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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du mardi 22 juin 1976
(Onze heures trente-cinq minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
M. Léger (Lafontaine) me prie d'ouvrir la commission, même
si nous n'avons pas quorun et je l'en remercie.
M. Léger: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
dit. C'est le privilège de l'Opposition de le mentionner quand il n'y a
pas quorum, et si cela fait son affaire de ne pas le mentionner, elle en a
encore le droit, d'après le règlement.
Le Président (M. Pilote): Au nom des membres de la
commission, je le remercie de son attitude.
M. Bienvenue: Je me joins à vous.
Le Président (M. Pilote): Hier, nous avons adopté
les programmes 5, 6 et 7. Je voudrais revenir au programme 2,
élément 5, qui n'a pas été adopté, il s'agit
des bureaux régionaux.
M. Léger: M. le Président, vous voulez parler du
programme 2. Soutien technique.
Le Président (M. Pilote): Egalement. Nous pouvons les
faire ensemble.
Echange de professeurs avec la France
M. Léger: D'accord. Lors du voyage du premier ministre en
France, l'an dernier, M. Chirac et M. Bourassa avaient donné leur accord
sur un programme d'échange de professeurs au secteur professionnel. Ce
programme devait toucher 500 à 600 enseignants québécois
qui devaient aller dans les écoles techniques françaises pour
s'initier au vocabulaire français.
Le ministre peut-il nous dire quels ont été les
véritables résultats de la première année de ce
programme?
M. Bienvenue: Pour la première année, 125
professeurs québécois du secteur professionnel ont
participé à des stages dans des établissements scolaires
français, pendant lesquels ils ont pu, avec leurs homologues
français, comparer les programmes français et les programmes
québécois, étudier le matériel didactique
français, comparer les méthodes d'enseignement, étudier
les aspects de la terminologie employée à la discipline
enseignée, particulièrement l'influence dans la terminologie
anglaise, pas seulement au Québec, mais en France aussi, se familiariser
avec les aspects pratiques de l'enseignement de leur discipline. Le contenu de
ces stages a été préparé par une équipe de
responsables à la fois français et québécois.
Quant aux programmes de stages qui étaient offerts à
nouveau en 1975 aux professeurs de l'enseignement professionnel des niveaux
secondaire et collégial, qui enseignent dans les disciplines qui suivent
et qui répondent à ces conditionsj'y vais rapidement
au secondaire les disciplines étaient: l'équipement
motorisé, la mécanique automobile et le service à
l'automobile, la fabrication mécanique, l'électrotechnique, le
dessin technique; au collégial les disciplines étaient:
l'électrotechnique encore, particulièrement
l'électrodynamique.
Les conditions: Au secondaire, il fallait détenir un brevet
d'enseignement ou une autorisation provisoire d'enseigner, avoir trois
années d'expérience dans l'enseignement; au collégial,
avoir deux années d'expérience dans l'enseignement.
Pour le secondaire, 25 enseignants sont allés en fabrication
mécanique, en juin et jusqu'à la mi-juillet; à
l'électrotechnique, 25 enseignants également, de la mi-juin
à la fin de juillet; en équipement motorisé, 25
enseignants, de la mi-juin à la fin de juillet et 25 enseignants en
dessin technique, l'automne dernier.
Au collégial, en électrotechnique, 25 enseignants se sont
rendus du 10 novembre au 20 décembre; pour un total de 125, pour la
première année.
M. Léger: Cela fait 150, avec ce que vous m'avez dit, ou
125?
M. Bienvenue: Non, quatre fois 25, plus 25. M. Léger:
J'en avais six. D'accord.
M. Bienvenue: Le député de Lafontaine y a mis de
l'inflation. Il a indexé. Voulez-vous le nombre pour cette
année?
M. Léger: Oui. En même temps, donnez-moi donc le
coût du programme et la part de chacun des deux partenaires
étatiques dans les frais.
M. Bienvenue: Pour la première année.
M. Léger: Pour la première année, et la
même chose pour la deuxième.
M. Bienvenue: Pendant qu'on fait la recherche, je pourrais
peut-être parler de la seconde année aux membres de la
commission.
Les objectifs étaient toujours le perfectionnement linguistique
et pédagogique portant sur des grands nombres; environ 500 professeurs,
comme on le sait, pendant cinq ans, doivent profiter de ces voyages.
Le stage de l'année 1975 a permis de mettre au point une formule
de stage de quatre semaines, et, à ce jour, neuf groupes répartis
dans cinq disciplines ont bénéficié d'un stage.
Les évaluations démontrent le succès du programme
et l'atteinte des objectifs pédagogiques, linguistiques et
technologiques.
Deux universités, l'Université de Sherbrooke et celle du
Québec, ont participé à l'élaboration et à
l'évaluation de ces stages, en collaboration avec le ministère et
la Régie de la langue française. Les stagiaires professeurs qui
sont inscrits dans le programme de perfectionnement des maîtres mis au
point par le ministère ont la possibilité de se voir octroyer six
crédits, à l'occasion du stage en France.
Evidemment, le suivi est tout aussi important que les stages
eux-mêmes, puisqu'il permettra, à moyen terme, de valoriser les
observations faites en France aussi bien pour la méthodologie de
l'enseignement que pour l'utilisation des équipements et des documents
pédagogiques. Sur le plan linguistique, la confrontation des manuels
rapprochera les communautés enseignantes en vue de la production de
lexiques adaptés au monde francophone.
On parle toujours du calendrier 1976. Du 20 février au 19 mars,
quatre groupes se sont rendus pour étudier la fabrication
mécanique, l'équipement motorisé,
l'électrotechnique, le dessin technique; du 9 avril au 7 mai, quatre
autres groupes pour les mêmes sujets, ou à peu près; du 7
mai au 4 juin, l'électrotechnique; du 21 mai au 18 juin, les mêmes
matières; du 24 septembre au 23 octobre, la couture, l'habillement,
l'informatique, les soins esthétiques; du 5 novembre au 3
décembre, la couture, l'habillement, l'informatique et les soins
esthétiques.
La mise au point du calendrier des stages 1976, ceux de cette
année, qui est la deuxième année, porte donc sur huit
disciplines qui donneront l'occasion à 432 enseignants d'effectuer un
stage en France. On voit qu'il y a eu une augmentation plus que sensible du
nombre. Il est à souhaiter que ce rythme soit maintenu et même
augmenté, tel que prévu, à 500 enseignants annuellement,
jusqu'en 1980.
A cette date, la presque totalité des disciplines
enseignées au Québec, aux niveaux secondaire et collégial,
auront pu être touchées par ce programme. On n'a pas les
coûts.
M. Léger: Vous n'avez pas les coûts.
M. Bienvenue: Ils existent, mais... Le principe de paiement est
de 50-50, France-Québec, sur les frais directs, c'est-à-dire les
coûts de transport et de séjour essentiellement et les coûts
d'encadrement et de formation ou de perfectionnement en France. Du
côté québécois, il y a un résidu qui est le
coût de remplacement, le cas échéant, de ces professeurs
pendant leur absence, mais, comme on le voit dans le calendrier...
M. Léger: De quelle façon est-ce
comptabilisé, pour ce que vous ne puissiez pas me dire les coûts?
Ce doit être comptabilisé quelque part.
M. Bienvenue: Oui. Nous ne les avons pas ici.
M. Léger: D'accord. Vous pourrez me les donner un peu plus
tard.
M. Bienvenue: Oui. Vous voulez les coûts des deux
années?
M. Léger: C'est cela. M. le Président, en ce qui
nous concerne, le programme 2 est adopté.
Le Président (M. Pilote): Le programme 2 est adopté
ainsi que ses éléments.
M. Léger: D'accord. J'aimerais maintenant passer au
programme 8.
Le Président (M. Pilote): Au programme 2, il y a
l'élément 6, enseignement privé, et
l'élément 7, prêts et bourses.
M. Léger: Oui, mais nous avons parlé de
l'enseignement privé à l'élémentaire et au
secondaire, ce qui est le programme 8, je pense.
Le Président (M. Pilote): L'enseignement
élémentaire et secondaire privé, programme 8.
M. Léger: Je n'ai que quelques questions à poser
dans ce domaine.
Le Président (M. Pilote): Excusez-moi. Pourrions-nous en
même temps étudier le programme 10, enseignement collégial
privé?
M. Léger: Non, ce n'est pas le même ministre. C'est
pour cela que je veux demander au ministre actuel...
M. Bienvenue: Tout le secteur de l'enseignement privé
relève de celui qui vous parle, y compris l'enseignement
collégial.
Le Président (M. Pilote): Nous pourrions étudier
les programmes 8 et 10 ensemble.
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: M. le Président, le ministre pourrait-il
en même temps aviser son collègue que, dans une quinzaine de
minutes, nous serions prêts à rencontrer le ministre responsable
du secteur collégial et postsecondaire?
Le Président (M. Pilote): Quelqu'un va l'informer.
L'enseignement privé
M. Léger: M. le Président, concernant le programme
8, les éléments 1 et 2, touchant le secteur privé, je n'ai
pas l'intention de recommencer le procès du secteur de l'enseignement
privé. Nous en avons parlé au début de nos interventions.
Tout le monde a été sensibilisé, je pense, depuis un bon
bout de temps, aux fortes hausses de croissance du secteur privé aux
dépens de son grand frère, le secteur public.
Les statistiques démontrent la grande vigueur de ce secteur
privé, à une époque où la dénatalité
fait des ravages dans le secteur public. Je n'ai pas l'intention non plus de
recommencer la chasse aux sorcières à chaque étude des
crédits, depuis cinq ans, toute la notion même de l'existence de
ce secteur est discutée chaque année, avec les mêmes
résultats: la profession de foi du ministre qui
précédait.
J'aimerais plutôt engager la discussion sur un terrain qui avait
été préparé l'an dernier par l'ancien ministre de
l'Education, qui avait indiqué qu'une refonte complète de la Loi
de l'enseignement privé était en préparation et qu'un
comité d'étude était en train d'étudier l'aspect
plus particulier du financement de ce secteur par rapport à celui de
l'enseignement public, financement dont les règles seraient remises en
question.
Ma première question est la suivante: Le ministre a
annoncé dernièrement des restrictions budgétaires
importantes au niveau du secteur de l'enseignement public. Il est
évident que ces restrictions se refléteront au niveau des
institutions privées, les 80% et 60%, coût moyen du secteur
public, cependant, une chose m'inquiète énormément.
Peut-on se permettre de subventionner de façon aussi grasse qu'avant le
secteur privé, alors que l'argent est rare? N'y a-t-il pas des
façons différentes de financer pour cette année le secteur
privé? Si on prive le secteur public des sommes d'argent à cause
des restrictions budgétaires, pour quelle raison ne pas geler le secteur
privé dans la même année, parce que ses revenus proviennent
du calcul fait sur l'année précédente du secteur public?
Ce n'est qu'un an après que le secteur privé, qui est
déjà grassement subventionné, va subir le coup ou les
contrecoups de cette inflation et de ces restrictions budgétaires.
Autrement dit, le gel devrait aller là aussi.
M. Bienvenue: Le premier élément de ma
réponse est le suivant: Evidemment, par un phénomène de
décalage, c'est l'an prochain que les 80% ou les 60% ne
représenteront plus que 80% ou 60% des sommes qui sont l'objet du gel
budgétaire cette année; cela, au moment où, comme je le
souhaite et comme tout semble l'indiquer, la reprise économique
s'effectuera l'année prochaine, avec le résultat qu'au niveau
gouvernemental comme au niveau de l'entreprise privée, les
crédits pourront être débloqués. A ce moment,
l'enseignement privé subira le contrecoup, avec un an de retard, de la
situation qui prévaut actuellement.
M. Léger: Je trouve quand même aberrant qu'on ait
trouvé des mesures spéciales pour priver le secteur public. Pour
quelle raison le ministre ne trouve-t-il pas des mesures spéciales pour
qu'en même temps soit gelé également le secteur
privé, qui n'a pas de raison de croître aux dépens du
secteur public, en ne présentant pas de mesures spéciales pour
lui aussi.
M. Bienvenue: C'était mon premier élément de
réponse. Le deuxième élément de réponse se
retrouve dans la loi. On sait que c'est en vertu de la loi, et non pas par des
gestes administratifs, que le secteur privé, à un niveau ou
à l'autre suivant le cas, reçoit les 60% et les 80%. La
réponse à la question du député de Lafontaine se
trouverait dans une modification, dans un amendement à la loi. Or, comme
il l'a indiqué lui-même, comme un de mes
prédécesseurs m'en avait parlé, un mandat a
été donné à un comité d'étude sur
l'enseignement privé, en vue d'étudier la situation, les
problèmes rencontrés dans l'application de la loi, de la
réglementation et des diverses dispositions administratives, afin
d'évaluer l'incidence de l'enseignement privé sur le comportement
du système scolaire, d'évaluer divers modèles
d'aménagement de l'enseignement privé dans un système
scolaire et de proposer, le cas échéant, des modifications au
régime actuel de l'enseignement privé.
Ce comité d'étude étudie diverses dimensions, dont
les modèles pédagogiques, l'organisation scolaire, le
financement, les dispositions administratives et réglementaires.
La date de remise des travaux de ce comité a été
fixée et je dis bien fixée au mois de
décembre prochain, c'est-à-dire au moment où on aura
atteint la moitié de la course de la prochaine année
scolaire.
Quant à avoir confié ce mandat à un tel
comité, quant à vouloir faire un travail sérieux, en
profondeur, qui amènera, éventuellement, à la
révision non seulement du système, mais de la loi qui en est
l'épine dorsale, si on veut, il est évident qu'avant de modifier
temporairement cette loi, mieux vaut en faire une modification en
profondeur.
Je répète que, par ailleurs, ce domaine de l'enseignement
privé verra ses subventions diminuer l'année prochaine,
automatiquement, par le jeu de décalage qu'on sait, alors que j'ai tout
lieu d'espérer qu'au contraire le secteur public sera l'objet d'une
poussée nouvelle au plan budgétaire. Si on veut dire à la
blague, et entre parenthèses, comme le veut la rumeur, que
l'année prochaine soit une année d'élections, on
connaît l'histoire politique...
M. Léger: Peut-être avant cela.
M. Bienvenue: J'en doute. On connaît la tradition qui veut
que les budgets d'élections soient des budgets plus
généreux. A ce moment, c'est le secteur public qui sera bien
nourri, au détriment de l'autre.
Toute blague à part, je pense qu'il est important de laisser ce
comité terminer son travail et de ne pas le morceler, de ne pas
l'arrêter en cours de route, afin que nous ayons des conclusions en
profondeur, qui aillent bien au-delà du phénomène d'une
année de restrictions budgétaires et qui satisfassent
peut-être aux aspirations profondes de ceux qui s'inquiètent du
sort de l'un par rapport au sort de l'autre.
M. Léger: M. le Président, je ne partage pas du
tout le point de vue du ministre. Il m'a donné un choix politique qu'il
a fait, c'est-à-dire que, cette année, on ne changeait rien,
parce qu'il y a
un comité d'étude en train d'étudier l'aspect
général du financement des secteurs privés. Je suis
d'accord que ce comité doit étudier l'ensemble du dossier des
secteurs privés, mais pendant que le secteur public, à cause de
restrictions budgétaires, à cause du gel olympique, va subir des
conséquences, des coupures dans différents projets mis de l'avant
et jugés prioritaires par le ministre qui a précédé
celui qui est ici, pendant ce temps, le secteur public subit des
conséquences malheureuses et je dirais même désastreuses
dans certains secteurs. Ce n'est pas parce que les conséquences sont une
année en retard que, l'année prochaine, on va
nécessairement avoir une diminution des subventions au secteur
privé, parce que, même si leurs subventions vont dépendre
des résultats de cette année pour le secteur public, et que ces
résultats vont avoir comme conséquence une diminution du secteur
privé, rien ne nous dit que la façon de calculer les subventions
l'année prochaine n'amènera pas une présentation
compensatoire à cette perte peut-être.
Je dis que c'est cette année que tout le monde subit une
inflation. C'est cette année que tout le monde paie plus cher pour la
nourriture et les achats. C'est cette année que les gens subissent des
coupures budgétaires. Les deux secteurs doivent subir en même
temps des coupures. Je trouve absolument aberrant qu'on ne fasse rien du
côté du secteur privé.
Quant à la question de tout le financement du secteur
privé, c'est une autre question. Je parle uniquement des restrictions
budgétaires. Il n'est pas normal que le secteur public subisse
immédiatement la conséquence des restrictions budgétaires
et que le secteur privé continue à bénéficier de
sources grasses, surtout quand on sait que ce sont des organismes à but
lucratif. Je ne vois pas pourquoi ils ne subiraient pas les mêmes
inconvénients.
M. Bienvenue: Je ferai remarquer au député de
Lafontaine qu'il s'agit, en l'occurrence, d'un arrêt de la croissance et
non pas d'une diminution du coût. Je répète qu'il s'agit,
en fait, d'un arrêt de la croissance et non pas d'une diminution du
coût.
Depuis l'institution de la loi s'appliquant aux institutions
privées, depuis l'adoption de cette loi, rien ne doit permettre à
qui que ce soit de penser que le phénomène ne continuera pas l'an
prochain. Chaque année, de façon automatique, pour le meilleur ou
pour le pire, l'enseignement privé a suivi le grand frère dont
parle le député de Lafontaine, à douze mois
d'intervalle.
M. Léger: C'est le ministre qui a fait...
M. Bienvenue: Sauf, je le répète, si la
Législature devait changer la loi, mais je pense qu'il est
impérieux d'attendre ce comité, qui s'est livré et
continue de se livrer à des travaux considérables, je pense qu'il
est logique d'attendre la fin de ses travaux pour prendre nos
responsabilités.
M. Léger: Cela règle la question
générale. Je parle du cas particulier. L'année
dernière, le minis- tre de l'Education à ce moment, M. Cloutier,
nous avait donné huit à dix programmes prioritaires. Donc,
l'objectif de l'année dernière était que cette
année on ait de l'argent supplémentaire dans des secteurs
particuliers qui étaient jugés prioritaires dans les objectifs
politiques du gouvernement. Cette année, à cause de l'inflation,
ces objectifs prioritaires tombent.
Cette année, on va laisser le secteur privé recevoir les
subventions qui le mettent dans une catégorie favorisée par
rapport au secteur public, et particulièrement d'une façon
sensible. Qui nous dit que l'année prochaine, il va réellement
subir cela? Je dis qu'il est injuste pour le secteur public, qu'on veut
revaloriser, de permettre, cette année, au secteur privé de
continuer à recevoir la même subvention basée sur
l'année dernière et qu'il ne subisse pas cette année, en
même temps, dans la même année de calendrier, les
conséquences de ces restrictions budgétaires. C'est dans la
même année qu'il faut qu'il subisse ces restrictions
budgétaires.
M. Bienvenue: Lorsque le député de Lafontaine dit:
Qui nous dit que? Je ne puis que répéter la réponse. Ce
qui nous dit que, c'est l'application rigoureuse et obligatoire de la loi. Si,
cette année, au lieu d'avoir la situation économique que nous
avons, nous avions assisté à une augmentation des règles
budgétaires en faveur du secteur public, je suis persuadé que le
député de Lafontaine n'aurait pas fait l'intervention qu'il fait
actuellement et que d'autres auraient pu dire: Comment se fait-il que le
secteur privé n'est pas favorisé? La réponse eût
été évidente. Il n'est pas favorisé parce qu'il
suit la période de décalage d'un an.
M. Léger: Le ministre sait fort bien aussi que, moins il y
a de population dans le secteur public, plus le coût moyen du financement
de ce secteur est grand. Donc, l'année prochaine, quand on voit que la
population du secteur public diminue, il est normal qu'on voie augmenter le
coût moyen de l'enseignement au secteur public, donc, les subventions du
secteur privé vont aussi augmenter. Je pense que ce laisser-aller, ce
paternalisme au-dessus du secteur privé, n'est pas de bon aloi. Il ne
permet pas d'espérer pour nous que le ministre va corriger
l'année prochaine l'injustice de cette année, alors que c'est
dans une année de calendrier que les deux secteurs doivent subir le
même coût.
Je vois deux exemples que je viens de donner au ministre de favoritisme
au secteur privé. C'est seulement par des actions précises du
ministre que nous croirons réellement à son intention de
favoriser le secteur public. Ce n'est pas par le choix politique qu'il vient de
faire actuellement de ne pas intervenir, même par amendement à la
loi. Quand une loi ne fait pas son affaire, le gouvernement n'hésite pas
à y présenter des amendements. Si le gouvernement ne veut pas
présenter d'amendement à la loi acutellement, c'est parce qu'il
juge qu'il ne peut pas, ou qu'il ne veut pas corriger l'injustice que le
secteur public subit comparativement au secteur privé.
M. Bienvenue: Nous parlons depuis le début de cette
brève discussion de l'arrêt de croissance du secteur public...
M. Léger: Une diminution.
M. Bienvenue: ... par le jeu des règles
budgétaires. On parle du gel des règles budgétaires. On ne
parle pas de diminution. Mais ce dont on oublie de parler, et ce dont trop de
gens oublient de parler au moment où nous sommes dans le contexte actuel
et dans ce genre de discussion, c'est que le secteur public, et le seul secteur
public, va bénéficier, je l'espère, dans les heures qui
viennent, d'injections de centaines de millions de dollars, par le jeu des
augmentations de la masse salariale. Et je dis bien le seul secteur public.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire si, actuellement,
les enseignants du secteur public, pour les mêmes années de
scolarité, pour les mêmes tâches, ont un salaire
inférieur, égal ou supérieur à celui des
enseignants du secteur privé, au moment où on se parle?
M. Bienvenue: Au moment où on se parle, il est
égal. Dans quelques heures, je l'espère, il sera
supérieur.
M. Léger: A la page 11-25 des crédits du
ministère de l'Education, on voit à l'élément 2,
une différence de $69 212 600 en 1975/76 à $90 321 800 en
1976/77. Qu'est-ce qui justifie cette augmentation de $21 millions, pour
l'enseignement privé cette année, alors qu'on coupe partout
ailleurs?
M. Bienvenue: Pour répondre de façon précise
à la question, cette augmentation inclut un montant de $2 500 000 pour
le boni de vie chère des quatre derniers versements de l'année
scolaire 1975/76; un ajustement calculé par le Conseil du trésor,
pour prévoir l'application d'une politique de régime de retraite
des employés du gouvernement et des organismes, le RREGOP, $1 941 000;
un montant pour l'augmentation du coût moyen due à l'application
des conventions collectives du personnel dans le secteur public, pour
l'année 1975/76, $5 775 000; une augmentation de 4% du
coût-élève au secondaire, en 1976/77, calculée
d'après les règles budgétaires de l'enseignement
élémentaire et secondaire public de l'année
précédente on voit toujours ce jeu de décalage d'un
an tel que stipulé par la loi 56; l'intégration de la
clientèle juive au réseau de l'enseignement privé; la
reconnaissance de nouveaux statuts; une croissance de la clientèle du
réseau de l'enseignement privé, croissance que tout le monde
constate, sur laquelle nous nous sommes abondamment parlé,
entraînant une augmentation de la clientèle de l'ordre de 12,3%,
en 1976/77, par rapport à la clientèle de 1975/76, estimée
à 68 438 sujets, alors qu'elle était de 60 521.
Le tout forme cette augmentation de $20 286 300. Je reviens sur un
sujet, parce que je pense qu'il faut se dire la vérité. On devine
que cette poussée vers l'enseignement privé ne sera
sûrement pas freinée par l'expérience vécue au cours
de la dernière année scolaire. L'expérience vécue
dans le secteur public, au cours de la dernière année scolaire,
n'a pas pour effet, malheureusement, de freiner l'enthousiasme qu'on retrouve
dans...
M. Léger: Vous ne parlez pas des négociations.
M. Bienvenue: Non, je parle du harcèlement, des lock-out,
des grèves.
M. Léger: II faut admettre quand même que c'est
cette année que cela a eu lieu, et que l'augmentation du secteur
privé a commencé avant le commencement des
harcèlements.
M. Bienvenue: Non, c'est parce que, pendant un moment
d'inattention du député de Lafontaine, j'ai ajouté une
constatation. Ce qui est survenu cette année n'aura pas pour effet de
freiner ce mouvement d'enthousiasme vers le secteur privé. Quand je dis
mouvement d'enthousiasme on parlait il y a quelques années, je
l'ai vu encore dans certains propos, certains articles de journaux, il y a
quelques jours, ou certaines annonces publicitaires de certains syndicats
on parlait de ce mouvement de favoritisme pour l'élite.
De plus en plus, des familles au revenu très modeste se saignent
à blanc pour envoyer leurs enfants au secteur privé. C'est tout
cela je ne veux pas revenir à la grande discussion de base du
début qu'il faut essayer de freiner en améliorant, je l'ai
dit, en faisant disparaître les failles d'un système. C'est un
climat qu'il faut rétablir. Je compte beaucoup sur une entente
négociée pour aider à ce niveau...
M. Léger: Est-ce qu'une entente
négociée...
M. Bienvenue: ... à faire le rattrapage du climat que l'on
souhaite tant.
M. Léger: Une entente négociée permettrait
aux enseignants de se sentir participants à l'amélioration du
système dans lequel ils vivent et pour lequel ils donnent la grande
partie de leur vie.
M. Bienvenue: Je ne me cache pas que c'était un rêve
éveillé que je me faisais...
M. Léger: Vous ne nous parlez pas de votre nuit
d'hier.
M. Bienvenue: Non. ... lorsque j'ai accédé aux
fonctions que j'occupe présentement, celui d'avoir enfin, après
tant d'années, une entente qui soit le fruit d'une paix honorable.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire s'il est d'accord
sur les chiffres d'une augmentation du tiers des effectifs dans l'enseignement
privé sur l'année précédente, tel qu'il a
été annoncé dans plusieurs...
M. Bienvenue: Vous parlez de la clientèle.
M. Léger: Oui, je parle de la clientèle. C'est une
augmentation de combien?
M. Bienvenue: C'est une augmentation de coût.
M. Léger: D'accord.
M. Bienvenue: L'augmentation de la clientèle au secondaire
est de l'ordre de 13.8.
M. Léger: Le ministre pourrait-il me donner les
statistiques, comme on l'avait demandé au début pour le secteur
privé, l'augmentation comme telle? Je pense qu'on ne l'avait pas
eue.
M. Bienvenue: Vous voulez dire par niveau...
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: ... par école ou par institution.
M. Léger: Je veux dire au point de vue provincial.
M. Bienvenue: Oui, on a un tableau. On en a des copies. J'ai un
tableau devant moi dont on pourra fournir les copies que nous n'avons pas avec
nous, intitulé "Evolution des clientèles du réseau de
l'enseignement privé au Québec, de la maternelle jusqu'au
collégial, incluant l'enfance inadaptée, de 1971/72
jusqu'à 1976/77. Chiffre absolu et pourcentage." On a une copie... Un
instant.
M. Léger: Vous en avez une copie. Bon. Le grand chiffre
global, cette année vous l'avez ici.
M. Bienvenue: Via la présidence.
M. Léger: Les chiffres que je vois, ce sont les
pourcentages, le total... Les pourcentages que je vois, 4.06, 8.86, 36.12,
20.14 et 20, est-ce comparativement à l'année
précédente?
M. Bienvenue: C'est cela.
M. Léger: Avez-vous le chiffre, comparativement, de
1971/72 à 1976/77, c'est une augmentation de combien.
M. Bienvenue: A quel niveau. Cela serait la moyenne des
pourcentages.
M. Léger: C'est cela. M. Bienvenue: Au total.
M. Léger: Parce que de l'année dernière
à cette année, à l'élémentaire, c'est une
augmentation de 20%, au secondaire professionnel de 12.3% et collégial
à 14.4%. C'est comparativement à uniquement une année.
Mais comme il y a eu des années où il y a eu des augmentations de
36% et de 20%, cela veut dire une proportion pratique- ment de 80% en l'espace
de cinq ans. Cela a presque doublé en cinq ans.
M. Bienvenue: Je m'excuse. Quelle était la question?
M. Léger: Je disais: Peut-on calculer, en voyant les
augmentations d'une année à l'autre, si on additionne les cinq
années pour montrer la différence qu'il y a de 1971/72 à
1976, c'est pratiquement doublé partout.
M. Bienvenue: Oui.
M. Léger: De 3008 à 8006 à
l'élémentaire et 32 000 à 68 000 au secondaire
professionnel et de 9000 à 16 000. C'est à peu près 100%
d'augmentation, doublé.
M. Bienvenue: II ne faut pas conclure que ces augmentations sont
réelles. Un certain nombre d'élèves étaient dans ce
qu'on appelle les institutions associées, 15 000 à peu
près, dans des commissions scolaires, qui étaient
déjà, donc, des institutions associées et sont
passées dans des écoles privées. Les écoles en
question se sont déassociées, ont changé de statut.
M. Léger: Est-ce qu'il ne serait pas grand temps que soit
révisée la fameuse règle officieuse de financement qui
permet de comptabiliser, dans le coup moyen servant à la subvention, les
services coûteux de l'enfance inadaptée et du secteur
professionnel? Cette règle est vraiment la grande injustice, je pense
bien, qu'il faut absolument et fortement dénoncer. Selon les chiffres
que j'ai ici, dans la situation de l'enseignement privé au
Québec, ils seraient de $630 pour un élève au secondaire
général et de $1623 pour un élève inscrit au
secteur professionnel. Est-ce qu'on pourrait établir le chiffre, une
fois pour toute, de cette base? Quel est le chiffre précis qu'on utilise
pour subventionner le coût moyen d'élèves dans le secteur
privé? Est-ce qu'on peut dire $1496? Il faut inclure aussi... Tous les
ateliers sont pas mal chers et c'est inclus à l'intérieur du
coût du public et on se base sur cette moyenne pour amener une subvention
au secteur privé. J'ai à la page 80 du document un chiffre de
$1418 pour le secteur de l'enseignement général et $1496 pour le
secteur de l'enseignement professionnel.
M. Bienvenue: En pratique, c'est une différence à
peu près nulle.
M. Léger: Non. L'enseignement général pour
l'année 1973/74 que j'ai ici dans la situation de l'enseignement
privé au Québec. Est-ce que vous avez des chiffres précis
du ministère? Quelle est la moyenne du coût d'enseignement pour un
élève au secondaire général et pour un
élève inscrit au secteur professionnel?
M. Bienvenue: Les coûts moyens per capita du public, sur
l'année 1975/76, on pourrait remon-
ter à 1974/75, à 1973/74. Au secondaire
général en 1975/76, $1219.
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: Au secondaire professionnel, $1275, parce que la
subvention est calculée pour une institution privée qui ne donne
que du secondaire général. C'est le chiffre de $1219, donc le
chiffre directement correspondant. Dans l'école publique, il est
utilisé comme facteur de base. De la même façon au
collégial général et au collégial professionnel, la
distinction est faite dans le coût moyen du secteur public pour 1975/76
au collégial général, $1925; au collégial
professionnel, $2073.
M. Léger: Vous ne prenez que le secteur
général pour subventionner le secteur public?
M. Bienvenue: La catégorie correspondante
d'établissements publics.
C'est ça, les écoles d'enseignement secondaire
général sont subventionnées à partir d'un
coût moyen pour l'enseignement général et les écoles
d'enseignement professionnel sur le coût moyen de l'enseignement
professionnel, quand une institution a à la fois des
élèves d'enseignement général et d'enseignement
professionnel et que les subventions sont calculées sur un coût
moyen pour une partie de ces élèves et sur un autre coût
moyen pour l'autre partie de ses élèves, abstraction faite de
l'enfance inadaptée qui est une toute autre catégorie et qui
n'entre pas en ligne de compte dans l'établissement des coûts
moyens.
M. Léger: II était grand temps que ces chiffres...
Bon, le ministre va me donner le document, d'accord.
M. Bienvenue: On donne tout ce qu'on nous demande.
M. Léger: Pourvu que ce soit raisonnable, et c'est
toujours raisonnable.
M. Bienvenue: Le député de Lafontaine verra qu'il y
a une nette amélioration sur le mode de calcul, face au tableau que je
viens de lui remettre...
M. Léger: C'est nouveau depuis combien
d'années?
M. Bienvenue: Trois ans.
M. Léger: Auparavant, c'était basé sur
l'ensemble des deux?
L'autre grand point qui me préoccupe est celui du principe de
l'auto-évaluation des institutions privées, de leur propre
rendement et du fonctionnement plus ou moins objectif de la commission
consultative de l'enseignement privé, qui s'accorde elle-même des
subventions. Y a-t-il de nouveaux règlements en préparation qui
seront plus rigides? Est-ce que le ministre peut répondre à
ça?
M. Bienvenue: En ce qui concerne l'auto-évaluation, c'est
un outil qui est mis entre les mains des institutions pour leur permettre de se
discuter. On leur donne un grand nombre de points de référence
avec des degrés de qualité en regard desquels elles se mesurent,
elles se discutent; à partir de tous les éléments d'une
école, du directeur, des professeurs, des concierges, tout le monde est
appelé à situer son école, sa partie d'école, sa
responsabilité par rapport à un certain portrait un peu
idéal d'ésole. A l'heure actuelle, et depuis deux ans, le
phénomène d'auto-évaluation n'a aucun rapport avec
l'octroi des statuts. C'est un outil de perfectionnement mis à la
disposition des institutions qui veulent l'utiliser.
C'est dans le rôle de supervision du ministère de
l'Education ou de services du ministère de l'Education auprès des
institutions.
M. Léger: Merci. J'aimerais en même temps
connaître le nom de celui qui est intervenu, M. Moreau...
M. Bienvenue: Antonin Moreau, directeur de l'enseignement
privé.
M. Léger: Directeur, oui. J'ai eu l'occasion...
M. Bienvenue: Cela vous prend des noms et des adresses.
M. Léger: Est-ce que le ministre pourrait nous donner le
nombre total de permis d'institutions privées décernés
pendant l'année 1975/76?
M. Bienvenue: Emission ou renouvellement de statuts pour 1975/76,
d'intérêt public, 221, je dis bien émission ou
renouvellement.
M. Léger: Le nombre d'émissions.
M. Bienvenue: Cela, c'est l'ensemble des statuts en vigueur.
Je vais suspendre un peu, je me fais contredire dans mon propre camp, M.
le Président.
Pour l'enseignement privé 1975/76, par niveau d'enseignement, les
opérations relatives au statut. DIP, déclaré
d'intérêt public: maternelle, quatre ans, cinq ans, six.
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: Ce que j'avais commencé à donner
était l'ensemble des statuts.
M. Léger: D'accord.
M. Bienvenue: Là, je précise et je rassure le
député de Lafontaine. Elémentaire, 17.
M. Léger: Ce que vous me donnez, ce sont les chiffres de
l'émission d'un nouveau permis ou les . renouvellements?
M. Bienvenue: Je suspens à nouveau.
Ce sont des nouveaux et des renouvellements.
M. Léger: Ensemble. Vous n'avez pas la séparation
entre les nouveaux permis? C'est la nouvelle DIP.
M. Bienvenue: 1975/76, trois. M. Léger: Pour
l'ensemble?
M. Bienvenue: Trois nouvelles écoles
subventionnées, pour l'ensemble du réseau.
M. Léger: Pour l'ensemble, autant à
l'élémentaire, à la maternelle et au secondaire? Trois
seulement?
M. Bienvenue: Oui. D'autres étaient subventionnées
et le statut a été renouvelé parce qu'il avait
été donné pour un an ou pour deux ans.
M. Léger: Alors, votre chiffre de 221, c'est encore bon?
Le total?
M. Bienvenue: C'est le total des statuts en vigueur.
M. Léger: 221, cela veut dire qu'il y aurait 218
renouvellements et trois nouveaux permis?
M. Bienvenue: II y a des statuts qui ont été
accordés en 1969 et qui sont toujours valables.
M. Léger: Oui.
M. Bienvenue: II y a des statuts qui ont été
donnés sans date d'échéance et d'autres avec date
d'échéance. Il y en a qui sont donnés pour un an, pour
deux ans, pour trois ans, et, quand vient l'échéance, ils sont
renouvelés ou non.
M. Léger: Cela commence à être mêlant.
Est-ce que vous voulez me dire qu'actuellement il y a 221 institutions
privées qui ont un permis actuellement?
M. Bienvenue: En 1975/76, en date de l'automne, il y a 215
statuts subventionnés en vigueur. Non, 215, plus 62. 215 DIP et 62 RFS
en vigueur. Ce sont des statuts, ce ne sont pas des institutions. Une
institution peut avoir trois statuts subventionnés.
M. Léger: Ah! bon.
M. Bienvenue: Un statut à la maternelle, voire même
quatre, si elle était complète. Un statut à la maternelle,
un statut à l'élémentaire, un statut au secondaire et un
statut au collégial.
M. Léger: Combien y a-t-il d'institutions privées
au Québec?
M. Bienvenue: Les 215 statuts DIP, plus 62 RFS
représentent 211 unités administratives, 211 écoles
subventionnées par le ministère de l'Education.
M. Léger: C'est cela. Et dans vos 276 DIP et RFS ensemble,
des nouveaux, il n'y en a que trois?
M. Bienvenue: En 1975/76, il y en a eu trois.
M. Léger: Autant d'ambiguïté que dans les
RFS?
M. Bienvenue: Je ne peux pas dire trois nouveaux statuts.
M. Léger: Trois nouveaux permis?
M. Bienvenue: II y a peut-être des institutions qui, en
1974/75, étaient reconnues pour fins de subventions et qui,
l'année suivante, ont reçu une déclaration
d'intérêt public. Cela a été un changement de
statut, qui ne change pas le nombre de statuts existants. D'accord?
Mais trois nouvelles institutions seulement ont eu un statut
subventionné alors qu'elles ne l'avaient pas l'année
précédente.
M. Léger: D'accord. Combien sont passées du RFS au
DIP?
M. Bienvenue: En 1974/75, il y avait 43 RFS. Au total de tous les
niveaux et de toutes les écoles, il y avait 71 statuts RFS en 1974/75 et
il y a 62 statuts RFS en 1975/76.
M. Léger: Donc, il y en a neuf de moins. Ces
neuf-là ont-ils eu la DIP?
M. Bienvenue: Donc, il y en a neuf de moins. Cela ne veut pas
dire neuf qui ont eu des DIP. Il y en a au moins une, peut-être deux, qui
ont perdu le statut de RFS.
M. Léger: D'accord, merci, M. Moreau. Pourrait-on avoir la
liste de toutes ces institutions, les 276? Peut-être qu'elle pourrait
être déposée.
M. Bienvenue: Cela existe dans le répertoire officiel du
ministère de l'Education.
M. Léger: Du moins avez-vous une copie de la liste que
vous avez dans les mains actuellement?
M. Bienvenue: Le bulletin officiel. Non, je n'ai pas la liste ici
des institutions. C'est dans le bulletin officiel du ministère.
M. Léger: D'accord. Avez-vous une copie de ce qu'on vient
de nous lire?
M. Bienvenue: Non, je n'ai pas ce qu'on vient de nous lire, parce
que je ne retrouve pas ce qu'on vient de nous lire.
M. Léger: Y aurait-il moyen d'avoir le dépôt
du document qui nous permet d'affirmer ces chiffres, non pas parce que je les
mets en doute, mais pour les avoir en statistiques? D'accord?
M. Bienvenue: D'accord.
M. Léger: On prend cela en note. Habituellement, je voyais
les sous-ministres écrire. Il n'a pas écrit. Ah! il y en a un
autre qui écrit. Parfait!
Une Voix: II n'est pas sous-ministre, mais il écrit quand
même.
M. Léger: Le comité conjoint qui étudie les
critères de financement des institutions privées au chapitre des
cours dispensés par celles-ci, à l'éducation des adultes,
comité dont la création était réclamée par
la commission consultative de l'enseignement privé, existe-t-il
actuellement?
M. Bienvenue: Pas pour le moment, je ne le sais pas.
M. Léger: L'année dernière, on nous a dit
qu'il y avait un comité conjoint qui s'occupait d'étudier les
critères de financement des institutions privées au chapitre des
cours dispensés par celles-ci à l'éducation des adultes.
La création de ce comité avait été
réclamée par la Commission consultative de l'enseignement
privé. Est-ce que ce comité existe? Est-ce qu'il a
été formé?
M. Bienvenue: Moi, cela ne me dit rien du tout.
M. Léger: Bon. C'est une affirmation du ministre de
l'année dernière.
M. Bienvenue: Clair, franc et direct, cela ne me dit rien du
tout.
M. Léger: Cela ne doit pas exister, puisque même le
sous-ministre ne semble pas connaître l'existence de ce comité. Il
semble, d'un autre côté, que les relations entre le DGEA,
département général de l'éducation des adultes, et
la commission consultative, n'étaient pas très bonnes à
l'époque les relations entre les deux lors de la
rédaction de ce rapport que je viens de mentionner.
Quel est maintenant l'état des relations entre la direction et la
commission? Il semble qu'il y avait des tensions avec le ministère,
l'année der-njère.
M. Bienvenue: Mon collègue, le ministre responsable du
postsecondaire, suggère que lorsqu'on parlera de l'éducation des
adultes, cet après-midi, domaine qui relève de lui, le
député de Lafontaine repose ces questions.
M. Léger: Comme c'était ma dernière question
dans ce domaine, peut-être que le ministre d'Etat pourrait me
répondre tout de suite. D'accord?
M. le Président, peut-on me dire où en est le dossier de
l'école privée dans Charlevoix?
M. Bienvenue: II n'y a pas de décision de prise cette
année. Le projet n'est pas prêt, c'est reporté.
M. Léger: La commission scolaire a-t-elle reçu un
dossier remis par la population là-bas?
M. Bienvenue: Je sais qu'il y a eu échange de
correspondance entre la commission et le ministère, mais mes
renseignements ne vont pas jusqu'à me permettre de répondre
à cette question, quant aux échanges là-bas, localement,
entre la commission et la population.
M. Léger: Mais, jusqu'ici, vous n'avez pas un
résumé que vous pouvez me donner de la situation dans ce dossier?
Est-ce qu'on a l'intention d'accorder ce projet d'école?
M. Bienvenue: Ce n'est pas bien avancé. Il n'y a aucune
intention actuellement.
M. Léger: Quel était le projet?
M. Bienvenue: Une école secondaire
générale.
M. Léger: Pour combien d'élèves?
M. Bienvenue: De mémoire, de l'ordre de 200 à 250
élèves.
M. Léger: A Sept-lles, où en est-on pour le projet
d'école privée? Est-ce que l'école privée a
été accordée à Sept-lles?
M. Bienvenue: Elle a été accordé à
Sept-lles, face aux éléments démographiques, à la
situation démographique, et à l'approbation du directeur
général de la commission scolaire de l'endroit, qui n'y voyait
aucune objection.
M. Léger: Sauf qu'il y avait une opposition du syndicat
des enseignants.
M. Bienvenue: La Malbaie, si on peut y revenir: "Quelques
correspondances cela confirme un peu ce que je disais ont
été échangées avec le service général
de l'enseignement privé et une demande officielle n'a pas encore
été présentée.
Les promoteurs du projet recherchent une communauté religieuse
pour la réalisation de leur projet. Ils ont trouvé une
communauté. Une demande a été rédigée,
depuis la date des notes, que je viens de lire rapidement, une demande a
été logée, mais c'est loin d'être mûr. Je
corrige, ce n'est pas pour 200 ou 250, mais environ pour 150...
M. Léger: 150 élèves.
M. Bienvenue: ... élèves du secondaire.
M. Léger: D'accord. M. le Président, en ce qui nous
concerne, l'enseignement privé, élémentaire, secondaire,
ce serait adopté. Est-ce qu'on peut ravoir le ministre même s'il y
a un autre ministre qui prend la...
M. Bienvenue: II reste que... Le collégial aussi est
adopté.
M. Léger: Non, en ce qui nous concerne, il n'y a rien de
spécial.
Le Président (M. Pilote): Alors, pour la bonne
compréhension du journal des Débats...
M. Bienvenue: ... tout ce qui a été
adopté.
Le Président (M. Pilote): ... les programmes 1, 2, 3, 4,
5, 6, 7, 8 et 10 sont adoptés, sauf l'élément 7 du
programme 2: Prêts et bourses. Alors, c'est adopté?
M. Léger: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Adopté. J'inviterais, M.
le ministre d'Etat, M. Lachapelle...
M. Bienvenue: Vous m'invitez à m'en aller. Le
Président (M. Pilote): ... à vous remplacer. M.
Bienvenue: M. le Président, avant de...
Le Président (M. Pilote): Le ministre de l'Education.
M. Bienvenue: ... suivre votre invitation à quitter les
lieux.
M. Léger: Ce n'est pas mon invitation, c'était de
vous demander...
M. Bienvenue: Oui, celle du président.
Le Président (M. Pilote): Si le ministre veut demeurer
membre...
M. Bienvenue: II a un ou deux autres petits problèmes
à régler en dehors de la commission pendant les heures et les
jours qui viennent. Je veux vous remercier pour la façon
dégagée et efficace avec laquelle vous avez conduit la partie des
débats de cette commission qui me concerne et qui me touche plus
directement. Je veux remercier les membres de la commission qui se sont
remplacés à tour de rôle pour assurer le quorum et qui,
à l'occasion, ont posé des questions combien pertinentes. Je
vois, notamment, et je pense à ceux qui ont comme profession
d'être des éducateurs actuels ou "ex". Je vois le
député de Matane, comté pour lequel je garde beaucoup de
prédilection, qui a été utile parmi ceux-là. Je
veux remercier de façon spécifique, c'est par modestie qu'il
semble ne pas prêter l'oreille, le député de Lafontaine et
whip de l'Opposition officielle qui a participé à ces
débats de façon très constructive il y a eu
quelques écarts bien normaux que je n'ai pas saisis blague
à part, très éclairée avec des questions bien
à point, qui ont aidé à faire progresser les débats
de cette commission dans un climat joliment serein et exhorbitant de ce que
l'on trouve assez souvent lors de l'étude des crédits des
différents ministères, et ce, depuis nombre d'années,
auxquels je participe. Je vais lui dire que je l'apprécie vivement. Je
veux enfin remercier et ceux qui ont assisté aux séances,
savent pourquoi de façon particulière les proches
collaborateurs de mon ministère, non pas ceux qui travaillent pour moi,
ceux qui travaillent avec moi, pour leur présence intelligente et
agissante, pour le nombre de fois où ils se sont exprimés
à ma place, et cela, de façon très avantageuse pour moi et
pour la commission. Je me félicite de ne pas avoir pris trop
d'engagements. Je pense qu'il est plus important de remplir ceux que l'on a
pris que d'en prendre trop et d'en perdre dans la brume en cours de route.
M. Léger: Je remercie le ministre qui nous a donné
quand même la possibilité d'avoir beaucoup de renseignements de
ses fonctionnaires. Soyez assurés que les engagements que le ministre a
pris, je l'aiderai énormément, de façon constructive
à les réaliser.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, je voudrais faire
miennes les paroles du ministre responsable à l'Education et remercier
tous ceux et celles qui ont contribué à l'étude des
crédits du ministère de l'Education, une partie des
crédits, du moins. Alors, la parole, je ne sais pas quelles sont les
intentions du ministre d'Etat à l'Education, M. Lachapelle... Est-ce
qu'il a l'intention de faire un tour d'horizon sur ses responsabilités
vis-à-vis du ministère de l'Education, dans un premier temps,
quitte ensuite à passer à l'étude des crédits?
M. Bienvenue: J'en profite aussi pour remercier à
l'avance, par anticipation c'est la confiance absolue qui règne
mon collègue, le ministre responsable du postsecondaire. Donc,
vous verrez, par ses réponses et ses propos, jusqu'à quel point
il a soulagé et continue de soulager, au bon sens du mot, le titulaire
du ministère.
Le Président (M. Pilote): Le ministre d'Etat à
l'Education.
Exposé de M. Bernard Lachapelle
M. Lachapelle: M. le Président, avant d'aborder
l'étude détaillée des crédits, je souhaiterais
formuler quelques remarques.
J'ai donc la responsabilité de présenter les
crédits relatifs à l'enseignement postsecondaire. Le ministre de
l'Education a eu l'occasion, je pense, de faire état de la nouvelle
organisation du ministère, et ceci est un partage des tâches qui
s'explique par la complexité de cette réalité qu'est
l'éducation dans les sociétés qui ont atteint un certain
niveau de développement socio-économique, et je dirais que, pour
nous, il s'agit d'un niveau certain de développement, et par un souci de
mieux répondre aux besoins de la population.
Le ministère a la responsabilité de la scolarisation de
base en termes de formation initiale et, en plus, il doit assurer des
enseignements subséquents qui tiennent compte de la dualité
étude-
travail. Pour répondre à ces exigences, les dossiers qui
m'ont été confiés portent sur l'enseignement
collégial public, l'enseignement universitaire, l'éducation des
adultes, l'aide financière aux clientèles étudiantes et le
Bureau de la science et de la technologie.
L'exécution de mes fonctions comprend donc l'application des lois
suivantes: Loi du Conseil des universités, Loi des investissements
universitaire, Loi de l'Université du Québec, Loi des
collèges d'enseignement général et professionnel, Loi des
prêts et bourses aux étudiants, Loi des bourses pour le personnel
enseignant, Loi du collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean et
Loi permettant aux municipalités d'imposer certaines maisons
d'enseignement.
Dans ma tâche, je suis assisté de façon plus
spécifique par deux sous-ministres adjoints, M. Jacques Girard et M.
Maurice Mercier. M. Girard est ici avec nous ce matin. Tous deux, bien
sûr, agissent sous la responsabilité du sous-ministre titulaire,
M. Pierre Martin. M. Girard préside aussi le comité directeur de
l'enseignement postsecondaire.
Il y a, bien sûr, comme le signalait le ministre de l'Education
lui-même, le secteur planification-programmation qui est sous la
responsabilité de M. Roland Arpin, qui était avec nous
jusqu'à il y a quelques instants, qui est sous-ministre adjoint.
Le dossier du postsecondaire étant en sus de secteurs
précités, je vous propose un ordre de discussion se
référant aux programmes concernés, c'est-à-dire,
d'abord, l'enseignement collégial public, ensuite, l'enseignement
supérieur et le Conseil des universités, l'éducation des
adultes, ainsi que les prêts et bourses.
C'est un ordre de discussion qui correspond d'ailleurs à ce qui a
été proposé par le ministre de l'Education. Cependant, je
voudrais vous parler d'abord de l'organisation du secteur.
Les documents déjà déposés par le ministre
de l'Education pourront vous permettre une meilleure compréhension du
dossier. Ces documents contiennent des données se rapportant à
l'élémentaire et au secondaire, mais aussi au postsecondaire.
Qu'il s'agisse de l'organisation du ministère, de la
synthèse par secteurs, programmes et éléments des
prévisions détaillées des crédits 1976/77, du
tableau de la clientèle scolaire, de la répartition des
effectifs, tous ces documents sont susceptibles de compléter
l'information des membres de la commission.
Avant de commencer la discussion proprement dite, j'aimerais, avec vous,
évaluer cette réorganisation du ministère en deux grands
secteurs. Au cours des dernières années, la
nécessité de cette réorganisation avait déjà
été présentée et, l'an dernier, la structure
administrative du ministère était repensée en ce sens. La
nomination d'un ministre responsable du postsecondaire venait d'ailleurs
ensuite confirmer cette orientation.
Le secteur dont je suis responsable se situe dans le prolongement du
secondaire, mais comporte spécifiquement une formation postobligatoire.
La problématique du postobligatoire doit être repensée dans
un esprit de réponse à des choix libres, volontaires. La logique
qui doit présider au développement de ce secteur n'est donc pas
nécessairement la même que celle qui sous-tend le
développement du système d'éducation obligatoire.
L'ampleur et la limite des responsabilités de tous les partenaires dans
les formations postobligatoires doivent être établies. Ces
responsabilités concernent l'Etat, les entreprises, les
établissements scolaires, les corporations professionnelles, les
diverses associations et, bien sûr, les individus eux-mêmes.
Vous voudrez bien considérer l'étude des crédits de
mon secteur dans cette optique. L'intérêt suscité par le
développement du postobligatoire explique des changements, ces
ajustements étaient d'ailleurs devenus nécessaires. L'âge
et le besoin de la clientèle, les démarches des organismes
concernés, les exigences d'une formation fonctionnelle nous obligent
à apporter des réajustements dans les structures et dans les
programmes que nous administrons.
Vous pouvez constater cette caractéristique majeure dans chacun
des programmes que nous allons analyser, que je vous présente maintenant
dans l'ordre prévu.
Pour ce qui est de l'enseignement collégial public, certaines
tensions avaient amené mon prédécesseur à demander
au Conseil supérieur de l'éducation de lui présenter un
rapport complet sur le cas du réseau collégial. Le rapport
Nadeau, puisque c'est lui dont il est question, a été
déposé en juillet dernier et étudié au cours de
l'année par les différentes instances préoccupées
par l'enseignement collégial. J'ai en plus, après
réception de ce rapport, demandé que la direction
générale de l'enseignement collégial fasse un bilan de ce
qui s'était fait depuis la création de ce réseau.
Ce bilan tend à démontrer que les principaux objectifs
assignés au niveau collégial par le rapport Parent ont
été atteints. J'aimerais insister ici sur ces objectifs.
En premier lieu: ta création de CEGEP a été
accompagnée du regroupement d'un grand nombre d'établissements de
niveau collégial. La dispersion et l'incohérence observées
avant 1967 ont cédé la place à deux grands ensembles, soit
le CEGEP et les collèges privés qui dispensent l'enseignement
régi par le même régime pédagogique.
En second lieu, ce regroupement des ressources éducatives a
permis de créer un niveau collégial qui est la première
phase de l'enseignement formel postobligatoire.
En troisième lieu, l'accessibilité aux études
collégiales a pris la forme de la création d'un réseau de
45 collèges et campus qui desservent tout le territoire, en dispensant
l'enseignement général qui conduit à l'université
et en offrant près de 100 programmes professionnels qui permettent
d'occuper des fonctions de travail très diversifiées. La
gratuité scolaire et le système de prêts et bourses
favorisent, bien sûr, l'accès au collège.
En quatrième lieu, la démocratisation de l'enseignement a
permis à un nombre considérable de jeunes de poursuivre des
études après le cours
secondaire. La politique d'admission de l'étudiant est telle que
tout diplômé du secondaire, que ce soit du général
ou du professionnel, qui présente un dossier acceptable est admis au
collégial, ordinairement dans le collège et dans le programme de
son choix.
En cinquième lieu, la scolarisation des jeunes de quinze à
dix-neuf ans s'est grandement améliorée. En effet, en 1966/67, on
retrouvait 8,4% de cette catégorie dans les CEGEP, alors qu'en 1975/76,
les étudiants réguliers du collégial représentent
15% des jeunes de 15 à 19 ans, ici, au Québec.
Pour 1975/76, la population étudiante des CEGEP a augmenté
de 116,8% par rapport aux effectifs du niveau collégial de 1966/67.
Alors qu'en 1974/75 seulement 44,5% des étudiants de secondaire V
continuaient leurs études au collégial, ce nombre atteignait
49,7% en septembre 1975.
Si l'on considère que les chiffres du secondaire V
général deviennent 67,4% et 73,2% pour les deux mêmes
années, il est intéressant de noter que la clientèle
féminine du CEGEP est passée de 36% en 1968/69 à 48% en
1975/76. En 1970, elle était, pour le cours secondaire de 35,2% au
Canada et de 41% aux Etats-Unis.
Le collégial est maintenant la voie normale pour les jeunes qui
désirent poursuivre des études à l'université.
L'uniformisation des modes d'accès à l'enseignement
supérieur est un objectif atteint de façon globale. Il le sera de
façon particulière lorsque les conditions d'admission à un
même programme seront rigoureusement les mêmes pour toutes les
universités.
Signalons le mérite des efforts tentés par le
Comité de liaison enseignement supérieur et enseignement
collégial, le CESEC, dans ce domaine.
Il nous faut par ailleurs prendre les mesures nécessaires pour
s'adapter à des réalités nouvelles. Aussi, sur le plan
financier, nous nous apprêtons à introduire dans le réseau
collégial le processus dit de la rationalisation des choix
budgétaires, mieux connus sous le sigle de PPBS.
Egalement, suite aux inquiétudes manifestées l'an dernier
quant à la multiplication des options, je dois vous dire que nous nous
sommes engagés là aussi dans une opération de
consolidation.
Peu d'options nouvelles ont été élaborées en
1975/76 et une vingtaine de programmes ont été retouchés
pour mieux tenir compte des besoins des étudiants et du marché du
travail.
Tenant compte des données recueillies sur le taux de placement
des finissants à ce niveau, nous avons fait faire un regroupement, nous
avons contingenté, dans certains cas certaines spécialités
et nous avons abandonné quelques enseignements faute d'une
clientèle suffisante.
Passons maintenant à l'enseignement supérieur. Je voudrais
vous parler d'abord pour ce niveau de la mise au point d'une nouvelle
méthode de financement des universités.
En mars 1975, le ministère de l'Education présentait aux
universités une nouvelle formule d'allocation de la source
financière et, après avoir consulté les institutions
concernées, il avait été décidé que
l'implantation de ce nouveau proces- sus serait retardée d'une
année. Les sommes allouées aux universités pour
l'année 1976/77 ont donc été calculée selon le
système actuel. Cependant, déjà la révision des
documents pour les orientations triennales 1977-1980 est en marche pour en
arriver dès cette année, à l'implantation de ce nouveau
processus d'allocation des ressources financières. Comme vous le savez,
le Conseil des universités vient de déposer un avis favorable
à l'implantation de ce nouveau processus budgétaire. Je veux vous
signaler, particulièrement aussi, que le Conseil des universités
vient de déposer un document intitulé: Objectifs
généraux de l'enseignement supérieur et grandes
orientations des établissements et ceci dans le cadre de leurs travaux
sur Perspective 1976 des orientations d'enseignement supérieur. Ce
rapport s'inscrit dans un processus continu de planification de l'enseignement
supérieur, processus amorcé par le Conseil des universités
lors de la rédaction de ces trois cahiers sur les objectifs et les
orientations de l'enseignement supérieur québécois.
Je veux également attirer votre attention sur le fait que deux
opérations majeures mises sur pied par la direction
générale de l'enseignement supérieur sont sur le point
d'être complétées, soit l'opération science
fondamentale et l'opération science de la santé. Je veux vous
signaler aussi mon intention de faire certaines modifications au plan
d'organisation de la direction générale de l'enseignement
supérieur afin d'y implanter un service responsable de la formation des
maîtres. Il s'agit avant tout de prévoir la concentration dans une
même unité administrative des personnels actuellement
rattachés à différents services dans le ministère.
Dans un même ordre d'idées, nous devons procéder cette
année à l'évaluation du fonctionnement des plans de
perfectionnement des maîtres de français, langue maternelle et des
plans de perfectionnement des maîtres de l'enseignement professionnel au
secondaire.
De tous les bilans qui ont pu être dressés au cours des
dernières années, celui de l'éducation des adultes renvoie
tous les intéressés à un immense défi pour les
prochaines années. Nous avons repris en totalité ce dossier et
j'ai l'intention de proposer dès cette année une politique en ce
domaine. En un premier temps, dans cette perspective, j'ai demandé que
l'on dresse le bilan complet de toutes les activités relatives à
l'éducation des adultes. J'ai déjà exposé mes vues
sur la question en mars dernier, c'est pourquoi je suis bref au sujet de ce
dossier d'ailleurs fort complexe.
Au terme d'analyse sur les clientèles, sur les formations
continues et discontinues, sur les ressources physiques, humaines et
financières impliquées et sur les responsabilités
partagées, j'ai affirmé que la question de l'éducation des
adultes trouvait sa réponse dans la problématique de
postobligatoire. Cette réflexion fondamentale sur, en premier lieu, les
finalités et les objectifs de l'éducation postobligatoire; en
second lieu, le rôle de l'Etat dans ce domaine; en troisième lieu,
le partage des responsabilités des partenaires impli-
qués. Cette réflexion, dis-je, était devenue
nécessaire. L'éducation des adultes s'est
développée d'une façon si exceptionnelle qu'on ne peut
plus l'assurer par la seule collaboration des réseaux scolaires et des
organismes bénévoles. C'est pourquoi il nous faut songer à
un plan de développement rigoureusement établi dans le cadre
postobligatoire.
Je crois indiqué de vous parler maintenant des prêts et
bourses. Il me fait plaisir de vous informer qu'à l'intérieur du
système actuel, nous avons réussi à
accélérer grandement l'émission de l'aide
financière par rapport à l'année 1973/74 qui avait
été la meilleure année à ce point de vue. La
majorité des chèques ont été émis dès
septembre et, à la fin de mars, l'opération était,
à toutes fins pratiques, presque terminée.
En terminant cet exposé que j'ai voulu bref, M. le
Président, je ne puis m'empêcher d'insister à nouveau sur
la réorganisation du ministère de l'Education comme un
élément majeur qui donne un sens nouveau aux programmes qui sont
sous ma responsabilité. Cette dimension du secteur postsecondaire
permettra, j'en suis sûr, une gestion encore plus efficace et l'atteinte
des objectifs spécifiques postobligatoires. Les priorités que
j'ai définies pour chaque programme sont nombreuses. Il est
nécessaire de prévoir sans cesse des améliorations pour ce
secteur toujours en évolution. Je profite de l'occasion pour remercier
tous les fonctionnaires, dont un bon nombre sont ici, qui sont impliqués
dans la réalisation de ces priorités, qui doivent non seulement
prévoir ces changements, mais aussi réaliser l'administration
quotidienne de chacun de ces dossiers. Le budget de plus de $1 milliard que
comporte le secteur postsecondaire, sans compter les services
généraux du ministère de l'Education, disponibles aussi
pour ce secteur, montrent non seulement l'ampleur de la tâche à
accomplir, mais aussi l'importance, la grande importance que le gouvernement du
Québec accorde à l'enseignement secondaire. Ceci termine, M. le
Président, mes remarques préliminaires.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Lafontaine.
Remarques de M. Marcel Léger
M. Léger: Fin de la citation. M. le Président, je
voudrais simplement dire parce que mon intervention je l'ai faite au
début que le désavantage comparé à
l'avantage d'avoir deux ministres, c'est qu'il y en a un qui était
présent quand j'ai fait mon intervention sur l'ensemble du dossier de
l'éducation; l'autre ministre est venu pour la section qui le concernait
particulièrement. Je ne veux pas revenir sur ce que j'ai
déjà dit, mais je veux simplement toucher un aspect du rapport
Nadeau.
Sans suggérer que nous ayons la présomption d'être
en faveur de la totalité des conclusions du rapport Nadeau alors que la
plupart des intervenants du milieu de l'éducation ont été
plutôt contre, je crois qu'à cause de la position privilé-
giée du Parti québécois vis-à-vis du rapport
Nadeau, parce que nous sommes les seuls qui ne sont pas impliqués au
niveau professionnel par des conclusions du rapport, nous jouissons du point de
recul certain et nous pouvons nous permettre d'être objectifs.
Nous pouvons quand même prendre le risque calculé
d'être en faveur de certains points extrêmement positifs du rapport
Nadeau. La principale recommandation du rapport consiste à ne plus
considérer la formation d'un élève selon un cheminement
secondaire-CEGEP-université, mais plutôt dans un axe nouveau qui
se diviserait en deux temps. Le premier, le secondaire, où
l'élève est encore un adolescent, n'est pas un adulte et sa
formation devrait être générale; donc, plus de choix
d'options trop précoces, ce qui pour nous est excellent. Et le
deuxième point, c'est-à-dire le postsecondaire, où
l'élève est un adulte; il entre, à partir du début
de cette étape, dans sa promotion professionnelle au sens large et non
pas au sens usuel, mais bien tout ce qui est nécessaire à
l'apprentissage d'une fonction, d'un rôle d'adulte dans la
société, fonction et rôle qui doivent être
adaptés à la personnalité de chacun.
L'idée a été introduite d'un programme continu qui
serait élaboré avec tous les intervenants à un niveau
décentralisé avec une collaboration plus étroite entre les
CEGEP et l'université puisque ceux-ci deviennent complices et non
adversaires comme c'est le cas présentement.
La notion de secteur général et professionnel
disparaît complètement et les deux sont fusionnés, en ce
sens qu'on revient nettement aux sources du rapport Parent. Le projet a
été qualifié d'idéaliste, de rêveur, mais il
ne faut pas oublier que le comité de rédaction a reçu des
centaines de mémoires, souvent contradictoires, pris l'avis de tous les
grands experts dans le domaine et cette quantité impressionnante des
données ne doit jamais faire perdre de vue que l'étude est
à la fine pointe de ce qui a jamais été compilé et
réfléchi sur le système collégial actuel.
Or, deux composantes sont clairement ressor-ties de toutes les
consultations du Conseil supérieur de l'éducation. Il y a un
malaise au niveau des dirigeants et des professeurs du collégial et,
par-dessus tout, les élèves sont malheureux.
Toutes les réformes proposées par le rapport ne visent qu
à redresser cet état de fait et c'est surtout à
l'étudiant qu'on a pensé. Il semble que c'est souvent quelque
chose que les critiques oublient, c'est-à-dire la véritable
situation de l'étudiant et ses aspirations fondamentales.
La partie du rapport qui traite de la future organisation du
collège selon une formule de module est plus faible, mais c'est ce qu'il
y a de bien dans le rapport. Rien n'est obligatoire, tout a été
émis comme jalon dans un cheminement vers un meilleur collégial;
c'est un esprit que le rapport veut inculquer, parce que le rapport insiste
beaucoup sur le fait que, si les gens refusent de percevoir le message et ne
veulent s'en tenir qu'à la critique des conclusions, c'en est fait du
rapport; c'est un peu ce qui se passe, en passant.
Le rapport Nadeau
M. Léger: Une chose est claire cependant, c'est que le
rapport demande que le ministère forme un comité spécial
pour étudier le rapport, cela doit être fait immédiatement.
Aussi, je voudrais demander au ministre: Quelle est l'opinion du ministre sur
la valeur du rapport et quelle utilisation le ministère en fait-il
depuis sa parution? Parce que l'an dernier, le ministre Cloutier avait
déclaré que, s'il était trop théorique, il serait
mis de côté. Est-ce le cas et comment le ministre
apprécie-t-il le rapport Nadeau?
M. Lachapelle: M. le Président, je pense qu'il y a
vraiment trop d'énergie et d'effort de réflexion, je pense bien
que le député de Lafontaine lui-même va abonder dans ce
sens, pour que ce rapport soit élégamment déposé
sur une tablette et oublié.
D'ailleurs, lorsque le rapport a été déposé
publiquement, il a été dit par le ministre du temps que, suivant
les intentions qu'il avait au préalable manifestées, ce rapport
se devait de recevoir la plus large diffusion possible, afin qu'on puisse
permettre à tous les intervenants, à tous ceux qui manifestent de
l'intérêt dans la question de l'éducation, de pouvoir
réagir et faire valoir leurs commentaires. C'est ce qui s'est produit et
j'ai moi-même eu l'occasion, un peu plus tôt cette année,
d'indiquer qu'il n'était pas opportun, du moins je ne jugeais pas
opportun de ma part de me prononcer sur le contenu du rapport et sur ses
différentes facettes, avant que toutes les parties aient eu l'occasion
de s'exprimer.
Or, je crois que, maintenant, nous sommes en mesure de corriger, d'une
façon efficace, tous ces commentaires, puisque ce qui m'est apparu comme
étant la dernière consultation importante je ne dis pas
que les autres qui peuvent venir encore le sont moins nous est parvenu
de la Fédération des CEGEP il y a environ quinze jours.
Je pense que ceci conclut le processus de consultation et nous permet de
cerner davantage les nombreux points importants qui sont dans le rapport
Nadeau, qui se doivent d'être non seule- ment étudiés, mais
concrétisés, et il va de soi qu'il y a peut-être certains
points qu'on ne pourra pas accepter.
Je peux assurer le député de Lafontaine et le dire
publiquement de nouveau, que ce rapport ne restera pas lettre morte. Nous
sommes en mesure, maintenant, je le répète, avec ce qui
m'apparaît être tous les intrants que l'on pouvait espérer
avoir, dont le dernier nous est arrivé il y a quinze jours, de vraiment
décider de l'orientation à prendre.
M. Léger: Concernant la dernière recommandation, la
recommandation 48 du rapport Nadeau, pour créer une mission à
caractère provisoire ayant les responsabilités d'informer les
collèges, les assister dans la planification de leur transformation et
de conseiller le ministre de l'Education sur les priorités et les
mécanismes à mettre en marche pour assurer la réforme des
collèges, est-ce que cette recommandation a été mise en
application?
M. Lachapelle: Non, nous n'avons pas été jusque
là et il n'y a pas eu de mission qui s'est promenée, de mission
itinérante; non, cela n'a pas été fait.
M. Léger: Est-ce votre intention de le faire?
M. Lachapelle: Je réitère que la simple raison pour
laquelle nous ne croyons pas opportun de le faire, c'est que, pour ma part, en
tout cas, je voulais que nous recevions d'abord les opinions de tous et chacun
et que nous puissions les colliger, avant de mettre en route quelque mission
itinérante que ce soit.
M. Léger: D'accord. M. le Président, je pense qu'il
est une heure. Est-ce qu'on peut suspendre les travaux jusqu'à trois
heures?
Le Président (M. Pilote): Oui. La commission suspend ses
travaux à cet après-midi, trois heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 15 h 10
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications continue l'étude des crédits du ministère
de l'Education.
Sont membres de cette commission: M. Bellemare (Johnson), M.
Bérard (Saint-Maurice), M. Bienvenue (Crémazie), M. Charron
(Saint-Jacques), M. Choquette (Outremont), M. Côté (Matane), M.
Bonnier (Taschereau), M. Déom (Laporte), M. Lapointe
(Laurentides-Labelle), M. Léger (Lafontaine), M. Parent
(Prévost), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Tardif (Anjou), M. Veilleux (Saint-Jean) et M. Lachapelle,
ministre d'Etat à l'Education, qui est aussi membre de cette
commission.
La parole est au député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, ce matin, nous
étions en train de parler du rapport Nadeau. Je parlais, justement,
entre autres, de l'article 48 qui n'a pas encore été mis en
application. C'est la recommandation 48 du rapport Nadeau.
Je voulais maintenant poser au ministre la question suivante: Plusieurs
intervenants, entre autres la Fédération des CEGEP, ont fait
remarquer que cette étude ne produisait pas le bilan escompté sur
l'expérience CEGEP au Québec, et avec raison. Le ministère
a-t-il l'intention de commander ou de faire lui-même une telle
étude de l'expérience des CEGEP au Québec?
M. Lachapelle: Oui, M. le Président. D'ailleurs, je pense
avoir fait état ce matin des travaux qui se sont déroulés
et se déroulent encore, parce qu'ils sont loin d'être
terminés, au niveau même du ministère, travaux qui
découlent du rapport Nadeau. C'est bien sûr que, dans le cadre de
ce travail qui se déroule au ministère même, nous voulons,
parce que nous croyons qu'il y a lieu de le faire, comme le signale d'ailleurs
le député de Lafontaine, faire et un bilan et une prospective du
niveau collégial, tout ceci s'appuyant, d'une part, sur le rapport
Nadeau, et s'appuyant sur les nombreux commentaires que nous avons
reçus.
M. Léger: D'accord. Le ministre peut-il nous dire
l'échéancier de cette étude? Le rapport sera-t-il
donné en deça d'un certain nombre de mois?
M. Lachapelle: Je croirais que, d'ici la fin de l'année
courante, nous devrions avoir un document qui serait assez complet.
M. Léger: Certaines recommandations spécifiques du
rapport Nadeau sont tout de même assez importantes et applicables
immédiatement, puisque très concrètes. J'aimerais en
savoir plus long sur les intentions du ministre, quant à la
certification de leurs propres diplômes d'études collégiale
par les CEGEP, ainsi que l'implantation d'un régime sévère
d'évaluation institutionnelle. J'aimerais également en
connaître plus long sur la création d'un conseil des
collèges, je pense que c'est la proposition 34, et le fait que le budget
de chaque collège puisse traduite le particularisme des
régions.
Le ministre peut-il élaborer sur cela et surtout sur la
certification?
M. Lachapelle: Sur la question de la certification, je vous avoue
bien candidement que je n'ai pas d'opinion arrêtéepour le moment,
pour la simple et bonne raison que je n'ai pas complété mes
réflexions et celles du ministère ne le sont pas à ce
moment-ci, pour le moins, sur ce point particulier, entre autres, parce que, de
toute évidence, il y a des avantages et des désavantages de l'une
et l'autre formule.
A la formule qui voudrait que chaque collège décerne son
propre certificat, il y a bien sûr des avantages dans la concurrence ou
l'émulation que cela pourrait créer, mais, d'autre part, n'est-ce
pas une concurrence de nature à créer plus de tort que de bien?
Ne serait-ce pas également de nature à créer ou à
encourager une certaine forme d'élitisme? C'est le genre de questions
que je me pose présentement.
D'autre part, en faveur d'un diplôme national, si on veut, ou d'un
diplôme d'Etat, ce qui est la situation actuelle, il y a cet avantage de
l'uniformité ou du moins d'une uniformisation plus facile et aussi d'un
contrôle légitime qui peut plus facilement être
exercé par l'Etat. Je conçois, et je pense bien que le
député de Lafontaine lui-même va le remarquer, que je ne
suis pas en mesure présentement de vous donner une position
définitive.
Mais je vous ai étalé avec beaucoup de franchise certains
des paramètres qui font que cette question est vraiment difficile
à trancher, à savoir si une méthode du style du
diplôme national est supérieure au diplôme respectif de
chaque collège, ou l'inverse.
Quant au mode de financement qui pourrait refléter davantage les
particularités régionales ou de chaque collège, je pense
que ce sera véritablement l'un des nombreux objectifs et
bénéfices qui vont découler de l'implantation du
système de rationalisation des choix budgétaires, parce que
là, véritablement, chaque collège sera pris d'une
façon particulière, ses besoins particuliers seront
évalués. D'ailleurs, c'est le but de la manoeuvre, non seulement
le collège comme tel, comme institution, mais son contenu quant aux
programmes, à leur nature, qu'il s'agisse de matières
sèches ou humides, quant au nombre d'étudiants qui y sont. Donc,
cette méthode de financement nous permettra de tenir compte beaucoup
plus des variables, dans le cas de chaque collège, chose qui n'est pas
possible, à l'heure actuelle, puisque le financement, comme vous le
savez, est clairement et simplement en fonction des têtes de pipe.
Quant à l'autre question au sujet des conseils des
collèges, est-il nécessaire de formaliser davantage ce qui existe
déjà? On peut se demander si la Fédération des
CEGEP ne constitue pas, dans une large mesure, ce conseil des collèges.
Faut-il y donner des dimensions plus variées, y faire apparaître
peut-être des intervenants externes? Cette
question n'est pas encore tranchée, mais il nous faudra nous y
intéresser, alors que, présentement, nous sommes en voie de
digérer, pour ainsi dire, tous les commentaires qui nous ont
été formulés.
M. Léger: Maintenant, la question de
l'auto-évaluation.
M. Lachapelle: Là-dessus, je vous assure que j'ai
peut-être des idées un peu plus précises. Il
m'apparaît qu'on ne peut pas légitimement laisser sans quelque
contrôle que ce soit l'évaluation se dérouler dans une
institution, voire à l'intérieur d'une institution donnée.
Il nous faut nécessairement des mécanismes plus raffinés
que j'appellerais du contrôle de la qualité de l'enseignement. A
l'heure actuelle, cela se fait, bien sûr, d'une façon jugée
bonne jusqu'à présent, mais qui, à mon sens, ne me
satisfait pas d'une façon totale.
Je crois que le principe même de l'autb-évaluation n'existe
pas dans la réalité des choses, qu'il s'agisse des institutions
d'enseignement, qu'il s'agisse des métiers, qu'il s'agisse même
d'être député. L'auto-évaluation n'existe pas. Il y
a toujours quelqu'un d'autre qui nous évalue et qui doit nous
évaluer. C'est dans cette optique que nous abordons cette question, en
nous disant et je le dis que l'auto-évaluation, comme
telle, est un principe que nous ne pouvons pas accepter.
M. Léger: Mais, dans un esprit de décentralisation,
l'auto-évaluation présupposait de la part du ministère,
dans ma question du moins, des mécanismes ou des conseillers techniques
permettant aux gens du milieu, spécialement du CEGEP, pour le cas dont
nous parlons, une possibilité de s'analyser, de s'auto-évaluer,
d'apporter des correctifs, mais avec l'aide du ministère, en ce sens
qu'il y aurait des conseillers techniques ou des mécanismes
établis.
M. Lachapelle: Si le député de Lafontaine me le
permet, M. Jacques Girard, sous-ministre adjoint, pourrait ajouter à ma
réponse.
Nous avons demandé à un organisme relié de
très près à la Fédération des CEGEP, qui
s'appelle le CADRE, de nous faire une étude et de nous proposer
concrètement un projet d'évaluation ins-titutionelle qui,
à ce que le ministre a dit, touche l'auto-évaluation. Nous avons
eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises les responsables du
projet. Nous leur avons dit quel était notre sentiment à
l'égard de l'auto-évaluation, mais également quel
était notre sentiment sur la mise en place de mécanismes qui
permettent à chacun des collèges de s'évaluer sur le plan
institutionnel, de voir les progrès qui ont été faits dans
les principaux domaines, tant de la gestion que de l'évaluation
académique.
M. Léger: Le ministre peut-il me dire ce qui en est de la
refonte de la loi 21? Le ministre peut-il nous préciser ses intentions
là-dessus? Quant y aura-t-il une commission parlementaire sur la refonte
de la loi 21?
M. Lachapelle: Je n'ai pas pris de décision à cet
effet. Je crois que nous ne pourrons vraiment donner d'indice précis
là-dessus, sur les mécanismes possibles de consultation et
autres, que lorsque nous aurons arrêté les principaux points qui
nous semblent devoir commander des amendements à la loi 21.
Qu'il y ait des amendements qui s'imposent à la loi 21, je pense
que c'est indiscutable, inévitable, c'est normal qu'après les
années que nous avons vécues et l'expérience acquise, nous
désirions y apporter quelques modifications. Je vous le
répète, et ceci n'est pas une tentative d'éviter la
question du tout, mais, avant de dire de quoi il s'agira, je voudrais que le
travail auquel je faisais allusion tout à l'heure soit terminé et
aussi que nous ayons une idée beaucoup plus arrêtée sur ces
sujets qui peuvent faire l'objet d'amendements à la loi. Mais, je
déclare simultanément qu'il faudra et qu'il y aura des
amendements apportés à cette loi.
M. Léger: Le ministre peut-il nous fixer un
échéancier de travail, afin qu'on puisse savoir quand cela peut
être présenté?
M. Lachapelle: Je pense avoir indiqué tout à
l'heure que le rapport en question pourrait être disponible de
façon plus définitive vers la fin de l'année courante. Je
pense que c'est à ce moment qu'on pourra décider de
l'opportunité des gestes à poser.
M. Léger: Le ministre peut-il nous parler du rapport GTX,
dans lequel est préconisé un enseignement uniforme de deux ans
pour tous les étudiants, avec la possibilité d'obtention de
crédits d'équivalence? Le ministre peut-il nous en parler?
M. Lachapelle: D'abord, faudrait-il démystifier ce rapport
GTX. C'est, M. le Président, comme vous le savez, et le
député de Lafontaine aussi sans doute, une technique qui est
largement utilisée dans l'appareil gouvernemental d'utiliser des sigles
pour baptiser des rapports ou des organismes, ou quoi qu'il en soit. C'est ce
rapport interne, auquel je faisais allusion dans mes remarques d'ouverture, et
auquel j'ai fait de nouveau allusion cet après-midi et qui en est rendu
à sa 26e version, je pense, donc, qui évolue extrêmement
rapidement.
M. Léger: C'est le groupe de travail X.
M. Lachapelle: Oui, je crois que c'est cela, le groupe de travail
X. J'aimerais vraiment souligner cette nécessité de
démystifier ce qui a pu être dit ou ce qui a pu paraître
dans les media au sujet du rapport GTX comme étant cette arme
secrète et jalousement gardée en dessous de la table par les
ministères, cette nouvelle bombe H qui, un jour, exploserait, alors
qu'il s'agissait nettement d'un travail interne. Ce n'était même
pas un rapport à cette époque et, même aujourd'hui, ce
n'est pas un rapport. Quant à moi, je n'ai pas encore vu de
version définitive de ce document. Forcément, devra-t-il
refléter tout le processus que je décrivais tout à l'heure
ou en être l'aboutissement? Effectivement, il sera de ces
éléments qui devraient être disponibles à la fin de
l'année.
M. Léger: II y a quand même dans le rapport GTX
certaines hypothèses qui ont été mises de l'avant. Y en
a-t-il quelques-unes retenues par le ministre jusqu'à présent ou
si vous attendez que le rapport soit complètement terminé?
M. Lachapelle: C'est exact. Oui. Encore là, puis-je dire
que ceci était en toute équité. Nous avons donné
tout le temps voulu aux personnes invitées à formuler des
commentaires. Je signalais ce matin qu'encore il y a quinze jours
c'était au tour de la Fédération des CEGEP à se
prononcer. Je pense qu'il aurait été extrêmement mal venu,
sinon empreint d'un manque total de courtoisie et même de
responsabilité, que le ministre ou le ministère prenne position
sur un ou l'autre des sujets abordés.
M. Léger: A cause de l'inflation et de l'augmentation des
coûts de construction, il y a eu des restrictions budgétaires et
de la diminution de clientèle ou du rajustement de clientèle. Le
ministère a été amené, à cause de cela,
à revoir tous les projets de construction au niveau collégial.
L'an dernier, à pareille date, cette opération n'était pas
terminée. Actuellement, est-ce terminé? Quelle est la liste
définitive pour les prochaines années?
M. Lachapelle: Là-dessus, je ne pense pas qu'on puisse
parler de liste définitive, mais il faudrait signaler que, pour la
première fois, sauf erreur, cette année nous avons fait
connaître aux intéressés, et particulièrement
à la Fédération des CEGEP et à la direction des
collèges, même si, sur le plan juridique, nous n'avions aucune
obligation de le faire, ce que sont nos intentions pour les cinq prochaines
années. Cette liste pourrait vous être remise, cela nous fait
plaisir de le faire.
Il y a, bien sûr, un mot de mise en garde qui est fort important.
C'est qu'il s'agit, pour l'instant, d'intentions tout simplement.
D'ailleurs, à cet effet, on peut dresser un parallèle,
mais c'est un faux parallèle, entre un tel plan et celui qui est requis
en vertu de la loi pour les universités. Même là,
même dans le cas de ce plan qui est requis en vertu de la loi, ce n'est
que l'année courante qui constitue pour le gouvernement une obligation
morale pour le moins ou qui représente des chiffres fermes ou des
chiffres durs, si on peut dire. Quant aux quatre années qui suivent, ce
ne sont que des indications. D'ailleurs, l'expérience a montré
que, chaque année, ces quatre années sont changées au fur
et à mesure qu'on s'avance dans le temps. C'est sensiblement le
même style que nous voulons utiliser dans le cas des collèges.
Donc, ce programme est disponible. J'en ai une copie mais on pourrait
déposer la copie demain ou la faire parvenir d'ici la fin de la
semaine.
M. Léger: Merci. Lorsque le ministre a rencontré
les directeurs généraux des CEGEP en janvier dernier, il avait
déclaré que le ministère n'épongerait pas les
déficits des CEGEP et que ceux-ci devraient l'être par
eux-mêmes. Le ministre avait également déclaré que
chaque cas de déficit ferait l'objet d'une étude individuelle et
systématique. Le ministre peut-il nous dire combien de CEGEP ont un
déficit accumulé et quelle est la somme de déficit dans
chacun des cas?
M. Lachapelle: Avec plaisir. Si vous me permettez, je vais
demander à M. Jean Pronovost, que je vous présente par la
même occasion, directeur général de l'enseignement
collégial, de répondre à cette question.
Il y a 19 collèges qui accusent actuellement un déficit,
pour un montant total de quelque $11 millions. Je n'ai pas le détail
pour chacun des collèges avec moi.
M. Léger: Pourriez-vous le déposer en une autre
occasion? D'accord?
M. Lachapelle: Je peux vous faire parvenir cela en même
temps que le plan quinquennal.
M. Léger: D'accord. Quels sont les CEGEP qui ont
reçu l'aide du ministère parce que le déficit avait
été accumulé alors que les services du ministère
étaient impliqués?
M. Lachapelle: Je pense que vous faites allusion à la
portion des déficits qui serait payée par le ministère
parce que le ministère reconnaîtrait une certaine...
M. Léger: Responsabilité.
M. Lachapelle: ... responsabilité.
Si vous me permettez, M. le Président, cela faisait partie de la
politique qui était énoncée. Nous avions clairement dit
aux collèges que, s'ils pouvaient identifier de ces
éléments...
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: ... qui étaient de la responsabilité
du ministère, on prendrait notre pilule, comme on dit.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Après une analyse exhaustive sur la somme
totale qu'on vous a mentionnée tantôt, le ministère est
prêt à reconnaître une part qui est de près de $6
millions mon souvenir n'est pas parfaitement exact mais cela tourne
autour de $6 millions de telle sorte que...
M. Léger: La somme totale, tantôt, je ne l'ai pas
entendue. C'était quoi?
M. Lachapelle: $11 millions.
M. Léger: $11 millions.
M. Lachapelle: De telle sorte que les CEGEP ont une somme
d'à peu près $6 millions, de leur côté, à
rembourser.
M. Léger: Quelle est la raison de l'implication du
ministère? Quels sont les exemples des causes où le
ministère se sentait partiellement responsable?
M. Lachapelle: La principale raison tient aux prévisions
de clientèle. Etant donné les mécanismes qui existent
actuellement, les clientèles sont prévues au mois d'avril mais
les clientèles, évidemment, ne sont constatées et
réalisées qu'à la fin du mois de septembre. Malgré
des prévisions faites avec beaucoup de prudence, parce que les
prévisions sont maintenant approuvées par le ministère, il
arrive qu'effectivement, pour toutes sortes de raisons qui sont parfois
difficilement explicables, les clientèles prévues ne soient pas
réalisées. Or, comme les engagements de professeurs doivent
être faits par les CEGEP au mois d'avril, les professeurs sont
engagés en fonction des prévisions de clientèle. Lorsqu'on
constate une clientèle moindre, évidemment, il y a un surplus de
professeurs et il en résulte, étant donné les
règles d'allocation de ressources financières aux CEGEP, un
déficit.
M. Léger: Est-ce que c'est la même politique pour
l'avenir? Est-ce que vous avez l'intention de procéder de la même
façon pour le partage des responsabilités, le CEGEP étant
responsable de ses propres déficits?
M. Lachapelle: Bien sûr, M. le Président, c'est une
caractéristique, je pense, très nette de la politique que nous
avons énoncée. Je ne veux pas dire qu'il ne se produira plus
jamais d'impairs du côté du ministère. En fait, ce ne sont
pas des impairs comme tels mais parfois cela peut être des erreurs
techniques. Cela peut être des orientations que,
délibérément ou non, nous donnons et qui peuvent
entraîner des situations financières plus difficiles.
Je pense qu'il est tout à fait légitime que, si on peut
démontrer qu'une situation financière donnée est
causée par une politique du ministère, ce soit le
ministère qui paie la note.
M. Léger: D'accord. Depuis au moins un an, la Direction
générale de l'enseignement collégial travaille à
essayer de réduire le choix d'options d'enseignement à faire au
niveau collégial, à cause de problèmes de foisonnement
d'options qui fait perdre de vue les grandes lignes de la direction de ce
système d'enseignement. Quels sont les résultats de ces travaux?
Est-ce que l'annuaire du collégial est simplifié cette
année?
M. Lachapelle: Si vous me permettez quelques remarques
préliminaires M. Pronovost pourra y ajouter d'une façon
encore plus expli- cite c'est exact que la Direction
générale de l'enseignement collégial a instauré un
système de rationalisation, a invité les collèges à
être un peu moins prolifiques dans l'établissement de nouveaux
programmes; a invité aussi d'ailleurs cela aussi je l'ai
signalé, je pense, ce matin les collèges, dans quelques
cas précis, à contingenter les clientèles devant se
diriger dans un programme ou l'autre. Cette position de principe étant
établie, M. Pronovost peut ajouter de façon plus explicite
quelles ont été les conséquences de cela.
Si je peux vous donner quelques chiffres précis, les
autorisations de nouvelles options qu'on a données dans le passé
immédiat, sont passées de 40 l'an dernier à 15 cette
année. Actuellement, on essaie de faire porter cet effort de
rationalisation également sur les nouveaux programmes. On jette un
regard beaucoup plus critique sur les nouveaux programmes qui nous sont
demandés, soit par les collèges ou les corporations
professionnelles, toujours dans l'esprit de ne pas vouloir trop agrandir
l'éventail des enseignements, agrandir indûment l'éventail
des enseignements, parce qu'il y va, selon nous, du bien de l'étudiant.
Il ne faut pas conter des blagues au monde, il ne faut pas leur offrir des
programmes d'enseignement qui mènent dans des voies trop
spécialisées ou trop restreintes ou pour lesquelles le
marché du travail est trop faible. Puis on y voit aussi un
bénéfice financier. Former des étudiants coûte des
sous et puis on tient à ce que les sous qu'on dépense soient bien
placés.
M. Léger: Maintenant, M. le Président, lors de
l'étude du problème des disparités régionales au
niveau des CEGEP de la province, le ministre avait laissé entendre,
l'année dernière, que la nouvelle norme budgétaire
pourrait être mise de l'avant pour pallier celles-ci et que ces
réformes pourraient même se concrétiser par des amendements
ou une refonte complète de la loi. Est-ce que le ministre peut me dire
si une législation à cet effet va être
présentée au cours de la prochaine session?
M. Lachapelle: M. le Président, pour l'instant, le moyen
le plus évident et le plus sujet à apporter des résultats
heureux, c'est celui que je signalais tout à l'heure qui est la nouvelle
méthode de financement. Je ne vois pas pour l'instant qu'il y ait des
amendements à loi qui soient requis pour corriger des problèmes
qui peuvent exister. Moi, il me paraît que c'est plutôt par le
biais des méthodes de financement.
Il y avait le problème particulier des petits collèges
pour lequel des règles précises de subventions ont
été établies. Vous faites peut-être allusion au
problème plus particulier des collèges régionaux où
il y a également des règles particulières de subventions.
Dans le cas du CEGEP régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme vous le
savez, une loi spéciale avait été adoptée par la
Législature à la fin de l'année dernière.
M. Léger: Est-ce que ce sont là toutes les
nouvelles normes en vigueur ou s'il y en a d'autres?
M. Lachapelle: Je pense que la façon, comme vient de le
dire le ministre, la plus explicite et la plus facile pour apporter des
correctifs particuliers dans le cas de certains collèges sera encore
l'introduction de la nouvelle méthode de financement qui nous permettra
de regarder au mérite, dans chacun des cas, ce pourquoi on devrait
apporter des budgets particuliers. Mais je pense que déjà les
règles particulières introduites l'an dernier et cette
année pour les petits collèges ont donné des
résultats positifs et ont permis d'éviter que ces petits
collèges ne fassent des déficits ou n'accroissent les
déficits qu'ils avaient déjà.
M. Léger: L'an dernier, le gouvernement donnait à
chacun des CEGEP un montant de base de $50 000, plus $85 par étudiant.
Quel montant verse-t-on cette année, de façon
générale? Est-ce la même chose?
M. Lachapelle: Je pense que la réponse à la
question, c'est que ce sont les mêmes normes qui se sont
appliquées, étant donné le gel au niveau de l'augmentation
des budgets. C'était compris dans l'annonce que nous avons faite de la
reconduction pour la nouvelle année des règles actuellement en
vigueur.
M. Léger: D'accord. Concernan le CEGEP de Limoilou, je
pense que le régime de tutelle est terminé. Mais cela avait
été en tutelle le 23 avril dernier, surtout à cause des
motifs de mauvaise administration financière et de dépassement
budgétaire qui avaient été invoqués pour justifier
ce geste. Ce dépassement budgétaire non autorisé en
était un de près $175 000 engagés comme supplément
aux frais encourus pour des travaux d'agrandissement qui seraient maintenant de
l'ordre de $15 millions. Quel est le coût final du projet et y a-t-il eu,
oui ou non, des irrégularités commises là-bas?
M. Lachapelle: Le coût final est de $14 millions, ce qui
représente un dépassement de $700 000 sur les chiffres
anticités. Quant à la seconde question, on se rappellera que le
tuteur, M. Belisle, avait signalé ce problème
d'irrégularités possibles comme en étant un qui se
révèle être fouillé à satiété.
C'est ce que j'ai commandé comme travail. Le rapport final ne m'est pas
parvenu; cependant, mes premières conversations avec ceux qui
préparent le rapport sont à l'effet qu'il n'y a pas
d'irrégularités apparentes. Bien sûr, je le dis sous toutes
réserves, puisqu'il s'est agi de conversations mais, quand le rapport
sera disponible et lorsque j'en aurai pris connaissance, j'entends le rendre
public, tout comme j'ai rendu public le rapport du tuteur.
M. Léger: Une enquête, faite par la firme de
comptables Samson, Bélair, etc., et publiée dans un rapport
intitulé "Revue de la situation actuelle au CEGEP de Limoilou", a fait
le bilan des lacunes administratives et financières du CEGEP et a
proposé des correctifs au coût de $150 000. De quel type de
correctifs s'agit-il et la dépense est-elle autorisée par le
ministère?
M. Lachapelle: Quant au type de correctifs, si vous me le
permettez, je vais y répondre en deuxième lieu. Quant à
l'autorisation du montant, oui, le montant a déjà
été autorisé au collège. Encore là, avant de
répondre à la première question, j'aimerais signaler que
ce travail n'avait pas comme motif ou comme arrière-motif la
découverte de malversations possibles; il s'agissait tout simplement de
mettre sur pied un régime administratif et financier qui soit
potable.
Quant aux types de lacunes qui ont pu être décelées,
essentiellement, cela tient à deux grands diagnostics: trop forte
décentralisation des opérations administratives,
accompagnée d'un manque de contrôle. Cela couvrait tous les champs
de l'administration à partir des procédures de
sécurité jusqu'aux procédures comptables, en passant par
l'engagement du personnel, etc.
M. Léger: D'accord. Maintenant, M. Belisle, quand il avait
fait son enquête, avait aussi promis qu'il devait y avoir une
enquête sur la gestion pédagogique aussi. Est-ce qu'elle va avoir
lieu?
M. Lachapelle: Oui. D'ailleurs, dans le rapport de M. Belisle,
qui a été rendu public, cette recommandation de sa part est
très explicitement formulée.
Il l'a décrite comme étant impérieuse, pour que le
travail soit complet. Alors qu'il était en poste, il avait mis sur pied,
peu de temps avant que son mandat se termine, un groupe de travail
composé de professeurs d'université qui apparaissaient être
de réputation hors de tout doute et qui sont reconnus comme tels dans le
milieu.
A l'heure actuelle, le conseil d'administration, qui, maintenant, a
repris ses pouvoirs et auquel on a fait valoir l'importance que revêt la
recommandation de M. Bélisle, et une importance au point où quant
à moi, j'ai dit qu'il fallait absolument que ce travail se fasse, le
conseil d'administration a jugé, pour l'instant, qu'il pourrait
peut-être utiliser une technique différente. Moi, je n'ai pas de
parti pris quant à la technique à être utilisée pour
procéder à cette évaluation pédagogique, mais je
répète que ce travail doit être fait. J'ai signalé
au conseil d'administration que j'aimerais avoir d'eux, le 30 septembre
prochain, un rapport d'étapes sur ce qu'ils ont fait et avec une
démonstration que le travail est vraiment bien engagé.
M. Léger: D'accord. Maintenant, la plupart des directeurs
généraux des collèges se sont montrés favorables
à l'application de la formule H du rapport CETEC. Est-ce que le
ministre, en fait, poursuit les études ou les possibilités
offertes par cette formule?
M. Lachapelle: Bien, M. le Président...
M. Léger: Le ministre est courant de la formule H?
M. Lachapelle: Oui, d'ailleurs elle est impressionnante par sa
longueur et par sa complexité. Mais sans doute
réflète-t-elle toutes les variables possibles et impossibles pour
arriver à une situation équitable. Puis, quoi qu'il en soit,
peut-être a-t-elle ce grand mérite d'avoir été
développée en collaboration avec toutes les parties
intéressées.
Ce que je puis dire à l'instant, c'est que cette formule a servi
dans le cadre des négociations qui se sont déroulées avec
le personnel enseignant au niveau des CEGEP et a été
essentiellement retenue, même à la table de négociations et
après que tout a été dit, tout a été fait.
Je dis bien essentiellement retenue, il y a quelques modifications
légères qui ont été apportées. Donc cela
semble être, pour l'instant, l'outil qui est le plus valable
jusqu'à ce qu'on en trouve un meilleur. Je le répète, elle
a peut-être cette grande qualité, qui est extrêmement
difficile à trouver, comme le député de Lafontaine sera le
premier à le reconnaître, de recueillir le consensus de l'ensemble
des parties en cause.
M. Léger: L'heure H. Est-ce que le ministre a reçu
la lettre du député de Saguenay, en date du 20 janvier dernier,
concernant la construction d'une résidence pour étudiants au
CEGEP de la Côte-Nord, au campus Manicouagan, et est-ce que ce projet est
toujours classé comme prioritaire?
M. Lachapelle: Oui, M. le Président, cette lettre a
été reçue. Le projet comme tel, nous n'avons pas de
restriction fondamentale. D'autre part, il s'inscrit dans un cadre beaucoup
plus global qui est celui du financement de la construction de semblables
résidences. Donc la SHQ est forcément partie à cette
affaire et cela rejoint également les questions, peut-être plus
vastes encore, de détermination des sommes et aussi modalités
d'usage des sommes qui sont à déterminer entre la SHQ et son
homologue fédéral.
M. Léger: Maintenant, est-ce que c'est toujours un projet
prioritaire? Je n'ai pas saisi si le ministre avait dit que c'était
quand même un projet prioritaire.
M. Lachapelle: Je pense l'avoir signalé, M. le
Président.
M. Léger: Maintenant, comment se fait-il, que...
M. Lachapelle: Oui, je pense que des projets semblables que nous
envisageons, il est en tête de liste.
M. Léger; Le ministre peut-il nous dire pourquoi cela a
été retardé, depuis le 23 juillet 1973, date de la
première acceptation du projet par le sous-ministre de l'Education?
Comment se fait-il que cela ait été retardé aussi
longtemps? Trois ans!
M. Lachapelle: Cet historique, M. le Président, peut vous
être donné de la façon suivante.
Il y a deux explications: premièrement, c'est qu'au cours de
l'année où le projet avait été soumis pour la
première fois les sommes n'avaient pas été
réservées par la Société d'habitation du
Québec. Après, avant de donner suite à quelque projet de
résidence que ce soit, la Direction générale de
l'enseignement collégial, comme il y avait une demande
considérable, a jugé préférable d'établir
une politique, que nous avons maintenant établie, qui nous permet
d'avoir des dossiers et d'établir des priorités.
Alors, nous avons actuellement une liste de tous ces projets, et ce
projet en particulier vient en tête. Dès que l'argent sera
débloqué, la réalisation pourra suivre.
M. Léger: Pour que l'argent soit débloqué,
quelles étapes reste-t-il à franchir? Le Conseil du
trésor?
M. Lachapelle: II s'agit maintenant d'obtenir les sommes de la
Société d'habitation du Québec. Je me souviens d'avoir vu
des lettres, au cours du mois d'avril et du mois de mai là-dessus, et on
devrait recevoir des réponses incessamment.
M. Léger: Je me hâterai de transmettre au
député de Saguenay cette bonne nouvelle. Le ministre peut-il
faire le point sur la construction promise du CEGEP de Sept-lles? Où en
sommes-nous rendus dans ce dossier?
M. Lachapelle: On ajoutera des détails plus techniques
dans un instant, mais je peux vous dire, dès ce moment-ci, que, quant
à moi, ce projet est acquis et le déroulement normal des
différentes étapes devrait se mettre en branle, si ce n'est pas
déjà fait.
Le projet est toujours dans l'enveloppe non engagée, mais
techniquement les principales étapes ont'été franchies,
c'est-à-dire l'établissement du devis pédagogique,
l'entente entre le collège et la Direction générale de
l'enseignement collégial, sur une clientèle qui nous permet,
précisément, de préciser le devis pédagogique et le
nombre de pieds carrés auxquels le CEGEP aura droit.
M. Léger: D'accord. La même question pour
Drummondville; où en sommes-nous rendus dans le dossier de la
construction du CEGEP de Drummondville?
M. Lachapelle: On est encore au niveau de l'étude de la
clientèle dans le cas de Drummondville?
M. Léger: Pourriez-vous nous résumer, entre autres,
les étapes...
M. Lachapelle: Si vous me permettez, M. le Président,
juste pour compléter ce cas précis, c'est un autre cas qui est
acquis en principe, celui de Drummondville. Nous l'avons dit publiquement
même et il a été annoncé dans...
M. Léger: Le ministre pourrait-il nous donner les
étapes normales par lesquelles doit passer la construction d'un CEGEP?
Est-ce que la première étape... Il y a une autre étape qui
précède les devis pédagogiques. Je ne sais pas combien il
y a d'étapes à franchir.
M. Lachapelle: La première étape, c'est
véritablement rétablissement d'une clientèle et vous y
avez fait allusion tantôt, au début. Nous avons dû revoir
tous les projets de construction, parce que les prévisions de
clientèle sont maintenant établies sur une base de dix ans. Il a
été convenu, avec les CEGEP, que nous ne construirions pas de
CEGEP pour la période où le nombre d'étudiants sera le
plus considérable dans chacun des CEGEP, mais pour la période
à partir de laquelle les populations commenceront à se
stabiliser.
Alors, cette opération a été faite au cours de l'an
dernier et on a revu toutes les prévisions des clientèles pour
chacun des CEGEP. Alors, la première étape, c'est de s'entendre
avec le CEGEP sur sa prévision de clientèle.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: La deuxième étape c'est de
vérifier s'il est vraiment nécessaire de construire ou s'il est
possible d'utiliser d'autres édifices appartenant à l'Etat, dans
la région et dans la proximité immédiate du CEGEP. Ce
peuvent être, par exemple, des écoles du niveau
élémentaire ou secondaire qui ont été
désaffectées ou d'autres édifices.
La troisième étape, une fois qu'on s'est entendu ou qu'on
a choisi ce que l'on ferait, c'est-à-dire construction nouvelle,
rénovation d'un édifice existant ou location, c'est
véritablement la transcription de ces décisions, dans un devis
pédagogique et rétablissement des besoins réels du
collège, en fonction de chacune des disciplines enseignées.
Et ensuite, bien sûr, le dépôt du document au
ministère, analyse au ministère, recommandations au ministre et
dépôt au Conseil du trésor.
M. Léger: Et après cela, on commence à
construire. Maintenant...
M. Lachapelle: Pas sous les plans, M. le Président.
M. Léger: Oui, je suis d'accord. M. Lachapelle: Les
plans et devis.
M. Léger: Maintenant, le ministre peut-il faire le point
aussi sur le dossier touchant la démolition du collège du
Mont-Saint-Louis qui pourrait devenir un monument historique et que la
population voudrait aussi garder comme une résidence. Peut-on faire le
point sur la situation du Mont-Saint-Louis?
M. Lachapelle: Oui, M. le Président, avec plai- sir.
D'ailleurs, je pense avoir eu l'occasion en Chambre d'en parler
brièvement. Contrairement à ce qui a pu être dit par
certaines personnes ou dans certains journaux voulant que la décision
ait été prise et, que les sommes même aient
été allouées pour démolir ce collège, ce
n'est pas du tout le cas. D'ailleurs, le collège nous avait fait une
demande pour autoriser des montants pour cette fin. Nous n'avons pas
donné suite à cette demande. Nous avons plutôt
préféré examiner cette question de façon plus
étroite. Nous l'avons même référée au
comité interministériel qui s'occupe de la disposition des biens
excédentaires de l'Etat afin que si des usages autres étaient
identifiés, au moins les différents ministères aient
l'occasion de s'exprimer. Aussi, de notre part, si nous y voyons des
utilisations peut-être plus imaginatives, nous nous ferons fort de les
référer à ce comité interministériel. Pour
l'instant, il n'est absolument pas question de démolir cet
édifice; nous sommes en période de recherche.
M. Léger: Voulez-vous dire par là qu'il n'est pas
question actuellement qu'il soit démoli ou qu'il ne sera absolument pas
démoli, qu'il s'agit de lui trouver une autre vocation? Ce sont deux
attitudes différentes.
M. Lachapelle: Oui, j'en conviens. Je dis, cependant, que nous
devrons déterminer dans un premier temps s'il y a une autre vocation
possible. Si nous découvrons, après en avoir parlé
à tout le monde, qu'il n'y a pas d'autre vocation possible, je pense que
nous devrons nous reposer la question à savoir s'il doit être
démoli ou s'il doit être conservé. Je pense quand
même qu'on ne peut pas le conserver comme un vide et sans aucune
utilisation. Par définition, s'il est conservé, c'est qu'il aura
une autre vocation.
M. Léger: Jusqu'à ce jour le ministère des
Affaires culturelles a-t-il donné son point de vue sur la
possibilité de le garder comme monument historique?
M. Lachapelle: Je l'ignore totalement, M. le Président, et
si cela n'a pas été fait, cela va sans doute se faire. Ce sera
sans doute le cas au niveau du comité interministériel.
Malheureusement, je ne peux répondre à votre question.
Prêts et bourses
M. Léger: Mais le ministre pourrait-il nous donner les
principales statistiques de l'année 1975/76 relativement aux prêts
et bourses octroyés par le ministère de l'Education. Autrement
dit, y a-t-il augmentation du nombre de récipiendaires? Quel est le
montant moyen du prêt, le nombre de demandes, etc.?
M. Lachapelle: M. le Président, peut-être purement
à titre de suggestion je ne veux pas sembler ne pas vouloir
répondre à cette question pourrions-nous regarder toute
cette
question des prêts et bourses dans son ensemble quand nous en
arriverons au programme tout à l'heure?
M. Léger: J'étais rendu là.
M. Lachapelle: Vous êtes rendu aux prêts et bourses.
D'accord, parfait.
M. Léger: Parce que cela touche en même temps les
programmes 2, 9 et 11, cette question, je pense.
M. Lachapelle: C'est cela.
Le Président (M. Bérard): Le programme 9 est-il
accepté?
M. Léger: Pas tout à fait, il y a une partie qui
touche au programme 9.
Le Président (M. Bérard): Ah bon! D'accord.
M. Lachapelle: M. le Président, s'agit-il de statistiques
précises ou le plus de statistiques possible? J'essaie de
préciser pour pouvoir répondre le mieux possible à la
question du député de Lafontaine.
M. Léger: Est-ce que le nombre de récipiendaires a
augmenté? Quel est le montant moyen du prêt, quel est le nombre de
demandes, etc?
M. Lachapelle: M. le Président, j'en profite pour vous
présenter M. Martial Lemay, qui est le directeur du service des
prêts et bourses au ministère et qui, je pense bien, peut nous
fournir, de la façon la plus abondante possible, tous les chiffres.
Le nombre de demandes est passé de 55 000 à 62 000 et le
nombre de bénéficiaires de prêts est passé de 50
000, l'an dernier, à 56 000, cette année.
M. Léger: 56 000?
M. Lachapelle: Oui. Le montant des prêts était de
$27 millions en 1974/75 et il était, pour 1975/76, de $36,2 millions,
pour l'instant. Au niveau des bourses, le nombre de bourses est passé de
36 000 à 40 000, si je m'en souviens bien. J'aimerais vérifier et
vous fournir un tableau statistique plus détaillé, si vous le
désirez. La valeur moyenne des bourses s'est aussi accrue, de même
que la valeur des prêts, parce que le maximum des prêts a
été accru, l'an dernier, de $500 à $560 au niveau
collégial et de $700 à $780 au niveau universitaire, pour un
premier cycle d'études, et de $1000 à $1120 au niveau d'un
deuxième cycle d'études. Donc, les moyennes de prêts s'en
sont automatiquement ressenties parce qu'elles se situent très
près du montant maximum.
M. Léger: D'accord. Pouvez-vous nous donner les
statistiques? Vous allez le déposer, peut-être?
M. Lachapelle: Oui. Ce que je donne, c'est pour l'ensemble des
niveaux, mais, en fait, au niveau des bourses, on peut vous déposer le
tableau.
On a des tableaux de statistiques démontrant le prêt moyen
par étudiant et la bourse moyenne par étudiant, les nombres
totaux, et cela pour chacun des niveaux. Cela a augmenté à la
fois au niveau collégial et au niveau universitaire, avec une
augmentation légèrement plus sensible au niveau
collégial.
M. Léger: Quel est le critère d'acceptation du
prêt et de la bourse?
M. Lachapelle: Les critères d'acceptation...
M. Léger: L'étudiant doit répondre à
quels critères pour avoir accès à un prêt et
à une bourse?
M. Lachapelle: Comme vous le savez, les critères sont
assez compliqués et ils sont nombreux. Ils ont été
modifiés suite aux rapports des comités qui ont été
déposés, d'abord, en janvier de l'année dernière,
et, ensuite, à la fin du mois de juin. Déjà, suite au
dépôt du rapport en janvier, on avait fait des modifications pour
l'année courante l'an dernier et il y a eu de nouvelles modifications
qui ont été apportées pour l'année qui est en
cours. Essentiellement, on tient compte des revenus des parents, des revenus
des étudiants, avec des imputations quant au nombre de semaines
où l'étudiant est censé avoir travaillé. On tient
compte, d'un côté, de tous les revenus des étudiants, que
ce soient les revenus de ses parents ou les revenus provenant de son propre
travail, et, de l'autre côté, de toutes les dépenses qu'il
a à faire. Cela comprend, au niveau universitaire, les frais de
scolarité, les repas, le logement, s'il doit fréquenter un
collège ou une université qui n'est pas dans sa région
immédiate. Par ailleurs, il y a eu des modifications apportées au
niveau de la contribution des parents essentiellement pour ce qui est du
prêt. La contribution des parents a été
diminuée.
M. Léger: Y a-t-il une différence au niveau du
revenu des parents pour le prêt et pour la bourse? Dans les deux cas, il
faut que vous teniez compte des revenus des parents, actuellement.
M. Lachapelle: Dans les deux cas, actuellemen, on tient compte
des revenus des parents, mais il y a des distinctions pour ce qui est de la
bourse et pour ce qui est du prêt.
M. Léger: Quelle est la distinction?
M. Lachapelle: Dans le cas des prêts, c'est un
critère qui établit qu'au-delà de tel niveau il n'y a pas
de prêt et qu'en dessous de tel niveau, il n'y a aucune contribution des
parents, le montant de la contribution est égal à 0. Alors, c'est
beaucoup plus systématique...
Dans le cas des bourses, c'est un critère qui est basé sur
le niveau des revenus, sur le niveau
des exemptions, c'est-à-dire le niveau des dépenses de la
famille, le nombre d'enfants à charge, le nombre d'enfants aux
études postsecondaires. Tout cela fait que c'est très
gradué dans le cas des bourses et c'est beaucoup plus proportionnel,
tandis qu'au niveau des prêts, c'est un critère et, en deça
de ce critère, il n'y a pas de contribution en tant que telle pour
déterminer le montant du prêt, ou la contribution est nulle et,
au-delà de ce critère, on suppose que l'étudiant n'a pas
besoin de prêt.
M. Léger: Quel est le montant? Est-ce que ce montant varie
ou est-ce que c'est un montant fixe?
M. Lachapelle: II varie selon la situation de l'étudiant.
S'il est au collégial et qu'il réside chez ses parents, il
était de $10 000 en 1975/76 et, pour la prochaine année, il sera
de $13 000.
M. Léger: Alors, un parent qui gagne plus que $13 000,
l'enfant...
M. Lachapelle: Qui n'a qu'un enfant chez lui, que cet enfant
demeure chez lui et qu'il peut aller au CEGEP public gratuit, à ce
moment-là, il n'est pas admissible à un prêt.
M. Léger: Au niveau d'un étudiant marié ou
qui se marie, quels sont les critères?
M. Lachapelle: L'étudiant marié, d'abord on tient
compte de sa situation de ménage étudiant. Donc, on tient compte
de sa subsistance personnelle et de celle de son conjoint, d'une part. D'autre
part, on tient compte de ses revenus personnels comme tous les autres
étudiants de même que ceux de son conjoint. S'ils sont tous les
deux aux études, c'est comme si on avait deux célibataires qui
vivaient ensemble. Pour fins budgétaires et pour fins de revenus, c'est
similaire. S'il y en a un qui travaille, on tient compte d'une portion de son
gain.
M. Léger: Si les deux sont étudiants mais un au
CEGEP et l'autre à l'université, est-ce que les critères
sont les mêmes? Je ne parle pas des montants parce que je sais que les
montants ne sont pas les mêmes. Vous les avez donnés tantôt.
Mais au point de vue des critères?
M. Lachapelle: Les critères, à ce moment-là,
sont similaires c'est-à-dire que, dans le cas du candidat marié
qui est au CEGEP, quand on va faire son calcul, on va tenir compte que son
conjoint est au niveau collégial et qu'il n'a pas de frais scolaires, et
vice versa dans le cas de l'autre. Quand on étudie celui du
collégial, on tient compte du fait que son conjoint est de niveau
universitaire.
M. Léger: D'accord.
Où en sont les travaux du comité qui s'occupe de la
refonte complète de la loi régissant ce secteur et la
transformation du système en un sys- tème plus
décentralisé avec des formulaires simplifiés et des
prêts dissociés des bourses?
M. Lachapelle; M. le Président, ce travail est très
avancé. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion déjà d'en parler au
Conseil des ministres. La discussion, maintenant, est rendue au niveau du
Conseil des ministres.
M. Léger: Pour l'approbation? M. Lachapelle:
Oui.
M. Léger: Cela veut dire que cela pourrait être
déterminé pour la session d'automne?
M. Lachapelle: Encore là, je vous répète que
j'ai apporté le sujet au Conseil des ministres. Je répète
qu'il y a déjà eu une discussion. Il y en a d'autres, bien
sûr, qui vont suivre. Je ne peux pas, à ce moment-ci,
présumer des conclusions de ces discussions et aussi de
l'échéancier possible.
M. Léger: M. le Président, en ce qui nous concerne,
le programme 9 serait adopté.
Le Président (M. Pilote): Programme 9, adopté,
ainsi que ses éléments.
M. Léger: On peut maintenant passer au programme 11.
Le Président (M. Pilote): Tous les prêts et bourses
sont adoptés dans l'ensemble.
M. Lachapelle: Oui. D'accord.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Alors, on peut
dire...
M. Lachapelle: Je pense qu'il serait peut-être bon, pour le
bon entendement, de préciser les numéros comme on l'a fait ce
matin.
Le Président (M. Pilote): Nous avions suspendu le
programme 2, élément 7, qui était intitulé:
Prêts et bourses. Alors, c'est adopté?
M. Lachapelle: C'est exact.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Programme 11,
enseignement supérieur. L'honorable député de
Lafontaine.
Enseignement supérieur
M. Léger: M. le Président, au niveau de
l'enseignement universitaire, en lisant les nouvelles règles de
restriction budgétaire émises par le ministère cette
année pour le secteur de l'enseignement universitaire, je
m'aperçois que les subventions sont gelées au niveau de 1975/76,
en d'autres mots que les subventions gouvernementales ne seront pas
indexées pour tenir compte de l'augmentation des coûts et des
services en
1976/77 et que le seul moyen de voir sa subvention augmentée,
hormis la hausse des traitements et salaires, est de connaître un
accroissement de clientèle.
Si je comprends bien, en vertu de ces règles, certaines
universités verront augmenter leurs subventions alors que d'autres ne
verront pas leurs subventions augmenter. Est-ce que je peux avoir les chiffres
prévus d'augmentation de clientèle pour les différentes
universités?
M. Lachapelle: Bien sûr. Je pense que ce que vient de dire
le député de Lafontaine est exact, c'est une
interprétation correcte des faits. C'est bien sûr que la position
budgétaire que nous avons rendue publique, que nous avons d'abord
transmise aux universités va avoir pour conséquence des impacts
moins sensibles dans ces universités où il y a des croissances de
clientèle et va avoir des impacts représentant de plus grands
défis pour les universités où il n'y aura pas
d'augmentation de clientèle.
Je pense qu'on peut déposer les augmentations de clientèle
pour chacune des universités, mais de mémoire, on peut dire que
toutes les universités francophones connaissent cette année des
augmentations significatives de population. C'est vrai de l'Université
du Québec, qui a une forte augmentation de clientèle; c'est vrai
de l'Université Laval, qui a la plus forte augmentation de
clientèle; c'est vrai de l'Université de Sherbrooke qui, pour la
première fois depuis les récentes années, a une
augmentation de clientèle appréciable; c'est vrai de
l'Université de Montréal; c'est vrai de l'Université
McGill, qui a une légère augmentation de clientèle, mais
ce n'est pas vrai de l'Université Concordia qui connaît une
légère régression de clientèle.
Nous allons quand même, tout de suite, déposer les chiffres
exacts.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Nous les avons ici.
Nous ne les avons pas sous forme de pourcentage d'augmentation, mais on
peut vous donner le chiffre de l'an passé et le chiffre de cette
année.
M. Léger: Le chiffre absolu.
M. Lachapelle: Pour chaque université.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Je vous donne les chiffres de 1975/76 d'abord.
Laval, 17 390 étudiants; Concordia, 15 053; Sherbrooke, 6177;
Québec, 18 710; Montréal, 18 574 et McGill; 17 992.
M. Léger: 17 000.
M. Lachapelle: McGill?
M. Léger: Oui.
M. Lachapelle: 17 992. M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Pour 1976/77, Laval, 18 527; Hautes Etudes
Commerciales, 5005; Concordia, 14 466; Sherbrooke, 6952; Québec, 20 626;
Montréal, 19 252 et McGill, 18 151.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Je m'excuse, j'ai oublié Polytechnique qui,
dans mes tableaux, représente une proportion très petite. Pour
Polytechnique, en 1975/76, 2343, et en 1976/77, 2597. Total...
M. Léger: En 1975/76? M. Lachapelle: HEC, 4902.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Au total, en 1975/76, la clientèle
étudiante universitaire en équivalent temps complet,
c'est-à-dire en ayant transposé les étudiants à
temps partiel en étudiants à temps complet, cela faisait 99 563
et, en 1976/77, cela donne 106 550.
M. Léger: La proportion en francophones et anglophones,
est-ce que vous l'avez par université ou au grand total? Parce qu'il y a
des francophones à l'université McGill aussi.
M. Lachapelle: A l'université McGill, l'augmentation est
de 0,9%. Pour Bishop's, c'est 5% et Concordia, c'est 3%, mais en moins.
M. Léger: Moi je parlais des élèves, du
nombre d'élèves dans les universités qui sont des
anglophones et du nombre d'élèves qui sont francophones.
M. Lachapelle: On n'a pas... on additionne d'habitude, pour
compter la clientèle anglophone, la population étudiante de
McGill, de Concordia, et de Bishop's.
M. Léger: Pour Bishop's, vous ne me l'avez pas
donné tantôt.
M. Lachapelle: Je m'excuse. Bishop's, en 1976/77, 974
étudiants et, en 1975/76, 922.
M. Léger: D'accord.
Maintenant, l'année dernière, Laval, pour une hausse de
21% de clientèle avait eu une hausse de subvention de 36,5% et
Montréal, 30% de hausse de subvention pour 17% de hausse de
clientèle. Par contre, McGill dont la clientèle est montée
de 2%, voyait sa subvention passer à 28% de plus.
Est-ce qu'on peut dire qu'avec les chiffres que vous venez de nous
donner, avec une diminution pour McGill et en vertu des restrictions
budgétaires, que les universités anglophones sauf
peut-
être Concordia... Pas Concordia, McGill, qui a à peine
augmenté ne sont plus censées bouger à cause de
leur faible taux de croissance?
M. Lachapelle: C'est juste parce qu'on a modifié les
règles d'allocation des ressources budgétaires et on les a
modifiées, en particulier, au niveau du per capita. Autrefois, il y
avait une double règle: L'augmentation de la croissance de
clientèle qui était enterrée par le per capita qu'on
donnait à chacune des universités; comme on a modifié
cette règle, seules les universités en forte croissance de
clientèle connaissent une forte augmentation de leur subvention. Ainsi,
l'augmentation de subvention de fonctionnement à l'université
McGill, comme elle a une faible augmentation de clientèle, est moindre,
et il en va de même pour l'université Concordia.
M. Léger: Cela va se concrétiser par un certain
montant. Quels montants sont prévus cette année?
M. Lachapelle: Les subventions de fonctionnement font l'objet
d'un arrêté en conseil qui n'a pas encore été...
Enfin, moi, je n'ai pas encore signé cet arrêté en conseil.
Bien sûr, faudra-t-il qu'il soit soumis au Conseil des ministres.
M. Léger: Donc, ce n'est pas décidé.
J'aimerais savoir du ministre si le cadeau qui peut être fait aux
universités en croissance n'est pas un genre de cadeau de Grec
puisqu'elles ne pourront avoir droit qu'à la moitié des hausses
de coût engendrées par l'augmentation de clientèle.
M. Lachapelle: On peut, bien sûr, baptiser cela de bien des
façons. Est-ce un cadeau de Grec ou est-ce quand même une
façon équitable de distribuer une enveloppe donnée? Je
pense qu'il n'y a absolument pas de cachette à se faire. On l'a dit et
moi-même j'ai dit que cette année va être une année
un peu plus serrée sur le plan financier. L'enveloppe totale, elle, bien
sûr, se ressent de cette situation. Dans le cadre de cette enveloppe
donnée, il s'agissait de mettre au point la formule la plus
équitable possible. Je crois que c'est ce qui a été fait.
Il y a toujours le point de départ, c'est l'enveloppe globale.
M. Léger: Le problème c'est que les
universités doivent trouver des sommes ailleurs.
M. Lachapelle: Là-dessus, je pense qu'on peut assez
facilement présumer, si on veut se servir d'une telle hypothèse,
qu'il n'y a vraiment, mais vraiment pas de possibilité à
l'intérieur de nos universités d'effectuer une rationalisation
légitime et bénéfique pour le milieu. Je persiste à
croire qu'il est possible d'en faire une et de procéder d'une
façon peut-être plus accentuée que par le passé
à des choix dans l'allocation des ressources à l'intérieur
des universités.
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de rencontrer le Conseil supérieur
de l'éducation, récemment, et de lui faire part de cette vue, de
cette optique. Aussi, quand j'ai rencontré les recteurs des
universités, je leur ai fait part des mêmes vues. Je pense qu'il
est possible à nos institutions, qu'il s'agisse des universités
ou des collèges, d'être plus alertes que jamais et peut-être
même de développer cette conscience grandissante à
l'endroit de l'allocation des ressources et de la façon dont ces
ressources doivent être utilisées afin qu'on puisse en retirer le
meilleur parti possible.
Il me paraît que c'est un exercice tout à fait dans
l'ordre.
M. Léger: Dans un avis au ministre de l'Education, le
Conseil des universités avait déploré, en mai 1975, que le
plan d'investissement, dans le système universitaire, soit à
toutes fins arrêté d'avance par l'ensemble des services
gouvernementaux. Celui-ci s'était vivement élevé contre
les méthodes de dirigisme du gouvernement. Ce n'est pas la
première fois, je pense, que les avis du conseil consultatif ne sont pas
respectés par le ministère et même le Conseil des
universités a déclaré que ses avis étaient devenus
des "formalités".
J'aimerais connaître les commentaires du ministre sur cette
situation anormale entre le ministère et ses partenaires du secteur de
l'éducation, surtout que tout le conflit, comme c'est le cas dans
l'opération sciences appliquées, semble partir d'un manque de
communication et d'une tendance du gouvernement à établir des
règles de gestion financière qui ne collent pas à la
réalité du milieu, ni aux promesses déjà faites.
Est-ce que le ministre peut faire le point sur la situation normale entre le
ministère et ses partenaires dans le domaine universitaire?
M. Lachapelle: Dans le cas du Conseil des universités, il
est exact que, l'an dernier, il y a eu un certain hiatus par rapport à
la procédure qui était suivie d'année en année et
qui fonctionnait bien par rapport au plan d'investissements universitaires. Le
conseil, d'ailleurs, l'a signalé dans un de ses documents que vous venez
de citer. C'était une situation temporaire et qu'on pourrait qualifier
d'accidentelle qui est venue du fait que nous avons dû revoir des plans
d'équipement de l'ensemble du réseau éducatif, donc du
réseau universitaire, dans une période de l'année
où, normalement, nous serions allés en consultation au conseil.
Cette révision interne, qui a été nécessitée
par une période de restriction dans les investissements, nous a
empêchés de suivre le calendrier normal l'an dernier, mais,
dès cette année, le processus et le calendrier normal sont
respectés. Le projet de plan d'équipement cette fois-ci, non pas
le plan approuvé, doit être maintenant au Conseil des
universités, selon le calendrier habituel. L'an dernier, le conseil
avait donc raison de signaler ce manquement à la procédure
établie. Cela a été rétabli maintenant.
M. Léger: Est-ce que les universités vont
être obligées d'augmenter leurs frais de scolarité pour
compenser les restrictions budgétaires de cette année?
M. Lachapelle: La tournée que nous avons faite des
universités ne nous laisse pas du tout croire que les universités
seront obligées d'augmenter leurs frais de scolarité. Les
informations que nous avons à l'heure actuelle, suite à la
tournée que nous avons faite, nous indiquent qu'il n'y aura pas de
nouveaux déficits qui apparaîtront dans les
universités.
M. Léger: D'accord. Depuis quelque temps
déjà, au niveau de l'enseignement universitaire, les
fonctionnaires ont entrepris des opérations de planification
sectorielle. Ces études, qui indiquent les tendances de l'emploi ou des
besoins dans un secteur d'étude donné, ont été
faites, dans le passé, dans le domaine des sciences appliquées.
L'an passé, une pareille étude devait être faite dans le
domaine des sciences de la santé. Est-ce que le ministre peut nous dire
si cette étude est terminée?
M. Lachapelle: Oui. L'opération sciences de la
santé à laquelle fait allusion le député de
Lafontaine et l'opération sciences fondamentales sont, à toutes
fins pratiques, terminées et le rapport devrait être
déposé incessamment.
NI. Léger: Mais est-ce qu'il y a certaines recommandations
sur les programmes et sur l'organisation de l'enseignement qui sont
déjà données, actuellement? Le ministre peut-il nous
donner les principales recommandations?
M. Lachapelle: Voici, avant qu'on puisse bouger là-dessus,
conformément à la pratique, nous allons demander au Conseil des
universités, son avis sur les conclusions de ces opérations. Nous
le ferons avant de mettre en marche quoi que ce soit.
M. Léger: Mais est-ce que le ministre peut nous dire quels
sont les besoins ressentis?
M. Lachapelle: Ecoutez, pour l'instant, moi, je n'ai pas vu le
rapport final. On peut peut-être donner quelques grandes lignes qui
semblent vouloir se dégager. J'espère qu'en ce faisant on ne
commet pas d'impair vis-à-vis de nos intervenants ou de nos
interlocuteurs, qu'il s'agisse du Conseil des universités ou des autres.
Je pense que le député de Lafontaine comprendra que nous devons,
quand même, dire cela avec beaucoup de prudence et peut-être donner
juste certains indices à ce moment-ci.
Le rapport de l'opération sciences fondamentales vient tout juste
d'être déposé. On l'a reçu il y a trois semaines au
ministère. On est en train de l'étudier, de sorte que c'est
très difficile pour nous de faire une liste des recommandations
prioritaires. Pour ce qui est du rapport sciences de la santé, nous n'en
avons qu'une version préliminaire; la version finale doit être
déposée incessamment, de telle sorte que cela nous est
très difficile de répondre à la question pour
l'instant.
Je voudrais bien rassurer le député de Lafon- taine que ce
n'est pas un manque de désir de lui répondre qui nous fait dire
ce qu'on dit devant lui. C'est tout simplement parce que nous n'avons pas les
outils d'une façon suffisamment complète pour pouvoir donner une
réponse intelligente, c'est tout.
M. Léger: Dans le domaine des sciences appliquées,
cette opération est-elle terminée? Il semble que, dans le milieu
de l'éducation, on ne soit pas entièrement satisfait des
principes sous-jacents à ce type d'opération. En effet, si on
procède à partir de principes basés sur la notion de
planification par programme, avec l'effet de soumettre les exigences
pédagogiques de l'enseignement d'une matière aux limites
budgétaires prédéterminées et non vice versa, au
nom de la saine gestion financière, est-ce qu'il n'est pas vrai qu'il
est facile de perdre de vue le côté essentiellement
pédagogique de l'enseignement? C'est le même problème, je
pense, à l'éducation des adultes.
M. Lachapelle: Je ne pense pas, M. le Président. Enfin, je
ne pense pas que nous ayons reçu d'opinion semblable de la part des gens
qui sont plus directement intéressées à ces questions. Je
pense aux conseils d'universités, je pense...
M. Léger: ...vous parlez.
M. Lachapelle: Pourtant, je pense bien que son avis a
été formulé de la façon la plus ouverte possible.
Nous avons tenu compte, du mieux possible, de leurs opinions. Danger à
vous signaler, qu'est-ce que vous voulez, je pense qu'il est présent.
C'est bien sûr qu'il peut se présenter, mais je crois que dans la
menée de telles opérations, nous avons le choix de dire: Est-ce
qu'une planification n'est pas nécessaire, du moins une planification
qui se veut responsable et rationnelle? C'est là où il nous faut
faire des choix et des équilibres, suivant l'évolution de
l'application du plan.
Ce que le député de Lafontaine signale, si on veut, il a
obvié de façon totale, c'est de ne pas faire d'opération,
c'est de ne pas faire de planification comme ce dans quoi nous sommes
engagés. Mais, je suis d'accord avec lui qu'il y a une prudence, une
saine prudence à apporter dans l'application véritable de ces
opérations et ces conclusions, pour ne pas tomber dans un excès
contraire qui, lui, se voudra une régimentation excessive et abusive du
milieu universitaire. Je conviens de cela avec lui.
M. Léger: Le ministre peut-il nous donner, comme nous
avons eu l'année dernière, avec le ministre
prédécesseur, le ministre Cloutier, combien d'argent chaque
université québécoise a reçu en dons de toutes
sortes?
M. Lachapelle: Oui, M. le Président, nous avons ce
tableau, on peut vous le déposer et on va le déposer
effectivement.
M. Léger: D'accord.
M. Lachapelle: Ou peut vous le lire, comme vous le souhaitez. M.
le Président, nous n'avons qu'un seul exemplaire et il me fait plaisir
de le déposer. Si on peut en tirer un tout de suite, on va vous le
donner. Voilà, il est déjà tiré, c'est formidable
l'efficacité du ministère de l'Education!
M. Léger: Maintenant, est-ce que le Conseil des ministres
de l'Education du Canada s'est finalement prononcé sur la hausse des
frais de scolarité des étudiants étrangers qui viennent
étudier dans nos universités? Je sais que le ministre
prédécesseur avait exprimé l'opinion, lors des
crédits de l'an passé, que l'afflux d'étudiants
étrangers, dans nos universités, était un véritable
problème et que les frais de scolarité devaient être
haussés de façon considérable. Le ministre actuel est-il
du même avis et qu'est-ce qu'il compte faire pour le Québec?
M. Lachapelle: Le Conseil des ministres de l'Education, comme
tel, ne s'est pas prononcé sur la question encore, pour le moins. Nous
savons cependant qu'en Ontario, il a été annoncé qu'il y
aurait augmentation pour ces étudiants étrangers. Ici, nous
n'avons pas de position de prise encore sur le sujet.
M. Léger: Le ministre est sans doute au courant
qu'à McGill, en 1973/74, 11,7% des étudiants étaient des
étrangers, alors que la moyenne était de 6,4% venant d'autres
provinces. Le ministre va-t-il prendre position très bientôt?
M. Lachapelle: M. le Président, c'est une question
à laquelle vraiment je ne me suis pas arrêté de
façon suffisante. Je remercie le député de Lafontaine de
mettre l'accent sur Gette question et je vais y voir dans les meilleurs
délais. Quand je dis les meilleurs délais, ce n'est pas une
expression sibylline, comme vous le disiez hier, mais nous allons y voir, nous
allons examiner cela en profondeur.
M. Léger: Avez-vous une liste ou des statistiques sur la
présence des étudiants étrangers dans les
universités? Parce que je présume que c'est presque uniquement
dans les universités anglophones et, à ce moment, s'ils sont
compté parmi les élèves de ces universités sujettes
à des subventions gouvernementales, c'est surtout les universités
anglophones qui reçoivent des subventions au détriment de
l'argent qui peut être mis du côté des francophones.
M. Lachapelle: Ce sont des statistiques que nous sommes en train
de compiler. On commence même à avoir une idée assez
précise des facultés et des départements où se
retrouvent principalement les édutiants étrangers. Vous savez
déjà, d'ailleurs, que, pour la nommer, dans le cas de la
faculté de médecine de l'Université McGill, pour ce qui
est des internes et des résidents, des mesures ont été
prises pour en limiter le nombre dans les hôpitaux par le
ministère des Affaires sociales, et cela avec l'accord du
ministère de l'Education.
Cette question en particulier a été discutée avec
les doyens des facultés de médecine tant en présence de
représentants du ministère des Affaires sociales que du
ministère de l'Education.
M. Léger: Pourrions-nous avoir les statistiques
là-dessus ou si vous allez les déposer plus tard?
M. Lachapelle: Celles que nous possédons, plus tard.
M. Léger: Qu'on prenne cela en note.
Maintenant, s'il y a entente tacite entre l'archevêché de
Québec et l'Université Laval pour la cession du grand
séminaire, il n'en est pas de même pour le ministère de
l'Education qui n'a pas encore débloqué les fonds
nécessaires à cette transaction qui serait de l'ordre je pense de
$13 millions. Cela fait un certain temps que le dossier est en marche et il est
toujours reporté à la parution du plan quinquennal revisé.
Or le plan quinquennal retarde beaucoup de choses au Québec. Va-t-il
être inclus pour l'année qui vient?
M. Lachapelle: La situation, M. le Président, est la
suivante. Il est vrai que l'Université Laval a manifesté
l'intention d'avoir des espaces additionnels et l'acquisition du grand
séminaire lui apparaissait comme étant une façon de
répondre aux problèmes qu'elle croit avoir en matière
d'espace.
Les données que nous avons, cependant, au ministère,
n'étaient pas jusqu'à récemment cohérentes ou ne
concordaient pas nécessairement avec la position de l'Université
Laval. J'ai donc demandé, il y a quelques semaines, à M. Girard
en particulier, de rencontrer les instances appropriées de
l'Université Laval afin que, pour le moins, il y ait une indication
très nette qu'il y a soit une entente ou soit un manque d'entente quant
à la nécessité d'espace additionnel à
l'Université Laval.
Ces rencontres ont cours présentement et je souhaiterais que
d'ici le 30 juin nous sachions exactement ce qui va se produire à
l'Université Laval.
M. Léger: D'accord. Maintenant, le Conseil des ministres a
adopté en décembre dernier un arrêté en conseil, le
5440-75, qui prévoit l'octroi d'une subvention de $3 millions à
l'Université de Sherbrooke pour la construction d'un centre sportif. Ce
montant n'était pas immédiatement mis à la disposition de
l'université parce que les négociations entre les fonctionnaires
et l'université n'étaient pas complètement
terminées. Ces négociations sont-elles terminées? Le
ministre a-t-il autorisé le début des travaux?
M. Lachapelle: M. le Président, il y aura un complexe
sportif à Sherbrooke et j'en ai fait l'annonce publique il y a dix
jours.
M. Léger: Alors le dossier est terminé, tout
est...
M. Lachapelle: Tout est terminé, la contribu-
tion du ministère de l'Education sera de $7,3 millions; il y aura
une contribution de la souscription populaire qui avait eu cours dans le
secteur; il y aura également $600 000 provenant du haut-commissariat et
$300 000 provenant du gouvernement fédéral. Le tout totalise $9,9
millions, donc, en chiffres ronds, $10 millions.
M. Léger: Concernant l'Université Concordia, est-il
exact de dire que malgré une subvention annuelle de $32,4 millions,
l'Université Concordia connaîtra un déficit de $3,3
millions à la fin de l'année, que les frais de scolarité,
je pense, sont autour de $550 et que son avenir est en péril si le
gouvernement n'intervient pas? C'est ce qu'avait dit M. John O'Brian en
novembre dernier. Je voudrais connaître les intentions du ministre quant
au genre d'aide que le gouvernement entend donner à la deuxième
université anglophone de Montréal.
M. Lachapelle: Les chiffres cités par le
député de Lafontaine sont conformes. Je pense qu'il a bien
décrit la situation. Nous sommes conscients qu'il y a un problème
particulier à Concordia. Nous n'avons pas arrêté encore de
formules d'aide possible, mais il y aura une intervention qui sera
essentielle.
M. Léger: Est-ce que le ministre...
M. Lachapelle: On est certain qu'une partie du déficit
résulte de la fusion du collège Loyola avec l'Université
Concordia, l'Université Sir John Williams d'alors, et qu'au moment
où nous aurons réglé le problème des coûts de
la fusion, ce que nous sommes en train de faire, le déficit de
l'université Concordia serait beaucoup moins sérieux que les
chiffres que vous avez cités.
M. Léger: Quelle est la proportion de francophones qui
vont à l'Université Concordia et la proportion de francophones
à l'Université McGill?
M. Lachapelle: Malheureusement, je dois avouer que nous n'avons
pas ces chiffres.
M. Léger: Vous n'avez pas ces statistiques au
ministère. Avez-vous le pourcentage d'étrangers à
l'université Concordia? C'est quoi?
M. Lachapelle: On ne l'a pas pour Concordia, on l'a pour McGill
et Concordia.
M. Léger: Vous l'avez pour les deux.
M. Lachapelle: Pour l'Université McGill et Concordia
ensemble. On l'a également au ministère pour les deux
universités séparément, mais ici on a seulement pour les
deux universités de langue anglaise de Montréal.
M. Léger: Cela donne quoi?
M. Lachapelle: Cela donne environ 11%.
M. Léger: 11,7%.
M. Lachapelle: Cela donne 11,54% de Non-Québécois.
Cela peut comprendre des Canadiens.
M. Léger: Des Canadiens ou des étrangers. Le
ministre est-il toujours convaincu à ce stade-ci de la
nécessité d'une deuxième université anglophone au
Québec, compte tenu de la diminution, du pourcentage de la population
anglophone au Québec et de la quantité de francophones qui
peuvent aller à l'université anglophone et qui pourraient
être acheminés vers une autre université, soit une autre
université francophone ou aux universités actuelles? Le ministre
est-il toujours convaincu de la nécessité de cette
deuxième université anglophone au Québec?
M. Lachapelle: Pour l'instant... M. Léger:
Montréal en particulier.
M. Lachapelle: Oui. Pour l'instant, ces deux universités
accomplissent un travail des plus satisfaisants. Elles ont des
particularités qui sont bien à elles. Le plus que je pourrais
dire à ce moment, parce que c'est tout ce que je puis
véritablement dire, c'est que nous n'avons vraiment aucun indice qui,
pour l'instant, puisse nous faire examiner davantage l'opportunité ou
non de restreindre la présence des universités anglophones
à Montréal.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire quelle somme le
gouvernement devrait injecter pour permettre à l'université
Concordia de fonctionner, après le déficit de $3 millions cette
année et possiblement un déficit l'année prochaine? Quels
sont les montants que le gouvernement devrait injecter pour la rendre
viable?
M. Lachapelle: Je pense qu'on a signalé il y a quelques
instants le problème particulier que présentait la position
déficitaire de Concordia et aussi le travail d'épluchage de ce
déficit afin qu'on puisse en identifier davantage les causes. La
subvention de fonctionnement qui sera autorisée pour cette
université sera un des chiffres qui paraîtront dans la
décision du Conseil des ministres qui devrait être rendue publique
incessamment, comme je l'ai signalé. C'est un des éléments
de cet arrêté en conseil qui ultérieurement devrait
être une décision du Conseil des ministres qui sera en mesure de
répondre à ces questions précises.
M. Léger: Regardons l'ensemble des étudiants
à l'université; on parle de 106 000 cette année et, dans
les universités anglophones, on en a noté à peu
près 33 000, ce qui n'est pas du tout comparable au pourcentage de la
population anglophone au Québec, qui n'est à peine de 13% de
réels anglophones et 7% de Néo-Québécois. Si on
regarde la totalité de places-élève dans les
universités anglophones, c'est pratiquement le double de la population
anglophone au Québec.
M. Lachapelle: ...de déposer à cet effet, les
statistiques sur les croissances de clientèle, tant dans les
universités francophones que dans les
universités anglophones au cours des dernières
années et on peut constater que les populations, dans les
universités anglophones, se stabilisent, alors que la populations, dans
les universités francophones, ont augmenté
considérablement. Si on fait les statistiques sur les cinq ou six
dernières années, on se rend compte que le pourcentage se
rétablit rapidement dans les proportions des populations.
M. Léger: Le ministre pourrait-il nous donner, un peu plus
tard, la proportion de francophones qui fréquentent les
universités anglophones? Je pense que c'est une statistique qu'il serait
assez important de connaître.
M. Lachapelle: Nous allons certainement faire des travaux
à cet effet. S'il est possible de les obtenir, nous allons vous les
fournir.
M. Léger: D'accord. Pour l'année 1976/77, combien
d'argent sera versé par le ministère dans le cadre du programme
Formation de chercheurs et action concertée, FCAC?
M. Lachapelle: $8,5 millions.
M. Léger: Combien de centres ou de groupes de recherche
sont reconnus par le ministère?
M. Lachapelle: II faudrait peut-être diviser les
différents éléments du programme FCAC. Il y a des
subventions pour les revues scientifiques; il y a des subventions pour les
équipes de chercheurs; il y a des subventions pour les organismes de
soutien à la recherche et il y a des subventions pour les centres de
recherche. Chaque année, il y a un nombre de centres de recherche qui
sont réévalués ou qui ont atteint leurs objectifs et qui
disparaissent, mais on est en train de trouver les chiffres avec
précision. De mémoire, il y avait au-delà de 30 centres de
recherche qui étaient ou qui sont actuellement subventionnés par
le ministère de l'Education dans le cadre du programme FCAC.
M. Léger: D'accord. Pendant qu'on cherche les chiffres, le
ministre peut-il me dire quel est le pourcentage de ces subventions
accordé à la recherche dite libre?
M. Lachapelle: II y a toujours, dans le cadre du programme FCAC,
une portion de la subvention, qui s'appelle une subvention institutionnelle,
qui est accordée à chacune, des universités en proportion
des autres fonds qu'elle reçoit au titre du programme FCAC et qui permet
une certaine souplesse à chacune des institutions pour venir en aide, au
cours de l'année, à différents centres de recherche ou
à différentes équipes de recherche.
Une bonne proportion des fonds que nous accordons le sont encore pour
des programmes de recherche dite libre, mais l'orientation du programme FCAC,
comme vous le savez, c'est de favoriser, au titre des équipes de
recherche, des thèmes. Nous avons défini dix thèmes qui
sont prioritaires pour le ministère de l'Education. Ces thèmes
ont été acceptés, d'ailleurs, par le Conseil des
universités et par les universités elles-mêmes. Il y a
également des orientations dans les subventions que nous donnons aux
équipes de recherche.
Mais le fait que ce soit sur des thèmes dits prioritaires ne veut
pas nécessairement dire que c'est une recherche qui n'est pas libre ou
qui n'est pas fondamentale, mais c'est une recherche qui peut être
davantage orientée en fonction de besoins prioritaires définis,
encore une fois, conjointement par le ministère de l'Education, les
universités et le Conseil des universités.
M. Léger: Je pense que vous avez vos chiffres.
M. Lachapelle: On subventionne 25 centres de recherche et 358
équipes de recherche.
M. Léger: D'accord. Est-ce que les subventions vont
augmenter au rythme de l'inflation pour compenser l'absence de subventions
fédérales?
M. Lachapelle: II faut faire une distinction entre le programme
FCAC et les subventions qui proviennent du gouvernement fédéral.
Pour ce qui est du programme FCAC, nous n'avons pas appliqué les
mêmes contraintes budgétaires qu'aux autres programmes des
universités. Nous avons gelé le programme et, en gelant le
programme, nous sommes conscients qu'il peut en résulter une certaine
diminution de la recherche, mais il peut en résulter également
une rationalisation de la recherche. Je pense que, là-dessus, les
universités sont d'accord aussi.
L'autre problème que vous soulevez est infiniment plus complexe.
Ce serait celui qui amènerait le gouvernement du Québec à
subventionner les universités au titre des pertes qui peuvent
résulter de l'inflation, à partir des subventions qui sont
données à des chercheurs individuellement par les grands
organismes fédéraux ou par les ministères
fédéraux. Là-dessus, il n'y a véritablement pas de
politique précise et, actuellement, ce n'est pas la politique du
ministère de l'Education de compenser l'inflation à ce titre.
M. Léger: D'accord. Le 3 décembre dernier, un
arrêté en conseil créait un Bureau de la science et de la
technologie chargé de l'élaboration et du développement
des mesures concernant les activités du gouvernement du Québec
dans ce domaine. Ce bureau est placé sous l'autorité du ministre
chargé de l'enseignement supérieur, alors qu'avant la politique
scientifique était sous l'autorité du comité
interministériel présidé par le ministre de l'Industrie et
du Commerce. Quels sont les budgets de ce bureau, ainsi que du conseil?
M. Lachapelle: Pendant qu'on cherche les chiffres, est-ce qu'il y
a des questions qui se rattachent à ce bureau auxquelles on pourrait
tenter de répondre?
M. Léger: Entre autres, quelles ont été les
principales études et recommandations?
M. Lachapelle: Du bureau?
M. Léger: Du conseil. Non, du bureau, c'est ça, de
la science et de la technologie.
M. Lachapelle: Pour l'instant faut-il dire qu'il s'est agi dans
un premier temps de constituer ce bureau, de l'amener au ministère, puis
de l'installer physiquement en réglant les différents
problèmes normaux de démarrage? Mais ce que j'ai demandé
c'est qu'on élabore un plan de développement de la science et de
la technologie au Québec. Donc, c'est une approche qui se veut beaucoup
plus globale comparativement aux interventions plutôt de nature
ponctuelle qui caractérisaient ce style de travail auparavant. Il y a eu
un premier travail de fait. D'ailleurs j'ai rencontré le conseil de la
politique scientifique, il y a environ quinze jours, je crois, ou trois
semaines, et je lui ai remis ce projet de plan de développement en
l'incitant à nous faire valoir ses vues, ses commentaires afin qu'en
septembre, octobre au plus tard, nous soyons en mesure d'arrêter ce qui
pourrait constituer les éléments de politique globale en
matière de développement de la science et de la technologie ici
au Québec. C'est vraiment le gros du travail qui a été
fait. Je l'ai voulu d'une façon plus exhaustive que cela a pu être
le cas dans le passé, et simultanément d'une façon plus
complète.
M. Léger: Quels sont les budgets de ce bureau, ainsi que
du conseil?
M. Lachapelle: Le bureau de la science et de la technologie,
ainsi que le conseil de la politique scientifique ont un budget de $210
000.
M. Léger: $210 000.
M. Lachapelle: Exact. J'aimerais ajouter également que
j'ai autorisé le conseil de la politique scientifique, afin qu'il
devienne un organisme encore plus significatif, à se doter de cadres
permanents. Je crois que de la sorte, non seulement la communauté
scientifique va avoir plus d'outils afin de pouvoir s'exprimer de façon
plus articulée, mais aussi c'est reconnaître dans ce conseil un
interlocuteur avec lequel nous voulons transiger d'une façon
soutenue.
M. Léger: Maintenant, au niveau de la politique
scientifique, le conseil avait également soumis la
nécessité d'avoir une politique scientifique; est-ce que le
ministre peut nous dire quelques mots là-dessus?
M. Lachapelle: Je pense que, quand j'évoquais tout
à l'heure l'élaboration de ce plan de développement, c'est
exactement cela.
M. Léger: Je ne saisis pas la politique scienti- fique. Ce
que vous m'avez dit tantôt cela ne comprend pas...
M. Lachapelle: Si vous me permettez peut-être de revenir et
dire en d'autres mots ce que j'ai dit antérieurement. Quand je parle
d'un plan de développement de la science et de la technologie au
Québec, c'est effectivement une politique scientifique pour le
Québec dont il est question. Et c'est ce que j'ai demandé comme
travail à ce bureau et c'est sur quoi présentement le conseil de
la politique scientifique s'affaire afin qu'on puisse avoir une réponse
de lui en septembre ou octobre.
M. Léger: Le Conseil supérieur de
l'éducation avait dénoncé la situation
d'infériorité des manuels français par rapport aux manuels
anglais et américains, surtout au niveau universitaire. Ce qui fait que,
faute de traduction adéquate ou de manuels équivalents en
français, des milliers d'étudiants de nos universités
francophones sont obligés de se servir de manuels de langue anglaise,
qui n'est pas toujours maîtrisée parfaitement. C'est beau
être bilingue, mais il n'est pas nécessaire d'être aussi
habile dans une autre langue; ce serait peut-être un idéal
à atteindre, mais ce n'est pas nécessairement normal d'être
aussi habile dans une autre langue que la nôtre. Ceci me paraît
hautement anormal. J'aimerais savoir si le ministre compte appliquer ou
applique déjà les quatre mesures proposées par le conseil
pour tenter de résoudre ce problème? Autrement dit, dans les
mesures, il y avait une subvention à l'édition d'ouvrages
didactiques français, prévoir les montants nécessaires
pour répondre aux besoins et aux demandes dans ce domaine, etc., est-ce
que...
M. Lachapelle: Non, dans ce secteur, nous n'avons pas posé
de geste dans le sens qui avait été recommandé par le
Conseil supérieur de l'éducation. Pas parce qu'on en nie
l'opportunité ou le bien-fondé dans certains cas, mais tout
simplement parce que, dans l'ensemble des priorités de travail du
ministère, celle-là n'était pas située aussi haut
que les autres.
On est au courant, par ailleurs, des études faites par les
différentes universités sur cette situation. Il y en a une qui
est faite, en particulier, à l'Université Laval, et il a
été question, de façon plus précise, dans le cadre
d'une politique des presses universitaires, de ce problème, mais on en
est vraiment aux premiers éléments, sans plus.
M. Léger: Maintenant, une des quatre recommandations
était qu'on établisse un comité provincial
d'évaluation qui aurait notamment pour tâche de donner des avis
concernant l'opportunité d'éditer en français tel ou tel
ouvrage et la qualité de la traduction française. Est-ce que vous
avez l'intention de donner suite à cela ou si ce n'est pas dans vos
préoccupations actuelles?
M. Lachapelle: Je répète. Je ne dis pas que ces
recommandations ne sont pas légitimes, qu'elles n'ont pas de sens, mais
je dis, quand même,
avec beaucoup d'honnêteté, que nous ne sommes pas
intéressés à la question, mais je pense que nous devrions
le faire assez rapidement, j'en conviens.
M. Léger: Je suis heureux de voir que le ministre semble
être sensibilisé à ce problème. Quand on
présente un bill 22 dans le but de faire du français la langue
officielle et que bientôt d'autres lois en feront la langue de travail,
il faudrait aussi avoir le français comme langue d'étude. Si on
va plus loin là-dedans, c'est normal que nos universités soient
reconnues comme des universités où on peut apprendre en
français, même s'il y a certains manuels américains ou
anglais qui sont supérieurs. Il y en a aussi de français.
M. Lachapelle: Je pense que là-dessus il faut aussi
être prudent. Je pourrais peut-être et je le fais avec une
certaine prudence citer mon cas personnel. J'ai étudié
dans des volumes anglais tout le temps parce que je suivais un cours de
sciences. Quand je dis des volumes anglais, il s'agissait plutôt de
textes américains, et je ne pense pas que cela ait, dans quelque mesure
que ce soit, affecté ma fierté de Québécois ou ma
connaissance de la langue française. Je pense, simultanément, que
dans cette nouvelle recherche d'une présence française encore
plus significative, la préoccupation qu'a exprimée le
député de Lafontaine est tout à fait légitime.
M. Léger: Pour ceux qui ont eu à étudier
leur droit ou n'importe quelle autre option dans une autre langue, il y a
déjà la difficulté d'apprendre, et il n'est pas normal que
chez nous ce devrait être une politique au moins à moyen
terme on ne puisse pas étudier dans notre langue, de façon
que ce soit aussi facile pour un Québécois francophone
d'apprendre que pour un Québécois anglophone qui, lui, a la
facilité d'avoir des manuels dans sa langue. C'est pour cela que je
pousse le ministre à aller plus loin dans cette division et dans ses
actions.
M. Lachapelle: Je répète qu'encore là il y a
certainement des actions à prendre, mais je répète aussi,
du même souffle, qu'il ne faudrait pas tomber dans des situations
abusives, excessives, irréalistes et irresponsables. J'ai bien
l'impression que même chez nos cousins français on utilise des
textes internationaux qui peuvent être américains ou autres.
M. Léger: C'est sûr, mais c'est l'exception.
M. Lachapelle: J'ai bien l'impression que Macgraw Hill, cette
grosse maison de publication, doit vendre des livres américains en
France.
M. Léger: Mais j'ai l'impression qu'on les traduit
aussi.
M. Lachapelle: Tout comme il est normal, dans certaines
disciplines, de voir les livres se promener et être utilisés dans
leur langue originale, fût-elle allemande, russe ou autre. Je crois qu'il
y a ici une question d'équilibre à rechercher pour ne pas tomber
dans une situation qui risquerait d'être curieusement excessive et
drôlement abusive.
Perfectionnement des maîtres
M. Léger: Maintenant, M. le Président, au niveau du
programme de perfectionnement des maîtres, qui est une des
priorités identifiées par le ministère, il existe un
comité qui a un mandat précis. Premièrement,
définir les mécanismes de coordination appropriés entre
les différentes unités administratives du ministère et les
différents réseaux d'éducation. Deuxièmement,
revoir les politiques, les structures et les règlements régissant
la formation des maîtres. Troisièmement, favoriser de façon
plus générale la réflexion et susciter les innovations
dans le domaine. Est-ce que le ministre peut faire le point sur les
activités de ce comité concernant les trois points que je viens
d'énumérer?
M. Lachapelle: Tout d'abord le comité, après un an
et demi de travail, a fait une première proposition à l'effet de
créer un service de la formation des maîtres. Cette recommandation
a été acceptée par le ministère et ce service
commencera ses opérations au cours de l'automne prochain. Il devient
l'interlocuteur unique à l'égard des universités qui sont
responsables de mettre au point les programmes de formation des maîtres.
Cet organisme sera également l'interlocuteur unique vis-à-vis des
autres personnes intéressées à la formation des
maîtres.
Il existera, à l'intérieur de ce service, un comité
directeur qui regroupera des délégués de chacune des
directions générales d'enseignement, afin que les objectifs
poursuivis par chacune de ces directions générales d'enseignement
soient clairement définis et établis et transmis aux
universités. Voilà pour une des premières
préoccupations.
La deuxième préoccupation a consisté à
mettre sur pied un comité conjoint avec les universités pour
convenir d'une procédure précise d'approbation des programmes de
formation des maîtres ou de modifications à ces programmes de
formation des maîtres. Le comité a siégé à
plusieurs reprises et nous sommes sur le point d'adopter une procédure
précise d'approbation et de modification des programmes. Le
comité a également établi quelles étaient les
responsabilités propres au ministère de l'Education et quelles
étaient les responsabilités propres aux universités. C'est
maintenant clair de part et d'autre, les universités ont la
responsabilité, comme dans les autres domaines, de mettre au point les
programmes et de les dispenser. Mais ces programmes doivent répondre aux
objectifs qui ont été clairement établis par le
ministère via ses directions générales d'enseignement.
Et enfin un troisième comité a été mis sur
pied
pour étudier, de façon plus précise, le programme
de la formation des maîtres de niveau collégial.
Il y a un quatrième comité qui est un sous-comité
du comité conjoint du ministère de l'Education et de
l'université qui s'attache, de façon plus spécifique,
à trouver une solution concrète au problème de la
formation pratique des futurs maîtres.
M. Léger: Sur le plan provincial et régional, le
ministre peut-il faire le bilan de ce qui s'est passé au niveau du
programme de baccalauréat? Sur le plan provincial, il devait y avoir un
projet au niveau d'un programme de baccalauréat.
M. Lachapelle: Perfectionnement des maîtres de
l'enseignement professionnel?
M. Léger: Au lieu d'une maîtrise, d'un doctorat, au
niveau du baccalauréat sur le plan provincial. La reclarifier à
une autre occasion, parce que je n'ai pas ici avec moi, le "clipping " qui me
permettait d'avoir...
M. Lachapelle: Plus tard?
M. Léger: Oui, à l'intérieur d'une des
grandes priorités du ministère de l'Education,
c'est-à-dire celles concernant le perfectionnement des maîtres,
dont on vient de parler, surtout au niveau du secteur professionnel, le
ministère était censé avoir prévu un programme
permettant le recyclage des professeurs dans les industries, afin qu'ils
puissent rattraper le retard souvent considérable accumulé au
cours des années. Des stages avaient même été
prévus. Est-ce que le ministre peut me donner plus de
détails?
M. Lachapelle: Le programme du perfectionnement des maîtres
professionnels a été mis au point, d'ailleurs cette
fois-là, il faut peut-être le souligner, en accord complet avec la
centrale de l'enseignement du Québec. Il a été comme
projet et ensuite comme programme de baccalauréat, et a
été mis au point avec les universités, il y a deux volets
successifs dans ce programme. Le premier, qui a été lancé
il y a deux ans, ne couvrait que la formation psycho-pédagogique, donc
l'équivalent de trente crédits en méthode d'enseignement,
le statu quo formation des maîtres proprement dit et qui a
été donné, par les universités, sous forme d'un
certificat de plan de crédit.
La deuxième étape consistait à développer ce
programme de perfectionnement, pour permettre d'atteindre un
baccalauréat complet en formation pour les enseignants du professionnel.
Un baccalauréat complet comprend les 30 crédits de
psycho-pédagogie déjà mentionnés;
deuxièmement, un approfondissement dans la matière
enseignée ou dans la technique enseignée et troisièmement
un élargissement de la formation générale ou des
connaissances générales. Ce programme se donne à temps
partiel, pour l'essentiel. J'imagine que nous avons ici les chiffres des
inscriptions. Cela se donne, dans l'ensemble de la province et via le
réseau universitaire au complet. Je pense que toutes les
universités francophones y participent, sauf peut-être Laval, si
je ne me trompe pas.
L'université du Québec et celle de Sherbrooke participent
au programme.
Au niveau des 30 crédits, nous avons 862 inscriptions
maîtres-étudiants; au niveau des 90 crédits, on a 2350
maîtres-étudiants inscrits.
M. Léger: Vous voulez dire des maîtres qui sont des
étudiants à ce moment-là.
M. Lachapelle: C'est cela. La recherche
M. Léger: D'accord. Maintenant, je reviens sur une
question de tantôt. Quelles sont les sommes dépensées par
le gouvernement fédéral, dans le domaine de la recherche, par le
biais du Conseil des arts et de ses principaux conseils de recherche? Il serait
intéressant de le savoir. Vous devez avoir des statistiques
là-dessus, le Conseil du centre de recherche, Conseil national de
recherche médicale.
M. Lachapelle: On a des statistiques sur les subventions
données par les grands organismes aux chercheurs des différentes
universités, et on a également des chiffres qui donnent la
position relative des universités du Québec par rapport aux
autres universités du Canada. Par exemple, le pourcentage de fonds de
recherche donné aux professeurs de telle ou telle université
québécoise, par rapport à celui donné aux
professeurs de telle ou telle université ontarienne.
Si vous voulez plus de détails, nous avons les données
pour différentes périodes. Pour l'année, par exemple,
1974/75, on a un total qui est appelé ici, autres sources, qui comprend
tout, Conseil des arts, Conseil médical de la recherche. Alors, dans le
cas de l'Université Laval, on a presque $10 millions; on a $11 millions
dans le cas de Montréal; $782 000, HEC; $1 million, Polytechnique; $4,3
millions, Sherbrooke; $468 000, l'UQAM; $105 000, l'UQTR; $219 000, l'UQAC;
$100 000, l'université du Québec à Rimouski; pour un total
des universités francophones de $29 millions, un total des
universités anglophones, $16 millions, pour un grand total de $45,8
millions.
M. Léger: Comment se fait-il que la proportion des
universités anglophones qui sont moins nombreuses ont un pourcentage
pratiquement de plus que la moitié?
M. Lachapelle: II faut considérer l'effort, je pense, que
le Québec fait. Si on regarde les proportions de subventions de
recherche qui sont accordées par le gouvernement provincial, dans le
cadre du programme FCAC, auquel vous avez fait allusion tout à l'heure,
on voit que les pourcentages augmentent constamment, d'une année
à l'autre. Par exemple, la proportion en 1972/73 était de
28,5%, elle est devenue 30,9% en 1973/74 et à 32,3%. Donc, elle
s'en va en s'accélérant, en s'ac-centuant d'année en
année.
Alors, la part FCAC est de plus en plus importante et c'est
précisément le rôle de FCAC de venir combler un peu les
défaillances, si mon expression est bonne, en ce qui concerne les
subventions de recherche venant d'autres sources.
M. Léger: Quel est le pourcentage de ces $45 millions
versés par le gouvernement fédéral sur l'ensemble des
sommes versées pour les mêmes raisons à l'ensemble du
Canada?
M. Lachapelle: Tout dépend de l'initiative des chercheurs,
en réalité. Par exemple, en ce qui concerne les subventions au
Conseil des arts, il est possible simplement qu'il y ait plus de demandes
faites par les chercheurs anglophones, dans l'ensemble du Canada, par rapport
aux demandes qui ont été faites effectivement par les chercheurs
francophones. Il faut tenir compte du fait qu'on a beaucoup moins, au niveau
francophone, de diplômés au niveau du troisième cycle. Par
conséquent, on a proportionnellement moins d'individus chercheurs
susceptibles de faire des demandes à ce niveau, mais, encore là,
il y a rattrapage.
M. Léger: Quand on fait de la recherche, cela ne veut pas
dire qu'on a réellement trouvé.
M. Lachapelle: Je pense qu'il est important de dire que nous
n'avons pas le chiffre que vous voulez, c'est-à-dire combien les
organismes qui accordent des subventions donnent à l'Ontario par rapport
à ce qui est donné aux universités du Québec. Mais,
comme je le disais tantôt, dans un autre document qu'on n'a pas ici, on a
les moyennes pondérées par chercheur, en faisant des comparaisons
avec d'autres provinces.
M. Léger: Mais il doit, quand même, y avoir dans le
budget fédéral une somme qui est affectée
précisément à ce domaine pour l'ensemble du Canada. Je
sais qu'en 1973/74, si je ne m'abuse, le total du Canada était de $121
millions, là, vous me donnez 1974/75. Alors, quelle est la somme qu'il
peut y avoir dans le budget fédéral pour cela en 1974/75
comparativement aux $45 millions qui ont été versés au
Québec?
M. Lachapelle: Ce n'est pas nous qui avons cela.
M. Léger: Vous ne l'avez pas?
M. Lachapelle: M. le Président, remarquez bien que je
comprends la préoccupation du député de Lafontaine, mais
c'est un chiffre que nous n'avons pas. Aussi, je pense qu'au niveau du
fédéral c'est un fait qui est connu de tous que ces budgets de
recherche sont distribués dans plusieurs ministères. Peut-on
raisonnablement mettre les morceaux ensemble pour avoir une image totale? Cela
m'apparaît, d'abord, une tâche qui n'est pas la nôtre.
M. Léger: Je croyais qu'il y avait dans le budget
fédéral, comme vous l'avez dans le budget
québécois, une somme qui est affectée aux subventions des
provinces.
Pendant qu'on cherche ces chiffres, le ministre peut-il nous dire
comment s'effectue la coordination entre la politique de recherche du
Québec et celle du fédéral? Existe-t-il des ententes
communes sur les priorités?
M. Lachapelle: Je n'ai pas saisi.
M. Léger: Je parle de la coordination qui peut exister
entre la politique de recherche du Québec et celle du
fédéral. Y a-t-il des ententes communes sur les priorités
et est-ce qu'il y a une coordination entre le fédéral et le
provincial? Y a-t-il eu des ententes communes sur les priorités de la
recherche?
M. Lachapelle: Non, il n'y a pas d'ententes entre le
Québec en particulier et le gouvernement fédéral quant
à une politique commune de recherche, non plus même que sur une
politique de subvention à la recherche et non plus que sur
l'identification de thèmes ou de priorités de recherche.
Dans le cadre des démarches du Conseil des ministres de
l'Education du Canada avec le gouvernement fédéral, à
propos de la recherche, il a été tenté à plusieurs
reprises d'établir non pas un organisme formel, mais une table qui se
réunirait périodiquement pour pouvoir, d'une part, harmoniser les
politiques fédérales de subvention à la recherche
universitaire et les politiques des provinces et, d'autre part, pour pouvoir
discuter ou convenir de thèmes prioritaires de recherche
universitaire.
Donc, c'est pour le volet de la recherche universitaire. Dans le domaine
de la recherche scientifique appliquée à l'industrie, qui
relève évidemment d'un autre ministère, je ne crois pas,
non plus, qu'il y ait d'ententes avec le gouvernement
fédéral.
M. Léger: En d'autres mots, il n'y a pas de dossier
Québec-Ottawa là-dedans. Il y a des subventions que le
fédéral se permet de donner, mais qui ne sont pas
déterminées selon des besoins, des priorités ou des
politiques du Québec là-dedans.
M. Lachapelle: Là-dessus, faudrait-il indiquer que le
document auquel je faisais allusion tout à l'heure, ce plan de
développement ou cette élaboration de politique scientifique pour
le Québec, devrait avoir nécessairement comme une de ses
dimensions importantes cet aspect que soulève le député de
Lafontaine. Autrement, une politique scientifique au Québec, qui ne
tiendrait pas compte ce cela ou qui ne verrait pas à voir ce qu'il y a
à faire dans ce secteur pour nous vis-à-vis du
fédéral, me semblerait être une politique
incomplète. Alors, nous allons le traiter de façon exhaustive,
c'est bien sûr.
M. Léger: Mais le Québec a-t-il eu son mot
à.
dire dans le gel des subventions fédérales ainsi que dans
la baisse des budgets dans la recherche industrielle? Par exemple, une
diminution de $10 millions au Québec qui a quand même eu une
conséquence grave sur l'industrie québécoise et le terme
mis au programme d'encouragement à la recherche industrielle, le IRDI,
programme qui coûtait au fédéral de $20 millions à
$30 millions par année, sous forme de dégrèvements
fiscaux.
M. Bienvenue: La réponse est non, M. le
Président.
M. Léger: On peut dire quand même... Et je ne
blâme pas le ministre actuel. Je voudrais que le ministre sente que je
l'appuie de ce côté de façon qu'il voit à mettre un
peu plus de poids dans les revendications auprès du
fédéral. Il n'est pas normal que le Québécois, qui
paie la moitié de ses impôts au fédéral, n'ait pas
son mot à dire sur la façon dont cet argent est
dépensé. Est-ce que c'est selon nos priorités, selon nos
besoins, selon nos politiques et si ce n'est pas le cas, à ce moment, il
est malheureux qu'il y ait deux paliers de gouvernement qui déterminent
des dépenses dans tel ou tel domaine alors qu'il y en a un qui a la
responsabilité juridique, qui est le provincial, qui est le
Québec et qui n'a pas son mot à dire, ni pour les prochaines
sommes, dépendant de ses besoins, ni sur les coupures qui peuvent
arriver sans avoir eu une entente conclue.
Je dis que le ministre n'a pas à se gêner. Ce n'est pas
parce que le Parti québécois est là qu'il faut craindre de
l'affirmer. On est là pour essayer d'obtenir le plus possible.
D'ailleurs, on a servi assez longtemps d'épouvantail à moineaux.
Maintenant, le Parti québécois peut appuyer davantage devant les
possibilités du réveil québécois afin que le
fédéral soit beaucoup plus souple dans ses ententes et dans ses
subventions dans les domaines qui relèvent de la juridiction
provinciale.
M. Bienvenue: Sur cette question, on devrait
nécessairement traiter, je le répète, dans le cadre de la
préparation d'un plan de développement pour la science et la
technologie au Québec. Appelons-le la politique scientifique du
Québec. J'en conviens avec le député de Lafontaine.
M. Léger: Une dernière question dans ce domaine. Je
l'avais posée ce matin mais cela ne relevait pas du ministre de
l'Education. Cela relève plutôt du ministre actuel.
Nous avons reçu plusieurs lettres provenant d'étudiants en
optométrie et également de l'Association des étudiants en
optométrie de l'Université de Montréal concernant la
différence de longueur de cours et de valeur du diplôme qui existe
actuellement en optométrie entre ce qui se donne au Québec et ce
qui se donne en Ontario.
En Ontario, à l'Université de Waterloo, c'est un cours de
quatre ans conduisant à un doctorat en optométrie et, au
Québec, c'est un cours de trois ans, c'est-à-dire sept semestres
et 131 crédits pour une licence en optométrie.
Je voudrais savoir ce que le ministère peut faire pour
atténuer cette disparité entre les deux systèmes.
M. Lachapelle: On a reçu ces lettres et on y a
répondu. On a une copie du projet de lettre de réponse qu'on a
apportée ici. La position du ministère a été
clairement établie. Pour un diplôme de premier cycle, c'est une
entente entre le ministère et les universités et cela fait
suite à un avis du Conseil des universités que tout
diplôme de premier cycle devrait comporter 90 crédits et devrait
se faire en trois ans, y compris dans les secteurs professionnels.
D'ailleurs, il est admis que, dans les secteurs professionnels et plus
particulièrement, à l'intérieur du secteur de la
santé, il peut y avoir des exceptions au nombre maximal de 90
crédits et on peut aller à 100, 105 ou 110 crédits et
c'est le cas d'ailleurs de l'optométrie. On peut dépasser les 90
crédits. La position veut que le baccalauréat de 90
crédits permet d'obtenir un diplôme du premier cycle valable.
Rien n'empêche éventuellement ou plus tard de mettre sur
pied un programme de maîtrise en optométrie. C'est une politique
générale qui a été clairement établie et
vous n'ignorez pas qu'on subit beaucoup de pression pour allonger les cours et
il ne semble pas que c'est le sens dans lequel on doit aller.
M. Léger: D'accord. En ce qui nous concerne, le programme
d serait adopté, concernant le Conseil des universités. Le
programme 11 et le programme 12.
Le Président (M. Pilote): Les programmes 11 et 12 ainsi
que leurs éléments. Adopté?
M. Léger: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté, Programme 13.
Formation générale et socio-culturelle des adultes, incluant
Multi-Media.
Formation professionnelle des adultes
M. Léger: Je vais avoir différentes questions
touchant les programmes 13, 14 et 17 ensemble: Formation générale
et socio-culturelle des adultes, incluant Multi-Media. Si cela existe encore.
Gestion interne des adultes et formation professionnelle des adultes.
Le ministre peut-il faire le point sur l'effet, dans les principales
régions du Québec, des restrictions budgétaires
décrétées par le ministère fédéral de
la Main-d'Oeuvre.
Il semble que, si la région de Québec n'a pas
été très touchée, d'autres l'ont été
gravement au niveau de la session d'hiver. Je pense à l'Estrie, la
Côte-Nord, l'Outaouais et Montréal.
M. Lachapelle: C'est exact. Il y a aussi eu, je pense, un
déplacement dans les priorités.
Présentement, l'application courante et les accords qui existent
entre le Québec et le fédéral sont entre les mains d'un
comité conjoint qui décide de la programmation ainsi que de
l'allocation des ressources.
C'est un comité de fonctionnaires qui est composé à
partie égale de fonctionnaires fédéraux et de
fonctionnaires provinciaux et, dans le cas qui nous intéresse, ce
comité, d'une façon unanime, a, en septembre ou en octobre
dernier, sauf erreur, statué sur l'allocation des ressources et sur un
déplacement également des priorités vers ceux qui
étaient sans emploi. La préoccupation, je le
répète, étant... Parce que c'était quand même
le but premier de ce programme lorsqu'il a été formé.
Je ne m'arrête pas au mérite pour l'instant. C'était
de s'adresser aux sans-emploi et de faire en sorte qu'on puisse recycler les
gens en chômage.
Or, la décision, effectivement, avait pour but, compte tenu du
chômage assez élevé qui existait à cette
époque, de pourvoir davantage aux besoins des sans-travail.
Il est bien évident que cela a créé une dislocation
et je pense que vivre ce genre de dislocation un an est plus qu'il ne faut dans
la vie d'une société et particulièrement dans ce secteur
si important de l'éducation des adultes et de la formation
professionnelle.
C'est la raison pour laquelle et une des raisons, devrais-je dire,
et non pas la seule... plusieurs bonnes raisons et on aura peut-être
l'occasion d'y revenir au cours des discussions qui vont suivre, dans les
minutes qui viennent nous sommes en voie de préparer une politique
totale de l'éducation des adultes ici pour le Québec.
M. Léger: Mais le problème majeur est quand
même que nous sommes à la merci du fédéral,
là-dedans, actuellement. On contrôle très mal ce secteur et
je dirais même, par exemple... J'en ai parlé dans mon introduction
au début de l'étude des crédits.
Le 4 juillet dernier, le ministre Robert Andras déclarait et je
cite: "La formation professionnelle est le moyen le plus important dont dispose
le gouvernement fédéral pour assortir l'offre de la main-d'oeuvre
à la demande". Ces propos montrent l'approche purement économique
du gouvernement fédéral du problème de l'éducation
des adultes par rapport à la véritable approche qui est
pédagogique. Cette approche fédérale est significative
parce que le gouvernement fédéral finance à 80%
l'éducation des adultes.
Alors, lors de l'étude des crédits, l'an dernier, le
ministre qui vous a précédé le ministre Cloutier
avait souligné que la renégociation de l'accord
fédéral-provincial serait sujette à des études
préliminaires touchant les relations entre une politique de formation
professionnelle et une politique de main-d'oeuvre et les objectifs de formation
et les objectifs économiques.
Qu'est-ce qui ressort de ces études dont les résultats
seront les assises de la politique de l'éducation des adultes? Je pense
que c'est le point fondamental, la plaque tournante d'une politique
québécoise là-dedans.
M. Lachapelle: Je suis tout à fait d'accord sur les points
soulevés par le député de Lafontaine. D'ailleurs, ce que
le ministre Cloutier a dit l'an dernier est tout à fait exact aussi et
c'est la raison pour laquelle j'ai commandé au ministère, en
fait, assez rapidement après mon arrivée, après avoir fait
le tour des questions qui m'apparaissaient les plus importantes, que l'on
dresse une politique totale de l'éducation des adultes ici au
Québec, politique qui, nécessairement, englobera cette dimension
particulière et aussi toutes les autres qu'on pourrait imaginer. Cette
politique, comme je l'ai souligné il y a quelques instants, devrait
être disponible en septembre ou en octobre afin que,
précisément, nous ayons, parce que c'est à ce moment, je
pense, qu'on va activer la machine en ce qui regarde les négociations
avec le fédéral, que nous ayons les éléments, les
outils nécessaires pour avoir une situation qui soit supérieure
à celle qui existe présentement.
Je conviens que ce n'est pas une situation qui est totalement
satisfaisante. Elle se doit d'être améliorée d'une
façon significative avant qu'on puisse prétendre qu'elle sert
complètement les intérêts du Québec.
D'autre part, j'aimerais cependant attirer l'attention du
député de Lafontaine sur la considération suivante: S'il
est vrai qu'on ne peut pas, dans le cadre de telles activités, regarder
exclusivement la dimension économique ou la portée
éminemment ponctuelle et pragmatique des choses qu'on fait, il faut
qu'il y ait quand même cet élément qui continue à
exister. La situation qu'il faut éviter, c'est que cette
considération devienne exclusive et omniprésente. Mais, je pense
qu'on ne peut pas éviter le fait que, si on s'adresse au recyclage des
sans-emploi... Qu'est-ce que vous voulez, si le bonhomme était plombier
et s'il faut lui apprendre un autre métier, on va faire en sorte qu'il
puisse l'apprendre d'une façon éminemment pragmatique. Je ne
pense pas qu'on puisse le livrer à des cours de philosophie et
d'histoire, parce que ce qu'il lui faut, c'est son gagne-pain. Mais je veux
dire que cette dimension, il faut qu'elle soit présente et continue
à exister, mais qu'elle soit mariée d'une façon plus
élégante, je dirais, avec cette autre forme d'éducation
des adultes qui, elle, se veut plus complète quant à la formation
de l'individu comme homme et comme citoyen.
M. Léger: Maintenant, qui dit politique d'éducation
des adultes dit en même temps politique de main-d'oeuvre, mais qui dit
politique de main-d'oeuvre, cela veut dire en même temps le
contrôle des ressources financières pour réaliser ces
objectifs.
Partant de ce principe, comment le ministre peut-il concilier la
présence du fédéral dans ce domaine avec le désir
d'avoir son mot à dire dans ce même domaine? Les restrictions
budgétaires fédérales ne sont-elles pas justement un
exemple
précis de l'impuissance du Québec à contrôler
ce qui se passe sur son territoire? J'ai un exemple. Le fédéral a
dépensé pour les seuls programmes de formation et de
main-d'oeuvre en 1973/74 $126 millions. Jusqu'à quel point le
fédéral essaie-t-il également d'influencer
l'élément de l'orientation des programmes comme prérequis
à sa contribution financière?
M. Lachapelle: Je pense avoir signalé que, quand on parle
d'orientation des programmes aussi bien que de l'envergure des ressources qui y
seront consacrées, ceci, suivant les accords actuels, est tranché
par ce comité conjoint dont je parlais tout à l'heure. Il est
composé également de représentants québécois
et de représentants fédéraux. Ce sont eux qui examinent la
situation et qui ont ce mandat de trancher.
M. Léger: Celui qui a l'argent a beaucoup plus de
poids.
M. Lachapelle: Je ne le conteste pas. C'est pour cela que j'ai
signalé que nous nous devons de faire en sorte que, dans cette nouvelle
politique d'éducation des adultes qui constituera cette assise pour la
renégociation des accords avec Ottawa, nous ayons
déterminé quelles sont nos priorités. Ceci une fois
établi, s'il y a des gestes ou une programmation qui est mise en route,
qui satisfait à nos priorités et que l'argent vient d'Ottawa pour
ce faire, je ne m'en trouve absolument pas scandalisé. Mais, ce qui
importe, cependant, c'est que nous soyons totalement satisfaits et que les
priorités poursuivies soient les nôtres.
M. Léger: Mais vous n'avez aucune garantie que les
priorités poursuivies vont être les vôtres?
M. Lachapelle: Ecoutez, si...
M. Léger: Ce comité est là pour permettre
que le Québec...
M. Lachapelle: En vertu de l'accord actuel, mais
j'évoquais surtout cet accord futur et à transiger de nouveau. Je
pense que c'est dans cette perspective que...
M. Léger: Le ministre a bon espoir...
M. Lachapelle: ... que j'ai tenu ces propos.
M. Léger: ... que les conclusions de cette entente vont
être dans la direction qu'il désire?
M. Lachapelle: Nous allons y travailler. Il y aurait
peut-être un élément additionnel à ajouter ici.
Ce n'est pas une question de trancher la chose, mais d'ajouter un
éclairage. Dans ce comité conjoint
fédéral-provincial, le ministère fédéral de
la main-d'oeuvre avec le ministère provincial de la main-d'oeuvre ont le
gros mot à dire sur l'identification des besoins de perfectionnement,
l'identification des contingents de person- nes à former dans tel ou tel
métier, dans telle ou telle technique, mais le contenu de formation est
déterminé librement et entièrement par le ministère
de l'Education du Québec. Il y a là une nuance à apporter
quant à la domination fédérale en matière de
formation professionnelle des adultes.
M. Léger: D'accord. En remplacement de la
préparation immédiate d'un livre blanc sur l'éducation des
adultes, le ministère a choisi de mettre l'accent sur une demi-douzaine
de problèmes immédiats qui seraient susceptibles de recevoir des
solutions immédiates. Parmi ceux-ci, il y a le problème du statut
de l'éducateur aux adultes ainsi que de la renégociation de
l'accord fédéral-provincial, je pense, celui dont on parlait
tantôt. Il y a également l'expérimentation de nouvelles
formules pédagogiques afin que l'enseignement aux adultes soit à
leur mesure et les subventions aux organismes volontaires voient
l'éducation populaire aussi.
J'aimerais que le ministre me parle de ses solutions à court
terme. Le ministre nous avait dit que le livre blanc était plus à
long terme, mais il y avait six choses à faire immédiatement.
Où en est-on rendu dans ce que je viens de mentionner?
M. Lachapelle: Les actions ponctuelles auxquelles faisait
allusion le ministre Cloutier ont eu des suites. Le statut de
l'éducateur permanent, je pense bien que dans le cadre des
négociations qui se déroulent présentement il y a des
éléments qui nous apparaissent importants pour le moins quant
à la valorisation de ce statut. Le secteur des organismes volontaires
d'éducation populaire en est un qui a reçu une attention
substantielle. Quant à la renégociation des ententes, je pense
l'avoir signalé au député de Lafontaine, les gestes que
nous posons ont pour but de nous faire acquérir tous les outils requis
pour bien engager pour les meilleurs intérêts du Québec.
Cela m'apparaît être à peu près les actions
ponctuelles les plus évidentes. Mais je persiste à croire
qu'au-delà de ces actions ponctuelles auxquelles je reconnais quand
même une nécessité évidente, quant à moi, je
trouve éminemment important que dans ce secteur d'éducation des
adultes qui est en croissance marquée ici au Québec, nous nous
devons d'avoir un portrait d'ensemble qui se voudra le point de départ
d'actions ponctuelles, peut-être différentes de celles que nous
connaissons présentement, des actions ponctuelles actuelles, mais
modifiées. Quoi qu'il en soit, nous aurons un cadre de
référence qui nous permettra des actions beaucoup plus
cohérentes et mieux articulées.
M. Léger: II y a au Québec environ 3700 enseignants
à l'éducation des adultes dont près de 2200 au
collégial et 1500 au niveau primaire et secondaire. Ces enseignants qui
enseignent pourtant dans un domaine qui est appelé à prendre une
place prépondérante dans notre société sont souvent
mal payés et oeuvrent, à cause de l'absence de convention
collective, dans des conditions infé-
rieures à celles de leurs confrères du secteur
régulier. Les oeuvres gouvernementales n'étant pas de nature
à améliorer cette situation puisqu'elle ne touche pas le secteur
de l'éducation des adultes. Est-ce que le ministre trouve cette
situation normale et est-ce qu'il a l'intention de la corriger?
M. Lachapelle: M. le Président, je me sens vraiment mal
à l'aise de parler de cette question précise ici si ce n'est que,
sauf erreur, elle tombe clairement et nettement dans le cadre des
négociations qui ont cours présentement.
M. Léger: Avez-vous de bonnes offres là-dessus
actuellement sur la table de négociation?
M. Lachapelle: Je le pense, je le crois. Je crois
sincèrement que c'est un secteur qui a reçu beaucoup d'attention,
mais encore là, même si je le crois, je ne voudrais pas le
proclamer à cette table, parce que je pense que ce n'est pas la place
pour le faire. C'est tout simplement cela. C'est clairement une question qui
tombe dans un secteur qui déborde le cadre de cette commission.
M. Léger: Quelles sont les mesures que le ministre a
l'intention de mettre de l'avant pour que la profession d'éducateur des
adultes soit pleinement reconnue et cesse d'être une profession de
deuxième classe pour un domaine de l'enseignement aussi important?
Est-ce qu'en plus des questions pécuniaires, il y a quand même
d'autres méthodes?
M. Lachapelle: Encore là, M. le Président, vraiment
je regrette cette réponse qui va apparaître tronquée ou
délibérément arrêtée ou du moins
diluée que je vais donner au député de Lafontaine, mais
les propositions que nous discutons présentement dans le cadrades
négociations comportent des éléments que nous jugeons
extrêmement valables dans le cadre de ce qui est exprimé par le
député de Lafontaine. Mais il me semble que je ne peux pas les
donner ici parce que ce n'est pas la place tout simplement, il me semble.
M. Léger: Le ministre a l'air tellement tourmenté
que je ne lui poserai pas davantage de questions à ce sujet.
Est-ce que le ministre peut nous dire où en est rendu le plan du
ministère qui devait déboucher sur un projet de
réglementation touchant les programmes, l'évaluation, la
certification, la politique d'équivalence, la formation dite sur mesure,
la possibilité d'entrée et de sortie continue au cours de
l'année, la politique d'aide personnelle, le problème de
l'intégration et de la formation générale à la
formation professionnelle?
M. Bienvenue: J'en profite pour vous présenter M. Lucien
Parent, de la direction générale de l'éducation des
adultes. Je pense bien qu'il sera en mesure de répondre à votre
question.
Disons que vous avez posé toute une série de questions qui
m'amènent à être assez bref dans mes réponses. Je
relie, aux projets du développement pédagogique, les projets de
cours de ce qu'on appelle d'entrée périodique et de sortie
continue. Eh bien! justement, ça s'inspire de la préoccupation
pédagogique que nous avons de nous pencher sur l'enseignement
individualisé pour les adultes. Il y a sept commissions scolaires
actuellement qui commencent, en 1976/77, cette nouvelle modalité
d'organisation qu'on appelle d'entrée et de sortie continue.
C'est assez facile à dire, mais, au niveau de l'organisation,
cela nous apparaît être assez complexe et c'est pourquoi, dans les
sept commissions scolaires, sur un ensemble peut-être pas gros, on veut
s'assurer de la qualité, parce que cette modalité d'organisation
est très onéreuse au point de vue pédagogique de la part
des professeurs.
La question d'attestation d'études qui est reliée à
cette entrée et surtout à la formation des adultes, on peut dire
qu'elle a déjà trouvé une solution dans les années
passées, sans vous dire que c'est très satisfaisant. Cependant,
lorsqu'un adulte exprime le besoin d'avoir une certification officielle,
c'est-à-dire un diplôme qui a la même équi-valance
que celui de l'élève régulier, il y a des ententes avec
les réseaux, qu'on appelle collégial ou secondaire, et l'adulte
qui veut avoir le diplôme, le vrai document qui est exigé,
naturellement, est astreint à peu près à la même
formation pour que le diplôme lui-même ait une valeur officielle au
point de vue de la société. On a solutionné le
problème de l'adulte, c'est-à-dire de celui qui vient se former,
non pas simplement avec l'objectif d'un diplôme, mais qui vient se
chercher un papier de revalorisation, c'est-à-dire une attestation
d'études que l'on peut identifier comme une aptitude à faire
quelque chose. C'est pourquoi le ministère émet un document qui a
la forme suivante, c'est-à-dire qui atteste que l'individu est apte
à faire quelque chose. Au verso du document, vous avez la série
de cours qu'il a suivis pour montrer que ce n'est peut-être pas un
diplôme complet, mais qu'il est apte à faire une chose dans la
discipline qu'il a suivie.
Ceci m'apparaît être un pas vraiment intéressant dans
la formation des adultes.
M. Léger: Ou même pour les personnes qui veulent
uniquement avoir de la connaissance sans nécessairement avoir un
diplôme.
M. Bienvenue: Exactement, et c'est pourquoi il y a les deux types
de documents que je viens d'énumérer.
Multi-Media
M. Léger: D'accord. Maintenant, M. le Président,
l'an dernier, le programme Multi-Media a été volontairement
limité par le ministre Cloutier aux trois régions qu'il dessert
depuis son lancement. Une des raisons invoquées par le ministre, c'est
la trop grande politisation du milieu entreprise par Multi-Media et la
nécessité
de tout repenser le rôle de celui-ci, malgré des
expériences très fructueuses comme celle qui a eu lieu à
Rivière-des-Prairies, que je connais bien, qui est dans mon
comté. Le ministre, avant de prendre une décision sur l'avenir de
Multi-Media, avait demandé un rapport d'évaluation au
complet.
Est-ce que ce rapport est terminé et quelles en sont les
principales conclusions?
M. Bienvenue: Non, M. le Président, le rapport n'est pas
terminé. D'ailleurs, encore récemment, nous avons
décidé, j'attends les documents à cet effert pour pouvoir
les parapher comme il se doit, de procéder à un sondage et
à une étude fort exhaustive de l'utilité qu'a pu avoir
jusqu'à maintenant Multi-Media, de la perception qu'en a le public en
général, de la perception qu'en ont les clientèles
auxquelles Multi-Media est destiné et aussi de nous permettre de cerner
davantage quels sont les acquis dont on pourrait tirer profit dans une
reformulation possible de ce type d'éducation populaire.
Multi-Media, tel que nous le connaissons présentement, est
clairement dans une phase de "phasing out".
M. Léger: Pourquoi?
M. Lachapelle: Parc que nous avons retenu, comme preuve prima
facie... D'ailleurs, il s'agissait d'une expérience pilote, il faut le
souligner, la preuve, c'est que tous ceux qui y travaillent sont des
occasionnels. Cela a été clairement décrit comme
étant une expérience pilote. Cette expérience pilote en
est une qui, présentement, est en voie de déphasage.
Nous prévoyons que ce type d'activité, tel quel, tel que
nous le connaissons présentement, en est un qui sera appelé
à être remplacé par d'autres formules qui, elles, pourront
tirer avantage des acquis que Multi-Media nous aura donnés et qui
pourront être encore mieux adaptés aux besoins de la
population.
Quant à moi, je n'évoque pas cette dimension de
politisation possible de Multi-Media, mais, sur le plan pédagogique
même, comme activité d'éducation populaire, je pense qu'on
pourrait trouver une formule supérieure à celle-là.
M. Léger: II faut quand même admettre que OVEP comme
Multi-Media, tous les organismes qui sont voués à
l'éducation populaire ou à la sensibilisation des citoyens
à leurs problèmes, pour leur permettre de s'unir, de cerner les
difficultés, de trouver des solutions ensemble et de faire des pressions
pour les corriger, était quand même une initiative très
louable. J'ai vu, dans plusieurs endroits, particulièrement à
Rivière-des Prairies, des citoyens qui, devant des problèmes,
soit d'ordre de construction domiciliaire mal faite, soit des problèmes
d'homologation, soit des problèmes d'expropriation, soit des
problèmes de besoin d'hôpitaux dans leurs milieux, ou
différents besoins qui sont cernés par des gens du milieux qui en
souffrent... C'était une occasion d'éveiller une conscience
populaire et une prise en main de solutions à leurs
problèmes.
Je trouverais malheureux que ces expériences ne puissent pas
être continuées parce que c'était un endroit particulier
où chaque citoyen avait la chance de rencontrer chez son voisin, une
même préoccupation et la possibilité, en étant unis,
de trouver des solutions à ces problèmes.
Je pense que le fait qu'on a diminué le budget de moitié
cette année, de $1 million à $500 000, est une chose qui est
malheureuse. Je voudrais demander au ministre quel est l'avenir que le
ministère réserve à Multi-Media et à OVEP au
ministère?
M. Lachapelle: Je pense qu'il faudrait distinguer Multi-Media et
OVEP. Ce sont deux questions tout à fait différentes. Je
comprends que cela s'inscrit dans ce cadre plus global d'éducation
populaire, mais, si vous me le permettez, pour les fins de la discussion, on va
les différencier.
Dans le cas de Multi-Media, je répète et je pense que
personne n'a été trompé, nous avons dit dès le
départ, le ministère l'a dit à l'époque, qu'il
s'agissait d'une expérience pilote. Là-dessus, je crois que les
faits sont là pour démontrer que ces déclarations ont
été faites autant comme autant, ajoutant à cette preuve
que tout le personnel qui s'y trouve est composé d'employés
occasionnels.
Ceci dit, je répète que l'examen que nous en avons fait au
ministère et que j'en ai fait personnellement, là-dessus, je
pense bien qu'il y a eu beaucoup de travail qui s'est fait au niveau des
fonctionnaires, nous nous devons de penser à une formule
différente qui pourrait être améliorée, sans doute,
mais qui va s'attarder encore à l'éducation populaire, si on peut
trouver une technique qui est valable. Je pense bien que, dans le cadre de
l'élaboration de cette politique globale de l'éducation des
adultes, on va en traiter d'une façon exhaustive.
Pour l'instant, la technique actuelle qui s'appelle Multi-média,
en est une que nous jugeons qui se doit d'évoluer dans quelque chose qui
peut être différent. C'est ce que nous recherchons
présentement d'une façon plus immédiate. Je le
répète, je pense bien qu'en septembre ou octobre, lorsque nous
aurons notre document sur la politique d'éducation des adultes, on en
fera écho. Tout le monde alors aura l'occasion de réagir.
M. Léger: D'accord. En ce qui nous concerne, nous n'avons
pas d'autres questions. Il y en aura plusieurs qui pourront revenir au cours de
l'année, plus détaillées et adaptées.
Je voudrais simplement remercier le ministre pour les réponses
qu'il m'a données, ainsi que son équipe qui l'a bien
secondé, et, en même temps remercier les autres fonctionnaires qui
sont partis, mais qui ont collaboré depuis le début de
l'étude des crédits. Je voudrais simplement souligner que nous
avons fini, malgré la chaleur, à garder certains
députés. Je félicite notamment le député de
Matane, le député de Saint-Maurice et le député de
Jacques-Cartier qui nous ont accompagnés
jusqu'au bout, ainsi que le président, le député de
Lac-Saint-Jean et le ministre, comme de raison. Nous n'avons pas eu quorum,
mais je pense que c'était inutile, continuellement, de réclamer
le quorum avec la chaleur que nous avions.
De toute façon, le ministre ainsi que ses fonctionnaires et
moi-même avons été là jusqu'au bout. Les
crédits nous ont permis, d'abord, de prendre bonne note des
réponses des ministres et de nous assurer que l'année prochaine
les promesses, les engagements, les statistiques, que nous avons notés,
seront réalisés.
M. Lachapelle: M. le Président, vous me permettrez de me
joindre à mon collègue de Lafontaine pour remercier tous ceux qui
nous ont apporté leur appui. Je pense en particulier, tout comme lui,
d'ailleurs à M. Pierre Martin et à son équipe, les
sous-ministres et les autres fonctionnaires, ainsi que les membres de la
commission. En terminant, je veux remercier et féliciter le
député de Lafontaine pour la façon vraiment gen- tilhomme
qu'il a manifestée tout au cours de ces discussions.
M. Léger: C'est ma marque de commerce.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, vous me permettrez,
au nom des membres de cette commission, des députés et ministres,
du personnel de soutien, de remercier les fonctionnaires qui ont bien voulu
assister à cette commission et parfois répondre, à la
demande du ministre, aux questions qui étaient posées. Pour les
fins du journal des Débats et pour la bonne compréhension: Tous
les programmes ainsi que leurs éléments du ministère de
l'Education sont adoptés.
M. Léger: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. La commission
ajourne ses travaux sine die. Merci messieurs.
(Fin de la séance à 17 h 38)