Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
Séance du mercredi 16 juin 1976 (Dix heures dix minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Nous étions rendus au programme no 3. Y a-t-il des questions?
M. Charron: M. le Président, je pense que le programme 2 a
été suspendu hier soir.
M. L'Allier: C'est cela.
M. Charron: II sera repris plus tard, lorsque le chef de
l'Opposition viendra compléter ses brèves remarques sur le
programme 2.
Pour ma part, j'entreprendrai ce matin et j'espère aussi
je le dis tout de suite pouvoir compléter les trois programmes
suivants, puisque cet après-midi, vraisemblablement, la Chambre sera
saisie d'un débat d'urgence auquel je devrai participer au nom de
l'Opposition, ce qui fait que j'aimerais bien m'acquitter convenablement de ma
tâche, ce matin, et terminer l'étude de ces programmes.
Au programme 3, Gestion interne et soutien, j'ai quelques questions qui
pourront peut-être apparaître... Préférez-vous que
nous abordions le programme 4?
M. L'Allier: Mon conseiller va arriver d'ici une quinzaine de
minutes.
Arts plastiques
Le Président (M. Brisson): Le programme 4, Arts
plastiques. Elément 1, Incitation à la création et
à la recherche. Le député de Saint-Jacques.
M. Charron: Le ministre a-t-il des remarques à faire?
Le Président (M. Brisson): Le ministre. Je souligne que M.
Bellemare (Rosemont) remplace M. Tardif (Anjou).
M. Charron: C'est une nette amélioration, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Que M. Bacon
(Trois-Rivières) remplace M. Veilleux (Saint-Jean) et que M. Harvey
(Charlesbourg) remplace M. Bonnier (Taschereau).
M. L'Allier: Je n'ai pas de commentaire à faire, sauf que
les apparentes distorsions dans le budget, par rapport à l'an dernier,
c'est-à-dire des chiffres qui passent de 1975 à 1976 de $1 209
500 à $274 200 sont des réaménagements internes. C'est ce
qui justifie ces distorsions. Je n'ai pas d'autres renseignements
là-dessus. On me dit que ce sont des réaménagements de
budget à l'intérieur. Les sommes qui étaient à
l'élément 1, incitation à la création, ont
été réaffectées, en partie, à la
conservation, mais ces explications ne me satisfont pas. Quant au $1 million
qui était à l'incitation à la création et à
la recherche, cela ne disparaît pas comme cela. Cela va à la
conservation et à la diffusion. En d'autres mots, l'argent qu'on
dépensait à la création et à la recherche, une
partie est réaffectée à la diffusion. Cela veut dire qu'on
va dépenser beaucoup moins cette année. Voulez-vous l'expliquer
pour la commission.
Il s'agit d'un réaménagement en fonction d'une nouvelle
façon de construire les budgets. En fait, ce sont des sommes qui partent
de l'élément 1 et qui sont affectées à
l'élément 2, mais qui ont exactement la même fonction, la
même utilisation. En plus, il y a un montant qui est muté du
programme 4 au programme 3, pour l'aide à la création,
étant donné que l'aide à la création touche un
ensemble de disciplines et pas seulement les arts plastiques. Cela peut aussi
bien être le patrimoine, les lettres. C'est l'ensemble des programmes du
ministère. Donc, c'est plus commode de l'avoir à
l'administration, plutôt que de l'avoir aux arts plastiques, qui est une
discipline. C'est un réaménagement interne en partie et une
réaffectation à un autre programme.
M. Charron: A un endroit quelconque, cela signifie-t-il un
changement de politique à l'intérieur de ce programme?
M. L'Allier: C'est un changement de politique pour la
méthode de gestion, au niveau de la gestion et du partage du budget.
Mais pour ce qui est des politiques de développement, il n'y a pas eu de
changement. On a augmenté, par exemple, les crédits mis à
la disposition des musées d'Etat, pour l'acquisition d'oeuvres d'art et
l'organisation d'un programme de prêts et d'exposition
itinérantes. On a de plus augmenté le budget de l'artisanat qui
passe de $300 000 à $600 000 et un certain nombre d'augmentations en vue
d'assurer le développement de certains programmes.
M. Charron: Est-ce le départ d'un nouveau programme
à l'intérieur de cette...
M. L'Allier: II n'y a pas de nouveau programme. Il y a exposition
itinérante, c'est un nouveau programme et un nouveau budget.
M. Charron: De quel montant? M. L'Allier: $100 000.
M. Charron: M. le Président, le service des industries
culturelles est censé avoir remis au minis-
tre des Affaires culturelles un dossier très complet sur le
commerce des oeuvres d'art. C'est à partir de ce dossier, d'ailleurs, si
je me fie aux renseignements fournis l'année dernière, que le
ministre devait mettre de l'avant de nouvelles mesures pour favoriser la
création artistique et surtout, éventuellement, améliorer
la situation économique des créateurs. J'aimerais savoir si ces
informations que je donne à la commission sont exactes ou les voir
confirmer. Ce rapport a-t-il servi et peut-il même être rendu
public?
M. L'Allier: II est exact qu'il y a eu un rapport
préparé par les industries culturelles l'automne dernier,
peut-être l'été dernier. Cela a été remis.
Cela a été étudié, mais, dans le livre vert, on
explique bien que le ministère n'a pas l'intention de développer,
comme c'était le cas avant, un service interne d'industrie culturelle,
mais plutôt de permettre, en liaison avec l'Industrie et le Commerce,
d'étudier ces problèmes, avec le ministère.
M. Charron: Ce principe dont on a discuté hier, que vous
réaffirmez ce matin, était-il, lui-même, une des
conclusions du service des industries culturelles dans le rapport dont on
discute actuellement.
M. L'Allier: Non, la conclusion des industries culturelles du
rapport dont vous parlez, c'était de développer, à
l'intérieur du ministère, une structure assez complète. Ce
rapport, à notre avis, n'a pas été jugé
déterminant. C'est un rapport qui pourrait être
déposé, qui, je pense, a servi jusqu'à présent
à éclairer les réflexions que nous avons entreprises avec
l'Industrie et le Commerce. Avant de faire la preuve qu'il est impossible, avec
l'Industrie et le Commerce, de développer vraiment ce secteur, nous ne
voulons pas créer de service à l'intérieur du
ministère. S'il s'avérait qu'au cours des prochaines
années, il est impossible, avec l'Industrie et le Commerce, de
répondre aux besoins, à ce moment-là, on pourra reviser
notre position.
M. Charron: Quelles étaient les conclusions
générales de ce rapport, en plus de...
M. L'Allier: Je ne l'ai pas devant moi. Il faudrait que M.
Boucher, lorsqu'il arrivera, puisse peut-être vous en parler. Si vous
voulez retenir cette question et la poser, tout à l'heure, au programme
3, M. Boucher pourra vous en parler.
M. Charron: Quelles sont les démarches concrètes
qui ont été entreprises à la suite du rapport, comme tel?
Quand vous dites que ce rapport a servi, comme lumière, aux
différentes réflexions entreprises, cela a-t-il donné lieu
à des applications concrètes à l'intérieur du
ministère?
M. L'Allier: Depuis l'automne dernier, les efforts que nous avons
faits au ministère se sont portés beaucoup plus sur la
réorganisation de l'orientation générale, une
réflexion sur les grands objectifs en vue de préparer le livre
vert que vous avez vu. Nous n'avons pas encore travaillé d'une
façon méthodique à l'analyse d'un document comme
celui-là, en vue de réaliser un certain nombre de projets
à court terme. Nous avons à peine entrepris des démarches
avec l'Industrie et le Commerce et les autres ministères. Nous
commençons, maintenant, à donner suite au livre vert et nous
fouillerons d'une façon beaucoup plus méthodique ces
dossiers.
M. Charron: Parlant de rapports entre les différents
ministères du gouvernement, il en est un autre avec qui le rapport du
ministère des Affaires culturelles doit être constant, il s'agit
du ministère des Travaux publics pour l'application, entre autres, de la
fameuse clause du 1% de la valeur totale de l'édifice, devant être
consacré à l'aspect esthétique de l'édifice en
question.
Est-ce que je peux avoir la liste de tous les projets
réalisés ou engagés au cours de la dernière
année, en vertu de cette fameuse clause du 1%?
M. L'Allier: M. le Président, voulez-vous qu'on la
communique verbalement? C'est une liste qui est assez longue.
M. Charron: Vous pouvez la déposer. M. L'Allier: On
va la déposer.
Le Président (M. Brisson): Vous allez la déposer et
je vais en faire faire des photocopies pour les membres de la commission.
M. Charron: Présentement, M. le Président, cette
politique du 1% ne s'applique que dans le cas des édifices
gouvernementaux. Je réitère ce que j'ai déjà dit
à la table de cette commission depuis deux ans. A mon avis, il serait
plus normal que cette politique s'applique également aux autres
édifices, d'ailleurs construits, la plupart du temps, à partir de
fonds publics, c'est-à-dire ceux, par exemple, des commissions scolaires
ou les centres hospitaliers. Cela fait deux ans que je soulève cette
question. Elle est mentionnée dans le livre vert. J'aimerais savoir si,
au cours de la dernière année et en vue de la prochaine
année, on entend débloquer sur ce sujet également?
M. L'Allier: M. le Président, on entend débloquer
sur ce sujet, et cette suggestion est retenue par les autorités du
ministère. C'est l'année prochaine que vous pourrez juger si cela
avait été efficace. On va entreprendre cela. Il y a des
pourparlers. Il y a des nominations nouvelles à faire. C'est un dossier
à repenser complètement.
M. Charron: Dans le livre vert également on parle de la
création d'une banque d'oeuvres d'art qui pourraient
éventuellement être mise à la disposition des corporations
publiques ou parapubli-ques. Quand compte-t-on entreprendre la
réalisation de cette banque, et de quelle manière
entend-on s'y prendre pour autant que ce soit déjà
déterminé?
M. L'Allier: Le dossier, M. le Président, d'après
ce que M. Lachapelle, le directeur des arts plastiques, me dit, est très
actif. Il entreprend déjà des contacts et il a le mandat de
commencer à réaliser ce travail. Nous allons nous informer
à Ottawa bientôt sur le fonctionnement de la banque canadienne, la
banque d'oeuvres d'art, j'entends.
M. Charron: II s'agit, pour le gouvernement, de se rendre
propriétaire d'un certain nombre d'oeuvres d'art dans ce cas. De quel
budget disposerait M. Lachapelle pour réaliser ce programme?
M. L'Allier: M. le Président, cette année on a bien
dit qu'on ne pouvait pas transférer dans le budget 1976/77 toutes les
intentions qui sont contenues dans le livre vert et qui vont exiger des
investissements peut-être assez importants. Il nous faudra faire, en
cours d'année, suivant l'évolution du dossier, des
aménagements budgétaires, essayer de déplacer des fonds,
d'obtenir l'autorisation pour déplacer des fonds pour pouvoir prendre de
telles initiatives, mais je ne peux pas répondre actuellement à
savoir quels sont les montants qui seraient disponibles.
M. Charron: Dernière question sur ce sujet, M. le
Président. J'ai entendu parler, à plusieurs reprises, que des
contrats octroyés en vertu de la clause du 1% se font à une
galerie, par exemple, plutôt qu'à un artiste. Je verrai, lorsqu'on
déposera la liste tantôt, quand on l'aura entre les , mains. Mais
est-ce que cette pratique est courante? Parce que selon la
représentation reçue, elle est à l'occasion
défavorable à l'artiste?
M. L'Allier: M. le Président, si je peux répondre,
cette pratique n'est pas courante, n'est pas voulue; mais le maître
d'oeuvre, c'est toujours l'architecte qui, en fait, a le dernier mot, c'est lui
qui choisit. Il est membre du comité du 1%, et, à l'occasion,
l'oeuvre spécifique qui est recommandée pour tel ou tel
bâtiment est disponible par l'entremise d'une galerie. C'est
peut-être une manière aussi d'encourager les galeries d'art. Ce
n'est pas complètement défavorable à l'artiste. Si
l'artiste est à contrat avec une galerie d'art, parfois c'est un contrat
exclusif.
M. Charron: Bien, il arrive quand même, M. Lachapelle, si
vous me permettez, que dans la pratique, vous êtes sans doute beaucoup
plus informé que moi de la pratique réelle tel qu'on m'en a
informé, lorsque, par exemple, un édifice est en construction et
qu'on sait qu'éventuellement, parce qu'il s'agit d'un édifice
gouvernemental, la clause du 1% va s'appliquer à quelque construction
que ce soit; l'architecte, étant le maître d'oeuvre, devient
très rapidement la cible du lobbying d'importantes galeries qui, par
exemple, ont des oeuvres d'art très dispendieuses. Si ce n'est pas
l'Etat, je vois très difficilement un acheteur privé s'en rendre
propriétaire à cause du prix, à cause de la valeur,
à cause de la forme, de la taille de l'oeuvre en question.
L'oeuvre, par exemple, à cause de son gigantisme, ne peut aller
que dans un hall avec des mesures qu'on peut rarement espérer d'un
propriétaire privé.
Ceci dit, la construction déclenche immédiatement le
processus de lobbying et, si l'architecte est plus ou moins
intéressé à rechercher de lui-même un
créateur ou peut-être encore par l'intermédiaire d'une
galerie, peut-être aussi directement, en s'adressant à
l'Association des sculpteurs, par exemple, ou quelque autre forme de
regroupement d'artistes, plus proprement aux mains des artistes que n'importe
quelle galerie d'art qui, elle, fonctionne à but lucratif et cela va de
soi, l'architecte va plutôt laisser venir à lui qu'aller chercher
le créateur. Très sauvent, la clause du 1% devient une belle
occasion pour une galerie d'art de vendre son stock, si vous me permettez cette
expression, plutôt que d'être ce que, je pense, le
législateur souhaiterait une véritable incitation à
la création. Je pense que l'idéal j'attend encore vos
commentaires pour voir jusqu'à quel point cela peut-être pratique
ou réalisable serait, par exemple, que, si, demain matin, l'Etat
annonce la construction d'un édifice devant loger, par exemple, un
ministère ici au Québec, automatiquement, une fois les plans et
devis connus de l'édifice, un concours soit ouvert et les artistes,
sachant que la clause s'appliquera dans ce cas, pourront soumettre des projets,
plutôt que de laisser faire le lobbying à des galeries.
Encore une fois, je n'ai rien de péjoratif à
l'égard des galeries. C'est seulement parce que je voudrais que la
clause du 1% ait des effets encore plus directs sur l'aide à la
création.
M. L'Allier: On prend bonne note de ces commentaires qui sont en
grande partie valabes, mais je pense qu'il faut comprendre les techniques,
comment l'oeuvre d'art se rend dans l'édifice public et, sans être
trop long...
Les artistes doivent s'inscrire et fournir des dossiers sur
eux-mêmes et les oeuvres qu'ils veulent présenter. En d'autres
mots, le comité du 1% a accès à un certain nombre de
renseignements. L'architecte, comme on dit, doit avoir le dernier mot. C'est
son oeuvre à lui, finalement, la bâtisse.
Alors, si, dans l'espèce de pool qui existe de renseignements,
d'oeuvres disponibles ou de projets à créer, il n'y a pas quelque
chose qui satisfasse le comité du 1%, à ce moment, j'imagine que
tout ce que vous venez de décrire entre en jeu, mais je prends bonne
note quand même de la situation que vous décrivez et cela fera
certainement partie des modifications aux travaux du comité du 1%.
M. Charron: Je vous le donne sous toute réserve, mais je
crois pouvoir vous affirmer que vous découvrirez, dans vos recherches
sur le fonctionnement à Ottawa de l'équivalent de ce qu'on
veut
faire ici, l'interdiction de signer avec une galerie. Je pense que le
gouvernement fédéral ne fonctionne qu'avec les artistes
eux-mêmes et, encore une fois, sans vouloir nuire au développement
des galeries, mais pour atteindre l'objectif que tout le monde souhaite, je
pense qu'il serait préférable d'adopter cette pratique au
Québec également.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres questions au
programme 4?
M. Charron: Je voudrais m'informer d'un projet qui avait
été mentionné à l'occasion, voir ce qui est
arrivé, un projet qui était fait en collaboration avec le
ministère de l'Education et la Corporation du CEGEP du
Vieux-Montréal qui visait surtout à rendre disponible
l'équipement considérable payé par le Québec pour
équiper le milieu scolaire.
C'est le ministère qui paie le salaire d'un coordonnateur et
certaines dépenses d'équipement, je pense, afin que ce projet
fonctionne. Quelle est l'évaluation de ce projet maintenant et à
quelle conclusion pouvons-nous nous attendre?
M. L'Allier: Après un temps d'arrêt pour
l'évaluation, justement, et consultation auprès de la
Société des artistes professionnels et en fonction des besoins
justement du comité du 1%, il y a certains travaux qui peuvent se
réaliser par les créateurs seulement s'ils ont un
équipement considérable. C'était le raisonnement de base,
soit de pouvoir avoir accès à de l'équipement, de
l'espace, des services techniques, surtout les services techniques qui existent
au niveau d'un CEGEP, une espèce d'expertise technique. Alors, pendant
un certain temps, le projet a existé au CEGEP du vieux Montréal,
le temps d'arrêt pour l'évaluation et on relance d'une
façon accélérée ce même projet d'une
façon plus étendue. Il y a plus qu'un CEGEP qui sera
impliqué dans la région de Montréal. J'oublie le nom
déjà de ces CEGEP, mais il y en a trois, dont celui de Ahuntsic
et de Maisonneuve. Donc, c'est relancé cette année.
M. Charron: II y a aussi une étude qui avait
été confiée à Métiers d'art sur la
planification à long terme au chapitre de l'artisanat. Le dernier
rapport devait être remis en septembre ou octobre dernier. J'aimerais
savoir si ce rapport a effectivement été remis et à
quelles conclusions il l'a conduit.
M. L'Allier: M. le Président, c'est M. Boucher,
sous-ministre adjoint qui suit d'une façon spécifique, depuis
déjà quelques mois le dossier de l'artisanat. Le mandat qui avait
été confié à Métiers d'art, M. Boucher peut
le rappeler, je pense qu'il serait bon qu'il rappelle également à
la commission le coût de cette opération pour le ministère
et l'état actuel de ce dossier.
En 1974, si je me rappelle bien, le ministère a confié
à Métiers d'art du Québec Inc., qui est la grande
association de regroupement des artisans dans la région de
Montréal, de procéder à une étude en vue de
préparer un plan de développement des métiers d'art au
Québec pour les cinq prochaines années. A cette occasion, le
ministère avait jugé bon, plutôt que de verser une
subvention à Métiers d'art pour procéder à une
telle étude, de lui adjuger un contrat au montant de $147 500.
L'étude s'est déroulée, depuis ce temps, sous la direction
de Métiers d'art et a fait appel à un certain nombre d'experts,
de spécialistes de différentes questions, dont
particulièrement l'INRS, l'Institut national de la recherche
scientifique. A ce jour, nous avons reçu tous les termes de
l'étude, moins la partie essentielle, soit les tomes sur les
recommandations.
Ce que nous avons reçu comme étude jusqu'à
maintenant est de valeur inégale. Il y a des tranches du rapport qui
sont intéressantes, qui constitueront un éclairage utile pour le
ministère dans l'élaboration d'une politique des métiers
d'art, mais la partie essentielle, celle des recommandations, ne nous est pas
encore parvenue. Pour compléter cette étude, Métiers d'art
nous a fait part, il y a quelques mois, d'un manque à gagner d'environ
$25 000 pour couvrir l'ensemble des frais. C'est-à-dire que nous aurions
donné à Métiers d'art une subvention d'environ $172 000
pour réaliser cette étude.
M. Charron: Qu'est-ce qui explique le retard des recommandations
de ce groupe?
M. L'Allier: Je pense que ceux qui pourraient le mieux
répondre à cette question sont les gens de Métiers d'art.
Je leur ai, évidemment, posé la question et ils m'ont dit que
c'était des problèmes internes d'organisation qui faisaient que
c'était plus long que prévu pour réaliser cette tranche.
Je peux même vous dire que je les ai rencontrés il y a une
quinzaine de jours et on m'a dit que la rédaction même de cette
tranche portant recommandations n'était pas encore entreprise.
M. Charron: Cela s'est fait avec un apport financier du
ministère de $147 000.
M. L'Allier: Jusqu'à maintenant, nous avons donné
jusqu'ici un accord de principe pour ajouter un montant de $25 000 pour que
l'étude soit complétée. Bon an, mal an, quelle soit
satisfaisante ou pas. On s'est engagé dans une entreprise qu'il faut
mener jusqu'au bout et on est d'accord pour le faire.
Ce que nous avons demandé à Métiers d'art, c'est de
nous remettre la dernière tranche de l'étude avec l'ensemble des
comptes, pour bien justifier que c'est $25 000 qui manquent et, à partir
du moment où nous aurons cette dernière tranche, nous allons
verser le manque à gagner pour le financement de l'étude.
M. Charron: Est-ce que ce retard que met Les Métiers d'art
à compléter son mandat va paralyser le développement des
politiques gouvernementales à l'égard des politiques d'artisanat?
Est-ce que vous comptiez beaucoup sur ce rapport?
M. L'Allier: Je pense que ceux qui ont donné ce contrat
à Métiers d'art il y a deux ans
comptaient énormément sur cette étude pour
élaborer leur politique. A ce moment-ci, ce que je dois dire en toute
honnêteté, je l'ai déjà dit aux gens de
Métiers d'art, c'est que cette étude constituera un parmi
plusieurs éclairages en vue de l'élaboration d'une politique des
métiers d'art. Ce sur quoi n'insiste pas l'étude jusqu'à
maintenant, c'est toute la partie de la commercialisation des métiers
d'art, c'est un rapport qui a été fait essentiellement par des
artisans dont la préoccupation dominante n'est pas la commercialisation
de leurs produits alors que le problème fondamental de l'artisanat au
Québec, c'est l'ouverture des marchés, l'accessibilité des
marchés par les artisans. C'est ça le problème.
M. Charron: Qui a choisi la constitution de cette équipe
de recherche?
M. L'Allier: Les Métiers d'art lui-même.
M. Charron: Si donc les auteurs de la recherche ne parviennent
même pas, à s'entendre pour rédiger les recommandations, il
faut en faire porter le blâme, parce que le mot peut s'employer pour un
retard aussi invraisemblable, au retard même.
M. L'Allier: Sans accuser personne, je pense qu'il faut
reconnaître qu'il s'agit d'un dossier qui, de la part du
ministère, a été mal mené. Si, à l'avenir,
nous avions à effectuer une étude dans quelque secteur
d'activité que ce soit, il serait dans l'ordre des choses que le
ministère soit lui-même le maître d'oeuvre de l'étude
et le pilote de très près. Sinon, ça devient, comme dans
ce cas, une sorte de subvention déguisée qui ne sert pas tout
à fait les fins que nous poursuivons.
M. Charron: Nous avons discuté tout à l'heure d'un
autre rapport également, celui du service des industries culturelles sur
le commerce des oeuvres d'art, ça rejoint la commercialisation de
l'artisanat québécois, qu'en est-il de ce rapport et à
quelle conclusion précise a-t-il conduit?
M. L'Allier: Si vous entendez par conclusion une action
précise de la part du ministère, il n'en est rien, nous n'avons
posé aucun geste à cet égard. Il faut dire toutefois que
ce rapport sur la commercialisation des oeuvres d'art s'inscrit dans une gamme
de rapports concernant la commercialisation des produits culturels
québécois. Ce sur quoi avait insisté jusqu'à son
démentèlement le service des industries culturelles au
ministère des Affaires culturelles, que ce soit à l'égard
de la commercialisation du disque, que ce soit à l'égard de
l'exportation du spectacle québécois à l'étranger,
que ce soit à l'égard de l'industrie du livre, à
l'égard de la commercialisation des produits d'art, c'était
essentiellement sur la création d'une structure à
l'intérieur du ministère ou parallèle au ministère,
ayant comme mandat spécifique toutes les dimensions industrielles et
commerciales des produits culturels. En d'autres termes, je le dis parce que la
presse a fait état de propositions internes au ministère sur la
question, on proposait, dans l'entourage de ceux qui se préoccupaient de
ces questions, la création d'une société d'initiative
culturelle qui aurait comme préoccupations le genre de
préoccupations que peut avoir la Société de
développement industriel, mais à l'égard du produit
culturel québécois.
M. L'Allier, hier, en exposant les points dominants du livre vert, a
fait état de la volonté du ministère depuis quelques mois
de ne pas créer inutilement d'organismes pour exercer des mandats qui
appartiennent à des organismes existants.
Nous préférons, plutôt que de créer une
nouVelle société de développement, même si sa
vocation est exclusivement culturelle, nous préférons à
cela établir un nouvel arrimage avec le ministère de l'Industrie
et du Commerce et les organismes qui gravitent autour de lui, pour les
sensibiliser aux problèmes culturels de leur mandat et les amener, en
comptant sur leur expertise et les structures à distance, à
développer la commercialisation et l'industrie culturelle proprement
dite.
M. Charron: Est-ce que ce rapport peut être rendu public,
celui du service des industries culturelles, de la commercialisation des
oeuvres d'art?
M. L'Allier: Je pense qu'il n'y a rien qui s'oppose à ce
qu'il soit rendu public. Il n'y a rien qui s'oppose, M. le Président,
à ce qu'il soit rendu public, mais, par rendre public, on dit le rendre
accessible à ceux qui ne s'intéressent pas à en tirer 500
copies et à en faire la diffusion. Je pense que, pour ceux qui veulent
en posséder un exemplaire on peut le mettre à leur disposition
sans problème.
L'essentiel des recommandations, pour ce qui touchait la chanson, par
exemple, se retrouve ici, dans le livre vert. Mais elles sont disponibles.
Industrie culturelle
M. Charron: M. le Président, si vous me permettez de
conclure cette discussion avec cette note, c'est que le livre vert
lui-même fait mention de ce discours prononcé le 4 avril 1974, je
crois, par l'ancien ministre des Affaires culturelles, à
l'assemblée, où un grand nombre de nouvelles politiques, entre
autres sur la commercialisation, il y a des citations abondantes dans le livre
vert, de la chanson, de l'industrie du disque, de l'industrie du cinéma,
à l'époque, qui faisait partie des Affaires culturelles, de
l'artisanat québécois et de tout ce qui s'appelle ou qui peut
s'appeler industrie culturelle, était annoncé comme
démarrant et officiellement démarrant.
Je me rappelle ma réplique au nom de l'Opposition sur ce sujet.
Je vous croirai lorsque je le verrai. Ce que l'on apprend aujourd'hui,
même le rapport que vous avez en main depuis l'automne dernier, je pense,
celui du service des industries culturelles, n'a encore donné lieu
à aucune conclusion pratique, sauf celle de dire, celle que nous avons
entre les mains maintenant, qu'il y
aura un nouvel effort, à l'intérieur du ministère,
pour faire l'arrimage avec le ministère de l'Industrie et du Commerce et
le préoccuper du caractère culturel de leur vocation.
C'est peut-être une bonne chose en soi, mais c'est un bien mince
repas après le banquet qui nous avait été promis il y a
déjà deux ans.
M. L'Allier: J'ai eu l'occasion d'en discuter, aux crédits
de mai 1974 et aux crédits de mai 1975...
M. Charron: Deux fois. Je reviens aujourd'hui à ce qui
nous avait été annoncé, il y a deux ans. Je n'ai pas
besoin de vous dire comment bruyamment cela avait été fait, si
vous vous rappelez qui était le titulaire des Affaires culturelles. Cela
nous avait été annoncé tapageusement et pompeusement
à l'Assemblée nationale, comme étant le grand virage des
Affaires culturelles.
J'avais souscrit au principe énoncé, mais chat
échaudé craint l'eau froide et je m'étais dit: J'attendrai
de voir les résultats concrets. Je pense que toute la commission est en
mesure de constater ce matin que, tout en souhaitant que cela arrive, on a
quand même un retard de deux ans.
Je pense ne pas mentir en disant qu'effectivement, au niveau de l'aide
du ministère des Affaires culturelles au développement de ce que
nous avons appelé des industries culturelles, il n'y a eu à peu
près aucun changement au cours de ces deux dernières
années. C'est-à-dire que l'apport est indirect et
imprécis, on va de dossier en dossier, mais on ne peut pas dire qu'il y
a, au ministère des Affaires culturelles ou, si je comprends bien
l'intention du ministre, il n'y en aura pas non plus, puisque c'est normalement
la vocation du ministère de l'Industrie et du Commerce, il y aura un
effort du côté du ministère des Affaires culturelles pour
le sensibiliser à ce rôle négligé, il n'y a pas,
aujourd'hui, de politique d'aide aux industries culturelles.
M. L'Allier: M. le Président, je pense que,
là-dessus, il y a une politique qui n'en est pas une, comme l'indique le
député de Saint-Jacques, c'est-à-dire une politique d'aide
financière qui voudrait que, à partir de tels critères, de
telles normes, avec tel objectif, on aide l'industrie culturelle. Non, cela
n'existe pas. Ceci, pour plusieurs raisons, celles qu'a indiquées le
député de Saint-Jacques et bien d'autres. Le secteur de
l'industrie culturelle au Québec lui-même n'est pas
organisé.
Vous êtes face à un secteur où les composantes d'un
même domaine se parlent peu, se font concurrence, et, à la
première occasion qu'ils ont d'entrer dans une "major"
américaine, ils sont rendus dedans, que ce soit dans le disque, que ce
soit dans n'importe quelle forme d'industrie culturelle, perméable aux
Etats-Unis, par exemple. J'exclus le livre, mais, avec le livre, on s'amalgame
avec les Français aussi facilement que, dans le meuble ou dans le
disque, on s'amalgame avec les Américains. C'est une première
difficulté qu'on éprouve, celle de cerner les interlocuteurs avec
qui on peut travailler. D'où, tant et aussi longtemps que ces gens ne se
seront pas regroupés, et là, on sera disponible pour leur
permettre de le faire, s'ils ont besoin de ressources pour le faire... Cela
devient difficile de dire: On aide l'industrie, parce qu'on aide
Stéphane Venne, on aide Tartempion ou on n'aide pas Mathieu de la Butte
à Mathieu, mais ce n'est pas l'industrie comme telle. Ce sont des
représentants de secteurs industriels qui, au bout de deux ans, se
retrouvent représentants eux-mêmes de Barclay, ou de London Record
ou des choses comme cela. On est toujours devant rien.
La perception que j'ai, de mon point de vue, du bout de ma lunette,
c'est celle-ci: On peut essayer de s'organiser pour avoir des cadres d'aide qui
touchent le droit d'auteur, qui touchent les droits de suite sur les
productions radio, télévision, disques, etc., encore faut-il
avoir des interlocuteurs. Pour le disque, je rencontrais, il n'y a pas
longtemps, à sa demande, Stéphane Venne, qui me disait: On a un
problème énorme qui est celui des droits de suite, des droits
d'auteur et tout cela. D'accord. Faites-nous une proposition. Dites-nous ce que
vous souhaitez qui soit fait. Faites-nous une proposition en termes de droits
d'auteur. Vous connaissez des avocats, des spécialistes qui travaillent
pour vous. L'Association des auteurs compositeurs, vous êtes une
quinzaine là-dedans. Vous n'avez pas les moyens de dépenser $50
000 là-dessus. Faites-nous une proposition. Cela fait deux mois et demi
et j'attends toujours, parce qu'ils ne sont pas capables de s'entendre sur le
mandat qui pourrait être confié sur une recherche. C'est
extrêmement complexe. L'industriel culturel, si je peux employer
l'expression, est toujours, évidemment, tenté par deux choses: le
développement de l'industrie; à ce moment, dès qu'il peut
devenir sociétaire ou de même niveau que la grande industrie
extérieure, il colle dessus. Ou alors, s'il ne réussit pas cela,
il dit: C'est parce qu'on est Québécois qu'on ne réussit
pas. Il vient au niveau du ministère en disant: Aidez-nous. Si on le met
à flot, par hypothèse, si on en prend un et qu'on le met à
flot, on a une chance sur deux de le garder; l'autre chance, c'est quand il va
disparaître avec le magot pour aller exploiter les industries culturelles
québécoises, mais au bénéfice d'autres, finalement.
C'est là qu'est le problème. On n'a pas de politique de ce
côté. On se dit: Pour en établir une, il faut,
évidemment, avoir un contact avec ces milieux et savoir exactement
comment procéder. Vous en rencontrez un, on vous dit une chose, vous en
rencontrez un autre, il vous dit le contraire. Ce qu'il y a de déroutant
dans les consultations que je fais depuis à peu près six mois,
c'est que, si vous rencontrez tel chanteur ou si vous rencontrez Yvan Dufresne,
ou si vous rencontrez Stéphanne Venne, ou si vous en rencontrez un
autre, les sons de cloche sont très souvent extrêmement
différents. Pourtant, ces gens vous parlent d'expérience, de 15
ou 20 ans d'expérience, d'une même réalité, d'une
réalité commune, le problème des auteurs-compositeurs et
de ceux qui font des disques au Québec. Il n'y a
pas un disque qui s'imprime au Québec. Il n'y a pas de presse
pour imprimer des disques au Québec, à ma connaissance,
actuellement. Cela se fait à l'extérieur. Il n'y a pas de
contrôle là-dessus, sur ces questions.
Avant d'aider M. X à mettre en marché le produit musical
d'un jeune chanteur ou d'une jeune chanteuse québécoise, on a des
questions à se poser: Est-ce qu'on doit obliger les gens à
presser sur place des disques qui sont faits ici et qui se vendent ici? Est-ce
qu'on doit en arriver à avoir des compteurs sur ces disques, sur ces
presses, pour savoir qu'effectivement, il y a 6000 disques qui sont sortis?
C'est sur 6000 disques que le chanteur va être payé. Actuellement,
cela ne fonctionne pas comme cela. Il y a tout un système assez
véreux, semble-t-il, dans tout le circuit. Si vous n'acceptez pas de
faire telle ou telle chose, vous n'avez pas droit au circuit publicitaire
gratuit des postes de radio, des postes de télévision. Si vous ne
jouez pas le jeu avec le canal 10 sur tel secteur, vous ne passerez pas
à telle émission de variétés, qui ne vous met pas
en marché.
On est dans une situation un peu sous-développée, pour
employer une expression douce, dans tout ce domaine. Arriver avec une politique
d'aide... Cela se conçoit au niveau administratif, une politique d'aide,
mais elle s'applique à qui? Sur qui va-t-elle porter, la politique
d'aide? Il y a une contradiction complète dans le milieu. Je pense qu'on
peut y arriver avec le temps, je ne peux pas vous dire que cela va être
dans un an ou dans deux ans. C'est probablement une évolution qu'il faut
tenter d'accélérer, mais qui pourra prendre plusieurs
années et qui nous situe, encore une fois, à la frontière
du consommateur culturel du produit des autres ou du producteur avec un
marché plus limité qu'il faut étendre à Paris ou
à d'autres pays.
Musées
M. Charron: M. le Président, j'aimerais m'informer si les
nouveaux critères qui guident la subvention, par le ministère des
Affaires culturelles, aux musées privés, ont été
consignés par écrit.
M. L'Allier: M. Lachapelle va répondre à cette
question. M. le Président, les critères ont été
consignés par écrit et publiés et ils sont
distribués sur demande. On peut en déposer une certaine
quantité.
M. Charron: Une question régionale. Quelle est la
situation actuelle des musées de l'Est du Québec, maintenant que
l'ODEQ a abandonné son programme?
M. L'Allier: II y a quatre musées importants dans l'Est du
Québec. Chacun de ces musées est subventionné directement
par le ministère des Affaires culturelles, selon des normes et
critères qui sont publiés dans ce livre. Il y en a deux qui sont
situés hors normes, en d'autres mots, qui reçoivent plus d'argent
que les normes l'indiquent, à cause de la situation particulière
de leur création.
M. Charron: ... du retrait de l'ODEQ.
M. L'Allier: Non, ce n'est pas nécessairement le retrait
de l'ODEQ, ce sont les dépenses de fonctionnement qui dépassent
la capacité locale. Le ministère participe en partie au budget de
fonctionnement, selon des critères.
M. Charron: Quels sont ces deux musées, Rimouski et
Gaspé?
M. L'Allier: Rimouski et Rivière-du-Loup. M. Charron:
Rivière-du-Loup.
M. L'Allier: Oui. Par ailleurs, le musée de Gaspé
est construit entièrement par les fonds du ministère des Affaires
culturelles. La dernière tranche de subvention pour la construction sera
versée cette année financière. Au printemps, l'an
prochain, l'ouverture officielle doit se faire. Le musée est en
construction, en ce moment, à Gaspé et il est en bonne voie
d'organisation. Il sera construit complètement par les fonds du
ministère.
Le quatrième musée, c'est le musée des îles
qui se situe clairement dans les normes. Il se suffit beaucoup à
lui-même et il est très bien organisé.
M. Charron: Je vous recommanderais bien un spécimen pour
le musée des îles.
M. L'Allier: ...
Une Voix: Ce n'est pas gentil.
Une Voix: On a dit qu'il se suffisait à
lui-même.
M. Charron: M. le Président, combien y a-t-il de nouveaux
musées qui sont admissibles aux subventions du ministère cette
année?
M. L'Allier: Sept.
M. Charron: Pouvez-vous les nommer, s'il vous plaît?
M. L'Allier: Les musées de Mistassini, de Black Lake, de
Saint-Georges-de-Beauce, de Montréal et de Aylmer. C'est cinq. Il y en a
un autre qui est plus douteux. Le musée de Montréal, c'est le
Château Ramsay.
M. Charron: Est-ce que le musée de Grondi-nes, dans le
comté de Portneuf, a reçu une aide du ministère?
M. L'Allier: II a reçu une aide du ministère de
$2000, je crois. Le problème du musée de Grondi-nes, c'est un
problème qui, au moment où je vais l'énoncer, va confirmer
le député de Saint-Jacques dans un certain nombre d'opinions
relatives au projet PIL. Par sa nature, le musée de Grondines est un
projet qui, à l'origine, a été suscité par les
projets PIL, comme bon nombre de projets PIL que tous les membres de
cette commission ont eu dans leur comté. PIL a donc fourni des sommes
importantes de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour l'engagement
d'animateurs et de personnel dans un musée local qui fonctionnait
très bien et qui remplissait une fonction utile dans la
collectivité.
La part du ministère des Affaires culturelles au musée de
Grondines était, par rapport au coût total de l'opération,
assez marginale. Elle représentait peut-être à peine 10%
à 15% du coût total de l'opération.
Du jour au lendemain, le musée de Grondines ne fait plus partie
des priorités de PIL qui retire carrément son aide. Cela pose le
problème d'un trou d'à peu près $75 000, si ma
mémoire est exacte. J'ai vu la demande qui nous a été
présentée il y a quelques semaines. Je n'ai pas ce type de
ressources. Cela ne fait pas partie des critères dont nous disposons
pour les musées privés.
On avait donné $3500 et on nous en demande, pour le même
projet, parce que le gouvernement fédéral décide de
l'investir ailleurs, de bloquer le trou avec $75 000 ou $80 000 qu'on n'a pas,
tout simplement.
M. Charron: C'est bien cela.
M. L'Allier: Cela peut être réduit à $20 000,
à $25 000, mais, même à $20 000, c'est complètement
hors normes par rapport à nos propres ressources qui sont
indiquées ici et, même à $20 000, on n'est plus en face
d'un lieu culturel, on est en face tout simplement d'une modeste maison qu'on
aide à chauffer, avec des gardiens et, d'ici deux ans, ceux qui y ont
déposé leurs objets les reprendront, le musée fermera ses
portes et ce sera à vendre.
M. Charron: M. le Président, je suis bien d'accord avec
l'analyse que le ministre des Affaires culturelles vient de faire de ce cas
particulier, mais il faut l'étendre même un peu plus, parce que
c'est un exemple de ce que ce genre d'initiative fédérale
les projets d'initiatives locales a eu pour effet malheureux dans le
domaine des affaires culturelles, comme on peut le signaler dans le domaine des
affaires sociales, quand Ottawa a abandonné le programme de garderies.
Plusieurs députés se sont retrouvés avec un
problème sur les bras, effectivement. Quelque chose avait
été crée. C'est le cas du musée. Le musée
existe. Il y a des collections à l'intérieur du musée,
mais, comme le dit le ministre, Ottawa se retirant, Québec ne peut pas
être simplement le bouche-trou de ce qu'Ottawa décide de faire
à cause de ses restrictions budgétaires. Mais qu'adviendra-t-il
maintenant? Je comprends très bien que nous ne pouvons pas, et j'en
voudrais au gouvernement s'il devait prendre les deniers qui nous sont
confiés par les citoyens uniquement pour sauver ce qu'Ottawa abandonne.
Mais qu'adviendra-t-il des collections à l'intérieur du
musée si, effectivement, il doit fermer ses portes? Qui en est
maintenant propriétaire?
M. L'Allier: Je pense que les propriétaires sont toujours
les citoyens de la région qui ont déposé des objets qui
leur appartiennent...
M. Charron: Sans que la corporation s'en soit rendue
propriétaire?
M. L'Allier: Je pense que... Enfin, j'ai visité le
musée il y a près d'un an. C'est ce qu'on m'avait dit. Chacun
continue d'être propriétaire de ses objets qui sont ici en
dépôt. Au pire, les gens vont reprendre leurs propres objets et un
sur deux les mettra probablement en vente aux antiquaires, parce qu'on saura
que cela a de la valeur.
M. Bacon: Au lieu d'énumérer un certain nombre de
musées, est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose pour le Musée
Pierre-Boucher à Trois-Rivières?
M. L'Allier: Je vais répondre. Il y a un musée
à Trois-Rivières, qui s'appelle le Musée Pierre-Boucher,
c'est le musée du séminaire, et les prévisions, si toutes
les conditions sont respectées, sont de l'ordre de $25 000 et se situent
dans la catégorie B.
M. Bacon: On ne voulait quand même pas être à
part. Il y a Grondines, Trois-Rivières.
M. L'Allier: On peut changer la subvention. Cela réglerait
le problème de Grondines.
M. Charron: Le Musée des Beaux-Arts de Montréal, M.
le Président, que je n'ai pas encore visité depuis sa
réouverture, mais que je me propose de faire pendant les vacances, a
subi des modifications à son conseil d'administration et, au moment
où le conseil d'administration a connu ces modifications, le ministre en
avait profité pour élaborer, avec la collaboration du
musée, une politique plus élargie de diffusion,
d'accessibilité. J'aimerais savoir ce qui a été fait
effectivement pour assurer que le nouveau Musée des Beaux-Arts, tel
qu'il a été inauguré officiellement il y a un mois, je
pense, ferait plus que l'ancien, qui avait été fermé,
quant à la diffusion et à l'accessibilité; celui-là
en particulier. Je ne parle pas de la politique générale telle
que décrite dans le livre vert, mais de celui-là en
particulier.
M. L'Allier: Pour ce qui est de celui-là en particulier,
je pense que la chose la plus utile que nous pouvions faire, à court
terme, est celle que nous avons faite. D'ailleurs, au moment de nommer les
membres choisis par le gouvernement au conseil d'administration du
musée, membres qui sont minoritaires ils sont dix ou douze sur
vingt-cinq ou trente nous avons volontairement choisi des personnes qui,
au cours des dernières années, avaient été ou
très intéressées ou même très critiques de
l'action du Musée des Beaux-Arts quant à son
accessibilité, quant à son ouverture.
La tradition voulait que le musée et la corporation du
musée nomment ses quinze ou dix-huit
membres et fassent au gouvernement une recommandation d'une dizaine de
membres qui étaient presque automatiquement nommés par l'Etat. Je
n'ai pas suivi cette tradition cette année et les membres qui ont
été nommés... Sur douze ou sur dix, deux, je pense, ont
été renouvelés. Il s'agit de Mme Andrée Paradis et
de M. Jacques Brault, et tous les autres ont été
remplacés, non pas à partir des listes du musée, mais
à partir d'une liste de personnalités s'intéressant au
musée. C'est ainsi que vous retrouvez au Musée des Beaux-Arts
Marcelle Ferron, Marcel Rioux. Je n'ai pas les autres noms en mémoire.
Peut-être qu'on les a. Est-ce que c'est le nom? De toute naçon,
nous avons... Jean Sarrazin... des gens qui ont été... Jean
Sarra-zin qui, depuis 1957, discute du musée, qui critique sur le
musée, et, Mme Pelletier-Baillargeon, cette infusion de sang neuf au
sein du conseil d'administration, à mon avis, a beaucoup de chance de
réveiller l'administration du conseil et les décisions devraient
se prendre davantage dans l'optique de la diffusion que nous souhaitons.
Plusieurs de ces personnes qui ont été nommées, au
moment d'accepter leur nomination, m'ont fait savoir que si le musée ne
changeait pas radicalement ses habitudes, que j'aurais rapidement leur
démission.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu de démission. Donc,
cela devrait être en marche.
M. Charron: Parlant du Musée des Beaux-Arts qui aura une
subvention de $200 000, je pense, cette année?
M. L'Allier: Qui a eu $200 000...
M. Charron: ...qui a eu $200 000 et qui aura vraisemblablement la
même au cours de la prochaine année...
M. L'Allier: On prévoit une subvention qui pourrait
être de l'ordre de $300 000 et une éventuelle participation au
déficit accumulé. On est en discussion avec le Conseil des arts
là-dessus.
M. Charron: Dans le rapport du Vérificateur
général, l'année dernière, on disait vous me
le rappelez en parlant du déficit accumulé du musée
que le Vérificateur général avait découvert une
utilisation illégale par le musée de sommes d'argent provenant
des fonds publics québécois, en ce sens qu'une partie de la
subvention accordée par arrêté en conseil pour fins de
construction, avait été, selon le Vérificateur
général, c'est dans son rapport, utilisée pour rembourser
des dettes accumulées, ce qui est illégal, parce que l'argent est
utilisé à une fin autre que prévue par celle de
l'arrêté en conseil.
J'aimerais savoir à quelle correction ce rappel du
Vérificateur général a pu conduire.
M. L'Allier: On a dû présenter un nouvel
arrêté en conseil pour régulariser la situation et tenir
compte de ces...
M. Charron: Quelle était la somme exacte qui avait
été ainsi...?
M. L'Allier: $700 000.
M. Charron: $700 000 qui avaient été
utilisés à cette fin. Quel est le déficit accumulé
maintenant?
M. L'Allier: Près de $1,5 million en juin.
M. Charron: Combien a coûté la nouvelle construction
au total?
M. L'Allier: Avez-vous des chiffres précis
là-dessus? On ne peut pas donner de chiffres. Je vous ferai donner les
chiffres cet après-midi.
M. Charron: Une dernière question locale sur un
musée, dans une des plus belles régions du Québec, le
musée Laure-Conan à La Malbaie. Le ministère avait
l'intention de verser $170 000, dont $45 000 pour acheter la collection de M.
Roland Gagné les vieux meubles et $60 000 qui serviraient
à l'achat du vieux bure.au de poste de La Malbaie qui habiterait le
musée.
Est-ce que tout cela a été régularisé?
Est-ce que les contrats ont été signés?
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: Les contrats peuvent être
déposés.
M. L'Allier: Je demanderais à M. Lachapelle de faire le
point sur cette question.
En fait, c'est un budget spécial qui avait été
voté à cette fin dans le cadre des zones... C'est l'OPDQ qui s'en
occupe et un budget a été voté. Effectivement, la
corporation a été formée, elle a acquis la collection et,
par la suite, elle a conclu une entente avec la ville pour loger la collection,
créer un musée. Il reste un budget cette année
prévu pour ce musée de l'ordre d'environ $44 000 pour
l'aménagement du bâtiment.
M. Charron: Peut-on déposer les contrats d'achat des
meubles?
M. L'Allier: Aucun problème.
M. Charron: M. le Président, je n'ai plus d'autres
questions au programme 4.
Le Président (M. Brisson): Programme 4. Adopté.
Etudions-nous le programme 3 immédiatement ou le programme 5?
M. Charron: Oui, le programme 3.
Gestion interne
Le Président (M. Brisson): Programme 3: Gestion interne et
soutien.
M. L'Allier: Sur ce programme, comme c'est quand même assez
technique, je vais demander à M. Pierre Boucher, qui est sous-ministre
adjoint et directeur général de l'administration, de
répondre
à l'essentiel des questions, sauf si elles sont de nature plus
politique.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Ma première question, M. le Président,
à l'élément 1, sera de savoir si les restrictions
budgétaires obligent le ministre à sabrer dans le nombre de
fonctionnaires à sa disposition et de faire le point, en particulier,
sur la situation des fonctionnaires occasionnels à l'emploi du
ministère en particulier dans le domaine de la préservation du
patrimoine.
M. L'Allier: M. le Président, nous avons eu,
évidemment, au cours de l'année dernière à diminuer
légèrement nos ressources et nos effectifs. Nous avons obtenu,
par ailleurs, du Conseil du trésor un réajustement positif. Pour
l'ensemble, le nombre de fonctionnaires occasionnels au ministère des
Affaires culturelles a diminué et cela pour plusieurs raisons. D'abord,
parce que plusieurs emplois occasionnels étaient, en fait, des postes
permanents qui auraient dû être comblés en permanence et,
deuxièmement, parce que nous avons, avec le Conseil du trésor
tenté de rationnaliser l'utilisation d'employés occasionnels en
négociant une enveloppe d'hommes-année à
l'intérieur de laquelle nous avions plus de souplesse qu'auparavant.
Pour le reste, je vais demander à M. Boucher de compléter cette
réponse.
Je vais vous donner des chiffres précis. Le 20 novembre 1975,
lorsque le Conseil du trésor a imposé un gel de crédits et
un gel d'effectifs, cela a eu pour effet, au ministère des Affaires
culturelles, sur les 813 postes réguliers que nous avions à
l'époque, de geler 60 postes très précisément.
A ce moment-ci, en 1976/77, ces 60 postes sont toujours gelés,
plus les 23 postes additionnels qu'on nous a consentis pour l'exercice en
cours. Ce qui veut dire que maintenant, pour un effectif de 836 postes, nous
avons 83 postes très précisément de gelés, de
bloqués jusqu'à ce qu'il y ait un dégel des effectifs
réguliers.
M. Charron: II y a un nombre d'occasionnels.
M. L'Allier: Le chiffre des occasionnels qui apparaît dans
le livre n'est plus, à ce moment-ci le même, pour la raison
suivante, c'est qu'il s'est glissé une erreur dans le cours de nos
négociations avec le Conseil du trésor au sujet des occasionnels
et le chiffre précis que vous devriez voir imprimé est 77 au lieu
de 57. C'est ajouté à cela, en cours de route, parce que nous en
avons fait la preuve au Conseil du trésor, 20 postes occasionnels
additionnels, 20 hommes-année additionnels pour l'engagement des
étudiants au cours de l'été parce que l'enveloppe que nous
avions là ne nous permettait d'engager aucun étudiant au cours du
présent été. Ce qui veut dire que le montant est
très précisément aujourd'hui de 97 hommes-année
occasionnels. Donc, c'est supérieur aux chiffres de l'an dernier.
Fêtes nationales et fêtes
populaires
M. Charron: M. le Président, le ministère
subventionne cette année, si je regarde les informations fournies
l'année dernière, quelque 53 organismes de développement
culturel par un montant de près de $1 million. En tout et partout 35
municipalités, 70 centres culturels et organismes de
développement communautaire, sept associations socio-culturelles, 26
festivals populaires et une quinzaine de groupes d'organisation de la
fête nationale des Québécois, ont
bénéficié des subventions. Sans entrer dans les
détails qui devront venir plus tard, j'aimerais connaître du
ministre un apperçu du nombre de ces organismes qui devraient quitter le
ministère des Affaires culturelles et éventuellement être
greffés au nouveau ministère du Tourisme, Loisirs et des Parcs,
puisque cette question a été abordée par le ministre
lui-même hier en parlant qu'il n'avait pas d'objection à ce que
pareil transfert puisse se faire. De quelle importance, de quelle nature
l'envisage-t-il?
M. L'Allier: Je vais répondre pour ce qui est de la
question des festivals et fêtes populaires et je demanderais à M.
Monette de compléter la réponse sur les autres points.
Il a été décidé par le Conseil des
ministres, il y a déjà au delà de deux mois et demi ou
trois mois, que la question ou le problème que pose annuellement la
multitude des festivals et des fêtes populaires organisées en
province, notamment au cours du printemps et de l'été, devaient
être étudiées et rationalisées au niveau de
l'administration publique.
En fait, je pense qu'il y avait douze ou treize ministères qui,
d'une façon ou de l'autre, aidaient les festivals de toute nature. Si
c'était le festival du pain, c'était le ministère de
l'Agriculture; si c'était le festival western, ça pouvait
être le ministère du loisir, ainsi de suite.
Il a été convenu que le haut-commissariat et
éventuellement le ministère du loisir soit le seul et unique
interlocuteur de tous les organisateurs et de toutes les organisations de
festivals, quelle qu'en soit la nature, ce ministère devant aller
chercher, lorsqu'il croyait en avoir besoin, la participation d'autres
autorités gouvernementales et cela correspond à un voeu qui avait
été exprimé par l'Association des festivals du
Québec qui regroupe au-delà de 150 organisations de festival, si
ma mémoire est exacte, qui vont encore une fois du festival du pain au
Carnaval d'hiver de Québec. Donc, l'an prochain, le ministère des
Affaires culturelles, pas plus qu'aucun autre ministère d'ailleurs,
n'aura à traiter directement avec des organisations ou des organismes
qui s'occupent de fêtes populaires ou de festivals. C'est le
haut-commissariat et il pourra nous inviter à subventionner la partie
culturelle; c'est sur sa recommandation.
Pour ce qui est des fêtes nationales, il a été
convenu dans le même arrêté en conseil, qui peut être
obtenu d'ailleurs et communiqué à cette
commission comme à toute autre commission, il a été
convenu que c'était le ministère du Conseil exécutif qui
s'occupait des subventions à l'organisation des fêtes nationales,
pour deux raisons: d'abord, pour marquer la distinction qui doit exister entre
les fêtes nationales et les festivals de type commercial ou de promotion
industrielle ou même culturelle et, deuxièmement, pour souligner
l'importance que le gouvernement souhaite accorder à sa participation,
même si elle est relativement modeste, à l'organisation des
fêtes nationales partout en province. Ce qui frappe aujourd'hui, bien
sûr, ce sont les fêtes nationales à Montréal, mais ce
qui nous a amenés à prendre cette décision, c'est la
multiplication des demandes pour l'organisation des fêtes nationales
partout en province. Donc, c'est au niveau du ministère du Conseil
exécutif, à l'occasion de l'étude de ses crédits,
que vous pourrez obtenir plus de détails là-dessus, de M.
Benoît Morin, en particulier, et le ministère des Affaires
culturelles, à l'avenir, n'a pas à participer,
c'est-à-dire à établir une mécanique de subvention
pour l'organisation ni des festivals ni des fêtes nationales: il
participera à l'un et l'autre à la demande des ministères
qui en sont responsables. Si le ministère du Conseil exécutif
nous invite à subventionner 20% du festival d'été de
Québec parce qu'il y a 20% des activités qui y sont culturelles,
20% par le ministère du Tourisme, 20% par le haut-commissariat, nous
discuterons avec lui, nous prendrons notre décision sur cette
recommandation. Mais nous ne traiterons plus directement avec le festival
d'été qui devait faire du shopping dans plusieurs
ministères.
M. Charron: Pour les organismes socioculturels qui devraient
éventuellement passer sous la coupe du nouveau ministère, comment
les évalue-t-on?
M. L'Allier: Dans l'état présent du dossier, les
mécaniques que vient d'expliquer le ministre va s'appliquer exactement
de la même façon au niveau des comités culturels et des
centres culturels. Elle va s'appliquer aussi au niveau des
municipalités. En fait, pour la plupart des organismes qu'on a
subventionnés en 1975/76, il y en a 181, on peut dire qu'ils vont passer
au ministère du loisir.
A l'intérieur de ça, il a été convenu qu'il
y ait un comité interministériel entre le loisir et les affaires
culturelles et que, si une municipalité a un programme plus
spécifiquement qui se rattache à nos activités, à
ce moment-là, le ministère intervient dans la mécanique a
expliqué le ministre.
Pour les comités, c'est la même chose et, pour les centres
culturels, c'est la même chose. Le haut-commissariat,
présentement, dans le cadre des centres culturels, subventionne comme
nous la construction et l'équipement de centres culturels; il va falloir
là aussi négocier, au niveau du comité, le partage entre
ce qui est véritablement culturel du ministère et ce qui sera du
loisir.
En fait, la totalité des dossiers présentement va passer
au ministère du loisir.
M. Charron: Même en ce qui concerne les centres
culturels.
M. L'Allier: Même en ce qui concerne les centres culturels,
parce que les centres culturels ont beaucoup d'activité au niveau du
socio-culturel et, à ce moment-là, il faut que le
ministère du loisir intervienne. Quand, dans un centre culturel, par
exemple, il y a une bibliothèque publique ou une bibliothèque
scolaire, à ce moment-là, on peut intervenir au niveau de la
bibliothèque. Vous avez un autre exemple qu'on peut prendre, c'est le
Centre culturel de Chicoutimi. A l'intérieur de ce centre culturel, il y
a un musée, il va y avoir une bibliothèque, il y a le
conservatoire, etc., à ce moment-là, dans les unités qui
relèvent de notre juridiction, on peut intervenir, on a des
recommandations à faire au niveau du financement et des
orientations.
Bureaux régionaux
M. Charron: II ne reste, parmi les régions
économiques du Québec, que la Côte-Nord et l'Outaouais qui
n'ont actuellement de bureau régional du ministère des Affaires
culturelles. Et on dit que le Conseil du trésor a toujours refusé
d'allouer les sommes nécessaires à l'ouverture de ces
bureaux.
M. L'Allier: Oui, Je n'ai pas l'habitude de prendre des
engagements fermes à l'occasion de la défense des crédits,
sauf si je suis assuré de pouvoir les tenir. Je suis allé sur la
Côte-Nord et j'ai déjà indiqué là-bas notre
intention, quels que soient les réaménagements budgétaires
qu'il nous faudra faire pour y arriver, d'implanter dans l'Outaouais et sur la
Côte-Nord des bureaux régionaux du ministère des Affaires
culturelles dès cette année.
Il faudra cependant, pour y arriver d'une façon efficace, trouver
les mécaniques de collaboration avec les ministères à
vocation connexe à la nôtre, notamment le ministère des
Communications.
Ainsi, il existe un bureau du ministère des Communications
à Sept-lles. La région de Hauterive-Baie-Comeau n'est desservje
par aucun service, ni des Affaires culturelles, ni des Communications.
Si nous ouvrons un bureau des Affaires culturelles à
Hauterive-Baie-Comeau, nous maintenons un problème à Sept-lles.
Si nous ouvrons le bureau à Sept-lles, nous consolidons la vocation
administrative de Sept-lles au détriment de Hauterive-Baie-Comeau.
Il est probablement possible d'en arriver à une entente pour
faire en sorte que, quel que soit le situs du bureau principal, au lieu d'en
avoir quatre locaux, nous en ayons effectivement deux, mais qui
hébergent à la fois, dans chacune des deux sous-régions,
les services des Communications et des Affaires culturelles dans chaque
région et, éventuellement, la protection du consommateur, etc, ce
qui en fait, fait partie du Comité de la qualité de la vie.
Nous allons, au Comité de la qualité de la vie, tenter de
regrouper en région, nos services du mi-
nistère du comité parce que c'est
complémentaire.
Pour ce qui est de la région de l'Outaouais, il est inutile, je
pense, d'ajouter aux commentaires qui sont faits pour souligner l'urgence d'une
présence plus que symbolique du ministère des Affaires
culturelles dans cette région.
Cette présence, dans les deux régions, ne sera pas une
présence d'intervention active. En d'autres mots, nous n'avons pas
l'intention d'ouvrir ces bureaux et d'y placer des fonctionnaires qui auraient
comme mandat de faire vivre la culture dans la région, mais bien
d'être à la disposition, au service des gens de la région
et de leur véhiculer directement les services de l'ensemble du
ministère des Affaires culturelles pour qu'eux-mêmes se prennent
en main. C'est déjà leur volonté.
M. Charron: Est-ce à dire que, dans le cas précis
de l'Outaouais, par exemple, vous avez l'intention de vous inspirer du rapport
Ducasse qui est déjà sur les tablettes depuis une dizaine de
mois?
M. L'Allier: II est sur les tables. Il n'est pas encore sur les
tablettes.
M. Lapointe: Dans certaines régions économiques,
comme la région de l'Outaouais où les distances sont
énormes, le ministère a-t-il envisagé la
possibilité d'avoir des sous-bureaux, par exemple, à
Mont-Laurier, qui est à 130 milles de Hull pour vraiment être
proche du milieu?
Je me demande jusqu'à quel point, actuellement, les services
gouvernementaux de la plupart des ministères répondent aux
besoins de l'arrière-pays, comme on se plaît à appeler
souvent la région de Mont-Laurier, à cause des distances
considérables qui séparent cette région des bureaux
régionaux du ministère. J'avais des représentations, tout
dernièrement, des responsables culturels de Mont-Laurier, selon
lesquelles les visites des responsables de différents ministères,
entre autres, les responsables des Affaires culturelles, se faisaient à
intervalle irrégulier à cause des distances, à cause des
frais aussi que cela implique, et des frais de déplacement, d'un certain
nombre de contraintes administratives.
M. L'Allier: Oui.
M. Lapointe: Est-il possible d'envisager d'ouvrir des
sous-bureaux dans des régions administratives où les distances
sont énormes comme celle de l'Outaouais?
M. L'Allier: C'est certainement possible, mais, avant de
répondre à cela, j'aimerais répondre au sujet du rapport
Ducasse. On se souviendra que le rapport Ducasse est un rapport qui avait
été commandité par le ministère. On m'informe que
la majorité des recommandations et des orientations proposées par
ce rapport se retrouvent dans le schéma de développement
régional de l'Outaouais et que nous avons l'intention de le
réaliser à partir de cette année, tel que
présenté, le schéma régional de l'Outaouais.
Pour ce qui est des sous-bureaux dans les régions ou dans les
sous-régions administratives, le problème qui est posé est
important. Est-ce qu'il appartient au ministère des Affaires culturelles
d'ouvrir des sous-bureaux dans ces régions, s'il en a les ressources? Ou
est-ce que nous devons, dans un premier temps, mettre davantage des ressources
financières à la disposition de groupes existant
déjà dans ces régions pour qu'eux-mêmes puissent
assumer un certain relais avec le ministère?
Dans certaines régions, ce sera la première
hypothèse et dans l'autre, la deuxième hypothèse. En
d'autres mots, nous ne prévoyons pas avoir un schéma rigide de
développement de notre action en régions et nous avons
plutôt tenté de coller à la réalité de ces
régions.
Lorsque, dans la région du Nord-Ouest ou de l'Outaouais, on est
confronté, comme sur la Côte-Nord, avec un problème de
distance considérable, il faut, je crois, penser à des
sous-centres de services. Je dis bien des sous-centres de services, parce que
cela ne suppose pas nécessairement que nous ayons sur place un
fonctionnaire du ministère qui y soit en permanence. Au contraire, on
peut traiter ou négocier avec une association culturelle locale la
prestation de services du ministère plutôt que donner uniquement
une subvention. On pourrait louer les services de gens faisant partie
d'association locales à ces fins. On va étudier toutes ces
hypothèses...
M. Lapointe: II n'y a pas que le problème des distances,
mais également celui du nombre des petites muunicipalités. Ils
causent des problèmes. On peut avoir une ville, dans un milieu, qui a
les moyens de s'engager un animateur culturel...
M. L'Allier: Exactement.
M. Lapointe: Mais s'il y a une vingtaine de petites
municipalités qui rayonnent autour de cette ville, elles n'ont pas
toujours les moyens de s'engager un animateur pour animer le milieu.
M. L'Allier: On a un rôle à jouer, cependant, avec
les Affaires municipales et aussi avec les municipalités. Si une
municipalité plus importante a les moyens d'avoir un service de loisirs
socioculturels, c'est peut-être davantage à partir de ce service
qu'on pourrait desservir les petites municipalités plutôt que
d'encourager la multiplication de sous-services qui sont toujours
sous-équipés.
Vous connaissez les problèmes du dialogue entre les
municipalités. Il ne s'agit pas de parler de fusion dans la
région de Mont-Laurier. Mais si, effectivement, par l'intervention du
ministère des Affaires municipales et au niveau des subventions qui sont
accordées pour le fonctionnement de ces services, on en arrive à
la conclusion qu'à Mont-Laurier, par exemple, où il y a en fait
un centre de services à partir des services de la ville et que ces
services deviennent accessibles à un grand nombre de
municipalités aux alentours, c'est probablement à la fois plus
efficace, plus économique et, de toute façon, coordonné
avec les activités de
la ville qui est le pôle d'attraction et de
développement.
C'est plutôt vers cela que je veux me diriger, plutôt que
d'ignorer ce qui existe déjà et d'essayer d'en mettre sur
pied.
M. Lapointe: Est-ce que cela signifierait que le ministère
des Affaires culturelles serait prêt à mettre en place un
programme semblable à celui qui existe au haut-commissariat? Lorsqu'il y
a une mise en commun de services de loisirs, pour un groupe de
municipalités, il y a des subventions qui sont accordées, soit
à l'organisme qui a fait le regroupement ou aux municipalités qui
se sont regroupées...
M. L'Allier: L'action du ministère du loisir amène
effectivement le haut-commissariat à s'occuper de ce genre de choses. En
d'autres mots, il s'agit surtout de loisirs socio-culturels plutôt que
d'activités culturelles au sens professionnel comme on l'entend
habituellement.
On fait actuellement des expériences en termes de financement en
ce sens-là. Mais le regroupement au niveau du ministère du
loisir, de ses activités, étendra la responsabilité du
ministère du loisir au socio-culturel et il appliquera, je
présume, les mêmes normes qu'il applique au niveau du loisir.
Et on arrêtera là aussi, le shopping entre les deux
secteurs d'activités, la concurrence souvent, qui était
négative à bien des points de vue.
Métiers d'art
M. Charron: Je voudrais m'informer si le ministre a l'intention
de renouveler l'entente qui donne la maîtrise d'oeuvre du
développement des métiers d'art pour l'Est du Québec,
à la Corporation des artisans créateurs de l'Est du Québec
et de faire en même temps le point sur ce dossier et sur ces relations
pour le moins tendues.
M. L'Allier: En 1975/76, la solution aux problèmes des
métiers d'art dans l'Est du Québec nous était
facilitée du fait que l'entente fédérale-provinciale de
développement de l'Est du Québec mettait à notre
disposition des fonds à cette fin.
Puisque cette entente de l'Est du Québec a pris fin le 31 mars
1976, à partir du 1er avril, il appartient au ministère des
Affaires culturelles d'assumer lui-même le financement de l'aide
financière qui est apportée par l'Etat aux organismes d'artisans
dans toutes les régions du Québec, y compris dans l'Est du
Québec.
Nous avons effectivement cette année, des ressources qui seront
mises à la disposition des artisans et des groupes d'artisans et,
à ce moment-ci, nous sommes en train non pas d'élaborer une
politique parce que ce serait prétentieux de penser pouvoir le faire
à très court terme, mais nous sommes en train d'élaborer
une stratégie d'intervention pour l'exercice 1976/77 et l'exercice
1977/78, afin d'enrayer cette espèce de saupoudrage de subventions qu'on
a fait pour toutes sortes d'artisans et de petites associations d'artisans dans
tout le Québec, qui ont raison de demander à l'Etat de les aider,
mais qui nous obligent à dilapider en quelque sorte des fonds qui,
à toutes fins pratiques, ne servent pas à grand-chose, si ce
n'est à contenter sporadiquement des demandes d'artisans ou de petis
groupes.
Nous estimons à ce moment-ci que le principal effort que nous
devons faire au ministère des Affaires culturelles, évidemment,
on ne pourra pas le faire à nous seuls. Il va falloir qu'on le fasse
avec d'autres ministères et, à cet égard, je peux vous
dire que notre intention n'est plus de nous arrimer au ministère de
l'Industrie et du Commerce, parce que c'est déjà fait.
Nous avons constitué ensemble une sorte de banque en vue
d'intervenir à l'égard des métiers d'art. Ce qu'il faut
qu'on fasse le plus rapidement possible, c'est de trouver les mécanismes
en vertu desquels les artisans qui n'ont qu'un but, celui d'écouler leur
production pour pouvoir en vivre ou pour pouvoir en tirer partiellement des
moyens de subsistance, puissent effectivement les écouler.
Je voudrais montrer comment, très concrètement, l'aide
qu'on a pu apporter jusqu'à maintenant ne contribuait pas à
l'essor de ces artisans et à l'essor des métiers d'art d'une
manière générale au Québec.
Si vous apportez une subvention à un petit groupe d'artisans, une
petite association locale, pour s'ouvrir un comptoir sur le bord d'une route
nationale, d'une route régionale ou d'une route locale, municipale,
évidemment, ces gens seront contents. Ils auront l'impression qu'ils
avaient raison de vouloir commercialiser leurs produits. On leur donne les
moyens de réaliser le projet, sauf que cela ne réglera rien,
parce qu'ils vont prendre des produits dans un mois, un mois et demi, pendant
l'été, et cela n'ira pas plus loin.
Il faut qu'on trouve le moyen, au ministère, avec la
collaboration de l'Industrie et du Commerce, de faire en sorte que le produit
d'art qui est dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean et qui est dans le Nord-Ouest
Québécois, qui est dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie,
dans toutes les régions du Québec, puisse être amené
vers les marchés où on consomme des produits d'art.
Mais, actuellement, le gros de notre aide au ministère a
été accordé aux grandes associations de Montréal et
de Québec qui savent que le meilleur moyen de commercialiser leurs
produits, outre celui de mettre en marché leur production dans les
boutiques qu'on retrouve à Montréal ou à Québec,
c'est d'organiser des foires annuelles, des grands salons de l'artisanat qu'on
répète annuellement à la Place Bonaventure ou au Palais
des Congrès ici à Québec.
Il faut qu'on trouve le moyen d'amener la production régionale
vers les grands centres de consommation des métiers d'art. Il va falloir
aussi qu'on trouve les mécanismes pour pouvoir exporter le métier
d'art québécois. Il n'y a pas de raison, au Québec, pour
qu'on ne puisse pas, comme d'autres pays l'on fait ailleurs, de même
taille que nous, trouver les moyens d'exporter sur les marchés
extérieurs notre production.
Là, il y a vraiment un problème de commercia-
lisation pour lequel nous ne sommes pas exclusivement compétents,
il faut trouver des gens qui vont nous aider à régler ces
problèmes. Souvent nos contacts avec les artisans et les groupes
nous permettent de l'affirmer plus que jamais l'aide dont les artisans
ont besoin est beaucoup moins une aide financière qu'un appui conseil en
termes de gestion.
L'artisan, son métier, c'est de construire des oeuvres d'art. Une
fois que l'oeuvre est produite, son problème c'est de savoir quoi en
faire, sur quel marché on l'apporte, comment on fait pour vendre un
produit, qui est en mesure de nous dire quel produit répond à un
besoin ou pas, qui nous dit que le produit est fait en fonction des besoins
réels des consommateurs. C'est cela le véritable problème
et c'est pour cela que, même si, quand on parle d'artisanat, on fait
immédiatement référence au ministère des Affaires
culturelles, on ne peut pas penser que le ministère des Affaires
culturelles seul puisse régler un problème qui est, d'une part,
un problème industriel et qui est un problème de distribution
commerciale.
Il faut qu'on s'associe plus que jamais à ceux dont c'est la
vocation de le faire.
M. Charron: C'est donc dire que votre entente avec la Corporation
des artisans de l'Est du Québec n'a pas conduit aux résultats, si
je prends l'objectif que vous venez de décrire, cette entente avec les
artisans de l'Est du Québec n'a pas conduit à ce résultat,
c'est-à-dire de pouvoir mettre en circulation les produits artistiques
de cette région.
M. L'Allier: Ceux qui y ont travaillé pourraient y
répondre beaucoup mieux, mais puisqu'ils ne sont pas là, je me
permets de le faire, je pense que l'entente avec la Corporation des artisans de
l'Est a eu un effet extrêmement positif qui a été d'amener
les artisans de cette région administrative à se regrouper,
à constater que, seuls, individuellement, chacun dans son coin, dans
leur sous-région, ils ne pouvaient pas régler leurs
problèmes. Là il y a une structure régionale.
Nous, notre souhait au ministère, c'est que, dans chaque
région du Québec et on pourrait prendre des régions
administratives comme régions de base les artisans s'associent,
quel que soit le métier qui est le leur, de telle sorte qu'ils se
donnent une force de frappe pour, commercialement, entrer sur le marché
de consommation. A cet égard, l'expérience de l'est du
Québec est positive. Il reste maintenant à faire en sorte que la
production régionale puisse trouver des marchés extérieurs
au marché propre ou au marché intérieur régional et
que cela débouche vers les véritables marchés de
consommation qui sont ceux de Montréal et de Québec.
Fédération des centres culturels
M. Charron: Est-ce qu'en même temps, on pourrait faire le
point sur le problème de la Fédération des centres
culturels, de l'avenir de ces cen- tres et de l'utilisation quant à la
diffusion que le ministère veut en faire?
M. L'Allier: Je demanderais à M. Monette de parler sur
cette question.
La Fédération des centres culturels. En fait, quand le
problème s'est posé il y a deux ans, nous donnions à la
Fédération un montant de $50 000 pour l'administration de la
Fédération. Les $50 000 en entier passait en administration.
C'est cela qu'on a contesté, en fait, il y a deux ans, parce qu'on
s'apercevait que les centres culturels ne recevaient pas de service de la part
de la Fédération. Ce qu'on a appris, en fait, comme option, cela
a été qu'au lieu de donner les $50 000 à une
fédération centrale, cela a été d'injecter de
l'argent dans les régions, et surtout localement, dans chacun des
centres, dans chacune des municipalités du Québec, pour, par la
suite, au bout peut-être de quatre ou cinq ans d'évolution, on
puisse penser à un regroupement régional ou national. Dans
l'état du dossier, quand il l'était il y a deux ans,
c'était inadmissible que le ministère subventionne à $50
000 simplement pour avoir une secrétaire et un directeur
général qui se promenaient dans le Québec et qui ne
donnaient pas de service concret aux centres culturels. Evidemment, cela a
été contesté par ceux surtout qui étaient dans le
conseil d'administration. Sur le terrain, il n'y a eu aucune réaction
à cette espèce de mort ou de mise en veilleuse de la
Fédération des centres culturels. Aujourd'hui, en 1976, la
Fédération veut renaître d'une façon ou d'une autre.
Il faudra la situer à l'intérieur de la politique globale que le
ministre a annoncée, à savoir les conseils de culture
régionaux, et à ce moment, voir si, à l'intérieur
des conseils de la culture régionaux, on peut passer à un
comité ou à une espèce de fédération de
centres culturels régionaux qui pourraient être
représentés au même titre que les créateurs, au
même titre que les municipalités, au même titre que les
comités culturels. En fait, la question qui se pose présentement
en 1976, compte tenu de l'avenue qui a été décrite dans le
livre vert, c'est véritablement de savoir si on a encore besoin d'une
fédération centrale, et peut-être penser plutôt
à des fédérations régionales, ou penser à
des coordinations régionales qui pourraient avoir une voie très
précise au niveau d'un conseil régional de la culture.
L'avenant, en fait, nous est transmis pour l'instant...
Dernièrement, on nous a transmis une demande. Ce qu'on veut
présentement, c'est simplement faire des espèces, qu'on appelle,
nous, au développement des tables de concertation. Les centres culturels
veulent se regrouper pour discuter de leur problème commun. C'est
intéressant comme avenue. Evidemment, on a mis sur pied des tables de
concertation. Quand il y a un organisme qui nous demande de faire la même
chose, on n est certainement pas en désaccord. Il est possible, cette
année, qu'on voit à donner peut-être un minimum d'argent
pour permettre à ces gens de se regrouper autour de réunions de
travail ou de colloques qui leur permettraient de s'orienter un peu plus et un
peu mieux au niveau du conseil de la culture. L'hypothèse est là
pour l'instant.
Art et culture à l'occasion des Jeux
M. Charron: Une dernière question à ce programme.
Je voudrais que le ministre fasse le point sur la participation du gouvernement
du Québec au programme d'art et culture, à l'occasion des Jeux
olympiques de Montréal. On sait que, dans un budget
supplémentaire, je pense, l'année dernière,
l'Assemblée avait voté la somme de $3 millions,
l'équivalent de la participation québécoise au programme
d'art et culture. Le ministre et moi avions convenu qu'il était
essentiel que cette subvention québécoise soit pour la
présentation aux milliers d'étrangers qui seront dans notre ville
bientôt, de prendre connaissance, de prendre contact, en tout cas, avec
la culture québécoise et ses différentes formes
d'expression.
Je mettais en garde l'utilisation de cet argent en vue de
présenter une quelconque mosaïque canadienne au chapeau de cowboy
de Calgary ou quoi encore. Je pense que si le Canada veut profiter de ces jeux
pour faire sa propagande, qu'il mette les sommes qui sont les siennes, elles
sont largement plus vastes que celles que nous sommes appelés à
voter de toute façon. Mais je voudrais m'assurer que ces $3 millions
votés par l'Assemblée soient effectivement uniquement
consacrés à la promotion et à la diffusion de la culture
québécoise, des artistes québécois, nos artisans
québécois pendant cette période.
J'aimerais savoir, en faisant le bilan de cette question et
l'utilisation de cette somme, la participation du ministère des Affaires
culturelles à l'organisation de la XXIe olympiades.
M. L'Allier: II n'y a pas de participation du ministère
des Affaires culturelles à l'organisation des XXIe Jeux olympiques. La
participation du gouvernement dans le programme culturel fait suite à
une entente signée et intervenue entre le COJO, d'une part, et le
ministère des Affaires culturelles. Cette entente prévoyait le
versement en deux tranches égales d'une subvention de $3 millions.
L'analyse des demandes détaillées qui nous ont été
faites nous amenait, dans le contexte de restrictions budgétaires,
à réduire à $2 875 000, en deux versements de $1 750 000
et $1 125 000, donc de réduire de $125 000... C'est-à-dire $3,5
millions étaient prévus effectivement, et on a réduit
à $2 875 000, soit $625 000 de moins que prévus. Avec l'accord du
COJO donc, l'entente a été modifiée pour donner lieu
à ceci.
Les renseignements que l'on me fournit, M. le Président, sont
à l'effet que toute cette somme, au total, sera consacrée
à la promotion et à la diffusion de la culture
québécoise, à la promotion et à la diffusion
d'oeuvres culturelles québécoises, sans exception.
Le budget total d'art et culture, si ma mémoire est exacte, se
situe entre $8 millions et $9 millions, la contribution
québécoise étant donc à peu près du tiers
dans ce budget, le gouvernement fédéral assumant, lui, je pense,
l'autre tiers, et les autres provinces et COJO se partageant le résidu.
La contribution québécoise est donc exclusivement
réservée à la promotion de la culture et de l'art
québécois, à des créations
québécoises; elle se situe dans le cadre du COJO, bien sûr.
Pour le reste, le programme art et culture sert également à la
promotion de la culture des autres provinces et de la culture canadienne, la
contribution fédérale servant, avant tout, à appuyer, si
je peux dire, matériellement, physiquement, la représentation des
contenus culturels...
M. Charron: Quelle est la contribution
fédérale?
M. L'Allier: Je pense qu'elle est de l'ordre de $2 millions
à $3 millions, si ma mémoire est axacte. Je n'ai pas le chiffre
précis. La contribution fédérale, semble-t-il, permettant
aux manifestations de l'Ile-du-Prince-Edouard d'être
présentées à Montréal.
M. Charron: Ce qui fait qu'en fin de compte, la somme
versée par le gouvernement du Québec sera plus aux artistes
qu'à la réalisation technique des présentations.
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: M. le Président, comme tous les membres de la
commission, j'ai pu prendre connaissance du programme art et culture. Ce n'est
peut-être pas l'endroit pour en faire une analyse quant au contenu comme
tel. Je crois quand même pouvoir dire que la participation
québécoise, quand je regarde les invitations faites à des
groupes extérieurs, aurait pu être plus marquée à
l'intérieur des cadres officiels des Jeux olympiques. Je me satisfais,
par contre, étant Montréalais jusqu'au fond de l'âme, de
savoir que les manifestations quasi spontanées ou encore les
manifestations artistiques de rue, celles qui n'auront pas le caractère
de salle officielle, donc celles, en fin de compte, avec lesquelles le public
étranger qui se baladera dans les rues de Montréal sera plus en
possibilité d'entrer en contact, elles, seront authentiquement
québécoise.
Le carré Saint-Louis, la place Jacques-Cartier et plusieurs
endroits de la rue Sherbrooke, le parc Lafontaine, tout cela sera
utilisé à des manifestations québécoises par des
groupes parfois amateurs, parfois professionnels, mais qui communiqueront sans
aucun doute aux étrangers qui sont au Québec que ce sont les
Québécois qui ont payé ces Jeux olympiques, et que c'est
chez nous que nous les recevons. Je me permets ce commentaire même si je
ne veux pas allonger les travaux de la commission. Le programme officiel, tel
que présenté en février dernier, me semble avoir
été l'oeuvre de compromis politiques, où la qualité
culturelle en a pris pour son coup. Je pense qu'on s'est senti dans cette
maudite obligation morale, continuelle de sortir l'Ile-du-Prince-Edouard de son
mutisme et de lui accorder une place parce qu'elle est une des dix provinces
canadiennes, ce qui fait que la vitalité culturelle, par exemple,
fran-
cophone devient encore une fois une sur dix et doit attendre son tour,
elle a sa randonnée. Mais quand je regarde la présence des Irish
Rovers, le Maynord String and Song, les Stampeders de Calgary, le Young
People's Choir...
M. L'Allier: Sans interrompre le député de*
Saint-Jacques, M. le Président, s'il me le permet, on met $2 275 000 sur
un budget de $8 millions, on a pour $2 875 000 de présentation
québécoise. Je n'ai pas demandé aux autres provinces qui
participent de venir présenter une troupe folklorique
québécoise. Chacune des provinces semble avoir été
extrêmement jalouse, dans la mesure de sa participation
financière, de présenter son activité à elle et, si
ce sont les Irish Rovers à telle province et que le budget dont cette
province dispose est l'équivalent du coût des Irish Rovers
à Montréal, c'est ce qu'on va voir comme représentant de
cette province. C'est cela qu'est le problème de culture. Pour le reste,
on peut en discuter très longuement, mais on n'a rien à voir et
on n'a aucun droit de regard sur la programmation du programme d'art et
culture. On a, à la suite de l'entente qui est intervenue en 1974, je
pense, ou 1975, au début de 1975, là-dessus, un
représentant qui doit assister aux ententes qui interviennent pour
l'affectation québécoise. Son mandat est de s'assurer que toutes
les sommes qui viennent du Québec vont à la promotion de la
culture québécoise. Il ne peut pas lui choisir untel plus
qu'untel, plus qu'untel. Si jamais, avec l'argent québécois, on
finançait les Irish Rovers ou le groupe musical du Stampede de Calgary,
là ce ne serait pas possible. Donc, on en a pour notre argent, pas plus.
Mais compte tenu de la multiplicité des programmes, je suis sûr
que le député de Saint-Jacques n'est pas obligé d'aller
entendre les Irish Rovers.
M. Charron: Je n'irai pas non plus.
Le Président (M. Brisson): Programme 3, adopté?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Programme 3, adopté.
Programme 5: Arts d'interprétation. Oui, l'honorable
député de Laurentide-Labelle.
La Butte à Mathieu
M. Lapointe: Ceux qui connaissent l'apport que la Butte à
Mathieu a pu apporter dans le domaine culturel, particulièrement dans le
domaine de la chanson, souhaitent comme moi-même que la Butte puisse
continuer ses opérations, puisse poursuivre ses activités dans le
même sens, comme elle l'a fait dans le passé. J'aimerais que le
ministre fasse le point encore une fois. Je crois qu'il l'a fait à
quelques reprises sur le dossier de la Butte à Mathieu.
M. L'Allier: C'est, M. le Président, M. Pierre Boucher,
qui a suivi ce dossier et je pourrais expliquer en détail ce que j'ai
déjà dit sur...
M. Charron: On dirait que vous avez passé la soirée
dans les archives...
Une Voix: Des champignons.
M. L'Allier: Le problème qui est soulevé au sujet
de la Butte à Mathieu est à la fois simple et complexe. Il est
à la fois administrativement intéressant à analyser et
triste à regarder dans les faits. Il s'agit de l'administration d'une
boîte à chanson qui est la plus ancienne, c'est la doyenne, et
dont le rôle est absolument incontestable quant à la promotion de
la chanson québécoise.
Ceci dit, le ministère des Affaires culturelles, bien qu'il n'ait
jamais aidé les boîtes à chansons aux fins de boîtes
à chansons, le Patriote a reçu de l'aide sous l'aspect de
la présentation théâtrale était
disposé à aider financièrement la Butte à Mathieu
à cause précisément de ce qu'on a dit. Pour y arriver,
cependant, comme on dépense des fonds publics, il ne s'agit pas
là d'oeuvres de mécénat au niveau du ministère, il
fallait appuyer l'aide financière éventuelle sur une analyse
administrative et financière le moindrement cohérente. On a
avisé M. Mathieu, à la fin de 1975, des renseignements dont nous
avions besoin pour étudier une demande d'aide financière et on a
même indiqué à M. Mathieu que cette aide pourrait aller
jusqu'à $50 000, pas plus.
Les chiffres qui nous ont été fournis étant
largement insuffisants pour pouvoir nous permettre d'avoir une idée de
l'administration financière, la dissociation des affaires personnelles
de M. Mathieu et de la Butte à Mathieu n'étant faite d'aucune
espèce de façon, à tel point que, jusqu'à tout
récemment, en tout cas, il n'y avait pas à ma connaissance de
compte de banque spécifique à la Butte à Mathieu,
c'était le compte de banque personnel de M. Mathieu qui gérait
les deux entreprises, c'est donc une affaire strictement personnelle, nous
amenaient à conclure... On aurait pu, dès ce moment-là,
dire: les renseignements sont insuffisants, c'est regrettable, on ne peut pas
vous aider, c'est annulé. A cause de l'importance qu'il faut attacher
à ce genre d'activités dans la région en particulier, avec
l'accord de M. Mathieu, nous avons confié à une firme de
vérificateurs comptables de Montréal, la firme Pierre Caron, qui
est vérificateur de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse donc, nous la connaissons sur le plan de l'efficacité de
son travail et elle a été, à l'Office
franco-québécois, choisie conjointement par les deux
gouvernements nous avons donc demandé à Pierre Caron de
faire une vérification externe des livres de l'administration de M.
Mathieu.
Le résultat de l'enquête de M. Caron est qu'il ne pouvait
pas faire de rapport portant sur l'administration parce qu'il n'avait pas
suffisamment d'éléments dans cette administration lui permettant
de nous en donner le portrait. On voyait, par ailleurs, qu'il y avait des
comptes à recevoir de l'ordre de $200 000 et on ne savait pas
très bien où étaient situés les biens de M.
Mathieu, ses biens personnels, éventuellement ses immeubles, ses
terrains dans la région et le problème de la Butte à
Mathieu à côté. Il était impossible, en
d'autres mots, de savoir si une contribution financière de $5000, $10
000, $15 000, $20 000 ou $50 000 contribuerait à retarder une
échéance d'un mois ou deux, si on allait directement au
règlement des problèmes financiers de M. Mathieu, si on se serait
retrouvé dans deux ou trois mois avec une nouvelle demande d'aide
financière, parce qu'une fois qu'on a le doigt dans l'engrenage,
à partir de certains principes, il faut continuer, face à des
comptes à recevoir de $200 000; tout ça mis ensemble nous
obligeait à conclure que la dépense de fonds publics
n'était pas justifiée, dans les circonstances
présentes.
En conséquence de quoi, j'ai écrit au
député... J'ai écrit au maire de Val-David pour indiquer
que l'état administratif du dossier ne nous permettait pas d'aider la
Butte à Mathieu et si, par ailleurs, la ville de Val-David voulait, soit
s'associer à d'autres ou se porter acquéreur dans
l'opération de la Butte à Mathieu, en gros, et en garantir la
qualité de la gestion et de l'administration, nous pourrions alors
réétudier la possibilité d'une collaboration
financière entre le ministère et une nouvelle administration de
la Butte à Mathieu, Mathieu et la ville, la ville seule ou la ville avec
quelqu'un d'autre. C'est tel que je perçois le défi, je ne sais
pas si M. Boucher peut ajouter des choses précises là-dessus ou
répondre à vos questions.
M. Lapointe: Est-ce que la municipalité de Val-David a
manifesté le désir de participer, à un moment ou à
un autre, ou de prendre possession...
M. L'Allier: La demande initiale d'aide à Mathieu nous
avait été présentée par la municipalité de
Val-David à partir d'une résolution de la municipalité. Je
pense que la municipalité s'est montrée, à l'occasion,
intéressée, mais sans faire de proposition concrète et je
ne connais pas aujourd'hui, depuis une semaine, quel est l'état du
dossier.
M. Lapointe: Est-ce que vous savez qui en a pris possession,
parce qu'on a dit que cela avait été vendu?
M. L'Allier: Je pense que c'est le prêteur
hypothécaire qui a, dans l'exécution de son prêt, d'un
prêt qui avait été consenti, récupéré
la propriété de la Butte à Mathieu. C'est tout ce que j'en
sais pour l'instant.
Le Président (M. Brisson): Le programme 5.
M. Charron: A l'élément 1 qui concerne
l'enseignement des arts d'interprétation, j'aimerais demander au
ministre une seule question qui vient d'une déclaration faite par le
ministre, en février dernier, alors qu'il a remis, au Centre d'art
d'Orford, la subvention de $200 000 provenant du ministère des Affaires
culturelles. Il avait insisté, à ce moment, pour que des mesures
soient prises afin que les équipements soient accessibles pendant toute
l'année, aux nombreux touristes qui fréquentent la région
des Cantons de l'Est. Quelles sont les mesures qui ont suivi cette
déclaration?
M. L'Allier: C'est M. Boucher qui a piloté ce dossier
administratif et qui en est arrivé à la conclusion de l'entente
avec le centre du mont Orford, qui nous a amené à verser la
subvention, à la fois de fonctionnement et de résorption du
déficit. Je vais lui demander de répondre à la
question.
A la suite des pourparlers que nous avons eus avec le Centre d'art du
mont Orford l'automne dernier et, au cours desquels, nous nous étions
engagés à aider le centre d'art à liquider son
déficit accumulé au cours des trois ou quatre années
précédentes, nous avions convenu, de part et d'autre, qu'il
était absolument essentiel que le Centre d'art d'Orford, qui
présente ses activités dans un cadre absolument splendide, mais
il faut bien l'avouer avec un éléphant blanc, qui
ne sert que deux mois ou deux mois et demi par année, trouve le moyen de
faire en sorte que ses équipements, publics à toutes fins
pratiques, soient utilisés douze mois sur douze, dans une région
dont la vocation touristique n'est plus à démontrer.
Il y avait toutes sortes d'hypothèses à envisager. La
première hypothèse aurait pu consister, pour le centre d'art, de
se départir de ses actifs immobiliers et de les vendre à une
société privée qui en aurait fait l'exploitation et qui
aurait pu s'engager à louer, d'une manière
privilégiée, au centre d'art, pendant la saison estivale.
Une autre hypothèse aurait pu consister, pour le centre d'art,
à céder ses actifs immobiliers au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, qui administre le parc dans lequel est
situé le centre d'art.
Une troisième hypothèse était que le centre d'art
lui-même, dont la vocation essentielle est une vocation culturelle et
celle d'assurer, pendant la saison estivale, à des étudiants en
musique, un cadre qui pourrait développer leur expertise, puisse se
transformer en une espèce de société
hôtelière en vertu de quoi le centre d'art administrerait le
centre douze mois sur douze et ferait en sorte qu'il y ait des revenus
d'exploitation permettant de financer son opération purement
immobilière.
On a eu un accord de principe du centre d'art à cet effet et la
solution, parmi les trois que j'ai évoquées, qui a
été retenue, c'est que le centre d'art continuerait à
exploiter ses propres équipements en faisant en sorte que, pendant huit
ou neuf mois dans l'année, le centre d'art devienne un lieu
d'hébergement touristique pour toute la population.
Le centre d'art devait toutefois, pour rendre ses équipements
utilisables toute l'année, faire préparer des plans et devis de
telle sorte qu'on ait une adduction d'eau, des canalisations d'égouts et
des services d'hébergement que ne permettent pas les installations
actuelles. Cela a été vraiment fait, même si c'est un
équipement gigantesque, pour la saison estivale et il y a des
problèmes
d'équipement à régler pour rendre les
équipements accessibles à la population l'année
durant.
Il y a eu récemment de brèves rencontres auxquelles je
n'ai pas assisté, mais toujours est-il que la solution qui semble
être en voie d'être retenue, c'est que le centre d'art trouvera les
moyens d'exploiter le centre d'une manière convenable.
Il est bien entendu, pour le ministère des Affaires culturelles,
que nous allons pas, au cours des prochaines années, supporter des
déficits d'une exploitation immobilière, alors que notre
intérêt est l'activité culturelle qu'on y retrouve.
Nous avons manifesté notre disponibilité pour trouver des
solutions à ce problème par l'intermédiaire des autres
ministères et des autres organismes gouvernementaux. Il y a
déjà eu, du reste, une excellente collaboration de la part de la
société d'habitation au financement de ce complexe immobilier. La
société d'habitation qui, à ce jour, n'a pas
été remboursée pour le capital et les
intérêts de son hypothèque, depuis quatre ans, a
été extrêmement tolérante.
Donc, nous sommes disposés à faire en sorte que
l'équipement soit administrable, mais, comme ministère des
Affaires culturelles, il n'est pas de notre intention je pense que ce
serait détourner nos fonds d'utiliser nos rares ressources pour
financer une opération immobilière, alors que c'est la dimension
culturelle de l'entreprise qui nous intéresse.
M. Charron: II n'y avait donc pas d'entente intervenue
formellement, actuellement. On est encore à l'élaboration
d'hypothèses?
M. L'Allier: C'est cela. Il y a une entente que nous financerions
le déficit d'exploitation, à condition qu'en revanche on nous
assure de nouveaux moyens de reprise en main par lui-même du centre
d'art.
M. Charron: Quand vous avez offert la collaboration du
ministère aux fins d'occuper à douze mois par année, si
possible, cet emplacement, quelle a été la réponse de la
partie en face de vous?
M. L'Allier: La réponse qu'on doit retenir de nos
échanges, c'est que le centre d'art n'a pas l'intention de se
départir de son équipement. Il veut continuer à le
gérer lui-même. Cela supposera que la corporation se
développera une expertise, parce que gérer des activités
culturelles et gérer des restaurants et des hôtels sont des choses
différentes.
M. Charron: Autrement dit, est-ce qu'on va laisser, pour
l'année en cours, le centre d'art gonfler encore son déficit?
M. L'Allier: Non. Il est bien entendu que si le centre d'art,
pour l'exploitation de l'exercice 1976, faisait un déficit, il devra
trouver lui-même le moyen de le financer, soit par le truchement d'une
espèce de souscription publique, soit par l'augmentation de ses tarifs
d'exploitation, soit par une aide particulière des Jeunesses musicales
du Canada qui ont été, en quelque sorte, les
générateurs de ce centre d'art...
M. Charron: ... et qui sont locataires, qui paient pour...
M. L'Allier: Non. En fait, il y a deux corporations distinctes,
si ma mémoire est fidèle, mais qui sont gérées par
les mêmes gens, les mêmes hommes. Ce sont deux entités
juridiques distinctes et séparées, mais une a
généré la seconde. La première, les Jeunesses
musicales, a généré la création du centre d'art. Il
est tout à fait normal, à notre point de vue, que si le centre
d'art résiste et persiste à penser qu'il est en mesure
d'administrer les équipements immobiliers, il devra trouver le moyen
lui-même de financer son déficit d'exploitation attribuable
à l'exploitation immobilière.
Nous allons soutenir la partie culturelle de l'entreprise.
Arts d'interprétation
M. Charron: M. le Président, la grande recommandation du
rapport Jeannotte, déposé au ministre des Affaires culturelles
sur la situation de la musique, de l'opéra et de la danse au
Québec, était la création d'un conseil supérieur
des arts d'interprétation qui jouerait au Québec à peu
près l'équivalent du rôle joué par le Conseil des
arts du Canada. Au bas mot, la création, la mise sur pied d'un tel
conseil nécessiterait une subvention d'environ $25 millions, le conseil
vivant des revenus faits à partir du placement de cette somme et d'une
loterie des arts, selon le rapport Jeannotte encore une fois.
Comme je ne retrouve pas intégralement cette proposition
endossée dans le livre vert, j'aimerais connaître l'opinion du
ministre des Affaires culturelles à ce sujet. S'il n'endosse pas cette
résolution, quel autre moyen prévoit-il pour atteindre
l'objectif?
M. L'Allier: L'autre moyen, c'est précisément le
Conseil de la culture lui-même. Plutôt que de créer
l'équivalent d'un conseil des arts pour la musique, d'un conseil des
arts pour le théâtre et d'un conseil des arts pour la danse et le
ballet, la proposition de la création d'un conseil des arts,
lui-même doté d'un budget de fonctionnement qui pourrait
être de $15 millions à $20 millions par année, et
éventuellement aussi d'une dotation de cet ordre de grandeur dont les
revenus garantiraient le fonctionnement minimal du conseil englobe d'une
certaine façon la recommandation du rapport Jeannotte. Mais il faut se
replacer dans le contexte que le rapport Jeannotte se situait dans une
perspective où il n'était pas question, au moment où il a
été préparé et rendu public, de proposer de quelque
façon la création d'un conseil de la culture autonome et
gérant et administrant les ressources publiques aux fins de la
culture.
Dans ce contexte, le secteur musical disait: Si vous n'êtes pas
prêts à le faire pour tout le monde,
faites-le au moins pour nous dans la musique. C'est cela que proposait
le rapport Jeannotte. Nous, on dit: On ne le fera pas uniquement pour la
musique, on va faire la même opération, en gros, pour l'ensemble
de l'activité culturelle au Québec. Donc, il n'y a pas de
contradiction entre les deux. J'ai eu l'occasion d'en discuter à
quelques reprises, à deux reprises en tout cas, avec M. Jeannotte et
cela va exactement dans ce sens.
Evidemment, les gens du secteur de la musique, comme les gens du secteur
du théâtre, pour leur part, dans leur propre optique, souhaitent
toujours avoir un cadre qui leur soit propre. Les gens de la musique n'aiment
pas jouer avec les gens du théâtre et inversement, sauf lorsqu'il
s'agit d'opéra probablement. Pour le reste, ils acceptent très
bien que ces structures soient communes et elles le seront.
M. Charron: II y avait d'autres recommandations dans le rapport
Jeannotte qui étaient plus réalisables et qui se rapprochent de
certains objectifs mentionnés dans le livre vert. Je pense à la
transformation de l'orchestre symphonique de Québec en un orchestre de
type classique, la création de l'orchestre des jeunes du Québec
c'était le nom suggéré qui permettrait cet
objectif mentionné dans le livre vert, c'est-à-dire la formation
professionnelle intermédiaire entre le conservatoire et l'accession
à un grand orchestre comme tel, et finalement aussi, dans un autre art,
mais tout aussi important, la création d'une école
supérieure de danse au Québec.
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: Ces recommandations ont reçu quel accueil
auprès du ministre?
M. L'Allier: Un accueil dans l'ensemble favorable. Je dois dire
que le rapport Jeannotte, comme document, est intéressant, mais que ce
n'est pas une étude scientifique de la première qualité.
Cela ne se veut pas non plus une étude scientifique, pas plus que le
livre vert dans ce sens. C'est une perception des besoins du milieu et une
esquisse de solution possible. Si vous discutez avec ceux qui l'ont
préparé, ils vous diront que, faute d'autres connaissances du
fonctionnement de l'administration, voici comment ils verraient les choses se
faire. Prenons point par point: Au niveau des conservatoires, le rapport
Jeannotte est assez vague. Qu'est-ce qu'on doit faire avec les conservatoires?
C'est une question, quant à nous, que nous souhaitons aborder. Le livre
vert l'indique. Est-ce qu'on doit avoir au Québec huit, neuf, dix
conservatoires? Si oui, comment doivent-ils fonctionner? Ou est-ce qu'on doit
avoir au Québec un conservatoire de musique et un conservatoire d'art
dramatique qui sont le sommet, vraiment le lieu de formation de l'élite
en musique et en art dramatique, le reste étant plus ou moins
intégré dans le réseau de formation professionnelle au
niveau du ministère de l'Education, des CEGEP et tout. On ne peut pas
continuer éternellement à avoir, d'un côté, les
conservatoires qui ne se préoccupent pas encore complètement de
la danse, en dehors, un peu de la danse classique, et voir germer à
Pierre Laporte, par exemple, l'enseignement de la danse d'une façon si
vigoureuse par le ministère de l'Education... Le rapport Jeannotte
là-dessus est assez vague.
Le lien entre les lieux de formation et les lieux d'emploi, c'est aussi
assez vague au niveau du rapport Jeannotte. La création d'un orchestre
des jeunes, je l'envisage d'une façon assez positive et favorable dans
la mesure où on crée, c'est le cas de le dire, des emplois
nouveaux pour les finissants du conservatoire. Maintenant, si la
création d'un orchestre de jeunes devait déshypothéquer de
leur responsabilité les orchestres adultes de représenter plus
qu'ils ne le font à la culture québécoise et de donner
accès davantage qu'ils ne le font à l'interprétation
québécoise, je serais contre. En d'autres mots, les deux
objectifs doivent se conjuguer. On doit, à la fois ouvrir les grands
orchestres et créer un lieu de travail propre aux finissants de nos
conservatoires. Donc, sur ce point, je suis assez en accord avec la proposition
du rapport Jeannotte.
Qu'est-ce qu'il y avait à part cela?
M. Charron: La transformation de l'orchestre symphonique de
Québec.
M. L'Allier: Personnellement, je n'ai pas d'opinion sur la
transformation de l'orchestre symphonique de Québec. Je ne sais pas si
mes collaborateurs ont des idées là-dessus. On peut avoir des
idées là-dessus, mais l'orchestre symphonique de Québec
est une corporation qui s'organise, soit qu'on joue au niveau de la nomination
des membres ou qu'on modifie son statut. Ce qui me préoccupe au niveau
de l'orchestre symphonique de Québec, actuellement, à
première vue et c'est là un préjugé que j'ai, c'est
la multiplication des administrations: le théâtre Trident a son
administration, le Grand Théâtre a son administration, conseil
d'administration, comptables, vérificateurs, agents de personnel, agents
d'information, la même chose dans l'orchestre symphonique. Je me demande
si, avant d'aborder des réformes de fond sur son orientation, on ne doit
pas essayer de rationaliser un peu la gestion et l'administration de ces
ensembles qui, de toute façon, vivent largement de subventions
publiques. En d'autres mots, est-ce qu'on a besoin de trois pu-blicistes, de
trois directeurs de personnel, de trois tout ce que vous voudrez pour
les...
La proposition qu'on fait et qui va choquer probablement les gens du
secteur est d'avoir une gestion intégrée des équipements,
eux-mêmes mis à la disposition des modules de création,
théâtre, danse, musique en respectant l'autonomie de ces modules.
C'est vers cela qu'on va. Cela pourra prendre deux ans avant d'y arriver. Il
faut changer probablement les lois, les statuts corporatifs des organismes.
M. Charron: II le faudra effectivement.
M. L'Allier: II le faudra, puis on va le faire même si cela
choque un peu ceux qui se seront, avec le temps, un peu approprié ces
outils classiques de diffusion culturelle.
M. Charron: Je reviendrai, M. le Président, sur cette
situation propre au Grand Théâtre de Québec. Le livre vert
mentionne abondamment ce problème de la promotion de jeunes musiciens
québécois et la quasi-impossibilité ou en tout cas
l'entonnoir très serré pour eux, quand il s'agit d'accéder
à l'Orchestre symphonique de Montréal, par exemple. Le nouveau
directeur artistique de l'Orchestre symphonique de Montréal, M. de
Bur-gos, a mentionné une possibilité d'utiliser de jeunes
Québécois, comme une doublure des musiciens permanents de
l'orchestre et à l'occasion, selon certaines pièces musicales,
donner l'occasion de, purement et simplement, remplacer, donc faire une
initiation progressive à leur participation au grand ensemble. Cela se
ferait, par contre, avec un appui du ministère à l'égard
de ses meilleurs produits provenant des conservatoires du Québec et donc
un endossement de cette suggestion, parce que l'orchestre symphonique ne peut
le faire sur son propre compte, par le ministère des Affaires
culturelles. J'aimerais savoir si cette idée a été bien
reçue ou si elle apparaît comme un élément de
politique concrète à faire suivre aux principes
énoncés dans le livre vert.
M. L'Allier: J'admets que la proposition, à ma
connaissance, ne m'a pas été faite à moi officiellement
par...
M. Charron: Non. C'est cela.
M. L'Allier: ...elle l'a été publiquement. Je l'ai
reçue dans le journal comme tout le monde. Reste à voir ce qui ce
cache effectivement derrière cela. A l'Orchestre symphonique de
Montréal, je pense qu'on a bien reçu le message à l'effet
que la contribution financière du ministère des Affaires
culturelles et du gouvernement du Québec, par la même occasion,
dans les années à venir, en commençant dès cette
année, pourrait très rapidement devenir proportionnelle au volume
de musiciens québécois qu'on y retrouverait. En d'autres mots, on
pourrait, nous, leur proposer un plan de cinq ans, en disant que la proportion
devrait être inversée de 70/30 qu'elle est maintenant et devenir
de 30/70 pour les étrangers et les Québécois et que si le
rythme de progression de l'intégration des Québécois est
respecté, la subvention augmentera. Sinon, on diminuera et il
appartiendra au gouvernement fédéral de faire vivre un orchestre
international à Montréal, parce que c'est la métropole, ce
sera sa responsabilité. Ce message est rendu chez eux et c'est
probablement ce qui a suscité une réaction en disant: Ecoutez, on
va vous donner des chances. Mais, j'attends de voir d'une façon
structurée ce qui sera proposé avant de dire si effectivement on
doit y ajouter des fonds.
M. Charron: Est-ce que vous avez...
M. L'Allier: Mon opinion c'est qu'on n'a pas à y ajouter
des fonds. C'est à partir des fonds actuels ou à partir d'une
aide qui pourrait être versée à ce moment-là aux
conservatoires qui eux mettraient à la disposition de l'orchestre, des
musiciens, qu'on puisse procéder. Mais, je n'ai pas l'intention,
à première vue, de donner de l'argent supplémentaire
à l'orchestre, une espèce de caisse de garantie, au sujet de
laquelle on va nous dire à la fin de l'année: C'est bien
regrettable, mais il n'y a pas aucun de nos musiciens qui est tombé
malade cette année, on n'a pas pu faire jouer vos gars.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Prévost.
M. Parent (Prévost): Pourrais-je poser une question au
sujet de l'Orchestre symphonique de Québec? L'an dernier, l'orchestre
symphonique a fait une tournée en province, où il y avait une
participation du ministère des Affaires culturelles et des
municipalités. Est-ce encore le but, cette année, de
réorganiser ou d'offrir cette tournée?
M. L'Allier: L'Orchestre symphonique de Québec va nous
présenter très prochainement son budget pour la saison qui s'en
vient et il est certain que ses projets de tournées seront pris en
considération au niveau de l'étude de la subvention.
M. Parent (Prévost): Merci.
M. Charron: M. le Président, lorsque le ministre des
Affaires culturelles a annoncé que l'Opéra du Québec
reprendrait ses activités cet été en présentant le
Barbier de Séville, à l'occasion du programme Arts et culture des
Jeux olympiques, le ministre a également demandé au conseil
d'administration de lui faire des recommandations sur la façon dont ils
envisageaient d'effacer le déficit que je crois aux alentours de $1 300
000 actuellement. Ces recommandations ont-elles été fournies par
le conseil d'administration?
M. L'Allier: Je ne sais pas. Les recommandations ne m'ont pas
été fournies à moi. Il y a une réunion la semaine
prochaine pour présenter les recommandations qui sont faites. On se
souviendra qu'à ce moment-là le projet qui était dans
l'air était que le COJO présente un opéra à
Montréal, en dehors de l'Opéra du Québec, ce qui aurait
sonné définitivement le glas de l'Opéra du Québec.
Symboliquement, en tout cas, l'Opéra du Québec n'aurait plus
existé. Nous avons insisté pour que ce soit l'Opéra du
Québec qui, officiellement et dans les faits, présente cet
opéra, ce qui a été accepté. Nous avons, en
même temps, modifié le conseil d'administration de l'Opéra
du Québec. Quatre membres ont été ajoutés et la
démission de deux des membres a été sollicitée ou,
enfin, deux des membres ont démissionné. Il y avait
déjà deux vacances.
Cette adjonction de nouvelles personnes devrait permettre des
recommandations non seule-
ment sur l'épongement du déficit mais sur une reprise des
activités. En ce qui nous concerne, la reprise des activités de
l'Opéra du Québec n'est pas mon premier objectif. Cela
correspond, semble-t-il, au goût d'une bonne partie de la population qui
s'intéresse à la culture. Je ne dirais pas toutefois à une
majorité de Québécois. Il y a plus de gens de l'est de
Montréal qui vont aller à l'opéra plutôt qu'à
la Place des arts pour le théâtre. D'après la
correspondance que je reçois, c'est un fait. Ce qui m'intéresse
donc, ce n'est pas la reprise de l'Opéra du Québec comme tel,
mais l'opéra au Québec. Cela peut prendre des formes
différentes que l'opéra tel qu'il existe maintenant à
Montréal. S'il faut revenir, pour que ce soit viable et parce que
l'objectif est de permettre au plus grand nombre possible de chanteurs ou de
musiciens québécois, dans des dimensions souvent modestes, bien
sûr, de se faire entendre sur des scènes locales et
régionales et d'être en contact avec le public qui les souhaite,
s'il faut revenir dis-je, à l'esprit des Variétés lyriques
de Montréal et s'il faut recréer cinq ou six points de
présentation d'art lyrique au Québec, nous le ferons. Nous
mettrons alors de côté l'Opéra du Québec comme tel
quitte à ce qu'une fois ou deux par année le groupe de
Québec et le groupe de Montréal se réunissent et
produisent un ou deux spectacles du niveau de ceux qu'on a connus dans le
passé.
M. Charron: Mais cela devrait être fait prochainement parce
qu'au lendemain je pense que la dernière représentation
est le 5 juillet ...
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: ... du 5 juillet, l'Opéra du
Québec...
M. L'Allier: II est déjà prévu que les
représentations de l'été seront reprises, ou pourront
être reprises, je pense, en cours d'année. C'est ce qu'on nous a
indiqué. Ce n'est pas décidé, mais c'est prévu. De
toute façon, le rapport qui nous sera donné au cours des
prochaines semaines devrait nous amener à prendre des décisions.
Si ce n'est pas l'Opéra du Québec, ce sera un autre organisme qui
fera de l'opéra au Québec; une chose certaine, c'est qu'à
compter de l'automne on devrait favoriser la présentation d'art lyrique
au Québec plus qu'on ne l'a fait jusqu'ici.
M. Charron: Une question de détail, peut-être. Je
voudrais savoir qui a choisi le programme. Qui a choisi de jouer le Barbier de
Séville?
M. L'Allier: C'est le COJO qui l'a choisi et c'est l'Opéra
du Québec qui est responsable du choix des musiciens et des
inteprètes.
M. Charron: L'oeuvre a été choisie par le COJO
lui-même? Par le commanditaire?
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: C'est une oeuvre commandée?
M. L'Allier: C'est cela.
La réalisation avait été confiée à la
régie de la Place des arts, au départ.
M. Charron: Cela m'étonnait simplement, parce que la
Canadian Opera Company va jouer, pendant le temps des Jeux olympiques, du
Wagner, Walkyrie, ce qui est une production largement plus coûteuse que
de monter le Barbier de Séville. Je sais que la plupart des compagnies
d'opéra hésitent beaucoup à aborder Wagner parce que c'est
vraiment la haute classe de l'opéra tant en termes de production qu'en
termes...
M. L'Allier: ... c'est populaire.
M. Charron: On dit toujours... Cela m'étonne qu'on ait
réservé une oeuvre quand même assez populaire, si on peut
employer cela en termes d'opéra. Le Barbier de Séville est
beaucoup plus abordable qu'une oeuvre en allemand chantée. Je voulais
savoir qui avait fait le choix pour que la Canadian Opera Company monte le
Wagner. Je serais bien curieux de voir le coût de production que le COJO
va consacrer à cela parce que l'Opéra du Québec
s'était refusé à ce genre de grande production.
Ils ont fait Tristan et Iseult et cela les a mis dans le trou!
M. L'Allier: II faut dire que le Barbier de Séville a sans
doute aussi été choisi pour sa capacité d'être
repris à des coûts relativement réduits au cours des
années suivantes et d'être loué à d'autres maisons
d'opéra. Il y a de plus en plus de collaboration entre Vancouver,
Toronto et Montréal, par exemple, ou au niveau canadien.
M. Charron: Sans m'immiscer dans des dossiers, au fond, que je
devrais regarder avec beaucoup plus d'attention avant de dire ce que je vais
dire, un opéra monté pour trois représentations, par
exemple, cela me semble... Je souhaite sa reprise à l'automne et
même sa diffusion dans le Québec, s'il peut être joué
à Québec ou ailleurs, parce qu'avec les décors, les
costumes, lorsqu'on fait cela pour trois représentations, c'est
absurde.
Je serais bien curieux de voir si la Canadian Opera Company, par
exemple, ne reprendra pas l'oeuvre de Wagner qu'elle va interpréter
pendant les Jeux olympiques, à Toronto, à Winnipeg ou à
Vancouver. Probablement que c'est déjà programme dans leur cas,
parce qu'une compagnie ne peut pas se permettre de monter une affaire comme
cela et de la présenter seulement trois fois, donc d'avoir les recettes
de trois représentations.
M. L'Allier: A la condition, aussi, d'accepter que
peut-être, en reprise, on ait des artistes différents, que ce
soient des Canadiens qui sont très en demande.
M. Charron: C'est assez fréquent, quand même.
M. L'Allier: Ce sont des solutions qu'on examine actuellement au
ministère.
M. Charron: Je souhaite vraiment que ce soit repris, M. le
Président.
Quittant l'opéra pour la chanson, qui est un domaine beaucoup
plus abordable, j'aimerais souligner très rapidement, mais très
sincèrement en même temps, l'immense appréciation que j'ai
eue, pour ma part, d'une des plus belles réalisations, je pense, du
ministère des Affaires culturelles depuis qu'il existe, la
Chant'août 1975.
Je sais que nous discuterons tout à l'heure des chiffres et des
coûts, mais il y a, dans ce domaine de la culture, autre chose que des
chiffres et des coûts, à l'occasion. Je ne veux pas dire que tout
doit être conduit à la légère en s'engouffrant dans
un déficit, mais je pense être bien compris par ceux à qui
je m'adresse en disant cela.
Il y a effectivement une clientèle québécoise
jeune, entre 16 et 25 et 30 ans, pour qui le ministère des Affaires
culturelles est un intervenant passager, mais pas nécessairement
fréquent. C'était, je pense, la première fois qu'on
acceptait de consacrer des sommes à la tenue d'une semaine de la
chanson, qui devait avoir des conséquences sur un certain nombre de
jeunes artistes québécois nous en discuterons tout à
l'heure mais qui, en plus, allait s'adresser, comme clientèle,
à tous ces jeunes de 1975 pour qui un des plus beaux moments de leur vie
est probablement de se retrouver au milieu de milliers d'autres comme eux et de
trépigner ensemble sur la même musique et sur la même
expression.
J'ai vécu, à Québec, cette semaine de la
Chant'août 1975. Québec était envahi de jeunes
Québécois venant de toutes les régions. Je pense que nous
ne perdons rien à souligner que c'était une initiative du
ministère des Affaires culturelles de regrouper de façon aussi
pacifique et aussi belle en même temps tous les jeunes
Québécois.
Le ministre, qui répondait à une des questions que je lui
ai posées à l'Assemblée là-dessus lorsqu'on a
présenté le bilan financier de la Chant'août, disait
c'est répété dans le livre vert hésiter
à répéter la Chant'août comme telle. J'en conviens.
Il faut réexaminer ce genre d'activité pour toutes sortes de
considérations. Mais je dis au ministre qu'il ne doit pas
hésiter, une fois par année, à patronner la tenue d'un
événement artistique adressé à cette
clientèle de jeunes Québécois. Nous ne pouvons pas
renfermer la culture québécoise dans des salles, quand, en fait,
ses principaux diffuseurs en sont les jeunes qui veulent vivre à l'air
libre, qui veulent vivre au soleil, enfin pour les périodes où
nous en avons au Québec.
La réussite culturelle du rapprochement des jeunes
Québécois, de l'échange de jeunes Québécois
alentour de la musique et par la chanson est sans doute un des
éléments qui cristallisent en somme la fierté que ces
jeunes avaient d'être Québécois. C'est sans doute
l'élément fondamental de la sécurité culturelle des
Québécois et de leur épanouissement de découvrir
ensemble la fierté que nous avons de l'être.
Ceci dit, M. le Président, j'aimerais bien entendre maintenant
les commentaires du ministre sur la tenue de la Chant'août et les
conclusions qu'il en tire.
M. L'Allier: M. le Président, je partage les objectifs du
député de Saint-Jacques à tous points de vue quant
à l'importance d'avoir au Québec des manifestations culturelles
populaires où effectivement les jeunes se retrouvent. La
Chant'août, en ce sens, a été plus qu'un
événement, elle a été, je pense, un enseignement
qui confirmait cette nécessité d'avoir des regroupements de cette
nature.
Ce qui nous a empêché de revivre, cette année,
l'expérience, c'est essentiellement que nous voulions, dans un premier
temps l'analyser complètement et la peser, compte tenu des objectifs qui
avaient été fixés au départ, c'est-à-dire
favoriser l'expression de la chanson québécoise ou la
relève québécoise. Et deuxièmement, ce qui nous a
retenus, c'est le coût réel de la Chant'août de 1975. Cela
devenait, ce deuxième point, un handicap pour recommencer la même
opération dans les mêmes conditions. En d'autres mots, une entente
était intervenue avec SOFECQ, qui était la corporation qui
organisait la Chant'août, à l'effet qu'une subvention de $250 000
était accordée pour les quatre jours et demi ou cinq jours de la
Chant'août, alors que le coût réel de l'opération est
à peu près du double. A partir de là il faudrait
réévaluer l'opération.
M. Charron: En fait, le déficit est de combien?
M. L'Allier: De l'ordre de $250 000. Je n'ai pas les chiffres
précis devant moi, mais le déficit d'exploitation est d'environ
$250 000, ce qui veut dire que cela, normalement, devait s'ajouter à la
subvention initiale du ministère.
M. Charron: Qui était de...?
M. L'Allier: $250 000. En fait on a fait deux Chant'août la
même année.
C'est-à-dire que si cela n'avait pas dépassé, on
aurait pu la refaire cette année.
Ceci dit, cette année, notre contribution à ce genre de
manifestation est à la fois plus modeste, en termes de coût, et
plus modeste en termes de semaines d'activités. Il ne s'agira pas d'une
semaine, il y aura une soirée à Québec, le 20 ou le 21,
suivant la température, si mes dates sont exactes. Le 20, et si c'est
mauvais le 20, c'est reporté au 21, au Bois-de-Coulonges. Vous aurez,
encore une fois, un grand spectacle populaire où on prévoit
accueillir environ 100 000 personnes. La participation financière du
ministère est relativement modeste mais, là aussi, on a
essayé de faire jouer plusieurs éléments de façon
concourante dans cela. La participation du ministère est de l'ordre de
$15 000 à cette manifestation. Québec-SPEQ, ceux qui font le
disque doit naître de cela, la vente du spectacle aux
télévisions et tout, et Radio-Québec étant
associées par ce budget pour une somme de $30 000 ou $40 000 fait qu'il
y a plusieurs éléments qui vont concourir à faire un
évé-
nement qui, au total, va coûter effectivement $75 000 pour une
soirée. Multipliez cela et cela donne le coût de la
Chant'août sur cinq jours probablement. La contribution du
ministère, qui est essentiellement, lui, un catalyseur dans tout cela,
est de l'ordre de $15 000. C'est plus proportionnel à nos ressources
actuelles. Cela pour cette année.
Pour les années à venir, pour l'an prochain,
l'hypothèse que nous voulons pousser pour les années à
venir, celle que nous voulons discuter est de voir de quelle façon on
peut, tout en respectant l'esprit d'une telle manifestation, nous rapprocher
davantage de la relève, mais pas essentiellement pour fournir à
la relève un lieu de présentation sur scène à des
spectateurs fluides, mais fournir à la relève en même temps
un lieu d'expérimentation de l'ensemble des équipements
techniques, enregistrement, fabrication de documents audio avec des
spécialistes, et jumeler, en fait, cette opération aux Jeux du
Québec.
Les Jeux du Québec sont une manifestation, comme vous le savez,
qui commence localement, qui se manifeste dans la région et qui culmine
dans une région du Québec, elle-même variable
d'année en année.
Dans la semaine des Jeux du Québec, que ce soit à
Chicoutimi ou ailleurs, vous avez une semaine de manifestations intenses qui
porte essentiellement sur l'éducation physique et sur le sport et qui
s'est sentie obligée, poussée par les circonstances, d'avoir un
programme culturel. De l'aveu même des organisateurs des Jeux du
Québec de Valleyfield, par exemple, les activités culturelles ont
attiré au moins autant, sinon plus de gens, que les activités
sportives.
A partir de là, si on pouvait nous associer plus directement aux
Jeux du Québec et présenter d'une façon structurée
un festival de la chanson ou un festival du théâtre, ou un
festival de la danse ou un festival des arts plastiques, suivant que ce sont
les jeux d'hiver ou les jeux d'été, suivant qu'on peut les
présenter à l'intérieur ou à l'extérieur, et
permettre à l'éclosion des talents locaux en régions de
culminer sans élimination comme telle, pendant la semaine des Jeux du
Québec, on atteindrait probablement le même objectif et,
plutôt que de regrouper obligatoirement les jeunes à Québec
ou à Montréal, il y aurait des regroupements régionaux qui
se feraient et on partirait de Québec ou de Montréal pour aller
à Chicoutimi, pour aller à un endroit et vivre là-bas la
chanson. C'est une des hypothèses que, pour l'instant, je favorise.
M. Charron: Cette hypothèse est énoncée
également dans le livre vert et je me permets de dire tout de suite au
ministre qu'elle m'a laissé songeur, qu'elle ne m'a pas convaincu
beaucoup. Je lui dis pour quelle raison. D'abord, les Jeux du Québec
regroupent une clientèle qui n'est pas celle qu'un festival de la
chanson ou que la Chant'août regroupe. Je ne veux pas dire que les jeunes
sont divisés en classes entre eux, mais ils sont certainement
divisés en âge. Par exemple, les jeunes qui participent aux jeux,
ceux qui les ac- compagnent, ceux qui les motivent sont beaucoup plus jeunes
que le public intéressé à écouter la poésie
ou les messages qu'un interprète d'une chanson, qu'un chanteur
compositeur peut vouloir livrer à des gens de son âge ou de sa
catégorie.
Je pense qu'il y a une différence d'âge, les jeunes
participant aux Jeux du Québec étant pour la plupart du temps
d'un âge inférieur à 17 ou 16 ans, ils vont jusqu'à
12 ou 11 ans, alors que la clientèle, celle de la Chant'août,
celle que vous avez réussi à rassembler par l'action du
ministère l'année dernière à Québec, en est
une beaucoup moins sportive, c'est le moins que je puisse dire. C'est la
jeunesse itinérante du Québec, celle qui, à
l'été, profite du soleil et se dégage... Ce n'est donc pas
le même groupe. On aurait de la difficulté, d'ailleurs, je pense,
à les faire coïncider ensemble, parce qu'il y a habituellement
beaucoup de conflits entre les deux. Le cap des 17 ans étant franchi, on
est beaucoup plus adulte, on est, en fait, adulte à 18 ans, alors que
les autres nous apparaissent, une fois qu'on a atteint 18 ans,
immensément jeunes par rapport à la maturité soudainement
acquise; c'est un fait. Prenez simplement le cas de la vie dans les
polyvalentes. Quand on discute avec des étudiants de 17 ou 18 ans, ce
qu'ils trouvent de plus pénible, c'est d'avoir à vivre avec les
jeunes du secondaire I ou II qui leur courent dans les jambes au moment
où ils sont en train de parler d'amour au beau milieu de la
cafétéria. C'est un fait qui peut faire sourire, mais qui, je
pense, est, à l'occasion, tragique pour certains de ces jeunes et les
conduit souvent au "dropout". Quelqu'un ne peut plus vivre à
l'intérieur de cela parce que la séparation culturelle entre les
deux groupes d'âge est évidemment frappante. D'autant plus, je
vous le dis tout de suite, qu'à ce moment, parce que les manifestations
culturelles de cet ordre attirent une clientèle dont les habitudes de
consommation peuvent être différentes de celles de la
majorité des citoyens du Québec, vous auriez très
certainement à ce moment à livrer une bataille à l'endroit
d'autres personnes qui vous reprocheraient d'avoir mis des jeunes de 12
à 13 ans qui étaient eux, en vue de participer à- des
compétitions sportives athlétiques, en contact en soirée,
par exemple, lorsque les compétitions sont terminées, avec des
jeunes de 17 ou 18 ans qui mettent entre leurs mains des produits qu'ils ne
devraient pas avoir à leur âge.
Vous savez très bien, surtout si cela se tient dans une petite
ville du Québec, que les pressions seront terribles. Le résultat,
dans un cas comme dans l'autre, ne sera pas atteint.
En tout cas, je suis très très sceptique sur ce projet. Je
pense que des hypothèses de manifestations culturelles comme telles sont
plus probables de réussite que d'essayer de faire cumuler ce qui,
à mon avis, coïncide très difficilement. Tout ce que
j'espère, c'est que le ministre des Affaires culturelles demeure
conscient de l'importance, pour son ministère, de maintenir à
l'occasion, je ne dis pas d'axer l'ensemble de sa politique des musées
ou l'ensemble de sa politique de ce dont nous avons discuté, pour cette
clientèle, mais cette clientèle
existe, elle est l'avenir du Québec quoi qu'on en pense, quoi
qu'on en veuille et elle a largement répondu à l'appel
lancé l'année dernière...
Je me souviens qu'au cours de la semaine que j'ai passée à
Québec et des discussions que j'avais avec des jeunes
Québécois rencontrés au hasard qui venaient de toutes les
régions du Québec, ils n'en revenaient pas, tout simplement pas,
que ce soit le gouvernement, leur gouvernement, celui du Québec, qui ait
organisé cette rencontre, eux qui ont l'habitude de voir ces rencontres
presque exclusivement organisées par des gens à l'esprit
mercantile, qui leur font payer des prix astronomiques pour leur
présenter, en salle fermée par exemple au forum ou au
colisée des groupes étrangers de réputation
internationale.
Pour une fois on ne pouvait presque pas le croire
c'était le gouvernement qui leur disait: Vous aimez la musique, vous
aimez être ensemble, vous aimez vous retrouver ensemble, vous asseoir le
derrière sur le gazon sans être obligés de payer des prix
de fous, le prix est de $4 aux manifestations artistiques. Il était
abordable, dans la norme, je pense, des spectacles de cette envergure. C'est ce
genre d'esprit, quel que soit le sujet sur lequel on parviendra à faire
accord, qu'il s'agit de maintenir. Qu'il y ait au moins un ministère,
à l'occasion, au lieu de dire qu'ils sont tous déprimants, des
drogués, des finis et tout cela, qui continuellement les écarte,
les rejette, les repousse, qu'il y ait au moins un endroit, à
l'occasion, où l'on finisse par dire: Ce que vous exprimez de
liberté dans le Québec et ce que vous exprimez de neuf dans le
Québec, voilà, nous l'approuvons au point de consacrer des sommes
qui vous permettent de vous réunir et d'échanger sur cette base.
Nous ne pouvons guère faire plus, mais nous pouvons faire cela.
Je pense que cela a été la principale réussite de
la Chant'Août 1975. Encore une fois, j'incite le ministre à
creuser d'autres hypothèses puisque celle qu'il a mentionnée
porte beaucoup de côtés qui me laissent sceptique, tel que j'ai
essayé de l'exprimer.
M, L'Allier: Par rapport aux objectifs exprimés par le
député de Saint-Jacques, oui, je pense qu'il peut y avoir
énormément de difficultés au sein des Jeux du
Québec. Ce que je veux dire, c'est qu'on veut à la fois
s'intéresser à l'aspect culturel qui devrait se greffer aux Jeux
du Québec et si, effectivement, on ne peut pas atteindre le même
objectif par les Jeux du Québec, cela ne devrait pas nous faire nous
désintéresser de cette clientèle plus jeune,
effectivement, qu'on retrouve aux Jeux et qui, elle aussi, peut avoir
accès et peut vouloir accéder à une forme d'initiation, si
vous voulez, à l'expression culturelle de demain.
Pour ce qui est de l'autre aspect, pour ce qui est de l'autre
clientèle, pour ce qui est de la jeunesse itinérante,
l'expérience de la Chant'Août devrait nous guider. C'est à
partir de là qu'on va étudier toutes les hypothèses
possibles et imaginables pour essayer peut-être d'associer davantage les
artistes québécois à cela. Il ne faut pas se ca- cher que
les artistes québécois qui sont venus à la
Chant'Août, évidemment, ne l'ont pas fait d'une façon
bénévole. Il n'est pas question de leur demander. Mais on devrait
peut-être leur demander de traiter, dans cette optique, la jeunesse
québécoise sur un pied différent de la jeunesse du
Wisconsin ou de France, lorsqu'ils vont jouer là.
Donc, il y a peut-être des mariages qui sont... Si on en veut la
fête de la jeunesse, que la collectivité fasse sa part, mais que
la colonie artistique fasse aussi sa part.
M. Charron: Je suis bien d'accord avec cela.
M. L'Allier: Que le promoteur accepte peut-être de prendre
5% au lieu de 15% sur $200 000. C'est tout cela qu'il faut revoir avec eux.
M. Charron: D'accord.
M. L'Allier: Si cela devient une espèce de supershow
où, finalement, les ressources publiques sont mises à la
disposition des grands promoteurs professionnels au bénéfice de
la jeunesse, cela peut aller, mais ce n'est pas le type de ressources qu'on a
actuellement. En d'autres mots, on voudrait s'asseoir avec tous ces gens et
voir ce qu'ils peuvent aussi faire pour la jeunesse québécoise
sans être obligés de vider leurs poches.
M. Charron: Parlant d'organismes qui réussissent à
faire ce tour de force, il y a, de façon remarquable depuis quelques
années, le Festival d'été de Québec qui, cette
année, sans aucun doute, remplira encore plus la tâche,
étant donné qu'il n'y a pas de Chant'août et que le
programme annonce déjà des noms prestigieux comme Louise
Forestier, Charlebois et Gilles Vigneault. L'année dernière le
festival a terminé, c'est presque magnifique, ses activités avec
un déficit inférieur, en fait, à $15 749. Nul doute que
les noms que je viens de mentionner attireront suffisamment de monde à
Québec, entre le 7 et le 17 juillet, pour que la cour du
Séminaire soit remplie à craquer et qu'on puisse ainsi augmenter
encore les revenus.
J'aimerais savoir si la subvention du ministère, suite à
la performance de l'année dernière, est modifiée. Elle
avait été, l'année dernière, de $25 000, je
pense.
M. L'Allier: La subvention du ministère, cette
année, passe à $30 000, mais se joint à une subvention du
haut-commissariat et du ministère du Tourisme, le tout coordonné
par le Conseil exécutif, de sorte que je pense que la subvention totale
qui va au Festival d'été de Québec est plus près de
$100 000 que d'autre chose et plus près de la somme demandée que
les sommes proposées l'an dernier.
En d'autres mots, l'effort que nous ne faisons pas pour le
Chant'août nous a permis, via le Conseil exécutif, d'associer le
Tourisme, d'associer le haut-commissariat et le Conseil exécutif dans un
mariage où le total des sommes est plus important. Cela rejoint un peu
la préoccupation
exprimée par le député de Saint-Jacques. Un des
inconvénients majeurs de la Chant'août l'an dernier a
été que cela a risqué de tuer le Festival
d'été de Québec. Cela a failli faire mourir le Festival
d'été de Québec. Les organisateurs du Festival
d'été de Québec n'étaient pas coordonnés
avec les organisateurs de la Chant'août; la ville de Québec
était prise un peu entre deux chaises là-dessus. Je pense que le
Festival d'été de Québec pourrait, à l'occasion en
tout cas, remplir partiellement une des fonctions qu'on souhaite voir à
cette fête populaire collective, et sur une assez longue période
de temps. C'est une des hypothèses qu'on envisage aussi. S'il y a un
Festival d'été de Québec et s'il peut y avoir, à un
autre moment, coordonné dans le temps, un autre festival ailleurs, que
ce soit en Gaspésie ou ailleurs qui fasse que cette jeunesse
itinérante... On est capable, je pense, de connaître assez bien
les itinéraires. On sait que les gens partent d'un endroit, font un
circuit et reviennent.
Idéalement, si on pouvait avoir non pas d'une façon
permanente un "happening" à travers le Québec pendant deux
mois et demi, mais au moins dans des endroits qui se suivent, avec d'autres
formes de présentation... Si on a eu Charlebois à Québec,
cela peut porter sur d'autres formes d'expression culturelle, comme les
métiers d'art en Gaspésie, des choses comme cela. C'est
plutôt vers cela, je pense qu'on devrait aller si on veut respecter
l'objectif de fournir l'accès à la création et à la
diffusion culturelle aux jeunes qui ne sont pas dans les structures.
M. Charron: Revenons pour un moment à la Chant'août.
Le déficit de $250 000 sera épongé de quelle façon,
selon les vues du ministère?
M. L'Allier: Le ministère a décidé et a
obtenu l'autorisation à cette fin du Conseil du trésor et
même du lieutenant-gouverneur en conseil pour négocier avec les
créanciers de la SOFECQ les sommes qui étaient dues. Cela a
été fait à ce moment-ci; tous les créanciers de
SOFECQ ont été contactés par des professionnels et les
créances ont été négociées avec l'objectif
suivant. Le ministère s'était, en 1975, engagé
formellement à ne pas verser un cent de plus que les $250 000. Cela
étant acquis, voulant éviter que certains entrepreneurs qui
avaient fourni leurs services pour l'organisation de la manifestation se
trouvent dans des situations financières embarrassantes, le gouvernement
a accepté de venir éponger une partie de déficit, mais pas
la totalité, en négociant des créances avec les
créanciers.
Cette opération, à ce moment, est
complétée.
Incidemment, pour ajouter mais pas sur le même sujet tout à
fait, pour indiquer que les ressources que nous consacrons à la chanson
ne sont pas coupées d'autant cette année, il y a le festival de
la chanson de Granby, par exemple. Le festival de la chanson de Granby a
bénéficié l'an passé de $9000, le gros des
ressources étant allé, encore une fois, à la
Chant'août. La demande qui nous est adressée cette année
est de l'ordre de $44 000. Nous avions, à l'origine, c'est-à-dire
à l'automne, prévu une subvention de $15 000 et nous
prévoyons réviser ces chiffres. La subvention qui sera
versée sera plutôt de l'ordre de $30 000 à $35 000 lors du
festival de la chanson de Granby, tenant compte du fait qu'il n'y a pas de
Chant'août, tenant compte du fait qu'on augmente au Festival
d'été de Québec et ainsi de suite.
M. Charron: Ces subventions sont-elles, en fin de compte, le
maximum que fait le ministère pour ce qui s'appelle la politique de la
chanson?
M. L'Allier: Actuellement? M. Charron: Oui.
M. L'Allier: C'est le maximum pour les demandes que je viens de
vous indiquer. La politique de la chanson n'existe pas comme telle encore au
ministère. Les propositions qui sont contenues dans le livre vert sont
la reproduction je l'indique d'ailleurs intégrale des
recommandations qui ont été faites par les fonctionnaires qui ont
travaillé à ce dossier depuis quelques années et qui ont
eux-mêmes été à l'origine de la Chant'août.
C'est à l'intérieur de cela qu'on doit maintenant travailler.
Là encore, c'est indissociable, la question du disque, la
question de la mise en marché, les droits d'auteur, la protection des
droits des chanteurs, versus ceux qui trop souvent dans ce milieu les
exploitent avec un certain consentement tacite.
Le théâtre
M. Charron: Avant de conclure, j'aimerais prendre quelques
minutes sur la situation du théâtre et en particulier de ce qui
découle du rapport de M. Miville-Deschesnes sur la situation du
théâtre au Québec, parce que ce rapport n'était pas
qu'une étude théorique des problèmes du
théâtre, il était également un plan d'action
très précis qui avait recommandé certaines choses au
ministère des Affaires culturelles, si on voulait donner un essor au
théâtre québécois.
Je mentionne certaines des recommandations: la création d'une
maison de théâtre dans l'est de Montréal, ce qui peut
être partiellement fait maintenant que la Nouvelle compagnie
théâtrale s'y installe; la création d'un office de
tournée, l'implantation d'un festival du jeune théâtre, ce
qui est organisé annuellement par l'Association québécoise
du jeune théâtre qui vient d'avoir lieu à Rimouski, il y a
deux semaines. Je cite encore, non pas que je veux connaître tout,
l'implantation d'un laboratoire de création, la dotation du
conservatoire d'art dramatique de Montréal d'une salle de spectacle, la
nomination d'un directeur du service du théâtre, la
décentralisation de l'activité théâtrale, la
multiplication des salles, la création d'une deuxième troupe
à Québec ce qui permettra peut-être au ministre de
me parler de la première la remise en cause du principe de la
non-subvention pour immobilisation. J'aimerais
connaître les réactions du ministre à ce rapport et
l'application qu'il entend en faire partiellement ou complètement.
M. L'Allier: Un peu comme le rapport Jean-notte, le rapport
Miville-Deschesnes se situe dans une problématique où on dit: Le
théâtre est une chose isolée et, à partir de
là, comment on règle le problème du théâtre
comme Jeannotte dit comment on règle le problème de la musique et
tout cela? En ce sens, cela va à l'encontre des propositions que nous
faisons dans le livre vert, qui se veulent beaucoup plus interreliées et
beaucoup plus interchangeables, en termes d'objectifs.
Si on prend point par point ceux qui ont été
soulevés, un certain nombre d'entre eux verront leurs
réalisations. Je voudrais aborder cela sous un autre angle. Ce qui nous
intéresse à court terme, c'est de régler d'une
façon la plus stable et permanente possible le problème des
principales grandes troupes professionnelles, pour que ces gens ne soient pas
année après année, et pendant six mois, dans l'incertitude
quant à leur devenir et qu'ils ne puissent pas programmer, qu'ils ne
puissent pas s'organiser d'une façon professionnelle. C'est dans cette
optique nous nous avons abordé successivement les problèmes de la
troupe de Jean Duceppe.
C'est dans cette optique que nous avons favorisé la
négociation qui fait que Jean Duceppe sera pendant trois ans la troupe
résidente à la Place des Arts, quitte à ce que, dans trois
ans, ce soit remis en cause par n'importe quelle troupe de théâtre
qui voudrait occuper la même place. Ce n'était pas possible les
années précédentes. Année par année, encore
là, ce n'est pas sûr. Ce qui nous a amenés à nous
attaquer d'une façon particulière au problème de la
nouvelle compagnie théâtrale est qu'on a réglé,
comme vous le savez, en faisant en sorte que le théâtre Grenada
devienne la propriété de la NCT. Le ministère a même
retiré ses représentations au sein du conseil d'administration de
la NCT pour que cette société soit, effectivement,
complètement autonome du ministère. Ce qui nous intéresse,
nous, c'est d'être informés, avisés au préalable de
toute modification dans les orientations, dans les structures de la NCT.
Nous avons réglé la plupart des problèmes courants
de ce qui s'appelle les théâtres d'été au
Québec en accordant, dans la majorité des cas, je pense, des
subventions aux montants demandés ou se rapprochant des montants
demandés, dans la mesure où les chiffres de ces
sociétés de théâtre d'été sont
vérifiables. L'Office des tournées pourrait normalement
être une des réalisations du conseil de la culture. Il
appartiendra au conseil de la culture, appuyé sur ses conseils
régionaux, de voir à structurer la partie des tournées.
Quant à nous, au ministère, dans l'élaboration des
politiques, il est évident qu'une partie proportionnelle des subventions
qui sont accordées aux théâtres professionnels devra
être consacrée à la tournée, la façon de
l'organiser, la façon de l'agencer, le conseil de la culture.
Montons d'un cran plus haut. Une des lacunes constatées, dans le
passé, a été l'absence de liaison entre le
théâtre comme tel et les conservatoires, les lieux de formation.
On prévoit associer directement les directeurs artistiques de troupes,
les directeurs de troupes, à une organisation pédagogique des
conservatoires, afin que ces gens disent exactement comment on devrait
enseigner et ce qu'on devrait enseigner, pour l'essentiel, en tout cas. En
échange de quoi, nous ouvrirons une porte dans ce théâtre
pour les étudiants de conservatoire pour en arriver à faire en
sorte qu'un étudiant qui est au conservatoire a, en fait, une occupation
douze mois par année, reliée à l'art du
théâtre s'il est en théâtre. En d'autres mots, pour
qu'il n'ait pas un cours de huit mois et que, pendant quatre mois, il soit
obligé d'aller travailler à transporter des caisses de Coca Cola
chez Coke il n'y a rien de désagréable là-dedans
mais qu'il puisse travailler comme éclai-ragiste, comme monteur,
comme assistant de scène dans les théâtres
d'été, qu'il trouve un emploi continu dans le
théâtre.
Ceci étant dit, les problèmes qu'il nous reste à
régler sont une banque de costumes et de décors, qui est
demandée par la plupart des jeunes troupes, et la liaison qui peut
exister entre le théâtre amateur et le théâtre
professionnel. Donc, il n'est pas impensable qu'on en arrive à faire en
sorte que les troupes professionnelles aient, dans leur ombrage ou sous leur
tutelle, si on peut employer l'expression, une technique professionnelle des
troupes de théâtre amateur, et que le territoire se
répartisse sur cette base. Quand des troupes amateurs naissent, qu'on
demande, en les aidant financièrement, à des troupes
professionnelles de les guider un peu dans leurs opérations, sans les
contrôler d'aucune façon. Ces arrimages n'existent pas
actuellement. Il faut que les gens du théâtre commencent à
se parler. J'ai proposé de les rencontrer au cours de
l'été, de façon plus réaliste, au mois de
septembre. Les directeurs de troupe sont d'accord pour une rencontre. J'ai
constaté qu'eux-mêmes ne s'étaient jamais, effectivement,
rencontrés pour se concerter sur les besoins en équipement, les
besoins en salles.
Au moment de décider des équipements, le rapport
Miville-Deschesnes parle de la multiplication des salles sans entrer dans le
détail. On peut multiplier les salles de 2000 places, qui servent
davantage à Serge Lama et à Fugain qu'aux troupes de
théâtre. Il semble et j'ai eu des consultations avec des
gens du théâtre professionnel, Jean-Louis Barrault et ces gens,
quand ils sont venus à Montréal que la dimension
idéale d'une salle de théâtre est de 800 à 900
places. Cela peut être 500, 600 ou 700, mais au-delà de 1000
places, on parle difficilement de théâtre, sauf pour des
pièces exceptionnelles. Or, la tendance actuelle serait de construire
des équipements beaucoup plus grands, y compris en région, sous
prétexte de polyvalence. Les résultats concrets que cela donne,
c'est que vous avez des théâtres qui sont très grands, qui
peuvent accueillir 1500 ou 2000 personnes à Montréal, par
exemple, ou en région,
et qui sont vides la plupart du temps la semaine, parce que les gens se
fient qu'il y a de la place la fin de semaine. Ils se disent: On y va. La
prestation de théâtre est naturellement moins bonne. Cela devient
un cercle vicieux.
En d'autres mots, on se suréquipe, tout en se
sous-équipant, du même coup. Ce sont les problèmes qu'on a
l'intention d'aborder avec les gens de théâtre, le rapport
Miville-Deschesnes servant de guide dans ces discussions, mais devenant, tant
pour les gens de théâtre que pour nous, un document de travail
beaucoup plus qu'autre chose, parmi d'autres.
M. Charron: Le livre vert mentionne une politique visant à
inciter les troupes à remplir leur salle lorsque des sièges sont
perpétuellement vides. Comment va-t-on procéder dans la
réalisation de cette politique?
M. L'Allier: On fait la suggestion. Il appartient aux gens de
théâtre de nous dire comment c'est viable, une telle
opération. En d'autres mots, on peut, sur le plan statistique,
déterminer qu'en semaine, c'est moins cher, un peu comme sur les autobus
où vous avez des tarifs de couleur pour favoriser les gens qui voyagent
la semaine. Les gens de théâtre devraient nous dire, quand la
statistique démontre que leur taux d'occupation du mardi au jeudi est de
40% ou de 50% et qu'en moyenne 50% des fauteuils sont libres, comment on
pourrait amener des gens au théâtre sans créer deux classes
de citoyens, les assistés sociaux du théâtre et ceux qui
ont droit au théâtre du samedi, par exemple, tout en faisant en
sorte, par ailleurs, que ces lieux soient remplis. J'ai déjà eu
l'occasion d'en parler accessoirement, de façon secondaire, à
côté d'un autre sujet, par exemple, avec les cadres syndicaux
importants au Québec, notamment, Marcel Pepin, de la CSN.
Je pense qu'on pourrait, avec les syndicats, avec les groupes de
citoyens, avec les groupes qui peuvent traiter avec des ouvriers non
syndiqués, avec les personnes âgées, par exemple, trouver
des mécanismes pour mettre à leur disposition des billets de
théâtre, d'une façon à peu près
proportionnelle aux sièges qui sont vacants. Cela ne veut pas dire que
ce seraient des billets gratuits. Ce pourraient être des billets à
un coût nominal de $1 ou quelque chose comme cela, qui permettraient
d'aller au théâtre. Le coût du billet pourrait ne pas
être payé directement par l'utilisateur. Cela pourrait être
payé par son organisation ou son association. Je n'ai pas de formule
miracle là-dessus. On va chercher à remplir les
théâtres, précisément parce que cela coûte
à peu près le même prix, de jouer devant 40% ou 80% de la
salle.
M. Charron: J'inviterais le ministre à faire le point sur
la situation du Trident, à Québec, et sur ses
difficultés.
Le Trident
M. L'Allier: M. Barbin, je pense que je vais vous donner la
parole là-dessus. Vous avez été un de ceux qui ont suivi
dans le détail ce dossier avec M. Boucher.
Le Trident vient de retrouver, on peut dire, sa liberté,
jusqu'à un certain point, puisqu'à la suite d'un mandat de
quelques mois les administrateurs nous ont fait des recommandations qu'on a
retenues dans l'ensemble. Il y avait deux groupes de recommandations, un qui
venait du Mouvement d'action théâtrale et un autre qui venait d'un
certain nombre d'administrateurs, de deux ou trois personnes que le ministre
avait nommées. L'accord s'est fait sur la survie du Trident comme troupe
de répertoire. Par contre, alors que le Trident, autrefois, coordonnait
toutes les activités théâtrales à Québec, en
même temps le théâtre pour enfants et le
théâtre de recherche, on a convenu que le Trident ne resterait que
théâtre de répertoire et que les autres troupes ou de
recherche ou de théâtre pour enfants pourraient avoir accès
aux subventions du ministère lorsqu'elles feront appel à
nous.
Nous avons demandé aux administrateurs du Trident de restructurer
la corporation en y mettant en part égale des représentants du
milieu théâtral de Québec et des représentants de la
population. Cette opération doit se faire au cours des prochains jours,
des prochaines semaines. Une fois qu'elle sera faite, ils pourront faire appel
à un certain nombre de subventions. Quant au lieu où ils
joueront, on avait fait l'hypothèse que le palais Montcalm pourrait
être rénové. C'est un dossier qu'on a mis non pas sur la
glace, mais de côté pour le moment. Le règlement
prévoit que le Trident pourrait négocier, évidemment,
puisque la troupe est redevenue autonome, avec le Grand Théâtre
pour la prochaine saison. Il pourra aussi obtenir des subventions lorsqu'il
nous soumettra sa programmation.
On en est là actuellement. Avec les subventions que nous lui
avons versées et l'assistance spéciale que nous avons fournie
à la troupe pour l'empêcher de couler complètement
puisque tous les administrateurs avaient démissionné et que, si
on avait accepté leur démission, il n'y aurait pas eu de
théâtre pendant toute la saison au Québec on a tenu
un peu le théâtre par les épaules pendant quelques mois. Il
était temps de lui redonner son autonomie parce que, si on avait
continué à le soutenir de façon artificielle, cette troupe
aurait été jusqu'à un certain point nationalisée,
ce qu'on n'a pas voulu faire.
M. Charron: M. le Président, je suis très heureux
de voir que la troupe peut reprendre son autonomie, mais je ne suis pas certain
qu'on ait solutionné ainsi son principal problème. Ce que j'avais
identifié et ce que d'autres avaient aussi identifié pour nous
informer sur les problèmes, c'étaient les relations entre le
Trident et le locateur de la salle, c'est-à-dire la Régie du
Grand Théâtre. Si, en retrouvant son autonomie, on dit que le
Trident peut maintenant renégocier avec le Grand Théâtre,
on risque de retomber dans les mêmes ornières.
Je donne à l'intention de la commission des chiffres qui sont
sans doute familiers au sous-
ministre et qui peuvent nous identifier le vrai problème. Par
exemple, lorsque le Trident a joué la pièce "En attendant Godot",
le loyer de la salle chargé par la Régie du Grand
Théâtre était plus élevé que la recette au
guichet, le Grand Théâtre louant la salle à tant le
fauteuil et quotidiennement. Pour "Pygmalion", par exemple, la moitié du
coût total de $135 000 fut versée au Grand
Théâtre.
En 1971/72, si on remonte dans le temps puisque les problèmes du
Trident remontent aussi loin que cela, les quatre productions
présentées obligeaient le Trident à verser $262 464 en
frais d'administration, costumes, loyers, services techniques, soit près
du double de la subvention du ministère des Affaires culturelles qui
subventionnait en même temps la régie. Ce qui m'étonne,
c'est que les deux sont subventionnés par le gouvernement, la
Régie du Grand Théâtre et le Trident, et que l'un et
l'autre ne parviennent pas à s'entendre sur les coûts de
location.
C'est d'ailleurs mentionné dans le rapport Miville-Deschesnes sur
la difficulté pour les troupes à louer des salles à des
prix abordables. Pour des spectacles, par exemple, d'une grande vedette
française comme Fugain dont parlait le ministre tantôt, la
régie peut presque sans hésitation louer au maximum du prix
abordable la salle Louis-Fréchette. Fugain peut charger $7.50, $8, $10
le billet et va remplir sa salle. Il a son public, il a son "fan club" et tout
ce que vous voudrez. Une troupe de théâtre qui doit penser
à une permanence et qui doit donc faire durer son spectacle pendant un
certain temps et qui a d'autres frais, bien sûr, ne peut penser
réclamer $7 ou $8 d'entrée pour une pièce de
théâtre.
Si la régie aborde la locataire de troupes de
théâtre comme elle aborde le locataire Fugain, il est bien
évident qu'au bout de la ligne on se rend à une impasse, et c'est
bien l'impasse qui, à un moment, a chassé le Trident du Grand
Théâtre pour l'obliger à retourner à l'antique
Palais Montcalm.
Je pense à la nécessité d'une intervention
auprès de la Régie du Grand Théâtre, mais cela
implique évidemment plus que cela. Cela implique plus qu'une lettre du
ministre puisqu'il subventionne également la Régie du Grand
Théâtre, mais c'est là, je pense, que le bât blesse
et qu'il faut modifier l'intervention gouvernementale.
M. L'Allier: M. le Président, il n'y a pas que là
que le bât blesse et c'est exact qu'il y a des problèmes de ce
côté et on ne les niera pas; on a eu le même problème
avec la Place des Arts à Montréal et la troupe de Jean Duceppe.
Suite à des échanges entre la Place des Arts de Montréal,
la compagnie Jean Duceppe et le ministère des Affaires culturelles, on
est en voie de trouver une formule qui permet de donner des rabais importants
à des troupes de théâtre résidentes ainsi
qu'à l'orchestre symphonique.
M. Charron: A Montréal?
M. L'Allier: Et on peut ajouter l'opéra.
Donc, une troupe de théâtre, un orchestre symphonique, une
compagnie d'opéra doivent avoir des prix spéciaux, et le
ministère est d'accord, si jamais la régie de la Place des Arts
écopait de cela, pour compléter les subventions à la
fin.
Au Grand Théâtre de Québec, nous voulons
entreprendre les mêmes pourparlers pour faciliter la location, soit par
une compagnie de théâtre résidente comme celle du Trident,
puisqu'on a convenu que c'est celle-là qui devrait rester, soit par
l'Orchestre symphonique de Québec. Mais il n'y a pas que cela. Le
problème principal du Trident a été un problème
administratif. Si on dévoilait les états financiers qui nous ont
été fournis suite aux analyses qu'on a faites depuis quatre mois,
ce serait assez gênant pour les administrateurs. Le directeur du Trident
gagnait plus cher que le directeur de la plus grande compagnie
théâtrale à Montréal et pour beaucoup moins de
productions. Il s'est payé là en salaires, en jetons de
présence pour des administrateurs, en dépenses administratives,
téléphoniques et autres, des montants assez surprenants. Le
bât blessait là aussi.
Vous avez raison quand vous parlez des ententes que nous devrions avoir
avec les régies. Autrefois, les régies avaient reçu
instruction du ministère de ne pas baisser les taux, d'avoir des taux
uniformes pour tout le monde. C'est cette politique que nous sommes en train de
changer actuellement tout en respectant l'autonomie des régies.
Achat du Palais Montcalm
M. Charron: Est-ce que le ministre n'a pas eu, à un moment
donné, par la ville de Québec, l'offre d'acheter pour une somme
minimale le Palais Montcalm?
M. L'Allier: Oui, cela tient toujours. Il y a une étude
qui est en cours sur les coûts de restauration, de rénovation du
Palais Montcalm et l'utilisation qui pouvait en être faite. Il y a
plusieurs hypothèses d'utilisation. Si à Québec, à
un moment donné, on veut parler d'une troisième salle, à
mon avis, il n'est pas question de construire une troisième salle, le
Palais Montcalm devient la troisième salle d'une régie qui
administre des équipements eux-mêmes disponibles à la
création et à la production culturelle. C'est vers cela qu'il
faut aller.
On parle des boîtes à chansons, par exemple. Pourquoi cette
troisième salle, qui pourrait être le Palais Montcalm,
n'abriterait-elle pas, en même temps une salle des spectacles et en
même temps, d'une façon permanente, l'équipement
nécessaire à une boîte à chansons permanente
professionnelle à Québec? C'est vers cela qu'on travaille
actuellement. Il n'est pas impossible...
M. Charron: Donc, l'offre n'a pas été
rejetée?
M. L'Allier: Non, l'offre n'a pas été
rejetée, il y a une étude en cours. La ville de Québec
insiste, évidemment, pour que nous puissions concrétiser,
pour se débarrasser de ce fardeau qu'est le Palais Montcalm. Moi,
j'ai donné, en tout cas, l'assurance au maire que, sur le principe, cela
devrait fonctionner à un moment donné, dans le temps. Est-ce au
mois de juillet, au mois de septembre ou au mois d'octobre? Nous terminons les
études qui sont en cours là-dessus pour savoir combien il en
coûterait pour faire du Palais Montcalm soit un lieu à deux salles
ou à une seule salle, etc.
M. Charron: Je n'ai plus d'autre question et je serais
disposé à adopter le programme 5.
Le Président (M. Brisson): Programme 5, adopté.
M. Charron: II s'agit, pour moi, de la fin de l'étude des
crédits puisque le chef de l'Opposition viendra terminer, à un
autre moment.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'on ne pourrait pas
adopter le programme 2 immédiatement?
M. Charron: Non, je...
M. L'Allier: Cela se dirige vers Neuville.
M. Charron: On m'a dit qu'ils étaient à Sillery,
hier soir.
M. L'Allier: Cela s'en va vers Neuville.
M. Charron: Ils sont en direction de Montréal, alors, je
vous y attendrai patiemment. Je veux remercier le ministre et les hauts
fonctionnaires qui ont répondu aux questions que nous avons
posées et souhaiter toute la chance possible à la
réalisation de la politique culturelle du Québec.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die, jusqu'à nouvel ordre de la Chambre.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
Reprise de la séance à 16 h 40
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs! Nous poursuivons l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles.
Je voudrais mentionner à la commission les changements suivants:
M. Bacon (Trois-Rivières) remplace M. Veilleux (Saint-Jean) et M.
L'Allier (Deux-Montagnes) remplace M. Bienvenue (Crémazie).
M. Morin: Suis-je déjà inscrit comme membre de la
commission?
Le Président (M. Lafrance): Non, malheureusement.
M. Morin: Je dois remplacer le député de
Saint-Jacques, M. Charron.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. M. Morin remplace M.
Charron.
M. Bacon: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Je crois que la parole
était au député de Sauvé.
Maison des Jésuites de Sillery
M. Morin: Oui, M. le Président. Hier soir, au moment
où nous nous sommes quittés, j'avais commencé à
poser une question sur la maison des Jésuites dans le vieux Sillery.
L'année dernière, lorsque j'ai soulevé ce
problème devant la commission, l'ancien ministre, M. Hardy, avait fait
une sortie remarquée et remarquable contre les entrepreneurs de tout
acabit qui ravagent les sites naturels.
M. L'Allier: Est-ce que cela avait réglé le
problème, M. le Président?
M. Morin: Hélas! il semble que cela n'avait pas
réglé le problème. Il s'était élevé
contre "le manque de bonne foi et le viol sauvage du bien commun" je me
permets de le citer "contre ceux qui dégradent un des sites
historiques les plus anciens du Québec." Il s'était montré
scandalisé de l'attitude illégale prise par les entrepreneurs de
la société Delrano dans cette affaire. Enfin, le ministre avait
indiqué que la loi allait s'appliquer "peu importe l'appartenance
politique de ceux qui la violent."
M. Racine, de la compagnie Delrano, est reconnu comme un libéral
notoire de la région de Québec, avais-je rappelé à
cette occasion.
M. L'Allier: ... du Dr Boulay probablement.
M. Morin: Le Dr Boulay s'est en effet intéressé
à la protection du site. Je suis heureux de lui rendre hommage parce
que, sans lui, j'ai l'impression
que depuis longtemps il y aurait déjà, sur l'amas de
terre, un développement dû à ces promoteurs "soucieux du
bien public" que sont les entrepreneurs en question.
M. L'Allier: Au contraire, M. le Président. Je ne voulais
pas là blâmer le Dr Boulay. Il se comporte en bon voisin qui veut
protéger son environnement et c'est normal.
M. Morin: Sûrement. D'ailleurs, je dois dire qu'il habite
à l'autre bout de la ville de Sillery, mais il a eu à coeur, dans
le passé, de protéger le vieux Sillery en particulier.
J'aimerais revenir sur cette question cette année. Le
ministère nous avait promis que des procédures seraient prises
pour forcer la compagnie à remettre les lieux dans leur état
original en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la
section VI de la Loi sur les biens culturels, l'article 57 notamment.
J'aimerais connaître le résultat de ces procédures.
Hier, le ministre a offert à tous les membres de cette commission
d'acheter le tas de terre en question pour $1 et autres considérations,
mais j'aimerais lui demander ce qu'il a fait depuis un an pour que la
société propriétaire de cet amas de terre puisse enlever
ce remblai qui défigure toute la région du vieux Sillery.
J'aimerais également savoir si le ministre a examiné la
possibilité d'un recours pénal contre les auteurs de cette
dégradation et si le ministère des Affaires municipales a
donné son consentement à ce que des bâtisses soient
érigées sur le remblai ou s'il s'en est lavé les
mains.
M. L'Allier: Voilà, M. le Président, des questions
qui sont fort bien posées. J'en félicite le chef de l'Opposition.
Je présume que personne, effectivement, n'est intéressé
à acheter le tas de terre!
M. Morin: II n'y avait pas preneur hier soir! M. L'Allier:
II n'y a pas preneur non plus...
Le Président (M. Lafrance): Soumissions publiques!
M. L'Allier: Non. C'est effectivement une question
sérieuse. Le fait que des autorisations aient été
données, par exemple, par le ministère des Affaires municipales
avant que le tas de terre ne soit constitué, le fait que la ville de
Sillery elle-même ait donné des autorisations au promoteur de
déverser sur place la terre qui venait d'un autre lieu...
M. Morin: De la Place Laurier.
M. L'Allier: ...de Place Laurier, complique aussi la situation.
Il n'en reste pas moins que nous avons une loi qui doit s'appliquer.
Actuellement, il y a environ 35 nouvelles constructions, modifications à
des édifices, constructions de remises, de garages, travaux de
démolition qui ont été exécu- tés, dont 15
dans le parc Beauvoir, sans les autorisations du ministère des Affaires
culturelles.
En d'autres mots, cette situation n'est pas nouvelle, ce ne sont pas des
constructions qui sont arrivées depuis le dernier budget, cette
situation existe et on pourrait dire que, dans tout le Québec, il y a
plusieurs centaines de personnes qui seraient susceptibles de poursuites en
vertu de la Loi des biens culturels pour n'avoir pas respecté cette loi.
Ainsi, cette loi, par exemple, dans un arrondissement historique, vous
empêche de planter un arbre sans autorisation. Qui peut être contre
le fait qu'on plante un arbre, aujourd'hui? Il y a bien des maires qui en
coupent, mais...
M. Morin: Si ce n'était que cela, il n'y aurait pas de
problème.
M. L'Allier: C'est quand même...
M. Morin: Nous parlons d'autre chose.
M. L'Allier: Oui, on parle d'autre chose, mais on parle aussi de
législation et une législation, quand elle est statutaire, doit
s'appliquer. Que vous alliez à 35 milles à l'heure devant un
hôpital à trois heures de la nuit ou à deux heures de
l'après-midi, en regard de la loi, c'est rigoureusement la même
infraction.
M. Morin: Qu'avez-vous fait?
M. L'Allier: Ce que nous avons fait, dans le cas présent,
c'est qu'au moment où j'ai pris le dossier, j'ai constaté qu'il y
avait effectivement, dans tout le vieux Sillery, plusieurs constructions,
plusieurs modificationsd e construction qui s'étaient faites sans
l'autorisation du ministère. C'est une situation globale qu'il faut
arriver à corriger. Le cas le plus important, en volume, est
effectivement celui du déversement de terre près de la maison des
Jésuites. Nous avons évidemment sollicité l'avis juridique
et du ministère et du ministère de la Justice. Nous avons ensuite
confié à des experts de l'extérieur, un architecte, M.
Claude Belzile, et un notaire, M. Taschereau, le soin d'étudier
ensemble, après avoir vérifié qu'il n'y avait aucune
attache directe ou indirecte avec les parties, les diverses hypothèses
en regard de cette situation. Les hypothèses qui nous ont
été présentées vont de l'aménagement du
remblai jusqu'à la disparition totale du remblai en regard du coût
de chacune de ces opérations. En d'autres mots je ne m'en cache
pas nous cherchons à voir s'il n'y a pas, à
l'intérieur d'un même coût, pour le contrevenant à la
loi, possibilité de solution, de règlement sur cette question qui
comporterait un aménagement acceptable suivant les normes et
critères des spécialistes des lieux pour remettre en valeur la
maison des Jésuites et pour faire en sorte que le marécage qui
était sous le tas de terre ne réapparaisse pas après qu'on
aura obligé le propriétaire à y faire disparaître
intégralement la terre qu'il y a déversée. Nous cherchons
actuellement la solution sur l'ensemble de ces hypothèses et il n'y
aura rien d'accepté par le ministère, en termes de
règlement, à moins que cela ne fasse l'objet d'un consensus des
autorités suivantes: la Commission d'aménagement ou d'urbanisme
de la ville de SiIlery, la ville de Sillery, le ministère et la
Commission des biens culturels. Si nous en arrivons, au niveau du
ministère, de la ville et des deux commissions, à un consensus
sur une formule de règlement et si cette formule de règlement
était acceptée par le propriétaire, c'est la solution que
nous retiendrions. S'il n'y avait pas consensus au niveau des institutions, le
ministère, la municipalité, la Commission des biens culturels et
Commission d'urbanisme de la ville, nous poursuivrions la procédure
judiciaire intentée. Il y a déjà une mise en demeure qui
est faite et qui donne lieu à l'action judiciaire en cause.
M. Morin: Je voudrais que vous m'expliquiez exactement ce que
vous entendez par aménagement plutôt que supression. Est-ce qu'un
aménagement pourrait aller jusqu'à la construction d'une muraille
de béton ou de pierres qui consoliderait le remblai et jetterait son
ombre sur la maison des Jésuites?
M. L'Allier: Les propositions, les études qui ont
été faites par l'architecte urbaniste et par le notaire
Taschereau, M. Belzile et M. Taschereau, prévoient quatre
hypothèses.
Hypothèse a), aménagement de la pointe seulement du
remblai qui est près de la maison des Jésuites; hypothèse
b), aménagement en gradins du pourtour du remblai; hypothèse c),
aménagement paysager de la falaise et conversion du plateau en parc
public; hypothèse d), disparition partielle du remblai pour en arriver
à une gradation derrière la maison des Jésuites et
aménagement du haut du remblai; la dernière hypothèse
étant la disparition totale des lieux et la remise en état du
lieu original.
Nous avons, à côté de chacune de ces
hypothèses, des évaluations approximatives de coûts qui
varient de $64 000 à $438 000, l'hypothèse la plus dispendieuse
étant l'aménagement paysager de la falaise et la conversion du
plateau en parc public. L'hypothèse de la disparition totale du remblai
est de l'ordre de $230 000 et l'aménagement en gradins du pourtour du
remblai, donc en gradins avec escalier, avec plantation d'arbres et tout est de
l'ordre de $130 000.
M. Morin: J'imagine que, de toute façon, ces frais sont
portés par l'auteur du remblai illégal.
M. L'Allier: C'est le sens de la proposition que nous discutons
actuellement. S'il y avait consensus des institutions dont je vous ai
parlé tout à l'heure sur une proposition acceptable à tous
les points de vue, urbanisme, qualité de l'environnement, protection de
la maison des Jésuites, cette proposition, dans la mesure où elle
se situerait à l'intérieur ou jusqu'au montant maximum du
coût évalué pour le déplacement du tas de terre, qui
est de $234 000, serait endossée, dans notre esprit, par le
propriétaire. Advenant son refus de le faire, nous n'avons qu'un recours
qui est celui de l'action en justice, par lequel nous ne pouvons pas demander
que l'une ou l'autre des hypothèses se réalise. Il reste une
seule hypothèse, à savoir la disparition du tas de terre, cette
hypothèse étant indiquée par les conseillers Belzile et
Taschereau comme n'étant pas la meilleure dans les circonstances, eux
considérant que l'aménagement intelligent, en tenant compte des
normes d'urbanisme, de protection et tout cela, est encore la meilleure
solution, mais se situe au même niveau, ou dépasse
légèrement le coût de l'enlèvement total.
M. Morin: Dans l'hypothèse d'un aménagement en
gradins ou de la suppression partielle du remblai, est-ce
qu'éventuellement le propriétaire pourrait être
autorisé à procéder à des constructions sur le
remblai aménagé?
M. L'Allier: C'est la ville de Sillery qui doit, je pense, donner
sa première autorisation là-dessus et c'est une partie de la
négociation quant à l'utilisation qui peut être faite du
plateau supérieur du tas de terre pour un parc ou à d'autres
fins. C'est tout cela qui fait que la négociation est en cours. En fait,
c'est une situation qui n'est pas facile. Si nous poursuivons en justice,
compte tenu des délais habituels, si c'est une cause qui suit son cours
normal jusqu'en Cour suprême, nous sommes devant une situation où,
pendant encore quatre ou cinq ans, rien ne sera changé aux lieux
présents.
Si nous en arrivions, d'ici à six mois, à un
règlement acceptable par toutes les parties j'insiste par la
Commission des biens culturels, par la Commission d'urbanisme de Sillery, la
ville et le ministère à ce moment-là, les travaux
pourraient se faire dès maintenant. Pour le propriétaire, de
toute façon, je ne prévois pas qu'il puisse y avoir
économie à faire un règlement sous forme
d'aménagement par rapport à l'enlèvement total. Nous
essayons de trouver quel est, en bout de piste, le meilleur résultat
pour la collectivité de Sillery et pour ce lieu. Il faut tenir compte,
également, qu'il ne s'agit pas là de négocier le droit de
l'Etat de poursuivre ou de ne pas poursuivre, mais il s'agit de trouver une
solution à un état de fait qu'il faut corriger. Il faut tenir
compte aussi du fait, comme je vous l'ai dit, que plusieurs dizaines de
propriétaires sont dans la même situation. Dans cette logique, si
c'était l'argument que nous prenions: il y a infraction et il faut
poursuivre, nous serions dans la position de devoir poursuivre des centaines de
personnes à travers le Québec. Pour ma part, je ne crois pas que
le ministère, quels que soient les motifs, ait fait suffisamment
d'information et ait porté suffisamment à la connaissance des
citoyens la réalité des contraintes imposées par la Loi
sur les biens culturels.
M. Morin: La loi, c'est la loi. Vous le disiez vous-même,
tout à l'heure. Si vous ne la faites pas respecter, en n'intentant
aucune poursuite, vous attendez-vous à ce que d'autres citoyens, qui eux
aussi, peut-être, ont de sombres desseins à l'inté-
rieur des arrondissements historiques ou protégés, se
fassent une difficulté d'y procéder? Je dois vous dire...
M. L'Allier: La loi, c'est la loi.
M. Morin: ... que, si les peines ne sont jamais
appliquées, la loi ne sera jamais prise au sérieux.
M. L'Allier: Les peines ont déjà été
appliquées, des actions ont déjà été prises
à Saint-François de l'île d'Orléans, par exemple,
où nous avons obtenu une condamnation contre la municipalité pour
la démolition d'un remblai de ciment qui avait été fait
sans autorisation. Mais je pense qu'il s'agit là d'une
législation qui n'est pas une législation policière. Si
nous axons la protection du patrimoine sur, d'abord, une fonction de
surveillance et de contrôle, je ne donne pas cher du patrimoine
québécois. Le démolisseur pourrait être
condamné à toutes les amendes que vous voudrez, quand la maison
Van Horne est démolie, elle est démolie. Ce n'est pas une
compensation au fonds consolidé qui va changer quelque chose.
M. Morin: Pourquoi la maison Van Horne a-t-elle disparu? Pourquoi
la maison Viger a-t-elle disparu, et pourquoi les deux maisons de style
victorien, sur le Chemin Sainte-Catherine, ont-elles disparu? Puis on
prévoyait qu'il en coûtait moins cher, de toute façon,
même en payant les amendes, que de s'abstenir de les démolir. Si
votre attitude est: La population n'est pas encore mûre, donc on ne peut
pas appliquer la loi dans toute sa rigueur, quand pensez-vous que la population
sera entièrement d'accord sur une politique de préservation du
patrimoine? Cela peut prendre des années avant que vous soyez en mesure
de sévir. Il faut mener les deux choses parallèlement, II faut,
d'une part, éduquer, à coup sûr, ceux qui résistent
à ces tentatives de protection du patrimoine. Mais je ne pense pas que
vous avanciez le respect de la loi et que vous fassiez respecter le
ministère en disant: Dans la très grande majorité des cas,
la situation n'est pas mûre et nous allons nous abstenir de
poursuivre.
M. L'Allier: J'invite le chef de l'Opposition à prendre
contact avec la population et à aller lui faire connaître son
point de vue sur le patrimoine. Quant à moi, je n'ai plus rien à
dire sur le sujet.
M. Moin: C'est un peu facile, M. le Président. J'aimerais
obtenir...
M. L'Allier: Vous irez expliquer aux gens qu'on ne doit pas
planter d'arbres, parce qu'il faut avoir l'autorisation et qu'il faut trois
mois avant d'obtenir l'autorisation et qu'on va les poursuivre. Vous irez leur
expliquer qu'une fois qu'ils ont acheté un lot, qu'ils avaient le droit
d'acheter et que quelqu'un avait le droit de vendre, ils n'ont maintenant plus
le droit de construire dessus parce que quelqu'un a décidé que
c'est un boisé qu'il faut protéger. Il faut leur expliquer cela.
On devrait sévir contre ces gens.
M. Morin: C'est votre tâche d'y procéder.
M. L'Allier: C'est ce que nous voulons faire, mais les erreurs
passées ne justifient pas que nous continuions par entêtement dans
la même voie.
M. Morin: Dans le cas du remblai situé près de la
maison des Jésuites, pouvez-vous m'assurer, pouvez-vous me donner
l'assurance spécifique qu'aucune construction ne sera entreprise sur le
sommet de ce remblai, dans quelque partie du remblai que ce soit, sans que ne
soient remplies les conditions que vous avez mentionnées et sans que ne
soit obtenu l'accord des organismes que vous avez mentionnés?
M. L'Allier: Je pense, M. le Président, qu'on peut le
faire, précisément parce que, pour construire, il faut
l'autorisation du ministère, et que nous sommes de mieux en mieux
équipés, ce que nous n'étions pas il y a
déjà trois ou quatre ans, pour faire respecter la loi.
M. Morin: Maintenant, dans un cas aussi exemplaire, dans un cas
de mauvaise foi je pense qu'il y a eu mauvaise foi dans cette histoire;
si le ministre a vu le dossier, il a pu constater que les gens qui ont fait ce
remblai avaient donné des assurances que ce serait temporaire, que cette
terre servirait éventuellement pour les remblais du boulevard Champlain,
mais il s'est avéré par la suite que c'était faux, que les
gens savaient très bien que leur intention était de construire
éventuellement une place et des maisons au sommet de ce remblai... Si le
ministre tient compte de l'historique de la question, il sait que ces gens
étaient de mauvaise foi. N'y aurait-il pas lieu, dans un cas aussi
patent, de faire un cas exemplaire et de prendre des poursuites d'ordre
pénal?
M. L'Allier: Moi je pense, M. le Président, qu'il
appartient aux tribunaux de juger de la bonne ou de la mauvaise foi des
parties. Ce n'est pas au ministre des Affaires culturelles...
M. Morin: Mais il lui appartient de décider s'il y aura
des poursuites ou pas.
M. L'Allier: Exactement, sur avis du ministère de la
Justice. Pour ma part, actuellement, ce que je sais, c'est que les faits qui
sont relatés par le chef de l'opposition sont probablement exacts, mais
il est aussi exact qu'il y avait eu, à l'époque, des permis
émis par la ville de Sillery.
M. Morin: Dois-je faire l'historique de cette question, pour vous
montrer les combines qui ont donné lieu à l'obtention de ces
permis?
M. L'Allier: Mais il n'en reste pas moins que le juge aura devant
lui les permis qui ont été émis à un moment
donné.
M. Morin: M. le Président, il faut...
M. L'Allier: Ce qui m'intéresse ici, M. le
Prési-
dent, si je peux dire un mot là-dessus, c'est essentiellement de
faire en sorte qu'une situation déplorable soit corrigée mais
qu'on ne recrée pas du même coup une situation qui est aussi
déplorable, tout en disant: On a eu un beau procès, cela a
été une belle opération. Le patient en a crevé,
mais cela ne fait rien, cela a été un beau procès ou cela
a été une belle opération. Dans les circonstances, le
patient n'étant pas l'entrepreneur, mais ceux qui, autour, ont le droit
de bénéficier d'espaces aménagés et d'un
environnement convenable.
Je me fie davantage là-dessus sur l'avis des spécialistes
en aménagement et en urbanisme et en architecture paysagiste qui nous
disent: La meilleure solution dans les circonstances, compte tenu du fait que
des milliers de tonnes de terre sont sur place, consiste en un
aménagement pour l'ensemble de la collectivité.
M. Morin: Vous vous plaigniez tout à l'heure que, dans
l'arrondissement, il y a plusieurs dizaines d'infractions. J'imagine qu'elles
ne sont pas toutes de la même gravité. Plusieurs dizaines
d'infractions! Il serait peut-être temps que vous fassiez un exemple;
autrement la loi ne sera pas prise au sérieux. Ne serait-ce pas
l'occasion, cette fois, de montrer que la loi a "des dents" et que le ministre
entend la faire respecter? Ne serait-ce pas un exemple pour tous ceux qui, dans
le vieux Sillery, ont déjà posé ou s'apprêtent
à poser des actes illégaux?
M. L'Allier: On m'informe que les infractions qui ont
été commises datent, pour la très grande majorité,
sinon la totalité, de la loi d'avant 1972 et que, depuis la loi de 1972,
la loi est respectée dans la plupart des cas où nous sommes
avisés que des gestes sont posés. Il peut arriver, à
l'occasion, qu'une maison soit peinturée sans autorisation dans un
arrondissement historique, ce qui est possible, sans avoir d'autorisation. Il
peut aussi arriver que les travaux qui sont faits ne contreviennent en rien
à la qualité des lieux ou à la qualité des biens
culturels. Techniquement, il y a quand même infraction dans ces cas
aussi. C'est tout cela qu'il faut changer finalement. Le problème auquel
on a à faire face ici peut se répéter à bien des
endroits. Les zones automatiques de 500 pieds de protection autour des maisons,
dans certains cas, sont exagérées, dans bien des cas sont
insuffisantes. C'est pourquoi la création de la régie du
patrimoine devrait faciliter ces problèmes. En ayant des audiences
publiques, la régie du patrimoine pourra entendre les parties et devra
statuer; ayant entendu les parties, elle devra déterminer quelles sont
les zones de protection, quels sont les gestes à poser.
M. Morin: Pour en finir avec cette triste histoire, le ministre
peut-il m'assurer que, si aucune des propositions qui ont été
mises de l'avant par l'architecte Belzile et le notaire Taschereau
n'était acceptée par le propriétaire des lieux, l'action
judiciaire sera poursuivie et que la société propriétaire
sera forcée de supprimer le tas de terre en question?
M. L'Allier: Je peux donner cette assurance, d'autant plus que
nous avons déjà envoyé au propriétaire en question
une mise en demeure. C'est à partir de cette mise en demeure que des
pourparlers se sont engagés. Si les propositions ne sont pas
acceptées à l'unanimité des quatre parties,
c'est-à-dire les deux commissions, le ministère et la
municipalité, l'action en justice suivra son cours et sans
ménagement d'aucune espèce de nature.
M. Morin: Me tournant maintenant vers la maison des
Jésuites, il avait été question dans le courant de
l'année que le ministère s'en porte acquéreur ou, du
moins, la ville de Sillery. Toutefois, vérification faite auprès
du Bureau d'enregistrement de Québec, ainsi qu'auprès d'un membre
du conseil de ville de Sillery, il semble que la ville n'ait pas donné
suite à son projet, qui avait été suggéré
à l'époque par votre prédécesseur, M. Hardy. Il
semble, à l'heure actuelle, que vous seriez tenté de l'acheter
pour le ministère et que vous inviteriez la ville à
coopérer à l'entretien. Ces renseignements sont-ils exacts?
M. L'Allier: C'est exact que les accords sont donnés. Il y
a entente intervenue entre les Jésuites et le ministère. Le
ministère se portera acquéreur pour $1 de la maison des
Jésuites et la mettra ensuite à la disposition de la ville de
Sillery, qui verra à sa mise en valeur et à son utilisation
à des fins communautaires.
M. Morin: J'imagine qu'il s'agit de tout le site, y compris les
ruines, les vestiges de la première église de pierre construite
en Nouvelle-France, qui se trouve devant.
M. L'Allier: Exact. La raison pour laquelle nous avons
souhaité en être propriétaire, c'est
précisément parce que l'Etat a déjà une expertise
dans la gestion du patrimoine et qu'il peut plus facilement qu'une
municipalité qui n'est propriétaire que d'un ou deux biens
culturels s'occuper de l'ensemble de sa protection et de sa mise en valeur. En
supposant que ce soit la ville de Sillery qui en soit propriétaire et
que le lieu serve à des fins compatibles avec la conservation, tout va
bien. En supposant aussi que, dans quelques années, la ville de Sillery
veuille en faire un lieu qui est incompatible avec la Loi sur les biens
culturels, on serait devant un problème de municipalité à
gouvernement. La ville de Sillery est d'accord. Il y a un accord pour que la
maison des Jésuites, qui est d'une valeur importante pour le patrimoine,
fasse effectivement partie du patrimoine national et, à ce titre, soit
sous la propriété de l'Etat.
M. Morin: Je me réjouis de cette décision.
M. L'Allier: Le contrat devrait se signer au cours...
M. Morin: A quoi destinez-vous l'immeuble? Sera-t-il converti en
musée ou utilisé à d'autres fins?
M. L'Allier: La ville doit nous faire des propositions
d'utilisation et il est évident que nous devrons accepter,
c'est-à-dire que nous devrons autoriser les utilisations
proposées par la ville. Les lieux devront servir à une
utilisation publique et communautaire soit partiellement pour un musée,
soit pour fins de centre d'activités culturelles, artisanales ou de
choses de cette nature, une utilisation compatible avec la destination...
M. Morin: II y a déjà eu des utilisations de ce
genre dans le passé.
M. L'Allier: Oui.
La falaise de Sillery
M. Morin: II y a quelques années concernant la rue
Beaulieu, à Sillery, les journaux du mois de mai plus
précisément le Rond-point du 19 mai annonçaient que
rien ne pouvait plus empêcher la construction d'un immense condominimum
au bord de la falaise, dans ce qu'on appelle le Jardin de Coulonge. La ville de
Sillery, semble-t-il, ne peut en effet rien faire contre le constructeur parce
que le permis qu'il détient a été validement
accordé. Ce permis a été obtenu à une
époque pas si lointaine, semble-t-il où l'on ne se
préoccupait pas assez de la zone historique de Sillery.
Le maire de Sillery a déclaré qu'il appartenait
désormais au ministère des Affaires culturelles et plus
précisément au service des arrondissements historiques, d'agir.
Un plan de sauvegarde d'un espace vert le long de la falaise a
déjà été élaboré par le
ministère, a déclaré le maire Blais. Désormais, le
maire ne voit plus d'espoir que dans l'intervention du ministère des
Affaires culturelles. Les travaux d'excavation sont déjà
commencés. Le conseil de la municipalité se dit
désolé de ce fait. Il compte énormément sur vous
pour empêcher la construction d'un énorme immeuble qui va
défigurer la falaise. Quelle est votre attitude dans ce dossier?
M. L'Allier: Je vais demander, M. le Président, à
M. Barbin, qui est sous-ministre, de répondre à la question.
C'est un dossier qui date de plusieurs mois, de plusieurs années
même. Le permis a effectivement été accordé par la
ville de Sillery. A ce moment-là, le plan de l'arrondissement historique
de Sillery n'était pas encore préparé. Il n'y a pas eu
d'objection du côté des Affaires culturelles à donner le
permis demandé.
Le maire de Sillery, récemment, comme les travaux ont
été ralentis et qu'on tardait à poursuivre la
construction, a essayé de faire annuler le permis de la ville. Il n'a
pas réussi. Ensuite, il s'est retourné vers les Affaires
culturelles. La déclaration qu'il a faite est exacte. Il nous a dit: De
votre côté, qu'est-ce que vous pouvez faire? Le ministère
des Affaires culturelles ne pouvait, lui, retirer un permis qui était
déjà accordé parce qu'étaient intervenus, par la
suite, d'autres projets de protection du secteur.
C'est un dossier au sujet duquel on a été obligé
d'assurer une continuité à cause des droits des tiers.
M. Morin: Ce condominium est-il situé à
l'intérieur de l'arrondissement historique du vieux Sillery?
Normalement, rien ne peut être fait sans votre consentement?
M. L'Allier: Ils ont eu l'autorisation, M. le Président,
de construire parce qu'à l'époque, on ne voyait pas d'objection
à empêcher une construction pareille dans ce secteur.
M. Morin: Le ministère avait consenti?
M. L'Allier: A ce moment-là. Ce n'est qu'après, il
y a quelque temps, qu'un nouveau projet de protection d'une zone verte le long
de la falaise est intervenu. Si ce projet avait existé auparavant, le
permis n'aurait pas été accordé par le
ministère.
M. Morin: Le maire, là-dessus, a eu des mots très
durs. Il a dit: Si ce condominium est construit, autant jeter au panier votre
nouveau plan d'aménagement parce que l'immeuble serait situé en
plein milieu. Ne serait-ce pas de nature à vous faire repenser votre
décision?
M. L'Allier: A condition que le ministère ait les fonds
appropriés pour pouvoir compenser pour une pareille construction,
certainement permise au ministère par négociation avec un
promoteur cela s'est fait dans d'autres cas de le convaincre, en
le dédommageant, de ne pas poursuivre une construction. Mais ce sont des
choses qui coûteraient une fortune à l'Etat. Le maire de Sillery,
dans la déclaration que vous avez vue, ne cite pas les conversations que
nous avons eues avec lui, nos représentants des Affaires culturelles et
lui avec son groupe de conseillers, où il a avoué que, s'il
n'était pas capable, au niveau de la municipalité, d'annuler le
permis, les Affaires culturelles ne pouvaient, elles, annuler le leur.
M. Morin: Aviez-vous posé des conditions
spécifiques quant à la hauteur de l'immeuble, au nombre
d'étages, au matériaux à employer ou si vous aviez tout
simplement donné votre fait, sans vous pencher sur les
détails?
M. L'Allier: J'imagine, M. le Président, que ceux qui
étaient là à cette époque, qui administraient les
règlements de l'époque, devaient poser un certain nombre de
questions, mais je ne peux me prononcer là-dessus.
M. Morin: Aujourd'hui, vous ne savez pas de combien
d'étages sera cet immeuble.
M. L'Allier: Je ne le sais pas, il faudrait que j'aie les
renseignements. On ne peut pas les donner plus tard? Je n'ai pas les
renseignements demandés, M. le Président.
M. Morin: Ne pourriez-vous, étant donné que,
depuis lors, il y a eu l'adoption de ce projet de protection, obtenir
que certaines qualités esthétiques soient respectées? Il
s'agit d'une bâtisse qui est construite au sommet de la falaise, qui sera
visible de tous les environs et dégradera passablement toute la
falaise?
M. L'Allier: Ce que nous faisons, habituellement, dans des cas
pareils, nous le faisons par négociation et nous obtenons actuellement
avec les constructeurs des accommodements. J'ai l'impression que, dans ce
cas-là on déposera des documents pour votre information
il y a eu une sorte d'entente; à partir du moment où on
réalisait qu'on ne pouvait retirer le permis du côté de la
municipalité et qu'il y avait un engagement qu'on avait pris, j'imagine
que les échanges entre la direction générale du patrimoine
et ceux qui sont dans ce dossier je ne peux pas vous donner le
renseignement aujourd'hui ont dû déjà prévoir
un certain nombre de choses et je vous le dirai dans un document
écrit.
M. Morin: Pourriez-vous, M. le ministre, me communiquer ce
dossier à la première occasion?
M. L'Allier: Certainement.
Il faut dire que c'est un dossier qui remonte à quelques
années déjà, je pense, quant à l'autorisation du
ministère. Cela ne s'est pas fait...
M. Morin: La construction n'a commencé que
récemment, la construction proprement dite, je crois, l'excavation.
M. L'Allier: ... date de plusieurs années, M. le
Président. Les travaux ont ralenti et se poursuivent maintenant.
M. Morin: C'est une construction qui était restée
en chantier...
M. L'Allier: ... pendant un certain temps.
M. Morin: ... au point mort pendant un certain temps.
M. L'Allier: C'est pour cette raison que la ville de Sillery
s'est demandée si elle ne pouvait pas utiliser un article de la loi qui
la régit pour prétendre que les travaux avaient cessé et
retirer le permis, mais cela n'a pas été possible, d'après
ce que M. le maire Blais m'a dit.
M. Morin: Donc, vous me communiquerez les aménagements que
vous avez pu obtenir dans ce dossier.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Trois-Rivières.
Commissions régionales des biens
culturels
M. Bacon: Si le chef de l'Opposition officielle me le permettait,
j'aimerais revenir un peu sur un sujet qu'il traitait tantôt. Dans le cas
de la protection des arrondissements historiques, des biens culturels, en
dehors de Québec et de Montréal, n'y aurait-il pas lieu, pour le
ministère, de penser de faire des ententes avec les services d'urbanisme
des municipalités, de façon que ces derniers surveillent les
biens qui sont classés et, dans le cas d'arrondissements historiques,
qu'il n'y ait pas de modification apportée à des bâtiments
ou qu'il y ait des architectes qui soient mandatés? D'un autre
côté, les propriétaires de ces biens ne savent
peut-être pas à qui s'adresser, compte tenu qu'en dehors de
Québec et de Montréal, j'imagine qu'il n'y a peut-être pas
beaucoup de personnel disponible pour des choses semblables.
M. L'Allier: C'est pourquoi, M. le Président, on propose
la création et c'est assez urgent de ces commissions
régionales des biens culturels qui pourraient à la fois
surveiller et éventuellement faciliter le conseil aux
propriétaires. Quant à associer les autorités municipales,
nous allons essayer de le faire dans toute la mesure du possible et nous avons
commencé déjà avec les deux principales villes
intéressées, Québec et Montréal. Nous avons eu avec
les autorités municipales de Québec et de Montréal
plusieurs rencontres qui nous ont amenés à proposer une
société de gestion, des sociétés mixtes,
municipales et provinciales, en matière de gestion du patrimoine d'Etat
où pourrait se greffer une fonction conseil pour l'ensemble des
propriétaires de biens culturels situés dans les
arrondissements.
C'est pourquoi nous proposons aussi dans les principaux arrondissements
historiques, en tout cas, l'implantation, selon ce qu'on appelle aux fins du
livre vert, des maisons du patrimoine où, sur place, les permis, des
autorisations mineures pourraient être donnés, mais où, sur
place, seraient surtout disponibles les conseils soit d'un architecte, soit
d'un spécialiste en rénovation ou en mise en valeur permettant
aux citoyens d'avoir accès à autre chose qu'au huissier qui vient
leur signifier qu'ils ont commis une infraction.
C'est le problème qui se pose partout. Le propriétaire
d'un bien culturel classé n'est pas nécessairement un
millionnaire. Dans la mesure où on lui impose une contrainte quant
à la conservation d'un objet qu'on considère comme faisant partie
du patrimoine national, il a droit en compensation à un certain nombre
de services quant à la protection des lieux, quant à leur mise en
valeur. Nous voulons accorder, dans la mesure où nos ressources seront
augmentées, la priorité à cette fonction de conseils et de
services qui permettra de mieux asseoir, dans un deuxième temps, la
fonction de contrainte et de contrôle.
M. Bacon: Dans le cas de l'acquisition par le ministère de
la maison des Jésuites, pourrais-je savoir exactement ce qui a
incité à s'en porter acquéreur plutôt que la
municipalité? Est-ce que cela semble être une politique qu'a voulu
établir le ministère vis-à-vis de l'acquisition de
biens?
M. L'Allier: Ce n'est pas automatique.
D'abord, c'est la valeur propre des lieux, leur situation dans
l'arrondissement de Sillery, donc à proximité de Québec,
et aussi, le fait que le ministère dispose à Québec en
particulier d'une expertise quant à la conservation des lieux.
Maintenant, si une municipalité veut s'en porter
acquéreur... en d'autres termes, si la ville de Sillery avait dit: Nous
insistons pour être propriétaire, nous aurions dit à la
ville de Sillery: Soyez-en propriétaire.
La ville de Sillery n'insistait pas plus qu'il ne fallait pour
être propriétaire, elle voulait avoir la disposition des lieux et
se serait retournée ensuite vers le ministère pour obtenir des
subventions quant à la rénovation et à la restauration,
elle serait entrée à l'intérieur des normes du
ministère qui, dans des cas comme ceux-là, peuvent être
insuffisantes.
Dans la mesure où nous sommes propriétaires, nous pouvons
accorder plus de ressources à la restauration et à la mise en
valeur.
M. Morin: M. le Président, pour continuer à
l'intérieur de la parenthèse ouverte par le député
de Trois-Rivières, j'aimerais faire observer au ministre qu'il va
être essentiel de trouver des présidents de commissions, aussi
bien des commissions régionales que de la régie elle-même,
de même que des régisseurs qui soient vraiment compétents
dans ce domaine. Je serais déçu, par exemple, si le ministre
m'annonçait à l'automne, après l'adoption de la loi, qu'il
a nommé M. Racine membre de la régie.
M. L'Allier: Je pense qu'au salaire qu'on paie, il ne sera pas
intéressé.
M. Morin: Bien.
M. L'Allier: Peut-être qu'on courrait nommer M. Lapalme
président des Nordiques.
Le domaine Cataraqui
M. Morin: J'aborde maintenant un autre dossier sur un immeuble
situé tout près de là, c'est celui du domaine
Cataraqui.
M. L'Allier: Oui.
M. Morin: Le ministre pourrait-il nous renseigner sur
l'état exact de ce dossier? D'après le document qui a
été publié sur les ententes Canada-Québec pour la
période allant de 1975 à 1980, le projet no 6, dans la section du
Vieux-Québec, est consacré au domaine Cataraqui et comporte un
coût total de $2,5 millions échelonné de 1975 à
1980. Pourrais-je demander au ministre quel a été
l'évolution de ce dossier?
M. L'Allier: L'évolution de ce dossier est la suivante.
Vous savez que c'est un domaine qui a été acquis pour fins
spéculatives, nous l'avons protégé via la Loi des biens
culturels. Afin d'éviter toute forme de critique de quelque nature que
ce soit, nous avons fait une proposition d'achat qui était égale
au coût d'acquisition par les promoteurs, proposition qui a
été refusée; ce qui a enclenché la procédure
d'expropriation qui est en cours.
En d'autres termes, le coût d'acquisition sera fixé par le
Tribunal de l'expropriation, le gouvernement ayant donné ses avis
d'expropriation en deviendra, en est virtuellement propriétaire. Nous
étudions actuellement l'ensemble des hypothèses de remises en
valeur de ce bien et des hypothèses d'utilisation possible.
M. Morin: D'après le document qui énumère
ces ententes, il serait question d'aménager l'immeuble en vue de le
transformer en conservatoire djhistoire et d'archéologie.
M. L'Allier: C'est une des possibilités, mais il y a aussi
la possibilité de proposer que cela devienne une résidence
d'Etat, par exemple, pour les visiteurs...
M. Morin: Le futur président de la république!
M. L'Allier: ... éventuellement. Plutôt que de
construire un immeuble en ciment comme ceux que l'on connaît
déjà, ce serait peut-être mieux approprié.
Mais il faudrait, bien sûr, pour un projet comme celui-là,
qu'il y ait consensus de l'Assemblée nationale.
Le vieux Québec
M. Morin: M. le Président, toujours dans la même
région, j'aimerais demander au ministre à quelle phase on en est
rendu dans l'élaboration du plan de sauvegarde du vieux Québec et
quel est l'échéancier de travail?
Pour être plus spécifique, si vous me le permettez,
j'aurais deux sous-questions. Quels sont les principaux contrats
accordés pour la préparation de ce plan, les montants que
comportent ces contrats, et qu'en est-il de l'hypothèse d'élargir
le périmètre de l'arrondissement historique de Québec?
M. L'Allier: Je vais demander à M. Junius de
répondre à cette question, puisqu'il est le directeur
général du patrimoine.
M. le Président, l'an passé, des études ont
été entreprises par la firme PLURAM de Québec à qui
on a confié le soin de faire une étude préliminaire. Vous
allez peut-être vous étonner qu'on soit encore aux
préliminaires. Il faut se rappeler, cependant, qu'en 1970 nous avions
à notre disposition le concept général de
réaménagement du vieux Québec qui avait été
financé, d'ailleurs, à cette époque, par la
Société d'habitation, la ville de Québec étant le
directeur de l'étude. Il était ressorti de ce document de grandes
orientations, mais qui restaient toujours dans un domaine assez flou de
propositions. Il y avait des propositions détaillées pour des
îlots exemplaires, par exemple
l'îlot Mont-Carmel. On donnait de grandes orientations quant
à la Place Royale et d'autres vocations à des immeubles, tels
que, par exemple, le Manège militaire sur la Place George V.
C'était le genre d'études.
En 1975/76, nous avons entrepris une étude préliminaire
j'en ai, d'ailleurs, ici un exemplaire, enfin j'ai deux volumes d'une
étude qui en comporte quatre; à titre d'exemplaire, je pourrais
le montrer au ministre qui en disposera.
Ce que l'on a fait d'abord, c'est une chose qui ne s'était jamais
faite ici à Québec, c'était de donner un inventaire de
tout ce qu'il y a d'archives, de fonds iconographiques, de fonds
cartographiques, de documents même privés. Par exemple, le peintre
Lemieux nous a remis des documents assez importants et d'autres personnes
aussi. Nous avons visité les Ursulines, nous avons visité
beaucoup de gens ici à Québec qui possédaient certaines
choses. On s'est dit: Avant de faire un plan d'aménagement, avant de
décider de certaines orientations, il faudrait savoir réellement
ce qu'était Québec à différentes époques.
C'est comme cela que nous avons récupéré des collections
tout à fait extraordinaires. Elles sont chez nous pour le moment. C'est
vrai qu'elles ne sont pas aux archives; vous aviez mentionné cela hier,
d'ailleurs. Elles sont chez nous au patrimoine et non pas aux archives, parce
qu'on en a besoin pour des études régulièrement.
Une fois qu'on a fait l'inventaire complet de ce qu'il était
possible d'acquérir ou de recevoir en don ou en legs, on s'est
posé des questions sur le devenir du vieux Québec. Nous avons eu
quelques réunions avec la ville de Québec et avec la
communauté urbaine. On en a produit un document et, à partir de
là, on a également extrapolé afin de savoir quelles
étaient les étapes à franchir et quels étaient
aussi tous les mécanismes administratifs qui jouaient dans le vieux
Québec. Quels sont tous les organismes? Il y en a, vous vous en doutez
bien. Il y a de nombreux ministères, pour commencer par les
ministères. Il y a des organisations, telles que, par exemple, la
Société Interport qui peut aussi avoir une activité
quelconque. Il fallait mettre tout cela ensemble et essayer d'établir
une structure administrative possible pour manoeuvrer cette chose.
Il y a eu quelques propositions. Enfin, est arrivé le livre vert
par la suite, qui remet en question les sociétés de gestion,
comme vous l'avez vu. En effet, nous avions un type de société de
gestion prévu en 1970 dans le concept général de
réaménagement; un nouveau type de société de
gestion préconisé par nos consultants et des membres de la
Direction générale du patrimoine et, maintenant, vient le type de
société de gestion qui est proposé par le livre vert.
On est là dans l'étude du plan de sauvegarde.
M. Morin: Cette étude préliminaire de PLURAM, c'est
donc le seul contrat que vous ayez attribué à votre
connaissance?
Pourriez-vous m'indiquer le montant du contrat?
M. L'Allier: II me semble que je ne l'ai pas ici. Si mon souvenir
est bon, c'est dans les $35 000 ou $45 000.
M. Morin: Pouvez-vous déposer les deux documents ou les
porter à ma connaissance?
M. L'Allier: D'abord voici un documentaire et ensuite, le
deuxième, le devenir du vieux Québec. Je vous mentionnerais
également que le troisième j'ai pris cela comme exemple en
me disant: Si on me pose une question, on pourrait toujours en avoir ici.
Après cela, il y a eu des études spécifiques qui ont
été faites sur les maisons incendiées dans le vieux
Québec. Pour ce faire, j'imagine que vous allez demander des
explications sur les maisons incendiées. On en avait parlé l'an
passé également, je vous avais dit que, le jour même
où on discutait cette chose-là, nous avions des rencontres avec
la Société d'habitation et la ville de Québec.
C'était effectivement vrai; il y a eu, il y a un an, des réunions
avec la Société d'habitation et la ville de Québec pour
essayer de régler ce problème des maisons incendiées. A
partir de là, il y a eu d'autres réunions et le ministre a
institué un comité permanent, ville de Québec et
ministère des Affaires culturelles. On a repris, à ce niveau, la
discussion sur les maisons incendiées, parce que, comme vous vous en
doutez bien, cela pose de très graves problèmes. Pour le moment,
on essaie de mettre tout cela en musique de façon à faire
progresser ces travaux préliminaires du plan de sauvegarde dans les
voies opérationnelles.
M. Morin: Mais qu'en est-il de l'hypothèse
d'élargir le périmètre?
M. L'Allier: Elargir le périmètre, c'est
mentionné dans l'étude. Là, il y a bien des écoles
qui pourraient nous inciter certainement à prolonger sur la
Grande-Allée et dire: II y a des perspectives d'entrée dans un
arrondissement. C'est ce qu'on voit parfois en France. Il y a une perspective,
c'est la grande entrée de l'arrondissement, on va le prolonger.
M. Morin: On veut prolonger le périmètre? Il aurait
fallu faire cela avant la construction du "calorifère".
M. L'Allier: Nous n'étions pas là.
Il se fait que cet agrandissement d'un arrondissement pose des
problèmes de gestion dans l'arrondissement. La gestion d'un
arrondissement, si petit soit-il or, celui de Québec n'est pas
petit cause des tas de problèmes à notre administration
courante, ne fussent que le permis, par exemple, les enseignes et tout le
reste. Cela s'accumule sur les tables des fonctionnaires et c'est très
difficile de manoeuvrer toute cette administration. Depuis la
réglementation de la ville de Québec, par son zonage, de
réduire à trois étages, etc., si on avait prolongé,
on aurait prolongé le périmètre. Aujourd'hui, la question
peut se régler différemment. Je pense que c'est dans cette voie
que
le ministre a indiqué, tout à l'heure, que les plans de
sauvegarde pouvaint s'orienter aussi par des concertations avec les
municipalités, via les plans de zonage ou des plans directeurs
d'urbanisme.
M. Morin: Vous m'avez parlé, il y a un instant, des
maisons incendiées. Il y a aussi le problème des lots vacants, le
problème des maisons abandonnées aussi. J'ai cru en voir
quelques-unes au cours de mes promenades. Ce dossier a-t-il
évolué? J'entends celui des lots vacants et les maisons
abandonnées.
M. L'Allie: C'est le même problème que les maisons
incendiées. Les maisons incendiées ont été reprises
sous le même vocable: les maisons incendiées, abandonnées
et lots vacants. Ce sont les trois volets de la question. C'est cette question
qui se discute et pour laquelle on essaie de trouver des solutions avec ce
fameux comité permanent de la ville de Québec et le
ministère des Affaires culturelles.
M. Morin: II y avait, semble-t-il, c'était l'an dernier,
je crois, un projet de maisons à logements sur les lots des maisons
détruites l'an dernier, rue Saint-Paul.
M. L'Allier: Rue Saint-Paul.
M. Morin: Cela fait partie également...
M. L'Allier: Cela fait partie également et toujours du
même problème. Pour ce terrain particulièrement, il y a des
discussions avec la Société d'habitation à l'heure
actuelle.
On cherche les solutions et on prend cette idée comme une
idée pilote, enfin, pour essayer de voir ce que cela peut donner.
M. Morin: Vous avez posé des conditions, n'est-ce pas?
M. L'Allier: On posera des conditions. C'est-à-dire que
là, les conditions de logement reviennent à la
Société d'habitation en ce qui concerne l'intérieur du
logement. Mais pour ce qui est des gabarits, pour ce qui est du volume, pour ce
qui est de la texture, de la couleur des bâtiments, c'est
évidemment le ministère des Affaires culturelles qui imposera,
disons, ces critères d'appréciation.
M. Morin: Je voudrais vous interroger rapidement sur la maison
Pagé-Quercy. Le ministère aurait, semble-t-il, conclu un accord
avec la ville de Québec au sujet de la rénovation de cette
maison. La ville s'acquitte-t-elle convenablement de ses obligations?
M. L'Allier: Lors de la démolition de tout le secteur de
l'îlot Fargues, à la suite d'une entente, d'ailleurs, qui avait
été conclue avec la ville et le MEER, si je me souviens bien,
restait la maison Pagé-Quercy qui devait être démolie. Nous
sommes intervenus auprès de la ville de Québec, mais elle ne
voulait pas conserver ces ruines, disait-elle, parce que cela menaçait
ruine. Effectivement, c'était une maison qui menaçait ruine. Il
en a coûté à peu près $6000 pour
l'étançonner.
Aujourd'hui encore, on a fait des expertises à l'intérieur
et, vraiment, tous ceux qui sont allés là, que ce soit des
architectes, des inspecteurs ou des archéologues, tous m'ont dit
vraiment que c'était très difficile de conserver la maison
intacte. Les voûtes, particulièrement, sont vraiment très
abîmées, pourries. Même la pierre est pourrie, le ciment est
parti et cela tient, dans le jargon, par habitude. C'est très difficile
de la conserver.
M. Morin: Par la foi, comme on dit quelquefois au
Québec.
M. L'Allier: Oui.
M. Morin: Que comptez-vous faire?
M. L'Allier: Cela se discute encore. On a remis cela, d'ailleurs,
sur le calendrier des discussions avec la ville de Québec. La ville dit:
Vraiment, on va la laisser partir. C'est un peu son attitude. On retarde, nous,
l'échéance de la laisser partir et on se pose la question: Cela
va nous coûter combien? Si je demandais au directeur du service des
monuments combien il en coûterait pour conserver cette maison, je serais
en-deça de la réalité de dire que $200 000 et $300 000
pour cette maison, c'est bien peu de chose. Alors, est-ce qu'il faut le faire?
D'autant plus que lorsqu'on revoit l'histoire de la maison, on
s'aperçoit qu'elle a été bien souvent modifiée au
cours des âges. Quelle époque va-t-on reprendre et, en fonction de
l'époque de la restauration, vers quel coût s'oriente-ton
également? Tout cela est mis en cause.
Pour votre information, parce que cela pourrait compléter cette
illustration sur l'îlot Fargues et la maison Pagé-Quercy, il y a
une coopérative d'habitation qui a présentement un projet
d'habitation. C'est une coopérative d'habitation, vraiment assez bien
menée; c'est la CSN, en fait, qui a ce dossier. Nous nous sommes
rencontrés à plusieurs reprises. Un projet a été
fait, assez gracieusement je pense, par l'école d'architecture de
l'université Laval pour aider ces gens à en sortir et les projets
nous ont été soumis. La maison Pagé-Quercy, elle, à
certains moments, dans certains designs ou certains projets, nuit parfois
à la reconversion en un bon logement. La question se pose aussi: Cette
maison qui va coûter très cher, faut-il vraiment la conserver ou
faut-il, en 1976, accepter de la remplacer par un bon logement qui va loger une
petite famille ou une moyenne famille, mais enfin, loger des enfants qui
sont...
M. Morin: On pourrait éventuellement reconstituer les
lieux selon l'époque choisie par le ministère.
M. L'Allier: Oui, mais cela coûte très cher.
M. Morin: II faudrait que cela s'intègre harmonieusement
aux lieux.
M. L'Allier: II faut que cela s'intègre.
Déjà, comme vous le savez, cet ilôt est très
difficile à aménager.
M. Morin: L'îlot Fargues?
M. L'Allier: L'îlot Fargues est très difficile
à aménager parce qu'il y a en plus d'anciens quais et des
anciennes... Cela porte un nom très spécial en
archéologie, mais ce nom m'échappe. Ce sont des banquettes pour
des canons également. On a retrouvé aussi la prolongation de la
batterie royale par la batterie dauphine, etc. Là, on a retrouvé
des vestiges. On les a imposés, ces vestiges, dans l'aménagement
par les architectes. Il y a beaucoup de contraintes a cause de ces vestiges. Il
y a la maison Estèbe elle-même qui est un gros morceau et il y a
cette maison Pagé-Quercy.
M. Morin: Et la maison Estèbe est voisine, n'est-ce
pas?
M. L'Allier: Oui, oui. A deux lots.
M. Morin: Elle devait être transformée en centre
d'interprétation de la restauration...
M. L'Allier: Exactement.
M. Morin: ... selon ce qu'on nous avait dit l'an dernier. Ce
projet, j'ai cru observer qu'il était intégré à
l'entente Canada-Québec pour un montant de $1 million. Où en est
cette restauration?
M. L'Allier: Actuellement, nous avons les relevés, on a
commencé par faire le relevé de la maison. Certains architectes
avaient déjà fait des relevés, mais ils étaient
incomplets et on a voulu poursuivre le relevé métrique de ce
bien. Pour l'instant, nous sommes en difficulté avec l'architecte au
niveau des honoraires qu'il nous réclame et des documents, etc. C'est
une affaire très interne entre nous et lui pour le moment. Nous
prétendons que nous devons avoir plus de documents, lui prétend
qu'avec le document qu'il nous fournit, c'est suffisant. Nous prétendons
que non et il y a un conflit de ce côté pour le moment que nous
tentons de régler.
Il est évident que cela nous met un peu en retard sur notre
programmation, mais il ne reste pas moins vrai que si le ministère
l'accepte, c'est toujours vers une interprétation de la restauration,
enfin, que ce soit une oeuvre d'éducation populaire, plus qu'un bien, un
joyau à visiter; quoique la maison soit un joyau d'ailleurs, à
l'intérieur il y a des choses vraiment remarquables.
M. Morin: Je n'ai pas vu l'intérieur, mais
l'extérieur est déjà prometteur.
M. L'Allier: Mais à l'intérieur, c'est remarquable.
Il y a, d'ailleurs, une plaque de fonte qui provient de Trois-Rivières,
de vieilles forges.
M. Morin: Ne pourrait-on par organiser une petite visite de
l'intérieur de cette maison pour les personnes
intéressées?
M. L'Allier: Nous sommes toujours disponibles, M. le
Président, certainement.
Place Royale
M. Morin: Dans quelles mesures les consignes
d'austérité décrétées par le Conseil du
trésor vont-elles toucher les travaux de la Place Royale?
M. L'Allier: Les fonds pour la Place Royale provenaient dans le
passé largement des ententes fédérales-provinciales et de
l'OPDQ. Je pense que nous aurons cette année accès à
certains fonds de l'OPDQ qui nous permettront de garder le chantier ouvert,
mais dans la mesure où il n'y a pas participation fédérale
le total des sommes consacrées à la Place Royale diminue
considérablement cette année.
En d'autres mots, les sommes qui sont consacrées par le
Québec sont en majeure partie les mêmes, si mes renseignements
sont exacts, et c'est la diminution, c'est l'absence de contributions
fédérales qui fait que les travaux seront ralentis.
M. Morin: On avait prévu au chapitre des ententes
Québec-Canada $17 millions échelonnés de 1975/76 à
1980. Tout cela est donc remis en question?
M. L'Allier: L'entente n'a pas été signée
encore.
M. Morin: Non, je me réfère au projet, au document
émanant du ministère des Affaires culturelles, de la Direction
générale du patrimoine, qui est daté d'août 1974 et
qui décrit les projets qui auraient pu faire l'objet de l'entente.
Donc, à toutes fins pratiques, ce projet est abandonné. Le
Québec se retrouve donc seul à financer le projet.
M. L'Allier: Actuellement, quant à Place Royale, oui.
M. Morin: C'est la raison pour laquelle je demandais si les
consignes d'austérité du Conseil du trésor ne vont pas
avoir un effet considérable sur les travaux de la Place Royale.
M. L'Allier: Ce ne sont pas des consignes
d'austérité, c'est le fait qu'il n'y a pas d'entente qui va avoir
un effet sur Place Royale puisque les fonds québécois sont les
mêmes et continuent d'être versés à Place Royale.
M. Morin: Quel est l'échéancier actuel de la Place
Royale? Le plan quinquennal a-t-il été repensé? Quels
seront les montants disponibles?
M. L'Allier: C'est difficile de préciser quels seront les
montants disponibles aujourd'hui. En ce qui concerne le plan quinquennal, c'est
évident que pour nous, cela devenait même un plan décennal
dans le sens où on a refait complètement l'inventaire de toute
notre intervention sur la Place Royale. On a préparé un document,
d'ailleurs, ici,
qui montre toutes les phases par lesquelles on va essayer de poursuivre
ce projet qui est forcément un projet de dix ou quinze ans, sinon
plus.
M. Morin: On ne peut dire alors que les travaux soient suspendus.
Ils seront échelonnés davantage dans le temps.
M. L'Allier: On travaille toujours, pour le moment, à
Renaud des Jésuites et on travaille également sur une batterie
royale pour l'instant. Il y a des travaux en cours.
M. Morin: Oui, mais pourriez-vous m'expliquer exactement la
nature des travaux à la batterie royale? J'ai cru observer qu'on
retirait toute la terre située à l'intérieur de la
batterie.
M. L'Allier: C'est cela.
M. Morin: Est-ce pour mieux dégager les fondations, les
consolider?
M. L'Allier: Exactement. Il y a d'abord des travaux de
consolidation de tout le soutènement qui était apparent de choses
de la batterie elle-même, des parapets.
Comme vous avez pu le constater, il y a les marées qui sont un
élément qui nous ramène de la vase continuellement ou du
sable, etc., ce qui est un problème énorme. On doit les entourer
de pal-planches et essayer de les remettre à sec, pour essayer de les
consolider. Puis, une fois consolidés, on va les remonter
légèrement et il y a des techniques d'aménagement des
créneaux sur le dessus; ce serait fini en terrasse, cela prolonge la rue
Sous-le-Fort et cela finit dans la terrasse.
M. Morin: Terrasse crénelée? M. L'Allier:
Absolument.
M. Morin: Est-ce que ces palplanches seront temporaires, de sorte
qu'après la fin des travaux, les marées pourront aller et
venir?
M. L'Allier: Oui, c'est exact. Mais dans le projet complet, il y
a des bassins d'eau, parce qu'on refait la batterie. La batterie était,
comme vous le savez, évidemment, au bord de l'eau, avait les pieds dans
l'eau, c'est qu'on voudrait essayer de recréer par une certaine
théorie de restauration qui vaut ce qu'elle vaut, encore que là,
on a bien des oppositions et bien des écoles et des chapelles sur la
question, on voudrait refaire, sur le pourtour, un bassin d'eau qui symbolise
le fleuve qui est là.
M. Morin: Ce bassin d'eau s'étendrait-il sur la place qui
sert de stationnement en ce moment, à côté de la
batterie?
M. L'Allier: Oui, c'est exact. Sauf que la question de la
grandeur, si vous voulez maximale ou minimale des bassins est sujette à
discussion avec l'immeuble qui se trouve là, l'immeuble Gauvreau &
Beaudry.
Il faudrait environ $2 millions par année, pendant huit ans, pour
terminer les travaux à Place Royale, sur une période de huit
ans.
M. Morin: Et à l'heure actuelle, vous ne prévoyez
pas disposer de ces $2 millions.
M. L'Ilier: Oui, on prévoit disposer de ces $2 millions
par année.
M. Morin: A même les fonds québécois? M.
L'Allier: Oui.
M. Morin: De sorte que Place Royale, qui a commencé comme
une sorte de plan conjoint, se terminera par un plan strictement
québécois.
M. L'Allier: Oui.
M. Morin: Ce n'est pas une si mauvaise façon de poursuivre
les travaux.
Mais est-ce que je puis vous demander si, au cours des huit ans qui
viennent, les travaux de Place Royale vont remonter la côte de la
Montagne et modifier notamment l'îlot qui se trouve entre la chapelle et
notamment l'ascenseur qui permet de gravir la pente?
M. L'Allier: Oui, il y a des projets de ce côté, il
y en a sur la rue Sous-le-Fort.
M. Morin: La rue Sous-le-Fort.
M. L'Allier: II y en a sur la rue Notre-Dame également,
dans ce petit trapèze au coin de la côte de la Montagne et de la
rue Notre-Dame. Il y a aussi des projets de ce côté. Les
esquisses, d'ailleurs, ont déjà été soumis, faites,
etc.
M. Morin: De sorte que tout l'espace entre la rue Notre-Dame et
la falaise sera aménagé au cours des huit années qui
viennent?
M. L'Allier: C'est exact.
M. Morin: Allez-vous de l'autre côté, supprimer les
entrepôts, notamment celui de Thibaudeau & Frères, qui
masquent une partie de la Place Royale?
M. L'Allier: C'est une grande question de théorie de
restauration. Est-ce que l'on doit garder ou ne pas garder cet édifice
Thibaudeau?
M. Morin: Vous n'avez pas, dans ce cas, à vous faire trop
de scrupule.
M. L'Allier: II y a des théories qui veulent qu'on doit
conserver toutes les époques et que chaque époque fait son apport
dans le cas de la restauration.
M. Morin: Même du point de vue de l'architecture
victorienne, cet édifice a été complètement
dénaturé.
M. L'Allier: ... l'étage particulièrement. Mais on
peut redescendre l'étage puis il avait même été
question, à un certain moment, de faire une boîte à
chansons ou quelque chose comme cela; en fait, c'était une belle place
d'ailleurs.
Enfin, bref, il y a des utilisations possibles, il y avait un
marché qui a été évoqué et, dans le concept
de soixante-dix, la ville de Québec était très favorable
à refaire un marché public à cet endroit. Vous savez qu'il
y a bien des théories là-dessus.
M. Morin: Combien de logements sont présentement
inoccupés?
M. L'Allier: Ils sont tous occupés. M. Morin: Ils
sont tous occupés?
M. L'Allier: J'ai les chiffres ici.
La location s'est faite à partir des recommandations d'un
comité de citoyens qui s'était spontanément formé
autour de cela. Nous avons procédé par l'affichage public des
normes que devait respecter le comité et la location s'est faite sur
cette base.
M. Morin: Puis-je vous demander je crois qu'on l'a fait
dans le passé de déposer la liste des contrats qui ont
été octroyés pour la restauration des divers immeubles de
la place?
M. L'Allier: Certainement.
M. Morin: Soit maintenant, soit au moment qui vous
conviendra.
M. le Président, je vois qu'il est déjà 17 h 45 et
j'ai encore plusieurs dossiers à examiner. Je me demande s'il
conviendrait de continuer, peut-être, jusqu'à 18 h 30, ce soir;
nous verrons jusqu'où nous pouvons nous rendre.
M. L'Allier: On est peut-être mieux de terminer vers 18 h
30.
M. Morin: Je suis prêt à aller même plus loin
que cela. Je ne voudrais pas forcer le ministre et tous ses fonctionnaires
à revenir encore une fois, mais, j'ai encore pas mal de questions
à poser.
M. L'Allier: C'est au président à décider.
Je suis prêt à aller jusqu'à 18 h 30, même...
Le Président (M. Lafrance): ... j'ai des engagements pour
18 h. On avait convenu en Chambre, aussi, qu'on finissait à 18 h.
M. Morin: Peut-on aller au moins jusqu'à 18 h 30?
Le Président (M. Lafrance): D'accord.
M. Morin: Je vais tenter d'avancer le plus possible. Est-il
concevable, si nous n'arrivions pas à terminer, j'avais encore quelques
dossiers...
M. Bacon: Si vous passez maison par maison dans toute la
province, on va en avoir pour la soirée.
M. Morin: Je vous assure...
M. Bacon: Etes-vous sorti de la région...
M. Morin: Je vous assure que je choisis mes dossiers.
Le Président (M. Lafrance): Allez-y!
M. Bacon: Je voudrais juste dire au chef de l'Opposition une
chose. Je me rappelle, il y a quelques années, à des commissions
parlementaires, lorsque les députés ministériels posaient
des questions sur des sujets précis, aussi précis qu'il en pose,
il avait sorti l'expression, consacrée d'ailleurs, des dossiers Saint
Glinglin. Je trouve qu'il a pas mal changé. D'ailleurs, c'est une
volte-face de même à l'intérieur de tout le parti, mais
là il est rendu maison par maison. Jamais un député
ministériel n'aurait fait cela.
M. Morin: Je pense, M. le Président, que le
député confond les authentiques questions portant sur
Saint-Glinglin.
M. Bacon: En autant qu'elles sont dans votre bout...
M. Morin:... et l'aménagement et la protection du
patrimoine. Si je voulais être exhaustif, je pourrais passer en revue les
places d'Youville et Royale, l'îlot Ramsay-Racicot, l'îlot de
l'église Notre-Dame, les travaux de l'arrondissement historique, la gare
Windsor, l'îlot du quartier latin, l'îlot du mont Carmel, les
travaux de l'arrondissement historique de Québec.
Le Président (M. Lafrance): Alouette! M. Morin: II
n'y aurait pas de limite.
M. L'Allier: II n'y a pas uniquement des immeubles, il y a tous
les meubles ensuite.
M. Morin: Je choisis certains dossiers à dessein. Je
voudrais maintenant aborder un autre aspect de la place Royale. Avant de passer
aux projets d'animation de place Royale, qui ont été
communiqués au ministre par l'Association des marchands de la place
Royale, récemment, j'aimerais lui demander s'il n'a pas
été question d'installer à la place Royale un atelier de
lutherie. Pourquoi ce projet a-t-il été abandonné?
M. L'Allier: L'atelier de lutherie, M. le Président, est
un projet qui nous a été amené par le Conservatoire de
musique de Québec. Il y a là un
professionnel, un luthier, dont le nom est italien et
m'échappe.
M. Morin: De Lellis.
M. L'Allier: Je ne sais pas.
M. Morin: Sylvio de Lellis.
M. L'Allier: II a là un ou deux assistants, des jeunes
Québécois qui s'intéressent à la lutherie. On sait
que la lutherie est justement un métier qui demande beaucoup
d'années d'expérience, de travail, d'entraînement avant de
pouvoir s'intituler luthier. Parmi les luthiers qui sont à
Montréal, ceux à qui nous avons eu recours, il y a deux
Français. Il n'y avait pas de Québécois et on aurait
souhaité en former. On a dit, au conservatoire, que ce serait bien
intéressant qu'ils s'installent dans une maison de la place Royale. Ils
nous le proposaient et on a trouvé l'idée fort
intéressante, d'autant plus que cela pouvait être une animation
très facile, puisque les gens pouvaient voir ce que c'était de la
lutherie, alors que ce n'est pas une activité courante. Donc, il y avait
là, vraiment, au point de vue de l'éducation populaire, quelque
chose à faire d'intéressant. Mais nous nous sommes
également pris dans le cadre d'une structure qui veut que nous ayons une
politique de location et que cette maison devait être mise, dans le cadre
du comité de la location, en appel de soumission publique. Dans le cadre
de cette soumission publique, le Conservatoire va faire son offre
également et puis on va juger de la meilleure rentabilité, tant
sur le plan culturel que monétaire de l'offre.
M. Morin: Donc, ce projet n'est pas encore totalement exclu.
M. L'Allier: Non. Absolument pas.
M. Morin: Le ministre me permettrait-il, puisque nous avons
touché au Conservatoire, une question portant sur les restrictions
budgétaires appliquées au Conservatoire et qui pourraient faire
disparaître ce qu'on appelle les préconservatoires, dont le
pré-cycle à Québec, et même, à ce qu'on m'a
dit, annuler certains engagements des professeurs à taux horaires?
M. L'Allier: Je ne comprends pas exactement le sens de la
question.
M. Morin: J'ai en main un document qui me permet de croire...
M. L'Allier: D'accord. Non.
M. Morin: ... que ces restrictions budgétaires vont avoir
des effets assez désastreux.
M. L'Allier: Les restrictions budgétaires qui avaient
été proposées à l'origine auraient pu avoir cet
effet, mais les pré-conservatoires ne seront pas coupés.
Nous avons, cependant, un travail assez considérable à
faire dans la mise à jour de la gestion des conservatoires et la
réorganisation même des conservatoires, surtout des
miniconservatoires qui existent pour maintenir le service, tout en
améliorant la qualité de la gestion. Pour ce qui est des
pré-conservatoires, les craintes qui ont pu exister ne sont plus
fondées.
M. Morin: Quant à l'annulation des engagements des
professeurs à taux horaire?
M. L'Allier: M. le Président, c'est une réforme
administrative qu'on entreprend pour pouvoir mieux utiliser les ressources et
d'une façon qui correspond davantage aux conventions collectives qui ont
déjà été signées entre les professeurs de
l'Etat et l'administration publique. Cette réforme a des impacts sur
certains engagements à taux horaire à cause des exigences de la
convention.
M. Morin: Cela n'aura-t-il pas pour effet, dans certains cas, de
priver le Conservatoire de Québec de certains professeurs
québécois? Je pense, par exemple, à la situation suivante:
un professeur enseigne au Conservatoire de Montréal et n'a pas un plein
temps; on va donc lui organiser un plein temps en le faisant venir à
Québec pour donner quelques heures d'enseignement par semaine et cela
aura pour effet de faire sauter le professeur à taux horaire qui, lui,
est de Québec. Ce genre de conséquence ne devrait-il pas vous
amener à réexaminer, peut-être, l'extrême
rigidité de cette politique de restrictions budgétaires? Vous me
dites que cela résulte des conventions collectives. N'y aurait-il pas
lieu de nuancer un peu la politique?
M. L'Allier: M. le Président, si cela avait les
conséquences que le chef de l'Opposition dit, il faudrait corriger cela,
mais ce ne sont pas des restrictions budgétaires qui devraient provoquer
cela. C'est beaucoup plus une réorganisation en vue d'une meilleure
efficacité de l'enseignement.
M. Morin: Mais vous admettez qu'il y a lieu de faire en sorte que
les gens de Québec puissent enseigner dans leur propre
conservatoire?
M. L'Allier: D'une façon générale, les
conventions collectives générales qui s'appliquent aux
enseignants au conservatoire correspondent assez mal aux objectifs que nous
cherchons pour les conservatoires. Ainsi, par exemple, au Conservatoire de
Montréal, vous êtes obligés, selon la convention collective
des professionnels de l'enseignement, de garder, jusqu'à ce
qu'eux-mêmes décident de prendre leur retraite, des professeurs
qui ne sont plus en mesure, souvent, d'assurer leur enseignement.
M. Morin: M. le Président, toujours dans le cadre de Place
Royale, l'association des marchands de la Place Royale, réunie en
corporation, et s'étant fait octroyer une charte, a sollicité du
ministre l'aide nécessaire pour créer une certaine
animation autour de la Place Royale, notamment un lavoir et un campement
indien. Ils ont sollicité également une subvention pour des
costumes. J'aimerais savoir quelle a été l'attitude du ministre
devant ce projet qui comportait également la fabrication de la fameuse
sagamité, le plat national des Indiens, de façon à
susciter l'intérêt des touristes qui visitent la Place Royale.
M. L'Allier: Un peu comme les souks au Maroc, quoi! Je dois
rencontrer demain, avec le sous-ministre, les représentants des
marchands, précisément demain midi. Nous allons discuter avec eux
de tous ces problèmes. Je dois dire que je n'ai pas d'opinion
arrêtée actuellement sur l'opportunité ou non de
réaliser ces projets. Si on les inscrit dans le cadre de la
rénovation ou de la restauration des lieux, on arrive à des
projets qui sont davantage du type Upper Canada Village, avec les costumes
d'époque et tout, pour la saison estivale, en tout cas, plutôt que
vers une habitation réelle et une vie conforme en 1976, par des
habitants réels qui vivent et qui ont effectivement des activités
normales dans ces lieux. C'est tout le problème de ce qu'on pourrait
appeler la folklorisation de Place Royale. Ce sont des décisions qui
devront être prises.
M. Morin: Ne pouvons-nous pas faire une distinction entre la vie
de tous les jours et les six ou huit semaines de la période
estivale...
M. L'Allier: Certainement.
M. Morin: ... durant lesquelles les touristes s'abattent comme un
essaim sur la Place Royale?
M. L'Allier: Oui, l'optique du ministère des Affaires
culturelles a été de ramener à Place Royale des habitants
réels qui travaillent et qui vivent à Place Royale, comme on
pourrait vivre dans d'autres lieux.
Si la ville de Québec, les marchands, le ministère du
Tourisme veulent favoriser la création de divertissements touristiques,
personnellement je dis que c'est à eux d'en décider et c'est
davantage une opération qui devrait être pilotée par le
ministère du Tourisme.
M. Morin: Le ministère des Affaires culturelles a-t-il
songé à un plan d'animation? Je songe que vous aurez
bientôt la batterie royale; d'ici un an ou deux, elle sera
aménagée vraisemblablement. N'y aurait-il pas lieu, par exemple,
d'organiser une compagnie franche de la Marine comme celle qu'on trouve
à l'île Sainte-Hélène et qui a un succès
considérable chaque année? Cela donne par surcroît, de
l'emploi à des étudiants?
M. L'Allier: C'est tout le problème que vient de soulever
M. le ministre. Notre optique à nous, c'est d'éviter, dans la
mesure du possible, que Place Royale ne devienne ce qu'on a appelé
déjà une trappe à touristes, elle l'est
déjà. Les touristes y viennent, est-ce qu'il doivent voir le
quartier vivre normalement, mais un quartier qui a un cadre spécifique?
Ou bien est-ce qu'on doit animer artificiellement Place Royale? C'est là
le dilemme et c'est la dimension du problème, je crois, et M. le
ministre a répondu tout à l'heure. C'est bien simple. C'est la
dimension qui s'étudie présentement suivant un peu ce que les
gens veulent en faire.
M. Morin: C'est une question de mesure, une question de
degré. Une certaine animation pourrait peut-être apporter beaucoup
sur le plan de l'éducation du touriste.
M. L'Allier: C'est certain.
M. Morin: L'Association des marchands de la Place Royale ne
verrait pas d'un mauvais oeil que vous créiez un programme
d'animation.
M. L'Allier: De la même façon que Montréal;
de la même façon que la relève de la garde à la
citadelle a peu a voir avec la protection de la ville.
Sur ce problème, effectivement, les marchands ont une vue assez
précise. Les groupes de conservation et de mise en valeur, les citoyens
qui s'occupent de la protection du vieux Québec ont des positions qui
sont très souvent opposées à celles des marchands. Il y a
un conflit de citoyens. Il y a ceux qui vivent de Place Royale et qui
voudraient évidemment en faire un lieu où les touristes auront
envie de rester, prendre un verre, une bouchée et ensuite partir. Les
gens qui y vivent disent que ce n'est pas cela qu'il faut faire.
M. Morin: Pourrais-je demander au ministre de me tenir
informé éventuellement de sa décision dans ce dossier?
M. L'Allier: Oui, Je vous assure que cela ne s'éloignera
pas tellement de l'attitude que nous avons prise jusqu'ici et qui consiste
à faire vivre normalement une place ancienne avec des gens qui y
travaillent. Si vous regardez la liste des locataires qui y sont actuellement,
vous y voyez des débardeurs, des marins, des gens qui vivent dans le
quartier, des enseignants, quelques fonctionnaires. Un des critères de
sélection était qu'ils étaient originaires de Place Royale
et que ce sont des gens du lieu qui y vivent. Si le ministère du
Tourisme veut favoriser d'autres formes d'exploitation, je pense qu'il devrait
les supporter dans son budget, quitte à nous à le laisser faire.
Mais il faudrait que ce soit bien cadré comme une activité
touristique et que les touristes qui viennent ici ne s'imaginent pas qu'au
Québec on vit encore de cette façon.
M. Morin: Je pense que le touriste moyen est capable de faire la
différence entre un membre d'une compagnie franche de la marine qui
déambule dans les rues avec son mousquet sur l'épaule et un brave
citoyen de 1976. C'est une question de degré, encore une fois. En ce qui
me concerne, je ne serais pas opposé à ce qu'une certaine
animation, si elle était vraiment bien faite, ait lieu pendant les mois
d'été.
Percé
Encore quelques dossiers et notamment celui de Percé. A ce que
nous avons pu savoir, le plan de sauvegarde de l'arrondissement de Percé
est pratiquement terminé et les travaux se situent maintenant au niveau
de l'acquisition des terrains de concert avec l'OPDQ, le ministère des
Affaires municipales et le ministère du Tourisme. Si la chose
était possible, soit aujourd'hui, soit plus tard, j'aimerais obtenir une
copie du plan de sauvegarde et une copie des règlements concernant
l'affichage et le coût d'élaboration du plan. Même si c'est
considérable, si le ministre voulait s'engager à me les faire
parvenir le plus tôt possible, je serais intéressé à
en prendre connaissance.
M. L'Allier: La seule réserve que je voudrais faire ici,
c'est que nous sommes arrivés à un point dans le dossier sur
lequel nous devons le soumettre maintenant à la municipalité. La
municipalité doit le revoir dans le calendrier des opérations. On
veut le soumettre à la municipalité pour avoir l'avis de la
municipalité. Pour une dernière fois, le présenter au
ministre, le présenter à la commission et alors suivre les
étapes d'approbation par le lieutenant-gouverneur en conseil. Mais tous
les documents sont pratiquement terminés, y compris les enseignes,
l'affichage, etc.
M. Morin: Pourriez-vous me les communiquer dans les semaines qui
viennent?
M. L'Allier: Nous pouvons vous les communiquer, mais...
M. Morin: Sous réserve?
M. L'Allier: Sous réserve précisément de ces
consultations qu'il y a lieu de faire, et je pense que ce sera...
M. Morin: Nous le traiterons comme n'étant pas
définitif, comme sujet à des approbations ultérieures.
M. L'Allier: C'est cela, et comme un document soumis pour
l'information de l'Opposition et non pas pour diffusion "at large".
M. Morin: C'est bien. Le ministre pourrait-il en quelques mots
nous donner les grandes lignes du plan de sauvegarde en question?
M. L'Allier: Le plan de sauvegarde a été
confié aux architectes Dorval et Fortin de Québec. Nous avons
également eu recours à des spécialistes dans certains
domaines particuliers. Je pense, par exemple, à Pierre Dansereau, comme
écologiste, résident et ancien de Percé puisque je crois
qu'il connaît Percé depuis 1925. Autrement dit, il nous a fait des
recommandations assez exceptionnelles sur tout le domaine de la protection du
rivage, la protection de l'amphithéâtre et sur certaines
données qui concerneraient les constructions éventuelles.
Il y a donc les projets que vous mentionnez via l'OPDQ et via surtout le
ministère du Tourisme d'un certain réaménagement du centre
de Percé même. Il y a ce que nous appelons une voie de
détournement. C'est une voie carrossable qui, lorsqu'on descend la
courbe pour aboutir au mont Joli, pourrait détourner la circulation
automobile du centre de Percé pour l'amener vers le camping, le
caravaning et les centres d'interprétation de la nature qui se situent
là; l'un du fédéral et l'autre du ministère du
Tourisme. A l'intérieur même du village serait créée
une petite voie de contournement de façon à créer une
espèce de place avec tous les aménagements qui sont requis.
Le ministère du Tourisme a déposé
déjà ces projets et ils ont été approuvés
par la commission. La commission voulait surtout voir à ce que le
ministère du Tourisme ne dénature pas les lieux. Il y a eu des
consultations, puisque vous êtes au courant que le ministère des
Affaires municipales avait demandé la confection d'un plan directeur
d'urbanisme de Percé. Il y a donc eu des consultations entre les deux
contentieux du ministère des Affaires municipales et du ministère
des Affaires culturelles afin de voir comment le plan de sauvegarde pouvait
s'insérer sans nuire au plan directeur et de voir à ce que les
dispositions du plan directeur ne nuisent pas non plus au plan de
sauvegarde.
Présentement, nous avons terminé tous les dossiers, la
municipalité a été consultée et je pense que cela
se déroule assez bien.
M. Morin: Je prendrai connaissance du plan.
M. L'Allier: M. le Président, en ce qui me concerne, je ne
voudrais pas que le chef de l'Opposition considère les plans de
sauvegarde comme des cadres rigides de travail absolument intangibles. Je pense
que, de plus en plus, les plans de sauvegarde, comme les grands plans
d'aménagement du territoire sur plusieurs années doivent
être indicatifs et ne doivent pas minimiser l'importance qu'il faut
accorder à la planification par rapport aux plans qui deviennent trop
souvent rigides et mésadaptés aux circonstances qui, elles,
changent.
En d'autres mots, en ce qui nous concerne, la fabrication des grands
plans de sauvegarde draine énormément de ressources. Dans la
mesure où nous aurons des ressources nouvelles, nous allons attacher
peut-être plus d'importance à la planification de l'intervention,
au fur et à mesure que nous allons réaliser les choses,
plutôt que de nous attacher à plaider des plans de sauvegarde
essentiellement parce qu'ils ont été soit très dispendieux
ou très élaborés, plans qui peuvent ne plus convenir soit
aux règles d'urbanisme ou aux écoles qui président
à la réalisation de la sauvegarde du patrimoine.
Vieux Longueuil
M. Morin: Pour ce qui est maintenant du vieux Longueuil,
j'aimerais féliciter le ministre et son équipe pour la diligence
dont ils ont fait
preuve à partir d'un certain moment, en tout cas
pour la sauvegarde de la maison Labadie, et des vestiges archéologiques
de la maison Cherrier qui ont été sauvés et qui font
l'objet, à l'heure actuelle, d'une exploration systématique. Elle
est toujours en cours d'ailleurs. Ou est-ce terminé maintenant?
J'aurais quelques questions à vous poser là-dessus. Nous
nous félicitons de ce que l'échange de terrains ait pu en fin de
compte être approuvé, après un premier refus, par la
Commission municipale de Québec à la suite d'une intervention du
ministre. Je puis vous dire que la Société historique de
Longueuil était très satisfaite du résultat et de l'effet
qu'a pu avoir sa pétition sur le ministre.
J'aimerais demander d'abord ce qu'on fera des vestiges de la maison
Cherrier. Est-ce que le tout sera réenterré ou couvert de sable
pour utilisation ultérieure? Que va-t-il advenir du terrain?
M. L'Allier: Après l'échange de terrains entre la
ville de Longueuil et Rosa Construction, nous avons, suite à l'expertise
archéologique et à l'étude historique qui ont
été faites, avisé la municipalité de Longueuil
ainsi que la société d'histoire que la maison Cherrier avait une
valeur purement locale et que nous estimions nécessaire de faire part
à la ville de Longueuil qu'il serait peut-être agréable
pour la population de voir le dessin de la maison au niveau du sol dans le
cadre d'un petit parc, et puis qu'une plaque rappelle
l'événement, la construction de la maison et son
évolution, les habitants qui y ont résidé et leur
importance. A partir de là, c'est que maintenant la ville de Longueuil a
été avisée de ce qu'elle fera du terrain et devra le
soumettre au ministre pour son approbation. Alors on attend la décision
de la ville. Il se peut que la ville décide de laisser construire un
bungalow, ou une maison unifamiliale sur le terrain. En préservant ce
qui se trouve juste derrière les arbres et en front de la rue
Saint-Charles ou bien décide... ce ne sont pas les intentions de la
ville de Longueuil, mais c'est une possibilité.
M. Morin: La possibilité d'un parc a été
évoquée à plusieurs reprises. Je crois que ce serait
navrant de voir le terrain gâché par la présence d'une
seule maison unifamiliale, à plus forte raison serait-ce une catastrophe
de laisser construire là-dessus des logements multifamiliaux comme ceux
que M. Rosa avait l'intention d'y construire.
M. L'Allier: Si le ministre me permet, je pense que le zonage est
changé également là-bas et que la ville de Longueuil
veut... ce serait donc au maximum une résidence unifamiliale et,
à l'autre bout, ce serait un parc. Mais la ville de Longueuil a
été mise au courant de nos intentions. On lui a
suggéré, on ne lui a pas dit quoi faire, on a dit: II y a une
possibilité de faire la mise en valeur...
M. Morin: En face des vestiges de la maison Cherrier, se trouve
une autre maison qui a appartenu et a été construite par Daniel
Poirier, vers 1745. La concession que lui avait accordée le seigneur,
baron de Longueuil, date de 1749, je crois, peut-être même
antérieurement. De toute façon on estime que Poirier était
déjà à Longueuil dès 1744 et que c'est vers cette
époque que la maison a dû être construite.
C'est du moins ce que révèle l'étude de tous les
titres de propriété de cet emplacement et quelques autres
documents qui sont parvenus à la connsaissance de la
Société d'histoire de Longueuil. Cette maison a donc au bas mot
227 ans; elle a été remaniée à plusieurs reprises,
mais elle a été, au cours du dernier siècle, bien
entretenue puisqu'elle était la propriété des soeurs des
Saints noms de Jésus et de Marie qui en ont pris grand soin. Le
ministère a-t-il reçu une demande de classement de cet immeuble?
L'a-t-il examiné? A-t-il pris l'initiative de le protéger?
M. L'Allier: De la part de la Société d'histoire de
Longueuil, nous avons reçu, je pense, quatre ou cinq dossiers, assez
bien étoffés par ailleurs. Ceux-là sont mis dans le
circuit au niveau administratif de notre organisation, passés au service
d'un inventaire pour examen des documents. Je dois vous dire que le service de
l'inventaire pour le moment a 300 demandes qui proviennent de tous les coins de
la province. Or, on essaie de régler toutes ces demandes avec le
personnel dont nous disposons.
M. Morin: II serait faux de dire que la population ne soit pas
éveillée. Le ministre semblait dire, hier, que la population
était indifférente, mais il semble que le nombre de demandes de
classement prouve le contraire. Il semble que les Québécois
s'intéressent de plus en plus à leur patrimoine. Dans ce cas
spécifique, n'avez-vous encore pris aucune décision?
M. L'Allier: Dans ce cas, non.
M. Morin: Vous n'avez pas fait inspecter la maison non plus.
M. L'Allier: Non, pour le moment, le dossier est entré. Il
a été au service de l'inventaire, lorsque l'on pourra le faire,
on le fera. Je vous assure bien que nous sommes en retard dans beaucoup de
dossiers de ce type, énormément de dossiers. Il faut les traiter,
il faut les analyser. Bien souvent, même avec la Société de
Longueuil comme avec d'autres sociétés, il y a des avancés
des sociétés historiques qui, parfois, ne se
révèlent pas toujours exacts. On veut discuter avec elles. Alors,
c'est une question de recherche. Cela prend du temps. Nos historiens ne peuvent
pas toujours faire cela dans les délais que l'on souhaiterait.
M. Morin: Si je m'attarde sur cette maison, dont je vous prierais
de prendre note, c'est qu'elle est une des plus belles et des plus anciennes du
patrimoine longueuillois. Vous avez dû, d'ailleurs la voir lorsque vous
êtes allés voir les vestiges de la maison Cherrier...
M. L'Allier: Elle est très belle, d'ailleurs.
M. Morin: Nous pensons, quant à nous, qu'elle doit
être protégée. Bien sûr, elle a été
modifiée, elle a eu, comme l'écrit M. Gilles
Légaré, quelques petites "crises de modernisme", comme des
châssis en aluminium et ce genre d'horreur, mais le cadre est
authentique...
M. L'Allier: C'est son volume, c'est son importance.
Sault-au-Récollet
M. Morin: C'est ce qu'on appelle une bonne maison quant aux
proportions. Je pense qu'elle mérite l'attention du ministère.
J'espère que vous vous y attarderez avec tout le soin dont vous savez
faire preuve lorsque vous vous décidez à agir.
Je pourrais m'étendre encore longtemps sur Longueuil, mais, comme
le temps avance, je voudrais plutôt vous dire deux mots de
l'arrondissement du Sault-au-Récollet. Il y a un certain nombre de
bâtiments importants. Nous sommes à l'autre
extrémité de l'île de Montréal. J'ai visité
les lieux, il y a jusqu'à 65 bâtiments divers dans cet
arrondissement qui méritent l'attention du ministère.
Je songe, notamment, à la maison du Pressoir, qui est de la
première moitié du XVIIIe siècle, de charpente, de type
colombage pierroté, et qui est, je crois, unique en son genre au
Québec. Elle appartient, à l'heure actuelle, à la ville de
Montréal, qui la néglige complètement. J'ai eu l'occasion
de le constater de mes propres yeux, il y a quelques semaines encore, quand on
m'a fait visiter l'arrondissement. Elle a même été
amputée d'une partie de sa charpente depuis que la ville en est
propriétaire. Ce sont le Sulpiciens qui en étaient les seigneurs,
qui avaient fait bâtir la maison pour y loger un pressoir.
Autre point important, au sujet de cet arrondissement, il y a là,
vous le savez, une île dans le milieu de la rivière des Prairies
et une digue qui avait été construite au temps de
l'administration française pour retenir les eaux et aménager
quatre moulins. Ce fut l'un des premiers grands établissements
industriels du régime français dont il reste des vestiges,
notamment une façade assez classique. Ces moulins fonctionnaient encore
récemment. En fait, je pense qu'il y en a un qui fonctionne encore, mais
dans lequel on a complètement remplacé la machinerie au cours des
temps. C'est un des sites les plus importants du point de vue de l'histoire, du
développement de l'industrie au Québec. En fait, c'est
probablement tout l'ancien village sis autour du Fort Lorette, dont il me
reste, hélas, pas autre chose que de vagues vestiges, c'est tout
l'ancien village qui mériterait d'être classé comme
arrondissement. C'est un ensemble complet avec l'église, le vieux fort
du XVIIIe siècle, la poudrière et quelque 65 bâtiments qui
se trouvaient dans la périphérie.
La société pour la préservation du
Sault-au-Récollet a fait des représentations au ministère,
à la ville de Montréal, mais il semble qu'on n'ait pas
montré beaucoup d'intérêt pour un site qui est pourtant
exceptionnel.
J'aimerais demander au ministre ses intentions à cet
égard.
M. L'Allier: Nous avons été mis au courant, nous
avons reçu de la correspondance de la part de cet organisme, enfin,
cette association de sauvegarde; ce n'est pas encore un arrondissement, c'est
un arrondissement potentiel par ce qu'il possède et ces derniers jours
il y a eu des communications. D'ailleurs, moi-même personnellement j'ai
eu des communications téléphoniques avec le représentant,
c'était, je crois, M. Savard, lui disant qu'il était
évident que nous avions ce document en main, lui demandant de voir la
ville de Montréal aussi pour essayer de voir à ce que les plans
d'aménagement de la ville de Montréal ne nuisent pas à ce
que, lui, révèle maintenant, qui était connu de
Montréal peut-être, mais qui n'était peut-être pas
pris en considération pour d'autres raisons que j'ignore. On lui a
demandé de faire ce premier pas aussi, de rencontrer la ville et, en
deuxième temps, nous avons dit: Nous allons examiner le dossier que vous
nous avez soumis et nous allons vous rencontrer. Je crois qu'il y a des
rencontres de prévues pour ces jours-ci avec ces gens-là.
Ils ont recommencé alors à se mettre d'accord; d'abord,
visiter ensemble les lieux, faire l'inventaire qui a déjà
été fait partiellement par eux, d'ailleurs, et alors le
continuer, l'approfondir et essayer, avec la ville de Montréal, de
trouver une formule la plus convenable possible pour une intervention qu'on
pourra appeler une intervention coordonnée des différents corps
publics.
M. Morin: Dans le cas spécifique de la maison du Pressoir,
étant donné qu'il s'agit d'une des rares maisons à
colombages pierrotés, avec la maison Lamontagne à Rimouski...
M. L'Allier: La maison Lamontagne.
M. Morin: ...n'y aurait-il pas lieu à une intervention
quelque peu plus urgente et décisive du ministère pour la
protéger?
M. L'Allier: Oui.
M. Morin: Je ne crois pas que le ministère, d'ailleurs,
l'ait même examinée. Il y aurait peut-être lieu que vous
donniez la priorité à cette maison. Je crains qu'elle ne soit
dégradée très rapidement. J'ai remarqué que
l'humidité s'infiltre par la base, et pour les maisons à
colombages, c'est une catastrophe.
M. L'Allier: II y a eu un incendie, l'année
dernière, dans l'arrondissement potentiel, ici, de
Sault-au-Récollet.
M. Morin: Oui, il y a eu un incendie qui a détruit une
très belle maison.
M. L'Allier: Oui, complètement.
M. Morin: Je pense qu'il est donc urgent de
jeter un coup d'oeil là-dessus et j'aimerais bien que la
prochaine fois que nous reviendrons en commission, l'année prochaine, ce
dossier ait progressé si c'est possible, M. le Président.
Pour ce qui est de Neuville, nous voyons qu'il ne s'agit pas de
Saint-Glinglin.
M. L'Allier: Non, ce n'est pas loin.
M. Morin: C'est quand même plus important que cela, M. le
Président.
M. L'Allier: Je comprends. Saint-Glinglin n'était pas dans
l'optique de la qualité des biens, mais c'était dans la liaison
qui existait entre le député et le lieu.
M. Morin: Toutefois je pense qu'il y a beaucoup de
"Saint-Glinglin" qui valent la peine d'être défendus au
Québec.
M. L'Allier: Comme la plupart des députés qui les
représentent.
La région de Neuville
M. Morin: Oui, les "Saint-Glinglinois". Il y a un an, la
Direction générale du patrimoine terminait une étude assez
complète sur toute la région de Neuville qui renferme plusieurs
maisons de caractère historique indéniable et qui est
également, en tant qu'arrondissement historique et naturel, une des plus
belles du Québec.
J'aimerais connaître les décisions qui ont
été prises par le ministère quant à l'avenir de cet
arrondissement. En fait, l'arrondissement n'existe pas encore, mais je vous en
parle comme s'il l'était déjà, car il mérite de
l'être.
M. L'Allier: Tout ce que je peux dire, M. le Président,
c'est que j'invite le chef de l'Opposition au lancement d'un ouvrage qui
l'intéressera sûrement et qui s'appelle les Cahiers du patrimoine,
Neuville architecture traditionnelle.
M. Morin: M. le Président, le voyage vaut le coup pour des
ouvrages de cette importance...
M. L'Allier: Le document sera lancé la semaine prochaine,
dans le cadre de la semaine du patrimoine. Je peux le lui laisser regarder pour
la durée de la séance de la commission.
M. Morin: C'est une forme de supplice chinois, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Vous avez douze minutes pour
l'examiner.
M. Morin: Ne pourrait-il pas être déposé,
sous toute réserve, devant la commission de façon que nous
puissions en prendre connaissance, prenant l'engagement de ne pas en
révéler le contenu?
M. L'Allier: Certainement, M. le Président.
M. Morin: Je suis prêt à être discret. Dois-je
comprendre que cet ouvrage annonce la création d'un arrondissement
historique?
M. L'Allier: Comme on vous l'avait dit l'an passé,
l'étude sur Neuville, il appartenait au service de l'inventaire de faire
une étude régionale, comme on a l'intention de le faire dans les
prochaines années. Cela devait être une étude scientifique
qui puisse démontrer exactement ce qui doit être
protégé. Avec ce document que vous avez en main, nous avons
rédigé, à l'intention du ministre, la suite de ce document
et ses quatre propositions de classement qui seront examinées dans la
suite ultérieure par la Commission des biens culturels. De plus, pour ce
qui est de Neuville, la création d'un arrondissement, nous pensons qu'il
y a peut-être d'autres moyens que l'arrondissement en tant que tel et
nous avons eu avec la municipalité de Neuville des rencontres. Elle veut
faire un plan d'urbanisme, ou tout au moins un certain aménagement du
territoire et nous allons lui remettre également ce document en leur
disant: Vous avez toute la liste des biens qui sont d'importance, qui sont
classés et nous allons vous aider aussi. Dans le cadre de votre
aménagement du territoire, pourquoi ne prenez-vous pas vous-mêmes
avec des plans de zonage, pour lesquels on pourra vous aider et vous indiquer
la façon de suivre, une certaine mesure administrative qui
protège ces biens? Cela éviterait, peut-être, certaines
dispositions lourdes de gestion de la part du ministère et cela donnera
la responsabilité aux Neu-villois de conserver eux-mêmes leur
patrimoine.
M. Morin: Avez-vous songé, à tout le moins,
à faire classer les maisons les plus importantes? Je songe en
particulier à la maison Denis, à la maison Soulard...
M. L'Allier: Oui.
M. Morin: ... et à deux ou trois autres comme la maison
Marcotte. Elle est située plus loin.
M. L'Allier: A Neuville, si mes souvenirs sont justes, sous
toutes réserves, il y a deux maisons classées et la chapelle de
procession. Mais le train de mesures qui suit ceci, c'est déjà de
soumettre au ministre quatre classements. Alors, le ministre est avisé
que c'est suite à une étude, que ce n'est pas, disons, une
appréciation sommaire, parce que le bien est beau, etc. Il est
indiqué dans l'étude. Il y a quatre maisons, ce qui ferait sept
pour ce village. Si on veut, demain, suivre avec des aires de protection,
imaginez qu'on protège tout le village!
M. Morin: Pourriez-vous me donner la liste des maisons dont vous
envisagez le classement?
M. L'Allier: Je m'excuse, mais... Je pourrai vous la communiquer,
d'ailleurs, si le ministre me le permet.
M. Morin: Est-ce possible, puisque le temps va nous manquer? Si
vous pouvez me communiquer ces documents par la suite, je serai très
heureux de les avoir.
M. L'Allier: Comme vous voyez, on n a pas flâné sur
Neuville.
M. Morin: Non, je suis très heureux que vous me laissiez
prendre connaissance de ce document, je vais certainement en faire mon profit.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur l'île d'Orléans,
notamment, sur le tracé de l'autoroute 20, à Montréal, sur
le fort Ingall, près de Cabano, sur certains projets du
ministère, comme la caisse de prêts, sur l'inventaire des
églises, sur les moulins dont nous avons parlé l'année
dernière, sur la maison Lamontagne, le Gesù, l'île des
Moulins...
M. L'Allier: On n'est pas disponibles jusqu'à minuit.
M. Morin: Je voulais simplement dire au ministre que j'avais
d'autres questions à lui poser. S'il avait des documents, par hasard,
à me communiquer, qui pourraient me mettre au courant des derniers
développements dans ces dossiers, je serais très heureux de les
recevoir. Il n'est pas nécessaire que je l'entretienne en long et en
large de chaque dossier, mais je les ai énumérés. J'y
ajoute encore l'archipel Mingan...
M. L'Allier: Si vous pouviez les reprendre, on pourrait
peut-être noter ceci dans le dossier.
C'est Montréal, celui-ci. On vous avait remis tantôt
Québec. On peut bien remettre le préliminaire sur Montréal
aussi.
M. Morin: Oui.
M. L'Allier: Nous n'avons pas de documents sur tout, mais enfin.
Notez la liste des dossiers et si sur ces dossiers nous avons les documents qui
peuvent...
Le Président (M. Lafrance): Ils sont faciles à
replacer, c'est enregistré au journal.
M. Morin: Oui, je les ai mentionnés. Ils sont donc au
journal des Débats. Je vous remercie pour cet autre document.
Je m'intéresse également à l'archipel Mingan,
à la maison mère des soeurs Grises, qui est un dossier auquel
nous sommes beaucoup intéressés, à la vieille prison de
Trois-Rivières. Ce serait déjà bien si vous arriviez
à me documenter.
M. L'Allier: M. le Président, on peut fournir un certain
nombre d'informations sur tous ces dossiers par écrit.
Deuxièmement, je pense que le chef de l'Opposition n'aura pas à
attendre la commission parlementaire sur les crédits de l'an prochain
pour reprendre ces dossiers, puisque, dès l'automne, au moment de
l'étude des projets de loi qui réforment l'ensemble de la
législation touchant le patrimoine, il lui sera loisible de reve- nir
sur chacune de ces questions et de voir de quelle façon...
M. Morin: Bien.
M. L'Allier: ... les nouvelles lois affectent cela. Par exemple,
les caisses de dotation, l'aide financière, tout cela sera directement
affectés par des lois.
M. Morin: Nous pourrons partir de dossiers concrets pour voir
comment la législation s'appliquera. Je me réjouis beaucoup de
cette perspective et, plus vous pourrez me communiquer de documents à
l'avance, plus la discussion, à l'automne, sera intéressante,
à moins, évidemment, que nous n'ayons des élections dans
l'intervalle.
J'aurais peut-être une dernière question...
M. L'Allier: Ce qui reporterait la discussion de quelques mois
seulement.
M. Morin: Sans doute. J'ose espérer qu'elle aurait lieu
entre les mêmes adversaires, mais sait-on jamais comment les
ministères peuvent être redistribués d'une fois à
l'autre.
Le Président (M. Lafrance): En ce qui nous concerne, on
est sûr.
L'île aux Grues
M. Morin: M. le Président, pourrais-je demander un dernier
point d'information? Quant à l'île aux Grues, y a-t-il quelque
ouvrage, quelque plan, quelque travail de recherche qui ait été
entrepris?
M. L'Allier: Pas à ma connaissance.
M. Moin: Pas à votre connaissance? Ni, non plus, sur
certaines maisons anciennes de l'île aux Grues, les maisons deux fois
centenaires?
M. L'Allier: On a connaissance de l'existence de ces maisons,
mais rien de concret n'a été fait.
M. Morin: Quant au manoir, par exemple?
M. L'Allier: Non plus.
M. Morin: Et vous n'avez pas le projet de vous intéresser
à cette île, qui est restée relativement
protégée jusqu'ici, mais qui pourrait bien être fort
abîmée, si l'on ne s'en occupe pas.
Puis-je dire au ministre de demander à ses adjoints de regarder
dans les placards pour voir s'il n'y aurait pas quelque étude portant
sur quelque aspect que ce soit de l'île aux Grues? Je m'y
intéresserais.
Avec l'espoir que les documents dont nous avons parlé me seront
communiqués, je suis disposé à adopter le programme 2.
Le Président (M. Lafrance): Alors, programme 2,
adopté. Les éléments 2 et 3 sont adoptés.
Je remercie beaucoup les membres de la commission qui ont daigné
participer à cette étude. Je remercie le chef de l'Opposition, le
ministre, ainsi que les adjoints du ministre.
M. L'Allier: M. le Président, je voudrais en profiter pour
remercier les fonctionnaires qui m'ont accompagné du travail
exceptionnel qui se fait, dans des conditions souvent difficiles, au
ministère des Affaires culturelles. J'aimerais indiquer aux membres de
la commission que les réformes que nous amorçons n'ont pas pour
but de ralentir l'action du ministère et de nous asseoir pendant encore
des mois à réfléchir, bien au contraire. Nous essayons,
à partir de l'expérience passée, de l'analyse de nos
dossiers de rationaliser nos interventions et de sortir de ce rôle de
pompier, notamment dans le domaine du patrimoine, qui nous a été
dévolu par la force des choses, pour en arri- ver à poser des
gestes qui soient davantage préventifs et positifs, associant la
population à ce que nous avons à faire. L'exemple du dossier sur
Neuville est intéressant et il serait à souhaiter que, d'ici
à une dizaine d'années, nous ayons des dossiers de cette nature
sur la plupart des agglomérations importantes du Québec où
se situent les biens d'intérêt historique et culturel.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les crédits du
ministère des Affaires culturelles étant adoptés, la
commission ajourne ses travaux sine die.
Je m'excuse, pour le bénéfice du journal des
Débats, la commission parlementaire de l'éducation siégera
à nouveau demain matin pour l'étude des crédits du
ministère de l'Education.
(Fin de la séance à 18 h 30)