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Étude des engagements financiers du mois de
juillet 1977
(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des engagements financiers va étudier aujourd'hui
les engagements du mois de juillet 1977.
Avant de procéder, nous allons adopter le procès-verbal
tie la séance du 28 juillet 1977, qui avait examiné les
engagements de juin 1977. Ce procès-verbal est il adopté?
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, il y a certains documents qui
ont été transmis, mais je remarque qu'il y en a encore qui
manquent à l'appel. Nous pourrions l'adopter, conditionnellement
à ce que les documents qui manquent soient envoyés avec les
prochains...
Le Président (M. Bertrand): Comme c'est l'habitude, je
pense que ceux qui manquent à l'appel vont être
envoyés.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Bellemare (Johnson), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Tardif (Crémazie)
en remplacement de M. Desbiens (Dubuc); M. Gagnon (Champlain), M. Garneau
(Jean-Talon), M. Gratton (Gatineau), Mme Leblanc (Îles-de-la-Madeleine),
M. Lefebvre (Viau), M. Lessard (Saguenay), M. Marcoux (Rimouski), M. Ouellette
(Beauce-Nord), et M. Roy (Beauce-Sud).
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Russell: Je remplace M. Bellemare. Le Président (M.
Bertrand): M. Mailloux.
M. Mailloux: M. le Président, si vous le permettez, M. le
député de Montmagny-L'Islet remplacera le député de
Jean-Talon, et je remplacerai le député de Gatineau.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député de Charlevoix remplace M. Gratton, député de
Gatineau, et M. Giasson remplace M. Garneau (Jean-Talon); M. Russell
(Brome-Missisquoi) remplace M. Bellemare (Johnson).
Tel que les membres de la commission l'avaient demandé à
leur séance du 28 juillet 1977, le ministre des Affaires municipales est
aujourd'hui présent pour répondre à un certain nombre de
questions, et je suggère fortement que nous attendions l'arrivée
du chapitre sur les Affaires municipales, chapitre qui vient
immédiatement après celui des Affaires culturelles.
Ce serait peut-être plus convenable que l'intervention se fasse
à ce moment, cela nous permettrait de partir et nous donnerait une erre
d'aller.
M. Giasson: M. le Président, pour ce qui est de notre
groupe, nous n'aurions pas d'objection à aborder immédiatement le
chapitre des Affaires municipales, si cela permettait de libérer le
ministre qui a certainement d'autres champs d'occupation ce matin. Si mes
collègues étaient d'accord avec ce principe...
M. Russell: D'accord. Il y a des délégations qui
l'attendent. Il faut les libérer pour qu'elles...
M. Roy: Je suis d'accord qu'on procède
immédiatement.
Ministère des Affaires municipales
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Du consentement
unanime des membres de la commission, nous allons donc aborder
immédiatement les Affaires municipales et, avant d'aborder les Affaires
municipales, il conviendrait peut-être que nous revenions, tel que
demandé lors de la dernière séance, à l'article 400
des engagements de juin 1977, sur lesquels, justement, le ministre avait
été convoqué.
M. Roy: Avant de revenir à l'article 400, je m'excuse, M.
le Président, mais je pense qu'il y aurait lieu d'adopter les minutes de
la dernière réunion.
Le Président (M. Bertrand): C'est fait.
M. Roy: C'est fait, je m'excuse.
Le Président (M. Bertrand): II y a simplement une
correction ici. Le ministre, M. Tardif, ne remplacera pas M. Desbiens (Dubuc),
qui est ici présent, mais remplacera M. Baril (Arthabaska).
M. de Belleval: À la dernière séance des
engagements financiers, des questions avaient été posées
sur la façon dont le ministère des Affaires municipales avait
déterminé la subvention additionnelle à celle
versée dans le cadre de la Loi favorisant le regroupement des
municipalités suivantes, regroupées en 1975/76, Jonquière,
Gatineau, Aylmer, Châteauguay, Beauport, Charlesbourg, Saint-Hyacinthe,
Chicoutimi, La Baie. Le ministre est donc à votre disposition pour
répondre aux questions touchant cet article.
M. Giasson: M. le Président, si ma mémoire est
fidèle, lors de la dernière séance de travail de la
Commission des engagements financiers, quelqu'un, membre de cette commission,
avait demandé la possibilité d'une présence du ministre
des Affaires municipales; Sauf erreur, c'était le député
de Mégantic-Compton, si je me souviens bien. Au-delà de cela,
probablement que son collègue, ce matin, va pouvoir poser au ministre
des Affaires municipales les questions que le député de
Mégantic-Compton voulait lui adresser.
M. Russell: M. le Président, je pense que le ministre
vient de soulever une des questions qui avaient été
posées. C'est l'interprétation de la façon dont il
s'était pris pour justifier ces subventions additionnelles. Le ministre
pourra répondre à celle-là et on pourra continuer avec les
autres après.
M. Giasson: D'accord, mais si je me souviens bien, cela
dépassait largement le dossier auquel a fait allusion le ministre de la
Fonction publique, soit les subventions au regroupement de villes dans la
région du Saguenay, Arvida, Jonquière, je ne sais trop. C'est
cela que vous avez abordé? Cela dépassait ce champ-là.
M. Roy: II y avait cette question-là et il y en avait une
autre, si ma mémoire est bonne. C'était toute la liste des
subventions qui avaient été accordées en dehors du
programme PAIRA et des nouveaux programmes, subventions qui avaient
été accordées à une série de
municipalités qui étaient listées dans l'engagement. Il y
avait deux questions.
M. Giasson: Si on permettait, M. le Président, dans un
premier temps, au ministre des Affaires municipales de répondre à
la question qui vient d'être soulevée par le ministre de la
Fonction publique, on pourrait partir avec cela, quitte à revenir
après avec une autre question.
M. Tardif: M. le Président, la convocation que j'ai eue,
en effet, avait trait à l'article 400 de l'ordre du jour de la
commission des engagements financiers, à savoir comment auraient
été calculés les montants des subventions au regroupement
dans les cas mentionnés, c'est-à-dire les villes de
Jonquière, Gatineau, Aylmer, Châteauguay, Beauport, Charlesbourg,
Saint-Hyancinthe, Chicoutimi et La Baie, pour un montant global de $1 843
000.
M. le Président, pour situer ceci dans son contexte, il faut
savoir qu'il existe une loi, la loi dite favorisant le regroupement des
municipalités et qui prévoit des subventions statutaires de $3
par personne, étalées sur une période de cinq ans,
c'est-à-dire donc globalement de $15 pour chaque habitant.
Le ministère, avant mon arrivée, avait traditionnellement
à peu près doublé ces montants de subvention en tenant
compte de facteurs, comme parfois la situation financière des
municipalités impliquées, de facteurs comme la réalisation
de certains réseaux d'égouts et d'aqueduc, parfois
c'était, en quelque sorte, le petit surplus qui faisait accepter des
regroupements. Lorsque je suis arrivé au ministère et que j'ai
fait cette déclaration ministérielle du 22 décembre
où j'ai annoncé la fin des subventions dites d'équilibre
budgétaire, c'était vraiment dans cette marge de pouvoir
discrétionnaire du ministre des Affaires municipales que d'octroyer
semblable subvention.
Une fois les subventions d'équilibre budgétaire
éliminées, il restait néanmoins le problème des
regroupements. Des gens s'étaient effective- ment regroupés avec
une certaine promesse d'aide du gouvernement. À ce moment-là,
j'ai donc demandé à mes fonctionnaires d'établir quelle
serait la façon la plus équitable de respecter cette
espèce d'engagement moral, non pas légal, envers les villes qui
s'étaient effectivement regroupées. Pour cela, j'ai dû
prendre le montant disponible sur mon budget et essayer d'établir une
formule mathématique. Les chiffres que vous avez en regard de chaque
municipalité sont le résultat de l'application de cette
formule.
Cette formule est basée sur un certain nombre de données
bien simples. On a tenu pour acquis que le regroupement de
municipalités, lorsqu'il s'agissait de regroupement ayant pour effet de
vraiment changer la nature des problèmes municipaux et non pas
strictement un accroissement de type quantitatif... On passait dans un autre
ordre de grandeur... Je prends un exemple: Le fait qu'une ville comme
Montréal de 1 200 000 habitants annexe un village comme Saraguay ou
Rivière-des-Prairies ne paraît à peu près pas dans
l'administration de la ville de Montréal. Cela ne cause pas de
problème majeur, l'intégration du personnel, des conventions
collectives de travail, le territoire. On n'aura pas besoin de
supplément de personnel pour s'occuper de ce territoire, si bien que,
sur ce plan, l'aide financière requise pour une telle ville, pour
absorber un membre aussi peu important numériquement, ne change pas
vraiment la nature des choses.
Il en est toutefois autrement lorsque deux municipalités de 5000
âmes chacune se fusionnent. À ce moment-là, nous passons
vraiment à une nouvelle ville de 10 000 habitants où les
problèmes sont d'un autre ordre, d'une autre nature. On doit, tout
à coup, faire face à des obligations beaucoup plus
considérables. C'est donc en vertu de ce principe que la population de
la nouvelle ville, une fois les regroupements effectués, doit être
en fonction de l'ancienne ville la plus populeuse.
On a établi un calcul très simple qui a consisté
à prendre les montants disponibles au ministère et à les
octroyer de la façon suivante: La formule mathématique consiste
à prendre la population totale des villes réunies... Dans le cas
de Jonquière, ce serait la population totale de la réunion des
villes de Jonquière, Kénogami et Arvida. On soustrait la
population de la ville la plus populeuse, à savoir Jonquière, de
la population de cette ville elle-même. Si le ratio ainsi obtenu est
égal à 1 ou supérieur à 1, à ce
moment-là, il a été établi, à partir des
montants, que ces villes, ou la nouvelle ville regroupée, auraient droit
au maximum permis dans l'enveloppe, que nous avons étalé sur
trois ans. C'est $9, la première année $9 par habitant
$6, la deuxième année et $3, la troisième.
Attendu que cette aide vient s'ajouter aux $3 par année,
étalée sur cinq ans, en fonction de ces calculs, une
municipalité qui aurait droit au maximum aurait, la première
année ou les cinq premières années, $3 par année en
vertu de la loi et, venant s'ajouter à ça pour les trois
premières années, $9, $6 et $3.
Si le ratio de cette opération, de ce calcul, c'est-à-dire
la population de la ville la plus populeuse moins l'autre nous donnait un
coefficient inférieur à 1, par exemple, 0,75, à ce
moment-là, le montant octroyé serait fonction de ce ratio, soit
75% de $9, la première année; 75% de $6 et 75% de $3. C'est le
résultat de cette opération mathématique que vous avez
ici, M. le Président.
Évidemment, cette façon de calculer respectait
l'espèce d'engagement moral du gouvernement d'apporter une contribution
au regroupement, introduisait des règles et éliminait
jusqu'à un certain point, la discrétion.
Elle plafonne également, c'est-àdire que cela ne
s'applique pas aux villes de plus de 250 000 âmes comme la ville de
Montréal qui, par exemple, irait annexer un petit village; à ce
moment-là, c'est bien évident que cela ne rimerait à peu
près à rien.
Deuxièmement, c'est qu'en ne tenant pas compte de façon
spécifique de la situation financière d'une municipalité,
ce n'est pas un encouragement à la mauvaise gestion ou encore, et c'est
surtout ce qu'on a constaté dans les cas de regroupement, une incitation
à certaines municipalités de faire beaucoup de dépenses
dans les six mois qui précèdent la fusion ou l'annexion, en se
disant: de toute façon, la dette sera payée ou les
dépenses seront payées dans le grand tout, une fois la fusion
réalisée.
Voilà, M. le Président, comment ceci a été
établi. À l'heure actuelle, l'on me dira que ce n'est pas
statutaire, que ce n'est pas dans la loi. C'est un fait. Auparavant, cela se
faisait comme je le dis, de façon discrétionnaire, par le biais
de ces subventions dites d'équilibre budgétaire, mais qui
n'avaient, elles non plus, aucun fondement légal. J'ai tenté de
mettre une certaine rationalité là-dedans au cours de la
présente année. Est-ce que nous devons l'introduire dans la loi?
C'est la question qui est à l'étude présentement, M. le
Président, d'introduire une formule semblable dans la loi en plus,
évidemment, de la formule déjà contenue.
Voilà, en gros, comment nous avons procédé.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. En somme, ce montant de $1
843 000 qui apparaît ici à l'article 400 représente tout
simplement des subventions qui ont été versées à la
suite de promesses que ces villes ont obtenues.
M. Tardif: Pas pour le montant. Elles ont obtenu une promesse
d'aide. D'accord?
M. Roy: Additionnelle à celle prévue par la Loi du
regroupement.
M. Tardif: À celle prévue par la Loi du
regroupement. Alors, dans certains cas, ceci constitue le premier versement au
taux de $9; dans certains cas, le deuxième versement au taux de $6, et,
dans d'autres cas, le troisième.
M. Roy: Ceci inclut les trois montants, c'est-à-dire les
$18. Le montant total ici représente les $18 par tête, tel que
vous l'avez expliqué tout à l'heure: $9 la première
année, $6 la deuxième année et $3 la troisième
année.
M. Tardif: Etalé sur trois ans.
M. Roy: Le ministre dit qu'il n'y a pas eu de promesse formelle.
Il y a eu des engagements de la part de l'ancien gouvernement à ce
niveau parce que je me rappelle un peu les débats que nous avons eus
à l'Assemblée nationale au moment où la Loi du
regroupement des municipalités a été votée. Il
avait été clairement dit à l'Assemblée nationale,
et je ne me rappelle pas tous les discours qui avaient été faits
à l'époque, qu'il ne devait pas y en avoir en dehors de la loi,
en dehors de ce qui était prévu par la loi, et je pense on
pourrait le trouver au journal des Débats qu'il y a même eu
des garanties selon lesquelles il n'y aurait pas de promesses additionnelles
à celles qui étaient prévues par la loi parce que, en
allant en dehors de cela, comme vous l'avez dit, on touche à ce
moment-là aux subventions d'équilibre budgétaire. Alors,
les subventions d'équilibre budgétaire ont été
versées pour aider des municipalités, des villes qui avaient des
problèmes d'administration à cause d'un taux de taxe trop
élevé, à cause de trop de dépenses, etc.
Mais là, on arrive avec un nouveau type de subvention
d'équilibre budgétaire, une subvention d'équilibre
budgétaire liée à la loi de fusion des
municipalités pour forcer le regroupement des municipalités du
Québec. Autrement dit, et c'est là que la porte est ouverte et
qu'il y a un grand danger, à mon avis, c'est qu'à une
municipalité ou une ville qui a des problèmes financiers et qui
doit se retrouver devant le gouvernement pour demander des subventions
d'équilibre budgétaire, on accorde des subventions
d'équilibre budgétaire à condition qu'elle fusionne avec
d'autres municipalités. Là, ce n'est plus de la fusion volontaire
selon le principe qui a été admis et reconnu par le gouvernement
actuel. Là, cela devient du regroupement forcé, mais du
regroupement forcé indirectement.
J'aimerais demander au ministre de me corriger si j'ai fait erreur dans
ce que je viens de dire et, deuxièmement, de nous dire si cela va
constituer à l'avenir une politique générale pour le
ministère des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, il m'importe de souligner ici
que c'était pour régulariser une situation antérieure. Ce
n'est pas nécessairement la politique pour l'avenir. Dans le cas de
Jonquière, notamment, la fusion s'est produite à compter du 1er
janvier 1975. Gatineau, la même chose, en vertu de la loi concernant
certaines municipalités de l'Outaouais et du Haut-Saguenay.
C'est donc à compter du 1er janvier 1975 dans les cas de
Jonquière, Gatineau, et Aylmer également, dans d'autres cas, la
fusion s'est produite en 1976, c'est donc dans les cas de fusion
antérieurs où, encore une fois, il y avait en toute
équité cette
promesse de l'ancien gouvernement et cette attente de la part des
municipalités qu'elles allaient recevoir une aide. Ce que j'ai fait tout
simplement dans ces cas-là, M. le Président, et
conformément à l'esprit de la déclaration
ministérielle du 22 décembre, cela a été de
distribuer ceci en fonction d'une règle que je croyais fondée
rationnellement.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Giasson: Oui, M. le Président. Lors de notre
dernière séance de travail, j'avais posé des questions
assez précises au ministre de la Fonction publique. C'était
à l'intérieur d'un assez long débat au cours duquel le
ministre avait fourni de l'information sur le comportement du ministère
des Affaires municipales vis-à-vis de différents types de
subventions. Nous avions parlé, entre autres, de projets municipaux de
services publics, notamment de réseaux d'aqueduc et d'égouts en
vertu desquels certaines municipalités avaient entrepris des travaux
sans avoir une autorisation définitive du ministre des Affaires
municipales de l'époque et du Conseil du trésor. J'avais
poursuivi, plus loin, mon interrogation en demandant au ministre de la Fonction
publique si, dans le cas des municipalités qui avaient
décidé de mettre à la disposition de leurs contribuables
un réseau d'aqueduc et d'égouts, dans le cas des
municipalités qui avaient entrepris tous les travaux d'approche
d'exécution, c'est-à-dire, qui avaient engagé soit un
procureur qui aurait obtenu les services d'une firme d'ingénieurs et
cette firme avait exécuté le travail commandé par les
municipalités de façon complète, ce qui avait comme
conséquence de placer les municipalités devant des honoraires
professionnels à payer qui, dans certains cas, étaient assez
élevés, parce qu'elles avaient fait leurs travaux pour procurer
un service qui n'existait pas avec espoir d'obtenir des subventions du
ministère des Affaires municipales.
J'avais donc demandé au ministre de la Fonction publique si, dans
le cas de ces municipalités qui devaient payer des honoraires
professionnels pour du travail exécuté, le ministère des
Affaires municipales était prêt à aider ses
municipalités à défrayer le coût de tels services.
Le ministre de la Fonction publique m'avait répondu: Bien sûr,
nous allons étudier ces cas au mérite et nous allons apporter
l'aide requise aux municipalités surtout celles dont la situation
nécessite une intervention du ministre des Affaires municipales.
J'ai fait venir la transcription du journal des Débats de notre
dernière séance pour être certain d'avoir bien compris le
ministre de la Fonction publique. J'aimerais que cette prise de position ou
cette affirmation du ministre de la Fonction publique me soit
corroborée, ce matin, par le ministre des Affaires municipales.
M. de Belleval: J'aimerais d'abord quand même donner un ou
deux détails très importants sur le sens des questions et des
réponses dont on parle ici. Cela se plaçait dans le cadre de la
décla- ration ministérielle du 22 décembre indiquant que
le ministre des Affaires municipales allait honorer les promesses, même
irrégulières sur le plan administratif, d'un ancien ministre dans
le cas où les travaux avaient, de bonne foi, été
exécutés, sur la foi, quand même, de promesses
écrites. J'avais indiqué qu'il y avait un certain nombre de ces
promesses qui provenaient du bureau du ministre et que nous en avions
retrouvé un certain nombre à la suite de l'élection du 15
novembre, promesses qui d'ailleurs n'avaient pas cheminé à
l'intérieur du ministère, ce qui expliquait que nous en trouvions
un peu partout, à gauche et à droite. Souvent il n'y avait pas de
copie de ces promesses-là, même dans les dossiers officiels du
ministère, mais les municipalités, elles, avaient des lettres,
des copies.
Alors, c'était le sens de la déclaration
ministérielle du 22 décembre.
Depuis la déclaration ministérielle, nous avons vu aux
engagements financiers un certain nombre d'engagements qui découlaient
de cette déclaration du 22 décembre. Il nous est arrivé
d'autres dossiers où il n'y avait pas de lettre écrite, mais il y
avait des engagements oraux, semble-t-il, très explicites,
circonstanciés, corroborés parfois même, paraît-il,
par des enregistrements que j'avais d'ailleurs déclarés non
clandestins. Il ne s'agissait pas d'enregistrements irréguliers, mais de
choses faites de bonne foi et au su de tout le monde. Dans le cas de ces
engagements oraux, qui ne sont pas couverts explicitement par la
déclaration du 22 décembre, le ministre devrait se pencher sur la
nature de ces engagements, et si des travaux avaient été
exécutés de bonne foi ou si des regroupements municipaux avaient
été acceptés de bonne foi, sans référendum
d'ailleurs, vous vous souviendrez, à la suite de pareille promesses
orales, le ministre examinerait chaque cas au mérite.
M. Tardif: M. le Président, si je peux ajouter un
élément à ça, vous me permettez?
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Tardif: Encore une fois, pour donner le contexte
général de ceci, effectivement, à mon arrivée au
ministère, nous avons, à la suite de nombreuses demandes
reçues des municipalités, effectué un relevé de ces
demandes pour trouver dans les dossiers des municipalités quelque $165
millions de promesses, dont un bon nombre de lettres de promesses
envoyées entre le 18 octobre et le 15 novembre.
Mon prédécesseur également, vers le 20 novembre, a
envoyé une lettre d'annulation à la plupart de ces
municipalités en leur disant: Nous avions étudié votre
dossier; cela nous semblait raisonnable. Toutefois, comme les crédits
n'avaient pas été appropriés en conséquence, vous
devrez donc reprendre le dossier auprès du nouveau gouvernement. Un
nombre de ces lettres d'annulation, ne totalisaient pas tout à fait tout
le montant des promesses envoyées antérieurement,
mais à peu près ce qu'on a retrouvé dans les
dossiers.
À ce moment-là, j'ai donc fait cette déclaration
ministérielle qui contenait trois éléments importants:
premièrement, c'est que nous allions honorer toutes les promesses qui
avaient donné lieu à un arrêté en conseil.
Deuxièmement, toutes celles qui avaient donné lieu à une
résolution du conseil du trésor. Troisièmement, toutes
celles qui, basées sur des documents écrits, sans faire l'objet
ni d'un arrêté en conseil, ni d'un CT, avaient néanmoins
donné lieu à des travaux qui étaient et
l'expression était textuelle substantiellement avancés, si
bien que de mettre un terme à cela pouvait avoir des conséquences
fâcheuses pour la municipalité.
De ces $165 millions possibles de promesses écrites, nous avons
ainsi reconnu environ $50 millions, dans un premier temps, ce qui a
amené une annulation d'à peu près $115 millions,
annulation qui avait d'ailleurs été envoyée, encore une
fois, pour un bon nombre, par mon prédécesseur.
Évidemment, il y a des villes qui ont rappliqué
très vite et qui ont dit: Nos travaux sont substantiellement
avancés, ils sont terminés à 45%, à 50% etc., et
nous en avons reconsidéré un certain nombre. En fait, sur les
$165 millions, après en avoir approuvé, dans un premier temps,
pour $50 millions, nous en avons reconnu à peu près $15 millions
encore.
Ceci était, encore une fois, pour les municipalités dans
lesquelles il y avait des documents. Depuis ce moment, nous avons reçu,
de la part des municipalités, des représentations, et on nous
disait à peu près ceci: Nous avons des promesses verbales faites
soit par l'ancien ministre, soit par un autre ministre, soit par le
député en telle circonstance qui est venu dans
notre comté et qui nous a informés que nous avions droit à
une subvention de tant. Encore une fois, malgré les recherches au
ministère, nous n'avons rien trouvé. Dans certains cas, on peut
penser que c'était non fondé, mais dans d'autres cas, encore une
fois, surtout dans ce cas où on nous a produit la bobine du discours, il
y avait véritablement un fondement aux allégations du conseil
municipal.
Pour ce montant, pour ce genre de subventions, ce genre de promesses
verbales, à ce jour, nous en avons eu pour $191 millions. Je vous parle
en plus des 165 cas étudiés, pour lesquels il y avait des
pièces: $191 millions de promesses verbales.
Dans certains cas, il y avait des travaux qui étaient
engagés. Dans certains cas, ces travaux étaient mêmes
terminés. Les villes avaient fait les travaux, sans la permission ni du
ministère, ni de mon prédécesseur, ni, parfois même,
des SPE. Dans certains cas, il semblerait qu'on l'avait fait aussi avec la
bénédiction...
Dans d'autres cas, on n'avait fait, que ce que le député
de Montmagny-L'Islet a mentionné, que faire une étude par des
ingénieurs-conseils. Je pense qu'il m'a souligné personnellement
un cas, Sainte-Lucie-de-Beauregard, qui était dans cette situation. Le
député de Johnson, M. Bellemare, m'a soumis le cas du village
Racine, dans son comté, qui était exactement dans la même
situa- tion, où un projet avait été conçu,
où on contrat avait été donné à une firme
d'ingénieurs-conseils pour un réseau d'aqueduc dans le village en
question, pour un montant global de $1,3 millions. À ce moment, je me
souviens très bien des représentations du député de
Johnson qui avait dit: Les gens du village en question n'en voulaient pas d'un
tel projet, à l'origine. Cela leur a été "vendu", entre
guillemets. Cependant, ils ont eu des élections au mois de novembre. Les
élections municipales se produisent à peu près à ce
moment. Le nouveau conseil n'en veut absolument pas.
Je me souviens très bien d'avoir dit au député de
Johnson, à ce moment: Pour toutes les villes qui viennent nous demander
des subventions, c'est merveilleux qu'il y en ait une qui vienne me dire de ne
pas l'accorder. Mais, il m'a dit: Le hic, M. le ministre, c'est qu'ils ont des
plans d'ingénieurs pour $60 000.
À ce moment, j'ai donc reçu le conseil municipal et je lui
ai dit: Que proposez-vous? Ces gens m'ont dit: M. le ministre, en dehors du
village, il y a deux ou trois sources ils ont appelé cela des
"resources" que nous pourrions capter et pour lesquelles nous pourrions
construire un réservoir, le tout, pour à peu près $50 000
à $60 000. En tout cas, si vous nous donnez $50 000, je pense qu'on
pourrait le faire à meilleur compte et vous retourner le reste.
J'ai dit: C'est merveilleux! Allez-y, cela entre dans PAIRA, il n'y a
aucun doute.
Il dit: Le problème, M. le ministre, c'est qu'il y a les $60 000
de frais d'ingénieurs. Et pour les plans, pour le gros réseau
d'aqueduc, auquel cas j'ai consenti et j'étais prêt à le
faire également à Sainte-Lucie-de-Beauregard, à faire en
sorte que la construction d'un tel réservoir pour la captation de l'eau
de source, au coût de $50 000, plus les frais d'ingénieurs
pourraient être inclus dans le programme PAIRA, et subventionnés
au même ratio que le programme en question. Je me disais, à ce
moment, que les deux ensemble totalisant $110 000, c'était quand
même moins cher, et pour le gouvernement, et pour la municipalité,
tout en répondant à ses besoins, qu'un réseau de $1 400
000 pour un petit village dont l'évaluation foncière n'atteignait
pas un demi-million.
À ce moment, c'est ce genre de règlement ad hoc, dans du
cas par cas, que nous avons commencé à faire, jusqu'à ce
que nous nous rendions compte que, les demandes se multipliant, nous
atteignions ce chiffre de $191 millions de promesses verbales.
Je voudrais terminer sur un autre élément. Bon nombre de
municipalités, après avoir reçu de telles promesses et une
fois que le programme PAIRA a été publié, s'en sont
prévalues et ont décidé de refaire, revoir leur programme,
à la lumière du programme PAIRA, qui prévoit une
subvention maximale de l'État de 75% des frais, mais en
établissant certaines normes de densité, c'est-à-dire,
deux usagers à l'acre, et et non pas ou vingt usagers par
mille pieds linéaires, ce qui donne à peu près dix de
chaque côté de la rue, quand on pense que cela dessert les deux
côtés.
Donc, bon nombre de municipalités ont fait
une demande à nouveau, en l'inscrivant dans le cadre de ce
programme. À l'heure actuelle, j'ai environ pour $275 millions de
demandes de la part de municipalités, dans le cadre du programme
PAIRA.
M. Mailloux: Le ministre, me permettrait-il de lui demander si,
quand il parle autant des lettres d'intention que de promesses verbales et,
mentionne $165 millions, $180 millions, il parle de la valeur des travaux ou
des subventions qui auraient été promises?
M. Tardif: De la valeur des travaux. M. Mailloux: Des
travaux.
M. Tardif: De la valeur des travaux. Je m'excuse, mais finalement
il n'y a pas tellement de différence entre les deux même si on ne
paie qu'au ratio de 75% maximum. Je m'explique: À cause du financement
de ces travaux, sur une période de dix ans, les intérêts
font que cela se vaut.
M. Mailloux: Vous parliez tantôt d'une somme de $165
millions pour laquelle des lettres furent envoyées à
quantité de municipalités dans le Québec. Est-ce que le
ministre pourrait me dire, sur ces $165 millions, combien de lettres avaient
été envoyées où dans le dernier alinéa de la
lettre il était indiqué que les travaux ne pouvaient être
acceptés tant et aussi longtemps que le Conseil du trésor ne se
serait pas prononcé? Je mentionne deux cas en particulier: La Malbaie,
$1,2 million; $800 000, Saint-Fidèle-de-Mont-Murray, pour $2 millions de
travaux. Il est indiqué, dans le dernier alinéa, que cette
subvention ne sera acceptable que si elle est entérinée par le
Conseil du trésor sur un budget supplémentaire.
M. Tardif: Je ne saurais dire sur l'ensemble combien ce
paragraphe en concernait. D'ailleurs, je crois avoir déposé en
Chambre, au même moment que ma déclaration ministérielle,
un exemplaire de toutes les lettres, si ma mémoire est bonne.
M. Mailloux: Quant à ces lettres, il n'y a aucun
engagement quelconque du gouvernement. L'alinéa, il n'y a pas eu de
travaux de commencés.
M. Tardif: Je crois avoir dit tantôt, dans ma
présentation, que beaucoup de municipalités avaient entrepris des
travaux sans le placet des autorités et des SPE. C'est un fait.
Maintenant, M. le Président, il faut quand même voir un peu
comment tout ceci pouvait fonctionner. C'est que, et à ma grande
surprise, même si j'ai fait un programme intitulé PAIRA qui
décrit ce à quoi les municipalités ont droit, et je ne
sais pas si la ville de Tadoussac est dans le comté du
député de Charlevoix...
M. Mailloux: Ce n'est pas loin, il faut traverser dans le
comté de Dubuc.
M. Tardif: Récemment, il y avait un article, dans un
journal, du maire de la municipalité en question qui disait: Ah bien, il
y a une chose de merveilleuse dans PAIRA, c'est que, même si je suis un
bon organisateur libéral, j'ai eu ma subvention. À ce moment, M.
le Président, en établissant ce programme, j'ai eu une surprise.
Évidemment, les municipalités qui font de telles requêtes
n'envoient parfois pas tous les documents, les plans et devis, etc., et nos
gens doivent communiquer avec les villes. Ils l'ont fait dans quelques cas pour
se rendre compte, à leur grande stupeur cela va éclairer
ce qui s'est produit et ce qui a pu se produire avant aussi que la
municipalité dit: Bien, comment, vous voulez des renseignements
supplémentaires? On ne vous a rien demandé. On n'a pas soumis de
demande dans le cadre de PAIRA. On s'est rendu compte que c'était la
firme d'ingénieurs qui avait directement soumis le projet.
M. le Président, cette dynamique fait que, même dans un
programme dûment formalisé, on peut rencontrer des choses comme
celle-là; je vous laisse le soin d'apprécier ce qui pouvait se
produire auparavant. Des firmes d'ingénieurs, finalement, tentent de
convaincre les municipalités qu'elles auraient tout intérêt
à se doter d'un réseau. Et, parfois, les municipalités
faisaient des demandes au ministère. Ces demandes on m'a dit qu'il y en
a toujours eu entre 200 et 300 et qu'on n'a jamais vu le fond du baril. Que,
selon les demandes des municipalités, des députés, des
dossiers sortaient du fond de la pile, revenaient sur le dessus, qu'on les
analysait. On n'a jamais vu le fond du baril.
M. le Président, les requêtes étaient nombreuses.
Vous n'avez qu'à prendre conscience que j'en ai déjà dans
le cadre de PAIRA, en l'espace de très peu de temps, pour $275 millions
et, dans la liquidation, pour un autre $100 millions, ce qui fait $370 millions
actuellement. M. le Président, il suffit de se rendre compte de cela
pour constater que, face à une telle demande, mon
prédécesseur, parfois, disait aux municipalités:
Écoutez, allez donc d'abord voir des ingénieurs pour faire faire
un plan, pour avoir une idée de ce que cela va coûter. Les
municipalités faisaient faire de tels plans et avaient parfois
l'impression que, du fait qu'elles ont fait des plans, c'est déjà
presque un feu vert de donné en partant.
Évidemment, une fois qu'on avait le doigt dans l'engrenage, les
plans étant faits, le cas de Sainte-Lucie en est un, on a
déjà payé $50 000 pour des plans, on est aussi bien de
continuer. C'était un peu ce qui se produisait, M. le
Président.
Je tiens à vous faire remarquer ceci, en terminant. Le budget des
Affaires municipales sur le plan des subventions d'égouts et d'aqueducs
était
de $26 millions l'an passé. Il est de $48 millions cette
année, c'est-à-dire $22 millions de plus. Ces $22 millions sont
attribués de la façon suivante dans les crédits qui ont
été adoptés: $6 millions pour payer des promesses de mon
prédécesseur, des promesses dûment approuvées par le
Conseil du trésor, en gros; $6 millions dans le cadre du programme
PAIRA, il faut savoir que ces $6 millions étalés sur dix ans,
cela peut représenter $60 millions en vertu de la façon de payer;
$10 millions dans le cadre de liquidations. Je vous laisse le soin
d'apprécier. Malgré un effort du gouvernement passant de $26
millions à $48 millions, c'est-à-dire $22 millions de plus, j'ai
pour au-delà sans compter les promesses orales et écrites,
uniquement dans le cadre de PAIRA de $370 millions de demandes.
M. Roy: M. le Président, le ministre a dit que les firmes
d'ingénieurs avaient rempli des formules et avaient envoyé des
demandes elles-mêmes au ministère. Je pose la question parce que
cela me paraît important. La plupart des petites municipalités et
des moyennes municipalités n'ont pas de services techniques. Les firmes
d'ingénieurs et je ne veux pas prendre la défense des
firmes d'ingénieurs à ce moment offrent leurs services aux
municipalités. J'aimerais savoir du ministre si les demandes qui ont
été formulées par les firmes d'ingénieurs risquent
d'être mises dans le fond du baril plus que les demandes qui ont
été faites par les municipalités elles-mêmes.
M. Tardif: Elles sont ignorées, M. le
député. À moins d'être accompagnées d'une
résolution du conseil en bonne et due forme. Pour nous ce n'est...
M. Roy: Je remercie l'honorable ministre de cette information.
J'aurais aimé en être informé beaucoup plus tôt
puisque j'ai participé à l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales..
M. Tardif: Je viens de découvrir cela, M. le
Président.
M. Roy: À la commission parlementaire des engagements
financiers, on ne siège pas ici pour représenter nos
comtés respectifs, on représente les intérêts de
l'ensemble. J'aimerais donner un exemple au ministre pour ce qui a trait
à mon comté; je veux me servir d'un exemple non pas pour plaider
la cause de mon comté, j'aurai d'autres occasions d'y revenir.
Les demandes ont été envoyées par les
ingénieurs chez nous, et cela m'explique pourquoi il n'y a pas encore
une demande qui ait été acceptée et qui se soit rendue au
bureau du ministre dans le cadre du programme PAIRA, parce que chez nous,
actuellement, le programme PAIRA porte le nom suivant je ne le dis pas
malicieusement à l'endroit du ministre le programme PAIRA PAS.
Considérant je prends mon comté, je pourrais
peut-être prendre d'autres comtés aussi que ces gens payent
des taxes, j'aimerais quand même qu'on examine la situation, parce que
les ingénieurs certaines firmes d'ingénieurs ont
offert ce service aux municipalités, et les municipalités ont
sauté sur l'occasion, parce que, pour elles et pour le secrétaire
de la municipalité, c'était un fichu problème que de
remplir toutes ces formules, elles ont été obligées
d'engager des spécialistes pour les aider et...
M. Tardif: Une petite correction, si vous le permettez. Lorsque
la municipalité mandate, en bonne et due forme, un bureau
d'ingénieurs pour faire l'étude et préparer le dossier
pour elle, il n'y a aucun problème. Ce que j'ai mentionné c'est
lorsque les ingénieurs prenaient sur eux, sans même que la
municipalité soit informée ou au courant ou les ait
mandatés de faire une telle demande.
Cela n'est pas rare, j'en ai deux.
M. Roy: J'aimerais, M. le Président... Vous avez seulement
deux cas sur 1500?
M. Tardif: Pas sur 1500, M. le Président. J'ai dit
tantôt que nous avions reçu, dans le cadre de PAIRA, pour $270
millions de demandes provenant d'à peu près 200
municipalités. Là-dessus nous n'en n'avons analysé
qu'à peu près une centaine, alors c'est deux sur 100. Ce n'est
pas énorme, j'en conviens, mais c'est quand même
symptomatique.
M. Roy: Je pense que la question est importante, c'est important
qu'on fasse toute la lumière de ce côté, parce que dans le
cas de l'exemple que je vous ai donné tout à l'heure, il y avait
déjà eu des résolutions de votées par le conseil,
des règlements d'emprunts, des autorisations obtenues du SPE, la
commission municipale et autres, mais ce sont quand même les firmes
d'ingénieurs j'en ai des copies dans mon bureau qui ont
rempli la demande des formules PAIRA, mais accompagnées de toutes les
résolutions et de toutes les démarches des municipalités.
Alors le ministre peut m'assurer à ce moment-là que
celles-là n'iront pas au fond du baril?
M. Tardif: Non.
M. Roy: Je suis d'accord que celles qui sont demandées par
les ingénieurs, sans être accompagnées des demandes des
municipalités, il ne faut quand même pas non plus exagérer.
Ce n'est pas une promotion que le ministère des Affaires municipales
doit faire pour donner du travail à certains bureaux de
professionnels.
M. Tardif: Non, M. le Président, dans le cas de PAIRA,
qu'on a dit PAIRA, PAIRA PAS...
M. Roy: Ce n'est pas moi qui l'ai inventé.
M. Tardif: Dans le cadre de ce programme il y a pour
au-delà de $20 millions de travaux pour lesquels le feu vert a
été donné. Cela sort au rythme d'à peu près
quatre ou cinq projets par semaine.
M. Roy: Pas plus de quatre ou cinq projets par semaine au
ministère?
M. Tardif: Qui sortent dûment approuvés.
M. Roy: Qui sortent dûment approuvés. Alors, quand
un comté a dix demandes, comme c'est le cas du comté que je vous
ai cité en exemple tout à l'heure, cela veut dire que les espoirs
sont faibles.
M. Tardif: M. le Président, il faut se rendre compte d'une
chose. Le programme est sorti au mois de mai, les municipalités avaient
jusqu'au 30 juin pour faire leur demande. Il y a eu 270 demandes. Bon nombre
d'entre elles, vu qu'il y avait une date, ne serait-ce que pour se qualifier,
ont dit: Nous voulons nous inscrire dans PAIRA. Aucun document à
l'appui, parfois il faut communiquer avec elles. C'était pour se rendre
éligible, il y avait au moins une lettre d'intention, alors cela suppose
que le dossier doit être complété. On nous envoie un
dossier et on nous propose des prolongements de réseaux d'aqueduc dans
toutes les directions. À cause des normes de densité
établies, nous disons: Nous allons d'abord desservir le milieu
bâti. À ce moment on dit: Vous devez circonscrire votre plan de la
façon suivante. Il faut évidemment que les Services de protection
de l'environnement donnent leur visa au projet, que nous l'évaluions
à la lumière du projet modifié, que la ville nous dise si
elle est d'accord avec un tel projet modifié. Alors il y a un paquet de
tractations. Parfois nous allons même sur place, ce n'est pas uniquement
une analyse faite dans les bureaux.
M. de Belleval: II faut dire là-dessus, M. le
Président, que la nouvelle formule, de ce point de vue, est beaucoup
plus rapide que l'ancienne. Si on prend l'ancienne formule du
pèlerinage, avant que la guérison arrive, le député
de Beauce-Sud en est certainement conscient, on passait plusieurs mois de
Marie. Le programme actuel n'est pas discriminatoire, il est ouvert. Toutes les
municipalités éligibles auront une réponse favorable, une
fois le dossier étudié et l'étude du dossier ira plus vite
que sous l'ancien système.
M. Roy: Voici...
M. Tardif: Nous espérons aller au fond du baril d'ici le
mois de septembre.
M. Mailloux: Le mois de septembre... dans huit jours?
M. Tardif: Avant la fin de septembre.
M. Mailloux: Avant la fin de septembre.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, j'écoute,
avec beaucoup d'attention, les choses très intéressantes qui se
disent autour de cette table depuis tantôt, mais je voudrais que nous
soyons très conscient qu'il s'agit ici de la commission des engagements
financiers et que nous ne sommes pas à l'étude des crédits
du ministère des Affaires municipales. Nous avons de beaucoup
débordé sur l'invitation qui avait été faite au
ministre des Affaires municipales. J'ai permis que cela puisse être ainsi
parce que c'est quand même intéressant pour la commission de
pouvoir profiter de la présence du ministre. Mais je demanderais, s'il
vous plaît, qu'il n'y ait qu'une seule intervention par parti sur cette
question et que nous puissions ensuite...
M. Giasson: M. le Président, je ne comprends pas. Nous
avons l'immense avantage d'avoir avec nous le ministre des Affaires municipales
et vous vous rappellerez que lors de la dernière séance le
débat avait porté très longuement sur la situation des
municipalités, versus le ministère des Affaires
municipales...
Le Président (M. Bertrand): La présidence s'en
rappelle, mais le président ne s'en rappelle pas.
M. Giasson: II va falloir que le président ait la
même mémoire que la présidence. Puisque nous avons le
ministre avec nous, je crois que ce matin nous devrions vider cette question.
Nous ne lui demanderons tout de même pas de revenir à tous les
deux mois pour nous préciser des choses qui font suite aux
déclarations du ministre de la Fonction publique. Nous avons le ministre
des Affaires municipales, j'ai même proposé qu'on aborde cela
immédiatement afin d'être en mesure de le libérer
aussitôt que les membres de la commission...
M. de Belleval: On a quand même pas mal fait le tour de la
question. Y a-t-il d'autres questions?
M. Giasson: Oui, M. le Président, j'ai d'autres
questions.
Le Président (M. Bertrand): Je veux qu'on s'entende
très bien. Si la commission veut procéder de cette façon,
nous allons continuer nos travaux jusqu'à une heure et nous n'aurons pas
abordé un seul article des engagements financiers du mois de juillet.
Nous n'avons, je pense, aucun avis en Chambre que nous siégeons à
15 heures cet après-midi. Ce qui peut vouloir dire que la commission
pourrait suspendre ses travaux jusqu'à la semaine prochaine sur les
engagements financiers. Comme président, je n'ai aucun point de vue sur
la question, je suis ici pour vous rendre service. Alors, si la commission, de
consentement unanime, veut entendre le ministre jusqu'à une heure, la
présidence se rendra à votre désir.
M. Marcoux: M. le Président, de toute façon,
même si nous passions aux autres articles immédiatement, en une
demi-heure, je suis convaincu qu'on ne passera pas à travers le livre,
alors il vaut mieux vider le sujet.
M. Mailloux: Cela intéresse fortement vos
députés qui viennent des régions rurales.
Le Président (M. Bertrand): Je reconnais donc le
député de Rimouski qui avait demandé la parole. Par la
suite, ce seront le député de Montmagny-L'Islet et le
député de Brome-Missisquoi.
M. Marcoux: Ma question concerne les engagements financiers pris
en vertu de PAIRA. Vous avez dit que vous avez prévu un montant de $6
millions sur l'exercice financier actuel qui suppose, une fois les programmes'
acceptés, que la municipalité passe aux actes et fait construire
son réseau. Donc, elle peut demander au ministère le paiement des
10% pour la première année. Mais, suite à PAIRA, j'ai
l'impression qu'il y a plusieurs municipalités qui vont mettre en
question l'ensemble du projet, ou une grande partie du projet, ou un projet qui
est accepté, ce qui risque que quant à PAIRA
d'après les premières indications que je peux avoir en discutant
avec différents députés même s'il y a 50
projets d'acceptés cette année, il y en aura peut-être
seulement cinq ou dix qui passeront au stade de la construction. Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu, à ce moment, de déplacer ces $6 millions
vers le paiement pour des promesses antérieures ou des liquidations
parce que si j'ai bien compris, les liquidations, c'est pour liquider le
passé aussi parce que pour PAIRA, je pense qu'on est optimiste si
on pense que l'ensemble des projets acceptés vont se réaliser et
vont impliquer des versements de fonds dès cette année? Il y a
tout un changement de la mentalité qui arrive au niveau des
municipalités quand on constate que c'est entre $300 et $450,
peut-être, que chaque citoyen devra payer pour avoir l'aqueduc et
l'égout. En recevant la réponse du ministère, ce n'est
plus automatique. La municipalité n'autorise pas l'ingénieur
à commencer les travaux. Il peut se passer une année.
M. Mailloux: Est-ce que l'arrière-pays de Rimouski est
prêt à payer cela?
M. Marcoux: Pardon?
M. Mailloux: Est-ce que vos concitoyens de Rimouski sont
prêts à payer cela?
M. Marcoux: Je ne veux pas faire de cas particulier, je pose une
question générale à partir des discussions que j'ai pu
avoir avec mes collègues.
M. Tardif: M. le Président, dans l'étude des
quelques 275 projets PAIRA les liquidations, on en parlera tantôt,
c'est autre chose nous avions le choix de procéder selon la date
d'entrée des projets, les prendre au hasard ou mettre un certain ordre
là-dedans afin précisément d'atteindre l'objectif
mentionné par le député de Rimouski. Nous avons choisi de
prendre, au départ, les projets qui avaient déjà fait
l'objet d'une approbation des SPE, de sorte que l'analyse technique se ferait
plus rapidement. Il s'agirait de voir si ce qu'on nous présente
maintenant, pour une nouvelle fois, est conforme à ce qui a
déjà été approuvé sur le plan technique.
Deuxièmement, nous avons décidé de donner
priorité à ces projets qui étaient approuvés de
façon globale, précisément, ne requérant pas une
nouvelle étude technique, à savoir quant au surdimensionnement
des tuyaux et tout cela. Un des graves problèmes que nous avons, M. le
Président, c'est que parfois, dans certaines municipalités de
3000 âmes, de 5000 âmes, on nous présente des projets pour
alimenter une population de 30 000, ou encore sur la rive sud de Québec,
ici, alors qu'il y a 50 000 personnes, on a des projets conçus pour une
population d'un demi-million, 500 000 habitants. Ce sera peut-être vrai
en l'an 2025, et encore.
M. le Président, lorsque le projet est global et qu'il n'y a pas
ces problèmes de surdimensionnement, troisièmement, l'autre
critère dans la sélection quant à l'étude des
dossiers, a été de savoir s'il y avait déjà ou non,
une soumission publique dans ce dossier. Si la soumission avait
été faite, on n'avait pas à attendre que la
municipalité aille à nouveau en soumission.
Donc, trois critères faisaient que nous pouvions assez
rapidement, une fois le projet approuvé, les SPE ayant
déjà, sur le plan technique, donné leur accord, le projet
étant, disons, dans sa dimension normale et, troisièmement, des
soumissions publiques étant déjà au dossier et autant que
possible ne remontant pas trop longtemps en arrière, parce qu'on sait
que les prix fluctuent, donner le feu vert. Si bien que dans ces projets
déjà approuvés, il y a déjà des travaux en
cours.
Quant à savoir si, véritablement, le ministère
dépensera tous ses deniers en tout cas, il va les engager, c'est
sûr est-ce que effectivement il les dépensera tous au cours
du présent exercice financier? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'effectuer je ne dirais pas un certain revirement, puisque c'est au moins le
programme, mais à tout le moins d'en utiliser une partie pour ces autres
travaux, soit dans les $191 millions de promesses verbales ou l'autre partie
des promesses écrites. La réponse que nous envisageons, en effet,
M. le Président, c'est que j'ai demandé qu'on me fasse le tour de
ces $191 millions, de voir véritablement ce qu'ils comportaient et j'ai
l'intention de faire une recommandation au Conseil du trésor et, le cas
échéant, au Conseil des ministres à cet effet.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, dans la réponse que le
ministre des Affaires municipales nous a donnée tout à l'heure,
il a justement cité le cas d'une municipalité de mon
comté, soit la municipalité de Sainte-Lucie-de-Beauregard. Or,
voici une municipalité qui avait déjà retenu les services
d'une firme d'ingénieurs avant que je sois son député,
parce que je suis revenu député de Montmagny-L'Islet en octobre
1973. Auparavant,
j'étais député de L'Islet. La municipalité
avait les services d'une firme d'ingénieurs à qui elle a
donné le mandat de faire un travail de recherche, parce qu'il fallait
absolument, compte tenu de la qualité de l'eau de chaque contribuable,
de chaque citoyen, qu'on fasse quelque chose.
Il n'y avait aucun réseau public. Chacun avait son puits ou sa
fontaine sur le plan individuel, son propre système de puisards, comme
on appelle cela dans le bout, des "sours". On m'a vu, une fois que les
ingénieurs ont eu complété tout le travail qui
était demandé par la municipalité, soit déterminer
l'ensemble du projet et obtenir les approbations du service de l'environnement
pour la disposition des eaux usées, parce qu'il y avait des
problèmes de rivières traversant le village et le terrain est
assez proche à côté. Le Service d'environnement a donc
donné des approbations; il a fait des recommandations afin de modifier
les choses. Partant de ce fait, la municipalité a lancé des
appels d'offres. Ces soumissions ont été ouvertes, on a
réalisé quel était le plus bas entrepreneur et, à
partir de ce moment, la municipalité a mis un peu de pression sur le
député pour voir l'aide qu'on pourrait obtenir du gouvernement
provincial.
J'ai demandé une entrevue à mon collègue, le
ministre des Affaires municipales de l'époque; au moment où il
recevait la municipalité, déjà l'équipe de travail
du ministère avait poussé sa recherche pour l'ensemble du
coût et les subventions possibles. Le ministre n'a pas donné
d'engagement précis. Il a d'ailleurs dit: Une étude est
déjà menée, dans quelques jours, je pourrai vous dire ce
que mon ministère peut faire. Or, quelques jours plus tard, la
municipalité a reçu une lettre du ministre, lui disant que la
subvention pouvait être de tel ordre et que, dès que le Conseil du
trésor aurait donné une approbation au versement, il l'aviserait.
Je crois que c'est en septembre 1976. La municipalité était
prête, à partir de cette première lettre, à lancer
ses travaux. J'ai dit: Non, si vous voulez un conseil, attendez donc la lettre
qui va vous venir du ministre précisant et confirmant que le Conseil du
trésor donne son acceptation.
La municipalité a accepté cette suggestion, parce que
j'avais toujours procédé ainsi, sans exception, dans le cas des
autres municipalités avec qui j'ai travaillé. Je ne sais pas si
c'est bon, mais c'était ma méthode de travail. Toujours est-il
qu'après le 15 novembre, il est survenu d'autres
événements. La municipalité devait assumer les frais
professionnels, qui étaient entiers, puisque les soumissions avaient
été lancées et que tout était ouvert. Lorsque le
programme PAIRA a été connu, la municipalité a
demandé à la firme d'ingénieurs de faire tous les calculs
nécessaires pour déterminer ce que serait le coût aux
usagers. Ceci, de façon très complète,
révélait que chaque contribuable devrait payer un montant de $535
et quelques sous.
Or, vous imaginez que, dans une paroisse comme
Sainte-Lucie-de-Beauregard...
M. Marcoux: Fin de l'histoire.
M. Giasson: ... il est absolument impossible de comprendre,
quelle que soit la qualité de l'eau...
M. Marcoux: L'épilogue, la fin de l'histoire. On sait
qu'est-ce que c'est qu'un épilogue.
M. Giasson: Vous savez donc que la municipalité a
décidé de ne pas recourir au programme PAIRA... C'est devenu "ne
paiera pas", dans le sens de l'interprétation du député de
Beauce-Sud. Cependant, elle a toujours devant elle le compte qu'ont fait les
professionnels. Il m'apparaît que, dans le cas de règlement ad hoc
dont a parlé, il y a quelques moments le ministre, on pourrait, je
crois, examiner la possibilité d'apporter de l'aide à la
municipalité.
Je ne parle pas de payer tous les frais professionnels, mais de lui
apporter de l'aide afin qu'elle puisse honorer ses dépenses parce qu'on
sait d'ores et déjà qu'elle ne peut pas procéder à
la construction du réseau tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
d'autres règles pour calculer l'aide qu'on peut apporter aux
municipalités; le député de Rimouski a lui aussi des
paroisses derrière Rimouski, il sait la capacité de payer de ces
gens.
M. Tardif: M. le Président, de mémoire, je crois
qu'il s'agissait d'un projet qui dépassait le million de dollars.
M. Giasson: Tout près du million, neuf cent et quelques
mille dollars.
M. Tardif: Je crois également me souvenir que cela
représentait à peu près une centaine d'usagers. C'est
cela?
M. Giasson: C'est cela.
M. Tardif: À ce moment, M. le Président, le
problème auquel nous faisons face, si la municipalité parle de
$500 ou plus par usager, et dit: C'est beaucoup trop pour nos moyens, je vous
laisse le soin d'apprécier que ceci ne représente que 25% des
coûts, en vertu de PAIRA, et que 75% sont ou seraient assumés par
le gouvernement, c'est-à-dire par nous, c'est-à-dire $2000 par
l'État du Québec pour chaque usager. Vous allez me dire que ce
n'est peut-être pas le cas le plus coûteux, nous avons des endroits
où il faudrait littéralement payer jusqu'à $15 000 pour
amener l'eau et les égouts à chaque citoyen qui est allé
s'installer dans certains coins, c'est prohibitif. À ce moment, si la
municipalité estime que les 25%, les $0.25 qu'elle doit mettre dans
chaque $1 pour fins d'égouts et d'aqueduc, c'est encore trop pour elle,
la décision la plus sage est peut-être de faire ce que
Sainte-Lucie-de-Beauregard a décidé de faire, c'est-à-dire
de ne pas donner suite au projet.
M. Giasson: II n'y a pas d'autre décision logique à
prendre, je crois.
M. Tardif: À ce moment, M. le Président, qu'est-ce
qui se passe avec le coût des plans du service professionnel?
M. Tardif: Cela entre dans ce montant d'ensemble de $191
millions. Sainte-Lucie en est un
cas, c'est $45 000, mais je vous dis que tout ceci, totalisé pour
l'ensemble du Québec, des plans parfois seulement, parfois avec des
moitiés de réseau, parfois avec des réseaux complets, j'en
ai $191 millions. C'est mon problème. D'accord?
M. Giasson: Pour $191 millions de frais et de coûts
professionnels?
M. de Belleval: Ou de moitiés de réseau...
M. Tardif: J'ai dit parfois des plans seulement, des plans avec
des réseaux partiellement commencés ou réalisés ou
encore des réseaux complètement réalisés. D'accord?
J'en ai pour $191 millions, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je suis très heureux des déclarations
du ministre ce matin. J'ai entendu les déclarations qu'il a faites,
d'abord en Chambre, au début de la session, et ensuite à
l'étude des crédits; lorsque nous avons commencé, le mois
dernier, à étudier les crédits et la façon dont les
subventions étaient données, on a cru comprendre qu'il avait
encore modifié cette politique et, d'après les explications qu'on
a reçues du ministre responsable à la commission des engagements
financiers, on a procédé autrement que nous l'avait
affirmé le ministre.
M. de Belleval: Que voulez-vous dire?
M. Russell: Je veux dire ceci, et vous l'avez
répété ce matin, le ministre avait dit qu'il respecterait
les engagements de son prédécesseur, chose qu'il n'a pas faite.
Ensuite, on est allé plus loin. On a dit... Un instant, je vais essayer
de compléter...
Ensuite, on a procédé à respecter les ententes
justifiées, même s'il n'y avait pas d'écrit, si on avait
des preuves on a même laissé entendre que, dans certains
cas, il y avait des enregistrements, sans qu'ils soient légaux ou
secrets, on aurait même utilisé cela comme guide pour justifier
des subventions. Lorsqu'on connaît les municipalités qui ont
procédé légalement, de bonne foi, qu'elles sont aux prises
avec un dilemme et qu'on les laisse tomber je ne me servirai pas du cas
de Bromont, mais je peux me servir du cas de municipalités comme Sutton,
comme Eastman, toutes des municipalités qui ont procédé de
bonne foi mais qui ne connaissaient pas toute la réglementation. Je ne
veux déprécier aucun maire, aucun conseiller municipal, mais
lorsqu'on est dans une petite municipalité, le maire ou les
échevins ne sont pas nécessairement des avocats, des comptables
ni des notaires, pour suivre quotidiennement la réglementation des
Affaires municipales. On procède normalement, suivant les conseils du
secrétaire, qui est plus ou moins au fait; on agit, et on est souvent
dans l'erreur.
Lorsqu'on a pris chacun des cas où on s'est aperçu que la
municipalité était en défaut, on les a mis de
côté. Quant à Eastman, on a procédé
complètement illégalement, comme l'a dit le ministre tout
à l'heure, c'est vrai.
Mais un fait demeure. Les travaux ont été
complétés. La municipalité a fait un emprunt temporaire,
à la caisse, d'un montant de $80 000. Ce n'est pas un montant
énorme. Mais c'est un petit village et on ne veut rien connaître.
Comprendre leurs demandes, c'est mis de côté; cela n'a même
pas été écouté. On a même refusé, dans
certains cas, de recevoir les conseils municipaux, parce qu'ils ne parlaient
pas français. On a même refusé de prendre les appels
téléphoniques.
Je dis ceci au ministre, je lui ai déjà dit, je lui
répète. Je déplore le fait ce matin, quand je regarde ces
engagements...
M. Tardif: M. le Président, je demande une question de
privilège. Je n'ai jamais, mais jamais refusé de recevoir aucun
conseil municipal pour les raisons imputées ou invoquées par le
député.
M. Russell: Je m'excuse. On a dit: On a refusé de recevoir
des appels téléphoniques de maires, parce qu'ils ne parlaient pas
français. On m'a personnellement dit: Qu'ils trouvent quelqu'un qui
parle français pour nous appeler. J'intervenais en leur nom, parce que
j'avais peut-être une facilité...
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, on fait une
accusation grave lorsqu'on dit: On a refusé. J'aimerais qu'on me dise
qui a refusé, quand cela a été refusé, à qui
cela a été refusé et je prendrai les mesures
nécessaires.
M. Russell: Oui. De mémoire, je parlais de M. Ethier. Je
le cite de mémoire. Je lui ai dit: J'interviens pour le maire de Sutton,
pour la simple raison qu'il a un peu de difficulté à s'exprimer
en français. Mais il m'a répondu: Qu'il trouve quelqu'un dans son
conseil qui parle français et qu'il m'appelle. Il voulait avoir l'appel
directement du conseil municipal plutôt que de noter mon intervention. Je
voulais simplement obtenir pour eux un rendez-vous pour discuter de leur
problème qui est un problème bien particulier. Il s'agit d'une
municipalité qui avait eu une lettre d'autorisation du
prédécesseur du ministre, chose qui a été
complètement annulée.
Je dis cela, parce que je trouve que c'est une injustice, cette
façon de procéder. Je ne sais pas s'il a quelque chose contre
Sutton ou contre celui qui vous parle, mais je suis certain que si c'est
là le problème, qu'il me le dise, qu'il le dise au ministre ou
à ses officiers et on prendra les dispositions pour faire en sorte que
les contribuables de Sutton ou du comté de Brome ne soient pas
privés.
M. Tardif: M. le Président, on a porté des
accusations. Je tiens à préciser encore une fois, et des mots
mêmes du député, qu'il n'y a pas eu refus. Si M. le
député invoque le fait que son maire a de la difficulté
à s'exprimer en français pour faire valoir sa demande, il pourra
aussi comprendre qu'un membre de mon cabinet ait de la difficulté
à
le comprendre en anglais. À ce moment-là, il serait
peut-être plus simple d'avoir quelqu'un du conseil qui parle
français et avec qui on pourra se parler:
Ce n'est pas là un refus de parler aux gens, monsieur.
Deuxième élément, M. le Président. J'ai dit
que tous les cas qui avaient donné lieu à des promesses
écrites, des arrêtés en conseil du gouvernement, CT, ou
encore, des promesses dûment écrites, dans les dossiers et qui
avaient donné lieu à des travaux substantiellement
avancés, les promesses seraient honorées, mais honorées,
M. le Président, à la lumière des critères du
programme PAIRA, qui implique une contribution des usagers, pouvant aller, pour
les cas de réseaux d'égout et d'aqueduc, jusqu'à $180 par
usager.
À l'heure actuelle, il se peut je ne sais pas si c'est le
cas, je vais vérifier que, dans le cas de la ville
mentionnée, pour les travaux de l'ordre de $80 000, finalement, le
coût était inférieur à $180 par usager; ce montant
était donc entièrement supportable par les citoyens en question,
encore une fois, eu égard à l'ensemble des demandes
formulées ici.
M. Russell: M. le Président, si c'était là
le cas je ne dis pas que cela n'était pas le cas cela
aurait pu être simple, étant donné qu'on a les dossiers au
ministère des Affaires municipales, de répondre par écrit
pour dire: Étant donné le montant du fardeau qui peut être
supporté par les contribuables, nous ne pouvons pas donner de
subventions. Cela aurait été facile, plutôt que
d'écrire: On ne le reconnaît pas, parce que cela n'avait pas
été un engagement de la part du ministre, ni du
ministère.
Cela laisse un mauvais climat...
M. Tardif: M. le Président, on confond les choses. Si on a
répondu qu'effectivement, on ne le reconnaissait pas, parce qu'il n'y
avait, dans ce cas-là, aucun engagement, c'était la vraie raison,
à moins... Encore une fois et je vous le dis en toute bonne foi,
M. le Président au ministère des Affaires municipales, il
y avait deux systèmes de dossiers. Je l'ai déjà dit en
Chambre le 22 décembre. Il y avait celui du ministère et il y
avait celui du ministre. Les dossiers du ministre sont partis avec le
ministre.
M. Russell: M. le Président, je voudrais... Le ministre
est intervenu, je n'avais pas tout à fait terminé. Je ne lui en
veux pas, il a voulu clarifier certaines choses. Je disais que dans le cas de
Sut-ton, il y avait là actuellement un engagement écrit et ces
gens-là ont une dépense, un fardeau sur le dos. Ils ont des
travaux et cela fait plusieurs années qu'ils essaient de les
commencer.
M. de Belleval: Vous admettez que si le coût des travaux
est inférieur, disons, à une charge par utilisateur de $180 par
année, cela fait quand même drôle de donner une subvention
à des gens qui ont le moyen d'entrer dans les normes alors qu'il y en a
tant d'autres, et on l'a vu tantôt, pour $190 millions, qui sont beaucoup
plus mal pris et qui devraient, eux, au moins, disons, recevoir quelque chose,
je pensais à Sainte-Lucie-de-Beauregard. C'est cela, le dilemme du
ministre.
M. Russell: M. le Président, ce n'est pas le point que je
déplore actuellement. Le seul point que je déplore, c'est qu'il
semble y avoir là deux poids, deux mesures. Quand on répond
à une municipalité, c'est qu'on doit compléter l'analyse
et dire qu'actuellement, il y avait un engagement, c'est vrai, mais cela
n'atteint pas le pourcentage du fardeau que devraient porter les citoyens.
Qu'on réponde selon les faits: les gens vont savoir à quoi s'en
tenir. Tout à l'heure, le ministre s'est servi du cas de Racine. Je lui
dis que le cas de Racine n'a rien réglé. Dans l'affaire de
Racine, je pourrais lui montrer où sont les sources. Je connais la
situation et ce n'est pas d'hier qu'elle existe. Il a réglé... Il
y a des frais pour $60 000. C'est une partie. La source, c'est une autre
partie, mais s'il savait que le réseau qui dessert une partie seulement
de la municipalité se fait d'un bout à l'autre... C'est un vieux
réseau, ce sont des tuyaux de bois. C'est là le réseau qui
existe; donc, actuellement, les gens vont s'approvisionner tant bien que mal.
On a juste amélioré leurs sources, $50 000; quant à moi,
cela règle très temporairement une situation.
M. Tardif: De l'avis du conseil, cela constitue une
solution...
M. Russell: D'accord, parce que les gens ne voulaient pas
s'embarquer plus que cela, étant donné la restriction, le frein
qu'a voulu mettre le ministre des Affaires municipales. La seule chose que je
voudrais ajouter, c'est ceci...
M. Marcoux: Voulez-vous soutenir qu'il aurait fallu investir $1,5
million pour une valeur municipale d'un demi-million?
M. Russell: Non, il y a une autre façon de régler
le cas de Racine, très simple. Il y a Valcourt qui a amené de
l'eau du lac Bowker. On n'a qu'à prendre un tuyau de Valcourt et
à le rendre à Racine. Là, on pourra développer tout
le rang, il n'y aura aucun problème, mais cela ne fait pas l'affaire de
certaines gens, c'est tout. Aux Affaires municipales... Non, mais je pense
qu'il y a un service aux Affaires municipales qui devrait être capable de
regarder ces choses-là. En tout cas, ce sont des cas particuliers. Je le
mentionnais tout simplement comme exemple et Racine pourrait se régler
facilement.
M. Marcoux: C'est un terrain glissant. M. Russell:
Pardon?
M. Marcoux: C'est un terrain glissant. Finalement, cela serait
aux municipalités concernées de s'entendre avec les
ingénieurs et de proposer...
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Russell: Un instant, M. le Président, je ne veux pas
embarquer là-dedans au lieu...
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Brome-Missisquoi, est-ce que vous
concluez votre intervention? Parce qu'il y en a d'autres qui ont demandé
la parole.
M. Russell: Je voudrais conclure, tout simplement, M. le
Président. Oui, M. le Président et c'est... Je veux simplement
vous dire ceci. C'est la raison pour laquelle nous avons demandé au
ministre de venir ici aujourd'hui, c'est pour nous dire s'il y avait
réellement modifications à fins politiques; deuxièmement,
s'il pouvait nous exposer la façon que l'on doit prendre pour
recommander aux municipalités, la façon que l'on doit employer
pour régler les problèmes qui existent actuellement, parce que,
dans mon comté je ne sais pas si c'est un comté autrement
des autres c'est un cas-problème. J'ai la ville de Lac-Brome,
j'ai Bro-mont, j'ai Cowansville, j'ai Sutton et ce sont tous des
problèmes à être réglés. Je voudrais savoir
de quelle façon on doit s'y prendre pour obtenir la même chose que
celles qu'il y a ici. Je pense bien que les gens n'ont peut-être pas
enregistré les conversations, mais ils ont un problème sur le dos
que les contribuables doivent supporter actuellement et ce n'est pas
facile.
M. Tardif: Régler les problèmes de ces
municipalités comme ceux-là ont été
réglés... Il s'agissait là, encore une fois, de cas de
regroupements et c'est totalement différent dans ce cas-là. Dans
le cas des subventions d'égouts et d'aqueduc, je vous ai donné le
portrait le plus global et le plus fidèle que je pourrais brosser de
cette situation de subventions écrites, de promesses écrites, de
promesses verbales et de demandes dans les nouveaux programmes PAIRA et
Liquidation pour environ $370 millions. Je conviens qu'il y en a
là-dedans qui sont des anciennes demandes, des promesses verbales ou
écrites qui sont revenues dûment formalisées et je vous
pose la question, M. le député, M. le Président, je pose
la question à tous ceux qui sont ici en Chambre. Le gouvernement qui a
fait passer d'un coup le montant de mes crédits à ce
chapitre-là de $26 millions à $48 millions a déjà
fait un effort considérable. Je vous pose la question: Est-ce que,
vraiment, il est pensable, il est possible de donner le feu vert et d'investir
comme il est demandé par les municipalités? Je vous dis, dans le
cadre actuel, que ce n'est pas possible.
Je vais tenter de faire ce qui a été suggéré
tantôt, et nous l'avions déjà à l'esprit,
c'est-à-dire de faire en sorte que les sommes qui ne pourraient pas
être affectées cette année pour des travaux en cours
puissent être utilisées dans l'analyse de projets comme ceux qui
sont mentionnés. Mais en dehors de ça, M. le
Président...
M. Russell: Une seule petite question au mi- nistre, M. le
Président, très simple. La seule chose que je vais demander au
ministre, c'est de recevoir les municipalités concernées et de
s'asseoir avec elle; ce n'est pas nécessaire de régler cela cette
année, mais regarder la situation globale et essayer de la régler
dans quelques années. C'est tout ce qu'il y a à faire. Il ne faut
pas se mettre dans le sable et faire comme l'autruche.
M. Tardif: M. le Président, je n'accepte pas ce genre
d'accusation. Je pense avoir plongé...
M. Russell: Je dis...
M. Tardif: ... et plongé drôlement dans le dossier
en essayant, autant que possible, de ne pas éclabousser plus qu'il ne le
fallait les gens qui étaient là avant moi.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons continuer notre
voyage autour du Québec dans les aqueducs et égouts de nos petits
villages, villes et cités, M. le député de Charlevoix.
M. Giasson: D'ailleurs, ça va bien nous servir...
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais simplement poser
une question au ministre et faire quelques observations sur ce qu'il a dit
tantôt. Je comprends le ministre quand il dit que certaines firmes
d'ingénieurs, par les surdimensions des plans et devis, amènent
des coûts prohibitifs, et quand on connaît les coûts actuels
de construction d'aqueducs et égouts, c'est logique que le
ministère cherche à les réduire d'autant. Il y a quand
même une lettre du ministère qui m'a estomaqué, non pas sur
le type de ville dont parlait tantôt le ministre, de 30 000 habitants et
pour laquelle on construisait un aqueduc qui pouvait en desservir 500 000.
Devant les montants quand même importants que doivent payer les
usagers d'un service d'aqueduc et d'égout, où il n'y a aucun
service organisé, est-ce que les municipalités s'informent
auprès de la Canadian Underwriters pour savoir de quelle façon on
pourrait avoir un tarif protégé là où il n'y a pas
de service d'aqueduc et d'égout? J'ai à la mémoire un fait
qui est arrivé, où la municipalité, très
réduite, disons 1000 habitants, a préparé les plans et
devis, dont la conduite d'amenée principale était de 8 pouces, ce
qui est exigé par la Canadian Underwriters pour avoir un tarif
protégé. Le ministère, dans un but d'économie, sur
le coup même, a exigé que ce soit réduit à six
pouces.
Par là, il faisait disparaître complètement la
réduction possible que pouvait espérer chacun des usagers. Je
pense que le ministre devrait quand même vérifier avec la Canadian
Underwriters, dans ces cas-là, pour savoir si la réduction que
son ministère suggère ne pourrait pas être envisagée
par la Canadian Underwriters comme susceptible de répondre aux exigences
en cas d'incendie.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais apporter une
précision ici. Je n'approuve ni la grosseur, ni
le diamètre, ni la longueur des tuyaux. Ceci relève des
Services de protection de l'environnement et de mon collègue à
l'environnement. Je n'ai rien à faire dans cet aspect technique des
dossiers. Je voulais apporter cette précision.
M. Mailloux: Ce que je voudrais ajouter, c'est qu'effectivement,
la lettre est venue des Services de protection de l'environnement, et c'est
là qu'est l'anomalie. Alors que les Affaires municipales avaient
semblé recommander une conduite de huit pouces pour la protection contre
les incendies, le ministère de l'environnement est venu réduire
à six pouces, enlevant tout le bénéfice possible que
pouvaient retirer les usagers d'un service coûteux à
organiser.
L'observation que je voulais faire est la suivante. Relativement aux
ingénieurs dont on a parlé, je pense qu'il faut avoir
été ministre des Transports et des Travaux publics pour savoir
combien ils charrient; ils sont prêts à aller de l'avant
très vite. Ce n'est pas tout à fait comme ça que ça
se passe. Je ne nie pas la pression qu'ils font sur l'ensemble des
municipalités. J'ai constaté que dans des municipalités
où il n'y a aucun service d'aqueduc et d'égout, les
municipalités ou des comités de citoyens et des usagers insistent
à cor et à cri pour avoir, comme tout le monde au Québec,
un service d'aqueduc et d'égout, et les conseils refusent
systématiquement, séance après séance.
À un moment donné, le bordel est pris dans une
municipalité, et là il faut que le conseil se prononce. Le
conseil, terre à terre, sait que pour 1000 habitants, on ne peut pas
bâtir un réseau qui va coûter $3 millions, ce qui est une
estimation sommaire avant que les ingénieurs ne se prononcent. Le
conseil repousse tant qu'il peut. À un moment donné, il ne peut
plus repousser, c'est sa démission s'il ne donne pas une réponse.
La réponse qu'il donne, vous savez ce que c'est, je pense, venant de
Montréal. C'est: Préparons des plans et devis. Quand les plans et
devis vont être prêts, les membres du conseil savent qu'en les
présentant, le ministère va dire: Non, ça dépasse
la capacité de paiement des usagers et de la municipalité.
Dans le total des centaines de millions qui sont
présentés, que le ministre, qui vient de Montréal, fasse
la tournée du milieu rural, et il s'apercevra que quantité de
conseils ont présenté des projets, non pas parce qu'ils savent
que cela peut se réaliser ils en ont besoin, je l'avoue
mais, tenant compte des subventions accordées, il n'est jamais possible
que ces municipalités puissent, à moins de subventions plus que
discrétionnaires, implanter un réseau d'aqueduc. J'ai une
paroisse en mémoire, Saint-Bernard-sur-Mer, qui est étendue, avec
700 habitants, sur un pourtour de six milles. C'est indiscutable que la
situation est devenue intenable, mais les coûts sommaires, avant
l'estimation des ingénieurs, sont au-delà de $3 millions. Ce
n'est pas 700 usagers cela fait à peu près quoi, 200
familles qui sont capables de payer un service semblable.
C'est une des raisons pour lesquelles il y a tant de plans qui sont
proposés. Je termine en disant ceci: Le ministère a fait un
effort pour ajouter aux subventions qui étaient déjà
accordées. Le ministre est surpris de l'ampleur des demandes qui sont
faites qui viennent de l'ensemble du Québec. Mais le ministre des
Finances m'a avoué, privément, en discussion, que ce n'est pas $6
millions et $20 millions qu'il fallait ajouter pour répondre aux
exigences minimales, c'est $100 millions par année. C'est un peu sur
cela que mon collègue, en période électorale, avait dit:
Cela prend un budget supplémentaire de $10 millions. Je n'approuve pas,
si vous voulez, la sorte de lettre d'intention envoyée dans la
période qu'on a connue je ne pense pas que j'aurais agi ainsi
dans la responsabilité que j'avais mais il demeure que la
pression est telle que ce n'est pas quelques millions que cela prendrait pour
respecter un peu les désirs des contribuables au minimum, c'est environ
$100 millions par année qu'il faudrait.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Tardif: Je voudrais dire un mot là-dessus, quand
même. Je pense que la situation telle que décrite par le
député de Charlevoix correspond en gros à ce que j'ai eu
aussi comme commentaire. Parfois, on a l'impression que certains conseils nous
soumettent un projet presque même si au départ il peut y
avoir un besoin pour que le ministère porte l'odieux du non,
plutôt qu'eux. On l'a constaté également. Je pense qu'il
est important que cela se dise ici.
M. de Belleval: II y a même des ministères qui font
cela avec le Conseil du trésor.
M. Tardif: M. le Président...
Une voix: Le député de Charlevoix va confirmer
cela, il a déjà été au Conseil du
trésor.
M. Marcoux: Ce n'est pas votre ministre actuel.
M. Tardif: M. le Président, à l'heure actuelle, les
gens ne savent pas, ne connaissent pas le coût des services, pour toutes
sortes de raisons, à cause de subventions, à cause du fait qu'une
partie des services de production et de distribution d'eau est
camouflée, et je n'emploie pas le mot de façon péjorative.
Dans la taxe foncière générale, on ne connaît pas,
très souvent, le coût réel de production de l'eau. Au
coût actuel et il faut savoir que les coûts ont
triplé depuis le début des années soixante-dix seulement
on estime que dans une municipalité normale du Québec,
actuellement, il en coûte entre $350 et $450 par usager pour produire
l'eau, la distribuer et évacuer les eaux usées. Je ne parle pas
de les traiter ou de les épurer. C'est le coût réel
actuellement. C'est cela que les gens doivent savoir et doivent connaître
avant de faire des demandes au conseil et les
conseils nous faire de telles demandes chez nous. C'est cela le
coût réel de l'eau à l'heure actuelle. Je n'y peux rien, M.
le Président, et quand on dit: C'est beaucoup $180 par usager, c'est la
norme minimale que nous avons établie. Je vous dis qu'à l'heure
actuelle c'est ce qu'il en coûte.
Le Président (M. Bertrand): Une dernière
très brève question, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne veux pas laisser le ministre avec l'impression que
j'ai induit la commission en erreur lorsque j'ai dit, tout à l'heure,
que dans mon comté, que j'avais pris à titre d'exemple, on
n'avait aucune subvention en vertu du programme PAIRA, puisqu'il en figure une
à l'article 402, ce matin, dans les engagements de juillet. Mais
j'aimerais bien l'expliquer, pour les membres de la commission, compte tenu de
ce que j'ai dit tout à l'heure.
M. de Belleval: On le verra quand on arrivera à cet
engagement, peut-être.
M. Roy: Je comprends, mais c'est parce que ce qui a
été dit et ce qui est écrit dans le journal des
Débats c'est important, et je voudrais apporter une nuance.
M. de Belleval: D'accord.
M. Roy: La subvention qui figure à l'article 402 n'est pas
nouvelle, c'est un changement de subvention qui avait été
accepté et annoncé l'an dernier. Dans le cas de cette
municipalité, le projet d'égout et d'aqueduc a été
présenté en trois phases; pour que les personnes, les usagers
puissent avoir leurs services, il faut que les deux premières phases
soient réalisées. Actuellement, il n'y en a qu'une seulle
acceptée, la deuxième ne l'est pas. J'aimerais demander au
ministre, dans des cas comme ceux-là, dans le cadre du programme PAIRA,
si on accordera une priorité à ces municipalités.
M. Tardif: Là où il y a un développement par
phases...
M. Roy: Là où il y en a 50% de
réalisé, mais ça fait l'objet de deux demandes distinctes,
on tiendra compte de la deuxième demande à partir du moment
où la première a été acceptée.
M. Tardif: Oui, M. le Président, nous les analysons aussi
vite que nous pouvons, encore une fois et nous voulons aller au fond du
baril.
M. Roy: Mais est-ce qu'elles auront priorité dans la
décision du ministre? Cela m'inquiète et m'intéresse. Je
pense que ça intéresse les autres, puisqu'il y a des cas
identiques ailleurs.
M. Tardif: M. le Président, la réponse est oui.
M. de Belleval: M. le Président, avant de terminer, juste
une mot pour remercier le ministre des Affaires municipales de sa "comparution"
qui a été extrêmement fructueuse pour tout le monde. La
discussion ce matin s'est déroulée dans un climat qui fait
honneur à tous les membres, je pense et j'espère que...
Une voix: Elle n'est pas encore finie.
M. de Belleval: ... nos séances de la commission des
engagements financiers, à l'avenir, pourront nous permettre de fouiller
un peu plus en détail des dossiers qui sont importants pour l'ensemble
de la population comme pour les députés.
Je remercie l'Opposition de sa contribution de ce matin.
M. Giasson: M. le Président, on a fait état lors de
notre dernière séance de cas d'enregistrements qui ont
été faits lors de rencontres entre ministres. Est-ce que l'actuel
ministre pourrait nous dire quel est le nombre de ces occasions où il y
a eu enregistrement?
M. Tardif: II y a un conseil qui m'a produit une bobine d'un
discours fait par...
M. Giasson: À votre connaissance, il y a...
M. Tardif: ... un discours et on annonçait une
subvention.
M. Marcoux: Durant la période électorale.
M. Giasson: On a enregistré un discours tout
simplement.
M. Tardif: On a enregistré un discours.
M. Giasson: Ce n'est pas un enregistrement d'une entrevue entre
un conseil municipal et le ministre.
M. Tardif: Non, non, un discours qu'on a enregistré et
qu'on nous a fait écouter et on a dit: C'est bien vrai.
M. Roy: ... qui ont fait une petite enquête, M. le
ministre, dans le Québec, je pourrais vous en fournir, moi aussi, des
copies d'enregistrement de discours.
Le Président (M. Bertrand): La commission des engagements
financiers ajourne ses travaux sine die. Nous attendrons l'ordre de la Chambre
pour une nouvelle rencontre, qui pourrait avoir lieu dans un mois.
(Fin de la séance à 13 h 2)