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Étude des crédits de la Direction
générale de l'énergie
(Vingt heures treize minutes)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, messieurs!
Nous allons commencer les travaux de la commission parlementaire de
l'énergie ayant le mandat de faire l'étude des crédits de
la Direction générale de l'énergie incorporée aux
crédits des richesses naturelles.
Sont membres de cette commission: M. Bor-deleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Desbiens (Dubuc), M. Godin (Mercier), M. Gratton (Gatineau), M.
Joron (Mille-Îles), M. Mercier (Berthier), M. Rancourt
(Saint-François), M. Raynauld (Outremont).
Sont intervenants: M. Baril (Arthabaska), M. Charbonneau
(Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Forget (Saint-Laurent),
M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M. Michaud (Laprairie), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Il faudrait, au départ, nommer un rapporteur pour cette
commission. Est-ce que quelqu'un fait une proposition?
M. Brochu: L'an passé, c'était le
député d'Arthabaska qui était rapporteur, on peut...
D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. Rancourt agirait comme
rapporteur. Est-ce que la commission est d'accord?
Des voix: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Gratton: À condition qu'il soit prêt à
travailler cette nuit.
M. Rancourt: Pardon?
M. Gratton: II n'y a pas de problème à ce que vous
travailliez cette nuit si, par hasard, on finissait. Non? D'accord.
M. Rancourt: Je suis toujours là.
Le Président (M. Dussault): II se trouvera sûrement
quelqu'un pour l'aider, M. le député. Ceci dit, je laisse la
parole à M. le ministre pour des remarques préliminaires, je
suppose.
Exposé préliminaire du ministre
délégué à l'Énergie
M. Guy Joron
M. Joron: Merci, M. le Président. Je vois que les textes
s'en viennent. J'aurais voulu les distribuer en même temps, mais, enfin,
on vous les remettra. Il sera peut-être à propos de faire un
survol des activités de la Direction générale de
l'énergie au cours de l'année dernière et de son programme
d'action pour l'année prochaine, en guise de remarques
préliminaires, avant d'aborder l'étude des crédits
spécifiquement.
L'année fiscale 1977/78 a été marquée par la
mise en place d'une nouvelle structure administrative au sein de la Direction
générale de l'énergie et par le recrutement des principaux
cadres de cette direction, que je vais vous présenter dans un moment
d'ailleurs. On se souviendra qu'au printemps dernier, le gouvernement
annonçait la nomination d'un sous-ministre associé responsable de
cette direction, M. Michel Audet, qui est assis à côté de
moi, et approuvait la création d'une structure administrative comportant
quatre directions, la direction des études et prévisions
économiques, sous la direction de M. Jean Guérin, qui est assis
ici, la direction des énergies fossiles, avec M. Claude Turgeon, qui est
là, la direction de l'électricité et des énergies
nouvelles, qui relève de M. Claude Laliberté, qui est du
côté de l'Opposition, et le bureau des économies
d'énergie, sous la direction de M. Philippe Brais.
La Commission de la fonction publique approuvait la création de
sept postes additionnels de cadres pour gérer cette structure
administrative. Les concours qui ont été lancés en mai
1977 ont permis d'attirer d'excellents candidats et les jurés ont
procédé à une sélection au cours de
l'été. Au début de l'automne, les nouveaux cadres
entraient en fonction et se joignaient à l'équipe chargée
de la préparation des travaux de base nécessaires à la
concrétisation du livre blanc sur l'énergie.
En décembre, le gouvernement publiait trois documents techniques
qui fournissaient l'information au public sur le secteur
énergétique québécois. Ces documents portent sur
l'évolution du secteur énergétique au cours des trente
dernières années, sur les traits significatifs de
l'énergie au Québec et sur les principaux problèmes du
secteur énergétique québécois. Au cous des derniers
mois, les fonctionnaires de la Direction générale de
l'énergie ont fourni un effort exceptionnel afin de permettre la
publication du livre blanc, tel que promis avant le début de
l'été, c'est-à-dire officiellement avant le 21 juin.
Les crédits 1978/79 prévoient une augmentation
substantielle, très substantielle, des fonds affectés au secteur
énergétique. De $2 700 000 qu'ils étaient en 1977/78, les
crédits passeront à près de $14 millions. Les postes
autorisés augmenteront de 35 pour être portés à un
nouveau total de 155. Les priorités du gouvernement en matière
d'énergie seront bien sûr énoncées, comme je l'ai
mentionné, dans le livre blanc que je m'apprête à rendre
public. Cependant, les crédits 1978/79 laissent déjà
entrevoir les principaux volets des interventions publiques en 1978/79,
c'est-à-dire l'économie d'énergie, d'une part, et le
développement des énergies nouvelles, d'autre part.
Au titre des économies d'énergie, le bureau des
économies d'énergie, qui a été créé
au cours de l'année et dont le siège social est à
Montréal, a
déjà assuré le démarrage d'un vaste
programme d'isolation des maisons. La première phase du programme qui
est en marche depuis le 8 mars 1978 et qui s'applique aux propriétaires
occupants, a été fort bien reçue de la population. Plus de
20 000 demandes de documents jusqu'à maintenant, ont déjà
été adressées au bureau des économies
d'énergie.
Plusieurs centaines de demandes de subventions ont déjà
été transmises et on a commencé à transmettre des
chèques à un certain nombre de contribuables.
On estime que ce programme coûtera environ S3 millions pendant
l'année en cours. À cette somme s'ajouteront les dépenses
pour le démarrage de la phase II du programme d'isolation des maisons
qui s'adressera à l'ensemble des logements loués ou si on
préfère des maisons unifamiliales louées ou des logements
situés dans des édifices à logements multiples.
Déjà une étude est en cours dans le but d'identifier les
moyens rentables de réaliser des économies d'énergie dans
ce type de logement et d'établir les modalités de mise en oeuvre
de ce nouveau programme.
L'isolation des propriétés ne constitue pas toutefois le
seul centre d'intérêt pour le bureau des économies
d'énergie. Une multitude de programmes et de projets sont en voie
d'élaboration. Ils permettront de couvrir les différentes
dimensions de l'économie d'énergie: information du public,
soutien technique à l'industrie et aux commerces, application des
mesures spéciales dans les édifices publics, introduction d'un
code du bâtiment, etc.
Je voudrais souligner que, dans l'application de ces programmes,
j'entends accorder une priorité toute spéciale au réseau
isolé d'électricité des Îles-de-la-Madeleine et de
la Basse-Côte-Nord.
En effet, si les programmes d'économie d'énergie sont
rentables pour les citoyens du Québec en général, ils le
sont davantage dans certaines parties du territoire où
l'approvisionnement en électricité se fait à partir de
groupes thermiques qui consomment de l'huile fort dispendieuse. Or, il se
trouve que les résidents de ces localités recourent davantage que
les autres régions du Québec à l'électricité
pour couvrir leurs besoins énergétiques, à la fois pour
des raisons de prix et de disponibilité.
J'ai donc demandé à un groupe conjoint du bureau des
économies d'énergie et de l'Hydro-Québec de
préparer un programme spécial couvrant les différents
aspects de l'économie d'énergie isolation des maisons,
chauffe-eau, etc. pour une application immédiate dans ces
régions éloignées.
Du côté des énergies nouvelles, la direction de
l'électricité et des énergies nouvelles a
déjà identifié et fait commencer plusieurs études
qui conduiront évidemment à la mise en marche de projets de
production d'énergie à partir de ces modes que l'on qualifie de
nouveaux, mais qui sont en réalité des sources d'énergie
redécouvertes et qui s'avèrent rentables maintenant, en raison
des nouveaux prix de l'énergie.
Au Québec, l'utilisation du bois à des fins
énergétiques s'avère particulièrement
intéressante. En effet, la production de nos forêts suscite des
quantités importantes de résidus qui peuvent être
utilisés efficacement comme source d'énergie. Plus de $500 000
seront consacrés au développement de la biomasse
forestière à des fins énergétiques. Ces efforts se
feront en étroite collaboration avec le ministère des Richesses
naturelles et SOQUEM. On pourrait même ajouter le ministère des
Terres et Forêts.
De plus, nous consacrerons près de S600 000 à divers
travaux, information, recherche et développement, projets pilotes, dans
le domaine solaire. Cette énergie, vieille comme le monde, redevient une
source très intéressante d'énergie, notamment pour le
chauffage de l'eau et de l'espace. Le Québec n'entend pas rester
à l'écart de ce mouvement et s'assurera d'être
impliqué dans le développement de cette énergie. À
cet égard, je voudrais annoncer que le gouvernement accordera un soutien
financier afin de faire de la maison Kinsmen 1978 une maison pilote au plan
énergétique, tant du point de vue de l'isolation que du point de
vue du chauffage solaire. Une entente est déjà intervenue avec
les organisateurs de cette manifestation et j'en profite pour les remercier de
leur collaboration. Si l'on ajoute aux activités déjà
mentionnées dans le domaine des énergies nouvelles, les projets
en matière de chauffage urbain, d'utilisation d'éoliennes, de
recherche en fusion, c'est plus de $2 500 000 au total qui seront
départis à ce domaine cette année.
L'accent que j'ai voulu mettre sur les questions d'économie
d'énergie et des énergies nouvelles ne signifie évidemment
pas que nous nous désintéressons des secteurs plus traditionnels
d'énergie que constituent l'électricité et les
hydrocarbures, bien au contraire.
En ce qui a trait à l'électricité, nous sommes
présentement en discussion avec l'Hydro-Québec en vue de sa
prochaine demande tarifaire. D'ici quelques mois, nous aurons à discuter
de cette question en cette même commission. La direction de
l'électricité, en plus d'analyser les demandes
d'arrêtés en conseil requises par Hydro-Québec en vertu de
la loi qui la régit, participe activement à un comité
interministériel étudiant "L'électricité comme
facteur de développement industriel". Elle est également, depuis
plusieurs mois, à la recherche de solutions pour ce qui touche les
réseaux municipaux. J'espère d'ailleurs, sur ce sujet, pouvoir
annoncer très bientôt la position du gouvernement, au moment
évidemment de la publication du livre blanc où plusieurs de ces
questions trouveront leurs réponses. La direction de
l'électricité joue un rôle de premier plan dans toutes les
questions de sa juridiction qui intéressent nos voisins: les
réseaux d'interconnexion, les relations Terre-Neuve-Québec
relatives à l'exploitation des ressources hydrauliques du Labrador,
etc.
Du côté des hydrocarbures, nos activités s'adressent
à trois aspects principaux: l'exploration du territoire
québécois, l'approvisionnement et le transport des produits et la
surveillance de la
distribution. Au titre de l'exploration, les travaux se poursuivent,
d'une part, par les études géologiques de la direction
elle-même et, pour la plus grande part, par le biais de la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières, SOQUIP. Au chapitre de la distribution, le service
de la distribution, qui est représenté ce soir par son directeur,
M. Jean Ger-vais, dans le cadre de la loi sur le commerce des produits
pétroliers, continue à surveiller les normes de manutention des
produits et plus spécifiquement les dépôts de stockage et
de transport par camion-citerne.
Au cours de l'année 1977/78, près de 12 000 visites
d'inspection ont été faites. Quelque 1425 poursuites ont
été prises et, de ce total, 1239 ont donné lieu à
des condamnations. Les dossiers indiquent au 31 mars 1978 qu'il y a 13 319
détenteurs de permis dont 8204 débits d'essence au
Québec.
L'un des aspects les plus remarqués de ces activités
concerne les déversements accidentels de produits pétroliers. Les
analyses révèlent que près de 400 000 gallons de
pétrole furent déversés, dont 243 000 ont pu être
récupérés. L'un des cas qui a le plus attiré
l'attention du public fut évidemment le cas de Saint-Eustache, dans
lequel le service de distribution fut impliqué dès la
mi-février 1978. Après une période fort difficile pour la
population et les municipalités, on peut dire maintenant que la
situation est sous contrôle et qu'un retour à la normale
s'effectue graduellement.
Enfin, la direction des hydrocarbures a porté beaucoup
d'attention aux audiences publiques de l'Office national de l'énergie.
L'une des causes qui a le plus retenu notre attention au cours de la
dernière année, a été l'audience Interprovincial
Pipeline concernant l'obtention de tarifs adéquats de transport pour le
pétrole brut entre Edmonton et Montréal. Le Québec a
soutenu le principe voulant que le sud de l'Ontario et Montréal restent
regroupés dans une zone de prix unique incluant le transport, ceci afin
de maintenir la position concurrentielle du raffinage à Montréal
et aussi la position concurrentielle de l'ensemble du secteur industriel du
Québec.
Après ce survol des activités du Bureau des
économies d'énergie, de la direction de
l'électricité et des énergies nouvelles et de la direction
des hydrocarbures, il me reste à dire un mot des travaux fort importants
de la direction de l'analyse économique. Étant impliqué
dans l'analyse des données énergétiques qui servent de
base à l'élaboration de la politique énergétique
gouvernementale, cette direction a eu au cours de la dernière
année et continuera à avoir un rôle crucial dans la
politique énergétique. Le débat énergétique
tourne souvent, en effet, autour de problèmes d'offre et de demande et
il est crucial d'obtenir les données les plus à jouer afin de
corriger le tir lorsqu'il y a lieu. C'est là l'un des mandats que
poursuivra cette direction au cours de la prochaine année.
M. le Président, ce bref résumé constitue un survol
des activités de la Direction générale de l'énergie
au cours de la dernière année. Elles peuvent peut-être
servir de tremplin à notre discussion.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
Remarques de l'Opposition M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais d'abord remercier
le ministre de ce survol qu'il vient de faire des activités de la
direction générale et lui dire que quant à nous,
l'Opposition officielle, l'étude des crédits ce soir que nous
voulons faire sera bien entendu conditionnée par le fait que le livre
blanc que se propose de déposer le ministre, nous dit-il, avant le 21
juin, soulèvera sûrement des discussions que nous pourrons amorcer
au moment où nous connaîtrons le contenu du livre blanc.
Entre-temps, je m'interroge, M. le Président, sur la façon
dont nous pourrions procéder ce soir à l'étude des
crédits. Si c'était le voeu du ministre, on pourrait
procéder par questions sur des sujets de diverses natures, sans se
soucier des programmes ou des éléments de programmes comme tels,
de façon, à moins qu'il n'y ait des accrochages imprévus,
à finir, dès ce soir, l'étude des crédits.
M. Joron: Quant à moi, je n'ai aucune objection, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Si c'est le voeu de la
commission de survoler les deux programmes, c'est-à-dire le programme 6
et le programme 7, je n'y vois pas d'objection non plus. Alors, c'est ainsi que
nous procéderons.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous, nous
n'avons pas de déclaration générale à faire.
J'aimerais aborder, lorsque... À moins que le député de
Richmond n'ait des remarques préliminaires, moi, j'aimerais aborder,
aussitôt qu'il les aura faites, la question du livre blanc, la date du
dépôt, ainsi de suite.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: D'abord, il faut bien se rendre compte que beaucoup de
questions vont tourner évidemment autour de l'éventuel
dépôt du livre blanc, et il m'apparaît que la façon
la plus logique d'étudier les crédits à ce moment-ci,
c'est peut-être de procéder sur les points qui suscitent le plus
de questions et le plus d'intérêt. En ce qui concerne, je n'ai
pas, non plus, de longues remarques préliminaires à faire, sinon
peut-être pour dire, si le député me le permet, simplement
que j'avais émis un voeu l'an passé à l'effet que
c'étaient les premiers crédits qui soient étudiés
où le ministre n'était pas en charge d'un ministère
dûment formé et je disais, à ce moment-là:
J'espère que c'est, en même temps, la dernière fois qu'on
étudie les crédits de cette façon-là. Je me
rends compte cette année qu'on se retrouve un petit peu au
même point.
Cependant, dans l'ensemble, j'aimerais rappeler également les
grandes préoccupations énergétiques qui étaient les
nôtres à ce moment-là et on se rappelle qu'au moment
où on étudiait les crédits, l'an passé,
c'était la période où le président Carter faisait
ses fameuses déclarations d'ordre général sur le
problème auquel il faisait face avec beaucoup d'acuité à
ce moment-là. Le fait demeure, même si c'est peut-être moins
évident et moins criant qu'à cette époque, la crise
énergétique, que c'est quand même un
phénomène, comme je l'avais indiqué à ce
moment-là, non temporaire, mais constant, avec lequel il faudra
s'habituer à composer. (20 h 30)
À ce moment-là, évidemment, dans ce
contexte-là, je déplorais un peu la mince marge de crédits
accordés au niveau du ministère de l'Energie. Je
m'aperçois cette année qu'il y a quand même une
augmentation respectable au niveau des crédits que le ministère
des Finances a bien voulu vous accorder, M. le ministre. Cela m'apparaît
comme étant un pas dans la bonne direction. Évidemment, on compte
beaucoup, en ce qui nous concerne, sur le fameux livre blanc qui est à
venir, et là, je pense, vont s'amorcer les grands débats.
C'est à peu près les quelques remarques que je voulais
faire pour nous resituer là-dedans et je me permets en terminant, M. le
Président, de souhaiter que ce soit peut-être la dernière
année, cette année, qu'on étudie ces crédits
à l'intérieur des Richesses naturelles et que l'an prochain, on
retrouve comme titre principal le ministère de l'Energie.
M. Joron: Si vous me permettez, M. le Président, je trouve
que la suggestion du député de Richmond est excellente. La
réponse à son inquiétude, si on peut l'appeler ainsi, la
question va trouver sa réponse bientôt, au moment de la
publication du livre blanc. En même temps, vous faisiez allusion, M. le
député, au fait qu'à la même date, l'année
dernière, alors que nous nous réunissions, le président
américain proposait un programme énergétique qu'il a eu
passablement de difficultés à faire adopter par les Chambres aux
États-unis et le processus n'est pas complété, d'ailleurs.
Je peux vous dire que, dans le cas du gouvernement du Québec, cela a
été beaucoup plus rapide et vous en verrez la
concrétisation dans quelques semaines à peine.
M. Brochu: C'est intéressant.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cela relève
aussi des remarques préliminaires, M. le député
d'Outremont? Parce que j'aurais quand même une remarque à faire
sur la procédure.
M. Raynauld: Oui, ce seraient des remarques
générales préliminaires.
Le Président (M. Dussault): Alors, allez, M. le
député d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: C'est une question, plutôt que des
commentaires. Il me semble que cela aurait été utile que le
ministre nous commente, de façon un peu plus immédiate, les
crédits tels que nous les avons ici et nous explique un peu les sujets
qui sont là, parce que les augmentations de crédits sont
considérables cette année.
Dans la déclaration préliminaire qu'il nous a lue j'ai
compris qu'il y avait quand même un certain nombre de programmes
nouveaux, un très grand nombre de postes, en tout cas, nouveaux, mais je
ne comprends toujours pas parfaitement encore ce qu'on retrouve, si vous
voulez, derrière certains postes avec des augmentations relativement
considérables. On passe de $2 700 000, si je comprends bien, à
près de $14 millions de budget et, quand je vois les traitements, cela
ne me dit rien, cela ne me dit pas ce que les gens feront.
Il faut aller un peu plus loin et, si le ministre trouvait que
c'était utile, peut-être qu'il pourrait nous aider à
tourner les pages, puisqu'on a l'intention de fonctionner sur une base un peu
plus libre que celle de faire l'étude élément par
élément. À ce moment-là, cela nous permettrait de
faire des commentaires et de poser des questions un peu plus
précises.
M. Joron: Je n'ai pas d'objection, cela peut être
intercoupé de questions, comme vous voulez; c'est peut-être une
façon... Puis-je vous demander également, si vous le permettez,
qu'à l'occasion, je demande au sous-ministre d'intervenir pour
compléter certaines explications. On peut aller...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, si vous le
permettez, je vous disais tout à l'heure que je ny voyais aucune
objection, mais je pense qu'on peut fonctionner d'une façon souple, tel
qu'on l'a prévu jusqu'à maintenant. Cependant, pour éviter
toute frustration, compte tenu que chacun des membres de cette commission a le
droit de s'exprimer et qu'il peut attendre longtemps son tour sans savoir trop
quand il pourra venir... C'est une procédure qu'on a utilisée
dans un esprit semblable à une autre commission, à savoir qu'on
fonctionne par tour de table, selon le principe de l'alternance. Pendant 20
minutes, je laisserai poser des questions. 20 minutes, cela peut être
long. Avec les réponses du ministre, cela peut donner beaucoup plus. De
toute façon, je chronomètre, si on peut dire, 20 minutes pour
chaque député, ce qui permet à chacun d'avoir son droit de
parole et de recommencer un autre tour par la suite, si c'est
nécessaire. De toute façon, on demeure souple au niveau des 20
minutes, mais cela permet à chacun de s'assurer qu'il peut avoir la
parole dans un certain ordre.
Ceci dit, c'est M. le ministre qui voulait répondre à
l'intervention de M. le député.
M. Joron: Oui...
M. Raynauld: M. le ministre, excusez-moi, pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté, compte tenu des
remarques que le président vient de nous faire, est-ce que le
président accepterait de considérer les remarques que le ministre
va faire comme faisant également partie d'une déclaration
d'ouverture?
Le Président (M. Dussault): Oui, je vous laisse terminer
sur ce que vous avez avancé, M. le député.
M. Raynauld: Pour clarifier les choses, parce que la
procédure que vous suggérez est plus contraignante qu'elle ne le
paraît de prime abord.
Le Président (M. Dussault): Elle l'est un petit peu pour
ceux qui prennent plus souvent la parole, oui; moins que ceux qui,
effectivement, souhaitent prendre la parole de temps en temps. Mais on va
essayer quand même, malgré tout, de ne pas vous priver de votre
droit de parole, M. le député.
Discussion générale
M. Joron: Alors, si on se réfère au cahier bleu et
qu'on va au détail des ressources financières en
commençant par la première page qui est le résumé
du programme 6... On a deux programmes à étudier ce soir, le
programme 6, qui est le programme de la direction générale de
l'énergie comme telle, et le programme 7, qui sont les crédits
accordés à la régie de l'électricité et du
gaz, qui est évidemment un organisme autonome.
Alors, le programme 6 a donc comme thème les crédits de la
direction générale de l'énergie. Effectivement,
l'augmentation est substantielle à cette première page où
l'on trouve un résumé des trois grands éléments:
recherches d'hydrocarbures, études et gestion interne, contrôle et
surveillance des distributeurs des produits pétroliers. Vous voyez que
c'est à l'élément 2 qu'il y a une variation
considérable. Il faut dire que la direction générale de
l'énergie, si, éventuellement, elle devient le ministère
de l'énergie, est une direction de nature un peu particulière en
ce sens que sa principale fonction est une fonction de conseil auprès du
gouvernement. Ce n'est évidemment pas comparable au ministère de
l'Éducation, ou au ministère des Transports, ou des Affaires
sociales qui sont en contact constant avec le public. C'est une direction un
peu spéciale en ce sens qu'elle est composée surtout de
professionnels et de cadres, et ses principales fonctions sont des fonctions
d'analyse, de recherche et ainsi de suite.
On peut peut-être reprendre, à partir des grands
éléments, l'élément no 1, recherches
d'hydrocarbures. On voit que les crédits passent de $331 000 à
$840 000. On retrouve ça un peu plus loin, l'explication de ces
augmentations. Alors, l'élément 1, c'est l'élément
"Services" qui constitue la principale dépense de ces $840 000. Si vous
me donnez un instant, je vais trouver le détail.
L'élément "Services" constitue près des trois
quarts de ces $840 000, au montant de $606 000. Cette augmentation, en fait,
découle de projets, de nouveaux contrats de recherche dans le cadre de
l'entente auxiliaire Canada-Québec sur le développement
minéral, portant sur trois points en particulier, des levés
sismiques dans les basses terres du Saint-Laurent, une analyse
géochimique d'échantillons de roches recueillies sur l'île
d'Anti-costi, et enfin, la détermination des endroits et la meilleure
méthode de stockage souterrain des hydrocarbures.
Peut-être M. Audet voudrait-il ajouter quelques détails
quant à cette entente qui est signée entre l'OPDQ, si je
comprends bien, et le ministère?
Il s'agit d'une entente dont une partie des fonds viendra du
gouvernement fédéral, par le biais du ministère de
l'Expansion économique régionale, une partie de l'OPDQ et,
éventuellement, une partie de SOQUIP qui s'associera au projet de
levés sismiques. Le projet lui-même, je crois qu'il sera de $1 500
000 et la contribution propre du gouvernement est indiquée ici à
environ $400 000.
Je ne sais pas si vous avez des questions particulières sur cet
élément. Évidemment, le gros élément...
Allez-y.
M. Raynauld: L'exploration en général est faite par
SOQUEM ou SOQUIP, qu'elle soit minérale ou pétrolière.
Comment se fait-il que celui-ci...
M. Joron: II s'agit de levés géologiques. Lorsqu'en
général, on a trouvé des indices intéressants,
SOQUEM, SOQUIP ou les compagnies privées, à ce moment-là,
prennent des options sur les terrains et font des recherches additionnelles
dans le but de trouver des produits, qu'il s'agisse de produits minéraux
ou d'hydrocarbures. Mais ça fait partie de la fonction "Connaissance du
territoire" et dans ce cas-là, c'est la raison pour laquelle on a
réussi à avoir une entente avec le gouvernement
fédéral et avec une compagnie, SOQUIP dans ce cas-là, qui
était intéressée à avoir également cette
information, en quelque sorte...
Il y a des choses, au départ, que le gouvernement, comme tel, est
obligé de fournir à tout le monde, compagnies privées ou
autre. C'est un minimum de cartes ou de choses semblables. Mais la direction
générale de l'énergie comme telle, fait des levés
sismiques comme ça, doit produire des cartes qui peuvent permettre
à l'industrie privée de décider si elle est
intéressée. Mais ce n'est pas de l'exploration, à
proprement parler.
M. Raynauld: D'accord.
M. Joron: Si vous voulez vous perdre dans des
considérations techniques, il y a quatre parties, il y a des
études stratigraphiques...
M. Raynauld: Je vous crois sur parole.
M. Joron: ... des levés sismiques, du stockage souterrain
et, également, de la géochimie.
M. Gratton: Au point de vue de stockage souterrain est-ce qu'on a
des indices qui nous permettent d'estimer où on pourrait faire du
stockage?
M. Joron: Où, c'est un peu tôt encore. M.
Gratton: Dans quelles régions?
M. Joron: Dans les basses terres du Saint-Laurent et possiblement
dans le bas du fleuve également, ce n'est pas impossible. Étant
donné ce que les connaisseurs géologiques nous disent,
Québec n'est pas la terre rêvée pour faire de l'exploration
pour les hydrocarbures, prce que très fractionnée, apparemment,
géologiquement. Mais ce fractionnement peut avoir pour effet d'avoir
créé des bassins qui, même s'ils sont secs et ne produisent
pas des hydrocarbures, mais peuvent devenir intéressants pour leurs
possibilités de stockage de gaz naturel, par exemple, entre autres. Ceci
pourrait s'avérer intéressant au Québec, parce que l'une
des choses qui font que si le gaz naturel, officiellement, est au même
prix, dans une zone unique, Toronto et Montréal, par exemple, il y a
quand même une variation dans le coût à la compagnie de
distribution qui l'achète, le transporteur, TransCanada Pipeline, selon
le facteur d'utilisation qu'elle est capable de prendre.
En d'autres mots, si elle était capable d'en prendre plus pour en
stocker et répartir ses livraisons d'une façon optimale...
M. Gratton: Oui, entre autres...
M. Joron: ... cela fera baisser le coût. De là
l'intérêt de trouver des réservoirs souterrains pour
pouvoir faire du stockage, ce que, pour l'instant on n'a pas.
M. Gratton: Au point de vue exploration, quelles sont les
possibilités, s'il y en a encore, dans la région du lac
Saint-Pierre, en Mauricie, au point de vue gaz naturel?
M. Joron: Vous pensez surtout au petit puits de Laduboro, a
Pointe-du-Lac? Il est maintenant épuisé.
M. Gratton: Oui.
M. Joron: C'est épuisé maintenant. Dans ce cas
particulier je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de spécial qu'on
puisse dire sur cette région. Dans l'ensemble de ce qu'on appelle les
basses terres, entre Montréal et Québec, 25 milles d'un
côté du fleuve et 75 milles de l'autre, en gros, il y a un
rectangle qui, encore une fois, sans être le coin du monde le plus
alléchant à cet égard, est quand même
intéressant. (20 h 45)
II y a eu Saint-Flavien, où on a trouvé un
réservoir intéressant, qui n'est peut-être pas
commercialisable, si on voulait le transporter sur une très longue
distance, mais qui pourrait l'être dans l'optique où il serait
relié à un gazoduc plus important qui passerait dans la
région avoisinante, ou qui pourrait être commercialisé sur
place, par des industries où, à la rigueur, même une
centrale de pointe de l'Hydro-Québec pourrait être
installée directement sur le gisement et tirer son énergie du gaz
naturel ou du gaz propane, effectivement, le mettre en contenant, et le
distribuer. Il y a une exploitation possible, mais je pense qu'avant de
décider de ce qui a été trouvé là, il faudra
attendre la concrétisation des projets d'extension du gazoduc de
Montréal à Québec qui seront étudiés par
l'Office national de l'énergie l'automne prochain.
M. Gratton: Dont on parle depuis plusieurs années.
M. Joron: Oui. Peut-être qu'on pourrait passer à
l'élément 2 qui est vraiment le plus important. C'est là
l'essentiel d'ailleurs.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, M. le
député de Mercier semblait vouloir poser des questions sur
l'élément 1.
M. Godin: C'est seulement pour savoir quelle est la partie du
territoire qui sera analysée à l'issue de la dépense de
$840 000, en pourcentage. En d'autres termes, qu'est-ce qu'on peut
prévoir comme dépenses à l'avenir, comme retombée
éventuelle et dans quel délai?
M. Joron: Les levés sismiques se font surtout dans le
Bas-du-Fleuve. Les recherches en vue d'une zone de stockage se font
également dans le Bas-du-Fleuve où des indices ont
déjà été relevés où il n'y a pas eu
encore de confirmation. C'est pourquoi on fait justement un programme
spécial.
M. Godin: A-t-on l'intention de poursuivre les recherches sur une
partie plus grande du territoire ou va-t-on se limiter à cela pour les
prochaines années?
M. Joron: II y a une partie du territoire qui,
géologiquement, s'exclut d'elle-même, c'est tout le plateau
laurentien dont les montagnes sont, dit-on, parmi les plus vieilles du monde.
Apparemment, c'est impossible de trouver des hydrocarbures dans de telles
formations géologiques. Cela restreint considérablement le champ
d'exploration au Québec aux basses terres, évidemment le
Bas-Saint-Laurent, le golfe et au large de la Gaspésie. Le Grand-Nord,
en fait, tout le reste du Québec font partie du plateau laurentien.
Comme tel, il n'offre à peu près aucune possibilité. Il
faudrait aller "off-shore". Si on est rendu "offshore" de l'Ungava, on est
rendu dans la mer de Baffin. Ce n'est pas impossible. D'ailleurs, SOQUIP
participe avec un groupe, avec un consortium qui se propose de commencer des
forages dans la mer de Baffin. Ce qu'on appelle les bassins
sédimentaires qui pourraient renfermer des hydrocarbures, cela couvre
à peu près 10% à 12% de la superficie du
Québec.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, nous allons
suspendre nos travaux pour quelques minutes, puisque nous sommes appelés
pour un vote à l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 20 h 49)
Reprise de la séance à 21 h 4
Le Président (M. Dussault): À l'ordre,
messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de la commission. Au moment où
nous avions suspendu les travaux, M. le ministre avait la parole.
Études et gestion interne
M. Joron: Merci, M. le Président. On était à
la veille de passer à l'élément 2, Études et
gestion interne, qui passe de $1 600 000 à $12 300 000. C'est là
que l'essentiel de l'augmentation se trouve, une augmentation de plus de $10
millions qui, essentiellement, est dévolue à deux choses:
à peu près $6 millions pour les activités reliées
au programme d'économie de l'énergie, et environ $3 millions pour
les programmes reliés à la promotion des énergies
nouvelles. Je peux entrer dans le détail, si vous voulez.
Des $6 millions dévolus au programme d'économie de
l'énergie, il y a environ $3 000 000 ou $3 500 000 prévus pour
les transferts directs aux particuliers, c'est-à-dire les citoyens qui
se prévaudront de notre programme et à qui nous serons
appelés à verser des subventions. C'est notre prévision.
Il est encore trop tôt, je vous avoue, pour dire si les montants
prévus s'avéreront suffisants, puisque le programme n'est en
vigueur que depuis le 8 mars. Compte tenu des délais, avant qu'on ne
commence à expédier les chèques de remboursement, il se
passe environ deux mois. On est encore véritablement dans l'enfance du
programme. Il est encore trop tôt pour pouvoir dire si les crédits
prévus seront suffisants.
Il y a aussi dans ces $6 millions dévolus globalement aux
économies de l'énergie, des salaires, puisque le Bureau des
économies d'énergie comme tel n'existait pas ou existait à
peine il y a un an. Il y a un personnel maintenant d'une vingtaine de postes
autorisés, dont la majeure partie est comblée au moment où
on se parle. Il y a passablement de salaires là-dedans. Il y a
là, évidemment, un gros effort d'information. Il y a des
coûts de publicité, si vous voulez, destinés au public en
général qui sont considérables.
On a toujours dit qu'un des principaux problèmes en
matière d'économie d'énergie était de sensibiliser
la population aux avantages qu'elle pourrait retirer, par exemple, en isolant
mieux les maisons ou en faisant des investissements du genre, par rapport au
prix actuel. Un des principaux obstacles, c'était que le public ignorait
les avantages directs qu'il pouvait immédiatement en tirer. La partie
information, la partie publicité occupe déjà une place
assez importante et continuera, j'ai l'impression, dans les prochaines
années, de nécessiter des crédits importants dans cet
effort de sensibilisation du public aux économies d'énergie.
Dans le programme, les $3 millions dévolus à la promotion
des énergies nouvelles... Est-ce qu'on trouve, dans le tableau bleu,
quelque part, une analyse plus détaillée de... Ah oui! À
la toute dernière page du document bleu, juste avant de passer à
l'organigramme présent, vous avez programme 6, supercatégories,
transfert, catégorie 10, dépenses de transfert, vous voyez
là un montant dont je parlais tout à l'heure, le petit a),
programme d'aide à l'amélioration de l'efficacité
énergétique des logements, $4 500 000, ce qui inclut non
seulement les transferts directs aux individus, mais ce qui inclut les salaires
des gens et la publicité afférente et qui n'inclut pas, par
contre, les programmes que nous sommes à élaborer dans d'autres
domaines que celui de l'isolation proprement dite des maisons. Il y a des
programmes qui concernent les commerces, les industries, etc., qui ne sont pas
là. Au petit b), ce sont essentiellement des transferts, l'aide à
la recherche et au développement des énergies nouvelles dans les
domaines suivants... Vous les avez par ordre décroissant, je crois, oui?
c'est ça. L'énergie solaire, les biomasses forestières, la
tourbe, le chauffage communautaire, etc., pour un total de $2 200 000. Vous
remarquerez qu'au poste 9, il y a divers et imprévus à l'heure
actuelle, $690 000. C'est un domaine qui évolue très rapidement.
Il y a des tas de propositions qui nous sont faites continuellement.
Évidemment, l'exercice n'étant en cours que depuis quelques mois
à peine, tous les fonds ne sont pas encore sous forme de
catégories, on ne sait pas exactement dans quelle catégorie ils
seront destinés, mais vous avez déjà l'essentiel qui est
orienté.
M. Brochu: L'an dernier, au chapitre de la recherche et du
développement des énergies nouvelles, on n'avait aucun montant
d'accordé, aucun projet de recherche n'avait été
subventionné dans ce sens. C'est une première dans le
domaine.
M. Joron: C'est une première. C'est le début.
Évidemment, vous me direz que c'est encore extrêmement modeste, si
on pense à ce qui se fait aux États-Unis et dans certains pays
européens. Mais, enfin, c'est le début et ce sera sans un doute
un chapitre croissant j'en ai l'impression, dans les crédits des
années à venir.
M. Brochu: À ce chapitre de la recherche en énergie
nouvelle, l'année dernière, on avait fait état de
certaines autres recherches qui étaient faites dans certains autres
pays, entre autres, en Australie, en ce qui concerne le chauffage solaire, par
exemple, où, apparemment, certains hommes de science étaient
à mettre au point certaines techniques dans ce domaine. Je vois ici des
montants accordés pour de la recherche spécifique dans ces
domaines. Est-ce que l'approche du ministère comprend également
une certaine recherche par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays,
sur ces sujets, ou si ce sont simplement des montants qu'on accorde, par
exemple, à des groupes de recherche spécifiques, ici?
M. Joron: Non, il y a, évidemment, tout un montant qui se
perd dans les traitements de l'ensemble des fonctionnaires dont certains ont
justement pour fonction de se tenir au courant, de faire la mise à jour,
de suivre l'ensemble des
recherches qui se font un peu partout dans le monde, alors, vous ne le
voyez pas directement.
À cette page-là, en particulier, on parle de transferts.
Donc, c'est, par exemple, une subvention pour la maison Kinsmen, ou un contrat
avec le CRIQ pour des capteurs solaires, un contrat de $100 000, je pense, avec
INRS Energie, de l'Université du Québec, pour des renseignements
qui sont fournis. On en a une liste, ici: $121 000, par exemple, avec
l'Institut national INRS, Centre d'énergie de Varennes, une subventin
pour réaliser la première phase d'un projet de recherche en
énergie solaire visant à mettre au point une technologie
adaptée aux besoins du Québec pour le chauffage intégral
des bâtiments.
Dans d'autres domaines, par exemple, vous avez une subvention de $100
000 à l'IREQ, Institut de recherche en électricité de
l'Hydro-Québec, qui est une contribution directe du gouvernement
à la construction d'un prototype expérimental de réacteur
de fusion thermo-nucléaire, dans un autre domaine des énergies
dites nouvelles. Il y a $23 485 au club Kinsmen de Québec pour la
modification du projet initial de la maison Kinsmen en maison solaire, en plus
d'une campagne d'information et de promotion pour les chauffages solaires. Il y
en a toute une liste comme cela.
M. Brochu: II y en a plusieurs dans ce sens. Mais, le sens de ma
question, je vais la formuler autrement, est-ce qu'il y a quelqu'un, au
ministère, qui est chargé d'essayer de s'informer de ce qui se
fait ailleurs dans le domaine de la recherche, peut-être pour
éviter aussi certains dédoublements ou pour profiter, si c'est
possible, de ces échanges avec d'autres pays ou avec d'autres
groupements sur le plan international de ce qui s'est déjà fait
ailleurs?
M. Joron: C'est le point de départ; c'est ce qu'il faut
commencer à faire au départ, parce qu'évidemment, on ne
peut pas prétendre pouvoir et vouloir doubler tous les efforts qui se
font partout à travers le monde. Il faut arrive à concentrer nos
efforts financiers dans les spécificités
québécoises, entre autres, par rapport au climat. Le chauffage
solaire a un intérêt, ici, mais il aurait une dimension
différente dans l'État de l'Arizona, par exemple. Cela demande
des capteurs, des collecteurs solaires d'une nature différente, d'une
qualité différente. Il y a des choses spécifiquement
liées à la spécificité
québécoise.
Il y a une autre priorité qui nous vient immédiatement
à l'esprit, c'est vers tout ce qui est relié à la
matière forestière, à la biomasse forestière,
étant donné que le Québec, parmi les pays du monde, est un
de ceux qui disposent des plus grandes ressources forestières par
habitant. Il y a des pays on l'évoquait déjà
l'année dernière qui, dans leur consommation
énergétique, utilisent le bois qui ont moins de bois que
nous mais qui l'utilisent dans une proportion beaucoup plus grande que
nous. Il y a beaucoup de chemin qui peut être fait et qui commence
à être intéressant, compte tenu des prix actuels de
l'énergie.
Il y a des réserves de tourbe extrêmement
intéressantes au Québec, non pas pour fins agricoles, mais pour
fins énergétiques, tourbe qui ressemble en quelque sorte, on
pourrait dire vulgairement, à une sorte de charbon, qui est
utilisée dans d'autres pays comme l'Irlande ou la Finlande, pour la
production de l'électricité, par exemple, et qui pourrait
l'être ici. (21 h 15)
Dans certaines régions plus isolées du Québec,
comme le Bas-Saint-Laurent, où les gens y sont favorables, je pense
à la Côte-Nord, aux Îles-de-la-Madeleine, à la
Gaspésie, l'énergie éolienne peut être
intéressante. Un peu partout où il y a une concentration urbaine
suffisante. Il faut penser au chauffage urbain, c'est-à-dire à la
possibilité de brûler ou de faire la pyrolise des déchets
urbains, des vidanges et de s'en servir comme source de chaleur, de chauffage
de districts urbains, par exemple, ainsi de suite. C'est à peu
près dans cet ordre-là que nos priorités en matière
d'énergies nouvelles, ou plutôt d'énergies
redécouvertes, ont été classées.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous donner un aperçu des programmes spécifiques qu'il
pourrait y avoir présentement pour l'instauration de nouveaux programmes
d'économie d'énergie?
M. Joron: Oui. Dans les nouveaux programmes d'économie de
l'énergie, je disais préalablement, pour l'instant, le programme
d'isolation des maisons occupées par le propriétaire, construites
en 1946, s'applique depuis le 8 mars, mais ce qui va venir par la suite, c'est
que ce programme va graduellement s'étendre pour couvrir toutes les
maisons, les plus récemment construites, au fur et à mesure, non
seulement que les crédits seront disponibles... Ce n'est pas tant une
question de crédits, encore une fois, qu'une question de pouvoir
répondre à la demande adéquatement. Par exemple, si on
avait ouvert le programme... En ce sens-là, vous vous rappelerez
peut-être que le programme fédéral, qui était
passablement différent du nôtre et qui, en fait, pour le
propriétaire, offre moins d'avantages que le programme
québécois, qui peut être complémentaire au
nôtre aussi, couvrait, au départ, les maisons construites avant
1921.
On a fait des représentations, comme d'autres provinces en ont
faites, auprès du gouvernement fédéral et il a
modifié les dates pour ramener cela à 1946. Pour l'instant, c'est
1946. Dans un délai que je ne peux pas déterminer encore, on
essaiera de couvrir les maisons subséquemment construites, à
1946. Un des principaux problèmes, c'était le manque de
matériaux isolants. Ce qui serait arrivé si, par exemple, le
programme avait été ouvert instantanément "at large", si
on peut dire, c'est qu'il y aurait eu, évidemment, un manque de
matériaux isolants. Cela se serait probablement traduit par une
montée des prix, ce qui aurait fait perdre un des avantages de
l'économie qui est implicite dans ce genre de programme. Il se
serait
également traduit par des importations accrues provenant des
États-Unis ou d'ailleurs. Alors, il a fallu, en d'autres mots, agencer
l'ouverture de ce programme avec la capacité de notre industrie
d'accroître sa production de matériaux isolants. Cela s'est fait
en relation assez étroite avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce et nous suivons cela de près. À l'heure actuelle,
plusieurs fabricants de matériaux isolants au Québec sont en voie
d'agrandir leurs unités de production. Il y a de nouvelles entreprises
également qui sont en train de s'établir dans ce domaine.
M. Gratton: Si je comprends bien, les Québécois qui
reçoivent une subvention pour l'isolation de leur maison ne sont pas
tenus d'acheter de l'isolant au Québec, que je sache.
M. Joron: Non. Ils sont tenus à certaines normes,
c'est-à-dire qu'il y a une liste de matériaux admissibles quant
à leur valeur intrinsèque, mais l'origine de la fabrication des
matériaux ne fait pas partie du programme.
M. Gratton: J'aimerais souligner à l'attention du ministre
une situation qui est particulière aux régions
frontalières, spécifiquement dans l'Outaouais, où, le
ministre le sait peut-être, l'isolant n'est pas taxé au point de
vue de la taxe de vente en Ontario. On reçoit des représentations
le ministère a dû en recevoir également des
vendeurs d'isolant québécois qui disent: Est-il normal que le
gouvernement du Québec subventionne, avec des deniers
québécois, les gens pour isoler leur maison et que ces
gens-là, sachant qu'ils ne paieront pas de taxe en allant l'acheter en
Ontario, le fassent de façon très régulière?
M. Joron: Je vois bien que cela peut poser un problème
dans certaines régions frontalières. Il y a différents
moyens qui étaient disponibles au gouvernement pour subventionner
l'isolation en général, le moyen fiscal, par exemple, celui de
détaxer les matériaux isolants en était un, on a
préféré choisir une subvention. On aurait pu, par exemple,
détaxer les matériaux et offrir une subvention moins grande
à titre d'exemple, ou faire comme le fédéral, rendre la
subvention imposable, parce que la subvention fédérale est
imposable, la nôtre ne l'est pas. On aurait pu ne pas couvrir la
main-d'oeuvre, comme c'est le cas du programme fédéral, mais on a
choisi, pour toutes sortes de raisons, non seulement parce que ce n'est pas
tout le monde qui est capable de bricoler dans sa maison et de poser ces
matériaux, mais parce qu'en couvrant les frais de main-d'oeuvre, on se
trouvait à stimuler l'emploi, sans doute à procurer de l'emploi
dans le domaine de la construction, et ainsi de suite.
Évidemment, parmi toutes ces possibilités, on a choisi ce
"package", si je peux m'exprimer ainsi. Le ministre des Finances n'a pas retenu
la possibilité de détaxer les matériaux de construction
comme tels, préférant plutôt y aller d'une subvention
directe plus grande aux consommateurs.
M. Gratton: II n'est pas question, pour l'année en cours
ou l'année prochaine, de changer quoi que ce soit.
M. Joron: Non, je ne dirais pas que c'est exclu. Ce n'est pas
exclu par principe, disons. Mais pour l'instant...
M. Gratton: II n'y a personne qui s'est penché
là-dessus et qui s'en préoccupe...
M. Joron: II n'est pas...
M. Gratton: ... de façon particulière
présentement.
M. Joron: Je voudrais ajouter comme précision, que pour un
montant donné de $5 millions, évidemment, les subventions
incitaient plus à isoler que la détaxation des matériaux
isolants, qui, elle, couvrait toutes les maisons, y compris évidemment
la construction nouvelle qui ne sert pas à de l'isolation
supplémentaire et les gens qui isolent davantage.
Cela permettait d'identifier plus facilement les clients.
Une autre chose, c'est qu'en détaxant les matériaux
d'isolation, on n'avait pas la garantie que le vendeur de matériaux en
question allait passer automatiquement le bénéfice aux
consommateurs. Il y avait eu une possibilité d'augmentation des prix qui
nous agaçait un peu.
M. Gratton: Remarquez bien, je n'en ferai pas grief au ministre.
C'est simplement une constatation de faits. D'ailleurs, dans l'Outaouais, on
est habitués à être différents des autres, non
seulement à ce point de vue, mais à bien d'autres points de vue.
Je n'en fais pas une question de principe moi non plus.
Je demanderai donc au ministre de nous dire on a parlé de
l'isolation des maisons ce qui en est des nouveaux programmes.
M. Joron: Les nouveaux programmes, ce sont les autres maisons,
les maison plus récentes. Ensuite, il y a les autres catégories
de logements, les logements à louer qui ne sont pas couverts cette
année. Ça posait une difficulté. Le programme n'est pas
encore établi. La difficulté qu'on a, c'est comment faire pour
éviter que le propriétaire qui jouirait d'une subvention pour
isoler une maison à revenus, ne passe cette dépense en capital
à ses locataires sous forme de loyers supplémentaires. Cela
implique qu'on regarde de près ce que prévoit la Régie des
loyers, les lois qui régissent les loyers, et tout ça.
Peut-être que cela impliquera une addition ou une modification à
ces lois. C'est un autre programme à venir qui, je l'espère, sera
élaboré avant la fin de cette année.
Les autres programmes, en dehors de l'isolation je
l'évoquais dans mes remarques d'ouverture ce sont les programmes
spéciaux couvrant tout dans les régions isolées, comme les
Îles-de-la-
Madeleine et les réseaux qui ne sont pas reliés à
l'Hydro-Québec, ou à cause de l'uniformité des prix de
l'électricité au Québec. Aux Îles-de-la-Madeleine,
on produit l'électricité par génératrice diesel.
Vous imaginez que ça coûte passablement plus cher qu'un coût
moyen de production d'électricité dans l'ensemble du
Québec.
Le prix de vente au consommateur étant le même, les prix
des produits pétroliers étant ce qu'on connaît, tout le
monde passe au chauffage électrique. C'est une aberration dans un sens,
parce qu'on se sert du pétrole dans ces lieux pour faire de
l'électricité. Pour chaque kilowatt que l'Hydro-Québec
vend dans ces régions, on perd une somme énorme d'argent. Il
faudrait au moins s'assurer que l'isolation des maisons est
adéquate.
Ensuite il y a le programme Energiebus; il s'agit d'un petit autobus
outillé d'appareils électroniques, qui va se promener un peu
partout à travers le Québec, disponible aux industries,
principalement aux petites et moyennes entreprises, les plus grandes
entreprises ayant probablement les moyens ou les ressources de fabriquer
elles-mêmes, elles se sont déjà penchées sur leur
propre programme d'économie d'énergie interne. Les petites et
moyennes entreprises sont moins bien équipées pour cela. On va
leur offrir ce service de diagnostic qui, en somme, va permettre, par une
visite relativement rapide, à l'aide de ces instruments et des experts
qui accompagnent l'autobus en question, de faire un diagnostic assez rapide,
d'où proviennent les principales pertes d'énergie dans une
entreprise, et déjà d'indiquer là où sont les
principaies causes.
Ensuite, il y a un programme d'efficacité des appareils de
chauffage, où des pertes d'énergie considérables sont dues
à l'inefficacité de certains types de brûleurs, ou certains
types de systèmes d'aération dans les édifices
commerciaux, etc.
Il y a la participation de la direction générale de
l'énergie à des prorammes gérés par d'autres
ministères, pour tout ce qui regarde le public et le parapublic. En
même temps que le gouvernement prêche la nouvelle vertu
d'économie d'énergie à l'ensemble de la population,
évidemment, il se doit d'être le premier à la pratiquer. Il
y a l'ensemble de nos édifices publics et les réseaux, je pense
aux réseaux scolaire et hospitalier, entre autres, qui vont devoir
passer chez le docteur à cet égard.
M. Gratton: Mais jusqu'à maintenant, il ne s'est rien fait
de ce côté-là.
M. Joron: Oui, c'est assez avancé.
Il y a un programme qui a été mis au point pour les
édifices gouvernementaux et le Conseil du trésor a
déjà adopté des fonds pour améliorer l'isolation et
également, l'efficacité du chauffage. Selon l'évaluation
qui a été faite, les dépenses dans ce secteur
étaient remboursées en moins de trois ans, pour les
édifices publics eux-mêmes.
Les investissements nécessaires pour améliorer
l'efficacité thermique des bâtiments sera remboursée en
trois ans par la baisse des factures de chauffage.
C'est une économie nette.
Après cela, c'est acquis pour l'éternité. C'est un
placement drôlement rentable.
Et il y a les campagnes d'information générale de
sensibilisation du public, tel que je l'évoquais un peu plus tôt.
Cela prendra toutes sortes de formes: dépliants, émissions de
radio, de télévision si possible, etc.
M. Brochu: À ce chapitre, est-ce que le ministre me
permettrait une brève question? Sur la campagne de publicité qui
a déjà été amorcée, il y a certaines
annonces qui sont faites à la télévision et dans les
journaux. Est-ce qu'on a mesuré un peu l'impact de cette première
approche en ce qui concerne la sensibilisation du public à la
conservation de l'énergie, ou si c'est à venir dans une autre
phase du programme?
M. Joron: Disons qu'au Québec, il y a eu essentiellement
deux campagnes qui ont été faites: L'une par le Bureau des
économies d'énergie directement reliée à notre
programme d'isolation des maisons. C'est une campagne très
spécifique faite spécialement par les journaux, dont les messages
étaient une invitation à demander de la documentation, des
formulaires et des trucs comme cela. La réponse a été
excellente, je l'ai mentionné au début. C'est un peu plus de 20
000 en deux mois, deux mois et demi d'opération. La réponse
semble être bonne.
L'autre chose qui s'est faite, qui ne relève pas de nos budgets
à nous, mais qui s'est faite en matière d'économie
d'énergie au Québec depuis un an, c'esi la publicité de
l'Hydro-Québec, plus directement reliée à
l'électricité comme telle.
M. Brochu: C'est à celle-là que je faisais
allusion.
M. Joron: Je n'ai pas, maintenant, de rapport précis. Je
ne pourrais pas vous donner de chiffres, sauf que globalement, je peux vous
dire que l'Hydro-Québec est satisfaite des résultats de sa
campagne. Elle a pu mesurer, sans que je puisse encore vous fournir les
chiffres, un effet certain à ces campagnes. Je pense qu'on aura
l'occasion quand, en commission parlementaire, on verra les gens de
l'Hydro-Québec pour étudier leur rapport annuel, leurs
états financiers et les propositions tarifaires des prochaines
années. On aura peut-être l'occasion d'avoir plus de
détails à ce moment-là. (21 h 30)
J'aimerais ajouter qu'au cours de l'été, il y aura un
programme d'évaluation de ces campagnes qui sera fait par les
étudiants engagés par le bureau des économies
d'énergie pour justement recueillir ce qu'on appelle en jargon le
"feedback" de la population sur l'effet de ces programmes. Il y en a toute une
série d'autres. Il y a des programmes d'efficacité
énergétique pour les édifices commerciaux que nous sommes
à élaborer, des programmes de thermographie. Vous en avez
peut-être entendu parler, il y a deux ou trois semaines. Le premier du
genre a été lancé à Joliette. Cela aurait
donné d'excellents résultats. Cela nous
incite à vouloir continuer et à répéter
l'expérience dans d'autres régions du Québec.
Il y a des programmes spécifiques, le programme d'isolation des
églises et autres bâtiments de même nature, par exemple. Ce
sont des choses qu'on ne peut pas catégoriser comme industries,
commerces ou résidences. Il y a des programmes d'efficacité
énergétique pour les bâtiments dont les
propriétaires désirent la conversion à
l'électricité. Il n'est pas impossible, on y songe, étant
donné le rythme de conversion annuelle au Québec de logements
chauffés par quelque forme d'énergie que ce soit à
l'électricité, que l'on puisse vouloir contrôler les
logements qui se convertissent ainsi pour qu'ils aient une isolation
adéquate, par exemple. Avant d'exiger cela, il va falloir
évidemment informer les gens et leur offrir un programme a cet
égard.
Il y a des semaines de l'énergie que l'on veut tenir dans chaque
région du Québec au cours de l'année prochaine, comme il y
en a eu une entre autres qui a fort bien réussi dans le bas du fleuve,
à Rimouski, le printemps dernier. Elle était organisée par
la Ligue électrique du Québec de la section Bas-du-Fleuve et
à laquelle nous avons collaboré. L'expérience a
été suffisamment bonne et a suscité assez
d'intérêt dans le milieu pour nous inciter à vouloir la
répéter dans d'autres régions du Québec.
Enfin, dans les programmes reliés au monde de l'éducation,
on pense, par exemple, comment pénétrer le milieu scolaire. On
est en contact évidemment avec le ministère de l'Éducation
pour essayer d'introduire, dans la programmation même du contenu
scolaire, des cours, peut-être pas spécifiquement sur la
conservation de l'énergie, mais dans le cadre général de
ce qu'on pourrait appeler le respect de l'environnement, de l'écologie,
etc., pour introduire la dimension énergie, la dimension économie
de l'énergie dans cette préoccupation.
En gros, c'est le genre de programme dont vous verrez plus de
détails d'ailleurs au moment de la publication du livre blanc.
M. Brochu: Du livre blanc. Tout cela revêt quand même
un caractère assez particulier et intéressant. Le ministre se
rappellera les discussions qu'on avait eues en commission parlementaire
lorsqu'on a siégé sur l'analyse globale de la situation
énergétique au Québec, comme aussi lors de l'étude
des premiers crédits l'an dernier.
On se posait la question suivante: Le public est-il vraiment conscient
de la situation de la crise énergétique ou ne faudrait-il pas
attendre le jour où la personne va se présenter chez son
détaillant d'essence qui dira: II n'y en a plus ce matin. Je caricature
un peu pour montrer la situation, mais il existe une situation de fait
où la conscientisation a besoin d'être faite sur une
échelle assez large, si on veut obtenir une participation. De prime
abord, tant que la nature humaine ne sera pas obligée ou mise devant un
état de fait, elle sera portée à fonctionner de la
façon habituelle, c'est-à-dire dans le contexte le plus large
possible de l'utilisation de tous les moyens les plus faciles
d'énergie.
C'est pour cela que ce dont le ministre parle actuellement revêt
un caractère particulier. Je pense qu'il pourrait mettre davantage
l'accent là-dessus dans les mois et les années à
venir.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Outremont, est-ce sur le même sujet?
M. Raynauld: Oui, toujours.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je voudrais revenir sur le montant de $4 500 000 qui
fait partie des transferts. Cela veut dire que ces $4 500 000 vont en
subventions. Ce sont des dépenses de transferts. Il n'y a pas de
traitement de fonctionnaires là-dedans ou quoi que ce soit. Ce sont des
subventions qui sont données..
M. Joron: Pour les diverses parties des programmes qui ont
été mentionnés tantôt, qui vont donner lieu à
des transferts aux individus.
M. Raynauld: Ce sont vraiment des dépenses de transferts.
Est-ce qu'on peut retrouver là-dedans combien cela coûte pour
administrer ce programme de $4 500 000 de subventions? J'essaie de relever
cela, parce que presque partout, on a... Je voyais à la section des
traitements, une vingtaine de personnes, de postes qui sont prévus pour
cela, $335 000...
M. Joron: II y a...
M. Raynauld: Après cela, il y a les communications, c'est
à cela aussi, je pense.
Oui, je m'excuse, c'est exact. On dit: Ces crédits servent
à couvrir les traitements du personnel occasionnel et étudiant.
Il y a $300 000, à autres rémunérations. À vrai
dire, ce n'est pas pour administrer ce programme, par exemple.
M. Joron: Ce programme est administré, effectivement,
presque essentiellement par des occasionnels, sauf le directeur.
M. Raynauld: Ensuite, à l'élément
communications, je pense qu'il y a un autre montant de $300 000.
M. Joron: Ce n'est pas de la publicité comme telle. Les
communications, ce sont les frais de voyage, je pense.
M. Raynauld: Ce n'est pas important. C'est parce qu'il me
semblait que j'avais trouvé un autre montant de $300 000 ailleurs.
Enfin, la question plus générale, c'était seulement des
ordres de grandeurs auxquels je pensais. C'était le coût pour
administrer un programme comme celui de l'isolation des maisons, que j'avais
à l'esprit.
M. Joron: Le coût en publicité, si on le met en
rapport aux subventions directes, est assez élevé. Il est environ
de $500 000, la provision pour la publicité. Cela se relie à ce
que je disais un peu plus tôt. Un des problèmes essentiels dans
cette matière, c'est de provoquer la demande. Au départ, il y a
une grosse dépense d'information à
faire. On fait cet effort cette année. D'autre part, il est
difficile, outre les occasionnels qui administrent le programme, de relier le
coût d'administration... Par exemple, la question que vous posez, c'est
de savoir quel pourcentage les dépenses courantes en traitements du
Bureau des économies d'énergie sont attribuables à ce
programme. Ce serait assez difficile à...
Actuellement, pour les occasionnels, c'est environ $350 000 pour $3 500
000, en gros, de subventions. Cela veut dire 10% environ.
M. Raynauld: L'autre, à la page 5, qu'est-ce que vous en
faites? Vingt hommes...
M. Joron: II y a de la publicité pour $600 000, à
part cela, mais ce n'est pas des...
M. Raynauld: II y a celui à la page 5, études et
recherches concernant les hydrocarbures et l'électricité. Je ne
m'attendais pas à trouver cela là, mais on dit: 20 postes
additionnels, dûs en grande partie à l'implantation du programme
québécois d'isolation des maisons. On en retrouve 20 de plus.
M. Joron: Ce sont des postes d'occasionnels qui ont
été attribués à cela.
M. Raynauld: Les occasionnels sont à la page 6.
M. Joron: La page 5 et la page 6, c'est la même chose. La
page 6, c'est le détail de la page 5, par élément.
M. Raynauld: Ah oui?
M. Joron: Oui, c'est ça.
M. Raynauld: Ah bon! D'accord! Cela va.
M. Joron: La page 6 reprend la page 5, en la divisant en trois
éléments.
M. Raynauld: Reprend la page 5, d'accord. Cela marche.
M. Joron: Peut-être voulez-vous que...
M. Raynauld: II restait les services, $2 600 000, toujours
à l'élément 2. Je pense qu'on a couvert ça tout
à l'heure, à moins que ce soit différent, mais il y avait
à la page 11, si je comprends bien...
M. Joron: Pages 10 et 11, oui.
M. Raynauld: Oui, pages 10 et 11 qui donnent les détails.
Ici, on a encore des contrats de recherche et d'étude, $850 000. Comment
cela se compare-t-il avec la dernière page que vous nous avez
expliquée tout à l'heure, M. le ministre, la page 18, où
on retrouve encore des recherches et des études, solaire, biomasse
forestière, tourbe, chauffa- ge communautaire, $850 000? On avait $2 200
000 déjà.
M. Joron: Ce sont des contrats et les autres sont des
subventions.
M. Raynauld: À la page 11, ce sont les contrats?
M. Joron: C'est exact. La dernière page, ce sont les
contrats de recherche et la page 18, ce sont les subventions.
C'est ça. La page 18, dont on parlait tout à l'heure, ce
sont des subventions à l'INRS, l'IREQ, etc., dont on donnait des
exemples tout à l'heure, ce qu'on a ici à la page 11, ce sont des
contrats essentiellement, dont les principaux, vous les voyez sous
l'élément 2, prolongement et mise en marche de programmes
à économiser l'énergie à être mis en oeuvre
par le bureau d'économie de l'énergie, par exemple, pour $1 145
000. Dans ça, il y a des contrats de service avec des firmes
d'ingénieurs... Est-ce qu'on a une liste? On pourrait donner des
exemples de ce que ça couvre.
Je prends, par exemple, un contrat avec une firme d'ingénieurs de
Québec pour l'étude d'un avant-projet pour l'implantation
d'unités de fabrication de combustible salubre par
récupération énergétique des déchets
urbains. Une autre, concernant l'identification des...
M. Gratton: Est-ce qu'on peut avoir les noms des firmes?
M. Joron: Oui, certainement, Roche et Associés
Ltée, Québec, un contrat de $58 700; Caron, Racine, Saint-Denis
et Associés, pour un contrat d'identification d'économie
d'énergie possible dans les habitations à logements multiples.
C'est dans le but de terminer notre programme. Tout cela n'est pas relié
à cette catégorie, parce qu'on voit ici... J'essaie de prendre
les plus importants. Il y en a des plus petits également.
Je n'ai pas d'objection... Ce sont des choses qui ont dû
être déposées à la commission des engagements
financiers. Je pense que tout cela a fait l'objet... Ce sont des documents qui
sont déjà disponibles ailleurs. Je n'ai pas d'objection du tout
à déposer ça.
Le Président (M. Dussault): Cela voudrait dire qu'ils
seraient distribués aux membres de cette commission, puisqu'il n'y a pas
de dépôt en commission. (21 h 45)
M. Joron: II n'y a pas de dépôt... On le fera
photocopier et on vous le fera envoyer. Dans cela, il y a l'achèvement
d'une étude, en vue du choix d'un site pour l'implantation d'un complexe
portuaire et pétrolier le long du Saint-Laurent. Évidemment, il
reste $38 000, c'est un contrat signé il y a déjà trois ou
quatre ans. C'est la queue du contrat qu'il reste à payer pour un port
dont nos études énergétiques, à l'heure actuelle,
nous indiquent qu'on n'en aura probablement pas besoin;
des honoraires professionnels en rapport avec les représentations
qu'on peut faire devant l'Office national de l'énergie; il faut,
à l'occasion, engager des experts en matière de tarification de
gazoduc ou de pipe-line, etc., service d'économaîtres-conseils
pour différentes études économiques. C'est ce genre de
services.
M. Raynauld: Sur le service d'économaîtres-conseils,
est-ce que le ministère a accès au modèle d'énergie
qui a été développé par Informa-tica, à
Ottawa?
M. Joron: Est-ce que M. Biron pourrait...
M. Raynauld: Est-ce que vous avez accès à ce
modèle?
M. Joron: ... le ministère de l'énergie...
M. Raynauld: Cela veut dire qu'il y a des études d'impact
qui se font?
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, cela rend extrêmement difficile la tâche des gens qui
travaillent au journal des Débats. On ne peut pas enregistrer ce que
vous dites. Pour-riez-vous approcher, s'il vous plaît?
M. Joron: Cela comprend des études de prévision de
la demande avec des consultants de Montréal, dont les professeurs
Dagenais et Cour-ville, concernant la mise au point d'outils de
prévision. On sait qu'aujourd'hui, la prévision de la demande est
très difficile parce qu'on est en période de changements
structurels et on peut réviser nos outils. Alors, on a besoin
d'experts-conseils dans le domaine artistique, dans le domaine de la
méthodologie à ce niveau, dans le domaine de la consommation
d'énergie, dans les différents secteurs industriels, on veut voir
dans quelle mesure l'électricité peut constituer un facteur de
développement économique. Il faut monter une banque de
données assez considérable sur la consommation d'énergie
dans les différents secteurs industriels au Québec et faire
développer des outils, une politique qui nous permettrait d'estimer le
développement économique, grâce à une des seules
ressources dont on dispose présentement et où on a un avantage
comparatif, l'électricité. Cela peut impliquer l'usage... soit
celui du Québec, soit celui du fédéral.
M. Raynauld: On m'a demandé si le modèle du
Québec avait un secteur énergétique identifié.
M. Joron: Ils ont un secteur énergétique. Des
travaux ont été faits en collaboration avec Statistique-Canada,
parce qu'à Statistique-Canada, il y a un sous-modèle
énergétique qui a été développé, et
le professeur Matuszuoski qui est ici, au bureau de la statistique du
Québec, a collaboré à ce niveau, et ils sont en train
d'adapter le modèle input output du Québec à ce
sous-modèle énergétique. On suit ces travaux de
très près.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Si vous me permettez, M. le Président, je
vais revenir sur le bureau de conservation d'énergie. Je voulais savoir
si on s'est penché, avec le ministère de l'Agriculture, sur les
machinistes agricoles concernant les séchoirs à grain, les
séchoirs à ferme, les récupérateurs de chaleur, en
partant des bassins de réfrigération en vrac chez
l'agriculteur.
M. Joron: On a effectivement attendez que je fouille dans
ma mémoire avec plusieurs ministères, des projets à
l'étude, entre autres avec le ministère de l'Agriculture. Portant
spécifiquement sur les séchoirs, je vous avoue que ma
mémoire fait défaut.
On a regardé des serres avec le ministère de
l'Agriculture, je crois, mais pas les séchoirs. Les serres et
l'exploitation des tourbières...
M. Rancourt: Le récupérateur de chaleur, en partant
du système de réfrigération des bassins des
réservoirs de lait, en vrac, pour le pré-réchauffement de
l'eau des réservoirs à eau chaude, par exemple.
M. Joron: On le prend en note. Pour l'instant, il n'y avait rien
en marche, à ma connaissance, dans le domaine, mais...
M. Rancourt: D'accord, merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
Expérience Syncrude
M. Gratton: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, est-ce que le ministre pourrait nous dire si sa direction
générale s'est penchée, au cours des derniers mois, ou si
elle entend se pencher, au cours de la prochaine année, sur une
participation possible du Québec à l'expérience
Syncrude?
M. Joron: C'est difficile de faire une réponse
isolée à cette question sans la replacer dans le contexte
général de nos préoccupations énergétiques
dans les domaines où on veut mettre la priorité. Les grandes
lignes, si vous voulez, c'est un secret de polichinelle, même si le livre
blanc sur la politique énergétique québécoise n'est
pas encore publié. Il ne sera guère différent, quant
à certains objectifs, de ce que sont les objectifs des principaux pays
industrialisés qui, à la suite du renchérissement du
coût de l'énergie, se préoccupent tous de leur
sécurité d'approvisionnement et de leur autonomie
énergétique. C'est dans ce cadre-là que se pose la
question, pour le Québec: Est-ce qu'il vaut la peine, pour assurer notre
approvisionnement énergétique futur, d'investir, par exemple,
dans la production de pétrole synthétique auquel le
député de Gatineau vient de
faire allusion? Je pense que, sans entrer dans le détail de ce
que contiendra le livre blanc, je peux indiquer tout de suite que ce n'est pas
exclu, mais ce n'est certainement pas vu comme prioritaire par le gouvernement
à l'heure actuelle, étant donné la possibilité de
développement de multiples autres sources énergétiques au
Québec même. Je pense qu'il faudrait être passablement
pourvu de fonds pour que nos priorités justifient de s'intéresser
de façon substantielle au projet Syncrude à l'heure actuelle.
M. Gratton: Est-ce qu'en fait, le ministre n'acceptera pas
d'avouer que la non-participation du Québec à l'expérience
est plutôt motivée par les intentions constitutionnelles du
gouvernement plutôt que par les considérations qu'il vient
d'évoquer9
M. Joron: La question ne vient pas de cela. Le bilan
énergétique du Québec, dans un sens, est
déjà il y a une expression en anglais "lopsided"
à 70%, 71% de pétrole, c'est probablement l'un des bilans
énergétiques les plus dépendants du pétrole que
l'on puisse trouver. Il y a évidemment des ressources propres au
Québec, en matière d'énergie renouvelable qui ont un
potentiel de développement considérable, l'hydraulique, ce qui va
permettre une pénétration de l'électricité, bien
qu'elle soit déjà, au Québec plus avancée que dans
la plupart des pays industrialisés, ce qui va quand même permettre
au Québec de continuer, dans ce sens-là, probablement plus vite
que n'importe qui d'autre dans le monde. Il y a également d'autres
sources d'énergie renouvelable, on y faisait allusion un peu plus
tôt. Tout cela indique, en fait, un déplacement de nos
approvisionnements énergétiques du pétrole vers d'autres
sources d'énergie. La ligne directrice n'est pas exclusivement le fait
qu'il s'agit d'une source à partir d'un critère de
sécurité d'approvisionnement évidemment,
l'énergie la plus sûre, au point de vue de l'approvisionnement,
c'est celle qui serait dans votre sous-sol, chez vous ce n'est pas le
seul critère, le prix également nous guide là-dedans. Or,
pour répondre spécifiquement à votre question, le
pétrole synthétique est encore loin d'être le substitut
énergétique le meilleur marché qu'on puisse trouver. Si on
pense à des sources d'énergie provenant de l'extérieur du
Québec, il y a le gaz naturel dont les surplus, à l'heure
actuelle, s'accumulent dans l'Ouest canadien et ne trouve pas de marché,
et si on considère le fait que le gaz occupe au Québec une
très petite partie de notre bien énergétique, 5% ou 6%
à peine, on voit tout de suite qu'il y a un marché qui pourrait
se développer beaucoup plus rapidement en matière de gaz, par
exemple...
M. Gratton: Le ministre conviendra qu'au point de vue
distribution, les difficultés sont beaucoup plus grandes que dans le cas
du pétrole.
M. Joron: Le réseau...
M. Gratton: Les réseaux de gazoduc au Québec sont
plutôt rares, le ministre en conviendra.
M. Joron: II y a à peu près 60% du marché
québécois qui est couvert par un réseau de distribution
à l'heure actuelle, dans ce sens qu'il y a la franchise du Gaz
Métropolitain...
M. Gratton: ... à Montréal.
M. Joron: ... dans la région métropolitaine de
Montréal, il y a Hull également et Rouyn-Noranda, tout ça
fait à peu près 60% ou 65%, peut-être des consommateurs,
cela couvre presque les deux tiers des consommateurs québécois.
Il y a des projets d'extension du gazoduc qui permettraient l'expansion
elle-même des réseaux de distribution qui sont à
l'étude, et dont on verra la mise en oeuvre dans les années qui
viennent.
Tout ça est quand même beaucoup plus immédiat et
encore passablement meilleur marché que l'apport du pétrole
synthétique. Quand je dis immédiat, c'est qu'il y a une chose
dont il faut se rappeler, quand on parle du projet Syncrude ou de
pétrole synthétique. Il y a la différence du
pétrole conventionnel où un puits foré, s'il donne des
résultats, donne immédiatement des quantités
d'énergie disponible. Lorsqu'on parle de pétrole
synthétique, à partir du moment où on prend la
décision, jusqu'au moment où l'énergie elle-même
devient disponible, il y a un délai quasiment aussi long que dans le cas
d'une centrale hydraulique, par exemple, parce que cela implique des usines de
transformation qui sont coûteuses d'abord et longues à
construire.
Ce n'est pas une disponibilité immédiate, quand on parle
de pétrole synthétique, ce n'est pas du tout de même nature
que l'exploration pour les hydrocarbures conventionnels.
M. Gratton: M. le Président, je ne veux pas engager un
long débat là-dessus avec le ministre. D'ailleurs, il l'a dit
lui-même, on y viendra probablement au moment où le livre blanc
sera publié. Mais le ministre conviendra que, malgré la
non-utilisation possible immédiate du pétrole synthétique,
il y a autant de possibilités de ce côté-là que du
côté des éoliennes, par exemple, et de combien d'autres
projets qu'on étudie présentement.
C'est dans ce sens que, pour notre part, on préférerait,
de loin, voir le Québec participer à l'expérience et
assurer, d'une certaine façon, sa sécurité
d'approvisionnement en pétrole.
Parce que c'est bien sûr que, malgré toutes les ressources
naturelles qu'on a au point de vue hydroélectrique, je pense bien que le
ministre n'est pas en train de nous dire qu'on a l'intention de remplacer
l'utilisation de l'énergie pétrolière à
brève, moyenne ou même longue échéance.
Toujours est-il que cela nous amène à parler du livre
blanc que le ministre nous a promis de déposer avant le 21 juin,
semble-t-il. On nous l'avait promis d'ailleurs pour l'automne, on l'a
reporté à plus tard, certaines personnes ont évoqué
la possibilité que le livre blanc soit déjà prêt
depuis l'au-
tomne, sinon même avant l'automne dernier et que la raison pour
laquelle on ne l'a pas rendu public, c'était que le ministre jugeait que
la population n'était peut-être pas encore prête à
recevoir le dossier.
M. Joron: Disons que ce que j'avais évoqué au
moment du dépôt des trois premiers tomes, qui ne contenaient ni
les politiques comme telles, ni les objectifs, mais qui contenait l'historique,
une analyse de la situation actuelle, au moment de ce dépôt,
à la fin de décembre, ce que j'avais dit à
l'époque, c'est que la raison pour laquelle le tout n'était pas
déposé à ce moment-là, ce n'était pas que
l'on choisissait de le faire en deux étapes, c'était
effectivement que le coeur même du livre blanc n'était pas
prêt et qu'il fallait le compléter. Sauf que je disais en
même temps que c'était peut-être heureux qu'il en soit
ainsi, parce que cela va créer un décalage d'un certain nombre de
mois entre les deux publications, qui amènera peut-être un plus
large débat ou une sensibilisation du public plus grande que si le tout
avait été prêt au mois de décembre. (22 heures)
Ce ne sont pas des considérations d'ordre stratégique au
point de vue de la communication qui ont fait que nous avons
décalé les deux. Comme le tout n'était pas prêt en
décembre dernier, on s'est dit: II y a peut-être quand même
un avantage à tirer de cet intervalle.
M. Gratton: Est-ce que, effectivement, on peut compter que le
livre blanc sera déposé avant le 21 juin?
M. Joron: Oui.
M. Gratton: Est-ce que le ministre propose qu'une commission
parlementaire soit convoquée pour en faire l'étude au cours des
prochains mois?
M. Joron: Non, pas comme tel, pour la raison suivante: On a vu
des commissions parlementaires siéger pour analyser des livres verts ou
des livres dits de couleur, qui sont des hypothèses de travail, alors
qu'un livre blanc contient non pas des hypothèses de travail soumises
à la discussion publique en général, mais des principes de
politique qui sont des politiques du gouvernement.
Des énoncés de politique comme tels... Il faut dire qu'il
y a eu, il y a un an déjà, une commission parlementaire qui a
entendu au-delà de 60 intervenants sur la question. Cela a
été le processus déclencheur du livre blanc. Nous sommes
partis de cela. Nous n'avons pas l'intention de convoquer une commission
parlementaire comme telle sur le livre blanc lui-même. Si ma
mémoire est fidèle, je pense qu'il n'y a jamais eu de commission
parlementaire sur des livres blancs.
Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le livre blanc va contenir
des énoncés de politique généraux, mais son
articulation, dans les faits, voudra dire, à différents moments
donnés, une loi, une ci, une ça, enfin, toutes sortes de mesures
ponctuelles qui, elles, peuvent donner lieu à des commissions
parlementaires spécifiques sur autant de sujets qui en
découleront.
M. Gratton: D'accord. Le ministre me dira pour le moment qu'on
devra attendre le livre blanc, mais il avait déjà parlé de
la possibilité de tenir un référendum sur la question de
l'énergie nucléaire. Est-ce qu'il considère encore que
cela pourrait être utile?
M. Joron: Cela n'a toujours été que mon opinion
personnelle. J'avais déjà dit à l'époque que si le
Québec devait s'engager dans une véritable option
nucléaire, c'est-à-dire passer le point de non-retour et
s'engager dans un programme important de mise en place de centrales
électronucléaires, il m'apparaissait à ce moment-là
que la question était d'une importance suffisante pour justifier qu'elle
soit proposée à la population par voie de
référendum. Ce que j'avais dit à l'époque, c'est
que si jamais le gouvernement envisageait une telle chose, moi, ma position
personnelle au Conseil des ministres serait de soumettre cette question
à la population avant que le gouvernement n'en décide.
Je pense toujours la même chose sauf que dans la pratique...
est-ce que c'est une considération qui risque d'être
immédiate...
M. Gratton: On a l'impression que non. M. Joron: Je peux
vous dire que non.
M. Raynauld: Les principales sources d'énergie auxquelles
vous pensez pour l'avenir, c'est, somme toute, le gaz naturel? Les nouvelles
sources sont toutes à titre expérimental, on ne peut pas compter
là-dessus pour maintenant.
M. Joron: Pour plusieurs années, effectivement. M.
Raynauld: Pour plusieurs années.
M. Joron: Effectivement, bien qu'à long terme je pense que
le défi qui se pose à toutes les sociétés
industrialisées, c'est éventuellement la mutation des sources
d'énergie non renouvelables vers des sources d'énergie
renouvelables. Je pense que c'est le grand défi auquel tout le monde
fait face.
Pour en revenir au plus immédiat, à court et moyen terme,
et plus spécifiquement au Québec, les approvisionnements
énergétiques de l'avenir sont d'abord et avant tout les
ressources hydroélectriques dont on a à peine, à l'heure
actuelle, harnaché le tiers du potentiel dit économiquement
aménageable, en comparaison avec les formes de production alternative,
ce tiers qui est aménagé à l'heure actuelle sera
porté à près de 60% après la fin des travaux du
complexe La Grande, ce qui veut dire qu'il reste presque encore la
possibilité de redoubler à nouveau tout cela dans les
années subséquentes. C'est un potentiel évidemment
énorme. Toutes proportions gardées, il n'y a pas, je pense, un
pays au monde qui dispose d'un tel potentiel. C'est évidemment...
M. Raynauld: Ce qui suit la baie James, ce sont les
coûts... À l'heure actuelle, ce n'est pas rentable?
M. Joron: Non, ce sont des coûts encore meilleur
marché... Après la baie James, il reste, en d'autres mots, selon
les allégations que l'Hydro-Québec peut en faire à ce jour
encore une fois, dans le temps, les relations de prix entre les formes
concurrentes d'énergie peuvent bien changer tel que les
comparaisons de prix peuvent s'établir aujourd'hui,
l'Hydro-Québec estime qu'il y a un potentiel d'environ 15 000
mégawatts disponibles à un coût qui serait moindre ou, en
tout cas, égal, mais pas supérieur à toute forme
alternative de production d'électricité, que ce soit thermique,
nucléaire ou quelle qu'elle soit. C'est énorme encore. C'est ce
que le Québec sera appelé à vouloir développer en
premier lieu tout en...
M. Raynauld: C'est la première fois que j'entends parler
de cela. Ces évaluations sont-elles récentes?
M. Joron: Non, cela date de plusieurs années
déjà. À plus long terme évidemment, les sources
d'énergie dites nouvelles commenceront à prendre une part du
marché. Est-ce que notre effort d'exploration d'hydrocarbures donnera
des résultats? C'est un point d'interrogation.
D'autre part, un autre approvisionnement énergétique qui
nous intéresse, je l'ai mentionné tout à l'heure, c'est le
gaz naturel, dont un surplus existe à l'heure actuelle dans l'Ouest
canadien, dans la partie qu'on appelle classique, sans compter sur le gaz de
l'Arctique ou des côtes du Labrador éventuellement, en Alberta
même, les surplus permettent de prévoir des approvisionnements
considérables pour les marchés de l'Est canadien, au moins pour
une vingtaine d'années encore. C'est une source intéressante
évidemment.
Tout cela dit, c'est évident, comme vous dites, que cela ne fera
pas disparaître du jour au lendemain le pétrole de notre carte
énergétique, ne serait-ce que si on considère le secteur
transport, où la substitution, pour l'instant, à toutes fins
pratiques, en tout cas, est impossible.
M. Raynauld: Une fois le projet de la baie James
complété, cela va faire monter la proportion de consommation
d'énergie sous forme hydroélectrique de 20% à combien?
M. Joron: Une fois le complexe La Grande terminé, vers
1985/86...
M. Raynauld: À La Grande terminé, 1985.
M. Joron: ... on sera probablement là dans les 33%, 34%,
35%, ce qui sera sans aucun doute à ce moment-là probablement le
pourcentage électrique le plus élevé au monde.
M. Raynauld: Le plus élevé.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
Coupures d'électricité
M. Brochu: J'aimerais revenir sur une question à laquelle
j'ai fait allusion hier, dans le contexte de la discussion du cadre de la loi
41, soit celle des fameuses coupures d'électricité. J'avais
posé la question au ministre en 1977. Le ministre m'avait
indiqué, en décembre 1977, qu'il y avait à ce
moment-là 10 974 abonnés à qui on avait coupé le
service pour non-paiement pour une période moyenne d'environ trois jours
et demi et qu'au moment où je posais la question il y avait encore 770
abonnés qui étaient privés
d'électricité.
M. Joron: C'était l'année dernière à
la même date.
M. Brochu: C'était au mois de décembre 1977. J'ai
posé dernièrement la question au feuilleton et vous m'avez
répondu en indiquant je n'ai pas les papiers, mais de
mémoire, je peux vous le dire actuellement, il y aurait 4493 coupures ou
quelque chose comme cela, pour des coupures moyennes d'environ cinq
jours...
M. Joron: Cinq jours et quelque chose.
M. Brochu: ... et quart ou et demi par abonné. Il
resterait, au moment où on se parle, environ 90 abonnés qui sont
encore privés d'électricité. Il y a eu différents
articles de journaux encore là-dessus dernièrement. Le
problème a été porté à notre attention. Je
sais que le ministre en est conscient, mais j'aimerais peut-être,
à ce stade, que le ministre nous dise ce qui a été fait
jusqu'à maintenant pour corriger ce problème et si on peut
espérer, dans un avenir rapproché, que cela prenne fin d'une
façon ou d'une autre.
M. Joron: II y a eu des améliorations qui ont
été apportées dans le système de facturation de
l'Hydro-Québec et des choses semblables. Nous envisageons
également et j'attendrai la publication du livre blanc pour
être plus spécifique à cet égard des
mécanismes de protection supplémentaire du consommateur, des
mécanismes nouveaux qui n'existent pas à l'heure actuelle, pour
assurer une plus grande protection du consommateur à cet égard.
Pour répondre finalement à la question: Est-ce qu'on va trouver
une recette qui va faire que, dans une année, vous me poserez la
même question et le chiffre sera zéro? Je ne vous le dirai
certainement pas, parce qu'il y a toujours des gens, quelles que soient les
circonstances, qui ne paient pas leurs comptes et, à un moment
donné, il faut bien qu'au bout de la ligne au bout de la ligne,
c'est le cas de le dire il y ait une sanction quelconque.
Déjà, la procédure qu'emploie l'Hydro-Québec entre
un premier défaut de paiement, un rappel, un deuxième rappel,
ensuite un avertissement qu'il va y avoir coupure.
II se passe déjà presque six mois entre le moment
où le client devient en défaut et le moment où il y a une
coupure possible qui peut être effectuée. Il se passe
déjà deux mois. Dans les quelque 600 qui restent, il ne faut pas
penser que ce sont tous des cas de gens qui subissent une coupure à
cause d'un manque à gagner, d'une incapacité de payer. Ce ne sont
pas nécessairement tous des assistés sociaux. Il y a des
entreprises là-dedans qui ont fait faillite, qui n'ont pas rouvert,
d'autres, enfin, il y a toutes sortes de cas dans cela. Ce ne sont pas tous
nécessairement des cas qui relèvent de ce qu'on pourrait appeler
des considérations d'ordre social.
M. Brochu: D'ailleurs, il y a une amélioration. C'est pour
cela que je mentionne les deux chiffres aussi. De l'an dernier à cette
année, on est passé, comme je le mentionnais tantôt, de 10
000 abonnés à 4000 au moment où vous m'avez
répondu, il y a une semaine ou deux. Je pense qu'il y a quand même
une courbe qui a eu un aspect intéressant. Maintenant, M. le
Président, avec votre permission, dans un autre ordre d'idées,
une question d'information, si le ministre est en mesure d'y répondre.
Est-ce qu'il est exact que dans les années 1975 et 1976, au niveau de
l'IREQ, le ministre ou son entourage aurait demandé qu'on fasse
certaines recherches du côté des expériences qui avaient
déjà été faites par Nikola Tesla en ce qui concerne
la transmission de l'énergie sans fil? C'est une question de $64 000 que
je pose à ce stade, après l'action du ministre, mais je pense que
cela relève peut-être d'une période précédant
son arrivée au ministère. Le ministre n'est peut-être pas
en mesure de me répondre immédiatement là-dessus. Sinon,
on pourrait peut-être continuer la conversation à un niveau
privé.
M. Joron: Les études de qui, avez-vous dit?
M. Brochu: Nikola Tesla, sur la transmission de l'énergie
sans fil. Ce n'est pas la transmission hertzienne, c'est un autre
procédé. On me dit par les ondes, en arrière, mais ce
n'est pas cela. Actuellement, je sais qu'aux États-Unis, il y a
certaines recherches qui ont été commencées,
peut-être pas directement par le gouvernement en tant que gouvernement,
mais peut-être par des contrats qui ont été accordés
pour la recherche dans ce domaine. (22 h 15)
M. Joron: On me dit ici que tout récemment, on a
demandé à l'IREQ un rapport de mise à jour sur la
question. Pour l'instant, je ne pourrais pas vous fournir de réponse
plus spécifique, mais, peut-être puis-je vous faire parvenir,
ainsi qu'aux autres membres de la commission, si ça les
intéresse, une copie de ce rapport au moment où on le
recevra.
M. Brochu: Oui, je vous en saurais gré. C'est donc dire
que c'est exact qu'il se fait quelque chose dans le domaine ou qu'il y a eu une
forme d'approche au niveau de l'IREQ en ce qui concerne ce
phénomène particulier ou cette possibilité...
M. Joron: Semble-t-il.
M. Brochu: ... qui aurait été mise au point par un
M. Tesla.
M. Joron: II y a eu des recherches sur le laser.
M. Brochu: Oui, et cela entrerait dans ce cadre-là?
D'accord, merci. Disons que je vais attendre les documents du ministre à
ce sujet et on pourra peut-être reprendre la discussion à titre
privé sur la question.
M. Gratton: M. le Président, j'aurais quelques...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: ... questions très brèves, très
spécifiques d'ailleurs.
On a constaté, aux engagements financiers, pour janvier 1978,
qu'une subvention, en vertu de l'article 2.3 de la Convention de la baie James,
avait été versée au bénéfice des Cris de la
baie James, $4 581 583.75 et $3 305 036.25 pour les Inuit. Bon!
Voici la question que j'aimerais poser au ministre. Qui a choisi la
banque où on a fait le dépôt? Il s'agissait de la Banque
canadienne impériale de commerce. Je présume que le ministre va
vouloir vérifier.
M. Joron: II va surtout falloir que je le demande au ministre
responsable, qui est le ministre des Richesses naturelles.
M. Gratton: Cela ne relève pas de...
M. Joron: Non.
Cela relevait du programme 6 de l'année dernière, mais
cette année, il y a eu des modifications dans le contenu du programme 6,
et c'est pourquoi...
M. Gratton: Vous m'avez eu. Une autre question tout aussi
pertinente, M. le Président, concernant le projet du barrage de
Dickey-Lincoln au Maine et de Passamaquoddy vous viendrez me voir, je
vous épellerai ça le ministre peut-il nous dire où
en sont rendus les travaux de ces projets?
M. Joron: II n'y a pas eu de démarrage. Il est
soulevé à chaque réunion avec les gouverneurs de la
Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l'Est, mais il n'y a pas eu de
déblocage.
M. Gratton: Est-ce qu'on a mis les autorités au courant
des conséquences que cela pourrait avoir dans certains territoires du
Québec, entre autres...
M. Joron: Oui.
M. Gratton: ... et, de l'avis du ministère, est-ce qu'il y
a lieu d'envisager que les travaux pourraient débuter cette
année?
M. Joron: Cela ne me semble pas... En tout cas, la question...
L'année dernière, j'avais participé à la
conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des cinq
provinces de l'Est canadien. La question avait été...
M. Gratton: C'était à Digby, ça?
M. Joron: Oui, et la même conférence se
réunit à nouveau, d'ailleurs, la semaine prochaine au
New-Hampshire, cette fois-ci.
M. Gratton: Est-ce que le ministre y participera?
M. Joron: Non, l'année dernière, j'avais
remplacé le premier ministre. Cette année, le premier ministre y
va lui-même. Non, à ma connaissance, ce n'est pas un dossier
très animé.
M. Gratton: Non. Si mes informations sont exactes, l'an dernier,
à cette conférence, je pense que c'était à l'ordre
du jour, mais on n'avait pas réussi à traiter justement ou...
M. Joron: Du sujet.
M. Gratton: ... du sujet des conséquences pour le
Québec.
M. Joron: Non.
M. Gratton: On présume que cette année, on va
tenter d'en...
M. Joron: Cela ne m'est pas apparu, à ce moment-là,
être très élevé dans la liste des priorités
des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre...
M. Gratton: D'accord.
M. Joron: ... ni des premiers ministres des provinces
maritimes.
Comité interprovincial d'étude
sur l'interconnexion des
réseaux électriques
M. Gratton: Également, M. le Président, il s'agit
d'une subvention du ministère des Richesses naturelles et on pourra me
dire si ça relève de la direction générale, une
subvention qui a été accordée au Comité
interprovincial d'étude sur l'interconnexion des réseaux
électriques.
M. Joron: Oui.
M. Gratton: Quel est ce comité? Est-ce un comité
temporaire? Est-ce que le ministre peut nous donner certains
éclaircissements là-dessus?
M. Joron: C'est un comité permanent qui existe depuis
1974, 1975 qui, d'ailleurs déborde la question des interconnexions,
maintenant, et qui constitue une espèce d'organisme interprovincial qui,
par exemple, agit comme secrétariat pour pla- nifier des
conférences interprovinciales sur l'énergie, la dernière
étant celle de Toronto lautomne dernier, je pense, au mois de septembre,
quelque chose comme cela.
C'est un organisme qui est toujours actif et qui, a l'heure actuelle, a
comme principal mandat de faire une étude technique sur la
faisabilité et l'intérêt d'une interconnexion,
effectivement, des réseaux d'électricité.
M. Gratton: Quels sont les membres de ce comité? Est-ce
qu'il s'agit de fonctionnaires des différentes provinces?
M. Joron: Pour le comité lui-même auquel vous faites
allusion, il s'agit de techniciens qui sont localisés à
Montréal, dans des locaux prêtés par la direction
générale de l'énergie, pour réaliser une
étude, justement, sur l'interconnexion des réseaux.
M. Gratton: II ne s'agit sûrement pas d'un comité
composé strictement de fonctionnaires québécois.
M. Joron: II s'agit de contractuels, dans ce cas.
M. Gratton: De contractuels.
M. Joron: L'étude technique elle-même est
réalisée par des contractuels, pour le compte des provinces. Les
dix provinces contribuent au financement de l'étude.
M. Gratton: Le personnel lui-même, les techniciens dont
vous parlez, où ont-ils été recrutés?
M. Joron: Ils ont été recrutés par le
comité lui-même et approuvés par les ministres de
l'énergie en conférence.
M. Gratton: Est-ce que les dix provinces y participent?
M. Joron: Oui.
M. Gratton: J'aurais une série de questions, M. le
Président, mais je sais que le ministre va nous dire: Attendez le livre
blanc. Alors, on va attendre le livre blanc. Je vais peut-être aller
à la pêche avec le ministre, pour terminer, par exemple...
M. O'Gallagher: Sur le même sujet... M. Gratton:
Allez-y donc.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: C'est sur le même sujet. J'ai
écouté un programme à la radio, cette semaine, et on a
annoncé qu'il y avait une conférence qui débutait cette
semaine entre les États-Unis et le Canada, à propos de
l'inondation du lac Champlain. Est-ce que c'est vrai ou si ce n'est pas
vrai?
Ce serait entre le Québec, le Vermont et New York, a propos de
l'inondation du lac Champlain et de la rivière Richelieu.
M. Joron: Oui. Je ne peux pas, malheureusement, vous fournir la
réponse; c'est fort probablement la direction des eaux du
ministère des Richesses naturelles qui est impliquée dans cette
conférence; ce n'est pas nous.
M. Gratton: M. le Président, j'aurais un dernier sujet sur
lequel j'aimerais questionner le ministre. Est-ce qu'à la direction
générale, on se penche sur les difficultés ou les
problèmes spécifiques des régions éloignées,
quant au coût de l'huile à chauffage par exemple?
Je pense, notamment, à la région du Nord-Ouest, qui est
d'ailleurs représentée par le député d'Abitibi-Est
à la commission, où on paie jusqu'à $0.10 le gallon de
plus pour l'huile. Il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin que cela;
on peut aller dans la Haute-Gatineau et retrouver le même
phénomène.
Au ministère ou à la direction, on se préoccupe
sûrement du problème, mais est-ce qu'on envisage des
façons, pas nécessairement d'uniformiser le coût de cette
énergie pour tous les Québécois... Mais, compte tenu des
situations comme celle des Îles-de-la-Madeleine qu'évoquait le
ministre tantôt, quelles sont les possibilités qu'on pourrait
envisager pour les résidents de ces régions
éloignées?
M. Joron: Sans aller au cas extrême des réseaux
isolés comme ceux de la Basse-Côte-Nord ou des
Îles-de-la-Madeleine, il est vrai, comme vous le signalez, qu'il y a des
disparités de prix de vente au détail, dans les produits
pétroliers, assez considérables entre les régions plus
excentriques et les régions de Montréal et de Québec. Dans
le cas de l'huile à chauffage, ce n'est peut-être pas là
qu'on retrouve les écarts les plus considérables, bien qu'ils
existent. La principale raison, dans le cas de l'huile à chauffage,
tient au coût de transport, évidemment, des raffineries de
Montréal jusqu'à Rouyn, par exemple. C'est la raison pour
laquelle aussi, si on faisait les bilans énergétiques des
différentes régions du Québec, on noterait des
différences assez substantielles. Ainsi, dans les régions
où, à cause du coût de transport, l'huile à
chauffage coûte plus cher qu'à Montréal, dans ces
régions, la substitution vers l'électricité, puisque
l'électricité a un prix uniforme à travers le
Québec, la substitution, dis-je, en faveur de
l'électricité a été beaucoup plus rapide.
Dans le cas de Rouyn-Noranda également, la
pénétration du gaz naturel a été assez rapide,
justement à cause de l'avantage des coûts. En d'autres mots, le
pourcentage de consommateurs dans une région comme le Nord-Ouest, par
exemple, qui dépendent pour leur chauffage de l'huile à
chauffage, est pas mal moindre que dans d'autres régions du
Québec.
Par contre, c'est évident qu'on se soucie de la surveillance des
prix des pratiques commerciales dans ce domaine. Le gouvernement du
Québec est outillé d'une loi, la loi 34, sur le commerce des
produits pétroliers, qui lui permettrait d'intervenir si nous
décelions des anomalies qui ne peuvent pas s'expliquer par des raisons
économiques ou des facteurs économiques normaux.
Dans le cas d'autres produits pétroliers, l'essence, on trouve
une disparité assez considérable entre certains débits
d'essence, par exemple dans la région de Montréal et des
régions plus excentriques, soit le Nord-Ouest ou le Bas-Saint-Laurent,
par exemple. Là, il ne faut pas attribuer uniquement...
Ce qui crée les écarts qu'on peut observer, c'est
davantage le niveau de la concurrence. Le transport, évidemment, y est
pour un certain nombre de cents le gallon, mais la principale différence
ne vient pas du prix de vente à la sortie de la raffinerie auquel on
additionne le prix de transport. La grande différence vient de la marge
du détaillant lui-même.
C'est assez facile à comprendre que, dans des régions
où le gros volume n'y est pas, comme dans la région de
Montréal, le détaillant qui a un volume de 50 000 ou 75 000
gallons par année pour survivre, va se réserver une marge de
profit plus grande que le détaillant qui exploite un libre service dans
la région métropolitaine de Montréal et qui vend un
million à 1 500 000 gallons par année, comme c'est
fréquent. Évidemment, celui-là peut se contenter d'une
marge de profit infiniment moindre exprimée en termes de cents par
gallon. En réalité, ce qui crée les écarts que l'on
observe entre les endroits au Québec où l'on observe les prix
d'essence les plus bas et ceux où on observe les prix d'essence les plus
hauts, c'est la situation de la concurrence.
C'est un problème difficile et les habitants des régions
où les prix sont plus élevés ont souvent de la
difficulté à comprendre qu'on ne peut, par une loi, faire
bénéficier les gens de ces régions des prix que la
concurrence très forte a créés à l'avantage des
consommateurs des régions où il y a une très forte
concurrence. En d'autres mots, si on devait aller à l'uniformisation des
prix par la loi, j'ai bien peur que l'uniformisation ne se ferait pas à
l'avantage des régions qui ont des prix plus élevés
à l'heure actuelle, mais se ferait probablement au détriment des
consommateurs de la région de Montréal ou de la région de
Québec, où la concurrence très vive fait
bénéficier le consommateur d'escomptes. Même à
l'intérieur de Montréal, on peut observer des différences
d'un quartier à l'autre, selon qu'il y a concurrence vive ou pas et des
différences assez substantielles. On peut passer de $0.83 le gallon
à $0.99 en l'espace de dix coins de rue.
M. Gratton: Tout le long de l'autoroute, on s'en rend compte
d'ailleurs. (22 h 30)
M. Joron: II faudrait seulement ajouter que dans tous les cas,
même dans les régions périphériques, le prix de
vente est inférieur on le vérifie
régulièrement au prix autorisé par la Commission
fédérale anti-inflation. Ce qui se passe, c'est que la
concurrence est tellement vive dans certai-
nes régions, notamment Montréal et Québec, que le
prix dans ces régions est nettement en bas du prix auquel les
détaillants pourraient vendre, souvent de $0.10 ou $0.15 plus bas.
M. Gratton: Ce qui ne règle malheureusement pas le
problème pour les gens du Nord-Ouest.
M. le Président, quant à nous, cela règle un peu la
discussion que nous voulions aborder en commission. Je réitérerai
simplement à l'intention du ministre que notre intérêt est
très grand pour sa direction générale et
éventuellement son ministère. C'est avec beaucoup
d'intérêt que nous prendrons connaissance du livre blanc avant le
début officiel de l'été et que nous participerons avec lui
au débat qui s'engagera sûrement sur son contenu.
M. Brochu: En ce qui nous concerne, M. le Président, c'est
la même chose. On garde les yeux tournés de notre
côté sur la parution, le dépôt du livre blanc en
question. Je pense qu'on pourra discuter à fond de la conservation, de
la rationalisation et de la planification en fonction de l'avenir.
J'espère encore, peut-être aux crédits l'an
prochain, saluer le nouveau ministre de l'Energie.
M. Joron: M. le Président, il me reste à remercier
mes collègues de la commission de leur collaboration à nos
travaux. Vous me permettrez de remercier également les fonctionnaires de
la direction générale de l'énergie qui, cette
année, ont accompli un travail extraordinaire. La production d'un livre
blanc sur la politique énergétique n'est pas quelque chose qui se
répète chaque année. Cela a été un effort
exceptionnel. Cela a été une année exceptionnelle, non
seulement à cause de ça, mais à cause de la mise en place
de tout l'organisme qui doit correspondre, qui correspond à une
préoccupation nouvelle de l'État québécois, comme
c'est le cas d'ailleurs dans d'autres pays du monde, étant donné
la situation énergétique actuelle.
Tout ça a donné lieu à des efforts assez
considérables au cours de la dernière année. Il y en aura
d'autres à venir, sans doute aussi substantiels, je n'en doute pas. Je
pense qu'il serait sans doute à propos de souligner l'effort
exceptionnel que le personnel de la direction générale de
l'énergie a déployé au cours de l'année
passée.
Ceci dit, en terminant, je veux remercier mes collègues, non
seulement de leur collaboration à nos travaux ce soir, mais de
l'intérêt qu'ils portent à la question
énergétique. Je peux les assurer à l'avance que cet
intérêt sera soutenu, j'en suis convaincu, par la publication du
livre blanc qui saura sûrement alimenter les discussions, sinon les
débats, pour plusieurs années à venir ce serait
peut-être prétentieux mais plusieurs mois, sans aucun
doute.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que les programmes 6 et
7 sont adoptés?
M. Gratton: Adopté. M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Les
crédits de la direction générale de l'énergie sont
donc adoptés. Nous pouvons maintenant terminer nos travaux. Le
rapporteur de cette commission, M. le député de
Saint-François, fera rapport à l'Assemblée nationale.
J'ajourne les travaux de cette commission sine die.
(Fin de la séance à 22 h 34)