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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du jeudi 17 juin 1976
(Dix heures et dix minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications est réunie ce matin pour étudier les
crédits du ministère de l'Education.
Sont membres de cette commission: M. Bellemare (Johnson), M.
Bérard (Saint-Maurice), M. Bienvenue (Crémazie), M. Charron
(Saint-Jacques), M. Choquette (Outremont), M. Côté (Matane), M.
Bonnier (Taschereau), M. Déom (Laporte), M. Lapointe
(Laurentides-Labelle), M. Léger (Lafontaine), M. Parent
(Prévost), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Tardif (Anjou) et M. Giasson (Montmagny-L'Islet) qui
remplace M. Veilleux (Saint-Jean).
Si vous n'avez pas d'objection, M. Côté (Matane) serait le
rapporteur de cette commission.
Une Voix: C'est une excellente nomination.
M. Léger: Peut-on s'assurer qu'il n'y aura qu'un
rapporteur pour la commission?
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: Hier, en Chambre, il y a eu deux rapporteurs de
la même commission.
M. Bienvenue: II est député d'un comté
illustre.
Une Voix: II y a une relation entre le ministre de l'Education et
le député de Matane.
Une Voix: II y a non seulement une relation, mais un lien
direct.
M. Bienvenue: Je parle bien du député provincial de
Matane.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, il y a sept ans que
je préside la commission de l'éducation et, chaque année,
le ministre faisait un tour d'horizon. Je ne sais pas s'il est dans l'intention
du ministre actuel de faire un tour d'horizon.
M. Bienvenue: Si j'ai la permission, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): La parole est au ministre.
M. Bienvenue: Comme cela fait sept ans, M. le Président,
si je fais des erreurs, corrigez-moi, n'est-ce pas.
Le Président (M. Pilote): D'accord, la parole est au
ministre de l'Education.
Exposé général du ministre, M.
Jean Bienvenue
M. Bienvenue: Mes premiers mots sont pour dire que cela ne fait
pas sept ans, ni même sept mois et, en conséquence, je suis
parfaitement conscient de la complexité et de l'ampleur des
problèmes et des sujets que nous allons traiter pendant plusieurs
heures.
Je dis pendant plusieurs heures, parce que, l'an dernier, la
dernière fois que j'ai défendu les crédits d'un
ministère un peu plus modeste, celui de l'Immigration, le
député de Maisonneuve, d'autres collègues et moi avions
établi un record depuis la confédération, de
mémoire d'homme, c'est-à-dire que nous avions adopté les
crédits en une heure et cinquante-cinq minutes. On m'a informé
que, suivant la tradition, vous la confirmerez ici, c'est un peu plus long.
Je n'hésiterai pas, avec l'assentiment anticipé de cette
commission, à me servir abondamment des talents et des connaissances des
nombreux hauts fonctionnaires qui se succéderont autour de sa modeste
personne, selon les sujets qui seront étudiés. Je pense,
d'ailleurs, que je n'innoverai pas en faisant cela. On m'a dit que certains de
mes prédécesseurs, surtout au début de leur
"règne", avaient procédé de la même façon. Je
comprends que la coutume ou la tradition et la procédure établie
veulent, le cas échéant, que ces gens parlent au nom du ministre,
surtout lorsqu'ils disent des choses intelligentes.
M. Léger: II faudrait leur dire.
M. Bienvenue: Cela étant dit, nous entrons dans le vif du
sujet.
Nous sommes donc réunis une fois de plus pour la discussion des
crédits du ministère de l'Education. Pour la discussion de cette
année, je propose un regroupement de programmes qui permettra au
ministre et aux deux ministres d'Etat de discuter des programmes dont ils ont
la responsabilité.
Comme on le sait, il y a 17 programmes au ministère. Ainsi, nous
discuterons ensemble de l'administration générale du
ministère, des services de soutien technique et de moyens
d'enseignement, de l'enseignement élémentaire et secondaire
public, ainsi que de l'enseignement élémentaire, secondaire et
collégial privé et du Conseil supérieur de
l'éducation.
Mon collègue, responsable de l'enseignement postsecondaire, M.
Bernard Lachapelle, député de Chauveau, ministre d'Etat à
l'Education, défendra les crédits de l'enseignement
collégial public, de l'enseignement universitaire, du conseil des
uni-
versités, ainsi que de l'éducation des adultes et des
prêts et bourses aux étudiants.
Dans de ces dix-sept programmes relèvent du Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports. Ils ont été
discutés, sous la direction du ministre d'Etat chargé de ce
secteur, M. Paul Phaneuf. Je vous propose donc cet ordre de discussion qu'on va
distribuer aux membres de cette commission.
Une telle manière de procéder s'est avérée
plus efficace par les années passées, en ce sens qu'elle permet
de discuter à fond d'un secteur particulier et d'adopter ensuite un bloc
de programmes.
Nous déposerons tout à l'heure, dans quelques instants,
des documents qui vous aideront à mieux suivre le déroulement de
cette commission.
Des Voix: Formidable!
M. Bienvenue: Je viens de parler de M. Phaneuf.
M. Léger: II a entendu sa voix.
M. Bienvenue: Le mot formidable, qui sera inscrit au journal des
Débats, s'appliquait à celui dont je viens de parler.
M. Léger: II vient de terminer son "jogging". M.
Bienvenue: Ce dossier...
M. Déom: Nous sommes choyés ce matin, deux
ministres.
M. Bienvenue: Trois.
M. Déom: M, le Président, je tiens à ce que
cela soit inscrit au journal des Débats, comme un
précédent. Nous sommes choyés.
M. Bienvenue: Le dossier qui vous sera distribué contient
les documents suivants: Un organigramme du ministère de l'Education, un
organigramme du secteur élémentaire et secondaire; une
synthèse par secteur; le programme et les éléments des
prévisions détaillées des crédits 1976/77
comparés aux crédits 1975/76; un tableau de la clientèle
scolaire de 1972/73 à 1976/77; la répartition des effectifs du
ministère permettant une comparaison avec l'année
précédente.
Malheureusement, nos nombreuses occupations nous aurons
peut-être l'occasion d'y revenir brièvement, je songe notamment
à la ronde de négociation qui a accaparé une large part
des hauts fonctionnaires du ministère de l'Education depuis plusieurs
mois ne nous ont pas permis de déposer le rapport annuel du
ministère, et nous nous en excusons auprès des membres de cette
commission. Je puis les assurer, comme d'ailleurs tous les autres membres de
l'Assemblée nationale, que dès que ce document sera prêt,
nous le ferons parvenir sans délai.
Avant de commencer les discussions proprement dites, j'aimerais faire
quelques remarques générales, comme vous m'invitiez à le
faire, sur l'organisation du ministère de l'Education et sur
l'état des dossiers prioritaires qui nous préoccupent
davantage.
L'organisation supérieure du ministère qui avait
été amorcée par un de mes prédécesseurs
j'allais dire mon prédécesseur...
M. Déom: Pourriez-vous présenter les
fonctionnaires?
M. Bienvenue: Oui, d'accord. Je m'excuse, cela n'a pas
été fait. Je vous présente mon sous-ministre en titre, M.
Pierre Martin, et pour suivre vraiment la ligne hiérarchique qui existe
chez nous, j'invite mon sous-ministre en titre à faire ensuite la
présentation des autres.
M. Germain Hallé, sous-ministre adjoint, responsable de
l'enseignement élémentaire et secondaire; du service du budget,
M. Lionel Lirette et M. Laurier Houle, Mme Louise Gagnon, M. Darsigny, du
cabinet de M. Bienvenue; M. Pierre Fontaine, qui est directeur de la
planification; M. Jacques Cardinal, directeur de la gestion; M. Claude
Benjamin, qui est au cabinet de M. Bienvenue; M. Guy Dozois, qui est l'adjoint
exécutif de M. Hallé et M. Nicol Jean, du cabinet de M.
Bienvenue; M. Jean-Paul Olivier, du bureau des sous-ministres; M. Jean-Luc
Giroux, directeur de l'équipement, élémentaire et
secondaire; M. Robert Trempe, du cabinet de M. Lachapelle, qui se trouve par
conséquent en avance sur son temps.
M. Ostiguy: II est trempé.
M. Bienvenue: II est venu sentir. M y a un jeune homme,
là-bas, derrière M. Athot, en ligne droite, qui est le jeune
Serge Raymond, qui est mon chef de cabinet.
M. Déom: Jeune?
M. Bienvenue: Pas vieux.
M. Ostiguy: Est-il encore à
l'élémentaire?
M. Bienvenue: II a quelques cheveux de plus que M. Déom,
c'est pour cela que j'ai dit qu'il était jeune.
M. Déom: II y a un proverbe chinois qui dit: "La sagesse
ne supporte pas les cheveux."
M. Bienvenue: Vous avez quelque chose en commun tous les deux. M.
Déom a du front, et lui a du toupet. Cela veut dire la même
chose.
M. Déom: Merci, M. le ministre.
M. Bienvenue: J'étais à dire que l'organisation
supérieure du ministère qui avait été
amorcée par un de mes prédécesseurs, M. François
Cloutier, et dont il faisait état dans son discours de l'an passé
devant cette même commission, cette organisation, dis-je s'est
continuée dans le sens qu'il
avait lui-même souhaité. D'abord, le 1er octobre 1975, le
premier ministre du Québec nommait M. Bernard Lachapelle ministre d'Etat
à l'Education. M. Lachapelle est spécifiquement chargé
d'exercer les fonctions du ministre de l'Education à l'égard de
l'enseignement supérieur, de l'enseignement collégial, de
l'éducation des adultes et des prêts et bourses aux
étudiants.
Dans l'exécution de ses fonctions, le ministre d'Etat à
l'Education se voit donc chargé de l'application des lois suivantes: Loi
du Conseil des universités, Loi des investissements universitaires, Loi
de l'Université du Québec, Loi des collèges d'enseignement
général et professionnel, Loi des prêts et bourses aux
étudiants, Loi des bourses au personnel enseignant, Loi du
Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean et Loi permettant aux
municipalités d'imposer certaines maisons d'enseignement.
Cette nomination a permis un partage des responsabilités et un
meilleur suivi des dossiers complexes de l'éducation. Deux
sous-ministres adjoints oeuvrent plus spécifiquement dans le secteur
postsecondaire dirigé par M. Lachapelle, soit M. Jacques Girard, au
niveau de l'enseignement collégial, universitaire et des prêts et
bourses, et M. Maurice Mercier, pour l'éducation des adultes.
L'administration générale de tout le ministère est
toujours sous la responsabilité du sous-ministre titulaire, M. Pierre
Martin. Le secteur de l'enseignement élémentaire et secondaire
est dirigé par un sous-ministre adjoint, M. Germain Hal-ley, qui a
remplacé comme vous le savez, M. Jean-Claude Lebel. Ce secteur comprend
les directions générales d'enseignement élémentaire
et secondaire, du financement et de l'équipement ainsi que les bureaux
régionaux. Les sous-ministres associés sont aussi
impliqués dans les différentes activités du
ministère. M. André Rousseau, en fonction depuis le 1er juin
1975, est sous-ministre associé de foi catholique et M. Sylvester White
est sous-ministre associé de foi protestante, ce qui ne veut pas dire,
soit dit en passant, que mes autres sous-ministres ne soient pas de foi
catholique.
Pour répondre à un autre voeu exprimé par M.
Cloutier l'année dernière, nous sommes à structurer le
nouveau secteur de la planification et de la programmation, sous la
responsabilité d'un autre sous-ministre adjoint, M. Roland Arpin. Font
partie de ce secteur la direction générale de la planification et
le service de la programmation budgétaire. Le service informatique est
aussi sous la responsabilité du même M. Arpin. Au cours de
l'année écoulée, le service de la coopération avec
l'extérieur est passé au ministère des Affaires
intergouvernementales, suite à l'adoption de la loi de ce
ministère. Par contre, nous avons rapatrié au ministère de
l'Education, venant du Conseil exécutif, la Commission de la politique
scientifique et créé en même temps le Bureau de la science
et de la technologie, auparavant désigné sous le nom de
comité ministériel des politiques scientifiques.
Ces deux organismes sont sous la responsabilité du ministre
d'Etat à l'Education, M. Lachapelle. Je reviens maintenant au secteur
élémen- taire et secondaire, qui constitue la grosse part de mes
préoccupations et du budget du ministère de l'Education.
J'aimerais vous brosser un tableau général de l'état des
dossiers prioritaires qui retiennent actuellement l'attention de mon
ministère.
Le premier bloc concerne le livre vert sur l'enseignement
élémentaire et secondaire, la décentralisation ainsi que
les orientations de l'enseignement et le développement d'un soutien
pédagogique aux petites commissions scolaires. A l'occasion du discours
d'ouverture de la session, vous vous rappelez, le gouvernement annonçait
son intention de faire le point sur le développement de l'enseignement
élémentaire et secondaire au cours des dix dernières
années. En demandant au ministre de l'Education de voir à la
préparation d'un livre vert sur cette question, le gouvernement signifie
clairement et concrètement son désir de rechercher une meilleure
efficacité et une plus grande qualité d'enseignement et son
intention d'identifier et de résoudre les problèmes qui touchent
le plus directement la population, problèmes qui se situent au niveau
des commissions scolaires et des établissements d'enseignement.
L'intention est donc la suivante: Après dix ans de réforme
du système scolaire, faire le point et, en conséquence, mesurer
comment le système scolaire a évolué en regard des
intentions de la réforme et des réalisations concrètes aux
niveaux élémentaire et secondaire. Evaluer les attentes et les
besoins des divers groupes, mesurer ce que signifient et commandent ces
attentes en termes de changements à faire. Troisièmement, voir ce
qu'il est possible de faire et ce qu'il faudra privilégier.
Le gouvernement entreprend donc une opération concrète qui
passera par l'analyse et l'évaluation, opération normale,
à un moment où la population lui exprime de mille et une
façons son inquiétude et sa perplexité face au
foisonnement des opinions sur les réformes à apporter et les
modifications à faire dans les régimes pédagogiques, les
programmes scolaires, la formation des éducateurs, l'organisation
générale de l'école, les communications, enfin, entre
l'école et le milieu.
Le livre vert est donc un document du gouvernement portant sur une
question d'intérêt public en exposant la problématique, les
objectifs qui peuvent être poursuivis à l'égard de cette
question, les moyens qui peuvent être mis en oeuvre, sans indiquer,
toutefois, l'option que le gouvernement privilégié. Dans la
perspective où le document suivra l'itinéraire prévu, il
sera destiné à rejoindre un vaste public. Il devra alors
emprunter un style dynamique, présenter un contenu riche, mais
facilement accessible. Il sera donc dépouillé de tout appareil
technique trop compliqué. Il pourra, toutefois, être
accompagné de documents annexes qui fourniront aux lecteurs
intéressés l'ensemble des données techniques ou
statistiques qui fonderont ou justifieront les conclusions
présentées dans le livre vert en question.
La qualité et le niveau de l'écriture seront donc
adaptés en fonction de lecteurs exigeants qui vivent près des
réalités quotidiennes. Nous pensons, en particulier, aux
personnes qui vivent
l'expérience des comités d'école ou des
comités de parents, aux éducateurs dans leurs classes, aux
directeurs dans leurs écoles.
Selon le plan provisoire de ce livre vert, la première partie
serait intitulée. Le système scolaire québécois.
Les principales intentions et les principaux événements qui ont
conduit à mettre en place notre système d'éducation
actuel. Les grands objectifs atteints, les principaux problèmes auxquels
nous sommes maintenant confrontés, les possibilités
d'améliorer encore notre système scolaire, de répondre aux
nouvelles attentes qui se sont développées et de résoudre
les problèmes d'aujourd'hui, enfin les moyens qui s'offrent à
nous pour obtenir ces résultats.
Deuxième partie: Les écoles et les commissions scolaires.
Tout d'abord, l'école élémentaire, ce que l'on a voulu
faire et ce que l'on a réalisé, ce que différents groupes
attendent maintenant, ce qu'il est possible de faire et comment on peut le
réaliser vis-à-vis des régimes pédagogiques et les
programmes, les méthodes et les moyens d'enseignement, les
éducateurs, l'organisation de l'école, les communications
intérieures et extérieures. Ensuite, l'école secondaire.
Là aussi, ce qu'on a voulu faire et ce que l'on a réalisé,
ce que différents groupes attendent maintenant, ce qu'il est possible de
faire et comment on peut le réaliser, encore là, vis-à-vis
des régimes pédagogiques, les méthodes et les moyens
d'enseignement, les éducateurs, l'organisation de l'école, les
communications intérieures et extérieures. Enfin, la commission
scolaire, ce que l'on a voulu faire et ce que l'on a réalisé, ce
que différents groupes attendent maintenant, ce qu'il est possible de
faire et comment le faire, toujours vis-à-vis les responsabilités
pédagogiques des commissions scolaires, cette fois, les
éducateurs, les responsabilités administratives desdites
commissions scolaires, les communications internes et externes à la
commission scolaire.
Troisième partie: Explication de thèmes majeurs. Cette
troisième partie doit permettre un second approfondissement, une seconde
lecture des termes identifiés dans la première partie et
analysés dans la seconde. On abandonnera ici le texte
général afin de s'attacher davantage au développement des
solutions, à la façon dont on voit désormais les choses et
les conditions des changements à opérer.
Je passe maintenant à l'état actuel du dossier
décentralisation, dont je l'imagine facilement il a
été question dans le passé, à l'étude des
crédits du ministère de l'Education. On en est actuellement au
stade de l'analyse des résultats de la consultation. Celle-ci n'est pas
encore complétée pour tous les mémoires.
Parallèlement à la consultation, un certain nombre de travaux
d'approfondissement ont été effectués.
Je signale à cet effet ce qui suit: recueil des politiques
éducatives, éléments d'une politique d'évaluation,
grille-matière à l'élémentaire, financement,
gestion des ressources matérielles, partage des
responsabilités.
Pour ce qui est des commissions scolaires, une première analyse
des résulstats de la consul- tation indique que toutes les propositions
ont reçu, au moins, 60% d'accords et qu'il n'y a pas de
différences significatives importantes à cet effet selon la
taille des commissions scolaires, les régions et le niveau
d'enseignement, à l'exception de la confessionnalité. Des
comités conjoints de concertation, ministère de l'Education du
Québec-Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec et ministère de l'Education-Quebec Association of
Protestant School Boards, sont en place pour procéder à l'analyse
de ces résultats et à l'indentification des divergences.
L'évolution prévue. On vise à en arriver à
l'élaboration d'une politique et d'un plan d'implantation de la
décentralisation d'ici la fin de décembre 1976, donc
décembre prochain. Dans cette perspective, on vise dans le cadre des
travaux des comités conjoints d'ici le mois de septembre à en
arriver au meilleur consensus possible sur les propositions de
décentralisation, de telle sorte que les décisions majeures
puissent être arrêtées à la fin de septembre
prochain.
Ces décisions devraient être
opérationnalisées dans une esquisse de plans d'implantation en
octobre et discutées avec les comités conjoints en novembre et,
enfin, traduites en politiques et plans à la fin de décembre. Au
début de ce processus et dans la perspective du meilleur consensus
à établir, les responsables de l'opération de
décentralisation projettent de rencontrer d'ici deux mois les
représentants des associations qui ont soumis un mémoire pour
discuter des orientations. La discussion qui sera entreprise avec l'association
des directeurs généraux revêtira certainement, parmi les
autres, un caractère d'importance majeure dans les circonstances. Cette
décentralisation va nécessairement amener une restructuration du
secteur élémentaire et secondaire. Le projet de restructuration
de ce secteur a reçu l'approbation, d'ailleurs, du Conseil du
trésor, en date du 30 mars dernier.
Ceci permettra, par la suite, de pousser plus avant le processus de
réorganisation et d'amorcer parallèlement l'expérience
pilote de déconcentration. Compte tenu des gestes administratifs
impliqués, il faudra probablement attendre à l'automne avant de
voir les premières retombées concrètes du projet de
restructuration.
J'en arrive maintenant aux orientations de l'éducation pour
parler des finalités et des buts de l'enseignement
élémentaire et secondaire et des objectifs généraux
de l'enseignement élémentaire au Québec. Après
avoir été soumis au comité directeur de
l'élémentaire et du secondaire et ensuite à une
consultation auprès de groupes ad hoc' constitués de directeurs
généraux, de cadres scolaires et de pricipaux d'école, le
document initial a fait l'objet d'une importante révision. Lors de la
rencontre provinciale tenue les premier et deuxième de juin, les
directeurs des services de l'enseignement du niveau élémentaire
ont été invités à réagir sur le contenu du
document no 3, Ojbectifs généraux de l'enseignement
élémentaire au Québec.
Les directeurs des services de l'enseignement des niveaux
élémentaire et secondaire seront éga-
lement invités à contribuer à la consolidation du
document no 1, Explication de la finalité et des buts de l'enseignement
élémentaire et secondaire. Les documents de travail nos 1 et 3
feront l'objet d'une consultation auprès des directeurs
généraux avant d'être soumis au Conseil supérieur de
l'éducation. Nous projetons pouvoir inscrire ce point à l'ordre
du jour de la prochaine réunion des directeurs généraux
prévue pour l'automne prochain.
L'aide aux petites écoles élémentaires a aussi
retenu notre attention. En janvier dernier, à la suite du traitement de
la question des services minima d'enseignement à
l'élémentaire, le ministre annonçait son intention de
développer en cours d'année un programme de supports
pédagogiques à l'intention des petites commissions scolaires aux
prises avec de petites écoles élémentaires. Le projet est
actuellement prêt à être expérimenté. Une des
caractéristiques essentielles liée à son
développement est de reposer sur l'expression des besoins des
clients.
Ce projet sera offert prochainement aux commissions scolaires à
qui il est destiné et qui y seront intéressées. On
espère, par le biais de ce projet, tout en apportant une aide
immédiate, développer un nouveau mode de soutien
pédagogique appuyé sur le développement d'une nouvelle
expertise, d'une nouvelle instrumentation et d'une nouvelle stratégie
d'intervention.
Dépendant des résultats, ce type de soutien
pédagogique pourrait être éventuellement élargi et
adapté à l'ensemble des commissions scolaires et servir de base
à l'élaboration d'une véritable politique
intégrée de soutien pédagogique.
Un deuxième bloc nous amène maintenant à traiter du
financement des commissions scolaires. Tel que prévu, le système
d'information financière a été présenté aux
directeurs généraux et aux directeurs des services financiers
lors de rencontres régionales au cours du mois de février
dernier. Ces rencontres d'information ont été suivies
d'interventions-conseils auprès des commissions régionales et de
leurs composantes. Dans certains cas, ces interventions régionales ont
été consolidées par des rencontres particulières
auprès de certaines commissions scolaires. Ces sessions d'information
ont été réalisées conjointement par les
répondants de nos bureaux régionaux et des membres de
l'équipe centrale. Les interventions se sont effectuées selon des
approches différentes. Elles entendaient répondre en premier lieu
au besoin particulier d'information des commissions scolaires. Dans certains
cas, les fondements du système d'information financière
était repris et, dans d'autres cas, il s'agissait de transposer le
budget 1975/76 selon la forme proposée par le système
d'information financière.
En ce qui concerne l'adaptation du système de gestion
financière, SIMEQ a respecté les échéances qu'il
avait initialement établies. Actuellement, des programmes extractaux
adaptés au système d'information financière sont mis
à la disposition des différentes commissions scolaires.
Depuis le 9 juin, soit il y a à peine quelques jours, les
modifications au programme d'imputa- tion automatique de la paye sont
terminées. La première paye de l'année financière
1976/77 pourra se faire selon le programme d'imputation automatique
adapté au système d'information financière. Quelques
rencontres régionales d'évaluation avaient déjà eu
lieu dans certaines régions et les autres devaient se dérouler
avant la mi-juin. Lors du dernier colloque de l'association des cadres
scolaires de Québec, les directeurs des services financiers ont
été rencontrés dans le cadre de leur commission
professionnelle, dans le but d'effectuer une évaluation sommaire de
l'opération. Les premières rencontres d'évaluation
laissent entrevoir un bilan positif de l'opération en question.
On ne peut traiter des commissions scolaires, évidemment, sans
parler des règles budgétaires. Vous connaissez tous la
décision qui a été prise vis-à-vis des
règles budgétaires pour la prochaine année scolaire. C'est
le maintien au même niveau que l'an dernier, sans indexation, avec
quelques modifications mineures ayant trait notamment à l'encadrement au
niveau des écoles élémentaires et aux frais pour la
pension.
Les commissions scolaires connaissent également la partie des
salaires dans l'enveloppe budgétaire qui est admissible aux subventions
à la suite de la directive qu'elles ont reçue à cet effet.
Il est bien évident que cette double décision crée un
impact que chacun peut regretter que je suis le premier à
regretter et même y trouver matière à contestation.
Ce sont cependant les règles du jeu qui ont été
définies pour la prochaine année. Il reste une discussion
préalable à entreprendre avec le Conseii du trésor pour
définir les règles du jeu qui prévaudront en 1977/78.
Telle discussion n'est pas encore amorcée. On ne peut donc fournir
actuellement aucune indication quant à l'évolution possible
à cet effet. Pour bien joindre le geste à la parole, lorsque j'ai
dit qu'il n'y avait rien d'amorcé, qu'on ne connaissait rien, vous voyez
que je tourne une page blanche.
Les immobilisations et le plan d'équipement constituent notre
troisième bloc de dossiers. L'approbation des budgets d'immobilisation
va certainement accuser des retards à cause du manque de fonds
disponibles. Je suis saisi actuellement du problème, et des
revendications ont été faites à l'endroit du Conseil du
trésor pour libérer les fonds requis.
Malgré la non-disponibilité actuelle de fonds, le
ministère poursuit l'étude des projets qui lui parviennent et les
achemine jusqu'à l'étape du mémoire d'intention, dans la
mesure où ils s'inscrivent à l'intérieur du plan
quinquennal et qu'ils répondent aux critères d'approbation. Ce
faisant, les projets seront prêts à subir l'épreuve de
l'approbation finale au moment où les fonds pourront devenir
disponibles.
En septembre 1973, le ministre de l'Education du temps annonçait
une priorité à l'éducation physique et aux sports à
l'école et créait un groupe de travail interne pour proposer un
plan de développement dans ce secteur d'activités. Le rapport des
travaux de ce groupe de travail fut diffusé en avril 1975 pour informer
et recueillir les réaction des divers intéressés sur les
hypothèses
et les solutions proposées. De janvier à mai 1976, nous
avons procédé à une campagne d'information sur le rapport
du groupe de travail du ministère à la radio et à la
télévision, à la consultation des commissaires et syndics
d'écoles et du personnel de cadre des commissions scolaires, à
l'analyse des résultats de la consultation faite auprès des
organismes externes, associations et commissions scolaires, à
l'identification des moyens de réalisation du développement de
l'éducation physique et du sport à l'école, ainsi
qu'à l'élaboration des prévisions budgétaires
triennales à allouer à ce secteur d'activités pour 1977
à 1980. De juin 1976 à avril 1977, nous procéderons
à l'élaboration du programme budgétaire pour 1977/78,
à la diffusion du rapport final du comité d'étude sur les
objectifs pédagogiques, à la détermination des contenus
spécifiques des procédures et des budgets détaillés
du plan de développement et à la mise en place du plan de
développement.
La consultation auprès des partenaires officiels du
ministère et des groupes défavorisés s'est terminée
à la fin de janvier 1976. Cette consultation a montré que
l'orientation et les objectifs généraux de la politique
présentée par le ministère de l'Education dans le document
Education et développement sont valables, mais que, pour les
réaliser, il est nécessaire de les expliciter en guides et en
modèles d'intervention et d'offrir un support technique adéquat
aux responsables locaux.
Pour l'année 1976/77, les interventions déjà
existantes au niveau préscolaire sont reconduites. Les travaux du
ministère de l'Education sur la préparation du plan de
développement, particulièrement sur les points suivants:
préparation de guides d'activités éducatives, de
modèles et de normes d'organisation pour la maternelle 4 ans et la
maternelle maison; évaluation d'expériences d'adaptation de la
maternelle 5 ans à la clientèle de milieux
défavorisés dans le but de préparer des guides
d'adaptation; préparation d'une émission de
télévision et de matériel d'accompagnement destiné
aux enfants de trois à cinq ans des milieux défavorisés;
étude de diverses formules de regroupement d'enfants de trois à
quatre ans pour des jeux éducatifs; évaluation des
expériences d'adaptation de l'enseignement élémentaire aux
clientèles de milieux défavorisés dans le but de
préparer des guides; mise en marche d'un projet pilote de soutien
psychopédagogique aux maîtres de l'élémentaire
oeuvrant en milieux défavorisés; préparation d'un
programme de prévention du "dropping out"; préparation d'un
programme d'information sur le développement personnel de l'enfant et
sur l'éducation scolaire destinée aux parents de milieux
défavorisés; enfin, mise en marche de projets pilotes de soutien
aux parents dans l'accomplissement de leur rôle d'éducateurs.
Ceci nous amène finalement au cinquième bloc de dossiers
dont je voulais vous entretenir ce matin, soit Mesures et évaluation et
Fiches scolaires.
Le secteur responsable du développement des instruments de mesure
des apprentissages entreprend la préparation des examens de juin 1977 et
est également responsable de la préparation des tests du
programme de base touchant les disciplines d'enseignement. Jusqu'à
maintenant, les résultats de ces épreuves servaient surtout
à des fins de classement ou de groupement des élèves. Le
secteur responsable de l'élaboration des instruments de mesure du
développement général, soit le fonctionnement intellectuel
et les aptitudes, a également développé un inventaire
d'intérêt pour les élèves de troisième et
quatrième secondaire. Il continue également à voir
à l'évaluation critique des tests utilisés par les
organismes scolaires et qui proviennent des entreprises privées.
Le troisième secteur, responsable du développement des
systèmes et d'instruments d'évaluation élabore les
formules des bulletins scolaires, qu'il s'agisse de la maternelle, de
l'élémentaire ou du secondaire, et continue la révision du
système d'évaluation coopérative des organismes scolaires
déjà utilisés par quelques commissions scolaires. Il a
également publié six guides docimologiques. Il poursuit aussi les
recherches dans le développement de l'évaluation institutionnelle
et a publié un rapport à ce sujet.
Enfin le secteur de la gestion et de la certification est responsable de
coordonner l'administration des instruments de mesure dans les organismes et
les opérations relatives à la certification des études et
participe aux mises à jour du fichier central de SIMEQ. A cet effet,
aucun changement majeur n'est prévu dans les normes de certification
pour juin 1977.
Pour le secteur responsable du développement des instruments de
mesure des apprentissages scolaires, une orientation nouvelle du programme de
tests, commencée en 1971, permettra dorénavant d'obtenir surtout
des indices sur la qualité des apprentissages des élèves
dans chaque organisme et à l'échelle du Québec, tant au
niveau élémentaire que secondaire. Une directive du Recueil des
règles de gestion des commissions scolaires, publiée le 17 mars
dernier, fournit les informations sur les divers tests qui seront
administrés. Des dispositions quant aux procédures
d'administration des tests seront mises en place pour aider à la
réalisation de l'opération.
Pour le secteur responsable des instruments de mesure autres que ceux
visant l'apprentissage scolaire, un effort particulier sera fait pour amorcer
le développement d'instruments de mesure en vue d'aider au
dépistage et au diagnostic des élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. De plus, des études sont prévues
en vue de développer des instruments dans le domaine de
l'éducation physique.
Le secteur responsable du développement de systèmes et
d'instruments d'évaluation fera porter son action sur
l'élaboration de modèles d'évaluation des apprentissages
en milieu scolaire. Divers modèles seront élaborés et
expérimentés avant d'être offerts aux organismes
d'enseignement.
Le dernier texte présentant les orientations du ministère
en mesures et évaluation, projet de politiques annoncé en
janvier, parviendra sous peu aux commissions scolaires après avoir fait
l'objet de l'analyse du comité directeur de
l'élémentaire
et du secondaire. Un projet de règlement concernant la fiche
scolaire a fait l'objet de l'analyse du comité directeur de
l'élémentaire et du secondaire et a été
approuvé par celui-ci. Le projet doit encore recevoir l'approbation des
autorités supérieures du ministère, avant que l'on soit en
mesure de songer à l'utiliser.
Les principaux changements apportés au règlement
abrogé en mai 1974, suite à la consultation, sont les suivants:
plusieurs éléments du contenu, qui étaient obligatoires
dans l'ancien règlement, ont été abolis, dont l'annotation
suite à l'observation des comportements, la mention de la
référence aux consultations des professionnels non enseignants,
l'appréciation des activités étudiantes, l'occupation du
père, la scolarité des parents, la citoyenneté de
l'élève.
La consignation de tous les résultats de tests de rendement
scolaire est maintenant facultative pour les différents organismes. La
consignation de tous les résultats de tests portant sur le
développement général, fonctionnement intellectuel,
développement physique, aptitudes, intérêt, est abolie en
ce qui a trait à la fiche scolaire.
De façon générale, le contenu obligatoire a
été strictement réduit à des renseignements
d'identification de base, ainsi qu'à des résultats relatifs au
rendement scolaire de l'élève. Ceci m'amène, même si
c'est par le biais et au moment où on parle de tests, à
entretenir les membres de cette commission, pendant quelques instants, sur la
deuxième année d'application du chapitre V de la loi 22.
Comme vous le savez, messieurs les journaux en ont fait
état abondamment au cours des derniers mois et, en particulier, au cours
de la dernière semaine à l'orée de la seconde
année d'application de la loi 22 et en se basant sur l'expérience
vécue pendant la première année d'application, le
ministère que je dirige et celui qui vous parle ont décidé
et fait entériner par le Conseil des ministres une procédure
nouvelle quant à l'application des tests, quant à la
procédure des tests et quant à leur administration. Ceci
après avoir constaté, à la suite de la première
année d'expérience, qu'on pouvait retrouver à travers le
Québec un système qui pouvait varier d'un endroit à
l'autre, autant que pouvait varier, parfois, l'imagination de ceux qui avaient
établi les procédures ou les instruments de mesure pour en
arriver à décider si un enfant avait ou non la connaissance
suffisante de la langue anglaise pour être intégré au
réseau scolaire anglophone, et je m'explique.
Certains tests étaient sévères dans certaines
régions et même plus sévères que ceux et
j'anticipe qui ont été administrés au cours des
dernières semaines par le ministère de l'Education du
Québec; d'autres l'étaient autant, d'autres l'étaient
moins et d'autres, à toutes fins pratiques, excluaient toute
difficulté pour le candidat. Quand je dis "excluaient toute
difficulté" je songe à des questions et ce n'est pas
exhaustif du genre: Who are you? How old are you? Where is God? Quel est
le nom, peu importe, de je ne sais trop qui ou quoi? Vous aviez des enfants
qui, s'ils sa- vaient que Dieu était au ciel en anglais, qu'ils avaient
"eight years of age" en français ou "eight", tout simplement, et qu'ils
s'appelaient Jean en français comme en anglais, étaient admis au
secteur anglophone.
Face à ce que j'ai décrit comme étant des
inégalités ou une situation d'injustice sur tous les plans, avec
le résultat que des enfants, connaissant ou parlant peu ou pas du tout
la langue anglaise ont été admis sans difficulté, avec une
tape au derrière, dans le système anglophone, alors que d'autres,
qui connaissent cette langue et remplissaient les exigences du chapitre V, se
sont vu refuser l'accès à l'école anglaise, nous avons
décidé d'établir des normes, d'établir des tests
s'ap-pliquant à toutes les commissions scolaires au Québec, et
administrés par des experts du ministère que je dirige. Vous avez
pu prendre connaissance des résultats ou d'une partie des
résultats au cours des derniers jours dans les journaux. Mais j'indique
tout de suite que, probablement dans les prochaines 24 heures, mon
ministère émettra, sous ma signature, un communiqué qui
donnera les chiffres et qui fera part de certains autres renseignements sur le
bilan de l'opération en question.
C'est écrit en toutes lettres dans la loi: le droit d'appel
existe toujours pour tous et chacun de ceux qui se sentiraient
lésés par le résultat. Ce n'est pas l'intention du
gouvernement auquel j'appartiens de modifier quoi que ce soit, pour la
prochaine année scolaire, à la politique qui a été
suivie l'an dernier relativement aux quotas, au contingentement.
Voilà, messieurs, les éléments principaux dont je
voulais vous entretenir sur cette question. Evidemment, pendant la
période de l'étude des programmes, je me ferai un plaisir de
répondre aux questions qui pourraient être posées. Le plan
de développement de l'enseignement des langues, puisqu'on vient de
parler de la question linguistique, s'est continué en 1975/76.
Quant au français langue maternelle, l'opération
d'importance de cette année était le lancement du plan de
perfectionnement des maîtres de français, connu sous les lettres
PPMF. Malgré les difficultés inhérentes à la mise
en place d'une telle opération, 1038 maîtres de
l'élémentaire et du secondaire sont actuellement inscrits
à ce programme dans l'une ou l'autre des universités
françaises du Québec. Le ministère a tenu quelques
rencontres avec les représentants de la centrale de l'enseignement du
Québec, et certains problèmes, tels que ceux de la
sélection, de la classification des régions
éloignées, sont en voie de solution.
Quant au français et à l'anglais langues secondes, des
programmes de perfectionnement amorcés en 1973 se sont poursuivis et,
contrairement aux deux premières années du plan, ont
été offerts aux enseignants du premier cycle du secondaire.
Parlant du secondaire, après avoir parlé plus abondamment
il y a un instant de l'élémentaire, je pense qu'il est utile de
dire ici quelques mots de cet autre secteur de l'enseignement qui est celui
de l'enseignement privé. Un engagement public d'un de mes
prédécesseurs, M. François Cloutier, a été
pris de procéder à la révision de l'enseignement
privé, et il a donné lieu à la mise en place d'un groupe
de travail qui devrait déposer son rapport l'automne prochain, soit
à l'automne 1976.
Cette révision de la loi 56 s'est imposée, après
quelques années de pratique, en raison, premièrement, des
opinions fort variables et souvent exprimées publiquement, par divers
groupes ou individus, quant à l'opportunité de maintenir ou
d'abolir le système privé. Deuxièmement, des nombreuses
difficultés d'application de la loi, notamment au chapitre du
développement des institutions privées, des critères
d'autorisation des divers statuts, des mécanismes d'intervention et de
sanction lorsque la loi est violée. Troisièmement, de
l'impérieuse nécessité de réviser le mode de
financement des institutions privées. Quatrièmement, des
difficultés de planification régionales qui pointent, en raison
de la nouvelle situation de développement démographique. Si l'on
ajoute à cela l'augmentation sensible des clientèles du secteur
privé de ces dernières années et la diminution du secteur
public, il est évident qu'il faut procéder à une
sérieuse analyse.
C'est pourquoi le dossier devra inclure des choix politiques en regard
de l'existence ou la non-existence du secteur privé; des indications
quant à la place de l'enseignement privé au Québec; des
propositions de mode de financement du secteur privé et, enfin, les
éléments de révision de la loi.
Ayant dit un mot il y a un instant des commentaires et prises de
position fréquentes, nombreuses et récentes que l'on a pu
entendre ou voir sur la place publique dans l'immédiat, je pense
qu'à ce point, M. le Président, il est utile que je profite de
cette occasion unique pour faire un bref aparté, afin de faire une mise
au point ou une rectification, à la suite d'un éditorial dont M.
Laurent La-plante me gratifiait dans le journal Le Jour de cette semaine, du
mardi 15 juin, et également d'un bref article, dont je n'ai pas pris
connaissance mais qui paraissait dans le journal Dimanche-Matin, m'a-t-on dit,
de dimanche dernier sous un titre du genre de: Bienvenue dit que l'école
privée est supérieure à l'école publique.
Alors, cette mise au point, M. le Président, est la suivante:
Tout d'abord, j'ignore si M. Laplante a lu le texte des propos que j'avais
tenus à Sherbrooke, le samedi précédent, au Conseil
supérieur de l'éducation ou s'il s'est basé sur des
rapports verbaux qui lui ont été faits. S'il a lu le texte, cela
pose un problème d'ophtalmologie. S'il s'est basé sur des
rapports verbaux, M. le Président, il a été imprudent de
le faire, parce qu'effectivement non seulement je n'ai pas tenu les propos
auxquels je ferai allusion dans un instant, mais j'ai tenu des propos
contraires à ceux-là.
M. Laplante, d'ailleurs, a étudié au même aima mater
que moi. Je lis: "En se basant sur la présente popularité de
l'école privée pour la canoniser, le ministre de l'Education, M.
Bienvenue, s'est permis, etc., etc." Je n'ai pas canonisé, M. le
Président, je n'ai fait qu'un simple constat objectif de cette
popularité croissante indéniable de l'école privée,
que tout le monde peut constater, peut analyser. Non seulement je n'ai pas
canonisé, mais j'ai insisté sur le besoin urgent
d'équilibrer les deux systèmes, par l'analyse des failles de l'un
et par l'analyse des qualités de l'autre.
Je suis de ceux qui prétendent, je l'ai fait et je le dirai
chaque fois que j'en aurai l'occasion, que ce n'est pas en faisant
disparaître l'un que l'on améliore nécessairement la
qualité de l'autre. Je me répète, c'est beaucoup plus en
trouvant les failles, les déficiences de l'un et les qualités de
l'autre que l'on peut améliorer le deuxième. J'ai dit à
Sherbrooke, ce que je répète, ce que j'ai dit à plusieurs
reprises: Le jour où, comme je le souhaite ardemment, le réseau
public aura vu ces lacunes se corriger, le jour où, avec l'effort
concerté de tous, nous l'aurons amélioré, nous n'aurons
pas à prendre la décision de maintenir ou pas le réseau
privé. Il disparaîtra de lui-même, personne ne poussant le
zèle jusqu'à défrayer le coût d'un système
qui n'a plus rien de supérieur à un autre. Comme je l'ai dit, ce
n'est pas en critiquant les chambres privées des hôpitaux qu'on va
automatiquement améliorer le calibre des chambres
semi-privées.
Evidemment, M. le Président, je ne veux pas revenir plus
longuement, je n'ai pas fait part de nostalgie et je n'ai pas souhaité,
comme M. Laplante l'affirme faussement, que les jeunes d'aujourd'hui puissent
revenir dans les collèges classiques où nous avons fait nos
études lui et moi. J'ai plutôt souhaité un retour à
ce degré d'excellence, non pas un retour au passé, mais à
ce degré d'excellence que l'on a connu dans certains milieux, jadis.
L'excellence, que je sache, n'est pas un barème à rejeter en
éducation. Qu'il suffise, M. le Président, de rappeler que deux
des enfants d'âge scolaire de celui qui vous parle sur trois sont au
réseau public, l'ont toujours été et je n'ai aucunement
l'intention de les en retirer.
J'ai dit, à l'occasion de cette rencontre à Sherbrooke et
je le répète, qu'une des explications des failles du climat que
l'on déplore dans le réseau public est peut-être, si ce
n'est de façon certaine, le manque de motivation parfois des enseignants
qui y enseignent. Et j'ai ajouté et je le répète, que,
lorsqu'on a vécu sous le règne des décrets depuis tant
d'années, cela contribue à démotiver et, de là, mon
ferme désir et celui de mes proches collaborateurs d'en arriver, par
tous les moyens honnêtes possibles, à la signature d'une
convention, afin que ceux qui enseignent dans le secteur public puissent se
sentir dans le climat de leurs collègues du secteur privé:
enseigner en vertu d'un bail qu'ils ont consenti librement plutôt qu'un
qui leur aurait été imposé.
Enfin, M. le Président, l'intégration des enfants
immigrants à l'école française s'est poursuivie. Alors que
1574 élèves immigrants s'inscrivaient dans les maternelles et
classes d'accueil en septembre 1974, ce chiffre grimpait à 2348 en
septembre 1975, et à 3871 en septembre 1976. Le service de qui
relèvent ces classes d'accueil était autrefois la
responsabilité d'un ministère que j'ai bien connu, que j'aime
toujours, et ce service m'a
précédé dans un transfert au ministère que
je dirige maintenant.
J'en profite pour rendre hommage, à ce chapitre, à
l'excellent travail fait par la Commission des écoles catholiques de
Montréal et en particulier par celui à qui elle a confié,
il y a plusieurs années, le travail de responsable direct. Celui-ci a
atteint des résultats qui correspondent aux chiffres que je viens de
vous donner et fait preuve d'un dévouement qui ne se dément
jamais; il s'agit de M. Robert Attar. On peut considérer que 90% environ
de ces enfants provenant de groupes ethniques différents des deux
groupes autochtones du Québec poursuivent leurs études ensuite
dans les écoles françaises. Ceci termine l'exposé que j'ai
tenu à vous faire des dossiers prioritaires de mon ministère. Le
secteur postsecondaire, comme je vous ai déjà dit, est sous la
responsabilité de mon collègue M. Lachapelle, qui fera part
lui-même plus tard, au cours de ce débat, de l'état de
l'enseignement collégial, universitaire, de l'enseignement aux adultes
et de l'aide aux étudiants.
Je voudrais terminer après cette revue globale de l'ensemble des
secteurs d'activité du ministère avec un aperçu
général des crédits mis à la disposition de
l'éducation au Québec. En incluant le budget
supplémentaire de $160 millions déposé par le ministre des
Finances récemment, budget que nous pourrons éventuellement, avec
l'assentiment des membres de la commission, étudier ici pour
éviter de le faire devant une autre commission, le budget du
ministère de l'Education passera de $2 774 044 600 à $2 939 044
600, soit une augmentation de $488 309 000 si on compare aux crédits de
1975/76.
En pourcentage, ceci représente 20% d'augmentation et environ
29,5% du budget total de la province.
M. Léger: Le ministre a-t-il terminé?
Le Président (M. Pilote): Le député de
Lafontaine.
Remarques de M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je voudrais profiter de
l'occasion de l'étude des crédits pour, sans faire de jeux de
mots, souhaiter la bienvenue au nouveau ministre de l'Education dans ce
ministère, lui assurer l'entière collaboration de l'Opposition
officielle et lui assurer aussi une critique constructive de la situation
actuelle dans le milieu de l'éducation. Nous voulons collaborer autant
dans la recherche des solutions que dans la critique des anomalies, de
façon à apporter, au cours de l'année, les changements ou
les correctifs que le ministère peut apporter.
Je pense qu'au cours de l'année nous serons appelés
à suivre de très près le fonctionnement du
ministère, toujours dans cette optique d'une critique ouverte
constructive en collaboration étroite avec le ministre, à qui je
souhaite les meilleures chances possible puisque c'est un des plus importants
ministères du Québec, si ce n'est le plus important. Je lui
réitère, au départ, ce que je lui ai déjà
dit: II est normal, dans une critique construc- tive de l'Opposition, de donner
la chance au coureur et c'est ce que j'ai l'intention de faire.
Maintenant, concernant la situation du milieu de l'éducation tel
que l'Opposition officielle le voit, je dois dire qu'il y a, à mon avis,
parmi les centaines de problèmes qui affectent notre système
d'enseignement et la qualité des services qui y sont prodigués,
plusieurs grands problèmes chroniques qui ont contribué, au cours
des années, à créer un climat de désillusion dans
la population envers notre système public d'éducation.
Ces grands problèmes devraient être promptement
identifiés afin que l'essentiel de l'énergie du gouvernement
puisse servir à mettre de l'avant des mesures pour les faire
disparaître rapidement, ce qui n'est pas le cas, présentement, au
ministère de l'Education où des millions sont consacrés,
cà et là, à améliorer à la pièce un
système, à tourner autour du pot sans jamais finalement toucher
à ces grands problèmes chroniques. Ces problèmes, je les
ai classés en cinq grandes catégories qui sont les suivantes: le
problème de la revalorisation des secteurs élémentaire et
secondaire publics; deuxièmement, le problème de la
décentralisation du système et la participation réelle de
la population à son système d'éducation;
troisièmement, le problème de l'allocation des ressources;
quatrièmement, le problème toujours crucial des relations
fédérales-provinciales au niveau de l'éducation et,
finalement, l'incapacité du ministère à répondre
aux aspirations humaines des principaux intervenants du milieu de
l'éducation.
Je vais d'abord parler de la revalorisation des secteurs
élémentaire et secondaire. Bien que beaucoup de personnes
donnent, comme raison de tous les maux de notre système d'enseignement
public l'existence de son concurrent, c'est-à-dire le système
d'enseignement privé, je crois qu'il est encore plus essentiel, avant
d'exiger la disparition du système d'enseignement privé, de faire
tout en son possible pour revaloriser le système public d'enseignement
aux yeux de la population qui le boude actuellement.
Surtout en ce qui a trait au secteur de l'enseignement secondaire. Une
fois le secteur public revalorisé, il deviendra beaucoup plus facile de
remettre en question l'utilité d'un système privé
d'éducation subventionné par l'Etat. Dans l'immédiat, il
est cependant essentiel de cesser de subventionner le système
d'enseignement privé en prenant comme critère de base le
coût moyen par élève dans le secteur d'enseignement public,
alors que ce coût moyen est supérieur à celui du secteur
d'enseignement privé, à cause des services de l'enseignement
professionnel et de l'enseignement à l'enfance inadaptée, que le
secteur public doit offrir et qui sont extrêmement coûteux.
Au dernier relevé, c'était $1 623 par élève
dans le secteur professionnel, par rapport à $630 pour un
élève inscrit au secteur général. Il est
également inacceptable de constater qu'en dépit du fait que,
cette année, le système d'enseignement public sera soumis
à de dures mesures de restrictions budgétaires, le système
d'enseignement privé profitera de l'augmentation des coûts par
élève dans le système public, sans être soumis
aux
mêmes mesures de restriction puisque les subventions seront
comptabilisées en vertu des chiffres de l'année dernière.
Bien sûr, l'an prochain, le système public sera
inévitablement touché, mais, à une époque
particulièrement dure pour le développement de tout
système d'éducation, ce délai d'un an est une mesure de
faveur dont le système d'enseignement public ne bénéficie
pas.
Si le ministre est capable de modifier les règles du jeu pour le
système public, il devrait le faire également et
immédiatement pour le système privé. Parmi les
problèmes qui doivent absolument être réglés pour
une revalorisation du système d'enseignement public, je voudrais noter
les suivants: premièrement, le secteur professionnel court est un
paradoxe. On peut à la fois lui reprocher d'être une impasse,
parce que trop spécialisé, quand on sait que c'est à
l'âge de 16 et 17 ans qu'on s'y trouve offrant peu de
débouchés et ne permettant pas l'accès au CEGEP; et
d'être souvent pas assez spécialisé, c'est-à-dire ne
pas vraiment coller aux réalités de l'industrie, et forcer les
élèves qui voudraient quitter pour travailler à rester
à l'école. Ce n'est pas étonnant que la majorité
des abandons scolaires au Québec, c'est-à-dire un sur dix en
1973/74 et un sur 20 en 1971/72, proviennent de ce secteur d'enseignement.
Le ministère devra sans doute éliminer les options
professionnelles à faible rendement et essayer de coller un peu plus aux
options rendues possibles par les particularités de chaque
région.
Le deuxième point, c'est le règlement no 7, sur
l'apprentissage particularisé pour chaque étudiant, qui doit
être appliqué au complet et non à moitié comme c'est
le cas présentement, alors que les voies dites allégées
constituent une sorte d'impasse dans le sens que, tout d'abord, l'autre gros
groupe d'abandons scolaires provient d'élèves qui étaient
dans les voies allégées et que la plupart étaient
considérablement en retard dans des matières clés comme
les mathématiques et le français. Une fois inscrit dans les voies
allégées, un élève a tendance à prendre
encore plus de retard sur le groupe.
Les statistiques démontrent également que plus un
élève décroche jeune, plus c'est à cause d'un
retard scolaire plutôt que le simple manque de goût pour
l'étude, puisque 16% des "dropout" sont en bas de 15 ans.
L'application complète de ce règlement devrait cependant
se faire à l'aide d'une autre formule, celle des tuteurs regroupant un
groupe bien défini ou à l'aide d'une formule d'encadrement pour
certaines matières de base, afin que l'enfant puisse s'associer tout le
long de son cours à un groupe. Si on regarde le jeune, aujourd'hui, le
milieu de l'école ne semble pas être le milieu de la
réalité de la vie, puisqu'en dehors de l'école il a son
groupe d'amis, son groupe de copains, sa gang et il est heureux avec ce groupe,
mais cela ne se retrouve pas nécessairement à l'école.
Cette formule est présentement à l'essai à la
Commission scolaire de Sainte-Foy et c'est un essai valable pour mettre un
terme à l'anonymat actuel des élèves dans les
écoles.
Le troisième point, ce sont les secteurs du premier cycle et du
deuxième cycle du secondaire, spécialement dans les polyvalentes,
qui devraient être séparés l'un de l'autre à cause
des problèmes humains et des problèmes d'âge.
Un quatrième point. Le ministre de l'Education devrait
repréciser les objectifs de chaque secteur d'enseignement et reformuler
tous les programmes-cadres d'enseignement. C'est lorsque le problème de
l'enseignement du français a éclaté au grand jour que la
population a pu prendre conscience de la faiblesse des programmes-cadres de
français qui dataient d'un certain temps déjà. Il en est
de même pour tous les programmes-cadres. Ceux-ci devront moins faire
appel à des gadgets électroniques et plus à une grande
rigueur pédagogique.
Cinquième point. Il y a une très grande faiblesse, au
ministère de l'Education, pour tout ce qui s'appelle évaluation.
Pourtant, une bonne évaluation effectuée selon des techniques
modernes est la clé d'un enseignement de qualité au
Québec. Non seulement, le ministère devrait être à
même d'évaluer son propre rendement et celui des commissions
scolaires, mais il devrait également servir de conseiller en techniques
d'évaluation auprès de celles-ci afin qu'elles puissent
s'autoéva-luer, évaluer leurs professeurs et le personnel
à leur emploi. Une bonne évaluation continue est le gage d'un
enseignement de qualité, parce qu'elle permet aux professeurs,
directeurs d'école, professionnels non enseignants de pouvoir progresser
s'ils sont compétents et d'être éliminés s'ils sont
incompétents. Dans le présent conflit du secteur de
l'éducation, il est par exemple flagrant de constater à quel
point personne ne connaît la valeur de personne, ce qui rend difficile
toute négociation. C'est aussi sur la base d'un bon système
d'évaluation que peut être élaborée une meilleure
politique de recyclage et de perfectionnement du corps enseignant et des
administrateurs d'école.
Sixième point. Il est urgent que des règles
budgétaires soient considérablement assouplies pour permettre de
profiter de la dénatalité et du dépeuplement de certains
quartiers pour améliorer l'enseignement prodigué aux
élèves, qui bénéficieront d'un meilleur
enseignement puisqu'il y aura plus de spécialistes pour le faire.
Septième point. Le ministère devrait faire en sorte que
les recommandations du groupe Poly, pour réhumaniser les polyvalentes et
rendre le climat de travail plus acceptable pour tous, soient
intégralement appliquées, ce qui n'est pas le cas
présentement' en dépit des affirmations du ministère dans
ses plaquettes et dans son journal IN-FORMEQ. Pourtant, dans les polyvalentes
et cela, je le prouverai un peu plus tard, au cours du débat
ce qui est dit, ce qui est fait et ce qu'on a l'intention de faire, ce
sont trois mondes différents. Pourtant, les polyvalentes sont pour
beaucoup de monde le symbole du gigantisme et de l'inhumanité du
système public d'enseignement. Aussi, le ministère devrait tout
faire pour faire disparaître ces symboles.
Huitièmement. Empêcher les enfants de langue maternelle non
anglaise de passer au secteur
anglophone. La loi 22 et ses tests d'aptitude inefficaces et
antipédagogiques n'empêcheront jamais véritablement les
enfants définis comme autrement admissibles, selon la loi,
d'accéder quand même. En effet, l'an dernier, un nombre effarant
d'enfants n'ont tout simplement pas eu à passer les tests, ne se sont
pas présentés ou les ont tout simplement passés de
justesse, malgré une connaissance de l'anglais insuffisante, à
cause de cours intensifs, de seuil de réussite volontairement bas, de la
complaisance des autorités ou tout simplement du manque de
contrôle du gouvernement sur les activités des commissions
scolaires protestantes. C'est pour cela que je voulais demander au ministre de
me donner les chiffres, au cours de ce débat, de la journée ou
des autres qui vont suivre, sur la situation exacte du contingentement dans
chacune des commissions scolaires, puisqu'il est grand temps qu'on puisse
évaluer d'année en année, depuis l'adoption de la loi 22,
l'allure de la progression et faire une comparaison d'année en
année des résultats de l'application de la loi 22, des
règlements et de l'attitude du gouvernement dans ce programme.
Je pense que les chiffres devront comprendre le nombre
d'élèves qui ont été présents aux tests, le
nombre d'élèves qui les ont passés, le nombre
d'élèves qui ont échoué ainsi que le
contingentement bien précis de chacune des commissions scolaires. Parce
que l'année dernière, nous avons été témoins
de la disparition dans la brume d'élèves qui avaient passé
des tests qui avaient échoué et qu'on ne retrouvait nulle part,
sauf qu'ils avaient été happés avec un grand H
par des commissions scolaires qui les avaient acceptés,
contrairement à la loi.
Le deuxième problème majeur que je voulais soulever, c'est
le problème de la décentralisation du système. Le
problème de la décentralisation du système et la
participation réelle de la population à l'intérieur de
celle-ci est un projet qui devrait être mis de l'avant par le
ministère. Le ministre en a parlé tantôt et j'ai hâte
de voir jusqu'à quel point on va aller au bout de cette logique. C'est
vraiment l'avenir des commissions scolaires en tant qu'institutions
décentralisées qui se joue présentement avec la
publication du document intitulé "Vers un nouveau mode de fonctionnement
du système d'enseignement élémentaire et secondaire au
Québec ". Depuis trop longtemps, au Québec, on a voulu jouer sur
les deux plans à la fois. C'est-à-dire avoir un ministère
où étaient centralisés les principaux pouvoirs de
décision, et, en même temps, perpétuer la notion de la
commission scolaire qui est une forme de petit gouvernement dont les membres
sont élus par la population desservie. C'est-à-dire le type
parfait de l'instance décentralisée.
Si le gouvernement veut jouer le jeu de la participation en encourageant
la population à se donner des représentants pour administrer son
système d'éducation, il devrait jouer jusqu'au bout et
revaloriser à la base la notion de commission scolaire et de commissaire
scolaire. Aux dernières élections scolaires, c'est-à dire
pas celles qui viennent de se terminer, mais l'année dernière,
c'est-à-dire celles qui ont précédé celles qu'on
vient d'avoir, seulement 30% des électeurs se sont prévalus de
leur droit de vote et 72% des commissaires ont été élus
par acclamation. Quatre commissaires ont même été
désignés d'office par le gouvernement. Cette situation est un
indice de la perception qu'ont les citoyens des pouvoirs réels des
commissions scolaires. Le jugement populaire ne ment pas.
Je sais que dans le livre vert du ministère de l'Education, on
propose l'élimination graduelle du processus d'autorisation,
étape par étape, des projets d'immobilisation des commissions et
plus de latitude au plan de l'organisation administrative et de l'affectation
des personnels de cadre et de gestion. Je trouve, cependant, que sur certains
points, le ministère n'affirme pas de manière assez claire que
dorénavant la commission aura toute la latitude voulue pour jouer,
à l'intérieur d'une certaine enveloppe budgétaire, au
niveau des priorités qui lui sembleront les plus importantes à un
point de vue local, et que celui-ci mettra dorénavant le gros de ses
énergies à surtout évaluer les activités de chaque
commission scolaire, selon des méthodes bien articulées, et
à développer les mécanismes nécessaires pour en
venir à personnaliser l'enveloppe budgétaire de chaque commission
scolaire suivant les plans de développement fournis par celles-ci et le
rendement fourni à l'évaluation.
Le ministère devrait également établir clairement
que dorénavant ce sera son rôle de préciser les objectifs
de chaque type d'enseignement, mais laisser le loisir aux instances vraiment
décentralisées que seront les commissions scolaires de
définir elles-mêmes les moyens pour atteindre ces objectifs.
Sans l'affirmation, par le ministre, de sa volonté de respecter
ces principes, il ne sert à rien, à mon sens, de se lancer dans
le jeu de la vaste consultation, si ce n'est, en fin de compte, que pour
discuter de réaménagements administratifs ou de l'étendue
plus ou moins grande des mécanismes de contrôle gouvernementaux.
La situation est à peu près la même en ce qui a trait aux
comités d'école et aux comités de parents. En 1975,
à la Commission des écoles catholiques de Montréal,
seulement 10,7% des parents ont participé à l'élection des
comités d'école. En 1974, ce pourcentage était de 10,8%.
70% des parents ne se représentent pas et le degré d'autonomie de
ces comités est très faible par rapport aux directeurs
d'école. Encore là, si on veut jouer le jeu de la participation
à fond, il faut essayer d'impliquer les parents encore plus dans le
processus décisionnel en leur donnant certains pouvoirs
décisionnels au sein des écoles et au sein des commissions
scolaires.
On n'a qu'à constater la frustration actuelle des centaines de
comités d'école et de parents qui assistent impuissants, en tant
que simples observateurs, aux négociations dans le secteur de
l'enseignement pour voir l'urgence de changements profonds à ce niveau.
Je pense, entre autres, à l'élection des comités au
début de l'été plutôt
qu'en octobre et à l'application du rapport COGES de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, sur la gestion
participative dans les écoles secondaires. En effet, quand les parents
sont élus à l'automne, tous les programmes sont
déjà adoptés par les commissaires et par les directeurs
d'école. Comment peuvent-ils réellement s'impliquer
là-dedans? Ils sont toujours mis devant un fait accompli.
Le troisième point que je voulais mettre de l'avant est le
problème de l'allocation des ressources. A cause des immenses sommes
d'argent que le gouvernement du Québec est obligé de consacrer
aux Jeux olympiques, avec $1 milliard de déficit, et aux travaux de la
baie James, qui vont passer de $12 milliards à $16 milliards, à
ce qu'on apprend ce matin, celui-ci a fait le choix politique
d'économiser dans le secteur de l'éducation. Le ministre a donc
annoncé récemment de graves mesures de restrictions
budgétaires qui sont complètement incompatibles avec l'importance
que l'éducation doit occuper dans une société moderne.
C'est le monde à l'envers, surtout à une période où
le système d'éducation traverse une grave crise de croissance et
où, au contraire, de nouvelles sommes devraient être
injectées dans le système pour compléter les grands
projets qui ont été amorcés il y a deux ou trois ans et
qui ne se sont que peu ou pas réalisés. Je pense, par exemple,
à tout ce que l'ancien ministre de l'Education, M. Cloutier, avait
officiellement énuméré comme étant les
priorités de son ministère pour les années à venir,
lors de l'étude des crédits de l'an dernier.
Le nouveau ministre a été avare de commentaires sur
l'impact de ces mesures de restrictions budgétaires. Je ne puis,
cependant, m'empêcher de signaler certaines de ces priorités
ministérielles qui sont, à mon avis, durement touchées en
dépit du fait que ces priorités, basées sur les plans
triennaux et quinquennaux, sont déjà des programmes de sauvetage
qui ne peuvent souffrir aucun retard dans leur application.
Aux secteurs élémentaire et secondaire, la révision
du plan d'équipement, ainsi que du programme d'investissement qui vise
à compléter le réseau d'écoles polyvalentes d'ici
1977, à transformer les écoles existantes qui ne répondent
pas aux exigences pédagogiques et à l'amélioration des
écoles et des locaux destinés à l'enfance
inadaptée cela, on le vit à travers tout le Québec
et je le vis moi-même dans mon comté constitue l'une des
grandes priorités du ministère de l'Education. Toute une nouvelle
politique d'investissement, dans le secteur immobilier de l'enfance
inadaptée, est en train d'être élaborée. Si du
retard est pris dans la phase de construction de polyvalentes et
d'aménagement d'écoles, il en résulte un retard
considérable pour le secteur de l'enfance inadaptée.
La mise en application des recommandations du rapport COMMEL sur les
problèmes des petites commissions scolaires, souvent
éloignées, qui représentent une bonne partie de la
clientèle du ministère, ainsi que du rapport Poly visant à
humani- ser le climat de travail et d'enseignement dans les polyvalentes.
Aux secteurs collégial et universitaire: le programme de
construction de nouveaux CEGEP; le programme aussi visant à mettre de
l'avant de nouvelles normes budgétaires pour résoudre le
problème des disparités régionales au niveau des CEGEP;
les subventions à la recherche, $8,5 millions l'année
dernière, qui vont rester les mêmes en dépit des besoins
croissants des universités, et l'occupation totale de ce champ par le
gouvernement fédéral; la révision de la formule dite
historique du financement des universités.
Au secteur de la formation des adultes: la diminution des subventions
aux organismes volontaires voués à l'éducation populaire;
la mise en veilleuse de l'expérimentation de nouvelles formules
pédagogiques pour les adultes; la précision du statut
d'éducateur populaire.
Il y a aussi les secteurs de l'éducation physique. Le ministre en
a parlé tantôt, l'élémentaire, le secondaire et les
milieux défavorisés seront également touchés
puisque l'application complète des rapports Beauregard et "Education et
Développement" va difficilement pouvoir se faire sans l'affectation de
sommes beaucoup plus considérables que les sommes de démarrage
présentement consacrées à ces programmes.
L'absence des sommes d'argent nécessaires au développement
de notre système d'éducation n'est qu'une des facettes du
problèmes de l'allocution des ressources. L'autre facette est que
l'argent consacré à des dépenses d'éducation ne se
rend pas vraiement aux organismes décentralisés et, en
dernière instance, à l'élève lui-même.
En effet, notre système bureaucratique est tellement lourd qu'une
bonne part des dépenses d'éducation se font pour payer
l'administration du système. Les statistiques suivantes, d'ailleurs,
sont particulièrement probantes et je crois qu'elles parlent
d'elles-mêmes. Tout d'abord, le Canada est un des pays qui
dépensent le plus en matière d'éducation et qui consacrent
la plus large partie des taxes des citoyens à financer ses
dépenses; 8,3% du produit national brut sont consacrés à
l'éducation. C'est plus qu'au Japon et qu'aux Etats-Unis. Au Canada,
c'est le Québec qui consacre la plus large partie des taxes des
contribuables à l'éducation, 12,5% du revenu national des
Québécois. Pourtant, pour ne donner qu'un exemple, les salaires
payés aux professeurs sont parmi les plus bas au Canada.
Comment expliquer ce qui semble être une contradiction? C'est bien
simple. Au Canada, le système est un des plus bureaucratiques au monde:
35% des sommes dépensées vont à l'administration du
système. C'est le Québec qui possède cependant la palme
puisque le gouvernement consacre près de la moitié de son budget
en dépenses d'administration; 45% des dépenses vont à
l'enseignement comme tel, alors que 43% servent à l'administration du
système; les 12% qui restent sont consacrés aux biens immobiliers
et à divers frais de financement.
Le Québec dépense 140% de plus que l'Onta-
rio en dépenses de type organisationnel, et le coût de
transport représentait, en 1971, 10,3% des dépenses
d'exploitation au Québec comparativement à 3,5% en Ontario.
Un quatrième point important, c'est le problème des
relations fédérales-provinciales. Au gouvernement
fédéral, à Ottawa, nous sommes tranquillement en train
d'assister à la naissance d'un véritable ministère de
l'Education parallèle. Le gouvernement fédéral a
dépensé, en 1972/73, $125 millions pour le programme de formation
de main-d'oeuvre. Plus de 95% du budget de la direction générale
de l'éducation des adultes proviennent de fonds fédéraux.
Le Québec reçoit des transferts de fonds représentant 50%
du coût de fonctionnement annuel des établissements
postsecondaires. On est en train d'ailleurs d'en renégocier
actuellement, à la dernière rencontre
fédérale-privinciale.
En 1973/74, le Québec a reçu à ce titre plus de
$326 millions. Toute la recherche qui s'effectue dans les universités du
Québec est financée à 70% par le gouvernement
fédéral, par le truchement des trois grands conseils
fédéraux, soit le Conseil national de recherches, le Conseil de
recherches médicales et le Conseil des arts du Canada. En tout et
partout, le gouvernement fédéral investit au Canada $2 milliards
par année à des fins d'éducation et même il tient
des secteurs clés.
Il m'apparaît évident que cette situation est au
désavantage du Québec, parce qu'il lui est impossible de
contrôler à 100% l'usage qu'il veut faire des sommes qui lui sont
fournies par le gouvernement fédéral. Il lui est impossible de
planifier adéquatement ses programmes d'action avec des objectifs
adaptés aux désirs de la population. Il s'ensuit également
une perte énorme pour les contributions, un dédoublement de
services et même de la concurrence dans bien des domaines.
A titre d'exemple, qu'il me soit permis de citer les trois cas suivants.
Tout d'abord, depuis les dernières négociations
fédérales-provinciales qui ont précédé
celles que nous venons de vivre, dans le domaine des versements d'argent pour
l'enseignement portsecondaire, le gouvernement fédéral tente par
tous les moyens de lier sa contribution financière à certaines
normes et à certaines orientations qui lui sont propres. Le gouvernement
fédéral lie ses subventions, dans le domaine de
l'éducation des adultes, à des impératifs strictement
économiques et dans une perspective d'emplois. Par contre, au
Québec l'éducation des adultes est perçue, et cela
à juste titre, comme étant le début d'une forme
d'éducation permanente pour tous, avec des impératifs
pédagogiques et non pas uniquement et spécialement
économiques.
Il va de soi que l'opinion de celui qui possède la bourse est
prépondérante par les temps qui courent. La Direction des
programmes de langues du Secrétariat dispense aux provinces des
subventions pour l'expansion du bilinguisme. Au total, de
l'élémentaire à l'université, ce programme a
coûté $82 millions en 1973/74. Cependant, si 100% des
élèves du secondaire au Québec apprennent l'anglais dans
ce programme, seulement 43% des élè- ves du même niveau,
dans les autres provinces, apprennent le français, 55% en 1970.
M. le Président, il me reste un cinquième point, c'est
celui de l'incapacité du ministère de répondre aux
aspirations humaines des principaux intervenants du milieu de
l'éducation. Cet aspect du vaste problème de l'éducation
au Québec est probablement le plus important, parce qu'il se trouve
à tous les niveaux du système d'éducation.
Il est difficilement définissable par son caractère
profondément humain, donc peu susceptible d'être
réglé d'une manière administrative. Pourtant, à
long terme, c'est le cancer qui ronge complètement le système
d'éducation au Québec.
Premièrement, on dénote une incapacité du
gouvernement de s'entendre avec le milieu syndical. C'est un esprit de
confrontation même qui nuit à la qualité de l'enseignement
au Québec. M. le Président, je voudrais démontrer comment
il serait facile, dans un système qui pourrait être un
système de social-démocratie, de réaliser jusqu'à
quel point un gouvernement devrait utiliser les possibilités qui
s'offrent à lui d'avoir des contacts avec ses partenaires, soit le
milieu patronal, le milieu syndical, le milieu financier, le milieu des
coopératives, pour établir une planification d'ensemble.
Prenons un réel gouvernement social-démocrate, comme on en
retrouve dans les pays Scandinaves, aussi bien au Danemark qu'en Suède,
où il y a très peu de grèves, rarement d'affrontements. On
a su là-bas utiliser les groupes directement impliqués dans le
développement du pays, le gouvernement ayant fait un plan, soit de dix
ans ou de cinq ans, avec la consultation et la concertation du patron, du
capital, des coopératives et du syndicalisme, ayant demandé
à chacun de ces intervenants de lui dire quels sont ses besoins, ses
possibilités, ses faiblesses, ses difficultés, à
l'intérieur du projet global du gouvernement.
Là-bas on a vu que le gouvernement, ayant planifié de
développer tel et tel secteurs de façon particulière,
s'est allié le patron et le syndicat en même temps. Il a
demandé au patron: Vous avez combien d'argent à investir? Voici
quel domaine nous jugeons primordial et dans quel domaine nous allons vous
aider vous-même à investir dans ces milieux de façon que
vous ne soyez pas perdant.
En même temps, il a demandé au milieu syndical: Quelles
sont vos préoccupations pour les dix prochaines années? Le
mouvement syndical a tenu compte des augmentations nécessaires dues
à l'inflation, à l'augmentation normale des salariés, aux
impondérables et a fait ses demandes au gouvernement. Ensemble avec les
coopératives, qui sont très fortes dans ces milieux, et avec le
capital on a établi une politique à long terme. Vous voyez
rarement des conflits et des confrontations. Ici au Québec,
spécialement dans le milieu de l'éducation, on a établi
une politique de confrontation qui a amené une réaction
négative de ce milieu syndical, et je ne dis pas avec raison, mais d'une
façon compréhensive, et a amené un prolongement ainsi
qu'une difficulté sans cesse accrue de négocier entre gens qui se
font confiance.
II y a une méfiance aux deux niveaux qui a amené des
négociations ardues et difficiles, qui a amené des
conséquences graves pour les élèves, pour les parents et
pour toute la population en général, qui en a souffert. Alors, M.
le Président, je pense que le gouvernement est à blâmer
pour le climat dans lequel il a mis les gens par les retards à proposer
ses propres offres patronales, par l'attitude avec laquelle il a
affronté le syndicat. Comme de raison, le syndicat a aussi agi de la
même façon, ce qui est aussi blâmable de son
côté.
Je pense que, lorsqu'un parti comme le nôtre blâme aussi le
syndicalisme, cela dénote jusqu'à quel point nous sommes en
faveur des travailleurs, mais pas nécessairement continuellement et
d'une façon complète, totale et quotidienne du côté
du syndicalisme. Nous avons un préjugé favorable pour les
travailleurs et pour les syndiqués et c'est la raison pour laquelle nous
pouvons nous permettre aussi de temps en temps de critiquer l'autre groupe, qui
trop souvent a été bafoué par le gouvernement.
Le deuxième point, M. le Président, c'est
l'incapacité volontaire ou non du ministère de l'Education de
suivre les principales recommandations de ses conseillers et des principales
commissions d'études qu'il a créées. On en a vu des
exemples flagrants avec les négociations dans le secteur de
l'enseignement, avec les maxima par classe, avec les spécialistes
à l'élémentaire et au secondaire et aussi avec la charge
de travail des enseignants.
On le voit autrement avec de multiples autres rapports dont les
recommandations sont enterrées ou diluées au cours des mois et
des années. Je parle des rapports COMMEL, Poly, Beaure-gard je
dis toujours Beaugrand, qui est la dernière station de métro de
mon comté; je l'ai en face et cela ne va pas plus loin, et je voudrais
bien que le métro continue et dépasse Beau-grand qui
souvent ont été dilués avec le jeu subtil de la
consultation et de la reconsultation.
Je voudrais, à ce moment-là, citer quelques exemples sur
ce que j'avance. Je voudrais parler spécialement du rapport COMMEL. Des
49 recommandations du rapport COMMEL qui concernaient le ministère de
l'Education, sur les 58 recommandations, sept concernaient les commissions
scolaires, mais sur les 49 recommandations, à peine une douzaine, soit
les recommandations 42, 43, 44, 45, 46 12, 14, 16, 17, 31, 32 et 37 ont
été quelque peu suivies par le ministère et elles sont
toutes mineures.
La plupart des autres sont loin d'avoir été
respectées. Pire, les plus importantes, les recommandations 4, 5, 6, et
7 sur les services minima d'enseignement; la recommandation 39 sur les
spécialistes de l'enseignement; les recommandations 50, 51, 52, 53, 54
55 sur les mesures budgétaires spéciales ont été
mises de côté.
M. le Président, j'aimerais en citer quelques-unes. Je fais un
petit tableau montrant quelles étaient ces recommandations. Je vais lire
celles que je viens de mentionner pour démontrer ce que le
ministère a dit, ce qu'il déclare dans sa plaquette
publiée le 13 janvier 1976, répété dans les
numéros d'INFORMEQ d'avril et mai 1976 qui, dans un ministère
aussi gros, aussi administratif, aussi technocratique, a le tour de dire
beaucoup de choses, quand il ne veut pas réellement agir.
Je donne un exemple. Je ne lirai pas toutes les recommandations, mais je
vais en lire quelques-unes: les recommandations 4, 5, 6 et 7. La recommandation
4 se lit comme suit, dans le rapport COMMEL: "Que le ministère de
l'Education, en concertation avec le milieu, définisse les services
minima qu'une commission scolaire dispensant l'enseignement
élémentaire doit offrir à sa clientèle, compte tenu
des objectifs de l'enseignement élémentaire et du
règlement no 7."
La recommandation 5: "Que le ministère repense globalement le
système de financement des commissions scolaires dans l'esprit d'une
péréquation provinciale et en tenant compte des disparités
régionales." Voici ce que le ministère déclare dans
INFORMEQ. Je coupe un peu de détails, mais je lis une partie très
précise: "Les études menées ont contribué à
remettre en cause l'opportunité d'une définition provinciale des
services minima d'enseignement." C'est à la page 23. Un peu plus loin:
"Intéressante à première vue, la preuve des services
minima s'inscrit dans un modèle qui risque fort de ne pas s'adapter
à la complexité et à la diversité des situations.
Un peu plus loin: "Le ministre ne croit pas opportun d'aborder les
problèmes par le biais d'une définition des services minima". A
la page 24, Les recommandations 4, 5 et 7 font l'objet d'un chapitre
spécial, parce que plus importantes. On donne l'impression aux gens: que
c'est tellement important qu'on va faire une chose spéciale. Quand on
lit tout cela, on s'aperçoit que la conclusion, c'est que le
ministère rejette les recommandations et va complètement dans une
autre voie.
La recommandation 6 du rapport COMMEL: "Que le ministère
élabore et expérimente avec le milieu les changements du
ministère et qu'il les applique de façon réaliste avec
l'aide du milieu." Voici ce que le ministère déclare dans sa
plaquette: "Plusieurs initiatives vont déjà en ce sens. Il faut
cependant reconnaître que des efforts sérieux restent à
faire au cours des deux prochaines années." La réalité est
donc qu'on va continuer comme avant.
Je cite la recommandation 39 du rapport COMMEL: "Que le ministère
de l'Education du Québec prenne des dispositions nécessaires afin
qu'à l'élémentaire, l'enseignement de la langue seconde,
de l'éducation physique de l'expression musicale soit dispensé
par des spécialistes dont le nombre soit indépendant des
règles actuelles de fixation du nombre d'enseignants. Voici ce que le
ministère déclare dans sa plaquette: "II est mieux de
conférer un caractère global aux règles de
détermination des spécialistes à
l'élémentaire." Donc, qu'est-ce qu'on peut en conclure? Rejet de
la recommandation.
La recommandation 50 du rapport COMMEL: "Que le ministère de
l'Education recherche un ensemble de moyens d'ordre économique, social
et autres, afin de susciter un intérêt à travailler dans
les régions excentriques."
La recommandation 51: "Que le ministère de l'Education publie les
règles budgétaires pour une période d'au moins trois
ans."
La recommandation 53: "Que le ministère de l'Education du
Québec subventionne les dépenses non admissibles aux subventions
des commissions dans la même proportion que les dépenses
admissibles."
La recommandation 54: "Que le ministère de l'Education repense
l'indice de compensation pour la situation géographique dans le sens
d'une plus grande individualisation."
La recommandation 55: "Que le ministère de l'Education du
Québec indexe, selon la hausse du coût à la consommation,
les sommes octroyées aux commissions."
Qu'est-ce que le ministère déclare dans sa plaquette? "En
1975/76, des dispositions ont été insérées à
l'intérieur des règles budgétaires pour tenir compte de
l'augmentation inflationnaire des biens de consommation, des disparités
régionales et de la diminution des clientèles. Cependant, le
ministère ne croit pas que le fait de subventionner des dépenses
non admissibles contribuerait à atteindre les objectifs de la
péréquation. Le ministère reconnaît la
nécessité d'une meilleure péréquation des
ressources. Il compte sur l'expérience pilote en cours."
Donc, M. le Président, la réalité et la conclusion,
c'est le gel des subventions aux commissions scolaires pour 1976/77, sauf pour
ce qui est des salaires, c'est le non-respect de ces recommandations dans les
offres patronales, c'est le rejet partiel des recommandations et le maintien du
statu quo.
C'est donc dire, M. le Président, que le rapport COMMEL est en
gros non retenu et que, finalement, on retrouve à peu près la
même situation dans le rapport Poly et dans le rapport Beaure-gard.
Je voudrais terminer mes conclusions en disant que ce qui a le plus
manqué au gouvernement, c'est la capacité de fournir à la
tête du ministère le leadership nécessaire. En un an, trois
ministres différents ont pris la tête de ce ministère, ce
qui n'est pas pour redonner le dynamisme dont le ministère a besoin
à ce carrefour où nous sommes, aujourd'hui, au Québec,
où le système d'éducation doit non pas retourner en
arrière, non pas rêver de l'ancien système que nous avions
avant, mais plutôt assimiler les expériences, les reprendre, les
analyser, en corriger les déficiences et aller de l'avant.
Pour nous, la solution de l'avenir, ce n'est pas de retourner
nostalgiquement en arrière, comme l'ont peut-être proposé
certaines autres personnalités du Québec, mais plutôt de
faire souvent comme un bon conquérant qui, quand il a avancé dans
un territoire qu'il a conquis, doit permettre à ses troupes de le
rejoindre pour permettre une occupation complète, corriger des
situations, faire des pansements aux endroits où il faut les faire,
appliquer les bons onguents et surtout revoir pour l'avenir dans quelle
direction on doit continuer à avancer, mais ne pas retourner en
arrière.
C'étaient les recommandations générales d'un parti
d'Opposition qui veut aider le gouvernement en le critiquant d'une façon
constructive et en assurant le ministre de sa plus grande collaboration. A la
lumière de ces constatations, il est de plus en plus trompeur d'affirmer
que le ministère donne actuellement suite à ces rapports. S'il a
pris la peine de faire faire des études, c'est pour y donner suite et,
s'il a pris la peine de demander à des experts de faire des analyses, il
doit aller de l'avant et donner suite à ces rapports, en s'assurant que
l'Opposition va lui donner le plus grand appui qu'il peut lui accorder dans les
circonstances.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Matane.
M. Côté: J'ai écouté avec
intérêt les propos du porte-parole officiel de l'Opposition en
matière d'éducation et, à certains points, j'ai
sursauté. Il allait chercher les exemples de la Suède et du
Danemark; je pense que le Québec n'est ni la Suède, ni le
Danemark. Il pourrait puiser dans les expériences des derniers jours, en
particulier au journal le Jour, pour trouver facilement des réponses
à ses affirmations quant aux possibilités de consultation entre
patrons et syndiqués.
Je pense qu'il y a un gros danger à toujours se comparer avec les
pays social-démocrates comme le Danemark et la Norvège. Le
député disait que le gouvernement avait délaissé
l'éducation comme priorité pour faire place aux Jeux olympiques
et à la baie James. Ce sont, encore là, des propos qui
méritent de retenir notre attention quelques moments dans ces
premières discussions. Je pense qu'il est de mise de lui rappeler que
son vrai chef, dans un dernier passage à la baie James, a quand
même reconnu les mérites du gouvernement quand il a fait son choix
de développer la baie James. Il a dit que lui aussi, dorénavant,
dans la mesure ou le Parti québécois pourrait
éventuellement prendre le pouvoir, en ferait une priorité, de
même qu'il développerait d'autres sources d'énergie.
Il faut quand même prendre les propos du député de
Lafontaine avec un grain de sel et lui dire aussi, comme dernière
remarque et au cours de l'étude des programmes en profondeur, on
pourra intervenir à ce niveau que lorsqu'il a parlé du
salaire des professeurs du Québec qui étaient les plus bas de
tout le Canada, je ferai simplement une comparaison avec l'Ontario et je lui
dirai que ceux qui ont douze ans, treize ans, quatorze ans et quinze ans de
scolarité au Québec sont mieux payés que ceux de
l'Ontario. Ce ne sont que ceux qui ont 16, 17 et 18 ans de scolarité et
plus qui sont effectivement mieux payés en Ontario. Alors affirmer
d'emblée que la totalité ou la majorité des professeurs du
Québec sont moins bien payés que ceux de l'extérieur,
c'est simplement une affirmation gratuite. Je m'engage à fournir, au
moment de l'étude des crédits programme par programme, au
député de Maisonneuve des chiffres qui sauront lui ouvrir les
yeux.
M. Léger: Le député de Lafontaine.
M. Côté: De Lafontaine, pardon. M. le
Président, nous interviendrons au fur et à mesure de
l'étude des programmes.
M. Léger: II y en a plusieurs qui se mêlent. Le
Président (M. Pilote): A votre avantage.
M. Léger: Des plans pour que je ne prenne pas part au
débat surtout celui-là.
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on est prêt
à procéder à l'étude programme par programme et
à suivre le schéma de discussion que nous a fourni le ministre de
l'Education, pour un ordre de discussion? Par groupe?
Alors nous passerions au groupe 1 qui est le programme 1,
éléments 1 à 3.
M. Léger: Je pense que le ministre ne m'en tiendra pas
rigueur, nous avons préparé nos interventions selon l'ordre du
budget, et il se pourrait parfois qu'on suive un autre ordre. De toute
façon, ce ne sera pas un ordre tellement différent ou tellement
loin.
M. Bienvenue: On mettra de la souplesse.
M. Léger: On va essayer de le tenir.
Ce matin, le ministre a donné une statistique sur la
clientèle scolaire à temps complet. Il n'y a cependant, dans
cette statistique, pas de différence entre les élèves
fréquentant l'école française et l'école anglaise.
Est-ce que vous avez cette différence, dans le même style de
distribution, aux niveaux maternelle, élémentaire, secondaire,
enfance inadaptée, etc. des deux langues? C'est une question
d'information, si vous l'avez au cours de la journée.
M. Bienvenue: La langue d'enseignement. M. Léger:
Oui, c'est cela.
Placement des diplômés
Dans le programme 1, il n'y a pas beaucoup de questions pour nous. Elles
se retrouvent surtout dans les programmes 5, 6 et 7.
Au programme 1, à l'élément 2, je pense que c'est
le service de la planification qui s'occupe de faire les études dans le
genre de celle qui concerne le taux d'emplois des élèves sortant
du secteur professionnel court ou secondaire, ou celui de ceux qui finissent
dans le secteur professionnel collégial. Est-ce que le ministre pourrait
nous donner un aperçu de ce que ce service a effectué, cette
année, dans ces deux domaines précis, ainsi que de la
façon peut-être d'une façon un peu plus
générale dont les $2 millions et plus qui sont
consacrés à ces services ont été
dépensés?
M. Bienvenue: Alors l'essentiel de la somme globale de $2
millions se trouve d'abord dans le traitement des employés
réguliers, selon le budget prévu pour l'année 1976/1977,
qui sera de l'ordre de $1 246 007, comprenant évidemment l'augmentation
de l'effectif régulier, le vieillissement et l'augmentation des
échelles de traitements.
Comme autre point, les traitements du personnel occasionnel, qui se
chiffreront par $212 006. Enfin, comme dernier point, le transport et les
communications, comprenant le déplacement régulier, les
déplacements à l'étranger ou à l'occasion de
congrès, des assignations à la messagerie et à la petite
caisse, pour une somme de $57 003, en 1976/77 toujours.
Il y a le bloc 4. Des services pour un total de $688 000
complètent la somme des $2 millions en question, incluant le projet de
relance 1976, la formation professionnelle, participation à
l'élaboration du plan de décentralisation, travaux de
consultation reliés à la phase 2 de la décentralisation,
le développement et la planification des utilisations d'instruments de
planification régionale, le phénomène de l'abandon
scolaire, les travaux de planification dans le domaine de l'évaluation
du fonctionnement des établissements et, enfin, l'élaboration de
la méthodologie et de la vérification opérationnelle, le
tout pour ce t total, à la catégorie 4, des $688,2 millions, dont
je viens de parler.
M. Léger: Quel est l'impact des restrictions
budgétaires à ce niveau?
M. Bienvenue: Sur l'effectif, on peut parler de statu quo, sauf
si on considère qu'il y aura trois postes réguliers de plus, 77,
à l'effectif, par opposition à 74. Chez les occasionnels, il y a
diminution de 35 à 21 et, pour ceux que l'on appelle les F-431, une
augmentation de 21 à 32. Le total demeurant de 130 par rapport à
1975/76. Donc, on ne peut pas vraiment parler d'impact à ce niveau.
M. Léger: D'accord. C'est l'impact plutôt au niveau
de la planification. C'est surtout au sujet de faire des études dans le
genre de celle qui concerne le taux d'emploi des élèves sortant
du secteur professionnel ou du secondaire et ceux qui finissent dans le secteur
professionnel général. Pourriez-vous nous donner un aperçu
de ce que ce service a effectué cette année?
M. Bienvenue: Cette opération du suivi des
diplômés du collégial ou du secondaire, en particulier, ou
du professionnel, est une opération qui se répète chaque
année. Elle est maintenue dans les crédits actuels. De
même, et je le signale en passant, un regroupement des diverses
études relatives à l'évaluation des écoles et de
leur fonctionnement, de leur rendement, tel qu'il a été
mentionné tout à l'heure, a été confié pour
la prochaine année à la planification. Cela, étant
donné qu'un certain nombre de services du ministère
étaient déjà engagés dans ce type de travaux et
étant donné l'urgence, qui a été signalée,
d'ailleurs tout à l'heure, de définir une politique à ce
propos et de développer des instruments. La planification va être
le lieu central où, au cours de la
prochaine et des prochaines années, les méthodes et les
instruments d'évaluation du système scolaire, ministère,
commissions, écoles, devraient être consolidés et mis au
point.
Sur la question spécifique qui est la première, celle du
placement, en définitive, des diplômés du secondaire et du
collégial, la relance 1976 sera faite. Pierre Fontaine pourrait nous
parler des résultats de la relance 1975.
En ce qui concerne la relance 1975, un document préliminaire est
sorti il y a quelques mois et il y aura un document final qui sortira d'ici un
mois environ. Il entrera sous presse d'ici deux ou trois semaines. On remarque
de façon générale que les étudiants au secteur
professionnel sont privilégiés, par rapport à ceux du
secteur général qui quittent le système scolaire,
lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail. L'analyse qu'on a faite
est faite par spécialité ce qui permet à ceux qui ont
à prendre un certain nombre de décisions, les étudiants
eux-mêmes en ce qui concerne leur orientation, les orienteurs dans les
commissions scolaires au niveau collégial également, d'avoir en
main un outil qui leur permet de voir un peu plus clairement l'état du
placement et les niveaux de salaire par spécialité
professionnelle, tant au niveau secondaire qu'au niveau collégial.
Cette année il y aura aussi une innovation dans le domaine de la
relance. C'est qu'on veut faire une analyse sur les cinq années de
relance qui seront, à la fin de cette année, à
l'état de résultat. On va faire une analyse comparative de ces
cinq années pour pouvoir maintenant dégager des tendances et voir
plus clairement comment évolue la situation du marché du travail
selon les résultats de cette relance.
M. Léger: Mais il y a deux aspects qui m'ont toujours
frappé dans ce problème. C'est, premièrement, l'aspect de
la planification, du nombre d'emplois possibles, avant que
l'élève arrive sur le marché du travail à la date
où ces besoins sont pressentis ou planifiés, de façon
qu'il y ait une sorte de motivation, une sorte de pression qui est faite pour
que les secteurs d'emplois puissent avoir, à la fin des études
des élèves, le groupe de citoyens prêts à
répondre à cette demande. Quel est le lien qu'il y a entre les
écoles et le milieu du travail, pour qu'il y ait réellement une
pression de faite, comme cela se fait au niveau du nombre de médecins
dont on a besoin, du nombre de professionnels, au niveau de tous les emplois au
Québec du secteur de l'industrie et des autres? Comment se fait ce lien
pour que les écoles soient réellement prêtes à
donner à l'industrie le nombre d'élèves dont elle a
besoin?
M. Bienvenue: Je pense qu'au départ, il faut remarquer un
phénomène assez important. Il n'y a pas une société
occidentale qui a réussi à atteindre le genre d'objectif que vous
décrivez, c'est-à-dire donner une image des emplois qui seront
offerts à l'ensemble de la société, par catégorie
professionnelle. A l'heure actuelle dans l'état des connaissances
prévisionnelles, cela n'a jamais été réalisé
en société occidentale.
Actuellement, selon la répartition des responsabilités au
gouvernement du Québec, la prévision de main-d'oeuvre en tant que
telle est une responsabilité du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, le ministère de l'Education ayant à
répondre à des objectifs qui seraient tracés, des
objectifs de promotion d'emploi qui seraient tracés par un autre
ministère. N'empêche qu'à l'intérieur même du
ministère de l'Education, on est préoccupé par les
indications que nous fournit l'évolution du marché du travail.
C'est en ce sens qu'un outil comme la relance, lorsqu'on l'examine sur un
certain nombre d'années, nous permet de voir, avec un coefficient de
certitude relatif, évidemment, ce qui risque d'arriver dans
l'avenir.
Mais le système idéal que vous préconiseriez,
à savoir de définir clairement les postes qui seront offerts dans
une économie, une fois qu'on aurait tenu compte de la migration, une
fois qu'on aurait tenu compte des décès, des retraites, etc., le
système intellectuel est conçu, mais son application dans la
réalité est à peu près inexistante d'une
façon assez spécifique en tout temps.
M. Léger: Quelle sorte de mécanisme existe-t-il
entre le ministère du Travail, le ministère de l'Education, ainsi
qu'avec le fédéral, pour être capable d'évaluer
cela?
M. Bienvenue: En ce qui regarde le ministère de
l'Education du Québec et le ministère de la Main-d'Oeuvre, en ce
qui regarde la fabrication des programmes de formation professionnelle, il y a
eu une collaboration étroite qui s'est établie. On a
développé, au ministère de l'Education, une méthode
pour revaloriser, pour refaire, pour reformuler les programmes de formation
professionnelle, afin de les rendre davantage adéquats par rapport aux
besoins du marché du travail, au point de vue qualitatif.
Alors, on a réparti les tâches entre les deux
ministères, à savoir le nôtre et le ministère du
Travail, dans un cadre spécifique où les deux ministères
se sont entendus, pour faire l'analyse des tâches et examiner quels sont
les contenus des tâches à réaliser. Ceci est ensuite
traduit, par le ministère de l'Education, en programmes de formation
professionnelle. C'est un des éléments traités à la
Direction générale de la planification.
M. Léger: Avec le fédéral?
M. Bienvenue: En ce qui me concerne, je n'ai pas de relation
particulière avec le fédéral. Il faudrait qu'on pose la
question à un autre.
Les relations avec le fédéral se font par le comité
conjoint je pense qu'il s'appelle comme cela qui regroupe, du
côté fédéral, le ministère de l'Immigration
et de la Main-d'Oeuvre et, du côté québécois, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui est le principal
interlocuteur et le ministère de l'Education qui, pour une fois, est le
second.
Ces échanges portent essentiellement sur le contenu de ce qui
s'appelle techniquement l'annexe annuelle des cours de formation
profession-
nelle pour les adultes, les programmes de main-d'oeuvre. Cela consiste
en deux opérations, la première étant de fixer une
enveloppe annuelle globale. Ce sont des crédits fédéraux
dans ce cas-là; donc, c'est une étape qui est essentiellement du
côté fédéral. La deuxième étape
consiste à les distribuer, par région et par type de formation,
selon les besoins de main-d'oeuvre identifiés dans chaque
région.
Alors, pour l'identification des besoins de main-d'oeuvre dans chaque
région, les deux ministères de la Main-d'Oeuvre, le
fédéral et le provincial, ont chacun leurs données et,
finalement, conviennent qu'il faut former 58 électriciens à
Chandler et 42 bouchers à Chicoutimi, ainsi de suite. Il y a donc une
distribution par région et par type de formation. Je pense qu'il y a
trois ou quatre séances par année. Les principales séances
sont au début de l'année ou avant le début de l'exercice
pour déterminer ces règles de distribution et les deux autres, en
cours d'année, pour ajuster le tir au besoin. Mais cela ne regarde
essentiellement que le programme 17, la formation professionnelle des
adultes.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Laporte.
M. Déom: Seulement deux commentaires avant de poser une
question. Même si je ne suis pas d'accord avec le député de
Lafontaine sur tout ce qu'il dit sur les pays Scandinaves, il reste que,
concernant la prévision de main-d'oeuvre, au niveau des familles
professionnelles, la Suède est arrivée à des
résultats extrêmement probants, pour votre information.
Deuxièmement, je pense bien que, tant que le Québec n'aura
pas une politique de main-d'oeuvre, on ne réussira jamais à
arriver à ce que le député de Maisonneuve souhaite.
Une Voix: Lafontaine.
M. Léger: Je vais changer de comté si cela
continue.
M. Déom: Tu va t'en venir libéral!
M. Léger: Non, cela serait réellement trop
demander!
M. Déom: Je pense que c'est la condition
nécessaire, les prévisions de main-d'oeuvre, jusqu'à
maintenant, je pense qu'il y a beaucoup de travaux qui ont été
faits sur la politique de la main-d'oeuvre du Québec; il y a eu beaucoup
de mots et beaucoup de verbiage, mais pas beaucoup d'action. Ce sont mes deux
commentaires, M. le Président.
Ma question concerne la planification. Le sous-ministre a parlé
de méthode d'évaluation. Est-ce qu'on est rendu loin? A un moment
donné, j'ai entendu dire que le ministère faisait une recherche
sur l'évaluation des enseignants. D'abord, est-ce que mon information
est exacte? Deuxièmement, est-ce qu'on est rendu loin
là-dessus?
M. Bienvenue: Les enseignants.
M. Déom: Oui.
M. Bienvenue: Non.
M. Déom: Vous ne faites pas d'études
là-dessus?
M. Bienvenue: Non.
M. Côté: Envisagez-vous en faire?
M. Déom: M. le ministre je suggère que ce serait
peut-être une recherche extrêmement importante, d'autant plus qu'il
y a déjà des précédents d'établis aux
Etats-Unis. Je pourrai fournir la documentation, si vous voulez, concernant des
méthodes qui sont en application dans plusieurs Etats
américains.
M. Bienvenue: Pour l'évaluation des enseignants...
M. Déom: Pour l'évaluation des enseignants. Je
pense bien que nous ne serons jamais capables de passer à travers
l'évaluation du système public et même d'un certain nombre
de problèmes qui se posent dans l'enseignement, tant que nous ne seront
pas capables de trouver un mécanisme d'évaluation. Je comprends
que c'est difficile. Il semble bien que les Américains sont venus
à bout de trouver des systèmes pour évaluer les
enseignants. Je pense qu'il y aura lieu d'étudier, de mettre sur pied un
programme de recherches qui déboucherait sur une méthode
d'évaluation des enseignants. On peut évaluer beaucoup de choses
dans une école, mais si on n'évalue pas l'enseignant et le corps
professoral sur le plan individuel et non seulement sur le plan collectif
c'est bien beau de dire que l'Université du Québec
à Rimouski a 60% ou 70% de professeurs qui ont des doctorats, cela ne
veut pas dire que parce qu'ils détiennent des diplômes, ce sont de
bons professeurs tant que nous ne serons pas capables d'évaluer
individuellement les enseignants, je pense que nous aurons manqué le
bateau.
M. Bérard: Pour l'information du député de
Laporte, M. le Président, je pourrais lui dire que cette
évaluation, du moins dans mon temps, se faisait au niveau de
l'école, au niveau de la polyvalente. Je pense qu'il sera
extrêmement difficile pour le ministère de l'Education
d'évaluer des enseignants. Comme le mentionnait le député
de Laporte, ce n'est pas nécessairement le paquet de diplômes qui
va faire un bon enseignant, et je pense que c'est au niveau de l'école
que nous sommes plus en mesure de faire une bonne évaluation. Je pense
que cela se fait.
M. Déom: On ne m'a pas bien compris. Ce que j'ai dit,
c'est qu'on développe une méthode. Je n'ai pas dit que ce serait
le ministère de l'Education qui évaluerait les enseignants. Dans
le cadre de la recherche et de la planification, le développement d'une
mé-
thode d'évaluation quand j'étais professeur
à l'Université Laval, on faisait aussi l'évaluation des
professeurs à la fin de l'année et on le faisait de
façon...
M. Côté: Etiez-vous un bon professeur?
M. Déom: Je pourrai vous fournir les
résultats...
M. Bienvenue: Des élèves? M. Déom:
Des élèves, oui.
M. Côté: Ils devaient être de bons
élèves.
M. Déom: On le faisait faire par les élèves.
Ils se réunissaient en groupes et ils écrivaient... C'est
évidemment une méthode qui peut servir, mais qui n'est pas mise
au point de façon scientifique...
M. Bienvenue: M. le Président, si on me permet, pour les
fins de la discussion, au cours de nombreuses rencontres que j'ai eues avec
certaines personnes du monde de l'enseignement et en particulier celles qui, au
premier chef, les parents, sont intéressés à cette demande
que formule le député de Laporte et qui est venu à mes
oreilles combien de fois je ne sais pas si c'est en relation avec le
climat actuel ou à cause de la dernière année scolaire, je
ne peux pas parler pour le passé ces parents m'ont formulé
avec insistance ce souhait, ce désir qu'un jour, peu importe par quelles
méthodes et par qui, il soit procédé à des
évaluations de la qualité du corps professoral, pour reprendre
les mots du député de Laporte.
M. Léger: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Taschereau m'avait demandé la parole.
M. Bonnier: Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais une précision relativement à la réponse qu'on a
eue tout à l'heure.
Quand le service de la planification étudie les relations entre
l'éducation, la formation reçue et le marché du travail.
On nous dit que les placements sont plus faciles, du moins quantitativement
parlant, pour ceux qui ont procédé par le secteur professionnel,
au niveau de la polyvalente ou au niveau du CEGEP. On se rappelle fort bien
que, dans les études préliminaires de la commission Parent, on
imaginait qu'une bonne partie des élèves s'orienteraient vers le
secteur professionnel. On avait équilibré un peu le processus de
l'ensemble du système dans ce sens, mais la réalité n'a
pas correspondu à cela.
Maintenant que nous avons vraiment des données qui nous
permettent de faire comprendre à un certain nombre de jeunes que
peut-être leur avenir serait meilleur, tant au niveau personnel qu'au
niveau de l'ensemble de la société, dans le secteur
professionnel, dans votre système de planification y a-t-il des
possibilités de faire savoir ces données aux jeunes, non
seulement de les faire savoir, mais d'avoir des discussions au niveau de
chacune des polyvalentes et des CEGEP avec les jeunes pour leur faire
comprendre qu'il y a peut-être avantage, pour eux, de s'orienter dans ce
sens?
M. Bienvenue: Tout à l'heure, je mentionnais les gens qui
quittent le système scolaire...
M. Lessard: Cela veut-il dire qu'ils ont terminé?
M. Bienvenue: ... qui quittent le secteur général,
par exemple, en secondaire V général; quelqu'un qui quitte le
système scolaire par rapport à quelqu'un qui a eu une formation
professionnelle de même niveau.
M. Bonnier: Très bien.
M. Bienvenue: Cela change un peu le sens de votre
interrogation.
M: Bonnier: Au niveau du CEGEP, peut-on établir une
distinction entre ceux qui terminent au secteur professionnel, comparativement
au secteur général?
M. Bienvenue: Normalement, ils sont censés aller à
l'université et à ce moment la base de comparaison n'est pas la
même. Celui qui sort du secteur général, à sa
sortie, il est moins bien placé sur le plan de sa capacité de
trouver un emploi que celui du secteur professionnel.
M. Bonnier: M. le Président, si ma question est hors
d'ordre, vous me le direz. Y a-t-il quand même un effort qui se fait
d'une façon systématique pour faire comprendre à des
élèves, au niveau de la polyvalente, quelles sont les
possibilités pour eux de s'orienter vers le secteur professionnel et
peut-être même les avantages de le faire?
M. Bienvenue: Je pense que l'information dont on dispose
maintenant, qui est assez largement diffusée et dont les journaux font
état périodiquement aide, en fait, les orienteurs, entre autres,
le personnel des commissions scolaires et des CEGEP qui ont comme tâche
de tenter d'aider les jeunes dans leurs prises de décisions quant
à leur orientation future. Ce sont des données importantes qui
sont effectivement assez bien distribuées à mon avis. Il y a
peut-être encore de l'amélioration à apporter de ce
côté, je ne le nie pas, il y en a dans tous les domaines.
Cependant, il y a peut-être une autre question qui est
reliée à celle que vous posez qui sera examinée
éventuellement et qui l'est déjà depuis un certain temps,
c'est celle du décloisonnement entre les secteurs professionnels et le
secteur général. C'est pour permettre à des
étudiants qui sont dans le secteur professionnel de continuer à
cheminer vers un secteur plus complexe sur le plan scolaire, par exemple passer
du secondaire professionnel au collégial professionnel et ainsi de
suite. Les travaux qui sont faits sur les program-
mes de formation professionnelle, actuellement, sont exactement
axés vers cette idée. A partir du moment où les
cheminements seraient plus faciles entre le secteur professionnel et le secteur
général ou dans la lignée de la formation de plus en plus
complexe, il sera beaucoup plus facile de ne plus considérer le secteur
professionnel comme étant un secteur pour les gens qui sont moins
favorisés à un certain point de vue. Si on réussissait
à lever cette question, on aurait solutionné une bonne partie de
la question que vous venez de poser.
M. Léger: Le député de Laporte parlait de
l'évaluation des enseignants. Je pense le livre vert le mentionne
que c'est beaucoup plus un système global d'évaluation ou
un cadre global d'évaluation à l'intérieur d'une politique
de décentralisation où il faudrait permettre à chaque
secteur de s'autoévaluer. Il ne s'agit pas au sujet des enseignants,
parce qu'actuellement il y a le problème de négociation, de crier
haro sur le baudet. On en demande beaucoup qui sont durs, qui sont difficiles
pour essayer de voir s'ils sont bons ou s'ils ne sont pas bons. Je pense que ce
n'est pas une politique de confrontation qu'il faut trouver; c'est plutôt
un système d'évaluation de l'ensemble du secteur de
l'éducation, a des mécanismes d'au-toévaluation au niveau
d'une commission scolaire, au niveau des enseignants et au niveau d'outils
qu'on mettrait à la disposition des commissions scolaires pour
évaluer, non seulement la qualité de l'enseignement, qui est une
chose importante, mais aussi évaluer tout le milieu dans lequel ces gens
ont à vivre.
Je pense qu'il faut tenir compte de l'établissement d'un
mécanisme d'auto-évaluation décentralisé qui
améliore tout le système du coup. Il ne s'agit pas de dire: II
n'y a que ce groupe qui nous fatigue, il faut l'évaluer. Il faut qu'il
soit évalué, mais cela ne se fait pas uniquement en pointant du
doigt celui qui nous achale, mais en pointant du doigt l'ensemble de ce
système où il faut tout évaluer.
Je vais revenir à la question que je posais tantôt, au
sujet du deuxième volet. Quand on parle des débouchés pour
plus tard, au niveau de la planification, il y a aussi... Moi, j'ai cinq
enfants qui y sont passés. J'en ai un actuellement à
l'université, j'en ai un au CEGEP, j'en ai au secondaire et j'ai
remarqué les difficultés que les élèves ont, et
surtout les parents, qui ne s'y retrouvent pas. Je parle comme un parent
je ne parle pas comme un député ou comme un type qui est
spécialisé dans un domaine particulier qui n'est pas trop
au courant des conséquences, des choix, des options que son enfant va
prendre à un moment donné, selon la carrière qu'il a
à choisir. Quels sont les mécanismes qui existent à
l'intérieur des écoles, au niveau secondaire comme au niveau
CEGEP, qui permettent de dire à l'enfant: Tu as tel ou tel talent, tu as
passé tel ou tel test permettant d'évaluer telle ou telle
tendance, telle ou telle aptitude versus la carrière que tu peux
choisir. Selon les talents, les affinités ou les goûts de
l'enfant, il y a un rétrécissement des différentes avenues
qui pourraient lui être utiles pour plus tard. A l'intérieur des
avenues qu'il peut choisir, il y a certaines options qu'il peut prendre
tôt et certaines autres qui peuvent lui permettre de choisir plus tard,
selon son évolution. Un enfant qui a le goût d'avoir une telle
carrière à l'âge de treize ans peut changer à
l'âge de quatorze ou quinze ans. Quels sont les mécanismes qui
permettent d'évaluer pour l'enfant quelles sont les options qu'il peut
prendre l'amenant vers les carrières possibles, en ne le limitant pas
d'une façon trop définie au départ du fait qu'il ne peut
plus revenir en arrière et qu'il a perdu certains crédits qu'il
aurait dû avoir pendant l'année précédente, parce
qu'il a fait un mauvais choix? Comment ce système fonctionne-t-il, pour
l'expliquer à l'enfant? Entre autres, un petit gars qui est bon en
mathématiques, cela ne veut pas dire qu'il va être uniquement un
comptable. Il peut se lancer dans l'actuariat, il peut se lancer dans le
domaine de l'économie. Quels sont les mécanismes pour permettre
de dire aux enfants: Voici les affinités que tu as, voici toutes les
carrières qui sont devant toi, ce que cela te demande, quels sont les
débouchés? A ce moment, il peut faire un choix judicieux qui ne
le limite pas, à l'âge où il commence à faire ces
choix.
M. Bienvenue: C'est une opération qui se fait dans chaque
école et qui se fait sous la responsabilité principalement des
orienteurs, qui ne sont peut-être pas en nombre suffisant, et aussi des
enseignants. Cependant, le fait que cela se fasse dans chaque école,
nous indique que cela peut varier d'un endroit à l'autre, qu'il n'y a
pas de mode standard pour faire ce genre de travail auprès des
élèves et des parents. Peut-être que André Rousseau,
qui est sous-ministre associé depuis un an et qui a été
directeur des études dans une commission scolaire régionale
considérable, pourrait, à ce moment-ci, indiquer comment, en
pratique, ces opérations se font dans les commissions scolaires.
M. Léger: II serait intéressant de connaître
cela.
M. Bienvenue: II peut y avoir plusieurs intervenants à
l'intérieur de la commission scolaire, soit ceux qui sont plus
particulièrement préoccupés par l'orientation scolaire et
professionnelle, de même que le personnel professionnel non enseignant.
Mais au point de départ, si on veut apporter une réponse qui
touche l'ensemble du régime, c'est que les choix ne se font pas du jour
au lendemain. Par exemple, en secondaire I et secondaire II, il y a
déjà, à la maquette horaire, un programme d'initiation
à la technologie. Ce qui veut dire que l'élève de treize
ou de quatorze ans se situe devant des approches au niveau de la technologie
comme au niveau des arts, au niveau des sciences humaines, des sciences
expérimentales ou autres.
En secondaire III, là où le système polyvalent
s'est développé, vous avez cinq périodes à la
maquette horaire, dans un bloc qu'on appelle orientation professionnelle,
c'est-à-dire que l'élève peut
faire de l'exploration dans différents ateliers. Il y a donc un
second cheminement qui est fait à ce niveau.
En secondaire IV, là, il y a un bloc que l'on appelle "bloc de
familles générales au niveau professionnel ", qui va
jusqu'à quinze périodes. Ce ne sont, en plus, jamais des choix
définitifs, parce qu'il y a possibilité, à
l'intérieur d'une famille au niveau professionnel, de faire des choix
particuliers. Je donne un exemple: une famille d'hydro-thermie, cela touchera
à la fois la plomberie, le chauffage, la climatisation, etc. Et c'est en
secondaire V qu'il y a un choix qui devient plus important en termes de temps
et qui, si jamais il avait été mal fait, peut toujours permettre
une récupération par d'autres cours, au cours de l'année
suivante. Il faut dire qu'il y a déjà, en secondaire II, en
secondaire III et en secondaire IV, des possibilités de réflexion
tant avec le personnel enseignant qui est affecté à ces
disciplines qu'avec l'autre personnel professionnel non enseignant, soit les
orienteurs, les spécialistes ou les conseillers en orientation
professionnelle.
C'est le système qui a proposé cette forme de ventilation
dans le domaine des choix.
M. Léger: C'est, quand même, quasiment
déjà irréversible, à ce moment?
M. Bienvenue: Je ne le crois pas. En secondaire II, c'est une
période d'exploration. Alors, à peu près tous les
étudiants, là où il y a des écoles polyvalentes qui
peuvent donner le service, optent également pour ce bloc d'initiation
à la technologie. En secondaire III, cela représente un
septième de l'horaire, encore pour permettre une meilleure
réflexion. En secondaire IV et en secondaire V, ce n'est pas
irréversible, sauf que, s'il y a des choix qui sont faits, plus
particulièrement en secondaire V, cela nécessitera des
rajustements d'horaire l'année suivante ou en cours spéciaux
durant l'été. Il y a aussi une politique au ministère pour
les cours spéciaux durant l'été. Il y a des cours
spéciaux également qui se donnent à d'autres moments pour
permettre des rajustements.
En secondaire V, il y a, encore là, une spécialisation,
mais, entendons-nous, c'est à l'intérieur d'une famille
professionnelle. L'étudiant ne reçoit pas un diplôme de
secondaire V plomberie; il reçoit un diplôme de secondaire V
hydrothermie, avec une priorité qui aurait été
apportée en plomberie. Il a donc touché tout un champ au niveau
du professionnel, qui n'est pas aussi spécialisé qu'on peut
souvent le prétendre. C'est probablement pour cela, d'ailleurs
les analyses de relance l'ont déjà indiqué dans certains
cas que plus il y a une formation professionnelle dans un champ qui est
suffisamment diversifié pour permettre plus de mobilité d'emploi
et plus de possibilités à l'intérieur du travail, bien,
plus les étudiants ont des facilités à se placer.
M. Léger: Vous admettez, quand même, qu'à cet
âge quand je vous entends nous expliquer cela, c'est
déjà assez compliqué pour nous, ici; je pense que
l'âge moyen au secondaire II et III, c'est 13 ou 14 ans ce n'est
quand même pas facile de se faire expliquer cela et de faire des choix.
Moi, je pense à un enfant qui a des aptitudes dans telle et telle
matière. Il faut nécessairement que quelqu'un lui dise; Tu as des
aptitudes dans telle et telle matière, cela veut dire que tu pourrais
choisir toutes ces carrières. Je parle de cette panoplie qui s'ouvre
devant lui. C'est déjà pas mal tôt et l'explication de ces
choix... Moi, en tout cas, j'ai trouvé que c'était assez
difficile pour l'enfant de faire des choix, parce qu'il manquait de ces
informations qui relient ses goûts, ses talents, les
débouchés et les options qu'il doit prendre là-dedans.
C'est quand même assez compliqué. Est-ce qu'on a suffisamment de
personnel qualifié, actuellement, pour remplir ces tâches qui sont
quand même vitales, parce que c'est l'avenir de ces enfants qui se
dessine au secondaire II et III?
M. Bienvenue: II faut bien comprendre.que le choix devient
significatif en secondaire V, au moment où l'élève est
dans sa classe terminale. Alors, il se situe à 17 ou à 18 ans. Il
y a quelques cas de 16 ans, mais c'est assez rare. C'est là que le choix
devient plus significatif, mais non définitif, parce que la souplesse du
système polyvalent permettra à un élève qui a fait
un choix dans une grande famille, par exemple celle de la construction, d'opter
pour un autre choix l'année suivante, si vraiment il se rendait compte
qu'il s'est trompé. Mais, dans ses choix, je répète qu'il
est soutenu par un vécu du secondaire II jusqu'à IV
inclusivement, sans que ce soit un choix définitif ou un choix
suffisamment significatif pour que ce soit irréversible, d'une part, et,
d'autre part, elle est soutenue par un personnel professionnel non enseignant
et les enseignants eux-mêmes.
Les enseignants en secondaire III, en hydrothermie, étant
eux-mêmes habituellement d'abord des spécialistes dans leur propre
discipline, sont en contact avec des petits groupes d'élèves
aussi. Il ne faut pas oublier cela. Ce qui permet, je dirais, d'éclairer
davantage ces choix. Ce qu'il y a d'important dans ce système
polyvalent, c'est évidemment que le choix peut ne jamais être
définitif.
M. Bérard: Est-ce que vous voulez dire que
l'élève aurait complète liberté au niveau
secondaire ou s'il serait soumis à certaines contraintes? Par exemple,
un élève peut avoir un talent ou des aptitudes pour faire telle
chose, mais si son effort au travail est plus ou moins valable, cela peut ne
pas réussir. Est-ce qu'il y a complète liberté au niveau
de l'élève ou s'il est soumis à certaines contraintes, au
niveau des notes, par exemple?
M. Bienvenue: C'est sûr que c'est une liberté qui
est soumise à des contraintes tant d'espace que de réussite, et
d'intérêt et de motivation surtout.
M. Côté: Est-ce qu'il n'y aurait pas une autre
contrainte qu'il faudrait envisager à savoir la possibilité du
marché? Prenons un exemple. Beau-
coup d'élèves choisissent l'électricité, au
niveau secondaire, arrivés au secondaire V, quand on sait qu'aujourd'hui
il est à peu près impossible, pour 90% à 99% de ces cas,
d'entrer sur le marché dans le domaine de l'électricité,
comme apprenti-électricien ou autres. Est-ce qu'il y a des
possibilités de pouvoir étudier le marché futur pour les
orienter et leur dire: En pleine connaissance de cause, si vous allez en
électricité, il est fort possible que vous n'aurez pas de
travail.
M. Bienvenue: Là-dessus, je répète un peu ce
que je disais tout à l'heure. A partir du moment où vous
constatez, après quatre ou cinq années, à partir des
résultats de la relance, que certaines spécialités sont
telles que les gens ont de la facilité à se placer par rapport
à d'autres où des gens ont de la difficulté, vous pouvez
prévoir au moins qu'à court ou moyen terme la situation ne risque
pas de se modifier dramatiquement. C'est un premier élément
d'information.
L'autre élément consisterait à prendre l'approche
qui a été préconisée au départ, à
savoir de fixer d'une façon plus rigide l'évolution de la
société, de l'aménager encore mieux et de fixer les postes
qui seraient ouverts et les postes qui seraient fermés. L'extrême
de cette position devient le modèle soviétique, le modèle
de l'URSS. Entre les deux, ilyatoute une marge de possibilités qui sont
difficiles d'application à l'heure actuelle au Québec.
En d'autres termes, vous êtes mieux de regarder l'évolution
depuis quatre ou cinq ans pour vous faire une idée de ce qui va se
passer dans les quatre ou cinq prochaines années, en essayant, en
même temps, de vous donner un appareillage qui peut être un peu
plus complexe pour voir, dans les grandes lignes, ce qui s'en vient dans
l'économie québécoise et essayer de concilier ces deux
prises de position.
M. Côté: Pour en revenir à ce que...
M. Bonnier: M. le Président, si vous me permettez. Si le
député de Matane me permet. Là-dedans, quand on commence
à discuter de ce point spécifiquement, il faut aussi en discuter
un autre, qui ne vous regarde peut-être pas d'une façon
très directe, c'est la relation entre le marché du travail
spécifique, prenons les électriciens, et jusqu'à quel
point les études qui sont faites au niveau de l'école sont
considérées et admises.
Tant qu'on n'aura pas réussi à ce que les études
comptent au moins pour une année d'expérience, cela ne facilitera
pas l'entrée sur le marché du travail de certains métiers.
C'est le lien qu'il va falloir faire; autrement, on peut se leurrer. Même
si on disait qu'il n'y a pas d'ouverture, il peut y avoir des ouvertures, mais
c'est toujours la fameuse année d'expérience. Cela, je pense
qu'il faut concilier quelque chose avec les métiers, en particulier, les
métiers de la construction, etc., pour que la carte de compétence
puisse être dévolue à un élève qui a suivi
tel cours, carte de compétence soulignant qu'il a au moins un an
d'expérience. Là, c'est plus facile.
M. Côté: Si on prend le cas d'un étudiant en
électricité qui sort du secondaire V, ayant passé les
examens de la commission scolaire et les examens du ministère, est-ce
que ce gars-là n'a pas au-dessus de 2000 heures reconnues comme
apprenti-électricien?
M. Bienvenue: II y a plusieurs heures reconnues, mais pas 2000
heures. Il y a une reconnaissance établie, excepté que cela ne
lui donne pas une carte de compétence automatique.
M. Bonnier: C'est la fameuse carte que cela prend. C'est
peut-être hors du sujet, M. le Président, mais il faut que ce soit
discuté avec le ministère du Travail.
M. Bienvenue: C'est peut-être hors du sujet, mais c'est
intéressant.
M. Saint-Germain: Pour ajouter quelques mots, il y a, chez nous,
une école technique. Les jeunes m'ont dit qu'ils sortent, dans des
métiers donnés... En électricité, par exemple, il y
en avait plusieurs. Il y en avait même qui avaient des emplois. Les
employeurs étaient prêts à les engager, mais ils ne
pouvaient pas avoir leur permis de travail. On sait que cela peut être
une situation complexe, mais c'est une situation qui est pratiquement
inacceptable d'engager des jeunes dans des cours semblables, des cours
techniques qui sont d'ailleurs assez dispendieux pour l'Etat. Ces jeunes
arrivent, à un moment donné, dans un cul-de-sac. C'est une dure
façon, pour un jeune, de commencer sa vie, surtout s'il est ambitieux et
s'il aime son métier, de se voir dans une situation semblable. Il
faudrait certainement faire quelque chose dans ce sens et essayer, au moins,
d'améliorer la situation d'une façon ou d'une autre.
Que le ministère de l'Education entre en contact ou étudie
le problème au niveau de la main-d'oeuvre ou même directement avec
les syndicats, je ne sais pas, mais il faut certainement un joint à
quelque part.
M. Léger: M. le Président, si vous voulez me
permettre, tantôt je disais qu'à l'élément
administration, planification, etc. nous n'avions pas tellement de questions,
à l'élément, au programme particulier. C'est parce que
nous allons avoir des interventions qui touchent surtout un champ de
problèmes particuliers avec des implications sur la planification. Les
interventions seront beaucoup plus axées sur des problèmes. C'est
pour cela que, même si le programme 1 était adopté,
j'aimerais qu'il y ait des fonctionnaires pouvant donner des réponses
à des questions sur des problèmes particuliers qui soient quand
même présents, si vous n'avez pas d'objection, pour que nous
puissions obtenir des réponses sur des questions partant de
problèmes précis.
Le ministre nous a proposé tantôt les programmes 5, 6 et 7.
J'aurais des questions à partir de problèmes particuliers au
programme 5, ce qui va demander quand même des réponses qui
tou-
chent la planification. Je pars du problème particulier que le
ministre connaît bien, je pense, l'alimentation dans les écoles.
Le ministre peut-il nous mettre au courant des travaux du comité
Affaires sociales, ministère de l'Education, concernant l'alimentation
dans les écoles du Québec, plus particulièrement au
secteur secondaire et nécessairement aussi au secteur
élémentaire?
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on peut conclure pour
les fins du journal des Débats, que le programme 1, ainsi que les
éléments 1, 2 et 3 sont adoptés?
M. Léger: D'accord.
M. Bérard: Programmes 2 et 3, adopté?
Le Président (M. Pilote): Programme 1,
éléments 1, 2 et 3.
L'alimentation dans les écoles
M. Léger: Programmes 5 et 6, jusqu'à maintenant,
parce que ce sont des problèmes qui touchent aux deux. Comme de raison
le problème qu'on discute au niveau de l'élémentaire, on
ne reviendra pas au secondaire là-dessus puisqu'on aura probablement des
réponses en même temps pour les deux paliers.
Pendant que vous cherchiez vos documents, peut-être que la
question s'est perdue; c'était: Est-ce que le ministre peut nous mettre
au courant des travaux du comité Affaires sociales et ministère
de l'Education, en ce qui concerne l'alimentation dans les écoles du
Québec et plus particulièrement au secteur secondaire?
M. Bienvenue: II y a un groupe de travail qui a été
créé là-dessus au cours de l'année 1975/76 et qui a
remis son rapport en février 1976, un groupe de travail qui comprenait
non seulement les Affaires sociales, mais aussi le ministère de
l'Agriculture, la Fédération des commissions scolaires, pour
essayer d'établir une politique élémentaire dans les
écoles et surtout au secondaire.
Ce comité a fait un certain nombre de recommandations. Il y a des
recommandations qui se sont dégagées et qui sont plutôt
d'ordre social, c'est-à-dire aider des enfants, le midi, à avoir
des repas chauds dans les écoles et subventionner des repas. Face aux
coûts assez exorbitants qu'aurait entraînés une telle
politique, ce qu'on a envisagé, ce qu'on a demandé de mettre au
point, cela a été d'avoir une politique d'information sur une
nutrition plus adéquate, disons, appelons-la une nutrition de
boîte à lunch. Les enfants qui arrivent à l'école
doivent dîner à l'école le midi. Nous voulions que ce soit
abordable par les parents dans cette situation.
M. Léger: Mais c'est actuellement le ministère des
Affaires sociales, je pense, qui rédige les guides d'alimentation dans
les cafétérias d'école; est-ce que le ministère de
l'Education a son mot à dire dans l'élaboration de ces menus?
M. Bienvenue: Pas à ma connaissance, sauf par les
diététiciennes professionnelles qui sont engagées dans
certaines commissions scolaires, mais c'est le ministère des Affaires
sociales.
M. Léger: Ces diététiciennes sont-elles
à l'emploi du ministère de l'Education?
M. Bienvenue: Des commissions scolaires.
M. Léger: Des commissions scolaires, d'accord.
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Est-ce qu'il y en a beaucoup à travers le
Québec?
M. Bienvenue: Non, il n'y en a pas tellement, mais chaque
commission scolaire peut, dans la mesure où... Les endroits comme la
CECM, les grosses commissions scolaires, Chambly, la CECQ, en ont
quelques-unes, mais règle générale il n'y en a pas
tellement.
M. Léger: Vous avez parlé tantôt d'inclusion,
dans ce ministère ou d'association dans ce ministère, du
ministère de l'Agriculture en plus de les deux autres ministères.
Est-ce qu'on a tenu compte, plus spécifiquement, de l'écoulement
des surplus de produits laitiers? Parce que des centaines de producteurs
pourraient continuer leur production et le nombre de fermes appelées
à disparaître pourrait grandement diminuer. Y a-t-il eu des
recommandations de faites, de ce côté-là, avec le
ministère de l'Agriculture?
M. Bienvenue: Le verre de lait du midi ou de la
matinéeje ne sais pas comment l'appeler pour
l'écoulement des stocks de lait sur le marché scolaire a
été examiné, mais cela demandait des subventions de la
part du ministère de l'Agriculture pour ce faire.
M. Léger: A-t-il accepté?
M. Bienvenue: Non, pas à ma connaissance.
M. Léger: II n'a pas accepté. Alors, le
ministère de l'Agriculture a été associé aux
discussions at aux études, avec les ministères des Affaires
sociales et de l'Education. Quelle est la raison pour laquelle il a
refusé de subventionner?
M. Bienvenue: J'imagine qu'il avait des contraintes
budgétaires.
M. Léger: Qu'est-ce qu'a offert le ministère de
l'Agriculture, en plus de venir assister à cela?
M. Bienvenue: C'est peut-être pour voir de quelle
façon des productions agricoles, non seulement laitières, mais
aussi d'autres secteurs, les fruits et légumes, par exemple, pourraient
être mises à la disposition des écoles, disons d'une
façon moins dispendieuse, mais dans chaque cas il
s'agissait toujours de faire une demande de subvention
appropriée. C'est là que le ministère de l'Agriculture a
été inséré à l'intérieur du
comité, avec les autres éléments que j'ai
mentionnés.
M. Léger: M. le Président, sur les autres
problèmes il n'a pas répondu de façon positive?
M. Bienvenue: Aide technique, mais pas de "cash".
M. Léger: Pas de "cash". Il s'est caché, quoi!
L'année dernière, le ministre de l'Education avait
mentionné la possibilité d'interdire la présence des
machines distributrices dans les cafétérias. Est-ce que cela se
fait actuellement ou si ce n'est pas déjà fait...
M. Bienvenue: On n'a pas d'interdiction comme telle. C'est une
tendance, une recommandation de ne pas... C'est une tendance qui se
généralise. A ma connaissance, ce n'est pas une politique
imposée, cependant, qui n'est pas contrôlée non plus, mais
nos informations sont que de plus en plus de commissions scolaires
éliminent ou régissent strictement l'utilisation des
distributrices automatiques dans les écoles ou autour des
cafétérias.
M. Léger: Je suis un peu surpris de voir que vous semblez
être au courant du problème, mais qu'on n'a pas encore
trouvé de solution. En ce sens que je sais bien que si on part avec le
principe que les cafétérias doivent s'autofinancer d'une part et
que, d'un autre côté, on veut donner de la nourriture de
qualité aux enfants, il est nécessaire qu'on en conclue que cela
ne s'autofinancera pas.
On a donc besoin de subvention de ce côté ou de remettre
les cafétérias à des agences ou à des organismes
qui, eux, vont le faire avec des possibilités de profits ou autrement. A
ce moment-là, cela revient souvent à vendre des hot dogs, des
hamburgers, des frites ou des chips et des machines distributrices. Est-ce que
le ministre ne pense pas qu'il devrait y avoir une concertation et une
décision gouvernementale pour une subvention bien précise pour
permettre que les enfants aient droit à un prix décent, à
des repas, qui correspondent à leurs besoins de nutrition tenant compte
d'une politique globale, puisque cela englobe quand même trois
ministères?
M. Bienvenue: La politique d'autofinancement est maintenue.
Evidemment, il y aurait un déficit budgétaire si elle
n'était pas maintenue. Cependant, l'utilité du comité a
été de nous permettre de constater que, dans certaines
commissions scolaires, je pense, à celle de Tilly en particulier, on
arrivait à s'autofinancer avec des menus types préparés
par des diététiciennes et avec une gestion assez rigoureuse des
services alimentaires, Tilly, par exemple, a réalisé la mise en
marché, si on peut dire, de bons repas chauds, le midi, avec une bonne
qualité alimentaire et à un prix accep- table que je n'ai pas,
mais je pense que c'est $1.45 tout en s'autofinançant. Un des
éléments de conclusion du comité évidemment,
l'autre conclusion possible aurait été de subventionner
c'était de fabriquer de menus types, de distribuer de l'information aux
commissions scolaires, en leur montrant des modèles, si on veut,
d'expériences vécues et réalisées dans certaines
commissions qui arrivaient à donner un bon service alimentaire, tout en
s'autofinançant.
Il y a des aspects visant la qualité alimentaire qui sont
principalement en cause; il y a des questions de politique d'achat des
denrées alimentaires aussi qui sont importantes. La différence
entre le déficit ou l'équilibre budgétaire dans ces
services qui doivent s'autofinancer est souvent liée non pas tellement
au type de produits achetés, mais à la capacité de bien
faire ses achats, de les échelonner et de ne pas avoir de pertes. C'est
le problème de toute la restauration, d'une façon
générale.
M. Léger: Mais les commissions scolaires quand même,
actuellement, n'ont pas beaucoup de choix en ce qui a trait à
l'administration des cafétérias. Ou bien elles administrent
elles-mêmes avec un choix d'aliments sains et, là, elles ont le
choix d'en faire payer le plein prix par l'élève ou elles
acceptent un déficit avec des mets à rabais en transférant
le coût aux contribuables ou en pigeant dans son enveloppe
budgétaire. L'année dernière, la Commission des
écoles catholiques de Montréal a eu pour ses
cafétérias un déficit de $400 000. The Protestant School
Board of Greater Montréal a connu un déficit de $250 000; la
régionale Louis-Hémon a connu un déficit de $115 000;
celle de Tilly, que vous mentionniez tantôt, un déficit de $35 000
et Chambly, un déficit de $100 000.
Ou bien on confie le tout à un concessionnaire, comme je le
disais tantôt, et lui va faire un profit au détriment de la
qualité des aliments offerts, c'est-à-dire en fournissant souvent
des machines distributrices, des frites, des hot dogs, etc. Les enfants, c'est
sûr que cela les intéresse de manger des hot dogs. Ils ont beau
avoir de l'information, ce n'est pas sûr qu'ils vont lire plus cela que
les livres de classe, souvent.
Alors, je pense que le rapport du comité d'étude
nommé par le CODES sur les services alimentaires au secondaire avait
proposé au ministère certaines avenues, notamment l'abandon du
principe de l'autofinancement des commissions scolaires. Le ministère
a-t-il l'intention de maintenir ce principe ou s'il va réviser ses
positions là-dessus? S'il le maintient quelle est la solution qu'il va
apporter devant ce problème qui touche plusieurs enfants au
Québec?
M. Bédard: Je me demande si le député de
Lafontaine ne soulève pas un problème qui relève du niveau
secondaire.
M. Léger: C'est ce que je disais tantôt; cela touche
surtout le secondaire et un peu l'élémentaire.
M. Bienvenue: Mais c'est un problème d'argent.
M. Léger: Que fait-on dans ce temps-là?
M. Bienvenue: Quand nous l'avons, nous le dépensons, mais,
quand nous ne l'avons pas, on espère l'avoir.
M. Léger: Mais pour quelles raisons, à ce niveau,
n'avez-vous pas choisi de prendre une décision précise et
peut-être de couper à d'autres endroits? Vous avez choisi de
continuer à parler d'autofinancement au détriment de la
qualité de l'alimentation des jeunes.
M. Bienvenue: En fait, la recommandation du rapport, si on y
avait donné suite, exigeait une insertion de $24 millions pour
l'année 1976/77. Au comité des règles budgétaires,
lorsqu'on a demandé aux représentants des commissions scolaires
d'indiquer les priorités,cela a figuré dans les priorités.
Lorsqu'est arrivé le gel des règles budgétaires, cela a
fait qu'il n'y avait rien à faire.
M. Léger: II n'y avait rien à faire, je comprends,
au niveau où vous êtes placé, vous êtes pris avec le
problème, mais c'est quand même notre devoir d'évoquer les
décisions politiques qui sont prises de couper à des endroits
essentiels comme celui-là.
Au début de mon intervention, je disais que notre rôle est
justement de soulever les décisions politiques qui sont prises souvent
au détriment des citoyens. Je pense que c'est mon rôle de dire,
à ce moment, que si on a eu une politique de restriction
budgétaire, c'est qu'on a dépensé ailleurs,
peut-être dans d'autres ministères. Il y a peut-être
possibilité d'un réaménagement à l'intérieur
du ministère. C'est une décision du ministre actuel. Au niveau du
gouvernement, quand le ministre actuel fait ses recommandations au ministre des
Finances pour la distribution des sommes, je pense qu'il devrait demander
davantage de ce côté.
Je me rappelle fort bien, il y a deux ans, j'étais aux
crédits des affaires municipales où on parlait de
problèmes que le ministère des Affaires municipales avait, parce
que le ministre n'avait pas été suffisamment convaincant au
cabinet des ministres pour avoir un surplus d'argent. Je peux dire au ministre
actuel qu'il a mon entier appui pour avoir plus d'argent au ministère de
l'Education. Quand j'avais dit la même chose au ministre des Affaires
municipales, il avait eu, dans le budget supplémentaire, plus d'argent.
Il n'avait pas dit que c'était à cause des interventions de
l'Opposition, il ne le dira certainement pas. Je pense que c'est important que,
publiquement, on sache que les priorités doivent être prises par
le gouvernement et en subir les conséquences politiques.
M. Bienvenue: Parlant de budget supplémentaire, on vient
d'aller chercher, il y a quelques jours, pour ne pas dire quelques semaines, la
somme de $160 millions, comme je l'ai indiqué au cours de mes remarques.
Je dois dire qu'au moment où ces budgets du ministère ont
été décidés il n'est pas question de se
rabattre sur les autres je n'étais pas encore au ministère
de l'Education au mois d'octobre, et la personne qui était le mieux
placée à l'époque pour obtenir, du ministre des Finances,
les sommes dont parle le député de Lafontaine, était le
ministre de l'Education et c'était une seule et même personne. Les
décisions ont été prises...
M. Léger: Vous êtes au courant comment on a
financé les Jeux olympiques?
M. Bienvenue: J'ai lu les journaux, comme le député
de Lafontaine.
M. Léger: La Fédération des commissions
scolaires du Québec a fait des démarches auprès du
ministre pour favoriser un programme de lunch à l'école. Ce
programme est dans la lignée de ce qu'accomplit déjà, je
pense, le conseil scolaire directement payé par les contribuables
concernés pour les huit commissions de Montréal. Le ministre ne
serait-il pas prêt à emboîter le pas de ce
côté?
M. Bienvenue: Je redis ce que j'ai dit en d'autres mots
peut-être, il y a un instant. Je pense que personne autour de cette table
ne refuse d'emboîter le pas et que personne n'est contre le principe des
repas auxquels fait allusion le député de Lafontaine. Je
répète que c'est une question de piastres et de cents et la
Fédération des commissions scolaires sait, mieux que quiconque,
les coupures budgétaires dont ses membres sont l'objet. Je parle des
règles budgétaires, notamment la non-indexation pour
l'année en cours. C'est évidemment un article qui ne pouvait
être retenu en priorité, face à d'autres coupures à
des niveaux, peut-être encore plus criants. La volonté y est, mais
l'argent n'y est pas.
M. Léger: La constatation y est; la volonté, cela
va dépendre des possibilités du ministre de convaincre son
gouvernement de mettre ses priorités aux bons endroits.
M. Bienvenue: Sans augmenter les impôts.
M. Léger: C'est-à-dire que vous l'avez
déjà augmenté. Mais le ministre, au cours des
crédits, va peut-être réaliser qu'à mesure qu'on va
avancer dans les programmes il y a beaucoup de décisions qui sont
retardées, des coupures qui vont faire mal à bien des endroits,
et je pense que c'est aux crédits qu'il faut soulever chacun de ces
éléments, de façon que le ministre ait derrière lui
ces récriminations de la commission pour qu'au cabinet des ministres et
au ministère des Finances on voie à lui donner plus d'argent pour
des besoins aussi criants.
En ce qui nous concerne, je disais tantôt que le ministère
de l'Education est un ministère clef au Québec et que ce n'est
pas là qu'il faut couper,
c'est ailleurs. Et le ministre sait, je pense, où on aurait
dû couper. Tout cela tourne autour de la question des priorités et
des choix politiques d'un gouvernement.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: C'est un article qui est tout de même
important, mais sans aller jusqu'à avoir une politique très
élaborée. C'est entendu que si on se met à nourrir les
enfants à l'école, d'une façon soutenue, avec des repas de
qualité et à bon marché, en peu d'années les frais
vont devenir très élevés. Beaucoup de parents qui vont
rester à deux pas de l'école vont préférer voir
leurs enfants manger à l'école que de les nourrir
eux-mêmes. Le comité, dans son rapport, n'a-t-il tout de
même pas donné des suggestions simples qui peuvent être
appliquées dans le contexte actuel? Il me semble qu'il y a certains
mets, certaines nourritures, certaines friandises qui devraient être
défendus dans les écoles. N'y a-t-il pas certains plats ou
certaines nourritures très simples dont la qualité pourrait
être déterminée avant d'être servis aux enfants? Il
me semble qu'il y a des choses très simples qui ne coûteraient
rien aux fonds publics qui pourraient être faites. Bien des fois ce sont
des friandises ou de la nourriture très commune qui sont très
coûteuses. Vous avez des mets qui sont simples, bon marché et qui
peuvent être, au point de vue de la nutrition, de haute
qualité.
M. Léger: M. le Président...
M. Bienvenue: J'étais pour dire que cela entre dans le
cadre, comme je le disais tantôt, d'une politique d'information dans
laquelle on veut s'engager à cet égard.
M. Saint-Germain: Cela fait longtemps qu'on parle de la nutrition
dans les écoles, au niveau de la commission, ici. On en a parlé
dans les années passées. On devrait avoir dépassé
le cadre de l'information. On devrait avoir les informations et au moins avoir
un embryon de politique.
M. Bienvenue: M. Halley ne parle pas d'informations au
comité, mais d'une politique d'information aux parents à travers
le Québec. Dépenser de l'argent pour des campagnes d'information
plutôt, avec des budgets insuffisants, que des tentatives de nutrition
proprement dites.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, il est une heure et
la commission ajourne ses travaux sine die. Probablement qu'on siégera
à quatre heures, après la période des questions.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 40
M. Gratton (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue cet après-midi l'étude des crédits
du ministère de l'Education. Pour les fins de la séance
d'aujourd'hui, les membres seront les suivants: MM. Bellemare (Johnson),
Bérard (Saint-Maurice), Bienvenue (Crémazie), Charron
(Saint-Jacques), Choquette (Outremont), Côté (Matane), Bonnier
(Taschereau), Déom (Laporte), Lapointe (Laurentides-Labelle),
Léger (Lafontaine), Parent (Prévost), Saint-Germain
(Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda), Tardif (Anjou) et Déziel
(Saint-François).
Si je comprends bien, nous en avons terminé du groupe 1. Nous
passons maintenant à l'étude du groupe 2, programmes 5, 6 et
7.
Tests linguistiques
M. Bienvenue: C'était commencé, M. le
Président, au moment où nous avons suspendu nos travaux à
une heure. Je voudrais tout de suite indiquer, pour assurer une suite logique
à ce que nous nous sommes dit ce matin, que le député de
Lafontaine avait demandé notamment la clientèle scolaire, par
langue d'enseignement, pour compléter les statistiques qu'il a
déjà devant lui.
Nous pourrons faire la remise de ce document à la séance
de demain matin. On est en train d'en faire la compilation. Nous avions
également abordé au passage la question de la Loi sur la langue
officielle. On nous a demandé de faire connaître la situation
exacte des contingentements dans chaque commission scolaire; à la
séance de lundi, on pourra répondre à cette demande du
député de Lafontaine; nous aurons les documents
appropriés.
Par ailleurs, on demandait plus de détails sur la question des
tests, des taux de réussites et d'échecs. J'avais annoncé
que je devais, dans les 24 heures, émettre un communiqué de
presse sur le sujet. Votre collègue, messieurs, M. Athot, n'est pas avec
nous? En tout cas, je lui avais dit qu'on distribuerait le communiqué
cet après-midi. On a anticipé sur les 24 heures et, avec votre
permission, M. le Président, je pourrais peut-être donner lecture,
mutatis mutandis, de ce communiqué, en remettre une copie, ensuite, aux
membres de la commission, ainsi qu'un tableau de récapitulation
où on remarquera que les chiffres ne concordent pas toujours de
façon parfaite avec ceux que je donnerai à la lecture de ce
communiqué. Cedit communiqué est plus récent, de quelques
jours; il est tellement récent qu'il n'est pas encore distribué.
Les chiffres, quand même, donneront une assez bonne vue d'ensemble. Les
chiffres du tableau remontent au 7 juin.
M. le Président, suite à la décision du Conseil des
ministres du 11 février dernier, j'annonçais le 23 du même
mois, les modalités d'application du
chapitre 5 de la Loi sur la langue officielle. Ces modalités
prévoient que conformément à l'article 42 de la loi et aux
articles 5 à 16 du règlement relatif à la connaissance de
la langue officielle, les commissions scolaires conservent la
responsabilité de procéder au classement des
élèves. En vertu de l'article 19 de ce règlement, les
commissions scolaires devaient faire parvenir au bureau régional de leur
territoire copie des fiches officielles d'inscription accompagnées de
renseignements complémentaires pour tous les élèves dont
les parents demandent qu'ils reçoivent pour la première fois
l'enseignement en langue anglaise au Québec. Je me réservais le
droit, comme le prévoit le second alinéa de l'article 7 du
même règlement, de vérifier la connaissance suffisante de
la langue pour tout élève qui demande à recevoir
l'enseignement en langue anglaise. Cette procédure visait
essentiellement à assurer que dorénavant les tests de
connaissance linguistique soient appliqués de façon uniforme dans
tout le territoire du Québec et que l'interprétation des
résultats de ces tests soit identique pour tous les élèves
visés par l'application de ces tests contrairement, comme je l'indiquais
ce matin, à la situation anormale et parfois injuste ou non
équitable qui a prévalu dans certains secteurs, l'an dernier.
J'annonçais également, toujours le 23 février,
qu'un seuil de réussite et un seuil d'exclusion seraient fixés.
Ces seuils, suite aux expérimentations, sont de 60% pour la
réussite et de 45% pour l'exclusion. Compte tenu des conditions locaies
et de la connaissance plus approfondie que chaque commission scolaire
possède de son propre milieu et de sa clientèle, il revient
à celui-ci de décider de l'admission ou non au secteur anglais
des élèves dont le résultat se situe à
l'intérieur de la fourchette, soit entre les deux seuils.
J'annonce qu'au 15 juin 1976, donc, il y a deux jours, sauf erreur, 14
265 élèves ont demandé à recevoir, pour la
première fois, l'enseignement en langue anglaise au Québec.
Après analyse de ces demandes, 6922 élèves, soit 48,5%,
ont été déclarés admissibles à
l'école anglaise alors que 7343, soit 51,5%, ont été
requis de se présenter aux tests de connaissance linguistique
préparés, validés et administrés par le
ministère de l'Education.
Alors, des 7343 soumis aux tests de connaissance linguistique et
je rappelle, pour qu'on se comprenne bien, que 6922, 48,5%, avaient
été déclarés admissibles sans test alors,
des 7343 autres soumis aux tests de connaissance linguistique, 2062, soit 28%,
ont réussi; 2728, soit 37,4%, ont échoué et 1373, soit
18,7%, ont obtenu un résultat qui se situe entre les deux seuils, soit
entre 45% et 60%. Les résultats de quelque 1180 demandes, soit 16,9%,
seront connus ultérieurement. Tel qu'annoncé aux commissions
scolaires, la procédure concernant l'analyse des demandes et
l'administration des tests, a été conduite, conformément
à la décision du Conseil des ministres, le 11 février
dernier. Je rappelle je l'ai fait et je le fais à nouveau
aux parents insatisfaits de la décision concernant leur enfant,
où que ce soit au
Québec, qu'ils ont, dans les 30 jours suivant la date où
la décision leur est communiquée, le droit de loger un appel par
écrit auprès de celui qui vous parle. Avant de rendre, dans
chaque cas, une décision qui est sans appel, je devrai, pour chaque cas
toujours, obtenir l'avis de la Commission de surveillance de la langue
d'enseignement prévu par la Loi sur la langue officielle et, parlant de
cette Commission de surveillance, M. le Président, à l'occasion
d'un second communiqué de presse, en date de ce jour, j'annonce la
nomination pour une année de quatre nouveaux membres, soit deux de
langue française, un de langue anglaise et un d'origine ethnique autre
que française ou anglaise, qui feront partie de la Commission de
surveillance de la langue d'enseignement dont la mise sur pied a
été prévue à l'article 43 de la Loi sur la langue
officielle. Ces quatre personnes nouvelles qui remplacent évidemment
quatre personnes qui ont quitté, qui ont laissé, sont Mmes
Estelle Trudel de Montréal et Lise Thibault de Fabre-ville, M. John
Perrie de Hampstead et M. Stanley F. Vincelli de Beaconsfield.
J'ai renouvelé pour cette année les mandats de Mmes Alison
d'Anglejan et Claire Martel-Lefrançois, ainsi que de MM. Joseph-L.
Pagé, Raymond Dubé et Denis Massé. Les neuf membres sont
nommés annuellement, comme on le sait, par le ministre de l'Education.
Le président, qui est choisi parmi les membres pour une deuxième
année consécutive, est également nommé par le
ministre de l'Education. Et enfin, sur le plan administratif, M. Pierre Boucher
occupera le poste de secrétaire de la commission. Est-ce que vous avez
des copies pour...
M. Léger: A un moment donné, le ministre a dit que
1373 élèves ont obtenu un résultat entre 45% et 60%.
Quelle a été la décision du ministre? Est-ce comme la
Commission des écoles catholiques de Montréal avait
proposé pour son secteur, c'est-à-dire de les envoyer à
l'école française? Quelle est la décision du ministre pour
ces 1373 élèves?
M. Bienvenue: Dans ce cas, précisément comme je
l'avais indiqué avant-hier en réponse à une question du
député d'Outremont, je pense, il n'est pas question de
décision du ministre. Dans cette fourchette entre ces deux seuils, nous
avons voulu laisser à chaque commission scolaire la décision
d'intégrer ou pas à l'école anglaise les
élèves en question.
Quand je dis "ou pas", cela peut être une réponse globale
négative ou une réponse globale affirmative où tout est
possible, une réponse partielle négative dans certains cas,
disons les plus faibles parmi ceux-là, positive parmi ceux qui ont
obtenu les résultats les plus élevés. En
conséquence, ce n'est pas mon intention d'intervenir où que cela
soit, que ce soit à la CECM, comme le mentionnait le
député de Lafontaine, que ce soit au PSBGM, qui, semble-t-il,
prend une décision tout à fait contraire, celle de les admettre
globalement, que ce soit à Le Royer où, à ma connais-
sance, aucune telle décision n'a encore été prise,
ou que ce soit n'importe où ailleurs au Québec, nous avons cru,
lors des décisions prises en février dernier à
l'Exécutif, au Conseil des ministres, sur ma recommandation, qu'il
était utile qu'au coeur d'une certaine fourchette, la commission
scolaire locale, qui connaît mieux que qui que ce soit le milieu ambiant,
qui connaît mieux les dispositions, le climat, les relations sur le
contingentement, etc., soit l'organisme le mieux placé pour prendre une
telle décision.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire si, dans
son esprit, toute personne qui a subi des tests est considérée
dans le groupe autrement admissible?
M. Bienvenue: Oui, parce que les tests sont imposés
à ceux qui ne sont pas de langue maternelle anglaise, n'est-ce pas, pas
nécessairement tous, mais ils ne sont pas imposés à ceux
qui sont de lanque maternelle anglaise. Par conséquent, sauf des cas que
je pourrais oublier... Ce que je disais n'est pas vrai à l'inverse,
c'est-à-dire que certaines personnes qui auraient pu ou se sont
effectivement déclarées de langue maternelle anglaise ont pu
être l'objet de tests, parce que la seule déclaration de langue
maternelle anglaise ne suffit pas, sinon ce serait un moyen trop facile pour
tous les candidats dans tout le Québec. Alors, à l'inverse, ce
n'était pas exact, ce que je disais.
M. Léger: Ceux qui ont subi des tests et qui
étaient de langue maternelle anglaise, mais qui ont subi des tests parce
que le ministère a choisi de faire passer des tests, est-ce qu'ils
entrent dans la catégorie d'autrement admissibles?
M. Bienvenue: Non. En vertu des dispositions de la Loi sur la
langue officielle, ceux qui sont de langue maternelle anglaise...
M. Léger: A qu i vous faites passer un test, parce qu'il y
avait un doute.
M. Bienvenue: Oui, mais le test pouvait être à
l'occasion d'un doute. Si le test a révélé et
confirmé qu'effectivement il s'agissait de personnes de langue
maternelle anglaise, je ne puis pas interpréter la loi qui dit noir sur
blanc que ne sont pas considérés parmi les autrement admissibles
ceux qui sont de facto de langue maternelle anglaise, qu'il s'agisse d'un jeune
Tetley ou d'un jeune Drummond, de quelque part dans l'ouest de Montréal,
il n'est pas celui-là un autrement admissible, mais il a un droit
automatique d'admission à l'école anglaise, surtout si on en a
fait, même si c'est après vérification qu'on l'a
découvert.
M. Léger: Pour le savoir, c'est que vous avez quand
même fait passer un test à ces personnes.
M. Bienvenue: Dans des cas d'exception, je pense bien, M. Dozois,
vous savez que cette année nous avions prévu une formalité
additionnelle pour le cas de la prochaine entrée scolaire, soit celle
d'une formule d'inscription, une formule de renseignements
supplémentaires qui devait être fournie dans le cas de chaque
nouvel élève voulant s'inscrire pour la première fois au
réseau anglais du Québec. Or, dans l'ultra-grande majorité
des cas, les renseignements contenus dans cette formule de renseignements
supplémentaires permettaient de prendre la décision sans l'aide
de tests. Les tests auxquels fait allusion le député de
Lafontaine sont des cas de très infimes minorités, là
où la fiche de renseignements supplémentaires était
porteuse de renseignements qui semblaient contredire l'affirmation brutale de
langue maternelle anglaise. Dans ces cas, il y a eu test, mais ceux-là
chez qui les tests révélaient qu'ils s'agissait vraiment
d'élèves de langue maternelle anglaise, à mon humble point
de vue, jusqu'à preuve du contraire, ne doivent pas être
considérés comme les autrement admissibles, mais bien ceux qui,
de par leur droit de langue maternelle anglaise, ont le droit à
l'enseignement dans cette langue, à l'intégration dans le
réseau scolaire anglais.
M. Léger: ... rien à voir, quand vous dites infime
ou c'est infime... à quelques degrés.
M. Bienvenue: M. Dozois, auriez-vous une idée, je parle de
nombre infime?
Vous parlez de ceux qui ont été envoyés au...
Oui, et qui...
Et qui se seraient déclarés de langue maternelle
anglaise.
Non, de ceux qui, effectivement, étaient de langue maternelle
anglaise, mais qui, pour des raisons de doute, chez nous, ont été
l'objet de tests.
Ecoutez, je n'ai pas...
Pour donner un exemple, je parle donc du jeune Winston Johnson qui est
anglais depuis Adam et qui...
Ces cas, M. le ministre... Je pense que c'est une petite
collectivité. Ce sont des cas auxquels on peut faire
référence. Par exemple, prenons un langage très clair, le
nom d'un Grec, qui se déclare de langue maternelle anglaise, dont toute
l'histoire peut révéler qui il est. Admettons qu'on ait un doute;
or, une personne qui est grecque d'origine, qui s'est déclarée de
langue maternelle anglaise et pour laquelle on avait un doute, on l'a
envoyée au test. Le test étant réussi, nous devons la
déclarer de langue maternelle anglaise si elle a réussi son
test.
M. Léger: Oui, mais d'origine grecque. Elle s'est
déclarée de langue maternelle anglaise. Elle passe le test parce
qu'elle sait bien l'anglais, elle devient de langue maternelle anglaise,
même si...
M. Bienvenue: Si vous me permettez, quand on dit d'origine
grecque, l'individu peut porter un nom grecque, parce que cinq
générations avant lui, le paternel est arrivé de
Grèce. Pendant les quatre générations qui l'ont
précédé, on n'a toujours parlé que l'anglais
à son domicile, chez son père, son grand-père, son
arrière-grand-père. Alors, il est exact de dire qu'il est de
langue ma-
temelle anglaise, même si, à l'époque d'Agamennon,
on parlait le grec chez son aïeul.
NI. Léger: Si vous dites que c'est une infime
minorité, d'accord.
M. Bienvenue: Oui, négligeable.
Le Président (M. Gratton): Pourrais-je profiter de ce
court laps de temps pour vous faire remarquer que, pour la bonne
compréhension du journal des Débats, lorsque le ministre
interroge une personne-ressource, de son ministère, les paroles de cette
personne sont inscrites à son nom...
M. Bienvenue: ... le nom...
Le Président (M. Gratton): II risque fort de se poser des
questions et de se répondre...
M. Bienvenue: De me répondre, pourvu que mes
réponses, je l'ai dit ce matin, soient intelligentes.
M. Léger: D'accord, M. le Président.
M. Bienvenue: Alors, je procéderai par signe
vis-à-vis des hauts fonctionnaires. Est-ce qu'on a distribué les
documents?
NI. Léger: Oui, d'accord.
M. Bienvenue: Vous avez le tableau, n'est-ce pas? Vous avez un
tableau par région qui, je le répète, est moins à
jour parce que remontant à une dizaine de jours.
NI. Léger: M. le Président, de toute façon,
on va arriver au programme plus tard, qui va toucher à cet aspect.
Est-ce qu'on est prêt à continuer sur le programme 5 ou si le
ministre avait autre chose à ajouter?
M. Bienvenue: Non, mais je me disais que peut-être si on
avait voulu, comme cela fait quand même partie de
l'élémentaire et du secondaire, profiter de cette séance
pour traiter du sujet ou le vider, je ne veux pas être
présomptueux...
M. Léger: Oui, mais la seule chose, c'est que vous nous
donnez le communiqué immédiatement. Il y a quand même une
étude à faire là-dessus. Ce n'est pas pendant que le
ministre parlait que je pouvais commencer à faire des comparaisons et
déceler des questions, sauf les quelques-unes qui me sont venues
à l'esprit.
M. Bienvenue: Je n'insiste pas.
M. Léger: Je préférerais revenir un peu plus
tard peut-être, soit ce soir ou lundi, ou demain, et surtout avoir les
renseignements concernant les contingentements que vous m'avez promis, je
pense, pour demain.
M. Bienvenue: Lundi.
Interventions dans les milieux
défavorisés
M. Léger: Pour lundi. Concernant les programmes 5 et 6,
élément 1, le dossier Interventions dans les milieux
défavorisés est un des dossiers prioritaires du ministère
de l'Education. En avril 1975, ce ministère avait rendu public son
rapport Education et développement, une sorte de livre blanc qui
est devenu gris, parce qu'on l'a feuilleté sur le sujet, qui
devait d'abord passer le test de la consultation des groupes concernés,
selon la formule consacrée du ministère, avant qu'il ne puisse
servir de base à des applications concrètes dans les zones
défavorisées.
M. le Président, le ministre peut-il nous dire si la consultation
est terminée et où on en est rendu avec ce rapport?
De toute façon, si c'est terminé, est-ce que le ministre
peut nous donner les grandes lignes des résultats de cette vaste
consultation du milieu? Je m'excuse. Notre ordre n'est parfois pas tout
à fait celui du ministre, mais comme je le disais tantôt, on a des
questions à poser provenant de problèmes précis, de
façon a être capable de comprendre les solutions à
même les problèmes vécus dans les différents
milieux.
NI. Bienvenue: La consultation n'est pas terminée. Elle
devrait être terminée au cours de l'été. Les
principaux groupes qu'il reste à consulter sont des groupes de
mouvements populaires en particulier, ainsi que, je pense, une autre
série de discussions avec les organismes scolaires, la
Fédération des commissions scolaires et la QAPSB, qui ont des
éléments supplémentaires à apporter sur les
écoles de certains quartiers, que le QAPSB ou le PSBCM appelle l"''inner
city", les écoles des quartiers urbains moins développés.
La consultation devrait se terminer après trois ou quatre autres
séances au cours de l'été, de sorte que l'attention du
ministère est de reconsolider l'ensemble des documents suite à
cette consultation et de l'utiliser dans la prochaine revue de programmes pour
les crédits 1977/78.
Le responsable de ce dossier est M. Roland Arpin, sous-ministre adjoint,
qui est hors de la ville aujourd'hui et demain, malheureusement. Il pourrait en
parler d'abondance. A toutes fins pratiques, pour répéter,
l'ensemble de la démarche de la consultation s'achève
maintenant.
M. Léger: Etant donné que, selon
l'échéancier prévu l'année dernière, cette
consultation devait se terminer autour du 31 octobre 1975, est-ce que le
ministre peut nous dire quel a été l'accueil du milieu au projet
ou au document? Est-ce que des actions concrètes ont été
reconnues par le ministère jusqu'à maintenant ou si vous attendez
la fin complète de cette consultation?
NI. Bienvenue: On attend la fin de la consultation et de la
reconsolidation du document pour dégager des crédits pour
utiliser ce mot et aussi pour établir un calendrier
d'intervention sur quelques années. Entre-temps, les mesures actuel-
les sont maintenues, c'est-à-dire en particulier celles qui se
font par le Conseil scolaire de l'île de Montréal et de la CECM
spécialement, et en partie moindre, par le PSBGM. Je pense qu'un budget
annuel de l'ordre de $3 millions est impliqué là-dedans.
M. Léger: Ce n'est pas $2 millions?
M. Bienvenue: $2 millions? Alors, c'est, à toutes fins
pratiques, un rythme de croisière ou un statu quo du point de vue
budgétaire à ce moment-ci pour le prochain exercice.
M. Léger: Mais l'an dernier, le ministre avait
annoncé que la somme de $2 millions dont on vient de parler, serait
réservée pour faire démarrer le projet. Est-ce que le
ministre peut nous dire à quoi a servi ce montant et quelle serait
l'influence de la programmation triennale prévue des mesures de
restrictions budgétaires annoncées par le ministre
dernièrement? Est-ce que c'est le statu quo complètement
ou...
M. Bienvenue: Pour l'année en cours, oui. Autrement
dit...
M. Léger: Les $2 millions vont être ajoutés
pour faire $4 millions l'année prochaine ou...
M. Bienvenue: II faudrait que je puisse refiler la question
à d'autres qui ne sont pas assis autour de notre table, mais c'est une
hypothèse, n'est-ce pas?
M. Léger: M. le Président, actuellement qu'a-t-on
fait des $2 millions? Ils n'ont pas été dépensés du
tout?
M. Bienvenue: Oui, ils continuent d'être
dépensés pour les mesures actuelles qui sont administrées
par le conseil scolaire et les deux commissions scolaires de Montréal
dont j'ai parlé. C'est une subvention supplémentaire.
M. Léger: Une subvention qui a été
donnée aux deux commissions scolaires?
M. Bienvenue: Oui, c'est le régime des années
antérieures qui est continué. Autrement dit, il y a un an de
décalage dans la mise en marche d'un programme qui est en
définitive complet.
M. Bonnier: M. le Président, si le député de
Lafontaine me permet, dans ce programme, est-ce que, selon votre esprit, il
s'agit actuellement d'un programme de recherche, de façon à mieux
identifier les besoins spécifiques de ces milieux?
M. Bienvenue: Oui.
M. Bonnier: Sans doute que ces $2 millions sont surtout
utilisés dans ce sens pour essayer d'obvier à certains
problèmes. Mais, est-ce que, à la suite du rapport, dans votre
esprit, vous devriez étendre ce programme aux différentes
régions de la province, puisque les milieux défavorisés
existent ailleurs?
M. Bienvenue: C'est le lot exclusif de Montréal.
M. Bonnier: Malheureusement.
M. Bienvenue: Exactement. Une des opérations qui se
complète et qui fait partie des dernières démarches
à faire pour mettre au point un programme, c'est celle de la fabrication
ou de la mise à jour de ce qu'on appelle la carte de la pauvreté,
si on veut, au Québec, et qui s'inspire non seulement de documents assez
abondants publiés par le gouvernement fédéral à
diverses sources dont Statistique Canada et le conseil économique, mais
aussi par des agences sociales ou des organismes publics ou semi-publics qui
oeuvrent dans plusieurs endroits de la province et qui ont des statistiques sur
l'identification.
L'essentiel de cette opération de la carte de la pauvreté,
c'est d'identifier des zones de concentration, si on veut, de personnes
à faible revenu ou qui ont un certain nombre de caractéristiques,
à taux de scolarisation général bas, à revenu bas
ou qui ont des habitations anciennes ou des logements difficiles. Cette carte
de la pauvreté, justement, couvre plus, non pas uniquement la
région de Montréal, mais l'ensemble de la province.
L'idée d'une politique d'intervention éducative en milieux
défavorisés vise, dans sa conception, l'ensemble des
régions du Québec.
M. Léger: Le ministre, quand même, tantôt, n'a
pas donné suite à la question que je lui avais posée.
Etant donné que c'est un dossier prioritaire du ministère de
l'année dernière, on m'a dit que c'est le statu quo au niveau du
projet comme tel. mais il y a quand même cette somme de $2 millions. Le
ministre, par la voix de son sous-ministre, me répondait qu'il y a eu
certaines subventions aux conseils scolaires. Comment a-t-il réparti ces
$2 millions? Où est-ce que c'est allé?
Dans mon comté, dont la section de Rivière-des-Prairies
est une section très défavorisée si on regarde la
carte, on voit que le secteur est très défavorisé
à ce moment, cet argent a servi à quoi? S'il vous manque des
places pour le dépenser, je vais vous le dire, dans la région de
la Rivière-des-Prairies, il y a des endroits précis où on
a besoin d'écoles.
M. Bienvenue: D'une façon précise, j'ai les
chiffres ici, un demi-million de dollars qui sont donnés au Conseil
scolaire de la ville de Montréal et au Conseil scolaire de l'ensemble de
l'île, en particulier dans les territoires de la CECM et du PSBGM, je
pense... C'est $3 millions à $3,5 millions. Donc, la contribution
locale, pour l'appeler comme cela, est considérable par rapport à
l'appoint, si on veut, qui est donné par le ministère de
l'Education. Le $1,2 million qui reste sur les $2 millions est distribué
en province, moins $300 000 qui
représentent le coût des travaux des analyses, des
études et des travaux du comité dont on parlait.
M. Léger: Les $500 000 pour le Conseil scolaire de
l'île, qu'est-ce qu'il fait avec cela? Avez-vous des critères de
base que vous donnez au Conseil scolaire de l'île pour les
dépenser ou si ce sont des programmes particuliers qui ont
été soumis par le Conseil scolaire de l'île?
M. Bienvenue: Le Conseil scolaire lui-même s'est
donné un certain nombre de critères et d'analyses par rapport
à l'ensemble du territoire, parce qu'effectivement il dépense
peut-être $4 millions pour cette fin. Il a déterminé ses
propres critères en vertu desquels il alloue à chacune des
commissions scolaires des sommes d'argent selon les critères qu'il a
déterminés lui-même.
C'est la continuation de son intervention. C'est une somme qui s'ajoute
à celles qui se dépensent déjà.
M. Léger: Mais, en annexe au rapport Education et
développement, se trouve un rapport d'évaluation de la CECM sur
l'opération renouveau, qui précède en quelque sorte le
gouvernement de cinq ans là-dessus. Il est bien spécifié
dans ce rapport que le gouvernement devra clairement avancer sa politique de
base avant de solliciter l'appui du milieu.
Le ministre peut-il nous éclairer sur cette politique de base?
Va-t-il suivre celle retenue par le rapport Education et développement
axé sur le respect des différences ou par rapport à la
thèse plutôt traditionnelle de l'éducation axée sur
la compensation?
Autrement dit, le milieu défavorisé sera-t-il
considéré comme un milieu très défavorisé,
lui donnera-t-on des subventions ou sera-t-il considéré comme un
milieu général qu'on va aider à se développer
lui-même par des ressources et par des appuis autres que financiers?
M. Bienvenue: Dans les modèles d'intervention de ce type
auquel vous faites allusion normalement, on doit les connaître
à la fin de l'été il y aura des modèles
d'intervention qui seront proposés à cet égard et le
ministère devra prendre une décision sur ceux qu'il va
privilégier. Celui que vous mentionnez est un des modèles
possibles. Il faut ajouter que ce modèle, dans le cas de
Montréal, peut jouer. Dans d'autres régions, il faudrait utiliser
d'autres modèles.
M. Léger: Avez-vous établi un
échéancier pour la réalisation de ceci?
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Pouvez-vous le déposer?
M. Bienvenue: On va déposer
l'échéancier.
M. Léger: Dans le rapport d'évaluation, on note
également les besoins énormes en ressour- ces humaines d'une
intervention efficace. Comment faut-il envisager l'avenir face aux restrictions
budgétaires? Autrement dit, par quel mécanisme les commissions
scolaires pourraient-elles se les offrir?
M. Bienvenue: II y aurait évidemment une réponse
simple qui, dans le fond, correspond à ce que tout le monde souhaite
tout haut. C'est une réponse simple qui consisterait à dire que
cette année de restriction budgétaire soit un fait isolé
j'ai eu l'occasion de tenir ces propos devant la
fédération qui ne se répète pas
l'année prochaine. Je le souhaite de toutes mes forces, mais si cette
situation devait se maintenir, il faudrait évidemment repenser un tas de
choses pour répondre de façon précise à la question
du député de Lafontaine. C'est un peu la même situation
dont on a entendu parler et qui prévaut dans le monde des affaires
sociales. Espérons que cette année de vaches maigres sera une
exception? On y fait face cette année.
M. Léger: Mais je ne puis pas quand même rater cette
occasion de souligner au ministre qu'il fait partie de ce même
gouvernement qui a ses décisions politiques. Quand je vois qu'il y a des
problèmes financiers qui bloquent des projets qui ont été
hautement considérés comme prioritaires l'année
dernière, lors de l'étude des crédits, quand on est retenu
par des problèmes financiers, je ne peux faire autrement, comme
député de l'Opposition, de soulever des affirmations faites en
Chambre par le premier ministre. Je fais donc allusion directement au choix
politique du gouvernement dans ses priorités. Quand je vois le premier
ministre affirmer qu'il est content de ne pas réclamer des sommes
supplémentaires du fédéral par des demandes pour pallier
une partie au moins au moment où nous avions demandé de
combler de 50% le déficit olympique d'une participation
fédérale qui aurait permis d'aérer et de permettre
à des ministères comme celui de l'Education d'être mieux
pourvus financièrement, il y aurait peut-être eu moins de
restrictions budgétaires; quand je vois le premier ministre affirmer
qu'il accepte gentiment, béatement que le fédéral ne
contribue pas d'un seul cent à un déficit olympique où il
a sa part de responsabilité, et même avec un voeu de toute la
Chambre, alors que les députés ici présents du parti
ministériel avaient même voté pour qu'il y ait une demande
officielle pour une somme qui avait été, au départ,
demandée par le député de Lafontaine le Parti
québécois de 50% du déficit, demande qui a
été corrigée, amendée par le parti libéral
en une demande de contribution substantielle du gouvernement
fédéral et quand le gouvernement fédéral s'est
retourné en disant: Nous ne donnons pas d'argent, nous allons faire une
Loterie Canada qui va rapporter de l'argent, mais qui ne donne pas directement
de l'argent comme tel, comme il devrait le faire au niveau
fédéral, je ne peux faire autrement que constater qu'il y a des
conséquences comme on en a dans les dossiers de l'Education
actuellement, des manques de sommes d'argent.
Quand il y a manque d'argent pour établir des politiques qui
avaient été jugées prioritaires l'année
dernière et qui ne peuvent pas être remplies cette année,
parce qu'il y a un manque d'argent, je dis que, au niveau des priorités
politiques du gouvernement, je ne peux pas accepter que le premier ministre du
Québec accepte tout simplement une réponse du gouvernement
fédéral qui ne lui donne pas les sommes qui devraient lui
être données. A ce moment, je pense que le ministre ne peut
peut-être pas le dire, mais il doit certainement, dans son for
intérieur, être d'accord avec moi pour dire qu'il aimerait bien
mieux avoir d'autres montants pour réaliser des projets importants de
son ministère qui sont coupés parce que le gouvernement
provincial n'a pas eu le courage de revenir à la charge devant le
fédéral et de demander sa participation. Je pense que tous les
membres qui participent à l'étude des crédits... Quand il
va manquer d'argent, c'est une note que la population doit voir, le
gouvernement est obligé de réduire des décisions et des
politiques dans différents dossiers. Ce sont les Québécois
qui en subissent les conséquences et ces mêmes
Québécois paient la moitié de leur impôt au
fédéral. Ce n'est pas normal qu'on défraie seul, avec
notre moitié d'impôt qu'on paie au provincial, des projets qui
sont aussi importants que cela.
Mais quand on voit le fédéral qui va, après les
Jeux olympiques, venir prendre de l'argent pour le dépenser dans des
investissements à Montréal dans des domaines qui sont de
juridiction provinciale, tout simplement parce qu'il a épargné
des sommes qu'il aurait dû mettre au niveau des Jeux olympiques, je
trouve que c'est absolument inacceptable. Les Québécois doivent
être éclairés sur cette absence de courage du gouvernement
provincial d'exiger que le fédéral fasse sa part
là-dedans, parce qu'on en subit les conséquences dans la plupart
des dossiers non seulement à l'Education, mais dans d'autres, comme le
ministre le disait tantôt, au niveau des Affaires sociales.
Je pense que c'est important que les citoyens du Québec sachent
que le gouvernement du Québec a des responsabilités, qu'il ne
peut pas béatement accepter des refus d'Ottawa pour des sommes qui sont
dues aux Québécois qui sont encore Canadiens, qui sont encore
dans le Canada et qui paient des impôts au fédéral. Je
pense que c'est inacceptable qu'on laisse faire cela, quand on voit
quotidiennement des projets qui ne peuvent pas arriver à terme à
cause d'un manque d'argent.
M. Bonnier: M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: Je ne sais pas si le ministre avait l'intention de
commenter ces propos. Cela fait une couple de reprises que le
député de Lafontaine soulève cette question. Je pense que
le député de Lafontaine parle en même temps des carottes et
des navets. Il mêle passablement des notions qui ne sont pas tout
à fait semblables. Lorsque nous sommes en train d'analyser des
dépenses de fonctionnement, il faut bien se rendre compte, M. le
Président, qu'il y a une façon de financer les dépenses de
fonctionnement et que, pour des dépenses d'investissements, il y a une
autre façon de le faire.
Je pense bien que le député de Lafontaine, lorsqu'il dit
"parce que nous n'avons pas suffisamment de certains revenus de fonctionnement,
ça, c'est à cause des Jeux olympiques qui, par ailleurs, sont des
dépenses d'investissement", je pense, M. le Président, puisqu'il
mentionne le fait qu'il a l'intention de le dire à plusieurs reprises,
que je voudrais tout de suite lui mettre un doute à l'esprit, lui dire
que ses arguments tombent à rien. Malheureusement, M. le
Président, ces arguments ont été utilisés de
différentes façons depuis plusieurs mois, et c'est vraiment
regrettable, parce qu'on laisse croire à des gens qu'à cause de
certaines- dépenses d'investissement qui sont financées par des
prêts à long terme, on pourrait avoir un peu plus d'argent pour
des dépenses courantes. Or, il est évident que les
dépenses courantes sont financées à même les
entrées d'impôt. Ce sont les revenus courants. Ce sont les
impôts qui entrent. Lorsqu'un gouvernement a à faire face à
une baisse de revenu parce qu'une condition économique
générale affecte des entreprises qui, elles, paient moins
d'impôt, évidemment il y a moins d'entrées ou de revenu;
c'est bien sûr que les dépenses de fonctionnement qui sont des
sorties doivent être coupées en conséquence. Cela n'a rien
à faire avec un financement à long terme des investissements des
Jeux olympiques.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Laporte.
M. Déom: Je voudrais simplement continuer dans la
même veine que le député de Bonnier. Je pense que...
M. Bonnier: Le député de Taschereau.
Une Voix: ... un comté dans son nom, mais...
M. Déom: Je m'excuse. Le député de
Taschereau. Je pense, M. le Président, que le député de
Lafontaine me fait penser à la journaliste qui avait questionné
le premier ministre à l'émission Format 60 ou je ne sais pas
laquelle...
Ce qu'il veut dire et je vais essayer de peser mes mots
c'est de la malhonnêteté intellectuelle que d'essayer de faire
croire à la population qu'on mêle des investissements à des
dépenses courantes. Je n'ajouterai pas plus que cela, parce que le
député de Taschereau a déjà parlé longuement
là-dessus, mais pour autant que je suis concerné, si le Parti
québécois continue à vouloir faire croire à la
population, sous prétexte que la population n'est pas parfaitement au
courant des mécanismes fiscaux et des mécanismes de finances
publiques, qu'on réduit les dépenses courantes parce qu'on
est obligé de financer les investissements olympiques, je pense
que c'est de la malhonnêteté intellectuelle et, à la
longue, le Parti québécois en portera les conséquences.
Pour ma part, c'est un argument auquel, chaque fois que le député
de Lafontaine va le soulever, je vais m'opposer, parce qu'on essaie de faire
croire à la population, comme l'a dit le député de
Taschereau, qu'on veut mêler des carottes avec des choux et des
betteraves avec des oranges. Il y a quand même des limites à duper
la population sur le plan des finances publiques.
M. Léger: M. le Président, je pense qu'il faut
quand même...
Le Président (M. Gratton): J'ai donné la parole
à l'honorable ministre.
M. Bienvenue: Si on me permettait un mot très court, je
voudrais quand même rappeler que le budget du Québec,
malgré tout cela, a atteint presque, à quelques millions
près, les $10 milliards cette année pour le prochain budget. Il
consacre, à toutes fins pratiques, près du tiers, soit 29,5%, de
son budget pour la prochaine année financière à
l'Education et l'Education elle-même comporte une augmentation de 20%,
comme je l'indiquais ce matin, de son budget total. Si on réalise que le
budget total est de près de $3 milliards, $2939 millions, je pense que
cela commence à être une somme considérable. Je sais
à l'avance qu'on dira qu'il y a la question des salaires, mais je me
demande où on avancerait en éducation sans ce nerf vital qui
s'appelle le corps professoral ou les enseignants ou le personnel de soutien ou
les professionnels non enseignants dont on a justement rappelé ce matin
une certaine insatisfaction que je ne condamne pas face au régime des
décrets auquel il a été soumis.
Comme dernière remarque, je reprends les propos de mes
collègues de Taschereau et de Laporte, qui illustraient la
différence qu'ils font entre les budgets de fonctionnement et ceux
d'investissement. Je pense qu'un exemple peut-être encore plus criant que
celui des Jeux olympiques est celui de ce développement gigantesque de
la baie James dont on a eu des nouvelles toutes récentes, toutes
fraîches, quasi inattendues et fort encourageantes.
M. Léger: M. le Président, il faut quand même
admettre que le gouvernement du Québec doit financer à peu
près $1 milliard et que ce fardeau est de plus en plus lourd pour notre
province. Quand j'entends des hommes d'affaires, des gens qui ont
été dans les affaires, affirmer que c'est parce que c'est un
budget de fonctionnement, ce n'est pas comme l'immobilisation, une chose est
certaine, c'est que la province a des limites à son pouvoir d'emprunt et
à son pouvoir de dépenser. Et quand le fardeau est trop lourd, il
y a deux choses à faire, ou bien on augmente les impôts, ou on
coupe des projets. Actuellement, M. le Président, le fardeau est trop
lourd pour la province notamment parce qu'on a laissé augmenter sans
trop les surveiller les dépenses olympiques. On a un fardeau tellement
lourd qu'on est obligé de faire les deux. On a dû augmenter les
impôts, malgré que le gouvernement ne voulait pas avant les
élections faire une augmentation d'impôts; il évitait cela,
mais on a augmenté quand même les impôts et, en même
temps, on a coupé des budgets. Alors, qu'on ne vienne pas dire qu'il n'y
a pas un fardeau trop lourd provenant d'une mauvaise administration et d'une
mauvaise surveillance de l'administration des installations olympiques.
Il y a les conséquences directes qu'on voit dans tous les projets
que le gouvernement a devant lui. On a beau dire qu'on a une augmentation de
budget au niveau de l'éducation, ce n'était pas suffisant,
puisque les projets sont limités et que, partout, on a
décidé de les restreindre. A cause de cela, personne ne
m'empêchera de dire que s'il n'y avait pas eu de déficit olympique
de cette envergure, il n'y aurait pas nécessairement eu de hausse de
taxes, il n'y aurait pas nécessairement eu de coupures dans les projets.
Qu'on ne vienne pas parler uniquement de l'inflation, là, on parlera de
tout le problème constitutionnel, de la partie de responsabilités
qu'il y a dans les deux palliers de gouvernement. Je veux simplement le noter,
et personne ici ne pourra admettre le contraire. Quand le fardeau est trop
lourd, quand une province a trop de responsabilités et que son pouvoir
d'emprunt est quand même limité, on est obligé, soit de
couper les projets, soit d'augmenter les impôts. Actuellement, on a fait
les deux.
M. le Président, ce sont quand même les conséquences
de la situation dans laquelle le Québec vit, et à cause de
l'administration du gouvernement actuel.
M. Bienvenue: Au moment où le député de
Lafontaine parle d'impôt, il est moins touché que nous; celui qui
vous parle fume comme une cheminée. Je paie les Olympiques chaque fois
que j'allume ma pipe.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, je trouve
l'échange très intéressant, mais est-ce qu'on pourrait
revenir aux crédits du ministère de l'Education?
M. Léger: M. le Président...
M. Déom: Non, je suggérerais au
député de Lafontaine qu'il passe une soirée avec
François-Albert Angers pour...
M. Léger: Pour parler des Olympiques?
M. Déom: Non, mais pour qu'il explique la situation
économique actuelle et la période de récession dans
laquelle on vit, et le retard dans la reprise économique, malgré
les prévisions du Council of Economic Advisers des Etats-Unis.
Peut-être que le député de Lafontaine comprendrait pourquoi
il y a des limites au pouvoir de dépenser.
Le Président (M. Gratton): Ne faites pas une motion pour
faire comparaître M. Angers.
M. Déom: Non, je ne fais que lui suggérer de passer
une veillée avec M. Angers.
M. Léger: Est-ce que je peux suggérer au
député de Laporte de passer un bon mois avec ses électeurs
et expliquer pourquoi la situation financière du Québec est au
niveau que nous connaissons actuellement? Ce serait peut-être une bonne
chose d'expliquer aux citoyens pourquoi on est obligé de couper dans des
projets importants...
M. Déom: C'est déjà fait, M. le
député.
M. Léger: Ah bon! C'est pour cela qu'on ne vous perdra pas
avec d'autres élections.
Le Président (M. Gratton): Groupe 2, programmes 5, 6,
7...
M. Déom: C'est la meilleure.
Le Président (M. Gratton): Adopté?
Aide aux milieux défavorisés
M. Léger: M. le Président, nous sommes rendus au
problème des milieux défavorisés. Est-ce que le ministre
peut nous dire où en est l'élaboration d'une politique globale
d'aide et d'intervention en collaboration avec le ministère des Affaires
sociales et le ministère des Affaires municipales dans les milieux
défavorisés? Est-ce que ces ministères font quelque chose
avec le ministère actuel, étant donné qu'ils ont des
responsabilités dans leur propre domaine pour les mêmes
territoires?
M. Bienvenue: M. le Président, ils sont dans le
comité, dans le groupe de travail dont le rapport est à la veille
d'aboutir. Le ministère des Affaires sociales en fait partie.
M. Léger: Vous allez en avoir un résultat au milieu
de l'été, comme je l'ai entendu tantôt.
M. le Président, dans l'implantation du plan de
développement des langues, le ministre Cloutier avait admis que la
priorité donnée aux ateliers de français, ateliers remplis
de gadgets audio-visuels coûteux, c'était une erreur. Il
s'était engagé à remédier à cette situation
très rapidement. La croissance des ateliers a-t-elle été
stoppée? Quelles sont les sommes maintenant réservées
à cette fin? S'il y a eu des coupures sur les montants prévus,
à quoi cet argent a-t-il servi?
M. Bienvenue: Les montants prévus pour les
équipements dans les ateliers, tels que les cassettes,
magnétophones et autres auxquels vous avez fait allusion, cela a
été suspendu dès le moment où M. Cloutier l'a
annoncé. C'est en train d'être réévalué afin
de voir si la chose devrait reprendre sur une autre base, s'il y a lieu. Cela a
été complètement suspendu.
M. Léger: Où ont été affectées
les sommes prévues pour ces gadgets?
M. Bienvenue: Elles sont affectées aux autres articles,
tels que le perfectionnement des maîtres et les autres
éléments du programme.
M. Léger: Combien a été affecté
à ces programmes?
M. Bienvenue: $3 millions.
M. Léger: $3 millions par année.
M. Bienvenue: Sur un budget de $15 millions.
Programmes-cadres de français
M. Léger: D'accord. Cela fait déjà deux ou
trois ans que le ministère révise ses programmes-cadres de
français. Est-ce qu'il y a des résultats tangibles et est-ce
qu'on va préconiser le retour à des instruments plus
traditionnels? Est-ce pu'il y a des résultats tangibles, actuellement,
là-dessus?
M. Bienvenue: Oui, on peut faire le point sur la révision
des programmes de français, langue maternelle, à
l'élémentaire et au secondaire.
Mais, actuellement, il y a de nombreuses ressources qui travaillent avec
le milieu pour faire l'évaluation des différentes méthodes
qui ont été utilisées. Comme approche prioritaire pour
l'année qui vient, c'est la spécification des programmes de
français pour chacun des niveaux d'enseignement au niveau de
l'élémentaire.
Au niveau du secondaire, il y a également des projets, à
l'intérieur des budgets, du plan de développement des langues et,
à l'intérieur des budgets également de la DIGEES, il y a
des évaluations qui ont été faites sur les méthodes
au niveau secondaire et les programmes particuliers qui ont été
développés à partir de cela.
Les professeurs, les conseillers pédagogiques du milieu, des
représentants des commissions scolaires se réunissent constamment
pour réaliser cet objectif dans les plus courts termes.
M. Léger: C'est la création de cette équipe
de recherche. Il s'agira d'expérimenter, de façon pratique, la
valeur intrinsèque de chaque méthode d'enseignement du
français. C'est cela?
M. Bienvenue: Oui, à l'élémentaire, au point
de départ, et au secondaire également.
M. Léger: Je pense que le tout, c'était dans le but
de se servir, par exemple, des exemples concrets fournis par des
élèves à différents niveaux. C'est ce que vous
venez d'expliquer.
Est-ce que le ministre peut me donner en détail les
résultats, pour l'année qui vient de s'écouler, des
travaux de cette équipe? Est-ce que vous avez des détails de
fonctionnement et des résultats pour l'année qui vient de se
terminer?
M. Bienvenue: C'est-à-dire que, pour l'en-
semble du projet de l'évaluation de tout le programme de
français, je ne pense pas qu'on puisse parler de résultats
tangibles, pour l'année qui vient, à l'échelle de la
province. Il y a des milieux pilotes qui, actuellement, font une
priorité d'évaluation des situations et d'amendements, mais, pour
l'année qui vient, ce qu'il y a de tangible, c'est qu'il y a une
priorité pour l'utilisation du personnel occasionnel engagé,
venant des commissions scolaires, pour faire la spécification des
programmes.
C'est que nous partons d'un programme-cadre qui devient
extrêmement exigeant au niveau de chacun des milieux, en termes de
spécification, pour atteindre les objectifs qui existent
déjà. Le travail qui se fait pour l'année qui vient, c'est
en termes de spécification de programmes avec des gens du milieu et en
expérimentant au fur et à mesure.
C'est donc le programme-cadre qui sera spécifié pour
soutenir davantage les instituteurs dans les classes et dans les commissions
scolaires, en vue de pouvoir réaliser les objectifs de chaque
année de l'élémentaire et du secondaire.
M. Léger: Peut-on me donner l'échéancier de
ce projet?
M. Bienvenue: A l'élémentaire, c'est l'année
qui vient, au niveau de la spécification des programmes. Comme
évaluation, il faut parler de plus d'une année, on parle de deux
ans de cette spécification. Mais, déjà, il y a des milieux
scolaires qui vivent cette spécification avec les services du service
d'évaluation du ministère de l'Education.
M. Léger: Quelle région avez-vous dans l'esprit
actuellement?
M. Bienvenue: Je pense plus particulièrement au nord de
Montréal et au sud de Montréal, au niveau secondaire, dans deux
écoles polyvalentes avec un investissement du service de mesures et
d'évaluation du ministère et avec le travail des enseignants qui
sont dans les écoles.
M. Léger: Quelles sont ces écoles?
M. Bienvenue: C'est Vanier et Longueuil I, Jacques-Rousseau.
M. Léger: Quelle est la composition de cette équipe
de recherche et quel budget lui a-t-on accordé?
M. Bienvenue: Au niveau de la composition, c'est vraiment
constitué d'enseignants et de conseillers pédagogiques, des gens
qui sont dans le champ.
M. Léger: Et le budget qui lui est accordé?
M. Bienvenue: Ce sont les mêmes ressources que celles de
l'an dernier qui ont été maintenues à ce programme,
à savoir les gens qui avaient été affectés d'une
façon spécifique, tels que les ADP, les agents de
développement pédagogique, plus un certain nombre de
fonctionnaires; il y a eu un programme de mis sur pied; ce qui, au total, fait
une trentaine de personnes; cela s'est maintenu tel quel. Cela n'a pas
été touché par les restrictions budgétaires. Cela a
été maintenu pour l'année 1976/77.
M. Léger: L'année dernière, le ministre de
l'Education, dans le temps, avait exprimé une certaine insatisfaction
sur la façon que cette équipe fonctionnait. Est-ce que le
ministre actuel est pleinement satisfait de cette équipe?
M. Bienvenue: L'équipe a été
réorganisée, suite aux discussions de l'an dernier et à
l'évaluation que le ministre, à l'époque, avait faite.
Le groupe dit de recherche a été diminué en nombre
je pense que c'est passé de neuf à sept personnes
pour consolider l'équipe qui travaille sur les programmes
eux-mêmes, c'est-à-dire les contenus de programmes. Les deux
postes qui ont été enlevés à l'équipe de la
recherche ont été ajoutés à l'équipe qui
travaille sur la mise au point ou la revue complète des programmes
d'enseignement quant à leurs contenus et quant à leurs
méthodes. Je crois savoir que la direction de l'équipe de
recherche a été changée également au cours de
l'été dernier.
M. Léger: Cette équipe de recherche avait
également pour mission de faire un examen complet des pratiques
réelles qui se font dans les écoles à l'intérieur
des programmes-cadres. Comment, par exemple, chaque professeur, en pratique,
privilégie-t-il le savoir écouter, le savoir parler par rapport
aux autres éléments du programme, le savoir lire et le savoir
écrire? Où en est-il? Est-ce qu'on devrait faire une
enquête au niveau des écoles ou au niveau de chaque
professeur?
M. Bienvenue: Une enquête a été faite.
Maintenant, l'action s'est accélérée par l'objectif de
spécification de programmes, que je mentionnais tantôt. Le
programme-cadre est un document de huit pages et, évidemment, pour que
chaque maître puisse avoir toutes les ressources voulues pour pouvoir
répondre à des objectifs spécifiques, aussi bien au plan
de l'écrit que de l'oral ou des autres éléments,
c'était extrêmement exigeant. C'était
généreux comme attitude, mais c'était extrêmement
exigeant.
L'opération actuelle est une opération de
spécification avec également la préparation d'outils pour
pouvoir permettre aux maîtres de réaliser cela, et, avec le plan
de développement des langues, on ajoute tout le volet de la formation
des maîtres.
Classes d'accueil pour les immigrants
M. Léger: D'accord! A l'intérieur du plan de
développement des langues, il y avait le volet d'accueil aux
immigrants. Quels sont actuellement les résultats quant à
l'intégration des non francophones et non anglophones à
l'intérieur du système d'éducation francophone?
M. Bienvenue: J'ai donné ce matin des chiffres. Dans le
cas des classes d'accueil de la CECM qui, comme on le sait, est la grande
pionnière dans ce domaine... D'ailleurs, c'est à Montréal
et surtout à Montréal que se retrouvent 90% des immigrants ou des
groupes ethniques au Québec. Je rappelle qu'en septembre 1974, 1574
élèves immigrants s'y étaient inscrits. Je n'ai pas les
chiffres, mais c'était déjà une augmentation substantielle
par opposition aux années précédentes. Ce chiffre a
grimpé à 2348 en septembre dernier, et il y en a 3871 en
septembre qui vient.
M. Léger: En septembre 1976.
M. Bienvenue: Septembre 1976, et je pense qu'il n'est pas
exagéré de dire que face aux statistiques, à
l'expérience vécue et actuelle, environ 90% de ces enfants
poursuivent ensuite leurs études dans des écoles francophones.
C'est une amélioration considérable.
M. Léger:... neuf surdix immigrants qui entrent dans les
écoles.
M. Bienvenue: Après...
M. Léger: 90% des élèves qui ont suivi des
classes d'accueil vont dans les écoles françaises.
M. Bienvenue: C'est ça. C'est une nette
amélioration, une amélioration considérable sur une
situation que j'ai connue...
M. Léger: Et quel est le pourcentage...
M. Bienvenue: ...il y a quelques années où
c'était l'inverse.
M. Léger: Parce que ce chiffre me frappe. Quel pourcentage
représentent les 1574 ou les 2348 comparativement au nombre
d'élèves qui arrivent au Québec ou qui sont susceptibles
d'aller à l'école? Quel est le pourcentage d'inscriptions dans
les classes d'accueil? Vous en accueillez combien sur le nombre
d'élèves susceptibles de venir?
M. Bienvenue: Vous voulez dire sur le nombre d'enfants
immigrants?
M. Léger: Les enfants qui arrivent au Québec, sur
100% d'enfants qui sont susceptibles d'aller à l'école en
l'année "X", vous en avez eu, disons, 1574 il y a deux ans, 2348 cette
année. Quel est le pourcentage que ça représente par
rapport au nombre d'élèves qui vont entrer dans le domaine
scolaire?
M. Bienvenue: Les classes d'accueil reçoivent 80% des
élèves qui arrivent, quel que soit leur âge, au moment
où ils arrivent; 20% des élèves susceptibles de s'adresser
au service d'éducation sont restés dans des classes
d'accueil.
M. Léger: L'an dernier, le pourcentage de non-francophones
et de non-anglophones à l'intérieur du système francophone
était passé de 14% à 18%. A quel pourcentage est-on rendu
cette année? De 18% à quoi?
M. Bienvenue: Cela a rapport aux classes d'accueil?
M. Léger: Oui. L'an dernier, le pourcentage de
non-francophones et de non-anglophones, à l'intérieur du
système francophone était passé de 14% à 18%. Les
chiffres ont été donnés en Chambre.
M. Bienvenue: Dans l'ensemble du système scolaire?
M. Léger: Oui. .
M. Bienvenue: C'est-à-dire non seulement Montréal,
mais dans tout le Québec?
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: J'avais peut-être donné ces chiffres
à un autre titre, n'est-ce pas, en Chambre?
M. Léger: De toute façon, vous pouvez
peut-être en prendre note et me donner cette réponse à une
autre séance?
M. Bienvenue: Le pourcentage des non-francophones et
non-anglophones dans le secteur francophone dans tout le Québec.
M. Léger: A l'intérieur du système
francophone.
M. Bienvenue: Le pourcentage qui était de 18% l'an dernier
et de 14%, il y a deux ans.
M. Léger: C'est cela. Vous m'avez donné un chiffre
tantôt. Je laisse la question. Vous allez en prendre note, mais je
reviens à l'affirmation du ministre tantôt que 90% des
élèves immigrants inscrits à l'intérieur des
classes d'accueil allaient à l'école française maintenant.
Quel était le pourcentage l'année dernière?
M. Bienvenue: 78%.
M. Léger: 78%. Cela a augmenté de 12% cette
année. C'est bon. Je dois admettre quand même que c'est bon.
M. Bienvenue: On peut dire maintenant que les 10%...
M. Léger: Je n'oserais pas vous demander
comment il se fait que vous n'avez pas 100%, mais...
M. Bienvenue: C'est pour l'an prochain. Il faut s'en garder pour
l'année suivante. Les 10% ne vont pas nécessairement à
l'école anglaise. Il y a un certain nombre dans ces 10% qui se dirigent,
soit vers d'autres provinces, soit vers les Etats-Unis, soit qu'ils retournent
dans leur pays, ce qui s'établit à peu près à 6%,
de sorte qu'il y en a à peu près 4% qui vont à
l'école anglaise.
Plan de développement des langues
M. Léger: Si on continue à additionner, on va
l'avoir. Mais, à l'intérieur du plan de développement des
langues, c'est-à-dire le volet français, anglais, langue seconde,
le résultat de l'an dernier n'avait été que très
moyen et le ministère n'avait pas réussi à remplir les
quotas tant du côté francophone que du côté
anglophone, alors que 200 enseignants en anglais, langue seconde, auraient pu
être formés. Seulement 200 de ceux-ci étaient prêts
à le faire. Où en sont rendus ces 200 enseignants maintenant?
M. Bienvenue: Cette année, les quotas ont
été remplis...
M. Léger: Donc, les résultats ont été
meilleurs cette année?
M. Bienvenue: Ils ont été nettement meilleurs cette
année et une des raisons par ailleurs, qui l'explique, c'est, comme le
disait le ministre, que nous avons ouvert le programme aux deux
premières années du secondaire aux enseignants du
secondaire.
M. Léger: Quelles sont les projections pour l'avenir?
M. Bienvenue: Le plan de développement des langues en ce
qui concerne les plans de perfectionnement de maîtres, c'est la
dernière année cette année. Quelles seront les
décisions qui seront prises pour l'avenir? Il y a un projet de rapport
qui est en route et des propositions qui seront faites.
M. Léger: Vers quelle date?
M. Bienvenue: Je pense que le rapport devrait être
prêt vers le mois de novembre.
M. Léger: Combien y a-t-il de commissions scolaires qui ne
participent pas au plan de développement des langues, volet langue
seconde?
M. Bienvenue: Je vais vous donner le chiffre auquel je ne
voudrais pas que vous attachiez une importance absolue...
M. Léger: Un chiffre approximatif.
M. Bienvenue: ... mais il devrait peut-être y en avoir de
60 à 70.
M. Léger: Sur combien? M. Bienvenue: Sur 254.
M. Léger: En termes de population, à quoi cela
équivaut-il?
M. Bienvenue: Pardon?
M. Léger: En termes de population scolaire, à quoi
cela équivaut-il?
M. Bienvenue: Selon les commissions scolaires par rapport aux
autres? C'est difficile à dire. Tout ce que je peux vous dire, c'est que
les plus importantes y participent, telles que la CECM, le PSBGM, le CECQ,
Chambly, enfin les grosses commissions scolaires.
M. Léger: Le Royer?
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Est-ce que la CECM n'avait pas
refusé?
M. Bienvenue: Sur les langues-secondes, non. Ce n'est pas la CECM
elle-même que l'Alliance des professeurs sur le plan de perfectionnement
des maîtres de français.
Langue maternelle.
M. Léger: Est-ce que l'année dernière ce
n'est pas la CECM qui avait refusé?
M. Bienvenue: Non, pas du tout. Pour les langues secondes?
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: Ah! non. Elle a toujours participé. C'est
même la commission scolaire qui a le plus gros contingentement.
M. Léger: Mais, combien de commissions scolaires se sont
prévalues de la possibilité d'enseigner l'anglais, langue
seconde, avant la quatrième année?
M. Bienvenue: Très peu. On a des chiffres. Je ne sais pas
si M... se rappelle des chiffres. On a déjà fait venir des
chiffres, il y a un an, je pense. Je connais certains cas que je pourrais vous
nommer, des commissions scolaires, mais je ne peux vous donner le nombre. On
peut vous le procurer, on peut vous le donner lundi ou mardi. Il faudrait le
demander encore.
M. Léger: L'année dernière, est-ce que la
Commission des écoles catholiques de Montréal n'avait pas
refusé d'enseigner l'anglais avant la quatrième année?
M. Bienvenue: C'est-à-dire que ce qu'il y a eu c'est,
comme vous le savez, que le plan des langues permettait aux commissions
scolaires, dont
les parents le demandaient, s'il y avait un groupe de six ans, de 27
pour former une classe, le plan des langues permettait et finançait
l'enseignement de la langue seconde. Il y a eu effectivement une
première résolution de la CECM voulant l'introduire en
quatrième année. Deux semaines après, à la suite
d'un rapport fait par les pédagogues de la CECM sur certaines
difficultés qu'ils rencontreraient dans la mise en marche de ce
programme, la CECM a rescindé sa décision...
M. Léger: C'est cela. L'année dernière, je
pense qu'il y avait 42 commissions scolaires pour à peu près 4234
élèves de première et deuxième année et 25
000 en troisième et quatrième année. Cette année,
quels sont vos chiffres, les noms des commissions scolaires qui se sont
prévalues de la possibilité d'enseigner l'anglais langue seconde
avant la quatrième année?
M. Bienvenue: Ce sont les chiffres que nous allons demander et
que nous vous obtiendrons lundi.
M. Léger: Parfait. Combien y a-t-il de conseillers
pédagogiques à l'oeuvre dans le cadre du plan de
développement des langues, secteur langue principale et français,
anglais langue seconde?
M. Bienvenue: Les mémoires... Est-ce que vous parlez de
conseillers pédagogiques?
M. Léger: De conseillers pédagogiques à
l'oeuvre dans le cadre du plan de développement des langues, secteur
langue principale, français et anglais et langue seconde.
M. Bienvenue: Vous parlez de la commission scolaire aussi, non
pas au ministère?
M. Léger: Oui, c'est cela.
M. Bienvenue: Au ministère ou dans les commissions
scolaires?
M. Léger: L'an dernier, le ministre nous avait
donné comme chiffres qu'au secteur français langue maternelle,
c'était 120 à l'élémentaire et à peu
près 60 au secondaire. Et au secteur de langue seconde, c'était
150 conseillers, chiffre qui est censé monter à 190.
M. Bienvenue: On va vérifier. Tout ce que je peux vous
dire c'est qu'à ma connaissance, cela n'a certainement pas
diminué parce que c'est sur la base des crédits qui sont
alloués annuellement aux commissions scolaires et qui se poursuivent
encore pour deux ans, donc cela n'a sûrement pas diminué, mais on
vous donnera les chiffres.
M. Léger: Vous pourrez nous les donner plus tard?
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: On veut savoir si cela a augmenté ou
diminué.
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Est-ce qu'on peut avoir aussi les mêmes
chiffres comparatifs concernant l'aide au développement
pédagogique, les deux volets qu'on mentionnait tantôt?
L'année dernière, j'avais parlé au ministre de la
National Foundation Education Research, la NFER, qui avait fait une
étude sur les conséquences, si je me rappelle bien, de groupes
d'élèves qui apprenaient une langue seconde, deux groupes
différents.
Il y a eu des rédultats qui n'avaient pas été
tellement probants et le ministre avait promis qu'il y aurait une enquête
concernant le National Foundation Education Research, sur l'étude au
sein du ministère de l'Education. Est-ce que vous avez eu des
résultats de cette étude-là? Est-ce que le comité a
remis un rapport là-dessus?
M. Bienvenue: Le député de Lafontaine ne peut pas
savoir comme je suis heureux quand je m'aperçois qu'autour de moi, on ne
sait pas la réponse non plus. Je me sens moins seul.
M. Léger: Si on résume je pense que la
plupart des fonctionnaires étaient quand même présents
l'année dernière j'avais fait ressortir le fait suivant.
En Angleterre, on avait fait faire une étude par la National Foundation
on Education Research, qui avait amené comme conclusion que des enfants
qui commençaient trop jeunes à apprendre une langue n'obtenaient
pas un meilleur résultat à la fin et, en même temps, il y
avait eu d'autres études qui avaient prouvé que ça pouvait
affecter même le rendement de l'enfant qui commence trop jeune à
apprendre une langue seconde. Là-dessus, le ministre avait dit qu'il
ferait faire une enquête, et j'ai la vague impression qu'avant de partir
elle n'a pas débuté, cette enquête.
M. Bienvenue: Le ministère a procédé
à une analyse du rapport de la commission britannique en question, et ce
rapport est écrit. On pourrait en faire état. C'est une analyse
du rapport britannique.
M. Léger: Faite par le ministère de
l'Education?
M. Bienvenue: Faite par nous.
M. Léger: Est-ce qu'on pourrait déposer ce rapport
à une prochaine séance?
M. Bienvenue: Je lis en m'amusant. On pourrait en faire parvenir
une copie au chef du parti du député de Lafontaine qui disait
récemment: Interrogé sur sa conception de la langue seconde, M.
Lévesque insiste sur la nécessité qu'il y aurait à
améliorer l'enseignement de l'anglais dans les
écoles françaises sans vouloir se mêler "des
histoires des pédagogues et déterminer s'il faut que ça
commence en première ou en sixième année". Alors, on
déposera une copie additionnelle.
M. Léger: J'ai ce document. Mais cela n'empêche pas
des conséquences importantes pour un ministère, de commencer
l'étude d'une langue seconde pour un enfant entre la quatrième
année et la première année.
M. Bonnier: Quoique le député de Lafontaine
admettra facilement que le ministre avait quand même posé un point
d'interrogation sur la valeur réelle des conclusions de ce rapport.
M. Bonnier: C'est à la suite de ça, je pense, qu'il
avait décidé...
M. Léger: Est-ce que le ministre a pris connaissance de
l'étude conduite dans huit pays par la International Association for
Educational Achievement, sur une période de sept ans, auprès de
30 000 élèves, en ce qui concerne l'enseignement du
français comme langue étrangère? Les pays touchés
étaient le Chili, l'Angleterre, en plus du pays de Galles, les Pays-Bas,
la Nouvelle-Zélande, la Roumanie, l'Ecosse, la Suède et les
Etats-Unis. L'essentiel des conclusions est contenu dans un livre
intitulé "The Teaching of French as a Foreign Language in Eight
Countries", par John D. Carroll.
Il est assez intéressant de constater que cette étude
abonde dans le même sens que l'étude anglaise lorsqu'elle dit que
le fait de commencer très jeune n'est pas vraiment un facteur de
réussite dans l'apprentissage d'une langue étrangère.
Mais, au contraire, ceux qui commencent plus tard ont souvent de meilleurs
résultats que ceux qui commencent tôt.
L'étude démontre que ce qui compte vraiment, c'est
l'apprentissage pendant un nombre minimal d'années et la
compétence des professeurs.
Est-ce que le ministre pourrait me donner des commentaires
là-dessus?
M. Bienvenue: Non. Je réponds, pour ma part, que je n'ai
pas lu l'ouvrage en question. C'est clair, c'est établi.
M. Léger: Est-ce que le ministère pourrait prendre
note de cette étude je pense bien que, de toute façon,
vous devez certainement l'avoir quelque part de façon qu'il y ait
réellement une politique là-dessus qui permette, par la suite,
d'évaluer les meilleures méthodes, sans nuire à la
formation de l'enfant, surtout dans un pays comme le nôtre, où il
y a des problèmes majeurs qui touchent l'apprentissage des langues,
selon le milieu qui nous entoure, et du fait, justement, que la langue de la
minorité est un plus grand danger pour la majorité, ce qui est le
contraire, la plupart du temps, dans n'importe quel autre pays normal.
M. le Président, de toute façon, je pense bien qu'un
jour...
M. Bienvenue: On va avoir ce livre à lire.
M. Léger: Vous aurez ce livre à lire entre
autres.
M. Bienvenue: Si le député de Lafontaine a la
gentillesse de me le prêter.
M. Léger: Oui, je peux bien faire cela. M. Bienvenue:
Merci!
M. Léger: Le ministre peut-il nous donner les chiffres
concernant les programmes du gouvernement fédéral au sujet de
l'enseignement des langues? Le Secrétariat d'Etat aurait
déboursé, dans le cadre d'un accord relatif aux cours de langues
et de civisme à l'intention des immigrants, plus de $1 million.
La direction des programmes de langue aurait, elle,
dépensé, près de $82 millions pour son programme
d'expansion au bilinguisme par la subvention de l'enseignement de la langue
minoritaire ou langue seconde. Quelle autorité fédérale
possède-t-il au niveau des contenus pédagogiques?
M. Bienvenue: Quelle autorité aux contenus
pédagogiques?
M. Léger: C'est cela. Il y a une grosse somme d'argent qui
est dépensée, près de $82 millions pour son programme
d'expansion de bilinguisme, par sa subvention de l'enseignement de la langue
minoritaire ou langue seconde. Quelle autorité le fédéral
possède-t-il au niveau des contenus pédagogiques? Qu'est-ce
qui...
M. Bienvenue: Une réponse brève, aucune.
M. Léger: Dans les faits, comment se comporte-t-il?
M. Bienvenue: Tout de suite, sans entrer dans les détails,
je fais toute la différence au monde entre mettre des sommes à
notre disposition, entre fournir de l'argent et avoir juridiction sur un
contenu. Ce sont deux choses. Ce n'est pas le premier programme où le
fédéral investit des montants, subventions, tout en reconnaissant
qu'il n'a absolument aucune juridiction sur le sujet donné.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous assurer que le
gouvernement fédéral ne donne aucune obligation, aucun
critère ou aucune directive dans l'obtention de ces sommes directement
reliées au ministère et dépensés
complètement sans aucune attache?
M. Bienvenue: Aucune que je ne connaisse, sauf si les autres
parties de moi-même devaient me contredire. Je réponds: Aucune,
à ma connaissance.
Ces sommes sont remises non pas au ministère, mais au
gouvernement du Québec, et sont calculées selon un certain nombre
de critères. Il y
a six volets, six catégories de contributions
fédérales, si ma mémoire est bonne, je pourrais en citer
quelques-unes: II y a l'apprentissage, enfin l'enseignement des langues
secondes, l'enseignement dans la langue de la minorité, dans le cas du
Québec, l'enseignement en anglais pour les anglophones, les projets
spéciaux, qui sont à frais partages, 50-50...
M. Léger: Lorsque vous dites l'enseignement de l'anglais
pour les anglophones du Québec, ce n'est pas pour la langue seconde?
M. Bienvenue: Les deux. Pour la langue seconde française
aux anglophones, et il y a la langue anglaise seconde pour les francophones. Il
y a un autre volet pour l'enseignement dans la langue de la minorité,
c'est un troisième élément. Dans notre cas, c'est la
langue anglaise, il y a un réseau anglophone régulier.
M. Léger: Le réseau anglophone reçoit de
l'argent à même un budget de langue seconde pour enseigner leur
langue première à eux.
M. Bienvenue: Non, dans les programmes fédéraux de
bilinguisme, il y a deux thèmes principaux, l'enseignement des langues
secondes, d'une part, et d'autre part, l'enseignement dans la langue de la
minorité. Dans les autres provinces que le Québec, c'est
l'enseignement dans la langue de la minorité, s'il s'agit de
l'enseignement en français aux francophones des autres provinces. Dans
le cas du Québec, c'est l'enseignement en anglais aux anglophones. Cela
fait partie des programmes fédéraux de bilinguisme. J'en prends
note.
M. Léger: Vous permettez de faire ce travail, de donner de
l'argent...
M. Bienvenue: Non.
M. Léger: Vous n'êtes pas...
M. Bienvenue: Le Québec consent à participer
à cela. Il n'est pas obligé de le faire.
M. Léger: Non, mais vous recevez des sommes qui doivent
être affectées à l'enseignement de l'anglais comme langue
de la minorité à des anglophones du Québec.
M. Bienvenue: Non. Contrairement à ce qui se passe dans
les autres provinces où il s'agit de l'enseignement dans la langue de la
minorité, qui est le français, contrairement donc à ce qui
se passe dans les autres provinces, où l'enseignement du français
n'ayant que peu existé dans certains endroits, les sommes
fédérales constituent un incitatif dans le cas du Québec,
étant donné qu'il y a déjà un réseau
anglophone existant. Cela ne constitue que ce qu'on pourrait appeler une
compensation. Il n'y a pas là une contribution directe et
spécifique pour faire quoi que ce soit. Autrement dit, le Québec
était déjà une province où l'enseignement se
donnait dans la langue de la minorité aux groupes minoritaires.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, il est 18 heures.
Puis-je transmettre aux membres de la commission une invitation spéciale
du ministre de l'Education...
M. Bienvenue: Sans jeton de présence.
Le Président (M. Gratton): ... sans jeton de
présence, comme il le dit, être présents, très
exactement à 20 h 15 ce soir pour la reprise des travaux. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 35
M. Pilote (président de la commission de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue l'étude des crédits du ministère
de l'Education.
Le ministre a-t-il quelque chose à ajouter?
M. Bienvenue: Non, sinon pour dire que je n'ai pas mes verres, le
député de Lafontaine non plus, mais j'ai l'impression qu'il est 8
h 15.
Une Voix: II est 8 h 30.
Le Président (M. Pilote): II vous suffit de parler un peu
plus vite et cela va aller.
Projets de construction
M. Léger: M. le Président, toujours dans le
programme 5, et parfois le programme 6, touchant surtout des projets et des
problèmes particuliers, la deuxième grande priorité du
ministère, à l'intérieur de ce programme d'investissement,
c'était la transformation des écoles qui ne correspondent pas aux
exigences pédagogiques. Quelles seront les sommes consacrées
à cet objectif cette année?
J'apporte sans doute des éléments qui proviennent de
déclarations du ministre qui a laissé le portefeuille au ministre
actuel, en passant par deux autres...
M. Bienvenue: En passant par deux autres.
M. Léger: ...mais qui avait fait des promesses
l'année dernière, en disant que c'était après le
parachèvement du réseau des polyvalentes, et avant la
construction d'écoles pour l'enfance inadaptée, il y avait comme
priorité la transformation des écoles qui ne correspondaient pas
aux exigences pédagogiques.
M. Bienvenue: Nous sommes encore dans le parachèvement des
écoles polyvalentes.
M. Léger: Quand allez-vous finir cela, dans votre
échéancier?
M. Bienvenue: II reste encore deux à trois ans.
M. Léger: C'est donc dire que la transformation des
écoles qui ne correspond pas aux exigences pédagogiques ne se
fera pas avant trois ans.
M. Bienvenue: Vous parlez des écoles secondaires
polyvalentes?
M. Léger: Oui, c'est cela.
M. Bienvenue: L'opération 55?
M. Léger: Non, ne nous mêlons pas. Dans le
parachèvement du réseau des polyvalentes, il y avait cela comme
priorité, mais il y avait aussi, dans ce cheminement et dans les
priotités fixées par le ministère l'année
dernière, la question des investissements pour la transformation des
écoles en général, que ce soit à
l'élémentaire ou aux polyvalentes, qui ne correspondent pas aux
exigences pédagogiques.
M. Bienvenue: Celles qui ne remplissent plus la vocation pour
laquelle elles avaient été construites.
M. Léger: C'est cela, ou comme le cas de l'école
Sainte-Marthe, dont je vais parler tantôt, qui a été
construite avec des sections de maisons préfabriquées,
temporaires qui, aujourd'hui, sont absolument non pédagogiques et qui
ont besoin de transformation. Celle-là est dans mon comté, en
passant.
Quelles sont les sommes consacrées à cet objectif, si
c'est fait d'une façon concurrente avec le parachèvement du
réseau de polyvalentes?
M. Bienvenue: Comme je l'ai indiqué, il y aura
parachèvement au cours des deux prochaines années et
également transformation de certaines écoles secondaires,
à titre d'exemple, pour les rendre polyvalentes, tout cela, au cours des
deux prochaines années.
M. Léger: Dans la priorité du ministère,
l'année dernière, il y avait ces trois groupes en même
temps. Voulez-vous dire par là qu'il faut qu'un de ces trois
éléments soit terminé avant que l'autre commence, ou si
les trois vont se faire en même temps? Par exemple, la construction
d'écoles pour l'enfance inadaptée qui était dans les
mêmes priorités que les deux autres. Est-ce que cela se continue
d'une façon concurrentielle, ou à la suite l'une de l'autre?
M. Bienvenue: Dans le cas de la construction d'écoles pour
l'enfance inadaptée, c'est retardé. Dans le cas des deux autres
types d'écoles, c'est concurrentiel, pour répondre à la
question du député de Lafontaine.
M. Léger: Alors, quelles sont les sommes qui vont
être consacrées aux écoles qui ne répondent pas aux
exigences pédagogiques?
M. Bienvenue: La somme prévue pour 1976/77 est de l'ordre
de $204 millions, mais on pourrait accuser certains retards sur l'année
fiscale suivante. Il y a, à l'intérieur de cela, les
transformations...
M. Léger: Les $204 millions, c'est pour les écoles
qui ne sont pas sujettes aux exigences pédagogiques?
M. Bienvenue: C'est l'ensemble.
M. Léger: C'est l'ensemble des trois programmes.
M. Bienvenue: L'ensemble des immobilisations des commissions
scolaires en 1976/77.
M. Léger: Incluant le secondaire et
l'élémentaire?
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Pour l'année 1976/77?
M. Bienvenue: Oui. Mais avec, comme je viens de le dire,
possibilité de retard ou de diminution s'échelonnant sur
l'année fiscale suivante.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire, dans son
projet, quelles sont les écoles qui vont être touchées par
cela?
M. Bienvenue: II va falloir tourner la page. Les $204
millions.
Est-ce qu'il y a un coin du Québec qui intéresse en
particulier le député de Lafontaine?
M. Léger: Si, par hasard, vous frôlez le
comté de Lafontaine, je n'ai pas d'objection à avoir des
renseignements.
M. Bienvenue: C'est dans l'est, n'est-ce pas? M. Léger:
Oui, dans l'est.
M. Bienvenue: L'ouest du Québec, mais l'est de
Montréal.
M. Léger: C'est cela. De toute façon, si c'est une
liste trop exhaustive, vous pouvez la déposer demain.
M. Bienvenue: C'est que, dans les $204 millions, qui est un
chiffre projeté en début d'exercice, ce qui, par
conséquent, peut ne pas être en entier dépensé
pendant l'exercice parce qu'il s'agit d'une somme estimée de
déboursés, selon les chantiers, on procède plus ou moins
vite, les paiements s'effectuent... De toute façon, c'est de l'ordre de
$200 millions, au moins. Le chiffre avec lequel nous travaillons est de $204
millions. Cela se ventile en un certain nombre de grandes catégories qui
sont assez simples, ce qui s'appelle l'enveloppe engagée qui est de $130
millions endate du 1er juin. Autres provisions; il s'agit de divers
travaux de transformation en général mineurs et d'une enveloppe
non engagée de l'ordre de $2 millions seulement et ce qu'on appelle une
variation de $18 millions qui fait partie, justement, du flottement, selon
qu'un projet débute plus tôt ou plus tard.
Alors, je pense que la question vise en définitive ce qu'il y a
dans l'enveloppe engagée, c'est-à-dire qui sera sûrement
dépensé dans l'année 1976/77, ce qui touche des projets
qui sont en cours de construction, à diverses phases de la construction.
C'est pour cela que la liste peut être assez longue, au sens où,
en tournant les pages, on peut voir: Ecoles polyvalentes, construction et
agrandissement, en 1976/77, Hauterive, Côte-Nord, par exemple, c'est la
première sur la liste, pour une dépense de $5,75 millions, tandis
que la dépense de l'année antérieure était de $6
millions et c'est un projet qui se termine cette année. Alors, il y a
une liste d'une vingtaine d'écoles polyvalentes en construction.
Ensuite, il y a une série de réaménagements et de
transformations et c'est ici, par exemple, qu'on peut voir des écoles
qui sont transformées pour des fins d'enseignement secondaire ou
élémentaire pour répondre aux normes pédagogiques,
exemple Cap-Chap, des Mont, cette série-là.
On vient de réveiller un des membres de la commission, M. le
Président.
M. Côté: Non, c'est lui qu'on a
réveillé.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que vous pouvez me
réveiller aussi?
M. Bienvenue: Je ne vous ai pas demandé... Vous voulez
qu'on aille dans la région du Lac-Saint-Jean?
Dans l'enveloppe engagée, enfance inadaptée, il y en a une
qui se complète, c'est Jérôme-Leroyer à
Saint-Léonard.
M. Léger: Est-ce que vous pouvez nous donner le programme
à Jérôme-Leroyer, en enfance inadaptée.
M. Bienvenue: Ce sont des chantiers en marche, alors...
M. Léger: Vous devez en avoir une à
Pointe-aux-Trembles...
M. Bienvenue: Henri-Bourassa, il y en a une série, il y a
quatre pages ici. Ensuite il y a dans, ce chantier... C'est la première
catégorie, donc, les projets en construction. La deuxième
catégorie, ce sont des projets qui sont en phase de soumissions et qui,
à une date qu'on pourrait donner pour chacun...
Une Voix: Nommez-les.
M. Bienvenue: ... il y aurait vraisemblablement un
déboursé dans l'année 1976/77 comme il y en a une
vingtaine encore. Est-ce que vous cherchez des noms en particulier?
M. Léger: Celle que je nommais tantôt, à
Pointe-aux-Trembles, je ne sais pas à quel stade vous vous trouvez pour
avoir une école pour enfance inadaptée. Est-ce qu'elle est...
à quel stade est-elle?
M. Bienvenue: Le Gardeur, c'est dans...
M. Léger: Non, c'est dans Pointe-aux-Trembles, à
Jérôme-Leroyer.
M. Bienvenue: A Jérôme-Leroyer. Celle qu'il y a,
c'est...
M. Léger: Saint-Léonard.
M. Bienvenue: C'est celle de Saint-Léonard.
M. Léger: II n'y en a pas pour Pointe-aux-Trembles.
Quant aux écoles que vous mentionnez, quelle est la somme,
à l'intérieur des $130 millions, qui touche les écoles qui
ne sont pas selon les exigences pédagogiques et est-ce qu'il y en a
aussi à l'élémentaire et au secondaire?
M. Bienvenue: Oui, il y en a à l'élémentaire
et au secondaire. Maintenant, il faudrait revoir toute la liste pour
l'indiquer.
M. Léger: La somme de $130 millions correspond à
quel montant?
M. Bienvenue: Quel montant...
M. Léger: Ne donnez pas la division, mais ça
correspond à quel montant?
M. Bienvenue: Le total n'est pas fait en fonction de cette...
Le total est fait en fonction de projets en construction, projets en
soumissions, projets en phase 3 qui sont les plans et devis, projets à
la phase 2 qui sont les devis préliminaires, projets en phase 1 et
projets aux devis techniques.
Il faut prendre chaque liste, identifier dans ces listes les cas de
transformation d'écoles existantes pour les rendre adéquates. Il
y en a un peu partout, CECM, garage-école c'est un cas.
M. Léger: Autrement dit, il n'y a pas de budget
séparé, les trois sont sur le même budget?
M. Bienvenue: Exact.
M. Léger: II y a des étapes différentes pour
un total de $204 millions pour une année?
M. Bienvenue: Exactement.
M. Léger: Quand le ministre pense-t-il réaliser
complètement cet abjectif? Les trois plans, ce n'est certainement pas
dans la même année...
M. Bienvenue: Non.
NI. Léger: Vous pensez réaliser votre objectif dans
combien d'années?
M. Bienvenue: Pour les écoles secondaires, en deux ans,
1976/77, 1977/78 et, en étant réaliste, il y a une suite en
1978/79. Maintenant, pour les écoles élémentaires, il y a
deux types de construction et d'aménagement, l'école
élémentaire dans des banlieues en général où
il y a trois sens démographiques, nouvelles constructions.
Celles-là, en général, se font dès que le besoin
est vérifié et contrôlé tandis que dans d'autres
cas, il s'agit de transformation d'écoles existantes. Cela peut
être plus étalé.
Quand même, pour les écoles élémentaires et,
par la suite, la transformation d'écoles pour l'enfance
inadaptée, on se situe davantage dans les années 1977, 1978 et
1979.
M. Léger: D'accord. On parle, à
l'élément 5, de la provision pour les investissements dans les
territoires organisés. Le ministre peut-il nous décrire l'usage
qui a été fait des sommes d'argent affectées à cet
élément?
M. Bienvenue: Dans le Grand-Nord, le nouveau-Québec? Une
somme de $3 millions a été donnée pour une construction
d'école à Povugni-tuk.
M. Léger: Oui. Vous remarquez sans doute que les questions
que nous posons relèvent beaucoup d'affirmations du ministre de
l'année dernière. A ce moment-là, nous revenons avec des
propositions qui avaient été faites l'année
dernière.
M. Bienvenue: Des engagements.
M. Léger: Des engagements, des décisions, où
on en est rendu. C'est pour cela que les engagements, cette année, vont
être suivis l'année prochaine, avec la même
intensité.
M. Bienvenue: J'en prends moins. Vous admettrez que, jusqu'ici,
je n'ai pas pris beaucoup d'engagements.
M. Léger: Nous ne sommes pas encore rendus aux bonnes
questions.
M. Bienvenue: Mais on pourra déposer demain ce que demande
le député de Lafontaine.
Le budget d'investissements directs sur les territoires non
organisés, je pense que c'est de $2,7 millions ou $3 millions. Il
était de $3 millions l'an dernier, ou de $2,7 millions?
L'an dernier, il était à $2,7 millions et, cette
année, il est à $3 millions. On a la liste des dépenses
faites avec les $2,7 millions dans l'exercice terminé ainsi que les
projets des prochaines années. L'année prochaine,
essentiellement, c'est la Basse-Côte-Nord, Makacai, si ma mémoire
est bonne, et Chevry. Il y a, à la baie James et à la baie
d'Hudson, au Poste-de-la-Baleine, la baie aux Feuilles; on aura la liste
complète.
M. Léger: Le ministre m'avait dit, en Chambre, suite
à une question que je lui avais posée en parlant de la baie
James...
M. Bienvenue: J'allais en parler.
M. Léger: Où en est rendue la cogitation du
ministre là-dessus?
M. Bienvenue: Elle est terminée depuis longtemps. En fait,
si j'y avais pensé, j'aurais précisé ma réponse au
député de Lafontaine, j'aurais
répondu, sauf erreur, que, connaissant mon orientation et peu
importe, à nouveau, ce qu'a écrit M. Laplante dans le journal Le
Jour, cela devait aller dans le sens de l'école publique.
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: C'est bien ce que j'avais répondu, en des
mots plus ou moins identiques. Effectivement, je confirme, selon ma
volonté et celle du gouvernement et de mon ministère, qu'il n'est
pas question que ce soit autre chose qu'une école du secteur public qui
sera à la baie James.
M. Léger: D'accord.
M. Bienvenue: Ma réponse est brève, mais elle a
toute sa signification.
M. Léger: D'accord, je n'en espérais pas moins du
ministre.
M. Bienvenue: Je ne dis pas qu'on ne fera pas, avec le concours
de tous les intéressés, notre possible pour donner la meilleure
qualité qui soit. Ce ne serait pas mauvais que cela serve
d'expérience pilote pour d'autres coins du secteur public, lorsqu'on
réalise les conditions spéciales d'éloignement, de
logement, etc.
Mais cela restera définitivement du secteur public, en tentant
d'améliorer, pour autant que faire se peut, la qualité des
services du personnel, des possibilités de toutes sortes. Cela doit
être et cela doit rester du secteur public, surtout dans un endroit ou
dans un coin du Québec où il n'y a pas place pour les deux
secteurs.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: Si je comprends bien, est-ce qu'on discute
globalement du programme 5, autant les aspects pédagogiques que les
aspects d'investissements?
J'aurais quelques questions à poser, si vous le permettez, qui
touchent certains aspects pédagogiques de la politique sur l'enfance
inadaptée. Il y a quelques années, il y avait des discussions et
il y avait aussi des dissensions au sein de divers groupes selon lesquelles les
élèves de l'enfance inadaptée devaient ou ne devaient pas
être intégrés au cours secondaire, ou dans les mêmes
écoles, dans les mêmes bâtisses que ceux du cours secondaire
régulier ou du cours élémentaire régulier.
J'imagine que cette question a été étudiée
au ministère de l'Education. Il y a peut-être eu une
décision ou une politique prise à cet effet. J'aimerais savoir
s'il y a une politique établie selon laquelle on doit intégrer le
plus possible les enfants inadaptés, ou qui souffrent de troubles
d'apprentissage, aux écoles secondaires régulières ou aux
écoles élémentaires régulières. C'est parce
qu'on parlait de construction d'écoles pour l'enfance inadaptée.
Cela me fait sursauter un peu, parce que j'étais plutôt favorable,
au moment où j'étais directeur de l'enseignement à la
Commission scolaire régionale Henri-Bourassa, à tenter
d'intégrer, le plus possible, les étudiants de l'enfance
inadaptée aux écoles existantes.
M. Bienvenue: Les gestes ou les signes de tête que mes
proches et moi-même avons faits, qui ne sont pas au journal des
Débats, à la suite de la remarque du député de
Laurentides-Labelle, c'est l'orientation, c'est la philosophie actuelle du
ministère. Il en a été question abondamment à
l'occasion de la présente ronde de négociations, c'est de garder,
d'intégrer dans le système régulier, dans le réseau
régulier, ceux que l'on décrit comme faisant partie de l'enfance
inadaptée.
Il est inutile de tenter d'empirer, d'aggraver certains complexes. Je
pense qu'il faut, au contraire nous avons là-dessus absolument le
concours des experts du ministère des Affaires sociales tenter de
les garder dans le réseau régulier, quitte, le cas
échéant, à ajouter le nombre de spécialistes requis
pour faciliter la tâche des enseignants et faciliter leur apprentissage.
Il est impérieux, je pense, de les garder dans le réseau
régulier avec le résultat que, dans bien des cas, certains
inconvénients, certains complexes pourront disparaître et pourront
leur permettre de mener, de vivre des apprentissages normaux avec les autres
élèves, le reste de la clientèle de la même classe,
du même groupe, du même réseau.
M. Lapointe: Je m'excuse de poser des questions qui sont
peut-être des questions de détails. Je ne m'attends pas à
une réponse du ministre à des questions aussi précises.
Est-ce que, à l'élémentaire, le dénombrement
flottant qu'on avait accepté les années passées, existe
encore, ce système qui permet d'appliquer une norme spéciale
à des étudiants qui sont dans des classes
régulières, mais qui ont besoin de certaines périodes
spéciales pour leur permettre de récupérer, dans certaines
disciplines, ou leur permettre de corriger certains troubles d'apprentissage
qu'ils rencontrent? Est-ce que cela existe encore?
M. Bienvenue: Oui avec aménagement.
M. Lapointe: J'ai d'autres questions sur d'autres sujets. Il
existe, depuis trois ou quatre ans, dans tout le Québec, un certain
nombre d'expériences, particulièrement au niveau secondaire, qui
consistent à assouplir le système tel qu'on l'a connu depuis la
mise en place du règlement no 7, concernant l'enseignement polyvalent,
et qu'on a appelé, à un moment donné, l'enseignement
modulaire, qui permet d'avoir des groupes variant en nombre et d'avoir des
périodes variant en termes de nombre de minutes, selon les besoins
pédagogiques.
Le ministère a-t-il un inventaire des expériences qui sont
tentées depuis quatre ans, à ma connaissance? Il y en a du moins
deux dans ma
région. Ce sont les écoles de Greenfield, dans Gatineau et
de l'Annonciation, dans le comté de Laurentides-Labelle.
Quelles sont les conclusions auxquelles vous êtes arrivé,
en relation avec ces expériences qui permettent d'assouplir davantage le
système et de laisser aussi, une certaine liberté aux
étudiants durant les périodes qu'on appelle non
structurées, qui leur laissent une certaine initiative de participer
à des activités?
M. Bienvenue: Les expériences effectivement ont
été ramassées. Elles continuent à être
ramassées. Elles sont publiées, pour fins d'information, par les
commissions scolaires, mais il n'y a pas de conclusion spécifique de
tirée en termes de définir une orientation bien précise,
si ce n'est celle de laisser libre cours à chaque commission scolaire de
terminer sa propre orientation à cet égard.
M. Bonnier: Est-ce que vous auriez des budgets spéciaux
pour aider les commissions scolaires à développer certaines
expériences?
M. Bienvenue: Pas d'une façon appropriée. M.
Bonnier: Elles le font à même leur propre... M.
Bienvenue: Leur organisation régulière.
M. Lapointe: Est-ce que cela fait partie de projets
d'expérimentation? Je pense qu'il y a certaines commissions scolaires
qui l'ont fait dans le cadre de projets d'expérimentation avec une aide.
Il y a des sommes d'argent qui sont disponibles dans ce cadre, c'est
minime.
M. Bienvenue: Ce n'est pas majeur. C'est à peine... Je
pense que le budget des expérimentations pour l'année qui vient
de se terminer était de $1 million pour les deux ans. C'est très
minime.
Effectivement, il y a actuellement plusieurs expériences
subventionnées, partiellement. D'ailleurs, avec un montant de l'ordre de
$30 000 ou $40 000, au niveau de l'horaire de modulaire statistique et au
niveau de l'individualisation de l'enseignement, à l'intérieur du
million de dollars, pour la recherche. Il y a un autre $500 000 pour l'an
prochain.
M. Lapointe: Est-ce que vous avez l'intention, à un moment
donné, de faire une évaluation la plus précise possible
pour ces expériences et essayer de voir quelle orientation on pourrait
donner aux différentes applications qu'on a faites jusqu'à
maintenant du modèle qui nous a été
présenté, je ne me rappelle pas par quel groupe, il y avait des
volumes...
M. Bienvenue: La mission 7?
M. Lapointe: Je ne me rappelle pas exactement, mais ce serait
assez important, à mon point de vue, qu'il y ait une évaluation
de faite de ces expériences. J'ai pu constater dans ma région
que, dans une école, cela semblait fonctionner assez bien, dans l'autre,
un peu moins bien. Il y a aussi des problèmes de budget, comme on l'a
mentionné. Je pense que le ministère de l'Education devrait y
consacrer des sommes d'argent plus considérables que les normes le
permettent en ce qui concerne le matériel pédagogique. Pour aider
ces commissions scolaires, en particulier, ces écoles, à acheter
l'équipement spécial qui est exigé, et du matériel
pédagogique, parce que c'est un problème actuellement pour
réaliser ces expériences; on manque de matériel et on
manque de budget pour l'achat de matériel pédagogique.
M. Bienvenue: Actuellement, les expériences dans cet ordre
sont également évaluées par le service d'évaluation
de la DIGEES. Il y a même des projets particuliers de ce service
d'évaluation à l'intérieur de ces expériences. Au
point de départ, évidemment, il y a toujours la question du
problème d'encadrement face à un système d'horaires
modulaires flexibles. C'est ce point, particulièrement, qui serait
évalué au cours de l'année qui vient et qui a
déjà fait part d'une forme d'évaluation l'année
dernière par les services de la DIGEES.
Problèmes de l'enseignement
professionnel
M. Lapointe: Qu'est-ce qu'on fait de l'enseignement
professionnel? J'ai constaté, il y a quelques jours, suite à des
visites que j'ai eues d'étudiants, sur un point bien particulier, mais
qui peut s'appliquer à d'autres secteurs de l'enseignement
professionnel, que des étudiants en électricité, qui
avaient terminé leur cours secondaire IV et V, qui s'étaient
trouvé un employeur, qui avaient donc un emploi, se présentaient
à l'Office de la construction du Québec, se présentaient
au Centre de main-d'oeuvre du Québec, ne pouvaient pas obtenir de permis
de travail et ne pouvaient pas obtenir à ce moment de carte d'apprenti.
Je pense que c'est un point absolument important. Je me demande si cela ne se
pose pas dans le cas des menuisiers aussi qui terminent leur cours. Cela remet
en cause, à mon point de vue, tout l'enseignement professionnel dans le
Québec. Est-ce qu'on va contingenter le nombre d'étudiants dans
chacune des options ou si on va laisser une libre concurrence entre les
candidats les plus aptes, les plus compétents? Je trouve cela
malheureux, surtout pour des étudiants qui ont déjà un
emploi et qui veulent travailler, mais ne peuvent pas travailler pour cette
raison. Je sais que le problème ne dépend pas du ministère
de l'Education comme tel, mais plutôt du ministère du Travail, et
je pense que le ministère de l'Education devrait en discuter avec
l'autre ministère pour essayer de régler ce problème.
M. Bienvenue: Le sourire que vous nous avez vu arborer n'en
était pas un de moquerie, mais signifiait tout simplement qu'on a
abondamment discuté cette question cet après-midi. Le voisin,
le
député de Taschereau s'est fait l'avocat de la
thèse que vous venez de soulever. Le député de Matane
aussi s'est mêlé de la discussion.
M. Bonnier: Comme quoi, M. le ministre, il y a beaucoup
d'unanimité. C'est une préoccupation fondamentale.
M. Bienvenue: On voit que ce n'est pas concerté. On
parlait précisément d'électricité parmi tous les
corps de métier.
M. Lapointe: Je pense que c'est là que le problème
se pose de façon plus aiguë actuellement. Cela peut se poser aussi
dans d'autres secteurs. Cela se pose dans le cas des cours d'infirmières
auxiliaires, par exemple, où on constate qu'il y a un surplus sur le
marché du travail. On forme actuellement des infirmières
auxiliaires dans nos écoles secondaires. Elles se retrouvent sans aucun
emploi sur le marché du travail. Cela se pose aussi dans le cas des
agents de conservation. C'est un autre point sur lequel je voudrais insister,
pour qu'il y ait une meilleure coordination entre le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et le ministère de
l'Education. Il y a deux commissions scolaires dans la province qui forment des
agents de conservation: la régionale Chauveau et la régionale
Henri-Bourassa à Mont-Laurier. Je constate qu'il y a un bon nombre qui
n'ont pas d'emploi, malgré l'excellente formation qu'ils
reçoivent et qu'un certain nombre sont admis en secondaire IV, option
agent de conservation, et qu'ils n'ont pas la taille minimaleexigée par
la fonction publique, qu'ils ne répondent pas à d'autres
critères, des critères aussi insignifiants que le cas de
l'étudiant à qui il manque 0,5% pour la vue à un oeil et
qui est refusé par la fonction publique, alors qu'il a toute la
compétence et toute la formation qui sont nécessaires. Un autre,
il lui manquait pas tout à fait un quart de pouce; une fois, on l'a fait
mesurer, il était pas mal, l'autre fois, il lui manquait un quart,
l'autre fois un huitième de pouce et il a été
refusé.
M. Léger: II a été refusé!
M. Bienvenue: En fin de compte, il y en a d'autres, par contre,
qui avaient quatre pouce de trop, mais qui ne pouvaient pas distinguer un loup
d'un chevreuil.
M. Lapointe: C'est un élément très important
qui engage toute la carrière d'un étudiant. Il vaut mieux lui
dire, dès la fin de son secondaire III, qu'il ne peut pas être
accepté. De toute façon, c'est encore difficile de lui dire,
parce qu'il a des chances de grandir encore, mais on ne sait pas de combien il
va grandir à ce moment, et il peut avoir des faiblesses de vue. Je me
demande s'il n'y a pas moyen de faire changer ces... D'avoir des normes plus
souples un peu, moins rigides qu'elles le sont actuellement. Je trouve que cela
n'a pas de sens.
M. Côté: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-François auparavant, le député de Matane par
après.
M. Déziel: Merci. Je voudrais renchérir avec mon
collègue de Laurentides-Labelle à vouloir présenter au
ministre la possibilité de penser à la formule probable, à
mon sens, du rapatriement, sous l'égide du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, des centres d'apprentissage avec la formule même
qui existait dans le temps. Parce que, si aujourd'hui on voit peut-être
une partie des éléments concernant la baisse de la
productivité sur les chantiers, etc., je pense que le côté
qualitatif de l'apprenti y est pour beaucoup, parce qu'ayant vécu les
centres d'apprentissage personnellement, ayant été commissaire
pour une période de onze ans et ayant également eu à
connaître les résultats des centres de formation professionnelle,
je crois, M. le ministre, qu'il faudrait peut-être en venir à
repenser cette situation et vouloir donner l'ancienne formule qui existait,
à savoir que, sur le plan régional, formule paritaire d'ailleurs,
on évaluait les besoins quantitatif et qualitatifs pour remplacer les
besoins dans les réservoirs de main-d'oeuvre dans une région. Je
pense que cette formule mériterait d'être approfondie, et cela
aplanirait, en fait, les difficultés qui existent dans le domaine du
travail.
M. Bienvenue: Les plus beaux diplômes sont bien, pourvu
qu'ils conduisent à un résultat, n'est-ce pas?
M. Déziel: J'aimerais bien avoir votre appréciation
là-dessus. Est-ce que ça s'oriente vers quelque chose?
M. Côté: M. le Président...
M. Déziel: Une minute! J'attends la réponse.
M. Côté: II peut répondre globalement, parce
que c'est sur le même sujet. Parallèlement à ça, M.
le ministre, on a discuté de problèmes à la sortie du
niveau secondaire au niveau professionnel. J'ai eu à vivre, dans le
courant de l'hiver, un cas passablement pénible qui s'est
répété à plusieurs exemplaires. C'est le cas d'un
type, après son secondaire V, après avoir suivi une formation
générale cela revient un peu à ce qu'on discutait
cet après-midi en ce qui concerne le choix de l'élève
après avoir fait et réussi son secondaire V,
l'élève s'est dirigé au niveau du CEGEP. Vous me direz:
C'est l'autre ministre qui est responsable de ça, mais je pense que
ça revient un peu toute la préoccupation d'un marché de
travail et de bons choix de la part de l'élève. Ayant choisi
l'option police, au niveau du CEGEP à Rimouski, après avoir fait
deux années c'est trois ans au niveau du CEGEP en techniques
policières ayant été accepté à
l'Institut de police de Nicolet pour faire son stage de six mois, il se voit,
au bout de quatre
mois privé de terminer son stage au niveau de l'Institut de
police de Nicolet, parce que le médecin qui lui avait fait passer son
examen médical était un omnipraticien.donc il n'avait pas
décelé de déficience au niveau de la vue, parce que ce
n'était pas un spécialiste dans ce domaine.
Le type avait une légère déficience au point de vue
de la perception des couleurs rouge et violet, ce qui faisait qu'il ne pouvait
pas être accepté à la Sûreté du Québec.
Il est tout simplement retourné chez lui avec la dette de trois
années de prêts, il n'a même pu être reçu
policier. Il s'en va où, ce gars?
Je pense, autant au niveau professionnel secondaire qu'au niveau CEGEP,
qu'on peut appeler professionnel dans ce cas, qu'il faudrait peut-être
faire attention et être un peu plus sévère en ce qui
concerne les normes d'acceptation de ces différents candidats. Pourquoi
ne pas faire passer ces examens... Cela peut peut-être rejoindre les
préoccupations du député de Laurentides-Labelle et aussi
celles du député de Saint-François, de faire passer des
examens nécessaires, tant du côté de la santé que du
côté de la possibilité intellectuelle de ces gens, avant
même qu'ils soient engagés dans le processus qui, dans ce cas
particulier, était irréversible. Il se retrouve chez lui avec
absolument rien. Il ne peut pas aller s'engager dans une commission scolaire.
Elle ne l'engagera pas. C'était pour attirer votre attention sur un fait
comme celui-là.
M. Lapointe: Je n'avais pas terminé, M. le
Président. J'ai encore un certain nombre de questions...
Le Président (M. Pilote): Terminez.
M. Lapointe: ... en ce qui concerne l'enseignement
professionnel.
Les étudiants de l'enseignement professionnel, secondaire court,
et même les étudiants de l'enseignement professionnel, secondaire
long, qui font des stages dans l'industrie, les commissions scolaires ont
à faire face à des difficultés avec les employeurs
éventuels en ce sens que ces étudiants ne sont pas
protégés par la loi de la Commission des accidents du travail et
alors, les employeurs hésitent à accepter des étudiants en
stage.
Y aurait-il moyen que le ministère de l'Education fasse des
pressions, des démarches auprès du ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre, auprès de la Commission des accidents du travail
pour faire modifier les règlements ou la loi je ne sais pas quel
article est en cause pour faciliter ces stages?
Ces genres de stages se généralisent dans l'industrie,
dans tout le Québec. Ils sont très profitables aux
étudiants, car ils permettent à ces derniers d'entrer en contact
avec le marché du travail, avec le milieu dans lequel ils vont se
retrouver à la fin de leurs études; mais cela cause des
problèmes.
M. Bienvenue: Les démarches sont en cours avec la
Commission des accidents du travail relativement au problème que
soulève le député de Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: Les infirmières auxiliaires je veux
revenir là-dessus, j'en ai parlé quelquefois qui ont fait
leurs études dans les hôpitaux, il y a quelques années,
alors que le cours n'existait pas au niveau secondaire, peuvent aujourd'hui se
recycler pour devenir infirmières au niveau collégial. Or, il
n'existe pas, selon les renseignements que j'ai pu avoir il y a quelques
semaines, de programme de recyclage pour les infirmières auxiliaires qui
ont terminé leur cours dans le cadre de l'enseignement professionnel
long de niveau secondaire.
Y a-t-il des démarches en cours pour permettre à ces
infirmières auxiliaires de se recycler pour devenir infirmières,
pour se trouver une place sur le marché du travail alors
qu'actuellement, il y a un surplus, comme je le disais tantôt,
d'infirmières auxiliaires qui ont de la difficulté à se
placer?
Je voudrais ajouter peut-être, cela permettra-t-il une
réponse plus globale qu'on pourrait parler de l'ensemble des
options de l'enseignement professionnel. Je suis revenu là-dessus l'an
dernier et il y a deux ans. Est-ce possible et dans quelle option, pour un
étudiant qui a terminé un secondaire V professionnel long de
continuer au niveau collégial par un genre de système de
recyclage ou de rattrapage pour faire son cours collégial
professionnel?
M. Bonnier: Cela a été soulevé ce matin.
M. Lapointe: Cela a été soulevé ce matin. Je
n'étais pas ici. Je m'excuse.
M. Bienvenue: Quant à cette deuxième question, le
passage du secondaire professionnel au collégial, il y a, effectivement,
un groupe de travail qui, depuis deux ans, oeuvre dans ce cadre pour la
reformulation de tous les programmes du secteur professionnel du secondaire et
en même temps, dans chacun des cas, des programmes sont
étudiés afin de voir le passage qui peut être fait entre le
secondaire et le collégial.
C'est une chose qui est en évolution constante. Il y a
déjà eu des expériences de faites. Je sais, entre autres,
que dans le secteur technique au CEGEP Edouard-Montpetit et à la
régionale de Chambly il y a deux ans, des étudiants
étaient passés du secondaire professionnel, dans ce secteur
d'activité, au collège. Cela a donné certains
résultats. C'est en constante évolution. Ce n'est pas encore
génégalisé; la clientèle visée est assez
restreinte. C'est à peine 10% de la clientèle qui finit dans ce
secteur d'activité. Une consultation avait été faite
à l'époque là-dessus.
Sur la question des infirmières auxiliaires, c'est un dossier
dans le cadre de l'éducation des adultes...
M. Côté: Mais il y a des problèmes avec
l'Association des infirmières aussi qui refuse l'accès-
sibilité à certaines infirmières auxiliaires qui
veulent suivre des cours. Je pense que c'est le problème majeur qui se
pose.
M. Bienvenue: J'aimerais garder cette question pour mon
collègue, M. Lachapelle. Je voudrais être sûr qu'il va y
avoir assez de questions pour lui.
M. Lapointe: Au niveau des ententes, il existait, il y a quelques
années c'est un problème qui a été
soulevé à plusieurs reprises beaucoup de méthodes,
je n'appellerai pas cela des méthodes, mais des trucs, vendus par des
gens qui avaient plutôt intérêt à vendre leurs trucs
qu'à vendre une méthode vraiment expérimentée sur
le plan pédagogique.
J'ai pu constater que cet engouement pour toutes sortes de
méthodes a diminué un peu au niveau élémentaire,
particulièrement en français et en mathématiques.
Le ministère a-t-il pris des mesures pour faire en sorte qu'avant
qu'une méthode ne soit appliquée dans une commission scolaire,
elle ait subi une expérimentation valable, tout d'abord, que les
enseignants aient été formés d'une façon valable
aussi. Car dans le passé, on faisait de petits stages de deux ou trois
jours avec le vendeur de la méthode et on les disait prêts
à enseigner selon ces trucs.
Le ministère a-t-il vraiment un contrôle là-dessus?
Existe-t-il encore une grande diversité de méthodes qui, dans le
passé, causaient des problèmes pour les étudiants qui
transféraient d'une école à l'autre ou d'une commission
scolaire à l'autre à travers le Québec?
M. Bienvenue: Là-dessus, au point de départ, disons
que la grande générosité du ministère face à
un programme-cadre qui pouvait permettre à chaque instituteur
d'appliquer sa propre méthode, n'est pas remise -en cause au plan du
principe, mais au plan des ressources, pour appuyer le professeur et pour
évaluer les méthodes qui pourraient lui être
apportées et pour le préparer à répondre aux
exigences des objectifs des programmes. Tous ces problèmes ont
été évalués au cours des années
passées. Pour le moment, l'option, c'est une spécification de
programmes en vue de préciser suffisamment les objectifs, pour que ces
béquilles ou ces outils puissent être remis en cause par le milieu
même avant qu'ils soient mis en application, qu'ils puissent être
évalués par le milieu même.
En ce qui concerne les méthodes dont vous parlez au niveau de
l'élémentaire, en français et en mathématiques,
effectivement, elles sont évaluées par le groupe de recherche au
niveau de l'enseignement de la langue maternelle, plus particulièrement,
au niveau des mathématiques aussi et tant au niveau de l'approbation des
manuels qu'au niveau de la préparation ou de la spécification des
programmes eux-mêmes. Le groupe de travail, actuellement, achève
son rapport sur chacune de ces méthodes. Mais c'est par une
spécification de programmes, plus particulièrement, qu'on pense
éliminer cette prolifération d'outils qui pourraient être
douteux à certains égards, à cause, ou bien d'un manque de
préparation du professeur ou d'une absence d'objectifs bien connus d'un
niveau à l'autre de l'élémentaire.
M. Déziel: Quand vous parlez de manuels, le manuel du 1er
mai n'est pas là-dedans, j'espère.
M. Bienvenue: II n'a jamais été approuvé par
le ministère de l'Education.
M. Lapointe: Je n'ai pas d'objection. Je pense que c'est
très bon que les enseignants connaissent différentes approches
pédagogiques prônées par diverses méthodes, comme je
le mentionnais. Je trouve que, dans le passé, on n'a pas
préparé suffisamment les enseignants, de telle sorte que
plusieurs enseignants appliquaient ces méthodes comme des recettes,
comme des trucs pour tout régler les problèmes, alors que, s'il y
avait eu une préparation suffisante, ils auraient pu faire une
synthèse de l'ensemble des méthodes qu'ils ont connues et qu'ils
connaissent, puis les appliquer selon les besoins des étudiants à
qui ils enseignent. Mais, ce n'est pas cela qui a été fait dans
le passé. Je sais qu'il y a eu des efforts du ministère de ce
côté, mais je pense que ces efforts doivent continuer pour
éviter que chaque année, comme cela s'est produit dans certaines
commissions scolaires, on change de méthode, de recette, une
série de volumes une année, l'année suivante,
c'était une autre approche complètement différente. Vu que
les programmes-cadres n'existaient à peu près pas à ce
moment-là, c'était le volume qui était le programme. Cela
changeait considérablement l'approche. Là, le programme-cadre,
avec les orientations assez précises qu'il donne, je suis d'accord que
cela peut apporter des améliorations.
Aménagement des cours des écoles
M. Léger: Je voudrais revenir aux éléments
dont nous parlions tantôt, dans le programme 5. Je vais toucher,
maintenant, l'aspect des projets, des programmes d'aménagement des cours
des écoles. Je pense que le ministère avait parlé de
réaliser une politique d'implantation dans les écoles pour des
jeux extérieurs, c'est-à-dire l'aménagement des cours des
écoles. Quelles sont les sommes d'argent qui ont été
consacrées à ce programme, cette année? Combien cela
va-t-il coûter pour l'année qui s'en vient?
M. Bienvenue: $5 millions par année, pendant trois
ans.
M. Léger: Je n'ai pas saisi.
M. Bienvenue: $5 millions par année, pendant trois ans. On
commence la deuxième année.
M. Léger: Quelle est l'influence de ce pro-
gramme sur celui de l'implantation des jeux extérieurs? Parce
qu'il faut noter que le ministère a déjà versé un
certain montant d'argent pour ce type d'aménagement dans les
polyvalentes conçues avant 1971. En ce qui concerne ces projets de $5
millions par année, quelle sorte d'influence cela peut-il avoir pour
l'implantation des jeux extérieurs? Jusqu'ici, calculez-vous que c'est
satisfaisant? Dans l'avenir, cela va-t-il amener une grosse amélioration
de ce côté?
M. Bienvenue: Pour les nouvelles écoles qui sont
construites, c'est intégré dans le projet d'aménagement
d'un certain nombre de critères de base. Les montants dont on parle sont
uniquement pour celles qui n'avaient pas d'aménagements
extérieurs. Les montants font en sorte que le mémoire...
La plupart des écoles polyvalentes construites depuis 1970/71
vont avoir des aménagements de jeux extérieurs. La commission
scolaire a le choix. Elle peut effectuer ces montants à d'autres fins,
parce que c'est un montant qui est laissé...
M. Léger: C'est pour les polyvalentes, est-ce que, pour le
niveau élémentaire, c'est le même budget de $5 millions?
Quel est le budget?
M. Bienvenue: II n'y en a pas.
M. Léger: II n'y en a pas au niveau
élémentaire.
M. Bienvenue: Sauf pour la construction de nouvelles
écoles. C'est intégré dans le projet lui-même.
Une Voix: Est-ce que cela fait l'objet d'un protocole
d'entente?
Une Voix: Non.
Une Voix: C'est payé entièrement par le
ministère.
M. Bérard: C'est le résultat qui compte.
M. Léger: Mais est-ce que... C'est parce que je n'avais
pas terminé celle-là.
M. Bérard: D'accord.
M. Léger: Est-ce que j'ai bien compris que les commissions
scolaires avaient le choix de ne pas affecter ces sommes à
l'aménagement des cours des écoles?
M. Bienvenue: En termes d'immobilisation, elles peuvent les
affecter à d'autres fins, mais c'est attribué d'abord à
cette fin-là.
M. Léger: Dans la politique du ministère de mettre
de l'avant, à l'élémentaire, un programme
d'éducation physique, est-ce que le ministère a d'autres moyens
pour obliger les commissions scolaires à avoir des endroits
extérieurs où les en- fants auront la possibilité de faire
des sports extérieurs? Si ce n'est pas obligatoire, de quelle
façon les commissions scolaires vont-elles pouvoir faire fonctionner
cette partie de l'objectif du ministère?
M. Bienvenue: En ce qui a trait à cette politique, ce qui
est envisagé, c'est plutôt ce qu'on appelle, dans les
écoles élémentaires, l'aménagement de salles
polyvalentes, plutôt que de... Les écoles déjà
existantes, au niveau élémentaire, sont toutes des écoles
qui ont habituellement une organisation extérieure de base,
l'aménagement d'une cour tout simplement, sans plus.
M. Léger: Je poserais plutôt la question au
ministre, parce que c'est une question de choix politique. Est-ce que le
ministre ne conçoit pas que, dans une politique d'implantation de
programmes d'éducation physique, il est nécessaire qu'il y ait
des cours d'écoles aménagées, surtout à
l'élémentaire, puisque c'est là qu'il y a la plus grande
déficience, et est-ce que le ministre trouve normal que les sommes ne
soient pas affectées aux objectifs pour lesquels elles sont
financées par le ministère?
M. Bienvenue: La réponse est affirmative. Il est
impensable de songer à l'éducation physique au réseau
élémentaire, si on n'a pas les lieux, les aménagements
physiques pour s'adonner à telle éducation physique. Encore
là surgit à nouveau une question budgétaire, mais je n'ai
aucune hésitation à répondre au député de
Lafontaine qu'on ne peut pas avoir d'éducation physique sans avoir les
lieux appropriés, sans avoir les locaux, sans avoir le plein air, s'il
s'agit de la cour extérieure. Je suis totalement d'accord.
M. Léger: Mais la question est de savoir si le
ministère ne peut pas obliger les écoles à affecter ces
sommes à cette politique et non pas que les commissions scolaires les
affectent à d'autres fins? Sans cela, il n'y aura jamais de politique
intégrée.
M. Lapointe: Ce n'est pas le cas. Il y a des budgets
spécifiques pour cela.
M. Léger: C'est cela. Il faut que ce soit affecté
à cela.
M. Bienvenue: Les $5 millions sur trois ans visent les
écoles secondaires qui, après la date de 1971, je pense,
n'avaient pas, dans leur budget d'investissement régulier, des
provisions pour les aménagements extérieurs. Il y a un certain
nombre d'écoles qui ont été construites après 1971
et avant 1975, qui n'avaient pas eu ces sommes. Alors, la somme de $5 millions
par année pour trois ans est donnée, est réservée
pour ces fins. Cependant, le ministre avait indiqué que ces sommes
seraient versées aux commissions scolaires sans tracasseries
administratives, pour citer son mot. Le fait est que 85% des commissions
scolaires les affectent directement à l'aménagement de cours et
de jeux extérieurs, et pour les 15% à
des aménagements connexes, soit pour retoucher des gymnases, dans
ce cas à l'intérieur, mais pour des fins analogues, si l'on veut.
Mais l'argent est donné aux commissions scolaires sans qu'il y ait de
spécification de l'affectation.
Sauf que, dans les faits, c'est ce qui se réalise, parce que la
demande est faite pour ces fins, la subvention est versée pour ces
fins.
Pour les écoles élémentaires, il y a environ, je
pense, au total, 3400 écoles élémentaires actuellement, il
y en aurait 2400 en 1980 qui continueraient d'être en opération.
On compte les doter toutes d'aménagements sportifs adéquats. Cela
représenterait une dépense de l'ordre de $700 millions, ce qui
donne une moyenne d'environ $300 000 par école.
M. Léger: Pour l'aménagement des cours des
écoles à l'élémentaire?
M. Bienvenue: Non, pour doter chaque école
élémentaire d'équipements sportifs ou de gymnases dans le
cas où il n'y en a pas ou d'équipements sportifs de façon
générale.
M. Léger: Mais, selon la recommandation du rapport
Beauregard, qui préconise justement l'implantation de tout un
système d'éducation physique qui inclut et les équipements
et du personnel qualifié, quels sont les objectifs du ministère
à cet égard, pour donner suite aux recommandations du rapport
Beauregard?
M. Bienvenue: L'ensemble des recommandations du rapport
Beauregard était, dans sa première version ou dans sa
dernière, la dernière connue, jusqu'à maintenant,
d'identifier une série de mesures possibles qui allaient de
l'aménagement de gymnases assez complets dans chaque école avec
personnel qualifié avec une gamme de possibilités plus modestes,
si on veut. Ce à quoi le ministère travaille actuellement et qui
doit également se terminer au cours de l'été, c'est de
voir la variété des possibilités et quelles sont celles
qui peuvent correspondre à des chiffres réalistes de
dépenses?
M. Léger: Est-ce que le ministère a établi
une politique là-dessus, un échéancier et des budgets pour
réaliser l'implantation de ces équipements, non seulement
l'implantation, mais la mise sur pied de professeurs en éducation
physique à l'élémentaire pour qu'il y ait
réellement toute une suite logique dans les écoles.
M. Bienvenue: J'ai traité de ce sujet ce matin dans mes
remarques préliminaires. C'est spécifiquement ce qui fait l'objet
de la révision du document pour voir quelles sont les actions qui
peuvent être entreprises de façon réaliste. Le seul chiffre
de $700 millions, par exemple, pour des gymnases et des équipements
sportifs dans chaque école élémentaire porte à
réfléchir. Ce que nous regardons de nouveau, ce sont des
possibilités plus modestes, comme je disais tout à l'heure, et un
calendrier réaliste qui pourrait être décidé.
Mais ce serait décidé dans le cadre des prochains
budgets.
Rémunérations à
rembourser
M. Léger: Maintenant, suite aux situations qui sont
arrivées aux commissions scolaires de la Haute-Gatineau et de Papineau,
concernant des rémunérations illégales que certains
commissaires percevaient à rencontre de la Loi de l'instruction
publique, j'aimerais savoir si cette situation se retrouve dans toute la
province ou s'il ne s'agit que de cas isolés.
M. Bienvenue: De mémoire, les cas connus sont les deux
seuls qui aient été rapportés. A la suite des
différents amendements à la loi, des directives avaient
été émises par le ministère en 1972/73 à cet
égard, et...
M. Léger: Est-ce que les personnes ont remboursé,
tel que l'article 205 de la Loi de l'instruction publique le demandait?
M. Bienvenue: Les personnes doivent le rembourser et la
commission scolaire doit déterminer le mode de remboursement.
M. Léger: D'accord.
M. Lapointe: M. le Président, je peux dire que les gens
ont pris arrangement.
M. Léger: Mais...
M. Lapointe: M. le Président, là-dessus,
j'espère que le député de Lafontaine a terminé.
M. Léger: J'avais juste un deuxième volet.
M. Lapointe: On ne peut pas encore parler des frais de
représentations aux commissaires?
M. Léger: Le deuxième volet de ma question
était: Est-ce que le contentieux du ministère a
préparé son interprétation officielle de cet article 205
de la Loi de l'instruction publique? Quelle est cette
interprétation?
M. Bienvenue: Elle a été préparée;
les commissaires doivent rembourser.
M. Léger: Donc, c'est officiel maintenant. La
décision est prise. Cela veut dire que cela a été
interprété comme tel.
M. Lapointe: M. le Président, j'aurais une remarque
à faire là-dessus. Je trouve malheureux que le Parti
québécois de Laurentides-Labelle ait charrié à un
point tel de laisser croire à la population que les commissaires de la
Commission scolaire régionale Henri-Bourassa, dont font partie la
Commission scolaire Pierre-Neveu et la Commission scolaire de la
Haute-Gatineau, auraient agi volontairement, d'une façon
malhonnête.
Je sais que c'est le Parti québécois de
Laurentides-Labelle, le président du parti en tête, qui a
demandé une enquête, qui a formulé les plaintes, et je
trouve cela malheureux. Je connais très bien tous les gens qui sont
impliqués, pour avoir travaillé pendant douze ans à la
Commission scolaire régionale Henri-Bourassa et je puis dire que c'est
sans aucune mauvaise volonté et sans connaissance de l'article de la loi
qui a été changé à deux reprises, je crois, depuis
1971, que les commissaires ont agi de cette façon.
C'est une tactique bien connue du Parti québécois
on l'a vu encore aujourd'hui à l'Assemblée nationale et on l'a vu
dans le passé de faire des insinuations et laisser croire que
certaines gens sont malhonnêtes, alors qu'ils ont agi de bonne foi. Je
tiens à faire cette précision, M. le Président, même
si j'enfreins le règlement.
Le Président (M. Pilote): Vous enfreignez le
règlement!
M. Léger: L'avis d'infraction est arrivé
après.
M. Côté: C'est un peu comme en Chambre. C'est le
reflet de la Chambre. C'est un peu comme à la Chambre quand le
député de Maisonneuve parle.
M. Léger: ...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Dubuc.
M. Harvey (Dubuc): M. le ministre, combien y a-t-il de
commissaires dans la province de Québec? Et combien cela
coûte-t-il? Et est-ce que vous avez envisagé la possibilité
de diminuer ce nombre?
M. Bienvenue: Environ 2000 commissaires, pour un coût de $6
millions. Quelle était votre dernière question?
M. Harvey (Dubuc): Ma dernière question. Prenez le cas,
chez nous, par exemple. On a 17 commissaires pour administrer, non pas
nécessairement des grosses choses, mais je trouve qu'ils sont pas mal
nombreux. Est-ce que vous avez l'idée de diminuer le nombre de
commissions scolaires pour en arriver sensiblement au nombre des conseillers
municipaux d'un conseil normal?
M. Bienvenue: Vous voulez dire diminuer le nombre de commissaires
d'école?
M. Harvey (Dubuc): Oui.
M. Bienvenue: II y a évidemment plus de
municipalités que de commissions scolaires.
M. Harvey (Dubuc): Vous ne trouvez pas qu'ils sont un peu
nombreux autour de la table? Il paraît qu'une commission scolaire
régionale peut avoir jusqu'à 51 commissaires.
Il peut bien y avoir des problèmes.
Une Voix: II y en a 97 à Chambly.
M. Bienvenue: C'est encore moins que le nombre de
députés à l'Assemblée natinale.
M. Harvey (Dubuc): Cela représente un peu plus de
population.
M. Bienvenue: Oui.
Cas à l'étude
M. Léger: M. le Président, avant de terminer le
programme 5, il y aurait peut-être deux cas à soulever. J'aimerais
demander au ministre s'il est au courant de la représentation de la
Commission scolaire de la Vallée de la Matapédia qui demandait
qu'on ne ferme pas son école. J'ai ici des représentations de
différents organismes de la paroisse Sainte-Irène qui nous
faisaient remarquer que le nombre d'élèves de leur école
s'en irait en diminuant, et qu'elle a subi tout à coup des baisses de
revenus provenant de la fusion de différentes commissions scolaires. Le
comité de parents avait signé une pétition, la corporation
municipale de Sainte-Irène également, la corporation des loisirs,
les dames de l'AFEAS, le comité de citoyens ainsi qu'un groupe de
parents de Sainte-Irène.
Est-ce que le ministre est au courant de...
M. Bienvenue: J'aurais une question. Est-ce que Bona appuie
cela?
M. Léger: Je présume que Bona doit avoir
signé quelque part.
M. Bienvenue: Je vous avoue que je ne suis pas au courant du cas
particulier de Sainte-Irène.
M. Léger: Est-ce que quelqu'un est au courant de
cette...
M. Bienvenue: Non... Ce qu'ils ont écrit, ce qu'ils sont
sensés avoir écrit au ministère...
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: ... au soussigné.
M. Léger: Quand on écrit à l'Opposition,
c'est parce que cela n'a pas fonctionné au ministère.
M. Bienvenue: Est-ce que, d'après la correspondance, on a
écrit au soussigné?
M. Côté: C'est peut-être suite à la
visite du député de Saguenay que cette...
M. Léger: De toute façon, je n'ai pas la copie du
ministre.
M. Bienvenue: Non, mais cela m'intéresse, blague à
part, cela m'intéresse, parce que j'ai...
M. Léger: Je l'ai envoyé d'ailleurs à tous
les députés, si je ne m'abuse, comme copie. De toute
façon, je vous demande si vous avez été touché par
ce problème. Pour ces gens, c'est leur école, c'est un petit
village.
M. Bienvenue: Je connais bien Sainte-Irène. J'y ai
déjà fait des discours politiques il y a plusieurs années.
J'avais été interrompu. Je regrette, cela ne fait pas partie de
la res gestae, M. le Président. J'avais été
interrompu...
Le Président (M. Pilote): On vous rappellera à
l'ordre après.
M. Bienvenue: ... parce que je croyais être la fin du
monde. Des gens qui n'étaient pas d'accord sont entrés avec des
scies mécaniques qu'ils ont mises en mouvement au même moment dans
la salle paroissiale où je parlais. C'est le curé qui m'a
sauvé de la mort et de l'affolement. Je connais Sainte-Irène, qui
est un coin sympathique.
M. Léger: II faudrait leur accorder ce qu'ils
demandent.
M. Bienvenue: Enfin, ce que je veux dire, c'est qu'à ma
connaissance, à mon cabinet du moins, qu'on me contredise, je n'ai pas
eu de correspondance. Si on a écrit à tous les
députés et qu'on m'a oublié, j'aimerais bien avoir la
correspondance.
M. Léger: De toute façon, vous allez regarder cela
probablement pour voir si vous avez reçu une demande là-dessus
à la prochaine...
M. Côté: C'est peut-être parce que les gens du
Parti québécois...
M. Bienvenue: A quelle date? M. De Bané m'a écrit,
il y a quelques semaines.
M. Léger: Quand?
M. Bienvenue: II a fait signer la lettre par un autre. Je connais
son cas à Saint-Alexandre-des-Lacs... Fin mai.
Une Voix: Que fait De Bané dans la vie?
M. Léger: Fin mai.
M. Bienvenue: Fin mai, c'est...
M. Léger: On est conscient que c'est un petit
problème local, mais c'est quand même un problème que je
soumets à votre attention. J'en avais un autre, M. le Président,
avant de terminer. J'aurai terminé le programme par la suite. Cela
concerne un cas dans un comté de l'Est de Montréal. Le ministre
est au courant. Je lui en ai parlé déjà. D'ailleurs, je
lui ai écrit là-dessus.
Je voulais savoir comment fonctionnent, en réalité, tous
les problèmes que je qualifierais de "red tape", qui doivent passer,
pour la construction d'écoles, par une décision de la CECM,
suivie d'une demande au conseil de l'île qui, par la suite, fait une
recommandation au ministère, qui est par la suite acceptée ou
refusée.
Je parle, entre autres, d'un milieu défavorisé qui devrait
avoir l'attention plus rapide du minis- tère. Dans
Rivière-des-Prairies, il y a eu, en 1973, une demande d'école
élémentaire et une demande d'école polyvalente. J'ai fait
cela pour le journal des Débats, de façon qu'on puisse avoir des
réponses précises là-dessus.
M. Bienvenue: D'accord.
M. Léger: A ce moment, il y avait, à l'école
Sainte-Marthe et annexe et à l'école Fernand-Gauthier de la
Rivière-des-Prairies, une capacité de 824
places-élèves et de 360 places-élèves dans des
locaux préfabriqués, désuets, qui étaient
temporaires. Il y avait, à ce moment, 982 élèves
francophones et 400 élèves néo-québécois qui
devaient aller à des écoles, transportés en autobus, en
dehors de la région, qui faisaient une demande...
M. Bienvenue: On parle toujours de
l'élémentaire?
M. Léger: Toujours de l'élémentaire. En
même temps, il y avait une demande pour le secondaire. Je parle du cas
précis de l'élémentaire. C'est donc dire qu'il y avait,
pour une demande de 1382 élèves, environ 1184 places. Les
crédits avaient été acceptés par la CECM et, par la
suite, par le conseil scolaire de l'île, mais le ministère avait
dit qu'il y avait suffisamment de places-élèves.
Mais on avait inclus par erreur au ministère les 360
places-élèves d'une école préfabriquée qui
n'est pas du tout conformes aux devis et aux besoins pédagogiques. A ce
moment, cela a été bloqué. Le conseil scolaire de
l'île avait conservé, dans son budget, même si elles avaient
été refusées en 1973, les sommes pour la construction
d'écoles élémentaires.
Dernièrement, il y a eu une demande de la CECM qui s'est vu
demander par la suite, par le conseil scolaire de l'île, qu'il y ait un
guide d'aménagement selon les critères du ministère. A ce
moment, le guide d'aménagement a été donné au
conseil de l'île, qui doit l'apporter au ministère.
Maintenant, il y a toujours le problème du plan quinquennal. Tout
ce "red tape" fait que, dans une région qui est la plus susceptible
d'être développée dans le nord-est de Montréal et la
seule région qui peut être développée, ces gens
n'ont pas d'école. Il semble y avoir un retard dans les décisions
causées par des demandes de détails très techniques de
guide d'aménagement, de dates d'assemblées, de demandes à
différents paliers de responsabilités. Si je ne m'abuse, cette
région est entourée de milieux qui sont complètement
terminés au point de vue de la construction, c'est-à-dire
Montréal-Nord, Saint-Léonard. Il ne reste que la partie de
Rivière-des-Prairies est en plein boom d'implantation et de construction
de maisons. C'est un cercle vicieux, puisque, quand il y a des écoles,
les gens viennent construire. Quand il n'y a pas d'écoles, cela
empêche la construction. Quand les gens viennent s'installer et que les
écoles sont acceptées, parce que là, il y a
déjà un manque d'espace, il est déjà trop tard,
pendant deux ou trois ans, avant que l'école ne soit termi-
née et ait passé toutes les étapes de ce que
j'appelle le "red tape", ces gens sont réellement
défavorisés. Je vais demander au ministre s'il croit qu'il va
falloir attendre encore toutes les étapes de "red tape" avant d'accorder
la construction de cette école, qui avait déjà
été approuvée par les deux autres instances, étapes
qui reprennent encore, parce qu'il y a un refus par une erreur du
ministère, je calcule, puisque le nombre de places-élèves
était inférieur au nombre d'élèves. A cause de ce
refus, on recommence à partir du "red tape" de la CSCM avec le conseil
scolaire de l'île, du projet quinquennal, et des possibilités de
restrictions budgétaires qui font que les parents de cette région
sont consternés de voir tout le "red tape" qu'il y a là-dedans.
Est-ce que le ministre ne pourrait pas faire hâter la construction de
cette école qui est absolument essentielle au niveau
élémentaire? Le même problème se revoit au niveau de
l'école secondaire.
M. Bienvenue: En d'autres termes, est-ce que le ministre ne
pourrait pas dire tout haut ce qu'il a écrit tout bas?
Effectivement...
M. Léger: II a été prudent dans ce qu'il a
écrit.
M. Bienvenue: II a été prudent, n'est-ce pas, dans
ses "écritures". Effectivement, les problèmes de rouage
administratif auxquels fait allusion le député de Lafontaine
existent dans ce cas malgré les dates qu'il connaît autant que
moi. Je fais allusion au 21 juin, entre autres, comme étant une date
importante dans les étapes, car on n'est pas trop éloignée
de la date où nous sommes, le 17. Il y a réunion du conseil
scolaire de l'île, d'après la documentation que j'ai vue, et qui,
semble-t-il, à moins d'imprévu ou d'accident de parcours, devrait
être en mesure d'entériner la décision de la Commission des
écoles catholiques de Montréal face au guide ou après
étude du guide d'aménagement.
Cela m'amuse de voir, toujours pour les fins du journal des
Débats, le député de Lafontaine qui suit pour voir si je
dis tout haut ce que j'ai écrit tout bas. J'oublie peut-être des
éléments. Enfin, suite à la décision ou à
l'autorisation je le souhaite au député de Lafontaine
que devrait donner la CECM si le guide d'aménagement est
convaincant et répond à toutes les questions et prouve la
nécessité et les besoins et satisfait aux prérequis, si
cette décision nous est communiquée, dans le cadre de ce plan
quinquennal dont a parlé le député de Lafontaine et que
mon sous-ministre adjoint à l'élémentaire et au secondaire
attend avec beaucoup d'impatience, parce que ce plan a été
demandé il y a déjà plusieurs semaines, pour ne pas dire
plusieurs mois ou quelques mois, je dis que, sous réserve de tout cela
et des autres conditions dont j'ai fait part au député de
Lafontaine, la décision positive, la décision affirmative
pourrait être prise aussi tôt que l'automne prochain. Tout le monde
s'entend pour reconnaître qu'une telle école ne pourrait
être érigée, ne pourrait être construite pour
l'année scolaire qui reprendra en septembre. Si telle décision
était prise au mois de septembre, à l'automne, on pourrait
envisager l'occupation de cette école pour l'année scolaire
suivante.
Maintenant, je n'hésite pas à demander à M. Halley,
dont je viens de parler, d'ajouter quoi que ce soit. Cela permettra au
député de Lafontaine de voir si c'est vrai que je l'ai
sensibilisé au problème. Par les réponses, j'ai voulu
donner les principaux éléments, mais cela a été
l'objet de plusieurs conversations entre lui et moi, d'abord et avant tout pour
satisfaire la clientèle de ce soin, de cette zone où il y a
vraiment pour reprendre le mot du député de Lafontaine
un boom domiciliaire spectaculaire, et où, selon toute apparence,
il y a un besoin de places pour les élèves qui justifie le projet
dont on parle.
M. Léger: Le ministre ne semble parler que d'une chose,
c'est le plan quinquennal comme condition. Etant donné que cette demande
avait été faite avant, c'est-à-dire en 1973, les besoins
étaient là, les refus avaient été basés sur
une erreur technique de quantité de places-élève. Quand on
dit maintenant, le plan quinquennal, il faut admettre une chose, c'est que la
CECM et le conseil scolaire de l'île avaient conservé dans leur
budget, les sommes prévues pour cette école, parce qu'ils
étaient convaincus de sa nécessité. Je ne pense pas que
cela doive tenir compte du plan quinquennal, ou à l'intérieur du
plan quinquennal de façon qu'il y ait une partie du budget qui soit
tenue comme condition, ou un manque de budget pour la construction, comme
condition de la réalisation de ce projet dont les sommes sont
déjà conservées, qui sont à l'extérieur du
plan quinquennal. Je me demande jusqu'à quel point il ne faudrait pas
tout simplement voir si le guide d'aménagement qui a été
présenté par la CECM au conseil de l'île qui, à ce
qu'on me dit à la CECM, ce guide est tout simplement la
répétition des mêmes questions qui avaient
été posées il y a trois ans, mais sous un formulaire
différent et où on demandait d'une façon différente
de redonner les renseignements selon un formulaire technique différent,
mais dont le contenu est le même.
Ma question est la suivante: Est-ce que le plan quinquennal est une
condition sine qua non puisque cela a été demandé avant
même que le plan quinquennal soit demandé au conseil scolaire de
l'île? Pourquoi relier les deux?
M. Bienvenue: II faut comprendre que le plan quinquennal comprend
un certain nombre de renseignements essentiels pour des recommandations pour
fins de décision de la part soit du Conseil du trésor ou des
autres instances du gouvernement comme, par exemple, un inventaire des
places-élève existant sur le territoire. De mémoire, en
1973, cet inventaire n'aurait pas été fourni correctement,
c'est-à-dire qu'il est fourni correctement dans la mesure où on
ne regarde que l'école en soi, mais la définition du quartier par
rapport au territoire et au développement possible de la
clientèle, surtout dans un territoire comme Montréal, fait en
sorte qu'actuellement, après une analyse sommaire faite depuis 1973,
compte tenu de
l'information fournie par le conseil scolaire aussi, à mesure
qu'il la possède, fait en sorte qu'actuellement, il y a un surplus assez
étonnant de places-élève sur le territoire de l'île.
Avant d'émettre un processus d'autorisation de corstruction
d'école, il faut s'assurer que les places-élève sont
réellement un besoin, d'une part. Deuxièmement, il y a aussi
toute la question de la prévision démographique des quartiers et
du territoire. Cela a été une discussion fort longue et
laborieuse entre le ministère et le conseil de l'île pour avoir
des prévisions démographiques de clientèle de façon
cohérente et valable. C'est à peine depuis quelque temps qu'on
peut les posséder sur une base acceptable.
C'est l'ensemble de ces données qui est inclus aussi dans un plan
quinquennal et non pas uniquement les demandes comme telles. C'est l'ensemble
des données qui justifie... C'est la raison pour laquelle, lorsqu'on
semble joindre le plan quinquennal à une demande spécifique d'une
école en particulier, c'est la raison qui justifie cela. C'est d'avoir
l'ensemble des données pour avoir le plus de données possible
pour que la décision soit la plus judicieuse.
M. Léger: Mais dans votre plan quinquennal, cela contient
plusieurs zones.
M. Bienvenue: Pour l'ensemble de l'île.
M. Léger: C'est ça, parce que dans le projet qui a
été demandé, c'est pour des zones qui sont incluses, comme
dans les zones défavorisées, qui sont très
défavorisées, la zone 290. Alors, quand on parle du plan
quinquennal au point de vue de la possibilité budgétaire et de
dépense, est-ce qu'on peut dire que si le guide d'aménagement et
avec les données qui y sont, correspond aux besoins par rapport au
nombre d'élèves et de places-élève, que le besoin
est là, et que le guide d'aménagement est fait selon les normes
du ministère, il n'y aurait pas de problème au niveau du budget,
puisque ces sommes avaient déjà été retenues par le
Conseil scolaire et la CECM?
M. Bienvenue: Les sommes retenues au budget 1975/76
étaient des sommes retenues d'une façon globale, et chacun des
projets devait être approuvé spécifiquement,
c'est-à-dire fournir l'ensemble des données dont je viens de
faire mention, ce qui n'a pas été le cas pour l'année
1975/76.
On comprend maintenant ceci: ils vont nous présenter l'ensemble
des données parce que celles fournies en 1973 avaient été
refusées, compte tenu que les données démographiques et
les places-élève connues ne justifiaient pas un tel projet, mais
qu'à ce moment-ci, il semblerait que les nouvelles données
pourraient le justifier. Si elles le justifient, elles seront incluses dans un
plan, mais le plan d'investissement même dont on parlait tantôt,
qui est de $204 millions pour l'année en cours... Ce projet n'est pas
inclus là-dedans et il faudra retourner éventuellement au Conseil
du trésor pour une révision du plan.
Le député de Lafontaine a-t-il entendu cette
dernière remarque qui justifie une des conditions dont je parlais,
peut-être par excès de prudence, qui était celle des
disponibilités? Le sous-ministre adjoint vient d'expliquer ce dont on
avait besoin et a expliqué que, face aux nouvelles données des
tout prochains jours, le projet en question n'apparaissant pas dans la somme
globale des $204 millions dont on a parlé tout à l'heure, il
faudra retourner au Conseil du trésor pour avoir l'approbation de ce
projet. De là la prudence que je mettais dans mes écrits.
M. Léger: Si on remarque bien, il y avait $130 millions
d'engagés. Il restait des sommes pour aller jusqu'aux $204 millions.
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: Donc, il y aurait quand même des sommes
prévues dans le budget de 1976 disponibles pour un certain nombre
d'écoles.
M. Bienvenue: Dans les $204 millions, on a mentionné
tantôt qu'il y avait $130 millions dans l'enveloppe "Engagé", ce
sont tous des projets en cours actuellement, c'est-à-dire que la pelle a
commencé à creuser, on est rendu à la toiture et le projet
est là en construction. Il y a une somme de $48 millions qui comprend le
mobilier, l'appareillage et l'outillage, ce qu'on appelle communément le
"MAO", qui est tout simplement un certain nombre de montants pour le
remplacement de mobilier. Il restait un montant de $18 millions de variation
qui était causé par des retards de projets ou autres; là,
il y a des possibilités. D'accord?
M. Léger: D'accord. Je prends bonne note que vous
êtes prêt à considérer cela rapidement quand vous
aurez votre guide d'aménagement et le projet du conseil scolaire de
l'île.
M. Bienvenue: Réponse: Oui. Ma plus courte réponse
de la soirée: Oui.
M. Léger: Parfait.
M. Bienvenue: Et c'est inscrit au journal des Débats.
Le Président (M. Ostiguy): Le député de
Matane.
M. Côté: Puisqu'on parle d'immobilisation, j'avais
l'occasion de parler cet après-midi à M. Paul Bernier de la
Commission scolaire régionale Des-Monts qui rappellera sûrement de
bons souvenirs au ministre.
M. Bienvenue: D'excellents souvenirs.
M. Côté: ... pour discuter du problème des
pensionnats. Une question fort pertinente m'avait été
posée à ce moment. C'est qu'à partir du moment où
le ministère avait investi dans la réfection ou dans la
construction de pensionnats, on arri-
vait, je pense, dans le cas de Matane, au niveau de Marie-Guillard... Je
pense qu'il y a une dizaine de commissions scolaires d'affectées par
ceci, la fermeture éventuelle de pensionnats.
Alors dans le cas précis de Marie-Guillard, cela veut
nécessairement dire, et le ministre comprendra très bien ce que
je veux dire, que, pour les gens de Saint-Adelme, le rang 7, ouest, est
très mal fait... un logement à Matane. Là où se
pose le problème, c'est que le ministère des Affaires sociales
vient d'annoncer qu'il mettra à la disposition de personnes qui voudront
bien garder des personnes âgées, $1950 par année pour
garder ces personnes en foyer.
A partir du moment où le pensionnat lui-même est
fermé, on met à la disposition d'un parent qui aura un
élève à loger dans la ville, une somme de $950. Il est
facile de voir que les places seront très rares dans les foyers, dans le
cas de Saint-Adelme, par exemple, pour les gens de Matane, pour les loger
à Matane. Cela devient presque impossible.
Je ne sais pas si le problème a été
étudié de fond en comble au ministère et qu'est-ce qui
pousse le ministère... On me dira certainement que c'est encore une
question de crédits puisqu'on me dit que cela coûterait à
peu près $100 000 par année pour une résidence.
Peut-on faire le tour du dossier des pensionnats et me répondre?
Il y a dix commissions scolaires...
M. Bienvenue: II y a dix commissions scolaires qui ont des
résidences d'étudiants et qui depuis deux ans demandent à
réviser les critères d'allocation des ressources
financières pour le fonctionnement de ces résidences et
là, vous parlez du cas particulier de Marie-Guillard.
M. Côté: Oui. Marie-Guillard de Matane. On annonce
la fermeture et il y a des gens des paroisses à l'intérieur des
terres qui auront à subir de sérieux préjudices.
M. Bienvenue: Non seulement à Saint-Adelme.
M. Côté: Non seulement à Saint-Adelme. M.
Bienvenue: Saint-Nil.
M. Côté: C'est fermé complètement,
maintenant.
M. Bienvenue: C'est fermé maintenant? Je suis en retard.
Il en restait 35, dans mon temps.
M. Côté: II n'en reste plus un. M. Bienvenue: Dont
le curé.
Le Président (M. Ostiguy): Non, il n'a pas
terminé.
M. Bienvenue: Je le prends en note, je vais regarder le dossier
pour vous le remettre.
M. Côté: Parfait, merci.
M. Lapointe: J'ai encore quelques questions. En ce qui concerne
d'autres...
Le Président (M. Ostiguy): Le député de
Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: ... expériences qui sont faites à
l'élémentaire, appelées des écoles à aires
ouvertes qui permettent d'individualiser davantage l'enseignement, c'est une
façon de faire travailler en équipe les enseignants, ce qui n'est
pas toujours facile, par les expériences que j'ai pu vivre, le
ministère, comme dans le cas de l'enseignement modulaire dont je parlais
il y a quelques minutes, a-t-il évalué ces expériences, et
ce, même dans tout le Québec? Cet exercice s'est-il limité
à une structure physique, ou est-il allé plus loin, est-ce qu'il
a permis vraiment de développer un autre esprit auprès des
étudiants soit d'individualiser davantage l'enseignement, de
développer un autre esprit auprès des enseignants, leur permettre
un enseignement par équipe et l'entraide d'un enseignant à
l'autre? Avez-vous une évaluation en cours? Quelle est l'opinion du
ministère de l'Education sur ces expériences, pour ainsi les
nommer, car je pense que ce phénomène commence à
être pas mal généralisé? Avez-vous une
évaluation? Quelle est la politique du ministère?
M. Bienvenue: Comme politique générale, jusqu'ici,
les écoles à aires ouvertes ont pu être construites lorsque
le milieu l'exigeait, le demandait. Mais, depuis environ deux ans, non
seulement faut-il que le milieu demande que l'école soit à aires
ouvertes, mais il faut aussi qu'il prépare son personnel et qu'il
démontre que son personnel est intéressé à
travailler en équipe. C'est le point de départ.
Maintenant, sur le plan de l'évaluation, elle est en cours. Elle
devrait se compléter au cours de l'année qui vient. Pour les
écoles élémentaires à aires ouvertes, parce qu'au
niveau secondaire, il n'y en a que quelques-unes, comme opinion
générale, c'est peut-être très difficile à
évaluer l'expérience de toute la province. Il y a quand
même des facteurs très importants pour la réussiste de
cette approche pédagogique. Le facteur principal, c'est la
cohérence au niveau des instituteurs, le travail d'équipe et
l'intérêt au niveau de l'équipe de l'école.
Depuis environ quatre ans, on commence à développer les
aires ouvertes. On a quand même vécu deux crises à
l'intérieur du milieu scolaire. Je dois dire qu'il faut tenir compte de
tous ces éléments dans l'évaluation au niveau
élémentaire. Il y a des endroits où il y a eu permanence
de personnel. Ils ont vraiment réussi à bâtir à
partir d'une permanence. Il y a d'autres endroits où il y a eu tellement
de rotation du personnel que le personnel affecté demande de plus en
plus un cloisonnement.
M. Lapointe: Encore là, je voudrais faire une remarque. Je
trouve que les ressources pédagogi-
ques, les ressources financières en vue de faire l'acquisition de
matériel pédagogique devraient être augmentées pour
ces expériences, pour permettre de les mener à bien. Je pense que
ce sont des expériences valables. Cela m'apparaît une approche
pédagogique très valable, qui n'est pas facile à mettre en
place, à cause de la difficulté de faire travailler ensemble bon
nombre d'enseignants, à cause de l'instabilité du personnel dans
certaines écoles. Mais, on manque de moyens financiers pour faire soit
certains aménagements ou acheter surtout du matériel
pédagogique qui est nécessaire pour individualiser davantage
l'enseignement.
Je pense qu'on devrait peut-être avoir des budgets spéciaux
pour être attribués dans des cas comme ceux-là, des
expériences comme celles-là, pour encourager les enseignants, les
animateurs de ces expériences, à les poursuivre. Souvent, des
groupes d'enseignants se découragent, parce qu'il manque peut-être
quelques milliers de dollars, quelques dizaines de milliers de dollars pour
avoir le nécessaire et les mener à bien.
Je comprends que ce n'est pas seulement une question de matériel,
parce qu'on peut, même dans le milieu, trouver du matériel qui
pourrait servir. J'ai pu constater cela jusqu'à maintenant, que le
ministère de l'Education n'apportait pas une préoccupation
spéciale, comme je le souhaiterais, aux expériences de ce
genre-là, qui contribuent, à mon point de vue, à humaniser
comme le cas de l'enseignement modulaire davantage nos
écoles. C'est une première question.
Une autre question concerne les bibliothèques. Nous discutions
hier des budgets des Affaires culturelles et on a pu constater que des efforts
considérables ont été faits pour les bibliothèques
publiques dans tout le Québec et qu'il y a beaucoup de retard encore. On
peut constater aussi qu'il existe, dans certains milieux, des ententes entre
commissions scolaires et municipalités pour ouvrir au public les
bibliothèques scolaires. Evidemment, cela amène un changement de
vocation à la bibliothèque scolaire.
Est-ce que le ministère de l'Education pourrait fournir un
relevé des endroits où il existe des ententes dans tout le
Québec, municipalités et commissions scolaires, pour
l'utilisation de bibliothèques? Est-ce que le ministère de
l'Education est favorable à de telles ententes avec les
municipalités?
M. Bienvenue: Oui.
M. Lapointe: Est-ce que vous savez s'il en existe actuellement?
Est-ce qu'il y a eu des discussions avec le ministère des Affaires
culturelles pour accélérer ces ententes ou en faire la promotion?
En fait, c'est vrai pour beaucoup d'autres ressources physiques que nous avons
dans les écoles. Cela se fait d'ailleurs sur le plan sportif, les
gymnases, les salles communautaires ou les auditoriums sont prêtés
aux municipalités dans le cadre d'ententes protocolaires, mais il y a
beaucoup d'autres ressources que nous avons. Je pense à
l'équipement audio-visuel. Il y en a dans des éco- les et on ne
sait pas quoi en faire dans certaines écoles. Je me demande pourquoi ces
équipements ne pourraient pas servir à des groupes, à la
communauté de temps à autre, évidemment, en
exerçant un contrôle de façon qu'ils puissent être
utilisables pour les étudiants, parce que c'est le premier but pour
lequel on les a achetés. Mais les bibliothèques,
l'équipement audio-visuel, les locaux il n'y a pas trop de
problèmes du côté des locaux mais les
bibliothèques, cela ne semble pas démarrer tellement vite et dans
d'autres domaines aussi.
M. Bienvenue: Comme on me le fait remarquer, cela vient
évidemment dans l'étude du programme 3.
M. Lapointe: Je m'excuse.
M. Bienvenue: Mais cela ne fait rien. Cela constituera un
préavis d'une question dont la réponse pourra être plus
brève quand on étudiera le programme 3.
M. Léger: M. le Président,...
M. Lapointe: Si vous permettez, je n'ai pas fini. J'ai une autre
question sur l'éducation économique, est-ce que cela concerne le
programme 5?
M. Bérard: Oui, terminez, d'accord.
M. Lapointe: Tout le monde a pu constater, par des enquêtes
qui ont été effectuées, que les étudiants de niveau
secondaire, de niveau collégial, en fait l'ensemble des étudiants
avaient très peu de connaissances sur le plan économique. Est-ce
que le ministère de l'Education envisage d'introduire un programme
d'éducation économique optionnel ou obligatoire au niveau
secondaire? Cependant je suis très conscient, à cause des
problèmes dans la grille horaire du secondaire qui est actuellement
très chargée et qui laisse peu de place à de nouvelles
disciplines; il y a l'histoire qui a été ajoutée, je
crois. De quelle façon envisagez-vous d'apporter un correctif à
ce problème?
M. Bienvenue: Le député de Laurentides-Labelle
aimerait-il que je lui donne une réponse là-dessus, le journal
des Débats ignorant, n'est-ce pas, si je lis ou si j'improvise? Alors je
donne une réponse au député de Laurentides-Labelle. Tout
le monde veut sauver l'économie dans la province, associations, cadres
intermédiaires, organismes financiers, CEQ, MIC, etc.
Normalement notre programme Formation personnelle et sociale devrait
couvrir cette dimension, étant approuvé comme
expérimental, contrôlé dans huit écoles, dû
à l'urgence depuis l'apparition du document intitulé:
L'éducation économique au Québec 1975/78, signé par
M. André Bruneau et publié dans le MIC de mai 1975.
Comme nous n'avons qu'un programme officiel sur l'initiation à la
vie économique offert
comme option en secondaire V, nous devrons, comme pour
l'éducation sexuelle, le sortir par la même formule. Cependant,
à cause du contexte et du contenu qui peuvent prêter à
toutes sortes d'approches et surtout de sorties: capitalisme, marxisme,
socialisme, etc., nous croyons qu'il devrait être
précédé de principes ou d'une conception de
l'économique. Le tout étant fait, le contenu
détaillé du programme serait actualisable.
Qui pourrait être l'auteur de cette conception? Le
ministère de l'Industrie et du Commerce doit rencontrer le
ministère de l'Education incessamment pour explorer une
possibilité de concertation et de coordination.
M. Lapointe: Si vous permettez. Les normes
budgétaires...
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
faire remarquer au député qu'on vient de terminer
l'élément 5 et que les normes budgétaires relèvent
de l'élément 7. Si vous voulez, on va... sans ça, les
crédits vont prendre beaucoup de temps. Il y a des programmes
exprès pour ça. Si vous n'avez pas d'objection à revenir
à l'élément 7...
M. Lapointe: M. le Président, on est au programme 5, qui
vise à rendre accessible aux enfants de niveau
pré-élémentaire et aux élèves de niveau
élémentaire...
M. Léger: C'est au programme 7, cette partie.
M. Lapointe: ... les services d'enseignement et de support
à l'enseignement en fournissant aux commissions scolaires les ressources
nécessaires. C'est quand même assez large.
M. Léger: Oui, mais c'est au programme 7 que ça se
discute, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Je pense qu'on a
chevauché quand même depuis le début de la
séance.
M. Léger: Aux programmes 5 et 6 seulement.
Le Président (M. Pilote): Aux programmes 5 et 6...
M. Léger: Aux programmes 5 et 6 seulement.
Le Président (M. Pilote): On n'a pas adopté les
programmes 2 et 3, on a sauté.
M. Lapointe: D'accord, je reviendrai au programme 7.
M. Léger: II n'y a pas de problème.
M. Bérard: Une courte question, M. le Président, si
vous me le permettez. Cela relève évidemment de
l'équipement sportif, notamment au niveau secondaire. Est-ce que c'est
toujours la politique du ministère de l'Education de doter nos
polyvalentes de piscines intérieures? Nous avons un problème,
à la polyvalente Val Mauricie, de Shawinigan-Sud, qui existe depuis une
dizaine d'années. Des demandes ont été faites à
plusieurs reprises pour doter cette polyvalente d'une piscine intérieure
et, malheureusement, il n'y a pas eu de suite à cette demande. Je sais
que certaines polyvalentes il y en a plusieurs d'ailleurs sont
dotées de ces piscines intérieures, et je me demande si c'est la
politique du ministère de doter les polyvalentes de piscines
intérieures.
M. Bienvenue: La politique qui existait dans le temps entre les
municipalités et les commissions scolaires pour le partage et la mise en
commun a été mise en vigueur à compter de 1973.
Effectivement, il y a eu un certain nombre de projets qui se sont
réalisés ou qui sont en voie de réalisation. Cette
politique est suspendue depuis maintenant 18 mois. Compte tenu des
crédits disponibles, elle est suspendue pour le moment.
M. Bérard: Est-ce que c'est l'intention du
ministère de reprendre je m'adresse au ministre ce
programme un peu plus tard, parce qu'on constate une situation qui est assez
drôle. C'est qu'au niveau du CEGEP, par exemple, vous avez des
équipements sportifs très variés et très modernes,
et on constate malheureusement que souvent, notamment au niveau de
l'élémentaire, qu'il y a carence de ce côté.
Evidemment, on a l'impression qu'on commence à l'envers,
c'est-à-dire qu'au niveau collégial, nous avons tous les
équipements sportifs nécessaires, mais ce qui arrive, c'est qu'au
niveau élémentaire, il n'y a presque rien. Et les
élèves qui arrivent au niveau secondaire ou au niveau
collégial, n'ayant pas eu l'apprentissage de ces équipements,
sont plus ou moins intéressés à les utiliser. Je pense
qu'il y a eu un effort de fait pour augmenter l'équipement au niveau
élémentaire et également au niveau secondaire. Mais c'est
bien évident que s'il n'y a pas d'effort de fait à ces niveaux,
les élèves, rendus au niveau collégial, n'auront
peut-être pas l'intérêt qu'ils devraient avoir pour
l'utilisation maximale de tous ces équipements. C'est pour cela que
j'insiste.
Je prends l'exemple, de la région de Shawini-gan, où nous
avons un CEGEP qui possède sa piscine intérieure et des
équipements absolument extraordinaires, alors qu'aux niveaux
élémentaire et secondaire il y a carence et, souvent, d'une
façon assez notable.
Je me demande s'il n'y aurait pas possibilité, M. le ministre, de
reprendre ce programme. Evidemment, il y a toujours les restrictions
budgétaires.
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on ne pourrait pas
attendre au programme 7? Nous pourrions adopter le programme 5 et, passer au
programme 6, avant, comme l'indique l'ordre de discussion que nous a fourni le
ministre. Le ministre répondra à votre question par la suite.
M. Bérard: C'est parce que le député de
La-
fontaine parlait tantôt d'équipements sportifs. C'est pour
cela que moi aussi, j'ai pensé à en parler. Il a abordé
les équipements sportifs au niveau secondaire et au niveau
élémentaire. Je ne voulais pas perdre la chance d'en parler.
M. Bienvenue: Quant à avoir posé la longue
question, pourquoi ne pas y répondre. Evidemment, l'intention aux
niveaux élémentaire et secondaire y est. C'est toujours la
même réponse que je donne, en regrettant de la donner autant que
celui qui m'entend: question de budget. Il n'y a aucune raison logique
et au contraire pour que l'élève de
l'élémentaire ou du secondaire n'ait pas, à l'âge
qu'il a, les facilités d'équipement qu'on n'atteint qu'au niveau
du CEGEP. Vous soulignez avec raison qu'à ce moment on a peut-être
perdu ou jamais eu le goût de faire s'épanouir le corps
humain.
M. Léger: M. le Président, je suis bien de l'avis
du député. Je pense qu'on pourrait y revenir au programme 7,
d'une façon plus détaillée.
En ce qui nous concerne, le programme 5 serait adopté.
Le Président (M. Pilote): Programme 5,
éléments 1, 2, 3 et 4, adoptés.
M. Léger: Maintenant le programme 6.
Le Président (M. Pilote): Le programme 6.
L'abandon des études
M. Léger: M. le Président, au mois de juillet
dernier, la CECM rendait publique une étude réalisée par
une équipe de ses chercheurs sur le phénomène de l'abandon
scolaire appelé "dropout ". Cette étude a été
réalisée de 1971 à 1974 sur les étudiants qui
fréquentent les écoles de la CECM. Je pense que ce n'est pas la
première fois que des statistiques sont publiées sur le sujet de
l'abandon scolaire et je pense que le gouvernement et la
Fédération des commissions scolaires ont également
émis des chiffres.
J'aimerais quand même en citer certains qui m'ont
particulièrement frappé. En 1971/72, un garçon sur vingt
"dropait"; en 1973/74, un sur dix.
M. Bienvenue: Je m'excuse. Lorsque le député dit un
garçon, insiste-t-il sur le mot garçon ou s'il parle d'un
élève?
M. Léger: Je dirais plutôt un garçon, parce
que ce n'est pas la même chose au niveau des filles. Les 'dropouts"
illégaux, c'est-à-dire en bas de quinze ans, forment 16% du total
en 1973/74, alors que c'était 9% en 1971/72. La grande majorité
des "dropouts" a accumulé, en plusieurs années, d'énormes
retards scolaires, surtout en français et en mathématiques. Plus
un élève décroche jeune, plus il a subi de retards
scolaires, ce qui nous laisse entendre que celui qui a abandonné
âgé, le fait pour autre chose, alrors que le jeune le fait par
découragement. Le plus grand nombre de "dro- pouts" se retrouvent dans
les voies allégées ou dans le secteur professionnel court.
A la lumière de ces constatations, j'aimerais savoir du ministre,
les moyens qui sont mis de l'avant pour inciter les très jeunes à
rester à l'école. Par exemple, s'est-on demandé la raison
de l'abandon des études à l'âge de treize ans et de
quatorze ans? La méthode dite allégée, est-ce qu'elle
n'est pas une impasse? J'aimerais que le ministre me donne une bonne vision de
sa perception du problème et des solutions qu'il peut apporter à
ce phénomène qui est, quand même, très
important.
M. Bienvenue: Vous posez là une question qui est
très vaste, l'abandon scolaire. Les statistiques que nous avons
maintenant concernant des écoles publiques qui constituent,
évidemment, le réservoir de l'école pour tous.
Il y a certainement un défi énorme à relever pour
avoir une approche pédagogique, des programmes et des professeurs
préoccupés de l'ensemble de la clientèle et plus
particulièrement ceux qui sont les plus défavorisés sur le
plan intellectuel. Il faut quand même dire que cela ne fait pas partie,
je dirais, de notre tradition que de recevoir et d'accueillir tous les enfants
à l'école. Ce n'est que, je dirais, depuis le début de la
réforme scolaire que ceci a été
développé.
Il y a eu, au point de départ, un plus grand engouement du fait
que, par la réforme scolaire, on avait de plus en plus l'assurance qu'en
poursuivant des études secondaires, on aurait au moins une place sur le
marché du travail, on aurait une place, à l'intérieur de
la société, plus assurée.
Evidemment, la situation et toute la conjoncture socio-culturelle ou
économique n'ont pas permis d'atteindre cet objectif pour tout le monde.
Comment remédier à ce problème d'abandon scolaire? Je
dirais qu'actuellement, ce qui est le plus significatif, c'est tout d'abord au
niveau de la tâche des enseignants. Il y a un effort qui est fait tant
dans le domaine des relations du travail qu'au sein des commissions scolaires
pour amender l'attitude du personnel enseignant face aux élèves,
de manière que les écoles ne soient pas que des boîtes
à cours. C'est sûr que des boîtes à cours, cela ne
répond pas aux exigences de ceux qui, au plan des intérêts
face au savoir ou au plan des intérêts face à d'autres
acquis, sont très faibles.
Il y a, au niveau de la tâche des enseignants et il y a aussi au
niveau de l'encadrement des écoles, un encadrement des
élèves et un encadrement du personnel. Par une nouvelle politique
qui est en application maintenant, qui a été
expérimentée, évaluée, et qui le sera davantage au
cours de l'année prochaine, là aussi il y a une
possibilité d'augmenter le personnel d'encadrement à
l'intérieur de l'école de manière à permettre
davantage l'atteinte d'une forme de synthèse vis-à-vis des
élèves, parce que le décloisonnement entraîne une
difficulté au plan de la synthèse d'un élève qui a
une série de cours et une série d'options.
Il y a aussi on l'a mentionné au cours de la
journée toute la question de spécification de programmes
de manière à assurer une continuité
d'un niveau à l'autre, et plus particulièrement aux
niveaux élémentaire et secondaire, une continuité qui
puisse se vérifier par un instituteur qui saura ce que
l'élève a acquis l'année précédente et ce
qu'il devra acquérir l'année suivante. C'est un autre
élément qui apparaît extrêmement important face au
maintien d'une forme de motivation.
Il y a aussi le règlement no 7 qui propose que l'école ne
soit pas strictement un lieu d'acquisition de connaissances pour ceux pour qui
il y a moins de motivation. Il y a d'autres éléments, comme les
activités éducatives, qui sont également des centres de
formation, des lieux de formation mais qui ne peuvent pas se bâtir du
jour au lendemain. Disons que les maîtres formés dans les
universités ou les écoles normales, autrefois, n'ont pas
nécessairement pris l'habitude de développer des activités
éducatives autres que de donner de l'enseignement. Alors, cela, c'est un
autre moyen de motivation.
L'école, pour répondre aux attentes de tous ceux qui se
présentent parce qu'on sait que l'école pour tous
reçoit autant l'élève en probation qui a mis le feu la
veille au soir que l'élève de milieux défavorisés
ou de milieux familiaux en difficultés ou autres pour
répondre à toutes ces exigences, pour atteindre cet objectif,
c'est sûr et certain que cela ne peut pas s'atteindre à court
terme. Avant l'accessibilité, il y a un fort pourcentage de ces
élèves qui étaient chez eux. Maintenant, ils sont de plus
en plus dans l'école, mais il y en a qui décrochent à un
niveau plutôt qu'à l'autre et plus particulièrement au
niveau secondaire et plus particulièrement ceux qui ont des
difficultés à s'adapter à un centre qui transmet du
savoir.
Les moyens, donc, qui m'apparaissent importants, c'est:
spécification de programmes, encadrement, et plus
particulièrement le développement d'activités plus
diversifiées pour pouvoir accrocher le plus possible.
M. Léger: Est-ce que vous avez remarqué, c'est
là-dessus que je voulais surtout mettre l'accent, que les dropouts au
niveau des plus jeunes, de 13 à 14 ans, ce que ces jeunes font
après avoir abandonné? Ces jeunes qui ont abandonné se
retrouvaient dans les voies allégées ou dans le secteur
professionnel court. Est-ce qu'il n'y a pas, justement, un problème
particulier de ce côté? Je parle, spécialement, des enfants
de 13 à 14 ans, dans les débuts où il semble...
L'encadrement peut certainement aider. Est-ce que vous ne voyez pas au niveau
des jeunes de 13 à 14 ans d'autres causes qu'uniquement le fait que
l'encadrement pourrait régler cela? Est-ce qu'il n'y a pas un
problème particulier pour les plus jeunes? Pour les plus vieux, ce sont
d'autres raisons.
M. Bienvenue: L'encadrement amène, je dirais, un
intérêt par l'extérieur, mais il y a toute la question de
la motivation par des programmes mieux adaptés à leurs propres
besoins pour pouvoir développer une motivation par l'intérieur,
et non pas uniquement une contrainte par l'encadrement. Dans les statistiques
qui ont été don- nées, je pense, c'est de mémoire
que je pourrais les rappeler, quand même le plus fort taux d'abandon ne
se situait pas dans l'ordre des 13 et 14 ans. C'était au niveau
supérieur, si je me souviens bien.
M. Léger: Concernant les enfants de moins de 15 ans, il
s'agit de 16% du total en 1973/74. C'est quand même un pourcentage assez
important quand on sait le nombre d'élèves qu'il y a dans ce
secteur. Est-ce qu'on a aussi pu faire une étude pour savoir ce que font
ces jeunes, une fois qu'ils ont abandonné, étant donné
qu'ils ont été faibles au niveau des mathématiques, au
niveau du français. Cela fait des gens qui ne sont pas formés et
qui deviennent un peu des épaves par la suite. En plus de cela, c'est
illégal. Ils sont âgés de moins de 15 ans.
M. Bienvenue: En ce qui concerne les études, il faudrait
vérifier. La Commission des écoles catholiques de Montréal
a fait certainement des opérations relance pour cette clientèle.
Pour pouvoir connaître ces statistiques, il a fallu qu'elle les fasse
aussi. Maintenant, en ce qui concerne le ministère, il faudra
vérifier.
M. Léger: Est-ce que vous avez une idée de ce que
font ces enfants quand ils ont quitté l'école? Où sont
rendus les 16%? C'est important de savoir ce qu'on a produit. On produit au
bout de la ligne ceux qui ont leur diplôme pour avoir des emplois. Ceux
qui ont laissé avant, surtout en bas de 15 ans, est-ce que le
ministère a quand même vérifié ce que font ces
jeunes qui ont abandonné?
M. Tremblay: Ils travaillent pour...
M. Léger: Ils ne peuvent même pas travailler, c'est
illégal.
M. Tremblay: Ils ont vieilli s'ils ont décroché
depuis trois ou quatre ans.
M. Léger: J'aimerais avoir une réponse du
ministère.
M. Bienvenue: On va les retrouver dans la rue ou ailleurs. Si on
me permet d'ajouter une dimension qui va peut-être donner l'impression du
vieux jeu, j'espère qu'on ne m'accusera pas de nostalgie là non
plus, mais il y a un facteur que je ne néglige pas. J'aimerais que les
membres de la commission qui sont ici s'expriment autant que moi, comme parents
ou autrement, comme ex-éducateurs, sur le désintéressement
des parents, d'un trop grand nombre de parents, désintéressement
qui s'est fait de façon graduelle, de parents qui se sont
délestés ou déchargés complètement de leurs
responsabilités en faveur ou au sujet de l'école ou des
éducateurs, en disant: Qu'ils s'en occupent. L'Etat les éduque
gratuitement. Ce qui est une bonne chose. Qu'ils s'en occupent du matin
jusqu'au soir, la question des devoirs, des leçons, du travail
personnel, on l'abandonne, ou l'oublie. Non seule-
ment on peut faire le reproche à un certain nombre de parents de
ne pas s'intéresser aux comités d'école ou de parents dont
parlait le député de Lafontaine ce matin, lorsqu'il parlait du
désintéressement à ce niveau, on retrouve ce
désintéressement au niveau des élections scolaires dont il
parlait, malgré que cette année, je souligne en passant, que le
pourcentage a grimpé, selon ce que j'ai lu dans les journaux, de 30%
à 38%, mais quand même.
M. Léger: Pour la région de Québec.
M. Bienvenue: Oui. Désintéressement à tous
les niveaux. Lorsque l'enfant lui-même a l'impression que non seulement
on ne se préoccupe pas de sa vie d'étudiant à domicile,
mais qu'en plus de cela, il est dans les jambes, l'enseignant d'aujourd'hui, de
1976, qui a la tâche dont on a parlé, n'a pas quand même
à remplacer les parents sur tous les niveaux et à se substituer
à eux pour un certain rôle de sensibilisation et d'encadrement
normal, naturel du foyer. Je pense qu'on ne doit pas éliminer ce motif
parmi ceux qu'a énumérés M. Rousseau, comme raison, plus
ou moins directe, des dropouts.
M. Léger: Mais ce qui me surprend quand même, c'est
que le ministre...
M. Bienvenue: Je n'ai pas dit cela par nostalgie.
M. Léger: ...parle des responsabilités des parents.
C'est vrai. Mais une personne, un père ou une mère de famille qui
voit son enfant abandonner, pour lui, c'est son enfant, c'est une personne.
Mais le ministère, lui, quand il voit les statistiques grossir, il y a
une responsabilité de ce côté. Quand je parlais
tantôt de 16% de jeunes en bas de 15 ans, c'est une responsabilité
du ministère. Cela me surprend que, jusqu'à maintenant, vous ne
sembliez pas avoir une réponse à cette préoccupation. Que
font les enfants en bas de quinze ans, ceux qui ont abandonné? On m'a
dit tantôt qu'il y a des possibilités de trouver des solutions au
niveau de l'encadrement, de la spécification des programmes, d'amener
une motivation supérieure, une meilleure diversité dans les
activités. Mais, quand même jusqu'à maintenant, je n'ai pas
eu de réponse qui me satisfasse au niveau des correctifs bien
précis et de la connaissance même de ce phénomène au
niveau quantitatif de ces dropouts, et surtout du fait qu'on ne sait pas, au
ministère de l'Education, ce qui est arrivé à ceux qui ont
abandonné avant la fin du corridor qui devait les mener vers un
diplôme pour leur permettre de trouver de l'emploi.
M. Bienvenue: En fait, il y a eu de la difficulté...
Même les commissions scolaires, non pas dans un rapport écrit,
mais verbalement, ont souvent de la difficulté à retracer les
enfants avec les parents ou même les parents souvent, dans ces cas,
disent tout simplement que l'enfant a quitté l'école et ça
vient de finir. On peut difficilement le faire, mais on ne l'a pas...
M. Lapointe: M. le Président, si je peux ajouter une
remarque là-dessus. Je pense qu'au niveau de l'encadrement, cela
m'apparaît une partie de solution, encadrement au niveau des enseignants,
c'est-à-dire des gens pour aider aux enseignants à
connaître davantage les étudiants avec qui ils ont affaire,
l'encadrement aussi des étudiants. Je me demande jusqu'à quel
point le système scolaire, polyvalent, tel qu'on l'a appliqué
jusqu'à maintenant, qui amène une rotation, une course à
travers les polyvalentes de 45 minutes en 45 minutes, qui rend les relations
professuers-étudiants très impersonnelles... Cela
m'apparaît une cause importante des abandons scolaires, de façon
que l'enseignant, évidemment ne doit pas remplacer les parents, mais ses
relations avec l'élève sont de loin celles qu'elles
étaient, qui existaient auparavant. Aussi, dans les écoles
polyvalentes, je trouve qu'on insiste trop sur le contrôle des absences,
des présences, des punitions des élèves qui sont exclus de
l'école, après un certain nombre de jours d'absence dans telle ou
telle matière ou qui n'ont pas le droit de se présenter à
tel ou tel examen s'ils ont manqué un certain nombre de jours. Cela
existe dans les commissions scolaires. On devrait peut-être consacrer une
somme d'argent plus importante à faire de la prévention ou
à faire du travail social auprès des familles, auprès des
étudiants. Il y a un paquet d'étudiants qui font face à
des problèmes dans leur famille, problèmes dont les enseignants
ne sont absolument pas au courant, parce qu'on manque de personnel pour
s'occuper de ces problèmes. Plutôt que de dépenser des
cinquantaines de mille dollars pour engager des contrôleurs d'absence et
de présences, malgré que je considère qu'on doit avoir un
contrôle, on devrait faire une action qui est beaucoup plus rentable,
à long terme, sur le plan de la prévention, sur le plan du
travail social, par des travailleurs sociaux; il s'en trouve déjà
dans des écoles, par entente, je crois, avec le ministère des
Affaires sociales. Mais on devrait en ajouter davantage et ça pourrait
aider, cela aussi, a récupérer un certain nombre
d'étudiants qui abandonnent, et aussi à faire comprendre aux
parents les problèmes de leurs enfants. Je dis que certains professeurs
ne comprennent pas, ne connaissent pas tous les problèmes des
étudiants, parce qu'ils ont affaire, souvent... Je prends un exemple: Le
professeur de catéchèse, qui a deux périodes par semaine a
une tâche de 22 périodes dans la semaine, cela veut dire qu'il
voit onze groupe de 30 étudiants, cela veut dire qu'il rencontre 330
étudiants. Comment demander à un enseignant de connaître un
peu ces étudiants d'avoir des relations personnelles avec eux? C'est
absolument impossible.
Aussi, dans plusieurs écoles, on a laissé les enseignants
libres...
M. Léger: C'est la raison pour laquelle on a mis un
maximum d'élèves par classe.
M. Lapointe: Oui, d'abord, cela peut le justi-
fier. On a aussi laissé les enseignants libres de quitter leur
travail lorsqu'ils n'ont pas de période de cours. Comment voulez-vous
qu'un enseignant puisse rencontrer de temps à autre un étudiant
qui a un problème dans sa discipline, si, au moment où il a des
périodes libres, il quitte l'école et il revient deux heures
après, au moment où il a une autre période. Il n'y a
aucune relation, dans la majorité de nos écoles, vraiment humaine
ou personnelle, entre enseignants et étudiants. Je ne blâme pas
nécessairement les enseignants. Il faudrait repenser cette structure,
faire en sorte, aussi, comme je le disais, avec les 45 minutes et le
système polyvalent, la rotation et la course d'un étage à
l'autre, d'un local à l'autre, à toutes les 45 minutes... Je
pense qu'il y aurait moyen de modifier cela, surtout pour les étudiants
les plus jeunes, pour faire en sorte qu'on revienne un peu au système de
titulaires traditionnels qu'on avait. Pas pour toutes les disciplines, mais
pour un certain nombre, comme les mathématiques, le français, la
géographie, pour que l'étudiant s'identifie davantage à
une personne et que cette personne connaisse davantage ses
étudiants.
M. Bienvenue: Le titulaire qui savait au moins le nom de son
élève.
M. Lapointe: Au moins le nom, oui, et il connaissait aussi les
problèmes qui l'élève affrontait dans sa famille. Le
problème, je le vois de cette façon: l'écoeurement de
l'étudiant qui ne se sent pas écouté, pas compris, qui
court du matin au soir dans l'école pour aller suivre un cours. Il
arrive dans un cours et, souvent, c'est un suppléant qui est là,
parce que l'enseignant est malade. Il lui fait faire une page de
problèmes dans le livre, parce qu'on en est rendu à telle page,
et il lui fait faire de la copie parce que l'étudiant n'a pas rempli
telle exigence. En fait, on l'écoeure plus qu'on essaie de l'aider. On
met des sommes d'argent sur du contrôle, alors qu'on n'en met pas pour
faire du travail positif qui va être rentable à long terme.
M. Léger: Je suis parfaitement d'accord avec ce que dit le
député de Laurentides-Labelle. D'ailleurs, cela faisait partie du
débat que nous avons mis de l'avant. Je suis heureux de voir que le
député de Laurentides-Labelle touche l'aspect des relations qui
existent entre le maître et l'élève. C'est une des raisons
pour lesquelles le grand débat, dans les négociations actuelles,
était sur le maximum d'élèves par classe, pour qu'on
puisse avoir une relation maître-élève beaucoup plus
étroite et, comme le disait le député de
Laurentides-Labelle tantôt, c'est une façon pour un
élève de connaître son professeur et pour le professeur de
connaître son élève. Mais je pourrais quand même
ajouter que les dropouts parmi les jeunes, n'ont pas les mêmes raisons
que les dropouts parmi les plus âgés. Dans les études qui
ont été faites là-dessus, c'est que la grande
majorité des dropouts a accumulé en plusieurs années
les jeunes des retards scolaires, surtout en français et
en mathématiques. De plus, cet élève se distance des
autres élèves de sa classe, de ses groupes, de son milieu, il est
moins qualifié et, à ce moment-là, c'est beaucoup plus un
découragement qui fait qu'il y a un dropout. Tandis que, pour les plus
âgés, c'est sûrement un désintéressement
général du fait qu'ils veulent aller travailler, que leurs amis
sont à l'extérieur. Ce sont deux causes différentes: les
dropouts des jeunes et les dropouts des plus âgés. Je pense que
c'est là-dessus que le ministère devrait se pencher. Le
système d'éducation actuel ne tient pas compte de la
qualité de l'enseignement qu'on doit donner aux jeunes,
spécialement au niveau où ils prennent du retard, ce qui va les
amener à un découragement et à un départ. C'est
là-dessus que j'aimerais bien que le ministère se penche pour me
dire jusqu'à quel point il est sensible au problème du dropout
des jeunes qui est différent du dropout des plus âgés.
M. Bienvenue: En ce qui concerne les retards scolaires, parmi les
éléments de solution que je mentionnais tantôt, c'est
celui, effectivement, d'une meilleure précision quant au programme.
C'est qu'avec un programme-cadre très généralisé,
il y a possibilité pour un maître d'évaluer ce que
l'élève a reçu l'année précédente,
pour autant qu'il existe des programmes institutionnels ou des plans
d'étude bien connus à l'intérieur de l'école. La
réalité, par mutation du personnel ou encore par la
difficulté d'avoir toutes les ressources nécessaires pour pouvoir
aller à l'intérieur de chaque école jusqu'à un plan
d'étude ou un programme institutionnel, cette réalité a
peut-être amené des étudiants à ne pas être
évalués d'une année à l'autre par rapport aux
objectifs qui devaient être poursuivis au cours des années.
Alors, par une spécification, et c'est là un des grands
objectifs, le maître qui reçoit un élève en
secondaire III pourra savoir, avec précision, ce que
l'élève aurait dû recevoir en secondaire II et faire la
vérification, avant de continuer, pour pouvoir assurer une
continuité et le prendre là où il est rendu et non pas
prétendre qu'il est déjà rendu à tel point.
C'est ce continuum, si vous voulez, à l'intérieur des
programmes, qui se développe actuellement comme priorité, pour
répondre à ce problème du retard pédagogique non
évalué, à cause de mille et une circonstances.
M. Côté: M. le Président, je pense que les
députés de Laurentides-Labelle et de Lafontaine ont ouvert un
débat très, très intéressant en ce qui concerne la
tâche de l'enseignant.
J'ai quitté l'enseignement en 1973, c'est quand même
relativement récent, et j'ai fait un stage d'enseignement de deux ans.
J'ai pu constater une chose. Lorsque le député de Lafontaine dit
qu'il faut avoir un minimum d'élèves dans un cours, je suis
parfaitement d'accord avec lui. Mais je ne suis pas convaincu, par exemple,
qu'en limitant le nombre d'élèves par cours cela permettra au
professeur d'avoir le contact humain qu'on souhaite avec l'élève,
mais cela facilitera peut-être
un peu plus le contact au point de vue des matières.
Cela veut dire que le professeur qui enseignera les mathématiques
pourra se consacrer un peu plus longtemps aux mathématiques, à
l'élève. Là où se situe le rapport humain entre le
professeur et l'élève, c'est après les cours. C'est
là qu'on peut changer la facette d'une polyvalente, dans la mesure
où les professeurs n'agissent pas toujours en signe de piastre et
veuillent bien mettre de leur temps à la disposition des
élèves pour des activités parascolaires. C'est à
partir de ce moment là que le contact humain peut se faire. Les
problèmes que peut rencontrer l'élève, dans son milieu
scolaire, des problèmes personnels ou des problèmes familiaux,
peuvent être discutés et être solutionnés.
J'ai pu le constater parce que, sur un groupe de 100 professeurs, au
niveau de la polyvalente de Sainte-Anne-des-Monts, nous étions à
peu près quatre sur les 100 qui pouvaient sacrifier une journée
ou deux fins de cours par semaine pour rencontrer les élèves. Et
cela paraissait, ceux qui étaient heureux à la polyvalente et
ceux qui ne l'étaient pas. Dans la mesure où ce sera toujours
monnayé et qu'il n'y aura pas de possibilité d'échanges de
services pour un mieux-être à l'intérieur de la population
étudiante, j'ai l'impression, qu'on va manquer le bateau. C'est une
question de bon sens de la part de tout le monde. Le professeur doit, dans sa
mentalité, être capable de dire à l'élève: A
l'intérieur d'une activité parascolaire, on se retrouve, que ce
soit au point de vue de l'organisation de pièces de théâtre
ou de toute autre forme d'activité, même sportive. C'est là
que vous réglez les problèmes des élèves, c'est
là qu'est l'avenir de l'école, dans la mesure où vous
allez être capables de rencontrer des élèves, en dehors des
heures de cours. C'est là que les contacts humains vont se faire.
Si vous diminuez, au niveau d'un cours, le nombre
d'élèves, j'en suis, parce qu'il faut minimiser le nombre
d'élèves dans un cours, mais ce sera toujours un rapport de
maître-élèves, au niveau de matières scolaires.
Tandis que les problèmes de "dropout" vont peut-être se
régler dans des contacts humains entre professeurs, pour être
capable de discuter du problème de l'élève,
problème familial qui est transposé dans un cours, qui fait que
l'élève ne réussit pas. Alors, je pense qu'il faudrait
apporter cette nuance.
M. Léger: Je suis parfaitement d'accord avec ce que le
député de Matane vient de dire et je pense que le problème
est encore plus global. C'est sûr que, si le professeur a moins
d'élèves par classe, il pourrait, je dis bien il pourrait
c'est pour cela que je suis d'accord avec le député donner
plus de temps à une relation humaine avec l'élève, pourvu
que le contexte dans lequel le professeur travaille revalorise son
rôle.
Je pense que, jusqu'à maintenant, le syndicalisme a
été obligé de défendre certains points, comme la
sécurité d'emploi, comme les salaires. L'attitude que le
gouvernement a prise, depuis plusieurs années, avec deux décrets
consécutifs, a amené, chez le professeur, une réaction
négative, chose qui n'existait pas auparavant, alors qu'il était
plutôt considéré comme un professionnel de
l'éducation, comme une personne qui avait une vocation de formation
d'élèves.
Alors, si le syndicat, actuellement, est obligé de
défendre des choses aussi terre à terre que la
sécurité d'emploi et les revenus, c'est sûr qu'on n'a pas
donné au professeur la considération dont il avait besoin pour se
sentir réellement autre chose qu'un numéro à travers le
système où il se sent continuellement menacé et toujours
obligé de défendre des choses fondamentales en mettant de
côté de plus en plus le rôle qu'il devrait jouer, celui de
former de jeunes adultes pour demain. Je pense que c'est un tout qui se tient.
Quand un professeur aura une sécurité d'emploi, il pourra se
consacrer continuellement à améliorer sa tâche,
s'améliorer lui-même et avoir des relations humaines avec ses
élèves.
En plus, si on le considère comme un professionnel de
l'éducation, il va agir comme un professionnel de l'éducation.
Mais tant qu'on le considérera comme un numéro, comme une
personne qui est à l'intérieur d'un groupe qui veut menacer le
système dans lequel on se trouve et qui vit une relation d'attaque
continuelle contre le rôle du professeur, je ne pense pas qu'il aura
cette tentation ou ce réflexe de jouer un rôle qui a toujours
été le sien. Je pense que le professeur devra être celui
avec qui le gouvernement, les commissions scolaires et les parents devraient
compter pour l'élaboration du milieu de travail, l'élaboration de
la tâche de l'enseignant, l'élaboration de tout le système
dans lequel il est le personnage central. A ce jour, on ne le considère
pas comme le personnage central du milieu de l'éducation, et c'est, je
pense, ce qui fait défaut. Il y a plusieurs causes à cela et je
pense que c'est l'ensemble de ces causes qui amène la situation dans
laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Il est extrêmement difficile de parler d'abandon scolaire sans
traiter de la valeur des cours offerts aussi au secteur professionnel.
Malgré les résultats assez positifs de ce dont on parlait ce
matin ou cet après-midi, la relance 1974/75, je voudrais tout de
même savoir les efforts que le ministère déploie pour
rendre le secteur professionnel court plus attrayant afin qu'il y ait moins
d'abandons.
Le secteur professionnel court est un paradoxe actuellement. On peut lui
reprocher à la fois d'être une impasse parce qu'il est trop
spécialisé, c'est-à-dire qu'il offre peu de
débouchés et ne permet pas l'accès au CEGEP, et souvent de
n'être pas assez spécialisé, ce qui fait qu'il ne colle pas
réellement aux réalités de l'industrie et force les
élèves qui voudraient quitter pour travailler de rester à
l'école.
Le ministre peut-il me dire quelle influence les études de
relance ont pu avoir sur l'amélioration du secteur professionnel court,
sur les correctifs qu'il y a à apporter? Quelle est l'influence des
études de relance sur l'amélioration du secteur professionnel
court?
M. Bienvenue: Dans le cas du secteur professionnel court, par les
études qui ont pu être faites, effectivement, au niveau des
secondaires let II, pour les deux premières années, il n'est plus
question maintenant de marginaliser les élèves. Ils suivent
exactement les mêmes cours que les autres. Au niveau de secondaire III et
IV, il y a une forme de spécialisation. Nous sommes vraiment, encore
là, devant un très grand défi en ce sens que si vous
spécialisez trop pour répondre à l'exigence de tel
métier particulier, vous éliminez chez cet élève
beaucoup de possibilités de mobilité parce que les
étudiants qui sortent du professionnel court ont 16, 17 et 18 ans pour
quelques-uns, et il est évident qu'il faut aussi les préparer
à une mobilité d'emploi parce que ce n'est pas uniquement le
métier qu'ils ont appris qui pourra les rendre heureux toute leur vie;
il pourra y avoir une possibilité d'autres champs.
L'objectif actuel, c'est de donner un champ spécialisé et
d'ouvrir également un certain nombre de champs connexes pour donner
à la fois la possibilité de mobilité et la
spécialisation particulière pour un métier. Mais il faut
le dire, le cours de professionnel court s'adresse peut-être à 10%
ou 12% de la clientèle scolaire qui se situe au bas de la courbe. Nous
ne sommes pas au niveau de l'enfance inadaptée, nous sommes au niveau du
professionnel court.
Le marché du travail reçoit des étudiants qui, au
plan intellectuel je pense que nous ne les déprécions pas
en disant cela n'ont pas eu des avantages des élèves du
professionnel long ou des élèves du cours général.
Alors, l'employeur a certaines réticences. La notion de
sécurité d'emploi, la notion d'ancienneté qui
prévaut pour les promotions, tout cela joue à la défaveur
du jeune qui est quelque peu défavorisé.
Dans les hôpitaux et les services publics où on
plaçait plusieurs de nos étudiants du professionnel court, la
permanence d'emploi peut s'obtenir rapidement. C'est le cas aussi de nombreuses
entreprises, de nombreux milieux de travail.
Mais pour un employeur, d'engager un étudiant qui sort du
professionnel court, qui est donc il faut quand même se le dire
quelque peu catalogué, c'est un élève qui n'a pas
suivi un cours académique pour se rendre au collège. Il a suivi
un cours terminal qui n'a pas la qualité du cours professionnel
long.
Pour cet employeur, déjà, s'il sait que ce nouveau venu,
à l'intérieur de son entreprise, que ce soit un service public ou
un service privé, va obtenir une permanence à court terme, dans
deux ans ou dans trois ans, la notion d'ancienneté qui prévaut
pour les promotions ou d'autres facteurs qui donnent des droits, vous
êtes devant un excusez l'expression bout de chou de 17 ans,
quelque peu défavorisé par rapport aux autres, pour qui les
droits d'ancienneté pourront être acquis à 18, 19 ou 20
ans, comme la notion de permanence dans l'emploi et également la
question de sécurité à l'intérieur de
l'entreprise.
C'est sûr que toute cette complication qu'il y a, pour de nombreux
employeurs, face aux droits qu'ils doivent donner aux employés et qui
ont été acquis par des volontés communes,
défavorisent le jeune, qui est quelque peu handicapé. C'est la
même chose pour nos déficients légers.
Jusqu'à maintenant, de nombreuses entreprises engageaient des
déficients légers. Mais lorsqu'il y a la notion
d'ancienneté ou lorsqu'il y a la notion de permanence après un
certain nombre d'années, c'est bien sûr que ces
élèves, ces finissants, sont les premiers
défavorisés, parce qu'ils sont quelque peu marginaux en partant.
Le système ne les favorise pas, il n'y a pas de doute
là-dessus.
Les droits que les employés acquièrent peuvent
difficilement, dans plusieurs cas, être offerts à ces
étudiants, parce qu'il y a une forme de gratuité dans l'embauche
d'un débile léger ou dans l'embauche d'un élève du
professionnel court. Pour une bonne partie d'entre eux, il y a une forme de
gratuité.
Mais si les exigences des relations du travail ou les exigences entre
l'employé et l'employeur sont telles que ce bonhomme peut devenir chef
d'entreprise, parce que son ancienneté va prévaloir dans ses
promotions, l'employeur ne prend pas le risque.
Dans nos contacts au niveau des commissions scolaires et avec les
entreprises, c'est un des points les plus importants qui défavorisent le
déficient léger et l'élève en professionnel
court.
M. Lapointe: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: Vu l'organisation de l'enseignement professionnel
court, je soihaitais, au moment où j'étais dans le secteur de
l'éducation, il y a deux ans, qu'une certaine souplesse soit introduite
dans l'organisation de ce cours. Vous pourrez me dire si cela a
été fait ou non, si c'est possible.
On retrouve, dans ce cours-là, un certain nombre
d'étudiants dont les capacités sont plus limitées que
d'autres. On retrouve aussi un bon nombre d'étudiants qui pour raison de
motivation, ne peuvent aller plus loin. Ils choisissent cette voie et leurs
résultats scolaires ne leur permettent pas de choisir une autre
voie.
Dans le premier cas, les étudiants qui n'ont pas les
facilités d'apprentissage pour aller plus loin, je trouvais qu'on
exigeait trop d'eux, sur le plan de la formation générale.
Beaucoup d'étudiants sont très habiles au point de vue travail
manuel; ils font un excellent travail, mais ils avaient de la
difficulté, ils n'étaient pas motivés, parce que les cours
de formation générale qu'on leur donnait étaient loin
d'être adaptés à leurs besoins, étaient loin
d'être pratiques, étaient trop théoriques. Est-ce que cela
a été corrigé?
Deuxièmement, d'autres étudiants, pour raisons de
motivation, embarquent dans ce cours, mais un peu plus tard, au bout de deux
ans, la motivation peut être modifiée, peut revenir, et ils
sont
capables de poursuivre un cours professionnel. Est-ce que c'est
possible, pour un étudiant qui a fait son cours professionnel court, de
passer par la suite au professionnel long?
M. Bienvenue: En réponse à votre deuxième
question, quant à ceux qui ont suivi, sur le plan de l'enseignement
général, les mêmes cours que les autres en secondaire I, et
secondaire II, le passage du professionnel court au professionnel long est
possible. Il y a même des cours équivalents dans certains cours
pour certains métiers. Il y a même des équivalences de
cours.
M. Lapointe: II y a des équivalences.
M. Bienvenue: Pour la première question, il y a eu
effectivement une revalorisation des contenus pour certaines disciplines. Je
pense à tout le secteur commerce, par exemple. On retrouve de plus en
plus un français commercial, un anglais commercial, une langue seconde
commerciale, une mathématique adaptée au secteur commerce du
professionnel court. Mais pour l'ensemble des champs, eh bien le nombre
d'étudiants, puisqu'il y a à peine 12% dans le professionnel
court, étant quand même assez limité et les champs
étant presque illimités, on retrouve environ une quarantaine de
profils dans le professionnel court, l'adaptation des programmes scolaires
à tous les programmes du professionnel court n'a pas été
faite, à ma connaissance.
M. Lapointe: Le nombre d'élèves ne permet pas de
diversifier des groupes et d'adapter des programmes à chacun des
groupes.
M. Bienvenue: C'est exact.
Diplômés de l'enseignement
professionnel
M. Léger: M. le Président, en regardant les
statistiques des documents "diplômés" réalisées par
le groupe démographie scolaire de la direction générale de
la planification, il est intéressant de remarquer que dans les deux
secteurs d'enseignement, les filles forment 52% des diplômés et,
au secteur professionnel, elles sont à 64% en 1974. Les
spécialités qui produisent le plus de diplômés au
professionnel, ce sont des tâches comme secrétaire,
sténodactylo, commis de bureau. Elles sont complètement
dominées par les filles, alors que d'autres, par exemple, la
mécanique automobile, sont vraiment dominées par les
garçons. J'aimerais poser deux questions. La première, il est
évident que les filles se dirigent encore vers des domaines
"traditionnellement féminins", mais est-ce que le ministère a
tenté de modifier cet état de chose? Il semble que, de plus en
plus, il y a moins de places dans ce domaine qu'il n'y en avait auparavant.
M. Bienvenue: Au niveau du professionnel long, ce sont les
étudiants qui choisissent.
M. Léger: D'accord, mais on est en train de créer
une sorte de couloir vers lequel une bonne majorité de filles vont se
diriger. Nécessairement, à la fin, il y a déjà un
blocage, puisqu'il y a moins de demandes pour ces tâches qu'il n'y en
avait auparavant. Il commence à y avoir un surplus.
M. Bienvenue: Sur quoi le député de Lafontaine se
base-t-il pour faire son affirmation?
M. Léger: C'est une étude faite par...
M. Bienvenue: Cela continue d'être archi-compliqué
sinon impossible de trouver une bonne secrétaire bilingue...
M. Léger: Une bonne, c'est une autre affaire.
M. Bienvenue: ...qui connaisse son français, qui ne fasse
pas de fautes toutes les deux lignes. Je n'ai jamais entendu dire que ce
domaine était pollué ou saturé.
M. Léger: D'après le rapport des
diplômés de l'enseignement, on dit qu'il commence à y avoir
une saturation du marché du travail pour ces fonctions traditionnelles.
Si on les dirige toutes en majorité vers ces tâches et qu'il y a
une saturation, est-ce qu'il n'y aurait pas une diversification à donner
pour que, au départ, la jeune fille se dise: J'étudie en vue
d'une tâche de sténodactylo, secrétaire, commis de bureau.
Il peut y avoir d'autres choses vers lesquelles la jeune fille pourrait aller
qui étaient peut-être traditionnellement masculines, mais qui
peuvent devenir des tâches je ne parle pas de la mécanique
vers lesquelles les filles peuvent se diriger et non pas s'en aller,
d'une façon traditionnelle, dans une de ces trois tâches.
M. Bienvenue: II n'y a absolument rien qui empêche ce
choix. C'est une question de promotion à l'intérieur de
l'élément féminin, à l'intérieur de
l'école; mais il n'y a absolument aucun règlement, aucune
directive qui empêcherait que des filles suivent le cours de
mécanique automobile.
M. Lapointe: Cela existe déjà. A ma connaissance,
il y a des filles à Mont-Laurier qui sont gardes-forestiers, qui ont
suivi des cours d'électricité.
M. Léger: Où cela? M. Bienvenue: ...
M. Lapointe: II y en a dans toutes les options qui étaient
réservées traditionnellement aux garçons. Il y a
même des agents de conservation, dans cette option.
M. Léger: S'il y a 20 ou 25 options possibles, il n'est
pas normal que les filles se dirigent traditionnellement vers deux ou trois
options. Est-ce qu'il n'y a pas un accent à mettre au niveau du
ministère pour une certaine promotion vers d'au-
très champs qui pourraient être intéressants pour
les filles aussi? J'ai odnné quelques exemples au député
de Laurentides-Labelle.
M. Bienvenue: Disons qu'actuellement, il y a déjà
beaucoup d'options d'offertes. Je pense même que beaucoup de gens disent
qu'il y en a trop. Il s'agit tout simplement de respecter le choix des
élèves. Maintenant, pour les filles, il n'y a pas seulement le
secteur commercial, il y a le secteur de la santé qui est
déjà ouvert. Il y a également le secteur des arts
domestiques, de la couture industrielle. Il y a des options de coiffure, il y a
les options de dessinateurs de mode. Il y a déjà Deaucoup
d'options d'offertes. Maintenant, c'est un jeu d'offre et de demande qui joue,
il n'y a pas de doute là-dessus.
M. Léger: Oui, mais...
M. Bienvenue: On me rappelle même qu'au Congrès
américain, il y a de nouvelles options pour les secrétaires.
M. Côté: C'est ce qu'on allait demander... Il n'y a
pas moyen d'avoir ces options-là?
M. Léger: Ce qui est important, ce n'est pas de
créer des sous-options, mais qu'il y ait une promotion faite d'une
façon un peu plus équilibrée pour que les filles puissent
se diriger dans d'autres domaines, pas uniquement parce qu'elles l'ont
désiré comme tel de façon spontanée, mais parce
qu'il y a eu des promotions ou de la motivation des jeunes filles vers d'autres
carrières. Parce que, si on continue à les acheminer dans le
même couloir, il y a une saturation qui se fait sur le marché. Il
y a d'autres options qui sont ouvertes. Ce n'est pas uniquement l'offre et la
demande. Il faut que les jeunes filles sachent qu'elles peuvent aussi aller
dans d'autres domaines.
M. Lapointe: C'est le rôle du service d'information
scolaire qui existe au niveau de chaque école polyvalente, celui
d'informer les étudiants sur le marché du travail, sur les
possibilités d'emplois, des conseillers en orientation de conseiller les
étudiants dans le choix qu'ils ont à faire, mais ce n'est pas
toujours facile. Parce que je me rappelle certaines options de l'enseignement
professionnel; je pense à plomberie-chauffage où il y a un
besoin, à mon point de vue, sur le marché du travail; du moins,
il y avait un besoin il y a deux ans. On a tenté par tous les moyens de
faire accepter cette option aux étudiants. Cela n'a pas
été possible. On n'a pas pu l'ouvrir, parce que c'était
identifié aux bois de toilette et à ceci et à cela. Ce
n'était pas intéressant pour eux. Cela ne leur disait rien. Ils
n'étaient pas motivés, alors qu'il y avait des ouvertures. Il y a
des efforts considérables qui se font, je pense bien, par les services
d'information scolaire au niveau des commissions scolaires.
L'enseignement professionnel agricole
M. Léger: M. le Président, en juillet 1965, un
arrêté en conseil avait transféré du
ministère de l'Agriculture aux commissions régionales
l'enseignement professionnel agricole qui, jusque-là, était
dispensé par le réseau des écoles moyennes d'agriculture.
Au cours des années, le nombre des élèves a beaucoup
diminué, mais, dernièrement, la courbe est redevenue ascendante
depuis que le système commence à s'implanter dans le milieu et
à se roder. Seulement, j'apprends que des études sont
également faites pour réintégrer le secteur de
l'enseignement agricole au ministère de l'Agriculture, à la suite
de l'insuccès ou des insuccès du ministère de l'Education
depuis dix ans dans ce domaine. Ce qui aurait fait déborder le vase
serait le cas de l'école de Sainte-Croix dont le ministère met
l'accréditation en péril depuis des années, parce qu'il ne
sait pas très bien quoi en faire.
Est-ce que le ministre peut m'expliquer ce paradoxe et aussi
m'éclairer sur l'avenir de l'école de Sainte-Croix?
M. Côté: C'est d'ailleurs une question très
pertinente posée aussi par le député de
Lotbinière.
M. Léger: Je n'ai pas d'objection à ce qu'il prenne
son crédit.
M. Bienvenue: Dans l'enseignement agricole, c'est exact; suite
à l'intégration aux écoles secondaires et donc, aux
disparitions d'écoles spécialisées, il y a eu une baisse
dans la fréquentation. Cette baisse s'est corrigée, comme vous le
mentionnez. Il semble que la situation soit en train de redevenir
satisfaisante. D'autre part, à notre connaissance, il n'y a pas
d'étude, en tout cas, il n'y en a pas au ministère de
l'Education, pour transférer de nouveau au ministère de
l'Agriculture la juridiction et la responsabilité de l'enseignement
agricole.
Troisièmement, les organismes qui représentent les
agriculteurs, et d'une façon générale et d'une
façon spécifique l'Union des producteurs agricoles que nous
rencontrons périodiquement, environ deux fois par année, pour
faire le point sur l'enseignement agricole, ses besoins et son
développement, réaffirment à l'occasion de chacune de ces
rencontres que l'union elle, l'UPA, s'oppose et s'opposerait et s'opposera
à un retour de l'enseignement agricole sous la juridiction du
ministère de l'Agriculture et en tout cas, d'une façon non
équivoque, est favorable au maintien des options agricoles à
l'intérieur des écoles secondaires régulières, des
écoles polyvalentes.
Du côté de l'école de Sainte-Croix, la situation est
réglée. On peut donner des détails plus complets. Il y a
une entente ou un contrat de cinq ans entre la corporation de l'école de
Sainte-Croix-de-Lotbinière et le ministère de l'Education pour la
maintenir et assurer son financement. Cette entente est récente, non pas
en termes de discussion, cela a été une question
d'actualité pendant quelque temps et peut-être même à
l'étude des crédits de l'an dernier, mais la signature est faite
ou devrait se... Enfin, c'est conclu.
M. Léger: La conclusion, c'est que...
M. Bienvenue: C'est une entente de cinq ans
pour maintenir l'école avec un contrat, je ne sais pas si on peut
l'appeler d'affiliation, mais un contrat de services entre le ministère
de l'Education et l'école elle-même. Il avait été
question de faire ce type de contrat avec la régionale de Tilly. La
commission scolaire a finalement refusé ou renoncé, mais
plutôt refusé, et c'est le ministère directement qui est
convenu de cette entente avec l'école.
M. Léger: C'est une bonne nouvelle.
Maintenant, M. le Président, la polyvalente de
Rivière-du-Loup sera-t-elle mise en chantier au mois de juin prochain,
tel que promis par le ministre de l'Education, M. Garneau, quand il
était ministre? Il avait promis cela aux parents qui occupaient
l'école Saint-Pierre-de-Rivière-du-Loup au mois de novembre
dernier. Le nombre de places-élève sera-t-il de 1600 tel que
promis? Cela va-t-il continuer tel que promis?
M. Bienvenue: En d'autres termes, est-ce qu'on va respecter les
engagements des prédécesseurs?
M. Léger: Voilà!
M. Bienvenue: Le Grand-Portage est à la phase 3,
c'est-à-dire à la préparation des plans et devis
d'exécution immédiatement avant d'aller en soumission. Un nouveau
projet, début de construction ici à l'échéancier
76-08, août 1976, le coût total de l'immobilisation: $7 078 000. En
1975/76, $450 000 de dépenses pour les plans et devis. Dépenses,
en 1976/77, de $2,7 millions et le gros de la construction en 1977/78, $4,63
millions. Cela devrait ouvrir en septembre 1978.
M. Léger: Quel est le nombre de
places-élèves prévu?
M. Bienvenue: II faudrait compléter ça...
M. Léger: On avait prévu un nombre de
places-élève de 1600?
M. Bienvenue: C'est ça, 1600, de mémoire?
M. Léger: 1500?
M. Lapointe: On mentionne 1500 étudiants. Un projet
d'école de 1500, 2000 ou au-delà de ça?
M. Bienvenue: Non, c'est-à-dire qu'il y a des chantiers...
Il n'y a pas de nouveau projet.
M. Lapointe: Si je mentionne ce fait, c'est que je pense qu'on
doit... On a déjà fait réviser les normes en ce qui
concerne les écoles gigantesques, on a...
Le Président (M. Pilote): Messieurs, il est 11 heures, et
celui qui vous parle est fatigué.
La commission ajourne ses travaux sine die, probablement après la
période de questions demain. Pour les fonctionnaires qui sont ici, c'est
vers 11 heures, mais il faut attendre l'ordre de la Chambre..
Bonsoir, messieurs, mesdames!
(Fin de la séance è 23 h 5)