoir un portrait exact de sa situation, au
Québec. On pourrait peut-être avoir le mandat exact de
l'étude en cours. Le mandat est en train d'être mis au point, je
m'excuse, j'avais été un peu plus rapidement que les faits.
M. Charron: Que le comité.
M. Hardy: On est en train d'approuver le mandat. C'est parce que
je me rappelais que j'ai déjà signé une demande au Conseil
du trésor pour les crédits là-dessus. Evidemment,
c'était le résumé. Je parle simplement de mémoire,
à la suite de la signature de ce CT.
Je peux vous le résumer, à partir du CT. Il s'agit d'une
analyse de la situation présente, c'est-à-dire il s'agit d'un
inventaire de la situation présente de la presse écrite. Cet
inventaire servira également à l'OPDQ pour son plan
d'aménagement du territoire, section des communications.
Le portrait dont je vous parlais tantôt va permettre au
ministère de déterminer avec précision les
disparités qui existent tant sur le plan de l'accessibilité, mass
media, écrite que sur le plan de l'accessibilité à son
contenu, de déterminer les modes d'intervention de l'Etat en ce domaine.
L'objectif du ministère vise à doter le Québec d'une
presse de qualité qui soit forte et libre de toute autre contrainte que
celle de servir avec rigueur les besoins socio-culturels des
Québécois.
Il est évident que cette étude va largement servir dans ce
dossier de la concentration de la presse. A un moment donné, on
s'interrogeait sur ce qu'il advenait du dossier de la concentration de la
presse. Il s'agit de mettre à jour la situation dans
l'éventualité d'une législation dans ce domaine.
M. Charron: L'éventualité d'une législation
qui était, par ailleurs, annoncée dans le discours inaugural de
1972.
M. Hardy: Oui, mais quand j'ai examiné ce dossier, je me
suis rendu compte... D'ailleurs, je pense que c'est M. Roy, il y a quelques
semaines, sinon quelques mois qui, dans un bloc-notes du Devoir, reconnaissait
la justesse de cette analyse. C'est une question infiniment plus complexe
qu'elle peut apparaître de prime abord.
Evidemment, c'est facile de dire: II faut empêcher la
concentration. De toute façon, tout le monde est favorable à
cette idée. Mais, de quelle façon, comment? Comment
éviter, en voulant régler un problème, d'en créer
d'autres plus aigus? Je pense que c'est important d'avoir un portrait aussi
complet que possible de la situation.
Ce n'est pas tout d'adopter une loi. Ce serait facile d'adopter une loi
et de dire: II n'y a pas une seule compagnie ou un seul individu qui pourra
posséder plus d'un journal. Mais, à un moment donné, s'il
n'y a personne qui veut acheter un journal, qu'est-ce qu'on en fait? Est-ce
qu'on le laisse mourir? Il s'agit de se demander s'il est plus grave que le
journal disparaisse, plutôt que d'appartenir à une personne ou
à une compagnie qui en possède déjà un ou deux.
C'est toute une série de faits qu'il faut analyser. Je vous le
dis bien honnêtement, je n'étais pas prêt, au moment
où j'ai hérité de ce dossier, à proposer une
législation avec les informations que je possédais.
M. Charron: Quel sera l'échéancier de travail de ce
comité? Est-ce que cela nous reporte encore aux années
quatre-vingt?
M. Hardy: Le contrat devrait être accordé d'ici un
mois au plus tard. L'étude devrait durer quatre mois.
Télécommunications
M. Charron: L'étude devrait durer quatre mois. On avait
dit aussi l'année dernière qu'un inventaire complet des
principales données concernant l'industrie de la
radio-télédiffusion et de la câblodistribution était
un prérequis pour tenter ensuite de pallier... J'aimerais savoir quelles
sont les actions précises que le ministre a décidé de
prendre maintenant que cela est fait.
M. Hardy: L'inventaire est terminé au niveau physique. Ce
que nous faisons actuellement, c'est un inventaire au niveau des contenus. Ce
qu'on se propose de faire avec cela, évidemment, c'est qu'on se
prépare pour démontrer que ce ne sont pas des paroles en l'air,
quand on réclame la juridiction sur ces matières. Le jour
où il y aura entente, nous serons prêts à agir avec ces
données que nous possédons.
M. Charron: En...
M. Hardy: Dans l'intervalle, bien sûr, tant que nous
n'avons pas juridiction, cela nous permet de faire des représentations,
par exemple, quand Radio-Canada propose ou décide de faire des choses
qui ne sont pas conformes à nos vues qui sont basées sur des
analyses que nous possédons. Par exemple, nous nous opposons à ce
que Radio-Canada établisse une station à Fermont, parce que
Fermont est à 90% de langue française. Radio-Canada voudrait y
établir une station de langue anglaise. Ce serait une station
privée, mais qui serait dans le réseau de Radio-Canada. C'est
la
même chose pour ce qui est d'une demande actuellement devant le
CRTC pour l'attribution de nouvelles stations en langue anglaise à
Montréal. Alors, toutes ces études nous permettent, en attendant
d'avoir la juridiction, de prendre position comme représentant de la
collectivité québécoise.
M. Charron: En 1975/76, la direction générale des
télécommunications devait définir un service de base en
radio-télédiffusion pour tous les Québécois. Cette
définition devait comprendre des normes relatives à la
qualité du service, ainsi que les critères d'accessibilité
à la population. Les programmes visant à l'implantation de ce
service de base devaient être définis. Quels sont ces
critères, normes et programmes? Qu'entend-on finalement par la notion de
service?
M. Hardy: Ce n'est pas encore terminé, c'est en cours.
M. Charron: C'est en cours. Ce sera terminé, quand?
M. Hardy: II y a eu des problèmes de recrutement pour le
personnel chargé de faire ces travaux. Nous ne prévoyons pas que
cela puisse se terminer avant l'an prochain.
M. Charron: C'est bien long, faire cela.
M. Hardy: C'est difficile de recruter du personnel, d'abord. Il y
a difficulté d'embaucher le personnel qualifié et
également, c'est un secteur très complexe. Les données de
base sont difficiles à obtenir. Si le député de
Saint-Jacques veut s'offrir comme candidat...
Media communautaires
M. Charron: Non, merci. Je vais être candidat ailleurs. On
nous avait informés l'année dernière que le
ministère avait mis sur pied un comité tripartite avec le
ministère des Institutions financières et celui du conseil de
corporation afin de définir une formule juridique appropriée aux
media communautaires d'inspiration coopérative en communication.
M. Hardy: Alors, le ministère des Communications va
soumettre d'ici quelques semaines ses recommandations au comité
tripartite.
M. Charron: Qu'est-ce que vous m'avez...
M. Hardy: Nous allons soumettre d'ici quelques semaines les
recommandations du ministère des Communications à ce
comité.
M. Charron: Ah! du côté du ministère des
Communications?
M. Hardy: C'est cela.
M. Charron: Du côté du ministère des
Communications?
M. Hardy: Nos travaux sont terminés là-dessus. Nous
serons en mesure de faire nos recommandations.
M. Charron: Est-ce que le comité s'est réuni ou ce
sont les trois parties?
M. Hardy: II y a eu trois réunions du comité. A
toutes fins pratiques, même si c'est un comité tripartite, c'est
le ministère des Communications qui avait la maîtrise d'oeuvre.
Donc, c'est le ministère des Communications qui a fait les travaux de
recherche, d'information. C'est le résultat de ces travaux qui sera
présenté bientôt au comité tripartite.
M. Charron: Est-ce que le ministère des Institutions
financières à oeuvré de son côté, et le
Conseil de la coopération aussi?
M. Hardy: Les études que le ministère des
Institutions financières a menées là-dessus seront
incluses dans le rapport du ministère des Communications.
M. Charron: Bon! Il y a un certain nombre de questions, M. le
Président, que j'avais préparées et auxquelles le ministre
a répondu dans le discours d'ouverture.
M. Hardy: Le discours inaugural.
M. Charron: Le discours inaugural, oui.
M. le Président, j'ai une question qui peut sembler très
précise, mais le ministre aura l'occasion, sans doute, d'en
apprécier l'importance. J'aimerais connaître l'implication de la
Régie des services publics, autrement dit. du côté
québécois, puisque je sais que la demande est devant le CRTC, en
ce qui concerne l'établissement d'un réseau hertzien qui serait
effectué à frais partagés par neuf
télédistributeurs et les sociétés Bell Canada et
Québec Téléphone pour acheminer dans les diverses
régions de l'Est du Québec les signaux des grandes chaînes
de télévision canadiennes et américaines.
M. Hardy: Cette demande est déposée et actuellement
devant la Régie des services publics. Evidemment, comme toute demande,
le ministère des Communications l'étudie. Nous n'avons pas
terminé l'étude de ce dossier. Donc, je ne peux pas vous dire
quelle sera la position que nous adopterons. De toute façon, la
régie entendra cette requête en septembre.
M. Charron: La régie l'entendra en septembre... La
position du ministère sera connue avant...
M. Hardy: Nous allons prendre position devant la
régie.
M. Charron: Mais est-ce que d'ores et déjà, on peut
nous donner une position de principe du ministère sur ce genre
d'initiative?
M. Hardy: Le stade de l'étude du dossier ne
me permet pas de dire quelle sera la position définitive du
ministère.
M. Charron: La question que je me prépare à poser,
M. le Président, pourrait s'adresser lorsque nous étudierons les
crédits de Radio-Québec tout à l'heure, mais elle peut se
faire aussi à ce moment-ci. On nous avait parlé l'année
dernière d'un programme visant à diffuser plus largement la
programmation de Radio-Québec aux câblodistributeurs. Où en
est ce programme? Qu'a-t-il...
M. Hardy: Le programme est déjà en cours, pour ce
qui est du différé. Nous avions également
espéré obtenir des crédits de l'OPDQ pour... Mais,
malheureusement, à cause de contraintes budgétaires, nous n'avons
pas obtenu ces crédits pendant l'année budgétaire 1975/76.
Nous avons de nouveau entrepris des pourparlers avec l'OPDQ pour 1976/1977,
dans l'espoir d'obtenir de l'OPDQ des sommes d'argent pour aider les
câblodistribu-teurs à retransmettre en direct les émissions
de Radio-Québec.
M. Charron: Combien de câblodistributeurs actuellement?
L'année dernière, il y en avait quinze.
M. Hardy: On m'informe à l'heure actuelle que nous avons
aidé à transmettre en différé les émissions
de Radio-Québec, selon nos normes, parce que nous avons établi
des normes, évidemment, le principe, c'est que nous aidons les
câblodistributeurs qui n'ont pas les moyens, à cause de la taille
de l'entreprise.
Selon nos normes, il y aurait 48 câblodistributeurs additionnels
qui pourraient se qualifier. 48 plus les 20; donc, 68 en tout. Il y en a
déjà 20 qui reçoivent le service. Il y en aurait 48 autres
qui répondraient à nos normes.
M. Charron: De qui cela dépend-il? De l'OPDQ?
M. Hardy: Cela dépend de nos moyens. Cela dépend de
nos budgets.
M. Charron: Le budget que nous avons permettrait-il de le
réaliser?
M. Hardy: On va me donner exactement le montant en argent et le
nombre de câblodistributeurs que nous pourrions équiper par nos
propres moyens.
Avec le budget que nous avons cette année à ce chapitre,
c'est-à-dire $100 000, nous pouvons aider 15 câblodistributeurs,
ce qui nous rendrait à 35. Et si nous obtenons les $400 000 que nous
demandons à l'OPDQ, à ce moment, les 48 recevraient les services
pour retransmettre Raido-Québec.
M. Charron: Cela couvre-t-il la majorité du territoire,
enfin une grande partie du territoire québécois?
M. Hardy: Ce sont les câblodistributeurs qui sont à
l'extérieur des zones...
M. Charron: ...déjà couvertes par
Radio-Québec.
M. Hardy: ...et ce sont les câblodistributeurs qui n'ont
pas, je le répète, à cause de la taille de leur
entreprise, les moyens. Il y a des câblodistributeurs qui ont les moyens
par eux-mêmes de s'équiper pour retransmettre les émissions
de Radio-Québec.
M. Charron: Une autre question précise. Le ministre a
reçu une lettre, entre autres, de mon collèque, le
député de Saguenay, concernant le projet de radio communautaire
à Sept-lles qui s'appelait Diffusion Mingan et ce projet, endossé
à l'époque par le ministère des Communications,
était retardé au Conseil du trésor.
M. Hardy: L'étude est en cours.
M. Charron: Mais peut-on me dire si le Conseil du trésor a
accordé les crédits suffisants?
M. Hardy: Oui, depuis un bon bout de temps.
M. Charron: Oui. Sait-on la somme que le Conseil du trésor
a accordée?
M. Hardy: $8000.
M. Charron: $8000. A quel moment cela a-t-il été
accordé?
M. Hardy: On me dit trois mois. Le contrat a été
donné à l'Université du Québec à
Rimouski.
M. Charron: Puisqu'on vient d'aborder les media communautaires,
quelle est la somme totale allouée en 1976/77 au développement
des media communautaires?
M. Hardy: En tout et partout? M. Charron: Non, ici et
là.
M. Hardy: Cette année, l'enveloppe des subventions aux
télévisions et radios communautaires est de $360 000.
L'année passée, c était de $325 000.
M. Charron: Pouvez-vous déposer les montants...?
M. Hardy: ...pour chacune? M. Charron: ...pour chacune
M. Hardy: Cela a déjà été
déposé. La liste de toutes les subventions, y compris la liste
des subventions aux media communautaires, est dans le dossier que nous avons
déposé au début des travaux.
M. Charron: D'accord. Je m'excuse.
M. Hardy: Oh! Je m'excuse. C'est 1975/76.
M. Charron: Bien oui. C'est passé.
M. Hardy: Cette année, on ne le sait pas. Le jury a
commencé l'étude des dossiers. Alors... Le jury fera ses
recommandations au cours des prochaines semaines.
M. Charron: Je n'ai plus de questions au programme 5.
Le Président (M. Pilote): Programme 5. Adopté.
Elément 1 et 2. Adopté. Programme 6: Régie des services
publics.
M. Charron: II a été adopté la
dernière fois.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Programme 7.
M. Hardy: Si le député de Saint-Jacques y
consentait, comme M. Reeves de Radio-Québec ne sera ici qu'à 16
heures cet après-midi et que les gens du cinéma sont ici, on
pourrait peut-être commencer le programme sur le cinéma.
M. Charron: Bien.
Le Président (M. Pilote): On va remettre le programme 7
à cet après-midi. Programme 8: Cinéma et audio-visuel.
Eléments 1, 2 et 3. Production, distribution et information.
M. Charron: M. le Président, ma première question
sera d'abord une invitation au ministre à nous faire le bilan de la
situation depuis l'adoption de la loi 1, il y a presque un an, je pense,
maintenant.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre des
Communications.
Le cinéma
M. Hardy: M. le Président, comme vous le savez, comme le
député de Saint-Jacques vient de le rappeler, la loi 1, sur le
cinéma, a été sanctionnée le 25 juin, ou, en tout
cas, à peu près à cette date-là au mois de juin
l'année dernière. Pendant l'été, bien sûr, il
y a eu un certain flottement à cause du remaniement ministériel
parce qu'à toutes fins pratiques, j'ai eu la responsabilité du
cinéma de nouveau au mois de septembre. A ce moment-là,
dès que j'eus assumé ha responsabilité, nous avons
commencé à faire les travaux pour mettre sur pied l'organisme, la
direction générale, les différents services. Donc, nous
avons travaillé sur le plan interne à constituer l'organigramme
de cette direction générale. Par la suite, nous avons
travaillé avec le Conseil du trésor pour faire approuver le plan
supérieur d'organisation, et également avec la Commission de la
fonction publique. Tout cela finalement nous a menés au mois de
mars.
C'est au mois de février ou mars que finalement le Conseil du
trésor a approuvé le plan d'organisation supérieure; c'est
à ce moment-là que j'ai pu nommer à titre
intérimaire les responsables des différents services. Il y a,
depuis, des concours pour les directeurs de ces différents services. Ils
sont annoncés officiellement. La semaine prochaine, il y aura des
concours pour que ces postes soient remplis d'une façon permanente aux
différents services. Il y a également eu la nomination d'un
directeur général adjoint à la direction
générale du cinéma. Le sous-ministre, M. Lajeunesse,
assume toujours, par intérim, la direction générale du
cinéma. C'est pour la direction générale.
Parallèlement, nous avons travaillé à constituer
cela aussi a été assez long, mais pas
nécessairement à cause de nous l'institut. Il y a eu
jusqu'à tout récemment deux secteurs qui refusaient de soumettre,
tel que le voulait la loi, les trois noms. Nous avons eu de nombreuses
rencontres avec les représentants de ces secteurs et, finalement, on a
fait des recommandations, ce qui m'a permis, hier matin, de faire adopter par
le Conseil des ministres la nomination des cinq premiers membres de l'institut,
ce que j'ai annoncé hier soir au banquet de clôture du
congrès de l'Association des exploitants de salles.
M. Charron: M. le Président, n'ayant pu assister à
ce banquet, est-ce que...
M. Hardy: Vous n'étiez pas invité?
M. Charron: J'étais juste à côté, par
contre. J'étais dans une salle attenante. Est-ce que je peux vous
demander d'informer la commission sur ces nominations?
M. Hardy: Les noms? Oui. Alors, comme vous le savez, les cinq
secteurs, de la production, des exploitants, des réalisateurs, les
artisans et les... Je vais donner les noms et les secteurs vont me revenir.
Alors, chacun des cinq secteurs m'a soumis trois noms et, à partir de
ces trois noms, j'ai choisi une personne, j'ai recommandé une personne
au Conseil des ministres.
Alors, pour les producteurs, c'est M. Guy Fournier, pour les
réalisateurs M. Jean Dansereau, pour les artisans M. François
Protat, pour les exploitants M. Paul Gendron, et pour les distributeurs M. Roch
Demers. Je devrai soumettre à ces cinq personnes deux autres noms, dont
un représentera la clientèle cinématographique, pour
compléter le nombre de membres de l'institut.
M. Charron: Oui, parce que la loi dit qu'ils vont coopter. C'est
par cooptation.
M. Hardy: C'est-à-dire que le ministre soumet aux cinq
premiers deux noms.
M. Charron: Oui. Est-ce que vous pourriez, dans un autre moment,
ce n'est peut-être pas le lieu de le faire maintenant, nous faire
parvenir un curriculum vitae de ces personnes...
M. Hardy: Des cinq membres. Sûrement.
M. Charron: ... pour que nous sachions... Il faut donc dire que
l'institut peut maintenant fonctionner.
M. Hardy: La première tâche de l'institut sera de
négocier le contrat avec le ministère. C'est-à-dire quand
le contrat...
M. Charron: Le fameux contrat.
M. Hardy: Le fameux contrat qui est une innovation en droit
public.
M. Charron: Oui. Nous ne reviendrons pas là-dessus. M. le
Président, je reviendrai...
M. Hardy: Avec le temps, on reconnaîtra tous les fruits de
cette innovation.
M. Charron: Je ne veux pas revenir tout de suite à
l'institut parce que je crains d'oublier ma première question. Comment
se fait-il que le poste de directeur général du cinéma, ce
soit M. Lajeu-nesse qui l'ait occupé par intérim, d'où
viennent les difficultés selon vous?
M. Hardy: II n'y a pas de difficultés comme telles. Il
fallait agir rapidement. Quand j'ai repris le dossier du cinéma, cela
aurait été la même chose si j'avais continué,
j'avais deux options, ou bien commencer par faire des concours, ce qui aurait
eu pour résultat, avec la longueur habituelle, de retarder
considérablement la mise sur pied... De toute façon, faire des
concours sans connaître l'organigramme, cela ne fait pas. J'ai
pensé, plutôt de nommer immédiatement un directeur
général par intérim qui, avec le personnel qui
était déjà en place à l'OFQ, les gens qui
étaient déjà là, commencerait immédiatement
à travailler sur l'organigramme. J'ai pensé qu'il était
logique que tout ce processus soit terminé avant de nommer un directeur
général. En d'autres termes, M. Lajeunesse qui a assumé la
responsabilité de tout ce processus qui n'est pas terminé,
puisque les directeurs de services ne sont pas nommés d'une façon
permanente, j'ai cru qu'il était plus logique de lui permettre de
terminer la mise sur pied de la direction générale et une fois
cela terminé, je pourrais nommer un directeur général. M.
Lajeunesse évidemment...
M. Charron: Combien y a-t-il de candidats en lice maintenant?
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il y a eu un concours pour la
direction générale et j'ai vu un des candidats au poste de
directeur général adjoint. Il y a eu un concours pour le poste de
directeur général et cela s'est fait un peu dans la
période de transfert des pouvoirs. Le concours a été mis
sur pied, il y a eu trois candidats retenus; des candidats qui se sont
présentés, il y en a eu une quinzaine.
M. Charron: Une quinzaine.
M. Hardy: La rumeur a indiqué 40 candidats, mais il n'y
avait pas une telle moisson. Il y a eu une quinzaine de candidats qui se sont
effectivement présentés. Le jury a recommandé,
entériné par la Commission de la fonction publique, une liste
d'admissibilité qui comprenait trois candidats: M. Robert Bastien, M.
Michel Brûlé et un M. Bériau. D'ailleurs, M. Bastien, que
j'ai nommé directeur général adjoint, était l'un de
ceux qui s'étaient qualifiés pour le poste de directeur
général.
M. Charron: Est-ce qu'on va procéder à un nouveau
concours pour le poste de directeur général maintenant qu'on a un
directeur général adjoint?
M. Hardy: Pas nécessairement, cela dépendra
de...
M. Charron: Comment allez-vous procéder pour la nomination
du nouveau directeur général si vous ne faites pas un nouveau
concours?
M. Hardy: Cela dépend, ce sont des problèmes
techniques avec la Commission de la fonction publique, si au moment que je
considérerai opportun pour nommer un directeur général, si
la liste d'admissibilité est toujours en vigueur, car ce sera à
partir de cette liste d'admissibilité. Si cette liste n'est plus en
vigueur, il faudra procéder à un nouveau concours.
M. Charron: Est-ce que Me André Gourd est toujours
conseiller auprès du ministre?
M. Hardy: Non, malheureusement. Me André Gourd nous a
été enlevé par les instances fédérales. Me
Gourd est maintenant conseiller juridique au CRTC.
Une autre victoire du fédéral sur le provincial.
M. Charron: M. le Président, c'est la division de la
promotion et de la publicité qui est chargée de protéger
l'industrie cinématographique du doublage, du sous-titrage, du
contingentement, en vertu de la loi. J'aimerais connaître
l'échéancier de travail et les moyens qu'on entend prendre dans
cette division pour parvenir à ces fins.
M. Hardy: C'est-à-dire que c'est par voie de
règlement. Evidemment, nous avons une foule de règlements
à rédiger. Il y en a déjà qui m'ont
été soumis et que je n'ai pas eu le temps d'examiner, en
particulier en ce qui concerne la classification. Il y a tellement de travail
que nous avons demandé qu'un membre du contentieux du ministère
soit affecté exclusivement à la rédaction de ces
règlements.
Nous n'avons pas encore touché au règlement qui
concernerait ces questions-là, sauf que, parallèlement, au cours
d'un voyage que j'ai fait l'an passé en France, j'avais
déjà abordé, avec le secrétaire d'Etat à la
Culture, M. Michel Guy, le problème du doublage et du sous-titrage. On
avait convenu de la mise sur pied d'un comité des deux ministères
des Affaires culturelles, mais, quelques
semaines plus tard, je quittais le ministère des Affaires
culturelles et il n'y a pas eu de suite à cela.
Quand M. Lajeunesse est allé, au cours de l'hiver, en Europe et
particulièrement en France, il a repris ces discussions avec des
fonctionnaires du Centre national de cinéma et j'espère pouvoir
relancer...
En pratique, vous le savez aussi bien que moi je l'avais
d'ailleurs dit lors de l'adoption de la loi la mise en application de
cette partie de la loi qui oblige le doublage et le sous-titrage au
Québec, implique, à toutes fins pratiques, une entente avec la
France. Il serait assez illusoire d'exiger qu'un film qui a été
doublé en France, donc un film pour lequel il existe une doublure en
langue française, soit de nouveau doublé ici, au
Québec.
M. Charron: A la direction du service de classification qui
devait remplacer le fameux bureau de surveillance, qu'est-il arrivé
exactement?
M. Hardy: II n'y a rien de changé à ce point de
vue-là, parce que l'étape qu'il faut franchir, c'est
l'approbation de nouveaux règlements et c'est assez complexe. Comme les
règlements ne sont pas encore en vigueur, c'est toujours le bureau de
surveillance qui agit, parce que les articles de la loi...
M. Charron: Me Guérin est toujours en place?
M. Hardy: Vous l'appelez Me Guérin? M. Guérin.
M. Charron: M. Guérin. Ce n'est pas un avocat?
M. Hardy: Je ne pense pas. M. Charron: D'accord.
M. Hardy: M. Guérin et le bureau de surveillance
continuent toujours à agir. Vous savez que, non pas à cause de
procédures intentées ici, mais le sort du bureau de surveillance,
indépendamment de la loi que nous avons adoptée l'an
passé, est un peu incertain, à cause d'une décision d'un
tribunal de la Nouvelle-Ecosse, décision qui est actuellement devant la
Cour suprême, décision selon laquelle les bureaux de surveillance
des provinces, en matière de cinéma, ne sont pas
constitutionnels, parce qu'ils empièteraient sur le domaine du droit
criminel. Le tout est devant la Cour suprême.
M. Charron: Est-ce que cela rendrait inconstitutionnels
également les services de classification?
M. Hardy: Non, justement. Nous avons peut-être eu une
espèce de préscience dans la loi. Nous avons peut-être
prévenu ce qui pourrait être une décision de la Cour
suprême. Si la décision de la Cour suprême était dans
le même sens que la décision du tribunal de la Nouvelle-Ecosse,
cela voudrait dire que notre bureau de surveillance, tel qu'il existe
présentement, serait inconstitutionnel.
Je ne veux pas préjuger de la décision de la Cour
suprême. De toute façon, nous avions déjà pris, dans
notre loi, des décisions en ce sens-là.
M. Charron: Est-ce qu'on peut avoir le rapport du bureau de
surveillance pour 1975/76?
M. Hardy: La constitutionnalité des bureaux de
surveillance a été mise en doute au niveau de la censure, non pas
au niveau de la classification. Quant à la classification, il n'y a rien
qui dise que les provinces ne puissent classifier. C'est cet aspect des bureaux
de surveillance...
M. Charron: Parce qu'il s'agit... Oui.
M. Hardy: ... où on rejette carrément un film, qui
serait un empiétement sur le droit criminel.
M. Charron: Ce serait une structure, une émanation
provinciale qui se prononcerait sur une loi fédérale.
M. Hardy: C'est cela, sur le Code criminel.
M. Charron: C'est ce qui serait inconstitutionnel.
M. Hardy: C'est cela.
M. Charron: Donc, le montant de la subvention accordée par
le gouvernement à l'institut, à travers le contrat, n'est pas
encore établi non plus?
M. Hardy: Non, parce que le contrat est... M. Charron: Est
en négociation.
M. Hardy: Cela va dépendre du moment où le contrat
sera signé. Ce sera réparti. L'ordre de grandeur a
déjà été annoncé, mais il sera en fonction
de la période de l'année où l'institut, à toutes
fins pratiques, va opérer.
M. Charron: Vous aviez invoqué, à une
conférence publique, je crois, à propos de l'institut, deux
hypothèses quant à la durée du contrat, soit un plan
triennal de développement, ou que vous attendiez, de la part de
l'institut, une précision quant à certaines tâches à
long terme. Est-ce que vous pouvez...
M. Hardy: Cela fait partie des négociations.
M. Charron: Cela aussi. Mais quel est le point que vous favorisez
vous-même?
M. Hardy: Là-dessus, nous sommes très ouverts. Le
milieu est peut-être plus compétent que nous dans ce domaine.
Personnellement, si vous voulez avoir mon opinion personnelle, dans la mesure
où mon information est exacte, je suis enclin à favoriser un
contrat qui serait pour une plus longue durée qu'un an, parce que
certaines productions peuvent s'échelonner sur plus d'un an ou, en
tout cas, à partir du moment où la production est
décidée jusqu'au moment où elle est terminée,
enfin, pour une foule de facteurs. Je n'ai pas d'opinion définitivement
arrêtée, mais je suis sympathique à cette idée que
le contrat avec l'institut pourrait s'échelonner sur une période
dépassant un an.
M. Charron: Est-ce que vous avez l'intention de proposer aussi,
dans les négociations, la création d'un circuit de salles pour la
diffusion du cinéma québécois?
M. Hardy: Cela fait partie de l'ensemble, de l'éventail
des hypothèses.
M. Charron: Dans les propositions gouvernementales.
M. Hardy: Cela va aussi dépendre de la discussion qui va
davantage nous éclairer là-dessus, parce que nous allons
sûrement identifier, d'une façon plus précise, les
priorités, à partir de notre discussion avec le milieu,
c'est-à-dire avec les membres de l'institut qui, à toutes fins
pratiques, viennent du milieu et qui...
M. Charron: Est-ce la même chose pour une école de
cinéma?
M. Hardy: Oui. Je ne sais pas si l'école de cinéma
serait une priorité dès la première année.
M. Charron: Peut-être pas.
M. Hardy: A toutes fins pratiques, je dois vous dire qu'au moment
où l'on se parle, je ne me suis pas encore prononcé sur le
contenu des propositions initiales que nous devrons faire. Je devrais faire
cela au cours des prochains jours.
M. Charron: Quand pensez-vous commencer... maintenant que
l'institut...
M. Hardy: C'est-à-dire que les négociations
devraient débuter assez rapidement, puisque je me propose de soumettre,
dans les jours prochains, les deux noms aux cinq premiers. Dès que
l'institut sera complété, les négociations devraient
commencer ou, du moins, dans un premier temps, les négociations
exploratoires. J'aimerais bien que cela se fasse aussi rapidement que
possible.
M. Charron: Est-ce au niveau de la direction
générale du cinéma ou au niveau de l'institut que l'on
procédera à une étude sur la répartition de salles
sur le territoire, sur l'accessibilité de l'ensemble des citoyens au
cinéma?
M. Hardy: Nous avons une étude en cours là-dessus.
Evidemment, l'étude que nous avons va nous aider dans les
négociations avec l'institut. Je devrais peut-être dire au
député de Saint-Jacques que nous avons déjà
commencé, depuis un bon bout de temps, une étude globale. Entre
autre, le député de Saint-Jacques a sûrement, comme moi.
entendu des versions bien différentes sur la situation économique
du cinéma au Québec. Il s'est sûrement fait dire que des
entreprises étrangères, des distributeurs étrangers
venaient chercher ici des sommes fantastiques dont nous ne pouvions pas
bénéficier; au fond, de l'argent des Québécois, par
la distribution de films étrangers, s en allait à
l'extérieur; autant d'argent dont les cinémas
québécois ne pouvaient pas profiter.
On nous a dit également, c'est-à-dire que les
réalisateurs, par exemple, nous disaient que, dans l'ensemble de la
recette d'un film, la part qui allait aux exploitants et aux distributeurs
était vraiment démesurée par rapport à ce qui
allait à ceux que ces gens désignent comme les véritables
artisans, c'est-à-dire les réalisateurs, les auteurs, les...
C'est-à-dire que non, les réalisateurs, évidemment, disent
que les producteurs aussi prennent une bonne part.
Afin d'avoir des idées aussi précises que possible sur ces
opinions très différentes, qui sont parfois diamétralement
opposées, nous avons entrepris, avec la collaboration des
différents secteurs, une étude en profondeur qui, je
l'espère, nous donnera un portrait exact de la situation et qui pourrait
éventuellement nous amener à adopter... Cela va nous aider, entre
autres, sur le problème de la réglementation sur le
contingentement. Cela pourrait m'amener également à faire des
suggestions d'abord à mon collègue, le ministre du Revenu, et au
Conseil des ministres pour peut-être certaines mesures fiscales.
Si la thèse que des sommes très considérables s'en
vont à l'extérieur était acceptée, nous pourrions
imposer des mesures fiscales de façon à garder ici, au
Québec, une part des profits que les étrangers peuvent venir
chercher ici. Evidemment, avec ces revenus qui entreraient au ministère
du Revenu, cela nous permettrait d'aider davantage le cinéma local.
M. Charron: Bien.
M. Hardy: Je rappelle au député de Saint-Jacques
que l'étude dont je viens de parler se fait avec la collaboration des
cinq secteurs. Les cinq secteurs ont accepté de collaborer à
cette étude.
M. Charron: Qu'est-ce qui arrive des sommes
fédérales consacrées à l'ACDIF?
M. Hardy: Pour le moment, c'est le statu quo, quoique nous avons
des pourparlers qui sont un peu, je pourrais dire au niveau exploratoire, ou
même peut-être un peu académique. Nous parlons avec les gens
de I'ACDIF. Ce sera véritablement I institut, à cause de son
mandat, qui pourra entreprendre de véritables négociations avec
cet organisme fédéral.
M. Charron: M. le Président, on ne peut guère aller
plus loin, puisque je dois quand même faire remarquer au ministre que
l'application de cette loi. sans vouloir nier les difficultés quelle
doit rencontrer, semble lente et...
M. Hardy: Relativement. C'est relativement lent.
M. Charron: Nous sommes à une année passée
de son adoption. Je me souviens qu'à toutes les questions posées
au moment de son adoption, je recevais du ministre la menace... Le ministre
s'informait si je voulais boycotter la loi ou bloquer la loi et retarder une
mesure positive pour le cinéma québécois, alors que je ne
faisais qu'accomplir mon travail en essayant de bonifier la loi. Si vraiment
cette loi était d'une urgence capitale pour les Québécois,
il me semble que la diligence dans son application s'imposerait.
M. Hardy: Non, je suis obligé de dire au
député de Saint-Jacques que j'ai conscience que nous avons agi
avec toute la diligence possible. Encore une fois, ce n'était pas
facile. Il fallait, d'abord, dans un premier temps, faire l'inventaire complet
de ce que nous avions chez nous, bâtir l'organigramme, bâtir le
plan de l'organisation supérieure.
Nous ne sommes pas seuls, évidemment. Nous devons faire ces
choses avec d'autres instances dont le Conseil du trésor et la
Commission de la fonction publique. Evidemment, nous avions un personnel quand
même assez réduit, même si nous avons fait appel à
deux personnes de l'extérieur. Nous avons accordé des contrats
à deux personnes de l'extérieur, M. Clarizio et M. Khazoom pour
venir aider les gens qui étaient déjà dans la boîte
et qui devaient aussi continuer à assumer la commandite gouvernementale
à l'Office du film. Il y avait déjà des choses qui
étaient en cours à l'Office du film. Il fallait assurer la
continuité tout en bâtissant la nouvelle structure. Un an,
à première vue, cela peut paraître long, mais encore une
fois, il faut bien dire que ce n'est pas un an, parce que du mois de juin au
mois de septembre, à toutes fins pratiques, il ne s'est à peu
près rien fait, à cause de l'incertitude quand au
ministère qui assumait cette responsabilité.
Je dois dire au député de Saint-Jacques également
que si on avait accepté sa demande de faire des commissions
parlementaires publiques, au moment où on se parle, la loi ne serait pas
encore adoptée, j'en suis convaincu. Evidemment, tout ce qu'on a fait
depuis un an, ce serait au cours de l'année prochaine qu'il faudrait le
faire. Non, je pense que la situation que je viens de décrire, n'est pas
contradictoire avec les craintes que j'exprimais l'an passé au cours du
débat sur l'adoption de la loi.
M. Charron: J'aimerais m'informer de la réaction du
ministre à cet...
M. Hardy: De plus, il y a eu le problème causé en
ce qui concerne l'institut, l'affiliation des membres de l'institut. J'aurais
pu, si j'avais appliqué la loi d'une façon très
rigoureuse, d'office, dès l'automne dernier, nommer tout le monde. Parce
qu'il s'agissait de faire démarrer un nouvel organisme, j'ai
considéré qu'il était préférable d'avoir un
cer- tain retard et d'arriver à un consensus, à une entente avec
les deux milieux qui étaient les plus froids ou les plus sceptiques. Je
pense que si on tient compte du retard que cela a causé, par rapport aux
avantages que nous allons avoir, soit que tout le monde soit d'accord, la
deuxième hypothèse était largement supérieure
à la première.
M. Charron: Justement, pour la complétion de l'institut,
est-ce que vous acceptez comme principe que vous allez endosser les deux
membres qui vont vous être recommandés par les...
M. Hardy: Selon la loi, c'est moi qui fais les recommandations.
Il faut qu'elles soient acceptées.
M. Charron: Oui. Vous allez en suggérer deux. M. Hardy:
Oui.
M. Charron: Votre choix est déjà fait. Vous
attendez la première rencontre de l'institut.
M. Hardy: II est à peu près fait, oui.
M. Charron: Si vous ne deviez pas recevoir l'assentiment des cinq
autres.
M. Hardy: A partir de l'expérience que j'ai vécue
depuis que je suis dans ce dossier, ma conclusion est qu'avec de la patience,
avec de la bonne volonté, même si c'est long, on finit toujours
par s'entendre.
M. Charron: Comme dans les négociations
fédérales-provinciales.
M. Hardy: C'est plus rapide quand on discute entre
Québécois qu'avec le...
M. Charron: J'espère!
Est-ce que je peux vous demander votre réaction à cette
annonce faite l'année dernière de l'entente entervenue entre le
Secrétariat d'Etat fédéral et les compagnies Famous
Players et Odeon quant à un plan de...
M. Hardy: Contingentement canadien?
M. Charron: ... où les compagnies s'engageaient à
présenter quatre semaines de cinéma canadien par année
dans leurs cinémas, et à investir $1,7 million dans le
cinéma canadien? Pouvez-vous me dire d'abord si ces compagnies ont
contacté le gouvernement québécois pour proposer le
même genre d'arrangement?
M. Hardy: Non.
M. Charron: Où vient s'insérer ce contingentement
d'une semaine de cinéma québécois, tel que la loi 1 le
propose, dans ces quatre semaines de cinéma canadien?
M. Hardy: D'abord, de toute façon, nous ne
sommes pas du tout liés par ce contingentement volontaire. La loi
nous donne le pouvoir d'établir le contingentement que nous voudrions
bien établir. D'ailleurs, c'est justement un domaine où le
gouvernement fédéral n'a pas juridiction; le gouvernement
fédéral comme tel ne pourrait pas établir un
règlement de contingentement, tandis que nous pouvons le faire. C'est la
raison probablement pour laquelle, avec le gouvernement fédéral,
on a procédé par négociation et sur une base
volontaire.
M. Charron: Croyez-vous que...
M. Hardy: Pour nous, ce contingentement proposé
volontairement par des compagnies de distribution constitue un strict
minimum.
M. Charron: Croyez-vous que vous serez capables, au moment
où la réglementation du contingentement sera
rédigée, de convaincre ces entreprises de cinéma de
distribuer...
M. Hardy: Ce n'est pas une question de les convaincre. Quand le
règlement sera là, elles seront obligées de s'y
soumettre.
M. Charron: Oui, mais elles sont donc obligées de se
soumettre à une...
M. Hardy: Les compagnies.
M. Charron: ... distribution de cinéma
québécois à l'intérieur de ces quatre semaines.
M. Hardy: Non, c'est complètement... Nos règlements
de contingentement...
M. Charron: Oui.
M. Hardy: ... ne ...
M. Charron: Vous, en fait, vous ignorez...
M. Hardy: C'est ça! C'est-à-dire qu'on peut s'en
inspirer dans la rédaction de nos règlements, mais, strictement
sur le plan légal, nous n'avons pas à en tenir compte.
M. Charron: Elles vont vraisemblablement vous répondre
que, de leur côté, l'engagement est déjà pris
auprès du gouvernement central, puisque, si vous me permettez, il serait
étonnant que ces deux chaînes, Famous Players et Odeon,
présentent quatre semaines de cinéma canadien dans des salles
québécoises sans qu'il y ait au moins une semaine de
cinéma québécois. Je ne les vois pas présenter
pendant quatre semaines du cinéma "Canadian" à Rimouski ou
à...
M. Hardy: Vous savez qu'elles répondraient... Elles
pourraient présenter au Québec quatre semaines de cinéma
québécois et ce serait conforme à leur engagement.
M. Charron: Oui, bien sûr! Nous ne le savons pas...
M. Hardy: Parce que, dans leur... Evidemment, cinéma
canadien inclut cinéma québécois. Au Québec, cela
pourrait être seulement du cinéma québécois, et ce
serait conforme à l'engagement du cinéma canadien.
M. Charron: II n'y a aucun moyen, par exemple, puisqu'il s'agit
presque d'une entente privée entre le Secrétariat d'Etat et ces
compagnies je me pose la question tout haut et j'y réponds en
même temps il n'y a pas moyen, dis-je, de s'insérer,
puisqu'il s'agit presque d'un contrat privé, entre ces compagnies et le
gouvernement central, mais que ce soit en même temps un outil de
diffusion du cinéma québécois au Canada dans le fait que
si elles ont effectivement...
M. Hardy: II pourrait y avoir... C'est le genre de
négociations qui peuvent intervenir entre, d'une part, la direction
générale ou le service de promotion du cinéma à la
direction générale, le Secrétariat d'Etat et ces
compagnies, de façon à inclure évidemment, il
faudra avoir une contrepartie des films québécois dans le
contingentement canadien, c'est-à-dire que ces compagnies
s'engageraient mais là, évidemment la volonté du
public joue un rôle important à ce niveau à
distribuer des films québécois dans les autres provinces
canadiennes.
M. Charron: Quand le ministre prévoit-il s'acquitter de
tous les pouvoirs de réglementation nombreux contenus dans la loi 1?
M. Hardy: Pour être bien réaliste, je pense qu'avant
que tous les règlements soient en vigueur, il va bien s'écouler
encore plusieurs mois, sinon un an.
M. Charron: Mais peut-on espérer que, l'an prochain...
M. Hardy: ... tout sera complété?
M. Charron: ... lorsque nous aborderons cet important programme,
nous ne serons pas seulement dans les nuages? On aura matière
à...
M. Hardy: Je pense que encore une fois, même si le
député de Saint-Jacques a l'impression que l'on a peu
progressé, mais, mutatis mutandis si on progresse au cours des
prochains mois au même rythme que nous avons progressé depuis un
an, il est évident que nous aurons beaucoup de matière à
déposer sur la table de cette commission.
M. Charron: Me promettez-vous comme vous m'aviez promis
l'année dernière aux Affaires culturelles qu'il y aurait avant la
fin de l'année financière une politique du livre de
déposée?
M. Hardy: Ecoutez. Je ne veux pas...
M. Charron: Je vous fais grâce de répondre!
M. Hardy: Je vous ai promis cela au mois de mai et...
M. Charron: Vous allez me dire que cela n'est pas votre
faute.
M. Hardy: Je ne vous le fais pas dire.
M. Charron: Je n'ai plus d'autre question au programme 8.
Le Président (M. Pilote): Programme 8. Adopté
M. Hardy: Je vous ferai remarquer que lorsque j'avais promis la
Loi du cinéma à telle date, il y en a eu une.
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Pilote): Le programme 8 est adopté
ainsi que les éléments 1, 2 et 3.
M. Charron: Alors, nous reprendrons nos travaux après la
période des questions...
Le Président (M. Pilote): Nous allons ajourner nos travaux
sine die.
M. Charron: ... pour entendre les représentants de
Radio-Québec.
M. Hardy: Oui. Il ne reste plus que Radio-Québec.
M. Charron: Nous devrions terminer pour six heures.
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 22)
Reprise de la séance à 16 h 20
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue cet après-midi l'étude des crédits
de ce ministère.
Je répète les noms des membres de la commission, qui sont:
M. Bellemare (Johnson), M. Bérard (Saint-Maurice), M. Bienvenue
(Crémazie), M. Charron (Saint-Jacques), M. Choquette (Outremont), M.
Côté (Matane), M. Bonnier (Taschereau), M. Déom (Laporte),
M. Lapointe (Laurentides-Labelle), M. Léger (Lafontaine). M. Parent
(Prévost), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda). M. Tardif (Anjou), et M. Brown (Brome-Missisquoi) qui remplace
M. Veilleux (Saint-Jacques).
Nous étions rendus au programme 7. C'est le dernier qu'il nous
reste à adopter. Office de radio-télédiffusion du
Québec, éléments 1. 2, 3 et 4. Elément 1,
télédiffusion.
M. Hardy: Le témoin à la barre.
Le Président (M. Pilote): La parole est au ministre.
M. Hardy: Voulez-vous vérifier les revenus que font les
gens qui travaillent à Radio-Québec?
Le Président (M. Pilote): Je rappelle aux témoins
qu'ils n'ont pas le droit de parole. Le député de
Saint-Jacques.
Radio-Québec
M. Charron: M. le Président, pour inviter le ministre
à ouvrir le débat, je lui poserai une unique question. Je
constate une diminution de moins d'un million, mais d'environ S500 000. sur le
budget de l'année dernière, à l'Office de
radiotélédiffusion du Québec, alors que tous les membres
de la commission devaient s attendre, au contraire, à une croissance. Je
pense qu'il est normal d'attendre des explications.
M. Hardy: M. le Président, le députe de
Saint-Jacques aurait raison de dire qu il n'y a pas de croissance en chiffres
absolus, mais il n'a pas raison, malgré les apparences, de dire qu'il y
a diminution en chiffres absolus. J'ai eu l'occasion de l'expliquer très
clairement dans mes propos, à l'ouverture des travaux de cette
commission. C est tout simplement un transfert budgétaire administratif.
Autrefois, Radio-Québec produisait des documents pour le
ministère de l'Education. Nous allons continuer à les produire,
sauf que le ministère de l'Education va nous les payer.
M. Charron: M. le Président, en 1974 75. le budget total
était de $13 millions. En 1975 76. il était de $15 545 300. si on
soustrait ce qui s appelait la production commanditée, et. pour
I'année
1976/77, ce sera de $15 817 600, donc, aux seuls chapitres de la
télédiffusion, de l'exploitation, de la gestion interne et de
soutien, une légère progression, inférieure à $300
000 cette année.
Je ne mentirais pas, je pense bien, si je disais qu'il s'agit du statu
quo pour une deuxième année consécutive, le gouvernement
se limitant à compenser les augmentations de dépenses dues au
coût de la vie, et à peine. Ce statu quo est incompatible avec des
objectifs de souveraineté culturelle maintes fois
répétés, d'une part, mais aussi, quand on connaît le
plan de développement de Radio-Canada, auquel le ministre a
lui-même fait référence ce matin et duquel il disait
s'inquiéter comme nous, et dont il s'entretiendra demain avec Mme
Sauvé, son homologue fédéral.
Ce statu quo a eu pour effet, si j'en prends à témoin les
membres du conseil d'administration et le directeur général de
l'Office de radiotélédiffusion du Québec, d'empêcher
Radio-Québec d'installer des antennes dans toutes les régions du
Québec, conformément à son plan de développement
triennal. Cela empêche également ce pourquoi des audiences
publiques sont tenues partout au Québec, pour remettre en question le
rôle de Radio-Québec, c'est-à-dire sa
régionalisation. Il faut de l'argent pour régionaliser, car cela
implique des bureaux dans les régions, et l'établissement de
studios d'enregistrement et de diffusion, etc.
L'année dernière, avec le ministre
prédécesseur, celui qui occupe le fauteuil du ministre des
Communications aujourd'hui, il avait été très clair,
lorsque nous avons dénoncé ce statut quo qui, à notre
avis, provient d'un manque d'intérêt politique, en disant que ce
statut quo n'était que temporaire et qu'un budget supplémentaire
allait être accordé à Radio-Québec pour
l'année 1975/76 pour lui permettre de commencer l'implantation
d'antennes avant même la fin des audiences publiques auxquelles se
livrait à ce moment-là l'Office de
radiotélédiffusion du Québec, il nous disait: Non
seulement le plan de développement va être exécuté,
mais des sommes seront votées pour rattrapper le temps perdu et
même accélérer les travaux avec comme objectif que,
dès 1977/78, le plan sera exécuté et 85% des
Québécois auront accès à Radio-Québec. Dans
les faits, j'ai l'impression que c'est malheureusement tout le contraire et je
serais bien heureux d'entendre des assurances beaucoup plus optimistes de la
part du ministre des Communications.
M. Hardy: M. le Président, d'abord, il faudrait
peut-être rétablir certains faits. Je dois dire
immédiatement c'est peut-être une question de
tempérament au député de Saint-Jacques que je suis
par nature extrêmement prudent. Autant, d'une part, je crois, sur le plan
de l'épanouissement de la vie culturelle des Québécois,
sur le plan de l'identité culturelle des Québécois, au
rôle très important qu'est appelé à jouer
Radio-Québec dans les prochaines années... Hier soir, j'avais
l'occasion de parler devant des exploitants de salles de cinéma et je
leur disais que, si le Québec doit se développer, si dans 25 ou
50 ans, on doit avoir ici en Amérique du Nord une collectivité
vraiment dynamique, une collectivité distincte par sa culture, par sa
culture prise dans le sens le plus global du mot, il est évident que
l'audio-visuel, que ce soit le cinéma, que ce soit la radio ou la
télévision, y joueront un rôle prépondérant.
Cela ne veut pas dire que l'imprimé ou d'autres formes plus
traditionnelles d'expression culturelle ne continueront pas à avoir leur
rôle à jouer, mais il est évident que, si nous devions nous
désintéresser des moyens modernes d'expression culturelle, de
diffusion culturelle qui atteignent un nombre considérable de
personnes... Si on pense entre autres à une pièce de
théâtre jouée à la télévision et une
pièce de théâtre jouée même en tournée,
dans des salles de province, il n'y a pas de commune mesure entre le nombre de
citoyens que l'on peut atteindre. Donc, il serait absolument illusoire,
uto-pique de penser d'assurer à la culture québécoise un
essor, un épanouissement, si on ne tient pas largement compte de ces
moyens modernes de diffusion. Donc, encore une fois, sur le rôle qu'est
appelé à jouer cet Office de radiotélédiffusion du
Québec en ce qui concerne la volonté politique du gouvernement
actuel, il n'y a aucune hésitation. De plus, il ne faudrait pas que le
député de Saint-Jacques, justement, interprète le statu
quo... Je le reconnais, à toutes fins pratiques, cette année, sur
le plan budgétaire, c'est une année de statu quo. qui
découle de deux facteurs. D'abord, il y a les contraintes
budgétaires auxquelles sont soumis tous les ministères, tous les
organismes gouvernementaux et paragouvernementaux. Mais, il y a aussi un autre
facteur. Une des premières choses que j'ai voulu faire en arrivant au
ministère des Communications et que je poursuis, c'est d'analyser d'une
façon bien précise ce qui s'est fait à Radio-Québec
depuis sa mise sur pied et surtout depuis que nous sommes en ondes.
Je suis de ceux qui considèrent que. depuis 15 ans au
Québec, on s'est aventuré dans toutes sortes de choses avec plus
ou moins de réflexion, très fréquemment. Des choses qui en
soi sont bonnes. Il y a beaucoup de bonnes choses, mais, parce qu'on s'y
aventure sans trop mesurer le chemin parcouru, que l'on prend des
décisions sans avoir suffisamment réfléchi sur nos moyens,
en particulier, et surtout pour éviter de répéter des
erreurs que d'autres... Ce qui est assez fantastique au Québec, c'est
que l'on constate je prends à témoin le secteur de
l'éducation qu'on répète parfois avec 10, 15, 20 ou
25 ans de retard des erreurs qui ont été commises ailleurs, soit
aux Etats-Unis, soit en Europe.
Entre autres, je vous le dis immédiatement: Je ne voudrais pas
que l'on répète à Radio-Québec les erreurs
monumentales qui ont été commises et qu'il est peut-être
trop tard pour corriger, les erreurs qui se font à Radio-Canada.
Actuellement, j'ai consulté beaucoup de personnes de
différents milieux et je continue mes consultations sur
non seulement le rôle global que Radio-Québec devrait jouer au
Quebec, mais aussi sur la façon de l'assumer. Encore une fois, je
vous répète que je voudrais éviter qu'en
progressant, si nous ne sommes pas bien conscients de certaines
difficultés, de certaines lacunes, on se retrouve dans dix ans ou dans
quinze ans avec une boîte de Radio-Québec qui aurait les
mêmes désavantages, les mêmes lacunes, les mêmes
défauts que Radio-Canada peut offrir présentement.
M. Charron: C'est-à-dire.
M. Hardy: C'est-à-dire, par exemple, ce nombre fantastique
de gens qui sont payés à ne rien faire à Radio-Canada.
Vous savez d'où cela provient. On peut peut-être engager une
discussion sur laquelle je n'ai pas d'idée définitive, mais sur
laquelle je m'interroge. Beaucoup de personnes m'ont fait valoir qu'il n'y
avait rien de plus contre nature que de prendre des créateurs et de leur
assurer un emploi permanent. Il y a une certaine contradiction entre la
liberté ou l'état de créateur et l'état de
fonctionnaire pour appeler les choses par leurs noms. Si vous allez à
Radio-Canada vous allez voir un nombre incalculable de réalisateurs qui
sont là, qui ne sont plus capables de rien faire parce qu'ils sont
vidés ou je ne sais quoi, parce qu'ils ne sont plus à la mode du
temps, mais qui ont leur permanence d'emploi et qui sont là sur les
tablettes. Vous savez, on parle des tablettes du gouvernement ici. A une autre
commission parlementaire, je pense que c'est lors de l'étude des
crédits du ministère de la Fonction publique, on a parlé
dec tablettes et cela a fait un titre. Personnellement, je suis
scandalisé des tablettes au gouvernement du Québec. Mais il
faudrait aller voir, il ne faudrait pas penser que c'est un cas unique au
gouvernement du Québec. Il faudrait aller voir d'abord ce qui se fait
dans d'autres gouvernements, au gouvernement fédéral et plus
particulièrement à Radio-Canada et combien il y a de gens qui
sont sur les tablettes.
M. Charron: Me diriez-vous que ce phénomène est
déjà à l'étape à Radio-Québec?
M. Hardy: Non. Ce serait épouvantable s'il fallait que ce
soit déjà... Mais, je voudrais éviter que cette situation
se produise, entre autres je ne dis pas que c'est le seul objet de mes
préoccupations à l'heure présente, mais c'est un des
objets de mes préoccupations d'éviter de
répéter à Radio-Québec les erreurs qui se sont
commises à Radio-Canada. L'autre chose, c'est de voir et
là-dessus je considère que les auditions qui ont
été tenues à l'échelle de la province peuvent
être très révélatrices à la condition qu'on
les analyse sérieusement, qu'on ne se contente pas seulement de prendre
ce qui nous plaît et de laisser de côté ce qui ne nous
plaît pas. C'est un danger. C'est bien beau de tenir de grandes auditions
et de dire à tout le monde de venir se faire entendre. Mais quand la
chose est faite, il ne faut pas se contenter de prendre seulement ce qui sert
notre thèse et d'enfouir sous le boisseau ce qui dessert notre
thèse.
M. Charron: Savez-vous que c'est ce que les autorités de
Radio-Québec ont fait?
M. Hardy: Je ne dis pas que c'est cela qu'ont fait les
autorités de Radio-Québec. De toute façon je n'ai pas
étudié à fond les rapports synthèses qui me sont
parvenus. Je me propose de les étudier à fond personnellement,
parce que, dans la structure actuelle, ce n'est pas l'ensemble du
ministère qui est responsable de Radio-Québec, devant l'opinion
publique. D'abord, Radio-Québec a un statut bien particulier. C'est un
organisme indépendant, indépendant évidemment jusqu'au
moment de faire voter son budget. Mais la responsabilité du budget que
ce soit cette année $15 817 000, l'an prochain $20 millions, dans deux
ans $25 millions, $30 millions etc, c'est un ministre, un homme politique qui
en sera toujours responsable devant l'opinion publique. Et, à cause de
cette responsabilité, j'ai le devoir de ne pas m'en remettre à
d'autres, de me former ma propre opinion personnelle sur ce que devrait
être le rôle et une fois que mon opinion personnelle sera
formée, d'y associer l'ensemble du gouvernement, le cabinet et
même l'ensemble des députés. C'est pourquoi je
n'écarte pas la possibilité éventuellement de convoquer
devant cette commission parlementaire, Radio-Québec, de la même
façon que d'autres organismes, qui ont à peu près le
même statut, comme l'Hydro-Québec ou d'autres organismes à
caractère économique, viennent devant les commissions
parlementaires appropriées pour que les députés puissent,
eux aussi, se faire une idée précise de ce que devrait
être, à court terme et à long terme, la véritable
vocation de Radio-Québec et surtout de ce que la collectivité
québécoise est prête à investir dans un organisme
semblable. Cela ne doit pas être la décision seulement des
autorités de Radio-Québec, bien sûr qu'elles ont une
très grande responsabilité dans ce domaine, mais ce doit
être une décision collective.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire, il y a quelque temps, au
président-directeur général de Radio-Québec, M.
Labonté, lorsque la décision sera prise, ce ne devra pas
être la décision d'un groupe, je dirais même, pas la
décision d'un gouvernement, mais une décision collective, parce
qu'une fois que nous aurons démarré d'une façon
véritable, il faudra être conscient de ce que cela devra
coûter, toutes proportions gardées, en investissements, à
la collectivité québécoise. Il ne faut pas, encore une
fois, se leurrer et dire: Tout de suite, cela ne coûtera pas... Ce sont
seulement les antennes un peu partout dans la province. Non. Il faut
prévoir, une fois que des décisions seront prises,
d'étendre, par exemple, Radio-Québec à l'ensemble du
territoire et de prendre des décisions fondamentales qui pourront avoir
des répercussions pendant 25 ans, il faut savoir exactement ce à
quoi l'on s'engage pour ne pas investir pendant cinq ou dix ans et tout
à coup se dire: On n'a plus les moyens ou on ne veut plus, et
s'arrêter. En d'autres termes, je dis qu'il faudrait être bien
conscient de ce que peut représenter, comme actif, une institution comme
Radio-Québec, d'une part, sur le plan culturel pour la
collectivité québécoise, mais être en même
temps bien conscient de ce que cela représente comme
investissements.
Une fois que les décisions sont prises, il faudrait être
logique avec ces décisions.
M. Charron: M. le Président, je crois qu'on ne peut plus
tenir à l'égard de Radio-Québec les mêmes propos
qu'on aurait pu tenir à son endroit, il y a deux ou trois ans. Il y a
deux raisons: la première tient à notre responsabilité,
à nous, membres de cette commission je l'étends en disant
cela, elle est plus précise, en le disant au niveau du gouvernement
du fait que. depuis deux ou trois ans, nous ne lui avons pas
donné le soutien financier qui permettrait à cet office de se
développer, de croître et daller ainsi, peut-être, au-devant
de certaines de nos demandes ou, selon l'opinion de certains
députés, de corriger certaines de ses erreurs. Il est bien
évident que quand un certain nombre de gens se disent insatisfaits de
l'orientation de Radio-Québec et qu'en même temps
Radio-Québec ne dispose d'aucun capital qui lui permette d'agir
autrement, puisque la majorité de ses fonds s'engloutissent dans des
salaires ou dans des frais fixes et qu'en termes politiques, il ne lui reste
à peu près aucune mobilité, nous ne pouvons pas nous
attendre à des miracles.
Au moment où Radio-Québec était à une
période de croissance tout le monde suivait cette création
d'une télévision québécoise ou authenti-quement
québécoise d'autres remarques auraient pu s'appliquer,
mais nous ne pouvons faire porter tout le blâme à
Radio-Québec, si, aujourd'hui, certains, comme on a eu l'occasion de
l'entendre...
M. Hardy: ... Radio-Québec ...
M. Charron: ... lors des audiences publiques... J'ai
personnellement assisté à deux de ces séances, l'automne
dernier, à Montréal; j'ai entendu tous les sons de cloche
à l'égard de Radio-Québec. Il faut bien penser que les
responsables qui étaient à la table et qui recevaient ces
doléances, c'est le moins que je puisse dire, étaient très
modérés dans leurs critiques. Ils auraient pu à plusieurs
reprises invoquer le simple fait qu'ils ne reçoivent pas du gouvernement
le soutien financier qui leur permettrait de...
M. Hardy: Vous pensez que c'est uniquement une question
d'argent?
M. Charron: Je ne dis pas cela, mais je dis: Oui, dans une bonne
partie. Quand des gens venaient témoigner à la table d'une
certaine orientation précise qu ils souhaitaient ou d'un
développement régional précis qu'ils souhaitaient à
Radio-Québec et que tout le monde à la table et tout le monde
dans la salle était d'accord en principe...
M. Hardy: Me permettez-vous une question?
M. Charron: ... avec ce qui était pour se poser, il
restait toujours l'appui financier a y apporter.
M. Hardy: Vous avez raison. Quand on parle du prolongement du
rayonnement de Radio-Québec, il y a une question financière
évidente. Mais, par exemple, j'ai lu des critiques, où on
reproche à Radio-Québec, dans sa programmation actuelle,
d'être un peu trop élitique, de ne pas suffisamment vulgariser. Ce
n'est pas là une question d'argent, c'est une question de philosophie de
base. Cela ne coûte pas plus cher ou moins cher de faire une
émission plus à la portée des gens. Ce n'est pas un
problème financier, c'est un problème de conception, c'est un
problème...
M. Charron: Est-ce que vous partagez ce grief qui est
porté à Radio-Québec?
M. Hardy: C'est-à-dire que là, vous me demandez des
opinions très personnelles et je trouve cela éminemment dangereux
de faire parler le citoyen Hardy qui est assis dans son salon et qui regarde
une émission de Radio-Québec.
M. Charron: C'est parce que je dois vous dire que vous m'avez
vous-même amené sur ce terrain en me disant que vous allez vous
faire une idée...
M. Hardy: Pas seulement à partir de mes goûts. Un
instant! Pas à partir de mes goûts personnels ni de mes tendances
politiques...
M. Charron: Vous n'allez pas me dire quelles n'influenceront pas
votre décision.
M. Hardy: Vous me connaissez très mal. D ailleurs, je
m'aperçois de plus en plus que je suis très mal connu.
M. Charron: Ah! Vous êtes un être qu'on gagne
à connaître.
M. Hardy: Je ne sais pas! Si vous saviez que, quand j'examine des
choses semblables, je me préviens de mes tendances personnelles. Si vous
saviez que même de mes collaborateurs sont parfois absolument
ébahis de voir certaines décisions que je prends qui vont
directement à l'encontre de ma philosophie personnelle. Quand je dis que
je me formerai une opinion personnelle, ce n'est pas à partir de mes
tendances idéologiques ou autres, c'est à partir de ce que
j'aurai apprécié, comme volonté des
Québécois, comme désir des Québécois et
comme moyen que les Québécois peuvent avoir à disposer
dans ce domaine. Quand vous me dites... Je ne suis pas en mesure de donner un
jugement global, à savoir si c'est trop politique ou non.
M. Charron: Oui, mais je veux tout de suite reprendre...
M. Hardy: Mais je vous dis que j'ai entendu cela.
M. Charron: Disons qu'il ne s agit pas uniquement de votre
opinion personnelle et que vous ne la partagez peut-être pas
entièrement: ce n est pas la I objet du débat. Prenons cette
critique que
vous avez vous-même évoquée selon laquelle la
télévision de Radio-Québec serait...
M. Hardy: Selon certains.
M. Charron: ... selon certains, une télévision
élitique. L'argument entendu en contrepartie, et qui a aussi son sens,
consiste à permettre à Radio-Québec de devenir une
télévision régionale, comme elle le demande et comme elle
entend procéder, son plan est déjà annoncé, et vous
le verrez, au contraire, perdre une grande partie de ce caractère.
M. Hardy: Je ne suis pas d'accord. Non, je ne suis pas d'accord
avec cela.
M. Charron: Je suis convaincu que, si on permet non seulement la
diffusion par antenne, mais la production régionale,
l'intérêt de la population locale à une
télévision régionale va faire que cette
télévision prendra une connotation bien différente.
M. Hardy: Certainement, c'est là que je veux faire
remarquer au député de Saint-Jacques qu'il y a deux conditions.
Qu'elle soit régionale, mais de quelle façon sera-t-elle
régionale?
M. Charron: Voilà I'autre question.
M. Hardy: C'est cela. Si on décentralise
Radio-Québec, même si on permet de la production régionale,
de la production au Lac-Saint-Jean, en Abitibi, mais que l'on garde, selon
certains, toujours, la même philosophie qui est celle qui inspire ceux
qui produisent actuellement, on pourra se retrouver avec une production
élitique, parce qu'il y a des élites, là aussi.
Evidemment, si le député de Saint-Jacques dit qu'il veut
faire de Radio-Québec un genre de télévision
communautaire, de programmation communautaire, cela change, mais on peut le
faire aussi à Montréal, même avant d'aller à
l'extérieur, parce qu'il y a des groupes communautaires à
Montréal qui pourraient être invités. Je veux dire que ce
sont deux choses bien distinctes: La "dé-montréalisation " de
Radio-Québec, d'une part, et son extension dans les couches populaires.
Ce sont deux choses distinctes.
M. Charron: Je pense que vous connaissez mal
Radio-Québec.
M. Hardy: Je dis bien, ce que j'ai dit tantôt, vous l'avez
sûrement lu et entendu, si vous avez suivi un tant soit peu les
auditions, vous savez très bien qu'il y a deux grandes critiques qui ont
été adressées à Radio-Québec:
Premièrement, sa "montréalisation ", et, deuxièmement, son
élitisme. Si vous lisez même des critiques des chroniqueurs de
radiotélévision, on retrouve cela sous leur plume
également.
M. Charron: Ce qu'on peut reprocher parfois aussi, à
l'occasion, a Radio-Québec, c est de réussir, malgré ses
faibles moyens, à produire une télévision
intelligente.
M. Hardy: Des choses excellentes.
M. Charron: Malheureusement, il y a des gens qui reprochent cela
à une télévision. On est tellement habitué à
voir une télévision comme étant un objet de
crétinisation, et Dieu sait que je n'ai pas besoin de donner d'exemple,
que, quand on voit une télévision qui ne crétinise pas les
gens, on dit: C'est une télévision élitique. C'est une
télévision qui s'adresse aux intellectuels.
M. Hardy: C'est un danger, d'accord.
M. Charron: Je suis un être qui regarde la
télévision pendant des séries éliminatoires de
hockey, cela vient de s'éteindre! Je ne peux pas me considérer
comme étant un TV fan", pour une seule et simple raison j'en
profite' pour ouvrir cette parenthèse et rendre hommage à
Radio-Québec je suis incapable de tolérer plus que deux
messages publicitaires à la télévision, qui s'adressent
à mon cerveau.
Je me sens attaqué violemment jusqu'au plus profond de mon
être, quand on essaie de me vendre toutes sortes de produits mercantiles.
Dieu merci! Quand tu t'adresses à Radio-Québec, il n'y a pas
cela.
C'est bien évident que si Radio-Québec avait les moyens
financiers de faire autre chose, elle réussirait à faire... On
reproche son caractère froid à la télévision de
Radio-Québec, par exemple, lorsqu'elle est obligée de produire en
studio, lorsqu'elle est obligée de produire avec des décors qu'on
revoit périodiquement. Je pense a la série: Si Québec
m'était conté C'est encore, beaucoup et toujours fait avec des
moyens de fortune. Donnez à ses réalisateurs, donnez à ses
exécutants les moyens techniques et financiers dont peuvent disposer
ceux de Radio-Canada dont vous parliez tout à l'heure...
M. Hardy: Savez-vous qu'à Radio-Québec il y a de
l'équipement technique que l'on ne retrouve pas à...
M. Charron: Je sais. J'ai visité aussi...
M. Hardy: ... et des richesses extraordinaires. Il ne faut pas
être à ce point matérialiste, M. le Président, pour
tout remettre, tout faire dépendre des problèmes financiers. Il y
a d'autres éléments. Je ne veux pas les ignorer non plus, je ne
veux pas tomber dans l'autre extrême.
M. Charron: Pour se rendre aux autres éléments, il
faut avoir les moyens de s'y rendre.
M. Hardy: Oui, mais il y a une espèce de juste
équilibre. Il ne faut pas penser que l'argent règle tout. Je dis:
Bon! Demain matin, Radio-Québec ayant $50 millions, il n'y aura plus de
problème.
M. Charron: Ah non!
M. Hardy: Même parfois l'argent peut être un
problème, si l'argent est mal utilisé. On retrouve
cela dans beaucoup de ministères de bien des gouvernements.
M. Charron: On a retrouvé cela dans les Jeux olympiques
entre autres.
M. Hardy: Entre autres. Vous l'avez l'affaire. Je ne vous dis pas
quoi dire, vous avez un bel exemple.
M. Charron: Je voudrais savoir si le plan...
M. Hardy: II y a Radio-Canada, encore une fois, je vous le
répète, vous devriez vous inspirer un peu de ce qui se passe
à Radio-Canada. Moi, cela me frappe. Parce que s'il y a un endroit
où il y a un gaspillage éhonté, où c'est un
scandale public, c'est Radio-Canada. Bien sûr qu'on y fait des choses de
grande qualité, c'est évident. Je regarde peut-être la
télévision plus fréquemment que le député de
Saint-Jacques. C'est évident qu'il y a de belles choses qui se font
à Radio-Canada, mais c'est un scandale permanent. Les Jeux olympiques,
c'est un scandale qui arrive à un moment bien déterminé et
tout le monde en parle. Mais, à Radio-Canada, c'est annuel. Ça
dure depuis des années et c'est parti pour continuer encore des
années. Moi, je ne veux pas qu on ait un scandale, je ne veux pas faire
de Radio-Québec le même scandale que Radio-Canada.
M. Charron: Avez-vous comme position qu'avant d'accorder les
budgets nécessaires à la régionalisation de
Radio-Québec, vous espérez des modifications à son contenu
avant de vouloir l'étendre à toutes les régions du
Québec?
M. Hardy: Pas nécessairement à son contenu Cela
peut être un élément, mais il y a bien des
éléments qui entrent en ligne de compte. Un des
éléments fondamentaux, c'est que je veux massurer d abord de ce
que la collectivité québécoise est prête à
investir, pour ne pas encore une fois partir avec un feu de paille,
créer des illusions et créer des... Vous me parlez souvent de la
frime. S'il y a quelqu'un qui est contre la frime et qui est contre tous ces
feux de paille pour amuser la galerie, c'est celui qui vous parle.
M. Charron: Si je vous disais que lorsque, a Rimouski, à
Gaspé et à Sherbrooke, dans le cadre d'une tournée des
dirigeants de Radio-Québec pour rendre compte aux régions du
contenu du nouveau plan élaboré à l'aide des consultations
faites l'an dernier, on partait d'un second plan triennal qui prévoirait
quinze stations maîtresses avec studios régionaux et 42 stations
réémettrices avec un objectif d implantation simultanée d
ici 1979, de sorte que 96.3%...
M. Hardy: On a des chiffres, nous aussi pour cela.
M. Charron: ... et que le coût est évalué a
$20 millions, est-ce que tout cela vous apparaît se lancer trop en
avant?
M. Hardy: Je suis sceptique. M. Charron: Pardon?
M. Hardy: Je suis sceptique quand vous me parlez de $20 millions.
Je veux sûrement faire vérifier ces chiffres.
M. Charron: Est-ce que vous...
M. Hardy: Avec $20 millions, vous n allez pas bien loin, vous le
savez comme moi.
M. Charron: Est-ce que vous le ferez...
M. Hardy: Oui. c'est évident que cela va se faire.
M. Charron: Vous avez annoncé tout à l'heure que
vous n'aviez aucune objection, au contraire, à ce que les dirigeants de
l'Office de radiotélédiffusion du Québec viennent dans un
moment rencontrer les députés et répondre à leurs
questions et, en même temps, nous expliquer ce plan et le calcul qu ils
mettent au plan, avant toute autre chose. Pouvez-vous nous le promettre pour
l'automne?
M. Hardy: Je n'ai pas I habitude de m engager à de telles
choses. Je vous dis que je crois qu'il serait utile et valable que les membres
de la commission parlementaire puissent convoquer les gens de
Radio-Québec. Cela se fera le plus rapidement possible. Est-ce que ce
sera à l'automne? Est-ce que ce sera au début de l'année
1977? J'aime autant ne pas m'engager d'une façon précise
là-dessus.
Je m'engage, par exemple, à ce que cette commission parlementaire
ait l'occasion d'entendre les dirigeants de Radio-Québec.
M. Charron: Ce second plan triennal dont on parle, et qui serait
le premier résultat concret des consultations menées au cours de
l'année dernière, le ministre I'a-t-il autorisé?
M. Hardy: Je n'ai pas à autoriser. Vous connaissez le
degré d'autonomie dont jouit Radio-Québec.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Je ne l'ai ni autorisé ni refusé.
Radio-Québec agit...
M. Charron: Le ministre procède-t-il de la même
manière? Nous avions une copie détaillée de ce plan
triennal, qui prévoit quinze stations maîtresses. Peut-on rendre
public ce plan triennal''
M. Hardy: II est public. Le deuxième plan triennal n est
pas encore complété. Le premier est public.
M. Charron: Le premier est ici, mais il est non valable depuis
deux ans. parce qu'il prévoyait des
augmentations budgétaires que, par surcroît, elle n'a pas
reçues.
M. Hardy: Puisque le député de Saint-Jacques l'a
entre les mains, je considère qu'il est public.
M. Charron: Non, le premier. M. Hardy: Oui, c'est
cela.
M. Charron: Le premier, qui s'appelait: Le plan triennal
1974.
M. Hardy: A partir du moment où l'Opposition officielle a
un document, c'est assez public.
M. Charron: Non, mais cela a été
déposé ici même, à la commission. Je vous dis: II
n'est plus bon.
M. Hardy: Je vous dis que l'autre n'est pas...
M. Charron: Pouvez-vous en déposer un autre? Vous en avez
déjà déposé un, y en a-t-il un autre?
M. Hardy: Je dois vous dire que le deuxième, celui qui va
faire suite à celui-là, je ne l'ai pas encore. Je devrais l'avoir
d'ici une semaine.
M. Charron: II ne faut pas dire: Celui qui va faire suite
à celui-là. C'est celui qui va remplacer celui-là, parce
que celui-là n'a jamais eu lieu.
M. Hardy: Physiquement...
M. Charron: Non. Il n'a jamais eu lieu. Savez-vous où nous
en serions rendus s'il avait été réalisé?
Voulez-vous que je vous le dise? En 1976, il y aurait une antenne à
Montréal, à Québec, à Sherbrooke et à Hull
et on rejoindrait, au total, presque 3 500 000 Québécois. On se
préparerait, cette année, à ajouter Chicoutimi et
Trois-Rivières, ce qui ferait qu'à la fin du plan triennal, 4 296
000 Québécois pourraient recevoir... c'est-à-dire à
la fin de l'année financière qui commence.
On avait donné une priorité à ces régions,
parce qu'à Sherbrooke, il y a d'abord une population importante. Il
existe une forte pression américaine. A Hull, je n'ai pas besoin de vous
faire de dessin pour savoir pourquoi c'était extrêmement important
dans cette région.
M. Hardy: Le député de Saint-Jacques sait
sûrement pourquoi, en fait, ce plan a été un peu mis en
veilleuse.
M. Charron: J'ai eu les explications de votre
prédécesseur là-dessus, à savoir que c'est lui qui,
à un moment donné, a arrêté sa directive pour
obliger Radio-Québec... Il n'avait pas avoué: obliger,
mais...
M. Hardy: II l'avait incitée fortement.
M. Charron: II fallait savoir lire entre les li- gnes. Il l'avait
incitée fortement, comme on dit dans le langage gouvernemental.
M. Hardy: Dans le langage diplomatique.
M. Charron: II avait incité Radio-Québec à
procéder à la consultation. En passant, puisque j'allais y venir
tôt ou tard, la consultation de l'année dernière je
ne parle pas du contenu même, mais de sa réalisation technique
de quelle façon a-t-elle été évaluée
par Radio-Québec? A-t-on reçu autant de groupes qu'on
espérait recevoir, ou plus ou moins? L'accueil dans les
différentes régions a-t-il été semblable ou
différent?
M. Hardy: On en a reçu plus que prévu.
M. Charron: Plus que prévu. Y a-t-il eu des aspects
décevants à cette consultation?
M. Hardy: C'est très personnel, décevant.
M. Charron: Je veux dire que, dans une région où
Radio-Québec pouvait avoir une intention annoncée de se
prononcer, on a senti un intérêt.
M. Hardy: On me dit que l'accueil a été
extrêmement chaleureux partout.
M. Charron: Quand cette consultation s'est-elle
terminée?
M. Hardy: Au mois d'octobre, dans les deux grands centres:
Montréal et Québec.
M. Charron: Quand j'y suis allé, c'était au
pavillon Lafontaine, à proximité de mon bureau. C'était la
dernière étape.
M. Hardy: On a même tenu des auditions dans votre
comté.
M. Charron: Je monopolise la télévision dans mon
comté, mon cher ami. J'ai tous les réseaux de
télévision, dans mon comté:
Télé-Métropole, Radio-Canada, il me manque
Radio-Québec. Ce sont mes projets d'annexion.
M. Côté: C'est pour cela que vous êtes
toujours réélu?
M. Charron: Non. Je ne me sers aucunement de la
télévision pour me faire réélire.
M. Côté: Non, ce n'est pas cela... Ce sont surtout
les gens qui la composent.
M. Charron: Non, ils n'habitent pas mon quartier. Ils habitent
l'ouest de Montréal ou les quartiers de banlieues.
M. Côté: Alors, c'est la moyenne bourgeoisie
péquiste.
M. Charron: Quelle a été la suite concrète
à l'intérieur de Radio-Québec, au lendemain de ces
consultations?
M. Hardy: II y a deux choses, je pense. On a fait un rapport
synthèse de ce qui a été présenté et
actuellement, on retourne rencontrer les mêmes gens pour leur
présenter ce que les autres ont dit pour rediscuter cette espèce
de synthèse de la première consultation. On forme actuellement
des comités provisoires dans les différentes régions.
M. Charron: Quand Me... M. Yves La-bonté je ne sais
pas ce que j'ai à appeler tout le monde maître aujourd'hui
.
M. Hardy: Bien oui, vous avez une propension pour les
avocats.
M. Charron: Pourtant c'est le moins que je puisse dire...
M. Hardy: Vous n'avez pas d'admiration pour les avocats en
général?
M. Charron: Non, mais pas pour les titres. Aujourd'hui, je suis
rendu que j'en donne à tout le monde.
M. Hardy: C'est un signe que vous vieillissez.
M. Charron: Quand M. Labonté affirme que le processus de
régionalisation de Radio-Québec est maintenant
irréversible, est-ce l'avis du ministre des Communications
également?
M. Hardy: Je ne suis pas actuellement, au moment où je
vous parle, en mesure de me prononcer.
M. Charron: On demandait à M. Labonté:
Québec a-t-il réagi là-dessus? Il répondait: Pas
encore, mais ce qui importe pour nous, c'est qu'on ne nous ait manifesté
aucun désaccord.
M. Hardy: C'est exact.
M. Charron: On vit un peu à l'intérieur de
Radio-Québec comme: Pourvu qu'on n'ait pas de nouvelle, bonne
nouvelle!
M. Hardy: C'est-à-dire qu'au niveau du gouvernement,
actuellement, on délibère.
M. Charron: Je me demande s'il vous reste encore assez de force
pour cela.
M. Hardy: Voyons donc! Vous devriez le savoir, avec ce qui s'est
passé aux séances de la commission antérieurement. Il nous
reste encore assez de force, en tout cas, pour se battre.
M. Charron: Pour l'année en cours, à partir du
budget, s'agit-il vraiment uniquement du maintien des services offerts
l'année dernière ou s il y a quand même expansion à
partir d'un...
M. Hardy: II n'y a pas d'expansion. Je pense que j'ai
été très clair là-dessus, dans mon texte.
M. Charron: Ni d'heures d'antenne supplémentaires?
M. Hardy: Une demi-heure de plus par jour. La production à
toutes fins pratiques va demeurer la même que l'an passé. Il va y
avoir un peu plus d heures d'antenne, mais cela sera de la musique et des
images, cela ne sera pas de la véritable production.
M. Charron: Quand les conventions collectives des employés
de Radio-Québec expirent-elles?
M. Hardy: II y a deux conventions qui sont actuellement
signées avec les réalisateurs et les techniciens du syndicat
NABET. Cela a été signé il y a une semaine ou deux, je
pense. L'automne prochain, on s'apprête à négocier avec la
CSN cela comprend les employés de production, les employés
de bureau et également avec l'Union des artistes.
M. Charron: M. le Président, puisque c'est le statu quo
à l'intérieur de Radio-Québec et qu'il y aurait fallu un
budget plus élevé pour espérer apporter des remarques qui
puissent modifier ou contribuer au développement de Radio-Québec,
je ne puis que conclure en disant mon appréciation du travail fait par
Radio-Québec au cours des derniers mois et en lui souhaitant une
progression la plus rapide possible.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Matane.
M. Côté: Je vais laisser le député de
Saint-Jacques finir de répondre au ministre.
M. Charron: Allez-y.
M. Côté: M. le ministre, je me souviens que l'an
dernier, il y avait eu certaines sorties de l'ancien titulaire des
Communications au moment où Laurent Laplante avait été
nommé éditorialiste, je pense, au journal Le Jour. Est-ce que le
contrat de Laurent Laplante a été renouvelé?
M. Hardy: S il est...
M. Côté: S il est renouvelé?
M. Hardy: M. Laplante avait un contrat pour le programme "La vie
qu'on mène à l'Assemblée nationale ". Ce contrat est
terminé.
M. Bonnier: M. le Président, je voudrais seulement poser
une petite question. Lorsqu'il sera question de cette commission où
Radio-Québec viendra nous rencontrer, je suppose qu'il sera question de
l'orientation même de Radio-Québec.
M. Hardy: Entre autres.
M. Bonnier: Je serais très intéresse de savoir
comment elle se situe par rapport aux autres me-
dia de communication, comment elle définit sa vocation?
M. Charron: C'est probablement l'organisme qui a
procédé à la plus large consultation, d'ailleurs, un peu
forcée.
M. Bonnier: Oui. Mais je voudrais, à partir de cette
consultation qu'elle a faite, qu'elle se définisse maintenant par
rapport à nous, parce qu'on ne l'a pas entendue, je pense, depuis ce
temps.
M. Charron: Oui.
M. Bonnier: Au-delà de la régionalisation, il
serait important aussi de savoir...
M. Charron: C'est pour cela que je souhaitais tantôt, en
prenant la parole du ministre, que cette rencontre se fasse à l'automne,
parce qu'on ne peut plus retarder indéfiniment. Radio-Québec a
procédé à une consultation. Elle est en train de retourner
l'analyse de sa consultation aux régions. Il serait bon qu'au
début de l'automne, Radio-Québec vienne rencontrer les
parlementaires pour faire part de son orientation et se soumettre à nos
commentaires.
Le Président (M. Pilote): Programme 1 ...
M. Hardy: Seulement un mot, en terminant, je ne veux pas
répéter ce que j'ai dit au début, mais je suis d'accord
avec les derniers propos du député de Saint-Jacques,
reconnaissant l'importance de Radio-Québec. C'est
précisément parce que je reconnais cette importance que je
considère que les décisions qui seront prises doivent
l'être d'une façon très consciente,
réfléchie, parce que, quand ces décisions seront prises,
le mouvement sera irréversible.
Le Président (M. Pilote): Le programme no 7, ainsi que les
éléments 1, 2, 3, 4 sont adoptés?
M. Hardy: J'aurais peut-être un renseignement à
donner qui serait intéressant pour le député de
Saint-Jacques, et pour le journal des Débats, c'est que les fêtes
de la Saint-Jean ont accordé un contrat d'exclusivité à
Radio-Québec pour la diffusion...
M. Charron: Vous savez pourquoi?
M. Hardy: ... de ces manifestations les 21, 23, 24 et 26, et que
Radio-Québec, par la suite, a conclu un contrat avec Radio-Canada. Cela
veut dire que, via Radio-Canada, Radio-Québec sera connue, parce qu'il y
a un problème de publicité par rapport à
Radio-Québec. Il y a bien des gens qui ne savent pas que cela existe.
Alors, ce sera, entre autres, un moyen de faire connaître
Radio-Québec, et de faire savoir qu'il y a actuellement des
négociations avec des postes privés, avec TVA. Ce sera donc une
occasion merveilleuse pour Radio-Québec de se faire connaître de
l'ensemble des citoyens du Québec que cette exclusivité, d'une
part, et que cette entente déjà réalisée avec
Radio-Canada et qui peut se réaliser avec TVA.
M. Charron: Bien.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, les programmes, de 1
à 8, ainsi que leurs éléments, sont adoptés. Je
tiens à remercier les membres des deux côtés de cette
commission, autant le ministre que celui qui représentait l'Opposition,
de la façon dont se sont déroulées les discussions, ainsi
que les membres, remarquez bien. La commission ajourne ses travaux sine
die.
M. Hardy: Merci.
(Fin de la séance à 17 h 5)