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Étude du projet de loi no 60
(Quinze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources est
réunie pour étudier le projet de loi no 60, Loi modifiant la Loi
concernant les droits sur les mines.
Les membres de la commission sont: M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire
(Frontenac) remplace M. Godin (Mercier); M. Bérubé (Matane)
remplace M. Joron (Mille-Îles); M. Michaud (Laprairie) remplace M.
Mercier (Berthier); M. Marquis (Matapédia) remplace M. Rancourt
(Saint-François); M. Raynauld (Outremont).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Charbonneau
(Verchères), M. Dubois (Huntingdon), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gratton (Gatineau), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Grégoire: Vous n'avez pas nommé le ministre?
M. Bordeleau: M. le Président, vous n'avez pas
nommé le ministre. Est-ce qu'il ne serait pas membre de la
commission?
Le Président (M. Boucher): Oui, il remplace M. Joron. On a
affaire à la liste de la vieille commission.
Est-ce qu'il y a un rapporteur pour la présente commission?
M. Grégoire: Est-ce que je peux suggérer comme
rapporteur le député d'Abitibi-Est, mon collègue, M.
Bordeleau?
Le Président (M. Boucher): M. Bordeleau (Abitibi-Est) sera
rapporteur?
M. Grégoire: À l'unanimité.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alors, M. le
ministre, des commentaires préliminaires, s'il y en a? M. le
député de Frontenac.
Remarques préliminaires
M. Grégoire: M. le Président, si vous me permettez,
je vais juste faire une présentation très brève du projet
de loi. D'abord, comme il a été dit, ce projet de loi est surtout
une incitation fiscale pour encourager l'exploration minière,
également pour essayer de prolonger la vie des mines et assurer une
meilleure stabilité aux villages miniers et aux mineurs.
Deuxièmement, je voudrais dire que l'Opposition a demandé,
lors de l'étude en deuxième lecture, si elle aurait les
règlements pour cette étude article par article. Nous avons des
règlements. Comme il n'y a qu'un membre de l'Opposition, on peut lui
donner la copie des règlements, la déposer ou la remettre au
député d'Outremont. Il y a également une autre question
qui avait été posée par l'Opposition, lors de
l'étude en deuxième lecture, c'était le coût de ce
projet de loi. En vertu de l'article 1 de la loi, le coût serait
d'environ $800 000 et, en vertu de l'article 2 du projet de loi, le coût
serait entre $400 000 et $450 000, pour un total de $1 250 000.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Frontenac. M. le député d'Outremont?
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
excuser mon collègue, le député de Mont-Royal, qui devait
être ici, mais qui en a été empêché, je pense,
pour des raisons de santé.
Je le remplace un peu au pied levé, je dois dire, et je n'ai pas
eu le temps d'examiner le projet de loi comme j'aurais dû. Je voudrais
simplement mentionner, comme remarque préliminaire, peut-être deux
choses; la première, c'est que j'aurais aimé, si le ministre
dispose d'une information, savoir s'il y a des législations
fédérales qui ressemblent ou qui ont quelque rapport avec ce
projet de loi. C'est plutôt une première question qu'une
remarque.
Je n'ai pas la réponse à la question que je pose, je n'en
sais rien, bien sincèrement. Ce serait peut-être
intéressant de savoir s'il existe des dispositions parallèles
à celles-ci. La deuxième remarque que je voudrais faire, c'est
aussi une question, dans un certain sens. Je voudrais demander au ministre si
le ministère a examiné la possibilité de créer des
espèces de fonds, qu'on pourrait appeler cycliques, d'investissement
à la suédoise dans le domaine des ressources naturelles. Je sais
que cela a été discuté à plusieurs reprises dans le
passé, cette idée, et c'est une idée qui a
été appliquée avec le fonds de relance industrielle
où le gouvernement permet à de petites et moyennes entreprises de
retirer jusqu'à 50% de leurs impôts, payables et payés, si
elles peuvent faire état d'investissements au cours d'une certaine
période de temps, quatre ou cinq ans.
Cette idée est une idée qui est très bonne,
à mon sens, et qui serait surtout applicable dans le cas d'exploitations
minières où justement les fluctuations sont très grandes,
de sorte que, même si, à l'heure actuelle, on a, dans le projet de
loi, un étalement qui est allongé, qui est une mesure qui va dans
ce sens, de deux ans à quatre ans, ce que j'appuie comme mesure, je me
suis demandé si, parallèlement à ça, on avait
examiné les possibilités qu'on puisse donner, dans le secteur
minier, des avantages fiscaux sous cette forme, c'est-à-dire sous la
forme de cette espèce de fonds qu'on peut déposer et qu'on peut
retirer au cours des années subséquentes, lorsque, justement, il
peut y avoir des pertes encourues et que l'on
voudrait stimuler l'investissement dans des périodes plus
difficiles.
C'est un concept qui a été appliqué avec
succès en Suède, pour l'ensemble de l'économie, et non
seulement pour le secteur minier. Je trouve cela particulièrement
intéressant dans le cas des mines.
Voilà, M. le Président, ce sont les deux questions que je
voulais poser.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Outremont. M. le ministre, est-ce que nous sommes
prêts à amorcer l'étude de l'article 1 ?
M. Raynauld: M. le Président, est-ce qu'il y a des
réponses aux questions que j'ai posées?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que vous
voulez répondre?
M. Bérubé: M. le Président, je vous remercie
de me donner la parole. Je dois dire que j'ai apprécié les
excuses que le député d'Outremont nous a présentées
concernant son collègue de Saint-Laurent qui est absent pour cause de
santé. Je dois vous dire que mon médecin m'avait prescrit le
repos le plus total cette semaine, mais par suite de l'opposition du Parti
libéral, j'ai dû me présenter cet après-midi pour
défendre ce projet de loi. L'Opposition a refusé que mon
collègue de Frontenac, adjoint parlementaire, puisse le faire en mon
nom, étant donné qu'il avait toutes les connaissances
nécessaires ainsi que l'expertise voulue pour traiter de ce projet de
loi. Cela me permettra peut-être de souligner la mesquinerie de
l'Opposition libérale en la matière. Je tiens à le
souligner, au moins à l'intention de la presse.
Deuxièmement, je pourrai peut-être essayer de
répondre. Je suis convaincu que ce n'est pas le député
d'Outremont, mais cela fait partie des stratégies parlementaires de son
parti. Ce n'est peut-être pas mauvais qu'il soit mis au courant.
Concernant l'équivalent au niveau des lois
fédérales, ma réponse est négative. Au niveau des
allocations d'exploration, pour l'exploration en surface, des allocations de
33% existent pour l'industrie minière au Canada, de même qu'au
Québec et nous étendons ces pratiques à un type
d'exploration qui n'a pas fait l'objet, dans le passé, de
privilèges fiscaux, de quelque nature que ce soit. Il s'agit cette
fois-ci de l'exploration hors chantier. Je m'explique.
Il est relativement simple, normalement, d'identifier les
dépenses d'exploration hors chantier, celles qui sont faites en
l'absence d'une mine et lorsqu'elles visent la découverte d'une nouvelle
mine, puisqu'il n'y a pas de bail minier émis et que, par
conséquent, cela permet relativement simplement d'identifier, de
distinguer ces dépenses des autres dépenses d'exploitation.
Cependant, lorsqu'on parle d'exploration en chantier, il est
évidemment plus difficile de distinguer entre le fonçage d'une
galerie pour aller identifier une zone minéralisée et le
fonçage d'une galerie pour exploiter cette zone
minéralisée. Il s'agissait donc d'identifier les moyens
mécaniques qui nous permettraient de distinguer entre les deux. C'est
l'objet des règlements que j'ai déposés qui
spécifient le type de forage de diamants qui y est admis et qui
spécifient en même temps le type de galerie qui est admis et qui
peut faire l'objet d'une déduction. Il s'agit donc de droits strictement
nouveaux en droit minier québécois et il s'agit évidemment
de droits miniers nouveaux pour ce qui concerne le gouvernement
fédéral. En d'autres termes, cela ne s'applique qu'aux droits
miniers du Québec. C'est donc la réponse à la
première question.
Quant au fonds de relance industrielle du type favorisé par le
gouvernement du Québec, par exemple dans le cas de la loi 48
s'appliquant à la petite et à la moyenne entreprise au
Québec, je dois souligner que nous n'avons pas envisagé cela pour
plusieurs raisons, la principale peut-être étant que le
mécanisme privilégié en est un d'une allocation pour
dépenses d'exploration qui a comme objectif de réduire le
coût des dépenses d'exploration réellement
rencontrées par l'industrie minière. Plus le coût de ces
explorations est élevé, plus le risque associé à la
découverte peut apparaître élevé par rapport
à ce qu'il en coûte pour faire les travaux d'exploration, ce qui
amène à ce moment-là l'investisseur à
hésiter dans ses décisions d'exploration.
Un des moyens d'amener l'investisseur à mettre de l'argent est
essentiellement de consentir des allocations d'exploration qui réduisent
le coût net des dépenses faisant en sorte que le dollar
d'exploration peut ne coûter que $0.35, peut ne coûter que $0.29
c'est à peu près le coût qu'il en sera pour une mine
au Québec et, dans ces conditions-là évidemment,
inciter la personne à investir davantage en exploration. C'est l'avenue
qui a été privilégiée de longue date.
Pourquoi ne cherche-t-on pas à donner une réduction
globale d'impôt à l'industrie minière? C'est que,
présentement, contrairement à l'imagerie populaire, l'industrie
minière bénéficie d'énormément de
concessions fiscales. De fait, lorsque l'on regarde la rentabilité de
l'industrie minière avant impôt, on doit constater qu'elle est
inférieure, au Canada, à la rentabilité de l'industrie
manufacturière en général.
Ce n'est que par un régime fiscal considérablement plus
généreux que celui auquel doit faire face l'industrie
manufacturière que notre industrie minière peut, dans ces
conditions, retrouver une rentabilité à peu près
comparable à l'industrie manufacturière, de l'ordre de 10%
à 11%. Par conséquent, on peut parler d'un régime fiscal
déjà généreux, et toute formule qui aurait comme
objectif une réduction significative des droits miniers ou des
impôts corporatifs payés par les compagnies minières
pourrait passer comme un véritable cadeau et, dans ces conditions,
être difficilement acceptable sur le plan politique.
Toutefois, avec des mesures du type de celle que nous présentons
aujourd'hui, qui permettent l'étalement des profits et pertes sur une
plus
longue période, donc permettent à une entreprise d'amortir
peut-être plus facilement les périodes difficiles, creuses
où le prix des métaux peut baisser sur les marchés
mondiaux, ce type d'étalement est d'une part de nature à
libérer des fonds justement nécessaires pour l'exploration.
D'autre part, les allocations d'exploration, comme nous proposons ici, sont de
nature à réduire le coût d'exploration, ce qui,
évidemment, équivaut à donner une réduction
d'impôt sur les profits de l'entreprise, comme le suggère le
député d'Outremont.
Je dirais, essentiellement, que la raison qui ne nous incite pas
à envisager un fonds du type de la loi 48 pour l'industrie
minière est essentiellement reliée au fait que notre industrie
minière paie déjà, toute proportion gardée, moins
d'impôts que l'ensemble de l'industrie manufacturière, elle est
moins taxée. Elle bénéficie dont de privilèges
fiscaux significatifs. C'est la principale raison pour laquelle je
n'envisagerai pas de fonds de ce type.
Étude du projet de loi
Le Président (M. Boucher): Est-ce que nous sommes
prêts à étudier l'article 1 ? Article 1 ? M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, non, peut-être
que...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que vous
avez des commentaires généraux sur l'article 1?
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas de commentaire
à faire sur l'article 1. Je n'en aurai sur aucun, pour permettre au
ministre d'aller se reposer de ses mesquineries lui aussi. Je n'ai pas de
commentaires.
Le Président (M. Boucher): Article 1, adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7?
M. Grégoire: Adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8?
M. Raynauld: Adopté.
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 9?
M. Raynauld: Adopté. (16 heures)
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Alors, le projet de loi no 60, Loi modifiant la Loi concernant les
droits sur les mines, est donc adopté sans amendement. Je prierais le
rapporteur de la commission d'en faire rapport à l'Assemblée
nationale au nom des membres de la commission.
M. Bordeleau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne donc ses
travaux sine die.
M. Bérubé: Merci, M. le Président, de votre
grande obligeance. Merci, M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Adopté. (Fin de la séance à 16
h 1)