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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Projets de loi nos 2 et 3
Séance du mardi 12 octobre 1976
(Dix heures trente-huit
minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications a été convoquée ce matin pour
l'étude du projet de loi no 2, Loi sur les loisirs et le sport, et du
projet de loi no 3, Loi de la Commission des loisirs et du sport.
Avant de procéder au dialogue, j'aimerais mentionner les membres
de la commission pour la séance d'aujourd'hui. Parmi ceux qui sont
présents, M. Phaneuf, ministre responsable du Haut-Commissariat à
la jeunesse, aux loisirs et aux sports; M. Caron (Verdun), M. Bonnier
(Taschereau), M. Déom (Laporte), M. Léger (Lafontaine), M. Parent
(Prévost), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Tardif (Anjou) et M.
Houde (Fabre).
Sont aussi membres de la commission bien qu'ils ne soient pas encore
présents, M. Bellemare (Johnson), M. Bérard (Saint-Maurice), M.
Charron (Saint-Jacques), M. Choquette (Outremont), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Il y aurait lieu maintenant, pour les membres de la commission, de
désigner un rapporteur de la commission. Pourrait-on suggérer M.
Bonnier, le député de Taschereau?
M. Bonnier: Je pourrais bien faire cela.
Le Président (M. Cornellier): A l'unanimité, M.
Bonnier est désigné comme rapporteur. Au cours de la
réunion d'aujourd'hui, nous aurons à entendre des mémoires
d'un certain nombre d'organismes dont je donnerai ici la liste: l'Union des
municipalités du Québec, la Centrale des patros Inc.,
l'Association des camps du Québec, la Fédération
québécoise du plein air Inc., le Club métropolitain de
Montréal et le Comité de conservation de Montréal, la
Fédération québécoise du canot-camping et le
Service de sécurité aquatique de la Société
canadienne de la Croix-Rouge.
Pour la bonne marche des travaux, j'inviterai les opinants qui se
présenteront ce matin à bien vouloir s'identifier, à nous
présenter leurs collaborateurs et à procéder dans les
meilleurs délais à la présentation de leur mémoire
et, si possible, à nous faire un résumé du mémoire
afin que nous ayons le temps d'entendre le plus grand nombre d'organismes
possible.
S'il y a des changements dans la liste des organismes à se faire
entendre, je pourrai les mentionner au cours de la séance. On me
mentionne, en particulier, qu'il est possible que le Service de
sécurité aquatique de la Société canadienne de la
Croix-Rouge et la Fédération québécoise du plein
air Inc., soient retardés à venir se présenter devant la
commission.
S'ils ne pouvaient le faire aujourd'hui, nous les entendrions demain. La
commission, pour l'information des membres et de nos visiteurs, siégera
jusqu'à 12 h 30 pour reprendre ses travaux à 14 h 30, cet
après-midi, jusqu'à 18 heures. Demain, la commission reprendra
ses travaux à 10 heures et suivra le même horaire, soit
jusqu'à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 heures, si
nécessaire.
Je cède maintenant la parole au ministre responsable du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports.
Exposés préliminaires M. Paul
Phaneuf
M. Phaneuf: M. le Président, avant de débuter et
d'écouter tous ceux qui présenteront des mémoires sur les
projets de loi 2 et 3, je me permets de les remercier pour le travail qui a
été fait, surtout le travail de recherche. J'ai pris le temps de
lire chacun des mémoires qui ont été soumis. Il y a des
pour et des contre. Cela va être assez intéressant, je pense,
comme débat, d'écouter tout ce que les gens ont à dire sur
les projets de loi. Bien sûr, on me reproche comme il est
indiqué dans certains mémoires, ce que j'ai de la
difficulté à accepter une non-consultation. La
consultation a été faite depuis quand même passablement
d'années. Les projets de loi en première lecture sont
déposés depuis un certain temps. Donc, les gens ont eu le temps
de bien vérifier ce qu'il y avait dans les projets de loi. Quant
à la commission parlementaire, volontairement, nous l'avons
retardée pour que les gens puissent prendre le temps de lire les projets
de loi et faire la recherche qui se rapportait aux projets de loi. Cette
commission parlementaire est aussi une consultation sur les projets de loi qui
ont été déposés en première lecture. Les
projets de loi ne sont pas immuables à cette étape-ci. Ils ne
sont pas votés en deuxième lecture, ni en troisième
lecture. Donc, nous allons entendre ceux qui ont des choses à nous dire.
Si des modifications doivent être apportées aux projets de loi,
c'est avec beaucoup de plaisir, je pense, que même l'Opposition
travaillera en collaboration avec le parti au pouvoir pour les apporter de
sorte que cette législation colle davantage aux réalités
des aspirations des Québécois.
Là-dessus, sans vouloir retarder les travaux de la commission,
j'aimerais bien qu'on commence le plus rapidement possible pour pouvoir, si
possible, en deux jours, entendre tous les 18 mémoires qui ont
été présentés. Voilà, à peu
près, tout ce que j'avais à dire. J'aime mieux prendre le temps
d'écouter ceux qui veulent se faire entendre.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. Léger: Contrairement au ministre qui, lui, a
déjà déposé ses projets de loi, c'est là la
réponse du gouvernement à l'attente acceptée ou non de la
population en termes de loisirs et de sport, le Parti québécois,
comme parti d'Opposition officielle à
l'Assemblée nationale, n'a pas eu l'occasion de donner son point
de vue et, normalement, il se serait réservé la période de
deuxième lecture pour exprimer son point de vue sur la situation des
loisirs et du sport au Québec. Malheureusement, du fait que tout le
monde s'attend à une élection rapide et prochaine, c'est
peut-être l'occasion idéale d'en parler avant, de façon
qu'on ne se retrouve pas en pleine campagne électorale sans que la
population soit au courant du point de vue de l'Opposition en ce qui touche le
domaine du sport et des loisirs.
Comme le gouvernement a fait valoir son point de vue par le projet de
loi, je voudrais simplement donner quelques points de vue avant
d'écouter les groupes dont plusieurs sont venus nous rencontrer pour
faire valoir leur point de vue.1 Avant d'entendre ce qu'ils ont
à dire, je voudrais quand même que l'Opposition, qui a un
rôle, je pense, important à jouer avec le gouvernement sur
l'élaboration d'une politique des loisirs, puisse déterminer sa
vision de la situation.
Qu'il me soit permis, au début de ces travaux, que je souhaite
fructueux, de déplorer l'attitude du gouvernement qui n'a pas
jugé bon d'inscrire le projet de loi no 1 créant le
ministère du tourisme, des loisirs et des parcs à l'ordre du jour
de cette commission.
Pour nous, les projets de loi relatifs aux loisirs forment un tout, un,
deux, trois, quatre, et nous n'entendons pas les dissocier. Je me croirai donc
justifié, au cours de ces séances, comme dans ce court
exposé préliminaire, de traiter de ces quatre lois dans leur
ensemble.
Nous, de l'Opposition, nous nous réjouissons de l'occasion qui
nous est offerte, enfin, par le gouvernement, de discuter, sur la base de
textes législatifs, avec les principaux intéressés de ce
vaste domaine du loisir, car il est grand temps que le gouvernement tente de
mettre fin au fouillis qui existe présentement au niveau des
interventions de l'Etat dans le domaine du loisir au Québec, parce qu'au
moins onze ministères, plus particulièrement ceux des Affaires
sociales, du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, celui des Terres et
Forêts entre autres, s'occupent de domaines touchant de près ou de
loin aux loisirs. Ce fouillis est accentué par la tendance normale de
chaque ministère à considérer son domaine comme une chasse
gardée. Pour comprendre l'urgence d'un regroupement des interventions
gouvernementales dans le domaine du loisir, il suffit de se rappeler les
chicanes entre le ministre des Affaires culturelles et celui qui est
responsable du haut-commissariat au sujet des dossiers socioculturels,
l'impasse des travaux du comité interministériel sur la
création d'un ministère des loisirs en juin 1973.
Ce comité n'avait pu que constater le refus de chacun des
ministères impliqués de céder même une faible part
de ses prérogatives. Il y a en outre le fait que, pendant un an et demi,
un projet de loi sur un éventuel ministère des loisirs a dormi
sur les tablettes, et enfin, la promesse non réalisée du discours
inaugural de la session de 1975.
Il est d'ailleurs vrai, M. le Président, que je pourrais
déplorer le retard qu'apportera fatale- ment à nos
délibérations la période électorale imminente, si
je ne devais, au contraire, m'en réjouir quand même, étant
convaincu qu'un gouvernement nouveau et différent poursuivra le travail
commencé avec beaucoup plus de célérité et encore
une plus grande ouverture d'esprit. Donc, si nous nous
réjouissons...
M. Houde (Fabre): On n'est pas prêt de voir se
régler le problème!
M. Léger: ... de voir enfin le gouvernement agir dans ce
secteur, la forme de cette intervention n'est pas sans nous inquiéter
à quelques titres.
Je qualifierais de coquille vide ces projets de loi. Tout d'abord, il
m'apparaît primordial de faire remarquer au gouvernement que la politique
du loisir réclamée par toutes les instances du loisir et du sport
n'est toujours pas préparée et que le fameux livre blanc tant
attendu ne s'est toujours pas matérialisé, à mon avis, du
moins, pas officiellement.
A mon avis, la loi aurait dû être subordonnée
à la présentation de cette politique. Autrement, nous courons le
risque de voir ces projets de loi n'être que des
réaménagements administratifs, vides de sens, ni plus ni moins
une coquille vide.
Dans le contexte actuel, la création du ministère ne
changerait rien à la situation qui prévaut, sauf que toutes les
différentes directions ministérielles seront dorénavant
regroupées.
Je sais que c'est le nouveau ministère qui a pour mandat de
préparer cette politique, mais, en attendant, qu'arrivera-t-il? J'ai
bien peur que chacune des directions administratives continuera à faire
son affaire comme auparavant et que la main droite continuera d'ignorer ce que
fait la main gauche.
Quand on parle de consultation du milieu, il faut aussi penser que
même si le Conseil québécois de la jeunesse, des loisirs et
des sports et du plein air a été consulté, cela ne veut
pas dire qu'on rejoint la base, parce que les représentants n'ont pas eu
le temps d'aller voir à la base si toutes les perceptions du projet ou
les demandes du gouvernement étaient conformes à la
réalité de leur milieu.
Les représentants à la tête peuvent se faire une
idée générale, mais ils n'ont pas eu le temps de consulter
la base. D'ailleurs, on reproche souvent aux chefs syndicaux de ne pas
être allés à la base chaque fois qu'il y a un
problème qui survient dans la société. C'est la même
chose, je pense, au niveau d'une consultation gouvernementale. Ce n'est pas
parce qu'on a les têtes dirigeantes, à qui on ne donne pas le
temps d'aller consulter la base, qu'on va arriver avec une déclaration
ronflante que nous avons consulté la base.
D'autant plus que le projet de loi qu'on nous présente
actuellement démontre une sorte d'encadrement de ce qui se passe au
niveau du loisir, mais on le fait beaucoup plus comme un encadrement d'une
industrie ou d'une compagnie, ce qui n'est absolument pas la même chose
dans le domaine du loisir, qui a besoin d'une aération, d'une
possibilité de lui laisser cette initiative du
milieu, cet esprit de créativité qui peut être
éteint si on l'encadre d'une façon trop rigide.
Pour donner un but commun à chacune de ces directions, donner une
âme à un squelette, il fallait que la politique soit prête.
D'ailleurs, il apparaît bizarre de voir que tous les organismes
concernés sont appelés à discuter des nouvelles
structures, mais que le seul véritable débat, celui sur la
politique du gouvernement en matière de loisirs, lui, n'aura pas lieu.
C'est un peu comme un chef d'entreprise qui distribuerait des mandats à
différents dirigeants de secteur, sans donner à personne une
ligne directrice. Tout le monde a un mandat, mais personne ne connaît
l'ensemble de la politique vers lequel chacun, dans son mandat, devra se fondre
pour être capable d'élaborer chez lui, dans son domaine
particulier, une réalisation qui est conforme à cette ligne
directrice.
Jusqu'où ira le regroupement? Il est à tout le moins un
aspect de cette politique générale des loisirs que nous ne
pourrons éviter de toucher. Jusqu'où ira le regroupement? Je
constate, d'abord, avec plaisir, que le gouvernement s'est repenti d'avoir
transféré les dossiers du loisir socio-culturel au
ministère des Affaires culturelles et qu'il les intègre à
la structure proposée. Mais, ce faisant, il ne nous éclaire pas
sur la limite de regroupement. Envisage-t-il d'intégrer totalement
à la nouvelle structure tout le ministère des Affaires
culturelles? A-t-il à tout le moins prévu des mécanismes
de coordination et de collaboration afin d'éviter entre les deux
ministères un cloisonnement excessif qui nous mènerait à
une coupure radicale entre la culture populaire, qui relèverait du
loisir, et la culture de l'élite, qui serait la chasse gardée des
Affaires culturelles.
Quels seront également les pouvoirs des nouvelles structures de
loisirs, par exemple, sur les équipements sportifs en milieu scolaire,
sur la pratique des sports à l'école et les cours
d'éducation physique? Les organismes consacrés à des
activités de loisir pour la jeunesse, comme l'Office
franco-québécois, doivent-ils désormais relever du
ministère des loisirs? Je pense que ce qu'on a oublié aussi,
d'une façon primordiale, dans ce projet de loi, c'est qu'on ne touche
pas du tout au sport commercial et au sport professionnel. Quand on sait que,
pour chaque dollar dépensé au niveau du sport et loisir au
Québec, $0.90 sont dépensés dans le milieu du sport
commercial et du sport professionnel, il ne reste que $0.10 pour le sport
amateur.
Si on n'a que $0.10 pour le sport amateur et que la loi ne touche que
l'aspect du sport amateur et non les $0.90 que les Québécois
dépensent, cette loi-là ne correspond pas à la
réalité du Québec. Il faut nécessairement, si on
veut influencer le sport amateur, qu'on touche aussi au sport professionnel qui
est l'exemple, l'échelle de valeur, la première marche que le
sport amateur se donne comme objectif. L'influence du sport professionnel et du
sport amateur est telle qu'on se doit, au niveau provincial, de régir le
sport amateur et le sport commercial.
Il faut mettre aussi carrément les municipali- tés dans le
coup. A l'article 3 du projet de loi no 1, il est fait référence
au rôle des municipalités dans l'élaboration des politiques
de loisir et dans l'aménagement, d'espaces destinés aux sports et
aux loisirs. Le projet de loi parle de consultation des autorités
municipales on va en entendre ce matin avant l'installation par
le ministère d'une quelconque politique ou la création de
nouvelles installations. A mon avis, ce n'est pas assez. Les
municipalités devraient avoir beaucoup plus de pouvoirs que ceux que le
gouvernement semble être prêt à leur donner. Tout autant que
l'implantation d'un ministère du tourisme, des loisirs et des parcs ne
peut se faire sans la participation active du milieu, le gouvernement assumant
un rôle d'animateur, de même les activités de ce
ministère ne peuvent donner de résultats heureux sans une
implication concrète des municipalités qui sont les
premières et souvent les seules à connaître les besoins de
la population située sur leur territoire. Elles sont plus près
d'elle que ne le sont les ministères du gouvernement provincial.
Le ministre responsable du Haut-Commissariat, il y a un an, avait
confirmé que l'étape de la municipalisation des loisirs au
Québec était nettement engagée et qu'une étape
d'intermunicipalisation précéderait la création d'un
nouveau ministère. Il aurait également promis que les
municipalités seraient les premières responsables de
l'élaboration des politiques locales de loisir et de
récréation. C'est donc important que le gouvernement
concrétise ses promesses en ne sautant pas d'étape et en
indiquant plus précisément par quel mécanisme il entend
impliquer les municipalités. Avant tout, il faudrait qu'il pense
à doter celles-ci d'une meilleure situation fiscale pour qu'elles aient
les moyens d'intervenir, ce qui n'est pas le cas présentement. Il y a
trop de dirigisme gouvernemental dans le projet de loi actuel. Certains aspects
du projet de loi no 2 sur les loisirs et le sport, comme la création
d'un service de surveillance des loisirs et du sport, les pouvoirs du
lieutenant-gouverneur en conseil de mettre sous tutelle d'une
confédération les organismes qui n'accomplissent pas
adéquatement leur mandat à l'article 32, le pouvoir du
lieutenant-gouverneur en conseil à l'article 51, le pouvoir du
gouvernement de définir le mandat des principales
confédérations aux articles 26 et suivants me paraissent trop
dirigistes.
Il est très important, dans un domaine où le
bénévolat existe depuis longtemps et où la participation
des organismes concernés est essentielle, que le gouvernement sache
garder l'équilibre entre un désir d'apporter un soutien technique
à des organismes et celui de vouloir tout diriger en passant par-dessus
la tête de tout le monde et en instituant des mécanismes de
contrôle lourds et technocratiques.
Il y a eu trop de mauvaises expériences dans le passé, par
exemple le cas du secrétariat administratif, pour que le gouvernement
puisse se permettre une seule erreur. Je suis sûr qu'à ce sujet
les mémoires des organismes invités à commenter les
projets de loi seront pertinents et
nous aideront à présenter en temps et lieu les amendements
nécessaires pour contrecarrer la tendance dirigiste du gouvernement.
Je voudrais toucher un autre aspect bien important, soit le domaine du
sport qui semble être oublié. On ne semble pas donner une
possibilité de régionalisation dans ces projets de loi et aussi
de réaménagement du sport. Après l'olympisme, M. le
Président, je pense qu'il est grand temps qu'on réalise au
Québec qu'aucun pays ne peut développer une élite sportive
solide s'il ne rend possible au préalable la participation massive des
jeunes travailleurs et des jeunes d'âge scolaire à des
activités et à des compétitions sportives dans leur milieu
respectif. Sommes-nous des participants ou des spectateurs dans le stade
olympique?
Je pense qu'on peut définir le sport par des activités
physiques organisées, structurées et encadrées. Le sport
est différent du simple loisir dont je viens de traiter, puisque le
loisir est l'ensemble des occupations auxquelles l'individu se livre une fois
dégagé de ses obligations de travail et des impératifs
sociaux, religieux et familiaux. Le sport se distingue donc du loisir par la
recherche de la performance, comme compter 50 buts au hockey et courir le mille
en 3 minutes et 5 secondes. Il faut donc que les jeunes Québécois
surtout se mettent en masse à la pratique d'un sport si nous voulons
être non pas des spectateurs, mais des participants aux jeux
internationaux, aux Jeux olympiques de l'avenir.
Les Jeux olympiques devaient être, pour nous
Québécois, un point de départ; cela a été
pour nous un point d'arrivée, puisqu'on est arrivé à
temps, à tout prix, à tout risque. Maintenant, le signal de
départ au niveau du sport, est-ce qu'il nous reste de l'argent pour le
donner? Maintenant qu'on a éveillé le sens et le désir du
sport amateur chez les Québécois, est-ce qu'on a l'argent voulu
ou si on a hypothéqué les 20 années à venir pour
payer la dette du passé?
La Mission 76 et l'Institut des sports du Québec. La XXIe
Olympiade a permis au Québec de montrer au monde son savoir faire en
faisant des jeux un succès. Il faut admettre que cela a
été un succès au point de vue sportif. Malheureusement,
elle a aussi démontré la faiblesse de son élite sportive
et, en même temps, la pauvreté de sa participation de la base, la
jeunesse. Il faut maintenant, dans la période postolympique, que le
Québec se lance dans la voie de la reconstruction de son infrastructure
sportive. C'est le nouveau défi collectif de la fin du siècle que
le peuple québécois doit relever.
La clôture des Jeux olympiques de Montréal a mis fin
à Mission 76.
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement. Nous sommes venus ici, ce matin, nous avons été
convoqués pour un but bien spécifique, soit celui
d'écouter nos invités. S'il faut que le député nous
lise toutes les feuilles qu'il a, on n'en finira plus. Six heures vont arriver
et on n'aura pas écouter tous ceux qui ont des repré- sentations
à nous faire. Nous ne sommes pas à un débat de
deuxième lecture, nous sommes au niveau de la commission
parlementaire.
Si le député veut laisser connaître au public le
contenu de ses feuilles, il pourra le lire à la télévision
ou à la radio, ou encore, faire une conférence de presse; il n'a
pas besoin de se servir de la commission pour faire passer cela au public. Il
est absolument dans l'irrégularité. Qu'on lui accorde quelques
minutes pour exposer ses idées sur le sujet, c'est d'accord. Mais faire
un débat en deuxième lecture, je pense que c'est
réellement dépasser la mesure. C'est d'ailleurs une impolitesse
envers nos invités. Ils ne sont pas venus ici pour cela.
Le Président (M. Cornellier): M. le député,
sur le point de règlement.
M. Léger: Sur le point de règlement, M. le
Président. Je dois faire remarquer au député que nous
sommes justement à l'endroit précis où l'Opposition se
doit de donner son point de vue sur les projets de lois qui nous sont
présentés. Pour satisfaire le député, je tiens
à lui dire que, même si cela lui pèse sur l'esprit qu'on
parle des sports et qu'on essaie d'aider à l'amorce des discussions
quant aux sport et au loisir, il ne me reste que peut-être trois ou
quatre minutes. Je pense que c'est le droit de l'Opposition; c'est d'ailleurs
à peu près un des seuls endroits où on peut amorcer une
discussion sur le sport et le loisir. Je ne pense pas que le
député serait bien vu d'interrompre un député qui
a, pour une fois, la possibilité de s'exprimer là-dessus. De
toute façon, j'en aurais à peu près pour trois ou quatre
minutes.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable ministre, sur la
question de règlement.
M. Phaneuf: Je partage en partie les propos de mon
collègue sur la pertinence. Par contre, il est certain, lorsque
j'écoute le député de Lafontaine, que je suis
tenté, moi aussi, de lui donner la contrepartie. On pourrait alors
ouvrir un excellent débat entre le Parti libéral et le Parti
québécois. Mais ce n'est pas tout à fait le but de la
commission parlementaire.
J'ai bien l'intention de laisser continuer le député de
Lafontaine faire son exposé. Je serais tenté, par contre, de lui
donner la réplique tout de suite après son exposé, mais
compte tenu du but de la commission parlementaire, je vais retenir mes
observations pour la toute fin des travaux de la commission. Ce serait
tellement facile de le faire; on passe des petits commentaires ici, en
catimini. J'aime mieux attendre la fin de la présentation des
mémoires plutôt que de donner tout de suite la réplique du
Parti québécois.
Je peux vous dire, par contre, ce que je vois là-dedans. Le
député a pris le temps de lire certains des mémoires et il
soulève des points qui ont été soulevés dans les
mémoires.
Les organismes vont soulever des points d'interrogation que le
député de Lafontaine soulève
lui-même. Les réponses ne sont pas toutes données
à ce stade-ci. Je pense bien qu'on aura le temps de les donner lorsqu'on
apportera des modifications, s'il faut en apporter. Je donnerai mes
commentaires et je les réserve pour la fin des travaux de l'étude
des mémoires qui auront été présentés.
M. Léger: M. le Président, je remercie le ministre
de vouloir qu'il y ait réellement un débat pour qu'on puisse
trouver à la fin des solutions permettant d'avoir une loi qui tiendra
compte de l'ensemble des préoccupations des gens du milieu ainsi que des
différents députés qui auront l'occasion, je pense bien,
de s'exprimer là-dessus.
M. le Président, je suis en train de dire que la clôture
des Jeux olympiques de Montréal cela ne fait pas tellement
longtemps, à peine deux mois a mis fin à Mission
Québec 76, mais il faut que je pense que c'est important
dans son sillage grandisse l'Institut des sports du Québec dont le
rôle, ce n'est pas le seul, est la mise sur pied d'un groupe de recherche
formé de spécialistes des diverses disciplines sportives.
Nous croyons que l'Institut des sports du Québec devrait exercer
une forte influence sur les diverses instances politiques pour la formation
d'une élite sportive issue d'une large base de participants. Il jouera
un rôle de coordination de premier plan pour la préparation des
athlètes à des compétitions soutenues, préparation
qui comprend aussi l'hébergement, le travail, le régime de vie,
etc. Il est toutefois impératif que cet Institut des sports du
Québec jouisse de la plus grande autonomie financière et
professionnelle possible.
L'Institut des sports, dont le ministre est très fier, doit aussi
être intégré à une politique de
régionalisation du sport un facteur important dans le
développement de l'athlète étant l'environnement
politique de régionalisation rendue possible par la participation active
des intervenants régionaux dans l'élaboration des politiques
d'organisation de l'Institut des sports, ce qui exige la refonte du projet de
loi no 2 que nous étudions ce matin, afin que les intervenants
régionaux aient un pouvoir de décision.
Nous avons dit plus loin que les Jeux olympiques ont
démontré la faiblesse de l'élite sportive du
Québec. Il faut dire cependant qu'il y a progrès sur les jeux
précédents. Néanmoins, nous avons eu, à la XXIe
olympiade, les résultats de l'imprévoyance et de l'inaction du
gouvernement libéral en place depuis six ans. On a voulu justifier la
tenue des Jeux olympiques à Montréal en disant que c'était
un début, que ceux-ci auraient un effet formidable d'émulation
pour la jeunesse du Québec. Comment alors expliquer que les media
d'information, la presse, la radio, la télévision, soient si
rapidement revenus à leurs vieilles habitudes de donner le meilleur de
leurs espaces et de leur temps d'antenne au sport professionnel? Le sport est
vite redevenu chez nous un objet de spectacle. On a relégué dans
l'ombre le sport amateur qui, pourtant, est un moyen de développement et
d'épanouissement personnel.
Les secteurs d'influences sur l'organisation des loisirs et du sport
sont l'entreprise privée, les associations volontaires, les commissions
scolaires, les municipalités, les gouvernants provinciaux et
fédéraux. Dans le secteur commercial, ou l'entreprise
privée, c'est la logique du profit qui prime surtout. Que ce soit pour
les loisirs ou les sports, le Québécois est vu comme un
consommateur. Très peu ou pas de revenus sont investis dans
l'éducation et dans la formation du citoyen.
De plus, il n'existe pas, dans le domaine de la production d'articles de
sport, un Code d'éthique professionnel. Le secteur commercial a donc un
rôle à jouer dans son domaine. On pourrait, par exemple, affecter
une part du budget à la fourniture d'articles de sport aux milieux
défavorisés.
Il y aurait lieu aussi de prévoir des prix de plafond pour
certaines catégories d'articles de sport pour le hockey, le ski de fond
et la raquette, par exemple. Les organismes privés à but non
lucratif sont les artisans réels du développement du loisir et du
sport au Québec. Ce sont eux qui devraient recevoir une large part de
l'aide financière des gouvernements.
On peut distinguer d'ailleurs deux types d'associations volontaires ou
d'organismes à but non lucratif. D'une part, nous avons les organismes
sectoriels ou spécialisés qui s'intéressent à un
type donné d'activité, comme la Confédération des
sports du Québec, la Confédération du plein air, etc.
D'autre part, nous avons les organismes polyvalents tels les conseils
régionaux de loisirs. Pour que ces associations volontaires jouent
pleinement leur rôle, elles doivent être consultées et
écoutées par les pouvoirs publics. On ne doit pas, par des
politiques de centralisation, les affaiblir. Au contraire, les fonctionnaires
doivent être à leur service. C'est par des politiques de
régionalisation qu'elles pourront échapper aux tendances
technocratiques et bureaucratiques et qu'elles pourront devenir souples et
efficaces, tout en oeuvrant à l'intérieur d'un cadre où le
droit à l'expérimentation est acquis.
Les commissions scolaires. C'est à l'école que l'enfant
fait l'apprentissage des éléments essentiels à son
intégration sociale. C'est à l'école qu'on doit favoriser
son initiation au loisir, au sport, afin qu'il développe harmonieusement
un esprit créatif dont le support est un corps sain. C'est à
l'école que l'enfant doit apprendre ce qu'est l'écologie de
l'homme. On sait que les commissions scolaires possèdent des
équipements sportifs considérables: piscines, gymnases, salles de
travail. Ces équipements doivent devenir accessibles au public, aux
jeunes travailleurs et aux adultes de tout âge. C'est ici que les
organismes sans but lucratif ont aussi un rôle à jouer,
c'est-à-dire, grâce à leur expérience, aider tous
les intéressés à l'utilisation des équipements
sportifs scolaires à s'organiser eux-mêmes. Nous pourrions aussi
nous lancer dans une critique des politiques du gouvernement actuel en
matière de sport et de loisir. Cependant, ce qui est le plus important,
en terminant, c'est d'exposer ce qu'il faut faire actuellement. Si le Parti
québécois était porté au pouvoir, nous fe-
rions cela. Si le gouvernement en place adopte ces lois avant la
prochaine élection, il est important de s'occuper qu'il y ait un
principe directeur du développement du sport et du loisir,
l'accessibilité physique et sociologique de la population aux programmes
et équipement de loisir et de sport, donnant la priorité aux
milieux défavorisés.
Au chapitre de la planification et de la coordination, le gouvernement
devrait instituer un service permanent de recherche en loisir et sport afin de
connaître les besoins réels de la population concernant les
équipements, les programmes et les nouvelles formes de loisirs pour la
famille et pour les groupes. On devrait aussi tracer la carte des loisirs et
sports pour l'ensemble du Québec afin de satisfaire le plus d'exigences
possible exprimées par la population par le canal prioritaire des
organismes à but non lucratif. Le gouvernement devra instituer un
programme d'éducation au loisir et au sport afin d'assurer les
conditions nécessaires à un meilleur état physique et
culturel, ce qui est, en fait, un élément clé d'une
médecine préventive.
Dans le domaine du plein air, nous croyons que le gouvernement, de
concert avec les organismes privés et publics impliqués, devra
préparer des programmes de sensibilisation au plein air, de formation de
travailleurs permanents et bénévoles pour ce secteur
d'activités. Il devra établir, en coopération avec les
groupes précités, des normes relativement aux sites, aux
logements, aux équipements. Il verra à rendre plus accessibles
les auberges de jeunesse, les colonies de vacances et les bases de plein air.
Si c'est le gouvernement du Parti québécois ou le gouvernement
actuel qui doit mettre ce plan en jeu, il devra mettre un terme aux conflits
entre les différentes unités administratives oeuvrant
présentement dans un chaos quasi indescriptible par la création
d'une nouvelle cohérence basée sur l'autogestion. Nous croyons
qu'on devra se préoccuper particulièrement de la mise en place de
parcs et d'espaces verts dans les villes du Québec avec la participation
des citoyens concernés.
Les trois axes sont la régionalisation, la participation et
l'action. C'est la clé d'une politique du loisir et du sport au
Québec. Ce sont donc pour nous les trois points majeurs. Nous croyons
que l'objectif que devrait atteindre la loi qui nous est
présentée, c'est l'accessibilité aux citoyens, une
information aux citoyens, une utilisation rationnelle des ressources, de la
recherche à temps plein, dans le domaine du sport et du loisir, des
mécanismes de consultation permanente, la formation de professionnels et
de bénévoles en éducation physique et des relations qui
permettront un développement dans le domaine du loisir et du sport.
Sur ce, M. le Président, nous allons écouter aujourd'hui
les différents organismes et vous pouvez être assuré que
l'Opposition, du moins, sera en mesure de faire pression auprès du
gouvernement pour que les principales propositions que feront les groupes
vivant dans le milieu du sport et du loisir soient réellement
écoutés, entendus et que la loi reflète réellement
les besoins du milieu.
Le Président (M. Cornellier): Qu'on me permette, avant
d'entendre les personnes qui présenteront des mémoires, de
mentionner un changement à la liste des membres de la commission. M.
Lacroix (Iles-de-la-Madeleine) remplacera M. La-pointe (Laurentides-Labelle)
aujourd'hui.
Présentation de mémoires
Comme tous les membres de la commission ont hâte d'entendre nos
invités, j'inviterais sans plus tarder les représentants de
l'Union des municipalités du Québec.
Union des municipalités du
Québec
M. Lamontagne (Gilles): M. le Président, M. le ministre,
M. le représentant de l'Opposition, messieurs les députés,
mesdames et messieurs, comme président de l'Union des
municipalités, j'aimerais vous présenter d'abord mes
collaborateurs, M. le maire Marcel Pageau, de l'Ancienne-Lorette, M.
André Benoît, qui est notre spécialiste en loisirs, et M.
Boiteau, directeur général de l'Union des
municipalités.
Comme vous savez, à l'Union des municipalités, nous
essayons ici, dans notre mémoire, de refléter le travail, je
dirais, de deux congrès sur lesquels il y a eu des ateliers de travail.
Donc, nous avons essayé, dans notre mémoire, de refléter
l'opinion des élus à ces congrès de l'Union des
municipalités aussi fidèlement que possible, et, conscient que,
même comme président de l'Union des municipalités, je ne
peux pas avoir toutes les compétences et que je crois beaucoup au
partage des responsabilités et des compétences, je vous
demanderais de donner la parole à M. Pageau, qui est le responsable des
loisirs à l'Union des municipalités.
M. Pageau (Marcel): M. le Président, M. le ministre,
messieurs, il me fait plaisir, aujourd'hui, de vous donner l'opinion de l'Union
des municipalités.
Il est très difficile de dissocier les projets de loi 1, 2, 3, et
4, quoique la présente commission parlementaire porte sur les projets 2
et 3. Nos commentaires porteront principalement sur les projets
concernés; par contre, nous devons, à l'occasion, faire allusion
au projet no 1.
Avant de commenter chaque projet, nous désirons vous faire part
d'observations générales engendrées par l'étude de
la législation proposée.
Le législateur nous semble ne faire aucun effort manifeste pour
recomposer des ensembles plus cohérents. Il tente tout au plus d'accoler
les structures existantes et d'institutionnaliser celles qui ne
l'étaient pas.
Le caractère de contrainte, d'encadrement et de contrôle
prédomine sur celui du développement.
La législation est muette quant au partage des
responsabilités avec les structures publiques locales: la
municipalité et la commission scolaire.
La législation est échafaudée à partir des
organismes provinciaux.
Le secteur sport semble une préoccupation majeure en raison de la
grande part de texte qui lui est consacrée et de l'encadrement qu'on lui
fixe.
Certains indices sont révélateurs et entretiennent ces
impressions. Ainsi, le ministère du tourisme, des loisirs et des parcs
sera doté de trois conseils consultatifs dont les mandats
diffèrent; les objectifs dans chaque domaine d'intervention sont
différents; la consécration de l'élite sportive par
l'institution d'un mécanisme de développement spécifique;
l'ampleur de l'encadrement des fédérations.
Projet de loi no 1. En premier lieu, il nous apparaît opportun de
signaler notre étonnement au fait que l'on ait soustrait ce projet de
loi à l'étude de la commission parlementaire. L'accord de
principe de l'Union des municipalités du Québec sur la
création d'une telle unité administrative n'était pas
inconditionnel.
L'UMQ aurait apprécié pouvoir signaler à votre
attention les avantages d'apporter quelques modifications, notamment:
En unifiant les trois conseils consultatifs proposés;
En identifiant clairement l'obligation de conclure des accords avec les
corporations municipales;
En modifiant les articles 3.1 et 3.2, afin de prévoir une
consultation obligatoire auprès de la corporation municipale
concernée;
En prévoyant un ou des mécanismes de coordination de
l'action gouvernementale.
Projet de loi no 2. Le projet de loi no 2, dans sa présente
formulation, ne répond certes pas aux attentes des municipalités
du Québec.
Nous croyons qu'une loi axée sur le contrôle et
préoccupée principalement par le sport est le reflet d'un
modèle technocratique d'intervention et que son apport, quant au
développement du loisir, est moins que certain.
Afin d'expliciter notre opinion, mentionnons les éléments
suivants:
A notre connaissance le gouvernement du Québec a manifesté
son intention de légiférer sur la création d'un
ministère des loisirs et aucune consultation véritable n'a
été conduite sur une loi-cadre ou loi de développement.
Les conséquences sur la qualité de vie des individus et des
collectivités demandaient une consultation exhaustive auprès des
différents intervenants.
La présente loi ne précise en rien les
responsabilités des divers intervenants aux paliers régionaux et
locaux.
Il est inconcevable qu'une telle loi soit muette sur l'intervention
municipale, compte tenu du fait que c'est au plan local que le
développement se réalise et qu'il doit être
façonné. La présente loi, en privilégiant le
développement d'organismes sectoriels au plan provincial, s'inscrit dans
une approche totalement à l'opposé du développement du
loisir qui se fait de plus en plus au niveau de l'organisme communautaire.
La création de l'Institut des sports du Québec est
totalement à l'opposé de la philosophie favorisant
prioritairement la participation de la masse aux activités sportives et
physiques, philosophie que partage un grand nombre d'organismes. Qui plus est,
cette entreprise est fort discutable lorsqu'on constate qu'il n'existe pas,
à proprement dit, de politique du développement du sport au
Québec et qu'on s'apprête à créer un
mécanisme de développement de l'élite sportive.
Enfin, nous laissons le soin d'imaginer les sommes d'argent que le
Québec investira pour l'élite sportive et nous nous interrogeons
sérieusement sur le caractère prioritaire que lui confère
le projet de loi.
Nous estimons que les régimes d'agrément, de mandat, de
contrôle financier, de sanction des règlements réalisent
une étatisation des fédérations sportives. La
nécessité d'une telle entreprise n'est pas
démontrée.
Les dispositions quant aux trois confédérations nous
laissent perplexes et ce aussi bien quant à leur nombre qu'à
l'ambiguïté de leur mandat. Devant, d'une part, mener des
activités d'intérêt commun au nom des organismes qu'elles
regroupent, elles doivent, par ailleurs, exercer un contrôle quant aux
règlements internes de leurs membres et même exercer une tutelle
sur ses membres.
En raison de ces observations, l'Union des municipalités du
Québec croit qu'une telle loi ne peut être acceptée dans sa
forme présente et que les municipalités du Québec n'y
trouvent pas le type d'encadrement espéré pouvant assurer un
développement cohérent du loisir en fonction de la qualité
de vie des individus. Loin de faciliter la tâche des
municipalités, une telle loi ne lui procure qu'un distributeur de permis
additionnels.
Projet de loi no 3. Le projet de loi no 3 assure la création d'un
mécanisme dont la raison d'être se trouve dans le projet de loi no
2. En conséquence, sans pour autant rejeter le bien-fondé d'un
tel mécanisme, nous croyons que son sort est lié au projet de loi
précédent et qu'il doit être retiré.
L'option de l'UMQ. L'Union des municipalités du Québec
appuie la création d'un ministère du tourisme, des loisirs et des
parcs, tel que défini par le projet de loi no 1. Toutefois, nous
regrettons que le gouvernement du Québec ait décidé de ne
pas soumettre ce projet de loi au processus de la commission parlementaire.
Nous estimons que les projets de loi 1, 2, 3 et 4 sont
interdépendants et qu'il était souhaitable que ce bloc
législatif soit examiné dans son ensemble.
Par ailleurs, le projet de loi no 2 ne correspond pas aux attentes des
municipalités. Nous estimons que cette loi reflète un
modèle technocratique d'intervention axée sur le contrôle
et nous émettons des doutes quant à son apport au
développement du loisir en raison de l'intérêt
disproportionné qu'elle porte envers le sport et de l'ignorance du
principal agent de développement qu'est la municipalité.
Nous estimons donc que le projet de loi no 2 doit être
retiré ainsi que le projet de loi no 3 qui en découle et que le
titulaire du prochain ministère du tourisme, des loisirs et des parcs
ait comme
mandat prioritaire de préparer, suite à une consultation
des milieux concernés, une véritable loi sur le
développement du loisir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): M. le ministre.
M. Phaneuf: J'aurais quelques commentaires à faire sur
cette présentation. Lorsque vous parlez de la création du
ministère comme tel, l'Union des municipalités y semble
favorable. La seule chose qu'elle regrette, c'est le fait qu'on n'en discute
pas ouvertement, même si dans votre mémoire vous en discutez et
que vous nous faites des remarques sur le projet de loi no 1, compte tenu que
vous aimeriez mieux que l'ensemble des quatre projets soit discuté en
même temps.
Ceci étant dit, nous allons mettre de côté la
création du ministère, puisqu'on s'entend sur le
bien-fondé de la création éventuelle d'un
ministère. Par contre, pour ce qui est des projets de loi 2 et 3, nous
n'avons pas mis dans un article bien défini les responsabilités
d'une municipalité envers le loisir. Je pense que, dans le premier
projet de loi que nous avions préparé, il y avait un article qui
définissait le rôle de la municipalité. Un article
semblable pourrait être ajouté au projet de loi no 2, qui
définirait et qui statuerait dans les faits les actions qui sont
déjà prises par les municipalités.
Il ne faut jamais perdre de vue une chose que nous avons dite et que
nous avons mise en application, c'est que nous avons toujours reconnu aux
municipalités un rôle premier. Nous avons toujours dit que le
gouvernement du Québec devait être complémentaire aux
rôles qui doivent être remplis par les municipalités. Je
m'explique, parce que, dans vos avant-propos qui n'ont pas été
lus, vous donnez comme exemple les montants d'argent qui sont
dépensés par les municipalités en matière de
récréation. Vous parlez d'un chiffre d'au-delà de $80
millions, ce qui veut donc dire que, dans l'état actuel des choses,
indépendamment du fait qu'il y ait ou non un ministère, les
municipalités sont déjà grandement impliquées au
niveau de la récréation dans la province de Québec.
Les lois actuelles, au niveau des cités et villes, vous donnent,
par votre pouvoir de taxation, ce devoir et cette responsabilité. Quand
on fait l'analyse des budgets des municipalités, on s'aperçoit
que, dans certaines municipalités, plus de 10% du budget global sont
consacrés à l'organisation de la récréation comme
telle.
Si l'Etat québécois a un rôle de
complémentarité, cela veut donc dire qu'il versera aux
municipalités des subventions. Dans les faits, il y a déjà
des programmes d'assistance aux municipalités; pour n'en citer qu'un,
mentionnons le cas des arénas qui démontre le rôle de
complémentarité. Ce n'est pas l'Etat québécois qui
décide si une municipalité va construire ou non une aréna.
Il n'a qu'un rôle de complémentarité dans sa subvention
pour faciliter l'implantation d'arénas, mais toujours en collaboration
avec les municipalités. L'Etat québécois, le gouvernement
du Québec, le
Haut-commissariat se sont associés aux municipalités pour
favoriser, malgré les remarques qui ont été faites par le
député de Lafontaine tantôt, la signature de protocoles
d'entente pour une meilleure utilisation des installations sportives qui
existent au Québec. Je pense qu'il y a plus de 200 protocoles d'entente
qui ont été signés au Québec, ce qui fait
qu'actuellement des gymnases qui se trouvent dans des propriétés
dites scolaires sont utilisés par les municipalités dans des
temps définis. Les partages des frais sont aussi discutés dans
ces protocoles d'entente.
Le gouvernement du Québec a été un des instigateurs
de ces ententes sans pour autant avoir voulu jouer le rôle de la
municipalité. Je pense qu'on a laissé toute liberté aux
municipalités de bien jouer leur rôle dans ce domaine. Par contre,
on sait fort bien que la municipalité a comme devoir d'avoir, lorsque
son budget démontre par son ampleur l'importance qu'on accorde au
domaine de la récréation, des permanents. On parle beaucoup du
bénévolat, mais on sait qu'on a besoin d'un certain encadrement
aussi. Vous avez dans la plupart des municipalités importantes des
directeurs de la récréation et des directeurs adjoints. Vous avez
des animateurs, maintenant, dans le monde du sport, dans le monde
socio-culturel, dans le monde du plein air, dans certains cas, dans certaines
municipalités. Là aussi, on s'est associé, mais toujours
dans notre rôle de complémentarité, avec une
municipalité.
Lorsqu'on dit qu'il faudrait peut-être, avant de faire les lois no
2 et no 3, décrire toute la politique du loisir québécois,
je répète et je ne le fais pas à la blague
à la création du ministère des Affaires culturelles. S'il
fallait que j'attente, pour créer un ministère et pour passer
à l'action, la rédaction d'un livre blanc... Même si le
ministère des Affaires culturelles a été
créé au début des années soixante, on vient de
déposer le livre vert du ministère des Affaires culturelles, ce
qui veut dire que, de toute façon, on remet toujours des choses en
question, à cause même de l'évolution du monde du loisir.
Il faut aussi admettre que l'évolution a été beaucoup plus
rapide dans les cinq dernières années.
Pour toutes ces raisons, je crois beaucoup plus sage de procéder
à l'analyse des projets de loi no 2 et no 3, de procéder à
ces modifications, compte tenu des remarques qui me sont faites par votre
mémoire, et de continuer à travailler à l'intérieur
de cette législation.
Je pense qu'il est important pour le Québec, actuellement,
d'avoir une législation dans un domaine bien spécifique qu'on
reconnaît. Quand on reconnaît cela, et qu'on parle de
développement, il faut aussi reconnaître que dans notre rôle
de complémentarité, les municipalités sont une partie de
cette responsabilité, il y a le rôle aussi des
fédérations sportives, des fédérations de plein
air, des fédérations du monde culturel. A elles aussi, on
reconnaît des rôles; mais on subventionne par des montants assez
importants pour permettre à ces fédérations d'oeuvrer.
Quand on parle de régionalisation, il existe des conseils
régionaux des loisirs. Il en existe dans toutes les parties du
Qué-
bec. L'Etat québécois, le gouvernement du Québec
aussi s'associe à cet organisme qui regroupe et dans lequel les
municipalités, dans des régions don nées, sont
représentées. Il y a un montant de $2,5 millions aussi qui est
dépensé. Quand on parle d'élitisme et qu'on fait des
remarques sur l'élitisme par rapport à ce qui est
dépensé dans la masse, si je regarde l'ensemble des programmes du
gouvernement actuellement et que je regarde là où va l'argent, je
pense que c'est assez facile de démontrer sur le plan des statistiques,
que la plupart de l'argent va à la base beaucoup plus qu'à la
tête, ce qui était moins vrai lorsqu'on avait $3 millions et $9
millions, il y a quatre ou cinq ans. Maintenant que le budget du
Haut-Commissariat est porté à $40 millions, on n'a pas
augmenté en proportion les budgets qu'on accordait aux conseils
régionaux des loisirs par rapport à ce qu'on accorde à des
organismes de base. En consultation avec les municipalités, en
consultation avec les organismes qui existaient dans chacune de vos
municipalités, le budget de $2, 5 millions des clubs sportifs, niveau 1,
niveau 2, qui est fait en collaboration et en consultation avec les
municipalités, les commissions scolaires, qui est décidé
par des comités au niveau de chacune des régions,
déjà c'est l'exemple typique d'une décentralisation et
d'un pouvoir décisionnel qui a été donné à
chacune des régions.
Je pourrais continuer ainsi dans à peu près chacun des
programmes qu'on a mis de l'avant.
Pour ce qui est des responsabilités du gouvernement, dès
que le gouvernement dépense des fonds publics, de la même
façon que les municipalités, il doit rendre compte aux citoyens
de quelle façon il le fait et, pour rendre compte, il faut avoir une
certaine méthode de contrôle. Il y aura toujours le Conseil du
trésor. Il y a des réalités techniques qui existent sur le
plan gouvernemental. Il n'y a pas une loi qui va me permettre de me
départir de ces responsabilités. Cela peut sembler vouloir
encadrer, dans un certain sens, et établir des méthodes de
contrôle, mais je pense que ces méthodes de contrôle sont
nécessaires pour faire une gestion adéquate des fonds publics. Ce
n'est pas une contrainte péjorative, si je peux m'exprimer ainsi, que
d'avoir des contrôles et des mécanismes de contrôle,
lorsqu'on dépense des fonds publics. De la même façon que
les municipalités qui ont leur service de récréation bien
organisé, qui travaillent en collaboration avec des
bénévoles, dans certains cas il y a même des
municipalités qui ont des mécanismes de contrôle à
savoir même qui va siéger comme bénévole à
des conseils d'administration pour voir de quelle façon l'argent aussi
va être dépensé. Je pense que vous avez vous-mêmes,
sans l'avoir écrit dans une loi, les mêmes mécanismes de
contrôle que nous mettons aussi de l'avant pour d'autres raisons.
Voilà un peu les remarques que j'avais à vous faire, dans
un premier temps. Je pourrais encore en faire un peu plus, mais je voudrais
bien qu'on ne perde pas le point de vue du gouvernement du Québec qui
est bien de remplir son rôle de complémentarité face aux
responsabilités de tous les mécanismes qui existent, dont les
commissions scolaires et les municipalités.
M. Pageau: M. le Président, nous ne voulons pas que l'Etat
joue notre rôle, mais nous désirons le mettre en garde en fonction
du danger de canalisation de l'argent vers les grosses structures. Cela va
prendre plusieurs dollars et cela va empêcher les loisirs à la
base. Aussi, si on se rapporte à la loi 12, vous voyez que dans la loi
12, sur l'aménagement du territoire, qui propose des mécanismes
régionaux, tous les pouvoirs municipaux y sont réinscrits, et
aussi, le nombre de protocoles d'entente n'est pas le reflet d'une utilisation
des équipements scolaires. Les contrôles...
M. Phaneuf: Les protocoles d'entente sont à l'image de
quoi? On n'écrit pas des protocoles d'entente pour le plaisir d'en
écrire. Je sais que là où il y en a eu de signés,
j'ai pu vérifier personnellement pour voir si les gymnases qui
appartiennent aux commissions scolaires sont utilisés par les
municipalités le soir. Si, à partir de la signature d'un
protocole d'entente, les mécanismes de fonctionnement et d'animation ne
sont pas mis de l'avant par les municipalités, c'est bien sûr
qu'on a signé un protocole d'entente qui ne reflète pas le
dynamisme de l'animation qui doit être faite par la
municipalité.
M. Pageau: Lors du dernier congrès, nous avons su que des
protocoles d'entente étaient signés, mais qu'ils étaient
difficiles d'application. L'un ou l'autre tirait la couverture de son bord, et
ainsi de suite.
M. Phaneuf: A ce moment-là, dans mon rôle de
complémentarité, est-ce que vous voulez que je devienne plus
dirigiste et que je dise exactement ce qu'il faut qu'on fasse avec les
gymnases, ou si je dois encore me fier aux municipalités et aux
commissions scolaires à partir de signatures de protocoles d'entente
pour une bonne entente sur le plan de l'animation?
Il ne faudrait quand même pas jeter le blâme à partir
du moment où on décide qu'on signe un protocole d'entente. Mais
lorsqu'on veut en faire l'utilisation, c'est tellement difficile qu'on n'arrive
pas à le faire. Là, je vous pose la question.
Je veux bien jouer le rôle de juge et d'arbitre, mais pas tout le
temps. A partir du moment où je vous reconnais, autant aux
municipalités qu'aux commissions scolaires, des responsabilités
dans le domaine de la récréation, que je vous aide au plan de la
complémentarité pour accomplir les devoirs que vous avez
l'intention d'accomplir, il me semble que l'Etat québécois
remplit son rôle. Pour autant qu'on dise bien qui doit faire quoi dans le
milieu.
M. Benoît: En fait, M. le ministre, la réponse au
niveau des protocoles d'entente est qu'on dit tout simplement qu'il ne faut pas
se fier aux statistiques indiquant qu'il y a un grand nombre de protocoles
d'entente pour dire qu'au niveau de la
municipalité tout fonctionne très rondement. On ne demande
pas non plus une intervention, mais vous avez affirmé que cela allait
bien au niveau de l'utilisation des équipements, au niveau local, et que
des interventions du gouvernement là-dessus avaient favorisé une
utilisation peut-être plus efficace des équipements locaux. Le
principe est là, mais la réalité est tout autre. Il y a
des enquêtes très récentes qui nous ont prouvé
qu'au-delà des protocoles d'entente, il y avait de grandes
difficultés de fonctionnement qui étaient liées souvent
à des qualités inhérentes aux deux parties.
Au niveau scolaire, il y a des problèmes d'ordre syndical
au niveau des concierges, ainsi de suite qui créent des
problèmes d'argent, des problèmes qui empêchent les
mécanismes de fonctionner, comme il est très difficile aussi
d'aller au-delà des locaux et d'arriver à des protocoles
d'entente au niveau des ressources humaines ou au niveau des programmes
conjoints. De sorte que le fait qu'on ait un contrat qui nous permette
d'utiliser certains locaux ne veut pas nécessairement dire que les
ressources dans le milieu municipal, qui sont des ressources qui appartiennent
aux mêmes gens, sont de fait utilisées le plus efficacement
possible. Il y a encore du travail à faire dans ce secteur.
Je voulais tout simplement qu'on ne prenne pas votre affirmation pour
une vérité dans le sens que c'était fait. Ce n'est pas
encore fait. On ne demande pas d'intervention; on vous dit que de notre point
de vue, ce n'est pas encore fait.
M. Phaneuf: J'ai des affirmations venant du lac Saint-Jean
où, me dit-on, les protocoles d'entente signés reflètent
la réalité sur le plan de l'animation, ce qui ne veut pas dire
que, dans un autre secteur du Québec, ces mêmes applications ont
pu être faites d'une façon aussi facile. D'accord?
M. Benoît: On parle de tout le Québec, on ne parle
plus de la Beauce.
M. Phaneuf: En parlant de tout le Québec, on ne peut pas
se servir d'un exemple qui ne fonctionne pas pour dire que ça ne
fonctionne pas non plus dans tout le Québec. Je vous dis qu'il y a plus
de 200 protocoles d'entente qui ont été signés, ce qui
signale des intentions. Maintenant, les difficultés à vivre ces
protocoles vont nous être signalées et le rôle de
complémentarité qu'on doit remplir sur le plan des
difficultés reste à discuter. C'est bien sûr que c'est le
cheminement logique qu'on doit suivre dans nos discussions.
Maintenant, quelles sont ces difficultés? Est-ce qu'elles sont de
nature financière beaucoup plus que de nature humaine? Cela aussi, il va
falloir qu'on en discute. Quand vous parlez des concierges, je suis bien
conscient qu'autant du côté municipal, que du côté
scolaire, vous avez aussi vos liens avec les unions. Vous avez vos propres
difficultés dans ce sens, à savoir qu'un animateur, compte tenu
du fait qu'il est syndiqué, va travailler tant de périodes de
temps; cela existe aussi dans certains cas. Cela ne veut pas dire que tous les
animateurs de loisirs permanents sont syndiqués actuellement, ce qui
laisse dans certains secteurs plus de souplesse que dans d'autres.
Il y a même des CLR qui sont syndiqués par rapport à
d'autres qui ne sont pas syndiqués, ce qui crée une
diversité de problèmes qui sont exacts, vrais, qui existent
actuellement.
M. Benoît: Je peux vous donner un dernier éclairage
sur la question. C'est que l'Union des municipalités travaille dans un
comité concernant la concertation scolaire mu'nicipale avec des gens
représentant le monde scolaire, qui sont aussi présents à
cette table. On s'est rendu compte que même dans les régions qui
étaient pour nous des régions pilotes où ça allait
bien, où ça allait hypo-thétiquement bien, où ces
gens étaient utilisés comme modèle de concertation,
très récemment, il y a un tas de choses qui sont remises en
question. Probablement qu'on va trouver des solutions pendant que nos
études vont se poursuivre, mais simplement, pour nous, on ne peut pas
affirmer que tout fonctionne rondement parce qu'il y a un bon nombre de
protocoles d'entente.
M. Houde (Fabre): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Je vois dans votre mémoire à la
page 12 en passant je veux vous féliciter de votre mémoire
que l'Union des municipalités a joué son rôle,
étant donné que vous avez, dans toutes les municipalités,
à défendre des préoccupations au niveau de l'implantation
dans vos milieux respectifs d'un loisir et d'un sport. Dans votre
mémoire, à la page 12, vous dites: "La présente loi ne
précise en rien la responsabilité des divers intervenants aux
paliers régionaux et locaux", et, un peu plus loin: "II est inconcevable
qu'une telle loi soit muette sur l'intervention municipale..."
Si vous aviez à déterminer dans cette loi un rôle
précis des municipalités avec les moyens d'action, en quelques
mots comment décririez-vous le rôle des municipalités
à l'intérieur d'une loi provinciale?
M. Benoît: On ne veut pas faire le travail des
législateurs non plus. On aimerait bien être présents, au
préalable, s'il y avait la possibilité d'inclure cet aspect dans
une nouvelle loi, qui serait une loi de développement du loisir. A ce
moment-là, probablement qu'on s'inspirerait d'une philosophie qui est
semblable à celle de la Loi des cités et villes, qui permet
à une municipalité de jouer un rôle le plus large possible
en fonction des besoins de ses citoyens.
Pour le moment, il n'est pas possible de vous définir, d'un coup,
le rôle, tel qu'on le prévoirait. Mais on aimerait, possiblement,
dans la perspective d'une loi sur le développement du sport, prendre
part à la discussion préalable.
M. Phaneuf: M. Benoit, si on avait un article,
dans le projet de loi no 2, qui disait d'élaborer et de mettre en
oeuvre des politiques relatives au loisir et au sport, en tenant compte des
rôles des municipalités et des établissements scolaires en
ce domaine, pour réaliser une action concertée, cela vous
donnerait exactement ce qu'est l'intention du gouvernement et cela forcerait le
gouvernement à avoir cette rencontre avec les municipalités et
les commissions scolaires pour mettre sur pied les programmes.
Cela clarifierait probablement la situation, à partir d'un
article comme celui-là qui pourrait être facilement
intégré dans la loi.
M. Lamontagne (Gilles): C'est une amélioration.
M. Phaneuf: C'est clair, quand même. Si vous voulez
être consultés et si vous voulez qu'on signale nos intentions, on
n'a qu'à ajouter un article qui dit exactement cela. Cela signifie les
intentions du gouvernement québécois et cela force le
gouvernement québécois à cette consultation, autant avec
la municipalité que le milieu scolaire, pour arriver à
établir des programmes mieux concertés. D'accord?
M. Léger: Vous n'avez pas préparé une
définition dans laquelle on pourrait voir comment vous pourriez jouer un
meilleur rôle comme tel. Vous aimeriez mieux que le gouvernement
présente un article ou un projet sur lequel vous pourriez
continuellement être consultés. Mais vous n'avez pas défini
réellement, à l'intérieur d'une politique provinciale,
quel serait le rôle précis de la municipalité
là-dedans.
M. Lamontagne (Gilles): Je dirais, M. le Président, que le
rôle des municipalités au point de vue des loisirs est très
diversifié. Vous nous demandez de décrire quel serait le
rôle d'une municipalité au point de vue des loisirs, à
partir de la ville de Montréal jusqu'à une municipalité de
3000 ou de 5000 habitants. Ce serait assez difficile de faire une espèce
de nomenclature des responsabilités lorsque cela ne s'applique pas de la
même façon dans toutes les municipalités.
Une chose est certaine, c'est que nous, nous savons, comme
municipalités, que nous sommes les mieux postées pour savoir ce
que nos gens veulent. La crainte que nous avons devant une loi comme
celle-là, c'est qu'on commence à structurer par le haut, qu'on
descende vers la base et, que rendu à. la base, il ne nous reste plus
rien.
C'est nous qui sommes avec les problèmes. Les gens parlent de
qualité de vie; ce sont des grands mots qu'on voit dans tous les volumes
de nos jours. Bien, la qualité de vie, je pense que ce sont les
élus municipaux qui savent ce que veulent les parents et les enfants. Ce
n'est pas ce que quelqu'un a pensé au niveau d'une maîtrise
universitaire et autre. C'est ce que ces gens-là veulent, en bas.
A Saint-Apollinaire, les loisirs ne sont pas les mêmes que dans la
ville de Québec. C'est cela qu'il faut essayer de trouver.
M. Phaneuf: Par contre, M. le maire...
M. Léger: Juste pour terminer là-dessus. Pour que
vous me donniez une réponse plus précise, je suis bien d'accord
sur ce que vous avez dit. Je pense que vous êtes les mieux placés
pour connaître les besoins parce que vous êtes près de la
population au niveau municipal; que ce soit une municipalité de 200 000
habitants ou une municipalité de 3000 habitants, vous êtes plus
près des gens.
Mais regardons l'autre affirmation faite à l'article 13 où
vous craignez que l'Institut des sports n'atteigne pas l'objectif qu'on veut et
qu'on en fasse seulement une élite sportive sans s'occuper de la base.
Je relie ma question au fait que, si on veut avoir une élite sportive,
il faut nécessairement qu'il y ait une participation massive de la
base.
Est-ce que ce n'est pas là le rôle des municipalités
de favoriser, à l'intérieur d'une politique globale provinciale,
la participation active de la base par une accessibilité plus
ancrée, avec un plus grand budget, avec des animateurs payés,
soit par le gouvernement provincial ou par les municipalités, avec le
budget voulu? Cela permettrait qu'il y ait un grand bassin de participants
sportifs dans lequel pourra puiser un institut des sports pour en faire une
élite sportive. Est-ce que vous voyez le rôle que la
municipalité peut jouer?
M. Lamontagne (Gilles): Je pense que ce que vous venez de
décrire est exactement notre rôle, dans un sens, jusqu'à un
certain niveau. Je pense que ce n'est pas aux municipalités de
développer l'élite. Je pense que c'est à nous, comme vous
le dites, de partir de la base, d'essayer de les entraîner, d'essayer de
les encourager ou, enfin, d'essayer de les motiver, que ce soit aux sports ou
au loisir en général.
Mais, rendu à un certain niveau, ce n'est plus notre rôle.
Je pense que ce serait peut-être bon de définir à quel
endroit cela passe, soit à l'Institut des sports ou à des
organismes plus élevés qui ont d'autres vocations que nous, les
municipalités.
M. Phaneuf: Ce qui a été bien compris, je pense,
par l'Institut des sports du Québec.
Lorsqu'il définit son rôle, il dit bien à quel
endroit elle commence à s'occuper de l'athlète et à quel
moment elle arrête aussi. Je pense que cela c'est défini dans le
rôle de l'Institut des sports du Québec, qui est
complémentaire au rôle des municipalités.
M. Lamontagne (Gilles): Je pense qu'il y a une
vérité aussi qu'il faut tout de même admettre, c'est que si
on n'a pas les moyens humains et les ressources financières
nécessaires à la base pour faire notre travail, cela ne sert
à rien à penser à une élite, à ce moment. Je
pense qu'il va falloir commencer à établir bien solidement la
base et, par la suite, on verra ce qu'on fera, au lieu de commencer par en haut
en disant: S'il en reste, on ira à la base.
Dans le moment, peut-être qu'il y a une lacune, un
équilibre qu'il est peut-être bon de réétablir.
M. Phaneuf : Je pense que, d'une façon, compte tenu de ce
qui s'est fait depuis quelques années, si on regarde le bilan des
dernières années, on s'aperçoit, à cause des Jeux
du Québec dans lesquels le rôle des municipalités est
directement impliqué, que les Jeux du Québec ne se font pas sans
l'aide des municipalités, ils sont faits par la Société
des Jeux du Québec. C'est un apport qui va déceler à la
base ce qui existe comme force vive dans le monde du sport dans chacune des
municipalités du Québec. C'est un exemple, je pense, où il
y a quand même de l'argent qui est mis de l'avant, qui aide les
municipalités et qui aide même à la motivation, sur le plan
municipal, de la formation d'une certaine élite, mais à un niveau
très bas, ce qui n'est pas la responsabilité de l'Institut des
sports du Québec.
Il y a un autre exemple que je voulais donner. Une des
responsabilités, parce qu'on parle beaucoup des centres de plein air, ce
qu'on fait dans nos programmes, sans avoir pour autant un livre blanc qui nous
a donné la grande philosophie du loisir, dans le concret, lorsqu'on fait
une analyse des besoins en matière de plein air, on sait que cela prend
une municipalité qui a quand même un certain pouvoir de taxation
pour faire l'acquisition d'une montagne, lorsqu'il y a une montagne dans son
territoire, pour faire un centre de plein air.
Je vais vous citer des exemples. Il y a Sherbrooke, avec le mont
Bellevue, et il y a d'autres municipalités qui ont fait cette
acquisition de centres de plein air. Je pense à Sainte-Foy, qui a sa
base de plein air. On est complémentaire à cela. On est
complémentaire de deux façons. On apporte une aide municipale
pour un centre de plein air qui a purement une vocation municipale, donc
locale, et s'il a une vocation régionale, on s'associe encore avec une
municipalité et la subvention augmente, compte tenu qu'on ne demandera
pas aux citoyens d'une municipalité de défrayer, par le biais de
la taxation municipale, un programme de centre de plein air qui va desservir
d'autres municipalités qui environnent la municipalité. C'est
pour cela qu'on augmente la subvention.
Il y a donc une politique qui découle de tout cela et qui est
faite en consultation avec les municipalités, parce que ce n'est pas
l'Etat qui a mis de l'avant les centres de plein air, ce sont les
municipalités dans ce sens. Il y a des centres locaux. Il y a des
centres au niveau régional avec une vocation régionale et, comme
j'ai dit tantôt, il y a la complémentarité du gouvernement
du Québec et, forcément, les parcs provinciaux qui, à ce
moment, sont totalement sous la responsabilité de l'Etat
québécois, lorsque les municipalités ne peuvent pas
s'impliquer dans ce domaine.
Je pense que cela définit quand même assez clairement la
politique du gouvernement dans le domaine de l'implantation des centres de
plein air. Même les programmes démontrent clairement la politique
du gouvernement du Québec. La seule chose qu'on peut nous reprocher dans
certains cas, c'est de ne pas avoir assez d'argent pour débloquer
rapidement toutes les demandes qui nous sont présentées. Les
réalités financières du gouvernement du Québec sont
les mêmes que les réa- lités financières du domaine
municipal où le pouvoir de taxation est toujours basé sur la
capacité de payer des gens.
M. Léger: II me restait une dernière question, M.
le Président, parce que le ministre semble continuellement devoir
réexpliquer le projet de loi. Vous avez quand même dit, à
la page 13: "Nous estimons que les régimes d'agrément, de mandat,
de contrôle financier, de sanction des règlements réalisent
une étatisation des fédérations sportives."
Concluez-vous par là que le ministre ou le futur ministre des
loisirs et des sports devrait se définir comme un partenaire des milieux
et non pas comme le préfet de discipline du milieu sous danger
d'asphyxier le milieu et d'empêcher cette créativité du
milieu? Voulez-vous dire par là que la loi telle que
présentée empêcherait justement cette concertation
continuelle du milieu qui n'est pas, comme je le disais tantôt, une
industrie qu'on peut encadrer comme telle, mais qu'il faut
nécessairement permettre à la base de définir ses besoins,
de donner un mandat à ceux qui ont à le réaliser, et non
pas de venir par en haut et définir un mandat sectoriel ou très
précis et, à ce moment, asphyxier le milieu? Pensez-vous que ce
devrait être l'inverse, qu'il devrait y avoir une concertation
continuelle, obligatoire dans cette loi, avec les organismes du milieu au lieu
d'être là continuellement comme un préfet de discipline en
faisant des sanctions et à obliger à avoir des contrôles
qui asphyxieraient le milieu?
M. Lamontagne (Gilles): Je pense, M. le Président, que ce
n'était pas notre pensée en présentant le mémoire.
Nous sommes heureux d'entendre le ministre dire d'ailleurs qu'il a un
rôle de complémentarité. Cela nous rassure un peu, parce
que, tel qu'on le dit dans notre mémoire, la loi est assez coercitive,
impose beaucoup de choses. Est-ce que des règlements tout simplement ne
seraient pas suffisants dans certains cas pour provoquer une concertation
très ordinaire au lieu d'avoir une loi avec quatre chapitres, etc? On
est toujours craintif, nous des municipalités, en face des grandes
lois-cadres.
En général, les lois-cadres, que ce soit n'importe quel
gouvernement j'en ai fait quatre, d'ailleurs, comme maire, alors, je
n'implique aucun gouvernement, en particulier les lois-cadres
ordinairement sont là et, ordinairement, on perd des pouvoirs, ou on se
fait imposer certains contrôles.
M. Léger: Les gouvernements passent mais les maires
restent.
M. Lamontagne (Gilles): Dans des cas oui, dans d'autres cas,
c'est le contraire.
Notre mémoire, je pense qu'il faut le prendre comme une demande
de prudence, une demande afin d'essayer, autant que possible, d'alléger
la réglementation, d'alléger un peu la possibilité pour
les municipalités d'agir dans le domaine des loisirs. Parce que si on
examine, un par un, tous ces
numéros, ces chapitres de votre loi, M. le ministre, on se
demande, si votre budget n'est pas augmenté, comment vous allez pouvoir
payer tous ces gens en haut de la base. Je ne suis pas dans le secret des
dieux, je ne sais pas si vous aurez un meilleur budget, je l'espère pour
vous. On n'est pas ici pour se conter des histoires. Fondamentalement, ce qui
manque aux municipalités, pour bien remplir leur rôle, au point de
vue des loisirs, comme on voudrait, à cause d'une évolution
très rapide et changeante des Québécois, ce sont les
ressources financières, c'est évident. On n'est plus capable
d'amuser les enfants dans des carrés de sable. C'est évident.
Tout le monde est plus exigeant; avec raison. D'ailleurs, dans un
mémoire que j'ai lu, on disait que déjà la semaine de
quatre jours s'en vient. Qu'est-ce qu'on va faire les trois autres jours? Il
faut se préparer à cela, Je pense que c'est dans ce contexte
qu'on a présenté notre mémoire. On ne veut pas discuter
ici des politiques du gouvernement au point de vue des loisirs. Je pense que,
malgré tout, vous avez fait de bons coups. On n'est pas ici pour en
discuter, mais on ne voudrait pas non plus qu'une nouvelle loi, si elle est
entérinée par le Parlement, devienne pour nous une espèce
d'encadrement, de contrainte selon laquelle on serait à la merci, encore
une fois, des gouvernements supérieurs.
M. Phaneuf: Par contre, M. le maire, je ne voudrais pas non plus
qu'on interprète cette législation comme une modification
éventuelle à être apportée à ce qu'on fait
déjà dans le monde du loisir. Quand je parle de
complémentarité, je pense que cette loi ne change en rien le
rôle de l'Etat. Il ne faudrait pas mélanger les deux. Quand on
parle des fédérations, je peux reconnaître un rôle
aux fédérations. Du moment que je donne une subvention à
une fédération, je lui reconnais un rôle. Quant aux fonds
publics, tantôt, je me suis exprimé sur le genre de contrôle
que je veux exercer sur les fonds publics, non pas sur la
fédération comme telle. La fédération a toute la
latitude, compte tenu de la composition dans notre système
démocratique d'une fédération sportive. La
fédération, à savoir son exécutif, sa composition
et sa vocation, est établie par l'assemblée
générale, par ses membres. C'est le système qui le veut
ainsi, et ce n'est pas moi qui vais le changer. Cela n'empêche pas un
président de fédération internationale dans un domaine
particulier, comme le judo, de dire ce qu'il a dit cette semaine. Il n'y a pas
un gouvernement qui peut l'empêcher de le faire. D'ailleurs, si le
président de cette fédération et si cette
fédération ne veut plus sanctionner des compétitions
tenues dans un pays, elle a le droit de le faire, elle peut le faire. Ce n'est
pas un gouvernement qui peut changer cela. On peut bien tenir des
compétitions sans obtenir la sanction internationale, à ce
moment. C'est un fait. Il n'y a pas un gouvernement qui peut le changer. Il ne
faut pas laisser supposer les choses que la loi ne peut pas faire. Je ne peux
pas me donner des pouvoirs qui ne me seraient pas reconnus dans d'autres pays
et dans d'autres provinces, de toute façon, face aux
responsabilités bien claires et bien précises des
fédérations sportives; mais lorsque je m'associe au financement,
je peux, compte tenu de mes propres responsabilités, dire dans quel
domaine je vais privilégier le développement d'une
fédération, compte tenu des priorités gouvernementales. Je
peux m'associer à la fédération. Dans d'autres pays, il y
a des fédérations qui s'autofinancent complètement. Dans
d'autres pays, la fédération est aidée presque en
totalité par l'Etat. Ici, dans notre système démocratique,
on a un rôle de complémentarité aussi face aux
fédérations. C'est ce rôle qu'on veut remplir.
M. Lamontagne (Gilles): M. le Président, en
résumé, ce que veulent obtenir les municipalités, d'abord,
c'est d'être là lorsqu'une décision se prend. De plus,
essayez de trouver, par une loi faites-la la loi, ce n'est pas notre
rôle de vous dire oui ou non une meilleure concertation avec les
milieux municipaux et aussi une coordination simplifiée de tous les
éléments en loisir, ne pas la compliquer, mais la simplifier;
essayez d'arriver à une concertation très dynamique de ce niveau,
parce qu'on ne peut pas attendre. La population n'attendra pas que la loi,
enfin, que tout le monde se prononce sur un sujet donné. Nous insistons
là-dessus, nous, les municipalités, savoir qu'il faut une
concertation rapide, une coordination de tous les efforts. Essayez d'arriver
à des réalisations, et non pas simplement à des livres
bleus, blancs, rouges la couleur n'est pas importante on veut
avoir de l'action.
M. Phaneuf: D'accord. Je ne veux pas laisser supposer que par
cette loi, on a l'intention d'augmenter le financement à la tête,
et ne pas aller à la base, ce qui est tout le contraire de ce qu'on a
fait. Si on regarde les trois chapeaux, la CSQ, CEQ et FQPA, et qu'on regarde
les subventions qu'on donnait il y a cinq ans, il y a quatre ans, il y a trois
ans, il y a deux ans et qu'on regarde la progression, le budget de la CSQ
demeurait à peu près le même depuis trois ou quatre
ans.
Par contre, le budget du haut-commissariat comme tel est parti de $13
millions pour atteindre à près de $40 millions, ce qui veut donc
dire qu'on n'a pas augmenté le chapeau, mais on a augmenté
drôlement tous nos programmes qui vont à la base, raison
d'être du chapeau. La législation, à ce que je sache, ne
change rien à ça, elle ne change rien dans les faits, et je ne
croirais pas qu'elle laisse supposer que ce sont les intentions du gouvernement
d'augmenter le chapeau, bien au contraire. Je pense que les structures
québécoises en place actuellement sont reconnues par l'Etat et
par les municipalités, parce que vous travaillez, vous aussi, avec les
organismes en place actuellement. On n'a pas souffert de structu-rite, mais on
a assez de structures en place actuellement pour nous permettre de fonctionner
dans le monde du loisir. Il s'agit de faire une consolidation de tout
ça, et cette législation ne veut pas être autre chose
qu'une consolidation. Elle ne modifie en rien les structures actuelles.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Fabre.
M. Houde (Fabre): M. le Président, je voudrais faire une
courte intervention et poser quelques questions à l'Union des
municipalités. J'aimerais que le projet de loi, ou enfin, que ceux qui
ont rédigé le projet de loi puissent peut-être
régler le problème des cadenas et des concierges par un article
de la loi, puisque ça m'apparaît être la seule solution,
à la suite de ce que M. Benoît c'est ça, votre nom?
a dit tantôt. J'avais l'impression j'en prends à
témoin le père de la Sablonnière et quelques autres qui
sont dans la salle tout à l'heure d'entendre des débats
auxquels je participais il y a 20 ans. Je ne veux pas faire de folklore, ni
d'histoire, mais quand un représentant de l'Union des
municipalités vient me dire, en octobre 1976, qu'encore une fois, un des
problèmes qu'on retrouve dans les municipalités avec les
commissions scolaires, c'est un problème de cadenas et un
problème de concierges, moi, j'en perds non seulement mon latin, mais
j'ai presque envie de changer de religion, malgré le père Sablon.
Cela m'apparaît inconcevable, en 1976, dans une commission parlementaire
en train d'étudier une loi pour la création d'un ministère
et toutes les autres lois, qu'on parle encore des cadenas et des concierges
comme d'un des éléments importants qui empêchent
l'utilisation des installations sportives qui, tantôt, appartiennent au
scolaire, qui, tantôt, parce que ce n'est pas à sens unique,
appartiennent à des municipalités. S'il n'y a pas moyen, par les
milliers et les milliers de pages écrites, les milliers et les milliers
de paroles prononcées depuis au moins 20 ans, par des centaines et des
centaines de réunions, de colloques et d'assemblées, de
régler le maudit problème des concierges et des cadenas dans les
cours d'écoles, dans les gymnases, dans les piscines et partout, sur les
pistes ainsi que sur les terrains de tennis, je dis au ministre: Relisons la
loi lentement. Faisons trois articles de plus, s'il le faut, mais
tâchons, par un moyen quelconque, très sévère, s'il
le faut, de régler ce problème des concierges et des cadenas. Je
n'explicite pas plus ma pensée, parce que ça fait 20 ans qu'on en
parle.
Il y a une autre chose que je voudrais souligner et sur laquelle je
voudrais demander en même temps peut-être l'opinion de l'Union des
municipalités. J'ai, dans les conversations qui ont
précédé, eu, encore une fois un petit peu l'impression
que, concernant le sport, par exemple, on était encore à
l'idée de sport municipal. Les municipalités ont des droits, ont
un travail très près de la masse, j'en conviens, mais, à
un moment donné, je me pose la question et je vous la pose en même
temps: Est-ce que, dans votre esprit, il y a une différence entre le
sport municipal et le sport fédéré ou le sport des
travailleurs et le sport scolaire, le sport catholique et le sport protestant?
Est-ce qu'on revient également à 25 ans en arrière
où on avait la brasse orthodoxe en natation et le crawl catholique? On a
connu ça dans la province.
Je pose la question suivante: Est-ce que les municipalités, vous
êtes d'accord, tout en organisant vos sports, admettez ce serait
peut-être la première fois que l'ensemble du Québec
admettrait que le sport étant ce qu'il est, il est régi
par des fédérations, d'une part, internationale, d'autre part,
une nationale, et, finalement, dans le cas du Canada, tant que la province de
Québec sera au Canada, par des fédérations provinciales?
Là où je veux en venir, c'est que s'il y a du volley-ball dans
une municipalité, je ne vois pas comment on peut finir par régler
notre structure si le volley-ball d'une municipalité n'a pas une place
à l'intérieur d'une boîte qui s'appelle
Fédération québécoise de volley-ball, qui, elle,
est automatiquement membre et affiliée de la Fédération
nationale du volley-ball, qui, elle, est membre de la Fédération
internationale du volley-ball.
Si tout le monde commence à avoir son chapeau dans la question
des disciplines sportives, on n'en sortira jamais.
Je souhaite, en tout cas, que les municipalités, surtout celles
qui ont un directeur des sports, des loisirs, si on pouvait, tous ensemble,
dire que cela n'enlève rien à la juridiction de qui que ce soit,
mais le garçonnet ou la fillette, qu'il soit à l'école ou
sur un terrain de jeux municipal, en train de jouer au tennis ou au basket-ball
ou au volleyball... J'ai toujours rêvé que ce garçonnet ou
que cette fillette dise: Je suis à Sainte-Foy ou à Québec
sur un terrain de jeux. Je joue au volley-ball pour m'amuser, d'accord, mais
que ce garçonnet ou que cette fillette sache qu'en jouant sur son
terrain de jeux au volley-ball, il appartient à une
fédération de volley-ball du Québec qui, elle, appartient
à une fédération nationale et qui, elle, appartient
à une fédération internationale, pour ne pas retomber dans
ce qui est arrivé il y a plusieurs années au Québec,
à savoir que des milliers et là, je ne charrie pas sur mes
chiffres de Québécois et de Québécoises
n'ont jamais même été invités à une
compétition officielle, tout simplement parce qu'ils n'étaient
pas membres de la bonne association ou du bon organisme qui régit ce
sport.
Pourtant, au Québec, ou a eu des centaines et des centaines de
champions interparoissiaux, intercités, inter tout ce que vous voulez.
On a eu des olympiades, douze fois par année, à tous les coins de
rue, sur tous nos terrains de jeux, et on a eu des milliers de gars et de
filles qui ont fait de l'athlétisme. Ils couraient le matin. Ils ne
couraient pas la veille et ils ne couraient jamais le lendemain. Une fois par
année, on faisait les olympiades, même chez les scouts, et,
pourtant, on a de la misère à trouver 10, 15 ou 20
Québécois qui parlent français qui sont membres, en bonne
et due forme, d'une vraie fédération d'athlétisme, qui
sont conscients de leur situation presque géographique dans l'ensemble
du phénomène de l'athlétisme sur le plan mondial.
Le troisième point que je voudrais soulever. Peut-être que
les conseils de municipalité pourraient-ils méditer aussi sur
cette remarque que je ferai. On a galvaudé, on a répandu et, je
pense, d'une façon trop facile, que ce n'était jamais le
rôle des municipalités de s'occuper de l'élite je
l'ai entendu tantôt et je pense qu'on mélange trop
facilement, encore une fois, en 1976 toute cette question de masse, d'espoirs
et d'élite. On va comprendre que c'est bien simple, bien clair
que, si on veut avoir une élite, cela prend une masse, mais cela
n'est pas toujours vrai et ce n'est même pas une question sine qua non
aujourd'hui ou une raison sine qua non.
Il faut absolument, en 1976, surtout après les Jeux olympiques,
faire une nette distinction entre la masse, les espoirs sportifs et
l'élite sportive, et je vais reprendre un exemple que je cite depuis
peut-être 20 ans pour la centième fois. Quand vous avez 50
finissants en médecine à l'Université Laval ou de
Montréal, vous n'avez pas, automatiquement, dix spécialistes pour
le coeur, dix spécialistes en orthopédie, dix spécialistes
en obstétrique ou en autre chose. Vous avez 50 médecins. Pour en
faire des spécialistes, il faut que ces gars ou que ces filles
reprennent l'entraînement, les études en vase clos pendant encore
trois, quatre ou cinq ans pour devenir de véritables
spécialistes, de véritables chirurgiens
C'est un peu la même chose pour la masse. Il est bien clair que,
plus il y aura de participants dans le ski ou dans la natation, plus on a la
chance, non pas et je veux détruire ce cliché
d'avoir automatiquement une élite sportive, non, on aura seulement, en
partant d'une grande masse de la population, quelques espoirs sportifs. Le
niveau de performance dans le sport amateur a atteint un point tel
qu'aujourd'hui, faire partie seulement d'une équipe du Québec,
c'est déjà un exploit et Dieu sait si on est loin des
médailles d'or en étant sur l'équipe du Québec.
Seulement faire partie de l'équipe du Canada, c'est déjà
un très grand exploit. Imaginez, vous classer 1er, 2e, 3e sur le plan
international, ce que c'est!
Ceci étant dit, je voudrais savoir pourquoi, dans les
municipalités, ne réserve-t-on pas, si on croit à cela, si
on croit à l'importance, à un certain moment, d'aider nos espoirs
sportifs, si on croit à l'importance d'aider, éventuellement, une
élite sportive... Je ne suis pas d'accord pour qu'automatiquement, les
maires et les conseils municipaux disent: Nous, la masse, c'est strictement
notre affaire, mais à peu près jamais l'élite et à
peu près jamais l'espoir, et je sais que ce n'est pas facile. Je
m'adresse à des maires.
Je le disais récemment au maire Drapeau à l'occasion d'une
séance d'une commission parlementaire.
Je sais que ce n'est pas facile pour un maire et un directeur des
loisirs d'une ville. Je vais prendre un exemple à l'extrême. Au
mois de juillet, 95 degrés de chaleur, 500 personnes qui attendent pour
aller dans la piscine. Ce n'est pas facile de dire aux 500: Attendez
parce que de deux à trois heures, peu importe l'heure vous devez
attendre une heure avant d'aller barboter, et vous rafraîchir. Non pas
nager, qu'on ne vienne pas me faire croire qu'on forme des nageurs avec 500
personnes dans le bassin. Ce n'est pas facile de les faire attendre de l'autre
côté de la clôture, si c'est une piscine extérieure,
peu importe, où dans le hall d'entrée, et de réserver le
bassin pour vos 20 ou 30 meilleurs nageurs avec un entraîneur, son
chronomètre et son sifflet.
Cela a été une espèce de fil conducteur, depuis des
années dans la province. Des municipali- tés du Québec ont
des bassins, des piscines, des stades, des gymnases et, à un moment
donné, on se demande: Comment se fait-il que nous n'avons jamais un
athlète de pointe, nous n'en avons jamais un qui perce? Chaque fois
qu'il y en a eu qui ont percé, c'était ordinairement dans les
pires conditions qu'on ait vécues au Québec, je pense au vieux
Palais Montcalm, à la vieille Palestre nationale avec une piscine qui
coulait où les gars, parce qu'ils avaient un animateur qui avait le feu
sacré, consentaient à aller s'entraîner de six heures
à huit heures du matin. Jamais les municipalités n'ont fait cet
effort. Je parle dans l'ensemble, je généralise un peu. Je ne
voudrais pas qu'on parte du principe que l'unique fonction d'une
municipalité, en ce qui concerne le sport amateur, est une fonction de
masse.
Je pense que dans un programme à l'intérieur d'une
municipalité, il faut quand même surtout si on en veut, si
on n'en veut pas, qu'on le dise carrément si on veut aider au
développement de quelques espoirs, de quelques élites, s'il y en
a, que dans certaines municipalités on puisse consacrer, bien sûr,
un minimum, mais au moins qu'on respecte un minimum d'heures selon les
équipements, dans l'encadrement, pour développer au sein de sa
municipalité les meilleurs éléments. Ce qui est vrai pour
le sport est également vrai pour le socio-culturel. Si nous en avons des
meilleurs en peinture, si nous en avons des meilleurs en danse, des meilleurs
en folklore, il faut également leur donner quelques avantages qui sont
un petit peu à part de ceux de la masse.
Ce sont les quelques remarques dont je voulais vous faire part et
peut-être avoir quelques réponses.
M. Phaneuf: Avant d'avoir les remarques de l'Union des
municipalités, pour continuer un peu là-dessus, j'ai un autre
exemple. Pourquoi connaissons-nous toujours une élite dans le domaine du
hockey? C'est bien simple, c'est parce que les municipalités, face au
hockey, remplissent exactement le rôle que nous aimerions leur voir
remplir dans le domaine de l'athlétisme et de la natation. Vous
réservez une aréna pour six petits gars sur la glace, face
à six autres petits gars, avec un entraîneur. Vous le faites,
parce que vous avez des temps pour la pratique du hockey junior, mineur, etc.
Vous avez tous ces temps dans votre programmation au niveau municipal. Ce qui
est vrai pour le domaine du hockey est pas mal moins vrai pour le domaine de la
natation, du volley-ball, de l'athlétisme et tout le reste.
C'est un des problèmes. C'est parce que le hockey est mieux
compris, mieux structuré, mieux organisé. Il y a plus
d'entraîneurs qualifiés. C'est un sport de compétition et
chaque fois qu'on organise du hockey, on a six jeunes, face à six autres
jeunes et quelques joueurs sur le banc pour les remplacer. On organise le sport
du hockey comme cela. On n'a jamais pensé à organiser le sport de
la natation de la même façon, parce qu'on dit: C'est la baignade,
le bain public je pense que mon collègue a entièrement
raison très peu de programmation faite dans le
même style que le hockey pour consacrer des immobilisations
coûteuses. Or, à ce que je sache, il en coûte environ $1
million pour construire une aréna aujourd'hui et cela ne nous fait rien.
On trouve l'argent pour donner $45 quelquefois à la municipalité
pour faire la location, à l'heure qu'on doit la faire, et, dans d'autres
disciplines sportives, on n'en trouve pas. On ne retrouve pas cette
struc-turite qu'on a retrouvée dans le hockey, ce qui fait que dans le
hockey on connaît des élites. C'était simplement pour
compléter l'exemple de mon collègue.
M. Lamontagne (Gilles): Juste deux mots. Je donne la parole
à M. Benoît. Je pense qu'il n'y a pas de contradiction avec ce que
le député de Fabre vient de dire et M. le ministre. Simplement,
vous n'êtes pas maire pour voir de quelle façon vous devez donner
certaines priorités à la masse. Vous parlez des arénas, le
hockey, c'est vrai. Mais, on a tout de même dans la ville de
Québec de 15 000 à 18 000 jeunes qui jouent au hockey. Nous en
avons peut-être 200 qui aiment à avoir le judo. Mais il faut
donner certaines priorités et on donne la priorité,
évidemment, à une activité que la masse veut avoir. Si
demain matin on disait: Pour donner la place à d'autres disciplines
sportives on va couper la moitié des équipes de hockey dans la
ville de Québec, vous auriez une révolution sur le dos. Les
ressources sont assez restreintes et les disciplines sont complexes et de plus
en plus nombreuses au niveau municipal. Nous sommes rendus à être
obligés d'amuser l'âge d'or, de faire des excursions en plein air.
Autrefois, nous ne pensions même pas à cela.
Je pense que le député de Fabre est au courant des
problèmes fiscaux qu'on peut avoir au niveau municipal. Je pense qu'on
ne fait pas de cachette à personne. Nous sommes bien prêts
à accepter, à dire qu'il faut une fédération
internationale, fédérale, provinciale, municipale et le reste,
mais il faut aller au plus pressant. Je n'ai pas le droit de dire, au nom de la
ville de Québec ou de n'importe quelle ville: On va couper l'eau parce
qu'on n'a pas assez d'argent pour le loisir, on va mettre plus de loisir, plus
d'argent sur les loisirs. Malheureusement, nos priorités sont tellesque
les loisirs, dans bien des cas, de moins en moins, par exemple, sont
passés comme une septième ou une huitième priorité.
Je ne mets pas en doute le bien-fondé de cela, mais on était
forcé de le faire. C'est seulement depuis quelques années qu'on
vient à bout... Quand j'ai pris le pouvoir, à l'hôtel de
ville, on avait un budget de $200 000, on est rendu à plus de $4
millions. Dieu sait qu'il y aurait encore besoin de $2 millions pour
réellement satisfaire à l'essentiel, réellement appliquer
votre pensée, parce qu'on n'a aucune contradiction avec votre
pensée. On pense la même chose, mais simplement, qu'est-ce que
vous voulez, on est aux prises avec des problèmes et on ne peut pas
transposer nos ressources financières autrement qu'on le fait en ce
moment. On ne peut pas, comme un gouvernement, dire: Cette année, on va
diminuer la mission sociale pour donner un peu plus à l'autre mission.
Nous en avons jusqu'au cou des missions. On ne peut en donner plus nulle part.
Que voulez-vous? On aimerait donner, demain matin, une priorité à
la ville de Québec, par exemple, aux loisirs. Cette année, on
donne priorité aux loisirs, mais qu'est-ce que je fais avec les
égouts? Qu'est-ce que je fais avec le pavage? Qu'est-ce que je fais avec
toutes les choses qui sont peut-être très terre à terre et
dont on n'aime pas parler, mais si vos égouts ne fonctionnent pas demain
matin, je pense que je vais me faire plus engueuler que si votre petit gars ne
joue pas au hockey.
C'est tout cela qu'il faut essayer d'équilibrer, essayer de
donner priorité au bon endroit. Comme je vous le dis, nous ne sommes
aucunement en contradiction avec ce que vous venez de dire, mais je pense qu'il
faut penser que l'élément ressource est à la base de tout
cela. M. Benoît a peut-être quelque chose à ajouter.
M. Benoît: Pour répondre à la question que
m'a posée M. Houde, n'étant pas folkloriste, je n'ai pas voulu
faire de folklore, j'ai voulu tout simplement retoucher un problème
encore existant. J'en suis tout aussi étonné et
déçu que vous pouvez l'être parce que, peut-être pas
il y a 20 ans, mais il y a dix ans, moi aussi je discutais le même genre
de problèmes et c'est très décevant que ce soit encore
comme cela. Je ne dirai pas que les concierges ont la clef du
développement du loisir, mais j'irais jusqu'à dire qu'il y a
encore ce genre d'empêchement qui est encore présent. Ce n'est
peut-être pas le grand problème, mais il existe encore et il y a
encore des choses mineures, qui nous empêchent de bien fonctionner et
d'utiliser au maximum des équipements qu'on possède et qu'on paie
tous ensemble. On le déplore autant que vous pouvez le déplorer.
C'est dommage, mais c'est là. La belle preuve, c'est que le Conseil
québécois de la jeunesse a amorcé un nouveau dossier sur
la concertation il y a un an et n'a pas pu déboucher sur des solutions
parce qu'il a retrouvé un tas de vieux problèmes et il a
utilisé comme ressource des gens qui travaillent au niveau de la
concertation depuis 20 ans et même certains plus que cela et les
bonshommes ont les mêmes genres de problème. C'est dommage. Il
faut peut-être y faire quelque chose, peut-être prendre note, mais
le problème est encore là. C'est peut-être pour cela que
les municipalités aussi... Il ne faut pas oublier qu'on
représente aussi le voeu que nos membres nous ont exprimé. Nos
membres sont inquiets. Quand on parle de l'élite sportive, on n'a rien
contre l'élite sportive, mais les membres, qui sont les
municipalités à la base, reprennent les paroles de notre
président et disent: Dans l'assiette des loisirs qu'il y a au
gouvernement, s'il y en a une plus grande partie qui va de plus en plus vers la
fédération, vers la régie, vers l'encadrement,
peut-être qu'à ce moment-là l'assiette étant la
même, la plus petite partie va descendre vers le bas. Ce sont des
inquiétudes que les gens manifestent. Or, comme il y a d'autres
lois-cadres qui nous ont déjà causé des pro-
blèmes après coup, on se dit: On va en discuter dès
maintenant et on va vous saisir de cette inquiétude et ne soyez pas
surpris si, par la suite, il y a des retours. Les gens sont inquiets. Ils nous
ont demandé de le dire en leur nom et on vous le dit. C'est dans ce sens
qu'on veut être prudent. C'est un peu cela l'opinion des
municipalités et elles l'ont exprimée. Cela fait quatre ans que
je vais à des congrès de l'union et cela fait quatre ans que ces
problèmes reviennent.
M. Phaneuf: Je suis encore bien plus inquiet lorsque vous me
dites cela et que vous me proposez de retirer ce à quoi on est en train
de travailler, parce que si vous sentez le besoin d'un certain dirigisme et si
le problème existe encore au niveau des gymnases, est-ce qu'il va
falloir retrouver dans la loi une directive gouvernementale, compte tenu des
interventions gouvernementales dans ce domaine, des articles qui vont dire aux
commissions scolaires que vous êtes propriétaires de vos
équipements jusqu'à six heures le soir et que les
municipalités deviennent propriétaires après six heures le
soir?
M. Benoît: M. le ministre, sachant le temps que cela a pris
pour avoir une législation et sachant qu'une loi demeure quand
même un certain temps, il y a peut-être certains
éléments dans la loi 2 qui auraient pu faire l'objet d'un
règlement au niveau de l'accréditation, des mandats, ainsi de
suite. Certaines choses auraient possiblement pu être contenues dans un
règlement. Il est plus facile de changer un règlement qu'une
loi.
M. Phaneuf: II est plus facile, d'ailleurs, au stade où on
en est, de proposer des amendements à la législation
présentée que de retirer la législation. C'est dans ce
sens que je le dis. C'est quand même un pas vers l'avant.
M. Benoît: Mais ce n'est pas notre décision.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député Laporte.
M. Benoît: Excusez, M. le Président, j'avais
d'autres réponses.
Le Président (M. Cornellier): Oui, je vous en prie.
M. Benoît: On a parlé aussi du problème de
l'élite. On se dit: Oui, possiblement, il y a une élite, mais il
faut peut-être se resituer. On a parlé de fédération
internationale, nationale, ainsi de suite. Il faudrait peut-être se poser
la question au niveau du gouvernement, est-ce que l'élite, c'est
national ou si c'est québécois? Je ne pense pas que le
Québec fasse partie d'une fédération internationale, mais
le Canada fait partie d'une fédération internationale. Il
faudrait peut-être replacer le débat à savoir si
l'élite est nationale ou québécoise, ou provinciale. Et,
à ce moment-là, décider si l'Etat au Québec
désire une élite, qu'il paye. On ne pense pas que ce soit
à l'ensemble des citoyens de payer cette facture.
Cela ne veut pas dire qu'on n'est pas d'accord. On a eu des rencontres
avec l'Institut des sports du Québec au niveau de l'implantation. On n'a
jamais dit qu'on n'était pas d'accord avec le fait que des
équipements puissent servir, puisqu'ils sont là, qu'ils puissent
exister. Mais l'encadrement de toute cette élite, on n'est pas
prêt à le soutenir au niveau local.
M. Phaneuf: Au provincial, j'en prends la responsabilité.
Parce que je pense que c'est au gouvernement provincial de voir à
répondre aux besoins de l'élite dite provinciale. Ceux qui vont
nous représenter dans l'équipe nationale, là aussi, ils
vont prendre leurs responsabilités. Il faut descendre jusqu'à
l'élite locale, comme M. Houde, mon collègue, l'expliquait
tantôt. A ce moment-là, je pense qu'il faut l'avoir dans sa
programmation municipale, on donnait l'exemple des bains publics. C'est une
décision de la municipalité de dire que, dans sa programmation,
on va ouvrir la piscine aux bains libres de telle heure à telle heure,
mais on n'a aucune espèce de programmation pour former des
athlètes au niveau local. Je dis et nous disons que c'est la
responsabilité municipale. La complémentarité de l'Etat
québécois, face au programme qu'on veut mettre de l'avant et
qu'on a commencé à mettre de l'avant, à savoir si la
richesse municipale ne permet pas cette partie de l'élite municipale,
à ce moment-là, qu'on présente des programmes pour
répondre à ce besoin dans notre rôle de
complémentarité, mais tout en s'associant avec les
municipalités pour le faire.
M. Benoît: II y a deux réponses à ça.
D'une part, il faudrait savoir si les citoyens sont prêts à se
cotiser pour se payer une élite, parce que c'est par les taxes qu'ils
vont la payer. Deuxièmement, il faut peut-être s'entendre sur la
définition, est-ce qu'on parle d'élite lorsqu'on parle au niveau
local sur ce plan? C'est ça, la même terminologie sur laquelle M.
Houde ne s'entendait pas, je pense que ce n'est pas très clair non plus.
Il s'agirait qu'on le précise aussi. Moi, je ne parlerai pas d'une
élite au niveau local si on se place dans la perspective de l'olympisme
et d'une élite internationale. Il faudrait se situer: est-ce que c'est
par rapport au Québec ou par rapport à autre chose? On pourra
peut-être parler ainsi à partir des mêmes
définitions.
M. Phaneuf: Pour se situer dans le cas des municipalités,
permettez-moi de vous dire que j'aimerais bien que les municipalités se
situent au niveau de leurs propres espoirs, aient dans leur proclamation la
formation de ces espoirs sur le plan municipal et, lorsque dans la
programmation l'étude des coûts sera faite, qu'on puisse en
discuter, compte tenu de la complémentarité que je me suis
reconnu comme rôle, qu'on puisse discuter lors d'une autre rencontre,
parce qu'on ne peut pas régler tous les problèmes ici. Mais en
situant bien la responsabilité de la municipalité si on veut
vraiment aller à la base, de former ce genre d'espoir au niveau
municipal.
Si la municipalité se donne ça comme rôle, on pourra
discuter et on pourra s'entendre. Mais tant et aussi longtemps qu'on va garder
cette formule du loisir accessible pour tous et finalement ne pas faire
grand-chose, on ne développera même pas des espoirs dans le
domaine municipal. C'est là-dessus que j'en suis. Je pense que
là, c'est à vous autres, à l'Union des
municipalités, dans les municipalités, de définir le
rôle des municipalités, face à ses propres espoirs, et de
nous présenter des programmes face à ça, s'il y a des
lacunes sur le plan financier, sur le plan local, en disant à la
municipalité: Voici le pourcentage qu'on consacre à nos budgets
dans le monde du loisir, si on veut former des espoirs autres que dans le
domaine du hockey et dans le domaine du baseball, voici ce que ça va en
coûter de plus et voici la complémentarité que doit
apporter le gouvernement provincial.
Je pense que c'est là, si on veut vraiment terminer
là-dessus, qu'il faudrait vraiment définir les partages et les
rôles de chacun.
M. Benoît: On ne se pose pas la question: Est-ce qu'il faut
que la municipalité développe des espoirs? La municipalité
prend des décisions comme partenaire avec des organismes
communautaires.
Demain matin, si une association de hockey mineur X, partenaire avec la
municipalité dans l'utilisation de ressources qu'elle a payées
avec d'autres citoyens, décide d'utiliser la glace à raison d'une
heure-joueur-semaine pour du hockey mineur, il n'est pas question de faire
d'élite de hockey mineur. Et le hockey mineur se joue de cette
façon. La décision se prend le plus possible près du
consommateur, dans une municipalité.
Je pense que, dans le développement du loisir, actuellement, il y
a un retour qui se fait de plus en plus vers l'organisme communautaire. On
n'implante peut-être pas des programmes comme on penserait bon d'en
implanter. Les organismes jouent un rôle très actif; ils sont
partenaires avec les municipalités, avec les professionnels en loisir
qui dirigent les services municipaux. Ils seraient bien mal venus de dire
à une association mineure: Messieurs, vous allez le faire de cette
façon.
Les gens ont des responsabilités, ont même souvent des
budgets parallèles à ceux de la municipalité pour
fonctionner au niveau du hockey mineur; ils vont chercher du financement dans
la municipalité et en dehors. Eux décident, avec les
professionnels et avec le conseil de ville, de l'utilisation de certaines
ressources, ce qui fait qu'à un moment donné, si les gens
décident d'utiliser de telle façon un équipement, c'est
leur équipement, ils en ont pris la décision. Cela fait partie
d'un type de délégation de pouvoir qu'il y a dans les
municipalités actuellement, ce qui fait qu'il y a une heure-semaine de
hockey par garçon, qu'il n'y a pas six heures pour une équipe
midget et qu'il en a peu pour le reste.
M. Phaneuf : C'est beau comme exemple dans le domaine du hockey,
mais c'est moins vrai dans les autres disciplines sportives. C'est pour cela
que je me suis servi de l'exemple du hockey pour dire: D'accord, dans le cas du
hockey. C'est organisé et c'est un sport qui est bien identifié
à nous. Mais c'est moins vrai.
C'est pour cela qu'on a mis sur pied un programme qui s'appelle premier
et deuxième niveaux, en s'associant avec une municipalité, avec
une consultation régionale, pour essayer de jouer notre rôle de
complémentarité.
Je dis que les municipalités devraient définir clairement,
dans toutes les disciplines sportives, une politique de développement
d'espoirs sportifs dans la municipalité, au même titre que le
hockey.
M. Léger: II ne faut quand même pas charrier, M. le
Président. Je pense que c'est l'éternel débat du sport de
masse et du sport d'élite. Je pense qu'on doit quand même faire
une différence entre loisir et sport. Le loisir n'est pas
nécessairement le sport, tandis que le sport est une partie du loisir.
Je pense que la responsabilité des municipalités, c'est de
permettre l'accessibilité, le plus possible, du loisir, au plus grand
nombre possible de citoyens et d'avoir la préoccupation constante de
permettre l'accessibilité physique et sociologique des gens au loisir,
dans lequel il peut y avoir le sport. Il doit y avoir quand même une
préoccupation des fédérations sportives, du
ministère du sport et des loisirs, à ce qu'on développe,
de concert avec la municipalité, comme préoccupation
supplémentaire, une élite.
Mais si on oublie, au départ, la préoccupation constante
d'une accessibilité du loisir au plus grand nombre de citoyens possible,
on s'en va dans la mauvaise direction. Je suis complètement d'accord
avec les municipalités sur ce point. Il faut qu'elles aient la
possibilité de permettre l'accessibilité des loisirs au plus
grand nombre de citoyens, mais qu'elles participent aussi, de concert avec les
fédérations sportives qui ont une préoccupation bien
précise, à trouver des espoirs parmi la masse et le bassin de
gens qui participent à des loisirs, dont le sport, pour qu'on puisse
développer des espoirs par la suite.
Je pense que c'est une préoccupation qui est
supplémentaire et qui doit être la préoccupation
première des fédérations sportives, de concert avec les
municipalités. Mais on ne peut pas faire les deux en même temps,
comme préoccupation première. Chacun des groupes a ses
responsabilités, ses préoccupations là-dedans. Mais, si on
commence à dire qu'il faut d'abord penser à une élite, les
municipalités doivent penser à l'élite au départ,
je pense que c'est fausser le débat.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Laporte, qui attend patiemment depuis très
longtemps.
M. Déom: Cela ne me fait rien du tout. M. le
Président, j'ai un commentaire que j'adresserais peut-être au
président de l'Union des municipalités, de même qu'un autre
commentaire et une question.
Est-ce que vous n'avez pas l'impression, en utilisant l'exemple que le
ministre a utilisé, celui
du hockey qui, lui, est structuré et fortement structuré,
que cela a entraîné une utilisation massive du hockey?
Si on fait la même chose dans tous les autres sports et qu'on
structure les sports c'est le but principal, je pense, du projet de loi
2, en tout cas, qui dit: "Le ministre favorise l'établissement et le
développement d'organismes de loisirs et de fédérations
sportives; avec leur concours, il encourage la participation du public et des
groupes..."j'ai l'impression, comme d'autres collègues, que c'est
parce que cela n'a pas été structuré.
L'exemple que vous donnez du hockey, à mon avis, prouve qu'on a
besoin non pas de ce que vous appelez le modèle technocratique
d'intervention je voudrais vous demander ce que c'est mais d'une
infrastructure sportive. Je pense que c'est cela que la loi fait, à mon
avis. Je ne sais pas quelle réalité est recouverte par ce concept
de modèle technocratique. J'aimerais vous entendre là-dessus,
parce que, d'après moi, ce n'est pas un modèle technocratique
d'intervention. On crée une infrastructure qui va permettre au ministre
de dialoguer au ministère, d'avoir des partenaires avec qui il va
entretenir des relations.
Le dernier commentaire, c'est que j'ai l'impression qu'on exagère
considérablement les coûts pardonnez-moi l'expression
anglaise d'"overhead" que cette loi va entraîner. J'aimerais
entendre le ministre là-dessus. Pour ma part, ça n'entraîne
pas beaucoup de dépenses additionnelles, de mettre une infrastructure en
place.
M. Benoît: II est définitif que, si on met en place
un mécanisme comme l'Institut des sports du Québec, il y a des
coûts croissants à cela. L'ordre de grandeur, on le connaît
peu. On a eu certains indices, mais il est certain qu'il y aura des coûts
croissants, compte tenu du fait que les programmes devront se
spécialiser de plus en plus.
Il est certain qu'il existe un type de dépendance organique entre
les fédérations sportives. Le gouvernement va certainement
s'engager dans un mode de financement qui va être continu au niveau des
fédérations et des confédérations, compte tenu du
fait qu'elles vont être financées à 90%, 95% ou
peut-être 100%. La situation actuelle, c'est que ces gens ont peu de
financement externe à part celui-là.
Etant donné que cela crée pour nous, à notre
esprit, une certaine dépendance, une beaucoup plus grande
facilité de contrôle, c'est dans ce sens qu'on dit que c'est un
modèle technocratique qui est plus centralisateur qu'autre chose. Compte
tenu de l'état de faiblesse de nos fédérations, hormis
peut-être certaines grandes on vous parle de l'ensemble puisque
vous voulez qu'on parle de l'ensemble il y a une faiblesse
financière de ces gens, ce qui les rend plus dépendants. A ce
moment, le nombre de mandats qu'ils pourront acquitter sera probablement le
nombre de mandats que le gouvernement pourra leur donner, parce qu'ils n'ont
pas d'autres moyens pour subsister que celui-là.
A ce moment, si je n'appelle pas cela une sorte de contrôle
très subtil, c'est une forme de contrôle.
M. Déom: N'avez-vous pas l'impression que c'est
obligatoirement le cheminement qu'on doit faire, si on veut avoir
réellement une politique du sport, non seulement de certains sports, du
hockey par exemple?
J'ai l'impression qu'il y a 20 ans, le gouvernement donnait beaucoup
plus d'argent au hockey qu'il n'en donne actuellement, si on tient compte de
l'inflation et de toute une série de facteurs qu'il faudrait appliquer
pour corriger ce chiffre, parce qu'il arrive très souvent vous
l'avez dit vous-même, le ministre le dit aussi que des
fédérations s'autofinancent dans d'autres pays. Dans le cas du
Québec, j'ai l'impression que dans ma région, le gouvernement
n'accorde aucune non seulement j'ai l'impression, mais je le sais
subvention au hockey mineur dans le cas de la ville de Longueuil, par exemple,
parce que cela s'autofinance. Est-ce qu'on n'est pas obligé, est-ce que
ce n'est pas le cheminement qu'on doit faire si on veut aboutir
éventuellement à une politique du sport? Il va falloir qu'au
début on donne le coup de pouce initial, mais une fois ce coup de pouce
initial donné, il y a un certain nombre de sports qui vont se
développer et qui vont probablement s'autofinancer. Je ne suis pas un
expert, le ministre connaît cela beaucoup plus que moi, mais cela existe
dans d'autres pays, et je ne vois pas pourquoi cela ne se ferait pas au
Québec.
M. Lamontagne (Gilles): M. le Président, ce que je pourrai
dire là-dessus, c'est que peut-être le hockey est un très
mauvais exemple. C'est un sport, je dirais, national pour le Québec,
dans un sens. Je pense que ce n'est pas à cause des structures; c'est
à cause de l'élan naturel de nos Québécois vers le
hockey, étant donné le climat de que nous avons. Il reste que
même si on dépensait le même montant pour essayer de
promouvoir, dans la région de Québec, de Chicoutimi et dans le
nord du Québec, le baseball, on n'aurait pas grand succès. C'est
limité énormément à cause de la saison. Il y a des
sports qui se prêtent plus au Québec que d'autres. Je pense que le
hockey est un mauvais exemple, parce que le hockey est tout de même un
sport où vous avez une masse de gens qui peuvent participer, de tous les
âges, à partir des petits gars de cinq ans qu'on commence à
faire patiner jusqu'aux plus âgés. Prenons la discipline du
tennis, quelque chose de différent, il n'y a pas de masse dans le
tennis. Il y a beaucoup de gens qui aiment jouer au tennis, mais...
M. Déom: ... là.
M. Lamontagne (Gilles): ... il faut tout de même
réaliser une chose, c'est que si vous voulez avoir le tennis, cela prend
des investissements joliment dispendieux, parce que les gens ne jouent plus
dehors.
M. Déom: Oui.
M. Lamontagne (Gilles): Ils commencent le 15 mai ou le 1er juin
à jouer dehors, et c'est fini le 1er septembre. Dans le moment, n'allez
pas demander aux gens de jouer dehors. Ils ne voudront pas.
M. Déom: M. le maire, est-ce que justement le tennis n'est
pas un exemple...
M. Lamontagne (Gilles): Oui.
M. Déom: II y a cinq ans, il n'y avait pas de tennis et
aujourd'hui il y a, à Montréal du moins, dans la région de
Montréal, que je connais le plus...
M. Lamontagne (Gilles): Combien en coûte-t-il?
M. Déom: ... vous avez des organismes intérieurs
qui s'autofinancent.
M. Lamontagne (Gilles): Cela s'autofinance. On n'entrera pas dans
les détails, mais c'est dispendieux.
M. Déom: Le ministre peut répondre.
M. Phaneuf: On pourrait donner beaucoup d'exemples dans le
domaine du sport. Le tennis est peut-être un exemple. C'est
peut-être rentable. Il faudrait parler des coûts, par exemple, pour
s'inscrire à un club de tennis. Mais on sait fort bien que le tennis
intérieur a explosé à Montréal. Vous retrouvez des
courts à Montréal et à Québec maintenant qui sont
de plus en plus accessibles. Même la ville de Rimouski vient de
construire quatre courts intérieurs avec un règlement d'emprunt
de la municipalité; ce qui donne une plus grande diversité des
équipements au niveau municipal. C'est l'évolution normale,
compte tenu de ce qui se fait et compte tenu de la richesse de certaines
personnes ou de certaines municipalités et leur pouvoir de taxation,
bien sûr. Mais je dis et je maintiens ce que j'ai dit: Quant aux
municipalités, en s'associant, bien sûr, compte tenu des partages
fiscaux qu'on doit faire au gouvernement du Québec, on se doit de se
donner comme devoir de faire autre chose que du hockey et du baseball sur le
plan municipal. Je me dis: Vous avez déjà des piscines, et tant
qu'on ne retrouvera pas dans la programmation des piscines le désir
d'avoir une espèce d'espoir au niveau municipal, là non plus,
vous n'en aurez pas tantôt. Je dis qu'on a été, sans tomber
dans le facile, réaliste face aux demandes qui nous ont
été faites par les populations; mais compte tenu d'un devoir
qu'on doit se reconnaître aussi face à tous les commentaires et
à toutes les remarques qui ont été faites par tout le
monde qui se demande: Pourquoi, aux Jeux olympiques, n'avait-on personne dans
telle discipline? Il va falloir qu'on trouve des pistes d'athlétisme et
des endroits d'entraînement pour ceux qui veulent faire de
l'athlétisme. Il va falloir qu'on augmente nos équipements et
qu'on augmente aussi ce désir de vouloir avoir des espoirs au niveau
municipal dans d'autres disciplines que le hockey et le baseball.
Cela étant dit, il est midi trente. Je pense quand même
qu'on a fait un bon tour d'horizon, M. le président de l'Union des
municipalités. Je prends bonne note des remarques qui m'ont
été faites. Je pense qu'en apportant certaines modifications
à la loi, compte tenu des responsabilités que vous avez
l'intention de prendre, et du fait que vous reconnaissez mon rôle de
complémentarité, on peut en arriver non pas à un
compromis, mais à augmenter la qualité de cette loi à la
suite des suggestions qui peuvent être faites, qui va répondre
entièrement aux besoins exprimés ce matin.
M. Lamontagne (Gilles): M. le Président, M. le ministre,
c'est le but d'une commission parlementaire.
Le Président (M. Cornellier): Avant de suspendre,
l'honorable député de Taschereau a demandé la parole.
M. Bonnier: Je ne veux pas allonger le débat, M. le
Président. Je voulais simplement comprendre un peu plus la pensée
de l'Union des municipalités par rapport à l'Institut des sports,
qui est une création importante à la suite de cette loi, qui est
contenue dans cette loi.
Est-ce que votre objection à l'Institut des sports découle
beaucoup plus du fait qu'il n'y aurait pas actuellement suffisamment d'espoirs
préparés donc, ça vient avant son temps ou
bien si c'est davantage un problème de répartition de l'argent
qui vous inquiète, car s'il y a plus d'argent qui est mis là,
ça n'en fait moins pour d'autres?
M. Benoît: Les deux questions se posent
peut-être.
On n'est pas en possession de renseignements qui pourraient nous dire
qu'actuellement, il y aurait le travail à la base qui nous permette
d'avoir un Institut des sports, quoiqu'il est peut-être possible d'en
avoir un qui démarre avec un ordre de grandeur un peu plus restreint.
Nous ne possédons pas les renseignements là-dessus, mais lorsque
les municipalités ont vu la consécration d'un tel
mécanisme dans la loi, elles ont bien compris que cela voulait quand
même dire qu'il y avait un caractère de permanence dans l'Institut
des sports. Ce n'est pas le même statut que Mission 76, par exemple.
Alors, sachant cela, elles se sont inquiétées. Elles se sont dit:
Si l'Institut des sports coûte $8 millions, $10 millions, $15 millions et
qui sait, dans dix ans, $25 millions, parce qu'on sera embarqué dans un
engrenage qui fera en sorte que cela va coûter ça... On ne le sait
pas. C'est une inquiétude dont les municipalités nous ont fait
part. Elles nous ont demandé de vous en faire part à ce niveau.
Deuxièmement, elles ne possédaient pas les renseignements qui
pouvaient leur dire: Messieurs, il y a une politique du développement du
sport au Québec. C'est bien intégré au niveau scolaire, au
niveau municipal, au niveau de la masse, des régions, etc et c'est un
aboutissement normal. L'Institut des sports est possiblement un aboutissement
normal, mais est-ce que cela l'est maintenant? Où en est-on rendu? Nous,
l'élite sportive, à ce plan, n'avons pas d'information
là-dessus.
M. Phaneuf: Pour compléter, ma réponse à
cela est oui parce que j'ai pris le temps d'y penser
et j'ai pris le temps de calculer aussi. J'ai parlé du partage
des responsabilités. J'ai bien dit que l'élite provinciale
était la responsabilité de la province de Québec. Je ne
demanderai pas aux municipalités de financer cette partie. C'est pour
cela que vous la retrouvez dans un budget qui s'appelle l'Institut des sports
du Québec dont nous avons discuté lors de l'étude des
crédits pour pouvoir leur permettre de démarrer au 1er avril
1976. C'est un budget d'environ $3 millions.
Monsieur le maire, vous avez signalé l'ordre de grandeur de votre
budget, lorsque vous avez pris le pouvoir à Québec, de $200 000
à plusieurs millions aujourd'hui. On garde les $80 millions qui sont
dépensés dans le monde de la récréation municipale
actuellement, plus les $3 millions en 1970 à $40 millions qui sont
dépensés maintenant sur le plan provincial...
Si on fait l'addition de tout cela et qu'on dit: Maintenant qu'on a des
structures et qu'on a augmenté, dans le domaine de la
récréation, les investissements, est-il normal et souhaitable
d'investir à peu près $3 millions pour une élite
québécoise? Ma réponse à cela est oui.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, je vous remercie.
La commission suspend ses travaux à 14 h 30 et nous reprendrons avec les
premiers intervenants qui seront les représentants de la Centrale des
patros Inc.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 14 h 51
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications reprend ses travaux. J'inviterais la Centrale des patros
à bien vouloir prendre place. Messieurs, madame, si vous voulez
procéder.
Centrale des patros Inc.
M. Lacombe (Fernand): M. le Président, messieurs les
députés, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, même si la
Loi sur les loisirs, d'après nous, demande quelques...
Le Président (M. Cornellier): Je m'excuse, je ne voudrais
pas vous interrompre, mais auriez-vous l'obligeance de vous identifier et de
nous présenter vos collaborateurs?
M. Lacombe: Avec plaisir. A ma gauche, c'est Mlle Lorraine Bois,
qui est directrice générale de la Centrale des patros, qui a
été plusieurs années animatrice en loisirs au Patro de
Charlesbourg. A ma droite, Yvon Laroche, secrétaire de la Centrale des
patros et directeur général du Patro Le Prévost. Moi, je
suis Fernand Lacombe, président de la centrale et directeur du Patro de
Lévis.
La Centrale des patros est une fédération qui regroupe 13
organismes membres et qui compte 611 504 participants pour lesquels travaillent
53 permanents et plus de 3000 bénévoles. La Centrale des patros
est actuellement en transformation, un projet de transformation en
collaboration avec le haut-commissariat, afin de devenir la
Fédération québécoise des centres communautaires de
loisirs.
Les patros et les centres communautaires de loisirs sont tous
très liés à la vie du milieu et collaborent
étroitement avec les municipalités et tous les intervenants en
loisirs.
Vous allez trouver à l'annexe 1 de notre mémoire les
objectifs et les statistiques sur les organismes membres de la Centrale des
patros.
L'élaboration du projet de loi no 2 sur les loisirs et le sport
au Québec nous apparaît à plus d'un point de vue un effort
louable et valable destiné à accélérer
l'établissement de politiques mieux définies en matière de
loisirs au Québec.
Bien sûr que nous reconnaissons l'urgence et la
nécessité d'un interlocuteur unique s'imposant par sa
compétence, son leadership et ses actions positives dans le champ
très vaste et très polyvalent de la conception du
développement et de la coordination des loisirs au Québec. De
là, le bien-fondé de ce projet de loi no 2. Nous voulons
cependant, dans notre mémoire, attirer l'attention sur six points
très brièvement, qui, dans la loi, nous semblent un peu
défectueux: la philosophie des loisirs, l'autonomie des centres de
loisir, le partage des responsabilités, le bénévolat, la
struc-turite, le loisir et les jeunes.
D'abord, une philosophie du loisir. A la Centrale des patros on ne peut
pas dire que ce sont tellement des intellectuels qui y travaillent. Je pense
que ce sont des gens qui travaillent dans le milieu, des centres
communautaires, qui vivent dans le milieu. Donc, c'est plutôt du
côté de la base. Mais à la lecture du projet de loi no 2,
nous trouvons que la loi est restée très muette sur les
fondements d'une politique d'occupation du temps libre des
Québécois. L'Etat se donne, dans cette loi, les pouvoirs requis
pour contrôler le développement du loisir et s'affirmer
lui-même comme agent de développement, mais le texte demeure
extrêmement vague sur les objectifs sociaux et les orientations de ce
développement. Il se présente comme le cadre juridique,
explicite, permettant une action peu définie, sauf en ce qui a trait au
contrôle, agrément, sanctions et recours.
On sait que dorénavant le loisir, au Québec, va être
régi et pris en charge par l'Etat, mais on aimerait savoir ce qu'on lui
propose de devenir. Il semble que l'Etat réussit à se fort bien
définir comme agent répressif, mais y parvient peu comme agent
positif de développement.
Un deuxième point: l'autonomie d'un centre de loisirs. Lorsqu'on
lit attentivement le chapitre V du projet de loi no 2, il est bien sûr
que nous appuyons les mesures visant à protéger toute personne
fréquentant un centre. Cependant, bien que nous reconnaissions le
bien-fondé des systèmes d'agrément et de permis en ce qui
a trait au secteur commercial, nous ne pouvons nous empêcher de
réagir vivement là où nous sentons intervenir tous les
mécanismes de contrôle liés au système
d'agrément des organismes à but non lucratif.
Les modalités inhérentes à ce système nous
apparaissent clairement comme excessives, ou-trancières et limitatives,
ne respectant nullement la nature même du loisir et le sens des
responsabilités des différents intervenants, et donnant
même l'allure très nette d'une ingérence
malséante.
Le troisième point, le partage des responsabilités. La
Centrale des patros applaudissait aux propos tenus par M. Phaneuf lors de
l'assemblée générale de la Confédération des
loisirs du Québec en juin 1975. Des pionniers dans le domaine du loisir
québécois sont fort intéressés à un
éventuel partage des responsabilités avec l'Etat. Mais en lisant
tranquillement pas vite le projet de loi no 2, la Centrale des patros est en
droit de se demander si la politique du gouvernement n'est pas de faire
cavalier seul, d'étatiser le loisir et de se servir des organismes
privés un peu comme des marionnettes. On serait alors loin du partage
des responsabilités dont je parlais, d'une conférence du
ministre, M. Phaneuf, en juin 1975, on serait loin de ce partage des
responsabilités.
D'ailleurs, l'Etat devrait respecter les diverses composantes du loisir:
les individus, la communauté, les organismes qui sont en place.
Un quatrième point, le bénévolat. Les patros, les
centres communautaires privés de loisirs n'auraient pu servir la
population québécoise sans l'appui et l'implication de centaines
et de centaines de bénévoles motivés et
compétents.
Les patros, les centres communautaires de loisirs n'ont pas formé
les bénévoles par des sessions compliquées, mais beaucoup
plus par des implications, des relations dans le sens d'une véritable
éducation, des promotions multidimension-nelles de la personne et de la
collectivité, ce que la fédération
québécoise des centres communautaires de loisirs a l'intention,
si elle est fondée, de poursuivre, de continuer, ce que la centrale des
patros veut continuer.
L'expérience nous démontre de plus que le
bénévolat est un excellent moyen d'impliquer les parents, de les
intéresser et de les soutenir dans l'éducation de leurs enfants.
A quoi servirait toute une structure de joisirs si bon nombre d'individus ne
trouvaient plus les motivations suffisantes pour s'impliquer personnellement,
bénévolement?
D'ailleurs, le gouvernement est bien conscient de ce qu'il lui en aurait
coûté et de ce qu'il lui en coûterait pour animer les
loisirs des Québécois, s'il ne pouvait compter actuellement sur
les services et la compétence de centaines et de centaines de
bénévoles.
En lisant le projet de loi no 2, bien tranquillement, nous cherchons
encore et essayons de trouver un passage soulignant en toute justice la
collaboration nécessaire de bénévoles dans le domaine du
loisir.
Sans la reconnaissance, sans l'appui et l'animation du
bénévolat par l'Etat, la communauté entière sera
privée d'une indispensable participation et d'un contact direct avec la
base.
Il y a un cinquième point, ce que nous pouvons appeler la
structurite... Le ministère des loisirs va corriger, dans notre
société, un développement du loisir "de type
échevelé, inégal, stratifié et sans orientation
précise, sous l'action d'une foule de promoteurs privés dont les
idées et les intérêts divergent souvent."
Mais on se demande: Est-ce que l'Etat va échapper au danger de la
structurite? Ce matin, on parlait de chapeau. Une tuyauterie coupée de
la vie ne vaut pas grand-chose. Si, pour s'adonner à une activité
ludique, le citoyen ordinaire, qui vit dans une communauté bien
donnée, doit passer par dix bureaux d'inscription, il restera
confortablement assis devant son téléviseur. Cela ne
développe pas beaucoup de loisir, sauf le loisir de la
télévision.
De plus, nous lisons au projet de loi tout un chapitre, le chapitre V,
sur l'élitisme, mais nous sommes encore à chercher les
règlements qui permettraient l'accessibilité réelle,
concrète, aux loisirs pour tous.
Un sixième point, loisirs et jeunes. Les heures de loisir se
multiplient de plus en plus, surtout quand il y a beaucoup de grèves.
Les jeunes des milieux moyens sauront-ils s'occuper et occuper d'une
façon valorisante et heureuse ces périodes laissées
à leur liberté, ou la collectivité
québécoise connaîtra-t-elle une vague montante de
délinquance?
Les patros, les centres communautaires de loisirs se reconnaissent une
bonne expérience dans l'art de guider la jeunesse vers l'autonomie.
Ils réalisent cette éducation à l'occasion d'heures
de loisir par l'animation d'activités sportives, culturelles,
sociales.
Le gouvernement n'aborde pas la question des loisirs et des jeunes dans
son projet de loi no 2. Serait-ce qu'il se sent pris au dépourvu ou
encore serait-ce que le gouvernement du Québec a l'intention de ne se
préoccuper de la jeunesse que dans le cadre du ministère de
l'Education?
A ce moment, nous croyons que le gouvernement ferait fausse route, car
il y a toute une tranche de la jeunesse qui échappe au ministère
de l'Education, car il nous semble que confiner les loisirs et les sports
à l'école ne règle pas les problèmes de la
jeunesse. Le jeune veut sortir de l'école pour vivre ses loisirs.
Nous trouverions heureux que le projet de loi, tout en reconnaissant ce
que les patros, les centres communautaires de loisirs privés
réussissent présentement auprès de 5600 jeunes, se penche
attentivement sur les loisirs et les jeunes. Quant à nous, c'est dans un
esprit de collaboration que nous partagerions notre pédagogie en
loisir.
Une petite conclusion. Bien sûr que nous considérons comme
nécessaire l'adoption du projet de loi no 2. Cependant, nous avons
identifié quelques éléments vitaux qui tiennent à
coeur à des milliers de citoyens du Québec, anciens des patros,
bénévoles, animateurs, jeunes travailleurs et administrateurs des
patros.
Nous croyons nécessaire que la réglementation
intrinsèque au projet de loi soit déposée au même
moment que la loi elle-même, et ce dans le but avoué de
connaître les intentions précises des auteurs de la loi et de
ceux, plus nombreux encore, qui verront à son application. Enfin, nous
croyons vraiment que la prise en considération de ces remarques
apporterait une meilleure prise en charge de la responsabilité du bien
commun.
Le Président (M. Cornellier): Merci bien, M. Lacombe.
J'inviterais maintenant le ministre.
M. Phaneuf: M. le Président, j'ai plusieurs points
à discuter avec vous, dont le premier. A partir de vos conclusions, je
vais peut-être partir par la fin pour arriver au début du
mémoire que vous avez présenté. Vous êtes d'accord
sur une loi qui doit être faite de la part du gouvernement du
Québec pour définir ce qu'on entend par loisir chez nous, quelle
sorte de responsabilités le gouvernement se reconnaît face
à des organismes qui oeuvrent dans le monde du loisir, quels qu'ils
soient. Quand vous me parlez de la réglementation qui devrait être
déposée en même temps que la loi, depuis six ans et demi
que je siège au parlement du Québec, ce n'est pas la
première fois que j'entends ce genre de commentaires, je dois le dire.
Il est évident qu'il y a un processus, une mécanique qu'on doit
observer pour faire une loi. Lorsque cette loi est faite, souvent les
règlements suivent six mois, et même un an après que la loi
a été déposée. C'est un cheminement normal. Cela
fait partie de la mécanique législative du gouvernement du
Québec. Cela fait partie de notre sys- tème démocratique.
Je ne peux déposer la réglementation, parce qu'à partir du
moment où on s'entend sur un cadre législatif, une
réglementation en découle.
A ce que je sache, au stade où en sont les travaux actuellement,
nous ne sommes pas face à une loi votée, mais à des
travaux préliminaires et à une étude qui doit être
faite sur une loi éventuelle. Ce qui veut dire que je ne peux pas vous
faire une réglementation, ni vous la déposer, parce qu'on
m'accuserait, premièrement, de ne pas avoir fait la consultation;
deuxièmement, de procéder, en mettant la charrue devant les
boeufs, et vous auriez raison à ce moment. C'est le cheminement normal
qu'on doit suivre lorsqu'on fait l'étude d'une loi. Or, après vos
conclusions, je dois vous dire, compte tenu de la mécanique avec
laquelle vous et moi sommes obligés de vivre, que je trouve
peut-être trop rapide de déposer actuellement la
réglementation. Il vaut mieux s'entendre sur un cadre législatif.
Lorsqu'on se sera entendu sur ce cadre législatif, une
réglementation devra en découler, bien sûr, en consultation
avec les organismes en place. Quelle sorte de consultation, pour que vous
compreniez bien les mécanismes en place? Lorsqu'une
réglementation est écrite en consultation avec les organismes,
elle est présentée dans la Gazette officielle et elle est en
suspens pendant un mois jusqu'à son acceptation finale pour une
étude et une prise en considération de la part des organismes
concernés pour savoir si les organismes sont en accord avec la
réglementation.
C'est donc une mesure sécuritaire qui fait partie de la
mécanique administrative ou législative du gouvernement du
Québec. Je ne peux pas discuter de la réglementation maintenant,
vu qu'on n'a pas terminé notre discussion sur la législation
comme telle.
Pour revenir à votre point no 1, quand vous parlez de la Centrale
des patros et que vous mentionnez tous les bénévoles qui oeuvrent
à l'intérieur des foyers patros, ce n'est pas d'hier que nous
connaissons les foyers patros et que nous les voyons oeuvrer dans notre milieu
des loisirs; ils le faisaient à l'époque même où le
gouvernement du Québec n'était pas impliqué je peux
le dire bien honnêtement dans le monde du loisir.
Bien sûr, les foyers patros étaient présents. Bien
sûr, les OTJ existaient. Bien sûr, d'autres organismes oeuvraient;
je pense au Centre Immaculée-Conception du père Sablon, qui va
fêter son 25e anniversaire. Il y avait donc d'autres organismes qui
voulaient organiser le loisir québécois à ce
moment-là et oeuvraient dans le milieu.
Mais nous sommes maintenant en 1976 et je ne pense pas que le genre de
législation que j'ai déposé vienne à l'encontre des
travaux qui ont été faits par tous les bénévoles au
Québec. Au contraire, je pense que la législation se veut une
législation d'appui au bénévolat québécois.
Je pense que la programmation qui a été mise de l'avant par le
gouvernement du Québec depuis cinq ans se veut aussi une programmation
d'appui
au bénévolat dans la province de Québec. Je pense
que c'est important, pour que l'on comprenne bien la situation actuellement,
qu'on regarde ce qui se faisait comme appui de la part du gouvernement du
Québec aux foyers patros il y a cinq ans, ce qui se fait actuellement et
ce qui se fera éventuellement. Il faut bien admettre entre nous que ceux
qui étaient le plus près de Québec avaient plus de chances
d'avoir des subventions et que les foyers les plus éloignés de
Québec avaient moins de subventions. Cela veut dire qu'à
l'époque il n'y avait probablement pas de programmes d'assistance
financière non seulement aux foyers patros, mais à l'ensemble des
centres de loisirs qui oeuvraient dans la province de Québec.
Actuellement, compte tenu de la programmation qui a été mise de
l'avant, je pense que l'ensemble des foyers patros reçoit, après
discussion avec le gouvernement du Québec et le haut-commissariat, une
subvention qui leur permet d'assister ceux qui oeuvrent
bénévolement dans les foyers patros et qui répondent
à une partie du besoin du loisir québécois.
Cela étant dit, la législation ne vient pas à
l'encontre de cette programmation qui a été mise de l'avant. Bien
au contraire, elle vient confirmer cette complémentarité que
l'Etat veut se reconnaître. Quand je fais l'analyse, pour bien se
comprendre, il serait peut-être important de regarder toute la
programmation, les $40 millions qui sont actuellement investis dans le loisir
québécois et de quelle façon on en fait le partage. Est-ce
que l'Etat québécois est propriétaire de quoi que ce soit?
Est-ce que l'Etat a créé un centre de loisirs au Québec?
Je pense que, bien au contraire, l'Etat québécois est
propriétaire de quoi que ce soit.
L'Etat québécois appartient-il à un centre de
loisirs au Québec? Je pense que, bien au contraire, l'Etat
québécois s'est associé, avec tout ce qui existait comme
force vive dans le monde du loisir et a mis des programmes pour arriver
à assister, d'une façon logique, tous les centres de loisirs,
tous les organismes de loisirs et tous les bénévoles qui oeuvrent
dans le monde du loisir.
Je ne dis pas que les sommes affectées collent entièrement
au réalisme et au dynamisme de chacun des organismes. Je dis qu'on a
aussi à vivre avec certaines réalités financières
qui sont les nôtres actuellement, mais, dans l'ensemble, compte tenu des
programmes, je pense qu'on a réussi à démocratiser
l'accès de ces subventions à tous les organismes de loisirs qui
sont incorporés, à but non lucratif, et qui oeuvrent actuellement
au Québec dans le monde du loisir.
Ceci étant dit, la législation, ce n'est pas autre chose.
Quand on parle de contrôle, d'agrément, de sanctions et de
recours, on laisse supposer que l'Etat veut quand même maintenant
légiférer dans ce domaine pour avoir mainmise sur le monde du
loisir. Je dis que c'est absolument faux. On n'a pas compris les textes et les
écrits qui sont dans cette loi qui a été
présentée.
Les contrôles administratifs sur le plan financier et
l'utilisation des fonds et les réponses qu'on est obligé de faire
à l'Etat de l'utilisation des fonds est un contrôle normal. J'en
ai parlé ce matin. Je n'ai pas l'intention de revenir pendant deux jours
là-dessus. Je pense que ceci est une responsabilité que tout
homme politique a, face aux fonds publics qu'il a à sa
disponibilité et qu'il doit expliquer continuellement.
La prise en charge par l'Etat, je ne la vois pas non plus dans cette
législation et je n'ai pas l'intention de prendre en charge
l'administration et le fonctionnement de tous les centres
récréatifs qui existent dans la province de Québec, au
contraire. Je pense que, dans la législation, à moins que vous ne
pouviez me signaler, d'une façon bien précise, le contraire... On
parle d'intention et on laisse supposer des choses mais, dans les faits,
j'aimerais bien qu'on m'indique à quels articles on dit que l'Etat a
l'intention de faire des choses. Vous avez peut-être un peu l'approche
trop philosophique à la législation comme telle. J'aimerais bien
que, d'une façon pratique, vous puissiez me signaler là où
l'Etat a l'intention de faire des choses comme vous semblez vouloir le laisser
supposer
Puis vous parlez comme agent positif de développement. J'ai
parlé ce matin avec l'Union des municipalités et j'ai bien dit
que, quant à moi, la responsabilité au niveau de la base de
chacune des 1500 municipalités du Québec était là
par le pouvoir de taxation, par les. lois existantes, par le Code des
cités et villes, etc. Vous êtes complémentaires au
rôle des municipalités dans certains cas là où les
patros existent parce qu'il y avait des lacunes, il y avait des milieux
défavorisés et il y avait des besoins bien particuliers que vous
avez identifiés et, par vos bénévoles et par vos actions,
vous avez su remplir ce rôle. On a tenté, nous, de s'associer
à votre complémentarité, je pense, d'une façon bien
précise et bien concrète.
Je n'ai pas retrouvé dans la loi des choses qui diraient que j'ai
l'intention de changer de genre d'actions que vous avez entreprises.
Pour l'autonomie des centres de loisirs, vous avez mentionné que
vous n'avez pas les moyens de payer pour le bénévolat
québécois. Je suis assez réaliste pour le savoir. J'ai
l'intention de maintenir cette autonomie et ce dynamisme qui existent dans les
centres de loisirs. Je pense que toutes les actions qui ont été
entreprises par le gouvernement démontrent, justement, que non seulement
nous ne voulons pas les abolir ni les remplacer, mais que nous avons
plutôt l'intention de nous associer avec eux pour permettre ce
développement, comme nous l'avons fait dant le passé. Dans la
loi, je ne retrouve pas non plus des articles qui me permettraient de penser
que nous avons l'intention d'attaquer l'autonomie.
Vous avez mentionné, pour la question des permis... C'est qu'il y
a une certaine garantie aux consommateurs que nous nous devons de donner. On
pourra en discuter. Je pense qu'il y a eu des abus dans le passé, pas
dans les centres de patros comme tels, il ne faut pas se sentir visé
à partir d'articles qui existent dans la loi, mais dans d'autres
organismes et dans d'autres milieux où, pour une incorporation
bureaucratique, on pourrait faire des choses.
Je vais vous donner un exemple et je ne veux pas qu'on me cite
comme tel en disant: Tous
les clubs Aramis du Québec ne sont pas bons, parce qu'il y a eu
un problème qui a existé vous avez lu dans les journaux
comme moi ce qui a existé comme initiation il n'y a pas tellement
longtemps. Ce n'est quand même pas un organisme à but lucratif, ce
ne sont pas des gens qui sont là pour faire de l'argent. Il peut y avoir
des abus, il peut y avoir des problèmes. Je pense que l'Etat se doit
d'avoir les pouvoirs pour contrecarrer certaines lacunes qui pourraient exister
et l'Etat se doit d'avoir des pouvoirs, et même aller jusqu'à
l'émission des permis.
Quand on parle de centres de loisirs, cela veut-il dire que je vais
émettre des permis pour tout ce qui existe comme gymnase dans le domaine
scolaire? Cela serait un peu utopique de penser cela. Je pense que, dans
certains cas, là où la loi doit s'appliquer, on l'appliquera. Je
pense qu'on doit avoir ces pouvoirs qui sont une garantie aux consommateurs,
à mon avis. Il ne faut pas se retirer derrière cela et dire: Si
l'Etat a des pouvoirs, il va agir à outrance avec les pouvoirs que cette
loi lui donne. Je pense que c'est porter un mauvais jugement aux hommes d'Etat
et aux hommes politiques. Je pense qu'il n'est pas dans l'intention de quelque
gouvernement que ce soit d'agir de cette façon. Je pense que c'est aller
un peu trop loin. De toute façon, je dis que, dans une loi, on doit
avoir ce genre de pouvoirs; parce que, lorsqu'il y a abus, on doit avoir les
pouvoirs pour agir.
Je vais vous donner d'autres exemples. On a parlé de beaucoup de
choses. Juste pour citer un exemple, lorsqu'on demande au gouvernement du
Québec d'agir rapidement dans le domaines des CEGEP lorsqu'il y a un
problème majeur qui existe, c'est ne pas savoir que, dans la loi qui a
créé les CEGEP, le gouvernement n'a même pas le pouvoir de
tutelle et qu'il faut agir, par une loi spéciale, chaque fois qu'il faut
intervenir dans le domaine des CEGEP. Cela suppose tout le processus
d'écrire une loi, de la présenter à l'Assemblée
nationale, d'en discuter et d'y travailler. C'est donc très lourd sur le
plan législatif chaque fois qu'on veut agir. Nous nous sommes
donné, dans cette loi, certains pouvoirs pour nous permettre d'agir
là où il y aurait des abus. Je pense que nous devons les
conserver, compte tenu des responsabilités que nous avons. Si je ne me
donne pas ces pouvoirs, vous allez être les premiers à me
reprocher de ne pas les avoir lorsqu'il y aura un besoin d'intervention dans ce
milieu. Je pense que c'est sage d'avoir certains pouvoirs dans une loi et vous
avez toujours l'avantage, lorsque vous n'êtes pas satisfaits d'une
administration, de la changer.
J'ai parlé du bénévolat, ce qui était votre
quatrième point, la structurite; à partir du moment où on
décide de faire des choses, cela nous prend des structures. Le
haut-commissariat avait 24 employés en 1972; il a maintenant 140
permanents plus tous ceux qui gravitent autour du haut-commissariat. Il y a
tous les mécanismes qui ont été mis sur pied, tout le
développement du loisir financé directement par l'Etat.
Même s'il apparaît actuellement comme fonctionnaires permanents de
l'Etat québécois à peu près 140 employés,
vous allez retrouver plus de 600 et 700 personnes et je suis très
modeste quand je donne ce chiffre qui travaillent actuellement,
payés directement par des subventions, en permanence dans le domaine des
loisirs.
Elles ne sont pas sous la juridiction de l'Etat, donc je ne crois pas
que l'Etat soit étatisant dans le milieu, compte tenu des subventions
que l'on verse, des permanents à qui on permet d'oeuvrer dans le milieu
du loisir, mais on n'a pas, d'une façon systématique,
étatisé le loisir. Bien au contraire, si je regarde les personnes
payées actuellement, en totalité je dis bien en
totalité par les subventions gouvernementales et si je regarde le
nombre de permanents qui oeuvrent au haut-commissariat, si je regarde les $40
millions, si je regarde la partie qui est versée au niveau administratif
comme tel, qui est à peu près $5 millions, et si je regarde les
autres $35 millions là où ils vont, je dis: Nous sommes loin
d'être étatisants, nous sommes bien loin de l'étatisation.
Au contraire, nous avons décidé de nous associer au dynanisme du
milieu et je pense que, dans les actions que nous avons posées, c'est
l'image même qui doit refléter de ces actions.
Cela me choque presque un peu lorsque je lis certaines choses qui
laisseraient supposer le contraire. Quand on fait l'analyse bien objective des
actions posées actuellement, de la législation qui est
déposée, je pense qu'il y a des garanties qui sont
données, qui devraient quand même servir d'exemple même
à ceux qui pensent ou qui devraient laisser supposer autre chose.
Il n'est pas question de structurite, il est question de s'associer au
dynanisme du milieu. On l'a expliqué à plusieurs reprises, mais,
par contre, je n'ai pas inventé le fait qu'on veuille absolument avoir
un ministère des loisirs. Je ne l'ai pas inventé, cela fait des
années que j'en entends parler, cela fait des années que, lors de
tous les colloques, on demande au gouvernement de créer un
ministère des loisirs. Vous avez devant vous cette création du
ministère des loisirs, la Loi sur les loisirs, un comité de
surveillance et le projet de loi no 4 qui est la Loi sur les parcs. Je pense
qu'il y a une législation sur laquelle on se doit de travailler, qui est
un document de travail. Cette consultation est faite avec votre collaboration
et, s'il y a des modifications qui doivent être apportées, on doit
les apporter d'une façon positive et aux textes des projets de loi qui
sont déposés, en se référant à des articles,
en disant: C'est trop, ce n'est pas assez, mais je pense qu'il faudrait
être, d'une façon bien précise, spécifique dans ses
interventions et laisser l'aspect philosophique du monde du loisir parce que
cela fait 20 ans qu'on en parle.
Pour ce qui est du monde de la jeunesse, puisque vous avez un article,
le gouvernement n'aborde pas la question des loisirs et des jeunes. Je
m'excuse, mais comme responsabilité, au gouvernement, on en a
parlé, on n'en fait pas une blague, mais une affaire très
réaliste en disant: C'est du berceau à la berceuse. Les clubs de
l'âge d'or n'étaient peut-être pas une réalité
il y a 20 ans, ni il
y a 15 ans, mais ils sont une réalité, compte tenu de
l'évolution même de notre société. Je pense que
cette préoccupation, on doit l'avoir. Les municipalités sont de
plus en plus préoccupées par les gens du troisième
âge. Le monde de la jeunesse n'est pas exclusif au monde du loisir, bien
au contraire. Il y a tout un loisir québécois qui doit se
développer, mais en pensant à ceux qui sont jeunes et en pensant
à ceux qui sont moins jeunes. C'est strictement une mise au point et,
pour cela, quant à moi, j'aime mieux faire sauter le mot "jeunesse" du
ministère parce que nos préoccupations ne doivent pas se limiter
purement à la jeunesse, qui est peut-être l'avenir de notre pays,
mais je pense qu'on doit consolider avec ceux qui ont oeuvré à
faire ce que nous sommes actuellement. J'ai l'intention aussi de travailler
dans des programmes qui vont répondre à ce genre d'aspiration qui
est logique de la part d'une société qui est nôtre
actuellement.
En conclusion, pour y revenir, je remarque que vous désirez que
le projet de loi no 2 soit adopté éventuellement avec les
modifications, compte tenu des consultations que nous faisons. Si vous avez des
suggestions bien précises sur des articles de loi, lorsque vous parlez
d'interférence gouvernementale qui semble un peu vous choquer, je vous
le dis bien clairement, si vous pouvez interpréter des articles dans la
loi qui semblent supposer que l'Etat a l'intention de remplacer le
bénévolat québécois, je vous dis tout de suite que
vous faites erreur. Loin de moi cet esprit et loin de l'esprit de tous ceux qui
ont travaillé à la rédaction de cette législation.
Bien au contraire, on a l'intention de s'associer, on n'a pas l'intention de
perdre de vue la réalité du bénévolat
québécois et je pense que, s'il y a des choses qui peuvent
laisser supposer cet esprit, veuillez me le signaler le plus brièvement
possible pour y apporter les modifications qui doivent être
apportées.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, le ministre faisait
allusion tantôt à la politique qui ressortirait des projets de loi
et qui toucherait du berceau à la berceuse. Je pense quand même
qu'il ne faudrait pas qu'on ait dans cette loi une politique de la chaise
berçante, c'est-à-dire que tout le monde bouge, mais que personne
n'avance. En ce sens, si cette loi n'a pas l'assentiment du milieu qui pourra
réaliser à l'intérieur de cette loi qu'il y a des
possibilités d'avancer et de progresser, on ne fera que bouger sans
réellement avancer.
Je regarde votre mémoire ainsi que d'autres mémoires qui
semblent craindre énormément que ces quatre lois n'aient pas
comme conséquence que le gouvernement soit un agent de
développement, mais beaucoup plus un agent de contrôle qu'un agent
de développement. Je le vois dans votre mémoire ainsi que dans
plusieurs autres mémoires. Est-ce que vous pourriez préciser? A
la page 2, à la fin du paragraphe, vous dites: "II semble que l'Etat
réussit à se fort bien définir comme agent
répressif mais y parvient peu comme agent politique de
développement."
Est-ce que vous pourriez, avec l'expérience que vous avez dans le
domaine des patros, nous donner un exemple concret de ce qui pourrait arriver
si la loi n'était pas amendée comme telle et qui illustrerait ce
que vous venez d'affirmer, que ça pourrait être un agent
répressif plutôt qu'un agent positif de développement?
Avez-vous un exemple concret de ce qui pourrait survenir avec le type de
législation qu'on a là?
Mme Bois: Je vais essayer de répondre aux deux, parce que
j'avais aussi une intervention qui s'adressait à M. Phaneuf. C'est que,
loin de faire en sorte de nous faire sentir que le gouvernement du
Québec se dissociait du secteur privé, des centres communautaires
ou des patros comme tels, on n'a pas ressenti ça au cours des
dernières années, loin de là même. Cependant, si on
recule un peu dans le temps, il y a un an ou deux seulement, on assiste, avec
une certaine crainte, au fait que l'Etat tend à se faire davantage
l'agent de développement sur certains points précis plutôt
que de contribuer à ce que les organismes du milieu puissent
réaliser ces projets. Exemple très concret, les stages de plein
air; autre exemple, les ateliers culturels, qui sont offerts par le
haut-commissariat plutôt que de faire le passage qui est beaucoup plus
long que de les faire donner par les organismes. Peut-être qu'on peut me
répondre que les organismes en place, nombreux au Québec,
n'avaient pas les possibilités de le faire, ce dont je douterais
beaucoup. Mais disons que notre intervention en ce sens voudrait mettre un
accent un peu prudent et voudrait dire que le mémoire qu'on a
présenté ne s'inscrit pas dans une ligne négative face au
projet de loi no 2, mais bien en essayant de donner des éléments
vitaux, or, ces éléments vitaux qu'on devrait traiter avec
prudence, c'est justement le fait qu'on ne voudrait pas que le
haut-commissariat ou que le futur ministère se substitue aux organismes
en termes d'agent de développement et qu'il laisse de côté
le dynamisme des organismes du milieu.
Je pense que ce sont deux exemples je ne sais pas si ça
répond à M. Léger en même temps qui feraient
qu'on craindrait que l'Etat devienne davantage celui qui contrôle, celui
qui met sur pied des initiatives en laissant peu de liberté au niveau du
milieu qui est peut-être davantage apte à répondre à
ce besoin.
M. Phaneuf: Si je peux me permettre une question, vous voulez
donc me signaler que, lorsqu'on met un programme sur pied, vous avez
mentionné celui des programmes socio-culturels, vous aimeriez mieux
qu'on s'associe avec ce qui existe comme centre de loisirs pour mettre de
l'avant ces programmes là où les centres de loisirs existent, et
vous me comprenez, parce qu'il y a des endroits au Québec où il
n'y a pas de centre de loisirs. Je pense qu'ou bien on intervient ou bien il ne
se fait rien. Je pense qu'il y a certains...
Mme Bois: Je suis d'accord avec ça.
M. Phaneuf: ...secteurs dans la province de Québec
où c'est un fait. Cela veut dire que nos programmes doivent être
doubles dans certains cas, s'associer là où il y a des forces
vives qui existent et une programmation pour répondre là
où il y a des lacunes.
Vous voyez que cela augmente un peu la complexité.
Par contre, à partir des responsabilités gouvernementales,
lorsque des centres de loisir répondent plus facilement que d'autres
à des aspirations du milieu, et je m'explique... J'ai parlé ce
matin avec l'Union des municipalités. On fait plus de hockey parce que
c'est plus populaire de faire du hockey et qu'il y a plus de demandes pour le
hockey. Mais quand on regarde le vaste champ du sport comme tel et qu'on
regarde toutes les disciplines possibles dans les activités sportives,
de même que les facteurs climatiques, il serait plus facile pour une
municipalité d'organiser du volley-ball douze mois par année
parce qu'on peut le faire à l'intérieur douze mois par
année. Le hockey devient plus difficile parce qu'on arrête, parce
qu'on a une période morte, de même que dans d'autres sports, comme
le baseball où on a une période morte à cause de l'hiver.
On aurait dû faire plus de volley-ball au Québec à cause du
facteur climatique et des 1148 gymnases qui sont construits dans la
province.
Vous voyez un peu la complexité de tout cela. Ce n'est pas si
facile d'arriver avec des programmes. Par contre, le service socio-culturel
chez nous a mis sur pied un service d'assistance pour développer un
aspect culturel. Vous remarquerez que dans toutes nos discussions, l'aspect
culturel revient de moins en moins, malheureusement, parce que, dans la grande
philosophie du loisir, les trois aspects du loisir, le sport, le plein air et
l'aspect culturel doivent être présents. C'est peut-être
qu'on répond plus facilement à des aspirations du milieu qui
sont, premièrement, sportives, deuxièmement, de plein air et,
troisièmement, socio-culturelles.
C'est peut-être pour pallier une lacune que le gouvernement a mis
sur pied des programmes, par le biais de son service socio-culturel. Mais je
prends bonne note de vos remarques et je pense qu'il serait intéressant
et peut-être plus intéressant, même, de s'associer au milieu
pour faire la promotion des programmes qu'on a mis de l'avant.
Je prends cela stictement comme remarques, au niveau de programmes
beaucoup plus qu'au niveau d'une philosophie, parce que si on mettait sur pied
une philosophie, je ne pense pas qu'on pourrait répondre à
l'ensemble des préoccupations du territoire québécois,
compte tenu des structures actuelles du milieu du loisir
québécois.
M. Houde (Fabre): M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lafontaine n'avait pas terminé.
M. Léger: Sur la même question. Dans l'exemple que
vous me donnez, de même que dans l'intervention que vous avez faite par
la suite, vous semblez vouloir dire, surtout si on relie cela avec la page
trois, intitulée Autonomie d'un centre de loisirs, qu'on devrait aussi
respecter la nature même du loisir. Est-ce que vous voulez dire par
là que l'Etat devrait avoir une intervention globale, laissant au milieu
le soin des réalisations localement, selon les besoins et les
aspirations du milieu, et non pas intervenir directement dans un secteur comme
tel? Est-ce que c'est cela que vous voulez donner comme exemple? Vous avez
donné des exemples comme stages de plein air, ateliers culturels...
Mme Bois: Oui. En ce qui concerne les centres communautaires en
loisirs, ils veulent toucher les trois dimensions auxquelles M. Phaneuf faisait
allusion tout à l'heure, soit le secteur de plein air, le secteur
culturel et le secteur sportif. A partir de ce moment-là, je pense qu'on
ne s'inscrit pas contre d'autres programmes. Aussi bien que du
côté de l'Union des municipalités qu'on entendait ce matin,
les centres communautaires privés en loisir s'inscrivent dans une ligne
de complémentarité avec les services publics. Je pense qu'il n'y
a pas de doute là-dessus.
Je dirais que l'Etat... Je me sens plutôt embêtée.
Yvon pourrait répondre à la question, parce qu'au niveau de la
fédération, il y a les centres communautaires eux-mêmes,
localement, qui ont des besoins très précis, eu égard
à la population qu'ils desservent. Je laisserais peut-être Yvon
prendre la relève...
M. Laroche (Yvon): Pour répondre à M. Léger,
j'engloberais peut-être un peu plus largement la question, m'adressant
d'abord à M. Phaneuf et aussi à M. Gilles Houde que
j'écoutais avec beaucoup d'attention ce matin.
Je pense qu'en venant partager avec vous, comme des collaborateurs, des
citoyens québécois, en toute honnêteté,
n'étant pas habitués à ce genre de tribune, nous sommes
bien conscients que nous nous adressons à un gouvernement, donc, des
gens qui gèrent économiquement parlant pour une partie, la
province.
Nous, les centres communautaires, oeuvrons, la plupart du temps, dans
des milieux où, sur le plan humain, c'est vraiment
défavorisé ou difficile. Vous comprenez d'ailleurs vous
l'avez manifesté par la réponse que vous nous avez donnée
jusqu'à maintenant, tout au moins depuis les cinq dernières
années que nous sommes des parents pauvres.
Après avoir écouté les gens des
municipalités ce matin et, en deuxième lieu, des agents de la
Centrale des patros ou de la future fédération des centres
communautaires du Québec, c'est bien entendu que nous avons une parole
qui est faible. J'essaie de me placer au point de vue du gouvernement, en
écoutant ce matin vos préoccupations. Il est bien clair que la
préoccupation d'un gouvernement doit être de voir à
l'ensemble d'une province. Nous sommes une partie de cet ensemble, mais ce
n'est pas le bien de toute la collectivité que nous représentons.
Nous ne venons pas
ici seuls. Sans faire du charriage, il y a 700 000 personnes, jeunes et
ouvriers, qui sont derrière nous, pas des gens qui veulent faire de la
politique, mais des gens qui vivent au Québec et au milieu desquels nous
sommes insérés.
Qu'est-ce que nous appréhendons dans cette loi? Nous savons
très bien qu'on n'est pas pour retourner vingt ans en arrière,
comme le disait M. Houde ce matin; cela n'a ni queue ni bon sens. Si on veut
évoluer, cela suppose qu'on est dynamique et qu'on regarde vingt ans en
avant, pas vingt ans en arrière. On est conscient de cela.
J'écoutais les aspirations de M. le ministre, ce matin. J'ai
suivi de très près vos allocutions même sur les Olympiques.
Je n'en ai pas entendu beaucoup. J'aurais aimé en entendre
davantage.
M. Phaneuf: J'aurais politisé, à ce moment.
M. Laroche: Pardon!
M. Phaneuf: J'aurais politisé, à ce moment.
M. Laroche: Probablement; en tout cas, on vous aurait
accusé de cela.
M. Phaneuf: Oui.
M. Laroche: C'est peut-être un peu naïf; en tout cas,
au niveau de certaines personnes, cela peut sembler naïf, mais parfois
j'essaie de me dire: Dans un homme politique, quand même, il y a une zone
de sa personne où il est là pour le bien commun, en laissant de
côté tous les aspects politiques. Quand je regarde ce qui est
présenté comme loi, nous nous disons, pour une part: C'est
valable et il la faut. Comment se fait-il, M. le ministre, qu'il n'y ait rien
dans cette loi qui dise tout haut ce que vous pensez tout bas?
Si c'est vrai que le bénévolat, avec toutes les lacunes
que vous voudrez y mettre, a été utile, s'il est vrai que, dans
la ville de Montréal, pour ne prendre que celle là, il y a 15 000
personnes qui sont passées par le patro Le Prévost ici,
dans la ville de Québec, nous pourrions en dire tout autant cela
montre bien sûr le travail que nous avons fait durant des années,
de peine et de misère. Cela ne peut pas franchir la
télévision, faire la manchette d'un journal, mais cela rejoignait
l'homme de la rue, cela a permis à des hommes et à des femmes,
serrés au point de vue financier, de prendre du bon temps de loisir. Il
y a dix ans, cela a permis à des jeunes de dix ans, douze ans, de faire
du basket-ball, même s'ils n'étaient pas coiffés d'une
fédération.
Nous ne demandons pas que vous veniez nous envoyer des coups
d'encensoir; cela ne nous intéresse pas. Nous ne demandons pas, non
plus, qu'on nous explique tout l'aspect de la légalité du
prochain ministère, par exemple; cela ne nous intéresse pas non
plus.
Nous serions drôlement malheureux si vous balayiez d'un revers de
la main pour vous occuper de nous tout l'aspect de l'élitisme. Cela en
prend dans une société et on est d'accord là-dessus aussi.
Mais où on est moins d'accord et où nous craignons pour les cinq
prochaines années, non pas pour la première année
après que la loi sera adoptée... Là-dessus, M. Phaneuf, je
suis en contact immédiat avec le milieu scolaire actuellement. Sans
faire de reproches au gouvernement il a fait ce qu'il a pu je
pense qu'actuellement nous sommes, jusqu'à un certain point, devant des
difficultés majeures, pas pour 1976 mais pour 1985 et 1990.
Ce sont des gens qui sont très bien placés au
ministère de l'Education qui nous le disent. On partage cet avis, avec
eux parce qu'on vit près. Vous allez me dire que ce sont deux mondes
différents. J'en suis tout à fait conscient. Il reste que ce qui
s'est fait au niveau de l'institution privée face au domaine de
l'éducation, il devait absolument, pour que la province de Québec
avance, y avoir un éclatement. Je pense qu'on n'a pas tenu suffisamment
compte on s'en rend compte actuellement on n'a pas suffisamment
accepté comme étant des revendications valables, ou
peut-être qu'on ne les a pas suffisamment fait valoir avec
vivacité, les institutions privées. Alors, on a vu ce que cela a
donné. Encore une fois, je ne fais pas d'accusation là-dessus. Je
pense qu'il y a là une expérience, même devant un nouveau
ministère du loisir qui prend forme, qui est nécessaire et que
nous ne pouvons pas faire autrement que d'avoir derrière la
tête.
Ce que je serais porté à dire, c'est ceci, pour terminer.
Je trouverais important que dans cette loi, sans lui donner encore une fois une
place prédominante, des choses aussi importantes que celles que nous
avons dites ou que nous mentionnons, avec le langage légal que vous
pouvez y trouver et dont vous avez la compétence, vous nous disiez: On
est d'accord là-dessus. On ne vous dit pas qu'on doit investir tous les
montants de votre côté, mais comptez sur nous pour qu'on vous
considère comme des interlocuteurs valables. Pourquoi ne pas le dire
clairement? Quand vous dites: Accusez donc dans la loi quelque chose qui irait
contre, je n'ai rien à vous répondre, M. le ministre. Ce que j'ai
à vous dire, c'est qu'il n'y a rien qui nous dit que le contraire se
fera. Je trouve cela déplorable, parce qu'on peut toujours se fier que
les hommes politiques sont très conscients de ce que nous
avançons, mais une très brève expérience nous
montre que quand c'est écrit dans une loi, c'est beaucoup plus
solide.
Mon dernier point, en conclusion. Je reprends les propos de M. Niding,
de Montréal, j'en fais la part de son poste politique, qui, devant le
travail, en l'occurence, du Patro Le Prévost, on pourrait en prendre
d'autres dans d'autres secteurs, nous dit: Je suis nettement conscient
actuellement que dans certaines zones de notre ville des
députés pourraient dire, de notre province tout en
organisant, en animant du sport et du loisir, vous êtes capables
actuellement, comme organisme de faire en même temps un travail
d'éducation. Je n'aime plus ce terme. Plutôt que "travail
d'éducation", disons donc: d'aider des jeunes, des pères et
des
mères de famille à devenir un peu plus autonomes. On ne
peut pas demander à un gouvernement de s'occuper de cela, mais au niveau
d'organismes privés, c'est un travail qu'on peut faire. Je vous dis que
ce n'est pas un ou deux, je suppose que vous le savez plus que nous, il y a des
centaines et des centaines de jeunes actuellement qui n'ont pas ce qu'il faut
pour vivre librement, qui n'ont pas les éléments, soit la
famille, soit dans le milieu où ils vivent. Ce n'est pas le
problème à la grandeur de la province, mais il y a plusieurs
secteurs dans différentes villes où cela existe. Je pense alors
que des organismes comme le nôtre sont capables, tout en offrant de bons
services d'animation sur le plan sportif et culturel, plein air, en même
temps, de faire la promotion de la personne. Encore une fois, M. le ministre,
cela n'a pas de brio. Ce n'est pas valorisant pour le gouvernement. Si
j'étais dans la peau du gouvernement, probablement que je ferais la
même chose. Ce n'est pas valorisant de dire: Cela, on s'en occupe
directement. Mais alors, des organismes comme le nôtre, tout en
vérifiant, on ne demande pas mieux que vous vérifiiez très
attentivement ce que nous faisons, les centres communautaires au Québec
sont capables, tout en offrant de bons services, tout en faisant la promotion
humaine, tout en aidant un certain nombre qu'est-ce que c'est que ces
100 000? C'est une goutte d'eau dans la province. C'est quand même une
goutte d'eau importante d'en arriver à donner quelque chose de
sérieux.
Alors, j'aimerais quand je dis "je", je veux dire la
fédération et les centres que nous représentons
l'entendre de façon un peu plus explicite. Voyez ces interventions,
même si je les ai faites avec une certaine violence, une certaine
conviction, non sur un ton d'accusation, mais d'une collaboration qui est loin
d'être naïve, et qui se voudrait sincère. Là-dessus,
on s'attend à quelque chose. Si vous nous disiez: Nous le laissons tel
quel, sans y changer, nous serions déçus.
M. Léger: Remarquez que la conséquence de ce projet
de loi concerne le bénévolat et spécialement les jeunes et
les gens qui sont impliqués dans le domaine du loisir, parce que le
loisir a quand même existé justement grâce au
bénévolat, à cause de la chance qu'on avait de permettre
à des gens bénévolement de créer dans leur milieu
des solutions peut-être passagères, mais des solutions à un
problème de loisirs.
Est-ce que, dans le projet de loi tel que présenté, vous
voyez des conséquences dangereuses pour le bénévolat?
M. Laroche: Pas plus ce projet de loi-là, M. Léger,
qu'actuellement, les projets PIL, les projets PJ qui se sont propagés
à grande diffusion à l'intérieur du Canada et de la
province de Québec. Je dis que le bénévolat passe
actuellement par une crise. Ou bien on va prendre le tournant ou on ne le
prendra pas. Si on le tue, à mon sens, on perd une valeur capitale. Mais
il ne s'agirait pas non plus de retourner au bénévolat d'il y a
20 ans.
Nous, ce que nous apercevons dans nos différents centres
communautaires actuellement, ça se passe comme ceci: Un jeune, entre 14
et 25 ans, peut voir des témoins du bénévolat,
c'est-à-dire des gens qui ont déjà leur profession, des
gens qui ont déjà un certain montant d'argent qui leur permet de
vivre. En plus, ils vont donner du temps bénévole pour un
organisme quelconque. Mais le jeune de 15 ans, de 18 ans ou de 25 ans qui part
sa vie, on ne peut plus lui demander, comme dans les années je ne sais
lesquelles, de travailler, de s'impliquer largement au niveau du
bénévolat, toujours gratuitement.
A l'intérieur de son travail, qu'il ne soit pas minuté,
qu'il ne soit pas "timé" à un point tel qu'en entrant, il
poinçonne sa carte, qu'il fasse ses 40 heures et "ça vient de
s'éteindre". Je pense qu'il y a, à l'intérieur... C'est
là, quand on parle de formation... Ce n'est pas seulement un mot,
"formation du bénévolat". Cela suppose, enfin, pour ceux qui
partagent cette valeur, quelque chose de sérieux. Autrement, ce serait
de la supercherie. Dire, par en avant, qu'on fait de l'éducation du
bénévolat et, par en arrière, qu'il n'y a rien qui se
fait. Comment cela va-t-il se faire?
Très brièvement, je pense, que nous invitions des jeunes
à voir le travail qui est à faire en leur disant: D'accord! Tu
vas être payé pour le travail que tu fais, mais qu'il y ait un
esprit, qu'il y mette plus de temps parce qu'il aime ça. Cela permet
à des organismes de vivre. Et que des adultes, par choix, aient le
goût de s'impliquer plus. Cela, je pense que c'est valable. A ce point de
vue, je ne trouve pas que la loi vient mettre un coup de couteau
là-dedans, mais ce serait plus à insérer dans les
préoccupations précédentes que je mentionnais, si on ne
tient pas compte aussi on en tient compte, bien sûr mais
que, dans les prochaines années... Des organismes, des centres
communautaires s'éteignaient ou on les aidait, mais en mettant des
conditions tellement difficiles qu'on ne peut plus se tenir debout, parce qu'on
ne serait pas suffisamment capable d'entrer en dialogue avec vous. A ce
moment-là, je pense qu'on tuerait le bénévolat.
M. Léger: Mais la force, justement, du
bénévolat, est-ce que, d'après vous, c'était la
possibilité que des gens d'un milieu, ressentant un besoin du milieu,
décident d'organiser dans leur milieu ce dont les gens autour d'eux ont
besoin? Cela provient justement de cette motivation, de ce stimulant d'une
personne qui, bénévolement, se dit: Je vais aller aider dans tel
domaine, parce que je pense qu'on a besoin de ça chez nous. La
créativité du milieu provenait justement du fait qu'on laissait
ces gens libres d'organiser cela. Par la suite, l'Etat ou des organismes ou des
subventions venant de différents milieux pouvaient permettre de
réaliser ces choses. Mais si la subvention vient au départ et
qu'il y a un dirigisme d'en haut, n'y a-t-il pas là un danger de tuer le
bénévolat? Quel est le juste milieu pour permettre aussi cet
esprit de participation, de sens d'aider sa communauté, parce que cet
individu se sent lui-même créateur
de quelque chose et non pas embrigadé dans un système qui
est déjà tout dirigé?
M. Laroche: Jusqu'à maintenant, on est loin d'avoir des
difficultés là-dessus. Comme disait le ministre, si nous n'avions
pas eu, ces dernières années, les subventions que nous avons
reçues, les différents centres communautaires, jamais, nous
n'aurions pu faire la promotion du bénévolat comme nous le
faisons actuellement. On a pu le faire. La préoccupation que nous avons
n'est pas passée, bien au contraire. Mais ce que nous voudrions, c'est
sans nuire au développement auquel on faisait allusion ce matin, que
cette garantie, tant qu'elle sera valable... La journée où on
nous dira que ce n'est plus valable, on changera d'orientation, c'est tout,
quant à nous.
M. Phaneuf: Je voudrais faire une intervention à ce
stade-ci. Je pense qu'il est important, lorsqu'on se réfère
à la loi, de voir ce que la loi dit.
M. Laroche: Oui.
M. Phaneuf: Si vous regardez l'article 2 de la loi no 2, il dit
ceci: Rssponsabilité du ministre: Le ministre favorise
l'établissement et le développement d'organismes de loisirs et de
fédérations sportives. Si vous vous référez aux
définitions antérieures à cet article de centres et
d'organismes de loisirs, vous allez comprendre où vous vous situez
à l'intérieur de ça.
Avec leur concours on dit bien "avec leur concours" ce qui
veut dire que l'Etat n'a pas l'intention de partir des centres de loisirs, mais
de se servir, avec le concours de ce qui existe... Et même si on favorise
l'établissement de nouveaux centres de loisirs, on ne dit pas que l'Etat
va le faire, on parle même d'établissements de nouveaux centres de
loisirs. On va plus loin. ...avec leur concours, il encourage la participation
du public et des groupes de personnes aux activités de loisirs et de
sport ainsi que la formation des cadres techniques nécessaires.
Je ne vois pas en quoi la loi qui est écrite, qui est devant nous
en ce moment, vient à rencontre de nos discussions. Bien au contraire.
Je pense que cette rédaction vient appuyer fortement nos discussions et
vient nous donner toutes les garanties pour la survie des centres de loisirs.
Le gouvernement, ici, dit bien clairement ses intentions. On parle de concours
avec ce qui existe et on va plus loin en disant qu'on va faire réviser
l'établissement d'autres centres de loisirs. Je pense que c'est clair et
que c'est net. Je pense que cela ne laisse pas beaucoup de marge de discussion,
bien au contraire. Alors, je précise, pour ceux qui s'inquiètent
sur la rédaction, sur la législation comme telle, et qui ont fait
allusion à ma compétence, que je ne suis pas un
législateur. Je suis bien sûr un législateur, mais je n'ai
pas cette formation juridique. Je ne peux qu'interpréter les mots que
comme je les comprends et je les entends. J'ai des gens qui sont
spécialisés dans la rédaction comme telle des textes sur
le plan du légalisme et, comme tel, je m'en remets à eux. J'ai
bien signalé les intentions du ministre et du législateur et cela
a été traduit par des mots comme on en retrouve à
l'article 2.
Pour moi, ces mots sont très clairs. A moins qu'on me prouve que
ces mots veulent dire autre chose que ce qu'ils disent actuellement, cela vous
donne toutes les garanties que vous me demandez.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire que, au conseil
d'administration d'un organisme de loisirs, un permanent d'organisme peut
siéger? Je pense que non.
M. Phaneuf: Plus loin, on a parlé de président et
de permanent et on a dit que ce n'était pas souhaitable. La loi est
déposée, c'est un texte de travail, c'est un document de travail.
On en est toujours au projet de loi déposé en première
lecture. C'est ce sur quoi on va travailler actuellement. Donc, la loi dit
qu'un président ne devrait pas être aussi un permanent. Vous avez
vu dans des fédérations sportives un type qui se fait
élire comme président, qui siège comme président au
comité exécutif et il se fait élire et nommer permanent et
directeur technique ou directeur administratif. On suppose, parce que nous
disons qu'il serait normal qu'à partir du moment où il est devenu
un permanent, le poste électif doit être laissé à un
autre et qu'une éle'ction ait lieu, qu'il est normal de penser comme
cela. C'est ce qui est dit dans la loi.
M. Léger: Mais, dans les milieux, je pense qu'on va en
entendre parler aujourd'hui et demain, les gens se demandent comment on peut,
d'une part, empêcher un permanent d'un organisme de loisirs de
siéger à un conseil d'administration alors qu'un fonctionnaire du
ministère peut le faire. Comment concilier cela?
M. Phaneuf: Vous remarquerez que, dans toutes nos lois, lorsqu'un
fonctionnaire siège à un organisme, il n'a pas le droit de vote
à l'organisme; il est là comme participant, conseiller, mais il
n'a pas le droit de vote comme tel. Vous regarderez la loi sur l'Institut des
sports du Québec.
M. Léger: Je suis d'accord avec le ministre que le
fonctionnaire n'a pas le droit de vote, mais l'importance des décisions
qui sont prises et du fait que le gouvernement sera celui qui subventionnera ou
non tel ou tel projet fait que la personne n'a pas besoin de voter, et sa
présence au milieu des discussions a non seulement un vote
prépondérant, mais une influence directe sur les décisions
qui vont être prises.
M. Phaneuf: Cela, c'est tout le problème; on l'a
vécu au haut-commissariat. Il y a des fonctionnaires qui ont
siégé à des fédérations sportives, compte
tenu de leurs aspirations aux loisirs qui étaient propres à des
fonctionnaires; ce qui a fait que ces fonctionnaires sont devenus membres de
l'exécutif d'une fédération sportive et, à un
mo-
ment donné, ils ont eu un choix à faire entre demeurer
à l'exécutif de cette fédération, compte tenu de ce
conflit d'intérêts qui pouvait exister entre le fait d'être
fonctionnaire et de siéger à l'exécutif de la
fédération. Ce genre de problème, nous l'avons eu. Nous
avons demandé aux fonctionnaires de ne plus siéger. Que
voulez-vous? Cela devient difficile d'être juge et partie
continuellement. Par contre, le fait de siéger à un gros
organisme devient purement conseil beaucoup plus qu'autre chose. Le
fonctionnaire ne participe pas aux décisions, n'ayant pas le droit de
vote. C'est bien sûr qu'il a le droit de discuter et de dire...
Même si ce n'était qu'à partir de la connaissance du
compte de banque et des disponibilités financières, il ne s'agit
pas de permettre à un organisme de travailler à une programmation
qui sera utopique à partir de réalités financières.
C'est déjà un conseil qu'il serait sage de donner aux organismes.
C'est pour cela que, dans des gros organismes comme l'Institut des sports du
Québec, on favorise le fait que des fonctionnaires pourraient
siéger à l'organisme sans droit de vote, mais comme
conseillers.
Le Président (M. Cornellier): Sur le même sujet,
l'honorable député de Fabre.
M. Houde (Fabre): J'aurais des commentaires assez brefs à
faire et quelques questions à poser. Sans faire l'historique des centres
communautaires privés et encore moins des patros, comme
Montréalais, vous n'êtes pas sans savoir qu'on a très peu
connu les patros, sauf le Prévost, qui était le seul et qui est
encore le seul de l'île de Montréal.
Même si vous n'aimez pas recevoir des fleurs et des compliments,
je dirai très brièvement que, si on regarde l'histoire du
passé, des 20 dernières années, il n'y a pas de doute que
votre affirmation concernant les patros en particulier, concernant d'autres
centres privés de loisirs ont sûrement donné plus à
une jeunesse souvent défavorisée en matière de sports et
loisirs, culturelle, activités sociales que n'importe laquelle de nos
grosses institutions présentement en existence avec des millions de
dollars comme budget ou équipement.
Ceci étant dit, cet hommage étant rendu à tout ce
que vous avez fait dans le passé, ce que vous faites présentement
et ce que vous ferez dans l'avenir, je voudrais savoir ceci: Trouvez-vous que
le gouvernement, par ce projet de loi, est trop dirigiste ou cela vous fait-il
peur d'avoir, par exemple, une espèce de contrôle quant à
la compétence de vos animateurs pour l'avenir? Toujours en tenant pour
acquis que vous faites appel aux bénévoles, je suis 100%
d'accord, mon passé est là pour le prouver, c'est bien clair que
nous avons besoin des bénévoles. D'autre part, un
bénévole d'il y a 20 ans pouvait fort bien être un gars qui
marchait fort bien sur la pointe des pieds, qui pouvait fort bien s'improviser
professeur de ballet, si je veux prendre un exemple à l'extrême.
Dans mon temps on disait: A peu près n'importe quel fou qui sait chanter
do, ré, mi, fa, sol, la, si, do correctement devenait animateur de
solfège ou professeur de musique ou directeur de chorale, à peu
près n'importe où. C'était la même chose pour celui
qui marchait sur la pointe des pieds, il devenait professeur de ballet.
Nous avons eu de ces périodes, au Québec, qui ont fait
qu'un gars, au lieu de s'appeler Jean, changeait son nom par tel nom: Juan
ce sont des faits concrets et là, il était rendu
grand spécialiste dans le yoga. Un gars, parce qu'il avait joué
à la balle molle pendant trois ans de suite dans une ligue XYZ, devenait
entraîneur de balle molle, même s'il était
bénévole et encore plus s'il était payé. Ce que je
veux savoir: Trouvez-vous que, dans le projet de loi, quand le gouvernement
dit: On va exiger des permis, on va s'occuper de sécurité,
d'hygiène également, c'est exagéré? Trouvez-vous
que c'est forcer la note d'exiger, par exemple, que même un
bénévole ait au moins un minimum de compétence comme
animateur dans telle ou telle discipline, qu'elle soit culturelle, sociale ou
sportive? J'arrête là, pour tout de suite.
M. Lacombe: Quand vous lisez tranquillement le chapitre V sur les
centres, cela ne parle que de cela, sécurité, ensuite permis
d'exploitation, appels et plaintes. Nous ne sommes pas contre cela, mais nous
aimerions peut-être des aspects plus positifs de participation, de
coresponsabilité. Nous ne le trouvons presque pas. Nous n'avons rien
contre cela, ce n'est pas mauvais avoir des permis et tout cela, mais nous
aimerions peut-être avoir d'autres choses, c'est seulement cela que nous
avons dit.
Vous lisez: Sécurité des usagers, protection du public. Ce
sont les articles 46 et 47; centres participants, les articles 48 à 51.
Là, on parle d'accords. Un accord de participation peut prévoir
le concours d'un organisme. Ensuite, à la section III, de l'article 52
à l'article 63, ce sont les permis d'exploitation. Ensuite, les articles
64 et 65, ce sont les appels et plaintes. C'est seulement cela que vous trouvez
dans le projet de loi. Nous en avons trouvé peut-être un petit peu
plus.
M. Laroche: M. Houde, ce que j'ai cru entendre dans votre
intervention, c'est que, pendant un bout de temps, on s'est peut-être
contenté, dans les années tranquilles, de l'organisation de
broche à foin. On n'avait peut-être pas le choix. Je pense que
depuis je vais être très modeste 10 ans, je vous
mets au défi de venir vérifier sur place si je vous donnais
certains noms de gens qui actuellement, au niveau du basket-ball, dans la ville
de Montréal, au niveau du volley-ball, au niveau de l'expression
corporelle, sont sortis de chez-nous. Qu'est-ce que cela veut dire? Comment se
fait-il que nous avons lu avec indignation, il y a deux ans, dans
Montréal-Matin, une manchette dans la page des journaux annonçant
qu'enfin la ville de Montréal avait son équipe pee-wee de
basketball enfin la ville, c'est peut-être un peu fort
alors que chez-nous, cela existait depuis déjà sept ans?
Et je vous prie de croire que ce n'était pas du basket-ball de
broche à foin. C'est un sport éducatif où peut-être
on ne faisait pas viser le petit gars
à devenir l'élite de la province de Québec en
basket-ball cela ne nous intéresse pas mais où on
lui faisait pratiquer, on lui offrait un sport formateur, qui développe
l'esprit d'équipe et qui appelle à l'énergie. De cela, on
n'a jamais entendu parler. Peut-être que là-dessus on a
manqué. On a révisé nos flûtes. Je pense que dans
les cinq années qui s'en viennent on va être sur la carte de la
province, ou cela ne marchera pas. C'est sûr. C'est fini le dicton qui
disait: Le bruit ne fait pas de bien. Foutaise! Aujourd'hui, on voit des choses
qui créent la manchette et quand on les creuse le moindrement ce sont
des absurdités. Il n'y a rien en dessous. C'est facile de faire du
"flash", mais rejoindre la vie c'est une autre paire de manches. On ne veut pas
se prendre pour d'autres là-dedans. On n'est pas des
spécialistes. On n'est pas des gens extraordinaires. On est des gens
bien ordinaires. Mais je pense qu'on fait un travail sérieux au niveau
des équipes d'animation, même si elles sont payées avec...
Là-dessus, je trouve que les collaborations qui s'établissent
avec les municipalités, si ce n'était qu'au niveau des cours de
moniteurs qui sont drôlement éducatifs, où nous avons pu
partager l'expérience acquise sur le plancher des vaches depuis
plusieurs années avec des personnes qui avaient peut-être une
compétence théorique un peu plus poussée, nous permettent
d'arriver à des échanges, des partages qui sont forts
heureux.
Je crois que ce temps est révolu. Ce temps où
peut-être on s'improvisait est vraiment révolu et, actuellement,
je peux vous assurer que sans avoir, comme vous le dites, un fonctionnement au
coût d'hypermillions, tout en étant modeste dans les
coûts... Parce que pour les subventions que nous avons, il ne s'agit pas
de partir en peur. La première année, quand je suis arrivé
comme directeur général et que je voyais un budget de $200 000,
je sautais, tellement je trouvais cela extraordinaire, naïf que
j'étais ou non connaissant en administration. Ce sont des "peanuts" au
niveau d'une province. Allons donc! Même si ce sont des budgets
intéressants pour pouvoir vivre, si on divise cela per oapita, je vous
assure que cela fait très peu surtout quand on les met en
parallèle avec d'autres répartitions budgétaires.
Là-dessus, je vous invite à venir vérifier. Cela
nous fera un grand plaisir, dans n'importe quel centre communautaire, de vous
accueillir. Le point de la vérification, je trouve cela important. Je
trouve que là-dessus on est peut-être un peu trop audacieux
comparativement à d'autres. Mais je peux vous dire que cette
fédération qui est en train de se former est unanime, que nos
conseils d'administration, qui sont formés de gens entièrement
bénévoles, sont prêts à ouvrir la porte n'importe
quand pour faire vérifier les livres et l'animation. La journée
où on ne fera pas cela, coupez-nous. C'est aussi simple que cela. Mais
la journée où on ouvre la porte à toute
vérification ce qui n'implique pas nécessairement la
gérance, je trouve que c'est un avantage pour la province et aussi pour
une ville.
M. Houde (Fabre): Ce que je voulais vous faire dire, et vous
l'avez dit, je trouve que c'est drôle- ment important. Peut-être
que la loi n'est pas assez positive dans le cas du bénévolat,
mais ce que je voulais vous entendre dire, c'est qu'il n'y a pas
d'incompatibilité entre, d'une part, être un
bénévole et, d'autre part, être également
compétent. C'est cela que je voulais vous faire dire. Dans l'esprit de
beaucoup de gens un bénévole est un gars incompétent qui
se dévoue. Malgré que cela peut être sanctifiant et tout,
je suis bien d'accord, mais là où je veux en venir, c'est que je
pense qu'on est rendu à cette étape importante au Québec.
On peut être un bénévole, quelle que soit la discipline,
sportive et culturelle, activité sociale et récréative,
mais je pense qu'à cause, justement, d'une quantité
énorme, dans le passé de charlatans qui ont fait mal aux vrais
bénévoles compétents, de charlatans qui se sont
improvisés, de locaux malsains, d'accidents mortels qui sont
arrivés, encore récemment, dans des studios de karaté,
sans aucune espèce de législation... N'importe quel fou peut
s'improviser professeur de culture physique, de conditionnement physique,
professeur de musique ou professeur de je ne sais quoi. N'importe qui. Vous
l'avez vu, c'était dans les journaux, c'était partout; une jeune
fille s'est passé un tuyau de calorifère à travers le
corps en faisant du karaté. Ce n'est quand même pas
drôle.
Cela a été la même chose dans le domaine du ski pour
les remontées mécaniques. Cela fait à peine quelques
années qu'il y a un autre ministère qui s'appelle le
ministère du Travail qui commence d'une façon sérieuse et
systématique à vérifier, par exemple, la
sécurité des remontées mécaniques pour le ski.
M. Phaneuf: Qui a occasionné la fermeture de certains
centres de ski, pas de 100%.
M. Houde (Fabre): De certains centres. Ce que je voulais vous
faire dire en même temps j'en profite pour donner mon opinion
c'est que, bien sûr, les entreprises privées, les patros,
la vieille Palestre nationale, le Centre Immaculée, le Centre
Saint-Sacrement, enfin tous ceux qu'on connaît et qui ont existé
depuis 20 ans, 30 ans et 40 ans, qui ont fait un travail extraordinaire, il
faut que ça continue. Il n'y a pas à sortir de là, c'est
la base, ça touche à des milliers de gens. Peut-être que le
point, vous l'avez dit, c'est qu'avec les services régionaux de loisirs
qui donnent des cours, aujourd'hui, si on peut se mettre ça dans la
tête, tous les bénévoles dont on a besoin ont
également la chance, comme bénévoles, sans être des
universitaires avec 22 diplômes, d'avoir un minimum de compétence
et un diplôme ou parfois une attestation de cours, que le cours soit
donné directement par une université ou directement par un
service régional des loisirs. Il n'y a pas d'incompatibilité
entre le bénévolat, d'une part, et la compétence. Le
dévouement et toutes les autres vertus, ça vient par la suite ou
en même temps.
L'important pour moi, c'est que tout le monde accepte qu'on doit
aujourd'hui avoir une loi qui permette de protéger le citoyen contre des
abus qui ont eu cours dans le passé et, autant que faire se peut, de
donner la chance à tous les enfants, particulièrement ceux des
milieux défavorisés,
d'avoir au moins chez des animateurs, des professeurs, des "coaches"
aussi compétents que le garçonnet ou la fillette de milieu
favorisé, qui, eux, ont les moyens d'aller dans une école
privée de patinage artistique ou dans un gymnase qui coûte
très cher et d'avoir les meilleurs éléments dans le basket
ou dans le volley. Je pense que là-dessus on se rejoint.
Mme Bois: Juste pour compléter, non seulement il n'y a pas
d'opposition ou d'incompatibilité entre bénévolat et
compétence, mais les centres communautaires privés que nous
représentons tendent, dans la mesure de leurs possibilités
financières, à avoir un alliage de professionnels en loisir et de
bénévoles. Depuis au-delà de 20 ans, il y a eu des cours
de moniteurs pour ces bénévoles, dispensés par la Centrale
des patros, qui deviendra sous peu la fédération. Dans cette
même fédération qui se définit en termes de
services, déjà sont prévus des mécanismes pour
continuer de travailler à la formation de ces bénévoles,
qu'ils s'appellent moniteurs, qu'ils s'appellent animateurs, qu'ils soient
même des membres insérés dans des conseils
d'administration, parce que ce n'est un secret pour personne que les gens qui
siègent au niveau des conseils d'administration ont souvent peu de
ressources ou sont peu habitués à siéger à ces
conseils. Déjà, cette fédération prévoit, en
termes de services, faire acquérir à ses bénévoles
une certaine compétence.
Je pense que, loin d'y avoir incompatibilité, il y a même
une erre d'aller qui va vraiment de ce côté.
M. Phaneuf: De toute façon, je vous ai cité
tantôt des articles de la loi qui précisent un peu la
pensée gouvernementale qui n'est pas conflictuelle avec l'exposé
que vous avez fait, bien au contraire. Il y a peut-être, par contre, une
chose que nous pourrions préciser dans la loi au chapitre 2 et dans la
suite de ce chapitre pour affirmer l'apport nécessaire du
bénévolat dans le monde du loisir. Je pense que là-dessus
on s'entend fort bien.
On a parlé de critères de compétence tantôt
et cela aussi on doit le retrouver dans cette loi quand on parle du
bénévolat. On pourrait vous citer des milliers d'exemples, parce
que nous avons tous oeuvré dans ce milieu qu'on appelle le loisir,
d'abus du bénévolat, mais je ne suis pas prêt à
détruire le bénévolat à cause de certains abus qui
ont pu exister.
Bien sûr, je peux vous citer des gens qui font du "coaching" au
hockey. Je suis totalement en désaccord avec cette formule de "coaching"
de certains entraîneurs qu'on retrouve actuellement dans le milieu du
hockey, mais on ne veut pas pour autant, à cause de cette affirmation,
démolir les milliers d'autres qui font un excellent travail dans ce
même milieu. Par contre, il faut se donner certains critères de
sécurité et certaines garanties par la loi pour nous permettre
d'agir là où il y a des abus, des lacunes. Je pense que c'est
aussi le rôle du gouvernement de pouvoir agir lorsqu'il faut agir.
M. Laroche: Peut-être que je fais un excès de
zèle; il y en a d'autres en arrière qui vont passer ici à
la même table que nous, qui sont dans la même ligne de
pensée que nous. Je vais l'illustrer brièvement. On devrait, au
niveau du gouvernement, arriver à avoir un certain mécanisme qui,
tout en étant contrôlé, pourrait être souple et
permettre des actions comme celle-ci. Je vais l'illustrer par un cas
très précis que nous avons vécu et qui est bref, vous
allez voir.
Au niveau du plein air, nous étions dans une zone où ce
n'est pas possible pour un très grand nombre de gens d'y aller. Je veux
dire quoi?
De partir, par exemple et d'aller, soit dans un centre de ski ou soit
dans un endroit où, l'hiver, on peut se livrer au ski de fond, au ski
alpin ou à la raquette.
De notre côté, nous avons dit: Essayons donc, dans ce
milieu ouvrier, où le père de famille n'a même pas
je n'exagère pas, je vous assure que ce n'est pas pour faire...
ce qu'il faut, durant l'été, pour se permettre cinq
soirées de baseball au parc Jarry.
On s'est dit: Comment va-t-on en faire la promotion? L'équipe
d'animation s'est réunie. On a écrit personnellement pas
une lettre circulaire, nous avons écrit personnellement à
102 centres de ski de la province de Québec. Nous leur avons fait savoir
les besoins de notre clientèle et leur avons dit: Nous autres, comme
organisme, où s'allient professionnalisme et bénévolat,
nous serions prêts à faire la promotion du plein air auprès
de ces gens. Etes-vous capable de nous tendre la main?
Je pense que je vous l'avais dit, M. le ministre, une fois où
nous étions réunis au complexe G. Savez-vous combien nous avons
eu de réponses? Un seul centre, un seul, qui nous a écrit et qui
nous a dit: Nous sommes intéressés à collaborer avec vous.
Alors, on a dit: Quelle sera votre collaboration. Il nous a dit: Moi, j'ai de
l'équipement de seconde main. J'en ai à peu près pour 50
personnes en ski alpin et j'en ai à peu près pour 25 personnes en
ski de fond. C'est de l'équipement secondaire, mais je puis vous assurer
qu'il est encore en bonne condition. Je vous le donne.
Nous avons dit: Très bien. Nous sommes allés au
Haut-Commissariat. Vous nous avez fourni un certain montant d'argent. Cela nous
a permis d'engager un animateur de plein air à temps partiel et de le
payer le prix qu'il doit être payé. Mais ce bonhomme avait un
esprit, non pas profession-naliste, tout en étant compétent dans
sa sphère de plein air, mais il était capable de se mettre au
niveau des gens.
Savez-vous, actuellement, combien de gens nous avons, dans le Mile End,
qui sont allés faire du ski, sur les pentes du nord ou sur les pentes
des Cantons de l'Est? Nous en avons actuellement 458 qui y sont allés et
qui auraient été bloqués si on nous avait dit: Ecoutez! On
vous fournit un animateur de plein air, mais c'est important qu'il soit dans
telle fédération, qu'il ait telle compétence, qu'il
prévoit telle compétition. Ce n'était pas le but. Et cela
a été accepté comme tel.
Vous voyez, simplement d'avoir dégagé un poste, le payant,
cela a permis toute une animation dans un secteur. C'est ce que
j'appelle...
S'il y avait possibilité d'avoir un élément de
souplesse, je pense que cela existe déjà, c'est
déjà commencé. Il me semble que si vous pouviez, dans
certains secteurs, avant de le structurer, donner de l'appui à des
choses comme cela, pas seulement chez nous, il y a plusieurs
bénévoles qui seraient intéressés dans ce
sens-là.
M. Phaneuf: Vous êtes conscients d'une chose. Comme nous,
nous n'avons pas engagé d'animateur pour faire ce que vous faites
actuellement, nous avons plutôt mis des programmes sur pied pour tenter
continuellement de s'associer, compte tenu que vous êtes du milieu, vous
et d'autres organismes qui oeuvrent dans le milieu; je pense que la politique
gouvernementale, là-dedans, a été très claire. Vous
donnez des résultats qui sont quand même des résultats
concrets.
Je pourrais ajouter ceci: Adressez-vous à Contrecoeur, parce
qu'à Contrecoeur, on a décidé de s'associer avec cet
organisme. On a décidé d'hiverner les bâtisses existantes.
Cela va vous permettre aussi d'avoir un accès à Contrecoeur pour
faire du ski de fond, pour faire du plein air en hiver, à des taux qui
vont être vraiment exceptionnels.
Ce sont des choses qui font partie de la programmation actuelle du
haut-commissariat. C'est sûr que ce n'est pas tout écrit dans le
projet de loi comme tel; ce n'est pas défini. Mais ces actions
gouvernementales sont décrites dans le projet de loi et on le dit bien,
on le dit d'une façon très claire: on a l'intention de s'associer
ce n'est pas écrit ainsi avec les forces vives
québécoises qui oeuvrent dans le milieu actuellement. On
décrit des centres de loisirs et vous faites partie de ces centres de
loisirs.
Je pense que, loin d'être conflictuel, c'est l'avancement normal
de l'accessibilité en matière de loisir. Là-dessus, je
pense que nous sommes très clairs et très nets.
Par contre, là où vous avez raison et là où
on pourrait faire des erreurs, des erreurs graves, c'est de vouloir faire seuls
les choses. Le gouvernement est trop loin de l'ensemble des populations
québécoises, compte tenu de l'étendue du territoire. Il
est important pour le gouvernement du Québec de s'associer avec les
milieux, de consulter les milieux, dans tous les secteurs là où
ils oeuvrent, pour pouvoir mettre sur pied des programmes qui vont coller
à des réalités, à des besoins bien
identifiés par le milieu. Sur cela, vous avez entièrement
raison.
Les besoins de Montréal, compte tenu que Monréal est une
grande ville par rapport aux besoins de la Côte-Nord et de la
Gaspésie, sont très différents. Nous sommes bien
conscients de cela. Ce n'est pas au nom d'une grande philosophie qu'on va
régler tous ces problèmes, mais plutôt en consultation
directe avec les organismes du milieu. J'ai mentionné les
municipalités tantôt. Ne vous en faites pas. Vous êtes aussi
importants que les municipalités, compte tenu des actions que vous avez
faites depuis de nombreuses années. Vous avez même
été avant-gardistes par rapport au rôle que les
municipalités ont joué dans le domaine de la
récréation et cela vous a été reconnu.
Pour pouvoir quand même terminer ce tour d'horizon qu'on voulait
faire ensemble, je voulais savoir de vous, de façon très
concrète, si vous étiez en désaccord avec la formule de la
législation actuelle. Est-ce que vous avez des suggestions
concrètes que vous pourriez me formuler?
J'ai bien pris en considération vos remarques sur le plan du
bénévolat. Je vous ai dit tantôt que j'étais
prêt à ajouter des articles qui pourraient le définir comme
tel.
Si on s'entend bien, si on se comprend, je pense que, dans l'ensemble,
votre mémoire ne va pas à rencontre de la législation;
vous aimeriez quand même qu'on puisse préciser, mais je vous dis
que, la façon dont on peut le préciser, c'est dans l'action comme
telle, pour autant que la loi permette ces actions.
Je vous dis que c'est une législation qui est
déposée. Quant à moi, parce qu'on a pris un peu de temps
pour l'étudier, plus que vous, parce que c'est mon rôle de le
faire comme législateur, je dis que ces actions ne viennent pas
contrevenir aux actions que vous avez posées; bien au contraire, elles
viennent statuer, d'une façon définitive, l'appui que le
gouvernement entend donner à ceux qui oeuvrent actuellement dans le
monde du loisir, que ce soit dans le domaine des foyers-patros ou dans d'autres
domaines actuellement, à moins qu'on puisse me préciser d'une
façon définitive que des articles de la loi sont trop exigeants
et ne permettront pas cette évolution normale des choses.
Quand on parle de permis, M. Houde a exprimé tantôt ses
craintes, je pense qu'il va falloir qu'on ait ce genre de permis. Bien
sûr je le dis il est facile de savoir qui oeuvre et qui
oeuvre sainement dans le milieu. On vous a donné l'exemple de centres de
ski, là où il a fallu fermer, parce que les remontées
mécaniques ne répondaient pas à des normes précises
sur le plan de la sécurité. Cela demandait un investissement de
$100 000. On a fait mal à certaines entreprises privées lorsqu'on
a pris ce genre de décision, sur le plan gouvernemental. Je ne parle pas
du haut-commissariat, c'est le ministère du Travail qui l'a fait. Que
voulez-vous! Le mont Sainte-Agathe a été fermé à
cause de cela, pour n'en citer qu'un. Je pense que cette responsabilité,
compte tenu du milieu dans lequel vous oeuvrez, vous êtes bien conscients
qu'on se doit d'avoir ce genre de pouvoir, là où il y a des abus,
pour pouvoir contrevenir à ces abus.
Je pense qu'à moins que vous ayez d'autres commentaires, moi, en
tout cas, je suis drôlement satisfait et je vous remercie de l'apport que
vous avez donné à cette législation. J'aimerais bien, de
votre part, sur des points bien techniques de la législation, si vous
avez des amendements à proposer ils seraient les bienvenus.
Mme Bois: Je dirais que vous nous demandez
de nous prononcer sur des points très techniques, qui seraient
défectueux ou qui ne permettraient pas cette application de la loi.
M. Phaneuf: Oui.
Mme Bois: Je peux seulement vous répondre que nous ne
sommes pas des juristes, que nous n'avons pas les moyens financiers non plus de
nous accorder des conseillers juridiques pour traiter ces questions, mais s'il
y a une phrase que je me permettrais de vous laisser, en tout cas, en
conclusion, à la suite de ce que vous avez dit, c'est peut-être
que la lettre tue, mais que l'esprit vivifie.
En gardant un esprit de collaboration et de partenaire, je pense que
cela pourrait aller dans l'action. Ce sont les commentaires que je ressens.
M. Phaneuf: Je me permets seulement une remarque. N'avez-vous pas
vu cet esprit de collaboration dans la loi?
Mme Bois: On le verra dans la pratique.
M. Phaneuf: Mais, dans la loi comme telle, que je vous lis
l'article 2?
Mme Bois: Oui.
M. Phaneuf: Est-ce que cela ne semble pas coller aux
réalités dont on a discuté cet après-midi?
Mme Bois: Partiellement oui, en ajoutant les
éléments sur lesquels on est peut-être intervenu.
M. Phaneuf: On s'est entendu tantôt, oui.
M. Lacombe: Pour terminer, la Centrale des patros, dans son
mémoire, voulait faire des remarques positives, non pas
négatives. Merci!
M. Léger: On vous remercie de votre mémoire, qui
était très positif.
M. Phaneuf: Nous vous remercions d'ailleurs de l'apport que vous
avez fait à la rédaction de cette loi qui se veut nôtre
tantôt.
M. Houde (Fabre): Surtout, ne lâchez pas.
Le Président (M. Cornellier): Merci bien, madame et
messieurs! J'inviterais maintenant les représentants de l'Association
des camps du Québec. Est-ce que cette association est
représentée? Oui.
Association des camps du Québec
M. McCarthy (Bill): M. le Président, mon nom est Bill
McCarthy. Je suis le président de l'Association des camps du
Québec, Quebec Camping Association. A ma droite, c'est M. Georges
Robitaille, l'ancien président de la section française. A ma
gauche, c'est M. Rosaire Corbin, l'ancien président de l'Association,
avant moi.
Nous avons présenté un mémoire qui explique notre
pensée et nos craintes sur les projets de loi 2 et 3. J'espère
que vous avez eu assez de courtoisie pour non simplement lire le
mémoire, mais de préparer des réponses à nos
questions.
Je suis mal à l'aise aujourd'hui, premièrement, parce que
je n'ai pas le confort de ma langue maternelle et que personne dans le
gouvernement du Québec n'avait pensé à présenter
une formule, ni pour la présentation des mémoires ou pour notre
présentation aujourd'hui. Nous sommes comme des mouches qui sont dans
l'air et qui ne savent pas où elles s'en vont parce qu'il n'y a aucune
forme ou règle de jeu ou, si je peux dire, de manière de travail.
On est chanceux, on est le troisième, et on a écouté un
peu ceux qui ont passé avant.
Je trouve que c'est un jeu très drôle. Nous sommes des
invités, mais nous avons l'idée que nous sommes de vrais
étrangers dans notre pays de naissance. Je ne parle pas de la langue,
mais des procédures renouvelées cinq fois au niveau du
gouvernement, du manque de politesse et de courtoisie. Nous sommes des
Québécois ou nous sommes des clochards de Russie, de Londres,
d'Irlande, de Belfast ou de quelque part à l'étranger. C'est
tellement dur, on était mal à l'aise ensemble pour faire une
bonne présentation. Au commencement, M. Phaneuf a dit qu'il ne voulait
pas entendre parler de la question de consultation parce que ce n'était
plus le jour de la... Il est prêt à discuter les lois. On trouve,
à l'Association des camps du Québec, qu'on n'est simplement pas
dans le jeu, on était complètement en dehors du terrain de
jeux.
Nous sommes heureux que le Conseil québécois de la
jeunesse, des loisirs, du sports et du plein air ait la confiance du
ministère, mais pourquoi après, la loi est-elle publiée?
Est-ce que c'est une répétition en mettant des points, des
virgules et des choses comme cela aux bonnes places ou si c'est simplement
changer l'ordre des mots? Comme on dit en anglais, le chemin du diable est
pavé de bonnes intentions. Avant que je détruise le bon contexte
de notre mémoire, je voudrais passer ;la balle à M. Georges
Robitaille, président sortant de la section française. M. Rosaire
Corbin qui pourra vous présenter des points plus positifs que les miens,
avec la force et le courage de sa belle langue. Merci.
M. Robitaille (Georges): M. le Président, MM. les membres
de la commission parlementaire, lorsque nous nous sommes préparés
à venir vous rencontrer, on a présumé du
déroulement et des délais que nous aurions pour vous
présenter notre option. Alors, on a choisi d'être très
brefs et on a choisi de vous exprimer l'essentiel de notre pensée. Le
mémoire que nous avons fait parvenir est assez explicite en
lui-même sur la portée de la loi no 2. Quant au projet de loi no
1, nous sommes d'accord dans l'esprit et nous sommes heureux de souligner
l'intervention du gouvernement provincial avec une loi en matière de
loisirs.
Donc, le message qu'on a à vous livrer, qui va peut-être
expliciter plus précisément la recommandation no 1 de notre
mémoire, veut souligner à cette assemblée que
l'Association des camps du Québec, la Quebec Camping Association, se
sent un peu mal à l'aise et qu'elle ne se reconnaît pas à
l'intérieur du projet de loi no 2. On tente de se situer, de se trouver
à l'intérieur de cette loi et on trouve peu d'endroits où
l'on peut se sentir à l'aise. A notre avis, le projet de loi
démontre une absence quasi totale de compréhension, de la part du
législateur, de ce qu'est la réalité des camps de vacances
au Québec. C'est une illustration d'une conception peut-être
erronée de cette réalité. Un camp de vacances n'est pas
uniquement un lieu de récréation de plein air et je veux me
référer aux termes du projet de loi no 2, page 2, paragraphe
h).
On y définit un peu un camp de vacances comme une installation ou
un endroit aménagé pour la pratique d'activités de loisirs
ou de sport au niveau amateur ou professionnel, y compris un plan d'eau, une
plage, un lieu aménagé pour le conditionnement physique, ainsi
qu'un établissement doté de services récréatifs,
d'accueil ou d'hébergement, tel un camp de vacances ou une auberge de
jeunesse. Un camp de vacances est avant tout un milieu éducatif, un
milieu de formation où l'aspect récréatif ne devient que
l'instrument... l'aspect récréatif fournit des outils au
développement de notre jeunesse pour en faire de véritables
citoyens.
Donc, étant préoccupés du développement de
l'individu tant sur le plan moral, physique, intellectuel que mental, les camps
offrent un potentiel à peine exploité dans le prolongement et la
complémentarité de l'école et de la famille.
Rien dans l'esprit ou la lettre de la loi ne permet de reconnaître
cette réalité éducative plus que récréative
et le projet de loi, à notre avis, offre peu de garantie de la
sauvegarde de ces valeurs.
L'on parle de confédération dans le projet de loi, de
confédérations provinciales; tantôt, les activités
au niveau des programmes de l'ensemble de nos camps seraient chapeautées
soit par la CLQ, soit par la CSQ, soit par la Fédération
québécoise de plein air et, tantôt, d'autres
activités n'y trouvent aucune place.
C'est à la lumière de cette réflexion que
l'association recommande aux législateurs qu'advenant
l'établissement ou la reconnaissance d'organismes provinciaux, nous
croyons que l'Association des camps du Québec, réalité
existante avec sa propre spécificité on n'a qu'à se
rappeler la vocation éducative, le rôle de l'ACQ-QCA dans le
développement des camps au Québec, la part du secteur
privé à l'intérieur des camps, l'expertise au mouvement
pour légitimer notre requête donc, si le gouvernement veut
former des organismes de regroupement provinciaux, nous croyons que l'ACQ,
comme telle, répond aux critères nécessaires pour devenir
une forme de confédération, à cause de sa vocation propre,
de la nature de ses programmes, de la distinction fondamentale entre
l'utilisation d'une activité de plein air ou autre par opposition
à celle d'une fédération.
Si l'on poursuit plus loin je termine sur ce nous aurions
certains commentaires à vous faire quant aux modalités de
formation, quant à la nature des mandats et des pouvoirs qui sont...
Présentement, on s'est servi du prototype ou du modèle existant
dans la loi, surtout quant aux articles 34 et 35. Je pourrais peut-être y
revenir au niveau de la période des questions. Est-ce que quelqu'un
aimerait compléter?
Le Président (M. Cornellier): L'honorable ministre.
M. Phaneuf: Je vous avoue que j'ai certaines difficultés
à comprendre exactement votre position face au projet de loi, surtout
lorsque je termine, moi aussi, la lecture de votre mémoire et que l'ACQ
recommande que les projets de loi no 2 et 3 soient retirés purement et
simplement.
Lorsque vous me parlez d'une confédération, vous me parlez
d'une espèce d'union qui devrait exister de l'Association des camps du
Québec, compte tenu au nombre de camps qui existent au Québec. Il
y a des camps à but lucratif. Il y a des camps à but non
lucratif. Il y a des camps qui ont des vocations différentes. Il y a des
camps qui poursuivent des buts très différents. Vous parlez de
l'extension du domaine de l'éducation par la voie des colonies de
vacances, etc. Vous savez, quand un parent fait le choix d'un camp, et
là, je parle en tant que parent et non pas en tant que ministre, il le
fait en tenant compte des problèmes qu'il a lui-même à
régler face à des enfants qu'il a à élever. On peut
bien choisir un camp qui est un camp scientifique pour parfaire
l'éducation de son enfant, comme on peut vouloir donner des vacances,
une récréation en dehors du milieu scolaire. Si un camp veut se
retrouver comme un milieu scolaire, on peut faire une grande erreur dans
l'animation de son propre camp. Je parle en tant qu'ex-propriétaire
d'une colonie de vacances, animateur et directeur d'une colonie de vacances.
C'est une expérience que j'ai vécue, moi, pendant un certain
temps, et je sais aussi ce que les parents me disaient lorsqu'un choix de camp
se faisait et pourquoi on choisissait un camp plutôt qu'un autre.
On peut reconnaître une vocation générale à
une colonie de vacances. On peut dire que toutes les colonies de vacances
doivent avoir une vocation au niveau de l'éducation comme telle. Il est
bien sûr qu'on espère, lorsqu'on y envoie son enfant, qu'il ne
sera pas strictement gardé 24 heures par jour pendant une période
de deux semaines ou de trois semaines. Mais cela aussi, c'est le choix que l'on
fait du camp qui va répondre aux exigences que nous avons posées
au préalable comme critères que l'on veut lorsqu'on envoie un
enfant... C'est une partie du choix. On peut dire oui ou non à cette
philosophie, mais je réponds à ce que les parents m'ont dit,
à une expérience que j'ai vécue.
D'autre part, compte tenu du budget et des possibilités
financières de certains camps, on a fait, selon la formule scoute, de la
récréation au niveau de certaines colonies de vacances. Là
où
on accepte des jeunes, on les nourrit, on les loge, on leur donne un
programme d'animation qui répond à un besoin pour un enfant qui
se situe en dehors de son milieu normal... Si c'est un enfant qui vit dans un
milieu défavorisé fortement urbanisé, il va retrouver des
arbres, de la forêt et du plein air, et il verra peut-être le ciel
bleu pour la première fois de sa vie. Il y a toutes sortes de vocations.
Mais il faut remonter à la fondation de l'Association des camps du
Québec.
J'étais présent lors de la fondation de cette Association.
Je me rappelle fort bien les buts qu'on avait définis pour s'associer.
Je comprends aussi les buts qu'on doit poursuivre lorsqu'on veut maintenir des
critères de qualité en 1976 et la raison d'être de
l'Association des camps du Québec, mais quand on parle de
confédération en se référant aux trois
confédérations qui existent actuellement, on pourrait avoir une
multitude on pourrait parler de structurite tantôt de
structures. Appelez cela la Confédération des camps du
Québec et appelez cela une confédération et on aurait une
multitude de confédérations pour unir des choses. Ce n'est pas
une question de nomenclature comme telle pour répondre à un
besoin donné d'association de personnes qui veulent partager ensemble
des préoccupations qui leur sont propres. Je ne veux pas revenir sur la
terminologie comme telle.
Vous dites que la loi est assez vague sur certains sujets. La loi a
parlé d'émission de permis, de critères de qualité
qu'on devrait normalement retrouver dans les camps, et quand je me
réfère à l'article 2 qui dit bien qu'on s'associe avec des
organismes en place, quels qu'ils soient...
Tantôt, on a parlé des centres de loisirs. Les
critères d'acceptation, actuellement, pour être membre de
l'Association des camps du Québec n'ont pas été mis de
l'avant par le gouvernement mais par l'association elle-même qui a
émis ses critères de base et qui exige de la part de certains
camps, pour être membres de l'association d'avoir, au niveau de la
promotion, un minimum de critères de base pour pouvoir être
diffusés dans le bottin des camps, etc.
Pour le reste, j'aimerais bien que vous puissiez m'expliquer...
Peut-être mon collègue de Fabre a-t-il autre chose à
ajouter à ce que j'ai dit... J'avoue que je ne saisis pas tellement
votre mémoire. J'aimerais que vous puissiez m'expliquer des points
particuliers face à la législation présentée,
là où la législation ne répond pas à vos
aspirations, ne répond pas à certains critères que le
gouvernement doit avoir sur le plan de la surveillance, sur le plan de
l'émission de permis, sur le plan de la sécurité, etc.
Si c'est ce à quoi vous faites allusion, je suis obligé de
vous dire que je pense que la législation est faite dans ce sens.
Quant à l'autre allusion que vous avez faite, avant celui qui
vous a précédé, sur la formule de la commission
parlementaire, c'est un organisme de consultation à partir de documents
qui sont déposés par le gouvernement du Québec. Cela ne se
veut pas autre chose. Je comprends mal l'attitude de celui qui vous a
précédé et les propos qu'il a tenus. Je vous avoue que
j'ai essayé de comprendre d'une façon logique et honnête
les propos que vous avez tenus tantôt et je ne les ai pas saisis.
Vous vous sentez mal à l'aise. Vous ne comprenez pas le pourquoi
d'une commission parlementaire. Vous vous sentez mal accueillis. Je vous avoue
que cela m'a rendu moi-même mal à l'aise face à vous et je
m'explique mal l'attitude que vous avez exprimée lors du début de
votre exposé.
M. McCarthy: ... comme un ancien directeur de camp que... Que
va-t-on faire dans une association de sport, dans une fédération
de sport? On a du sport dans notre camp, très bien? Avec quel groupe
va-t-on travailler? Le sport, les loisirs ou le plein air?
M. Phaneuf: Les trois. M. McCarthy: Les trois. M.
Phaneuf: Bien sûr.
M. McCarthy: On peut être membre des trois et on va faire
des réunions chaque soir?
M. Phaneuf: Depuis quand une colonie de vacances ne fait-elle pas
du plein air, du loisir sportif et du loisir socio-culturel? Dans toute
programmation de camp, quel qu'il soit, vous retrouvez ces trois
disciplines.
Vous n'avez pas été obligés de retrouver un
chapeau; le chapeau, c'est l'Association des camps du Québec qui
chapeaute les camps du Québec. Je ne vois pas pourquoi vous parlez
d'association avec la CSQ, la CLQ ou la FQPA, dans ce sens. La discussion n'est
pas là. Pour moi, cela ne se situe pas à ce niveau.
M. McCarthy: No man can serve two masters and you got three; how
can you do that?
M. Phaneuf: I do not ask you to serve three masters, I said that
you do not have to be under the CLQ, the CSQ, the FQPA.
M. McCarthy: But we have to be under something.
M. Phaneuf: But I said that you have to be under your own
association and that you must have criteria that will respond to the demand of
public saying what you have to do inside your own association; that is all I
said. I do not want to force you by this law to belong to an association or to
belong to another association; I did not say that, and the law does not say
that.
M. Robitaille: D'accord, M. le ministre, les informations que
vous nous donnez sont très importantes, parce que vous nous donnez un
peu l'interprétation du texte de loi, mais nulle part on ne retrouvait
la présence de l'Association des camps du Québec, comme telle; on
retrouvait une confédération de plein air et on pouvait
présumer qu'il
fallait se rattacher à la fédération de plein air.
Ce qu'on voulait, dans ce projet de loi, c'est ne pas se ramasser nulle part.
On regroupe une réalité, on remplit une fonction auprès de
nos camps. Vous avez parlé de la qualité en termes des normes
exigées par l'association pour qu'un camp devienne membre de
l'association. Nous sommes d'accord avec cela et nous sommes favorables
à ce que le gouvernement travaille à améliorer ces normes,
le niveau et la qualité dans les camps. Nous sommes entièrement
d'accord pour y collaborer. Mais, où se situe-t-on comme organisme
provincial? Dans l'esprit de la loi, vous parlez des organismes provinciaux et
des organismes centraux, des organismes régionaux, mais à quelle
place se situe-ton exactement?
M. Phaneuf: L'organisme privincial qui s'appelle l'Association
des camps du Québec n'a pas à être affilié avec la
CSQ, ni la CLQ, ni avec la FQPA.
M. Robitaille: C'est un point d'information très important
pour nous.
M. Phaneuf: ...les organismes seraient reconnus par l'Etat.
M. Robitaille: A ce moment-là, cela règle la
première recommandation dans notre esprit, parce que notre
préoccupation était à ce niveau.
M. Phaneuf: L'avis juridique là-dessus est très
simple; l'article 11: Un organisme central de loisirs a principalement pour
fins l'organisation et la coordination d'activités reliées aux
loisirs au bénéfice du public ou de groupes de personnes dans
l'ensemble du Québec. On ne parle pas d'affiliation à un chapeau
quel qu'il soit. In English, jt is said: The main object of a central
recreational... It is very clear in the law.
M. McCarty: Dans notre étude de la loi, nous avons
pensé qu'avec le temps, dans la province de Québec, on commence
à avoir des grands "trailer camping" avec des familles qui partent en
fin de semaine ou durant tout l'été; peut-être que ce n'est
pas la même sorte de camping que nous, peut-être qu'une
fédération...
M. Phaneuf: C'est une autre association. M. McCarthy:
Pardon? M. Phaneuf: C'est une autre association. M. Houde
(Fabre): "Camping caravaning".
M. Phaneuf: "Camping caravaning". Ce n'est pas l'association des
camps du Québec. C'est une autre association aussi reconnue par
nous.
M. McCarthy: C'est cela, je parle...
M. Phaneuf: Qui poursuit des fins bien différentes.
M. McCarthy: ...du parapluie de tous les campings, pas simplement
nous, avec les enfants, peut-être une fédération à
laquelle vous pouvez penser, un groupe comme cela. On peut avoir une
réunion à l'Association des camps du Québec d'un
côté et, une fois par année, peut-être une grande
discussion de tous les problèmes pour les camping en
général. C'est ce que nous pensons.
M. Phaneuf: Cela serait un souhait. Compte tenu que l'Association
des camps du Québec existe, est incorporée et reconnue par le
gouvernement du Québec... Puisque vous recevez une subvention, vous
êtes donc reconnus. Il y a la Fédération Camping Caravaning
qui poursuit aussi des fins qui sont propres au but pour lequel elle s'est
incorporée. Si vous voulez avoir éventuellement des liens avec
cette fédération, compte tenu d'un programme je ne vois
pas encore l'association qui pourrait se faire entre les deux cela reste
à vous de le définir. Il peut y avoir des interrelations entre
des organismes différents, compte tenu des buts qu'on poursuit, sans
pour autant avoir le même chapeau. J'ai dit et je le
répète, j'ai parlé des trois grands chapeaux qui sont bien
définis dans la loi, à l'article 11. On dit que le gouvernement
va reconnaître des organismes qui vont centraliser les gens qui vont
poursuivre les mêmes fins cela, c'est l'Association des camps du
Québec sans pour autant être obligés d'appartenir
à un organisme centralisateur. Je pense que c'est clair.
M. Robitaille: Je pense que c'est très clair et c'est
très important pour nous de connaître l'esprit dans lequel la loi
a été rédigée sur ce plan. Il faut aussi comprendre
que l'absence d'un organisme central demeurait tout de même une
ambiguïté dans notre esprit.
M. Phaneuf: La réponse, c'est que vous êtes quand
même satisfaits, compte tenu des explications que je vous donne.
L'article 11 répond à ce genre de besoins et confirme
l'Association des camps du Québec qui va être maintenue...
M. Robitaille: ...existence.
M. Phaneuf: ...bien sûr, comme une entité propre
à un besoin particulier.
M. Robitaille: Est-ce à dire que l'esprit de la loi sur
d'autres dimensions, comme au niveau de la question de la
représentativité au conseil d'administration de l'Association des
camps, peut être affecté par le projet de loi?
M. Phaneuf: Absolument pas. On définit que c'est une
association qui se veut démocratique. Vous avez des critères pour
appartenir à l'Association des camps du Québec, qui est reconnue
par l'Etat par l'article 11. Si un camp ne répond pas à vos
critères d'accessibilité à l'association, c'est à
vous de le dire et, à ce moment-là, vous refusez
l'accessibilité à votre association, chose que vous
avez faite dans le passé, de toute façon, et qui a
été reconnue par l'Etat. Cela ne change en rien les
responsabilités que vous avez.
M. Robitaille: Dans l'esprit de la représentation,
lorsqu'on dit que le membre qui fait partie du personnel d'une association ne
peut pas être représenté au niveau provincial au sein de
l'association, pour nous cela voudrait dire se couper d'avec la base, des
directeurs de camps, qui, dans un sens, sont employés de leur
corporation pour une période, mais qui aussi représentent, au
sein du conseil d'administration de l'Association des camps, Quebec Camping
Association, une ressource humaine très importante.
M. Phaneuf: Je vais vous faire une comparaison. Il y a l'Union
des municipalités qui regroupe les municipalités; il y a ceux qui
oeuvrent dans le monde de la récréation dans le domaine
municipal, il y a les directeurs qui se sont formés en association pour
partager des préoccupations propres à eux et cela devient presque
une association professionnelle. Cela n'empêche pas un directeur de camp
d'oeuvrer à l'intérieur de l'Association des camps et, si,
à un moment donné, il y a des directeurs de camps permanents qui
veulent avoir leur propre association, cela deviendra une association
professionnelle au même tire que d'autres associations qui existent
actuellement.
M. Houde (Fabre): Sur le même sujet, est-ce que je peux
poser une question au ministre? Un camp de vacances, tel que défini par
les membres de l'association, va être obligé premièrement,
d'obtenir un permis du gouvernement pour avoir le droit d'exister. Est-ce
qu'avant que le gouvernement émette ce permis ce camp de vacances devra
obligatoirement être membre de l'Association des camps?
M. Phaneuf: D'une façon, le gouvernement peut
décider de confier... C'est une décision qui est à venir;
la loi n'empêche en rien cette décision, elle ne la force pas non
plus. Le gouvernement peut agir seul et décider que l'émission
des permis sera faite par le gouvernement du Québec, par des inspecteurs
qui passeront. Cela existe déjà pour certains permis qui sont
accordés aux colonies de vacances et c'est fait par le ministère
des Affaires sociales actuellement. On peut aussi décider, en
collaboration avec l'Association des camps du Québec, l'obtention de
permis par l'association. Ce sont des choses qui demeurent à discuter
à l'avenir, mais cette législation n'infirme en rien ni ne
confirme cette décision. Je dis qu'actuellement, la loi dit que
l'Association des camps du Québec est reconnue. Si le gouvernement dans
ses politiques futures veut s'associer avec l'Association des camps pour la
totalité de l'émission des permis, c'est une décision
purement administrative, non pas une décision législative comme
telle.
M. Houde (Fabre): Par l'émission. Je pensais après
la recommandation de l'Association des camps.
M. Phaneuf: C'est sûr que, si on reconnaît
l'association, cela devient un organisme consultatif auprès du
gouvernement du Québec, forcément.
M. Houde (Fabre): Ce n'est pas à elle d'émettre un
permis d'exploiter un camp.
M. Phaneuf: Non, mais, lorsqu'on va mettre des critères au
niveau de l'émission je parle de la réglementation qui va
découler de la législation c'est sûr que l'organisme
qui s'appelle l'Association des camps du Québec devient un organisme
privilégié auprès du gouvernement pour formuler cette
réglementation, pour tenter d'uniformiser les critères au niveau
québécois.
M. Houde (Fabre): Je repose la question aux membres de
l'association. Dans votre esprit, est-ce que le gouvernement devrait être
à ce point sévère qu'avant d'émettre un permis pour
exploiter un camp de vacances il y ait soit une consultation obligatoire ou une
approbation ou une recommandation de l'Association des camps? D'après
vous, qu'est-ce que c'est? Est-ce qu'on doit continuer à laisser ouvrir
des camps de vacances n'importe où, n'importe quand par n'importe qui?
Soyons réalistes. Jusqu'à maintenant, n'importe quel
imbécile peut ouvrir un camp de vacances.
M. McCarthy: Ce n'est pas vrai.
M. Houde (Fabre): Je m'excuse; j'ai été
propriétaire, moi aussi, d'un camp de vacances et il n'y a jamais
personne...
M. Léger: C'est un bon exemple pour illustrer.
M. Houde (Fabre): C'est un exemple. Mais où je veux en
venir, c'est que jamais personne et le ministre Phaneuf aussi
était associé avec moi, à ce moment-là qui
est venu nous demander de produire quoi que ce soit. Personne ne m'a jamais
obligé à demander un permis à qui que ce soit. Personne
n'est venu vérifier à mon camp de vacances la qualité de
mes cuisiniers, comme la qualité ou la compétence de mes
moniteurs. Il n'y a jamais eu de loi. Et l'association n'a pas ces pouvoirs, de
toute façon. C'est comme la Croix-Rouge. On en reparlera peut-être
tantôt. C'est comme la Croix-Rouge qui entre dans un camp de vacances
pour inspecter la plage. Il n'y a rien qui m'empêche de les mettre
à la porte. Vous le savez fort bien et vous savez fort bien qu'il n'y a
pas si longtemps, quand la Croix-Rouge rentrait dans un camp, parce qu'on
n'était pas catholique, bien souvent on nous foutait à la porte.
Ces situations ont existé.
Je me bats depuis 20 ans pour qu'il y ait.de la réglementation.
Je dis que dans le cas des colonies de vacances, qui est un moyen
d'éducation extraordinaire dont la responsabilité est plus grande
que n'importe quel centre de loisirs parce qu'il y a l'hébergement et
qu'on a les enfants 24 heures par jour, sept jours par semaine, si la loi est,
pour avoir des dents, qu'on procède par une
recommandation de l'association, je ne vois absolument pas
d'inconvénient à ça, vous êtes les mieux
préparés pour pouvoir juger. Mais là où je ne
marche pas, c'est si on adopte une loi et qu'à partir de cette loi, il
n'y a rien qui change, n'importe qui peut ouvrir une colonie de vacances; je ne
marche pas.
Celui qui devient propriétaire d'une colonie de vacances doit
répondre à des critères, soit des normes de
moralité, de solvabilité pour ne pas que les faillites nous
pètent à tous les quinze jours dans la face, comme c'est le cas
très souvent et, enfin, des normes de compétence. Une fois que ce
bonhomme qui veut ouvrir une colonie de vacances ou une corporation à
but non lucratif... qu'on ait quand même la preuve, en noir sur blanc
qu'à l'intérieur de la colonie de vacances, il y aura des gens
sérieux pour travailler, il y aura des normes concernant l'engagement
des moniteurs, du personnel, des normes d'hygiène quant aux
installations hygiéniques, ce n'est pas nécessaire
d'élaborer. Pourtant, on pourrait développer longtemps ce point.
Des normes quant à la qualité de la nourriture. Personne,
à mon camp de vacances, n'est venu vérifier si je ne servais pas
de la soupane trois fois par jour, sept jours par semaine. Personne n'est venu
vérifier la qualité de la nourriture à ma colonie de
vacances, sauf quand j'ai voulu être accrédité par votre
association, mais où j'en viens, c'est que vous avez une association qui
n'a aucun pouvoir et je pense que vous allez l'admettre.
Si je ne veux pas être accrédité par l'association
des camps, il n'y a rien qui m'empêche de continuer à exploiter
mon camp. La preuve, c'est que vous en avez peut-être des centaines qui
n'ont jamais entendu parler de l'association et qui ont des camps de vacances,
qui recrutent des enfants... peut-être pas des centaines, mais là
où je veux en venir...
M. Corbin: Non. On a toujours été conscient du
pouvoir moral qu'on pouvait exercer. On a fait souvent des recommandations dans
lesquelles on était positif et on voulait que le gouvernement
émette des permis d'exploiter un camp de vacances, parce qu'on ne
pouvait absolument pas... et parfois, nous sommes intervenus, par nos visites,
la visite de certains camps, et on a dit: Dans une semaine, il faut que tu
fermes ton camp pour le bien des enfants et pour le bien de ce qu'on appelle
camp ou colonie de vacances.
Comme il y a des membres chez nous...
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous assurer que
dorénavant, avec cette loi, n'importe quel imbécile ne va pas
pouvoir ouvrir un camp?
M. Phaneuf: D'une part, j'ai dit tantôt qu'il y avait deux
modes d'application de la loi, j'ai dit qu'on pouvait s'affilier à
l'Association des camps pour rémission des permis, ou on pouvait
décider, comme cela se fait dans d'autres organismes gouvernementaux,
que les inspecteurs, les émissions de permis soient faites par le
haut-commissariat ou par le nouveau ministère des loisirs
éventuel- lement. Ce sont des hypothèses purement et simplement,
mais je dis que, par contre, il est évident, compte tenu que des
colonies de vacances existent, qu'une réglementation qui va
découler de cette loi, parce que ses pouvoirs sont donnés dans
cette loi, va faire en sorte qu'il va y avoir des critères de base pour
permettre l'émission de permis pour exploiter une colonie de
vacances.
M. Corbin: C'est dans ce domaine qu'on voudrait intervenir, dans
l'établissement des critères, en tant qu'organisme
compétent.
M. Phaneuf: J'ai signalé tantôt que vous seriez
sûrement un des organismes qui va être consulté lorsque la
loi sera terminée, la réglementation devra être
discutée avec ceux qui ont oeuvré dans le domaine, qui ont une
compétence dans le domaine. On n'a pas l'intention de s'asseoir tout
seul pour faire cette réglementation. J'ai bien dit que lorsque la
consultation sera faite, il y aura la rédaction de la
réglementation. Il y aura des avis donnés dans la Gazette
officielle et tout le monde a 30 jours pour donner son avis sur ce qui est
présenté dans la Gazette officielle. C'est le mécanisme
normal qu'on a expliqué, ce matin, des fonctions.
M. Corbin: M. Houde, une fois que les critères ont
été établis en collaboration, ce n'est plus
nécessaire que l'association donne son approbation, parce que n'importe
qui de compétent est capable de vérifier les critères.
C'est de les établir, ensuite la vérification des critères
peut être faite par n'importe quel organisme.
M. Phaneuf: Pour vous rassurer, j'ai eu des discussions avec mon
collègue des Affaires sociales, ce ministère veut sortir du
domaine des camps comme tel. Il y a déjà des inspecteurs des
Affaires sociales qui, dans certains types de camp, vont faire ce genre
d'inspection et ça va être confié totalement au nouveau
ministère.
C'est en discussion actuellement. C'est une décision qui a
été prise et une recommandation qui a été faite par
le ministère des Affaires sociales. Ceci veut dire que, dans le nouveau
ministère, on va avoir cette responsabilité, qu'il faudra donc
former, si on décide de le faire nous-mêmes, des inspecteurs en
fonction de l'émission de permis et de contrôle au niveau des
colonies de vacances. C'est ce que cela veut dire. Mais bien sûr, la
réglementation, on en discutera ensemble. Je pense que cela clarifie la
situation.
M. Léger: Mais je...
Le Président (M. Cornellier): M. McCarthy avait quelque
chose à ajouter.
M. McCarthy: J'ai dit que je trouve cela drôle parce que
cet été, j'avais une formule en quatre copies. J'en ai
envoyé une pour un permis à Québec, une autre au
ministère de la Santé, au ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre, partout. Peut-être que mon visage est un peu
irlandais.
Nous avons fait quatre ou cinq visites ensemble et vous n'avez pas un...
Je trouve cela drôle. Vous avez dit tout à l'heure qu'il y avait
des charlatans partout.
M. Phaneuf: C'est parce que les juridictions sont
éparpillées.
M. McCarthy: Mais cela ne fait rien. C'était une loi au
moment où vous aviez besoin d'un permis.
M. Phaneuf: D'accord. Mais ce que je veux dire, c'est que les
juridictions sont éparpillées dans divers ministères
actuellement. La création de ce nouveau ministère va donner
à ce nouveau ministère le devoir de faire ce genre
d'enquête et d'émission de permis. Vous n'aurez plus,
éventuellement, à vous adresser à quatre ou cinq
ministères, compte tenu des différentes juridictions qui existent
actuellement. C'est pour cela d'ailleurs que la loi est assez claire
là-dessus.
Donc, on a ce genre de pouvoir dans la loi. Mais maintenant, je le dis,
la seule chose qui reste à discuter, est-ce qu'on va se servir d'une
association qui s'appelle l'Association des camps du Québec? Je suis
certain qu'il va y avoir d'autres camps, qui ne sont pas membres de votre
association, qui ont des critères très sévères
qu'ils se donnent eux-mêmes pour administrer leur propres camps, qui ne
seraient peut-être pas en accord pour avoir des critères minimum
et qui aiment mieux conserver des critères maximum. Cela reste au niveau
des discussions. Cela découlera éventuellement de la
réglementation qui résultera de la loi. Vous avez toutes les
garanties sur la législation et dans la réglementation pour faire
ce qu'on aurait dû faire il y a déjà longtemps.
M. Léger: M. le Président, j'aurais juste une
couple de questions à poser. Combien de camps de vacances sont membres
de votre association?
M. McCarthy: Environ 160. M. Léger: 160? M.
McCarthy: Oui.
M. Léger: Et cela regroupe à peu près
combien d'enfants par année, en moyenne?
M. McCarthy: J'ai les chiffres ici.
M. Corbin: J'hébergerais 15 000 personnes.
M. Léger: 15 000?
M. McCarthy: Par semaine.
M. Léger: 15 000 personnes par semaine.
M. McCarthy: Actuellement, c'est huit semaines, pour
l'été. 50 000, 60 000 enfants...
M. Léger: Est-ce que vous avez quand même
énormément besoin de bénévolat pour fonctionner?
Dans les camps moyens, combien de personnes bénévoles, soit
à temps partiel où à plein temps, durant
l'été ou autrement, participent au bon fonctionnement de vos
camps? Il y a des camps qui demandent beaucoup de bénévoles, il y
a des camps qui fonctionnent seulement l'été, d'autres
fonctionnent à l'année longue. Le bénévolat est
essentiel dans votre organisation, je présume?
M. Robitaille: Vous avez aussi du bénévolat au
niveau des conseils d'administration...
M. Léger: Oui.
M. Robitaille: ...dépendant des types de camps. Si on
parle d'une corporation privée à but non lucratif, par exemple,
le conseil d'administration formé de 14, 15, 20 personnes, en
assemblée générale, souvent formée de l'ensemble
des parents, se donne lui-même les moyens et trouve une forme
d'autofinancement pour balancer les budgets chaque année et essayer
d'améliorer la qualité et l'aménagement du camp. A ce
moment-là, c'est difficile à évaluer, dans le sens
où vous le posez comme tel.
M. Phaneuf: L'expérience que j'ai des camps, c'est que
c'est tellement diversifié, vous avez des colonies de vacances qui sont
appuyées par des clubs Kiwanis, Lions, et Richelieu; vous avez toutes
sortes de colonies de vacances. Vous avez des colonies de vacances qui sont
incorporées à but lucratif, où les parents
défraient la totalité des coûts et le propriétaire
obtient une marge de profit. C'est la gamme. Même s'ils sont membres de
la même association qui s'appelle l'Association des camps du
Québec, vous allez retrouver, à l'intérieur de la
même association, une grande diversité de camps. Je pense que cela
explique...
C'est assez difficile de dire combien il y a de bénévoles.
Il y a des camps où il n'y a pas de bénévoles, tout le
monde est payé; il y a d'autres camps où c'est presque du
bénévolat en totalité. La gamme est très
grande.
M. Léger: Ma question était beaucoup plus sur le
principe que le bénévolat était quand même essentiel
pour fonctionner chez vous? Ou si vous pouviez fonctionner uniquement avec des
gens qui étaient payés? Je pense que vous avez absolument besoin
du bénévolat pour fonctionner.
M. McCarthy: A 75%.
M. Léger: D'accord.
M. Houde (Fabre): M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Actuellement, on parle de camps de vacances, de colonies
de vacances. Dans votre esprit c'est un concept qui est assez facile à
envisager.
Je voudrais qu'on le prévoie dans la loi, si possible ou, enfin,
dans les futurs règlements, afin qu'on ne contourne pas les
règlements, car c'est un truc qui s'en vient de plus en plus populaire
et il y en a beaucoup qui vont changer de nom. C'est-à-dire que cela ne
s'appellera pas un camp de vacances, on peut changer le nom pour appeler cela
une base de plein air. Cela existe déjà.
Il y a un autre point que je voudrais souligner, parce qu'il faudrait
que ce soit prévu dans le camp, c'est la même chose, il y a les
camps très spécialisés, à vocation d'une seule
discipline, par exemple. Très souvent, on appelle cela une école.
Je pense aux écoles d'équitation. C'est un exemple. Vous avez des
camps de tennis, par exemple, qui existent, où on ne fait que du tennis,
pas autre chose.
A ce moment, il ne faudrait quand même pas arriver, dans un an ou
dans deux ans, avec le propriétaire ou le futur propriétaire, et
commencer à argumenter. Le gars dit: Non, je n'ai pas un camp de
vacances, j'ai une école de tennis. Je n'ai pas un camp de vacances,
j'ai un centre d'équitation très spécialisé, pour
qu'on en arrive avec des normes quand même relativement
sévères pour un camp de vacances et qu'à
côté, il n'y ait plus de règlements qui touchent ses
cuisiniers, ses moniteurs, enfin ses installations contre l'incendie, toute la
sécurité.
M. Phaneuf: Au niveau des...
M. Houde (Fabre): Je pense que c'est très important que
les fonctionnaires qui sont en arrière notent, dans la
réglementation ou dans une définition de l'expression "camp de
vacances", que cela devrait inclure éventuellement les autres formules
ou les autres appellations qui reviennent au même finalement, là
où il y a de l'hébergement en particulier.
M. McCarthy: C'est justement à ce point qu'a pensé
le groupement des camps, parce que vous avez parfaitement mentionné les
"riding schools", les courts de tennis, les écoles, le hockey, partout,
dans les camps. Qui dirige cela? Ce n'est pas nous autres. On dit: On n'est pas
une colonie de vacances. C'est de cela qu'on parle. On pense de tout mettre sur
une fédération pour les règlements, comme il le faut, pour
protéger les enfants.
On a reçu une lettre, l'année passée, des parents
d'un enfant qui est allé suivre un cours de ski de deux semaines dans un
camp du Nord. On a écrit une lettre au président pour dire: Cela
marche mal. Mon enfant a eu un accident, quelque chose... On ne peut rien
faire. Ce n'est pas notre affaire. On avait loué à un autre
groupe. Vous avez donné la réponse tout à l'heure. Vos
adjoints ont pensé à beaucoup de choses. C'est la façon de
présenter cela pour faire quelque chose de bon pour la
société en général.
M. Phaneuf: Je pense que vous êtes conscient que la
législation actuelle, telle que présentée, nous donne ces
garanties, comme vous l'avez exprimé dans le mémoire. Cette
législation, on peut la définir, la mieux définir et
peut-être même avoir des chapitres plus spécifiques pour des
organismes types à ce moment. On pourrait bien avoir l'association des
arénas tantôt et pourquoi pas? Cela existera peut-être.
Quelle sorte de réglementation devrait-on retrouver à
l'intérieur de chacune des arénas au Québec?
M. Houde (Fabre): Cela a existé.
M. Phaneuf: Cela a existé, mais cela n'existe plus
actuellement. Ce sont des choses comme cela. Je me dis que la loi
n'empêche pas cela. Elle n'est pas si spécifique que cela, mais
les pouvoirs y sont, pour permettre de faire cela au niveau de la
réglementation, quelle qu'elle soit.
Le Président (M. Cornetlier): Messieurs, nous vous
remercions. J'inviterais maintenant la Fédération
québécoise du plein air. Cependant, je pense qu'on m'a
informé que ces personnes ne pouvaient pas venir aujourd'hui. On pourra
les reporter à demain. Le Club métropolitain de Montréal
et le Comité de conservation de Montréal.
Club métropolitain de Montréal et
Comité de conservation de Montréal
M. Boulay (René): M. le Président, M. le ministre,
MM les membres de cette commission, MM. les députés, mesdames,
mesdemoiselles, messieurs de la presse, permettez-moi tout d'abord de mieux
vous situer par rapport au rôle et aux réalisations...
Excusez-moi, j'ai oublié de vous présenter Mme Pierre-Paul
Paradis, une bénévole-type, qui travaille tant au niveau
paroissial qu'au niveau régional depuis plusieurs années dans le
monde du loisir.
Le monde du loisir, dans son cas, n'exclut pas le secteur sport, et
sport de toute nature. Alors, pour vous situer, j'aimerais faire un bref retour
en arrière sur ce que ces deux organismes ont pu...
Le Président (M. Cornellier): Pardonnez-moi, je suppose
que vous êtes M. René Boulay?
M. Boulay: Oui.
Le Président (M. Cornellier): Très bien. C'est pour
les fins du journal des Débats.
M. Boulay: Cela arrive souvent qu'on oublie de se
présenter, on se pense connu. Fondé en 1957 à
Montréal, le Club métropolitain de Montréal s'est
occupé d'activités sportives, culturelles, de plein air. Son
rayonnement s'est étendu au-delà des limites paroissiales,
notamment pour les sections tennis, hockey, ski, les excursions, les
soirées récréatives et autres. Lors de
l'établissement d'un camp de vacances paroissial à la fin des
années cinquante à Saint-Alphonse d'Youville, pour Saint-Alphonse
d'Youville, mais dans les Laurentides, son administration fut suivie avec
énormément d'intérêt par nos membres et certaines
recommandations furent faites afin d'éviter la répétition
de certaines erreurs malheureuses. Certains
de nos bénévoles participèrent également au
transport de handicapés en 1961 et en 1962, ainsi qu'aux campagnes du
prêt d'honneur aux étudiants en 1960, 1961 et 1962 dans le
diocèse de Montréal.
Avec l'émergence de nouveaux organisateurs d'activités
à caractère sportif, tant sur le plan paroissial que
régional, nous pouvions, dès 1962, réorienter notre
activité et occuper notre temps de loisir, de façon un peu
différente. Nous nous sommes alors intéressés activement
au problème du Musée des Beaux-Arts de Montréal, à
celui de la pollution, des espaces verts, du tourisme, etc. Plus
récemment, en 1970, le Club métropolitain de Montréal
créait le Comité de conservation de Montréal pour tenter
d'empêcher la disparition totale d'un espace vert maintenant fort bien
connu au Québec, le parc Viau, évidemment amputé.
Le Comité de conservation de Montréal participa
d'ailleurs, en 1973 et 1974, à l'action du Regroupement pour la
préservation des espaces verts à Montréal. Quelques-uns
ici sont familiers avec la campagne d'information et de sensibilisation
publique qui avait été faite à ce moment. Depuis la fin de
1974, nos bénévoles ont été moins actifs sous
l'égide de ces deux petits organismes, organismes qui n'ont d'ailleurs
jamais demandé de fonds publics, mais le dépôt des quatre
projets de loi en mars dernier les a fait se réunir à nouveau.
Après quelques réunions et plusieurs échanges plus tard,
nos bénévoles décidaient de faire certaines
recommandations aux législateurs si l'occasion s'en présentait,
et c'est ainsi que nous présentons ce mémoire conjoint
aujourd'hui.
Nous souhaitons donc faire valoir, au nom d'une foule de
Montréalais et de Québécois qui connaissent et vivent
plusieurs problèmes communs, les raisons qui nous ont amenés
à rédiger un mémoire dans l'optique d'un peu M. tout le
monde. Après avoir étudié les projets de loi très
attentivement, nous considérons qu'ils représentent un bon
commencement, un bon début, une excellente approche en vue d'assainir un
domaine où les secteurs de l'activité humaine se chevauchaient,
se chevauchent encore d'ailleurs, se nuisaient, se nuisent encore,
perpétuaient et perpétuent encore un fouillis intolérable
ou insupportable. Nous n'hésitons pas à dire que le ministre qui
serait choisi ou qui sera choisi pour diriger ce super ministère
pas nécessairement superministère en termes d'argent encore
que voudraient créer les textes de loi sur lesquels nous
intervenons aujourd'hui, à notre humble avis, s'expose à ruiner
sa santé en peu de temps.
Comment pourrait-il en être autrement, alors qu'en vase clos les
rédacteurs des textes ont oublié pour une large part, il me
semble, les liens ou certains des liens, certains des raccords infiniment
complexes qu'il faut assurer du moins, nous semble-t-il entre des choses
comme les loisirs de toute nature, les spectacles ou attractions "sportives",
la chasse et la pêche dite sportive, le développement rationnel
des réserves de chasse et pêche, le sport scolaire,
collégial, universitaire, populaire, le sport de compétition, le
sport d'élite ou olympique, le tourisme commercial ou d'entrée,
le tourisme social ou pour tous, l'initiation à la flore et à la
faune, etc. Avec d'autres bénévoles qui interviendront sur ces
projets ou qui sont intervenus sur ces projets de loi 2 et 3, notamment
on ne pouvait pas intervenir sur les projets 1 et 4 nous recommandons
humblement de retravailler ce qui doit l'être afin que notre futur
ministère un peu ramasse-tout que l'on aurait pu appeler
ministère de la qualité de vie tout simplement ne soit pas
déjà sérieusement hypothéqué avant d'avoir
vu le jour. Après tout, six mois de plus, un an de plus, c'est bien peu
quand certains pensaient, il y a dix ans, qu'un ministère du loisir ou
du sport, c'était pour demain.
M. le Président et M. le ministre, vous avez, dans notre
mémoire, à la page 5, sur le projet de loi no 2, dans la partie
inférieure de la page, l'article 1. Le projet de loi semble vouloir
s'intéresser de près à certains types d'organismes de
loisirs, aux fédérations sportives, aux
confédérations et, éqalement, créer l'Institut
québécois du sport, du sport d'élite, on aurait
peut-être dû le mentionner, de façon à laisser
flotter moins d'ambiguïté. J'ai entendu l'appellation "sport"
utilisée aujourd'hui à toutes les sauces, alors que, bien
souvent, je me demandais de quel sport et de quel domaine on parlait à
ce moment-là.
Il y a des améliorations qui sont apportées par les textes
du projet de loi no 2 et, à l'article 5, vous avez aussi le service de
surveillance aux sports et aux loisirs. En fait, il y a évidemment
beaucoup d'interrogations sur ce point. A l'article 38, on parle de stages dans
une discipline des loisirs ou d'un sport de combat sur avis. Je pense que ce
sont là d'excellentes choses.
Au projet de loi no 3, toujours en parlant d'améliorations
apportées par le législateur à un état de choses
qui était en évolution et qui demandait certains correctifs,
l'article 1, création de la Commission des loisirs et du sport. Quand
ceux qui ont un certain recul, regardent non pas le fouillis, mais l'absence de
contrôles qui existe quand on parle de commissions athlétiques,
que ce soit celle de Montréal de malheureuse mémoire ou celle de
Québec aussi, on se demande si ce genre de choses n'aurait pas dû
arriver il y a dix ans ou même quinze ans sans attendre la
création d'un ministère. De toute façon, c'est une
excellente amélioration.
L'article 5, un président à plein temps pour cette
Commission des loisirs et du sport. Je pense que ça s'imposait et je
pense que, dans d'autres domaines aussi, il y aurait peut-être lieu de
tendre vers un état de choses où il aura des gens à plein
temps bien encadrés par le futur ministère, de façon que
les gens aient vraiment l'impression qu'on s'occupe de M. Tout-le-Monde, du
consommateur, même si on a un Office de la protection du consommateur
qui, je me le demande, aura peut-être un rôle à jouer en
collaboration avec votre juridiction, à un moment donné,
là-dedans. Je pense qu'il y a des choses qui manquent actuellement.
Est-ce que le texte du projet de loi no 2 laisse entendre que toutes ces
améliorations verront le jour? On vous fait confiance jusqu'à
nouvel ordre.
Projet de loi no 2. Il y a d'autres améliorations que le
législateur ne semble pas avoir apportées, au chapitre 1,
l'article 1, par exemple. Nous avons évidemment des réserves
quant à la définition qu'on apporte au mot "loisirs". Nous en
avons également à l'appellation "sport"; conseil de loisirs n'est
mentionné nulle part; Nous avons une suggestion mineure, à
"confédération".
A l'article 12, c'est également l'importance ou l'existence du
rôle du Conseil régional des loisirs qui nous apparaît
manquer au libellé du texte comme tel. A l'article 27,
Confédération québécoise des loisirs nous
apparaîtrait peut-être souhaitable, parce qu'on divise, à un
moment donné, loisirs et sport, alors qu'on n'a pas encore
déterminé ce qu'est le sport. Pourquoi lui donner une
confédération à part entière et donner une
confédération séparée aux loisirs? On peut se poser
passablement de questions là-dessus.
L'article 38. Ce sont de légères modifications.
Si on passe au projet de loi no 3, là encore, à l'article
2, ce sont des détails; à l'article 3 aussi. Finalement, je pense
que, quand on regarde tout ce qui s'écrit, de façon à
être peut-être plus rassuré sur ce qu'on a cru comprendre
dans un article de journal, on en lit deux, trois ou quatre sur le même
sujet, en français et en anglais, et sur une période qui remonte
quand même seulement à 1971, on retrouve, concernant les textes
des quatre projets de loi déposés, les 17, 18 et 19 mars dernier,
un éventail, une gamme de sujets considérable.
Que cela soit dans le domaine du sport, par exemple,
confédéré ou fédéré, le domaine du
loisir, le domaine des camps, le plein air, la chasse, la pêche,
finalement, j'ai l'impression, très honnêtement, M. le
Président, M. le ministre, que le texte des projets de loi no 2 et 3 n'a
pas suffisamment été diffusé dans la population.
Je pense que M. Tout-le-Monde est "drôlement"
défavorisé par rapport à ce qu'on peut appeler les
spécialistes, les permanents du loisir ou certains administrateurs qui
sont peut-être davantage dans le feu de l'action, tous les jours ou
toutes les semaines, à cause de réunions de conseils
d'administration ou de séances d'information par leurs permanents
informés. En fait, il y a des permanents qui ne le sont pas
toujours.
Finalement, j'ai l'impression que certaines ambiguïtés
existent dans les textes des projets de loi 2 et 3, pour ne pas parler des
projets de loi 1 et 4 et, à notre humble avis, je pense que des
améliorations doivent être apportées. Nous n'allons pas,
évidemment, aussi loin que recommander le retrait pur et simple des
projets de loi 2 et 3.
Je pense qu'il y a une somme fantastique de travail qui a
coûté de l'argent aux contribuables québécois qui
est entrée là-dedans, qui est très valable. Je pense qu'il
faudrait peut-être davantage s'attarder à voir ce qui devrait
être corrigé et embelli ou encore rendu plus spécifique et
plus accessible et plus compréhensible pour l'homme de la rue.
En fait, je pense que la majeure partie de vos budgets au
Haut-Commissariat à la Jeunesse aux Loisirs et aux Sports depuis
quelques années est dépensée en fonction du
mieux-être et de la qualité de vie du contribuable
québécois.
Je pense qu'il y a énormément de choses qui ont
été très bien faites. Il y en a d'autres qui, pour des
raisons échappant peut-être un peu à votre contrôle
ou à celui de vos permanents, n'ont pu être faites.
Je pense que le brasse-camarade auquel on se livre en commission
parlementaire, aujourd'hui et demain, est l'occasion rêvée pour
échanger là-dessus et voir s'il n'y aurait pas moyen, en
travaillant étroitement, d'améliorer des choses qui, somme toute,
ne sont pas si difficiles à comprendre.
C'est fini.
Le Président (M. Cornellier): Le ministre.
M. Phaneuf: J'ai bien aimé vos commentaires du
début, lorsque vous mentionnez qu'on devrait peut-être nommer ce
nouveau ministère, le ministère de la qualité de la vie.
Je fais une nuance entre le curatif et le préventif, laissant le curatif
au ministère des Affaires sociales pour soigner ceux qui sont malades,
et moi, peut-être faire le préventif en faisant un
ministère des loisirs, ce qui va peut-être permettre un
mieux-être des individus. Quand je regarde ces deux secteurs d'une
façon bien précise, cela me permet de dire et de mettre une ligne
de démarcation entre le ministère des Affaires sociales qui
existe actuellement et ne pas vouloir tout chambarder les structures
gouvernementales, parce que vous avez mentionné qu'il est difficile pour
une bonne compréhension des gens de savoir ce qui existe sur le plan
gouvernemental et quand vous créez des chambardements, soit dit en
passant, vous n'aidez pas cette compréhension.
J'ai situé dans plusieurs domaines... vous n'avez cité
qu'un exemple, celui de la santé, mais on peut faire du préventif
comme on peut faire du curatif dans le domaine de la justice, si on se rapporte
aux prisons. Je pense que le loisir peut aussi peut-être empêcher
des jeunes d'aller en prison, ce qui fait aussi que je fais du préventif
dans ce sens. C'est tout le préventif, c'est tout cet aspect qui est
probablement la responsabilité de ce nouveau ministère. C'est
pourquoi on tente de regrouper dans ce nouveau ministère tout cet aspect
du préventif, quel qu'il soit, qu'il soit dans le domaine de la
santé, dans le domaine de la justice ou dans d'autres domaines, ce qui
fait que c'est peut-être à cause de cette approche que vous avez
la rédaction que vous avez actuellement et que vous avez
l'identification que vous avez du ministère.
On pourrait inclure dans la qualité de la vie tout
l'environnement. Je pense que l'environnement fait partie de la qualité
de la vie des citoyens et vous vous préoccupez, soi-disant au nom des
loisirs, de cette préoccupation. On pourrait quand même, au nom de
la qualité de vie, presque englober tout le monde parce que tout est
directement relié à une qualité de vie des citoyens.
Je pense que le ministère de l'Education fait partie de la
qualité de la vie des citoyens, ceux qui
formeront les générations de demain sur le plan de la
formation, etc.
Je pense qu'à un certain moment, il est important, lorsqu'on veut
remplir un rôle, de bien connaître quel rôle on va jouer
à l'intérieur de ces préoccupations gouvernementales et ce
devoir est à nous, celui de définir notre rôle là
où on commençait et là où on arrêtait. On a
fait la distinction entre les propriétaires de la ressource et les
animateurs de la ressource. Dans le cas des affaires culturelles, le
ministère des Affaires culturelles qui demeure, peut bien être
propriétaire d'un édifice, compte tenu qu'il l'a classé
comme monument historique, mais n'a pas dans ses programmes l'animation, compte
tenu du genre d'animation qu'il veut mettre à l'intérieur de
cette bâtisse. C'est peut-être là, en collaboration avec un
autre ministère existant qu'on peut faire de l'animation, à cause
des responsabilités qu'on se donne, dans cette loi.
La complexité de l'entreprise gouvernementale étant ce
qu'elle est, il est trop simple de dire mettez tout dans le même paquet,
vous allez régler le problème. C'est totalement faux. Je pense
qu'il est beaucoup plus important de définir les lignes d'action
à partir de critères précis et d'une philosophie bien
précise. On a voulu dissocier et établir ces lignes de
démarcation avec les autres ministères pour éviter ces
conflits de juridiction qui existaient autrefois. Donc, on parle de
préventif par rapport au curatif, on parle et on définit les
propriétaires d'une ressource par rapport à l'animation d'une
ressource. J'ai parlé ce matin de mon rôle de
complémentarité en collaboration avec les municipalités et
les commissions scolaires qui peuvent être propriétaires d'une
ressource, par contre, je peux les aider à animer cette ressource,
compte tenu des programmes que je veux mettre de l'avant ou dire à une
municipalité ou à une commission scolaire: Non, étant
propriétaire de ces ressources, voulez-vous les animer 24 heures par
jour?
C'est tellement facile de se retirer derrière quelque chose comme
cela. Dans notre esprit, on a essayé de faire de nettes distinctions
pour qu'on puisse bien se comprendre éventuellement lorsqu'on parlera de
cette législation. Je pense que c'est pour cela que je suis
peut-être plus en mesure de vous en parler. Je regardais les remarques
que vous faites le long du mémoire. Je n'ai pas eu le temps, je suis
peut-être payé par vos impôts, parce que vous avez fait
allusion au bénévolat par rapport à ceux qui oeuvrent dans
ce milieu en permanence. Je suis donc payé par les impôts pour
oeuvrer en permanence à cause de mes responsabilités
gouvernementales.
Sur l'ensemble, je pense qu'on se comprend très bien et vous
êtes en accord avec la législation qui est
présentée, qui est un pas en avant sur ce qui existait ou qui
n'existait pas autrefois. Bien sûr que je n'ai pas la prétention
d'offrir l'éventail complet d'une sécurité en
matière de loisirs. On pourrait discuter sur la philosophie même
de la définition du mot loisir et cela fait quinze ans qu'on discute
cela. On peut bien discuter pourquoi la Confédération des sports,
par rapport à la
Confédération des loisirs du Québec. et vous
avez fait mention de cela tantôt en disant: Celui qui pratique un sport
pour le seul plaisir de le pratiquer se situe-t-il à l'intérieur
de la CLQ par rapport à la CSQ qui, elle, regroupe des
fédérations sportives comme telles... C'est le rôle de
faire la promotion de sa discipline, quelle qu'elle soit. Elle peut obtenir
l'affiliation du membre, parfois volontaire, mais elle peut aussi, par la
publicité qu'elle va faire et la promotion de sa discipline, faire en
sorte que les gens vont pratiquer un sport sans pour autant être
affiliés. Cela aussi peut être la responsabilité de la
fédération, sans pour autant que la personne qui va pratiquer la
discipline va obtenir une carte de membre de cette fédération. Je
peux décider de m'acheter un équipement de ski de fond demain
matin, sans vouloir pour autant compte tenu de mes activités...
J'ai le goût peut-être d'entrer en forêt, non pas en
randonnée pédestre, mais avec des skis de fond sous les pieds et,
pour autant que je connais les techniques de base, je peux le faire et je peux
m'amuser sans pour autant être affilié à quiconque,
à qui que ce soit, sans penser à une commission scolaire, sans
penser à une municipalité et sans penser à une
fédération aussi. C'est du loisir pur, c'est un choix libre qu'un
gars fait.
Par contre, si je veux augmenter ma technique, il faut que j'aie des
organismes qui vont me donner ce genre de stage pour augmenter ma tachnique
à partir du moment où j'ai décidé de faire cette
discipline qui s'appelle le ski de fond.
Le monde du loisir étant ce qu'il est, à partir d'un grand
principe de l'accessibilité, de la démocratisation et du libre
choix de l'individu, on peut ne rien faire et tout faire. J'ai fait des choix
entre le rien-faire et le tout-faire et c'est ce que je vous ai offert dans
cette législation, si vous me le permettez.
Je sais que ce monde va évoluer tantôt et qu'il y aura
d'autres choses qu'il va falloir ajouter compte tenu de cette évolution,
mais, dans un premier temps, dans le contexte québécois actuel,
pour coller aux réalités du Québec, sans copier ce qui se
fait dans d'autres provinces ou dans d'autres pays, en tenant compte de nos
facteurs climatiques et de nos habitudes de Québécois, c'est le
genre de législation qu'on a mis de l'avant qui, je pense, colle
à nos structures qui sont déjà en place. Il ne s'agissait
pas, par une législation, d'abolir des structures pour lesquelles
beaucoup de bénévoles ont travaillé et durement pour les
mettre sur pied je pense à CSQ qui existe depuis 1968 avec
toutes les difficultés que cela comporte. Je pense à la CLQ qui
existe depuis 20 ans ou 25 ans maintenant et qui est probablement un des plus
vieux organismes québécois. Je pense à d'autres organismes
qui ont été mis sur pied grâce à des
bénévoles et à ceux qui y ont cru et qui ont maintenant un
statut reconnu dans le projet de loi.
Mais si on commence à me poser des questions, à savoir sur
la nomenclature, pourquoi, à partir d'une définition du mot
"loisirs", vous mettez telle personne là, là et là. Je
vais vous répondre bien simplement. C'est à cause de
réalités québé-
coises. J'essaie de coller à ce qui existe aujourd'hui sans
vouloir les changer, parce que je ne pense pas qu'il soit souhaitable de
changer, parce qu'on est habitué de vivre avec ces organismes qu'on
connaît maintenant, auxquels on s'est habitué malgré leurs
lacunes, malgré les difficultés. Alors, je n'ai pas l'intention
de vous faire une grande définition du mot "loisirs". Je vous dis que
j'ai une philosophie du loisir. J'ai la mienne, qui n'est pas forcément
la vôtre non plus. Je n'occupe pas mon temps de la même
façon et je ne peux pas non plus, dans une loi, forcer tout le monde
à faire la même chose. Cela ne m'intéresse pas non plus. Je
ne pense pas que cela intéresse l'individu. Ce que je dis, par contre,
c'est que, compte tenu de choses qu'on a l'intention de faire, qu'on pense
qu'on devrait faire, il y a deux façons: aider ceux qui en font et
promouvoir ceux qui n'en font pas, toujours en ne perdant pas de vue l'aspect
préventif que j'ai expliqué tantôt. C'est ce genre de
structure qu'on décrit dans la loi, c'est ce genre de démarche
qu'on a établi pour pouvoir rendre service à une population.
Jusqu'à preuve du contraire... On ne m'a pas prouvé, en
tout cas, depuis 10 h 30 ce matin, que ces lois ont un contingentement qui va
empêcher les gens de faire des choses. On a bien signalé
l'importance d'avoir une législation et une réglementation qui
vont découler de cela pour éviter des abus là où il
pourrait y en avoir, donner quand même certaines dents à cette loi
pour permettre à l'Etat de prendre ses responsabilités lorsqu'il
doit les prendre et mon expérience de législateur m'a
amené à ce genre de pensée lorsque j'ai été
abasourdi. Je demandais, et à grands cris dans les journaux, que le
ministre de l'Education intervienne. On a mentionné le cas des CEGEP,
quand on sait fort bien que, dans la législation actuelle, il n'y a
aucun pouvoir officiel donné au ministre de l'Education. Il faut
procéder, retourner à la Chambre et faire une loi
spéciale. Cette expérience m'a aussi appris: Peut-être
qu'on devrait avoir pas mal de dents aussi dans la loi lorsqu'il y a des abus.
Mais c'est toujours la crainte du public face à une législation.
Il dit: II n'y a pas d'abus et le gouvernement veut me taper sur la tête.
On ne tapera pas sur la tête des gens si on n'a pas de raison de taper
sur la tête des gens, mais je veux avoir le droit de taper si j'ai
l'obligation de taper. C'est tout. Et l'obligation va être rapidement
signalée dans les journaux, là où il y a des abus. M.
Houde mentionnait tantôt les accidents qui se produisent. Ce ne sont pas
les seuls cas. Il y a toutes sortes de choses qui se produisent. On ne pourra
pas éviter des erreurs humaines comme telles, mais on peut donner un
encadrement, on peut décrire des locaux physiquement avec des normes de
sécurité pour éviter des accidents, de la même
façon qu'on a mis des feux rouges et des feux verts sur les coins de rue
pour que le monde ne se casse pas la gueule en voiture. Ce sont des choses
qu'on doit faire, mais on doit avoir des pouvoirs dans une loi pour nous
permettre et obliger les gens à arrêter à un feu rouge et
passer sur un feu vert et décrire des choses comme cela.
Je m'excuse de faire ce long laïus, mais je pense que c'est
purement dans l'esprit avec lequel nous avons travaillé pour
présenter cette loi. Vos commentaires sont, d'une façon
générale, pertinents au projet de loi qui a été
présenté. Vous proposez, vous signalez certaines
inquiétudes. A l'article 1, la création de la commission. Vous
soulignez la commission comme telle. On a mentionné les commissions
athlétiques, Québec, Montréal, Sherbrooke. On a dit que,
sur l'ensemble du territoire québécois, il devrait avoir une
commission athlétique. J'ai regardé ce qui existait dans les
commissions athlétiques qui ont été formées par des
lois, les trois commissions athlétiques. Je me suis posé la
question, à savoir s'il ne fallait pas avoir des pouvoirs un peu plus
étendus, avoir une espèce d'ombudsman du sport et des loisirs, et
c'est un peu le rôle, en plus de remplir le rôle des commissions
athlétiques sur tout le territoire québécois, que la
commission de surveillance va aussi remplir. C'est aussi sécuritaire. Ce
qui n'empêche pas un athlète... Et cela donne une garantie
à l'athlète qui est refusé autant par l'Etat, une
fédération, d'avoir au moins un appel quelque part dans un
domaine qui lui est bien spécifique, qui s'appelle la commission de
surveillance. Cela va donner aussi des garanties à cet athlète,
à un participant de loisirs qui va être lésé dans
ses droits, compte tenu de ce qu'on lui offre comme hypothèse
opérationnelle, si vous voulez.
Je pense que cela a été assez bien pensé. Vouloir
remettre tout cela en question ce n'est pas ce que vous suggérez
non plus ce serait difficile. Alors, je vais prendre le temps de
regarder article par article vos suggestions avec les fonctionnaires et mon
conseiller juridique. Parce que je dois dire que je n'ai pas cette formation de
juriste non plus. Alors, les mots ne disent pour moi que ce qu'ils disent
lorsque je les lis. Sur le plan légal, des fois, cela peut vouloir dire
aussi autre chose. Alors, je prendrai le temps d'y aller à fond avec
votre mémoire pour voir exactement les implications que cela peut avoir
et, s'il y a des choses et je pense bien qu'il y en aura sûrement
qui sont constructives dans votre mémoire, nous pourrons apporter
certaines modifications qui seront prises de bonne part par les fonctionnaires
du ministère.
Le Président (M. Cornellier): Pas d'autres questions,
messieurs?
M. Léger: Pas de question particulière. Je vous
remercie de votre mémoire.
M. Boulay: Merci, M. le Président, merci, M. le
ministre.
M. Phaneuf: Merci également, M. Boulay, madame.
Le Président (M. Cornellier): Merci bien, M. Boulay, Mme
Paradis.
Il nous reste deux organismes à entendre avant l'ajournement de
six heures.
II y a Mission 76, que j'appellerai immédiatement; c'est un
organisme qui devait passer demain mais son porte-parole nous ayant
informé qu'il était incapable d'être ici demain, on lui
permettra de se faire entendre immédiatement. Il sera suivi par la
Fédération québécoise canot-camping.
M. Houde (Fabre): Est-ce que vous pouvez vous identifier, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Cornellier): M. le maire.
Mission Québec 76
M. Dubois (Yvan): M. le Président, Yvan Dubois,
président de Mission Québec 76. M. le Président, M. le
ministre, MM. les membres de la commission parlementaire, la création
d'un ministère du tourisme, des loisirs et des parcs ne peut que
réjouir les administrateurs d'organismes de sports
québécois comme le nôtre puisqu'il permet dans son essence
et dans sa législation une action, une planification et une coordination
du sport québécois par le gouvernement du Québec.
L'Assemblée nationale, en acceptant d'instituer un
ministère du tourisme, des loisirs et des parcs, accorde au sport
québécois un statut juridique valorisant son action, ses
mécanismes et sa pratique. Ce projet de loi permet, à notre avis,
une meilleure délimination des responsabilités des
différents organismes oeuvrant dans le domaine du sport, une meilleure
coordination des actions des divers milieux sportifs et une meilleure
planification gouvernementale des besoins du milieu et de la population en
général.
Le but de notre organisme est d'inscrire nos commentaires strictement au
niveau du chapitre VI, l'Institut québécois du sport, puisqu'il
appartient aux autres organismes du sport québécois de faire
valoir leur point de vue.
Commentaire général. Le but de notre intervention se situe
surtout au niveau du mandat que lui confiera le ministre et se désire un
voeu précis de coordination du développement que l'élite
sportive québécoise. Il nous apparaît primordial que le
ministre confie l'entière responsabilité de la coordination du
développement de l'élite sportive québécoise
à l'organisme appelé l'Institut des sports du Québec. Ce
voeu s'inscrit dans notre désir qu'un mécanisme provincial soit
mis en place pour concerter tout le développement de l'élite
sportive aux différents niveaux, soit provincial, national et
international.
Il est obligatoire à notre avis que ce voeu se réalise par
l'Institut des sports du Québec et il est supporté par le
même principe qui amène le Québec à créer le
nouveau ministère, à avoir une meilleure action planifiée
et coordonnée à l'intérieur d'un même
mécanisme gouvernemental.
Le danger que nous désirons éviter est un morcellement du
développement de l'élite sportive qui pourrait
éventuellement se retrouver sous la juridiction de plusieurs organismes
qui prendraient des orientations incompatibles à une gestion saine d'une
politique québécoise de l'élite sportive. Il nous
apparaît important que les efforts, les sommes et le personnel mis en
place ne soient pas handicapés dès sa création par un
morcellement des responsabilités créant une
incompatibilité de gestion certaine et vigoureuse d'un mécanisme
constituant une structure pyramidale du développement de notre
élite sportive.
Le danger que nous désirons voir éviter est que plus le
Québec établira d'intermédiaires, plus le Québec
établira de directions différentes a l'intérieur du
mécanisme global de l'élite sportive, plus les difficultés
de coordination créeront une action contrariante et, de là,
inefficace dans le monde du sport.
Le but de ce commentaire général se veut une indication
pour le gouvernement de notre désir de voir le Québec se doter de
la meilleure structure d'élite sportive puisque nous
bénéficions de l'expérience des autres pays et pouvons
ainsi éviter de commettre leurs erreurs. Ceci permettra de construire la
structure la mieux adaptée et à nos besoins et à notre
participation sur le plan national et international.
Commentaires particuliers. Article 66, appellation. Nous demandons que
l'appellation "Institut québécois du sport" soit modifiée
pour l'appellation "Institut des sports du Québec", afin de
répondre à la recommandation no 5 du comité d'étude
sur la création de l'Institut des sports du Québec. Ce
comité composé des représentants de tous les organismes de
sport du Québec s'étant penché sur l'appellation, ce terme
étant déjà partie intégrante du monde du sport
québécois, le comité d'implantation de l'Institut des
sports du Québec s'étant déjà prononcé sur
le sujet, l'ayant déjà publicisé, nous croyons
incompatible le désir de la loi de changer une appellation
déjà acceptée.
Article 67, fonction. Nous demandons que le texte de loi puisse se lire
ainsi: "L'Institut a pour principale fonction de coordonner le
développement de l'élite sportive dans ses phases de
planification et d'administration en collaboration avec les
fédérations sportives des régies, les organismes
affinitaires et les services des sports du ministère des loisirs.
A la deuxième section du présent article, nous demandons
que le texte de loi puisse se lire ainsi:"L'Institut assume les
responsabilités de planification et de coordination qui lui confie le
ministre; à cette fin, il est tout particulièrement chargé
de la mise en place des programmes techniques et de programmes spéciaux
d'aide aux athlètes et la relève immédiate de même
que les entraîneurs et les officiels ainsi que de la gestion
d'équipement nécessaire à ces programmes".
Article 69, Conseil d'administration. Il nous apparaît important
que le texte de loi statue sur le mode de désignation des membres, leur
provenance et le nombre exact de délégués. Nous
désirons, par ce commentaire, allier les recommandations du
comité d'étude sur la création de l'Institut des sports du
Québec et les intentions de la loi. Notre organisme pense qu'il serait
sage que les différents organismes oeuvrant dans le monde du sport aient
un nombre de sièges déterminés par la loi, afin de
reconnaître leur droit à l'intérieur de la planification et
de la gestion de l'élite sportive. Nous recommandons à cet
effet:
1- Que le sous-ministre ou son représentant participe aux
réunions du conseil de l'institut et de son comité administratif
sans y avoir le droit de vote. 2- Que quatre personnes soient nommées
par le ministre et prises à l'intérieur du conseil
d'administration de Mission Québec 76, afin de faire le lien pour la
durée du premier mandat tel que décrit à l'article 70.
3-Que trois représentants soient nommés sur recommandation de la
Confédération québécoise du sport et provenant des
fédérations sportives. 4- Deux représentants du milieu
scolaire. 5- Un représentant du milieu municipal. 6- Un
représentant de l'Association des professionnels de l'activité
physique du Québec. 7-Un représentant désigné par
la Corporation des médecins du Québec.
Les personnes ainsi désignées doivent élire un
comité administratif, et la liste et les fonctions doivent être
présentées au lieutenant-gouverneur en conseil pour
acceptation.
Article 74, Budget.
Il nous apparaît important que le texte de loi permette que
l'institut puisse encourir une dépense non prévue et qu'il en
informe le ministre, puisque la loi doit prévoir la possibilité
de financement partiel de certaines activités et aussi permettre
à l'institut de fonctionner d'une façon autonome et
dynamique.
Conclusion.
Nous désirons que le gouvernement du Québec statue le plus
rapidement possible sur cette loi créant un ministère du
tourisme, des loisirs et des parcs. Nous souhaitons ardemment que ce projet de
loi, débattu en commission parlementaire, permette au Québec de
se doter d'un ministère à la dimension du besoin des
Québécois de gérer d'une façon précise leurs
responsabilités au niveau des objectifs de la création de ce
ministère.
Nous désirons, par ailleurs, demander que ce ministère
puisse permettre aux Québécois impliqués dans le domaine
du sport, qui nous intéresse plus particulièrement, de sentir que
ce mécanisme gouvernemental réunit leurs aspirations, leurs
désirs, leur compétence et leur participation.
Dans ce chapitre particulier à l'ISQ, nous pensons que nos
commentaires se veulent désireux d'offrir au gouvernement du
Québec un partenaire efficace et désireux de poursuivre les
mêmes objectifs que lui, tout en gardant une autonomie de gestion et
d'action permettant une rentabilité maximale.
Le Président (M. Cornellier): Merci, M. Dubois.
L'honorable ministre.
M. Phaneuf: M. le Président, c'est sûrement un des
dossiers sur lesquels j'ai travaillé le plus activement depuis quatre
ans, compte tenu des programmes de Mission Québec 76, des défis
qu'on s'était donnés au tout début, compte tenu
également du défi qui était le court terme, les Olympiques
étant en 1976.
L'évolution même de ce dossier nous a apporté une
grande expérience, à Mission Qué- bec 76 et aux instances
gouvernementales, sur la gestion de tous les jours, les difficultés
auxquelles on a eu à faire face. Chaque année, avec
l'évolution même du dossier, cela nous a amenés à
raffiner chacune des décisions qu'on prenait, à statuer sur une
espèce de réglementation, d'ententes, de protocoles d'entente
avec Mission Québec 76, et je pense bien que les suggestions qui sont
faites dans le mémoire sont pertinentes. J'en prends bonne note et je
vais revoir, avec les fonctionnaires et les juristes, les suggestions qui y
sont faites.
De prime abord, je dois dire que, dans l'ensemble, je suis favorable
à ce genre de modifications et aux propositions qui sont faites ici. On
a vécu énormément de difficultés sur le plan de la
gestion et cela n'est pas une cachette pour personne, à savoir qu'on
peut obtenir une certaine lourdeur gouvernementale, à cause même
de toute la structure qui existe au niveau gouvernemental, lorsqu'on a à
faire l'émission d'un chèque, même l'émission d'un
chèque de $200, à partir du moment où on décide que
c'est oui, la préparation du CT, tous les mécanismes qui
doivent... Quant à l'Institut des Sports du Québec, à
cause de ces exigences, des besoins auxquels on doit répondre
rapidement, les besoins des athlètes, etc., s'il fallait continuellement
procéder par ces mécanismes, la structure gouvernementale serait
probablement trop lourde pour permettre à l'institut d'être
efficace.
J'ai bien l'intention de revoir ces mécanismes, compte tenu des
représentations qui nous sont faites, et tenter, le plus rapidement
possible, d'apporter des modifications pour assurer à l'Institut des
sports du Québec un mécanisme souple qui va permettre de
répondre en totalité aux besoins qui ont été
exprimés dans ce mémoire.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense que ce matin,
j'ai démontré jusqu'à quel point nous croyions à
l'importance du rôle que peut jouer l'Institut des sports du
Québec.
Mais il faut quand même, au départ, dire que nous sommes
d'accord sur l'Institut des sports du Québec à condition que cela
reflète exactement les besoins des Québécois.
Il est illusoire de penser qu'on aura une élite de valeur si on
n'a pas, au préalable, établi dans le Québec une politique
d'accessibilité aux sports j'exclus le mot "loisir" pertinemment
par l'entremise de tous les milieux, soit scolaire, municipal ou
extrascolaire, pour créer un bassin immense de jeunes qui vont
être susceptibles d'être choisis par l'Institut des sports pour
développer une élite. Car, les meilleurs athlètes
professionnels ou les médaillés possibles doivent toujours
refléter, dans une société, un peuple en santé.
Si au contraire nous avions créé une sorte d'élite
sportive qui ne serait pas issue d'une participation accrue de la masse des
citoyens, nous aurions alors tout simplement un reflet d'athlètes
privilégiés qui auraient eu l'occasion d'être choisis
par un institut pour en faire des athlètes un peu meilleurs que
les autres.
D'ailleurs, c'est une condition sine qua non. Tous les pays qui ont
accès aux olympiques et qui démontrent une force de participation
et de chance de la victoire dans ces pays, sont des pays où on a mis le
sport de masse à l'intérieur d'une politique globale d'un
gouvernement.
Au départ, si on ne fait pas en même temps, au niveau du
nouveau ministère des sports et des loisirs, un développement
sportif au niveau scolaire et au niveau extrascolaire, c'est illusoire de
penser que l'Institut des sports du Québec réalisera quelque
chose.
Tenons pour acquis qu'on s'en va dans la direction où on va
permettre la participation de la masse à des sports, qu'on permettra
justement la participation, à l'élémentaire, de jeunes
enfants qui pourront participer, de façon obligatoire, à des
sports selon leur âge, selon leurs possibilités. Si on permet cela
au niveau élémentaire, on créera, chez les jeunes, le
goût de participer à des sports. Ils pourront faire des choix plus
tard au secondaire. Ils pourront se spécialiser un peu plus tard au
niveau des CEGEP et même au niveau universitaire et, tout le long du
procédé de la participation sportive au niveau scolaire, il
pourrait y avoir, de la part de l'Institut des sports du Québec une
possibilité de recueillir des jeunes qui seront des espoirs et qui
pourront devenir des athlètes de pointe.
A ce moment, M. le Président, je pense qu'on aura de bons
amateurs dans le domaine sportif qui deviendront des exemples pour la jeunesse
comme l'ont été malheureusement, des athlètes
professionnels qui servaient d'exemples et qui stimulaient les jeunes à
participer à différents sports, comme l'ont été
Maurice Richard, Jean Béliveau et d'autres dans d'autres domaines
sportifs.
C'est la raison pour laquelle nous pensons que l'Institut des sports a
un rôle important à jouer, mais qu'il ne pourra pas être
réalisé s'il n'y a pas, d'une façon complémentaire,
une politique de participation de la masse.
Pour que l'Institut des sports joue son rôle, il faut
nécessairement qu'il y ait une large autonomie de fonctionnement,
spécialement une autonomie financière permettant à
l'Institut des sports de ne pas être continuellement à la merci
d'une subvention quelconque pour réaliser un objectif. Si on veut que
l'Institut des sports fonctionne bien, il doit être planifié
d'avance avec un budget en conséquence pour qu'il puisse réaliser
les objectifs à l'intérieur d'une autonomie financière et
professionnelle.
L'Institut des sports devrait aussi, je pense, si on veut le lier
à la participation de la masse, être intégré
à une politique de régionalisation du sport qui est un facteur
important dans le développement de l'athlète à cause de
son environnement, une politique de régionalisation rendue possible par
la participation active des intervenants régionaux. Dans
l'élaboration des politiques d'organisation de l'Institut des sports,
cela exigera nécessairement la refonte du projet de loi 2 que nous avons
actuellement afin que les intervenants régionaux aient un pouvoir de
décision. Autrement, ce ne sera que le reflet d'un groupe
privilégié d'athlètes qui auront été
choisis, mais qui ne permettront pas d'atteindre des standards nationaux ou
internationaux.
Je vais demander à M. Dubois, quant à la nomination des
personnes qui devraient être à l'intérieur de son organisme
on parlait du sous-ministre, de quatre personnes nommées par le
ministre, de trois représentants de la Confédération
Québécoise des sports, de deux représentants du milieu
scolaire au niveau scolaire, quel est exactement le rôle que vous
pensez donner à des personnes venant du milieu scolaire et aussi, par la
suite, à des représentants du milieu municipal?
M. Dubois: M. le Président, avec votre permission,
j'aimerais ajouter ceci pour le bénéfice du député
de Lafontaine, tout en répondant à sa dernière question.
Une des idées majeures qui se dégagent des travaux qui ont
été réalisés par Mission Québec 76 en
rapport avec l'implantation de l'institut jusqu'à maintenant, c'est le
fait que nous trouverions tout à fait inacceptable que le
haut-commissariat ou le futur ministère affecte une somme
dépassant 10% de son budget global affecté à la question
sportive du Québec pour l'élite, précisément pour
accorder l'importance et l'argent qui est nécessaire pour le sport de
masse. Alors, on a vraiment l'intention que cette règle soit
respectée en exigeant que 90% du budget du haut-commissariat ou du
ministère affecté au sport aillent directement pour le sport de
masse. Je pense également que nous avons pris une initiative qui ne
représente pas tellement d'équivoque en ce qui concerne notre
position en regard avec la participation massive et particulièrement
l'éducation physique à l'élémentaire.
Avant la période des Jeux, nous avons pris l'intiative de
convoquer tous les intervenants dans le domaine du sport et nous avons avec eux
essayé de réaliser cinq projets, dont le principal était
précisément d'amener le ministère de l'Education à
se pencher davantage sur le problème de l'éducation physique
à l'élémentaire. Nous avons eu une rencontre avec le
premier ministre, le ministère de l'Education, le ministère
responsable du haut-commissariat, de même que le député de
Fabre intéressé à la question. A ce moment-là, on
nous a laissé entendre que, dès cette année, des gestes
précis seraient posés en fonction des programmes
d'éducation physique à l'élémentaire.
Lorsque ce projet a été élaboré, lorsque ces
démarches ont été entreprises, nous avons dit: Si ce sont
des raisons financières qui vous empêchent de poser un geste
sérieux, concret au niveau de l'éducation physique à
l'élémentaire, il vaut mieux retarder la création de l'ISQ
et retarder également les fonds ou les crédits qui sont
alloués à l'élite sportive, de façon à
permettre au niveau de la pyramide de bouger et de réaliser
concrètement des programmes absolument nécessaires, qui sont
prioritaires face à un institut des sports du Québec. Il n'y a
pas eu d'équivoque là-dessus. On s'est prononcé
publiquement sur la question. Avec les autres intervenants du sport, je pense
qu'on partage la même opinion au sujet de l'importance de
la participation sportive au niveau des enfants et au niveau des jeunes.
Quand vous parlez de planification d'avance, j'aimerais très rapidement
vous indiquer que Mission Québec 76, à travers son mandat de
l'implantation de l'institut, a embauché des mandataires pour
réaliser le travail dans cinq secteurs différents, soit la
programmation, le scientifique, l'administration, les communications et la
programmation. Les cinq secteurs impliqués ont fait l'objet de travaux
intensifs de la part de mandataires, des professionnels qui ont
été engagés pour les assumer. Leurs' travaux ont
été soumis à cinq commissions différentes qui ont
travaillé activement à interroger l'ensemble des travaux
réalisés. Ces cinq commissions, composées
d'approximativement sept membres qui venaient de différents milieux et
aussi de milieux spécialisés, ont endossé les travaux
présentés par les différents mandataires.
Je pense que cette planification a été faite de
façon très sérieuse et je peux vous assurer, aujourd'hui,
que nous sommes prêts à lancer l'institut aussitôt que nous
aurons obtenu les lettres patentes qui permettront de passer à la
désignation des membres du conseil d'administration.
Nous pensons également qu'il est absolument indispensable que
l'ISQ fasse partie d'une table de concertation. Je pense qu'avec l'enjeu
olympique nous avons amorcé une première expérience au
niveau de tous les intervenants du sport. Je pense que ça doit se
poursuivre au niveau de la définition d'une politique de
développement du sport au Québec. J'imagine
qu'éventuellement, dans la réglementation, on y verra. Mais si on
ne veut pas se laisser devancer par la réglementation et si on veut
immédiatement apporter une collaboration au futur ministère ou au
haut-commissariat, pour l'instant, au niveau des mandats qui doivent être
réalisés par chaque intervenant, je pense qu'il est temps au
Québec que tous les gens s'assoient autour d'une table de concertation
et qu'on fasse part au ministre responsable de nos vues en ce qui concerne une
politique du développement du sport au Québec.
M. Léger: Mais actuellement, étant donné que
la loi n'est pas encore adoptée, est-ce que l'Institut des sports du
Québec peut, d'une façon quelconque, fonctionner ou si c'est
uniquement au niveau de la préparation?
M. Dubois: Je pense que tous les principes et les idées
majeures qu'on retrouve à partir des travaux d'implantation qui ont
été réalisés sont mis en application par Mission
Québec 76, tant et aussi longtemps que la corporation ne sera pas
créée et que les lettres patentes ne seront pas
émises.
M. Léger: Autrement dit...
M. Dubois: Actuellement, il n'y a aucun arrêt, parce que
l'ISQ n'est pas lancé, parce que Mission Québec 76 assume, si
vous voulez, le lien entre les travaux devant se terminer avec les Jeux
olympiques et ceux actuellement qui sont réalisés à cause,
quand même, de l'élite qui a des besoins pressants.
M. Léger: Mais, est-ce que vous voulez dire
qu'actuellement, si la loi que nous étudions présentement
n'était pas adoptée avant trois, quatre, cinq, six mois, c'est
Mission Québec 76 qui prolongera son mandat jusqu'à ce que la loi
soit effective?
M. Dubois: Le 9 juin 1976, nous avons fait une requête pour
l'obtention de lettres patentes. Le 10 septembre 1976, nous avons reçu
des lettres patentes qui n'étaient pas conformes à la
requête. Nous avons refusé les lettres patentes et nous avons
demandé, suite à une rencontre avec le ministre, que des lettres
patentes nous soient transmises, conformément aux décisions qui
ont été prises par le conseil d'administration de Mission
Québec 76 et le ministre responsable.
La représentation ou la représentativité des
organismes au sein du conseil d'administration, en vertu des lettres patentes
qui sont demandées... Les principes qui ont été retenus
à l'intérieur du rapport Bouchard pourraient être retenus
pour la nomination des gens qui siégeront au conseil d'administration,
même si la loi n'est pas existante.
M. Léger: Vous vivriez uniquement sur la
réglementation interne présentée dans les lettres
patentes, mais vous n'auriez pas autre chose qu'un statut de corporation. Vous
n'auriez aucun mandat du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et
aux sports comme tel tant que la loi ne serait pas adoptée.
M. Dubois: On aurait un statut de corporation comme Mission
Québec 76 en a un en raison de l'émission de lettres patentes
pour un organisme à but non lucratif.
M. Phaneuf: Je m'excuse, il n'y a pas de mandat. Si Mission
Québec 76 avait un mandat, si la loi n'est pas adoptée et si cela
prend trois mois, quatre mois ou cinq mois pour adopter la loi, compte tenu
d'une incorporation éventuelle d'un Institut des sports du
Québec, c'est le même mandat qui sera accordé à
l'Institut des sports incorporé jusqu'au moment où la loi sera
adoptée.
M. Léger: Mais le mandat de Mission Québec 76 n'est
pas le même que le mandat que...
M. Phaneuf: Non. On a bien dit qu'il y avait une incorporation
qui était demandée, actuellement. Cela ne prend pas le même
temps pour faire une législation et, aussitôt que l'incorporation
sera terminée, ce qui doit se faire incessamment d'ici une
semaine, cela sera terminé on prolongera, à ce moment, et
on permettra à l'Institut des sports du Québec incorporé
de remplir le rôle qu'il doit jouer jusqu'au moment où la loi
viendra formaliser cela.
M. Léger: Cela ne sera pas un arrêté en
conseil, en attendant?
M. Phaneuf: Non.
M. Léger: Mais, quand même, l'Institut des sports du
Québec n'a pas le même mandat que
Mission Québec 76. Je veux dire par là que, actuellement,
Mission Québec 76, tant que la loi ne sera pas adoptée, prolonge
son mandat en ayant créé un Institut des sports du Québec
qui prendra la relève, mais qui n'aura que le statu que lui donnent ses
lettres patentes.
M. Phaneuf: Non. Je pense que le mandat de Mission Québec
76 est bien connu de tout le monde. On en a parlé assez souvent. C'est
un prolongement du mandat de Mission Québec 76 parce qu'il y a, dans le
mandat de l'institut, une bonne partie des rôles joués par Mission
Québec 76. La différence est que Mission Québec 76 devrait
terminer ses travaux une fois les Jeux olympiques tenus. C'est à peu
près la seule différence, mais les préoccupations, quant
aux stages, à la formation des athlètes, les entraîneurs,
etc., demeurent, à toutes fins pratiques, les mêmes que Mission
Québec 76 avait pendant les quatre dernières années.
M. Léger: D'accord. Mais c'est quand même un
fonctionnement assez boiteux tant que la loi ne sera pas adoptée.
M. Dubois: Ce que je veux vous mentionner est que vraiment le
mandat de l'Institut des sports du Québec est le prolongement du travail
de Mission Québec 76, qui a fonctionné au même titre que
tous les autres organismes qui détiennent des lettres patentes qui les
ont constitués en corporations à but non lucratif comme la
Confédération des sports du Québec, la majorité des
fédérations de régie, etc.
D'autre part, il ne faut pas se méprendre. L'Institut des sports
du Québec, tel que conçu, est essentiellement le rôle que
jouait Québec Mission 76, sauf qu'il y a des services qui sont plus
sophistiqués et il y a aussi une réflexion qui est plus grande
parce qu'on a eu plus de temps pour créer cet institut, mais,
essentiellement, le travail et surtout les objectifs, sont les mêmes.
M. Léger: Je suis bien d'accord avec vous. Je n'ai pas
d'objection là-dessus. Je veux simplement clarifier la situation de
l'Institut des sports qui est quand même entre deux chaises actuellement.
La fin du rôle de Québec Mission 76 qui avait comme objectif de
promouvoir la participation d'environ 30% d'athlètes
québécois aux Jeux olympiques. Les olympiques ont eu lieu. La loi
qui a, entre autres, comme but de créer l'Institut des sports du
Québec n'est pas encore adoptée. D'ici là, vous ne pouvez
fonctionner qu'à l'intérieur des règles que vous vous
êtes données par la corporation que vous avez créée
avec vos lettres patentes.
Je veux dire par là que, tant que la loi ne sera pas
adoptée, ce sera quand même boiteux. Il est urgent que la loi soit
adoptée pour qu'il fonctionne normalement.
M. Phaneuf: C'est urgent que la loi soit adoptée, mais je
veux dire, comme le disait si bien tantôt le président, que cela
n'affectait rien; la CSQ est dans la loi aussi, elle fonctionne de par son
incorporation depuis quand même des années, de- puis 1968. Cela
n'a pas empêché la CSQ de fonctionner. Ce n'est pas parce qu'elle
est dans la loi qu'elle va mieux fonctionner non plus.
M. Léger: Peut-être pas.
M. Phaneuf: C'est qu'on n'a pas besoin de la loi pour faire
fonctionner l'Institut des sports du Québec. Par voie d'incorporation,
l'institut peut exister légalement et est reconnu par le gouvernement et
va obtenir ses subventions du gouvernement pour lui permettre de faire ce qu'il
doit faire. Même si la loi est retardée de trois, quatre ou cinq
mois, je dis et j'affirme que cela n'infirme en rien le rôle que doit
jouer l'institut pour autant qu'on obtienne l'incorporation rapidement pour
bien situer le rôle que l'institut doit jouer.
M. Léger: D'accord. Je pense que M. Dubois n'a pas
répondu à la question que j'ai posée tantôt. C'est
le rôle précis qu'il entend jouer, parce que je reviens toujours
à l'esprit que l'Institut des sports fonctionne pour autant qu'il y ait
une politique complémentaire de participation de la masse. Il y a deux
représentants du milieu scolaire et un représentant du milieu
municipal. Quel rôle entendez-vous leur faire jouer et pour quels
critères ces personnes vont-elles être
déléguées et de quoi?
M. Dubois: II faudra s'adresser au milieu scolaire. Actuellement,
il existe des fédérations de sports scolaires tant sur le plan
collégial que sur le plan universitaire et sur le plan secondaire. On va
avoir recours à leurs services pour la nomination de ces personnes. Le
rôle qu'elles vont jouer à l'intérieur du conseil
d'administration est le même rôle que celui des autres directeurs
de la corporation, les autres membres du conseil d'administration qui seront
là pour diriger, pour gouverner, pour contrôler les travaux de
l'Institut des sports du Québec et aussi corriger la trajectoire de
l'Institut des sports du Québec, après une période de
fonctionnement.
M. Léger: Etant donné que les athlètes qui
vont y participer peuvent être plus ou moins favorisés selon le
milieu où ils sont, c'est-à-dire que les athlètes qui vont
y participer à Montréal ou à Québec sont plus
proches, ont un accès beaucoup plus facile à des
équipements sportifs que ne l'auraient des athlètes
québécois en puissance des régions
éloignées, comme la Gaspésie, l'Estrie ou d'autres
endroits éloignés, avec l'intervention que je faisais
tantôt, êtes-vous d'accord qu'il devrait y avoir une participation
intense avec les organismes régionaux, de façon que, dans ces
milieux, on ait aussi la possibilité de développer des
athlètes dans toutes les régions du Québec et non pas
uniquement axée dans les milieux urbains à densité de
population immense?
M. Dubois: Au départ, nous sommes tout à fait en
désaccord avec l'idée de déraciner l'athlète de son
milieu d'origine. On veut que l'athlète surtout dans les sports
individuels continue à avoir
pignon sur rue dans la région d'où il vient et poursuive
son entraînement comme il l'a fait dans le passé, en ayant
évidemment recours à toutes les ressources et les installations
existantes dans la région. On veut d'autre part que cet athlète,
occasionnellement et même régulièrement, soit mis en
présence des meilleurs instructeurs possible, des meilleurs
entraîneurs possible, pour vivre des stages de perfectionnement de nature
à l'aider dans son évolution. Mais, au niveau de son
entraînement régulier, nous sommes favorables à ce qu'il
continue de s'entraîner dans sa région.
M. Léger: Pourvu qu'il ait l'équipement voulu dans
sa région.
M. Dubois: Evidemment.
M. Léger: Donc, la conclusion qu'on peut en tirer, c'est
qu'il est essentiel que, complémentairement au rôle que l'institut
va jouer, il y ait une possibilité d'accessibilité à des
équipements et à des animateurs dans les régions
éloignées du Québec.
M. Dubois: C'est vrai pour l'élite comme c'est vrai pour
la masse.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): M. Dubois, nous vous
remercions.
Malgré l'heure qui avance, j'inviterais quand même les
représentants de la Fédération québécoise du
canot-camping et, avec le consentement unanime de la commission, nous pourrons
dépasser l'heure d'ajournement prévue.
M. Phaneuf: Le consentement est accordé de notre part.
M. Léger: Nous sommes d'accord avec le ministre à
ce moment-ci, mais...
M. Houde (Fabre): On ne va pas les faire revenir demain.
M. Léger: Non, mais on s'était entendu pour six
heures. On peut dépasser un peu, mais pas trop, parce que nous avons des
obligations qui nous réclament ailleurs.
M. Phaneuf: II y a combien d'organismes qui restent, M. le
Président?
M. Léger: C'est le dernier organisme.
Le Président (M. Cornellier): Pour aujourd'hui ce serait
le dernier.
M. Phaneuf: C'est le dernier organisme pour aujourd'hui.
Fédération québécoise du
canot-camping
M. Rousseau (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés. Mon nom est Pierre Rousseau. Je suis membre du
conseil d'administration de la Fédération
québécoise du canot-camping et je suis accompagné
aujourd'hui par M. Pierre Trudel, qui est notre directeur général
permanent.
La Fédération québécoise du canot-camping
Inc. vous soumet son opinion sur les projets de loi nos 2 et 3
présentés à la quatrième session de la
30ième Législature de l'Assemblée nationale du
Québec.
D'abord, notre fédération a été
fondée en 1969 sous le nom de la Fédération
québécoise du canot-kayak-camping Inc., à la demande des
adeptes de cette activité. Aujourd'hui, elle regroupe les clubs de
canotage récréatif et de canot-camping, de même que des
colonies de vacances, des bases de plein air et d'autres organismes dont
l'activité principale est le canot-camping. Vous en trouverez la liste
à l'annexe I.
Nos objectifs consistent prioritairement à développer et
promouvoir les activités du canotage récréatif et du
canot-camping sur le territoire québécois. En pratique, nous nous
attachons surtout au canotage de délassement et nous veillons à
développer la sécurité en rivière; nous visons
aussi à l'accessibilité aux sites naturels et à un
environnement de qualité.
Si notre fédération a cru bon intervenir en commission
parlementaire, c'est qu'elle est particulièrement impliquée dans
ces projets de loi car on peut dire qu'elle pourra être un organisme
central de loisir auquel le ministre confierait un mandat d'activité
relatif au plein air, selon l'article 27 du projet de loi no 2.
Notre position est la suivante. Nous sommes très favorables
à l'ensemble des projets de loi nos 1, 2, 3 et 4 que nous attendions
depuis longtemps. Cependant, nous aurions aimé pouvoir présenter
nos remarques sur tous ces projets de loi et souhaité qu'ils soient
discutés au cours de la même commission parlementaire. Puisqu'il
en a été décidé autrement, nous bornerons nos
commentaires aux projets de loi nos 2 et 3. Ces projets de loi mettent fin
à l'anachronisme qui voulait que le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports, ayant responsabilité
ministérielle, n'existait qu'en vertu d'un arrêté en
conseil.
D'abord, nos remarques générales. Nous constatons avec
plaisir une grande ouverture d'esprit dans cette loi je vise surtout
l'article 2 qui veut encourager la participation du public avec le
concours d'organismes dont on aura favorisé la constitution. Nous sommes
aussi extrêmement heureux de la subdivision des loisirs en trois secteurs
distincts: le sport, les activités de plein air, les activités
socio-culturelles. Nous constatons que la sécurité dans la
pratique des loisirs est enfin devenue une préoccupation
gouvernementale.
Nous nous interrogeons cependant sur la concentration des pouvoirs entre
les mains du
gouvernement, en l'occurrence du ministre du tourisme, des loisirs et
des parcs. Nous considérons cette concentration souhaitable pour autant
que l'exercice de ces pouvoirs soit pondéré par un processus de
consultation des milieux intéressés.
Nous sommes généralement d'accord avec le projet de loi no
3, quoique nous nous sentions peu concernés.
Nos remarques particulières au sujet du projet de loi no 2.
D'abord les définitions à l'article 1. Nous les
considérons trop vagues, car il semble, à l'article 1, que le mot
"loisir" englobe le sport, les activités de plein air et les
activités socio-culturelles alors qu'aux articles 10, 13 et 27, il y a
un partage entre les organismes de loisirs et les fédérations
sportives. Cette équivoque nous semble provenir de l'emploi de
l'expression "activité physique" au sein de la définition des
loisirs et nous suggérons de biffer cette expression.
Des précisions pourraient être apportées en
définissant les expressions "loisirs socioculturels" et "loisirs de
plein air" et en améliorant la définition du sport qu'on peut
lire dans le dictionnaire Petit Robert. "Sport: activité physique
exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l'effort, et dont la
pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de
certaines règles et disciplines."
Comme nous nous rattachons au milieu du plein air, nous vous proposons
humblement une suggestion de définition comme suit, pour les loisirs de
plein air.
Loisirs de plein air: activité physique se pratiquant
généralement en pleine nature, ou tout au moins à
l'extérieur, dans un but de délassement et de divertissement, de
détente, de découverte de la nature et de protection de
l'environnement.
Nous tenons cependant à souligner que cette séparation est
pour nous beaucoup plus qu'accessoire mais essentielle puisqu'un organisme de
loisirs non compétitif ne saurait être à l'aise à
l'intérieur d'une confédération de
fédérations sportives.
Pour ces raisons, nous demandons le maintien des articles 26 et 27 du
projet de loi no 2 malgré que nous trouvions l'article 27 restrictif,
car un organisme non agréé par le ministre et oeuvrant dans le
plein air devrait pouvoir adhérer à cette
confédération.
Maintenant, le personnel, à l'article 35. Nous reconnaissons dans
cet article l'excellence du principe que l'employé ne peut être
son propre employeur et nous croyons que le deuxième alinéa
pousse le principe trop loin puisque, selon nous, il n'y a pas de conflit
d'intérêts entre un membre du personnel d'une
fédération ou d'un organisme et le conseil d'administration de la
confédération. Au contraire, ces personnes sont certes
intéressées à ce que la confédération
fonctionne à son meilleur.
Quant aux pouvoirs du ministre, nous remarquons que le pouvoir
discrétionnaire du ministre d'agréer des organismes et de leur
confier des mandats est très vaste. Nous suggérons que
l'agrément et les mandats soient faits sur recommandation de la
confédération concernée ou, à tout le moins, qu'il
soit prévu un mode de consultation approprié.
En outre, nous trouvons que le mécanisme d'approbation des
règlements internes des organismes prévus à l'article 34
est très lourd et nous considérons que seule l'approbation de la
confédération devrait être requise et, dans tous les cas,
nous suggérons la mise en place d'un mécanisme d'appel pour
permettre de modifier ces décisions tout en permettant à
l'organisme concerné de se faire entendre.
La sécurité. Nous recommandons d'établir la
réglementation au sujet de la sécurité prévue
à l'article 36 en donnant une certaine force aux principes et normes de
sécurité déjà établis par les organismes.
Dans le cas du canot-camping, nous devons prévenir les accidents et, de
ce fait, la sécurité constitue un élément
primordial. D'ailleurs, nous devons garder en mémoire la tragique
expédition de la famille Baril sur la rivière Caniapiscau alors
que pendant le même été, une expédition menée
selon les normes de sécurité de notre fédération
sur la même rivière, fut un franc succès.
Le droit d'appel. Nous croyons nécessaires les mécanismes
prévus aux articles 44 et 64 à savoir la possibilité de
porter en appel la décision du directeur du service de surveillance aux
loisirs et aux sports car ses pouvoirs sont, dans ces circonstances, quasi
judiciaires. Cependant, nous suggérons que l'appel soit possible en
toutes circonstances et qu'on retranche le troisième alinéa de
ces deux articles.
Quant au projet de loi no 3, d'abord la juridiction. La commission a
juridiction sur les appels et sur les plaintes en vertu de l'article 12 et elle
peut donner des sanctions selon l'article 29. Par contre, l'article 87 du
projet de loi no 2 prévoit un mode différent de poursuite en cas
d'infraction. Nous croyons qu'il serait souhaitable de clarifier la situation
et nous suggérons que toutes les plaintes déposées en
vertu de ces lois soient portées devant la commission.
Appels. Nous déplorons l'absence de possibilité de porter
en appel les décisions de la commission et nous suggérons qu'il y
ait possibilité d'en appeler devant la Cour d'appel, étant
donné que la commission a des pouvoirs judiciaires assez
étendus.
D'autre part, si on maintient que les décisions de la commission
sont sans appel, nous souhaiterions qu'il y ait possibilité d'utiliser
les recours extraordinaires prévus aux articles 834 à 850 du Code
de procédure civile et que soient retranchés les articles 37 et
38 du projet de loi no 3.
En conclusion, nous tenons à réitérer notre
entière satisfaction vis-à-vis de ces projets de loi et à
préciser que nos remarques se veulent construc-tives. Nous
adhérons d'emblée à ces nouvelles lois et nous souhaitons
qu'elles suscitent le plus grand intérêt des
Québécois.
Le Président (M. Cornellier): Merci bien, M. Rousseau.
J'invite maintenant l'honorable ministre.
M. Phaneuf: Juste quelques remarques, parce que l'ensemble de vos
remarques s'est fait sur des
points techniques du projet. Naturellement, mon conseiller juridique
prend des notes là-dessus et on a l'intention de se rencontrer pour voir
quelle sorte de modifications on peut apporter, quelles sont les implications,
quand on apporte des modifications.
Par contre, lorsque vous parlez de fédérations de loisirs
par rapport à des fédérations de plein air que vous voulez
dissocier pour en faire un secteur bien précis du monde du sport par
rapport au monde du plein air, cela crée certaines difficultés.
Je vous donne des exemples bien concrets.
Dans le domaine de la voile, vous savez fort bien qu'il n'y a pas si
longtemps, il existait des fédérations de voile. Je dis des
fédérations, mais une fédération qui se donnait la
vocation de chapeauter le sport de la voile, en fonction de la
compétition comme telle, et une autre fédération qui se
donnait cette vocation de développer la voile de plein air, parce que
cela se pratique en plein air, forcément. Il y avait d'autres
fédérations qui étaient en train de se créer dans
le monde de la voile. Lorsqu'on classe celui qui pratique la voile dans un
voilier de croisière, par rapport à celui qui pratique la voile
dans un petit voilier, soit un dériveur, vous arrivez à un moment
donné au danger de la multitude de fédérations pour
chapeauter une même discipline.
C'est une crainte que j'ai depuis un certain temps. J'ai plutôt
tendance à agir dans le sens contraire de celui que vous nous proposez
et à abolir la multitude de fédérations, à dire
qu'il va exister une fédération de voile. Elle va se situer
à l'intérieur de la Confédération des sports du
Québec, parce que c'est classé comme un sport, parce qu'on fait
de la compétition, de la voile. Mais c'est bien évident qu'il y a
un lien direct qui doit être maintenu avec la fédération de
plein air, compte tenu du fait qu'on peut faire de la voile strictement pour le
plaisir de faire de la voile de plein air comme telle et on peut vouloir faire
des randonnées avec des gens sans avoir le désir de faire de la
compétition comme telle.
Dans certaines disciplines, vous devez admettre avec moi que cela me
crée certaines difficultés et qu'il n'est pas simple de penser
qu'on peut difficilement faire une description qui va répondre à
la totalité des préoccupations que nous avons.
Ce qui est vrai pour la voile est également vrai pour le ski
de-fond. Le ski de fond est une activité dite de plein air qui pourrait
être affiliée à la FQPA, mais c'est aussi une discipline
sportive de compétition reconnue qui peut aussi être
affiliée à la CSQ. Vous êtes bien d'accord avec moi? Il
n'est pas facile de faire la séparation et la distinction entre les deux
et de maintenir le double de fédérations continuellement au
Québec.
De toute façon, le but premier d'une fédération,
c'est le devoir de faire la promotion de cette discipline. La
fédération de ski de fond peut faire la promotion de ski de fond,
pour que les gens pratiquent le ski de fond, peut organiser, pour les gens qui
font du ski de fond, des stages de formation, pour qu'on augmente les
connaissances techniques pour ceux qui font des randonnées en
forêt avec, comme équipement, le ski de fond, et, aussi,
chapeauter la discipline du ski de fond pour la partie sportive comme
telle.
Vous voyez que je pourrais vous donner plusieurs exemples comme cela, ce
qui ne facilite pas ces secteurs qu'on voudrait bien identifier, qu'on voudrait
séparer. Ce n'est pas si simple que cela.
Je ne sais si vous avez des solutions miracles à me proposer dans
ce domaine, mais cela fait quand même quelques années qu'on se
penche là-dessus et on s'est dit qu'il était plus simple d'avoir
une fédération dans un premier temps. Là où on est
d'accord, c'est que lorsqu'une fédération regroupe des
disciplines différentes, compte tenu des équipements totalement
différents, peut-être y a-t-il avantage, à cause de
l'évolution normale des dossiers, à former une
fédération pour chapeauter une discipline qui est mieux
identifiée.
On pourrait le faire dans le domaine de l'athlétisme, ne pas
avoir une fédération d'athlétisme, mais avoir une
fédération pour ceux qui lancent le poids, pour ceux qui lancent
le disque, pour ceux qui lancent le javelot, pour ceux qui font de la course de
fond, etc. Il y a, dans la pratique même de l'athlétisme, des
disciplines qui ne sont pas à l'opposé, mais qui ne sont pas
similaires. Les formations sont totalement différentes.
M. Houde (Fabre): D'ailleurs, c'est ce qui existe dans d'autres,
cas. L'athlétisme est peut-être le prototype d'une
fédération qui a réussi, avec le temps et la tradition,
à inclure toutes les disciplines ou toutes les épreuves
d'athlétisme sous le même vocable d'athlétisme, qu'il
s'agisse des lancers, des sauts, des courses de fond ou du sprint, on parle
d'athlétisme, d'une fédération.
Après ce que le ministre vient de dire, prenez le cas de la
voile, c'est encore beaucoup plus compliqué que ce qu'il vient de
décrire. Vous avez la voile de compétition, qui est un sport
olympique; vous avez la voile des puristes du planeur, qui est la balade, la
promenade sur les lacs ou les fleuves. C'est rendu que vous avez toutes les
sous-fédérations ou les sous-associations, l'Optimisme, le
Lightening. Chaque compagnie de bateaux ou chaque type de bateau en est rendu
à avoir son association. Parfois, c'est une association très
importante sur le plan national et, dans certains cas, sur le plan
international. Cela regroupe plusieurs pays ensemble pour tel prototype ou tel
type de bateau. Ce n'est pas facile à démêler.
Dans votre cas, celui du canot, vous avez le canot de
compétition, le canot olympique et l'autre qui est arrivé, le
canot-camping. C'est beaucoup. Ce sont deux affaires. Prenons le judo et le
karaté. C'est même démodé de parler de cela. On est
rendu dans le kung-fu. Il n'y a pas un Japonais et pas un Chinois qui a
vécu au XVIle siècle ou au XVIIle siècle qui n'a pas
formé son école et, 200 ans après, ce sont toutes des
associations. Je n'ai jamais vu tant de ramifications dans ce genre de
disciplines, de sports de combat.
Je pense que, vous autres, vous êtes quand même parmi les
chanceux. Je pense bien que c'est peut-être plus facile que dans d'autres
cas de faire
la distinction entre le canot dit de course ou de compétition et
le canot-camping.
M. Phaneuf: De toute façon, pour vous donner une
sécurité, je peux vous assurer une chose, c'est qu'il est
possible de faire, dans un article, un amendement où il serait possible
de prévoir que le ministre consulte la fédération
compétente avant de décider du mandat d'activité d'un
organisme de loisirs ou d'une fédération, ce qui vous donnerait
une assurance.
Compte tenu de la complexité de tout cela, parce que, pour
certains, on règle tous les problèmes avec un titre ou avec un
article qui semble régler tout le problème du loisir
québécois, c'est tellement plus complexe que cela, et je pense
qu'on se comprend fort bien là-dedans. Cet article vous donnerait cette
sécurité, compte tenu des activités bien
spécifiques qu'une fédération comme la vôtre veut
faire.
Je pense qu'en consultation avec le ministre, on pourrait régler
facilement le problème, pour autant que ce soit prévu dans la loi
et on peut le prévoir. D'accord?
M. Rousseau: Parfait. Si je peux me permettre, M. le
Président, quant au cloisonnement, si on veut, des activités de
plein air par rapport aux activités sportives, on pourrait
suggérer que ce soit la réglementation qui puisse cloisonner
chacune des activités et chacun des secteurs.
S'il y a des secteurs actuellement qui sont du côté
sportif, qui pourraient être rattachés au plein air, comme le ski
de randonnée, qu'ils soient rattachés au plein air plutôt
que de demeurer là où ils sont actuellement.
M. Phaneuf: D'accord. Cela veut dire qu'une même
fédération pourrait être sous deux chapeaux, compte tenu de
ses activités et des règlements. On pourrait définir dans
les règlements ses activités propres, parce que, selon une partie
des règlements, c'est une vocation de plein air, alors que, selon
d'autres parties des règlements, c'est en fonction des sports comme
tels. On pourrait les identifier assez clairement si on avait une consultation
prévue dans la loi avec l'organisme. Vous comprenez comme moi qu'il est
avantageux pour le ministre de ne pas multiplier le nombre de
fédérations. Je pense qu'on a ce qu'il faut actuellement, comme
chapeau au Québec, pour faire que le loisir devienne ce qu'il doit
devenir. C'est la sécurité que je me dois de conserver, parce
que, lorsque je suis arrivé au haut-commissariat, j'ai eu à
abolir. Or, c'est beaucoup plus difficile d'abolir que de créer. Vous
avez quand même la sécurité. Pour le reste, pour les
aspects techniques, nous prenons bonne note des observations que vous nous avez
faites. Soyez assurés qu'on va tenter d'apporter des modifications,
parce que même mon conseiller juridique me disait qu'il y a d'excellentes
recommandations dans votre mémoire. On va les regarder. C'est pour cela
qu'on fait cette consultation. C'est pour cela qu'on a cette commission
parlementaire qui était votre garantie avant que je procède
à la deuxième lecture. Cela permettra au gouvernement de proposer
lui-même des modifications à sa propre loi. Je vous remercie
infiniment de la présentation que vous avez faite.
Le Président (M. Cornellier): M. Rousseau, M. Trudel, nous
vous remercions. La commission ajourne ses travaux à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 18 h 10)