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(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'énergie et des ressources est réunie
pour étudier les crédits du ministère de l'Énergie
et des Ressources pour l'année 1981-1982.
Les membres de la commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton); M. Bordeleau (Abitibi-Est) est remplacé par
M. Desbiens (Dubuc); M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M.
LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac), M. Perron (Duplessis), M.
Rodrigue (Vimont) et M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Hains (Saint-Henri), M.
Levesgue (Bonaventure), M. Marguis (Matapédia), M. O'Gallagher (Robert
Baldwin) et M. Tremblay (Chambly).
À l'ajournement d'hier soir, nous en étions au programme
13, Régie de l'électricité et du gaz. M. le ministre.
Remarques générales sur
l'énergie
M. Duhaime: M. le Président, au lieu d'aborder
isolément le programme 13, je voudrais faire guelgues remargues
préliminaires sur les programmes 13 et 14 qui concernent
l'énergie et dire au départ qu'à sa face même,
lorsqu'on regarde les crédits du ministère pour ces deux
programmes, il est évident que les montants qui apparaissent au livre
des crédits n'ont rien à voir avec la réalité
énergétigue pour les années à venir. Ils n'ont rien
à voir non plus avec la taille des investissements qui seront
effectués dans le secteur énergétigue, que ce soient des
investissements dans le secteur de l'hydroélectricité, ou du gaz,
ou encore dans le secteur du pétrole.
Je voudrais dire au départ que le combiné sous les deux
programmes pour l'année qui vient porte des crédits de 18 000 000
$ comparativement à 22 500 000 $, en chiffres arrondis, pour l'exercice
financier qu'on vient de terminer, 1980-1981. En fait, c'est une diminution de
crédits de l'ordre de 20%, 19,9% exactement, qui est reliée
essentiellement au fait que le programme d'isolation des maisons qu'on a connu
sous le vocable ... est en voie de disparition et qu'il est remplacé par
le nouveau programme d'efficacité énergétigue dont
Hydro-Québec aura l'administration. La charge financière,
l'administration de ce programme n'est pas exclusivement sur les épaules
d'Hydro-Québec puisque le ministère de l'Énergie et des
Ressources va continuer d'en assumer 50% pour ce qui est de la partie
conseil.
J'imagine bien également, M. le Président, que ce ne sera
peut-être pas facile pour cette commission de passer à travers les
crédits de ces deux programmes sans toucher à l'ensemble du
dossier énergétique. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on en
parle d'une façon générale. La seule réserve que je
ferais - je le dis avec tout le respect pour mes collègues - c'est que
la commission parlementaire qui va étudier les crédits comme tels
n'a pas le mandat, par exemple, de tenir le débat maintenant sur la
tarification. Cela sera l'objet d'une discussion en commission parlementaire
cet automne. Notre commission, je pense, ferait une erreur si on
s'entraînait nous-mêmes dans un débat de fond sur la
problématique des équipements d'Hydro-Québec. Mais toutes
choses étant égales, si on veut parler d'harmonisation ou des
grands paramètres de la politique énergétique, cela va
peut-être faire plaisir à mon collègue d'Outremont puisque
le sous-ministre dont il s'est agi hier et qui a fait l'objet d'un commentaire
de sa part est à mes côtés.
M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: Alors, on pourrait clarifier la situation en ce qui
concerne la politigue de pénétration du gaz au Québec, si
le coeur vous en dit. Quant au reste, j'aimerais plutôt laisser la parole
à mes collègues de la commission.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: D'une façon générale,
peut-être qu'on peut commencer par le programme d'Hydro-Québec.
Sans aller dans les détails du programme d'Hydro-Québec, est-ce
qu'on peut savoir si votre ministère a déjà
approuvé le programme? À la suite de la dernière
commission parlementaire, le ministre Bérubé avait semblé
indiquer qu'il n'avait pas d'opposition systématique au programme de dix
ans qui avait été soumis?
À ma connaissance, il n'y a eu aucune déclaration
publique, à savoir que le programme serait approuvé en
totalité ou en partie. Enfin, je suis certain qu'Hydro-Québec a
dû faire des représentations. Enfin, c'était connu de tout
le monde qu'il y avait certains projets qui devaient débuter cette
année, être mis en branle. Est-ce qu'il y a des projets
spécifiques qui doivent démarrer dans les plus brefs
délais, est-ce qu'ils ont été autorisés et quels
sont-ils? (11 h 45)
M. Duhaime: M. le Président, depuis la commission
parlementaire de février 1980, je ne saurais préciser la date
exacte, mais effectivement, Hydro-Québec a transmis sa programmation au
ministère. Nous sommes à terminer l'étude de ce document.
J'aurai moi-même à relire les avant-propos de tous les membres de
la commission qui a siégé en février dernier. Il y a
déjà un mémoire qui a été commandé
à mon administration et, aussitôt que possible, un mémoire
sera acheminé au Conseil des ministres. C'est en marche.
M. Fortier: En ce qui a trait à ce programme
d'équipement, il y avait un programme de capitalisation et des
programmes d'études. J'imagine que c'est comme ça que ça
vous est soumis, qu'on fait la distinction entre les études et les
projets de construction comme tels.
À la commission parlementaire, il y avait eu des échanges
de part et d'autre et même de la part des syndicats. Il y a même la
FTQ, chose assez surprenante, qui avait insisté pour avoir un
débat public sur l'énergie, mais qui, en même temps, avait
insisté - j'imagine que c'était la FTQ qui représente les
syndiqués de Gentilly - pour que le projet de Gentilly III soit
approuvé. Le ministre, à la commission parlementaire, avait pris
une position plutôt contraire à ce genre de forme d'énergie
et, à la toute fin de la séance de la commission parlementaire,
après que moi-même, au nom de l'Opposition, j'eus terminé
mes derniers commentaires, après que le ministre eut déjà
fait les siens, à la toute fin, il a dit ceci: "II est important qu'on
garde une présence dans le domaine nucléaire et, en
conséquence, j'ai l'intention d'autoriser Hydro-Québec à
procéder avec les études sur Gentilly III."
Il faut savoir, M. le ministre, que Gentilly III, dans le jargon de ceux
qui sont dans ce domaine, ça peut être un réacteur, mais
ça peut être aussi quatre réacteurs, nucléaires et
que ces réacteurs étant de l'ordre de 850 ou 900 mégawatts
chacun, valent 1 500 000 000 $ chacun, j'imagine. Si l'intention du ministre,
après avoir dit tout ce qu'il avait dit contre le nucléaire,
était d'autoriser Hydro-Québec à procéder avec des
plans et devis à un programme d'études, je dis bien, pas de
construction, de quatre réacteurs nucléaires, c'était
d'autoriser Hydro-Québec à procéder avec des plans et
devis, à un programme de 6 000 000 000 $. Pour un ministre qui avait
semblé prendre parti contre le nucléaire, ça m'a
semblé une déclaration - qu'on n'a pas pu relever, parce que
c'était lui qui terminait la séance de la commission
parlementaire - cela m'a semblé être une indication très
ferme que le gouvernement avait l'intention de procéder dans ce secteur
et sur une base assez considérable, puisque, comme je le disais, ce
serait un investissement de l'ordre de 6 000 000 000 $, ce qui est à peu
près la moitié de la baie James.
M. Duhaime: J'ai l'impression que la question s'adresse à
moi, M. le Président, en ma qualité de successeur au
ministère et ce que je puis dire, à ma connaissance, en tout cas,
c'est l'information que j'ai ce matin, qu'il n'y a pas d'autorisation,
jusqu'à maintenant, pour aller de l'avant, avec les plans et devis. Il y
a, bien sûr, une étude de faisabilité qui se poursuit, et
je pense que faire l'étude de faisabilité sur le projet Gentilly
III n'entre, en aucune manière, en contradiction avec le moratoire qui a
été annoncé.
Il y a bien des façons de regarder le moratoire, suivant qu'on se
place d'un côté ou de l'autre. Il est bien certain qu'il n'y a
aucune décision de prise qui irait dans le sens d'atténuer la
portée du moratoire qui a été décidé par le
gouvernement.
M. Fortier: Du moratoire, est-ce que vous pourriez
éclairer notre chandelle là-dessus? Il y a eu toutes sortes de
déclarations encore là, durant la campagne électorale que
j'ai faite en novembre. Il y a eu une intervention d'une personne
autorisée par le ministre qui était celle qui se
présentait contre moi, à l'effet qu'il y aurait un moratoire
jusqu'en 1995. Dans le passé, M. Joron avait parlé d'un moratoire
qui était renouvelé d'année en année, de 1977
à 1978, de 1978 à 1979, de 1979 à 1980. Après cela,
il y a eu une déclaration du ministre Bérubé, selon
laquelle il y aurait un moratoire jusqu'en 1982. D'une part, j'aimerais qu'on
me dise, lorsqu'on parle de moratoire... Ce que j'en ai compris, c'est que,
lorsqu'on parlait de 1995, on parlait en termes de fin de construction de
projets, c'est-à-dire de mises en service. Autrement dit, si une
centrale nucléaire doit être mise en service en 1995, à ce
moment, on peut parler d'un moratoire jusqu'en 1995. Si on retient de cette
date le temps qu'il faut pour réaliser ce projet, bien sûr, on
doit enlever au moins dix ans, peut-être douze ans. À ce moment,
ce moratoire qui, dans le public, est compris comme un moratoire jusqu'en 1995,
doit être compris comme un moratoire allant jusqu'à 1983, puisque
les autres indications des
autres moratoires qui avaient été
décrétés étaient à l'effet de ne pas
permettre le début de la construction. Est-ce que le ministre pourrait
me dire si, de fait, c'est juste une déclaration du ministre ou s'il
s'agit d'une décision du cabinet? Est-ce la décision du cabinet
de reporter d'année en année pour permettre éventuellement
un débat public et qu'à ce moment il y ait une décision
ferme de prise quant aux débuts de construction de projets pour
lesquels, de toute évidence, selon ce qui est dit par
Hydro-Québec, il y aurait un besoin à être assouvi en 1995,
soit par le charbon, soit par le nucléaire, ce qui voudrait dire qu'en
déduisant dix ou douze ans, on se retrouverait à prendre une
décision ferme vers 1983. À ce moment, je comprendrais qu'il y
ait un moratoire. Je voudrais exprimer le voeu qu'on ne tente plus
d'"enfirouaper" le public avec des moratoires de fin de projet et avec des
moratoires de début de projet.
M. Duhaime: Je pense que ce que le public a compris lorsque le
gouvernement a annoncé qu'il y aurait un moratoire dans le dossier
nucléaire, c'était que le gouvernement du Québec n'avait
pas l'intention d'aller dans l'immédiat ou d'avoir recours dans
l'immédiat à la "filière" nucléaire. Ce qu'on a dit
également, c'est qu'il nous fallait maintenir un secteur témoin.
Pour les gens que je rencontre, cela semble très clair que nous allons
utiliser toute la puissance possible dans nos rivières. Nous repoussons
l'échéance du choix le plus loin possible. Est-ce que c'est
reporté d'année en année? Est-ce que c'est 1982? Est-ce
que c'est 1983? Je vous avoue honnêtement que ce n'est pas ce qui me
frappe le plus dans le dossier. Cependant, lorsqu'on commence à parler
de 1995 ou encore de l'an 2000 ou de l'an 2002 en prévision de la
demande, je pense que tous les chiffres que vous pourrez avancer en 1981 pour
1995, ont toutes les chances d'être parfaitement exacts, comme ils ont
aussi toutes les chances d'être parfaitement faux. Ce qui va se produire
dans le dossier de l'énergie pour le Québec dans les dix
prochaines années, dans les vingt prochaines années, appartient
à mon point de vue, dans une très large mesure, à la
futurologie. Les habitudes des consommateurs peuvent changer, c'est
évident. Cela va nous amener à prendre et à réviser
des décisions, je ne dirais pas d'année en année, mais sur
des périodes. Si vous demandez: Est-ce que le moratoire tient jusqu'en
1982 et qu'est-ce qui arrivera ensuite? Ce que je vous réponds
aujourd'hui, c'est que je ne suis pas en mesure de vous dire si c'est 1982 qui
est la date, mais je pense que ce qui sous-tend la décision du Conseil
des ministres et la décision du gouvernement, en imposant le moratoire,
notre volonté politique est de repousser l'échéance du
choix dans l'avenir le plus loin possible.
Il est bien entendu que durant quinze ou vingt ans, la science et la
technologie vont continuer de faire des progrès. Si on met toutes les
chances de notre côté, il est évident qu'on peut être
très bien placé pour faire un choix beaucoup plus
éclairé à ce moment-là. Est-ce que ce dossier ou
cette décision pour ce qui est du nucléaire, à elle seule,
pourrait justifier de tenir ou de lancer dans le public un immense débat
sur l'énergie? Ce que semble souhaiter avec beaucoup d'ardeur le
député d'Outremont. Je n'en suis pas si certain. Cependant, si
c'est nécessaire qu'on fasse un tel débat, je l'ai indiqué
hier, j'ai une position assez ouverte là-dessus; encore faudra-t-il
avoir bien cerné la problématique de tout le dossier
énerqétique afin d'éviter de nous lancer dans un
débat qui risquerait d'amener davantage de questions que de fournir des
réponses précises. On parle quand même à des gens
qui vivent en 1981, avec une réalité énergétique
qui est devant nous. À quoi nous servirait-il de nous plonger tout le
monde en l'an 1995 pour tenter de deviner ce qui pourrait se produire dans le
dossier énerqétique?
Je comprends cependant que les décisions portent sur des
investissements sur des longues périodes et que, dix ans dans le dossier
de l'énergie, c'est très court, à cause de l'ampleur des
investissements, de la nature de ces investissements. C'est à peu
près ce que je peux vous dire aujourd'hui.
M. Fortier: La raison pour laquelle, M. le ministre, j'ai
reçu favorablement votre désir hier de tenir un débat
public, c'est que, comme vous, je pense que l'Opposition aimerait collaborer
dans le sens qu'on voudrait que, s'il y a débat public, il soit
organiser de façon qu'il puisse permettre aux gens de s'exprimer et de
le faire d'une façon professionelle et en toute lucidité, en
considérant toutes les formes d'énergie et non pas une seule.
Cela nous ferait plaisir, le cas échéant, d'en discuter plus
à fond à d'autres moments. Mais je me demande si le ministre a
pris connaissance justement du communiqué de presse du ministre
Bérubé qui, lui, semblait aller dans la direction de créer
une régie de l'énergie. J'imagine ce que cela voudrait dire. Dans
le fond, c'est de modifier la Réqie du gaz et de
l'électricité et de fonctionner, un peu comme il se fait à
Ottawa, avec un office national de l'énergie où, justement, dans
un orqanisme quasi gouvernemental, mais non pas directement sous
l'autorité du ministre, les intervenants peuvent se faire entendre en
toute objectivité. Les qens peuvent s'exprimer, mais en
"dépassionnant" le débat, si l'on veut, en permettant à
tous les
spécialistes de se faire entendre. (12 heures)
J'ai reçu un document portant sur la communication. Vous avez'
demandé à la direction des communications de préparer des
recommandations sur la façon dont le débat public devrait
être organisé. Je me demandais si vous aviez déjà un
schème de référence sur la façon dont il devrait
s'engager et si ce schème de référence pourrait prendre la
forme d'une commission parlementaire itinérante qui permettrait non
seulement aux associations diverses, y inclus les syndicats qui ont
exprimé le désir de participer, mais qui permettrait
également à l'Opposition de participer à ce débat
public.
Votre réponse, c'est peut-être que vous n'avez aucune
idée arrêtée et c'est peut-être la meilleure
réponse, c'est-à-dire que vous allez consulter avant de vous
prononcer là-dessus. Mais je me demandais si d'ores et
déjà vous aviez une idée ferme sur la façon dont le
débat devrait être engagé. S'il s'agit d'une façon
plus spécifique d'une commission parlementaire ayant les ressources
financières qu'il faudrait pour permettre à tous les intervenants
de pouvoir le faire en toute lucidité.
M. Duhaime: Sans m'engager davantage sur le fond de la question,
M. le Président, à savoir si oui ou non il y aura un débat
public sur l'énergie, mon approche guant au mode de fonctionnement irait
très certainement dans le sens de rejoindre au maximum le grand public
et de permettre aussi bien à des parlementaires qu'à des non
parlementaires de faire valoir leur point de vue.
Est-ce qu'on doit modifier le mandat de la régie pour
l'élargir et confier un tel mandat à un organisme gouvernemental?
Ou encore qu'on ait une commission parlementaire qui serait formée
exclusivement de parlementaires qui pourraient entendre les intervenants. Que
l'on siège ici à Québec ou qu'elle devienne
itinérante, quant à moi, cela me paraîtrait possible de
pouvoir l'envisager.
Mais ce que je retiendrais cependant, c'est de nous assurer que si on
fait un débat qu'on souhaiterait le plus large possible, que l'on ne
s'impose pas la procédure des commissions parlementaires comme telle.
Mais si on fait un débat et qu'on veuille un débat public, tant
qu'à y aller, allons-y. Et pour cette commission, restera à voir
quel sera son mandat précis. Est-ce qu'elle sera parlementaire ou non
parlementaire? J'avoue ne pas avoir d'idée arrêtée
là-dessus pour l'instant. Ce qui m'apparaîtrait essentiel, c'est
qu'on puisse rejoindre le public. L'avantage qu'on pourrait avoir en tenant une
commission parlementaire à Québec - et si on veut rejoindre le
maximum de nos concitoyens et de nos concitoyennes qui s'intéressent
très certainement et de près à cette question - ce serait
peut-être de télédiffuser cette commission.
C'est un peu ce qui me guiderait dans cette démarche, le fait
d'avoir un débat public télédiffusé, quant à
y aller, pourrait d'une part permettre aux intervenants de faire valoir leur
point de vue, et pourrait permettre aussi au qrand public d'avoir un
accès direct à ce genre d'information.
M. Fortier: Si je comprends bien, dans les crédits qui
nous sont soumis, il n'y a aucun décret spécial pour quelque
forme d'intervention qui impliquerait des dépenses publiques qui
pourraient quand même aller au-delà des budgets normalement
attribués au ministère comme tel. J'imagine que ce sera toujours
le temps d'aller chercher des crédits supplémentaires, quoique
j'imaqine que le ministre des Finances ou encore le cabinet va certainement
déterminer des priorités ce qui voudrait dire que si vous aviez
des recommandations, il faudrait attendre le budget de l'an prochain avant
d'avoir les budgets nécessaires.
M. Duhaime: Je ne crois pas que les crédits que pourrait
commander une pareille entreprise soient de nature telle qu'il nous faille
attendre un prochain budget. Cela va dépendre de la formule qu'on va
retenir. Si on monte toute une équipe d'experts-conseils et de
professionnels et qu'on fait une commission itinérante composée
de quinze membres, etc., et qu'on prend un tour du Québec pour exposer
le dossier de l'énerqie qui va durer six mois, il est bien
évident qu'on s'en va vers des dépenses de plusieurs centaines de
milliers de dollars. Mais si on retient une formule de commission parlementaire
qui serait télévisée à partir de Québec, il
n'y aurait pas tellement de dépenses. On pourrait même les
absorber avec les crédits que nous avons pour l'année en
cours.
M. Fortier: J'aimerais porter un fait à votre attention.
Vous avez indiqué cela et le ministre Bérubé utilisait
cela comme argument politigue, c'est que la technologie évolue. Il y a
des gens qui s'intéressent au secteur de l'énergie et vous avez
autour de vous, des conseillers, des consultants. En toute
honnêteté, je ne crois pas que les technologies, d'ici cinq ou dix
ans, vont évoluer de telle façon qu'elles vont permettre des
investissements considérables. Cela va évoluer d'une telle
façon que, dans deux ou trois ans d'ici, on pourrait faire des choix
différents. La technologie du charbon est connue. La technologie
nucléaire est connue. On sait que la fusion va venir en l'an 2000. Quant
aux énergies nouvelles, dans un an ou deux, on saura dans quelle mesure
il y a aura une évolution sur le plan
commercial.
Ce que j'aimerais simplement souligner, c'est qu'à mon avis
l'importance d'une commission parlementaire ou d'un débat public
provient du fait qu'il semblerait qu'il y a un tas de renseignements qui ont
été rendus disponibles au public ou ailleurs au Canada lorsqu'il
y a eu des commissions parlementaires. Ce que les gens ont reproché, au
Québec et il y avait plusieurs intervenants à la dernière
commission parlementaire, c'est de "québéciser" le débat -
excusez l'expression - c'est de faire en sorte que le débat public se
fasse en fonction du Québec à partir de l'information qui existe
dans le monde et pas seulement au Canada.
C'est pour cela que je me permets d'insister, mais je n'insisterai pas
davantage, parce que vous ne nous donnerez pas une réponse aujourd'hui,
je le conçois facilement, c'est tout simplement qu'il me semble
nécessaire de permettre aux Québécois de s'exprimer
à partir de données soit économiques ou soit
énergétiques qui existent. Il y a beaucoup de données qui
existent, soit à partir de la commission Porter en Ontario ou des autres
commissions en Saskatchewan ou ailleurs, ou en Angleterre, ou en France. Je
crois que ce serait dangereux de prendre des décisions importantes dans
ce genre de dossier sans permettre un débat public. Par ailleurs, je
crois que le manque de décision peut avoir des conséquences
fâcheuses pour l'avenir énergétique du Québec. J'ai
indiqué hier, à mon avis, que cela me semble assez difficile pour
le gouvernement - on va en venir tout à l'heure aux économies
d'énergie, aux nouvelles formes d'énergie - si on n'a pas
arrêté son choix sur les formes d'économie d'énergie
qu'on veut privilégier au Québec, soit parce qu'il y a des formes
d'énergie qu'on va utiliser ici, soit parce que ce sont des formes
d'énergie qu'on ne va utiliser que partiellement ici, mais qui ont un
potentiel à l'étranger, au point de vue de marketing, au point de
vue de la réalisation.
Compte tenu des limites financières du gouvernement et même
de l'entreprise privée dans ce secteur, et compte tenu des limites des
ressources du Québec, on ne peut pas développer toutes les formes
d'énergie. On ne peut pas développer à la fois le charbon
et le nucléaire. C'est pour cela que je me dis qu'on peut retarder le
débat public, mais si cela signifie qu'on va retarder les choix
énergétiques qu'on devra faire en l'an 2000.
À mon avis, cela ne permet pas au gouvernement d'arrêter
des orientations selon lesquelles il pourrait investir davantage. Si, à
un moment donné, on décide qu'on ne fait pas de nucléaire
mais qu'on fait du charbon, il faudrait arrêter de dépenser de
l'argent dans le nucléaire et investir dans le charbon. Dans les budqets
qu'Hydro-Québec a soumis à la commission parlementaire, elle a
quelques millions de dollars pour des études sur le charbon et elle a
quelques millions de dollars pour des études sur le nucléaire. Je
soumets, bien respectueusement, M. le Président, que le plus tôt
possible on fera des choix à long terme, le plus tôt possible
ça permettra au ministre d'arrêter ses priorités,
d'investir et de demander à HydroQuébec et à toutes les
sociétés d'État d'investir dans les formes
d'énerqie que le cabinet aura privilégiées.
M. Duhaime: Vous avez parfaitement raison là-dessus. S'il
faut faire un choix, on va tenter de faire le choix le plus
éclairé possible. En même temps, on pourra faire comprendre
à la population - cela me paraît être très important
- guelle est la problématigue de fond qui va orienter un pareil choix.
Je vous donne un exemple: le dossier des pluies acides. Vous allez parler de
ça dans le public et les gens ont une vague idée de ce que c'est.
Mais le jour où on va vraiment commencer à expliquer à la
population du Québec les danqers que comportent les pluies acides, et je
pense que c'est la fatalité des vents dominants qui nous y expose
continuellement, ce sera diférent. Déjà, du
côté des États-Unis, l'opinion publique a cheminé et
on semble, heureusement, en tout cas, constater un éveil et une
volonté de la part de la population, aux États-Unis, d'alarmer le
gouvernement et de faire en sorte que des mesures soient prises.
De là à vous dire que, d'ici quelgues années, il y
aura un parti vert aux États-Unis, qui pourrait menacer la longue
tradition du bipartisme américain, j'ai mes doutes. Mais il reste qu'en
France cependant, ce qu'il est convenu d'appeller le parti vert, je pense que
c'est un peu déprécier cette opinion ou ce point de vue, cela
s'est concentré dans une force politique qui représente
aujourd'hui tout près de 5% de l'électorat, c'est quand
même considérable.
C'est le genre d'éclairage qu'il nous faut donner à la
population du Québec. Si on fait un débat qui va se concentrer
essentiellement à savoir si, oui ou non, le Québec a besoin du
nucléaire, je pense qu'on va rater une excellente occasion d'ouvrir un
débat beaucoup plus large. Pourquoi n'expliquerait-on pas aux citoyens
et aux citoyennes du Québec toute la problématique du dossier
énergétigue à l'échelle du continent
nord-américain?
C'est interdépendant, à bien des égards, de la
même façon que la ville de Paris est éclairée par du
gaz naturel qui vient des Pays-Bas, tantôt, des résidences de
Montréal vont être éclairées par du qaz qui viendra
de l'Ouest ou de l'Arctique. On exporte des surplus d'électricité
aux États-Unis. II y a un phénomène
d'interdépendance qu'il serait
drôlement intéressant d'explorer à fond, d'autant
plus qu'il va nous falloir préparer une réponse et je dirais une
politique - cela s'applique à l'échelle du Québec et aussi
à l'échelle de tout le Canada - quant à la proposition de
beaucoup de sénateurs américains qui voudraient que, sur le plan
de l'énergie, on pousse une forme quelconque d'intéqration, il
reste à savoir à quel niveau, entre le Canada, le Mexique, et les
États-Unis.
On comprend, en 1981, que ça peut drôlement
intéresser les Américains, quand on reqarde le Mexique et ses
ressources énergétiques, et le Québec et le Canada et
leurs ressources énergétiques; c'est évident que ça
peut devenir intéressant pour les États-Unis. (12 h 15)
Si on fait un débat, je pense qu'on devrait profiter de
l'occasion pour donner tout l'éclairaqe possible. Ce qui me fait dire
qu'en termes de calendrier, plus j'examine cette situation, avant de nous
lancer dans le débat - hier, je parlais des paramètres - cela
peut faire partie de ce qenre de paramètres qu'il faudrait
peut-être retenir. C'est que, s'il y a des centrales nucléaires
qui s'installent partout autour du Québec, par exemple, sur le simple
plan des déchets polluants, il est bien évident qu'on a toutes
les chances d'écoper notre bonne part aussi, et cela m'apparaît
être une évidence dans le dossier, ce que beaucoup de nos
concitoyens ne savent pas encore au sens - il en ont une vague idée,
c'est certain - de bien connaître le dossier. Je pense que cela fait
partie d'un tout.
M. Fortier: Là-dessus, on se rejoint, M. le ministre.
J'appuie totalement votre intervention dans le sens que, s'il y un débat
public - d'ailleurs, la commission parlementaire avait été dans
ce sens - il devrait porter sur toutes les formes d'énergie. Quand on
dit débat public, on parle, bien sûr, d'entendre les gens, mais
cela veut dire également faire en sorte qu'une certaine information, la
plus objective possible, soit mise de l'avant pour éclairer tout le
monde. Personnellement, j'avais pensé et j'avais suggéré
à M. Bérubé, d'une part, de prendre toute l'information
qu'on peut avoir de la commission Porter, qui a siégé à ce
sujet en Ontario, et qui a coûté, je ne sais trop combien, 4 000
000 $ à la province d'Ontario; si on ajoute à cela, 2 000 000 $
de la part d'Hydro-Ontario et 2 000 000 $ de tous les intervenants, cette
commission a coûté entre 6 000 000 $ et 8 000 000 $.
Différentes interventions y ont été faites, bien
sûr, en fonction de l'Ontario, mais il me semblerait qu'il serait
peut-être utile de condenser cette information, de la traduire en
français et de la rendre publique.
Ce serait une base d'information à partir de laquelle on pourrait
avoir un débat éclairé, mais je pense bien que l'on
s'entend là-dessus, que ce serait d'abord un seul débat pour
permettre à tous et chacun de dire ce qu'il a dire sans aucune
profondeur, ce qui ne servirait peut-être à rien.
Dans le fond, il s'agit de documenter des dossiers, de permettre
à des organismes publics ou semi-publics d'apporter des dossiers
eux-mêmes et de faire comprendre aux gens qu'il faut faire des choix et
que ces choix seraient soit d'aller vers le charbon, soit de développer
des rivières qui peuvent coûter une fois et demie ou deux fois
plus cher que d'autres formes d'énergie et que, dans la vie, il s'agit
de faire des choix et que ceux-ci doivent être faits d'une façon
collective.
Sans vouloir dramatiser, il s'agit de voir l'accident survenu à
Manicouagan 5 et qui n'a pas été dramatisé, Dieu merci,
dans le public. Je vous laisse à penser que, si la même chose
était arrivée à une centrale nucléaire, cela aurait
fait des manchettes de six pouces dans les journaux, mais il reste que
l'incident arrivé à Manicouagan 5, sans trop exagérer,
c'est un incident quand même assez sérieux et il semblerait qu'il
va falloir le corriger.
C'est pour cela que je crois qu'une intervention publique, en discutant
toutes les formes d'énergie, va nous permettre d'évaluer non
seulement les avantages écologiques d'une forme d'énergie par
rapport à une autre, mais également les avantages
économiques et, plus que cela, l'impact, comme cela l'a eu depuis
plusieurs années au Québec, qu'une forme d'énergie peut
avoir sur l'industrie et sur l'économie en général. Vous
avez dit, lors de l'interview que vous aviez donnée, que, justement,
votre ministère est un ministère à vocation
économique et que vos décisions ont des impacts
considérables non seulement dans le domaine énerqétique,
mais dans l'économie d'une façon générale.
Je me permettrais de souligner l'intervention de COPEM, qui avait
été faite à la dernière commission parlementaire et
qu'avait soulignée le ministre Bérubé, avec raison, COPEM
étant la Chambre de commerce et le Board of Trade. Ce fut un
intervention très appréciée dans le sens de dire que,
quelles que soient les formes d'énergie que nous allons choisir, il faut
nous donner des stratégies de développement industriel au
Québec. C'est la raison pour laquelle, quand on dit débat public,
je pense que c'est une évaluation publique des différentes formes
d'énergie pour nous permettre de faire des choix
énergétiques, des choix économiques et des choix de
développement économique au Québec. À mon avis,
toutes ces facettes devraient être organisées.
Peut-être qu'on peut continuer. J'avais quelques questions plus
spécifiques à poser. On peut parler peut-être de la
pénétration du qaz. Vous avez évoqué hier, avec
raison, que l'État du Québec investissant par l'entremise
d'Hydro-Québec dans le domaine de l'électricité et
maintenant par l'entremise de SOQUIP dans Gaz Inter-Cité et dans Gaz
Métropolitain, va pouvoir intervenir de différentes façons
et pourrait ou ne pourrait pas privilégier une forme d'énergie
plutôt qu'une autre. Je me pose des questions. J'aimerais peut-être
que vous les évoquiez avec nous. Le gouvernement a songé, bien
sûr, à avoir une politique de dirigisme qui irait dans le sens de
dire: Le chauffage domestique à Trois-Rivières, cela va se faire
au gaz. Et le chauffage domestique à Québec, cela va se faire
à l'électricité. Ce serait imposer des décisions
pour la clientèle.
S'il n'y a pas un dirigisme énergétique, j'imagine que
c'est de jouer sur la tarification. La question que je pose est celle-ci: Quels
sont les moyens que le gouvernement va mettre en oeuvre pour essayer de
coordonner - si on parle de chauffage domestique, pour ne s'arrêter
qu'à cela - quelles sont les formes d'intervention auxquelles pense
présentement le gouvernement pour privilégier soit le gaz, soit
l'électricité? Ou est-ce que sa politique est de laisser faire
les forces économiques et voir qui va sortir gagnant dans l'avenir?
M. Duhaime: II est bien certain en tout cas que, dans un dossier
comme celui-là, il nous faut respecter, jusqu'à un certain point,
le choix des consommateurs. Cependant, il y a des habitudes de consommation qui
peuvent être changées. Notre approche est d'y aller sur des
programmes d'incitation sur la conversion, par exemple, incitation qui pourrait
prendre la forme, dans un premier temps, de sensibiliser, de façon
beaucoup plus marquée que cela a été fait jusqu'à
présent, l'opinion publique, de cette nécessité de faire
une conversion. Je pense que la meilleure façon de faire l'incitation
c'est d'avoir des programmes d'aide et d'assistance financière pour
exécuter effectivement cette conversion. Le programme
d'efficacité énergétique qui va commencer à
être opérationnel en octobre prochain est un des incitatifs
très importants, à mon point de vue, puisque l'assistance
financière va pouvoir se rendre jusqu'à 3000 $ pour une maison
unifamiliale.
M. Fortier: En prêt?
M. Duhaime: En prêt, oui. Il est bien évident que
c'est cette difficulté qu'a le consommateur à bien saisir notre
démarche à l'heure actuelle. Il y a un déboursé qui
est fait par un consommateur; il y a une partie de sa dépense qui lui
est prêtée et son remboursement se fait sur la foi des
économies qu'il va réaliser sur son propre compte
d'électricité. J'avoue honnêtement que j'ai l'occasion,
comme vous, de rencontrer de mes concitoyens très
régulièrement, et ce message est loin d'avoir été
bien compris. Je pense qu'il va falloir que l'Opposition collabore avec nous si
nous décidons de voter et de dépenser par exemple pour un
programme de publicité très important, qui pourrait avoir un
impact significatif. Je ne voudrais pas qu'ensuite on se fasse décrier
comme si nous dilapidions les fonds publics pour des dépenses de
publicité. Je pense qu'il n'y a pas de risque, si on regarde la
projection.
Dans l'ensemble du bilan, ce qu'on vise à faire d'ici dix ans,
d'ici 1990, c'est de faire passer la part du gaz de 7%, en doublant - ce qui
serait un minimum - on vise quelque chose comme 15% à 18%. Il est bien
certain qu'avec la pénétration du réseau qazier pour
Montréal, pour Trois-Rivières et ensuite dans Québec, ce
sera très significatif comme variation dans l'ensemble du bilan, sur une
projection de dix ans. Et la condition préalable à cela, je pense
que pour l'industrie, les données ne sont pas les mêmes. Ce
dossier est bien compris, d'autant plus que pour certaines entreprises, c'est
une nécessité d'avoir du gaz naturel.
Au niveau du consommateur, c'est dommage de le dire, mais une fuite de
gaz n'étant pas plus danqereuse qu'un court-circuit, à cause de
nos habitudes de vie au Québec, il reste que, lorsqu'on parle du gaz, il
y a toujours un peu d'affolement ou un peu de crainte qui, à mon point
de vue, n'est justifié en aucune manière, face à cette
forme d'énergie qui, pour les Québécois, pour beaucoup
d'entre eux, est une forme d'énerqie nouvelle. Je pense que c'est
là qu'il va falloir qu'on fasse porter nos efforts, à un
proqramme solide de publicité, de sensibilisation, d'incitation et aussi
à des formes d'aide financière intéressantes. Il y a
aussi, bien sûr, la structure des prix qui va être un des
incitatifs. Si ce n'est pas plus avantageux d'utiliser le gaz naturel sur une
base de taux domestique, les habitudes des consommateurs ne changeront pas;
c'est évident.
Je pense que c'est sur ces trois axes qu'il va falloir travailler.
M. Fortier: La déclaration du sous-ministre...
M. Duhaime: Je ne sais pas si cela rejoint la déclaration
de mon sous-ministre.
M. Fortier: ...j'ai malheureusement perdu la transcription,
c'était que vous n'aviez pas de politique pour favoriser l'une ou
l'autre des formes d'énergie pour le chauffaqe domestique. La
deuxième
déclaration, c'était qu'il n'y avait pas urgence pour les
gens de faire une conversion. Cela me semblait - je ne sais pas dans quel
contexte la déclaration a été faite - en effet, en
opposition avec les déclarations antérieures des ministres qui
disaient que cela serait une très bonne chose s'il y avait des
conversions le plus tôt possible, soit vers le qaz, soit vers
l'électricité, pour réduire notre dépendance du
pétrole. D'autre part, ce choix-là était, bien sûr,
le choix des utilisateurs, des consommateurs, mais il fallait
privilégier quand même le gaz, pour autant que faire se peut, pour
le chauffage domestique.
M. Duhaime: II y a peut-être une confusion dans
l'interprétation de ce que disait M. Lapierre. La nouvelle a
été rapportée par le réseau TVA. Évidemment,
ce qui vient de TVA de ce temps-ci, il faut faire attention.
M. Fortier: ...
M. Duhaime: Oui. Je pense que ce que M. Lapierre a voulu
signifier surtout, c'est de ne pas se précipiter, ne pas inciter les
Québécois à faire une précipitation vers la
conversion des systèmes de chauffage. Lorsqu'une conversion se fait, il
y a des systèmes de chauffage qui peuvent être parfaitement bons
et, avant de décider de tout simplement laisser tomber le pétrole
et se brancher sur l'électricité carrément, il y a
peut-être lieu de faire l'examen du système de chauffage pour voir
si cela ne pourrait pas être remplacé à un coût
moindre.
Dans le cadre de l'application du programme d'efficacité
énergétique et aussi dans le cadre des discussions que j'ai
actuellement avec M. Lalonde, il est bien évident que la question de la
conversion des systèmes de chauffage comme telle comment on appelle
cela? un système central ou, peu importe; dans le jargon, la
fournaise... Est-ce que c'est absolument nécessaire de tout changer d'un
seul coup? On va s'assurer - c'est une des conditions que nous avons
posées au gouvernement fédéral - que ce soit
Hydro-Québec qui puisse avoir le dernier mot sur l'évaluation des
installations comme telles.
Maintenant, il est bien certain que lorsqu'il se détache du
pétrole pour le chauffage domestique, le consommateur a le choix,
à l'heure actuelle, d'aller au gaz ou à
l'électricité, mais ce choix-là est très restreint.
Le choix vers le gaz se fait actuellement dans les endroits au Québec
où il y a effectivement du gaz. La pénétration vient
à peine de commencer. Je pense que ce sera dans le cadre d'une politique
d'harmonisation qu'on va être en mesure de faire porter nos efforts de
façon beaucoup plus sensible qu'on ne peut le faire actuellement.
Même s'il y avait une campagne de conversion au gaz naturel à
Trois-Rivières, il n'arrivera rien. Il va falloir attendre que... (12 h
30)
M. Fortier: Mon intervention, M. le ministre, je la voulais dans
le sens qu'à peu près au même moment où le
fédéral dépensera de l'argent pour dire: Obtenez
jusqu'à 800 $ pour vous aider à abandonner le chauffage à
l'huile à peu près le même jour où Gaz
Métropolitain ferait de la publicité pour dire, convertissez-vous
au gaz naturel, la déclaration du ministre semble dire, elle, qu'il n'y
a pas urgence, au moment-même où les gens dépensent de
l'argent. Cela me semble être contraire aux intentions. Mais si ce
n'était pas ça, vous pourriez toujours corriger à
l'avenir, par une autre déclaration.
M. Duhaime: ...déclaration du sous-ministre.
M. Fortier: Adjoint.
On peut passer là-dessus de toute façon. Si un mal a
été fait, il a été fait, bon. Une chose qui
m'intéresse ici...
En ce qui concerne la publicité de Gaz Métropolitain, je
pense qu'il y aurait avantage à s'assurer qu'elle soit la plus
honnête possible. Je pense que, des deux côtés de la
Chambre, on veut la pénétration du gaz et je ne crois pas que la
publicité de Gaz Métropolitain ait été faite pour
tromper le public, mais elle pourrait être interprétée
comme ça. Si vous prenez l'exemple qu'on donne: Considérons le
cas hypothétique d'une maison unifamiliale dont le coût de
conversion serait de 2000 $. Le bénéficiaire obtiendrait alors
800 $ de Gaz Métropolitain, 800 $ du programme canadien de remplacement
du pétrole et 400 $ de Gaz Métropolitain. Ce qui n'est pas dit
ici, c'est que les 800 $ du programme canadien de remplacement du
pétrole est sujet à l'impôt. Je me permets de le souligner,
je crois que vous pouvez intervenir directement, il me semble que toute
publicité... Si on ne veut pas qu'à l'avenir, il y ait un
"come-back" négatif, la publicité qui est faite devrait
être faite le plus honnêtement possible. Je sais bien que ça
relève du ministère des Consommateurs, mais en tant que ministre
de l'Énergie, on devrait indiquer, dans toute publicité de ce
genre, si les subventions qui sont données sont taxables ou non.
Parce que l'individu qui va voir cette publicité va croire qu'il
reçoit effectivement 800 $, mais il va recevoir moins que ça,
parce que les 800 $ peuvent être taxés à 30%, 40%, 50% ou
60%.
M. Duhaime: Vous avez raison de souligner ce point, que les 800 $
qui seront
versés par le gouvernement fédéral à
quelqu'un qui se prévaudrait des avantages de ce programme sont
assujettis à l'impôt. J'ai l'impression que Gaz
Métropolitain l'a laissé de côté par respect, sans
aucun doute, pour le prochain discours du ministre fédéral. Si
les 800 $ sont imposables, c'est une décision.
M. Fortier: C'est le cas, cela a été annoncé
dernièrement.
M. Duhaime: Dans l'autre programme fédéral qui est
en marche, connu dans le jargon sous le nom de CHIP, Canadien Housing
Insolation Program, les 500 $ qui peuvent être versés en vertu de
ce programme sont aussi imposables. Je pense que le montant de 800 $ que verse
Gaz Métropolitain, lui n'est pas imposable. Vous avez raison...
M. Fortier: Je ne connais pas le traitement fiscal. Simplement ce
que je dis...
M. Duhaime: Je pense que...
M. Fortier: ... c'est que lorsqu'il y a des subventions qui
viennent, soit du gouvernement fédéral, soit de la compagnie
elle-même, je ne sais pas de quelle façon le ministre des Finances
va les considérer. Parce que vous savez tout don qui est fait entre
particuliers ou d'une société... Si une société me
donne 500 $, en principe, je suis obligé de déclarer ça
comme un revenu. Je ne sais pas du tout de quelle façon le ministre du
Revenu du Québec va considérer les 800 $ qui viennent de Gaz
Métropolitain. Est-ce que ça va être taxable ou non?
Simplement ce que je dis, c'est qu'il y aura avantage à s'assurer
que la publicité soit la plus honnête possible si on veut qu'il y
ait une pénétration efficace. On devra indiquer si l'argent qui
vient, soit du gouvernement fédéral, soit de Gaz
Métropolitain, est imposable ou non. À ce moment-là, les
gens font leur choix. Je ne crois pas que ça diminue l'impact de la
publicité, mais je crois qu'il y aura un impact négatif; s'il
fallait qu'on s'aperçoive, à l'avenir, que x personnes, croyant
avoir reçu 2000 S n'ont pas reçu effectivement 2000 $.
M. Duhaime: Alors je retiens comme étant très
positive cette suggestion et puis soyez assuré que je vais communiquer
avec la direction de Gaz Metro et on va aussi, s'il y a une clarification
nécessaire, la demander, ou au ministère des Finances, ou encore
au ministère du Revenu du Québec pour savoir ce qui en est. Je
pense que vous avez raison de dire qu'il est important, si on ne veut pas
décevoir des gens qui recevraient une facture de l'impôt parce
qu'ils ont été incités à faire une conversion et
qu'au bout du compte leur décision aurait été autrement,
s'ils avaient su que etc... Je pense que c'est une excellente suggestion et je
vais faire les démarches en conséquence.
M. Fortier: On peut procéder je pense avec le programme
lui-même. J'aurais une question qui fait suite à la
dernière commission parlementaire. Plusieurs intervenants, y inclus le
député de Sept-Îles qui est à votre droite, avaient
justement fait des représentations pour demander au ministre dans quelle
mesure il serait possible d'accélérer le programme
d'Hydro-Québec dans certaines régions. Je sais que cela a des
répercussions considérables sur le programme
d'Hydro-Québec, y compris le financement de ce projet, mais je me
demande si le ministre va, soit intervenir, soit simplement s'en remettre
à Hydro-Québec qui a déjà fait son lit. Je crois
que si on laisse la décision à Hydro-Québec, elle va
continuer avec le programme. D'ailleurs, elle vous a soumis un programme; je ne
l'ai pas vu mais j'imagine qu'il est la suite logique du programme qu'elle
avait soumis lors de la dernière commission parlementaire. Alors, ma
question est celle-ci: Est-ce que le ministre a l'intention d'intervenir pour
justement favoriser une région, que ce soit la région de
Sept-Îles ou une autre, et d'indiquer, pour des raisons
économiques, qu'on voudrait que telle ou telle rivière soit
développée avant telle autre.
M. Duhaime: II n'y a pas seulement que la Côte-Nord dans ce
dossier. Vous allez me permettre de vous parler de ma paroisse un peu. Cela
fait des années qu'on parle d'une puissance résiduelle qui
pourrait se trouver encore dans la rivière Saint-Maurice et cela fait
quinze ans qu'on parle de l'aménagement du bas-Saint-Maurice et il y a
même un ancien député qui en était rendu à
faire des discours sur l'aménagement du bas-Saint-Maurice.
Une voix: II faudrait faire attention à ce que vous dites,
M. le ministre.
M. Duhaime: Je pense que cela ne se résume pas
essentiellement à dire qu'on fait une rivière plutôt qu'une
autre. Il y a les coûts économiques et les coûts
comparatifs; cela se ramène toujours à combien en
coûte-t-il pour sortir un kilowatt d'une telle rivière
plutôt que telle autre. Il est évident qu'à cause de la
situation économique de certaines régions qui sont plus sujettes
à des cycles économiques désastreux, je pense à
toute la région de la Côte-Nord dont le sort et l'état de
santé sont en quelque sorte reliés au marché international
du minerai de fer, pour une très large partie de son économie.
Est-ce la bonne approche de dire: On va compenser en accélérant
les
investissements ou en les devançant de quelques années? Je
pense que c'est une des hypothèses qu'il faut regarder: si c'est pour
donner une piqûre de santé à une région, pour
provoquer ou devancer un investissement, il faut qu'on soit bien conscient de
l'écart financier qui peut être impliqué dans une pareille
décision. J'aimerais mieux cette approche plutôt que de nous
plonger, en partant de l'hypothèse que nous devrions
accélérer, à travers le tableau, tous nos projets
d'investissements à Hydro-Québec, et à partir de la
donnée de fond, que ce serait peut-être payant d'exporter de
l'énergie de base vers le sud. J'aime mieux la première
hypothèse que la seconde. Ce n'est pas exclu. Je pense que le seul frein
qui pourrait se présenter dans une démarche de cette nature,
c'est que si les coûts comparatifs sont exorbitants, il est
évident que c'est une solution qui pourrait être
écartée, mais si les coûts marginaux, les coûts
comparatifs ne sont pas tellement éloignés, c'est un
scénario que l'on peut envisager.
M. Fortier: J'aurais juste une question traitant de la
région de M. Middlemiss. Je crois qu'il y a plusieurs années, il
y a eu entente entre le Québec et l'Ontario, en ce qui concerne les
sites hydroélectriques ou autres le long de la rivière Outaouais.
Je ne demande pas le renseignement immédiatement, mais, en temps et
lieu, est-ce que je pourrais obtenir un sommaire de cette entente et des sites
qui ont été alloués, d'une part, à
Hydro-Québec ou à Hydro-Ontario, enfin, à chacune des
provinces sur le plan hydroélectrique? J'imagine également que
certains de ces sites pourraient être utilisés par Hydro-Ontario
pour la construction de centrales nucléaires. En créant un
barrage, on peut créer un bassin de retenue. On pourrait vouloir
utiliser soit des sites hydroélectriques, soit d'autres sites. Ma
première question, c'est dans le but d'obtenir en temps et lieu, pas
immédiatement ce matin, le sommaire de l'entente qui est intervenue, le
choix des sites.
Ma deuxième question est la suivante: S'il y avait construction
de centrales nucléaires de l'autre côté de la
rivière, est-ce qu'il y aurait consultation avec le Québec dans
un cas comme celui-là?
M. Duhaime: Pour une construction du côté ouest de
la rivière Outaouais? J'ai comme l'impression que la réponse va
de soi. J'imagine bien qu'il y aurait eu une consultation entre les deux
qouvernements.
M. Fortier: S'il y a eu consultation dans le passé, est-ce
qu'Hydro-Ontario vous a indiqué qu'à tel et tel endroit, elle
avait l'intention de construire une centrale nucléaire le long de la
rivière Outaouais?
M. Duhaime: Si des pourparlers ont eu lieu, cela peut être
au niveau d'Hydro-Québec, mais, au niveau du gouvernement, je pense que
la réponse va être négative.
M. Fortier: Autrement dit, il n'y a rien dans l'entente qui a
prévu cette possibilité, si Hydro-Ontario peut user de ses droits
selon son bon plaisir, si c'est du côté de l'Ontario?
M. Duhaime: Non, il n'y a pas eu de discussion au niveau du
gouvernement du Québec là-dessus. Sur votre première
question, je pense que ce renseignement est disponible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, j'aurais deux guestions
à poser au ministre en rapport avec la rivière Romaine quant au
devancement des travaux. Puisque cela a été mentionné lors
de la commission parlementaire et que j'avais posé moi-même une
question au président d'Hydro-Québec, est-ce qu'il y aurait
possibilité de savoir du ministre si, premièrement, il a
l'intention de présenter les hypothèses qu'il vient de soulever
au Conseil des ministres pour approbation? Deuxièmement, quand a-t-il
l'intention de présenter au Conseil des ministres de telles
hypothèses? Je n'ai pas à revenir sur la question des
problèmes économiques de l'axe qui s'appelle
Port-Cartier-Havre-Saint-Pierre? D'ailleurs, tous les intervenants dans le
milieu sont d'accord pour dire que si ces travaux sont devancés, cela
pourrait assurément amener de très bonnes répercussions
économiques dans le milieu en rapport avec différents dossiers
d'investissements qui sont déjà prévus mais qui attendent
d'être mis en place.
M. Duhaime: Effectivement, toute la problématique du
devancement des programmes d'équipement, le cas échéant,
pourrait faire partie des données sur l'ensemble du dossier
d'investissements de 1981-1990 qui doit recevoir l'approbation du Conseil des
ministres. L'hypothèse de devancer les travaux, de faire des travaux sur
la rivière Romaine peut faire partie d'une telle problématique.
Mais à quelle date va-t-on pouvoir saisir le Conseil des ministres du
dossier? Je pense que cela peut aller au mois d'août ou septembre de
cette année pour une discussion. (12 h 45)
Une voix: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Châteauguay.
Le projet Archipel
M. Dussault: M. le Président, c'est sans doute dû
à l'absence du député de Mont-Royal; personne de
l'Opposition n'a parlé du projet Archipel lors de nos travaux
jusqu'à maintenant. J'aimerais revenir un peu sur la nature de ce projet
et poser quelques questions au ministre. Je pourrais peut-être commencer
par un cours historique de la question. Il y a déjà
au-delà de deux ans maintenant, deux députés,
moi-même et le député de Bourassa, M. Laplante, avions,
à cause de certains problèmes que nous avions
réciproquement dans nos comtés, commencé à chercher
des solutions globales à ces problèmes plutôt que de
chercher pour chacun de ces problèmes une solution spécifique.
Nous en étions arrivés à la conclusion qu'il y avait des
solutions qui relevaient de l'Aménagement, mais qui aussi,
étaient relatives à des questions d'énergie.
Nous avions préparé, avec des gens qui connaissaient ces
questions, un document qu'on a appelé à ce moment-là
"Montréal dans l'eau" que nous avions remis aux ministres
concernés, aux trois ministres qui travaillaient au comité qu'on
appelait COMPAT. Après qu'ils eurent pris connaissance de cette
question, surtout du potentiel qui existait dans la région de
Montréal sur le plan hydroélectrique pouvant mener à des
solutions à ce problème, sur lequel je reviendrai tout à
l'heure, nous avions fait une conférence de presse pour demander au
gouvernement de faire une étude de préfaisabilité à
partir des données que nous avions fournies au ministre et, par la
suite, si c'était probant, de faisabilité.
On sait qu'actuellement cette étude de
préfaisabilité a été accordée, elle a
amené une étude de faisabilité qui est en cours. Votre
prédécesseur, M. le ministre, avait dit à la population
que nous nous attendions à avoir des conclusions vers la fin de
l'année 1982.
Par la suite, il y a eu la mise en place d'un comité
d'harmonisation qui, en fait, visait à assurer une concertation entre
les différents intervenants, c'est-à-dire les différents
ministères, Hydro-Québec et même les milieux municipaux qui
pouvaient être fort intéressés par cette question
d'aménagement global. On a même dit à ce moment-là
que la consultation en guestion auprès des milieux municipaux et des
milieux en général faisait partie de l'étude de
faisabilité.
En fait, l'objectif du projet Archipel, c'est fondamentalement de
résoudre plus d'un problème au meilleur coût, grâce
à ce potentiel hydroélectrigue de la région de
Montréal. C'est pour cela que le projet s'appelle Archipel, puisque,
justement, cela concerne toute la grande région de Montréal,
toutes les eaux de la grande région de
Montréal, grâce évidemment à ces ouvraqes de
contrôle qui seraient mis en place à l'occasion de la production
hydroélectrique.
Les problèmes en fait que veut régler le projet Archipel,
ce sont les problèmes d'inondation et les problèmes
d'étiage, les trops grandes eaux au printemps et les trop basses eaux
à l'été; en fait, ce qu'on pourrait appeler les
extravaqances de la nature dans la région de Montréal. On a vu
encore ce que donnent ces extravagances dans la région de Laval, il n'y
a pas si longtemps. On a vu, dans le port de Montréal, durant l'hiver
aussi, ce que donnent ces extravagances. On se rappelle encore de ce bateau, et
de ce mât qui était tombé sur le bateau à cause,
justement, des glaces qui s'accumulent, etc.
Un autre problème - j'y faisais référence en
parlant de ce bateau et de ces glaces - c'est le frasil qui s'accumule, en
fait, cette espèce de montagne de glace qui se crée à
cause de l'eau qui monte en vapeur et qui retombe en gouttelettes, lesguelles
tournent en glace et font qu'on a tout un barrage de glace à un moment
donné.
Il y a aussi ce problème qu'on voudrait régler de la
carence d'approvisionnement en eau, particulièrement sur la rive sud de
Montréal, à l'été comme en hiver. À
l'été, à cause des trop basses eaux et, durant l'hiver,
à cause justement de cette glace qui s'accumule dans les prises
d'eau.
En fait, la grande solution, c'est la régularisation des eaux de
l'archipel de Montréal via la mise en place d'un système de
robinetterie, comme l'a appelé M. le ministre Tardif, permettant un
meilleur éguilibre de l'écoulement des eaux dans tout
l'archipel.
C'est une solution globale qui ' répond à un ensemble de
besoins, qui est avantageuse sur le plan des coûts, parce que c'est un
fait que si l'on cherche une solution à plusieurs problèmes en
même temps, cela va sans doute coûter moins cher que de chercher
une solution à chacun des problèmes. Quand on additionnera tout
cela, on va se rendre compte de la différence.
Pour donner une idée de ce que je dis là, je me rappelle
qu'un comité a fait une étude, en 1974, sur la
régularisation des eaux dans l'archipel de Montréal. On
était arrivé à la conclusion que le canal de fuite qui
ferait partie des travaux aux archipels, à lui seul, rien que pour les
fins d'éviter les problèmes d'inondation, aurait
coûté, au coût de ce moment-là, 900 000 000 $. C'est
dire que guand une solution globale peut être applicable à
plusieurs problèmes à la fois, la solution à un
problème en particulier peut être beaucoup moins
considérable.
Avec une bonne planification, on peut prévoir, à
l'occasion de la mise en place de ces équipements, d'autres avantages
comme,
par exemple, de l'équipement du côté des loisirs. Et
ce qui me touche plus particulièrement, dans mon comté de
Châteauguay, ce sont les problèmes de transport. Il est connu que,
sur un ouvrage de contrôle, non pas sur celui qui produirait de
l'électricité, mais sur celui qui établirait, à
toutes fins utiles, le réservoir d'eau, il pourrait se faire du
transport, tout au moins du transport en commun. On sait que chez nous le
problème du pont Mercier est un problème grave, moins grave
maintenant, mais quand même encore grave, que celui qui est vécu
sur les autres ponts de la région de Montréal. Et si on pense que
d'ici 20, 30 ou 40 ans, il se bâtira peut-être un pont dans la
région de Montréal pour faire la jonction entre Montréal
et la rive sud, ce n'est quand même pas dans la région du
sud-ouest qu'il se bâtira. Il se bâtira sans doute dans une
région où les problèmes sont encore plus graves, ce qui
serait tout à fait compréhensible.
De là l'importance pour nous que cet équipement, cet
ouvrage de contrôle, se situe entre la réserve indienne de
Caughnawaga - pour vous situer, je pense que c'est mieux connu de la population
- et Sainte-Catherine, qui est une ville de mon comté.
Cet ouvrage de contrôle pourrait être utilisé
à des fins de transport en commun plus spécifiquement, ce
métro régional sur lequel à peu près toute la
population de la région de Montréal pourra compter, sauf nous si
cette structure n'existe jamais. Il faudra la créer de toutes
pièces. Il y aurait là un avantage considérable. De
là principalement mon insistance à valoriser le projet Archipel,
pour cette raison et pour bien d'autres que j'ai fait valoir tout à
l'heure.
Il y a des avantages complémentaires aussi possibles grâce
au projet Archipel. On sait que la technologie qui serait utilisée lors
de la mise en place des équipements serait une technologie relativement
nouvelle, un type de turbines différent de celui qu'on utilise
généralement au Québec dans la mise en place de
l'équipement hydroélectrique. Il s'agirait de turbines
horizontales, du type groupe bulbes, tel que cela a déjà
été utilisé ailleurs, en France particulièrement,
sur le Rhône ou sur le Rance.
Ce type de technologie pourrait être utilisé, bien
sûr, à l'occasion de la mise en place de l'équipement dans
le projet Archipel, mais aussi lorsque l'on voudra utiliser davantage le
potentiel des petites rivières. Cela fait partie du programme
d'équipement d'Hydro, quoique l'on a bien senti dans son programme
d'équipement que ce n'était pas quelque chose de très
urgent. Si je me rappelle bien, elle avait deux hypothèses de programmes
et on avait retenu le moindre des deux.
Et un avantage relié à cette technologie et à la
mise en place d'un tel équipement, c'est qu'il existe chez nos voisins
américains pour une valeur d'à peu près 113 000
méqawatts de potentiel hydroélectrique de petites rivières
qui pourraient utiliser un tel équipement. C'est donc dire que si on y
allait assez rapidement de ce côté-là, on pourrait
être parmi les premiers à compter sur un tel marché, ce qui
serait très intéressant du point de vue de l'économie. On
a dit déjà, même à cette commission, que
l'énergie et les ressources, cela relève du domaine
économique et on pense que c'est un élément important du
domaine économique.
Je pense que c'est un avantage du côté duquel il faudra
reluquer très sérieusement. Je pense que c'est un projet qu'il
faut regarder avec des yeux nouveaux. Évidemment, il y a des gens qui
ont tendance à apeurer le monde et à essayer de leur faire croire
que c'est la catastrophe, comme par exemple ceux qui ont fait croire aux
Amérindiens de Kanawaké qu'on allait inonder leurs terres, alors
que l'objectif fondamental est de régulariser les eaux, donc
d'éviter les inondations. Il ne s'agit pas de noyer guicongue. On ne le
répétera jamais assez, parce qu'ils ont pris très au
sérieux ces peurs que certaines personnes leur ont faites.
Je n'ai fait allusion à personne. J'entends quelqu'un de l'autre
côté qui a l'air de se sentir attaqué. Je n'attaque
personne.
Je pense que c'est important qu'on regarde tout cela d'une façon
très positive, Archipel comme les autres formes de technologie qu'on
pourra utiliser ici.
M. Fortier: Avant les prochaines élections.
M. Dussault: Justement à cause de cette technologie,
à cause de l'approche globale qu'on voudrait voir à ce projet
-projet d'aménaqement global d'abord et avant tout - je pense qu'il faut
regarder cette question avec des yeux nouveaux et chercher si c'est possible
dans une approche d'aménagement aux problèmes qui pourraient se
poser sur le plan psychologique à intégrer dans le projet des
solutions de compensation. Il ne faut pas dire non à tout prix à
la mise en place de tels équipements, mais chercher comment compenser,
si problème il y a, d'une façon qui ne soit quand même pas
trop grave parce que je demeure un défenseur de la nature. Ceci dit, M.
le ministre, je ne vous demanderai pas aujourd'hui d'échéancier
quant au projet Archipel et par sa mise en place, je pense que ce ne serait pas
réaliste, ce ne serait pas raisonnable. On n'en est pas là.
Je sais que du côté du nouveau ministre à
l'Aménagement, l'intérêt est considérable et une des
preuves de cela c'est
qu'en fin de semaine dernière, il recevait dans sa région
l'Association des professeurs de géographie du Québec en
congrès et il leur a parlé du projet Archipel, ce qui a surpris
quand même du monde parce que le monde s'était
déplacé vers Rouyn-Noranda et c'est donc dire que le ministre...
Cela est sans doute relié aussi à certains dommages qui
pourraient être créés dans la région, dans
l'Abitibi. Si à un moment donné, on ne voyait pas à
régler les problèmes d'inondation chez nous et plutôt
essayer de les régler dans les autres régions du Québec
comme on a déjà songé à le faire. Donc le nouveau
ministre de l'Aménaqement a démontré un
intérêt très grand pour cette question jusqu'à
maintenant. Votre prédécesseur, M. le ministre, s'était
montré très intéressé aussi. La meilleure preuve,
je pense, c'est qu'il avait offert sa collaboration pour la mise en place du
comité d'harmonisation sur cette question.
Je n'ai pas vu, évidemment je ne l'ai pas lu dans les moindres
détails, sauf erreur, d'allusion au projet Archipel dans le document que
vous nous avez remis. Vous comprendrez qu'aujourd'hui j'aimerais
connaître votre degré d'intérêt pour le projet
Archipel. Je voudrais ici savoir - ce qui vous permettrait de répondre
à toutes les questions - je sais qu'il reste très peu de temps.
Quand j'aurai fini de vous poser des questions - si vous considérez que
cette question doit faire partie du grand débat sur l'énergie
absolument ou si on peut avancer très fortement ce projet sans attendre
ce débat... On sait que si le débat devait venir relativement
tôt, les études ne seraient peut-être pas terminées
parce qu'on les attend pour la fin de 1982. Je voudrais savoir si vous avez des
raisons de croire que l'intérêt d'Hydro-Québec n'est pas
acquis pour ce projet, ce que vous avez de perception face à Hydro quant
à son intérêt. Je voudrais savoir aussi si toutes les
autorisations qu'Hydro-Québec a besoin d'avoir ou avait besoin d'avoir
pour faire sa partie des études sur le terrain ont été
acquises parce que je sais que quelqu'un a déjà mis en doute
cette question, je voudrais savoir si cela a été le cas, si cela
s'est tassé de ce côté.
Comme dernière question: Si les sommes nécessaires au
budget, s'il y en a des sommes nécessaires d'ici la fin de 1982, ou des
sommes supplémentaires nécessaires pour l'avancement du projet
ont été prévues, si oui de quel ordre et où est-ce
que cela paraît dans les crédits, particulièrement? Je vous
remercie d'avance, M. le ministre, de répondre à ces
questions.
M. Duhaime: La géographie étant ce qu'elle est au
Québec et la localisation, la rivière étant ce qu'elle
est, que l'on soit de la Mauricie, de la Côte-Nord ou de Montréal,
il est évident qu'on voudrait voir les aménagements se faire le
plus près possible de nos régions pour profiter au maximum des
impacts économiques.
Ceci étant dit, je pense que vous avez très bien
souligné dans votre intervention le caractère très large
du projet Archipel qui va beaucoup plus loin que de simples
considérations d'ordre énergétique. Il faut dire que si
l'on s'en tenait à l'analyse de ce dossier essentiellement sur le ratio
coût au kilowatt, le projet Archipel aurait peu de chances - en tout cas,
dans un avenir immédiat - de s'enclencher. Si on fait une comparaison
avec le coût au kilowatt de la Baie-James, ces jours derniers, M.
Laliberté, le président de la Société
d'énergie de la Baie James, après révision des
coûts, établissait à environ 14 500 000 000 $ le coût
du projet de la Baie-James pour aller chercher 10 000 mégawatts. Quand
on regarde la puissance qu'on peut sortir du projet Archipel, c'est aux
environs de 800 mégawatts, 815 mégawatts, et les
évaluations de coûts, à l'heure actuelle, sont de l'ordre
de 4 800 000 000 $ en dollars courants. Ceci veut dire que, sur une approche
strictement énergétigue, il y a un rapport de 1 à 2 entre
le coût au kilowatt du dossier Archipel et le coût au kilowatt
produit à la Baie-James. Mais il ne faut pas essentiellement
s'arrêter à cette considération, il faut voir le dossier
dans un contexte beaucoup plus large d'aménagement du territoire. Entre
autres, la question de la plaine d'inondation, la régularisation des
eaux, fait en sorte que ce dossier mérite qu'on y apporte une grande
attention.
Je suis très heureux de voir que le député de
Châteauguay s'intéresse énormément à ce
dossier. Ce que je peux lui dire, c'est que le comité technique
d'harmonisation se réunit régulièrement. Vous avez
mentionné qu'on pourrait disposer d'une étude de
faisabilité pour la fin de 1982. Selon mes dernières
informations, c'est plutôt au début de 1983. Il faut dire aussi
que, du côté d'Hydro-Québec, pour répondre à
une des questions que vous avez posées, il est évident que son
intérêt porte sur toute rivière où une puissance
peut être installée. Je puis dire aussi que mon collègue,
le ministre d'État à l'Aménagement, qui pilote le dossier
au niveau ministériel, reçoit d'Hydro-Québec une franche
collaboration au niveau de ce comité technique d'harmonisation.
Il est bien certain que ce que vous avez évoqué se relie
à la discussion qu'on a eue tout à l'heure sur le devancement des
programmes d'Hydro-Québec. On ne pourra pas tout faire en même
temps, c'est certain, et un de ces bons matins on sera peut-être, devant
le choix de dire: Est-ce qu'on donne le feu vert au projet Archipel et qu'on
retarde l'aménagement des rivières de la Côte-Nord, par
exemple? Cela peut être le
genre de débat dans lequel on pourrait se retrouver.
Il reste, cependant, qu'il faut considérer que le projet Archipel
touche des centaines de milliers de citoyens qui, chaque printemps, prennent
conscience que la régularisation des eaux est loin d'être faite.
Pour ma part, je pense que c'est un projet qui est grandiose sur le plan de
l'aménagement. Ma seule préoccupation, je la retiens
peut-être de mon passage au ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, mais je n'ai pas eu l'occasion d'approfondir toute la
guestion de la régénérescence des eaux à Lachine,
entre autres, et l'effet du rapide sur le niveau d'oxygénation de l'eau,
il y a beaucoup de pêcheurs qui se posent de sérieuses questions
là-dessus, non pas que leur approche soit négative, au contraire,
mais on veut avoir toute l'assurance que si jamais il y a un impact sur la
faune aquatique et sur les plantes marines qui nourrissent la faune, ce dossier
ne viendra pas...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que la commission
consent...
M. Duhaime: Si vous me donnez quinze secondes.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous terminez ou
si...
M. Portiers Non, je pense qu'il faudrait arrêter.
Le Président (M. Boucher): ...on doit suspendre
immédiatement?
M. Fortier: II faudrait recommander au député de
Châteauguay - il a fait un très beau discours - d'en faire 1000
copies pour distribution dans son comté. Je crois que, selon le
règlement de l'Assemblée nationale, c'était le sens de son
intervention.
Est-ce que je peux suggérer qu'on se retrouve à 15 heures?
C'est le règlement.
Le Président (M. Boucher): À 15 heures. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 28)
Le Président (M. Boucher): M. le ministre vous aviez
commencé à répondre aux questions du député,
est-ce que vous avez terminé? C'est terminé?
M. Duhaime: Pour tout de suite, oui.
M. Fortier: On peut s'entendre, si on dépasse
légèrement 18 heures.
M. Duhaime: Oui, ça me va.
Le Président (M. Boucher): On demandera le consentement
à ce moment-là. Est-ce que les programmes 13 et 14 sont
terminés?
M. Fortier: J'aurais deux ou trois questions et on va en finir
assez rapidement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Parlons du gaz pour commencer. J'avais un
intérêt. Je regardais le dernier rapport annuel de Gaz
Métropolitain et j'ai noté, ce qui est contraire à
plusieurs sociétés d'État, que le président de Gaz
Métropolitain ne faisait plus partie du conseil d'administration. Est-ce
qu'il y a une raison à cela? II l'était, mais il ne l'est plus
depuis la prise de contrôle par la caisse de dépôt.
M. Duhaime: II reste comme PDG mais sans siéger au conseil
d'administration.
M. Fortier: Est-ce qu'il y a une raison publique ou connue?
Non?
M. Duhaime: Non, il n'y a pas de raison particulière.
M. Fortier: Non? Parfait. On va finir l'article 13. Dans le
domaine nucléaire, on parlait hier de représentations à
Ottawa. Je voudrais porter à l'attention du ministre un entrefilet de la
Presse du samedi 30 mai voulant qu'Ottawa auqmente son aide à la
centrale de Pointe Lepreau.
M. le ministre, pour votre information, ce qu'Ottawa a fait dans le
passé, c'était de participer au financement de la première
centrale nucléaire soit au Québec ou dans n'importe quelle autre
province. Là, je m'aperçois que le Nouveau-Brunswick a obtenu un
financement additionnel; je me demandais si le ministère ou
Hydro-Québec était au courant de cela. Je sais que dans le
passé Hydro-Québec avait fait des interventions, étant
donné le coût additionnel de Gentilly II, pour obtenir une aide
accrue du gouvernement fédéral. Je me demandais si l'intervention
d'Ottawa, dans le cas de Pointe Lepreau, pourrait être
interprétée comme un précédent qui pourrait
favoriser un financement accru pour Gentilly II également. (15 h 30)
M. Duhaime: Ce que vous évoquez vous
réfère... Je ne sais pas si vous avez en main le
communigué de presse, vous avez l'air d'avoir plutôt une coupure
de journal.
Effectivement, un communiqué de presse a été
émis le 29 mai et je vais vous lire un paragraphe qui rejoint
passablement ce que vous dites; ensuite, je vais vous faire un commentaire
là-dessus.
C'est à la page 2 du communiqué: Conformément
à son programme de remplacement du pétrole, le gouvernement
fédéral a encouragé les services publics
d'électricité des différentes provinces à s'engager
dans la création de centrales nucléaires et a offert d'aider
financièrement à la construction de la première centrale
nucléaire commerciale de chaque province.
Je n'ai pas eu l'occasion, jusqu'à présent, de discuter
formellement de cette question avec le ministre fédéral de
l'Énergie, des Mines et des Ressources. À partir du moment
où nous, ici, à Québec, aurons pris une décision
quant à un moratoire, mon approche.
M. Fortier: ...existante.
M. Duhaime: Oui, je sais. ...serait beaucoup plus de tenter
d'atteindre un des objectifs du gouvernement fédéral qui consiste
à se détacher au maximum du pétrole vers d'autres formes
d'énergie dont le nucléaire, au point de vue
fédéral.
J'ai l'intention d'examiner une solution de rechange quant à ces
millions de dollars qui vont aller dans les provinces qui opteraient pour le
nucléaire à l'occasion de la construction d'une première
centrale; parce que le Québec a décidé un moratoire, il ne
faudrait pas qu'il en soit pénalisé. Je pense qu'il y aurait
peut-être moyen d'ouvrir le dossier pour que les montants des subventions
soient versés selon une programmation dans d'autres formes
d'énergie que le nucléaire, en tenant pour acquis que le
moratoire est maintenu.
Maintenant, pour ce qui est de Gentilly II, tout le monde sait qu'il y a
des dépassements dans les coûts. Je pense que c'est le cas de la
plupart des chantiers de construction dans les centrales nucléaires.
Est-ce qu'un transfert d'argent pourrait éventuellement être fait
du gouvernement fédéral vers le Québec et applicable
à Gentilly II?
M. Fortier: Hydro-Québec a obtenu 150 000 000 $.
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Ma question était compte tenu de...
M. Duhaime: Je parle essentiellement...
M. Fortier: Ce n'est pas une subvention, c'est un prêt
à intérêt réduit. Je me demandais si, compte tenu du
fait qu'il existait un prêt déjà et qu'Hydro-Québec
avait tenté, dans le passé, de faire augmenter ce prêt, si
compte tenu du précédent en faveur de Pointe Lepreau, on ne
pourrait pas se servir de cela pour obtenir notre part du marché.
M. Duhaime: II est bien évident que cela peut nous servir
de précédent utile à être évoqué. Pour
ma part, j'appelle cela une subvention, parce que quand vous faites un
prêt - et c'est le cas de Pointe Lepreau -les intérêts sont
rayés jusqu'à concurrence de... Le prêt était de
l'ordre de 350 000 000 % et on efface les intérêts sur trois ans,
c'est-à-dire jusqu'au 8 octobre 1982, cela représente 34 000 000
$ de moins, ce qui veut dire 102 000 000 $ sur trois ans.
M. Fortier: Sur trois ans.
M. Duhaime: Donc, si on rabat les intérêts, c'est
évident que c'est une subvention. Cela peut, bien sûr, nous servir
de prétexte à évoquer dans nos discussions, je ne l'exclus
pas, mais je ne voudrais pas que, par ce biais, le gouvernement
fédéral s'introduise dans l'établissement de nos
politiques énergétiques, au point de remettre en cause, par ce
biais, le moratoire qui est actuellement décidé au
Québec.
M. Fortier: Non, la seule raison pour laquelle je croyais que ce
serait peut-être une façon de le faire, c'est que je crois
qu'Hydro-Québec... La seule raison pour laquelle, M. le ministre, je ne
crois pas que cela va être une intervention dans le sens que vous le
dites, qui irait dans le sens de passer outre au moratoire, c'est que la
construction est quasiment terminée et que, de plus, je pense qu'il y
aurait beaucoup à faire, il faudrait faire état du fait que
Gentilly II a été un prototype. Cela a été la
première centrale de 600 mégawatts au Canada qui a servi de
tremplin pour construire Pointe Lepreau, le réacteur en Argentine, le
réacteur en Corée et celui qui a été vendu
également en Roumanie. Ce qui fait que, pour plusieurs raisons qu'il
serait trop long d'évoquer ici, Hydro-Québec a été
le "guinea-pig" qui a subi les avatars des négociations avec la
Commission de contrôle de l'énergie atomique. À mon avis,
on a un dossier assez important pour faire valoir, compte tenu de la subvention
qui a été donnée à Pointe Lepreau et compte tenu du
fait que Gentilly II, à toutes fins utiles, a été un
prototype, qu'il serait normal que le fédéral donne la même
aide à Hydro-Québec que celle qu'il a donnée à
Pointe Lepreau. Enfin, je voulais juste le porter à votre attention.
J'aurais quelques questions, rapidement. Je ne voudrais pas prendre trop
de temps,
parce qu'on veut passer aux pâtes et papiers. Est-ce qu'au moment
où on se parle, le ministère a trouvé un président,
un PDG pour SOQUIP? Je sais qu'une recherche a été faite; est-ce
que très bientôt vous allez être en mesure d'annoncer...
M. Duhaime: Les recherches se poursuivent. J'ai bien hâte
que l'on mette la main sur l'oiseau rare. Je pense que c'est urgent que l'on
fasse une nomination à la présidence de SOQUIP.
M. Fortier: Pour le moment, vous n'avez pas de nomination
à faire.
M. Duhaime: Non.
M. Fortier: Dans le rapport de SOQUIP, on faisait allusion au
fait que l'exploitation du gaz de Saint-Flavien était commencée
depuis le 31 mars 1980. Donc cela fait un an. Est-ce qu'on pourrait faire
état de la rentabilité de cette exploitation? Est-ce que
réellement c'est rentable?
M. Duhaime: II semble que la rentabilité est à peu
près au niveau escompté. Le seul problème qu'on a connu,
ce n'est pas un problème lié comme tel à la vente du gaz,
mais plutôt à la conjoncture du client et à la conjoncture
de la construction. Comme c'est une briqueterie qui achète le gaz, il y
a eu moins de ventes qu'escompté. Mais le niveau de rentabilité,
compte tenu des volumes vendus, est au niveau souhaité.
M. Fortier: J'imagine que cela prouve que dans le domaine du gaz,
le fait d'avoir une vente disséminée entre plusieurs clients est
un facteur important. D'ailleurs, même Gaz Inter-Cité et Gaz
Métropolitain ont fait état du fait qu'ils voulaient avoir une
clientèle diversifiée, justement pour pouvoir s'assurer de
revenus annuels importants. Alors, dans ce sens, ce n'est peut-être pas
surprenant.
En ce qui concerne Nouveler on va tout de suite y passer. J'ai vu dans
l'Arqus la nouvelle, qu'il y avait deux nouvelles filiales. C'était,
d'une part, l'annonce d'une filiale qui s'appelait Éconoler, une
entreprise de services gérant des programmes d'économie
d'énergie. 20% des actions sont détenues par la firme
d'ingénieurs Angers, Drouin, Simard et Associés. J'imagine que
c'est une société qui va être utilisée exclusivement
par le gouvernement ou les sociétés parapubliques.
La question qui m'importait ici c'est: Comment cette
société d'ingénieurs a-t-elle été choisie?
Je sais que le gouvernement, dans le passé, a toujours prétendu
agir sans patronage et qu'on faisait toujours référence à
un ordinateur. Dans ce cas-ci, d'autant plus que cette société
dite d'ingénieurs ne fait même pas partie de l'Association des
ingénieurs-conseils du Québec et qu'il s'aqit d'une
société de consultants, je me demandais de quelle façon le
choix avait été fait et à qui cette société
offrirait ses services. Est-ce qu'il y a un marché gouvernemental qui
lui est donné d'emblée et qui va exclure toutes les autres
sociétés d'ingénieurs-conseils?
M. Duhaime: J'imagine que vous vous référez
à la firme d'ingénieurs-conseils Angers, Drouin, Simard et
Associés.
M. Fortier: D'après la loi du Québec, vous ne
pouvez pas l'appeler une société d'ingénieurs-conseils. Il
s'agirait d'un groupe de consultants.
M. Duhaime: C'est "limitée", cela m'a l'air d'une
corporation. Effectivement, trois qroupes ont été appelés
à formuler des propositions. Nouveler a retenu la proposition qui lui
semblait répondre le mieux aux objectifs.
Sur le second volet, non, il n'y a pas de marché fermé
là-dessus. Dans les sociétés d'État ou dans les
agences du gouvernement, le marché est ouvert et il n'y a pas de place
spéciale faite à Éconoler ou même à Canair
à l'exclusion de toute autre.
M. Fortier: Vous ne trouvez pas, M. le ministre, que si Nouveler
voulait inviter des firmes, elle aurait dû faire une invitation publique
pour, éventuellement, en arriver à une liste plus courte qui
aurait permis de faire un choix plus ferme? La question qui me vient à
l'esprit est: Qui a choisi le nom des trois firmes à l'exclusion des 500
autres au Québec?
M. Duhaime: Les trois ont été choisies
essentiellement en fonction de l'expérience de ces firmes dans le
domaine de l'économie d'énergie et l'Association des
ingénieurs-conseils a également été mise au courant
et même rencontrée pour discuter de cette problématique
quant au choix et quant au concept également.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut avoir le nom des deux autres firmes
qui ont été approchées?
M. Duhaime: Oui, je ne sais pas si on peut vous les donner tout
de suite, mais on pourrait vous les donner au cours de l'après-midi.
M. Fortier: Dans le cas de Canair, ça me semble un cas
typique où le bureau concerné avait fait du développement
dans ce domaine. D'ailleurs, c'est en majorité dans le secteur
privé; j'imagine que ça va être un domaine très
concurrentiel parce que
la preuve n'est pas faite que ça va être facile dans le
secteur, alors il y a un investissement qui est vraiment difficile à
faire. Dans le premier cas, ça me semble être plus délicat
parce que, dans le domaine des services, ça demande peu
d'investissements. J'aurais pensé que, compte tenu du fait qu'une
société comme celle-là, qui est propriété
majoritaire de Nouveler, est donc une société d'État, que
ça va être un argument décisif pour aller chercher des
contrats gouvernementaux à gauche et à droite.
M. Duhaime: En fait, je devrais peut-être attirer votre
attention sur un élément important. J'ai ici le communiqué
qui a été émis par Nouveler, le 27 mai. Il y a un volet
très important qu'il ne faut pas sous-estimer dans le mandat
d'Éconoler, c'est que cette compagnie pourra offrir des qaranties quant
à l'amortissement de l'investissement sur une période de cinq
ans. Alors ce n'est pas essentiellement une entreprise qui va offrir des
services porfessionnels, elle va aussi faire une partie du financement;
services de gérance et de financement.
M. Fortier: Oui, il est bien certain que si c'est Nouveler qui
est actionnaire à 80% de la firme et l'autre à 20%, mon
expérience des affaires me démontre que si elles vont chez le
banquier ou si elles donnent des qaranties, les institutions prêteuses
vont prêter beaucoup plus d'attention à Nouveler à 80%
qu'à l'autre firme qui détient uniquement 20%. Alors, finalement,
ça va être l'État qui va cautionner.
M. Duhaime: II n'y aura pas nécessairement un
cautionnement du gouvernement du Québec dans chacune des interventions,
au contraire.
M. Fortier: Ici, on dit: Disposeront d'un financement par la
Banque Nationale. Alors, si je comprends bien, on va faire une étude
pour déterminer si la compagnie X ou tel endroit devrait subir des
modifications pour faire des économies d'énergie. Il va y avoir
un investissement à faire, l'investissement va être fait par la
Banque Nationale et j'imagine que cette société sera
appelée à endosser l'emprunt ou à cautionner l'emprunt
d'une certaine façon. C'est comme ça que j'ai lu la...
M. Duhaime: Je pense que votre question est beaucoup pour vous
assurer si, par le biais d'une ou des sociétés d'État, le
gouvernement du Québec ne serait pas appelé à donner sa
garantie sur du financement. En fait, ce n'est pas un précédent
qu'on crée. Beaucoup de sociétés d'État du
Québec ou leurs filiales font des affaires et font des emprunts sur la
base de leurs simples états financiers, sans qu'il soit
nécessaire d'avoir la siqnature du ministre des Finances. Je pense que
c'est dans ce sens qu'on pourra travailler avec Éconoler. Il n'est pas
exclu qu'à l'occasion, dépendant des projets, bien sûr
certains financements puissent nécessiter un endossement ou une garantie
de l'État, mais j'avoue honnêtement que le fardeau de la preuve
sera de leur côté parce que ce sera en dernier ressort qu'on le
fera. (15 h 45)
M. Fortier: Finalement, j'aurais une question... En ce qui
concerne le programme 13, pour ma part, c'est adopté.
Le Président (M. Boucher): Le proqramme 13 est-il
adopté?
M. Fortier: J'arrivais au programme 14.
Études, recherches et interventions concernant
l'énergie
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme
14.
M. Fortier: II y a des baisses de budget. À 14.1,
politique et straqégie, il y a une baisse de personnel
considérable. Il y a une question que j'aimerais poser ici. Il y a une
baisse, on dit, de 72,58. À quel endroit a-t-on coupé? Ici, si je
comprends bien, il s'agit de tous ceux qui, au ministère, conseillent le
ministre, font des études et des analyses des différentes
politigues et suivent le dossier énergétique. C'est cela, en
gros. Est-ce que vous avez coupé, je ne sais pas, parmi les
secrétaires, parmi les économistes, parmi les inqénieurs
ou le personnel formé de ceux qui sont le plus à même de
conseiller le ministre dans ce qenre de dossier? C'est peut-être
seulement une coupure de papier.
M. Duhaime: Cela commence à ressembler à cela,
d'après ce qu'on me dit. Ce serait une erreur...
M. Fortier: Vous étiez 58 et vous êtes encore
58.
M. Duhaime: Non, on serait 72 pour rester à 72. Vous allez
retrouver plutôt au proqramme 5, élément 1...
M. Fortier: Oui, il y a une augmentation.
M. Duhaime: C'est une inversion. En fait, la baisse des
crédits au programme 14.1, une compensation budgétaire au niveau
du Conseil du trésor. Pour ce qui est de la réduction de
l'effectif permanent, c'est exactement l'inverse que vous retrouvez en cinq
ans.
M. Fortier: Quel est le but de ce réaménagement?
Est-ce que cela peut être interprété, M. le ministre, comme
étant une augmentation à la direction du ministère, mais
une baisse au niveau énergétique, du personnel attitré au
domaine énergétique? Vis-à-vis d'Ottawa, ce serait
important que le Québec puisse défendre ses dossiers avec
acharnement et que le ministre soit entouré de fonctionnaires
compétents. J'ose espérer que le but du ministre n'est pas de
diminuer la capacité d'intervention du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: ...sur les résultats, mais pour
répondre à votre question de façon précise, il
faudrait faire la correction au programme 14.1: 1980-1981, 72, et 1981-1982, 72
également.
M. Fortier: Au même salaire? Tous les fonctionnaires au
ministère ont le même salaire cette année que l'an dernier.
C'était 2 900 000 000 $ et c'est encore 2 900 000 000 $.
M. Duhaime: Les montants de crédits sont exacts. L'erreur
a été faite au niveau du nombre de postes. À 5.1 vous
allez voir 71 postes. Pour se démêler, si vous allez à la
page 32 du document synthèse, à 5.1, vous allez voir 1980-1981,
employés permanents 71. Au lieu de 71, il faut lire 85, ce qui donne la
différence de 14.
M. Fortier: En 1980-1981?
M. Duhaime: C'est cela.
Alors, ce qui s'est produit, c'est qu'au lieu d'inscrire 85 pour
l'exercice 1980-1981 dans les employés permanents à 5.1, cela a
été reporté à 14.1 sur l'exercice 1981-1982. Alors,
si vous déplacez votre 14 pour le remettre au bon endroit, toutes vos
colonnes vont balancer, votre 71 va être porté à 85.
M. Fortier: Alors, à 5.1 qu'est-ce qu'on doit lire? On
doit lire 87 permanents.
M. Duhaime: 85 au lieu de 71 pour l'exercice 1980-1981.
M. Fortier: Et le total que je vois c'est 88.
M. Duhaime: C'est cela.
Et ensuite, vous faites l'opération inverse à la colonne
1980-1981 à 14.1. Alors, vous lisez 54 et 68 moins 14. Ce qui vous donne
58 au lieu de 72. Ce qui vous laisse à 58 également pour
1981-1982. Je ne sais pas si on se comprend.
M. Fortier: D'accord.
M. Duhaime: À 14.1 pour 1980-1981 vous avez 54 au lieu 68,
ce qui vous donne plus 4, 58. C'est le même nombre pour 1981-1982 qui
vous donne 58.
M. Fortier: À 14.1 cela va. 14.2, énergie
conventionnelle, qu'est-ce que c'est? C'est à peu près le
même genre d'analyse, la recherche d'hydrocarbure incluse.
Il n'y a pas de changement significatif là. 14.3, c'est le
programme d'économie d'énergie. Vous restez avec un budget
substantiel ici quand même, dans le domaine des économies
d'énergie, même au niveau des transferts, 5 900 000 $.
Est-ce qu'on peut nous donner quelques explications?
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Étant donné que je pensais que tout le
domaine des économies d'énerqie était
transféré à Hydro-Québec, on reste avec un budget
quand même assez considérable.
M. Duhaime: En fait, c'est tout le volet d'aide-conseil dont les
coûts vont être supportés à 50% par
Hydro-Québec et 50% par le ministère.
On évalue, par exemple, que le volet d'aide-conseil, à
l'intérieur du programme d'efficacité énergétique
qui va être en opération cet automne, administré par
HydroQuébec et le gouvernement devrait nous coûter à peu
près 2 000 000 $.
Je peux donner le détail assez exhaustif que j'ai ici. Pour nous
permettre de fermer, en quelque sorte, le premier programme d'isolation des
maisons qui était administré par le ministère, on
prévoit 3 000 000 $. Pour le programme d'efficacité
énergétique, à partir d'octobre jusqu'à la fin de
notre exercice financier, on évalue les prévisions à 2 000
000 $. Pour le programme d'isolation des maisons des Iles-de-la-Madeleine, on a
prévu 875 000 t. Il y a un "divers" de 30 000 $, ce qui fait 5 905 000
$, c'est-à-dire, en arrondissant, à peu près 6 000 000
$.
M. Fortier: Est-ce qu'il vous reste un coussin? Il faudrait qu'il
vous reste un coussin pour aider les gens de ce côté.
M. Duhaime: II reste un coussin. Je pense qu'on va le trouver
plutôt au poste de 3 000 000 $ et vous avez une excellente idée.
On pourrait peut-être voir de ce côté ce qu'on peut
faire.
M. Fortier: Finalement, dans le développement des
énergies nouvelles, je vois qu'on a réduit notre budget, compte
tenu de l'inflation. Avant cela, j'aurais une question. Le personnel qui
était au Bureau des
économies d'énergie a subi une coupure; où est
rendu ce personnel? Est-ce qu'il a simplement été mis à la
porte, est-ce qu'il se cherche de l'emploi ou est-il transféré
à d'autres ministères?
M. Duhaime: II y a à peu près une soixantaine
d'employés au Bureau des économies d'énergie qui sont
actuellement au travail pour terminer le programme d'isolation des maisons. On
prévoit que cela peut prendre trois ou quatre bons mois pour fermer ce
dossier. Ensuite, ces gens vont être affectés à la mise en
route du nouveau programme d'efficacité énergétique pour
la partie aide-conseil, en particulier, et des discussions sont actuellement
ouvertes avec Hydro-Québec pour voir s'il n'y aurait pas moyen
d'intégrer une partie de ces gens, de ces employés qui, au fil
des années, ont développé une expertise. On va
peut-être se retrouver avec un surplus. On verra à ce moment, mais
je ne pense pas qu'on puisse évaluer avant six à huit mois
exactement pour savoir, sur les soixante, si ce sera cinq, six ou dix en
trop.
M. Fortier: Avec votre programme, vous disiez que vous aviez 2
000 000 $, je ne sais pas trop, 3 000 000 4 pour fermer le programme. En fait,
c'est le personnel. 60 personnes, pour trois mois, pardon, pour l'année,
je veux dire qu'il va être là pour l'année; 60 personnes
pendant un an, combien cela coûte-t-il? Au moins 25 000 $ chacun? 20 000
$?
M. Duhaime: II n'y a aucun salaire dans les 3 000 000 $ ou dans
les 2 000 000 $.
M. Fortier: Les salaires se trouvent à quel endroit?
M. Duhaime: Au fonctionnement. À 14, élément
3, fonctionnement, 2 637 500 $.
M. Fortier: Finalement, au développement des
énergies nouvelles, qui est un domaine extrêmement important, il y
a un fonctionnement qui est quasiment aussi important que les subventions. Il
me semble que ce serait mieux de donner des subventions et de diminuer le
fonctionnement, si on veut faire avancer les choses. Autrement dit, si je
comprends bien, vous analysez, vous analysez, mais il ne reste plus d'argent
pour les subventions à ceux qui voudraient faire avancer les dossiers.
Cela baisse de 600 000 $ à 150 000 $. J'imagine qu'à l'origine
vous aviez l'ambition de donner beaucoup plus d'argent en subventions.
Qu'est-ce qui est fait dans le fonctionnement, réellement? À
moins que ce soit cela, là? (16 heures)
M. Duhaime: Oui, il y en a sept.
D'ailleurs, vous l'avez aux crédits. M. Fortier: Je
m'excuse.
M. Duhaime: Ce qui peut paraître un peu curieux, c'est
qu'on serait tenté de diviser 635 000 $ par 7 et en venir à la
conclusion que ces qens sont bien payés, mais...
M. Fortier: Mieux payés que les députés.
M. Duhaime: Même les ministres. J'ai un détail plus
précis. Cela se divise comme ceci: Au chapitre des traitements, c'est
204 000 $. Je vais vous les donner en chiffres arrondis: 205 000 $ en
traitements, communications 8000 $ et les contrats de service de 423 000 $.
Pour ce qui est de l'élément 2, il s'agit de 550 000 $ qu'on
prévoit pour les projets. En fait, les subventions varient de 25 000 $
à 30 000 $, parfois même à 50 000 $ selon les dossiers. Par
exemple, sur l'utilisation du bois de chauffage, l'étude sur les
déchets urbains et agricoles...
M. Fortier: C'était 600 000 $ l'an dernier. Pas
aujourd'hui, mais la semaine prochaine, pourriez-vous nous faire obtenir la
liste des...
M. Duhaime: Cela a déjà été rendu
public dans un communiqué.
M. Fortier: Oui, cela a déjà été
rendu public par morceaux, mais est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste
avec une petite explication?
M. Duhaime: On va vous la retrouver facilement.
M. Fortier: Mais cela veut dire quoi, dix ou vinqt subventions?
En moyenne, c'est quoi? C'est 50 000 $ de subventions?
M. Duhaime: Non, ce n'est pas autant que cela. C'est environ 30
000 $ par projet. Depuis le début du programme, il y a trois ou quatre
ans, cela peut être une cinquantaine de projets. Sur le dernier exercice,
cela peut être une douzaine et on va vous transmettre une copie du
communiqué.
M. Fortier: Si je comprends bien, il y a des valeurs qui s'en
vont vers certaines énergies nouvelles. Il y a Hydro-Québec qui
développe des éoliennes. Il peut y avoir d'autres
sociétés d'État qui s'intéressent à d'autres
projets. Avez-vous une mission propre pour essayer de développer
d'autres énergies nouvelles qui ne sont pas développées
par des sociétés d'État ou quoi?
M. Duhaime: Pour commencer, ce qu'on va essayer de faire, c'est
d'éviter le double emploi, c'est certain. De l'autre côté,
une saine émulation, ce n'est pas nécessairement mauvais en soi,
mais je pense qu'on n'est pas encore rendu à l'étape où on
va trancher sur les spécialités quant à l'un, quant
à l'autre.
M. Fortier: Est-ce que l'aide à la fusion est ici?
M. Duhaime: L'aide à la fusion, c'est ici.
M. Fortier: Est-ce que le gouvernement provincial donne quelque
chose pour la fusion ou si cela vient d'Hydro-Québec.
M. Duhaime: C'est de l'Hydro-Québec.
M. Fortier: Finalement, j'ai seulement une question sur le...
J'étais sur la liste de ceux qui recevaient une publication du
ministère. D'ailleurs, vous en avez plusieurs, mais il y en a une dans
le domaine de l'énergie. Vous avez une publication dans le domaine de
l'énergie; quel est le titre? Je ne me souviens pas.
Une voix: Énergie Nove.
M. Fortier: Oui, quelque chose comme ça. Je me demandais
comment cela coûtait, ce genre de revue que vous publiez et je me
demandais également pour quelle raison c'était si important pour
le ministère de publier sa propre brochure?
M. Duhaime: Énergie Nove, c'est une revue qui est
préparée par le Centre de recherche industrielle, par le CRIQ,
qui est diffusée également par le CRIQ.
M. Fortier: Sous l'égide du ministère?
M. Duhaime: Oui, parce que c'est le ministère qui le
finance.
M. Fortier: Votre nom apparaît en...
M. Duhaime: Oui, c'est le ministère qui le finance pour
environ 300 000 $ l'an dernier. 300 000 $ vaut pour les trois années du
programme qui en est à sa deuxième, 100 000 $ par année
sur trois ans. Le but est de permettre au CRIQ de donner de l'information aux
PME.
M. Fortier: D'une façon qénérale, il y a des
articles, là-dedans, qui sont très généraux, qui
s'adressent à tout le monde. Je me souviens en avoir vu un l'an dernier
sur l'énergie solaire. Je ne voudrais pas insulter l'auteur de l'article
- il est ici - qui faisait état du fait que l'énergie solaire
permettrait le réchauffement de l'eau des piscines, et il donnait cela
comme exemple pour régler la crise énergétique. Cela m'a
fait sourire parce que l'énergie solaire, dans le domaine des piscines,
va permettre à ceux qui n'avaient pas les moyens de chauffer leur
piscine de le faire dans l'année. On donne ça comme exemple pour
régler la crise énergétique, ça fait un peu
pitié.
Je sais que le gouvernement essaie de couper, dans le moment - on a
parlé de 100 000 $ - et je me demandais dans quelle mesure, au lieu de
créer des orqanes nouveaux, comme ça - je sais qu'il y a des
revues qui existent, je fais allusion, entre autres, à la revue
L'Ingénieur qui est distribuée à tous les
ingénieurs du Québec et qui a beaucoup de difficulté
à arriver - il aurait été moins coûteux pour le
ministère d'aider des organes qui existent déjà et de
faire en sorte que, s'ils ont un article à faire paraître de temps
à autre, qu'ils le fassent paraître dans un organe
déjà existant qui va le diffuser. Il semblerait que chaque
ministère, dont le vôtre, tient absolument à publier sa
revue propre dans ces secteurs. Si on tient compte des coupures de budget, il
me semble que c'est un endroit où on pourrait produire les mêmes
résultats différemment.
M. Duhaime: En fait, cette publication, Énergie Nove -
c'est peut-être ma réponse qui vous a induit en erreur
tantôt - ne coûte pas 100 000 $ par année, c'est tout le
programme qui coûte 100 000 $ par année dont cette publication est
un des éléments. Si on parle en termes...
M. Fortier: La publication de la revue comme telle.
M. Duhaime: Ce sont simplement les frais de publication que
ça implique. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de tout regrouper cela
ensemble? J'ai des doutes sur le succès d'un tel exercice. En
général, on a plutôt tendance à agir en sens
inverse.
M. Fortier: J'ai terminé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, si j'ai bien compris,
le ministre serait à mettre au point un nouveau programme
d'économie d'énergie. Cela veut donc dire des subventions aux
propriétaires qui veulent isoler leur maison.
M. Duhaime: Oui.
M. Bélanger: Cela me fait plaisir d'en parler ici alors
que tous les hauts fonctionnaires du ministère sont présents; je
sais qu'ils ont des fonctions tellement
importantes qu'ils n'ont pas le temps d'écouter nos débats
à l'Assemblée nationale. J'en ai parlé la semaine
dernière, vous avez eu un programme de conservation d'énergie. Un
de mes commettants est venu me rencontrer, il a communiqué avec le
ministère pendant deux mois, il a rempli des formulaires, il a fait des
appels téléphoniques, des appels interurbains, etc., pour avoir
la jolie somme de 5 $ de subvention. Je suis sincère, c'est vraiment ce
qu'il a reçu, 5 $; j'ai d'ailleurs le numéro du dossier de votre
ministère. Il devrait y avoir un minimum de décence. Il
n'était pas content; quant à moi, j'étais très
fier, je m'en suis servi pendant la campagne électorale, mais lui
n'était pas heureux.
M. Duhaime: C'est ça qui vous a fait élire.
M. Bélanger: C'est ce qui m'a fait élire,
d'ailleurs.
Une voix: Une belle contribution du ministère.
M. Duhaime: Je surveillerais mon siège, si c'est le
cas.
M. Bélanger: II reste une chose, c'est que les
fonctionnaires ont travaillé, le monsieur a eu à communiquer avec
vous, à remplir des formulaires, vous avez imprimé des
formulaires, vous avez émis un chèque, etc.; mais émettre
un chèque de l'ordre de 5 $, ça coûte exactement le
même prix qu'émettre un chèque de 5 000 000 $. Cela ne
vient pas du fédéral, ça vient du provincial; du
fédéral, il a obtenu 392 $.
Je voudrais juste m'assurer que le ministre est conscient de cela et les
fonctionnaires aussi. C'est pour cela que ça me fait plaisir d'en parler
devant vous. On met au point un programme, on est conscient que
l'énergie, c'est important, mais peut-être devrait-il y avoir un
barème ou, au moins, une subvention minimale. En bas de 100 $ je ne
pense pas que ça vaille le coup d'enclencher tout le processus pour
donner une subvention.
M. Duhaime: Vous avez parfaitement raison, si vous avez
gagné vos élections avec ça, je suis très heureux
pour vous.
Si vous permettez, je voudrais remettre au député
d'Outremont ce qu'il me demandait tantôt au sujet des énergies
nouvelles pour 1980-1981. Vous avez le total de 349 530 $ avec la liste des
projets.
Je pourrais peut-être profiter de l'occasion pour vous donner
votre réponse tout de suite sur les noms des autres firmes
d'ingénieurs-conseils: la firme Caron et Racine; Chalifour et Marcotte;
Angers, Drouin et Simard dont l'offre a été retenue.
J'ajoute qu'il y a effectivement eu deux réunions avec
l'Association des ingénieurs-conseils qui ont porté sur le
concept de l'entreprise. C'est pour vous donner toutes les assurances, M. le
député d'Outremont, qu'il n'y a pas eu de patronage.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pontiac, s'il vous plaît.
M. Middlemiss: M. le ministre, dans le domaine du
développement des économies d'énergie, est-ce que le
ministère va considérer la révision de certaines normes
existantes comme, par exemple, l'intensité de l'éclairage dans
les édifices, sur les routes et les rues et d'autres normes qui ont
été établies alors que les sources d'énergie
existaient en abondance et que le coût était raisonnable?
M. Duhaime: Je ne serais pas en mesure de vous répondre de
façon ferme et catégorique mais je crois que ces normes ont
été revisées. La Loi sur l'économie de
l'énergie dans le bâtiment ayant été adoptée,
les règlements qui vont en découler sont en préparation et
seront acheminés en temps utile au Conseil des ministres. Je ne suis pas
en mesure de vous dire si ça va traiter de la formaldéhyde
d'urée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Châteauguay, brièvement.
M. Dussault: Si vous m'en donnez la permission, si c'est toujours
sur la question énergétique, je vais laisser le
député de Richmond faire son intervention et, à la fin des
interventions sur la question de l'énergie, je vais revenir sur le sujet
de l'Archipel, parce que le ministre n'a pas répondu à toutes mes
questions ce matin.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Ma question s'adresse au ministre.
Relativement à tout citoyen qui voudrait, lors de la construction d'une
maison au Québec, faire appel à son ministère soit pour
des conseils ou subventions pour l'installation d'un système solaire,
est-ce qu'il y a quelqu'un à votre ministère qui puisse
conseiller ces gens et est-ce qu'un aide financière est disponible?
M. Duhaime: À cause des ressources financières
qu'on a à notre disposition, il n'y a pas eu à ce jour de
subventions de versées à des individus pour des installations
solaires. Je dois ajouter aussi que nous n'avons pas, à toutes fins
utiles, tout le personnel requis pour être en mesure de répondre
au public en général pour des demandes d'information. Nous nous
contentons, d'accueillir les gens et
de les diriger du mieux que l'on peut, avec les moyens du bord, soit
vers des réalisations qui ont déjà été
faites pour qu'elles puissent être vues et, à toutes fins utiles,
ce serait faux de vous dire qu'on est en mesure de fournir, d'une façon
bien précise, une aide-conseil, à l'heure actuelle, dans ce
domaine. (16 h 15)
M. Vallières: Financière non plus.
M. Duhaime: Financière non plus, au niveau des individus.
Quoique des subventions aient déjà été
versées sur des projets. Ce n'est pas à des individus.
M. Vallières: Ce qui signifie quand même que l'aide
au niveau des individus pourrait être souhaitable si le budget le
permettait, éventuellement.
M. Duhaime: En fait, il y a peut-être une
possibilité. Le programme de conversion pourrait s'appliquer à
ces dossiers, mais c'est quand même une aide limitée à
$800. Je ne sais pas si ça peut répondre directement à
votre préoccupation: Si vous voulez ma réaction, cela ne me
paraît pas énorme. J'ai l'impression que le coût des
investissements pour une conversion au solaire pourra être passablement
plus élevé, sur une construction nouvelle. Je n'ai pas
d'idée, mais sur une résidence déjà en place
où il s'agit de commencer de jouer avec les toits, etc., j'ai
l'impression qu'avec 800 $, ça peut ne pas être beaucoup.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, sur les
questions du député de Châteauquay, pour terminer 14.
M. Dussault: Est-ce que je dois répéter mes
questions, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): J'espère que le
député de Châteauguay ne répétera pas son
brillant exposé.
M. Dussault: Remarquez que, quand on a commencé nos
travaux, M. le ministre, comme j'ai beaucoup de respect pour les gens de
l'Opposition, vous le savez, c'est de notoriété publique, je n'ai
pas voulu revenir là-dessus et je sais surtout qu'ils étaient
très pressés de continuer à faire leur travail
d'Opposition. Mais il y a deux questions sur lesquelles j'aimerais revenir. Ce
sont celles qui concernent les autorisations qui devaient permettre à
Hydro-Québec de faire son travail de recherche sur le terrain. Elle a eu
toutes les autorisations dont elle avait besoin. La deuxième question
à laquelle j'aurais besoin d'une réponse, est-ce qu'il y a des
sommes au budget, relativement à Archipel ou si, en fin de compte,
l'erre d'aller de ce projet est telle qu'il ne nécessite pas d'autres
sommes d'arqent pour le moment?
M. Duhaime: À votre première question, pour les
autorisations à être accordées à
Hydro-Québec, un arrêté en conseil est en
préparation qui devrait donner le feu vert au cas où
Hydro-Québec aurait besoin de procéder à des
expropriations pour les fins d'études. Je ne vois aucun problème
de ce côté.
Deuxièmement, pour ce qui est des ressources financières,
on n'a pas besoin de crédits additionnels pour l'instant. Les gens du
ministère qui sont impliqués dans ce dossier au niveau de
l'étude de faisabilité, et qui travaillent avec le comité
d'harmonisation, sont en mesure de faire ce travail sans qu'il soit
nécessaire d'ajouter des crédits.
M. Fortier: Excusez-moi d'intervenir sur la question qui avait
été posée par le député de
Châteauquay. À la dernière commission parlementaire
l'Hydro-Québec avait dit qu'un des problèmes était qu'elle
n'avait pas l'autorisation d'aller faire des forages sur les territoires
occupés par les autochtones. Je me demande si ce sont encore des
impedimenta, les aborigènes, j'imagine.
M. Duhaime: Du côté du gouvernement, je maintiens la
réponse que je faisais tantôt. Cela ne pose pas de problème
comme tel. Le seul endroit où il y a une difficulté, où
des négociations se poursuivent sous la conduite du SAGMAI, c'est avec
les autorités de la réserve indienne à Cauqhnawaga.
Là, il y a une difficulté, cela peut être un peu plus long.
On me donne comme indication que tout le monde souhaite que cela puisse aller,
parce que ce ne serait pas souhaitable qu'on soit obligé d'utiliser un
arrêté en conseil sans qu'au préalable il y ait eu un
accord entre les autorités de la réserve et Hydro-Québec
là-dessus pour cette partie des terrains qui pourrait être
nécessaire pour fins d'expertise.
M. Dussault: Les terrains dont il est question, est-ce que ce
sont ceux qui ont été remis aux Amérindiens de Caughnawaga
par la Voie maritine du Saint-Laurent assez récemment?
M. Duhaime: On va prendre avis de cette question et on va le
vérifier.
M. Dussault: D'accord. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Programme 14, adopté.
Nous en venons au programme 1, Connaissance de la forêt.
M. le député de Richmond.
M. Vallières: Je ne sais pas si le
ministre va me permettre une insertion. À la suite de propos qui
ont été tenus hier soir à cette commission relativement
à l'entreprise Filaq-SNA où il n'a été fait mention
d'aucune participation du gouvernement fédéral. Effectivement, il
n'y avait pas eu d'acquisition d'actions de la part du gouvernement
fédéral, mais le ministère de l'Expansion
économique et régionale a quand même consenti une
subvention de 133 600 $ à cette entreprise au cours du mois d'avril
dernier, ce qui a contribué à créer une vingtaine
d'emplois. Je voulais tout simplement apporter la précision, puisqu'il
était clairement établi que le fédéral n'avait pas
participé, au contraire.
M. Duhaime: Le commercial est livré?
M. Vallières: Oui. C'est dommage que le
député de Frontenac ne soit pas là. J'espère qu'il
va prendre connaissance du débat.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on peut passer aux
questions sur le programme 1?
M. Duhaime: On peut y aller tout de suite.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
Connaissance de la forêt
M. Bélanger: Avant de commencer l'étude article par
article ou, si vous préférez, programme par programme ou
élément par élément, j'aimerais discuter un peu de
l'industrie du bois. C'est un dossier sur lequel je suis relativement nouveau,
mais je suis conscient quand même des problèmes qui existent au
Québec. D'abord, je peux vous dire que dans l'industrie de bois de
sciage, les propriétaires de scierie ne sont pas tellement optimistes en
ce moment. Le principal marché, c'est le marché américain
et l'exportation; on reviendra tout à l'heure à l'exportation,
puisqu'il semblerait y avoir des problèmes. Les mises en chantier au
Québec dans le domaine de la construction, on sait qu'elles sont en
chute libre depuis 1976. Je ne fais pas allusion à autre chose
qu'à l'année 1976. Quant aux inventaires des terres publiques -
on m'a appris hier que le ministère était au courant du nombre
d'acres, etc. - il semblerait aussi y avoir une difficulté
d'approvisionnement, surtout en bois franc. Il y a actuellement une usine que
je connais, mais dont je vais taire le nom par respect pour elle, qui a fait
245 mises à pied pour un manque d'approvisionnement en bois franc. C'est
une usine de contreplaqué. C'est un problème très
sérieux. Il y a un problème aussi qui est extrêmement
sérieux, ce sont les dommages causés par la tordeuse du bourgeon
de l'épinette à la forêt privée.
J'ai ici un téléqramme des producteurs de bois des
Laurentides et également un de la région de Beauce-Sud. Il
semblerait que c'est un problème extrême. Il y a plusieurs
producteurs qui voient actuellement leur forêt en péril et on ne
leur accorde tout simplement pas de quota pour la coupe. Je me demande si le
ministre est sensibilisé au problème, s'il serait prêt
à trouver une solution, soit abandonner la coupe sur les terres
publiques ou forcer les compaqnies, surtout les compagnies de pâtes et
papiers, à acheter d'abord et avant tout ce bois qui est
endommagé. On sait que c'est surtout le sapin et l'épinette, ce
qui va durer à peu près trois ans; ensuite, ce sera une perte
totale. C'est à peu près comme un épargnant qui a en
banque quelques milliers de dollars et qui voit l'institution faire faillite.
Là encore, je ne fais aucune allusion.
Pour le reste, M. le Président, j'aimerais apporter des questions
à chacun des éléments.
M. Duhaime: À l'heure actuelle, les propriétaires
de forêt privée livrent aux compagnies papetières
l'éguivalent, bon an mal an, d'à peu près 1 500 000 cunits
par année. L'objectif qu'on poursuit au ministère est de porter
ce volume au niveau d'à peu près 1 800 000 cunits,
c'est-à-dire une augmentation de 300 000 cunits. Disons que, de ce
temps-ci, à cause de conflits de travail, dans une région en
particulier, je vois mal comment le ministère pourrait faire une
pression quelconque sur un des grands employeurs pour l'inciter à
s'approvisionner en bois dans les forêts privées, alors que ces
travailleurs forestiers sont en grève depuis presque un an. Je vais
identifier la compagnie, c'est CIP et je vais identifier la région,
c'est en Mauricie.
Et si on peut profiter de la relecture de nos débats, le plus
rapidement possible, pour inciter tout le monde à régler ce
conflit, je pense qu'on n'aura pas parlé en vain. Je pense que c'est une
situation dont il faut tenir compte. Vous me demandez si le ministère a
des moyens quelconques dans son arsenal à cette disposition pour forcer
la main des compagnies papetières. Pour l'instant, on utilise le
téléphone et cela semble être assez efficace.
Pour ce qui est des dommages causés par la tordeuse dans les
forêts privées, comme vous le savez, les arrosages ne se font que
sur la forêt publique et je pense qu'il s'agit essentiellement de
poursuivre nos efforts. À la première occasion que j'aurai, je
vais très certainement rencontrer à nouveau les
représentants de l'Association canadienne des pâtes et papiers que
j'ai eu l'occasion de rencontrer il y a déjà plusieurs mois avec
le premier ministre, alors qu'on
avait fait le point sur le programme de relance dans le secteur du
papier journal. (16 h 30)
Je pense pouvoir dire que M. Bérubé, mon
prédécesseur, avait établi d'excellentes relations avec
l'ensemble de l'industrie papetière. Ces relations sont d'autant
meilleures qu'un bon programme de relance se déroule et je pense
franchement qu'on doit continuer par la voie de la persuasion plutôt que
d'envisager la contrainte ou encore le recours à des lois ou des
règlements. C'est entendu que le plus vite les bois qui viennent des
forêts privées et qui ont été endommagés par
la tordeuse pourront être abattus et vendus, on y gagnera tous quelque
chose. Le renouvellement de la matière ligneuse touche au premier chef
les consommateurs de cette ressource et l'industrie du papier journal. Sur une
longue période, je pense bien que ces industriels sont conscients qu'il
y va aussi de leur intérêt. Je pense donc que l'on va continuer
dans ce sens et je serais tenté d'éloigner la contrainte de la
loi ou encore d'une réglementation, mais on va voir ce que cela va
donner.
M. Fortier: Je n'ai jamais compris le problème. Il y a des
forêts privées, des forêts publiques auxquelles le
député faisait allusion. Pour parler de la grève de CIP,
est-ce que vous pourriez en décrire la conjoncture et quel est l'impact
de la grève sur la coupe de bois comme telle?
M. Duhaime: Par exemple, les travailleurs forestiers de CIP qui
sont en grève, c'est une concession; ils font la coupe du bois sur une
terre publique qui a été concédée à la
CIP...
M. Fortier: Eux, ils sont en grève?
M. Duhaime: Oui, eux sont en grève. Je n'ai pas à
vous dire qu'en l'espace de quelques minutes, la route vers l'usine de La Tuque
serait fermée si la compagnie CIP décidait d'une façon
bien généreuse, au hasard d'un conflit de travail, de passer une
commande et de demander aux propriétaires de forêt privée
de faire la livraison du bois. Ce serait à peu près automatique,
il n'y aurait aucun approvisionnement.
M. Fortier: De quel façon s'approvisonnent-ils en ce
moment?
M. Duhaime: L'approvisionnement leur vient principalement des
réserves qu'ils ont puisque l'usine de papier journal comme telle
continue de tourner et sur l'achat de copeaux qui étaient en quelque
sorte l'approvisionnement normal.
M. Fortier: Et quel est l'impact sur la compagnie CIP? Dans
l'ensemble des endroits, enfin, c'est une compagnie sur cinq ou six au
Québec. Si on prend la région de la Beauce, où il y a un
problème dans le domaine des terres privées, ces qens pourraient
vendre leur bois à qui? Il y a d'autres sociétés qui ne
sont pas en grève dans le moment. Quel est l'impact de
l'approvisionnement, parce que, si je comprends bien, il y a des quotas qui ont
été imposés pour limiter...
M. Duhaime: II y a trois compagnies actuellement qui
achètent du bois des propriétaires privés de la
région de la Beauce, Kruger, CIP et Domtar. Pour revenir à la
question en Mauricie, ce que les travailleurs de CIP qui sont en grève
n'accepteront jamais, c'est que l'approvisionnement qu'ils fournissaient par
leur travail soit remplacé par du bois qui viendrait de la forêt
privée. À ce compte, ils pourraient être en grève
pour l'éternité.
M. Fortier: Cela baisse le potentiel total qui peut être
vendu dans le secteur privé. Mais est-ce qu'il y a eu des quotas
imposés aux propriétaires privés pour protéger
leurs terres d'une part ou est-ce que c'est pour protéger le
marché?
M. Duhaime: Les quotas dont vous parlez, ce sont les quotas qui
ont été discutés et acceptés à la demande
même du syndicat des producteurs de cette région. Dans les
hypothèses où du bois est fourni à Kruger, par exemple, ou
à une autre compagnie, les quotas sont levés avec l'accord,
j'imagine. Alors quand la levée des quotas a lieu, elle se fait
après discussion et entente avec le syndicat des producteurs.
M. Fortier: Quelle est la raison derrière cela? Est-ce
pour préserver le bois de sciage? D'une part, le ministère tient
à réserver la capacité en bois de sciage par rapport aux
copeaux qui oeuvent alimenter les usines de pâtes et papiers. Alors
quelle est la raison par rapport aux quotas?
M. Duhaime: La problématique actuelle de
l'établissement des quotas n'est pas axée sur la protection de la
ressource comme telle, mais beaucoup plus sur le maintien des parts de
marché, des prix sur le marché. D'ailleurs, il y a peu de bois en
provenance des forêts privées qui va vers le sciage. Le gros du
volume s'en va, soit en copeaux, soit en longueur, vers les entreprises de
papier journal, de la pulpe.
M. Fortier: Quel est l'impact? Dans le rapport de la
Société de développement de la Baie-James, on fait
allusion au fait que depuis 1979, la société participe aux
travaux d'un comité mixte chargé de préparer un
plan de récupération du bois dans les zones qui seraient
inondées lors de la réalisation éventuelle du complexe
hydro-électrique NBR. On parle de 10 000 000 de cunits de bois.
J'imagine que ce problème va avoir un impact considérable
sur les autres régions du Québec, compte tenu du programme
hydroélectrique qui devra être réalisé ou qui va
être réalisé, et qui sera approuvé bientôt,
j'imagine.
M. Duhaime: II existe, dans la région du Nord-Ouest, un
problème car il y a énormément d'approvisionnements qui
ont été loués aux industriels de la région
Amos-Quévillon et de tout le sud du Nord-Ouest.
Lors d'une analyse de cette situation, il a été
décidé dans un premier temps que pour des considérations
essentiellement forestières, il devenait nécessaire de
déconcentrer les coupes entre la partie sud, qui se situe entre Matagami
et Amos, et la partie nord, qui va de Matagami à Lac Evans.
Tout cela s'est produit dans la problématique de
l'éventuel développement de NBR. Le ministère de concert
avec la SD et la SE, ont coordonné leurs efforts pour s'assurer que le
plan de mouvement de déconcentration vers le nord était bien
coordonné avec la venue possible du projet hydroélectrique de
NBR. À ce moment-là, tout le développement routier qui
sert à rationaliser la location des bois est coordonné avec la
venue possible de l'infrastructure hydroélectrique, de telle sorte qu'il
va y avoir un seul réseau de chemins, planifié à l'avance,
de façon très précise. C'est dans ce sens-là qu'on
a mêlé les deux problématiques.
M. Fortier: À quelle problématique additionnelle
cela s'ajoute-t-il, puisqu'on parlait des quotas sur les terres privées
et des gens qui sont affectés par la tordeuse du bourgeon
d'épinette? On parle de quotas pour ne pas influencer le marché
et là, à cause d'un programme hydroélectrique qui doit se
faire pour d'autres raisons, on ajoute, j'imagine, à la dimension du
problème québécois, le problème du bois
d'approvisionnement?
M. Duhaime: Non. La problématique actuelle, la demande
actuelle des usines de sciage du Nord-Ouest est capable...
M. Fortier: Si on parle du bois de sciage.
M. Duhaime: Du bois de sciage. Celle-ci est capable d'absorber
toute la production, sans aucune difficulté et sans créer
d'usines additionnelles.
M. Fortier: Cela n'affecte pas le problème auquel faisait
allusion le député?
M. Duhaime: Non, c'est assez fermé, dans la région
du Nord-Ouest.
M. Bélanger: Si nous revenons au bois de sciage, le temps
qu'on discute de bois de sciage. Il semblerait que le marché actuel, on
est tous d'accord, est pratiquement nul, au Québec; aux
États-Unis, c'est au ralenti. La seule sortie qu'ont les industriels
maintenant, c'est l'exportation.
Est-ce que le ministère envisage une aide quelconque? Le
problème des propriétaires de scierie - j'en ai rencontré
plusieurs - c'est d'avoir l'assurance qu'ils seront payés pour leurs
produits. On expédie le bois par bateau; on connaît tous le bois
et on sait que le bois peut s'endommager par une trop grande humidité ou
autre chose. Le problème est d'assurer ces industriels qu'ils seront
vraiment payés pour leurs produits.
Est-ce que vous avez un programme dans ce sens-là ou si vous avez
l'intention d'avoir un programme dans ce sens-là?
M. Duhaime: Un programme axé essentiellement sur
l'exportation?
M. Bélanger: Essentiellement sur l'exportation.
M. Duhaime: Pas au ministère, mais vous allez retrouver ce
programme à la Société de développement industriel,
qui a maintenant un nouveau mandat à l'exportation. Il avait
été question pendant plusieurs années de créer une
société d'exportation; j'ai plutôt retenu la solution de
donner un mandat d'exportation à la SDI, pour répondre au voeu de
certaines gens qui trouvent que des sociétés d'État, on en
a suffisamment.
Je suis au courant que déjà des entreprises, quelques-unes
mêmes en tête, qui ont augmenté leur production en
pénétrant des marchés d'exportation ont effectivement
reçu une assistance financière du ministère de l'Industrie
et du Commerce et de la Société de développement
industriel. Alors, il y a des programmes qui existent à l'heure actuelle
et qui répondent exactement à votre question.
M. Bélanger: Merci. Maintenant, on n'a pas éclairci
le problème de l'approvisionnement...
M. Fortier: Juste une question là-dessus. Est-ce que,
à ce moment-là, la SDI joue ni plus ni moins le même
rôle que la Société pour l'expansion des exportations
à Ottawa? Est-ce que c'est un rôle parallèle?
M. Duhaime: C'est un rôle complémentaire. Même
optique.
M. Fortier: Oui, mais complémentaire, dans le même
sens?
M. Duhaime: Même sens, oui.
M. Fortier: Mais la Société pour l'expansion des
exportations à Ottawa n'intervient pas directement dans la vente des
produits; elle ne réagit qu'en fonction des demandes qui lui sont
faites. Elle peut intervenir pour convaincre un client à cause de la
qualité du financement ou des choses du genre. Quand vous parlez d'aide,
c'est plutôt une aide financière ou selon des termes qui
pourraient être tels que l'importateur accepterait justement d'acheter du
Canada ou du Québec plutôt que d'ailleurs.
M. Duhaime: En fait, il y a plusieurs volets sur ce programme
à la SDI à l'heure actuelle. Par exemple, la SDI peut participer
à la mise sur pied et au financement d'un consortium à
l'exportation, ce qui veut dire que ce n'est pas une position attentiste. Il
s'agit d'aider une compagnie du Québec qui veut faire une percée
en Algérie, en Amérique latine ou ailleurs, l'aider dans sa
démarche, possiblement prendre une participation selon une forme ou une
autre dans un consortium et, si une transaction se fait, la SDI a même le
pouvoir de faire ce qu'on appelle dans le jargon des exportations du
"facturing", ce que la SEE ne fait pas.
Le volet porterait également sur une garantie possible
auprès d'institutions financières qui feraient le financement des
exportations. C'est un rôle qui peut être parallèle à
l'action que mène la SEE, à certains égards, mais si
j'avais à porter un jugement d'ensemble, je dirais que c'est un
rôle complémentaire et qu'on a essayé de combler un vide
là où la Société d'exportation n'était
pas.
Ce programme s'applique aux entreprises qui voudraient exporter. Il y a
en une, dans ma région, qui vient d'avoir un contrat de l'Angleterre et,
avec l'intervention de la SDI, on a été capable de
réaliser ces transactions.
M. Bélanger: Merci. Maintenant, on va revenir à
l'approvisionnement. L'usine dont je vous parlais est une usine qui fabrique du
contreplaqué et qui a besoin d'approvisionnement en bois dur, surtout en
merisier.
Si, actuellement, j'ai une usine, un permis et que je demande un droit
de coupe, une concession, si vous voulez, est-ce qu'actuellement ça
s'accorde encore? Même si j'ai voté non au
référendum? (16 h 45)
M. Duhaime: II ne faudrait pas qu'on discute de façon
systématique du problème de cette entreprise dans votre
comté, mais ce que je peux dire, c'est que les allocations de feuillu
sont faites suivant le plan triennal. Chaque entreprise sait très bien
l'approvisionnement qui lui est alloué. Cette fermeture d'usine, c'est
peut-être de courte durée. On me dit que c'est simplement
conjoncturel. J'imagine que ce qui leur avait été alloué
en droit de coupe est épuisé. C'est ce qui explique
essentiellement la fin des approvisionnements, donc la fermeture. Mais je n'ai
pas l'impression, loin de là, que c'est fermé à tout
jamais. Cela va reprendre aussitôt qu'ils auront droit à de
nouveaux approvisionnements. C'est le même problème qu'on a dans
toutes les régions du Québec. La seule limite qu'on a à
émettre les permis pour le sciage, peu importe la sorte de feuillu -
c'est le même problème partout -le seul frein, c'est la ressource.
J'ai le même problème dans mon comté avec une compagnie que
je vais nommer parce qu'elle m'appelle toutes les deux semaines. C'est la
compagnie Multigrade. La courbe d'emploi varie énormément. Si on
était capable de lui fournir - qu'est-ce qu'elle mange? du bouleau jaune
- du bouleau jaune, elle pourrait en manger pour se rendre malade et augmenter
le nombre d'emplois à 200. Le seul frein, ce sont les
approvisionnements. Alors, le problème que vous avez dans votre
comté, c'est le problème qu'on retrouve, je ne dirais pas
partout, mais chaque fois qu'un dossier de ce genre se présente, il se
présente toujours de la même façon.
Une voix: C'est nouveau?
M. Duhaime: Non, cela n'est pas nouveau.
M. Bélanger: M. le ministre, c'est quand même
déplorable. C'est une usine qui existe, qui ne demande pas de
subventions. Il y a des travailleurs qui sont prêts...
M. Duhaime: Je ne peux pas faire pousser le bois plus vite.
M. Bélanger: Non, mais il semblerait...
M. Duhaime: II n'y a rien pour régler cela.
M. Bélanger: ...selon mes informations, que dans la
région du Témiscamingue, par exemple, le gouvernement
posséderait des réserves en très grande abondance.
M. Duhaime: Vous voudriez qu'on prenne le bois de la
région du
Témiscamingue et l'envoyer dans votre comté.
M. Bélanger: Je crois que...
M. Duhaime: Je vais vous souhaiter
bonne chance. Vous irez parler de cela à Ville-Marie. J'y suis
moi-même allé et ce n'est pas chanceux. Vous êtes mieux de
faire en sorte que la ressource de la région du Témiscamingue
soit exploitée sur place et transformée sur place, autrement vous
allez avoir de la visite, mon cher collègue.
M. Bélanger: Est-ce que toutes les associations qu'on voit
avec REXFOR sont dues à cette difficulté d'approvisionnement?
Est-ce qu'il faut s'associer avec la société d'État pour
avoir du bois ou si l'entreprise privée a encore sa place?
M. Duhaime: REXFOR a elle-même, à l'heure actuelle,
des problèmes d'approvisionnement. Je ne pense pas que vous soyez en
mesure de prouver ce que vous venez d'avancer, à savoir que REXFOR est
dans une situation priviléqiée. J'ai rencontré le
président du conseil d'administration de REXFOR, M. Duchesneau,
récemment, qui me tenait à peu près les propos que vous
tenez à l'heure actuelle. Il veut avoir du bois lui aussi.
M. Bélanger: Je dirais au ministre que je n'ai rien
avancé. J'ai dit: Est-ce que c'est la meilleure façon? Parce
qu'on voit cela de temps à autre. On voit que CIP s'associe avec REXFOR.
On voit qu'une autre s'est associée avec REXFOR. C'était tout
simplement sous forme de question.
M. Fortier: Dans les questions générales,
peut-être qu'on peut toucher un gros programme, le programme de
modernisation de l'industrie des pâtes et papiers. Je pense que c'est un
gros programme et cela vaudrait peut-être la peine d'y toucher. Est-ce
que le ministre peut nous donner les grandes lignes? Où en est-on? Je
sais que le programme a été très réussi. Où
en est-on maintenant et quand sera-t-il complété? Quel impact
aura-t-il par rapport à la position concurrentielle du Québec?
Est-ce que les compagnies privées qui ont participé à cela
peuvent déjà le monnayer? Est-ce qu'elles peuvent
déjà prévoir la position concurrentielle qu'elles auront?
Bien sûr, je sais qu'il y a des bureaux de génie-conseil... Cela
m'a surpris - je ne connaissais pas le domaine des pâtes et papiers -
à Atlanta, quand j'y suis allé, l'année dernière,
j'ai vu des bureaux de génie-conseil de l'Ouest canadien rendus
là-bas pour développer des usines très modernes dans la
région d'Atlanta. Est-ce que c'est bien cela?
M. Duhaime: Au fait, dans l'introduction, au début des
travaux de notre commission, j'avais évoqué ce programme. Vous
avez raison de le souligner, je pense que ça connaît un grand
succès.
Si on regarde la problématique qui a amené le gouvernement
à mettre sur pied ce programme, je pense qu'il faut dire une chose,
c'est que nos installations pour le papier journal, en particulier, se
faisaient vieillissantes. Cette injection de 2 500 000 000 $ sur 5 ans
apportera une modernisation leur permettant de maintenir un marché
concurrentiel. On peut faire une comparaison. En fait, le Québec est
encore aujourd'hui le plus grand producteur à l'échelle mondiale.
La part relative du Québec dans la production mondiale a diminué
au fil des années et le tonnage continue d'augmenter. Ce qui fait
qu'aujourd'hui le Québec produit 17,8% de la production mondiale. S'il y
a des facteurs comparatifs très positifs pour le Québec, il y a
aussi des facteurs négatifs comme le renouvellement de la ressource et
le coût de transport. On est obligé de prendre le bois de plus en
plus loin des usines. Ce programme de relance va ajouter 600 000 tonnes environ
à la production actuelle. Ce que nous visons dans ce programme, ce n'est
pas tant l'augmentation du tonnage que le fait de maintenir concurrentiel ce
qui était déjà produit. Je dois dire qu'à
l'intérieur de 600 000 tonnes, il y a 160 000 tonnes qui sont
comptabilisées et qui sont reliées à la papeterie d'Amos
qui est en construction à l'heure actuelle; c'est là un
investissement d'à peu près 210 000 000 $. Comme vous savez,
c'est une société d'État, la SGF, par Donohue et la
compagnie Normicks-Perron qui s'y sont associées.
Je pense que ce qui est important de dire, c'est que ce secteur
manufacturier au Québec est un des plus vigoureux, des plus importants.
Le niveau des exportations est très élevé. C'est là
une source d'entrée de devises fort importante, possiblement un des
postes les plus importants de la balance commerciale. Jusqu'à
maintenant, dans le déroulement du programme, 37 plans quinquennaux ont
été approuvés, c'est-à-dire en provenance des
compagnies. Sauf erreur, c'était la première fois que des
compagnies soumettaient au gouvernement des plans quinquennaux de
développement. En fait, cela a été la contrainte du
programme. Quant à l'échange qui s'est établi dans les
mois de discussion qui ont précédé l'établissement
des paramètres de ce programme, il faut dire que ce n'est ni le ministre
ni le ministère qui ont sorti tout ça de leur chapeau, il s'est
fait en étroite collaboration avec l'Association canadienne des
pâtes et papiers, de sorte que c'est une des grandes plumes au chapeau de
M. Bérubé. Ce programme, c'est lui qui l'a piloté tout le
long. Il faut reconnaître que c'est un effort sans
précédent qui a été fait pour l'ensemble de
l'industrie du papier journal.
Je lisais récemment un bouquin sur la Chine. C'est toujours un
peu fascinant de
parler de la Chine. J'ai ici les chiffres pour l'année 1980. Les
Chinois de la république ont produit en millions de tonnes
métriques un peu plus que le Québec. Ils ont 4000 usines. Nous
faisons la même production avec une soixantaine d'usines environ.
Alors, en tenant compte de tout le reste, quand on fait une comparaison
de cette nature, cela donne quand même une idée de la force de
production. Il faut dire aussi qu'au niveau canadien l'ensemble de toutes les
provinces compte pour 18,3% de la population mondiale et la part du
Québec, sur une base comparable, n'est pas de 17,8%, comme je l'ai
indiqué tantôt, mais de 17,2%. Ceci veut dire que c'est un secteur
manufacturier absolument stratéqique.
Maintenant, si on veut augmenter le tonnage - sur le plan de la
concurrence, au prix à la tonne de papier journal, on se maintient - il
faudra qu'on s'assure de politiques à plus long terme sur le plan du
reboisement, par exemple, et du renouvellement de la ressource. Cela pourrait
amener l'ensemble de l'industrie, et le gouvernement aussi, a réviser
les politiques de coupe. Il semble y avoir une règle établie dans
ce dossier, contrairement à ce qu'on lit dans les journaux de ce
temps-ci, qu'on n'entame jamais le capital dans le renouvellement de cette
ressource. Il s'agit de voir si c'est de cette façon qu'on va continuer
ou si on peut évaluer l'hypothèse où le capital pourrait
être entamé, mais renouvelé beaucoup plus vite, dans une
nouvelle approche pour ce qui est du reboisement. (17 heures)
Ce serait à peu près le seul frein à l'expansion et
à l'augmentation de tonnage de ce secteur. Ce qu'il faudrait, je pense,
dire aussi, c'est que, moi, je le souhaite; j'espère que les industriels
et les propriétaires des PME au Québec vont prendre conscience de
l'ampleur de ces investissements et vont savoir en profiter pour retirer le
maximum des retombées économiques au niveau de la sous-traitance,
par exemple. C'est peut-être l'occasion rêvée lorsqu'il y a
2 500 000 000 $ d'investissement dans le papier journal sur 5 ans au
Québec. On n'a jamais vu cela. Je pense qu'on va peut-être
attendre encore quelques années avant de revoir la même chose.
Alors, c'est le temps, plus que jamais, pour les PME et les autres entreprises
aussi, plus grandes, de profiter des retombées économiques d'un
programme comme celui-là. Je dois dire que nous recevons une excellente
collaboration de l'industrie et je souhaite qu'on puisse maintenir la
même collaboration pour ce qui est du dossier du reboisement, par
exemple, où on aura à travailler étroitement ensemble,
cela est certain.
M. Fortier: II y a deux aspects qui m'intéressent dans le
programme de modernisation. J'imagine que la modernisation doit justement - je
ne suis pas un expert dans les pâtes et papiers - amener les usines vers
des équipements beaucoup plus automatisés. Il y a deux aspects
importants. D'une part, il y a tout l'aspect des économies
d'énergie. J'imagine que l'électricité, contrairement
à ce qui se faisait dans le passé, va être
prédominante. Dans le passé, c'était plutôt de la
vapeur qui était utilisée. Alors, cela va permettre aux
fabricants... Vous parliez des retombées ou de la sous-traitance mais
moi je pense surtout en termes de développement technologique qui peut
permettre, justement, au Québec d'être en avance sur d'autres pays
dans le degré de technologie qui est développé pour
répondre à cet effort de modernisation. C'est tout le
développement technologique qui peut se faire au Québec en
fonction de cela. Je me demande si le ministère s'intéresse
à cet aspect, ou peut-être que cela touche le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, je ne sais pas.
L'autre aspect c'est celui des économies d'énergie. Est-ce
que de fait il y a une évaluation qui a été faite pour
voir si, soit en utilisant les copeaux soit en utilisant
l'électricité, il y a des économies d'énergie
considérables qui vont être possibles par rapport à ce qui
se faisait dans le passé? L'aspect le plus important, à mon avis,
c'est la percée technologique qui peut provenir du programme
d'investissement de 2 500 000 000 $ pour les fabricants et ceux qui sont
responsables du développement de la technologie.
M. Duhaime: D'abord, sur la question des économies
d'énergie à l'intérieur des plans quinquennaux qui nous
sont soumis à ce jour, il y a 55 projets bien précis
d'économie d'énerqie qui ont été identifiés.
Cela va commander des investissements de l'ordre de 200 000 000 $. Sous ce seul
chapitre, par exemple, l'installation de chaudières à vapeur
alimentées au résidu de bois, il y en avait quinze;
cogénération, deux; presse à haute capacité sur les
machines, quinze; récupération de chaleur, dix; hottes
fermées, six; contrôle automatique des chaudières à
vapeur, trois; contrôle du facteur de puissance, quatre.
M. Fortier: Est-ce que l'électricité va jouer un
rôle plus grand ou si la vapeur continue à être encore
déterminante dans l'alimentation de l'énergie?
M. Duhaime: Oui, je vais vous donner un chiffre bien
précis que j'ai sous les yeux. L'ensemble des usines devrait consommer 3
000 000 de mégawattheures par année de plus en
électricité et réduire leur consommation d'huile de 256
200 kilolitres
par année, ce qui veut dire un déplacement d'environ - en
équivalence énergétique - de 10 000 000 de BTU, ce qui est
quand même un bon morceau.
L'autre question portait sur la technologie.
M. Fortier: Le développement technologique.
M. Duhaime: Cela se fait de concert avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce et je ne sais pas jusqu'à quel point le
nouveau programme de subventions du ministère de l'Industrie et du
Commerce sur l'informatique, par exemple, va pouvoir s'incorporer.
Là-dessus, je ne pourrais pas vous dire.
M. Fortier: Je ne parlais pas en termes de subventions. Je
parlais en termes de réaliser qu'il y a un potentiel, qu'il y a des
technologies qui se développent. Par les compagnies elles-mêmes ou
par les bureaux de génie-conseil qui sont associés à ces
nouvelles technologies, il faut avoir une stratégie de concertation, je
sais que les bureaux de génie-conseil - j'en connais quelques-uns - sont
bien capables de faire leur propre marketing, mais je me demandais s'il y avait
un effort de concertation pour avoir peut-être un appui de marketing et
faire un peu plus de publicité sur le développement technologique
qui se fait dans ce secteur.
M. Duhaime: En fait, pour répondre à votre
question, je ne peux pas malheureusement être plus précis que cela
dans ma réponse, mais au ministère de l'Industrie et du Commerce,
pour chaque entreprise à l'intérieur de son plan quinquennal, il
y a eu une analyse de faite sur les contenus autant canadiens que
québécois dans les achats d'équipement qui devront
être effectués dans le cadre de ce programme de modernisation.
L'échantillonnage porte sur 35% des investissements et cela
représenterait des investissements de l'ordre de 853 000 000 $, ce qui
veut dire que le contenu canadien, quant aux achats, serait de 78% et le
contenu québécois, 53%. Si on pense qu'il s'agit d'un programme
de modernisation, il y a lieu de penser que cela va avoir un effet
d'entraînement et qu'on va très certainement s'en aller vers la
technologie la plus récente et sans aucun doute, par voie de
conséquence, avoir un effet d'entraînement. Ce que vous avez en
tête, je pense que cela rejoint les objectifs qu'on poursuit tant dans
l'industrie qu'au niveau du gouvernement.
M. Fortier: Éventuellement, oui.
M. Duhaime: C'est que le Québec devienne, en quelque
sorte, le leader à l'échelle du monde entier sur le plan
technologique dans ce secteur du papier journal et je pense qu'on a tous les
atouts en main pour être en mesure - c'est déjà
commencé, de toute manière - de commencer à vendre et
à transférer notre technologie.
M. Fortier: J'aurais seulement deux questions pour le moment, en
tout cas. Dans le Soleil de ce matin, on fait allusion au double
mécontentement des producteurs de bois de Rimouski. Le Syndicat des
producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent a donné une conférence
de presse. J'imaqine que le ministre a dû voir...
M. Duhaime: Je n'ai pas eu le temps de lire les journaux depuis
ce matin.
M. Fortier: Est-ce que les conseillers du ministre, ou le
ministre lui-même, peuvent nous dire de quelle façon ils vont
intervenir dans ce dossier?
M. Duhaime: Les gens autour de moi n'ont pas eu le temps de lire
le Soleil non plus.
M. Fortier: Non? Alors, prenez la question en
délibéré. Ma question était: Dans quelle mesure
cela affecte-t-il les politiques existantes au ministère et quelle est
votre marge de manoeuvre?
M. Duhaime: C'est le deuxième paragraphe qui me semble
être le filon important. Je vais lire cinq lignes de ce que le
journaliste Jean-Claude Paquet rapporte dans le Soleil du mercredi 3 juin: "II
semblerait en effet que des producteurs de bois font circuler une
pétition demandant la tenue d'un référendum pour faire
rescinder par le Syndicat des producteurs de bois ou par la Régie des
marchés agricoles le règlement relatif à
l'exclusivité de la vente des bois de sciage et au contingentement."
Je pense qu'on est exactement dans le coeur de ce qu'on évoquait
tout à l'heure. L'interlocuteur, pour le ministère, est le
Syndicat des producteurs et je pense que le brasse-camarades est plutôt
à l'intérieur. Je vais demander de plus amples informations
là-dessus. Je pense qu'on ne pourrait régler le problème
simplement en disant: On va mettre de côté tout le
règlement qui existe à l'heure actuelle quant aux allocations
aussi bien qu'aux quotas, comme on les appelle, et penser qu'on a
réglé le problème.
On me signale une chose importante à vous mentionner. Il s'agit
ici de forêts privées sur lesquelles le ministère n'a
aucune juridiction. Je ne veux pas me défiler, parce que je suis
passablement certain que je vais avoir à rencontrer, un de ces bons
matins,
les producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent. Mais le problème,
pour l'instant, sur le plan juridique relèverait de la Régie des
marchés agricoles. Je vais prendre des informations
là-dessus.
M. Fortier: Dans le dossier de ITT Port-Cartier, est-ce qu'il y a
des progrès? Quelle est la conjoncture? Est-ce qu'on avance? Est-ce que
des investisseurs s'intéressent à ce projet?
M. Duhaime: Le dossier est actif au ministère. Il y a
beaucoup plus d'intervenants dans le dossier qu'il y en avait au moment de
l'annonce de la fermeture; entre autres, deux entreprises, Tembec et Papier
Cascade, montrent un intérêt et continuent des analyses dans ce
dossier. Tout récemment, une délégation chinoise,
semble-t-il, au départ, manifestait beaucoup d'intérêt,
mais une fois que la visite sur place a été terminée,
ça semblait s'être assoupi passablement. (17 h 15)
II y a également un projet à l'étude en
collaboration avec le centre de recherches industrielles sur une
possibilité d'implantation d'usines modulaires de sciage. Le dernier
intervenant en liste, vous allez me permettre de taire son nom pour l'instant,
négocie actuellement avec ITT Rayonier pour l'achat de l'usine. Est-ce
que ceci peut amener un redémarrage à très court terme? Je
pense qu'il serait hasardeux de s'avancer pour l'instant. Mais, le gros
problème à l'heure actuelle reste les coûts
d'approvisionnement pour l'usine et même si on dépensait des
millions, il est évident que, en plus des autres problèmes
à l'intérieur de l'usine comme tels, au départ, les
coûts d'approvisionnement sont élevés et c'est ce qui
affecte toute rentabilité économique qu'on souhaiterait y
retrouver dans l'étude du dossier. Mais, le dossier est actif.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Toujours dans le domaine des pâtes et
papiers, M. le ministre, j'aimerais savoir sur un dossier bien précis,
le dossier de la Domtar d'East Angus, est-ce qu'on fait des progrès?
Je vous ferai remarquer qu'East Angus est un cas particulier, non pas
parce que c'est dans mon comté, c'est qu'il s'agit d'une ville
monoindustrielle. C'est donc dire que, si l'usine Domtar devait fermer, on
aurait là une ville fantôme.
M. Duhaime: Je pense qu'il faut placer le dossier dans une
perspective à lonq terme. Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer M.
Alex Hamilton. Je le ferai aussitôt que nos travaux parlementaires me
donneront un peu plus d'heures dans la journée pour m'occuper de ce
genre de dossier. Je voudrais vous donner l'assurance que j'y mettrai les
pressions nécessaires. Je pense que, si on rate l'occasion du programme
de relance et de modernisation, ça serait une occasion manquée
pour faire en sorte qu'on s'assure du maintien des opérations de cette
usine dans East Angus. Ce n'est pas un dossier facile. Il ne faut pas se faire
d'illusions mais il semblerait que, suivant même la compagnie, les
perpectives à long terme seraient bonnes.
Il reste à savoir de quelle manière la rentabilité
future de l'usine peut être assurée. Je puis aussi vous dire que,
du côté du ministère, en plus de faire les pressions
requises, on est disposé à contribuer de façon
significative à la rentabilité ou la rentabilisation d'un projet
pour le maintien des opérations à long terme. J'aurai sans aucun
doute l'occasion de discuter de ce dossier avec M. Hamilton. Le problème
va être abordé de front, soyez-en certain. Car ça me
paraîtrait un peu contradictoire que, d'une part, on ait un programme de
relance et de modernisation qui s'appliquerait à certaines usines de la
Domtar, et qu'on soit amené à sacrifier celle d'East Angus. Je
puis vous donner cette assurance là que je vais rencontrer M. Hamilton
et on aura l'occasion d'en parler.
M. Bélanger: Si les propos du ministre sont vraiment
rassurants, je puis vous dire que la compagnie Domtar plus que jamais, je
crois, est bien intentionnée et veut résoudre le problème.
Il y a eu même certains changements à l'intérieur de la
compagnie Domtar. Il semblerait qu'on veut dissocier l'usine d'East Angus du
reste des autres usines de Domtar, justement pour faciliter la tâche.
Maintenant, il y a une autre question que j'aimerais poser au ministre. Est-ce
que vous avez entrepris des négociations avec une usine qui
s'appellerait Bio-Shell qui fait la transformation de résidus de bois en
boulettes, qui rentre encore dans le cadre de la conservation de
l'énergie.
M. Duhaime: C'est quoi, le nom?
M. LeBlanc: Bio-Shell. C'est une filiale de Shell.
M. Duhaime: On va me fournir l'information sur Bio-Shell. Je
voudrais revenir à East-Angus et vous dire que mes collaborateurs au
ministère ont travaillé à différents
scénarios d'approvisionnement à l'intérieur du
ministère et aussi en collaboration avec la direction de la compagnie
Domtar. Il y a déjà plusieurs semaines, pour ne pas dire quelques
mois, il y aurait eu un consensus sur un scénario d'approvisionnement.
Je le dis aussi
aujourd'hui en espérant avec les deux prochaines phrases que je
vais prononcer vont faire leur effet: s'il y a un scénario
d'approvisionnement qui répond à la fois aux exigences de
rentabilité du côté de la compagnie et qui répond
aussi aux objectifs du ministère, ça fait déjà une
bonne partie du dossier qui est réglée.
Il restera à voir ensuite si on est en mesure de mettre cela sur
des roues et de faire en sorte qu'il roule. Mais à partir du moment
où mes collaborateurs me donnent la garantie que les approvisionnements
sont possibles, ça peut changer le discours au moment de notre
réunion.
Au sujet de Bio-Shell, c'est une compagnie que nous avons
rencontrée à quelques reprises, au cours des six derniers mois,
et elle nous a fait part de plusieurs projets qu'elle aurait pour ce qu'on
appelle une concentration d'énergie, en enlevant l'eau et en
créant des boulettes à base de bois. Nous l'avons
déjà mise en communication avec des industriels et elle semble
progresser normalement, selon son rythme dans ce dossier. Il semble qu'elle
rencontre certaines difficultés avec ses projets qui existent en
Ontario, ce qui la rend prudente à l'heure actuelle sur les questions de
rentabilité. C'est à peu près la seule information qu'on a
à l'heure actuelle.
M. Bélanger: Vous voulez sans doute parler de
l'exploitation qu'elle a dans le nord de l'Ontario, à Hearst?
M. Duhaime: C'est ça.
M. Bélanger: Je vous dirai que, depuis quelques semaines,
j'ai le plaisir de "flirter", si vous voulez me permettre l'expression, avec un
des dirigeants de la compagnie et j'ai bon espoir que Bio-Shell s'installera
dans mon comté. L'annonce devrait être faite d'ici les prochains
mois, au début de l'automne.
M. Duhaime: Si j'étais vous, je ne vendrais pas mes
mèches comme ça. Vous allez susciter des appétits,
peut-être même dans votre caucus.
M. Bélanger: C'est-à-dire, M. le ministre, que je
suis sans inquiétude; ma région est extrêmement
favorisée par de nombreuses scieries et par un approvisionnement hors de
tout doute et à bon marché.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. LeBlanc: Vous avez mentionné tantôt, M. le
ministre, que vous aviez eu une rencontre avec M. Duchesneau, le
président de REXFOR. Compte tenu qu'il y a quelques années, et
encore tout récemment, un litige est survenu au sujet de
l'approvisionnement en bois dans la forêt domaniale des Appalaches, entre
REXFOR et la Coopérative forestière des Appalaches et que dans ce
cas-là, votre prédécesseur avait rendu un jugement de
Salomon, 50-50, est-ce que de la part de M. Duchesneau, dans ces demandes
d'augmentation de permis de coupe, il y a eu demande de révision de ce
fameux jugement de Salomon? Cela m'inquiète de ce côté,
parce que la Coopérative forestière des Appalaches, actuellement,
fonctionne de façon très harmonieuse; on ne peut pas en dire
autant de REXFOR, en tenant compte des événements récents
qui se sont déroulés, par exemple, lors de la plantation dans une
partie de ce secteur, dans des aires de coupe, où, la police a dû
faire la surveillance des employés de la Coopérative
forestière des Appalaches lors de la plantation.
Est-ce que M. Duchesneau veut une révision du pourcentage de
coupe qui lui revient dans ce secteur par rapport à la forêt
domaniale des Appalaches, à la Coopérative des Appalaches.
M. Duhaime: Vous savez, M. Duchesneau, en plus d'être le
président de REXFOR aujourd'hui, était mon sous-ministre en titre
lorsque j'étais au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et il y a beaucoup de choses, dans le passé, que j'ai
été obligé de lui refuser, quand nous avons abordé
ce dossier. Je doute qu'on puisse toucher au jugement de Salomon, comme vous
l'appelez, parce que vous savez comme moi que quand on déplace un
problème d'un endroit à un autre, j'ai comme l'impression qu'on
va essentiellement le changer de place.
Il faut dire aussi que la situation n'est pas plus facile du
côté de REXFOR que du côté de la Coopérative
de Sainte-Apolline, puisque les travailleurs de REXFOR sont en
négociation actuellement pour renouveler leur contrat de travail. Je
pense qu'on va laisser porter les effets du jugement de Salomon pour quelque
temps. On va voir ce que cela va donner. Il faut bien comprendre que je suis
conscient des revendications de la Coopérative de Sainte-Apolline dans
ce dossier, mais je pense aussi pouvoir dire que ce qu'on accorderait par pure
hypothèse à la coopérative va avoir un impact direct sur
le niveau de l'emploi chez les travailleurs de REXFOR. C'est une situation qui
n'est pas facile à régler. Je me demande même s'il y a une
solution; on va voir comment cela va se décanter. Mais ce que je peux
vous dire, c'est que j'ai l'intention de maintenir le statu quo pour
l'instant.
M. Fortier: On peut maintenant
procéder élément par élément.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. M. le ministre, je
ne sais pas si cela concerne REXFOR, cette fois-ci, c'est dans le comté
de Pontiac, je ne sais pas si vous avez pris connaissance d'une lettre en date
du 13 avril et qui vous a été expédiée par la
Coopérative forestière de Pontiac.
M. Duhaime: Le 13 avril?
M. Middlemiss: Oui. C'était adressé à votre
prédécesseur.
M. Duhaime: Le 13 avril, j'ai été dans mon
comté toute la journée et j'ai passé la soirée
à la télévision.
M. Middlemiss: Cela va faire presque deux mois que cette date est
passée. Je ne sais pas si vous en avez pris connaissance. Cela venait de
la Coopérative forestière de Pontiac, qui s'opposait à la
formation d'une société forestière de l'Outaouais, dont
REXFOR aurait 51% des actions.
M. Duhaime: La Coopérative forestière de...
M. Middlemiss: De Pontiac.
M. Duhaime: De Pontiac.
M. Middlemiss: On a formé la société.
M. Duhaime: Je peux vous répondre. Je n'ai pas pris
connaissance de la lettre qui porte une date mémorable, mais mes qens
l'ont lue. Effectivement, la réponse qu'on va leur fournir va être
affirmative, dans le sens qu'ils pourront participer à la formation de
la société de qestion. Alors, aussitôt que j'aurai une
chance de donner suite à mon courrier, je vais le faire.
M. Fortier: On peut procéder par éléments,
rapidement. Alors, au programme 1, il n'y a pas de changement majeur ni dans
les orientations ni dans les ressources humaines. Recherche,
éléments 1 et 2.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 2?
Amélioration de la forêt M. Fortier:
Amélioration de la forêt, le reboisement, où se
trouvent les endroits, les terres où vous procédez à des
améliorations je parle de production de semences, production de plants -
où vous avez des sites spécifiques, des pépinière?
(17 h 30)
M. Duhaime: En réponse oui, c'est distribué dans
tout le Québec. Il y a d'abord les peuplements semenciers, qui nous
donnent les semences que nous désirons obtenir. On récolte des
semences partout au Québec et on les concentre dans sept
pépinières qui existent à la grandeur du Québec
pour les semences, et on produit des plants à l'aide de cela.
M. Fortier: Quel est le but de cette diversification? C'est pour
obtenir différentes sortes de semences?
M. Duhaime: C'est une question d'économie
d'échelle, je pense bien. On en a maintenant dans presque toutes les
régions du Québec, il y en a 7.
M. Fortier: En ce qui concerne le reboisement, j'imagine que le
but c'est le reboisement de la forêt, et c'est pour répondre aux
problèmes auxquels le ministre faisait allusion plus tôt et faire
en sorte que les ressources soient disponibles pour l'industrie. Mais est-ce
que, dans une certaine mesure, le ministère est impliqué dans le
reboisement des parcs? Je parle de la région de Montréal,
Québec. Est-ce que vous jouez un rôle de ce côté,
dans l'éducation du public et le reboisement qui doit être fait en
ville?
M. Duhaime: Non, c'est laissé à un autre
ministère. De temps à autre, on fournit des plants qu'on a en
pépinière.
M. Fortier: Alors, vous n'avez pas de rôle à jouer
de ce côté. C'est uniquement le reboisement pour des fins
industrielles.
M. Duhaime: Oui, en forêt privée et publique.
M. Fortier: Quel est l'autre ministère qui interviendrait
dans ce secteur?
M. Duhaime: Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 2?
M. Bélanger: À l'élément 2.2, travaux
sylvicoles.
M. Duhaime: Là, on devrait peut-être dire un mot sur
2.1, M. le Président, avant de passer à l'autre. Sur le
reboisement, ce que vient d'évoquer... En fait, on en a
beaucoup parlé à la commission, mais il est quand
même significatif qu'il y ait une augmentation de près de 5 000
000 $. Le budget passe de 15 300 000 $ à 20 200 000 $, c'est quand
même 31% d'augmentation, c'est considérable et ça va nous
permettre de porter la production de nos pépinières à 75
000 000 de plants en 1983-1984; 40 000 000, en 1981-1982. On va plus que
doubler le reboisement en forêt publique, de 8 000 000 à 15 000
000 de plants, et on va pouvoir maintenir le niveau des ensemensements
aériens à 12 000 hectares.
Parfois, on s'attarde sur les baisses dans le budget, mais quand il y a
une hausse et qu'elle est significative, je pense que c'est mon rôle
d'attirer votre attention là-dessus.
M. Fortier: M. le ministre, vous êtes payé pour
ça.
M. Bélanger: Je voudrais quand même revenir à
ma question, si M. le Président me le permet, concernant
l'élément 2.2, où on parle d'augmenter le reboisement.
Ici, dans les travaux sylvicoles, vous allez réduire votre personnel; de
179, il passe à 136, donc 43 personnes de moins.
M. Duhaime: Où êtes-vous?
M. Bélanger: À 2.2. Remarquez bien que si vous
êtes capable de faire le même travail, j'en suis très
heureux, mais je me demande comment vous allez pouvoir reboiser plus grand de
forêt, vous allez produire plus, tout en éliminant du
personnel.
M. Duhaime: Le niveau de l'emploi n'a pas d'importance sur le
genre de travaux qu'on a à faire, parce que la réduction de
personnel... Au niveau des employés permanents, il y a une augmentation
de 52 à 54, donc de deux; c'est au niveau des employés à
temps partiel, donc occasionnels, qu'il y a une diminution, mais au lieu qu'on
fasse ces travaux en régie, c'est-à-dire qu'on embauche du
personnel, on va à contrat.
Le Président (M. Boucher): Programme 2 adopté.
Protection de la forêt
M. Fortier: Protection de la forêt. J'imagine qu'en plus
des sommes dépensées par le ministère, il y a plusieurs
intervenants là-dedans, il y a la Société de
développement de la Baie-James, la Société
d'énergie de la Baie-James. Est-ce que vous pouvez nous donner une
image? Ici, on parle de lutte contre les incendies, en particulier; j'imagine
qu'il y a d'autres intervenants qui décuplent cet effort ou si c'est
l'effort principal au
Québec?
M. Duhaime: Par ventilation, il se dépense en tout, pour
la lutte contre les incendies, 21 000 000 $; la SDBJ contribue 1 700 000 $, le
ministère, comme vous le voyez dans nos crédits, contribue
environ 10 000 000 $, l'industrie forestière 5 000 000 $ et, par le
ministère des Transports, les avions citernes comptent pour 5 000 000 $
aussi dans l'effort.
M. Fortier: Merci.
M. Vallières: M. le Président, à l'endroit
où on indique la contribution aux frais d'extinction, on remarque un
montant, entre parenthèses, de 1 778 000 $; est-ce que c'est une
diminution par rapport à l'an passé?
M. Duhaime: À quelle page êtes-vous? M.
Vallières: Page 19.
M. Duhaime: On va peut-être se retrouver aux crédits
l'an prochain avec une variante dans l'autre sens; c'est simplement pour les
fins du budget, on essaie d'évaluer et on ne peut jamais prévoir
d'une année à l'autre le nombre d'incendies qu'il y aura en
forêt. II est évident que nos opérations ne cessent pas
lorsgue le budget est épuisé. Nos opérations cessent
lorsque tous les feux sont éteints.
M. Fortier: Quelle était la moyenne des dernières
années? Est-ce qu'il y a une moyenne qui s'établit sur une base
de trois ans, ou, si le ministre des Finances dit: Je coupe 1 000 000 000 $,
cela va bien paraître?
M. Duhaime: Non, je pense qu'il fait la même chose chaque
année. 2 000 000 $ sur cinq ans, en moyenne.
M. Fortier: Ici, combien a-t-on?
M. Duhaime: Donc, il y a eu un peu plus de feux à l'autre
exercice.
M. Fortier: Alors c'est toujours sous-estimé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Est-ce que les appareils CL-215 Canso
appartiennent au ministère des Transports?
M. Duhaime: La flotte est exploitée par le
ministère des Transports.
M. Bélanger: Vous ne pouvez toujours
pas vous servir du CL-215 pour d'autres fins que pour l'arrosage des
forêts.
M. Duhaime: II y a déjà quelqu'un qui est
allé à la pêche avec un CL-215, et je pense que cela lui a
coûté son emploi. Les CL-215 servent exclusivement à la
lutte contre les incendies en forêt, et cette flotte est
administrée par le ministère des Transports. Maintenant, il y a
des équipes au ministère de l'Energie et des Ressources qui
s'occupent de déployer cette force.
M. Bélanger: Nous savons que la plupart - je ne parlerai
pas du Québec - des provinces sont extrêment mal
équipées en avions-citernes. Ici, j'ai eu l'avantage de voir vos
CL-215; c'est extraordinaire. Est-ce que les Canso, par exemple, qui sont moins
récents sont encore valables pour la protection contre les
incendies?
M. Duhaime: Oui. Les services que nous rendent les Canso sont
hautement appréciés d'autant plus que c'est un appareil qui peut
atterrir sur une courte piste et même sur le gravier. Alors qu'on tente
d'éviter le gravier pour les 215.
M. Bélanger: Je comprends pourquoi. Au prix que
coûtent les hélices; c'est mieux de ne pas y aller.
M. Duhaime: Au livre des crédits, par exemple...
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Duhaime: Je voudrais compléter l'information, M. le
Président. À votre livre de crédits,
l'élément 2 du programme 8, au ministère des Tranports,
vous allez retrouver Protection de la forêt; tantôt on a
parlé de 5 000 000 $, il faudrait corriger, il s'agit de 6 841 400 $
pour l'exercice i981-1982. Vous allez trouver cela à la page 22-19 du
livre des crédits.
Le Président (M. Boucher): Programme 3, adopté.
Programme 4, Utilisation de la forêt.
Utilisation de la forêt
M. Fortier: Programme 4, élément 1, pour un
néophyte comme moi, Planification de l'utilisation, il semble y avoir un
chiffre assez extraordinaire; est-ce que l'on peut me donner quelques
explications?
M. Duhaime: 8 561 000 $.
M. Fortier: Cela me semble beaucoup pour de la planification.
M. Duhaime: Spécifiquement parlant, il faudrait
peut-être corriger l'expression. C'est beaucoup plus que de la
planification. Cela comprend toutes les activités reliées
à la planification dans son sens le plus large de l'utilisation de la
ressource, bien sûr, mais vous avez aussi, gérance et soutien
administratif des unités de gestion, le suivi et l'évaluation des
plans de gestion et l'allocation des bois, la révocation des
concessions, l'implantation et l'expansion des usines. Cela ne fait pas
tellement de semaines que je suis au ministère de l'Énergie et
des Ressources, mais je peux vous dire en passant que l'allocation des bois est
un des dossiers qui prend énormément du temps de ce service. En
fait, ce n'est pas simplement une planification dans le sens d'une projection;
il y a aussi le suivi dans certains cas je dirais, pour quelques dossiers
quotidiens, sinon à la semaine pour ce qui est des allocations de
bois.
Les dossiers relevant de l'implantation et de l'expansion des usines
demandent aussi beaucoup de temps. En fait, vous avez...
M. Fortier: II y a 4.1 qui est planification et 4.2 qui est
contrôle, utilisation...
M. Duhaime: Vous avez, par exemple, 271 employés
permanents et cela comprend également les gens qui sont ici à
Québec et en région.
M. Vallières: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: À l'élément 3, voirie
forestière, on remarque une auqmentation très forte. Par
ailleurs, on remarque une diminution de la construction de chemins et de ponts.
À quoi peut-on attribuer cette différence? Il y a un transfert de
près de l'ordre de 7 000 000 $ qui a été fait.
M. Duhaime: À quelle page? M. Vallières:
Page 27.
M. Duhaime: En fait, l'écart s'explique de la façon
suivante: c'est le changement complet de politique avec la formule qui a
été retenue 50-50 pour ce qui est de la voirie forestière
avec l'entreprise privée.
Pour l'année dernière, par exemple, à cause de la
conjoncture économique défavorable pour l'industrie du sciaqe -
ce que le député de Mégantic-Compton évoquait
tantôt - avec la période de rodage normale de
l'établissement de ces nouvelles politiques, cela vous donne
l'explication de la diminution.
Il est évident que sur le plan de la main-d'oeuvre, cette
nouvelle formule exige
moins d'effectifs de la part du ministère. (17 h 45)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: À 4.2, j'aimerais qu'on me dise ce que
signifie contrôle de l'utilisation. Vous avez à 4.1, la
planification de l'utilisation et ensuite vous avez le contrôle de
l'utilisation.
M. Duhaime: C'est un programme qui vise essentiellement à
un contrôle efficace des coupes de bois, à la meilleure
utilisation possible de la matière ligneuse, en conformité aux
règlements. C'est au niveau des effectifs régionaux du
ministère que ce contrôle s'exerce. Ici, à Québec,
c'est convenu d'appeler cela le centre. Ce sont des normes qui sont
émises et ensuite l'application en revient aux régions qui,
elles, sont en contact direct avec l'exploitant, et vont vérifier, par
exemple, la façon dont le mesurage est effectué. C'est ce qui
nous permet ensuite d'envoyer une facture pour percevoir les droits de
coupe.
M. Bélanger: Cela prévoit aussi, je présume,
des inspecteurs qui se rendent en forêt pour s'assurer que c'est fait en
conformité avec...
M. Duhaime: L'ouvrage est vérifié. Il y a 323
permanents dans les effectifs du ministère et 45 cette année
à temps partiel.
M. Fortier: Est-ce que 4.4 couvre l'aide apportée aux
clubs 4-H? Je vois qu'il y a un programme: aide technique et vulgarisation.
Une voix: C'était dans 3.3.
M. Duhaime: Mais c'est un fait qu'on aide les Club 4-H, c'est
à 3.3, Éducation en conservation du milieu forestier.
M. Fortier: D'une façon générale, je pense
qu'il est regrettable, étant donné que la forêt
représente une industrie extrêmement importante au Québec
d'ailleurs c'est la même chose pour les mines qu'en milieu scolaire - il
semblerait - je ne sais pas si cela a changé, mais, dans mon temps
c'était ainsi - qu'on n'attache pas une grande importance à ce
côté. C'est assez difficile de trouver des Québécois
qui sont capables de nommer les arbres dans la forêt. Les clubs 4-H sont
certainement un moyen utile et je me demande si le ministère a
envisagé ce problème que j'appellerais l'ignorance du
Québécois moyen vis-à-vis d'une richesse naturelle assez
importante. Cela me semble un phénomène assez extraordinaire que
le Québécois moyen néglige de connaître une
ressource. Les gens vont connaître les programmes hydroélectriques
assez bien, ils vont même aller les visiter l'été, ils vont
aller jusqu'à la Manicouagan 5, mais je me demande dans quelle mesure
vous faites un effort pour inciter le Québécois moyen à
aller visiter des installations forestières et faire en sorte que le
public moyen connaisse cette ressource, parce que, en ville, on se rend compte
que les Québécois moyens vont meurtrir des arbres facilement et
ont peu de respect pour eux. Cela me semble être une ignorance de la
forêt.
M. Duhaime: On a passé tantôt au programme 3.3, mais
l'impact du programme d'éducation forestière a été
très élevé et est très satisfaisant. On
évalue que 800 000 personnes, directement ou indirectement, ont
été rejointes par ces programmes, à partir des centres
éducatifs et d'organismes qu'on subventionne, comme la faculté de
foresterie et de géodésie de l'Université Laval,
l'Association forestière québécoise et les clubs 4-H.
M. Fortier: Oui, mais mon collègue me disait que vous
rejoignez surtout la personne qui vit à la campagne et qui
s'intéresse à ça. Moi, ma préoccupation c'est de
réaliser que le type qui demeure au coin de Sainte-Catherine ne
connaît rien là-dedans.
M. Duhaime: Vous avez raison.
M. Fortier: Je me demande si le public moyen de Montréal
ne devrait pas faire un effort de ce côté. Cela me semble
malheureux. Les gens qui vont de San Francisco à Los Angeles vont
arrêter visiter une ferme forestière dans ce coin, mais au
Québec il me semblerait que du côté touristique on pourrait
intéresser davantage le Québécois moyen. C'est
peut-être ma propre ignorance du sujet, mais il me semble que, de ce
côté, le public moyen ne s'intéresse pas à ce
dossier.
M. Duhaime: Vous avez raison, je pense qu'il faudrait
peut-être avoir un proqramme très précis, pour les gens de
Montréal en particulier.
M. Fortier: De la ville, de la grande ville.
M. Duhaime: On n'en rencontre pas souvent qui peuvent faire la
différence entre un sapin et une épinette, surtout quand les
branches ne sont pas là. J'ai même déjà vu des gens
entailler ce qu'on appelle chez nous de la plaine dans le temps des sucres.
M. Fortier: Je me demande si le ministère ne devrait pas
essayer de collaborer avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme dans un effort
d'éducation populaire; surtout dans la période estivale il
me semble qu'on devrait faire un effort de ce côté.
M. Duhaime: Moi, je verrais...
M. Fortier: C'est une suggestion, parce que je m'aperçois
qu'en ville les gens ne connaissent rien sur la forêt et on
s'aperçoit qu'ils s'attaquent aux arbres d'une façon tout
à fait inconsidérée.
M. Duhaime: II y aurait peut-être quelque chose à
faire au niveau d'un concertation avec d'autres ministères, comme, par
exemple, vous l'évoquiez tantôt, le ministère de
l'Éducation.
Une voix: II se fait des coupures là.
M. Duhaime: Non je ne pense pas, c'est un contenu
pédagogique purement et simplement.
M. le député de Mégantic-Compton, vous n'avez pas
lu tout votre cahier. À la page 22, vous avez la réponse à
votre question. Il y a effectivement une entente qui existe, à l'heure
actuelle, avec le ministère de l'Éducation. 300 professeurs ont
participé à des stages d'initiation au milieu naturel et
forestier en particulier. Ensuite, cela a été la courroie de
transmission pour aller rejoindre le grand public. On n'a rien dans le
comté d'Outremont, mais on a quelque chose pour le comté de
Mont-Royal, c'est proche.
M. Bélanger: C'était d'ailleurs le
député d'Outremont qui avait posé la question.
M. Duhaime: Oui. Je vous donne ces exemples: au Centre
d'interprétation de la nature du Mont-Royal, on a versé une
subvention de 36 500 $; Centre d'interprétation de la nature du lac
Boivin, 52 500 $; l'Arboretum Morqan, 34 700 $, c'est à Montréal;
Centre de conservation du mont Saint-Hilaire, 29 500 $.
M. Fortier: Si on veut avoir quelque chose dans le comté
d'Outremont, on s'adresse à vous.
M. Duhaime: C'est exact. M. Fortier: Parfait. Merci. M.
Vallières: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Relativement au Mérite forestier, on
constate qu'il y a un budget de 161 000 $, à l'élément
4.
Une voix: Programme 4.4.
M. Vallières: Oui, programme 4.4. On indique qu'il y aura
un concours du Mérite forestier et 25 000 $ de subventions. Les 161 000
$, à quoi sont-ils affectés dans ce service? J'imagine que ce
n'est pas seulement l'administration de 25 000 $ en subventions ou des prix
à des concours.
M. Duhaime: En fait, le concours du Mérite forestier va
porter essentiellement sur le drainage. On compte sélectionner 27
lauréats qui auront droit, chacun, à 1000 $ et c'est parmi eux
qu'on choisira le médaillé d'or, le médaillé
d'argent et le médaillé de bronze. Maintenant, je ne sais pas si
j'ai les autres détails sur les 161 100 $, mais c'est le coût
total du programme. Au fil des années, on prévoit que, sur une
période d'environ trois mois, il faut visiter environ 200 installations.
On affecte 25 à 30 personnes, durant dix ou douze semaines, qui font une
espèce d'inventaire. C'est parmi ces 200 installations que seront
sélectionnés les 27 lauréats. Alors, vous avez 27 000 $ en
prix ensuite à distribuer.
M. Vallières: Cela signifie, par exemple, que le
côté salarial représenterait quelle proportion des 161 000
$ majoritairement ou...?
M. Duhaime: Oui.
M. Vallières: Cela veut dire, à toutes fins utiles,
que c'est un programme de 161 000 $ pour, finalement, donner 25 000 $ en prix
aux lauréats.
M. Duhaime: On ne peut pas demander aux propriétaires de
Port-Cartier de venir à Québec nous montrer leurs installations.
Il faut que les gens y aillent, qu'on les paie.
M. Vallières: Ne trouvez-vous pas cela
disproportionné que, pour faire un concours, cela coûte 161 000
$?
M. Duhaime: On pourrait mettre 200 000 $ de prix, cela
coûterait le même montant. 1000 $ de prix, c'est beaucoup plus la
fierté d'être choisi comme lauréat que le montant d'argent
que cela peut représenter. Un médaillé d'or, d'argent ou
de bronze dans ce genre de concours, j'ai la certitude, comme cela se passe
dans d'autres concours de cette nature, que c'est bien plus la fierté de
pouvoir accrocher dans son salon la médaille qu'il aura
méritée avec le mérite forestier. Il est évident
que les investissements que ces gens sont amenés à faire sont
hors de proportion avec le prix qui est offert. Cela implique, pour le
ministère, que nos gens doivent aller sur le terrain, visiter les
installations, faire un rapport,
etc., alors, il y a les dépenses de salaires, il y a les
dépenses de déplacement, etc.
M. Fortier: II n'y a pas de doute que la bureaucratie est pas mal
forte pour administrer cela. C'était le sens de la question.
M. Duhaime: Oui et je ne vois pas comment on pourrait faire
autrement. Je ne leur donne pas toujours raison, mais là-dessus je ne
vois pas comment on pourrait faire autrement. Si vous avez des suggestions, je
suis bien prêt à vous écouter.
M. Fortier: Ce n'est pas à nous d'administrer. On vous
laisse cela, M. le ministre.
M. Vallières: On est ici pour poser des questions, on veut
avoir des éclaircissements. On peut constater certains faits. Je trouve
que c'est quand même bureaucratique de façon
exagérée.
M. Duhaime: Je ne voudrais pas vous laisser l'impression que, sur
les 27 000 $ qui sont versés, cela coûte 134 000 $ pour
l'administrer. Cela serait un peu ridicule. M. le député de
Saguenay, le programme de lutte contre les incendies, on vient de le
passer.
M. Vallières: Je veux bien croire qu'on discute de la
forêt, mais on n'est pas dans le bois.
M. Duhaime: Les gens qui sont affectés à ce
programme, en plus de faire des recommandations sur le choix des
lauréats éventuels, fournissent également une aide
technique aux propriétaires qui, effectivement, font le drainage. Il y a
un côté expertise ou aide- conseil qu'il faut considérer.
C'est peut-être mal identifié comme tel ou cela a manqué
d'explications dans le cahier qui vous a été transmis, mais ils
font les deux choses en même temps.
M. Vallières: Cela veut dire qu'il y a des employés
permanents à ce service.
M. Duhaime: Ce sont des employés permanents qui, pendant
dix ou douze semaines de l'année, au fil de leurs travaux, font le tour
des installations et s'inscrivent au concours.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 5,
Gestion interne et soutien.
Gestion interne et soutien
M. Fortier: M. le ministre, au programme 5, est-ce qu'on peut
donner des explications? À chacun des programmes, on voit qu'il y a des
fonctionnaires en grand nombre, des techniciens, des professionnels, si on en
juge par le nombre de personnes dans chacun des programmes. Ici, on trouve un
autre poste: Direction et soutien administratif et technique, pour un montant
de 18 000 000 $. C'est vrai que nous avons quelques détails: traitements
et tout ça. Est-ce qu'on peut nous dire l'importance du travail
effectué dans cette direction par rapport à ce qui se fait dans
chacun des programmes? Si je comprends bien, en plus des fonctionnaires qui
sont au niveau de chacun des programmes et qui - on l'a vu tout à
l'heure - font la planification, le contrôle, la gestion et là, on
retrouve un élément assez important en plus de ce qui existe
déjà. (18 heures)
Le Président (M. Boucher): Compte tenu qu'il est 18
heures, on a le consentement des membres pour continuer jusqu'à 18 h
30?
M. Fortier: Au plus.
M. Duhaime: Oui. Je pense qu'on avait donné le
consentement tantôt. Vous avez raison, M. le Président, de nous
rappeler qu'il est 18 heures.
Vous avez dans cet élément du programme le budget du
cabinet ministériel, sous-ministre, sous-ministre associé et
sous-ministre adjoint, de même que les directions générales
et régionales. Vous avez une augmentation dans le foyer permanent de 71
à 87. Je voudrais peut-être vous donner l'explication tout de
suite. C'est la discussion qu'on a eue tantôt. J'ai oublié
l'élément de référence. À 14.1 tout à
l'heure, on cherchait nos quatorze postes. L'explication est là. Je
voudrais peut-être ajouter une chose. Au ministère de
l'Énergie et des Ressources, il n'y a pas, à l'heure actuelle, ce
que l'on retrouve dans beaucoup d'autres ministères -
particulièrement dans les grands ministères du gouvernement - ce
qu'on appelle un secrétariat. On est à mettre sur pied un
secrétariat administratif du ministère pour faciliter la
coordination et l'intégration complète du secteur des mines, par
exemple, du secteur des terres et forêts et d'énergie de
façon que le coeur du ministère batte au même rythme que
partout. C'est en voie d'être fait. On devrait être en mesure de le
faire dans les prochaines semaines sans que cela entraîne pour autant
d'augmentation en termes de budget. C'est à ce budget-là aussi
que vous retrouvez un programme de subventions de l'ordre d'à peu
près 220 000 $.
M. Fortier: Lorsque le ministère des Communications
réalise un programme de
communications pour vous, est-ce que les dépenses sont
imputées dans un poste ici? Cela se monte à combien?
M. Duhaime: Vous parlez de... M. Fortier: Relations
publiques.
M. Duhaime: ...relations publiques, campagnes d'information,
etc.
M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: Le ministère des
Communications n'en fait aucun pour le compte du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Fortier: Vous avez votre propre programme?
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Est-il dans le budget ici?
M. Duhaime: II est au 5-B.
M. Fortier: II est au 5-B. Cela se chiffre à combien? En
avez-vous une idée?
M. Duhaime: On va vous le donner.
M. Fortier: Autres rémunérations ou... Est-ce que
c'est rempli par des fonctionnaires permanents ou si c'est sous-traité
à l'entreprise privée?
M. Duhaime: Sous la rubrique no 13, élément 2,
programme 5, le total est de 1 214 600 $, incluant toutes les dépenses
de même que celles de la bibliothèque. L'année
dernière, ce poste de dépenses d'information était de 1
402 000 $ et il est ramené à 1 214 000 $.
M. Fortier: Cela dessert tous les secteurs, énergie,
forêts...
M. Duhaime: Oui, tout le ministère.
M. Fortier: Cela veut dire qu'il y a combien de personnes
là-dedans, à peu près? 1 000 000 $, ça veut dire
quoi?
M. Duhaime: Effectif permanent, 25; à temps partiel, une
dizaine. J'allais ajouter que c'est très modeste.
M. Fortier: Excusez-moi, j'arrive du secteur privé, je ne
suis pas encore habitué.
M. Duhaime: Vous allez vous y faire.
M. Fortier: Je n'ai pas d'autres questions au programme 5.
Le Président (M. Boucher): Le programme 5 est
adopté. Programme 6, Financement forestier.
Financement forestier
M. Fortier: On a adopté une loi, je pense, au mois de
décembre sur le financement forestier; elle est maintenant en vigueur.
Si je me souviens bien, il y avait une différence de 5% du taux
d'intérêt.
M. Duhaime: On va peut-être demander à M. Moreau de
vous éclairer de ses lumières. Il est à l'Office du
crédit agricole et il est directement impliqué dans ce
dossier.
Depuis que cette loi concernant l'Office du crédit agricole a
été adoptée par l'Assemblée nationale, en
décembre dernier, la réglementation qui en découle est
actuellement au bureau de la législation déléguée.
Ce qui veut dire qu'on devrait être en mesure, dans les quelques semaines
qui viennent, d'approuver l'ensemble et de donner suite à la loi qui a
été adoptée à l'Assemblée nationale de
façon qu'elle soit opérationnelle à l'office.
M. Fortier: II n'y a pas de prêts qui ont été
accordés jusqu'à maintenant par rapport à cette loi. Si je
me souviens bien, c'était de prêter à des taux
d'intérêt de 5% en bas du marché. En gros, c'est ça.
Cela veut dire que, si les gens, à la banque, doivent emprunter à
19 1/2%, ils pourront emprunter à 14 1/2%.
M. Duhaime: La formule qui est retenue au niveau du producteur
qui se prévaudrait de cette loi, le taux de base, le "prime rate", que
tout le monde comprend, plus 0,5%, cette partie reçoit la garantie du
gouvernement. Nous subventionnons ensuite 5% du total.
M. Fortier: Est-ce que vous faites affaires avec une seule banque
ou des caisses populaires ou si...
M. Duhaime: Toutes les institutions financières.
M. Fortier: N'importe quelles. Les Caisses d'entraide
économique aussi?
M. Duhaime: À long terme, c'est l'office comme tel,
à moyen terme ce sont les banques, les institutions financières
d'une façon générale, avec l'endossement.
M. Fortier: J'imagine que l'intention, bien sûr, lorsqu'on
a passé la loi c'était d'aider encore davantage par rapport au
taux d'intérêt qui prévalait à ce moment-là?
J'imagine, comme tout le monde est dans le
même panier que le milieu doit être... De quelle
façon est-ce perçu? Est-ce que vous avez des demandes? Est-ce que
le fait d'avoir ça à 5% en bas du marché c'est suffisant
pour les inciter a se lancer dans un développement forestier?
M. Duhaime: En deux volets: à moyen terme, il n'y a rien
de changé comme tel, le taux préférentiel plus 1% et moins
5%, ce qui veut dire que tout le monde flottait, tandis qu'autrefois la
subvention était assumée par le producteur jusqu'à
concurrence de 5% à long terme et 8% à moyen terme, peu importe
ce qu'étaient les taux d'intérêt. On a embarqué tout
le monde dans l'ascenseur. La formule qui s'appliquait au moyen terme
s'applique maintenant intégralement au long terme, au niveau de
l'office, sauf qu'au lieu de dire plus 1% au-dessus du taux
préférentiel ou du "prime rate", c'est plus 0,5% moins 5%.
M. Fortier: Ma question était celle-ci: De quelle
façon cela va être reçu et est-ce que cela va inciter les
gens à l'utiliser? Si ce n'est pas utilisé, vous avez un budget
de 2 500 000 $, donc vous avez trop d'argent...
M. Duhaime: On a comme l'impression que le programme devrait
porter. On va s'habituer tout le monde à vivre avec les taux
d'intérêt, j'imagine. Il y a 500 à 600 demandes qui sont en
instance d'une décision. En fait, aussitôt que la
réglementation aura été approuvée au niveau du
Conseil des ministres, je pense que ça devrait débloquer
rapidement. Je souhaite en tout cas qu'on puisse épuiser notre budget
là-dessus.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, deux petites questions
rapides.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le crédit forestier
s'adresse également aux sociétés d'aménagement? Les
sociétés sylvicoles, par exemple, qui font de
l'aménagement?
M. Duhaime: Aux sociétés de gestion
forestière?
M. Desbiens: Le crédit forestier. Est-ce que les
sociétés sylvicoles qui font de l'aménagement forestier
sont accessibles aux prêts?
M. Duhaime: Si elles font de l'aménagement, la
réponse est oui j'imagine.
Pour des fins d'aménagement, la réponse est oui.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Boucher): Le programme 6, adopté.
Le programme 7.
Développement de l'industrie
forestière
M. Fortier: Ce programme, M. le ministre, c'est la modernisation
des usines de pâtes et papiers, je pense. Est-ce que c'est celui-ci?
M. Duhaime: Le 7? Oui.
M. Fortier: Je pense qu'on a déjà posé des
questions pertinentes.
M. Duhaime: L'augmentation de 46%, ou 15 000 000 $, s'explique
par le déroulement du programme de relance.
M. Fortier: Mais, une fois que vous avez signé des
ententes avec les sociétés qui font des investissements, vous
êtes engagés pour X années, n'est-ce pas? Ce sont des
ententes sur une période de cinq ans?
M. Duhaime: Généralement, c'est cinq ans.
M. Fortier: Alors, c'est un poste budgétaire qui, une fois
que vous y êtes engagés, va être immobile, non
compressible.
M. Duhaime: Et récurrent. (18 h 15)
Le Président (M. Boucher): Programme 7, adopté?
Les crédits, soit les 14 programmes et tous les
éléments du ministère de l'Énergie et des
Ressources sont adoptés. Je prierais le rapporteur d'en faire rapport
à l'Assemlbée nationale au nom des membres de la commission.
M. Vallières: II y aurait peut-être une
précision de la part du ministre relativement à un engagement
qu'il a pris hier en commission, de transmettre à l'Opposition une
étude actuarielle relativement à la loi qui a été
déposée sur la création d'un fonds minier. Est-ce qu'il
serait possible de nous la faire parvenir au cours de la semaine?
M. Duhaime: Je peux tenter de le faire au cours de la semaine,
mais j'aimerais mieux ne pas me mettre dans le ciment là-dessus, parce
que si mon souvenir est bon, on a parlé de plusieurs études, mais
sur celle-là en particulier, il y avait des réserves, parce qu'il
est fort possible qu'il y ait des accords de confidentialité. La
commande est déjà passée et on va vous la fournir le plus
rapidement possible.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce qu'il y
a des commentaires avant d'ajourner?
M. Duhaime: M. le Président, en terminant nos travaux, je
voudrais remercier mes collègues, députés
ministériels et députés de l'Opposition également
pour leur intérêt aux travaux de notre commission et pour leur
participation. Je pense qu'on a réussi à passer à travers
les 14 programmes à l'intérieur de notre enveloppe de temps. Je
vous remercie d'autant plus qu'étant nouveau dans ce ministère,
je considère avec plaisir votre niveau d'indulgence sur certains
dossiers fort techniques, en particulier dans le domaine des mines.
Je voudrais aussi remercier mon sous-ministre et les sous-ministres
associés du ministère, de même que leurs équipes
pour avoir franchi à nouveau le marathon de la préparation des
crédits qui est, il faut bien le dire, une corvée qui revient
annuellement. Je voudrais assurer tous les membres de cette commissions que
c'est avec ouverture d'esprit que j'entreprends ce mandat à la
tête du ministère de l'Énergie et des Ressources. Mon seul
souhait est de ne pas faire un quatrième ministère en cours de
route, j'en ai déjà trois de fait et j'espère que notre
séjour pourra être d'une longue durée.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais remercier le ministre et ses
collègues de nous avoir fourni l'information que nous avons
demandée et sa collaboration. L'Opposition a essayé de jouer son
rôle de critique en posant des questions et ça me fait plaisir
d'avoir collaboré en même temps à la formation du nouveau
ministre dans ce dossier. Merci.
Le Président (M. Boucher): La commission de
l'énergie et des ressources ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 18)