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(Vingt heures huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Que chacun prenne ses places! Ses places ou sa place.
La commission de l'énergie et des ressources se réunit
afin d'étudier, article par article, le projet de loi no 16, Loi
modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. Les membres de cette commission
sont: M. Bélanger (Mégantic-Compton), M. Bordeleau (Abitibi-Est),
remplacé par M. de Belleval (Charlesbourg), M. Duhaime (Saint-Maurice),
M. Dussault (Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire
(Frontenac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac)
remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Perron (Duplessis),
M. Rodrigue (Vimont), M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Desbiens (Dubuc), M. Hains (Saint-Henri),
remplacé par M. Gratton (Gatineau), M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Saintonge (Laprairie), M. Marquis (Matapédia), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin) remplacé par M. Maciocia (Viger), M.
Tremblay (Chambly).
Maintenant, j'aimerais recevoir la proposition pour un rapporteur, s'il
vous plaît.
M. Grégoire: M. le Président, on pourrait
peut-être suggérer M. Jean-Guy Rodrigue.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
M. Lalonde: Est-ce que cela est débattable?
Le Président (M. Laplante): C'est toujours
débattable.
M. Lalonde: Comme on veut montrer notre collaboration en regard
du gouvernement, on va l'accepter.
Le Président (M. Laplante): M. Jean-Guy Rodrigue.
M. Lalonde: Parce que c'est lui. Vimont. Une espèce de
prudence.
Remarques préliminaires Le Président (M. Laplante):
Maintenant, je prendrais un intervenant de chaque côté pour
les interventions préliminaires, s'il vous plaît.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je vais approcher mon micro.
Je vais dire tout simplement qu'après les discours que nous avons
entendus à l'Assemblée nationale tant sur une motion de report de
l'Opposition qui a été défaite d'ailleurs et le
débat de deuxième lecture du projet de loi no 16, nous serions
prêts de ce côté-ci à entamer l'étude du 1er
article du projet de loi no 16 en troisième lecture.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Lalonde: Ce n'est rien. Cela va être pire.
M. Pierre-C. Fortin
M. Fortier: M. le Président, j'aurais quelques petites
remarques préliminaires pour résumer un peu ce qu'on a fait
jusqu'à maintenant. Il est vrai que comme le ministre l'a dit, nous
avons demandé une motion de report. Sans revenir sur toute la
discussion, ce que nous avons tenté de faire, c'est de justifier le fait
qu'Hydro-Québec n'était pas une compagnie ou une
société d'État comme une autre, qu'elle avait des
objectifs extrêmement bien définis, depuis très longtemps
d'ailleurs, et que l'impact du projet de loi no 16 et des articles que nous
allons discuter incessamment, article par article, va modifier
substantiellement cette société d'État. Le ministre dans
son discours de clôture - et je crois qu'il reprenait certains des
arguments qu'il avait utilisés en conférence de presse où
il disait tout simplement: Ce projet de loi a pour but, premièrement, la
restructuration financière d'Hydro-Québec; deuxièmement,
de fournir une équité fiscale; troisièmement,
l'introduction de dividendes; quatrièmement, la tarification et
finalement, des économies d'énergie.
En fait, si on s'en tient simplement à des énoncés
aussi généraux, il est assez difficile d'être en
désaccord ou d'être d'accord, parce que ces mots peuvent dire
différentes choses. C'est ça qu'on a voulu faire dire ou qu'on a
voulu expliciter durant le débat de la semaine dernière. Ce qui
n'est
pas clair, je pense, pour le public à ce moment-ci, c'est
justement que dans la politique énergétique que M. Joron avait
préparée et qui a été publiée en 1978, on
avait mis beaucoup d'insistance sur la place des citoyens. Je vais juste lire
un petit paragraphe, ce n'est pas bien long: "Au Québec, comme dans
l'ensemble des pays les plus développés, une prise de conscience
nouvelle des phénomènes sociaux et humains influence depuis
quelques années le fonctionnement du secteur énergétique.
Cette prise de conscience se réalise à trois niveaux: le citoyen
en tant que consommateur d'énergie ressent de plus en plus la
nécessité d'être protégé contre les risques
de toutes sortes pouvant accompagner l'utilisation des produits
énergétiques; il désire, deuxièmement, être
consulté sur les décisions énergétiques modifiant
son cadre de vie et influençant son environnement; et
troisièmement enfin, le citoyen souhaite participer à la
définition et à l'application des grandes orientations
définies par le gouvernement. À chacun de ces trois niveaux, le
gouvernement du Québec prévoit la mise en place de certaines
modalités qui devraient améliorer l'intégration du citoyen
dans la mise en place de la politique énergétique
québécoise."
Nous avons fait état - et j'en ai fait état
personnellement à plusieurs reprises -que pour autant que ces
énoncés de politique énergétique qui s'intitule "La
politique québécoise de l'énergie, assurer l'avenir",
fournissaient un cadre général qui permettait peut-être,
dans un deuxième temps, au gouvernement de définir une
politique... Ce livre blanc ne nous fournit pas les données
précises qui nous permettraient de mesurer dans toute son ampleur
l'impact des énoncés très succincts d'une politique
énergétique tarifaire qu'il a énoncé il y a
quelques temps et surtout dans le débat que nous avons eu la semaine
dernière. Mais comme il en faisait état de toute façon,
puisqu'il s'agit là d'une nouvelle politique tarifaire, nous avons
demandé à plusieurs reprises la semaine dernière...
D'ailleurs, les nombreux télégrammes que M. René
Lévesque ou M. Claude Ryan ont reçus la semaine dernière
et cette semaine font état justement de la nécessité pour
plusieurs associations, plusieurs personnes, les consommateurs, les syndicats,
de participer à ce débat public sur les politiques
énergétiques de l'avenir. (20 h 15)
Nous en avions discuté lors de la présentation du
programme d'équipement, en février et début de mars 1981,
alors que le programme d'Hydro-Québec sur la période de dix ans
ne permettait pas justement de prévoir quelles étaient les
politiques énergétiques de l'avenir, de l'au-delà, et
surtout les politiques tarifaires qui étaient reliées à
cette politique énergétique. C'est la raison que le ministre
évoquait dans un résumé qu'il était en train
d'étudier. Il était en train d'étudier la meilleure
formule que pourrait prendre un tel débat et d'identifier les
modalités selon lesquelles ce débat pourrait être
administré.
C'est pour dire qu'on se sent un peu gêné quant à
nous de commencer cette analyse article par article. Quoique étant
forcé dans une certaine mesure par la démocratie parlementaire,
nous allons tenter de le faire et tenter d'expliciter les raisons pour
lesquelles nous avons dit qu'il était important à ce moment-ci
d'avoir une discussion sur la politique énergétique qui nous
semblait d'ailleurs en accord et avec le livre blanc "Assurer l'avenir" et avec
les propositions de la politique québécoise de l'énergie,
"Trois ans d'action". On ne peut comprendre qu'à ce moment-ci le
gouvernement insiste tellement pour procéder avec une étude en
troisième lecture d'un projet de loi qui de toute évidence - le
ministre l'a dit en toutes lettres dans une entrevue à la presse, je
crois que c'est le Soleil, vendredi le 4 décembre - va avoir un impact
sur la restructuration financière, l'équité fiscale, les
politiques de dividendes et la tarification à des économies
d'énergie.
Cela nous semble très difficile à accepter. C'est un
impact sur le citoyen sûrement, d'autant plus que, dans le
passé... J'en ai fait état dans le discours de deuxième
lecture. Pour l'intérêt de ceux qui liront nos débats, il
est évident qu'en Ontario on s'est rallié depuis plusieurs
années pour faire en sorte que l'Ontario Energy Board, qui est la
régie de l'énergie en Ontario, puisse examiner, dans tous les
détails... Et je regardais justement la présentation qu'avait
faite Hydro-Ontario qui est beaucoup plus détaillée que
l'information financière qu'Hydro-Québec nous a remise, où
justement on fait état des détails sur les revenus, de la
proposition des tarifs recommandés, des résultats financiers,
d'une discussion sur ces sujets-là, d'une prévision de l'avenir
économique, d'une prévision de l'énergie et de la demande,
des exigences au point de vue des revenus et des résultats financiers
escomptés, avec beaucoup de statistiques et beaucoup de détails
et des politiques qui sont explicitées et sustentées par des
informations extrêmement détaillées. Ces informations ont
été, par la suite, analysées par des experts et des
associations de toutes sortes qui pouvaient se présenter devant la
Régie de l'électricité de l'Ontario pour faire cette
analyse-là. Je crois que cela a duré tout l'été,
cette année; je crois que la proposition d'Hydro-Ontario a
été faite au mois de juin et que, pendant une période de
trois à quatre mois, plusieurs mouvements, plusieurs associations ont pu
se présenter pour étudier la proposition tarifaire. Et ceci
n'était que pour la proposition tarifaire, parce qu'on sait qu'en
Ontario, au préalable, il y avait eu la commission Porter, "Porter
Commission", qui avait justement examiné tout l'avenir
énergétique de l'Ontario, où on avait décidé
de ralentir, dans une certaine mesure, le programme électrique, quoique
dernièrement, le premier ministre de l'Ontario a décidé de
l'accélérer de nouveau pour faire en sorte que
l'électricité ait droit de résidence.
D'ailleurs, dans le programme d'Hydro-Ontario, on s'aperçoit
maintenant - et les gens le disent - qu'en Ontario l'électricité
produite par le moyens qui sont utilisés là rivalise avec le gaz,
en Ontario. On a d'ailleurs pris certaines décisions comme celle
d'électrifier un tronçon de voie ferrée pour fournir de
nouveaux débouchés à l'énergie produite en
Ontario.
Ceci m'amène à deux réflexions: d'une part, je me
demande - on l'a dit et je le répète - comment le gouvernement
peut protéger le citoyen, s'il a des intérêts des deux
côtés. C'était comme il le faisait jusqu'à
maintenant, tenter de protéger le citoyen en examinant la tarification
qui lui était proposée, et avec les moyens très
inefficaces quand même de la commission parlementaire, surtout pour les
députés de l'Opposition, examiner avec beaucoup de sérieux
toute l'information financière, le peu d'information qui nous
était proposé et sans l'aide des experts qui auraient pu nous
aider, voir dans toute leur profondeur les différents arguments qui
pouvaient militer en faveur des propositions tarifaires faites par
Hydro-Québec. J'ai dit cela tout simplement sans vouloir préjuger
des intentions d'Hydro-Québec, mais quand même, si l'on veut
protéger les intérêts du consommateur, on peut se poser la
question, et nous l'avons posée dans le passé, et mon
collègue de Mont-Royal l'a fait pendant plusieurs années avant
moi, la question était, que le moyen utilisé en commission
parlementaire est un moyen inefficace pour évaluer le programme
d'Hydro-Québec et surtout sa proposition tarifaire.
Comme je viens de le dire, en Ontario, on a justement cette régie
de l'électricité et de l'énergie qui permet à
toutes les associations, à tous les individus, de faire valoir leur
point de vue.
On peut se poser la question à savoir pour quelle raison le
gouvernement n'a pas cru bon de retenir certaines des recommandations qui lui
avaient été faites, et là je parle de tarification, mais
on peut croire qu'il y avait un besoin pressant d'examiner la tarification
annuellement ou à tous les deux ans, tous les trois ans, d'une
façon très détaillée; à plus forte raison,
on peut se poser des questions sur les propositions énergétiques
de l'avenir formulées dans la Loi de l'Hydro-Québec, lesquelles
vont justement amener des changements substantiels dans les politiques
énergétiques. Dans les discours que nous avons faits la semaine
dernière, nous avons voulu étayer cela. Moi, je le dis et je le
redis, je crois que les modifications financières que l'on fait vont
peut-être amener Hydro-Québec et la société en
général à faire des choix d'énergie qui vont
être différents à l'avenir, c'est évident.
Je crois que la dimension qui est tout à fait nouvelle, c'est
que, même si le ministre a voulu, dans son discours de clôture,
diminuer l'impact qu'aurait la déclaration de dividendes, il n'en reste
pas moins que, jusqu'à nouvel ordre, le gouvernement n'a pas cru bon de
retenir cette proposition qu'avait faite Hydro-Québec de faire en sorte
que la déclaration de dividendes soit faite par le conseil
d'administration d'Hydro-Québec et non pas par le gouvernement et son
ministre des Finances.
J'ai de la misère à comprendre - et ce qu'on nous a dit en
deuxième lecture ne nous a pas éclairé là-dessus -
même si le gouvernement voulait essayer d'éviter ce conflit, le
gouvernement va se trouver en conflit de juridiction. Au moment où l'on
s'apprête à voter une loi qui va avoir un impact substantiel, j'ai
de la misère à comprendre, pour ma part, comment on peut
procéder avec un projet de loi avant même qu'on ait
étudié de quelle façon le citoyen pourrait être
protégé. Sans vouloir intenter, imputer au ministre des Finances
ou au ministre de l'Énergie, au gouvernement en général de
mauvaises intentions à ce moment-ci dans nos travaux, il n'en reste pas
moins que les citoyens ont appris dans le passé à être
protégés par le gouvernement de façon beaucoup plus
déterminante, pour toutes sortes d'autres implications et que le
gouvernement fait voter des lois Justement, pour assurer la protection du
consommateur. On sait que la loi qui régit la protection du consommateur
n'inclut pas la juridiction sur Hydro-Québec et l'augmentation de la
tarification, mais on peut quand même se demander pour quelle raison,
à ce moment-ci, le gouvernement désire procéder en
troisième lecture. S'il nous avait permis ce débat
"énergétique", sur les implications financières, sur la
façon de protéger les consommateurs, sur la façon
d'impliquer les consommateurs dans les choix énergétiques et les
tarifications ou les principes déterminant les tarifications, nous
aurions pu, à ce moment, faire des recommandations et des commentaires.
Et les différentes associations dont la fonction est de protéger
le citoyen auraient pu intervenir d'une façon qui aurait fait la
lumière sur ces différentes politiques et influencer positivement
le gouvernement dans les propositions qu'il aurait pu amener, par la suite,
pour amender la Loi sur
l'Hydro-Québec pour, d'une part, protéger le citoyen et,
d'autre part, pour donner à Hydro-Québec les moyens financiers
dont elle a besoin pour assurer son avenir. Si c'est finalement la
décision du gouvernement, on ferait en sorte qu'Hydro-Québec, si
jamais elle avait des surplus, puisse aider substantiellement le gouvernement
dans ses déficits chroniques. Mais on s'aperçoit, à la
lecture du projet de loi en troisième lecture, que le gouvernement n'a
pas tenu compte de ces commentaires, qu'il s'est assuré un droit
déterminant des déclarations en dividendes, un droit
déterminant d'imposer des taxes à Hydro-Québec, elle qui,
jusqu'à maintenant, était libre de ses impositions. Il s'agit
d'un projet de loi très unilatéral pour protéger le
ministre des Finances, qui ne donne aucun pouvoir au ministre de
l'Énergie et des Ressources ou au ministre responsable de la protection
du citoyen, pour faire, dans l'avenir, les choses qui devraient être
faites et qui sont demandées par la population.
Il s'agit, M. le Président, d'un projet de loi dont les
intentions pécuniaires sont explicites, qui ne tient pas compte des
besoins des consommateurs ou de leur protection dans l'avenir, qui ne tient pas
compte, je crois, des besoins du ministère de l'Énergie et des
Ressources qui dans le passé avait déclaré son intention
de participer avec le public à l'élaboration des politiques
énergétiques et comme l'ex-ministre et le nouveau ministre de
l'Énergie et des Ressources l'a dit de tenter de trouver des moyens qui
auraient pu permettre à la population de s'exprimer sur ces sujets.
Dans son allocution de cet après-midi, le ministre a dit: Bien
sûr, il n'y aura aucune relation entre les augmentations des tarifs pour
l'an prochain qui devraient amener quelque 415 D00 000 $ de plus à
Hydro-Québec et le fait qu'il y aura des montants payés au
gouvernement par HydroQuébec elle-même. Le ministre a dit: Je ne
comprends pas pourquoi les représentants du Parti libéral du
Québec ont quitté la commission parlementaire à ce
moment-là. Il me semble que c'est très explicite et, si le
ministre n'a pas compris, je peux lui rafraîchir la mémoire
là-dessus. Nous croyions, en plus, à ce moment-là, qu'il
était immoral ou illogique ou certainement imprudent, d'étudier
en profondeur une augmentation tarifaire substantielle qui, de l'aveu
même d'Hydro-Québec, dans les documents qu'Hydro-Québec
nous avait donnés, faisait en sorte qu'il y avait à ce
moment-là quelque 198 000 000 $ de ces 415 000 000 $ qui étaient
payés au gouvernement. Je sais, pour avoir lu les Débats,
qu'après le départ des députés libéraux, le
ministre des Finances qui avait fourni à Hydro-Québec une
information, s'est déclaré surpris de voir cette information dans
les documents d'Hydro-Québec. Il est bien certain qu'Hydro-Québec
elle-même a dû se déclarer par la suite très surprise
de voir que le ministre des Finances avait changé ses informations et
que les montants qui étaient de 198 000 000 $ seront peut-être
baissés l'an prochain à 150 000 000 $, à 140 000 000 $ ou
à 130 000 000 $. Cela ne change nullement l'argumentation que nous avons
faite. C'est que des 415 000 000 $ qui seront payés l'an prochain, une
somme substantielle qui approche quasiment du tiers sera payée en
nouvelle taxe au gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous avons dit, je
crois, en toute rationalité, que si Hydro-Québec avait besoin
d'une augmentation de 16,3% pour aller chercher 415 000 000 $ de nouveaux
dollars, elle ne saurait plus se contenter d'une augmentation moindre si la loi
16 n'avait pas été passée ou ne serait pas
passée.
Ce sont ces considérations portant sur la protection du
consommateur que nous avons à l'esprit, le fait que le ministre ne donne
pas suite à des intentions clairement exprimées par l'ex-ministre
de l'Énergie et des Ressources, quant à l'audition des demandes
de tarification, quant à la participation du public sur le débat
énergétique et qu'il ne dit pas à la population de quelle
façon le public pourra dans l'avenir participer à
l'élaboration de ces politiques. Ceci, c'est pour le consommateur.
Pour les investissements, cela aura également des impacts
considérables. Bien sûr, le ministre nous a dit tout à
l'heure qu'il faut ajuster les investissements pour tenir compte du fait que la
demande électrique est à la baisse. C'est malheureux. Il est vrai
que lorsque Hydro-Québec avait présenté son programme
d'investissement en février dernier, elle avait prévu une
augmentation de 6,1% ou d'environ 6% jusqu'à 1995. On me dit maintenant
que la plus récente augmentation de la demande se situe aux environs de
5% et plus bas.
C'est malheureux. L'activité économique, due à
l'inaction de ce gouvernement baisse. Ceci va amener une baisse de la demande
électrique; en plus de ces malheurs, Hydro-Québec modifie
substantiellement sa loi, ce qui lui inflige des contraintes financières
extrêmement importantes. D'ailleurs, le président du conseil l'a
dit en commission parlementaire, les ajustements dans le programme
d'investissements sont sûrement dus, d'une part, à la
difficulté d'emprunt à des taux exorbitants aux
États-Unis, mais c'est dû aussi aux difficultés
inhérentes aux nouvelles contraintes financières qui sont
apportées par la loi no 16. (20 h 30)
Ces baisses dans les investissements vont entraîner un manque de
création d'emplois considérable; cela va avoir également
un impact déterminant pour
l'avenir économique du Québec. C'est la raison pour
laquelle, encore là, nous croyons pouvoir justifier une participation du
public à l'élaboration de la discussion du projet de loi no 16
qui éventuellement, j'en suis sûr, nous permettra, avec l'aide
d'experts d'évaluer avec plus de précision quel sera l'impact sur
le consommateur et quel sera l'impact véritable sur l'économie du
Québec.
Nous en sommes rendus à des conjonctures - je n'irai pas plus
loin, je conclus là-dessus, M. le Président - et il est
malheureux que le gouvernement insiste pour qu'on étudie maintenant le
projet de loi no 16, article par article, alors que nous n'avons pas de
réponse à plusieurs des interrogations que nous avons eues et des
interrogations qui auront un impact déterminant sur l'avenir du
Québec.
Je termine là-dessus, M. le Président, et je ne peux, au
nom du groupe libéral qu'exprimer notre désenchantement
concernant la fausse urgence, pour le gouvernement, de mettre à
l'étude ce projet de loi, qui ne peut s'expliquer que par les besoins
accrus des finances du gouvernement, créés de toutes
pièces par les déficits et la mauvaise gestion du gouvernement.
Je termine et je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Outremont. Avant de continuer -j'ai le pressentiment que
je vais être assis assez longtemps à cette table - je voudrais
établir une règle du jeu tout de suite pour éviter les
questions de règlement.
Chaque membre de cette commission a un droit de parole de vingt minutes.
Les vingt minutes seront comptabilisées de la façon suivante:
lorsque le ministre répondra à une question de l'opinant, son
temps ne courra pas, son temps arrêtera à ce moment-là.
C'est pour cela que, si jamais vous avez des récriminations
là-dessus... Ce n'est pas nouveau, c'est pour le rappeler, parce que
souvent cela porte à des discussions. Les vingt minutes du
député d'Outremont sont passées. Y en a-t-il d'autres qui
veulent parler? M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Une demande de directive, M. le Président. Si
j'ai bien compris, vous avez l'intention de minuter les interventions de chaque
député. Je présume que vous êtes muni de
l'équipement nécessaire, notamment d'une montre et d'un
calendrier.
Le Président (M. Laplante): Juste à vous regarder,
je pense que j'aurais l'heure à la seconde.
M. Gratton: Est-ce que vous avez aussi un calendrier? C'est
important.
M. Lalonde: ... 1982.
Le Président (M. Laplante): Je me fierai à l'heure
seulement. D'autres questions, monsieur? Est-ce qu'il y a d'autres... Oui, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si je comprends bien, en vertu de l'article 154,
troisième paragraphe, chacun des membres de la commission peut
s'exprimer sur le principe et la teneur générale du projet de loi
avant que la commission n'entreprenne l'étude article par article. Si
vous lisez le même paragraphe que moi cela permettrait à chacun
des membres de cette commission de faire des remarques préliminaires. Je
sais que vous avez indiqué au début, de fort bonne foi
d'ailleurs, que la discussion était ouverte, qu'un membre de chaque
côté pouvait faire des remarques préliminaires. Pouvez-vous
me dire si l'article 154, troisième paragraphe, s'applique ici?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, un président a le droit de s'essayer de temps en
temps pour essayer de faire activer les travaux, mais chacun des membres a son
droit.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je sais que le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Laplante): Vous commencez.
M. Lalonde: Non, je suis encore dans les...
Le Président (M. Laplante): Non, non, ce sont des
questions au président.
M. Lalonde: Non, je n'ai pas l'intention... À ce stade-ci,
c'est une question au président.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Lalonde: C'est que le député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui n'est pas membre de cette commission, m'a-t-on
dit, aurait l'intention d'adresser quelques remarques préliminaires
avant d'étudier le projet de loi article par article, avec le
consentement de la commission.
Le Président (M. Laplante): Exact, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce veut parler, il faudra le consentement de la
commission.
M. Lalonde: C'est ce que je demande. Une voix: D'accord,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je préférerais
que vous en fassiez une motion.
Une voix: Non, c'est une demande. Cela n'a pas à faire
l'objet d'une motion.
M. Lalonde: Pour parler vingt minutes là-dessus, c'est une
demande de consentement, M. le Président.
M. Grégoire: Oui, cela doit faire l'objet d'une demande de
consentement. M. le Président, je remarque que l'Opposition a droit
à quatre membres sur cette commission ainsi qu'à quatre
intervenants, quatre membres votants et quatre membres intervenants, ce qui
fait huit. Je m'aperçois qu'il y en a un huitième qui manquait
d'avance. Est-ce que l'Opposition veut faire remplacer un des membres qui ne
serait pas ici? Est-ce qu'il veut le faire remplacer par le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Lalonde: II a été remplacé par...
M. Grégoire: Ou est-ce que ce serait un de surplus, le
neuvième?
M. Lalonde: On va remplacer M. Maciocia pour ce soir par le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Ça va être plus
simple.
Le Président (M. Laplante): Attendez un peu. Baril,
Ciaccia, il est là...
M. Lalonde: C'est pour être agréable au
député de Frontenac.
M. Grégoire: Dans un bon souci de collaboration, j'estime
que ça prend encore le consentement unanime pour faire remplacer un
membre intervenant.
M. Lalonde: Eh oui!
M. Grégoire: Mais il faudrait être...
M. Lalonde: Je sens que vous voulez avoir un geste de
générosité.
M. Grégoire: Nous voulons en faire un, nous sommes
prêts; je pense bien qu'il n'y a pas de problème là.
Quatrièmement, l'intervenant.
Le Président (M. Laplante): Non, c'est un membre qu'il
manquerait actuellement parce que vous êtes déjà quatre
intervenants enregistrés.
M. Lalonde: Quel membre?
Le Président (M. Laplante): Vous avez M. Ciaccia à
Montréal qui est enregistré. Vous avez M. Gratton
remplaçant M. Hains qui est enregistré. Vous avez M.
Lévesque remplacé par M. Saintonge qui est enregistré.
Vous avez M. O'Gallagher remplacé par M.
Maciocia (Viger). C'est lui que vous voulez remplacer de nouveau.
M. Lalonde: Remplacé par M. Scowen qui pourrait avoir
le...
Le Président (M. Laplante): D'accord, Maciocia (Viger)
sera remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
M. Lalonde: Ce sont les membres ou les intervenants?
Le Président (M. Laplante):
Intervenants. Les membres, on n'y a pas touché.
C'est adopté, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: On en est aux remarques préliminaires
d'après l'article 154,3.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que
l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys était
simplement une demande de directive ou si c'était son intervention?
Le Président (M. Laplante): Une demande de directive.
Mais, vous, ce n'est pas une demande de directive, M. le député
de Montréal, vous commencez à parler. D'accord.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Depuis que j'ai commencé à parler ce
sont des remarques préliminaires.
M. le Président, je crois que le projet de loi qui est devant
nous pour étude, est un projet de loi qui n'est pas tout à fait
le même que les autres qui sont venus devant cette Assemblée, dans
le sens qu'il y a des changements assez importants à une institution de
notre société, une institution financière,
économique, Hydro-Québec, des changements à la structure
d'Hydro-Québec qui pourraient et qui vont certainement affecter les
travaux, l'avenir, la façon de procéder et les investissements.
Ils peuvent affecter complètement non seulement les travaux d'Hydro mais
l'économie du Québec parce qu'Hydro-Québec a un rôle
assez important dans l'économie de notre province. Parce qu'il y a des
changements à cette structure, il aurait été
préférable, et on l'a demandé, d'avoir un débat
public sur le projet de loi 16.
Le gouvernement, pour des raisons qu'il ne nous a pas encore
dévoilées, des raisons qui sont peut-être un peu dans leur
intention, et qui n'ont pas été rendues publiques mais qui
peuvent avoir d'autres conséquences, a refusé d'avoir un
débat public et c'est le premier commentaire que je voudrais faire
sur ce projet de loi c'est-à-dire, l'importance d'avoir un
débat public sur les conséquences des conditions du projet de loi
16. Des conséquences non seulement sur les structures et les travaux
d'Hydro-Québec mais sur l'économie de la province parce
qu'Hydro-Québec représente un aspect très important dans
notre économie.
L'autre aspect du projet de loi qui est inquiétant et qu'on n'a
pas assez expliqué, c'est le montant des redevances, taxes, et tous les
montants complets qu'Hydro-Québec va payer au gouvernement, qui sont de
104 000 000 $ pour l'année 1978 et qui augmentent à 1 400 000 000
$ pour l'année 1985.
Il aurait fallu déterminer quels seront les effets sur les
tarifs, résultant de ces augmentations de toutes les taxes qui seront
payées par Hydro-Québec au gouvernement. On nous dit que, pour
l'année 1982, l'augmentation des tarifs va être de 16.3%,
globalement répartie en différents pourcentages allant de 13%
pour les tarifs domestiques jusqu'à 20% pour la grande puissance. On ne
nous a pas dit quels seront les tarifs exigés par Hydro-Québec et
approuvés par le gouvernement jusqu'en 1985.
En 1978, Hydro-Québec est venue devant la commission
parlementaire - et je suis certain que c'était à la demande du
gouvernement - pour faire approuver des tarifs pour trois ans d'avance.
C'était la première fois, à ma connaissance, qu'une telle
procédure était adoptée. Autrement dit, pendant toutes les
autres années, devant toutes les autres commissions, on demandait cela
pour une année à la fois, et on accordait à
Hydro-Québec l'augmentation des tarifs pour l'année courante. En
1978, on est venu en commission parlementaire pour exiger et demander des
tarifs trois ans d'avance et depuis ce temps-là, on n'a pas eu d'autre
commission parlementaire jusqu'à l'an dernier. Alors, on a
évité d'avoir des commissions parlementaires, justement pour
éviter de discuter des tarifs. Je comprends pourquoi: le gouvernement
prévoyait avoir un référendum, il ne savait pas quand
exactement le référendum aurait lieu, et cela n'aurait pas
été une bonne pratique électorale de dire: Au mois
d'août, au mois de septembre, on va demander une hausse des tarifs, et on
va faire un référendum tout de suite après. Alors, on a
fait l'augmentation globale pour trois ans d'avance pour se protéger
électoralement, pour que l'opinion publique oublie la performance de ce
gouvernement, pour qu'elle ne se souvienne pas des augmentations astronomiques
qu'Hydro-Québec venait de demander. C'était la première
fois dans l'histoire d'Hydro-Québec qu'elle venait demander des hausses
de tarifs aussi élevées.
Durant l'administration libérale, même lorsqu'il y avait la
construction de la Baie-
James qui a été commencée par l'administration
libérale, même lorsque nous avions emprunté des milliards
de dollars par année, l'augmentation demandée n'avait jamais
excédé 10%. On ne peut pas donner l'excuse que c'étaient
des taux d'intérêt élevés, parce qu'en 1978
c'étaient les mêmes taux d'intérêt qu'en 1976, plus
ou moins; ce n'étaient pas les taux d'intérêt
d'aujourd'hui. Ce n'étaient pas des taux d'intérêt de 15%,
16%, 17% et 20% et même 22%.
Alors, la seule raison pour laquelle on a demandé l'augmentation
pour trois ans, c'est une raison électorale, c'est pour faire oublier
à la population que des hausses tellement hautes avaient
été demandées, et deuxièmement - nous l'avions
démontré à ce moment-là et on oublie de le dire,
à l'avant-dernière commission parlementaire - à cause des
politiques du gouvernement de ne plus emprunter, non parce qu'il le voulait,
mais parce qu'il avait un manque de confiance, il ne voulait pas aller sur le
marché américain, il préférait le marché
européen, il avait coupé sa pratique, il avait changé de
pratique... On avait démontré, cela n'avait pas été
nié par les représentants du gouvernement dans ce
temps-là, que cela pouvait coûter au gouvernement, parce qu'il y
avait eu des changements dans les taux d'échanges, quelque 200 000 000
$. (20 h 45)
M. le Président, les raisons pour les hausses astronomiques de
10%, de 18%, 16% par année étaient dues aux politiques du
gouvernement. Elles n'étaient pas dues aux opérations
d'Hydro-Québec. L'administration d'Hydro-Québec n'avait pas
changé. Elle n'avait pas changé sa façon d'administrer, sa
façon de gérer, mais sa politique d'emprunts avait dû
changer, à cause des politiques du gouvernement.
Nous avons, M. le Président, des montants exorbitants qui vont
être payés par Hydro-Québec au gouvernement. Une
augmentation de dix fois plus qu'en 1978; au lieu de 104 000 000 $, cela va
être 1 400 000 000 $. On aurait été en mesure, M. le
Président, de recevoir les informations du gouvernement pour voir
quelles auraient été les augmentations nécessaires sur les
tarifs. On ne nous a pas donné ces informations. On a refusé de
les discuter. Vous vous souviendrez, M. le Président, que le projet de
loi no 16 n'a pas été discuté durant le jour, mais
jusqu'à 4 heures et demie le matin, jusqu'à 6 heures le matin
justement pour ne pas faire la lumière sur toutes les
conséquences du projet de loi.
C'est pour cela, M. le Président, qu'on voulait un débat
public pour que le gouvernement justifie le changement des structures
d'Hydro-Québec, justifie les montants, les augmentations de taxes, taxes
de capital, redevances, taxes municipales, et toutes les autres taxes
qu'Hydro-Québec
devait payer au gouvernement et le gouvernement a refusé. Nous
avons aussi démontré, M. le Président - et cela avait
été accepté par les prédécesseurs du
ministre actuel - la façon d'opérer, parce que si on parle de
multiplier les montants qu'Hydro-Québec va payer au gouvernement par
dix, dix fois plus dans un court espace de quatre, cinq ou six ans, est-ce
qu'on peut conclure de cela, M. le Président, que les tarifs vont
augmenter proportionnellement?
M. le Président, on a déjà mentionné ce
problème de la question de détermination des tarifs, si le
gouvernement qui est en mesure de déterminer lui-même les
dividendes, premièrement, et en deuxième lieu, de
déterminer lui-même les tarifs, ne pourrait-on pas dire
qu'évidemment il y a un conflit d'intérêts? C'est la seule
fois où nous voyons qu'un même organisme va déterminer les
profits et va déterminer les taxes. C'est exactement ce qu'on dit. C'est
presque inacceptable dans n'importe quel autre endroit. Prenons l'exemple de
l'Ontario. Il y a une Régie de l'électricité, une
Régie de services publics devant laquelle HydroOntario doit
comparaître quand elle fait une demande d'augmentation de tarifs. Devant
cette régie, devant les auditions de cette régie peuvent
comparaître, M. le Président, tous ceux qui seront affectés
par les augmentations de tarifs, les usagers industriels, les organisations de
consommateurs pour donner leur point de vue. L'effet de ça, M. le
Président, c'est qu'Hydro-Ontario doit justifier pour les fins de ces
opérations ce pourquoi on demande un certain pourcentage d'augmentation
de tarifs.
Ici, nous n'avons pas cet organisme. Nous n'avons pas cette
justification. Alors, Hydro-Québec, qui devient de plus en plus sous
l'autorité du ministre des Finances et du gouvernement, si elle sait,
par exemple, que le gouvernement va demander X dollars de dividendes dans les
années nommées, à ce moment Hydro-Québec va
augmenter ses tarifs en conséquence. Il n'y aura donc rien de rationnel
dans l'augmentation de tarifs, excepté les demandes, les exigences du
gouvernement pour utiliser les fonds à d'autres fins que le
développement d'Hydro-Québec. Ça, M. le Président,
je crois que c'est quelque chose qui peut avoir des conséquences assez
sérieuses sur HydroQuébec et sur les consommateurs. J'aurais
aimé, M. le Président, qu'à cette commission-ci, en plus
du ministre de l'Énergie et des Ressources, que le ministre de la
Protection du consommateur soit ici. Je suis presque scandalisé, M. le
Président, de voir qu'il n'est pas ici parce que c'est celui qui, du
côté du gouvernement, protège le consommateur. On augmente
les tarifs. On augmente les dividendes. On va piger chez Hydro-Québec
dans les montants qui sont nécessaires pour renflouer les
déficits du gouvernement. Tout cela aux frais du consommateur. J'aurais
aimé que le ministre qui est en charge de la protection du consommateur
soit ici, pour qu'on fasse quelques représentations au moins. Il est
censé être en charge de la protection du consommateur. Il devrait
protéger les consommateurs. Où est-il? Peut-être, M. le
Président, qu'il est à chercher, faire enquête sur la SHQ,
ce soir? Je ne le sais pas. Peut-être qu'il est préoccupé
de savoir ce qui se passe à la SHQ?
Je pense que son devoir aurait été d'être ici.
Même si cela n'avait été que pour faire acte de
présence, M. le Président, un acte symbolique, pour montrer
à la population que la personne responsable de la protection des
consommateurs était ici à l'étude, article par article, du
projet de loi 16 pour faire des représentations pour le consommateur;
mais non, il n'est pas ici. Cela veut dire que c'est encore nous de
l'Opposition officielle, seulement nous autres, qui devrons faire les
représentations nécessaires pour essayer de protéger les
plus défavorisés, les personnes sur lesquelles le fardeau de ce
siphonnement va peser.
Je vais terminer brièvement, pour le moment, mes remarques
préliminaires sur ce projet de loi. Peut-être que le ministre
pourrait nous dire pourquoi son collègue, le ministre de l'Habitation et
de la Protection du consommateur n'est pas ici ce soir. Peut-être qu'il a
l'intention d'intervenir plus tard dans le débat; je ne veux pas
présumer qu'il ne sera pas ici. Je crois que cet aspect du projet de loi
est très important et que quelqu'un devrait être ici, du
côté du gouvernement, pour faire ces représentations et ces
interventions.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Mont-Royal. Cinq minutes. M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Merci, M. le Président. En tout
premier lieu, lors de de ces remarques préliminaires, j'aimerais, pour
que... Oui.
Le Président (M. Laplante): Une chose à ne pas
apporter non plus... Excusez, ça va être la dernière fois;
je veux laisser parler aussi largement qu'on l'a fait en deuxième
lecture, mais je préférerais qu'on s'en tienne à
l'électricité, par exemple. Je voudrais que ce soit clair entre
nous autres.
M. Ciaccia: J'ai parlé seulement de
l'électricité, j'aurais pu parler du gaz naturel et du reste, le
pétrole.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais vous savez ce que je
veux dire, M. le député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Nous allons nous soumettre
à vos désirs.
M. Gratton: Une demande de directive.
M. Ciaccia: La pertinence du débat nous tient à
coeur.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: J'aimerais vous dire tout de suite, M. le
Président, que nous vous faisons entièrement confiance. Nous
savons la largeur de vue que vous avez toujours manifestée à
titre de président de commissions sur la façon de bien diriger
nos débats, de bien appliquer le règlement de l'Assemblée
nationale. Nous savons que vous connaissez votre responsabilité, votre
rôle à titre de président; ce n'est nécessairement
pas d'intervenir dans le débat, c'est de faire en sorte que chacun des
députés puisse exercer son droit de parole selon les
règlements de l'Assemblée nationale et nous vous disons tout de
suite, M. le Président, que vous pourrez jouir de notre entière
confiance, de notre entière collaboration.
Une voix: M. le Président, c'est quoi... Leur tour
viendrai
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
Une voix: Je suis même prêt à faire une motion
de félicitations.
M. Lalonde: M. le Président, je suis prêt à
parler là-dessus.
M. Ciaccia: Je trouve, M. le Président, que 20 minutes, ce
ne serait pas assez pour vous féliciter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Grégoire: Si je comprends bien, M. le Président,
on va faire la motion de félicitations immédiatement; ou est-ce
que ça va être plus tard?
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, afin que tout le
monde puisse bien se comprendre, j'aimerais, puisque vous nous parlez de bien
nous restreindre au sujet de l'électricité, indiquer quels sont
les motifs officiels invoqués par le ministre pour présenter son
projet de loi 16, tel que mentionné dans les notes explicatives qui
accompagnent le projet de loi no 16. Ce projet de loi, nous dit la note, a pour
objet de modifier la Loi sur l'Hydro-Québec, afin de, principalement,
doter Hydro-Québec d'un fonds social autorisé de 5 000 000 000 $,
divisé en 50 000 000 d'actions d'une valeur nominale de 100 $ chacune;
en deuxième lieu, de prévoir que les actions de la
société font partie du domaine public du Québec; en
troisième lieu, d'imputer le total des réserves de la
société au 31 décembre 1980, au paiement total de 43 741
090 actions attribuées au ministre des Finances; en quatrième
lieu, de déterminer les mécanismes de déclaration et de
paiement du dividende sur les actions, afin de respecter des exigences de
couverture d'intérêt et de capitalisation. Ce projet de loi
permettra également à Hydro-Québec de réaliser des
programmes d'économie d'énergie.
Je voudrais, M. le Président, ces remarques étant faites,
passer quelques commentaires préliminaires sur la façon dont je
vois les prétextes que le gouvernement invoque pour adopter cette loi.
Selon moi, M. le Président, nous sommes en face d'une bien triste
réalité. Le gouvernement du Parti québécois a
décidé de porter un autre dur coup aux contribuables
québécois et, par la même occasion, il va permettre
d'accentuer l'affaiblissement de notre économie au plan canadien. Ce
gouvernement nous demande d'adopter le projet de loi no 16 et, donc, d'accepter
une augmentation de tarif de l'ordre de 16,3%.
M. le Président, au lieu d'utiliser l'électricité
comme levier économique, le gouvernement actuel a décidé
d'utiliser cette ressource pour éponger des déficits
budgétaires catastrophiques pour notre économie qui est
déjà bien mal en point, comme le reconnaissait d'ailleurs le
ministre d'État au Développement économique cet
après-midi en Chambre.
M. Grégoire: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Sur une question de règlement, M. le
Président. Si on voulait se reporter au commentaire 299 du manuel de
procédure de Beauchesne...
Une voix: Qui?
M. Grégoire: M. Beauchesne, qui est une autorité en
procédure parlementaire. On verrait...
M. Lalonde: Un point pour Ottawa! Cela vient d'Ottawa.
M. Grégoire: ... que les répétitions sont
prohibées autant dans une commission qu'à l'Assemblée
nationale. Je m'aperçois que le député de Richmond est en
train de relire, je crois, le texte de son discours prononcé
en deuxième lecture sur ce même projet de loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: Je me demande si un tel procédé
ne va pas à l'encontre du règlement.
Le Président (M. Laplante): ... cela ne va pas à
l'encontre du règlement. M. le député de Richmond.
M. Grégoire: C'est contre la procédure en
commission.
M. Vallières: Je veux mentionner au député
de Frontenac, M. le Président, que ce n'est pas ce que je suis en train
de faire, qu'il n'a pas les documents que j'ai -d'ailleurs, il va le voir
tantôt - entre ses propres mains. Je trouve que c'est bien
légèrement nous imputer des intentions. Si on se fiait d'ailleurs
à la remarque du député de Frontenac, cela voudrait dire
qu'une fois que son propre gouvernement aurait blâmé le
gouvernement fédéral de tous les maux auxquels sont soumis nos
contribuables québécois depuis l'avènement de sa formation
politique, il ne pourrait le refaire. On remarque pourtant combien de fois on
se fait dire cela...
M. Ciaccia: Question de règlement aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ciaccia: À part cela, ce n'est pas l'article 299 du
Beauchesne, c'est l'article 256. Il s'est trompé de numéro.
M. Grégoire: L'article 299.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
Une voix: Si Beauchesne l'a regretté après qu'il
eut écrit cela.
M. Lalonde: Beauchesne, c'est un gars d'Ottawa, M. le
Président.
M. Ciaccia: Moi aussi j'étais à Ottawa, M. le
Président.
Une voix: ... pas fédéral. Des voix: Ah! ah!
ah!
M. Vallières: Je disais donc, M. le Président,
qu'il est quand même important qu'il y ait répétition de
certains arguments, puisque nous avons déjà passé quelques
nuits blanches à essayer d'expliquer au ministre qu'il valait mieux
retirer ce projet de loi mais qu'on ne nous a pas encore compris. Que nous
revenions avec des arguments aujourd'hui qui parfois ressemblent à
d'autres, je pense que c'est normal.
J'allais dire, M. le Président, que nous aurions eu davantage
d'arguments pour intervenir au niveau de la tarification de
l'électricité en maintenant les tarifs actuels à leurs
plus bas coûts possibles pour attirer de nouvelles industries ou encore
pour inviter celles déjà installées ici à changer
leur système de chauffage pour passer du mazout à
l'électricité , mais cela, en vertu de la loi no 16, ne sera plus
possible.
J'aurai l'occasion, M. le Président, de vous mentionner qu'ici
même en cette salle, sauf erreur, puisque le gouvernement semble
contester nos dires relativement au changement de vocation
d'Hydro-Québec, le président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, M. Joseph Bourbeau, devant les membres de la commission
permanente de l'énergie et des ressources du mardi 25 août 1981,
nous donnait son point de vue sur la façon dont il envisage ce projet de
loi et comment il vient modifier la vocation première
d'Hydro-Québec. Je veux vous le citer, parce qu'il s'agit d'une personne
en qui les gens d'en face ont énormément confiance et je pense
qu'ils ne pourront pas contredire l'interprétation que M. Bourbeau
lui-même fait de ce projet de loi no 16.
M. Bourbeau nous disait, le 25 août 1981, en cette salle, M. le
ministre:
M. Ciaccia: Juste avant qu'on quitte la commission.
M. Vallières: "Pour nous, l'élément clef -
on nous parle du discours du budget - c'est l'installation d'une politique de
transfert de fonds d'Hydro-Québec au gouvernement." (21 heures)
Le discours sur le budget souligne d'abord que pendant les quatre ou
cinq années qui viennent, Hydro-Québec n'investira plus
guère de dollars par rapport à ce qu'elle a investi aujourd'hui.
Retenant ensuite l'hypothèse que les hausses de tarifs de
l'électricité refléteront le rythme de l'inflation dans
les années à venir, le ministre des Finances ajoute: "Dans
quelques années, Hydro-Québec autofinancera 60% de ses
investissements". Dans cette perspective, le gouvernement estime qu'il devrait
récupérer le surplus financier excédentaire de
l'entreprise par un transfert d'une partie des revenus nets de cette
dernière au trésor public. Un peu plus loin on peut toujours
lire, selon M. Bourbeau, qu'en ce qui a trait à la tarification, le
discours sur le budget est aussi très explicite.
Il ne convient plus en effet de réduire, voir de stabiliser, le
prix de l'électricité, bien au contraire. L'évolution de
la conjoncture énergétique incite plutôt à
utiliser le prix de l'électricité comme un moyen pour
gérer la demande et stimuler les économies d'énergie.
L'interrogation suivante, tirée du discours du budget, est
révélatrice à cet égard. Je cite: "Comment va-t-on
persuader les citoyens qu'il faut économiser l'énergie si, pour
ce qui a trait à l'électricité, c'est le seul prix qui
baisse ou en tout cas, n'augmente pas? En conséquence, le gouvernement
souhaite qu'Hydro-Québec lui propose désormais des hausses de
tarifs qui tiennent compte de l'évolution du prix des autres formes
d'énergie. Il s'agit là d'un changement majeur aux règles
qui ont présidé à l'établissement des tarifs de la
société jusqu'à maintenant." Le dernier paragraphe que je
vous cite, M. le Président, et non le moindre, à la page 4 du
mémoire qui a été soumis: "Les amendements apportés
aux articles 22 et 22,1 de la Loi sur l'Hydro-Québec sont importants.
Ils modifient le mandat même de la société d'État.
L'article 22 définit ainsi ce nouveau mandat: La société a
pour objet de fournir l'énergie aux municipalités, aux
entreprises industrielles ou commerciales et aux citoyens du Québec. Les
taux et les conditions auxquels l'énergie est fournie doivent être
compatibles avec une saine administration financière.
Hydro-Québec se voit donc soustraite de son obligation actuelle de fixer
les prix de l'électricité aux taux les plus bas compatibles avec
une saine administration financière. Et, le tarif applicable à
chaque catégorie d'abonnés n'a plus à refléter le
coût réel du service fourni à cette catégorie."
Je pense que, venant du président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, cette citation prend une importance réelle,
compte tenu qu'il vient lui-même nous confirmer que les intentions du
gouvernement sont de modifier, de façon majeure, la vocation que l'on a
connue jusqu'à présent pour Hydro-Québec.
Je vois assez mal comment certains de nos collègues du parti
ministériel peuvent contester les propos que nous tenons sur ce
changement majeur, sur cette modification de la vocation d'Hydro-Québec
quand, même les représentants de la société
d'État viennent le confirmer ici même lors de nos travaux.
Fondamentalement, nous nous opposons à ce projet de loi, à ce
changement de vocation et nous croyons que les Québécois qui ont
été consultés sur cette question en vertu d'une
élection qui s'est tenue en 1962, et qui peuvent
bénéficier de tarifs d'électricité au plus bas prix
possible, devraient continuer d'en bénéficier. Si nous voulons
changer la vocation première qui avait été donnée
à Hydro-Québec, nous devrions, je crois, consulter à
nouveau les premières personnes concernées, c'est-à-dire
les contribuables québécois, ceux qui sont les véritables
actionnaires de cette société d'État.
Alors, voyons la vocation d'Hydro-Québec et son impact sur le
projet de loi 16. Regardons quelle est la justification ou le moyen qui a
été apporté par le gouvernement pour, premièrement,
faire disparaître la vraie vocation d'Hydro-Québec dont le but est
défini dans l'article 22 de la Loi sur l'Hydro-Québec et, en
second lieu, s'approprier une fois de plus une taxe indirecte, une taxe
déguisée. N'oublions pas que la société a pour
objet de fournir l'énergie aux municipalités, aux entreprises
industrielles et commerciales et aux citoyens du Québec, aux taux les
plus bas compatibles avec une saine administration financière.
M. le Président, on ne peut pas, à la
légère, et surtout à la veille des fêtes, vouloir
passer un pareil sapin, car c'est un véritable sapin qu'on veut passer
aux électeurs du Québec, et un sapin, qui, à notre point
de vue, est inacceptable. On ne peut se permettre de laisser aller un
gouvernement sans indiquer de façon formelle et, s'il le faut, prendre
les heures de la nuit qui sont à notre disposition pour indiquer
à ce gouvernement que le Parti libéral s'oppose à une taxe
déguisée aussi sauvage à l'endroit de toutes les
catégories de la population; cette taxe qui, d'ailleurs, s'adresse aux
pauvres, aux riches, aux moins riches, à toutes les classes de notre
société et qui, pour nous, s'adresse de façon
égale, sans distinction, sans égard aux revenus des individus. On
ne peut contribuer avec le gouvernement en place à ce genre de
proposition.
Nous, du Parti libéral, disons qu'il est nécessaire de
tenir un débat public sur cette question. Aussi pour obtenir toutes les
explications nécessaires et les justifications à ce changement,
selon nous, seul un débat public permettait de répondre à
nos interrogations et ferait connaître, dans un deuxième temps, ce
que les actionnaires d'Hydro-Québec disent d'Hydro-Québec,
c'est-à-dire ce que nos concitoyens, les Québécois et les
Québécoises, en pensent. S'ils acceptent ce changement, s'ils
acceptent ces hausses, cela pourrait être un référendum ou
devrons-nous retourner, comme cela paraît préférable,
devant le peuple pour faire entériner ce changement majeur. Je le
répète, c'est un changement majeur, cela a même
été qualifié par le président du conseil
d'administration d'Hydro-Québec, M. Joseph Bourbeau, car il y va d'un
changement de vocation d'Hydro-Québec, et des hausses de tarifs
additionnelles importantes à prévoir.
Mais un débat public devrait être l'occasion de montrer
comment il est tout à fait inadmissible, incompréhensible,
inacceptable, de faire disparaître les avantages de la nationalisation
d'Hydro-Québec, entérinée par les électeurs de
1962.
Pour moi comme pour la très grande majorité de mes
électeurs, pour ne pas dire tous mes électeurs, je dois ici faire
une opposition à ce projet de loi par tous les moyens dont je dispose.
C'est ce que je vais tenter de faire au cours des heures qui me seront
allouées à l'étude de ce projet de loi, article par
article, et j'espère que ces heures vont se transformer en jours et en
semaines, de telle sorte qu'on puisse au moins éviter pour Noël que
nos gens se voient pris avec un pareil cadeau, un cadeau qui constitue une
augmentation de l'ordre de 16,3% en moyenne pour nos contribuables, ce que je
considère comme étant inacceptable.
J'arrêterai ici mes premières remarques
préliminaires quitte à continuer sur le... Combien de temps me
reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): II vous reste encore cinq
minutes.
M. Vallières: Alors, je les garde en banque, au
frigidaire.
M. Duhaime: Non, non.
M. Vallières: J'espère que d'ici...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous continuez
à parler là?
M. Vallières: Je m'aperçois que le ministre est en
train de voir certains galées de l'Assemblée nationale.
M. Duhaime: Je suis en train de relire le discours de son chef
sur la tarification par rapport à l'évolution des prix des
énergies concurrentielles et je vous suggérerais de le relire
aussi. Cela vous aurait évité de relire votre mauvais discours de
deuxième lecture devant la commission.
M. Vallières: Alors, M. le Président, sur une
question de règlement, puisque le ministre vient de dire quelque chose
que je ne puis approuver, je veux dire, en vertu de quoi est-ce qu'on peut dire
qu'on relit ici un discours de deuxième lecture? Je l'invite à le
relire, s'il n'était pas en Chambre pour l'entendre, à le relire
comme il faut et pour constater qu'il y a des différences
considérables. Comme je l'ai mentionné, il y a certains arguments
qui vont revenir, cela va de soi. On espère qu'à force de
répéter ces arguments le ministre va comprendre que cette loi est
mauvaise pour le contribuable.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Toute
manifestation... M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, 9
heures 12 minutes.
M. Reed Scowen M. Scowen: Pas plus que mon collègue de
Richmond, M. le Président, je n'ai l'intention de lire un discours de
deuxième lecture. Un tel geste serait dégueulasse et je sais que
vous n'aimez pas de tels gestes. Je pense qu'il faut résumer
brièvement notre position et la meilleure façon de le faire, M.
le Président, quant à moi, c'est de vous lire en
résumé...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Scowen: ... un document qui a été
préparé par le conseil d'administration d'Hydro-Québec le
15 avril à l'intention du ministre. J'imagine qu'il en a reçu
copie. Je veux simplement lire la première page qui est le sommaire de
ce texte. C'est un résumé de tout ce que nous avons dit depuis
une semaine maintenant et quand je parle, quand je cite, je veux que vous vous
rappeliez, M. le Président, que c'est le conseil d'administration
d'Hydro-Québec qui parle. Je vais vous donner son opinion sur ce qui est
arrivé dans le budget de M. Parizeau de 1981-1982.
Voilà! C'est le conseil d'administration d'Hydro-Québec
qui parle: Pour la première fois depuis sa création en 1944,
Hydro-Québec se voit confrontée à des mesures
budgétaires gouvernementales qui risquent de bouleverser la
stratégie et l'équilibre financier de l'entreprise. De plus, une
de ces mesures, la redevance - les dividendes, si vous voulez - remettent en
question plusieurs aspects fondamentaux de sa mission, de ses
responsabilités et de sa gestion. Étant donné la
gravité de cette situation, les membres du conseil d'administration
d'Hydro-Québec se voient dans l'obligation de faire part au gouvernement
des répercussions néfastes que pourra entraîner
l'application de ces mesures et de proposer certaines modalités visant
à prévenir ou à atténuer ces répercussions
-c'est le conseil d'administration d'Hydro-Québec qui parle.
Le budget présenté le 10 mars 1981 entraîne pour
Hydro-Québec les principales conséquences suivantes: sur le plan
financier 1) chute du revenu net de l'entreprise de 37% en 1981 par rapport
à 1979 ou 1980; 2) besoins d'emprunts augmentés entre 1982 et
1985 de 2 600 000 000 $, au-delà du maximum raisonnable; 3) programme
d'emprunts d'environ 3 000 000 000 $ en 1982 qui sera difficile à
réaliser à des conditions acceptables; 4) remise en question de
la faisabilité financière du plan des installations de 1981
à 1990. C'est le conseil d'administration d'Hydro-Québec qui
parle, M. le Président, je vous le rappelle. - 51 abandon de la
politique financière soutenue jusqu'à maintenant publiquement par
le gouvernement, perte de crédibilité pour Hydro-Québec et
répercussions négatives possible pour les emprunts futurs.
Les conséquences sur la mission et la
gestion d'Hydro-Québec: confusion et dilution des
responsabilités en matière de tarification et de prévision
de la demande et difficulté d'établir des plans à long
terme valables; 2) atteinte à la responsabilité de l'entreprise
en ce qui a trait à la saine administration financière; 3) danger
de réduire l'autonomie de gestion interne essentielle au bon
fonctionnement d'une société d'État.
Enfin, les pressions récentes - et je cite encore - sur les
coûts de production d'électricité ainsi que les hausses
limitées du tarif applicable dans certains secteurs de consommation
réduisent l'ampleur de la marge de manoeuvre anticipée par le
budget entre l'électricité et les autres formes d'énergie.
Avant d'appliquer certaines de ces formules proposées - et c'est encore
le conseil d'administration qui parle - avant d'appliquer certaines des
formules proposées, Hydro-Québec croit par souci de saine
prudence, qu'il sera préférable d'entreprendre des recherches
additionnelles pour trouver des solutions, en tenant compte des
possibilités financières modifiées et du besoin de
préserver les caractéristiques essentielles du fonctionnement
d'Hydro-Québec. Alors, M. le Président, je ne pense pas qu'un
député de l'Opposition puisse trouver une façon plus
simple, plus claire d'exprimer notre déception devant ce projet de loi.
Tout ce que je viens de dire est une citation directe d'un document du conseil
d'administration d'Hydro-Québec, datée du 15 avril 1981.
Dans le document qui suit, les éléments soulevés
dans le sommaire sont expliqués d'une façon très claire.
On dit, entre autres, pour votre information, M. le Président, que si
les prévisions du gouvernement se poursuivent, le montant que devra
payer Hydro-Québec en vertu de ces nouvelles mesures serait du
même ordre que la totalité de l'impôt sur le revenu des
entreprises industrielles et commerciales québécoises. Alors,
d'ici 1985, l'impôt que le gouvernement va arracher d'Hydro-Québec
sera aussi grand que l'impôt qu'il va arracher de toutes les autres
entreprises dans le secteur privé, industriel et commercial au
Québec. Hydro-Québec ajoute que ses activités
représentent moins de 5% de la valeur ajoutée totale du
Québec. C'est incroyable, M. le Président. Vous n'êtes pas
d'accord?
Une voix: Oui.
M. Scowen: Je pense que tout le monde est d'accord.
J'aimerais beaucoup parler d'un seul aspect de cette hausse
inévitable, dramatique, dans les coûts de
l'électricité et c'est celui qui touche le développement
économique. Dans le document Bâtir le Québec, document du
ministre d'État au Développement économique, on a beaucoup
parlé du potentiel électrique du Québec. C'était
même un des axes principaux prévus pour le développement
économique de la province; on a consacré un chapitre complet
à ce sujet. On dit et je cite encore Bâtir le Québec:
"Jusqu'au début des années quatre-vingt-dix à tout le
moins, il sera possible de mettre en opération au Québec de
nouvelles installations de production d'électricité d'origine
hydraulique à des coûts inférieurs à ceux du
nucléaire. Cette situation procure un avantage très net aux
utilisateurs de la catégorie tarifaire générale grande
puissance pour lesquels l'électricité disponible à des
conditions avantageuses devient un facteur de localisation des plus
importants."
Je souligne "un facteur de localisation des plus importants" parce que
comme vous le savez, M. le Président, depuis cinq ans, nous avons perdu
des investissements de l'ordre de 2 000 000 000 $, des investissements
industriels au profit des autres provinces canadiennes; des investissements qui
auraient normalement été installés ici sont allés
ailleurs au Canada. Alors, c'est clair que...
M. Grégoire: On ne reste pas sur
l'électricité.
Le Président (M. Laplante): Le débat est large.
M. Scowen: ... les tarifs d'électricité sont
excessivement importants, comme dit "Bâtir le Québec", pour la
localisation des industries.
Je cite encore Hydro-Québec: "La disponibilité
d'énergie électrique à des prix défiant
pratiquement toute compétition en Amérique du Nord
représente pour le Québec un avantage comparatif très
important sur le plan de l'industrialisation. Le Québec a une occasion -
je cite encore - probablement unique de créer et de développer au
cours des prochaines années des entreprises à forte consommation
d'électricité tout en privilégiant les projets comportant
un maximum de retombées économiques."
J'ai lu ce bref texte, M. le Président, simplement pour vous
indiquer que c'est très clair que notre avenir industriel, notre avenir
dans la création d'emplois dépend en grande partie de la
"concurrentialité" de notre électricité, surtout dans la
catégorie grande puissance. (21 h 20)
Si vous regardez le livre "Électricité" qui a
été rendu public par le gouvernement dans le cadre du programme
"Bâtir le Québec" en 1980, au début de l'année, vous
y verrez une opinion, une conclusion un peu plus nuancée. Je pense que
c'est important de citer un ou deux paragraphes de ce document. J'aimerais que
le ministre, avant de commencer l'étude article par article,
pour qu'on puisse comprendre la vraie portée de ces articles,
nous donne quelques réponses à ces questions extrêmement
importantes.
Dans le document, il y a un chapitre qui touche directement la question
des coûts. Je ne vais pas tout lire, je vais simplement commencer en
disant ce que j'ai dit en Chambre il y a quelques jours. Québec n'est
maintenant plus la moins chère des régions d'Amérique du
Nord en ce qui concerne l'électricité, il y a au moins cinq ou
six régions du Canada et des États-Unis où les
investisseurs peuvent s'installer, ceux qui ont besoin
d'électricité à grande puissance, et l'obtenir à
des taux inférieurs à ceux que nous avons aujourd'hui.
Dans ce document, on propose une très grande prudence dans
l'augmentation des tarifs industriels pour les prochaines années. On
dit: "Quant à cette catégorie tarifaire -la grande puissance -
malgré les hausses rapides des tarifs décrétés pour
la période de 1979 à 1981, la situation comparative du
Québec demeurera relativement avantageuse en 1981. En effet, même
s'il est à prévoir que les tarifs québécois pour
grandes puissances auront dépassé ceux de la Colombie britannique
et du Manitoba, ils demeureront inférieurs d'environ 25% à ceux
de l'Ontario." Dans ce document, on souligne qu'en 1979 l'avantage était
de l'ordre de 34%, mais on prévoit qu'à la fin de 1981 cet
avantage sera de l'ordre de 25%.
On dit: "Dans un tel contexte, il apparaît nécessaire, pour
toute hausse substantielle de tarif qu'il pourrait être justifié
de décréter, de prévoir une transition raisonnable
permettant aux entreprises de s'adapter et surtout de maintenir les avantages
relatifs par rapport aux tarifs existant chez les concurrents. Il faudra en
particulier faire montre d'une grande prudence avant de modifier le niveau des
écarts existant entre les tarifs québécois et ontariens de
grande puissance, si on veut vraiment sauvegarder un des principaux avantages
comparatifs du Québec."
J'espère que c'est clair, M. le Président. J'ai
cité "Bâtir le Québec" pour vous faire comprendre que,
d'après votre gouvernement, notre gouvernement, l'avenir de notre
économie industrielle dépend énormément des tarifs
préférentiels avantageux comparativement à ceux des autres
régions du Canada et des États-Unis, que
"Électricité", qui est un livre consacré
entièrement à ce problème, propose une très grande
prudence. On va même plus loin que cela, on dit, à la page 79:
"Dans ces conditions, l'avantage tarifaire identifié en 1981 devrait
être maintenu pour l'essentiel pendant les années quatre-vingt."
Cet avantage tarifaire qu'on mentionne, M. le Président, je vous le
rappelle, c'est l'avantage de 25% par rapport à l'Ontario.
C'est clair que cet objectif, que cette nécessité,
établie même par le gouvernement, n'est pas prévue dans le
contexte de ce projet de loi. Dans son discours de deuxième lecture, le
ministre lui-même a dit qu'avec l'augmentation prévue pour 1982,
une augmentation de l'ordre de 20%, l'avantage que détient le
Québec par rapport à l'Ontario sera diminué de 12%.
M. le Président, si, pour l'année prochaine,
l'augmentation pour les grandes puissances au Québec reste à 20%
et qu'en Ontario elle reste à 10%, c'est clair que d'ici à la fin
de 1983 les tarifs en Ontario seront semblables à ceux du Québec.
L'écart, l'avantage sur lequel on a misé avec espoir pour le
renouveau de notre économie ici, au Québec, sera à toutes
fins utiles, éliminé. Alors, c'est devant une grande
inquiétude que je vais poser certaines questions au ministre pour mieux
comprendre la nature de ce problème avant qu'on commence à
étudier ces articles très importants.
Je veux me référer au discours qui a été
prononcé par le député de Rousseau; non parce qu'il est
membre du Conseil des ministres mais parce que j'ai écouté son
discours il y a quelques jours et ce qu'il disait au sujet des tarifs
était à peu près semblable aux déclarations du
ministre lui-même depuis quelques semaines. Je cite le
député de Rousseau, il parlait des augmentations pour
l'année 1982; il parlait de l'augmentation de 13% pour ceux qui
utilisent l'électricité seulement pour l'éclairage et il
dit: "Si on regarde la situation telle qu'elle se présente, on
s'aperçoit qu'il est très avantageux pour les citoyens et les
citoyennes du Québec de continuer à utiliser
l'électricité pour tous les besoins réguliers. Maintenant,
que représente, dans l'ensemble des ventes d'électricité
au Québec, tout ce dont je viens de parler c'est-à-dire ce dont
on se sert pour chauffer nos maisons et pour les habiter? Cela
représente 25% - je pense qu'il s'est mêlé un peu
là, mais le principe est encore valide -le quart de l'ensemble des
ventes d'hydroélectricité d'Hydro-Québec." Alors il
dit:"Où va le reste des kilowatts?" Il répond à sa propre
question en disant: "Ce sont les commerces, les entreprises, les industries et
particulièrement - et je demande au ministre d'écouter
attentivement parce que j'arrive au coeur du problème - les grandes
entreprises ainsi que l'exportation qui va payer le reste. Quelle sera
l'augmentation moyenne des coûts de ces 75% des ventes? 20,3% ce qui
revient à dire que la plus forte vente d'hydroélectricité
au Québec augmentera de 20,3% et sera assumée - et ça
c'est la partie clé de sa déclaration - par les agents
économiques les plus riches qui, la plupart du temps, ne sont pas
québécois mais des investisseurs étrangers et que c'est
cette masse de 75% des ventes des kilowatts qui servira directement à
subventionner les 25%
en besoins domestiques."
Alors, en effet, il dit qu'on va faire payer les plus riches, ceux qui
ne sont pas québécois, les investisseurs étrangers et je
cite textuellement sa déclaration, il dit: "Cette masse qui servira
directement à subventionner les 25% en besoins domestiques." Seulement,
dix minutes? J'en ai au moins pour une demi-heure.
Des voix: Consentement.
M. Grégoire: Pas une demi-heure, écoute donc! Non,
moi je refuse, je suis contre mon ministre, pas une demi-heure.
M. Scowen: Si je comprends et je présume que le
député de Rousseau a parlé avec l'approbation de son
gouvernement et suivait exactement la pensée politique du ministre parce
que j'ai entendu le ministre, au moins une fois et je pense deux, dire
essentiellement la même chose. Ce sont les riches, les grands qui vont
payer le gros du fardeau et je cite de nouveau:... "ceux qui ne sont pas
québécois, les investisseurs étrangers et les plus
riches".
Nous essayons d'attirer ici Pechiney. Pechiney est une compagnie
française; ce n'est pas québécois, c'est un investisseur
étranger et je pense que c'est quelqu'un qu'on peut qualifier de
très riche. Si je comprends bien la nouvelle politique
hydroélectrique du Québec, c'est le contraire de ce qu'on voit
dans "Bâtir le Québec", c'est le contraire qui a été
fortement conseillé par les gens et je les félicite de nouveau,
M. André Delisle et les membres du groupe de travail de ce document, car
c'est un des rares documents que nous sommes capables de lire, qui émane
du gouvernement, mais ce sont les utilisateurs des grandes puissances qui
seront obligés de payer le gros de ce fardeau. Qu'est-ce que c'est que
ce fardeau? Ce fardeau, comme nous l'avons constaté en deuxième
lecture, et d'après les chiffres... Oui, je termine, M. le
Président. C'est de l'ordre de 3 000 000 000 $ d'ici 1985. Ces 3 000 000
000 $ sont les prévisions réalistes, jamais contestées par
le gouvernement; quant aux impôts additionnels qui sont perçus
dans l'Hydro-Québec, qui sont sortis, demandés, exigés
d'Hydro-Québec pendant cette période pour combler les besoins du
ministre des Finances. (21 h 30)
Alors, je termine en demandant au ministre de l'Énergie, si je me
trompe en disant, que d'après ce que je lis dans le discours du
député de Rousseau, ce que je lis dans les avertissements du
document sur l'électricité, ce que je constate dans
l'affaiblissement énorme qui dégénère sur nous dans
notre avantage tarifaire entre l'Ontario et le Québec, c'est qu'il y a
un avantage de 34% à 12% en trois ans. Est-ce que c'est vrai que le gros
de ces 3 000 000 000 $ qu'Hydro-Québec sera obligée d'ajouter au
tarif d'hydroélectricité d'ici 1985, que le gros de ces
augmentations seront perçues auprès des utilisateurs de grandes
puissances, des non-Québécois, des plus riches, des investisseurs
étrangers, pour ce qui est du député de Rousseau, et si
oui, et je termine avec cela, si oui, comment peut-il nous dire que nous avons
un grand avenir de développement économique ici basé sur
nos ressources hydroélectriques? C'est une bonne question, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Laplante): Elle était longue.
M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je vous ferai remarquer que
j'aurais volontiers donné mon consentement pour en entendre davantage,
mais c'est mon adjoint parlementaire qui a des réserves, alors il a le
droit de retenir son consentement.
M. Grégoire: Oui parce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'a pas trop du sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, si je comprends bien, nos
collègues de l'Opposition ont l'intention de faire chacun une
déclaration préliminaire.
Je voudrais peut-être soumettre à leur réflexion le
discours de deuxième lecture prononcé par le chef de
l'Opposition. Je voudrais me référer à la page R-1048,
à la page 2, c'est bien cela, à l'endos, le 2 décembre
1981 à 21 h 35. Il fait noir à 4 heures, ce temps-ci. Il disait
ceci - cela est important pour le député de
Notre-Dame-de-Grâce: D'autre part, nous ne vivons pas en dehors de cette
planète. C'est bon à retenir, en tout cas. Nous convenons
très bien que le coût de l'électricité doit tenir
compte de l'évolution du coût des autres formes d'énergie
qui sont procurées au contribuable, sommes-nous d'accord
là-dessus? Et, c'est toujours M. Ryan qui parle, le chef de
l'Opposition, et il dit: Nous acceptons très bien qu'à
l'intérieur d'une politique énergétique d'ensemble, on
doive établir le coût de l'électricité en tenant
compte de tous les objectifs que poursuit la politique
énergétique.
J'aimerais attirer l'attention sur le député de Richmond,
qui, tout à l'heure, était en train de relire son discours de
deuxième lecture; vous devriez peut-être ajouter votre commentaire
et me dire, si vous êtes d'accord ou pas avec cela, et à partir du
moment où vous êtes d'accord, je pense que cela va mieux situer le
débat.
Vous avez remarqué, M. le Président, je prends beaucoup de
notes et, lorsque le premier tour de table aura été fait, je vais
essayer de rejoindre chacun des points qui ont été
soulevés par mes collègues, particulièrement les points
très importants que le député de Mont-Royal a
soulevés.
J'aurais une deuxième question à soumettre à votre
réflexion parce que mon prédécesseur à ce
ministère avait une petite machine à calculer dont il devrait
peut-être faire cadeau aux membres de l'Opposition, en particulier au
chef de l'Opposition. Vous savez, il y a un nouveau membre dans le caucus
libéral, même s'il ne siège pas à l'Assemblée
nationale. Il s'appelle M. Marcel Bélanger et il a tenu son discours de
deuxième lecture une journée avant que la séance de
seconde lecture commence officiellement, parce que dans le Journal de
Québec du lundi qui a précédé, le 30 novembre, M.
Normand Girard, je reconnais son talent de journaliste, a reproduit le tableau
que j'ai devant moi ici, fardeau fiscal, qui a été
préparé par votre conseiller financier, M. Rélanger, qui a
dû vous aider durant votre caucus, à votre comité...
M. Grégoire: II s'agirait de faire un tableau.
M. Duhaime: Je voudrais dire, M. le Président, que je
regrette que le député d'Argenteuil ne soit pas parmi nous;
j'espère qu'il va venir nous rejoindre.
M. Lalonde: II fait un discours en haut. Voulez-vous...
M. Duhaime: D'après ce que j'ai entendu dire, on sera ici
ensemble durant quelques jours. Peut-être qu'il va avoir l'occasion de
venir nous rejoindre. Mais je voudrais soumettre à votre
réflexion que le même jour, le 2 décembre 1981, à 21
h 45, dix minutes plus tard que tantôt, et c'est rapporté à
la page R/1050 de nos débats, M. le chef de l'Opposition dit ceci: Nous
sommes foncièrement opposés à la tendance en vertu de
laquelle le gouvernement cherche à financer ses déficits à
même des redevances sans cesse croissantes imposées à la
société d'État chargée de fournir les services
électriques aux consommateurs québécois. Vous êtes
d'accord avec ça? Cette tendance - c'est ce qu'il a dit, en tout cas -du
gouvernement, nous la connaissons déjà, c'est la taxe sur la
santé et les hôpitaux qui rapportera cette année au bas mot
600 000 000 $ au gouvernement. J'ai écrit cela en jaune parce que cela
valait le coup. Dans le petit tableau publié dans le Journal de
Québec du 30 novembre par M. Bélanger, Marcel pour ne pas se
tromper, c'est marqué: Fardeau fiscal, 1978 à 1985, en millions
de dollars. À la ligne 2, impôts provinciaux, c'est-à-dire
au bloc 2 qui concerne la taxe de vente sur les achats. Ensuite, c'est
marqué: Financement des programmes de santé. On va parler de
l'année 1981; d'après M. Bélanger toujours, c'est 20 000
000 $ pour Hydro-Québec. C'est 22 000 000 $ pour 1982, 24 000 000 $ pour
1983, 27 000 000 $ pour 1984, 30 000 000 $ pour 1985; ce qui fait un total de
125 000 000 $.
M. Grégoire: Pour cinq ans.
M. Duhaime: Est-ce que c'est exact, M. le député
d'Outremont? Vous dites que c'est parfait. L'addition mathématique est
là: 125 000 000 $.
M. Fortier: Ce que vous lisez, c'est bien le tableau.
M. Duhaime: Sur cinq ans. Il y a un renvoi en bas de page qui est
bien important, les notes explicatives. C'est marqué: Les
données. Celles - en parlant des données - de l'année 1981
sont fondées sur les estimations les plus récentes de
l'année en cours. Troisième note: Celles des années
subséquentes, 1982, 1983 jusqu'à 1985 sont des prévisions
fondées sur un scénario conservateur, soit les hausses tarifaires
suivantes: 16.3% en 1982, 13.1% en 1983, 12.5% en 1984, 10.7% en 1985; bref,
une augmentation moyenne de 13.1% pour la période. Si la hausse
était de 17.1%, l'augmentation moyenne minimale des autres formes
d'énergie, le fardeau fiscal d'Hydro-Québec - ligne 3 sur le
tableau - serait augmenté de 1 300 000 000 $. La taxe de vente sur les
usagers (ligne 4 au tableau) serait également plus forte. Voulez-vous
m'expliquer comment il se fait que Marcel Bélanger arrive à 125
000 000 $ sur cinq ans et que votre chef arrive à 600 000 000 $ pour une
seule année, ce qui ferait 3 000 000 000 $ et plus sur cinq ans?
Je pense qu'il y aurait peut-être lieu que vous vous consultiez ou
que vous appeliez en consultation M. Marcel Bélanger, pour
démêler les chiffres du chef de l'Opposition et les vôtres
en même temps. J'aimerais cela entendre, M. le Président, les
membres de l'Opposition nous parler de ces deux questions que je leur pose.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de... Que voulez-vous?
M. Grégoire: Depuis quand est-ce que l'Opposition prend
les notes...
M. Duhaime: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Duhaime: M. le député d'Outremont veut que je
lui donne, que je lui prête, pour quelques minutes le discours du chef de
l'Opposition. Je vous dis que je ne le lui prêterai pas.
M. Fortier: C'est méchant.
M. Duhaime: ... parce que je l'ai tout souligné en jaune.
Je tiens à le garder pour moi. Vous allez en entendre parler
longtemps.
M. Fortier: Gardez votre jaune.
M. Duhaime: Si les membres du Parti libéral de la
commission permanente ne relisent même pas les discours de leur chef,
ça explique les propos qu'ils sont en train de tenir depuis... (21 h
40)
M. Fortier: C'est effrayant, c'est parce que nous autres, on
pense avec notre tête.
M. Duhaime: ... 21 h 40, c'est ça? On a commencé
à 20 heures et vous êtes en train de contredire votre chef. Si
vous voulez avoir une suspension d'une demi-heure pour faire venir M. Marcel
Bélanger, votre spécialiste économiste, ça pourrait
vous être utile...
M. Gratton: Adopté.
M. Duhaime: ... mais je ne donnerai pas mon consentement à
cette suspension-là. Vous pouvez le faire venir, il n'a pas le droit de
parole ici, il pourrait s'asseoir dans la deuxième rangée, il
pourrait - vous surtout qui avez lu votre discours de deuxième lecture
tantôt - vous aider et vous démêler dans vos tableaux un
peu. Cela n'a pas de bon sens, vous avez 4 000 000 000 $ d'erreur en
partant.
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
M. Vallières: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: M. le Président, plutôt que le
ministre retarde indûment nos travaux, j'ai indiqué tantôt,
pour la gouverne de tous, qu'il ne s'agissait pas de mon discours de
deuxième lecture. Je mets le ministre au défi de me prouver que
j'ai relu mon discours de deuxième lecture. Je peux même reprendre
les principaux arguments si vous le désirez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond... À l'ordre! À l'ordre!
M. Grégoire: M. le Président, sur la question de
règlement, on n'a pas dit qu'il l'a relu en entier; il faut tout de
même une certaine décence malgré tout...
M. Vallières: J'ai mentionné, M. le
Président...
M. Grégoire: ... mais il a lu des pages complètes
en intercalant parfois une phrase d'un autre discours qu'il a
déjà fait.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Frontenac.
M. Vallières: Question de règlement, M. le
Président. C'est faux ce qu'on affirme là et je n'accepte pas
ça. Je peux indiquer cependant au député de Frontenac de
même qu'au ministre qu'il se peut que nous répétions de
temps à autre les mêmes arguments, il le faut, ils n'ont pas
encore compris.
M. Grégoire: II admet donc avoir
répété.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, je vais tous vous
passer.
M. Bélanger: Question de règlement. Pour vous
prouver, M. le Président, qu'il n'a pas fait la lecture de son discours
en deuxième lecture, si vous voulez donner la permission, il va relire
son discours de deuxième lecture.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
a l'intention de répondre aux autres questions qui lui ont
été posées mais j'espère qu'avant peu longtemps il
va répondre aux questions très importantes...
Le Président (M. Laplante): II a répondu tout
à l'heure qu'il répondrait dans l'ensemble aux questions
posées par tous les membres.
M. Scowen: Oui, parce que ce sont les questions fondamentales. On
ne peut pas procéder à l'analyse de ces articles sans que nous
ayons au moins une perspective globale des intentions du ministre et du projet
de loi. Je pense que vous serez complètement d'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Pour répondre à l'autre question de règlement, je
pense qu'à votre place, M. le député de Richmond, je
serais flatté de voir qu'au moins ils vous ont écouté
à l'Assemblée nationale pour savoir si c'était une
répétition.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Vallières: Très bien. On l'a dit que vous
étiez un bon président.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, M. le
député de Gatineau pour prendre la parole.
À ce moment-ci, je ne voudrais pas créer une jurisprudence
dans cette commission sur le droit de parole. C'est que j'ai voulu au
début être le plus large possible sur les droits de parole, je
voudrais que vous interprétiez les articles 160 et 154, les
différences qu'il y a dessus. Quand je dis que je ne veux pas
établir une jurisprudence sur l'article 154, c'est que ce sont seulement
les membres de la commission, non les intervenants qui ont droit à 20
minutes. Maintenant que j'ai déjà donné la parole à
un intervenant, on va continuer. Si vous vous en allez dans l'article 160,
c'est bien dit, un député non pas un membre ni un intervenant. Je
voudrais que ce soit très clair. On va continuer comme on a
commencé, mais dans une prochaine étude de projet de loi ou
autre, si le droit de parole vous est refusé, ce sera en vertu du
règlement 154, d'accord?
M. Lalonde: Question de règlement. Vous avez
terminé votre judicieuse remarque avec le mot "d'accord". Je voudrais
simplement soumettre à votre réflexion qu'à plusieurs
reprises, quand on fait référence au mot "membres" dans ce
règlement, on se réfère aux membres dans le sens de
l'ancien règlement alors qu'il n'y avait pas d'intervenants. Je pense
d'ailleurs que la lecture rapide ou même, peut-être un peu plus
poussée du règlement va vous convaincre qu'à de
très rares occasions, on parle d'intervenants. Lorsqu'on se
réfère à un membre, on se réfère aux membres
dans le sens de l'ancien règlement qui étaient tous ceux qui
avaient droit de parole aux commissions parlementaires.
Le Président (M. Laplante): C'est qu'on ne prendra pas
d'arguments là-dessus, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est pour ça. J'ai voulu couvrir les autres
présidents de commissions si jamais...
M. Lalonde: Très bien.
Le Président (M. Laplante): ... il y a un jugement qui
sortira là-dessus...
M. Lalonde: On parlera toujours.
Le Président (M. Laplante): ... il fera jurisprudence.
D'accord?
Une voix: Pas d'accord. (21 h 45)
M. Lalonde: On parlera pour vous...
Le Président (M. Laplante): Pas d'accord.
M. Grégoire: Vous interprétez l'article 154 en ce
sens qu'à l'étape préliminaire, ce sont les membres
seulement qui ont droit de parole, c'est-à-dire, lorsqu'il s'agit de la
teneur générale du projet de loi, les membres seulement peuvent
s'exprimer sur le principe avant l'étude article par article...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: ... et que, lorsque nous arriverons à
l'étude article par article, à ce moment-là, ce sera
l'article 160 qui sera appliqué, c'est-à-dire que tout
député aura droit de parole...
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Grégoire: ... c'est-à-dire les membres ou les
intervenants.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: Mais à l'étape où nous
en sommes présentement, ce ne sont que les membres qui ont droit de
parole, selon l'article 154.
Le Président (M. Laplante):
Actuellement, ce que je ne veux pas, c'est d'établir une
jurisprudence.
M. Grégoire: Vous n'avez accepté que les membres
à cette étape-ci.
Le Président (M. Laplante): Je veux éclaircir une
chose avant...
M. Grégoire: Ce ne sont que les membres qui pourront
parler à cette étape-ci.
Le Président (M. Laplante): Non, tout le monde pourra
parler.
M. Grégoire: Vous établissez alors une
jurisprudence.
M. Scowen: Si vous permettez...
M. Ciaccia: Non, il accorde la permission, mais il fait une
réserve.
M. Scowen: M. le Président, sur ce
sujet...
M. Grégoire: M. le Président, il faudrait bien
savoir ce qu'on entend par jurisprudence maintenant. Du fait que vous acceptiez
même les intervenants, cela veut dire qu'ici, à cette commission,
lorsque vous êtes président, vous interprétez l'article 154
donnant droit de parole...
Le Président (M. Laplante): C'est que je me...
M. Grégoire: ... au sens de l'ancien règlement,
c'est-à-dire que cela comprend également les intervenants. Du
fait même que vous les acceptiez, cela établit la jurisprudence.
La prudence, M. le Président, si je me souviens bien...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, je m'abstiens de porter un jugement sur l'article 154. C'est la
raison pour laquelle je dis que je n'établis pas une jurisprudence.
C'est clair.
M. Grégoire: M. le Président, la jurisprudence est
justement composée de gestes posés par celui qui a
décidé de quelque chose. Là, vous ne rendez
peut-être pas de jugement, mais en acceptant que les membres et les
intervenants parlent, vous créez la jurisprudence en ce sens que les
intervenants sont considérés comme membres au sens de l'article
154.
Le Président (M. Laplante): Vous lirez l'article 148a
aussi. C'est la raison pour laquelle...
M. Ciaccia: M. le Président, si vous permettez, pour que
le député comprenne, ce que vous nous dites ce soir, c'est que,
d'après vous, le mot "membres" veut dire strictement les membres, non
pas les intervenants.
Le Président (M. Laplante): C'est cela.
M. Ciaccia: Mais, pour ce soir seulement...
Le Président (M. Laplante): Ce soir seulement.
M. Ciaccia: ... vous allez accorder une permission
spéciale aux intervenants.
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Ciaccia: Vous n'établissez pas de jurisprudence pour
l'avenir, les membres seulement auront droit de parole.
Le Président (M. Laplante): C'est exactement cela. C'est
cela.
M. Ciaccia: Comprenez-vous, M. le membre de Frontenac?
M. Grégoire: À ce moment-là...
Le Président (M. Laplante): Je vous réfère
à l'article 148a aussi, pour ceux qui ont le temps de le lire. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: C'est clair.
M. Grégoire: M. le Président, je reviens sur cette
question de règlement.
M. Scowen: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: À ce moment-là, M. le
Président, il va falloir avoir le consentement de tous pour que cela ne
constitue pas un précédent. Sinon, cela constitue en soi un
précédent.
M. Scowen: Je pense que vous m'avez accordé le droit de
parole.
M. Ciaccia: Non, cela ne constitue pas un
précédent.
M. Grégoire: M. le Président, je me dois de vous
dire que nous allons devoir le considérer comme un
précédent et que vous aurez créé la jurisprudence
à cet effet, à moins que vous ne rendiez un jugement.
M. Lalonde: Ce sont des menaces, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, vous établirez votre jugement vous-même. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, il semble que cette question
est non seulement compliquée, mais qu'elle peut établir des
précédents.
Le Président (M. Laplante): Écoutez donc voir.
M. Scowen: Excusez-moi. Cette question semble très
importante, elle peut établir des précédents non seulement
pour notre commission, mais aussi pour les autres. Parce que le
président de l'Assemblée nationale lui-même est avec nous
en ce moment, serait-il opportun de suspendre pour cinq minutes pour vous
permettre de discuter du problème avec lui? Non, vous ne voulez pas.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne
crois pas.
M. Lalonde: On est pressé. On va perdre du temps.
M. Bélanger: ... rapidement.
M. Grégoire: M. le Président, là, vous nous
apportez un point. Vous dites que vous le tolérez, mais que cela ne
crée pas de précédent. Ordinairement, quand on dit qu'on
ne veut pas créer de précédent, tout le monde est
consentant pour dire que cela ne crée pas de précédent.
S'il y en a qui disent que cela crée un précédent...
M. Ciaccia: Comme les autres ministères
péquistes.
Le Président (M. Laplante): Comme tous les autres membres,
je pense que vous devez être au courant des règlements. Vous avez
accepté cela au début, comme tout le monde, et c'est
accepté pour toute la séance, tout le projet de loi.
M. Grégoire: Vous nous dites donc, M. le Président,
qu'au sens de l'article 154, le mot "membres" veut dire les membres et les
intervenants.
Le Président (M. Laplante): Les membres seulement.
M. Grégoire: Les membres seulement.
Le Président (M. Laplante): Oui. Vous rendez donc jugement
et cela veut dire les membres seulement.
M. Lalonde: Mais, M. le Président, si je peux
réellement tenter de faire comprendre au député de
Frontenac la sagesse de vos propos, je pourrais vous référer
à l'article 148. "Tous les députés ont accès aux
commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes
doivent obtenir la permission de la commission pour s'y faire entendre." De
toute évidence, quand on parle de membres ici à l'article 148, on
inclut les intervenants car on sait qu'ils ont droit de parole. Alors, on ne
peut parler que des autres députés qui ne sont ni membres ni
intervenants, mais on ne parle pas d'intervenants à l'article 148.
Le Président (M. Laplante): À 148a, on en
parle.
M. Lalonde: En plus, l'article 148a ajoute à
l'à-propos de votre jugement.
M. Grégoire: Oui, mais, justement, 148a vient
défaire l'argument que vous avez apporté en vous servant de 148.
On dit que tous les députés ont accès aux commissions,
mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes doivent obtenir la
permission de la commission pour s'y faire entendre.
M. Lalonde: Les intervenants n'ont pas droit de parole.
M. Grégoire: Mais on a un article spécifique,
l'article 148a qui dit que par dérogation au paragraphe 1 de l'article
148, peuvent se faire entendre d'une commission les députés qui
ont été désignés comme intervenants. Si je vais
à 154, on dit: Avant que la commission n'entreprenne l'étude
article...
Le Président (M. Laplante): À ce moment-ci,
Monsieur...
M. Grégoire: M. le Président, je veux finir. Avant
que la commission n'entreprenne l'étude article par article d'un projet
de loi...
M. Lalonde: Un instant; Vous n'êtes pas très poli
envers le président. Faites-vous un filibuster?
Le Président (M. Laplante): Là, une minute! M. le
député de Frontenac, sur votre question de règlement, je
me sens assez éclairé et je rendrai une décision avant la
fin de l'étude du projet de loi. D'accord?
Une voix: C'est ça, dans trois ou quatre mois,
parfait!
M. Lalonde: Pour le Jour de l'An!
M. Grégoire: D'ici là, c'est entre nous...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, mon jugement est
rendu.
M. le député de Gatineau.
Une voix: Vous le rendrez quand votre jugement?
Le Président (M. Laplante): Je rendrai le jugement avant
la fin de la commission.
M. Grégoire: II dit qu'il va le rendre avant la fin de la
commission mais il fait parler un intervenant.
M. le Président, question de règlement.
M. Lalonde: Je vous rappelle, M. le Président, que le
règlement vous permet d'expulser un député qui n'est pas
très docile.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur le
même sujet?
M. Grégoire: Non, sur le sujet suivant. C'est que vous
venez de donner la parole non pas à un membre, mais à un
intervenant. Si 148... M. le Président, c'est une autre question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, vous en appelez de ma décision et je ne l'endure pas. Je
donne la parole à M. le député de Gatineau. C'est
assez!
M. Grégoire: C'est sur cela que je soulève la
question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Grégoire: C'est une nouvelle question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Grégoire: II va à l'encontre du
règlement.
M. Gratton: Je vous remercie de me reconnaître, M. le
Président. Vous aurez constaté que vous m'aviez reconnu il y a
environ 20 minutes...
M. Duhaime: M. le Président.
M. Grégoire: Cela va absolument à l'encontre du
règlement.
M. Gratton: M. le Président, dois-je continuer ou
m'interrompre? Est-ce que ce temps-là sera enlevé de...?
Le Président (M. Laplante): Continuez. M. le ministre.
M. Duhaime: Je m'excuse auprès du député de
Gatineau.
M. Gratton: Ça va? M. le ministre, vous pouvez y
aller.
M. Duhaime: Peut-être que mon adjoint parlementaire s'est
mal fait comprendre, M. le Président, ou bien qu'il s'est mal
exprimé.
M. Grégoire: II ne m'a pas laissé finir.
M. Duhaime: Moi, je voudrais avoir juste un
éclaircissement sur la décision qui vient d'être rendue. Si
j'ai bien compris, vous prenez en délibéré jusqu'à
la fin des travaux de cette commission, à savoir si un intervenant a le
droit de faire des remarques préliminaires au début des travaux
de la commission suivant les dispositions de l'article 154.-3.
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais simplement
attirer votre attention sur l'article 148a pour dire que c'est par
dérogation à 148, les paragraphes 1, 2 et 3, qui doivent se lire
ensemble.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Non, non, je termine, M. le Président, en vous
disant que si vous prenez en délibéré...
Le Président (M. Laplante): Non, je ne peux pas accepter
votre argumentation, je pense que c'est mon rôle de chercher
l'argumentation.
M. Grégoire: II n'a pas fini sa question de
règlement, vous ne l'avez pas écouté. Écoutez-le
avant.
M. Duhaime: Je voudrais juste terminer par trois phrases
très courtes et ensuite, vous savez, nous sommes de grands
démocrates, on va se plier à votre décision, vous allez la
comprendre facilement. Je crois que votre délibéré sera
fort long parce que, d'après ce que j'ai entendu à
l'Assemblée nationale cet après-midi, nous sommes peut-être
ici pour plusieurs heures, peut-être même quelques jours...
Une voix: Peut-être demain. M. Lalonde: Jusqu'au
lundi.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas à
présumer de la longueur des...
M. Duhaime: Je crois, M. le Président, que votre
décision de prolonger indûment votre délibéré
fait en sorte qu'à toutes fins utiles vous ne répondez pas
à la question de règlement qui a été
soulevée par mon collègue de Frontenac.
M. Lalonde: Si vous retirez le projet de loi, on va finir ce
soir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Présidant.
M. Gratton: M. le Président, on se croirait au
congrès du PQ en fin de semaine, on ne veut pas me laisser parler. C'est
quoi, ça?
M. Dussault: M. le Président, si j'ai
bien compris, il y a un doute dans votre esprit, à savoir que les
intervenants ici, à la commission, puissent avoir le droit de parole sur
les remarques préliminaires et que, après cette séance, il
se pourrait fort bien qu'ils n'aient plus ce droit. Je vous demande, M. le
Président, compte tenu de ce doute-là, que l'on suspende les
travaux quelques minutes, le temps que vous clarifiez cette question parce
qu'il m'apparaît grave que l'on puisse donner le droit à des
personnes qui n'auraient pas le droit de parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, ma décision est rendue actuellement.
M. Grégoire: À savoir que les intervenants ont le
droit de parole.
Une voix: Bien oui, c'est clair!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Franchement, je suis
un peu...
M. Grégoire: On va faire rapport au président.
Une voix: C'est grave.
Le Président (M. Laplante): C'est grave.
M. Grégoire: Pour les fins du procès-verbal, je
voudrais qu'il soit fait mention de notre protestation contre le fait de faire
parler un membre intervenant à la table des interprétations
préliminaires et ce, à l'encontre de ce que nous croyons
être le règlement.
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Si ça peut vous faciliter les choses, M. le
Président, je ferai mon intervention très brève, et si
vous deviez juger à la fin après que vous aurez
délibéré, que je n'avais pas le droit de prononcer le
discours que je prononcerai, je vous permets tout de suite de rayer tout cela
du journal des Débats, ça va?
M. Ciaccia: ...
M. Gratton: M. le Président, je m'élève
contre ce que vient de dire mon collègue de Mont-Royal, il n'a pas
à juger des paroles que je n'ai pas encore prononcées.
Le Président (M. Laplante): Vous commencez, monsieur?
M. Michel Gratton
M. Gratton: Je recommence à l'instant même, M. le
Président, en vous disant que d'abord j'ai été un peu
surpris de ce que disait le ministre tantôt. D'ailleurs, il reprenait les
paroles qu'il a prononcées lors de son droit de réplique à
l'Assemblée nationale cet après-midi, à l'effet que
l'économiste bien connu, M. Marcel Bélanger, était
maintenant membre du caucus libéral. Il me semble que même le plus
néophyte des députés à l'Assemblée
nationale, encore plus le ministre de l'Énergie et des Ressources
devrait savoir que pour être membre d'un caucus quelconque, il faut
d'abord être élu député. A ma connaissance, M.
Bélanger n'a eu aucune rencontre avec le caucus du Parti libéral,
et c'est peut-être ce qui explique les soi-disant différences que
le ministre a notées entre certains chiffres que le chef de l'Opposition
a pu citer à l'Assemblée nationale dans son intervention en
deuxième lecture, et les chiffres que fait valoir M. Bélanger
dans l'article du journal, sous la signature de M. Normand Girard.
Cela étant dit, M. le Président, j'aimerais revenir
à une autre affirmation, M. le Président, je vous invite tout de
suite...
Le Président (M. Laplante): J'écoute,
j'écoute.
M. Gratton: Non, je ne tiens pas tellement que vous
m'écoutiez, mais j'aimerais au moins que le député de
Frontenac ne parle pas plus fort que moi, cela me dérange.
M. Grégoire: Je ne parle pas. Écoutez donc!
M. Gratton: Est-ce qu'on peut lui demander de se suspendre
lui-même pendant mon intervention? C'est quand même fatigant, M. le
Président.
Alors, je disais donc que cet après-midi le ministre, parrain du
projet de loi no 16, disait à l'Assemblée nationale dans son
droit de réplique que c'était uniquement le premier ministre
actuel, alors qu'il était ministre des Richesses naturelles en 1962, M.
René Lévesque, qui était responsable de cette
décision du gouvernement libéral d'alors, de procéder
à la nationalisation des compagnies d'électricité
privées.
Je désire à ce moment-ci m'inscrire en faux contre cette
affirmation. Il faut bien se rendre à l'évidence, la
décision d'en appeler à la population par le biais d'une
élection générale en 1963 n'a pas été prise
strictement à partir d'une décision du ministre des Richesses
naturelles. J'en veux comme preuve une déclaration que faisait le
premier ministre d'alors M. Jean Lesage qui
était rapportée dans le journal La Presse du 6 octobre
1962, et je cite: De quelle façon allions-nous nous y prendre pour que
les 5 600 000 Québécois deviennent les propriétaires, les
actionnaires de l'une des principales clés de l'expansion
économique de leur province, l'électricité? Et on sait que
la façon choisie a été justement d'en appeler au peuple
par le biais d'une élection référendaire? Le thème
était peut-être moins à la mode à ce
moment-là qu'aujourd'hui, mais au moins on avait un gouvernement qui
avait le courage de soumettre à la population de façon directe,
honnête, les questions aussi fondamentales que celle de savoir si les
citoyens, les 5 600 000 citoyens québécois voulaient
réellement devenir les propriétaires, les actionnaires de cette
société d'État que l'on connaît maintenant sous le
nom d'Hydro-Québec.
C'est ce qu'on trouve tout à fait inacceptable dans les
démarches que suit le gouvernement, qui est maintenant
présidé par ce même personnage qui était alors en
1962 ministre des Richesses naturelles. Au moment où on demande à
l'Assemblée nationale de faire un virage quand même assez
fondamental... Forcément, je ne voudrais pas m'attarder là-dessus
trop longuement. On sait que le Parti québécois, le parti
ministériel fait à l'occasion de ces virages, sans toutefois
nécessairement toujours en appeler au peuple. On en a eu quelques
exemples récents, M. le Président, et je suis sûr que vous,
à titre de témoin privilégié au cours de la fin de
semaine dernière, vous êtes mieux placé que moi pour juger
de l'à-propos de certains de ces virages. M. le Président, ce qui
me renverse, c'est de constater qu'au moment où il était plus
jeune et sûrement plus libéral qu'aujourd'hui, le premier ministre
actuel avait réussi à convaincre le gouvernement... (22
heures)
Le Président (M. Laplante): Je vous demanderais, s'il vous
plaît!, de revenir au projet de loi.
M. Gratton: C'est justement ce que je fais, M. le
Président. Si vous me suivez 30 secondes, vous allez constater que je
suis pertinent. Je disais donc, M. le Président, qu'au moment où
M. René Lévesque, pour l'appeler par son nom, était plus
jeune et plus libéral, en 1962, il avait réussi à
convaincre le gouvernement d'alors d'en appeler au peuple quant à la
décision de rendre chacun des 5 600 000 Québécois
propriétaire ou actionnaire d'Hydro-Québec. Comment, aujourd'hui,
alors que, il faut bien le constater, il est moins jeune et
nécessairement pas mal moins libéral, M. René
Lévesque toujours...
M. Duhaime: Question de privilège.
M. Gratton: Comment aujourd'hui...
Le Président (M. Laplante): Question de
privilège.
M. Grégoire: Question de règlement.
M. Gratton: II n'y a pas de question de règlement en
commission.
M. Duhaime: Question de règlement.
M. Gratton: Question de règlement? Je cède mon
droit de parole au ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Pourquoi dites-vous que M. Lévesque est moins
jeune?
M. Gratton: Parce qu'il a 20 ans de plus.
M. Duhaime: Ah bon! La jeunesse est dans le coeur.
Le Président (M. Laplante): M. le
député.
M. Gratton: Quelle sorte de question est-ce? Tout le monde sait
que si quelqu'un a 26 ans en 1962, il y a de fortes chances qu'il ait autour de
46 ans en 1981, compte tenu de son anniversaire. Quelle est la date de
l'anniversaire du premier ministre, M. le Président? Je disais donc,
qu'au moment où on demande maintenant à la population d'accepter
qu'Hydro-Québec fasse un virage très important, on va changer sa
vocation même. Alors qu'en 1962 on avait demandé à la
population d'acquiescer à ce qu'Hydro-Québec devienne le seul et
unique fournisseur de services d'électricité au plus bas
coût possible compatible avec une saine administration... on veut en
quelque sorte transformer la société d'État
Hydro-Québec en percepteur d'impôts lui permettre d'aller faire ce
que le gouvernement du Parti québécois n'a pas le courage de
faire, c'est-à-dire aller puiser dans les poches de chaque consommateur
d'électricité, donc, de l'ensemble des citoyens
québécois, d'aller puiser, dis-je, des fonds
considérables, tellement considérables, M. le Président,
que mon brillant collègue de Notre-Dame-de-Grâce indiquait
à l'Assemblée nationale sans que personne ne réfute ses
chiffres - je suis content qu'il arrive, M. le Président, il pourra
confirmer - que d'ici 1985, chaque famille québécoise paiera au
moins 2000 $ de plus. J'entends le député de Châteauguay
dire que ce n'est pas vrai, M. le Président. Je l'invite à
intervenir après que j'aurai terminé, pour réfuter ce que
j'avance.
M. Grégoire: Cela a été fait par le
président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, s'il fallait se fier sur le
député de Châteauguay pour rétablir les faits... On
sait ce qu'il nous a dit du Dr Marc Lavallée, un certain soir. Il a
prétendu avoir parlé au Dr Lavallée et que le Dr
Lavallée n'avait pas dit ça. Le Dr Lavallée a
été obligé d'appeler Normand Girard pour dire: Oui,
j'avais dit cela et je le répète, c'est un nid à patronage
dans le bureau de Charron, dans le bureau de Léger...
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. Puis-je parler, M. le Président, sur une question de
règlement?
M. Gratton: Vous arrêtez votre montre.
Le Président (M. Laplante): Règlement. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Question de règlement. M. le
Président, M. le député de Gatineau me fait dire que j'ai
rencontré le Dr Lavallée et que c'est à la suite de cette
rencontre que j'ai parlé de lui à l'Assemblée nationale.
C'est tout à fait faux, M. le Président. J'ai prêté
de très bonnes intentions au Dr Lavallée qui n'a pas compris mes
bonnes intentions et il a réagi négativement une fois de plus, M.
le Président. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, vous voyez qu'il ne faut pas
trop se fier sur le député de Châteauguay pour faire les
rectifications qui s'imposent. Je disais donc, M. le Président - je l'ai
quasiment oublié, j'ai l'impression que je vais être obligé
de recommencer au début - qu'au moment où on s'apprête, par
le biais du projet de loi no 16, à changer la vocation même
d'Hydro-Québec qui, lors de l'élection de 1962, avait reçu
le mandat de la population, par le biais d'une élection, de fournir des
services d'électricité au meilleur coût possible compatible
avec une saine gestion, aujourd'hui on veut transformer Hydro-Québec en
percepteur d'impôts pour aller chercher dans la poche de chaque famille
québécoise un minimum de 2000 $ d'ici 1985.
Une voix: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, vous aurez la chance de prendre la parole tout à
l'heure, si vous le voulez, après le député de Gatineau.
S'il vous plaît...
M. Dussault: Si ce n'est pas vrai, M. le Président, il
vaut mieux le dire tout de suite...
Le Président (M. Laplante): ... je n'aime pas les
remarques que vous passez, s'il vous plaît.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Comprenez-vous pourquoi le député de
Châteauguay n'a pas été élu vice-président de
l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Laplante): Non, mais je ne voudrais pas
que vous continuiez par exemple là-dessus. Continuez votre
intervention.
M. Dussault: M. le Président, vous le savez, vous.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne vous pose pas la
question, je sais que vous ne pouvez pas répondre, mais je vous dis que
vous avez là la preuve la plus éclatante des raisons pour
lesquelles le député de Châteauguay n'a pas
accédé à la vice-présidence de l'Assemblée
nationale parce que...
Le Président (M. Laplante): Écoutez, M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît! M. le
député de Gatineau, continuez, s'il vous plaît, dans votre
règlement.
M. Dussault: M. le Président, le député de
Gatineau est en train de dire à la population via le journal des
Débats que le député de Châteauguay n'a pas
été élu à l'Assemblée nationale comme
vice-président parce qu'il est actuellement en train de dire au
député de Gatineau que ce qu'il avance, c'est complètement
faux. Je dois dire, M. le Président, qu'il n'y a qu'une seule raison
pour laquelle je n'ai pas été nommé vice-président,
c'est à cause de la mesquinerie des gens d'en face. Ils n'ont pas
aimé que le député de Châteauguay dénonce les
750 000 $ qu'ils ont dans leur caisse électorale à la
suite...
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Dussault: ... des Jeux Olympiques
Le Président (M. Laplante): ... de
Gatineau, vous pouvez continuer.
M. Lalonde: ...
M. Grégoire: La preuve c'est que vous vous le
rappelez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît; Ce n'est pas un cirque... Écoutez.
M. le député de Gatineau, vous pouvez continuer, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je me passe de
commentaires sur l'intervention du député de Châteauguay.
Chose certaine, s'il n'a pas été élu
vice-président...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, un
petit peu de coopération, M. le député de Gatineau!
M. Gratton: Non, je lui dis bien amicalement.
Le Président (M. Laplante): Entrez dans le sujet que vous
aviez tout à l'heure.
M. Gratton: J'étais entré jusqu'au cou, M. le
Président, jusqu'à ce qu'on m'interrompe. Je dis donc, M. le
Président, que si à ce moment-ci par le biais du projet de loi no
16 de l'aveu même du gouvernement qui nous dit: C'est là le
premier jalon d'une politique énergétique dont on veut doter le
Québec. M. le Président, s'il s'agit effectivement d'un premier
jalon d'une nouvelle politique énergétique, le minimum qu'on
devrait nous accorder ici, à l'Assemblée nationale, c'est
d'entendre les nombreuses personnes et nombreux organismes qui ont
souhaité qu'on tienne un débat public sur la politique
énergétique du Québec. C'est d'ailleurs le
prédécesseur que nous citait le ministre tantôt, M. Yves
Bérubé, qui a fait une commission parlementaire, en mars dernier,
à la toute veille de l'élection, et qui avait annoncé avec
grande pompe qu'effectivement il acceptait le principe d'un débat public
sur la politique énergétique. Nous voilà, M. le
Président, sept ou huit mois plus tard devant un projet de loi au titre
tout à fait anodin de Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec,
avec un contenu qui, à moins qu'on y regarde de plus près, nous
semble tout à fait aussi anodin, mais qui vient modifier la vocation
même d'Hydro-Québec.
À l'occasion, M. le Président, il est utile de comparer ce
qui se fait ailleurs et, notamment, en Ontario. Alors qu'en août 1981 -
c'est tout récent - il s'agissait de traiter ou d'approuver les hausses
de tarifs d'Hydro-Ontario, on a tenu, au sein de ce qu'on appelle là-bas
l'Ontario Energy Board, des audiences, et il serait peut-être
intéressant qu'on cite quelques brefs passages de ce rapport qui a
été déposé le 31 août 1981. C'est un rapport
présenté au ministre de l'Énergie de l'Ontario dont je
cite l'introduction. Là, M. le Président, vous ne m'en voudrez
sûrement pas de citer textuellement en anglais. Je pourrai faire la
traduction après, si c'est le souhait des membres de la commission.
C'est un nouveau passage. "Ontario Hydro's proposal for increases in its buck
power race, effective January 1st 1982, was forwarded to the minister of Energy
by later dated April 15, 1981, which appears in appendix A." On voit comment
ces gens prennent le temps de faire les choses comme il se doit. Il ne font pas
cela à la bonne franquette avec un projet de loi deux semaines avant
Noël en disant: Adoptez cela, il n'y a rien là. Non, on envoie une
lettre, le 15 avril 1981, et il s'agit d'étudier les hausses de tarifs
qui n'entreront en vigueur qu'en janvier 1982. On se donne tout le temps voulu
pour qu'on sache ce qui se passe dans la population, chez les intervenants.
Je continue, M. le Président: "The proposal was for an increase
in the buck power rates by an average of 8,6% for municipal utilities and by an
average of 8,9% for large industrial customers." Je fais une petite
parenthèse pour vous dire qu'ici, il s'agit d'augmentations de 8,6% et
de 8,9%, alors que nous parlons déjà de 16,7%, au 1er janvier
1982.
M. Duhaime: Avez-vous les chiffres pour 1976?
M. Gratton: Je pourrai vous les donner tantôt, mais
là, je vous parle de 1982. Je suis en train de vous dire ce que vous
devriez faire. Je continue. L'augmentation est à peu près le
double ici au Québec de celle que se proposait de faire l'Hydro-Ontario
à compter du 1er janvier 1982. "It was based on the economic outlook,
winter-review, look-forecast 810290 rappelez-vous le chiffre, M. le
Président, on y reviendra - dated February 9, 1981 and a financial
forecast 1981 to 1984. The submission by Ontario Hydro was referred to the
Ontario Energy Board by letter from the minister on April 16, 1981. This letter
is also included as part of appendix A. The reference directed the Board in
regard to the nature in scope of the investigation which the Board was to
undertake. The letter stated that it was the original intention of the minister
to include in the 1982 bulk power rate hearings revisions to Ontario Hydro
power costing and rate making policies. However, the minister pointed out that
this was deferred for one year to allow bulk power customers the time to review
the proposals outlined in the Board's report on principles of electricity
costing and pricing for Ontario Hydro." Vous voyez la sagesse de ces gens. On a
même prolongé d'un an
l'entrée en vigueur des nouveaux tarifs de façon à
donner à tous leurs clients le temps d'en mesurer l'impact.
Je continue la citation, M. le Président. Chaque fois que je
changerai de langue, c'est parce que je citerai en anglais et les remarques en
français seront miennes. Cela va? C'est pour épargner du temps
pour qu'on n'ait pas à répéter toujours la même
chose. "The minister therefore stipulated that no changes in the principles of
power costing and rate making from those in force in 1981 would take place
à at this hearing. The minister also required the Board to report in a
manner in which Ontario Hydro has allocated buck power cost and consistent with
Ontario Hydro financial soundness." On pourrait parler aussi jusqu'à
maintenant du "financial soundness" d'Hydro-Québec.
Malheureusement, après l'adoption du projet de loi no 16, M. le
Président, mon collègue d'Outremont l'a clairement
démontré, on ne pourra peut-être plus parler du "financial
soundness" d'Hydro-Québec. (22 h 15) "To be consistent with Ontario
Hydro's Financial soundess, the extent to which Ontario Hydro has kept its
proposed bulk power increases for 1982 as low as possible." Le plus bas
possible, M. le Président, c'est ça qui est la nature même
du problème dont on discute ici. Les tarifs les plus bas possible. "The
Minister also directed that the interest coverage ratio for 1982 was not to be
less than 1,275. Retenez le chiffre, M. le Président." As well, he
excluded from the review the system expansion program of Ontario Hydro and the
differential between rural an bulk power rates." Souvent, ici au gouvernement
on nous dit: Oui, vous voulez ouvrir des commissions d'enquête, des
commissions parlementaires et faire tout le procès d'Hydro-Québec
et ça ne finira plus. Mais non, à la commission parlementaire, on
peut donner à la Commission de l'énergie un mandat plus
précis en excluant certains éléments, comme on l'a fait
dans le cas de ce mandat qu'on a donné a l'Ontario Energy Board". Le
précédent est là. Pourquoi, alors qu'il s'agit de faire
certaines choses moins bonnes... Le gouvernement du Québec s'inspire
souvent d'expériences faites ailleurs et lorsqu'il s'agit
d'expériences tout à fait valables, on n'en parle même pas,
on ne les imite surtout pas. "The Board panel assigned to the hearing consisted
of S.G. Wychowanec -j'épelle le nom, M. le Président,
W-Y-C-H-O-W-A-N-E-C; QC, Queen's Council, M. le Président -
Vice-chairman and presiding members, Mr. J.R. Dunn, member, and Mr. R.R. Perdue
- perdue au féminin - member, D.H. Rogers, was retained as board council
and C.G. Mackie from the board staff was assigned to the hearing as case
officer." Je termine, M. le Président. "The board issued a procedural
order dated April 16, 1981 in which it gave directions for publication of
notice of hearing and directions for service as well as for a pre-hearing
conference and the general procedures to be followed in connection with
interventions and evidence. The hearing commenced Monday June 22, 1981."
Vous voyez, c'était pour des tarifs qui doivent entrer en vigueur
seulement le 1er janvier 1982. On a donné un mandat précis
excluant certains éléments dès le 16 avril 1981 et
l'Ontario Energy Board a tenu des audiences à compter du 22 juin 1981.
"As at the date of commencement, the following interventions has been received
by the Board secretary."
Maintenant, M. le Président, il y a une longue liste de gens qui
se sont fait entendre à la commission notamment The Association of Major
Power Consumers in Ontario, Atlas Steels, Belleville' utilities commission,
Consumers Gas Company Ltd, une compagnie que je connais bien puisque j'y ai
oeuvré moi-même pendant deux ans dans les années 60.
Une voix: Bravo, bravo!
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît, M. le député:
M. Gratton: C'est déjà terminé. Une voix:
II aurait dû y rester.
M. Gratton: M. le Président, souvent, quand j'ai le
député de Châteauguay devant moi, je souhaiterais y
être resté. J'avais des intervenants un peu plus
intéressants dans le temps.
Le Président (M. Laplante): J'ai même tenu compte de
ça, M. le député.
M. Gratton: Je dis, sans vous faire la longue
énumération des organismes, des compagnies, des gros clients
d'Ontario Hydro qui ont comparu devant la commission, je dis que ces
gens-là au moins ont eu le temps de sensibiliser le gouvernement et
Hydro-Ontario aux conséquences de ces hausses de tarifs.
Si ici, au Québec, il n'y avait personne qui s'intéressait
à la chose, je dirais: Je comprends le gouvernement d'y aller à
la va comme je te pousse sans tenir aucune commission parlementaire, aucune
audience. Je vous fais une très brève liste, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, vous y
reviendrez lors de l'étude article par article, vous aurez le temps
encore!
M. Gratton: Vous me garantissez M. le Président, que
même si je suis intervenant...
Le Président (M. Laplante): Je vous le garantis.
Maintenant, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Gratton: Je vous remercie de votre sollicitude.
M. Bélanger: Merci, M. le Président.
M. Duhaime: Je voudrais demander quelque chose au
député de Gatineau: Avez-vous l'intention de le traduire?
M. Lalonde: On lui a enlevé le droit de parole, il ne le
peut pas.
M. Duhaime: Moi, je lui donnerais mon consentement.
M. Lalonde: Oui, d'accord, consentement.
M. Grégoire: Non, pas moi, je ne le donne pas.
M. Lalonde: On a consentement, traduction, Michel.
M. Grégoire: Non, non.
M. Duhaine: II parlait trop vite, je n'ai pas tout compris
M. Grégoire: Ce n'était pas important.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Avant de
commencer, je vous dirai d'abord que je participe à cette commission
parlementaire avec beaucoup d'intérêt. On peut déjà
anticiper que ce sera une des plus intéressantes que vous n'avez jamais
eu la chance de présider depuis votre élection comme
président de cette commission élue.
Je vais tenter également de suivre vos directives, de ne parler
que d'électricité et d'être pertinent au projet de loi.
Mais vous conviendrez avec moi qu'il va falloir quand même, pour citer
certains exemples, faire référence aux discours en
deuxième lecture sans toutefois les relire. J'aurais aussi des questions
à poser au ministre, dès le début de mon intervention,
afin de m'éclairer davantage et rendre cette commission encore plus
intéressante. Je voudrais demander au ministre d'essayer de m'expliquer
la différence entre la petite puissance, la moyenne puissance, la grande
puissance, le nombre de kilowatts que cela signifie par mois, mensuellement,
pour qu'on puisse se situer, parce que - M. le Président, est-ce qu'on
peut...
Le Président (M. Laplante): Continuez.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Puisqu'on
parle de puissance, vous vous souviendrez également, M. le
Président, puisque vous étiez là vous aussi, que lors de
son discours de deuxième lecture, le député de Frontenac a
beaucoup parlé de la puissance des Canadiens, des
Québécois, etc. Je veux lui dire, tout au moins en mon nom
personnel, sinon au nom de ma formation politique, que moi personnellement, je
n'ai jamais douté de son impuissance.
M. Grégoire: Ah! Ah! Ah! Monsieur, l'injure n'atteint
même pas le parapluie de mon indifférence à son
égard.
M. Bélanger: M. le Président...
M. Grégoire: Des farces plates comme celle-là, on
ne les relève pas.
M. Bélanger: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grégoire: Je me contente de le mépriser.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Bélanger: Je n'ai fait aucune farce plate, c'est
lui-même qui - si on veut revoir le journal des Débats -en
deuxième lecture, a parlé de la puissance des
Québécois à construire la Baie-James, et la puissance
à de grands projets. Je lui dis tout simplement que moi,
personnellement, je n'en ai jamais douté. De toute façon, M. le
Président, pour revenir au projet de loi no 16, il est évident
que le gouvernement est sûrement pris de panique pour passer un
règlement aussi draconien.
M. Rodrigue: Regardez-vous, vous allez voir qu'on n'est pas pris
de panique.
M. Bélanger: On peut présumer que les
créanciers hypothécaires ont tout simplement dit au ministre des
Finances, les créanciers, ceux qui prêtent l'argent au
gouvernement ont sûrement dit au ministre des Finances de chercher
d'autres sources de revenus, que la cote de crédit de la province de
Québec n'était pas bonne. C'est aussi simple que cela. C'est une
loi de panique. On voit très bien qu'il n'y a aucune cohérence,
il n'y a aucune planification, c'est arrivé...
M. Grégoire: Vous affirmez que les financiers ont dit cela
au gouvernement du Québec?
M. Bélanger: Je présume.
M. Grégoire: Ah! mais vous n'affirmez pas.
M. Bélanger: C'est la seule façon que je vois que
ce projet de loi peut être justifié.
M. Grégoire: Mais vous n'affirmez pas.
M. Bélanger: Non.
M. Grégoire: Vous n'étiez pas là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement. Il y a eu là une observation qui est grave à
l'endroit de la situation financière du Québec. Je demanderais au
député de Mégantic-Compton de mettre son siège au
jeu là-dessus, que les financiers sont venus dire cela au gouvernement
du Québec. Si c'est simplement une présomption qu'il fait, qu'il
la prouve.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Question de règlement. Le député
de Frontenac peut jouer tous les petits jeux qu'il veut...
M. Grégoire: Qu'il la prouve.
M. Lalonde: ... et mettre son siège au jeu, dit-il - ce
serait peut-être mieux de le mettre en jeu - tout ce que le
député de Mégantic-Compton dit, c'est qu'il
présume, il fait la présomption. C'est ce qu'il a dit:
Écoutez, on les a vus arriver ici quelques jours après, il y
avait sûrement eu une lumière rouge qui avait été
allumée devant le ministre des Finances à cause du chaos de ses
finances publiques qui l'obligeaient à augmenter les taxes. C'est tout
ce qu'il a dit et il n'est pas question d'intimider, de la part du
député de Frontenac, le député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bélanger: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: J'ai écouté attentivement le
commentaire de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys. Je voudrais
simplement rappeler à la commission que le projet de loi dont il s'agit
a été déposé devant l'Assemblée nationale au
mois de juin dernier. Il y a eu une commission parlementaire au mois
d'août. Je pense que tout le monde est d'accord avec ça. Où
est-ce que vous voyez l'urgence? Le gouvernement n'a pas été
pressé. Ça fait sept mois que vous l'avez dans les mains.
M. Grégoire: Au mois de mars.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Sur le même sujet de la question des financiers
qui sont venus au Québec, il a été reporté dans les
journaux que les financiers s'inquiètent des revenus et des
dépenses incontrôlées du gouvernement. C'était dans
la Gazette, le vice-président de Moody's.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, voulez-vous continuer, s'il vous plaît.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. J'ai bien dit,
comme mon collègue de Marguerite-Bourgeoys l'a souligné, que, je
présume, il y a sûrement une raison sérieuse pour que le
gouvernement puisse faire un projet de loi, comme je l'ai mentionné,
aussi draconien. De toute façon, le ministre des Finances pourra
certainement passer à l'histoire parce qu'il aura trouvé le truc,
il aura trouvé le moyen de faire payer de l'impôt aux
assistés sociaux. C'est la pure vérité. C'est la triste
vérité, je devrais dire. Les assistés sociaux, les
accidentés, les pensionnés, les retraités, à chaque
mois, tous les deux mois, devront payer. Les veuves, les aveugles, les
handicapés. C'est l'année des handicapés, c'est le cadeau
qu'on va leur faire pour Noël.
M. le Président, je disais donc qu'il faut aussi penser aux
petites entreprises qui, elles non plus, n'ont pas été averties.
J'écoutais cet après-midi en Chambre, le ministre d'État
au Développement
économique faire état que le Québec était
rempli de petites et moyennes entreprises. Ce sont celles-là qui devront
faire les frais de cette loi no 16 qui leur arrive sans qu'elles soient
prévenues, sans qu'elles aient eu le temps de budgétiser. Comme
le mentionnait mon collègue de Gatineau, en Ontario on les avertit un an
d'avance quels seront leurs tarifs l'année suivante; ça donne une
chance à l'entreprise de budgétiser, de prévoir. On a la
même chose dans la moyenne entreprise.
Si on parle maintenant de la grosse industrie, par exemple, on sait
très bien que ces gens-là n'auront plus aucun avantage à
venir s'installer au Québec. Alors, on fera encore comme on fait
régulièrement, on dira que les industries s'installent en
Ontario. Nous ici, au Québec, on n'aura pas notre quote-part. Cela fera
également en sorte que moins de travailleurs au Québec pourront
travailler; donc, moins de travailleurs payant d'impôt. Alors on fera
quoi? On peut, encore une fois, présumer, et je présume encore
une fois que le ministre des Finances sera tenté d'augmenter les tarifs
d'Hydro-Québec pour aller chercher encore cet impôt que je
n'hésite pas à qualifier, moi, d'hypocrite, parce que, vous
savez, il y en a plusieurs qui vont payer ce compte d'électricité
sans toutefois savoir qu'ils paient de l'impôt.
J'aimerais, avec votre permission, vous citer l'exemple d'une petite
industrie familiale, celle à laquelle le gouvernement se dit
sympathique, une petite scierie, dans mon comté, qui paie 7 400 $, 7 500
$, 6 000 $ d'électricité par mois.
M. Duhaime: Sa consommation, c'est combien?
M. Bélanger: C'est tout près, un peu plus que 2000
kilowatts.
M. Duhaime: 2000 kilowattsheures par mois. Cela fait combien de
dollars, vous dites?
M. Bélanger: 7090 $ plus taxe ajoutée à
cela, 7492 $. Cela joue dans cela. J'ai la facture à l'appui,
d'ailleurs.
M. Duhaime: Annuel?
M. Bélanger: Non, non c'est mensuel. Est-ce que je peux
donner mon exemple, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Bélanger: Si je regarde cet exemple-là, cette
petite industrie va payer chaque mois, si on ajoute à cela la taxe de
8%, 1750 $ en taxes; ça, ce n'est pas de l'électricité
pour faire tourner sa scierie, ce n'est pas sa consommation, c'est une taxe
qu'il envoie au ministre des Finances, 1750 $ par mois. Donc, on peut
présumer au-delà de 20 000 $ par année. C'est une
industrie de bois de sciage, et alors on sait dans quelle situation se trouve
l'industrie de bois de sciage.
Si on veut regarder dans les autres provinces, l'Ontario, Terre-Neuve,
le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard ne soumettent
même pas leur électricité à la taxe de vente de 8%.
Alors, imaginez-vous l'avantage, encore une fois, pour ces industries d'aller
s'installer en Ontario, qui est si près.
On peut présumer que le ministre des Finances, chaque fois qu'il
aura son fameux trou de 5 000 000 $ ou de 1 000 000 $ ou 10 000 000 $ ou 800
000 000 $, sera tenté tout simplement d'augmenter le tarif
d'Hydro-Québec pour combler son budget. (22 h 301
C'est évident qu'on nous dit que le tarif domestique a
été moins augmenté. C'est vrai, si on tient compte du
tableau. Mais il reste une chose, on a pris comme exemple une famille qui n'a
que le strict nécessaire, c'est-à-dire l'éclairage
électrique tout simplement. On sait très bien, aujourd'hui, que
la plupart des familles, pour vivre décemment, doivent avoir au moins
l'essentiel, une sécheuse, une "laveuse" automatique. La plupart aussi
se servent de l'électricité , peut-être pas pour chauffer
en permanence, mais pour combler le manque de chauffage au cours de
périodes critiques, comme des froids que l'on a connus l'hiver
dernier.
M. le Président, je vais être très bref, je ne veux
pas retarder les travaux de cette commission. Mais vous conviendrez, quand
même, que c'est un projet de loi des plus sérieux. Comme
parlementaire, je n'aurais jamais cru avoir à étudier un projet
de loi qui semble aussi anodin mais qui a tellement de grandes implications.
Quand on pense qu'on change les structures de notre société
Hydro-Québec, qui était notre fierté nationale, qui
était, comme le disait le député de Frontenac, un
défi que les Québécois s'était donné, qui
avait prouvé leur puissance, leur capacité, pour en faire tout
simplement un percepteur d'impôts, on n'a pas besoin d'avoir une
conscience tellement développée pour s'apercevoir que c'est de
l'indécence pure et simple.
Je me demande comment les députés ministériels vont
faire, dans leur bureau de comté, pour expliquer aux gens que c'est une
taxe nécessaire au développement du Québec. Parce qu'on
l'a entendu en deuxième lecture, ça s'insérait dans le
cadre du développement économique du Québec. Je vous dirai
que ce n'est pas de cette façon qu'on va oeuvrer au développement
économique du Québec. C'est le contraire. On avait cet avantage
qui faisait que, certaines industries... j'en ai
visité, tout récemment, avec la mission économique
du Parti libéral, des industries, de gros consommateurs
d'électricité. Elles ont admis avoir choisi le Québec,
uniquement parce que les tarifs d'Hydro-Québec étaient meilleur
marché. Parce qu'on sait très bien que certaines industries
avaient bien d'autres contraintes qui les poussaient à ne pas choisir le
Québec. Mais on sait aussi qu'une compagnie se doit d'étudier les
coûts d'implantation. C'est pourquoi je trouve que cette loi est une des
pires que le gouvernement actuel ait jamais votées. Nous ferons, comme
l'ont dit mes collègues, tout en notre pouvoir, pour amener le
gouvernement à retirer tout simplement le projet de loi no 16.
M. Duhaime: Je demande la parole, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Le député de Mégantic-Compton
m'a posé une première question. M. le Président, je ne
sais pas si son recherchiste est revenu de vacances. Il m'a demandé
quelles étaient les catégories de puissance. Voulez-vous le
prendre en note?
M. Bélanger: Oui.
M. Duhaime: De 25 à 100 kilowattheures.
M. Bélanger: C'est quoi?
M. Duhaime: ... petite puissance. Moyenne puissance: de 100
à 5000, ou 100 kilowattheures à 5 mégawatts: Tarif grande
puissance: au-delà de 5000 kilowattheures.
Maintenant, M. le Président, je comprends que le
député de Mégantic-Compton nous ait beaucoup parlé
d'une scierie dans son comté. Je ne vous demanderai pas le nom de la
scierie, peut-être qu'il pourra me le donner en dehors des travaux de la
commission, mais je voudrais qu'il vérifie le compte qui est devant lui.
Il a parlé de 2000 kilowattheures est-ce juste sur une
base mensuelle.
M. Bélanger: M. le Président, je ne suis pas des
plus familiers avec...
M. Duhaime: Passez-le-moi donc.
M. Bélanger: Si on regarde le relevé
précédent à 4129, on passe au présent relevé
à 4356, donc, je présume que c'est...
M. Duhaime: ... 2000 kilowattheures par mois. C'est ça?
Ça vous fait un compte de 7000 $ par mois.
M. Bélanger: ... 7492,22 $
M. Duhaime: ... plus 8%...
M. Bélanger: Non, les 8% sont inclus.
M. Duhaime: Bon, ça fait...
M. Bélanger: ... 7492,22 $...
M. Duhaime: ... 7492,22 $ divisé par 2000 kilowattheures,
c'est bien ça? C'est ce que vous comptez? Ça va faire un peu plus
de 3 $ le kilowattheure par mois. C'est ainsi que vous faites votre calcul?
M. le Président, aux états financiers
d'Hydro-Québec qui ont été rendus publics, je ne sais pas
si le député de Mégantic-Compton a regardé une fois
dans sa vie, à la page F-22, dans le troisième bloc c'est
marqué: Revenu moyen au kilowattheure. Electricité
régulière, domestique et agricole: 0,02750 $ par kilowattheure;
tarif général: 0,03142 $; industriel, qui doit être votre
tarif 0,01717 $; cela vous donne un revenu moyen le kilowattheure de 0,02320 $
par mois. Si le député de Mégantic-Compton a une scierie
à 3 $ du kilowattheure par mois, il y a quelque chose qui ne marche pas
ou bien c'est lui qui n'a rien compris.
M. Bélanger: M. le Président, est-ce que je peux
apporter une réponse vu qu'il semble que maintenant c'est le
côté ministériel qui pose les questions à
l'Opposition?
La consommation, pour les 32 jours, a été de 181 600.
M. Duhaime: Des quoi ça?
Une voix: Des watts, des kilowatts ou des mégawatts?
M. Bélanger: Un instant, mon cher monsieur, je n'ai pas
été élevé dans les watts et je n'ai pas
été élevé dans la ouate non plus.
M. Vallières: Vous devez connaître vos factures.
M. Duhaime: Ce n'est pas marqué en volts, ne vous trompez
pas.
M. Bélanger: Non, M. le Président, ça ne
donne pas le même choc.
M. Duhaime: Voulez-vous nous le dire, s'il vous plaît, M.
le député de Mégantic-Compton?
M. Bélanger: J'ai une photocopie de la facture d'un mois;
il est évident que moi, je vous l'ai dit au départ, ce n'est pas
ma spécialité, les kilowatts...
M. Duhaime: Vous ne connaissez rien là-dedans.
M. Bélanger: Je parle d'une augmentation, je prends le
17...
M. Duhaime: Vous prenez un micro pour venir débiter des
âneries, ça n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton. M. le député, pour éclairer la
commission ou le ministre, pouvez-vous lui prêter la facture? Je pense
que cela serait plus simple.
M. Bélanger: Avec plaisir, M. le Président, mais il
reste une chose. J'aimerais donner des précisions parce qu'on m'accuse
de prendre un micro sans savoir de quoi je parle. Je m'excuse mais lorsqu'on
parle d'argent... Et ça fait longtemps que je l'ai ma calculatrice,
assez longtemps pour m'apercevoir que le gouvernement péquiste a
affaibli le Québec de 20% depuis les dernières années.
M. Duhaime: Sortez-la tout de suite, ça presse, ça
va vous aider.
M. Bélanger: Je dis ceci: La facture actuelle est de 7492
$ pour 32 jours de consommation, un autre mois c'est 6126 $ pour 28 jours de
consommation, le mois suivant, 32 jours, 7234 $; je fais une moyenne de 7000 $,
j'ajoute les 17% d'augmentation et j'ajoute également les 8% et je dis
que ce même propriétaire d'industrie devra payer 1700 $ par mois
en taxes cachées, apparentes, appelez-les comme vous voudrez.
M. Duhaime: Vous avez compté une chose deux fois. Vous
avez ajouté 8% deux fois; c'était inclus dans votre premier
montant que vous m'avez donné.
M. Bélanger: M. le Président j'ai pris une moyenne
de 7000 $; donc, je n'ai pas pris 7492 $, j'ai pris une moyenne de 7000 $.
M. Grégoire: Vous avez dit que la taxe était dans
les 7000 $.
M. Duhaime: Bien oui, vous l'avez compté deux fois.
M. Bélanger; Si cette industrie avait l'avantage
d'épargner 30 $ ou 35 $ par mois, ce serait à son avantage et
ça me ferait plaisir.
M. Lalonde: M. le Président.
M. Duhaime: M. le Président, pourrait- on avoir le niveau
de consommation, s'il vous plaît?
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Duhaime: On ne donnera pas le nom non plus, on va être
de bon compte.
M. Lalonde: II me semble que le ministre devrait utiliser ses
connaissances pour répondre à des questions précises et
concrètes de l'Opposition. Il s'agit d'un exemple que le
député de Mégantic-Compton a apporté, facture en
mains, avec des précisions en ce qui concerne les coûts. Il me
semble que le taux d'augmentation peut être facilement calculé
là-dessus sans commencer par tenter de confondre le député
pour traduire les chiffres de consommation en kilowatts, en mégawatts,
tous les watts que vous voudrez.
Le Président (M. Laplante): Bon, est-ce qu'il y en a un
autre qui veut prendre la parole?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): À votre tour.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, j'ai attendu patiemment
jusqu'à 22 h 40 avant...
M. Duhaime: On va manquer les nouvelles, là.
M. Lalonde: ...d'adresser quelques mots à la commission
parlementaire en ce qui concerne le projet de loi. J'ai attendu que les
députés ministériels manifestent un certain
intérêt dans cette délibération d'un projet de loi
extrêmement lourd pour les Québécois. On a entendu des
questions de règlement, des questions de privilège, toutes sortes
de questions dilatoires de la part des députés
ministériels; le député de Frontenac, à part de
mettre en doute vos décisions, n'a contribué d'aucune
façon à faire avancer l'étude de ce projet de loi...
Une voix: Très important.
M. Lalonde: La même chose de la part du
député de Châteauguay, M. le Président, et les
autres sont parfaitement muets. Il semble qu'ils soient complètement
désintéressés. Je sais que le député de
Frontenac n'a pas encore parlé; j'espérais qu'il le ferait,
j'ai
attendu jusqu'à onze heures moins vingt.
M. Grégoire: Question de règlement. Qu'est-ce que
cela vient faire dans le débat que j'aie parlé ou non?
Lui-même n'a jamais parlé encore et il commence. Est-ce que je ne
pourrais pas commencer après lui? Est-ce qu'il vient me reprocher cela?
Je ne lui ai pas reproché de ne pas avoir parlé encore. Il
commence.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: Que le député de
Marguerite-Bourgeoys attende et cela viendra bien à son tour.
M. Lalonde: Je n'impute aucun motif au député de
Frontenac. Je ne fais que remarquer, que constater qu'il a pris la parole
à plusieurs reprises, mais seulement pour mettre en doute votre
jugement, M. le Président, ou tenter de faire un peu
d'interférence à l'égard des députés de
l'Opposition qui ne font que leur devoir. Alors, si le député de
Frontenac - il est, en plus de cela, on le dit, l'adjoint parlementaire du
ministre de l'Énergie - n'a pas cru bon de prendre la parole pour nous
éclairer en ce qui concerne sa conception du projet de loi depuis deux
heures et trois quarts, c'est son choix; on laissera les gens le juger.
M. le Président, en abordant l'étude article par article
de ce projet de loi - et c'est ce qu'on fait ici, ce soir - je voudrais faire
appel à un document qui s'intitule "La politique
québécoise de l'énergie, assurer l'avenir." C'est le
titre. C'est un document qui émane du gouvernement péquiste et je
tenterai, dans ce document, de rechercher les principes qui pourraient nous
guider dans l'étude de ce projet de loi. Je le fais, à votre
invitation, non pas en référant aux dispositions de ce document
qui ont trait au pétrole, vous me rappelleriez à l'ordre, ni au
gaz naturel, non, je n'en parle pas.
Je vais tout simplement citer quelques dispositions de ce document,
à la page 72, en ce qui concerne l'électricité. Et je cite
ce document péquiste: "La définition des prix de
l'électricité doit tenir compte d'un bon nombre de facteurs qui
jouent dans des sens divers." Divers en un seul mot; ce n'est pas la saison;
d-i-v-e-r-s. Je continue la citation: "Les prix doivent, évidemment,
être reliés aux coûts de production de la ressource
électrique qui tendent à s'accroître de façon
très sensible depuis plusieurs années." Ici, M. le
Président, on n'aura pas de querelle et, si le gouvernement ne faisait
que s'attacher à ce principe, il ne trouverait chez nous qu'un accord
général. Donc, "les prix doivent évidemment être
reliés - je répète la citation - aux coûts de
production." Alors, lorsque les coûts de production augmentent, que la
tarification augmente, ça c'est tout à fait...
Une voix: Normal?
M. Lalonde: Je n'ai pas dit normal parce que ce mot a tellement
perdu son sens dans la bouche du péquiste; je vais simplement dire que
c'est acceptable.
Et je poursuis la citation: "On ne peut, non plus, fixer les prix de
l'électricité sans référence au prix des formes
d'énergies concurrentes étant donné la substitution
possible." Là, le ministre va sursauter et va dire: Le
député de Marguerite-Bourgeoys s'engage dans un débat
périlleux. Mais on fait référence à quoi, M. le
Président? On fait référence à une politique
énergétique ce qu'on n'a pas. Et même là, je suis
convaincu que le gouvernement trouverait chez nous une oreille sympathique s'il
avait défini d'avance sa politique énergétique et s'il
s'engageait à investir les revenus qu'il pourrait retirer de
l'électricité, parce qu'on parle bien d'électricité
ici, à la mise en place d'une politique énergétique,
à faire des investissements dans d'autres formes d'énergie, ce
qui n'est pas le but du projet de loi no 16. En effet on sait très bien
que les revenus énormes, 1 400 000 000 $ en 1985, qui
dériveraient de ce projet de loi, au moins en grande partie, ne seraient
destinés qu'à remplir les trous et un déficit du ministre
des Finances. (22 h 45)
Je poursuis la citation: "La politique de prix doit également
tenir compte de l'incidence de la facture de l'électricité sur le
consommateur." Où est-il, le consommateur, M. le Président? Ici?
Le consommateur a écrit au gouvernement pendant que nous, en pleine
nuit, la semaine dernière, nous tentions de convaincre ce gouvernement
de retirer son projet de loi. Il a écrit par le biais de son
association, il a écrit, il a dit: Remettez à plus tard votre
projet de loi, écoutez-nous, invitez-nous à dire ce que cela va
avoir comme effet sur nous, les consommateurs du Québec. Et je poursuis
la citation: "Au niveau individuel, il n'est pas indifférent de savoir
à quel prix le consommateur modeste pourra satisfaire ses besoins
essentiels", ce qu'on n'a pas entendu de la bouche des députés
péquistes, pendant ce débat. Est-ce qu'on a entendu, de la bouche
des députés, une seule préoccupation à propos du
consommateur modeste que le gouvernement péquiste, en 1978, invoquait
dans ce document? Est-ce que le ministre de l'Énergie nous a dit qu'il
allait protéger de façon particulière le consommateur
modeste? Non, d'aucune façon.
Je poursuis la citation, toujours à la page 72: "Au niveau des
entreprises, la politique de prix n'est pas sans effet sur la
capacité concurrentielle et donc, sur la politique de
développement industriel du gouvernement." Est-ce qu'on a pensé
à la capacité concurrentielle de nos entreprises quand on a
permis, par le projet de loi no 16, au ministre des Finances, d'augmenter
indirectement, en fait même directement, la tarification de
l'électricité comme conséquence du "siphonnage" qu'il va
exercer sur les revenus nets d'Hydro-Québec?
M. le Président, je poursuis la lecture de ce document
péquiste qui, de toute évidence, je parle du gouvernement,
à ce moment, ne savait pas qu'il devrait, en toute panique, recourir au
"siphon" d'Hydro-Québec pour tenter d'établir un certain
équilibre dans les finances publiques. Donc, le document se poursuit
ainsi: "La politique de tarification de l'électricité
apparaît ainsi comme une composante particulièrement complexe de
la stratégie énergétique du gouvernement." Où est
la stratégie énergétique? Il n'y en a pas, il n'y en a
pas. On n'a pas fait le débat public sur l'énergie, qui a
été demandé par tous les Québécois.
M. le Président, le document se poursuit ainsi: "Des
études approfondies sur la politique de tarification sont en cours
présentement." Où sont-elles, ces études approfondies de
tarification? Ont-elles été soumises à la population dans
un débat public large, étendu, complet, ouvert? Non.
Je poursuis: "On peut déjà dégager certains grands
principes qui devraient guider cette politique dans les années à
venir." Là, il y a quelques principes. On dit par exemple, en premier
lieu, que le gouvernement tentera d'assurer un traitement égal à
tous les clients. Si le traitement est injustement égal pour tout le
monde, est-ce que c'est la réponse?
En deuxième lieu, le gouvernement considère raisonnable de
faire supporter par chaque catégorie d'utilisateurs les frais que sa
consommation entraîne. Fort bien! Je suis convaincu que tous les
consommateurs seraient prêts à payer les frais que leur
consommation entraîne, mais pas les frais des déficits du ministre
des Finances.
En troisième lieu, il est essentiel de permettre à
Hydro-Québec d'obtenir des revenus suffisants pour assurer son
équilibre financier. Lorsque Hydro-Québec, d'ailleurs on en a
mentionné des témoignages au début de cette commission
parlementaire, dit elle-même que le projet de loi va avoir des effets
néfastes sur ses opérations, sur son développement... Le
gouvernement n'a pas donné suite aux principes qu'il a
énoncés dans son livre. On poursuit: "La société
d'État est engagée dans un programme d'aménagement
énergétique dont les bénéfices se feront sentir
dans quelques années mais qui requiert, dans l'immédiat, un
effort financier particulièrement important. Mais, si en plus de
l'effort financier qui est exigé, justement par le programme
d'investissements d'Hydro-Québec, pour maintenir la qualité du
service et répondre à la demande éventuelle dans l'avenir
et si, en plus de cet effort-là, on lui demande de remplir les trous du
ministre des Finances, on n'a pas répondu au principe qu'on a
énoncé dans ce livre qui pourtant provient du gouvernement.
Naturellement, M. le Président, on sait qu'en politique l'ironie
n'est pas nécessairement drôle, et je cite: "L'ampleur même
de ce développement nécessite une assise financière
solide". Comment, M. le Président, allez-vous assurer à
Hydro-Québec une assise financière solide, si Hydro-Québec
ne sait pas d'avance à quel genre de siphonnement elle va avoir affaire?
Elle ne le saura que dans les 30 jours, d'après le projet de loi no 16,
qui auront suivi la remise de son rapport au ministre des Finances. Quel genre
de "siphonnage" le ministre des Finances va-t-il faire sur ses avoirs? Comment
une société peut-elle faire la planification de ses
investissements sans savoir à l'avance combien son actionnaire va venir
lui prendre contre la volonté de son conseil d'administration, parce
qu'on ne fait pas confiance au conseil d'administration? On le nomme, c'est le
ministre des Finances, c'est le gouvernement qui va nommer les membres du
conseil d'administration, mais on ne lui fait pas confiance. On lui dit: Ce
n'est pas vous, messieurs et mesdames du conseil d'administration, qui allez
décider quels dividendes vous allez payer au gouvernement. Non, c'est le
ministre des Finances qui va dire combien il a besoin pour tenter d'assurer un
certain équilibre dans les finances publiques.
M. le Président, de toute évidence, le projet de loi no 16
est une réponse de panique. C'est une réponse au besoin du
ministre des Finances qui a mal géré les finances publiques
depuis cinq ans au Québec, et ce n'est pas une réponse à
une politique énergétique. Ce n'est pas une réponse aux
besoins d'Hydro-Québec, ce n'est pas une réponse aux attentes des
consommateurs québécois, et c'est dans cet esprit-là, M.
le Président, que nous allons aborder l'étude article par article
pour tenter de rendre à ce projet de loi des orientations, des
principes, une base qui soient conformes tout d'abord au rôle premier
d'Hydro-Québec tel que défini par la loi qui a suivi
l'élection et qui est conforme d'ailleurs au mandat de l'élection
de 1962 et aux attentes des Québécois, des consommateurs
québécois, et aux besoins de l'entreprise
québécoise qui doit être concurrentielle.
C'est dans cet esprit-là, M. le Président, que nous
allons, très attentivement, prendre soin de l'étude de chacun des
articles pour faire en sorte que, lorsque nous aurons terminé
l'étude de ce
projet de loi, nous ayons au moins réduit les dégâts
que le ministre des Finances, avec la complicité du ministre de
l'Énergie, veut causer à Hydro-Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys a trouvé que j'attendais
tard pour prendre la parole. J'ai attendu justement après le
député de Marguerite-Bourgeoys, parce que je me suis dit:
Là, on va avoir quelque chose à dire. Le député de
Marguerite-Bourgeoys va nous étaler des arguments frappants, des
arguments indestructibles et on pourra essayer d'y répondre, mais
qu'est-ce que j'ai entendu?
D'abord, le député de Richmond qui a relu en partie son
discours de deuxième lecture. Comme je l'avais déjà
entendu, M. le Président, je n'ai pas cru bon l'interrompre pour parler
après lui. Par la suite, M. le Président, le député
de Gatineau est venu nous lire en anglais un communiqué de presse
provenant de l'Ontario. Je ne voyais pas du tout ce que j'avais à
répondre à un communiqué de presse provenant de
l'Ontario.
Le député d'Outremont nous a résumé, M. le
Président, d'une façon, je crois, logique, parfaite, les
arguments qui avaient été apportés à la Chambre
lors du discours de deuxième lecture. Cela a été bien
fait, cela a été bien résumé, on a senti clairement
l'énoncé du résumé de la position du Parti
libéral et je crois que le député d'Outremont a
très bien fait. Seulement, M. le Président, je n'étais pas
pour répondre au député d'Outremont, cela a
été fait d'une façon magistrale par le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Non seulement cela, mais cela a
été fait d'une façon écrasante par le
président du Conseil du trésor. Le ministre des Finances est venu
rentrer le clou par tête, parce que ça rentre mieux dans le bois,
il est venu le rentrer dans le bois. Il y a eu le député de
Charlesbourg qui a fait une réponse, le député de Vimont,
qui est un expert dans le domaine, puisqu'il est tout de même
ingénieur à Hydro-Québec et qu'il connaît les
données, alors, si le discours du député d'Outremont
résumait bien clairement les positions du Parti libéral, je ne
vois pas pourquoi je serais venu y répondre, puisque cela a
été fait d'une façon dont je ne saurais le faire.
Après ça, il y a eu le député de
Mégantic-Compton qui est venu parler, M. le Président, mais,
autant l'un avait relu son discours de deuxième lecture, autant l'autre
avait cité un communiqué de presse de l'Ontario; le
député de Mégantic-Compton a cité un compte
d'électricité, mais complètement à l'envers, il ne
s'y reconnaissait pas. Comment voulez-vous que j'y comprenne quelque chose et
que j'y réponde, puisqu'il a même été obligé
de dire: Je ne connais rien là-dedans. Quand, après avoir fait
son discours, un député vient nous dire qu'il ne comprenait rien
là-dedans, que le député de Marguerite-Bourgeoys ne me
demande pas de lui répondre, j'en suis incapable.
J'ai entendu le discours du député de
Marguerite-Bourgeoys, mais il nous a cité le livre blanc sur
l'énergie. Mais, M. le Président, ça fait trois ans que ce
livre est paru; je l'ai lu, il est bon. Je l'ai lu, mais que voulez-vous
répondre, je ne puis qu'approuver ce qu'il a cité du livre blanc
sur l'énergie, il vient de citer le livre blanc sur l'énergie, je
ne puis que dire que c'est parfait, ce que vous avez cité, pourquoi
pas?
M. Lalonde: Votre gouvernement ne l'a pas approuvé?
M. Grégoire: Et puis, qu'est-ce qu'il y a là?
Est-ce que les exposés du gouvernement ne constituent pas de l'action
positive? C'est ce qui a été fait. Alors, je me contenterai de
dire ce que j'ai déjà dit, qu'à mon avis...
M. Lalonde: Les chars d'assaut.
M. Grégoire: Celle-là, ils aiment l'entendre, mais
ce qui leur fait mal, c'est la comparaison entre les coûts de ces
armements. Savez-vous, M. le Président, que j'ai calculé que les
sommes engagées par le gouvernement fédéral en armement,
cette année seulement, équivalent à la moitié de
toutes les somnes d'argent engagées par Hydro-Québec depuis 1971,
dans la construction de toute la Baie-James? En un an, on dépense, pour
les armements militaires, à même nos taxes, à Ottawa,
l'équivalent de la moitié de toute la construction de la
Baie-James. C'est la comparaison entre mettre 8 000 000 000 $ dans des canons,
des avions, des tanks, des bombes, des bateaux de guerre ou mettre les 8 000
000 000 $ dans la construction, ce qui est l'équivalent de 50% de tous
les barrages de la Baie-James. C'est la comparaison que je fais et je vais la
refaire. Que ce soit avec l'électricité, avec l'agriculture ou
avec autre chose, cette comparaison est faisable, elle doit se faire, parce
qu'on paye 25% des taxes qui s'en vont à Ottawa, et 25% des 8 000 000
000 $ en armement, c'est 2 000 000 000 $ qu'on paye.
Je sais que vous n'aimez pas ces comparaisons, parce qu'elles sont
frappantes. C'est dans les budgets du gouvernement
fédéral. C'est écrit en toutes lettres, c'est
signé par le ministre des Finances et le ministre de la Défense
nationale à Ottawa. Ce sont vos amis qui préfèrent le
placer là.
M. Rivest: M. Trudeau le dit, ça doit être bon.
M. Grégoire: Alors, je crois qu'il est bon de rappeler
à la population qu'il y a peut-être des dépenses qui sont
mal faites, des dépenses avec nos taxes, souvent mal faites, et ce que
vous n'aimez pas, c'est qu'on vous dit...
M. Rivest: ... le fédéral.
M. Grégoire: ... blâmez donc le
fédéral.
M. le Président, vous remarquez avec moi que le
député de Marguerite-Bourgeoys est bien celui qui, ce soir,
s'acharne à faire le bouffon au cours de cette séance de la
commission. Je le vois en avant de moi depuis tantôt et c'est ce qu'il
fait...
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: Je vais l'excuser pour ce soir.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
J'ai seulement imité le député de Frontenac, s'il juge que
je fais de la bouffonnerie, je le laisse à ce jugement.
M. Grégoire: II essaie peut-être de m'imiter, mais
moi au moins, je le dis, parce que j'ai vu ce qui se faisait là-bas,
j'ai siégé là et j'ai vu ce qu'on dépensait pour la
guerre...
M. Lalonde: Trudeau n'était pas là à ce
moment-là.
M. Grégoire: ... au lieu de le dépenser pour la
paix. Quand je dénonce ça, je n'ouvrirai jamais assez grande la
bouche pour dénoncer les mauvaises utilisations qu'on fait là-bas
de nos taxes. Quand vous parlez de taxes hypocrites, de taxes indirectes, de
taxes cachées, parlez donc plutôt de la mauvaise utilisation de
nos impôts qu'on fait là-bas.
M. le Président, je termine là-dessus.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bélanger: M. le Président, vous me laisserez une
minute pour une question de règlement, parce que le député
a quand même porté des accusations assez précises à
mon égard. (23 heures)
M. Grégoire: C'est une constatation plutôt.
M. Bélanger: Je voudrais tout simplement demander au
député de Montmagny-L'Islet de m'expliquer...
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement!
M. Rodrigue: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement à la fois.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Rodrigue: Justement, ce n'est pas une question de
règlement qu'il soulève. Il vient de vous le dire
lui-même.
M. Rivest: Vous décidez cela, mais vous n'êtes pas
président.
M. Rodrigue: M. le Président, il vient de vous dire
lui-même qu'il veut répliquer aux arguments du
député de Frontenac.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton. J'irai à vous après cela.
M. Rodrigue: Vous n'aurez pas l'occasion de venir à moi
après. Vous resterez là où vous êtes.
M. Bélanger: M. le Président, je trouve que vous
avez rendu là une sage décision. On m'accuse d'avoir dit que je
ne comprenais rien, que je ne savais rien de cela. C'est absolument faux.
M. Grégoire: C'est le député de
Mégantic qui l'a dit.
M. Bélanger: À titre d'exemple, maintenant que j'ai
reçu des renseignements de la part des fonctionnaires, je voudrais
demander si le député de Montmagny-L'Islet pourrait me donner des
explications sur la facturation.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que c'est
rendu que le député de Mégantic pose des questions au
député de Montmagny-L'Islet?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, vous aviez une question de règlement?
M. Rodrigue: II est trop tard.
Le Président (M. Laplante): II reste un intervenant. M. le
député de...
M. Dussault: Article 1, M. le Président? On est prêt
à faire l'étude article par article.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, peut-être que le
député de Vimont pense qu'il est trop tard pour parler, mais
étant donné que le gouvernement nous impose de siéger
à cette heure tardive - il est 23 heures - et étant donné
que les députés de l'Opposition ont démontré leur
volonté de contribuer d'une façon positive à
l'étude de ce projet de loi, j'ai une motion...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je dois comprendre
que vous reprenez les cinq minutes qui vous restent?
M. Lalonde: Non.
M. Grégoire: Parlez-vous...
M. Rodrigue: J'ai droit de parole avant lui, M. le
Président.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
là-dessus?
M. Dussault: M. le Président, j'interviens en vous
demandant d'appeler l'article 1.
M. Lalonde: Non, c'est avant l'article 1.
M. Rivest: Ce n'est pas prêt, cela. Une voix: On n'a pas
fini.
M. Lalonde: Le député de Laprairie me fait signe
qu'il veut faire ses remarques préliminaires. Je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: De courtes remarques préliminaires: par ce
projet de loi, en fin de compte, mes confrères l'ont souligné
tantôt, on veut modifier la vocation d'Hydro-Québec. On sait que
la nationalisation de l'électricité avait pour but précis
de fournir l'électricité au meilleur coût possible, mais
actuellement, par le bill 16, on se rend compte effectivement qu'on va modifier
cette vocation d'Hydro-Québec, mais sans consultation de la population.
À partir du projet de loi 16, les prix aux usagers ne seront qu'en
partie le reflet de ce qu'ils reçoivent, le reste étant une prime
de l'administration, en fait, une taxe indirecte qu'on vient chercher.
Également, les fonds prévus au maintien, à la
qualité et au développement du réseau sont maintenant
fondus avec la redevance gouvernementale, ce qui rend ces coûts
supérieurs à ce qu'ils sont en termes réels.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie. M. le député de Jean-Talon, la commission va bien.
Vous n'êtes pas membre, vous n'êtes pas intervenant. Je vous
demanderais, si vous êtes assis parmi les députés, de
garder l'ordre au moins, s'il vous plaît.
M. Grégoire: ... à la table? À condition
qu'il se taise.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Jean-Talon fait dire qu'il accepte votre directive..
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je soulignais qu'avec la loi 16, en fin de compte,
nous allons assister à des taxes régressives indirectes qui vont
toucher les petits, effectivement, sans discuter non plus, en modifiant la
vocation d'Hydro-Québec, d'une politique énergétique du
Québec qui a déjà été soulignée
antérieurement.
Maintenant, il a été aussi établi que le prix qu'on
veut fixer pour l'électricité est un prix comparatif par rapport
au gaz, par rapport aussi au pétrole, à l'huile à
chauffage. Ce que je voudrais souligner ici est absolument curieux. Alors
qu'Hydro-Québec s'est lancée depuis quelques années dans
une promotion pour le chauffage à l'électricité, en
pariant de l'utilisation rationnelle de l'électricité et en
parlant aussi des avantages de s'en remettre à une forme
d'énergie produite par le Québec, produite par une
société dont tous les Québécois étaient
fiers, maintenant on arrive au point où on augmente le taux
d'électricité, sans consulter la population sur la modification
des buts réels d'Hydro-Québec. On a cité tantôt
plusieurs cas où on a demandé au Parti libéral de
s'opposer, au nom des citoyens, à cette loi.
Je voudrais simplement prendre quelques minutes pour vous
référer aux quelques télégrammes que nous avons
reçus. Entre autres, si vous me permettez, de citer un
télégramme reçu de la Fédération de
l'âge d'or du Québec, il est stipulé ce qui suit: "Au nom
de tous les aînés du Québec, la FADOQ, la
Fédération de l'âge d'or du Québec, entend
plutôt protester énergiquement aujourd'hui contre la nouvelle
hausse de près de 17% des tarifs d'Hydro-Québec en 1982, soit
dans quelques semaines à peine, hausse qui touchera durement des
personnes âgées tout en contribuant une fois de plus à
l'inflation. Nous nous opposons formellement à cette hausse inhumaine
qui affecterait dramatiquement tous les citoyens
en général et l'un des groupes les plus vulnérables
en particulier, soit le demi-million de nos retraités qui n'ont bien
souvent que le strict minimum vital pour survivre. Il paraît
inconcevable, impensable, inconvenant et même immoral que la principale
source renouvelable d'énergie au Québec,
l'électricité, qui devrait être bon marché pour les
Québécois en même temps que pour la vente de cette
énergie à l'étranger, doive contribuer à
alléger leurs taxes directes et indirectes, que
l'électricité devienne tout à coup un objet de luxe, alors
que c'est un bien de consommation essentiel de nos jours. Comment se fait-il
que, paradoxalement, la situation inverse se voit en Alberta où, tout
naturellement, le pétrole coûte moins cher aux Albertains et
contribue à l'essor de la province tout en diminuant le fardeau fiscal
de la population albertaine?" Après cela, on continue sur le
pétrole effectivement.
Mais ce n'est pas le seul, nous avons aussi celui de la
présidente de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec: "Nous vous demandons d'arrêter les
procédures relatives à l'adoption de cette loi. Également,
nous vous demandons aussi que des audiences publiques puissent être
retenues sur le sujet."
Nous avons également le président de la commission
politique du comté de La Peltrie, l'association libérale, qui
demande la même chose.
M. Duhaime: Quelle association?
M. Saintonge: La Peltrie.
M. Duhaime: Mais quelle association?
M. Saintonge: Libérale.
Des voix: Ah!
M. Saintonge: Mais ce sont des citoyens du Québec.
Nous avons aussi un télégramme du directeur des loisirs de
Brossard, qui est de mon comté: "Devant l'ampleur de la hausse des
coûts d'électricité mise de l'avant par le projet de loi
16, nous exigeons l'arrêt de la procédure sur la loi 16. Nous
demandons la tenue d'audiences publiques avant de changer les missions
d'Hydro-Québec."
L'Association féminine d'éducation et d'action sociale de
Lachute, Québec, nous a envoyé un télégramme au
même effet. Je pourrais vous en citer encore plusieurs. La Chambre de
commerce de l'ouest de l'île de Montréal demande la même
chose.
En conséquence, il serait essentiel qu'avant d'adopter un telle
modification à la Loi sur l'Hydro-Québec, on consulte à
nouveau la population, de la même façon que les buts premiers
d'Hydro-Québec ont été établis lors de la
nationalisation de l'électricité, en 1962, et qu'on puisse
vraiment tenir compte des exigences de la population du Québec.
Mon confrère de Notre-Dame-de-Grâce a souligné en
fait la nécessité d'un prix concurrentiel, c'est-à-dire
d'un tarif préférentiel avantageux par rapport aux autres formes
d'énergie au Québec. Cela va affecter directement l'essor
économique du Québec dans son développement industriel
d'augmenter les taux d'électricité alors que,
antérieurement, on favorisait justement l'usage de
l'électricité.
Ce sont là mes remarques, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le ministre, vous avez exprimé le désir
de parler. Voulez-vous prendre la parole tout de suite? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si le ministre veut
répondre à un certain nombre d'interrogations que nous avons
exprimées lors de nos courtes remarques préliminaires, libre
à lui de le faire actuellement. S'il veut s'installer dans un mutisme
incompréhensible, j'aurais alors une motion à proposer qui vise
à démocratiser encore davantage les travaux de notre
commission.
Elle se lit comme suit. Je vous la donne comme elle est écrite:
"Que les députés qui ne sont ni membres, ni intervenants de la
commission permanente de l'énergie et des ressources puissent prendre la
parole sans devoir obtenir au préalable la permission et ce, pour toutes
les séances que tiendra ladite commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi
sur l'Hydro-Québec."
M. le Président, je vais attendre votre verdict quant à la
recevabilité de cette motion. Je sais que ce n'est pas la
première fois que vous en voyez une semblable. Si vous avez besoin
d'arguments, de persuasion, je suis à votre disposition.
Le Président (M. Laplante): D'habitude, une telle...
M. Dussault: Sur la recevabilité, M. le
Président...
M. Grégoire: Est-ce que vous avez besoin qu'on vous
informe?
M. Dussault: M. le Président, j'ai pris la parole tout
à l'heure pour vous demander d'appeler l'article 1. Maintenant que les
remarques préliminaires ont été faites, est-ce que vous
allez tenir compte de ce que je vous ai demandé, l'appel de l'article
1?
Le Président (M. Laplante): Pardon?
M. Dussault: Avant que le député de
Marguerite-Bourgeoys fasse son intervention sous la forme d'une motion, je vous
ai demandé dans mon intervention tout à l'heure de faire l'appel
de l'article 1. Est-ce que ma demande n'est pas préalable à celle
du député de Marguerite-Bourgeoys, qui fait une motion?
J'aimerais ça, M. le Président, il me semble que ce serait dans
l'ordre des choses que l'article 1 soit appelé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, même si vous avez posé la question
préalable pour appeler l'article 1, c'est qu'il y a un droit de
député de s'exprimer avant l'étude d'un projet de loi et
il faut aller jusqu'au bout là-dessus. Il restait encore du temps au
député.
M. Dussault: M. le Président, quand appellerez-vous
l'article 1?
Le Président (M. Laplante): II y a une coutume
là-dedans, on s'en aperçoit quand leur temps est fini; je note le
temps des députés. Il y a une coutume; dans à peu
près toutes les commissions, il y a toujours des motions
préliminaires de ce genre. Je la juge recevable actuellement.
M. Dussault: Quand ils veulent faire perdre du temps, il y en
a.
Le Président (M. Laplante): Qui veut parler sur la
motion?
M. Lalonde: M. le Président. M. Grégoire:
Sur la recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Sur la motion.
M. Grégoire: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Je suis assez
éclairé, M. le député de Frontenac. La motion est
recevable.
M. Grégoire: M. le Président, on n'a pas eu
l'occasion de dire un mot sur la recevabilité. Vous la déclarez
recevable?
Le Président (M. Laplante): Non, je ne l'ai pas
demandé non plus. Monsieur, sur votre motion.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je l'ai déclarée
recevable.
M. Lalonde: Je ne veux pas non plus brimer les droits des
ministériels, ils pourraient s'en plaindre. M. le Président, je
comprends que vous avez déclaré cette motion recevable,
d'ailleurs vous avez bien fait, cela va de soi, étant donné que
j'avais quelques exemples du passé à vous citer. De toute
façon, cette motion est tellement recevable qu'elle est l'expression du
désir du caucus du Parti libéral dont tous les membres veulent
s'exprimer ici à cette commission.
M. le Président, on a vu lors de l'étude en
deuxième lecture de ce projet de loi le désintéressement
inquiétant des députés du gouvernement à
l'étude d'un projet de loi qui, pourtant, fait un sort peu enviable
à l'un des joyaux de notre patrimoine québécois,
Hydro-Québec. À peine quelques interventions, si on peut appeler
ça des interventions. Cela aurait plutôt l'air
d'interférences de la part de quelques députés du Parti
québécois lors de l'étude en deuxième lecture. Ce
n'est pas parce que les députés de l'Opposition n'ont pas
donné l'occasion aux députés ministériels
d'intervenir. Nous avons maintenu les débats pendant plus de 27 heures
et, malgré cette ouverture dont nous avons fait preuve, le Parti
québécois, préoccupé probablement parce qu'il
s'attendait aux événements de la fin de semaine dernière
qui ont suivi le débat en deuxième lecture, a simplement
laissé passer le temps.
M. le Président, pour leur part les députés
libéraux ont démontré un intérêt fondamental
à l'égard de cette mesure inqualifiable du gouvernement à
l'endroit d'Hydro-Québec. Presque tous les députés
libéraux sont intervenus lors de l'étude en deuxième
lecture, soit en utilisant le droit de parole qui leur est assuré par le
règlement, soit lors de la seule motion d'amendement qui est permise par
ce règlement, une motion de report à douze mois. (23 h 1.5)
Vous savez, M. le Président, nous avons fait cette motion de
report - je ne veux pas y revenir - afin de permettre au gouvernement de
réfléchir davantage, de s'éclaircir les idées,
comme le disait le ministre d'État au Développement
économique cet après-midi. Nous l'avons fait pour permettre
surtout aux Québécois de participer à un débat
complet et ouvert sur leur avenir énergétique. Donc, dans la
foulée, comme le disait l'ancien ministre de l'Éducation, de ce
débat, les députés libéraux désireraient
pouvoir contribuer, par leurs interventions, à l'étude article
par article de ce projet de loi. Vous direz: Ils n'ont qu'à se
présenter ici à la commission, mais, par exemple, mon voisin de
gauche, le député de Jean-Talon, très
intéressé au sort que ce projet de loi fait aux milliers
d'électeurs de Jean-Talon qui lui ont fait confiance d'une façon
enthousiaste à deux reprises et qui désirent que leur
porte-parole fasse entendre raison au gouvernement, est assis ici à
côté
de moi et, s'il voulait prendre la parole, il pourrait être
victime de l'intolérance de ce gouvernement.
M. Grégoire: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Je vous dirai que le député de
Marguerite-Bourgeoys présume de notre mangue de
générosité, surtout que, reconnaissant la
compétence du député de Jean-Talon dans le domaine
d'Hydro-Québec, je me demande pourquoi le député de
Marguerite-Bourgeoys laisse planer des soupçons que nous
empêcherions le député de Jean-Talon de parler.
Une voix: II va parler si vous voulez.
M. Grégoire: Mais là ce ne serait pas possible
parce que nous avons une motion devant nous. Je vous dis bien franchement, M.
le Président, que je m'engage à laisser faire une intervention au
député de Jean-Talon s'il demande la permission
immédiatement. Mais à la condition que nous n'ayons pas une autre
motion devant nous.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: Si le député de Jean-Talon veut
faire une intervention de vingt minutes, nous sommes prêts à
l'entendre.
M. Gratton: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Grégoire: Consentement général.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement - et je m'excuse auprès de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys - le député de Frontenac et le
député de Châteauguay peuvent bien dire: On n'a pas
d'objections, on veut le laisser parler tout de suite, le député
de Jean-Talon. Moi, j'aime mieux réserver mon consentement pour le
moment et je vous explique pourquoi, M. le Président.
Dans le moment, nous discutons d'une motion qu'on peut traiter de
préliminaire. Ce n'est pas seulement le privilège du
député de Jean-Talon; moi aussi, je suis convaincu que les
électeurs, électrices, et je n'irai pas jusqu'à dire
électricité, de son comté voudraient bien que leur
député les représente au sein de cette commission pour
discuter des divers articles du projet de loi no 16. Il n'y a pas seulement le
député de
Jean-Talon, aussi brillant soit-il, il y en a un très grand
nombre d'autres...
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas en faire un
autre discours, par exemple.
M. Gratton: Vous savez comment je suis bref dans mes remarques,
M. le Président, et je les fais strictement en français cette
fois-ci de façon à ce que ce soit bien compris.
M. Grégoire: Je prends bonne note, M. le Président,
que le député de Gatineau veut empêcher le
député de Jean-Talon de parler.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Je n'accepte pas ça.
M. Grégoire: II ne veut pas que le député de
Jean-Talon parle. Je le fais au nom du député de Jean-Talon qui
me fait signe que j'ai raison et qu'il apprécie mon intervention. Il
faut défendre le député de Jean-Talon qui n'a pas le droit
de parole à l'heure actuelle.
M. Gratton: Si le député de Jean-Talon en est rendu
à apprécier les interventions du député de
Frontenac, vous voyez où ça peut mener, ce jeu-là. Il faut
faire attention à ça, M. le Président. Sur la question de
règlement, et je termine là-dessus...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Gratton: ... je vous invite à inviter le
député de Marguerite-Bourgeoys à terminer son intervention
qui, j'en suis sûr, ne sera pas d'une durée extrêmement
longue, lui aussi a l'habitude de s'exprimer succinctement, brièvement,
parce que moi aussi, j'aimerais intervenir sur la motion et je ne suis pas
sûr que je serai d'accord avec le député de
Marguerite-Bourgeoys.
J'écouterai son argumentation et c'est seulement après que
je jugerai du bien-fondé de cette motion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Motion pour permettre à tous les
députés de s'exprimer
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je vais tenter d'être
persuasif pour que le député de Gatineau se joigne à la
majorité et adopte cette motion que je fais simplement pour tenter
d'assurer une démocratie, la plus complète possible, aux travaux
de cette commission. Naturellement, le député de
Jean-Talon est un exemple, mauvais exemple, vous me direz, que j'ai
mentionné parce que c'était l'exemple qui était le plus
près de moi, et le député de Frontenac comme d'habitude
n'a rien compris. Il a dit qu'il consentait à ce que le
député de Jean-Talon fasse une intervention de vingt minutes,
voilà le piège, ce n'est pas du tout cela que je veux. Alors, je
suis bien prêt à entendre le député de Jean-Talon
vingt minutes. Il y a toutes sortes de vicissitudes que la vie politique nous
impose, mais si j'accepte l'invitation du député de Frontenac, je
ferme la porte à tous les autres députés, et je ferme la
porte aussi au député de Jean-Talon pour toutes les interventions
de vingt minutes qu'il pourra souhaiter faire sur tous les autres articles.
C'est là qu'on a vu comment le député de Frontenac est
astucieux et comme il faut se méfier de ses consentements.
Naturellement, les députés péquistes, on dirait
qu'ils n'ont pas de consommateurs d'électricité dans leurs
comtés. J'ai mentionné tout à l'heure leur
désintéressement, mais les députés libéraux,
eux, ont beaucoup de choses à dire, et ils ne veulent pas être
soumis à la fantaisie des députés du Parti
québécois. Nous ne voulons pas que les députés
légitimement élus dans leurs comtés comme les
députés libéraux l'ont été, comme les
députés du Parti québécois aussi l'ont
été. Tout à coup un député du Parti
québécois qui n'est pas membre, ni intervenant à cette
commission se présente et se réveille, il veut faire une
intervention - un miracle peut arriver en effet - et que tout à coup mal
inspiré par l'exemple du député de Frontenac, un
député de l'Opposition refuse le consentement. Horreur, M. le
Président, je veux éviter ce genre de comportement inacceptable
à cette commission, et c'est pour cette raison que la motion que je
présente veut ouvrir la porte à tous les
députés.
C'est aussi dans le cadre d'une revalorisation du rôle de
député que je fais cette motion. On sait que le gouvernement
tente de façon très fragile, très timide de revaloriser le
rôle de député. Il y a des rapports qui ont
été faits. Le député de Trois-Rivières, par
exemple, m'a fait un rapport pour revaloriser le rôle du
député. Tous ses efforts sont appuyés sans aucune
hésitation, et sans aucune équivoque par le député
de l'Opposition. Mais pourquoi ne pas précéder ces
démarches qui ne pourront pas voir le jour avant qu'un nouveau projet de
loi sur l'Assemblée nationale soit étudié et adopté
à notre Assemblée? La réforme parlementaire va venir de
façon trop tardive pour permettre à tous les
députés de l'Opposition comme les députés
ministériels de participer pleinement aux délibérations de
notre Assemblée, de notre commission.
M. le Président, un autre argument qu'on peut apporter s'il en
faut, c'est que l'électricité intéresse tous les
électeurs. Nous avons des députés des deux
côtés de la table qui représentent diverses
activités de membres de notre population, que ce soient des
députés ruraux qui représentent des électeurs des
petites et moyennes entreprises en plus de tous les électeurs,
naturellement, qui sont tous des consommateurs d'électricité,
mais qui ont des intérêts particuliers. Qui pourrait vouloir ici
à cette table faire valoir les intérêts de ces
gens-là qui vont se faire frapper par le projet de loi no 16 si les
députés de l'Opposition ne prennent pas soin d'eux?
Les députés des comtés urbains, c'est la même
chose, il y a l'entreprise, il y a les consommateurs, en fait, tout le monde.
Alors, pourquoi ne pas ouvrir la porte complètement. Je suis convaincu
que le ministre écoute attentivement et qu'il est tenté de se
laisser persuader par la générosité de cette motion.
Maintenant, j'ai déjà l'appui du député de
Frontenac, mais je pense, et puis le député de Châteauguay
tout à l'heure était prêt à appuyer...
déjà le bâillon, le bâillon qui est exprimé
par le député de Châteauguay à l'ombre du leader
parlementaire du gouvernement qui vient de se montrer.
M. le Président, j'aimerais entendre tous les
députés s'exprimer sur l'impact de chacun des articles du projet
de loi. Par exemple, la transformation de cette régie qu'est
Hydro-Québec en une société à capital-actions. Cela
comporte des conséquences absolument sérieuses pour l'avenir
d'Hydro-Québec. Tous les députés pourraient avoir
intérêt à s'exprimer pour leurs électeurs et la
commission parlementaire a sûrement intérêt à les
entendre aussi. Les députés pourraient également
s'exprimer sur le rôle d'Hydro-Québec, sur la qualité du
service, sur le coût, sur les conséquences de ce projet de loi en
ce qui concerne l'emploi. On sait que, si le ministre des Finances va siphonner
1 400 000 000 $ seulement au titre des redevances en 1985, ce seront des sommes
dont Hydro-Québec ne pourra pas disposer pour assurer une qualité
de services aux citoyens et pour assurer un développement concret, un
développement cohérent de ses équipements.
Alors, les députés des deux côtés de la table
seront sûrement très intéressés à venir
s'exprimer ici sans avoir à subir l'humeur, et l'on sait, M. le
Président, que les députés du Parti
québécois sont de fort mauvaise humeur surtout de ce temps-ci. Je
ne sais pas ce qui leur est arrivé en fin de semaine mais ils ont la
face longue de ce temps-là. Je crains, évidemment, je ne veux pas
leur prêter de motifs, je ne leur prêterai rien, même pas de
motifs, mais je ne veux pas soumettre des députés libéraux
à l'humeur
massacrante que les députés péquistes ont de ce
temps-ci.
Alors, je pense qu'il y a un nombre incalculable d'autres arguments que
je garderai pour une intervention ultérieure, M. le Président,
mais j'aimerais laisser d'autres députés s'exprimer sur cette
motion, à moins que le ministre ou le député de Frontenac,
ou les deux, et appuyés sans réserve par leurs collègues,
nous annoncent qu'ils sont prêts à voter en faveur ou à
donner leur consentement sur cette motion. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président.
Je vais enchaîner un peu sur les déclarations de mon
collègue. Je vois cette motion comme une espèce de police
d'assurance pour les députés ministériels. Je pense qu'ils
en ont besoin. C'est clair que la grande majorité ne comprennent pas la
portée de ce projet de loi. Je vous rappelle, comme exemple, le discours
que j'ai fait en deuxième lecture. J'ai expliqué à tous
les députés que le coût réel de ce projet de loi
sera de l'ordre de 2000 $ pendant une période de cinq ans. Le
député de Fabre s'est levé après et effectivement -
je pense que je le cite presque textuellement - il a dit: M. Scowen, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, pouvez-vous nous expliquer
comment vous en arrivez à ces chiffres? On les trouve étonnants,
c'est la première fois qu'on entend parler de chiffres d'une telle
ampleur. C'est seulement un exemple de ma constatation, à savoir que les
députés ministériels ne sont pas conscients de la
portée de ce projet de loi.
Ils ont été, bien sûr, obligés de voter avec
le parti, avec le gouvernement, en deuxième lecture. Mais si on accepte,
tous et chacun, les membres de cette commission, la motion de mon
collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys, nous serons
capables de dire à tous et chacun de ces députés
ministériels qu'ils ont le droit de venir en Chambre et de poser des
questions, et peut-être même critiquer certains aspects du projet
de loi, soit avant qu'on commence l'étude article par article ou durant
l'étude de tel ou tel article. Leurs critiques seront consignées,
ils pourront passer leurs messages par la voie du journal des Débats
à leurs électeurs. (23 h 30)
Pour moi, c'est très important qu'on accorde cette
possibilité à nos collègues ministériels. Je veux
simplement vous donner un ou deux autres exemples, M. le Président. Le
député de Verchères, qui a parlé en Chambre,
disait, et je pense qu'encore je le cite textuellement: Les profanes de mon
comté ne comprennent pas la portée de cette loi. Alors ils vont
le comprendre bientôt quand les augmentations importantes de tarifs
commenceront à arriver à leurs maisons. Et si le
député de Verchères a été si silencieux
pendant l'étude de ce projet de loi, s'il a appuyé la
deuxième lecture, s'il n'a mis aucune réserve, s'il a
été si silencieux en commission parlementaire, il sera
obligé de faire face aux électeurs de son comté, d'ici
deux, trois, quatre, cinq, six mois, qui seront, bien sûr et d'une
façon justifiable, enragés.
J'avais le plaisir récemment, M. le Président, de visiter
plusieurs régions du Québec, dans le cadre de nos travaux, avec
la mission du développent économique. On a visité
Shawinigan. Une visite là où on a parlé avec les hommes
d'affaires et les syndicats et les intervenants économiques de cette
région. Je suis persuadé que s'il y a des députés
ici qui ont des responsabilités dans la Mauricie, c'est important qu'il
leur soit permis d'exprimer leurs réserves, parce que c'est sûr
que ces augmentations de coûts vont toucher directement et d'une
façon très importante les industries et à
Trois-Rivières et à Shawinigan et surtout à
Bécancour, qui est une région où les industries se sont
établies essentiellement sur la base d'une source importante
d'électricité à bon marché. Je pense en particulier
à SKW et CIL qui sont les grands créateurs d'emplois dans la
région et qui vont voir leurs augmentations de tarifs
d'électricité aller de 20% par année.
Je pense également à la Côte Nord où le
député de Duplessis a plusieurs problèmes, aujourd'hui.
C'est une région qui est touchée terriblement par la
récession économique, et jusqu'ici, le gouvernement n'a rien fait
pour essayer de sortir les gens de cette région de leurs
problèmes. Alors, maintenant, on ajoute au fardeau de ces gens, et si le
député de Duplessis ne vient pas ici, s'il ne vient pas pour
exprimer et...
M. Grégoire: II est membre de la commission, il a
été ici toute la soirée.
M. Scowen: Le député a été ici toute
la soirée?
M. Grégoire: Oui, il a été ici toute la
soirée, il est membre de la commission.
M. Scowen: C'est un bel exemple. Il n'est plus ici. Mais je peux
continuer. Il s'agit également du député de Drummond, le
ministre des Transports. J'ai été récemment à
Drummondville où on a rencontré les compagnies qui sont des
utilisatrices importantes de l'énergie. Le député, le
ministre des Transports n'a pas dit un seul mot contre ce projet de loi. Il n'a
pas exprimé une seule réserve à l'égard de ce
projet de loi et, un jour, il sera obligé de
rendre compte de ses actions, de ses gestes devant l'électeur.
Alors, pour moi, c'est clair que c'est une police d'assurance. Pas pour nous
autres, parce que nous avons déjà, à maintes reprises,
parlé à ce sujet. Tous les députés libéraux
ont exprimé clairement leur opposition à ce projet de loi, mais
pour vous autres, c'est une autre affaire.
Je veux retourner, M. le Président, à cette question de
2000 $ parce que le ministre n'a pas accepté de répondre aux
questions que j'ai posées plus tôt ce soir. Je pense que c'est
très important que la population soit consciente du coût de cette
affaire et que...
M. Grégoire: 2000 $. La motion, la motion. On n'est pas
sur ça, là.
M. Scowen: Oui.
M. Grégoire: La pertinence du débat.
M. Scowen: C'est très pertinent.
M. Grégoire: Je le rappelle à la pertinence.
M. Scowen: La pertinence, M. le député de
Frontenac, je vais vous l'expliquer. La pertinence, c'est que vous autres, vous
ne comprenez pas l'importance des coûts additionnels qui sont
ajoutés aux factures d'électricité pour tous les
Québécois, et bientôt. Alors je présume, M. le
Président, que ces prévisions qui ont été
préparées dans le tableau...
Le Président (M. Laplante): M. le député,
j'aimerais de temps à autre que vous rajoutiez que vous voulez avoir
tous les députés pour en discuter. Il faut rester à
l'intérieur de la motion, s'il vous plaît!
M. Scowen: Je m'excuse, M. le Président, si vous pensez
que je suis allé un peu trop loin mais...
Le Président (M. Laplante): Sur la clôture, un petit
peu sur l'autre bord là.
M. Scowen: Mais l'objectif de ce que j'étais en train de
vous dire c'était tout simplement d'expliquer, à vous et aux
autres qui seront appelés à voter sur cette motion ce soir ou
demain dans le courant de la journée, qu'il y a des conséquences
importantes qui en découleront pour tous et chacun des
députés, tous et chacun de leurs électeurs. Si on
n'accepte pas ce soir que tous et chacun de ces députés puissent
s'exprimer un peu, quelques mots au moins, on risque d'établir une
espèce de fragilité entre ces députés et leurs
électeurs, ce qui pourrait avoir des conséquences malheureuses
pour tout le monde. Je pense que pour un projet de loi aussi important, qui
touche le porte-monnaie de tout le monde, il est essentiel qu'on appuie la
motion de mon collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys,
unanimement et qu'on le fasse dans les plus brefs délais possible. Non
seulement cela, je pense qu'on devrait annoncer cette décision demain,
en Chambre, pendant les affaires courantes, pour que tous les
députés puissent être conscients de cette décision
de notre part.
Je ne veux pas retarder le débat, M. le Président,
simplement en terminant, j'espère que tout le monde va accepter cette
motion très importante qui est proposée par mon
collègue.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Il est vrai que nos règlements prévoient que seuls les
membres d'une commission parlementaire et les intervenants ont le droit
d'intervention sur un projet de loi article par article. Mais, dans nos us et
coutumes, M. le Président, dans mon expérience de vie
parlementaire, le gouvernement ne s'est jamais opposé à ce que
tous les députés aient le droit d'intervenir sauf, M. le
Président, quand le gouvernement voulait faire un mauvais coup. Quand le
gouvernement veut faire un mauvais coup, quand il veut adopter une loi à
la vapeur, quand il ne veut pas donner toutes les informations, quand les
députés ministériels eux-mêmes ne veulent pas
intervenir, à ce moment, il refuse le consentement à tous les
députés d'intervenir sur un projet de loi. Exactement comme mon
collègue, le député de Portneuf, le dit, c'est une autre
forme de bâillon.
M. le Président, je ne voudrais pas que le gouvernement utilise
ou que le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur, par
exemple, que le gouvernement utilise le fait que seulement les
députés qui sont membres de la commission ont le droit
d'intervenir. Qu'il n'utilise pas cela comme excuse pour justifier que la
personne qui devrait vraiment être ici et faire des interventions pour
protéger les consommateurs n'intervienne devant la commission. C'est une
des raisons, M. le Président, pour lesquelles je vais appuyer cette
motion du député de Marguerite-Bourgeoys. On va demander, on l'a
déjà demandé, que le ministre responsable de la protection
du consommateur soit devant cette commission pour justifier sa position, faire
des interventions, expliquer pourquoi il n'intervient pas et quelles
suggestions il fait pour que les consommateurs soient
protégés.
Une autre raison, M. le Président, pour laquelle j'appuierai
cette motion, c'est parce que, comme mes collègues l'ont
déjà dit, c'est un projet de loi qui est très important,
qui a des conséquences majeures non seulement pour Hydro-Québec,
mais pour l'économie du Québec. Dans un projet de loi aussi
important, il y a différentes opinions sur les conséquences, non
seulement différentes opinions, mais il y a des problèmes
différents. Un problème dans une certaine région peut
être un peu différent de celui d'une autre région. Les
problèmes peuvent être différents de comté à
comté. Les différents comtés, les 122 comtés du
Québec peuvent avoir différents problèmes. Maintenant, si
les ministériels ne veulent pas intervenir, si l'Opposition, les
ministériels... M. le Président, vous voyez le peu de
sérieux du député de Frontenac. C'est effrayant! On essaie
d'expliquer pourquoi on devrait intervenir et il fait seulement rire. C'est
très peu sérieux...
M. Grégoire: Intervenez, monsieur, intervenez.
M. Ciaccia: ... si les 80 députés
ministériels ne veulent pas intervenir pour expliquer les
conséquences de ce projet de loi dans leur comté, les 41
députés de l'Opposition officielle, eux, veulent intervenir
à cette commission parlementaire... non, 41. Vous oubliez qu'il va y
avoir une élection partielle à Saint-Laurent. On va être
42, on est 41 maintenant.
Nous prenons nos responsabilités sérieusement, nous
voulons intervenir, chacun de nous, non seulement pour jouer notre rôle
d'Opposition, mais pour remplir les obligations que les députés
ministériels devraient remplir et qu'ils refusent de faire. Vous avez
remarqué, M. le Président, à part quelques interventions
insignifiantes pour justifier certaines remarques mal fondées, ils sont
intervenus sur des questions de règlement pour essayer de retarder les
travaux de cette commission. Ce sont les seules interventions qu'on a entendues
des députés ministériels.
Or, M. le Président, une des raisons pour laquelle nous voulons
que chaque député, surtout de notre côté, ait le
droit d'intervenir, c'est pour porter à l'attention de cette commission
les problèmes qui existent dans tous les comtés, les
conséquences pour les différents comtés que comporte ce
projet de loi.
M. le Président, on avait demandé un débat public.
Même le prédécesseur de l'actuel ministre avait
approuvé. Il disait: Oui, on devrait avoir un débat public. Le
gouvernement le refuse. S'il y avait eu un débat public, on ne vous
ferait pas cette motion ce soir, parce que les députés auraient
eu l'occasion d'intervenir, d'autres organismes de notre société
auraient pu porter à l'attention du gouvernement toutes les
conséquences d'un tel projet de loi, ils auraient pu apporter au
gouvernement des suggestions quant à la politique
énergétique qu'on devrait avoir au Québec; mais ce
débat public n'a pas eu lieu. Alors, il me semble que si le gouvernement
est le moindrement honnête, le moindrement de bonne foi, il devrait
accorder aux députés, à tous les députés qui
veulent intervenir, le droit de parole. Et on pourrait voir vraiment, dans un
tel cas, lesquels prennent leurs responsabilités au sérieux.
Là, il y a des excuses du côté ministériel, parce
que seulement certains peuvent intervenir, alors le ministre va parler en leur
nom. Mais, si tous les députés avaient le droit d'intervenir, on
pourrait vraiment voir lesquels représentent vraiment leur comté.
Qu'ils viennent ici et disent au gouvernement: Voyons, regardez ce que cela va
causer, quelles seront les conséquences, dans nos comtés, d'un
tel projet de loi.
M. le Président, le seul moyen pour que tous les
députés puissent intervenir au cours de l'étude de ce
projet de loi, c'est d'admettre la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys. Parce que même en deuxième lecture on est
tous intervenus, mais le débat de deuxième lecture est
très limité. Les députés n'ont le droit qu'à
20 minutes, d'après notre règlement et, dans 20 minutes, je vous
assure qu'on ne peut pas dire tout ce qui devrait être dit sur ce projet
de loi. C'est tellement sérieux, je vous donne seulement un exemple, les
sommes astronomiques qui vont être imposées comme taxes
déguisées aux Québécois, cela prend plus de 20
minutes pour en discuter et en porter à l'attention du public les
conséquences.
Or, on est en démocratie, un des moyens démocratiques pour
donner le droit de parole à tous les députés sur le projet
de loi et ses conséquences serait de leur donner le droit d'intervenir
à cette commission. Si le gouvernement pense qu'il veut absolument,
à tout prix, faire passer ce projet de loi avant les fêtes, si
c'est un cadeau de Noël qu'il veut donner à la population, en les
taxant par-dessus la tête, en changeant la mission d'Hydro et ajoutant
toutes les taxes déguisées, il peut toujours - ce n'est pas un
"filibuster" qu'on veut faire ici - imposer la clôture. Le
règlement le permet. Le fait que 41 députés du
côté de l'Opposition vont avoir le droit d'intervenir ne vous
empêchera pas d'imposer la clôture. (23 h 45)
Je veux vous assurer une chose, les huit députés qui sont
ici peuvent "tenir le temps" aussi bien que les quarante et un que vous refusez
d'écouter. Alors ce n'est pas ça qui va changer la
procédure, ce n'est pas ça qui va changer le "timing" de votre
loi, ce n'est pas ça qui va changer l'imposition de
la clôture si c'est ça que vous voulez, ce n'est pas
ça qui va changer le bâillon si vous voulez l'imposer et ce n'est
pas ça qui va retarder indûment votre adoption de ce projet de loi
auquel on s'oppose.
Si vous ne voulez pas les entendre, il y a seulement une raison, M. le
Président, c'est parce que le gouvernement ne veut pas faire la
lumière complète sur le projet de loi. Ils ne veulent pas que les
députés viennent ici et que ce soit inscrit dans le journal des
Débats pour qu'on puisse citer plus tard toutes les conséquences
du projet de loi. À huit députés, comme sur chaque article
nos interventions sont limitées à 20 minutes et on peut porter
à l'attention du gouvernement seulement certains aspects du projet de
loi.
Nos collègues des différentes régions du
Québec pourraient traiter du sujet plus amplement. Peut-être
qu'une fois que ce serait fait ce serait possible que le gouvernement
réalise l'énormité de son erreur et qu'il retirerait ce
projet de loi face à une opposition totale de 41 députés
qui représentent non seulement 46% de la population, mais, au plan
constitutionnel, 60% de la population; c'est fort, ça. S'ils viennent
ici et se prononcent contre le projet de loi et en disent exactement les
conséquences, la force de l'opinion publique... Je sais que le
gouvernement est très sensible à l'opinion publique. Cela va
forcer le gouvernement à retirer son projet de loi. II a peur, ce
gouvernement, que l'opinion publique le force à retirer ce projet de
loi. Et c'est pour cette raison qu'on fait cette motion, M. le
Président. Pas pour retarder les travaux, on n'est pas
intéressé à retarder les travaux, pas plus que le
gouvernement n'est intéressé à les retarder, mais on est
intéressé, M. le Président, à ce que la
lumière se fasse sur tous et chacun des articles du projet de loi, si
jamais on vient à les discuter, si jamais on commence l'étude
article par article et qu'on étudie vraiment les conséquences. Je
répète encore, M. le Président - je voudrais que le
ministre nous réponde là-dessus -pourquoi le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur n'est-il pas ici? Je pense que
c'est un rôle capital qu'il a, il doit protéger les
intérêts des consommateurs. Son refus d'être ici est un aveu
par le gouvernement que ce projet de loi va contre les intérêts du
consommateur. Autrement, M. le Président, il n'aurait pas peur
d'être ici, il serait ici et il défendrait le projet de loi; il
parlerait en faveur des consommateurs et il démontrerait que ce projet
de loi va les favoriser C'est dans son intérêt de le faire. Il a
dû faire des interventions au Conseil des ministres et celui-ci aurait
dû dire: Oui, M. le ministre de la Protection du consommateur, nous vous
écoutons et nous allons déposer un projet de loi qui les
protège. Mais ce n'est pas ça qui est arrivé,
M. le Président. Lisez-le le projet de loi vous-même,
regardez les sommes astronomiques qu'on va aller chercher sur le dos des
contribuables et des consommateurs. Pas sur le dos des manufacturiers, des
industriels et des commerçants, parce que tous ces gens-là, M. le
Président, savez-vous ce qu'ils vont faire? Ils vont passer les
augmentations au consommateur. Le consommateur va payer la note de
l'éclairage augmentée, la note du chauffage augmentée,
mais il va aussi payer la note des aliments; l'alimentation va augmenter, parce
que Steinberg, Dominion et Provigo et tous les autres vont augmenter le prix
des bananes, du pain, de tous les produits dans leurs magasins. C'est le
consommateur qui va payer pour. Ce ne sont pas des oeuvres de charité
ces compagnies-là, et je ne les blâme pas.
Le manufacturier au Québec, M. le Président, qui
manufacture des produits et se voit imposer 20% d'augmentation, les
industriels, que pensez-vous qu'ils vont faire? Ils vont augmenter le prix de
leurs produits. Et c'est pour ça que le ministre de la Protection du
consommateur a honte d'être ici. Il ne fait même pas acte de
présence. Il n'est pas assis ici pour écouter ce qui va se
passer. C'est pour ça, M. le Président, que nous allons lutter
pour que soit adoptée par le gouvernement la motion demandant que les
députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission permanente de l'énergie et des ressources puissent prendre la
parole sans devoir obtenir, au préalable, la permission de la
commission, pour qu'ils puissent venir ici et témoigner. Ils seront des
témoins contre l'incompétence de ce gouvernement, contre les abus
du gouvernement, contre le gaspillage du gouvernement, contre le "siphonnage"
d'Hydro par le gouvernement, contre les taxes déguisées du
gouvernement, contre tout ce qui peut être appelé abus de pouvoir.
C'est pour cela que le gouvernement, que les membres ministériels ne
veulent pas accepter cette motion.
Le gouvernement avait dit qu'il voulait créer, par son livre
blanc sur l'énergie de 1978, une régie de l'énergie. Si le
gouvernement avait créé cette régie avec les pouvoirs
d'avoir des auditions publiques sur toute augmentation de tarifs, on ne ferait
pas la motion que nous faisons ici ce soir, parce que les
députés, ainsi que tous les autres organismes auraient eu le
droit d'aller devant la régie de l'énergie pour se faire
expliquer pourquoi, premièrement, l'augmentation est nécessaire
et faire leurs représentations pourquoi elle ne devrait pas être
aussi importante que demandé soit par Hydro-Québec ou
autorisé par le gouvernement. Mais non, vous savez comme moi que les
tarifs ne sont même pas débattus publiquement. On vient devant
la
commission parlementaire une journée ou deux, on discute. On est
supposé discuter de tout le rapport annuel d'Hydro et, habituellement,
on ajoute celui de la SEBJ, de la SDBJ. Dans deux, trois jours, cela est
impossible de faire un débat sur l'augmentation des tarifs. Le
gouvernement les accepte, cela est tout arrangé d'avance.
Savez-vous, quand j'entends le gouvernement dire: II ne faut pas brimer
les droits de l'Assemblée nationale, c'est pour cela qu'il ne faut pas
accepter le projet de rapatriement. Mais, on brime les droits des membres de
l'Assemblée nationale tous les jours. En voici un exemple parfait, et on
ne s'oppose pas à cela. On ne donne pas le droit de parole à un
élu, M. le Président. Un élu, quelqu'un qui a
été dûment élu, déclaré élu,
qui représente son peuple, qui représente son comté, on ne
lui donne pas le droit de venir parler à la commission parlementaire,
non, mais on s'indigne quand on veut donner des droits aux citoyens parce qu'on
dit: On enlève les droits de l'Assemblée nationale.
M. le Président, je ne sais pas si vous me faites signe
que...
Le Président (M. Laplante): Non, il vous reste encore deux
minutes.
M. Ciaccia: Non, très bien, je vais continuer parce que
cela est important dans l'intérêt de notre démocratie, dans
l'intérêt d'une saine discussion de ce projet de loi. Pensez-vous
qu'on a discuté ce projet de loi quand, à 4 h 30 ou à 6
heures du matin, on avait des droits de parole de 10 minutes et de 20 minutes?
Pensez-vous qu'on peut faire justice à tout ce qui est contenu dans ce
projet de loi, avoir une discussion complète? Bien, voyons donc, c'est
impossible: Quand je vois les ministériels qui sont assis là et
qui ne disent rien. Ils ne donnent même pas le droit à nos
collègues de venir faire des interventions et de parler. Cela
n'augmentera pas notre droit de vote. Si 41 députés de
l'Opposition viennent parler sur le projet de loi, article par article, cela ne
leur donne pas 41 votes. Ne vous inquiétez pas, le règlement vous
protège. On veut seulement le droit de parler. On ne demande pas que 41
députés de l'Opposition aient le droit de vote, parce
qu'évidemment ce projet de loi ne serait jamais adopté si en
commission on avait ce droit. On demande seulement le droit de parole, le droit
élémentaire, démocratique que tout député
devrait avoir, le droit que le gouvernement n'a jamais refusé, à
moins de vouloir faire un mauvais coup comme il veut le faire maintenant.
Alors, vous m'indiquez, M. le Président, que mon droit de parole
est terminé. J'accepte votre directive, mais j'espère que le
gouvernement va repenser à son attitude.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, les deux dernières minutes.
M. Grégoire: II nous reste cinq minutes, je crois, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je me fie à ce que je
vois sur l'horloge depuis le début.
M. Grégoire: Boileau disait...
Le Président (M. Laplante): Ne vous obstinez pas pour
l'angle de l'horloge.
M. Grégoire: Boileau disait: Ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.
Le député de Mont-Royal a eu, depuis le début du
débat, le droit de parole pendant une heure et dix minutes sur ce sujet;
vingt minutes en deuxième lecture, dix minutes sur la motion de report
et, ce soir, deux fois vingt minutes. Si j'additionne tout cela, ça fait
une heure et dix. Pourtant, il n'a encore rien dit sur le projet de loi, il n'a
encore rien exprimé. Il n'a encore convaincu personne, il n'a aucun
argument.
M. Gratton: II aimerait ça se faire convaincre.
M. Grégoire: On nous demanderait de parler encore
plus...
M. Ciaccia: Écoutez, le député de Gatineau
n'était pas convaincu avant...
M. Gratton: Parlez pour vous, parce que j'ai retenu plusieurs
arguments sérieux.
M. Ciaccia: II est convaincu, lui.
M. Grégoire: M. le Président, le seul
député d'Outremont a parlé pendant une heure sur le projet
de loi en deuxième lecture, trente minutes...
Une voix: ... cela ne les intéressait pas.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre...
M. Grégoire: M. le Président, je vois que ça
les choque.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Grégaire: Je vois que ça les choque, ils nous
empêchent de parler. Le député d'Outremont a parlé
pendant une heure, lors du débat de deuxième lecture, trente
minutes sur la motion de report, et vingt minutes ce soir. Cela fait une heure
et cinquante minutes, et il trouve que ce n'est pas assez.
M. Fortier: C'est pour les autres qui ont demandé la
parole.
M. Grégoire: II y a eu une commission sur les tarifs de
l'électricité, cet été, et ils ne sont pas
restés, ils sont partis. Comment interpréter maintenant le sens
de leur motion où ils disent: II faut nous laisser le droit de parole?
M. le Président, vous me faites signe qu'il est minuit?
Le Président (M. Laplante): Oui, la seule
interprétation que je peux faire, c'est que...
M. Grégoire: C'est de demander l'ajournement.
Le Président (M. Laplante): ...les travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 57)