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Grève à Hydro-Québec
Audition des parties
(Vingt-deux heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Avant de définir le mandat de la commission, j'aimerais tout
d'abord demander un consentement des membres de la commission afin que M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) soit membre à la place de M. Brochu
(Richmond), que M. Parizeau (L'Assomption) soit membre au lieu et place de M.
Desbiens (Dubuc), que M. Grégoire (Frontenac) soit membre au lieu et
place de M. Godin (Mercier), que M. Johnson (Anjou) soit membre au lieu et
place de M. Joron (Mille-lsles), que M. Perron (Duplessis) soit membre au lieu
et place de M. Mercier (Berthier), que M. Bérubé (Matane) soit
membre au lieu et place de M. Rancourt (Saint-François) et que M.
Russell (Brome-Missisquoi) soit membre au lieu et place je pense qu'il y
a une erreur de parti, c'est marqué M. Dubois (Huntingdon), il y a eu
des changements.
M. Russell: Ce n'est pas le même bois!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Intervenant, au lieu et place de M. Dubois (Huntingdon), y a-t-il
consentement? Et que M. Ryan (Argenteuil) soit membre au lieu et place de M.
Forget (Saint-Laurent), que M. Dussault (Châteauguay) soit intervenant
pardon, les trois derniers étant des intervenants au lieu de
membres que M. Dussault (Châteauguay) soit intervenant, au lieu de
M. Johnson (Anjou) et que M. Chevrette (Joliette-Montcalm) soit intervenant au
lieu et place de M. Lavigne (Beauharnois). M. Ciaccia est déjà
membre de la commission, M. Raynauld est déjà membre de la
commission. M. Pagé (Portneuf) au lieu et place de M. Gratton
(Gatineau), intervenant. Y a-t-il consentement unanime pour que tous ces
changements soient effectués pour les fins de cette commission?
M. Ciaccia: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement. J'aimerais maintenant, avant de définir
également le mandat de la commission, qu'on détermine un
rapporteur de la commission. Avez-vous une suggestion à faire?
M. Chevrette: M. le député de Beauharnois.
M. Grégoire: Je proposerais le député de
Duplessis.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis. Cette proposition sera-t-elle
adoptée?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis sera le rapporteur de la commission.
MM. les membres de la commission, chers invités, la commission de
l'énergie et des ressources se réunit de façon
spéciale ce soir, avec le mandat très précis de
l'Assemblée nationale du Québec, de laquelle d'ailleurs toutes
les commissions tirent leur mandat et leur pouvoir, et ce mandat précis
est le suivant:
Entendre la partie syndicale sur la ou les raisons qui font qu'elle
refuse le rapport des médiateurs qui lui a été soumis et
également sur la ou les raisons qui font en sorte qu'elle refuse de
soumettre ledit rapport aux voix de ses membres."
Ce mandat implique de façon nécessaire qu'il sera
également permis à la partie patronale, c'est-à-dire
Hydro-Québec, d'indiquer la ou les raisons pour lesquelles elle a
accepté ledit rapport de médiation, de même qu'il sera
permis aux parlementaires d'interroger chacune des deux parties sur les raisons
qui font qu'elles ont effectué telle option plutôt que telle
autre.
Ainsi donc, comme vous pouvez le constater, le mandat de la commission
est très clair. Il est très limité et quant à son
objet et quant au temps et la présidence de cette commission tient
à dire qu'elle n'entend pas que cette commission
dégénère en séance de négociation ou de
médiation.
La présidence tient à dire également qu'elle
respectera rigoureusement le mandat qui lui a été confié
par l'Assemblée nationale du Québec et elle entend donc, en
conséquence, que les parlementaires des deux côtés de cette
table et de tous les partis politiques s'imposent à eux-mêmes
cette même discipline.
Après avoir le mot dialogué serait fort
parlé aux représentants des deux parties invitées, il
s'ensuit que la partie patronale, c'est-à-dire Hydro-Québec, par
ses représentants qui verront à s'identifier tout à
l'heure, a vingt minutes au maximum pour expliquer sa prise de position sur le
rapport de médiation et ce, sans qu'aucun des membres de quelque parti
politique que ce soit ait un mot à dire. Les premiers à parler
seront nos invités, donc en premier lieu la partie patronale. (22 h
30)
En deuxième lieu, une fois que ces vingt minutes seront
expirées, la partie syndicale, par ses représentants qui voudront
bien alors s'identifier, aura également vingt minutes pour expliquer aux
membres de la commission parlementaire les raisons qui motivent sa prise de
position. Par la suite sans aucune limite de temps, sinon notre
règlement qui nous régit et qui nous impose la fin de nos travaux
à minuit nous verrons à ce moment-là, la commission
est maîtresse, est souveraine de ses travaux je demande tout
simplement, après conciliabule auprès des représentants de
chacun des partis, que les représentants de chacun des partis fassent en
sorte que le partage du temps qui restera, après que nos invités
auront émis leur opinion, soit fait de façon juste et
équitable pour l'ensemble des partis politiques réunis et
représentés autour de cette table.
Ceci étant dit, et conformément aux ententes que j'ai
prises avec nos deux invités, je demande donc à la partie
patronale, c'est-à-dire HydroQuébec, par ses représentants
autorisés, de bien vouloir, pendant une période de 20 minutes,
nous expliquer sa prise de position, après s'être
identifiée et avoir identifié les gens qui l'accompagnent, s'il
vous plaît.
Position d'Hydro-Québec
M. Boyd (Robert): M. le Président, mesdames et messieurs
de la commission, mon nom est Robert Boyd, président-directeur
général d'Hydro-Québec. M'accompagnent Gilles
Béliveau, coor-donnateur pour les services essentiels pour toute la
province, René Voyer, chef négociateur d'Hy-dro-Québec,
Roger Dufour, adjoint de M. Béliveau pour les services essentiels,
Louis-Paul Hardy, directeur des relations de travail à
Hydro-Québec, et Maurice Fortin, notre spécialiste en calculs de
toutes sortes pour les coûts, les fonds de pension; c'est notre actuaire
à tout faire.
M. le Président, vous voulez que nous exprimions notre position.
Premièrement, je ne crois pas que nous ayons besoin de 20 minutes, je
vais le faire très brièvement. Hydro-Québec a
accepté, vendredi, le rapport des médiateurs nommés par le
ministre du Travail, et propose aux syndicats représentant ses 11 600
employés de signer des conventions collectives reflétant les
recommandations contenues dans ce rapport. Après en avoir examiné
toutes les implications, et bien qu'elles excèdent, sur un certain
nombre de points, nos dernières positions, Hydro-Québec estime
que les recommandations des médiateurs doivent être
acceptées pour mettre fin au conflit de travail qui dure maintenant
depuis 21 jours.
Les conditions du réseau de transport sont très
précaires dans le moment. On a des lignes qui peuvent faire
défaut assez facilement dans l'état des choses, et les conditions
du réseau de distribution sont loin d'être à leur meilleur
actuellement. Dans cette période de l'année où nous sommes
sur le point d'atteindre notre charge maximale, nous croyons qu'il est urgent
que les abonnés d'Hydro-Québec puissent être assurés
du service essentiel qu'est l'électricité dans notre monde
d'aujourd'hui. En acceptant les recommandations des médiateurs et en
proposant au syndicat de signer des conventions collectives dans les meilleurs
termes, Hydro-Québec estime que la grève des employés
syndiqués n'a plus sa raison d'être et espère que le
travail reprendra normalement dans les prochaines heures.
Voilà, M. le Président, c'est notre déclaration
d'ouverture.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci. Le représentant syndical, M. Morrisseau, je pense, et vous
pourrez nous présenter ceux qui vous accompagnent.
Position du syndicat
M. Morrisseau (Claude): M. le Président, mesdames,
messieurs de la commission, mon nom est Claude Morrisseau. Je suis le
porte-parole des trois groupes d'employés syndiqués à
HydroQuébec, c'est-à-dire les employés de métier,
les employés de bureau et les techniciens. Je suis accompagné,
à ma gauche, par M. Gaston Lafond, qui est un conseiller technique
attitré au dossier et, à ma droite, par Luc Chabot, qui est aussi
un conseiller technique attitré au dossier de la négociation des
trois sections locales du Syndicat canadien de la fonction publique.
Tout d'abord, j'aimerais vous dire le pourquoi du refus des
recommandations des médiateurs. Pour ce faire, je dois souligner
à la commission que le 28 juin 1978, les syndicats d'Hydro-Québec
ont déposé devant son président, M. Boyd, un projet de
convention collective pour remplacer celle expirant le 31 décembre 1978.
Dans ces projets de convention naturellement, il y avait un projet pour
chaque groupe de travailleurs on retrouvait sept points qui
étaient communs aux trois groupes. Une des raisons majeures pour
lesquelles les recommandations des médiateurs ont été
refusées par le syndicat, c'est que, sur ces sept points communs aux
trois groupes, suivant les recommandations des médiateurs, un seul de
ces points était réglé à notre satisfaction. Ce
point était les congés parentaux. Les autres points
n'étaient absolument pas réglés, même si nous avions
fait certaines concessions sur ces points importants. Nous avons cru et nous
croyons toujours que le contenu du rapport des médiateurs ne
représente pas la convention collective à laquelle aspiraient les
employés d'Hydro-Québec.
Il y a aussi une autre décision qui a été prise et
cette décision, c'est celle de refuser d'aller présenter les
recommandations des médiateurs en assemblée
générale à nos membres. Si nous avons pris cette
décision et je dois vous dire qu'elle a été prise
par 60 officiers élus par les travailleurs d'Hydro-Québec
si nous avons pris cette décision, c'est pour plusieurs raisons. Ces
raisons, je crois que la plupart d'entre vous les connaissent parce que nous
les avons rendues publiques.
Vous savez que les syndicats d'Hydro-Québec sont des syndicats
provinciaux. Il existe des travailleurs d'Hydro-Québec à travers
toute la province. Depuis que ces trois sections locales existent à
Hydro-Québec, sauf une exception, chaque fois que nous avons eu à
faire des recommandations à nos membres concernant des offres
d'Hydro-Québec ou des offres qui venaient d'une autre façon sur
une convention collective possible, nous l'avons fait en assemblée
générale et cela comporte une centaine d'assemblées
à travers la province, pour les trois sections locales. C'est pour
essayer, si nous faisons cela de cette façon, de permettre à tous
les employés d'Hydro-Québec, membres des trois sections locales,
de pouvoir assister à ces assemblées, de se faire entendre et
d'avoir des réponses à toutes les questions qu'ils veulent
poser.
De plus, comme nous voulons essayer de donner la meilleure information
possible aux membres, à chacune de ces assemblées, un membre du
comité de négociations est présent, de façon
à être en mesure de répondre à toutes les questions.
Ce comité de négociations est composé de douze membres et
est assisté de trois conseillers techniques. Cela représente
quinze personnes. Dans chacune des assemblées que nous faisons, une de
ces personnes est à cette assemblée. Depuis que les syndicats
d'Hydro-Québec existent, s'il y avait grève au moment où
nous décidions d'aller faire une recommandation quelconque à nos
membres, la grève était arrêtée
immédiatement, parce que nous n'acceptions pas, nous ne croyions pas
raisonnable de faire en sorte que la grève d'Hydro-Québec se
continue pendant que nous étions en tournée d'assemblées
pour faire en sorte que les membres puissent se prononcer sur les offres que
nous avions sur la table.
L'employeur, Hydro-Québec, sait très bien cela. Cela a
pour effet que si l'employeur nous demande d'aller présenter à
nos membres un projet, en l'occurrence les recommandations des
médiateurs à toutes fins utiles, la demande est: Arrêtez
votre grève. C'est absolument cela que cela veut dire, parce que quand
nous irons devant nos membres, la grève sera arrêtée. Que
ce soit pour une recommandation d'acceptation ou de rejet, la grève sera
arrêtée et cela l'a toujours été dans le
passé. (22 h 45)
Compte tenu de tous ces éléments, les exécutifs
provinciaux, composés de 60 membres pour les trois sections locales,
comme je vous le disais tantôt, ont essayé, compte tenu de la
durée de la grève à l'Hydro-Québec actuellement,
compte tenu que nous sommes très conscients des inconvénients
d'une grève à l'Hydro-Québec pour la population, de
trouver un moyen pour que cette grève soit, tout au moins,
suspendue.
Il est bien sûr que les syndiqués d'Hydro-Québec,
dans cette négociation, poursuivent certains objectifs et certains de
ces objectifs, majeurs pour eux, sont très importants. Certains
objectifs que nous essayons d'atteindre depuis nombre d'années
n'étant pas atteints par les recommandations des médiateurs, nous
placent dans la situation de poursuivre notre grève. C'est pour
ça qu'on a tenté d'essayer tout au moins de trouver un moyen qui
nous permettrait de tenter d'atteindre nos objectifs, tout en suspendant notre
grève.
Les exécutifs provinciaux ont décidé, dans un
premier temps, comme je le disais tantôt, de rejeter les recommandations
des médiateurs et ils ont aussi décidé de ne pas
présenter ces recommandations aux membres, mais, d'autre part, ils ont
trouvé un moyen pour essayer de faire en sorte que les objectifs
poursuivis par le syndicat et les objectifs poursuivis par le gouvernement et
par Hydro-Québec soient réunis dans un tout. Ils en sont
arrivés à la conclusion suivante: demander au gouvernement de
nous accorder une commission parlementaire. Pour la première fois, je
vais dire que cette commission parlementaire pourrait se tenir quelque part au
début de janvier. On comprend la situation dans laquelle est le
gouvernement actuellement; ce n'est pas une exigence qu'on est en train de
soumettre, on essaie seulement d'expliquer quel cheminement les
exécutifs provinciaux ont fait.
Nous avons aussi dit, à ce moment, que dès l'annonce par
le gouvernement d'une telle commission, il pourrait y avoir un moratoire sur la
grève, que lors de cette commission, le syndicat et Hydro-Québec
pourraient faire entendre leur point de vue sur les points demeurés en
litige suite aux recommandations des médiateurs. La commission aurait,
pour sa part, à se prononcer sur le bien-fondé des demandes dans
un délai, naturellement, le plus court possible parce que nous ne
voudrions pas que le conflit s'éternise. Il dure déjà,
selon nous, depuis trop longtemps quand on pense que nous avons fait la
tentative d'une négociation prématurée dès le 28
juin 1978. Le syndicat s'engagerait, pour sa part, à soumettre à
ses membres, en assemblée générale, le rapport de la
commission parlementaire pour acceptation ou rejet, et cela se ferait par
scrutin secret. D'ailleurs, toutes les décisions prises par les membres
concernant l'acceptation ou le rejet d'offres patronales ont toujours
été faites par scrutin secret et les membres ont toujours
été avisés de l'assemblée au moins 48 heures
à l'avance; c'est prévu dans nos statuts. Le moratoire pourrait
se prolonger jusqu'à ce que les membres se soient prononcés sur
le rapport.
C'est à la façon que les exécutifs provinciaux ont
pensé, c'est à cette façon qu'ils ont pensé comme
étant un moyen, sans brimer les syndiqués d'Hydro-Québec
dans leur droit de revendication et en essayant, dans un délai
très court, d'arrêter la grève à Hydro-Québec
de façon que la population n'ait plus les inconvénients
causés par une telle grève. C'est cette façon que les
exécutifs provinciaux ont imaginée comme étant une
solution facilement envisageable et très raisonnable, croyons-nous.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un conflit de travail
à Hydro-Québec serait entendu par une commission parlementaire.
En 1972, il y avait eu une commission parlementaire appelée à la
suite d'un conflit à Hydro-Québec et je crois, qu'à ce
moment, de cette commission parlementaire, était sorti un
règlement qui avait satisfait les deux parties. Nous croyons, M. le
Président, messieurs et mesdames membres de la commission, que de cette
façon, tout le monde pourrait sortir satisfait d'une telle commission
parlementaire, et le gouvernement et Hydro-Québec, et les
employés d'Hydro-Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie beaucoup. Je voudrais remercier nos invités, MM. Boyd et
Morrisseau, particulièrement, d'avoir, du moins à l'avis de la
présidence, respecté le mandat qui nous a été
confié par l'Assemblée nationale, et je suis convaincu que mes
collègues parlementaires suivront votre exemple. J'aimerais leur
rappeler que l'article 160
de notre règlement limite à vingt minutes le droit de
parole d'un député. Compte tenu du fait que tous les partis se
sont entendus pour répartir de façon équitable le temps
qui nous reste, je céderai donc en premier lieu la parole au
gouvernement ou à son représentant, par la suite à
l'Opposition officielle pour terminer avec l'Union Nationale, tout en
soulignant que chacun des partis politiques pourra diviser les premières
vingt minutes qui lui sont allouées de la façon qu'il jugera
appropriée. M. le ministre.
Commentaires et questions
M. Bérubé: M. le Président, il s'agit bien
évidemment d'une réunion un peu spéciale de notre
commission qui est davantage préoccupée d'une façon
générale par les détails de nos lois ou encore de nos
politiques énergétiques et rarement par des conflits de
travail.
Néanmoins, je pense que c'est la responsabilité de cette
Assemblée de voir à ce qu'un certain nombre de services
essentiels soient fournis aux citoyens du Québec. Si nous sommes
réunis ici ce soir, c'est essentiellement parce que les citoyens du
Québec souffrent présentement de la privation de services qui
sont absolu ment essentiels, compte tenu de notre climat, compte tenu du pays
dans lequel nous vivons. Il ne fait aucun doute que la seule et unique raison
pour laquelle nous sommes ici ce soir, c'est essentiellement pour tenter de
rétablir des services aux citoyens du Québec le plus rapidement
possible et non pour tergiverser une fois de plus.
La situation est certainement difficile, pour autant que le
réseau d'Hydro-Québec est concerné, d'une part, parce que
la demande en électricité sera maximale dans peu de jours et
aussi parce que les conditions climatiques sont telles que l'on ne peut pas se
passer d'électricité. On ne peut pas se passer
d'électricité! S'il fallait attendre que toutes les demandes
soient satisfaites pour qu'on rétablisse le courant aux citoyens, ce
serait totalement inacceptable.
Je pense qu'il faut reconnaître que le travail qu'accomplissent
les employés d'Hydro-Québec dans des conditions souvent
difficiles, puisque réparer des pannes, rétablir des circuits
brisés par le gel, par le verglas ne peut se faire souvent que dans des
conditions extrêmement difficiles, même dangereuses... Il
m'apparaît normal que le syndicat défende l'intérêt
de ses travailleurs pour leur garantir les conditions de travail les meilleures
possible.
Il est également évident que les pannes ne peuvent pas
toujours être réparées immédiatement et il est
difficile, même aujourd'hui, d'identifier une panne et de l'attribuer
purement et simplement à des retards reliés à la
grève, alors qu'un retard pourrait tout aussi bien être
normal.
Il reste cependant qu'il faut reconnaître que le nombre de pannes
augmente rapidement et ce qui me frappe surtout, c'est de constater qu'un
certain nombre de pannes ne sont pas réparées après de
trop nombreux jours. Lorsque des pannes affec- tent 70 abonnés pendant
plus de quatre jours, des enfants, des vieillards, il m'apparaît, moi,
qu'il n'y a aucune justification à tolérer une telle
situation.
Aussi ce sera le sens de mes interventions ce soir. Elles iront
uniquement dans le sens de certains services essentiels que tous les citoyens
du Québec, qui travaillent au Québec sont tenus d'assurer
à leurs compatriotes.
Je passerai maintenant la parole à mon collègue du
Travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre du Travail.
M. Johnson: Je pense que M. Boyd a fait connaître
clairement la position d'Hydro-Québec, qui est celle de l'acceptation du
rapport de médiation. Quant à M. Morrisseau, vous nous montrez,
M. Morrisseau, que vous êtes bien important; c'est vrai, vous êtes
très important. (23 heures)
D'ailleurs, on est ici, ce soir, on est nombreux, on va tous se coucher
tard, mais, à la rigueur, ce n'est rien parce qu'il y en a qui vont se
coucher au froid ce soir. Vous êtes donc très important. Votre
syndicat est important, et il l'a démontré dans le passé;
il est tellement important qu'il a réussi à obtenir des
commissions parlementaires en 1972, des médiations, conciliations
à la partie patronale de la part d'un ancien ministre du Travail devenu
ministre de tutelle, l'énervement d'une bonne partie de la population,
des conditions de travail qui, de façon générale, ne sont
pas exactement considérées comme l'exploitation du
sous-prolétariat, et tout cela dans un contexte qui a toujours
impliqué que vous exerciez, dans le cadre des lois du travail, un droit
de grève.
Vous avez tellement pris l'habitude d'importance dans votre syndicat, et
vous avez tellement pris au sérieux cette puissance qui est
réelle et qui est la vôtre, parce que vous occupez un secteur
névralgique dans notre société, que vous en êtes
venu, M. le représentant, à toutes fins utiles, à nous
donner l'ordre du jour de ce que serait une commission parlementaire au mois de
janvier, et la procédure qu'on devrait suivre pour ensuite,
peut-être, soumettre ce rapport à vos assemblées. Je trouve
cela un peu démesuré, si vous me permettez. Je reconnais la
puissance et l'importance du syndicat d'Hydro-Québec, il n'est pas
obligé de la démontrer parce que tout le monde le sait, M.
Morrisseau.
Je voudrais vous parler de trois choses, brièvement. Vous avez
dit: II y a, dans ce rapport c'est la raison pour laquelle nous le
refusons des objectifs que nous recherchons depuis dix ans, auxquels le
rapport ne satisfait pas. J'en conviens, et vous conviendrez également
avec moi, M. Morrisseau, sans entrer dans le détail, parce qu'on n'est
pas ici pour négocier, en commission parlementaire, que quand vous
parlez de salaires et d'indexation, quand vous parlez d'horaire de travail,
quand vous parlez du régime de retraite, de la santé et
sécurité et des congés de maternité, il y a des
choses considérables qui ont
été faites en médiation, même si, par
ailleurs, le travail à forfait et le repas du midi n'ont pas
été touchés.
S'il fallait qu'on définisse, dans notre société,
une négociation fructueuse comme étant: On gagne à 100%
sur tous les points, je pense qu'il n'y aurait pas de liberté de
négocier dans notre société, il n'y aurait pas, non plus,
d'intervention conciliatrice ou médiatrice possible.
Deuxièmement, je veux vous parler de la grève et du mandat
de grève. Vous avez dit tout à l'heure: Pour nous, quand on passe
au scrutin, parce qu'il faut réunir des gens dans une structure
très complexe que vous nous avez décrite, cela prend des jours,
donc, en pratique, quand on va au vote, avec recommandation positive ou
négative, c'est la fin de la grève. Si je comprends bien, les
gens sortent, il faut un règlement et, par définition, qu'il y
ait recommandation positive ou négative, on ne retourne pas au travail
pour se prononcer vraiment, on retourne au travail parce qu'on met fin à
la grève et, en pratique, cela veut dire qu'on se prononcera dans le
sens peut-être de la recommandation, je n'en suis pas sûr. Cela
m'apparaît une interprétation assez mince et assez étroite
de ce que signifie la démocratie dans notre système de droit du
travail.
Dans le cadre de cela, avant de vous parler un peu de la
médiation elle-même, je vous poserai des questions auxquelles
j'aimerais avoir des réponses très brèves, sans
commentaires, s'il vous plaît. J'aimerais savoir quelle était la
question que vous avez posée aux travailleurs membres des trois
syndicats que vous représentez pour obtenir un mandat de grève.
Pourriez-vous nous faire lecture du bulletin de vote?
M. Morrisseau: Je vais vous le citer de mémoire, M. le
ministre. Mais, si vous le permettez, j'aurais quelques petits commentaires
à faire à ce sujet. Notre bulletin de vote disait: J'accepte les
offres d'Hydro-Québec ou je refuse les offres d'Hydro-Québec et
mandate mon comité de négociations de déclencher, de la
façon et au moment qu'il jugera opportun, une grève rotative et
en dernier ressort une grève générale. 10% des
employés réunis en assemblée générale ont
refusé de se prononcer parce que les employés voulaient une
grève générale, contrairement à la recommandation
du syndicat, qui lui, voulait commencer par une grève rotative.
M. Johnson: M. Morrisseau, quel a été le taux de
participation aux assemblées? Vous vous réclamez de 11 600
membres dans vos télégrammes. Il y en a combien au total qui ont
exprimé leur vote?
M. Morrisseau: Je vais vous dire les chiffres exacts dans
quelques instants. Il y a eu 6021 employés qui se sont prononcés
sur environ 11 600. Il y avait aussi 600 employés, le 10% que je vous ai
mentionné tantôt, qui ont participé aux assemblées,
mais qui ont refusé de se prononcer, parce qu'ils voulaient absolument
une grève générale et le pourcentage a été
de 77,6% pour le rejet des offres et le mandat de grève.
M. Johnson: Ce qui fait un total de combien d'employés?
77% de 6000. C'est cela? C'est le nombre de personnes qui a voté pour le
rejet des offres et pour le mandat de grève dans le même
carreau.
M. Morrisseau: 77% des 6000 se sont prononcés.
M. Johnson: En dernier lieu, M. Morrisseau, je voudrais
simplement, avant qu'on reprenne le tour de table, vous demander de me
définir très brièvement, à vos yeux, ce qu'est une
médiation, parce que vous avez l'expérience d'interventions
inhabituelles au syndicat d'Hydro-Québec. Qu'est-ce qu'une
médiation?
M. Morrisseau: Dans notre cas, ce fut deux personnes
nommées par le gouvernement, deux personnes expérimentées
en relations de travail qui ont eu le support de deux autres personnes
expérimentées en relations de travail qui ont tenté, suite
à des échanges qu'ils ont eus avec les deux parties, de
rédiger des recommandations qui, selon eux, pouvaient représenter
une satisfaction pour les deux parties, une entente satisfaisante pour les deux
parties.
M. Johnson: M. Morrisseau, votre description de ce qu'est une
médiation est assez factuelle, mais il y a un postulat à cela. La
médiation est habituellement l'échec de la conciliation. Et cela
est très important, parce que je dois vous dire que, dans la
majorité des cas, des conventions collectives au Québec, avec le
monde normal, avec des employeurs normaux et des syndicats normaux, sont
conclues sans même de conciliation. Cela vaut pour les syndicats comme
pour les employeurs.
Dans une autre partie des cas, les conventions collectives sont conclues
à la suite d'interventions des services de conciliation du ministre. Et
il reste peut-être une demi-douzaine de cas, par année, qui
exigent la médiation. Je puis vous assurer qu'il ne sera pas de
tradition que cela se rende jusqu'au Parlement souvent, surtout pas par une
commission parlementaire.
Donc, en général, la médiation, M. Morrisseau,
c'est un processus extraordinaire, c'est un processus qui implique
également, peut-être, que les parties et c'est que les
médiateurs ont été obligés de faire dans leur
rapport doivent constater leur propre échec et leur propre
impuissance, malgré la puissance de la société et des
syndicats dont il s'agit, d'être capables de s'entendre comme des
êtres raisonnables. C'est là qu'intervient la médiation et
c'est là que, pour le 10 décembre, j'ai demandé aux deux
conciliateurs au dossier, assistés du sous-ministre et du directeur des
relations de travail, au ministère, d'intervenir à titre de
médiateurs. Ils ont rencontré Hydro le 10, ils vous ont
rencontré le 11, ils ont procédé à la
rédaction d'un rapport qui a duré deux jours. On s'est
pressé pour la médiation. On s'est dépêché et
je pense que cela a quand même été fort bien fait. On s'est
dépêché et on s'est pressé, vous le savez, parce
qu'au bout de la ligne, les mesures prises par les syndicats
d'Hydro-Québec, à l'appui
de leurs revendications, affectent la population.
Un rapport de médiation, c'est en général fait par
des hommes impartiaux, des hommes expérimentés, parce que ceux
qu'on utilise le sont, et je puis vous dire que dans le cas des quatre
personnes qui ont été impliquées dans ce dossier, c'est
à peu près les meilleures énergies possible qu'on pouvait
y mettre. Et cela se respecte un rapport de médiation, M. Morrisseau.
Une médiation, cela débouche au ministère du Travail et je
pense que votre syndicat devrait le savoir, en ce qui nous concerne, depuis
deux ans et demi dans ce ministère, sur un retour vers ceux qui ont
donné les mandats. Et c'est cela que vous n'avez pas fait. Je ne suis
pas sûr que je comprenne pourquoi, parce que ce que vous avez
évoqué, au début, sur vos objectifs, vous auriez pu me
dire que cela expliquait pourquoi vous n'avez pas réussi à avoir
une convention collective avec Hydro-Québec, en négociant face
à face.
Ce que vous m'avez dit au sujet du problème de réunir
votre monde pour faire des assemblées, cela aurait pu expliquer,
même en partie, la raison pour laquelle, à partir des efforts
faits en conciliation, vous ne voulez pas retourner devant vos membres. Amon
avis, ces arguments ne valent pas pour la médiation puisque, d'une
certaine façon, les parties ont accepté, dans le processus de
médiation, de se départir elles-mêmes de leur
responsabilité de conclure une entente et de remettre cela entre les
mains d'un tiers qui, sans être un arbitre, est un tiers qui veut les
amener, finalement, à trouver le moyen, par une intervention qui est
presque autoritaire, dans la mesure où la rédaction des textes se
fait par les médiateurs, à permettre le règlement. Cela
exige qu'on respecte le système de médiation et je pense que ne
pas aller vers les mandats, M. Morrisseau, c'est ne pas respecter ce qu'est la
médiation.
C'est tout ce que j'avais à dire pour l'instant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau, s'il y a lieu. (23 h 15)
M. Morrisseau: II y a une chose importante mentionnée par
le ministre Johnson qui pourrait être élaborée,
naturellement, à savoir qu'on se retrouve en médiation à
Hydro-Québec et qu'on n'est pas venu à bout, les parties, de
s'entendre dans une négociation. C'est vrai, on ne peut le nier, on ne
peut nier non plus que cela a toujours été le cas et nous croyons
très fermement que la commission parlementaire pourrait faire
découvrir, tout au moins aux gens qui y assisteraient, le pourquoi d'une
telle situation. Nous croyons cela très fermement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, si nous sommes réunis
ici, ce soir, c'est dans le but d'essayer d'obtenir que les services essentiels
soient retournés à la population. Le représentant
d'Hydro-Québec nous a décrit le fait que le réseau de
distribution était dans une condition précaire, je crois que
chaque député a reçu des téléphones, des
télégrammes de ses électeurs quant aux pannes qui existent
à travers la province, alors, nous sommes vraiment
intéressés à nous assurer que la population obtient les
services auxquels elle a droit. C'est regrettable que, dans une situation comme
celle-ci, quand il y a une grève de ce genre, ce ne soit pas l'employeur
qui en souffre, mais la population en général, et c'est pour cela
que le but principal, notre intérêt, c'est de s'assurer que ces
services essentiels soient redonnés à la population dans le plus
bref délai possible. Je voudrais simplement demander une question, M. le
Président, au représentant des syndicats, après laquelle
je voudrais céder la parole à mon collègue, le
député de Portneuf. Dans votre télégramme au
premier ministre, avec une copie au ministre des Finances, vous aviez
indiqué que vous seriez prêt à consentir un moratoire
à la condition que vous soit accordée l'occasion de vous faire
entendre en commission parlementaire. Est-ce que vous pourriez nous dire si le
moratoire a commencé, si les représentants, si les
employés sont au travail pour restaurer les pannes où elles
existent et vous pourriez nous dire de quelle durée sera ce
moratoire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: Actuellement, les employés
d'Hydro-Québec travaillent à réparer les pannes. Il n'y a
pas, actuellement, un moratoire sur la grève; la raison en est simple,
c'est que, quand nous parlons d'une commission parlementaire appelée,
nous parlons d'une commission parlementaire qui nous permettrait de faire
valoir, qui nous permettrait, encore là ce n'est pas une exigence, on ne
l'exige pas, on dit que nous croyons en une commission parlementaire qui nous
permettrait de nous faire entendre sur les points en litige. Si, à ce
moment, la commission parlementaire juge que nos objectifs ne sont pas
fondés, ils nous diront que nos objectifs ne sont pas fondés. On
ne s'attend pas à ce que la commission parlementaire nous accorde tout
ce qu'on a demandé. On s'attendrait que la commission parlementaire nous
entende et en nous entendant, en plus, probablement, je le
répète, en plus, probablement, de trouver une solution au
conflit, elle pourrait, probablement, trouver une solution pour éviter
qu'il y ait de ces genres de conflits dans le futur à
Hydro-Québec. Alors, ce n'est pas le genre de commission parlementaire
que nous avons actuellement. On nous demande, à la commission
parlementaire, de dire pourquoi nous avons refusé le rapport et on nous
demande de dire pourquoi nous ne sommes pas allés aux membres en
assemblée générale avec le rapport. C'est pour cela
qu'actuellement, il n'y a pas de moratoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vais tenter
d'être assez bref parce que j'ai quelques questions à poser
à MM. Morrisseau et Boyd. Je ne reprendrai pas quelques commentaires
formulés par le ministre de l'Energie et des Ressources, même si
cela me tenterait de le faire, entre autres, en ce qui concerne sa notion de
services essentiels. Là n'est pas la question pour le moment. On aura
peut-être l'occasion d'y revenir à d'autres moments ou lieux. M.
Morrisseau, nous sommes à vivre actuellement un conflit au Québec
qui a de graves répercussions. Je pense que de par les questions qui ont
été soulevées par plusieurs collègues à
l'Assemblée, on est en mesure de saisir la dimension des
problèmes que cela peut impliquer chez les gens. Nul doute qu'on se doit
de prendre, comme législateurs et comme membres d'une commission
parlementaire, comme membres de l'Opposition, tous les moyens possibles pour
tenter de favoriser dans les meilleurs délais non seulement un
rapprochement, parce que dans le moment, les parties ne négocient pas,
évidemment un règlement à ce conflit. Vous avez
fait des pressions. Vous avez formulé, M. Morrisseau, des demandes
particulières, entre autres, celle que soit convoquée une
commission parlementaire, vous permettant... vous pourrez répondre
à ma question ou rectifier, mais j'ai perçu, comme
député, la demande que vous formuliez dans le but de créer
une pression et si ma mémoire est fidèle, je ne peux pas vous
citer au texte, mais je me rappelle bien avoir lu que vous justifiez votre
demande d'une commission parlementaire pour vous permettre de venir exposer les
points sur lesquels vous vouliez insister, les points d'écart entre la
partie syndicale et la partie patronale et ainsi vous pourrez me
corriger si je ne vous cite pas bien créer une pression sur
l'employeur. C'était ce à quoi on s'attendait, lorsque vous avez
exprimé ce désir que la commission parlementaire
siège.
Ce soir, également, on est réuni, on nous demande de nous
réunir à 22 heures, avec un mandat qui est plus ou moins
limité. Nous aurions pu amorcer nos questions ou nos travaux par des
interrogations ou encore des motions sur le mandat comme tel, mais je pense, M.
le Président, que cela aurait risqué, cela aurait pu avoir comme
résultat, somme toute, qu'à minuit, on soit encore dans la
procédure. Nous nous attendions que vous profitiez de l'occasion,
dès ce soir, pour mettre sur la table et exposer les points qui vous
séparent d'Hydro-Québec en ce qu'Hydro Québec, d'une part,
accepte le rapport des médiateurs et d'autre part, vous refusez ledit
rapport, parce que, comme vous l'avez déclaré dans votre
introduction, sur les sept points en litige, il y en aurait seulement un
relatif aux congés parentaux qui serait acceptable, selon vous, dans le
rapport de médiation.
Ici, je dois vous exprimer ma surprise: vous nous demandez que la
commission se réunisse à nouveau en janvier pour étudier
plus à fond, et sans l'exiger, vous souhaitez que cette commission
puisse émettre une recommandation qui, par la suite, serait soumise
à vos membres. Je ne veux pas trop insister sur le caractère de
précédent, sur les implications de nos mécanismes
parlementaires et de négociations, mais je me limiterai, M. le
Président, à demander à M. Morrisseau, tout d'abord si ce
qu'il souhaitait de la commission, c'était ce qui s'est
déjà fait dans le passé, c'est-à-dire que la
commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre s'est
déjà réunie ou encore, peu importe la commission en
question, les commissions ont déjà émis des voeux à
l'endroit des parties. Cela s'est déjà vu dans certains conflits
et si ma mémoire est fidèle, entre 1973 et 1976, dans les
conflits relatifs à la Commission de transport de la communauté
urbaine de Montréal.
Un autre élément; la suggestion que vous formulez c'est
que la commission en arrive à l'expression d'un voeu qui pourrait
créer une pression sur les parties, cette fois-là? La
deuxième question est: Ne croyez-vous pas qu'en négociant comme
cela et en exprimant un tel voeu ou en exigeant que la commission émette
une recommandation, ce serait, somme toute, donner le mandat à la
commission de se substituer aux parties? Le troisième volet de la
question est: Ne croyez-vous pas parce qu'il faut regarder les choses
telles qu'elles sont et si on est en commission parlementaire, d'une part, vous
avez le gouvernement qui siège avec ses représentants; d'autre
part vous avez les représentants de l'Opposition; vous n'êtes pas
sans savoir, évidemment, que la majorité est de ce
côté-là que même si la commission acceptait,
en mettant de côté tous les principes possibles de
négociation, le précédent parlementaire et tout, cela
pourrait avoir comme résultat, du fait que les membres qui
s'exprimeraient éventuellement sur cette recommandation pourraient
majoritairement être formés de ceux du gouvernement, que ce
serait, somme toute, une redite puisque cela pourrait devenir une expression
gouvernementale, purement et simplement, qui serait traduite par les membres de
l'Assemblée nationale appartenant à la formation qui compose le
gouvernement.
C'est le troisième volet de la question et, par la suite, j'aurai
une quatrième question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: Pour répondre globalement à cette
question en un seul volet...
M. Pagé: Je vous dirai que je suis habitué à
trois volets et, bien souvent, à pas de réponse du tout, alors je
vais me satisfaire d'un volet.
M. Morrisseau: Je vais vous donner une réponse qui,
j'espère, va vous satisfaire. Toutes ces règles du jeu, si l'on
veut, que nous avons exprimées, nous avons clairement dit que ce
n'était pas des exigences. Nous disons aussi que nous sommes prêts
à l'encontrer le gouvernement pour établir ces règles du
jeu, pour tenter de nous entendre sur les règles du jeu d'une commission
parlementaire. C'est une suggestion qu'on a faite,
nous avons suggéré une façon d'essayer de
régler le conflit à Hydro-Québec. On s'est forcé,
on n'a peut-être pas réussi, mais on a au moins essayé de
trouver une solution, une façon de solutionner le conflit. Si les
règles du jeu qu'on suggère ne sont pas acceptables,
peut-être bien que le gouvernement pourrait, lui aussi, se forcer de son
côté et essayer de trouver une façon de solutionner le
conflit à Hydro-Québec. Peut-être bien que ça
pourrait arriver. Je pense que cela répond à vos trois
volets.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, somme toute, ce qu'on
peut trouver comme argument de fond ou comme commun dénominateur
à la position adoptée par votre groupe, M. Morrisseau, c'est que
vous demandez d'être entendus et, par le fait même, que la
commission puisse être saisie des objets bien particuliers sur lesquels
vous n'êtes pas d'accord avec le rapport de médiation. J'aurai une
première question préalable: Quand vous nous dites que le
moratoire implique je voudrais être certain de vous avoir bien
compris que des gens travaillent, mais que ça n'implique pas pour
autant la suspension de la grève est-ce que je vous ai bien
compris? c'est quoi?
M. Morrisseau: Vous m'avez mal compris. M. Pagé:
Tant mieux. C'est quoi?
M. Morrisseau: Le moratoire impliquerait le retour au travail de
tous les employés d'Hydro-Québec tant et aussi longtemps
c'est ce qu'on dit dans notre suggestion que les employés ne se
seraient pas prononcés sur ce que la commission aurait
recommandé.
M. Pagé: C'est parce que, tout à l'heure, mon
collègue de Mont-Royal vous a demandé si le moratoire actuel
impliquait que la grève était suspendue. C'est pour cela que...
D'accord.
M. Morrisseau: J'ai répondu qu'il n'y avait pas de
moratoire, actuellement.
M. Pagé: Alors, vous proposez un moratoire et vous vous
engagez à soumettre cette expression d'opinion émanant de la
commission parlementaire à vos membres. Pourquoi janvier? Pourquoi pas
demain matin?
M. Morrisseau: Parce que selon ce que nous avons entendu du
gouvernement, ce qui a été dit par le premier ministre lors de la
période des questions d'avant-hier, je crois, la période
actuelle, compte tenu des travaux du Parlement, rendait difficile pour le
gouvernement d'accorder actuellement une commission parlementaire. C'est ce que
j'ai cru comprendre. Nous comprenons que c'est une raison très valable,
et c'est pour cela que nous disons: Allons pour le début de janvier,
après la période des Fêtes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf. (23 h 30)
M. Pagé: Dans ma dernière question, je vous ai
demandé: Pourquoi pas demain? J'en fais là une dernière
question. Seriez-vous disposés à décréter
immédiatement un moratoire qui impliquerait la suspension de tous les
moyens de pression, suspension de la grève comme telle, revenir demain
en commission parlementaire, soit celle de l'énergie ou encore celle du
travail et de la main-d'oeuvre, exposer vos griefs et donner suite aux voeux
exprimés par la commission parlementaire?
M. Morrisseau: Si nous avons l'assurance du gouvernement que nous
pourrons avoir une commission parlementaire durant laquelle l'on pourra faire
valoir nos positions sur ce qu'il y a en litige actuellement
Hydro-Québec pourrait aussi faire valoir ses positions et que,
à la suite de ça, d'une façon ou d'une autre, la
commission parlementaire se prononcera sur le bien-fondé de nos
argumentations respectives, si nous avons cette garantie du gouvernement,
demain matin, à huit heures, tous les employés
d'Hydro-Québec seront de retour au travail.
M. Pagé: Est-ce à dire que si la commission
parlementaire parce qu'ici c'est une commission parlementaire, le
gouvernement, c'est à un autre niveau...
M. Bérubé: Ce n'est pas une bonne, celle-là
n'est pas bonne!
M. Pagé: Est-ce à dire que si la commission
parlementaire acceptait de siéger demain, d'entendre vos
représentations, avec le résultat qu'à la commission un
voeu serait exprimé, le moratoire serait immédiat jusqu'à
ce que vos membres se soient prononcés sur le voeu?
M. Morrisseau: C'est ce que j'ai dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'aurai d'autres
questions ou d'autres commentaires, on n'a pas terminé nos vingt
minutes; je vais laisser, par déférence pour mes autres
collègues... Je crois que la parole devrait aller au gouvernement, parce
que la porte est assez grande ouverte, je pense.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Avec quatre minutes, M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je voudrais juste poser une brève question
à M. Morrisseau. Pourriez-vous nous dire comment la rencontre de ce soir
vous a été présentée? Qu'est-ce qu'on vous a dit
exactement, qu'avez-vous compris? Il y a un malentendu que je voudrais
clarifier comme il faut.
M. Morrisseau: II n'y a pas eu de malentendu; on nous a
convoqués à la commission parlemen-
taire. A ce moment, j'ai posé la question: Est-ce qu'on va
pouvoir faire nos représentations concernant les points qui demeurent en
litige? Je n'ai pas eu de réponse affirmative à cette question;
on m'a dit qu'on aurait à répondre à des questions. Je
pense que je ne me trompe pas et, si je me trompe, je permets à celui
qui a communiqué avec moi de rectifier les faits, mais en gros c'est ce
qui nous a été dit.
M. Ryan: Pour être franc avec vous, je n'ai pas compris la
réponse.
M. Morrisseau: On nous a dit que nous étions
convoqués à la commission parlementaire à 22 heures, ce
soir, à Québec et j'ai posé la question: Est-ce que lors
de cette commission parlementaire on pourra faire valoir notre argumentation
concernant les points qui sont en litige? Je n'ai pas eu de réponse
affirmative à ça, mais on m'a dit cependant que lors de la
commission parlementaire nous aurions à répondre à des
questions.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je reviendrai tout d'abord
aux services essentiels et je m'adresserai principalement aux
représentants d'Hydro-Québec.
Ce soir, aux nouvelles, on nous a annoncé qu'il y avait à
peu près 20 000 abonnés qui étaient sans service, ce qui
représente à peu près 60 000 ou 65 000 citoyens du
Québec. On a également vécu depuis quelques jours des cas
isolés, des situations parfois plus pénibles qui ont duré
jusqu'à cinq, six ou sept jours. Actuellement, nous subissons au
Québec une baisse de température considérable. C'est
l'approche de Noël, il faut y penser également.
Les représentants d'Hydro-Québec disaient tout à
l'heure que la situation est actuellement précaire. Est-ce que les
représentants d'Hydro-Québec pourraient élaborer un peu
sur cette situation et nous dire quelles complications ils envisagent si la
situation ne se règle pas dans les plus brefs délais.
M. Boyd: M. le Président, il me fait plaisir de
répondre à cette question. Je voudrais l'examiner sous deux
aspects: il y a d'abord le réseau de transport d'énergie et je
vais demander à M. Béliveau de vous expliquer les
problèmes et les dangers qui existent sur le réseau de transport
d'énergie et, ensuite, à M. Dufour de vous dire quel est
l'état du service à la distribution, ce qu'il a été
depuis vingt et un jours, comment les citoyens ont été mal
traités et, dans certains cas, les citoyens ont été les
otages. Quand le service n'est pas donné à des abonnés
pendant 4, 5, 6 et 7 jours, je pense que ce n'est pas traiter les
abonnés convenablement, dans notre pays.
Alors, si vous le permettez, M. le Président, pour
répondre à la question, M. Béliveau va vous parler du
réseau de transport et M. Dufour vous parlera du réseau de
distribution, vous donnera certaines statistiques et certains cas pratiques que
nous avons vécus au cours des trois dernières semaines.
M. Béliveau (Gilles): Pour parler du réseau de
transport, je dois vous dire que c'est le réseau principal, à
très haute tension, qui constitue les artères principales
canalisant l'énergie des sources de production aux grands centres de
consommation de la province.
Alors, comme vous le savez, c'est un réseau qui est très
fragile, d'abord à cause de sa longueur; deuxièmement, à
cause du fait qu'il est composé d'éléments importants dont
la perte a un impact considérable sur sa fiabilité et sur sa
stabilité.
On prévoit d'ici les deux prochaines semaines, comme c'est le cas
à peu près à chaque année, faire face à une
pointe d'appels de puissance et, compte tenu de l'état actuel du
réseau, c'est-à-dire compte tenu du fait que nous avons, comme
vous l'aviez mentionné, d'ailleurs, en Chambre, un élément
essentiel à Québec, qui s'appelle un compensateur-statique qui
est défectueux et qui a été réparé en partie
seulement, compte tenu du fait que nous avons, entre Manicouagan et
Québec, une ligne à 735 000 volts, qui a été
endommagée par le verglas et que l'on a réussi, tant bien que
mal, à l'aide de câbles et là, je dois dire
qu'à maintes reprises, à la suite d'appels nombreux au syndicat,
le syndicat s'est toujours refusé à réparer cette
ligne...
Des Voix: Ah!
M. Béliveau: Oui, oui c'est le cas, je dois vous le dire,
c'est un fait. D'ailleurs, elle n'est pas encore réparée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre, s'il vous plaît! Excusez-moi M.
Béliveau, quelques secondes pour dire aux gens qui sont présents
dans la salle de ne point manifester de quelque façon que ce soit. M.
Béliveau, allez-y.
M. Béliveau: Cette ligne n'est pas encore
réparée. On a réussi quand même, tant bien que mal,
à la remettre en service, mais effectivement, elle tient à un
cheveu. Je dois vous dire que, depuis le début de la grève, cette
ligne a ouvert seize fois, exactement, et elle transporte 1000
mégawatts. Alors, compte tenu aussi, qu'entre la nouvelle centrale LG 2
de la Baie James et Montréal, nous avons eu un tronçon de ligne
de 240 kilomètres, qui a été en défaut et qui a
aussi occasionné des ouvertures assez fréquentes et qu'on a
dû réparer, encore à l'aide des câbles, par suite du
refus du syndicat, compte tenu de ces éléments et de nombreux
autres éléments, je dois vous dire
qu'on prévoit, si tout se passe normalement, c'est-à-dire
que s'il n'y a aucun bris de réseau d'ici la fin de décembre,
être capable de faire face à la pointe, que l'on estime comme
devant être de 17 400 mégawatts. Mais, évidemment, si une
ligne comme celle que je viens de vous mentionner tout à l'heure entre
Manic et Québec devait ouvrir une autre fois et qu'on doive la laisser
ouverte, alors cela va occasionner sur le réseau ce qu'on appelle du
délestage de 1000 mégawatts. 1000 mégawatts, cela veut
dire couper de façon cyclique 70 artères de distribution, ce sont
des artères qui se promènent dans les rues que vous connaissez
bien et qui alimentent en moyenne 200 000 abonnés.
Alors, c'est ce qu'on devra faire d'ici la fin de l'année si
jamais, lors de la pointe du réseau, un des éléments que
je vous ai mentionnés tout à l'heure devait flancher. Alors,
c'est un peu la condition actuelle des réseaux. C'est pour cela qu'on
dit que le réseau de transport en plus d'être fragile, est dans
une situation précaire. Pour les réseaux de distribution, je vais
passer la parole à mon collègue Roger Dufour.
M. Dufour (Roger): M. le Président, mesdames, messieurs,
voici, au chapitre de la distribution, pour vous donner une idée de ce
que c'est à cette période-ci de l'année, la distribution,
j'aimerais vous donner le bilan de la journée, par exemple, qui est une
journée type que nous vivons depuis le début de la grève.
Cet après-midi, nous avions encore 324 pannes qui affectaient 16 000
abonnés et, parmi ces pannes, nous en avions de l'ordre de 156 qui
affectaient 1600 abonnés depuis deux jours et plus. Par exemple, au
chapitre des trois jours, nous avons, présentement, dans la province, 24
pannes qui affectent 144 abonnés et, si on va plus loin, au niveau des
séjours, nous en avons présentement neuf qui affectent encore 33
abonnés et ainsi de suite.
Concernant la situation actuelle pour le réseau de distribution,
comme il a été mentionné à plusieurs reprises et je
crois que les nombreux députés et ministres ont eu l'occasion de
vivre et de vérifier, il y a eu de nombreux cas qui nous sont
arrivés tous les jours, des cas pathétiques où on ne
pouvait absolument rien faire. Parmi ces cas, évidemment, se retrouvent
ceux que je vous ai mentionnés tout à l'heure. C'est cette
situation que nous vivons depuis la fin du mois de novembre.
Avec l'hiver qui progresse et le froid qui arrive, évidemment, le
nombre de pannes par jour, présentement, est de l'ordre de 200, ce qui
est normal pour un réseau d'électricité et ce qui est
anormal, c'est le temps d'intervention. Les temps d'intervention que nous
connaissons en ce moment prennent de l'ordre de 48 heures et plus. Alors, cela
vous donne une idée, je crois que tout le monde a été
à même de le constater par les différents média et,
comme vous l'avez vécu vous-mêmes, cela résume la situation
du réseau de distribution où, plus le temps avance, plus les
situations vont aller en s'empirant. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Boyd: Est-ce que je pourrais ajouter?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui M. Boyd, allez-y.
M. Boyd: Je voudrais faire ressortir un autre
élément. On mentionne la durée qu'il faut prendre,
maintenant depuis que nous sommes en grève, pour que les services soient
restaurés. Evidemment, on a toujours des pannes sur un réseau de
distribution. Une panne qui prenait deux ou trois heures à
réparer, maintenant, cela en prend trois à quatre fois plus et,
évidemment, c'est là qu'est la différence. Un autre
facteur qui est très important, c'est que cette période de
l'année est la plus active, où il faut changer les
transformateurs, renforcer les circuits, c'est une période très
active d'exploitation et d'entretien du réseau de distribution et les
employés n'étant pas là, les employés
n'étant là que pour répondre aux services essentiels quand
ils jugent bon de le faire, le réseau est en train de se
détériorer. Le travail qui aurait dû se faire depuis un
mois, d'entretien, de réparation, de remplacement de transformateurs et
de remplacement surtout de fils qui ne sont pas assez gros ou de
transformateurs qui devraient être là et aussi, à tous les
abonnés qui veulent être raccordés, dont les maisons sont
finies et qui ne peuvent pas être raccordées, c'est cela la
qualité du réseau. (23 h 45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais maintenant revenir à la partie
syndicale. Le mandat de la commission ce soir, c'est d'entendre la partie
syndicale pour qu'elle nous dise pourquoi le syndicat refuse de soumettre le
rapport de médiation à ses membres et pourquoi également
il refuse d'accepter le rapport de médiation. Or, depuis le début
de son intervention, M. Morrisseau, bien qu'il ait peut-être mal
interprété ce que devait faire la commission ce soir, a toujours
tourné autour du pot. Il nous a dit: Les syndiqués poursuivent
certains objectifs qui n'ont pas été atteints. On nous a dit
également qu'il y avait un seul point du rapport qui avait
été réglé concernant les demandes communes aux
trois groupes, c'est le point qui concerne les congés parentaux, mais
jusqu'à maintenant on ne nous a pas parlé des six autres points
qui ont été refusés.
Nous sommes prêts à siéger jusqu'à n'importe
quelle heure, si on pense...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député, nous verrons à minuit, lorsque je demanderai le
consentement des membres de la commission.
M. Fontaine: M. le Président, c'est mon opinion
personnelle, j'ai le droit de l'émettre. Je dis
que je suis prêt, avec mes collègues, à
siéger jusqu'à n'importe quelle heure, jusqu'à demain
soir, s'il le faut, si on pense que notre séance peut aboutir à
un certain résultat. Or, que ce soit en janvier ou que ce soit ce soir,
je pense que vous devez être en mesure, puisque cela fait tellement
longtemps que vous négociez ces points, de nous donner les points sur
lesquels vous ne vous entendez pas avec la partie patronale. A ce moment, nous
pourrons peut-être juger de la situation.
Je ne pense pas non plus que ce soit à la commission
parlementaire à décider si oui ou non vous devriez accepter le
rapport de médiation. Nous ne sommes pas un tribunal du travail. La
commission ne doit pas jouer le rôle de deuxième médiateur.
Je pense que ce serait plutôt au gouvernement à prendre ses
responsabilités et à voir quelle situation s'offre à lui,
si les gens ne peuvent pas s'entendre. M. Morrisseau, j'aimerais que vous
puissiez nous dire quels sont les points sur lesquels...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska, je m'excuse, je refuse votre question.
M. Morrisseau, je vous demande de ne pas y répondre, parce que cela va
à l'encontre du mandat de la commission.
M. Fontaine: Un instant, M. le Président, question de
règlement! Vous avez lu le mandat de la commission tout à
l'heure. Vous avez dit: entendre la partie syndicale, à savoir pourquoi
elle refuse le rapport de médiation et pourquoi elle refuse de le
soumettre aux membres. Elle ne nous l'a pas dit encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vais
permettre à M. Morrisseau de dire sur quels points on ne s'entend pas,
mais je ne permettrai pas aux membres de parler davantage sur le contenu des
points.
M. Fontaine: On n'a rien à foutre ici!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: Je pense que j'ai mentionné dès le
début sept points qui étaient communs aux trois groupes, mais il
y a une chose que je pourrais faire pour éclairer les membres de la
commission, qui ferait la démonstration de la raison pour laquelle on se
retrouve à Hydro-Québec toutes les fois avec des
médiations. D'ailleurs, ce n'est pas parce que c'est Claude Morrisseau
qui est là qu'il y a de la médiation. En 1967, le
négociateur pour les employés d'Hydro-Québec était
M. André Thibodeau. Il y avait eu une médiation spéciale
à laquelle le ministre actuel des Finances, M. Parizeau, avait
participé. Ce n'était pas Morrisseau, c'était Thibodeau.
Pour vous donner un exemple de comment il se fait qu'on en arrive toujours
à une médiation à Hydro-Québec, si vous me le
permettez, M. le Président, je vais citer un point de la convention
collective sur lequel les parties étaient en désaccord et pour
lequel des médiateurs ont dû trancher. Nous avons une liste de dix
arbitres de griefs dans la convention collective. Durant la vie de la
convention collective, deux arbitres ont démissionné. On devait
donc cette année s'entendre sur le choix de ces deux arbitres.
Le syndicat proposait qu'Hydro nomme un arbitre et que le syndicat nomme
l'autre. C'était ce que le syndicat proposait et on croyait que
c'était tout à fait juste. Il manque deux arbitres: un arbitre
nommé par chacune des parties. Il a fallu que ce soient les
médiateurs qui décident de cela, messieurs. C'est pour cela qu'on
a des médiations à Hydro-Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que vous pensez que c'est une raison valable
pour priver d'électricité une partie de la province de
Québec?
M. Morrisseau: Je n'ai pas dit que c'était une raison
valable pour priver les citoyens de la province de Québec. J'ai
tenté de vous expliquer pourquoi il était difficile à
Hydro-Québec d'avoir une négociation normale. C'est tout ce que
j'ai dit.
M. Fontaine: Est-ce que c'est un des sept points que...
M. Morrisseau: Non, ce n'est pas un des sept points. C'est un des
points que les médiateurs ont dû régler.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a moyen de connaître les points
sur lesquels vous n'êtes pas d'accord?
M. Morrisseau: Je les ai mentionnés et je vais vous les
répéter... Ce n'était pas un point. Cela n'aurait pas
dû être un point de la négociation. On ne doit pas
négocier quand il y a deux arbitres à nommer. Qui va nommer les
arbitres? Il y en a deux. Chacune des parties nomme un arbitre et c'est
terminé. On n'a pas besoin de discuter de cela des mois et des mois de
temps. Mais des sept points que j'ai mentionnés tantôt, on a dit
qu'il y en avait un de réglé à la satisfaction...
M. Fontaine: Les autres, quels sont-ils?
M. Morrisseau: II y a la santé-sécurité au
travail, salaires et indexation, abaissement des heures de travail, repas du
midi, amélioration du fonds de pension, contrats à forfait. Sur
ces points, il y a eu des concessions majeures de faites par les syndicats
jusqu'à maintenant. Ce n'est pas vrai que nous essayons actuellement
d'obtenir toutes nos demandes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi, je vous indique qu'il ne reste que
trois à quatre minutes au
maximum pour questions et réponses en ce qui concerne votre
parti.
M. Russell: M. le Président, je préférerais
plutôt laisser passer mon temps, pour revenir tout à l'heure. On
n'aura pas le temps de revenir en trois ou quatre minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Comme vous le voulez. M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, le mandat, tel que vous
l'avez exprimé tout à l'heure, indiquait que le syndicat devait
expliciter les raisons pour lesquelles il refuse le rapport des
médiateurs. J'aimerais suggérer parmi ces raisons, puisqu'on a de
la difficulté à y arriver à ces raisons et qu'il faudrait
tout de même qu'on y arrive et que la commission parlementaire a
été faite pour cela... Soit dit en passant, ce n'est pas une
espèce de commission parlementaire bidon ou une fausse commission
parlementaire, ce soir, destinée à en préparer une autre
qui en préparerait une autre. On s'est réuni, à toutes
fins utiles, pour savoir pourquoi le rapport des médiateurs a
été refusé. C'est pour cela qu'on est là. Tout
à l'heure, M. Morrisseau donnait des exemples. Je voudrais en fournir un
moi-même et suggérer peut-être une hypothèse, et cela
m'intéresserait d'avoir les commentaires de M. Morrisseau à ce
sujet. Je vais prendre la question des heures de travail; pas sur le fond, mais
sur la stratégie. Le syndicat a présenté ses demandes en
juin 1978, comme le disait M. Morrisseau tout à l'heure. Il demandait
essentiellement ceci sur les heures de travail: la réduction des heures
de travail pour les métiers de 40 à 35 heures. Personne dans le
secteur public ne travaille 35 heures, dans les métiers publics ou
parapublics. De 36 à 32 heures pour les métiers. Les
métiers, dans les secteurs public ou parapublic, durent 36 ou 35 heures.
31 heures et demie au lieu de 35 heures pour le bureau. Dans les secteurs
public et parapublic, c'est 35 heures. Dans les hôpitaux, à la
Fonction publique, etc., c'est 35 heures. Donc, j'interprète cela comme
une tentative de percée. Ces demandes sont restées sur la table
jusqu'au 2 décembre 1979. Je veux bien qu'on dise que la
négociation dure longtemps, mais ces demandes qui sont des
percées qui auraient pu être des percées remarquables, par
rapport à tout le secteur public et parapublic je ne parle pas du
secteur privé, à plus forte raison le secteur privé
sont restées sur la table jusqu'au 2 décembre 1979,
c'est-à-dire pendant un an et demi. Je peux me tromper d'un jour ou
deux, quant à la date.
Là, effectivement, le syndicat a renoncé à ses
demandes pour les techniciens et le personnel de bureau et il est resté
à 35 heures, pour les hommes de métier, enfin, a gardé sa
demande de passer de 40 heures à 35 heures, après que le front
commun se soit entendu pour que les hommes de métier un peu
partout, on avait, dans le cadre du front commun et chez les fonctionnaires,
soit 40 heures, soit 38 heures et trois quarts aient dorénavant
38 heures trois quarts, leur demande est restée à 35 heures.
J'interprète ça et j'aimerais avoir les commentaires de M.
Morrisseau à cet égard; on est en face d'une tentative de
percée, ce qu'on appelle une grande victoire syndicale par rapport
à tous les gens qui sont dans le même secteur. La question qu'on
peut se poser est: Est-ce une percée de ce genre? Grande victoire
syndicale par rapport à tout le secteur public et parapublic, en plein
hiver, avec des balles... Là, il y a une question simplement. Quand M.
Morrisseau dit: Tous nos objectifs n'ont pas été atteints, de
quel genre d'objectifs parlons-nous? De grands objectifs stratégiques?
C'est ça? De faire en sorte que le syndicat d'Hydro-Québec puisse
dire: Les hommes de métier ont, dans le secteur public et parapublic,
habituellement, 38 heures trois quarts, nous, c'est 35 heures ou rien?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: Pour commencer, je dois faire des rectifications
à ce que M. le ministre Parizeau a dit, sans doute pas par mauvaise foi,
mais tout simplement parce qu'il a oublié les chiffres. La demande des
employés de métier est de 40 heures à 36 heures et non de
40 heures à 35 heures.
M. Parizeau: Excusez-moi, M. le Président, M. Morrisseau a
raison, effectivement c'est 36 heures.
M. Morrisseau: Et, pour les employés de bureau, la demande
était elle n'existe plus maintenant de 35 heures à
32 heures... C'est-à-dire que la demande des techniciens était de
35 heures à 32 heures et la demande des employés de bureau
était de 35 heures à 31 heures et demie, cette demande n'existe
plus non plus.
Ce que nous pouvons dire, c'est justement ce que nous désirons
dire à une commission parlementaire. Pourquoi demandons-nous 36 heures
pour les employés de métier? Si la commission parlementaire
trouve que notre argumentation ne se tient pas, que ce n'est pas valable comme
argumentation, elle nous le dira: Cela ne se tient pas votre affaire!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais seulement
m'assurer que j'ai bien compris. Si je comprends bien, à partir de
l'exemple qui vient de nous être donné, M. Morrisseau dit qu'il
pense qu'il faudrait que le Parlement, par voie de commission parlementaire, se
penche sur toute l'argumentation autour de l'intérêt que
représente le passage de 38 heures à 36 heures ou de 40 heures
à 36 heures et demie pour les hommes de métier? Est-ce que je
vous ai bien compris, M. Morrisseau? Ce que vous demandez c'est qu'une
commission parlementaire se penche sur l'argumentation autour de ça?
M. Morrisseau: Vous avez bien compris et je peux statuer
là-dessus en nombre d'heures pour argumenter notre dossier; pour la
partie syndicale ça représente environ de dix à douze
heures d'argumentation, pour tout le dossier.
M. Johnson: II y a 3000 syndicats au Québec, je dois vous
dire ça; vous en êtes un et vous demandez qu'il y ait une
commission parlementaire qui, sur la question des heures de travail, discute
pendant douze heures?
M. Morrisseau: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit; je
regrette M. le Président, si vous permettez, ce n'est pas ça que
j'ai dit. J'ai dit que, pour discuter tout le dossier je n'ai pas
parlé seulement des heures de travail ça prendrait de dix
à douze heures. Si on se retrouve ici et si on suggère cette
façon, c'est que, en même temps, nous croyons que la commission
parlementaire va comprendre en même temps comment ça se fait qu'on
est rendu à suggérer de telles façons. En comprenant
ça, nous croyons que ce qui est nécessaire d'être fait sera
fait de façon que ça ne se reproduise plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre des Finances. (Minuit)
M. Parizeau: Si je comprends bien la réponse de M.
Morrisseau, M. le Président, ça veut dire en somme ceci je
pense que ça me confirme dans l'idée de mouvement
stratégique c'est qu'on est disposé sur un exemple comme
celui-là à tenir une grève longtemps en se disant: Dans
l'ensemble du secteur public et parapublic, les hommes de métier
travaillent à peu près 38 h 3/4. Nous voudrions faire une
percée; que ce soit moins. Pour cette fin, nous n'utiliserons pas la
grève comme un moyen de dernier ressort, mais comme un instrument pour
faire une percée dans la situation syndicale générale dans
le secteur public et parapublic. D'autre part, nous en appelons à une
commission parlementaire pour nous dire que nous avons raison.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: Ce n'est pas cela du tout que nous disons. Je peux
garantir au ministre des Finances, M. Parizeau, que jamais, dans notre
argumentation concernant les heures de travail, il ne nous entendra dire que
nous voulons faire une percée. Ce n'est pas ce que nous allons dire.
Peut-être que le ministre du Travail pourra interpréter le geste
syndical comme étant ce qu'il veut faire, peut-être que quand il
aura entendu ce que nous avons à dire, il va l'interpréter
autrement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci monsieur. Messieurs les membres de la commission surtout, à
ce stade-ci, cela va prendre un consentement. La commission est souveraine dans
ses décisions et maîtresse de ses travaux.
D'autre part, la présidence se doit de respecter les
règlements et de demander s'il y a consentement unanime pour que nous
poursuivions nos travaux. Est-ce qu'il y a consentement pour que nous
suspendions nos travaux?
Des Voix: Cinq minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Les travaux de la commission sont suspendus pour cinq minutes, par
consentement unanime.
Suspension à 0 h 03
Reprise à 0 h 16
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La première question que je poserai aux
membres de la commission à ce stade-ci c'est: Est-ce qu'il y a
consentement unanime pour que la commission poursuive ses travaux? Il y a
consentement unanime pour que la commission poursuive ses travaux
jusqu'à ce qu'elle décide...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, sur cette question précise?
M. Pagé: Oui, M. le Président, sur cette question
précise. Loin de nous l'idée de vouloir retirer notre
consentement pour que la commission siège, au contraire, mais on a eu
jusqu'à maintenant des échanges assez particuliers. On semble
s'orienter vers des avenues possibles de solution au problème.
J'aimerais immédiatement poser une question au ministre du Travail ou au
ministre de l'Energie et des Ressources. Compte tenu de la jurisprudence et du
principe établi qu'une commission est maîtresse de ses travaux,
compte tenu que dans d'autres cas et je ne voudrais pas qu'on entre dans
la procédure...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II ne le
faudrait surtout pas, cela va bien jusqu'à maintenant.
M. Pagé: Oui, cela va bien jusqu'à maintenant.
Compte tenu qu'une commission est maîtresse de ses travaux, compte tenu
de plus que des précédents ont été
créés, qu'il est presque acquis que dans le système
parlementaire une commission peut siéger pour entendre des groupes et
émettre des voeux, j'aimerais demander à ce moment-ci aux membres
du cabinet l'intention du gouvernement. Est-ce là l'intention, lorsqu'il
est mentionné qu'on peut continuer à siéger, qu'on
siège une partie de la nuit, qu'on siège toute la nuit et qu'on
entende les parties, c'est-à-dire qu'on donne suite à la demande
formulée par M. Morrisseau et le Syndicat canadien de la fonction
publique d'être
entendus? Ou encore le gouvernement ne croit-il pas qu'il serait plus
opportun de faire suite, peut-être pas à la proposition formelle,
mais à la proposition que j'ai tenté de mettre sur la table et
à laquelle j'ai essayé de sensibiliser mes collègues tout
à l'heure? Pour résumer très brièvement
l'interprétation que je donne à l'échange que j'ai eu avec
M. Morrisseau, si j'ai bien compris je pense avoir très bien
compris, d'ailleurs, en relisant le journal des Débats M.
Morrisseau tout à l'heure s'engageait à imposer un moratoire. La
grève cesserait et les travailleurs pourraient recommencer à
travailler dès demain si la commission parlementaire acceptait
d'entendre les parties.
Alors, M. le Président, ne croyez-vous pas qu'il serait
peut-être préférable et c'est là que j'en
fais une interrogation au ministre du Travail ou encore au ministre de
l'Energie ne serait-il pas préférable d'y donner suite
sous forme d'une motion. Je tiens à vous dire tout de suite que si la
motion est présentée par le gouvernement, et je crois que la
motion pourrait être recevable parce qu'on est maître de nos
travaux, si une telle motion était présentée à
laquelle nous souscrirons, évidemment, les employés
d'Hydro-Québec pourraient commencer à travailler dès
demain matin à huit heures; cela pourrait se faire, le moratoire
étant en place et la commission parlementaire pourrait siéger
demain, tel qu'on a eu l'occasion de l'énoncer et ce à quoi M.
Morrisseau a dit oui; prendre le temps nécessaire pour entendre les
parties et par la suite, la commission qui demeure maîtresse de ses
travaux, pourrait elle-même décider, autour de la table, du voeu
à exprimer, la teneur du voeu, la portée du voeu à
exprimer. M. Morrisseau, d'ailleurs, s'est engagé à soumettre ce
voeu exprimé par la commission au vote et au scrutin de ses membres.
Mais, ce qui est important, c'est le moratoire demain matin, messieurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, tout ce que la présidence peut dire, et ceci avant que le
ministre ne réponde, c'est qu'il faut bien tenir pour acquis, c'est une
humble opinion de la présidence, qu'à partir du moment où
notre règlement dit que nous devons arrêter à minuit, c'est
que lorsque nous poursuivons après minuit, nous poursuivons sur
consentement unanime. Et la seconde où la présidence se rendra
compte qu'il y a défaut de ce consentement unanime par un membre
officiel de cette commission, elle devra nécessairement et
obligatoirement ajourner les travaux sine die puisque nous marchons,
permettez-moi l'expression, entre guillemets, "nous marchons sur consentement
unanime". M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, si on me permet d'intervenir,
je pourrai peut-être partiellement répondre à la question
que le député de Portneuf vient de poser. Je veux d'abord savoir
gré à l'Opposition de consentir, dans les circonstances
exceptionnelles que traverse le Québec actuelle- ment et dont cette
commission est saisie, de nous permettre de continuer au-delà du
règlement, par son consentement, et à siéger pendant
quelques minutes encore avec les invités de la commission parlementaire
actuellement. Je suis le premier, M. le Président, à souhaiter
que cette commission ne soit, même en étirant son consentement
à l'extrême, pas forcée de prolonger son travail
indûment ce matin. En conséquence, je dirais même en
prémonition, sachant à quelle heure commençaient les
travaux de cette commission, je me suis efforcé de lui faire un mandat
très restreint pour ne pas que cela dure pendant des heures et que
chacun puisse intervenir sur le sujet de son choix. Je suis convaincu, c'est la
proposition que je fais et que je retourne aux députés de
l'Opposition, que s'il y a des deux côtés de la table et de nos
invités également, un effort pour nous en tenir au mandat
même de la commission, celle-ci peut, sur le consentement qui vient de
lui être offert, continuer son travail pendant quelques minutes et,
à un certain moment qui n'est pas tellement éloigné de
celui où je vous parle, être capable de conclure que,
conformément à son mandat, chacun des membres de la commission
est suffisamment informé des raisons qui ont mené le syndicat et
les syndicats présents à refuser le rapport de médiation
et le syndicat ou les syndicats présents à refuser d'aller
soumettre le rapport de médiation au vote de leurs membres. Je crois,
qu'à ce moment, chacun pourra dire que nous nous sommes rendu compte
réellement, après les questions des uns et des autres, de cet
état de fait.
M. le Président, je propose donc que, sur le consentement qui
vient de nous être offert, le plus rapidement possible, nous poursuivions
les travaux qui venaient de s'élancer lorsque nous avons atteint minuit
et j'indique tout de suite, M. le Président, sans vouloir être
désagréable, en contrepartie de ce qui vient de nous être
offert, mais je dois quand même le faire honnêtement, que cette
séance intervient à un moment particulièrement rempli des
travaux de l'Assemblée, chacun le sait. Deux projets de loi
extrêmement importants, un en particulier pour les travailleurs du
Québec et appuyé par la majorité des représentants
des travailleurs du Québec est en discussion actuellement et monopolise
l'attention à une commission parlementaire, c'est le projet de Loi sur
la santé et la sécurité des travailleurs.
L'autre est de portée générale extrêmement
importante aussi, c'est celui de la fiscalité municipale. Ces deux
projets de loi, où des députés des deux côtés
de la Chambre travaillent avec ardeur actuellement, doivent continuer leur
travail normalement, demain matin puisque, je crois, vous voulez les uns et les
autres les voir entériner avant la fin de la session.
En conséquence, si cette commission ne devait pas atteindre la
fin et la complétion de son mandat ce soir, je ne puis garantir que, vu
l'importance des autres travaux déjà en cours où certains
de nos collègues travaillent ardument, je pourrais reconvoquer, dans les
tout prochains jours, pareille réunion de la commission,
exceptionnellement convoquée ce soir.
Je tenais à le dire sans en faire une menace, mais je pense que
tout le monde comprend le sens de cette information que je donne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, M. le député de Portneuf,
sur le même sujet.
M. Pagé: C'est ce que j'ai bien compris, oui, mais est-ce
que j'ai bien compris que le leader a dit que, vraisemblablement, cette
commission pourrait être reconvoquée?
M. Charron: Non.
M. Pagé: Je m'excuse. M. le Président, une
très brève question au leader. Je conviens que l'agenda de la
Chambre est chargé. Je conviens que nous avons eu à passer
plusieurs heures et même une nuit jusqu'à six heures trente du
matin, la semaine dernière. Je conviens aussi qu'il y a eu des
imprévus. Cependant, dans l'approche que l'on a tenté de donner
tout à l'heure au débat, il y a un élément
recherché: c'est que le moratoire ait lieu dans les plus brefs
délais et que les travailleurs rentrent au travail, ce sur quoi M.
Morris-seau nous a même dit: On pourrait avoir un moratoire
immédiat, quitte à ce que la commission siège même
en janvier. Le moratoire, cela veut dire, et je l'interprète comme
étant que les travailleurs disent: On suspend la grève et on s'en
va travailler et réparer les pannes. C'est ce qui a été
énoncé tout à l'heure. Ce qu'il faut rechercher, dans tout
cela, c'est que les pannes se réparent et que les citoyens du
Québec aient de l'électricité. Si la commission
décidait, comme j'en ai émis l'hypothèse encore il y a
quelques minutes, de dire aux représentants syndicaux: oui, on va vous
entendre, oui la commission va se réunir dans le cadre d'une
journée de travaux et, à la fin des travaux, à la fin de
cette audition où vous aurez eu le temps nécessaire pendant les
heures normales, les dispositions normales de notre règlement d'une
journée de séance, la commission va émettre un voeu. M.
Morrisseau s'est engagé à soumettre ce voeu à ses membres
et a dit que le moratoire durerait jusqu'à l'expression du vote. Je
pense, M. le Président, que ce serait préférable, entre
autres, cela impliquerait que, demain matin, les travailleurs pourraient
être à l'ouvrage, que de passer quelques heures pendant la
nuit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement...
M. Pagé: Je vous soumets cela bien...
M. Charron: On m'entraîne sur le fond et sur le...
M. Pagé: Non, ce n'est pas sur le fond.
M. Charron: ... sur ce dont cette commission est saisie
actuellement. Ce n'est pas que je n'aie pas d'opinion, mais je ne veux pas
l'émettre. Ce que j'ai simplement donné comme avis très
sincère, c'est qu'advenant que cette commission n'achèverait pas
son mandat sur le consentement qui est maintenant le sien, je ne vois pas
à quel autre moment elle pourrait se réunir à nouveau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et la
présidence redit tout simplement que cette commission fonctionne
actuellement sur le consentement unanime et qu'à la seconde même
où elle se rendra compte qu'il y a défaut de consentement de la
part d'un membre officiel de la commission, elle ajournera ses travaux sine
die. Je tiens, pour cette deuxième partie de nos travaux, d'abord
à remercier les députés pour la façon avec laquelle
ils ont mené les débats lors de cette première partie. Je
pense que le mandat de notre commission a été respecté et,
avec votre permission, j'aimerais également que... Les droits de parole,
surtout, ont été respectés, ce qui est plutôt
exceptionnel, je dois le dire. Or, je dis immédiatement que nous
procédons de vingt minutes en vingt minutes par parti politique, que
vous pouvez partager à votre guise à l'intérieur de votre
propre formation politique, qu'il reste actuellement, sur le deuxième
vingt minutes, douze minutes au parti ministériel, qu'il reste au parti
de l'Opposition officielle, en plus de ses vingt minutes à venir, trois
minutes sur ses premières vingt minutes et qu'à l'Union
Nationale, il reste trois minutes, plus les vingt minutes à venir.
Or, M. le ministre des Finances, tout en vous indiquant, sans le
répéter, que la présidence interprétera de
façon très stricte et rigoureuse le mandat qui lui a
été confié. M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Un des quelques points que le syndicat n'accepte
pas, dans le rapport de médiation, ou en tout cas qu'il n'a pas
accepté dans toutes les négociations qui se sont poursuivies
jusqu'à maintenant, est un deuxième exemple qui relève, je
pense, du même type de stratégie que j'essayais d'expliquer tout
à l'heure. Je ne passerai pas une douzaine d'exemples, je vous avertis
tout de suite, M. le Président, mais je vais me contenter de ce
deuxième, pour le moment. (0 h 30)
II s'agit du paiement des repas le midi où le syndicat demande,
depuis le début, depuis 18 mois, que l'on paie une allocation de repas
de $5.50 quand l'employé n'est pas ramené le midi à son
quartier général ou à une cafétéria
d'Hydro-Québec. Il avait aussi demandé cette allocation de repas
pour le supplémentaire. J'ai établi la distinction entre les
deux, parce que, là encore.il y aurait, si tout le monde s'était
rendu à cette demande et si c'était dans le rapport du
médiateur, une percée remarquable par rapport à ce qui se
fait normalement.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président. Je
suis un peu naïf dans ces choses, au moins novice. Mais là, vous
avez dit et le leader du gouvernement l'a répété
qu'il ne voulait pas
s'engager sur le fond. Maintenant, on est rendu dans les heures de
repas, si je comprends bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition officielle, à l'ordre s'il vous plaît! La
question de règlement a été brève. La
présidence n'a point besoin d'interventions de tous les partis
politiques sur ce point. Effectivement, je pense, qu'à prime abord, M.
le ministre des Finances, votre préambule, à tout le moins,
laisse croire à la présidence que vous vous en allez sur des
objets de négociation, ce qui n'est pas le mandat de notre commission.
Je vous demanderais, s'il vous plaît, de vous en tenir au mandat de la
commission.
M. Parizeau: M. le Président, je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas de mauvaise volonté de la part de la présidence. C'est le
mandat qui lui est confié par l'Assemblée nationale.
M. Parizeau: Mais puisque nous avions de la difficulté
à faire dire à M. Morrisseau pourquoi il refuse le mandat des
médiateurs, j'ai pensé un peu faire en sorte qu'il soit un peu
plus disert là-dessus, sur tous mes exemples.
Pourquoi est-ce que je parle ici, encore une fois, de gestes
stratégiques vous voyez tout de suite que je m'éloigne du
fond, M. le Président c'est que pour ce qui a trait à ce
que j'appellerai leur première demande, par opposition à la
seconde, midi par rapport au temps supplémentaire, cela n'existe pas
dans les secteurs public et parapublic. Il y a dix ans M. Morrisseau
rappelait des souvenirs d'il y a dix ans les allocations qui se
donnaient là-dessus avaient été rattrapées.
Le Président (M. Vaillancourt): Excusez-moi de vous
interrompre. Je vous interromps en disant tout simplement d'office que vous
parlez d'objets de négociations, de sujets qui font ou ne font pas
partie du rapport de médiation. Je n'ai pas les galées ici avec
moi, mais étant donné que je savais dès 8 h que je
présiderais cette commission spéciale, j'ai pris bonne note par
écrit du mandat de la commission. J'irai même jusqu'à dire
que je ne pense même pas qu'un consentement unanime des membres de cette
commission pourrait m'empêcher d'obéir à cet ordre de celle
dont nous émanons, c'est-à-dire de l'Assemblée nationale
du Québec. En conséquence, ce que je dis au ministre des Finances
évidemment, dans ce cas précis, cela s'applique à toutes
les autres interventions à venir. Je vous demanderais de la respecter,
s'il vous plaît. Il y a eu quelques petites anicroches à cette
directive au début de nos travaux, je les ai laissées passer,
mais l'expérience nous montre que plus les heures avancent, plus les
débats deviennent animés et la présidence entend que les
débats conservent la même...
M. Parizeau: La même sérénité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... la
même sérénité, M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Portneuf a posé une question soit au ministre de l'Energie ou au
ministre du Travail, au sujet de la tenue d'une commission parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Monsieur...
M. Ciaccia: Je veux savoir est-ce que le ministre refuse de
répondre à la question parce que ni l'un ni l'autre n'a
indiqué l'intention de...
M. Parizeau: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je pense que le leader du gouvernement, M. le
député de Mont-Royal a sincèrement répondu à
cette question. La présidence a interprété sa
réponse comme étant une réponse à la question du
député de Portneuf qui est sensiblement la même. M. le
ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je garde toujours la
même sérénité, mais vous nous avez dit
vous-même et je me conforme à vos instructions que
les douze minutes qui nous restaient pouvaient être partagées
comme on le désirait du côté ministériel comme pour
chaque parti. On a décidé que ce serait moi qui parlerais d'abord
et le ministre du Travail ensuite. Je pense que c'est conforme à vos
instructions, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt): Oui, M. le ministre.
M. Parizeau: Je maintiens toujours le même degré de
sérénité. Je savais que mon premier exemple passerait sans
trop de problème, que le deuxième créerait des
problèmes et c'est pour cela que j'annonçais que je n'en
annoncerais pas d'autres. Mais je pense que le message est passé, M. le
Président.
Ceci nous amène, je pense, au rapport du médiateur qui
s'inspire de ce que... Chargé des responsabilités que j'ai, je ne
peux pas considérer cela comme un règlement qui soit inique,
certainement pas qui soit débalancé par rapport à bien
d'autres choses qui se passent dans les secteurs public et parapublic. C'est la
raison pour laquelle nous avons été de ce côté-ci
profondément surpris, d'abord, qu'il soit refusé, et surtout,
peut-être, M. le Président, que le syndicat refuse de le soumettre
au vote.
Deuxièmement, dans le télégramme que M. Morrisseau
a envoyé au premier ministre, il était très clair
j'en ai fait passer une copie à nos amis
d'en face tout à l'heure que le moratoire devait
être déclenché lorsqu'on accepterait la commission
parlementaire. Nous y sommes et il n'y a pas de moratoire. Dans ces conditions,
M. le Président, j'ai essayé de dégager certaines
intentions de la part du syndicat qui, en tout cas, à moi,
m'apparaissent assez claires. J'ai aussi indiqué à quel point
nous avons été surpris de voir que le syndicat refusait de faire
voter là-dessus et le disait de la façon la plus claire, et que,
troisièmement, en nous rendant à sa demande d'une commission
parlementaire ce soir, il n'y a toujours pas de moratoire.
Il est évident que cela nous amène à nous poser des
questions très sérieuses quant aux gestes qui vont venir, compte
tenu, encore une fois, de ce qu'Hydro-Québec nous disait tout à
l'heure, c'est-à-dire que nous nous approchons singulièrement des
21 et 22 décembre qui ont deux caractéristiques, M. le
Président: c'est le moment où la Chambre cesse de siéger,
d'une part, et c'est le jour de pointe annuel d'Hydro-Québec dans le
réseau. Il y a de ces coïncidences significatives. Au point
où j'en suis, je vais maintenant, si vous me le permettez, M. le
Président, laisser la parole au ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, assez brièvement, pour
permettre à mon collègue de l'Energie par la suite de parler. Je
reviens essentiellement sur une chose: Pourquoi est-ce que le rapport n'est pas
soumis aux membres? Il y a déjà eu, depuis le vote de
grève, de longs mois qui se sont passés, il y a eu depuis ce
temps des offres patronales qui ont été rejetées, des
interventions de la conciliation, des interventions de la médiation, des
rapports de médiation et on se refuse toujours d'aller au vote. Les
arguments que M. Morrisseau m'a donnés, à part me dire que c'est
un peu compliqué de réunir du monde dans je ne sais pas combien
de locaux... Il a parlé de 30 réunions, d'assemblées
générales avec une personne des quinze qui allait là. Je
ne sais si ce sont là ses arguments. Pourquoi est-ce que ce n'est pas
devant vos membres? C'est la question que je vous pose, M. Morrisseau. Pourquoi
n'avez-vous pas envoyé le rapport de médiation plus que
remarquable, plus qu'extraordinaire, plus qu'inhabituel? Une médiation
à quatre personnes du ministère du Travail, c'est rare. Pourquoi
n'êtes-vous pas allés devant vos membres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: J'ai essayé de mon mieux de l'expliquer aux
membres de la commission et je veux faire une correction à ce que le
ministre vient d'affirmer. Je suis sûr qu'il ne l'a pas fait de mauvaise
foi. Je n'ai jamais parlé de 30 assemblées. J'ai parlé
d'une centaine d'assemblées. On peut vérifier dans les notes. Je
puis ajouter à cela que les tournées d'assemblées que l'on
fait dans ces cas-là, ce n'est jamais de moins d'une quinzaine de jours
qu'on a besoin pour les faire: habituellement, trois semaines et, dans un cas
d'urgence où il faut faire vite, deux semaines. Je ne sors pas cela de
ma tête. C'est l'expérience qu'on a vécue dans le
passé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Johnson: M. Morrisseau, avant de passer la parole au ministre
de l'Energie, je vais simplement vous demander si oui ou non vous avez
l'intention d'aller au vote avec le rapport de médiation, ou si je dois
comprendre que vous avez réitéré le fait que vous n'irez
au vote qu'avec le rapport d'une commission parlementaire de l'Assemblée
nationale du Québec?
M. Morrisseau: Je pense qu'on a répondu clairement
à cela. J'ai dit qu'on recherchait une façon de solutionner le
conflit actuellement. Nous avons avancé une façon de le
solutionner, et c'est la seule que nous avons vue. Dans cette façon,
vous avez la réponse à votre question. Si le gouvernement a
d'autres façons de solutionner le conflit, on est tout ouïe pour
l'écouter et voir si cela pourrait être acceptable.
M. Johnson: Si je comprends bien, M. Morrisseau, vous me dites
que c'est sur les bras du gouvernement, de l'Assemblée et des citoyens
du Québec qui ont besoin d'électricité. C'est cela, votre
solution. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre de l'Energie.
M. Bérubé: J'ai besoin, pour ma gouverne
personnelle, d'avoir certaines réponses. D'une part, il y a une phrase
qui m'a frappé dans l'intervention de M. Morrisseau, c'est qu'il a dit
à un moment qu'il était très conscient des
inconvénients d'une grève pour la population. Ce que j'aimerais
savoir, c'est jusqu'où va le niveau de conscience. Par exemple, lorsque
j'ai devant moi une panne depuis trois jours qui affecte dix abonnés,
des personnes âgées, des enfants, est-ce que vous estimez que,
dans votre âme et conscience, vous devez la réparer?
M. Morrisseau: Oui, nous estimons... Je vais vous répondre
par un exemple, je vais vous référer à une panne que vous
m'avez personnellement rapportée, et pour laquelle je vous ai dit que
nous ferions le nécessaire, que nous travaillerions sur le
problème. Vous savez très bien que, maintenant, elle est
réparée, votre panne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: Les appels téléphoniques
du dimanche après-midi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: Je vous en avais donné une liste,
c'est-à-dire toutes celles qui, à mon sens, lorsqu'elles
dépassent une journée, sont totalement inadmissibles. Vous m'en
avez réparé une. Je suis absolument d'accord avec vous, vous avez
réparé celle qui affectait le centre commercial et le parc
industriel à Laval. Vous avez parfaitement raison, et je ne cache pas
que je suis intervenu, d'ailleurs.
Cependant, il y a une question que je me suis posée. J'ai
demandé à Hydro-Québec quelle était la nature de la
panne et pourquoi elle n'avait pas été réparée plus
tôt. Est-ce que vous pourriez expliquer à cette assemblée
pourquoi elle n'avait pas été réparée plus
tôt?
M. Morrisseau: Nous avons fait toutes les tentatives pour faire
réparer cette panne et nos tentatives ont abouti au moment que vous
connaissez. Concernant la liste des autres pannes, à moins que je ne me
trompe, ces pannes ont aussi été réparées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Une dernière question, M. le ministre, et une réponse
très brève.
M. Bérubé: M. le Président, la question que
je me pose, c'est: Des cadres, s'étant présentés en
compagnie de la Sûreté du Québec pour réparer cette
panne se sont heurtés à un groupe de grévistes qui les ont
empêchés de réaliser le travail en question. Egalement,
j'ai même une photographie d'un travail assez intéressant sur des
fils électriques qui montre un raccordement inusité de trois fils
bloquant évidemment toute réparation subséquente. En
d'autres termes, est-ce que cela fait partie de votre âme et conscience
de bloquer sciemment certaines réparations?
M. Morrisseau: Absolument pas, M. le ministre.
M. Bérubé: Comment expliquez-vous qu'il y ait des
témoins qui ont observé ce fait et l'ont rapporté avec
photographie à l'appui, avec témoignage de la police?
M. Morrisseau: C'est un fait que vous me soulignez, et je ne peux
pas l'expliquer, mais je vous dis qu'en notre âme et conscience, les
représentants du syndicat qui sont ici, ce n'est pas de la façon
dont nous envisageons rendre les services essentiels à la population
lorsqu'il y a grève à Hydro-Québec.
M. Bérubé: J'ai 156 pannes et, dans votre âme
et conscience, vous les tolérez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi. M. le chef de l'Opposition officielle. (0 h 45)
M. Ryan: M. le Président, j'ai l'impression que nous
nageons dans un malentendu qu'il va falloir dissiper assez vite. Le syndicat a
demandé d'être entendu par la commission parlementaire. Le
gouvernement, après avoir refusé d'abord, a semblé
acquiescer ce soir. Maintenant, nous comprenons de plus en plus clairement que
l'acquiescement du gouvernement est un acquiescement extrêmement
restrictif. En somme, vous avez acquiescé pourvu que le débat se
limite à deux questions: Pourquoi avez-vous refusé la
médiation? Pourquoi avez-vous refusé d'en saisir les membres du
syndicat?
Il me semble que si le gouvernement voulait limiter la discussion
à ces deux seuls points, il aurait été aussi bien de ne
pas convoquer la commission et d'en venir tout de suite aux conclusions qui
semblent devoir se dégager du genre d'interrogatoire dont on a
été témoin ce soir.
Je me dis: Si vous convoquez des témoins devant une commission
parlementaire, c'est pour les entendre c'est un principe
élémentaire avec toute la liberté d'expression
qu'on doit leur reconnaître.
M. Johnson: C'est ça que vous voulez faire?
M. Bérubé: Votre question de règlement nous
a complètement interdit de faire cette action.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: C'est ce qu'on veut faire depuis le début.
M. Ryan: Excusez, je m'excuse, M. le Président, si vous
voulez leur apprendre à attendre leur tour, ça va être une
bonne chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'ai dit "à l'ordre", monsieur.
M. Ryan: Très bien, je vous remercie.
M. le Président, c'est vous-même qui avez indiqué,
au début de la séance, les limites très serrées
dans lesquelles vous entendiez contenir la discussion, à la suite des
directives qui ont émané du leader du gouvernement, par
conséquent ce n'est pas nous. Nous, nous vous avons demandé de
vous conformer à ce que vous aviez dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est ce que je pense avoir fait.
M. Ryan: Je vous en remercie, je vous en sais gré.
Maintenant, ce que je me dis c'est qu'il faudrait que le gouvernement
dise cela très clairement et il faudrait au moins dire une chose, il
faut être honnête dans ces choses, la négociation est une
affaire extrêmement délicate, dont certains d'entre nous ont une
longue expérience, dont d'autres ont une connaissance surtout
notionnelle, théorique.
Dans le télégramme du syndicat que le ministre des
Finances mentionnait tantôt, je lis ceci: "Nous serions prêts
à consentir à un moratoire sur
notre grève générale à la condition que
votre gouvernement nous accorde, par les jours qui viennent, l'occasion de nous
faire entendre en commission parlementaire, de façon à en arriver
à un règlement acceptable." Alors, on ne peut pas invoquer la
demande du syndicat et dire ensuite: On vous a donné ce que vous
demandiez, vous ne nous avez pas donné de moratoire, vous n'avez pas
donné d'explication, etc. Là, il y a maldonne quelque part. Je me
dis: Si le gouvernement veut nous dire clairement, c'est limité aux deux
points que nous avons indiqués, ça en reste là et nous
sommes prêts à faire notre lit là-dessus; je pense qu'on
peut terminer les travaux de la session qui nous occupent actuellement d'ici
cinq minutes, ça ne donnera rien de continuer indéfiniment.
Si on trouve qu'il y a lieu de pousser plus loin l'examen et si le
gouvernement est prêt à consentir à ça, c'est
évident que ce n'est pas dans une nuit qu'on devrait faire ça, il
faudrait prévoir du temps demain ou au cours d'une journée
prochaine, ça peut même être la semaine prochaine ou
même au début de l'année, comme on l'a mentionné
tantôt; c'est au gouvernement à prendre ses responsabilités
là-dedans, il va falloir qu'il les prenne clairement et nettement ce
soir. J'ai cru comprendre... Le leader nous a dit, tantôt: Je ne peux pas
vous garantir; il n'a pas dit: II n'y aura pas d'autre réunion. Il va
falloir qu'on nous le dise clairement et franchement, et si le gouvernement
s'en tient à cette attitude rigide et littérale, je puis vous
assurer d'avance que nous ne serons pas solidaires de sa ligne de conduite
là-dedans, parce que nous sommes venus ici avec l'impression qu'en
discutant on pourrait aller au fond des questions.
Il y aurait lieu, si vous allez au fond des questions, dans une autre
étape, de s'entendre très bien sur certaines limites à
fixer à la discussion. Tantôt je vais ajouter juste un
point, si vous me le permettez le ministre du Travail a dit à M.
Morrisseau, sur un ton légèrement arrogant: Est-ce que vous vous
rendez compte que vous êtes un parmi les 3000 syndicats qu'il y a au
Québec? Ce n'est pas un parmi les 3000 syndicats, M. le
Président, c'est un syndicat bien particulier, qui a un pouvoir de
grève extrêmement grave dans ses répercussions, à
qui on demande, à cause des répercussions de l'exercice de son
droit de grève, de surseoir à l'exercice du droit de
grève, d'accepter un rapport de médiation. Vous lui demandez:
Pourquoi ne l'avez-vous pas envoyé par la poste ou autrement le rapport
de médiation à vos membres? Il n'y a rien qui prescrive ça
dans la loi, vous le savez comme moi; la loi ne parle même pas de la
médiation.
On ne peut pas créer une loi nouvelle, en cours de route, dans
une procédure, si douloureuse soit-elle; vous savez combien nous
insistons de notre côté pour que l'intérêt public
passe d'abord et avant tout dans ces choses, mais je me dis, encore une fois:
Voici un syndicat qui est dans une situation très spéciale, nous
mettons une pression très forte sur lui, nous, par tous les moyens dont
nous disposons depuis le début de la grève; vous, par l'exercice
que nous faisons ce soir, par l'attention très spéciale que le
ministre du Travail et de la Main d'Oeuvre a portée au conflit, mais en
retour, il demande d'être entendu.
Si on ne veut pas les entendre sur le fond, c'est mieux de ne pas les
convoquer du tout. Si on les convoque ici, je pense qu'on est mieux de ne pas
mettre fin abruptement à une audition. Là, il y a la question du
moratoire qui se pose. On a la possibilité d'obtenir le retour au
travail des employés et le moratoire n'est pas une question d'une
journée ou deux. Cela peut durer deux, trois semaines, même plus,
d'après ce que j'ai compris, pourvu que l'audition se fasse
sérieusement. Si vous avez une position de principe en vertu de laquelle
il ne doit pas être question du contenu d'une négociation,
d'aucune manière dans une commission parlementaire, dites-le-nous
franchement; on va savoir à quoi s'en tenir. Je ne comprends pas
très bien et je voudrais dénouer l'écheveau clairement. Si
nous pouvons le dénouer, nous allons savoir s'il y a lieu de continuer
ou de rentrer chez nous. Je vous dis une chose: Si vous le dénouez dans
le sens que nous souhaitons, ce ne serait pas humain, ni pour les
parlementaires, ni pour les gens d'Hydro, ni pour les gens du syndicat de nous
forcer à faire cet examen, en allant jusqu'à six heures du matin.
Vous savez comme moi que les conditions de discussion ne seront pas les
meilleures. C'est un conflit qui demande qu'on l'aborde avec tout le
doigté, tout le tact nécessaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre s'il vous plaît! M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je vais être
très bref. Je ne peux même pas utiliser les vingt minutes et je ne
crois pas que ce soit nécessaire, parce qu'il est clair que le mandat
qu'a reçu la commission et la coutume qui veut que ce mandat soit
respecté, il est impossible de pouvoir se prononcer sur le fond...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Russell: ... de ces questions qui sont en litige actuellement.
Je sais et je me rends compte de la tâche qui n'est pas facile pour le
syndicat ainsi que pour ceux d'Hydro-Québec, mais je me rends compte
aussi qu'il y a un Code du travail qu'on a épuisé à
l'extrême. On en a suivi toutes les procédures et là, on
demande de venir à une commission parlementaire. Je ne sais pas si je
suis bien d'accord avec le chef de l'Opposition quand il dit que si on ne veut
pas les entendre, on est mieux de ne pas les convoquer. Je pourrais être
d'accord là-dessus. Ce serait facile et on pourrait commencer à
faire de la politique. Il y a une chose dont il faut se rendre compte:
Hydro-Québec n'est pas une entreprise comme les autres. Je reconnais
cela. Les administrateurs d'Hydro-Québec ne sont pas des
propriétaires. Ce sont des administrateurs
à salaire, aussi bien que les employés
d'Hydro-Québec sont autant propriétaires que les administrateurs
sont des employés avec des conditions de travail spéciales dans
la province de Québec. Il faut s'en rendre compte. Il faut se rendre
compte que les gens d'Hydro-Québec aussi sympathiques que je peux
être à leur cause, à leurs demandes, ont des conditions de
travail peut-être aussi bonnes que n'importe quel autre ouvrier du
Québec qui a à payer la facture du salarié.
Donc, si je pars de ces prémisses, je regrette qu'on n'ait pas pu
discuter du fond pour me rendre compte un peu plus des facteurs
impliqués qui ont été soulevés des six points. Si
je comprends, dans une convention collective, il y en a peut-être 200
points qui sont réglés. Il en reste six à régler.
Amon sens, si j'étais porté à juger, je dirais: Ces six
points ne justifient pas le malaise, le danger, les conséquences qu'on
crée actuellement à travers le Québec. Il y en a un en
particulier dont je ne peux pas discuter du fond et qui a été
soumis sur les heures de travail. Très brièvement, je pense que
vous êtes... C'est une chose qui représente la moyenne. Je ne dis
pas que les autres cinq points qui sont discutés sont plus graves, plus
importants et ont plus de conséquences. Mais il faut se rendre compte
qu'actuellement, dans la province de Québec, il y a des gens qui sont
mal à l'aise des conséquences peut-être de santé
plus graves que celles qui peuvent être occasionnées aux ouvriers
s'ils acceptaient la médiation qui leur a été soumise.
Maintenant, je ne vous blâme pas, mais je ne comprends pas votre
insistance de ne pas vouloir soumettre à vos employés, par
correspondance ou autrement, ce rapport de médiation. Il me semble que
c'est une chose raisonnable.
Vous avez eu un rapport qui a été soumis par des gens
raisonnables, je le présume, des gens d'expérience, qui sont
allés là de bonne foi. Je n'ai pas de raison d'en douter, parce
que c'est leur travail quotidien. Ce sont des salariés comme les autres,
qui font un travail bien spécial. Ces gens ont fait un rapport qu'ils
nous ont soumis. Ils ont dit: Dans le litige actuel, c'est ce que nous
recommandons. Vous refusez de le soumettre à vos membres. C'est
probablement votre privilège, mais, en acceptant de faire cela, on
crée un malaise dans la province qui est presque, à mon sens,
inacceptable. Il faut toujours garder devant nous qu'Hydro-Québec est un
monopole et que personne, à ce point de vue, ne peut lui faire
concurrence. Vous avez un service qui ne peut pas être remplacé,
et la population en dépend, surtout à ce temps de l'année,
c'est le pire temps. Vous avez eu ce mandat de décider... Si
c'était au mois de juin, ce serait moins pire, quoiqu'il y aurait quand
même des malaises qui pourraient être créés, mais les
conséquences seraient peut-être moins graves. Il faut se rendre
compte de cela. Je me demande si vous avez réellement le droit,
lorsqu'il reste seulement quelques clauses, de refuser de soumettre votre
rapport à vos gens, qui ont le droit, je présume, de le recevoir.
Je n'accepte pas cela trop facilement.
Dans les circonstances, je pense qu'il y a un gouvernement en place, la
commission siège... je ne suis pas d'accord que la commission doive
remplacer le Code du travail. C'est une délégation de la Chambre
et nous devons agir comme telle. Nous sommes ici pour faire des lois. Nous en
avons fait une, le Code du travail. S'il est mal fait, je serai prêt
à le reconnaître, nous allons le regarder, nous allons le
rediscuter. C'est notre rôle, notre travail. Mais je ne crois pas que ce
soit notre responsabilité ici de venir juger des conséquences qui
peuvent découler du Code du travail avec un groupe. En principe, si on
commence cela, nous allons siéger tous les jours seulement
là-dessus. C'est une responsabilité qui, à mon sens,
découle du Code du travail dont le gouvernement a la
responsabilité et l'administration. Dans le contexte actuel, je pense
que le gouvernement doit, ce soir, prendre ses responsabilités. S'il
juge qu'il a fait l'impossible, suivant l'outil qu'il a entre les mains pour
l'appliquer, s'il est allé à l'extrême, il n'en reste qu'un
dont il peut se servir, soit d'accepter de convoquer cette commission que vous
exigez c'est votre privilège de l'exiger pour vous plaire.
On peut la faire au mois de février ou de janvier, suivant ce qui va
nous convenir. Vous allez appeler le moratoire, cela va passer ce stade et nous
serons pris, peut-être, dans d'autres circonstances à refaire
exactement la même chose. Je me demande ce que nous allons régler.
Ce n'est pas notre rôle. Ce n'est pas notre responsabilité. Les
gens responsables sont de l'autre bord de la table. Je dis: Qu'ils
épuisent le Code du travail ils l'ont fait ils ont un
autre recours, qu'ils l'utilisent. Les gens impliqués jugeront en
conséquence. Je pense que si on ne marche pas de cette façon, on
rend un mauvais service à la population, surtout aux ouvriers qui sont
impliqués.
Je n'ai pas tellement autre chose à ajouter que dire que je
regrette... à moins qu'on puisse réviser le mandat qui nous a
été donné, je ne vois pas qu'on puisse réellement
ajouter à cette discussion en cours actuellement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de...
M. Raynauld: M. le Président, je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! J'aimerais quand même dire que je
respecte simplement la règle des vingt minutes, du bloc de vingt
minutes. Le parti ministériel a épuisé ses vingt minutes.
Actuellement, c'est le parti...
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez, ce
serait sur une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sur une question de règlement, M. le ministre du Travail.
M. Raynauld: Alors, je vais soulever aussi une question de
règlement, M. le Président.
M. Johnson: M. le Président, j'ai soulevé la
question de règlement en premier, si vous permettez. Je pense qu'on
tourne en rond et, si vous me le permettez, ma question de règlement va
s'adresser, M. le Président, à votre interprétation d'un
mandat. Je vous demande un peu plus de 45 secondes pour exposer ce que j'ai
à dire. Je pense qu'on tourne en rond. Il y a une expression, cela me
fait penser à certaines phases de la médiation et surtout de la
négociation entre Hydro-Québec et le syndicat et je mets le
blâme des deux côtés, d'ailleurs. (1 heure)
Ce dont il s'agit, c'est le fond. Quand j'ai parlé à M.
Morrisseau, cet après-midi, et je lui ai dit: A
Québec, à dix heures ce soir, M. Morrisseau, je lui ai
demandé s'il mettait fin à son moratoire. A ce que je sache,
c'est M. Morrisseau qui, la semaine dernière, exprimait
déjà son désir d'être entendu rapidement en
commission parlementaire. On y est en commission parlementaire et, M. le
Président, je considère que le mandat que nous avons ne nous
empêche pas... jusqu'à maintenant, c'est le chef de l'Opposition
qui nous a empêchés de parler du fond en soulevant une question de
règlement. M. le Président, je vous demande
d'interpréter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: M. le Président, je vais terminer ma question
de règlement. J'en suis, M. le Président, sur
l'interprétation que vous donnez au mandat. Après tout, on n'est
quand même pas ici pour respirer la fumée, on est ici parce qu'il
y a effectivement des gens qui gèlent et il y a une panne à
Hydro-Québec et il y a des pannes qui vont se répéter et
il y a une heure qui s'appelle le 21 et il y a le fait qu'on est, en ce moment,
une partie du Parlement déplacée à écouter des
représentants syndicaux. Est-ce qu'on pourrait sortir du petit livre
vert de la procédure, essayer de procéder au fond et ne pas
prendre trois jours et le régler?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Question de règlement. M. Raynauld:
M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sur une question de?
M. Raynauld: Je pense que je vais en faire une question de
règlement, M. le Président, parce que le sujet que je voulais
aborder est le même que celui du ministre. Je suis venu ici pour entendre
les parties et même sur le mandat,on dit qu'il y a six points de
désaccord. C'est cela la question, on a dit...
M. Johnson: Voilà.
M. Raynauld: Qu'on nous donne les raisons du
désaccord!
M. Johnson: C'est cela.
M. Raynauld: Cependant, M. le Président, il n'est pas
possible d'aborder ces questions, on nous l'a dit tout à l'heure, il
n'est pas possible d'aborder cela en pleine nuit. Je demande au gouvernement:
Est-ce qu'il a l'intention oui ou non de continuer la commission parlementaire
avec les avantages pour la population que ceci représente et que M.
Morrisseau nous a assurés tout à l'heure de dire: II y aura un
moratoire aussitôt que vous nous le direz, vous êtes prêts
à nous entendre sur les points de fond donc, les six points de
désaccord à propos du rapport des négociateurs. Je dis
simplement que le gouvernement, à l'heure actuelle, essaie de jouer sur
les deux tableaux. Il nous dit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Raynauld: C'est une question de règlement, c'est sur
les procédures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Alors, messieurs, à ce stade, puisque c'est toujours le
même point qui est en...
M. Raynauld: Toujours le même point, M. le
Président, si vous me permettez de terminer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
présidence...
M. Fontaine: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Non, il n'y a plus personne qui va parler sur la question de
règlement, la présidence suspend les travaux et, dans quelques
minutes, va lire à tous les membres de cette commission les
galées exactes des paroles qui ont été prononcées
à l'Assemblée Nationale, suite au mandat que nous avons ce soir.
Alors, les travaux de la commission sont suspendus pour quelques minutes.
Suspension à 1 h 04
Reprise à 1 h 34
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Comme je m'étais engagé à
le faire, il y a plusieurs pages, mais j'aimerais quand même donner la
première intervention du leader du gouvernement en Chambre, ou du moins
ses premières paroles à la page R-6, 1900, du journal des
Débats, à 19 heures trente sept: "A la salle 81-A, on recevra les
parties impliquées au
conflit d'Hydro-Québec, essentiellement sur le mandat suivant:
s'interroger entre parlementaires, mais profitant de leur présence pour
aller plus au fond sur la raison du refus du rapport du médiateur que
les syndicats visés à Hydro-Québec ont déjà
fait connaître à l'opinion publique et, deuxièmement, la
raison qui les amène à refuser l'appel d'aller au vote, comme le
premier ministre et le gouvernement du Québec le leur ont
demandé. Je crois que, dans ce cadre, les travaux de la commission
seront circonscrits et, comme j'en ai donné l'assurance au leader de
l'Opposition officielle et au chef de l'Union Nationale, le délai de
minuit, s'il est franchi, ce ne sera pas pour très longtemps..." et cela
continue.
D'autre part évidemment ce n'est jamais facile
d'interprétation, pour la présidence des mandats qui sont
décrits de la sorte je me contenterai de redire ce que j'ai tout
simplement dit, au début, tout à l'heure.
M. Raynauld: Je m'excuse, mais j'ai posé deux questions au
leader.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Ah! vous voulez que je dise... Je vais le lire au complet si vous le
désirez. Cependant, j'ai cinq pages.
M. Raynauld: C'est parce que les deux réponses aux
questions clarifiaient la première déclaration.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, je vais lire au complet les paragraphes pertinents. La
présidence n'a pas à juger de la pertinence ou de l'impertinence
d'un paragraphe, "...nous permettront d'espérer que le délai de
minuit, s'il est franchi, ne le sera pas pour très longtemps. Si chacun
d'entre nous sait percevoir l'urgence qui existe dans ce débat et, en
même temps, la nécessité de répondre à ce
moment-ci, avant tout autre geste, à la demande syndicale, je crois
qu'il est de bonne guerre que l'Assemblée le leur accorde.
Je puis communiquer à l'Assemblée que dès que cette
décision du Conseil des ministres a été prise en fin
d'après-midi, avant même que j'en communique l'essentiel aux
parties de l'Opposition, nous étions assurés de la participation
à sept heures plus tôt aurait été difficile,
parce que la plupart d'entre eux sont à Montréal à
vingt-deux heures de la présence de ceux que nous souhaitons
avoir à la table pour permettre aux députés membres de
l'Assemblée de faire le point, de connaître la situation, en
particulier sur le refus du rapport du médiateur et sur le refus d'aller
aux votes. "Le Président: Merci! M. le député d'Outremont.
"M. Raynauld: M. le Président, dois-je comprendre que les seuls
invités à cette commission sont les représentants des
syndicats ou est-ce que, parmi les parties impliquées, il y a
également Hydro-Québec? "Le Président: M. le leader du
gouvernement. "M. Charron: M. le Président, je le dis sous toutes
réserves, je crois que la question du député d'Outremont
est pertinente et je crois sincèrement, à ce moment-ci que les
autorités d'Hydro-Québec ont été convoquées
également. On me souffle que oui. Alors, c'est fait. Je vais y apporter
les réserves suivantes: C'est que dans les circonstances, je dirais,
à cause du mandat de travail de la commission, l'autre partie nous
était plus importante, c'est-à-dire celle qui refuse le rapport
du médiateur, Hydro-Québec ayant déjà fait
connaître son acquiescement au rapport du médiateur. Mais, peu
importe, finalement, M. le Président, puisqu'on me garantit que l'une et
l'autre seront là . "Le Président: M. le député de
Missisquoi . "M. Russell: M. le Président, ce n'est pas exactement une
question de privilège, mais un peu pour replacer les choses. Je voudrais
connaître le mandat de la commission parce qu'il y a quelques minutes,
j'écoutais les nouvelles TVA et on annonçait le refus
catégorique du premier ministre de convoquer la commission. A l'heure
actuelle, on la convoque quand même, la commission. Le leader
parlementaire nous informe de la tenue de la commission. On vient de nous
informer que les gens d'Hydro-Québec sont là. Est-ce que c'est
formellement la commission qu'on convoque pour discuter des affaires
générales qui concernent tout le mandat de la négociation
qui est en cours actuellement ou si c'est simplement pour donner une chance au
syndicat de s'exprimer? "M. Charron: Non, M. le Président. Je remercie
le député de sa question. Si c'était, comme on a pu
l'exprimer à d'autres moments, la révision globale et
fondamentale de la négociation en cours des relations de travail
même à HydroQuébec, il est bien certain que, comme le
premier ministre l'a dit, ce n'est pas au moment où les citoyens du
Québec sont privés d'un service, que, je pense, tout le monde est
d'accord à dire essentiel, qu'on doit se prêter à cet
exercice qui pourrait être long et théorique à la fois. "Le
mandat de la commission qui se réunit à 10 heures, et c'est la
raison pour laquelle le Conseil des ministres a décidé de
l'exiger au besoin ou de le demander à la partie syndicale, ce qui a
déjà été accepté, je peux le confirmer
à l'Assemblée, c'est essentiellement sur deux choses: Pourquoi
cette partie au conflit refuse-t-elle le rapport du médiateur et
pourquoi refuse-t-elle ce qui a été la coutume dans tous les
autres cas, de soumettre avec sa recommandation négative, au besoin, ce
rapport au vote de ses membres? Je pense que les membres de l'Assemblée
qui sont membres de la commission de l'Energie sauront travailler dans ce cadre
. "Le Président: M. le député de Gatineau . "M. Charron:
M. le Président, dois-je comprendre que pendant que cette commission
siégera, il y aura un moratoire quelconque, tel que l'avait offert le
porte-parole syndical au moment où il a fait la demande de cette
commission parlementaire, la semaine dernière?
"Deuxièmement, M. le Président, peut-on compter que
pendant qu'on discutera en commission parlementaire le syndicat a donné
quelque engagement que ce soit au gouvernement qu'il procédera à
la réparation des nombreuses pannes qui sévissent
présentement un peu partout? "Le Président: M. le leader
parlementaire du gouvernement. "M. Charron: M. le Président, la
convocation de cette commission parlementaire portait comme condition sine qua
non le moratoire que les syndiqués eux-mêmes nous avaient
indiqué. C'est donc dire que sous toutes réserves, encore une
fois, d'un événement qui nous file entre les doigts, avec
l'assurance que je connais la nature de la convocation, au moment où la
commission se réunira,un moratoire sera en fonction en effet et
qu'à ce moment-là, les pannes, normalement, devront être
réparées l'une après l'autre, j'imagine . "Le
Président: M. le député d'Outremont . "M. Raynauld: Je
m'excuse de revenir à la charge avec une seconde question. Je comprends
que le leader du gouvernement veuille restreindre la portée du mandat
qu'il donne à cette commission, mais les mots qu'il emploie limitent
beaucoup la portée du travail de la commission. "Est-ce que je pourrais
lui demander si, au moins, il accepterait que ce mandat comprenne
également la position d'Hydro-Québec sur le rapport du
médiateur? Est-ce qu'on pourra au moins contre-interroger, si je peux
dire, les représentants d'Hydro-Québec sur le rapport du
médiateur, sur le contenu de ce rapport qui va impliquer,
évidemment, un élargissement du mandat par rapport à ce
que le leader a exprimé tout à l'heure, où on dirait que
ce sont simplement les raisons pour lesquelles le syndicat ne veut pas laisser
l'assemblée et les membres du syndicat s'exprimer sur les
propositions?
J'aimerais savoir si le leader, au moins, acceptera que nous puissions
ou que les membres de la commission puissent également interroger
Hydro-Québec sur un certain nombre d'aspects de cette entente à
survenir. "M. Charron: Oui, M. le Président, le député a
raison de poser la question. Ce que je voulais dire, c'est que le sujet de
convocation de cette commission est effectivement le rapport des
médiateurs eux-mêmes. Donc, il sera permis aux membres de savoir
pourquoi certains sont pour et pourquoi certains sont contre. Je pense avoir
très bien exprimé l'intention de cette convocation, c'est qu'il
ne s'agit pas de remonter en arrière, mais de nous en tenir à
l'urgence que les citoyens eux-mêmes vivent actuellement. "Le
Président: M. le député de Saint-Hyacinthe. "M. Cordeau:
M. le leader, est-ce que les médiateurs qui sont dans ce dossier ont
été invités à assister à cette commission?
"M. Charron: On a dit qu'au moins un d'entre eux ils étaient
quatre, que je sache, qui sont intervenus dans le dossier
peut-être deux, peut-être tous, mais au moins un d'entre eux sera
présent à cette réunion. "Le Président: Très
bien. "M. Charron: Je demande qu'on en revienne aux choses en cours, M. le
Président. "Le Président: On en revient donc aux affaires du jour
et aux choses en cours. M. le député de Bellechasse, je vous
cède la parole."
C'est la transcription intégrale du journal des Débats
entre 19 h 36 et 19 h 45 cet après-midi. Je pense que cette lecture du
journal des Débats, l'interprétation que j'en ai faite au
début de l'assemblée était correcte, dans le sens suivant,
parce que je n'ai pas les galées de ce que j'ai dit au début de
l'assemblée. Je pense que j'ai dit qu'il ne fallait pas que cette
séance de la commission parlementaire tourne en séance de
négociations, qu'il ne fallait pas, à cette commission
parlementaire, que le syndicat dise: Je veux ci, et que le gouvernement offre
telle chose, qu'Hydro-Québec offre telle chose. Cette commission
parlementaire n'est pas un tribunal du travail, n'est pas, non plus, un
médiateur, n'est pas un conciliateur, et il n'est pas question de
négocier une convention collective ici.
Tout ce que je répète, je ne veux pas interpréter
à la place des autres le mandat qui est là, je l'ai dit au
début, dans mon exposé: Le débat doit porter sur le ou les
raisons qui ont incité et qui incitent une partie à accepter le
rapport des médiateurs, et l'autre partie à refuser ce rapport
des médiateurs et à ne pas vouloir aller au vote. La
présidence ne peut pas être plus précise que cela. La
présidence a d'ailleurs permis, sans aucune anicroche, à M.
Morrisseau, de dire les points même, il l'a dit à deux ou
trois reprises, en réponse au député de Nicolet-Yamaska
sur lesquels il y avait entente ou non, de telle sorte que je pense que
c'était une raison, il y a eu des raisons d'assemblées,
également, on a dit: II va y avoir 100 assemblées, c'est une
autre raison. Mais, la présidence entend que cette commission
parlementaire ne devienne pas une séance de négociations.
Je pense que les remarques que j'ai faites au début, et celles
qui se retrouvent dans le journal des Débats... Je pense, à ce
moment-ci, être conforme et à 15 heures également
à ce que disait le leader du gouvernement; il n'est pas question
de recommencer la négociation de la convention collective ici, mais de
connaître tout simplement et cela revient à plusieurs
reprises, et dans mon texte, et dans mes interventions, et dans les
interventions à la Chambre la ou les raisons pour lesquelles
l'une ou l'autre des parties accepte ou refuse telle chose. Il n'est pas
question de négocier, il n'est pas question d'offrir des choses, il
n'est pas question de dire ce qu'on veut, mais de dire simplement les raisons
pour lesquelles on est d'accord ou on n'est pas d'accord.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que ça permettra aux personnes
invitées de nous dire pouquoi il n'y pas eu d'entente sur tel ou tel
point?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui, pour autant que ça ne devienne pas... C'est là le
cadre précis que je veux, c'est cela la rigidité de la
présidence, c'est sûr, il ne faut pas que cette commission
devienne une séance de négociations, dire, par exemple:
J'accepterais telle chose, je suis prêt à vous offrir telle chose.
Je l'ai dit mot à mot, j'ai mon texte, ici: "Ainsi donc, comme vous
pouvez le constater, le mandat de la commission est très clair,
très limité, et la présidence de cette commission tient
à dire qu'elle n'entend pas que cette commission
dégénère en séance de négociations." Ce sont
des choses que j'ai écrites moi-même, avant même le
début de la commission, entre 20 heures et 22 heures, pour me
préparer afin que cette commission ne dégénère pas
en séance de négociations.
M. Fontaine: C'est moins restrictif que ce que vous avez dit tout
à l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas moins restrictif, M. le député de Nicolet-Yamaska, c'est que
je ne vais pas plus loin, je dis et je répète: "... la ou les
raisons pour lesquelles l'une ou l'autre des parties accepte ou refuse un
rapport de médiation." D'ailleurs, si vous voulez un peu de
jurisprudence, vous avez posé une question, avant minuit, je pense,
à M. Boyd et ainsi de suite. La présidence n'est pas intervenue
pour mettre fin à cette question et a laissé complètement
les personnes d'Hydro-Québec répondre. (1 h 45)
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que le syndicat
pourrait nous dire pourquoi il n'y a pas entente sur les six points qui sont
restés en litige?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska, je tiens à avouer que cette
question a été permise par la présidence avant minuit et
alors, la présidence avait dit à M. Morrisseau: Vous pouvez
donner les points, sans pour autant rentrer dans des séances de
négociations elles-mêmes et dire: J'accepterais telle ou telle
chose. Cette question a été permise même avant que le
débat ne survienne.
M. Fontaine: II n'a fait que les énumérer à
ce moment. On voudrait à ce moment-ci savoir pourquoi il n'y a pas eu
d'entente?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Du
moment que cela ne devient pas une séance de négociations.
M. Morrisseau: M. le Président, je crois que la
réponse ne sera pas satisfaisante, parce que je veux essayer, moi aussi,
de m'en tenir aux cadres. Si nous n'avons pas accepté ces points, c'est
parce qu'à l'intérieur de ces points se retrouvent des points,
qui, pour les membres, représentent des objectifs à atteindre
dans cette négociation-ci.
M. Fontaine: Mais pour chacun des points?
M. Morrisseau: C'est cela. Je peux y aller, mais je vais
être obligé de donner des exemples du pourquoi, par exemple, on
accroche au niveau de la santé-sécurité.
M. Fontaine: C'est cela; allez-y.
M. Morrisseau: Je pourrais donner des exemples, si M. le
Président me le permet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Du
moment où vous ne négociez pas, monsieur.
M. Morrisseau: Je ne négocierai pas. Mais je vais
être obligé de faire l'argumentation de nos points, si vous le
permettez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Allez-y. A l'ordre s'il vous plaît!
M. Morrisseau: Est-ce que j'ai un temps pour la réponse ou
si...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Cela va. A l'ordre s'il vous plaît. La présidence ne se
rappelle pas.à ce stade-ci,qui avait la parole au moment où j'ai
suspendu les travaux. J'aimerais le savoir. On me soulève le point
à savoir qui avait la parole.
M. Parizeau: M. le Président, sur une question de...
M. Russell: M. le Président, c'est moi qui ai
terminé et le député d'Outremont a pris la parole sur le
point de discussion qui vous a amené à suspendre la
séance.
M. Parizeau: Sur la même question. J'ai cru comprendre,
avant que nous nous séparions tout à l'heure, que l'Union
Nationale avait fini ses interventions, que, dans un premier temps, le
député d'Outremont était intervenu dans le cours normal du
débat, que le président avait rappelé que chaque partie
avait un bloc et que le député d'Outremont cherchait à
intervenir après l'Union Nationale. Là, si mes souvenirs sont
bons, le député d'Outremont a dit: Alors, je vais intervenir sur
une question de règlement. Je pense que c'est le ministre du Travail qui
est intervenu ensuite sur une deuxième question de règlement. Si
je ne me trompe, c'était notre tour, puisque l'Union Nationale avait
terminé.
M. Fontaine: Mes questions sont posées quand
même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sauf que si je me rappelle bien, le parti ministériel avait fini
ses vingt minutes. C'est écrit ici. Il restait seize minutes au Parti
libéral. C'est le député de Brome-Missisquoi qui avait
terminé son intervention à ce stade-là. Je vais permettre
au député de Nicolet-Yamaska de poser sa question et, par la
suite, je donnerai la parole au député d'Outremont.
M. Fontaine: Mes questions sont posées. Je pense que le
syndicat peut répondre, énumérer chacun des objectifs sur
lesquels ils ne se sont pas entendus, donner les raisons sur chacun des points
et dire pourquoi il n'y a pas d'entente.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Nicolet-Yamaska me permettra immédiatement pour qu'on s'entende bien
et qu'on ne soit pas obligé de suspendre dans quelques minutes. M.
Morrisseau a bien indiqué tout à l'heure que, pour se faire
entendre et pour faire part à la commission des points qu'il veut faire
valoir il a donné comme exemple une douzaine d'heures mais je
suis convaincu que c'était un peu moins est-ce que, comme
commission, on est prêt à accepter à 1 h 50 d'y aller et
même, au risque de dépasser les 10 heures où on doit
revenir à l'Assemblée, est-ce que conjointement, on est
prêt à y aller jusqu'à 10 heures, 11 heures et tout? Cela
peut aller aussi loin que cela, vous savez...
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que je pourrais
répondre à ça, au nom de notre côté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui.
M. Parizeau: M. Morrisseau nous a dit que ça lui prendrait
dix ou douze heures. Expliquer quoi que ce soit prend finalement le temps qu'on
veut bien y mettre. Il est évident que, par exemple, pour traiter du
projet de loi no 57, l'Union des municipalités, l'Union des conseils de
comté et la Fédération des commissions scolaires, ce qu'on
reconnaîtra être un assez gros bloc, on a réussi à
passer à travers en cinq heures. Je suis persuadé qu'on...
M. Pagé: Oui, mais vous les aviez entendus "ad nauseam"
avant, selon le ministre de l'Education.
M. Parizeau: Pas les trois, M. le Président, les autres on
les avait entendus longuement.
M. Pagé: Entre autres, un groupe, oui! Une Voix:
... de médiation.
M. Parizeau: Alors, dans ces conditions, M. le Président,
je suis persuadé qu'on peut quand même s'entendre pour que, sur
les six ou sept points que veut soulever M. Morrisseau, il puisse se limiter
à un bref commentaire, mais décrivant au moins la nature du
problème, sans qu'on s'embarque dans un processus de plusieurs heures et
au moins que la commission parlementaire soit éclairée sur la
nature des questions en cause.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pose ma question encore une fois: Que le syndicat
puisse nous donner les objectifs qu'il a poursuivis dans la négociation
et nous donner peut-être brièvement deux ou trois raisons pour
lesquelles la négociation n'a pas abouti?
M. Morrisseau: Les objectifs poursuivis dans la
négociation, par le syndicat, ont été établis
à partir de formules distribuées parmi tous les membres
syndiqués à Hydro-Québec, sur lesquelles formules
en nombre voulu, tant que les membres en voulaient, il y en avait les
membres exprimaient leur désir de changement de convention collective.
Ces formules ont été compilées par le comité de
négociation provincial et c'est à partir de ces formules que le
projet de convention collective a été écrit. A la suite de
ça, le projet de convention collective, lors d'une tournée
provinciale dans le même processus que je vous ai expliqué
tantôt, soit une centaine d'assemblées dans une tournée
provinciale ce projet de convention collective a été
présenté et expliqué aux membres. Par la suite, nous avons
déposé ce projet de convention collective le 29 juin 1978,
à Hydro-Québec. Cela aussi, je l'ai mentionné
tantôt.
Cette négociation visait à changer le mode de
négociation à Hydro-Québec. Depuis qu'il y avait des
négociations à Hydro-Québec à l'exclusion de
celle-ci nous avions compilé les faits qu'à chaque fois
qu'il y avait une négociation, ça se terminait toujours de
façon extraordinaire. Nous avons imputé, peut-être à
tort je commence à croire que c'est à tort ces
négociations difficiles à deux facteurs, que nous avons
considérés importants, nous les avons imputées au facteur
temps et au facteur nombre de demandes et, à cela, quand je
spécifie nombre de demandes, je crois que nous avions deviné la
pensée du ministre Parizeau qui disait, dans un article, le mercredi 12
décembre 1979, parlant des négociations de la fonction publique,
un article de Lysiane Gagnon: "Le fait qu'on a gardé, des deux
côtés, la vieille habitude de vouloir rouvrir les conventions
collectives sur 400 points, alors que les deux tiers de ces demandes sont
simplement d'ordre tactique, ce qui a pour effet d'enlever tout sérieux
aux étapes initiales de la négociation." On avait pensé
ça, nous autres, que si on n'ouvrait pas la convention collective d'un
couvert à l'autre, on serait peut-être en mesure d'arriver enfin
à une négociation qui aurait du bon sens à
Hydro-Québec.
Alors, on a soumis un projet dans lequel on amendait une dizaine de
points de la convention collective. En plus, nous avons déposé
notre projet de convention collective six mois avant l'expiration de la
convention collective et, sur ces gestes syndicaux posés,
Hydro-Québec a applaudi à cela. M. Boyd était là
quand on a posé ces gestes, il était très satisfait et
très heureux de l'initiative syndicale et, pourtant, les
négociations ont commencé le 12 janvier 1979. A ce moment, on a
commencé à débattre les points au mois de mars devant des
conciliateurs et, pour donner quelques exemples, nous ne comprenons pas, au
moment où on se parle, au niveau de la santé et de la
sécurité au travail, qu'Hydro-Québec refuse et le
rapport ou les recommandations des médiateurs, refusent aussi la
préarbitrabilité d'une mesure disciplinaire imposée
à un employé qui refuse de faire un travail qu'il
considère dangereux.
A moins que je ne m'abuse, ce serait une partie prévue dans la
loi 17. Comment se fait-il qu'Hydro-Québec refuse d'inclure cela dans sa
convention collective? Quand on parle de santé et
sécurité, toujours au niveau de santé et
sécurité, je vais vous donner deux exemples dans la santé
et la sécurité au travail. Il y a un mécanisme sur lequel
les parties se sont entendues advenant un refus par un employé
d'accomplir un travail qu'il considère dangereux pour sa santé ou
sa sécurité. Le mécanisme se termine par la
décision du directeur d'Hydro-Québec, le directeur de la
région et, par la suite, il faut trouver un mécanisme, si les
parties ne sont pas d'accord avec la décision du directeur
d'Hydro-Québec, pour faire trancher le litige. Le syndicat a
proposé, à ce moment, de faire intervenir un inspecteur du
gouvernement qui prendrait la décision finale. On ne comprend pas
qu'Hydro-Québec refuse cela et on ne comprend pas non plus que cela
n'ait pas été inclus dans le rapport des médiateurs. Ce
sont deux exemples.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Fontaine: C'est seulement un point. M. Russell: Les
autres.
M. Morrisseau: Exemple, sur le régime de retraite à
Hydro-Québec. On ne comprend pas qu'Hydro-Québec ne veuille pas
régler une fois pour toutes le régime de retraite des
employés des compagnies nationalisées. (2 heures)
Je pense que c'est un problème qui est connu de la plupart des
gens qui sont ici et Hydro-Québec, en plus de refuser de solutionner le
problème, s'est permis de passer par-dessus la tête du
comité de négociation et d'aller faire des offres directement
dans le champ. On a une lettre à ce sujet du porte-parole
négociateur d'Hydro-Québec qui nous en avise. Cela, on ne le
comprend pas. On vous dit que la commission parlementaire qu'on
suggérait, non pas qu'on exigeait, qu'on suggérait, comme
moyen... Ce sont des choses comme cela qu'on voudrait dire à une
commission parlementaire. On pense qu'à ce moment-là la
commission parlementaire se rendrait compte que certains ministres, dans le
passé, avaient raison quand ils distribuaient le prix citron à
Hydro-Québec, concernant ses relations de travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Est-ce que quelqu'un veut intervenir?
M. Johnson: II y en a cinq autres.
M. Morrisseau: Ce sont des exemples, M. le Président, que
je donne. Si on veut que je débatte les points un par un, tous les
points qui accrochent, je vais le faire, mais je vous dis...
M. Johnson: Les six, les six points.
M. Morrisseau: C'est loin d'être terminé. Moi, je
suis prêt à le faire. Il y a des documents à déposer
en preuve sur ce qu'on avance, parce que ce ne sera pas seulement de la parole
qui va être dite cela va être des documents qui vont être
déposés. On n'a pas l'intention, parce que c'est trop facile, de
nous demander de faire des interventions à la sauvette comme cela quand
on a des interventions sérieuses à faire sur chacun de ces points
avec, dans certains cas, des documents à déposer qui vont prouver
nos avancés.
M. Johnson: M. le Président, sur une question de
règlement, si vous le permettez.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Johnson: Je voudrais juste savoir, puisqu'on semble avoir
tenté de définir un peu ce qu'impliquait la question du
député, il me semble que j'ai entendu M. Morrisseau, à
quelques reprises, parler de, tantôt cinq, tantôt six, tantôt
sept, mais au maximum, le chiffre qui a été mentionné,
c'était sept, je voudrais juste savoir si, quand il parle des points, il
parle de ces sept. Je voudrais savoir s'il parle de cela, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
m'excuse, ce n'est pas une question de règlement. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. On vous donne
l'occasion de nous expliquer ce soir, malgré le mandat qu'on avait tout
à l'heure et qu'on vient peut-être de prolonger un peu,
d'expliquer quels sont les points qui achoppent c'est ce que vous
vouliez également tout à l'heure pour permettre aux
parlementaires de voir s'il n'y aurait pas possibilité de trouver des
éléments de solution. Depuis le temps que vous demandez une
commission parlementaire, vous devez quand même être suffisamment
préparés et si c'est vrai que vous veniez ici ce soir en pensant
que c'était cela le but de la commission parlementaire, je pense que
vous devez être en mesure de nous soumettre, au moins de façon
succincte, chacun des points et nous dire ce sur quoi cela ne fonctionne
pas.
M. Morrisseau: M. le Président, je l'ai dit tantôt,
nous ne sommes pas venus ici dans ce but, c'est bien sûr, parce que si
nous étions venus ici dans ce but, au moment où on se parle, le
moratoire existerait. On a dit tantôt que, quand on a été
convoqués, on n'a pas été convoqués pour faire ce
que vous tentez de nous faire faire actuellement. On n'a pas d'objection
à le faire, mais je vous dis qu'on ne veut pas le faire
partiellement de façon que cela ne reflète pas la
réalité. C'est cela le danger. On va passer des points rapidement
et cela ne reflétera pas la réalité. On a besoin de vous
expliquer ces choses. Ce qu'on a besoin de vous dire en vous les expliquant, je
vous le dis vous pouvez le demander au médiateur quand
j'ai expliqué les points au médiateur, cela a pris tout au moins
sept heures. Je pense que je n'exagère pas en disant que cela a pris
tout au moins sept heures pour faire le tour de cela, sans parler, absolument
pas, de ce qui existe à Hydro-Québec, depuis nombre
d'années, concernant le climat des relations syndicales-patronales, sans
parler de cela. Seulement parler des points, cela a pris sept heures. Il faut
le faire sérieusement. On ne veut pas le faire à la sauvette de
façon que cela donne un mauvais portrait aux gens qui vont
l'écouter. Comprenez-vous? Je suis prêt à vous donner
quelques exemples comme je viens de vous en donner. Mais je pense que c'est une
chose qui doit être faite sérieusement et pour la faire
sérieusement, cela prend beaucoup plus qu'une heure ou deux.
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez, je
pense que M. Morrisseau m'a mis en cause. Le "on" dont il parle, c'est moi, au
sujet de la commission et de la convocation. Je vais simplement dire que j'ai
eu l'occasion de parler à M. Morrisseau en fin d'après-midi,
entre 17 et 18 heures au téléphone. J'ai dit exactement ceci
à M. Morrisseau: M. Morrisseau, vous êtes convoqué à
Québec pour une commission parlementaire qui se tiendra à 22
heures ce soir. Il m'a dit: Ce soir? J'ai dit: Oui, ce soir. Vous suivez
jusque-là, M. Morrisseau? Très bien.
Deuxièmement, j'ai dit: Et le moratoire, M. Morrisseau? Vous
m'avez répondu: Oui, puisque vous parlez de moratoire. Et là, je
n'ai pas eu de réponse. J'ai dit: M. Morrisseau en commission
parlementaire ce soir à 22 heures. Il a dit: A22 heures, vraiment? J'ai
dit: Oui, ce soir à 22 heures à Québec. Devant rien
d'autre comme réponse, j'ai dit: M. Morrisseau, on s'attend que vous
soyez là. Que M. Morrisseau nous dise que ce n'est pas une commission
parlementaire qu'il voulait, qu'il a demandée et qu'il en veut une
deuxième et qu'il veut parler d'autre chose; je veux bien. Mais la
convocation dont il parle, c'était cela. Deuxièmement, M.
Morrisseau, je vous ai posé spécifiquement la question sur le
moratoire au sujet duquel vous n'avez pas répondu, d'ailleurs. J'ai donc
choisi et j'ai considéré que, quand le gouvernement convoquait
quelqu'un à une commission, il devait s'attendre que les personnes
soient là. Cela a été fait. La commission siège.
Vous êtes là. Vous avez choisi de ne pas respecter le moratoire
que vous aviez déjà évoqué. Peut-être
s'agissait-il d'une autre sorte de commission parlementaire que vous vouliez.
C'est ce que vous semblez exposer depuis tout à l'heure, mais je dois
vous avouer que je trouve que c'est une méprise qui va faire geler bien
du monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je ne sais pas si je n'ai
pas laissé passer mon droit de parole, parce qu'il me semble que la
question qui me vient à l'esprit, c'est que je pense que ce n'est pas
raisonnable de simplement continuer comme cela, en disant: On fait la
commission parlementaire. Il est deux heures du matin. On entend les parties et
s'il faut se rendre jusqu'à neuf heures demain matin, on se rendra
jusqu'à neuf heures demain matin. Il me semble qu'on devrait être
capable de s'entendre sur une façon de tenir la commission parlementaire
qui soit un peu plus raisonnable que celle qui semble vouloir se
perpétuer cette nuit.
Encore une fois, je pense bien qu'on fonctionne toujours par consensus,
par consentement. Je n'ai pas d'objection à donner mon consentement,
mais j'avoue que je ne trouve pas cela raisonnable. Les questions que j'ai
à poser sont des questions qui sont dans la lignée de celles qui
viennent d'être posées. Je pensais aussi que c'était une
commission parlementaire qui permettrait aux syndicats d'expliciter les raisons
pour lesquelles ils avaient refusé le rapport des médiateurs. Il
y en a beaucoup de raisons. M. le Président, est-ce qu'on va continuer
comme cela jusqu'à demain matin? Je pose la question. Je trouve que ce
n'est pas raisonnable. Il me semble que le gouvernement ne veut pas nous dire
qu'il n'en fera pas d'autre. Il ne veut pas nous dire qu'il va en faire une
autre. Là, il continue comme cela, en sachant que cela n'a pas de bon
sens. Je repose la question: Est-ce que le gouvernement a l'intention de
continuer encore bien longtemps comme cela à jouer au jeu du chat et de
la souris et de dire: On ne dit pas qu'il va en avoir une; on ne dit pas qu'il
n'y en aura pas. On continue comme cela; c'est cela la vraie commission
parlementaire. Il est deux heures du matin et on en a encore pour cinq ou six
heures. Je trouve que c'est... En tout cas, je ne sais plus comment...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président...
M. Lavoie: ... marathon... "open house".
M. Raynauld: Pendant tout ce temps, il n'y a pas de moratoire. Si
le gouvernement disait: On va avoir une commission, M. Morrisseau s'est
déjà engagé à ce qu'il y ait un moratoire demain
matin à partir de huit heures. Je ne comprends plus. Est-ce qu'on veut
un moratoire? Si on en veut un, on s'est fait offrir une possibilité
d'avoir un moratoire et de continuer une commission parlementaire dans des
conditions un peu normales. Je suis devant cela et je me dis: Est-ce que
vraiment c'est la meilleure façon de procéder?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre des Finances.
M. Parizeau: J'aimerais répondre à la question
posée par le député d'Outremont de la façon
suivante. Je trouve qu'on a beaucoup dramatisé certaines
procédures, ce soir, ou certaines complications. Demander au syndicat
pourquoi il refuse le rapport du médiateur, c'est finalement ramener le
débat ou les constatations à un petit nombre de points. Ce n'est
pas très long de nous faire comprendre, par exemple et là,
vraiment, c'est un exemple que je donne, M. le Président, je ne veux pas
aller plus loin que cela que le rapport des médiateurs conclut
que la demande d'intégrer 3 1/2% dès le départ de la
convention collective en plus des autres augmentations, que les
médiateurs ne recommandent pas cela et que le syndicat, au contraire, y
tient. Nous expliquer cela, ça prend un gros cinq minutes. Il y a, comme
cela, sept ou huit points. La question d'indexation, c'est la même chose.
Les divergences entre les deux formules, en cinq minutes, dix minutes,
ça s'expliquait très bien. Il ne faut pas se faire
d'illusions.
Je comprends que cela a pris beaucoup de mois et de semaines pour
discuter d'abord au niveau des conciliateurs, ensuite de présenter cela
aux médiateurs mais, au point où nous en sommes, ce qui semble
amener le refus du rapport des médiateurs, c'était, en somme, un
certain nombre de choses, remarquez bien, faciles à décrire, dans
la mesure même où, dans certains cas, il s'agissait clairement de
faire une percée, comme je l'ai dit tout à l'heure. Expliquer
cela, ce n'est pas tellement compliqué.
Ce que je constate, simplement, ce soir, c'est que M. Morrisseau n'a pas
l'air de vouloir être très concret sur ces clauses. J'aimerais
cependant poser deux questions à M. Morrisseau, puisqu'il ne veut pas
vraiment entrer dans des choses concrètes comme celle-là. Est-ce
que je le comprends bien en revenant un peu en arrière
quand il attend de la commission parlementaire, qu'elle dure trois heures,
trois jours ou trente jours ça n'a pas d'importance, c'est
l'idée qui est importante est-ce qu'il attend d'une commission
parlementaire qu'elle propose ou suggère des propositions qui seraient
différentes et, j'imagine, dans son esprit, meilleures que celles qui
ont été déposées par les médiateurs?
Deuxièmement, si c'est vraiment cela qu'il a dit, je lui pose une
question qui va peut-être lui paraître philosophique, mais est
bougrement importante: Une fois qu'une commission parlementaire aurait fait
cela, encore une fois, en trois heures, trois jours ou trente jours, quelle
chance y a-t-il au Québec qu'une médiation ne marche jamais? On
vient de flamber le processus de médiation, au Québec, pour un
sacré bout de temps. J'aimerais qu'il réponde à ces deux
questions. Est-ce que je le comprends bien quand il dit qu'il souhaiterait,
qu'il s'attend à ce qu'une commission parlementaire, quelle que soit la
durée qu'elle passe là-dessus, puisse aborder les contenus et
proposer quelque chose d'autres que ce qu'il y a dans le rapport des
médiateurs? Deuxième question: Si c'est cela qu'il demande,
j'aimerais avoir ses commentaires quant aux chances du processus de
médiation dans les négociations de travail après cela pour
toute une série de groupes, aussi bien que le sien, d'ailleurs, la
prochaine fois.
M. Morrisseau: Le premier volet, je vais répondre au
ministre Parizeau en relisant le document que j'ai lu et qui, je crois, est
très clair. Je disais qu'au début de janvier 1980, le
gouvernement appelait une commission parlementaire. Je répète
encore, pour me faire bien comprendre, que c'est un moyen que nous
suggérons, pour essayer de régler le conflit à
Hydro-Québec; ce n'est pas une exigence, c'est un moyen que nous
suggérons. Dès l'annonce par le gouvernement d'une telle
commission, il y aurait un moratoire sur la grève. Lors de cette
commission, le syndicat et Hydro-Québec pourraient faire entendre leurs
points demeurés en litige à la suite des recommandations des
médiateurs. (2 h 15)
La commission aurait à se prononcer sur le bien-fondé des
demandes dans un délai raisonnable pour qu'on ne se retrouve pas dans
une situation à des moments où on ne devrait pas se retrouver
dans de telles situations.
Le syndicat s'engagerait à soumettre à ses membres, en
assemblée générale, par scrutin secret, le rapport de la
commission parlementaire pour acceptation ou rejet. Le moratoire se
prolongerait jusqu'à ce que les membres se soient prononcés et
ce, dans un premier volet.
Mon opinion sur le deuxième volet, c'est une opinion tout
à fait personnelle, à partir de ce moment-ci, je ne parle pas au
nom du comité de négociations, je parle en mon nom personnel
comme plusieurs l'ont mentionné tantôt, des
médiations dans la province de Québec, ça n'existe pas
à tour de bras et, deuxièmement, la négociation à
Hydro-Québec est quelque chose de très spécial. Nous avons
cru qu'une telle commission parlementaire n'aurait pas pour effet de saboter le
rôle de la médiation, mais, bien au contraire, de faire en sorte
qu'à Hydro-Québec, on ait des chances de ne plus se retrouver en
médiation dans le futur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, j'arrive dans le débat
à un curieux moment, puisque j'imagine que le sujet qui vient
d'être abordé et la réponse qui vient d'être
formulée méritent d'être pris en considération assez
sérieusement par chacun des membres. L'invitation qui vient d'être
faite aux membres de la commission est ni plus ni moins de donner un nouveau
rôle, possiblement extensible, d'ailleurs, à tout autre conflit,
à une commission parlementaire. Le moins que je puisse dire, sans me
prononcer sur le fond, mais sachant l'importance du sujet, c'est que ça
vaut la peine d'y penser. Ce n'est pas la première fois, je le reconnais
à M. Morrisseau, qu'il le dit ce soir, mais il était important
que, dans son mandat, en train d'examiner les points de désaccord du
syndicat, par rapport aux suggestions de la médiation et qu'on peut
avoir à l'esprit alors que ce que vous nous demandez en échange,
quand on sent que ce qu'on nous demande en échange, c'est de faire de
cette commission un palier supérieur à la
médiation, je pense que chacun des membres voudrait y
réfléchir.
De même, c'est sans doute très important ce que nous
faisons ce soir, ici, et c'est sans doute très important aussi la
situation que des centaines de Québécois vivent actuellement. Je
pense que tous les membres qui sont alentour de la table, le reconnaissent. En
conséquence, M. le Président, des deux importances pour ne
pas dire des deux urgences j'en viens à trouver un compromis que
je propose immédiatement à la commission; dans
l'intérêt premier puisqu'il est devant vous des
travailleurs d'Hydro-Québec, je crois qu'il serait opportun que cette
commission leur donne un certain nombre d'heures additionnelles, encore une
fois dans le cadre très précis du mandat que je vous ai
entendu, tantôt, de mon bureau, le réciter, M. le Président
j'ai moi-même formulé à l'Assemblée, dans la
journée de demain, quelques heures et je souligne, si c'est possible,
quelques heures additionnelles pour que ces travailleurs et leurs
représentants nous expliquent leurs raisons de désaccord à
un rapport de médiation qui est, selon les lois qui régissent le
monde du travail au Québec, le maximum émanable du gouvernement
du Québec.
En conséquence, demain matin ou ce matin, après la
période des questions, j'ai l'intention de reconvoquer pour quelques
heures cette commission et les membres qui y siègent pour poursuivre le
travail. Je dis tout de suite très franchement pour qu'il n'y ait pas de
malentendus ou de mauvaises interprétations, pour qu'on ne soit pas
obligé de recourir à la transcription de mes propos de ce soir,
je ne serai pas capable d'offrir les douze, quinze, vingt heures
peut-être point par point que j'ai entendu évoquer au cours de
cette commission. Les membres de l'Assemblée nationale qui sont
occupés à d'autres projets de loi importants n'en seront pas
capables et je crois que la population non plus ne le souhaite pas.
J'en viens à ma deuxième importance qui, avec tout le
respect que je dois à ceux qui sont présents aussi en tant que
représentants des citoyens du Québec et de toutes les
régions autour de la table je pense que c'est à peu
près ce qu'on représente une chose nous est
particulièrement importante actuellement, c'est le fait que plusieurs de
nos concitoyens sont privés injustement d'un service essentiel qui
s'appelle l'électricité. Cette deuxième importance limite
d'elle-même le temps additionnel qu'on peut accorder à la
comparution ou à l'audition de ceux qui ont accepté, je le
reconnais et je les en remercie, à quelques heures d'avis, d'être
devant nous ce soir et qui se sont prêtés dans un climat
très respectable à la discussion que je vais proposer à
l'instant d'achever, M. le Président, jusqu'à demain matin. Mais
il est entendu, et encore une fois je ne veux pas qu'il y ait de leurre
quelconque, que nous ne nous engageons pas demain à onze heures ou vers
onze heures, quand la commission reprendra son travail, à une
séance qui peut durer des jours et des jours. J'ai parlé
d'heures, je resouligne mon mot.
J'invite donc ceux qui, demain, peut-être de bonne foi,
estimeraient que, comme ils l'ont fait auprès des médiateurs,
certains points qu'ils croient très légitimes et très
fondamentaux peuvent prendre des heures à expliquer le bien-fondé
de leur position, je leur demande de collaborer avec nous et de comprendre que
dans la situation actuelle, à quelques jours de Noël et de
l'ajournement de la Chambre, nous ne pouvons pas prendre des heures sur des
points qui, en toute autre occasion, pourraient prendre des heures.
Légitimement, nous escomptons que demain, dans les heures additionnelles
que nous accorderons au travail de cette commission, je pense, de bon
gré, pareil effort soit fait pour que présentation
complète de l'opposition du syndicat au rapport des médiateurs
nous soit connue sans qu'on soit, tous un peu profanes en la matière,
appelés à entrer dans les détails.
M. le Président, je ne sais pas si je dois faire une motion
d'ajournement en ce moment jusqu'à demain. Je pense que je n'aurais
qu'à suggérer qu'un membre de la commission retire son
consentement et cela serait automatiquement fait. Je voudrais quand même,
si vous le permettez, demander qu'en quelques minutes il y ait une
réaction de mes collègues de l'Opposition sur la proposition que
je fais de poursuivre demain et surtout, ce qui est bien important, que le
moratoire qui a été tant de fois évoqué ce soir au
cours de cette discussion par la demande syndicale nous soit garanti
également par M. Morrisseau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition officielle.
M. Pagé: M. le Président, je remercie le leader du
gouvernement. Cela va un peu dans le sens de ce que je formulais tout à
l'heure. J'aurais une très brève question à M. Morrisseau.
Cela implique, je présume, le moratoire à compter de huit heures
demain matin?
M. Morrisseau: Aquelle heure? Ma réponse là-dessus,
je m'excuse...
M. Pagé: J'ai dit au leader du gouvernement que la
proposition qu'il venait de nous formuler allait dans le sens de ce que nous
avons proposé tout à l'heure comme avenue possible de solution ou
pour se dégager tout au moins du problème qu'on connaît. Je
présume donc que la proposition du leader qui entraînera des
séances de la commission demain pour quelques heures le leader
pourra nous dire jusqu'où il peut aller... On peut présumer chez
vous que le moratoire est applicable à compter de demain matin, huit
heures, et que les syndiqués d'Hydro-Québec seront au
travail.
M. Morrisseau: Moi, je ne peux pas vous répondre
là-dessus immédiatement. Je n'ai pas le mandat de donner une
réponse sur cette proposition. Mon mandat, je le tiens de mon
comité de négociations, je peux parler de cela, me retirer et
parler avec le comité de négociations et revenir avec une
réponse. Mais dans le mandat que j'ai du comité de
négociations actuellement, je n'ai pas le mandat de dire oui à
une telle proposition.
Le Président (M. Vaillancourt):A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Avant d'ajourner, peut-être trois ou cinq
minutes, dans un délai le plus bref possible, je devrai vous rappeler,
M. Morrisseau, que vous avez exprimé l'opinion tout à l'heure
et je pense que vous parlez en tant que coordonnateur des trois groupes
que vous étiez disposé à ce qu'il y ait un
moratoire où les employés entreraient au travail, vous
étiez même disposé à aller jusqu'en janvier. On vous
demande le moratoire pour demain matin. La commission va siéger, elle
exprimera un voeu et, de toute façon, ce sera à elle de
déterminer. Ce qui sera déterminé, le voeu exprimé
ou peu importe la forme de la recommandation si on peut dire
recommandation quoique c'est un terme à l'égard duquel j'ai
beaucoup de réserves, comme recommandation comme telle le voeu
qui pourra être exprimé par la commission devra être soumis
à vos membres. C'est ce à quoi vous vous êtes
engagé, M. Morrisseau, tout à l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Morrisseau.
M. Morrisseau: M. le Président, je pense que le leader du
gouvernement n'est pas allé aussi loin que le député vient
de le dire. Le leader du gouvernement a tout simplement dit que demain on
aurait quelques heures pour exposer notre point de vue. Le leader du
gouvernement n'a pas dit que, par la suite, la commission parlementaire
exprimerait ses voeux sur le conflit.
M. Pagé: M. Morrisseau, elle est maîtresse de ses
travaux.
M. Morrisseau: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le Président, je crois que
nous voulions ajourner pour permettre au syndicat de réfléchir
à la question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas moi qui décide. C'est l'Assemblée qui décide. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, d'une façon
très brève, je pense qu'il est juste et raisonnable... Je ne
concourrai pas à siéger à une commission, demain, qui ne
respectera pas l'offre qui a été faite au gouvernement par la
partie syndicale. S'il faut qu'il se retire pendant quelques minutes, je
propose qu'on l'attende, cinq minutes s'il le faut, qu'il se retire, qu'il
rencontre son comité et qu'il nous revienne avec une réponse pour
qu'on sache immédiatement de quoi il s'agit. Qu'on ait une
réponse, est-ce qu'on va en avoir un moratoire oui ou non? Parce qu'on
n'est pas pour revenir ici demain, travailler en commission et ne pas avoir de
moratoire, tel que cela a été offert, on l'accepte. C'est la
raison pour laquelle la commission va siéger si on a le moratoire. Vous
l'acceptez avec nous. Je l'ai dit auparavant. C'est une affaire
extraordinaire.
M. Morrisseau: D'accord. J'aimerais que le leader, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Allez-y.
M. Morrisseau: J'aimerais que le leader de l'Opposition nous
répète...
M. Johnson: M. le Président, peut-être que la
commission a besoin d'un conciliateur entre M. Morrisseau et elle. Est-ce que
cela va?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Morrisseau: Nous aimerions écouter attentivement la
proposition du leader du gouvernement s'il veut la reformuler.
M. Charron: Ce n'est pas une proposition que je faisais, M.
Morrisseau. Avec tout le respect que je vous dois, c'est une décision
que j'ai. Comme chargé de l'organisation des travaux de la Chambre, je
suis prêt à retarder le travail sur un projet de loi important, je
pense qu'il vous touche à coeur aussi, qui s'appelle le projet de loi no
17, pour que demain matin, et demain après-midi, au besoin, la
commission parlementaire de ce soir puisse poursuivre son travail pour vous
entendre, vous, sur vos points de désaccord concernant le rapport de
médiation et les raisons qui vous ont motivé à refuser
l'appel du premier ministre d'aller au vote. C'est ce qui nous motive tous
à être ici ce soir. Vous avez commencé à nous en
expliquer quelques unes. Je pense que vous l'avez fait de bonne foi, mais nous
avons tous la conviction que vous n'avez pas terminé, vous l'avez dit
vous-même. Vous avez même dit que cela vous prendrait plus d'heures
que cela.
Je propose, pas à vous, avec tout le respect que je vous dois,
mais à mes collègues de l'Assemblée, que nous
arrêtions nos travaux sur cet engagement, de réunir la commission
à nouveau demain matin. (2 h 30)
Je m'attends je ne vous demande pas, je ne veux pas
négocier avec vous, il faut bien se comprendre ce à quoi
je m'attends, parce que je vous ai entendu le dire à peu près
cinq fois ce soir, c'est qu'en échange d'un objectif que vous atteignez,
peut-être partiellement vous êtes habitué comme
négociateur à atteindre partiellement les objectifs et
qu'en échange d'un
ordre qui vient des deux côtés et de tous les partis de
l'Assemblée nationale pour que nous nous réunissions à
nouveau demain matin après la période des questions pour
continuer l'examen, en effet, ce que vous nous avez offert tout le long de la
soirée soit un fait et qu'à compter de huit heures, demain matin,
vous demandiez aux travailleurs d'Hydro-Québec d'être en poste et
de réparer les pannes, en particulier les plus sérieuses qui
affectent le plus grand nombre de citoyens. Il me semble que c'est une
proposition que nous n'avons pas à négocier, mais comme vous
assistez comme témoin à une chose qui est en train de se faire
entre parlementaires ici, il me semble que vous devez imaginer qu'on attend
tous une contrepartie de votre part.
M. Morrisseau: D'accord. Vous nous dites que l'on continue demain
la commission qui est engagée actuellement. Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: J'aimerais qu'il soit bien clair quand... Est-ce qu'il
est question de sortir quelques minutes pour délibérer?
J'aimerais que ce soit bien clair quand vous nous reviendrez tantôt que
vous acceptez de revenir demain devant le genre de commission qui a
été définie et qu'à l'intérieur de cette
définition, vous acceptez également le moratoire qui a
été demandé, parce que si l'un ou l'autre des deux points
ne se réalise pas, vous allez créer un "dead-lock". Il y aura des
gens qui ne seront pas ici demain pour l'autre partie de la commission. Je ne
sais pas si c'est clair que...
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Combien de minutes, M. Morrisseau?
M. Morrisseau: On va essayer de faire cela très
rapidement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Les travaux de l'Assemblée sont suspendus pour dix minutes
à quinze minutes.
M. Morrisseau: Est-ce qu'il y a une salle où on pourrait
se réunir, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Nous allons nous occuper de cela.
Suspension à 2 h 32
Reprise à 3 h 05
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Morrisseau, je vous cède la parole.
M. Morrisseau: Merci, M. le Président. Compte tenu que le
mandat de la commission parlementaire à laquelle nous avons
été conviés avait pour but de savoir pourquoi nous avons
refusé le rapport des médiateurs et pourquoi nous n'avons pas
consulté nos membres avec les recommandations des médiateurs,
nous sommes prêts, si c'est votre désir, à revenir nous
faire entendre demain matin, mais nous ne sommes pas d'accord pour accorder un
moratoire sur la grève.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, dans les circonstances, je ne
pense pas qu'il y ait réunion de la commission parlementaire demain, et
je propose l'ajournement de cette commission.
M. Fontaine: M. le Président, juste avant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sans débat, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais tout simplement dire au leader du
gouvernement que, pour ma part, j'ai inscrit un débat d'urgence à
l'Assemblée nationale, et que j'ai l'intention de le réclamer si
le gouvernement n'annonce pas de projet de loi spécial demain matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Est-ce que la motion du leader du gouvernement sera adoptée?
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 3 h 07