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(Seize heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'énergie et des ressources se réunit
pour étudier les crédits du ministère de l'Énergie
et des Ressources pour l'année 1981-1982.
Les membres de la commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M.
Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay),
M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M. Leblanc
(Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac), M. Perron (Duplessis), M.
Rodrigue (Vimont), M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Hains (Saint-Henri), M.
Levesque (Bonaventure), M. Marquis (Matapédia), M. O'Gallagher (Robert
Baldwin), M. Tremblay (Chambly).
Y a-t-il un rapporteur? M. Perron.
M. le ministre, y a-t-il des remarques préliminaires à
l'étude des crédits?
M. Fortier: Avant de commencer, est-ce qu'on peut s'entendre sur
la procédure?
Le Président (M. Boucher): Nous pourrons le faire
après les remarques préliminaires.
M. Fortier: D'accord.
Remarques préliminaires
M. Duhaime: M. le Président, je crois qu'aujourd'hui c'est
une des premières commissions parlementaires qui commencent
l'étude traditionnelle de ses crédits, sauf que, cette
année, il y a ceci de particulier. Je pense que c'est la première
fois que l'Assemblée nationale a constitué des commissions
parlementaires pour l'étude des crédits depuis que, le 13 avril
dernier, les Québécois et les Québécoises se sont
donné un nouveau gouvernement. Je le dis non pas pour rappeler de
mauvais souvenirs a nos collègues en face de nous, mais beaucoup plus
pour souligner l'importance que 1981 est la première année d'un
deuxième mandat de notre gouvernement. En ce qui me concerne, le premier
ministre m'a confié une nouvelle responsabilité
ministérielle au portefeuille de l'Énergie et des Ressources et
je voudrais, dans un premier temps, assurer tous mes collègues membres
de cette commission, tant ceux du côté ministériel que du
côté de la loyale Opposition de Sa Majesté, comme on
l'appelle, de mon esprit de collaboration, non seulement lors de l'étude
des crédits de cette commission, mais pour tous les dossiers touchant
directement ou indirectement le ministère de l'Énergie et des
Ressources.
Je pense que la politique veut que nous soyons opposés sur les
moyens, mais je pense qu'en ultime ressort, du moins je le présume, pour
tout le monde, nous travaillons tous au mieux-être et au plus grand
bonheur de notre communauté.
Je voudrais, dans un premier temps, remercier les hauts fonctionnaires
et les cadres de ce nouveau ministère de l'Énergie et des
Ressources, quant à moi, de l'accueil qu'ils m'ont manifesté
depuis les dernières semaines. J'ai cru sentir chez eux que nous allions
pouvoir travailler dans la plus grande franchise et la plus grande
collaboration.
M. le Président, sans plus de préambule, je voudrais
présenter, pour le bénéfice des membres de cette
commission, mon sous-ministre en titre, qui est à ma droite, M.
Jean-Noël Poulin. Pour le député d'Outremont, ce n'est pas
celui qui a fait la déclaration dont vous avez parlé
tantôt.
Je voudrais aussi vous présenter M. Jean-Claude Mercier.
M. Fortier: Quel est son titre?
M. Duhaime: Sous-ministre en titre. M. Jean-Claude Mercier, qui
est sous-ministre associé aux Terres et Forêts, M. Charles
Beaulieu, qui est sous-ministre associé aux Mines, et M. Renaud
Lapierre, qui n'est pas ici actuellement, mais qui viendra nous rejoindre en
cours de route, qui est sous-ministre associé par intérim
à l'Énergie.
M. le Président, mon collègue indiquait tantôt qu'il
aurait une question à poser sur la façon de fonctionner de notre
commission. On pourrait peut-être régler cela tout de suite. Je
pense que nos leaders parlementaires se sont entendus entre eux pour que la
durée de l'étude des crédits du ministère soit de
neuf heures et demie. Nous sommes en juin, le règlement sessionnel ne
nous interdisant pas de siéger mercredi soir, si besoin est, nous
pourrions siéger demain soir, ce qui nous laisse à peu
près une heure et demie cet après-midi, quatre heures ce
soir, nous pourrions siéger jusqu'à minuit, ce qui fait
cinq heures et trente, demain, à 11 h 30, à peu près,
après la période des questions, jusqu'à une heure.
Ensuite, demain après-midi et demain soir, si c'est
nécessaire.
Ce que je pourrais suggérer à mes collègues de
cette commission, ce serait que je puisse faire un bref exposé
général, laisser ensuite la parole à un porte-parole de
l'Opposition, pour qu'un exposé puisse être fait de ce
côté. L'habitude veut, je crois -c'était du moins la
tradition dans les autres commissions où j'ai eu à travailler que
ce soit au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ou
au ministère de l'Industrie et du Commerce et du Tourisme, que les
députés ministériels ou de l'Opposition qui veulent faire
une déclaration d'ordre général puissent également
le faire. Ensuite, on reprendrait l'étude des crédits par
programme et par élément de programme, dans l'ordre où ils
se trouvent devant vous.
Si cela vous va, on pourrait aborder l'étude des crédits
de cette façon, quitte à ajuster en cours de route, si c'est
nécessaire. (16 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: En premier, j'aimerais féliciter le ministre
d'avoir été choisi par M. Lévesque. Nul doute que c'est
une fonction très importante et je crois que c'est une promotion. Je
crois que c'est une promotion pour ceux qui s'intéressent au domaine de
l'énergie et des ressources et il peut être confiant que nous
allons coopérer avec lui, tout en lui prodiguant une opposition
virile.
Ceci dit, je suis tout à fait d'accord avec la procédure
qu'il a exposée. Nous avons des questions qui touchent des
sociétés qui se rapportent au ministère; peut-être
pourrions-nous nous entendre pour les poser? Il ne s'agit pas de fouiller en
profondeur; prenons Hydro-Québec, cela prendrait une commission
parlementaire pour elle seule, mais si nous avions des questions pertinentes
sur des sociétés qui relèvent du ministère, est-ce
que nous ne pourrions pas nous entendre pour les poser au fur et à
mesure que nous examinerons les différents dossiers, soit les mines,
soit les différentes ressources. Alors, si nous nous entendions
là-dessus, ce serait plus facile, parce qu'il y a certaines questions,
que ce soit sur l'exploration minière, qui touchent les domaines
assumés par le ministère lui-même, mais également ce
qui est fait par SOQUEM. Si le ministre pouvait recevoir certaines questions
traitant des sociétés d'Etat au fur et à mesure du
déroulement de l'approbation des crédits, moi, j'en serais bien
heureux.
Le Président (M. Boucher): En autant que cela n'implique
pas la convocation des gens.
M. Duhaime: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, avec
la réserve que semble vouloir indiquer le député
d'Outremont. Cela me va, en autant que cette commission parlementaire ne se
transforme pas pour devenir ce qui a été discuté il y a
déjà un bon nombre de mois, une espèce de commission, ou
morceau d'une commission permanente qui pourrait siéger et examiner
à la loupe les activités des sociétés
d'État. Je pense que, sur les questions qui pourraient être fort
pertinentes à la bonne intelligence de nos débats, s'il y a une
question sur SOQUEM, sur SOQUIP, sur REXFOR ou sur la SNA, dans la mesure
où mes quelques semaines de séjour au ministère de
l'Énergie et des Ressources me permettront d'y répondre, je le
ferai avec grand plaisir. Je pense que mes collègues vont comprendre
facilement qu'il y a des hauts fonctionnaires qui m'accompagnent et qui - je ne
sais pas si c'était la tradition à cette commission -de temps
à autre, peuvent intervenir. Je le dis toujours en badinant, au moment
où les sous-ministres interviennent ici, ils parlent au nom du ministre.
Quant à moi, cela me va. Si cela devient trop technique et vraiment trop
compliqué, on prendra les informations et, si la réponse vous va,
tant mieux.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je suis d'accord sur cette procédure, avec
peut-être une demande additionnelle. Après les déclarations
préliminaires d'usaqe sur la politique générale, j'imagine
- cela me fera plaisir d'y répondre - on s'engagera dans l'étude
des crédits. S'il n'y avait pas d'opposition, nous aimerions retarder
à demain l'étude de ce qui touche les pâtes et papiers,
autrement dit, traiter cela en dernier. On pourrait procéder avec les
mines et énergie, et les pâtes et papiers en dernier, si vous
n'avez pas d'objection.
M. Duhaime: Je m'excuse, par quoi voulez-vous commencer?
M. Fortier: On pourrait suivre les crédits tels qu'ils
viennent, mais traiter les pâtes et papiers en dernier.
M. Duhaime: Vous voulez traiter les pâtes et papiers en
dernier, cela va. Vous voulez dire, essentiellement, le programme de relance et
de modernisation.
M. Fortier: Vous avez le programme de la forêt. On pourrait
peut-être commencer par le programme no 8 et demain, nous pourrions
revenir aux programmes 1 à 7.
Avez-vous objection à cela? C'est tout simplement passer par les
programmes budgétaires.
M. Duhaime: Les sept premiers programmes, vous suggérez
qu'on les prenne en dernier.
M. Fortier: Parce que nous avons quelqu'un qui fait un peu de
recherche de ce côté. Cela nous permettrait d'être un peu
mieux préparés de notre côté.
M. Duhaime: Cela me va.
Le Président (M. Boucher): Pour préciser la
façon de procéder, est-ce que, au niveau de chacun des
programmes, vous voulez procéder élément par
élément ou si nous discutons de tous les programmes en les
adoptant en bloc ou si nous adoptons chacun des éléments?
M. Fortier: Je crois que cela dépendra des
éléments. Je pense bien que, dans certains cas, on aurait
peut-être des questions spécifiques. Dans la majorité des
cas, je dois admettre que nos questions seront sur les programmes dans leur
ensemble et non pas des questions très spécifiques.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Y a-t-il d'autres
commentaires?
M. Fortier: Non, c'est tout. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): J'appelle le programme 8.
Vous avez une déclaration, M. le ministre.
Exposés généraux M. Yves
Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, avant d'aborder
l'étude des programmes et des éléments de programmes, je
voudrais faire mon intervention la plus brève possible, afin de donner
une chance à tous les membres de cette commission de pouvoir intervenir.
Je pense que le premier ministre le rappelait avec sagesse, je dirais,
l'ensemble de ce dossier énergie et ressources dans une
problématique d'avenir, que l'on se place à très court
terme, ou que l'on se place sur un horizon d'une dizaine d'années, il
est évident que pour le Québec, de la décennie
quatre-vingt, on va entendre régulièrement deux mots clés
qui seront en quelque sorte des mots chocs: Énergie et ressources.
J'ai l'impression que l'on s'en convainc aisément, si on jette un
bref coup d'oeil sur l'importance au point de vue de l'activité
économique des secteurs que touche le ministère de
l'Énergie et des Ressources. En commission parlementaire, aujourd'hui,
on va traiter essentiellement des crédits du ministère qui
portent sur environ 260 000 000 $. Un fait que l'on ne peut pas
négliger, c'est l'action sur le terrain de plusieurs grandes
sociétés d'État rentables, qui, de concert avec le
ministère de l'Énergie et des Ressources, oeuvrent tant sur le
plan de l'établissement des politiques, de la mise en oeuvre de
programme de relance, d'investissements et de création d'emplois. Ce qui
fait que, quand on regarde l'ensemble des secteurs touchés, on parle
d'une façon générale de nos forêts, des mines ou
encore du dossier de l'énergie. Il faut se rendre compte qu'au simple
niveau des exportations, nous touchons ici à 60% du volume global des
exportations du Québec, et quand on parle de l'avenir, de la
décennie, il faut prévoir dans l'ensemble du dossier et surtout
dans le secteur de l'énergie, à cause des investissements
d'Hydro-Québec, on parle quand même d'investissements de l'ordre
de 70 000 000 000 $ d'ici 1990. Il faut considérer aussi que 200 000
emplois directs et indirects sont touchés par l'activité
économique dans le secteur de l'énergie et des ressources.
On aura beau tenter de faire des rapprochements d'ensemble sur les
activités du ministère, je pense que ce sera toujours très
difficile, mais il faut bien comprendre que le secteur des ressources et de
l'énergie est devenu aujourd'hui, au fil des années, absolument
indissociable. II faut comprendre aussi que les niveaux de l'activité
économique sont inégaux dans un secteur par rapport à
l'autre. Je vais simplement donner un seul exemple. Quand on touche au secteur
de la forêt, son exploitation, que ce soit au niveau des scieries, c'est
encore plus vrai dans le cas du papier journal, on se rend compte que l'on
atteint un très haut niveau de transformation au Québec. Par
ailleurs, lorsque l'on touche au secteur des mines, on se rend bien compte
qu'à une ou deux exceptions près - c'est resté
malheureusement la règle - il se fait peu de transformation et que, de
façon générale, le Québec est un exportateur net de
matières premières.
Au chapitre de l'énergie, c'est plus complexe, parce que les
données de fonds du dossier sont bien différentes. Le
Québec est très riche en hydroélectricité, nous
sommes des importateurs sur le plan du pétrole et du gaz naturel.
Lorsque l'on fait des conversions sur le plan du bilan d'ensemble, il reste que
le Québec se retrouve avec un niveau d'autosuffisance enviable avec une
forme d'énergie, l'électricité, qui fait l'envie de
plusieurs coins du monde entier. Ce qui veut dire que lorsqu'on tente de voir
l'ensemble de cette problématique et du développement
sur l'avenir, il y a des choses qui de toute évidence nous
sautent aux yeux. Dans le secteur de la forêt, par exemple, cela a
amené le gouvernement, au fil des années, à agir; c'est
d'autant plus vrai que le programme est maintenant en marche, dans le secteur
du papier journal. On s'est rendu compte que la part relative du Québec,
sur le marché mondial, était en nette diminution. C'est pourquoi
ce programme de relance et de modernisation a été lancé -
j'y reviendrai tout à l'heure - et il se déroule avec beaucoup de
succès. Il a été aussi très bien accueilli par
l'entreprise privée. Cependant, il y a un problème qui reste et
dont on doit tenir compte dans la problématique. C'est qu'à court
terme, nous voyons déjà venir un déficit prévisible
de matière ligneuse et, tout en accélérant la production
en tentant de maintenir au plus haut niveau nos exportations, il va falloir
soutenir aussi la concurrence étrangère essentiellement à
la problématique des prix.
Dans le dossier des mines, il y a quelque chose qui frappe celui qui
arrive dans un dossier comme celui-ci; c'est que la transformation est à
un niveau nettement insuffisant, je dirais même inacceptable -l'on
constate comme une constante dans l'histoire - que c'est la main-mise
étrangère sur une ressource. Je pense que dans la
problématique, nous aurons comme défi, au fil des années,
à intéresser les Québécois à investir dans
leur potentiel minier, ce qui veut dire que le jour est peut-être venu de
nous doter de ce que j'appellerais une politique minérale. Je pense
qu'on aura l'occasion d'y revenir au cours des travaux de cette commission,
mais très certainement, en tout cas, au cours des prochaines
années.
C'est un secret de polichinelle que nos achats de pétrole
à l'étranger pèsent très lourd dans notre balance
commerciale, et pèseront éventuellement dans les calculs de notre
balance de paiement. Ce qui signifie que nous aurons à travailler afin
de mettre au point et en application également une politique
d'harmonisation à l'intérieur du bilan d'ensemble
énergétique du Québec. On l'abordait cet
après-midi, à l'Assemblée nationale. Il est évident
avec la pénétration du gaz et surtout son niveau de
pénétration que cela aura un impact direct sur l'ensemble du
bilan. D'ailleurs, le livre blanc est clair là-dessus. Il faudra
harmoniser et, en harmonisant les différentes formes d'énergie au
Québec, l'impact premier qui découle de cela est très
certainement les niveaux d'investissements qui par voie de conséquence
auront à être faits ou à ne pas être faits dans le
dossier hydroélectrique au-delà des années
quatre-vingt-dix et peut-être même avant.
L'intervention du ministère de l'Énergie et des Ressources
dans l'ensemble de ces trois grands dossiers... je devrais dire tout de suite
M. le Président, que notre objectif premier, dans le secteur de la
forêt, sera de nous assurer que nous allons pouvoir, par des politiques
de reboisement, renouveler cette ressource pour maintenir un avantage
comparatif énorme par rappport à d'autres régions du
monde. Il va falloir, aussi - je pense que cela va se dérouler sur les
trois, quatre et même cinq prochaines années -pour que le
programme de relance et de modernisation dans le secteur des pâtes et
papiers atteignent ses buts, non seulement que les investissements directs se
fassent; ce que nous souhaiterions tous d'ailleurs, c'est que cela ait son
effet d'entraînement au niveau des entreprises manufacturières et,
j'ai à l'esprit un mot très important, de la sous-traitance.
Au niveau des mines, nous allons continuer nos programmes d'exploration,
il y en a déjà un en cours dans le Nord-Ouest et il y en aura un
d'annoncé, en temps utile, pour le secteur de la Gaspésie et nous
reviendrons probablement au sud pour couvrir toute la région des
Appalaches. Je pense que ce qu'il faut se dire, dans ce dossier des mines,
c'est d'avoir un objectif très clair, soit de maximiser la
transformation des matières premières sur le territoire du
Québec, tout en encourageant la participation des
Québécois. Mon collègue, le leader du gouvernement,
déposait aujourd'hui un arrêté en conseil au sujet de la
formation de FILAQ-SNA. Je pense que c'est un dossier parmi tant d'autres qui
illustre très bien que lorsqu'il y a une volonté politique, il y
a moyen de transformer nos matières premières au Québec.
C'est particulièrement vrai dans le cas de l'amiante.
Dans le dossier de l'énergie, tout en développant nos
ressources hydroélectriques, je pense que nous devrons mettre
énormément l'accent, quitte à ce que l'Opposition nous
fasse le reproche de dépenser beaucoup d'argent, sur la
publicité. Dans un programme comme celui-ci, la problématique
d'un programme d'économie d'énergie est mal comprise par
l'ensemble de la population et il va nous falloir le répéter,
l'expliciter, le publiciser pour sensibiliser nos concitoyens et faire en sorte
qu'on puisse croire véritablement qu'il y a des économies
à faire dans ce dossier. Le développement des énergies
nouvelles sera aussi encouragé. Il y a un autre volet qui relève
directement du ministère, mais en collaboration étroite avec le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Nous allons
pousser plus loin la problématique, pour les industries grandes
consommatrices, de politique tarifaire qui s'applique actuellement au seul
secteur de l'aluminium. Il y aura peut-être lieu de voir s'il n'y a pas
un élargissement possible. (16 h 45)
Si on va plus directement dans les
secteurs que j'évoquais tout à l'heure, en particulier le
secteur de la forêt, il faudrait peut-être revenir sur le programme
de relance. Au départ, nous avions évalué, il y a à
peu près trois ans, que les investissements qui pourraient être
faits, dans le secteur des pâtes et papiers, par un programme de relance
seraient de l'ordre d'à peu près 1 000 000 000 $. Il s'est
avéré, après études et après consultations
étroites avec les entreprises directement concernées par ce
dossier, que le niveau d'investissement n'était pas de 1 000 000 000 $
mais beaucoup plus de l'ordre de 2 400 000 000 $ à 2 500 000 000 $. Il
faut bien comprendre toute l'importance d'un tel programme puisque le secteur
des pâtes et papiers - j'ai des chiffres ici pour l'année 1978 -
totalise pour tout près de la moitié de la valeur globale de
vente de marchandises expédiées et de la valeur ajoutée
aux produits forestiers au chapitre de la transformation. Ce qui veut dire que
c'est un secteur énorme pour l'économie du Québec.
Le niveau de l'emploi est autour de 85 000 travailleurs et les salaires,
de l'ordre de 1 300 000 000 $. Je dois dire ici qu'ils sont parmi les mieux
payés du monde entier. À l'intérieur des usines et
indépendamment des travailleurs forestiers, le niveau d'emploi est
autour de 25 000 personnes et les salaires sont de l'ordre d'un demi-milliard
de dollars.
Quand on déboule ces chiffres, cela peut sembler, à
première vue, impressionnant et vouloir dire que l'avenir est
assuré. Ce n'est pas si clair que cela parce que nous devons, bien
sûr, maintenir une part de marché. Il y a une seule condition pour
pouvoir l'assurer, c'est de nous maintenir concurrentiels par rapport aux
États-Unis, par rapport à l'Europe et par rapport à
certains pays en voie de développement qui ont commencé à
exporter dans ce secteur. La seule limite à l'expansion, dans le secteur
des forêts, le secteur du papier journal, en particulier, est la question
du reboisement et dans quelle mesure et à quel rythme on peut assurer le
renouvellement de la matière ligneuse. C'est dans ce sens que le
ministère de l'Énergie va travailler, par exemple, à
réduire le coût du bois, essentiellement, le coût de la
transformation, le coût du transport de la matière ligneuse et
aussi du produit chimique.
Je dois dire qu'à ce chapitre c'est une des rares fois, je pense,
que l'entreprise privée a réagi de façon aussi positive
à un programme de relance du gouvernement. Même si certaines
publications - je ne veux pas leur attribuer de motifs - ont la
prétention de dire que ma ville, Shawinigan, est parmi les villes
pourries, je voudrais rappeller à mes collègues de cette
commission que je ne partage ce point de vue en aucune manière. Les
seuls investissements manufacturiers, dans le secteur du papier journal,
prévus pour une seule usine, dans la ville de Shawinigan sont de 159 000
000 $. Pour l'ensemble de la Mauricie, presque le tiers du programme de relance
va s'y retrouver, c'est-à-dire un niveau d'investissements directs de
826 000 000 $. Si on élargit à l'ensemble des régions, il
faut dire que, d'ores et déjà, 37 plans quinquennaux
d'investissement, sur un total possible de 43 usines, ont été
approuvés au ministère. Pour la seule année en cours,
1981-1982, le niveau des subventions des deux gouvernements, puisque c'est un
programme à frais partagés, de mémoire, il s'agit de 56.
En chiffres ronds le "split" est à peu près de 57, 43 et je pense
que, si j'arrondis, c'est 56, 42,7. C'est une subvention des deux niveaux de
gouvernement de l'ordre de 46 000 000 $ qui sera donnée cette
année, ce qui représente 20% des investissements admissibles. Il
faut bien dire que ce ne sont pas tous les investissements à
l'intérieur de ce programme qui sont admissibles à une
subvention. Mais lorsque l'investissement est admissible, lorsqu'il s'agit
d'accélération et de modernisation, l'investissement est au
niveau de 20%.
Dans le secteur des forêts, je pense que cela mérite
d'être rappelé, M. le Président, il y a en chantier
actuellement, dans la région du Nord-Ouest et à Amos en
particulier, un projet d'une nouvelle papeterie d'une capacité de 160
000 tonnes métriques. Cette compagnie, Donohue-Normick, est issue d'une
entente qui a été faite, d'une part, entre la compagnie Donohue,
qui elle-même est une filiale de la Société
générale de financement, et la compagnie Normick-Perron. Il y a
également une subvention des deux gouvernements qui est de l'ordre de 41
000 000 $ et nous dépenserons, au cours de l'exercice 1981-1982, un
montant prévu de presque 29 000 000 $ pour la mise en route de cette
usine.
Je pense que c'est une des actions de la Société
générale de financement, de concert avec le secteur privé,
une étroite association pour le développement économique
du Québec, qui prouve très bien qu'à l'occasion
l'intervention de l'État dans l'économie peut s'illustrer par des
projets très positifs.
J'ajoute - et c'est peut-être le fait que,
géographiquement, mon prédécesseur était
député de Matane, puisqu'il semblerait qu'il avait des
intérêts très marqués pour la région du
Bas-Saint-Laurent - qu'il y a ce projet, en cours d'étude mais qui
devrait se concrétiser, de l'établissement à Matane d'une
nouvelle papeterie. C'est un investissement de 234 000 000 $.
Il y a également l'usine de panneaux-meuble à "Saybec" ou
Sayabec...
M. Perron: On prononce "Saybec".
M. Duhaime: On a eu un long débat là-dessus, mon
cher collègue, et on laisse cela un peu au gré des gens suivant,
leur origine. "Saybec", c'est un investissement de 65 000 000 $, et
également l'usine de sciage, de rabotage, à Causapscal, c'est un
investissement arrondi d'à peu près 9 000 000 $. Donc, trois bons
projets qui verront le jour dans la région du Bas-Saint-Laurent,
regroupant les comtés principalement de Matane et de
Matapédia.
Je pense aussi qu'il serait intéressant de rappeler que nous
allons faire un effort particulier sur le plan de l'aménagement et de
l'amélioration du potentiel forestier. Je rappelle essentiellement
quelques chiffres. Le programme d'aménagement intensif, qui est
déjà commencé, devrait nous permettre, en 1983, de
reboiser 50 000 000 de plants et d'ensemencer 12 000 hectares par année
dans les forêts publiques. Pour ce qui est de la forêt
privée, l'objectif, d'abord établi à 20 000 000 $, a
été porté à 40 000 000 $ en 1981.
M. le Président, tant par des investissements directement dans
les entreprises, avec des partenaires, que par des programmes de relance, donc
subventions, ou encore par des investissements directs, c'est-à-dire
participation au capital de risque d'entreprises, en collaboration avec le
secteur privé ou encore par des budgets qui sont mis aux fins
d'aménagement et d'amélioration du potentiel forestier, je pense
que nous nous en allons vers un objectif qui devrait nous permettre de
maximiser les retombées économiques dans le secteur de la
forêt au Québec et nous permettre, également, en nous
assurant le renouvellement de cette ressource, de nous maintenir sur les
marchés internationaux dans l'avenir, en particulier au chapitre de
l'exportation du papier journal. J'y reviendrai tantôt, j'imagine,
lorsqu'on aura un échange sur toute la question du soutien aux
propriétaires non intégrés aux orqanismes de gestion, par
exemple, et également aux sociétés de gestion
forestière. Je n'aurai aucune hésitation à reprendre la
discussion la-dessus.
Pour ce qui est des mines, M. le Président, permettez-moi de dire
quelques mots pour nous situer dans le portrait. Autant les chiffres sont
élevés dans le secteur de la forêt, autant lorsque l'on
scrute un peu plus le secteur minier, on s'aperçoit que l'on touche
à un morceau vital et en nette progression dans l'ensemble de
l'activité économique au Québec.
En 1980, la valeur de la production dépasse 1 500 000 000 $ et
nous pouvons compter sur 25 000 emplois directs au niveau de l'exploitation et
au-delà de 75 000 emplois indirects en aval. Il s'agit d'une masse
salariale de 500 000 000 $ au niveau primaire et de revenus de l'ordre de 50
000 000 $ quant aux droits miniers, pour l'année 1980. Il faut dire que
les activités économiques sont concentrées dans quelques
régions du Québec, dont le Nord-Ouest, la Côte-Nord, la
Gaspésie et l'Estrie, pour ce qui est de l'amiante. D'ici 1985, nos
prévisions indiguent que des investissements de l'ordre de 2 000 000 000
$ seront effectués dans le secteur minier. Le Québec est au
premier rang canadien pour ce qui est de la production de l'amiante, titane,
sélénium, niobium, tellure, talc, tourbe et granite. Voici la
question que l'on se pose souvent: Comment se fait-il qu'avec de telles
richesses on ne puisse pas avoir davantage de retombées en aval? Je
pense que c'est presque une tradition, maintenant; j'espère que l'on
pourra la casser le plus rapidement possible. On remarque une faiblesse
marquée de la transformation des ressources minérales, exception
faite du cuivre et du zinc et, j'évoquais brièvement tout
à l'heure la participation très faible des
Québécois dans ce secteur, pour ne pas dire leur grande
absence.
Je pense que c'est à ce dossier qu'il faudra consacrer le plus
d'énerqie dans les années qui vont venir. Bien sûr que les
premières mesures incitatrices, particulièrement sur le plan
fiscal, par exemple, par la création des sociétés en
commandite, ont été faites dans le passé. (17 heures)
Je pense qu'il faudra aller beaucoup plus loin que cela, même si
on peut sentir que, déjà, avec les chiffres que j'ai en
tête pour les six premiers mois de 1980, des investissements de 17 000
000 $ ont été qénérés et que cela est
directement relié à la nouvelle fiscalité qui est
applicable aux sociétés en commandite. Quand je dis, M. le
Président, qu'il faudra pousser plus loin, il est bien certain que le
plan quinquennal du Nord-Ouest a encore deux années à courir.
Pour ce qui est du Nord-Ouest, nous avons bien l'intention de le
compléter. Nous commençons un programme d'exploration pour la
Gaspésie. Vous allez retrouver au livre des crédits un montant de
1 500 000 $ pour l'exercice en cours, l'objectif étant d'accroître
les réserves minérales. J'attire votre attention sur le fait que
sur le plan de l'exploration, la hausse de ce poste budgétaire est de
23%.
Plusieurs projets ont pu décoller ou décolleront
grâce à l'action directe du ministère au cours de la
dernière année et auront un suivi sur l'année
financière en cours. Je vais simplement en énumérer
quelques-uns. Par exemple, vous allez retrouver une somme de 6 000 000 $ pour
poursuivre la construction de la route entre Joutel et le gisement de cuivre et
de zinc de la compagnie Selbaie, dans le canton de Brouillan.
Par ailleurs, au chapitre de l'assistance
au développement qu'a pu exercer le ministère au cours de
la dernière année, nous en arrivons quand même à des
résultats très concrets et palpables sur le terrain. Je pense,
entre autres, à l'implantation de Granicor à Saint-Augustin et
à l'implantion à Niobec d'un nouveau procédé
industriel quant à la production d'oxyde de niobium. Un projet
d'exploitation de mica dont on m'a parlé et, je vous assure que cela
m'intéresse, aussi le développement de technologie nouvelle en ce
qui a trait à l'utilisation de la tourbe. Enfin, un projet qui a fait
couler beaucoup d'encre, mais qui est en route est l'implantion et la mise en
exploitation du gisement de sel aux Iles-de-la-Madeleine. Nous y retrouvons une
subvention de 14 000 000 $ dont 5 000 000 $ seront versés au cours de
l'exercice 1981-1982.
J'aurai très certainement l'occasion de revenir sur ces quelques
éléments pour ce qui est du secteur minier, mais je dis tout de
suite, M. le Président, que j'ai l'intention de consacrer beaucoup de
mon temps au secteur des mines et de voir dans quelle mesure et dans quel
délai nous pourrions doter le Québec d'une véritable
politique minérale qui serait beaucoup plus dynamique, qui serait
axée sur l'augmentation de nos réserves, qui aurait pour but de
maximiser les retombées économiques des découvertes par
leur mise en exploitation au Québec. Je ne sais pas encore ce que nos
imaginations vont nous donner, mais je pense qu'il faut que l'on trouve moyen
d'intéresser encore davantage les Québécois dans le
développement de leur potentiel minier soit par le biais de la
fiscalité soit d'autres mesures. Je ne peux pas vous en dire davantage
aujourd'hui, mais j'ai déjà commencé avec mes hauts
fonctionnaires à travailler sur une problématique.
Je pourrais peut-être dire un dernier mot sur le dossier de
l'énergie avant de laisser la parole à mon collègue de
l'Opposition. Je ne voudrais pas ici rappeler essentiellement ce qui est connu
en quelque sorte, le contenu du livre blanc sur l'énergie, qui a
été rendu public en 1978 et dont la prévision semble
rejoindre de plus en plus la réalité des choses en ce qui a
trait, par exemple, à des composantes du bilan énergétique
du Québec en particulier.
Je disais tout à l'heure que les investissements seraient
considérables dans le secteur de l'énergie. Je voudrais
simplement rappeler quelques faits en me référant à
l'année 1979 où les investissements dans le secteur de
l'énergie représentaient tout près de 2 920 000 000 $, le
plus gros morceau allait à Hydro-Québec avec 2 817 000 000 $ plus
25 000 000 $ à Gaz Métro et 78 000 000 $ dans les industries du
pétrole. Ces investissements comptaient, en 1979, pour 24% de l'ensemble
des investissements dans l'économie du Québec.
Nous parlons d'un montant beaucoup plus considérable pour les
années à venir, sur une base annuelle, bien sûr, puisque de
1980 à 1990 on parle d'un montant de 66 500 000 000 $, dont 55 500 000
000 $ dans le secteur de l'électricité, un montant de 5 000 000
000 $ dans les économies d'énergie, 2 300 000 000 $ dans les
industries du pétrole, 1 900 000 000 $ dans l'industrie du gaz naturel
et 1 800 000 000 $ dans les énergies nouvelles.
Je pense qu'il n'y a aucune décennie comparable, même en
dollars constants, qui puisse se mesurer avec l'ampleur des investissements qui
sont prévus dans le secteur énergétique au Québec
pour les dix prochaines années. C'est un virage très important ou
je devrais plutôt dire: C'est une date qui, pour nous, devrait être
très importante; on n'a qu'à imaginer l'effet
d'entraînement que des sommes aussi colossales peuvent avoir sur le
secteur manufacturier, si nos industriels et nos hommes d'affaires au
Québec savent profiter de ces retombées.
Il y en aura un peu pour tout le monde, M. le Président, si vous
me passez cette expression, en termes de géographie de régions du
Québec. Parmi les projets de centrales pour produire de
l'électricité, il y a, bien sûr, la Baie-James, mais il y a
aussi la Côte-Nord, la région de Québec et la région
de Montréal. Il y a des investissements dans le transport et la
distribution d'électricité, bien sûr, à travers tout
le Québec. Les projets de gazoducs et de réseaux de distribution
de gaz naturel touchent les principales régions, mais en particulier la
Mauricie, la Beauce, les Cantons de l'Est, le Saguenay, Québec et
Montréal.
Si jamais il s'avère fondé que le port méthanier
vient à Gros-Cacouna - pour autant que nous n'ayons pas une
compétition que je qualifierais d'autre qu'économique d'une des
provinces atlantiques, il y a lieu de penser que Gros-Cacouna serait le choix
logique pour l'établissement du port méthanier - il est bien
évident que toute cette grande région du Québec, mais
aussi l'ensemble du Québec pourrait profiter de ces investissements qui
seront probablement de l'ordre de 2 000 000 000 $, au moment où ils
s'effectueront. Il est fortement question d'un projet d'affinage ou de
"upgrading" quant aux huiles lourdes pour Montréal, et cela me
paraît être quelque chose d'essentiel si on veut assurer d'abord
des économies d'énergie et pouvoir ensuite assurer à
l'entreprise en aval une matière première dont elle a besoin. Il
y a aussi, pour la région de Montmagny-L'Islet, le projet d'usine de
méthanol qui a été annoncé.
Quand on considère l'ensemble des investissements prévus
dans le dossier
énergétique, que ce soit l'hydroélectricité,
le gaz naturel ou le complexe d'affinage, port méthanier, etc., avec
tous les effets d'entraînement, il y a lieu de penser que les dix
prochaines années seront, sans aucun doute, des années où
l'énergie et toutes ses composantes seront, pour le Québec, la
décennie la plus importante, à mon point de vue.
Il y a peut-être aussi un volet fort important au niveau d'une
politique d'achat dont on pourra reparler, mais si on imaginait un seul instant
que l'ensemble des investissements prévus ou prévisibles
était fait au Québec dans la même proportion
qu'Hydro-Québec exécute actuellement ses achats,
c'est-à-dire un niveau d'à peu près 70%, il est
évident que des secteurs manufacturiers complets pourraient naître
de toutes pièces au Québec.
Je peux peut-être dire un dernier mot sur le dossier de
l'énergie. Je suis convaincu que c'est un dossier qui intéresse
en particulier le député d'Outremont, puisque déjà
il a soulevé la question deux fois à l'Assemblée
nationale. Je voudrais lui dire que mon voeu le plus cher est qu'une entente
intervienne entre les tuyauteurs du local 144 et leur patron afin d'avoir
l'assurance qu'on pourra franchir le lac des Deux Montagnes dans les
délais qui nous ont été impartis par le certificat qui a
été émis par le ministère de l'Environnement,
c'est-à-dire avant le 15 octobre. On est déjà au
début du mois de juin. Il semblerait que les pourparlers sont
difficiles. Si, à tout hasard, le délai était
prolongé, il reste une alternative à explorer. Je dois parler
à mon collègue de l'Environnement qui pourrait impliquer qu'une
demande soit faite au ministère de l'Environnement et pour que la date
du 15 octobre puisse être prolongée ultérieurement.
Je dois dire cependant que le gouvernement du Québec a
donné toutes les autorisations nécessaires pour le prolongement
du gazoduc en aval de Montréal. Il est rendu à la hauteur de
Trois-Rivières. Je suis bien confiant qu'à partir de
Trois-Rivières on va très certainement trouver un bon client
industriel pour se rendre au centre de la Mauricie, qui aurait besoin aussi de
gaz naturel pour ses industries.
Nous aurons beau faire des chiffres, je pense que c'est avec confiance
qu'il faut aborder, en ce qui concerne les volumes possibles, la
pénétration du gaz non seulement à cause des
investissements et de leur effet d'entraînement, mais aussi à
cause de l'impact direct que le niveau de pénétration du gaz aura
sur l'ensemble du bilan énergétigue. Cette politique
d'harmonisation, bien sûr, on peut l'établir, mais il faut se dire
que nous devrons l'ajuster continuellement, au fur et à mesure de la
pénétration du gaz.
Dans mon esprit, il n'y a aucun doute possible, le gouvernement a pris
la décision d'obtenir et de maintenir un contrôle effectif sur les
deux entreprises, Gaz Métro et Gaz Inter-Cité. Je compte bien
que, d'ici la fin du mois de juin, les pourparlers et les discussions entre
SOQUIP et la Caisse de dépôt pourront se compléter,
à la suite des ententes déjà intervenues dans le dossier,
et que nous pourrons aller vers une émission d'actions pour
concrétiser cette volonté du gouvernement qui a été
exprimée le 11 mars à l'Assemblée nationale. Pardon?
M. Fortier: Gaz Métropolitain, c'était le 11
décembre, et Gaz Inter-Cité, c'était le...
M. Duhaime: Si la volonté du gouvernement n'avait pas
été clairement arrêtée quant à la
pénétration du gaz, il est bien évident que nous ne nous
serions pas impliqués à ce point dans les deux dossiers. (17 h
15)
Je m'arrête ici, M. le Président. Je pense avoir
touché à beaucoup de choses dans ce premier exposé, qui se
voulait le plus général possible. Je dirais essentiellement en
conclusion que l'importance du dossier, quant à la portée des
décisions à prendre dans les années à venir, que
l'ampleur des investissements me font affirmer que, si les premiers sentiments
que j'ai en entrant dans ce nouveau ministère sont exacts, même si
ce ministère est un jeune ministère - il est né de
l'intégration qui date déjà de quelques années nous
touchons, avec le ministère de l'Énergie et des Ressources, que
ce soit sur le plan des matières premières, de la ressource ou
sur le plan de l'énergie, deux leviers essentiels à tout
développement économique pour le Québec. Je voudrais
assurer mes collègues de cette commission que j'y travaillerai
également avec toute mon énergie et toutes mes ressources.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, je vous remercie.
J'apprécie beaucoup la présentation que le ministre vient de
faire. Vous avez fait état de plusieurs problèmes qu'affronte le
Québec, présentement, dans le domaine de la forêt, des
mines et de l'énergie. Bien sûr, ce qui nous intéresse
davantage, plus que la liste des problèmes, ce sont les politiques qui
seront mises en oeuvre. Vous nous en avez dit quelques mots. J'ose
espérer que nous aurons l'occasion d'y aller plus en profondeur dans les
jours qui viennent.
Vous avez fait état, en ce qui concerne
la forêt, que, malheureusement, contrairement à ce que tous
les politiciens ont dit dans le passé, notre ressource de ce
côté-là n'est pas inépuisable. On a dit la
même chose de l'hydroélectricité. Il faut bien se rendre
compte que ce n'est pas le cas. Je crois que les politiques qui ont
été mises en oeuvre dans ce domaine sont extrêmement
importantes et doivent être continuées. Vous recevrez notre appui
de ce côté-là.
Les mines et la forêt représentent, si on ajoute à
cela les exportations d'électricité, au-delà de 60% ou 70%
- je crois que vous avez mentionné ce chiffre -de toutes les
exportations du Québec. Bien sûr, au fur et à mesure qu'on
sera plus heureux pour développer nos ressources, il est évident
qu'avec les exportations d'électricité en plus, l'ensemble de ces
exportations jouera un rôle prépondérant dans le
développement de l'économie.
D'ailleurs, lors de votre rencontre avec les journalistes, le 12 mai,
vous disiez justement que le ministère de l'Énergie et des
Ressources était un ministère à vocation
économique. Là-dessus, je pense que nous nous entendons
pleinement.
Cependant, ce qui m'a frappé, c'est que, lors de cette rencontre,
telle que rapportée par le Nouvelliste, vous aviez fait état du
fait que votre priorité était dans le domaine de
l'énergie. Ici, je cite: "Le nouveau titulaire du ministère de
l'Énergie et des Ressources fera porter le gros des efforts du
gouvernement péquiste principalement sur les questions
énergétiques." Mais, aujourd'hui, j'ai entendu ou j'ai cru
entendre que votre priorité était du côté
minier.
Vous avez dit quelque chose du domaine énergétique, on y
reviendra dans quelques instants, mais il est vrai que, du côté
des mines, c'est certainement une priorité à laquelle le
gouvernement aurait dû s'atteler depuis assez longtemps, parce qu'en fait
il est difficile d'arriver avec une seule politique, puisqu'on doit toucher
à différents problèmes, que ce soit le fer, que ce soit
l'amiante, où les stratégies sont différentes.
Vous n'avez pas parlé de la nationalisation de l'Asbestos
Corporation. Je ne sais pas si c'est une lacune ou un oubli. Je ne sais pas si
le gouvernement a changé d'attitude dans ce dossier. Est-ce que le
manque de revenus pourrait porter le gouvernement à croire que ce serait
préférable de laisser Asbestos Corporation à l'entreprise
privée, malgré les promesses électorales ou est-ce que le
gouvernement se contentera d'une participation minoritaire par la Caisse de
dépôt? Ce sont des questions qu'on lui posera en temps et lieu,
parce que cette politique était une politique mise de l'avant durant la
campagne électorale et depuis deux ou trois ans, et ce serait malheureux
de la laisser tomber au moment où le gouvernement semble avoir toutes
les cartes dans son jeu!
En ce qui concerne l'énergie, à mon avis, il y a une
lacune assez considérable. Nous avons eu, M. le ministre, une commission
parlementaire au mois de février, dont justement un certain concensus
s'était dégagé. Des demandes avaient été
faites de tout horizon; que ce soient la FTQ, la CSN, les mouvements
écologiques, Hydro-Québec, tous avaient déclaré
qu'il était impératif pour l'avenir énergétique du
Québec d'avoir un débat public sur cette guestion. De fait, M.
Bérubé, dans un communiqué de presse le 2 mars, avait fait
état du fait qu'il donnait son appui inconditionnel à la tenue
d'un vaste débat public sur l'énergie du Québec. Il a
expliqué que les interventions des quatre premières
journées de la commission parlementaire avaient démontré
la très grande unanimité entourant la tenue d'un tel débat
public. "Au moment où le Québec s'achemine vers des choix majeurs
de société, la population doit absolument être
sensibilisée aux "alternatives" qui s'offriront à elle et elle
doit de plus avoir la possibilité de faire connaître ses
choix".
Je trouve malheureux que l'on ne s'engage pas immédiatement ou le
plus tôt possible dans un tel débat; enfin, vous n'en avez pas dit
un mot. J'admets que, politiquement, c'est peut-être difficile d'aborder
certains sujets, mais il m'aurait semblé qu'au début d'une
nouvelle période de quatre ans dans laquelle le gouvernement s'engage,
il aurait été plus facile pour celui-ci de s'engager dans un tel
débat à ce moment. Quelles sont les raisons pour lesquelles on
aurait besoin d'un débat public? D'une part, il y a un processus
démocratique qui est extrêmement important. Il est certain qu'il y
a des choix critiques à faire, des choix à long terme qu'il nous
faut faire. Je n'ai pas à vous rappeler que, dans Bâtir le
Québec - ou dans les documents publiés par Hydro-Québec -
tous s'accordent à dire que, très bientôt - et très
bientôt, dans le domaine énergétique, c'est dix ou quinze
ans - il nous faudra faire des choix impérieux. Pour ma part, cela a
été la politique que j'avais recommandée à notre
parti et qui a été acceptée que de tels choix
impérieux doivent se faire en toute lumière, dans un débat
public, et qu'il nous faut favoriser un débat tel que le souhaitait la
grande majorité des intervenants lors de la commission
parlementaire.
M. le ministre, vous avez parlé du livre blanc de 1978. Pour ma
part, je dois dire que ce document, par magie, s'arrêtait à peu
près vers 1990, 1992, puisque, après cela, on prévoyait
des demandes énergétiques tellement faibles qu'on mettait de
côté la plupart des problèmes les plus impérieux.
Or, il est prouvé que l'énergie est ce qui a fait
démarrer l'économie du Québec pendant plusieurs
années et c'est encore une source, un élément qui va
favoriser le développement économique du Québec pendant
encore plusieurs années. Que l'on songe aux différentes
industries qui peuvent s'établir ici, que ce soit dû au fait que
nous avons de l'électricité en très grande
quantité, que ce soit dû au fait que notre
électricité, justement, est compétitive par rapport
à d'autres sources d'énergie ou à d'autres sources
d'électricité d'autres provinces ou d'autres pays.
Mais nous n'avons pas, a l'heure où l'on se parle, de politique
énergétique à long terme. Quand je dis cela, je me rends
jusqu'à l'an 2000; on se trouve maintenant en 1981 et je vous
rappellerai, M. le Président, que, dans le domaine
énergétique, quinze ans, c'est bien bref. Le projet de la
Baie-James avait été décidé vers 1971. Nous sommes
rendus en 1981, et ce projet n'est pas encore terminé, il sera
terminé vers 1985. Alors, dans le domaine énergétique, il
faut absolument avoir quinze ans et même vingt ans d'avance. On ne peut
pas tout faire et, au moment où on se parle, on sait que les ressources
hydroélectriques qui étaient les plus économiques
s'amenuisent; il nous faudra faire des choix.
On sait également qu'on met de l'avant des mesures
d'économie d'énergie. Je suis tout à fait d'accord pour
qu'on les pousse à la limite extrême, mais il faudra aussi faire
des choix sur les énergies nouvelles qui pourront être
utilisées. Je crois qu'il est faux de prétendre que le
Québec a les moyens de développer toutes les énergies
nouvelles, que ce soit l'énergie solaire, que ce soient les
éoliennes. Il faudra faire des choix. D'ailleurs, la même chose
s'applique au Canada, et si cela s'applique au Canada, à plus forte
raison, cela s'applique au Québec. Nous n'avons pas les moyens, et c'est
faux de faire croire au public que nous les avons, de développer toutes
les ressources, toutes les énergies nouvelles dont on peut
rêver.
Encore là, il nous faudra faire des choix. Ces choix ne sont pas
faits. Je me pose la question: Comment un ministère peut-il orienter la
recherche privée, ou inciter les gens à faire des
investissements, ou favoriser ces investissements? Et dans quelle mesure les
sociétés d'État peuvent-elles organiser leurs propres
recherches si le gouvernement n'a pas encore organisé un débat
public qui nous permettrait de dégager des orientations à long
terme et faire des choix? Encore là, une politique implique des choix et
des choix à long terme ne sont pas encore faits au Québec. On l'a
vu lors de la commission parlementaire de l'énergie où
Hydro-Québec nous disait: D'ici 1992, on devra choisir entre le
nucléaire et le charbon. Ceci veut dire que si on n'a pas de politique
énergétique pour 1992, on n'en a pas pour 1995 non plus.
Mais il y a d'autres raisons pour lesquelles il serait impérieux
d'avoir une politique à long terme - et avant de déterminer la
politique énergétique, il faudrait favoriser un débat
public; de plus, vous n'avez pas mentionné un autre dossier: tout le
dossier de l'exportation possible de l'énergie hydroélectrique
aux États-Unis. Durant la commission parlementaire, la FTQ et les autres
syndicats ont fait état, avec raison, de la baisse de la main-d'oeuvre
sur les chantiers d'Hydro-Québec. Plusieurs ont posé la question
- et même plusieurs des membres de votre parti - à savoir:
Pourquoi ne pas faire en sorte que certaines rivières soient
développées avant terme pour qu'on puisse vendre
l'électricité et les rattraper au moment où cela fera
notre affaire?
Bien sûr, il s'agit de négociations extrêmement
difficiles tellement difficiles, qu'on pourrait éventuellement
être nous-mêmes dans la situation de Terre-Neuve. Lorsqu'on
s'engage dans une négociation pour vendre de l'électricité
à prix ferme, on pourrait éventuellement être les perdants.
C'est pour cela que j'ai été navré de voir que vous
n'aviez pas entamé de discussion, que vous n'aviez pas fait état
de ce problème et organisé les négociations dans ce sens.
J'ai le plus grand respect pour les spécialistes de votre
ministère, j'ai le plus grand respect pour les spécialistes et
les dirigeants d'Hydro-Québec, mais peut-être y aurait-il lieu
d'organiser un "task force" spécial qui verrait à entamer ces
négociations sur une base vraiment d'affaires, puisque c'est ce dont on
parle.
La chose importante dans ce domaine, c'est que si nous n'avons pas de
politique énergétique à long terme, comment pouvons-nous
déterminer que telle et telle rivière seraient rentables pour les
vendre aux Américains et ensuite les rattraper en 1995? Le choix des
rivières que nous allons développer devra se faire en fonction
d'une politique énergétique que nous aurons pour 1995. Si nous
n'avons pas de politique énergétique, comment pouvons-nous
déterminer maintenant quelles rivières nous allons
développer? Si nous ne savons pas encore si nous allons utiliser le
charbon ou le nucléaire en 1995, nous ne savons pas si l'énerqie
sera deux fois plus cher que celle qui pourrait être produite par une
autre forme d'énergie. À ce moment-là, il est à peu
près impensable que le gouvernement puisse s'engager dans des
négociations avec les Américains, ne sachant pas le prix de
l'énergie probable qui serait produite en 1995 et ne sachant pas le
nombre de rivières qui pourraient être développées
au Québec.
Je crois, M. le Président, en toute honnêteté pour
le public, pour les syndicats et pour les gens qui ont fait des
représentations à la dernière commission
parlementaire et qui ont exprimé des voeux pour un développement
économique accéléré dans ce secteur, dans le
secteur hydroélectrique, qu'il faudrait de toute urgence organiser un
tel débat public, favoriser un consensus sur une politique
énergétique à long terme et en parallèle, organiser
un "task force" pour faire en sorte qu'il y ait vraiment des
négociations sérieuses avec les États-Unis dans ce
domaine. (17 h 30)
II y a, bien sûr, tout le rôle de l'énergie, du gaz
et de l'électricité. Je crois que M. Bérubé avait
indiqué que ce débat public serait fait par une régie de
l'électricité. Il n'a pas expliqué son point de vue
là-dessus. Plusieurs ont cru que son intention était de donner
une expansion à la Régie du gaz et de l'électricité
pour permettre que le débat soit le plus logique possible, le plus
rationnel possible, et faire en sorte qu'on ne se retrouve pas, une autre fois,
avec une commission parlementaire comme celle que nous avons vécue
où les députés de l'Opposition et le public, d'une
façon générale, se sentent tout à fait
démunis pour faire des représentations sur des sujets
extrêmement importants. Les mouvements écologistes y ont fait
allusion, les journalistes y ont fait allusion, et moi-même j'y ai fait
allusion. Il me semble qu'il faut absolument trouver des moyens pour favoriser
la démocratie dans ces choix à très long terme qui
impliquent des choix de société très importants. Je me
plais à penser, M. le ministre, que vous prendrez ces remarques
favorablement puisqu'il me semble que si on s'engage dans la prochaine
décennie - et je suis d'accord avec vous qu'il y aura des
investissements considérables au Québec, dans le domaine
hydroélectrique - il faut bien réaliser que ces choix sont
déjà faits. Il ne s'agit, somme toute, que de s'assurer
qu'Hydro-Québec aura l'argent requis pour financer ces projets et que,
de plus, l'environnement sera protégé et que le public pourra
être entendu pour défendre son point de vue sur cette question. Il
ne s'agit pas vraiment de choix énergétiques durant les dix
prochaines années, puisque le programme d'Hydro-Québec n'est en
somme qu'une extrapolation du programme de la Baie-James qui avait
été mis en oeuvre en 1971.
Il y d'autres dossiers également auxquels vous n'avez pas
touché. Vous n'avez pas touché aux négociations avec
Terre-Neuve. Je sais que c'est un dossier très délicat, mais il
me semble qu'encore là il faudrait absolument que le public soit
rassuré sur les politiques de rechange qui pourraient être mises
de l'avant si Terre-Neuve décidait de réaliser ses objectifs,
définis par un projet de loi qui a été
déposé l'an dernier.
On peut dire, bien sûr, que Terre-Neuve n'ira pas
jusque-là. On espère, bien sûr, que Terre-Neuve n'ira pas
jusqu'à couper le courant, à un moment donné. Il me semble
que le ministre - c'est sa propre responsabilité - doit faire en sorte
que le public soit rassuré là-dessus, et, encore là, le
choix que cela pourrait impliquer nécessite qu'il y ait un débat
public dans le plus bref délai.
En ce qui concerne Hydro-Québec, vous avez mentionné
qu'Hydro-Québec était une société extrêmement
importante. De fait, avec 25% de tous les investissements qui sont faits par
Hydro-Québec - et ceci va se poursuivre durant les années qui
viennent -c'est une société extrêmement importante. On aura
l'occasion, j'imagine, M. le Président, de discuter, à
l'Assemblée nationale, du dernier budget, qui a des impacts
considérables, d'une part, sur la politique énergétique
à long terme et, d'autre part, sur l'autonomie d'Hydro-Québec.
Sur la politique à long terme, dans Bâtir le Québec -
justement, on y fait allusion - M. Landry disait ceci: "II ressort clairement
que l'électricité constitue une carte maîtresse et
stratégique du développement de l'économie
québéquoise, particulièrement au chapitre du
développement industriel." À la page 74, je crois, on met en
garde le gouvernement sur des changements de politiques qui pourraient
s'avérer très pernicieux dans le développement
économique du Québec. Je cite, à la page 75: " II faudra,
en particulier, faire montre d'une grande prudence avant de modifier le niveau
des écarts existants entre les tarifs québécois et
ontarien de grande puissance si on veut vraiment garder un des principaux
avantages comparatifs du Québec."
Qu'est-il arrivé? Ce qui est arrivé, c'est que, d'une
part, lorsque à la commission parlementaire, nous avons voulu discuter
de ces sujets, le ministre a indiqué, d'une façon formelle, qu'il
n'y aurait pas d'augmentation subtantielle en 1982. Je cite, je crois que c'est
la Presse: "M. Bérubé a réuni les journalistes pour leur
annoncer qu'en 1982 la haussse des tarifs de l'électricité sera
inférieure à la hausse de l'indice d'inflation. Justement, alors
que les journalistes avaient évoqué la conjecture, que des
augmentations d'électricité considérables devaient amener
le prix de l'électricité au niveau de celui des autres formes
d'énergie, M. Bérubé avait indiqué que ce
n'était nullement là la politique du gouvernement. Alors,
qu'est-il arrivé? Contrairement, à ce qui s'est fait à
Ottawa où, lorsque le ministre des Finances a déposé son
budget, le ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources avait
lui-même déposé une nouvelle politique
énergétique, ici, non seulement une dénégation fut
faite lors de la dernière commission parlementaire,
mais, de fait, il y a un changement de politique considérable qui
a été révélé dans le discours sur le
budget.
En effet, le ministre des Finances a indiqué ceci:
"Dorénavant, la politique du gouvernement vise donc, d'une part,
à fixer la croissance des tarifs d'électricité de
façon à garder un équilibre dans la demande
d'énergie; d'autre part, à récupérer le surplus
financier exédentaire, mais en garantissant, pour Hydro-Québec,
une structure de financement tout a fait conforme à ses besoins."
Il est évident que les normes qui sont édictées
dans le discours sur le budget, que ce soit la couverture des
intérêts ou l'autofinancement auquel Hydro-Québec sera
obligée de se plier et au-delà des réserves qui sont
requises, Hydro-Québec devra payer des redevances au gouvernement. Il
est bien évident qu'il s'agit là d'une grossière
improvisation qui a été faite dans le sens d'amener plus d'eau au
moulin et de remplir les caisses de l'Etat, celles du ministre des Finances,
qui étaient dépourvues.
Je trouve qu'il est malheureux que des politiques
énergétiques soient modifiées à très long
terme sans qu'on puisse les discuter en commission parlementaire et sans que le
public puisse se prononcer sur l'impact que de tels chanqements politiques
pourraient avoir, alors même que le ministre de l'Énergie et des
Ressources avait indiqué que ce n'était nullement l'intention du
gouvernement de procéder de cette façon.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je ne suis pas
étonné de voir que tout le monde a été surpris par
ce budget. Même les milieux financiers de New-York ont été
surpris. On me dit même que c'est possible que le vice-président
aux finances d'Hydro-Québec démissionne. Je n'en serais pas
surpris non plus. Alors, il ne faut pas être surpris si les gens
sérieux qui traitent avec Hydro-Québec ont évoqué
des raisons extrêmement sérieuses pour ne pas continuer à
prêter au même taux qu'ils le faisaient dans le passé. De
fait, en pleine campaqne électorale, d'après mes informations, le
ministre des Finances a dû envoyer une équipe à New-York
pour discuter avec les milieux financiers. J'ai hâte de voir le projet de
loi qui sera déposé incessamment. D'après ce que le leader
parlementaire a indiqué la semaine dernière, il se pourrait
qu'à ce moment-là il y ait des modifications dans la politique
qui avait été mise de l'avant par le ministre des Finances.
Il reste, M. le Président, que la politique
énergétique du gouvernement a été changée
substantiellement par le discours sur le budget et d'une façon tout
à fait contraire à ce qui avait été mis de l'avant
par le ministre des Finances lors de la dernière commission
parlementaire.
M. le Président, c'est la raison pour laguelle j'indiquais qu'il
était urgent qu'au Québec nous nous donnions une politigue
énergétique à long terme. Nous n'en avons pas. Cela permet
à certains ministres d'improviser et de faire en sorte, j'en suis
sûr, que les politiques mises de l'avant ne soient pas tout à fait
conformes aux politiques que le ministère de l'Energie et des Ressources
voulait se donner lui-même. On se trouve en contradiction au sein
même du gouvernement.
Sur la tarification, j'aimerais poser quelques questions. Le ministre
indiquait, dans ses échanges avec les journalistes, que le gouvernement
devra prendre des décisions sur la tarification d'Hydro-Québec,
à l'automne. J'imagine qu'il devra convoquer une commission
parlementaire à ce sujet. Ce sera peut-être important qu'il nous
dise le cheminement qui sera suivi avant que la nouvelle tarification soit
approuvée.
Le leader parlementaire a également indiqué, la semaine
dernière, que, compte tenu des discussions qui avaient eu lieu avec
Hydro-Québec, il y aurait également une commission parlementaire
pour discuter de l'impact du budget sur la bonne marche d'Hydro-Québec.
J'aimerais également savoir si le ministre peut nous donner des
précisions à ce sujet.
Le ministre évoquait, de plus, qu'il voulait trancher la question
de La Prade. Est-ce qu'il est sérieux lorsqu'il le dit? Compte tenu du
fait qu'on n'a pas de politique énergétique dans le domaine
nucléaire, si ce n'est, ce que le ministre avait indiqué dans le
passé, savoir qu'il favorisait une présence témoin dans ce
domaine, peut-être a-t-il trouvé difficile de négocier avec
le gouvernement fédéral. Je crois, pour son information, que s'il
voulait néqocier de façon sérieuse, il y aurait des
possibilités. Si jamais le gouvernement québécois
indiquait qu'il faudrait faire des choix dans ce domaine, et si de tels choix
étaient approuvés par le public, il y aurait possibilité
d'établir au Québec un centre de recherche qui pourrait
être à l'avantage de la technologie québécoise et
des besoins du Québec en général.
En ce qui concerne la forêt, vous avez indiqué que le
programme marchait très bien. Il faut s'en féliciter tous, parce
que l'objectif d'un gouvernement est justement de donner le coup de pouce qui
permet à l'industrie privée de faire ce qui doit être fait.
Mais j'aimerais savoir de la part du gouvernement s'il a l'intention - parce
que je ne l'ai pas vu dans les programmes qui ont été mis de
l'avant - d'aider les propriétaires privés qui ont des
boisés d'épinette qui ont été affectés par
la maladie, durant les dernières années. On me dit qu'il y a des
réserves de bois considérables qui sont en train de pourrir
debout. Je me demandais si le ministre avait des précisions à
nous
donner à ce sujet.
En ce qui concerne les mines, nous sommes d'accord avec le ministre pour
dire qu'il faudrait que les Québécois, à l'avenir,
participent d'une façon accrue au développement minier du
Québec. Cette participation devrait être faite par les
Québécois. Il a touché brièvement à la
question des impôts ou de l'implication des autres ministères.
Nous avons évoqué, l'an dernier, lors de l'étude du projet
de loi de SOQUEM, qu'il y avait des interventions ou des décisions de la
Commission des valeurs mobilières qui empêchaient justement des
particuliers de ce qu'ils voulaient faire dans ce domaine.
Je suis heureux de voir que le ministre a indiqué son intention
de faire toutes les représentations nécessaires, non pas
uniquement de mettre de l'avant des politiques qui sont de son autorité,
mais éqalement de faire des interventions auprès des autres
ministres si la chose s'avérait nécessaire. Or, je crois que
c'est nécessaire pour permettre justement à tous les
Québécois de réussir dans le domaine des mines, comme ils
ont réussi dans le domaine de la forêt.
En ce qui concerne la pénétration du gaz, M. le
Président, j'aimerais vous rappeler ce qui avait été dit
en commission parlementaire. D'un côté de la Chambre comme de
l'autre, nous sommes d'accord pour la pénétration du gaz. Je suis
d'accord avec le ministre sur ce point particulier, savoir que lorsque nous
divergeons d'opinions, dans certains cas c'est surtout sur les moyens. C'est
vrai dans le cas du gaz.
Tout le monde s'entend sur le fait qu'on peut discuter pendant longtemps
pour savoir si le gaz, lorsqu'il aura pénétré au
Québec, en 1995, atteindra 15%, 20% ou 25%. À mon avis, c'est une
discussion tout à fait byzantine, puisqu'on ne peut absolument pas
prouver ce genre de chiffres. Ce que je sais, et cela a été
prouvé en commission parlementaire, c'est ceci: de la même
façon qu'une organisation se fixe des objectifs de vente ou qu'un
président de compagnie se fixe des objectifs a très long terme,
tout le monde sait pertinemment que les objectifs à long terme seront
réalisés seulement si les objectifs à court terme sont
réalisés. Aussi la pénétration du gaz à 15%,
à 20% ou à 25% en 1995 ne se fera pas si elle ne se fait pas en
1981. (17 h 45)
À cause de cela, je voudrais simplement rappeler au ministre
qu'il est urgent de trouver une solution au problème auquel il a fait
allusion. Il sait comme moi, puisqu'il a eu des interventions de la part de
l'industrie, que celle-ci sait que c'est extrêmement important. Mais,
contrairement à ce qu'il a dit en Chambre, ce lui qui avait sonné
la sonnette d'alarme n'était pas le soussigné, mais le
président de Gaz Métropolitain, qui est une nouvelle
société d'État. Lui-même avait envoyé un
télex ou une missive au ministre du Travail pour lui indiquer qu'il y
avait urgence de régler ce problème. C'est dans ce sens que mon
intervention en Chambre était voulue et était pour inciter le
ministre du Travail à trouver une solution. Il me semblait qu'il avait
toute autorité pour modifier le décret dans le sens qui
permettrait de trouver une solution de ce problème. Le ministre me dit
qu'il fera des interventions. Je lui dis qu'il aura mon appui s'il fait des
interventions dans ce sens, puisque l'avenir énergétique, en ce
qui concerne la pénétration du gaz, est extrêmement
important pour le Québec et, s'il nous fallait manquer le bateau en
1981, à mon avis, il se pourrait fort bien qu'on l'ait manqué
pour plusieurs années à venir.
Là-dessus, nous aurons d'autres commentaires à faire un
peu plus tard, mais je crois que ceux que je viens de faire résument les
principales interventions que nous voulions faire à ce moment. Je vous
en remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. Est-ce que vous voulez immédiatement
répondre aux questions ou si on peut le faire au cours de l'étude
des crédits?
M. Yves Duhaime (réplique)
M. Duhaime: Si vous le permettez, on pourrait peut-être
reprendre un ou plusieurs des points que j'appellerais des questions de fond,
qui ont été soulevés par le député
d'Outremont, et faire un bref commentaire sur quelques-uns de ces points.
D'abord, sur la question de l'amiante, je ne sais pas si j'ai bien compris ce
que le député d'Outremont a dit, mais je suis très heureux
de ses propos. Je ne sais pas si c'est un changement dans la politique de
l'Opposition en ce qui concerne le dossier de l'amiante, mais je voudrais
réitérer ici la décision très claire, très
ferme et très nette du gouvernement au sujet d'Asbestos
Corporation. Comme vous le savez, les négociations sont en cours
avec la General Dynamics dans le but de tenter de conclure une entente sur le
choix d'un évaluateur qui pourrait être le choix conjoint des
parties de façon à établir la valeur marchande de
l'entreprise. Si ces pourparlers nous amènent à une entente, il y
a une transaction qui pourrait être faite de gré à
gré. Je pense que c'est ce que les deux parties souhaitent. Dans
l'hypothèse où il y aurait un échec sur une entente de
gré à gré, la loi 121, si ma mémoire est bonne, qui
a été votée par l'Assemblée nationale après
qu'on en eut testé la validité jusqu'en Cour suprême, sera
appliquée et un avis d'expropriation sera
donné à la compagnie Asbestos. Je voudrais
revérifier la transcription tout à l'heure, mais je partage
entièrement le point de vue du député d'Outremont qui a
dit que - je vais vous le citer - "ce serait malheureux de laisser tomber au
moment où nous avons en main tous les atouts." Là-dessus, je
pense qu'on se rejoint; je suis parfaitement d'accord avec vous.
Sur l'autre dossier que vous avez évogué, qui
m'apparaît très important: est-ce que, oui ou non, il y aura un
débat public sur l'ensemble du dossier de l'énergie? Je pourrais
peut-être vous répondre par un phrase que mon ancien
collègue de Maisonneuve, Robert Burns, avait l'habitude de dire: "Other
days, other ways." Mais je serais plutôt tenté de répondre
par l'affirmative, sans pour autant être en mesure de vous indiquer une
date précise. J'aime mieux revoir l'ensemble du dossier. J'ai eu le
temps de jeter un bref coup d'oeil sur la transcription du débat de
février dernier. Soyez assurés qu'avant de nous lancer dans un
vaste débat public sur l'énergie je voudrais être bien
certain que nous aurons en main les grands paramètres d'un pareil
débat. Mais je vous réponds tout de suite, d'emblée, que
je suis assez ouvert sur cette idée.
Vous avez également mentionné le dossier de Terre-Neuve
que je relie avec un dossier important, qui est devenu en guelgue sorte une des
marottes de l'ancien premier ministre, M. Bourassa: l'exportation de
l'énergie de base vers la Nouvelle-Angleterre en particulier. Je dois
dire qu'à la fin de juin, nous aurons une rencontre, la réunion
annuelle des premiers ministres des provinces atlantigues et des gouverneurs
des États de la Nouvelle-Angleterre. La rencontre aura lieu à
Saint-Jean, Terre-Neuve. Il est bien certain qu'au cours de cette rencontre,
qui aura lieu les 25 et 26 juin, nous aurons l'occasion de discuter de l'un et
de l'autre dossiers, mais pas nécessairement devant le même
forum.
Un point aussi important qui a été soulevé par le
député d'Outremont, concernait le discours sur le budget. Il y a
dans le discours sur le budget l'annonce que le gouvernement, comme à
d'autres sociétés d'État, a l'intention de demander
à Hydro-Québec le paiement de redevances. Je dois peut-être
rappeler que le discours sur le budget a été prononcé
avant l'émission des brefs d'élection et que nous sommes
allés au peuple, suivant l'expression maintenant consacrée, avec
un budget. Nous y sommes allés visière levée et je pense
que, durant la campagne électorale, nous avons eu l'occasion de discuter
aussi bien du budget que du bilan du gouvernement, autant que des engagements
électoraux.
Je ne sais pas si j'ai bien saisi l'intervention du député
d'Outremont, mais, moi, je suis en mesure de dire, en tout cas, que ce budget a
été un des grands facteurs de la réélection de
notre gouvernement. À un point tel, sauf erreur, que nous avons
créé un précédent en déposant un budget et,
ensuite, en allant au vote ce qui a obligé tous nos légistes et
savants conseillers en procédure parlementaire à nous indiguer,
tant au gouvernement qu'à l'Opposition, de guelle façon on
réintroduisait ce budget dans le circuit. C'est un
précédent.
Je crois bien traduire le sentiment de la population du Québec,
qui nous a réélus avec 80 sièges, en disant que celle-ci
est d'accord avec ce budget et tout ce qui touche Hydro-Québec. Je crois
que mon collègue, M. Charron, le leader parlementaire du gouvernement
l'a dit très clairement dans une réponse à
l'Assemblée nationale la semaine dernière: Le projet de loi
modifiant la Loi d'Hydro-Québec, qui est au feuilleton à l'heure
actuelle en avis, contiendra sans surprise ce que vous retrouvez au budget pour
ce qui est des redevances d'Hydro-Québec et des paramètres, en
particulier, ce que vous avez vous-même indigué dans votre
intervention, c'est-à-dire le taux de capitalisation et la couverture
des intérêts.
Je peux répondre tout de suite bien clairement qu'à la
suite du dépôt de ce projet de loi - et c'est aussi l'indication
qu'a donnée le premier ministre lui-même à
l'Assemblée nationale - il y aura une commission parlementaire. Il y
aura également cet automne, lorsque nous aurons reçu la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec, une commission parlementaire,
comme cela s'est fait il y a trois ans, pour discuter de la tarification pour
l'année ou pour les années à venir.
Je dois dire que c'est avec un guelcon-que sourire que j'ai entendu
évoguer à nouveau le dossier La Prade tout à l'heure. Je
dois, cependant, dire que j'ai eu l'occasion de rediscuter pour la nième
fois avec les autorités fédérales, mais plus
récemment avec M. Lalonde et avec M. Chrétien. La
difficulté que nous avons, c'est que nous ne savons pas exactement
quelle est la proposition fédérale. On semble d'accord
actuellement, du côté fédéral, pour dire
qu'effectivement un montant de 200 000 000 $ sera versé au
Québec. Ce qu'il s'agit de savoir maintenant c'est comment et sur guels
projets. Là, cela revêtait une intensité différente,
suivant que nous étions durant la campagne du référendum
ou durant la dernière campagne électorale.
M. Chrétien, sauf erreur, semblait indiguer que les 200 000 000 $
devraient être investis au coeur du Québec, peu importent les
dossiers, ou il n'y aurait aucun règlement. Ce que M. Lalonde nous dit
est substantiellement différent. Je dois dire là-dessus que M.
Lalonde a toujours eu le
même discours, en privilégiant le coeur du Québec,
bien sûr, mais il faudrait cependant que les 200 000 000 $ soient
investis dans des dossiers directement reliés au secteur
énergétique. Aux dernières nouvelles, les deux ministres
fédéraux étaient en consultation pour voir s'il n'y aurait
pas moyen d'éclaircir cette problématique.
Quant à moi, je n'ai pas l'intention de discuter du dossier La
Prade pendant les quinze prochaines années avec le gouvernement
fédéral. Si nous en arrivons à une entente, ce que je
souhaiterais de tout coeur, tant mieux. Cependant, après presque trois
ans de discussions dans ce dossier, si les conditions qui sont posées
nous amènent à conclure qu'il n'y a pas d'intention de
régler le dossier quant au fond, nous allons purement et simplement
fermer le dossier, mais les discours suivront en conséquence.
Je voudrais demander des vérifications sur un autre dossier que
vous avez évoqué en ce qui a trait aux réserves de bois
qui pourraient être affectées sur les boisés privés.
Ce que je puis vous dire tout de suite, c'est que les programmes d'arrosage,
par exemple, que ce soit contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette
- et on m'a informé qu'il y avait aussi l'arpenteuse, qui diffère
de la tordeuse par sa façon de se promener - ne s'appliquent pour
l'instant que sur les terres publiques. Mais j'aimerais mieux prendre d'autres
informations.
M. Fortier: Ce bois qui a été affecté reste
debout et le problème est de permettre des coupes de bois pour faire en
sorte qu'il y ait une activité économique pour les gens qui sont
pris avec ce problème avant même d'attendre que le bois pourrisse
alors qu'il est debout.
M. Duhaime: Je pourrai avoir une réponse ou des
éléments de réponse lorsqu'on abordera les sept premiers
programmes qui concernent la forêt.
Le Président (M. Boucher): Alors, je m'excuse, avant
d'aborder le premier programme, je pense que l'heure de la suspension est
arrivée.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 14)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît. A la suspension, nous avions terminé avec les remarques
préliminaires et, tel que convenu, nous allons commencer par le
programme 8, Connaissance géographique du territoire.
M. le ministre.
Explication de certains termes
M. Fortier: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ...avant qu'on commence, je voudrais poser une
question. Peut-être que quelqu'un pourrait nous donner, rapidement, la
définition des différents termes qu'on retrouve dans les
catégories, entre autres, traitements, rémunérations,
services. Je l'ai devant moi, mais seulement pour préciser, si je
comprends bien, traitements et salaires, cela inclut les salaires et les
avantages sociaux comme tels.
M. Duhaime: Je peux demander à un des hauts fonctionnaires
du ministère, en se référant à la page V, au
début du livre des crédits - il va falloir se contenter de lire
ce qu'on a là-dedans - de nous l'indiquer, en gros.
M. Fortier: Peut-être nous dire de quelle façon cela
s'applique au ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: Les catégories de dépenses, et vous
allez avoir les renvois qui correspondent, à 12 et suivants. Ce sont les
définitions telles qu'elles sont indiquées au début du
livre des crédits. Alors, les traitements, salaires et allocations,
catégorie 1, c'est ce qui se rapporte au personnel permanent. La
catégorie 2, autres rémunérations, concerne le personnel
occasionnel. Services de transport et de communication...
M. Fortier: Vous allez trop vite. Salaires permanents, ça
inclut les salaires et les avantages sociaux.
M. Duhaime: C'est ça, oui.
M. Fortier: Et le fonds de pension, est-ce qu'il est là?
Non. Non.
M. Duhaime: Non. Autres rémunérations, ça
concerne les employés occasionnels, leurs salaires et avantages sociaux.
Services de transport et de communication...
M. Fortier: Qu'est-ce qui apparaît au budget sous la
catégorie communications?
M. Duhaime: Cela, c'est une abréviation. Ce sont les
dépenses de voyage, en gros, la catégorie 3.
M. Fortier: Communications, je pensais que c'était des
frais de relations publiques.
M. Duhaime: Non, pas du tout.
M. Fortier: Ce n'est pas là. Les frais de relations
publiques se trouvent où?
M. Duhaime: Ce n'est pas une catégorie de dépenses
comme telle. Cela peut se retrouver dans les services professionnels. La
catégorie 4, ce sont les services professionnels, les honoraires et les
dépenses des membres de jurys, les assurances et indemnités, les
taxes, tel que c'est décrit. Mais ce sont principalement des contrats de
services. Entretien et réparations, c'est l'entretien de la machinerie,
des appareils techniques, des voitures. Loyers d'immeubles, location
d'équipement, également.
M. Fortier: Aux loyers, pourriez-vous préciser si, dans
certains cas, vous louez des édifices? Est-ce que c'est vous-même
ou si c'est le ministère des Travaux publics qui fait la location?
M. Duhaime: Dans certains cas, on loue des édifices.
M. Fortier: Directement. M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Dans plusieurs cas, j'imagine que ce sont des
édifices mis à votre disposition par le gouvernement.
M. Duhaime: C'est cela.
M. Fortier: Vous payez un loyer interne.
M. Duhaime: Non.
M. Fortier: Non. Ce qu'on retrouve ici, ce sont uniquement des
loyers externes.
M. Duhaime: C'est cela, autres que ceux payés par les
Travaux publics. Fournitures et approvisionnements, c'est le papier, les
crayons, les stylos, ces choses. Matériel et équipement, cela
comprend les meubles.
M. Fortier: Dans certains cas, on retrouve une catégorie
qui s'appelle transfert. Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Duhaime: Ce sont les subventions.
M. Fortier: Qui viennent d'un autre ministère!
M. Duhaime: Que le ministère peut donner à des
individus ou à des groupes.
M. Fortier: Cela peut aller dans un sens ou dans l'autre,
j'imagine.
M. Duhaime: Non. C'est une dépense du ministère
vers des individus ou des groupes.
M. Fortier: Vers l'extérieur. Dans plusieurs cas, vous
avez les dépenses de capital.
M. Duhaime: D'immobilisations.
M. Fortier: Est-ce que cela pourrait être de la
capitalisation dans des sociétés d'État?
M. Duhaime: Non.
M. Fortier: Non. C'est fait par loi.
M. Duhaime: C'est l'achat de véhicules ou la construction
d'édifices, la construction de chemins.
M. Fortier: Lorsqu'on a voté une capitalisation pour
SOQUEM, est-ce que cela apparaît ici ou non?
M. Duhaime: Non.
M. Fortier: Non, cela ne paraît pas ici. Je m'excuse
auprès du ministre, mais nous sommes plusieurs nouveaux ici, nous
essayons de nous comprendre.
M. Duhaime: Dans la plupart des sociétés
d'État, le ministre des Finances étant ministre actionnaire, cela
apparaîtrait plutôt aux crédits du ministère des
Finances, l'injection du capital-actions pour l'année en cours.
M. Fortier: C'est statutaire selon la loi. Lorsqu'on a
voté une loi concernant SOQUEM au mois de décembre, cela va se
retrouver dans les lois antérieures ou dans la loi qui a
été adoptée au mois de décembre. Cela ne ressort
pas du ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: Dans le budget du ministère, non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Lorsque vous parlez de loyers, cela ne
s'applique pas nécessairement à un édifice. Cela peut
être la location d'un aéroport privé pour faire de
l'arrosage d'insecticide, etc.
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: C'était une clarification des termes avant de
commencer la discussion.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on aborde le
programme 8? M. le ministre.
Connaissance géographique du territoire
M. Duhaime: M. le Président, le programme 8 est
très certainement le programme le moins contentieux de tous ceux que
nous ayons à étudier en abordant cette commission. Je veux
peut-être vous indiquer, M. le Président - parce qu'officiellement
vous n'en êtes pas encore informé - que j'ai fait transmettre
à mes collègues, a tous les députés de cette
commission parlementaire un document passablement complet - je vois,
d'ailleurs, que cela n'a pas été inutile, parce qu'à peu
près tout le monde l'a en main - qui est un document de synthèse,
en quelque sorte, sur le budget de dépenses 1981-1982 pour le
ministère.
Cela réapparaîtrait assez fastidieux de vous faire une
lecture que vous avez sans aucun doute déjà faite. Je voudrais
simplement aborder globalement le programme 8. Il n'est pas tellement
compliqué. Comme nos collègues anglophones le diraient: "It is
almost business as usual." C'est un budget qui part de 13 025 000 $ et qui s'en
va à 13 762 000 $. Les objectifs sont exactement les mêmes.
J'ajouterais cependant que nous allons à peu près maintenir le
même rythme que lors de l'exercice financier précédent pour
ce qui est de la géodésie, la cartographie, l'arpentage, le
cadastre, etc., afin qu'on puisse continuer d'enrichir notre banque de
données quant aux informations techniques de base qui sont
nécessaires à la connaissance du territoire du Québec.
J'ajoute essentiellement une chose, c'est que, cette année, nous
allons mettre un effort particulier sur les engagements du ministère de
l'Énergie et des Ressources en rapport avec la Convention de la
Baie-James pour la délimitation de certaines localités. Je pense
que ce sont essentiellement les municipalités autochtones qui sont
couvertes par la Convention de la Baie-James. Nous avons introduit, au fil des
années, une innovation technologique par la cartographie dite
numérique. Nous avons bien l'intention de continuer dans cette
direction-là.
M. Fortier: J'aurais quelques questions à poser. Je ne
sais pas si j'ai la parole.
M. Bélanger: J'en ai une.
M. Fortier: Est-ce que vous me le permettez, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Dans la connaissance géographique du
territoire, j'aimerais que le ministre nous informe de ses
responsabilités. Si je comprends bien les responsabilités du
ministre dans ce domaine, c'est lui qui a la sauvegarde du territoire comme
tel, ce qui implique la connaissance et ia défense des limites du
territoire québécois. J'imagine que c'est bien cela, les
responsabilités du ministre. J'imagine que cela signifie que tous les
différends qui peuvent surgir, y inclus ceux des autochtones ou ceux
avec l'Ontario, ou ceux avec nos voisins de l'Est, Terre-Neuve, que tous ces
litiges possibles, potentiels ou réels ressortissent du ministère
de l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: En fait, c'est toute la partie qui concerne
l'intéqrité du territoire, vous avez raison de le souligner,
surtout ces temps-ci avec les débats qui se déroulent dans une
autre capitale au sujet du projet de loi C-48. Vous allez retrouver, à
l'élément 2 du programme 8, ce qui touche
l'intégrité du territoire. Je pense répondre au
deuxième volet de votre question.
Pour ce qui est de la première partie, on m'a appris lorsque je
suis arrivé au ministère de l'Énergie et des Ressources,
au moment de mon assermentation comme ministre de l'Énergie et des
Ressources, que je devenais automatiquement l'arpenteur général
du Québec. J'ai été très honoré de ce titre
fort glorieux. Mes responsabilités comprennent également la
charge du cadastre, et par voie de conséquence, ou plutôt à
l'inverse, la partie la plus importante en est très certainement
l'intégrité du territoire.
Ceci veut dire que, si mon souvenir est exact, c'est au cours de
l'année 1980 qu'une entente est intervenue avec le gouvernement de
l'Ontario en ce qui concerne la juridiction sur certaines îles du
Saint-Laurent et du lac Saint-Louis. Il est évident aussi que la
question du Labrador, qui a été évoquée cet
après-midi, relève au premier chef du ministère de
l'Énergie et Ressources, et il le faut dire aussi, avec l'aide, le
concours et le secours de mes collègues les ministres de la Justice,
comme Procureur général, et des Affaires
intergouvernementales.
M. Fortier: Je crois que, l'an dernier, le ministre avait dit que
le ministère avait créé un bureau de la cartographie,
l'idée étant de regrouper toute information valable qui pourrait
provenir soit du ministère, soit d'Hydro-Québec, soit d'ailleurs.
Ce service est nouveau. À quel endroit est-il situé? Est-ce qu'il
existe de façon permanente?
M. Duhaime: En fait, suivant l'enqagement - je ne sais pas si
c'était un engagement - suivant ce qui vous avait été dit
l'année dernière en commission
parlementaire à pareille date, un bureau permanent assure la
coordination qui est axée principalement sur le volet de la
géodésie, de la cartographie et de l'arpentage. C'est sous la
responsabilité de mon sous-ministre en titre. Ce bureau se trouve sur le
boulevard Charest.
M. Fortier: D'une façon générale, il y a une
question que j'aimerais poser, c'est celle-ci: Est-ce que la majorité
des employés - lorsqu'on parle du programme 8 - sont à
Québec? Il s'agit pour la majorité d'employés permanents.
J'imagine que, ces employés étant permanents, vous n'avez pas
pensé à utiliser le secteur privé davantage, il n'y a pas
avantage à faire cela. J'imaqine que c'est une tradition qui s'est
établie au ministère d'engager des employés permanents
dans ce secteur.
M. Duhaime: Oui. Il y a évidemment un certain nombre de
fonctionnaires qui sont affectés à ces différentes
tâches dans le cadre des activités du programme 8. Cela n'exclut
pas que nous fassions appel régulièrement à l'entreprise
privée pour différentes activités qui sont
énumérées dans ce programme. Également, il y a, au
niveau de la cartographie, des interventions faites par l'entreprise
privée ainsi qu'une société d'État, la
Société de cartographie, qui prend une partie de ces
activités. C'est un secteur témoin. C'est une
société qui relève aussi du ministre de l'Énergie
et des Ressources.
M. Fortier: M. le Président, si vous le permettez, on voit
au niveau des traitements 4 745 000 $ et aux autres
rémunérations, ce qui est de l'extérieur, environ 1 000
000 $. Sans vouloir minimiser la capacité ou la compétence des
fonctionnaires qui, j'en suis sûr, sont tout à fait
compétents pour faire ce travail, on sait qu'il y a des techniques
nouvelles qui se développent, qui demandent un outillage complexe, une
formation de personnel, etc., qu'on acquiert justement en travaillant sur
différents contrats. Est-ce qu'il y a une tendance de ce
côté-là ou est-ce que cela s'est stabilisé à
peu près dans ce rapport, en accordant un quart au secteur
privé?
M. Duhaime: C'est à peu près cela, selon les
projets spécifiques qui peuvent arriver à une certaine
période de l'année, par exemple, où on va faire porter un
effort particulier sur une activité, soit de géodésie,
soit de cartographie, en vue d'un développement du genre
Hydro-Québec, Baie-James, etc. D'une façon
générale, cela s'est stabilisé. Actuellement, dans ce qui
apparaît au budget, un équilibre s'est pas mal établi.
M. Fortier: J'imagine, M. le Président, que les
responsabilités qui incombaient autrefois au ministère des Terres
et Forêts sont maintenant transférées au ministère
de l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: II y a des problèmes comme ceux auxquels le
ministre Bérubé faisait allusion l'an dernier, de gens qui vont
s'établir le long d'un lac, qui construisent un chalet et qui le font
souvent sur les trois chaînes, qui appartiennent au domaine public. C'est
le genre de problèmes qui ressortissent à votre ministère.
Également, il y a les problèmes auxquels on faisait allusion au
lac Baskatong, où même des notaires ont agi de mauvaise foi et ont
entériné des divisions de territoire qui étaient contre le
droit public et contre le droit privé. C'est le genre de
problèmes qui ressortissent à votre ministère.
En ce qui concerne le lac Baskatong et les gens qui ont acheté de
bonne foi des chalets - j'imagine que ce n'est pas le seul lac et qu'il y a
d'autres endroits comme cela - est-ce que le ministère intervient dans
ce genre de choses? Est-ce qu'il laisse aller les choses? Cela a deux impacts.
Premièrement, cela a un impact sur les individus qui sont brimés
dans leur bonne foi et, deuxièmement, cela peut affecter justement la
capacité du ministère de rehausser les eaux,
éventuellement, s'il y avait une demande d'Hydro-Québec de le
faire pour certains lacs. Je me demandais s'il y avait beaucoup de cas
semblables à celui du lac Baskatong dans ce sens-là. (20 h
30)
M. Duhaime: En fait, la question que vous soulevez, c'est le
genre de problème directement relié à la gestion des
terres publiques. C'est le programme suivant. Je n'ai pas d'objection à
en parler maintenant. On retrouve le même genre de problème pour
le lac Kipawa. Mon souvenir, comme ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche c'est que j'avais beaucoup de problèmes avec celui des
Terres et Forêts. C'est évident que, sur le plan du droit, j'aime
mieux ne pas me prononcer sur les tenants et les aboutissants de droits
éventuels, de droits possibles ou de droits actuels que pourraient avoir
ou ne pas avoir des gens qui sont installés et qui ont immobilisé
des valeurs, chalets, camps ou autres, sur des terres publiques avec un titre
quelconque, ou bien avec une acquisition de bonne foi, peu importe, sans avoir
vérifié tout cet ensemble. Mais une chose certaine, c'est un
travail de bénédictin que le ministère a à faire,
qui consiste, dans un premier temps, à effectuer le recensement, par
région, par secteur, par lac, de l'ensemble des installations, puis
à voir ensuite comment on peut régulariser des situations
juridiques et un peu abracadabrantes, accumulées au fil des
années, que vous allez retrouver dans toutes les études de
notaires ou d'avocats.
Je pense que, sur le plan du...
M. Fortier: Excusez-moi.
M. Duhaime: ... droit, il n'y a pas d'occupation sans titre sur
les terres publiques, sauf erreur, à moins qu'on puisse... on ne peut
pas non plus prescrire contre le roi ou ses descendants, ce qui veut dire que
cela prend nécessairement un titre. Que des gens aient été
induits en erreur, qu'ils aient fait des déboursés, je pense
qu'on va avoir une attitude qui va consister à ne pas dépouiller
les gens de droits dans la mesure où on va y voir une bonne foi, mais
j'avoue honnêtement que prendre le dossier à la pièce,
qu'on parle du Baskatong ou du Kipawa - il y en a dans mon coin
également - ce ne serait pas facile.
M. Fortier: M. le Président, je ne savais pas qu'il y en
avait autant. Ma question concernait le particulier qui se sent brimé,
qui lui-même est victime de cela. Comme vous dites, il n'est pas question
de prescrire tous les territoires de l'État, mais, dans certains cas, on
me dit même qu'il y avait des cas de fraude de la part des notaires, de
plus, ce qui complique encore le sujet. Avez-vous un programme spécial?
Vous avez peut-être l'intention d'avoir un programme spécial parce
que si on laisse cela au train-train journalier, j'ai l'impression que les
problèmes ne seront jamais résolus. Alors je me demandais si vous
aviez l'intention... peut-être que les cas ne sont même pas
solubles, d'après ce que vous me dites, c'est presque quasi insoluble
mais, pour les particuliers, ce sont des problèmes très graves
pour eux et pour leur famille.
M. Duhaime: Nous n'avons pas de programme spécial comme
tel, sauf que j'ai l'impression qu'on aurait besoin de conserver
remembrée une équipe qui a très bien travaillé
lorsqu'on a décidé de retirer les droits exclusifs de chasse et
pêche aux clubs privés. Alors, on s'est retrouvé dans la
situation où les anciens membres de ces clubs occupaient une partie des
terres publiques en quelque sorte sans droit, sans bail, sans rien. Cela a pris
trois ans au ministère à faire le tour et à
régulariser ces dossiers en émettant dans un premier temps un
permis temporaire d'occupation et, ensuite, en faisant signer le bail de neuf
ans. Je pense que le taux est de 38 $ et il est renouvelable. C'est avec cette
équipe-là qu'on va tenter de soulutionner les occupations sans
titres, qu'on appelle les squatters dans certains coins. Il faut compter
approximativement 10,000 occupations sans titres à l'heure actuelle.
Alors, si on travaille à un rythme réqulier, on pourrait
peut-être mettre un, deux, trois ans avant d'avoir fait le tour.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le ministre. Le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: J'aimerais savoir de la part du ministre, M.
le Président, si, avec l'aide de ces données cartographiques,
d'arpentage, de photographie aérienne, etc., l'on peut dire exactement
le nombre d'acres carrées que possède le gouvernement en
forêt.
M. Duhaime: En forêt publique? M. Bélanger:
Publique.
M. Duhaime: Est-ce que l'on a la réponse?
M. Bélanger: Non, sans toutefois me donner la
réponse, est-ce que l'on en est rendu à ce point-là quand
tout cela est compilé? Est-ce qu'on peut dire que nous possédons,
par exemple, tant de milliers d'acres ou si c'est encore approximatif?
M. Duhaime: La technique nous permet d'avoir, M. le
Président, des données aussi précises que les
définitions sont précises. Autrement dit, où se termine le
territoire boisé commercial, par exemple, ce qui est une notion
importante pour l'exploration forestière par rapport à une
définition de ce qui est commercial ou non. La technique nous le permet
effectivement. Nous avons sur nos cartes la cartographie des territoires
boisés avec des précisions très grandes. Maintenant, c'est
une question de définition. Où est-ce qu'on arrête? Par
exemple, d'une façon générale, on dit assez facilement que
la forêt commerciale se termine à peu près au 52e
parallèle de latitude. Si on se rend au 52e parallèle, avec 10
minutes, par exemple, ça fait plusieurs milles carrés de plus.
Alors, tout dépend de la définition qu'on veut bien donner.
M. Bélanger: Je présume également que vous
avez la forêt exploitable et non exploitable en nombre d'acres?
M. Duhaime: Oui, on en a une bonne idée. On a aussi une
très bonne idée du territoire qu'on appelle la taïga
où les arbres sont, comme vous dites, non exploitables, et du territoire
plus au nord, la toundra, où il n'y a plus d'arbres du tout. On a une
bonne idée de ça.
Je vais vous donner les chiffres que j'ai en main, en superficie, de ce
qu'on appelle les terrains forestiers productifs; on a 467 000
kilomètres carrés, ce qui vous
donne, bon an, mal an, en coupe de bois, l'équivalent de 35 000
000 de mètres cubes. C'est ça?
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 8?
M. Fortier: Le programme 8, non.
Le Président (M. Boucher): Adopté. M. le
député de...
M. Grégoire: M. le ministre, seulement une question par
curiosité. Le ministère, comme arpenteur général,
est-il en train ou à la veille de faire passer au système
métrique le cadastre du Québec?
M. Duhaime: Pour ce qui est des terres publiques, on a
complété le boulot qu'on avait à faire. Ce qui reste,
c'est la partie sur les propriétés privées, et là,
il va nous falloir contacter...
M. Grégoire: Les municipalités?
M. Duhaime: Au fur et à mesure que les
propriétaires auront besoin de faire revoir leur cadastre, au fur et
à mesure que le besoin va se faire sentir dans le renouvellement du
cadastre. Il y a 5 000 000 de parcelles de propriétés qui ont
été acquises par l'un et par l'autre. On a quelques années
de boulot devant nous avant de compléter le travail.
M. Grégoire: Est-ce qu'il est projeté de fournir
des subventions aux municipalités qui vont vouloir transposer leur
cadastre au système métrique? Parce que c'est le cadastre
officiel, en fait...
M. Duhaime: Pas directement.
Si vous parlez d'un transfert de fonds du gouvernement vers les
municipalités pour ces besoins spécifiques-là, je
répondrais non. Cependant, je pense que si jamais une
municipalité décide d'y aller, elle devra le faire à
même son propre budget.
Le Président (M. Boucher): Programme 8, adopté?
Programme 9, Gestion des terres publiques. M. le ministre.
Gestion des terres publiques
M. Duhaime: M. le Président, on a touché à
une partie de ce programme tout à l'heure. Il n'est pas tellement
contentieux lui non plus, sauf, bien sûr, les réserves qu'on
pourrait avoir. Il n'y a qu'un élément à ce programme, M.
le Président, la gestion des terres publiques. C'est un budget qui passe
de 6 126 500 $ à 6 719 600 $, une hausse de 9,7%, ce qui veut dire que
l'augmentation correspond, sans aucun doute, à peu près à
la hausse des traitements.
Il n'y a rien de spécial pour l'année en cours. J'ai
l'impression qu'on continue essentiellement ce qui a été
commencé.
M. Fortier: II y a certains postes où il semblerait -
"business as usual" - qu'il y a augmentation d'une façon un peu rapide.
Je pense en particulier à Services qui passe de 2 800 000 $ à 4
300 000 $. J'ai noté, d'une façon générale, que le
budget global du ministère n'avait pas été
dépensé au 31 mars, par une marge de 10% ou 15%. Il semblerait
que si on prend Services, on passe de 2 800 000 % à 4 300 000 $, c'est
assez significatif. C'est la même chose pour Loyers, 223 000 $ à
430 000 $. Je ne suis pas à la bonne paqe?
M. Duhaime: Le tableau que vous avez au livre des crédits,
à la page de droite, c'est 12-21, et c'est votre tableau 12-20
qui...
M. Fortier: Non, je pense que les feuilles que j'ai ont
été un peu mêlées.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Pourriez-vous nous indiquer ce qui nous a
valu une forte diminution des employés à temps partiel qui
passent de 111 à 58? L'an passé, est-ce qu'il y avait un
programme spécial pour l'embauche des gens à temps partiel? Il y
a une diminution de 47%.
M. Duhaime: Oui. C'est l'équipe à laquelle je
faisais référence tout à l'heure. Au moment où la
décision de retirer les droits exclusifs aux clubs privés, en ce
qui concerne les droits de chasse et pêche, a été prise il
y a trois ans, c'est-à-dire en décembre 1977, le ministère
des Terres et Forêts de l'époque avait obtenu du Conseil du
trésor un budget pour l'embauche d'un nombre d'occasionnels pour mener
à bonne fin cette opération.
Le Président (M. Boucher): Programme 9, adopté?
Programme 10, Exploration géologique et minérale.
M. le ministre.
Exploration géologique et
minérale
M. Duhaime: M. le Président, on aborde le secteur des
mines comme tel avec les programmes 10, ]1 et 12. Ces trois programmes sont
reliés directement au secteur des mines. Le programme 12 concerne la
recherche minérale. Globalement, au livre des crédits, au
programme 10, c'est un budget qui passe de 12 800 000 $ à 15 800 000 $
pour l'exercice 1981-1982. Si
on additionne, c'est donc une augmentation très soulignée
et marquée de 23%. Je pense que ce serait peut-être
intéressant de relier les trois programmes et de dire que pour
l'exploration géologique et minérale, l'exploitation et le
développement, la recherche, aux programmes 10, 11, 12, le total de
1980-1981, pour l'ensemble des trois, était de 38 150 000 $ et qu'il
passe à 40 391 000 $. C'est donc une augmentation... Une seconde!
Voulez-vous vérifier une correspondance? (20 h 45)
L'explication de la hausse que j'ai mentionnée revient au
programme 10, M. le Président. Elle est essentiellement l'effet du bon
déroulement du programme quinquennal d'exploration dans le Nord-Ouest
où nous dépenserons, pour l'année en cours, 2 300 000 $ de
plus que l'année dernière.
Nous allons commencer également, durant l'exercice 1981-1982, le
plan quinquennal d'exploration pour ce qui est de la Gaspésie et nous
ajouterons 1 400 000 $.
Je pense vous avoir identifié là où on pouvait
relier les hausses effectives sous ce programme.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
Production minérale du Québec
M. Vallières: M. le Président, je ne sais pas si le
ministre pourrait répondre à deux questions relatives aux mines
en général, avant d'aborder l'étude programme par
programme. L'une en particulier vise la production au Québec
comparativement a la production canadienne. Auriez-vous des données
récentes là-dessus? Celles que j'ai m'indiquent que la part du
Québec en termes de production est passée, de 1965 à 1977,
de 23,6% à 19,5%. Est-ce que ces chiffres peuvent être
confirmés ou y a-t-il des résultats plus récents sur la
production du Québec?
M. Duhaime: Un instant. Je vais demander cela à...
M. Vallières: On pourrait peut-être continuer, M. le
ministre, et on reviendra à cette question par la suite. Vous avez
parlé, dans votre discours d'introduction, de la situation qui
prévaut dans les mines, disant qu'une de vos priorités
était de redresser la situation à certains endroits. Vous savez
que, dans le domaine du fer, pour des motifs que vous connaissez, il y a eu un
ralentissement de production, ce qui a amené les compagnies à
faire de nombreuses mises à pied. Envisagez-vous des solutions à
court et à moyen terme pour relancer en particulier l'économie de
la Côte-Nord?
Dans le domaine de l'amiante, on sait qu'il y a toujours près de
1000 mineurs de l'amiante qui sont sans emploi à la suite de
congédiements. Je sais qu'en ce qui nous concerne, dans la région
d'Asbestos, il y en a environ 400. Au niveau de l'amiante, quelles sont les
perspectives du marché? Peut-on s'attendre que les compagnies puissent
augmenter leur production au point de permettre la réembauche?
Dans le secteur des mines de zinc et de plomb, on remarque aussi un
assez grave problème, puisque la production de zinc a diminué de
50% depuis 1970, c'est-à-dire qu'on est passé d'une production de
156 000 000 de kilogrammes, en 1970, à 72 000 000 de kilogrammes, en
1980. Est-ce que le ministre dans ce secteur comme dans les autres,
prévoit des changements majeurs au cours des prochaines
années?
M. Duhaime: Je vais demander à M. Reaulieu de vous donner
les statistiques qu'on a jusqu'en 1980. Avez-vous le tonnage de la production?
Les chiffres que vous donnez sont à peu près corrects, maintenant
il faut les interpréter. C'est le développement rapide, en
Saskatchewan, de la potasse et de l'uranium qui a fait que la part relative du
Québec a diminué. C'est en pourcentage que vous le donnez et non
en tonnage; en tonnage, c'est une autre projection. J'ai les projections du
Québec, ici, et cela augmente, en ce qui concerne le Québec, en
tonnage. C'est une part relative. Dans une tarte qui représente 100%, si
une pointe auqmente à un endroit, l'autre, nécessairement,
diminue parce que la tarte ne grossit pas. Mais cela ne veut pas dire
qu'à l'intérieur du Québec la production minérale a
diminué; au contraire, elle a augmenté.
M. Vallières: C'est la production canadienne dans son
ensemble. Maintenant, M. le ministre, est-ce que vous pouvez répondre
à l'autre partie de ma question au sujet, en particulier, des mines de
fer, de la situation qui prévaut actuellement aussi dans les mines
d'amiante et les nombreux congédiements auxquels on a assisté
dernièrement? S'il y a des plans de relance, en particulier au niveau de
l'amiante, quelles sont les perspectives de marché?
M. Duhaime: J'ai le grand bonheur d'avoir avec moi un des grands
spécialistes de l'amiante qui est également de la région
de l'amiante. Je laisserai sans aucun doute la parole à mon
collègue de Frontenac, tout à l'heure, étant à peu
près assuré que, de toute manière, dans ce genre de
dossier, connaissant son intérêt, il va intervenir.
Pour ce qui est de la situation du minerai de fer, je sais que vous avez
posé une question à l'Assemblée nationale. Cela
m'embêtait de donner une réponse, parce que je n'ai pas toujours
en tête toutes les fiches,
comme le Bureau de la statistique saurait le faire, à savoir
combien de personnes ont été congédiées, combien
ont été recyclées sur des bases temporaires, sur des bases
permanentes. Il faut dire que la situation du minerai de fer au Québec
reflète à peu près la situation qui prévaut
à l'échelle du monde. Il faut dire, si on remonte un peu plus
loin, que nous subissons en quelque sorte le contrecoup de la crise dans
l'acier, et il est évident que sur le plan de la qualité du
minerai, sur le plan des ratios qualité-prix, là aussi vous allez
retrouver une bonne partie de votre explication.
Qu'est-ce que l'on va faire maintenant? Je pense que mon
collègue, M. Landry, a donné une réponse à
l'Assemblée nationale là-dessus; nous projetons de la rendre
publique pour le 15 juin. J'espère bien que l'on sera en mesure de
respecter cette date. Par différentes interventions sectorielles, je
pense qu'on va impliquer le plus grand nombre de ministères pour essayer
de compenser le manque à gagner à la suite principalement des
congédiements massifs de I'Iron Ore qui ont eu lieu et ont
été annoncés, je crois, en février ou mars de cette
année. À partir du moment où le contexte se
rétablit sur le marché international, pour ce qui est du minerai,
et qu'on retrouve une concurrence en fonction des prix et de la qualité,
j'ai comme l'impression que cela se remettra à tourner. Si vous me
demandez une évaluation et de porter un jugement catégorique sur
l'avenir d'une ville comme Sept-Îles, par exemple, je pense que ce serait
prématuré, à quelques mois des événements,
de s'avancer. La relance est possible. Je ne dis pas que ce sera facile, mais
il y a peut-être moyen de faire des investissements publics qui
étaient prévus pour plus tard, d'accélérer les
échéanciers de façon que l'on puisse faciliter le maintien
d'un plus grand nombre possible d'emplois sur l'ensemble de la
Côte-Nord.
Sur le dossier de l'amiante, je pense que les perspectives à
l'échelle du monde occidental industrialisé restent très
bonnes. Si ce n'était pas le cas, j'ai l'impression que nos
négociations avec l'Asbestos Corporation seraient terminées
depuis longtemps. Sur le plan de la rentabilité des activités
minières, par exemple, dans l'amiante, sous réserve que les
vérificateurs de Bell Asbestos produisent leur rapport, je puis vous
dire que, d'ores et déjà, avec la clôture de l'année
financière de Bell Asbestos qui, sauf erreur, serait au 31 mars, pour un
coût d'acquisition de cette mine de 35 000 000 $, les profits pour
l'année en cours ont été de l'ordre de 7 900 000 $.
Je pense que le gros de la difficulté que nous allons avoir en
cours de route avec l'amiante, ce sera sans aucun doute tenter d'apaiser ce qui
m'apparaît être des craintes plus ou moins reliées à
des contextes politiques et écologiques assez particuliers -je pense
entre autres au Danemark, je pense aussi à une législation en
République fédérale allemande - au sujet des dangers que
pourrait représenter l'amiante.
Tant et aussi longtemps que la recherche et la technologie n'auront pas
trouvé un produit de substitution à l'amiante - ce qui pourrait
prendre plusieurs années -j'ai la conviction que l'exploitation des
mines d'amiante du Québec doit être reqardée avec
optimisme. Mais ce qu'il faudra qu'on fasse - et c'est ce qui a sous-entendu
toute l'action du gouvernement dans le dossier de l'amiante depuis le
début - c'est agir de façon qu'on puisse maximiser l'exploitation
de cette ressource non renouvelable sur le territoire du Québec. Tant et
aussi longtemps que le Québec demeurera un exportateur brut ou un
exportateur net de son amiante, il faut bien se rendre compte que chaque fois
qu'il en part un char ou un bateau, ce sont des emplois qui partent en
même temps. C'est quand même assez significatif parce que depuis
que la SNA existe, je pense que le taux de transformation est passé au
Québec de 4% à 8%. Il a doublé en très peu de
temps. Votre intervention tombe bien, parce que c'est aujourd'hui que mon
collèque, M. Charron, a déposé copie d'un
arrêté en conseil qui permet à une des filiales de la SNA,
- FILAQ-SNA un investissement de 500 000 $ pour 20 nouveaux emplois à
Danville. Vous allez me dire que ce n'est pas beaucoup. C'est vrai.
J'espère que vous allez répéter cela à tous vos
électeurs. C'est une précision qui a été rendue
publique aujourd'hui.
M. Vallières: Est-ce que le gouvernement
fédéral n'est pas impliqué dans ce dossier
éqalement?
M. Duhaime: C'est fort possible.
M. Vallières: II me semble que le député
fédéral a annoncé le même projet il n'y a pas
tellement longtemps.
M. Duhaime: Même s'il y a eu une annonce faite par le
député fédéral, cela ne veut pas
nécessairement dire qu'il y a implication financière.
M. Vallières: Je vais vérifier à
nouveau.
M. Duhaime: Ce que je peux vous donner comme information, c'est
que la SNA détient 55% du capital-actions de FILAQ-SNA et les Industries
3R détiendront le solde des 45%; cependant, la SNA a acquis 20% du
capital-actions des Industries 3R.
C'est un exemple parmi d'autres. Si cela pouvait se multiplier, dans la
région de l'amiante en particulier - mais ce n'est pas exclu que cela
puisse se faire dans d'autres
régions du Québec également - que des
investissements, au niveau de la transformation, soient
accélérés, je pense que c'est là qu'est tout le
sens et toute la portée de l'intervention du gouvernement en
créant de toutes pièces la Société nationale de
l'amiante et en proposant l'adoption, à l'Assemblée nationale, de
la loi 121. Cela rejoint passablement ce qu'on disait cet après-midi en
introduction. On est, en quelque sorte, les Arabes de l'amiante, avec la
différence qu'on va développer des technologies comme les autres.
Je pense que les capitaux sont là. Il va falloir ensuite qu'on parte et
qu'on bâtisse nos propres marchés. (21 heures)
M. Fortier: Si vous le permettez, M. le Président. Ce que
vous dites, M. le ministre, c'est qu'avec la Société nationale de
l'amiante, le Québec a atteint des objectifs qui étaient de
maximiser la transformation au Québec. Je pense bien que c'est un
objectif qui est louable pour tout le monde. Dans la conjoncture où une
très grande majorité des objectifs semble pouvoir être
atteinte par la Société nationale de l'amiante, compte tenu de
l'effet d'entraînement en une courte période de temps, qui est
passé de 4% à 8%, dans quelle mesure est-il nécessaire
qu'une autre intervention publique doive se faire dans le même sens, si
réellement l'entreprise privée, qu'elle soit autochtone ou de
l'étranger, a compris le message qu'il est important qu'une
transformation se fasse ici, qu'il est important également que la
recherche et le développement se fassent au Québec?
M. Duhaime: Si nous étions aujourd'hui en 1921, je vous
donnerais raison, mais cela fait des dizaines et des dizaines d'années
qu'on extrait et qu'on exploite du minerai d'amiante au Québec. Mon
collègue de Frontenac me rappelle que cela fait 105 ans qu'on extrait de
l'amiante du Québec.
Je pense que ce qu'il faut dire, sans pour autant qu'il soit
nécessaire que le gouvernement du Québec ait le contrôle
sur toute la production de l'amiante - ce n'est absolument pas
nécessaire - c'est qu'il est important et impératif que les
Québécois, par leur société d'État, la SNA,
puissent avoir accès à la ressource dans des proportions
significatives. Et si vous faites l'addition mathématique de la
capacité de production de la mine Bell, qui a été
achetée de gré à gré - SNA la possède
à 100% - et de la production d'Asbestos Corporation, dans l'ensemble de
la production québécoise de l'amiante et, ensuite, à
l'échelle des pays industrialisés, il est évident que cela
prend des proportions qui commencent à être significatives.
On souhaite aussi qu'à partir du moment où on a
accès à cette ressource -cela n'exclut pas qu'on puisse faire des
ententes, qu'on puisse inviter des partenaires, bien sûr - ce que la SNA
fera au niveau de la transformation puisse avoir un effet d'entraînement
chez les autres producteurs. Si on réduisait notre action simplement
à créer une dizaine d'emplois ici ou une quinzaine là, au
fil d'un investissement par année ou de deux investissements par six
mois, je ne pense pas qu'on atteigne, à ce rythme, les objectifs qu'on
s'est fixés. Ce qu'on veut réussir graduellement, avec les
étapes nécessaires sur le plan financier, c'est d'en arriver
à transformer au Québec au moins 20% de la production totale de
l'amiante, la faire ici même au Québec.
M. Vallières: Est-ce que cela veut dire, M. le ministre,
puisque vous parlez d'entreprises en "partnership" possiblement avec
l'État, que des propositions précises auraient été
faites à des compagnies avec autant d'envergure que celles de
Johns-Manville Canada pour une participation à deux dans des projets de
transformation du minerai d'amiante?
M. Duhaime: Si vous parlez de proposition précise, pas
à mon bureau en tout cas. Cela a très bien pu être fait par
la Société nationale de l'amiante. C'est à souhaiter.
C'est, d'ailleurs, le genre d'initiative qu'on va encourager. Il n'est pas
exclu, non plus, qu'on puisse, avec la SNA, s'associer, dans des projets de
tranformation d'importance, avec des partenaires industriels, comme on le fait
par exemple avec la SGF dans le dossier de la pétrochimie, qu'on puisse
ou bien prendre un contrôle effectif, au niveau de la transformation ou
encore une participation minoritaire, selon des propositions qui pourraient
venir.
Mais ce qu'il apparaît important de souligner, c'est qu'au niveau
de l'extraction, au niveau de la production, au niveau de la mine, il faut
absolument que le Québec ait une part significative pour être
capable d'influencer, par sa seule présence, la dynamique d'ensemble de
ce secteur.
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais ajouter, M. le
ministre, que pendant deux ans le Bureau de l'amiante avait son bureau ici
à Québec et qu'il n'avait pour mission que de prendre contact
avec les grosses compagnies d'amiante, les grosses compagnies minières,
afin d'essayer, avec elles, d'élaborer des projets de transformation,
mais, qu'au bout de deux ans d'essais et d'efforts aucun projet n'en est sorti?
Puis-je ajouter aussi, à la suite de la demande du député
de Richmond concernant la participation du fédéral dans le projet
d'usine qui vient de s'installer dans le comté de Richmond, que le
fédéral a
toujours refusé de collaborer dans l'instauration de toute
industrie de transformation de l'amiant au Québec, que ce soit pour
l'usine de LUPEL ou Cap-de-la-Madeleine, dans la région de la Mauricie,
alors qu'une demande en bonne et due forme a été faite au MEER,
que ce soit pour les rénovations et les agrandissements des usines de la
Société Distex à Montréal? Là aussi, nous
avons essuyé un refus. Le fédéral n'a jamais voulu
collaborer, le MEER n'a jamais voulu collaborer dans l'installation des usines
de transformation de l'amiante.
Puis-je aussi ajouter, M. le ministre, que depuis deux ans et demi
qu'elle existe la Société nationale de l'amiante est devenue le
plus gros transformateur d'amiante au Canada? Elle a maintenant quatre usines,
cinq avec la nouvelle qui vient d'être fondée, dont une à
Thetford, la première; depuis cent ans, on y exploite les mines
d'amiante. Il y a une usine à Thetford, deux à Montréal,
une au Cap-de-la-Madeleine et une en Colombie britannique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Grégoire: Juste pour répondre à la
question concernant le nombre de chômeurs qu'il y aurait dans l'industrie
de l'amiante, vous avez mentionné 1000, disant qu'il y en avait 400
à Asbestos. À Thetford, à présent, il y en a moins
que 600; ce qui représente le reste des 1000 chômeurs. Il faut
dire que la mine Bell a augmenté son personnel depuis qu'elle a
été achetée par la Société nationale de
l'amiante. Elle a augmenté son personnel d'environ 9%,
c'est-à-dire 70 emplois. Les deux mines du lac ont également
augmenté leur personnel. Seule l'Asbestos Corporation est encore
déficitaire par rapport à il y a un an, mais le chiffre se
réduit de plus en plus. Il y en avait encore 260 il y a trois mois et,
maintenant, c'est aux environs de 140 et on prévoit qu'à la fin
de juin tous ceux-là seront réengagés, de telle sorte
qu'à Thetford, le chiffre d'emploi sera ce qu'il était il y a
quelques années.
M. Vallières: M. le Président, je voudrais quand
même me réserver le droit, lors de l'étude du programme 11,
particulièrement à l'élément 3, de revenir sur la
SNA. J'avais entrepris tantôt de parler de trois secteurs en particulier,
entre autres le fer et l'amiante, et j'ai glissé un mot au sujet des
mines de zinc et de plomb, également, qui sembleraient éprouver
des difficultés puisque la production a diminué
considérablement, soit d'environ 50%, entre les années 1970 et
1980. Est-ce que le ministre peut officialiser ces chiffres? Si oui, comment
envisager l'avenir dans ce domaine particulier du zinc et du plomb?
M. Duhaime: Les chiffres sont exacts. Il y a une diminution, en
fait, de la production des mines québécoises dans le zinc et le
cuivre comme alimentation aux usines québécoises, aux fonderies,
aux affineries de Montréal-Est et de Gaspé. Il y a eu, depuis
1976, un plan du Nord-Ouest québécois pour essayer de rectifier
la situation. Il y a à l'heure actuelle des nouvelles
intéressantes qui sont publiées dans les journaux
spécialisés. Vous avez sans doute pris connaissance d'une
supposée découverte -l'envergure n'en est pas encore connue -
à Murdochville, sous la ville. Il y a aussi des prospects fort
intéressants dans l'Abitibi, dans la propriété Ansil
près de Noranda. Il y a aussi d'autres dépôts mineurs qui
ont été découverts au cours des dernières
années de sorte que dans le cuivre, si vous voulez regarder les
statistiques de la dernière année, il y a une remontée. On
semble avoir atteint au moins le bas de la courbe et on devrait être
capable de stabiliser la situation et de partir en remontant.
M. Vallières: La diminution de production qu'on a
constatée entre 1970 et 1980 n'est pas due à un problème
de marché, elle est reliée à un problème
d'exploitation de mines, d'exploration...
M. Duhaime: II faudrait qualifier vos chiffres, c'est la
diminution de la production des mines québécoises et non pas des
affineries et des fonderies.
M. Vallières: En termes de tonnage, par exemple, le
tonnage de zinc a été...
M. Duhaime: Ce sont les mines québécoises de zinc,
c'est une question de réserves.
M. Vallières: Parce qu'il y a des mines qui ont
fermé dans ce domaine.
M. Duhaime: Oui, parce qu'une mine est épuisable, c'est
une ressource épuisable. Alors, quand le dépôt était
terminé, en fait, la mine fermait et, comme l'exploration n'avait pas
été assez intensive auparavant, les réserves n'avaient pas
été découvertes et il a fallu rattraper le temps perdu
pour essayer d'augmenter le stock de réserves.
M. Vallières: On a ici une question pour le ministre.
Inter-communiqué, c'est publié par votre ministère. Il
s'agit d'un nouvel organigramme, je ne sais pas de quel mois il date, mais il y
a certains services, certaines directions, certains chefs de service qui ne
sont pas indiqués. Il y a huit postes qui n'ont pas été
comblés. Est-ce qu'ils ont été comblés,
effectivement?
M. Duhaime: Cela date de quand, ce
document?
M. Vallières: II n'y a pas de date. Il semblerait que
c'est assez récent.
M. Duhaime: Le document que j'ai ici daterait de l'automne 1980.
Voulez-vous que je vous donne les noms indiqués sur votre feuille,
où les postes sont comblés.
M. Vallières: Si vous les avez, peut-être que
quelqu'un pourrait...
M. Fortier: Non, la question, c'est pour savoir ceux qui ne sont
pas remplis.
M. Vallières: II y en a plusieurs; il en reste quatre qui
ne sont pas comblés. Ou ils seraient tous comblés?
M. Duhaime: Les concours ont été faits. Il y a un
concours où il y a eu difficulté de cheminement, comme cela
arrive quelquefois, il y a simplement un arbitrage de dernière minute
à faire, mais les postes sont comblés. En fait, c'est une
personne qui a pris sa retraite, au service des permis et baux. C'est M.
Jean-Louis Pouliot qui a pris sa retraite, le concours a été
ouvert et c'est ce poste qui reste à combler. Toutes les directions sont
comblées. M. Mahoney rentre demain, il arrive de Philadelphie, il
était aux études.
M. Fortier: Est-ce qu'il parle français? M. Duhaime:
Oui, c'est un Montréalais.
M. Vallière: Le ministère de l'Énergie et
des Ressources commande de nombreuses études, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur du ministère. Est-ce
que ces études, de façon générale, sont
gardées en vase clos au ministère ou est-ce que les
députés peuvent recevoir des copies de ces études ou avoir
un compte rendu sur ces études qui sont effectuées, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur du ministère?
M. Duhaime: Si vous vous référez à une
publication annuelle, celle de 1979, il y a une version préliminaire qui
s'intitule Tableaux, statistiques et figures de la Revue de l'industrie
ministère du Québec, édition 1980. C'est publié par
la direction de la fiscalité minière, service de la statistique,
chaque année. On reçoit une version préliminaire. C'est le
bulletin de juin 1981. On devrait être en mesure de publier, comme chaque
année d'ailleurs, ces documents.
M. Vallières: Je lisais plus tôt, M. le ministre,
les études contractuelles qui sont données, qui portent sur des
sujets particuliers, l'analyse de la situation, la problématique. Je
sais qu'aujourd'hui on va adopter des crédits et, à
l'intérieur de ces crédits, il y a des montants qui sont
alloués à des études contractuelles. Est-ce qu'il ne
serait pas bon que les élus qui ont à adopter ces crédits
sachent de quoi retournent ces études et à quoi ça sert,
finalement?
M. Duhaime: En fait, les études qu'on confie à
l'extérieur sont des études très techniques qui concernent
le "répertoriage" et l'inventaire de la ressource sur le territoire,
soit aéroporté, soit aéromagnétique, soit
électromagnétique, et des choses du qenre. On donne aussi
certains contrats de gestion et certains contrats de routes à
l'extérieur. C'est assez exceptionnel qu'on demande à
l'extérieur des études de conjoncture.
M. Vallières: Est-ce que ces études produites par
le ministère et qui ne seraient pas confidentielles, parce qu'on sait
quand même qu'il y a des études qui sont à caractère
plus confidentiel, pourraient, de façon systématique, par
exemple, être versées à la bibliothèque de la
Législature sans en produire beaucoup d'exemplaires, pour qu'on y ait
accès? f21 h 15)
M. Fortier: Autrement dit, dans quelle mesure pourrions-nous
avoir accès à de l'information qui est utile à bien des
gens?
M. Duhaime: La seule restriction que le ministère a dans
la diffusion de ce genre d'information, c'est l'aspect confidentiel. Quant au
reste, je n'ai aucune idée si ces documents sont envoyés à
la bibliothèque de l'Assemblée nationale. Je sais une chose, si
vous communiquez avec la direction des communications ou directement avec nos
gens dans le secteur des mines, tout ce qu'il y a comme études rendues
publiques est disponible. Il n'y a aucun problème là-dessus.
M. Vallières: Précisément, ce que je veux
dire, c'est qu'il y a beaucoup d'études, à mon point de vue, qui
ne sont pas rendues publiques, qui sont faites à l'aide des fonds
publics. Finalement, quand on adopte les crédits, on vote, d'une
certaine manière, sans connaître les résultats
escomptés de ces études.
M. Duhaime: Je ne sais pas si vous avez une étude bien
précise en tête ou même deux ou trois ou huit. On n'arrive
pas à saisir exactement. Vous voulez savoir s'il y a de l'or quelque
part?
M. Vallières: Est-ce que toutes les études de votre
ministère sont rendues publiques?
M. Fortier: Quelle est votre politique
dans ce domaine de la publication de l'information? Est-ce que vous en
avez une? Si vous n'en avez pas, cela répond à la question.
M. Duhaime: Les documents techniques et scientifiques sont tous
publics. On a un service d'édition géologique qui rend tout
public. Tout ce qu'il y a de documents à caractère technique est
rendu public de façon systématique. Les seules réserves
qu'il pourrait y avoir quant à la publication, c'est essentiellement ce
que j'appelais tantôt tout ce qu'il peut y avoir de contenu confidentiel
en ce qui a trait à la localisation d'un gisement quelconque. Il y a
toute une procédure à suivre pour rendre cela public le
même jour pour placer tout le monde sur le même pied. Je pense que
le jour où c'est annoncé et le jour où c'est fait, soyez
sans inquiétude, il y a passablement de gens sur le terrain. C'est la
seule restriction qu'on a. Tout le reste est rendu public et disponible.
On a même tenu un colloque, au moins de novembre l'an
passé, pour tous les géologues qui arrivent de terrains. On
invite tout le monde à assister au colloque au complexe G. Cela dure
trois jours, avec toutes les cartes affichées. On a commencé
l'automne dernier et on va le répéter tous les ans.
Il y a eu un colloque l'automne dernier au complexe G avec l'ensemble
des géologues que cela pouvait intéresser. Je n'y étais
pas mais, apparemment, c'était plein les yeux plein les murs. Tout ce
qu'il y a d'information, en fait de relevés, tout ce qui pouvait
être disponible a été rendu public.
M. Fortier: En plus d'être arpenteur en chef,
êtes-vous géologue en chef?
M. Duhaime: Oui. J'espère que non.
M. Vallières: M. le ministre, je tiens pour acquis que,
s'il y avait des études dont je voudrais obtenir des copies, dont je
suis informé et qui n'ont pas de caractère confidentiel, ou des
données du genre dont vous parliez tantôt, il vous ferait plaisir
de me les communiquer.
M. Duhaime: Avec les réserves habituelles que pareille
réponse risque de commander, oui.
M. Vallières: Entre autres, puisqu'on parle
d'études, est-ce que votre ministère aurait effectué
dernièrement ou même l'an passé une étude traitant
de l'impact de la création d'un fonds minier et de la
transférabilité des fonds de retraite? Est-ce qu'il y a une
étude qui a été faite dans ce sens à Énergie
et Ressources?
M. Fortier: Autrement dit, quel va être l'impact
économique? On sait qu'il y a un impact qui va être favorable aux
employés. La question qui est posée: Dans quelle mesure par
rapport aux autres provinces, aux autres États américains, cette
politique pourrait-elle avoir un impact sur l'industrie
québécoise?
M. Duhaime: II y a un calcul qui a été
préparé sur les impacts d'un fonds minier. Il y a eu, dans la
préparation de ce document, de l'information avec des accords de
confidentialité qui ont été acheminés par des
compagnies minières au ministère. Dans quelle mesure, pourrait-on
rendre public l'ensemble ou une partie de cette étude? Il faudrait
vérifier exactement dans quelle mesure les ententes de
confidentialité pourraient être affectées. Je ne suis pas
en mesure de vous en dire davantage.
M. Fortier: II y a un impact pour les employés. Cette
étude actuarielle dont vous parlez, on se posait la question à
savoir si quelqu'un voulait développer une mine au Québec, est-ce
qu'il serait défavorisé ou favorisé par rapport à
ce qui se fait en Ontario ou dans les États américains? Je sais
qu'en préparant la loi on a pensé aux mineurs. C'est une bonne
chose, c'est louable. Étant donné ce que vous avez dit au
début, qu'il fallait mettre l'accent sur le développement des
mines au Québec et la transformation, quel impact cela peut-il avoir sur
l'industrie?
M. Duhaime: II est bien évident que, sur le plan de
l'ensemble de la main-d'oeuvre qui est disponible pour les activités
minières, au Québec, on commence, si on ne la connaît pas
déjà, à connaître une insuffisance. Avec ce projet
sur le fonds minier, on devrait faire en sorte que, les conditions de travail
des mineurs étant améliorées - on le souhaite en tout cas
- cela puisse avoir un effet d'entraînement dans le sens d'augmenter la
main-d'oeuvre. Pour ce qui est des impacts chiffrés sur les comptes
d'opération des compagnies minières comme telles, avec
l'application du fonds minier - je vous le dis sous réserve de faire une
vérification moi-même - est-ce que cela a été
touché par l'étude actuarielle? Je ne pourrais pas vous
répondre là-dessus. Est-ce que nous rendrons publiques ces
données? J'aime mieux vérifier là aussi les ententes de
confidentialité, parce que, sans aucun doute, dans un dossier comme
celui-là, il y a eu des ententes de confidentialité avec les
entreprises. Je pourrai probablement vous fournir des réponses plus
détaillées, parce que j'avais l'intention d'intervenir à
l'étape de la deuxième lecture sur l'adoption du projet de loi
créant le fonds minier.
M. Vallières: Vous avez ici, M. le
Président, un exemple d'étude qui, évidemment,
pourrait être aussi très utile à l'Opposition pour prendre
finalement position sur un projet de loi aussi important. Cela revient
exactement à la première question que j'ai posée. Nous
devons adopter des fonds publics pour des études et, trop souvent, ces
études sont faites et l'Opposition n'a pas connaissance finalement des
conséquences ou de l'utilité de ces études comme telles.
Je trouve que c'est une lacune. Je comprends bien le principe du ministre,
étant donné la confidentialité de ces rapports, mais nous
qui devons adopter des fonds dits publics, je ne sais pas quel
procédé on pourrait prendre pour qu'au moins les membres de cette
Assemblée soient informés du contenu des diverses études,
du sujet des études pour qu'au moins on sache un peu ce sur quoi nous
votons.
M. Duhaime: On pourrait le regarder, dans la mesure où on
ne vient pas enfreindre les ententes établies quant à la
confidentialité. Je pourrais aller même plus loin, si c'est
possible que l'on puisse être dégagé des ententes de
confidentialité. Si votre invitation va dans le sens d'avoir une
étude concluante sur le plan actuariel et si cela pouvait amener votre
formation politique à voter le projet de loi avec le gouvernement, j'en
serais très heureux.
M. Vallières: Je suis content que le ministre comprenne
cela comme cela. Cela voudrait dire qu'il étendrait sa politique
à toutes les autres études dont on pourrait prendre connaissance
pour s'éclairer mutuellement sur bien des situations.
M. Fortier: M. le Président, si vous me le permettez, sur
la question des commissions parlementaires. On parlait de l'énergie, on
parle des mines. On entre, très rapidement je pense, dans l'ère
moderne, en 1981 jusqu'à 1990. On entre dans des sujets qui deviennent
de plus en plus complexes. Bien sûr, on peut jouer le jeu traditionnel
des partis politiques. Quand on est au pouvoir, on a toute l'information; dans
l'Opposition, on n'en a pas, et on essaie de l'obtenir. On pourrait
peut-être rehausser le débat... D'ailleurs, au mois de
décembre - M. le ministre, c'est tout à votre crédit - on
avait cinq ou six projets de loi dont un ou deux relevaient du ministère
de l'Industrie et du Commerce et on a eu beaucoup plus de facilité
à en discuter. Vous avez eu beaucoup moins de difficulté qu'un
autre ministre. Nous avons eu un document abrégé du plan à
long terme de la Société générale de financement.
Cela nous a permis d'avoir une compréhension utile de l'ensemble du
problème. C'est pour cela que, dans un sens, je crois que cela permet de
relever le débat à l'Assemblée nationale ou dans les
commissions parlementaires. Il me semble que, finalement, la démocratie
est mieux servie lorsqu'une certaine information est donnée à
l'Opposition ou au public d'une façon générale et, dans
certains cas, on pourrait même avoir des ententes selon lesquelles seuls
les membres immédiats de la commission parlementaire sont
informés de certains documents. Quand l'Opposition n'a pas
d'information, quel que soit le parti qui est dans l'Opposition, sa seule
ressource finalement, c'est de faire une opposition systématique, alors
qu'il y aurait bien des avantages pour l'ensemble de la démocratie du
Québec à faire en sorte de relever le débat. On parlait de
débat public sur l'énergie, tout à l'heure. Cela va
être la même chose. On peut faire un débat tout à
fait stupide sur ce genre de sujet. On peut faire un débat plus
relevé.
Je crois que l'intervention de mon collègue va dans le même
sens. Je sais que le premier ministre a soulevé la question: Quelle
documentation deviendrait publique ou semi-publique? Peut-être qu'il
serait utile au ministère de regarder l'information qui pourrait
être disponible pour le public et pour l'Opposition, pour les membres de
la commission parlementaire, lorsqu'on doit discuter de sujets pertinents.
C'est dans ce sens que notre intervention est faite.
M. Grégoire: Juste pour compléter, je voudrais
demander au député d'Outremont si, dans un tel cas, ce serait
réversible, c'est-à-dire si l'Opposition nous fournirait aussi
des renseignements qu'elle a obtenus. Je donne un exemple: dans le cas de la
loi de la nationalisation de la Société Asbestos Limitée,
General Dynamics a fourni des documents ultra-confidentiels au chef de
l'Opposition; celui-ci n'a pas voulu nous les communiquer. Nous n'avons pas eu
les renseignements ultra-confidentiels fournis par General Dynamics dans le cas
de l'achat d'Asbestos Corporation, l'expropriation. Je me demande si la
proposition faite par le député d'Outremont et le
député de Richmond serait réversible, fonctionnerait dans
les deux sens.
M. Fortier: Ce sera certainement réversible lorsqu'on sera
au pouvoir.
M. Grégoire: J'imagine que, sur la question du fonds
minier, l'Opposition va recevoir des documents et des renseignements des
grosses compagnies minières. Je me demande si, à ce moment,
l'Opposition voudra bien mettre à notre disposition également les
renseignements qu'elle recevra.
M. Vallières: Le député de Frontenac doit
comprendre que ce n'est pas nécessairement l'information des
compagnies
minières dont on a besoin. L'État du Québec qui
travaille avec les fonds publics a préparé des études dont
l'Opposition aurait un grand besoin pour avoir une idée très
éclairée de la situation.
M. Grégoire: Je ne nie pas cela, mais je demande si c'est
réversible, la fourniture de renseignements. C'est tout.
M. Vallières: Je trouve que la question...
M. Fortier: Je vais répondre à la question du
député. Il a lui-même répondu à la question.
Contrairement à ce qui se fait au Sénat des États-Unis
d'Amérique où, justement, les différentes formations
politiques ont accès à peu près à la même
information, ici, dans un débat du genre de celui qu'on a, les membres
de l'Opposition doivent jouer un peu le jeu des journalistes qui cherchent
à obtenir toute l'information qui est disponible en ce qui concerne
l'information dite du domaine public ou appartenant au public. La question qui
se pose à ce moment est: Dans quelle mesure l'Opposition peut-elle y
avoir accès? Il est bien sûr qu'il y a des renseignements
privilégiés qui ne doivent être utilisés que par le
cabinet, mais, à mon avis, on va beaucoup trop loin dans cette
direction. On prive le public de rehausser le débat, ce qui serait
à l'avantage de tout le monde.
M. Vallières: Je tiens donc pour acquis que le ministre,
si c'est possible, nous expédiera l'étude actuarielle dont il
faisait mention tantôt et qu'il le fera dans les meilleurs délais,
avec la deuxième lecture du projet de loi.
M. Duhaime: Oui. La réponse que j'ai donnée
à cette question s'applique également aux autres dossiers. Je
pense que l'Opposition qui est bien éclairée a toutes les chances
de vouloir persister dans son rôle dans une problématique à
long terme, et de remplir très efficacement sa mission politique dans
notre système démocratique. Le député d'Outremont a
évoqué tout à l'heure le dossier de la
Société générale de financement et en particulier
une commission parlementaire concernant une directive du gouvernement à
la SGF et son implication dans Pétromont. On a mis sur la table toute
l'information possible et disponible. La seule chose, c'est que, pour tout ce
qui avait trait à nos partenaires qui étaient Union Carbide et
Gulf, on ne pouvait pas le faire sans leur propre consentement. C'était
la seule réserve. Il y a bien sûr des dossiers qui vont au Conseil
des ministres et qui sont ce que j'appellerais du domaine réservé
au gouvernement, mais, en ce qui concerne les études comme telles qui
sont en dehors du champ de la confidentialité, en autant qu'on a les
budgets disponibles pour en faire la diffusion, l'impression, etc.,
personnellement, j'ai plutôt tendance à dire: Fournissons cette
information. Cela fait des années qu'on se casse le crâne pour
essayer de faire en sorte que le public ait accès à l'information
gouvernementale. Je pense que, si on rend publics ces documents, avec, la plus
large diffusion possible, le mieux cela sera. (21 h 30)
M. Vallières: Quand on arrive à l'étude des
crédits comme ici ou peut-être avant, est-ce que le ministre
pourrait nous fournir la liste des études qui ont été
commandées soit de l'intérieur ou de l'extérieur,
seulement les titres des études, ce qui permettrait de se faire une
idée sur le nombre d'études qui sont faites au
ministère?
M. Duhaime: Mon sous-ministre me mentionne que certaines
études qui sont faites sur commande du ministère ne
reçoivent pas nécessairement l'aval du ministère dans
l'établissement de ses politiques. Cela peut devenir une avalanche
d'information, c'est sûr et certain. Mais, quant à moi, si vous
voulez mon sentiment personnel, je préfère un trop plein
d'information qu'un vide. C'est comme cela qu'on va fonctionner.
Une voix: II y en a très peu chez nous.
M. Vallières: Les études dont parle le
sous-ministre, on les fait à même les fonds publics.
M. Duhaime: N'allez pas croire que nous avons une montagne
d'études et de recherches que nous gardons dans le secret des dieux au
ministère de l'Énergie et des Ressources. Cela se résume
à très peu de choses, si vous jetez un coup d'oeil au budget que
nous avons pour conduire ce genre d'études, il y en a quand même
très peu.
M. Vallières: Merci. On peut passer au programme 10.
M. Fortier: Attendez, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre et porte sur la mine de sel des Îles-de-la-Madeleine qui est en
développement actuellement. J'ai lu récemment dans les journaux
que la compagnie Seleine ou encore SOQUEM avait signé un contrat avec
les Américains pour la vente de 2 000 000 ou 3 000 000 de tonnes
de sel. Or, si je me souviens bien, il y a eu des tractations avec le
gouvernement fédéral pour obtenir une subvention au
développement de cette mine. La raison indiquée par le ministre
fédéral De Bané pour refuser la subvention était
que cela allait jouer dans les plates-bandes d'autres mines de sel au Canada,
que cela allait accaparer des parties de marché ou des marchés
complets appartenant à d'autres mines de sel déjà
développées au Canada et qu'à ce moment-là il
s'aqissait d'un transfert net d'emplois d'un endroit à l'autre et que
cela ne contribuait pas à créer de l'emploi. Donc, par le fait
même, refus du fédéral d'accorder la subvention.
Or, cette nouvelle qu'on a lue dans les journaux il y a une couple de
semaines contredit jusqu'à un certain point l'affirmation du ministre
fédéral, à savoir que les marchés étaient
purement locaux, canadiens. De fait, il semble qu'on ait réussi à
développer des marchés aux États-Unis. J'aimerais savoir
si c'est votre intention de revenir à la charqe auprès de votre
collèque du fédéral pour faire en sorte que le
Québec obtienne justice là-dedans. Si on se reporte un peu en
arrière, le Nord-Ouest québécois a une usine qui traite
actuellement les minerais de zinc, de cuivre, d'or et d'argent entre autres, et
qui est située à Noranda. Et cette usine traite des minerais qui
viennent en bonne partie maintenant de l'extérieur du Québec,
plus particulièrement du nord de l'Ontario.
Or, le gouvernement fédéral, par le biais de la CDC qui a
acquis les propriétés de Texas Gulf dans la région de
Timmins, investit 35 000 000 $ dans la construction d'une usine de traitement
des minerais dans la région de Timmins qui va venir concurrencer
directement l'usine de la Noranda. Parce que cette usine de Timmins devrait
entrer en activité bientôt, cela risque de diminuer le nombre
d'emplois qu'on a dans le Nord-Ouest québécois, dans l'usine de
traitement des minerais de la mine Noranda.
Il me semble qu'il y a là une politique de deux poids, deux
mesures qui est inacceptable et moi, j'aimerais savoir si c'est votre intention
de revenir à la charge auprès du ministère
fédéral pour que le Québec obtienne ce qui, finalement,
lui revient dans ce dossier.
M. Duhaime: Pour revenir à la charge, oui. Je ne garantis
rien sur le résultat, cependant. Je pense qu'il faut peut-être, au
sujet de la mine de sel, rappeler un certain nombre de choses. Il s'agit d'un
investissement de 70 000 000 $ au total. Les travaux sont en cours et la
subvention ou le paiement de transfert du gouvernement est au niveau de 14 000
000 $. On prévoit l'ouverture ou la mise en exploitation en 1982 pour
créer 125 emplois. La capacité de production, au départ,
aux Îles-de-la-Madeleine, va être de l'ordre de 1 500 000 tonnes
pour être portée graduellement autour de 2 000 000 de tonnes de
production annuelle.
Vous avez raison de rappeler que la position du ministre
fédéral de l'Expansion économique régionale, M. De
Bané, allait dans le sens qu'aucune subvention au fédéral
ne pouvait être versée au projet de mine de sel des
Îles-de-la-Madeleine pour la bonne et simple raison que cette mine de sel
approvisionnerait exclusivement le marché du Québec et qu'il ne
pouvait, avec les fonds de tous les Canadiens, subventionner une entreprise en
circuit fermé en quelque sorte au Québec qui risquait de nuire
aux opérations d'autres mines situées ailleurs au Canada et
particulièrement en Ontario.
Je pense que ce qui vient de se produire démontre très
bien que l'argument était parfaitement futile et beaucoup plus
relié à d'autres considérations carrément
politiques, puisque je peux confirmer qu'effectivement un contrat est intervenu
et qu'à partir des Îles-de-la-Madeleine nous pourrons livrer 300
000 tonnes au Michigan. C'est vrai qu'en quelque sorte ce sont deux poids, deux
mesures, puisque, lorsque Canadian Development Corporation décide de
s'impliquer par voie de transfert, donc de subvention à Timmins, cela
peut mettre en cause et cela peut mettre en péril l'usine de Noranda. Ce
sont peut-être les deux meilleurs exemples pour illustrer très
bien de quelle manière les fonds fédéraux sont
administrés et quelle est la place que, dans l'analyse des
ministères à Ottawa, le Québec peut occuper dans leurs
préoccupations. Je trouve cela regrettable.
Ce que je ferai à la première occasion lorsque je pourrai
rencontrer M. De Bané, c'est lui parler de cette situation et, à
partir du moment où on est à 300 000 tonnes sur une
capacité de départ totale de 1 500 000 , cela commence à
être un pourcentage drôlement intéressant à
l'exportation nette, sur un plan canadien. Je vais simplement lui demander de
faire reconsidérer son dossier par ses fonctionnaires et je souhaiterais
qu'on puisse reconsidérer cette décision et l'appliquer à
d'autres projets qui pourraient voir le jour au Québec, en faisant, bien
sûr, la mise en garde que si Canadian Development Corporation investit
des fonds fédéraux dans le genre de dossier comme celui qui a
été retenu à Timmins, il est évident que,
particulièrement dans le cas du cuivre, cela va nous créer des
problèmes drôlement importants sur le plan de la production et sur
le niveau de l'emploi également dans le Nord-Ouest au Québec.
M. Rodrigue: Mais le problème du Nord-Ouest, en fait, M.
le ministre, du fait
de son activité, il permet justement de développer un
certain nombre de petites mines autour des petits dépôts qui,
finalement, sont rentables dans la mesure où il y a les
équipements sur place pour traiter le minerai. SOQUEM, entre autres, a
développé justement des petits dépôts et d'autres
compagnies l'ont fait également dans le Nord-Ouest
québécois, mais si l'usine devait fermer ou, du moins, si son
niveau d'activité devait être réduit sensiblement, je pense
que cela risquerait de causer non seulement des pertes d'emploi à
Noranda même, mais dans toute la région aussi, au niveau de
l'exploitation primaire.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: En ce qui concerne la mine de sel, je viens
d'entendre un dialogue des députés du gouvernement. Je pense bien
qu'encore une fois on essaie de démontrer que l'appartenance au Canada
est une très mauvaise chose et on prend un temps particulier pour le
démontrer. Cela me semble un peu ridicule. Le ministre sait pertinemment
qu'il faut faire la distinction entre les subventions, d'une part, et, s'il y a
des raisons - je crois qu'il en a - de retourner à Ottawa pour faire
valoir la cause du Québec, qu'il le fasse. Dans le cas de la Canadian
Development Corporation, il s'agit surtout d'une société qui
cherche à faire des profits et des investissements. Dans son cas, il ne
s'agit pas de subventions.
Mais, de toute façon, en ce qui concerne le projet de mine de
sel, on m'a indiqué - j'aimerais savoir du ministre si l'information est
exacte - que les travaux de surface semblent procéder normalement, mais
que les travaux les plus importants qui sont le creusage du puits comme tel
sont retardés, à cause de l'entrepreneur qui a été
choisi, de l'équipement qui est mis en cause, de l'expérience de
l'entrepreneur. Si, de fait, il y a retard, est-ce que
l'échéancier va être respecté? Et, s'il y a retard -
comme tous les ingénieurs le savent, quand il y a des retards, cela
coûte plus cher - le budqet ne sera pas respecté.
M. Duhaime: Avant de répondre sur la mine de sel, je
voudrais quand même revenir sur ce que vous disiez, M. le
député d'Outremont. Je comprends que le Québec a des
représentants au Parlement d'Ottawa, mais, que ce soit dans le dossier
de La Prade ou encore dans le dossier de la mine de sel des
Îles-de-la-Madeleine - et on pourrait multiplier les exemples - je pense
qu'on manquerait à notre devoir, comme députés, comme
ministres, de mettre les points sur les "i" de temps en temps. Cela ne
débouche pas nécessairement, à chaque occasion, sur un
débat constitutionnel. Je pense que la décision
fédérale concernant l'exploitation de la mine de sel des
Îles-de-la-Madeleine est de la discrimination pure et simple.
Je vais demander à M. Beaulieu s'il a des détails sur le
plan technique pour ce qui est du creusage du puits.
M. Rodrigue: Pendant que M. Beaulieu réfléchit, M.
le ministre, j'aimerais ajouter ceci. Ce qui est ridicule, ce n'est pas de
soulever la question; c'est la situation en soi qui est ridicule, à
savoir que c'est une politique de deux poids, deux mesures. Dans un cas, parce
que c'est une compagnie du gouvernement du Québec ou encore parce qu'il
y avait des conflits ailleurs dans la vallée de la Matapédia, la
subvention, il est impossible de l'obtenir et, dans un autre cas, c'est
très facile. Cela met en cause des emplois au Québec. Et on se
contredit carrément selon que le cas intéresse le Québec
ou intéresse l'Ontario. C'est cela qui est ridicule, ce n'est pas le
fait de soulever la question.
M. Dussault: Je voudrais revenir sur ce que disait le
député d'Outremont. Il tire la conclusion que faire voir
clairement ce genre de situation, c'est remettre en question l'appartenance au
Canada, en disant que c'est une mauvaise chose. Je pense que c'est une mauvaise
conclusion. Il faudrait davantage dire que, pour nous, une autre entente que
celle qu'on connaît présentement pourrait donner de meilleurs
résultats. Et devant des problèmes comme ceux qu'on connaît
- par exemple la question du sel -je suis convaincu qu'une association
économique nous aurait donné de meilleurs résultats que
ceux qu'on a obtenus avec le Canada, c'est-à-dire strictement rien
actuellement.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Un instant. M. le ministre.
M. Duhaime: La question du député d'Outremont
portait sur des enveloppes budgétaires prévues, sur les
problèmes que nous affrontons du côté de l'environnement et
sur la vie des crustacés dans la lagune; est-ce que cela peut impliquer
une augmentation des coûts? La réponse est non. La seule chose,
c'est que, lorsque la période de frai sera passée, j'imagine
qu'on pourra travailler avec des coudées beaucoup plus franches pour
procéder au creusage dans la lagune. Je pense que les homards des
Îles-de-la-Madeleine, en particulier, qui ont une saveur absolument
unique, cela vaut peut-être le coup qu'on leur laisse le temps de frayer
pour s'assurer que, l'an prochain, il y en aura encore. Mais, sur le plan des
coûts,
je ne pense pas qu'on ait aucun dépassement significatif qui
puisse nous empêcher de croire qu'on se maintient à
l'intérieur des enveloppes prévues.
M. Fortier: Quand il n'y a pas de retard dans la
construction.
M. Duhaime: II peut y avoir un retard qui pourrait être
rattrapé. Mais, en termes de cheminement critique, il n'y a pas de
retard au total.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur
la question du minerai de fer qui a été soulevée
par...
M. Vallières: Juste une petite précision au
ministre sur la question des mines de sel. Il a mentionné qu'une
subvention de 14 000 000 $ était versée. Ce n'est pas sur
l'année financière 1981-1982, c'est au total.
M. Duhaime: C'est la subvention totale. La subvention pour
l'année en cours, c'est 5 000 000 $.
M. Vallières: 5 000 000 $.
M. Duhaime: Qui est déjà payée, je
pense.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: En rapport avec une question que soulevait le
député de Mégantic-Compton sur le minerai de fer, il y
aurait tout de même certaines informations qui pourraient être
données au ministre. J'aurais deux questions à poser sur la
compagnie Iron Ore, soit les exploitations de Sept-Îles et de
Schefferville. (21 h 45)
Selon un rapport que j'ai vu tout dernièrement à
Sept-îles, qui provenait du Conseil des ports nationaux, qui est un
organisme fédéral, le transbordement du minerai de fer provenant
de IOC est sensiblement le même cette année que l'an
ipassé. On réduit les activités à Schefferville, le
transbordement du minerai de fer aurait passé d'à peu près
4 000 000 de tonnes à 2 000 000 de tonnes cette année, en
1981.
Cependant, les activités de Labrador City semblent augmenter par
rapport au transbordement. D'autre part, vous avez Pointe-Noire, soit les mines
Wabush, et vous avez Québec Cartier et SIDBEC, où les
activités sont sensiblement les mêmes que l'an passé. C'est
vrai que le carnet de commandes de ces trois compagnies est peut-être
différent, ce ne sont sûrement pas les mêmes endroits. On
sait aussi qu'il y a les intérêts de Hanna Mining; en fait, Hanna
Mining contrôle IOC et contrôle aussi des installations au
Brésil. Compte tenu du fait que l'Iron Ore fait des mises à pied
massives à Sept-îles et qu'elle fait des mises à pied
massives à Schefferville en voulant faire une exploitation
saisonnière au lieu d'une exploitation annuelle à Schefferville,
cela cause énormément de problèmes économiques dans
le milieu. D'ailleurs, l'Opposition a soulevé ça l'autre jour, le
député de Mégantic-Compton l'a soulevé aujourd'hui
et on sait que le gouvernement du Parti québécois est au fait de
la question. On essaie d'intervenir, au niveau économigue, pour relancer
dans la diversification l'économie de la Côte-Nord,
spécialement dans le comté de Duplessis, à Sept-îles
-Port-Cartier.
Ma question - la première - est celle-ci: Est-ce que le ministre
a l'intention de faire une enquête en rapport avec les activités
de la compagnie minière IOC à Sept-Îles et à
Schefferville?
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais, pour situer les
membres de la commission dans le dédale des chiffres et des
statistiques, ajouter que pour l'Iron Ore, si on prend les chiffres de 1979 par
rapport à 1980, on passe de 4 087 000 tonnes à 3 340 000 tonnes.
Pour ce qui est de lac Carol, concentrés et boulettes, production de
1979 par rapport à 1980 - les chiffres de 1980 sont des chiffres
préliminaires 8 368 000 tonnes par rapport à 7 060 000 tonnes,
une chute de 1 300 000 tonnes, en gros. Lac Carol, en boulettes, on passe pour
1979, de 10 649 000 à 8 690 000, réduction là aussi de 2
000 000 de tonnes en chiffres arrondis.
Sept-îles, en boulettes, pour 1979, 4 731 000 tonnes à 2
840 000 tonnes pour 1980.
Est-ce que c'est nécessaire de faire une enquête?
Je suis bien prêt à regarder cela, mais j'ai des doutes.
C'est, essentiellement, que pour le minerai en boulettes qui vient de Carol et
Wabush, sur le plan du marché, par rapport au minerai extrait à
Schefferville et Sept-Îles, il y a une différence de coût de
9 $ la tonne en boulettes. C'est là probablement que se trouve une
grande partie de l'explication. S'il y a d'autres éléments que la
question du rapport teneur -prix pour la tonne de boulettes, je suis bien
prêt à considérer cela.
M. Perron: Ma deuxième question concerne le dossier du
minerai sur la Côte-Nord, spécialement dans le
Nouveau-Québec au nord de Schefferville. Dans le document
que vous avez fourni aux députés, autant du gouvernement
que de l'Opposition, à la page 53, vous mentionnez: Quant à
Schefferville, qui marque la limite septentrionale de l'accès
ferroviaire sur le territoire, sa fermeture compromettrait le prolongement de
cet axe de développement vers les ressources nordiques. Est-ce qu'on a,
sans dévoiler de documents secrets ou sans dévoiler
d'informations qui devraient rester à l'intérieur du
ministère - oui, c'est à peu près quelque chose comme cela
- une idée de ce qu'il peut y avoir dans cette fosse du Labrador
où on pourrait aller chercher d'autres minerais que le minerai de fer,
qui indique qu'il pourrait se créer des installations minières au
nord de Schefferville et aussi en même temps des emplois dans le bout de
Schefferville?
M. Duhaime: M. le Président, quand on parle de la fosse du
Labrador, j'ai l'impression que tous ceux qui s'intéressent au dossier
des mines en ont des frissons dans le dos. L'état actuel de nos
connaissances sur les réserves de minerai de fer est de l'ordre de 17
000 000 000 de tonnes; au taux d'extraction actuel, qui est autour de 17 000
000 de tonnes par année, cela veut dire que vous en avez pour 1000 ans.
Le seul problème est que sa teneur est autour de 30% à 33%. Si on
veut concurrencer...
M. Perron: Vous parlez du minerai de fer?
M. Duhaime: Oui. Si on veut concurrencer le minerai de fer qui
viendrait du Brésil, par exemple, qui lui comporte une teneur de 58%, on
voit tout de suite que l'écart est tel qu'avant que l'on puisse voir une
rentabilité économique dans l'exploitation de pareils gisements,
il est bien certain qu'il va falloir qu'on invente un procédé de
transformation quelconque. Maintenant, dans la fosse du Labrador, on a
localisé des dépôts de cuivre, de nickel, de zinc,
d'uranium et de niobium. Il est bien certain que nous allons continuer de
pousser les inventaires, les recherches dans ce secteur. Souhaitons-le-nous.
À partir du moment où on pourra voir une rentabilité dans
la mise en valeur de ces gisements, le gouvernement aura très
certainement à prendre la décision de doter tout ce secteur du
Québec des infrastructures nécessaires à la mise en
exploitation de ces gisements. On a beaucoup plus de chance de voir l'avenir du
Québec et son développement vers le nord que vers le sud dans
cette hypothèse. Cela nous paraît être l'évidence que
nous condamne à vivre la géographie. De là à vous
dire aujourd'hui que nous relierons Fort Chimo à la Côte-Nord par
une route, je pense qu'on va avoir encore beaucoup d'études à
faire et plusieurs centaines de millions à y consacrer. Mais je dois
vous dire que ce n'est pas une idée nouvelle. Cela fait
déjà plusieurs années qu'au ministère de
l'Énergie et des Ressources et, à l'époque, au
ministère des Mines on fait l'examen de cette problématique et,
le jour où on aura trouvé un gisement de taille, de
qualité et de rentabilité économique suffisamment
important, je pense qu'on devrait compter... On n'est pas en mesure de prendre
une décision dans l'état actuel du dossier.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres questions sur
le programme 10?
Une voix: On ne l'a pas étudié encore comme
tel.
Le Président (M. Boucher): Programme 10,
adopté.
M. Vallières: Non, on ne l'a pas étudié
comme tel. J'aurais sûrement des questions au niveau des augmentations de
dépenses quant aux services, qui sont passées de 2 800 000 $
à 4 200 000 $. C'est la même chose au niveau des loyers, cela a
presque doublé. Je ne sais pas par quoi cela pourrait être
occasionné...
M. Duhaime: Vous avez mentionné les loyers de 30 000 $
à ...
M. Vallières: Les loyers de 223 000 $ à 430 000
$.
M. Duhaime: ... 223 000 $ à 430 000 $, oui. Et l'autre
point, c'était quoi?
M. Vallières: Surtout au niveau des services, 2 800 000 $
à 4 200 000 $.
Il faut dire que la même question concerne l'équipement. On
est passé de 295 000 $ à 818 000 $.
M. Duhaime: Votre question, pour ce qui est des services qui
passent de 2 800 000 $ à 4 200 000 $, est essentiellement liée
à l'augmentation due au démarrage du programme d'exploration
minière en Gaspésie et au déroulement du programme
similaire dans le Nord-Ouest.
Au sujet des loyers, c'est cela votre question des loyers de 223 000 $
à 430 000 $?
M. Vallières: Cela a doublé.
M. Duhaime: C'est la location d'équipement qui est
inhérente au programme d'exploration minière, aussi bien en
Gaspésie que dans le Nord-Ouest.
M. Vallières: On peut toujours, au programme 10, à
l'élément un... Il y a un plan quinquennal d'exploration
minière qui existe pour le Nord-Ouest qui a débuté en
1977, ce qui signifierait que cette année est la dernière
année de ce plan quinquennal et donc la dernière année en
principe où on accepte des crédits pour cette étude.
Est-ce que le ministre peut faire le point sur les résultats de ce
programme à ce moment-ci?
M. Duhaime: Quant aux dépenses, avec cette année,
c'est un montant total de 28 000 000 $ qui aurait été
dépensé dans ce programme. Sur le plan des résultats
maintenant... (22 heures)
Une voix: Les objectifs ont-ils été atteints?
M. Duhaime: C'est un programme qui est intensif, il faut attendre
réellement...
L'exploration, c'est une activité qui est séquentielle, on
commence d'une façon très générale et on va au but
dans la dernière partie du programme. Réellement, cette
année, on a été au forage, et il y a déjà
des résultats intéressants, mais il faut attendre après la
cinquième année pour faire une évaluation du programme.
C'est cette année qu'on vérifie les cibles qui ont
été identifiées dans les années antérieures.
Il y a un certain nombre de cibles qui ont déjà été
découvertes et il y a un certain nombre de cibles qui vont être
identifiées cette année. L'an prochain, on sera en mesure de
faire une évaluation d'ensemble du programme.
M. Vallières: ... l'an prochain. Je remarque quand
même qu'il y a 59 employés à temps partiel sur un total de
144. Est-ce que c'est un phénomène normal dans ce service? C'est
très élevé, quand même.
M. Duhaime: Apparemment, le métier de géologue les
condamne à se reposer durant l'hiver. C'est ce qui explique le
caractère saisonnier des 59 employés.
M. Vallières: Très bien. Est-ce que le ministre
envisage un programme similaire à celui-là dans un autre secteur
pour l'an prochain?
M. Duhaime: Oui, en Gaspésie.
M. Vallières: Celui dont vous faisiez mention tout
à l'heure, et ce serait le seul?
M. Duhaime: On va dépenser 1 500 000 $ en
Gaspésie...
M. Vallières: Est-ce que le ministre pourrait me dire si
l'usine pilote du ministère relève de ce programme?
M. Duhaime: C'est le programme 12.
M. Vallières: C'est le programme 12? D'accord.
M. Fortier: Au programme 10, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Fortier: Non, j'aurais une question au programme 10. D'une
façon générale, si on ajoute à l'argent
dépensé par le ministère l'argent de SOQUEM et de la
Société de développement de la Baie-James, j'imagine que,
indépendamment du programme de cinq ans, le gros des efforts s'est fait
et va se faire surtout dans le Nord-Ouest québécois. Est-ce que
c'est un énoncé qui est vrai ou faux? Cela me semblerait le cas,
comte tenu des différents documents que j'ai eus.
M. Duhaime: D'une façon générale, oui,
à peu près la moitié pour l'exploration des
sociétés...
M. Fortier: Même pour SOQUEM, d'une façon plus
particulière, j'imagine que c'est là qu'elle fait le qros de ses
efforts. Est-ce qu'on pourrait expliquer à ce moment-là pour
quelle raison le ministre - pas le ministre actuel, celui qui était
là l'an dernier - a semblé faire en sorte que SOQUEM ouvre un
bureau dans le comté de Matane alors que SOQUEM n'avait pas de bureau en
Abitibi? On a dit qu'une inauguration sera faite prochainement d'un bureau
à Sainte-Anne-des-Monts; cela semble assez extraordinaire.
M. Duhaime: J'imagine que la décision qui a
été prise par mon précédesseur était sans
doute reliée à une vision de l'avenir pour assurer la
présence de SOQUEM sur place dans certaines régions où il
y a un potentiel minier sur le plan de l'exploration, sur le plan aussi de
l'exploitation; assurer la contribution de SOQUEM par une présence sur
le terrain comme tel serait certainement très utile.
M. Fortier: ... le ministre pour dire qu'il y a un danger de
surenchère parce que, compte tenu du fait que la grande majorité
de la recherche se fait dans le Grand Nord guébécois, je suis
sûr que les gens de l'Abitibi ont demandé d'avoir également
un bureau. Lorsqu'on sait que toutes ces questions de recherche et
d'exploration demandent une infrastructure et une analyse d'informations, et
tout cela, cela me semble un peu de l'argent jeté par les
fenêtres, ce genre de bureau local; c'est simplement de la politique. Au
moment où le Québec doit resserrer ses crédits, ça
me semble de l'argent mal dépensé. Il semblerait qu'il y aurait
peut-être lieu de réviser ce genre de
dépenses.
M. Duhaime: Pour ce qui est du Nord-Ouest, il y a
déjà une présence, la mine Doyon et Louvem, il n'y a rien
de fermé.
M. Fortier: Pas pour l'exploration. Il y a une présence
d'exploitation, mais il n'y a pas une présence d'exploration en tant que
telle. On parle d'exploration, au programme 10, c'est de l'exploration.
M. Duhaime: Sous réserve de le vérifier, quant
à la présence d'un bureau de SOQUEM dans le Nord-Ouest, une chose
est sûre et certaine, c'est que SOQUEM, par Aiquebelle, est directement
impliquée à l'heure actuelle dans l'exploration. Je pense qu'il
faut lire cette problématique dans un contexte de déconcentration
pour se rapprocher géographiquement des lieux de travail. Il est bien
évident que si ça devient un effort de régionalisation
pour le simple plaisir de faire un effort de régionalisation...
M. Fortier: Vous avez dit tout à l'heure que l'hiver on en
fait moins, que l'été on en fait plus, et que l'analyse doit se
faire avec des experts. C'est assez difficile pour le Québec d'avoir des
experts dans toutes les régions du Québec. De toute façon,
je vais prendre la question en considération. Ici, j'ai un document de
la Société de développement de la Baie-James qui indique
qu'il existe -c'est un document public, je pense - des gîtes prometteurs
d'uranium au lac Sakami. Dans le passé, tout ce qui touchait le
nucléaire et l'uranium, c'était quasiment tabou, mais il
semblerait qu'il y a des possibilités assez considérables. Est-ce
qu'il y a un mandat de facto que c'est la Société de
développement de la Baie-James qui est responsable de la recherche de
l'uranium?
M. Duhaime: Dans ce territoire du Québec, le mandat de la
SDBJ est de pousser l'exploration mais, votre question va dans ce sens: est-ce
qu'il y un mandat précis en ce qui est de l'uranium? Non, il n'y a pas
de mandat précis en ce qui concerne l'uranium, sauf qu'il y a
déjà trois associations -c'est cela trois? - deux associations de
la SDBJ, une avec une société française, SERU
nucléaire, et la seconde avec une firme allemande du nom de Uranerz
où la SDBJ avec ses partenaires serait à 50/50. Il n'y a pas de
mandat précis jusqu'à aujourd'hui.
M. Fortier: Dans ce sens, il y a un moratoire pour la
construction de centrales nucléaires et je me demandais si vous aviez
également un moratoire sur la prospection d'uranium et si le
développement de ces mines ne se faisait pas parce que c'était
inclus dans un certain moratoire. Ou la SDBJ ou qui que ce soit a-t-il carte
blanche pour développer les mines d'uranium qu'on voudrait bien
développer?
M. Duhaime: Le moratoire dans le nucléaire ne va pas
jusqu'à toucher l'exploration de l'uranium.
M. Fortier: Dans ce document de la SDBJ, on mentionne que la
société offre au grand public le possibilité de participer
à la prospection du territoire avec la création d'Exploration
SDBJ 1980, société en commandite. Ce mode de financement permet
d'envisager un apport additionnel de 12 000 000 $. Est-ce qu'en fait cela s'est
réalisé? Ils ont atteint 12 000 000 $? Ce sont des individus ou
des sociétés qui ont contribué à cela?
M. Duhaime: En majorité, des individus. Il faut faire
attention, parce que l'émission de cela, la liste, je ne l'ai pas vue.
C'est quasiment confidentiel, cette liste des participants.
La liste des participants, à savoir si ce sont des individus ou
des corporations, d'après les renseignements qu'on me donne, nous n'y
aurions pas accès au-delà du nom de la commandite.
M. Fortier: Ma question était dans le sens que le ministre
parlait au début d'une plus grande participation des
Québécois. Je sais qu'il y a certaines restrictions. Certains
investisseurs croient que c'est plus facile d'aller en Colombie britannique
pour investir dans une mine du Québec que de le faire par l'entremise du
Québec. C'est pour cela que je m'intéressais à cette
commandite et dans quelle mesure il y avait une participation. Il semblait que
c'était une réussite. C'était plutôt le sens de ma
question. S'il y a des événements heureux qui se produisent dans
le domaine du développement minier par la participation du public, cela
vaudrait la peine de le noter, parce qu'on entend toujours parler
d'événements plutôt malheureux dans ce domaine. Je n'ai pas
d'autres questions. Le programme 10 a été adopté.
M. Vallières: À l'élément 2, la
Direction de l'exploration minière qui est responsable de l'application
de la Loi sur les mines, est-ce que c'est à cet élément
qu'on la retrouve? Le service de levées géologiques? Est-ce que
le travail de ce service porte chaque année sur un territoire en
particulier ou si c'est le territoire de tout le Québec?
M. Duhaime: En fait, on est en train de mettre au point un
programme sur cinq ans - on devrait être en mesure de le rendre public en
septembre, peut-être même avant si c'est possible - dans lequel on
va pouvoir établir année après année quelles sont
les
cibles qui sont visées dans ces programmes. Sauf erreur, cela va
être la première fois qu'une publication sur une
problématique de cinq ans de cette nature est rendue publique. Cela
devrait susciter passablement d'intérêt pour ceux qui
s'intéressent à tout ce dossier. C'est une première au
ministère. En septembre, je suis passablement certain de
l'échéance.
M. Vallières: Est-ce que le fonds de développement
minier fait partie de ce programme aussi? Toujours dans le programme 10, est-ce
que le ministre est au courant de ce fonds de développement qui est mis
à la disposition des prospecteurs pour faire l'exploration
minière? Peut-il nous indiquer le montant prévu affecté
à ce fonds cette année? Par le fait même, est-ce que le
montant qui a été attribué à ce service l'an
passé a été épuisé? (22 h 15)
M. Duhaime: Les crédits au fonds de développement
minier, pour qu'on s'y retrouve, vous allez rejoindre cela à
l'élément 2 du programme 10, Inventaire du potentiel
minéral. Au cours du dernier exercice 1980-1981, le montant de la
dépense effective a été de 617 000 $. Nous avons pu
satisfaire à peu près toutes les demandes qui ont
été formulées. Nous avons budgétisé
sensiblement le même montant, au niveau d'à peu près 600
000 $, pour l'année en cours.
M. Vallières: L'année dernière, le montant
était sensiblement le même que cette année?
M. Duhaime: C'est cela.
M. Vallières: Le ministre est-il au courant du nombre
d'ententes approximatives qu'il y a eu l'année passée entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources et les prospecteurs ou
les compagnies d'exploration? Peut-on conclure que ce programme, finalement, a
l'efficacité qu'il se doit, compte tenu des objectifs qu'on avait
fixés en le créant?
M. Duhaime: En fait, avec les crédits disponibles et les
demandes qui ont été analysées au ministère au
cours de la dernière année, c'est bien sûr que des demandes
ont été refusées pour différentes raisons qui
seraient plutôt d'ordre technique qu'autre chose. Mais il y en a au moins
neuf, plus une rubrique divers d'à peine 55 000 $ sur un total de 617
000 $. Je pense que c'est de l'argent qui a été bien
dépensé. On a projeté essentiellement, comme ordre de
grandeur, à peu près le même montant pour l'année en
cours. Bien sûr que, dépendant des demandes qui nous seront faites
par les intervenants, par les prospecteurs dans ce dossier, on ne tentera pas
de dépenser le budget pour le simple plaisir de le dépenser;
mais, inversement aussi, si des propositions sont intéressantes et qu'il
nous faille l'augmenter, on utilisera le procédé traditionnel du
virement de crédits ou encore nous irons au fonds de suppléance,
mais on pense que, dans les ordres de grandeur de dépenses que nous
avons, cela rencontre en gros les objectifs du ministère.
M. Vallières: Le montant total de 600 000 $ qui a
été dépensé a généré combien
de travaux d'exploration?
M. Duhaime: À peu près moitié moitié.
Je veux dire à peu près les mêmes proportions.
M. Vallières: C'est tout au niveau de ce programme, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Programme 10,
adopté?
Des voix: Adopté.
Exploitation et développement dans le secteur
de l'industrie minière
Le Président (M. Boucher): Programme 11, Exploitation et
développement dans le secteur de l'industrie minière.
M. Vallières: Est-ce qu'on peut aller aux questions
immédiatement?
M. Duhaime: Moi, ça va.
M. Vallières: J'ai une question de 1 000 000 $. On
remarque, au niveau des traitements, une diminution considérable. C'est
probablement par suite d'une affectation d'un service à un autre
ministère ou quelque chose du genre. Est-ce qu'on peut avoir des
détails là-dessus?
M. Duhaime: Essentiellement, les effectifs d'inspection qui ont
été transférés à la CSS - à ne pas
confondre avec notre jargon gouvernemental, cela n'a rien à voir avec
les Affaires sociales, dans le genre d'un CRS ou d'un CSS - la Commission de la
santé et de la sécurité. C'est ce qui explique que c'est
sous l'élément 2 du programme 11. Le budget passe de 3 500 000 $
à 1 900 000 $. Ce sont 36 personnes, postes et crédits qui ont
été tranférés à la Commission de la
santé et de la sécurité. C'est ce qui explique la
diminution de 36%.
M. Vallières: M. le Président, est-ce qu'au niveau
des services le montant qui est budgétisé inclut le paiement des
employés contractuels?
M. Duhaime: Oui.
M. Vallières: La procédure d'embauche de ces
contractuels est-elle la même que pour tous les autres
ministères?
M. Duhaime: C'est la procédure qui est
qénéralement utilisée par l'ensemble des ministères
du gouvernement.
M. Vallières: Je remarque que les crédits qui sont
alloués à l'élément 2, surveillance de la
production minière, pour 1980-1981 sont de 3 005 600 $ alors que les
crédits présentés l'année dernière, toujours
pour 1980-1981, étaient de 2 198 000 $. Est-ce qu'il y a une explication
à cette non-concordance des données?
M. Duhaime: Les chiffres sont-ils aux mêmes dates?
Peut-être que vous avez un chiffre à décembre 1980. L'an
passé, il y avait deux programmes à l'énergie, si vous
regardez dans votre programmation. Il y avait des programmes qui étaient
effectivement 10 et 11 aussi, l'an passé, ou 11 et 12. Et cette
année, il y a trois programmes et c'est un réaménagement
de proqrammes. Ce qui a été sorti du programme 11, surveillance
de la production minière, c'est principalement la recherche, le Centre
de recherche minérale et l'usine pilote qu'on va retrouver au programme
12 comme étant isolés et bien identifiés.
M. Vallières: C'est ce qui explique la différence
qu'on retrouve.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: J'aurais une question à poser au
ministre sur la surveillance de la production minière. On avait un
bureau d'inspection des mines à Thetford-Mines et on l'a
déménagé à Québec. J'ai cherché les
mines à Québec et je n'en ai pas trouvé une. On pourrait
peut-être m'expliquer pourquoi ils ont déménaqé le
bureau d'inspection de Thetford-Mines à Québec.
M. Duhaime: La Commission de la santé et de la
sécurité.
M. Grégoire: On n'en a pas eu connaissance.
M. Duhaime: Je n'ai pas l'impression que c'est du ressort de
notre commission parlementaire. La question devrait peut-être s'adresser
à M. Sauvé qui préside aux destinées de la
Commission de la santé et de la sécurité.
M. Grégoire: Le bureau d'inspection des mines relevait du
ministère des Richesses naturelles. Vous avez transféré
cela à la Commission de la santé et de la sécurité
du travail.
M. Duhaime: II ne relève plus du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Grégoire: On voit la surveillance de volumes
considérables de résidus en surface aux abords de la mine. La
CSST ne va certainement pas faire l'inspection des résidus et de la
façon de les projeter sur les tas au fur et à mesure qu'ils
sortent de la mine. Je m'aperçois, depuis que ce bureau d'inspection des
mines est déménaqé de Thetford-Mines pour s'installer
à Québec - en fin de compte, on me dit qu'il est rendu à
Québec - que les mines en profitent. Alors qu'avant elles étaient
obliqées de se servir de jets d'eau pour amortir la poussière
pour ne pas que cela aille dans l'atmosphère, depuis quelque temps, il y
a un relâchement de ce côté-là. On ne se sert pas
toujours du jet d'eau. Je ne sais pas si c'est l'inspection qui se trouve
à faire défaut.
Je remarque également depuis quelque temps qu'on a eu des
dynamitages à la mine King Beaver d'Asbestos Corporation; je ne sais pas
si c'est parce que ces gens se désintéressent de la chose, mais
il y a eu des dynamitages non loin du quartier Mitchell à Thetford; les
roches tombent sur les automobiles et des choses du genre. Je me demande si
cela a été une bonne affaire que le bureau d'inspection des mines
s'en vienne à Québec.
M. Duhaime: II faut faire attention, M. le député
de Frontenac. Ce qui a été transféré à la
Commission de la santé et de la sécurité, c'est toute la
partie qui est directement reliée à la santé et à
la sécurité des travailleurs de la mine. Est toujours de la
responsabilité du ministère ce qu'on appelle le service du milieu
minier qui s'occupe des dommages survenus ou à prévoir au milieu
par les exploitations minières. Il y a également un programme
dont il a la responsabilité de l'application quant à la
correction, le contrôle, la surveillance des nouvelles exploitations,
avec la participation technique et possiblement financière des
sociétés minières, essentiellement dans l'hypothèse
de la restauration des sites. Ce service du milieu minier s'occupe aussi de
voir à la fermeture d'ouvertures dangereuses, etc. Donc, ce n'est pas
toute l'inspection qui a été déférée
à la Commission de la santé et de la sécurité.
C'est beaucoup plus la partie qui est directement reliée à la
santé et à la sécurité des travailleurs. Le service
du milieu minier est demeuré au ministère de l'Énergie et
des Ressources.
M. Grégoire: Oui, mais il était installé
à Thetford, dans le cadre de l'inspection des
mines, et il est rendu à Québec.
M. Duhaime: Le personnel affecté au service du milieu
minier est sur place. Il a sa résidence sur les lieux, à
Thetford-Mines.
M. Grégoire: II y a une personne qui reste au lieu
de...
M. Duhaime: Je crois que c'est une, peut-être deux, mais il
y a plus de chances que ce soit une.
M- Grégoire: ... sept ou huit, comme il y avait avant.
Elles faisaient l'inspection du pourcentage de fibres au centimètre
cube.
M. Duhaime: Sur l'équipe de six ou sept qui était
présente à Thetford-Mines, six ont été
rapatriés à Québec avec la Commission de la santé
et de la sécurité. Celui qui est affecté au service du
milieu minier est demeuré sur place. Dans les faits, les six qui ont
été mutés à Québec s'occupaient
déjà de santé et de sécurité.
M. Vallières: Cela veut dire, M. le ministre, que
l'installation de machineries nouvelles, comme cela se faisait auparavant, la
prise d'échantillons dans l'air de matières en suspension, c'est
complètement rendu à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. Grégoire: C'est-à-dire que cela se fait par un
comité conjoint composé des patrons des mines et des
syndicats.
M. Vallières: Ce transfert, compte tenu de la vocation du
ministère - il y a quand même la disparition de ce service
d'inspection - est-ce que cela ne va pas rendre votre tâche un peu plus
difficile pour apporter des solutions finalement aux problèmes de
santé et de sécurité de l'environnement auxquels fait face
l'industrie? Anciennement, cela relevait de votre ministère. Est-ce
qu'il n'y aura pas certaines difficultés pour le ministère,
à moins qu'il ne se retire complètement de toute cette question
de la santé et de la sécurité pour les mineurs?
M. Duhaime: Cela peut peut-être créer des
problèmes d'ajustement, mais ce qu'on va gagner en efficacité sur
le plan de la Commission de la santé et de la sécurité,
cela vaut le coup de le tenter. S'il y a des ajustements à être
faits entre la Commission de la santé et de la sécurité
dans le déroulement quotidien de ses fonctions et, d'un autre
côté, le service du milieu minier, comme ces gens travaillent pour
le même gouvernement, même s'ils travaillent pour des
ministères différents, ce n'est pas interdit de se parler.
(22 h 30)
M. Grégoire: Ce qu'il y a de différent, c'est que
la Commission de la santé et de la sécurité du travail, ce
n'est pas un ministère. Les autres travaillent pour un ministère.
Justement, on dit: La santé et la sécurité au travail,
mais l'inspection pour la sécurité dans les mines surtout, par
exemple, les degrés des pentes dans les mines à ciel ouvert,
c'est la sécurité des travailleurs aussi.
M. Duhaime: C'est la commission qui s'occupe de cela.
M. Grégoire: La Commission de la santé et de la
sécurité du travail est-elle équipée pour cela? Le
ministère de l'Énergie et des Ressources est équipé
pour cela.
M. Duhaime: Les professionnels qui étaient au
ministère de l'Énergie et des Ressources ont été
mutés avec les postes et crédits à la commission.
M. Grégoire: Avec les laboratoires?
M. Duhaime: L'expertise est là, les laboratoires
aussi.
M. Grégoire: Mais les laboratoires sont inclus dans le
ministère des Richesses naturelles, ici à Québec.
M. Duhaime: Les laboratoires sont restés sous la
responsabilité du ministère de l'Énergie et des Ressources
et on est disposé à répondre favorablement à toute
demande d'analyse qui pourrait nous être faite par la commission. Je dois
vous préciser que les équipements de sauvetage, quant à
eux, sont sous la juridiction, maintenant, de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail.
M. Grégoire: Mais les équipements de sauvetage sont
restés sur les lieux?
M. Duhaime: J'espère que oui.
M. Vallières: Cela a l'air compliqué le transfert
des équipements de sauvetage, de personnel.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas compliqué, parce que le
service du milieu minier reste au ministère de l'Énergie et des
Ressources, les laboratoires restent sous la responsabilité du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Le reste a
été transféré, pour tout ce qui touche la
santé et la sécurité des travailleurs, à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail. Si la
commission a besoin d'analyses ou d'un échantillon quelconque, on va
fournir l'analyse au niveau du laboratoire. Pour ce
qui est des équipements de sauvetage, c'est bien évident
qu'il faut qu'ils soient sur place pour être efficaces. Je pense que
c'est la première condition. Ce n'est plus du ressort du
ministère, c'est maintenant celui de la Commission de la santé et
de la sécurité au travail.
M. Grégoire: Étant donné que les
laboratoires sont au ministère à Québec, ici, et que
même les inspecteurs du milieu minier, en ce qui concerne le pourcentage
de fibres d'amiante au centimètre cube, sont d'accord pour dire que le
transport des boîtes d'échantillons de Thetford vers Québec
entraîne une diminution du degré d'efficacité de la prise
du test pour l'échantillonnage, le ministre ne pourrait-il pas
considérer l'opportunité de transférer -ce n'est pas un
gros laboratoire; c'est une pièce de dix sur dix ou de dix sur douze -
à Thetford-Mines? Il y a sept mines à Thetford-Mines. Il y en a
une, la Canadian Carey, un peu plus loin. Thetford est dans le milieu et
Asbestos est moins loin de Thetford que de Québec. Ce serait
déjà une amélioration de transporter ce laboratoire avec
son équipement à Thetford. Même les inspecteurs disent que
cela diminue le degré d'efficacité des tests.
M. Duhaime: Chose qui est sûre, en tout cas, c'est que cela
ne viendra pas à Shawinigan.
M. Grégoire: Non.
M. Duhaime: Je peux vous garantir cela.
M. Grégoire: Je demande si c'est une
possibilité.
M. Duhaime: J'ai l'impression qu'une décision de maintenir
les laboratoires à Québec plutôt que les envoyer à
Thetford ou à tout autre endroit dans la région, cela
relève, je pense, de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. Grégoire: C'est parce que le ministère n'a plus
besoin de cela à Québec.
M. Vallières: Le bureau de l'amiante n'existe plus.
M. Grégoire: Non.
M. Vallières: Le ministre aurait-il la gentillesse de
m'indiquer - ce bureau oeuvrait finalement sur trois plans - à qui ont
été affectés chacun de ces plans? Il y avait un projet
industriel de transformation, l'analyse des marchés mondiaux et la
création... Les trois ont été donnés à la
SNA.
M. Duhaime: Quel est le troisième que vous avez
nommé?
M. Vallières: Le troisième, c'est la
création de l'Institut de recherche et de développement sur
l'amiante. Effectivement, c'est cela.
M. Duhaime: Deux à la SNA et l'autre à l'IRDA.
M. Grégoire: Conjointement avec l'Association des mines
d'amiante du Québec.
M. Duhaime: II faut qu'on se retrouve à la relecture de
nos propos; les deux premiers à la SNA et le dernier à
l'IRDA.
M. Vallières: L'Université de
Sherbrooke a procédé à des études sur la
toxicité de diverses catégories de fibres d'amiante. Le ministre
de l'Énergie et des Ressources a-t-il contribué
financièrement à ces études?
M. Duhaime: Oui, on y a contribué financièrement.
Je vais vous donner le montant, s'il est disponible.
M. Vallières: Et les études continuent cette
année, j'imagine?
M. Duhaime: Oui. À Sherbrooke, on paie la
totalité.
M. Vallières: Moi, je vais croire le sous-ministre.
M. Duhaime: M. le Président, ce qui est important, c'est
qu'il y a le développement des produits qui se fera conjointement
à la SNA et à l'IRDA. Le gouvernement en a subventionné un
bout de temps, maintenant, on subventionne l'IRDA directement parce que, dans
l'entente, le gouvernement s'est engagé à subventionner l'IRDA
pour un montant équivalent à ce que les compagnies donnent. La
SNA participe.
En ce qui concerne la toxicité, le degré
d'agressivité des fibres d'amiante, il est important que ce ne soient
pas les compagnies qui financent les études
épidémiologiques ou études de toxicité qui sont
faites, parce que cela va perdre de sa crédibilité. Les
compagnies en ont déjà financé et quand on les met dans le
public, les gens disent: Je crois bien, ce sont les compagnies qui ont
payé pour cela. On peut donc mettre un gros point d'interrogation sur la
valeur des études. Cette dimension, le gouvernement continue de
l'assumer pour que l'étude soit la plus objective possible, du moins
à sa présentation.
M. Fortier: Maintenant que vous n'êtes plus responsable de
l'inspection comme telle,
ces études ne devraient-elles pas être payées par la
Commission des relations de travail?
M. Duhaime: On est responsable, quand même, de surveiller
l'industrie de l'amiante et d'essayer d'éliminer toutes les contraintes
qu'il peut y avoir, tous les entraves qu'il peut y avoir dans cette industrie
au Québec, comme ministère. C'est quand même une ressource.
Et l'industrie de l'amiante représente une entrée de fonds
d'environ 500 000 000 $, 550 000 000 $ par année.
L'obstacle qu'on croit le plus important à l'heure actuelle, ce
sont les réglementations qui se font dans les différents pays
contre l'amiante. On essaie de documenter le plus possible notre dossier au
plan scientifique pour influencer ces réglementations pour qu'elles ne
soient pas trop restrictives et amènent ainsi une barrière
infranchissable pour la ressource amiante.
M. Vallières: L'Institut de recherche et de
développement sur l'amiante va organiser une conférence mondiale
qui va se tenir à Montréal. Il était question d'une
participation du gouvernement fédéral à ce projet. Est-ce
que cela a été confirmé et de quel ordre?
M. Duhaime: Oui, il y aura effectivement une participation du
gouvernement fédéral.
M. Vallières: Est-ce qu'on connaît les montants? Je
sais que le gouvernement provincial investit 150 000 $.
M. Duhaime: Ce serait sur une base de 50-50.
M. Vallières: Donc, 150 000 $. J'aurais une question
maintenant concernant la Loi sur les mines et son application. Le ministre est
sûrement au courant des problèmes d'exploration qu'on trouve dans
la région de l'Estrie. Entre autres, la Loi sur les mines dit, à
l'article 5, que "toutes les substances minérales appartenant à
la couronne, en vertu de la loi ou par titres de concession, et situées
dans le tréfonds des terres concédées avant le 24 juillet
1880, dans un canton, excepté l'or et l'argent, sont abandonnées
par la couronne et appartiennent exclusivement au propriétaire de la
surface." Est-ce que le ministre peut nous dire, compte tenu de ce qui
précède, s'il est au courant des difficultés de faire de
l'exploration dans l'Estrie, justement à cause de la
vétusté de cette loi?
M. Duhaime: Oui, on m'a fait un exposé préliminaire
de cette situation qui m'apparaît passablement confuse et, au fur et
à mesure que les années se déroulent, je n'ai pas
l'impression qu'on s'en va vers un éclaircissement.
J'aimerais connaître la position de l'Opposition sur un dossier
comme celui-là. Il est bien certain que, si on maintient la Loi sur les
mines dans son texte actuel, cela m'apparaît - et je le dis comme
étant un pur profane dans ce dossier fort technique -comme étant
une entrave sérieuse à tout effort d'exploration et
d'exploitation ensuite.
Est-ce que le temps est venu d'aborder le dossier sous un angle
différent? Peut-être que oui. Je sais que, dans la région
de l'Estrie, ce dossier a suscité énormément de
discussions. La solution là plus facile serait peut-être de
maintenir un statu quo sans donner aucune date d'échéance quant
à un changement éventuel. Ma première réaction en
entendant mes gens m'expliquer ce dossier, c'est que cela me paraît
être un peu en dehors d'un contexte historique, si je peux dire, de
maintenir une situation qui peut-être était justifiée en
juillet 1880 et qui l'est peut-être moins aujourd'hui, en 1981, et pour
les années qui viennent. Ce sont essentiellement des imbroglios
juridiques dans des recherches de titres à n'en plus finir. Cependant,
ce qu'il faut rechercher, c'est qu'il y a des gens là-dedans qui ont des
droits. Ces droits doivent être protégés, dans le sens
qu'il faut éviter toute spoliation. Il faut trouver une mécanique
quelconque pour faire en sorte que, si des droits sont reconnus à des
détenteurs, on puisse les indemniser le cas échéant. De
mémoire, je pense que cela touche environ 50 000 dossiers, ce qui veut
dire qu'en perspective c'est passablement de travail pour tout bon notaire dans
cette région, si on maintenait le statu quo.
M. Vallières: Ce que je veux souligner quand même au
ministre, c'est que l'Estrie est la seule région qui est aux prises avec
ce problème. Entre autres, je dois dire que, dans la situation actuelle,
il est difficile de faire l'inventaire des travaux d'exploration qui ont lieu
sur les terrains en Estrie, compte tenu que ces gens qui font l'exploration ne
sont pas dans l'obligation de transmettre les résultats de leurs
recherches au ministère de l'Énergie et des Ressources, ce qui
fait qu'il y a dédoublement de temps, d'énergie et d'argent dans
ce dossier. Je suis heureux de constater l'attitude du nouveau ministre, parce
que l'ex-ministre avait refusé de considérer cette question. Je
me dis que c'est d'autant plus important que j'aimerais que le ministre
précise, qu'il me donne au moins un ordre de grandeur sur une
échéance possible d'intervention de son ministère, parce
que, chez nous, il y a quand même de nombreux groupements dont le Conseil
régional de développement de l'Estrie, par son comité des
mines, qui ont fait des recommandations là-dessus. C'est un vieux
dossier, cela traîne depuis longtemps. Avec
un nouveau ministre, ce serait peut-être l'occasion
rêvée de résoudre ce problème qui est
préjudiciable à l'Estrie. Si on tient compte aussi de la
réponse du ministre tantôt dans le domaine de l'amiante, les
perspectives sont bonnes. Je ne vois pas pourquoi on pénaliserait notre
région plus qu'une autre au Québec. Même si l'intervention
peut paraître complexe ou compliquée, je me dis que c'est le
rôle de l'État d'intervenir dans ce secteur.
M. Duhaime: Si je prends votre intervention comme étant
une prise de position officielle dans le dossier au nom de votre parti, je vais
l'ajouter à la liste de tous ceux qui ont demandé au gouvernement
d'intervenir, et je ne dirai pas seulement à notre gouvernement, depuis
1976; je pense que le dossier remonte à beaucoup plus loin que cela.
S'il s'agit de clarifier une situation une fois pour toutes, il s'agira de
voir, une fois qu'on aura bien évalué les impacts
économiques, à l'intérieur de quel calendrier on peut
procéder. Il faut toujours avoir à l'esprit qu'il y a des
citoyens qui ont des droits dans un dossier comme celui-là. On ne peut
pas essentiellement prendre une décision et dire: On va clarifier les
choses, et le faire au détriment de citoyens ou de groupes de citoyens
qui auraient des droits à faire valoir. À partir du moment
où une décision sur le fond se prend, ce à quoi il va nous
falloir faire attention dans notre démarche, c'est de s'assurer que nous
allons mettre en place la mécanique nécessaire pour que tous ceux
qui seraient éventuellement touchés par une décision du
gouvernement puissent être, en quelque sorte, je ne dirais pas
protégés, parce que c'est la situation actuelle, mais
assurés que des indemnités leur seront versées. (22 h
45)
Cela m'apparaît être beaucoup plus un dossier où il
nous faudra établir un mécanisme précis de fonctionnement.
Je n'aurais pas, de prime abord, l'intention de m'éterniser
là-dedans. Si on est pour le faire, on va le faire rapidement. On
appellera cela l'opération "déclaimage" de l'Estrie.
J'espère que dans cette opération j'aurai, cette fois-là,
l'appui de l'Opposition.
M. Vallières: Si le ministre prévoit des
indemnités, comme il semble vouloir le faire, je pense bien que
l'opposition ne sera pas énormément grande dans ce dossier,
même au niveau des propriétaires. Surtout si on prévoit,
entre autres, une participation aux profits éventuels d'une
exploitation. Je ne vois pas en quoi cela pourrait occasionner de gros
problèmes.
M. Duhaime: C'est déjà dans la loi, n'est-ce pas?
Vous faites référence aux 5%?
M. Vallières: Non, je fais référence aux
propositions du Conseil régional de développement. Il proposait
que ce pourcentage s'établisse à 5% ou 10% des profits nets de
tout exploitant éventuel.
M. Duhaime: C'est dans la loi à l'heure actuelle. C'est
dans la Loi sur les mines actuelle.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Richmond?
M. Vallières: Oui. J'ai dit au ministre tout à
l'heure que je reviendrais à la SNA et j'y reviens, puisque cela
relève de l'élément trois. Une question bien
particulière: le ministre peut-il nous indiquer quels sont les profits
anticipés - je ne sais pas s'il aurait les chiffres ici - de
l'entreprise LUPEL-SNA pour la présente année financière?
On sait que cette entreprise a connu des pertes de 171 000 $ pour les six
premiers mois d'exploitation.
M. Duhaime: Avant de répondre à votre question sur
la SNA, je pourrais peut-être vous apporter...
M. Vallières: Oui.
M. Duhaime: ... une précision sur la réponse que je
formulerai tout à l'heure à la Loi sur les mines. Je vais vous
lire l'article 239, ce sera plus simple: "Le propriétaire de terrains
concédés avant le 24 juillet 1880 et dont les droits de mine ont
été révoqués recevra, à titre de
compensation, une redevance annuelle de 5% des profits réalisés
par l'exploitation de ces droits." Il y a deux paragraphes, je pense, qui ne
sont pas pertinents à notre discussion.
Vous parlez de l'exercice financier de la SNA. C'est l'exercice qui se
serait terminé en mars 1981. Je compte bien pouvoir déposer les
états financiers de la SNA avant l'ajournement de nos travaux, le 19
juin, mais pour vous donner un ordre de grandeur, je crois que c'est un profit
de l'ordre d'à peu près 2 000 000 $, au total.
Une voix: À LUPEL?
M. Duhaime: C'est donc une autre des sociétés
d'État qui fait des profits.
M. Vallières: Qui fonctionne. La SNA a aussi acquis 50%
d'une entreprise de Montréal qui s'appelle Distex. Est-ce que
l'expansion de cette entreprise, qui voit l'implantation d'une nouvelle usine
à ville d'Anjou, est maintenant en production?
M. Duhaime: L'information qu'on me fournit va dans le sens qu'il
s'agit d'une relocalisation et qu'effectivement c'est en
opération.
M. Vallières: D'accord. Toujours au niveau de la SNA qui a
acquis, en 1979, deux usines de production d'amiante-ciment dont l'Atlas Turner
Inc., cette compagnie a aussi connu des pertes importantes au cours des
dernières années. La situation va-t-elle s'améliorer au
cours de l'année qui vient compte tenu, en particulier, du marché
canadien de tuyaux qui ne serait pas tellement bon?
M. Duhaime: Sur les opérations de Atlas Turner, qui
relèvent essentiellement de l'autorité du conseil
d'administration de la SNA, je ne saurais vous dire si, en déposant les
états financiers de la SNA, on aurait réponse à votre
question; je ne le pense pas. Sur la perspective de marché, non. Aux
états financiers de la SNA, vous allez très certainement
retrouver les états financiers d'Atlas Turner, de même que le
compte d'opération.
M. Vallières: Toujours en relation avec cette usine,
est-ce que le gouvernement du Québec a une politique qui vise à
utiliser au maximum les tuyaux d'amiante-ciment dans ses projets?
M. Duhaime: Vous avez à l'esprit sans aucun doute les
retombées de l'application d'une politique d'achat?
M. Vallières: Exact.
M. Duhaime: C'est entendu que les usines de transformation qui
produisent ces tuyaux d'amiante-ciment vont, sans aucun doute, faire la
promotion de leur propre produit et tenter de se tailler la meilleure place
possible sur le marché. Mais je ne pense pas qu'on puisse envisager
quelque discrimination que ce soit. Il faut bien comprendre qu'il y a d'autres
entreprises au Québec, qui sont en compétition avec le tuyau
d'amiante-ciment; je pense entre autres au tuyau de fonte. La meilleure
façon pour une entreprise comme Atlas Turner, par exemple, c'est sans
aucun doute d'avoir un produit d'excellente qualité à des prix
compétitifs par rapport à des équivalentes qu'on peut
retrouver dans la fonte.
Au niveau du gouvernement du Québec, à ce que je sache, il
n'y a pas de politique qui pourrait privilégier le tuyau
d'amiante-ciment de façon discriminatoire par rapport à des
tuyaux produits à partir d'autres composantes.
Bien sûr la politique d'achat, quant à elle, s'applique
à l'ensemble. Les programmes de subventions, par exemple, au
ministère des Affaires municipales, exigent pour certains programmes,
l'application intégrale de la politique d'achat. Et c'est dans ce
sens-là que si le tuyau d'amiante-ciment peut faire son chemin, il va
pouvoir s'établir sur un marché et se maintenir. Tout se
résume à une question de prix et de qualité.
M. Vallières: Merci. La SNA a mis au point un premier
projet industriel qui s'appelle Maqnac 1. Est-ce que le ministre peut nous
indiquer si l'installation des équipements est terminée et si la
production commerciale va commencer cette année?
M. Duhaime: Le projet est à l'étape de rodage et je
ne serais pas en mesure de vous dire à quel moment cela pourrait aller
en production, puisqu'il s'agit d'un procédé complètement
nouveau. Apparemment, il y aurait des difficultés d'ordre technique et
technologique.
M. Vallières: Est-ce que les résidus qui sont
employés, qu'on prévoit employer dans cette usine sont
disponibles uniquement dans la région de Thetford-Mines?
M. Duhaime: Non, on peut trouver des résidus dans la
région de l'amiante, mais aussi en dehors... Dans la région de
l'amiante.
M. Vallières: La SNA compte commercialiser d'autres
produits dont le métal de maqnésium. Est-ce que le projet de
construction d'une fonderie de magnésium à Thetford-Mines a
évolué et que prévoit-on pour 1981-1982?
M. Duhaime: À court terme, je dirais non, le dossier est
au niveau d'étude en laboratoire. Je pense qu'il faut plutôt
parler de moyen terme.
M. Vallières: Est-ce que, dans ce cas-là, on va
utiliser des résidus ou de la fibre comme telle?
M. Duhaime: Des résidus.
M. Vallières: Est-ce que la SNA aurait entrepris des
recherches sur la possibilité d'utilisation des résidus d'amiante
qui sont situés à Asbestos?
M. Duhaime: Au Centre de recherche minérale, il y a un
projet actuellement à l'étude qui consisterait à
récupérer le nickel à même les résidus de la
Johns-Manville, mais ça m'a l'air que c'est préliminaire. Ce sont
les premiers balbutiements.
M. Vallières: Finalement, la question que je veux poser au
ministre, c'est sur quels critères on va s'appuyer pour localiser les
futures usines utilisant soit de la fibre ou des résidus d'amiante. Le
ministre doit se rendre compte que la région d'Asbestos n'a
pas, à ce jour, bénéficié des
retombées de la politique de l'amiante. Est-ce que le gouvernement
trouve juste que toutes les opérations, majoritairement les
opérations de transformation, soient localisées au même
endroit, précisément à l'endroit où il a
l'intention de nationaliser? Il y a déjà Bell qui est
nationalisée, mais possiblement l'Asbestos Corporation aussi. Est-ce
qu'il ne voit pas un danger, parce qu'il ne voulait pas privilégier
certaines entreprises d'État, de privilégier une région
à une autre, compte tenu des investissesments que se propose de faire,
dans ce domaine, le gouvernement du Québec?
M. Duhaime: Je ne veux pas laisser passer l'affirmation que vous
faites, c'est sans doute un lapsus ou un laïus: Bell n'a pas
été nationalisée, elle a été achetée
de gré à gré. Il est évident que ce qui sous-tend
la politique de l'amiante, c'est de faire en sorte qu'une
région-ressource comme la région de l'amiante puisse
bénéficier au maximum des retombées. À savoir,
maintenant, si c'est sur le plan d'une localité précise par
rapport à une autre, j'ai le sentiment qu'il faudra prendre des
décisions au fur et à mesure que les projets de transformation en
aval viendront. La localisation des résidus peut, dans certains
dossiers, être un facteur déterminant quant à la
décision de s'implanter à un endroit plutôt qu'à un
autre. Je pense, de façon générale, pouvoir dire que c'est
la région de l'amiante qui devrait bénéficier au maximum
des retombées économiques de la transformation de l'amiante au
Québec, ça me paraît évident.
M. Vallières: Quand vous parlez de région, vous
incluez la ville d'Asbestos, et même possiblement la ville de
Sherbrooke.
M. Duhaime: Si vous me demandez de vous faire un dessin
cartographique exclusif, j'ai l'impression que je pourrais lancer un
débat. Je vais me contenter de dire la grande région de
l'amiante, en tenant pour acquis que Sherbrooke qui a déjà le
siège de l'IRDA en fait partie.
M. Vallières: Ce dont je veux m'assurer, M. le ministre -
vous comprendrez mes préoccupations - c'est que la SNA, qui est une
société d'État, a été créée,
comme vous l'avez si bien mentionné, pour priviléqier la
région de l'amiante, particulièrement les villes qui font
l'exploitation de mines et je me dis que, jusqu'à maintenant, Asbestos
n'a pas connu de retombées. C'est pour ça que je parlais de
critères d'implantation, à un moment donné; c'est que la
SNA n'a pas été créée exclusivement pour
Thetford-Mines.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que vous me
permettrez d'ajouter quelque chose là-dessus?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: D'abord, en préliminaire, je voudrais
bien dire que le parti de mon collègue de Richmond, au début, a
même voté contre la loi créant la Société
nationale de l'amiante. Aujourd'hui, tout le monde s'aperçoit que cela a
été une bonne affaire et qu'on avait raison de créer la
Société nationale de l'amiante, que cela amène des
retombées et qu'on avait vu juste avec notre projet de loi. Pour ce qui
est des industries de transformation des résidus qui vont s'installer,
je pense bien qu'il serait illogique de parler de Sherbrooke comme faisant
partie de la région de l'amiante, parce qu'on ne commencera pas,
à mon avis, à transporter des tas de résidus à
Sherbrooke pour les transformer là-bas; ça ferait pas mal de
coûts de transport. C'est comme ceux qui nous demandent si on va avoir
des industries de transformation de résidus à Montréal. On
ne transportera pas nos tas à Montréal, parce qu'il y a plusieurs
fois le Mont-Royal dans nos tas de résidus; si on commençait
à transporter ça à Montréal, l'île calerait
dans le fleuve tellement il y en a. (23 heures)
M. Vallières: M. le député de Frontenac,
l'annonce que nous a faite le ministre, tout à l'heure, d'une usine
d'une vingtaine d'employés à Danville, il ne s'agit pas de
résidus, c'est de la fibre.
M. Grégoire: Non, c'est de la fibre.
M. Vallières: C'est de la fibre. La SNA, c'est de la fibre
et des résidus.
M. Grégoire: Là, on parle de transformation des
résidus et, quand on parle de ça, c'est une autre chose. Il y a
ceci, M. le ministre, qu'il ne faut pas oublier, c'est que les compagnies
minières, dans leur choix de s'enrichir le plus rapidement possible,
jusqu'à il y a deux ou trois ans, considéraient les tas de
résidus comme des tas de déchets. On laissait ça sur le
devant des maisons et c'est nous qui en subissions les conséquences
mais, depuis qu'elles s'aperçoivent qu'il y a quelque chose
là-dedans, elles veulent les vendre, les résidus. Elles veulent
vendre ça, elles ont commencé à $ 2 la tonne et elles
augmentent leurs prix.
Je me demande si la SNA, qui sera propriétaire de deux mines
avant longtemps, poserait un geste d'affaire, un geste logique d'aller payer,
soit la mine du lac qui est à Thetford également, pour acheter
des résidus
quand on aura à en envoyer sur les tas qui nous appartiendraient
et qui ne nous coûteraient rien, avec la mine Bell et avec la
Société Asbestos Limitée. La même chose pour la
Carey, à 12 milles ou 15 milles de l'autre côté, à
East-Broughton, qui est également dans le comté de Frontenac.
Pourquoi est-ce que la SNA irait payer pour acheter des résidus à
2 $ ou 3 $ la tonne, peut-être 5 $ la tonne éventuellement, parce
que tout augmente, alors que Bell et la Société Asbestos ne
sauraient pas quoi faire avec? Mieux vaut se l'acheter que d'aller l'acheter
des autres. Je trouve ça excessivement logique, si vous me laissez
finir...
M. Vallières: Je suis heureux, M. le
Président...
M. Grégoire: Je trouve que ce serait tout simplement une
opération normale. Je crois que le Centre de recherche minérale,
en 1975, avec l'Association des mines d'amiante du Québec, le CRIC,
avait fait une étude complète sur les teneurs, que ce soit en
magnésium, que ce soit en nickel, que ce soit en fer, que ce soit en
fibres courtes dans les tas de chacune des mines. Quand on arrive et qu'on
parle de magnésium, il n'était pas trop question d'Asbestos,
parce que vous parliez d'usines de magnésium-métal, qui viendra
peut-être dans quatre ans, cinq ans, six ans, mais certainement pas
avant. Il n'était pas question de magnésium dans les
résidus à Asbestos, non plus qu'à la Société
Asbestos, d'ailleurs. Il y en avait à la Carey et c'était le plus
fort pourcentage de magnésium. Cela atteignait jusqu'à 20%
à la Carey, c'était le plus fort pourcentage.
Je crois que la SNA a tout avantage, non pas à choisir un lieu
ici ou là, mais à choisir les tas de résidus où il
y a le plus haut pourcentage de ce qu'on veut aller en tirer. S'il y a 1,2% de
ferronickel dans les mines de la Société Asbestos, ce serait
là que se prendraient les résidus. S'il y a 20% de
magnésium dans les mines de East-Broughton, ce sera là que se
prendront les résidus. J'imagine que ce serait une opération
purement économique qui se dresserait, parce que ces études ont
été faites, on connaît les quantités, on
connaît également la demande qui va venir. Mais je crois que le
principe de base, à quantité égale ou pas trop de
différence, est valable. Il me semble que ce serait également un
geste économique logique à poser, pour la SNA, de se les acheter
elles-mêmes plutôt que d'aller les acheter et de les payer à
une autre compagnie étrangère.
M. Vallières: Je suis heureux de voir que le
député de Frontenac corrobore mes propos et qu'il désire,
lui aussi, indiquer au ministre que, finalement, s'il y a nationalisation de
l'Asbestos Corporation, il existe, compte tenu de ce que vient de dire le
député, un danger que la région d'Asbestos, en
périphérie immédiate d'Asbestos, ne
bénéficie pas des retombées de la politique de l'amiante,
précisément à cause des raisons que le
député de Frontenac vient de donner.
M. Grégoire: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, M. le
Président. Je voudrais rectifier, tout de même.
M. Vallières: Cela ressemble à ça pas
mal.
M. Grégoire: Non. En ce qui concerne les résidus,
je crois que ce que j'ai exposé était d'une logique
économique claire, et c'est pour ça qu'il y a une usine de
transformation de la fibre. Il y a deux choses, il y a les résidus et la
fibre. Quand vient le temps de la fibre... Prenez la transformation de la
fibre. Cinq usines appartiennent à l'heure actuelle à la SNA qui,
soit dit en passant - je le répète, parce que c'est à la
gloire du gouvernement actuel - est devenue le plus gros transformateur de
fibre d'amiante au Canada en deux ans et demi. On en a fait plus en deux ans et
demi que les rouges et les bleus en 102 ans, depuis que les mines d'amiante
sont exploitées, c'est pour ça qu'aujourd'hui tout le monde parle
avec fierté de la politique de l'amiante. Sur les cinq usines qui sont
installées pour la transformation de la fibre, Thetford n'en a pas eu
une. Quand s'est installée LUPEL-Amiante au Cap-de-la-Madeleine, on l'a
laissée aller. C'est dans la région de mon collègue, le
ministre; ils en ont profité. Quand il s'est agi de l'usine de tissu
d'amiante, c'est allé dans le comté de Richmond, ce n'est pas
venu à Thetford; quand il s'est agi de freins de deuxième monte
par la société Distex, c'est allé à
Montréal.
Je veux bien établir notre position clairement. Je suis convaincu
qu'en toute logique économique, après les études de
pourcentages de matériaux qu'on peut tirer des tas de résidus,
l'avantage, en partant, est à Thetford et à East-Broughton;
deuxièmement, que c'est un avantage évident et clair qu'on est
mieux de prendre la fibre chez nous que d'aller l'acheter ailleurs;
troisièmement, je n'insiste pas pour avoir les industries de
transformation de la fibre, parce que je sais que ça peut se faire aussi
bien n'importe où ailleurs au Québec, et à des coûts
plus économiques. Mais je sais fort bien, par exemple, après
avoir visité le centre de recherche de la Société
nationale de l'amiante à Sherbrooke qui, soit dit en passant, a fait un
travail excellent... Je ne sais pas si mon collègue de Richmond est
allé voir ça, mais c'est quelque chose de sensationnel
où on a des projets de développement...
M. Vallières: J'attends qu'on nous invite.
M. Grégoire: Quinze jours avant l'élection, j'ai
invité mon collègue, le candidat libéral dans le
comté de Frontenac, à venir visiter ça, pour qu'il puisse
savoir au moins de quoi parler; et il est venu, avec les journalistes, avec les
chambres de commerce et avec la Société économique de la
réqion de l'amiante pour visiter ça. C'est donc dire que les
portes leur sont ouvertes et qu'ils ont pu prendre connaissance eux-mêmes
du magnifique travail qu'a fait la Société nationale de l'amiante
dans ce domaine.
Pour continuer ce que je disais avant l'interruption, je suis convaincu
que l'avenir économique dans ce domaine sera le développement de
l'industrie autour des résidus, en plus d'autour de la fibre d'amiante.
C'est pourquoi je n'insiste pas tellement pour avoir les usines de
transformation de la fibre d'amiante en fil de coton d'amiante, je
préfère garder les gros développements qui seront autour
des résidus, à mon avis, d'ici quelques années.
M. Vallières: M. le Président, on a entendu la
position du député de Frontenac, mais celle qui
m'intéresse le plus, c'est celle du ministre en titre, pas parce que je
n'aime pas les propos du député de Frontenac. Quelle sera sa
position là-dedans? Et je me dis: Quand on va acheter l'Asbestos
Corporation, si nous l'achetons, en tant que gouvernement, on va acheter aussi
les résidus. On parlait tantôt qu'on va aller les chercher chez
nous. C'est évident, pour les raisons que mentionnait le
député qu'on peut être porté à le faire.
Mais est-ce que le ministre, à ce moment-là, ne verra pas
une solution, finalement? Parce que le région d'Asbestos connaît
actuellement du chômage, comme je le mentionnais tantôt. Il faut
relancer l'industrie dans le domaine de l'amiante. Je me dis que le ministre a
aussi la responsabilité de voir à ce que les deniers publics
soient bien répartis aux citoyens du Québec. Je reviens à
la question que je posais tantôt: Est-ce qu'on peut nous indiquer des
critères précis sur lesquels le ministère,
particulièrement la SNA, va s'appuyer pour localiser les futures usines
utilisant soit de la fibre, soit des résidus d'amiante?
M. Duhaime: Si j'avais à résumer ça en une
phrase, pour ce qui est de l'exploitation des résidus, le premier
principe qui devrait nous guider serait, je pense, de la localiser le plus
proche possible du tas de résidus. Cela me paraît être un
des facteurs de localisation les plus importants.
Quant à la fibre, je pense que c'est le problème de toutes
les régions ressources du Québec et il y a une interrelation qui
existe entre la région de l'amiante et d'autres régions. Je pense
qu'il faut laisser chaque projet suivre son cours. Il peut arriver que les
facteurs de localisation aillent dans le sens de demeurer dans la région
de l'amiante, un autre projet pourrait nous amener à Sherbrooke, un
autre projet pourrait nous amener au Cap-de-la-Madeleine. Cela s'est
effectivement produit.
Je pense qu'on ne peut pas cloisonner chacune des régions du
Québec en fonction de ses ressources propres. Si je vous parlais des
gens du Témiscamingue, ils aimeraient bien garder toute leur
matière ligneuse. Si on leur donne raison, on va fermer des
exploitations localisées actuellement et en opération
actuellement dans des régions qui ne sont pas des
régions-ressources. Je pense qu'il ne faut pas faire de dogmatisme, pas
en tout cas pour ce qui est de la transformation de la fibre. Je pense qu'il
faut laisser chague dossier suivre son cours.
Je suis très heureux de l'attitude d'ouverture du
député de Frontenac, qui ne nous fera pas un discours chaque fois
qu'une usine viendra s'établir à l'extérieur de la
région de l'amiante pour ce qui est de la fibre. J'ai comme l'impression
qu'il vient nous donner un préavis que, s'il y a utilisation des
résidus en dehors de sa région, un peu trop loin du tas de
résidus, là, on va en entendre parler.
M. Grégoire: Effectivement.
M. Duhaime: Je pense qu'il est prématuré de parler
de critères qui seraient d'application qénérale pour ce
qui est de la fibre en tout cas. Pour ce qui est des résidus, il me
paraît que la localisation et le site même des résidus, sur
place, sont, sans aucun doute, le premier facteur et je dirais le facteur
essentiel dans la décision de localiser les entreprises. Cela me
paraît évident.
M. Grégoire: On va commencer à prendre ceux qui
nous appartiennent.
M. Vallières: Merci M. le Président. On a beaucoup
de citoyens dans l'Estrie qui sont intéressés par cette
question-là et par votre point de vue, alors, si on nationalisait ou
achetait l'Asbestos Corporation, dans les projets éventuels de
transformation à base de résidus d'amiante, de façon
définitive, vous voudriez privilégier la région de
Thetford Mines, compte tenu du fait que l'État est déjà
propriétaire de résidus d'amiante dans cette région.
M. Duhaime: Ma réponse est clairement
oui. Je pense rejoindre vos vues également sur cela, sauf
erreur.
M. Vallières: Je ne sais pas si le gouvernement s'est
penché sur cette possibilité d'acheter les résidus qui
sont à Asbestos.
M. Duhaime: Acheter les résidus d'Asbestos et avec le
reste d'Asbestos que fait-on?
M. Vallières: Est-ce que vous n'en achetez pas des
résidus à Thetford Mines qui ont été
exploités par la suite!
M. Grégoire: Pourquoi payer pour des résidus et ne
rien faire avec ceux qu'on a?
M. Vallières: Les résidus qu'on se propose
d'acheter à Thetford Mines on se propose aussi de les utiliser.
M. Grégoire: À Labelle, on ne les achète
pas, ils sont à nous.
M. Vallières: Pourquoi priviliéger une
réqion plus qu'une autre? C'est la question que je pose au ministre.
M. Grégoire: Parce qu'à Thetford, on ne les paie
pas et qu'à Asbestos on va les payer.
M. Vallières: Ma question s'adresse au ministre.
J'aimerais que le ministre réponde et non pas le député de
Frontenac.
M. Duhaime: Je suis heureux de la façon dont la question
m'est posée parce que vous êtes à la veille ou sur le point
de rallier la politique de l'amiante du gouvernement du Québec car vous
semblez très préoccupé par les retombées
économiques qui pourraient découler de la mise en exploitation
des résidus d'amiante. Mais il faut bien considérer une chose:
tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas le contrôle et la
propriété d'Asbestos Corporation, les résidus vont suivre
le reste; c'est très certainement ce qui explique le peu de
présence québécoise au niveau de la transformation. Vous
me posez la question à savoir pourquoi la SNA va priviléger les
résidus qui pourraient appartenir à Bell ou encore à
Asbestos Corporation. C'est bien cela votre question? Moi, je vous
réponds essentiellement ceci: C'est parce que c'est la
propriété de la SNA et pour autant que l'économie tienne,
si on peut s'approvisionner dans notre propre cour, je ne vois pas pourquoi on
irait chercher ailleurs si les composantes de ces résidus
répondent aux exigences d'une production éventuelle.
M. Vallières: Est-ce que, à votre connaissance, la
SNA aurait entrepris des démarches officielles auprès de la
compagnie Johns-Manville Canada pour l'exploitation de résidus à
Asbestos?
M. Duhaime: Je répondrais non sous réserve que vous
pourriez peut-être le vérifier vous-même avec M. Perlstein
de la SNA, mais on ne pense pas. Les seules démarches qui ont
été faites auprès de Johns-Manville, c'est avec le centre
de recherche minérale sur le projet nickel.
M. Vallières: Une dernière question sur la SNA.
Est-ce que la SNA a déjà entrepris pour votre ministère
des études sur l'utilisation possible du mélange
amiante-asphalte?
M. Duhaime: Un projet à l'étude
là-dessus?
M. Vallières: Oui. Y a-t-il déjà eu des
études au ministère?
M. Duhaime: Je ne pourrais pas vous dire. Au ministère,
non.
M. Vallières: II y a une foule d'avantaqes qui ont
été donnés. D'ailleurs, la compagnie Johns Manville Canada
expérimente depuis une dizaine d'années ce mélange qui
pourrait très bien servir à l'État parce que cela donne
quelquefois des caractéristiques au pavé quand il n'y a pas
d'amiante dedans. C'est une mesure qui, évidemment, ne coûterait
rien à l'État, sauf que lorsque l'on construit les routes, dans
les chaînes, on pourrait utiliser de l'amiante, ce qui permettrait de
faire fonctionner davantage les usines, par exemple, à Asbestos, et de
créer des emplois. (23 h 15)
J'aimerais à tout le moins que le ministre - je ne sais si cela
lui est possible dans ses discussions avec M. Perlstein envisage la
possibilité de considérer une étude dans ce domaine. Je
sais que déjà il y a beaucoup d'études qui ont
été faites par l'entreprise privée et qui sont
concluantes. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de s'enquérir des
recherches dans ce domaine qui sont déjà faites et qui pourraient
intéresser le gouvernement du Québec?
M. Grégoire: D'ailleurs, Johns-Manville détient
déjà des brevets là-dessus. Alors qu'est-ce que la SNA
peut faire?
M. Duhaime: Je vais m'en informer.
M. Grégoire: M. le ministre, je voudrais vous poser une
dernière question. Quelle serait la date, à votre avis,
au-delà de laquelle il serait indécent de ne pas avoir
procédé à l'acquisition de gré à gré
ou par
expropriation de la Société Asbestos Ltée? Parce
que, si je peux vous faire un résumé historique que votre
prédécesseur connaissait, c'est le 21 octobre 1977 que le premier
ministre est venu annoncer que c'était l'intention du gouvernement de se
procurer la Société Asbestos Ltée; c'est au mois de juin
1979, il y a à peu près deux ans, que la loi de l'expropriation a
été votée. Ma question, je la répète: Quelle
serait la date limite au-delà de laquelle il serait indécent que
nous n'ayons pas procédé?
M. Duhaime: C'est assez embêtant de mettre une date sur un
niveau d'indécence quelconque. La seule chose que je peux dire, c'est
qu'à partir du moment des négociations entre la SNA et Asbestos -
je crois l'avoir évoqué cet après-midi - quant au choix
d'une firme d'experts évaluateurs qui pourrait être fait
conjointement, je pense qu'il faut accorder nécessairement, à
partir de là, un délai pour permettre d'en arriver à une
proposition qui viendrait de cette firme quant à la valeur marchande et
voir ensuite si une entente de gré à gré est possible. Je
pense que le gouvernement du Québec fait un effort honnête pour
tenter d'en arriver à une entente de gré à gré. Je
n'aime pas mettre de date, mais il est entendu que nous mettons toute la
pression nécessaire pour faire en sorte qu'on en arrive à une
conclusion dans ce dossier. Je crois que ce serait peut-être nuire
à la bonne marche des négociations qui sont en cours que de
télégraphier un délai à ceux qui négocient
actuellement.
Le Président (M. Laplante): Programme 11,
élément 1, adopté?
M. Vallières: Une dernière question. Sur la
question de la voirie minière qui relève de cet
élément, le ministère a prévu la construction de la
route Joutel-Selby. On prévoit y investir 6 000 000 $. Est-ce que ce
montant est plus élevé que celui qu'on a consacré
l'année dernière à cette route?
M. Duhaime: Même montant.
M. Vallières: Sur une longueur totale de combien de
milles?
M. Duhaime: II y a 18 000 000 $ à dépenser; il y en
a 6 000 000 $ de dépensés, 6 000 000 $ en cours et 6 000 000 $
pour l'an prochain.
M. le Président (M. Laplante): Élément 1 et
élément 2, adopté. Élément 3, adopté.
Programme 11, adopté.
J'appelle le programme 12, Recherche minérale. Vous avez
l'habitude d'étudier les éléments 1 et 2 ensemble.
M. le ministre.
Recherche minérale
M. Duhaime: Le programme, M. le Président, c'est à
peu près la continuation de ce qui se fait d'une année à
l'autre. Je voudrais indiquer trois points bien brièvement. Nos
laboratoires effectuent annuellement des analyses sur environ 40 000
échantillons pour 200 clients. Deuxièmement, 80% des travaux sont
réalisés pour les géologues et les chercheurs du
ministère - travaux d'analyse bien sûr - 20% pour les
prospecteurs, les compagnies minières et les universités.
Troisième point, nous avons l'intention d'automatiser les
procédés d'analyse et d'utiliser davantage l'ordinateur pour
donner un meilleur service à la clientèle.
Le Président (Laplante): M. le député
d'Outremont. Question?
M. Duhaime: Les objectifs restent les mêmes.
M. Fortier: Dans les 12,2%, tout ce que je voudrais savoir c'est
quelle est la subvention à IRDA? Je crois que c'est à part
égale entre le secteur privé et le secteur public, l'Institut de
recherche et de développement de l'amiante.
M. Duhaime: Du gouvernement, c'est une subvention de 1 000 000
$.
M. Fortier: De 1 000 000 $, mais l'entreprise privée, cela
veut dire qui?
Une voix: Les producteurs d'amiante, les exploitants.
M. Duhaime: L'Association des mines d'amiante du Québec,
essentiellement les exploitants, verse un montant équivalent.
M. Fortier: Est-ce que je peux demander - je n'avais pas suivi le
débat à ce moment-là - quel était le but de faire
en sorte que l'État subventionne cet institut à 50%? Si on
reqarde les pâtes et papiers, il y a un institut de recherche qui est
subventionné en totalité par les exploitants.
Éventuellement, bien sûr, la Société nationale de
l'amiante sera un des éléments. Cela aurait pu être
totalement subventionné par les exploitants eux-mêmes.
M. Duhaime: Le modèle qui a été retenu
d'avoir une participation du gouvernement et des entreprises à peu
près à part égale s'est inspiré du modèle
qu'on trouve ailleurs dans le monde, en France entre autres, en Anqleterre,
à peu près un peu partout.
M. Fortier: Qui est-ce qui dirige ce
centre IRDA? Est-ce que le centre est dirigé par le gouvernement
ou par quelqu'un qui est nommé par les exploitants?
M. Duhaime: II est dirigé par un conseil d'administration
dont les membres sont nommés en majorité par l'entreprise
privée, le gouvernement nommant deux des cinq administrateurs.
M. Vallières: Une question au ministre. Je sais que dans
ce programme il y a des études spécifiques qui sont faites. Le
ministère a entrepris une étude portant sur la tourbe et les
perspectives de développement pour l'industrie québécoise.
Est-ce que le gouvernement a accouché d'un plan d'action dans ce
domaine?
M. Duhaime: De la tourbe sèche ou de la tourbe humide?
M. Vallières: De la tourbe sèche. Est-ce qu'il y a
des études qui ont été faites en 1979 ou 1980?
M. Duhaime: Oui, par le ministère et Briteq, de
Rivière-du-Loup, en 1979, et c'est essentiellement sur les inventaires,
je crois. Quant à la problématique, ce n'est pas tellement
élaboré, mais c'est le genre d'études qui est
disponible.
M. Vallières Cela veut donc dire que, quand on parle de
plan d'action dans ce domaine, on ne peut pas dire que le ministère soit
prêt immédiatement à indiquer s'il y a un plan
précis de développement.
M. Duhaime: On ne peut pas parler, à l'heure actuelle,
d'un plan d'action précis.
M. Valllières: Toujours dans le domaine de la tourbe, je
sais qu'il y a des études qui se font à SIDBEC-Normines. Le
ministère y est-il impliqué?
M. Duhaime: Le procédé de base que vous venez de
mentionner a été développé par le Centre de
recherche minérale et breveté également. Il reste à
savoir comment, à partir de ce brevet on va pouvoir améliorer la
situation des boulettes et leur utilisation à SIDBEC-Normines en
particulier. Cela peut être un projet qui pourrait atteindre 500 000 $ et
le CRIC est déjà au dossier ou le sera incessamment. Ce qu'il
faut mettre au point, maintenant, c'est la machine pour être en mesure
d'appliquer sur une base industrielle, sur des bases rentables, ce nouveau
procédé.
M. Vallières: Dans un autre domaine, est-ce que la
programmation 1981-1982 au ministère prévoit une étude sur
les possibilités de développement du titanium pour le
Québec?
M. Duhaime: On saisit mal ce que vous avez en tête.
M. Vallières: Je sais qu'en particulier -peut-être
que le ministre pourrait le confirmer ou l'infirmer - la compagnie Titanium
Ltée de Montréal aurait proposé une participation au
ministère de l'Énergie dans un projet qui aurait pu créer
des emplois sur la Côte-Nord. Est-ce que le ministre a été
mis au courant de cette proposition de Titanium Ltée de Montréal?
Sait-il pourquoi, finalement, cette offre n'a pas été
retenue?
M. Duhaime: II y avait des partenaires japonais et allemands dans
ce dossier. Les Japonais se sont retirés du projet et, à partir
du moment où c'est eux qui ont la technologie, cela a eu comme
conséquence que le projet est tombé à l'eau.
M. Vallières: M. le ministre, je sais que votre service
des études de marché relevant de cet élément a
commandé une étude sur les stratégies de
développement du minerai de fer au Québec. Il y a un rapport qui
a été publié en mars 1981 et j'y faisais allusion dans une
question en Chambre dernièrement. Est-ce que le ministre pourrait
m'indiquer ce qu'il pense des propositions qui sont faites dans ce rapport et
peut-être ce qu'il a l'intention de faire avec ce rapport qui lui a
été présenté en mars 1981 par M. Michel Boucher? Je
ne sais pas s'il en a pris connaissance.
M. Duhaime: Non, je n'ai pas pris connaissance de ce rapport qui,
suivant mes informations, ne devrait pas passer à l'histoire.
M. Vallières: Est-ce que le ministre a des objections
à transmettre ce rapport au député?
M. Duhaime: Du tout, il était même dans les
journaux.
M. Vallières: Ce n'est pas le rapport.
M. Duhaime: Ce que vous avez lu dans les journaux, c'est ce qui
constitue le rapport.
M. Vallières: Est-ce que je pourrais obtenir copie de
l'étude comme telle, puisque c'est de notoriété
publique?
M. Duhaime: Moi, je n'ai pas d'objection.
M. Vallières: Puisqu'il semblerait que ce rapport n'aura
pas de suite, est-ce que vous
pouvez préciser votre point de vue?
M. Duhaime: Si je l'ai dit, je m'excuse. D'après les
informations que j'ai à ce jour, il a un peu de chance de passer a
l'histoire. Il peut quand même passer.
M. Vallières: Quand j'ai parlé au ministre tout
à l'heure d'études pour lesquelles nous adoptons des
crédits sans savoir les suites qu'elles connaîtront, cela en est
probablement une. J'aimerais quand même que le ministre, à un
moment ou l'autre, prenne connaissance du rapport et nous indique de
façon précise pourquoi le rapport passera ou ne passera pas
à l'histoire. Il semblerait qu'il y ait des recommandations assez
précises dans le rapport. (23 h 30)
M. Duhaime: Je vais en prendre conaissance.
M. Vallières: Est-ce que le sommet économique qui
devait avoir lieu sur la Côte-Nord pendant la période
électorale a effectivement eu lieu?
M. Perron: Oui, en mars.
M. Vallières: II y aurait un autre renseignement dont
j'aurais besoin et j'espère que le ministre consentira à me le
donner. L'auteur du rapport que je viens de mentionner tantôt, M.
Boucher, a été remercié de ses services. Est-ce qu'on peut
m'indiquer les raisons pour lesquelles cette personne a été
congédiée et les motifs officiels?
M. Duhaime: Les motifs sont toujours officiels. M. Boucher
était un contractuel et, quand son contrat a expiré, ça
s'est terminé là.
M. Vallières: Son contrat expirait deux jours après
la parution dans le Soleil d'un article qui divulguait les
résultats...
M. Perron: C'était un contrat d'un an renouvelable.
M. Duhaime: C'était probablement une pure
coïncidence.
M. Perron: II avait fini son rapport.
M. Vallières: Si je comprends bien, le ministre va nous
faire parvenir copie du rapport en question.
J'ai dit tantôt que je poserais quelques questions au ministre sur
le sujet de l'usine pilote qui, je pense, relève de son ministère
et fait partie de l'élément 1. Est-ce que le ministre peut nous
indiquer combien d'employés permanents sont affectés à ce
service? Ce serait dans l'élément 1, Levées et
études géoscientifiques. L'élément 2?
M. Duhaime: Élément 2, Recherche et
développement?
Je m'excuse, j'ai manqué la fin de votre question.
M. Vallières: Je veux tout simplement savoir combien
d'employés permanents sont affectés au service de cette usine
pilote et combien ça coûte.
M. Duhaime: II y a trente permanents avec un budget de 785 800
$.
M. Vallières: L'usine pilote est située à
quel endroit?
M. Duhaime: Saint-Malo.
M. Vallières: Est-ce que les effectifs sont
répartis par missions, selon, je ne sais pas, les secteurs: l'amiante ou
d'autres secteurs comme ça?
M. Duhaime: Non, pas pour ce projet.
M. Vallières: Est-ce qu'il arrive que l'entreprise
privée effectue des demandes de recherche?
M. Duhaime: La majorité des mandats exécutés
à l'usine pilote proviennent de l'entreprise privée qui est
facturée lorsque l'usine pilote accepte un mandat; elle est
facturée sur la base de 15% du coût au marché.
M. Vallières: Est-ce que l'usine pilote effectue des
travaux en particulier dans le domaine de l'amiante? Si oui, est-ce que le
ministre pourrait m'indiquer la différence fondamentale qui existe entre
cette usine pilote et les recherches de la SNA à Sherbrooke?
M. Duhaime: Le seul dossier qui est relié à
l'amiante actuellement, qui est à l'usine pilote, c'est le dossier de la
récupération du nickel. Tous les autres travaux de recherche
concernant l'amiante sont soit à la SNA ou encore à l'IRDA.
M. Vallières: Est-ce que cette usine pilote effectue des
travaux pour des clients situés à l'extérieur du
Québec?
M. Duhaime: À l'extérieur du Québec? Oui. On
parle toujours de l'usine pilote qui est localisée à
Saint-Malo?
M. Vallières: Oui. C'est tout, en ce qui me concerne.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il
y a d'autres questions? Programme 12 adopté. Programme 13? On
doit ajourner sine die ce soir, étant donné qu'on doit attendre
la séance de la Chambre demain après-midi à trois
heures.
M. Duhaime: Je ferais une suggestion; c'est qu'on puisse ajourner
sine die. Avec le temps que nous aurons demain, après la période
des questions, et demain soir, de 20 heures jusqu'à 24 heures, cela nous
ferait terminer l'enveloppe de temps qui est alloué à la
commission. Si on commence sur l'énergie ce soir, demain on pourrait
enchaîner, après l'énergie, avec les programmes des Terres
et Forêts, les sept premiers.
M. Fortier: C'est cela. Je verrai demain après-midi
l'énergie, et demain soir les pâtes et papiers. Nous avons
terminé.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 40)