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Etude des crédits du ministère de
l'Energie et des Ressources
(Dix heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'énergie et des ressources reprend ses travaux,
concernant l'étude des crédits du ministère de l'Energie
et des Ressources.
Les membres de cette commission sont: M. Bérubé (Matane),
M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac), M. Marquis
(Matapédia), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont).
Peuvent intervenir: M. Dussault (Châteauguay), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mercier (Berthier) M. Michaud (Laprairie),
M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Rancourt (Saint-François), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Le rapporteur de cette commission a été
désigné, c'est M. Marquis (Matapédia). A la suspension des
travaux, hier, nous en étions aux remarques préliminaires. Le
ministre avait fait certaines répliques. Le député de
Mont-Royal me fait part qu'il aurait certaines questions additionnelles au
niveau des remarques préliminaires. M. le député de
Mont-Royal.
Discussion générale
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'aurais quelques
remarques additionnelles, à la suite des propos du ministre et de
quelques questions aussi sur deux ou trois sujets que j'avais soulevés
hier et auxquelles le ministre a omis de répondre. Premièrement,
hier, à la suite de certaines remarques que j'avais faites au sujet des
intentions du gouvernement concernant le dossier de l'amiante, le ministre,
à ma surprise, sinon mon étonnement, a fait une critique que je
pourrais qualifier d'intempestive contre les tribunaux. Je ne peux pas laisser
passer sans commentaire les remarques du ministre, car je crois que ces
remarques touchent quand même notre système démocratique.
Le ministre a évoqué certaines critiques contre non seulement les
tribunaux, mais il a même mentionné, d'après un article de
journal de ce matin, certains juges de la Cour d'appel.
M. Bérubé: ... ces articles? (10 h 30)
M. Ciaccia: C'est dans la Presse de ce matin. M. le
Président, le ministre a dit que les juges n'étaient même
pas élus et qu'ils prétendaient usurper le pouvoir de
l'Assemblée nationale. Je crois qu'il y a un manque complet de
compréhension quant au rôle du juge. C'est
précisément parce qu'ils ne sont pas élus... Non seulement
ne sont-ils pas élus, mais ils sont nommés à vie pour
avoir cette objectivité et pour pouvoir trancher les litiges et, parce
que chaque pays, incluant le Canada, les États-Unis, la France, tous les
autres pays civilisés ont des constitutions, sinon écrites, au
moins des coutumes, il est nécessaire qu'il y ait le pouvoir judiciaire
pour s'assurer que même le pouvoir législatif se conforme à
ses propres lois. Premièrement, ce n'est pas la première fois
qu'une injonction est émise contre la couronne, au Québec.
M. Bérubé: Ah, ah!
M. Ciaccia: Ce n'est pas la première fois qu'il y a une
injonction.
M. Bérubé: Citez-nous un cas!
M. Ciaccia: Mais les raisons que le ministre a invoquées
sont inexactes.
M. Bérubé: Citez-nous un cas!
M. Ciaccia: Vous aurez l'occasion... Vous me reprendrez...
Le Président (M. Laberge): La parole est au
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre a dit: Ecoutez, les tribunaux ont
invoqué la question de la loi 101 pour accorder leur injonction. Je
voudrais faire remarquer au ministre que le juge Montgomery, par exemple, n'a
même pas fait référence à la section 133, ni
à la loi 101. Ces motifs pour accorder l'injonction, c'étaient
exactement les raisons que nous avions portées à votre attention
durant les débats sur la loi d'expropriation et nous vous avons
suggéré des amendements, c'est-à-dire que la loi
d'expropriation vise seulement une compagnie et elle peut être
interprétée en expropriant non seulement les biens au
Québec, mais les biens qui sont en dehors du Québec. Alors, vous
savez que ce n'est pas dans...
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: ... le pouvoir de l'Assemblée nationale...
Elle visait à n'exproprier qu'une partie possible des biens de la
compagnie. Je n'irai pas dans les détails sur les raisons du jugement,
mais je veux seulement souligner qu'on vous avait suggéré
certains amendements, que si ces amendements avaient été
acceptés, je ne peux pas présumer que cela aurait
empêché l'injonction, mais, au moins, cela aurait réduit
les raisons pour émettre l'injonction.
Mais ce n'est pas là la vraie cause qui m'inquiète. Ce ne
sont pas là les vraies raisons pour l'inquiétude que j'ai, c'est
l'attitude du ministre vis-à-vis du pouvoir judiciaire.
Je voudrais citer ici les propos de l'honorable juge en chef Jules
Deschênes qu'il a prononcés lors d'une conférence qui a
été rapportée dans le Devoir. Il dit: "II est vain
d'espérer que le citoyen
se soumette de bonne grâce à la justice si l'État
lui donne l'exemple du défi ou lui distribue l'enseignement de
l'injure".
Et il donne certains exemples. Ce n'est pas seulement au Québec
que les tribunaux ont accordé certaines injonctions ou ont
déclaré illégales certaines procédures contre
l'Etat. Il donne l'exemple en France: "II y a moins d'un mois, à la
veille de Noël, le Conseil constitutionnel de France déclarait non
conforme à la constitution la Loi de finance pour 1980 que le
gouvernement français venait de soumettre au Parlement. Huit jours avant
le début de l'année, le gouvernement se voyait privé de
tout moyen juridique pour assurer légalement la rentrée des
impôts et le fonctionnement de l'Etat."
C'est le rôle des tribunaux de sauvegarder la constitution, de
s'assurer que le gouvernement respecte lui aussi les lois. Le juge Montgomery,
dans les raisons qu'il a évoquées pour accorder l'injonction, a
dit qu'il ne contestait pas le pouvoir du Québec d'exproprier, mais
qu'il devait le faire conformément aux lois. Ce ne sont pas seulement
les tribunaux au Canada. Je vous ai donné l'exemple cité par le
juge en chef des tribunaux de France. Il arrive constamment aux Etats-Unis que
la Cour suprême tranche un litige et déclare une certaine loi
inconstitutionnelle.
Nous avons une constitution, nous avons des lois et même si cela
déplaît au ministre, l'Assemblée nationale ne peut pas agir
de façon arbitraire et ne peut pas aller contre notre constitution. Vous
pouvez être en désaccord avec un jugement, c'est votre droit
on n'est pas toujours d'accord mais commencer une tirade contre
les tribunaux comme vous l'avez fait, je crois que c'est totalement injuste,
ça ne donne pas le bon exemple et c'est presque une incitation à
montrer un manque de respect complet envers les tribunaux.
Je continue de citer le juge en chef: "Mais il importe de rappeler, dans
la conjoncture actuelle, l'importance primordiale du respect de la justice par
le pouvoir civil. D'autres pays, nous l'avons vu, pratiquent ce respect et ne
s'en trouvent pas plus mal. "Il faut réagir avec vigueur contre une
situation propre au Québec où le dédain que le pouvoir
civil affiche envers la justice menace d'une dégradation graduelle nos
institutions les plus précieuses et, à travers elles, la
liberté de chaque citoyen. Vraiment, la seule protection qu'un individu,
une corporation ou une collectivité a contre le pouvoir arbitraire de la
souveraineté de l'Assemblée nationale, ce sont vraiment les
tribunaux. Autrement, nous sommes soumis totalement à la tyrannie d'une
majorité qui pourrait agir à sa façon et sans protection
pour l'individu. L'individu ne peut pas venir ici à l'Assemblée
nationale et demander un redressement. Le seul recours qu'il a, c'est devant
les tribunaux."
Faire une tirade comme vous l'avez fait, cela nous ramène
à quoi? Cela nous ramène à l'époque de Louis XIV,
où il n'y avait pas d'immixtion des tribunaux dans les lois du
gouvernement de ce temps. L'État, c'est moi. C'est cela la philosophie
et cet aspect est franchement un des aspects les plus inquiétants, M. le
ministre, de votre gouvernement. Ce n'est pas seulement la question de la
souveraineté, c'est cette approche de la société: c'est
seulement le gouvernement qui a toute la vérité, qui peut agir
comme il veut, sans égard aux pouvoirs de la constitution, sans
égard aux pouvoirs des tribunaux.
Je vais terminer mes remarques sur ce point en citant finalement le juge
en chef, l'honorable juge Deschênes, qui dit: "Chaque citoyen doit donc
pouvoir recourir aux tribunaux même contre l'État sans s'exposer
à des mesures de représailles. De son côté,
l'État doit donner l'exemple du respe--qui est dû aux tribunaux et
à la légitimité qu incarnent. Ce n'est certes pas payer un
prix trop élevé pour la santé de notre
société que de poursuivre ce nécessaire équilibre
entre justice et pouvoirs."
Je trouve malheureux que le ministre peut-être s'est-il
laissé emporter ait critiqué de façon si peu
tempérée la raison même de l'existence du système
judiciaire. Je termine mes remarques sur ce point. J'aurais quelques autres
points que le ministre a soulevés, M. le Président, si vous le
permettez.
Il y a la question d'autosuffisance. Vous persistez à donner un
pourcentage de 51% d'auto-suffisance en matière d'énergie au
Québec.
M. Bérubé: Je ne persiste pas.
M. Ciaccia: Si vous ne persistez pas. vous admettez que c'est
26%. Je vais arrêter mes remarques.
Vous avez dit qu'il fallait une unité de mesure. Quand vous avez
dit qu'il faut mesurer, je pense que l'exemple que vous avez donné,
c'est celui d'une maison comparativement à un autre article... c'est en
dollars. L'unité de mesure, c'est la BTU. Si vous convertissez en BTU
parce que c'est le degré de chaleur
l'électricité, un gallon de pétrole ou 1000 pieds cubes de
gaz naturel, si vous convertissez en BTU, là, vous avez
l'équivalent. Vous pouvez mesurer le pourcentage que
l'électricité va fournir en termes égaux d'unités
pour toutes les formes d'énergie.
Alors, en BTU...
M. Bérubé: Une BTU électrique ne vaut pas
plus d'une BTU thermique.
M. Ciaccia: Exactement. Combien de kilowatts-heures faut-il pour
produire une BTU?
M. Bérubé: Mais un tiers de BTU électrique
fait autant de travail qu'une BTU thermique.
M. Ciaccia: Excusez, un instant. Je vais arriver à la
question thermique et au problème que l'OCDE a soulevé quant
à cette question. Alors, on a l'unité égale,
l'unité commune, qui est la BTU. D'après les BTU produites par
kilowatt-heure, par gallon de pétrole ou par 1000 pieds cubes,
d'après
les chiffres de votre ministère, on produit approximativement 26%
de l'énergie consommée au Québec. Alors, quand on regarde
dans le bilan énergétique des pays de l'OCDE, dans les
publications de l'OCDE, il y a une raison pour laquelle ces gens disent qu'ils
vont l'exprimer en quantité de pétrole nécessaire pour
produire la même quantité d'électricité dans les
centrales thermiques classiques en service.
Cela veut dire que si, dans un pays, il y a des centrales thermiques,
elles utilisent du pétrole pour produire de l'électricité.
Alors, c'est un moyen moins efficace. Naturellement, les pays de l'OCDE vont
prendre ça en considération pour évaluer l'autosuffisance
et ils vont pénaliser d'une façon ce pays, cet endroit qui
utilise de l'huile pour produire de l'électricité. Ils vont dire:
Ecoutez, votre autosuffisance, ce n'est pas seulement les BTU que vous
produisez, mais la BTU vous coûte plus en huile, alors ils vont
réduire l'autosuffisance d'un pays. Mais si un pays n'a pas de centrale
thermique en service, ils n'utiliseront pas, même d'après les
normes de OCDE, ce moyen d'évaluer l'autosuffisance; ils ne vous
accorderont pas une autosuffisance additionnelle si on n'a pas de
pétrole.
Quand on tourne le commutateur dans une chambre, ce n'est pas de l'huile
qui sort de là, c'est de l'électricité, qu'on peut
convertir tant qu'on veut.
Cette façon de procéder de l'OCDE, c'est seulement quand
il y a des centrales thermiques en service, et s'ils n'en ont pas, ils ne
l'utilisent pas. Ils ont fait certaines exceptions en Norvège, en
Suède, pour donner leur évaluation de l'autosuffisance.
Je vais aussi citer une recherche qui a été faite par
l'Institut de recherche CD. Howe où ils évaluent, dans un tableau
de la page 22 de ce document, l'autosuffisance énergétique au
Québec et dans quelques pays industrialisés pour l'année
1975. En 1975, l'électricité avait un plus bas pourcentage
d'utilisation au Québec. C'était 22% ou 23%. Pour le
Québec, production nationale de l'énergie en pourcentage de la
consommation globale et autosuffisance, 18%. Pas 50%, pas 40%, mais bien 18%.
Dans d'autres pays, par exemple, de l'Europe occidentale, 44%; le Japon, (?)
%.
Même eux, dans l'évaluation de l'autosuffisance du
Québec, en sont arrivés aux mêmes chiffres qui sont inclus
dans le document qui a été émis par le gouvernement, qui
est aujourd'hui de 20%, excluant le 6% qui vient du Labrador.
Pour ce qui est de la logique du ministre, je vais citer le livre blanc
du gouvernement sur l'énergie. Je vais vous démontrer comment
cela peut conduire à une conclusion absurde.
A la page 46 du livre blanc de la politique québécoise de
l'énergie, je cite: "Pour l'ensemble du bilan, la part de
l'électricité passerait de 22% en 1975 à près de
41% en 1990." Ils reconnaissent que la part de l'électricité,
c'était 22% en 1975 et que c'est 26% aujourd'hui. Mais d'après
les chiffres du ministre, 22% représenterait une autosuffisance de 50%.
Le 25% représente 50%.
Cela veut dire qu'en 1990, si on double la part de
l'électricité, notre autosuffisance ne sera plus de 51%. Elle va
être de 100%, d'après les chiffres du ministre. On pourrait
être porté à conclure qu'en 1990, on va exporter du
pétrole au Québec, parce qu'on va être autosuffisant. C'est
cela la logique. Le fait est qu'en 1990, on ne sera pas autosuffisant à
100%, même avec les meilleures prévisions du gouvernement, parce
que l'électricité va fournir seulement 40% de nos besoins
énergétiques. Et on aura besoin encore d'un autre 60%, qu'on
veuille le convertir ou utiliser les chiffres que l'on veut pour essayer de
faire paraître la situation meilleure qu'elle ne l'est au Québec.
Ce sont les chiffres exacts. (10 h 45)
II serait davantage dans l'intérêt de la population de se
faire dire la vérité, plutôt que d'être induite en
erreur en lui faisant croire qu'on a plus que ce que nous avons vraiment.
M. Bérubé: Belle affaire! Vous charriez.
M. Ciaccia: Concernant l'autre remarque du ministre sur la Baie
James, franchement, M. le Président, au lieu de faire l'éloge de
ceux qui ont créé la Baie James...
M. Bérubé: ... l'éloge des politiciens.
M. Ciaccia: ... vous ne l'avez pas fait; vous avez
critiqué; vous avez dit: C'est seulement, parce que le pétrole a
augmenté en valeur; s'il n'avait pas augmenté... Vous avez
critiqué. On a annoncé NBR. On a construit le complexe La Grande.
Vous manquez le point totalement. La Baie James a été construite
pour répondre aux besoins du Québec. Même si le
pétrole n'avait pas augmenté, l'augmentation des besoins
d'électricité était de 7,5% par année. Il fallait
aller chercher cette électricité quelque part. La Baie James
répondait aux besoins locaux du Québec, non pas pour exporter,
non pas pour les besoins des Etats-Unis, non pas pour d'autres besoins.
C'était cela le but.
Même si le pétrole n'avait pas augmenté à $20
et $30 le baril, c'était nécessaire...
M. Bérubé: Erreur.
M. Ciaccia: ... de construire pour répondre à la
croissance électrique des besoins au Québec, même
d'après les chiffres qu'Hydro-Québec a donnés.
M. Bérubé: Erreur grossière.
M. Ciaccia: De dire que NBR, c'était trop cher, qu'ils ont
construit La Grande, vous allez être obligé...
M. Bérubé: Me permettez-vous une question qui vous
permettrait d'expliquer davantage? La raison pour laquelle vous donnez un taux
de croissance de 7,5%...
M. Ciaccia: A ce moment-là.
M. Bérubé: ... de consommation électrique,
c'est que vous devez le comparer avec l'augmentation de la consommation
énergétique des Québécois qui n'est que de 2% pour
vous rendre compte que vous avez une conversion du pétrole vers
l'électricité liée au fait que le pétrole est plus
cher que l'électricité et moins sécuritaire, ce qui veut
dire que, s'il n'y avait pas eu la croissance des prix du pétrole, vous
n'auriez pas eu ces transferts et, à ce moment-là, au lieu
d'avoir 7,5% d'accroissement des besoins énergétiques
québécois, vous auriez eu 2%.
M. Ciaccia: Comment expliquez-vous alors, M. le ministre, avec
cette belle logique, la croissance avant l'augmentation du prix du
pétrole? Elle était de 7,5%, d'après l'historique
d'Hydro-Québec. Comment expliquez-vous cela?
M. Bérubé: Je vous donne les taux de croissance
énergétique actuels.
M. Ciaccia: Non, pas les taux de croissance actuels, je parle de
ceux avant 1973. Avant que la Baie James fut construite, le taux de croissance
d'électricité était de 7,5%, même si le prix du
baril était de $3.75. Comment expliquez-vous cela? Vous me donnez une
raison après 1973.
J'ai une nouvelle pour vous: après 1973, le taux de croissance
d'Hydro-Québec n'a pas été de 7,5%. Il a été
réduit, d'après les prévisions qui vous ont
été soumises, à 6,9% ou 6,5%. Votre énoncé
n'explique pas la croissance avant même l'augmentation du prix du
pétrole. Quand vous dites que le projet de NBR...
M. Bérubé: On est d'accord.
M. Ciaccia: On est d'accord sur un sujet au moins. Quand vous
dites que NBR coûtait trop cher, je voudrais signaler au ministre que
vous allez construire NBR. Si ce n'est pas cette année... On ne
commencera pas cette année, je ne pense même pas que ce soit dans
le programme jusqu'à 1985 ou 1989, mais cela va éventuellement
être construit et cela va coûter beaucoup plus cher que cela
n'aurait coûté en 1973. Ce sont des détails...
M. Bérubé: Cela suit l'inflation.
M. Ciaccia: On a annoncé NBR, on a construit La Grande. Le
point important, c'est que c'était un projet fantastique, formidable
pour le Québec et qu'il a été construit, conçu par
l'administration libérale. Le moins que vous puissiez faire car
celui qui l'a lancé n'est même pas ici, si vous faites son
éloge et vous pourriez le faire, ce serait de type moins politique, cela
vous grandirait un peu au moins de reconnaître la contribution que M.
Bourassa a faite quant au projet de la Baie James. Quand vous avez fait
l'ouverture de LG-2, au premier rang, c'est le ministre des Finances qui
recevait tous les applaudissements, et, au quinzième rang, en
arrière, il y avait le pauvre M.
Bourassa qui regardait cela. C'était lui qui avait conçu
le projet, mais vous l'aviez invité seulement à la
dernière minute, parce que les journalistes et les media avaient fait
certaines pressions. Vous avez manqué un peu je ne dirais pas de
décence, mais vous n'avez pas bien agi quant à vos
réactions sur la Baie James.
Il y a un autre point que le ministre persiste à déclarer,
à affirmer et qui est contraire à la vérité, qui
est contraire aux faits, c'est un mythe. Vous continuez à dire qu'on va
payer le prix mondial du pétrole. C'est faux. On ne l'a pas payé
depuis 1973, on ne le paie pas aujourd'hui et je vous dis qu'on ne paiera
jamais le prix mondial. Cela a été la politique du gouvernement
de M. Clark, c'est encore plus la politique du gouvernement actue Ne faites pas
croire aux Québécois que, dans un Québec
indépendant, cela ne sera pas différent, parce qu'on va payer le
prix mondial quand même. Non, on va toujours payer moins, soit 85% du
prix de Chicago. Le prix de Chicago est sous le prix mondial. Admettons qu'on
irait au prix mondial, ce qu'on ne fera pas, parce que c'est la politique
déclarée du gouvernement fédéral actuel, M.
Lougheed a déclaré formellement qu'il voulait augmenter le prix
du pétrole, mais pas au prix mondial. Même si on avait
été au prix mondial, si on paie $30 le baril au Venezuela, le
Venezuela reçoit le montant complet. Mais si on paie $30 le baril pour
du pétrole canadien, il y a une forte proportion de ces $30 qui nous est
retournée sous forme de taxes. Vous ne mentionnez pas cela.
M. le Président, je voudrais poser spécifiquement au
ministre une question. Il n'a pas répondu, hier, à ma question
sur le gazoduc, le pipe-line de TransCanada PipeLines.
Est-ce que le gouvernement va donner l'autorisation pour la construction
de ce pipe-line pour permettre, dans les délais nécessaires, le
début de la construction cette année?
M. Bérubé: Tout dépend de ce que les
citoyens disent. Est-ce que vous avez terminé? Je
répondrai...
M. Ciaccia: Je peux vous donner une liste de questions ou
peut-être que ce serait plus facile si...
Une Voix: Les réponses...
M. Ciaccia: Oui, les réponses immédiatement et on
pourrait passer au prochain sujet.
M. Bérubé: Pas d'objection.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, si vous voulez
répondre aux questions posées jusqu'à maintenant.
M. Bérubé: Je ne reprendrai pas l'argumentation
antérieure du député puisque, finalement, on va s'engager
dans un débat sans fin.
M. Ciaccia: Interminable.
M. Bérubé: Un seul point que je voudrais,
cependant, qui soit très clair aux fins du journal des Débats,
j'ai bien souligné, concernant les interactions entre le judiciaire, le
législatif et l'exécutif, que la société pouvait
survivre telle que nous la connaissons sur la base d'un consensus selon lequel
chacun des trois pouvoirs respectait les compétences exclusives de
l'autre pouvoir dans son champ de juridiction et que la société
pouvait survivre en reposant sur ce respect... La base de l'argumentation de
l'avocat de la couronne concernant l'injonction, c'était: Qu'est-ce qui
se passe si le gouvernement refuse d'obtempérer à l'injonction?
Le juge appelle la police? Oui, mais police est sous juridiction du ministre de
la justice et on se rend bien compte que le système ne peut pas
accommoder de contraintes. Il faut donc que chacune des trois parties apprenne
à se respecter. C'est donc fondamentalement ce que j'ai dit. Je suis
tout à fait d'accord avec les arguments du juge Deschênes, qui
réapparaissent sérieusement fondés. Il ne faut pas que la
politique se mêle du judiciaire, mais je dis: Et vice versa.
Par exemple, j'ai demandé à beaucoup de conseillers
juridiques et même au député de D'Arcy McGee, M. Herbert
Marx, ancien avocat constitutionnaliste, qui vous dira, M. le
député de Mont-Royal qu'il estime que ce jugement est un
très mauvais jugement.
M. Ciaccia: II pensait aussi que votre question sur la
nouveauté-association était illégale.
M. Bérubé: II estimait ce jugement comme
étant un...
M. Ciaccia: Alors, vous prenez son opinion sur tous les
sujets?
M. Bérubé: ... très mauvais jugement et, de
l'avis effectivement de tous les constitutionnalistes que j'ai pu consulter, on
m'a dit: C'est un très mauvais jugement.
D'abord, soulignons que...
M. Ciaccia: Allez en appel, mais ne critiquez pas les tribunaux
comme vous l'avez fait. C'est un mépris de cour, ça!
M. Bérubé: Soulignons premièrement que le
Code de procédure civile est très explicite et ne permet pas
à un juge d'émettre une injonction contre la couronne. C'est
très explicite. C'est bien évident qu'on comprend le sens. Il
faut bien qu'il y ait une volonté collective exprimée par le
biais d'un Parlement et si le pouvoir judiciaire pouvait bloquer le
fonctionnement du parlementarisme dans notre société, il y aurait
usurpation de pouvoirs.
M. Ciaccia:... en France, vous avez vu l'exemple?
M. Bérubé: II y aurait usurpation... Attention!
M. Ciaccia: Même le Parlement doit obéir aux
lois.
M. Bérubé: Mais vous n'avez pas
écouté soigneusement toute l'essence de mon argumentation. Il y
aurait usurpation de pouvoirs, d'où cette règle qui veut qu'il
n'y ait pas d'injonction contre la couronne.
Cependant une certaine jurisprudence se forme. Le juge Deschênes y
a fait référence. Elle veut que le pouvoir du Parlement
dépasse, englobe les pouvoirs de l'exécutif. Ce qui fait que
lorsqu'une décision de l'exécutif, une réglementation, par
exemple, peut être jugée comme allant à l'encon-tre de
l'esprit de la loi ou de la loi comme telle, un juge cela se fait de
plus en plus pourrait émettre une injonction contre
l'exécutif pour protéger le Parlement. Permettez-moi, vous
élaborerez...
C'est donc une nouvelle forme de jurisprudence. Je ne suis pas avocat
moi-même, mais on me l'a expliqué tellement de fois que j'ai fini
par en comprendre au moins le sens général. Effectivement, on
observe des injonctions contre la couronne, surtout contre le pouvoir
exécutif, sur la base, comme vous l'avez souligné, d'une
incorrection d'une loi par rapport à une loi plus
générale, par exemple la loi des droits de l'homme doit
envelopper toutes les lois du Québec, et, par conséquent, si on
veut aller à l'encontre d'une loi des droits de l'homme, il faudrait
explicitement y faire référence dans la nouvelle loi pour bien
indiquer qu'on met cet article-là de côté. Si on ne le fait
pas, la loi de protection des droits de l'homme aurait préséance
sur cette loi particulière.
C'est le cas dans cette loi d'expropriation de la société
Asbestos où on peut décider de mettre de côté des
provisions de la loi générale d'expropriation; il y a eu un long
débat en commission parlementaire, nous le faisions pour être
certains qu'on ne puisse pas, éventuellement, se demander quelle loi
s'applique effectivement.
Donc, il est possible pour un juge d'émettre une injonction, si,
par une décision de l'exécutif, on va à l'encontre des
lois. Il s'agit de protéger le pouvoir législatif. Je me suis
opposé à l'injonction dans le cas où il y a une mention
explicite dans la loi qui donne un pouvoir à l'exécutif. La loi
121 donne le pouvoir au gouvernement d'exproprier. Il n'appartient pas à
un juge de décider si le gouvernement n'a pas les pouvoirs d'exproprier.
Un juge pourra évaluer la validité de la Loi d'expropriation,
pourra recommander sa modification et le Parlement devrait, en vertu du
consensus, s'y soumettre. Ce processus d'analyse d'interprétation des
lois est très différent du processus d'émission d'une
injonction en vertu duquel le juge s'arroge le pouvoir de
légiférer au-dessus du Parlement. C'est très
différent et c'est contre cela que je me suis élevé. Je me
suis élevé contre le pouvoir qu'une cour aurait d'aller à
l'encontre d'une loi explicite du Parlement. Une cour peut critiquer une loi,
peut la juger invalide, à ce moment-là, le Parlement, en vertu de
cet équilibre
des pouvoirs, devrait, lui, comme nous l'avons fait pour la loi 101, s'y
conformer et amender sa loi en conséquence. Mais un juge ne peut pas
faire des lois, il les applique. Il doit donc prendre la loi à sa face
même et, tant et aussi longtemps qu'elle n'est pas jugée invalide,
il doit l'appliquer. Il doit donc porter un jugement sur le fond, c'est ce que
nous faisons devant le juge Deschênes, c'est son droit le plus strict et
nous respectons ce droit, mais il n'a pas à bloquer l'application d'une
loi. (11 heures)
II a au contraire, à voir à son application tant et aussi
longtemps que cette loi n'a pas été jugée invalide. C'est
le rôle des cours de justice de voir à l'application des lois et
non de renverser le sens des lois que ce Parlement adopte. Sinon je vais
vous donner l'exemple de la situation totalement aberrante du citoyen qui,
invoquant la décision de la Cour suprême concernant la loi 101 qui
possiblement pourrait être étendue aux règlements
municipaux ce citoyen pourrait refuser de payer le compte de taxe et
demander une injonction à la cour en invoquant
l'inconstitutionnalité. On le voit bien, toute la mécanique
d'application des lois du Québec, chaque fois qu'un citoyen conteste la
constitutionnalité d'une loi, toute l'application des lois que vote ce
Parlement pourrait être totalement mise en danger, mise en cause.
M. Ciaccia: Vous oubliez un concept, le concept de dommage
irréparable. La loi peut être illégale, elle peut
être jugée et enfreindre les lois...
M. Bérubé: II n'y a jamais de dommage
irréparable.
M. Ciaccia: Oui, mais ça, c'est le concept de
l'injonction. C'est à vous de prouver qu'il n'y a pas... Un individu qui
refuse je ne veux pas faire un cours de droit ici et m'immiscer dans les
mérites de la cause de payer un compte de taxe, il n'y a pas de
dommage irréparable, parce que, si la loi est illégale, il peut
obtenir... On regarde son compte de taxe, s'il était à $100, il
va être remboursé. Le concept d'une injonction... Cet
après-midi, je vais essayer de vous donner l'exemple d'une autre
injonction qui a été accordée contre la couronne au
Québec, c'est le concept de dommage irréparable. Même si la
loi...
M. Bérubé: Celle de la Baie James par les Cris?
M. Ciaccia: Oui, les Cris ont obtenu une injonction. C'est de
cette façon que je suis entré dans le dossier. Alors, c'est ce
concept de dommage irréparable. Je ne veux pas entrer dans les
détails. Ce à quoi je m'opposais hier, et peut-être que
vous reculez un peu sur vos propos, que vous regrettez de les avoir dits...
M. Bérubé: Non, je n'ai pas reculé. Vous
lirez les textes.
M. Ciaccia: Je me souviens des paroles que vous avez dites: Qu'un
juge émette une injonction à l'égard d'une loi du
Québec, alors qu'il n'est pas élu, c'est disgracieux. Je me
souviens de cela. C'est ce concept contre lequel...
M. Bérubé: Une injonction contre l'exécutif
qui agit en vertu d'une loi, et cependant dont l'action pourrait être
contestable sur le plan de la légalité l'exécutif
peut certainement prendre des décisions qui se révèlent,
après analyse, illégales; c'est le rôle des cours
à ce moment-là, je pourrais accepter ce type d'injonction,
puisqu'il s'agit de protéger le Parlement. Cependant, émettre une
injonction contre le Parlement m'apparaît aberrant, parce que cela veut
dire que le juge ne prend plus la loi à sa face même, mais
décide, que la loi est illégale. Parce que, même s'il y
avait dommage irréparable...
M. Ciaccia: C'est le rôle du juge.
M. Bérubé: ... en vertu d'une loi que ce Parlement
adopte, et c'est tout à fait possible, il n'appartient pas à un
juge d'en décider. Il n'appartient pas à un juge...
M. Ciaccia: On est en désaccord sur ce concept.
M. Bérubé: Ce Parlement-là pourra toujours
causer des dommages irréparables à des citoyens, le Parlement est
souverain. Evidemment, vous ne comprenez pas également cette notion de
souveraineté.
M. Ciaccia: La loi, c'est moi. Vous retournez à Louis XIV.
La loi, c'est moi, je suis souverain, je veux faire tout ce que je veux et je
peux aller contre les lois actuelles, contre la constitution. Ce
concept-là, heureusement, n'est pas accepté dans notre
démocratie, dans notre système. Il n'est pas accepté.
M. Bérubé: C'est la souveraineté du
Parlement. C'est la souveraineté parlementaire. Je regrette.
M. Ciaccia: II n'est pas accepté en France, il n'est pas
accepté aux Etats-Unis, il n'est pas accepté en Angleterre. Je
vous ai donné la cause qui a été... Tous les
crédits du gouvernement, il n'y avait pas moyen de fonctionner, parce
que la cour a dit: Cette loi n'a pas été acceptée, n'a pas
été adoptée en conformité avec la constitution. Ces
gens ont fait exactement ce que vous venez de dire. Si vraiment vous croyez que
l'injonction n'aurait pas dû être accordée et si le
gouvernement a vraiment l'intention de procéder à
l'expropriation, il aurait pu faire appel à cette injonction à la
Cour suprême au lieu de causer des délais additionnels en allant
contester la cause sur les mérites. On peut s'interroger sur les vraies
intentions du gouvernement dans ce dossier. Je ne veux pas passer toute
l'étude des crédits sur le dossier de l'amiante.
M. Bérubé: C'est ce que je pensais aussi.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous avez des
remarques, M. le ministre, sur la Baie James et le prix mondial du
pétrole, le gazoduc?
M. Bérubé: En pratique, il semble bien que, pour
autant que le ministère de l'Environnement est concerné, il n'y
ait pas de problème réel pour le passage d'un gazoduc. Cependant,
il semble qu'au niveau de l'Union des producteurs agricoles, on ait certaines
réserves quant à certains tracés qui empiéteraient
sur des terres agricoles. Or, le député de Mont-Royal est
certainement conscient du fait que nous avons une loi sur l'environnement et
une loi sur la protection du territoire agricole et qu'en vertu de cette loi,
des procédures existent pour permettre aux citoyens de faire entendre
leurs objections avant toute prise de décision par le Conseil des
ministres. Par conséquent, il est donc simplement nécessaire que
nous nous en tenions au strict respect des lois.
M. Ciaccia: Sans considération politique...
M. Bérubé: Exactement.
M. Ciaccia: ... et des objections de l'UPA.
M. Bérubé: Par conséquent, en ce moment...
Il y a d'ailleurs eu des rencontres hier et avant-hier justement entre des
représentants de l'Union des producteurs agricoles et TransCanada
PipeLines pour examiner en détail l'impact réel de l'implantation
du pipe-line, son impact, par exemple, sur des problèmes d'irrigation,
de drainage, les problèmes de maintien du potentiel agricole, une fois
les travaux effectués, d'accès et autres. Dès que la
société TransCanada PipeLines aura réussi à
s'entendre, à ce moment-là, il n'y aura pas de difficulté
comme telle.
Soulignons que l'Office national de l'énergie a donné son
autorisation à TransCanada PipeLines, a condition qu'elle trouve un
terrain d'entente sur le plan environnemental et sur le plan de protection du
territoire agricole. Or, il semble en ce moment que le seul point
véritablement en litige puisse être un problème de
protection du territoire agricole. Je ne vous cacherai pas qu'il y a en ce
moment des discussions entre la compagnie et les cultivateurs de la
région, de manière que le tracé en soit un de moindre
impact.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, le problème n'existe pas
avec le ministère de l'Environnement, parce que je crois bien...
M. Bérubé: J'ai cru comprendre qu'au niveau du
ministère de l'Environnement, il n'y avait pas d'objection au
tracé comme tel, à la condition de ne pas passer sur certains
marécages ou quelques endroits écologiquement sensibles. A
l'exception de quelques contraintes, il semble bien que l'environnement pouvait
facilement s'accommoder d'un tracé tel que proposé. Cependant,
des problèmes plus sérieux, enfin plus sérieux, disons des
ques- tions, sont soulevés par les cultivateurs sur l'impact réel
de l'implantation d'un tel pipe-line. N'étant pas moi-même un
spécialiste en protection du territoire agricole, je serais bien en
peine de faire le moindre commentaire quant à l'impact réel de
l'implantation d'un pipe-line.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, les objections de l'UPA
indiquent qu'elle préférerait ou suggérerait de construire
le pipe-line le long des routes et des autoroutes déjà
construites, et elle ne veut pas qu'il traverse certaines terres agricoles.
M. Bérubé: II y a des spécialistes en
transport qui ont des réserves, par exemple le long des voies
ferrées, advenant un déraillement. Quel serait l'impact potentiel
sur le pipe-line? C'est donc un problème de sécurité. Le
long des autoroutes, je ne vous cacherai pas que, pour autant que je suis
concerné, je ne vois pas trop quel est le problème, mais,
à nouveau, je ne suis pas un spécialiste en la matière. On
peut se poser la question à savoir s'il s'agit véritablement de
problèmes ou de contraintes supplémentaires, advenant des
transformations à la route, par exemple.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a des délais dans lesquels
cette décision devrait être prise, et il y en a des
délais pour effectuer les travaux cette année? Pour quelle
date faudrait-il que le gouvernement donne son autorisation?
M. Bérubé: A ma connaissance, TransCanada PipeLines
aurait fourni, vers novembre dernier, les documents nécessaires à
l'analyse. Le seul obstacle qui pourrait encore se dresser devant une
approbation définitive du gouvernement pourrait être le besoin
d'entendre les citoyens concernés pour savoir leurs commentaires avant
que la Commission de protection du territoire agricole puisse rendre sa
décision.
Il est bien évident que si la société TransCanada
PipeLines réussissait à s'entendre avec les intervenants du monde
agricole dès maintenant, l'émission du permis, à la fois
par l'Office national de l'énergie et par la Commission de protection du
territoire agricole, serait évidemment beaucoup plus facile, puisque le
problème se pose aussi pour l'Office national de l'énergie.
C'est-à-dire que, s'il y avait opposition au tracé du pipe-line,
l'Office national de l'énergie se verrait dans l'obligation de tenir
également des audiences publiques. Cela veut dire que l'autorisation
conditionnelle, à ce que je comprends, par l'Office national de
l'énergie, pourrait se voir remise en cause.
Donc, tout ce problème du pipe-line, en ce moment, demeure entre
les mains de la société TransCanada PipeLines et des intervenants
agricoles dans le territoire en question. S'il devait y avoir une entente
à l'amiable entre les deux parties, alors il n'y aurait, à ma
connaissance, pas d'objection, ni au niveau de l'Office national de
l'énergie ni au niveau du gouvernement du Québec, pour
l'émission du permis.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez songé à tenir des
audiences publiques, soit par une commission parlementaire, soit par des
audiences publiques, avant que les délais expirent? C'est un
investissement qui est assez large. C'est un investissement d'environ $30 000
000 pour le tracé, pour cette phase. La région de Montréal
et la région de Boisbriand pourraient certainement utiliser un
investissement de $30 000 000. Je sais que vous serez d'accord avec cela. Je me
demande pourquoi le gouvernement, vu l'urgence, ne tiendrait pas des audiences
publiques. Vous avez mentionné vous-même que, s'il y avait eu des
objections, l'Office national de l'énergie aurait fait des audiences
publiques. Est-ce que le gouvernement a pensé à tenir des
audiences publiques? Votre responsabilité, c'est de vous assurer que les
projets énergétiques se poursuivent et se réalisent. Je
comprends qu'il y ait certaines objections de la part de l'UPA, ou du
ministère de l'Agriculture, répondant aux exigences des
agriculteurs, mais, pour ce qui est de votre responsabilité, est-ce que
vous pourriez tenir des audiences publiques le plus tôt possible? Comme
cela, on peut voir vraiment les objections des deux côtés.
M. Bérubé: Cette question relève,
strictement parlant, de la Commission de protection du territoire agricole qui
agit en vertu de la loi 90. Je ne serais pas en mesure de vous dire en ce
moment si la Commission de protection du territoire agricole s'estime
obligée, en vertu de la loi, de tenir des audiences publiques, compte
tenu du type d'objections qu'elle pourrait avoir reçues et qu'elle a en
main présentement.
M. Ciaccia: Ne pensez-vous pas qu'il peut y avoir un
problème politique maintenant? On a un référendum qui
approche. Avoir des audiences publiques, si on prend une décision contre
les représentations de l'UPA, politiquement, c'est comme... Ce serait
malheureux si c'était une des considérations du gouvernement de
perdre un investissement de $30 000 000 parce qu'on veut aller chercher des
votes de l'UPA lors du référendum.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas tellement dans notre
habitude. Je reconnais bien là une mentalité libérale
typique que j'appellerais la mentalité girouette, c'est-à-dire
qu'on se met le nez à l'air et on essaie continuellement de surveiller
de quel côté vient le vent, pour toujours essayer de se mettre du
bon côté du vent. Malheureusement ou heureusement, nous n'avons
pas tout à fait la même mentalité. Par exemple, l'automne
dernier, lors des partielles, le gouvernement aurait certes pu chercher, comme
l'ancien gouvernement libéral, à acheter la paix publique en
cédant absolument à toutes les demandes.
M. Ciaccia: Vous avez fait des promesses. Vous avez même
promis deux autoroutes dans la région de Beauce-Sud, une chaque
bout.
M. Bérubé: Au contraire, le gouvernement a choisi
de s'en tenir à sa ligne de conduite ferme. Cela nous a permis d'obtenir
des règlements justes, équitables et qui ne surchargent pas les
finances de l'Etat. Nous l'avons fait, même si une telle attitude ferme
pouvait temporairement impliquer une certaine perte de popularité. Mais
cela, voyez-vous, c'est ce qui caractérise un gouvernement qui ne
gouverne pas selon la mécanique de la girouette, ce qui a toujours
caractérisé les administrations libérales.
M. Ciaccia: Vous oubliez toutes les promesses que vous avez
faites. La promesse classique, c'est celle de Beauce-Sud. Vous étiez
pour commencé l'autoroute à chaque bout. Si elles ne se rencoi.
traient pas dans le milieu, vous auriez eu deux autoroutes.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs! Vous
étiez à discuter d'un gazoduc. On s'éloigne du sujet. Vous
aviez une dernière question, M. le député de Mont-Royal?
J'appellerai le programme 1 tout de suite après.
M. Bérubé: Adopté, M. le Président.
(11 h 15)
M. Ciaccia: Si je comprends bien...
Une Voix: Est-ce que le député...
M. Ciaccia: Cela toucherait encore le gazoduc. Quand on arrivera
à d'autres programmes, on procédera immédiatement.
M. Bérubé: M. le Président, j'aimerais
savoir si l'Opposition a bel et bien reçu ce document pour nous aider
à la discussion?
M. Ciaccia: Oui, on l'a reçu. Merci. Vous nous dites
aujourd'hui que vous n'êtes pas en mesure de dire si on va
procéder ou non à la construction du gazoduc cette année.
Ce sont des considérations économiques. Je crois bien que la
considération économique est là pour les $30 000 000.
Etes-vous en mesure de prendre un moyen pour essayer de hâter la
décision?
M. Bérubé: On me dit que la Commission protection
du territoire agricole peut prendre une décision assez rapidement. Ce
qui semble en suspens en ce moment, c'est de savoir si un ensemble d'auditions
de type privé serait suffisant à la commission pour prendre sa
décision ou s'il est nécessaire de tenir des audiences publiques.
Première observation. Le tout finalement à condition que les deux
parties s'entendent à l'amiable hors cour, si on peut s'exprimer ainsi.
Il semble en ce moment que les deux parties soient en train de voir si elles ne
pourraient pas s'entendre hors cour. Si elles devaient s'entendre hors cour
dans les jours qui viennent, à ce moment-là, il nous serait
extrêmement facile de vous dire que, la semaine prochaine, nous donnons
officiellement
le permis et que le ministère de l'Environnement, la Commission
de protection du territoire agricole et le Conseil des ministres peuvent se
prononcer immédiatement sur un tracé. Il n'y aurait aucun
délai.
S'il n'y a pas entente à l'amiable, à ce moment-là,
cela veut dire qu'il y a des oppositions et, là, il appartient à
la Commission de protection du territoire agricole de décider
elle-même dans quelle mesure elle doit être éclairée
avant de prendre une décision, parce que cela relève d'elle en
vertu de la loi. Nous avons un très grand respect des lois.
M. Ciaccia: Je ne ferai pas de commentaire, parce que la
discussion pourrait être prolongée d'une heure. D'après vos
discussions, à quel prix le gaz naturel se vendrait-il si le gazoduc
était construit? Etes-vous arrivés à un prix?
M. Bérubé: L'entente verbale qui avait
été négociée avec le gouvernement de l'Alberta
portait sur une réduction qui pouvait aller de $0.25 à $0.40 les
mille pieds cubes pour en faciliter la pénétration, le gaz
naturel étant vendu essentiellement à 85% du prix du
pétrole sur le marché de l'Est. Cette entente a plus ou moins
été confirmée par les échanges entre M. Clark et M.
Lougheed, puisqu'on devait finalement accepter une proposition temporaire ou
transitoire de cinq ans identique à ce que le Québec et l'Alberta
avaient négocié, et qui portait non plus cette fois-ci sur une
réduction de $0.25 ou de $0.40, mais au contraire, sur un pourcentage du
prix du pétrole, soit 65% ou 85%.
Finalement, il semble bien, évidemment d'après les
rumeurs, que l'on se soit entendu sur 65% du prix du pétrole, ce qui
correspondait essentiellement à un rabais de $0.40 les mille pieds
cubes. Il s'agissait évidemment de l'entente entre le gouvernement
fédéral de l'époque, entente non formellement
ratifiée, soulignons-le, et le gouvernement de l'Alberta.
Il va de soi que si le gouvernement fédéral actuel
choisissait, par exemple, de maintenir une politique de vente à rabais
du pétrole au détriment évidemment des
intérêts de l'Alberta, les revenus l'Alberta s'en verraient
significativement réduits, et là, on ne peut pas savoir quelle
serait la position de l'Alberta quant à l'entente qui était
intervenue entre le Québec et l'Alberta. Donc, il y a là un
élément inconnu. Dans la mesure où nous estimons que les
richesses naturelles sont de juridiction provinciale et que l'Alberta est
propriétaire de ses richesses naturelles, tout ce que je peux dire
à M. Lalonde, c'est: Allez donc discuter de cela avec M. Lougheed.
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas d'accord avec le budget de
votre ministre des Finances qui impose une taxe de 20% sur le prix du
pétrole, selon le raisonnement qu'il y en aura moins qui vont aller en
Alberta et plus qui vont rester au Québec. Si vous dites que la
propriété des richesses naturelles appartient à l'Alberta,
20% de taxe...
M. Bérubé: M. le Président, ai-je dit
cela?
M. Ciaccia: O.K., parce que votre ministre des Finances a dit: On
ne veut pas que l'assiette au beurre se partage entre Ottawa et l'Alberta. On
va imposer une taxe de 20% sur le prix du pétrole. Vous venez de nous
dire que les richesses naturelles appartiennent aux provinces. On ne devrait
rien faire à cet égard.
M. Bérubé: Non, le ministre des Finances a
simplement indiqué que dans un bon film western, il fallait savoir
où était le bon, où était le vilain; le bon
étant en blanc et le vilain en noir. Par conséquent, puisqu'il
appartient au gouvernement fédéral de prendre ses
décisions quant à l'augmentation du prix du pétrole,
à ce moment, nous lui laissons le plaisir de prendre la décision
dans toute son ampleur.
M. Ciaccia: Et de surtaxer la population en
conséquence.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas une question de
surtaxe.
M. Ciaccia: Quel est le prix du gaz naturel ici au Québec,
que vous êtes en train de discuter, par rapport au prix que l'Alberta
pourrait le vendre aux Etats-Unis?
M. Bérubé: Tout ceci est en suspens, puisque, comme
vous le savez, avec le changement de gouvernement, il n'y a pas d'entente entre
l'Alberta et le gouvernement fédéral. Par conséquent, il
n'est pas possible de connaître les prix du pétrole au Canada.
M. Ciaccia: Quel est le prix actuellement? $2,60 le mille pied
cubes? Quel est le prix vendu aux Etats-Unis par l'Alberta?
M. Bérubé: Le dernier chiffre que j'ai vu
récemment, c'était $3,45.
M. Ciaccia: Ils ont demandé $4,47, mais le gouvernement
américain a manifesté certaines réticences. Dans vos
négociations avec l'Alberta, qui sont facilitées par la politique
fédérale que vous êtes enclins à critiquer
vous dites que le fédéral va s'immiscer dans les juridictions
provinciales vous voyez ici un bénéfice dont vous voulez
prendre avantage. Le fait que l'Alberta... S'il n'y avait pas la politique
fédérale, l'Alberta vendrait son gaz naturel aux Etats-Unis. Elle
ne serait pas obligée de le transporter de l'Alberta à
Bois-briand.
Je voudrais vous faire remarquer autre chose qui démontre aussi
un autre avantage de notre fédéralisme. Le prix du gaz naturel
à Montréal est le même qu'à Toronto. Cela veut dire
que le coût de transport de Toronto à Montréal est
absorbé par quelqu'un, soit par les producteurs de l'Ouest, ou qu'il est
subventionné par les consommateurs de l'Ontario, parce qu'ils le paient
le même prix
qu'ici. Je veux seulement souligner que c'est un avantage que nous avons
de pouvoir négocier à ces prix, parce que quand vous dites que
vous négociez avec l'Alberta, l'Alberta négocie les mains
liées. Elle n'a pas le droit de le vendre aux Etats-Unis sans la
permission du gouvernement fédéral. Il y a eu plusieurs contrats
en 1976-1977 que l'Alberta a signés avec des compagnies
américaines, qui ont été annulés par le
gouvernement fédéral, parce qu'il y a une politique de
priorité d'utilisation des sources énergétiques au Canada.
C'est un bénéfice que nous avons. Il faut le souligner, c'est
vrai. N'ayez pas peur de dire la vérité.
M. Bérubé: C'est l'illogisme le plus complet...
M. Ciaccia: La population prendra des décisions.
M. Bérubé: ... pour ne pas parler de
l'aberration.
M. Ciaccia: II y a une chose que je dois déplorer. Le fait
que vous ne preniez pas la décision d'accorder le permis à
TransCanada Pipe-Lines pour le début des travaux maintenant, je crois
que cela peut avoir des conséquences assez négatives, assez
sérieuses pour l'économie de la région, même pour
tout le Québec. Vous avez la responsabilité. L'UPA, c'est un
groupe de pression. Elle a des représentations à faire. Qu'elle
les fasse publiquement avant que les délais ne soient terminés.
Si vous êtes vraiment sincère et que vous dites: Les raisons
référendaires ne nous préoccupent pas, on veut agir comme
un bon gouvernement. Agissez comme un bon gouvernement. Vous avez le pouvoir
comme gouvernement de donner l'autorisation à TransCanada PipeLines.
C'est un investissement de $30 millions. Ce sont des bénéfices.
Vous avez renvoyé le programme d'investissement d'Hydro-Québec,
parce que vous dites que le gaz va augmenter.
M. Bérubé: Sans respecter nos lois?
M. Ciaccia: Oui, respectez-les. Ne vous cachez pas
derrière la Commission de protection du territoire agricole. Vous ne
mettez même pas en vigueur toute cette loi. Les questions ont
été posées en Chambre et vous retardez jusqu'après
le référendum parce que vous ne voulez pas de
conséquences. Soyez francs au moins. Il y a des lois, mais vous
êtes le gouvernement, vous pouvez prendre vos responsabilités.
Vous pourriez insister pour qu'il y ait des audiences maintenant, que
les intéressés apportent leurs objections et qu'ils le fassent
avant que les délais expirent. Si les agriculteurs et l'UPA ont vraiment
des objections, ils vont les faire valoir. Mais, au moins, vous
démontreriez une vraie transparence. Comme c'est là, vous
patinez. Vous dites: Oui, on veut plus de gaz naturel, mais on ne veut pas de
gazoduc. On ne veut pas déplaire à l'UPA. On se cache
derrière la Commission de protection du territoire agricole. De la
façon dont quelques-uns de ses membres ont été
nommés je crois que le député de Portneuf avait
soulevé la nomination de quelques-uns vous savez, vous
n'êtes pas sans contrôle, sans responsabilité et sans le
pouvoir d'obtenir des décisions de cette commission.
Si la commission veut dire non, qu'elle dise non. Qu'elle donne ses
raisons pour dire non, mais qu'elle le fasse avant que les délais soient
expirés. Je ne pense pas que vous deviez vous cacher derrière la
commission et je pense que vous avez des responsabilités. Vous n'avez
pas tenu la commission parlementaire d'Hydro-Québec. C'est une excuse
pour nous dire: On veut des choix. C'est vrai qu'Hydro-Québec devrait
que le gouvernement doit présenter des choix. Eh disant cela, vous venez
de renier complètement votre livre blanc sur l'énergie, parce que
le livre blanc n'avait pas de choix. Dans les choix, on fait différents
scénarios, un scénario de basse, moyenne et haute croissance.
Mais le livre blanc a pris seulement un scénario, à savoir que la
croissance industrielle, commerciale énergétique au Québec
serait basse, que ce serait Hydro-Québec qui comblerait tout
l'excédentaire, qu'il y aurait seulement une petite part du gaz naturel
et ils nous ont présenté ça comme scénario.
Vous venez, vous, et vous nous dites proprement... J'accepte l'approche
que vous utilisez, parce que ça donne un effet et une suite aux
critiques que nous avons faites du livre blanc. On dit: Ecoutez, c'est vrai
qu'on a des ressources énergétiques hydroélectriques. On
devrait en prendre avantage. Mais prenons plus qu'un scénario. Supposons
que la croissance est plus haute que ce que vous préconisez dans le
livre blanc, qu'est-ce qui va arriver à ce moment-là? Voyons la
portion du gaz naturel, si ça va coûter moins cher. On peut le
prendre et on peut le substituer, soit pour du pétrole, soit pour de
l'électricité à certains endroits. Faisons-le si ça
va coûter moins cher aux consommateurs. Je crois que c'est dans cette
ligne que vous vous dirigez, M. le ministre. Mais, vous vous arrêtez pour
des raisons électorales. Vous ne continuez pas, vous n'allez pas au fond
de votre politique, parce que vous allez avoir un référendum.
Je vous dis: Ayez donc le courage de l'actionque vous avez prise. Cela a
pris du courage, d'u façon, pour dire à Hydro-Québec:
Prenez en considération les 20% de gaz naturel.
Je me demande aussi, dans les différents choix des
scénarios que vous avez demandés à Hydro-Québec,
leur avez-vous demandé de faire un scénario si le Québec
continue à faire partie du Canada? Il y aura certaines
conséquences, parce que les prix du gaz naturel vont être
moindres, du pétrole aussi, les sources vont être garanties. On va
avoir la sécurité d'approvisionnement. Avez-vous demandé
à Hydro-Québec de préparer un autre scénario,
Québec indépendant, qu'est-ce qui va arriver? Qu'est-ce
qu'Hydro-Québec devrait faire, le prix international du pétrole
non garanti, le gaz naturel qui va aller aux États-Unis? Est-ce que vous
avez demandé ces deux différents scénarios à
Hydro-Québec?
M. Bérubé: On ne discutera pas beaucoup des
crédits.
M. Ciaccia: Vous ne répondez pas? Vous ne leur avez pas
demandé ce deuxième scénario?
M. Bérubé: Oui, en fait, je me suis dit, dans le
fond: II n'y a pas vraiment de différence entre la
souveraineté-association et le fédéralisme blême,
parce que lorsque je prends le fédéralisme blême...
J'espérais avoir le texte du fédéralisme blême
à côté de moi; je devrais l'avoir d'ici quelques instants,
à moins que vous ne l'ayez à portée de la main? Vous
n'avez pas votre fédéra-lisme blême quelque part?
M. Ciaccia: Non, mais je l'ai par coeur. Qu'est-ce que vous
voulez savoir, je vais vous le dire?
M. Bérubé: Vous l'avez par coeur. Vous avez,
à l'élément 21.2, une affirmation qui dit que les
richesses naturelles sont de propriété exclusive des provinces
qui en ont la gestion et vous indiquez très clairement que, dans le
domaine des richesses naturelles, les provinces auront entièrement
juridiction. Vous parlez d'un certain pouvoir d'urgence, valable seulement pour
un an, notez bien, et, en d'autres termes, ce sont donc les provinces qui vont
définir combien elles entendent percevoir pour... Voilà! Je vous
lis votre texte. Voilà! "La constitution affirmera le droit de
propriété des provinces sur les ressources naturelles sises sur
leur territoire de propriété et leur conservera la
compétence exclusive pour gérer et réglementer les
ressources naturelles." (11 h 30)
A partir de ce moment-là, on en tire la conclusion que si les
provinces ont entière compétence et qu'on veut clarifier ce
domaine des juridictions, on va donc se tourner vers M. Lougheed et lui
demander: A quel prix avez-vous l'intention de vendre votre pétrole et
votre gaz naturel aux Canadiens? On n'a qu'à se référer
à toutes ses déclarations antérieures pour constater que
M. Lougheed a toujours prétendu que l'Alberta devait obtenir le prix
international, c'est-à-dire le prix qu'il était capable d'obtenir
sur les marchés, soit les marchés américains ou du moins
dans l'Ouest.
A partir de ça, on se dit: De toute façon, la grande
réforme que nous propose le Parti libéral, c'est de
reconnaître la juridiction des provinces sur leurs richesses naturelles
et donc le pouvoir d'en disposer comme elles l'entendent. D'ailleurs, je me
référerais à une excellente étude d'André
Tremblay à l'intention de M. Jean Cournoyer, dont on pourrait
certainement passer copie aux députés. A l'époque, il
soulignait qu'un système politique qui retirerait aux provinces d'une
main ce qu'on leur a confié de l'autre main serait totalement aberrant
et que, si on confie la propriété des richesses naturelles et
qu'on prétend en révoquer l'usage ou les pouvoirs au nom, par
exemple, du contrôle du commerce extérieur, ce serait quelque
chose de complètement aberrant. A partir de cette analyse fort lucide de
M. André Tremblay, dont je retrouve le nom d'ailleurs comme étant
coauteur de cette commission, j'en tire la conclusion que vous vous entendez...
Évidemment, c'est toujours très difficile, avec le document
blême, parce qu'il y a toujours tellement de contradictions internes
qu'on ne sait jamais trop trop ce que ça veut dire, ce qui veut dire
qu'on va l'interpréter d'un côté ou de l'autre. Je prends
par exemple l'interprétation de M. Girard, du Journal de Québec,
qui, après avoir lu le livre blême, avait l'impression que ce que
cela voulait dire, c'est qu'on respecterait la position du gouvernement
albertain.
Je vous soulignerais qu'il y a eu un consensus absolument complet des
provinces et du gouvernement fédéral, à l'exception de
l'Ontario, lors de la dernière conférence des premiers ministres.
Lors de cette conférence, l'entente était que l'on devait
rejoindre les prix internationaux. Terre-Neuve avait suggéré cinq
ans et, je regrette, ce 85% est une entente-rumeur dont on a parlé, mais
dont on n'a jamais fait état.
M. Ciaccia: Même M. Lougheed l'a spécifié, il
a dit qu'il n'irait pas au prix international.
M. Bérubé: Absolument pas, cela n'a
été que des discussions privées entre M. Lougheed et M.
Clark.
M. Ciaccia: Ce n'est pas nécessaire.
M. Bérubé: En d'autres termes, M. le
Président, je dis que si je consulte le livre blême et qu'on doit
en tirer la conclusion que les provinces ont entière juridiction sur
leurs richesses naturelles, je suppose donc que l'Alberta va décider du
prix qu'elle entend retirer pour son pétrole et pour son gaz naturel.
Par la souveraineté-association, nous reconnaissons également le
droit au Québec comme au reste du Canada de vendre aux prix qu'il
l'entend.
Qu'on accorde à son partenaire privilégié sur le
plan économique un droit de premier refus, soit, pourquoi pas? Mais,
attention, un droit de premier refus au prix du marché. Oui,
là-dessus, on s'entendra sans difficulté. En d'autres termes,
pour autant que le Parti québécois est concerné et pour
autant que nous envisageons la souveraineté-association comme
étant un "partnership" privilégié des deux grands peuples
canadiens, à ce moment-là, j'en tirerais la conclusion que oui,
on pourrait offrir un accès privilégié aux richesses du
Québec, par exemple pour l'électricité aux provinces
maritimes, mais à une condition, c'est que cela se fasse au prix du
marché de la même façon que l'Alberta va exiger exactement
les mêmes termes dans ses échanges.
C'est uniquement une question de payer en fonction des véritables
lois économiques, et j'ose croire que, dans la mesure où vous
affirmez à moins que ce soit un slogan absolument creux
que les richesses naturelles seront contrôlées par les provinces,
je suppose que nous n'aurons plus à ce moment-là qu'à nous
tourner
vers M. Lougheed et lui demander à quel prix il veut le vendre,
n'est-ce pas?
M. Ciaccia: Non, je pense que... M. Bérubé:
Non, ce n'est pas ça?
M. Ciaccia: ... vous détournez les propos... Vous ne
l'avez pas tout lu. Vous lisez les clauses...
M. Bérubé: Ah oui, j'ai pas mal tout lu. J'ai
compris que vous étiez pas mal mêlés.
M. Ciaccia:... que vous voulez. Vous ne l'avez pas tout lu. Un
instant. Non, on n'est pas mêlé; il y a d'autres clauses sur le
commerce interprovincial et international, il y a une autre clause ici sur la
priorité d'accès, la clause première. Je vous le
suggérerais. Après l'étude des crédits, vous aurez
beaucoup de temps pour pouvoir relire les Débats et méditer sur
eux. Vous pourriez en même temps relire et approfondir les propos du
livre beige...
M. Bérubé: Si je comprends bien...
M. Ciaccia: Et lisez les propos sur le commerce international,
les propos sur le commerce interprovincial...
M. Bérubé: Le gouvernement fédéral
pourra empêcher l'Alberta de vendre son pétrole au prix où
elle l'entend?
M. Ciaccia: Le gouvernement fédéral
aujourd'hui...
M. Bérubé: Etes-vous bien sûr que c'est ce
que cela veut dire? Je suis convaincu que M. Lougheed serait curieux d'avoir
cette réponse-là.
Pourriez-vous nous dire si ce livre blême veut dire que le
gouvernement fédéral, en vertu du statu quo que vous proposez,
pourra empêcher l'Alberta de retirer le prix qu'elle demande pour son
pétrole?
M. Ciaccia: Je vous suggérerais...
M. Bérubé: Est-ce ce que cela veut dire? Cela se
répond par un oui ou par un non.
M. Ciaccia: C'est drôle, M. le Président, quand il a
des questions, c'est oui ou non. Quand nous avons des questions, je n'ai jamais
vu quelqu'un patiner, "distorsionner" les faits comme lui.
M. Bérubé: Nous posons une question, c'est oui ou
non.
M. Ciaccia: Non, vous ne répondez pas oui ou non. Cela
fait une journée et demie, depuis hier après-midi, que je cherche
des réponses et c'est seulement du patinage colossal que j'ai obtenu;
même sur le gazoduc, vous ne voulez pas vous compromettre.
M. Bérubé: II y a des gens de la presse ici. Je
suis convaincu que, si M. Lougheed apprenait ce que veut dire cette proposition
de statu quo, que c'est la mise en tutelle de l'Alberta sur ses richesses
naturelles, il ne pourra pas obtenir le prix de son pétrole parce que,
si l'Alberta est obligée d'obtenir un prix inférieur au prix
international, ce n'est que parce qu'Ottawa a décidé que le
pétrole était d'intérêt national et a adopté
une loi en ce sens, au grand dam de l'Alberta. Est-ce véritablement cela
que votre livre blême veut dire? Dans ce cas-là, il faudrait le
dire publiquement. Je suis convaincu que M. Lougheed aurait des commentaires
fort amusants sur le fond. Vous savej on a toujours dit, à propos de
votre livre beiç Nous, on est d'accord sur les principes. Quant au.
modalités, on verra toujours. J'aimerais que vous nous expliquiez une de
vos modalités. Est-ce que cela veut dire que l'Alberta pourrait se voir
forcer, par le gouvernement fédéral, de vendre son pétrole
à moitié prix ou au prix que décidera le gouvernement
fédéral, sans qu'elle ait un mot à dire? Est-ce que c'est
ce que cela veut dire? Oui ou non?
M. Ciaccia: Vous allez être bien dans l'Opposition aux
prochaines élections, parce que vous faites une bonne critique, vous
faites une bonne opposition. Vous ne faites pas tout à fait la
même sorte de ministre, parce que vos réponses ne sont jamais
claires.
M. Rivest: M. le Président, une question d'information. Je
m'excuse, j'arrive. Le livre beige est à quel article des
crédits?
Le Président (M. Laberge): D'abord, un moment. Il faudrait
que j'aie le consentement de la commission pour que vous puissiez vous exprimer
parce que vous n'êtes pas membre.
M. Rivest: Je suis passé et j'ai trouvé que mon
collègue, face à l'aréopage qui accompagne le
ministre...
M. Bérubé: Avait l'air écrabouillé.
Enfin, c'est peu poli. Cela me fait penser un peu à M. Chrétien
qui vole au secours de votre chef. Enfin, vous savez, c'est un nouveau
changement d'administra-tion dans le prochain débat
référendaire. L'impression que cela donne, c'est encore un peu le
même phénomène. Est-ce que c'est fréquent que vous
vous enlevez tout le temps la balle l'un et l'autre et que vous êtes
continuellement à vous enlever le leadership des dossiers?
M. Rivest: Vous parlez de M. Rocard? Voulez-vous parler de M.
Rocard? M. Rocard, qu'est-ce qu'il fait? Il a traversé les
océans.
M. Bérubé: II n'a certainement pas dit plus que M.
Cyrus Vance qui avait dit le contraire et sur lequel vous n'avez fait aucun
commentaire.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre...
M. Ciaccia: M. Cyrus Vance n'est pas un candidat politique d'un
autre pays.
Le Président (M. Laberge): Je pense que nous avons
vidé plusieurs questions préliminaires et politiques. J'appelle
donc le programme 1. Les programmes 1 à 7 concernent la gestion et
l'administration de la forêt. Si vous avez d'autres questions concernant
le gaz, au programme 13, vous pourriez y revenir.
M. Ciaccia: Le projet Archipel, M. le Président. Hier, le
ministre a dit qu'il était à l'étude. Il n'a pas
répondu à la question que je lui ai posée. Est-ce que
l''Hydro-Québec a été autorisée à commencer
les travaux, oui ou non?
M. Bérubé: Les travaux? Non. Les études,
oui.
M. Ciaccia: Les études ont été
commencées au mois de janvier. Il y a un comité technique. Est-ce
que les études sont terminées?
M. Bérubé: Pas à ma connaissance.
M. Ciaccia: Alors, vous nous affirmez que les travaux sur ce
projet ne commenceront pas avant que les études soient
complétées.
M. Bérubé: II m'apparaît assez évident
que, pour qu'Hydro-Québec s'engage dans des programmes d'investissement,
elle doit les faire approuver par le gouvernement et doit en obtenir
l'autorisation, et cette autorisation n'a pas été
demandée.
M. Ciaccia: Alors, l'article qui apparaissait dans les journaux
cette semaine selon lequel Hydro-Québec avait commencé les
travaux à la fin du mois est erroné.
M. Bérubé: II ne faut pas lire tout ce que les
journalistes disent.
M. Ciaccia: C'est absolument erroné.
M. Bérubé: Je ne sais pas où le journaliste
a pris sa source.
M. Ciaccia: Cela va.
Le Président (M. Laberge): Le programme 1 serait-il
adopté?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
M. Rivest: II faut être bien prudent avant d'adopter un
programme.
Connaissance de la forêt
Le Président (M. Laberge): Le programme 1 est sur la
connaissance de la forêt. Il y a deux éléments.
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Programme 1,
éléments 1 et 2, adopté.
M. Ciaccia: Oui, le programme 1.
Le Président (M. Laberge): Le programme 1 au complet est
adopté.
M. Ciaccia: Je procède avec le livre que le ministre nous
a soumis.
Le Président (M. Laberge): La connaissance de la
forêt; l'élément 1 est recherche. L'élément
2, c'est l'inventaire de base.
M. Ciaccia: Un instant. J'ai une question à M. le
ministre. Quand vous dites qu'il faut envisager d'autres utilisations, comme la
production d'énergie, d'aliments ou d'huiles essentielles, pourquoi n'y
a-t-il pas de programme spécial à cette fin dans le secteur
énergétique?
M. Bérubé: II y a effectivement, nous le verrons
à l'énergie, des programmes spécifiques concernant
l'exploitation de la matière ligneuse, à des fins
énergétiques. Cependant, il y a également des
paramètres d'exploitation forestière de récolte, par
exemple, de nature de la fibre, de régénération des
peuplements, qui sont des problèmes proprement forestiers, ce qui peut
amener un même sujet à être examiné aussi bien par
les gens de l'énergie, sur le plan industriel, production
énergétique que sur le plan forestier, sur le plan production
matière ligneuse.
M. Ciaccia: L'augmentation de la plus grande portion est l'effet
des augmentations reliées aux conventions collectives de travail. En
termes d'augmentation réelle pour ce programme de recherche, c'est
seulement approximativement $50 000, le restant, ce sont des
augmentations...
M. Bérubé: Quant à la recherche, le reproche
que je pourrais faire à mon mandat comme ministre, au niveau des
forêts, en tout cas, c'est certainement de n'avoir pas pris le temps de
réfléchir véritablement à tout ce volet recherche
qui me paraît capital. La seule excuse que je pourrais avoir, c'est que,
comme vous le savez, il y a une réflexion en cours sur l'importance de
la recherche gouvernementale, la recherche au Québec en
général, par conséquent, c'est davantage dans le cadre de
cette réflexion globale qu'on pourra remettre en cause, tant les
objectifs que les moyens utilisés par le gouvernement, dans la poursuite
de ses objectifs scientifiques.
Je soulignerais qu'il n'y a qu'au niveau de l'amiante, où,
effectivement, dans le cadre d'une politique spécifique, il y a eu une
intervention nouvelle en recherche.
M. Ciaccia: II y a eu une augmentation dans les frais
généraux, est-ce que vous pouvez expliquer ça?
M. Bérubé: Vous parlez de l'élément
1, programme 1, présentement?
M. Ciaccia: Oui. Frais généraux. M.
Bérubé: $637 400 à $713 000.
M. Ciaccia: Oui, pourquoi? Frais généraux,
qu'est-ce que ça peut comporter, la description? Pendant qu'on cherche
cette réponse...
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le député
de Mont-Royal. Vous vous adressez au ministre.
M. Ciaccia: Oui.
M. Bérubé: Je n'ai pas la réponse.
Dans les frais généraux, il y a la gestion des
véhicules, pour toutes les activités de la recherche. Il y a une
augmentation de $13 500 concernant l'entretien des véhicules et aussi le
paiement de l'essence dont le coût va augmenter. En outre, en location,
nous prévoyons $3800 de plus.
Maintenant, dans les frais généraux, on considère
la gestion interne, élément de programme recherche,
c'est-à-dire la question des employés affectés à
l'administration, il y a des secteurs expérimentaux. Il y a là
une augmentation de $64 000 qui se justifie comme suit: $32 100 vont aux
traitements; une augmentation de $31 000 au fonctionnement pour le temps
supplémentaire et la prime des employés permanents, pour les
différents travaux de recherche. Voilà les motifs de
l'augmentation. (11 h 45)
M. Ciaccia: Merci. Il y a une baisse assez forte du montant pour
les activités dans les forêts privées. Est-ce que vous
pouvez m'expliquer une telle baisse? Est-ce parce qu'il y a moins de
projets?
M. Bérubé: Ce sont tout simplement des changements
dans les projets.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'élément 1 du programme 1?
M. Ciaccia: L'élément 1 est accepté.
Le Président (M. Laberge): L'élément 1 est
adopté. Elément 2. Inventaire de base.
M. Ciaccia: Adopté.
Amélioration de la forêt
Le Président (M. Laberge): Elément 2,
adopté. Le programme 1 est adopté. Programme 2.
Amélioration de la forêt. Elément 1. Reboisement. Est-ce
qu'il y a des questions?
M. Ciaccia: Dans ce programme, les employés à temps
partiel sont au nombre de 580. Par contre, les employés permanents sont
au nombre de 195.
Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi il y a tant
d'employés à temps partiel?
M. Bérubé: Dans le reboisement?
M. Ciaccia: Dans l'amélioration de la forêt.
M. Bérubé: En général, les travaux de
reboisement se font au printemps et à l'automne, sur des périodes
très courtes d'à peu près trois semaines dans les deux
cas, au maximum. Par conséquent, vous avez donc, dans ce type de
programme, une importance très grande rattachée soit aux emplois
à temps partiel dans les pépinières, soit aux emplois
d'ouvriers sylvicoles sur le terrain, ce qui explique l'importante proportion
des salaires allant à des employés à temps partiel.
Le Président (M. Laberge): D'autres questions?
M. Ciaccia: II y a une augmentation dans les dépenses de
fonctionnement, cela passe de $10 000 000 à $13 000 000, soit une
augmentation de 30%.
M. Bérubé: Essentiellement, l'objectif que se donne
le ministère au cours de notre plan quinquennal, c'est de monter notre
capacité de régénération artificielle de la
forêt québécoise à 100 000 acres par année,
c'est-à-dire produire dans nos pépinières environ 70 000
000 de plants, soit en godets, soit des plans à racines nues, d'une
part, et faire à peu près 25% des besoins en ensemencement.
Cela n'a pas d'impact immédiatement sur la capacité de
reboisement, parce qu'il faut trois ans. Il y a une année de
récolte de cônes, d'ensemencement, il y a du repiquage. Et ce
n'est que vers la troisième année que l'on peut effectivement
mettre les plants en terre.
Cela veut donc dire que le programme de reboisement gouvernemental comme
tel ne pourra atteindre ses 70 000 000 que lorsque nous aurons une production,
dans nos pépinières, qui aura atteint ce niveau. Ceci fait que
l'objectif du programme, cette année, c'est de montrer le plus
rapidement possible nos capacités de production au rythme de 70 000 000
de plants. Ce que vous avez au niveau de l'augmentation du budget, c'est
essentiellement pour cela.
M. Ciaccia: Moins les montants à cause des conventions
collectives.
M. Bérubé: En 1979, on en a planté 33 000
000; en 1980, on en plantera 40 000 000; en 1981, 50 000 000 et en 1982, on en
plantera 70 000 000. Voyez-vous que le rythme de croissance, 33 000 000 en
1978...
Ce que je vous donne, c'est que cette année on va en planter 33
000 000. L'année passée, on en a planté 25 000 000. Il y a
une accélération de 5 000 000. L'année prochaine, on s'en
va sur une vitesse de croisière de 40 000 000, 50 000 000,
l'année suivante, et 70 000 000 en 1982-1983.
II s'agit donc pour l'instant de mettre sur pied les capacités
physiques de production.
M. Ciaccia: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président. Elément 2, adopté.
Protection de la forêt
Le Président (M. Laberge): Elément 1 et
élément 2, adopté. Le programme 2 se trouve
adopté.
J'appelle le programme 3, Protection de la forêt. Elément
1, Prévention et lutte contre les incendies. Questions.
M. Ciaccia: Pouvez-vous expliquer la forte aisse dans les
éléments sur les liaisons avec les sociétés de
conservation et la coordination de la lutte? Ce sont des baisses assez
considérables.
M. Bérubé: C'est passé de $97 100 à
$20 900.
M. Ciaccia: De $97 000 à $20 000 et de $318 000 à
$165 000.
M. Bérubé: Allez-y.
Les activités prévues sont planifiées au
début de la saison. Le travail est tellement en fonction de la
température que, selon le genre de saison qui survient, certaines
activités prévues ne peuvent pas s'accomplir justement à
cause des conditions climatologiques qui peuvent influencer notre travail.
C'est là la différence.
Pourquoi prévoyez-vous une réduction de $318 000 à
$165 000? Vous ne pouvez pas le prévoir, à moins d'avoir un
maudit bon service de météorologie?
C'est un rajustement à la lumière des activités qui
sont justement survenues au cours des années passées. Ce
système d'activité est en place depuis quatre ou cinq ans.
Justement, ce qu'on appelait la coordination est peut-être réparti
dans une autre, à ce moment-là, mais c'est un rajustement
à la lumière des coûts obtenus. En fait, c'est une
précision dans l'accomplissement des activités.
M. Ciaccia: Les $316 000 dépensés l'année
dernière n'étaient pas nécessaires et vous pouviez
faire...
M. Bérubé: C'est-à-dire que oui, bien
sûr, ils étaient nécessaires, mais, par contre, ils sont
probablement répartis ailleurs.
Pour aider la discussion, je pense que c'est important de dire que le
ministère des Terres et Forêts est un des premiers
ministères à avoir adopté la ventilation des
crédits par activité, par programme. Ceci veut dire que nous
avons un fonctionnaire et nous allons subdiviser son emploi du temps en disant:
II fait 30% de planification ou il fait 12% de coordination. On assigne un
pourcentage de son temps à différentes activités.
Strictement parlant, on pourrait revenir à la méthode
traditionnelle de faire la comptabilisation budgétaire et en arriver au
tableau de la page 19, par exemple, où on dit: Les traitements passent
de $324 100 à $359 600. Strictement, c'est cela qui est exact sur le
plan de la comptabilité budgétaire gouvernementale, mais, ce que
le ministère a introduit, si vous voulez c'est un des premiers
ministères à l'avoir introduit au gouvernement, c'est d'ailleurs
une procédure qui s'étend à tous les ministères
consiste à aller au-delà d'une simple planification en
termes de salaires, de communications, de services, d'entretien et de loyer,
qui sont finalement des éléments assez peu
révélateurs pour tenter de décomposer les dépenses
en fonction des activités. Là, évidemment, il y a un
élément de jugement, à savoir si une personne met 25% de
son temps en coordination de la lutte, plutôt que 10% de son temps. Je
présume que ce que l'on vient de nous expliquer, finalement, c'est
qu'après analyse, on a peut-être constaté que, dans le
fond, il faisait peut-être plus de planification ou de planification ou
de protection contre les incendies et pas tellement de coordination. On a pu
transférer des crédits à l'activité planification
et on en a soustrait à l'activité coordination. Mais, strictement
parlant, c'est là une opinion, enfin...
M. Ciaccia: Vous ne trouvez pas qu'un tel système est plus
difficile à contrôler?
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: Où placez-vous les hommes-année? Vous
dites que vous allez avoir tant d'employés. Dans quelle catégorie
allez-vous les placer?
M. Bérubé: Cela peut nous permettre, par exemple,
de constater que l'activité coordination de la lutte coûte cher
et, là, de devoir constater qu'effectivement, nous avons soit trop
d'hommes qui y sont assignés ou que c'est purement une erreur comptable,
c'est-à-dire qu'on a supposé un pourcentage du temps trop
élevé. Là, cela peut être un rajustement comptable
ou ce peut être la constatation d'une anomalie.
Donc, la variation peut être une indication. Je pense que cela
aide, en tout cas, au niveau de la planification gouvernementale et même
au niveau de l'Assemblée nationale; cela aide les membres de
l'Assemblée nationale à évaluer quel genre
d'activité le ministère doit mener et, plutôt que de le
donner, comme cela se faisait traditionnellement... En 1979-1980, il y avait
$324 000 de traitement et, maintenant, il y en a $359 600.
M. Ciaccia: Cela donne plus de flexibilité au
sous-ministre d'allouer ses employés à différents...
M. Bérubé: Cela lui permet d'avoir une meilleure
conscience des différentes activités à l'intérieur
desquelles le ministère est engagé et de faire peut-être
des allocations plus judicieuses du temps lui-même.
M. Ciaccia: Autrement, s'il a seulement un budget d'un certain
montant pour un programme, s'il ne l'utilise pas au complet à la fin de
l'année, il
ne l'obtient pas pour l'année subséquente, tandis qu'en le
faisant de la manière...
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: Oui, dans le programme. Cela donne plus de
flexibilité...
M. Bérubé: C'est tout le même
élément de programme. Plus de flexibilité, peut-être
pas à l'intérieur du programme, mais certainement une meilleure
connaissance de l'utilisation du personnel et des fonds. C'est surtout cela.
C'est certainement un excellent outil de gestion, mais, à
l'intérieur de l'élément de programme, il peut y avoir des
transferts de toutes sortes. On pourrait très bien dire que, pour la
coordination de la lutte, dans le fond, ce n'est même pas $165 000 qu'il
faudrait mettre, c'est $50 000, et tout mettre au niveau de la planification.
Il y a un élément de jugement subjectif.
M. Ciaccia: D'après les règles qui existent au
Conseil du trésor, est-ce que vous pouvez transférer d'un
programme à l'autre ou bien si vous en êtes
empêché?
M. Bérubé: C'est toujours à
l'intérieur du même élément de programme. Il n'y a
pas de transfert. La planification ne représente pas un programme
différent de liaison. C'est le même programme, c'est le même
sous-élément, 3,1. Donc...
M. Ciaccia: L'assiette pour 3.1 ne peut pas être... En
dedans de cette assiette, vous pouvez...
M. Bérubé: Strictement parlant, il faudrait dire
qu'il y a $359 000 de salaire. A l'intérieur de cette enveloppe de $359
000, quelles sont les activités et comment se partage-t-on les sommes?
C'est une façon différente de présenter, strictement
parlant, la même comptabilité, sauf qu'elle est
comptabilisée en fonction d'activités de l'administration et cela
vous permet de voir ce que fait l'administration. Je pense que c'est une
méthode plus claire.
M. Ciaccia: Dans l'élément 3.2...
Le Président (M. Laberge): L'élément 3.1
sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Oui, 3.1, adopté.
Le Président (M. Laberge): Elément 3.1,
adopté. Elément 3.2?
M. Ciaccia: Vous avez une augmentation de loyers qui semble assez
considérable.
M. Bérubé: On parle de la ventilation par
catégorie de dépenses, par activité.
M. Ciaccia: Catégorie de dépenses. A
l'élément 3.2, les loyers passent de $22 500 à $138 000,
un écart de $116 000.
M. Bérubé: C'est tout simplement qu'à
l'aéroport de Rivière-du-Loup, à venir jusqu'à
maintenant, on n'avait jamais payé pour la location de
l'aéroport. C'est un des points. Après cela, il y a un
système de navigation aérienne qu'on est obligé de louer
pour nos petits projets, ce qui demande au-dessus de $50 000.
M. Ciaccia: Cela mentionnait seulement l'aéroport de
Rivière-du-Loup, le système de navigation.
M. Bérubé: Maintenant, vous en savez autant que
moi.
Le Président (M. Laberge): Autre question?
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas d'autre question.
A l'élément 3.2, est-ce que la baisse de dépenses
pour la lutte contre la tordeuse veut dire que vous avez réussi, qu'on
n'aura plus besoin de craindre cette épidémie?
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: Non. Je remarque qu'il y a une baisse assez...
M. Bérubé: Tout simplement, c'est que
l'épidémie, en fin de compte, c'est un cycle qui revient à
tous les trente ans. Cela fait depuis 1976 qu'elle est en régression.
Actuellement...
C'est le changement de gouvernement.
M. Ciaccia: Même les bibites s'en vont! M.
Bérubé: Tout ce qui est nuisible quitte.
Le Président (M. Laberge): L'élément 3.2
sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Oui, adopté. (12 heures)
Le Président (M. Laberge): Adopté. Programme 3,
élément 3: Education en conservation r milieu forestier.
M. Ciaccia: II y a une hausse assez...
M. Bérubé: II n'y a pas de matériel
référendaire là-dedans.
M. Ciaccia: Je voulais vous poser une question sur
l'opération des centres d'interprétation de la nature. Vous avez
une augmentation assez...
M. Bérubé: On arbore le drapeau du
Québec.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pouvez expliquer cette
augmentation?
M. Bérubé: Oui. En fait, on s'est fixé il y
a trois ans l'objectif de rejoindre comme clientèle prioritaire les
jeunes du deuxième cycle de l'élémentaire. Pour y
parvenir, ça nous prenait un réseau de centres
d'interprétation et, en plus, des organismes collaborateurs pour nous
aider.
M. Ciaccia: C'est dans les écoles que vous...
M. Bérubé: Oui, surtout là, c'est notre
clientèle cible. Cette année, il fallait consolider notre budget
au niveau des opérations tout simplement.
M. Ciaccia: Les frais généraux, ce sont les ais de
gestion interne...
M. Bérubé: C'est ça, oui.
M. Ciaccia: ... qui ont aussi augmenté. D'accord,
élément 3, adopté.
Le Président (M. Laberge): Elément 3,
adopté. Programme 3, adopté.
M. Bérubé: Je soulignerais en passant que lors
d'une visite de M. Blakeney en compagnie de son épouse, celle-ci avait
eu l'occasion de visiter un centre d'interprétation, les Palissades, en
particulier, et ils avaient été à ce point
émerveillés qu'ils avaient décidé d'envoyer leurs
ministres également faire la tournée de nos centres
d'interprétation justement pour se renseigner quant à
l'extraordinaire qualité des travaux qui se font. Je tiens à le
souligner. Je pense que c'est un témoignage.
M. Ciaccia: Oui, c'est un témoignage...
M. Bérubé: Etant donné que ça vient
du Canada anglais, vous allez être en admiration devant ce
témoignage.
M. Ciaccia: ... plutôt à votre ministère
qu'au ministre. Vous avez des fonctionnaires...
M. Bérubé: Oh! les deux!
M. Ciaccia:... assez compétents, en commen-çant par
votre sous-ministre et les autres. Je n'ai aucun doute que ce que vous me dites
est vrai et je félicite votre ministère.
Utilisation de la forêt
Le Président (M. Laberge): Le programme 4: Utilisation de
la forêt; élément 1 : Planification de l'utilisation. Des
questions?
M. Ciaccia: Un instant! Vous mentionnez dans la note 3 des
remarques indiquant que le budget initial ne renferme pas les crédits
d'investissement relatifs au rachat des concessions, et que si cela
s'avère nécessaire, des crédits additionnels seront
alloués. Pourriez-vous expliquer pourquoi?
M. Bérubé: Ce que nous avons constaté
concernant le programme de révocation d'une part, c'est qu'on ne
dépense nos crédits qu'en fin d'année, c'est-à-dire
toujours après même que le budget supplémentaire a
été voté. Cela se comprend puisqu'il faut une année
pour faire une évaluation afin d'arriver à sélectionner
les concessions forestières à révoquer.
Donc, c'est plus simple de l'inscrire dans un budget
supplémentaire ou encore de se débrouiller avec nos
crédits périmés, si nous en avons en fin d'année,
que de le prévoir initialement, première observation.
Deuxième observation, il y a certainement un changement
d'orientation dans la mesure où nous avons pris comme politique de ne
révoquer que les concessions où nous allons retirer un avantage
de la révocation. Par exemple, si un concessionnaire exploite toute la
possibilité et si, à la suite de la révocation, nous ne
pouvons le diriger ailleurs pour effectuer ses exploitations forestières
et que, par conséquent, après révocation, nous sommes aux
prises avec exactement les mêmes problèmes qu'avant
c'est-à-dire que ça n'a pas ouvert de possibilités
nouvelles tout ce que nous avons fait, c'est que désormais,
étant donné que c'est une forêt domaniale, ses droits de
coupe sont de $3.50 au lieu de $5.50, si je ne me trompe; ça consiste
donc à réduire les droits de coupe qu'il paie.
Deuxièmement, ça ne nous donne aucun avantage
économique...
M. Ciaccia: Vous le faites seulement s'il y a un avantage.
M. Bérubé:... on n'a absolument rien retiré
de la révocation. Ce que je demande de la part de l'administration,
c'est de me faire à chaque fois une analyse
bénéfice-coût de la révocation. Chaque fois que j'ai
un bénéfice-coût positif, on révoque; chaque fois
que le bénéfice-coût est négatif, on ne
révoque pas, parce qu'il n'y a pas d'intérêt
économique. Il faut donc que ce soit intéressant. Nous venons
d'annoncer, par exemple, un ensemble de révocations pour tout le
territoire. Chacune de ces révocations était justifiée
économiquement. Elle nous permettait de faire des choses qu'autrement
nous n'étions pas capables de faire, ce qui veut dire que pour
véritablement nous engager dans le programme de la révocation, il
faut en pratique que nos plans de gestion soient complétés,
unité par unité, ce qui nous permet, à ce
moment-là, d'identifier des avantages très nets à la
révocation. Je soulignerais que, pour l'année prochaine, c'est du
côté de l'Outaouais que le ministère va s'orienter, parce
qu'il y a là un problème de forêts mélangées,
plusieurs espèces à récupérer simultanément,
et là, il y aurait une opération de rationalisation
extrêmement intéressante.
Cela veut dire que dès que le ministère aura mis sur pied
cette opération rationalisation de la gestion des forêts de
l'Outaouais, nous procéderons à une opération globale,
à la révocation et la mise sur pied du programme de gestion.
En d'autres termes, je rattache davantage maintenant la
révocation des concessions à la mise sur pied d'une
opération concrète. Par exemple, en Gaspésie, lorsque nous
avons fait la révocation, nous avons pu immédiatement
après, durant les six mois qui ont suivi, doubler les approvisionnements
de toutes les scieries de la Gaspésie. Il y aurait un impact
économique énorme. Alors, dans la mesure où nous sommes
capables d'identifier cet impact économique de la révocation,
nous nous engageons. Ce qui veut dire que cette année, c'est l'Outaouais
qui va certainement passer sous le couteau.
M. Ciaccia: Mais est-ce que vous avez utilisé ces
critères dans les autres révocations que vous avez faites dans le
passé?
M. Bérubé: Dans le passé, oui, depuis deux
ans, je dois vous avouer que c'est uniquement sur cette base-là.
C'est-à-dire que strictement parlant, quand une concession
m'était soumise pour révocation et échappait à ma
surveillance en ce sens que je la laissais passer peut-être un peu trop
facilement, de toute façon elle bloquait au Conseil du trésor. En
d'autres termes, il y a une concertation du ministre des Finances et
moi-même pour nous assurer que chaque fois qu'il y a révocation,
il y a une justification économique très forte. Ce qui veut dire
que nous avons essentiellement forcé l'administration, et c'était
peut-être plus difficile dans les années passées parce que
les plans de gestion ne sont pas complétés. Comme vous le savez,
l'inventaire décennal commencé en 1967 a été
terminé en 1977. Ce qui veut dire que ce n'est qu'à partir de
1977 qu'on a eu des profils biophysiques qui ont permis l'élaboration
des plans de gestion. On ne fait que commencer à obtenir ces plans de
gestion pour le Nord-Ouest, pour la Gaspésie, et ce n'est
évidemment qu'au fur et à mesure que les plans de gestion
deviennent disponibles que là, l'importance de la révocation se
fait sentir réellement.
Donc, on ne peut pas véritablement reprocher à
l'administration passée d'avoir peut-être fait ces
révocations moins rapidement ou encore d'avoir fait des
révocations moins approfondies. Je pense qu'on n'avait peut-être
pas les outils de gestion appropriés. Maintenant nous avons de plus en
plus d'outils de gestion et je peux vous dire que le prochain territoire du
Québec à passer sous le couperet, ce sera l'Outaouais. Le
ministère est en voie d'élaborer ce qui m'apparaît un plan
de gestion extrêmement intéressant, avec un potentiel très
significatif, avec l'ouverture par exemple de la route
Maniwaki-Témiscamingue et là, on serait justifié d'y aller
massivement dans ce territoire-là. On y va graduellement au fur et
à mesure qu'on a des plans de gestion.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela va pour
l'élément 4.1?
M. Ciaccia: Oui, ça va.
Le Président (M. Laberge): Elément 1 adopté.
Elément 2, Contrôle de l'utilisation.
M. Ciaccia: A cet élément 2 vous avez une
augmentation d'hommes-années. Est-ce que vous pouvez expliquer dans quel
programme ils sont? La raison de cette augmentation? 25% ensuite 7%.
M. Bérubé: C'est la vérification du mesurage
qui augmente de façon importante. Deuxièmement, la surveillance
des opérations forestières qui s'accroît.
Il y a un groupe d'allocations formé à
l'élément 4.1. Il y avait une partie du service des exploitations
qui était à l'élément 4.1 qui a été
ramené au 4.2 pour en faire un service réel de
contrôle.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que
l'élément 2 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'élément 2 est
adopté. J'appelle l'élément 3, Voirie
forestière.
M. Ciaccia: M. le ministre, vous dites dans votre document que
jusqu'à maintenant le ministère assurait la réalisation
des travaux de construction et d'amélioration des chemins principaux en
forêt domaniale, alors que les concessionnaires avaient la
responsabilité du développement du réseau et à
compter du 1er avril vous présentez une nouvelle politique de
financement. Est-ce que vous pouvez élaborer?
M. Bérubé: Pratiquement parlant, le
ministère, sauf en forêt domaniale, construisait ce que nous
appelons les chemins principaux. Les chemins principaux, ce sont des chemins
qui vont servir à des exploitations forestières d'une
durée d'au moins quinze ans.
Le gouvernement percevait une redevance variable selon le volume
d'exploitation, variable entre $1 et $3 le cunit, redevance pour l'utilisation
des chemins forestiers. Ceci pouvait d'ailleurs nous causer certains
problèmes, car un exploitant qui avait la chance d'être
situé à proximité d'une route nationale pouvait utiliser
les chemins dugouvernement sans qu'il lui en coûte quoi que
ce soit. S'il avait le malheur d'utiliser un chemin principal du
ministère uniquement pour un mille, c'était bien dommage, mais il
payait tant du cunit et sans considération du nombre de milles
parcourus.
Deuxièmement, nous avons dû constater que l'augmentation de
nos coûts par mille était de l'ordre de 30% à 45% par
année pour la construction des chemins et non pas simplement pour des
raisons d'inflation, mais des raisons d'accroissement des normes, des standards
de construction. En effet, c'est bien évident que les besoins en chemins
forestiers varient énormément suivant le type d'exploitation,
suivant même l'exploitant. Or, le ministère ne peut pas construire
un chemin
adapté aux besoins de cet exploitant et un autre chemin
adapté aux besoins d'un autre exploitant. Il faut, à ce
moment-là, adopter des normes, les fameuses normes gouvernementales,
tous les citoyens étant égaux devant la loi, ils ont droit aux
mêmes avantages et il n'y a pas de justification de donner un chemin
moins bon à tel exploitant plutôt qu'à tel autre. La
conséquence, évidemment, d'une telle pratique, c'est que les
coûts par mille pour la construction des chemins forestiers montaient
très rapidement. On a dû constater, après une comparaison
avec le secteur privé, qu'il nous en coûtait au moins deux fois
plus cher que 'e secteur privé pour faire des chemins forestiers,
i'où l'idée d'abolir la redevance de voirie suivant fes standards
qui répondent finalement à leurs besoins économiques et
pour une période de cinq ans, dans le cadre de notre programme de
relance de l'industrie forestière, s'engager à couvrir la
moitié des frais de construction de ces chemins. Donc, désormais,
pour les cinq prochaines années il n'y a pas de redevance de voirie
forestière, le gouvernement paie la moitié des frais de
construction et je dois vous dire que pour le même montant on fait pas
mal plus de milles.
M. Ciaccia: Oui, mais vous mentionnez ici que cela fait partie de
l'entente fédérale-provinciale, vous êtes admissibles
à l'entente fédérale-provinciale.
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: Quel rôle le fédéral joue-t-il
là-dedans? Est-ce qu'il fournit...
M. Bérubé: II y avait, dans l'entente
fédérale-provinciale, provision pour de la construction de voirie
forestière. Nous avons fait accepter, par le gouvernement
fédéral, il nous a fallu un an et demi, même plus que cela,
presque deux ans, une modification à l'entente de telle sorte que ces
subventions à la construction de chemins forestiers sont admissibles
dans le cadre de l'entente à un partage des frais entre Québec et
Ottawa, ce qui veut dire que les subventions de 50% des frais de construction
que nous acceptons de défrayer sont payés à 40% par
Québec et 60% par Ottawa.
M. Ciaccia: Vous venez de dire que cela vous coûtait
beaucoup moins cher. Non seulement c'est 50%, mais...
M. Bérubé: Je ne fais pas de distinction. Quand je
parle des contributions des citoyens, je ne fais pas de distinction à
savoir si cela vient d'Ottawa ou de Québec.
M. Ciaccia: Je comprends, mais le coût. Vous allez plus
loin avec vos 50%.
M. Bérubé: C'est cela. Avec le $1 que nous mettons
en voirie forestière, nous faisons beaucoup plus de routes.
M. Ciaccia: Parce que vous avez impliqué l'autre
côté.
M. Bérubé: Non, je ne tiens pas compte...
M. Ciaccia: C'est eux qui le construisent, ils ont le droit
à 50%...
M. Bérubé: Deux choses, pour deux raisons, d'abord,
parce que je ne paie que la moitié des frais et, deuxièmement,
eux, ça leur coûte la moitié moins cher que moi. Cela veut
dire que j'ai multiplié par quatre.
M. Ciaccia: Est-ce que vous nous dites que, dès que le
gouvernement s'embarque dans des projets, ça coûte deux fois plus
cher que l'entreprise privée?
M. Bérubé: Non, non.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ce que vous nous dites?
M. Bérubé: En routes comparables, il n'en
coûte pas plus cher au gouvernement de faire les mêmes routes.
C'est seulement que le gouvernement est poigné avec des normes... (12 h
15)
M. Ciaccia: II en construit moins.
M. Bérubé: ... des standards qui sont universels,
alors que l'industriel ajuste les standards à ses besoins. C'est
uniquement cet aspect. Ce n'est pas...
M. Ciaccia: Mais il y a quand même une épargne
considérable.
M. Bérubé: Strictement oui, ça veut dire que
vous n'aurez peut-être pas...
M. Ciaccia: A part des 50%.
M. Bérubé: ... des chemins forestiers
chromés pour un entrepreneur qui n'en aurait pas besoin. C'est de saine
gestion, d'un bon gouvernement.
M. Ciaccia: Moins le gouvernement s'implique, moins ça
coûte cher.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas ça.
M. Ciaccia: Vous devriez vous souvenir de ça dans vos
autres programmes, dans vos expropriations.
M. Bérubé: Là n'est pas la question. Il y a
des cas où il y a des normes. Je pense, par exemple, au cas de la route
Maniwaki-Témiscamingue.
M. Ciaccia: Je comprends que la norme est...
M. Bérubé: C'est normal qu'il y ait de bonnes
normes. A ce moment-là, que le gouvernement la
fasse ou que ce soit l'entreprise privée... De toute
façon, nous passons par les entrepreneurs, ça nous coûte le
même prix.
M. Ciaccia: Ils trouvent des moyens de...
M. Bérubé: C'est ça. Lorsque nous avons
besoin de normes standardisées, le ministère va continuer
à avoir son programme de construction de chemins forestiers et je pense
que ça répond à des besoins. Cependant, ce qui est
dangereux, c'est de vouloir normaliser la construction de chemins forestiers au
Québec parce que les besoins sont très variables, c'est
uniquement ça. C'est un geste intelligent de gestion de la ressource
financière, n'est-ce pas?
Le Président (M. Laberge): Elément 3,
adopté?
M. Bérubé: Avec enthousiasme, par le
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Laberge): Elément 4: Aide à
la production forestière privée.
M. Ciaccia: Je pensais qu'on en avait fini de la politique avec
nos remarques préliminaires, mais vous persistez, il va falloir que je
rembarque. Si vous continuez, je vais rembarquer.
M. Bérubé: Je ne parle plus.
Le Président (M. Laberge): Cela va très bien,
ça va très bien.
M. Bérubé: C'est un excellent programme, je
pourrais également faire du millage politique, si ça vous
intéresse.
M. Ciaccia: Pas tellement, j'en ai entendu assez.
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Élément 4.
Adopté.
M. Ciaccia: Vous ne me tendrez pas la perche.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Laberge): Programme 4. Adopté.
Programme 5: Gestion interne et soutien. Elément 1: Direction;
élément 2: Soutien administratif et technique. Questions?
M. Bérubé: Je pense que l'élément
saillant de ce programme, c'est l'élimination d'une subvention à
REXFOR. Pourquoi une subvention à REXFOR? C'est que REXFOR a
été amenée par le gouvernement à s'impliquer dans
le projet de SAMOCO. La valeur du passif excédait très nettement
la valeur des installations physiques.
En fait, il y avait pour $6 000 000 d'usines, mais il y avait pour $16
000 000 de dettes. Lorsque le gouvernement a décidé de demander
à REXFOR après un nombre d'années suffisant d'essais
je pense qu'il y avait eu plusieurs essais successifs et le ballon
n'était pas rendu très loin de faire ce que normalement le
secteur privé fait, ce n'était pas un jugement sur la valeur de
la gestion de REXFOR, puisqu'on pourrait citer des exemples de Béarn, de
Taschereau et des Outardes pour démontrer que REXFOR obtient une
performance absolument remarquable, qui se compare avantageusement avec tout le
secteur privé dans le domaine du sciage.
Mais il s'agissait là de ce que j'appelle le mythe de Sisyphe,
où vous avez tellement de choses qui vont mal que vous en réglez
une, mais-vous en avez encore tellement devant vous qu vous avez toujours
l'impression que vous ne vous en sortirez jamais. Cela finit par créer
une espèce de climat de découragement, de pessimisme dans un tel
dossier que cela nous amena à conclure, comme gouvernement, qu'il n'y
avait pas d'autre solution que de nettoyer le dossier, et la façon
élégante de nettoyer ce dossier, c'était de vendre. Pour
vendre, il fallait bien vendre en bas du passif. On n'avait pas le choix, parce
qu'il y avait plus de dettes que la valeur des entreprises. Ce que nous avons
fait, comme gouvernement, nous avons compensé par une subvention la
différence entre l'actif et ce qu'on a pu obtenir.
M. Ciaccia: Dans les montants, la direction du ministère
qui baisse de $14 000 000 à $3 000 000, est-ce que c'est à cause
de REXFOR?
M. Bérubé: Oui, c'est exactement cela. C'est $10
887 000 de transfert.
M. Ciaccia: Programme 5, élément 1,
adopté.
Le Président (M. Laberge): Programme 5,
élément 1, adopté. Elément 2.
M. Ciaccia: A l'élément 2, si je comprends bien,
vous avez une perte de 63 employés permanents.
M. Bérubé: C'est une modification à
l'imputation. Ces employés ont été imputés au
programme 4, élément 1. Ce sont surtout des gens qui son '
responsables de l'administration des unités de gestion.
M. Ciaccia: Mais le budget n'a pas changé. C'est
sensiblement le même budget. Vous avez 63 employés de moins et le
budget demeure le même.
M. Bérubé: C'est que les augmentations de
traitements sont venues manger la différence qu'il y a.
M. Ciaccia: Les augmentations équivalaient aux traitements
de ces 63 personnes?
M. Bérubé: C'est cela. Il y a peut-être un
point à préciser pour la bonne compréhension. En termes
comparatifs, le programme 5 a été refait à
partir d'une proportion des programmes 3, éléments 1 et 2,
du ministère des Richesses naturelles, à la suite du regroupement
des ministères qui est intervenu, le prorata a été
appliqué et le comparatif est comptablement exact.
M. Ciaccia: Mais le ministre se vantait hier de sa saine
gestion...
M. Bérubé: Remarquable!
M. Ciaccia: Remarquable! Vous réduisez de 63
employés et vous avez le même budget. C'est fantastique.
M. Bérubé: Si on avait gardé le même
nombre de fonctionnaires, imaginez ce que cela aurait coûté.
M. Ciaccia: L'entreprise privée doit vous
féliciter.
M. Bérubé: Bien oui! Cela veut dire qu'on arrive
à enrayer la croissance des coûts, parce qu'on fait face à
l'augmentation du coût de la vie grâce à une rationalisation
de l'administration qui nous permet de réduire le nombre de postes.
C'est brillant; c'est remarquable.
M. Ciaccia: Vous gardez le même budget. Vous perdez vos 63
employés, vous les mettez ailleurs. Vous augmentez les budgets ailleurs
et vous jouez à la chaise musicale.
M. Bérubé: J'avais $13 000 000 pour la gestion et
je garde cela à $13 000 000, même un peu en bas, une année
après, en dépit d'une inflation, d'une augmentation des
coûts. C'est un remarquable succès administratif que même
l'entreprise privée n'est pas capable de réaliser. C'est
uniquement sous la gestion d'un bon gouvernement que vous avez pu obtenir des
résultats aussi brillants.
M. Ciaccia: En congédiant 63 employés, vous gardez
le même budget.
M. Bérubé: On ne les a pas congédiés.
En fait, cela fait partie des compressions budgétaires de 2,5%.
M. Ciaccia: Pour ce programme-là, oui. Vous les avez
placés ailleurs, mais, pour ce programme-là, il y en a 63 de
moins.
M. Bérubé: C'est-à-dire que le Conseil du
trésor nous a imposé des compressions budgétaires de 2,5%
des postes.
M. Ciaccia: Pour les $12 000 000 ou $13 000 000, vous avez 63
employés de moins. Adopté.
M. Bérubé: Oui, mais vous avez des croissances
ailleurs.
M. Ciaccia: Je parlais de ce programme-là.
M. Bérubé: Par exemple, vous avez tout le
développement industriel, vous avez le programme de l'aide à
l'industrie forestière. Il y a du personnel là-dedans, ce qui
veut dire qu'on en a moins à l'administration, mais on a des nouveaux
programmes.
M. Ciaccia: Vous avez plus à l'administration.
M. Bérubé: En fait, on s'autofinance grâce
à des restrictions volontaires dans les surplus, dans les
excédents des dépenses administratives.
Le Président (M. Laberge): Elément 2,
adopté.
M. Ciaccia: Arrêtez de parler, on ne vous écoute
plus.
Financement forestier
Le Président (M. Laberge): Le programme 5 se trouve
adopté. Programme 6, financement forestier. Des questions, M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Quand vous parlez de remboursements
d'intérêt, est-ce que l'augmentation des taux
d'intérêt qui fera diminuer les emprunts a été
prévue?
M. Bérubé: Je ne saurais dire. Je ne suis pas
capable de le dire.
La réponse qui nous est donnée je m'excuse, M.
Camil Moreau, qui est responsable du programme, ne pouvait malheureusement pas
être ici aujourd'hui vous avez, effectivement, si vous regardez
à la page 60, une majoration de $536 000 à $1 696 000 qui est
liée à la fois au nombre de prêts et à
l'augmentation du taux d'intérêt. Je ne pourrais pas vous donner
plus de renseignements que je n'en ai, c'est-à-dire est-ce que c'est
suffisant? M. Moreau vous dira sans doute que oui.
M. Ciaccia: Cela doit être plus que seulement les taux
d'intérêt.
M. Bérubé: Non, c'est le taux
d'intérêt et le nombre de prêts.
M. Ciaccia: Est-ce que le nombre de prêts demeure toujours
à 5%? Votre critère n'a pas changé?
M. Bérubé: II est toujours à 5%. Les
critères du programme ne sont pas changés. A ce moment, le
montant de la subvention gouvernementale...
M. Ciaccia: Cela prend en considération l'augmentation des
taux d'intérêt et aussi l'augmentation du nombre de prêts,
ce montant.
M. Bérubé: Exactement. Est-ce qu'on tient compte,
par exemple, des dernières augmenta-
tions à 17% ou 18%. Je ne saurais dire, puisque c'est
récent. Cela a été préparé, il y a
déjà six mois.
M. Ciaccia: On ne pourrait pas faire de reproche si cela n'a pas
été prévu, parce que je pense que personne ne
prévoyait cela.
M. Bérubé: L'impression que cela me donne, c'est
que si le taux d'intérêt monte trop haut, on fait moins de
prêts.
M. Ciaccia: A la page 61, vous avez l'augmentation du nombre de
prêts et du montant de l'encours. A quoi est-ce dû?
M. Bérubé: Du nombre de prêts. Soulignons
qu'il s'agit d'un programme assez récent. Je pense qu'il a
été mis sur pied dans la dernière année de
l'administration précédente, en 1976. Il n'a connu qu'une
année partielle. En fait, lorsque nous sommes arrivés, nous
n'avions connu qu'une partie d'année.
Donc, c'était un programme fort peu connu de la part des milieux
forestiers et un effort important de la part du crédit forestier a
été justement cet effort d'information des citoyens face aux
avantages qu'offre le crédit forestier. C'est pour cette raison que nous
sommes encore dans une période assez importante de croissance, puisque
nous n'en sommes finalement qu'à la troisième année de
fonctionnement du programme. Cela explique pourquoi vous avez effectivement des
augmentations très substantielles, mais qui sont liées finalement
à la popularité du programme. On ne peut pas encore parler d'un
régime de croisière, comme dans le cas du crédit agricole.
C'est encore une infime minorité des citoyens qui se prévalent
des avantages.
Soulignons également, tel que l'annonçait le ministre des
Finances, que ce programme sera désormais administré par le
truchement du réseau des banques et non plus directement par des avances
que le ministre des Finances effectuait. En d'autres termes, ce sont les
banques qui effectueront les prêts et le gouvernement se contentera
d'assumer le coût.
M. Ciaccia: Est-ce que ça peut changer la
disponibilité pour les emprunteurs?
M. Bérubé: Non, au contraire, ça...
M. Ciaccia: Ils savent d'avance que le gouvernement va garantir.
Cela, c'est une des conditions du prêt. (12 h 30)
M. Bérubé: Exactement, et cela a d'abord l'avantage
de multiplier les points de vente, si on veut. Cela a l'avantage de garder au
crédit forestier simplement le rôle d'évaluation...
M. Ciaccia: Et ça vous épargne du "cash".
M. Bérubé: ... et je pense, quant aux besoins
d'emprunt du gouvernement, c'est effectivement une excellente mesure.
M. Ciaccia: L'élément...
Le Président (M. Laberge): Les éléments 1, 2
et 3?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Alors, les
éléments 1, 2 et 3, adopté. Donc, programme 6,
adopté.
Comme il est 12 h 30, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 16 h 5
Le Président (M. Laberge): La commission de
l'énergie et des ressources reprend ses travaux concernant
l'étude des crédits budgétaires du ministère du
même nom. Les membres de cette commission sont: MM. Bérubé
(Matane); Bordeleau (Abitibi-Est); Brochu (Richmond); Ciaccia (Mont-Royal)
remplacé par Giasson (Montmagny-L'Islet); MM. Desbiens (Dubuc);
Grégoire (Frontenac); Marquis (Matapédia); Perron (Duplessis);
Ray-nauld (Outremont).
Peuvent aussi intervenir: MM. Dussault (Châteauguay); Fontaine
(Nicolet-Yamaska); Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); Mercier
(Berthier); Michaud (Laprairie); O'Gallagher (Robert Baldwin); Rancourt
(Saint-François); Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur de cette commission déjà
désigné est M. Marquis (Matapédia).
Développement de l'industrie
forestière
A la suspension de nos travaux ce matin, nous venions d'adopter les
divers éléments du programme 6. J'appelle donc le programme no 7,
Développement de l'industrie forestière.
M. Bérubé: Vous avez dit 7, M. le
Président?
Le Président (M. Laberge): Est-ce que M. le
député de Montmagny-L'Islet a des questions spécifiques au
programme 7, qui, en l'occurrence, n'est pas divisé en
éléments?
M. Giasson: Puisque le programme 7 traite du développement
de l'industrie forestière, on nous signale des objectifs qui sont
recherchés. Quand, dans les objectifs, on déclare l'intention de
faciliter le développement de nouveaux produits forestiers et leur mise
en marché, au moment où on se donne cela comme objectif, quelle
est la situation du dossier en matière de développement de
nouveaux produits et de la capacité de mise en marché par le
Québec? S'agit-il de produits qu'on veut d'abord placer ici sur notre
marché domestique ou s'il s'agit de produits qui visent également
la possibilité d'un grand développement sur
des marchés hors Québec, que ce soit dans d'autres
provinces, mais principalement dans d'autres pays, soit vers les
États-Unis ou encore vers les marchés nouveaux qui semblent se
dessiner ou s'amplifier depuis environ deux ans?
M. Bérubé: Étant donné qu'il s'agit
effectivement d'un nouveau programme, qui correspond à une nouvelle
mission du ministère de l'Énergie et des Ressources, le
ministère s'est traditionnellement occupé simplement de faire
pousser des arbres, il ne s'est pas occupé de développement
économique. Théoriquement, c'était le ministère de
l'Industrie et du Commerce qui devait s'en ccuper, mais avec, finalement, une
force de travail dans le domaine qui se limitait à deux ou trois
fonctionnaires, on ne peut pas vraiment parler d'une action gouvernementale
dans le secteur des forêts.
Ce nouveau groupe de travail, constitué d'ailleurs sous la
direction de M. Côté, sous-ministre adjoint et anciennement
président de REXFOR, administre à la fois le programme de
subvention à l'industrie forestière et est à constituer
présentement une équipe, justement, de professionnels qui se
verront confier ces mandats définis dans les objectifs. Donc, il serait
un peu gênant de commencer à parler ici d'une gamme de produits
puis-qu'en fait, on en est aux balbutiements des travaux. Mentionnons seulement
un dossier que moi, personnellement, je connais mieux, c'est le dossier du
méthanol sur lequel le ministère a fait faire passablement de
travaux, surtout par des consultants, en vue éventuellement d'en arriver
à une proposition de développement dans le secteur.
M. Giasson: Relativement au dossier du méthanol, j'ai
remarqué que, depuis plusieurs mois, le ministre en a fait état
quelquefois et a créé d'immenses espoirs, c'est-à-dire
qu'il a exprimé l'opinion qu'il y avait un potentiel ou des
possibilités fantastiques de ce côté-là. Je
présume que ces déclarations ou ces prises de position sur le
développement du méthanol reposent déjà sur de la
recherche ou des études assez élaborées qui ont
été menées. Est-ce que le ministre pourrait nous faire
part de l'état de ces dossiers et nous dire à quel moment, dans
le temps, il croit qu'effectivement, nous aurons assez de connaissances et que
nous aurons au moins tenté une première expérience
véritable de production dans le secteur du méthanol?
M. Bérubé: J'ai malheureusement dit exactement le
contraire de ce que le député de Montmagny-L'Islet m'impute comme
propos. J'ai toujours été...
M. Giasson: Pardon, M. le Président. Vous n'acceptez pas
d'avoir déjà discuté dans le passé de
l'énorme potentiel du méthanol?
M. Bérubé: J'ai, à plusieurs reprises,
répondu à des questions à l'Assemblée nationale,
mais ce n'est certainement pas moi qui ai fait de grands discours sur le
méthanol. J'ai même eu l'occasion, lors d'une question, je pense,
du député de Nicolet-Yamaska, si je ne m'abuse...
M. Giasson: De Bellechasse, peut-être.
M. Bérubé: ... de Bellechasse, peut-être,
j'ai même eu l'occasion en fait de souligner alors qu'il existait
effectivement une technologie pour la fabrication industrielle de
méthanol à partir de résidus de l'industrie
agro-alimentaire et qu'il existait également des procédés
certainement possibles pour la fabrication du méthanol à partir
du bois pour fabriquer l'alcool de bois, mais il demeurait que la fabrication
sur une grande échelle industrielle se heurtait à des
problèmes et particulièrement à des problèmes au
niveau de la gazéification.
Donc, il pourrait y avoir un potentiel intéressant, mais un tel
potentiel ne pourra jamais être actualisé tant et aussi longtemps
que les problèmes technologiques n'auront pas été
résolus d'une façon entièrement satisfaisante. Soulignons
aussi que la fabrication du méthanol à partir du bois sera
toujours plus coûteuse que la fabrication du méthanol à
partir du gaz naturel. Finalement, ce ne sera que si le prix du gaz naturel
monte très rapidement que l'on pourra fabriquer le méthanol d'une
façon plus économique, d'une part et, d'autre part, il y a
peut-être le jeu de la taxation qui peut éventuellement rendre le
méthanol fabriqué à partir du bois intéressant par
rapport à d'autres produits de remplacement et ce dans un but d'autarcie
énergétique, purement et simplement.
Donc, je ne pense pas qu'on soit en mesure de parler, pour l'instant,
d'autre chose que d'un potentiel théorique, c'est-à-dire à
partir de la masse de matière ligneuse qui est disponible,
particulièrement dans certaines régions, d'une part et, d'autre
part, en présupposant que la technologie industrielle de fabrication du
méthanol sur une grande échelle soit une technologie bien en
main, ce qui n'est pas le cas.
M. Giasson: A la suite des propos que le ministre vient de tenir,
ce n'est pas pour demain, la production massive ou importante...
M. Bérubé: Ce n'est pas pour demain la veille.
M. Giasson: Mais dans vos prévisions, vos projections,
vous reportez ça à 15 ans ou 20 ans?
M. Bérubé: Ma boule de cristal...
M. Giasson: Ce sont des coûts d'énergie qui vont
tout simplement...
M. Bérubé: Ma boule de cristal ne me permet pas,
mais si mon sous-ministre veut répondre...
M. Giasson: J'aimerais entendre ce que va dire la boule de
cristal du sous-ministre.
M. Bérubé: La sienne semble aussi obscure que la
mienne.
Je vais m'en tirer en citant mon ministre. C'est évident qu'il y
a une phase de mise en place ou d'enlèvement de certains obstacles
technologiques, et vous avez une première étape qui requerra un
certain nombre d'années pour s'assurer que la technologie, une
technologie adaptée à une production commerciale, est mise au
point. C'est à ce moment-là qu'on pourra évaluer
l'économie et voir si on peut se lancer dans des opérations
commerciales de grande taille. Cela a été dit par mon ministre
à l'Assemblée nationale l'autre jour.
M. Giasson: Effectivement, de ce côté, est-ce que
vous avez un petit centre de recherche quelque part ou si ce sont simplement
des mandats disséminés à droite ou à gauche. C'est
quoi, le portrait de cette recherche ou de cette activité qui est
menée du côté du méthanol?
M. Bérubé: II y a un ensemble d'études de
faisabilité confiées à plusieurs organismes
différents, soit des firmes d'ingénieurs-conseils, soit le Centre
de recherche industriel avec, comme objectif, la mise sur pied d'un projet
pilote, donc à caractère expérimental, mais à
échelle suffisamment grande pour qu'on puisse extrapoler à
l'échelle industrielle, ce qui nous permettrait, comme projet, de
développer ou de connaître les paramètres de fonctionnement
d'une telle industrie, d'en évaluer, de façon plus sûre, la
rentabilité économique et éventuellement de permettre
à un gouvernement, quel qu'il soit, de prendre une décision.
Ce qu'il m'apparaît, c'est que le Québec, à cause de
l'abondance de matières ligneuses, à cause de la présence
de forêts privées souvent dégradées, où
abondent des feuillus de mauvaise venue, également à cause
d'abondance, de surplus de matières ligneuses sous forme de
résidus, de déchets qui ne sont pas utilisés je
pense aux écorces ou autres et à cause des
quantités importantes de matières ligneuses laissées sur
les parterres de coupe, le Québec offre un potentiel intéressant,
théoriquement. C'est pour cette raison que le gouvernement du
Québec devrait en arriver à mettre au point un projet pilote qui
permette au moins d'acquérir les connaissances technologiques et, si les
résultats devaient s'avérer positifs, nous mettre dans une
excellente position pour éventuellement nous engager dans cette voie.
(16 h 15)
M. Giasson: Je ne sais pas si vous vous souvenez, M. le ministre,
mais je crois que c'est lors de l'étude des crédits de 1977
je n'ai pas consulté le journal des Débats, mais, sauf
erreur, je crois que c'était en 1977 vous fondiez
énormément d'espoir sur la matière ligneuse ou le
potentiel des forêts du Québec et des sous-produits qui en
découlent en vue de combler une partie du bilan
énergétique de la province de Québec. Est-ce que vous
êtes toujours aussi optimiste de ce côté-là? Vous
nous aviez indiqué alors les capacités ou le potentiel qui
était fort important et qui pouvait venir occuper une place
sérieuse à l'intérieur de l'ensemble du bilan
énergétique du Québec. Est-ce que votre optimisme est
toujours aussi grand? Ou est-ce que les connaissances nouvelles acquises dans
le secteur vous laissent croire que ce n'est pas pour demain cette
capacité?
M. Bérubé: En fait, nous avions raison de fonder
beaucoup d'espoir. On n'a qu'à visiter certaines entreprises dans le
comté de Montmagny-L'Islet un beau comté, soit dit en
passant pour voir plusieurs industriels commencer à utiliser des
résidus de bois à des fins de production d'énergie pour le
séchage de leur production.
M. Giasson: Dans Montmagny-L'Islet même?
M. Bérubé: C'est Bellechasse plutôt. Je pense
à Blanchet, je pense à Maibec. C'est Montmagny.
M. Giasson: L'Islet. Vous venez de citer deux entreprises de
L'Islet même, du comté de L'Islet.
M. Bérubé: J'ai l'impression que je connais presque
mieux le comté du député de Montmagny-L'Islet que
lui-même. Enfin, j'espère que vous allez quand même faire
quelques tournées de temps en temps pour la campagne
référendaire.
M. Giasson: Chez vous, dans Matane, certainement. Les gens de
chez vous en ont besoin d'ailleurs.
M. Bérubé: Dans le cadre du programme de relance de
l'industrie forestière, il s'avère que, alors que nous avions
envisagé voir l'industrie dépenser $85 000 000 dans le secteur
non seulement de la consommation d'énergie, mais également de
l'utilisation des résidus du bois à des fins de production
d'énergie, c'est plutôt $300 000 000 qui seront investis dans ce
domaine-là.
M. Giasson: $300 000 000?
M. Bérubé: Oui. Ce que l'on constate, c'est que de
plus en plus d'industriels se rendent compte que le résidu de bois
constitue une soua d'énergie extrêmement intéressante, et
on me dit je ne suis pas allé le vérifier que la
Suède produit 8% de ses besoins énergétiques à
partir des résidus, à partir de la matière ligneuse alors
qu'au Québec c'est nettement moins que cela.
J'admets cependant que le fait pour l'industrie papetière
suédoise d'être impliquée essentiellement dans la
production de pâtes Kraft et donc de pouvoir récupérer une
partie de l'énergie par la combustion des liqueurs la met dans une
situation privilégiée par rapport à notre industrie qui
fabrique surtout du papier journal. Cela fait quand même une
différence importante, mais il reste quand même qu'il y a un
volume important de résidus du bois et une décision
intéressante, récemment, de Bato à Rivière-du-Loup,
qui va
maintenant brûler des écorces non seulement provenant de
ses propres opérations, mais également provenant des scieries
environnantes pour produire de la vapeur et cela d'une façon
concurrentielle et intéressante, indique bien qu'il y a une avenue
réelle du côté de la combustion des déchets du bois
à des fins énergétiques. Ma vision de 1977 se
matérialise.
M. Giasson: Oui, mais ces expériences qui sont à
leur départ, à l'état de balbutiement, comme on dit,
est-ce que cela va produire tellement d'énergie ou est-ce absolument
marginal ou secondaire dans les besoins d'énergie de ces
entreprises?
M. Bérubé: Pour l'instant, cela m'apparaît
marginal a priori, mais si la Suède réussit à produire 8%
de ses besoins énergétiques avec la matière ligneuse, il y
a un potentiel.
M. Giasson: Oui, il y a un potentiel, mais peut-être que
les besoins énergétiques de la Suède ne sont pas ceux du
Québec.
M. Bérubé: Pour l'instant, on ne peut pas dire que
nous avons le renseignement.
M. Giasson: Cela demeure encore un rêve.
M. Bérubé: Comme disait Conrad Hilton, pour
réussir dans la vie, il faut savoir rêver.
M. Giasson: Oui, pour réussir en quelle année? Dans
le secteur qui nous occupe présentement, c'est en quelle année?
Est-ce que c'est dans dix ans d'ici qu'on pourra dire pratiquement qu'on a
produit une parcelle d'énergie, compte tenu des méthodes du
Québec?
M. Bérubé: Oui, je pense qu'une décennie,
généralement, dans le monde industriel, c'est un ordre de
grandeur à peu près acceptable, parce qu'il faut quand même
plusieurs années simplement pour les implantations industrielles. Il
faut que l'économique se dessine et apparaisse évidente à
tous avant d'enclencher un mouvement de niasse. C'est souvent du bouche
à oreille, c'est-à-re qu'un industriel qui vous confie qu'il
refait sa bouilloire à peu près en huit mois, en produisant de
l'énergie pour sécher son bois, par exemple, cet industriel quand
il le dit à beaucoup de monde autour finit par semer la semence de la
bonne nouvelle. Il y a beaucoup de bouche à oreille là-dedans. Il
faut attendre tranquillement que les gens fassent leur expérience et
éventuellement se convainquent mutuellement.
M. Giasson: Est-ce que le ministre pourrait nous faire le point
sur la situation dans le secteur de la rénovation et de la modernisation
des usines, surtout dans l'industrie des pâtes et papiers, parce que
c'est là qu'on peut parler vraiment de modernisation?
M. Bérubé: Difficilement, pour plusieurs raisons.
On peut certainement indiquer que le programme de modernisation a eu plus de
succès qu'anticipé. Nous avions envisagé des
investissements de l'ordre de $1 000 000 000. On se retrouvera peut-être
avec le double et plus même. On peut dire que la grande totalité
des usines du Québec sont impliquées dans le programme.
Nous avons un problème sérieux auquel j'ai fait
référence d'ailleurs dans mon exposé liminaire. C'est le
suivant. La demande ayant été plus forte qu'anticipée,
nous avions deux choix: ou nous éliminions les derniers arrivés,
ce qui aurait pu condamner un certain nombre de projets extrêmement
valables ou, au contraire, nous réduisions nos critères
d'admissibilité, c'est-à-dire que nous augmentions la
sévérité de ces critères d'admissibilité, de
manière à éliminer un certain nombre de projets.
Cependant, comme l'esprit du programme est d'amener l'industrie à
l'intérieur de plans quinquennaux à aménager l'ensemble de
ces usines, il va de soi que, lorsqu'on change un élément,
très souvent il y a des répercussions sur l'ensemble des
décisions qui ont été prises, c'est-à-dire que
l'entreprise a pris une décision concernant son plan quinquennal sur la
base de l'argent disponible, compte tenu de l'aide gouvernementale. Si l'aide
gouvernementale est refusée dans un certain nombre de cas, il peut donc
y avoir des déplacements de priorités à l'intérieur
du plan quinquennal, ce qui a comme conséquence de rendre difficile
l'acceptation des projets globalement.
Je ne vous cacherai pas que le gouvernement du Québec a
accepté il y a belle lurette d'accroître son enveloppe
budgétaire. Le ministre des Finances l'a d'ailleurs indiqué dans
son budget, mais, malheureusement, même si, depuis maintenant de
très longs mois, nous retournons et avant même l'élection
du gouvernement actuel à Ottawa, les fonctionnaires
fédéraux sont parfaitement au courant des besoins financiers
supplémentaires. Cependant, nous n'arrivons pas à faire prendre
une décision au gouvernement fédéral, c'est-à-dire
que le dossier ne bouge pas, ce qui a évidemment un impact
négatif sur notre programme, dans la mesure où les approbations
deviennent difficiles, puisqu'on ne sait pas exactement sur quelle enveloppe
budgétaire nous pouvons tabler.
M. Giasson: Vous ne savez aucunement sur quelle enveloppe,
à la suite des accords signés entre les deux paliers de
gouvernement, vous n'avez aucun ordre de grandeur?
M. Bérubé: Oui, nous avons une première
enveloppe, mais le budget supplémentaire requis, que le ministre des
Finances du Québec a consenti et que le Conseil des ministres à
Québec a approuvé, n'a pas d'équivalent pour la partie
fédérale.
M. Giasson: Quel est le volume du budget supplémentaire
accepté?
M. Bérubé: $109 000 000.
M. Giasson: $109 000 000, projetés sur une période
de temps de combien d'années?
M. Bérubé: Quatre ans maintenant, à peu
près? Oui, quatre ans maintenant, à peu près.
M. Giasson: Les fédéraux sont peut-être aux
prises avec des problèmes identiques à ceux qui confrontent le
ministre de l'Energie au Québec.
M. Bérubé: C'est-à-dire?
M. Giasson: Vous avez des projets que les populations veulent
dans quelques régions du Québec depuis des années,
qu'elles soutiennent, mais il semble que le gouvernement du Québec,
au-delà des études qui ont été menées, n'est
pas prêt, je ne dis pas qu'il ne le fera jamais dans le temps, mais il
n'est pas prêt à accéder à ces demandes.
M. Bérubé: II n'y a aucun projet industriel
à maturité qui traîne sur les tablettes au
gouvernement.
M. Giasson: On sait que le gouvernement ne les rend pas à
maturité, ne les fait pas mûrir. Si le gouvernement avait eu la
volonté, cette volonté réelle et totale de les faire
mûrir, ils seraient rendus à maturité. C'est un peu la
même situation que le gouvernement canadien...
M. Bérubé: C'est une affirmation gratuite.
M. Giasson:... qui retarde peut-être de confirmer une
participation financière à des projets qui sont soutenus par le
ministre de l'Energie et des Ressources au Québec.
M. Bérubé: C'est une affirmation gratuite, dans la
mesure où, chaque fois que nous avons des programmes pour lesquels nous
sommes prêts à dépenser, je me dois malheureusement de
constater que la décision est prise beaucoup plus rapidement à
Québec qu'à Ottawa.
M. Giasson: Tout de même, vous avez au Québec des
projets qui sont voulus par des groupes de citoyens et où les
prérequis, les éléments de base sont présents, sont
existants, mais la concrétisation tarde à venir.
M. Bérubé: Un des drames du
fédéralisme, c'est essentiellement le suivant...
M. Giasson: Non, je vous parle d'un drame
québécois, ensuite on parlera des drames...
M. Bérubé: Oui, mais présentement on parle
d'un drame du fédéralisme; on ne parle pas du programme comme
tel, les projets sont approuvés, sont prêts à enclencher,
la seule chose, c'est qu'on ne sait pas si on va avoir l'argent. Ces gens
n'arrivent pas à se décider.
Les problèmes des deux niveaux de gouvernement quand il s'agit de
prendre une décision, c'est très simple. Vous savez à quel
point un gouvernement est aléatoire. On n'arrive jamais à
prédire; cependant, quand vous tirez un $0.25, vous avez une chance sur
deux d'avoir face et une chance sur deux d'avoir pile. S'il faut un
côté face pour obtenir un oui, faites le calcul suivant. Vous avez
au moins une chance sur deux d'avoir une réponse positive à votre
interrogation, mais, lorsque vous avez deux niveaux de gouvernement dans le
cadre d'une entente fédérale-provinciale qui doivent s'entendre
tous les deux, chacun des gouvernements a son $0.25. Si je dis face et qu'il
dit face, tout le monde est heureux. Si je dis face et qu'il dit pile,
ça ne marche pas. Vice versa, si j'ai pile ou qu'il dit face, ça
ne marche pas et si j'ai deux fois pile, ça ne marche pas.
C'est-à-dire que trois fois contre un, ça ne marche pas.
Finalement, c'est le drame de deux niveaux de gouvernement qui sont toujours en
train de se barrer les jambes. C'est qu'on n'est jamais capable de les mettre
sur la même fréquence, la même harmonique, c'est ça
la difficulté.
M. Giasson: Oui, mais ça dépasse de beaucoup
l'existence de deux paliers de gouvernement, c'est la capacité
financière ou pécuniaire que possède un ou des
gouvernements de procéder à l'exécution de projets,
à la mise en place ou en route de projets. Ce n'est pas l'existence d'un
seul gouvernement au Québec qui va faire que tout va se produire en
même temps. On a...
M. Bérubé: Les décisions se prennent
vite.
M. Giasson:... une marge... Oui, mais même si les
décisions se prennent, si vous n'avez pas la capacité
financière de tout réaliser dans un laps de temps, vous allez
devoir attendre. Vous allez tirer les projets à pile ou face. Ce sera
votre collègue du Trésor qui va jouer à pile ou face.
M. Bérubé: A ce moment-là, vous n'êtes
pas bloqué par l'inertie de deux niveaux de gouvernement en continuelle
contradiction l'un avec l'autre, parce que, présentement, nous pouvons
dire oui, l'autre peut dire non. Alors, on est dans une impasse. Il y a
énormément de dossiers qui sont continuellement dans l'impasse.
Tandis que, lors que la décision est prise carrément par un
gouvernement, c'est relativement facile, on dépose le projet sur la
table, on a ou on n'a pas l'argent. Il y a une décision qui est prise,
point. A ce moment-là, vous avez une enveloppe financière qui est
l'enveloppe des deux budgets des deux gouvernements regroupés en une;
à ce moment-là, on prend une décision qui est rapide,
simple et efficace.
M. Giasson: Mais pendant que vous...
M. Bérubé: Elle est positive ou négative,
tandis qu'avec l'autre, vous en êtes toujours à des prises de
décision intermédiaires, c'est-à-dire qu'il y en a un qui
dit oui et l'autre qui dit non. C'est ça,
la complication du système fédéral. Vous n'avez pas
encore compris? (16 h 30)
M. Giasson: Non, ce n'est pas réellement cela. Dans
l'hypothèse où vous n'auriez qu'un seul gouvernement, vous
devriez choisir des choses parmi plusieurs. Vous ne feriez pas tout en
même temps. C'est là qu'est le fond du problème. Quand le
fédéral, par exemple, ne peut pas souscrire aux demandes d'une
province ou de l'autre à l'intérieur d'un programme donné
ou d'un projet de développement dans un champ donné, souvent, ce
n'est pas l'absence de volonté en soi, c'est l'absence de
capacité financière à l'intérieur d'un budget de
gouvernement sur une base annuelle. Même les deux gouvernements demeurent
limités à certains moments dans la capacité
financière d'exécuter des projets. Qu'il y ait deux paliers de
gouvernement ou un palier de gouvernement, on est toujours pris à faire
des choix. Qu'est-ce qui est prioritaire parmi l'ensemble des besoins? C'est
cela la réalité. Ce n'est pas l'existence de deux paliers de
gouvernement, c'est d'abord la capacité financière d'un ou de
deux gouvernements de choisir à travers tout un programme de
développement dans différents secteurs d'activité.
M. Bérubé: Si vous avez deux intervenants qui
doivent s'entendre, vous allez multiplier par trois.
M. Giasson: Quand vous attribuez la faute d'une situation
à l'existence de deux gouvernements, c'est vrai, mais très
partiellement, et vous le savez fort bien, M. le ministre. Vous ne pourrez pas,
en cinq ans tout transformer le secteur de l'énergie et des ressources
si vous n'avez qu'un seul gouvernement au Québec. Vous savez cela mieux
que moi.
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: Vous allez devoir établir des
priorités. Cela, on a le moyen de se le payer, on peut le faire en deux
ans ou cinq ans. Cela, on ne le peut pas, ça doit attendre.
M. Bérubé: Et vous venez d'éliminer
l'inertie.
M. Giasson: Parce que même si c'est le gouvernement, ses
capacités d'exécuter des projets ressemblent étrangement
à la capacité qu'ont les citoyens individuellement dans
l'administration de leur budget ou des projets de développement.
M. Bérubé: Non, vous venez d'éliminer...
M. Giasson: Ce n'est pas miraculeux parce que c'est le
gouvernement. Il y a des règles de base qu'on ne peut pas
dépasser. Si on les dépasse, on est pris avec des
problèmes qui découlent des dépassements qu'on a choisis.
Vous pouvez prêcher votre thèse, à savoir que la
présence de deux gouvernements est un handicap fondamental et paralyse,
mais vous savez fort bien que ce n'est pas vrai.
M. Bérubé: Oui, vous en avez le plus bel exemple,
là.
M. Giasson: Ce n'est pas vrai, c'est vrai partiellement. Ce n'est
pas vrai fondamentalement. L'envergure du problème est une question de
choix entre beaucoup de choses...
M. Bérubé: Vous avez raison, il y a beaucoup
d'autres raisons.
M. Giasson: ... à réaliser, à
exécuter, et vous devez choisir. Donc, en choisissant, vous
éliminez d'autres projets ou vous retardez les projections. Vous revenez
toujours à votre question de deux gouvernements...
M. Bérubé: C'est parce que vous avez un niveau de
décision qui n'a pas à tergiverser, il peut prendre rapidement la
décision. Alors, vous avez éliminé toutes les lenteurs,
toutes les indécisions qui viennent d'un désaccord entre deux
niveaux de gouvernement. D'ailleurs, vous avez fait partie d'un gouvernement au
pouvoir. Vous savez à quel point il est difficile d'amener deux
ministères à travailler ensemble. Pourquoi? Parce que vous avez
deux centres de décision et les priorités de l'un correspondent
rarement aux priorités de l'autre et il faut souvent l'autorité
d'un premier ministre ou l'autorité d'un Conseil des ministres pour
arriver à concilier les choses et obliger les ministères à
travailler ensemble. Lorsque vous vous retrouvez avec deux niveaux de
gouvernement où il n'y a pas cette autorité supérieure qui
force à travailler ensemble, à ce moment-là, on se perd
dans les dédales de conflits politico-administratifs entre deux niveaux
de gouvernement qui nous amènent à 197 chevauchements
administratifs entre les programmes du gouvernement fédéral et
les programmes du gouvernement provincial, avec des centaines et des centaines
de conférences fédérales-provinciales, avec des rencontres
à n'en plus finir de fonctionnaires pour tenter d'harmoniser, avec une
incapacité à prendre des décisions parce que plus vous
avez d'intervenants, plus les décisions sont difficiles à
prendre, et finalement c'est la paralysie totale du système
gouvernemental qui fait dire à beaucoup que nous sommes
surgouvernés.
Le Président (M. Laberge): Le programme 7 sera-t-il
adopté?
M. Giasson: M. le Président, il faut encore ramener le
ministre à la raison. Il n'y a pas d'incapacité à
gouverner à l'intérieur d'un système
fédéral. Il n'y a pas d'incapacité, aucunement. Il peut y
avoir des problèmes, je le concède, je le conçois, mais
d'incapacité ou de paralysie totale, c'est faux. Je ne peux pas accepter
cela.
M. Bérubé: Je n'ai pas dit de paralysie totale, une
jambe.
M. Giasson: Quand, dans les objectifs poursuivis au programme 7,
on veut développer une
approche nouvelle d'encouragement à l'expansion des
marchés existants et la recherche de nouveaux marchés, qu'est-ce
que cela représente exactement, l'expansion des marchés
existants?
M. Bérubé: Je pense qu'ici, on fait
référence, disons, à l'industrie du sciage et des panneaux
ou autres plutôt qu'à l'industrie des pâtes et papiers.
Evidemment, les marchés extérieurs ou outre-mer demandent plus de
capacités ou d'envergure pour les atteindre. On veut prêter notre
concours pour trouver ces marchés et les atteindre d'une façon
stable.
M. Giasson: Sur l'expansion des marchés existants, ce
serait surtout par la création ou la mise en place de nouveaux produits
ou de l'utilisation nouvelle de la ressource de la matière ligneuse.
M. Bérubé: Les produits existants également,
surtout dans le domaine du bois de sciage.
Diversification des marchés, pénétration des
marchés européens, par exemple.
M. Giasson: Je parle des marchés existants, on n'a pas
tellement de marché européen au moment où on se parle, il
y a des approches qui se font depuis de récentes années, mais ce
n'est pas encore vraiment la réussite absolue. Cela progresse
lentement.
M. Bérubé: Cela pourrait être le sens de
l'action de cette direction, d'effectuer des prospectives des marchés
étrangers et de voir dans quelle mesure, justement, on ne pourrait pas
diversifier l'écoulement de notre production, de manière à
être moins sensible, par exemple, aux cycles économiques, les
cycles de la construction américaine, par exemple, qui sont souvent
déphasés par rapport aux cycles européens, ce qui aurait
l'avantage d'amenuiser l'impact négatif d'une situation de l'industrie
de la construction américaine sur la rentabilité de notre
industrie du sciage. C'est essentiellement une certaine stabilisation de notre
industrie, ça peut être intéressant.
Vous avez également, dans le domaine du bardeau de cèdre,
un regroupement intéressant, avec Sovebec, des producteurs de notre
région. On peut parler de Montmagny-L'Islet comme faisant presque partie
du Bas-du-fleuve et ces producteurs se sont regroupés dans Sovebec pour
la mise en marché, surtout du bardeau de cèdre mais
également, de plus en plus, du bois de sciage et c'est évidemment
un facteur de stabilisation et même d'augmentation des prix obtenus sur
le marché. Je pense que ce sont des initiatives qui me paraissent
extrêmement intéressantes, et que le ministère devrait
encourager.
On peut également parler de projets comme à un moment
donné, un industriel européen nous soulignait des besoins de
petites planchettes de peupliers, je crois, produits qui n'étaient pas
fabriqués au Québec et dont on ignorait complè- tement
l'existence. En d'autres termes, souvent, l'étude des marchés
européens où on est beaucoup moins difficile sur la
qualité ou la nature du produit, dans la mesure où il y a
relativement peu de matière ligneuse, ou elle est trop coûteuse,
on a souvent accepté des succédanés qui pourraient nous
permettre d'exploiter des essences considérées comme non
commerciales présentement au Québec et qui pourraient
acquérir une certaine valeur.
Il y a donc un certain nombre de facteurs qui pourraient nous permettre
de rentabiliser un peu mieux nos exploitations forestières et je pense
que c'est dans ce sens qu'on parle de développement de nouveaux
marchés.
M. Giasson: Dans le domaine de l'industrie du sciage, nous savons
que plusieurs industries parmi les plus importantes ont, au cours des
récentes années, fait un peu de recherche et réinvesti
dans la possibilité d'aller vers de nouveaux marchés, surtout en
Europe et au Moyen-Orient. Ce sont des actions concrètes prises par
l'industrie elle-même par différents intervenants dans
l'industrie. Mais vis-à-vis du ministère, vis-à-vis du
gouvernement, quelles sont les actions concrètes, depuis deux ou trois
ans, qui ont été menées, est-ce que c'est par le biais des
maisons du Québec à l'extérieur, du côté de
l'Europe ou d'autres pays à potentiel de développement? Qu'est-ce
que le ministère, concrètement, a posé comme geste
équivalent à ceux que l'industrie a pu mener depuis deux ou trois
ans?
M. Bérubé: II y a eu plusieurs missions
industrielles organisées par le ministère de l'Industrie et du
Commerce, justement, et dans ces missions on invitait des industriels du sciage
à rencontrer les gens outre-mer, au Moyen-Orient. Les industriels du
sciage viennent de participer à une mission en Arabie Saoudite et en
Egypte, ça vient juste de se terminer. Cela découvre de nouveaux
marchés.
M. Giasson: Les coûts de ces délégations, de
ces missions, sont absorbés par...
M. Bérubé: Ils sont assumés, en partie, par
les industriels et en partie par le ministère de l'Indue trie et du
Commerce.
M. Giasson: L'Industrie et Commerce. L'expérience
vécue après la conduite de ces missions à
l'étranger, est-ce qu'on peut dire que c'est très positif, comme
résultat, depuis que cela a été mené, en
matière de capacité de développer des marchés?
Autrement dit, les commandes qui peuvent découler du passage de ces
missions sont-elles intéressantes?
M. Bérubé: Déjà cela commence
à donner des résultats valables. Je peux vous mentionner que
l'Egypte représente un bon marché. Je connais une industrie de
sciage qui va exporter en Italie
des planches de petite dimension, de cinq, six et sept pieds, chose
qu'on ne faisait pas avant. Ce sont les résultats de ces missions. Le
Moyen-Orient est maintenant atteint. Par exemple, la Société
Boscus exporte beaucoup de bois qui provient de nos scieries. C'est
peut-être rendu à un volume de $50 000 000 par année, chose
qu'on ne faisait pas avant. Boscus a participé à des missions
organisées par le ministère et a découvert des
marchés. D'autres industries de sciage le font aussi.
M. Giasson: Etes-vous conscient de l'inquiétude des
industriels du sciage? Je ne sais si c'est général pour tout le
Québec, mais ce l'est dans une région comme la mienne. Ils ont
connu une saison 1979 exceptionnelle, jusqu'à la fin de septembre,
début octobre, mais depuis ce moment-là, ces gens sont
très inquiets sur la capacité d'écouler les inventaires.
Ils ont profité, on le sait, d'une demande du marché
américain, entre autres, qui a été plus
élevée que jamais dans l'histoire du sciage au Québec; ils
ont profité également de la différence du taux du dollar
canadien par rapport au taux du dollar américain. Mais, avec les
changements qui se produisent aux Etats-Unis, l'augmentation draconienne des
taux d'intérêt, la demande du marché américain s'est
affaiblie très fortement. On a maintenant des industriels du sciage qui
se demandent comment elles vont traverser l'année 1980, compte tenu des
inventaires de bois usiné, de bois scié, qu'il y a dans les cours
depuis quelques mois, compte tenu également du volume de billots qui
sont dans les cours de ces scieries. Vous savez que, pour ces industriels,
financer cela, ces mois-ci, ne sera pas facile. Les rappels de leurs
gérants de banque nous indiquent que cela va coûter joliment plus
cher que cela coûtait l'an dernier ou il y a deux ans.
M. Bérubé: Connaissant le cycle dans l'industrie du
sciage, on sait que c'est cyclique, tous les quatre ou cinq ans, cela revient,
ces problèmes, le ministère veut collaborer pour trouver un
nouveau marché et étendre le marché actuel. C'est en
raison de cette connaissance on sait que ces problèmes vont
revenir qu'on cherche et qu'on travaille dans ce sens.
M. Giasson: Mais si la situation ne se rétablissait pas au
cours des prochains mois, le ministère prévoit-il des mesures,
commence-t-il à examiner les mesures possibles pour aider l'industrie?
On pourra me dire qu'on n'est pas rendu à ce point-là, mais il
reste tout de même que, présentement...
M. Bérubé: REXFOR effectue présentement une
réflexion.
M. Giasson: Ce n'est pas l'optimisme dans le secteur du
sciage.
M. Bérubé: Non. REXFOR a en cours une
réflexion sur la constitution d'un fonds d'aide à la petite
industrie du sciage. Il m'apparaîtrait que ce n'est peut-être pas
à REXFOR de subventionner l'industrie du sciage, puisque REXFOR est un
concurrent de cette industrie et doit avoir des objectifs commerciaux, mais la
réflexion qui a cours présentement à REXFOR pourrait
être avantageusement reprise au ministère qui, comme je vous le
disais, est à se doter d'une équipe de bonne taille. On me
donnait tantôt le nombre de personnes; vous avez un sous-ministre
adjoint, onze personnes qui travaillent à l'industrie des pâtes et
papiers, et il faut s'attendre encore à une dizaine d'autres personnes,
donc à peu près à 20 personnes, c'est une bonne taille
pour une équipe s'occupant de développement industriel. Je pense
donc qu'à ce moment-là, dans le cadre d'opération de cette
direction, ce serait envisageable éventuellement. Il n'y a pas lieu pour
l'instant de s'alarmer.
En général, l'industrie voit souvent d'un très
mauvais oeil les interventions gouvernementales en période de grande
prospérité et, au contraire, elle s'empresse de crier à
l'aide dès que les années sont un peu moins bonnes. Je pense
qu'il faut également que notre industrie apprenne ce que c'est que
l'industrie du sciage et qu'elle réalise qu'elle est cyclique et que,
par conséquent, il faut parfois se bâtir des fonds de roulement,
de manière à faire face aux mauvaises années. Il ne faut
pas se porter au secours d'une industrie dès le premier cri. Cependant,
il est sage d'examiner quelle sera la réaction gouvernementale. Je vous
soulignerai, par exemple, ce que nous avons fait dans le cas de l'industrie
minière, lorsque les prix du cuivre se sont effrondrés. Nous
avons mis sur pied ce programme d'aide à l'industrie minière en
vertu duquel nous pouvions offrir une subvention à l'industrie en
difficulté, subvention telle que les coûts de fermeture de la mine
auraient entraîné un déficit plus grand que le maintien des
opérations, compte tenu de la subvention gouvernementale. (16 h 45)
En d'autres termes, l'entreprise ne faisait pas de profits avec la
subvention gouvernementale, mais elle faisait moins de pertes qu'en fermant; ce
qui a amené notre industrie québécoise à ne pas
fermer, à se maintenir en opération. La conséquence, c'est
que, lorsque le prix du cuivre s'est rétabli fort heureusement,
nous avions d'excellents économistes au ministère, meilleurs que
ceux de l'industrie minière; nous étions moins pessimistes
effectivement, lorsque l'industrie a connu une période un peu plus
heureuse où les prix étaient bons, alors qu'aux
États-Unis, la capacité de production avait été
réduite de près de 30% la capacité de production
québécoise n'avait été affectée en aucune
façon; je pense que vous savez ce qui s'est produit, par exemple, en
Ontario, dans le cas du nickel et dans le cas des autres producteurs des
métaux de base l'industrie québécoise s'est
trouvée en très bonne posture au moment de la reprise du cycle
économique. Je pense que c'est un exemple de bonne politique
gouvernementale à laquelle vous faites sans doute allusion. C'est
envisageable.
M. Giasson: C'est évident que l'industrie privée,
pendant les années de vaches grasses, n'aime pas l'intervention du
gouvernement et pour cause, parce que ce sont les années où le
gouvernement vient chercher des blocs d'impôt fort importants. Je veux
bien croire qu'en général, les fonctionnaires qui travaillent
dans les ministères sont moins sujets au pessimisme que ceux qui ont
investi et qui ont pris des risques.
M. Bérubé: Vous avez raison de dire les
gouvernements, parce qu'en fait, des études ont montré que, dans
le cas particulièrement de l'industrie forestière, je crois, 55%
des entrées fiscales vont au gouvernement d'Ottawa, 35% au Québec
et la différence à l'industrie comme telle.
M. Giasson: La différence des entrées fiscales va
à l'industrie.
M. Bérubé: Oui, pour les exploitations
forestières. C'est une étude de Reed, je crois, qui a
été faite pour le gouvernement fédéral et qui
montre que le gouvernement qui profite le plus de la santé et de la
prospérité de l'industrie forestière, c'est le
gouvernement fédéral.
M. Giasson: Oui, dans le secteur des corporations, non pas dans
le secteur d'un seul propriétaire.
M. Bérubé: Ah oui! je suis d'accord avec vous.
M. Giasson: Pour un propriétaire unique, ce n'est pas le
fédéral qui prend la plus grosse part.
Le Président (M. Laberge): ... pour le programme 7.
M. Giasson: On projette également d'apporter de l'aide
technique et administrative aux petites et moyennes entreprises. Cela va
prendre quelle forme précisément?
M. Bérubé: C'est à déterminer. Je
faisais référence tantôt à cette réflexion en
cours à REXFOR que je demande à mon ministère de
compléter, dans le mesure où, je pense, en tout cas, que, si
REXFOR a un rôle dans le développement industriel au
Québec, REXFOR a un rôle en tant qu'intervenant corporatif et non
en tant qu'organisme qui subventionne. A cet égard, je pense que nous
avons déjà une Société de développement
industriel qui peut subventionner les investissements, le développement
dans les petites et moyennes entreprises du sciage et, par conséquent,
il n'y a pas lieu de tenter de dédoubler, sauf qu'au niveau possible
d'une aide conjoncturelle, comme on disait tantôt, il pourrait y avoir
une action gouvernementale, si elle s'avérait nécessaire. On ne
peut pas parler présentement d'une politique gouvernementale, il n'y en
a pas, mais disons que c'est le type de réflexion qui va avoir cours au
ministère au cours de l'année, "en prévision de".
M. Giasson: Je reviens à la question de l'industrie des
pâtes et papiers. Est-ce que ce sont à peu près toutes les
compagnies ou toutes les usines au Québec qui ont soumis des plans de
rénovation et de transformation?
M. Bérubé: 90% des usines sont affectées par
le programme.
M. Giasson: S'agit-il surtout, pour certaines usines, de
transformation et d'amélioration de la production, c'est-à-dire
de modifier certains éléments de l'usine en vue de rendre cela
moins polluant, ou est-ce que cela porte surtout sur une capacité plus
grande de production ou d'efficacité?
M. Bérubé: $100 000 000, à ma connaissance,
sont à l'accroissement de la capacité de production. Vous avez,
comme je vous le soulignais tantôt, $300 000 000 qui allaient à
des mesures d'économie, de conservation et d'utilisation de
l'énergie. Dans le domaine de la pollution, c'étaient $500 000
000. Mettez $2 000 000 000 moins tout cela et cela vous donne à peu
près ce qui va dans la modernisation comme telle.
M. Giasson: $2 000 000 000? Vous n'avez pas $2 000 000 000
d'engagés à ce moment.
M. Bérubé: CPPA a terminé une étude
des intentions d'investissement et devait conclure que 45% des intentions
d'investissement dans le secteur forestier au Canada étaient
situées au Québec, contre, comme le soulignait le
député...
M. Giasson: Intentions qui sont échelonnées ou sont
prévues sur combien d'années?
M. Bérubé: C'est un plan quinquennal, donc de cinq
ans.
M. Giasson: Cinq ans, les projections ou les intentions de
l'ensemble de l'industrie papetière.
M. Bérubé: C'est cela. Pour lequel l'industrie
accepte de signer un protocole d'entente. C'est la première fois que
l'industrie accepte de s'engage avec le gouvernement dans des intentions
précises d'investissement sur cinq ans, ce qui va nous permettre de
jauger beaucoup mieux la performance. Souvent, nous avons des programmes
ouverts à la SDI, mais il n'y a pas de critère de performance du
programme. Il n'y a pas de plan quinquennal de planifié. Donc, on ne
peut pas savoir dans quelle mesure le programme s'est avéré un
succès, tandis que dans le cadre d'un plan quinquennal on peut toujours
comparer la réalité des constructions avec les protocoles
d'entente qui ont été conclus entre le gouvernement et
l'industrie. C'est donc une formule extrêmement intéressante
je ne dirais pas de société mixte, parce que finalement on
a véritablement respecté l'autonomie des entreprises mais
de coopéra-
tion entre le gouvernement et l'industrie qui est unique dans l'histoire
de l'économie du Québec et qui vaut la peine d'être
soulignée.
M. Giasson: Dans les pâtes et papiers, est-ce que vous avez
pu identifier différents éléments qui ont contribué
à la reprise assez importante des achats, entre autres, par nos voisins
du Sud, les Américains? On se souvient très bien qu'il y a
à peine trois ou quatre ans l'industrie des pâtes et papiers au
Québec se voyait aux prises avec un accroissement de ses inventaires au
point de devoir diminuer la production, diminuer les achats de matières
premières et diminuer la production dans les usines, parce qu'à
ce moment la demande venant soit du marché américain ou d'autres
marchés possibles, mais principalement du marché
américain, était telle que les compagnies n'avaient pas le choix,
il fallait qu'elles acceptent de produire moins. Est-ce que c'est attribuable
uniquement et d'abord au taux de change du dollar canadien contre le dollar
américain?
M. Bérubé: Fondamentalement, pas. La projection de
l'accroissement de la demande américaine en papier journal était
de l'ordre de 2% par année jusque dans les années 1985. Si je ne
m'abuse, elle dépasse 4% vérifiés. Donc, il y a eu une
croissance de la demande supérieure à ce qui avait
été anticipé, largement due sans doute au fait que la
récession que l'on envisageait ne s'est pas matérialisée,
que l'industrie a maintenu un rythme de croissance j'entends
l'économie aux Etats-Unis plus élevé
qu'anticipé, et finalement la demande en papier journal qui est en
général liée à l'épaisseur des journaux
américains où l'annonce classée joue un rôle
important, a donc crû plus rapidement qu'anticipé. En même
temps, l'industrie américaine est caractérisée et a
toujours été caractérisée par un rythme de
production quasi de 100%, ce qui fait que l'industrie américaine n'est
pas en mesure d'absorber la fluctuation de la demande et ce sont les
producteurs québécois qui ont absorbé les fluctuations de
la demande. La raison en est facile à comprendre: la marge de profits du
concurrent américain est supérieure à la marge de profits
du concurrent anadien, ce qui donne évidemment une marge de manoeuvre
beaucoup plus grande au producteur américain, ce qui lui permet de
soutenir la concurrence et de maintenir toujours sa part de marché,
d'une part. Egalement, soulignons que des grèves importantes en 1975,
par exemple, ont contribué certainement à déstabiliser un
peu le marché que le Canada s'était acquis aux Etats-Unis dans ce
secteur particulier.
Depuis, nous avons pu assister, grâce à la
dévaluation du dollar canadien, au rétablissement d'une bonne
partie du pouvoir concurrentiel de l'industrie québécoise, et il
faut compter qu'avec le programme actuel de modernisation, d'aménagement
forestier pour rapprocher le bois des usines, de voirie forestière pour
réduire les coûts, il faut donc compter sur le fait que
l'industrie forestière québécoise va, non seulement
être con- currentielle mais, si le dollar canadien devait se maintenir
à $0.85, nos coûts de production seraient inférieurs
à ceux de nos concurrents américains livrés sur leur
marché. Ce qui veut dire que notre industrie serait en mesure de
soutenir toute guerre honnête de prix et, par conséquent, serait
normalement en mesure de maintenir ses marchés, ce qui devrait la mettre
peut-être un peu plus à l'abri des fluctuations de la demande
américaine.
M. Giasson: Toujours dans le secteur des pâtes et papiers,
il s'est produit un phénomène, du moins dans nos régions,
qui fait qu'on a des quantités de bois à pâte nettement
supérieures à ce que nous avions depuis quelques années.
D'abord, il y a les méfaits de la tordeuse du bourgeon d'épinette
qui ont forcé les propriétaires de l'industrie privée,
mais surtout les petits propriétaires, à couper plus, et les
conditions qu'on a eues au cours de l'hiver ont favorisé
également la coupe. On se retrouve, dans certaines régions, avec
des stocks, des inventaires de bois à pâte qui dépassent
définitivement les quantités qui ont été
négociées entre certains offices ou syndicats de producteurs et
les compagnies, à un point tel que des offices de producteurs au
Québec ont été obligés d'aviser
sévèrement les producteurs de bois de cesser la coupe,
d'arrêter la coupe, parce que les volumes déjà
exploités dépassent largement les volumes des contrats
signés entre les offices de producteurs de pâtes et papiers.
D'accord, l'industrie va accepter les quantités qu'elle a convenu
de recevoir au cours de l'année 1980, mais on va être pris avec un
certain nombre de petits producteurs qui auront à supporter des
quantités de bois que l'industrie ne pourra pas prendre cette
année.
M. Bérubé: La demande est fort heureusement encore
très forte. Cependant, une étude récente effectuée
au ministère sur l'aménagement de la forêt privée
nous a amenés à conclure que, par exemple, dans votre
région, au Québec-sud, je crois que nous avions, pour les
résineux, des coupes en excédent de la possibilité par
plus de 100% et, lorsqu'on examinait l'ensemble du Québec,
c'était malheureusement le triste portrait qui nous amenait à
conclure qu'au Québec, sauf en forêt privée, on coupait
plus que la possibilité. Il n'y à rien de plus nocif qu'une telle
pratique. C'est peut-être moins dramatique dans le cas de l'industrie de
la pâte, mais, dans le cas de l'industrie du sciage, ça se traduit
par une réduction assez rapide du diamètre moyen des tiges et,
très rapidement évidemment, on prive l'industrie du sciage d'une
source d'approvisionnement et celle-ci est amenée à fermer.
Dans le cas de l'industrie des pâtes et papiers qui peut
s'accommoder de bois de plus en plus petit, on n'a qu'à regarder les
chargements de bois qui nous arrivent de Québec-sud. On a parfois
l'impression que ce sont des chargements d'allumettes pris chez E.B. Eddy et
ça, c'est un des dangers, à mon avis, d'une surexploitation de
la
forêt privée et de là l'importance des efforts
d'aménagement intensifs et de plans de gestion dans lesquels le
ministère s'est engagé mais, malheureusement, c'était au
programme 4.4. Il aurait fallu en discuter à ce moment-là.
M. Giasson: D'abord, je ne mets pas en doute les efforts que le
ministère peut faire en vue d'avoir une meilleure gestion de la
forêt privée, au contraire. C'était là une chose
souhaitable. Il faut espérer que le ministère soit en mesure,
dans les années immédiates à venir, à consacrer des
ressources financières additionnelles, parce qu'on a du retard à
prendre de ce côté-là.
Non, ce n'est pas là que le problème se situe. Cela va
être la situation je soulève ça pour cette raison
que vont connaître certains producteurs. Je regarde dans la
région chez nous, la Côte-Sud. Vous avez cité
Québec-sud, qui est la région de la Beauce, de la vallée
de la Chaudière. On a le problème sur la Côte-Sud et ce
problème doit probablement se retrouver dans d'autres régions au
Québec, surtout les régions qui ont connu une dévastation
de certaines parcelles de forêt privée, comme dans la forêt
publique par la tordeuse du bourgeon d'épinette et, de toute
façon, au cours du dernier hiver, on a eu des conditions climatiques
hors pair, exceptionnelles, qui ont favorisé une coupe excessive. C'est
incroyable. Il s'agit de voyager sur les routes qui parcourent les secteurs
forestiers pour voir des quantités de bois à pâte, des
quantités de billots. Je connais beaucoup de producteurs qui ont
même offert de vendre des billots qu'ils ont coupés cet hiver et
qui, dans le moment, ne trouvent pas preneur. (17 heures)
M. Bérubé: Je voudrais rectifier mes commentaires
moqueurs de tantôt quand je disais que le député de
Montmagny-L'Islet ne parcourait pas son comté, car les informations
qu'il vient de nous donner concernant les inventaires de bois le long des
routes de son comté m'étaient confirmées il y a quelques
instants par mes propres fonctionnaires. Je rectifie ce que j'avais
affirmé, vous semblez effectivement voyager beaucoup dans votre
comté.
M. Giasson: C'est mon métier, c'est ma fonction, c'est
tout à fait ce que je dois faire.
Le Président (M. Laberge): Le programme 8 sera-t-il
adopté? Est-ce qu'il y a une autre question spéciale?
M. Giasson: Vous avez une note, M. le Président, à
la page 64, signalant qu'on aura recours à des spécialistes du
secteur privé afin de suivre l'évolution des usines marginales et
d'indiquer, s'il y a lieu, les mesures à prendre pour assurer la survie
ou la rentabilité de ces usines. Qu'est-ce que vous croyez que ça
peut changer à une situation d'usine marginale que de lui
déléguer des spécialistes du secteur privé?
M. Bérubé: En général, nous n'avons
pas au ministère et ce n'est pas là mon intention non plus
l'intention de développer des services d'ingénierie qui
nous permettent de faire des analyses fines des problèmes techniques
d'une entreprise pour lui venir en aide. A titre d'exemple, ce n'est
certainement pas le ministère des Terres et Forêts qui est en
mesure de juger si l'usine d'ITT à Port-Cartier peut être remise
en état et s'il y a une alternative au procédé actuel.
Dans ces cas-là, le ministère fait
généralement appel à des consultants, car, comme vous le
savez, nous avons d'excellents consultants dans le domaine de la foresterie au
Québec. Je pense à SNC, je pense à Cowan, pour n'en nommer
que deux et, en général, si vous avez observé cette
note-là, c'est qu'elle est située au niveau de services. Vous
remarquerez que cela passe de $211 000 à $464 000 de demandes de
services. La raison est que nous estimons qu'il y a encore un certain nombre de
canards boiteux, fort peu nombreux heureusement, mais pour lesquels en tout les
cas la population est en droit de s'attendre que le gouvernement fasse son
devoir quant à l'analyse réelle des chances de survie de
l'entreprise, de manière qu'on puisse dire le plus objectivement
possible que nous avons tout examiné.
Il arrive parfois qu'un regard neuf, une approche différente d'un
problème nous permettent de résoudre certains problèmes,
mais je dois dire que récemment on portait à mon intention le cas
d'un de ces canards boiteux où l'industriel estimait qu'il n'y avait pas
de possibilité et là, on commence à parler d'une lueur
d'espoir. On va peut-être découvrir demain que, au contraire, on
n'avait pas envisagé cette possibilité. C'est pour ça que
l'on augmente de façon assez importante, à la catégorie 4,
l'achat de services, le montant prévu pour de telles études. Je
ne voudrais pas mentionner par leur nom ces canards boiteux.
M. Giasson: Mais, dans ce domaine-là, quelle est
précisément la réduction du nombre d'usines de sciage au
Québec? Quand vous parlez de canards boiteux, c'est dans le monde du
sciage, ce n'est pas tellement dans les pâtes et papiers.
M. Bérubé: C'était surtout dans les
pâtes et, papiers.
M. Giasson: Les pâtes et papiers? Mais il doit y avoir eu
au cours des années toutes récentes une diminution du nombre
d'usines de sciage au Québec par rapport aux permis d'exploitation qui
existaient?
M. Bérubé: II y a un point qui a dû
apparaître je l'ai su quelque part dans le texte que je
vous ai remis, sinon dans mon intervention. Je m'excuse de ne pas me souvenir
où j'y ai fait allusion. Le ministère compte mettre sur pied
à l'intention de la petite industrie du sciage des bilans types, des
méthodes standardisées de calcul des coûts, de
manière à permettre à ces petits industriels de se doter
d'instruments de gestion peut-être plus modernes, plus adaptés
à l'industrie
contemporaine. C'est le ministère qui comptait faire ça,
mais avec l'aide de consultants. Dans le domaine de l'industrie du sciage, ce
serait peut-être, à ma connaissance, où nous ferions appel
à des services.
M. Giasson: Mais vous n'avez pas une idée de la
réduction du nombre de permis dans le secteur du sciage?
M. Bérubé: Cela ne diminue pas, cela monte. Il n'y
a pas de diminution. Nous avons une nouvelle politique depuis un an, concernant
ce que nous appelons les scieries de service. C'est la scierie qui n'a pas le
droit d'acheter de bois, qui n'a pas le droit de faire le commerce de gros du
bois, qui ne peut qu'offrir le service, c'est-à-dire offrir au
cultivateur de lui couper son bois moyennant une rémunération.
Effectivement, nous avons augmenté le nombre de tels permis parce qu'il
m'est apparu difficilement acceptable de vouloir se substituer au
propriétaire qui veut s'installer un banc de scie, qui veut scier pour
ses voisins, à ce moment-là, empêcher un producteur de
faire scier son bois par l'entrepreneur de son choix. Aussi, nous avons comme
politique de libéraliser l'émission de tels permis. Il s'agit
toujours de scieries de service...
M. Giasson: C'est nouveau ça?
M. Bérubé: Oui. Cependant, au niveau des scieries
commerciales, il n'y a pas d'augmentation des permis.
M. Giasson: Si j'ai bien compris, M. le ministre, vous avez dit
que vous aviez une perception plus large, plus ouverte en matière
d'émission de permis à de petites usines...
M. Bérubé: Pas des usines, appelons cela un banc de
scie, une scierie de service.
M. Giasson: D'usine de sciage. C'est une usine de sciage. Un banc
de scie, vous savez ce que c'est dans les faits.
M. Bérubé: Disons que c'est un peu
péjoratif.
M. Giasson: De petites usines de sciage. J'ai bien compris que
vous aviez une ouverture de ce côté-là, pour aider
davantage les propriétaires de petits boisés.
M. Bérubé: Cet opérateur de scierie ne peut
pas acheter le bois, ne peut pas en faire le commerce de gros; il ne peut que
scier à contrat le bois qui demeure la propriété du
producteur. Il s'agit donc d'un service offert au cultivateur. Il n'y a aucune
garantie d'approvisionnement pour les forêts publiques.
M. Giasson: II ne peut pas acheter de bois. M.
Bérubé: Non.
M. Giasson: C'est une condition, c'est une règle
absolue.
M. Bérubé: Sine qua non, oui.
M. Giasson: Même pour les petites usines de service qui
existaient il y a cinq, dix, quinze, vingt ans?
M. Bérubé: Non, parce que souvent celles-là,
on les assimile à des scieries commerciales maintenant.
Celles-là, on leur émet un permis commercial. La
différence fondamentale, c'est entre le petit industriel qui se
promène dans les rangs en offrant un service, soit de couper ou de scier
le bois d'un cultivateur, et lui remet les planches coupées, et la
scierie commerciale qui achète du bois en grume, le débite et le
revend souvent en faisant le commerce de gros et de détail. A ce
moment-là, il s'agit d'une scierie commerciale. Dans ce cas-là,
nous appliquons la Loi des terres et forêts qui nous dit que nous pouvons
émettre des permis d'usine en autant qu'il y a une possibilité
forestière disponible. Comme au Québec, dans ce
domaine-là, la possibilité forestière est nulle, on coupe
même plus que la possibilité forestière, cela nous
amène systématiquement à refuser à peu près
toutes les demandes de permis de type commercial. Mais on a jugé que
refuser d'émettre des permis de nature commerciale en vue de
protéger la ressource était non seulement justifié, mais
nécessaire, compte tenu de la Loi des terres et forêts; par
contre, permettre à un cultivateur de faire couper à son usage
personnel son propre bois, nous avons estimé que c'était
pratiquement s'immiscer dans les affaires personnelles des individus et,
à ce moment-là, on fait preuve de plus de...
M. Giasson: Vous tolérez.
M. Bérubé: Non seulement nous tolérons, mais
nous donnons un permis d'usine de service.
M. Giasson: Au petit propriétaire de boisé qui
aurait une petite scierie artisanale, comme on en avait tellement autrefois, en
grand nombre, vous acceptez d'émettre des permis plus facilement.
M. Bérubé: En d'autres termes, vous pouvez
installer un banc de scie dans votre cour sans que le ministère ne vous
l'interdise. On vous émettra un permis.
M. Giasson: Je veux bien croire qu'un banc de scie... S'il
fallait que le ministère émette un permis pour un petit banc de
scie...
M. Bérubé: C'est à peu près cela.
M. Giasson: J'avais l'occasion de voir récemment le
dossier de quelqu'un qui détient déjà un permis mais qui
demande une extension de son permis. Je comprenais difficilement que le
ministère hésite à émettre ce permis. Je le signale
en
passant puisqu'on discute de la question de permis à de petites
usines. La personne en cause, l'entreprise en cause détient un permis
qui lui permet de scier un volume de peupliers, un volume de bois franc, de
feuillus ce sont des billes de longueur courte et un certain
volume de cèdre. Mais dans l'entreprise il y a un marché naturel
qui existe: on vend de la planche étroite qui sert à fabriquer
des panneaux de clôture pour des cours, pour entourer des piscines, etc.
Le détenteur du permis en question voulait avoir également
l'autorisation, au-delà des volumes décrits dans les trois types
que je viens de mentionner, la possibilité de scier des billes de six
pieds de long, dont le diamètre se situe entre trois pouces et demi et
six pouces. Il semble qu'on hésite au ministère à le lui
accorder, parce que d'autres industriels du sciage auraient fait des
démarches et jugé qu'il y avait déjà une
surcapacité de sciage dans les billes plus longues et plus courtes.
Effectivement, le type de permis ou l'extension de permis recherchée par
l'usine ne dérange en rien la condition des scieries existantes dans la
région.
Autrement dit, c'est du bois à pâte que des cultivateurs
vont scier; au lieu de le couper à quatre pieds, ils vont le couper
à six pieds, parce qu'il s'agit de billes qui ont de trois pouces et
demi à six pouces. Cela ne cadre pas beaucoup avec la capacité
d'approvisionnement de l'industrie en général, telle qu'on la
connaît.
M. Bérubé: Je comprends, M. le député
de Montmagny-L'Islet, que vous avez l'intention de découper ces pages du
journal des Débats et de les envoyer à votre commettant pour lui
montrer que vous vous occupez activement...
M. Giasson: Ou tout. M. le ministre, je suis obligé...
M. Bérubé: ... de son problème.
M. Giasson:... de vous déclarer que vous êtes
totalement dans l'erreur. Je ne soulève pas ça pour le commettant
et d'ailleurs je n'ai jamais envoyé de pages du journal des
Débats dans mon comté en dix ans de vie politique.
M. Bérubé: Disons que c'est un cas un peu
particulier qu'il me paraît difficile de régler à la table
de cette commission.
M. Giasson: Je ne demande pas de le régler aujourd'hui, je
le porte à votre attention.
M. Bérubé: Je pense que ce serait plus facile de le
porter en détail à mon attention, ça me ferait plaisir de
le regarder. La problématique est essentiellement liée à
une estimation que le ministère fait de la possibilité. Si
l'industriel en question veut augmenter le volume de bois qu'il va scier en
l'achetant de particuliers produisant du bois dans la région et qu'il y
a présentement suffisamment ou trop de permis d'usine d'émis
compte tenu de la possibilité forestière du territoire, dans ces
conditions, la loi oblige le ministère à refuser
l'émission du permis. Je pense que vous admettrez avec moi que la loi a
quand même été faite pour guider le ministère et
elle représente la volonté du Parlement, volonté qui est
imposée à l'administration. Par conséquent, si tel est le
cas, si effectivement la possibilité forestière est
excédée, le ministère se verra dans l'obligation de
refuser le permis.
M. Giasson: Si c'était le cas, mais, comme ce n'est pas le
cas, ça vaut la peine d'examiner la demande à son
mérite.
M. Bérubé: Ah oui! Si la possibilité
forestière n'est pas excédée, je pense que vous avez
parfaitement raison. C'est pour ça que je vous dis que c'est difficile
de trancher autrement que sur la base de principes généraux.
M. Giasson: Effectivement, le cas que je porte à votre
attention demande une extension de permis pour utiliser des billes qui,
présentement, sont destinées au bois de pulpe, comme on dit
couramment. C'est de la petite bille qui est courte. Donc, en
général, le cultivateur ne coupe pas du six pieds pour
répondre aux besoins de cette petite industrie, il va le convertir en
bois de pulpe, il ne fera pas des billots de douze pieds.
Il m'apparaît qu'on ne devrait pas tarder à émettre
un tel permis, surtout que les volumes requis par le requérant sont des
volumes assez faibles par rapport...
M. Bérubé: Ce sont toujours de faibles volumes dont
la somme donne un total élevé. C'est ça le
problème. Ce serait toujours simple s'il n'y avait qu'une seule demande.
Mais si vous accordez une demande, le voisin nous dit: Pourquoi lui et pas moi.
Si vous généralisez à l'échelle du Québec,
vous vous retrouvez avec un problème de gestion inadmissible
où... (17 h 15)
M. Giasson: Je peux bien croire, là où il y a des
voisins qui scient des billes de quatre pieds, mais quand c'est la seule usine
dans une vaste région qui scie du quatre pieds, je vous assure que les
voisins sont loin avant d'intervenir.
M. Bérubé: Je crois que cela s'examine au
mérite.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que le programme 7 est
adopté? Ou avez-vous d'autres questions?
M. Giasson: Comme il s'agit de développement de
l'industrie forestière, certains projets dont on entend parler depuis
des années, comptez-vous pouvoir apporter votre appui au
ministère de l'Energie? Par exemple, on parle de l'usine de la
vallée de la Matapédia qui est un dossier qui flotte depuis des
années.
M. Bérubé: Depuis des années, oui. Mais je
pense...
M. Giasson: Mais qu'est-ce qui retarde la décision
politique de procéder dans ce dossier, honnêtement?
M. Bérubé: Certains compléments
d'études en ce sens que les études d'inventaires
détaillés, approvisionnement, de coûts de bois sont
terminées. Les études de préfaisabilité sont
engagées, la firme s'y applique présentement. On devrait avoir
les résultats rapidement. Il ne manque qu'une seule étude majeure
qui devrait d'ailleurs nous être livrée bientôt, au cours
des semaines qui viennent. Il s'agit d'une étude comparative de sites,
en ce sens que tous les sites n'ont pas les mêmes avantages
économiques. Il y a des problèmes d'infrastructure urbaine, de
services, il y a des problèmes d'affluents récepteurs des eaux
usées et de leur capacité d'absorber de telles eaux usées.
Cela peut être particulièrement dramatique dans le cas d'une
implantation sur une rivière à saumons, donc représenter
des difficultés.
Je vous soulignerais par exemple que l'une des premières mesures
que nous avons adoptées comme gouvernement a été la
construction d'un tuyau de six milles de long pour faire en sorte que l'usine
de Saint-Félicien ne décharge pas dans la Chamouchouane mais
décharge directement dans le lac Saint-Jean, de manière à
éviter que la rivière je crois que c'est 85% ou 90% de la
ouananiche qui va y frayer puisse un jour, par malchance, être
polluée, par suite d'un mauvais fonctionnement des installations
soi-disant sûres à 100%. Mais vous savez ce que c'est que la
sécurité à 100%. Le coût était
élevé, près de $6 000 000 pour protéger une
espèce qui n'avait pas d'autre cours d'eau pour frayer.
Quand on sait par exemple l'importance de la protection du saumon
actuellement, quand on sait que c'est une espèce très
sérieusement menacée dans le monde et quand on sait que la
pêche commerciale a été bannie dans l'est canadien, la
pêche côtière par exemple depuis maintenant 125 ans, ce qui
représente des pertes de centaines de millions de dollars pour nos
pêcheurs côtiers, on se rend bien compte que pour arriver à
prendre une telle décision, je crois qu'il n'y a pas d'autre solution
que d'examiner systématiquement, méthodiquement, les avantages et
les inconvénients de tous les sites. Il y a certains sites qui sont
éliminables a priori maintenant, compte tenu qu'on connaît mieux
la localisation du bois. Il y a des sites qui n'ont pas de signification
économique. Mais par contre, il y a d'autres sites qui sont plus
polyvalents. On peut se retrouver avec des sites équivalents ou avec
d'importantes différences entre les sites, compte tenu de certains
problèmes. A ce moment-là, on aura tous les
éléments en main pour juger.
Un site moins avantageux sur le plan environnemental peut simplement
exiger une installation de traitement des eaux qui amène une
recirculation totale des affluents dans l'alimentation de l'usine. A ce
moment-là, il n'y a pas de pollution parce qu'il y a une recirculation
à 100%. Un tel procédé existe et il est forcément
plus coûteux. Il faut en évaluer le coût de manière
à savoir exactement ce qu'implique l'implantation à un endroit
plutôt qu'à un autre.
M. Giasson: Mais dans le projet de la vallée de la
Matapédia, n'est-il pas exact qu'il y a déjà un bon laps
de temps, on aurait confié à REXFOR le mandat de faire un travail
assez poussé sur ce dossier, pour voir d'abord le potentiel forestier du
secteur et sa rentabilité? Que vous révèle
précisément ce rapport?
M. Bérubé: II nous révèle un volume
de bois je ne voudrais pas vous induire en erreur de 180 000
cunits de matière ligneuse dont la distance moyenne de transport
à Amqui par exemple, si on prenait un site, seait de 35 milles; donc,
c'est une très faible distance moyenne de transport. Quand on sait que
la moyenne québécoise est de 150 milles, cela vous donne une
petite idée.
Il y a donc une matière ligneuse très près du
centre de la vallée de la Matapédia. On peut l'estimer comme
étant une des sources à meilleur marché parmi toutes les
sources d'approvisionnement au Québec. Il y a là un volume
suffisant pour l'implantation au moins d'une machine à papier. Cela fait
donc partie des éléments qui sont à notre disposition
maintenant. A ma connaissance, oui.
M. Giasson: Cette ressource existe pour une longue période
de temps à l'intérieur d'un projet... Pardon?
M. Bérubé: A perpétuité.
M. Giasson: A perpétuité, sans déranger les
approvisionnements que vous avez déjà consentis à d'autres
industries du secteur.
M. Bérubé: Exactement.
M. Giasson: Cela ne retire rien à la capacité
d'approvisionner d'autres usines dans le domaine du sciage.
M. Bérubé: II s'agit d'un ajout industriel.
M. Giasson: Si je vous comprends bien, M. le ministre, le dossier
serait à un point joliment avancé.
M. Bérubé: Très avancé.
M. Giasson: C'est une question de déterminer le site qu'on
doit retenir.
M. Bérubé: C'est une question de quelques semaines
encore, c'est-à-dire une question d'obtenir des études puisque,
présentement, je suis convaincu que les consultants ont tous les
éléments en main pour rédiger leur rapport. Ils sont
également en train de rédiger leur rapport. Cela veut
dire que, d'ici quelques semaines, nous serons en mesure d'avoir tous
les éléments en main pour trancher.
M. Giasson: II y aura une décision politique très
prochaine.
M. Bérubé: Oui. Vous savez la rapidité avec
laquelle nous prenons les décisions politiques.
M. Giasson: C'est incroyable!
M. Bérubé: II nous faudra sans doute un an et demi
ou deux ans pour attendre la participation du fédéral, mais, que
voulez-vous, cela ne fait pas partie du même débat.
M. Giasson: Non, mais le ministre responsable là-bas
semble très ouvert surtout vis-à-vis de ce dossier.
M. Bérubé: Oui, c'est ce que j'ai
apprécié d'ailleurs. Récemment d'ailleurs, je
m'étais simplement interrogé dans une lettre fort polie...
M. Giasson: C'est peut-être un dossier chéri par
lui.
M. Bérubé: ... que je lui adressais pour lui
demander effectivement ce que voulaient dire certaines de ses
déclarations. Cependant, il a grimpé dans les rideaux au moins au
quatrième étage, d'un coup sec, et je n'ai pas trop compris
pourquoi.
M. Giasson: Récemment?
M. Bérubé: II semble effectivement très
engagé dans le dossier. Je trouve cela parfait d'ailleurs.
M. Giasson: Cela va bien aller. Pour une fois, le
fédéralisme va bouger.
M. Bérubé: II va bouger. Oui, parce qu'il suffit
d'une demande de renseignements pour le faire grimper dans les rideaux à
quatre étages. Imaginez la vitesse avec laquelle il va nous accorder les
sommes nécessaires, lorsque le temps viendra.
M. Giasson: Je dis cela en prêtant des paroles au ministre.
C'est moi qui le déclare, mais dans le sens de la pensée du
ministre, ce qui est différent. L'usine de la vallée, c'est donc
pour 1980.
M. Bérubé: Je ne suis pas un spécialiste des
marchés du papier journal.
M. Giasson: Oui, mais cette partie est réglée,
c'est le site qu'il reste à régler ou on ne comprend pas, on ne
voit pas cela, je n'ai pas saisi les éléments que vous avez
donnés tout à l'heure.
M. Bérubé: Vous avez des partenaires
là-dedans; je ne prends pas toutes les décisions.
M. Giasson: Mais est-ce que c'est une implantation qui va se
faire par l'entreprise privée ou prévoyez-vous une participation
mixte d'entreprise mixte? La part de l'Etat serait de quel pourcentage?
M. Bérubé: Mixte. Je suis incapable de le dire, si
ce n'est du même ordre que celle d'Amos.
M. Giasson: Le projet Manic-Perron-Donohue. M.
Bérubé: Manic-Perron-Donohue.
M. Giasson: Donohue, oui. Il ne faut pas oublier. Manic-Perron,
est-ce un dossier où le fédéral a fait savoir son
acceptation ou est-ce encore à l'état d'étude?
M. Bérubé: C'est le député de
Montmagny-L'Islet qui l'étudie.
M. Giasson: L'engagement que le Québec est prêt
à prendre est-il connu?
M. Bérubé: II est connu; la décision est
prise au Conseil des ministres.
M. Giasson: Elle est connue. De quel ordre?
M. Bérubé: Je regrette, étant donné
qu'elle n'est pas connue...
M. Giasson: C'est connu de vous, mais ce n'est pas connu du
public. Elle ne peut pas être connue du public.
M. Bérubé: Exactement. Disons que nos "monologues"
fédéraux le savent, mais c'est très long. Leurs analyses
sont très... Il faut qu'ils soignent cela, le Québec commet
tellement d'erreurs.
M. Giasson: L'ensemble du projet est évalué
à combien? Combien de millions? $100 000 000 peut-être?
M. Bérubé: Mettez $200 000 000 pour arrondir les
chiffres.
M. Giasson: Cela a été révisé, je
pense, récemment.
M. Bérubé: A la hausse. Je pense que ce qui a paru
dans les journaux, c'est que cela avait été révisé
de $140 000 000 à $190 000 000. On peut au moins vous dire cela.
M. Giasson: Y a-t-il d'autres projets importants qui se
dessinent, dans d'autres régions au Québec, par exemple?
M. Bérubé: Non. A l'intérieur du programme,
non, il n'y a pas de projets qui impliquent de nouveaux sites vierges.
M. Giasson: En parlant de projets, qu'est-ce que vous croyez
devoir faire avec Port-Cartier, Rayonier ITT?
M. Bérubé: Je vais demander à mon
sous-ministre de répondre.
Dans le dossier de Port-Cartier, actuellement, il y a eu des
études de faites par la compagnie avant la prise de décision. Ces
études ont mené à la prise de décision des
autorités de la compagnie. La compagnie projette d'émettre
bientôt un prospectus pour vendre son usine. Au gouvernement, on a
demandé à la compagnie qu'elle se préoccupe
principalement, au tout début, de ses obligations envers la population
et ses employés. Actuellement, la compagnie a mis en marché ou en
vente son bois qui est déjà coupé pour un volume de 260
000 cunits, qui est vendu en partie à Québec North Shore, en
partie à Kruger et la troisième partie principale sera
exportée. Le dossier en est là. On sait qu'il y a des tentatives
de gens qui prennent contact avec la compagnie pour obtenir des renseignements,
mais c'est un dossier qui va évidemment être long parce que cela
implique des sommes énormes. Cela implique une technologie un peu
spéciale. Dans la production de pâtes dissolvantes, il n'y a pas
beaucoup d'usines qui font cela au Canada, au Québec surtout. Il y a
seulement Tembec qui est dans ce domaine. C'est un dossier qui est long,
étant donné l'ampleur du dossier.
M. Giasson: Sur les 260 000 cunits qui sont coupés, qui
sont, pour une bonne partie, toujours en forêt, quel est le pourcentage
qui va se perdre là-dessus?
M. Bérubé: On espère qu'il ne s'en perdra
pas.
M. Giasson: Vous espérez.
M. Bérubé: Oui, sauf que la compagnie a
indiqué qu'il y aurait peut-être 15 000 cunits qui ne seraient pas
récupérables, étant donné la situation en
forêt ou l'éloignement ou même l'âge. Cela a
été coupé il y a trois ou quatre ans. Probablement que
cela se perdrait...
M. Giasson: Cela se limiterait à 15 000 cunits
seulement.
M. Bérubé: Ce sont les chiffres de la compagnie, 15
000 cunits. Nous, on dit zéro.
M. Giasson: Zéro? Je n'ai pas vu les stocks de bois, mais
il y a des gens que je connais bien qui ont visité cela.
M. Bérubé: C'est évidemment à la
compagnie à faire des efforts.
M. Giasson: Ils se demandent quels produits on pourrait fabriquer
avec certaines des billes qui se trouvent en forêt.
M. Bérubé: C'est cela. C'est un peu
mêlé, cette exploitation forestière.
M. Giasson: Ce serait probablement la production d'énergie
qui serait la seule source d'utilisation valable.
M. Bérubé: II faut trouver un utilisateur.
M. Giasson: La capacité de revendre cette usine
existe-t-elle?
M. Bérubé: C'est au propriétaire à
répondre. C'est à la compagnie. Evidemment, quand je parle d'un
prospectus, c'est que la compagnie va essayer de sensibiliser tous les
acheteurs possibles ou éventuels d'une entreprise semblable. Cela va
être connu dans le monde entier.
M. Giasson: Cela ne doit pas être facile, entre nous.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas facile. Ce n'est pas
un paquet de cigarettes qu'on vend.
M. Giasson: Si la première expérience, à la
suite des sommes investies dans ce projet, n'a pas été
concluante, ce n'est pas pour demain, je pense...
M. Bérubé: Évidemment, on a multiplié
les erreurs négatives, ce qui a donné le résultat qu'on
connaît aujourd'hui.
M. Giasson: Croyez-vous que la possibilité de remise en
marche de l'entreprise va nécessiter des investissements très
lourds encore?
M. Bérubé: Je croirais qu'un acquéreur
éventuel devra commencer par faire des études sérieuses
avant de se lancer dans la reprise ou la réanimation de l'usine, parce
que cela prend un examen très sérieux.
M. Giasson: Les facteurs qui n'ont vraiment pas fonctionné
ou mal fonctionné, est-ce une mauvaise évaluation des
coûts, une mauvaise évaluation des besoins du marché au
plan mondial? Quel est le... (17 h 30)
M. Bérubé: D'après ce que je connais du
dossier, il y a cinq grands facteurs qui ont donné les résultats
qu'on connaît. On mentionne le coût du bois...
M. Giasson: Le coût du bois rendu à l'usine.
M. Bérubé: Oui. On mentionne les relations
patronales-ouvrières, on mentionne le choix de l'équipement, on
mentionne le design de l'usine comme tel et le cinquième facteur serait
le management, tous des facteurs négatifs.
M. Giasson: II y a des facteurs qui peuvent se corriger,
d'autres, très difficilement.
M. Bérubé: Mais il y avait une source abondante de
financement.
M. Giasson: Le design, là...
M. Bérubé: Ce qui n'a pas manqué, c'est
l'argent.
M. Giasson: Cela n'a peut-être pas manqué au
départ, mais, en cours de route, cela a fini par manquer.
M. Bérubé: Disons qu'il y a quelqu'un qui a
fermé un robinet.
M. Giasson: Quand il y a un trou immense dans le bain, on
à le goût de fermer le robinet plutôt que de laisser couler
l'eau inutilement.
M. Bérubé: Ne parlez pas de trou!
M. Giasson: Je n'avais même pas ça à
l'esprit, le trou qui vous est venu à l'esprit.
Dans la ventilation du programme 7, à l'élément 10,
"transfert", il s'agit de quoi précisément? On parle de $25 000
000.
M. Bérubé: Programme? M. Giasson: Programme
7.
M. Bérubé: Transfert, ce sont les subventions dans
le cadre du programme des pâtes et papiers.
M. Giasson: Le transfert de l'argent qui vient du
fédéral?
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: C'est le montant qui va être versé cette
année.
M. Bérubé: Elles viennent du
fédéral... elles viennent de la poche des citoyens
québécois qui paient leurs impôts.
M. Giasson: Oui, quand je paie à Québec, ça
vient de mes poches; vous aussi. Si on paie à Ottawa, ça vient de
nos poches.
M. Bérubé: C'est ça, oui. Effectivement,
c'est la contribution des citoyens québécois au
développement de leur industrie forestière. On va se mettre
d'accord sur cette formulation?
M. Giasson: S'il ne fallait pas être d'accord
là-dessus! ... des investissements dans une municipalité, je ne
sais pas d'où ça vient si ce n'est de la poche des
Québécois, en passant par le gouvernement provincial et parfois
par le gouvernement fédéral, mais la source est toujours la
même.
M. Bérubé: C'est exactement ce que nous
prétendons.
M. Giasson: Mais le transfert de $25 000 000 constitue une
augmentation par rapport à ce qui avait été engagé
l'an passé. Donc, il y a plus de projets qui se sont mis en route. Mais,
lorsqu'il y a un transfert de $25 000 000, c'est le montant de la contribution
fédérale qui va se faire.
M. Bérubé: Non, fédérale et
provinciale. M. Giasson: C'est le montant total, global?
M. Bérubé: C'est ça. La contribution
fédérale n'apparaît pas dans ce chiffre, elle
apparaît tout simplement au chapitre des revenus du ministre des Finances
qui la verse au fonds consolidé.
M. Giasson: Autrement dit, c'est une contribution propre au
gouvernement du Québec.
M. Bérubé: Je ne devrais pas dire ça. Je
devrais simplement dire: C'est l'argent que verse le ministère des
Terres et Forêts ou, enfin, le ministère de l'Énergie et
des Ressources...
M. Giasson: ... de l'Energie, comme aide... M.
Bérubé: ... à l'industrie.
M. Giasson: ... à l'industrie pour des projets de
développement.
M. Bérubé: Pour aller chercher ces sommes, le
ministre des Finances a divers subterfuges à sa disposition, l'un
étant de taper un gros contribuable qui s'appelle le gouvernement
fédéral et qui retire, d'ailleurs...
M. Giasson: Ce n'est pas un subterfuge, ça, c'est une
action directe. Il n'y a rien de caché là-dedans.
M. Bérubé: ... et qui retire, d'ailleurs, comme
gouvernement, 55% de tous les profits...
M. Giasson: L'impôt des corporations.
M. Bérubé: ... qui seront
générés par ce programme. Comme pour chaque dollar que
nous in' vestissons dans le programme nous en retirons cinq comme gouvernement,
c'est fort intéressant.
M. Giasson: Mais la contribution totale du gouvernement du
Québec, que le gouvernement fédéral soit présent ou
non à l'intérieur de cette somme...
M. Bérubé: 40% de ça.
M. Giasson: ... c'est le montant... 40%?
M. Bérubé: 40% de $25 083 000.
M. Giasson: Vous ne prévoyez pas le consacrer en
matière d'aide, c'est surtout dans le sec-
teur des pâtes et papiers, ça, j'imagine? C'est la
rénovation des industries.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Giasson: Vous ne prévoyez pas débourser plus
d'argent que ça au Québec cette année dans les programmes
qui vont s'exécuter dans l'entreprise...
M. Bérubé: Nous ne le prévoyons pas, mais
notez qu'il y a le fonds de suppléance auquel nous pouvons avoir
recours, d'une part, et le budget supplémentaire si, effectivement... Il
s'agit d'un programme ouvert.
M. Giasson: Mais, à côté de ce
montant-là... Autrement dit, ce que je recherche, à
côté de ce montant de $25 000 000, qui est la contribution
gouvernementale, quelles que soient les sources d'où elle vienne,
l'industrie, elle, va consacrer quelle somme, la quote-part de l'industrie?
M. Bérubé: Quatre fois et même plus que
ça, parce que souvent...
M. Giasson: Cela représente le quart des investissements
que l'industrie devra faire.
M. Bérubé: Et même plus, au moins le
quart.
M. Giasson: Au moins le quart. Cela pourrait être 30%.
M. Bérubé: II y a beaucoup d'investissements
parallèles que le programme ne subventionne pas mais que l'entreprise
est amenée à faire, compte tenu de la modernisation qui se fait
dans l'usine.
M. Giasson: Mais vous n'avez pas de données
précises dans le cas de chaque participation ponctuelle?
M. Bérubé: Ce serait peut-être un dans huit
si on voulait arrondir. Pour chaque dollar que le gouvernement met, l'industrie
en met sept.
M. Giasson: C'est la moyenne de l'expérience?
M. Bérubé: C'est extrêmement
intéressant, d'autant plus que les retombées industrielles pour
l'industrie de la machinerie au Québec, l'industrie de la construction,
sont énormes.
M. Giasson: Sont énormes, mais c'est compris dans le
coût total que l'industrie va consacrer aux activités
d'aménagement...
M. Bérubé: Oui, mais avec tous les impôts
payés par les travailleurs qui vont être impliqués dans ces
projets, le gouvernement, pour chaque dollar qu'il y met, retire $5.
M. Giasson: Pour chaque dollar consacré, soit 1/8, il va
chercher $5 pour le dollar qui représente 1/8 de l'ensemble du
coût.
M. Bérubé: C'est ça. D'assez bonnes
affaires.
M. Giasson: Quand vous dites qu'il touche $5, de quelle
manière les touche-t-il?
M. Bérubé: Les impôts. Calculez
l'activité économique générée dans
l'opération et calculez les bénéfices accrus au
gouvernement.
M. Giasson: Oui, mais votre chiffre est énorme et
excessif.
M. Bérubé: Non, non, une analyse semblable...
M. Giasson: ... d'impôt sur le revenu ou de taxes...
M. Bérubé: ... avait été faite dans
le cas de General Motors. C'est exactement le même résultat.
M. Giasson: Non! Si on simplifie, l'industrie met huit dollars et
le gouvernement en met un. C'est-à-dire que l'industrie en met sept et
le gouvernement un! Sur l'ensemble des huit dollars en taxes ou en
impôts, le gouvernement retourne chercher cinq dollars.
M. Bérubé: Les gouvernements.
M. Giasson: Mais ça me paraît élevé
pour le moins. Je n'ai pas fait d'études, mais...
M. Bérubé: Parce que vous avez des effets
induits...
Le Président (M. Laberge): Nous sommes toujours au
programme 7, développement de l'industrie forestière.
M. Bérubé: Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Adopté. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: On retrouve à la page 66, assistance
financière $25 083. Il s'agit effectivement de...
Le Président (M. Laberge): $25 000 000.
M. Giasson: ... l'élément dont on vient de...
Le Président (M. Laberge): Oui.
M. Giasson: ... discuter. Les projections pour les prochaines
années en matière de participation du gouvernement comme
assistance financière, est-ce que ce seront des chiffres à peu
près identiques ou si vous prévoyez une progression selon votre
ventilation?
M. Bérubé: La moyenne devrait être de $50 000
000 par année. La moyenne.
M. Giasson: La moyenne?
M. Bérubé: Oui. Il faut donc s'attendre que ce
montant-là atteigne peut-être $60 000 000 à $70 000 000
à son maximum.
M. Giasson: L'an prochain ou plus tard? M.
Bérubé: Ça dépend de la performance.
M. Giasson: De la performance?...
M. Bérubé: De la capacité à
réaliser les programmes.
M. Giasson: Ah, d'exécuter les intentions qu'ils ont
manifestées. Ah, je comprends. Si l'intention n'est pas suivie de geste,
donc, la participation gouvernementale sera plus faible parce qu'il n'y aura
pas exécution de...
M. Bérubé: Dans la mesure où à peu
près $250 000 000 seront impliqués, sur cinq ans, ça fait
une moyenne de $50 000 000 par année, comme évidemment les
premières années on voit très nettement que le programme
ne peut pas atteindre son régime de croisière, on doit donc
s'attendre qu'il y ait un rattrapage éventuellement et qu'on atteigne un
régime de croisière de l'ordre de $70 000 000 pour les deux ou
trois dernières années.
M. Giasson: Et à ce rythme-là, après cinq
ans, vous croyez qu'il y aura eu $2 000 000 000 d'investis dans l'industrie? Si
toutes les entreprises qui ont manifesté l'intention...
M. Bérubé: Nous devrions avoir certainement sinon
l'industrie, au moins une des industries les plus modernes au monde dans le
secteur forestier.
M. Giasson: II s'agit de la grande opération de rattrapage
en matière de modernisation, je pense. Cela a été
retardé pendant une longue période.
M. Bérubé: Un bon gouvernement, n'est-ce pas?
M. Giasson: Bonne compagnie aussi. M. Bérubé:
Aussi, d'accord.
M. Giasson: C'est toujours une combinaison de facteurs. Cela
va.
Le Président (M. Laberge): Le programme 7 est
adopté.
Connaissance géographique du territoire
J'appelle le programme 8, élément 1. Connaissance
géographique du territoire. L'élément 1: Levés et
cartographie intégrés. Est-ce qu'il y a des questions sur cet
élément?
M. Giasson: Est-ce qu'il y a quelque chose de nouveau par rapport
aux politiques qui avaient traditionnellement cours au ministère ou s'il
s'agit de continuité tout simplement?
M. Bérubé: C'est la création d'un bureau de
cartographie, que j'essaie de retrouver, qui représente à peu
$600 000 au maximum d'investissement, dont l'objectif est la rationalisation
des travaux de cartographie. Il est apparu que le Québec, via
Hydro-Québec, investit près de $50 000 000 en cartographie, par
année, et on doit constater que très fréquemment,
malheureusement, les données qui sont accumulées ne sont pas
échangeables en ce sens qu'on ne fixe pas les travaux cartographiques
par rapport à des points de référence fixes. Je ne suis
pas spécialiste en cartographie, même si je suis l'arpenteur
général, j'ai l'arpenteur général adjoint à
côté de moi qui pourrait peut-être donner des détails
techniques, mais ceci pour dire qu'il s'est avéré important pour
le gouvernement de s'engager dans une opération de rationalisation qui
aurait comme conséquence que l'on assure que tous les travaux
d'arpentage, les travaux géodésiques effectués au moins
par les agences gouvernementales québécoises, seraient
effectués sur la base de coordonnées communes de telle sorte que
les renseignements qui y sont accumulés soient transmissibles lorsqu'on
refait les travaux, parce qu'on doit constater souvent que lorsqu'une agence a
besoin essentiellement de la même information avec une information
supplémentaire, il faut recommencer la carte parce que l'information n'y
était pas. Il y a donc un effort de rationalisation que le gouvernement
va entreprendre et auquel nous consacrons ces $100 000. Peut-être que M.
Duval pourrait détailler.
En fait, le but du BCAR le Bureau de la cartographie et des arpentages
c'est pour éviter la duplication. Auparavant, on a constaté que
beaucoup d'argent était dépensé, par exemple, pour des
projets spécifiques. On peut donner comme exemple, un projet
d'Hydro-Québec. Hydro-Québec allait sur le territoire, faisait
une cartographie selon ses normes à elle et ainsi de suite. Alors, la
cartographie qui était faite, l'argent qui était
dépensé là servait à Hydro-Québec mais ne
pouvait pas servir à d'autres, alors qu'avec le Bureau de cartographie
et des arpentages, il y avoir un comité de coordination, tous ces
gens-là vont se réunir, tout le monde va être au courant de
ce qui se fait en matière de cartographie et tous ceux qui vont avoir
des projets de cartographie vont avoir des normes et les normes vont être
connues de tout le monde. On va éviter, par exemple, à deux
organismes, d'aller cartographier le même territoire, la même
année ou l'année suivante. Alors, s'il y a des projets qui sont
prévus, on va pouvoir éviter le double emploi en s'arrangeant, en
dépensant peut-être un peu plus d'argent sur un projet
donné, afin d'éviter d'y retourner l'année suivante pour
un autre projet, pour d'autres fins. C'est un peu le but du...
M. Giasson: Mais, dans le passé, il y avait de la
cartographie qui se faisait au Québec, mais cela se produisait...
M. Bérubé: Oui. Il y avait un programme de base, un
programme de cartographie de base. Maintenant...
M. Giasson: Cela ne fournissait pas assez de données qui
convenaient à d'autres entreprises qui avaient aussi besoin de
connaître une cartographie d'un territoire donné. (17 h 45)
M. Bérubé: D'accord. Ce qui est arrivé,
c'est que le programme de cartographie de base répond à certaines
normes de spécification, ainsi de suite, mais, souventefois, un projet
spécifique était demandé à un endroit où ce
n'était pas une priorité pour le ministère; alors, la
cartographie de base n'était pas faite pour ce territoire à ce
moment-là. On allait de l'avant et on faisait une cartographie pour un
projet spécifique. Ce projet spécifique étant fait selon
des normes plus ou moins précises ou inconnues, il ne pouvait pas
être intégré dans la cartographie de base. Avec le projet
actuel, on va essayer d'intégrer le plus possible de cartographie dans
le programme de cartographie de base. Alors, les données serviront au
programme de cartographie de base.
Un autre projet de bon gouvernement.
M. Giasson: Puisque nous avons avec nous l'arpenteur
général du Québec, l'arpentage des terres publiques au
Québec, est-ce que c'est entièrement terminé?
M. Bérubé: Non, les terres publiques occupent
encore 89% du territoire du Québec et, bien sûr, il reste encore
passablement d'arpentage à faire sur les terres publiques. Ce qu'on peut
dire qui est terminé, c'est la subdivision des terres publiques en
cantons, en rangs; les grandes subdivisions de base, comme les lignes
cantonna-les, les parallèles, les méridiennes, les lignes de
rang, c'est terminé. Maintenant, il reste à entretenir ces
lignes. On a souvent des demandes pour l'entretien des lignes sur les terres
publiques. Également, il y a tous les projets de villégiature,
par exemple, en bordure des lacs. Ensuite, il y a toujours, chaque fois qu'un
arpenteur veut aller faire l'arpentage sur les terres publiques, l'obligation
de demander des spécifications au service de l'arpentage.
M. Giasson: Est-ce qu'il faut comprendre que vous avez parfois
des demandes de relevés d'arpentage même sur les terres
publiques?
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Mais ça provient de...
M. Bérubé: Cela vient, la plupart du temps, de nos
administrations régionales. On a souvent des terrains, par exemple, qui
vont borner des terrains privés. Souventefois, si on a des travaux
à faire, l'administration régionale va constater que la ligne est
à peu près disparue. On demande à nos arpenteurs de faire
ces travaux.
M. Giasson: Parce qu'il est difficile, j'imagine, sur les terres
publiques c'est tellement vaste de faire l'entretien, la
conservation des lignes existantes qui apparaissent dans les titres.
M. Bérubé: II faut y revenir tous les 25 ou 30
ans.
M. Giasson: Reprendre l'arpentage. Cela coûte moins cher
que de faire l'entretien de ces lignes.
M. Bérubé: Oui. En fait, ça dépend
des endroits, du couvert forestier; si c'est dans les bois francs, par exemple,
on sait qu'une ligne peut être renouvelée tous les 50 ans et il
reste encore amplement de vestiges. Si c'est dans du résineux, par
exemple dans un peuplement de sapins, on sait que le sapin va être moins
durable. Bien souvent, après une coupe, par exemple, il y a une partie
des vestiges qui vont tomber lors d'un vent ou quelque chose comme cela.
Le Président (M. Laberge): D'autres questions?
M. Bérubé: Est-ce que M. O'Gallagher vous a
transmis un certain nombre de questions qu'il aimerait poser?
M. Giasson: Est-ce qu'il devait poser des questions?
M. Bérubé: C'est le seul arpenteur à
siéger en cette Assemblée nationale. Il a toujours beaucoup de
questions quand on arrive à cet élément de programme. Il
semble s'y passionner d'ailleurs.
M. Giasson: Etant arpenteur lui-même, cela se comprend
facilement qu'il s'y intéresse plus particulièrement.
M. Bérubé: C'est son domaine.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur les levés?
M. Giasson: Un instant.
Dans les objectifs, il s'agit d'effectuer les travaux de
délimination des postes indiens et esquimaux prévus par la
convention de la Baie James. Ce n'était pas fait? Je parle du travail de
délimitation des territoires. Il y avait trois catégories de
territoires.
M. Bérubé: Non, il en reste encore un certain
nombre à faire. Il y a une entente de cinq ans. Cela veut dire que nous
avons cinq ans pour faire l'ensemble des travaux. On en fait un certain nombre
chaque année. Le programme est supposé se terminer l'an
prochain.
M. Giasson: Est-ce qu'il existe de l'aide gouvernementale pour
les municipalités qui voudraient relever des lignes de séparation
des municipalités?
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: Absolument pas.
M. Bérubé: Non, la loi ne permet pas de...
M. Giasson: II n'y a rien de prévu. Les
municipalités doivent en assumer elles-mêmes le coût.
M. Bérubé: Et le coût est partagé par
les propriétaires adjacents.
M. Giasson: Par les propriétaires.
Je retrouve, à la page 61, M. le Président, "implantation
du réseau géodésique". C'est du travail additionnel qu'il
faut faire à ce qui existe déjà comme relevés
géodésiques?
M. Bérubé: Oui. C'est un travail qui sert de base
à la cartographie et qui sert de base également aux travaux
d'ingénierie dans les municipalités. Ici, il s'agit de
repères de nivellement, de repères d'altitude qui
déterminent l'élévation d'un point au-dessus du niveau de
la mer, au-dessus du niveau moyen.
M. Giasson: Mais les régions qui n'ont jamais
été touchées par de tels travaux ? Cela existe pour une
vaste partie du territoire du Québec, ces relevés?
M. Bérubé: Cela existe à une très
grande échelle. La plupart des réseaux de base sont
déjà en place, mais ces réseaux sont trop distants les uns
des autres. Il faut donc les compléter par des travaux de
deuxième et troisième ordres. Le réseau de base, on
l'appelle réseau de premier ordre et on complète ensuite par des
boucles, des circuits.
M. Giasson: Et vous devrez procéder également
à l'entretien du réseau qui est déjà
installé. Cela consiste en quoi? Ce sont des points bien
précis.
M. Bérubé: Ce sont des points qui sont
scellés soit dans le béton ou dans le roc. De ces points, on en
perd un certain nombre, par exemple, lors de travaux de voirie, etc. Il faut
les remplacer.
Certains sont déplacés par la gelée, par exemple ou
par accident. Il y en a toujours un certain nombre, un certain pourcentage,
peut-être 2% qui disparaissent annuellement. On en visite à
nouveau un certain nombre chaque année pour les réparer et
peut-être aussi pour compléter la description pour pouvoir les
retrouver par la suite.
M. Giasson: Vous prévoyez également des engagements
financiers dans la réfection du cadastre. Cela serait
particulièrement dans quelles régions?
M. Bérubé: Nous avons la région de
Havre-Saint-Pierre et c'est la région du Bas-Saint-Lau-
rent-Gaspésie. La loi permet de faire la réfection du cadastre.
Sur la Basse-Côte-Nord et également dans la région de la
Gaspésie.
M. Giasson: Cela touche surtout les régions
éloignées, par rapport au centre du Québec.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: Est-ce que les services du ministère de
l'Energie ont pu répondre assez rapidement aux demandes du
ministère de l'Agriculture dans l'application du programme de zonage
agricole? Ce besoin de cartes et de relevés, c'était un-service,
j'imagine...
M. Bérubé: On collabore énormément
avec les gens de ce ministère. Ils ont faim de cartes, c'est le cas de
le dire. On essaie, avec les moyens qu'on a, de fournir à la demande,
mais, on fournit difficilement.
M. Giasson: Difficilement. M. Bérubé:
Difficilement, oui.
M. Giasson: Est-ce que cette demande couvre tout le territoire du
Québec qui est situé à l'intérieur de
municipalités organisées?
M. Bérubé: Les demandes ne couvrent pas tout le
territoire du Québec, en fait, pour la nouvelle carte parce qu'il en
existe déjà une certaine quantité, il y a un certain
nombre de cartes. Je dirais que c'est surtout...
M. Giasson: II est bien sûr que pour le zonage agricole
cela ne peut pas aller dans des territoires qui ne sont pas organisés en
municipalités.
M. Bérubé: Non, non.
M. Giasson: Le plus loin où l'on peut croire que cela
irait c'est à l'Intérieur de municipalités
organisées.
M. Bérubé: D'accord! C'est à
l'intérieur de municipalités organisées, uniquement.
M. Giasson: Vous avez à fournir des cartes pour tout le
territoire de municipalités organisées.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: C'est-à-dire que, de ce
côté-là, il est logique de penser qu'on pourrait aller vers
un zonage assez vaste de tout le territoire québécois, du moins
à l'intérieur de ce qui est organisé en
municipalités. Est-ce là la politique d'extension du zonage
agricole, M. le ministre?
M. Bérubé: Je n'oserais répondre à
cette question.
M. Giasson: Vous n'osez pas.
Le Président (M. Laberge): Programme 8.
M. Bérubé: Je me demande si ce document sert
à répondre aux questions que le député aurait ou
sert plutôt à susciter des questions auxquelles il n'aurait pas
pensé...
M. Giasson: Non, mais voici...
M. Bérubé: ... auquel cas, je me demande si cela
accélère ou si cela ralentit.
M. Giasson: Dans le document qui a été fourni par
le ministère...
M. Bérubé: Très complet.
M. Giasson: ... on retrouve les objectifs poursuivis. Si j'ai
besoin de renseignements additionnels sur certains objectifs, je pose mes
questions. Est-ce qu'il y aurait quelque chose d'anormal à cela?
M. Bérubé: Non, au contraire.
Le Président (M. Laberge): Le président...
M. Bérubé: Je m'étais fait répondre
par M. Garneau, à un moment donné, lorsqu'on lui avait
distribué une information particulièrement abondante. Evidemment,
on s'était interrogé si ce n'était pas là lui
donner des armes lui permettant d'étirer les travaux de la commission.
Il m'avait dit que, bien au contraire, cela allait répondre à
beaucoup plus de questions que nous le pensions et que cela écourterait
énormément le débat. Je dois avouer que cela avait
effectivement fonctionné, mais j'ai l'impression que, cet
après-midi, cela fonctionne moins bien.
M. Giasson: Cela fonctionne moins bien? Dans votre esprit, M. le
ministre, pour que cela aille bien, il faudrait que personne ne parle, que
personne n'intervienne. C'est sûr que cela irait bien.
M. Bérubé: Non, au contraire...
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous avez d'autres
questions sur l'élément 1 du programme 8?
M. Giasson: Non, j'adopterai l'élément 1.
Le Président (M. Laberge): L'élément 1 est
adopté. Avez-vous des questions sur l'élément 2?
M. Giasson: L'intégrité du territoire, qu'est-ce
qu'il y a de nouveau pour l'année 1980? Qu'est-ce que vous avez de neuf
dans l'intégrité?
M. Bérubé: L'intégrité, c'est la
future armée du Québec qui est camouflée, en latence.
M. Giasson: Est-ce que vous l'avez cantonnée sur les
frontières?
M. Bérubé: Essentiellement...
M. Giasson: De quel côté de la frontière
l'armée est-elle cantonnée?
M. Bérubé: II s'agit d'un petit programme. Comme
vous le voyez, il n'est pas important en dollars. Il traite quand même de
questions assez importantes. Vous avez, à la page 76, une
référence à certains cas de frontières. Je veux
souligner, par exemple, une entente toute récente entre le gouvernement
de l'Ontario et le gouvernement du Québec, qui n'a pas fait la manchette
des journaux profitons du fait que les journalistes sont partis pour le
souligner mais qui règle... La querelle avait commencé en
1851, si je ne m'abuse. C'est le problème des réserves de
Saint-Régis et de la frontière entre le Québec et
l'Ontario dans la région des îles. Il me fait plaisir de vous dire
que cette année, nous avons signé un protocole d'entente
ratifié par les deux gouvernements, à ma connaissance, du moins
du côté du Québec.
Les décisions gouvernementales ont été prises.
Elles ont été prises et avec une entente formelle entre
les deux provinces concernant la localisation exacte de cette frontière.
C'est le genre de dossier... Vous allez me dire qu'il faudrait peut-être
augmenter le budget, étant donné que cela a pris de 1851 à
1980 pour le régler. Peut-être qu'on pourrait multiplier le budget
par deux. On pourrait réduire ça en période plus courte.
Non, je pense que ce sont des questions assez délicates, mais...
M. Giasson: Est-ce que ça... Badinage à part,
est-ce que cela a causé des problèmes majeurs, l'absence
d'indication où se situe précisément la frontière
entre le Québec et l'Ontario...
M. Bérubé: Pour la chasse.
M. Giasson:... dans la rivière des Outaouais et dans le
Saint-Laurent?
M. Bérubé: II s'agit de territoires de chasse.
Finalement, il s'agissait de savoir lequel entre le garde-pêche et le
garde-chasse émettait la contravention. Alors,
généralement, le pauvre chasseur recevait deux contraventions
plutôt qu'une et c'était essentiellement le problème.
D'ailleurs, cela a fait la manchette des journaux à quelques reprises
dans les années passées. C'est un point litigieux,
désagréable, disons, mais non pas véritablement
majeur.
M. Giasson: Cela n'a pas placé le monde à
l'envers.
M. Bérubé: Puisqu'on a pu vivre avec depuis 1851,
ce n'était quand même pas dramatique. Mais il reste tout de
même qu'il est utile, à un moment ou à un autre, d'avoir
une localisation exacte d'une frontière. Finalement, nous nous sommes
mis d'accord sur un tracé qui s'apparente au tracé original
proposé en 1851, avec quelques modifications pour tenir compte
évidemment de certains
aspects de développement plus particulièrement ontarien ou
plus particulièrement québécois qui s'étaient faits
de part et d'autre de la frontière, ce qui nous a obligés
à zigzaguer un petit peu, mais, enfin, nous avons trouvé un mode
d'entente... (18 heures)
M. Giasson: Une ligne commune.
M. Bérubé: ... oui, nous avons trouvé une
ligne commune et il me fait plaisir de vous souligner que c'est un aspect
important.
M. Giasson: On fait également référence
à la frontière dans le golfe du Saint-Laurent. De quoi
s'agit-il?
M. Bérubé: Écoutez, vous n'êtes pas
sans savoir que, depuis 1964, il y a eu une entente entre les provinces
concernant un partage du golfe. Ce dont il s'agit ici, c'est moins de
définir la ligne de frontière qu'une politique gouvernementale
québécoise face au gouvernement fédéral en ce qui a
trait à la propriété des richesses naturelles. On a
assisté à une ouverture, de la part de l'ancien gouvernement
conservateur on ne sait pas si l'ouverture sera maintenue qui
nous a amenés à peut-être chercher à élaborer
une position québécoise quant à la propriété
des richesses naturelles et la propriété du territoire...
Le Président (M. Laberge): Avez-vous d'autres questions
sur le programme 8?
M. Giasson: Non, j'adopterais l'élément 2.
Le Président (M. Laberge): L'élément 2?
Alors, l'élément 2 du programme 8 est adopté. Programme 8,
adopté. Nous entreprendrons le programme 9 après la suspension de
la séance.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 20
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'énergie et des ressources reprend ses travaux
suspendus à 18 heures. Nous en sommes au programme 9, gestion des
terres...
M. Bérubé: Est-ce au programme 14, M. le
Président?
Le Président (M. Laberge): On peut y passer très
rapidement. Je n'ai aucune objection.
M. Giasson: ... 18 au départ.
Gestion des terres publiques
Le Président (M. Laberge): La gestion des terres publiques
n'est pas divisée en éléments. Il n'y a qu'un seul
élément. Est-ce que ce programme 9, Gestion des terres publiques
est adopté?
M. Giasson: M. le Président, quelques remarques
simplement. A la gestion des terres publiques, il y aurait des demandes qui
sont adressées au service de la gestion des terres, entre autres, par
exemple, on prévoit qu'il y aurait des besoins ou des demandes relatives
à des barrages hydroélectriques, de quoi s'agit-il exactement
pour l'année qui vient? Est-ce qu'on prévoit des besoins en
matière de construction de barrage ou de construction de lignes de
transport de l'énergie, des besoins nouveaux qui toucheraient de
nouveaux territoires?
M. Bérubé: C'est un exposé de la situation
générale qui...
M. Giasson: Cela ne veut pas dire que cette année il y
aurait des demandes précises qui seraient déposées soit
par Hydro-Québec, soit du côté des questions de transport
d'énergie ou des questions d'aménagement de barrage.
M. Bérubé: Chaque année on a un certain
nombre de demandes pour des petites lignes d'Hydro-Québec et cela
pourrait être compris là-dedans.
M. Giasson: Du côté des besoins pour le
développement des centres de plein air ou des choses de loisir, c'est la
même chose, il n'y a rien de prévu spécialement de ce
côté-là?
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: On signale également un objectif que le
ministère voudrait atteindre en 1980, soit celui de régulariser
la tenure de biens fonciers pour des personnes qui se sont installées
sur des territoires de la couronne dans le domaine public. De quelle
façon entend-on procéder pour éliminer cela au cours de
1980?
M. Bérubé: Essentiellement, dans un territoire
aussi vaste que le Québec, on est aux prises avec un certain nombre de
cas d'occupations illégales, de squatters. Dans beaucoup de cas, il
s'agit d'occupations qu'on peut qualifier de bonne foi, soit qu'elles soient
très anciennes, qu'elles se soient effectuées au moment où
les contrôles gouvernementaux sur l'occupation des terres
n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. On a des cas, par exemple, en
Abitibi, pas seulement en Abitibi, mais un peu partout, où des citoyens
ont été envoyés coloniser et ont occupé des
territoires, des terrains sans qu'il y ait eu régularisation des
titres.
Vous avez également, sur les ex-clubs de chasse et de
pêche, des anomalies qui se sont produites lorsque, essentiellement, le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, à
l'époque, autorisait la construction de chalets sur les clubs
privés, sans réaliser pleinement que le bail de chasse et de
pêche n'était qu'un bail ayant trait à la faune.
C'était un droit exclusif de chasse et de pèche, mais ce
n'était pas un droit exclusif au sol et, par conséquent, comme
d'ailleurs les concessions forestières sont un droit exclusif aux
arbres, ce n'est pas un droit de propriété sur le sol.
On a donc vu un bon nombre de personnes qui, de bonne foi, ont construit
des chalets sur leurs clubs privés, pensant que, parce qu'ils avaient un
bail de chasse et de pêche, ils pouvaient construire. C'était
strictement illégal. Donc, une bonne partie de ces occupations peuvent
être considérées comme étant partiellement la
responsabilité de l'Etat, du gouvernement.
Quelqu'un pourrait toujours parler de l'imprescriptibilité qui
fait que même si le gouvernement s'est trompé, il n'y a pas de
raison que ses terres soient cessibles, il reste néanmoins qu'on se
retrouve souvent devant des situations d'équité, de justice et
qu'il faut examiner dans quelle mesure on ne pourrait pas les
régulariser.
M. Bérubé: On a des problèmes très
sérieux cependant auxquels on fait face, c'est qu'il y a
également des citoyens de mauvaise foi, qui se disent: On va aller
s'installer au bord d'un lac, on va se construire un chalet, une fois que je
serai installé là, ils ne me sortiront pas. A ce
moment-là, ils privent les générations futures de
Québécois d'une propriété qui est leur, soit la
propriété collective de nos ressources et ce, sans qu'il y ait eu
une volonté gouvernementale d'y arriver.
C'est la situation un peu délicate dans laquelle nous sommes
placés; notre objectif va donc être de tenter de
régulariser le plus rapidement possible ces occupations
illégales, celles qui peuvent être au moins dites de bonne foi en
apparence. Il va y avoir quelquefois des problèmes
d'interprétation de ce qu'est la bonne foi et la mauvaise foi, mais ce
que cela voudrait dire, c'est que les occupations les plus récentes
seront considérées comme étant de mauvaise foi, parce
qu'on ne peut pas parler aujourd'hui d'occupation illégale de terres
publiques dite de bonne foi. Les citoyens savent que les terres publiques sont
publiques et ceux qui y vont maintenant, je pense qu'ils le font à leurs
risques et périls.
En d'autres termes, ce que cela veut dire, c'est que nous allons, d'un
côté, essayer de régulariser ces occupations
illégales pour faire place nette, sauf dans les cas où cela
apparaît inacceptable. Récemment, on me soumettait le cas de
quelqu'un qui se construit sur le territoire d'une ZEC, en pleine
réserve faunique. A ce moment-là, doit-on fermer les yeux? Il
m'apparaissait que non, difficilement; lorsque l'ensemble des citoyens d'un
territoire se plaint, je pense que le gouvernement est en droit d'agir.
Mais je pense que c'est simplement une ques- tion d'effacer l'ardoise,
essentiellement, qui va nous amener à chercher à
régulariser ces occupations illégales, d'une part, et, en
même temps, vous avez quand même un bon nombre de citoyens qui ont
des baux qui pourraient être convertissables en terrains strictement
privés. Je pense que ceci peut être également
légalisé, mais il faut faire attention car il s'agit en
général de baux antérieurs au 28 septembre 1977. Depuis le
28 septembre 1977, c'est clair que c'est un bail, ce n'est pas une
simple...
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Dans sa réponse, le ministre vient un peu de
nous donner des indications sur le cheminement que son ministère entend
suivre. Par contre, j'ai peine à comprendre sa restriction quant aux
gens qui, pour lui, sont de bonne foi parce qu'ils occupent illégalement
des territoires propriétés du gouvernement, alors qu'il en classe
d'autres de mauvaise foi parce qu'ils ont posé exactement le même
geste, mais à une date toute différente.
Je vous avoue, M. le ministre, que vos critères pour
déterminer la partie de bonne foi et la partie de mauvaise foi je
ne sais pas comment vous interprétez cela cela me paraît
assez discrétionnaire chez vous. En tout cas, vous aurez certainement
l'occasion de préciser davantage.
Vous avez beaucoup de Québécois ce sont des
Québécois en général qui occupent
illégalement des territoires, des parcelles du terrain, sur lesquels ils
n'ont aucun titre de propriété, pour lesquels ils n'ont souvent
placé aucune demande et qui ne détiennent même pas un bail.
Comment allez-vous procéder, quelles sont les conditions que vous allez
exiger pour accorder à ces gens des titres de propriété?
Si on en croit ce que vous dites, c'est-à-dire que vous allez
régulariser la situation de ces gens-là, il va falloir ou que
vous accordiez un bail renouvelable dans le temps, ou que vous accordiez des
titres de propriétés. Quelle est exactement la politique que vous
allez mettre en application?
M. Bérubé: Tout dépend
énormément de la localisation du chalet. Un chalet
érigé illégalement, souvent après des avis
contraires de la part des fonctionnaires, devrait à mon avis être
éliminé.
M. Giasson: De quelle manière? Le feu?
M. Bérubé: De quelque façon que ce soit,
c'est une occupation illégale de terres publiques et le citoyen habile
qui se choisit la plus belle pointe d'un lac et s'y installe de force prive
l'ensemble de ses concitoyens du libre accès à un terrain qui
leur appartient autant qu'à lui. J'ai relativement peu de pitié
pour ce citoyen surtout s'il a été averti, au moment où il
l'a fait, et qu'il a tenté sa chance en tablant sur une âme
sensible comme
celle du député de Montmagny-L'Islet pour défendre
ses intérêts. (20 h 30)
Là où c'est plus difficile c'est là
où je fais la distinction entre ce que j'appelle de bonne foi ou de
mauvaise foi c'est le cas où un citoyen a, par exemple
depuis 1977, c'est très clair, nous avons des politiques bien
affichées et les citoyens savent à quoi s'en tenir depuis
1977, choisi d'aller s'installer sur les terres publiques. Je regrette, mais il
l'a fait à ses risques et périls et je pense que la
collectivité ne devrait l'endurer en aucune façon.
M. Giasson: II se produit également des situations ou des
cas où des gens ont occupé il y a déjà beaucoup
d'années des sites privilégiés, au bord de lacs ou
ailleurs, même au bord de la mer ou dans des secteurs plus
avantagés que d'autres. Si l'occupation illégale de ce territoire
date de trente ans, est-ce que vous allez oublier l'occupation illégale
du territoire et que vous allez concéder des titres de
propriété?
M. Bérubé: C'est difficile à dire. J'ai eu,
à un moment donné, un cas à trancher. Il y avait au moins
une cinquantaine de chalets dans la région de la baie de Tadoussac qui
est un site touristique assez exceptionnel, fort apprécié des
gens de la place qui s'étaient construit un certain nombre de chalets
sur le bord de la baie, ce qui était évidemment de nature
à ruiner totalement un très joli site et soulevait la
réprobation de beaucoup de citoyens. Je ne me souviens pas de la
durée de ces occupations, mais une chose est sûre, c'est qu'ils
n'occupent plus le terrain en ce moment.
Dans ce cas, l'intérêt collectif, soit la protection d'un
site touristique naturel, justifiait que l'on élimine carrément
ces occupations illégales. Il pourrait y avoir d'autres cas où on
peut être plus tolérant. Il ne s'agit pas d'un site aussi
critique. Les fonctionnaires ont peut-être enduré pendant des
années la présence, sans mot dire sans doute avec l'appui
du député libéral d'autrefois, qui devait sans doute
intercéder auprès d'eux, de manière à ce qu'on
ferme les yeux ...
M. Giasson: Je n'ai aucun doute.
M. Bérubé: Aucun doute. A ce moment, il faudrait
peut-être fermer les yeux sur cette collusion inacceptable entre...
M. Giasson: D'anciens députés
libéraux...
M. Bérubé: ... l'administration publique et
d'anciens députés libéraux. On pourrait peut-être
procéder à l'émission de baux en vente. Il y a d'autres
cas où cela paraît plus évident... Je pense qu'étant
donné le très grand nombre de cas, il faut bien laisser
l'administration en région avoir quelques décisions à
prendre.
M. Giasson: J'aimerais savoir quels sont les critères, les
conditions, les normes que vous allez appliquer au moment de faire un choix
pour décider de procéder par bail, au lieu de titre de
propriété.
M. Bérubé: Ils sont à être
élaborés. Peut-être que M. Duval, sous-ministre adjoint au
ministère, pourrait vous indiquer où on en est.
On pourrait dire que dans les secteurs où le développement
est planifié et les développements qui sont à
l'intérieur des municipalités, à ce moment, on pense qu'on
pourrait émettre des titres, des lettres patentes pour ces terrains. La
surveillance du territoire est exercée par la municipalité. Il y
a des règlements maintenant pour protéger l'environnement, et
ainsi de suite. Les raisons qui. nous faisaient procéder par bail il y a
quelques années n'existent à peu près plus maintenant. Oi
se rend compte que le bail est assez onéreux à administrer. A ce
moment, on pourrait émettre des lettres patentes dans ces cas où
c'est planifié et que c'est à l'intérieur d'une
municipalité bien organisée.
M. Giasson: Oui. C'est un critère qui me paraît
fondé, qui repose sur une bonne logique.
M. Bérubé: Pour la villégiature.
M. Giasson: Vous iriez jusqu'au titre de propriété
complet.
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Dans d'autres cas de régularisation de
situation de "squatter", de gens qui occupent des territoires sans aucune
permission, ni autorisation, vous vous limiteriez à émettre un
bail.
M. Bérubé: Ou de forcer l'évacuation. .
Dans le cas des "squatters", on se pose la question: Est-ce qu'ils
nuisent? Ils peuvent nuire à la forêt. Cela peut être un
danger de feu pour la forêt. Cela peut être un risque pour la
protection de la faune aussi. Alors, on consulte les autres ministères
et, si quelqu'un s'est installé là, un "squatter" bien sûr,
sans notre permission et qu'il ne nuit à personne, on se dit que, si on
le chasse de là, il va peut-être aller s'installer ailleurs
à notre insu et on va encore le découvrir au bout de quinze ans.
A ce moment-là, on va lui louer l'en placement, s'il ne nuit à
personne. Alors, cela va rapporter des cents au trésor public et il est
possible que dans certains cas il ait certains arrérages à payer.
Ces modalités restent à être déterminées et
on pourra émettre les titres, un bail.
M. Giasson: Dans le cas où vous avez jugé que
ça valait vraiment la peine d'émettre des titres de
propriété, de vendre, quel serait le prix que devrait
payer...
M. Bérubé: La valeur marchande.
M. Giasson: ... la valeur marchande. Si c'est un terrain dont
vous jugez que la valeur est de $3000, on demande $3000?
M. Bérubé: C'est cela, $3000. Oui.
M. Giasson: On lui dit: Mon ami, tu peux régulariser ta
situation, devenir propriétaire du fonds de terre sur lequel tu es
installé pour $3000.
M. Bérubé: C'est cela, pour ceux qui n'ont pas de
titre, soit pour les "squatters"... mais on ne vendrait pas aux "squatters", on
émettrait un bail dans la plupart des cas. Mais dans les
développements planifiés, lorsqu'on émet des titres, c'est
pour la valeur marchande.
M. Giasson: La valeur marchande. Tous ceux lui
détiennent...
M. Bérubé: On a des estimateurs, ils vont
évaluer cela comme n'importe quel terrain d'une municipalité et
ils vont dire: Cela vaut tant. C'est le prix qu'on demanderait.
M. Giasson: Cette multitude de Québécois qui
détiennent un bail ou qui ont des baux sur les terrains autour de lacs,-
qui sont dans ce qu'on appelle traditionnellement la réserve des trois
chaînes, la plupart de ces gens, sauf ceux qui ont acquis des titres de
propriété, ont un bail sur lequel ils doivent payer une
redevance. Dans ces cas, vous allez vendre, vous allez leur permettre
d'être propriétaires au taux de la valeur marchande des terrains
dans le secteur?
M. Bérubé: Avec la réserve des trois
chaînes, nous avons encore quelques petits problèmes.
M. Giasson: Quelques petits problèmes?
M. Bérubé: Oui, nous n'avons pas encore
véritablement de politique concernant la réserve des trois
chaînes.
M. Giasson: Dans ces cas, cela suppose que les gens vont
continuer d'occuper les terrains en vertu du bail?
M. Bérubé: II y a une partie de la réserve
des trois chaînes qui est encore, comme on pourrait 'jre, sud judice. Le
ministère de la Justice est en appel à la suite du jugement
Claire L'Heureux-Dubé, qui date déjà de plus d'un an; le
ministère de la Justice est allé en appel tout de suite
après. La question n'est pas encore réglée. Ces terrains
appartiennent au ministère. Il reste la possibilité qu'un juge en
décide autrement.
M. Giasson: Mais le fameux jugement, en quelques mots, qu'est-ce
qu'il établit? Le jugement Claire L'Heureux-Dubé?
M. Bérubé: II a établi que le demandeur, M.
Untel, qui était installé sur la réserve des trois
chaînes, était propriétaire de la terre. Il y avait
certains droits qui appartenaient à la couronne, mais, pour la
période de 1884 à 1918, ce n'était pas clair que le
ministère avait juridiction entière sur la réserve.
C'est la question de la rétroactivité, en fait, qui est en
cause, de 1884 à 1919.
Vous tombez dans les plates-bandes favorites de mon sous-ministre qui
est un homme de terre... Il peut vous entretenir des problèmes de la
réserve des trois chaînes pendant des mois, si vous voulez.
M. Giasson: C'est un spécialiste? Comme ça, ce
serait sans doute l'homme qui va trouver des solutions pour régler
définitivement cette situation-là.
M. Bérubé: Elle est très difficile. La
Suède vient d'adopter une loi interdisant la construction de toute
résidence à moins de quelques centaines de pieds des rives de
tout cours d'eau et cela justement pour protéger l'accès
communautaire à cette ressource inestimable qu'est l'eau. Or, nos
ancêtres, les Gaulois, ont jugé bon, en 1884, de se donner une
réserve de trois chaînes le long des cours d'eau et des lacs,
justement parce qu'ils estimaient que les lacs et les cours d'eau
étaient tellement importants pour la pêche, pour le transport
communautaire, pour toute la vie, finalement, de la communauté; ils ont
jugé bon de réserver une bande de cette importance-là pour
la couronne. En d'autres termes, nos ancêtres étaient même
en avant des Suédois en 1884, et très largement.
Or, au XXe siècle, au moment où subitement nous
commençons à nous sensibiliser aux problèmes
environnementaux, aux problèmes de la qualité de la vie, aux
problèmes de l'accessibilité communautaire aux nappes d'eau, il
m'apparaît terriblement difficile d'abandonner cette réserve des
trois chaînes. Mais, d'autre part, l'application de la loi telle qu'elle
est rédigée est très difficile. Alors, il faut trouver une
formule. Je pense qu'on a une formule.
M. Giasson: Vous avez la formule?
M. Bérubé: Je pense.
M. Giasson: De quoi s'agit-il?
M. Bérubé: Je ne voudrais quand même pas que
cette Assemblée nationale apprenne tous mes secrets avant...
C'est-à-dire qu'il faut d'abord que je la soumette au Conseil des
ministres. Disons qu'elle a déjà suivi l'étape des
comités ministériels, elle est revenue. Dans la mesure où
il y avait une question de cour et que finalement l'affaire était sub
judice, nous avons estimé qu'il était préférable de
clarifier soigneusement les aspects juridiques du dossier avant d'arriver
après coup et de vouloir amender la loi d'une façon qui pourrait
porter préjudice à nos demandes.
M. Giasson: Mais lorsque vous dites que c'est fondamental, que
les Gaulois sont venus bien avant les autres peuples de la terre, lorsqu'ils
ont jugé d'établir une réserve, et que vous
prétendez que cela doit être réservé, en pleine
disponibilité, très ouvertement à la population du
Québec, vous n'êtes pas sérieux. Vous n'ouvrirez pas les
réser-
ves des trois chaînes "at large" à n'importe quel
Québécois, sans condition, qui veut serpenter les ruisseaux et
les petites rivières du Québec, ainsi que faire le tour des
lacs.
M. Bérubé: C'est l'application qui est difficile,
mais, strictement parlant, c'est cela.
M. Giasson: Mais écoutez, M. le ministre! M.
Bérubé: Ben, voyons!
M. Giasson: N'importe quel Québécois n'aura pas le
droit de faire ce qu'il veut à sa guise sur la réserve des trois
chaînes sous prétexte que c'est un domaine public et que ce doit
être ouvert le plus largement possible aux Québécois. Ce
n'est pas ce que vous recherchez.
M. Bérubé: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Giasson: Vous avez dit que c'était
l'accessibilité la plus large au public québécois en
bordure des rivières et des lacs, soit à l'intérieur de
l'emprise des trois chaînes.
M. Bérubé: Cela peut vouloir dire que, là
où il y a réserve des trois chaînes, il pourrait y avoir
des normes d'accessibilité.
M. Giasson: J'imagine. Non seulement il pourrait y en avoir, mais
il doit y en avoir dans la plupart des cas.
M. Bérubé: On est entièrement d'accord.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Je dois vous dire,
d'abord, que le député de Montmagny-L'Islet a
épluché pas mal le problème des occupations
illégales, mais il y a quand même un aspect que je voudrais
souligner au ministre. Cela pose des problèmes particulièrement
dans ma région, l'Abitibï-Témiscamingue, l'occupation
illégale. Il y a beaucoup de squatters, mais, depuis un certain temps,
il y a un certain nombre de personnes qui occupent illégalement les
terres de la couronne, qui reçoivent des lettres du ministère, du
service de la concession des terres, dans lesquelles je considère, en
tout cas... Cela m'amène à me poser des questions, à
savoir si on veut vraiment régulariser leur situation ou si on ne veut
pas plutôt les déloger directement, parce que dans ces lettres
standards, on dit: A partir de telle date, vous êtes passibles d'une
amende de $1000 par jour. Alors, il y a un certain nombre de personnes qui
apportent leur lettre au député et qui disent: Je ne comprends
pas. Il me semble qu'il y aurait peut-être lieu d'être un peu moins
exigeant au niveau de...
M. Giasson: L'époque de la terreur, c'est fini, cela ne se
fait plus, cela se faisait au temps des anciens libéraux.
M. Bordeleau: ... du député qui s'occupe de son
comté, M. le député de Montmagny-L'Islet. Il peut au moins
recevoir les lettres.
M. Giasson: C'est fini, cela. Ne nous comptez pas d'histoires,
c'est fini cette affaire-là.
M. Bordeleau: ... il peut au moins recevoir les lettres.
M. Bérubé: Cela se fait surtout depuis qu'on est
là, et de préférence dans nos comtés.
M. Giasson: Vous recevez des lettres et vous agissez comme
courroie de transmission.
M. Bordeleau: C'est la courrbie de transmission, vous l'avez.
M. Giasson: Ce n'est pas du patronage, c'est une courroie de
transmission. C'est fort différent.
M. Bordeleau: Est-ce que vous avez terminé, M. le
député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Allez, continuez.
M. Perron: Cela dépend. On a déjà vu
d'anciens politiciens qui justement donnaient la petite tape sur
l'épaule et disaient: Va t'établir, parce qu'on a dit non, va
t'établir et après cela je t'arrangerai cela. Je l'ai vécu
dans mon comté dans 23 cas.
M. Bérubé: Est-ce qu'il s'agissait d'un
député libéral qui était là
antérieurement?
M. Perron: Oui, anciennement, c'étaient des
députés libéraux.
M. Bérubé: Cela confirme ce que le
député de Montmagny-L'Islet disait tantôt.
M. Perron: Les fonctionnaires, à ce moment-là, en
vertu des règlements existants, avaient refusé carrément
à des gens de s'établir là. La petite tape sur
l'épaule, ça s'est donné en masse. Justement, j'allais en
parler tout à l'heure.
M. Giasson: On va voir l'histoire de la tape sur
l'épaule.
M. Bordeleau: Est-ce que je peux finir après mon
collègue de Duplessis? Je pourrais ajouter quelque chose, M. le
Président. Je pourrais même vous dire que chez nous, à Val
d'Or même, les morts dans le cimetière étaient aussi des
squatters jusqu'à il y a quelques mois; on a régularisé
leurs cas. Une bonne amélioration, pour les vivants...
M. Bérubé: Combien leur chargeons-nous... M.
Giasson:... la régularisation, dans leur cas.
M. Bérubé: En fait, c'est la menace d'amendes.
M. Bordeleau: Cela dérangeait les vivants surtout.
M. Bérubé: C'est la menace d'amendes qui les a
incités à régulariser leur...
M. Giasson: Vous avez dû faire plaisir à ce
monde-là.
M. Bordeleau: Probablement oui. Mais je voudrais quand même
revenir aux vivants, parce que ce sont ceux-là qui viennent nous voir
à nos bureaux de comté. Je sais que c'est peut-être ce
qu'exige la loi, $1000 par jour, mais je me demande s'il n'y aurait pas lieu de
donner des délais ou de donner une possibilité d'arrangement,
dans les lettres qu'on envoie, parce qu'il y a souvent des gens qui ne savent
pas écrire ou qui n'osent pas écrire au ministère, ils ne
savent pas comment ça fonctionne, ils sont un peu
embêtés.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce que vous
permettriez au député de Matane de s'adresser également au
ministre, selon nos conventions? Le député de Matane a
également expérimenté un certain nombre de
problèmes assez semblables et il serait certainement ravi d'entendre
l'opinion du ministre à ce sujet. C'est un problème assez
universel. Je pense qu'on est d'accord, dans beaucoup de cas, ce sont des
occupations qui datent de très longtemps, peut-être pas dans
l'Abitibi-Témiscamingue qui est quand même de colonisation plus
récente, mais en Gaspésie, vous avez des occupations qui
remontaient à 50 ans ou 60 ans et c'est parfois assez
désagréable pour une personne qui occupe un terrain et qui a des
titres de propriété notariés qui peuvent remonter
jusqu'à cinq ans en arrière, de recevoir une lettre de ce type et
découvrir, 50 ans plus tard que c'est bien dommage, mais le
propriétaire original n'était pas propriétaire. Par
conséquent, la chaîne de titres est invalide.
Je pense qu'il est indéniable que des citoyens de bonne foi qui
reçoivent ce type de lettres sont justifiés de soulever
certaines...
M. Bordeleau: D'aller voir leur député. - M.
Bérubé: Oui. D'ailleurs, ils viennent voir leur
député à Matane aussi.
M. Giasson: II n'y a rien de changé.
M. Bordeleau: Est-ce qu'on peut penser, M. le ministre...
M. Bérubé: Plus ça change, plus c'est
pareil.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Est-ce qu'on peut penser, M. le ministre, que
ça pourrait être modifié, la lettre standard, pour avoir
une formule peut-être un peu plus douce?
M. Bérubé: Je ne sais pas si le ministre pourrait
répondre à ça.
Je n'étais pas au courant que des lettres aussi
sévères parvenaient aux citoyens, mais je comprends un peu
l'administrateur dans la région qui a souvent servi des avertissements
très polis et qui n'ont pas été pris au sérieux,
alors qu'un avertissement comme ça, il est à peu près
sûr...
Une Voix: D'avoir une réaction. ... que le citoyen en
question va venir au bureau pour régler son affaire. Dans cette
région, je sais qu'il y a un effort particulier qui est fait pour
régler la fameuse question des squatters. Les problèmes des
occupations illégales préoccupent l'administrateur
régional, il y a un effort qui est fait dans ce sens et probablement
qu'au cours de l'an prochain, il y aura certains développements.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais demander au
ministre, avant de passer aux trois questions que j'ai à poser, si en ce
qui a trait à la réglementation qui existait
antérieurement au fameux arrêté en conseil du 17 juillet
1977, où on a vraiment établi les règlements 2741, 2742,
2743, concernant les terres publiques, il existait de la réglementation
antérieurement à ça? De la réglementation
écrite par le Conseil des ministres.
M. Bérubé: Oui, effectivement, il existait des
arrêtés en conseil, de portée générale qui
permettaient au ministre de vendre des terrains à un certain prix et de
louer des terrains à un certain prix.
M. Perron: Si vous permettez, M. le Président, je voudrais
toucher la question des terres publiques. On sait que dans plusieurs cas,
antérieurement à ces arrêtés en conseil,
spécialement le 2741 concernant les lots de villégiature, il y a
beaucoup de personnes qui se sont établies près de la mer,
près des lacs, des endroits accessibles, ou encore à plus de 100
milles au nord de Sept-Iles, disons, en vue d'y faire la pêche sportive,
même à Terre-Neuve, si ma mémoire est bonne. En ce qui a
trait à des gens qui se sont construit des chalets qui sont habitables
l'hiver, les gens ont vendu leurs maisons au village ou en ville, demeurent
là régulièrement. Très souvent, on rencontre des
cas où ce sont des squatters. N'y aurait-il pas possibilité, pour
légaliser tous ces cas ou pour avoir une meilleure
réglementation, pour permettre d'émettre des baux ou des lettres
patentes, qu'au moment où on se parle dans les prochains jours ou dans
les prochaines semaines, peu importe, on émette un genre de moratoire
pour pouvoir établir une politique en ce qui a trait à la vente,
à l'émission de lettres patentes, ou encore des baux de location
pour tous les terrains où il y a des bâtiments de construits
antérieurement au 17 juillet 1977, soit l'arrêté en conseil
lui-même, où on établit une nouvelle politique?
A travers le Québec, il y a à peu près 15 000 ou
16000 squatters actuellement. Je parle des squatters, en disant 15 000 ou 16
000. Il y en avait plus que cela. Il y en avait à peu près 30 000
trois ans passés, avant les arrêtés en conseil.
M. Bérubé: Mais les chiffres que j'avais
étaient de 45 000 et incluaient les clubs de chasse et pêche.
M. Perron: Oui. Mais ce que je voudrais savoir, c'est s'il y
aurait possibilité d'établir un moratoire pour avoir une nouvelle
politique.
M. Bérubé: Je ne suis pas conscient des
implications d'un moratoire. Par conséquent, je ne saurais dire si oui
ou non on peut accorder un tel moratoire. Une chose est certaine, c'est que
l'objectif au niveau de la gestion des terres publiques, au cours de
l'année, est d'en arriver à un certain nombre de règles
administratives suffisamment claires et applicables pour qu'on puisse
régulariser d'une façon un peu automatique. Pour l'instant, je ne
connais pas les implications d'un moratoire et, par conséquent, je
n'oserais dire ni oui ni non.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait étudier ou
faire étudier la question? C'est une question très importante.
Vous avez mentionné tout à l'heure qu'il y avait des cas de bonne
foi et de mauvaise foi avant 1977, avant l'arrêté en conseil en
question. Mais c'est difficile de faire la part des choses entre la bonne foi
et la mauvaise foi. C'est impossible de faire cela.
M. Bérubé: II y a des cas où la personne qui
s'est implantée a été avisée à l'avance ou
pendant qu'elle construisait. Lorsqu'il s'agit d'une occupation illégale
et que nous avons des preuves à cet égard, on peut parler de
mauvaise foi, puisque la personne ne peut pas plaider ignorance.
M. Perron: D'accord. Mais, à partir de là, puisque
vous avez mentionné les cas antérieurs au 17juillet 1977 ou un
peu plus tard, lorsque cela a été mis en application, j'aimerais
savoir, pour tous ces cas antérieurs, où il n'y avait vraiment
pas de politique, ni de publicité par la radio, la
télévision, en rapport avec les terres publiques, comment
procéder en ce qui a trait à l'obtention de terres publiques pour
construire un chalet, une maison ou quoi que ce soit. Beaucoup de gens
n'étaient pas informés de cela, sont arrivés dans le
décor à un moment donné et ont construit. Ils ont dit:
Cette terre appartient au gouvernement, donc, c'est à nous autres.
Très souvent, on rencontre des cas comme cela.
Considérant que vous avez adopté l'arrêté en
conseil 2741, qui a établi vraiment une très bonne politique en
ce qui me concerne je parlais des cas antérieurs, pas ceux
après ils savaient, ceux qui se sont établis après,
que c'était illégal de le faire, en tout cas, dans la
majorité des cas, dans 99% des cas. Antérieurement, cela
n'était pas pu- blicisé, les gens ne le savaient pas très
souvent. C'est là que c'est difficile de faire la part des choses. C'est
pour cela que je vous demandais s'il y avait possibilité
d'étudier la question'd'émettre un moratoire sur tous les cas
antérieurs au 17 juillet 1977.
M. Bérubé: Et de les légaliser tous
indistinctement?
M. Perron: Pas nécessairement les légaliser, mais
étudier qui est vraiment dans l'illégalité et qui ne l'est
pas.
M. Bérubé: C'est ce que nous faisons ai cours de
l'année.
M. Perron: Ceux qui ont des constructions de $20 000 ou $25 000,
qu'on les légalise par bail ou par lettres patentes, dans des
municipalités où c'est possible de le faire, où il y a des
règlements de zonage et un plan d'urbanisme.
M. Bérubé: C'est exactement en ce sens que nous
nous dirigeons cette année.
M. Perron: Comme le disait le député
d'Abitibi-Ouest, les lettres qui sont envoyées nous causent beaucoup de
problèmes dans les comtés. On ne sait même pas quoi en
faire. On leur dit: Écris à telle place, essaie de t'entendre
pour avoir le temps de déménager ta maison ou ton chalet. J'ai
même vu le cas d'une personne qui s'est construit une maison de $40
000.
D'accord pour le moratoire. On pourra étudier cette question. Je
n'ai pas terminé. J'ai deux autres choses à dire.
Concernant les gens qui ont construit, il y a plusieurs années,
par exemple, au nord de Sept-Îles, à une centaine de milles
M. le sous-ministre doit sûrement être informé de cela
ce sont des gens qui se sont construit des chalets. La seule
façon d'aller là, c'est par avion. Il n'y a aucun chemin de fer,
aucune route pour rendre l'endroit accessible. Ce n'est pas accessible à
tout le public, à moins de louer un avion. Serait-il possible qu'on
émette des baux de location à ces gens-là, en
étudiant les cas, cas par cas, bie entendu, dans des endroits où
ce n'est pas accessible? Très souvent, ce sont des gens qui sont
propriétaires d'avions ou qui louent des avions de leurs amis pour se
rendre là.
M. Bérubé: C'est envisageable, là où
on peut supposer qu'il n'y aurait pas de dommages causés à la
faune. Les braconniers, cela existe. Pour des raisons de conservation de faune,
par exemple, on pourrait ne pas viser à disséminer dans tout le
territoire de nombreux petits camps de chasse, car, si cet individu qui a
l'avantage d'être un moins bien nanti de la société, qui ne
peut s'offrir qu'un Twin Otter à $55 000, sinon $200 000, qui gagne un
petit salaire de $150 000 par année et qui aurait les moyens de se payer
un magnifique petit "shack" de $40 000 à trois cents milles à
l'intérieur
des terres et cela de façon strictement illégale, s'il
avait droit à ces avantages que lui confère la richesse, est-ce
justifié de lui accorder et de ne pas l'accorder au pauvre diable de
votre comté qui n'aurait pas les moyens de faire cela? Il ne pouvait pas
le faire et il ne l'a pas fait.
M. Perron: Oui, en principe, je suis d'accord avec le ministre.
C'est entendu que quelqu'un qui n'est pas bien nanti dans la
société ne peut pas s'acheter un avion, ne peut pas louer un
avion pour se rendre à cent milles en arrière dans la...
M. Bérubé: II ne peut pas occuper les terres
également. Finalement, celui qui occupe les terres illégalement,
c'est celui qui a les moyens de se payer un avion.
M. Perron: Non, ce n'est pas cela que je veux dire. Je vais
changer de sujet, je pense, parce que là, on n'est pas sur la même
longueur d'onde.
M. Bérubé: C'est cela, le problème.
M. Giasson: M. le député, je dois vous confier que
je comprends les cas que vous soumettez.
M. Bérubé: Avez-vous un avion?
M. Giasson: Je n'ai pas d'avion, mais les gens qui vont
s'installer des petits camps sur des îles à l'intérieur de
lacs, dans votre comté surtout...
M. Perron: Oui.
M. Giasson: ... ce ne sont pas des gens qui gagnent $50 000 par
année; ce sont des gens qui se prennent $1000 pour des vacances par
année, qui paient les frais de location d'un avion et qui ne
possèdent pas d'avion. Je connais des gens qui vont chez vous. Personne
ne possède d'avion.
M. Perron: II y en a, mais très peu.
M. Giasson: C'est $1000 qu'ils consacrent à une
activité de loisirs et il s'agit d'aller dans un petit camp qu'ils ont
installé sur une île, quelque part dans les lacs chez vous, dans
le comté de
Duplessis.
M. Perron: Très souvent, c'est un camp de bois rond qu'ils
ont bâti en coupant du bois juste sur l'emplacement.
M. Giasson: C'est cela.
M. Perron: Vous parliez de braconniers tout à l'heure, M.
le ministre. Il y en a qui sont des braconniers. J'en connais. Il y en a
d'autres qui sont très souvent des protecteurs de la flore et de la
faune.
M. Giasson: Exactement.
M. Perron: Ils s'en vont là pour se reposer, pour
être loin de la civilisation.
M. Bérubé: Présentement, ce que nous avons
pour régulariser ces occupations, lorsqu'on estime qu'il n'y a pas de
pressions indues sur la faune, sur le milieu, c'est soit un permis d'occupation
pour des roulottes ou de l'équipement léger, ou soit ce qu'on
appelle un bail à court terme pour une installation fixe. Ce n'est pas
exclu, effectivement, que le ministère régularise de telles
occupations; je vous soulignais simplement les problèmes d'application.
Ce sont les problèmes de justice, finalement. Qui y a droit, qui n'y a
pas droit? Est-ce l'arbitraire du ministre qui décide?
M. Perron: Non, je pense qu'on devrait plutôt
établir un genre de réglementation qui serait abordable à
tout le monde.
M. Bérubé: Elle est difficile, la
réglementation, parce qu'il y a des éléments subjectifs
dans la réglementation. Par exemple, quelqu'un se construit un chalet
sur le bord de la rivière Moisie et est admirablement bien placé
pour aller faire la pêche au saumon, à intervalle régulier.
Pourrons-nous prévoir ce cas dans un règlement par opposition
à l'autre qui, sur un lac, dans le nord, s'est construit un petit chalet
de bois rond, comme vous le disiez, sur une pointe avec un minimum... Quel est
le critère, quelle est la norme qui va vous permettre de distinguer
entre les deux? Je pense qu'on pourrait vous demander de vous joindre à
nous pour préparer cette réglementation. Votre expérience
nous serait d'un précieux secours.
M. Perron: Non, mais je parlais tout à l'heure, M. le
ministre j'aimerais cela travailler là-dessus, pour votre
information des endroits non accessibles.
M. Bérubé: Aucun problème, les
réunions du ministère sont ouvertes, pas à toutes les
formations politiques, mais de notre bord.
M. Perron: Je parlais tout à l'heure d'endroits non
accessibles.
M. Giasson: Vous ne voulez rien de discrétionnaire, de
votre bord seulement.
M. Bérubé: C'est une question de résultats
d'élection. Votre tour viendra sans doute un jour.
M. Perron: Quand je disais "endroits non accessibles", cela
voulait dire par terre, cela voulait dire par mer et cela voulait dire par
chemin de fer. (21 heures)
Vous parlez de la rivière Moisie. On peut remonter la
rivière Moisie en canot à rame ou en canot moteur sur des milles
et des milles de long. Si on s'en va au lac Arthur, par exemple, on n'y ira pas
en canot, il va falloir y aller soit en hélicoptère ou en avion.
C'est ce qui fait la différence. Il y a des endroits non accessibles,
mais il y en a d'autres qui le sont.
M. Bérubé: Vous semblez avoir une bonne idée
des normes. Votre expérience serait éminemment utile à la
préparation de ce document.
M. Perron: Passons maintenant à 1962. Il y avait une loi
qui existait au Québec, qui a existé par la suite aussi, qui
permettait au ministère de l'Agriculture d'émettre des lettres
patentes sur des lots considérés comme agricoles. Je vais prendre
l'exemple de la baie des Sept îles il y a 5400 cas comme cela au
Québec. Le ministère de l'Agriculture a émis des lettres
patentes à des gens par arrêté en conseil au lieu de les
émettre par le biais d'une loi. Aujourd'hui, à la suite d'une
décision de la cour, le juge Dorion a décidé qu'à
Sept-Îles la majorité des propriétaires de la baie des Sept
Îles qui possédaient des terres antérieurement agricoles,
à des fins d'agriculture... on a vendu ces lots à un M.
Leboullaire. M. Leboullaire a subdivisé les lots et il les a revendus
après avoir obtenu les lettres patentes du ministère de
l'Agriculture. Il les a revendus. Tous ces lots sont considérés
actuellement, à la suite d'une décision de la cour du juge
Dorion, comme illégaux. Il y en a à peu près 350 dans la
baie des Sept Îles. Qu'est-ce qu'on fait avec cela? Est-ce qu'il faut
adopter une loi spéciale à l'Assemblée nationale pour
régulariser tout cela?
M. Bérubé: Je pense qu'il faudrait s'adresser au
ministre de l'Agriculture.
M. Perron: J'ai déjà un dossier au ministère
de l'Agriculture. On semble se lancer la balle entre le ministère de
l'Agriculture et le ministère de l'Énergie et des Ressources. Je
peux faire parvenir au ministre toute la documentation sur le dossier
Leboullaire. Je peux vous assurer qu'il y a quelque chose d'assez
intéressant là-dedans.
M. Bérubé: J'ai dit que cela me faisait penser au
problème des relations fédérales-provinciales.
M. Perron: Je me pose la question, à savoir si cela
relève de l'Agriculture ou du ministère de l'Energie et des
Ressources.
M. Bérubé: Ce n'est certainement pas à cette
commission qu'on va être capable de le définir. La seule bonne
façon, c'est de faire une bonne séance de travail à mon
cabinet avec les fonctionnaires du ministère pour essayer de
démêler cela.
M. Perron: Est-ce que le ministre avait entendu parler de
celui-là?
M. Bérubé: Absolument pas.
M. Perron: D'accord. On va envoyer le dossier au ministre.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que c'était votre
deuxième question?
M. Perron: J'en ai une troisième, et j'aurai
terminé.
Le Président (M. Laberge): La troisième. Le
programme 9, gestion des terres publiques, est-il adopté? M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Puisque nous sommes à la gestion des terres
publiques, il s'est produit récemment une entente entre le
ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Energie et des
Ressources Terres et Forêts jusqu'à la fusion des
ministères dans le sens qu'il était possible que des lots
qui étaient sous le contrôle et la juridiction du ministère
de l'Agriculture soient rétrc cédés les lots qui
étaient détenus par billet de location au ministère
des Ressources, à la suite de conditions
prédéterminées. J'aimerais savoir si avec la
procédure d'attribution de lettres patentes sur des lots détenus
sous billet de location du ministère de l'Agriculture,
rétrocédés au ministère, si avec la
procédure d'émission de lettres patentes, lorsque ce lot, sur
consentement du propriétaire, a été intégré
à un groupement forestier, il y a possibilité que
l'opération d'émission de lettres patentes, lorsque toutes les
conditions sont remplies, se fasse assez rapidement.
M. Bérubé: II existe un arrêté de
portée générale qui justement permet cette
opération. A savoir si elle est assez rapide, je pourrais
peut-être demander à M. Duval de nous dire...
En fait, le problème de la lenteur vient peut-être, dans
certains cas, du fait que, lorsque la décision est prise que le lot sera
rétrocédé au maire, il y a toute une série de
négociations qui se fait entre le ministère de l'Agriculture et
le cultivateur ou le détenteur du billet de location. Ensuite, il y a un
arrêté en conseil par lequel le lot est transféré,
est rétrocédé de l'Agriculture au maire.
Généralement, ces arrêtés concernent
plusieurs lots; on traite un certain nombre de cas en même temps, ce peut
être dix, vingt ou trente. Dès que l'arrêté en
conseil qui transfère le lot au maire est passé, cela peut
être un délai de trois semaines à un mois, le temps de le
préparer et de le faire approuver, il faut que cela subisse plusieurs
approbations. Ensuite, on émet les lettres patentes. La rédaction
des lettres patentes peut prendre, pour un certain nombre de lettres patentes,
une semaine, quinze jours; ensuite, il y a les approbations chez nous, au
ministère de la Justice, il y a l'enregistrement, ensuite, les lettres
patentes vont chez le lieutenant-gouverneur, ce qui peut prendre deux mois. Le
processus normal à partir du moment de la décision
d'émettre des lettres patentes, de transférer le lot, peut
être quelque chose comme quatre mois.
M. Giasson: Si toute cette opération pouvait s'effectuer
dans quatre mois, ce serait merveilleux.
M. Bérubé: Quatre mois, quand tout va bien.
M. Giasson: Le détenteur du billet de location accepte le
principe d'intégrer son lot à un groupement forestier. Il s'agit
toujours de quelqu'un qui ne vit pas de l'agriculture parce que celui qui vit
vraiment de l'agriculture est capable d'obtenir ses lettres patentes par le
ministère de l'Agriculture en vertu de dispositions qui prévoient
cela. C'est le cas des détenteurs des billets de location qui ne sont
pas des producteurs agricoles, qui voudraient devenir propriétaires du
lot ou des lots, parfois il se peut qu'il y ait deux lots qui sont
détenus. La première opération se fait naturellement au
ministère de l'Agriculture, il y a une révocation par le
ministère de l'Agriculture, cela va bien, il faut que cela soit
affiché dans la paroisse pendant un délai de quinze ou trente
jours. Ce n'est pas dans cette partie-là que je crois qu'il devrait y
avoir plus de diligence. Lorsque l'affichage a été
complété définitivement le lot est
rétrocédé de l'Agriculture au maire. C'est à partir
du moment où le maire a le lot sous sa juridiction, si vous me dites que
ces cas, toute la procédure et les passages de la lettre patente qui
doit être signée et contresignée, en deux ou trois endroits
différents, si vous me dites que cela se fait dans quatre mois, c'est
merveilleux! par rapport à l'expérience de cas que j'ai
vécus, c'est-à-dire de gens qui sont venus me voir avec des
dossiers de ce genre.
M. Bérubé: II y a peut-être certains cas qui
sont plus compliqués que d'autres où l'ancien propriétaire
du lot a déjà cédé des parcelles de terrain. Il y a
certaines régularisations à faire des occupations avant de
pouvoir céder tout le lot par lettre patente.
M. Giasson: Mais là, il ne s'agit pas de cas qui sont
marqués de situations particulières telles que vous venez de
décrire.
M. Bérubé: Ce n'est pas toujours...
M. Giasson: Tous les droits sont payés au ministère
de l'Agriculture. Le détenteur du billet de location a également
payé le droit qui est requis par le ministère, par le maire, pour
déclencer le processus. Les formulaires ont été
signés sur toutes les parties qui doivent signer: le requérant,
les deux ministères avec leurs représentants. Toute cette
opération étant faite avec les droits payés. C'est le
temps que cela met pour déboucher sur rémission des lettres
patentes.
M. Bérubé: Quatre mois c'est le grand maximum, s'il
n'y a pas de problèmes. Ce devrait être moins que cela.
M. Giasson: Si cela se fait dans quatre mois dans l'avenir, je
dis que cela va bien. Vous êtes plus rapides que le ministère de
l'Agriculture, d'ailleurs, dans quatre mois. Oui, je vous avoue cela! Au
ministère de l'Agriculture, cela se faisait entre six mois et un an.
M. Bérubé: Je me souviens d'un beau cas qui venait
du comté de Duplessis. Je ne crois pas que le député de
Duplessis soit au courant. La lettre absolument pathétique du monsieur
qui, depuis quatorze ans, essayait d'obtenir son lot et finalement nous le lui
avions réglé dans une journée, mais il avait fallu
monopoliser le lieutenant-gouverneur et la personne s'était
présentée au bureau; on l'avait littéralement prise par la
main, en passant de l'Agriculture à Terres et Forêts, à
tous les niveaux, l'arrêté en conseil avait été
soumis au Conseil des ministres, on l'avait fait approuver, tout s'était
passé entre nos mains. C'était vraiment assez exceptionnel, mais
il avait pris quatorze ans avant d'en arriver là.
C'est lourd un peu comme machine administrative. C'est difficilement
évitable par contre.
M. Giasson: II y a également le phénomène
qui vient d'être cité par M. le sous-ministre à l'effet que
vous attendez d'avoir un certain nombre de lettres patentes à
émettre avant d'enclencher le processus.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: Cela peut être une des causes de
délai?
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Une cause importante, je crois.
M. Bérubé: Par contre, présenter un
arrêté ministériel quand on sait ce qu'implique de
délais, de préparation, un arrêté ministériel
quand on sait la charge de travail d'un Conseil des ministres, on se rend bien
compte qu'il faut essayer de simplifier au maximum. Ce n'est pas un
problème facile. Non, vous avez raison. Nous espérons
entreprendre une expérience dans le Bas Saint-Laurent-Gaspésie de
simplification de cette opération-là que je serai en mesure
d'annoncer bientôt.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que ça va?
M. Giasson: Cela va. Toujours dans la réserve des trois
chaînes, M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Toujours au programme 9.
M. Giasson: ... quelles sont les politiques appliquées par
le ministère dans le cas de propriétaires de terrains qui ont des
titres, mais dont les terrains sont touchés par la réserve des
trois chaînes et qui font des coupes à blanc? Est-ce que le
ministère a maintenu un appel de droit de coupe multiplié par
deux, trois ou quatre fois les droits de coupe? Il fut un temps où, au
ministère, ce n'est pas du temps de l'actuel ministre, dans des
régions comme la mienne entre autres et dans la région de la
Bèauce, je ne sais pas pourquoi ces deux régions-là
étaient beaucoup plus touchées que les autres, où des
gens...
M. Bérubé: Probablement en général,
que c'est lorsque le parti est au pouvoir que les fonctionnaires s'acharnent
sur ces comtés-là.
M. Giasson: Non, je ne vois pas de relation dans le sens que vous
venez d'indiquer, mais l'expérience qu'on a vécue à
l'époque, c'est vers les années 1974-1975, a touché
surtout des cas de personnes qui habitent ce qu'on appelle la Côte-Sud et
la région de La Chaudière. Ces gens-là ont
été pénalisés pour avoir fait des coupes, des gens
de bonne foi vraiment, il y avait des gens qui ne savaient même pas que
la réserve des trois chaînes posait de telles conditions, et le
gouvernement avait toujours laissé porter antérieurement. Il
s'était passé des décennies et des décennies sans
que les gens qui coupaient dans la réserve des trois chaînes
soient dérangés d'aucune manière. Ensuite, c'est
arrivé, on a appliqué la loi avec
sévérité.
J'aimerais savoir, dans le cas de ceux qui ont continué à
faire des opérations et des coupes je ne parle pas de coupes
sélectives, des coupes à blanc quelles sont les mesures
qu'on applique contre eux?
M. Bérubé: Depuis ces accidents de parcours, nous
avons établi une façon de procéder qui implique que des
propriétaires adjacents à la réserve des trois
chaînes doivent s'adresser au ministère pour obtenir la permission
de faire des exploitations sur la réserve des trois chaînes, sans
aucune obligation de payer des droits de coupe ou quoi que ce soit. Le seul but
visé, c'est d'éviter des coupes à blanc. Cela pourrait
être accepté, mais en évitant des coupes excessives, en
fait, qui pourraient mettre l'écologie ou l'équilibre en
danger.
Donc, le propriétaire adjacent à la réserve peut en
bénéficier, soit pour une occupation personnelle, soit pour
l'exploitation forestière, l'utilisation pour des fins agricoles, si
c'est le cas, sans aucune indemnité, sauf d'avoir un accord du
ministère pour éviter les excès.
M. Giasson: Mais on remarque toujours dans la situation de la
réserve des trois chaînes deux réalités: les
concessions de titres de propriété qui ont été
faites avant 1884, je crois, ne sont pas assujetties à ça et
seules les concessions faites après ces titres de
propriété sont assujetties.
M. Bérubé: Et entre 1884 et 1912... M. Giasson:
1919, je pense.
M. Bérubé: 1919, il y a là une
imprécision juridique.
M. Giasson: C'est ça, les droits miniers par rapport au
reste.
M. Bérubé: La rétroactivité.
M. Giasson: Mais il y a des gens qui sont traités de
façon différente, ce n'est pas voulu par le gouvernement
présent, mais vous avez des gens qui ont des titres de
propriété absolue sur des propriétés en bordure de
la rivière et des lacs, qui sont nettement avantagés par rapport
à d'autres citoyens du Québec qui détiennent des terrains
dont les titres de propriété ont été émis
après 1884. Il y a deux systèmes de traitement. Vous allez me
dire que ce n'est pas facile d'apporter un correctif qui traite tout le monde
sur le même pied. Il faudrait que l'Etat acquière les mêmes
titres ou les mêmes droits sur les concessions antérieures
à 1884, de manière que tout le monde ait le même
traitement. Mais cela crée une situation choquante pour des gens qui ont
acquis des propriétés dor* les titres, les lettres patentes on
été émis aprt 1884 par rapport à d'autres citoyens
qui profitent de rives de rivières et des lacs, sous prétexte que
la concession définitive a été faite avant la date dont on
parle. C'est déroutant, pour ne pas dire choquant à l'endroit de
certain propriétaire quand il voit que l'autre, son voisin ou son ami,
occupe une situation qui est complètement différente de la
sienne. (21 h 15)
M. Bérubé: C'est indéniable.
M. Giasson: Je me demande si, un jour, il ne faudrait pas
trouver, dans la recherche de solutions, une solution définitive qui
ferait que tout le monde soit traité de la même façon, soit
sur le même pied, dans des contextes similaires. Est-ce que la mesure
à laquelle vous avez songé, M. le ministre, va aller dans ce
sens-là?
M. Bérubé: Non, cela ne réglera pas ce
problème en particulier.
M. Giasson: Non plus.
M. Bérubé: Je n'ai pas d'idée comment. Je
léguerai à mon successeur, au maire, les problèmes que mes
prédécesseurs m'ont légué. Chacun se les
lègue de père en fils, avec la même hâte,
étant donné la complexité du problème et la
très grande difficulté de le régler. Vous ne pouvez pas
imaginer le nombre de solutions et je suis convaincu que le gouvernement
antérieur a dû avoir les mêmes problèmes puisque je
sais que Drummond et M. Toupin se sont amusés avec ia réserve des
trois chaînes, mais, malheureusement, c'est terriblement complexe.
M. Giasson: II y a également le phénomène
des plaintes que nous avons reçues. Je ne suis pas allé sur les
lieux vérifier si c'était vraiment fondé, en dépit
des affirmations solennelles qu'on m'avait faites. Il y a des gens qui
possédaient des propriétés qui étaient
touchées par la réserve des trois chaînes et qui avaient un
traitement beaucoup plus sévère de la part de l'Etat que lors des
opérations qui étaient faites dans le domaine public, toujours en
bordure des rivières et des lacs, opérations menées par
une société de la couronne, menées par REXFOR.
M. Bérubé: Sur les terres publiques, la bordure,
dans le cas des lacs, est de 200 pieds et le long des cours d'eau, 100
pieds.
M. Giasson: Les petits cours d'eau. Vous êtes sûr que
REXFOR n'a jamais coupé la bande qui se situe entre...
M. Bérubé: De là à dire que toutes
les...
M. Giasson: La bande de 100 pieds entre le ruisseau et la
forêt.
M. Bérubé: De là à dire que toutes
les îtreprises respectent la loi, je n'oserais.
D'ailleurs, il peut y avoir des raisons. C'est une réglementation
qu'on essaie de suivre. Il peut y avoir de bonnes raisons de ne pas la suivre.
Par exemple, s'il est question d'un peuplement "mature" qui est en train de
renverser ou qui est attaqué par la tordeuse ou des choses comme cela,
il pourrait y avoir de bonnes raisons de le récolter, pour éviter
des chablis, des feux de forêt.
M. Giasson: Je ne veux pas dire que, si REXFOR a posé de
tels gestes, ce ne soit pas fait à partir d'une logique. Je dis que
c'est sur place que tu constates la réalité, que tu prends la
décision qui s'adapte le mieux à la réalité. Mais,
pendant que des gens subissaient des attaques de la part du ministère
des Terres et Forêts dans le temps et qu'ils voyaient dans le domaine
public, situé dans la même paroisse, qu'on leur reprochait d'avoir
coupé la bande le long de la rivière sur leur terrain et que la
société d'Etat se permettait cela...
M. Bérubé: C'est moins le cas, maintenant. Vous
admettrez avec moi, M. le député de Montmagny-L'Islet, que les
nouvelles procédures administratives concernant les coupes sur la
réserve des trois chaînes sont maintenant beaucoup plus
souples.
Le Président (M. Laberge): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Programme 9 adop-
M. Bérubé: Si je ne me trompe pas, d'ailleurs, il
s'agissait de mesures...
Recherche géologique et minérale
Le Président (M. Laberge): J'appelle le programme 10,
recherche géologique et minérale. L'élément 1
concerne les levées et études géoscientifiques. Y a-t-il
des questions particulières?
M. Giasson: Dans la recherche géologique et
minérale, avec l'évolution très rapide que connaît
la situation sur le plan mondial touchant certains minéraux, est-ce que
le ministère a l'intention de mettre un accent plus marqué?
M. Bérubé: De quels minéraux
parlez-vous?
M. Giasson: On sait qu'il y a des secteurs comme le domaine
aurifère qui a connu une poussée fantastique au cours des
derniers mois. Vous avez eu à peu près le même comportement
dans le secteur argent métal. Par contre, d'autres métaux ont eu
une situation beaucoup plus stable, beaucoup plus régulière.
Effectivement, pour autant que le gouvernement du Québec est
concerné, c'est surtout la société SOQUEM qui va faire de
la recherche et de l'exploration.
M. Bérubé: A peu près le tiers de
l'exploration au Québec est faite par nos sociétés
d'État.
M. Giasson: Est-ce qu'il n'y aurait pas également des
participations de SOQUEM dans des programmes de recherche avec l'entreprise
privée?
M. Bérubé: Beaucoup.
M. Giasson: Jusqu'à maintenant, est-ce que cela s'est
révélé riche comme résultat d'opération, ces
ententes?
M. Bérubé: Vous avez Niobec qui est
exploitée conjointement avec Tech Corporation, vous avez le
développement de Sylver Stack, la mine Doyon, qui est avec le groupe
Little Long Lac; au moins ces deux mines sont développées.
Effectivement, vous avez deux mines sur tois actuellement en exploitation qui
sont des "joint ventures" avec d'autres firmes; vous avez par contre Louvem qui
est exploitée à 100% par SOQUEM, contrôlée
entièrement pas SOQUEM et le sel des Îles-de-la-Madeleine qui sera
exploité également à 100% aux Îles-de-la-Madeleine.
Il y a la possibilité de développer un nouveau gisement à
Muscocho, dans le comté de Portneuf, qui serait également un
"joint venture".
M. Giasson: II semble se révéler qu'il y a un bon
potentiel dans ces projets, Muscocho, et...
M. Bérubé: ... des mines d'or au Québec? Je
pense que la production actuelle du Québec ne fait pas tout à
fait 30% de la production canadienne de l'or. Au niveau de l'exploration, c'est
très actif, si on tient compte des demandes de permis, des "claims" qui
se prennent sur les terrains, des réouvertures de vieilles mines qui
avaient fermé, les conditions du marché dans ce temps-là
n'était pas celles que l'on connaît à l'heure actuelle.
C'est en effet très actif dans le secteur de l'or dans le Nord-Ouest
québécois.
M. Giasson: En résumé, la recherche que peut mener
le ministère, en quelques mots, ça comporte quel type
d'activité?
M. Bérubé: En gros, c'est une recherche
d'information. Contrairement à d'autres ressources,
les ressources minières sont des choses qui sont en bonne partie
cachées, souterraines. Les méthodes d'exploration sont de plus en
plus sophistiquées et raffinées, elles demandent des moyens qui
ne sont pas nécessairement à la portée des prospecteurs,
tels qu'on les connaissait il y a une vingtaine d'années. Les moyens
géophysiques, physiques et chimiques nécessitent des entreprises
importantes et des budgets aussi considérables, pour essayer de
déterminer le potentiel minéral, les zones favorables, les
régions favorable, les cibles, l'évaluation des cibles. Cela se
fait par approches successives, de la macro-approche à la
micro-approche.
Le Président (M. Laberge): D'autres questions sur cet
élément 1?
M. Giasson: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté. Elément 2, Inventaire du potentiel minéral. Des
questions?
M. Giasson: Est-ce que les crédits consacrés
à cet élément de programme sont tellement
différents de ceux qu'on avait les années antérieures?
C'est à peu près le même volume?
M. Bérubé: C'est un accroissement lié
à l'augmentation de la masse salariale.
Le Président (M. Laberge): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Elément 2,
adopté. Donc, le programme 10 est adopté.
Surveillance et développement de l'industrie
minière
Programme 11, Surveillance et développement de l'industrie
minière, 5 éléments. Elément 1, Voirie
minière.
M. Giasson: Dans le secteur de la voirie minière,
ça doit être habituellement les compagnies qui font le travail
d'aménagement des routes minières?
M. Bérubé: Non, la voirie minière est
généralement soit en régie par le ministère, ce qui
est peu fréquent ou sous-contracté par soumissions publiques
à des contracteurs. Mais ce n'est pas l'industrie qui fait de la voirie
minière normalement. Cette voirie minière porte surtout sur les
chemins d'accès, pour faciliter l'exploration d'une part, dans certains
cas. Et dans le cas présent, l'essentiel du projet, c'est la
construction d'un segment de route qui va relier Joutel à la mine de
Selco, Selbaie. Il y a $6 000 000 des $7 000 000 qui vont pour la route
Selbaie-Joutel.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela va? Vous avez
d'autres questions, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Bordeleau: Si je peux interrompre le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, allez.
M. Bordeleau: Dans le montant de $6 000 000 que vous avez ici,
avec la route Selbaie-Joutel, j'aimerais savoir si on peut séparer la
partie Ville-bois-Selbaie de Selbaie-Joutel, et approximativement, j'aimerais
connaître les budgets.
M. Bérubé: Villebois est à
l'intérieur du ministère des Terres et Forêts. La partie
Villebois-Selbaie est couverte dans le budget de la voirie
forestière.
M. Bordeleau: II y a quand même un pont sur la
rivière Wawagosic qui va être dans le budget de $6 000 000.
M. Bérubé: Juste à la fin de la route
Villebois-Selbaie.
M. Bordeleau: Avec ce montant de $6 000 000 au cours de cette
année, quels sont les types de travaux qu'on prétend pouvoir
faire?
M. Bérubé: Ce sont, en gros, terminer le joint de
Joutel à la route de Matagami en passant par les monts Cartright. C'est
une nouvelle route, rectifier la route qui existe à l'heure actuelle,
qui est une route secondaire, l'améliorer, faire le gravelage de fond et
préparer pour la finition en 1981.
M. Bordeleau: II n'y aura pas du tout d'asphaltage cette
année?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas prévu au
programme.
M. Bordeleau: Cela va.
Le Président (M. Laberge): Elément 1, ado
té. Elément 2. Recherches minérales.
M. Giasson: A l'élément 1, dans les crédits
l'élément de mise en place d'infrastructures, routes
d'exploration, on se retrouve avec une diminution de crédits assez
importante. Est-ce qu'il s'agit d'un projet spécial qui aurait
été réalisé à l'intérieur de cet
élément l'an dernier?
M. Bérubé: Le budget est limité, il faut
dire, et on met l'accent sur une route d'infrastructure, dans ce cas-ci, une
route d'exploitation. On ne peut pas mettre l'argent partout.
M. Giasson: Cela revient à ce qu'on disait cet
après-midi, c'est une question de choix en priorité.
M. Bérubé: Pour répondre à votre
première question, cela dépend de l'état d'avancement de
l'exploration. Il y a eu un effort en 1979-1980 pour l'exploration dans le
Nord-Ouest québécois à la faveur des mines d'or et
l'intérêt qu'ont présenté ces mines. Nous sommes
plutôt au stade d'exploitation cette année et la demande n'est pas
la même. La priorité est pour la route Selco. Cette mine entre en
production en juin 1981 et c'est important pour l'alimentation du "smelter" de
Noranda. Donc c'est réellement une priorité.
M. Giasson: Ou côté du territoire de la Baie James,
est-ce que vous avez des prévisions d'aménagement de routes pour
donner accès à des gisements qui sont connus?
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: Vous n'avez pas touché au territoire de la
Baie James?
M. Bérubé: II faut dire qu'au point de vue minier,
si on élimine la partie sud, parce qu'il y a des routes qui ont
été faites sur le territoire l'an passé, si on
élimine la partie sud du territoire, dans la partie plus au nord, la
dimension minière est relativement encore peu connue et peut-être
moins favorable que la partie sud et le Nord-Ouest et l'Abitibi.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté. Elément 2. Recherches minérales. Est-ce qu'il y a
des questions? L'élément 2 est-il adopté?
M. Giasson: Je remarque, du côté recherches et
développement, que les crédits ont été
augmentés de façon appréciable, $3 172 000...
M. Bérubé: II faut faire attention, il y a une
contribution à l'Institut de recherche et de développement de
l'amiante. Vous êtes à quelle page?
M. Giasson: A la page 98. (21 h 30)
M. Bérubé: Pour en avoir l'explication, je
sug-rerais que vous reveniez à la page 96. Vous allez oir qu'il y a un
transfert de $1 000 000 à l'Institut Je recherche et
développement de l'amiante. Il s'agit d'un institut créé
conjointement par le gouvernement et les compagnies minières de
l'amiante qui doit travailler au développement de nouveaux produits de
l'amiante, à la fois pour développer de nouvelles utilisations et
également pour mieux en connaître les problèmes par exemple
de propriétés relatives à la santé. Cela
représente la contribution gouvernementale dans le cadre d'une entente
de cinq ans, $1 000 000 par année, de la part du gouvernement et
l'industrie met 0,5% de son chiffre d'affaires, c'est-à-dire qu'elle va
mettre en gros, $2 250 000 si le chiffre d'affaires est de $450 000 000, en
mettant 0,5% de $450 000 000. Cela veut donc dire qu'elle va mettre $2 250
000.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Seulement une question à
l'élément 2 du programme 11, sur le niobium. On parle des projets
de recherche, d'extraction des phosphates entre autres. A ce stade-ci, est-il
possible de nous dire où en sont rendues ces recherches?
M. Bérubé: II y a certaines recherches qui se font.
Le Centre de recherche minérale est directement impliqué
là-dedans. Il y a eu du pilotage fait par le Centre de recherche
minérale, en usine, à la mine de Niobec. On est en train de
terminer le pilotage pour la production de phosphate et c'est fort
encourageant.
M. Desbiens: C'est encourageant. M. Bérubé:
Oui. M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Laberge): L'élément 2
est-il adopté? Adopté. Elément 3, Surveillance de la
production minière.
M. Giasson: Du côté surveillance, on semble vouloir
mettre l'accent de façon encore plus marquée sur l'inspection de
toutes les mines au Québec. Dans le passé, il y avait une
faiblesse du côté du secteur de l'inspection dans le domaine des
mines?
M. Bérubé: C'est l'augmentation du nombre de mines
en opération qu'on observe depuis un an et demi à peu
près, la réouverture en nombre important dans le Nord-Ouest
québécois. Cela demande un niveau d'activité plus grand.
C'est la même fréquence et le même intérêt qui
se continuent.
Le Présideni (M. Laberge): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: M. le Président, au programme 11, à
l'élément 3, dans le milieu on parle de la fermeture des
ouvertures dangereuses, c'est-à-dire des mines abandonnées et
dont les trous sont encore ouverts. Je sais qu'il s'est fait des travaux.
Peut-on avoir une idée de la situation? Est-ce que cela se continue
à un rythme assez accéléré?
M. Bérubé: Avec les moyens qu'on a, oui, cela se
continue. Le rythme n'est peut-être pas accéléré.
Cela se fait à une fréquence d'à peu près une
demi-douzaine par année, si mes informations sont exactes. Il y a eu des
règlements adoptés à ce sujet. Les techniques sont
connues. Cela a été de mettre au point en fait un certain nombre
de techniques à partir de "slabs" de béton, pour parler le
jargon, pour que ce soit convenable et sécuritaire et aussi pour que ce
soit aussi réuti-
lisable, c'est-à-dire quand on rouvrira la mine, que cela ne soit
pas trop dispendieux d'avoir accès aux puits. Cette technique est au
point. Elle a été éprouvée au cours des derniers
mois. D'ailleurs, on continue dans le même sens.
Le phénomène qu'on observe, dans votre région,
c'est plutôt la réouverture que la fermeture des mines. Il ne faut
pas les fermer trop vite.
M. Bordeleau: Non, il semble quand même qu'il y en avait
quelques-unes qui étaient dangereuses.
M. Bérubé: On a fermé toutes celles qui
étaient aux environs de Rouyn-Noranda et dont nous entretenait
régulièrement le député de Rouyn à peu
près à chaque période des questions.
M. Bordeleau: Est-ce que vous vous en venez maintenant vers Val
d'Or?
M. Bérubé: Cela va dépendre du nombre de
questions.
Une Voix: A Val d'Or, cela rouvre bien dans ce coin-là, il
ne faut pas changer trop vite.
M. Bérubé: Dans l'est, on les rouvre toutes.
M. Giasson: II semblerait, d'après les notes que nous
avons à la page 102, du côté droit de la page, que le
service veut améliorer ou développer un mécanisme de
surveillance et de contrôle pour rationaliser l'exploitation de sable et
gravier. Qu'est-ce qu'il faut comprendre exactement par cela?
M. Bérubé: C'est l'application du règlement
en fait sur les sablières et les gravières qui est sous la
responsabilité de la Loi des mines, qui n'est pas au ministère de
l'Environnement. Les permis sont accordés annuellement. On essaie de
satisfaire la demande et aussi d'éviter, en fait, les conflits et les
exploitations sauvages, de régulariser toute l'affaire et d'avoir
toujours aussi une préoccupation environnementale concernant l'aspect
physique des exploitations.
M. Giasson: Dans les territoires qui sont touchés par le
zonage agricole, ce contrôle ou cette émission des permis demeure
votre prérogative, votre responsabilité.
M. Bérubé: II s'agit des terres publiques. C'est
sous la responsabilité du ministère.
M. Giasson: Même les terres privées, je crois? Les
permis d'exploitation de sablières...
M. Bérubé: Oui, tous les permis d'exploitation
passent par le ministère.
M. Giasson: Est-ce que vous continuez d'émettre des permis
dans les secteurs qui sont touchés par le zonage agricole, qui sont
couverts comme zone verte? La loi sur le zonage avait prévu
l'émission de permis dans le cas d'exploitations de sablières ou
de bancs de gravier et également de permis pour le droit d'enlever le
sol de surface. Il y a toute une série de dispositions dans la loi
90.
M. Bérubé: Oui, on respecte cela et on respecte
aussi les règlements de zonage des municipalités. Il y a des
municipalités qui s'opposent à ce qu'il y ait des exploitations,
pour toutes sortes de raisons, des zones vertes ou des choses du genre. Cela
pose des difficultés pour amener les entrepreneurs à accepter ces
règlements. On essaie de faire des échanges avec eux.
M. Giasson: Dans le cas des plaintes faites par les citoyens, il
faut que la plainte soit portée chez vous, parce que le permis
étant contrôlé au ministère, c'est vous autres qui
pouvez prendre une décision pour que des correctifs soient
apportés à la situation qui est signalée.
M. Bérubé: Ce sont surtout les plaintes faites par
les exploitants qui se sentent brimés par des règlements de
zonage municipaux. On essaie de leur donner satisfaction en leur donnant
accès à d'autres terrains favorables pour continuer à
faire leur béton et continuer à faire leurs travaux.
Concernant les conditions prévalant aux environs de
sablières et de gravières, je pense, par exemple, au
problème de dynamitage, de poussière; c'est le ministère
de l'Environnement qui veille à l'application de la loi de
l'environnement. J'ai cru comprendre que c'était peut-être ce que
vous aviez derrière l'esprit.
M. Giasson: Le cas que pose la loi 90, qui a
déterminé des territoires comme étant zones vertes ou
zones agricoles, c'est une loi qui a prévu... Je ne me souviens pas du
nombre d'articles qui traitent de cela, l'émission de permis à
obtenir de la Commission de protection du territoire agricole, soit pour
exploiter une sablière, un banc de gravier. Quand vous parlez de
dynamitage, ce n'est pas tellement dans le sable et le gravier. Il s'agit
d'exploitation de roc vif par des concasseurs ou des choses comme cela. On
constate, quand on voyage un peu dans le Québec, qu'il y a des
endroits où l'exploitation de sablières laisse paysage
qui n'est pas trop joli. Je pense qu'il aurait eu possibilité d'amener
les propriétaires à apporter un traitement, après avoir
exploité le gravier, pour protéger le sol de surface...
M. Bérubé: Vous tombez pile dans le sens de ce
point. Ce nouveau règlement sur les sablières et gravières
vise essentiellement à régénérer le site
après utilisation. Ce règlement amène le gouvernement
à percevoir une rente à tant la tonne, je ne me souviens plus du
montant, $0.25 la tonne, qui permet justement de financer les travaux de
régénération du site après la fermeture de la
sablière et de la gravière. C'est l'application de ce
règlement qui nous amène à nous doter de deux personnes
pour veiller à l'application du règle-
ment dans l'ensemble du territoire québécois. L'objectif
est justement la régénération des sablières et
gravières.
M. Giasson: Ne pensez-vous pas que ce serait mieux de faire
obligation au propriétaire ou à l'exploitant de
régénérer? S'il sait qu'il est obligé, tout le sol
de surface qu'il doit enlever au moment de son exploitation, il va être
obligé de le déposer quelque part pour l'avoir quand il va faire
la remise en place de ce terrain pour le rendre encore propre à la
production végétale, que ce soit de la production de
culture...
M. Bérubé: La difficulté, c'est
l'application J'un tel règlement. Les entrepreneurs qui ont
exploité ce "pit de gravelle", comme on dit si bien en bon
québécois, ne sont pas toujours rejoignables. Ils ont fait
faillite, ils se sont éclipsés dans la nature. L'application du
règlement est assez difficile. C'est pour cette raison que, dans le cas
où l'entrepreneur ne le fait pas, c'est le gouvernement qui le fait
mais, cependant, nous le financerons à partir d'une rente perçue
à la tonne.
M. Giasson: Avez-vous le montant de la rente?
M. Bérubé: II me semble que c'est vingt-cinq cents
la tonne.
M. Giasson: Vingt-cinq cents la tonne? M.
Bérubé: Oui.
M. Giasson: Vous percevez cela de tous les exploitants...
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Sans exception. M. Bérubé:
Oui.
M. Giasson: Du moins ceux qui détiennent des permis, ceux
qui exploitent sans permis et que vous ne connaissez pas, c'est
compliqué cela. Vingt-cinq cents la tonne, cela ne vous apparaît
pas exagéré?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas cher, entre nous.
M. Giasson: Je ne sais pas, le gravier se vend combien par le
propriétaire du banc de ce temps-ci? Dix cents la verge? Quand vous
convertissez la verge en tonne, cela s'approche assez bien. Cela veut dire que
le droit à payer est nettement supérieur au prix que le
propriétaire de...
M. Bérubé: Je n'ai pas fait la conversion de dix
cents, la verge cube.
M. Giasson: Prenez le prix que le ministère des Transports
paie quand il a besoin de gravier pour la construction de routes.
M. Bérubé: Cela dépend des endroits. C'est
entre $2 et $4 la tonne.
M. Giasson: Ce serait merveilleux. Le ministère des
Transports ne paie pas plus que quinze cents la tonne. Vous pouvez être
certain de cela. Ce n'est pas le transport, c'est l'achat du gravier. C'est
pour cela que ça me paraît élevé vingt cents la
tonne.
M. Bérubé: Je ne suis pas en mesure de vous donner
les prix en cours présentement. Mon expérience personnelle
d'ingénieur était que, quand on commandait du gravier, du sable,
c'était de l'ordre d'à peu près $2 à $4 la
tonne.
M. Giasson: ... et demi la tonne? Non. C'est que le droit
perçu par le gouvernement serait plus élevé que le prix
qui est payé au propriétaire.
M. Bérubé: C'est ce que nous évaluons
être le coût de régénération.
Le Président (M. Laberge): Elément 3,
adopté. Elément 4: planification et gestion. Est-ce qu'il y a des
questions particulières?
M. Giasson: On voudrait faire une étude relative à
la fiscalité minière, cela toucherait surtout les petites
sociétés québécoises. Quel est le problème
qu'on veut régler par cette décision?
M. Bérubé: Les compagnies minières
exploitantes bénéficient d'allégements fiscaux. Par
exemple, elles peuvent réduire leurs frais d'exploration à cent
trente-trois et un tiers pour cent alors que les compagnies qui ne sont pas
exploitantes, elles, ne bénéficient pas de ces avantages fiscaux.
Les compagnies minières exploitantes paient compte tenu de leurs
profits... Chaque dollar qu'elles investissent en exploration leur coûte
entre cinq cents et vingt cents, alors que les compagnies minières qui
ne sont pas exploitantes, elles, doivent, à chaque dollar,
débourser ce dollar. On veut examiner la possibilité de diminuer
ce taux effectif de dollars investis en exploration de façon à
stimuler l'exploration.
M. Giasson: II s'agit de sociétés qui s'occupent
uniquement d'exploration et non pas d'exploitation. C'est cela que vous
recherchez? D'accord, merci.
M. Bérubé: Déjà une part importante
de la démarche a été complétée dans la
présentation du discours sur le budget. Vous vous souviendrez que le
ministre des Finances a annoncé une allocation d'exploration de soixante
et six et deux tiers pour cent déductible du revenu du particulier et
qui s'ajoute déjà à la déductibilité des
dépenses d'exploration à 100% du revenu. Ce qui veut dire que les
dépenses d'exploration sont déductibles au Québec
maintenant à 166% de leur valeur réelle, pour les
sociétés en commandite.
M. Giasson: Croyez-vous que ce sera une incitation pour les
compagnies pétrolières à poursuivre leurs recherches au
Québec?
M. Bérubé: Si l'on se fie aux déclarations
répétées des associations de prospecteurs au
Québec, cela devrait provoquer des miracles dans la relance de
l'exploration, puisqu'on nous a expliqué que c'était uniquement
parce qu'ils n'avaient pas cette déduction que l'exploration ne se
développait pas.
M. Giasson: Dans le secteur des mines, mais dans le
pétrole, ça peut être différent.
M. Bérubé: Dans le secteur du pétrole nous
avons trouvé une autre façon d'aborder la question, mais
ça va venir au programme 12.
M. Giasson: D'accord.
Le Président (M. Laberge): L'élément 4 est
adopté. J'appelle l'élément 5. Est-il adopté?
Développement de l'industrie minière.
M. Giasson: Par des notes contenues à la page 108, on
semble vouloir apporter des priorités dans le développement de
l'industrie, mais surtout dans les secteurs plus particuliers. La tourbe? Quels
sont les projets du côté de la tourbe? Est-ce en vue de production
d'énergie ou d'autres utilisations que...
M. Bérubé: On ne peut pas parler de projet
encore.
M. Giasson: Non? (21 h 45)
M. Bérubé: On ne peut pas parler de projet
spécifique encore. Il s'agit justement d'effectuer la réflexion
quant à la problématique de l'industrie de la tourbe, du mica, du
granit, de manière à en dégager éventuellement un
certain nombre de projets spécifiques. Alors, il s'agit ici
d'élaborer des stratégies de développement.
Je peux vous donner des exemples. Johnson et Johnson sont
intéressés par les couches jetables. Ils vont utiliser la tourbe
blanchie. Le secret c'est de blanchir la tourbe comme absorbant dans les
couches jetables. Il y a là tout un marché et ce sera fait
éventuellement au Québec.
M. Giasson: De la tourbe blanchie utilisée à quelle
fin précisément?
M. Bérubé: Pour absorber...
M. Giasson: Des couches absorbantes?
M. Bérubé: C'est ça, des couches jetables.
Il y en a déjà sur le marché et les femmes ne le savent
pas. Elles sont utilisées à titre d'essai. On ne leur a pas dit
ce que c'était. Vous pouvez vous imaginer que le secret c'était
de blanchir la tourbe. Parce qu'à sa couleur naturelle, elle n'aurait
pas été utilisable.
M. Giasson: Non, parce que c'est une couleur qui est plutôt
commune avec les faits auxquels sert la couche.
M. Bérubé: Mais c'est sérieux comme projet,
c'est un projet relativement important qui s'en vient dans ce secteur.
M. Giasson: On avait laissé voir la possibilité
peut-être d'utiliser la tourbe pour fin de production d'énergie,
mais j'ai l'impression que rien n'a progressé de ce
côté-là?
M. Bérubé: Des études se font, mais je
pense, qu'il faut faire toutes les études nécessaires. D'ailleurs
Hydro-Québec, comme vous le savez, est engagé à l'Ile
d'Anticosti dans un essai pilote de ce côté-là. On a des
études théoriques qui sont faites. On sait à quel moment
ça pourrait devenir intéressant et rentable. Il reste à
voir au plan pratique.
M. Giasson: C'est cela, et la montée des prix
M. Bérubé: II y a aussi un projet
intéressant pour la tourbe, c'est de remplacer le bentonite dans le
bouletage pour le minerai de fer et cela fonctionne. SIDBEC-Normines a des
droits sur des tourbières dans la région de Port-Cartier et les
essais se continuent. C'est fort encourageant aussi.
Cela remplacerait l'importation de bentonite des Etats-Unis.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à l'élément 5?
M. Bordeleau: Cela ne va pas nécessairement dans le
développement de l'industrie minière, mais, avant d'adopter le
programme 11 au complet, j'aimerais savoir si le ministre pourrait nous
résumer en quelques mots la situation par rapport à la demande
des métallos concernant le fonds minier. Je sais qu'il y a eu une
rencontre au début de mars et j'aimerais avoir un exposé rapide
là-dessus.
M. Bérubé: En fait, depuis la rencontre de mars, il
n'y a pas eu à ma connaissance de développement important.
Essentiellement, l'effort du ministère a consisté à
examiner les demandes dans le cadre du fonds minier qui portaient sur la
facilitation de la mobilité des travailleurs lorsqu'ils sont mis
à pied, sur la transférabilité et la portabilité
des pensions lorsque les mineurs vont d'une entreprise à une autre, qui
portaient également sur la compensation pour certaines pertes que
pourrait encourir le travailleur minier lorsqu'un camp minier ferme et que les
propriétés foncières perdent de la valeur. Il s'agissait
en gros d'examiner tous les problèmes que rencontre le travailleur
minier lors des fermetures de mines et qui, finalement, contribuent à
décourager les jeunes de s'engager dans cette carrière. Il nous
est apparu que plusieurs de ces demandes avaient été satisfaites
entre-temps par des gouvernements successifs à l'intérieur de
diverses politiques sociales. Il est resté cependant le problème
de l'allocation de déménagement pour les mineurs recevant plus
qu'un montant de $17 000, je crois, et qui n'étaient pas admissibles aux
programmes fédéraux d'aide à la mobilité. Nous
avons également quantifié le coût que représenterait
un régime de retraite universel transférable. Nous avons donc
remis ce
document avec les analyses actuarielles aux métallos de
manière que ceux-ci soient en mesure, maintenant qu'on a une meilleure
idée des implications des fonds miniers, de l'examiner de beaucoup plus
près et que l'on puisse, lorsque cette analyse sera
complétée, reprendre la discussion et voir dans quelle mesure un
certain nombre de moyens pourraient être mis en place pour régler
les quelques problèmes qui restent.
M. Bordeleau: II n'y a pas de nouvelles échéances
prévues prochainement, de nouvelles rencontres?
M. Bérubé: Non. Les métallos nous ont
confirmé qu'ils allaient étudier ce document et nous contacter.
Peut-être que... On nous dit que vers la fin d'avril, nous serions
peut-être en mesure d'obtenir une proposition des métallos.
M. Bordeleau: Merci.
Le Président (M. Laberge): Alors, est-ce que cela va pour
l'élément 5?
M. Giasson: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Programme 11, adopté. Il
reste les programmes 12 et 13. On me fait part qu'il y a peu de questions;
alors, je pense qu'on a peut-être la possibilité de terminer.
Le gaz naturel
M. Giasson: J'aurais peut-être une question, M. le
Président. Dans les objectifs mentionnés à la page 112, le
ministère se donne des objectifs en vue de favoriser l'accès d'un
plus grand nombre de Québécois au gaz naturel. De ce
côté, est-ce que les pourparlers ou les négociations entre
la compagnie qui veut aménager le gazoduc et les propriétaires du
territoire sur lequel va passer le gazoduc progressent? Peut-on espérer
qu'une entente intervienne assez tôt, au cours des prochains mois, pour
permettre le lancement de la construction dans cette région du
Québec?
M. Bérubé: Avant-hier, une rencontre avait permis
aux deux parties, soit l'UPA et la société
TransCanada PipeLines, de sortir de la réunion avec le moral
à la hausse et l'impression très nette que beaucoup de
progrès avait été fait et que les difficultés
s'aplanissaient. Une autre rencontre, hier soir, si je ne m'abuse, au
contraire, a permis de soulever un certain nombre de problèmes qui
n'avaient pas été prévus. C'est pour dire qu'il s'agit
d'une situation en plein mouvement.
M. Giasson: Est-ce que la compagnie aurait l'intention de
modifier ou de revoir le tracé qu'elle avait prévu au
départ ou si on s'en tient toujours au tracé initial?
M. Bérubé: Je crois que c'est exactement ce qui est
présentement en discussion avec les représentants des
agriculteurs touchés dans l'opération. Il s'agit de voir si on ne
pourrait pas trouver un consensus entre les diverses parties touchées,
de manière à minimiser l'impact et à satisfaire tous les
intervenants.
M. Giasson: La rapidité avec laquelle on peut
négocier ce dossier entre les deux parties devrait conditionner le
départ des travaux d'aménagement et de construction.
M. Bérubé: Oui. Cela peut faire la
différence entre un projet qui démarre cette année ou
l'année prochaine.
M. Giasson: M. le Président, je pense que mon
collègue de Mont-Royal avait eu une très bonne discussion avec le
ministre de l'Energie et des Ressources sur...
M. Bérubé: ... problème du gaz naturel,
effectivement.
M. Giasson: ... tout ce qui touche l'énergie...
M. Bérubé: Nous avons eu presque une heure
de...
M. Giasson: ... l'électricité, le gaz, les autres
sources d'énergie...
Le Président (M. Laberge): J'ai été
témoin. Des questions ont été posées
là-dessus. Le programme 12 sera-t-il adopté dans ses trois
éléments?
M. Giasson: On va prendre l'élément 1 d'abord.
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté.
M. Giasson: Elément 2 également.
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté. Elément 2, adopté. Elément 3?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Le programme 12
est adopté. J'appelle le programme 13 qui concerne la Régie de
l'électricité et du gaz. Elément 1, Contrôle et
surveillance des distributeurs. Est-ce qu'il y a des questions
particulières concernant la régie?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): L'élément 1 du
programme 13 est adopté. Elément 2, Sécurité
publique, adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Programme 13,
adopté.
Tous les programmes et tous les éléments des programmes
concernant les crédits du ministère de l'Énergie et des
Ressources ayant été étudiés et adoptés, je
déclare les travaux de cette commission ajournés sine die.
Fin de la séance à 21 h 57