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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission de l'énergie et des ressources se réunit
afin d'étudier la proposition tarifaire d'Hydro-Québec.
Les membres de la commission - je nommerai les membres et les
intervenants en commençant par ma droite: ils seront
mélangés, j'irai par ordre autour de la table: M. Duhaime (Saint
-Maurice), M. Grégoire (Frontenac), M. de Belleval (Charlesbourg), M.
Rodrigue (Vimont), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Dussault
(Châteauguay), M. Tremblay (Chambly), M. Bordeleau (Abitibi-Est);
à gauche, M. Fortier (Outremont); M. Forget (Saint-Laurent) remplace M.
Levesgue (Bonaventure); M. Vallières (Richmond); M. Polak (Sainte-Anne)
remplace M. O'Gallagher (Robert-Baldwin); M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Middlemiss (Pontiac), M. Hains (Saint-Henri), M.
Ciaccia (Mont-Royal).
J'aimerais avoir la proposition pour un rapporteur.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je peux
suggérer M. LeBlanc (Montmagny-L 'Islet)?
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc (Montmagny
-L'Islet).
Je demanderais aux représentants d'Hydro-Québec de venir
s'asseoir et de s'identifier avant de commencer la séance. S'il vous
plaît, M. Boyd, M. Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): Joseph Bourbeau, président du
conseil d'administration d'Hydro-Québec. J'ai le plaisir d'être
accompagné par M. Robert Boyd, président-directeur
général d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. Vos
commentaires préliminaires, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, mes premiers mots seront,
bien sûr, pour souhaiter la bienvenue au président du conseil
d'administration, de même qu'au président-directeur
général d'Hydro-Québec, MM. Joseph Bourbeau et Robert
Boyd. Je constate avec plaisir que la plupart des membres du conseil
d'administration d'Hydro-Québec et de la Société
d'énergie de la Baie James sont présents. Je constate aussi que
les hauts fonctionnaires et les cadres d'Hydro-Québec et de la SEBJ
accompagnent MM. les présidents et les membres de leur conseil afin de
nous éclairer sur la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année 1982. Je rappelle essentiellement, M. le Président, que
cette commission se réunit à peu près jour pour jour trois
ans après les dernières séances des 27 et 28 septembre
1978; à l'époque on étudiait une proposition tarifaire qui
portait sur trois années. J'attire l'attention sur le fait que le but de
la commission parlementaire d'aujourd'hui et de demain, si besoin est, porte
essentiellement sur la proposition tarifaire que formule Hydro-Québec au
gouvernement. Dans la séquence des événements, lorsque
cette commission parlementaire aura terminé ses travaux, j'aurai
à faire rapport au Conseil des ministres, qui prendra une
décision finale sur ce sujet.
Je voudrais peut-être, M. le Président, dire que pour la
dernière fois, je pense, nous retrouvons ce matin en commission
parlementaire, je puis le voir à la table d'Hydro-Québec, M.
Robert Boyd, qui est à Hydro-Québec depuis près de 40 ans
maintenant, 37 ans pour être bien précis, et qui nous a
annoncé récemment qu'il quitterait Hydro-Québec le 1. 5
décembre qui vient. Vous allez me permettre, M. le Président,
bien brièvement, de souligner la carrière de Robert Boyd; c'est
très certainement l'ascension la plus, je dirais, fulgurante d'un jeune
cadre ingénieur qui est entré au service d'Hydro-Québec
dès sa création en 1944; il a, au fil de sa carrière et au
fil des années, vécu non seulement la création
d'Hydro-Québec, qui s'appelait la Commission hydroélectrique
à l'époque en 1944, mais il a été dans les
années soixante un des piliers d'Hydro-Québec dans ce qu'il est
convenu maintenant d'appeler la phase de la nationalisation des compagnies
privées d'hydroélectricité. (10 h 15)
Dans une troisième étape M. Boyd a été
l'âme dirigeante, je dirais, le grand maître à bord du
projet de la Baie-James. Aujourd'hui comme président-directeur
général d'Hydro-Québec, comme membre du conseil
d'administration de la Société d'énergie de la Baie James,
d'Hydro-Québec International, de Churchill Falls (Labrador)
Corporation Limited, membre du conseil d'administration de Sidbec et de
Sidbec-Dosco et de l'Association canadienne de l'électricité.
Vous allez me permettre de rendre à César ce qui est à
César, et à M. Boyd ce qui est à M. Boyd.
Je voudrais vous dire, M. Boyd, que vous êtes et vous avez
été un exemple pour les jeunes Québécois qui
entrent au service des grandes entreprises publiques et qui y font une
carrière remarquable. Je voudrais dire aussi que les universités
ont reconnu vos talents puisque trois doctorats honoris causa vous ont
été décernés par trois universités du
Québec et que vous avez décidé de prendre ce que, dans mes
mots, je voudrais qualifier de repos du querrier, vous avez été
un des grands capitaines d'Hydro-Québec.
Je voudrais me faire le porte-parole non seulement de tous les
Hydro-Québécois, mais de tous les Québécois, et
vous dire que nous continuerons de travailler avec vous avec plaisir
jusqu'à la dernière heure et au dernier jour. Je voudrais que
vous soyez favorisé par une excellente santé. Je me fais aussi le
porte-parole de mes collègues et je suis convaincu façon face de
moi, les députés de l'Opposition seront certainement de cet avis.
Je pense que vous avez bien mérité de la patrie et que nous
aurons, en collaboration avec le conseil d'administration
d'Hydro-Québec, à nous assurer que la succession que vous
laisserez ouverte sera comblée au plus grand avantaqe tant
d'Hydro-Québec que du gouvernement du Québec et des citoyens du
Québec.
Je voudrais en quelques mots rappeler essentiellement que la politique
tarifaire d'Hydro-Québec, qui est devant nous ce matin, me permet
d'évoquer ce qu'un de mes anciens collègues publiait il y a trois
ans et demi maintenant, un document qui s'est intitulé "La politique
québécoise de l'énergie, assurer l'avenir". Tout
récemment, j'avais à publier un document qui s'intitulait "Trois
ans après", et qui donnait les qrandes liqnes du cheminement de la
politique énergétigue du Québec, dont les buts essentiels
sont de faire en sorte que nous puissions, d'une part, minimiser notre
appartenance au pétrole en y substituant d'autres formes
d'énergie et, par ailleurs aussi, nous assurer que nous puissions, avec
les moyens que le gouvernement du Québec avait à sa disposition,
avoir le maximum de ce qu'il est convenu d'appeler maintenant une politique
d'harmonisation. Au cours des travaux d'aujourd'hui et de demain, nous aurons,
bien sûr, à vérifier - ce sera le sens de la plupart de mes
interventions durant les travaux de cette commission - si la proposition qui
est devant nous rejoint les grands objectifs de cette politique
énergétigue et, d'autre part, à m'assurer que les besoins
financiers d'Hydro-Québec seront satisfaits par les entrées de
fonds additionnels qu'impligue nécessairement la hausse de tarifs qui
nous est Droposée.
Je m'arrêterai ici, M. le Président; j'aurai l'occasion de
revenir durant le débat. Je voudrais peut-être, sur une question
de procédure, rappeler à mes collègues de cette commission
- je le fais par simple analoqie ou par référence - que la
commission, qui a examiné les tarifs, en 1978, pendant deux
journées, avait totalisé une dizaine d'heures de travail. Je sais
que, ces jours-ci principalement, tant du côté de l'Ooposition que
du gouvernement, nos horaires sont chargés. Ce que le leader du
gouvernement me proposait comme horaire de travail était à peu
près la formule suivante: Nous pourrions siéger ce matin
jusqu'à 13 heures, reorendre à 15 heures jusqu'à 18
heures, de 20 heures ce soir jusqu'à 22 heures et possiblement ?A
heures, si la résistance de nos constitutions nous le permet et, si nous
n'avions pas terminé à minuit, nous pourrions terminer demain en
reprenant à 10 heures et en terminant à midi, ce qui ferait douze
heures au total, ce qui ferait cependant dix heures de travaux, si nous
terminions ce soir à 22 heures et reprenions demain pendant deux
heures.
En 1978, nos collègues à cette même table avaient
travaillé dix heures exactement en deux journées. Ce que je vous
propose, c'est afin qu'on puisse ajuster de Dart et d'autre nos horaires. Si on
convenait de dix heures de travail, on pourrait finir ce soir à minuit
ou encore ajourner nos travaux à 22 heures et reprendre demain matin de
10 heures à midi. Mais cela m'est égal, la seule chose que je
demanderais, c'est qu'on puisse se fixer, du moins tentativement, un horizon de
travail pour qu'on puisse aqencer nos horaires respectifs.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Quant à l'horaire de travail, M. le
Président, nous n'avons pas d'objection de principe. Si vous le
permettez, avant de faire quelques remarques préliminaires, j'aimerais
passer la parole à John Ciaccia, député de Mont-Royal, qui
a déjà travaillé avec M. Boyd et qui aimerait dire un mot
de l'association qu'il a eue. Ensuite, j'enchaînerai pour ma part, parce
que j'aimerais également dire quelque chose à ce sujet.
Le Président (M. Laplante): Pas d'objection, M. le
député d'Outremont. M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, je voudrais rendre un
hommage tout particulier à M. Robert Boyd, premièrement, pour
le
travail qu'il a fait, sa contribution au développement
d'Hydro-Québec et souligner particulièrement le rôle que M.
Boyd a joué dans les négociations pour l'entente de la
Baie-James. Il était soucieux des intérêts
d'Hydro-Québec naturellement mais, au-delà de cela, je crois
qu'il prenait aussi les intérêts de tous les
Québécois. Il était très préoccupé
par les négociations, il a apporté une contribution très
importante et très valable. Je crois que tous ceux qui ont eu l'occasion
de travailler avec M. Boyd, soit dans ce dossier, soit dans d'autres, ont su
apprécier les efforts et la manière dont M. Boyd a
travaillé avec ses collègues et avec ceux qui ont eu l'occasion
de collaborer avec lui. Je crois que c'est un fait connu qu'il est reconnu dans
le monde entier comme un expert dans son domaine.
Personnellement, et je parle au nom de tous mes collègues, je
regrette le fait que M. Boyd quitte Hydro-Québec. Je crois que cela va
être une perte pour Hydro-Québec, non seulement pour
Hydro-Québec, le développement de cette société,
mais pour tout le Québec. J'espère que M. Boyd va pouvoir
apporter son expertise dans son domaine, dans l'intérêt de toute
la population, et je veux lui souhaiter la meilleure santé et la
meilleure des chances dans tout ce qu'il pourra entreprendre.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Mont-Royal. M. le député d'Outremont.
M. Pierre Fortier
M. Fortier: M. le Président, bien sûr, en tant
qu'ingénieur et membre de cette Assemblée et en tant
qu'ingénieur qui a été associé de très
près avec plusieurs des travaux d'Hydro-Québec dans le
passé, j'aimerais m'associer aux commentaires de mon collègue de
Mont-Royal ainsi qu'à ceux du ministre pour souligner le travail
extraordinaire accompli par le président Boyd, et, en tant
qu'inqénieur depuis plusieurs années, avant même qu'il
n'occupe ce poste et tous les autres postes qu'il a occupés deDuis ses
débuts à Hydro-Québec.
J'aimerais à ce sujet me permettre deux indiscrétions. La
première, c'est qu'on m'a souligné que, dernièrement, il y
a eu une réunion du conseil d'administration de Churchill Falls
Corporation et il semblerait que même les gens de Terre-Neuve
considèrent que M. Boyd a joué un rôle considérable
dans l'achèvement des travaux de la Baie-James et que, à ce
titre, le gouvernement devrait lui élever un monument. Je vous transmets
la recommandation, M. le ministre, et je suis sûr que vous pourrez vous
associer à cet éloge qui est venu même de personnes qui, en
ce qui concerne le différend qui nous divise dans le moment, semblent
reconnaître le rôle qui a été joué par M.
Boyd.
La seconde indiscrétion, c'est que, au mois de septembre dernier,
alors que j'étais ingénieur dans le secteur privé, j'avais
été invité à participer à une réunion
internationale à Rio de Janeiro et ceci m'a permis de constater
jusqu'à quel point le rayonnement d'Hydro-Québec et le
rayonnement de M. Boyd étaient répandus et connus, même en
Amérique du Sud. Les travaux d'Hydro-Québec font dans le monde
l'envie de plusieurs compagnies d'utilité publique, et la façon
dont les travaux ont été réalisés, la
compétence d'Hydro-Québec et la compétence des
ingénieurs font en sorte que, tous et chacun, nous devons être
fiers d'être Québécois. Je dirais qu'en tant
qu'ingénieur moi-même, je m'associe à ce titre à
tous les ingénieurs du Québec, nous sommes fiers d'avoir parmi
nous un chef de file tel que M. Boyd.
Si vous me permettez, M. le Président, je vais faire guelques
remarques préliminaires, avant qu'Hydro-Québec puisse faire sa
présentation.
J'aimerais dire que, quand on sait l'importance de
l'électricité au Québec, non seulement pour l'industrie,
mais également pour tous les citoyens de cette province, on sait alors
l'importance de l'augmentation des tarifs de l'électricité. Tous
et chacun, on a besoin de l'électricité pour s'éclairer,
pour se chauffer très souvent, pour actionner les nombreuses machines
qui aident l'homme moderne à avoir un niveau de vie plus
élevé et plus acceptable que par le passé.
Bien sûr, l'électricité alimente nos industries
également et, de ce fait, l'électricité peut être et
est très souvent génératrice d'emploi. D'où, M. le
Président, l'importance de la nouvelle tarification proposée par
Hydro-Québec pour l'année 1982.
J'aimerais, M. le Président, tout de même déplorer
le retard qui a été apporté par le ministre à
donner son approbation pour que l'Opposition puisse jouer pleinement son
rôle. Alors que j'avais fait une demande au bureau du ministre de
l'Énergie et des Ressources le 15 septembre, ce n'est que jeudi dernier
que nous avons pu, enfin, obtenir la documentation nécessaire pour
permettre à l'Opposition de connaître les propositions
d'Hydro-Québec et de faire une étude qui, somme toute, compte
tenu du temps disponible, n'a pas été aussi
détaillée que nous l'aurions voulu.
Ceci au moment, bien sûr, où le ministre des Communications
s'apprête à adopter une loi qui va donner à tous et
à chacun l'accès à l'information. N'est-il pas ridicule
que le gouvernement veuille, d'une part, rencontrer de si nobles objectifs
alors qu'il semble utiliser toutes sortes de raisons pour ne pas permettre
à l'Opposition de
jouer pleinement son rôle? N'est-il pas un peu ridicule que le
ministre de l'Énergie et des Ressources ne permette pas aux membres de
l'Opposition libérale, membres de cette commission, de jouer un
rôle important et d'avoir accès à l'information
nécessaire, alors que le gouvernement prétend faire instamment
une réforme parlementaire devant permettre aux membres de
l'Assemblée nationale de jouer pleinement leur rôle?
Il m'aurait semblé, M. le Président, plus acceptable que
la demande que nous avions faite il y a une dizaine de jours ait
été satisfaite à ce moment-là.
D'autant plus que, comme nous l'avons établi à la
dernière commission parlementaire et avec la présentation de la
loi no 16, le gouvernement se trouve en conflit d'intérêts direct.
Plus les tarifs sont élevés, plus Hydro-Québec fait des
surplus. Plus HydroQuébec fait des surplus, plus le gouvernement peut
décider d'une façon unilatérale de se payer des
dividendes. Cette équation gouvernement-conflit d'intérêts
est telle qu'il semblerait qu'il n'y a que l'ODposition qui peut
défendre les contribuables pour s'assurer qu'ils ne se font pas jouer ni
par le gouvernement ni par des propositions tarifaires qui, somme toute,
peuvent être, par ailleurs, justifiables.
J'aurais quatre constatations à faire en ce qui concerne l'examen
de la tarification qui nous est proposée aujourd'hui. La
première, c'est que l'auqmentation proposée par
Hydro-Québec est de 16, 3% en moyenne, pour permettre à
Hydro-Québec d'obtenir des revenus additionnels de quelque 415 000 000
$, dus à cette auqmentation propre. Entre autres, par ailleurs, il y a
d'autres sources de fonds dues à l'auqmentation des ventes ou
financement externe pour un total de 962 000 000 $. (IO h 30)
Mais on constate qu'Hydro-Québec a préparé sa
position tarifaire en non-conformité de sa loi. J'aimerais ici citer
l'article 22 qui dit ceci: "La société a pour objet de fournir
l'énergie aux municipalités, aux entreprises industrielles ou
commerciales et aux citoyens du Québec aux taux les plus bas compatibles
avec une saine administration financière. " Mais Hydro-Québec
semble avoir considéré que la loi 16 était, somme toute,
adoptée, et que la discussion qui sera faite à l'Assemblée
nationale ne sera faite que pour la forme.
M. le Président, cette façon de faire me semble un affront
aux privilèqes de l'Assemblée nationale et me semble contraire au
respect qui doit entourer l'autorité qui se déqaqe de cette
Assemblée.
Comment une société dÉtat peut-elle consciemment
prétendre se substituer aux membres de l'Assemblée nationale pour
décider qu'elle ne continue pas à être régie par la
loi présentement en vigueur? Comme je l'ai souligné tout à
l'heure, la loi présentement en vigueur demande que la proposition
tarifaire qui aurait dû nous être proposée soit la plus
basse possible, compatible avec une saine administration financière.
D'ailleurs, à ce sujet, lors de la dernière commission
parlementaire, à des questions qui avaient été
posées par différents membres de la commission, le
président du conseil avait dit ceci à la page B-65 du compte
rendu de la dernière commission parlementaire: " Remarquez que
prochainement, à la fin du mois de septembre, il y aura une commission
parlementaire où on viendra vous présenter une nouvelle hausse de
tarifs qui sera encore calculée suivant les principes
énoncés dans la loi actuelle et non pas dans la loi 16, parce que
la loi 16 n'est pas encore adoptée. "
Que s'est-il passé, M. le Président, entre le ?5
août et le jour où Hydro-Québec a décidé de
formuler sa proposition? Il semblerait qu'il a dû y avoir du "tordaqe de
bras" et, tel que nous en avons fait état lors de la dernière
commission parlementaire, Hydro-Québec s'est fait mettre en tutelle pour
décider que, somme toute, elle devait respecter les désirs du
gouvernement. Cela en dit long, bien sûr, sur l'autonomie dont jouit
Hydro-Québec maintenant. Pas surprenant que la mise en place d'un tel
système ait été réalisée pour
contrôler Hydro-Québec. Bien sûr, on se rend compte que
toutes les nominations au conseil d'administration ont été faites
par le gouvernement et on y rencontre des gens tels que l'ex-ministre de
l'Énergie et des Ressources, et même, comme adjoint Drincipal du
président du conseil d'administration, l'ex-chef de cabinet de ce
même ex-ministre.
Il est très clair que le parti au pouvoir s'est construit une
toile d'araiqnée permettant de contrôler les faits et gestes
officiels d'Hydro-Québec, comme la DroDOsition tarifaire qui est devant
nous aujourd'hui.
Une troisième constatation, c'est que le conseil
d'administration, comme nous l'avons souliqné lors de la dernière
commission parlementaire, semble avoir accepté comme un fait acquis
qu'il existe une politique énergétique suivant laquelle le prix
de l'électricité doit se situer entre le prix du pétrole
et le prix du gaz.
J'avais souliqné, lors de cette dernière commission
parlementaire, qu'autant que je sache, le gouvernement n'a pas formulé
de telle politique et que, si elle était formulée, il faudrait
bien que l'Assemblée nationale en discute en Chambre avant qu'elle
devienne effective et qu'elle soit utilisée par Hydro-Québec dans
la préparation de cette tarification.
Pourquoi est-il nécessaire - et nous avions posé la
question à la fin d'août - que la tarification de
l'électricité doive être haussée artificiellement?
Il s'agit là d'un marché, d'un marché de dupe, d'un moyen
détourné pour permettre au gouvernement de se payer des
dividendes faramineux.
Il nous semble complètement inacceptable pour les citoyens du
Québec qu'une telle pseudo-politique soit appliquée. Et
même si elle l'était, elle devrait être proposée par
le gouvernement à qui incombe cette responsabilité et non pas au
conseil d'administration d'Hydro-Québec.
D'ailleurs, un des sujets qui devraient être débattus en
public, dans un débat public, serait justement cette politique de
tarification qui va déterminer, somme toute, les augmentations de
tarification qui nous seront proposées non seulement pour 1987, mais
pour les années à venir.
J'aimerais citer du livre blanc, puisqu'il semblerait qu'à
l'occasion on en cite certaines parties, d'autres paraqraphes qui sont peu
cités. La siqnature est du ministre Joron. "Les Québécois,
engagés bon gré mal gré dans le monde
énergétique comme individus ou comme agents économiques,
sociaux et politiques, sont en droit d'attendre de l'État qu'il assume
ses responsabilités. " Nous sommes complètement d'accord avec
cela. "C'est à lui qu'appartient d'établir une stratégie
qui respecte et accentue les divers rôles, tout en les rendant rentables
et cohérents. "
Plus loin, dans les objectifs - dont l'un est d'accroître
l'autonomie énergétique du Québec - on indique
"d'impliquer les Québécois dans la mise en place de la politique
énergétique du Québec et d'intégrer la dimension
énergétique dans les qrandes décisions
socio-économiques des pouvoirs publics". Nous nous devons de protester
puisqu'il nous semble que le gouvernement doit jouer son rôle, quoique
nous comprenions l'impatience d'Hydro-Québec de proposer des politiques
alors même que le gouvernement ne le fait pas.
La Loi d'Hydro-Québec est très claire. À l'article
22. 1, on dit ceci: "Pour la réalisation de ses objets, la
société prévoit les besoins du Québec en
énergie et les moyens de les satisfaire dans le cadre des politiques
énerqétiques que le gouvernement peut, par ailleurs,
établir. "
En conclusion, il me semble que la proposition tarifaire devant nous est
illégale et irrecevable. La constatation la plus importante, bien
sûr, c'est que l'augmentation proposée semble être de 100%
trop élevée, deux fois trop élevée si on prend en
considération les taxes et les dividendes inclus dans les montants
qu'Hydro-Québec a inclus dans sa proposition tarifaire. En effet,
à la page 40, je crois, ou vers la fin de la proposition tarifaire, dans
les besoins financiers d'Hydro-Québec, on indique des montants de 198
700 000 $qui ont été inclus à la page 38 dans la somme de
962 300 000 $ requis pour rencontrer les besoins de fonds
d'Hydro-Québec.
Si on déduit des besoins financiers d'Hydro-Québec ces 700
000 000 $ qui n'ont pas encore été votés vu que la
discussion sur la loi no 16 n'a pas encore été tenue - cela me
semble une atteinte aux privilèges de l'Assemblée nationale de
croire et de penser que cette loi sera automatiguement approuvée - si on
fait, dis-je, le calcul d'enlever des besoins financiers d'Hydro-Québec
ces 200 000 000 $ qui seront payés à Hydro-Québec l'an
prochain, il semblerait que l'augmentation tarifaire d'Hydro-Québec
devrait être d'environ 8, 5%.
L'Opposition ne peut accepter ce tripotage des fonds
d'Hydro-Québec. L'Opposition doit prendre la défense des
intérêts des consommateurs. En conséguence, je
désire faire la motion suivante:
Attendu que le projet de loi portant modification à la Loi
d'Hydro-Québec n'a pas encpre été débattu, ni
à plus forte raison adopté par l'Assemblée nationale;
Attendu qu'il n'est pas convenable pour Hydro-Québec de
présumer de l'adoption de ses lois ou de toute autre loi par
l'Assemblée nationale comme s'il s'agissait d'une simple
formalité!
Attendu que la proposition tarifaire soumise par Hydro-Québec
devrait être conforme à la loi au moment où elle est
soumise à la commission parlementaire permanente de l'énergie et
des ressources;
Attendu qu'Hydro-Québec n'est actuellement astreinte à
aucune charqe fiscale sur son capital ni à aucun paiement de dividende
au bénéfice du ministre des Finances;
Attendu que la proposition tarifaire d'Hydro-Québec prend ppur
acquis qu'une somme de 197 800 000 $ sera versée au ministre des
Finances en 1982 et que les tarifs seraient augmentés en
conséquence:
II est résolu que la proposition tarifaire d'Hydro-Québec
pour 1982 soit diminuée de 198 700 000 $ et que, par conséquent,
la demande d'augmentation soit réduite de 16, 3% à 8, 5% sans
préjuger des conclusions de la commission parlementaire quant au reste
de l'auqmentation.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Charlesbourg, nous aurons à prendre réflexion sur la
recevabilité de cette motion. Il est courant aussi, dans une commission
parlementaire, que, dans certains cas, on demande à un parlementaire des
suggestipns ou de se faire entendre sur la recevabilité de telle motion.
Mais, devant la clarté de cette motion, je suis prêt à
prendre en considération tout de suite sa recevabilité.
Pour moi, la recevabilité de cette motion est prématurée;
c'est prématuré à ce moment-ci de présenter une
telle motion. La commission a commencé ses travaux seulement depuis
environ une demi-heure et le mandat de cette commission est d'étudier
justement la tarification d'Hydro-Québec: or, prendre une
décision à ce moment-ci sans avoir étudié et sans
avoir entendu la position d'Hydro-Québec actuellement me paraît
prématuré. À ce moment-ci, M. le député
d'Outremont, je me vois dans l'obligation de juger irrecevable votre
motion.
M. Forget: M. le Président, je pense que vous avez conclu
assez rapidement sur cette question...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent!
M. Forget:... sans même reconnaître...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent;
M. Forget:... les collègues de l'autre
côté...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget:... qui vous avaient demandé un droit de
parole.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Saint-Laurent! Il n'est pas
d'habitude non plus, lorsque le président rend une décision, de
la commenter de la façon que vous la commentez actuellement. Si vous
avez des remarques, actuellement...
M. Forget: Je vous demande une directive, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord, monsieur.
M. Forget: Je me demande en vertu de quel article du
règlement vous juqez une question recevable ou non recevable en fonction
du temps où elle est présentée. Une motion, à mon
avis, et - c'est l'expérience commune que j'ai pu observer en commission
parlementaire - est recevable en soi, étant donné son contenu, ou
est irrecevable. On n'a jamais indiqué qu'un article de notre
règlement permettait au président de déterminer la marche
des travaux de la commission parlementaire. Je crois que la commission est
maîtresse de ses travaux, maîtresse du moment, par
conséquent, auquel certaines questions sont débattues, sont
abordées. J'aimerais que vous puissiez nous indiquer, M. le
Président, en vertu de quoi on est maintenant dans la situation
où vous juqez inopportune à ce moment-ci la présentation
d'une motion. C'est une opinion à laquelle vous avez droit comme tous
les membres de la commission, qu'elle soit opportune ou inopportune. Mais le
fait de déclarer que vous ne la recevez pas parce qu'elle est
présentée au mauvais moment me semble une dérogation
à la manière habituelle de procéder. J'aimerais que vous
nous indiquiez en vertu de quel pouvoir, comme président d'une
commission parlementaire, vous jugez qu'il est inopportun à ce moment-ci
de parler de tel et tel sujet. Vous savez très bien que les motions qui
se font au début d'une commission parlementaire ont pour but, justement,
de clarifier la façon dont les travaux vont procéder. Il est tout
à fait légitime de soulever un problème de fond de ce
genre quant au contexte même dans lequel nous devons travailler. Mon
collèque d'Outremont a prétendu - je l'appuie là-dessus -
qu'il est irréqulier pour la commission parlementaire de se pencher sur
une proposition qui, à sa face même, s'inspire de lois qui ne sont
pas adoptées par l'Assemblée nationale et qui est donc
irréqulière et même illéqale.
Une voix: M. le Président...
Le Président fM. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, pour répondre à votre première objection,
je prends le mandat à la lettre, la raison pour laquelle la commission
de l'énergie et des ressources a été appelée
à siéqer: c'est pour fins d'étude de propositions
tarifaires d'Hydro-Québec. À ce stade-ci, il n'y a eu aucune
discussion et Hydro-Québec ne s'est même pas fait entendre
jusqu'à maintenant. Je vous ai dit qu'à ce moment-ci, votre
proposition n'était pas recevable et que je ne pouvais pas l'accepter,
mais je ne vous ai pas dit, par exemple, qu'à un autre moment, je ne la
juqerais pas recevable. Je ne me prononce pas sur la recevabilité comme
telle - je garde cela pour un autre moment - d'une telle proposition, mais
à ce moment-ci, je ne puis prendre une telle motion en
délibéré. M. le député de Charlesbourg.
M. de Belleval: Un mot du ministre avant, M. le Président,
si vous le permettez.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Yves Duhaime (réplique)
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais peut-être
clarifier les choses. Il y a un point qui a été soulevé
tout à l'heure par le député d'Outremont au sujet de
l'information de l'Opposition sur la problématique tarifaire qui
est devant nous ce matin. Non seulement j'ai demandé que le
nécessaire soit fait dans les meilleurs délais pour qu'un
résumé écrit et succinct de la proposition puisse
être transmis à l'Opposition, mais j'ai même demandé
qu'Hydro-Québec organise une séance de travail avec les membres
de l'Opposition de façon que le personnel technique possédant
l'expertise nécessaire puisse expliciter davantage la proposition qui
vient devant nous ce matin. Que je sache, c'est la première fois sous
notre gouvernement qu'une pareille rencontre est organisée entre les
membres de l'Opposition et les cadres d'Hydro-Québec au plus haut niveau
Dour que toute l'information pertinente puisse être transmise. (10 h
45)
Sur un deuxième point, M. le Président, le
député d'Outremont nous fait - je ne parlerai pas sur la motion -
dans ses commentaires une proposition. Jusqu'à quel point est-ce
sérieux? Je l'ignore complètement. Elle consisterait à
travailler sur une problématique tarifaire à la hausse de l'ordre
de 8, 5%. Il ajoute que si nous sommes à 16, 3% dans la proposition qui
est sur la table de la commission, c'est essentiellement relié au fait
que l'Assemblée nationale a été saisie du projet de loi no
16.
Je vais peut-être répondre essentiellement ceci, M. le
Président, bien brièvement. En 1977, il n'était pas
question de la loi no 16, donc de politique de dividendes et la proposition qui
était venue d'Hydro-Québec à l'époque portait sur
trois années, 1978, 1979 et 1980, et comportait des hausses moyennes
annuelles de 20% pour 1978, 20% pour 1979 et 20% pour 1980. Après la
commission parlementaire de l'automne 1977, le gouvernement a retenu une hausse
moyenne de 18% pour l'année 197R. En septembre 1978, il y a trois ans,
à peu près jour pour jour, il n'était pas question, non
plus, de la loi 16 et d'une politique de dividende pour Hydro-Québec. La
proposition tarifaire qui a été étudiée par la
commission portait sur une hausse de 17% pour 1979, 17% pour 1980 et 17% pour
1981. Ce que le gouvernement a ultérieurement retenu comme hausse pour
les trois années: 13, 7% pour 1979, 13, 3% pour 1980 et 10, 6% pour
1981.
L'Opposition vient nous dire que, parce que la loi 16 est sur le parquet
de l'Assemblée nationale, nécessairement, les hausses
proposées sont inconsidérées et seraient même
illéqales; le député d'Outremont admettra avec moi que
c'est passablement exagéré. Je n'arrive pas à en saisir le
sérieux. À R, 5% d'augmentation moyenne, tel que vous le formulez
sur le coin de la table et sans même aller voir dans les
différents scénarios, on se retrouverait probablement en bas du
prix du gaz naturel. Vous le faites à l'époque où il vient
tout juste d'être décidé que le prix du pétrole au
Canada allait tripler sur cinq ans. Je n'arrive pas à concilier
ça, mais, enfin, peut-être que durant les prochaines heures on
pourra avoir davantage d'éclaircissements de votre côté.
Mais, s'il y a quelque chose qui me paraît irresponsable, c'est bien la
proposition qui vient d'être faite.
Vous avez parlé du livre blanc et j'en suis très heureux.
Je pense, en passant, que vous avez rendu hommage à son auteur, notre
ex-collègue, M. Joron. Je peux dire que, quand j'ai proposé au
Conseil des ministres la nomination de mon ancien collèque, M. Joron,
pour prendre place au conseil d'administration d'Hydro-Québec, je le
faisais avec la certitude que, premièrement, il y serait très
bien accueilli et que, deuxièmement, son expertise tant
financière que sur le plan de l'énergie, pour y avoir
travaillé depuis 1976, était reconnue. Je pense que c'est tenter
de politiser une question à outrance, à mon point de vue, que de
dire que parce qu'un homme ou une femme, dans sa vie, a fait partie d'un
Conseil des ministres, quel qu'il soit, cela lui enlève ses
qualités, ses connaissances et la contribution qu'il peut apporter au
service de la société en général.
Quant à moi, je pourrai dire que le passage de M. Joron comme
ministre déléqué à l'fnergie nous a très
certainement permis, au Québec, de considérer le dossier de
l'énergie, pour une fois. Je pense que nous travaillons exactement dans
la foulée des orientations qui ont été données dans
le document que vous aviez en main tout à l'heure, qui s'intitule
"Assurer l'avenir". On se rend compte, par exemple, que sur le plan de la
prévision les calculs qui ont été arrêtés en
1978 et qui ont été rendus publics à cette époque
sont en train de se réaliser. Je dis en toute déférence,
M. le Président, que l'autonomie d'Hydro-Québec, pour autant que
je suis concerné, est pleine et entière dans les mandats qui lui
sont confiés.
Je pourrais peut-être, dans les minutes qui vont suivre, relever
les propos d'un de mes prédécesseurs qui, à
l'époque, était au ministère des Richesses naturelles, M.
Massé, qui était ministre sous le gouvernement de M. Bourassa,
qui se plaignait de la trop grande autonomie d'Hydro-Québec. J'ai comme
l'impression que les choses sont en train de se retourner, puisque,
aujourd'hui, la même Opposition libérale se plaint
qu'Hydro-Québec n'a oas suffisamment d'autonomie, ce qui veut dire que
le gouvernement actuel, en aucune manière, ne s'ingère dans la
gestion quotidienne des affaires d'Hydro-Québec. Ce que je peux dire
aussi... Et le meilleur témoiqnaqe, c'est celui que vous pourriez
entendre en vous adressant directement à ceux qui sont au bout de la
table.
Je pense cependant que le gouvernement du Québec, parce qu'il
représente la population du Québec, qu'il est élu par la
population, doit exercer sur toutes les sociétés d'État...
Il a un devoir de vigilance et, je dirais, un devoir de contrôle, mais
pas au sens où vous l'entendez, un contrôle dans le sens que le
gouvernement doit s'assurer que la gestion d'Hydro-Québec dans la
poursuite de ses mandats répond aux objectifs du gouvernement, de la
même façon que Sidbec, que la SGF, que la SAQ, que la Régie
des rentes, etc., ont des comptes à rendre. Je n'arriverais pas à
m'imaginer un système en vertu duquel les sociétés
d'État n'ont de comptes à rendre à personne. Je pense que,
du côté de l'Opposition, vous avez été les premiers,
sauf erreur, à réclamer un plus grand contrôle du
gouvernement sur les sociétés d'État. Il faut concilier
une marge d'autonomie parfaitement normale avec la responsabilité ultime
du gouvernement qui, lui, doit rendre des comptes à la population.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Sainte-Anne, ensuite, le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, je vous ferai remarguer
que j'ai demandé la parole...
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer, M. le
député de Charlesbourg, que vous avez cédé votre
droit de parole temporaire à M. le ministre. C'est au
député de Sainte-Anne maintenant. Vous aurez la parole
après.
M. Polak: M. le Président, j'ai entendu la motion et votre
décision sur la recevabilité. évidemment, je vois votre
fonction...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, je ne voudrais pas être méchant non plus, vu que vous
êtes nouveau dans la législation, mais vous ne pouvez revenir sur
cette décision.
M. Polak: Je ne reviens pas là-dessus. Ce que je veux
dire, c'est que le ministre, dans sa réponse, a parlé sur le fond
du point qui a été soulevé par le député
d'Outremont. Il a justement expliqué quelle était la raison
d'être de cette commission, pourquoi Hydro-Québec est ici, si elle
a le droit de demander cette auqmentation de 16, 3%. Il explique tout cela. Il
parle du fond. On a le droit de parler du fond aussi. Je n'attaque pas votre
décision du tout. Je dis simplement que je suis avocat en pratique
privée, donc je connais un peu la pratique du jeu. Vous êtes le
juge, je vous respecte beaucoup, mais tout ce que je veux dire, c'est qu'on a
le droit d'expliquer notre position. Ce qui a été dit tout
à l'heure, au commencement, c'est simplement ceci: Est-ce qu'on va juger
selon une loi qui n'existe même pas encore? Il y a une question de fond
là-dedans. Le ministre a même donné une réponse. Il
y a beaucoup d'éléments de vérité là-dedans.
Il a dit: Je pense que ce n'est pas cela, c'est autre chose.
Je vous dis respectueusement qu'on a le droit de vous soumettre nos
arguments, à savoir que, sur la question de fond, nous disons qu'il est
très clair qu'en vertu de la loi actuelle, Hydro-Québec telle
qu'elle existe n'a pas le droit de procéder à une telle
auqmentation parce que ce n'est pas une saine administration; c'est simplement
une manière cachée pour le gouvernement d'aller chercher de
l'argent chez les contribuables pour d'autres fins. C'est le fond de la motion.
Avec tout le respect que je vous dois, que cela devienne une question de
recevabilité ou de non-recevabilité... Cela n'a pas
été reçu. On ne peut pas attaquer cela, mais on veut
parler sur le fond du sujet. Vous avez permis au ministre de répondre.
La porte est ouverte. On veut répondre de la même manière,
parce que j'ai quelque chose à dire là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Charlesbourg.
Discussion générale
M. de Belleval: Merci, M. le Président. Je voudrais
rappeler à tous ceux qui sont ici et à tous ceux aussi qui nous
écoutent... Parce qu'il faut aussi faire remarquer que cette commission
est actuellement radiodiffusée ou télévisée et que
c'est un qeste qui est encore exceptionnel dans notre Parlement que de telles
commissions fassent l'objet d'une telle télédiffusion. C'est un
qeste important qui a été posé avec l'approbation de tous
les parlementaires pour témoigner justement de l'importance de la
question et de l'importance du fait que la population soit associée le
plus près possible à nos délibérations de
façon qu'elle puisse se faire une opinion sur la gestion
d'Hydro-Québec, sur sa façon d'élaborer les tarifs et
aussi - l'Opposition, à bon droit, souligne ces points de vue - sur les
conséquences des politiques gouvernementales sur cette même
tarification.
À cet égard, l'Opposition vient de soulever un certain
nombre de questions qui, pour l'instant, ne peuvent être que des
hypothèses, puisque nous n'avons pas encore obtenu les commentaires
d'Hydro-Québec, que nous n'avons pas d'abord entendu Hydro-Québec
et que nous n'avons pas eu le loisir de poser les questions que nous voulons
poser des deux côtés de cette table à Hydro-Québec
de façon justement à nous faire une opinion personnelle - quand
je dis nous, je dis non seulement ici les parlementaires,
mais les citoyens qui nous écoutent - sur le bien-fondé de
cette proposition et aussi sur le bien-fondé des politiques
gouvernementales qui affectent cette oroposition.
Pour ma part, je me rends compte qu'entre autres choses le
député d'Outremont a cité un document tout à
l'heure qui semble émaner d'Hydro-Québec et que, malheureusement,
je n'ai pas en ma possession. M. le Président, je vous demande, tout
d'abord, que le document qu'a cité le député d'Outremont
soit remis à tous les membres de cette commission. Cela me semble
absolument important, puisque le paraqraphe, les passages cités par le
député d'Outremont sont effectivement fondamentaux, je le
reconnais, et que nous devons les considérer avec beaucoup
d'attention.
M. le Président, je viens de vous adresser une demande et, s'il
le faut, je vous la répéterai puisque vous étiez en
conversation avec le député d'Outremont. Je faisais remarquer que
le député a cité un document en provenance
d'Hydro-Québec qui n'est pas en ma possession et qui, je crois, n'est
pas en la possession de tous les collègues de cette commission. C'est un
document qui me semble très important; en tout cas, le passage qu'a
cité le député d'Outremont est extrêmement important
pour la bonne compréhension de la suite de nos
délibérations ou, en tout cas, son examen deviendra de plus en
plus important à mesure que nous procéderons. Je vous soumets et
je vous demande, M. le Président, de faire en sorte que ce document nous
soit fourni.
Deuxièmement, je le répète, je trouve que les
questions soulevées par l'Opposition sont fort pertinentes et que c'est
justement cependant, comme vous l'avez indiqué, le but de cette
commission de nous fournir les éclaircissements qui nous permettront de
donner les réponses que l'Opposition prétend avoir
déjà. Pour ma part, je reqrette, je n'ai pas ces réponses;
je pense que la population ne les a pas et que le but même de cette
commission est de permettre à tous de se faire une opinion. Pour ma
part, je suis heureux, donc, que cette première occasion soit
donnée à tout le monde de faire la revue des mécanismes
qui amènent Hydro à faire de telles propositions sur l'incidence
des politiques gouvernementales sur ses propositions. À la fin de cette
commission, si elle a été bien menée, si tous et chacun
jouent leur rôle d'une façon positive, si nous permettons à
Hydro de nous fournir les éclaircissements et si nous permettons
à tous les membres de cette commission de poser les questions
pertinentes, je pense qu'à ce moment-là nous aurons fait avancer
grandement la démocratie au Québec.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Charlesbourg. Sur la demande que vous faites à
la présidence, vous savez fort bien qu'on ne peut pas déposer de
document à une commission parlementaire. Il reste que c'est la
propriété actuellement du député d'Outremont et,
s'il veut faire la distribution du document, la présidence acceptera
volontiers votre voeu à ce moment-là, dépendant du
député d'Outremont. La parole est au député
d'Outremont.
M. de Belleval: M. le Président, juste un mot. Est-ce que
vous me suggérez à ce moment-ci de demander au
député d'Outremont de nous faire parvenir une photocopie du
document que lui a transmis Hydro-Québec?
Le Président (M. Laplante): S'il le veut bien.
Actuellement, la parole est au député d'Outremont, (11
heures)
M. de Belleval: Ou est-ce qu'on peut le demander à
Hydro-Québec ou au ministre de nous fournir un pareil document, s'il l'a
en sa possession? Ce document est extrêmement important, je pense. En
tout cas, le passage que nous a signalé le député
d'Outremont est tout à fait pertinent à la suite de nos
travaux.
Le Président (M. Laplante): II reste que c'est la
volonté du député d'Outremont ou du ministre s'il l'a en
main. M. le déouté d'Outremont.
M. Fortier: Je remarque que non seulement le ministre n'est pas
tellement intéressé à ce que l'Opposition soit bien
renseignée, mais même que les membres de sa formation ne soient
pas bien renseignés. J'aimerais revenir à ce que le ministre a
dit, que dans le passé l'Opposition du Parti québécois
n'avait pas eu l'occasion d'être bien renseignée. Si vous voulez,
M. le Président, vous pouvez demander aux gens d'Hydro-Québec qui
sont ici. Alors que M. Parizeau s'intéressait de très près
aux choses d'Hydro-Québec, on m'a dit qu'il a passé
jusqu'à cinq jours en tête-à-tête avec tous ces gens,
et que M. Bourassa, le premier ministre, avait permis que toute l'information
soit donnée à M. Parizeau pour qu'il puisse jouer son
rôle.
Alors, de dire que c'est nouveau pour l'Opposition d'être
renseignée, je crois que c'est là faire injure à ce qui
s'est fait dans le passé. Il peut y avoir eu des variations dans le
temps, mais je crois que, lorsque le parti au pouvoir voulait permettre
à l'Opposition de jouer son rôle, il l'a fait. Nous avons eu le
document à la dernière minute. J'ai convoqué les membres
de la commission, du moins le représentant du Parti libéral
à la toute dernière minute puisque nous avons eu le document
jeudi et
qu'on nous a dit que vendredi on pouvait avoir une réunion, et,
comme de raison, il n'y a que trois membres du Parti libéral qui ont pu
assister.
Ce que je déplore, ce que j'ai déploré, ce n'est
pas que nous avons eu le document; ce que j'ai déploré c'est que
nous n'avions pas eu le document assez longtemps d'avance pour pouvoir jouer
notre rôle.
En ce qui concerne l'augmentation, nous aurons l'occasion d'y revenir
plus tard, mais j'aimerais indiquer que l'auqmentation de 8, 5% vient tout
simplement d'une règle de mathématique, et si le ministre est
intéressé à utiliser une règle à calculer il
peut le faire lui-même. On prend en considération le fait que
l'augmentation, et c'est Hydro-Québec qui le dit, de 16, 3% est
nécessaire pour générer quelque 415 700 000 $, en plus des
autres revenus qui vont revenir à HydroQuébec. Tout ce que j'ai
dit, c'est que, si on déduit de ce montant les 200 000 000 $ qui vont
être payés au gouvernement, une simple règle de trois nous
permet de conclure qu'il semblerait qu'une auqmentation de 8, 5% soit
justifiable ou soit justifiée, bien sûr, tel que dans la motion,
sujette à considération par la commission ici présente
dans un avenir un peu plus lointain.
Pour revenir, M. le Président, sur la motion, j'aimerais faire la
proposition suivante. Le président du conseil - je crois qu'il doit nous
adresser la parole - ferait une présentation sur le plan des principes,
mais nous serions en mesure de revenir sur la motion avant que la proposition
détaillée technique soit faite par Hydro-Québec puisqu'il
s'agit d'un débat sur une question de fond et sur la recevabilité
de la proposition d'Hydro-Québec. Mais, comme certains
députés l'ont souliqné, et comme certains n'ont pas
reçu la documentation d'Hydro-Québec, qu'on permette à
Hydro-Québec de tracer les qrandes lignes de sa proposition tarifaire
pour qu'on puisse par la suite discuter d'une façon intelliqente de la
motion et de sa recevabilité.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je crois qu'il devient assez
évident, d'après les propos que nous tenons de ce
côté-ci de la table, que lorsque à l'Assemblée
nationale le projet de loi 16 va venir en deuxième lecture, ce qui n'est
pas fait, l'Opposition va s'opposer de façon énergique, sans
réserve, à la modification de la Loi d'Hydro-Québec
permettant au ministre des Finances d'aller puiser dans les revenus
d'Hydro-Québec les sommes qui lui sont nécessaires pour combler
ses déficits. Nous n'avons pas l'intention d'appuyer le gouvernement
dans une tentative comme celle-là, qui est de toute façon
absolument inappropriée dans les circonstances.
Les fonds qu'Hydro-Québec a pu générer dans le
passé ont été utilisés pour faire des
investissements publics, pour créer des emplois, pour créer une
capacité de production pour le Québec et non pas pour combler les
déficits courants, les dépenses courantes du gouvernement.
Lorsqu'on viendra à l'Assemblée nationale, ce débat va se
faire, et les gens d'un côté comme de l'autre, du
côté du gouvernement comme du côté de l'ODOosition,
prendront position, et c'est seulement à ce moment-là que l'on
saura effectivement quelle est la position juridique d'Hydro-Québec en
1987. Ce débat n'est pas fait. Le gouvernement a choisi de ne pas le
faire, il a choisi de ne pas convoquer l'Assemblée nationale, il reporte
à plus tard l'étude de ce projet. Tant que ce débat n'a
pas eu lieu, tant que le projet de loi n'a pas été adopté,
il devrait être assez clair, M. le Président, que l'Opposition n'a
pas l'intention de collaborer avec le gouvernement pour voir de combien il
faudrait hausser les tarifs, afin de donner suite à la loi 16 qui,
justement, n'est pas adoptée par l'Assemblée nationale, et, afin
de sauveqarder le temps de la commission, pour qu'on ne travaille pas ici pour
rien ou qu'on ait l'air de travailler pour rien, je pense qu'il sera absolument
essentiel, si l'on veut que la commission poursuive ses travaux, quant au reste
de l'augmentation demandée, l'autre tranche de 8, 5% qui reste, une fois
qu'on a fait la déduction des 700 000 000 $ qui seront payés au
gouvernement, si on veut qu'on continue là-dessus, il faudra, dès
après les remarques d'introduction de M. Bourbeau, s'il y a des
questions qui se posent de la part des membres de la commission à M.
Bourbeau, Dour vraiment vérifier si la page 40 - où on fait
allusion aux 200 000 000 $ - est un texte qui émane
d'Hydro-Québec elle-même.
Cette page 40 dit spécifiquement - je pense que ce serait bon
d'en faire la lecture - "Les dispositions du projet no 16" - c'est comme
ça que c'est intitulé - "Les modifications au régime
fiscal et au statut corporatif d'Hydro-Québec prévues au projet
de loi 16, n'auront pas d'effet sur les besoins de fonds de l'entreprise en
1981, bien qu'elles affecteront les résultats financiers. En ce qui a
trait aux besoins de fonds pour l'année 1982" - c'est-à-dire
l'année à laquelle s'appliquent les hausses de tarifs
demandées - "notre scénario financier" - c'est-à-dire
celui d'Hydro-Québec - "tient compte des effets prévus du orojet
de loi no 16, selon les hypothèses suivantes: "la taxe sur le capital de
1981 et celle de 1982 seraient entièrement payées en 1982; "le
surplus susceptible de distribution serait établi selon
l'énoncé que donne le projet de loi no 16 de l'article 15,
alinéa 2, de la Loi sur Hydro-Québec;
"le surplus susceptible de distribution ferait l'objet de paiements
provisionnels conformément aux modalités de l'article 15,
alinéa 7, de la Loi sur Hydro-Québec telle que le projet de loi
16 prévoit la modifier. "En conséquence, les sorties de fonds
incorporées au scénario financier au titre du projet de loi 16
s'élèvent à 198 700 000 $ et se décomposent comme
suit: taxe sur le capital 1981, 43 700 000 $; taxe sur le capital 1982, 98 700
000 $; surplus susceptible de distribution en 1981, 28 400 000 $; versements
provisionnels 1982, 2R 400 000 $, pour un total de 198 700 000 $. " Laquelle
somme est versée au ministre des Finances, au titre d'une loi qui n'est
pas adoptée et sur laquelle l'Opposition a les plus sérieuses
objections.
Conséquemment, nous n'avons pas l'intention de nous prêter
au jeu d'approuver ou d'avoir l'air d'approuver, par notre participation aux
travaux de cette commission, une hausse qui n'a que comme justification une loi
qui n'est pas adoptée, contre laquelle nous sommes et contre laquelle
nous avons l'intention de nous exprimer lorsque le moment sera venu de le
faire, lorsque l'Assemblée nationale sera convoquée à
nouveau.
On peut bien reporter à plus tard l'étude de notre motion,
M. le Président. Elle était présentée dans le but
de permettre à cette commission de continuer ses travaux sur le solde,
pourvu qu'il soit bien convenu qu'il n'est pas question, à ce moment-ci,
de majorer de plus que 8, 5% les tarifs en 1982.
Si le gouvernement insiste pour avoir tout le gâteau, il est clair
que nous ne pourrons pas participer aux travaux de la commission et il est
clair que ce serait un qeste d'inconséquence de notre part de dire: Oui,
cela a l'air bien raisonnable, 198 700 000 $. Il est vrai que c'est en vertu
d'une loi qui n'existe pas, c'est donc techniquement illégal, mais on va
l'étudier quand même et on va donner l'impression que
peut-être ce serait raisonnable si la loi s'appliquait.
Pas du tout, on n'est pas pour donner un message aussi incohérent
à l'opinion publique, alors que notre proposition sur le principe est
absolument irréductible, M. le Président. Alors, si - j'aimerais
avoir une indication de votre part là-dessus - tout de suite
après les remarques de M. Bourbeau, on peut s'assurer qu'effectivement
cette page 40 du mémoire d'Hydro-Québec fait vraiment partie de
la proposition tarifaire qui nous est soumise, à ce moment-là la
proposition que nous avons soumise devient admissible, on pourra voter
là-dessus. Si le gouvernement ose voter là-dessus, on va voter
là-dessus plutôt que de se défiler dans des questions de
procédure; qu'il vote là-dessus, qu'il nous indique qu'il veut
adopter une hausse tarifaire, en vertu d'une loi qui n'est pas encore
adoptée. Qu'il nous l'indique, s'il a le couraqe de le faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, au début de mes
remarques, j'aimerais m'associer aux membres de cette commission qui, tout
à l'heure, ont rendu hommage au PDG d'Hydro-Québec, M. Boyd.
Étant moi-même employé d'Hydro-Québec et toujours
à l'emploi d'Hydro-Québec - en congé sans solde pour
l'instant - depuis 1960, j'ai pu constater tout le travail que M. Boyd...
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je m'excuse auprès de notre collèque de
l'autre côté, mais, M. le Président, je vous ai
demandé une directive relativement au sort qui sera fait à la
motion, si d'abord nous consentions, selon votre suggestion, à
écouter les remarques de M. Bourbeau et peut-être à lui
poser une ou deux questions pour bien vérifier que notre
interprétation de la proposition budgétaire d'Hydro-Québec
est conforme à la réalité, de manière que nous
puissions procéder tout de suite après à un vote sur la
motion que notre collèque d'Outremont a soumise.
M. Grégoire: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question de
règlement. C'est une réponse à une question que M. le
député de Saint-Laurent m'a posée. Je vous ai dit tout
à l'heure que je jugerais la recevabilité de votre motion
après l'exposé d'Hydro-Québec. Après
l'exposé d'Hydro-Québec, si le coeur vous en dit, si vous pensez
qu'il est opportun, dans vos agissements, de représenter votre motion,
j'en jugerai alors la recevabilité, M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible de se limiter à
l'exposé général de M. Bourbeau? Si je comprends bien,
l'exposé d'Hydro-Québec comprend plusieurs parties: une partie
qui est l'entrée en matière, qui permet de tracer les grandes
lignes qui ont aidé Hydro-Québec à déterminer les
paramètres de sa proposition budgétaire, et une partie
plutôt technique sur chacun des chapitres et chacun des
considérants. Je pense que la deuxième partie n'est pas
directement pertinente à nos propos. Ce sont les paramètres
généraux qui sont contenus présumément dans les
remargues générales de
M. Bourbeau qui pourraient servir de base, me semble-t-il, à une
prise en considération de la recevabilité de notre motion.
Le Président (M. Laplante): Vous me demandez quelque chose
de difficile. Je n'ai pas lu le mémoire d'Hydro-Québec et je ne
peux pas présumer de ce qu'il y a dans les remarques
d'Hydro-Québec. J'aimerais mieux prendre une décision au moment
opportun à ce sujet, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce qu'il ne serait pas possible, M. le
Président, encore une fois, pour éviter que nous perdions trop de
temps dans ces questions de procédure, que nous questionnions tout de
suite les représentants d'Hydro-Québec pour savoir si,
effectivement, il se trouve bien dans leur proposition l'hypothèse que
la loi no 16 ait été adoptée en 1982 et qu'il faut
fonctionner dès maintenant avec cette hypothèse? Cela
clarifierait tout de suite l'atmosphère et cela nous permettrait de
procéder après selon le sort qui sera réservé
à la motion, d'une façon ou d'une autre?
Le Président (M. Laplante): Vous savez comme moi, M. le
député de Saint-Laurent, que la commission est maîtresse de
ses travaux en matière de droit de parole. Chaque membre peut parler 70
minutes sur les remarques préliminaires d'une telle commission et j'ai
encore quatre intervenants à entendre. Si la commission décide de
passer à Hydro-Québec, cela me fera plaisir, mais actuellement,
je ne peux pas brimer le droit de parole des autres intervenants qui ont
justement demandé ce droit de parole.
M. Forget: On peut peut-être demander aux membres de la
commission s'ils auraient objection à ce qu'on pose tout de suite des
questions à Hydro-Québec pour éclairer notre lanterne sur
ce sujet...
Le Président (M. Laplante): C'est à vous
autres...
M. Forget:... ou s'ils insistent pour exercer
immédiatement leur droit de parole de 20 minutes.
M. Rodrigue: M. le Président, au moment où j'ai
été interrompu par le député de Saint-Laurent,
j'étais en train justement de faire une courte introduction que je veux
faire suivre d'une remarque préliminaire qui sera assez courte
également. Je n'ai pas l'intention de prendre 20 minutes
là-dessus. Cependant, j'ai l'intention d'exercer mon droit de parole. Si
vous me le permettez, j'aimerais compléter l'intervention que
j'étais en train de faire.
J'étais en train de siqnaler qu'effectivement, comme
employé d'Hydro-
Québec depuis 1960, j'ai été à même de
constater le rôle important qu'a joué M. Robert Royd à
l'intérieur d'Hydro-Québec, quoique parfois - M. Boyd s'en
rappellera -nous nous sommes retrouvés de part et d'autre de tables de
négociation et que nous n'avons pas toujours été d'accord
sur certains sujets.
Une voix: Les auqmentations de salaires.
M. Rodrigue: Sur les auqmentations de salaires des
inqénieurs, oui. Effectivement, je pense que nous étions tous les
deux animés du même désir et surtout d'un même
idéal: faire d'Hydro-Québec ce qu'elle est devenue aujourd'hui.
Indépendamment des petites passes d'armes qu'on a pu avoir dans le
passé, M. Boyd a joué un rôle déterminant dans ce
qu'est devenue Hydro-Québec aujourd'hui.
J'aimerais revenir, M. le Président, sur une remarque
préliminaire qu'a faite tout à l'heure le député
d'Outremont et qu'il nous avait servie également à l'occasion de
la commission Darlementaire étudiant la loi no 1. 6, la même
commission parlementaire qui a siéqé il y a environ un mois. M.
le débuté d'Outremont nous a indiqué tout à l'heure
qu'il considérait que la loi no 16 constitue, à toutes fins
utiles, une mise en tutelle d'Hydro-Québec ou du conseil
d'administration d'Hydro-Québec par le gouvernement. Il nous avait servi
la même arqumentation à l'occasion de la commission parlementaire
précédente. (11 h 15)
Or, M. le Président, je pense que la réponse la plus
éloquente qu'on peut donner à de tels propos, c'est celle que M.
Bourbeau lui-même, le président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, a faite le 26 août dernier, à la suite de
cette même commission parlementaire, à l'audition
d'Hydro-Québec, sur le projet de loi no 16, propos qui ont
été recueillis par le journaliste Jean-Claude Picard et
reproduits dans le journal Le Devoir le lendemain. M. Picard disait ceci: "M.
Forqet - et je pense qu'en l'occurrence il s'aqissait aussi du
député d'Outremont - aurait bien aimé que M. Bourbeau, le
président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, le suive
sur ce terrain - ce terrain étant l'affirmation que la loi no 16
constituait, à toutes fins utiles, une mise en tutelle
d'Hydro-Québec -mais il faut siqnaler que ce dernier s'est montré
nettement plus conciliant en indiquant d'ailleurs aux journalistes que les
accusations de mise en tutelle lancées par l'Opposition libérale
ne correspondaient en rien à la réalité et qu'elles
n'étaient, en fait, qu'une caricature. "
Je pense, M. le Président, que ces propos sont extrêmement
forts. Quant à moi,
ils disposent de l'accusation que tente de laisser flotter l'Opposition
suivant laquelle la loi no 16 constituerait une mise en tutelle
d'Hydro-Québec. Je pense aussi que cela met ces propos dans leur
véritable perspective qui sont, en réalité, des propos
d'allure purement partisane. Il me semble que la réponse du
président du conseil d'administration d'Hydro-Québec vient clore
ce faux débat qu'a tenté de soulever l'Opposition.
Quant à la hausse qui est proposée devant nous par
l'Opposition, le ministre l'a qualifiée de peu sérieuse tout
à l'heure et je partaqe son point de vue. D'ailleurs, dans les documents
qui nous ont été remis pour cette commission-ci et,
également, lors de l'audition d'Hydro-Québec sur le projet de loi
no 16, le 25 août dernier, Hydro-Québec nous a elle-même
indiqué qu'elle considérait comme un minimum absolument
indispensable d'obtenir une hausse qui corresponde au moins aux taux de
l'inflation pour l'année courante et les années
subséquentes.
Or, les taux d'inflation sont estimés de l'ordre de 12% et 11, 8%
pour l'an prochain. Donc, nous arriver ce matin avec une proposition de 8% ou
8, 5% d'auqmentation de tarifs, ça m'apparaît purement farfelu et,
si c'est l'attitude que veut prendre l'Opposition à cette
présente commission parlementaire, j'ai l'impression qu'il sera
difficile de faire un travail sérieux, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. J'ai
l'avantage, moi aussi, de faire partie des nouveaux parlementaires et je vous
demanderais une directive. Il est évident que c'est peu commun de
siéqer en commission parlementaire avant l'adoption de la loi en
deuxième lecture. Je voudrais savoir pourquoi et je voudrais savoir
également si c'est, oui ou non, légal.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous
répéter s'il vous plaît?
M. Bélanger: Oui, avec plaisir, M. le Président. Je
veux d'abord savoir pourquoi nous siéqeons en commission parlementaire
avant l'adoption de la loi no 16 en deuxième lecture et je veux savoir
aussi si c'est léqal ou pas.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas à me
prononcer sur la léqalité d'une loi, M. le
député.
M. Duhaime: La Cour suprême...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas le rôle du
Président de se prononcer sur la légalité d'une loi. Je me
suis prononcé sur des motions, mais pas sur le fond comme vous le
demandez actuellement.
M. Bélanger: Peut-être pourriez-vous tout au moins
m'indiquer pourquoi nous siéqeons en commission parlementaire avant
l'adoptipn en deuxième lecture de la loi no 1. 6? Est-ce qu'il y a
urgence?
Le Président (M. Laplante): M. le député, je
vous rappelle le mandat de cette commission parlementaire. Pour moi, la loi 16
n'a aucune siqnification ici à cette table. Je respecte la raison de la
tenue de cette commission et c'est un mandat pour étudier des
proopsitions tarifaires d'Hydro-Québec. Il ne faut pas oublier cela non
plus. C'est l'objet de cette convocation de la commission parlementaire ce
matin. Est-ce que vous avez fini? M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais peut-être
faire un bref rappel des faits à la suite des propos qui ont
été tenus par le député de Saint-Laurent.
La loi 16 - et je me garderai de Darler sur la motion - modifie, bien
sûr, la structure corporative d'Hydro-Québec et introduit une
politique de dividendes.
Ce que le député de Saint-Laurent nous dit, c'est qu'en
définitive il n'y a pas eu de discours sur le budget en 1981. Pour ma
part, j'ai bien entendu un discours sur le budget à l'Assemblée
nationale, c'était le 10 mars, et on a fait une campagne
électorale là-dessus. Il faut croire que les électeurs ont
trouvé que cela avait un certain bon sens puisque nous nous sommes
retrouvés à l'Assemblée nationale, au gouvernement.
Le discours sur le budget haussait la taxe sur le capital, auqmentait
aussi la contribution des employeurs et ces deux mesures sont des mesures
d'ordre budqétaire. Ce que la loi 16 vient faire, pour ce qui est de la
taxe sur le capital, c'est d'introduire le mécanisme du versement. Ce
qu'il faut d'abord et avant tout reqarder, c'est la modification qui a
été faite à la partie IV de la Loi sur les impôts.
C'est de bonne guerre que l'Opposition - qui, à mon sens, est en train
de monter un mauvais cheval ce matin - vienne nous dire que, si la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec est de l'ordre de 16, 3% en hausse moyenne,
c'est essentiellement ppur honorer des paiements de dividendes. Ce que je dis -
nous aurons l'occasion de faire ce débat de deuxième lecture - la
politique de dividendes est résiduelle dans le sens que c'est
calculé à partir du revenu net d'exploitation. Si l'Opposition a
choisi cette monture, c'est son choix. Tantôt, quelqu'un a fait la
suggestion qu'on entende d'abord l'exposé d'Hydro-Québec et on va
finir par savoir si oui ou non la proposition tarifaire a été
faite en fonction de la loi actuelle, telle qu'elle
existe, telle qu'elle a été amendée
également en décembre 1978 ou bien si on tient compte de la loi
16. Sauf erreur, avec les revenus d'Hydro-Québec durant les
dernières années, il y aurait toujours eu un dividende, qui a
été retourné, bien sûr, aux réserves de
l'entreprise; il s'agit de profits.
M. Forget: Jamais de la vie! N'induisez pas le public en erreur,
M. le ministre.
M. Duhaime: Ce que l'Opposition tente de faire ce matin...
M. Forget: Jamais de la vie!
M. Duhaime:... c'est essentiellement une diversion.
M. Forget: II n'y avait pas de dividende et vous le savez
très bien.
M. Duhaime: Vous le demanderez à Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Vous savez très bien qu'il n'y avait pas de
dividende.
M. Duhaime: Un montant de profit.
M. Forget: Et il n'y avait pas d'obligation fiscale non plus, en
vertu de l'article 40 de la loi.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Laurent!
M. Duhaime: Un montant de profit qui se dégage, de deux
choses l'une: ou bien il reste dans l'entreprise pour être
réinvesti ou bien il retourne à son actionnaire en tout ou en
partie.
M. Forget: II n'y avait pas d'actionnaires, donc, il n'y avait
pas de dividendes à payer.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent...
M. Duhaime: Allons donc, il n'y avait pas d'actionnaires! Quelles
sont les réserves d'Hydro-Québec qu'on transforme en
capital-actions?
M. Forget: C'est cela, on les transforme pour qu'il y ait des
actionnaires. Il n'y avait pas d'actionnaires, vous le savez très
bien.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous être
inscrit, M. le député de Saint-Laurent?
M. Duhaime: Si ce n'est pas ce qu'on appelle
l'équité d'une entreprise, qu'est-ce que c'est?
M. Rodrigue: M. le Président, il me semble qu'on a une
règle qui spécifie qu'un intervenant, lorsqu'il parle, ne doit
pas être interrompu par un autre membre de la commission. Il me semble
que l'Opposition, et surtout le député de Saint-Laurent, qui est
là depuis pas mal plus longtemps que nous, devrait le savoir et
permettre au ministre de terminer son intervention.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, voulez-vous
compléter?
M. Forget: Le ministre devrait s'abstenir...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, s'il vous plaît!
M. Forget:... de représenter les lois de façon
fausse et erronée de manière à induire en erreur le public
et les membres de la commission.
Le Président (M. Laplante): Je vous demande votre
collaboration, M. le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: Je vous comprends de vouloir vous réfuqier
derrière un juridisme de plus ou moins bon aloi après nous avoir
fait une proposition de hausse tarifaire de 8, 5% qui, au départ
même, est...
M. Forget: Trop élevée!
M. Duhaime:... trois points et demi en bas du taux de
l'inflation.
M. Forget: C'est déjà trop élevé!
M. Duhaime: Alors que vos amis du côté
fédéral font des ententes pour tripler sur cinq ans le prix du
pétrole. Ce qu'il s'agit de savoir, c'est si la proposition tarifaire
qui est ici ce matin - on aura tout le loisir d'interrogqer Hydro-Québec
- est faite en fonction du plus bas coût possible, eu égard
à une saine gestion financière. C'est ce que la loi actuelle nous
dit. Tout le reste me paraît être du charabia libéral, si
vous me permettez de le dire.
M. Forget: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député, une question de règlement.
M. Forget: Le ministre a fait allusion au discours du budget. 11
se réfère probablement à l'article 64 en vertu duquel,
à la suite du discours du budget, une proposition
budgétaire est votée par l'Assemblée nationale et donne
effet, à partir de la date du discours du budget, aux modifications
qénérales des lois générales sur l'impôt, sur
la taxe de vente selon le contenu du discours du budget qui varie d'une
année à l'autre.
Mais il est inexact de faire allusion à cet incident et à
l'article 64 de notre règlement pour laisser croire que la proposition
de modifier la Loi d'Hydro-Québec, pour lui retirer son exemption
fiscale au bénéfice du trésor public et du gouvernement,
et de modifier, en particulier, l'article 40 - qui dit très clairement
qu'Hydro-Québec n'est sujette à aucune autre imposition sauf les
taxes municipales et scolaires - il est erroné, dis-je, de faire croire
à la population que, parce qu'il y a eu un discours du budget en mars
dernier, la loi 16 est automatiquement adoptée. La loi 16 n'est pas
adoptée, il lui faudra une deuxième et une troisième
lecture à l'Assemblée nationale et un de ses articles porte
précisément sur la nécessité de modifier l'article
40 de la Loi d'Hydro-Québec de manière que son exemption fiscale
lui soit retirée.
Jusqu'à ce moment-là, la situation correcte sur le plan
juridique, sur le plan de nos règlements, est qu'Hydro-Québec n'a
aucune redevance à payer sur son capital. Si elle nous soumet une
demande d'augmentation des tarifs basée sur la prémisse qu'elle
doit payer une taxe sur son capital, elle tient pour acquis que la loi 16 est
adoptée. Cela est totalement irréqulier et c'est encore plus
irréqulier pour le ministre de laisser croire que, parce qu'il y a eu un
discours du budget en mars dernier et parce qu'il y aurait eu des
élections, on n'aurait plus besoin de légiférer à
l'Assemblée nationale. Désormais, tout ce que le gouvernement va
faire sera bon parce qu'il a une majorité. On sait ça un peu
d'avance qu'il utilise sa majorité pour passer le rouleau à
vapeur sur bien des mesures qui ne font même pas l'accord unanime parfois
parmi les membres ministériels de l'Assemblée nationale. Mais de
là à dire qu'on n'aurait même plus besoin de voter, M. le
Président, je pense que c'est un qrave accroc aux privilèqes de
l'Assemblée et à la réalité dans laquelle, je pense
ou, du moins, j'espère, on vit encore, à savoir que les lois
doivent d'abord être adoptées avant qu'on leur donne effet. On est
aujourd'hui devant la démonstration claire et par écrit qu'on
veut donner effet à une loi qui n'est pas adoptée de
manière à majorer du double les tarifs d'Hydro-Québec pour
verser 200 000 000 $ au trésor public provincial.
Encore une fois, M. le Président, on peut bien remettre à
plus tard, sous prétexte de procédure, l'échéance
qui est fixée à cette commission, mais il est clair que, de
côté-ci, nous ne participerons pas à un exercice de
relations publiques pour faire croire aux gens que tout va bien dans le
meilleur des mondes alors qu'on va chercher l'arqent d'Hydro-Québec pour
financer les déficits courants de M. Parizeau. Il n'en est pas question
et nous ne tolérerons pas une situation comme celle-là. Nous
allons nous abstenir. Le gouvernement adoptera tout seul les mesures qu'il se
croit justifié d'adopter, mais nous ne participerons pas à un
travail de pure façade. Nous ne serons pas complices du gouvernement sur
une mesure qui est illéqale à ce moment-ci.
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Une minute. M. le
député de Saint-Laurent, c'est un peu en vertu de l'article 100
que vous avez voulu rectifier certains faits actuellement. Je le prends de
cette façon. M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais revenir sur les
propos que tenait le député de Saint-Laurent et qu'il met dans ma
bouche. Je m'en excuse, mais je n'ai jamais prétendu que la loi 16
était adoptée. C'est exactement ce que vous venez de dire. Ce que
je dis, essentiellement, c'est que le discours sur le budget qui a
été prononcé au mois de mars haussait la cotisation de
tous les employeurs incluant Hydro-Québec, également, il
comportait une taxe sur le capital. Je vous réfère à la
partie IV de la Loi sur les impôts. Ce que la loi 16 vient faire, c'est
le suivi sur le plan mécanique. Mais, le budget étant
voté, M. le Président, je pense que le seul objet du débat
- et je comprends l'Opposition de vouloir se réfugier derrière un
combat de juridisme et de l'éqalisme - c'est de savoir si la politique
de dividendes qui sera introduite par la loi 16, qui sera débattue en
deuxième et en troisième lecture dans les semaines qui viennent,
a un impact sur la proposition tarifaire qui est devant nous ce matin. La seule
façon de le savoir, M. le Président, c'est d'entendre
Hydro-Québec et, ensuite, de pouvoir interroger les diriqeants
d'Hydro-Québec à loisir là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, il semble que le ministre a
voulu créer l'impression que les propos de l'Opposition, à savoir
que l'auqmentation ne devrait pas excéder 8, 5%, sont des propos qui ont
été écrits sur le bout de la table, des propos farfelus.
M. le Président, je voudrais faire suite aux propos du
député de Charlesbourg qui dit qu'on devrait informer la
population. C'est faux de dire que la proposition du député
d'Outremont...
M. Dussault: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Depuis tout à l'heure que j'attends pour
faire cette question de règlement. Il me semble que ce qui se passe
n'est pas conforme à nos règlements. On n'aurait pas
été surpris, M. le Président, si l'Opposition avait fait
une motion à la fin de nos travaux. C'est ce qui se passe
généralement et ça ne surprend personne. Ils ont fait
cette proposition au début de nos travaux pour créer un climat,
pour faire passer une certaine impression. Le mandat de notre commission, M. le
Président, c'est d'étudier la proposition de tarifs
d'Hydro-Québec. Ce n'est pas de statuer sur les tarifs. C'est clair. Si
on se réfère à la jurisprudence, M. le Président,
vous allez largement découvrir des choses qui vont confirmer cela. Moi,
ce que je vous demande, M. !e Président, c'est qu'on cesse de discuter
d'un contenu relatif à une proposition qui n'est pas bienvenue et qui ne
le sera pas, non plus, après avoir entendu nos invités parce que
ce n'est pas notre rôle de nous pencher sur une proposition; tout au
moins, il faut que ce soit cette motion, un voeu, M. le Président. Vous
le savez, habituellement, on se penche sur un voeu. On en convient entre les
parties ici à la table. Ici, il s'agit d'une proposition très
formelle et la demande de directive, à savoir de permettre cette
discussion après avoir entendu nos invités, n'est pas plus
acceptable, M. le Président. Ce n'est pas dans l'ordre des choses et je
vous demanderais, s'il vous plaît, M. le Président, qu'on en
vienne à la normale, qu'on entende donc nos invités et qu'on pose
des questions à nos invités sur leur proposition de tarifs.
Merci, M. le Président. (11 h 30)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, depuis le début de l'exposé, des remarques
préliminaires de M. le ministre et des remarques préliminaires de
M. le député d'Outremont, le champ s'est ouvert. Ce qui est
normal, c'est que tout le monde parle de tarification. Je ne crois pas que ce
soit le rôle du président actuellement de vous discipliner en vous
disant: Tu vas parler cinq minutes, dix minutes ou un tel ne parlera pas.
Chacun a le droit, je crois, dans cette commission, de s'exprimer sur ce qui a
été présenté jusqu'à aujourd'hui, parce
qu'il y a trois jours, on nous a dit qu'il y avait eu des documents
présentés et que chacun de vous les avait étudiés.
Cela fait partie des remarques préliminaires.
Quant à la question de rendre recevable ce que vous essayez de
donner comme conseil au président actuellement sur une motion qui n'est
pas encore déposée, redéposée c'est
prématuré, je ne peux discuter de cet aspect d'aucune
façon.
La parole est maintenant au député de Mont-Royal.
M. Dussault: Ce que je vous demande, M. le Président,
compte tenu que cela va durer - parce que c'est à partir d'un subterfuqe
que l'Opposition continue de discuter sur le fond de sa motion - elle nous
entraîne dans un tel débat -...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay!
M. Dussault:... c'est M. le Président, de mettre fin au
débat, d'entendre nos invités et de statuer immédiatement
sur le fait que cette motion est irrecevable puisqu'on ne pourra pas, de toute
façon, en discuter. Ce n'est pas dans l'ordre des choses à cette
commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay!
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais continuer
mes remarques préliminaires. Je voudrais rétablir certains faits.
Premièrement, prenons le document d'Hydro-Québec, - Tarification
proposée à compter du 1er janvier 1982. Il est clairement
stipulé dans ce document, et je cite: "En conséquence, les
sorties de fonds incorporées au scénario financier au titre du
projet de loi 16 s'élèvent à 198 700 000 $. " Le fait que
nous suqqérons de réduire l'auqmentation, même si cela ne
tient pas compte de l'inflation, je pense que cela n'a rien à faire,
l'inflation, avec les propositions qui sont devant nous. La seule chose que
nous voulons apporter, et la chose importante que nous voulons apporter
à l'attention du gouvernement, à l'attention
d'Hydro-Québec et, pour continuer les propos du député de
Charlesbourg, à l'attention du public, c'est qu'Hydro-Québec
propose une tarification qui inclut approximativement 700 000 000 $, compte
tenu d'un projet de loi qui n'a pas encore été adopté.
Elle fait la recommandation et elle veut que nous discutions de cette
tarification, tenant pour acquis que le projet de loi sera adopté. Nous
disons: Nous ne ferons pas partie d'une telle charade. Nous n'allons pas
permettre au gouvernement de se cacher derrière un écran de
fumée et de dire: Ce n'est pas important, il n'y a rien là. C'est
toujours la réponse du gouvernement: II n'y a rien là, c'est une
tarification, des chiffres au bout de la table. Nous avons étudié
les documents. Vous savez, M. le Président, et le ministre sait que la
loi no 16 n'a pas été adoptée.
Savez-vous que, ces jours-ci, on parle de légitimité, de
moralité et de léqalité? Je voudrais poser la question
suivante: Où est la moralité quand un gouvernement prend pour
lui-même le droit de fixer le montant des profits qu'il veut d'une
société d'État et, en même temps, de fixer les
tarifs que la population va payer? C'est ce que vous appelez de la
moralité? J'appelle cela l'exploitation du public, parce que vous allez
déterminer vous-mêmes les profits que vous voulez et c'est la
société d'État qui doit répondre et vous donner les
chiffres et les montants que vous voulez. C'est l'exploitation du public. Vous
voulez parler de la légalité? Comment, légalement,
pouvez-vous parler du projet de loi 16, discuter d'une tarification sur la base
du projet de loi 16 quand ce projet de loi n'a même pas encore
été adopté à l'Assemblée nationale? Vous
présumez. Vous accaparez les droits de l'Assemblée nationale.
Vous essayez cela ici, à cette commission parlementaire, et nous
dénonçons cela. Nous ne ferons pas partie de cette pratique ou de
cet attentat du gouvernement, qui veut cacher ses vraies intentions en
procédant dans l'illégitimité et dans
l'illégalité. Vous procédez dans les deux.
Je regarde autour de cette table. Je me demande qui protège le
consommateur au Québec. On a une discussion sur les tarifs
d'Hydro-Québec basés sur une loi qui n'a pas été
adoptée. Je ne vois pas le ministre de la Protection du consommateur
à cette table. Pour l'information du public, je pense qu'il serait
important de dire que personne, ici, du côté ministériel,
ne veut parler pour le consommateur. On parle du prix du pétrole, on
parle du prix du gaz, qu'est-ce que ça apporte? Qu'est-ce que ç'a
à voir avec les discussions? On est censé être riche en
hydroélectricité, c'est une de nos richesses, c'est à
nous. Pourguoi ne pas faire comme dans le passé et donner cette richesse
au public plutôt que de s'en servir pour payer les dettes du ministre des
Finances?
Ce n'est pas exact, ce que le ministre a dit à savoir qu'il y
avait des dividendes dans le passé et qu'il y avait du capital-actions.
C'est faux. Ce n'est pas vrai. Dans le passé, on était
censé fixer les tarifs au plus bas prix possible tenant compte des
besoins d'Hydro-Québec. L'an dernier, il y a eu un profit...
M. de Belleval: Un surplus.
M. Ciaccia:... un surplus de 750 000 000 $. Je crois que cette
somme devrait être réinvestie. S'il y a un surplus dont
Hydro-Québec n'a pas besoin pour réinvestir, ça devrait se
refléter dans la tarification.
Si vous allez en Alberta, vous verrez que le prix du pétrole y
est beaucoup moins élevé qu'au Québec. Pourquoi? Parce que
c'est sa richesse, et c'est une richesse non renouvelable. Pour les
intérêts du consommateur, pourquoi n'adopterait-on pas la
même politique ici? Pourquoi dit-on: Écoutez, on paie les plus
hautes taxes au Canada, on a des problèmes économiques, on impose
toutes sortes de fardeaux fiscaux aux contribuables, aux consommateurs, voici
une chance pour eux de bénéficier de leur richesse,
Hydro-Québec, plutôt que les pénaliser une fois de plus?
Non seulement, vous voulez les pénaliser une fois de plus, mais vous
voulez discuter de cette pénalité dans
l'illégalité, vous voulez en discuter avant même que le
projet de loi no 16 ne soit adopté.
Soyez certain que nous ne ferons pas partie de cette charade, nous ne
ferons pas partie de ces discussions pour laisser passer, comme si
c'était tout naturel, cette pratique illéqale du gouvernement.
Nous devons la dénoncer. C'est pour cette raison que le
député d'Outremont a présenté cette motion. Le
président a dit: C'est prématuré, nous allons la ramener.
Mais nous voulons être polis et nous voulons assumer nos
responsabilités. Nous voulons entendre ce qu'Hydro-Québec va
dire, nous voulons qu'elle confirme que ses projections sont faites au titre du
projet de loi no 16, d'après ses documents. Par la suite, nous
déterminerons les mesures à prendre, mais, guant à moi, je
ne veux pas faire partie d'un "scheme". C'est un "scheme" pour exploiter le
public. Pour une fois, le public aurait l'occasion, face à tout le
problème économique, d'avoir un peu de soulagement de par ses
richesses naturelles, Hydro-Québec, mais non, le gouvernement veut
imposer à Hydro-Québec de réaliser des profits, de fixer
les tarifs pour payer les dettes du gouvernement. Je trouve cela
inacceptable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je crois qu'il serait maintenant temps qu'on entende MM. Bourbeau
et Boyd faire leur présentation.
M. Grégoire: Vous avez dit tout à l'heure que le
droit de parole de chacun serait respecté, et je n'ai pas encore eu
l'occasion de dire un seul mot alors que mes collègues d'en face l'ont
eue amplement. Je me demande si vous ne me donneriez pas, à moi aussi,
le droit de parole pour cinq ou six minutes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, allez-y.
M. Grégoire: M. le Président, je crois qu'il est
bon, à ce moment-ci, de prendre la parole après ce qu'on a
entendu ce qui ressemble un peu à des sépulcres blanchis. On nous
parle de la protection du consommateur, de "scheme". Hydro-Québec a
le droit d'arriver avec des propositions tarifaires, de
considérer toutes les hypothèses. C'est au gouvernement, par la
suite, de prendre les décisions. On sait que depuis cinq ans, les
augmentations demandées par Hydro-Québec n'ont jamais
été accordées par le gouvernement, elles ont toujours
été réduites. Chaque fois, elles ont été
réduites par le gouvernement. Même que l'an dernier, comme le
citait le ministre de l'Énergie et des Ressources, l'auqmentation n'a
été que de 10%, malgré une demande de 17%. C'est le
gouvernement qui, en définitive, va décider.
Mais ce qui nous chatouille le plus les oreilles, c'est quand on parle
de l'exploitation du consommateur et qu'on parle de faire venir le ministre
délégué à l'Habitation et à la Protection du
consommateur. J'aurais deux ou trois chiffres à donner. Je vois ici que
le consommateur, qui s'éclaire et qui possède des appareils
électriques, va payer 2, 40 $ de plus par mois. Celui qui a un compte de
20 $ va payer 2, 40 $ de plus par mois. Celui qui, de plus, va se chauffer
à l'électricité et qui a un compte de 58, 40 $ va payer
10, 60 $ de plus par mois.
M. le Président, je ne les entends pas, et je ne les ai jamais
entendus s'opposer, par exemple, quand le gouvernement fédéral
laisse monter les taux d'intérêt à un niveau
énorme...
Une voix: C'est la faute du fédéral.
M. Grégoire: Ce n'est tout de même pas le
gouvernement du Québec qui laisse augmenter les taux
d'intérêt au point où ils sont présentement. Ou on
est en train de voler la maison des citoyens par des taux
d'intérêt qui n'ont pas de bon sens. Je vais leur citer une
phrase. Cela vous choque. Choquez-vous, si vous voulez!
M. Forget: Voulez-vous qu'on parle des emprunts du gouvernement?
Je ne suis pas choqué, c'est vous qui êtes choqué.
M. Grégoire: Je ne vous ai pas interrompu une seule fois!
Ayez la même politesse.
M. Forget: On peut parler des emprunts de M. Parizeau, 9 000 000
000 $.
M. Grégoire: Choquez-vous si vous voulez, mais c'est la
vérité. Avec les taux d'intérêt qu'on voit
présentement pour celui qui se loge, il est en train de se faire voler
littéralement sa maison, alors que l'électricité peut
augmenter de 2, 40 $ par mois. A Ottawa, ils laissent augmenter les paiements
d'intérêt d'environ 150 $ ou 175 $ par mois. Vous ne protestez pas
contre cela.
M. Vallières:... le programme d'accès à la
propriété.
M. Grégoire: Vous protestez plutôt quand je proteste
contre ces faits.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vallières: On est d'accord.
M. Forget: Est-ce qu'il veut présenter une motion?
Une voix: Présente donc une motion. M. Grégoire:
Ils se choquent!
M. Forget: S'il veut présenter une motion pour
réduire les taux d'intérêt au bénéfice des
propriétaires, on serait d'accord.
M. Grégoire: Non, mais je ne pourrais pas présenter
la motion.
M. Forget: C'est tout à fait recevable, quant à
nous.
M. Grégoire: La meute est déclenchée.
M. Ciaccia: On veut étouffer le débat, on ne veut
plus parler des tarifs, on parle des taux d'intérêt.
M. Forget: Nous sommes prêts à entendre une
proposition venant du député de Frontenac.
M. Grégoire: Je n'ai pas terminé, je me fais
interrompre continuellement.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, messieurs...
M. Ciaccia: On ne veut pas parler d'Hydro, on veut parler des
taux d'intérêt.
M. Grégoire: Je m'aperçois que cela les choque. Si
je faisais une motion, ce serait pour blâmer le gouvernement
fédéral d'endurer une telle situation. Je n'ai qu'une remarque
à faire. Un exemple que j'ai eu il n'y a pas tellement longtemps, un
type qui me dit: II y a quatre ans, il y a cinq ans, si j'avais
prêté à 15%, j'aurais été arrêté
pour prêter à des taux usuraires. On m'aurait accusé
d'être un "shylock". Aujourd'hui, c'est le gouverneur de la Banque du
Canada, avec la bénédiction du premier ministre à Ottawa,
qui prête à 21%, 22%, personne ne l'arrête. Je
m'aperçois que cela les choque. La vérité choque
peut-être, mais, quand vous viendrez parler de la protection du
consommateur, mettez le vice là où il est, mettez l'accusation
là où elle mérite d'être, non pas une augmentation
de 2, 40 $ par Hydro-
Québec qui, elle, va faire des travaux, va construire à la
Baie-James. Il y aura peut-être 200 000 000 $ en dividendes, mais on l'a
payée, Hydro! Depuis quand serait-on propriétaire d'une
entreprise dans laquelle on n'aurait pas le droit d'avoir des dividendes? Ce
n'est que normal. Il y a une auqmentation de 2, 40 $ pour le consommateur qui
se sert de l'électricité pour ses besoins essentiels, 10 $ pour
l'autre; on ne parle pas des 150 $ et des 175 $ d'augmentation des taux
d'intérêt seulement, pas du paiement du capital; on n'en parle
pas.
On ne parle pas de l'augmentation du prix de l'essence, du coût
qui va être porté à 5 $ le qallon, ou 4, 50 $ le qallon
dans cinq ans. On dit: Ottawa... Québec va en retirer 1 000 000 000 $ et
Ottawa va en retirer 15 000 000 000 $. C'est pour les automobilistes, l'essence
et la gazoline. Québec va retirer 1 000 000 000 $ et Ottawa va en
retirer 15 000 000 000 $, quinze fois plus. Pourtant, ce n'est pas Ottawa qui
déneiqe les routes l'hiver, c'est Québec! Ce n'est pas Ottawa qui
met du calcium dans les ranqs des cultivateurs l'été, c'est
Québec! Ce n'est pas Ottawa qui répare les routes, c'est
Québec! Ce n'est pas Ottawa qui a construit les routes, c'est
Québec! Ottawa va chercher 15 000 000 000 $ et Québec, 1 000 000
000 $. Cela choque encore. Choquez-vous, mais c'est vrai.
M. Polak: M. le Président, je soulève un point de
règlement. On est ici pour parler de la tarification
d'Hydro-Québec. Pour se cacher, le député de Frontenac
commence à attaquer l'intérêt, le fédéral,
etc. Je suis d'accord avec cela. Qu'il fasse une motion, on va la voter tout de
suite, unanimement. Parce qu'à Ottawa, on n'est pas d'accord...
M. Grégoire: Je propose de blâmer le gouvernement
d'Ottawa pour ses abus dans les taux d'intérêt.
M. Polak: Nous ne sommes pas d'accord non plus avec une
augmentation de 18%, parce que ce n'est pas 16, 3%, c'est 18% pour
l'électricité.
M. Grégoire: C'est d'accord. Vous allez la voter tout de
suite, je la propose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, on va revenir, s'il vous plaît, à la tarification.
M. Grégoire: D'accord. Je proposerai en temps et lieu une
motion pour blâmer le gouvernement fédéral pour ses taux
d'intérêt.
M. Polak: Et vous autres, pour l'électricité:
M. Grégoire: J'ai fait valoir mon point qu'il ne faut pas
être hypocrite dans cela et que les sépulcres blanchis, cela me
chatouille un peu les oreilles, la protection du consommateur, alors que le
blâme, c'est ailleurs qu'il doit être adressé. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Frontenac. Est-ce qu'on est prêts à
entendre M. Boyd et M. Bourbeau? D'accord, M. Bourbeau.
Projet de hausse des tarifs
d'électricité
M. Bourbeau (Joseph): Merci, M. le Président.
Malqré que je puisse être en retard, j'aimerais adresser quelques
mots durant quelques minutes et me joindre aux paroles élogieuses qu'ont
prononcées le ministre de l'Énergie et des Ressources ainsi que
le député de Mont-Royal, M. Ciaccia, et le député
d'Outremont, M. Fortier, ainsi que le député de Vimont, à
l'endroit de M. Robert Boyd, président-directeur général
d'Hydro-Québec qui doit nous quitter en décembre prochain. (11 h
45)
Je le fais en mon nom personnel puisque j'ai côtoyé M. Boyd
pendant 33 ans. Il est de quatre ans mon aîné à
Hydro-Québec. Je le fais aussi au nom du conseil d'administration que je
préside et au nom de tous les employés d'Hydro-Québec. M.
Boyd a certainement parcouru une carrière enrichissante à
Hydro-Québec durant 37 ans, mais je crois qu'au cours des vingt
dernières années, il a été la personne à
Hydro-Québec qui a trempé dans tous les grands dossiers
d'Hydro-Québec. Déjà, en 1961, il faisait partie d'un
qroupe select - quand je dis cela, c'est un qroupe tout petit - qui
déjà commençait à penser à la
nationalisation de 1963. Je crois que, pendant ce temps, dans les années
1961 et 1962, les fuites d'informations n'étaient pas si courantes
qu'aujourd'hui. Jamais on n'a su que M. Boyd a été un des
initiateurs de cette nationalisation de 1963. Immédiatement après
cette nationalisation, M. Boyd a été l'intéqrateur, parce
qu'il est devenu le directeur général d'Hydro-Québec, de
toutes les compagnies nationalisées pour en faire une
Hydro-Québec et il a réussi cela dans un temps record.
Au même moment, M. Boyd, dès les années 1964 et
1965, s'intéressait au dossier de Churchill Falls. Moi-même, j'ai
parcouru, au cours de ces années, avec M. Boyd ce dossier. M. Boyd a
été réellement le père du contrat de Churchill
Falls. Sans lui, plusieurs fois, ce contrat ne serait pas arrivé
à terme, surtout durant la période entre le moment où la
lettre d'entente a été siqnée et le moment où le
contrat a été signé, entre
1966 et 1969. Si aujourd'hui Hydro-Québec a un contrat avec
Churchill Falls, c'est grâce à M. Robert Boyd.
M. Boyd, au cours des années 1967 et 1968, s'est aussi
intéressé au projet de la Baie-James et, déjà, en
1971-1972, il était appelé à prendre la présidence
et à former la Société d'énergie de la Baie James.
M. Boyd est réellement le fondateur de la Baie James, celui qui a
monté les structures de la Baie James, qui en a fait tourner les
rouages. Aujourd'hui, après dix ans, on dit que c'est l'équipe
des qrands défis et je crois que M. Boyd a été à la
tête de cette équipe de qrands défis au tout début.
Il a subi, certes, le saccage à LG 2. C'est une période où
il a dû travailler énormément, mais on s'est aperçu
qu'en 1977, tout en ayant la présidence de la Société
d'énergie de la Baie James, il a été nommé
président d'Hydro-Québec, président de cette commission
et, un an plus tard, il était nommé président-directeur
général d'Hydro-Québec.
M. Boyd a été un travailleur infatigable; M. Boyd a
inventé les journées de 28 heures et les semaines de 8 jours.
Toujours, il a été à la tâche, au point où
aujourd'hui il doit considérer un peu sa santé. Je crois que le
ministre a dit tout à l'heure que M. Boyd est un guerrier de premier
ordre. Oui, M. Boyd est un guerrier de premier ordre. M. Boyd a
été le général qui a conduit Hydro-Québec au
cours des dernières années. Il en a fait la première
compagnie canadienne. Au cours des deux dernières années,
Hydro-Québec est la compagnie qui a l'actif le plus élevé
et qui produit les revenus nets les plus élevés au Canada. C'est
un général qui se retire alors que son armée n'est pas
défaite. C'est un champion qui se retire de l'arène sans avoir
été vaincu.
Je voudrais terminer cet éloge de M. Boyd en adressant aussi
quelques mots à son épouse et à ses enfants. Je crois que
son épouse a épaulé M. Boyd au cours de sa carrière
et que certainement beaucoup d'instants d'échanges avec M. Boyd lui ont
manqué parce que M. Boyd travaillait pour Hydro-Québec.
J'espère qu'au cours des prochaines années Mme Boyd et les
enfants de M. Boyd ppurront avoir avec M. Boyd des années de joyeuse
longévité. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission permanente de l'énergie et des ressources,
pour la troisième fois cette année, Hydro-Québec est
appelée à se présenter devant la commission permanente de
l'énergie et des ressources.
Nous avons en effet, et c'était en février dernier, soumis
aux parlementaires et à la population le plan des installations
prévu pour la décennie 1980. A cette occasion,
Hydro-Québec a proppsé un programme d'investissements de 55 000
000 000 $, total que l'évolution rapide des taux d'intérêt
et d'inflation au cours des derniers mois a porté à 68 000 000
000 $.
Plus récemment, le conseil d'administration d'Hydro-Québec
a fait connaître sa position sur le projet de loi 16 et a proposé
deux amendements. Aujourd'hui, Hydro-Québec présente aux membres
de cette commission le projet de hausse des tarifs d'électricité
qu'elle a soumis au gouvernement, conformément à la loi qui la
réqit. Cette proposition tarifaire qui s'appliquerait à compter
du 1er janvier 198? est le résultat de multiples analyses où
plusieurs facteurs ont été pris en considération. Ce tarif
est aussi le fruit du jugement qu'il a fallu porter sur ces divers facteurs. Le
conseil d'administration a donc priviléqié certains objectifs et
tenu compte des contraintes que la loi impose à l'entreprise. À
titre de président du conseil, je voudrais m'attacher à
dégager l'esprit dans lequel le nouveau règlement tarifaire a
été conçu et, dans un premier temps, je résumerai
les idées maîtresses autour desquelles le nouveau tarif
s'articule. Dans un deuxième temps, je donnerai les qrandes lignes de
cette tarification pour nos diverses catégories d'abonnés.
M. le Président, établir un tarif, c'est d'abord choisir
et harmoniser des objectifs qui vont parfois dans des sens différents.
Le projet de tarification auguel nous sommes arrivés est celui qui
concilie au mieux, et nous en avons la conviction, les trois objectifs
suivants: Premièrement, c'est un tarif qui est relié aux
coûts de production, de transpprt et de distribution de l'énergie
électrique. Deuxièmement, c'est un tarif qui tient compte de la
capacité de paver du consommateur. Enfin, c'est un tarif qui appuie les
qrandes orientations énergétigues du Québec. Voilà
les trois objectifs que nous avons cherché à harmoniser dans le
projet de tarification que nous présentons aujourd'hui.
Les prix de l'électricité doivent naturellement être
reliés aux coûts de production. Autrement dit, les tarifs sont
essentiellement déterminés par nos besoins d'arqent. Or, les
besoins financiers accrus qui nous contraignent à une hausse de tarif
s'expliquent principalement par l'accroissement de nos dépenses
d'exploitation et par les lourds investissements que l'entreprise doit
continuer de faire pour répondre à la demande croissante
d'électricité des Québécois.
J'évoquais il y a un instant l'important programme de
construction que la hausse des tarifs contribuera à financer. Il ne
faudrait
pas oublier, M. le Président, que la réalisation de ces
grands ouvrages hydroélectriques, qu'Hydro-Québec ne pourrait
poursuivre sans hausse tarifaire, a par ailleurs des effets
d'entraînement appréciables sur le niveau d'activité
économique du Québec. Que l'on songe seulement aux milliers de
travailleurs employés à la Baie-James et aux milliers d'emplois
crées chez les fournisseurs de l'entreprise.
Par ailleurs, M. le Président, il revenait à
Hydro-Québec de prêcher par l'exemple. Le plan des installations
que nous avons annoncé en février dernier mettait en
lumière une pointe des besoins financiers pour l'année 1982. Dans
la conjoncture actuelle, il nous est apparu nécessaire de réduire
ce programme d'investissements d'une tranche d'environ 370 000 000 $ et de
reporter de quelques années ces travaux, afin de contenir nos emprunts
sous un seuil raisonnable et d'alléger la quote-part demandée
à nos abonnés. Dans le même esprit, Hydro-Québec
limitera également le rythme de croissance de son personnel
d'exploitation.
Pour déterminer la part de nos besoins financiers qu'il cpnvient
de faire supporter aux abonnés et celle que nous "mettons sur la
finance", pour reprendre l'expression populaire, nous avions
développé jusqu'ici certains critères financiers. Or, si
nous avions respecté ces critères pour établir les tarifs
de l'année prochaine, la hausse aurait été beaucoup plus
forte que celle qui est rendue publique aujourd'hui.
M. le Président, nous ne l'avons pas fait, parce que notre
deuxième objectif a été de maintenir les tarifs de
l'électricité aux niveaux les plus bas possible pour l'usager.
Dès 1978, d'ailleurs, le Livre blanc sur l'énergie du
gouvernement du Québec faisait valoir ce principe en ces termes: "La
politique de prix doit également tenir compte de l'incidence de la
facture d'électricité sur le consommateur. Au niveau individuel,
il n'est pas indifférent de savoir à quel prix le consommateur
modeste pourra satisfaire ses besoins essentiels. Au niveau des entreprises, la
politique des prix n'est pas sans effet sur la capacité concurrentielle
et, donc, sur la politique de développement industriel du gouvernement.
"
Ce principe du plus bas coût possible pour l'usager a conduit
Hydro-Québec, dans son règlement tarifaire de 1978, à
distinguer deux tranches de prix dans le tarif domestique. La première
tranche, à un prix moindre, visait à couvrir la consommation
d'électricité de la moyenne des ménages, à
l'exclusion du chauffage des locaux. C'était là un moyen efficace
et équitable de faire profiter la majorité des
Québécois, au niveau individuel, de ce patrimoine collectif que
sont nos ressources hydroélectriques. Derrière cette formule
tarifaire se dessine également l'idée que la première
tranche devrait correspondre aux besoins pour lesquels
l'électricité ne peut être remplacée. Nous avons
conservé, en le modifiant, ce principe d'une première tranche de
consommation couvrant les besoins où l'abonné domestique est
captif de l'électricité.
De même, mais au niveau des entreprises cette fois, il est de
politique établie que les tarifs de nos abonnés commerciaux et
industriels n'imposent pas un fardeau trop lourd à cette
catégorie. Aussi, le tarif proposé pour la grande et la moyenne
entreprise demeure avantageux par rapport au reste du Canada et surtout
à l'Ontario, qui est en concurrence directe avec le Québec pour
l'implantation de nouvelles industries. En cela, la tarification de
l'électricité contribue au maintien de la capacité
concurrentielle et au développement industriel du Québec.
Aux deux objectifs que je viens d'exposer, c'est-à-dire la prise
en considération des coûts de production et le souci de la facture
payée par l'abonné, s'est ajoutée une troisième
préoccupation. HydroQuébec entend appuyer, par sa politique
tarifaire, les grands axes de la politique québécoise de
l'énergie qui encadrent son action. Il s'agit essentiellement - je le
rappelle - d'accroître l'autonomie énergétique du
Québec par une utilisation rationnelle de l'énergie et par une
augmentation de la part du gaz et de l'électricité dans notre
bilan énergétique. (12 heures)
Concrètement, il faut que l'électricité soit assez
chère pour décourager le gaspillage de nos ressources
hydroélectriques, abondantes certes, mais qui ne sont pas
illimitées. Il faut aussi que le prix de l'électricité ne
soit pas trop bas par rapport à celui du pétrole, car une
conversion accélérée au chauffage électrique
entraînerait une demande trop forte et des investissements difficilement
réalisables. Si l'on veut qu'en même temps la part du gaz naturel
croisse dans le bilan, l'électricité doit coûter plus cher
que le gaz pour les usages où ces deux formes d'énergie se font
concurrence.
Voilà donc, M. le Président, les trois objectifs qui
inspirent l'ensemble de notre projet de tarification. Avant d'entrer dans ses
modalités d'application, j'aimerais dire un mot sur la durée
d'application des tarifs.
De fait, le conseil d'administration n'a pas voulu fixer dès
maintenant les tarifs qui s'appliqueront au-delà de 1982, principalement
pour deux raisons. La première est que le gouvernement a
déposé un projet de loi qui modifierait les critères qu'il
nous faut actuellement respecter dans l'établissement des tarifs. Il
sera désormais possible à Hydro-Québec de tenir compte,
dans sa tarification, autant du prix du
pétrole que de ses besoins de fonds. Il nous a alors
semblé préférable de ne pas écarter d'avance cette
faculté si une nouvelle loi nous l'accorde dans les prochains mois.
En deuxième lieu et dans la même foulée, nous avons
voulu que la politique d'harmonisation des sources d'énergie que le
gouvernement prépare actuellement puisse se traduire sans trop de
délais dans la tarification de l'électricité, qui demeure
le premier levier de cette politique.
Et maintenant, M. le Président, j'en arrive aux grandes lignes du
projet tarifaire proposé à compter de l'an prochain. Il comporte
une hausse moyenne de 16, 3% des tarifs de l'électricité. Cette
hausse se répartira entre les diverses catégories
d'abonnés de la manière suivante. Les industries, commerces et
autres services connaîtront des augmentations qui pourront
s'élever, pour les usagers de la grande puissance, jusqu'à 19,
4%. Je rappellerai cependant que les tarifs d'électricité du
Québec conservent encore un avantage marqué sur ceux de l'Ontario
pour cette catégorie d'abonnés.
Pour leur part, les abonnés domestiques verront leur facture
d'électricité haussée en moyenne de 17, 5%. L'augmentation
applicable à la première tranche est maintenue à son
niveau le plus bas possible, soit 11%, c'est-à-dire une hausse qui est
inférieure au taux d'inflation prévu pour 1982. Par ailleurs,
l'amplitude de cette première tranche est ramenée de 900 à
600 kilowattheures par mois, car on a observé que le seuil de 900
kilowattheures introduit en 1978 dépassait ce qu'on peut appeler les
besoins captifs de l'électricité.
Le tarif domestique proposé vise donc d'abord à
protéger le pouvoir d'achat de l'abonné pour les usages où
il doit recourir à l'électricité. Pour les autres usages,
c'est-à-dire le chauffage essentiellement, où l'abonné
peut faire appel à d'autres formes d'énergie, l'augmentation de
l'électricité est du même ordre que celles prévues
pour le pétrole et le gaz naturel.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de rappeler que les
nouveaux tarifs présentés par Hydro-Québec reposent
essentiellement sur la considération des coûts auxquels
l'entreprise fait face, sur la volonté de limiter le plus possible la
charge imposée à ses abonnés et, enfin, sur le respect des
lignes de force de la politique énergétique
québécoise.
Je vais maintenant céder la place à deux
spécialistes d'Hydro-Québec. Ils vous exposeront, de
manière plus détaillée que je ne l'ai fait, comment la
nouvelle tarification concilie ces objectifs et quelles en seront les
répercussions financières.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: On avait convenu qu'après la
présentation de M. Bourbeau, nous pourrions discuter de la motion et
poser des questions à M. Bourbeau, parce qu'à la lecture de son
mémoire, on ne se rend pas compte exactement si la lecture qu'on a faite
de la justification financière qui se retrouve aux pages 35, 36, 37, 38
et 40...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, je voudrais que cela soit clair dans mon esprit. Je voudrais
savoir si, à ce moment-ci, vous voulez poser des questions à M.
Bourbeau ou si vous voulez présenter votre motion.
M. Fortier: Présentement, je voudrais poser une ou deux
questions à M. Bourbeau.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous seriez
d'accord pour dire, si une ou deux questions sont posées par vous,
même si vous allez présenter votre motion, que cela
n'enlèvera pas le droit à un membre du parti ministériel
de poser des questions lui aussi? Un pour un.
M. Fortier: D'accord.
Le Président (M. Laplante): On pourrait essayer de...
M. Forget: On peut procéder aux questions pour commencer
et voir peut-être à la motion subséquemment. Il y aurait
des questions de part et d'autre.
Le Président (M. Laplante): Oui. Je veux donner justice
autant aux membres de l'Opposition qu'aux ministériels. Si quelqu'un
faisant partie de l'Opposition parle, je veux donner la parole à un
membre du parti ministériel. On serait d'accord et ensuite vous
présenterez votre motion. D'accord?
M. Fortier: C'est ça.
M. de Belleval: Un point de règlement, M. le
Président. Je comprends votre souci d'équité de faire
alterner les questions des deux côtés de la table, mais je ne veux
pas que cela soit interprété par quiconque, et surtout pas par
vous, comme empêchant un membre de quelque côté que ce soit
d'intervenir comme il en a le droit à cette commission.
Le Président (M. Laplante): Je suis pleinement d'accord
avec vous, M. le député de Charlesbourg. Ce que je veux dire,
c'est que, vu qu'une motion a été annoncée et que certains
membres ministériels ou de l'Opposition ont des questions à
poser, la seule décision actuellement... Mais il reste
que c'est vous autres, comme membres, qui conduisez les travaux.
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: M. Bourbeau, la première question que j'aurais
est reliée, bien sûr, à ce que vous dites dans votre texte,
c'est-à-dire que la proposition tarifaire, somme toute, n'est fonction
que des besoins financiers et de certaines politiques. J'aimerais avoir une
confirmation de vous. Pour ma part, la seule justification financière
que je retrouve dans le mémoire qu'on nous a remis est aux pages 35
à 43. Sur un total de 43 pages, il y a 8 pages qui traitent des effets
prévisibles sur la situation financière et, pour ma part, c'est
là qu'on retrouve le coeur même des questions auxquelles on est en
droit d'avoir des réponses, c'est-à-dire pour quelle raison
Hydro-Québec a besoin des augmentations de revenus.
Comme vous l'avez indiqué, l'augmentation semble fonction des
besoins de sources de fonds et, à la page 37 où il y a un pro
forma, au tableau 2 qui suit ainsi qu'à la page 40, on fait état
très clairement, contrairement à ce que vous avez semblé
indiquer dans votre mémoire, du fait que vous avez incorporé dans
vos besoins financiers des montants qui seront versés au gouvernement en
1982 si la loi no 16 était adoptée.
J'aimerais avoir votre confirmation de ma compréhension du
document que vous avez soumis au ministre et à l'Opposition, pour nous
permettre de comprendre le message que vous venez de nous donner.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, j'aimerais, avant
de répondre directement à la question du député
d'Outremont, faire part aux membres de cette commission que le conseil
d'administration d'Hydro-Québec, à sa séance du 21 janvier
1981, a été saisi de la part de nos gestionnaires des principes
directeurs et des lignes directrices de notre prochain mémoire tarifaire
et de notre proposition tarifaire.
Je crois que ceci démontre clairement que toute notre hausse
tarifaire a été préparée sur des principes qui ont
été établis avant le discours du budget du 10 mars dernier
et bien avant la production de la loi 16 au mois de juin dernier. D'ailleurs,
le procès-verbal de notre conseil d'administration a une
résolution (HAD-95881) à cet effet. Je pense que cela
démontre bien que la proposition tarifaire qu'on vous présente
aujourd'hui n'est pas le fruit d'études qui ont été faites
une fois que la loi 16, en première lecture, a été
acceptée ici.
Un deuxième point que je voudrais souligner, c'est que moi aussi,
je vois qu'aux pages 37, 38 et 40 on a des prévisions
financières, mais je ferai remarquer que ce sont des prévisions
financières pro forma. Lorsqu'on a parlé de 1982, on a fait un
pro forma en supposant qu'il y aurait peut-être une loi qui serait
adoptée. Vous remarquerez aussi que, lorsqu'on parle de surplus
susceptible de distribution, on a inscrit un surplus maximal susceptible de
distribution. Ce n'est donc pas un surplus qui pourrait être acquis;
c'est un maximum. Ce surplus pourrait être moindre que le surplus maximal
et déjà, lors de notre présentation en commission
parlementaire au sujet de la loi 16, nous avons proposé un amendement
par lequel le conseil d'administration veut proposer le dividende à
être payé au gouvernement.
Un autre point. Vous allez remarquer que la proposition tarifaire de
1982 a une couverture d'intérêts qui se situe à 1, 05.
C'est à peine supérieur à la couverture
d'intérêts de 1, 02 qu'on croit avoir au cours de l'année
1981. Si vous regardez le contexte surtout économique et financier des
derniers mois, vous allez vous apercevoir qu'avec les hypothèses que
nous avons prises il se pourrait fort bien qu'en 1982, avec la hausse
proposée de 16, 3%, ce ratio de couverture d'intérêts de 1,
05 pourrait disparaître complètement, ce qui voudrait dire qu'il
n'y aurait à ce moment-là aucun dividende payé au
gouvernement.
Je vous ferai remarquer qu'il faudrait penser que nous avons des
hypothèses de hausse d'inflation qui sont actuellement plus basses que
l'inflation que l'on vit.
Une voix: Combien?
M. Bourbeau (Joseph): Nous avons pris 12% comme taux d'inflation
pour l'année 1981, alors que nous avons 13% et nous avons pris 11% pour
l'année 1982 et nous croyons que ce sera peut-être plus haut que
cela. Nous avons pris des taux d'intérêt qui étaient plus
bas, je crois, que ce qu'on connaît actuellement et qui seront encore
plus élevés que ce qu'on a.
M. de Belleval: Les taux que vous avez pris, pouvez-vous nous les
rappeler rapidement?
M. Bourbeau (Joseph): Oui. Au point de vue du taux
d'intérêt, nous avons un taux d'intérêt moyen de
16%.
M. de Belleval: En 1981?
M. Bourbeau (Joseph): En 1982. On s'aperçoit qu'on fait
déjà des emprunts à 17, 5% et 17, 75%.
M. Fortier: Vous avez parlé des dividendes. Ce qui est
inclus ici dans la justification financière annexée au
document
nous parle, d'une part, de la distribution d'un dividende sur
l'année 1981. D'après la loi, bien sûr, il va y avoir des
versements provisionnels. Indépendamment de ce qui sera
déclaré à la fin de 1982 - je peux vous suivre
là-dessus - les deux montants qui sont là, chacun de 28 000 000
$, seront versés, d'après le document que vous nous avez
indiqué.
De toute façon, ces deux montants sont minimes en comparaison
avec la taxe sur le capital. Vous avez indiqué ici environ 140 000 000 $
sur un total de 198 000 000 $ et le dividende pourra, à la fin de 1982,
être versé ou ne pas l'être. Il reste que, d'après le
document que vous nous avez remis, compte tenu de la position financière
d'Hydro-Québec à la fin de 1981, il se pourrait qu'un dividende
de 28 000 000 $ soit versé et qu'ensuite vous ayez à faire des
versements provisionnels. (12 h 15)
Pour nous qui avons cherché une justification financière
à la demande que vous faites et pour laquelle vous indiquez que vous
avez besoin de 415 000 000 $, il reste que cette justification ne se
défend qu'à la lumière de la documentation que vous avez
remise et qui inclut ces paiements, soit en taxes de capital ou en versements
de dividendes anticipés ou réels pour 1981 pour un montant
d'à peu près 200 000 000 i. Il semblerait que vous avez tenu pour
acquis que ces versements seraient faits en 1982. C'est à partir de
là que vous avez basé vos besoins financiers pour l'année
1982.
M. Bourbeau (Joseph): Je ferai remarquer au député
que ce qu'on a présenté ici encore, c'est pro forma et les
paiements de dividendes en 1981, on ne les connaîtra qu'au mois de mars
1982 lorsque nos états financiers seront connus et alors on pourra
savoir quel est le montant de dividendes. Comme je le disais tout à
l'heure, actuellement nos taux d'intérêt que nous connaissons sont
plus élevés que ceux que nous avons ici. Les taux d'inflation
sont plus élevés. Il se pourrait fort bien que les 28 000 000 $
de dividendes qui apparaissent à l'année 1981 n'y apparaissent
plus et qu'à ce moment le dividende de 28 000 000 $ qui sera payable en
1982 ne le serait pas, étant donné que c'est le même
montant qu'on doit payer en 1982 qu'en 1981 suivant les dispositions de la loi.
C'est toujours pro forma. Si vous vous souvenez bien, il y a un mois, lorsque
nous avons présenté la position d'Hydro-Québec au sujet du
projet de loi 16, nous avions aussi présenté un "pro forma" pour
l'année 1980. Je ne sais pas si vous vous souvenez qu'à ce
moment, en prenant les résultats financiers d'Hydro-Québec de
1980 et en regardant les dispositions du projet de loi 16, on avait
été capable de prouver que le dividende qui aurait
été payé en 1980 par Hydro-Québec aurait
dépassé 100 000 000 $ et cela, malgré que les hausses de
tarifs à ce moment aient été établies suivant la
loi 41.
Il n'y a aucun lien entre les hausses de tarifs qu'on propose ici et le
projet de loi 16. Nous avons préparé la hausse de tarifs actuelle
avec les dispositions de la loi 41. M. le Président, M. le
député a aussi parlé de la taxe sur le capital. La taxe
sur le capital était une disposition du budget, à ce que je
crois. La seule chose, c'est que le projet de loi no 16, dans une disposition,
dit qu'Hydro-Québec est sujette à payer des taxes et à ce
moment on a dû, à cause d'une disposition dans le budget, inclure
la taxe sur le capital.
M. Fortier: M. le Président, la remarque du
président du conseil me semble tout à fait inacceptable. Il nous
dit qu'ils ont présenté des chiffres qui, bien sûr,
pourraient être pires, mais qui pourraient être beaucoup mieux que
les hypothèses, et cela joue dans les deux sens. Si on veut parler
d'hypothèses qui seraient beaucoup plus pessimistes, on peut parler
aussi d'hypothèses qui pourraient être beaucoup plus optimistes.
Comme Hydro-Québec n'a pas cru bon de nous donner des prévisions
budgétaires qui seraient soit optimistes soit pessimistes, j'en ai
conclu, pour ma part, que la justification financière qui nous
était présentée était à peu près le
juste milieu et qu'il pourrait y avoir une fourchette des deux
côtés. Pour ma part, il m'est assez difficile d'accepter, compte
tenu du fait que la taxe sur le capital est un montant des plus importants, la
proposition du président du conseil à savoir que la proposition
tarifaire n'a rien à voir avec la loi no 16.
Tout à l'heure, le député de Saint-Laurent a
établi que la Loi d'Hydro-Québec dit clairement
qu'Hydro-Québec n'est sujette à aucune taxation à
l'exception de celles reliées aux municipalités et à une
autre. Tant et aussi longtemps que cette loi n'est pas adoptée, il nous
semble inacceptable qu'Hydro-Québec nous donne une justification qui
prétend ne pas respecter cette loi. Ou, si on nous dit que cette
justification qui nous est donnée n'est pas celle qui aurait dû
nous être soumise, à l'occasion il aurait bien fallu
qu'Hydro-Québec, pour demander une augmentation de 415 000 000 $, nous
donne quelques chiffres pour qu'on puisse porter un jugement. Il me semble un
peu farfelu qu'Hydro-Québec vienne nous demander 16, 3% d'augmentation
alors qu'on nous dit que les chiffres d'ici ne valent à peu près
rien.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval:... je comprends un peu
la colère ou le dépit - disons plutôt le
dépit - du député d'Outremont, mais je veux seulement lui
dire que, de ce point de vue, la fonction d'Hydro-Québec ici n'est pas
de donner raison à un côté ou l'autre de la table, de
satisfaire les frustrations de l'un ou de glorifier un autre côté.
Le but de cette commission est de savoir la vérité. Je pense que
c'est ce qui est important. J'ai pris connaissance, M. le Président, du
document d'Hydro-Québec en date de septembre 1981 -c'est bien cela? -
que citait tantôt le député de Saint-Laurent. Pour ma part,
je me rends compte que ces chiffres, les chiffres qui sont entre autres
à la page 40, parlent d'eux-mêmes. Je pense que de ce point de
vue, personne n'essaie de cacher quoi que ce soit à personne. Je pense
que c'est un point qu'il nous faut admettre. Qu'est-ce qu'on y voit? Si je
reprends les remarques de M. Bourbeau, sur une augmentation totale de 415 700
000 $ - c'est bien cela? - que vous demandez pour 1982, il y a 198 700 000
$...
M. Forget: C'est la moitié.
M. de Belleval:... qui sont dus à...
M. Forget: La loi 16.
M. de Belleval: Pas la loi 16, M. le député. Prenez
votre temps, on va éclaircir cela tranquillement. Ils sont dus à
des décisions gouvernementales. C'est un point qui est clair. C'est
vrai, M Bourbeau?
M. Bourbeau (Joseph): C'est exact.
M. de Belleval: Bon! Sur cela, je pense que ni le gouvernement ni
Hydro-Québec n'essaient de cacher à la population que, dans cette
proposition d'Hydro-Québec pour l'instant - c'est une proposition
d'Hydro-Québec, ce n'est pas une proposition du gouvernement - environ
la moitié de l'augmentation est due à des décisions
gouvernementales qui sont de deux ordres -M. le député,
justement, et je reviens à votre remarque, - qui sont d'abord dues au
discours sur le budget. Là-dessus, on ne parle pas d'une loi
hypothétique comme le cas de la loi 16. C'est la loi du budget qui est
en vigueur. Les principes qui s'appliquent à l'ensemble des entreprises
et aux particuliers s'appliquent aussi à Hydro-Québec et
là-dessus, en vertu du discours, de la loi du budget...
M. Forget: Non, absolument pas.
M. de Belleval: Oui.
M. Forget: Non, pas du tout.
M. de Belleval: En tout cas, je crois...
M. Forget: Pas du tout.
M. de Belleval: C'est un point qu'on pourra
éclaircir...
M. Forget: II y a une exemption pour Hydro-Québec. C'est
cela, la situation légale.
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'Hydro-Québec est
soumise à la loi du budget comme toutes les
sociétés...
M. Forget: Non! Non!
M. de Belleval:... si la loi du budget décide d'assujettir
Hydro-Québec.
M. Forget: Non!
M. de Belleval: Quoi qu'il en soit, on n'est pas ici pour
discuter de points de droit, mais il y a un point qui est important. Je pense
qu'il faut faire la distinction entre une décision qui relève du
budget, d'une part, qui est une loi, et un autre aspect qui relève de la
loi 16. Ma question est la suivante, M. Bourbeau: En vertu du discours du
budget, il y a une taxe sur le capital qui est établie maintenant pour
l'ensemble des entreprises du Québec et qui touchera aussi
Hydro-Québec. Dans ce cas-là, vous en tenez carrément
compte dans votre proposition tarifaire. Vous en tenez compte
complètement, à savoir 43 200 000 $ en 1981 et 98 700 000 $ en
1982. Vous en tenez compte. Est-ce cela?
M. Bourbeau (Joseph): Oui.
M. de Belleval: Votre proposition tarifaire en tient compte. En
ce qui concerne maintenant le dividende possible qui se monte, si j'additionne
les deux chiffres, à 28 400 000 $ et 28 400 000 $, c'est-à-dire
56 800 000 $, vous nous dites dans le document que vous venez de nous lire,
à la page 7: "De fait, le conseil d'administration n'a pas voulu fixer
dès maintenant les tarifs qui s'appliqueront au-delà de 1982,
principalement pour deux raisons. La première est que le gouvernement a
déposé un projet de loi qui modifierait les critères qu'il
nous faut actuellement respecter dans l'établissement des tarifs. Il
sera désormais possible à Hydro-Québec de tenir compte,
dans sa tarification, autant du prix du pétrole que de ses besoins de
fonds. Il nous a semblé préférable de ne pas
écarter d'avance cette faculté si une nouvelle loi nous l'accorde
durant les prochains mois. "En deuxième lieu et dans la même
foulée, nous avons voulu que la politique d'harmonisation des sources
d'énergie que le gouvernement prépare actuellement puisse se
traduire sans trop de délais dans la tarification de
l'électricité, qui demeure le
premier levier de cette politique. " Autrement dit, ce que vous nous
dites à la page 7 de votre mémoire de ce matin, c'est que vous
n'avez pas tenu compte de l'harmonisation avec le pétrole. Vous n'avez
pas tenu compte des nouveaux principes énergétiques ou
d'harmonisation énergétique dont on parle dans votre proposition.
Vous n'en avez pas tenu compte.
M. Bourbeau (Joseph): Nous en avons tenu compte dans un certain
sens, mais il se pourrait fort bien qu'avec la politique d'harmonisation qui
est en train de se développer au cours des années prochaines,
nous devions en tenir compte d'une façon beaucoup plus importante. Pour
l'instant, nous avons placé, au niveau résidentiel, le prix de
l'électricité à peu près à mi-chemin entre
le prix du gaz et le prix du pétrole. Cela à la suite du livre
blanc sur l'énergie. On avait une politique énergétique
établissant qu'on doit éliminer le pétrole le plus
possible, qu'on doit privilégier l'entrée du gaz et que
l'électricité, elle aussi, doit augmenter sa part du
gâteau.
M. de Belleval: Oui, mais si je comprends bien, cette politique,
vous vous trouvez à l'appliquer non pas pour la première
année, mais vous l'aviez appliquée aussi l'année
passée ou pour les deux ou trois autres années. Ce n'est pas
nouveau, il n'y a rien de nouveau là-dedans.
M. Bourbeau (Joseph): II n'y a rien de nouveau.
M. de Belleval: En ce qui concerne ce que l'Opposition appelle
l'espèce de "siphonnage" des fonds d'Hydro-Québec qui viendrait
de la loi 16...
M. Fortier: II devrait changer de côté, il est pas
mal bon.
M. de Belleval:... on se rend compte que vous nous dites que, de
ce point de vue, la tarification que vous nous avez proposée, vous n'en
tenez pas compte.
M. Bourbeau (Joseph): On a présenté des tableaux,
ce sont des tableaux, pour nous, pro forma, et s'il n'y avait pas eu le projet
de loi 16, il y aurait eu un jeu entre l'autofinancement et le financement
externe. C'est à ce moment-là que vous auriez vu les jeux se
produire.
M. de Belleval: Autrement dit, vous n'auriez pas diminué
la proposition tarifaire que vous nous faites.
M. Bourbeau (Joseph): L'enveloppe globale de 415 000 000 $ aurait
toujours été là.
M. de Belleval: Autrement dit, vous indiquez,
premièrement, que ce serait la même proposition tarifaire, vous ne
tenez pas compte d'un éventuel "siphonnage", comme dit
Hydro-Québec... comme dit l'Opposition, c'est un lapsus...
M. Forget: C'est vous qui avez parlé de "siphonnage".
Une voix: On ne parle pas encore des réserves
pompées.
M. de Belleval: M. le Président, je pense que le but de
cette commission, c'est de savoir la vérité. On vient de se
rendre compte que les cris au loup de l'Opposition, ce n'est pas vrai puisque
Hydro-Québec nous présente ce matin une proposition tarifaire qui
ne tient pas compte de l'éventualité épouvantable dont
parle l'Opposition et sur laquelle nous reviendrons. C'est un premier
point.
Deuxièmement, vous nous présentez un pro forma qui laisse
une marge de manoeuvre qui pourrait éventuellement être
utilisée si le projet de loi no 16 était en vigueur, mais qui,
selon toute probabilité, peut être aussi utilisée pour les
fins propres d'Hydro-Québec, pour ses fins de financement, parce que les
taux d'intérêt sont plus élevés que ce que vous avez
prévu. Là-dessus, toutes les perspectives semblent pointer vers
le fait que vous avez sous-estimé, dans votre hypothèse, les taux
d'intérêt et, en même temps, les taux d'inflation. C'est
bien cela. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. Bourbeau, je n'ai pas l'intention de vous coincer,
mais comme le député vient de le dire, on est ici pour trouver la
vérité. Savez-vous, je représente le comté de
Sainte-Anne, dans la ville de Montréal, et c'est un comté de
travailleurs. Les grandes déclarations financières ne les
intéressent pas; ce qui les intéresse, c'est l'augmentation des
tarifs de l'électricité. Ils sont déjà incapables
de les payer maintenant, imaginez-vous avec une augmentation de 16, 3%. Donc,
ils m'ont donné le mandat d'obtenir un peu de renseignements en
détail, en des termes simples, parce que je suis un simple esprit
moi-même.
Encore une fois, je ne suis pas là pour vous coincer, on cherche
la vérité. Je vous amène à la page...
Une voix: Un saint esprit ou un simple esprit?
M. Polak: Un saint esprit et un simple d'esprit. Je vous
amène à la page 40 du
mémoire. Vous écrivez: "En ce qui a trait aux besoins de
fonds de l'année 1982, notre scénario financier tient compte des
effets prévus du projet de loi 16, selon les hypothèses
suivantes. " Ensuite, vous expliquez ce que le gouvernement vous demande de
verser à la bourse publique.
Maintenant, vous parlez du projet de loi no 16, vous ne parlez pas du
budget à ce moment-là. Vous expliquez très bien la taxe
sur le capital, le surplus. Je reviens au tableau 2, deux pages avant la page
40, et je veux regarder rapidement les chiffres avec vous.
Tout à l'heure, vous avez dit: II s'agit vraiment d'une sorte de
pro forma, une estimation pour l'année 1982. Quand il s'agit de fixer
les tarifs, vous ne faites pas le tarif pro forma, vous recommandez un tarif
fixe: Je veux avoir 16, 3% d'augmentation, population, paie ça. Cela, ce
n'est pas pro forma, par exemple. Votre besoin de fonds est pro forma, mais
comme il s'agit d'une source de fonds, c'est bien établi, il faut qu'on
aille chercher chez le public 415 700 000 $. (12 h 30)
Sachant que la colonne Sources de fonds ne peut pas changer, je vais
essayer de changer la colonne Besoins de fonds. J'ai fait un petit calcul. Vous
dites qu'on a besoin, pour 1982, de 295 900 000 $, incluant la taxe sur le
capital. Deux pages plus loin, on voit que cela représente 98 700 000 $.
Ce n'est pas dans le budget, cela vient directement de ce fameux projet de loi
16 qu'on n'a pas encore adopté. On va mettre cela à part, 98 700
000 $, que vous, HydroQuébec, n'étiez jamais obligée de
payer auparavant, mais maintenant on exige que vous le payiez. Ensuite, on
prend le deuxième point, Surplus maximum, et vous prenez les deux
années 1981 et 1982, 56 800 000 $. Si j'ajoute ces deux chiffres que
vous n'étiez jamais obligée, vous, Hydro-Québec, de verser
au gouvernement, cela donne un total de 155 500 000 $.
Si le gouvernement, demain, disait: On va changer. C'est grave,
l'opinion publique. Vous avez raison, les pauvres. Oubliez cette loi 16. On va
donner instruction à HydroQuébec de retourner au public l'argent
dont vous n'avez plus besoin, y inclus le surplus et la taxe sur le capital, on
va abolir cela. Cela veut dire qu'il y a à ce moment une marge de 155
500 000 $. Est-ce vrai, oui ou non?
M. Bourbeau (Joseph): C'est vrai, oui. Il y aurait cette marge,
excepté qu'à ce moment, Hydro-Québec aurait demandé
la même augmentation de tarif et elle aurait diminué son
financement externe de 157 000 000 $.
M. Polak: Non, parce que je laisse les autres colonnes intactes.
Je ne touche pas aux autres colonnes. Le fonds d'amortissement et
échéances, on est content de cela. Je veux avoir pour le public
les 155 500 000 $, bien établir que cette demande provient du
gouvernement, à cause de notre politique budgétaire, dit-il, mais
cela relève, selon moi, d'une loi qui n'a même pas encore
été adoptée. Je ne veux pas que vous vous contredisiez,
parce qu'au commencement, vous avez dit: Non, c'est pro forma. On arrive au
point où on a fait la démonstration, sans vous gêner, parce
que vous êtes, je le sais, dans une chaise difficile, mais je ne le suis
pas. Je suis dans une chaise bien confortable à ce point de vue. On
n'aurait pas besoin de demander une augmentation de 16, 3% le 1er janvier 1982
si vous aviez la liberté de prendre ce fonds de 155 500 000 $ et de le
donner à la population. Je suis certain que l'augmentation serait
considérablement moindre que cela. Ce n'est pas pour vous coincer, mais
est-ce que vous suivez mon raisonnement? Est-ce que c'est farfelu, comme les
députés ministériels l'ont dit, ou est-ce qu'il y a du bon
sens là-dedans?
M. Bourbeau (Joseph): On s'engage sur une voie où,
malheureusement, à cause de l'entente qui a été prise de
commencer à questionner Hydro-Québec sur un point et,
après cela, de prendre un autre point, on ne voit pas toute la
mécanique qu'il y a dans la formation ou l'élaboration de tarifs.
Je déplore et je trouve malheureux qu'on n'ait pas fait suivre mon
exposé de la présentation des spécialistes. Vous auriez pu
voir qu'il y a une interaction entre tous ces facteurs. Si vous isolez un seul
facteur, vous pouvez faire dire n'importe quoi à ce facteur. Si vous
regardez l'ensemble des facteurs, vous allez vous apercevoir que l'un joue avec
l'autre. Or, il est très difficile d'isoler un facteur. Vous pouvez
conclure à toutes sortes de choses en regardant un seul facteur. C'est
malheureux qu'on n'ait pas pu avoir cette présentation et qu'on fasse
une discussion sur certains facteurs isolés.
M. Polak: Une dernière question. M. Bourbeau, nous sommes
sur une motion et je vais revenir tout de suite au fond, comme le
président l'a décidé. Je veux établir, de la
façon que je l'ai dit, que la loi 16 ou le projet de loi 16 qui est
voté en première lecture, et pas plus loin, a assurément
influencé votre présentation des faits financiers. Est-ce que
c'est vrai, oui ou non?
M. Bourbeau (Joseph): La présentation, c'est un pro forma.
Comme pro forma, on est obligé de regarder ce qui pourrait arriver l'an
prochain.
M. Polak: Est-ce que le tarif est pro
forma aussi?
M. Bourbeau (Joseph): Pas le tarif, parce que je vous ai dit tout
à l'heure que le tarif et les liqnes directrices du tarif ont
été discutés au conseil d'administration au mois de
janvier dernier, deux mois avant la présentation du budget du 10 mars et
six mois avant la présentation du projet de loi 16. On a établi
à Hydro-Québec quels étaient les paramètres qu'on
allait utiliser pour préparer nos tarifs.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? Je donne
maintenant la parole au député d'Outremont vu...
M. Forget: M. le Président, j'ai demandé la parole
pour poser des questions.
Le Président (M. Laplante): Une minute! Un moment!...
l'entente qu'on a eue avec les membres de l'Opposition et du parti
ministériel, jusqu'à épuisement.
M. Forget: Quelle entente, M. le Président? On a
indiqué qu'il y avait des gens...
Le Président (M. Laplante): C'est le voeu qu'avait
exprimé le parti ministériel, il n'y a plus de question
actuellement.
M. Forget: C'est un voeu que vous avez exprimé, M. le
Président. Je n'ai pas cédé mon droit de parole; j'ai
demandé d'être reconnu. Vous avez pris note de mon nom. J'ai des
questions à poser à Hydro-Québec avant d'en arriver
à la motion. Je ne vois pas en vertu de quoi on m'empêcherait de
parler et de poser des questions, comme mes autres collègues l'ont fait,
au président d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): L'entente qu'on avait
était de un pour un.
M. Forget: II n'y a pas eu d'entente, vous avez fait un
commentaire exprimant le voeu que cela alterne. Vous pouvez exprimer des voeux,
M. le Président; je suis tout à fait d'accord que, dans un monde
idéal, il peut se produire bien des choses, mais il semble que les
collègues ministériels n'aient pas d'autres questions à
poser et je ne dois pas être pénalisé pour leur absence
d'imagination.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, vous comprendrez...
M. Perron: Question de règlement. M. le Président,
on en est venu à une entente tout à l'heure qu'on devait entendre
HydroQuébec et il semble que, selon ce qu'a dit le président
d'Hydro-Québec, M. Bourbeau, nous n'avons pas entendu
complètement, c'est-à-dire sur tous les paramètres
possibles, sur toutes les hypothèses possibles, l'exposé
qu'Hydro-Québec devait nous présenter. Avant de discuter de quoi
que ce soit, même de la motion présentée par l'Opposition,
il me semble qu'on devrait entendre les spécialistes
d'Hydro-Québec pour savoir ce qu'ils ont à dire, parce qu'on va
tourner en rond toute la journée d'aujourd'hui et probablement toute la
journée de demain, si on continue de la façon dont on s'en va, M.
le Président.
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, sur la question de
règlement.
M. Fortier: II est vrai qu'on avait discuté
brièvement d'une entente où ce serait un pour un, mais à
la suite d'un échange de vues entre le ministre et moi, je crois, le
député de Charlesbourg a indiqué que, justement, il
n'accepterait pas qu'une telle entente existe au point de lui nier son droit de
parole. Tout ce que mon collègue de Saint-Laurent demande - il va
être le dernier à poser une question au président du
conseil d'Hydro-Québec - c'est d'accepter, compte tenu de la remarque
qui avait été faite par le député
ministériel, que la règle s'applique dans le cas du
député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Laplante): Votre argumentation est forte,
monsieur, étant donné justement ce que le député de
Charlesbourg a exprimé. M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
essayer de collaborer en posant des questions brèves et en demandant
à M. Bourbeau s'il lui est possible de me répondre avec la
même brièveté.
Je me réfère au texte de l'allocution que vous avez
prononcée tout à l'heure et que vous avez eu la bonté de
nous communiquer. J'aimerais vous poser des questions relativement à
certaines affirmations que vous y faites pour être bien sûr qu'on
comprend le sens de vos remarques.
En page 3, par exemple, je remarque que vous faites une allusion aux
grandes orientations énergétiques du Québec comme source
d'inspiration pour la préparation des tarifs. Dans vos réponses,
tout à l'heure, vous avez fait allusion au livre blanc. M. Bourbeau,
seriez-vous conscient ou auriez-vous connaissance d'une décision
formelle de la part du gouvernement entérinant non seulement des
propositions du livre blanc, mais une orientation tarifaire pour ce qui est
d'Hydro-Québec, c'est-à-dire une projection à
long terme de ce que devrait être la politique tarifaire
d'Hydro-Québec sur plusieurs années, relativement au
pétrole et au gaz, et une décision formelle du gouvernement qui
serait inconnue aux membres de l'Assemblée nationale?
À mon avis, il y a eu le livre blanc, qui est une proposition
pour fins de discussion, mais il n'y a pas eu d'approbation formelle et,
même dans ce livre blanc, on ne découvre rien de très
précis, même pas une discussion systématique de la question
des prix. On fait allusion à ce que devrait être le bilan
énergétique, mais jamais le gouvernement n'a pris, à notre
connaissance, à moins que vous ne connaissiez différemment, une
décision formelle et officielle disant: Voici notre politique
énergétique et, en particulier, voici les orientations
maîtresses d'une politique tarifaire d'Hydro-Québec pour les cinq
ou dix années à venir. Est-ce qu'une politique tarifaire existe
à Hydro-Québec pour les cinq ou dix années à venir?
Est-ce que cela existe, à votre connaissance, ou est-ce que vous vous
livrez à une interprétation -d'ailleurs, vous n'auriez pas le
choix dans ce cas-là - personnelle ou à l'interprétation
d'Hydro-Québec de ce qui vous semble être des orientations
probables du gouvernement, mais des orientations qui ne sont pas
définies?
M. Bourbeau (Joseph): II existe un livre blanc: Assurer l'avenir.
Cela existe. Je ne l'ai pas avec moi, mais on me dit qu'il y a un décret
du gouvernement - on pourra l'avoir, mettre la main sur ce document -qui appuie
ce livre blanc et qui exprime réellement la politique du gouvernement au
sujet de l'énergie.
M. Forget: Au sujet des prix, y compris quelque chose d'explicite
quant à la politique tarifaire d'Hydro-Québec.
M. Bourbeau (Joseph): Dans mon discours, j'ai dit que l'on
voulait avoir des prix qui pourraient protéger le consommateur. Ce
qu'Hydro-Québec a retenu du document sur la politique
énergétique, c'est que, avec des objectifs bien précis, on
faisait état que l'électricité devait occuper
au-delà de 40% de l'assiette énergétique et que le
gaz...
M. Forget: Je m'excuse, mais je ne veux pas que vous nous
répétiez ce qu'il y a dans le livre blanc, on l'a tous lu. C'est
certain que le livre blanc exprime des voeux, mais ma question ne porte pas sur
le contenu du livre blanc, ce serait très long de le lire ici, il a
plusieurs dizaines de pages. Ce que je vous demande comme question, c'est:
Est-ce que vous agissez en fonction d'une décision que vous
considérez formelle de la part du gouvernement, vous indiquant, à
vous Hydro-Québec, quelle politique tarifaire suivre sur une
période donnée ou est-ce que vous vous livrez à une
interprétation d'un livre blanc, - et cela, c'est très important,
- qui ne constitue pas à ce moment-ci une politique du gouvernement?
C'est une proposition qu'a endossée le gouvernement pour fins de
discussion, mais, à ma connaissance, vous n'êtes pas en mesure...
Mais peut-être l'êtes-vous, peut-être que secrètement
le gouvernement a défini sa politique? Publiquement, il ne l'a pas fait.
Nous n'avons pas de politique énergétique; il y a un projet de
politique énergétique qui ne comporte rien sur le plan tarifaire.
On ne sait pas ce que le gouvernement veut comme objectif relativement au prix
de l'électricité par rapport au prix du pétrole. Il nous
dit qu'il devrait y avoir plus d'électricité que de
pétrole à un moment donné dans le futur. Est-ce que cela
veut dire que les prix de l'électricité devront être
à 100% des prix du pétrole, à 60%, à 75%?
Là-dessus, on cherche en vain dans le livre blanc une
déclaration. Vous êtes bien obligé d'interpréter les
intentions que vous imputez au gouvernement. Mais, encore une fois,
êtes-vous conscient, êtes-vous au courant qu'il y a une politique
officielle du gouvernement qui pourrait vous servir de guide sûr, formel,
officiel et clair sur la politique tarifaire? Si oui, quel est-il, ce document
du gouvernement?
M. Bourbeau (Joseph): Je reviens à ce que je disais tout
à l'heure: Le livre blanc existe. On me dit qu'il y a un décret
du gouvernement qui vient appuyer ce livre blanc.
M. Forget: Ah bon! Alors, vous considérez le livre blanc
comme étant la politique du gouvernement relativement à
l'énergie, de façon définitive. C'est bien cela?
M. Bourbeau (Joseph): Avant, je veux répondre à
votre première question. Au point de vue des prix, ce n'est pas sur le
livre blanc qu'on se base pour établir des hausses de tarifs, c'est sur
la Loi d'Hydro-Québec. Cette loi nous donne des objectifs assez
précis sur la façon d'établir les tarifs
d'Hydro-Québec. Ce qu'on a soutiré du livre blanc, c'est que la
loi 41 nous dit que cela sera fait à l'intérieur des grandes
politiques énergétiques. On s'inspire des politiques
énergétiques du livre blanc pour harmoniser nos tarifs. Mais on
n'a pris aucune idée ou principe qui existe dans le livre blanc pour
établir notre hausse de tarifs.
M. Forget: Alors, quand vous dites, à la fin de votre
discours, qu'il faudra que cela
ne soit pas trop élevé par rapport au pétrole, vous
faites une projection. Cela ne s'applique pas à la demande de tarifs que
vous nous présentez aujourd'hui.
M. Bourbeau (Joseph): Remarquez bien que nos hausses de tarifs
actuelles au niveau du secteur résidentiel ont placé
l'électricité à mi-chemin entre le gaz et le
pétrole.
M. Forget: Mais c'est une coïncidence. Vous déduisez
cela de vos coûts, etc., mais pas d'une politique
énergétique. Si je comprends bien, vous venez de nous dire que
vous ne considérez pas cela dans la détermination de la demande
tarifaire pour 1982.
M. Bourbeau (Joseph): On a suivi, comme on l'a fait en 1978, des
principes qui étaient dans le livre blanc, principes qui nous ont
guidés à placer le coût de l'électricité
à l'intérieur d'une fourchette où le gaz était
moins cher que l'électricité et où le pétrole
était plus élevé que l'électricité.
M. Forget: Là, vous en êtes à la position
où vous voulez rester, relativement à ça? C'est votre
interprétation de la politique énergétique.
M. Bourbeau (Joseph): On veut que le gaz pénètre...
(12 h 45)
M. Forget: Non, mais on parle des prix. Ce sont les effets, qu'il
pénètre ou qu'il ne pénètre pas, c'est un effet. Au
point de vue des prix, est-ce que ce que vous présentez comme demande
tarifaire va situer l'électricité là où vous croyez
que la politique énergétique du gouvernement la situe ou est-ce
qu'il faut s'attendre à de nouvelles hausses à l'avenir?
M. Bourbeau (Joseph): Non, on croit que, toujours, à
l'avenir, on devrait se situer, au point de vue de l'électricité,
entre le gaz et le pétrole.
M. Forget: Mais où, entre le gaz et le pétrole?
Très près du pétrole ou plus près du gaz? Parce
que, dans le fond, c'est important de savoir où, si ça va
être à peu près entre les deux? Il semble que ce soit
déjà entre les deux, mais est-ce que vous allez opter pour une
parité avec le pétrole?
M. Bourbeau (Joseph): Non, nous avons une position qui est assez
claire dans le règlement tarifaire que l'on propose, c'est une position
où on se situe au milieu des prix...
M. Forget: Juste au milieu.
M. Bourbeau (Joseph): On est au milieu des prix du pétrole
et du gaz.
M. Forget: Et, pour vous, ça représente la mise en
oeuvre de la politique énergétique du gouvernement; c'est le
dernier mot qu'on ait là-dessus?
M. Bourbeau (Joseph): C'est de cette façon que l'on croit
que le gaz pourra pénétrer d'une façon beaucoup plus
efficace...
M. Forget: Ce sont les effets, M. Bourbeau, mais la question
porte sur le tarif. Ce que je vous demande, c'est: Est-ce que ce tarif, qui se
situe à mi-chemin entre le gaz et le pétrole - l'essence pour le
chauffage - c'est selon vous - remarquez que c'est ce qui semble se
dégager de vos remarques, mais je voudrais bien l'entendre de votre
bouche - votre interprétation de la politique énergétique
du gouvernement et c'est le point où vous croyez qu'il est normal de
s'arrêter?
M. Bourbeau (Joseph): Pour l'instant, avec toutes les
données à notre disposition, c'est l'endroit où,
croyons-nous, nous devons nous situer.
M. Forget: Pour l'instant. Je vous remercie, ça
éclaire ce point. Donc, c'est une politique énergétique
relativement au prix qui serait déjà réalisé en
1982 et qui mettrait le prix de l'électricité à mi-chemin
entre celui du gaz et de l'huile à chauffage. Quant à vous, pour
l'instant, c'est la meilleure indication que vous ayez des intentions
gouvernementales?
M. Bourbeau (Joseph): Oui.
M. Forget: Très bien.
Une deuxième question, M. Bourbeau, porte sur l'affirmation,
toujours en page 3, où vous dites: "Le prix de
l'électricité doit être naturellement relié aux
coûts de production. " Si je comprends bien, dans les coûts de
production dont vous avez tenu compte pour établir le tarif de 1982, il
y a la taxe sur le capital. On se comprend là-dessus?
M. Bourbeau (Joseph): Oui, ça fait partie...
M. Forget: La taxe sur le capital est devenu un coût de
production?
M. Bourbeau (Joseph): Oui.
M. Forget: Cela entre dans le calcul du tarif. Très bien.
C'est donc 140 000 000 $ qui sont inclus dans les coûts et qui doivent
être répercutés dans les tarifs.
À la page 4, vous soulignez que, étant
donné la situation financière d'Hydro-Québec,
étant donné les sommes qui vous seront disponibles pour combler
vos besoins financiers, vous avez dû décider - d'ailleurs, la
décision a été communiquée publiquement il n'y a
pas tellement longtemps - de réduire le programme d'investissements de
1982 d'une tranche de 370 000 000 $. Étant donné que les chiffres
pro forma que vous nous avez donnés laissent place à toutes
sortes d'hypothèses, je pourrais demander: Si le gouvernement ne venait
pas chercher 200 000 000 $ chez vous cette année, c'est-à-dire
l'an prochain, est-ce que...
Une voix: Pas 200 000 000 $, je pense.
M. Forget: 200 000 000 $.
Une voix: 198 000 000 $.
M. Forget: Page 40. 200 000 000 $.
M. de Belleval: Les 50 000 000 $, c'est un pro forma.
M. Forget: 198 700 000 $.
M. de Belleval: On a établi tantôt que
c'était un pro forma, les 60 000 000 $ de dividendes.
Une voix: Plus ou moins 10%.
M. Forget: Non, on reviendra au pro forma dans quelques minutes,
si cela inquiète le député de Charlesbourg. Il reste qu'il
y a 198 700 000 $ qui seraient vraisemblablement versés au trésor
public du Québec en 1982.
Si le gouvernement se retournait et disait: On n'ira pas les chercher.
Mon collègue, tout à l'heure, a fait allusion à la
possibilité que vous réduisiez les tarifs. Vous avez dit: Non, on
ne réduirait pas les tarifs; on irait chercher quand même cette
augmentation - c'est une hypothèse parmi d'autres - mais on diminuerait
nos emprunts.
Est-ce qu'il n'est pas possible d'imaginer aussi que vous auriez pu
maintenir, dans une large mesure, le programme d'investissements de l'an
prochain, 370 000 000 $, qui a été réduit pour l'an
prochain? C'est bien sûr que s'il y avait 200 000 000 $ de plus en
caisse, cela serait peut-être plus facile de financer ces 370 000 000 $.
Est-ce que vous n'avez pas -autrement dit, c'est là ma question -
déjà tenu compte, même dans vos programmes
d'investissements pour l'an prochain, de la nécessité dans
laquelle vous serez de verser 200 000 000 $ au trésor public? Ces 200
000 000 $, il faut qu'ils viennent de quelque part. Vous ne pouvez pas
emprunter davantage, semble-t-il. Il y a des difficultés. Enfin, ce
serait risquer de planifier des emprunts plus considérables. Vous avez
dit déjà, au mois de septembre: II faut diminuer nos
investissements. Est-ce qu'on n'a pas là, si ce n'est dans la
réduction des tarifs qui serait possible autrement, d'une autre
façon, une autre des conséquences de ce
prélèvement, de ce "siphonnaqe", comme dit le
député de Charlesbourg...
M. de Belleval:... le député...
M. Forget:... des fonds d'Hydro-Québec dans les coffres du
gouvernement?
M. de Belleval: M. le Président, une question de
règlement. Le mot "siphonnage", c'est ce qu'essaie d'établir
l'Opposition et ce qu'on a vu tantôt, c'est qu'il n'y avait pas de
"siphonnage".
M. Forget: C'est ce qu'on va voir parce que les 200 000 000
$...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que votre question est
posée?
M. Forget:... doivent venir de quelque part. Je ne crois pas
encore, M. le Président, à des miracles. On ne tire pas cela d'un
chapeau. Quand on sort 200 000 000 $ et qu'on les donne au ministre des
Finances, ou il faut emprunter davantage, ou il faut investir moins, ou il faut
imposer des tarifs plus élevés. Je pense qu'on épuise la
liste des possibilités.
Hydro-Québec préférerait ne pas réduire les
tarifs; on la comprend. Ce que le gouvernement déciderait dans d'autres
contextes, on ne le sait pas. Mais ces gens voudraient garder l'argent et
diminuer leurs emprunts. C'est tout à fait normal.
Le consommateur peut se dire: J'aimerais mieux qu'on baisse mes tarifs.
Le travailleur de la construction qui sera mis à pied l'an prochain ou
qui n'aura pas d'emploi à la Baie-James peut se demander:
Peut-être que s'ils avaient maintenu leur plan d'investissement, cela
aurait peut-être été plus intéressant pour moi.
Chacun a son point de vue là-dedans. Il reste que les 200 000 000
$ viennent de quelque part et ils ont des effets. Je pense que cela est grave.
La question que je pose à M. Bourbeau est: Est-ce que, parmi les effets
déjà réalisés, on ne trouve pas cette
décision qui est reflétée à la page 4 où,
d'ailleurs, par un euphémisme extraordinaire, Hydro-Québec dit
qu'elle a trouvé possible de réduire son programme
d'investissements?
Je suggérerais qu'on eût tout aussi bien pu écrire
dans le mémoire d'Hydro-Québec: "II est apparu nécessaire
de réduire les investissements, étant donné la situation
financière. " Mais je vous passe cet euphémisme. Je pense que les
égards envers le gouvernement ont leur droit et c'est peut-
être dans le but de ne pas offenser le gouvernement qu'on a
utilisé le mot "possible" plutôt que "nécessaire". Je ne
vous fais pas rigueur de cela. C'est dans l'ordre de la politesse entre une
société d'État et le ministre de tutelle.
M. de Belleval: Quoique M. Bourbeau a dit "nécessaire"
tout à l'heure. Il a fait un lapsus.
M. Forget: Ah! II a dit "nécessaire".
M. de Belleval: Mais il a écrit "possible".
M. Forget: II a écrit "possible". Alors, on voit que tout
est dans l'oeil de l'observateur.
M. Bourbeau, pour revenir aux choses sérieuses, est-ce qu'il
n'est pas vrai que cette décision de réduire le programme
d'investissements... En commission parlementaire, en février, plusieurs
intervenants, même autour de la table, et les syndicats en particulier,
avaient manifesté leur inquiétude de voir diminuer le rythme des
travaux. La société québécoise a un besoin criant
d'investissements à une époque de chômage sans
précédent. Est-ce que ce n'est pas déjà un
coût social important, pour ne pas parler des prix économiques, de
la décision du ministre des Finances, de vous demander 200 000 000 $
pour ses propres besoins?
Le Président (M. Laplante): M.
Bourbeau, avant de répondre... La présidence est un peu
gênée actuellement par toutes les questions qui se posent. Il
était entendu que ce seraient de courtes questions avant d'arriver
à une motion. Vous avez exprimé le désir de continuer
votre exposé tout à l'heure. Je ne crois pas honnête
actuellement de vouloir continuer dans des questions aussi techniques sans vous
donner...
M. Forget: Honnête?
Le Président (M. Laplante): Je parle de notre part, je
m'excuse du lapsus. Je n'ai voulu donner aucune signification là-dessus.
Je vous autorise à vous servir de votre tableau technique pour
répondre aux prochaines questions.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, je vais essayer de
répondre brièvement à la question qui m'a
été posée. Remarquez bien que ces fameux 370 000 000 $
proviennent du fait qu'on aurait dû emprunter au-delà de 2 887 000
000 $ si on n'avait pas fait cette coupure. Nos financiers nous ont
présenté, au début de l'année, un scénario
dans lequel on pourrait aller puiser dans un financement externe un maximum de
2 500 000 000 $, pas plus que cela.
Si on pouvait le baisser encore, mais c'est la limite maximale,
semble-t-il, qu'on puisse se permettre. Cette année on a un financement
de 2 200 000 000 $ et ça va faire deux ans, je pense, qu'on a 2 200 000
000 $ à aller chercher sur les marchés financiers. Cette
année, avec les conditions qui sont assez difficiles depuis quelques
mois, on va terminer l'année avec un financement de 2 200 000 000 $,
mais on aura énormément de difficultés.
Ce qui veut dire que pour l'an prochain, lorsqu'on a voulu se limiter
à 2 500 000 000 $, on avait de fort bonnes raisons. C'est à ce
moment-là qu'on a jugé bon de prêcher par l'exemple, de ne
pas augmenter les tarifs plus haut que cela et de diminuer notre programme
d'équipement de 370 000 000 $. Remarquez bien que ce sont des projets
qui seront reportés à plus tard. Au lieu de les faire en 1982, on
les fera en 1983-1984.
Si vous vous souvenez, on avait un programme d'équipement qui, au
cours des cinq prochaines années, devait être horizontal, ne
projetait aucune croissance. Ce qu'on fait, c'est essayer de soutirer de
l'année 1982 - je pense qu'on l'avait expliqué en commission
parlementaire au mois de février - la bosse de chameau. On voyait qu'on
avait des investissements qui dépassaient de beaucoup ceux des autres
années. Ce qu'on fait actuellement, c'est essayer de couper cette bosse
de chameau et de reporter une partie de la bosse en 1983-1984, sans toutefois
toucher au programme d'équipement, sans toutefois mettre en péril
les dates de mise en service de projets qui vont venir plus tard.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Forget: Je n'ai pas encore fini, M. le Président.
M. Duhaime: Vous avez dit tantôt que vous seriez bref, dans
votre question, et on a patiemment écouté un exposé de dix
minutes.
M. Forget: Bon, c'est la censure!
M. Duhaime: Je suis prêt à vous laisser poser une
question, mais tenez-vous-en à ce que vous avez dit vous-même,
être bref, pour que tout le monde puisse participer.
M. Forget: Je n'ai qu'une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Toujours à la page 4, je
remarque que, cette année, vous faites allusion au fait que vous
mettez de côté les critères financiers qui vous ont
inspirés dans le passé. Je pense, en particulier, à la
couverture des intérêts de 1, 25 ou de 125% -pour parler un
langage que peut-être plus de gens vont comprendre - des
intérêts à payer sur la dette d'Hydro-Québec. On
s'assurait que le revenu net d'Hydro-Québec soit suffisant pour combler,
pour couvrir au moins une fois et quart le montant des intérêts
à payer sur la dette.
Cette année, vous adoptez un ratio qui est différent,
c'est seulement 100%. Vous assurez que vous pourrez payer une fois les
intérêts, mais sans nécessairement avoir de surplus. Est-ce
qu'il n'y a pas, M. Bourbeau, une coïncidence remarquable dans le fait que
la même année que le gouvernement introduit un
prélèvement sur les surplus d'Hydro-Québec, que la
même année que cette décision gouvernementale est prise,
Hydro-Québec juge bon de réviser à la baisse le ratio
financier dont on nous a toujours dit, dans le passé, qu'il était
un élément essentiel pour maintenir auprès des milieux
financiers internationaux, qui sont les bailleurs de fonds
d'Hydro-Québec, la crédibilité et les assurances
nécessaires? Est-ce qu'il n'y a pas là, dans la coïncidence
dans le temps de ces deux décisions, quelque chose de troublant? Vous
pourrez me dire: On a étudié cela depuis des années. Il
reste que, depuis des années, on ne l'avait jamais changé. On
pouvait se poser des questions là-dessus.
De fait, en 1978, j'étais présent en commission
parlementaire et j'ai moi-même posé la question à M. Boyd,
je pense, à l'époque. Je lui ai demandé: Est-ce que
vraiment le 1, 25, qu'on disait à l'époque être la raison
pour laquelle on demandait des hausses de tarifs, parce qu'il fallait
protéger le 1, 25, ce qu'on n'a pas réussi à faire,
d'ailleurs, parce que vous avez fait face à des situations plus
difficiles, etc., le taux d'intérêt a augmenté...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, il est 13 h 02 et je serai obligé de suspendre les
travaux.
M. Forget: Avec le consentement, j'aimerais terminer ma question,
M. le Président, et peut-être pourrait-on donner la permission
à M. Bourbeau de répondre; ça ne prendra que quelques
secondes.
Est-ce que ces arguments, qui étaient très forts, de
maintenir le 1, 25, et qu'on abandonne tout à coup, ne coïncident
pas de façon étrange avec la décision gouvernementale
d'aller se faire une place dans les profits d'Hydro-Québec et de
dégager des disponibilités? Comme on ne peut pas emprunter
davantage - vous venez de nous expliquer pourquoi, M. Bourbeau - on s'est dit:
En baissant le ratio financier, on va faire de la place aux sommes qu'on va
verser au gouvernement. Est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose qui
devrait nous inquiéter, à ce moment-ci?
M. Bourbeau (Joseph): Vous allez remarquer que, depuis les trois
dernières années, on n'a pas pu maintenir notre facteur de
couverture d'intérêt à 1, 25. Cette année, en 1981,
le facteur sera de 1, 02. Malgré un facteur qui frise l'unité, on
sera capable de faire un programme d'emprunts de 2 200 000 000 $. Tout ce qu'on
espère, c'est que, l'an prochain, avec un ratio qui serait de 1, 05, on
sera capable d'aller chercher des sommes sur les marchés financiers.
Maintenant, je pense que M. Boyd a quelques remarques à faire sur
cette question. (13 heures)
M. Boyd (Robert): Je voudrais tout simplement rappeler que
lorsqu'on a parlé de hausse des tarifs en 1978, on avait beaucoup
discuté de ce 1, 25 et on avait expliqué, surtout nos financiers,
MM. Lemieux et Lafond, que ce 1, 25 devait de moins en moins être un
critère. Ce qui devait être un critère à l'avenir,
c'est la capacité d'emprunt. Depuis 1978 - je pense que récemment
M. Lafond en a encore parlé - ce n'est plus le critère 1, 25 qui
compte. C'est la capacité d'emprunt. Donc, vous pouvez aussi comparer
avec les autres entreprises au Canada qui utilisent un facteur plus bas. Mais,
selon moi - et je pense que c'est le cas aussi pour M. Lafond qui est ici, il
pourra en parler cet après-midi si on lui donne la chance - le
critère dans le moment est: Combien peut-on emprunter? C'est ça,
notre critère. Évidemment, dans les projections futures où
je ne serai plus, il y a une grosse discussion qui reste à faire pour
les années 1985-1990 sur les taux d'autofinancement qui devront
être utilisés pour faire les programmes dont on aura besoin quand
on connaîtra mieux l'avenir.
Pour le moment, si on revient à 1978, ce n'est plus 1, 25, ce
n'est plus 1, 0, c'est: Combien peut-on recueillir sur les marchés?
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 15 h 07)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Que chacun prenne son siège, s'il vous plaît!
Reprise de la séance de la commission de l'énergie et des
ressources. Avant de
continuer, j'aurais un message pour les membres de cette commission et
ceux qui regardent la télévision des débats actuellement.
La séance sera télédiffusée seulement
jusqu'à minuit ce soir, s'il y a séance jusqu'à minuit, et
demain, pour des raisons techniques, la séance ne sera pas
télédiffusée. Pardon?
M. Grégoire: Elle ne siégera pas demain matin.
Le Président (M. Laplante): Elle siège demain matin
jusqu'à... Tout dépendra des travaux de la commission.
Lorsque nous nous sommes quittés ce midi, la parole était
au ministre. M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais peut-être
revenir sur un point qu'a évoqué M. Boyd juste avant la
suspension pour ce qui est du taux de couverture. Si j'ai bien compris - et
j'aimerais l'entendre de nouveau - en réponse à une question qui
a été posée, je pense, par un député de
l'Opposition, vous avez dit que la règle du 1, 25 n'était plus,
à toutes fins utiles, un objectif depuis 1978 et que votre contrainte
était plutôt axée sur les besoins financiers,
c'est-à-dire la capacité d'emprunter d'Hydro-Québec sur
les marchés. Vous ai-je bien compris?
M. Boyd: Oui, c'est ce que j'ai dit, M. le Président. Cela
a été discuté en commission parlementaire en 1978 et je
pense qu'on avait discuté assez longuement là-dessus. La
capacité d'emprunt est plutôt le guide qu'on suit depuis ce
temps-là. On partait d'environ 2 000 000 000 $ et on estimait pouvoir
augmenter notre capacité d'environ 10% par année dans les
marchés qu'il y avait depuis ce temps-là.
M. Duhaime: Pourrait-on dire également, M. Boyd, que
l'établissement des besoins financiers, eu égard aux
disponibilités sur les marchés, est un des facteurs, mais qu'un
autre facteur qui est fort important aussi, ce sont les besoins
d'équipement ou les besoins d'investissements, les immobilisations? Je
vous pose cette question en vous demandant si vous faites un lien, au niveau de
la prévision des immobilisations, sur les variations dans la croissance
ou dans la diminution de la demande.
M. Boyd: Évidemment, c'est la prévision de la
demande qui fixe le programme d'équipement, nos besoins de financement
et nos besoins d'investissement.
M. Duhaime: Est-ce que vous auriez en tête des chiffres de
prévision pour l'année 1982 pour ce qui est de la croissance de
la demande?
M. Boyd: On peut les retrouver facilement, mais je pense que
c'est 5, 9% ou 6%, autour de 6%.
M. Bourbeau (Joseph): Oui, 6%.
M. Duhaime: Est-ce que, par rapport aux prévisions qui
existaient lors de la dernière commission parlementaire sur les tarifs,
en 1978, les scénarios de croissance sont plutôt à la
baisse ou plutôt à la hausse par rapport à ce qui
était prévisible en 1978 sur l'horizon des années 1979,
1980 et 1981?
M. Boyd: La prévision de la demande est à la baisse
par rapport à ce qu'on prévoyait en 1978.
M. Duhaime: M. Boyd, si la prévision de la croissance de
la demande est à la baisse, est-ce que, au bout de la ligne,
indépendamment de l'impact économique que pourrait
représenter l'ensemble des investissements d'Hydro-Québec dans
l'économie du Québec, cette baisse de la demande pourrait amener
Hydro-Québec à réviser son programme à la
baisse?
M. Boyd: C'est ce qu'on est en train de préparer, une
nouvelle prévision de la demande sortira en effet dans les premiers mois
de l'année 1982, et il y aura probablement un ajustement à la
baisse. Ce sera la deuxième fois, au moins, dans une période
assez courte qu'on baisse la prévision de la demande à long
terme.
M. Duhaime: Je termine peut-être sur une question, M. le
Président. Je vais essayer d'être bref moi aussi et ne pas imiter
le député de Saint-Laurent. Je voudrais simplement vous demander
s'il n'y a pas une conjugaison de deux facteurs lorsque, par exemple, sur la
décision qui a été prise de déplacer 370 000 000 $
d'investissements prévus, sur une année ou sur deux
années, c'est-à-dire le niveau de la demande est en croissance ou
en décroissance, ce qui en serait un, et, deuxièmement, la
capacité d'emprunter d'Hydro-Québec. Est-ce que ces deux facteurs
se conjuguent pour vous amener à prendre une décision sur votre
programme d'équipement?
M. Boyd: Hydro-Québec a certainement la capacité
d'emprunter et a aussi la possibilité de comprimer certaines
dépenses en les repoussant d'une année ou deux. Une partie de
cette réduction a été faite à la Baie-James, une
autre partie sur les lignes de transport et d'énergie venant de la
Baie-James ou d'autres programmes. Sur 370 000 000 $, il y en a 200 000 000 $
qui ont été comprimés à la SEBJ et le reste
à
Hydro-Québec.
M. Duhaime: Merci.
Le Président (M. Laplante): C'est tout. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord souhaiter la bienvenue au ministre des Finances, M. Parizeau.
Le Président (M. Laplante): Avant de lui souhaiter la
bienvenue, vous auriez bien fait de m'en faire la remarque, car il faudrait une
motion, vu que M. Parizeau n'était pas membre de la commission ni
intervenant pour l'accepter comme membre de cette commission aujourd'hui.
Adopté?
M. Fortier: Je pense que...
Le Président (M. Laplante): Comme intervenant de la
commission. (15 h 15)
M. Fortier: II nous fait plaisir d'accepter le vrai ministre de
l'Énergie.
Le Président (M. Laplante): Merci, Monsieur.
M. Fortier: M. le Président, d'ailleurs on
s'aperçoit que le député de Charlesbourg est rendu au bout
de la table, un peu plus, il va tomber en bas de sa chaise.
M. de Belleval: Je suis habitué.
M. Fortier: II est habitué à ça. Il y en a
qui sont masochistes.
Une voix: C'est l'esprit de Barreau de chaise!
M. Parizeau: M. le député d'Outremont prend vite
les habitudes de la maison, M. le Président.
M. Fortier: J'apprends vite.
M. Grégoire: II a d'ailleurs un mauvais contact à
côté de lui.
M. Fortier: D'ailleurs, pour votre intérêt, j'ai
fait la somme du temps que le ministre des Finances a parlé durant la
dernière commission parlementaire, qui a duré 7 h 37. Le ministre
des Finances a parlé pendant 90 minutes et son collègue, qui est
censé être le ministre de l'Énergie, a parlé pendant
seulement 46 minutes. D'ailleurs, ça m'a toujours surpris quand j'ai vu
le projet de loi no 16 et que j'ai lu en bas de la page, que c'était
proposé par le ministre de l'Énergie. On se posait
véritablement la question, compte tenu des redevances qui devaient
être payées ou de l'impact de la loi 16...
Le Président (M. Laplante): Je préférerais,
M. le député d'Outremont, qu'on revienne au débat
actuel.
M. Fortier: Alors on revient à nos moutons. J'essayais de
dire que l'impact de la loi 16 sur les finances d'Hydro-Québec et sur
les finances du trésor public témoigne de l'intérêt
que le ministre des Finances porte aux discussions d'aujourd'hui. Je crois que
vous êtes d'accord avec moi là-dessus. C'est bien dit. Merci.
M. le Président, ce matin, on a essayé de faire le tour du
jardin et on a essayé de mesurer quels étaient les impacts, parce
que la loi no 16 va avoir beaucoup d'impact négatif. À juste
titre, mon collègue de Saint-Laurent notait qu'il y avait
différentes façons pour Hydro-Québec de faire face
à la musique. Le président du conseil - j'espère que je ne
lui mets pas les paroles dans la bouche - ou le député de
Saint-Laurent, devrais-je dire, a conclu qu'il y avait plusieurs façons
pour Hydro-Québec de faire face au "siphonnage" des fonds
d'Hydro-Québec soit en empruntant davantage, ce qui est difficile compte
tenu des conditions sur le marché des emprunts à New York et
ailleurs, soit en réduisant le programme d'éguipement
d'Hydro-Québec. À juste titre, le collègue de
Saint-Laurent a noté que, lors de la dernière commission
parlementaire, beaucoup de syndicats et différentes associations
intéressées au développement socio-économique et
économique du Québec avaient noté qu'au lieu de ralentir
les travaux d'Hydro-Québec, on devrait les accélérer parce
qu'il y avait du chômage dans le moment et qu'il était
extrêmement important pour Hydro-Québec de continuer son
rôle moteur de créateur d'emplois au Québec. Il y a un
impact aussi sur le contribuable et sur les clients d'Hydro-Québec
puisque, s'il faut qu'Hydro-Québec paie 200 000 000 $ de plus, il faudra
bien qu'Hydro-Québec, compte tenu des autres contraintes, trouve cet
argent quelque part.
Le document présenté par Hydro-Québec fait
état, dans les dernières pages, de quelque 200 000 000 $ qui
devront être payés au trésor public, ce qui indique
clairement que ce montant a été pris en considération. On
nous a dit qu'il s'agissait d'un analyse pro forma et que, somme toute, il
pourrait y avoir des variations. Mais, vous admettrez avec moi, M. le
Président, que ce serait faire injure à Hydro-Québec et
à son conseil d'administration que de penser que le gouvernement
pourrait approuver une telle augmentation sans aucune justification
financière. Pour ma part, j'aime mieux retenir la présentation
d'Hydro-Québec et de ses documents et de ce qui y est inclus;
l'information qu'on nous a présentée
représente clairement ou donne une très bonne indication
de l'impact que pourrait avoir, l'année prochaine, la loi no 16 sur les
finances d'Hydro-Québec. D'ailleurs, il est assez surprenant que ce
chiffre de 16, 3% ait été retenu, puisque, à la
dernière commission parlementaire, à la fin d'août, le 25
août pour être plus précis, on avait fait état d'un
scénario qui s'étalait sur quatre ans. Je sais que le ministre
des Finances n'en avait pas été très heureux, mais, quand
même, cette série d'augmentations, qui avait été
discutée et qui nous avait été présentée
justement pour démontrer l'impact que la loi 16 pourrait avoir sur
Hydro-Québec, nous donnait une augmentation de 16, 3% en 1982, chose
tout à fait surprenante. La proposition qu'on nous fait aujourd'hui est
bien de 16, 3%. Ensuite, en 1983, une augmentation peut-être de 13, 1%,
puis de 12, 5% et de 10, 7%, pour en arriver à une augmentation moyenne
de 13, 1% sur une période de quatre ans, ce qui donnait des dividendes
pour quatre ans d'environ 1 600 000 000 $, en plus des taxes sur le capital qui
doivent se chiffrer sûrement autour de 100 000 000 $ par année, ce
qui fait qu'on arrive au chiffre d'environ 2 000 000 000 $ pour la
période de quatre ans.
Motion d'amendement à la proposition
tarifaire
Le débat sur la loi no 16 devra avoir lieu, il n'a pas encore eu
lieu. Qu'on nous fasse une proposition tarifaire qui inclut ces montants nous
semble un peu aberrant. C'est la raison pour laquelle j'ai fait la motion ce
matin, et je la refais, puisque vous nous avez indiqué que ce matin
n'était pas le moment propice pour en discuter, qu'attendu que le projet
de loi portant modification à la loi d'Hydro-Québec n'a pas
encore été débattu ni, à plus forte raison,
adopté par l'Assemblée nationale; qu'attendu qu'il n'est pas
convenable pour Hydro-Québec de présumer de l'adoption de cette
loi ou de toute autre loi par l'Assemblée nationale, comme s'il
s'agissait d'une simple formalité; qu'attendu que la proposition
tarifaire soumise par Hydro-Québec devrait être conforme à
la loi au moment où elle est soumise à la commission
parlementaire permanente de l'énergie et des ressources; qu'attendu
qu'Hydro-Québec n'est actuellement astreinte à aucune charge
fiscale sur son capital ni à aucun moment à des dividendes au
bénéfice du ministre des Finances; qu'attendu que la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec tient pour acquis qu'une somme de 198 700 000 $
sera versée au ministre des Finances en 1982 et que les tarifs seraient
augmentés en conséquence, il soit résolu que la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour 1982 soit diminuée de
198 700 000 $ et que, par conséquent, la demande d'augmentation soit
réduite de 16, 3% à 8, 5% sans préjuger des conclusions de
la commission parlementaire quant au reste de l'auqmentation.
Le Président (M. Laplante): Avant de juger de la
recevabilité de cette motion, j'aimerais entendre un membre de
l'Opposition et un membre du gouvernement sur la recevabilité.
Après avoir entendu ces deux membres de la commission, je rendrai la
décision.
M. Polak: M. le Président, question de règlement.
Pourquoi tout le monde n'a-t-il pas le droit d'exprimer son opinion
là-dessus? J'ai toute confiance dans mes coéquipiers, mais j'ai
tout de même des arguments qui, je pense, sont les miens et que
j'aimerais bien présenter. Évidemment, j'espère que, de
l'autre côté, ils vont avoir aussi des arguments. C'est une motion
de fond. C'est très important parce que tout le débat est
vraiment centré autour de cette question. Avec tout le respect que je
vous dois, je suggère que, s'il y a plus d'un membre qui veut parler, il
devrait avoir le droit de s'exprimer. On est sur le fond du problème.
Pour nous, c'est très important et pour eux aussi. Au lieu d'avoir un
représentant de chaque côté, je pense que ceux qui veulent
exprimer leur opinion doivent avoir le droit de le faire.
Le Président (M. Laplante): C'est que la motion a
été présentée ce matin. J'ai eu amplement le temps
de l'étudier depuis ce matin. Je l'ai fait encore ce midi. J'ai
rédigé un texte, mais, avant de dévoiler le texte que
j'ai, j'aimerais voir - c'est le droit du président; de par les
règlements, j'aurais pu n'entendre personne - si la direction que je
prends est compatible avec ma décision.
M. Polak: Si j'ai bien compris vos paroles, vous avez
déjà décidé? Est-ce que votre texte est prêt
sans qu'on ait parlé? Peut-être que j'ai mal compris vos
paroles.
Le Président (M. Laplante): Mon texte est prêt, mais
je veux raffermir mon texte pour voir, par deux opinions différentes, si
c'est réellement une bonne décision. Je pense qu'il appartient
à un juge, à un moment donné, de savoir si oui ou non son
jugement peut être bon. Si vous voulez parler au nom de votre parti,
arrangez-vous avec...
M. Polak: Non, je veux seulement dire que je trouve bizarre qu'un
juge, avant d'avoir entendu au complet les parties, ait déjà
rendu son jugement. Je pense qu'on devrait avoir la chance d'apporter nos
arquments.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que
c'est vous qui prenez la parole, M. le député
d'Outremont?
M. Fortier: M. le Président, je demanderais à mon
collègue de Saint-Laurent de parler sur ce sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, l'article 127, premier
alinéa, du règlement de l'Assemblée nationale
déclare ce qui suit: "Le ministre des Finances prononce le discours sur
le budget qu'il termine par une motion proposant à l'Assemblée
d'approuver la politique budgétaire du gouvernement. "
Subséquemment, au cours de la même session, la tradition
parlementaire, les usages que nous suivons toujours, tous les ans, font que la
Loi sur l'impôt, la Loi sur la taxe de vente, la Loi sur l'impôt
des sociétés, etc., subissent des modifications pour donner suite
à cette motion qui a été adoptée le soir même
du budget, de manière que les lois générales d'imposition
non seulement soient modifiées conformément au budget, mais
prennent effet à la date prévue dans le discours sur le budget
et, dans les cas où aucune date spéciale n'est mentionnée,
au moment même où le discours est prononcé. C'est une
tradition bien établie et c'est une tradition qui vise, dans leur
généralité, les lois fiscales qu'applique le gouvernement
et qu'il modifie à chaque budget. Nous nous trouvons, face à
Hydro-Québec, dans une situation qui est plus compliquée que
celle-là puisque, jusqu'à aujourd'hui et je dirais jusqu'à
une date indéfinie, alors que la loi 16 sera adoptée,
Hydro-Québec jouit d'un régime d'exemption fiscale, à
l'exception de l'impôt scolaire qui est disparu et de la taxe
foncière payable aux municipalités pour lesquelles des
dispositions différentes s'appliquent. Cependant, toute autre imposition
est exclue.
Le gouvernement, le ministre des Finances dans son discours sur le
budget, peut bien nous dire qu'en plus des mesures d'application
générale qui trouveront leur suite dans les modifications
à la Loi sur les impôts, etc., il va également recommander
et proposer l'adoption d'une loi. C'est d'ailleurs ce qu'il a dit dans son
discours sur le budget, le 10 mars dernier, qu'il va proposer, ou qu'un
collègue du Conseil des ministres va proposer un projet de loi qui aura
pour effet de retirer une exemption fiscale qui existe au profit, dans ce
cas-ci, d'Hydro-Québec. La loi a été déposée
en première lecture, mais cette loi, contrairement à la motion
adoptée à la suite du discours sur le budget, ne peut pas avoir
un effet rétroactif à moins que ce ne soit spécifiquement
prévu, ce qui n'est pas le cas. Elle aura son effet quand la loi sera
sanctionnée par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans ce contexte, M. le Président, nous nous trouvons devant la
situation où, à strictement parler, Hydro-Québec continue
d'être soumise à sa loi constitutive. Elle est, bien sûr,
informée comme le public en général des intentions
gouvernementales quant à son statut, mais elle ne peut pas
légalement donner suite à ces intentions parce que sa loi n'a pas
été modifiée. La commission qui entend Hydro-Québec
pourrait prendre une attitude désinvolte et dire: Examinons
l'hypothèse où le gouvernement retire l'exemption fiscale et
voyons ce que cela peut produire au niveau des tarifs. Nous serions, à
ce moment-ci, en train d'examiner les conséquences possibles de l'effet
combiné d'une nouvelle tarification et de la loi 16.
Je pense que ce n'est pas notre mandat, M. le Président. Notre
mandat, c'est d'examiner un projet de tarification, un projet tarifaire
d'Hydro-Québec et je ne pense pas qu'il soit nécessaire pour
l'Assemblée nationale de dire: Dans le respect des lois existantes. Je
crois que cela se sous-entend, normalement. Tout projet est
référé à une commission parlementaire dans le
respect des lois existantes. On pourrait bien l'ajouter: À la fin de
chaque mandat, tel projet, telle audience, tel travail en commission
parlementaire se fait dans le cadre des lois existantes au moment où les
travaux se font. Ou alors il aurait fallu que le mandat qui nous est
confié par l'Assemblée nationale soit formulé d'une
façon tout à fait différente: Examiner différentes
hypothèses de tarification de l'électricité au
Québec advenant un certain nombre d'événements futurs et
contingents tels que l'adoption d'une loi transformant la structure du
capital-actions, tels que son maintien avec quelque autre nouvelle clause,
enfin, une exploration des possibles. Or, il ressort très bien que nous
n'explorons pas des possibles. Nous n'explorons qu'un seul possible et un seul
probable, je dirais même; c'est une tarification qui s'appliquera de
manière certaine le 1er janvier, et on le fait, encore une fois, dans un
contexte qui s'inscrit en dehors du cadre actuel de nos lois. Je suis
personnellement sidéré quand j'entends un porte-parole
d'Hydro-Québec - il le fait de bonne foi, je ne veux pas lui faire un
procès là-dessus - qui nous dit: Nous demandons par une hausse de
tarifs une somme de 415 000 000 $.
Le Président (M. Laplante): Vous parliez sur la
recevabilité, sur le pourquoi.
M. Forget: Oui, oui, c'est cela, mais c'est dans le cadre de la
recevabilité, parce que cela illustre, M. le Président, le
type
d'arguments qu'on emploie et qui font ressortir que nous ne sommes pas
dans le cadre approprié.
Il nous dit: Nous demandons 415 000 000 $ et de ces 415 000 000 $,
d'après les chiffres mêmes d'Hydro-Québec, environ 200 000
000 $ - 198 700 000 $ -découlent de l'application d'une loi à
venir qui ne sera peut-être pas votée finalement. Quand on fait
cette objection aux représentants d'Hydro-Québec, ce qui m'a
sidéré, M. le Président - et je reviens à ma
remarque du tout début - c'est qu'on a dit: Oubliez ces chiffres.
Oubliez, en quelque sorte, cette justification pour les tarifs qu'on vous
demande. Considérez-les seulement comme une hypothèse parmi
d'autres. (15 h 30)
M. le Président, je dois alors en venir à la conclusion
que, s'il faut considérer cela à titre d'hypothèse, on
n'est pas en train d'examiner la tarification d'Hydro-Québec. On est en
train d'examiner des hypothèses de tarification et ce n'est pas notre
mandat. Je préfère croire qu'Hydro-Québec a
sérieusement voulu faire comme si son budget pro forma était le
meilleur qu'elle pouvait présenter à ce moment-ci, qu'elle y a
inclus à bon escient une somme de 200 000 000 $ qui découlait de
l'application de la loi, mais qu'en faisant cela nous avons par écrit,
noir sur blanc, l'admission que l'on fonctionne dans un cadre qui n'est pas
celui des lois actuelles. Autrement dit, nous sommes dans un dilemme; ou c'est
le cadre des lois actuelles et l'information qu'Hydro-Québec nous
fournit est au pire une tentative pour tromper la commission sur les faits
véritables de la tarification qu'on demande, ou alors c'est un travail
d'exploration de tout ce qui pourrait arriver, mais ce n'est pas le mandat qui
nous a été confié qui est de regarder la tarification avec
ses justifications. L'un ne va pas sans l'autre. On ne peut pas parler d'une
tarification certaine avec un budget pro forma, ou alors on va parler à
la fois d'une tarification pro forma et d'une justification pro forma et on
reviendra quand la loi 16 sera adoptée pour l'adopter pour vrai et
l'étudier pour vrai. Dans ce cas-là, non seulement la motion que
nous présentons est appropriée, mais nous ne devrions pas
siéger du tout. Si tout est pro forma, à la fois l'explication et
le projet tarifaire, nous ne sommes pas en train d'étudier la demande
d'augmentation de tarif d'Hydro-Québec. Nous sommes en train
d'étudier des hypothèses sur la façon dont
Hydro-Québec, financièrement, pourrait évoluer au cours
des années futures. Ce n'est pas ce dont on est censé parler. On
est censé parler - et je pense que c'est ce dont nous parlons - des
tarifs qui s'appliqueront le 1er janvier. Dans cette branche de l'alternative,
M. le Président, nous sommes dans l'illégalité.
Nous sommes dans une situation - pour donner une description
peut-être moins frappante, mais peut-être plus exacte - où
nous tenons pour acquise une position légale différente de ce
qu'elle est en réalité, mais c'est très près de
l'illégalité. C'est de se comporter comme si les lois n'avaient
pas d'importance, comme si l'Assemblée nationale elle-même n'avait
pas d'importance. Si la commission poursuit son travail, nous disons à
nos collègues des deux côtés de l'Assemblée
nationale que ce qu'ils feront sur la loi 16 dans quelques semaines, c'est
complètement sans importance, ce sera une perte de temps, qu'on a
déjà, à la fois à Hydro-Québec et à
la commission parlementaire, pris les décisions qui en découlent,
sans même qu'ils aient eu besoin de l'adopter, sans même qu'ils
aient eu besoin d'en débattre. C'est se moquer de nos collègues,
c'est se moquer de l'institution de laquelle nous faisons partie. Merci.
Le Président (M. Laplante): Qui parle au nom du
gouvernement? Sur la recevabilité seulement?
M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, nous retrouvons ici certains
des éléments d'un jugement passé hier, qui, j'imagine,
deviendra célèbre, et qui a trait au degré de contrainte
des conventions que nous avons entre nous sur le plan fiscal. Il a toujours
été entendu dans notre système, dans le système
politique dans lequel nous vivons, que le discours sur le budget annonce,
prépare, décrète même un certain nombre de
modifications d'ordre fiscal à l'intérieur de la politique
budgétaire, dont j'ai, comme ministre des Finances, à
suggérer l'approbation le soir du discours sur le budget. Cette
approbation de la politique budgétaire donne lieu à un vote. Ce
vote, effectivement, a eu lieu et l'Assemblée nationale a
approuvé la politique budgétaire.
Cette politique budgétaire est composée de deux choses.
Elle est faite, d'une part, de principes généraux. Le principe
général qui nous intéresse ici, à l'égard
d'Hydro-Québec, est le suivant, page 23, dans le discours sur le budget:
"Les leviers dont la société québécoise s'est
dotée graduellement depuis vingt ans sont prêts à se
mesurer à l'aune des règles que l'on applique à toute
compagnie dans le genre de système économique où nous
vivons. Cela implique d'abord qu'elle soit astreinte à la plupart des
taxes que le gouvernement du Québec applique aux entreprises
privées. En outre, les sociétés d'État doivent
maintenant être amenées à une politique de dividende qui
corresponde à leur situation réelle. " Cela, c'est un principe
fondamental, nouveau dans
notre système, annoncé dans le discours sur le budget,
faisant manifestement partie de la politique budgétaire du gouvernement
et approuvé par un vote de l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, lorsque, dans le discours sur le budget, on annonce
des modifications dans les impôts, par exemple, ça prend souvent
la forme de: À partir de ce soir, minuit, les taxes sur telle ou telle
chose seront augmentées ou baissées. De ce temps-ci, elles sont
plutôt baissées qu'augmentées, c'est ça qui ressort
du discours sur le budget, ça prend effet effectivement à minuit
ce soir-là par une convention que nous avons, dirait la Cour
suprême, et en vertu de laquelle, effectivement, ce soir-là,
ça prend effet. Ce sera confirmé par une loi plus tard, mais il
reste que notre système fonctionne dans le sens suivant, que ça
prend effet au moment où le ministre des Finances dit que ça doit
prendre effet. Vous me direz: Ce sont peut-être de vieilles coutumes.
Vous me direz: C'est peut-être trop britannique comme façon de
procéder. Je n'en suis pas là, c'est comme ça que notre
système fonctionne.
Qu'est-ce qu'a fait Hydro-Québec dans son document? Elle a dit:
On va faire comme si le Parlement fonctionnait comme d'habitude.
C'est-à-dire que les principes inclus dans le discours sur le budget ont
été confirmés par un vote de l'Assemblée nationale,
donc ce n'est pas de la fantaisie; d'autre part, parce que les dates
indiquées par le ministre des Finances s'appliquent, puisque ça
correspond à la convention du Parlement dans lequel on fonctionne.
Ce ne sont pas des hypothèses qu'Hydro-Québec nous
amène. C'est simplement la constatation que notre système
parlementaire est ce qu'il est. Qu'on les attaque pour avoir eu cette
interprétation stricte de notre système parlementaire me
paraît, si vous me le permettez, M. le Président,
complètement saugrenu. Ces gens se sont conduits essentiellement comme
des bons citoyens vivant dans un système parlementaire qu'ils
connaissent. Voilà, sur le plan des principes et du fond.
Quant à savoir si le montant de 198 000 000 $ qu'ils imputent
à l'année 1982 comme conséquence d'être de bons
citoyens dans un système parlementaire connu, je ne veux pas que, par
une motion, on enlève ça du chemin. Nous avons des choses
à dire sur les 198 000 000 $. Le montant mentionné par
l'Hydro-Québec est exagéré, je vais essayer de le
démontrer. Quand je dis "exagéré", je veux dire par une
marge considérable. Il y a, dans les 198 000 000 $
présentés par Hydro-Québec, à mon sens, des choses
extrêmement discutables. Comment pourrait-on les discuter si on acceptait
une proposition comme celle-là?
Sur la base du fait qu'Hydro-Québec a simplement tenu pour acquis
que le système parlementaire dans lequel on vit continue; et
deuxièmement, qu'on a, de ce côté-ci, un certain nombre de
choses très précises à dire sur les 198 000 000 $, je
suggère que la motion soit considérée non recevable.
Décision du président sur la
recevabilité de la motion
Le Président (M. Laplante): Merci, Messieurs. Pour
répondre à un argument du député de Saint-Laurent,
qui vise les travaux de la commission, le rôle d'une commission
parlementaire est très souvent d'examiner des hypothèses. Il n'y
a rien d'illégal dans notre commission, on n'a qu'à examiner les
hypothèses, comme vous avez semblé le prétendre.
D'ailleurs, votre dernier argument tend aussi à démontrer que
l'Assemblée nationale s'est trompée en nous donnant un mandat
d'examiner les hypothèses. On ne peut pas retenir cet argument;
l'Assemblée nationale a tous les pouvoirs. Je ne crois pas que ce soit
le rôle d'une commission de critiquer surtout le mandat qu'elle
reçoit de l'Assemblée nationale. Pour comprendre la
décision, que je vais essayer de donner le plus clairement, on partira
de la lecture de votre motion, M. le député d'Outremont.
Elle se lit donc ainsi: Attendu que le projet de loi portant
modifications à la loi sur Hydro-Québec n'a pas encore
été débattu ni, à plus forte raison, adopté
par l'Assemblée nationale;
Attendu qu'il n'est pas convenable pour Hydro-Québec de
présumer de l'adoption de cette loi ou de toute autre loi par
l'Assemblée nationale comme s'il s'agissait d'une simple
formalité;
Attendu que la proposition tarifaire soumise par Hydro-Québec
devrait être conforme à la loi au moment où elle est
soumise à la commission permanente de l'énergie et des
ressources;
Attendu que L'Hydro-Québec n'est actuellement astreinte à
aucune charge fiscale sur son capital ni à aucun paiement de dividende
au bénéfice du ministre des Finances;
Attendu que la proposition tarifaire d'Hydro-Québec tient pour
acquis qu'une somme de 198 700 000 $ sera versée au ministre des
Finances en 1982 et que le tarif serait augmenté en
conséquence...
La résolution qui vient de ces attendus est que la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec pour 1982 soit diminuée de 198 700 000 $
et que par conséquent la demande d'augmentation soit réduite de
16, 3% à 8, 5% sans préjuger des conclusions de la commission
parlementaire quant au reste de l'augmentation.
La décision que j'ai à rendre, je l'ai appuyée
surtout sur le mandat de cette commission qui était d'étudier
les
propositions tarifaires d'Hydro-Québec suivant la convocation du
31 juillet 1981.
Premièrement, si la motion tend à priver le gouvernement
d'un revenu de 198 700 000 $, il est évident qu'elle est irrecevable,
parce qu'une telle proposition doit venir du côté
ministériel. C'est prévu par la constitution, la Loi de la
Législature et les règlements. Comme il s'agit cependant, selon
le préambule de la motion, d'un revenu éventuel, on peut oublier
le premier argument.
Deuxièmement, la motion est rédigée de façon
à donner un ordre à Hydro-Québec. Je ne crois pas qu'une
commission, quelle qu'elle que soit, puisse avoir un tel mandat
décisionnel. Il ne s'agit pas de l'adoption article par article d'un
projet de loi. Toutes les commissions qui se réunissent pour
étudier une proposition, comme c'est le cas aujourd'hui, tentent de
cerner un problème, d'y apporter un éclairage qui permettra par
la suite à ceux qui doivent décider de prendre des
décisions appropriées. Il me semble donc évident qu'une
motion comme celle qui est devant nous et qui donne ordre à
Hydro-Québec de réduire de 16, 3% à 8, 5% sa proposition
tarifaire, si elle était adoptée, accorderait à une
commission un pouvoir d'ordre décisionnel, d'ordre exécutif qui
irait à l'encontre de tout notre système parlementaire et
même de notre système politique.
La seule motion qui pourrait être acceptable serait celle qui
exprimerait une opinion ou un voeu. Par exemple, une motion ainsi
rédigée pourrait être admissible: Que cette commission
invite Hydro-Québec à diminuer sa proposition tarifaire de 198
700 000 $ pour 1982 et qu'en conséquence la demande d'augmentation soit
réduite de 16, 3% à 8, 5%.
Cependant, même une telle motion, si elle était
présentée, serait jugée prématurée aussi
longtemps que la commission n'aurait pas terminé son mandat principal,
soit d'étudier la proposition tarifaire, puisqu'elle doit se situer
comme une conclusion des travaux de notre commission. Toutefois, je dois pour
le moment, pour les raisons que je viens de donner, déclarer irrecevable
la motion formulée par le député d'Outremont.
M. Fortier: C'est une question de règlement, M. le
Président. J'aimerais corriger les propos que le ministre des Finances a
tenus puisqu'il n'était pas ici ce matin. Il a dit
qu'Hydro-Québec avait fait une proposition tarifaire en se basant sur la
tradition ou la convention qui voulait que les propos du ministre des Finances
soient acceptés au moment de leur déclaration.
Or, Hydro-Québec nous a dit ce matin, M. le Président,
vous étiez ici, que la proposition tarifaire qu'elle a faite,
semble-t-il, n'a rien à voir avec la loi no 16. Alors, nous nageons en
pur mystère. D'une part, le ministre des Finances nous dit
qu'Hydro-Québec, à qui il semblerait et j'imagine qu'il a pu y
avoir des relations avec Hydro-Québec... Il semblerait qu'ils ne
s'entendent même pas sur la justification de la proposition tarifaire qui
a été faite. (15 h 45)
Quant à nous, nous sommes toujours d'opinion que cette
augmentation tarifaire prend en considération les déclarations
qui sont faites dans la loi no 16, que ce projet de loi sera peut-être
discuté lors de la prochaine session, puisque le discours inaugural n'a
pas encore eu lieu. En conséquence, l'Opposition libérale ne peut
s'associer à cette complicité et ne participera pas,
dorénavant, aux travaux de cette commission. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que je pourrais dire
un mot à ce sujet?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: J'ai appris ce matin l'existence de la page 40 du
document en question. Donc, quand je parle des 198 000 000 $
d'Hydro-Québec, je n'ai eu jusqu'à aujourd'hui, et en commission,
aucune espèce d'idée qu'entre la proposition de tarifs faite par
Hydro et le montant de 198 000 000 $ il pouvait y avoir un rapport quelconque.
Quand je disais précédemment que je voulais examiner ces 198 000
000 $, c'était exactement en réaction contre le fait que, pour la
première fois ce matin, je me suis rendu compte que ce montant
apparaissait dans l'argumentation d'Hydro-Québec. Il me semblerait
incroyable qu'on ne puisse pas discuter effectivement de cette prise de
position d'Hydro-Québec, quant aux taxes qu'elle doit payer comme
n'importe quel citoyen et quant aux dividendes que le gouvernement lui demande,
sous le prétexte que nos amis d'en face ont décidé de ne
pas être là.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que nous
avons quorum et que nous devons continuer les travaux de notre commission,
parce que les autorités d'Hydro-Québec sont venues ici pour
expliquer leur position sur la politique tarifaire. Je crois que le public a
droit à ces explications. Ce matin, on a empêché
Hydro-Québec de nous présenter les explications qu'elle avait
à nous donner et, entre autres, tous les tableaux qu'elle a
préparés à l'intention de la commission et du public. Nous
avons quorum. Je crois que le ministre des Finances est en mesure de poser des
questions sur les taxes ou les dividendes payés par Hydro-Québec.
Je crois que nous devons continuer les travaux de cette
commission.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre de
l'Énergie.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais faire une
observation avant d'inviter Hydro-Québec à faire appel au
personnel technique venu exposer le détail de la proposition tarifaire
et dire essentiellement que je regrette sincèrement - chacun prendra ses
responsabilités - que l'Opposition ait quitté la table de nos
travaux. Je dois dire que nous avons fourni à l'Opposition les documents
qu'elle nous a demandés dans les meilleurs délais et, pour la
première fois depuis que nous sommes au gouvernement, nous avons
organisé une séance de travail, à ma demande, entre
l'Opposition et HydroQuébec. De plus, nous sommes aujourd'hui en plein
travail, en pleine lumière, à cette table, à la
télévision. C'est la première fois que la commission
permanente de l'énergie et des ressources se réunit à la
télévision pour étudier une proposition tarifaire. J'en
viens peut-être à la conclusion que les membres de l'Opposition
suivront très certainement avec beaucoup d'intérêt nos
travaux, à partir de leurs bureaux, en regardant la
télévision. Si c'était leur stratégie, il aurait
peut-être fallu nous le dire dès ce matin, on aurait
économisé énormément de temps.
Je vous inviterais, M. le Président, à procéder et
à inviter M. Bourbeau et les gens d'Hydro-Québec à
continuer l'élaboration ou, enfin, l'exposé de la proposition
tarifaire.
Le Président (M. Laplante): M.
Bourbeau, vous pouvez procéder à votre présentation
technique.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, j'aimerais vous
présenter M. Jacques Finet, qui est le chef du service de tarification
d'Hydro-Québec et qui fera une démonstration des modalités
lors de la préparation des hausses tarifaires.
M. Rodrigue: M. le Président, au sujet des documents
auxquels se référeront les personnes d'Hydro-Québec
pendant la présentation, j'apprécierais beaucoup, comme membre de
la commission, qu'elles nous indiquent le document et la page, de façon
qu'on puisse suivre le plus attentivement possible.
Le Président (M. Laplante): J'espère que le message
est passé. Messieurs d'Hydro. Pour ceux qui veulent voir encore mieux
les tableaux, vous pouvez prendre les chaises de l'autre côté. Il
n'y a rien qui s'y oppose en commission.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. de Belleval:... je pense qu'il est absolument important que la
population du Québec voie aussi les sièges vides que nous a
laissés l'Opposition, parce que ce sera justement le symbole d'une
espèce de chantage qu'elle a essayé d'utiliser envers cette
commission, ce qui est contraire, à mon avis, à toutes les
règles démocratiques. Nous étions ici ce matin pour
écouter une proposition d'Hydro-Québec et Hydro a pu exposer
seulement une partie de ses vues. Nous étions justement à l'aube
d'apprendre tous les tenants et les aboutissants, les justifications
derrière cette proposition. Je suppose que l'Opposition a quitté
son siège justement parce qu'elle a peur que cette démonstration
ne soit pas à l'avantage de la manoeuvre démagogique dont elle
nous a donné le spectacle tout à l'heure. Je pense qu'il est
important, M. le Président, que nous laissions ces sièges
vides.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. Dussault: M.
le Président...
Le Président (M. Laplante): Est-ce une question de
règlement?
M. Dussault:... c'est sur le départ de l'Opposition.
Généralement, je pense même normalement, nous ne devrions
pas continuer à siéger en l'absence de l'Opposition.
Personnellement, c'est la position que je défendrais, mais étant
donné qu'il était devenu clair que l'Opposition cherchait un
prétexte pour quitter la commission, qu'il était devenu clair que
l'Opposition voulait bâillonner Hydro-Québec - vous avez
remarqué, M. Bourbeau, ce matin, a essayé d'obtenir que l'on
puisse permettre à HydroQuébec d'expliquer dans le détail
ses positions pour qu'on puisse y voir clair, selon l'esprit de cette
commission parlementaire -que l'Opposition a tout fait pour empêcher
Hydro de s'expliquer, c'est justement à cause de cela que je me
prête à cela et que je pense qu'on doit continuer nos travaux sur
la présentation d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez commencer.
Projet de hausse (suite)
M. Finet (Jacques): Très bien. Messieurs, pour votre
information, les tableaux que j'utilise sont reproduits dans une brochure. Il y
a même un espace pour que vous puissiez prendre des notes qui pourront
vous servir.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez vous
identifier, monsieur, s'il vous
plaît.
M. Finet: Mon nom est Jacques Finet, chef du service de
tarification.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Finet: M. le Président, permettez-moi, dans un premier
temps, de faire un bref retour en arrière sur le chemin parcouru en
matière de tarification depuis la nationalisation. Un des objectifs de
cette nationalisation était d'uniformiser les prix de
l'électricité à travers le Québec et de les
maintenir au plus bas niveau possible. Il y avait, en effet, au moment de la
nationalisation, quelque 80 tarifs d'usage domestique en vigueur, une
quantité tout aussi importante de tarifs d'usage commercial et une
quantité innombrable de tarifs d'usage industriel, pour
l'éclairage des voies publiques et certains autres usages particuliers.
Les modalités d'application de ces tarifs, de même que les
pratiques commerciales variaient aussi appréciablement d'un distributeur
à l'autre; tout cela sans compter les prix et conditions de vente des 45
coopératives et des 20 réseaux municipaux dont
Hydro-Québec a fait l'acquisition par la suite.
Cet objectif d'uniformisation a été atteint dans une
très grande mesure. Il n'y a aujourd'hui, à toutes fins utiles,
qu'un seul tarif pour usage domestique et trois tarifs pour usage
général qui sont complémentaires et qui pourraient
être fusionnés en un seul, s'il était pratique de le faire.
Nous avons aussi quelques tarifs pour le service complet d'éclairage
public qui diffèrent selon le type de service offert et
l'intensité d'éclairage désirée par les
municipalités.
Les tarifs d'électricité ont été aussi
maintenus à un niveau relativement bas si on les compare à ceux
des autres formes d'énergie. Je serai à même, d'ailleurs,
de vous fournir quelques précisions sur ce point un peu plus tard au
cours de cet exposé.
En ce qui concerne le prochain règlement tarifaire, le
président du conseil d'administration faisait remarquer qu'il ne
comportait qu'une seule hausse de tarifs alors qu'à deux reprises par le
passé nous avons demandé l'approbation d'un règlement qui
prévoyait des hausses annuelles successives de deux et trois ans. En
fait, il s'agissait là d'une innovation que la conjoncture actuelle nous
force à abandonner, revenant ainsi à une pratique beaucoup plus
généralisée en Amérique du Nord. On sait entre
autres qu'Hydro-Ontario, à titre d'exemple, ne hausse jamais ses tarifs
pour plus d'un an à la fois. L'exception a été beaucoup
plus en fait, lors des deux occasions où Hydro-Québec a
demandé des hausses de tarifs pour deux ans ou trois ans successivement.
Je vais maintenant, dans l'ordre, vous faire part du processus suivi dans
l'élaboration d'une nouvelle tarification, passer en revue chacun des
principaux critères considérés dans la nouvelle structure
tarifaire et finalement vous donner les principaux effets de la hausse de
tarifs tant pour Hydro-Québec que pour les abonnés.
Nous avons ici sur ce tableau une illustration du processus que nous
suivons pour déterminer une nouvelle tarification et vous y retrouverez
les trois grands objectifs que M. Bourbeau a mentionnés dans son
allocution, qui sont l'équilibre financier, l'impact sur la
clientèle et la politique énergétique. Si on prend chacun
d'eux, d'abord l'équilibre financier. Cela va de soi, c'est facile
à comprendre. D'ailleurs, M. Bolduc, qui viendra après moi, vous
expliquera cela en détail.
L'impact sur la clientèle. Comme objectif, c'est tout simplement
d'avoir une tarification qui réponde aux attentes de la
clientèle, c'est-à-dire d'avoir des tarifs simples et faciles
à comprendre, d'avoir des tarifs équitables dans le sens
où chacun paie sa juste part, des tarifs aussi stables que possible,
c'est-à-dire des tarifs suivant une évolution assez
régulière pour éviter les soubresauts. Ce ne serait pas
plaisant pour les abonnés d'avoir des hausses limitées au plus
bas niveau pendant deux ans, pour avoir une hausse extraordinaire dans une
année isolée. Donc, c'est dans le sens du respect de la
clientèle.
Le troisième objectif, la politique énergétique.
Dans la préparation d'une tarification, cela veut dire principalement
inciter à l'économie d'énergie, économie
d'énergie ne voulant pas dire rationnement, mais élimination du
gaspillage. Le deuxième sous-objectif qui est adjacent, c'est celui
d'accroître la part de l'électricité et du gaz dans le
bilan énergétique. Ce sont ces trois mêmes objectifs,
d'ailleurs, qu'on retrouve traditionnellement dans le passé, mais qui
ont eu une importance différente au cours des années
antérieures. On se souvient, par exemple, qu'au lendemain de la
nationalisation l'impact sur-la clientèle était l'objectif
dominant. Immédiatement après la nationalisation, il fallait en
effet uniformiser les tarifs, réduire les écarts
injustifiés entre les prix pratiqués dans la province. On se
souviendra que la Gaspésie et la Côte-Nord payaient entre autres,
des tarifs très élevés par rapport à Québec
ou à Montréal. Donc, à l'époque qui a suivi la
nationalisation, c'était vraiment l'objectif déterminant.
Par la suite, au cours des années, on a vu que l'équilibre
financier est devenu un objectif très important. On a parlé d'une
couverture d'intérêt de 1, 25. On a parlé de limiter les
emprunts, et tout ça, c'était à ce moment un des besoins
importants sans oublier les autres pour autant. Dans le contexte
énergétique actuel, nous avons
l'impression que la politique énergétique est quelque
chose qui deviendra encore plus dominant. À ce moment, dans la
préparation de la présente hausse de tarifs, cela a
été aussi un objectif déterminant.
Ce qu'on voit ici en orange, ce sont les critères que nous devons
évaluer soigneusement pour arriver à produire une tarification
qui satisfasse à tous les objectifs. Ces critères sont
l'inflation, la concurrence, les coûts de fourniture, la gestion de la
demande et, bien entendu, l'amélioration de la structure tarifaire. Tout
ça, c'est également ce qu'on retrouve dans le livre blanc sur la
politique québécoise d'énergie qui a été
publié en 1978. Maintenant, le premier de ces critères, c'est
l'inflation. Au départ, nous avons établi que la hausse, dans le
contexte actuel, ne pouvait pas être moindre que l'inflation de sorte
qu'il n'y aura pas d'abonnés qui vont connaître des baisses
relatives de tarifs par rapport à l'inflation. Le critère
minimal, c'est qu'il faut augmenter les tarifs d'au moins 11%. C'est le
pourcentage d'inflation que nous prévoyons. (16 heures)
II est intéressant de voir comment les prix de
l'électricité ont évolué dans le passé
comparativement à d'autres formes d'énergie ou à d'autres
services. Ce tableau-ci nous donne la situation en 1979, sous forme d'indice,
par rapport à l'année 1971, base 100. On y voit que
l'électricité est passée de l'indice 100 à 160, 9,
soit une augmentation beaucoup moins forte que celle du gaz naturel, dont les
prix ont doublé depuis ce temps-là, et celle du pétrole,
dont le prix a triplé. On voit aussi que l'électricité a
augmenté beaucoup moins que d'autres biens, d'autres services à
la population tels que le logement, par exemple, qui est passé à
176, 9. En passant, le logement et l'alimentation sont des dépenses
relativement importantes dans le budget des ménages. Donc,
l'électricité, si on veut trouver un point de comparaison, a
augmenté à peu près au même rythme que le prix des
vêtements.
Pour comparer l'augmentation du coût de
l'électricité à celle de l'ensemble des biens et services,
on se réfère à l'indice des prix à la consommation
qui, lui, est passé de 100 en 1971 à 188, 9, soit pratiquement 30
points de plus que la facture d'électricité.
Le deuxième critère que j'ai signalé sur le tableau
principal est la concurrence. Nous avons ici un tableau qui nous montre
l'évolution de la position concurrentielle de
l'électricité pour le chauffage des locaux dans les habitations.
Pour bien comprendre, il faut voir qu'ici, sur l'axe du bas, vous avez les
années 1966 et chacune des années jusqu'à l'année
1982. Sur l'échelle de gauche, en mauve, vous avez le prix relatif de
l'électricité par rapport à celui de l'huile, par
référence au prix de l'huile qui, lui, est ici à 100%. On
voit l'évolution du prix relatif de l'électricité et on
voit qu'en 1967, à titre d'exemple, le prix de
l'électricité était pratiquement le double de celui du
pétrole. Cela s'est rapproché graduellement, non seulement
à cause des tarifs de l'électricité, mais surtout à
cause des prix de l'huile, à la suite de la crise
énergétique de 1974, et les deux prix se sont rapprochés
pour devenir pratiquement égaux vers 1974, mais là, ce n'est pas
par un pur effet du hasard que nous avons maintenu nos prix à des taux
comparables à ceux du pétrole depuis cette période.
Sur l'autre échelle ici, à droite, vous avez le
pourcentage des abonnés chauffés à
l'électricité et on s'aperçoit que, pour les années
1966 à 1975-1976 environ, le nombre d'abonnés chauffés
à l'électricité s'est accru relativement lentement. C'est
compréhensible. Le prix de l'électricité était
beaucoup plus élevé que celui du pétrole, sauf que, depuis
cette période où les gens ont constaté que le prix de
l'électricité était aussi compétitif que le prix de
l'huile, on constate que la pénétration du chauffage est
montée en flèche et on atteindra probablement à la fin de
1982 un pourcentage de 40%, c'est-à-dire qu'il y aura 40% des foyers du
Québec qui seront chauffés à l'électricité
à la fin de 1982.
Un point est à signaler aussi: actuellement, selon nos calculs,
en 1981, le prix de l'électricité se situe à 86% du prix
de l'huile et, à notre avis, on ne doit pas descendre sous ce niveau. Si
le prix de l'électricité devenait beaucoup trop bas par rapport
à celui de l'huile, il y aurait un danger que la
pénétration reparte encore avec plus
d'accélération, que le pourcentage d'abonnés
chauffés à l'électricité s'accroisse encore
beaucoup plus rapidement, ce qui pourrait entraîner des investissements
additionnels ou le devancement de programmes qui pourraient s'avérer
fort coûteux. Donc, pour la tarification, c'est un point majeur. Je pense
qu'il faut retenir ceci: c'est que le prix de l'électricité pour
le chauffage des locaux doit rester au moins au même niveau façon
1981. On verra plus tard, grâce aux travaux du comité sur
l'harmonisation de la politique énergétique, jusqu'à quel
point il faut s'ajuster pour mieux atteindre les objectifs.
À signaler aussi qu'à ce même point, en 1982, on
prévoit que le gaz sera à 75% du prix du pétrole. Des
chiffres à retenir: si l'huile est à 100%,
l'électricité est à 86% et le gaz, à 75%. C'est un
des points importants dans l'élaboration d'une structure tarifaire.
La concurrence, cependant, ne vient pas toujours des autres formes
d'énergie. Je pense en particulier au secteur des industries
importantes. La concurrence, pour la tarification de
l'électricité, ne vient pas des
autres formes d'énergie, elle vient plutôt des autres
provinces ou des autres distributeurs d'électricité. Plusieurs
industries, lorsqu'elles recherchent un endroit où installer leur usine,
vont considérer certains facteurs comme la disponibilité de
main-d'oeuvre, les taxes des municipalités, le coût
d'approvisionnement en matière première, la proximité des
marchés, etc. Elles vont examiner aussi, dans bien des cas, à la
fois la disponibilité et le prix de l'électricité. Pour
certains types d'industrie, c'est fort important.
Nous avons ici une comparaison des prix payés à
Hydro-Québec et dans d'autres villes du Canada et des États-Unis.
Nous avons retenu deux niveaux de comparaison: une puissance de 5000 kilowatts,
qui est celle d'une industrie moyenne, et une puissance de 50 000 kilowatts. En
passant, pour des utilisations de 85%, ça tient compte du nombre
d'heures de fonctionnement des industries, c'est à peu près
représentatif de ce que sont les industries. C'est au 1er mars 1981; si
on veut se comparer, il faut arrêter une date précise. On ne
pourrait comparer les tarifs d'Hydro-Québec de 1982 et ceux de 1981, ce
serait un peu injuste. Tout est en dollars canadiens; même s'il y a des
villes américaines, on a tout ramené en dollars canadiens.
À 5000 kilowatts, on se rend compte qu'Hydro-Québec est
déjà au troisième rang, après Vancouver et
Winnipeg. On se rend compte aussi que, dans certaines villes
américaines, le coût de l'électricité est de
beaucoup supérieur à celui du Québec. Si on prend
l'exemple de Chicago, c'est 32, 20 $ le kilowatt, comparativement à
Hydro-Québec, à 12, 90 $, de même qu'à New York,
où c'est 67, 36 $.
Ce qui est important, c'est de voir cette comparaison surtout
vis-à-vis de Toronto, qui est un point représentatif de
l'Ontario. Ici, on s'aperçoit que les tarifs de
l'électricité, d'après cette comparaison précise,
sont de 20% plus élevés en Ontario qu'au Québec. Pour
l'autre point de comparaison, 50 000 kilowatts, Hydro-Québec est
à 10, 81 $ le kilowatt, alors que Toronto est à 15, 32 $. On peut
en déduire un écart de 40%.
Cependant, je vous préviens qu'il faut prendre ces comparaisons
avec certaines réserves. Elles reflètent la situation exacte
à deux points donnés, qui ne sont peut-être
représentatifs de personne, en fait. Il n'y a peut-être pas un
seul abonné qui prend exactement cette puissance et qui prend exactement
85% de facteur d'utilisation. Pour bien situer notre position par rapport
à celle de l'Ontario, nous avons pris les ventes
d'électricité d'Hydro-Québec à tous ces gros
abonnés - il y en a à peu près 200 - et nous avons
calculé ce que seraient les revenus de ces ventes selon les tarifs
d'Hydro-Québec, d'une part, et selon ceux d'Hydro-Ontario, d'autre part.
On s'aperçoit, en faisant cette comparaison, que nos revenus seraient de
20% moindres. On peut donc en conclure que les tarifs d'Hydro-Québec
pour la grande industrie sont de 20% inférieurs à ceux de
l'Ontario.
Ce qu'il faut retenir de cela, c'est qu'en termes de concurrence, il y a
de la place pour hausser les tarifs qui s'adressent à ce type
d'abonnés, de l'ordre de 20%, pour rejoindre l'Ontario. Cela ne veut pas
dire qu'on va le faire, mais c'est un des éléments importants
pour prendre une décision plus tard.
Lorsqu'on parle de comparaison de tarifs, tout le monde est toujours
intéressé à voir ce que ça donne, aussi, pour le
domestique. En termes de concurrence, ça n'a pas une grande importance,
mais en termes de fierté québécoise, on a souvent dit par
le passé qu'on avait les tarifs d'électricité les plus bas
au Canada et aux États-Unis, et ce tableau-ci démontre un peu ce
qu'était la situation au 1er mars 1981.
Pour une facture mensuelle - quelqu'un va me dire tout de suite: Vous ne
faites pas de facture mensuelle, vous facturez tous les deux mois; c'est vrai,
sauf que la facture mensuelle, c'est un point de comparaison valable avec les
autres distributeurs d'électricité, c'est plus facile de se
comprendre. Qu'on facture aux deux mois, au mois ou aux trois mois, tout le
monde est ramené à une base mensuelle - de 1000 kWh au 1er mars
1981, toujours en dollars canadiens, Hydro-Québec était
nécessairement le plus bas à 30, 40 $. On peut aussi observer
Toronto qui est à 35, 70 $, à peu près 17, 5% plus haut
que le Québec, et vous voyez encore des cas tristes, comme on en voit
aux États-Unis, Chicago deux fois plus élevé et le plus
malheureux, c'est New York avec cinq fois le prix du Québec. Il reste
que les tarifs d'électricité, pour l'usage domestique au
Québec, sont encore parmi les plus bas en Amérique du Nord.
Le troisième critère que vous aviez sur le tableau
principal concernait les coûts de fourniture. La Loi
d'Hydro-Québec mentionne qu'il faut établir le prix de
l'électricité selon ce qu'il en coûte pour la fournir, dans
la mesure où il est pratique de le faire. D'ailleurs, le livre blanc sur
la politique québécoise de l'énergie reprend ce même
énoncé. Des études de coûts sont effectuées
régulièrement pour répartir les coûts de production,
de transport et de distribution de l'électricité entre chacune
des grandes catégories tarifaires. Les éléments de base
qui servent à répartir les coûts sont le nombre
d'abonnements, la puissance et l'énergie utilisées par chacune
des catégories d'abonnés.
Ici, on retrouve les trois grands groupes, les trois
éléments pour répartir les
coûts qui sont les abonnements, la puissance et l'énergie.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec certaines de ces expressions, la
puissance, c'est la capacité de faire quelque chose. Pour prendre un
exemple simple, une lampe de 100 W, c'est une capacité; si elle est
utilisée pendant 10 heures, ça va nécessiter 1000 Wh ou 1
kWh, le kilowattheure devient l'énergie. Donc, l'énergie est le
produit de la capacité qui est la puissance multipliée par le
nombre d'heures, ça donne des kilowattheures qui sont l'énergie.
Pour bien comprendre, si on prend une lampe de 500 W au lieu d'une lampe de 100
W, cinq fois plus grande, ça ne lui prendra que deux heures pour
utiliser la même énergie. Ce sont des critères fort
importants dans l'étude des coûts de fourniture parce que vous
pouvez utiliser une très forte capacité pendant très peu
de temps ou utiliser une très faible quantité de puissance
pendant très longtemps et ça ne nécessite pas
nécessairement les mêmes équipements; donc, ce ne sont pas
les mêmes coûts de fourniture.
Nous avons ici la répartition de ces principaux
éléments d'identification des coûts de fourniture. D'abord,
les abonnements; il y aura, dans les grandes lignes, 2 500 000 abonnements en
1982, à Hydro-Québec. La très grande majorité, 88,
9%, se retrouve dans l'usage domestique, ce que vous avez ici en jaune. Le
reste se retrouve dans les catégories d'usage général.
Pour mieux différencier tout ce groupe qui est très
hétéroclite, nous le divisons, pour des fins administratives, en
trois sous-groupes: la petite puissance, il y a à peu près 275
000 abonnés, ce sont toutes les petites industries, commerces,
hôpitaux, écoles, autres établissements de service; la
moyenne puissance, ce sont des édifices, par exemple, d'une certaine
importance et des moyennes entreprises, en règle générale;
la grande puissance, ce sont les gros abonnés d'Hydro-Québec, des
industries pour la plupart, ils sont au nombre de 200. C'est pour ça
qu'ici, lorsqu'on montre le pourcentage d'abonnés, il n'y en a pas assez
pour qu'on puisse en calculer un pourcentage; ils sont moins de 0%; des
pâtes et papiers, les industries d'abrasifs, on retrouve tout ça
dans cette catégorie.
Il serait intéressant de voir que cette catégorie
d'abonnés, pas assez importante pour en calculer un pourcentage, utilise
23, 8% de la puissance du réseau et consomme 34, 5% de toute
l'énergie produite par Hydro-Québec. À l'inverse, le
domestique qui représente énormément d'abonnements, 88,
9%, fait appel à 45, 2% de la puissance, mais à beaucoup moins
d'énergie par rapport à la grande puissance, soit 36, 5% de
l'énergie. Vous avez ces mêmes caractéristigues pour chacun
des groupes et c'est à partir de ces caractéristiques qu'on est
capable de répartir tous nos coûts de fourniture selon les grandes
catégories tarifaires qui sont le domestique, je le rappelle, la petite
puissance, la moyenne puissance et la grande puissance. (16 h 15)
Nous allons voir maintenant sur le tableau suivant ce qui en
résulte lorsque nous comparons les coûts de fourniture aux revenus
de nos ventes. Vous avez ici la comparaison en jaune orange, les coûts de
fourniture et en mauve, les revenus. C'est la situation de 1980, année
pour laquelle nous avons fait la dernière étude. La situation ne
sera pas tellement différente pour l'année 1982. La raison est
simple, c'est qu'au cours des années passées, les hausses
tarifaires étaient relativement importantes et c'était alors
quasi impossible d'effectuer le redressement ou de corriger le
déséquilibre qu'on peut constater sur ce tableau. Vous savez,
lorsqu'on augmente les tarifs de 15%, il serait difficile d'aller chercher un
10% additionnel dans une catégorie et de ne pas en hausser d'autres pour
tout simplement rétablir des coûts de fourniture. Ce sont des
corrections qu'on peut faire à long terme, chaque année; à
chaque réaménagement tarifaire on corrige un peu et, à
long terme, on arrivera à atteindre cet objectif. Tout à l'heure,
j'ai parlé de stabilité de tarif, dans l'introduction. C'est fort
important, on ne peut pas, dans le métier, imposer des soubresauts
à la tarification, il faut y aller graduellement.
On se rend compte ici, sur le tableau, que le secteur domestique ne fait
pas ses frais, dans le sens que les coûts de fourniture
représentent 48, 8% des coûts totaux, alors que les revenus ne
représentent que 44, 6% des revenus totaux. Cette situation où
les coûts de fourniture sont supérieurs aux revenus, on la
retrouve aussi pour les abonnements de grande puissance, les 200 gros
abonnés dont je parlais tout à l'heure. Quant aux abonnements de
grande puissance, les coûts représentent 23, 4% du total et les
revenus 19, 1%.
En conclusion, puisqu'il y a deux catégories qui ne font pas
leurs frais, ce sont les deux autres nécessairement qui font plus que
leurs frais: ce sont les tarifs d'usage général petite puissance
avec 10, 8% de coûts par rapport à 14, 9% de revenus, et la
catégorie moyenne puissance avec 17, 0% de coûts contre 21, 4% des
revenus.
Ce qu'il faut retenir de ce tableau, c'est que la tarification
élaborée doit tenter de corriger ce déséquilibre.
C'est dire que les abonnés domestiques doivent avoir une hausse
effectivement supérieure à la moyenne, de même que les
abonnés grande puissance. Les deux autres groupes, petite et moyenne
puissance, doivent nécessairement avoir une hausse relativement moins
forte que la moyenne pour qu'on arrive à corriger
ce déséquilibre.
Nous avons maintenant vu trois critères: l'inflation, la
concurrence et les coûts de fourniture. Le quatrième qui est
mentionné sur le tableau principal au départ est la gestion de la
demande. Il est possible par la tarification d'influencer la consommation des
abonnés, de telle sorte qu'on puisse la servir au moins d'un coup. C'est
dans ce sens, par exemple, qu'on parle de favoriser l'économie
d'énergie. Il est possible, par la tarification, d'inciter les
abonnés à économiser l'énergie là où
c'est important de le faire. Il est possible aussi d'influencer le temps
où la consommation est appelée de sorte qu'on puisse à
l'avenir réduire les investissements nécessaires, réduire
les équipements nécessaires pour satisfaire à la
demande.
Vous avez ici un tableau un peu plus sophistiqué, qui demande
peut-être des explications additionnelles. D'abord sur l'axe du bas ici,
vous avez les 8760 heures de l'année, il y a 8760 heures dans une
année et nous avons fait une brisure du tableau parce que nous voulions
mettre l'accent sur les 2000 premières heures de l'année. C'est
un tableau qui contient une projection de ce que seront les besoins futurs
d'énergie. Par contre, on travaille en tarification à modifier le
comportement de la consommation, on travaille surtout pour le futur, parce que
c'est dans le futur qu'on peut épargner sur des équipements,
c'est dans l'avenir qu'on peut vraiment remplacer des équipements, ou
tout simplement en éliminer. Sur cette courbe, on n'indique pas
d'années, et c'est voulu. Elle est dessinée à partir de
notre prévision de ce que sera la consommation des abonnés en
1990.
Ce tableau contient essentiellement une prévision de la demande,
heure par heure, par jour, pour chacune des journées données,
pour chaque heure de l'année, la première étant
classée ici comme premier point sur la courbe. C'est ce qu'on appelle la
pointe annuelle. Successivement, toutes les 8760 heures sont classées,
deuxième, troisième, etc., par ordre décroissant, pour
finir avec la 8760e heure, avec la plus basse prévue pour
l'année.
Lorsque les planificateurs d'équipements prévoient les
équipements nécessaires pour répondre à la demande,
ils utilisent ce type de courbe. Ils prévoient, par exemple, pour la
partie du temps où l'électricité est utilisée
à plein temps durant l'année, soit pendant 8760 heures, des
équipements de base qui peuvent fonctionner de façon
régulière. Des équipements hydrauliques au fil de l'eau,
par exemple, satisfont à cette partie basse de la courbe.
Pour la partie intermédiaire, c'est-à-dire pour
l'énergie qui est consommée à l'équivalent de 40%
et 80% de la pointe annuelle, pour cette partie intermédiaire de la
courbe, ce sont des équipements hydrauliques avec grands
réservoirs. C'est ce qui permet d'emmagasiner l'eau pour produire
l'électricité lorsque la demande est plus forte et de remplir les
réservoirs lorsque la demande est moins forte. Ce sont de grands
réservoirs, cependant, parce que la fluctuation se fait tout au cours de
l'année. C'est la partie intermédiaire du tableau que nous avons,
entre 40% et 80% de la pointe annuelle.
Toujours dans le processus de la planification, ce qu'on prévoit
pour servir la fine pointe que nous avons ici, soit entre 80% et 100% de la
pointe annuelle, c'est ce que nous appelons des équipements de pointe.
Pour une demande qui peut aller jusqu'à 500 heures, ce sont des
centrales de pompage qui sont les plus économiques. Pour une demande
encore plus fine, c'est-à-dire pour un fonctionnement maximal de 75
heures, ce sont les turbines à gaz. Au-dessus de tout cela, il y a aussi
des équipements de réserve qui sont nécessaires au cas
où il y aurait défaillance des autres équipements ou si la
demande d'électricité était plus forte que celle
prévue. En règle générale, les équipements
les moins coûteux pour satisfaire à ce besoin précis, ce
sont aussi les turbines à gaz.
Or, il est possible, par la tarification, de s'organiser en sorte qu'on
puisse réduire le besoin de ces équipements. Le meilleur exemple
que je puisse utiliser, c'est la puissance interruptible que l'on vend à
nos gros abonnés industriels. La puissance interruptible est un
substitut de cette réserve. Je m'explique. Avec un abonné
industriel, prenons l'exemple d'une compagnie de pâtes et papiers du
Québec, nous prenons entente et, par contrat, nous définissons
que nous pouvons lui demander de réduire sa demande en énergie,
en puissance, quelques heures par année, pour un maximum de trois heures
par interruption, pas plus de deux interruptions par jour, pas plus que cinq
heures par jour lorsque cela arrive, et pas plus de 200 heures par
année. En règle générale, on fait appel à
des quantités maximales de 35 ou 50 heures par année. On
n'utilise pas pleinement les 200 heures. Lorsqu'on demande ainsi à un
abonné de réduire sa puissance, cette puissance devient
disponible pour le réseau. Au lieu de faire partir une turbine à
gaz que nous aurions comme réserve, à ce moment, on appelle
l'abonné et on lui dit: À partir de 11 heures, nous invoquons
notre contrat et en vertu de ce contrat, vous coupez la quantité de
puissance interruptible à laquelle vous vous êtes engagé.
L'abonné, bien entendu, reçoit pour cela un rabais, qui le
justifie d'accepter d'interrompre sa demande. Pour Hydro-Québec aussi,
c'est rentable, puisque le rabais est calculé à partir de ce
qu'on peut épargner en équipement de pointe. C'est
vraiment un moyen qui fait à la fois l'affaire
d'Hydro-Québec et de l'abonné. C'est là un principe auquel
on tient, en tarification. Nous n'irons jamais alléqer notre fardeau
pour passer un fardeau plus grand à l'abonné. Il faut qu'en
règle générale, au moins collectivement, les deux y
trouvent avantage.
Vous verrez aussi, dans le projet de tarification proposé, que
nous allons faire l'essai d'un tarif vraiment futuriste. Nous avons un tarif
expérimental pour les abonnés domestiques qui utiliseront ce
qu'on appelle les systèmes de chauffage biénergie,
c'est-à-dire des systèmes qui peuvent utiliser alternativement le
mazout et l'électricité. On commence à trouver plusieurs
de ces systèmes sur le marché actuellement. À ce qu'on m'a
dit, d'après les dernières statistiques, il y en aurait à
peu près 1200 d'installés dans les foyers
québécois. L'abonné, qui utilise déjà
l'huile et qui veut utiliser l'électricité, sans changer son
entrée électrique, achète à ce moment-là un
équipement qui s'installe dans les gaines de ventilation, dans les
conduites de chauffage, et, lorsque la capacité de l'entrée de
l'abonné le permet, l'électricité peut être
utilisée pour chauffer la maison.
Par contre, en hiver, au moment où le besoin en chauffage est
plus grand et où l'électricité ne suffit pas,
l'abonné peut passer à son système au mazout. C'est ce
qu'on appelle le système biénergie.
Nous mettons de l'avant un projet de tarification qui va favoriser ce
mode de chauffaqe mixte dans ce sens que, lorsque nous serons en période
de facilité sur le réseau, c'est-à-dire en bas de ce qu'on
a comme centrales de pompage, surtout même en bas des turbines à
gaz, l'abonné va pouvoir utiliser l'électricité autant
qu'il le voudra.
Par contre, lorsque nous serons en période de difficulté
sur le réseau, période où on utilise normalement des
turbines à gaz ou de la réserve, à ce moment-là,
nous informerons l'abonné mécaniquement que nous sommes en
période de pointe et, à ce moment-là, l'abonné aura
avantage par le tarif à passer de l'électricité au mazout.
C'est un tarif un peu d'avant-garde dans ce sens que, contrairement à
d'autres entreprises de services publics qui fixent des tarifs selon des heures
précises de pointe, nous n'avons pas besoin de faire cela, parce que nos
heures de pointe, les heures qu'on retrouve ici en pointe, ne sont pas
régulièrement de 17 heures à 19 heures ou de 10 heures
à midi. Par exemple, il peut arriver, par journée de très
grand froid, que ce soit de 10 heures à 23 heures. Il n'y a donc pas
possibilité de fixer un tarif qui dise: Ce sont des heures fixes et
régulières tous les jours. À ce moment-là, on
recourt à de la technologie un peu plus moderne. Nous aurons aussi un
système de télécommande reliant nos installations à
celles de l'abonné, qui nous permettra de lire l'énergie
utilisée dans les périodes creuses différemment de celle
utilisée dans les périodes de pointe, qui nous permettra
également d'aviser l'abonné par un voyant lumineux que nous
sommes en période de pointe et qui permettra aussi à
l'abonné, s'il le désire, qu'on contrôle nous-mêmes
son mode de chauffage de façon que, s'il n'est pas chez lui, et qu'on se
trouve en période de pointe, à un prix beaucoup plus
élevé, à ce moment-là le transfert d'un
système à l'autre se fera automatiquement par
télécommande d'Hydro-Québec. C'est simplement si
l'abonné le désire, parce qu'il reste maître de "by-passer"
le système et d'utiliser le mode de chauffage qu'il veut, sauf que le
tarif l'invitera nécessairement à utiliser
l'électricité uniquement en période creuse et, à ce
moment-là, il fera des économies importantes sur sa facture
d'électricité.
M. de Belleval: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
interrompre juste une minute pour permettre à M. Finet de se reposer une
seconde, de prendre un verre d'eau et de...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Finet:
Oui, c'est chaud ici. Une voix: Relativement.
M. Rodrigue: Peut-être qu'on pourrait appliquer un
programme d'économie d'énergie à l'Assemblée
nationale.
M. Champagne: La récupération de la chaleur pour
l'amener ailleurs.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous prêt
pour la deuxième partie, monsieur?
M. Finet: Oui. Un des derniers points à montrer sur le
tableau principal, ce sont les améliorations apportées à
la structure tarifaire. Vous savez, dès qu'un règlement est
approuvé, nous commençons à travailler sur le suivant.
Nous avons des communications régulières avec le personnel des
régions qui est près de l'abonné. Nous essayons de
connaître les difficultés que les abonnés peuvent avoir
dans l'application de la tarification et nous cherchons toujours à
améliorer, que ce soit pour que l'abonné ait une plus grande
satisfaction, que ce soit à des fins d'économie d'énergie,
de gestion de la demande ou de réalisation de la politique
énergétique. (16 h 30)
Parmi les modifications - et je passe un peu plus rapidement; vous
pouvez
d'ailleurs les retrouver dans le rapport sur la tarification dont il a
été fait mention ce matin - que nous apportons, nous
réduisons la première tranche du domestique de 900 à 600
kilowattheures. Nous insérons un élément nouveau, une
prime de puissance dans le tarif domestique pour les très qros
abonnés qui sont assujettis à ce tarif. Ce sont principalement
des immeubles d'habitation et quelques qrosses fermes plus un nombre
très minime de très grosses résidences. C'est de l'ordre
de 200 résidences privées qui pourraient, une fois à
l'occasion au cours d'un hiver, être assujetties à cette nouvelle
prime de puissance. Nous avons aussi comme modification dans le tarif, une
incitation pour appuyer le programme d'amélioration de
l'efficacité énergétique des Îles-de-la-Madeleine.
Nous avons un programme qui est déjà en cours aux
Îles-de-la-Madeleine depuis 1979 pour améliorer l'utilisation de
l'énergie à cet endroit, nous avons maintenant dans le projet que
nous vous recommandons une incitation tarifaire pour appuyer davantage ce
programme. Nous avons aussi de nouvelles conditions de livraison pour les
immeubles d'habitation afin de favoriser le mesurage individuel et la gestion
de la demande dans ces immeubles.
Nous avons fait un survol des principaux critères que nous
analysons pour être capables d'établir une tarification. Nous
allons maintenant voir de quelle façon les abonnés seront
touchés par cette tarification et quels revenus Hydro-Québec en
retirera.
Vous avez ici ce qu'on appelle dans le métier une tarte qui
montre la répartition des revenus additionnels selon les quatre grandes
catégories d'usage. Vous avez ici en vert dégradé l'usage
général, petite puissance, moyenne puissance et grande puissance,
et on constate que 56% des revenus additionnels que nous allons chercher par la
hausse des tarifs proviennent justement de ce secteur d'usage
général. L'autre partie, 44%, vient du secteur domestique pour
des revenus additionnels de 181 500 000 $. Nous avons montré, à
titre d'information additionnelle, sur ce même graphique, les
pourcentages d'augmentation demandée à chacune des
catégories. Ainsi, pour le domestique, la hausse moyenne est de 17, 5%,
petite puissance, 13, 6%, moyenne puissance, 16, 7%, grande puissance, 19, 4%.
On respecte un peu ce que nous ont donné les indications tout à
l'heure en termes de coûts de fourniture. On a vu que la hausse devait
être plus forte pour les abonnements domestigues et de grande puissance
afin de les rapprocher davantage des coûts de fourniture. On a vu que,
pour la petite puissance principalement, il fallait retenir la hausse de tarifs
afin de les rapprocher aussi des coûts de fourniture. C'est ce que nous
révèle ce tableau, d'ailleurs.
La question a été posée ce matin, à savoir
quel serait l'effet de la hausse de tarifs pour les abonnés domestiques.
Quelqu'un disait: Moi, je veux savoir chez nous ce que ça
représente pour la population. Vous avez, sur ce tableau, une
comparaison des factures de 1981 et 1982 pour l'usage domestique, taxe de vente
incluse. On a voulu donner aussi fidèlement possible ce que
l'abonné paie en 1981 et ce qu'il paiera en 1982. Si un abonné
paie actuellement, en 1981, 30 % pour deux mois, il paiera, en 1982, 33, 41 $,
pour une augmentation de 11, 4%. Ce pourcentage de 11, 4% est à peu
près le même pour une facture inférieure à 30 %.
Donc, 30 % ou moins, c'est de l'ordre de 11%. Une facture de 50 $ en 1981
deviendra, en 1982, 57, 41 $, pour une augmentation de 14, 8%. Entre 30 $ et 50
%, la hausse est aussi entre 11, 4% et 14, 8%. La facture de 100 %, et on
arrive à des factures plus importantes, là où il y a du
chauffage à l'électricité, en règle
générale, passera à 118, 21 $, pour une augmentation de
18, 2%. Finalement, un abonné avec chauffage à
l'électricité, avec un logement plus grand possiblement ou plus
de chaleur, passera de 200 $ à 236, 07 $, pour une augmentation de
18%.
Vous avez à peu près toute la gamme des augmentations
possibles. Un maximum de 18%, en règle générale, pour la
quasi-totalité des abonnés puisque ne sont haussés de plus
que cela que certains types d'abonnés, tels que des immeubles
d'habitation et des fermes pour qui nous avons changé un peu les
conditions d'application des tarifs. Mais la très grande majorité
des abonnés, je dirais au-dessus de 99%, se retrouvent à peu
près dans ce portrait. Je le répète, de 30 $ à 50
%, des hausses qui varient entre 11% et 14, 8%, entre 50 $ et 100 $, des
hausses qui varient entre 14, 8% et 18, 2%; au-dessus de 100 $ par mois, la
hausse, en règle générale, est de 18%.
Cependant, ce tableau ne fait pas voir facilement quel est l'effet sur
une base annuelle, par exemple. Si vous prenez mon propre exemple,
l'été, je me situe à ce niveau-ci. Je consomme de
l'électricité pour une facture de 50 $. Donc, j'aurai une
augmentation de 14, 8%. Par contre, en hiver, je me chauffe à
l'électricité, je reçois des factures de 200 $. En hiver,
donc, j'aurai des hausses de 18%. Si on veut être capable de voir ce que
cela donne sur une base annuelle, il faut faire des analyses
supplémentaires. C'est ce que va nous révéler le tableau
suivant.
Nous avons pris un échantillonnage très
représentatif de l'ensemble de nos abonnés domestigues. Nous
avons calculé pour une période d'un an ce qu'il leur en
coûtait aux tarifs de 1981 et ce qu'il va leur en coûter aux tarifs
de 1982, de telle sorte qu'on puisse voir de combien seront haussées les
factures annuelles des abonnés. Voici un
tableau. Vous avez ici en bas une échelle des augmentations
annuelles, 10%, 12%, 14%, de 10% à 12%, de 12% à 14%, de 14%
à 16%, de 18% à 20% et un petit bout pour 20% et plus. Sur
l'autre axe, vous avez le pourcentage des abonnements qui seront touchés
par ces hausses.
Donc, de 10% à 12%, soit approximativement ce que sera
l'inflation, vous avez le quart des abonnés qui vont subir ces hausses,
25, 8%, toujours sur une base annuelle. Si on fait le total de ceci, 8%, 10, 8%
et "53%, on en arrive à 45% des abonnés... Je m'excuse. On
reprend. 25, 8% plutôt, 8, 0% et 10, 8%, on arrive à 45% des
abonnés dont la hausse sera inférieure à 16%. Les deux
autres blocs importants qu'on retrouve ici, entre 16% et 20%, qui totalisent
environ 55% des abonnés, sont des abonnés qui chauffent
possiblement leur eau et, dans maints cas aussi, les locaux à
l'électricité. Ces 55% d'abonnés auront une hausse qui
varie entre 16% et 20%, soit approximativement ce qu'on prévoit
être la hausse du prix du pétrole aussi en 1982.
Ceux qui chauffent leur eau et les locaux au mazout auront une hausse de
l'ordre de 17% ou 18% et, pour ceux qui chauffent à
l'électricité, on est justifié de prévoir aussi des
hausses pour ces abonnés, du même ordre de grandeur.
Les hausses qu'on voit ici en haut de 20% - je le répète -
sont l'effet de l'introduction d'une prime de puissance dans le domestique.
C'est l'effet aussi et surtout des modifications que nous apportons dans les
conditions de vente aux immeubles d'habitation. Il y a d'excellentes raisons
pour modifier ces conditions. C'est d'abord pour favoriser l'économie
d'énergie. C'est pour que chaque locataire, éventuellement, soit
conscient du prix que coûte son électricité et qu'il fasse
les économies d'électricité que nous désirons. Il y
a sept dixièmes de un pour cent des abonnés dans cette
catégorie. Il y a, grosso modo, 2450 immeubles d'habitation, quelque 300
grosses fermes et environ 250 maisons privées, mais de taille
très imposante.
La même comparaison, nous l'avons ici pour les factures des
abonnés soumis aux tarifs d'usage général, en distinguant
encore une fois les trois catégories, le premier exemple couvrant la
petite puissance, les deux exemples suivants, les abonnés de moyenne
puissance (édifices commerciaux, magasins de petite taille, en
règle générale) et aussi les abonnés de grande
puissance. Un abonné de 5000 kilowatts, je le répète, une
industrie moyenne et 100 000 kilowatts, les grandes industries telles que les
pâtes et papiers, abrasifs, électrochimie, des quantités
très importantes de puissance... Ce qu'il est important de retenir de ce
tableau, c'est que les petits abonnés d'usage général, qui
paient déjà leur électricité beaucoup plus cher que
le domestique, même s'ils ont des caractéristiques à peu
près semblables au domestique, même s'ils sont raccordés la
plupart du temps au même réseau de distribution, les
abonnés d'usage général paient déjà leur
facture d'électricité à un prix très
élevé par rapport au domestique, de l'ordre de 45% à 50%.
Donc, la hausse, nécessairement, comme l'indiquaient les coûts de
fourniture aussi, doit être limitée. La hausse, pour l'exemple que
nous avons ici, est de 12, 5%.
Pour les abonnés de moyenne puissance, les hausses
illustrées ici sont de 15, 4% et 16, 6%. Pour les abonnés de
grande puissance, des hausses de 17, 9% et 19, 2%. Ce sont des cas types,
encore une fois. On a vu, entre autres, que la hausse moyenne dans les grandes
entreprises était de 19, 4%. Il y en a de toute espèce
là-dedans, à faible utilisation, à plus forte, et c'est la
moyenne qui donne 19, 4%. La hausse maximale ne dépasse pas 20, 5%, de
mémoire.
Ceci nous indique du moins qu'on a rejoint les critères
étudiés précédemment. La position concurentieile
pour les abonnés de cette catégorie, l'électricité
est déjà de beaucoup plus chère que le pétrole,
donc, il faut que la hausse soit moins forte. Ces abonnés paient
déjà plus que ce qu'il en coûte pour leur fournir
l'électricité, donc, il est justifié que la hausse soit
moins forte. À l'autre extrémité, on a vu que la position
concurrentielle avec l'Ontario nous laissait une marge pour hausser les tarifs,
et on a vu que ces abonnés, aussi, ne faisaient pas tous leurs
coûts, donc, nous étions justifiés d'avoir une hausse de
tarifs plus forte pour cette catégorie d'abonnés.
Juste un point pour finir. Je reviens au tableau principal pour vous
expliquer un point bien particulier qui a fait l'objet d'une discussion ce
matin. Voici le processus que nous avons suivi, effectivement, pour
préparer la dernière hausse de tarifs qui vous est
recommandée. Nous sommes partis de la politique
énergétigue, nous sommes partis de la nécessité
d'inciter les abonnés à économiser l'énergie, et
aussi du besoin d'accroître la part de l'électricité et du
gaz dans le bilan énergétique. Nous avons étudié
soigneusement tous les critères qu'il faut considérer, et nous
avons produit une tarification. C'est à ce moment-là,
après avoir produit une tarification, que nous avons
vérifié si l'équilibre financier pouvait être
atteint par la structure que nous avons établie. C'est à ce
moment-là, d'ailleurs, que le conseil d'administration a jugé
nécessaire de couper les investissements de 370 000 000 $, et c'est
à ce moment-là aussi que le président-directeur
général d'Hydro-Québec a donné instruction de
limiter la croissance des dépenses de main-d'oeuvre en 1982.
L'autre aspect qui était à vérifier,
c'était l'impact sur la clientèle. Le conseil
d'administration a aussi joué un rôle à cet égard,
et votre commission parlementaire, c'est aussi un de ses rôles de voir
dans quelle mesure on réussit à atteindre tous ces objectifs.
Messieurs, nous espérons avoir démontré que la
préparation d'une hausse de tarifs n'est pas un simple exercice
mathématique et qu'il faut évaluer soigneusement un certain
nombre de critères afin de trouver un équilibre optimum entre les
objectifs dont parlait M. Bourbeau dans son allocution. Ces objectifs - c'est
toujours bon de se les rappeler et de les garder en mémoire - sont le
respect de la clientèle, l'économie d'énergie et
l'accroissement de la part de l'électricité dans le bilan
énergétique et l'équilibre financier de l'entreprise.
Je vais maintenant céder la parole à M. Pierre Bolduc,
trésorier d'Hydro-Québec, qui va expliquer davantage les
résultats financiers anticipés pour 1982 à la suite de la
hausse de tarifs proposée. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Finet, bon
communicateur, bon pédagogue. Maintenant, la parole est à M.
Bolduc.
M. Bolduc (Pierre): Pierre Bolduc. M. le Président, pour
faire un lien avec la présentation de M. Finet, j'aimerais d'abord
rappeler encore une fois la chronologie selon laquelle cette hausse de tarifs a
été préparée. D'abord, cela n'a pas
été, comme à d'autres occasions, un calcul de
critères financiers à respecter, duquel ont été
déduits des besoins de revenus additionnels requis et d'où le
pourcentage de hausse générale des tarifs pouvait se calculer.
Dans cet exercice, les objectifs d'harmonisation énergétique avec
les autres formes d'énergie et les objectifs de tenir compte de la
clientèle d'Hydro-Québec ont d'abord servi à
déterminer quel pourcentage de hausse générale et quelle
répartition par catégorie d'abonnés pouvaient être
recherchées. Après coup seulement, on a effectué
l'exercice dont je vais vous parler, qui est un exercice de validation de la
faisabilité financière de cette hausse de tarifs. Autrement dit,
nous avons calculé, a partir des pourcentages établis
précédemment, quels seraient les effets sur la situation
financière d'Hydro-Québec en 1982. Nous en avons déduit
les éléments qui ont permis au conseil d'administration et qui
vous permettront d'en juger la raisonnabilité financière. (16 h
45)
Pour bien suivre le processus que nous avons établi, il faut
faire la distinction entre deux aspects des résultats financiers de
1982. Il y a les résultats financiers que j'appellerais comptables qui
tiennent compte des dépenses, des revenus qui doivent être
encourus durant l'année 1982 et qui serviront à déterminer
les critères financiers comme la couverture d'intérêt, le
taux de capitalisation, et ainsi de suite. C'est la première partie des
éléments de validation financière. La deuxième
partie, ce sont plutôt des éléments de provenance et
d'utilisation de fonds, c'est-à-dire comment les revenus produisent en
réalité des recettes qui sont encaissées et comment les
dépenses se traduisent en déboursés qui doivent être
payés. La différence provient souvent du fait que des
dépenses engagées dans une année sont en
réalité payées l'année suivante ou ne correspondent
pas effectivement à des déboursés proprement dits, par
exemple, les dépenses d'amortissement. Il y a des intérêts
qui courent pendant une année donnée mais qui vont être
payés à la date de paiement des intérêts
l'année suivante et il y a des éléments de taxes qui
peuvent être encourus pendant une année donnée mais
payables, en partie, l'année suivante.
Il faut donc reqarder les deux dimensions de cette image
financière. La première de ces dimensions, nous la
présentons ici sous forme de précision des résultats
financiers. Étant donné que nous sommes encore assez loin de
connaître les résultats définitifs de l'année 1981,
nous devons faire une projection qui non seulement parle de 1982, mais qui
aussi se compare à ce que nous pouvons maintenant prévoir pour
l'année 1981. Selon les meilleures hypothèses que nous pouvons
retenir actuellement, et j'en parlerai dans quelques instants de façon
plus détaillée, nous prévoyons en 1981 des revenus
provenant des ventes assujetties au règlement tarifaire de 2 367 000 000
$. À ces revenus de base qui sont nos ventes correspondant au tarif
approuvé, s'ajoutent d'autres revenus issus des ventes contractuelles,
des ventes excédentaires ou des exportations. Nous avons
également des revenus de placements qui s'élèveraient,
selon nos projections pour l'année 1981, à 495 000 000 $, ce qui
porte les revenus totaux de l'entreprise à 2 862 000 000 $.
En regard de ces revenus, il va falloir couvrir des dépenses
d'exploitation en 1981 de 1 292 000 000 $ qui correspondent, encore une fois,
aux meilleures projections que nous pouvons faire à partir de la
situation actuelle. Ceci laissera par soustraction, évidemment, un
revenu net d'exploitation projeté pour cette année de 1 569 000
000 $. Ce revenu net servira avant tout à payer les
intérêts qui doivent être imputés à
l'exploitation de l'année 1981.
II ne s'agit pas du total de nos paiements d'intérêts que
nous appelons, par convention, les intérêts bruts et dont je
reparlerai tout à l'heure. Une partie des intérêts bruts
sont en fait imputés aux immobilisations parce qu'ils servent à
construire des ouvraqes qui ne sont pas encore terminés, mais une autre
partie
des intérêts totaux sont imputés à
l'exploitation. On prévoit que ce montant s'élèvera
à 989 000 riOO $ en 1981, ce qui laisse un revenu net de l'ordre de 580
000 000 $ cette année, qui se compare - j'aurai tout à l'heure un
graphique qui montre la perspective des années précédentes
- on le sait, à 746 000 000 $ en 1980 et en 1979. Donc, il est assez
significatif de voir qu'avec les tarifs tels qu'ils sont aujourd'hui,
Hydro-Québec va très probablement connaître une baisse de
son revenu net à la fin de l'année 1981.
Qu'est-ce qui va arriver en 1982 au plan des résultats financiers
si la hausse que nous présentons aujourd'hui entre en vigueur? Les
catégories correspondant à celles que je viens d'expliquer pour
1981 vont s'accroître, d'abord au niveau des revenus assujettis au
règlement tarifaire, à la suite de la combinaison de deux
facteurs. Premièrement, par l'accroissement des ventes proprement dites,
accroissement que nous projetons à 6, 5% en kilowattheures pour
l'année 1982 par rapport à 1981, et aussi évidemment par
l'effet de la hausse de tarifs proposée. Alors ces revenus passeraient
à 2 965 000 000 $ les autres revenus à 626 000 000 $; pour un
total des revenus 3 592 000 000 $. D'autre part, les dépenses
d'exploitation pour l'année 1982, ces dépenses incluant les
déboursés d'exploitation réguliers d'Hydro-Québec,
les salaires, les frais d'entretien et la prévision faite au sujet de la
taxe sur le capital, s'élèveraient à 1 548 000 000 $,
laissant des revenus d'exploitation de 2 043 000 000 $. Les
intérêts vont augmenter, puisque, chaque année, les
nouveaux emprunts viennent s'ajouter à la dette totale et, comme
certains de ces emprunts sont accompagnés de la mise en service de
certains groupes de production, une partie toujours plus grande des
intérêts est imputée à l'exploitation; donc, le
montant total à cette rubrique sera de 1 216 000 000 $. Ce qui
laisserait comme revenu net pour l'année 1982, une somme
anticipée de l'ordre de 826 000 000 $. Ce chiffre reprendrait la
tendance à long terme que nous avons connue jusqu'à 1979, soit un
revenu net qui avait monté jusqu'à 746 000 000 $, qui avait
plafonné en 1980, qui connaîtra une diminution en 1981, mais qui
reprendra sa courbe en 1982, de façon relativement modérée
par rapport à 1980 et 1979, avec ces résultats financiers.
Comme je le disais au début, la raison d'être de ce calcul,
c'est de vérifier si la hausse établie, je le
répète, en fonction d'objectifs de position concurrentielle, nous
permet de respecter certains indices financiers fondamentaux qui servent depuis
longtemps à mesurer la performance financière
d'Hydro-Québec. Un de ces indices fondamentaux, c'est la couverture des
intérêts. La couverture des intérêts est
calculée en soustrayant du revenu net d'exploitation,
présenté au tableau précédent, avant de soustraire
les intérêts imputés à l'exploitation, en
soustrayant de ces revenus nets d'exploitation la totalité de nos
dépenses d'intérêts, autrement dit sans éliminer les
intérêts qui correspondent aux immobilisations. Lorsqu'on
soustrait ces deux montants, on obtient l'excédent par rapport à
la couverture d'intérêt; autrement dit, si cet excédent
était zéro, la couverture d'intérêt serait de un.
Lorsque l'excédent est positif, comme ce sera le cas en 1981, la
couverture d'intérêt est plus élevée que un;
autrement dit, c'est le ratio du revenu net sur la dépense
d'intérêt et on projette actuellement 1, 02 pour 1981. Ce 1, 02 se
compare à des couvertures d'intérêt, historiquement, qui
ont souvent été citées comme notre objectif, autour de 1,
25; les dernières années, cela a été plutôt
autour de 1, 19 et, en 1981, cela sera nettement plus bas que les années
antérieures, soit 1, 02.
Nous avons aussi calculé, pour une projection correspondant
à la mise en application possible de la loi 16, quel serait, tel qu'il
est défini dans le projet de loi, le montant maximal susceptible de
distribution pour l'année 1981 sous forme de dividende. Ce montant est
établi à 75% de l'excédent par rapport à une
couverture de 1 donc 75% de 37 000 000 $, ce qui donnerait un dividende maximal
possible de 28 400 000 $. Quant au taux de capitalisation, qui est un autre
ratio qu'on a toujours suivi, et qui historiquement était, il y a
quelques années, de l'ordre de 20%, qui atteint maintenant environ 25%
et qui lui aussi, dans le projet de loi 16, est défini comme devant
être maintenu à au moins 25%, il sera, en 1981, si toutes ces
prévisions se réalisent, de l'ordre de 25, 3%.
L'année 1982, avec la hausse de tarifs proposée - je saute
un peu le détail des calculs, parce que c'est le même que celui
qu'on vient de faire - nous mènera avec le même raisonnement
à une couverture d'intérêt de 1, 05, ce qui, selon le
projet de loi 16, laisserait un surplus susceptible de distribution maximal de
71 400 000 $ et un taux de capitalisation de 25, 7%.
Donc, d'après le premier test fait à partir de la hausse
déterminée en fonction des objectifs de politique
énergétique, au point de vue du ratio financier, en 1982, sans
nécessairement être en mesure de porter un jugement absolu sur le
niveau de ces ratios, on voit que dans les deux cas, ils vont être
légèrement supérieurs à ceux de 1981. Donc,
à ce niveau, il y a au moins une comparaison possible entre les deux
années.
Voici un rapide aperçu de l'historique des résultats
financiers dont nous venons de parler au cours des années
précédentes. C'est le chiffre qui résume un peu tout le
reste. Parlons donc du revenu net anticipé par
Hydro-Québec avec la hausse de tarifs proposée, qui est de
826 000 000 $. Comme je le disais tout à l'heure, il s'était
accru graduellement au cours des années antérieures, passant en
1977 à un niveau de 381 000 000 $, pour atteindre en 1979 et en 1980,
746 000 000 $, avec un léger recul en 1981 à 581 000 000 $,
passant à 826 000 000 $ l'année prochaine si la hausse des tarifs
est confirmée.
Les autres éléments significatifs de cette
équation, l'équilibre des revenus et des dépenses, les
intérêts portés à l'exploitation qui augmentent de
façon très visible, considérable, passant de 355 000 000 $
en 1977 à 1 217 000 000 $ en 1981. C'est l'effet combiné de ce
que nous connaissons trop malheureusement: les marchés financiers, qui
offrent maintenant des taux d'intérêt extrêmement
élevés, et en même temps, nos investissements relativement
lourds dans cette période ont fait augmenter la dette totale de
façon significative. Donc, l'élément intérêt
a presque quadruplé dans nos résultats financiers.
Jusqu'ici, le but de cette comparaison, c'est de montrer, la
façon dont les résultats de la hausse proposée
affecteraient les résultats d'Hydro-Québec, comment cette
évolution se compare aux années précédentes et le
test qui reste à faire, c'est celui de l'équilibre possible entre
les sources et les besoins de fonds.
Si on passe au tableau suivant, nous avons projeté ici, non plus
les dépenses telles qu'elles sont comptabilisées, mais les
déboursés qui seront effectivement prévus pour chacune de
ces années. En 1981, les déboursés pour l'exploitation
seront de 1 223 000 000 $; en 1982, selon les projections que nous avons faites
et certaines hypothèses dont je voudrais vous parler
immédiatement, ces besoins augmenteraient de 295 900 000 $. Ce calcul a
tenu compte de la modalité de paiement du dividende de 1981, qui serait
payé en 1982. Il tiendra compte également...
Le Président (M. Laplante): M. Bolduc, un moment, s'il
vous plaît. M. le ministre.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. Bolduc, pour les fins de la
transcription, je puis lire sur votre tableau 1 023 400 000 $, estimation 1981.
Vous avez mentionné 1 223 000 000 $. Pour ceux qui vont devoir nous
relire, je voudrais que vous fassiez vous-même la correction. (17
heures)
M. Bolduc: Je m'excuse. C'est bien 1 023 000 000 $, pour les
déboursés d'exploitation de l'année 1981, et 1 319 000 000
$ pour l'année 1982. Cette prévision pour l'année 1982, en
plus des déboursés normaux d'exploitation, tient compte du fait
que le dividende maximal a été prévu. Encore une fois,
c'est une prévision que nous faisons simplement pour avoir un
aperçu de ce que pourraient être nos déboursés en
1982. Elle tient également compte de modalités de la taxe sur le
capital de 1981 qui seraient, selon ce que nous avons anticipé, payables
en 1982 et elle a aussi tenu compte - ici, je voudrais faire une mise au point
- de certaines modalités, qui nous avaient été
indiquées il y a plusieurs mois comme étant probables, de
paiement de la taxe sur le capital de l'année 1982. Tout
récemment, aujourd'hui même, après des discussions avec des
fonctionnaires du ministère des Finances, nous avons appris qu'il se
pourrait que les modalités de paiement de la taxe sur le capital soient
plus qénéreuses pour Hydro-Québec que nous n'avions
pensé. Ce calcul, s'il est confirmé, nous permettrait de
réduire d'environ 55 000 000 $ les déboursés de
l'année 1982. C'est ce que nous allons essayer de clarifier dans les
prochains jours avec les représentants du ministère des
Finances.
Si ce calcul était confirmé, cela diminuerait de 55 000
000 $ l'auqmentation des déboursés d'exploitation de
l'année 1982, et quel serait l'effet sur le reste de l'équation?
C'est quelque chose dont je voudrais vous parler tout à l'heure quand on
regardera les sources de fonds pour l'année 19*82.
Les autres déboursés, échéances et fonds
d'amortissement, ce sont les dettes que nous devons rembourser. Ils augmentent
entre 1981 et 1982 de 242 000 000 $.
Les investissements, après la réduction de notre programme
de 1982 d'un montant d'environ 370 000 000 $, dont nous avons parlé
précédemment, connaîtraient maintenant une augmentation de
111 000 000 $ en 1982 par rapport à 1981.
Le surplus susceptible de distribution, c'est-à-dire le dividende
- je dois encore une fois corriger un détail de ce que j'ai dit tout
à l'heure - de l'année 1981, que nous avons montré tout
à l'heure, sera payable en 1982 et les versements provisionnels sur le
dividende de 1982, selon les modalités actuelles du projet de loi 16,
seront égaux au maximum au dividende de l'année
précédente. Ce montant de 56 800 000 % représente donc en
fait deux fois le dividende de 1981. Il est payé une fois comme
dividende de l'année précédente et une deuxième
fois comme avance provisoire sur le dividende de l'année courante. C'est
comme cela que ce montant est calculé.
Le total, je pense qu'il est intéressant de le regarder dans la
colonne des augmentations plutôt que de le regarder année par
année. Le total de l'augmentation de nos besoins de fonds, en 1982, par
rapport à l'année précédente, serait de 962 000 000
$ selon ces hypothèses, avec
une réduction possible de 50 000 000 $, si des modalités
plus généreuses de versement de la taxe sur le capital nous sont
confirmées.
Comment établit-on l'équilibre entre ces besoins de fonds
et les sources possibles? Hydro-Québec a seulement deux sources de
fonds. Elle a ses propres revenus, soit les revenus nets qu'elle peut produire
par l'exploitation de son réseau et ses autres revenus, et ses
emprunts.
Nous avons divisé ici le revenu d'Hydro-Québec en deux
catégories, une qui correspond aux ventes assujetties au
règlement tarifaire et une autre aux autres revenus. Ces ventes
augmenteront les revenus. Vous verrez que ces montants-ci ne sont pas les
mêmes que ceux du tableau des revenus et dépenses, parce
qu'évidemment une partie des revenus de 1982 sont facturés en
novembre, en décembre et sont perçus en 1983; par contre une
partie des revenus de 1981 sont facturés différemment. Il y a une
différence entre les chiffres dans certains cas. L'augmentation que
cette vente des kilowattheures produirait, sans hausse de tarifs, serait de 182
500 000 $. C'est l'augmentation qui provient simplement de l'augmentation du
volume des ventes.
Si la hausse de tarifs entre en vigueur, ces mêmes ventes de
kilowattheures vont produire le montant additionnel dont on a parlé tout
à l'heure, soit 415 000 000 $.
En parallèle, les autres revenus d'Hydro-Québec, les
ventes contractuelles, les exportations, les revenus de placements, nous
projetons qu'ils vont aussi auqmenter de l'ordre de 131 000 000 $, ce qui, pour
équilibrer l'équation de tout à l'heure où il
fallait faire face à des obligations de 962 000 000 $, nous amène
à augmenter le programme d'emprunts de 1982 de 232 000 000 S. Cette
augmentation du programme d'emprunts mènerait à un niveau total
d'emprunts de 2 509 000 000 $, pour être précis. Au fond, tout le
test de la faisabilité financière de la hausse de tarifs qui est
proposée réside dans la question: Est-ce que nous pouvons
emprunter, en 1982, une somme de 2 509 000 000 $? La réponse que les
dirigeants financiers d'Hydro-Québec et que le conseil d'administration
ont retenue, c'est qu'on va faire notre possible. On va faire le maximum de ce
qu'on peut faire. C'est à la limite de ce qui pourrait être
décrit comme faisable et si, par exemple, une diminution de 50 000 000 $
ou 55 000 000 $ des versements de la taxe sur le capital réduisait ce
total à 2 450 000 000 $ au lieu de 2 500 000 000 $, ce serait encore
extrêmement difficile, mais nous allons faire notre possible pour
réussir. Si le niveau d'emprunt, au lieu d'être de 2 500 000 000 $
ou 2 450 000 000 $, était de 2 200 000 000 $, nous pourrions dire que
cela correspond à la limite maximale de financement que nous avions
établie pour 1982, il y a un an ou deux lorsque nous avions fait des
prévisions de capacité d'emprunt.
Alors, fondamentalement, il n'y a pas un chiffre, je pense, qui est
finançable et un chiffre de 1 $ de plus qui n'est pas finançable,
je pense que personne ne croirait ce genre de limite de financement. Tout ce
que nous pouvons faire, c'est qualifier le degré de difficulté de
financement et je pense que nous aurions et nous avons cette année, avec
un objectif de 2 200 000 000 $, des difficultés à atteindre
l'objectif. Nous serions beaucoup plus à l'aise, je dirais, mais pas
encore très à l'aise, si c'était encore 2 200 000 000 $ en
1982. Si c'est 2 500 000 000 $, ça va être une tâche
extrêmement ardue, mais nous allons faire le maximum pour la
réaliser.
Voilà, fondamentalement, les conclusions financières que
la hausse de tarifs nous amène à tirer et je pense que mes
collègues auront, au besoin, si vous leur posez des questions, des
commentaires. M. Lafond, par exemple, aura sûrement des commentaires plus
détaillés sur la question du financement. Je veux simplement
ajouter que toutes ces prévisions sont sujettes à beaucoup de
sensibilité, à beaucoup d'incertitude. Dans le document qui vous
a été distribué, on indique, par exemple, que si la
croissance des ventes, au lieu d'être de 6, 5%, comme on l'a
supposé, était de 5, 5%, les résultats de provenance de
fonds seraient réduits de 28 000 000 $. La hausse de 1981 par rapport
à 1980, nous allons la connaître de façon précise
vers la fin de l'année, mais elle semble se situer autour d'un maximum
de 3%; donc, les 6, 5% de l'an prochain comportent, je pense - c'est la
meilleure prévision de nos prévisionnistes, compte tenu des
facteurs qu'ils ont étudiés en profondeur - un risque assez
important et, s'il s'avérait qu'au lieu d'être 6, 5%,
c'était par exemple 3, 5%, c'est déjà 60 000 000 $
environ, presque 90 000 000 $ qui diminueraient. Les ratios financiers qui sont
très sensibles, au lieu d'être 1, 05, seraient à peine de
1, 0 si ce genre de variation se produisait.
De la même façon, le taux d'intérêt, nous
l'avons projeté à 16%. Si c'était 17% au lieu de 16%, cela
ajouterait tout de suite 13 000 000 $ à nos projections. Si les taux
d'inflation étaient de 13% au lieu de 12%, cela ajouterait 18 000 000 $
à nos projections, et ainsi de suite. Vous avez dans le document
d'autres exemples. Si le dollar canadien est dévalué davantage,
nous avons des pertes de change plus élevées. Tous ces chiffres
sont sujets à beaucoup d'incertitude et la faisabilité du
programme de financement, au fond il faut l'admettre comporte une
élasticité. Ce n'est jamais un chiffre absolu, mais elle est
étirée, je dirais,
presque au maximum de son élasticité au niveau du chiffre
qui est présenté ici. C'est tout.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. Bolduc.
M. le ministre, avez-vous des questions?
M. Duhaime: Oui, j'aurais des questions à adresser
à M. Bourbeau et possiblement aussi à M. Boyd, M. le
Président.
Je voudrais simplement mentionner pour rappel que, dans la politique
québécoise de l'énergie, dont il a été
abondamment question ce matin et cet après-midi, à la page 72, il
est question de quatre principes qui devraient sous-tendre une politique de
tarification. Je vais les résumer. En premier lieu, un traitement
égal à tous les clients d'Hydro-Québec,
c'est-à-dire mettre fin aux contrats d'électricité
à tarifs spéciaux; dans un deuxième temps, faire supporter
par chaque catégorie d'utilisateurs les frais que sa consommation
entraîne. Et je voudrais m'attarder là-dessus, M. le
Président, parce qu'un des tableaux que nous avons vus tout à
l'heure nous a indiqué que, sur le tarif domestique en particulier - si
j'ai bien saisi ce qui a été expliqué - il en coûte
48, 8% au domestique et les revenus sont de 44, 6%. Vous avez une
différence qui fait en sorte qu'il y a un manque à gagner pour la
tarification domestique.
Je voudrais peut-être simplement dire cela pour l'instant et
revenir aussi à la page 12 du document synthèse qui a
été distribué par Hydro-Québec, parce qu'il y a
quelque chose qui me préoccupe. Si je relis cela avec cet objectif de
faire supporter à chaque catégorie son coût réel et
un troisième élément du livre blanc qui mentionne
d'éliminer la dégressivité des tarifs dans les
catégories tarifaires où cela est justifiable et en tenant compte
notamment du deuxième principe, c'est-à-dire celui que je viens
d'énoncer, chaque catégorie supportant son coût, je
voudrais avoir une explication, parce que, si ma mémoire est bonne, lors
du tarif qui a été en vigueur durant les années 1979, 1980
et 1981, on tarifait au domestique les 900 premiers kilowattheures d'un seul
bloc. Est-ce exact?
M. Bourbeau (Joseph): C'est exact, M. le ministre.
M. Duhaime: C'est exact? Si je lis votre document, cela voudrait
dire que, pour les 600 premiers kilowattheures qui correspondent
essentiellement à des besoins comme l'éclairage d'un foyer, la
radio, la télévision, possiblement une cuisinière, etc.,
les 300 kilowattheures additionnels correspondent à l'énergie
requise pour l'eau chaude, la machine à laver, le lave-vaisselle, la
salle de bain, etc. Ce que je constate, c'est que, dans votre proposition, pour
les 600 premiers kilowattheures, vous nous proposez 11, 8%, ce qui est en
dessous de l'inflation et que, par ailleurs, pour les 900 premiers
kilowattheures, la hausse sur les 900 kilowattheures serait de 18, 5%. J'en
conclus que, pour le 601e kilowattheure jusqu'au 900e kilowattheure, la hausse
est très certainement supérieure à 18, 5%. C'est la
première observation.
La deuxième, c'est qu'à 3000 kilowatts ou enfin de 1500
kilowattheures jusqu'au niveau de 5000 kilowattheures - on est toujours sur une
base mensuelle l'augmentation varie de 18, 2%, 18, 1% et 18%. Je voudrais
simplement poser la question suivante: Serait-il envisageable et logique de
ramener une hausse suivant l'inflation pour les 900 premiers kilowattheures et
de faire reporter sur les utilisateurs de 3000, 4000 et 5000 kilowattheures ce
manque à gagner, toujours à l'intérieur de la même
catégorie, c'est-à-dire le domestique?
M. Bourbeau (Joseph): M. Finet va répondre à cette
question. (17 h 15)
M. Finet: M. le Président, je me sens obligé
d'expliquer pourquoi nous avons passé de 900 à 600
kilowattheures, puisque la question porte sur ce point. De fait, la raison est
purement pour atteindre un des objectifs que j'ai mentionnés tout
à l'heure et qui est effectivement la politique
énergétique, c'est dans un but, principalement, d'économie
d'énergie et aussi pour mieux refléter les coûts. Je
m'explique. De façon générale, on peut situer la
consommation comme suit. Les 600 premiers kilowattheures par mois, c'est un
marché relativement captif, au sens où l'abonné ne peut
pas avoir recours à une autre forme d'énergie pour
l'éclairage, pour le réfrigérateur, pour la
télévision. Ce serait toujours possible avec des
génératrices, mais ce ne serait pas pratique de le faire. Donc,
il n'y a vraiment pas d'énergie substituable pour ce marché
captif d'électricité.
Nous considérons qu'il faut 300 kilowattheures additionnels pour
le chauffe-eau. Au-dessus de 900 kilowattheures, en règle
générale, on atteint les consommations caractéristiques du
chauffage électrique. En déplaçant la consommation de la
première tranche de 900 à 600 kilowattheures, on a voulu ainsi
refléter un peu les ambitions de la politique énergétique
pour que cette partie de la consommation, qui est importante, soit susceptible
d'être économisée par les abonnés. C'est une source
où il y a une possibilité de gaspillage, c'est-à-dire
qu'on peut vraiment faire un abus d'eau chaude, et on s'est dit qu'en essayant
de mieux refléter le prix, en l'ajustant un peu plus en fonction de la
concurrence, ça incitera à l'économie
d'énergie pour cet usage important dans la consommation des
abonnés.
L'autre point, c'est qu'on constate actuellement que le prix de
l'électricité pour le chauffage de l'eau par rapport au gaz est
déjà relativement faible. Le prix de l'électricité
pour le chauffage de l'eau se situe à peu près à 62% du
prix du mazout. Donc, c'est même en bas, à ce moment-là,
aussi, du prix du gaz. On s'est dit que dans une politique
énergétique où on veut faciliter dans l'avenir la
pénétration du gaz, il faut dès maintenant commencer
à ajuster la structure tarifaire, de sorte que les abonnés
pourront aussi être intéressés par le gaz, et non seulement
par l'électricité pour le chauffage de l'eau. C'est un point
important, c'est dans le cadre, justement, de la stabilité dont je
parlais précédemment. Plus tard, lorsque le gaz sera disponible
dans d'autres régions de la province - actuellement, son territoire est
limité - lorsqu'il sera accessible à plus de citoyens au
Québec, on veut que le prix de l'énergie pour le chauffage de
l'eau soit aussi à mi-chemin entre le prix du gaz et celui du mazout,
tout comme pour le chauffage des locaux.
Ce qui rend possible ce changement cette fois-ci, c'est justement le
fait qu'on augmente peu la redevance et le prix des 600 premiers
kilowattheures. La redevance et le prix des 600 premiers kilowattheures sont
augmentés de l'ordre de l'inflation, donc, ça laisse une place
à une plus forte augmentation sur le prix de ce bloc de 300
kilowattheures, qui se situe entre 600 et 900. M. le ministre a raison parce
que, effectivement, le prix de cette consommation, en 1981, est de 0, 024 $ le
kilowattheure et passerait à 0, 033 $, ce qui ferait une augmentation de
37, 5%. Cependant, lorsqu'on établit des factures pour les
abonnés, on ne les établit pas par tranches de ce genre. Les 600
premiers kilowattheures n'auront pas une augmentation de 11%, on ne verra pas
ça sur la facture, et on ne verra pas que, de 600 à 900,
l'augmentation est de 37, 5%. Comme on augmente peu la redevance et le prix de
la première tranche, aucun abonné n'aura une augmentation
supérieure à 18, 5%. Le tout mis ensemble, l'augmentation
très forte entre 600 et 900 kilowattheures est diluée par
l'augmentation très faible de la première partie du tarif.
La question précise de M. le ministre est à savoir si, en
revenant à 900 kilowattheures, on pourrait hausser le prix des
consommations supérieures à 3000, 4000 ou 5000
kilowattheures.
Ma réponse est qu'on ne pourrait pas le faire sans modifier autre
chose dans les tarifs. J'ai dit tout à l'heure que nous introduisions
une prime de puissance pour les abonnés qui font un appel de puissance
supérieur à 50 kilowatts en hiver. C'est dire que le
cinquantième kilowatt et les kilowatts additionnels seront
facturés selon une certaine prime de puissance. Si on allait du
même coup introduire une prime de puissance et mettre un prix
supérieur pour des consommations excédant 3000, 4000 ou 5000
kilowattheures par mois, l'effet combiné de ces deux actions ne serait
vraiment pas acceptable pour les abonnés. Autrement dit, ça se
traduirait par des hausses qui risqueraient d'être vraiment fortes et,
à ce moment-là, on risque de perturber certains budgets
familiaux.
La réponse, c'est oui, mais à condition qu'on modifie
autre chose et qu'on reqarde vraiment l'ensemble.
M. Duhaime: J'aurais une autre question, M. le Président.
Sur une autre catégorie d'abonnés, sur le tarif
général, grande puissance, vous avez mentionné dans votre
exposé qu'il y a à peu près 200 abonnés.
M. Finet: Oui, moins de 200 abonnés.
M. Duhaime: Moins de 200 abonnés, dont environ 20 auraient
des contrats particuliers. Est-ce qu'il y a une problématique tarifaire
qui permet un taux d'augmentation plus accéléré pour ce
qui est convenu d'appeler les abonnés en voie de rattrapage? Si oui,
j'aimerais connaître quels sont les taux d'augmentation dans la
proposition tarifaire.
M. Finet: Notre proposition tarifaire demande qu'on fasse un
rattrapage plus rapide pour ces abonnés. Dans le règlement
actuel, les contrats particuliers sont assujettis à une hausse de 36%
par année pour atteindre l'objectif. Étant donné que la
hausse de ceux qui sont au tarif normalisé dans cette catégorie
est déjà assez forte, on a vu que c'était 19, 4% en
moyenne, nous avons recommandé que le mécanisme de rattrapage, au
lieu d'être de 36% par année, soit de 42% par année. C'est
déjà une façon d'accélérer le
mécanisme de rattrapage, compte tenu de la hausse importante
recommandée pour les abonnés au tarif normalisé.
M. Duhaime: Si je comprends bien, les chiffres de 36% à
42% qui correspondraient au taux d'augmentation pour les abonnés en voie
de rattrapage, c'est ce qui est inclus dans la proposition pour l'année
1982.
M. Finet: Pas tout à fait, M. le ministre. Un instant,
s'il vous plaît.
M. Duhaime: C'est-à-dire que cela passerait de 36%
à 42%.
M. Finet: Oui. Le mécanisme de
rattrapage comme tel passe de 36% à 42%.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly, s'il vous plaît.
M. Tremblay: M. le Président, je suis peu peiné,
moi aussi, de voir que nos collègues de l'Opposition nous ont
quittés. Ils auraient pu, au lieu de s'en aller, de claquer la porte,
rester à travailler avec nous. Ils auraient pu nous aider à
questionner les gens d'Hydro-Québec, afin d'éclairer la
population un peu mieux.
Vous avez dit tout à l'heure que le secteur domestique ne fait
pas ses frais. Vous avez mentionné que les tableaux disent qu'il y a 48,
8% des coûts qui sont applicables au secteur domestique et 44, 6% des
revenus. Je me pose la question à savoir si, effectivement, les 3, 8%
représentent des pertes pour Hydro-Québec ou si c'est une perte
à gagner, c'est-à-dire que ces 3, 8% seraient pris à
même les bénéfices que vous attendez normalement et qui ne
viennent pas à cause de cet écart.
M. Finet: Si je comprends bien la question, est-ce que c'est une
perte? Non, pas nécessairement. Lorsqu'on répartit l'ensemble des
coûts de production, de transport et de distribution, on le fait d'une
façon relative, c'est-à-dire qu'on les répartit entre
chacune des grandes catégories tarifaires. On regarde la proportion des
coûts qu'on devrait obtenir effectivement de chacune de ces
catégories. En plus des coûts, il y a le revenu net de
l'entreprise qu'on peut associer aux coûts et qui, effectivement, peut
vraiment faire que les abonnés domestiques couvrent leurs coûts
réels en termes de frais directs pour produire, transporter et
distribuer l'électricité, sauf qu'ils ne participent
peut-être pas autant au revenu net additionnel nécessaire à
l'entreprise pour assurer son autofinancement.
Le Président (M. Laplante): Oui...
M. Parizeau: J'aimerais suggérer qu'on s'entende seulement
sur une forme de procédure. Nous avons entendu deux exposés, l'un
sur la structure des tarifs et la façon de les calculer, l'autre sur les
incidences financières et la structure financière
d'Hydro-Québec. Est-ce que je pourrais suggérer qu'on passe
d'abord tous ceux qui ont des questions à poser sur la structure des
tarifs et, une fois que ce serait terminé, on aborderait la question des
incidences financières sur Hydro-Québec, la structure
financière d'Hydro-Québec? Ce serait peut-être une
façon de clarifier les...
Le Président (M. Laplante): Je suis bien d'accord si c'est
la volonté des membres.
Est-ce que vous aviez terminé, M. le député de
Chambly?
M. Tremblay: Je vais garder mes questions. Je vais y revenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, ma question est un peu
semblable à celle du député de Chambly; cependant
j'aimerais bien qu'on clarifie l'expression qu'on a utilisée tout
à l'heure. Lorsqu'on nous a présenté les tableaux,
l'expression suivante a été utilisée, "le domestique ne
fait pas ses frais". Cela laisse l'impression qu'Hydro-Québec fournit de
l'énergie aux clients domestiques à perte. Évidemment, ce
n'est pas le cas. Je pense que, par vos tableaux, ce que vous voulez dire,
c'est que le domestique représente une certaine partie des revenus et,
d'autre part, il représente une certaine partie des dépenses.
Mais, si on compare les dépenses que vous devez absorber pour fournir de
l'énergie à vos clients de la catégorie domestique, si on
compare cela aux revenus que vous en tirez, il reste quand même un
surplus. Alors, on ne peut pas prétendre que la catégorie
domestique, ne fait pas ses frais, sauf que les revenus qu'on voudrait en tirer
ne sont peut-être pas aussi élevés qu'on le voudrait. Il
serait extrêmement important, je pense, de clarifier cette
question-là, parce que l'impression que cela a pu donner tout à
l'heure, en tout cas quand je vous ai écouté, c'est la suivante:
Est-ce qu'Hydro-Québec perd de l'argent avec la consommation
domestique?
M. Bourbeau: M. le Président.
M. Finet: M. le Président, j'aimerais peut-être
prendre une autre façon pour expliquer un peu la même chose. La
loi dit que l'on doit vendre selon ce qu'il nous en coûte pour fournir
l'électricité à chacune des catégories, dans la
mesure où c'est pratique de le faire. Alors, Hydro-Québec, ses
coûts, ce ne sont pas essentiellement seulement des investissements, la
dépréciation des investissements, les frais d'exploitation, et
tout cela. C'est également, et c'est paradoxal de le dire, c'est
également le revenu net qu'on doit faire pour être capable de
réinvestir dans l'entreprise, pour assurer l'autofinancement de
l'entreprise. Donc, dans le métier, les revenus additionnels qu'il faut
faire pour assurer l'autofinancement sont considérés, dans les
études, comme des coûts aussi. Alors, si on prend vraiment tous
les coûts, y inclus les revenus additionnels requis ou le revenu net,
pour assurer l'autofinancement qui doit nous venir de toutes les
catégories d'abonnés et si on les distribue de façon
comptable selon toutes les
catégories tarifaires, on en arrive vraiment au fait que le
revenu obtenu du secteur domestique n'est pas égal aux coûts que
nous avons calculés.
M. Rodrigue: Mais, enfin, je comprends un peu mieux, M. le
Président, sauf qu'il demeure que ce qu'on nous explique finalement,
c'est qu'il y a un transfert qui se fait entre le domestique et la moyenne et
la petite puissance. C'est-à-dire qu'on tire plus de revenu qu'on
devrait normalement en tirer de la moyenne et de la petite puissance et que
cela permet d'avoir... cela explique les tarifs moins élevés
qu'on tire du secteur domestique ou de la grande puissance.
Cela m'amène à vous poser une deuxième question.
Vous venez de mentionner que c'est la loi qui vous y oblige. Est-ce que la loi
vous oblige à avoir une équation parfaite entre d'une part le
pourcentaqe des revenus que vous tirez d'une catégorie et, d'autre part,
le pourcentage des dépenses que vous affectez à la fourniture de
l'énergie à cette catégorie-là? Vous avez
mentionné: La loi nous y oblige. À quoi faisiez-vous
référence?
M. Finet: Je pense que nous allons prendre quelques secondes pour
retrouver le texte de la loi et...
M. Rodrigue: D'accord, vous pourrez revenir avec la
réponse et j'enchaînerai s'il y a d'autres questions
entre-temps.
M. Laplante: Entre-temps, M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: Oui, M. le Président. Pour les gens qui
nous écoutent, qui ont suivi les exposés que vous avez
donnés, que vous avez voulus le plus clair possible, mais qui sont quand
même complexes, la majorité de ces auditeurs-là, au fond,
se ramènent à leur situation particulière, et c'est
normal. J'aimerais parler un peu, pendant les quelques minutes qui viennent,
pour ces gens-là. De la même façon que ce matin un
député de l'Opposition demandait où était le
ministre de la Protection des consommateurs, il n'y a personne de l'autre
côté de la table qui va parler pour le consommateur, je vais
essayer de me faire l'interprète le plus possible de ce
consommateur-là, en étant un moi-même d'ailleurs. Je n'ai
pas de ferme, je n'ai pas de petite puissance, de grande ou de petite usine,
j'ai un bungalow comme tout le monde et j'aimerais essayer de parler en mon nom
personnel, ayant l'impression de parler pour une bonne partie de la
population.
Je reviens à votre tableau ou aux explications que vous nous avez
données pour les 600 kilowattheures par rapport aux 900, 2000 et 5000.
J'ai l'impression qu'on se situe à peu près dans ce
groupe-là, nous autres. Vous nous avez dit d'abord: On estime que pour
les besoins, les minimaux, c'est 600 kilowattheures qu'un ménage moyen,
je suppose, de 4 ou 5 personnes, c'est sa consommation moyenne. C'est bien ce
que j'ai compris? Deux personnes, un couple avec deux ou trois enfants, pour
leurs besoins minimaux, à l'exclusion du chauffage de la maison et du
chauffe-eau, cela consomme environ 600 kilowattheures. Est-ce que c'est cela,
M. Finet? (17 h 30)
M. Finet: Oui, M. le Président. Je pourrais
peut-être expliquer que nous avons essayé de l'établir de
deux façons: d'abord, en faisant un relevé des consommations des
appareils qu'on retrouve en moyenne dans les foyers; deuxièmement, par
une analyse d'un sondage qui a été fait dans les foyers du
Québec. À certains intervalles, Hydro-Québec
procède à un sondage afin de connaître le taux de diffusion
des différents appareils électro-ménagers à travers
le Québec. De mémoire, le dernier sondage couvrait au-dessus de
40 000 foyers, il était vraiment scientifiquement bien établi. De
ces 40 000, nous avons identifié 8000 abonnés qui n'utilisaient
pas l'électricité pour le chauffage de l'eau et des locaux. Nous
avons, à ce moment, calculé la consommation moyenne de ce groupe
de 8000 abonnés et nous en arrivons effectivement à moins de 600
kilowattheures, de l'ordre de 565 ou 567 kilowattheures. Bien entendu, c'est
une moyenne. Dans cet échantillon, il y avait effectivement 60% des
abonnés qui étaient en bas de 600 kilowattheures. Cela veut donc
dire qu'il y en a qui peuvent consommer au-dessus de 600 kilowattheures, mais
on croit, d'après les relevés, qu'il y a place aussi dans ce
secteur pour l'économie d'énergie et qu'en accordant 600
kilowattheures, on permet à l'abonné d'utiliser
l'électricité au moins pour ce qui est le marché purement
captif.
M. de Belleval: Les gens qui nous écoutent à la
radio peuvent aller chercher leur compte d'électricité et
comparer. Pour un mois, 600 kilowattheures, c'est la consommation minimale.
Maintenant, pour ces gens qui ont la consommation minimale, vous proposez
d'augmenter leur tarif de 11, 8% cette année ou l'année
prochaine, c'est-à-dire à partir du 1er janvier 1982. Ensuite,
vous sautez de 600 à 2000, dans les explications que j'ai eues, et pour
2000 kilowattheures, l'augmentation moyenne sera de 18, 2%, celle que vous
proposez. On a vu qu'avant d'arriver au palier de 1000 ou 2000, il y a un
palier important, celui entre 600 et 900. Vous dites que cela prend 300
kilowattheures par mois pour fournir l'énergie au chauffe-eau. Je
reprends la question du député de Saint-Maurice, c'est important.
J'ai bien
compris que, pour ces 300 kilowattheures supplémentaires,
l'augmentation va être très importante. Elle ne sera ni de 11, 8%,
ni de 18, 2%, mais elle va être, si je vous ai bien suivi, M. Finet,
d'environ 30% pour cette tranche de 300 kilowattheures, et qui est très
importante, parce que, comme vous l'avez indiqué, c'est la
dernière tranche avant qu'on passe au chauffage à
l'électricité. C'est bien ce que vous avez dit?
M. Finet: Oui. Je peux fournir une explication additionnelle.
M. de Belleval: J'ai compris votre explication tout à
l'heure. Je pense que vous aviez très bien indiqué que vous
demandez une contribution additionnelle à ces gens pour les fins de
conservation d'énergie, pour conserver une bonne relation entre le prix
de l'électricité pour le chauffe-eau, pour la fourniture
d'énergie du chauffe-eau par rapport à ce que cela pourrait
être si l'individu prenait un chauffe-eau au gaz ou un chauffe-eau au
mazout. J'ai bien compris que, quand même, cela fait une augmentation
d'environ 30% pour cette tranche, de 600 à 900. En moyenne,
évidemment, il faut prendre les 11, 8% des premiers 600 et ensuite les
30% ou le chiffre que vous nous confirmerez entre 600 et 900, et cela va faire
une augmentation moyenne de je ne sais pas trop combien - vous devez l'avoir
d'ailleurs sous la main - pour quelqu'un qui consomme 900 kilowattheures par
mois. Cela fait combien d'augmentation en moyenne?
M. Finet: La réponse précise à cette
dernière question est indiquée dans le rapport sur la
tarification. À 900 kilowattheures exactement, la facture passe de 27,
60 $ à 32, 70 $, pour une augmentation de 18, 5%. C'est la hausse
maximale qu'on peut retrouver pour les abonnés domestiques. Je ne
voudrais pas qu'on qarde l'impression qu'il y a des abonnés qui vont
subir des hausses de 38, 5%, comme je l'ai dit précédemment.
M. de Belleval: D'accord.
M. Finet: Ce qu'on fait exactement, c'est qu'il y a deux
éléments dans le tarif. Il y a une redevance d'abonnement, un
frais fixe qu'on exige de tous les abonnés qui est actuellement, en
1981, à 6 $ par mois, qui va passer à 6, 60 $ pour une hausse de
10%. Le prix des 600 premiers kilowattheures qui est à 0, 024 $ va
passer à 0, 027 $ pour une augmentation de 12, 5%. C'est la moyenne de
11, 8% qu'on mentionnait tout à l'heure.
Le prix des 900 premiers kilowattheures au complet était à
0, 024 $. Effectivement, entre 600 et 900 kilowattheures, le prix va passer de
0, 024 % à 0, 033 $. C'est là où arrive le pourcentage qui
paraît astronomique de 37, 5%, sauf que, compte tenu que les 600 premiers
kilowattheures et les redevances d'abonnement n'étant augmentés
respectivement que de 12, 5% et 10%, cette hausse très faible pour le
départ du tarif permet d'amoindrir l'effet de la modification
apportée, le fait de passer de 900 à 600 kilowattheures. La
hausse qu'on pourrait imaginer à 37, 5% n'est effectivement qu'un
maximum de 18, 5%. Cela ne peut pas dépasser 18, 5% pour 99% environ des
abonnés domestiques.
M. de Belleval: Je pense que c'est important. Je viens de saisir
un peu mieux. Si mon tarif de 600 à 900 kilowattheures auqmente au
niveau du kilowattheure de 37, 5%, ma facture n'auqmente pas de 37, 5%, mais,
selon les explications que vous venez de donner, de 18, 5%. Autrement dit vous
proposez une augmentation de 18, 5% l'an prochain à l'abonné
moyen ordinaire. C'est cela que je comprends.
M. Finet: À 900 kilowattheures, c'est exactement le point
où la hausse est à son maximum et elle est de 18, 5%.
M. de Belleval: En plus de cela, au-delà de 900
kilowattheures, il s'agit d'une famille qui utilise du chauffage
électrique ou qui utilise davantage d'appareils électriques,
quelque chose comme cela, ou qui gaspille de l'électricité en
laissant les lumières allumées dehors, n'est-ce pas?
M. Finet: C'est-à-dire que, lorsqu'on parle d'une moyenne,
il faut faire attention, c'est dangereux.
M. de Belleval: Oui.
M. Finet: II y a les deux côtés du chemin à
regarder aussi. S'il y a une famille de douze enfant, c'est possible que les
consommations soient plus fortes à ce moment-là.
M. de Belleval: Dans vos statistiques, combien y a-t-il
d'abonnés à 900 ou 1000 kilowattheures, en pourcentage, ou
pouvez-vous me donner la médiane de votre distribution d'abonnés?
À combien de kilowattheures se situe-t-elle?
M. Finet: Si vous avez guinze secondes, on vous donne
l'information.
M. de Belleval: La moyenne se situe à combien de
kilowattheures?
M. Finet: Si on prend la moyenne globale actuellement, en 1981,
comme il y a une forte proportion d'abonnés qui se chauffent à
l'électricité, la moyenne mensuelle est peut-être de
1150
kilowattheures.
M. de Belleval: La moyenne, 1150 kilowattheures. Mais si vous
nous donniez la médiane plutôt que la moyenne, est-ce que vous le
savez?
M. Finet: Malheureusement, M. de Belleval, nous n'avons pas
calculé la médiane. On pourra le faire et répondre plus
tard.
M. de Belleval: Quel serait aussi le pourcentage d'abonnés
à 1000 kilowattheures? Je pense qu'il serait important d'avoir ces
chiffres un peu plus tard pour essayer de situer le Québécois
moyen dans tout cela et, encore une fois, la personne à la maison, qui a
son compte d'électricité, pourrait essayer de se situer à
travers tout cela.
M. Finet: Oui, mais le meilleur exemple qu'on puisse donner pour
que l'abonné se situe, c'est celui de tout à l'heure sur le
tableau. On montrait que pour une facture de 30 $, l'augmentation était
de 10, 5%. J'ai dit qu'en bas de 30 $, c'est encore de cet ordre d'importance;
celui qui a une facture de 50 $ pour deux mois va avoir une augmentation de 14,
8%. Celui qui a une facture de l'ordre de 100 $ et 200 $ pour deux mois aura
une augmentation de l'ordre de 18%. C'est le meilleur portrait qui nous aide
à situer les abonnés à travers tout cela.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions,
monsieur?
M. de Belleval: Mais j'aimerais quand même que vous me les
fournissiez.
M. Finet: Oui, d'accord. M. le Président, j'ai la
réponse.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. Finet. J'aimerais que
vous la transmettiez, s'il vous plaît.
M. Finet: L'article 22 de la Loi sur l'Hydro-Québec dit
ceci quant à la société: Elle doit établir le tarif
applicable à chaque catégorie d'usagers suivant le coût
réel du service fourni à cette catégorie, en autant que
cela est pratique. Moi j'interprète "en autant que cela est pratique"
dans le sens qu'on ne peut pas, du jour au lendemain, faire vraiment des
perturbations inacceptables dans les factures des abonnés. C'est un
objectif qu'on doit vraiment essayer d'atteindre à long terme et lors de
chaque réaménagement tarifaire fait par le passé, de
même que celui de 1982, nous corrigeons graduellement ce
déséquilibre. Je le répète, ce n'est pas quelque
chose qu'on doive et qu'on puisse faire du jour au lendemain. C'est un objectif
à long terme. Question de stabilité, c'est important dans la
tarification.
M. de Belleval: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, sur la tarification.
M. Grégoire: Sur la tarification, M. le Président.
Je voudrais revenir au tableau de l'importance de la hausse des tarifs pour
l'usage domestique. Il y en a quelques-uns, M. le Président,
malgré tout, d'après ce tableau que vous avez montré, ce
n'est pas un nombre important, 0, 7%, qui vont connaître des hausses de
plus de 20%. Est-ce qu'on pourrait savoir quelle est la catégorie de
ceux qui vont connaître des hausses de plus de 20%?
M. Finet: M. le Président, j'ai expliqué tout
à l'heure que c'était pour des fins d'amélioration de
notre structure tarifaire en général et que ça couvrait
principalement deux types de consommateurs, dont les immeubles d'habitation.
Dans ce premier cas, nous essayons depuis quelques années de modifier
nos conditions de vente de sorte qu'on incite en autant que possible les
constructeurs à mettre un mesurage individuel par logement. Vous savez,
lorsque le mesurage est fait collectivement et que le locataire d'un logement
n'a pas conscience de ce que coûte l'électricité, il y a
souvent des abus dans la consommation de l'électricité puisque le
coût effectif pour le consommateur est nul. C'est compris dans son loyer.
Donc, dans le règlement tarifaire proposé pour 1982, nous
changeons les règles du jeu de sorte que, si l'abonné, le
constructeur, le propriétaire d'un immeuble d'habitation veut encore du
mesurage collectif pour l'ensemble, il devra être facturé au tarif
général.
Sauf que, dans le parc d'immeubles existants, il y en a qui sont
facturés à un tarif qu'on appelle multifamilial. C'est une
variante du tarif domestique où chaque élément du tarif,
la redevance, le nombre des kilowattheures dans la première tranche
étaient multipliés par le nombre de logements. C'était une
formule assez avantageuse qui a été vraiment populaire
auprès des constructeurs. Cette formule a des désavantages en ce
sens, encore une fois, que le locataire n'est pas conscient du prix de
l'électricité puisqu'il ne paie pas de facture et le
propriétaire d'immeuble n'a pas intérêt à essayer de
faire une gestion de la consommation, une gestion de sa demande puisque les
tarifs ne comportent pas d'éléments de puissance. Nous avons
modifié ces conditions, d'abord dans le but d'introduire un
élément de puissance pour que le propriétaire fasse
attention à la puissance qu'il appelle sur le réseau et aussi
pour éliminer graduellement cette application
du tarif dit multifamilial, où les éléments du
tarif étaient multipliés par le nombre de logements. C'est
vraiment un effort pour que tous les consommateurs d'électricité
à l'avenir reçoivent le même signal de ce qu'est le prix de
l'électricité qu'ils utilisent. C'est aussi pour que notre
tarification soit équitable à long terme c'est-à-dire que
tous les abonnés soient traités de la même façon.
J'ai dit précédemment qu'à l'avenir, à compter de
1982, ceux qui voudraient du mesurage unique pour tout un immeuble seraient
facturés au tarif général, mais ceux qui ont
profité par le passé d'un allégement par le tarif
multifamilial doivent nécessairement, dans un horizon moyen, rejoindre
ce tarif général. Nous avons pris certaines dispositions pour
rendre ce tarif multifamilial moins intéressant, pour l'abolir
graduellement. C'est ce qui fait que, nécessairement, pour cette
catégorie d'abonnés, nous sommes obligés d'avoir des
hausses un peu plus fortes que la moyenne.
Il y a aussi un autre groupe d'abonnés qui seront
touchés... (17 h 45)
M. Grégoire: Pour continuer sur celui-là, quand
vous parlez d'un abonné dans un immeuble de 50 logements, calculez-vous,
étant donné qu'il n'y a qu'une seule facture d'envoyée,
que c'est là un abonné ou 50 locataires? Est-ce un seul
abonné? Quand vous calculez, vous avez 3000 abonnés dans cette
catégorie, est-ce un abonné, celui qui reçoit la
facture?
M. Finet: C'est un abonné, c'est celui qui reçoit
la facture, le propriétaire.
M. Grégoire: Donc, cela peut être plus de 3000
familles?
M. Finet: Bien entendu.
M. Grégoire: Si vous calculez un immeuble de 50 logements
comme étant un abonné, cela peut être plus de 3000
abonnés. Ce sont 3000 personnes, 3000 familles, à ce
moment-là, qui se trouvent à subir des hausses de plus de
20%.
M. Finet: C'est-à-dire que cela peut être plusieurs
propriétaires d'immeubles d'habitation.
M. Grégoire: Cela fait 3000 propriétaires
d'immeubles d'habitation?
M. Finet: Oui, cela fait 3000 propriétaires d'immeubles
d'habitation.
M. Grégoire: Mais cela peut faire 100 000 ou 150 000
familles. S'il y a 3000 propriétaires, une moyenne de 40 ou 50 blocs,
cela fait, dans l'ensemble du Québec...
M. de Belleval: Immeubles, pas propriétaires.
M. Finet: Non, la moyenne de logements par immeuble est de neuf,
dans ce cas-là.
M. Grégoire: Dans ces cas-là? M. Finet: Oui,
la moyenne.
M. de Belleval: 27 000 familles ou individus.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions
sur la tarification, M. le député de Frontenac?
M. Finet: M. le Président, je m'excuse, je n'avais pas
terminé ma réponse.
Le Président (M. Laplante): Complétez-la, M.
Finet.
M. Finet: J'allais dire qu'il y avait un autre groupe
d'abonnés qui étaient touchés, mais très
légèrement, et ce sont les fermes. Dans le cas des fermes, la
hausse peut aller jusqu'à 20%, alors que j'ai dit
précédemment que, pour la majorité des abonnés, la
hausse maximale était de 18, 5%. Dans le cas des fermes, cela peut aller
jusqu'à 20% et, là encore, nous introduisons une prime de
puissance qui touchera environ 300 grosses fermes, dans les plus grosses. Par
le passé, nos pratiques en ce qui concerne les fermes étaient
difficilement applicables, car notre tarification imposait le tarif d'usage
général aux fermes qui s'étaient constituées en
corporation, sous forme de compagnie. Plusieurs fermes au Québec sont
incorporées à des fins fiscales, semble-t-il. À ce
moment-là, chaque fois qu'elles devenaient incorporées,
même si c'était la même famille ou le père avec son
fils qui obtenaient une incorporation, automatiquement, cela devait passer
à l'usage général. Or, c'est une condition qui, en
pratique, était difficilement applicable, parce qu'on ne pourrait,
à toutes fins utiles, déceler tous les cas qui se sont
incorporés et qui auraient dû passer au tarif d'usage
général. Donc, nous avons éliminé cette condition.
Cela veut dire que plusieurs des fermes qui sont actuellement au tarif
général vont revenir au tarif domestique. Par contre, à ce
moment-là, il est important qu'on retienne au tarif
général celles qui sont vraiment à caractère
industriel, je dirais. Les plus grosses fermes, celles qui sont vraiment
installées sur une base industrielle, seront touchées par
l'insertion de la prime de puissance dans le tarif domestique, mais il y en a
très peu, c'est de l'ordre de 300, et la hausse n'est pas plus forte
parce que, selon nos calculs, aucune d'elles ne sera haussée de plus de
20%.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député? M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais, sur un autre
aspect du dossier, poser des questions sur les énergies concurrentielles
et l'évolution des prix non pas du pétrole brut comme tel, mais
plutôt du mazout léger ou encore de l'huile à chauffage, le
mazout léger no 2, et voir comment se comparent la progression qui est
maintenant connue - parce que les coûts de ces énergies
concurrentielles sont vraiment connus pour au moins quelques années
à venir - et la hausse proposée en fonction de l'augmentation du
coût des énergies concurrentielles. Dans votre document de
référence, qui a été distribué ce matin
à tous les membres de la commission, il en est question.
Je voudrais d'abord savoir si, dans le chiffrier qui apparaît
à ce document, en fonction d'indices, ce calcul a été fait
à partir des accords Ottawa-Alberta sur le prix du pétrole et les
ententes quant au gaz ou si ç'a été fait avant.
M. Finet: M. le Président, effectivement, tout ce travail
pour la préparation de la hausse tarifaire a été fait bien
avant l'annonce de l'accord entre l'Alberta et le gouvernement
fédéral. À ce moment-là, nous avions une
prévision du prix de l'huile, pour 1982, de 1, 27 $ le gallon, ou 0, 28
$ le litre et, selon nous, à la suite de l'accord entre le gouvernement
fédéral et l'Alberta, ce prix est encore valable. D'après
nos consultations auprès du ministère, entre autres, il semble
qu'il soit même déjà un peu optimiste, dans le sens que
ça pourrait peut-être être un peu plus élevé.
La position concurrentielle que j'ai montrée, effectivement, soit le
prix de l'électricité égal à 86% du prix de
l'huile, pourra être encore meilleure, même si la prévision
de 1, 27 $ le gallon se révélait trop basse et si le prix
était encore plus élevé.
M. Duhaime: Je voudrais avoir une précision, si c'est
possible. Les chiffres que j'ai ici, si je prends comme référence
une hausse de 18% dans le coût de l'électricité, ce qui
nous référerait à peu près au tarif domestique,
2000 kilowattheures par mois et plus, jusqu'à 5000, par exemple, je
remarque qu'on passe de 0, 028 $ le kilowattheure à 0, 033 $ pour 1982,
dans votre proposition, ce qui nous donne les 18% dont on a parlé
tantôt. Par ailleurs, avec l'entente Ottawa-Alberta sur le pétrole
- je me réfère essentiellement au prix du mazout léger, le
no 2 - on était à 25, 1 cents le litre et on va passer, en 1982,
à 30, 4 cents, une augmentation de 21, 1%. En 1983, puisque ce prix est
connu, le litre de mazout léger no 2 va passer à 35, 9 cents, une
augmentation de 18, 1% pour l'année 1983. Le combiné cumulatif de
la hausse sur deux ans, 1982 et 1983, pour ce qui est du mazout léger,
serait de 43%. Je peux vous donner les chiffres pour les autres années.
À l'horizon de 1986, le prix de l'huile à chauffage pour un
consommateur domestique aura augmenté de 120%.
Si on revient à l'année 1982, on va essayer de comparer
les comparables, je retiens que les coûts du chauffage à
l'électricité domestique augmenteraient de 18%, que le chauffage
au mazout léger augmenterait de 21, 1%, si on va au gaz naturel, en
dollars par 1000 pieds cubes, on passe de 5, 19 $ en 1981 à 6, 27 $ en
1982; ce qui fait une augmentation de 20, 8%. Il est entendu que ces chiffres
ne tiennent compte d'aucune taxe de vente.
Je reviens là-dessus, M. le Président, parce que je crois
que c'est M. Finet.
Le Président (M. Laplante): M. Finet...
M. Duhaime: Vous avez mentionné que la hausse des
énergies concurrentielles était sensiblement la même ou
plutôt, vous avez employé la formule inverse, la hausse du prix
d'hydroélectricité est sensiblement la même que la hausse
du prix des énergies concurrentielles.
Je voudrais vérifier auprès de vous si on peut parler
plutôt d'un décalage d'à peu près 3%,
c'est-à-dire 21, 1% par rapport à 18% et 20, 8% par rapport
à 18%, qui serait en faveur de l'électricité.
M. Finet: M. le Président, la différence
fondamentale vient du fait que nos prévisions pour les prix du
pétrole ne sont pas nécessairement les mêmes. J'ai
mentionné que la hausse de 18% pour le prix de
l'électricité serait de l'ordre de celle qui était
prévue pour le prix de l'huile. C'est effectivement ce que nous avions
calculé selon nos prévisions. Je me rends compte que les
prévisions du ministre sont un peu plus fortes que les nôtres.
Selon les prévisions du ministre de l'Énergie, c'est vrai que
l'augmentation du prix de l'électricité pour le chauffage
à l'électricité serait peut-être moins forte que
celle du prix du pétrole.
M. Duhaime: En fait, M. le Président, je pense qu'il n'y a
pas de contradiction dans nos chiffres, on a pu les concilier au
ministère. Les chiffres que je viens de mentionner tiennent compte de
l'entente intervenue entre Ottawa et Edmonton, alors que les vôtres, qui
sont contenus dans le graphique qui a été déposé
dans le document de référence, ne tiennent pas compte de
l'entente entre Ottawa et l'Alberta guant au prix du pétrole et du gaz.
C'est ce qui expliquerait la différence.
M. Finet; C'est ce qui explique la différence, M. le
Président. D'ailleurs, dans le mémoire que nous avons transmis au
ministre, nous disons dès le départ que cela ne tient pas compte
de l'entente, qui était très récente à ce moment
là, entre l'Alberta et le gouvernement fédéral.
Le Président (M. Laplante): Sur ce...
M. Duhaime: C'est ce que je voulais faire préciser, M. le
Président, je vous remercie; je vois que l'aiguille nous conduit
à peu près à 18 heures et, avant de proposer la
suspension, j'indique que nous poursuivrons nos travaux ce soir à
compter de 20 heures.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise de la séance à 20 h 04)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission de l'énergie et des ressources qui a pour mandat
d'étudier les propositions tarifaires d'Hydro-Québec.
Lorsque nous avons quitté à 18 heures, nous en
étions à l'étude tarifaire. Maintenant, est-ce qu'il y a
d'autres députés qui auraient des questions à poser sur
les tarifs proposés par Hydro-Québec? Sinon, M. le ministre des
Finances, vous aviez un autre programme...
M. de Belleval: Justement, j'avais posé une couple de
questions et je pense que les gens d'Hydro-Québec ont la réponse
à ces guestions, à savoir combien il y a
d"'Hydro-québécois" typiques qui consomment entre 600 et 900
kilowattheures?
Le Président (M. Laplante): Je me souviens très
bien de vos questions, M. le député de Charlesbourg. M. Finet,
est-ce que vous seriez prêt à répondre aux questions du
député de Charlesbourg?
M. Finet: Oui, M. le Président. Si vous le voulez,
cependant, je vais vous donner l'évaluation de ces chiffres pour
l'année 1982 puisqu'on parle de 1982, c'est plus pertinent, j'imagine,
de les produire pour 1982. C'est une approximation cependant très
réaliste que je pourrai confirmer par la suite au ministère de
l'Énergie, si vous le voulez.
Alors, les points que l'on m'a demandés, c'étaient 750
kilowattheures. En 1982, on prévoit qu'il y aura 45% des abonnés
qui auront une consommation moindre que cette limite. A 900 kilowattheures,
j'ai 54, 2% des abonnements et à 1000 j'en ai 59, 5%. La médiane
se situerait tout près de 850 kilowattheures, et encore une fois, je me
répète, je préciserai ces chiffres par écrit au
ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. de Belleval: Autrement dit, M. le président, pour
l"'Hydro-québécois" typigue qui ne se chauffe pas à,
l'électricité, la hausse demandée par Hydro-Québec
pour 25% d'entre eux est d'environ 11% et pour environ 35% d'entre eux, enfin,
les 60% qui consomment moins de 900 kilowattheures, l'augmentation est
d'environ 18, 5% si c'est bien ce que je comprends.
M. Finet: C'est cela, et c'est également une augmentation
maximale de 18, 5%.
M. de Belleval: 18, 5%.
Le Président (M. Laplante): Cela répond à
vos guestions, M. le député de Charlesbourg?
M. de Belleval: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre des Finances,
sur la deuxième partie.
M. Parizeau: M. le Président, le deuxième
exposé que nous avons entendu, cet après-midi, avait trait
à la situation financière d'Hydro-Québec telle qu'elle
apparaît actuellement et telle qu'elle pourrait se développer en
1982. C'est évidemment une donnée essentielle de la question que
nous avons abordée à cette commission; il faut faire en sorte que
les tarifs qui s'appliguent à Hydro-Québec lui donnent, sur le
plan financier, ce qu'il faut pour être capable de fonctionner
correctement.
C'est un sujet assez distinct de celui qui a été
examiné à la fin de l'après-midi, c'est-à-dire que
là, on ne s'intéresse plus tellement à la structure des
tarifs, mais essentiellement à la question suivante: les tarifs
augmentent-ils assez rapidement pour que la structure financière
d'Hydro-Québec soit dans une situation correcte et acceptable?
J'aimerais poser un certain nombre de guestions; je vais les adresser
à M. Bourbeau, mais il voudra peut-être - ce sera à lui
à déterminer ça - en passer certaines à M. Bolduc
ou à M. Lafond, le cas échéant. Cela va de soi qu'il
répartira les questions comme il l'entend, car elles sont quand
même assez nombreuses, j'indique ça à l'avance.
Pourrait-on d'abord examiner l'année 1981, c'est-à-dire
celle que nous connaissons actuellement? Nos amis d'en face - qui ne sont pas
là, malheureusement - nous ont fait, ce matin, un spectacle autour de
ces taxes que nous voulons qu'Hydro-Québec paie comme n'importe quelle
entreprise et au
sujet de ces dividendes que nous demanderons à
Hydro-Québec de payer comme toute entreprise. Mais supposons un instant
que, pour l'année 1981, il n'y ait pas de taxe sur le capital et qu'il
n'y ait pas de dividendes à payer, je comprends, sauf erreur, que les
profits - le revenu net, en somme - d'Hydro-Québec seraient un peu
inférieurs à 620 000 000 $, 617 000 000 $ ou 618 000 000 $ ou
quelque chose comme ça, si je ne me trompe pas. C'est bien de ça
qu'il s'agit?
M. Bourbeau (Joseph): 618 000 000 $ est exact, M. Parizeau.
M. Parizeau: C'est exact. Ce montant de profits
d'Hydro-Québec, en 1981, est assez nettement inférieur à
celui de 1980 qui était à 746 000 000 $ et même à
celui de 1979 qui était à 746 000 000 $ aussi. En fait, en 1981,
Hydro-Québec, à supposer qu'il n'y ait aucune taxe nouvelle
applicable à elle, taxe sur le capital, néanmoins ferait à
peu près 130 000 000 $ de moins de profits que l'an dernier et l'autre
année avant, ce qui est une chute importante. C'est quand même
majeur.
L'explication vient de ce que, en 1981, l'augmentation de tarifs qui
avait été décrétée il y a déjà
passablement longtemps, puisque nous avions annoncé trois hausses de
tarifs, n'a été que de 10, 6%. 10, 6%, pour 1981, cela peut
paraître quand même considérable, mais c'est peu de chose ou
relativement peu de chose par rapport aux années antérieures. Je
vous rappelle qu'en 1978, les tarifs d'Hydro-Québec avaient
augmenté de 18, 7% en moyenne; en 1979, de 13, 7%; en 1980, de 13, 3%
et, en 1981, de 10, 6%, j'allais dire seulement. La combinaison d'une
augmentation de tarifs plus basse que dans les années
précédentes, plus faible, avec une chute de la demande,
c'est-à-dire une réduction dans le taux d'accroissement de la
demande prévue, a fait que les profits d'Hydro-Québec sont
tombés, hors taxe, de façon importante.
Est-ce que je me trompe en disant qu'en 1981, pour maintenir le montant
de profits d'Hydro-Québec autour de 746 000 000 $ comme l'an dernier et
l'autre année avant, il aurait fallu, en 1981, non pas 10, 6%
d'augmentation de tarifs, mais autour de 15%?
Le Président (M. Laplante): M. Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, je voudrais vous
présenter M. Georges Lafond, vice-président, Finances à
HydroQuébec.
Le Président (M. Laplante): M. Lafond.
M. Lafond (Georges): M. le Président, nous
vérifions actuellement le calcul mathématique pour donner
l'assurance que 4, 4% serait le montant qui aurait ramené les profits ou
le surplus...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez parler un peu
plus fort, M. Lafond, s'il vous plaît, ou avancer votre micro.
M. Lafond: Nous aurons la réponse à cette question
bientôt.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Parizeau: Je reviens sur les tests de sensibilité que
M. Bolduc nous présentait cet après-midi. J'ai l'impression que
cela risque de tourner autour de ça, mais ce que je veux dire c'est
ceci: En somme, quand nos amis d'en face, ce matin, nous faisaient un spectacle
pour essayer de nous faire croire qu'Hydro-Québec, sans taxes et sans
dividendes, pourrait se contenter de 8, 5% d'augmentation de tarifs, ils
étaient dans une erreur noire.
En fait, le problème majeur sur le plan de la rentabilité
d'Hydro-Québec en 1981, c'est qu'avec 10, 9% d'augmentation dans les
tarifs néanmoins ses profits ont baissé de 130 000 000 $. Donc,
ce dont nous discutons, si je comprends bien, pour 1982, c'est un taux
d'augmentation dans les tarifs qui soit compatible avec la remise à flot
du niveau de profits d'Hydro-Québec, qui soit au moins compatible avec
celui qu'on a connu au cours des deux dernières années.
Si, en 1981, ça prend autour de 15% pour maintenir le niveau des
profits et qu'Hydro-Québec ne l'a pas eu, il ne faut pas
s'étonner qu'en 1982 elle demande le rattrapage.
Est-ce que je me trompe, M. Bourbeau, en supposant qu'en 1982 il y a,
à cet égard, dans la proposition de 16, 3% une forme de
rattrapage? (20 h 15)
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, de fait, en 1982,
la hausse des tarifs d'Hydro-Québec à 16, 3% est une hausse qui
cherche à rattraper les bénéfices escomptés
d'Hydro-Québec qui ne se sont pas présentés lors de
l'année 1981 parce que notre hausse de tarifs avait été
trop basse à 10, 6%. C'est un rattrapage que nous essayons de faire.
De fait, Hydro-Québec a un manque à gagner actuellement
d'au-delà de 600 000 000 $ parce que notre hausse de tarif, en 1981, a
été de 10, 6% pour les trois ans que nous avons eus.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre des
Finances.
M. Bourbeau (Joseph): M. Lafond va continuer la
réponse.
M. Lafond: II est exact que, mathématiquement, au cours de
l'année 1981, si les tarifs avaient été supérieurs
de 4, 4% à ce qu'ils ont effectivement été, à
savoir 10, 3%, les revenus nets ou l'excédent des revenus sur les
dépenses d'Hydro-Québec aurait été maintenu
à environ 750 000 000 $, comme au cours des deux années
précédentes.
On pourrait dire rapidement qu'il n'y a pas que le fait que le tarif a
été plus bas que l'année précédente, il y a
aussi le fait qu'au cours de 1981, encore une fois, des unités de la
centrale LG-2 ont été mises en service, de là augmentation
des dépenses d'immobilisations au cours de l'année et transfert
des intérêts autrement imputés aux travaux en cours qui
sont maintenant portés à l'exploitation.
Pour commenter davantage la remarque du président du conseil
concernant l'évolution des trois dernières années, les
tarifs qui avaient été demandés ou consentis à ce
moment-là pour les années 1979, 1980 et 1981 ont
été de 13, 9%, 13, 3% et 10, 6%, effectivement.
Évidemment, il s'agit de projections. Ils étaient fondés
sur des projections à plus long terme, un peu comme celles que nous
utilisons pour l'année 1982. Ces projections sont faites au meilleur de
notre connaissance ou au meilleur de nos projections au moment où nous
les établissons, compte tenu de l'environnement financier,
économique et fiscal.
Au moment de la demande tarifaire de 1978, nous escomptions des revenus
nets, pour l'année 1979, de 822 000 000 $, pour l'année 1980, de
952 000 000 $, et pour l'année 1981, de 977 000 000 $. En cours de
route, d'une part, l'inflation a été supérieure à
ce que nous avions prévu. D'autre part; il y a eu aussi des
dépenses d'exploitation supérieures à ce que nous avions
prévu. Les taux d'intérêt ont aussi augmenté en
flèche. Et les ventes excédentaires ont été
inférieures à ce que nous avions prévu. Alors, la
combinaison de ces facteurs a entraîné des revenus nets de 746 000
000 $ en 1979, de 746 00 000 $ en 1980 et nous avons indiqué ce matin
que, pour l'année 1981, cela devrait, si nous avons l'heure juste encore
une fois, se situer au niveau des 581 000 000 $. Les 679 000 000 $
d'écart auxquels M. Bourbeau, le président du conseil, a fait
allusion représentent l'écart cumulatif entre nos
prévisions de 1978 et celles qu'on peut faire aujourd'hui deux
années et demie plus tard.
Les 679 000 000 $ peuvent être décomposés: quant
à la baisse des revenus, 139 000 000 $ environ; l'écart des
dépenses d'exploitation, une majoration de 317 000 000 $; l'écart
des dépenses nettes d'intérêts, donc, une augmentation des
charges financières de 222 000 000 $.
Pour donner un tableau plus complet ou plus précis, je
souliqnerais que le montant de 317 000 000 $ d'écart des dépenses
d'exploitation inclut des sommes d'environ 70 000 000 $, 69 000 000 $, qui ont
résulté d'un changement du régime fiscal auquel
Hydro-Québec était soumise au moment de la réforme de la
fiscalité municipale. Il y a aussi, dans le montant de 679 000 000 $,
une prévision de 43 000 000 $ pour la taxe sur le capital, qui
augmentera les dépenses d'exploitation au cours de l'année
1981.
Évidemment, il y a des avantages à opter pour une formule
de trois ans par rapport à une formule d'un an. Il y a aussi des
désavantages et Hydro-Québec a opté cette année
pour un an, en comparant les inconvénients et les avantages, et c'est la
recommandation d'aujourd'hui.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je remercie M. Lafond de ces
éclaircissements et j'en tire la conclusion suivante. Si cette
conclusion semblait discutable, j'aimerais qu'on me le fasse noter. Advenant
qu'il n'y ait pas du tout de loi 16, donc, qu'il n'y ait aucune taxe sur le
capital à payer comme dans le cas des entreprises en
général et qu'il n'y ait pas de dividendes à payer, de
toute façon, pour 1982, Hydro-Québec aurait demandé une
augmentation de tarifs certainement supérieure à celle de 1981,
soit 10, 6% et vraisemblablement supérieure aussi à celle de
1980, soit 13, 3% et à celle de 1979, soit 13, 7%. Est-ce que je me
trompe en tirant cette conclusion?
M. Lafond: Les critères et les objectifs visés par
la dernière demande de hausse tarifaire d'Hydro-Québec ont
été clairement illustrés et expliqués cet
après-midi. Cet exercice terminé, il y a eu un effort
sérieux pour mesurer le degré de ce qu'on a appelé la
faisabilité financière de nos projections pour l'année
1982.
M. le Président, il serait peut-être difficile de
concentrer l'attention sur une année en particulier et de
découper dans une évolution de trois, guatre, cinq ou six ans
l'année 1982 comme telle, sans examiner un peu le chemin parcouru et les
méthodologies ou les principes qui nous ont guidés dans le
passé. Comme M. Boyd, le président d'Hydro-Québec, l'a
indiqué ce matin, jusqu'à l'avant-dernière demande de
hausse tarifaire, le critère important qui dictait les demandes de
révision tarifaire était surtout les ratios financiers,
c'est-à-dire 1, 25 et aussi ce qu'on voulait protéger et assurer,
le rapport dette-équité, 25-75.
Au moment de la dernière demande de révision tarifaire
pour les trois années 1979, 1980 et 1981, il nous est apparu plus
prudent, comme l'a signalé M. Boyd,
d'arrêter nos considérations autour des sommes qu'il nous
apparaissait souhaitable d'emprunter. On avait indiqué à ce
moment-là un maximum de 2 000 000 000 $ par année pour les
années 1979, 1980 et 1981, allant en augmentant par la suite.
À cause des écarts qui se sont produits entre nos
projections et la réalité - on a mentionné un trou de 679
000 000 $ -évidemment, les volumes d'emprunts réalisés par
Hydro-Québec ont été supérieurs aux sommes que nous
avions considéré souhaitable de ne pas dépasser. À
l'occasion de la présente demande de hausse tarifaire, l'exercice a
été un peu différent; plutôt que de s'accrocher au
scénario antérieur, qui nous aurait indiqué 2 200 000 000
$ comme maximum d'emprunt pour l'année 1982 et 2 400 000 000 $ pour
l'année suivante, nous avons choisi d'essayer d'évaluer le
montant maximal qu'il serait possible d'aller chercher sur les marchés
financiers. Après différentes études et consultations,
nous en sommes arrivés à ce chiffre, qui peut avoir l'air magique
et tiré d'un chapeau, de 2 500 000 000 $. C'est ce que le
trésorier, Pierre Bolduc, à la fin de son exposé, a
tenté d'expliquer.
Pour 1982, nous disons: Ne dépassons pas 2 500 000 000 $. Nous
allons vraiment au bout de ce qu'il est raisonnable d'espérer pouvoir
obtenir dans des conditions qui voudraient garantir à la dette
d'Hydro-Québec une certaine santé et qualité. Si nous
avions voulu utiliser les paramètres antérieurs, il est
évident qu'il aurait été nécessaire de demander une
hausse tarifaire supérieure à celle qui a été
présentée, mais je pense qu'assez de temps a été
consacré ce matin à expliquer la difficulté de concilier
des objectifs parfois irréconciliables ou divergents,
c'est-à-dire, en même temps, essayer de garder à
Hydro-Québec une qualité d'état financier qui va lui
donner une place sur les marchés financiers et essayer de ponctuer et de
ménager le plus possible la bourse des abonnés
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je souhaiterais, maintenant
que nous avons eu ces éclaircissements, passer à ce qui a
été le casus belli de l'avant-midi, c'est-à-dire la page
40 du mémoire d'Hydro-Québec. Dans cette page 40, appelée
à devenir célèbre, je voudrais citer le dernier paragraphe
qui se lit ainsi: "En conséquence, les sorties de fonds
incorporées au scénario financier au titre du projet de loi no 16
s'élèvent à 198 700 000 $ et se décomposent comme
suit. "
On va constater, dans le petit tableau qui suit, qu'Hydro-Québec
fait payer au cours de l'année 1982 plusieurs choses comme besoin de
fonds. D'abord, la taxe sur le capital de l'année 1981, au complet;
ensuite, la taxe sur le capital de l'année 1982, au complet; ensuite, le
dividende - Est-ce que je dois dire le dividende appréhendé? Je
ne sais pas - pour l'année 1981, 28 000 000 $. Plus les versements
provisionnels de 1982, toujours comme dividendes, de 28 000 000 $.
Effectivement, j'admets que l'addition donne 198 700 000 $. Quand je suis
tombé là-dessus, je me suis demandé pourquoi, grand Dieu,
est-ce que l'année 1981 et 1982, à la fois pour la taxe sur le
capital et pour le dividende, devraient être payables en une seule
année? J'ai essayé de décomposer la logique de ça,
et j'en suis à un certain nombre d'hypothèses que j'aimerais
pouvoir vérifier avec les représentants d'Hydro-Québec.
(20 h 30)
Je reconnais que, sur le plan de la taxe sur le capital, comme c'est la
première fois qu'Hydro-Québec va la payer - toutes les
entreprises du Québec ont l'habitude de ça -il peut y avoir des
problèmes d'ajustement quant à l'interprétation de la Loi
sur les impôts. Sauf erreur, la taxe sur le capital payable en 1981, d'un
montant de 43 000 000 $, la loi de l'impôt permet à toute
compagnie ou à toute société de la payer, quand c'est la
première fois, dans les soixante jours qui suivent la fin de
l'année financière. L'année financière
d'Hydro-Québec, c'est du 1er janvier au 31 décembre 1981, et elle
a le droit de la payer en janvier ou en février 1982. C'est ce que dit
la loi. Alors, Hydro-Québec décide de profiter des largesses de
la loi et de la payer en 1982, je la comprends. Étant donné les
taux d'intérêt qu'il y a à notre époque, il vaut
quand même mieux payer ses impôts tard que tôt. Tout le monde
sait ça. La décision qui est prise par Hydro-Québec, c'est
de payer le plus tard possible, compte tenu des dispositions de la loi, ce qui
est parfaitement raisonnable. Elle se conduit à cet égard comme
tout contribuable intelligent.
Ce que je comprends moins, c'est pourquoi on impute cependant à
l'année 1982 toute la taxe payable, enfin, toute la taxe
impliquée à l'année 1982. Qu'est-ce que dit la loi? La loi
dit qu'au cours de la deuxième année, on peut payer seulement
à partir du troisième mois 10% par mois de l'impôt
payé l'année précédente. Cela devrait amener
Hydro-Québec, pour sa taxe imputable à l'année 1982,
à n'en payer, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1982,
qu'environ 40 000 000 $, et à reporter tout le reste, ce n'est pas de la
tarte, 58 000 000 $, à l'année suivante, en 1983, si on suit le
principe qu'on a suivi pour l'année 1981. Si l'idée
d'Hydro-Québec est de sauver le plus d'intérêts possible,
il y a les 53 000 000 $ de la taxe sur le capital de l'année 1982
qui
devraient être payés au début de l'année
1983. Si le principe d'économiser de l'intérêt aux
dépens de l'État, comme tout bon contribuable, s'appliquait en
1981, le même principe devrait s'appliquer en 1982. Or, ce n'est pas
ça qu'on fait. On a deux principes contradictoires: pour 1981, on le
paiera le plus tard possible et, pour 1982, on le paiera le plus tôt
possible. Évidemment, cela fait au total un montant de 150 000 000 $.
Mais, est-ce qu'il était nécessaire de procéder comme
cela? Première question.
M. Bourbeau (Joseph): M. Lafond, M. Lafond va répondre.
Est-ce que vous avez d'autres questions sur ce tableau, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le ministre, sur le même tableau?
M. Parizeau: Oui, j'y reviendrai aux dividendes qui
représentent un principe différent.
M. Lafond: Est-ce que vous voulez parler tout de suite du
dividende pour qu'on puisse...
M. Parizeau: Non un point à la fois.
M. Lafond: Un point à la fois. D'accord. Alors, M. le
ministre, je crois qu'on s'entend sur la première ligne,
c'est-à-dire la taxe sur le capital de l'année 1981.
M. Parizeau: Pardon?
M. Lafond: Je crois que nous sommes d'accord sur le traitement
qui a été donné par Hydro-Québec concernant la
première ligne, c'est-à-dire la taxe sur le capital de 1981.
M. Parizeau: J'aurais fait la même chose.
M. Lafond: Pardon?
M. Parizeau: J'aurais fait la même chose.
M. Lafond: II y avait dans notre esprit une autre
considération, une autre considération a été
envisagée, il va sans dire, mais compte tenu du fait que la loi 16 n'est
pas tout à fait adoptée, qu'elle sera adoptée
peut-être en octobre, novembre ou décembre, il reste que le mode
auquel nous serons assujettis quant aux paiements provisionnels nous a
porté à croire que c'est surtout au cours de l'année 1982
que ce paiement sera effectué. Alors, il n'y a pas de difficulté
avec la première ligne.
D'autre part, quant à la deuxième ligne, taxe sur le
capital de 1982, M. le Président, j'aimerais dire qu'au sujet de la
deuxième ligne, ceci illustre un peu, peut-être pas une erreur de
parcours, mais des problèmes de parcours. Nous avons dit, dans plusieurs
milieux, que nous avions à nous ajuster et à nous adapter au
nouveau régime qui allait être appliqué à
Hydro-Québec. Comme M. Parizeau l'a souliqné, Hydro-Québec
n'a pas tellement l'habitude de payer ce genre de taxe et nous n'avons pas
encore de fiscalistes à Hydro-Québec spécialisés
dans ce domaine. Alors, pour nous aider, nous avons consulté des gens du
ministère des Finances, d'une part, et nos prévisions
reflètent en grande partie les informations qui nous ont
été données. Cependant, je reconnais que ces consultations
se sont faites sur une base de discussion très amicale et
sincère. On nous a même indiqué, M. le Président,
qu'il était possible que, pour la deuxième année,
c'est-à-dire l'année 1982, étant donné qu'au cours,
de l'année 1981, Hydro-Québec aurait été soumise
à la taxe sur le capital durant seulement une période de six mois
commençant le 1er juillet, il était possible que, pour
l'établissement des paiements provisionnels, on suggère, on
conseille, on considère qu'Hydro-Québec doive faire ses paiements
comme si, au cours de l'année 1981, le plein montant de la taxe avait
été appliqué, évidemment pour les mêmes
considérations que celles auxquelles le ministre faisait allusion
tantôt; c'est une question de déplacement d'argent.
Je reconnais cependant qu'il eût été
préférable de vérifier davantage les hypothèses et
de demander peut-être des confirmations écrites, mais il semble,
nous en avons été informés ce midi seulement, que le
montant de 98 700 000 $ se décomposerait en deux, dont une somme de 43
000 000 $ devrait être versée au cours de l'année 1982 au
chapitre de la taxe sur le capital 1982 et que la différence entre 98
700 000 $ et 43 200 000 $ sera versée au cours l'année 1983. Je
répète: Ce sera dans les 59 jours qui suivront la fin de
l'année 1982 c'est-à-dire avant le 28 février.
Tout ce que nous pouvons dire, ce soir, demeure sujet - nous obtiendrons
dorénavant des confirmations bien précises - au traitement auquel
sera assujetti Hydro-Québec pour respecter les modalités de
paiements provisionnels qui s'appliquent à la taxe sur le capital.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, j'aurais quelques
commentaires à apporter ici, et peut-être une question à
poser pour terminer.
Pour 1981, il est très important de comprendre que la taxe sur le
capital n'est pas payable en 1982 - au choix d'Hydro-
Québec, si elle décide de faire cela, et encore une fois,
je la comprends, car je ferais la même chose - parce que la loi 16 n'est
pas passée, mais parce que - comme dirait la Cour Suprême - les
conventions prévoient cela.
Quand j'annonce, un soir de budget, que la taxe sur les vêtements
va être supprimée à partir de minuit; elle l'est à
partir de minuit. Si la loi ne passait pas à l'Assemblée
nationale, théoriquement et même en pratique, je suppose, j'aurais
à imposer tous ceux qui ont acheté des vêtements pendant la
période intercalaire. Ce serait malaisé, je le reconnais; mais
enfin, théoriquement, cela pourrait être le cas. Grâce au
ciel, quand on a enlevé la taxe sur les vêtements, cela ne s'est
pas posé, l'Assemblée nationale a eu le bon goût de
reconnaître que la loi avait du bon sens.
Quand j'impose une taxe sur le capital à l'occasion du discours
sur le budget comme étant l'expression de la politique du gouvernement,
elle est payable à partir de ce moment-là. Supposons que la loi
16 ne soit pas acceptée par l'Assemblée nationale, j'aurais
à rembourser Hydro-Québec. Mais les conventions de notre
système politique comme dirait la Cour suprême - sont telles que
la taxe est, conformément au mode de paiement prévu par la loi,
exigible à partir du lendemain matin. Donc, il n'est pas
nécessaire pour Hydro-Québec de dire: Je vais attendre la loi 16
pour savoir si je dois payer cela en 1982. Toutes les entreprises ont vu leurs
taxes sur le capital monter au dernier budget. Toutes les entreprises ont
à payer le nouveau taux tant que la loi n'est pas passée.
Hydro-Québec a à payer la taxe sur le capital jusqu'à ce
que la loi 16 arrive au Parlement.
Advenant que l'Assemblée nationale refuse la loi 16, je vous
rembourserai ce que vous m'avez payé; mais c'est ainsi que fonctionnent
nos conventions.
Quant à la taxe sur le capital de 1982, je note avec plaisir que
55 700 000 $ seront déplacés sur l'année 1983. J'en suis
ravi parce que cela indiquera qu'effectivement Hydro-Québec ne
gaspillera pas des intérêts à payer.
M. Lafond dit: évidemment, ça devra être
payé en 1983, dans les deux premiers mois. Sans doute, mais j'imagine
qu'en 1983 il y aura des hausses de tarifs d'électricité à
partir du 1er janvier. C'est une autre année, 1983, c'est une nouvelle
hausse. J'imagine que personne ne s'imagine, au Québec, que les tarifs
d'électricité n'augmenteront pas en 1983; tout augmente le
beurre, etc., il est normal que l'électricité augmente aussi en
1983.
Il faut donc faire passer 56 000 000 $, du tableau de la page 40, dans
une autre année.
Quant au mode de paiement, ici, M. le Président, je
suggérerais à Hydro-Québec de ne pas trop transiger ces
choses avec les fonctionnaires du ministère des Finances, pour la raison
suivante. C'est qu'il s'agit de lois, quant à la perception, et ces lois
sont administrées par le ministère du Revenu. Le ministère
du Revenu va indiquer comment ça se perçoit. Le ministère
des Finances propose et, dans la mesure où le Conseil des ministres
accepte, il présente à l'Assemblée nationale les
changements dans les impôts; mais le mode de perception, les lois de
perception sont administrés par le ministère du Revenu. Je suis
persuadé que le ministère du Revenu indiquera clairement comment
ça se fait en fonction des lois existantes.
Mais on s'entend bien qu'il y a 56 000 000 $ du total qui sont à
déplacer en 1983 et que ça maintient la cohérence
d'Hydro-Québec qui, comme n'importe quel contribuable, ne va pas
absorber des intérêts à la place du gouvernement - 55 700
000 $ exactement, c'est ça?
Passons maintenant aux dividendes. Là, il s'est passé deux
choses, c'est-à-dire qu'il y a deux choses qui sont incluses dans la
colonne. L'évaluation d'Hydro-Québec, quant aux dividendes qui
seraient à payer en 1981, est évidemment très
inférieure à ce qu'on avait pensé qui pourrait
apparaître. On a pensé à un dividende qui serait largement
supérieur à une centaine de millions; en fait, ce n'est pas
ça du tout qui va se produire, ça va être quelque chose
comme 28 000 000 $, nous dit Hydro-Québec, pour 1981, payables - dit la
loi 16, dans l'hypothèse où elle serait acceptée par
l'Assemblée nationale - au début de 1982. On ferme les livres de
1981, on voit le dividende à payer et ce dividende est payable en 1982.
C'est ce que le projet de loi dit. Dans la mesure où Hydro-Québec
dit: Je pense que ça va donner, au bout de l'année - parce qu'il
y a une chute de la demande, parce que les taux d'intérêt sont
plus élevés que prévu, pour toutes espèces de
raisons qui sont parfaitement compréhensibles - un dividende de 28 000
000 $, ces 28 000 000 $ sont payables en 1982.
(20 h 45)
Mais, dans la même colonne - toujours à la page 40 - on
ajoute 28 000 000 $ pour des versements provisionnels sur le dividende payable
en 1983, sur la base des résultats de 1982. Là, je m'interroge un
peu sur la justification de mettre ce montant dans la colonne qu'on nous a
présentée à la page 40 pour la raison suivante. À
l'article 15. 7 du projet de loi no 16, il est indiqué ceci: "La
société effectue, à la demande du gouvernement, des
versements provisionnels dont le total ne doit pas excéder le moindre
des montants suivants... " Je ne sache pas, M. le Président, que le
gouvernement, comme le dit le projet de loi, ait demandé des
versements provisionnels pour l'année 1982. D'abord, la loi n'est
pas adoptée, comme le faisaient remarquer nos amis d'en face qui ne sont
pas là. J'admets que cela serait quand même un peu fort que,
devant une loi non adoptée, un gouvernement demande des versements
provisionnels pour l'année prochaine.
Dans ce sens, je me demande comment les gens d'Hydro-Québec, les
représentants d'Hydro-Québec, réagiraient si je leur
suggérais de sortir les 28 000 000 $ de la colonne, en plus des 55 700
000 $ qu'on a sortis tout à l'heure.
Le Président (M. Laplante): M. Lafond.
M. Bourbeau (Joseph): M. Lafond, s'il vous plaît!
M. Lafond: M. le Président, nous avons, dans cette optique
d'établissement de flux financiers d'Hydro-Québec, essayé
d'établir au minimum ce qu'auraient pu représenter les transferts
de fonds sous forme de paiements de dividendes ou de taxes sur le capital. Il
est évident qu'au chapitre des dividendes, selon l'article 15. 7, le
gouvernement ne peut pas présentement faire des demandes de transferts
provisionnels, l'article 15. 7 n'étant pas en vigueur. Mais, encore
là, c'est dans un contexte de travail, d'échanges d'idées
- il y a eu beaucoup de collaboration entre les officiers, la
vice-présidence aux finances et l'équipe gouvernementale - que
nous avons compris que, vraisemblablement, les paiements provisionnels
s'appliqueraient dès que possible tant aux dividendes qu'à la
taxe sur le capital. D'une part, la taxe sur le capital, c'est prévu aux
dividendes. Cela reste au chapitre des dividendes, cela reste à la
discrétion gouvernementale. Nous avons essayé de faire en sorte
que notre pro forma soit le plus réaliste possible.
M. Parizeau: M. le Président.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, M. Boyd.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. Boyd.
M. Boyd: M. le Président, j'aimerais à mon tour, si
cela est permis, poser une question au ministre des Finances. Supposons que la
loi soit adoptée avant la fin de l'année, la clause qui
prévoit des versements provisionnels est certainement là pour
quelque chose. Est-ce qu'on pourrait demander au ministre des Finances s'il a
l'intention de demander des versements provisionnels? Hydro-Québec a
pensé qu'il en serait question et c'est pourquoi on en vient à un
montant minimal qui pourrait être demandé par le ministre des
Finances au cours de l'année 1982 comme paiement provisionnel. La clause
n'a certainement pas été mise là pour rien.
M. Parizeau: Oh! M. le Président, je pense que M. Boyd
peut être tout à fait serein quant au paiement provisionnel pour
1982. Les montants dont il s'agit, au plan des dividendes, ne sont vraiment pas
suffisamment importants pour qu'on demande des paiements provisionnels. Pas
maintenant. La raison pour laquelle cette clause apparaît dans la loi,
c'est que dans quelques années, à supposer des augmentations de
tarifs du même genre que l'inflation, par exemple, avec un petit
ajustement dans la mesure où le prix du pétrole monte assez
rapidement, dans la mesure où Hydro-Québec s'en irait vers des
profits nets de 2 000 000 000 $, il est évident que, dans quelques
années, le dividende serait bien plus considérable que celui
qu'on envisage cette année ou l'année prochaine et qu'à ce
moment-là, comment dire, des paiements provisionnels auraient un sens.
Vous comprenez qu'on ne peut pas demander des paiements provisionnels pour 28
000 000 $...
M. Boyd: Si je comprends bien, M. le Président, la
réponse du ministre, qui sera au procès-verbal, c'est qu'il ne
nous en demandera pas. À ce moment-là, je serais d'accord qu'on
l'enlève de la colonne.
M. Parizeau: M. le Président, j'en prends l'engagement.
Comme, de toute façon, je n'avais pas mis ça dans mes
prévisions de revenus, des paiements provisionnels, je suis d'autant
plus capable de confirmer que je n'en demanderai pas, ils n'étaient
même pas dans mes estimations.
M. Boyd: Tant mieux.
M. Parizeau: On s'entend, c'est donc reporté en 1983. Je
demanderais cependant à Hydro-Québec, si c'est possible, de
soustraire de ses dépenses les paiements des intérêts
à payer sur 55 700 000 $ reportés à 1983 et 28 400 000 $
reportés à 1983 aussi. Sur une demi-année, si on
décale tout, il doit y avoir aussi quelque 5 000 000 $ ou 6 000 000 $
d'intérêts à soustraire des dépenses.
M. Boyd: Ce sera ça de moins à emprunter.
M. Parizeau: Nous arrivons effectivement au centre de la
question. Dans la colonne de la page 40, nous venons d'enlever 83 100 000 $
plus 5 000 000 $ ou 6 000 000 $. On peut donc, de la colonne de ta page 40,
enlever 90 000 000 $. C'est la conclusion à laquelle j'en arrive
à la suite de notre échange.
Passons maintenant aux emprunts. Si on me le permet, j'aimerais faire
quelques commentaires à ce sujet et ensuite poser un certain nombre de
questions.
Il y a des choses qu'il faut clarifier sur le plan des emprunts du
secteur public et, en particulier, du gouvernement et d'Hydro-Québec. Ce
sont des choses qui n'ont pas été très souvent
discutées en public, mais je pense qu'il est temps ici d'en faire
état et d'expliquer assez sereinement, assez candidement, comment
ça fonctionne, comment ça marche.
Je suis désolé que nos amis d'en face ne soient pas
là pour écouter ça, mais enfin je suis certain que,
même s'ils ne sont pas de corps avec nous ce soir, ils doivent être
au moins d'esprit en regardant la télévision.
Les émissions d'emprunts d'Hydro-Québec et les emprunts du
gouvernement du Québec sont, pour les portefeuilles d'institutions
financières, d'assez bons substituts. Ce que je veux dire par là,
c'est qu'une banque allemande, une banque américaine, une banque
japonaise, une société financière britannique vont
régulièrement s'interroger pour savoir combien de Canada au total
elles ont en portefeuille et, parmi les provinces canadiennes, combien elles
ont d'Ontario, de Québec et de diverses provinces. Certains de ces
portefeuilles ont beaucoup de province de Québec et peu
d'Hydro-Québec, d'autres ont beaucoup d'Hydro-Québec et peu de
province de Québec, mais, à bien des égards, c'est, en
somme, une sorte d'investissement dans le secteur public
québécois.
Il faut dire, d'autre part, que les deux plus grands emprunteurs du
secteur public québécois sont le gouvernement et
HydroQuébec.
Le ministre des Finances est chargé d'approuver, dans un premier
temps, et de soumettre au Conseil des ministres, dans un deuxième temps,
pour approbation par l'Exécutif, les emprunts aussi bien du gouvernement
que d'Hydro-Québec.
En somme, le ministre des Finances autorise, une fois que le Conseil des
ministres lui a confirmé cela, les emprunts aussi bien du gouvernement
que d'Hydro-Québec. Ça va au même endroit; ce que j'essaie
de faire comprendre, c'est que c'est sur la même table, finalement, que
les emprunts aboutissent.
Les équipes de fonctionnaires du ministère des Finances et
ceux qui s'occupent de la dette publique à Hydro-Québec
collaborent très étroitement sur une base constante et ça,
depuis des années. Il n'y a pas de rupture de continuité à
cet égard-là, les uns empruntent autant que les autres ou des
montants de même ordre; ils sont sur les mêmes marchés, ils
opèrent ensemble aussi bien aux États-Unis qu'au Canada, qu'en
Angleterre, qu'en Allemagne, qu'au Japon ou qu'à Bruxelles. II est tout
à fait normal que le gouvernement du Québec, même dans des
marchés très exotiques comme l'écu, par exemple, à
Bruxelles, les marchés de l'écu, le gouvernement du Québec
passe pour une première somme de 50 000 000 $ et dès qu'on peut
présenter un autre emprunt d'écus venant de Québec, c'est
Hydro-Québec qui passe. À certains moments, d'ailleurs, on joue
un peu le jeu d'Alphonse et de Gaston, quand il y a beaucoup d'argent, en
disant: Cher ami, allez-y d'abord! Non, c'est moi qui irai! Quand c'est plus
serré, ce n'est plus tout à fait Alphonse et Gaston, on est
obligé d'examiner un calendrier très précis pour savoir
qui va passer le premier et sur quel marché.
Et cela se fait, on en conviendra des deux côtés, dans une
atmosphère à la fois, souvent, de bonne humeur, parfois
d'appréhension, quand on voit les marchés se bouleverser comme
ils l'ont été depuis un an. C'est le rôle du ministre des
Finances de voir à ce que tous ces emprunts se déroulent
normalement, utilisent les ressources possibles de tous les marchés
d'une façon ordonnée. En un certain sens, le ministre des
Finances a un rôle de coordination dans tout cela. Ce qui veut dire que
le montant des emprunts d'Hydro-Québec, au cours d'une année
déterminée, et le montant des emprunts du gouvernement du
Québec, au cours de la même année, ce ne sont pas des
données dissociées, ce n'est pas vrai; on va dans les mêmes
marchés, on s'adresse aux mêmes institutions financières,
on s'adresse aux mêmes banques. Donc, il n'y a aucune espèce
d'intérêt de la part du ministre des Finances de dire: Est-ce que
ce serait possible pour moi de faciliter les emprunts du gouvernement du
Québec aux dépens de ceux d'Hydro-Québec? C'est ridicule,
ce sont des masses du même ordre, ce sont les mêmes marchés.
On a tout intérêt à être aussi ordonné que
possible par rapport à ces marchés.
Donc, il faut bien comprendre ici que le gouvernement et le ministre des
Finances ont exactement le même intérêt à faire en
sorte, premièrement, que le gouvernement n'emprunte pas plus qu'il ne le
faut et, deuxièmement, qu'Hydro-Québec n'emprunte pas plus qu'il
ne le faut. Quand je dis premièrement ou deuxièmement, je
pourrais inverser l'ordre, cela reviendrait au même.
C'est la raison pour laquelle quand Hydro-Québec nous
présente son budget d'emprunts pour l'année prochaine et que je
vois cela à 2 500 000 000 $, je pense poser exactement le même
diagnostic que celui que j'ai entendu aujourd'hui de la part des gens
d'Hydro-Québec: c'est vraiment serré. 2 500 000 000 $, dans
l'hypothèse où les marchés de 1982 seraient moins
bousculés qu'ils ne l'ont été cette année, ce n'est
pas
trop difficile à faire; dans la mesure, cependant, où les
marchés seraient aussi bousculés qu'ils l'ont été
cette année, c'est faisable, comme l'ont dit les représentants
d'Hydro-Québec, mais c'est assez serré, c'est très
serré.
Remarquez que nous venons déjà d'établir, à
partir de la page 40, qu'on peut enlever pour le budget d'emprunts, le 1er
janvier et le 31 décembre 1982, 90 000 000 $; c'est déjà
un soulagement. Ce ne sera plus maintenant 2 500 000 000 $, ce sera 2 400 000
000 $; cette année, ce sera 2 300 000 000 $ ou pas loin. Le chiffre
exact est - un tout petit instant -selon le budget révisé
d'Hydro-Québec au 14 septembre 1981, 2 279 000 000 $. On admettra que
79, c'est plus près de la centaine suivante que de la centaine
précédente. Quand je dis 2 300 000 000 $, c'est 2 279 000 000 $,
dont 1 363 000 000 $ sont réalisés, c'est-à-dire à
peu près 60%; je préférerais 66%, mais enfin, ce n'est pas
trop mal, cela va aller cette année.
Cela va aller, parce qu'on a laissé les portes ouvertes et je
pense qu'il le fallait, c'était normal, de laisser les portes ouvertes
pour Hydro-Québec parce qu'à un moment donné, il y a trois
ou quatre mois, son programme d'emprunts était un peu plus
délicat. Maintenant, cela va mieux et je pense que le programme va
être fait sans trop de problèmes. (21 heures)
Donc, cette année, c'est 2 300 000 000 $ et l'année
prochaine, compte tenu de l'ajustement qu'on vient de faire à la page
40, c'est 2 400 000 000 $, c'est un peu plus élevé. C'est
serré. S'il fallait que les marchés, en 1982, soient aussi
bousculés qu'en 1981, cela va être serré. Mais, comme on
nous l'a dit, c'est faisable et c'est d'autant plus faisable qu'on vient
d'enlever 90 000 000 $. Ce que j'aimerais savoir des représentants
d'Hydro-Québec, c'est: Est-ce que, pour assurer des programmes
d'emprunts de cette ampleur, il ne serait pas préférable
d'annoncer tout de suite des augmentations de tarifs, non pas pour un an, mais
pour deux ans ou trois ans? Je pose la question pour la raison suivante: C'est
que, quand nous avons d'un commun accord, Hydro et nous,
déterminé des augmentations de tarifs pour trois ans, 1979, 1980
et 1981, on savait très bien que dans les milieux financiers cela
donnait une assurance assez nette, comment dire, des rentrées de revenus
potentiels à Hydro et on savait que les revenus allaient augmenter
à un rythme déterminé à l'avance pour les milieux
financiers. Dans la conjoncture incertaine qu'on connaît, c'est quand
même une assurance qui n'est pas banale. Comme on l'a dit, pour beaucoup
d'utilités publiques, habituellement ils ont ça une année
à la fois. Connaître cela trois ans d'avance, c'est quand
même beaucoup plus respirable, c'est-à-dire c'est beaucoup plus
vendable dans les milieux financiers. Ils savent à quoi s'en tenir.
Quand nous avons fait ça pour 1979, 1980 et 1981, on était dans
une conjoncture assez étonnante à certains égards. On ne
connaissait pas le prix du pétrole parce qu'il n'y avait pas d'entente
entre l'Alberta et Ottawa. On ne connaissait pas le prix du gaz pour la
même raison. Néanmoins, alors qu'on était dans le cirage le
plus noir à l'égard de l'évolution du prix des substituts
à l'électricité, on a pris une chance d'annoncer trois
ans. Là, la situation s'est considérablement transformée.
On connaît pour plusieurs années à l'avance le prix des
deux substituts de l'électricité.
Le gouvernement fédéral et le gouvernement de l'Alberta
par leur entente nous ont dit: Pour plusieurs années à venir,
voici ce que sera le prix de l'huile à chauffage et du gaz. Est-ce qu'on
ne serait pas dans une bien meilleure situation, actuellement, qu'on
l'était il y a trois ans pour annoncer des augmentations de tarifs pour
trois ans plutôt qu'un an? Deuxième question: Le fait d'annoncer
des tarifs pour trois ans ou deux ans, si on veut, mais, enfin, pour une
période plus longue qu'un an, est-ce que cela ne serait pas, du point de
vue des marchés financiers dont on parlait, une sorte d'assurance, de
garantie supplémentaire, d'avantage par opposition à une
augmentation d'un an? C'étaient mes deux questions, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. Lafond.
M. Lafond: II est exact, M. le Président, qu'en 1978 il y
avait beaucoup d'inconnues qui entouraient l'évolution des prix du
pétrole et du gaz. Aujourd'hui, il semble qu'on ait un peu plus de
certitude à ce point de vue. Cependant, le pétrole et le gaz,
dans leur évolution de coût à la hausse, n'affectent pas
les taux d'intérêt d'Hydro-Québec et n'affectent pas les
coûts de fonctionnement d'Hydro-Québec. En 1978, la conjoncture
qui nous préoccupait pour fixer les tarifs sur trois ans,
c'est-à-dire la conjoncture d'inflation, de taux d'intérêt
et de taux de change - parce qu'il faut se rappeler que près de 60% de
la dette est en devises étrangères - nous semblait plus
rassurante et plus certaine. C'est d'abord de cette conjoncture dont il faut se
préoccuper lorsque nous décidons d'aller de l'avant pour trois
ans ou pour un an.
Il va sans dire qu'au cours des trois dernières années
Hydro-Québec a été bien perçue parce qu'elle avait
eu cette hausse de tarifs pour trois ans et nous l'avons utilisée et
nous avons fait le bout de chemin que nous avons pu avec la présentation
de l'image d'Hydro-Québec. Cependant, nous
savons maintenant - et ce n'est pas une chose qu'on peut cacher - qu'il
y a eu un trou de 650 000 000 $ entre nos prévisions et la
réalité. Nous avons demandé ces tarifs en indiquant que
nous voulions les obtenir parce que nous en avions besoin.
Donc, depuis trois ans, nous avons emprunté plus que nous
l'aurions autrement souhaité et, depuis l'automne 1979, il s'est produit
dans le domaine de la conjoncture qui nous tracasse davantage,
c'est-à-dire les taux d'intérêt, les taux de change et la
capacité d'accès aux marchés, une extrême
volatilité. Il était possible autrefois de dire sur un horizon de
trois ou quatre semaines: Nous pourrons emprunter sur un marché
donné et, aujourd'hui, il est possible que le matin, on dise: Allons de
l'avant, et qu'à midi on dise: Abstenons-nous. Quand je parle de
volatilité qui affecte l'accessibilité aux marchés, c'est
cela.
Alors, compte tenu de ces grandes inconnues - et M. le ministre a fait
allusion à ce qu'il voit pour l'année 1982 - il n'y a pas
d'assurance que ce sera encore mieux pour l'année 1983 et nous croyons,
à Hydro-Québec, pour ma part et mes collègues aussi, qu'il
serait extrêmement difficile et hasardeux de se risquer à demander
des hausses tarifaires qui dépendent tant des coûts
d'intérêt et des taux de change. Si on regarde l'état des
revenus et des dépenses d'Hydro-Québec, le facteur paiements
d'intérêts représente près de 45% sinon 50% des
dépenses totales d'exploitation.
Voilà la réponse que je pourrais faire à la
deuxième question, je crois, du ministre. Présentement, nous
croyons préférable de nous en tenir à un an et voir en
cours de route, lorsque l'année 1982 sera plus avancée, si nous
pouvons développer, non pas de meilleurs outils, mais une meilleure
vision de ce que l'avenir nous semblera quant à ces sujets-là en
particulier.
Le Président (M. Laplante): M.
Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): Ce sera M. Boyd et je parlerai ensuite, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Boyd.
M. Boyd: M. le Président, il est vrai que, lorsque nous
avons demandé les augmentations de 1979, 1980 et 1981, il y avait des
inconnues au sujet des prix du pétrole et du gaz qui sont mieux connus
maintenant, mais on est encore en face de grandes inconnues. On ne
connaît pas encore la pénétration réelle du gaz qui
devait être là il y a un an, qui n'est pas encore là et on
ne sait pas exactement quand il va être là. Deuxièmement,
on commence à apprécier les effets d'économie
d'énergie et la prévision de la demande n'est pas encore assez
bien connue. C'est tout cela. On avait des incertitudes qui planaient sur nos
têtes en 1978, lorsqu'on a demandé pour trois ans. On a d'autres
incertitudes aujourd'hui qui font qu'on ne veut pas répéter
l'erreur faite en 1978 et, devant des incertitudes, arriver dans trois ans avec
un trou de 500 000 000 $, 600 000 000 $ ou 700 000 000 $. C'est pourquoi on
préfère recommander un tarif pour une année et voir
comment le gaz va pénétrer, comment les économies
d'énergie vont être efficaces, le programme Énergain, qui
va commencer supposément le 1er octobre, quel effet il va avoir. Les
tarifs, quel effet vont-ils avoir sur la demande? Ce sont toutes des inconnues.
Donc, on est devant autant d'inconnues qu'avant, mais ce ne sont pas les
mêmes. C'est pour cette raison qu'on recommande une année
plutôt que trois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Charlesbourg, sur le même... Ah! M. Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): Oui. S'il est vrai, M. le Président,
qu'il y a un attrait pour Hydro-Québec de préparer une hausse
tarifaire de trois ans et compte tenu que le gouvernement a à peu
près le même programme d'emprunts sur les mêmes
marchés, le gouvernement serait-il prêt à déposer un
budget de trois ans et à présenter des taxes pour trois ans?
M. Parizeau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je pense que jamais le
gouvernement n'a demandé à l'Assemblée nationale la
permission de présenter un budget de trois ans, alors
qu'Hydro-Québec nous a demandé, dans le passé, à
deux reprises des auqmentations pour trois ans. On comprendra qu'il est un peu
normal que je dise: Puisque vous nous avez demandé deux fois des
augmentations pour trois ans, est-ce que vous ne pensez pas nous le demander
une troisième fois? Je n'ai jamais demandé à
l'Assemblée nationale des budgets de trois ans.
Mais j'aurais une dernière question à poser pour conclure.
Si je comprends bien ce qu'on vient de nous dire - je terminerai
là-dessus parce que je sais qu'il y a d'autres députés qui
veulent poser des questions - le risque d'avoir une proposition de deux ans ou
de trois ans est basé, si je comprends bien -mais j'aimerais qu'on me le
confirme - sur le fait que ce qui pourrait être demandé sur deux
ou trois ans par Hydro-Québec s'insère dans une situation ou une
conjoncture telle qu'Hydro-Québec aurait peur de demander
trop peu. Le risque serait que, si on s'entendait sur des augmentations
de deux ou trois ans, le danger d'Hydro-Québec, c'est que ce ne soit pas
suffisant et qu'il en faille plus. C'est bien ça que je dois
comprendre?
M. Boyd: Cela pourrait certainement être une
conclusion.
M. Parizeau: Parfait. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, j'aurais une courte
question et, par la suite, un commentaire. Est-ce que vous avez, M. Bourbeau,
des indications sur les augmentations qu'Hydro-Ontario se propose de mettre en
vigueur en 1982 pour les tarifs domestiques? Est-ce qu'on a une idée de
ça? Est-ce que cela a déjà été
annoncé lors de conversations entre vous, si ce n'est pas secret?
M. Bourbeau (Joseph): On va trouver la réponse et on vous
la fournira dans quelques instants.
M. de Belleval: M. le Président, j'ai l'impression qu'on
en est arrivé à la fin de nos délibérations, je
suppose, pour cette phase-ci de nos travaux, bien que, peut-être,
d'autres députés aient d'autres questions à poser, mais je
formulerai simplement un dernier commentaire, pour ma part.
Ce matin, l'Opposition s'est amenée en posant un certain nombre
de questions à cette commission et, avant même qu'on ait eu le
temps d'entendre Hydro-Québec - dans un premier temps, pas du tout, et
ensuite, partiellement - l'Opposition nous a fourni des réponses.
Ensuite, elle s'en est allée. Je pense qu'on sait maintenant un peu
pourquoi, c'est parce qu'au fond, elle aimait mieux, effectivement, fournir
à la fois les questions et les réponses que d'obtenir une
réponse ordonnée telle que celle que les gens
d'Hydro-Québec nous ont donnée.
Je retiens des réponses que nous avons eues qu'au niveau des
tarifs domestiques en particulier - je parlerai du Québécois
moyen parce que je pense que les grosses compagnies multinationales sont
capables de se défendre, et elles le feront si elles ne sont pas de
bonne humeur à cause des propositions d'Hydro-Québec; le Parti
libéral, s'il était ici, pourrait peut-être le faire
-l'augmentation demandée correspondra, à toutes fins utiles,
à l'augmentation de l'énergie alternative, si on veut, de
remplacement ou de substitution, à savoir le pétrole et le gaz.
(21 h 15)
Évidemment, c'est une façon de raisonner à
laquelle, je pense, les Québécois sont peu habitués parce
que, jusqu'à maintenant, on leur disait: Écoutez, on va vous
vendre l'électricité au meilleur prix possible compte tenu de nos
coûts. On leur dit: Oui, on va essayer de vous la vendre le meilleur
marché possible. On a vu qu'ils sont encore privilégiés en
Amérique du Nord, un peu partout probablement dans le monde,
peut-être dans le monde entier; c'est eux qui vont payer, même l'an
prochain, si cette proposition d'Hydro-Québec était retenue, les
tarifs domestiques pour les 700 ou les 1000 kWh qui sont, semble-t-il, le lot
de la majorité, de 60% d'entre nous, les moins élevés en
Amérique du Nord et, sans doute, dans le monde.
Par ailleurs, ils nous disent parfois: C'est normal qu'on paie les
meilleurs tarifs au monde parce qu'on a les ressources hydrauliques les plus
abondantes, celles que l'on aménage au meilleur prix dans le monde,
même s'il continue à augmenter, mais ça continue à
augmenter encore plus ailleurs; donc, c'est normal qu'on paie moins cher.
Parfois ils disent aussi: Pourquoi ne paierait-on pas encore meilleur
marché, si c'est possible? Pourquoi faut-il s'ajuster à des prix
dictés par des cheikhs d'Arabie ou par des cheikhs aux yeux bleus de
l'Ouest du Canada qui augmentent le prix du pétrole de façon
exagérée?
C'est un aspect qui a été traité abondamment par M.
Finet, et par les autres représentants d'Hydro-Québec,
aujourd'hui. J'en retire que, finalement, c'est le point fondamental de
l'argumentation et que, pour le reste, il faut s'attendre, du moins, pour la
prochaine année, que les autres aspects soulevés par
l'Opposition, ce matin, dès le début, n'aient pas d'influence sur
la tarification. Si je comprends bien d'ailleurs, plus les années vont
aller, moins cela va avoir encore d'influence sur la tarification. Par contre,
on sait que les surplus, comme on les appelle pudiquement à
Hydro-Québec par rapport au terme profit, vont aller probablement en
augmentant compte tenu de ce qu'on sait maintenant de l'augmentation du prix du
gaz et du prix du pétrole.
De ce côté-là, je ne saurais trop recommander au
gouvernement et à Hydro-Québec, d'expliquer davantage à
une population qui, jusqu'à présent, comme à peu
près tous les pays industrialisés, a largement gaspillé
l'énergie, a été habituée à jouir d'une
énergie à bon marché et à qui on doit dire que son
énergie électrique, même si elle est abondante, et
même si elle coûte relativement peu à produire par rapport
à ce qui se passe ailleurs, toujours relativement à ce qui se
passe ailleurs, malgré tout, vous ne pourrez pas profiter de cette rente
de situation dans vos tarifs d'électricité, vous allez pouvoir en
profiter cependant grâce au surplus qui sera utilisé d'une
façon ou d'une autre sur le plan social directement par
Hydro-Québec, pour de nouveaux investissements et directement
aussi par le gouvernement pour les propres fins des besoins sociaux dont il
s'occupe.
Par ailleurs, nous devrons à l'avenir quand même ajuster
ces tarifs en fonction du coût des autres sources d'énergie. Je le
répète. Le gouvernement et Hydro-Québec ne devraient pas
réduire leurs efforts pour bien faire comprendre. Je dois vous dire, M.
le Président, que comme Québécois qui doit payer son
compte d'électricité, ça fait quand même mal de se
rendre compte que je ne peux en profiter directement par un tarif qui serait
plus bas mais que je dois assumer le coût comparativement aux autres
sources d'énergie sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. Il faut
comprendre que, pour le Québécois moyen, même s'il est
prêt à accepter le raisonnement, viscéralement, je pense
qu'il se révolte d'une certaine façon ou, en tout cas, il se dit
toujours: Si on est les Arabes de l'électricité, pourquoi ne
paie-t-on pas l'électricité au prix que les Arabes paient le
pétrole? Peut-être que je me trompe, l'autre jour on me disait
qu'en Alberta on paie le pétrole le même prix que nous,
peut-être aussi qu'au Koweit ils paient le pétrole le même
prix que nous, mais je ne sais pas, peut-être que non, peut-être
qu'ils l'ont à meilleur marché. Mais, si je comprends bien en
tout cas, on ne pourra pas suivre la même voie, si jamais ces peuples
suivaient cette voie-là actuellement, ce dont je ne suis pas sûr
de toute façon. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Frontenac.
M. Bourbeau (Joseph): M. le Président, M. Finet va
répondre à la question du député au sujet des
hausses tarifaires en Ontario.
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord.
M. Finet: M. le Président, pour donner une réponse
aussi complète que possible, il faut que j'explique d'abord que le
système ontarien est quelque peu différent. Ontario Hydro vend de
l'électricité à plus de 300 réseaux municipaux et
ce sont les municipalités qui redistribuent l'électricité.
En plus de cela, Ontario Hydro vend aussi à de gros usagers industriels
et à quelques abonnés directement, soit des abonnés
d'usage domestique soit de petits commerçants dans les parties
rurales.
En ce qui concerne les tarifs pour la vente aux réseaux
municipaux, j'ai ici un article du Globe and Mail du 1er septembre qui dit que
la hausse demandée par Ontario Hydro était de 8, 6% et que devant
la régie, Ontario Energy Board, il y a une possibilité que cette
hausse soit réduite quelque peu.
En ce qui concerne l'Ontario cependant, en 1981 la hausse a
été de l'ordre de 9, 3% pour les ventes aux réseaux
municipaux et il faut se rappeler qu'eux aussi ont eu des périodes de
pointe en termes de hausses de tarifs, par le passé. Je me souviens
entre autres qu'en 1976 la hausse a été de 22% et en 1977, de
30%. Tout cela a considérablement modifié tout le décor.
Les ventes ont connu une moins forte croissance, ce qui a finalement
amené une réduction du programme d'équipement et ce qui
permet un certain relâchement actuellement. Alors, c'est pour cela que,
si on voit que les hausses sont actuellement de l'ordre de 10%, c'est le
résultat de hausses très fortes par le passé. L'avenir
dépendra nécessairement des obligations financières dans
lesquelles ils devront s'engager, compte tenu de leur croissance.
M. de Belleval: Une question supplémentaire, M. le
Président. Vous venez de dire qu'Hydro - Ontario demandera des
augmentations entre 8% et 10% pour la vente aux communautés...
M. Finet: Aux réseaux municipaux.
M. de Belleval:... aux réseaux municipaux. Les
réseaux municipaux, habituellement, est-ce qu'ils répercutent
directement ces hausses-là, s'ils les diminuent ou les augmentent?
M. Finet: En règle générale, les hausses aux
usagers dans des réseaux municipaux sont légèrement plus
fortes...
M. de Belleval: Plus fortes.
M. Finet: Les réseaux municipaux ont eux aussi une
croissance dans leur coût de distribution localement et forcément
cela les oblige aussi à réviser leurs tarifs.
Le Président (M. Laplante): Député de
Frontenac.
M. Grégoire: Pardon.
Le Président (M. Laplante): M. Boyd.
M. Boyd: Je voudrais expliquer davantage la réponse qui
vient d'être donnée. Les hausses dont on parle en Ontario qui sont
de 8%, 9%, quand c'est transféré dans certaines
municipalités, c'est peut-être 10%, quelque chose comme cela. Cela
s'explique; leur programme d'investissements est très minime parce
qu'ils ont investi d'avance. Actuellement, leur programme d'investissements est
très léger comparativement au nôtre. Donc, la comparaison
ne peut pas se faire sur cette base. Hydro-Québec a un programme
d'investissements très lourd, comme vous le savez, et dans leur
cas le programme d'investissements a été relancé, il y a
des centrales complètes qui ont été repoussées de
plusieurs années, certaines qui sont même prêtes à
fonctionner ne fonctionnent pas. Ils sont presqu'à genoux devant les
voisins américains pour vendre de l'énergie bon marché. On
a de la compétition, mais c'est vrai que ce n'est pas dans les
mêmes États. Donc, on ne peut pas comparer les hausses
d'Hydro-Ontario avec celles d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, puisque l'Opposition
n'a pas cru bon d'assister à la séance pour prendre la
défense des consommateurs québécois, nous allons jouer son
rôle.
Vous demandez, M. Bourbeau, des augmentations de 16, 3% pour les tarifs
d'électricité. Evidemment que c'est plus haut que le taux de
l'inflation actuelle, mais il y a des causes peut-être à cela. Le
total de ces augmentations de tarif se chiffre à 415 000 000 $ pour
l'année 1982. J'aimerais savoir, dans une première question,
quelle est la part de ces 415 000 000 $ qui va aller à payer nos hausses
vertigineuses d'intérêt par rapport à il y a douze mois,
quinze mois ou dix-huit mois. Dans ces 415 000 000 $... Vous dites que l'an
prochain vous allez emprunter 2 500 000 000 $ ou 2 400 000 000 $. Sur ces 2 500
000 000 $, vous ne paierez plus 9% ou 9, 5% comme il y a deux ans, vous allez
payer quoi, le double? À peu près?
M. Bourbeau (Joseph): Actuellement, nos derniers emprunts
étaient autour de 17, 5%.
M. Grégoire: 17. 5%. Il y a deux ans, à peu
près 9. 5%?
M. Lafond: M. le Président, je pense qu'il serait
préférable de parler du coût moyen de la nouvelle dette
créée à Hydro-Québec. Au cours de l'année
1980, le coût moyen des nouveaux emprunts d'Hydro-Québec a
été de 12, 54%, en 1979 de 10, 77%, en 1978 de 9, 84%. On a connu
une diminution à 8, 32% en 1977 et il y a eu un autre petit sommet de 9,
49% en 1976.
À ce jour, au cours de 1981, le coût moyen des emprunts
effectué se situe aux environs de 15, 4%.
M. Grégoire: 15, 4% pour 1981 par rapport à 9, 84%,
8, 32%. Est-ce...
M. Lafond: II s'agit, M. le Président, pour ne pas que
l'on fasse des règles de trois trop rapidement, de la nouvelle dette
d'Hydro-Québec, et non pas de toute la dette d'Hydro-Québec qui
est renégociée au taux courant.
M. Grégoire: La nouvelle dette qui se renégocie
l'est au taux courant, ce qui veut dire que non seulement les taux
d'intérêt ont grimpé d'une façon un peu
vertigineuse, comme je le disais tout à l'heure, sur les 2 200 000 000 $
que vous avez empruntés en 1981 ou sur les 2 500 000 000 $ que vous
allez emprunter en 1982, mais également sur la part de la dette que vous
avez dû renouveler en 1981 et que vous allez renouveler en 1982. Alors,
votre augmentation de dette en dépenses d'intérêt qu'on
voit dans votre budget pro forma passe de l'an dernier, de 1981 à 1982,
de 1 532 000 000 $ à 1 948 000 000 $, soit une augmentation d'environ
416 000 000 $. C'est certainement un hasard parce que c'est également
votre dette de cette année, votre nouvelle dette, mais je
m'aperçois que cela atteint exactement le montant que vous voulez
demander dans l'augmentation tarifaire.
M. Lafond: Ah! ce n'est pas...
M. Grégoire: Je sais que c'est un hasard parce qu'il y a
également...
M. Lafond: Je pense, M. le Président, qu'il importe de
dire que l'augmentation des coûts d'intérêts telle que
présentée dans le tableau d'aujourd'hui ne résulte pas
seulement des montants d'intérêts directement payés, il y a
différentes composantes dans la somme en question. Il y a
l'amortissement des escomptes consentis sur les dettes antérieures, il y
a aussi le fait qu'il y a un transfert du poste d'intérêt
imputé aux travaux en cours au poste d'intérêt porté
à l'exploitation. Également, il y a des pertes de change dues
à la fluctuation du dollar. Il est difficile de pointer directement, M.
le député, quelles sommes résultent du passage d'un
coût moyen de 12, 54% sur des emprunts de 2 200 000 000 $ en 1980,
à 15, 4% sur les emprunts contractés jusqu'à maintenant en
1981, soit 1 800 000 000 $, d'autant plus qu'une partie des sommes sur les
nouveaux emprunts seront capitalisées sur les travaux en cours et
d'autres sont imputées à l'exploitation. Mais, globalement, nous
vous avons donné la masse.
(21 h 30)
M. Grégoire: M. Lafond, serait-il juste de dire - vous
changerez le pourcentage -que les renouvellements des dettes échues
d'Hydro-Québec ainsi que les augmentations des taux
d'intérêt sur vos nouveaux emprunts équivalent à
près de 50% de votre demande de hausse de tarifs, sinon plus?
M. Lafond: Je suis un peu perplexe
sur...
M. Grégoire: N'avez-vous pas fait le calcul ou la
décomposition de vos 415 000 000 $ d'augmentation, pour savoir quelle
est la part que viennent prendre là-dedans les hausses
d'intérêts?
M. Lafond: II faudrait voir la partie des pertes sur change et en
faire la décomposition. Non, ce n'est pas décomposé dans
le sens où vous voudriez le voir exprimer ce soir, malheureusement.
M. Grégoire: Vous ne l'avez pas décomposé
dans ce sens-là?
M. Lafond: Non.
M. Grégoire: Mais ça constitue quand même la
plus grosse partie, comme point isolé, de cette hausse des tarifs?
M. Lafond: Oui, c'est...
M. Grégoire: C'est la plus grosse partie; c'est tout ce
que je voulais savoir, M. le Président.
M. Lafond: Quand on regarde l'état des revenus et
dépenses, Hydro-Québec a une dette de 75% de sa structure de
capital. D'accord? Les autres 25% appartiennent aux Québécois.
Donc, à chaque fois que les Québécois possèdent 0,
25 $ dans l'actif d'Hydro-Québec, il y a 0, 75 $ qui ont
été empruntés.
Il est bien évident qu'à ce moment, dans l'état des
revenus et dépenses et dans les coûts que nous devons absorber, le
loyer de l'argent que nous empruntons temporairement, pour financer nos actifs,
et que nous retournons à ses propriétaires après,
représente une somme assez appréciable.
M. Grégoire: Mais ce que je veux vous faire dire, c'est
que, par exemple, si vous avez contracté un emprunt en 1977, alors que
le taux moyen d'intérêt était de 8, 32% et si vous le
renouvelez en 1982, alors que le taux d'intérêt est, en moyenne,
à 17%, vous venez de doubler vos dépenses
d'intérêt.
M. Lafond: Oui, mais heureusement en 1977, on pouvait emprunter
à plus longue échéance. C'est vrai qu'il y a des emprunts,
faits en 1977, qui viennent à échéance cette année,
mais les échéances de 1981 sont surtout des emprunts
contractés au cours des années antérieures; de toute
façon, c'est le même phénomène.
M. Grégoire: Mais je serai satisfait si vous reconnaissez
tout de même que le plus gros facteur isolé de l'augmentation des
hausses de tarifs est causé par les augmentations des taux
d'intérêt.
M. Lafond: Oui, et...
M. Bolduc: Pierre Bolduc. Si vous permettez, je vais donner
quelques indications correspondant aux tableaux qu'on a présentés
un peu plus tôt.
L'augmentation totale résultant des hausses de tarifs produirait
un montant d'environ 415 000 000 $. Une façon de mesurer l'effet des
taux d'intérêt, à l'intérieur des causes de cette
hausse de tarifs, c'est, par exemple, de supposer de nouveaux emprunts en 1981
ou en 1982, disons, de 2 000 000 000 $ - on parle de 2 200 000 000 $ ou 2 400
000 000 $, mais arrondissons le chiffre - au cours de cette année, et
que le taux d'intérêt moyen de ces emprunts soit de 15%, ça
veut dire que ces nouveaux emprunts à eux seuls - soit qu'ils servent
à investir dans de nouveaux projets ou à renouveler une dette
existante - vont nécessiter un service de la dette d'environ 300 000 000
S. Je fais une règle de trois relativement simple, mais ce programme
d'emprunts crée un service de dette approximatif d'environ 300 000 000 $
et, si vous les comparez aux 415 000 000 $ d'augmentation des revenus qui
seraient produits par la hausse des tarifs, je pense que vous avez la
comparaison de l'ordre de grandeur des deux chiffres.
M. Grégoire: C'est ce que je voulais savoir, M. le
Président, essayer de pointer le vrai responsable des hausses de tarifs;
c'est que l'intérêt a perdu tout sens normal, ça grimpe
d'une façon vertigineuse comme on n'aurait jamais pu l'imaginer et c'est
le principal facteur qui entraîne des hausses de tarifs à
Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Merci, M. le Président. Étant
donné que nos amis d'en face ont préféré ne pas
être là pendant qu'on travaille, je vais poser des questions
qu'ils auraient sûrement aimé poser.
Une voix: Cela n'est pas sûr qu'ils les auraient
posées.
M. Tremblay: Y aurait-il possibilité de nous brosser un
rapide tableau d'une situation hypothétique où les tarifs
d'Hydro-Québec seraient augmentés cette année de 8% ou 9%
en tenant compte de deux possibilités, c'est-à-dire en tenant
compte qu'il y aurait un dividende à payer, des taxes à payer,
des impôts à payer ou non? Quels seraient les effets d'une telle
situation sur la demande en électricité et sur les
bénéfices d'Hydro-Québec?
M. Bourbeau (Joseph): C'est une question hypothétique.
Quant aux dividendes de la première partie de votre question, je ne peux
pas y répondre; peut-être que quelqu'un ici pourrait y
répondre.
Quant à la deuxième partie, sur la demande, il est certain
que si on avait des augmentations de tarifs d'électricité de 8%
ou 9%, on se situerait en deçà du prix du gaz et du
pétrole. Évidemment, on est encore en deçà du prix
du pétrole et on aurait une demande accrue en
d'électricité. Une demande accrue d'électricité
voudrait dire qu'on devrait construire, avoir un programme d'équipement
plus considérable encore, ce qui nous demanderait une entrée de
fonds plus considérable.
Maintenant, je ne sais pas si quelqu'un peut nous dire quel serait
l'impact sur les dividendes.
M. Tremblay: Et sur toute la structure financière
d'Hydro-Québec. Dans quel état, dans une situation comme
celle-là, seraient les profits ou les pertes d'Hydro-Québec
à la fin de l'année?
M. Bourbeau (Joseph): II faudrait faire des calculs. Je ne le
sais pas.
M. Boyd: M. le Président, si vous me le permettez. Si on
avait des augmentations de tarifs de 8, 5%, disons, le plus grave dans tout
cela, c'est qu'au cours de l'hiver prochain, il y aurait tellement de
conversions du pétrole à l'électricité
qu'Hydro-Québec ne serait pas en mesure de répondre à la
demande.
M. Tremblay: Même si on voulait protéger les
citoyens, les usagers, les consommateurs, il serait complètement
irresponsable de penser à une augmentation de 8, 5% seulement.
M. Boyd: Pour répondre à votre question, je peux
vous dire que même si l'électricité, dans les années
qui viennent, coûte plus cher que le gaz, il y beaucoup de gens qui vont
préférer rester à l'électricité parce que
c'est un produit de chez nous et c'est un produit qu'on aime.
Le problème qu'Hydro-Québec a - cela a été
un des objectifs de la hausse que l'on propose - c'est de freiner, dans une
certaine mesure, la conversion de l'huile à l'électricité
et de favoriser, dans une certaine mesure, la conversion de l'huile au gaz,
tout cela faisant partie de la politique d'harmonisation qui est en
préparation par le gouvernement et Hydro-Québec. Donc, il n'est
pas question même de penser à des augmentations de tarifs de 8%.
C'est hypothétique. À une question hypothétique, je ne
peux pas vous donner de chiffres.
M. Bourbeau (Joseph): M. Lafond.
M. Tremblay: Mais je suis persuadé que vous les avez quand
même calculés et que vous avez évalué l'impact
quelque part à Hydro-Québec avant de venir ici. Cela ne vous est
même pas passé par l'esprit que le gouvernement pourrait vous
proposer seulement 8, 5%?
M. Lafond: M. le Président, je pense qu'on pourrait
s'entendre là-dessus. Les commentaires pertinents ont été
faits sur les tarifs demandés et proposés par Hydro-Québec
en fonction du secteur énergétique et des sources concurrentes
d'énergie sur lesquels ces niveaux-là peuvent avoir une
influence.
Quant au plan financier, nous avons convenu - nous avons
été très clairs tantôt, tant de la part du ministre
des Finances que d'ici - que le montant auquel nous en sommes arrivés de
2 500 000 000 $ est carrément une somme qu'il ne serait pas souhaitable
de dépasser, pas seulement dans l'intérêt
d'Hydro-Québec, mais aussi dans l'intérêt de la province de
Québec. Il serait vraisemblablement souhaitable non seulement de ne pas
la dépasser, mais d'essayer de la diminuer par tous les moyens à
notre disposition. Tous les autres exercices qu'on peut faire autour de cela
tombent dans la catégorie, je pense, de ce que M. Boyd a appelé
la sphère de l'hypothétique.
M. Tremblay: Tout à l'heure, on a isolé une partie
de vos profits qui seraient utilisés avec l'augmentation des tarifs pour
payer l'augmentation des taux d'intérêt. On n'a pas parlé
de l'augmentation de la masse salariale d'Hydro-Québec. Qu'est-ce que
représente cette augmentation-là face aux 415 000 000 $?
M. Lafond: Comme remarque générale, M. le
Président, j'aimerais faire la nuance suivante: Les fonds additionnels
dont Hydro-Québec a besoin dans son mouvement de trésorerie, pour
équilibrer les entrées et les sorties de fonds, ne peuvent pas
être isolés par blocs de 100 000 000 $, de 200 000 000 $ ou de 400
000 000 $ et on ne peut pas indiquer qu'ils sont destinés à payer
une dépense plutôt qu'une autre. Il n'y a pas une source de
revenus qui va strictement pour équilibrer une sortie de fonds. C'est le
montant global, tout comme dans la province de Québec où on parle
des fonds consolidés. Cependant, nous avons, pour fins d'illustration et
pour essayer d'être mieux compris, présenté certains
tableaux que mon collègue Pierre Bolduc, le trésorier, a
expliqués ce matin. J'aimerais qu'il s'occupe de cette
question-là de façon plus particulière.
M. Bolduc: Les tableaux présentés plus tôt,
indiquaient une augmentation des besoins pour fins de l'exploitation
d'Hydro-Québec de l'ordre de 295 000 000 $. À l'intérieur
de ce montant-là, il y a une somme de 154 000 000 $ qui correspond
à l'augmentation de la masse salariale d'Hydro-Québec.
M. Tremblay: Une dernière question. On sait que, dans le
domaine du pétrole, il y a une forte proportion de l'argent
dépensé par les consommateurs qui va dans les goussets des
gouvernements fédéral et provincial sous forme de taxes.
J'aimerais savoir si vous êtes au courant du pourcentage des sommes
dépensées par les contribuables pour du pétrole qui va en
taxes et le pourcentage des sommes dépensées par les citoyens ou
les consommateurs pour l'électricité qui s'en va en taxes ou en
impôts.
M. Bourbeau (Joseph): On n'a pas cela ici.
M. Tremblay: D'accord.
M. Bourbeau (Joseph): C'est une information qu'on pourrait vous
faire parvenir; on n'a pas ce genre d'information avec nous.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions,
M. le député de Chambly?
M. Tremblay: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
sur la tarification en Ontario, dont il a été question tout
à l'heure. Je voudrais avoir les dates précises, si elles sont
disponibles. La hausse dont il a été question, de 22% ou de 23%
pour une année et de 30% pour l'autre, est-ce que vous pourriez nous
préciser en quelle année? (21 h 45)
M. Bourbeau (Joseph): M. Finet.
M. Finet: Selon nos informations, c'est en 1976 que les tarifs
pour la vente de l'électricité aux municipalités ont
été augmentés de 22%. L'année suivante, en 1977,
ces mêmes tarifs ont été augmentés de 30, 3%.
M. Duhaime: Je vous remercie. On a fait un petit calcul sur une
petite machine électronique et l'addition mathématique des 22%,
plus l'effet cumulatif de la hausse de 30% sur l'année suivante, donne
une hausse moyenne de 58% pour les années 1976 et 1977 en Ontario.
Je voudrais m'adresser à M. Boyd pour avoir un peu plus
d'éclaircissements sur la réponse qu'il a fournie tout à
l'heure, sur la situation en Ontario. Il n'y a rien comme se comparer à
nos concurrents les plus proches. On sait, par exemple, que notre tarif, au
niveau domestique, est moins cher au Québec que toutes les villes
ontariennes et c'est la même chose sur toute la gamme, que ce soit sur la
petite ou la moyenne puissance ou encore sur la grande puissance.
Est-ce que j'ai bien compris de vos propos, M. Boyd, qu'Hydro-Ontario
avait été amenée, dans la situation présente,
à proposer des hausses tarifaires de l'ordre de 9, 3%, après
avoir surestimé sa propre croissance de la demande, ce qui l'a
entraînée, en conséquence, vers du suréquipement
qui, à l'heure actuelle, n'est pas utilisé ou n'est pas
utilisé à sa capacité normale?
M. Boyd: Oui, c'est ce que j'ai dit. Hydro-Ontario a prévu
un trop grand accroissement de la demande et, dans son cas, justement, la
concurrence a été dans le domaine du gaz naturel, qui a
pénétré en Ontario. Le gaz naturel, dans les
dernières années, a pris une part du marché assez
considérable. Je n'ai pas les pourcentages en mémoire, mais
peut-être qu'on peut les trouver. On peut vous donner des chiffres, si
vous voulez. Le gaz naturel, en Ontario, représente 30% de son bilan.
Ici, on est à 7%, on espère monter à 14%, 18% ou 20% selon
qu'on est plus ou moins optimiste. C'est justement une des choses qui nous
inquiètent pour les années à venir, qui nous font mettre
des points d'interrogation sur un tarif de deux ou trois ans, ce que j'ai
mentionné tout à l'heure. On veut passer un an parce qu'on ne
connaît pas ce deqré de pénétration, mais
actuellement c'est environ 7% au Québec, tandis qu'en Ontario c'est
rendu à 30%. Donc, cela a augmenté beaucoup plus vite en Ontario
parce que le gaz naturel était moins cher que
l'électricité. Cela a produit un suréquipement
d'Hydro-Ontario, et dans le moment, l'année passée et, je pense,
pour les années à venir, le programme d'investissements est
relancé.
M. Duhaime: Est-ce que je peux conclure de votre réponse,
M. Boyd, que des calculs très serrés dans l'avenir devront
être faits, d'une part, sur la prévision de la croissance de la
demande et, d'autre part, qu'on devra se servir de plus en plus de la politique
tarifaire aux fins d'harmonisation?
M. Boyd: Ce sont les deux principes, c'est-à-dire que le
principe d'harmonisation, j'en ai parlé tout à l'heure. Nos
experts en ont parlé beaucoup aussi. Regarder toujours de façon
très serrée la prévision de la demande, c'est une chose
qu'il va falloir faire constamment. Les tarifs devront, dans
une certaine mesure, servir de frein. Un autre point devrait faire
l'objet d'une plus grande publicité, et Hydro-Québec s'en charge.
Je pense que tous les gens qui ont quelque chose à dire sur le sujet de
l'énergie, même s'ils ne sont pas dans le domaine de
l'énergie, tous les Québécois devraient être
conscients que l'économie de l'énergie, c'est très
important à l'avenir, que de l'énergie à bon
marché, il n'y en aura plus.
M. Duhaime: Je vous remercie. J'aurais juste un dernier point, M.
le Président, si vous permettez. On serait peut-être prêt
ensuite à aborder la conclusion de nos travaux. Je voudrais, pour la
bonne compréhension, vous référer à la page f22 du
rapport annuel d'Hydro-Québec pour l'année 1980. À la page
f22 il y a deux lignes qui ont frappé mon attention. Cela porte sur les
revenus d'Hydro-Québec qui ne sont pas assujettis au règlement
tarifaire et principalement sur les ventes à l'exportation, que ce
soient les ventes d'énergie régulière ou encore
excédentaire. Sous la rubrique Revenus des ventes
d'électricité régulière au réseau voisin, de
1976 à 1980 inclusivement, on passe de 54 000 000 $ et, j'arrondis les
chiffres, à 78 000 000 $, c'est-à-dire 5, 9% d'augmentation, qui
est la croissance annuelle moyenne.
Quelques lignes plus bas sous la rubrique "Energie excédentaire",
aux réseaux voisins, en 1976, les ventes sont de 35 430 000 $ et passent
à 227 232 000 $, c'est-à-dire un pourcentage de croissance
annuelle moyenne de 45, 9%. J'ai eu l'occasion de relire les débats de
notre commission parlementaire de septembre 1978, à l'époque
où la commission permanente de l'énergie et des ressources
était saisie d'une proposition tarifaire portant sur les années
1979, 1980 et 1981. Dans les prévisions sur les ventes
d'électricité aux réseaux voisins, les chiffres qu'on m'a
fournis à mon ministère sont de 183 000 000 $ pour 1979, 200 000
000 $ pour 1980 et 170 000 000 $ pour 1981. Je ne voudrais pas revenir sur les
années 1979 et 1980, mais essentiellement m'attarder à
l'année 1981 et voir si c'est exact que les ventes à
l'exportation d'énergie régulière ou d'énergie
excédentaire - énergie de base ou énergie
excédentaire - sont de l'ordre de 170 000 000 $ et, deuxièmement,
quelles sont les prévisions rajustées en cours d'année
1981 pour les états financiers qui vont se terminer cette année
sur ce poste-là, si le chiffre est disponible.
M. Bourbeau (Joseph): M. Jean-Joseph Villeneuve, qui est le
vice-président à la production et au transport à
Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): Villeneuve?
M. Bourbeau (Joseph): Villeneuve.
M. Villeneuve (Jean-Joseph): M. le Président, j'ai ici les
chiffres réels des ventes à l'exportation pour 1981, de janvier
à août inclusivement, et ils indiquent à ce jour des ventes
de 249 000 000 $. Je m'excuse, il faudrait enlever 4 000 000 $ qui sont des
ventes à des réseaux voisins québécois. On peut
faire une distinction. On vend une certaine quantité d'énergie
à l'Alcan, notamment, il y a 4 800 000 $. Les ventes en dehors du
Québec s'élèvent, pour cette période, à 244
000 000 $. Les extrapolations de ces ventes pour l'ensemble de l'année
s'élèvent à environ 380 000 000 $, aux dernières
révisions que nous avons pu faire pour l'année 1981 au
complet.
M. Duhaime: C'est le chiffre, M. Villeneuve, qu'on trouve
à la page 37 de la proposition tarifaire qui serait: vente
d'électricité régulière hors Québec, 73 600
000 $ et vente d'électricité excédentaire hors
Québec, 306 300 000 $, ce qui nous donne 380 000 000 $. Je comprends que
dans le domaine de la prévision, on est toujours, un peu tout le monde,
devant une espèce de boule de cristal. Mais est-ce que c'est exact de
concilier ce que je disais tantôt... que la prévision des revenus
pour ces ventes à l'exportation, tant d'énergie
régulière qu'excédentaire, faite à l'automne 1978
pour l'année 1981, était de 170 000 000 $ par rapport à un
chiffre de 380 000 000 $ que vous allez effectivement réaliser?
M. Villeneuve: II y a plusieurs facteurs qui influencent le
montant que nous pouvons réellement retirer de nos ventes à
l'exportation. Bien sûr, l'énergie que nous remplaçons dans
les réseaux voisins en vendant nos ressources d'origine hydraulique est
une énergie fondée sur des coûts de combustible fossile,
lesquels coûts ont évolué vers la hausse,
évidemment, comme on s'y attendait, mais peut-être plus rapidement
que prévu.
Il y a aussi autre chose, un facteur bien important, c'est que nous
faisons des efforts constants pour essayer d'écouler notre
énergie vers les marchés les plus lucratifs et déplacer,
aux États-Unis en particulier, de l'énergie produite avec la
source la plus coûteuse possible. Nous avons, depuis quelques
années, négocié des ententes avec les réseaux
voisins pour relier notre prix de vente à l'économie qui est
réalisée par le réseau acheteur. En fait, dans
l'énergie excédentaire, on va habituellement chercher 80% de
l'économie que l'Ontario, le Nouveau-Brunswick ou les États-Unis
peuvent effectuer avec notre énergie.
Cependant, il arrive à l'occasion que
nos concurrents, par exemple, Hydro-Ontario, vendent sur une base
différente, étant donné que dans les deux cas, aux
États-Unis et en Ontario, il s'agit d'énergie produite par un
combustible fossile. On partage à 50-50 les économies
réalisées par l'acheteur. Si l'Ontario vend à New York, le
prix de la transaction est à mi-chemin entre ce qu'il en coûte
à l'Ontario pour produire de l'énergie à partir du
charbon, disons, et l'économie que réalise New York en coupant de
l'énergie produite avec du pétrole.
Dans notre cas, comme notre ressource est hydraulique et qu'on n'a pas
de coûts réels, mais qu'on a de très importants coûts
d'investissements, on a réussi a convaincre les réseaux voisins
de nous donner jusqu'à 80% de l'économie. Ce qui arrive parfois,
c'est que les États-Unis trouvent plus avantageux d'acheter de l'Ontario
avant d'acheter du Québec parce que le 50-50 sur un écart, par
exemple, entre une économie de 50 000 $ et un coût de production
de 20 000 $ donnerait de l'énergie à 35 000 $, alors que nous, en
nous donnant 80% de 50 000 $, ils nous donneraient 40 000 $. Ils vont
plutôt acheter d'abord de l'Ontario et ensuite ils vont venir acheter
chez nous de l'énergie pour déplacer des énergies moins
coûteuses dans l'Éttat de New York. Depuis cette année, on
a travaillé avec les Américains à développer une
nouvelle formule - c'est toujours celle qui est la plus intéressante des
deux qui s'applique - par laquelle on vend non plus à 80% de leur
économie, mais à un prix qui représente un partage
à 50-50 entre l'économie qu'ils réalisent et un prix de
base qui est établi d'une façon plutôt arbitraire, mais qui
se situe de manière à nous donner un prix compétitif avec
celui d'Hydro-Ontario.
On a augmenté considérablement, cette année, nos
ventes à l'État de New York, le prix moyen et les
quantités, en partie grâce à cette nouvelle politique qu'on
a mise en jeu. (22 heures)
M. Duhaime: Là-dessus, M. Villeneuve, je peux vous dire
que je suis parfaitement d'accord avec vous. À partir du moment
où nos équipements sont faits, particulièrement durant les
mois d'été, où nous pouvons exporter vers le Sud, vers
l'Est ou vers l'Ouest, les volumes d'énergie excédentaire, je
pense qu'à l'échange, on est gagnant. Je ne crois pas que vous
ayez répondu parfaitement à ma question. J'ai ici en main
l'annexe 2 qui a été déposée avec la proposition
tarifaire à l'automne 1978; je voudrais juste avoir la certitude qu'on
parle des mêmes chiffres. Il était prévu, à ce
moment-là, et je parle de la seule année 1981, au chapitre des
exportations, je fais simplement l'addition mathématique: exportation
souscrite, 49, 4, excédentaire 121, 2 ce qui me donnait tantôt le
chiffre de 170 000 000 $ prévu en 1978. Si je vous ai bien compris
tantôt, M. Villeneuve, vous avez dit qu'à la fin d'août
1981, les ventes étaient de l'ordre de 244 000 000 $ et qu'on
s'acheminait vers le 31 décembre 1981 à un niveau de ventes de
l'ordre de 380 000 000 $. Si on fait la soustraction mathématique, cela
veut dire une différence à la hausse de 380 000 000 $
réalisés moins 170 000 000 $ prévus en 1978 de l'ordre de
210 000 000 $. C'est exact?
M. Villeneuve: Oui, c'est exact.
M. Duhaime: Alors, M. le Président, j'aurais
peut-être, quant à moi, terminé. Je voudrais faire une
remarque d'ordre général avant de vous demander l'ajournement de
nos travaux. J'aimerais poser d'abord une question à M. Bourbeau. Sans
présumer de la recommandation que je pourrais faire à mes
collègues du Conseil des ministres, sans présumer non plus de la
décision que le Conseil des ministres pourrait prendre sur la
proposition tarifaire, je comprends, des échanges que nous avons eus
aujourd'hui, peu importe qu'il y ait quelques ajustements mineurs à
l'intérieur d'une même catégorie de consommateurs en ce qui
est du niveau des tarifs, mais globalement, ce qu'Hydro-Québec demande,
c'est qu'à partir de cette nouvelle proposition tarifaire, il y a une
augmentation de ses revenus bruts de l'ordre de 415 000 000 $. M. Bourbeau,
avec des entrées d'argent additionnelles de 415 000 000 $, en tenant
pour acquis que le programme d'emprunt serait au niveau de 2 400 000 000 $, 2
500 000 000 $ comme il en a été discuté tantôt, qui
peut être plus ou moins difficilement réalisable selon la
situation des marchés, est-ce qu'avec la hausse que vous nous proposez,
nous avons la certitude que le taux de capitalisation de 25-75 comme ratio
serait maintenu, que la couverture des intérêts serait
supérieure à 1 et qu'Hydro-Québec arriverait aussi
à payer ses taxes et possiblement un dividende tout en assurant sa bonne
santé financière?
M. Bourbeau (Joseph): Alors, M. le ministre, quant au taux de
capitalisation, je crois qu'avec le 415 000 000 $ le taux se maintient
légèrement au-dessus de 25% et, avant qu'il passe en bas de 25%,
il faudrait qu'on ait beaucoup moins que les 415 000 000 $. Là où
on devient beaucoup plus vulnérable, c'est à la couverture des
intérêts. La couverture des intérêts dans notre
proposition est de 1, 05 et c'est un ratio qui est très sensible aux
hypothèses de taux d'inflation et de majoration qu'on peut avoir dans un
contexte économique et financier qui est très difficile. Alors,
il faudra faire très attention à ce qui nous arrivera l'an
prochain. Je crois qu'on aura besoin des 415 000 000 $ pour faire face
à
la musique.
M. Duhaime: M. le Président, il me reste à conclure
nos travaux et ce débat. Je voudrais, d'abord et avant tout, dire que le
gouvernement s'est rendu à la demande de l'Opposition, soit une demande
qui nous a été formulée il y a deux semaines et demie,
trois semaines, je crois, pour que les travaux de cette commission
parlementaire soient télévisés de sorte que le maximum
possible de nos concitoyens, aussi bien simples contribuables que consommateurs
et Hydro-Québécois, puissent suivre le déroulement de nos
travaux. Je voudrais, bien sûr, déplorer le fait que l'Opposition
ait choisi, en vertu de je ne sais quelle stratégie, de quitter les
travaux de cette commission. Chacun en portera, bien sûr, sa
responsabilité.
Je voudrais aussi remercier M. Bourbeau, M. Boyd et les membres du
conseil d'administration d'Hydro-Québec qui ont suivi nos travaux, de
même que tous les cadres d'Hydro-Québec qui se sont
prêtés à nos questions. Je voudrais aussi, d'une
façon particulière, remercier l'équipe technique
d'Hydro-Québec qui a bien voulu préparer ces tableaux afin qu'on
puisse avoir, pour une première fois dans mon cas, une meilleure
compréhension de ce qui se passe lorsqu'une proposition tarifaire vient
au gouvernement. Je pense que cela a été un effort de
pédagogie et je pense aussi pouvoir dire, M. le Président, que
nous continuerons dans l'avenir avec ce scénario.
Il me reste à remercier mes collègues ministériels
qui ont participé aux travaux de cette commission et je voudrais aussi
dire merci à l'équipe de fonctionnaires au ministère de
l'Énergie et des Ressources qui, depuis plusieurs semaines et plusieurs
mois, m'ont assisté dans ce nouveau travail au ministère de
l'Énergie et des Ressources, en particulier dans la préparation
des travaux de cette commission. On se donne rendez-vous l'an prochain ou dans
deux ans ou dans trois ans; on verra en ce qui concerne les tarifs.
M. le Président, il me reste à vous remercier
vous-même d'avoir dirigé ces travaux. Quant à moi, je
serais prêt à proposer l'ajournement des travaux de cette
commission.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. MM.
Villeneuve, Lafond, Bolduc, Finet, Boyd, Bourbeau, au nom des membres de cette
commission, je tiens à vous remercier de la présentation que vous
avez faite devant cette commission.
Maintenant, je prierais le rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale que la commission de l'énergie et des
ressources s'est réunie et a étudié la demande de
tarification d'Hydro-Québec.
Sur ce, les travaux sont ajournés sine die. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 08)