Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du vendredi 18 juin 1976
(Onze heures quarante minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications est réunie ce matin pour continuer l'étude des
crédits du ministère de l'Education.
Je voudrais nommer les membres de la commission et vous indiquer les
changements chez ses membres, M. Bellemare (Johnson), M. Bérard
(Saint-Maurice), M. Bienvenue (Crémazie), M. Charron (Saint-Jacques), M.
Choquette (Outremont), M. Côté (Matane), M. Bonnier (Taschereau).
M. Malépart (Sainte-Marie) remplace M. Déom (Laporte); M.
Lapointe (Laurentides-Labelle); M. Léger (Lafontaine), M. Parent
(Prévost), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Tardif (Anjou), et M. Tremblay (Iberville) qui remplace M.
Veilleux (Saint-Jean).
Nous étions rendus hier soir au programme 5, qui a
été adopté avec l'ensemble de ses éléments.
Programme 6; Enseignement secondaire public. Aucun élément n'a
été adopté. Je voudrais tout simplement vous souligner
qu'il y a...
M. Léger: Qu'il y a de la discussion.
Le Président (M. Pilote): Oui. ...beaucoup de programmes
à l'intérieur des crédits que nous allons discuter. Si
vous me le permettez, je vous inviterais à y aller un peu plus
rapidement, on a déjà passé sept heures à
délibérer.
Documents déposés
M. Bienvenue: Oui. Par souci, M. le Président, de
répondre aux voeux de l'Opposition, à certains documents,
certains renseignements qui nous ont été demandés, je
pense qu'il serait utile que, tout de suite, nous procédions à
mettre sur la table ce qui nous a été demandé, ou la
majeure partie de ce qui nous a été demandé.
A titre d'exemple, le député de Lafontaine nous a
parlé hier de l'école Sainte-Irène, dans la vallée
de la Matapédia, et j'avais répondu qu'à notre
connaissance aucun document officiel ne nous était parvenu.
Effectivement, après des recherches, hier soir, ou cette nuit, ou ce
matin, nous avons retrouvé une correspondance datée du 8 juin, ce
qui n'est pas très vieux, qui nous est parvenue au ministère le
11 juin, à 2 h 33 de l'après-midi. C'était la copie d'une
correspondance imprimée à la gélatine, adressée
à la commission scolaire de la vallée de la Matapédia. Ce
n'était pas une lettre spécifique à nous, ni à
celui qui vous parle, on a reçu cela au ministère, portant sur la
fermeture d'écoles et des services inadmissibles et à laquelle
était jointe une série de signatures sous forme de
pétition.
Ce que je puis dire à la commission, c'est qu'une note
d'information a aussitôt été envoyée au bureau
régional du ministère, le 15 juin: Considérant que
l'organisation scolaire au niveau d'une région relevait directement de
la commission scolaire et, comme détail additionnel, j'ajoute que cette
école qui fait partie de la commission scolaire Vallée de la
Matapédia, sera fermée à partir de septembre prochain pour
la raison élémentaire suivante qu'elle a une capacité de
150 places-élève et que la démographie pour septembre
prochain indique 24 élèves. Ces 24 élèves seront
donc envoyés à Amqui ou à Saint-Louis, qui se trouve
à quelque dix milles de Sainte-Irène, et cela n'est pas un cas
isolé dans la région puisqu'en effet une dizaine d'écoles
ont moins de 25 à 30 élèves.
C'est là un des résultats, un des effets de cette pilule
fertile qui assure...
M. Léger: Le contraire.
M. Bienvenue: ...la survie du Canada français, plus que
l'assimilation par les anglophones ou les méchants étrangers qui
arrivent d'Europe et de partout.
M. Léger: Ce sont les politiques d'immigration du
fédéral.
M. Bienvenue: Hélas!
M. le Président, je demande maintenant à mes proches
collaborateurs de répondre par le biais de réponses verbales ou
de documentation à d'autres sujets qui nous ont été
demandés et qui ont fait l'objet de demandes de la part de l'Opposition
hier et, notamment, pour faire suite à la question des immobilisations
dans les territoires non organisés.
Pour les membres de la commission, nous avons deux séries de
tableaux, aux crédits de l'an dernier, vous vous souvenez, $2 700 000 et
aux crédits du prochain exercice, $3 millions. La questions posée
était de savoir quelle utilisation avait été faite des
crédits de l'an dernier et quels étaient les projets retenus pour
le prochain exercice. Ces subventions directes aux immobilisations s'appliquent
dans le cas de deux commissions scolaires au Québec ou à des
territoires non organisés. C'est la commission scolaire du Littoral et
la commission scolaire du Nouveau-Québec. Toutes les autres commissions
scolaires financent leurs immobilisations par des émissions
d'obligations, dont évidemment les échéances sont
remboursées par le gouvernement. Dans le cas des territoires non
organisés, a fortiori, et aussi dans les deux cas de deux commissions
scolaires dites du Littoral et du Nouveau-Québec, étant
donné qu'il n'y a pas de biens immobiliers suffisants pour garantir des
obligations au sens traditionnel, il est plus simple de procéder par
subvention directe et complète à la commission scolaire pour
construire ses écoles.
Vous avez deux documents, l'un qui vise la commission scolaire du
Littoral. Je vous invite à regarder la dernière page, qui est de
grand format. A la commission scolaire du Littoral, c'est une commission
scolaire qui se situe sur la Basse-Côte-Nord. Vous voyez les budgets pour
l'année 1975/76 et pour l'année 1976/77, ainsi que les
projets.
Rivière Saint-Augustin, Tête-à-la-Baleine,
Résidence Saint-Augustin, une école à Chevery; les
articles 4.4, 4.7, 5.1 et 5.3 sont des dépenses diverses, soit
d'immobilisation, soit de réfection.
Pour 1976/77, un budget de dépenses totales de $3 008 266, dans
la troisième colonne. Dans les deux colonnes suivantes, sous le titre
"mode de financement", le déboursé en financement est de $1 695
000, $1,7 million.
Si vous regardez maintenant la commission scolaire du
Nouveau-Québec, le tableau correspondant, dans la colonne "mode de
financement", subventions 1976/77, le total est de $1 326 000 à
additionner au montant de $1,7 million déjà mentionné pour
la commission scolaire du Littoral. Nous avons là le montant de $3
millions prévu pour l'exercice 1976/77.
Dans la liste du Nouveau-Québec, les projets sont aussi
uniquement mentionnés par noms de localités, comme dans l'autre
cas. Si les membres de la commission désirent des renseignements
supplémentaires pour savoir la nature exacte de chacun des projets, cela
pourrait être fourni ultérieurement.
Ce sont, comme vous le constatez, des documents administratifs qui sont
constitués de correspondance du ministère avec chacune des
commissions, ainsi que des notes internes du ministère. C'est ce que
nous avons relevé rapidement cette nuit. Donc, nous déposons ces
documents dans leur état administratif actuel, sans avoir fait de notes
spécifiques et sans faire de résumé.
Les cas de la commission scolaire du Nouveau-Québec sont presque
tous explicites, en tout cas, dans le cas de gymnase à Povungnituk,
d'une école à Inoucdjouac, de résidences à
Inoucdjouac, d'une école-résidence à Akulivik, à
Port-Nouveau-Québec. A Povungnituk, je crois que c'est la construction
d'une école et, dans les deux autres cas, ce sont, je crois, des
constructions temporaires ou des écoles mobiles.
Un autre sujet qui a fait l'objet d'une demande hier, M. le
Président, est celui des statistiques par langue d'enseignement dans le
réseau scolaire québécois.
M. Léger: Ainsi que le contingentement.
M. Bienvenue: Oui. Pour le contingentement, on avait parlé
de lundi.
M. Léger: Lundi, d'accord.
M. Bienvenue: M. le Président, les statistiques contenues
dans le tableau qui a été déposé hier
étaient, pour 1975/76, des prévisions. Les données de
1975/76 qu'on retrouve dans le tableau ci-joint, que je fais maintenant
distribuer aux membres de la commission, sont des statistiques observées
au 30 septembre 1975. Elles nous donnent le nombre d'élèves des
commissions scolaires, suivant la langue d'enseignement et le niveau, au
Québec, de 1970/71 à 1974/75, à la maternelle, à
l'élémentaire, au secondaire, pour l'enfance inadaptée et
le total.
On voit en 1975/76, la situation observée, un total de 1 374 765
élèves à l'élémentaire et au secondaire dans
les commissions scolaires. Dans le tableau d'hier, si on s'y retrouve, il faut
faire les additions, dans les écoles secondaires publiques 582 000,
à l'élémentaire 610 000, et dans les maternelles 88
000...
M. Léger: Vous êtes en train de donner les chiffres
de prévisions?
M. Bienvenue: Non, le tableau d'hier... M. Léger:
Ah bon! d'accord.
M. Bienvenue: ... c'est une série ou 1975/76 et 1976/77,
en particulier, sont des prévisions. Le tableau déposé ce
matin précise encore davantage et constitue des inscriptions
observées de 1970/71 à 1974/75.
Maintenant, les deux tableaux ne sont pas sous la même
présentation graphique, ce qui peut compliquer la lecture. Le tableau de
ce matin constitue des inscriptions observées qui nous sont fournies par
notre service de la démographie scolaire.
M. Léger: M. le Président, j'ai une question avant
d'aller plus loin, relativement au nombre des élèves des
commissions scolaires, suivant la langue d'enseignement, de 1970. Je la pose au
ministre, parce que c'est une question politique et peut-être un peu
technique, mais plutôt politique. Si on regarde la proportion
d'élèves de la maternelle à l'élémentaire,
secondaire et enfance inadaptée, de 1970/71, la proportion est de 84,5%
francophone à 15,5% anglophone; de 1971/72 jusqu'à aujourd'hui,
on voit que la partie anglophone va en augmentant: En 1971/72, c'est 15,5%
anglophone; 1972/73, cela monte à 15,6%; 1973/74, 15,8%; 16,2% pour
1974/75 et 16,8% pour 1975/76. Est-ce que dans vos prévisions, cela va
encore en augmentant pour l'année prochaine, savoir la proportion
d'élèves anglophones dans le système comparativement
à la proportion francophone qui elle, va en diminuant, de 84,5%, de
84,4%, 84,2%, 83,8% 83,2%? Alors, on voit une décroissance soutenue et
régulière des élèves francophones pendant les six
années du gouvernement actuel. Je ne sais pas s'il y a une relation.
Cela va en augmentant du côté des anglophones. Est-ce que vous
avez des prévisions pour l'année prochaine? Quelles
sont-elles?
M. Bienvenue: On remarquera d'abord que le chiffre en nombre
absolu des anglophones se maintient. Le total diminue, mais le chiffre des
anglophones, en chiffre absolu se maintenant, de là,
l'équation suivante: Le pourcentage paraît augmenter. On le
voit si on regarde les chiffres. Si vous regardez les chiffres absolus à
l'extrême droite, vous voyez, en règle générale, que
les chiffres totaux des anglophones se maintiennent.
M. Léger: Maintenant, est-ce que vous admettez qu'il y a
aussi un facteur de dénatalité chez les anglophones qui est
compensé par l'immigration?
M. Bienvenue: En fait, il y a diminution. Il y a plus ou moins
diminution, en regardant le fil des années, 242 000, 241000, 236 000,
230 000, 229 000. Il n'y a qu'à la fin où il y a une
légère reprise en 1975/76 de 230 000. J'ajoute à cela
qu'il faudra attendre, sur une échelle plus longue, les
résultats, les fruits de cette Loi sur la langue officielle dont on a
parlé hier, dont on pourra reparler, dont les chiffres continuent
d'entrer régulièrement au ministère, mais on...
M. Léger: Avez-vous des prévisions au moment
où on se parle pour l'année prochaine?
M. Bienvenue: Nous n'en avons pas ici. Cependant avec le
régime actuel d'application de la loi 22 et le régime actuel des
demandes d'admission qui sont maintenant compilées dans les
écoles anglaises et le tout étant relié à
l'application de la règle du quota qu'il faudra administrer ces jours-ci
ou ces semaines-ci, ou enfin, au cours du mois de juin, quoi, d'une
façon provisoire, quitte à la confirmer au début de
septembre, nous avons vraisemblablement, au ministère, une série
de données pour septembre prochain.
M. Léger: II y a quand même dans ce tableau, une
année de conséquences... une année de statistiques qui
correspondent à une année qui a été vécue
après la loi 22.
M. Bienvenue: La première.
M. Léger: La première, et c'est celle-là qui
montre une augmentation...
M. Bienvenue: Avec l'ancien système de tests ou de
non-tests...
M. Léger: C'est ça, d'accord! Mais ça
démontrait, à ce moment-là...
M. Bienvenue: ... système arbitraire qui justifie...
M. Léger: ... une sorte de panique...
M. Bienvenue: ... les mesures que nous avons prises pour la
prochaine entrée, savoir le nouveau système de test uniforme dans
tous les cas où, comme je l'ai dit hier, le ministère de
l'Education croyait qu'il y avait matière à test. Sans vouloir
présumer de l'avenir, je pense qu'il faudra attendre les
résultats de la seconde année de l'opération pour vraiment
se poser les questions qu'on se pose. Mais les chiffres préliminaires
que nous avons me rendent plutôt optimiste.
M. Léger: Mais la question que je posais tantôt,
c'est plus une question de fait, à savoir que le phénomène
de dénatalité affecte le secteur francophone, c'est sûr,
mais il affecte aussi quand même le secteur anglophone, mais qui est
compensé par l'immigration.
M. Bienvenue: II affecte moins...
M. Léger: Oui, d'accord...
M. Bienvenue: ... en proportion de...
M. Léger: ... mais la proportion va en augmentant quand
même en pourcentage, même si elle est à peu près
stable, avec une légère augmentation la dernière
année, mais cela a quand même causé une augmentation du
côté anglophone en pourcentage. La stabilité au niveau des
effectifs scolaires, c'est tout simplement parce que, contrairement à la
tendance à la diminution pour l'ensemble du Québec, incluant les
francophones et les anglophones, il y a l'élément d'immigration,
il y a la première année qui a eu un effet, je pense... Le bill
22 a quand même eu un effet de panique chez certains membres des
Néo-Québécois, avec les anglophones qui ont essayé,
par tous les moyens, pour combattre leur cause en disant aux
Néo-Québécois d'aller du côté anglophone,
mais, dans le fond, on sait fort bien que c'était une bataille des
anglophones avec comme otages les Néo-Québécois, dans le
but de ne pas devenir une minorité anglophone au Québec et
d'essayer de pallier cela en assimilant le plus possible de
Néo-Québécois. Le combat des anglophones au Québec
n'était pas un combat pour les Néo-Québécois, mais
il était un combat pour les anglophones.
M. Bienvenue: J'ai eu l'occasion de dire récemment comme,
par "hasard", entre guillemets le mot hasard, que le nombre de jeunes de langue
maternelle anglaise avait augmenté pour la première année
d'application de la loi, défiant tout ce que l'on sait sur la baisse de
la natalité, alors que le nombre d'autrement admissibles avait
diminué, comme par hasard, de façon surprenante.
C'est là le phénomène auquel fait allusion le
député de Lafontaine et c'est là que nous avons voulu
apporter un correctif, je le répète, par la nouvelle
réglementation, la nouvelle procédure sur le "testing". Je pense,
en étant toujours optimiste, mais sans avoir les chiffres devant moi,
que les résultats de la prochaine année devraient contredire la
tendance que souligne le député de Lafontaine.
M. Léger: Ce que vous affirmez, est-ce basé sur des
prévisions statistiques ou seulement un sentiment...?
M. Bienvenue: Les premiers chiffres que nous avons, auxquels a eu
accès hier le député de Lafontaine, et que l'on retrouve
dans le communiqué de presse que j'ai remis, indiquent une tendance, et,
par extrapolation, on peut comprendre que
cette tendance va se maintenir. Les résultats reçus sur le
nombre d'élèves qui ont subi l'examen, ont d'ailleurs fait les
manchettes de certains journaux hier...
M. Léger: C'était dans le journal.
M. Bienvenue: J'ai lieu de croire qu'il y en aura d'autres, qui
indiqueront, ces chiffres, beaucoup plus que des ressentiments l'indiquent, que
ce mouvement va changer.
M. Léger: De toute façon, on va y revenir dans
d'autres programmes quand on aura l'occasion de discuter plus à fond la
loi 22 et son application.
Le Président (M. Pilote): Le programme 6 ainsi que les
éléments...
M. Léger: On n'a même pas commencé le
programme 6.
Le Président (M. Pilote): Pardon?
M. Bienvenue: Ce sont des rapports du ministre.
Le Président (M. Pilote): Pardon?
M. Lapointe: M. le Président, pourrais-je poser une
question?
M. Bienvenue: II y a un élément que je voudrais
ajouter, si on me permet. Le secteur privé n'apparaît pas à
ce tableau et on sait qu'il y a fort peu d'écoles privées
anglophones comparativement au nombre d'écoles privées
francophones.
M. Léger: Ils ont un bon système.
M. Bienvenue: Et je laisse parler le député de
Lafontaine qui m'a l'air nostalgique. Alors, cela augmenterait pour la peine
les chiffres que l'on a à ce tableau quant à la clientèle
scolaire francophone.
M. Léger: Aurez-vous aussi les chiffres sur les
écoles privées francophones et anglophones?
M. Bienvenue: Pas dans les écoles privées. Le
nombre d'écoles privées francophones et anglophones...
M. Léger: Pas nécessairement tout de suite, mais si
on pouvait savoir un peu plus tard.
M. Bienvenue: Oui, d'accord. On continue, M. le Président,
j'ai hâte, comme vous, à l'adoption, mais on s'était
engagé à apporter des précisions, ou des documents. Je
m'excuse, un de nos collègues avait une question.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: C'est une question touchant l'aide financière
aux étudiants handicapés.
M. Léger: M. le Président, je pense que nous ne
sommes pas conformes au règlement.
M. Lapointe: C'est dans le programme 6.
M. Léger: Non. On est en train de déposer, je ne
sais pas si le député sait ce qui se passe, des documents
demandés hier.
M. Lapointe: Je sais parfaitement ce qui se passe. Je pensais que
c'était terminé.
M. Léger: Non, et j'ai commencé mon...
M. Lapointe: Je comprends que le député de
Lafontaine s'est limité à poser des questions sur la brique et
sur les immobilisations et il ne s'est pas préoccupé de l'aspect
pédagogique, mais je pense que c'est important...
M. Léger: Je suis simplement en train de dire que j'ai
beaucoup de choses à dire au programme 6 et que l'Opposition a son
rôle à jouer. On n'a pas fini le dépôt des documents
et, après cela, on a des questions à poser sur le programme
6.
Le Président (M. Pilote): Revenons au... M. Lapointe:
Je pensais que vous aviez fini. M. Léger: Vous aurez
l'occasion...
M. Bienvenue: Alors, reprenons. Pour les milieux
défavorisés, l'état des travaux a fait l'objet d'une
demande hier.
Pour poursuivre la réponse donnée hier sur l'état
de la consultation et la suite des travaux, la consultation sur le document
initial, qui a été publié en juin dernier, s'est
terminée effectivement, tel que prévu, en janvier dernier, pour
une première phase, donc auprès d'une série d'organismes
scolaires et aussi, comme on l'a mentionné hier, des organismes qui
s'intéressent aux questions des milieux défavorisés. Cette
consultation, je me réfère à la note que j'ai ici, a
montré que l'orientation et les objectifs du document de politique
générale ont été acceptés par ces divers
interlocuteurs, mais la consultation a indiqué que, pour passer à
une réalisation de la politique et avant de procéder, il faudrait
préciser et expliciter des modes d'intervention variés
auprès des milieux défavorisés par le biais de
l'école. Cette précision des modes d'intervention touchera
particulièrement le perfectionnement ou la formation des enseignants,
l'impact des maternelles de quatre ans, l'école
élémentaire, l'école secondaire et c'est à cette
phase seconde de consultation que nous sommes en train de procéder avec
les organismes qui ont manifesté un intérêt pour suivre
l'opération jusqu'au bout.
Donc, l'orientation générale de la politique a
été bien accueillie. Nos interlocuteurs nous ont demandé
de préciser avec eux quels modes d'intervention seraient les plus
appropriés pour réaliser cette politique. Comme on l'a
indiqué hier également, un travail parallèle se fait sur
la détermination des zones défavorisées dans le
Québec. Cette étape s'achève et prendra la forme de ce
qu'on pourrait appeler "une carte de la pauvreté" et qui devrait
être disponible au début d'août. Pour l'année
1976/77, les principales opérations qui seront réalisées
peuvent être mentionnées ici rapidement. Préparation de
guide d'activités éducatives, de modèles et de normes
d'organisation pour la maternelle quatre ans et la maternelle maison qui sont
deux modes d'intervention en milieu défavorisé pour aller
chercher les enfants jeunes. Deuxièmement, l'évaluation de
l'expérience d'adaptation de la maternelle cinq ans à la
clientèle des milieux défavorisés dans le but de
préparer des guides d'action plus précis. Troisièmement,
et cela n'avait pas été mentionné hier, la
préparation d'une série d'émissions de
télévision, par le Service général des moyens
d'enseignement, d'une demi-heure quotidienne et de matériel
d'accompagnement pour les enfants et leur famille qui s'adresserait aux enfants
de trois à cinq ans des milieux défavorisés.
Une formule analogue que vous avez connue, c'est celle de la formule
américaine, Sesame Street. Ainsi de suite. Etudes de diverses formules
de regroupement d'enfants de 3 et 4 ans pour des jeux éducatifs
préscolaires en milieu défavorisé. Evaluation des
expériences d'adaptation de l'enseignement élémentaire
pour passer à l'enseignement élémentaire. L'enseignement
élémentaire, tel qu'on le connaît d'une façon
standard dans les écoles du Québec, est-il adopté ou non
aux élèves des milieux défavorisés? Il s'agit de
l'évaluation de l'adaptation de l'enseignement élémentaire
aux clientèles des milieux défavorisés.
Ensuite, mise en marche d'un projet pilote de soutien
psychopédagogique aux maîtres de l'élémentaire
oeuvrant en milieu défavorisé et, finalement, pour revenir
à une question discutée hier, préparation d'un programme
de prévention de l'abandon.
C'est l'essentiel des...
M. Léger: A la question de l'abandon, j'avais parlé
hier de l'abandon des plus jeunes de 13 ans et 14 ans qui avaient une cause
différente de ceux qui abandonnent à l'âge de 16 ans ou 17
ans, les "dropouts", est-ce qu'il est question de faire des recherches ou des
études dans les deux groupes?...
M. Bienvenue: Dans les deux groupes.
M. Léger: Les jeunes laissaient beaucoup plus parce qu'ils
étaient tout simplement découragés du fait qu'ils
prenaient des distances avec le reste du groupe sur leur capacité
d'absortion et de connaissance, tandis que, quand ils sont plus vieux, c'est
beaucoup plus un désintéressement et un attrait pour s'en aller
travailler. Il y a les deux facteurs. Est-ce que le ministre pourrait
répondre là-dessus, parce que c'est une question politique, je ne
veux pas que le sous-ministre soit... Est-ce que le ministre est d'accord avec
cette distinction entre le "dropout" des jeunes et le "dropout" des plus
vieux?
M. Bienvenue: La distinction existe et je comprends le souci du
député de Lafontaine de s'en enquérir. C'est
peut-être plus grave, les conséquences du "dropout" à cet
âge. Quant à faire une expertise ou une enquête, je ne vois
pas pourquoi on ne s'attacherait pas à trouver les motivations
différentes ou les causes différentes.
M. Léger: D'accord.
M. Bienvenue: L'abandon qui sera analysé ici touchera
également l'élémentaire, même si ça peut
être surprenant, l'abandon, enfin, de l'élémentaire, une
espèce...
Je n'ai pas pris beaucoup d'engagement, mais c'en est un.
Du côté...
C'est au journal des Débats...
Il y a ici, on n'a pas de copie forcément, le plan de travail de
Ja prochaine année; c'est simplement pour en citer les thèmes
principaux, ça se divise par niveaux. Au niveau préscolaire, la
maternelle 4 ans, la maternelle maison, la maternelle 5 ans, à temps
plein, et l'adaptation de la maternelle 5 ans, demi-temps en milieu
défavorisé, plus, toujours au niveau préscolaire,
l'émission de télévision qui s'adresse aux enfants de 3
ans à 5 ans et à leur famille...
M. Léger: A quel canal?
M. Bienvenue: L'émission est en production et l'ORTQ,
Radio-Québec et Radio-Canada ont indiqué leur
intérêt à la diffuser, même sans qu'il y ait
concurrence entre les deux, même si la diffusion peut se faire aux
mêmes heures aux deux canaux. L'ORTQ est intéressé
je ne pourrais pas dire que c'est engagé, mais je crois que oui
à la diffuser et Radio-Canada également.
Les défavorisés
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question sur la philosophie d'approche par rapport à ce qu'on
appelle la section des défavorisés? Il y a quelques termes de
vocabulaire qui me préoccupent, quand on va revenir aux émissions
de télévision. D'abord, je pense qu'il faut bien comprendre qu'il
est difficile de catégoriser des gens comme pauvres, à un moment
donné, alors qu'ils ne sont pas nécessairement et tellement
pauvres. Je me demande quelle est la philosophie d'approche. Pour avoir
travaillé et parce que je travaille actuellement avec des gens qui ont
des difficultés financières, temporaires ou permanentes, je sais
qu'ils n'aiment pas du tout à être qualifiés comme des
défavorisés ou des pauvres. Je pense qu'il faudrait
peut-être, dans notre terminologie, faire bien attention à cela
surtout lorsqu'on nous fera l'annonce du programme.
Je pense que les objectifs poursuivis sont excellents. Des études
ont démontré que des enfants de certains quartiers populeux n'ont
pas les mêmes aptitudes pour apprendre, peut-être, parce que
l'atmosphère dans laquelle ils vivent n'est pas la même que dans
d'autres quartiers.
C'est un phénomène. Mais lorsqu'on va arriver au programme
de télévision, je me demande s'il est réaliste de penser
qu'on peut construire ou imaginer un programme de télévision, ou
le réaliser, en le dirigeant vers une clientèle très
spécifique qui serait, dans nos esprits peut-être, des enfants qui
habitent les quartiers plus populeux, les quartiers où, peut-être,
les parents sont allés moins longtemps à l'école et tout
cela, où l'atmosphère générale est moins propice
à un apprentissage de certaines matières. Comment va-ton le
faire, surtout sur un réseau de télévision, alors que
d'autres enfants en ont certainement besoin?
L'objectif du programme qu'on a qualifié comme étant un
"programme de défavorisés" est excellent, mais je pense que la
méthode d'approche, surtout les vocabulaires qu'on va utiliser, que
l'utilisation même des moyens et des media de communications, comme la
télévision, comment va-t-on faire en sorte que c'est
spécifiquement pour des enfants qui ont beaucoup plus de
difficulté d'apprentissage au niveau scolaire? Ce sont simplement des
préoccupations. Il n'y a pas de réponse.
M. Bienvenue: L'émission, évidemment, va être
vue sur tous les écrans de télévision. Mon
expérience me dit qu'il reste de moins en moins d'habitations ou de
logements au Québec où il n'y a pas d'écran de
télévision; de là l'avantage de l'antenne de Radio-Canada,
parce que tous n'ont pas, par le câble ou les émissions de
Radio-Québec.
Evidemment, l'émission, même si on cherche entre nous
à rejoindre d'abord et avant tout tel coin, telle région, tel
milieu, ne sera quand même pas discriminatoire en ce sens qu'elle
s'adressera à tout le monde. A ce que d'autres de mes collaborateurs
veulent ajouter, je retiens l'excellente suggestion du député de
Taschereau, voulant qu'elle ne soit pas discriminatoire dans son contenu, dans
son texte. Cela ne sert à rien d'empirer ou d'aggraver une situation que
nous sommes les premiers à déplorer.
Mais pour ce qui est de la langue de cette émission, je
conçois que, s'adressant à des enfants de l'âge dont on a
parlé, la langue utilisée devra être simplifiée,
vulgarisée.
M. Léger: Mais ces émissions sont
présentées dans le programme pour les milieux
défavorisés, de la façon dont vous l'avez
présenté tantôt. Est-ce que vous croyez, tout d'abord, que
les milieux défavorisés, même s'ils ont presque tous leur
appareil de télévision, automatiquement, vont regarder
rémission au poste où vous allez le présenter ou est-ce
que cela va faire partie d'un cadre scolaire qui fait que les enfants de cet
âge vont être directement amenés à écouter ce
programme?
Si c'est le cas, est-ce que vous pensez qu'en général, les
classes défavorisées sont plus souvent intéressées
à regarder Radio-Canada plutôt que
Télé-Métropole, entre autres? C'est un
phénomène social dont on doit tenir compte. Quand on va dans les
milieux défavorisés, on voit que c'est beaucoup plus le canal 10
que les gens regardent.
S'il n'y a pas une certaine promotion faite, d'un côté et
si c'est dans le cadre d'un programme pour les personnes des milieux
défavorisés, je reviens à la question que j'avais
posée au ministre hier. J'aimerais que le ministre me réponde. Si
la politique de base, cette année, est dans le programme qu'on vient de
mentionner, est-ce qu'on va retenir plutôt un rapport sur
l'éducation axée sur le respect des différences, dans ces
milieux, par rapport à la thèse beaucoup plus traditionnelle de
l'éducation axée sur la compensation?
Autrement dit, dans ces milieux défavorisés, est-ce qu'il
faut qu'on compense le manque ou les retards par des sommes d'argent et des
dépenses qui les laissent dans leur milieu, tout simplement, mais qui
est de l'argent qu'on dépense d'une façon supplémentaire?
Ou est-ce beaucoup plus pour leur permettre eux-mêmes de s'en sortir?
Un vieux proverbe chinois dit: Donne-t-on un poisson à manger
à celui qui en a besoin ou si on lui montre à pêcher? C'est
dans ce style que je pose ma question. Je pose ma question au ministre, parce
que c'est une question politique. Est-ce que cela va être l'approche du
respect des différences ou tout simplement une question axée sur
la compensation?
M. Bienvenue: Pour répondre à la question du
député de Lafontaine, et pour reprendre son image d'orientation,
ce sera de leur apprendre à pêcher. La deuxième orientation
ou suggestion faite par le député de Lafontaine, qui est beaucoup
plus globale, est porteuse de beaucoup plus de fruits, même si ce n'est
pas à terme très court.
Pour ce qui est de sa première observation au sujet de
Télé-Métropole et de Radio-Canada, je suis conscient de ce
que dit le député de Lafontaine, mais je lui rappelle que,
hélas! les milieux défavorisés, il ne devrait pas y en
avoir, mais il y en a, et ils ne sont pas tous localisés sur l'île
de Montréal ou dans la région de l'est de Montréal. Pour
avoir été plusieurs années député d'une
région qui est représentée maintenant par le
député de Matane, il y a là des milieux
défavorisés, là et ailleurs en province, mais encore plus
défavorisés. On parlait d'appareils de télévision.
J'ai visité de ces demeures où l'appareil de
télévision valait plus que les murs qui l'entouraient.
Le malheur est que l'antenne de Télé-Métropole du
réseau TVA ne va pas partout, ne se rend pas partout au Québec et
que Radio-Canada est le seul diffuseur. A ce moment, je pense qu'il faut penser
à l'ensemble du Québec qui n'est pas constitué que de
l'île de Montréal. Mais, bien sûr, la réponse
à la question principale, c'est la seconde orientation.
M. Léger: D'accord.
M. Bonnier: D'ailleurs, je pense, M. le Président, si on
me le permet, lorsqu'on étudie les crédits d'un ministère,
on s'axe davantage sur les préoccupations de ce ministère. Mais
il semble bien que l'évolution même d'un type de population qu'on
peut appeler défavorisée est certainement une
préoccupation pour le ministère des Affaires sociales, comme on
l'a dit, puisqu'il y a un comité interministériel, mais c'est
aussi la préoccupation des Affaires municipales dans son programme
d'habitation. C'est la préoccupation du Haut-Commissariat. Pour ceux qui
ont suivi ces différents crédits, on se recoupe. Je pense que
c'est dans cet esprit que le ministère de l'Education doit fonctionner,
tenant compte qu'il y a quand même d'autres facteurs qui aident à
l'évolution même et au développement d'un type de
population.
M. Bienvenue: Si on me permet, M. le Président, de
reprendre l'ordre du jour temporaire des choses qui nous avaient
été demandées hier, il y a le chapitre du plan des
langues. Retardons ce que je viens de dire. On va permettre de continuer le
programme.
Toujours au niveau préscolaire, c'est une des
caractéristiques de ce programme d'agir d'une façon aussi
importante que possible au niveau préscolaire avant l'entrée
à l'école, pour préparer l'entrée à
l'école. L'émission de télévision, d'ailleurs,
reviendrait à l'ordre du jour, lors de l'analyse du programme 3, les
services et moyens d'enseignement. Cela pourrait être
élaboré, à ce moment, quant à l'approche du
contenu, du nombre d'émissions et ainsi de suite.
Toujours dans le préscolaire, les sujets mentionnés
précédemment se complètent par deux qui regardent
l'intervention des programmes d'information auprès des parents sur le
développement de l'enfant et des programmes de soutien à l'action
éducative des parents.
Quant au niveau élémentaire, je passerai vite. Il s'agit
essentiellement de l'adaptation des programmes et de la pédagogie
à certaines caractéristiques sociales et culturelles.
Quant au niveau secondaire, c'est la même question de base, y
compris, comme cela a été également discuté hier,
la révision et la précision des objectifs de la formation
professionnelle dans certains cas.
Le dernier point, c'est celui de l'analyse de l'abandon dans ces
milieux. Enfin, c'est résumer brièvement, tout en étant un
peu long, le programme de l'activité et de mise au point de cette
politique pour la prochaine année.
M. Léger: Je tiens à en profiter pour remercier le
ministère et le ministre, indirectement, pour les documents qu'on me
dépose à toutes les questions que j'ai posées hier. Je
pense que le ministre en a encore plusieurs à nous déposer. Je
suis d'accord que le ministre continue à les déposer. Cela nous
permet de nourrir nos espoirs pour une amélioration du système
d'éducation.
M. Bienvenue: On apprécie les remerciements, mais
j'ajoute, à l'adresse du député de La- fontaine, que je
considère et ceux qui m'entourent considèrent que c'est non
seulement le rôle, mais c'est le devoir de l'Opposition, de la population
représentée, dans ce cas, par l'Opposition de se renseigner,
auprès de ceux qui sont comptables, des deniers publics et de l'usage
qu'ils en font. Dans un sujet aussi "sacré" que l'éducation, s'il
est un domaine, c'est bien celui-là, où tous les renseignements
possibles doivent être fournis à l'Opposition. S'il est un sujet
qui doit être absent du niveau partisan, c'est bien celui-là.
Alors, nous continuons d'être ouverts à toutes les demandes
raisonnables de l'Opposition.
M. Léger: II y a encore des nuances dans le
raisonnable.
Enseignement des langues
M. Bienvenue: Parce que tout ce que je dis va dans le journal des
Débats. Tout ce qui est raisonnable, c'est ce qui répond aux
exigences de la raison. Plan d'enseignement des langues, plan des langues. Il y
a eu des questions hier, des demandes de renseignements ou de détails
additionnels, entre autres, quant au nombre de commissions scolaires qui se
sont prévalues ou, à l'inverse, celles qui ne se sont pas
prévalues des dispositions du plan.
Pour 1975/76, selon les renseignements que nous avons au
ministère de l'Education, il y a 42 commissions scolaires qui ont
opté pour l'enseignement de l'anglais à un niveau
inférieur à la quatrième année, ce qui touche
environ 4000 élèves pour le programme qui débute en
première année et 25 000 élèves qui commencent les
apprentissages de la langue seconde en troisième année.
M. Léger: 4000 élèves sur combien?
M. Bienvenue: C'est-à-dire 42 commissions scolaires que je
n'ai pas identifiées.
M. Léger: Qui correspondent à 4000
élèves.
M. Bienvenue: Si nous nous souvenons bien, les programmes
expérimentaux qui ont été préparés par le
ministère de l'Education devaient s'appliquer pour autant qu'il y a une
demande de la majorité des parents. Ce ne sont pas toutes les
écoles d'une commission scolaire qui peuvent appliquer un programme
expérimental. Dans certains cas, il s'agit d'une ou de quelques
écoles de sa commission. Le nombre des commissions scolaires importe
peut-être moins que le nombre d'élèves impliqués.
Alors, pour 1975/76, c'étaient 4000 et 25 000.
Maintenant, comme deuxième renseignement supplémentaire,
au niveau des conseillers pédagogiques, pour 1975/76, les listes de nos
services indiquent qu'il y aurait 165 conseillers pédagogiques en langue
maternelle au niveau élémentaire, pour le français, et 70
pour le niveau secondaire.
En ce qui concerne l'anglais comme langue seconde, il y aurait 104
conseillers pédagogiques.
M. Lapointe: Est-ce que cela inclut les agents de
développement pédagogique?
M. Bienvenue: Cela n'inclut pas les agents de
développement pédagogique. Il s'agit ici de conseillers
pédagogiques embauchés par les commissions scolaires. Cependant,
nous n'avons pas été capables encore de préciser quel
était le nombre de commissions qui pouvaient profiter des services de
ces personnes, parce que, dans plusieurs cas de petites commissions scolaires,
il y a des ententes entre les commissions scolaires et les conseillers
pédagogiques assument des responsabilités dans plus d'une
commission scolaire à ce moment. Les chiffres que je vous donne ici, ce
sont les conseillers pédagogiques qui sont convoqués par le
ministère lorsque nous travaillons à l'élaboration de
programmes ou lorsque nous réclamons leur participation dans les projets
de formation de maîtres, par exemple.
M. Léger: Cela correspond à quel pourcentage des
objectifs que le ministère s'était fixé?
M. Bienvenue: En ce qui concerne le nombre de commissions, comme
je vous l'ai indiqué tantôt, nous n'avons pas le nombre exact de
commissions scolaires qui utilisent les services d'un conseiller
pédagogique. Cependant, par l'injection de fonds à
l'intérieur du projet de développement de l'enseignement des
langues, il y a eu une augmentation considérable de conseillers
pédagogiques par rapport à la situation qui a
précédé.
M. Léger: Les APD?
M. Bienvenue: Non, pour les agents de développement
pédagogique, peut-être avant de préciser la statistique,
faudrait-il parler du rôle qui leur était confié au cours
de 1975/76. C'était la deuxième année du
développement du travail des conseillers pédagogiques, et il y
avait là un soutien au niveau des études des analyses des
différents programmes, comme nous l'avons mentionné hier, et
aussi le développement des programmes et la promotion de l'enseignement
de la langue maternelle de qualité. En 1975/76, il y avait 42 agents de
développement pédagogique à ce niveau. En 1976/77,
maintenant que nous avons en main le rapport des études des analyses et
des évaluations, l'une des propositions qui ont été faites
en priorité pour 1976/77, comme on l'a également
mentionné, c'est la priorité de la spécification des
programmes. Il y aura, pour 1976/77, 36 agents de développement qui
réaliseront la fin de l'analyse des études et des recherches qui
ont été compilées l'année dernière, qui
feront l'élaboration des programmes pour l'élémentaire, la
spécification des programmes, également les projets du secondaire
dans quelques écoles, des projets qui ont été
développés et qui seront consolidés, et, au niveau du
soutien aux petites commissions scolaires, le service des bureaux
régionaux utilisera également une partie de ces 36 agents de
développement.
Voilà pour l'enseignement du français, langue maternelle.
Pour l'enseignement de l'anglais, langue maternelle, le nombre d'agents de
développement pédagogique est de 2; de l'anglais, langue seconde,
pour 1976/77, il y en aura 9, et pour le français, langue seconde, il y
en aura 7; pour un total de 57 agents de développement
pédagogique, qui auront à réaliser des objectifs quelque
peu différents des objectifs qui devaient être
réalisés au cours de l'année précédente.
M. Léger: D'accord! Est-ce que le ministre avait autre
chose?
M. Bienvenue: Le député de Taschereau nous a
quitté, mais j'espère qu'il va revenir. De toute façon, la
Commission des accidents du travail a fait l'objet aussi d'une question de la
part du député de Lafontaine, quant aux stages, aux projets
d'amendements, etc., en ce qui concerne la possibilité de
révision et d'amendements à la Loi des accidents du travail, il y
a un comité interministériel qui siège depuis deux ans.
Les projets d'amendements qui pourraient être soumis par le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre ont été
préparés par le comité, ce qui veut dire que c'est le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui, actuellement, fait
l'analyse des recommandations de ce comité.
En ce qui concerne la concordance entre les programmes qui visent
à la certification par le ministère de l'Education et les
exigences des comités paritaires, il y a aussi un comité. On a
parlé, je pense, hier, de CIPEX, le Comité
interministériel des programmes et examens et, à
l'intérieur de ce comité, la priorité actuelle, c'est
l'évaluation en heures d'apprentissage au niveau de la certification du
ministre de l'Education pour arriver à établir une meilleure
concordance avec les exigences des différents comités paritaires
sur ces sujets. Les exigences du comité paritaire sont habituellement
aussi influencées par le jeu de l'offre et de la demande ou par les
besoins de clientèle dans les milieux donnés. Mais ce
comité a établi, je le répète, en priorité,
l'évaluation en heures des apprentissages qui apparaissent à
l'intérieur des programmes du ministère de l'Education.
Le coût de l'administration
M. Bienvenue: M. le Président, le député de
Lafontaine, hier, a fait état aussi de chiffres qu'il avait extraits de
je ne me rappelle pas quelle source, indiquant que le Québec, au sein du
Canada, était la province où le coût de la boîte
administrative semblait être le plus élevé au
détriment, disait-il de la qualité de l'enseignement proprement
dit.
J'invite mon voisin de droite, s'inspirant d'une lettre qu'il a
écrite lui-même au rédacteur-en-chef du journal The
Gazette, le 30 mars dernier, à donner à la commission des
chiffres qui contredisent ceux que citait le député de Lafontaine
hier.
Pendant que le document est distribué, il faut peut-être le
situer dans son contexte. L'étudiant au doctorat à l'Ontario
Institute for Studies in Education, M. Allison, avait publié dans la
Gazette
une série d'articles où, entre autres, il indiquait que la
bureaucratie de l'éducation, celle du gouvernement et celle des
commissions scolaires, absorbaient 50% des dépenses en éducation
au Québec. Quelques jours après l'éditorialiste de la
Gazette reprenait le même thème en disant, entre autres: "Less
than half of Quebec's educational spending goes on teachers whereas about 43%
goes on non-teaching personnel at the provincial board and school level".
Sans entrer dans le détail de la lettre, à Ia page 2, nous
rétablissions les faits avec un certain nombre de chiffres
significatifs. D'abord, les salaires des enseignants et des principaux
d'écoles, ce qui constituait du personnel directement affecté
à des tâches d'enseignement, représentent 51,7% des
dépenses totales.
Les salaires du personnel non enseignant des commissions scolaires, mais
qui incluent, il faut le remarquer, entre autres, les conseillers
d'orientation, les bibliothécaires en plus, bien sûr, du personnel
de bureau ou administratif ou de soutiens représentent $249,6 millions
ou 14,7%.
Les dépenses du ministère de l'Education, pour les
services directement reliés à l'enseignement
élémentaire et secondaire, plus la moitié du coût
général du reste du ministère, donc un calcul assez
généreux, exigent l,5%.
Le service de la dette prend 10,4% et les autres coûts, qui
incluent le transport scolaire, le chauffage, l'entretien des édifices,
les loyers, les contrats de service et de fourniture, papier, etc.,
récupèrent 21,7%, de sorte que si on rapporche le pourcentage de
14,7%, le salaire de personnel non directement relié aux écoles
plus le 1,5% des dépenses du ministère de l'Education, le
pourcentage n'est que de 16,2% de la dépense totale et non pas de
50%.
Je vous ferai remarquer que le service de la dette au Québec, qui
représente 10,4% des dépenses totales en éducation
élémentaire et secondaire, peut être plus
élevé que dans d'autres provinces ou pourrait l'être. Il
s'agit là, évidemment, d'un coût automatique qui
représente le remboursement des émissions d'obligations faites
pour la construction des écoles.
Or, depuis dix ans au Québec, en particulier au niveau des
écoles secondaires, il y a eu beaucoup de construction, de sorte que le
service de la dette aujourd'hui se répercute dans les dépenses et
occupe peut-être ici une place plus importante que dans d'autres
provinces.
Je pense que ces chiffres rétablissent les proportions. Avant de
faire cette correction auprès du journal en question, nous avons
communiqué avec M. Allison, qui était l'auteur de la série
d'articles que la Gazette avait publiés.
Je le mentionne dans le bas de la page 2, M. Allison avait admis que
peut-être son analyse avait été un peu rapide. Ce n'est pas
un objet de controverse pour nous, mais, à cette époque, le
ministère avait trouvé important ou enfin utile de
répondre. Cette lettre a été publiée dans la
Gazette et dans le Star. Elle a d'ailleurs été envoyée
à tous les journaux.
M. Léger: Je pense qu'il y a une question de terminologie,
d'interprétation. Quand hier j'affirmais qu'il y avait une
différence assez forte entre les dépenses qui sont faites pour
l'administration du système face à la qualité de
l'enseignement comme tel ou à la diffusion du contenu de l'enseignement,
moi, je pense qu'on peut c'est toujours une question
d'interprétation quand même réaliser que le salaire
du professeur ou des professeurs, incluant aussi le matériel
pédagogique, pourrait faire partie de ce qui touche la qualité de
l'enseignement et la balance des choses pourrait être qualifiée de
coût de l'administration du système. Quand je vois, dans la lettre
qu'on me donne, les salaires des professeurs et des principaux, de 51,7%, et
quand on dit que les salaires du "non teaching School Board employees" incluant
"finance officers, guidance counsellors, librarians, clerical employees,
maintenance staff", de 14,7%, le service de la dette est quand même pour
l'administration des bâtisses, les intérêts payés sur
les immobilisations, ce sont quand même des sommes qu'il est
nécessaire de payer, mais cela doit rentrer quand même dans le
coût d'administration du système. Quand je vois ici 21,7% pour
"other costs, including transportation, eating, building maintenance, rentals,
contracts, services and supplies", des 21,7% il y a peut-être une petite
partie là-dedans qui peut aller au niveau du matériel didactique,
mais les chiffres que je vois là en gros, que je dirais "an educated
estimate" c'est quand même environ 47%, 48% et je pense que c'est
uniquement au niveau secondaire, si je ne me trompe.
M. Bienvenue: Secondaire...
M. Léger: Uniquement secondaire. Alors, c'est dans ce
style que je démontrais qu'il y avait un gros coût en appareils
lourds administratifs et la division des sommes était affectée
dans une proportion qui est encore à peu près la même.
M. Bienvenue: On se rappelle, évidemment, le retard, le
rattrapage fait par le Québec depuis dix ans et qui entraîne
directement les chiffres que l'on voit pour le service de la dette. Je pense
qu'on ne fait pas fausse route ou qu'on n'exagère pas en disant que la
qualité de l'éducation, qu'on le veuille ou pas, est
reliée directement à la qualité des locaux qu'on a
bâtis et qui manquaient, combien gravement, au réseau scolaire du
Québec et qu'on le veuille ou pas, il faut défrayer le coût
du service de la dette. Ce sont toujours les mêmes contribuables qui
paient pour cela. L'argent vient toujours du même endroit.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire, lui qui
arrive nouveau dans ce ministère, qu'en analysant ces chiffres ainsi que
ce qu'il a pu réaliser à l'intérieur de son
ministère, s'il pense que nous avons actuellement au Québec,
quand même, une tendance à un système beaucoup plus
bureaucratique? C'est une bonne question.
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: C'est embarrassant.
M. Bienvenue: Je ne sais pas si la réponse va être
aussi bonne, mais il a fallu mettre sur pied, en un seul coup, dans une tranche
de dix ans, un appareil qui avait notamment à faire face à la
tâche de rattrapage dont j'ai parlé, un appareil dont toutes les
machines ont travaillé très ferme, très dur et qui
continuent de le faire. Nous ne sommes qu'à dix ans du début d'un
réseau qui aurait dû exister ici, comme ailleurs dans le monde, il
y a 50 ans, il y a 75 ans. Paris ne s'est pas fait en un jour et il ne
m'apparaît pas excessif, en voyant les chiffres qui sont devant
nous...
Pour arriver à relever ce défi qui était presque
impensable, à toutes fins pratiques, il y a une décennie,
l'appareil ne me paraît pas trop gros pour avoir réussi à
mettre en branle tout ce qui a été mis en branle.
M. Léger: Dans la répartition des allocations et
des ressources que le Québec peut mettre au niveau de l'éducation
je reviens à ma question est-ce que le ministre n'a pas
réalisé qu'à ce stade-ci, on a une tendance, que ce soit
nécessaire ou non, à cause du passé... Je ne peux pas
donner tous les péchés d'Israël au ministre qui arrive, mais
il y a quand même une attitude politique que le ministre doit prendre
devant cela et, au départ, il faut qu'il ait une perception qui soit la
sienne s'il veut amener des correctifs dans son ministère. Est-ce qu'il
calcule que la tendance actuelle est que le système d'éducation
est beaucoup trop bureaucratique et qu'il devrait y avoir un coup de barre de
ce côté? Si, pour lui, c'est normal, c'est la déclaration
du ministre, c'est ce qu'il aurait perçu, on ne s'attendrait pas
à un coup de barre de ce côté. S'il juge qu'il y a une
grosse amélioration à apporter de ce côté, on
espère qu'il va donner un coup de barre. Ma question est dans ce sens.
Je vais le laisser répondre et j'en poserai une autre par la suite.
M. Bienvenue: II y a toujours place à
l'amélioration, c'est évident, mais, si on songe, à titre
d'exemple, même si on n'a pas eu ce matin à l'Assemblée
nationale l'heureuse nouvelle qu'on a eue dans le milieu des Affaires sociales,
si on songe au coût considérable qui va être celui des
traitements du personnel enseignant au Québec, on réalise que,
là aussi, l'enveloppe n'est pas terminée, les chiffres ne sont
pas dégagés, la convention n'est pas signée. On
réalisera dans quelques jours, je l'espère, que le coût du
système verra la part des salaires des enseignants, les principaux, la
part qui représente 51% ici, on verra la part considérable de
cela sur le budget total du ministère. Donc, c'est dans le champ, ce
n'est plus dans la machine administrative, c'est dans le champ de
l'enseignement.
Cela a une répercussion directe sur le coût, sur la
qualité de ce même enseignement.
M. Léger: D'accord, mais, quand on parle d'une
répartition des allocations aux meilleurs endroits possibles pour
obtenir comme résultat une meilleure qualité d'enseignement, il
faut tenir compte... Hier, j'ai senti qu'il y avait certains
députés libéraux que je félicite, dont le
député de La-pointe, qui ont apporté des
éléments importants là-dedans. C'est que lui-même,
comme nous, de l'Opposition...
Le Président (M. Pilote): Le député de
La-pointe...
Des Voix: Laurentides-Labelle.
M. Léger: Laurentides-Labelle. Cela n'était pas la
pointe que je voulais lui envoyer.
Le Président (M. Pilote): C'est un comté
fédéral. Une Voix: Ernest-Lapointe.
M. Léger: Ce que je veux dire, c'est que ça
ramène toute la discussion fondamentale, qui est à la base des
négociations entre la CEQ et le gouvernement, sur des points aussi
vitaux que le maximum par classe, où on semblait être quasi
unanime autour de la table, c'est-à-dire qu'il fallait
nécessairement qu'un professeur ait moins d'élèves dans sa
classe pour avoir une meilleure relation professeur-élève et
aussi, on a ramené des choses que nous disions depuis au moins quatre ou
cinq mois, depuis le début de la bataille des négociations, un
plus grand nombre de spécialistes, d'orienteurs, de chefs de groupe et
aussi un plus grand nombre de professeurs faisant face à la
préoccupation d'avoir plus de professeurs pour répondre à
des élèves qui sont divisés en des groupes un peu moins
nombreux pour une meilleure qualité de la transmission de
l'enseignement.
A ce moment-là, c'est sûr que la portion qui va aller aux
salaires, non seulement parce que le salaire va augmenter pour les individus,
ce qui est normal en période d'inflation dans laquelle on vit, mais il y
aura plus de personnes qui auront droit à des salaires. On a un plus
grand besoin d'enseignants actuellement, puisque le nombre de périodes
de classe par semaine et le maximum par classe amènent comme
conséquence une augmentation du personnel.
Si le gouvernement se dit qu'il faut couper ici et qu'il faut couper
là, si on coupe sur le nombre de professeurs en essayant de dire que
c'est parce qu'on n'a pas les moyens, c'est là qu'arrive la question de
l'allocation des ressources. Est-ce qu'on en met plus du côté de
l'administration du système, dans un système qui est plus
bureaucratique que d'autres? Ou, va-t-on le mettre sur le nombre d'enseignants,
de spécialistes, de chefs de groupe, d'orienteurs, etc? C'est dans
ce...
M. Bienvenue: Sans vouloir entrer dans la négociation
proprement dite comme je me suis bien défendu de le faire, du
moins sur la place publique, je ne dis pas privément, mais laissant
à mon collègue, le ministre de la Fonction publique, ses
responsabilités dont il semble, après tout, qu'il
ne se tire par si mal, on l'a vu ce matin il est évident
que le gel des règles budgétaires dont on parlera d'ailleurs lors
de l'étude d'autres programmes, s'impose directement au coût de
l'appareil administratif.
Ce qui se discute actuellement, les deux gros points chauds de la
négociation, soit la politique salariale et les effectifs qui vont
augmenter c'est un secret de polichinelle comme le souhaite et
l'espère le député de Lafontaine et celui qui lui parle
actuellement, vont évidemment grossir ce pourcentage de 51.7% au
détriment du coût de l'appareil administratif qui, lui, est
gelé, on le sait. Cela fait hurler, cela fait mal en certains coins.
J'ai dit hier que j'étais le premier à le regretter; mais, c'est
l'article du salaire des professeurs et principaux et de leur nombre, des
effectifs également, qui va l'emporter. C'est une réponse
précise, directe, c'est une orientation manifeste des politiques du
ministère et du gouvernement, dans le sens souhaité par le
député de Lafontaine, portant comme fruit une meilleure
qualité de l'enseignement.
M. Lapointe: M. le Président, le député de
Lafontaine revient souvent sur la question du nombre d'élèves par
classe. Cela m'apparaît, moi aussi, un problème important. Je me
demande jusqu'à quel point on ne devrait pas plutôt évaluer
l'utilisation qu'on fait des ressources humaines dans nos écoles. Je
pense particulièrement au niveau secondaire où il y a des
expériences dont j'ai parlé hier d'horaires
modulaires flexibles, d'enseignement modulaire, qui permettent de regrouper de
grands nombres d'élèves pour certains cours. Pour transmettre de
l'information à des étudiants ou pour faire des visionnements de
documents audio-visuels, on peut avoir 90, 100 ou 150 étudiants dans un
groupe.
Au niveau de l'utilisation des enseignants, je me demande si on ne
devrait pas se pencher là-dessus plutôt que de limiter
l'initiative au niveau local par des clauses dans les conventions collectives,
des clauses qui ne laissent actuellement à peu près aucune
initiative au niveau local.
Si je reviens à l'enseignement modulaire, c'est que j'ai
vécu, et j'ai participé à la mise en place de deux
écoles de ce genre dans ma région, à partir des devis
pédagogiques, jusqu'à la conception des plans et jusqu'à
l'ouverture et au fonctionnement. On peut constater qu'il est possible d'avoir
une centaine d'élèves dans un groupe ce qui permet de
libérer ensuite les enseignants pour faire des groupes plus petits, des
groupes de quinze étudiants ou des groupes de dix étudiants pour
donner des explications aux étudiants et les suivre de plus
près.
Mais pourquoi avoir trente élèves dans une classe,
lorsqu'on visionne un document? Pourquoi avoir trente élèves dans
une classe lorsqu'on transmet de l'information? On peut en avoir cent. A un
autre moment, on peut en avoir dix. Il faut laisser une certaine initiative au
niveau local. C'est à chacune des commissions scolaires de penser
à un système qui pourrait utiliser davantage les ressources
humaines qui sont à leur disposition.
Mais le nombre d'élèves comme tel, je ne pense pas que ce
soit la solution à tous les maux dans nos écoles. Il y a d'autres
façons qu'on peut imaginer qui vont améliorer la qualité
de l'enseignement, qui vont individualiser l'enseignement, qui vont permettre
un meilleur travail d'équipe et une meilleure utilisation de nos
ressources matérielles et de nos ressources humaines.
Il y a d'autres systèmes qui existent, qui sont
expérimentés. Trente élèves dans une classe,
à mon point de vue, cela ne signifie rien, lorsqu'on dit cela. Cela ne
veut rien dire. Pourquoi aller mettre cela dans des conventions collectives et
lier tous les gens de la province à des clauses qui perpétuent un
système qu'il faudrait modifier, à mon point de vue, dans le sens
des expériences qui se font dans tout le Québec?
M. Léger: Est-ce que le ministre peut quand même,
avec les chiffres que son sous-ministre vient de nous donner, comparer ces
pourcentages de 14,7% et de 21,7%, 14,7% pour les salaires au... "non teaching
school board, including financial officers," etc., ainsi que les 21,7%, y
incluant le transport, "eating" et tout cela, alors que, si je compare les
mêmes choses en regardant les dernières statistiques
financières de l'Education, les plus récentes qu'on ait eues, en
tout cas, celles de 1972/73, on voit, à la page 53 du document de la
statistique financière du ministère de l'Education, qu'au niveau
de l'administration générale, il y a $100 millions pour les
commissions scolaires élémentaires et secondaires et, au niveau
des services auxiliaires, comme le transport, la buanderie, les
cafétérias, les résidences, etc. Est-ce que, en comparant
cela avec le reste ou l'ensemble des statistiques du Canada au complet, on peut
vérifier si on est en bas ou en haut au niveau canadien?
M. Bienvenue: Je ferai seulement une remarque, pendant qu'on se
parle à côté de moi. Je ferai remarquer qu'au
deuxième sujet, celui des salaires des professionnels non enseignants,
oublions les "finance officers" et le "maintenance staff" quand on parle de
"guidance counsellors, des librarians" sans être le plus grand expert
dans ce domaine, je pense que ceux qui ont...
M. Lapointe: C'est du personnel pédagogique.
M. Bienvenue: Oui, je pense qu'on peut les assimiler à la
grande enveloppe de la tâche de la qualité de l'enseignement. Les
"guidance counsellors" sont extrêmement importants cela a fait
l'objet de nos discussions hier et les "librarians" de même.
Ma deuxième remarque, c'est que lorsqu'on parle,
évidemment, dans le dernier chapitre des "other costs" lorsqu'on parle
de "books", "lab and shop materials" là aussi je prends à
témoin ceux qui m'entourent, qui sont des spécialistes du champ,
cela touche directement la qualité et la logique. Mais, davantage,
j'ajoute un autre argument. Ces 21,7% eurent été grossis si
n'était pas intervenu ce gel des règles, dont j'ai parlé
et dont
on reparlera. On sait que les règles ont, notamment pour objet de
refuser l'indexation de ces articles, je pense au "building maintenance", je
pense au chauffage. J'ai eu des pleurs amers des gens des commissions scolaires
qui faisaient remarquer qu'en n'indexant pas, évidemment, on
n'augmentait pas les sommes versées aux commissions scolaires pour payer
le coût accru de ces articles. Evidemment...
M. Léger: En passant aussi, sur les assurances que les
commissions scolaires ne voulaient pas payer.
M. Bienvenue: D'accord. Je montre tout de suite que ce
pourcentage de 21% aurait été augmenté si nous avions eu
une politique contraire. Donc, c'est toujours, je le répète, les
51% qui sont directement liés, outre les articles que je viens de
mentionner, à la qualité de l'enseignement et qui vont augmenter
au détriment des autres articles. Pour ce qui est de l'autre question...
Quand je me retourne, c'est pour voir si j'ai des signes affirmatifs
derrière moi. C'est bon pour le moral. Je viens d'en avoir.
Pour ce qui est de la comparaison avec les autres provinces canadiennes,
nous avons procédé, dans le cadre du Conseil des ministres de
l'Education du Canada, il y a six mois, à ce qu'on pourrait appeler des
analyses comparatives sommaires des coûts de l'éducation entre les
provinces. Nous avons ce document au ministère. On pourra en faire un
relevé rapide, enfin, pour lundi ou mardi, pour comparer la structure
des dépenses en éducation élémentaire-secondaire
publique dans les diverses provinces canadiennes. Evidemment, les
catégories de dépenses sont identifiées de façon
différente. Les définitions peuvent varier suivant les
regroupements en bloc de ce type que nous pourrons fournir. C'est un
élément de la question. L'autre élément, je ne sais
pas si onpeut le faire je ne pense pas qu'on puisse le faire pour les
autres provinces canadiennes c'est de comparer l'évolution de ces
dépenses. Par exemple, pour prendre un cas précis, la croissance
des coûts du transport scolaire peut être plus élevée
dans une province que dans une autre. Sur l'évolution des
dépenses, comparer les provinces, nous ne pourrons fournir de chiffre,
mais sur une comparaison à une année donnée je pense
que c'est l'année 1973/74 que nous avons nous pourrons fournir
cela lundi ou mardi.
M. Léger: D'accord! J'avais dit tantôt, dans le
Jivre "Statistiques financières de l'éducation" vous
pouvez même vérifier ça le service administratif
était, pour l'année 1972/73, de $100 millions pour
l'administration et $100 millions pour le transport, pouvez-vous le comparer
aussi? Pour l'année 1971/72, il y avait aussi une différence
administrative avec l'Ontario, qui était de 6% des dépenses des
commissions scolaires, pour le Québec, pour l'administration, et de
2.5%, pour l'Ontario. Ce sont des choses qui peuvent être
vérifiées.
M. Bienvenue: Comme on le mentionnait, c'est beaucoup plus une
question de définition des termes que des pratiques comptables, à
savoir quels coûts sont imputés à quels postes. Je donne un
exemple: En Ontario, on a inclus dans une même masse salariale les
enseignants, les principaux, les conseillers d'orientation, tout le personnel
d'enseignement et de support immédiat à l'enseignement et de
direction de l'enseignement non seulement au niveau de l'école, mais au
niveau de la commission scolaire. Cela fait évidemment un type
d'imputation qui donne des résultats différents, par exemple, au
niveau d'une commission scolaire comme la CECM, l'exemple est peut-être
mal choisi, à cause de la taille, mais la plupart des commissions
scolaires régionales ont des services de l'enseignement où il y a
des spécialistes dans diverses disciplines, matières, et ainsi de
suite. Ces personnes ne travaillent pas dans les écoles, mais pour les
écoles, et les imputations aux états financiers sont parfois
faits dans l'administration, parfois dans les services d'enseignement. Cela
peut expliquer des variantes. Cependant, on a remarqué au Québec
une croissance des dépenses plutôt de type administratif ou ce
qu'on pourrait appeler, d'une façon générale, les
croissances en personnel au bureau central, au bureau chef des commissions
scolaires par opposition au personnel qui est dans les écoles
physiquement, chaque jour.
M. Léger: Devant l'affirmation du sous-ministre...
M. Bienvenue: Si on me permet, j'ajoute et j'en prends
à témoin la personne qui est assise directement derrière
moi dans le cadre de ce gel dont j'ai parlé, nous faisons des
tentatives, dont les fruits viennent pas toujours aussi vite qu'on
l'espère, en anglais, "implement", pour appliquer ces politiques et qui
ont pour effet des coupures qui font mal, je le sais.
Nous n'avons pas toujours reçu jusqu'à maintenant
c'est au nom de la vérité qui a ses droits que je le dis
la collaboration et l'empressement que nous souhaitions dans certains milieux,
dans ces grosses boîtes centrales du monde des commissions scolaires, ce
n'est pas facile. Il y a des coutumes établies, ce que d'autres
appellent des "chapelles" établies, mais je profite de la table de cette
commission de l'étude des crédits pour le dire. Ce n'est pas
facile. Nous avons eu des rencontres, des demandes ont été faites
par mes prédécesseurs et le mouvement de réponses ne se
dessine pas rapidement. Toujours dans le sens que souhaite le
député de Lafontaine, qui correspond aux politiques, aux
visées profondes du ministère, compte tenu de certaines
diminutions de clientèle et de l'importance qu'il y a d'accroître
la qualité de l'enseignement.
M. Léger: Je prends bonne note de l'intention politique du
ministre à la suite de l'affirmation du sous-ministre qu'il y avait
tendance à une augmentation des coûts administratif de voir
à changer cette tendance de façon qu'il y ait plus d'argent
d'alloué aux points touchant la qualité de
l'enseignement.
Puisque le temps avance, il y a d'autres documents à
déposer. Si on peut déposer les autres documents avant d'ajourner
nos travaux, documents que le ministre devait déposer.
M. Bienvenue: C'est tout ce que l'on avait, M. le
Président, pour aujourd'hui. Nous avons pris bonne note des demandes.
Nous les avons inscrites. Nous avions parlé de lundi dans le cas de
certaines autres choses, mais on peut bien faire, si vous voulez, en vitesse,
la révision des demandes que nous avions notées pour
empêcher la prescription et montrer au député de Lafontaine
que nous allons y donner suite, même si cela n'était pas ce
matin.
Alors, quant à l'étude mentionnée hier sur
l'abandon scolaire, étude faite par la CECM, on nous signale que cette
étude a été faite en collaboration avec la CECM, la
Fédération des commissions scolaires et le ministère de
l'Education. Il y aura donc une possibilité de revenir là-dessus.
On a discuté de la Commission des accidents du travail. On a
discuté des cartes de permis de travail. La liste des commissions
scolaires qui ont signé des ententes avec les municipalités pour
l'utilisation des bibliothèques scolaires, c'est à venir. Les
lieux défavorisés, c'est fait. L'analyse faite sur le rapport du
National... Enfin, le rapport britannique sur l'enseignement des langues
secondes, c'est à venir.
M. Léger: Les projets pour les polyvalentes?
M. Bienvenue: Le nombre de conseillers pédagogiques, le
nombre de commissions qui enseignent l'anglais avant la cinquième
année, les quotas, c'est à venir, le pourcentage des
non-francophones, des non-anglophones dans le secteur francophone cette
année.
L'école de Sainte-Irène, c'est venu.
M. Léger: Sainte-Marie s'en vient.
M. Bienvenue: Le sujet de Marie-Guillard, que le
député de Matane avait soulevé, c'est à venir
et...
M. Léger: C'était dans les $204 millions. Les noms
des polyvalentes à venir et les constructions à venir,
c'était trop long de les énumérer, alors vous aviez dit
que vous pouviez les déposer plus tard.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, je voudrais vous
signaler qu'il est 13 h 5 et la commission ajourne ses travaux sine die, mais
les fonctionnaires qui sont ici noteront qu'on devrait siéger lundi
après-midi après la période de questions, cela veut dire
autour de quatre heures. Bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à 13 h 3)