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(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): La commission de
l'énergie et des ressources se réunit pour continuer
l'étude du projet de loi no 16, article par article, Loi modifiant la
loi sur l'Hydro-Ouébec. '
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M.
Tremblay (Chambly); M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M.
Leblanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac), remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont), M.
Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc), M. Hains
(Saint-Henri), remplacé par M. Polak (Sainte-Anne); M. Levesque
(Bonaventure), remplacé par M. Saintonge (Laprairie); M. Marquis
(Matapédia), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), remplacé par M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Tremblay (Chambly).
Au moment où nous avons quitté hier soir, la parole
était au député de Frontenac, et vous aviez deux minutes
de pris sur votre temps, parce qu'il était minuit moins deux à ce
moment-là.
M. Grégoire: Je laisse la parole à M. le
Président.
Motion pour permettre à tous les
députés de s'exprimer (suite)
Le Président (M. Laplante): Bon, est-ce qu'il y en a
d'autres qui veulent s'exprimer sur la motion, sur la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Vallières: M. le Président, je vous avais
donné l'avis de mon intention de prendre la parole immédiatement
après le député de Frontenac, hier soir.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Je vous remercie M. le Président.
C'est peut-être en premier lieu pour ceux qui auront à nous lire,
relire la motion du député de Marguerite-Bourgeoys afin que les
gens comprennent bien le but de notre motion.
Alors, c'est une motion qui porte sur le droit de parole, M. le
Président, et qui dit que les députés qui ne sont ni
membres, ni intervenants à la commission permanente de l'énergie
et des ressources, peuvent prendre la parole sans devoir obtenir au
préalable la permission et ce, pour toutes les séances que
tiendra ladite commission relativement à l'étude article par
article du projet de loi no 16, Loi modifiant la loi sur l'Hydro-Québec.
Alors M. le Président, je crois personnellement que les
députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à cette
commission, soit tous les autres collègues, M. le Président, qui
ne sont pas ici, de toutes les régions, de tous les autres comtés
du Québec, doivent avoir le loisir de se faire entendre lors de
l'étude article par article du projet de loi 16.
M. le Président, afin que, comme le mentionnaient hier d'autres
de mes collègues, tous les consommateurs québécois aient
à cette table le droit de parole. Je pense qu'il serait très
important que tous nos collègues représentant les divers
comtés, régions et divers aspects de notre vie au Québec
aient la possibilité de s'exprimer sur ce projet de loi très
important. Qu'on pense, M. le Président, à toutes ces personnes
qui auraient aimé se faire entendre ici en commission et qui ne pourront
pas le faire, aux agriculteurs, aux personnes âgées, aux
travailleurs, aux assistés sociaux, aux chômeurs, aux gens de la
ville...
M. Duhaime: Bien oui, les veuves.
M. Vallières: ... aux gens de la campagne. M. le ministre
me suggère les veuves, c'est vrai, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Vallières: ... les industriels, les commerçants,
les médecins, les avocats, les notaires, les dentistes. M. le
Président, chacun de nos collègues devrait avoir le droit de
venir dire ici ce que ses électeurs pensent de ce projet de loi no
16.
Je pense à mes collègues libéraux mais je pense
également à mes collègues du Parti
québécois. Je constate que depuis l'étude du
projet de loi no 16, nos collègues du gouvernement sont beaucoup
moins loquaces qu'habituellement M. le Président. Moins loquace en
commission parlementaire qu'ils ont l'habitude de l'être en Chambre. Je
m'attendais, M. le Président, peut-être à un peu plus du
député de Frontenac en particulier qui, en tant
qu'ex-créditiste, M. le Président en tant qu'homme du peuple et
homme très près de la population, aurait eu à indiquer au
gouvernement qu'il s'opposait à ce projet de loi. (11 h 30)
J'ai eu l'occasion, hier soir, de faire une petite consultation
auprès de certains de mes collègues qui seraient possiblement
intéressés à venir se faire entendre en commission
parlementaire sur le projet de loi article par article. Je pense qu'il serait
intéressant pour nous tous, pour la population en général,
d'entendre nos collègues qui ont une vaste expérience dans divers
secteurs d'activités à travers le Québec. Vous savez,
hier, le ministre lui-même invitait le chef de l'Opposition, M. Ryan,
à venir témoigner devant la commission.
Alors, M. le Président, je veux vous indiquer que M. Ryan autant
que beaucoup d'autres de mes collègues, serait intéressé
à venir participer à cette commission. Qu'on songe par exemple,
à la vaste expérience et au témoignage intéressant
que pourrait nous fournir le député de Beauce-Sud, M. Hermann
Mathieu, avec qui je me suis entretenu hier, et qui, soit dit en passant, a
occupé divers emplois au cours de sa vie dont il aurait pu nous faire le
témoignage. Cet homme qui a occupé divers emplois manuels tels
que: fermier, bûcheron, chauffeur de camion et qui actuellement est
notaire, pourrait nous faire part de sa vaste expérience afin
d'éclairer tous les membres de cette commission et, en particulier, le
ministre de l'Énergie et des Ressources. N'oubliant pas que M. Mathieu
est aussi un producteur agricole et qu'il est membre de l'UCC et de l'UPA
depuis 1956. Alors, je pense que cela devrait être
intéressant...
M. Duhaime: Sirop d'érable, sirop d'érable!
M. Vallières: ... oui, sirop d'érable. Cela prend
de l'électricité là-dedans.
M. Duhaime: C'est lui qui crée les surplus, qui
enlève le pain de la bouche des cultivateurs.
M. Vallières: Alors, M. le Président, cela serait
très intéressant d'avoir le point de vue de ce
député qui a participé, je remarque ici, à de
nombreuses activités, soit comme marguillier, soit comme membre du
Conseil régional de pastorale, organisateur des journées
olympiques de Saint-Ephrem, membre fondateur et premier gérant de la
Caisse d'établissement de la Chaudière, membre de l'Association
du barreau canadien et des nombreuses autres associations. Donc, M. Hermann
Mathieu...
M. Duhaime: Membre du barreau? Il y a de quoi qui ne marche pas
dans vos papiers, c'est un notaire.
M. Grégoire: Est-ce qu'il n'est pas membre de la Chambre
des notaires, plutôt?
M. Duhaime: Chambre des notaires.
M. Vallières: Bien, c'est que dans son curriculum vitae,
M. le Président, on m'indique cela, à moins qu'il n'ait
lui-même fait une erreur...
M. Grégoire: Faites déposer le document.
Est-ce que le député pourrait déposer le document
qui le présente comme membre du barreau?
M. Vallières: Non, non, il n'en est pas question... Je
suis comme le ministre hier, je tiens à mes documents, ils sont
annotés et...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Mégantic-Compton, je vous prierais
de laisser continuer votre collègue, M. le député de
Frontenac; M. le ministre, vous aurez l'occasion de prendre la parole.
Continuez, M. le député de Richmond.
M. Grégoire: M. le Président, c'est une question de
règlement. Je pense que le député de Richmond est
peut-être en train d'induire cette commission en erreur en disant que le
député de Beauce-Sud est membre du barreau. Est-ce que cela ne
serait pas plutôt de la Chambre des notaires?
M. Vallières: Oui, c'est de la Chambre des notaires, je
pense, et je ferai corriger le document...
M. Grégoire: II ne faudrait pas insulter le barreau, M. le
Président!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Le député de Frontenac ne perd
rien pour attendre. Tantôt, je parlerai de lui.
Également, M. le Président, je me suis entretenu avec un
autre de mes collègues, hier, immédiatement après le
discours très important qu'il venait de tenir en Chambre sur
l'augmentation de l'essence cette fois-là,
avec le député de Brome-Missisquoi, M. Pierre Paradis,
jeune avocat de talent, qui m'a indiqué qu'il regrettait
énormément, qu'il croyait... M. le Président, est-ce
possible de rappeler les députés à l'ordre et...
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est qu'il faudra...
M. Vallières: ... je vous rappelle une parole que vous
disiez hier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, franchement, c'est presque une insulte de ne pas être capable
d'utiliser son droit de parole...
M. Vallières: C'est terrible.
Le Président (M. Laplante): ... je demanderais un peu de
coopération aux membres de cette commission pour que vous puissiez avoir
votre droit.
M. le député de Châteauguay...
M. Dussault: M. le Président, je me demande si M.
Bossé va venir, lui aussi, en commission pour parler de ce projet de loi
là.
Le Président (M. Laplante): ... je peux vous inscrire, si
vous voulez. C'est mon job de faire cela.
M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, je sais que nos
honorables membres d'en face... et on recommence. Je vous demanderais de
rappeler ces gens-là à l'ordre!
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Vallières: S'ils ne sont pas intéressés
à débattre ce projet, ils pourraient s'en aller ailleurs faire ce
qu'ils font présentement. Je pense que s'ils ont quelque chose à
dire cela vous fera plaisir de les inviter au rôle des orateurs, alors
qu'on nous laisse parler quand on a la parole. Je pense bien que c'est un
minimum de civisme, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): ... franchement, c'est votre
collègue qui parle, ou qui essaie de parler...
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, j'accepte vos reproches mais il faudrait quand même
être juste, le député de Vimont, en face de moi,
interrompait aussi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Merci, M. le Président.
Une voix: Pour quelqu'un qui n'avait pas la parole, c'est
fantastique.
M. Vallières: Je suis vraiment peiné de l'attitude
de ces gens, qui, finalement, nuisent un peu au rôle que l'Opposition
veut se donner, rôle important au cours de cette présente
commission.
Je vous parlais tantôt, que je m'étais entretenu avec le
député de Brome-Missisquoi, M. Pierre Paradis, qui m'a
indiqué, que c'est avec plaisir, qu'il viendrait témoigner devant
cette commission si les membres du gouvernement sont en faveur de la motion que
nous présentons aujourd'hui, à l'effet de permettre à tous
nos autres collègues d'un peu partout à travers le Québec,
de venir se faire entendre sur ce projet de loi important.
Dois-je vous rappeler, M. le Président, l'importance de la
contribution d'un avocat aussi talentueux que notre collègue de
Brome-Missisquoi. Il serait très intéressant, entre autres dans
le domaine agricole, d'entendre le point de vue d'un député qui
vit de façon permanente dans un comté où on retrouve un
milieu agricole en pleine expansion. Soulignons que M. Paradis est membre de la
Société d'agriculture de Missisquoi, il est membre de la Chambre
de commerce de Bedford et de toute sa région, il est membre du Club
optimiste, il fait également partie de l'Association des petites foires
de province, et même... Je m'aperçois, M. le Président, que
les gens d'en face n'ont pas l'air d'apprécier que nos collègues
fassent partie d'organismes locaux très importants pour le
développement de l'agriculture au plan local.
M. Duhaime: ...
M. Vallières: Quand on parle de petites foires, M. le
Président, il y a beaucoup de nos collègues du Parti
québécois qui auraient avantage à s'imbriquer dans ce
système afin de contribuer par eux-mêmes, par leur énergie,
par leur argent aussi, à faire en sorte que ces foires soient un
succès de façon annuelle.
M. Rodrigue: ... cela doit rapporter...
M. Vallières: Quand on pense à tous les
agriculteurs qui se dévouent continuellement pour assurer la survie de
ces petites foires, je pense qu'on n'a pas à rire du fait que le
député de Brome-Missisquoi en fasse partie et a
décidé de s'impliquer dans un secteur
aussi important de sa collectivité, M. le Président.
Alors, pour l'information du ministre qui me demandait si M. Paradis
était Chevalier de Colomb, cela me fait plaisir de lui dire que oui.
M. Duhaime: Un autre qui envoie ses capitaux au Connecticut.
M. Vallières: M. le Président, j'ai un autre de mes
collègues et celui-ci aurait pu nous faire part de sa vaste
expérience en tant que député mais aussi en tant
qu'ex-ministre, M. le Président, et un homme dont le jugement est
reconnu à travers tout le Québec. Un homme d'un certain
âge, père de cinq enfants, c'est très important M. le
Président, d'entendre en cette Chambre celui qui est
député de Charlevoix, M. Raymond Mailloux, dont tout le monde
apprécie le bon jugement.
Alors, je pense bien, M. le Président, qu'on ne peut nier que
l'expérience de plusieurs de nos collègues pourrait contribuer
à éclairer et de beaucoup la lanterne de ceux qui parrainent
actuellement ce projet de loi, et je pense que la motion que nous
présentons aujourd'hui est un signe de grande démocratie. Et je
veux féliciter le député de Marguerite-Bourgeoys pour sa
motion. J'espère que nos collègues d'en face vont l'appuyer, M.
le Président, à tour de bras, et j'aimerais peut-être
entendre mes autres collègues pour qu'ils nous disent, tantôt,
s'ils ont l'intention de voter contre la motion, ce pour quoi ils sont contre,
M. le Président. Parce que, selon moi, hors de tout doute, l'objectif de
la commission, c'est de faire toute la lumière...
M. Dussault: M. le Président, est-ce que je suis toujours
sur votre liste?
M. Vallières: ... c'est de faire tout l'éclairage
possible sur le projet de loi no 16, M. le Président, et en ce qui me
concerne, la seule pensée de voir certains de mes collègues
privés de leur droit de parole me révolte, M. le
Président, et pour nous qui avons été élus en cette
Chambre pour représenter les intérêts de nos contribuables,
de nos concitoyens. Je trouverais très dommage pour le bien de cette
institution qui est l'Assemblée nationale, que l'on refuse le droit de
parole à plusieurs autres de nos collègues. Il aurait
été intéressant aussi, M. le Président, d'entendre
celle qui, pendant quelques années, a été à la
direction d'un ministère qui s'occupait des consommateurs, je veux
parler de la députée de Chomedey, Mme Lise Bacon. Et ce serait
intéressant aussi, du fait qu'on aurait pu entendre une femme à
la commission parlementaire s'exprimer sur les conséquences du projet de
loi no 16.
Alors, je vois, M. le Président, que nos collègues du
Parti québécois sont un peu mal pris avec cette motion, et je
suis persuadé qu'ils aimeraient, eux aussi, entendre une voix
féminine au cours de cette commission parlementaire afin de savoir les
conséquences néfastes que peut avoir le projet de loi dans tous
les milieux, entre autres dans le milieu familial, entre autres au niveau des
consommateurs.
Rappelons que madame, rappelons, M. le Président, que...
M. Rodrigue: II y a que je trouve que c'est sexiste, ça
n'a pas de sens.
Le Président (M. Laplante): Il faut demander la
parole.
M. Rodrigue: Je m'excuse, M. le Président.
M. Vallières: Limitez les femmes au rôle
familial.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Vallières: M. le Président, si nos
collègues ont quelque chose à dire, ils pourront répondre
tout à l'heure, M. le Président, ils auront tout le temps requis
pour s'exprimer.
M. Rodrigue: C'est vrai que c'est un parti qui est en retard de
vingt-cinq ans.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, je pense que, s'il y en a un qui devrait comprendre la position dans
laquelle je suis actuellement...
M. Bélanger: Je vous le dis, il rit depuis qu'il est
arrivé.
Le Président (M. Laplante): ... Un petit peu de
collaboration s'il vous plaît.
M. Rodrigue: ... Bien oui, je vous écoute et je ne peux
pas m'empêcher de rire depuis que je suis arrivé.
M. Vallières: J'ai également, M. le
Président, eu des discussions avec Mme Thérèse Lavoie-Roux
qui, présentement, est en commission parlementaire pour l'étude
d'un autre projet de loi, le projet de loi no 77, et qui m'a indiqué que
dès la fin de ses travaux, elle se ferait un plaisir de venir
témoigner devant la commission pour faire part elle aussi, de
l'expérience qu'elle vit et du témoignage de tous ses
électeurs vis-à-vis ce projet de loi qui, m'a-t-elle dit, est
loin de faire l'unanimité, c'est plutôt l'unanimité en sens
contraire, unanimité de l'opposition à ce projet de loi que l'on
rencontre dans son comté.
Alors, M. le Président, nous de l'Opposition, ce que nous
demandons, c'est que tous les députés de l'Assemblée
nationale qui le désirent - on ne les obligera pas, mais ceux qui le
veulent - puissent s'exprimer sur le projet de loi. Je pense qu'il s'agit ici
d'un droit, et pour nous c'est fondamental que ces gens aient
l'opportunité d'exercer leur droit de parole. Que ce principe du droit
de parole, s'effectue et s'applique pour tout le monde et pour toutes les
séances que nous tiendrons. Cela, pour la bonne conduite de nos travaux,
pour vous faciliter la tâche, pour éviter de longs débats
orageux de procédure que vous voulez vous-même éviter -
vous nous l'avez dit hier soir - afin que nous fassions preuve du plus grand
libéralisme possible. Cette motion, c'est pour éviter le
bâillonnement quotidien de plusieurs collègues désireux de
se faire entendre à cette commission.
S'ils sont bâillonnés, je veux pouvoir dire à mes
concitoyens dans le comté de Richmond, que j'ai fait tout ce que j'ai
pu, tout ce qui était humainement possible pour que mes collègues
soient entendus et je veux que ce soit le gouvernement qui porte l'odieux de la
situation, qu'il soit reconnu comme étant le responsable, celui qui a
empêché plusieurs, des dizaines de nos collègues de se
faire entendre en commission parlementaire sur un projet de loi aussi important
et pour son étude article par article. (11 h 45)
II serait dommage de nous priver des commentaires et souvent des
conseils de collègues autres, qu'il serait très
intéressant d'entendre. Moi, je garde l'espoir qu'avec cette
contribution de nombreux autres collègues, nous pourrions amener des
changements majeurs; peut-être même que nous pourrions assister au
retrait du projet de loi no 16. Je suis sûr qu'avec le pouvoir de
conviction que l'on connaît et le pouvoir de persuasion que l'on
connaît à nos autres collègues, nous pourrions en arriver
à modifier le point de vue du gouvernement et à lui éviter
une grave erreur de parcours.
Ce projet de loi no 16, rappelons-le, vise selon moi, deux grands
objectifs principaux. C'est la raison pour laquelle, nous tenons tant à
entendre nos collègues, à leur donner le droit de parole à
chacune de nos séances. Ce projet de loi, M. le Président, vise
à modifier la vocation première d'Hydro-Québec, est-il
nécessaire de le rappeler? Ce projet de loi vise à siphonner les
fonds d'Hydro-Québec au profit du ministre des Finances. Une
augmentation moyenne de 16,3% pour tous les contribuables. Donc, M. le
Président, pour moi, toute personne qui serait désireuse de venir
témoigner ici, j'entends l'un quelconque de nos collègues
désireux de venir témoigner ici, devrait pouvoir le faire. C'est
important,
M. le Président, pour faire échec à ce projet de
loi néfaste pour notre économie et qui vient saigner les
contribuables dont ceux de mon comté, le comté de Richmond.
Je ne voudrais pas être obligé de reprendre tout mon
discours de deuxième lecture; j'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus
tard pour apporter plus d'éclairage à cette commission. Vous
m'indiquez qu'il me reste très peu de temps, M. le Président. Je
vais vous dire qu'à défaut de permettre à tous les
Québécois de se prononcer -rappelez-vous qu'en 1962 ils se sont
prononcés pour l'achat d'Hydro-Québec - ne serait-il pas possible
qu'au moins on entende leurs représentants en cette Chambre, qu'au
moins...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît, M. le député?
M. Vallières: Oui, je conclus. Qu'au moins, M. le
Président, on leur fournisse l'occasion de dire leur point de vue sur ce
que se prépare à leur imposer le gouvernement du Québec.
À défaut de les entendre tous, qu'on entende au moins leurs
représentants en cette Chambre. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: M. le Président, nous avons affaire
présentement à une motion, à toutes fins utiles,
dilatoire. Tout le climat qui régnait hier, la farce
généralisée qui découlait des attitudes du Parti
libéral à cette commission était pour nous un indice
très sérieux que cette motion est une motion dilatoire. Cela ne
les intéresse pas plus que cela. La preuve, M. le Président,
c'est que le proposeur lui-même de cette motion, hier, après
l'avoir proposée, s'est absenté pendant plus d'une demi-heure de
la commission alors que cette motion devait être si importante pour eux.
Il s'agissait du député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que les propos du député sont indignes,
malveillants.
Immédiatement en quittant la commission parlementaire, M. le
Président, hier soir, vers 23 h 15, 23 h 30, quand j'ai terminé
mon intervention, je suis allé en Chambre où se déroulait
un autre débat. Je pense que c'est tout à fait petit de la part
du député que d'interpréter les absences en commission
parlementaire. Le ministre n'est pas là au moment où je parle et
je serais le dernier à
souligner son absence.
M. Dussault: Ce n'est pas lui qui a fait la motion, non plus.
M. Lalonde: M. le Président, j'avertis d'avance le
député que je devrai m'absenter aujourd'hui, d'ailleurs, pour
aller combattre un autre projet de loi de taxe du gouvernement, le projet de
loi no 39. Alors, soyez averti d'avance.
M. Dussault: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys n'est pas le seul à s'être absenté
hier pendant cette motion. Il y avait aussi le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Ce n'est pas sérieux. Si c'est si important,
cette motion, pour eux ils devraient être présents pour la
défendre et s'assurer que toute l'argumentation nécessaire soit
servie au parti ministériel. M. le Président, je sais pourquoi
cette motion a été déposée ici, à la
commission parlementaire. En effet, même si je suis ici depuis à
peine cinq ans maintenant, j'ai quand même pu constater le truc
qu'utilise le Parti libéral pour faire perdre le temps de
l'Assemblée nationale. Je me rappelle, en 1978, M. le Président,
1979 l'opposition systématique que nous avons connue ici à
l'Assemblée nationale sur un projet de loi qui visait à
protéger fondamentalement le droit de vote des citoyens. Il s'agissait
d'un registre des électeurs, peut-être bien sûr, quand
quelqu'un est inscrit sur une liste, qu'un autre ne vienne pas voter à
sa place ou que quelqu'un ne vienne pas lui enlever son droit de vote. Pendant
des jours et des jours, on a perdu notre temps ici. Comment? Grâce
à une motion que nous avions eue, nous, la
générosité - parce qu'on nous a parlé de
générosité hier - d'adopter ici qui, justement, voulait
que tous les députés de l'Assemblée nationale puissent
venir parler sur le projet de loi en question en commission parlementaire
après la deuxième lecture.
Nous avons perdu un temps énorme, M. le Président. Je
connais ces gens. Aussitôt que nous aurons adopté cette motion,
ils vont arriver ici en masse et pendant des heures et des jours, nous allons
perdre notre temps à ergoter, alors que ces gens sont ici pour se
prononcer sur cette question. Ils devraient être en mesure de le faire.
Je trouve étrange, M. le Président, qu'ils nous disent qu'ils ont
des collègues qui sont en mesure de venir défendre les
intérêts de la population ici. Si leurs collègues aimaient
mieux le faire, qu'ils viennent prendre leur place ici. S'ils ne sont pas
capables de faire leur travail convenablement, qu'ils envoient leurs
collègues prendre leur place ici. Leurs collègues feront leur
travail. On ne perdra pas notre temps, M. le Président. Moi, je voudrais
qu'on fasse appel seulement à la bonne foi du monde ici. Les
députés qui sont ici, les ministres pourraient venir aussi, parce
qu'enfin un ministre c'est aussi un député. Quand on dit un
député, on parle aussi des ministres. Je pense que, de notre
côté, on est capable de juger. Chaque fois qu'un
député de l'Opposition voudra venir parler ici, on est capable de
juger si l'expérience, si les propos habituels de ces
députés sont susceptibles d'aider la commission, et si on pense
que ce sera le cas, on donnera volontiers notre permission pour laisser parler
les députés qui voudront venir ici.
Qu'on ne se serve pas d'une motion pour nous faire perdre notre temps
alors qu'on sait très bien ce qu'ils font généralement
avec de telles motions. On ne se laissera pas prendre. C'est pour cela que je
vais voter contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre Fortier
M. Fortier: M. le Président, nous avons devant nous une
motion extrêmement sérieuse, malgré ce qu'en pense le
député de Châteauguay qui, lui, voudrait s'ériger en
juge pour décider qui, parmi les députés, aurait la
compétence voulue pour s'exprimer ici devant notre commission
parlementaire, alors qu'il s'agit d'un projet de loi qui engage l'avenir du
Québec, l'avenir d'Hydro-Québec, l'avenir économique,
l'avenir énergétique. Il me semble qu'on ne peut pas se fier
à un seul député comme celui de Châteauguay pour
décider qui aura le droit de venir témoigner ou de venir dire ce
qu'il a à dire.
La motion, comme vous le savez, vise a ce que les députés
qui ne sont ni membres, ni intervenants de la commission permanente de
l'énergie et des ressources puissent prendre la parole sans en obtenir
au préalable la permission. C'est justement ce que le
député de Châteauguay refuse et c'est la raison pour
laquelle, à mon grand regret, je m'aperçois qu'il votera contre
la motion.
Mais j'aimerais situer cette motion à l'intérieur des
demandes que nous avons faites lors du discours en deuxième lecture.
Nous avions dit et nous avions insisté sur le fait qu'il était
important qu'il v ait un débat public. Il s'agit pour nous, M. le
Président, de faire en sorte que la commission entende raison et accepte
une demande qui, de toute évidence, est moins considérable que
celle que nous avions formulée lors des discours en deuxième
lecture, lorsque nous avions fait état des nombreuses raisons qui
justifiaient notre demande.
Je n'ai qu'à vous rappeler, M. le Président, le livre
blanc où on insistait avec raison sur les différents objectifs
que se
fixait le gouvernement dans tout ce débat
énergétique. On voulait encourager l'utilisation efficace de
l'énergie. Rien sûr, avec la hausse vertigineuse des tarifs
d'électricité, je suis tout à fait certain que la plupart
des consommateurs vont avoir une utilisation supper efficace parce qu'ils
n'auront plus le choix que de se priver et d'utiliser de moins en moins
d'énergie. Mais ce que j'ai de la misère à comprendre,
c'est que le deuxième objectif était de doubler, d'ici
1990...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, voulez-vous vous en tenir à la motion, s'il vous
plaît.
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Laplante): À venir jusqu'à
maintenant, cela va assez bien.
M. Fortier: C'est ça. M. le Président, j'essaie
d'établir les raisons qui nous ont motivés à demander un
débat public sur l'énergie et les raisons qui nous amènent
maintenant à faire une demande qui est moins considérable, mais
qui permettrait aux députés, c'est-à-dire aux élus
du peuple, de s'exprimer sur un dossier aussi important. Même si le livre
blanc est très clair là-dessus, si on veut doubler d'ici 1990 la
présence des sources d'énergie québécoise, on
s'aperçoit que le gouvernement est en contradiction flagrante puisque,
d'une part, il désire augmenter la tarification de façon
soudaine...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous en venir à
la motion?
M. Fortier: Ah oui, j'y arrive.
M. Lalonde: M, le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Lalonde: Je pense que vos remarques sont tout à fait
pertinentes, M. le Président, mais il faudrait peut-être les
appliquer dans le cadre du débat. Voici ce que le député
d'Outremont tente de démontrer pour inviter les membres du parti
ministériel à appuyer ma motion. Les députés qui ne
sont ni membres ni intervenants de cette commission auront des choses à
dire sur les questions qu'il soulève relativement au livre blanc du
gouvernement. Ce sont des discussions qui ont été tenues à
divers endroits et on sait que ce sont ces sujets qui intéressent les
députés. Je pense qu'à ce moment, c'est tout à fait
pertinent.
Le Président (M. Laplante): Je comprends...
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président. Je comprends pourquoi ils ont fait venir leurs gros canons.
C'est pour défendre les députés qui ne sont pas capables
de se défendre.
M. Fortier: M. le Président, question de règlement.
Je ne peux accepter ces accusations de gens qui ne se sont nullement
exprimés, qui n'ont pas parlé en deuxième lecture, qui
n'ont exprimé aucune opinion sur le sujet et qui seraient bien
embêtés de parler seulement cinq minutes sur un sujet aussi
important.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, avant vous, tous les autres députés qui se sont
prononcés...
M. Fortier: Je vais passer rapidement, si vous permettez. J'ai
essayé d'établir le sérieux du livre blanc et de mettre le
gouvernement en contradiction justement pour permettre aux
députés de s'exprimer, puisque de toute évidence on ne
peut permettre au gouvernement de procéder d'une façon
unilatérale sans avoir l'opinion de tous les députés qui
représentent les 142 comtés de la province de Québec.
Une voix: 122.
M. Fortier: 122. Merci de la correction. Mais là où
l'objectif est le plus pertinent au présent débat, c'est celui
qui dit en toutes lettres: Impliquer les Québécois dans la mise
en place de la politique énergétique. Je crois que vous ne me
reprochez pas d'être pertinent puisque notre motion vise justement
à impliquer les Québécois par l'entremise de leurs
députés, parce qu'on a dit ici: En réponse à la
volonté croissante des citoyens de prendre part au débat
énergétique et en raison de l'effet si grand des décisions
dans ce domaine sur la vie des gens, il convient d'impliquer
systématiquement les Québécois dans la mise en place de la
politique énergétique. D'abord, en tant que citoyens.
Deuxièmement, en tant que consommateurs. Enfin, en tant qu'agents
économiques. Nous avons fait état, en deuxième lecture, de
ces différents impacts et nous en avions fait état d'ailleurs
lors de la commission parlementaire du mois de février lorsque nous
avons étudié le plan décennal d'Hydro-Québec.
À ce moment, M. le Président, tous les intervenants
avaient dit que, même s'ils se réjouissaient d'avoir eu l'occasion
de s'exprimer sur ce plan décennal, il n'en restait pas moins qu'il y
avait beaucoup d'aspects de cette politique à long terme et sur le plan
financier, plus particulièrement, sur lesquels ils voudraient
s'exprimer. Toutes ces associations, tous ces syndicats et tous ces
représentants des consommateurs avaient
exprimé cette opinion. Nous vous l'avons rappelée. Nous
avons dit que, finalement, le ministre de l'Énergie et des Ressources
s'était rallié à cette proposition et que, par la suite,
il avait exprimé publiquement dans un communiqué de presse qu'il
s'empressait de faire des recommandations dans ce sens pour faire en sorte que
le public soit associé à la politique
énergétique.
Nous avons devant nous, M. le Président, un projet de loi qui
engage l'avenir énergétique du Québec. Nous avons devant
nous, de toute évidence, un projet de loi qui modifie substantiellement
la mission d'Hydro-Québec pour l'amener à payer des taxes de plus
en plus élevées aux coffres du grand argentier du gouvernement du
Québec. Il nous semblerait qu'à tout le moins, même si le
ministre de l'énergie et des Ressources du temps était ici, le
nouveau ministre a fait part dans sa documentation toute récente qu'il
est en train d'expliciter de quelle façon on pourrait orienter un tel
débat et identifier les modalités selon lesquelles ce
débat pourrait être conduit. Nous vous soulignons que cette motion
est toutefois plus limitée et qu'elle permettrait, je l'admets, d'une
façon moins pertinente ou moins en profondeur, somme toute, à la
population du Québec de s'exprimer. Hier, à mon grand regret et
je crois qu'il était dans l'erreur, le ministre faisait état
d'une déclaration du député d'Argenteuil. 0? heures)
II disait, lorsqu'il parlait justement de la quantité
d'impôts additionnels ou de taxes qu'Hydro-Québec aurait à
payer, qu'une des taxes qui, cette année, par la décision du
ministre des Finances, s'ajoute au fardeau qu'Hydro-Québec doit payer,
est celle du financement des programmes de santé. Il avait dit, et le
ministre avait raison, qu'en 1981 cette taxe ne serait que de 20 000 000 $
alors que, l'an dernier, elle n'était que de 9 300 000 $, mais il s'agit
tout de même d'une taxe qui double cette année. En 1982, elle
passera à 22 000 000 $, en 1983, à 24 000 000 $, en 1984,
à 27 000 000 $ et en 1985 à 30 000 000 $. En additionnant
rapidement, cinq fois, cela fait 150 000 000 $, et à juste titre le
ministre avait demandé: Mais pour quelle raison le député
d'Argenteuil a-t-il dit ceci: "Cette tendance du gouvernement, nous la
connaissons déjà. C'est la taxe sur la santé et les
hôpitaux, qui rapportera cette année au bas mot 600 000 000 $ au
gouvernement"?
M. le Président, le ministre était tout à fait dans
l'erreur lorsqu'il croyait que le député d'Argenteuil citait cet
ouvrage de Marcel Bélanger. Ce qu'il voulait signifier, c'était
tout simplement que la taxe sur la santé se monterait à un
montant - oui, M. le Président...
M. Desbiens: M. le Président, j'ai beau chercher le
rapport qu'il y a entre la motion...
Une voix: II arrive chaque fois...
Le Président (M. Laplante): Oui. Je m'apprêtais
justement...
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je pense que cet exercice était peut-être un peu
trop subtil pour le député, mais ce que le député
d'Outremont faisait, c'est la démonstration de la
nécessité de voter pour ma motion pour que le
député d'Argenteuil puisse venir lui-même démentir
les propos du ministre. Il a été mis en cause par le ministre
hier soir à cette commission et, M. le Président, j'entends du
bruit à gauche, cela ressemble à ce qui vient de l'autre
côté de la rivière, lorsque je suis dans mon comté,
cela vient de Châteauguay.
M. Dussault: II est en train de mépriser la population au
sud-ouest de Montréal.
M. Lalonde: J'entends ce bruit seulement quand le
député parle, M. le Président.
M. Dussault: Vous avez remarqué, M. le
Président?
M. Lalonde: La démonstration que fait le
député d'Outremont, c'est qu'il faut voter pour cette motion pour
que n'importe quel député puisse s'exprimer. C'est un exemple. Le
député d'Argenteuil a été mis en cause. Si la
motion n'est pas adoptée, il ne pourra pas venir se défendre ici
à la commission parlementaire. Le député de
Châteauguay l'a dit tantôt, il jugera lui-même de
l'à-propos. C'était très présomptueux.
M. Dussault: Comme le règlement le permet, M. le
Président.
M. Fortier: M. le Président, justement, mon
collègue m'enlève les mots de la bouche. J'essayais d'illustrer
d'une façon bien précise que s'il faut que les
députés ministériels imputent des motifs pour tout ce que
nous avons dit, tous et chacun d'entre nous, il faudrait bien permettre au
minimum que tous et chacun aient le loisir de venir s'exprimer sur ce projet de
loi, et c'est la raison pour laquelle je crois que la motion que nous avons
devant nous est tout à fait pertinente. L'exemple...
M. Desbiens: Une question de... M. Fortier: Oui,
certainement...
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Qu'est-ce qui empêche dans le règlement
que n'importe quel de ces collègues vienne s'exprimer dans une
commission?
M. Fortier: Oui.
M. Lalonde: C'est le règlement qui empêche les
membres autres que les intervenants et les membres de la commission de venir
s'exprimer ici, sauf en ayant l'autorisation de la commission, mais le
député de Châteauguay nous a déjà
démontré qu'il sera intransigeant et même arbitraire.
M. Dussault: Je serai généreux, M. le
Président. C'est le contraire, j'ai dit que je serais
généreux. Vous voyez, M. le Président, tous les moyens
sont bons pour eux pour faire avancer leur cause, même le mensonge, M. le
Président.
M. Lalonde: On ne se fie pas à lui et on a bien fait de ne
pas se fier à lui quand on a choisi la vice-présidence.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: De toute évidence, mes collègues d'en
face ne semblent pas saisir toute l'ampleur qu'il v a à cette motion qui
permettrait à tous les députés de parler justement pour
permettre un débat public en miniature. C'est ça que j'essayais
d'illustrer. Il n'est pas question de permettre à l'un ou à
l'autre de s'exprimer. Il est question dans la motion, et elle est très
explicite là-dessus, de donner la parole sans devoir obtenir au
préalable la permission de qui que ce soit. Il est bien certain que, si
on veut avoir un débat public en miniature, il faudrait permettre
à tous les représentants du Québec de pouvoir s'exprimer
sur cette chose. Je conçois bien, M. le Président, que certains
d'entre nous autour de la table aimeraient intervenir. Le député
de Châteauguay peut penser avoir beaucoup de connaissances dans le
domaine énergétique; ceci peut lui donner certainement une
richesse à apporter à cette commission parlementaire. Il n'en
reste pas moins que plusieurs de nos collègues qui n'ont pas la chance
d'avoir été nommés par leur caucus ou par leur chef
voudraient s'exprimer sur ce projet de loi. Bien sûr, il y a des
ingénieurs autour de la table. Il y avait hier le député
de Gatineau, mon collègue, qui a plusieurs années
d'expérience et qui était présent. Il reviendra cet
après-midi ou demain et il aura le loisir de le faire. Il y a, bien
sûr, le député de Vimont qui, lui, a travaillé pour
Hydro-Québec. Mais si ma mémoire est fidèle, pendant
plusieurs mois, plusieurs années, il a passé beaucoup de temps
à organiser les syndicats des ingénieurs d'Hydro-Québec.
Je crois que cela lui donne quand même l'occasion de pouvoir participer
à une expérience qui n'est peut-être pas une
expérience pertinente en tant qu'ingénieur, mais qui lui donne
une expérience en tant que syndicaliste...
Une voix: On attend beaucoup de lui.
M. Fortier: ... et qui va nous donner, sur ce sujet, j'en suis
sûr, un point de vue tout à fait différent.
M. Lalonde: II est voué à un grand avenir.
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: II est voué à un grand avenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Je ferai remarquer au député
d'Outremont qu'après ma période d'activités syndicales,
lorsque je suis revenu à Hydro-Québec, je n'étais pas si
rouillé que cela, puisqu'on m'a confié l'étude de
l'ensemble des rivières de la Côte-Nord, à l'exclusion de
la rivière Romaine, ce qui était un signe de confiance de la part
de ceux avec qui j'ai continué à travailler au retour de cette
expérience très enrichissante, comme le souligne si bien le
député d'Outremont.
M. Lalonde: Voulez-vous répéter cela que je
mette...
M. Fortier: M. le Président, je crois que cela illustre,
dans une très grande mesure, tout l'impact qu'avait le syndicat sur la
direction d'Hydro-Québec et la courtoisie que la direction
d'Hydro-Québec a envers les syndicats des employés et des
ingénieurs d'Hydro-Québec.
M. Grégoire: C'est la première fois que je vois un
ingénieur s'en prendre à un autre ingénieur en tant
qu'ingénieur.
M. Fortier: Non, ce n'est pas en tant qu'ingénieur.
Voyons, M. le Président!
M. Grégoire: En tant qu'ingénieur. Que ce soit en
tant que politicien, c'est pas pire, mais en tant qu'ingénieur...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, M. le député de Frontenac.
M. Fortier: M. le Président, cette remarque est tout
à fait antiréglementaire parce que nous, de ce
côté-ci de la table, reconnaissons qu'il y a des
ingénieurs, des vrais ingénieurs qui sont gradués des
écoles de génie et nous ne nous sommes nullement associés
à cette décision du ministre Laurin qui veut modifier le statut
d'ingénieur et faire en sorte qu'il y ait deux classes
d'ingénieur. Nous sommes opposés à cela et je crois que
mon collègue va s'exprimer là-dessus.
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président. Je pense que le code de déontologie de l'Ordre des
ingénieurs est très spécifique là-dessus et il
défend, à moins de raisons très impérieuses -
à ce moment-là, il faut poursuivre devant l'Ordre des
ingénieurs - de mettre en doute la compétence d'un
confrère ingénieur sauf devant l'Ordre qui a un conseil de
discipline pour entendre les plaintes à ce sujet. J'aimerais savoir du
député d'Outremont si c'est ma compétence comme
ingénieur qu'il a mise en doute tout à l'heure.
Des voix: Ah!
M. Lalonde: Non, pas du tout.
M. Fortier: Dans mon discours, j'étais rendu un peu plus
loin, M. le Président.
M. Polak: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Au contraire, il vous a félicité et il
a dit qu'il attendait beaucoup de choses de vous.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Sainte-Anne.
Une voix: Et il regrette que vous soyez parti
d'Hydro-Québec.
M. Polak: M. le Président, nous sommes ici sur une motion
d'extrême importance. Si le député de Vimont commence
à parler de ses qualifications comme ingénieur, parce qu'il est
fier de son talent d'organisateur syndical...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Polak: Et il commence à raconter sa vie maintenant. Je
pense que c'est grave quand la population lit les débats
parlementaires.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont.
M. Polak: Nous sommes sur une motion d'extrême
importance...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, si vous voulez continuer, s'il vous plaît!
M. Polak: ...et j'aimerais bien qu'on continue là-dessus,
M. le Président.
M. Fortier: Oui, on a de la difficulté.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je voudrais bien continuer,
mais j'attends que les gens puissent suivre le débat. J'ai lu, justement
en l'absence du ministre, les débats publics miniatures que nous
proposons, qui amèneraient tous les députés à
être ici et les raisons qui l'ont motivé, qui sont les mêmes
que pour le débat public en général. J'ai illustré
cette demande par le fait que le député d'Argenteuil avait
été mal cité. Il serait peut-être bon qu'il vienne
s'exprimer lui-même là-dessus ainsi que tous les
députés, d'une façon générale, qui auraient
quelque chose à dire.
J'ai également souligné l'expérience passée
du député de Vimont et je voudrais bien qu'il comprenne mon
intervention; c'était dans le sens que la députation est
diversifiée et que son expérience, qui est partiellement en tant
qu'ingénieur et partiellement en tant que syndicaliste, sera
certainement une contribution énorme à apporter au débat
que nous aurons dans quelques minutes.
M. Rodrigue: Quand nous discuterons des vrais problèmes,
M. le Président.
M. Fortier: M. le Président.
M. Lalonde: Qu'est-ce que c'est que son...
M. Fortier: Combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): Il vous reste trois
minutes.
Une voix: Ah! Pas seulement cela.
M. Fortier: M. le Président, je crois que je vais
permettre à mes collègues de s'exprimer là-dessus, quitte
à revenir dans quelques instants. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Vous me
permettrez, avant de... M. le Président, est-ce qu'on va pouvoir cette
fois-
ci, parce que je me souviens qu'hier soir, lorsque j'ai pris la parole,
j'ai eu d'énormes difficultés à faire mon
exposé.
Le Président (M. Laplante): Mais il ne faudrait pas non
plus que vous contribuiez vous-même à vous faire couper la
parole.
M. Bélanger: M. le Président, je vous
promets...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez commencer, s'il
vous plaît!
M. Bélanger: M. le Président, vous pourrez me
rappeler à l'ordre aussi souvent et chaque fois que vous croirez bon de
le faire.
Le Président (M. Laplante): Je vous rappelle à
l'ordre justement. Si vous voulez...
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je voudrais,
avant de commencer, avant d'arriver à la motion, faire un bref
commentaire et vous me le permettrez sûrement. C'est que le
député de Châteauguay...
Le Président (M. Laplante): Vous parlez sur la motion,
monsieur.
M. Bélanger: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Bon! Si vous voulez parler,
s'il vous plaît!
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Le député de Châteauguay
nous a dit que nous étions ici en train de perdre notre temps. Je ne
peux pas accepter cela. Qu'il parle pour lui-même, je l'accepte. Mais
qu'il ne parle pas pour nous, parce que nous sommes ici, au contraire, pour
tenter de faire le plus de lumière possible sur le projet de loi no 16.
À ce point, M. le Président, je félicite mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys d'avoir présenté une
telle motion. C'est vraiment original, c'est vraiment ingénieux, c'est
même essentiel, je crois, que chaque député qui
représente les 122 comtés du Québec puisse connaître
les implications de la loi no 16.
Vous savez, ce n'est pas facile pour un député d'expliquer
aux Québécois que, si on les taxe davantage, c'est pour le
bien-être du Québec, c'est pour le développement
économique. Vous me permettrez une comparaison: cela me fait penser un
peu à nos bons curés de paroisse qui disent à leurs
paroissiens, par exemple: Si ton épouse est malade, si ton fils s'est
fait tuer dans un accident d'automobile, si tu as perdu ton troupeau, c'est
parce que le bon Dieu t'aime. C'est à peu près la même
chose ici. On taxe les Québécois, on étouffe l'entreprise
et on dit: C'est parce qu'on vous aime. C'est pour le bien-être de chacun
des Québécois.
Je crois que tous les députés, non seulement les
députés de l'Opposition, mais les députés du
côté ministériel, auraient intérêt à
être ici pour pouvoir exprimer leur opinion sur le projet de loi no
16.
On est à changer la structure d'une société comme
Hydro-Québec. Si on était en train d'étudier les
structures de la Société des alcools du Québec, je
présume que nous serions probablement moins nombreux autour de la table
que nous ne le sommes en ce moment. Mais là c'est totalement
différent. C'est une société qui offre un besoin essentiel
dont personne ne peut se passer.
Il y a une chose à laquelle je voudrais revenir aussi. Nous ne
sommes pas assez nombreux, nous, les députés ruraux, selon mon
opinion, pour exprimer l'impact qu'aura le projet de loi no 16 dans les
comtés ruraux. Je pense, entre autres, aux producteurs de porc. On va
vous parler un peu des producteurs de porc parce qu'il semblerait que, de
l'autre côté, on se préoccupe très peu des
agriculteurs. On sait qu'actuellement les producteurs de porc sont aux prises
avec des problèmes financiers. Ce sont de gros consommateurs
d'électricité, surtout les éleveurs qui font ce qu'on
appelle la maternité, qui doivent obligatoirement utiliser des lampes
à rayons infrarouges pour assurer non seulement le confort, mais assurer
la survie des porcelets.
Je vais vous faire une petite remarque. Récemment, j'ai
écouté un communiqué du ministre de l'Énergie et
des Ressources; il disait qu'il avait une truie dans son sous-sol pour
économiser l'électricité. Une truie ça va, mais 500
on ne peut pas toutes les amener au sous-sol.
Je reviens donc à mes producteurs de porc... Ce n'est pas moi qui
sème le désordre comme vous pouvez le voir, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'est votre
collègue.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. De toute
façon, pour revenir à nos agriculteurs, j'ai parlé des
producteurs de porc, mais tous les autres agriculteurs... On sait très
bien que maintenant, dans l'agriculture, on est muni d'équipement assez
sophistiqué qui exige obligatoirement de l'électricité.
J'ai entendu le ministre de l'Énergie et des Ressources dire aussi qu'on
pourrait prendre une autre source d'énergie, mais je peux vous dire une
chose. Le ventilateur tourne très mal avec du gaz naturel, il tourne
beaucoup mieux avec de l'électricité.
C'est pourquoi je trouve - je reviens à la motion -
extrêmement important que chacun de nos collègues puissent venir
ici
s'exprimer. Mon collègue - je ne me souviens plus du
comté, pourtant c'est un de mes bons collègues, ça
m'arrive à moi aussi d'oublier des comtés - a fait état de
certains députés, certains membres...
M. Rodrigue: Mme Dougherty?
Une voix: Elle est très bien, Mme Dougherty.
M. Bélanger: M. le Président... M. Rodrigue:
Je voulais l'aider.
M. Bélanger: Je n'ai rien contre les ingénieurs,
mais les ingénieurs qui ne parlent pas.
M. Rodrigue: Je te demande si c'est à elle que tu
référais?
M. Bélanger: Non. Je voudrais vous citer un autre
ingénieur - cela va sûrement faire plaisir au député
de Vimont qui est député, il n'est pas membre de cette commission
- il s'agit, en l'occurrence, du député de Gatineau qui aurait
certainement des choses extrêmement intéressantes à
dire.
Il est venu hier soir, je l'admets, mais hier soir, on n'avait pas
encore commencé l'étude article par article du projet de loi, on
n'en était encore qu'aux remarques préliminaires posées
non par l'Opposition, mais bien plutôt par le côté
ministériel. Le député de Frontenac, entre autres, a
été un de ceux qui nous ont retardés
énormément avec toutes sortes de questions de règlement.
Il semblerait que vraiment on ne veut pas étudier ce projet de loi.
De toute façon, je reviens à mon collègue de
Gatineau qui est ingénieur lui-même. (12 h 151
Une voix: II dit cela sans rire, M. le Président, vous
l'avez remarqué?
M. Bélanger: II est ingénieur lui-même et il
aurait certainement beaucoup de choses à nous dire. Un autre de nos
collègues, le député de Maskinongé, aurait beaucoup
de choses à dire. Je regarde ici et je vois qu'il est licencié en
administration de l'Université du Québec; il pourrait nous dire
en quoi le projet de loi no 16 va influencer sa région. C'est pourquoi
je souscris à cette motion et je m'indigne même de voir que
déjà le député de Châteauguay s'est
prononcé contre la motion. Je ne comprends pas pourquoi il ne veut pas
que ses collègues puissent discuter de ce projet de loi no 16. Je ne le
comprends pas.
M. Dussault: J'ai dit pourquoi, M. le Président.
M. Bélanger: II dit que nous perdons notre temps. Ce n'est
pas perdre notre temps...
M. Dussault: J'ai dit qu'on les connaissait, M. le
Président.
M. Bélanger: ... c'est justement notre rôle. Notre
système parlementaire veut...
M. Dussault: Ils nous ont déjà fait le coup.
M. Bélanger: ... qu'après la deuxième
lecture le projet de loi soit déféré en commission
parlementaire pour l'étudier article par article afin d'en
connaître les effets. Il ne faudrait pas non plus qu'on ressuscite le
comité des onze. On se souviendra que l'année dernière on
a adopté un budget très rapidement, au mois de mars; au mois de
juin, il y en a onze qui se sont réveillés. J'aimerais que les 80
députés péquistes se réveillent avant que le projet
de loi no 16 ne soit adopté. C'est pourquoi non seulement je voterai en
faveur de cette motion, mais je répète que je trouve
extrêmement ingénieuse, extrêmement originale la motion de
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dussault: Je n'ai jamais rien dit, M. le Président.
M. Bélanger: J'ai ici, derrière moi, un autre de
mes collègues qui vient justement de me mentionner que, lui aussi,
aurait des choses à dire en ce qui concerne les municipalités,
par exemple. Là aussi, cela va affecter, les 14% d'augmentation pour
l'éclairage public. Cela veut donc dire que les municipalités
devront, dans plusieurs cas, hausser les taxes.
Donc, je crois que personne ne peut voter contre cette motion
essentielle pour la démocratie, essentielle pour que chacun des
députés puisse retourner dans son comté pour dire à
ses électeurs en quoi, exactement, le projet de loi no 16 va les
impliquer. Il pourra essayer de justifier cela à sa façon; je ne
sais pas de quelle façon il s'y prendra. Je serais bien en peine de dire
à mes électeurs: On vous a imposé une taxe d'une
façon un peu hypocrite, mais c'est pour votre bien. Je vois mal de
quelle façon il s'y prendra; de toute façon, ce n'est pas mon
problème car je sais, moi, de quelle façon je vais m'y prendre.
Je vais dire à mes électeurs que nous avons fait tout notre
possible pour éviter cette taxe mais, malheureusement, comme je l'ai
mentionné hier soir, je pense que c'est un geste de panique de la part
du gouvernement. C'est
sûrement une nécessité urgente pour qu'on impose une
taxe aussi draconienne sur un service aussi essentiel. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, sur la motion, d'abord, je dois
vous dire que je suis un des députés chanceux parce que je
n'étais ni membre ni intervenant dans cette commission jusqu'à ce
matin, car je remplace maintenant comme intervenant le député
Hains. Si je n'avais pas eu à remplacer le député Hains,
qui a dû retourner à Montréal à cause d'un
décès, je n'aurais pas eu la chance d'exprimer mon opinion
là-dessus. Donc, je suis vraiment un de notre équipe qui est
chanceux d'être ici et c'est, évidemment, une raison de plus pour
supporter fortement la demande de la motion que tout le monde a le droit
d'être entendu.
Maintenant, M. le Président, lisons le texte de la motion.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Je voudrais savoir si cette motion, qui est
dilatoire, comme on l'a constaté, devait se poursuivre pendant plusieurs
heures et peut-être même plusieurs jours, quand un
député en remplace un autre, je voudrais savoir si celui qui
remplace assume le temps écoulé de celui qu'il remplace?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Dussault: C'est bien exact, il assume le temps
écoulé de celui qu'il remplace.
Le Président (M. Laplante): C'est cela.
M. Dussault: D'accord, merci, M. le Président.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, il faut lire le
texte de cette motion.
M. Lalonde: Vous feriez un bon vice-président.
M. Dussault: Vous commencez à vous en rendre compte, c'est
dommage, c'est un peu tard.
M. Lalonde: On va vous voir aller, là.
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président, mais le
député de Châteauguay vient m'interrompre et on perd
beaucoup de temps précieux. Je suis là pour parler durant vingt
minutes et je veux, M. le Président, que le temps des interruptions ne
soit pas déduit de mon temps.
M. Lalonde: Non, le président est juste à cet
égard.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: L'Opposition tente de bâillonner le
Gouvernement, maintenant, est-ce normal? Ont-ils le droit de faire cela?
Une voix: II est nouveau, lui, n'est-ce pas? De la
dernière couvée.
M. Tremblay: Oui, je suis nouveau.
M. Lalonde: Dites-moi comment et on va essayer.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Lisons maintenant le texte de cette résolution
qui est d'une clarté fantastique et je veux d'abord féliciter
celui qui l'a proposée. Le texte se lit comme suit: Que les
députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission permanente de l'énergie et des ressources, puissent prendre
la parole sans devoir obtenir au préalable la permission et ce, pour
toutes les séances que tiendra ladite commission relativement à
l'étude, article par article, du projet de loi no 16, Loi modifiant la
Loi sur l'Hydro-Québec. En quelques mots, M. le Président, celui
qui a présenté cette motion a composé un texte qui est
basé sur deux questions fondamentales. C'est fantastique que cet homme,
ce député, ait réussi à présenter un tel
texte parce que c'est basé sur deux éléments. La
transparence et l'importance des travaux de notre commission.
Je vais prendre maintenant les articles de notre règlement -
parce que nous sommes tous régis par le règlement - pour vous
démontrer que le règlement exige exactement ce facteur de
transparence et l'autre facteur d'importance de la commission. L'article 148,
M. le Président, se lit comme suit: "Tous les députés ont
accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres
personnes doivent obtenir la permission de la commission pour s'y faire
entendre." Si on lit
ce texte tel quel, cela voudrait dire que l'arbitraire pourrait
régner. A un moment donné, le membre de la commission pourrait
dire, par exemple: On ne veut pas que tel et tel député parlent.
On ne veut pas leur donner la permission de se faire entendre peut-être
parce qu'on ne sait pas ce qu'il va dire. C'est peut-être quelqu'un qui
connaît bien le projet de loi no 16 et qui peut faire des suggestions,
etc., qui peut-être ne sont pas acceptables aux députés
ministériels; on peut donc, théoriquement, en vertu de l'article
145.1 bloquer et empêcher un député d'exprimer son opinion.
C'est cela que le règlement veut, et le reste du texte y est
transparent. Je vous réfère à l'article 5. L'article 5 de
notre règlement dit: "L'Assemblée n'a de pouvoir que pendant la
durée que siège la Législature. Ces commissions
élues peuvent siéger en dehors de cette Chambre de la même
façon et avec les mêmes pouvoirs que lorsque siège la
Législature."
Ici, on trouve un texte de transparence. Le législateur a dit
à l'article 5, au commencement de notre règlement: "L'importance
et les pouvoirs de ces commissions élues..." parce qu'on peut
siéger en dehors des sessions, de la même façon et avec les
mêmes pouvoirs que lorsque siège la Législature. C'est donc
un élément pour prouver la transparence, à savoir comment
il est important que les commissions puissent siéger et que tout le
monde puisse être entendu. L'article 160 de notre règlement dit:
"Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des crédits, un
député peut prendre la parole sur un même point aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne pas parler plus de
vingt minutes en tout sur un même article, un même paragraphe, une
même motion ou une même question d'ordre ou de règlement."
En d'autres termes, on a divisé cela. Regardez ça, M. le
Président, l'importance de la transparence. Quelqu'un a le droit de
parler pendant vingt minutes sur un article, sur un même paragraphe d'un
article, sur une même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement. Ça prouve que l'intention de l'article 16 de notre
règlement était, justement, de donner la possibilité
à tout le monde d'exprimer librement son opinion. Pas seulement sur
cette motion, mais même sur un article, un paragraphe, une motion ou une
question d'ordre. C'est donc encore l'élément de transparence. Le
député de Marguerite-Bourgeoys a formulé en quelques mots
ce texte fantastique, et que j'admire; il a réussi à y incorporer
en un seul mot un élément de transparence qui se trouve dans
d'autres articles de notre règlement.
Pour aller plus loin, M. le Président, il y a un autre
élément que ce député a découvert, qu'il a
encore réussi à incorporer dans ce petit texte, peut-être
innocent, mais d'une clarté fantastique. J'aime bien le
député de Châteauguay qui, tout à l'heure, dit: Moi,
je pense que je vote contre. Après avoir entendu tous nos arguments que
maintenant on va les... Ici, en lisant le texte, on devrait adopter cela
unanimement pour prouver que vraiment il a compris le point.
Maintenant, l'autre point, M. le Président, qui est encore plus
important, pour fins de transparence, c'est le point de l'importance des
travaux de notre commission. Je vous réfère ici à
l'article 18 de notre règlement qui dit: "Le secrétariat des
commissions élues est dirigé par un fonctionnaire appelé
secrétaire de commissions." Le législateur a décidé
de nommer un homme, un fonctionnaire secrétaire de commissions.
J'imagine que c'est un fonctionnaire à haut salaire qui a la fonction
importante d'être secrétaire de commissions y inclus notre
commission.
M. Lalonde: ... de félicitations, non?
M. Polak: Je continue, M. le Président. L'article ??.2 de
notre règlement dit: "Par une motion non annoncée qui n'est pas
susceptible de débat ni d'amendement, le leader parlementaire du
gouvernement propose l'institution de la commission de l'Assemblée
nationale et en désigne les membres conformément à
l'article 136." Et maintenant, les mots importants: "Cette commission se
réunit le plus tôt possible pour choisir les membres de chacune
des commissions élues." Cela veut dire que notre commission y est
incluse, donc l'importance encore des travaux de notre commission, et tout le
monde devrait avoir le droit d'y adresser la parole.
Je continue encore, parce que dans le règlement, on trouve
vraiment toujours l'esprit de transparence et l'importance des travaux de notre
Assemblée et donc, la raison d'être, encore, de cette brillante
motion et la manière dont cela a été formulé en
Quelques mots clés. L'article ?8 dit: "Le quorum de l'Assemblée
ou de la commission plénière est de trente députés,
y compris le président". C'est le quorum normal quand l'Assemblée
siège. Cependant, à cause de l'importance des travaux de notre
commission, ce nombre est réduit à vingt. Au lieu d'avoir un
quorum de trente, on a un quorum de vingt lorsqu'une commission élue
comme la nôtre siège en même temps que
l'Assemblée..." Donc, l'Assemblée siège, le quorum de
l'Assemblée est réduit à vingt à cause de
l'importance de nos travaux et encore, donc, une raison de plus pour donner le
droit à tout le monde de s'exprimer librement dans cette commission. Il
y a encore d'autres articles qui continuent tous dans la même direction,
M. le Président. C'est intéressant quand on lit le
règlement
de découvrir comment les auteurs ont vraiment voulu ce qu'a
exprimé encore le député de Marguerite-Bourgeoys en
quelques mots dans son intervention.
L'article 114 dit: "Les étapes de la discussion d'un projet de
loi sont: 1. La première lecture; 2. La deuxième lecture; 3.
L'étude en commission élue ou plénière". C'est le
point no 3, nous sommes là-dedans maintenant en étude en
commission élue. L'article 115 dit: "Les étapes de la discussion
d'un projet de loi ont lieu à des séances différentes,
sauf que la deuxième lecture et l'étude en commission élue
ou plénière peuvent avoir lieu au cours de la même
séance." Donc, en d'autres termes, on avait le droit d'avoir
l'étude en commission élue et la deuxième lecture en
même temps, mais à cause de l'importance du projet de loi qui est
devant nous, on a décidé... On a d'abord eu déjà la
deuxième lecture en Chambre, à l'Assemblée même, et
à cause de l'importance du sujet, on a maintenant l'étude ici
devant la commission. C'est encore une fois la preuve de l'importance des
travaux de notre commission et donc, évidemment, du droit de tous les
députés d'adresser la parole librement.
L'article 122 est un autre article clé, encore dans la
théorie de la transparence et de l'importance de notre commission, parce
qu'on y dit: "Après la deuxième lecture, un projet de loi, sauf
s'il est de subsides, doit être envoyé à la commission
élue appropriée ou en commission plénière...". En
d'autres termes, l'importance des travaux, c'est que le projet de loi,
après la deuxième lecture, "doit être envoyé". Donc,
le législateur nous oblige à entendre et maintenant à
étudier ce projet de loi à la commission élue
appropriée, ce qui est notre commission. Les travaux qu'on vient de
commencer maintenant ou bientôt, si les membres de la commission
décident que tout le monde aura le droit de parler librement et
d'exprimer son opinion... Il n'y aurait pas de problèmes. On pourrait
tout de suite commencer avec l'étude article par article, mais
malheureusement, on n'a pas encore, je pense, convaincu la majorité des
membres de la justesse de la demande du député de
Marguerite-Bourgeoys.
À l'article 120, on dit que: "Le débat sur toute motion de
deuxième lecture doit être restreint à la portée,
à l'à-propos, aux principes fondamentaux et à la valeur
intrinsèque du projet de loi". Vous vous rappelez, M. le
Président, que lorsque le projet de loi a été
étudié en deuxième lecture, je crois que 100% des
députés de l'Opposition ont parlé à ce
moment-là devant l'Assemblée. Donc, tous ces
députés ont exprimé leur intention de faire valoir leur
théorie et leurs commentaires sur ce projet de loi. Ils ont parlé
sur la portée, sur l'à-propos, sur les principes fondamentaux et
la valeur intrinsèque du projet de loi, mais ces mêmes
députés exigent maintenant... C'est encore la brillante motion du
député de Marguerite-Bourgeoys où il dit: En continuant le
principe de base de l'article 120 où tous les députés de
l'Opposition ont parlé en deuxième lecture, tous ces mêmes
députés exigent maintenant la possibilité de s'adresser
ici à la commission en vertu de l'article 122. (12 h 30)
II reste seulement deux petits articles pour souligner les autres
arguments que j'ai déjà donnés. C'est l'article 135.
L'article 133 dit: "Les commissions élues permanentes de
l'Assemblée sont les suivantes", et on regarde ici le no 17: Commission
de l'énergie et des ressources. Le législateur dit
carrément, il y a une commission de l'énergie et des ressources
et c'est une commission très importante qui étudie maintenant le
projet de loi no 16; ça se trouve donc encore dans l'article 135 d'une
commission officielle et tous nos députés de la part de
l'Opposition ont déjà parlé à l'Assemblée
mais seulement sur le principe et sur l'à-propos aux principes
fondamentaux, la valeur intrinsèque et également la motion de
rapport. Donc, je demande de faire entendre tous ces députés ici,
c'est bien normal parce qu'ici on va descendre vraiment dans l'affaire; on va
étudier exactement, article par article, ce projet de loi. On va
entendre ceux qui ont parlé là-dessus, qui n'ont pas pris
beaucoup de temps, ayant entendu pendant des heures et des heures les autres
députés parler; maintenant c'est le temps de commencer. Ils sont
très bien préparés pour commencer l'étude article
par article et poser beaucoup de questions intéressantes, soulever des
problèmes et peut-être réussir à convaincre les
députés ministériels du fait que nos arguments sont
très bien fondés.
Un dernier article que je voudrais citer, M. le Président, c'est
l'article 140, paragraphe 2, où on parle encore de commissions
élues; c'est notre commission. "La convocation peut également se
faire par un avis donné à l'Assemblée par le leader
parlementaire du gouvernement ou remis à chaque membre de la commission
personnellement au plus tard la veille du jour pour lequel la commission est
convoquée."
Vous voyez ici l'importance des travaux, l'importance que le leader
parlementaire du gouvernement donne un avis, à savoir que votre
commission va siéger à telle et telle heure, à telle et
telle place comme ça a commencé hier. Donc, réalisez bien
l'importance des travaux, l'avis a été donné tout de suite
après que la deuxième lecture eut été
terminée. C'est une raison de plus pour démontrer l'aspect
d'importance des travaux de notre commission.
J'ai évoqué huit articles à notre
règlement qui démontrent tous l'importance des travaux de
notre commission et deux articles qui démontrent l'importance de
l'aspect transparence. Le député de Marguerite-Bourgeoys a
réussi, sans répéter aucun des articles - parce qu'il ne
connaissait peut-être pas exactement chaque article, moi, j'ai fait une
étude approfondie hier, là-dessus - à sentir l'esprit du
législateur, à sentir que le législateur a voulu
protéger l'anonymat transparence et l'anonymat importance des travaux de
la commission. Il y a réussi en quelques mots; ce sont des mots
puissants où il dit par exemple "qui puisse prendre la parole sans
obtenir au préalable permission". C'est vraiment, M. le
Président, en trois mots qu'il a réussi à incorporer la
pensée du législateur, pensée que l'on trouve dans les
douze articles que j'ai cités de notre règlement. Il ne faut pas
oublier que tout le règlement comporte 180 articles. J'en ai
trouvé parce que je me suis préparé là-dessus
pendant des heures et que j'ai compris tout de suite l'idée sous-jacente
quand j'ai lu cette motion. Je me disais que j'aimerais trouver des articles
dans le règlement qui supportent cette thèse. J'aimerais
convaincre le député de Châteauguay qui, tout à
l'heure, disait: Je vote contre. Je pense que son opinion n'était pas
bien fondée à ce moment-là. Maintenant, il a tous les
arguments techniques devant lui car, au commencement, il était
peut-être un peu de l'avis du député de
Marguerite-Bourgeoys, de l'Opposition, et peut-être n'avait-il pas
compris non plus l'aspect glissant de cette motion. Donc, je pense que
c'était mon devoir de démontrer à ce député
et peut-être à d'autres qui sont de son avis que c'est le
règlement qui nous régit tous, qui nous donne les arguments sur
le plan technique pour supporter la brillance de cette motion. D'ailleurs,
nous, on ne veut que procéder immédiatement avec l'étude,
article par article. Comme le règlement nous dit que tous ceux qui sont
là ont le droit de parler sur...
M. Bélanger: Quelle page?
M. Polak: Je vais vous donner l'article.
M. Bélanger: Donnez l'article et la page.
M. Polak: 114. Sur chaque paragraphe, ça reste important,
M. le Président, de voir ça encore à l'article 101. On
peut parler 20 minutes sur un même article, un même paragraphe, une
même motion et une même question d'ordre ou de règlement.
Quatre éléments où on peut parler 20 minutes pour un
député. Donc, cela nous démontre encore l'importance du
sujet. Je crois vraiment qu'en vertu du texte de la motion et surtout
l'idée sous-jacente, l'idée de transparence, de l'importance des
travaux de notre commission, que tous les députés qui,
d'ailleurs, ont déjà parlé à l'Assemblée
même quand nous étions là jusqu'à 5 h 30 le matin...
J'étais là moi-même. À un moment donné, j'ai
terminé à 4 h 30 et on a fermé le lendemain à 5 h
30. Même le député de Châteauguay était
là, parce que le sujet l'intéresse énormément. Il
devrait automatiquement donner la permission et voter en faveur d'une telle
motion qui ne demande que le droit démocratique de chaque
député qui le veut de se faire entendre. De notre
côté, je peux vous dire qu'ils veulent tous se faire entendre. Il
y en a maintenant qui siègent à une autre commission sur le
projet de loi no ?7, je pense, et qui ont exprimé leur désir:
S'il vous plaît, voulez-vous nous aviser tout de suite quand le vote sera
pris sur cette motion du député de Marguerite-Bourgeoys de sorte
que, du moment où on a le droit de parler et que le consentement
général est accordé, on puisse s'inscrire sur une liste
immédiatement pour être entendus sur le projet de loi
lui-même, sur l'étude article par article? Est-ce qu'il me reste
encore un peu de temps, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Une minute.
M. Polak: Une minute. C'est malheureux qu'il ne me reste qu'une
minute, M. le Président, mais je vais m'en tenir au règlement de
20 minutes. Je comprends bien cela, parce qu'il faut procéder le plus
vite possible à l'étude article par article de ce projet de loi.
C'est ça qui nous intéresse. C'est ça qui intéresse
la population et nos électeurs qui nous ont élus, pas seulement
nos électeurs, mais tous ceux qui demeurent dans notre comté.
Même de la part des péquistes, on a eu des demandes: S'il vous
plaît, occupez-vous de ce cas. Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Est-ce que je dois comprendre que le
député de Sainte-Anne vous invite, M. le Président,
à appeler l'article 1?
M. Lalonde: II faut voter d'abord cette motion. Je pense que le
député de Laprairie...
M. Rodrigue: M. le Président, le député de
Sainte-Anne vient de nous dire qu'il souhaite passer rapidement à
l'étude article par article du projet de loi. Moi, je suis bien
prêt à ce qu'on se rende immédiatement au voeu du
député de Sainte-Anne et à appeler l'article 1, si c'est
là son souhait.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez
utiliser le droit de parole que vous avez demandé, M. le
député de Vimont?
M. Rodrigue: J'aimerais savoir ce que le député de
Sainte-Anne veut, parce qu'il vient de nous inviter à passer à
l'étude du projet de loi.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Polak: Ce que j'ai suggéré, M. le
Président, c'est que d'abord nous sommes sur cette motion.
M. Lalonde: II y en a d'autres.
M. Polak: Je ne sais pas si vous êtes prêt à
donner le consentement sur la motion. J'aimerais bien voir cela. D'ailleurs,
j'ai essayé de convaincre le député de Châteauguay
parce que ça m'inquiétait; j'ai vu ce député
tôt le matin...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, est-ce que vous utilisez votre droit de parole?
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, il est évident que,
de notre côté, nous ne consentirons pas à adopter cette
motion dilatoire pour la raison suivante, c'est qu'à une exception
près l'ensemble des députés de l'Opposition se sont
exprimés à deux reprises à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture sur ce projet de loi. Dans plusieurs cas, ils se sont,
d'ailleurs, passé le même discours qu'ils ont lu à tour de
rôle. À ce moment, il est évident que ce n'est pas le fait
de les inviter ici qui nous permettrait d'avancer davantage dans ce
débat. Contrairement à ceux qui ont soutenu que l'ensemble de la
députation libérale devrait être ici, je pense que les
députés libéraux qui sont membres de cette commission sont
représentatifs de leur formation politique et également sont
suffisamment compétents pour qu'on puisse faire un débat
intelligent.
M. Bélanger: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, le
député de Vimont est en train d'induire cette commission en
erreur. On ne veut pas que ce soit seulement la députation
libérale qui soit ici. Au contraire, on veut que tous les
députés, les 122 députés, soient ici pour apporter
le plus d'éclaircissements possible.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Pour rassurer le député de
Mégantic-Compton, je veux également lui dire qu'en ce qui nous
concerne nos confrères nous ont dit qu'ils étaient parfaitement
satisfaits de la représentation que nous avons ici et qu'ils n'insistent
pas pour venir s'exprimer à cette commission étant donné
qu'ils considèrent que ceux qui sont ici pour représenter le
parti ministériel sont aptes à discuter de ce projet de loi. Il y
a une autre raison également, M. le Président, qui tient à
la rédaction même de la proposition, pour laquelle nous ne
pourrons pas donner notre consentement. C'est que cette proposition indique que
les députés qui ne sont ni membres ni intervenants à la
commission, etc., puissent prendre la parole "sans devoir obtenir au
préalable la permission". Or, M. le Président, c'est
carrément contre nos règlements qu'un député puisse
parler à une commission sans d'abord obtenir la permission du
président pour s'exprimer. Dans sa rédaction même, cette
proposition est inacceptable et je regrette que vous l'ayez accueillie en
premier lieu, mais de toute façon votre décision a
été rendue. J'estime que, compte tenu de sa rédaction,
cette proposition ne doit pas être acceptée, en plus des autres
motifs que j'ai mentionnés.
M. Lalonde: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé? Non,
vous avez terminé? Est-ce qu'il y a... Sur la question ou sur une
question?
M. Rodrigue: Je n'ai pas soulevé de question de
règlement, M. le Président.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Sur une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je veux soulever la question de règlement qui
a été soulevée par le député de Vimont -
oui, vous avez fait référence au règlement. Est-ce que
cela est assez clair? Est-ce que cela vous prend un plan et un devis...
M. Rodrigue: J'ai fait référence, mais je n'ai pas
soulevé la question de règlement.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le député de Vimont dit que la motion
est irrégulière, même si vous
l'avez acceptée, parce qu'elle demande que tous les
députés soient entendus sans l'autorisation. C'est évident
qu'il n'a pas compris, depuis trois heures qu'on en discute, qu'il s'agit de la
permission, de l'autorisation de la commission et non pas du président.
Nous ne vous aurions pas fait cette injure, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): D'accord, je pense que tout le
monde a compris votre message.
M. Lalonde: Tout le monde a compris, sauf le député
de Vimont.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Rodrigue: M. le Président, quand un juge doit
interpréter un texte de loi, il ne se demande pas quelle était
l'intention...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président. Quand un juge a à interpréter un texte de loi,
il ne se demande pas quelle était l'intention du législateur, il
interprète le texte qui est devant lui.
M. Lalonde: Je suis prêt à présumer de la
compétence totale du député dans sa sphère
d'activité, mais lorsqu'il veut parler de la loi
d'interprétation, je pense qu'il vient de faire une petite glissade.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai écouté
avec attention et ouverture d'esprit...
Le Président (M. Laplante): Vous avez soulevé une
question de règlement ou si c'est votre droit de parole qui est
arrivé à point?
M. Tremblay: Est-ce que vous me donnez mon droit de parole? Je
soulevais une question de règlement parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys parlait sans votre autorisation.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly, allez-y, vous avez l'autorisation.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: J'étais dans mon droit de parole.
J'écoutais donc avec beaucoup d'attention l'argumentation que nous
proposait l'Opposition pour cette proposition. Étant un nouvel
arrivé ici, nécessairement mon ouverture d'esprit est
peut-être plus grande que ceux qui sont là depuis longtemps, comme
le député de Marguerite-Bourgeoys, par exemple...
M. Lalonde: Le député de Frontenac est
député depuis plus longtemps que moi.
M. Tremblay: Si vous voulez parler du député de
Frontenac, lui, il est là depuis plus longtemps, mais il est encore
aussi vert et ardent que les plus jeunes d'entre nous. J'ai donc
écouté avec beaucoup d'attention. Je souhaiterais que les gens de
l'Opposition en fassent autant, maintenant que c'est à mon tour de
parler. Ce sont eux, finalement, qui m'ont convaincu, pour deux raisons, qu'il
ne fallait pas voter pour cette motion. La première de ces raisons,
c'est que ces gens disent: II faudrait faire venir, finalement, tout le peuple.
Le député de Richmond, tout à l'heure, a nommé
à peu près toutes les professions de la société,
qui devraient être ici pour débattre de cela. Ces gens ne
comprennent pas que c'est là leur rôle de représenter leurs
commettants qui les a envoyés ici pour les représenter.
Incapables qu'ils sont de défendre leurs positions, des positions
évidemment indéfendables, ils voudraient que tout le peuple
vienne...
M. Polak: Sur une question de règlement. M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Au moment où le député parle, cela
me dérange, cela me choque vraiment; il y a quelqu'un, je ne sais pas si
c'est le député qui parle ou si c'est le député de
Châteauguay, qui a mis un journal entre deux verres d'eau. Il est
marqué là-dessus: Les libéraux continuent leur
obstruction. M. le Président, j'ai invoqué 70 articles du
règlement pour justifier notre demande et on met ça... M. le
Président, il faut donner l'ordre d'enlever cette feuille.
M. Dussault: Pour le temps de l'intervention, sûrement.
M. Polak: Là, on m'accuse, M. le Président. Je
crois que c'était ça.
M. Lalonde: M. le Président, si vous voulez faire des
pancartes, on va en faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, veuillez, s'il vous plaît, replier ces journaux. M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Donc, incapables qu'ils sont de défendre
leurs commettants, ils voudraient les voir se présenter ici. Et encore
là, manquant de confiance en eux,
ces pauvres, pour défendre ce qu'ils croient être la
vérité - je suis persuadé qu'ils sont de bonne foi - ils
appellent non seulement les gros canons à leur rescousse, mais ils
veulent avoir toute la députation libérale. On leur dit que,
même s'ils avaient les gros canons, on les a déjà ici,
c'est évident... 02 h 45)
M. Bélanger: M. le Président, je suis obligé
de soulever une autre question de règlement. À deux reprises, on
vous a mentionné - peut-être que la députation
n'écoute pas - qu'on ne veut pas ici seulement la députation
libérale. Au contraire, on veut que les 122 députés
élus démocratiquement soient ici pour exprimer leur opinion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: C'est facile d'en venir à ça. J'y
venais immédiatement. Je ne veux pas prendre trop de temps. Ce qui m'a
le plus convaincu, c'est l'argumentation du député de Sainte-Anne
qui nous a très bien démontré comment ce règlement
avait été pensé et réfléchi auparavant par
une longue tradition de nos parlementaires afin de permettre un droit de parole
à tous les membres de l'Assemblée nationale qui désirent
s'exprimer en commission parlementaire. Ce règlement a été
réfléchi, pas seulement par des gens de notre parti, de notre
formation politique, mais par une longue tradition d'autres formations
politiques. Pour respecter cette tradition, ce règlement
m'apparaît excellent, je ne sais pas s'il y a des changements à
faire, mais j'ai l'impression que ce n'est pas en commission parlementaire
qu'on devrait les faire.
Donc, le député de Sainte-Anne, au lieu de me convaincre
que je devrais voter pour, m'a convaincu irrémédiablement de
voter contre.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Lalonde: On a manqué notre coup encore une fois.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, le vote... M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: M. le Président, j'ai aussi
écouté avec attention les remarques de mes confrères, du
moins de certains d'entre eux. Je voudrais parler aussi de mon accord avec la
motion apportée par le député de Marguerite-Bourgeoys,
motion sur le droit de parole. Le député de Sainte-Anne a revu un
peu le règlement de l'Assemblée nationale mentionnant que tous
les députés ont accès aux commissions, évidemment,
l'article 148.1 mentionne que tous ceux qui n'en sont pas membres et les autres
personnes doivent obtenir la permission de la commission pour se faire
entendre. On semble dire qu'on peut faire une motion dilatoire avec cette
motion et même, tantôt, on parlait de bâillonner le
gouvernement. Le but de la motion, c'est que tous les députés
puissent se faire entendre, non seulement ceux de l'Opposition, mais ceux
également du parti ministériel.
Je remarque aussi, quant à l'article 148.3, qu'il est
prévu que, lorsqu'une commission étudie les crédits d'un
ministère, tous les députés peuvent se faire entendre,
qu'ils soient membres ou non de ladite commission. La motion qui est devant
nous, présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys exprime un certain fondement antérieur à
l'article 148.3. À certaines occasions, le règlement
prévoit que tous les députés peuvent se faire entendre
sans nécessiter la permission de la commission.
On parle de transparence, mais je pense que, dans un cas comme
celui-là, il serait très important que tous les
députés puissent se faire entendre pour exprimer les propos que
chaque classe de citoyens, de tous les coins du Québec, que chacun des
députés peut représenter. On a dit tantôt, dans les
interventions précédentes, ou même hier soir, que le but de
la loi 16 est un changement dans les structures d'Hydro-Québec et aussi
un changement de la vocation initiale d'Hydro-Québec.
Un tel changement est fondamental. Il faut se souvenir que la
nationalisation de l'électricité a été obtenue
à la suite d'une élection alors que tout le peuple avait
été consulté. Tout le monde avait eu l'occasion de donner
son opinion. Dans ce cadre, il serait d'autant plus important que tout le monde
puisse maintenant donner son opinion sur les changements qu'on veut apporter
à Hydro-Québec. Plusieurs personnes ont mentionné que les
avantages de la nationalisation disparaîtraient avec le projet de loi no
16, du moins en bonne partie. Il aurait été important qu'un
débat public soit décrété concernant les
changements imposés à Hydro-Québec sur la politique
énergétique, que le gouvernement voudrait implanter. Ce
débat public, qui a été souhaité, comme je l'ai
mentionné hier, par plusieurs organismes dont la
Confédération des syndicats nationaux et l'Office de la
protection du consommateur, le gouvernement l'a refusé. Dans le cas
présent, chacun des députés qui peut avoir des
sensibilisations à ces différents groupes de pression, syndicats
ou autres, doit venir à la commission et faire part des commentaires
qu'ont pu lui transmettre les commettants de son propre comté.
C'est d'autant plus important que la société
Hydro-Québec, en fait, est un des
sujets de fierté du peuple québécois. Tous les
Québécois sont fiers non seulement de la réussite
financière, mais aussi de la réussite technologique
d'Hydro-Québec. Dans le cadre présent, on peut en modifier la
structure comme telle et je pense que tous les Québécois se
sentent affectés par cette modification, d'autant plus que la seule
personne qui détiendra les actions, c'est le gouvernement du
Québec et non plus la population comme telle, qui se trouve
privée de son droit dans la société Hydro-Québec
comme c'était avant.
Donc, cette mise en tutelle d'Hydro-Québec par le gouvernement
enlève un élément de fierté au peuple
québécois. Le Parti québécois a voulu, à
plusieurs occasions, flatter la fierté québécoise,
créer des impacts. On l'a vu à l'occasion des fêtes
nationales. C'est le but premier, créer de la fierté pour le
peuple québécois. Dans le cadre présent, cela
m'apparaît assez irréaliste qu'on puisse proposer dans les
modifications à la loi un changement de structure d'une
société dont tous les Québécois sont fiers et qui
se sentent une appartenance à une telle société. Comme le
député de Jean-Talon le mentionnait, on dépouille un peu
le patrimoine des Québécois en modifiant cette
société qui exprimait la force même du peuple du
Québec.
On nous a reproché, si on accueillait une telle motion sur le
droit de parole, que les députés libéraux pourraient
reprendre des discours qui ont été repris deux fois. J'ai
écouté attentivement les discours de mes confrères et je
pense que c'est un argument qui n'est pas tellement sérieux. En
écoutant les discours de mes confrères, j'ai, au moins
passé la première nuit - ce n'est pas le cas de tout le monde que
j'ai vu ici... mais, en tout cas, j'ai vécu la première nuit
complète à écouter des discours et, le lendemain, la
moitié de la journée aussi, à écouter certains
autres discours. Je dois vous avouer franchement que je n'ai pas eu
l'impression d'entendre des redondances aussi fortes qu'on semble le dire de
l'autre côté. Simplement, il y a des choses dont il faut se rendre
compte. Parfois, les gens, je ne sais pas s'ils entendent mal ou se bouchent
les oreilles, mais il faut répéter souvent, parce qu'on n'a pas
l'air de prendre au sérieux le fait que, justement, ce projet de loi est
fondamental. On parle de la fierté du peuple du Québec, mais, je
l'ai dit tantôt, cela m'étonne qu'on puisse en faire si peu de cas
au niveau ministériel.
Il y a d'autant plus une autre bonne raison pour permettre à tout
le monde de parler. On a vu - je suis un nouveau député et j'ai
trouvé cela un peu curieux - à l'occasion du discours sur le
budget au mois d'avril, qu'on se rendait compte que tout le monde était
bien libre d'exprimer son opinion. Plusieurs personnes sont intervenues de
chaque côté. Je n'ai pas entendu tellement de commentaires
défavorables au budget Parizeau à l'époque chez les
membres du côté ministériel. C'est resté là.
Le budget a été approuvé et, lors du vote, cela a
été unanime du côté ministériel. Tout le
monde était d'accord avec le budget Parizeau. Mais, une couple de mois
après, on se retrouvait en été et c'étaient les
vacances. On a pensé que des gens ne savaient pas quoi faire pendant les
vacances, j'imagine, et ils ont décidé d'étudier le budget
plus à fond pour mieux se rendre compte de certaines choses. Cela leur a
pris trois mois avant de se mettre au fait et de dire: Regardez donc cela! Il y
a quelque chose là! Et on a vu le comité des onze.
M. Tremblay: Question de privilège, M. le
Président.
Une voix: Cela n'existe pas, des questions de
privilège.
M. Saintonge: Cela n'existe pas.
M. Tremblay: Question de règlement alors.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
Une voix: Vous allez finir par apprendre.
M. Tremblay: Certainement, je vais finir par apprendre, je n'ai
pas toute la science infuse encore. Je voudrais informer le
député de Laprairie qu'il est en train de...
M. Saintonge: Oui, c'est cela. D'accord. Desvoix:
Ah!
M. Tremblay: ... d'induire la commission en erreur...
M. Lalonde: Induire en horreur!
M. Tremblay: ... en disant que, d'une Dart, le fameux
comité des onze a voté pour le budget et que, durant
l'été, il s'est réveillé.
M. Lalonde: C'est vrai.
M. Tremblay: Ce qu'il n'a pas compris et ce que l'Opposition n'a
pas compris...
Le Président (M. Laplante): Je pense que vous aurez la
chance, dans une intervention... Il vous reste du temps pour parler, si vous
voulez prendre la parole tout à l'heure. M. le député de
Laprairie.
M. Dussault: Question de règlement, M.
le député.
Une voix: Vous parlerez cet après-midi.
M. Dussault: M. le Président, le député de
Laprairie évoque le travail qui a été fait par le
comité des onze dont je faisais partie. C'est à ce
titre-là, M. le Président, que je veux prendre la parole.
M. Lalonde: Je me demandais aussi pourquoi quelque chose ne
fonctionnait pas là-dedans.
M. Dussault: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dussault: II est peut-être temps de rappeler à
l'Opposition que le comité des onze avait pour mandat de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie, vous avez encore du temps dont vous pourrez disposer pour expliquer
ce qu'était le comité des onze.
M. Dussault: Je ne suis pas le député de Laprairie,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
Une voix: Lui, c'est le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est une question de
règlement. M. le député évoque des choses qui vont
tout à fait à l'encontre de la vérité.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais vous aurez la
chance, tout à l'heure... Vous aurez 20 minutes.
M. Dussault: Je voudrais le faire avant 13 heures, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II vous reste seize minutes
pour rectifier, M. le député de Laprairie.
M. Dussault: M. le Président, est-ce que le
député de Laprairie me permet...
Des voix: Non.
M. Lalonde: Non, non!
M. Dussault: ... de lui poser une question?
M. Lalonde: Non, on n'a pas de temps à perdre, nous.
M. Dussault: Est-ce qu'il me permet de lui poser une
question?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Dussault: C'est dans le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II a dit non.
M. Saintonge: J'ai dit non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Dussault: Vous avez dit non. Alors, vous avez peur. D'accord,
on a compris.
M. Saintonge: Je ne mets pas en doute le sérieux du
travail que vous avez effectué. Je dis au comité des onze
simplement que vous avez fait certains commentaires sur le budget. J'imagine
que, si on donne le droit à tous les députés d'intervenir
à cette commission sans demander la permission au préalable, tout
le monde se sentira libre et à l'aise de venir parler sans demander
l'autorisation de la commission. On donne simplement un droit de parole
général à tout le monde, un droit de parole qu'on ne peut
que souhaiter, en fait, pour exprimer la transparence et exprimer
également le vrai mandat que chacun des députés
reçoit.
À ce moment-là, disons que tous les députés
se sentiront bien à l'aise de venir témoigner et dire ce qu'ils
veulent dire, sans contrainte aucune. Dans ce sens, peut-être que les
députés pourront se réveiller plus rapidement
qu'antérieurement ou feront part de leurs commentaires plus rapidement
que dans un délai ultérieur.
Un autre argument important sur la motion de droit de parole afin que
tous les députés puissent venir, c'est le fait également
qu'il y a plusieurs commissions. Il y a au moins deux commissions qui
siègent en même temps, en plus de l'Assemblée. Demain, il y
aura trois commissions qui siégeront. Cela pourra permettre aux
députés d'intervenir à des moments précis sur les
articles de la loi qui les intéressent au plus haut point, sans
solliciter la permission, encore une fois, de la commission, de le faire d'une
façon dégagée et plus rapide. On évitera aussi
d'avoir à obtenir un consentement à tout moment de certains
députés. Je pense qu'on aura des membres qui sont permanents qui
ont le droit de vote et les autres qui sont intervenants au sens large, de la
même façon qu'on le retrouve à l'article 148.3, lors de
l'étude des crédits d'un ministère.
En terminant, je veux féliciter mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys d'avoir
présenté cette motion sur le droit de parole qui est une
motion qui fait foi réellement de la compréhension du rôle
des parlementaires. Je ne peux que souhaiter que les députés
ministériels soient d'accord avec cette motion et puissent permettre
à tous nos confrères d'intervenir au cours du présent
débat.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
M. Dussault: M. le Président, il n'est pas 13 heures
encore.
M. Lalonde: M. le Président.... (Suspension de la
séance à 12 h 57)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux sur
l'étude du projet de loi no 16, étude article par article, Loi
modifiant la Loi sur Hydro-Québec.
Lorsque nous avions suspendu nos travaux, c'était le
député de Châteauguay qui avait demandé la parole.
Il n'est pas là. Est-ce qu'on passe maintenant au vote sur la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: M. le Président, je pense que ce ne serait pas
honnête - si vous me le permettez - à l'égard de nos amis
d'en face, de les forcer à voter à ce stade de nos
délibérations. De toute évidence, ils n'ont pas eu assez
d'arguments pour se faire une idée du vote. Je crains qu'ils ne
commettent une erreur qu'ils regretteront longtemps. Comme le règlement
m'autorise à le faire, j'aimerais prendre quelques minutes du temps
qu'il me reste pour tenter de les convaincre.
Le Président (M. Laplante): II vous reste six minutes. M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde (suite)
M. Lalonde: C'est beaucoup trop, M. le Président. Je serai
très bref.
M. le Président, quand j'ai vu la réaction des
députés ministériels à une motion qui se veut
d'ouverture, qui se veut de démocratie, et que j'ai lu ce matin, dans le
journal, les propos du premier ministre, M. René Lévesque,
à l'égard du congrès national du Parti
québécois...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
rentrer dans l'ordre, s'il vous plaît et parler de la motion? Parce que
moi, j'attends à être... C'est une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais il faut que
j'attende qu'il ait prononcé au moins deux phrases pour savoir s'il s'en
va dans sa motion.
M. Grégoire: Parce que moi, je suis convaincable, avec de
bons arguments.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce enfreindre le
règlement que de parler du congrès du Parti
québécois? Qu'y a-t-il d'insultant à vous parler d'un
congrès?Remarquez que c'est une catastrophe, mais...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez bien continuer,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Là, j'ai eu cette réaction, je pense,
assez normale de voir... Je ne veux pas porter d'accusation. Je sais que le
premier ministre l'a fait à l'égard de ses militants, mais la
commission parlementaire serait-elle manipulée par des radicaux, M. le
Président? Serait-elle noyautée par les extrémistes qui
veulent bâillonner les députés de leur propre parti?
Naturellement, je pose la question. Je n'ai pas la réponse, parce que
j'attends que le premier ministre nomme les radicaux de son parti qui ont
entraîné son parti ou enfin, son ancien parti - on ne sait plus
exactement - dans la crise actuelle. C'est étrange, d'ailleurs, de voir
que sur 2000 militants, 2000 délégués, il y avait une
majorité de radicaux, et ce serait un noyautage assez
démocratique, si c'était le cas. De toute évidence...
Une voix: ... le livre bleu, là.
M. Lalonde: C'est plein de vérité là-dedans,
M. le Président. Je vais vous en révéler
quelques-unes.
Pourquoi, M. le Président, ai-je fait cette motion?
Naturellement, c'est pour tous les députés, non seulement le
député de Mont-Royal - on sait que le député de
Mont-Royal a le droit de parole ici, il l'a utilisé, de toute
façon, avec beaucoup d'habileté et de conviction hier soir, et il
a l'intention de le faire - mais c'est pour les autres députés.
Naturellement, mes collègues, de ce côté-ci de la table,
ont plaidé en faveur des députés libéraux et ils
l'ont fait à bon droit. Naturellement, mon humilité naturelle a
été quelque peu heurtée par les compliments que mes
collègues m'ont faits. M. le Président, je sais que c'est
consigné au journal des Débats. Je ne le leur lirai pas, je vous
l'assure. Mais en ce qui concerne les députés péquistes,
je pense que c'est un oubli que mes collègues ont fait. Je ne leur fais
pas de reproche, ils n'avaient pas assez de temps - 20 minutes, c'est
très court - pour tenter de convaincre des gens entêtés
comme ceux qu'on a en face de nous. Je pense à des
députés du Parti québécois qui ne sont ni
membres ni intervenants à cette commission parlementaire et que
j'aimerais beaucoup entendre. (15 h 15)
J'en prends au hasard, M. le Président. Par exemple, le
député de Lac-Saint-Jean. On ne l'entend pas assez, le
député de Lac-Saint-Jean et pourtant, tout le monde connaît
son art oratoire. On connaît son verbe. J'aimerais beaucoup... On se
souvient qu'il a un baccalauréat en pédagogie. Il pourrait nous
enseigner des choses, comment faire en sorte que ce projet de loi qui est si
épouvantable à l'égard des citoyens devienne meilleur,
comment le changer.
Oh oui! celui-là, il ne faut pas l'oublier, le
député de Lafontaine. Apparemment, il est capable de vendre
à peu près n'importe quoi, même le Parti
québécois, comme organisateur. J'aimerais savoir comment on
pourrait vendre ce projet de loi aux Québécois, alors qu'on leur
fait des charges épouvantables comme conséquence du projet de loi
16.
Mais il ne faut pas oublier le député de
Lotbinière.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement, si le député de Marguerite-Bourgeoys me le
permet.
M. Lalonde: Je ne vous le permets pas, mais faites-le quand
même.
M. Grégoire: On sait, M. le Président, qu'une
coutume ou une tradition veut que, lorsqu'on cite un document, on dépose
le document. Le député de Marguerite-Bourgeoys est en train de
citer un document à ce dossier. Pourrait-on lui demander de
déposer une copie du dossier?
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, il n'y a pas de dépôt de document,
premièrement. Deuxièmement, on sait qu'en Chambre c'est seulement
lorsqu'un ministre fait référence à un document qu'il peut
être requis de le déposer. Non. Naturellement, ce document que
j'ai...
M. Grégoire: Je m'essayais, M. le
député.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, s'il
vous plaît, M. le député. Il vous reste deux minutes.
M. Lalonde: Deux minutes seulement, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Deux minutes seulement.
M. Lalonde: Avec le consentement, je pourrais aller plus loin,
parce que j'ai réellement...
M. Grégoire: Si vous déposez le document, on va
vous donner plus de deux minutes.
M. Lalonde: Par exemple, le député de
Lotbinière. Naturellement, celui-là, on pourrait avoir, je ne
sais pas, un certain goût, un avant-goût ou un
après-goût peut-être de l'Union Nationale là-dedans.
On saurait comment l'Union Nationale pourrait mettre en vigueur ce projet de
loi.
Quant au député de Louis-Hébert, lui, on ne l'a pas
entendu en fin de semaine. Il est parti et pourtant, on aurait grandement
besoin, à cette commission, de son éclairage sur
l'étapisme. Comment pourriez-nous faire avaler par étapes aux
Québécois les taxes déguisées qui sont
imposées de façon sauvage par ce projet de loi?
Une voix: II est rendu en Afrique.
M. Lalonde: Je ne parlerai pas du député de
Maisonneuve qui est en train de négocier avec le premier ministre...
Une voix: La députée.
M. Lalonde: ... oui, la députée - la
décision du congrès actuel. Il semble que ça va se faire
en catimini, entre quatre murs.
M. le Président, on sait que le député de
Matapédia a une expérience en chimie. Je pense que cela prendrait
réellement ses connaissances mystérieuses pour faire en sorte que
ce projet de loi qui est, en fait, tellement désastreux pour les
Québécois, puisse être transformé en projet de loi
bénéfique.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît, M. le député?
M. Lalonde: M. le Président...
M. Grégoire: Cela prendrait non pas de la chimie, mais de
l'alchimie.
M. Lalonde: Puisque le règlement ne me permet pas d'aller
plus loin, je vais simplement, de façon plus sérieuse, demander
aux députés du Parti québécois de bien y penser.
C'est un projet de loi qui touche tous les Québécois; de quelque
façon que ce soit, il les touche directement et indirectement par
Hydro-Québec. Dans le passé, lorsque nous avons ouvert les
commissions parlementaires à tous les députés, personne
n'a eu à en souffrir. Ce serait simplement un acte de démocratie
que de permettre à tous les députés d'être entendus
à cette commission en votant en faveur de ma motion. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, vous avez douze minutes encore.
M. Fabien Bélanger (suite)
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je suis
très heureux que vous m'accordiez le temps qui m'est permis de 20
minutes, parce qu'à écouter les députés du
côté ministériel, j'ai développé,
évidemment, d'autres idées qui sont, selon moi, extrêmement
valables. J'ai été d'abord un peu surpris et surtout
déçu d'écouter le député de Vimont nous dire
que lui, pas de problème, il va voter absolument contre cela. On peut le
comprendre. C'est un ex-employé d'Hydro-Québec. Peut-être
est-il en mauvais termes avec ses patrons? Je l'ignore, mais de toute
façon, il y a sûrement une raison pour laquelle il ne veut pas en
entendre parler.
Le député de Chambly, lui, a été beaucoup
plus constructif, beaucoup plus siqnificatif dans ses remarques. Il a dit que
les députés étaient les représentants du peuple.
C'est exactement pourquoi, M. le Président, on demande que chacun des
députés soit ici pour vraiment représenter le peuple. Je
suis inquiet et je suis un peu déçu, M. le Président,
parce que je sais qu'un comté, malheureusement, ne pourra pas être
entendu. Il s'agit du comté de Saint-Laurent, où notre honorable
collègue a démissionné récemment. Donc, nous ne
serons plus 122, mais bien 121 députés à pouvoir faire
entendre notre point de vue sur ce projet de loi no 16.
Nous avons demandé - vous le savez, M. le Président -
à plusieurs reprises un débat public qui nous a été
refusé. En l'absence d'un débat public, cela devient encore plus
important que chaque député, chaque représentant, comme
l'a si bien expliqué le député de Chambly, chaque
représentant du peuple puisse venir ici nous dire ce qu'il pense de la
loi et de quelle façon cela va affecter son comté. J'irais
même plus loin, M. le Président. Dans un but constructif, je
serais même prêt à faire certaines suggestions sans
toutefois en faire une motion. Si vous tenez à cette loi, si le
gouvernement tient absolument à cette loi 16, peut-être
pourrait-on l'imposer dans les 80 comtés qui sont
représentés par les députés péquistes.
Peut-être aussi pourrions-nous, dès que nous prendrions le
pouvoir, amender la loi pour qu'elle ne soit plus applicable dans aucun des
comtés de la province de Québec.
Qu'on discute de cette motion, M. le Président, pour tenter de
convaincre nos collègues, je crois que cela va de soi. Moi, cette motion
- je l'ai dit dès le début, d'ailleurs, j'ai
félicité mon collègue et je ne recommencerai pas, parce
qu'il a lui-même admis qu'on avait été très
sympathique à sa cause - comme l'a démontré aussi le
député de Sainte-Anne, c'est une motion pour une fois
transparente. Ces quelques mots signifient beaucoup pour la démocratie
parlementaire. M. le Président, je vais tenter en terminant de
convaincre nos collègues qu'on n'est pas ici, comme le disait ce matin
le député de Châteauguay, pour perdre notre temps. Au
contraire. On est ici pour étudier un projet de loi d'une extrême
importance, qui change la structure de la société
Hydro-Québec et je crois essentiel qu'en l'absence du public qui, lui,
n'est pas admis, on permette au moins aux 121 représentants de venir
parler sur ce projet de loi no 16.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen (suite)
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je veux enchaîner
un peu sur tout ce que j'ai dit hier soir. Est-ce permis, M. le
Président, de proposer un amendement à cette motion?
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est permis.
M. Scowen: Je veux proposer que, dans le troisième
alinéa de cette motion, le mot "puissent" soit changé pour le mot
"doivent". Si c'est accepté, la motion se lirait comme suit: "Que les
députés qui ne sont ni membres ni intervenants à la
commission permanente de l'énergie et des ressources doivent prendre la
parole sans devoir obtenir au préalable, etc." Je fais cet amendement
parce que - - et je parle maintenant sur l'amendement - j'ai été
frappé aujourd'hui par un événement. J'avais par hasard le
privilège d'être invité à faire partie d'une ligne
ouverte ici avec M. Camille Samson, ancien député libéral.
J'avais l'occasion d'écouter...
Des voix: Ah! Ah!
M. Grégoire: Un ancien député
libéral! Il l'a mentionné comme ancien député
libéral!
M. Lalonde: J'imagine que vous allez renier le Ralliement
national en plus?
M. Grégoire: Un ancien député
libéral!
M. Scowen: Un de nos collègues, jusqu'à
récemment. J'ai été frappé, M. le Président,
par le manque de compréhension, de connaissances de l'envergure de ce
projet de loi de la part des personnes qui nous ont
téléphoné. On a beaucoup parlé de ce projet de loi.
J'ai eu l'occasion de répéter que ce projet de loi allait
coûter à chaque famille québécoise 2000 $ d'ici cinq
ans et pour la
première fois ils ont commencé à comprendre le
sérieux de ce projet de loi. Je pensais à ce moment-là aux
députés des régions du Québec. Si je ne me trompe
pas, M. le Président, le seul député de la région
de Québec qui est membre de notre commission est le député
de Charlesbourg. Est-ce vrai? Y en a-t-il d'autres? Je pense qu'il est le
seul.
Une voix: Est-ce qu'elle est recevable?
Le Président (M. Laplante): Pas encore. J'en entends un de
chaque côté sur la recevabilité. Il me dit pourquoi elle
devrait...
M. Scowen: Vous n'avez pas...
Le Président (M. Laplante): Oh non! Elle n'est pas
jugée recevable encore. Là, vous parlez actuellement sur sa
recevabilité.
M. Scowen: Je parle sur la recevabilité et ce ne sera pas
long. J'avais l'impression que les personnes qui ont
téléphoné, même si elles ne l'ont pas dit
ouvertement, se disaient: Comment se fait-il... Ce ne sera pas long, cela va
prendre deux minutes pour expliquer la nature...
Le Président (M. Laplante): Vous expliquez pourquoi elle
devrait être recevable. C'est ce que vous expliquez.
M. Scowen: C'est cela. Cela ne prendra pas plus qu'une minute de
plus.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Scowen: C'est parce que j'avais l'impression que la population
n'était même pas consciente et qu'elle se demandait comment il se
faisait que les députés de Louis-Hébert, de Taschereau, de
Vanier, de La Peltrie et de Chauveau ne s'étaient pas exprimés en
Chambre quant à la vraie portée de ce projet de loi. Nous autres,
on sait que c'est parce qu'il était défendu d'en parler par le
leader qui voulait que cette loi soit adoptée en pleine nuit, dans les
plus brefs délais. Alors, ils étaient obligés de se taire,
comme vous le savez. Maintenant, ils se trouvent devant une population...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, écoutez! Je pense que je vais arrêter
tout de suite votre intervention. Je vous ai demandé de présenter
pourquoi je devrais la juger recevable. Vous n'êtes pas du tout dans le
sujet.
M. Scowen: Oui, alors, je termine. M. Tremblay: M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Je voudrais...
M. Scowen: J'y arrive.
Le Président (M. Laplante): Oui, et très court,
s'il vous plaît.
M. Scowen: Cela prendra 30 secondes. M. Grégoire:
M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Est-ce une question de
règlement, M. le député?
M. Grégoire: ... sur une question de règlement. Je
crois que le député de
Marguerite-Bourgeoys vient de violer ouvertement les...
M. Lalonde: Personne.
M. Grégoire: ... privilèges du député
de Notre-Dame-de-Grâce en lui disant: Toi, tais-toi, c'est moi qui
parle.
M. Lalonde: Je n'ai pas dit cela, M. le Président.
M. Grégoire: J'ai vu le geste, M. le Président, et
le député de Marguerite-Bourgeoys a dit: Aïe, Reed! Et le
geste voulait dire: Toi, tais-toi!
Une voix: Avez-vous filmé cela? M. Lalonde:
Avez-vous filmé cela? M. Grégoire: C'est une
violation. M. Lalonde: C'est pornographique.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: C'est "portneufgraphique".
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: C'est une violation des privilèges du
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, avant que vous preniez en
considération cette motion, a-t-on droit de parler sur la
recevabilité? Je vais vous dire pourquoi. J'ai des idées
là-dessus pour...
Le Président (M. Laplante): Non, je ne veux pas savoir
pourquoi. M. le député de Sainte-Anne, vous m'avez posé
votre question. J'ai demandé un de chaque côté et le
député de Notre-Dame-de-Grâce parle sur la
recevabilité actuellement et lorsqu'il aura...
M. Lalonde: II a exprimé l'intention de me passer la
parole, M. le Président.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Laplante): ... terminé, ce sera le
député de Frontenac qui pourra donner sa version sur la
recevabilité.
M. Lalonde: Je pense que le député de
Notre-Dame-de-Grâce avait exprimé le désir que je parle
à sa place, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je ne l'accepterai pas, M. le
député.
M. Lalonde: Non?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous devez conclure.
M. Scowen: Je vais résumer, M. le Président. Parce
que, à cause de la stratégie parlementaire, on n'avait pas permis
aux députés péquistes de parler en deuxième
lecture, parce que c'est un projet de loi qui va toucher d'une façon
très importante les poches de leurs électeurs, parce que c'est
important que les membres de cette Assemblée nationale restent en
contact très serré avec leurs électeurs, je pense qu'on
doit exiger que chacun vienne ici et s'exprime pour que la démocratie
puisse s'exercer et que la population du Québec puisse comprendre la
nature de ce projet de loi.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Merci. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je pense bien que
l'amendement, tel que proposé par le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est nettement irrecevable parce qu'il viole d'une
façon incontestable les privilèges des députés et
des ministres. On ne peut forcer un député et un ministre. Or, le
sens de l'amendement serait de forcer et d'obliger tout député,
que ce soit de l'Opposition ou du parti au pouvoir, à venir prendre la
parole ici. M. le Président, même dans l'article 171,
deuxièmement, on dit: "Un ministre ou un député peut
toujours refuser de répondre à une question sans donner de
raisons et son refus ne peut être discuté d'aucune façon."
(15 h 30)
Je pense bien que ce serait un précédent comme il n'en a
jamais été créé dans aucun Parlement au monde que
de forcer un député à répondre à une
question ou à s'exprimer sur un thème quelconque. Pour cette
raison, étant donné que cela implique directement les
privilèges les plus sacrés de tous les députés
à l'Assemblée nationale, cette motion doit être
rejetée.
M. Scowen: Question de règlement!
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question de
règlement là-dessus. Je suis prêt, actuellement, à
rendre la décision.
Une voix: Déjà?
Le Président (M. Laplante): Oui. Au lieu de le
référer, tel que le député de Frontenac le disait
tout à l'heure, à l'article 171.2, je vais le
référer à l'article 153. L'interprétation de
l'article 153 du règlement s'applique à des témoins qui
sont des personnes - et le mot "personnes" n'est pas le mot
"députés" - extérieures à l'Assemblée
nationale. C'est pourquoi cela ne s'adresse pas à des
députés. Le projet de loi article par article, son but
actuellement... On ne doit pas présenter de motion visant à
forcer des députés à venir siéger à
l'étude d'un projet de loi. Vous pouvez exprimer un voeu, tel que votre
motion le dit actuellement, en invitant tous les députés à
venir. C'est un voeu que vous faites, que vous demandez, qu'ils soient ouverts
à cette commission. Pour ces raisons, la motion est jugée
irrecevable.
Vous pouvez continuer votre intervention, M. le député. Il
vous reste encore quatre minutes.
M. Scowen: Je me soumets avec beaucoup de respect à votre
décision, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous continuez votre
intervention, là?
M. Scowen: Je continue mon intervention. J'ai quatre minutes, je
pense?
Le Président (M. Laplante): D'accord. Il vous reste quatre
minutes.
M. Reed Scowen (suite)
M. Scowen: Je veux simplement rappeler au député de
Frontenac qu'il existe dans nos lois des aspects qui sont là pour
protéger les gens contre eux-mêmes. Je pense, entre autres,
à la limite de vitesse sur la route, 100 kilomètres à
l'heure. C'est une limite, une limitation des droits non seulement des
députés, mais de tous les citoyens. Quand j'ai proposé cet
amendement,
je pensais plutôt dans ce sens, dans le sens de mettre quelque
chose dans la motion pour la protection des députés. C'est
rejeté et je comprends pourquoi.
Je vais simplement terminer les remarques que j'avais faites dans le
même sens, M. le Président, parce qu'il est possible que ce projet
de loi ne soit pas encore compris. Le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi
sur Hydro-Québec est une loi qui a été
présentée en deuxième lecture par le ministre et ses
collègues d'abord comme une nouvelle stratégie
énergétique et, en deuxième lieu, comme une
restructuration de la structure financière d'Hydro-Québec, mais
jamais dans ses vraies couleurs, jamais comme un nouveau système de
perception de taxes indirectes. On a constaté continuellement, pendant
cette deuxième lecture, que les députés du gouvernement
n'étaient pas conscients eux-mêmes de la vraie portée de
cette loi. Depuis que les télégrammes ont commencé
à arriver au bureau du premier ministre - de la CSN, de la FTQ, de la
CSD, du Conseil du patronat, de l'Association des consommateurs - les
députés commencent à être de plus en plus conscients
que le ministre et ses collègues ont caché, en deuxième
lecture et probablement au caucus du gouvernement, avant que cette loi ne soit
présentée, la vraie nature de ce projet de loi. Ils commencent
à se rendre compte du sérieux de l'affaire, et à moins
qu'on leur donne, dans les prochains jours, l'occasion de venir ici...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît, M. le député?
M. Scowen: ... de s'exprimer, de poser des questions, d'exprimer
leurs réserves, je pense que nous faisons une injustice flagrante
à ceux qui, du côté gouvernemental, n'ont pas eu l'occasion
de parler en deuxième lecture. Je termine mes remarques, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Scowen: J'espère que vous avez compris.
Le Président (M. Laplante): D'accord. La motion du
député de Marguerite-Bourgeoys sera-t-elle adoptée?
Des voix: Non, non! M. Scowen: Adopté. M.
Bélanger: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Rejeté sur division
ou...
Une voix: On veut savoir qui est pour et qui est contre.
Le Président (M. Laplante): ... voulez-vous un vote
enregistré?
M. Lalonde: Tout à coup ils se diviseraient, eux
autres.
Une voix: On vote.
Vote sur la motion de M. Lalonde
Le Président (M. Laplante): On vote. M. Rélanger
(Mégantic-Compton).
M. Bélanger: Je suis pour, M. le Président
Le Président (M. Laplante): M.
Tremblay (Chambly).
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime
(Saint-Maurice).
M. Duhaime: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Bélanger: II n'est pas là. Il n'est ni contre ni
pour. Mettez-le sur le neutre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont).
M. Fortier: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet).
M. LeBlanc: Contre. Vous êtes déjà
battus.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Laplante): M. Rodrigue (Vimont).
M. Rodrigue: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond).
M. Vallières: En faveur.
Le Président (M. Laplante): Motion rejetée; cinq,
quatre. Cinq contre, quatre pour. J'appelle l'article no 1.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... avant, si vous me le permettez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si vous me le permettez, M. le Président, il
me restait quelques minutes sur mes remarques préliminaires. Je voudrais
prendre le droit de parole.
Le Président (M. Laplante): Oh! Une minute
là-dessus. Vos minutes...
M. Lalonde: De toute façon, on n'a pas besoin de temps
pour présenter une motion.
M. Ciaccia: Non, mais pour être...
M. Lalonde: Non, il n'a pas besoin de temps cour présenter
une motion.
Le Président (M. Laplante): II restait cinq minutes.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, cinq minutes encore sur les remarques préliminaires.
M. Ciaccia: ... j'apprécie les recommandations du
député de Portneuf. Je voudrais vous soumettre la motion
suivante, M. le Président. C'est encore une motion sur le droit de
parole et elle se lit comme suit: "Que les députés qui sont
membres ou intervenants à la commission permanente des finances et des
comptes publics puissent prendre la parole sans devoir obtenir au
préalable la permission et ce, pour toutes les séances que
tiendra la commission permanente de l'énergie et des ressources
relativement à l'étude article par article du projet de loi no
16, Loi modifiant la Loi sur Hydro-Québec."
M. Grégoire: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, M.
le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, on vient de
décider au moyen d'un vote à la suite de la première
motion qu'on a rejeté la possibilité pour tous les
députés de venir ici sans une permission préalable. On
nous demande maintenant un groupe de cet ensemble.
M. Duhaime: Le plus inclut le moins.
M. Grégoire: M. le Président, si on a refusé
l'ensemble du groupe, on a automatiquement refusé les parties de
l'ensemble, en même temps. On a refusé d'élargir le droit
de parole à d'autres députés, parce qu'en disant dans la
première motion qu'ils peuvent, cela comprenait les membres de la
commission permanente des finances. Cela les comprenait. Si l'Opposition avait
procédé d'une autre façon, en commençant par
demander une partie et après, en demandant le tout, là, le plus
n'aurait pas compris le moins, mais comme le dit si bien le ministre de
l'Énergie et des Ressources, le plus comprend le moins. En refusant
l'ensemble des députés, M. le Président, cela comprenait
tous les membres de la commission des finances. Au lieu de procéder
à l'inverse, l'Opposition a commencé par présenter une
motion incluant le tout, l'ensemble des députés. Cela comprenait
automatiquement, quand on a rejeté l'autre motion, - c'était
inclus dans l'autre motion - chacun des membres du comité des finances
qui étaient inclus dans l'autre motion. Vous avez plutôt
commencé à l'envers. Si vous aviez commencé par cette
motion-ci...
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Laplante): N'insultez personne.
M. Duhaime: Non, non.
M. Grégoire: On a réglé au départ
l'ensemble des députés comprenant ceux qui sont membres de la
commission des finances. C'est pourquoi, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): C'est votre argumentation. Qui
prend la parole pour vous autres?
Une voix: ... savants collègues. M. Scowen: Sur la
recevabilité.
Une voix: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, sur la recevabilité,
j'avais réellement des appréhensions très sérieuses
à l'égard de la capacité du député de
Frontenac d'éviter le piège dans lequel il est tombé. M.
le Président, quand on dit: Le plus inclut le
moins et qu'on l'applique à cette motion, on fait un sophisme.
C'est comme dire: Le séparatisme inclut le fédéralisme.
C'est comme cela que le Parti québécois s'est lancé dans
des négociations constitutionnelles et on voit le bordel dans lequel on
est rendu.
M. le Président, ce qu'on a décidé tout à
l'heure, à mon grand dam, je l'avoue, c'est que la commission ne veut
pas ouvrir la porte à tout le monde, à l'ensemble des
députés. Alors, on dit: Peut-être que c'était trop
fort pour la conception ratatinée de la démocratie que les
députés ministériels nourrissent, mais on va dire: Vous
aviez peur d'inviter tout le monde, vous aviez peur que ce soit trop long, vous
aviez peur de faire perdre le temps de la commission parlementaire. Fort bien!
Nous allons réduire cela à quelque chose de plus peut-être
directement intéressé. Nous allons inviter cette commission
à ouvrir la porte à ceux et celles des membres et des
intervenants de la commission des finances, pas n'importe quelle commission. Il
y en a peut-être d'autres qui seraient intéressés. On y
verra plus tard, mais il reste que, lorsqu'on refuse, comme la motion vient de
le faire, l'ensemble des députés, cela ne veut pas dire qu'on a
refusé n'importe quel député. Non. On a refusé
d'ouvrir la porte à tout le monde, mais cela ne veut pas dire qu'on a
refusé d'ouvrir la porte à des membres d'une commission
déterminée.
M. le Président, dans ce sens, l'objet de la motion que nous
présentons n'a pas été décidé par la motion
qui vient d'être votée. Dans ce sens, M. le Président - je
sais que vous écoutez attentivement mes arguments, vous pouvez en
apprécier la pertinence -c'est très important de faire la
distinction entre l'ensemble des députés, parce que c'est
peut-être un peu lourd pour les députés ministériels
d'endurer leurs collègues venir ici leur dire leur fait, mais les
membres de la commission des finances, eux, sont intéressés au
plus haut point, parce que c'est le ministre des Finances qui a pris la
décision qu'on est appelé ici à entériner par ce
projet de loi. Dans ce sens, l'objet de cette motion n'a pas été
décidé par la motion précédente.
Le Président (M. Laplante): Je pense que je suis assez
éclairé pour...
M. Rodrigue: Ce n'est pas sur cet aspect-là, mais ce sera
sur un autre aspect.
Le Président (M. Laplante): Pour moi...
M. Rodrigue: Non, mais, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Non, un de chaque
côté.
M. Rodrigue: Ce n'est pas le même point, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): À mon avis,
après avoir entendu les deux côtés, si je me
réfère à l'article 63 du règlement, une motion ne
doit pas soulever une question identique au fond à une question dont
l'Assemblée a décidé pendant la session en cours, à
moins qu'elle n'indique des faits nouveaux. Pour moi, il n'y a pas de fait
nouveau qui s'est développé. Dans la première motion que
vous avez présentée tout à l'heure, vous avez
invité tous les députés non membres de cette commission
à venir siéger ici. C'est une motion, en somme, qui ne fait que
contourner seulement la motion que vous avez présentée en premier
pour nous inviter, après cela, à vous restreindre à un
autre groupe de députés. C'est pourquoi je la juge non
recevable.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que vous...
Le Président (M. Laplante): Maintenant, est-ce qu'on
appelle l'article 1?
M. Lalonde: M. le Président... M. Polak: M. le
Président...
M. Lalonde: ... j'aurais une argumentation à
présenter, étant donné que...
M. Grégoire: Il a épuisé son droit de
parole.
Le Président (M. Laplante): Non, il a le droit, pour
autant qu'il...
M. Lalonde: Non, je n'ai épuisé rien du tout.
D'ailleurs, je n'ai pas besoin de droit de parole pour présenter une
motion. J'espère que le député de Frontenac, qui a quand
même accumulé un certain nombre d'années
d'expérience à Ottawa, au fédéral et au provincial,
pourrait reconnaître que, pour présenter une motion, on n'a pas
besoin d'avoir un droit de parole sur une autre question.
M. Grégoire: Oui, il faut avoir un droit de parole.
M. Ciaccia: C'est admis par la présidence. (15 h 45)
Motion pour inviter M. Georges Lafond à
témoigner
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais présenter
la motion suivante: "Que cette commission invite M. Georges Lafond, vice-
président aux finances de la société
Hydro-Québec, à se faire entendre le 15 décembre 1981,
à 11 h 30, devant cette commission, afin de renseigner les membres et
intervenants à la commission permanente de l'énergie et des
ressources, relativement aux implications financières sur la
société Hydro-Québec du projet de loi no 16, Loi modifiant
la Loi sur l'Hydro-Québec."
Le Président (M. Laplante): Sur la
recevabilité...
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez, sur la
recevabilité, votre longue expérience de cinq années au
siège que vous occupez comme président de commission vous a
sûrement fait voir, à plusieurs reprises, des motions semblables
où, lorsque nous abordons l'étude article par article, une
commission parlementaire, même après la deuxième lecture,
peut inviter, non pas convoquer. Vous voyez l'astuce de notre motion, nous
avons bien dit: inviter. Nous sommes donc tout à fait à
l'intérieur des droits qui nous sont reconnus par le règlement:
inviter des citoyens à se faire entendre pour éclairer les
membres de la commission.
Je ne pense pas avoir besoin d'un long plaidoyer, étant
donné que cela a été fait à plusieurs reprises. Je
me souviens même d'une fois où cela a été fait sur
la loi de l'amiante. Mon vis-à-vis, le député de
Frontenac, se souvient qu'on l'avait fait lors de l'étude du projet de
loi sur l'amiante. On avait même eu des membres de sa région qui
sont venus, qui étaient très heureux de venir nous voir.
M. Grégoire: Vous étiez moins heureux, par
exemple.
M. Lalonde: On était très heureux nous aussi,
étant donné que nous avions présenté la motion.
J'en avais présenté une semblable, M. le Président, en
1973...
M. Grégoire: On l'avait acceptée de gaieté
de coeur, à part ça.
M. Lalonde: ... et je vais vous lire le rapport qui avait
été signé par M. Patrice Laplante, député du
comté de Bourassa, sur le projet de loi no 70....
Le Président (M. Laplante): Répétez donc
cela, pour voir.
M. Lalonde: C'est un rapport de la troisième session,
trente et unième Législature, la commission élue
permanente des richesses naturelles, projet de loi no 70, Loi constituant la
Société nationale de l'amiante: "M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer, etc., signé Patrice Laplante,
député du comté de Bourassa." Et à la page no 3, on
voit ceci que vous avez écrit parce qu'on sait que vous avez
composé tout ce rapport. "Le député de
Marguerite-Bourgeoys -je vous ferai remarquer que ça prend un "y", M. le
Président, la prochaine fois que vous ferez un rapport comme cela, ce
n'est pas un "i" - présente une motion dont le libellé est le
suivant: Que cette commission invite -on avait encore dit "inviter" à ce
moment-là, voyez comme on était astucieux - les
représentants de l'Association des mines d'amiante du Québec,
etc., Et le président déclare...
Le Président (M. Laplante): Écoutez, monsieur, pour
renseignements, pouvez-vous le lire complètement, s'il vous
plaît?
M. Lalonde: Oui. "Que cette commission invite les
représentants de l'Association des mines d'amiante du Québec
à se faire entendre le mardi 21 mars 1978 à ?0 heures devant
cette commission afin de renseigner les membres et les intervenants de cette
commission." Et je poursuis la lecture du rapport que vous avez signé,
M. le Président: "Le Président déclare ladite motion
recevable. La motion étant reçue, le député de
Frontenac suggère... "Alors, le député de Frontenac nous
imputait des sentiments beaucoup plus généreux qu'actuellement,
mais je finis là la lecture et mon plaidoyer.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je pense bien que je
suis d'accord pour une fois avec mon bon ami, le député de
Marguerite-Bourgeoys, que cette motion est recevable et, une fois reçue,
j'aurais peut-être une suggestion à faire au député
de Marguerite-Bourgeoys, tout comme j'en ai fait une à cette
occasion-là...
M. Lalonde: Votez pour.
M. Grégoire: Non, mais j'aurais peut-être une
suggestion, exactement la même suggestion que celle que j'ai faite,
à ce moment-là, dans le même cadre que ce qui a
été proposé cette fois-là. Je me le rappelle
très bien.
Alors, M. le Président, sur la question de la
recevabilité, je crois bien qu'on n'a rien à dire.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais j'aurais besoin d'un
éclairage nouveau.
M. Grégoire: Je ne cherche pas à
éclairer.
Le Président (M. Laplante): Je voudrais poser une question
au député de Marguerite-Bourgeoys. En votant une telle motion,
disons
que je la juge recevable et qu'elle est adoptée ici par les
membres de cette commission - vous marquez le mardi 15 décembre 1981,
à 11 h 30 - si le leader de la Chambre arrive et dit: Mes travaux
n'arrivent pas, je ne la convoque pas, qu'est-ce qui arrive?
M. Lalonde: M. le Président, votre question est
extrêmement sérieuse et voici la réponse.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Lalonde: Tout d'abord, en vertu du règlement, ça
prend un avis de sept jours, c'est pour cela qu'on n'a pas voulu dire
demain.
M. Grégoire: On l'a fait; dans le cas cité
tantôt, on l'a fait avec quatre heures d'avis.
M. Lalonde: Pour convoquer les témoins ou en vertu des
précédents. Oui, on peut le faire avec quatre heures d'avis;
maintenant, nous voulions quand même démontrer un peu de
courtoisie à l'égard des gens que nous allions inviter. Si c'est
l'avis de la commission d'inviter cette personne demain, fort bien!
Deuxièmement, quant à votre argument, M. le
Président, vous remarquez - et je suis sûr que vous en êtes
convaincu - que vous représentez ici le président de
l'Assemblée nationale et que nous représentons ici
l'Assemblée nationale. Si l'exécutif vient entraver le cours de
nos travaux et refuse de convoquer l'Assemblée nationale par la voie de
la commission à laquelle nous travaillons, ce sera un abus de pouvoir
contre lequel vous devrez...
M. Grégoire: Oh, non! Oh, non! M. Lalonde:
Sûrement!
M. Grégoire: Là, M. le Président, je
m'oppose totalement à cela.
M. Lalonde: Si le leader... Écoutez, c'est moi qui ai le
droit de parole.
M. Grégoire: II n'appartient pas à une commission
d'imposer ses vues à l'Assemblée nationale, mais le
contraire.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre! C'est un point important cela.
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé.
M. Grégoire: M. le Président, c'est très
important, mais ce n'est pas exact.
M. Lalonde: Au-delà de cette considération qui,
à mon sens, est valable, mais qui peut être moins pertinente, il
reste ceci: la commission, une fois que le leader a donné l'avis ou a
fait adopter une motion à l'Assemblée nationale pour que cette
commission se réunisse, est maîtresse de ses travaux à
l'intérieur de son mandat. S'il arrive que le leader veuille
contrecarrer les décisions de cette commission en refusant de la
reconvoquer à la date que nous avons désignée, à ce
moment, ce sera le gouvernement qui devra en assumer la
responsabilité.
M. Grégoire: Oh non!
M. Lalonde: Voulez-vous me laisser terminer?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Lalonde: Je vais vous donner plusieurs autres
précédents, M. le Président. Lors de la loi 1, la Charte
de la langue française, nous avions commencé les travaux de la
commission - c'était le projet de loi no 101 à ce moment, mais le
gouvernement avait fait une espèce de pirouette et s'était
enfargé un peu dans les fleurs du tapis - et, au début de
l'étude article par article, nous avions convoqué des gens; des
motions avaient été non seulement reçues, mais
adoptées, certaines autres avaient été proposées
mais suspendues et discutées un peu plus tard. C'est tout à fait
recevable, M. le Président. Reste à savoir si cela va être
efficace, cela dépend du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Le président a le
pouvoir de modifier un peu la forme. Seriez-vous d'accord si l'on disait que
cette commission invite M. Georges Lafond, vice-président aux finances
à la société Hydro-Québec, à se faire
entendre le mardi 15 décembre 1981, à 11 h 30, ou à toute
séance subséquente?
M. Lalonde: Je suis d'accord.
Une voix: Ou à la première.
M. Grégoire: Ce n'est pas correct.
Le Président (M. Laplante): Ou à une
séance...
M. Grégoire: Ou à toute autre séance.
Le Président (M. Laplante): Ou à toute autre
séance subséquente.
M. Grégoire: Pas le mot "subséquente".
Une voix: Ou à toute autre séance.
M. Grégoire: Toute autre séance
ultérieure ou subséquente, sans cela vous fixez...
Le Président (M. Laplante): D'accord, on le modifie:
À toute autre séance.
M. Lalonde: Adopté?
Le Président (M. Laplante): Pas adopté, mais
reçu.
Elle est reçue.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me
permettez.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez parler sur la
motion?
M. Grégoire: Oui. J'avais procédé exactement
de la même façon qu'à l'occasion de l'étude du
projet de loi no 110 article par article. Je me rappelle fort bien qu'à
ce moment j'avais demandé au député de
Marguerite-Bourgeoys ou à l'ancien député de
Saint-Laurent, M. Forget - puisqu'on peut maintenant l'appeler par son nom - de
nous dire - on est bien prêt à entendre des gens -s'il avait une
liste et si elle était exclusive. Sachant qui vous vouliez demander et
étant à l'avance prévenus, nous avions convenu de ceux que
nous acceptions dans la liste. À ce moment, une liste complète et
totale avait été fournie par M. Forget dans le temps ou le
député de Marguerite-Bourgeoys à l'heure actuelle. De
gré à gré, nous avions convenu d'une liste acceptable par
les deux partis et il y en avait un qui avait été exclu comme
n'étant pas pertinent à nos débats. C'était, je
crois, l'Association des mines d'amiante du Québec ou la
société Asbestos, non pas l'Association des mines d'amiante du
Québec, mais la société Asbestos Ltée. On avait
fait une motion spécialement pour le seul groupe que nous disions non
concerné et nous avions séparé cela en deux motions.
Si le député de Marguerite-Bourgeoys veut bien nous
soumettre une liste de tous les groupes ou les personnes qu'il a l'intention
d'inviter, nous pourrons peut-être procéder de la même
façon, mais lorsqu'il nous aura fourni sa liste, bien entendu, ce sera
une liste exhaustive, complète et exclusive. Nous pourrons discuter sur
ceux qui sont acceptables et sur ceux qui ne le sont pas. Après quoi, il
y aura lieu de procéder en acceptant ceux qui sont acceptables et en
présentant peut-être une deuxième motion pour ceux que nous
ne pouvons pas accepter.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le
député de Frontenac pour son ouverture. Je présume,
peut-être à tort, qu'il a l'intention d'accepter la motion que
j'ai proposée parce que la discussion serait inutile, à moins
qu'il n'indique que le gouvernement va accepter la motion. Si le gouvernement
indique qu'il est prêt à accepter la motion, je suggérerais
qu'on suspende nos travaux pour quelques minutes et qu'on échange la
liste des personnes que nous avons l'intention de proposer. M. Lafond n'est pas
le seul. À ce moment-là, on pourra en venir à un accord
sur la liste qu'on pourrait accepter ici.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que c'est la
procédure normale. Quand arrive le temps des convocations, on essaie de
travailler à une liste complète de ceux qui peuvent être
invités soit par l'Opposition, soit par le parti au pouvoir, pour en
arriver à une entente. Sinon, cela continue. C'est pourquoi je n'ai pas
d'objection à une suspension de cinq minutes.
M. Lalonde: Mais, M. le Président, avant de suspendre,
est-ce que le député de Frontenac indique à la commission
qu'il a l'intention d'appuyer la motion que j'ai présentée?
M. Grégoire: M. le Président, disons que
l'intention est plutôt celle-ci. Nous n'avons aucune objection à
recevoir des témoins pourvu qu'ils soient acceptables et pourvu que la
liste ne soit pas une liste de 200 noms. Je peux avertir tout de suite le
député de Marguerite-Bourgeoys que, s'il nous arrive avec une
liste de 200 groupes, nous ne croyons pas que nous allons l'accepter. Si nous
avons une liste, il n'y a rien qui ne l'empêche. Nous avons
déjà prouvé, dans le passé, que nous étions
capables de l'accepter. Rien n'empêche que certaines personnes viennent
comparaître.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Frontenac n'a pas répondu précisément à ma
question. Évidemment, je peux l'assurer que notre liste comprend moins
de 200 noms; il n'y a aucun doute là-dessus.
Une voix: 199. M. Grégoire: 190.
M. Lalonde: En fait, beaucoup moins. Nous voulons éclairer
la commission. Nous ne voulons pas retarder les travaux inutilement, c'est
évident. Mais est-ce que le député indique, de
façon formelle, que son parti va appuyer la motion? Si oui, M. le
Président, on peut suspendre quinze minutes et échanger les
informations et peut-être que le député aura des noms
à ajouter à notre liste.
M. Grégoire: M. le Président, tout ce que je peux
dire, c'est que, avec une vue d'ensemble de la liste des personnes que le
député de Marguerite-Bourgeoys veut convoquer, nous ne sommes pas
fermés nécessairement. Seulement, nous ne pouvons
pas accepter d'avance et dire: On appuie la motion, s'il est pour nous
en arriver dix autres par la suite.
M. Lalonde: Écoutez!
M. Grégoire: Premièrement, on ne travaille pas sans
avoir une vue d'ensemble de ce qui se produit.
M. Lalonde: M. le Président, là-dessus,
j'arrête de comprendre le député de Frontenac.
M. Grégoire: C'est ce que nous avons fait lors de la
commission parlementaire qui a étudié la loi no 70 créant
la Société nationale de l'amiante. Nous avons exigé
d'abord une liste complète, après quoi nous nous sommes
prononcés.
M. Lalonde: Je relis le rapport que M. le député de
Bourassa avait signé: "La motion étant reçue, le
député de Frontenac suggère que les membres de la
commission s'entendent pour déterminer les organismes qui devraient
être invités. Il suggère aussi que la commission amorce,
entre-temps, l'étude du projet de loi no 70 article par article."
Il y a eu une discussion et il y a eu une suspension à 18 heures.
Je pense que c'est justement pendant cette suspension qu'il y avait eu une
entente. Mais il semble qu'il faudrait que le député indique
formellement son appui à la motion pour que nous voyions une ouverture,
sinon nous allons simplement présenter nos arguments en faveur de la
motion et voir comment le parti ministériel va se comporter. Tout ce que
je lui demande, c'est: Est-ce qu'il est prêt à inviter M. Georges
Lafond à adresser à la commission parlementaire toutes les
remarques, toutes les observations qu'il trouverait pertinentes en
réponse à nos questions? C'est tout ce que je lui demande. Si
c'est oui, je prendrai sa parole et nous pourrons suspendre et ajouter de
gré à gré les autres noms, qui ne sont pas nombreux. Il y
a, par exemple, l'Association québécoise pour la défense
des droits des retraités et des préretraités. Il me semble
que c'est évident, si M. Lafond vient, que ceux-là puissent
être invités aussi, mais il y en a quelques-uns seulement.
À ce moment-là, on pourrait suspendre pendant quelques minutes et
revenir, évitant ainsi une discussion qui, au fond, fait seulement
perdre le temps de la commission. (16 heures)
M. Grégoire: M. le Président, je ne peux que
répéter ce que j'ai dit tantôt. Nous ne sommes pas
prêts à prendre un engagement sans avoir eu la liste globale et
exclusive. En visionnant cette liste totale et exclusive, il n'y a rien qui
nous empêche de faire des ententes. Par exemple, quand on me dit: La
liste des retraités et des préretraités, je me dis que
cela peut entraîner une longue liste. Pourquoi eux plutôt que
n'importe quel autre groupe social? Il y a peut-être 50 groupes sociaux
au Québec qui voudraient se faire entendre.
M. Lalonde: Vous pourrez ajouter ceux que vous voulez.
M. Grégoire: Vous pourrez en ajouter, vous pourrez monter
cela à 60. À ce moment, il n'y a aucune façon de
s'entendre.
Le Président (M. Laplante): Vu qu'il n'y a pas d'entente
possible après avoir fait un dialogue, est-ce que vous avez autre chose
à ajouter?
M. Grégoire: Notre proposition est là, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous voulez parler sur la motion?
M. Scowen: Oui, exactement.
Le Président (M. Laplante): Sur la motion, d'accord, pour
inviter M. Georges Lafond.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Grégoire: Auparavant, M. le Président, je
voudrais faire remarquer que l'Opposition a refusé les ouvertures que
nous venons de lui faire.
M. Lalonde: Quelles ouvertures? Vous n'avez même pas dit si
vous étiez prêt à accepter notre motion. Dites que vous
êtes prêts à l'accepter et, après cela, nous
allons...
M. Grégoire: Nous avons dit que nous n'étions pas
prêts à accepter un par un, mais en considérant
l'ensemble.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Lalonde: Nous n'avons aucune confiance en ce gouvernement.
M. Scowen: M. le Président, très brièvement,
je veux expliquer au député de Frontenac et à ses
collègues...
Le Président (M. Laplante): Je calcule votre temps
à partir de maintenant.
M. Reed Scowen M. Scowen: Oui, je comprends. Si je
dépasse les vingt minutes, je peux demander le consentement,
quand même.
Des voix: Oui, oui!
M. Scowen: C'est surtout à vous, M. le
député de Frontenac, que je voulais parler parce que vous avez
exprimé certaines réserves quant à la
nécessité d'entendre M. Lafond. Je veux vous donner tout
simplement quelques exemples des questions très importantes que, quant
à moi, nous devons adresser à M. Lafond. Après que j'aurai
dressé un petit portrait, je suis persuadé que vous serez
complètement d'accord avec moi. Je veux faire référence
surtout à ce document qui a été rédigé par
le conseil d'administration d'Hydro-Québec. L'avenir de ce conseil
d'administration est certainement en cause. Je vais vous donner simplement un
exemple. Ils ont dit: "La formule de redevances, qui équivaut à
un impôt de 100% sur le revenu net dépassant un certain seuil,
aura pour effet de réduire la responsabilité
d'Hydro-Québec à l'égard de ses résultats
financiers. Ainsi, l'incitation à une efficacité administrative
en sera réduite, sinon compromise. C'est une déclaration assez
fracassante. Le conseil d'administration d'Hydro-Québec dit:
"L'incitation à une efficacité administrative sera
réduite, sinon compromise" par ce projet de loi. Si ce n'était
que pour cette question, c'est essentiel que M. Georges Lafond,
vice-président aux finances à Hydro-Québec, soit
invité pour nous expliquer la portée de cette déclaration
du conseil d'administration.
Il dit: "Ainsi, l'incitation à une efficacité
administrative en sera réduite..." Non, j'ai déjà
cité cette partie. "En contrepartie, le gouvernement - je cite de
nouveau - en viendra inévitablement à imposer des contrôles
paralysants sur la gestion interne d'Hydro-Québec." Le conseil
d'administration déclare que ce projet de loi va imposer des
contrôles paralysants sur la gestion interne d'Hydro-Québec.
"L'expérience vécue par certaines sociétés
d'État dans plusieurs pays, et même au Québec,
démontre que de tels contrôles impliquent la mise en place de
processus bureaucratiques coûteux et inefficaces tant pour l'entreprise
que pour la collectivité." Je cite le conseil d'administration.
M. le député de Frontenac et les autres
députés, le député de Duplessis reconnaîtront
certainement que, si vraiment ce projet de loi a les effets que prétend
le conseil d'administration, nous avons une responsabilité d'exercer de
grandes réserves à cette commission parlementaire. Ce ne sont pas
les journalistes qui parlent, ce n'est pas le Parti libéral, c'est le
conseil d'administration même.
Je veux vous donner un autre exemple. Je cite de nouveau ce document du
conseil d'administration: "La formule de redevances -de dividendes -
proposée pourrait représenter une solution de facilité
pour Hydro-Québec. En effet, toute erreur dans la planification et toute
faiblesse dans sa gestion qui se refléteraient dans les coûts de
l'entreprise seraient absorbées par le gouvernement sous la forme d'une
redevance réduite. Cette solution de facilité va à
l'encontre du rôle normal d'une société d'État qui,
par définition, doit rendre compte de sa gestion en fonction d'objectifs
clairs."
En effet, M. le Président, ce que le conseil d'administration
dit, c'est que ce système de redevances peut encourager la paresse et
l'inefficacité au sein de notre organisation. C'est grave. Je pense que
nous serons certainement obligés de poser des questions à ce
sujet à M. Lafond pour comprendre et avoir peut-être des exemples
de l'inefficacité qui peut arriver si, malheureusement, ce projet de loi
est adopté.
Je pense que c'est ma responsabilité de continuer et de vous
donner deux ou trois autres exemples, M. le Président, parce qu'il y en
a beaucoup d'autres, dans ce document. J'en cite un autre: "La
responsabilité confiée à Hydro-Québec de
répondre aux besoins d'énergie se trouve également
affectée par la nouvelle formule de taxation. En effet, les redevances
trop élevées pourraient, en réduisant la demande, rendre
superflue une partie des installations actuellement en construction et
entraîner la remise en question du plan de l'installation à long
terme."
Le conseil d'administration dit que le projet de loi peut, en effet,
l'obliger à fermer certains barrages. Mon Dieu! on ne peut pas passer
sous silence une telle déclaration du conseil d'administration. Il faut
savoir quels barrages seront fermés, quand et pour quelle durée.
C'est le bon sens même d'insister pour que M. Georges Lafond,
vice-président aux finances de la société
Hydro-Québec, se fasse entendre le mardi 15 décembre ou à
une autre date convenable.
Je cite de nouveau: "Hydro-Québec ne peut endosser la
responsabilité de réaliser ce plan des installations si elle ne
dispose pas de la souplesse nécessaire pour adapter sa planification
financière aux besoins changeants de son programme de financement et aux
disponibilités des marchés financiers."
Il dit: Ce projet de loi peut nous causer des problèmes
très graves avec les gens qui nous empruntent de l'argent pour nos
besoins essentiels. C'est impensable qu'on veuille adopter des articles de ce
projet de loi avant de comprendre exactement de quoi il s'agit.
Je continue, parce que c'est bien important: "Bien sûr, le budget
prévoit qu'il sera possible, si le niveau d'emprunt l'exigeait, de
hausser les critères établis.
Cependant, le caractère à long terme de la planification
des ouvrages hydroélectriques exige davantage. Il faudrait que les
ajustements des critères financiers soient adoptés assez
tôt pour coïncider avec les décisions de mise en oeuvre de
projets majeurs et constituer un engagement ferme de la part du gouvernement.
Autrement, le gouvernement se retrouverait d'année en année dans
la situation difficile et conflictuelle d'avoir à réduire ses
revenus pour donner une marge de manoeuvre à sa société
d'État."
On peut arriver, M. le Président, à un moment
donné, à une situation assez contradictoire où le
gouvernement même ne sera pas capable de sortir les sommes
nécessaires pour ses besoins à cause des problèmes
à l'intérieur de la société d'État. Dans ce
paragraphe, il dit que ce projet de loi peut causer des problèmes non
seulement pour Hydro-Québec, mais également pour le ministre des
Finances. Je pense que, même si vous avez refusé notre
deuxième motion, laquelle demandait le droit que siègent ici des
membres de la commission des finances publiques, c'est un bon exemple de la
bonne volonté et de la clarté avec laquelle on avait
exprimé cette deuxième motion. Vous avez un exemple de la
nécessité de les recevoir. Peut-être qu'on pourrait les
inviter d'une façon officieuse au moins.
Je cite un autre paragraphe de ce document du conseil d'administration
d'Hydro-Québec: Le gouvernement a justifié son intervention - le
projet de loi no 16 -par l'existence d'une marge importante entre le coût
de production de l'électricité et le prix des autres sources
d'énergie. Or, cette marge est limitée et sera même
réduite à cause des nouveaux éléments financiers
utilisés par Hydro-Québec dans sa planification. De plus, il
faudra tenir compte d'autres contraintes influant sur la tarification, par
exemple, la nécessité de maintenir à l'industriel - on en
a parlé hier soir - des tarifs qui soient concurrentiels avec ceux des
autres provinces.
Par exemple, en Ontario, pour la plupart des abonnés industriels
et commerciaux, les tarifs ne sont que de 10% à 20% plus
élevés qu'au Québec. Les hausses tarifaires prévues
se situent à un niveau inférieur à celui de l'inflation
générale au cours des prochaines années. Rappelons en
outre qu'au Manitoba les tarifs industriels qui étaient
déjà très compétitifs vont récemment
être gelés pour une période de cinq ans.
Alors, le conseil d'administration est en train de dire effectivement ce
que nous avons dit hier soir, à savoir que ce projet de loi peut
compromettre sérieusement tous nos projets à long terme pour le
développement économique du Québec. Hier soir,
c'était le député de Notre-Dame-de-Grâce qui l'avait
dit, cet après-midi, c'est nul autre que le conseil d'administration
d'Hydro-Québec. Voilà une autre raison, pour insister afin que M.
Georges Lafond, le vice-président, soit appelé ici et qu'il
réponde, qu'il explique exactement ce que le conseil d'administration
voulait dire par cette déclaration.
Je cite une autre difficulté dans le secteur domestique
d'imposer, à la consommation correspondant aux besoins essentiels des
familles québécoises, des hausses de tarifs aussi forte que
celles du prix du pétrole: Tout au plus, pourrait-on raisonnablement
indexer la partie de la consommation destinée au chauffage. Même
à cela, une augmentation excessive des tarifs de
l'électricité destinée au chauffage pourrait
entraîner une diminution de la consommation globale de
l'électricité qui se répercutera sur les revenus de
l'entreprise et, partant, sur le montant de la redevance que le gouvernement
pourrait retirer de ces revenus.
Ainsi compte tenu des contraintes propres à chacun des secteurs
de consommation, une indexation de l'ensemble des tarifs de
l'électricité au prix du pétrole apparaît
irréaliste. Alors, le ministre disait dans son discours qu'il voulait
ajuster le prix de l'hydroélectricité en fonction des hausses de
gaz naturel et du pétrole. Et le conseil d'administration
d'Hydro-Québec nous dit: C'est irréaliste, c'est impossible que
les députés du côté gouvernemental puissent accepter
d'adopter une telle loi avant que le conseil d'administration ou un de ses
représentants soit appelé afin d'expliquer exactement de quoi il
s'agit.
M. le Président, je peux continuer vous savez, parce que c'est un
texte assez étoffé de vingt pages, mais je n'ai pas l'intention
d'éterniser le débat. Je vous ai donné ces exemples assez
fracassants dans le but de démontrer à nos collègues d'en
face des déclarations qui ont été faites par le ministre
lors de son discours et celles même du ministre des Finances qui a
parlé pendant vingt minutes; ces déclarations étaient un
peu dans le but de jeter de la poudre aux yeux.
Le Président (M. Laplante):
J'apprécierais beaucoup que vous me parliez de M. Lafond.
M. Scowen: J'essaie de donner à mes collègues d'en
face les raisons pour lesquelles il est très important que M. Lafond
soit appelé ici. Quant à la raison, je suis en train de vous
expliquer que pendant le débat en deuxième lecture, le ministre
de l'Énergie et celui des Finances n'ont pas parlé de ces
éléments. Ils ont mis de côté complètement
les réserves, les critiques, les problèmes qui ont
été soulevés par le conseil d'administration de cette
société d'État même.
(16 h 15)
Je vais terminer en disant qu'hier soir, nous n'avions pas devant nous
cette motion répétant les huit conséquences
néfastes prévues par Hydro-Québec si le projet de loi est
adopté. Je dois vous dire que si M. Georges Lafond,
vice-président de la société Hydro-Québec est
invité ici, nous avons l'intention ensemble de lui poser des questions
sur les détails de chacune de ces conséquences néfastes
prévues par le conseil d'administration.
Premièrement, il prévoit une chute des revenus nets de
l'entreprise de 37% en 1981 par rapport à 1979 ou 1980.
Deuxièmement, il prévoit des besoins d'emprunts
augmentés entre 1982 et 1985 de 2 600 000 000 $ au-delà d'un
maximum raisonnable. Je pense qu'on serait irresponsable de ne pas poser de
questions sur le deuxième aspect de la question.
Troisièmement, il prévoit en 1982 un programme d'emprunts
d'environ 3 000 000 000 $ qui sera difficile à réaliser dans des
conditions acceptables. Comment peut-on passer une déclaration comme
celle-là sous silence?
Quatrièmement, il prévoit la remise en question de la
faisabilité financière du plan des installations de 1981 à
1990. Tout le plan des installations pour la décennie à venir est
remis en question par ce projet de loi, d'après le conseil
d'administration.
Cinquièmement, il prévoit l'abandon des politiques
financières soutenues jusqu'à ici publiquement par le
gouvernement, une perte de crédibilité pour Hydro-Québec
et des répercussions négatives possibles sur les emprunts futurs.
On ne peut pas permettre que ça se réalise sans lui donner
l'occasion de s'expliquer.
Sixièmement, il prévoit de la confusion et de la dilution
dans les responsabilités en matière de tarification et de
prévision de la demande et il prévoit aussi la difficulté
d'établir des plans valables à long terme. Or, la
difficulté de faire la planification à long terme est à la
base même d'un opération comme celle d'Hydro-Québec, qui
est obligée de faire aujourd'hui les engagements pour des projets qui
seront réalisés seulement dans cinq ou dix ans.
Septièmement, il prévoit une atteinte à la
responsabilité de l'entreprise en ce qui a trait à la saine
administration financière. L'administration financière est mise
en jeu, d'après le conseil d'administration, par ce projet de loi.
Huitièmement, en terminant, il prévoit le danger de
réduire l'autonomie de gestion interne qui est essentielle au bon
fonctionnement d'une société d'État.
Je pense donc que c'est presque impossible de concevoir une série
de réserves et de critiques aussi sérieuses. Je suis en train de
terminer, de toute façon, je comprends, voulez-vous qu'on suspende les
travaux? Alors, j'achève. Je suis certain, M. le Président, que
vous avez écouté ce que je viens de dire et surtout le
résumé des huit réserves exprimées par le conseil
d'administration. Je suis certain aussi que vous-même et les
députés ministériels êtes d'accord à dire que
ce n'est pas possible pour nous de commencer l'étude article par article
de ce projet de loi avant que M. Georges Lafond, le vice-président aux
finances de la société Hydro-Québec soit invité
à se présenter ici et à nous éclairer de la
façon la plus complète possible sur ces huit objections
soulevées par ceux qui ont la responsabilité de diriger cette
entreprise.
Je suis certain que je vous ai persuadé, M. le Président,
et que j'ai aussi persuadé les autres membres de cette commission.
M. Vallières: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Richmond.
M. Vallières: C'est en même temps une demande de
directive. Compte tenu de l'absence du ministre responsable de ce dossier, du
projet de loi no 16, lequel, en fait, a la responsabilité soit de
retirer ce projet de loi, soit de le modifier, puisqu'il représente
l'autorité qui peut ou ne peut pas donner suite à nos
revendications en commission parlementaire, je voudrais d'abord savoir du
président si c'est normal, si c'est coutumier que, lors de
l'étude article par article d'un projet de loi, le ministre soit absent
de la commission parlementaire. À mon point de vue, M. le
Président, c'est impensable que le ministre responsable ne soit pas ici.
C'est même contraire au bien-fondé de cette commission. Je
pourrais même dire que c'est presque une insulte à ceux qui
parlent ici, qui s'adressent, en principe, au ministre alors qu'il n'est pas
là. Il n'est pas là pour prendre les décisions. Ce qu'on
fait, ce sont des recommandations. Mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce vient de mentionner de nombreux points qui sont
importants. Le ministre n'est pas là pour les entendre. Alors, comment
pourra-t-il prendre une bonne décision compte tenu que les propos que
nous tenons ne sont pas entendus par le ministre? Il y aurait peut-être
lieu, M. le Président, de suspendre la commission en attendant le
ministre ou de l'inviter à s'asseoir avec nous.
M. Scowen: Et, M. le Président, je dois ajouter que je
suis prêt à répéter ce que je viens de dire...
Des voix: Ah!
M. Scowen: ... pour le ministre quand il
arrivera.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, le député de
Richmond sait très bien que les propos du député de
Notre-Dame-de-Grâce ont été consignés au
procès-verbal et que le ministre aura tout le loisir d'en prendre
connaissance.
D'autre part, nous nous engageons à faire rapport au ministre des
propos qu'a tenus le député de Notre-Dame-de-Grâce. Ce sera
un rapport qui sera relativement court quant à la substance.
Également, je pense que nous sommes informés qu'il y a un vote
à l'Assemblée nationale et que vous aurez des choses à
nous dire là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Oui, juste avant de suspendre
les travaux. Votre question de règlement est pertinente. Mais je dois
vous faire remarquer que ce n'est pas le rôle du président
d'évaluer l'importance de la présence de tel ou tel membre de
cette commission. Il reste aux personnes de s'entendre entre elles et voir si
elles doivent être là. D'accord?
M. Rodrigue: Je voudrais...
Le Président (M. Laplante): C'est suspendu pour un
vote.
M. Rodrigue: ... faire une correction. Une voix: C'est un
vote.
M. Rodrigue: Un instant! Je voudrais faire une correction. Il
semble que ce n'est pas le vote qui est demandé à
l'Assemblée nationale. On me fait signe que c'est une question de quorum
qui a été posée. Est-ce que les députés
doivent se rendre en haut?
Le Président (M. Laplante): On continue.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement. J'accepte vos propos. Maintenant, j'aimerais quand même
réagir à ceux du député de Vimont. Naturellement,
c'est peut-être l'inexpérience qui l'inspire.
Le Président (M. Laplante): Mais je n'aimerais pas, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, revenir sur une décision
que je viens de rendre.
M. Lalonde: Votre décision, je l'accepte.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais je ne voudrais pas
que ce soit une redondance aussi du...
M. Lalonde: Cela ne "redondera" pas, M. le Président. Je
veux simplement faire remarquer au député de Vimont que je mets
cela sur le compte de l'inexpérience, mais que c'est tout à fait
inacceptable, du moins par les députés de ce côté-ci
de la table, cette attitude un peu hautaine des députés qui
disent: Le ministre n'est pas là, mais on va lui dire ce que vous avez
dit. Ce n'est pas de cette façon que cela se passe, M. le
Président. Il y a des décisions à prendre ici, maintenant,
à savoir si on entend un ou des témoins, et quant à
d'autres décisions qui doivent être prises, il me semble que la
décence élémentaire exige la présence du ministre.
Je vous rappellerai qu'en d'autres endroits, à une autre commission
parlementaire, il y avait même eu - en fait, exactement ici, à la
salle 81-A, pour l'étude du projet de loi no 70 dont vous étiez
le rapporteur - une motion de suspension jusqu'à ce que le ministre
revienne. Les propos du député de Richmond sont extrêmement
pertinents, et nous donnons avis aux ministériels que si cette situation
ne se corrige pas, nous serons peut-être forcés de poser ce geste
que nous n'aimons pas poser, parce qu'il attaque la crédibilité
d'un ministre que nous estimons, d'autre part.
Le Président (M. Laplante): Vous me placez dans une
situation difficile et je prends la décision de suspendre les travaux
pour cinq minutes afin que vous essayiez de vous entendre, à savoir si
le ministre doit y être ou, du moins, son adjoint parlementaire.
M. Rodrigue: Un instant! M. le Président.
M. Lalonde: C'est suspendu.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
pour cinq minutes.
M. Rodrigue: Un instant! Une voix: Un instant!
M. Lalonde: C'est le président qui suspend.
M. Rodrigue: Oui, je veux bien, mais le président doit
entendre les questions de règlement qu'on a à soulever.
M. Lalonde: Non, c'est suspendu. M. Rodrigue: Question de
règlement. Une voix: C'est suspendu. (Suspension de la
séance à 16 h 25)
(Reprise de la séance à 16 h 28)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous voulez prendre vos sièges.
M. Rodrigue: M. le Président, sur la question de
règlement qui a été soulevée tout à l'heure
par le député de Richmond.
Je pense que le député...
Le Président (M. Laplante): Écoutez un peu,
là!
J'avais rendu une décision sur la question de règlement.
Si vous avez une nouvelle...
M. Rodrigue: Sur les remarques du député de
Marguerite-Bourgeoys, M. le Président.
M. le Président, je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys a mal écouté ce qu'avait à dire son
collègue de Richmond. Le député de Richmond a
mentionné qu'il ne voulait pas étudier le projet de loi article
par article en l'absence du ministre. Or, je ferai remarquer aux membres de
l'Opposition et à vous-même que nous ne sommes pas dans
l'étude du projet de loi article par article, nous en sommes à
des mesures dilatoires. Nous en sommes à la troisième motion
dilatoire de l'Opposition. D'après ce que j'ai compris, ils en ont au
moins une douzaine à nous présenter. Je pense que les remarques
qui ont été faites à cet égard sont
complètement à côté de la question. Lorsque nous
aborderons l'étude article par article, je suis sûr que le
ministre se fera un devoir d'être ici.
Le Président (M. Laplante): Parlez-vous entre vous?
M. Fortier: M. le Président, je pense que j'ai le droit de
parole.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Pierre Fortier
M. Fortier: Merci.
M. le Président, je ne peux pas accepter les commentaires du
député de Vimont. Tous et chacun à cette commission nous
sommes égaux et nous assumons nos propres responsabilités. On ne
peut nous prêter des opinions ou des orientations que nous n'avons
pas.
Pour ma part, pendant que le ministre est ici, j'aimerais lui dire
pourquoi nous tenons tellement à avoir le vice-président aux
finances pour venir discuter avec nous de l'impact du projet de loi no 16.
Une voix: ... il n'y a rien. (16 h 30)
M. Fortier: C'est cela que je voudrais vous expliquer. M. Lafond
- vous avez raison - était trésorier et est devenu
vice-président parce que M. Lemieux a démissionné; comme
il y a beaucoup de démissions à Hydro-Québec, tout le
monde obtient des promotions. Mais, dans le cas de M. Lafond, je dois dire que
c'est une personne compétente et que je connais depuis très
longtemps. Il est diplômé des Hautes études commerciales,
il a travaillé à Hydro-Québec et a été la
cheville ouvrière, avec M. Lemieux, pendant de très nombreuses
années pour aller sur les marchés mondiaux chercher les fonds
dont Hydro-Québec avait besoin. Alors, on peut dire qu'avec le
député de Vimont et d'autres employés
d'Hydro-Québec ce sont des Canadiens français qui ont fait
honneur au Québec et qui ont fait d'Hydro-Québec ce qu'elle est
maintenant.
Ayant situé l'importance de M. Lafond, je dirai que, comme
vice-président aux finances maintenant, il a des responsabilités
extrêmement considérables, compte tenu des marchés
financiers, compte tenu des difficultés d'aller chercher des fonds au
Canada, aux États-Unis ou en Europe. Il va sans dire que cette personne
serait tout à fait qualifiée pour traiter de l'impact financier
du projet de loi no 16 tel que nous en avons parlé et que nous pourrions
approfondir dans les journées ou dans les semaines qui viennent. Bien
sûr, on va nous dire que M. Lafond, alors qu'il était
trésorier ou vice-président aux finances, était avec nous
au mois de février lorsque nous avons étudié en commission
parlementaire le programme d'équipement d'Hydro-Québec pour une
dizaine d'années. Bien sûr, je crois qu'il était
présent lorsque nous avons étudié la loi 16 en commission
parlementaire à la fin d'août, et je crois qu'il était
présent lorsque nous avons étudié la tarification. Ce
qu'il faut savoir, c'est que la situation est très changeante. De fait,
non seulement elle est changeante, mais, de jour en jour, il est assez
difficile, même pour des économistes chevronnés, de
percevoir dans quelle direction l'économie des marchés se dirige
et d'évaluer à leur juste valeur les difficultés
d'emprunt; en conséquence, il est tout à fait difficile
d'évaluer, au jour le jour, l'impact que la loi 16 pourrait avoir sur
HydroQuébec.
La situation est changeante partout. Les taux d'intérêt ont
tendance à baisser. On pourrait présumer que, dans une certaine
mesure, ce sera plus facile dans les mois qui viennent. Ceux qui lisent les
journaux financiers se rendent compte que tous les experts s'entendent sur un
point, c'est que, même si les taux d'intérêt ont tendance
à baisser, il semblerait qu'il est assez difficile de faire des
prévisions à long terme et qu'en conséquence, on peut
conclure que, malgré tout, malgré cette baisse des taux
d'intérêt, ils auront tendance à remonter dans quelques
mois et Hydro-Québec aura quand même beaucoup de
difficulté à se financer par des emprunts à très
long terme.
En commission parlementaire, en février dernier, M. Lafond avait
averti le ministre des Finances et avait averti bien clairement le ministre de
l'Énergie et des Ressources, en disant que justement une des
difficultés pour la réalisation du plan décennal,
c'était cette difficulté qui s'en venait rapidement, qui
n'était pas très visible à ce moment et qui est devenue
plus cruciale aux mois de mars et d'avril. M. Lafond avait dit: Nous aurons
besoin d'une marge de manoeuvre accrue pour l'autofinancement de nos projets.
Il laissait entendre - je ne sais pas si, à ce moment, il avait eu vent
de cette possibilité que le gouvernement aille chercher des fonds
à Hydro-Québec - il avait dit très clairement que, quant
à lui et en tant que trésorier à Hydro-Québec,
parce qu'il était trésorier à ce moment, il serait
extrêmement important de garder à Hydro-Québec sa marge de
manoeuvre pour s'autofinancer de plus en plus.
Nous avons eu ensuite la commission parlementaire du 25 août,
où on a étudié la loi no 16. Pour souligner justement
l'importance de la loi no 16 sur le financement d'Hydro-Québec,
j'aimerais lire un court extrait de ce que disait M. Bourbeau, le
président du conseil d'Hydro-Québec: "Le financement - je cite
à la page B-54, du 25 août 1981 - des projets
d'Hydro-Québec annoncés lors de la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources en février dernier sera plus
difficile à réaliser que prévu. Les besoins d'emprunts
plus élevés en raison des transferts de fonds liés aux
nouvelles taxes et aux versements de dividendes..." Un peu plus loin, il disait
ceci: "La part de financement interne pourrait, le cas échéant,
devenir la pierre angulaire des réalisations des projets
d'Hydro-Québec."
M. le Président, devant une telle situation et devant cette
situation qui est changeante, tellement changeante que, lorsque nous
étions en commission parlementaire, et sachant que le ministre de
l'Énergie et des Ressources et le ministre des Finances avaient eu,
avant les commissions parlementaires, je présume, des dialogues ou des
discussions au préalable, on ne pouvait se mettre d'accord sur certaines
méthodes de calcul ou même sur les méthodes de calcul qui
permettaient à Hydro-Québec et au gouvernement de mesurer
l'autofinancement.
Je ne peux pas vous donner la citation exacte, mais je me souviens
qu'à un moment donné le ministre des Finances faisait
état, dans les années qui viendront, d'un autofinancement
possible de 60% et que M. Lafond, vice-président aux finances
d'Hydro-Québec avait dit: M. le ministre des
Finances, faites attention, selon des méthodes de calcul
modifiées que nous avons utilisées, il semblerait, quant à
nous, que cet autofinancement ne serait que de 25% ou de 30%. Je ne me souviens
pas du chiffre exact, mais je crois que ce qu'il faut retenir de cet
échange entre le ministre des Finances et le vice-président aux
finances d'Hydro-Québec, c'est qu'il n'y avait pas entente sur les
méthodes de calcul et qu'il n'y avait pas entente, justement, sur
l'impact financier qu'aurait la loi 16, compte tenu de la conjoncture
financière et des taux d'intérêt à venir.
Au mois de septembre également, il est apparu qu'il y avait des
différences assez marquées, puisque encore une fois,
Hydro-Québec avait eu sûrement des dialogues avec le
ministère des Finances pour évaluer de quelle façon
seraient payés les dividendes, la taxe sur le capital et tout cela.
Après notre départ, j'en conviens, M. le Président - j'ai
lu le compte rendu des débats - le ministre des Finances s'est permis de
faire des commentaires en disant: Hydro-Québec est dans le tort; elle
n'aurait pas dû, dans le calcul des paiements qu'elle ferait au
gouvernement en 1982, comptabiliser ces paiements de telle et telle
façon; cela sera reporté d'un an ou de six mois.
Il est bien évident, M. le Président, qu'il y a des
différences énormes entre les méthodes de calcul du
ministre de l'Énergie et des Ressources, du ministre des Finances et de
la direction d'Hydro-Québec. Je crois que ces différences ont un
impact déterminant pour mesurer, justement, l'ampleur qu'aura la loi 16
sur les finances d'Hydro-Québec et, comme le dit mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, l'ampleur du programme d'équipement, la
capacité d'Hydro-Québec de réaliser son programme
d'équipement dans l'avenir.
Si on avait eu un débat public, c'est-à-dire une
évaluation exhaustive de la situation, si on avait réalisé
- ce que nous avions discuté lors de l'étude des crédits
-une commission parlementaire itinérante, possiblement
accompagnée d'experts à travers le Québec, nous aurions pu
évaluer, à l'aide d'experts, toutes ces données du
problème et essayer d'en arriver à certaines conclusions qui
auraient permis au ministre des Finances, au ministre des l'Énergie et
des Ressources et à Hydro-Québec de s'entendre sur l'impact
qu'aura la loi 16 dans l'avenir.
J'arrive à la conclusion, à la lecture des documents
officiels qui sont les comptes rendus des différentes commissions
parlementaires, que non seulement nous de l'Opposition, nous ne savons pas quel
est l'impact du projet de loi no 16, d'une façon précise - nous
avons des préoccupations, nous avons des craintes, nous avons quelques
chiffres - mais il est bien évident que le
public lui-même n'en pas une juste idée. C'est la raison
pour laquelle cette crainte exprimée par le public s'est exprimée
d'une façon plus précise par les différents
télégrammes qui ont été adressés au premier
ministre, avec copie au chef de l'Opposition, pour demander justement qu'ait
lieu soit une commission parlementaire où peut-être des experts
pourraient nous aider, soit un débat public, tel que cela s'est fait en
Ontario lors de l'étude spéciale du programme
énergétique de l'Ontario, c'est-à-dire la commission
Porter. À ce moment-là, justement, les experts avaient permis
à cette commission d'enquête d'évaluer avec certitude les
différents impacts financiers qu'auraient des modifications profondes
à Hydro-Ontario ou à son programme d'équipement ou
à la tarification.
Il y a une autre raison pour laquelle je crois qu'il faudrait entendre
le vice-président aux finances, c'est que, comme tous ceux qui ont lu le
journal, nous avons lu cette analyse de l'expert en fiscalité qu'est
Marcel Bélanger et il nous a semblé que l'étude
était assez exhaustive et méritait d'être citée. Le
ministre, lui, a dit qu'il n'était pas d'accord sur l'évaluation
qu'a faite Marcel Bélanger de l'impact financier qu'aura la loi no
16.
Il me semble qu'en toute logique, sûrement, on doit faire la
lumière. Il se pourrait, je l'admets, que M. Bélanger fasse des
hypothèses de calcul qui ne seraient pas confirmées par le
vice-président aux finances d'Hydro-Québec. Il se pourrait qu'il
y ait des hypothèses de calcul, dans l'étude de M.
Bélanger, qui ne seraient pas acceptées par le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Mais comme cette étude,
d'après ce qu'on m'en a dit, doit être publiée
prochainement dans la revue Commerce, je crois que nous aurions avantage,
compte tenu du fait que le ministre nous refuse ce débat public sur
l'énergie, compte tenu du fait que la population ne pourra pas
bénéficier d'une étude exhaustive sur ce sujet, nous
aurions avantage de faire comparaître M. Lafond, de comparer ses calculs
avec ceux du ministère des Finances, et soit de valider les
hypothèses et les conclusions de M. Bélanger ou soit de les
modifier pour que, finalement, nous ayons une étude dite de Marcel
Bélanger modifiée par les corrections qui devraient être
faites.
M. le Président, je crois que cela fait plusieurs raisons pour
lesquelles nous devrions entendre M. Lafond. C'est la personne qui est la plus
renseignée sur les aspects financiers d'Hydro-Québec. Et comme
cette situation semble évoluer de jour en jour, compte tenu des
marchés financiers, il serait nécessaire, à la veille de
l'adoption de ce projet de loi par le gouvernement, qui, dans le moment, semble
indiquer une détermination à procéder malgré toutes
les représentations que nous faisons, il semblerait déterminant
de valider ou d'invalider les conclusions de l'étude de Marcel
Bélanger et de s'assurer que nous ayons une juste mesure de l'impact
financier de la loi no 16 sur l'avenir énergétique du
Québec et sur l'avenir d'Hydro-Québec.
Alors, je vais limiter mes remarques, pour le moment, à ce que je
viens de dire, quitte à y revenir un peu plus loin si le besoin s'en
fait sentir. J'oserais penser que ces quelques remarques vous auront convaincu,
M. le Président, et auront permis au ministre de l'Énergie et des
Ressources de constater jusqu'à quel point la situation est confuse pour
les députés qui n'ont pas la chance d'avoir accès à
tous les dossiers confidentiels d'Hydro-Québec, et comment la situation
est confuse, certainement, pour les députés de l'Opposition qui,
eux, essaient de comprendre quelle est la juste situation, essaient de
comprendre quel sera l'impact pour les consommateurs, et quels seront les
impacts pour les sociétés qui, dans l'avenir, feront affaire au
Québec.
Nous avons dit, et je le répète, que nous craignons que
cet impact soit négatif pour attirer au Québec des
sociétés qui voudraient bénéficier d'une
tarification qui était, jusqu'à maintenant, concurrentielle avec
d'autres provinces. Mais il me semble qu'on ne peut laisser ces commentaires,
ces accusations, peut-être, si elles sont fausses, on ne peut laisser ces
commentaires en l'air. Il nous faut faire la lumière, et la venue de M.
Lafond, pour nous éclairer à cette commission, serait
extrêmement valable. C'est la raison pour laquelle j'appuierai cette
motion et j'ose espérer que tout le monde autour de la table en fera
autant. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Cela en fait
déjà deux, il faut donner la chance de l'autre bord. J'essaie de
balancer cela.
M. Roland Dussault
M. Dussault: M. le Président, vu la soif extraordinaire de
clarification que l'Opposition a à l'égard du projet de loi no
16, vu le fait qu'ils ont l'air de vouloir restreindre quand même les
canaux à travers lesquels ils pourraient aller chercher toute cette
information, il me paraît important qu'on essaie d'élargir le
champ de ces personnes qui pourraient éclairer la commission. Il me
semble que cela nous serait beaucoup plus profitable si on n'invitait pas
seulement M. Georges Lafond à venir éclairer la commission.
(16 h 45)
Motion d'amendement
Pour cette raison, je vais présenter un amendement qui vise
effectivement à élargir ce bassin de personnes qui peuvent nous
éclairer. L'amendement serait le suivant: Ajouter, après les mots
"à la société HydroQuébec", les mots suivants "et
autres personnes ou groupes"; mon amendement est en deux volets: à la
fin de la motion, ajouter les mots "ou relativement à d'autres
questions". Je répète. Il s'agit d'ajouter, après les mots
"à la société Hydro-Québec", les mots suivants "et
autres personnes ou groupes" - j'entends par groupes, des personnes physiques
comme des personnes corporatives ou personnes collectives; tout ce qu'on peut
trouver sous l'appellation du mot "personne" - et, à la fin de la
motion, les mots "ou relativement à d'autres questions".
C'est ma motion d'amendement, M. le Président. Je suis sûr
que l'Opposition va se prêter immédiatement à un vote sur
cet amendement. Je ne vois pas trop pourquoi on perdrait notre temps à
discuter longuement puisque cela semble tout à fait dans le sens de ce
que l'Opposition souhaite, c'est-à-dire être
éclairée par des personnes sur la portée du projet de loi,
que ce soit sur le plan financier, sur le plan des tarifs, ou autrement. Je
suis certain que l'Opposition va se prêter immédiatement à
un vote sur cet amendement. Je vous le demande tout de suite, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole
à d'autres membres sur la recevabilité de cet amendement, est-ce
que cela voudrait dire, dans votre esprit, toute autre personne que les membres
de cette commission jugeraient bon d'inviter?
M. Dussault: C'est sûr, M. le Président, qu'il n'est
pas question d'inviter des députés parce qu'on a tranché
cette question déjà. Il s'agit d'inviter toute autre personne que
celles qu'on n'a pas éliminées jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, je
vais entendre un député de chaque parti. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, me donneriez-vous une copie de votre amendement, s'il vous
plaît?
M. Dussault: Oui, M. le Président, j'y arrive. Il me reste
quelques mots à écrire sur la petite feuille que je vais vous
apporter.
M. Lalonde: M. le Président, attendez-vous d'avoir
l'amendement?
Le Président (M. Laplante): Non. Vous pouvez parler, si
vous voulez. Mon idée est vague.
M. Lalonde: M. le Président, naturellement, ce qui semble
être une grande ouverture est à la fois un immense piège
dans la mesure où les personnes et les groupes ne sont pas
déterminés. Nous sommes ici non pas pour faire des voeux, mais
pour faire des invitations précises.
Une voix: Le président de la Saint-Jean-Baptiste.
M. Lalonde: Oui, vous pouvez peut-être inviter le
président de la Saint-Jean-Baptiste à expliquer pourquoi il a
fait sa...
Une voix: Dr Lavallée.
M. Lalonde: ... publicité haineuse il y a quelques jours.
On peut peut-être inviter le Dr...
Une voix: Lavallée.
M. Lalonde: ... Lavallée, l'ancien président de
Montréal-Centre. Alors, cela donne ouverture à à peu
près n'importe quoi, relativement à d'autres questions. Si cela
permettait au député de Châteauguay, dans le cheminement
brumeux de son raisonnement, de voter en faveur de cette motion, je dirais:
Fort bien, mais à une condition. C'est que vous m'assuriez, à
titre de président, que cela n'empêchera pas la
présentation et l'adoption d'invitations précises. On n'est pas
plus avancé si on accepte cela et qu'ensuite... On a accepté M.
Lafond et d'autres personnes ou groupes. Devant quoi sommes-nous comme
commission, M. le Président? Qui allons-nous inviter? Alors, si
l'Opposition fait une proposition précise et que la voie est
fermée parce qu'il y a déjà une motion qui a
été adoptée, à savoir d'inviter tout le monde,
c'est là où est le piège. Je le soumets respectueusement.
Si vous m'assurez, de votre siège de président, que cela
n'empêchera pas, n'interdira pas la présentation d'autres motions,
d'une ou de plusieurs, selon vos décisions, de la part d'un
député, d'un côté ou de l'autre de la table, de
présenter une invitation précise, à ce moment-là,
je suis bien prêt à parler d'abord et ensuite à adopter cet
amendement qui n'ajoute rien, mais qui peut empêcher plus tard, je le
crains, toute présentation de motion précise. Je soumets que cela
n'ajoute pas grand-chose, étant donné que c'est sur
n'importe quoi.
Quand on dit aussi: La deuxième partie de l'amendement
relativement à d'autres questions. De quoi va-t-on parler? Des
fêtes nationales, on va parler de la SHQ, de quoi va-t-on parler?
Le Président (M. Laplante): S'il y a un membre, sur votre
motion, sur la recevabilité.
Une voix: On va inviter la gang des galeries montagnaises!
M. Dussault: C'est cela.
M. le Président, vous avez remarqué que le
député de Marguerite-Bourgeoys a plaidé sur le fond. Je
pense qu'il faut s'en tenir à la forme. C'est une motion qui permet de
trancher un principe à cette commission, d'inviter des gens ou pas ici.
Cela l'élargit autant que les membres de la commission voudront le voir
élargi. Alors, c'est un principe qui sera tranché ici,
grâce à cet amendement. Je ne vois pas en quoi les
députés libéraux pourraient s'opposer à une telle
motion, puisqu'elle ne restreint d'aucune façon leur droit à
entendre du monde ici. Elle fait trancher un principe cependant et je pense
qu'il n'y a aucun mal à ce qu'un tel principe soit tranché ici,
M. le Président.
Pour cette raison, je ne vois pas en quoi le président pourrait
juger irrecevable une telle motion d'amendement.
Le Président (M. Laplante): Je me sens assez
éclairé à ce moment-ci. C'est que le président, en
somme, n'a pas à juger de l'avenir de la commission quant à
savoir si je peux y voir une ouverture ou une fermeture face à l'avenir
de cette commission sur les gens à inviter. Au premier abord, je peux le
voir aussi et vous dire: C'est une belle ouverture qui se fait là, je
veux dire que si la motion était adoptée, c'est justement ce que
je n'ai pas à juger, de son adoption ou de son refus. C'est pourquoi,
à ce moment-ci, je suis obligé de la juger recevable.
Est-ce que vous voulez parler? Vous avez chacun dix minutes pour parler
sur l'amendement. Pour la motion d'amendement, c'est dix minutes.
M. Lalonde: II n'y a pas de périodes de dix minutes en
commission, c'est toujours 20 minutes.
M. Fortier: C'est 20 minutes.
Le Président (M. Laplante): Je vais regarder le
règlement sur les amendements. Vous pouvez commencer à
parler.
Une voix: II faut qu'on le sache d'avance.
Le Président (M. Laplante): Cela ne me prendra pas 20
minutes à le trouver.
M. Bélanger: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez commencer?
M. Bélanger: Non. Est-ce qu'on pourrait recevoir une
motion amendée. Comment voulez-vous qu'on parle 20 minutes sur une
motion dont on n'a qu'un brouillon?
Le Président (M. Laplante): On va suspendre cinq minutes
pour vous donner le droit à un texte écrit.
M. Bélanger: Merci. (Suspension de la séance
à 16 h 50)
(Reprise de la séance à 17 h 02)
Le Président (M. Laplante): La commission reprend ses
travaux.
J'ai jugé la motion recevable, mais il y a quelque chose qui me
chatouille après consultation avec un spécialiste
là-dedans. Lorsque vous dites "relativement à d'autres
questions", qu'entendez-vous par cela, parce que c'est important?
M. Dussault: Je vais vous aider, M. le Président. Pour la
rendre acceptable, pour que cela ne prête à aucune
équivoque, je vais ajouter après "d'autres questions" les mots
suivants "sur la loi 16". D'accord?
Le Président (M. Laplante): Je préfère.
M. Polak: Sur le projet de loi.
M. Dussault: "Sur le projet de loi no 16". Vous avez raison, M.
le député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Laplante): D'accord, parce qu'autrement
je l'aurais amendé moi-même.
M. Lalonde: M. le Président, même là,
simplement par souci de prudence, le mandat que nous avons reçu de
l'Assemblée nationale, c'est d'étudier article par article le
projet de loi no 16. Ajouter après les mots de la motion "sur toute
autre question sur la loi 16", cela veut dire qu'on peut ouvrir le débat
de deuxième lecture sur le principe. Enfin, si c'est ce que vous voulez,
je peux bien le faire, mais c'est le danger que je vois dans la deuxième
partie de l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Je ne prends pas les remarques
actuellement sur une contestation. Après l'ajournement des travaux, je
pourrai peut-être être plus libre pour vous dire que vous avez une
façon, suivant le résultat des votes qu'il pourra y avoir autour
de cela, de changer quelque chose. C'est à vous autres qui restez
actuellement comme parlementaires autour de la table d'étudier comme il
faut cet amendement et la motion et d'user, après cela, de ce que vous
savez très bien faire en parlementaires. C'est à peu près
tout ce que je peux vous dire là-dessus. Le premier orateur sur
l'amendement sera le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Scowen: Sur l'amendement, est-ce que les mots
Hydro-Québec sont biffés?
Le Président (M. Laplante): Non, il n'y a rien de
biffé.
M. Lalonde: Je n'ai pas le texte. Pourriez-vous le lire?
Le Président (M. Laplante): On est supposé avoir
passé les textes; c'est pour cela qu'on a recommencé.
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez lire la motion au complet?
Une voix: Non, on ne l'a pas eue.
M. Lalonde: Pouvez-vous la lire, on va la prendre en note.
Le Président (M. Laplante): Ajouter après les mots
"à la société Hydro-Québec" les mots suivants "et
autres personnes ou groupes" et ajouter à la fin les mots
suivants:...
M. Duhaime: Vous allez trop vite, M. le Président, "et
autres personnes..."
Le Président (M. Laplante): II a mis entre
parenthèses "(physiques ou corporatives)".
M. Duhaime: On met cela au pluriel, n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): C'est cela.
Une voix: On met entre parenthèses "(physiques ou
corporatives)".
Le Président (M. Laplante): C'est cela et ajouter à
la fin du texte de la motion principale...
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Laplante): "relativement à
d'autres questions..."
Une voix: II y a une virgule après
Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): Oui. "... sur le projet de loi
no 16."
M. Vallières: M. le Président, est-ce qu'on
enlève "ou à toute autre séance"?
Le Président (M. Laplante): Pardon?
M. Vallières: On avait ajouté "ou à toute
autre séance", après 23 h 30.
Le Président (M. Laplante): Non, il n'y a pas de
séance.
M. Lalonde: Tout le monde revient le 15 décembre.
Une voix: Ou à toute autre question.
Le Président (M. Laplante): "Ou à toute autre
séance" fait partie de la motion principale. Cela reste après le
mot "heure".
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Ah oui! c'est une correction
qui a été faite au moment de la présentation.
M. Lalonde: Ah oui! d'accord, ce n'est pas un amendement, c'est
une correction.
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas un
amendement. C'est clair?
Une voix: C'est clair.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je suis en faveur de
l'amendement proposé par le député de Châteauguay.
Je vais vous donner quelques raisons pour lesquelles je vais appuyer cette
motion.
Premièrement, je suis étonné de l'ouverture
d'esprit du député de Châteauguay. Ce n'est pas normalement
dans ses habitudes...
M. Dussault: C'est parce que vous me connaissez mal, M. le
député.
M. Ciaccia: ... mais cette évolution d'esprit est bien
accueillie de ce côté-ci.
M. le Président, ce sont des représentations que nous
avions nous-mêmes faites durant la deuxième lecture. On
voulait
entendre d'autres parties. Je présume que les modalités
seront déterminées en temps et lieu par la commission. Cela
n'ouvre pas la porte complètement à un débat public; cela
ne remplace pas le débat public que nous aurions souhaité. Nous
aurions préféré un débat public ouvert à
tous les citoyens, à différents organismes qui auraient pu venir
se présenter pendant plus d'une journée ou deux devant cette
commission. Cela aurait été un débat complet, un
débat public, tel que même le prédécesseur du
ministre actuel avait accepté. Faute de ce débat public, nous
allons accepter pour le moment l'amendement du député de
Châteauguay; en plus d'inviter le vice-président aux finances de
la société Hydro-Québec, on pourrait inviter d'autres
personnes ou groupes, non seulement le vice-président
d'Hydro-Québec quant aux implications financières du projet de
loi no 16 sur la société Hydro-Québec, mais les autres
personnes ou groupes relativement à toute autre question. On va trouver
le libellé exact tantôt, je présume que c'est toute autre
question relativement à l'étude article par article du projet de
loi, les questions qui sont soulevées par l'étude article par
article. Autrement dit, on ne dépassera pas le mandat de la commission
et je ne pense pas qu'on puisse le faire d'après nos règlements.
Mais cela n'empêcherait pas de soulever des questions très
intéressantes quant à la politique énergétique du
gouvernement, quant au développement d'Hydro-Québec par rapport
à la part qu'Hydro-Québec doit avoir dans le bilan
énergétique, à la part que le gaz naturel doit avoir dans
le bilan énergétique, à la part des autres formes
d'énergie. On pourrait parler des prix de l'énergie.
Je sais que le parti ministériel a toujours prôné le
prix international. On pourrait discuter des impacts sur l'économie du
prix international vis-à-vis du prix canadien et avoir l'avis de
différents organismes qui seraient invités à cette
commission, peut-être les membres de la chambre de commerce, pour voir
quelles seraient leurs réactions aux propositions du gouvernement quant
au prix international par rapport au prix canadien. Ce sont tous des sujets que
nous pourrions aborder parce qu'ils sont dans le mandat de la commission et ils
ne dépassent pas le mandat que cette commission a reçu de
l'Assemblée nationale d'étudier le projet de loi article par
article. Cela pourrait vraiment nous permettre d'être
éclairés.
Ce que j'apprécie le plus dans la motion du député
de Châteauguay, c'est que, souvent, dans l'étude article par
article - je sais, M. le Président, que vous avez eu cette
expérience, non seulement comme président, mais comme membre
d'une commission parlementaire - on arrive à l'étude d'un article
et on n'a pas tous les renseignements sur cet article. En ayant l'occasion
d'inviter d'autres groupes, on pourrait inviter des groupes qui vont nous
donner des renseignements précis sur l'article que nous étudions.
À ce moment, les ministériels et tous les membres de la
commission auront les conséquences de cet article et la vraie
signification. À ce moment, cela peut nous permettre d'apporter des
amendements qui répondraient aux problèmes soulevés par
l'organisme qui va nous donner les renseignements sur l'article en question. Je
pense bien que cela ne venait pas à l'esprit du député de
Châteauguay. C'est une des conséquences bénéfiques
de l'amendement qu'il a proposé. Cela pourrait éclairer davantage
la commission sur l'étude article par article. Je crois que ce serait un
bon précédent à créer pour l'étude d'autres
projets de loi et on devrait l'essayer. Cela ne crée pas un
précédent. Je ne veux pas dire que, parce que cela a
été accepté ici, nous allons faire cet amendement et
l'exiger dans tous les autres projets de loi. Non.
Selon les résultats, on pourra en tirer certaines conclusions. On
pourra peut-être changer le mode de travail de nos commissions
parlementaires et avoir plus d'organismes, de personnes, de groupes qui
viendraient participer à nos commissions parlementaires après la
deuxième lecture. Nous avons l'expérience des commissions
parlementaires avant la deuxième lecture. Il y en a une
présentement qui se déroule au salon rouge et on entend des
mémoires. Cela n'est pas la même chose, parce qu'avant la
deuxième lecture, les participants ne connaissent pas le contenu du
projet de loi. Les amendements après la deuxième lecture sont
limités parce qu'en deuxième lecture, le principe de la loi est
adopté par l'Assemblée nationale et on est limité,
très restreint dans le genre d'amendements que nous pouvons faire. On
pourrait voir les deux expériences: les expériences des
commissions parlementaires qui invitent les groupes et les organismes avant la
deuxième lecture et l'expérience...
Une voix: ... après la deuxième lecture.
M. Ciaccia: On l'a eue après la deuxième lecture,
mais ce n'était pas sur un sujet comme celui-ci. Cela affectait
seulement un comté principalement, quelques comtés, une
région.
M. Vallières: ...
M. Ciaccia: Excusez-moi, M. le député de Richmond.
Je voulais dire que cela affectait une région, tandis que le projet de
loi no 16 affecte non seulement l'ensemble de la population, mais il affecte
différents secteurs de notre économie: le
développement économique, l'avenir d'Hydro-Québec,
la politique énergétique, le secteur industriel. Cela affecte
tous les secteurs de notre économie et tous les contribuables, la
population qui est appelée à payer pour les dividendes que le
gouvernement va déclarer. (17 h 15)
Alors, je crois, pour ces motifs, que nous devons tous appuyer la motion
du député de Châteauguay qui va nous permettre d'obtenir
autant d'information que possible sur tous les différents aspects du
projet de loi, sur toutes les questions que nous avons soulevées. Nous
avons soulevé plusieurs questions en deuxième lecture, et comme
vous le savez, en deuxième lecture, on est restreint dans nos
interventions. On est doublement restreint, en deuxième lecture;
premièrement, par le règlement qui limite le droit de parole
à vingt minutes sur la motion de fonds, et à dix minutes
lorsqu'il y a une motion de report. Mais l'autre restriction que nous avons, en
deuxième lecture, c'est celle imposée par le gouvernement, et
cette restriction, c'est de nous faire siéger toute la nuit. C'est une
restriction assez difficile parce qu'on n'a pas le temps...
M. Grégoire: On va arrêter à minuit.
M. Ciaccia: ... de vraiment nous préparer, d'informer la
population. Nous devons continuer jusqu'à quatre heures, cinq heures,
six heures du matin, alors c'est quelque chose de très sérieux.
Le gouvernement aurait pu nous accorder un peu plus de latitude en discutant ce
projet de loi durant le jour, et ne pas essayer de le passer à la vapeur
dans deux nuits. C'est ce qu'il a fait. C'est pour cela que la motion du
député de Châteauguay vient remédier un peu aux
gestes, aux mauvais gestes que le gouvernement a posés dans la
discussion et dans la présentation du projet de loi.
Je présume qu'une des autres raisons pour lesquelles le
député de Châteauguay a présenté cette motion
- on ne veut pas imputer de motifs et on veut donner le bénéfice
du doute à la bonne volonté des députés
ministériels - est, je pense bien, tous les télégrammes
qu'ils ont reçus de différents organismes à travers le
Québec quant à l'implication, les conséquences, le fardeau
fiscal, l'augmentation des tarifs, les restrictions sur l'économie,
l'impact économique, les réductions d'emplois à la
Baie-James. Il y a plusieurs urgences qui touchent les emplois de la
Baie-James. On est dans une conjoncture économique assez difficile, et
ce n'est pas le temps de réduire les emplois à la Baie-James.
Alors, ça va permettre à ces personnes de faire certaines
représentations, et peut-être d'aider le gouvernement à
modifier son projet de loi. Je suis persuadé que cela est entré
en ligne de compte dans l'esprit du député de Châteauguay
lorsqu'il a fait cet amendement.
Peut-être aussi qu'une autre remarque du premier ministre, en fin
de semaine, a porté le député de Châteauguay
à faire cet amendement. On me rapporte que le premier ministre, en fin
de semaine, au congrès du Parti québécois, aurait admis
que nous sommes dans des difficultés financières, des
déficits budgétaires, et qu'on passe à travers une
période assez difficile. Apparemment, le premier ministre aurait dit:
Dans deux, trois ans, tout cela va être réglé, nous allons
avoir beaucoup d'argent parce que nous aurons été chercher toutes
les sommes dont nous avons besoin à Hydro-Québec. Alors, si c'est
le cas, ça ajoute aux raisons pour les quelles nous devons appuyer la
motion du député de Châteauguay. Je pense bien qu'il avait
cela à l'esprit parce que lui aussi représente des
électeurs dans Châteauguay. Je suis bien certain que quand les
propos du premier ministre ont été répandus à
travers la province, qu'on eu a étudié et réalisé
l'impact, on veut démontrer exactement et peut-être expliquer ce
que le premier ministre voulait dire. C'est peut-être dans l'esprit du
député de Châteauguay de faire comparaître le premier
ministre devant cette commission - je ne sais pas, on ne s'opposera pas, de
toute façon, si c'est son intention -pour expliquer les affirmations
qu'il a faites en fin de semaine au congrès national du Parti
québécois.
M. le Président, je pense que j'ai donné pour le moment,
assez de raisons pour lesquelles on devrait tous, unanimement, sans aucune
hésitation, même en félicitant le député de
Châteauguay, appuyer cette motion qui démontre une ouverture qu'on
n'a jamais vue et un respect de la démocratie que, personnellement, je
n'ai jamais vu pratiquer d'une telle façon par un député
du Parti québécois.
Une voix: ... un discours.
M. Ciaccia: Combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): II vous reste sept
minutes.
M. Dussault: M. le Président, je pense qu'on n'a jamais eu
autant de raisons de passer au vote immédiatement.
Une voix: Non, j'ai des choses à dire. M. Ciaccia:
Mais non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, en ce qui...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce qu'on va avoir
le temps de faire comparaître tout ce monde si vous parlez jusqu'à
lundi?
Des voix: Ah!
M. Grégoire: On est bien prêt à les faire
comparaître, mais si vous parlez tout le temps, on ne pourra pas les
faire comparaître.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, est-ce que j'ai la parole? En
ce qui concerne l'amendement suggéré par le député
de Châteauguay, je dois vous dire que je suis vraiment
déchiré parce que...
Des voix: Ah!
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président. Faut-il que je
répète mes paroles? M. le Président, face à cet
amendement proposé par le député de Châteauguay, je
suis vraiment déchiré parce que...
Une voix: Déchiré.
M. Polak: ... je trouve énormément d'ouverture
d'esprit dans cet amendement, mais j'ai peur que la population l'accuse de
tactique dilatoire. Les mots et les termes exacts de cet amendement sont - je
vais le lire - "et autres personnes - cela veut dire aussi corporations - ou
groupes". Il commence par dire "et". Donc, cela nous force, évidemment,
par le mot "et", à inviter autres personnes physiques, corporations ou
groupes. Donc, il n'a pas dit "ou". Il a dit "et". Donc, à part M.
Lafond, nous serons donc obligés maintenant d'inviter autres personnes
physiques, corporations ou groupes. C'est la première partie de
l'amendement.
La deuxième partie, à la fin, il dit qu'ils peuvent parler
relativement à d'autres questions sur le projet de loi no 16.
Donc, il semble que cet amendement ouvre largement la porte. On a tout
de même fait énormément de progrès ce matin et hier,
et nous sommes tous de bonne foi. Connaissant notre méthode de
travailler, de part et d'autre, le député peut avoir confiance
aux députés ministériels et à ceux de l'Opposition,
on n'abusera pas de ce droit.
D'ailleurs, je suis très content, M. le Président. Ce
matin, j'ai essayé de convaincre le député de
Châteauguay de permettre aux autres députés d'intervenir et
de présenter leurs arguments. Ce qui est drôle, c'est que,
maintenant, j'ai réussi. Parce que, dans son amendement, quand il parle
des "autres personnes", je suis convaincu qu'il ne nie pas qu'un
député soit une autre personne.
En d'autres termes, on peut demander à tous les autres
députés de venir devant cette commission se faire entendre et de
parler sur d'autres questions concernant le projet de loi no 16. Je suis
certain que, quand on commence à inviter d'autres députés,
tous les autres qui ne sont ni membres ni intervenants à cette
commission, cela leur fera plaisir de venir et, au moins, avoir une chance de
parler comme toute autre personne parce qu'ils sont une personne, soit de sexe
féminin ou de sexe masculin.
M. le Président, je vois que vous faites un signe négatif
de votre tête.
Des voix: Ah!
M. Polak: C'est l'interprétation que je donne à ce
texte.
Maintenant, il faut se demander ce qu'il veut dire par les mots
"relativement à d'autres questions" sur le projet de loi no 16. Le texte
qui précède dit très clairement "les implications
financières". Tout le monde est d'accord que M. Lafond,
vice-président aux finances, va parler et on sera très content de
l'entendre sur les implications financières. Mais les autres personnes
morales, physiques, corporations ou groupes vont donc parler sur les autres
questions du projet de loi no 16. Là, j'en ai trouvé, en
considérant ceux qu'on peut inviter. Par exemple, on pourrait inviter
les municipalités, les coopératives d'électricité,
les entreprises industrielles. Peut-être pas toutes dans la province de
Québec, mais une certaine catégorie qui représente
l'industrie "at large", si on peut dire, ou le commerce. Différentes
industries pourraient parler de contrats spéciaux. C'est une affaire
très intéressante. Est-ce que ces contrats spéciaux vont
être maintenus? Pour combien de temps? Est-ce qu'il y a moyen de
définir cela? Je vois, par exemple, que, dans le projet de loi - c'est
très intéressant aussi - qu'Hydro-Québec désormais
peut mettre en oeuvre des programmes d'économie d'énergie...
Le Président (M. Laplante): M. le député, si
vous commencez à lire dans les articles, je vais tomber automatiquement
aux articles.
M. Polak: Non, je m'en tiens à la motion, à
l'amendement. Non, je me restreins à la motion, à l'amendement
qui parle d'autres sujets. Mais j'ai tout de même le droit...
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Polak: ... de regarder la littérature. C'est de la
littérature, ce n'est pas devant nous. On n'étudie pas cela en
détail, on parle sur la motion.
Par exemple, ce serait intéressant de recevoir des groupements de
consommateurs
devant nous qui parleraient de tout autre sujet du projet de loi no 16
à part les finances, par exemple, l'écologie. Il pourrait y avoir
des mouvement de personnes, des organismes qui pourraient être
intéressés. Ayant réfléchi, je dois vous dire que
j'étais déchiré, parce qu'au commencement, je pensais que
le député serait accusé de tactique dilatoire. Je ne
voulais pas, parce qu'on a vraiment fait du progrès, surtout cet
après-midi, quand tout le monde a dit que c'était une bonne
idée de recevoir M. Lafond. On ouvre maintenant la porte.
Je pense que, même si on accepte le texte qui est assez large, qui
fait confiance à notre équipe des deux côtés de la
table, et surtout sachant que le député de Châteauguay est
un homme d'influence dans son parti - c'est bien connu; il était avec
les onze dans le temps; il n'est plus là maintenant - qui a des opinions
assez fortes et indépendantes et qu'il nous a présenté
cette motion, cela peut influencer les autres députés. Par
exemple, j'ai vu que le député de Mont-Royal a été
tout de suite convaincu. Il a commencé par dire: Je vote pour. Je
n'étais pas convaincu, j'étais déchiré, comme je
vous l'ai dit. Mais en parlant, en le regardant et en lisant le texte, je
commence de plus en plus à voir le bon sens derrière sa motion.
Peut-être que la formulation laisse quelque peu à désirer
et qu'on pourrait prendre avantage à reformuler le texte, mais il sait
très bien que nous ne le ferons pas et que lui non plus de son
côté, ne le fera pas.
Prenant tous ces arguments en considération, je commence à
devenir de moins en moins déchiré et je commence à
approcher vraiment du point où je pourrais dire: Je pense que je
pourrais voter en faveur, si j'avais droit de vote, mais le problème, M.
le Président, c'est que je ne suis pas membre de la commission, je suis
intervenant. D'ailleurs, j'ai un autre problème. J'étais, comme
je le disais, déchiré, parce qu'au moment où j'ai lu la
motion, j'étais tellement pris par le texte que je me voyais
déjà voter. Je me disais: Comment est-ce que je vais voter, M. le
député de Sainte-Anne?
Soudainement, j'ai constaté que, comme intervenant, je n'ai pas
droit de vote. J'ai réalisé cela, mais évidemment j'ai une
influence tout de même auprès des autres
délégués de notre parti qui sont ici et je suis d'avis que
c'est mon devoir maintenant, même si je n'ai pas droit de vote, d'essayer
de convaincre les autres députés de l'Oppostion qui sont ici et
qui ont droit de vote et, sérieusement, de parler avec eux,
peut-être entre 18 heures et 20 heures et d'essayer de les convaincre de
voter en faveur de cet amendement, à condition qu'il soit bien entendu
entre tout le monde des deux côtés de la table, qu'on n'en prendra
pas avantage. Par exemple, inviter l'industrie et le commerce,
évidemment, où est-ce qu'on arrête? Il est donc possible
qu'à un moment donné on décide quelle catégorie on
va prendre. Par exemple, l'électricité, cela peut affecter aussi
l'industrie de la chaussure. On a parlé de cela à
l'Assemblée assez longtemps. On pourrait prendre des
échantillons, l'industrie, le commerce, des organismes de personnes
âgées, des clubs de l'âge d'or. Ils sont tous
affectés par cela, surtout à cause des mots "autre question sur
le projet de loi no 16." Il n'est pas toujours question des consommateurs. Il y
a l'écologie qui est très importante là-dedans. Cela ne va
pas devenir un débat comme peut-être on l'aurait voulu, un
débat où tout le monde pourrait participer. Il pourrait y avoir
un voyage à travers la province pour obtenir des opinions. Cela va
être un peu plus restreint.
On avait dit, le mardi 15 décembre ou à toute autre
séance et j'espère qu'on pourra commencer le plus vite possible,
après avoir terminé les suggestions positives sur lesquelles on
travaille maintenant et qui commencent à donner des résultats,
à inviter tout de suite ces gens à venir ici devant nous pour
donner différents arguments. Peut-être qu'on réussira
à convaincre le ministre de voir les choses d'une manière
différente, soit en retirant le projet de loi. C'est encore possible de
le faire. Il pourrait aussi faire des amendements de très grande
importance. (17 h 30)
Je dois féliciter le député de Châteauguay -
à ce point de vue, il mérite vraiment un applaudissement
chaleureux de ma part, même si je n'ai pas le droit de vote - qui a eu
l'ouverture d'esprit et le courage... Quand il était avec les onze, mais
c'était après le budget, il avait voté pour et,
après cela, il a eu le courage de le critiquer. Aujourd'hui, il a le
courage de faire une motion avant qu'on ait à voter. C'est
intéressant. Cela montre un esprit très réceptif.
J'espère vraiment que ceux qui sont avec lui, les députés
ministériels, vont l'appuyer, non pas parce qu'il est membre de leur
équipe, mais parce que vraiment ils ont vu le bon sens de cette motion,
qu'ils prennent cela très au sérieux et qu'ils vont parler
là-dessus pour essayer de convaincre les autres députés
qui sont ici. Je ne sais pas, je n'ai pas encore entendu parler les autres.
J'ai seulement l'opinion du député lui-même et du
député de Mont-Royal qui s'est décidé tout de
suite. Personnellement, comme je vous l'ai dit, j'étais très
déchiré quand j'ai commencé à parler, mais
maintenant je suis calme. Je suis serein dans ces conclusions. Je veux laisser
la parole à d'autres députés qui sans doute voudraient
intervenir sur cette question de principe qui a été
soulevée par ce député et qui, comme je le disais, a
été un des premiers dans le groupe des onze. On en a la preuve
devant
nous. On devrait aviser les médias que cet homme a le courage de
son opinion, de sa conviction pour nous présenter une motion et, de
notre part, on ne va pas abuser de ce droit. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: J'aimerais aussi remercier le député de
Châteauguay du fond du coeur pour son initiative. Je garde quand
même une certaine hésitation, une certaine réserve. Tout ce
que je peux souhaiter, c'est qu'il reste fidèle à cette
démarche jusqu'au bout et qu'on va le voir voter pour le principe de ces
audiences publiques, non seulement à ce vote-ci, mais à tous les
autres qui peuvent suivre. Avant de le proposer, je suis sûr qu'il s'est
assuré qu'il pouvait rallier ses collègues. S'il le fait pour
d'autres raisons que de vraiment réaliser le voeu cette commission, ce
serait vraiment le fond du cynisme, et j'ose même dire que ce serait
détestable. Je suis sûr qu'il est loin d'être un homme
détestable, c'est un homme intègre. On verra en temps et lieu, de
toute façon.
M. Bélanger: On va en faire une motion, M. le
Président.
M. Scowen: Je suis certain qu'il sera fidèle jusqu'au
bout. C'est ce que je souhaite. S'il est sincère, c'est un point
tournant dans l'évolution de ce projet de loi et je vais vous dire
pourquoi. Dès le début de ce débat, le ministre
lui-même a toujours relié les éléments directs de ce
projet de loi qui sont les amendements à la charte de la
société Hydro-Québec avec ce qu'il nous fait plaisir
d'appeler une politique énergétique. Pour donner une idée
globale, c'est un peu comme une politique d'habitation ou une politique de
développement industriel, ce sont des sujets très vastes et
difficiles à encadrer. Quand même, tout le monde accepte qu'il
faut tenir compte au minimum des prix et de la disponibilité d'autres
sources d'énergie dans le développement d'une politique
énergétique. Le ministre lui-même, dans son discours sur le
projet de loi, a soulevé la nécessité de regarder de
près le coût du gaz naturel dans l'élaboration d'une
politique tarifaire pour l'électricité. Si je comprends bien, ce
que le député de Châteauguay est en train de nous proposer,
c'est finalement un débat public sur une politique
énergétique, le débat public sur l'énergie
souhaité par le député de Matane, appuyé par le
ministre de l'Énergie, refusé plus tard par ce même
ministre, tant souhaité par la population. Si je comprends notre
collègue - il était votre collègue et il est devenu notre
collègue - le député de Châteauguay, a dit: Je
comprends finalement, je vous appuie, je propose qu'avant qu'on commence
à étudier l'article 1 de ce projet de loi on invite les gens qui
s'intéressent aux problèmes énergétiques, qui sont
très importants de nos jours, à nous parler, à nous donner
leurs idées sur la portée de tous les aspects des
problèmes énergétiques sur ce projet de loi no 16. Est-ce
que je vous ai bien compris, M. le député?
M. Dussault: Je vous dirai tout cela dans mon droit de
réplique.
M. Scowen: J'espère que je ne me trompe pas parce que je
pense qu'avec les mots qu'il a ajoutés, qui étaient assez larges,
on n'est pas loin de la convocation de ce débat public sur la politique
énergétique du Québec, si fortement désiré
par tout le monde.
Je désire parler un peu des modalités. Si on essaie de
tenir cette séance la semaine prochaine, il faut absolument que,
dès ce soir, on avertisse toutes les personnes et les groupes qui sont
impliqués SOQUIP, les représentants du gouvernement
fédéral, peut-être qu'on doit inviter M. Marc Lalonde, le
ministre de l'Énergie lui-même parce que c'est sûr que la
politique nationale du pétrole va avoir des influences sur cette
politique énergétique. Le gaz naturel, bien sûr, est
excessivement important. On doit certainement parler du nucléaire...
M. Tremblay: La reine.
M. Scowen: Je ne pense pas. On va certainement inviter les gens
de SOQUIP qui sont en train, d'après la volonté du ministre de
l'Énergie et des Ressources, d'investir pas moins de 100 000 000 $ dans
l'exploration pétrolière ici au Québec pour refaire ce qui
a déjà été fait. Il y a la question du charbon qui
n'est pas à négliger parce que nous sommes dans le Canada et le
Canada, surtout les extrémités est et ouest, est doté de
ressources importantes en charbon. Je pense que c'est possible d'entendre
toutes ces personnes et groupes, et d'étudier leurs opinions la semaine
prochaine en commission parlementaire. Mais je pense que vous serez d'accord
avec moi, M. le Président, qu'une telle démarche, surtout avec la
session chargée qui est devant nous il y a l'Assemblée nationale
quand même qui continue de siéger, il y a d'autres projets de loi
- c'est un gros morceaux de réaliser ce débat public sur
l'énergie dans les quatre ou cinq jours de la semaine prochaine.
Je dois vous dire que moi - et je suis certain que je parle en leur nom
- et tous mes collègues qui ont demandé ce débat, nous
sommes prêts à collaborer avec vous jusqu'au bout, M. le
député de Châteauguay. On s'attend que vous allez nous
supporter
dans cette démarche. Je répète: Je ne veux pas que
ce débat déborde le cadre de la loi no 16, mais je suppose que
c'est permis d'aller au moins aussi loin que le ministre est allé et les
autres intervenants dans le cadre du débat en deuxième lecture
où ils ont touché ces questions.
Aujourd'hui, toutes ces questions sont liées; je pense que vous
ne pouvez pas parler d'une façon sérieuse du développement
d'une troisième Baie-James sans parler d'une façon
sérieuse de l'utilisation... Vous avez soulevé la question du
projet Archipel. Je dois vous rappeler que, lors d'un débat en
deuxième lecture, certains intervenants de votre côté ont
parlé du gaz naturel et de l'hydroélectricité comme si
c'étaient deux éléments complètement
interchangeables, mais vous savez autant que moi que, pour certaines
utilisations, il y a une seule forme d'énergie qui est convenable
à ce moment malgré les développements qui s'en viennent.
Par exemple, pour faire marcher les automobiles au Québec aujourd'hui,
c'est normalement de l'essence. Cependant, j'admets qu'il y a de plus en plus
la possibilité d'utiliser le gaz naturel et même
l'électricité. Ce n'est pas dans nos moeurs jusqu'ici, mais il
faut en parler. Pour faire de l'éclairage dans la maison, c'est clair
que pour le moment le seul élément qu'on puisse utiliser, c'est
l'hydroélectricité ou l'électricité
nucléaire. Pour ce qui est du chauffage de la maison, vous avez des
options valables. Vous avez l'électricité, l'huile à
chauffage et le gaz naturel. Vous avez de plus en plus, comme vous l'avez dit,
M. le député de Chambly, la possibilité d'utiliser le
soleil.
Le Président (M. Laplante): Ce sont toutes des raisons, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, pour amener plus de monde
ici comme témoins.
M. Scowen: C'est cela. L'idée de ma brève
intervention, c'est d'essayer de comprendre le député et lui
demander, ce qu'il a déjà accepté de faire, dans sa
réplique de nous expliquer l'ampleur du débat public qu'il
prévoit. Nous avons proposé dans notre motion d'entendre le
vice-président aux finances d'Hydro-Québec. On avait un peu
abandonné, si vous voulez, jusqu'à présent l'idée
de vous persuader de la nécessité de réaliser un
débat plus large sur toutes les questions énergétiques.
Simplement pour que vous puissiez avoir l'occasion de préciser votre
idée dans votre réplique, je soulève quelques
éléments qu'on peut peut-être ajouter aux personnes qui
vont venir, quelques invitations plus larges qu'on peut ajouter pour permettre
que ce débat public sur l'énergie se fasse.
Je parlais du chauffage. Il y a d'autres éléments. Il y a
l'énergie industrielle qui est un sujet très préoccupant
pour moi et pour les autres députés de notre formation politique
qui s'occupent, d'une façon plus particulière, des questions de
développement économique. Je parle, entre autres, de mes
collègues, le député d'Outremont, le député
de Vaudreuil-Soulanges, le député de Mégantic-Compton, le
député de Richmond, le député de Beauce-Sud, le
député de Laporte, tous membres de la mission de
développement économique qui travaillent d'arrache-pied pour
essayer de sortir le Québec du marasme économique dans lequel il
se trouve aujourd'hui.
Alors, pour notre part, nous allons vous demander, M. le
député de Châteauguay, et au président de cette
commission de ces audiences publiques d'écouter attentivement tous ceux
qui s'intéressent particulièrement au domaine de l'énergie
à des fins industrielles.
Vous avez une série de possibilités. Vous avez le
pétrole, le charbon, l'électricité même. Il y a des
usines qui ne peuvent utiliser, à toutes fins utiles, que
l'électricité. Cela me ramène aux déclarations
qu'on a faites plus tôt cet après-midi. Vous vous souvenez
certainement, M. le Président, des questions quant à
l'utilisation et aux utilisateurs de grande puissance qui sont les grands
créateurs d'emplois directs et indirects ici, sur lesquels on voulait
baser un développement économique soutenu dans toutes les
régions du Québec. Alors, ces personnes seront appelées.
On va également inviter les représentants de "Atomic Energy of
Canada", la compagnie qui a conçu mais qui n'a pas encore terminé
les grandes réalisations de La Prade et de Gentilly. On va poser des
questions quant à leurs intentions parce que ce n'est pas très
clair dans mon esprit, l'endroit où ils sont et l'endroit où ils
vont. C'est même possible qu'ils aient décidé qu'une
installation en Ontario sera moins coûteuse à cause des
impôts très élevés qu'il y a au Québec,
à cause de la réglementation excessive qui perturbe toutes les
sociétés qui s'installent ici et à cause de l'incertitude
politique, bien sûr, qui découle des politiques
indépendantistes du gouvernement et, depuis la fin de semaine, du parti
dont ils sont, en principe, les serviteurs. (17 h 45)
Une voix: C'est cela.
M. Scowen: J'essaie de toucher, M. le Président, aux
quelques éléments les plus importants de ces possibilités
pour une commission parlementaire étendue qui sera liée
directement au projet de loi 16 et aux questions qui touchent les amendements
de la Loi sur l'Hydro-Québec, mais, indirectement et d'une façon
aussi valable, à toutes les questions de toutes les sources
d'énergie que nous avons ici au Canada, dans l'Ouest et
dans l'Est, mais qui sont toutes disponibles pour nous, les
Québécois, d'une façon ou d'une autre. D'un autre
côté, on va écouter les utilisateurs, ceux et celles qui
utilisent seulement de l'essence pour les voitures. On va certainement relier
nos délibérations à celles qu'on est en train
d'entreprendre à l'Assemblée nationale en ce moment, savoir la
Loi sur les carburants. L'augmentation de 30% de la taxe sur les carburants va
avoir un effet sur la consommation. Pour les utilisations où il y a un
choix entre l'électricité et les carburants, c'est clair que cela
peut affecter d'une façon importante les prévisions des demandes
d'électricité.
En effet, tout est relié. J'espère que, dans sa
réplique - mes autres collègues ont eu l'occasion d'exprimer leur
opinion sur cet amendement très important que le député de
Châteauguay a proposé - le député va nous
éclairer sur l'étendue, l'encadrement qu'il propose pour cette
très importante commission parlementaire qu'on va entreprendre
dès le début de la semaine prochaine.
En terminant, M. le Président - je vous remercie de nouveau du
temps que vous m'avez accordé - je m'adresse directement au
député de Châteauguay. J'espère que, dans sa
réplique, il va nous donner de nouveau la confirmation qu'il est
prêt à nous appuyer dans ces démarches jusqu'au bout, non
seulement dans ce vote sur l'amendement, mais sur la motion principale et sur
toute autre motion qui pourra être présentée ici, pour
encourager un débat public plus étendu dans les jours et
les semaines à venir.
Est-ce qu'il me reste du temps, M. le Président?
Une voix: Je pense que vous avez pas mal tout dit.
Le Président (M. Laplante): II vous reste encore trois
minutes.
M. Scowen: II y aura peut-être d'autres interventions sur
lesquelles j'aimerais apporter un petit commentaire. J'arrête pour le
moment.
M. Dussault: Est-ce qu'on passe au vote, M. le Président?
On va me faire regretter ma proposition si on ne passe pas au vote.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste quatre minutes. Je donne la parole au
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président.
M. Dussault: Sérieusement, M. le Président, si le
député de Mégantic-Compton me permet, j'ai fait preuve, je
pense, d'une grande générosité et d'une grande ouverture
d'esprit, mais si on perd du temps encore à discuter de la motion que
j'ai faite, je vais finir par croire qu'elle ne les intéresse pas du
tout.
M. Lalonde: On est très intéressé, on montre
notre intérêt.
M. Dussault: Je vais regretter ma motion, M. le Président,
je vous le dis sérieusement et très sincèrement.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Dussault: Je pense qu'on devrait voter immédiatement.
On est prêt, on est tous d'accord là-dessus, M. le
Président. Pourquoi attend-on pour prendre le vote? C'est incroyable ce
qui se passe ici.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, question de règlement.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président, j'ai entendu le plaidoyer du parrain de la motion qui nous
disait qu'on manquait d'intérêt à l'endroit de la motion.
Au contraire, nous parlons en faveur de son amendement avec un
intérêt soutenu qui témoigne de l'importance qu'on lui
accorde. Je pense que balbutier quelques mots serait porter injure au
député qui a pris la peine de faire ces efforts pour
améliorer ma motion.
J'ai écouté attentivement le député de
Notre-Dame-de-Grâce et, auparavant, le député de
Sainte-Anne. Ils m'ont donné des arguments additionnels qui vont me
convaincre probablement de voter positivement. Je suis sur la clôture
actuellement. J'aimerais bien entendre le député de
Notre-Dame-de-Grâce terminer, lorsqu'il aura le temps, s'il n'a pas
terminé, ou un autre député. Peut-être que le
député de Richmond voudrait dire quelque chose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Moi, j'étais pour, tantôt, mais
là je suis rendu sur la clôture.
M. Lalonde: Nous sommes tous deux à la même place;
ça, ce n'est pas confortable.
M. Grégoire: On est tous les deux sur
la clôture en même temps, mais je vais peut-être
retomber et voter contre, parce que les arguments qui me sont apportés
sont loin de me convaincre; au contraire, je pense que vous allez me convaincre
de voter contre.
M. Lalonde: II y a des meilleures ...
M. Grégoire: Alors, je me demande si vous ne seriez pas
mieux de...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: II va faire ses vingt minutes.
M. Grégoire: Arrêtez pendant qu'il est temps.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président, je serais
vraiment offensé si je n'avais pas la chance à mon tour de
féliciter le député de Châteauguay qui a
montré une ouverture d'esprit et une générosité
auxquelles on ne s'attendait pas.
Je dois le faire parce que ce matin, vous vous souvenez M. le
Président, que j'avais félicité mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys d'avoir présenté une motion que je trouvais
extraordinaire, mais celle du député de Châteauguay, sans
sous-estimer mon collègue, est davantage généreuse. Vous
vous souviendrez que, lorsqu'on a fait nos interventions ce matin,
c'était dans le but -nos interventions préliminaires - d'amener
le gouvernement à changer d'idée, à montrer une plus
grande ouverture d'esprit et finalement c'est le député de
Châteauguay qui le premier s'est manifesté.
Je soupçonne que si le ministre était demeuré
à cette table, probablement que c'est lui qui aurait proposé
cette motion, mais étant retenu - je ne veux pas insinuer qu'il ne
voulait pas demeurer avec nous -par ces obligations à l'extérieur
de cette Assemblée, finalement, c'est le député de
Châteauguay qui a présenté cet amendement.
Je suis extrêmement heureux parce que c'est ce qu'on avait
demandé d'ailleurs depuis le début, de faire entendre les
intéressés et j'aimerais, M. le Président, vous dire que
ça répond exactement aussi aux nombreuses demandes que, nous,
nous avions reçues, soit adressées directement à
l'Opposition ou adressées directement au premier ministre, M.
Lévesque, qui est en même temps, pour ceux qui ne le sauraient
pas, le président du Parti québécois.
Une voix: Encore?
M. Bélanger: Oui, encore jusqu'à aujourd'hui; on
attend une décision ces jours-ci.
Alors, M. le Président, avec votre permission, j'aimerais citer
quelques télégrammes qui m'ont été
expédiés, ce serait bien...
M. Grégoire: Oui?
M. Bélanger: Je cite: En date du 3 décembre, donc,
tout récemment adressé à M. René Lévesque:
"La FTQ estime que le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec a des conséquences sur la politique
énergétique du gouvernement du Québec et que,
conséquemment, un débat public sur son contenu devrait être
engagé en commission parlementaire." Ce n'est pas un débat
public, mais c'est quand même mieux que ce qu'on avait au début.
Je continue, M. le Président: "La FTQ estime aussi que toute
augmentation de tarifs d'Hydro-Québec et que toute restructuration qui
pourrait donner au gouvernement une source indirecte de taxation devraient
aussi faire objet d'un débat public." Je pense que le
député de Châteauguay a sûrement lu ce
télégramme parmi tant d'autres et que c'est ça qui l'a
amené à changer d'idée. "Nous vous demandons, M. le
premier ministre, de convoquer une commission parlementaire afin que notre
organisme puisse aborder ce sujet et faire connaître son point de vue sur
le projet de loi no 16." C'est exactement l'ouverture que cette association
attendait pour venir ici manifester son contentement ou mécontentement
face au projet de loi no 16. C'est signé: Fernand Daoust,
secrétaire, Fédération des travailleurs du
Québec.
Je vais vous en citer un autre, M. le Président, parce que je
vais tenter de faire l'éventail le plus grand possible pour ne pas citer
que des associations. Ici, c'est un télégramme daté du 2
décembre 1981. Il est adressé à M. Claude Ryan, chef de
l'Opposition, Assemblée nationale du Québec: "La
Confédération des syndicats nationaux vous demande d'obtenir des
audiences publiques sur l'augmentation moyenne de 20% de
l'électricité domestique. Nous vous rappelons que la CSN a
maintes fois réclamé la nationalisation des pouvoirs
hydroélectriques de l'Alcan." Donc, cela s'inscrit encore dans
l'amendement, parce que nous pourrons discuter de toute autre question relative
à la loi 16. On pourra probablement discuter de la nationalisation de
l'électricité et de l'Alcan. C'est magnifique.
Encore une fois, je félicite le député de
Châteauguay. "Ce qui aurait permis d'éviter - toujours selon la
CSN - une telle hausse, nous croyons qu'il appartient au gouvernement et non
pas à Hydro-Québec de formuler une véritable
stratégie énergétique pour le Québec - nous aussi,
nous sommes
d'accord, cela fait longtemps que nous disons que le gouvernement
mâche une politique globale en matière d'énergie -
après qu'un débat public se fut tenu sur ces questions. De plus,
nous nous inquiétons de la possibilité pour le gouvernement de
taxer indirectement les Québécois que pourraient lui donner
certains éléments du projet de loi 16". Je vous ferai remarquer,
M. le Président, que le télégramme ne m'a pas
été adressé, c'est une photocopie que j'ai peine à
lire. En effet, nous demandons des audiences publiques afin de clarifier, de
clairement démontrer que la nationalisation des pouvoirs
électriques de l'Alcan peut empêcher dans l'immédiat la
taxation indirecte possible. Donc, il semblerait que, selon cette centrale
syndicale, on va démontrer au gouvernement, puisque maintenant ils
auront la chance de se faire entendre, qu'il y aurait d'autres solutions que
d'imposer une taxe indirecte, tel que le préconise le projet de loi no
16.
Un autre télégramme, M. le Président, et
après on va revenir. Celui-ci est adressé à M. Ryan, chef
de l'Opposition, le 2 décembre 1981: "L'Association des consommateurs du
Québec s'oppose énergiquement à la transformation de la
structure de l'Hydro-Québec et réclame la tenue d'audiences
publiques sur ce projet". Comme vous pouvez voir, toutes ces interventions vont
dans le sens de l'amendement proposé par le député de
Châteauguay. "L'Association des consommateurs du Québec s'oppose
plus particulièrement au fait que le gouvernement du Québec
utilise l'Hydro pour percevoir des taxes indirectes. Hydro-Québec
n'appartient pas au gouvernement, mais aux contribuables consommateurs qui ont
investi dans l'Hydro. Par conséquent, l'Hydro nous appartient." C'est
signé: l'Association des consommateurs du Québec.
Comme vous pouvez le voir, ce matin, lorsqu'on disait qu'on voulait
amener le gouvernement à prendre une nouvelle orientation ou une toute
autre orientation face au projet de loi no 16, j'étais un de ceux qui ne
croyaient pas que si rapidement on pourrait arriver à notre but. Encore
une fois, je trouve que le député de Châteauguay a
montré là un geste un peu extraordinaire. C'est peut-être
aussi le fait que ce matin, vous vous souviendrez, j'avais souligné que
le comité des onze s'était réveillé un peu trop
tard après l'adoption du budget et j'espérais que, cette fois, on
se réveillerait avant. C'est exactement ce que vient de faire le
député de Châteauguay. Il s'est réveillé
avant qu'il ne soit trop tard. Il est encore temps de retirer le projet de loi
no 16. C'est pour cela que nous sommes ici. Je vais voter en faveur de cet
amendement avec un immense plaisir. Comme l'a dit mon collègue de
Sainte-Anne, on n'abusera pas non plus des privilèges que nous donne
cette motion. Au contraire, nous allons tout simplement limiter le débat
aux organismes intéressés, à ceux auxquels nous croyons
qui ont quelque chose à apporter dans ce débat. Pour ma part, je
suis extrêmement satisfait d'une telle ouverture d'esprit de la part du
gouvernement. Merci, M. le Président.
M. Dussault: Est-ce qu'on vote, M. le Président. Nous
sommes tous d'accord, nous pouvons prendre le vote.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
suspendus jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise de la séance à 20 h 14)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission de l'énergie et des ressources, afin d'étudier,
article par article, le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec.
Lorsque nous avons suspendu, la parole était au
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, si vous voulez me
permettre de retracer mes documents.
Je suis, comme plusieurs de mes collègues, fort heureux de cet
amendement qui nous a été proposé par le
député de Châteauguay. Par ailleurs, je dois vous dire que
je suis heureux de la forme de l'amendement, d'abord, et également qu'on
ait modifié la motion, parce que le premier amendement, tel que
formulé, soulevait de nombreuses interrogations. J'ai même
pensé, à un moment donné, qu'on pourrait parler de
transport, autant routier que ferroviaire, aérien ou maritime, passant
par les poissons et la Société d'habitation du Québec. Je
suis heureux de cet amendement qui vient nous replacer dans le sujet et qui
vise finalement à discuter du projet de loi no 16, pris dans son
ensemble et qui étend cette proposition que nous avions faite, au
début de la journée, de recevoir plusieurs catégories de
citoyens, pour qu'ils viennent donner leur point de vue sur le projet de loi no
16.
Ce que je trouve intéressant dans cet amendement, c'est qu'on dit
que cette commission invite M. Georges Lafond, vice-président aux
finances à la société Hydro-Québec et toute autre
personne ou groupe. Compte tenu qu'il s'agit, quand on parle de personnes, de
membres... (20 h 15)
M. Tremblay: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Le député est en train de parler sur
la proposition amendée quand il devrait parler sur l'amendement.
Des voix: C'est vrai.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, sur l'amendement, s'il vous plaît.
M. Vallières: M. le Président, je parle
parfaitement de l'amendement, à moins que j'aie indiqué le
contraire.
Le Président (M. Laplante): Vous vous êtes
égaré.
M. Vallières: Je disais donc que, compte tenu qu'il ne
s'agit pas, quand on parle de personnes, de membres ou d'intervenants, cela
n'exclut donc pas que l'on invite certains de nos collègues. Même
si vous sembliez rappeler, cet après-midi, à un autre de mes
collègues, qu'on ne pourrait pas inviter d'autres députés
à venir témoigner devant cette commission, permettez-moi de vous
indiquer que, selon l'interprétation que je donne à l'amendement
qui a été proposé par le député de
Châteauguay, je crois que nous pourrions effectivement inviter nos
collègues à venir se faire entendre en commission.
J'espère que cet amendement proposé par mon
collègue ministériel sera accepté, d'autant plus que cela
me paraît être le premier mouvement positif du parti
ministériel dans l'étude de ce projet de loi, article par
article, même si nous n'avons pas encore atteint le niveau du premier
article.
Alors, M. le Président, ce qui serait intéressant,
à la suite de cette motion d'amendement, ce qui me paraît
intéressant, c'est qu'on pourrait recevoir ici, par exemple, certains de
nos collègues qui font partie d'autres commissions et qui pourraient
venir ici nous faire part de leur point de vue. On mentionnait ce matin la
présence de collègues de la commission des finances, dont fait
évidemment partie le ministre des Finances, M. Parizeau. Ils pourraient,
M. le Président, ces collègues, répondre à nos
questions sur leur propre évaluation des implications financières
sur...
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
M. Vallières: ... Hydro-Québec du projet de loi no
16.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Le député est en train de discuter de
propositions dont on a déjà disposé et il devrait parler
sur l'amendement.
Le Président (M. Laplante): C'est qu'il y a
différentes façons d'en venir à parler sur l'amendement.
On peut échapper quelques phrases dans d'autres propositions, pour
autant que cela amène...
Une voix: À la conclusion.
Le Président (M. Laplante): ... à la discussion de
l'amendement de la motion principale.
M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, évidemment,
les effets de cet amendement qui nous a été proposé font
que, comme je le disais, à mon avis, on pourrait faire en sorte que
certains de nos collègues, dont ceux qui siègent à la
commission des finances, puissent témoigner devant nous. M. le
Président, je me suis attardé un petit peu pour voir quels
étaient ces membres qu'on pourrait recevoir, et cela devrait
intéresser le député de Châteauguay puisque
évidemment ses collègues... Qu'on pense, par exemple...
Le Président (M. Laplante): II faudra faire attention, M.
le député de Richmond, peut-être que l'expérience
vous manque un peu, vous êtes nouveau. J'ai passé par là.
C'est que vous êtes actuellement sur la motion principale et le sujet...
On a distribué, je crois, l'amendement avec le texte. Il faudrait vous
approcher du texte de l'amendement le plus possible.
M. Vallières: Mais, M. le Président, si je parle de
l'importance de convoquer ici certains de nos autres collègues... Je
pense, M. le Président, que, quand la motion d'amendement nous dit:
à toutes autres personnes...
Le Président (M. Laplante): C'est à eux que vous
parlez.
M. Vallières: C'est à eux, M. le Président,
que je m'adresse effectivement.
Je disais qu'il serait intéressant de rencontrer d'autres de nos
collègues pour connaître leur évaluation, leur point de vue
sur les conséquences de ce projet dans leur milieu, M. le
Président. C'est dans ce sens qu'à mon avis la proposition du
député de Châteauguay est la bienvenue. La perception que
nous avons, chacun d'entre nous, dans nos milieux respectifs, de ce projet de
loi no 16... Ce serait très important que plusieurs organismes,
plusieurs groupes, plusieurs individus puissent nous faire part de la
façon dont cette loi est perçue dans leur milieu. Il serait aussi
intéressant de voir plusieurs
autres de nos collègues nous indiquer comment leurs
électeurs perçoivent les effets de cette loi 16, les nombreuses
incidences de ce projet de loi qui, à mon avis, va venir grever de
façon spectaculaire le budget familial, entre autres. On aura l'occasion
d'y revenir au cours des heures qui vont suivre. J'avais l'occasion ce matin
d'indiquer qu'entre autres il y a une catégorie de gens qui vont
être nettement affectés par ce projet de loi no 16, ce sont les
agriculteurs. Je remarquais qu'on a plusieurs de nos collègues qui sont
directement reliés au secteur de l'agriculture qui seraient fort
intéressés, autant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition de venir donner leur point de vue. Je pense
que l'amendement qui est ici proposé nous permet effectivement de croire
qu'il serait possible d'obtenir le point de vue d'autres de nos savants
collègues.
La motion d'amendement qui nous est présentée
démontre un grand souci de démocratie, J'en suis très
fier, je m'en réjouis; nous avons, d'ailleurs, félicité le
député à cet effet. À mon point de vue, c'est un
peu plus que cela; c'est aussi la reconnaissance qu'il faut continuer à
apporter tout l'éclairage reguis à cette commission sur cette
question de la loi no 16.
J'ai moi-même suggéré pas plus tard que ce matin que
certains groupes de personnes devraient faire l'objet d'une vaste consultation
sur les impacts de cette loi. Le ministre m'a même suggéré
d'inviter les veuves, les personnes les plus démunies de cette
société. Lorsqu'on parle de toute personne ou groupe qui devrait
nous indiquer son point de vue relativement aux implications financières
sur la société HydroQuébec du projet de loi no 16 ou Loi
modifiant la Loi sur Hydro-Québec, ou relativement à toute autre
question sur le projet de loi no 16, je pense qu'il serait effectivement
important que toutes les catégories de la population soient
consultées.
M. Duhaime: Les marguilliers!
M. Vallières: On a parlé effectivement de clubs
optimistes, on a parlé de marguilliers. Il ne faut pas oublier que,
lorsqu'on a procédé à l'achat d'Hydro-Québec,
c'était en 1962 et qu'à ce moment-là non seulement on
avait consulté des groupes d'individus ou des associations, mais que
toute la population avait été consultée par voie de
scrutin lors d'une élection générale en 1962, sous Jean
Lesage et, évidemment sous le ministre des Richesses naturelles de cette
époque, M. René Lévesque.
M. le Président, la motion d'amendement me plaît, car, si
nous l'adoptons, ça nous permettrait au moins, à défaut de
retourner devant le peuple sur cette question, d'avoir un point de vue plus
élargi sur toute cette question de modification à la vocation
même d'Hydro-Québec. Si nous désirons mettre fin ou briser
le contrat que nous avons pris avec la population en 1962, il faudrait avoir le
courage de lui dire. L'adoption du projet de loi que nous avons devant nous
marquera pour Hydro-Québec une étape qui malheureusement va
passer à l'histoire, mais pas dans le bon sens du mot parce qu'elle aura
des effets très négatifs.
Je me propose, à moins d'incidents de parcours, d'appuyer, de
voter en faveur de la motion qui nous a été
présentée parce qu'à mon avis elle me permet de
défendre le point de vue de mes électeurs, de défendre
leurs intérêts. En effet, selon moi, cet amendement va nous
permettre de tellement sensibiliser le gouvernement aux problèmes
qu'occasionnera son projet de loi. J'ai grand espoir que l'on retire ce projet
de loi, et dans ce sens, ça me permettrait de rejoindre les attentes de
la très grande majorité de mes électeurs.
Il suffit de penser aux conséquences absolument
désastreuses pour tous nos électeurs, les gagne-petit, de cette
augmentation de 16,3% que nous propose le projet de loi no 16. D'ailleurs,
n'est-ce pas un projet de loi qui s'applique à tous,
indépendamment du revenu? Je pense que nous devons appuyer la motion
d'amendement, une fois de plus, pour précisément nous assurer que
les intérêts de toutes les catégories de citoyens, de
toutes les catégories d'électeurs auront été
respectés. Je pense que nous devons remercier le député de
Châteauguay - et c'est digne de mention - de l'effort qu'il fait afin
d'assurer une meilleure démocratisation, afin de nous assurer que nous
pourrons tenir compte de tous les éléments qui sont requis avant
de prendre une décision sur un projet de loi aux incidences aussi
nombreuses, projet de loi qui, rappelons-le, modifie de façon
catastrophique la vocation même d'Hydro-Québec et qui vient
procéder à un siphonnage éhonté des fonds de
l'Hydro-Québec pour financer les dépenses courantes de ce
gouvernement.
Alors, l'importance de la motion d'amendement qui nous a
été présentée consiste dans le fait que l'on pourra
entendre d'autres personnes ou d'autres groupes et, donc, de vérifier
entre autres la volonté du peuple et voir le gouvernement tripoter comme
il se le propose dans les fonds de l'Hydro-Québec.
Je voudrais faire part d'un témoignage qui me semble fort
intéressant. Dernièrement, je faisais un envoi collectif dans mon
comté et vous allez voir de quelle façon ça touche
l'amendement qui nous est ici proposé. Je posais quelques questions
à mes électeurs. Deux portaient précisément sur le
but que se propose le projet de loi no
16. J'ai demandé à mes électeurs de dire s'ils sont
pour, contre ou ne savent pas les questions suivantes. La première
question était sur l'augmentation des tarifs d'Hydro-Québec en
fonction d'un prix se rapprochant de celui du pétrole. J'en ai pris six
au hasard, tantôt à mon bureau, et sur les six questions, six
m'ont affirmé être contre.
Ma deuxième question était la suivante: perception par le
ministre des Finances des...
Le Président (M. Laplante): C'est toujours sur les autres
personnes qu'on invite.
M. Vallières: Oui, c'est dans ce sens-là, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Dans l'amendement.
M. Vallières: ... parce que je prétends que c'est
parmi les groupes que nous allons recevoir, et c'est ce que nous permet cette
motion qui nous est présentée, de recevoir des gens. Vous allez
voir comme on va l'approcher, la motion, le fait de recevoir des gens;
ça va nous permettre de creuser davantage et de connaître
véritablement le fond de la pensée de tous les électeurs
du Québec. À la question 2, je disais: perception, par le
ministre des Finances, de redevances sur les revenus d'Hydro-Québec. Et,
une fois de plus, M. le Président, six sur six ont répondu qu'ils
étaient contre. Tout cela témoigne manifestement de la
volonté des gens de s'exprimer davantage sur les conséquences de
ce projet. Je crois sincèrement qu'il est important, pour faire tout
l'éclairage requis, que nous recevions d'autres personnes aptes à
nous donner tous les renseignements pertinents sur ce qui attend nos
électeurs à la suite de l'adoption éventuelle, possible,
de ce projet de loi. (20 h 30)
M. Rodrigue: Pourriez-vous nous préciser à combien
de personnes vous avez envoyé ça?
M. Vallières: Tous les électeurs du comté de
Richmond.
M. Rodrigue: Ça veut dire combien?
Une voix: 30 000.
Une voix: II y en a six qui l'ont retourné.
Une voix: C'est au hasard, il l'a dit, au hasard.
M. Lalonde: II y a combien d'électeurs? 32 000.
M. Vallières: M. le Président, est-ce que c'est
pris sur mon temps quand je réponds aux questions comme ça?
Le Président (M, Laplante): C'est pris sur votre temps si
vous consentez.
M. Vallières: Je répondrai par la suite si on
m'accorde le temps requis.
Le Président (M. Laplante): II vous reste quatre
minutes.
M. Vallières: Je veux faire une nuance M. le
Président. Si le ministre me promet de tenir compte de ce que ses 20 000
électeurs vont me répondre, ça va me faire plaisir
d'acheminer toutes les réponses que je recevrai par courrier, à
son bureau. Il devra d'abord me promettre qu'il tiendra compte du point de vue
de mes électeurs. Cela comprendra des péquistes, des
libéraux, des créditistes, des unionistes, tout le monde du
comté.
M. Duhaime: Baissez les taux d'intérêt des
banques.
M. Vallières: Alors, je dis donc que cette motion,
à défaut de nous assurer un débat public que nous avons
demandé, constitue quand même une espèce de compromis qui
va nous permettre de mettre les points sur les "i" et les barres sur les "t"
à certains endroits et de constater véritablement les intentions
profondes du gouvernement et aussi les conséquences désastreuses,
ce n'est pas trop dire, du projet de loi qui est devant nous.
À défaut d'entendre tout le monde, à défaut
de consulter tous les citoyens du Québec, pourquoi ne nous
permettrions-nous pas, nous, en tant que membres de cette commission, d'inviter
les gens dont nous reconnaissons la compétence, afin de faire en sorte
que nous connaissions, de façon très approfondie, le projet de
loi?
Vous savez comme moi que cette motion s'inscrit dans le cadre d'une
consultation que nous voulons plus approfondie. C'est le sens que je veux
donner à la motion d'amendement, soit le même que celui qui a
précédé le ministre actuel, M. Bérubé, quand
il a reconnu - j'ai ici un communiqué en date du 2 mars 1981 - son appui
inconditionnel à un vaste débat public sur l'énergie au
Québec. Or, le ministre devrait imiter, sur ce point de vue seulement,
son prédécesseur et permettre que ce vaste débat public se
produise. J'espère que tous nos honorables amis d'en face vont voter en
faveur de la motion qui nous est présentée par le
député de Châteauguay, parce qu'elle s'inscrit
précisément dans le sens de nous plonger davantage dans la
réalité que devra affronter prochainement j'imagine, si on nous
impose le bâillon, toute la collectivité
québécoise.
Je veux vous dire que je me propose
d'appuyer la motion. Si la motion est acceptée, nous allons
pouvoir élargir notre vision, nous pourrons davantage gouverner pour le
peuple, ce qui est un grand souci actuel, j'en suis persuadé. C'est
également un souci que je partage. C'est pourquoi je me propose
d'appuyer la motion et j'espère que je serai très fortement,
très majoritairement imité par tous nos collègues d'en
face.
M. le Président, reconnaissons-le, s'il fallait que nos amis d'en
face n'appuient pas cette motion, imaginez toute la déception...
Une voix: Ce serait le scandale.
Une voix: Ça ferait un scandale.
M. Vallières: ... que nous éprouvions de ce
côté-ci et tout le temps que nous aurions mis inutilement à
les convaincre.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député de Laprairie.
M. Dussault: On est prêts à voter, on est tous
d'accord.
M. Saintonge: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Avant de commencer, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, ce que j'ai refusé ce
matin, à votre demande, à d'autres collègues sur
l'affichage...
M. Lalonde: Excusez-moi, c'étaient des citations de
René Lévesque, M. le Président, je ne voulais pas vous
scandaliser.
M. Bélanger: Je m'excuse, moi aussi, M. le
Président; je prends la même remarque.
M. Lalonde: Je l'avais mis là pour ne pas l'oublier.
Une voix: Vous pouvez les afficher, ceux-là, même
les distribuer.
M. Lalonde: Je vais les remplacer par le livre des
règlements.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. D'abord, je suis un
peu surpris de l'amendement proposé par mon confrère, le
député de Châteauguay dont je me retrouve voisin de
comté immédiat. Au premier abord, j'ai retenu un peu les paroles
du député de Sainte-Anne qui a mentionné qu'il
était torturé. Je me sens un peu torturé comme lui et je
me demandais de quelle envergure était cet amendement.
Après moult réflexions, tout comme mon confrère M.
Polak de Sainte-Anne, en regardant le genre d'amendement pour permettre
à toute autre personne physique ou corporative, ou tout groupe de se
faire entendre, j'ai cru reconnaître finalement un souci de
démocratie très grand du côté des
ministériels. Il faut dire que la modification à la loi 16... Au
tout départ, lors des discussions qui ont eu lieu sur les motions de
report, on mentionnait principalement à ce moment-là que
ça constituait un manque flagrant de respect pour les gens, parce qu'on
modifiait en fait la Loi sur l'Hydro-Québec, la structure même
d'Hydro, les tarifs, sans consultation. Ces gens-là avaient
déjà été consultés antérieurement, la
population en général, et on modifie la structure même,
sans revenir les consulter. C'était autant plus un manque de respect
dans le sens qu'on ne respectait pas le désir manifesté par tout
le monde d'avoir un débat public.
À ce moment-ci, à défaut d'un débat public,
évidemment, qui aurait été souhaitable et qui le demeure
toujours... Si cette loi était retirée par exemple ou
représentée ultérieurement, on pourrait tenir un
débat public sur l'avenir énergétique du Québec,
mais tel n'est pas le cas, on doit se retrouver dans la situation
présente. En conséquence, avec l'amendement introduit par mon
confrère de Châteauguay, à l'effet que toute autre personne
physique ou corporative, ou tout groupe peut venir se faire entendre, on est
quand même dans une situation un peu plus avantageuse; on pourrait
entendre davantage de personnes parler de l'avenir d'Hydro-Québec, de
l'avenir de la politique énergétique au Québec. Cela
donnera un éclairage nouveau au problème, cela permettra aux
nombreuses personnes intéressées de venir s'exprimer pour autant
qu'on puisse les convoquer. Maintenant, mon confrère de
Mégantic-Compton nous faisait part des nombreux
télégrammes qu'on avait reçus; c'est une
possibilité que ces gens-là viennent se faire entendre. Ce sont
tous des groupes qui avaient manifesté le désir de se
présenter à un débat public sur l'énergie et
également, je pense que ça pourra permettre de rejoindre une
idée qui est de donner un rôle véritable à une
commission parlementaire dans le cadre présent. Je pense qu'entendre des
gens, des compétences extérieures, des groupes ou des individus
qui peuvent bénéficier d'une expertise particulière dans
le domaine, permet de renseigner davantage les députés en
commission parlementaire, afin de favoriser une meilleure prise de
décision.
Maintenant, il faut également se rendre compte que cette
modification permettra de
discuter de toute question concernant la loi 16. Donc, on ne limite
quand même pas le débat, c'est un débat qui serait
généralement ouvert de façon assez grande et encore une
fois cela rejoint, j'imagine, le sentiment de démocratie qui anime mon
confrère de Châteauguay. Vis-à-vis de toutes ces
interrogations. C'est ce qui fait en sorte que, puisque je ne peux pas voter,
étant simplement intervenant, j'espère que mes confrères
de l'Opposition appuieront la motion ou l'amendement à la motion du
député de Châteauguay. Nous, les gens de l'Opposition,
sommes très conséquents avec nous-mêmes puisque, depuis le
début de l'étude du projet de loi 16, nous avons demandé
la consultation des gens, le débat public. Cela rentre dans les
considérants établis antérieurement.
M. Dussault: On vote, M. le Président? Il n'y a plus rien
qui se dit, M. le Président, et nous sommes tellement d'accord.
M. Saintonge: Oui. Maintenant, quand on dit que le projet de loi
16 était précipité parce qu'il n'avait pas
été soumis à l'attention des intéressés et
qu'il devançait une consultation que la conjoncture actuelle nous
obligeait à tenir le plus tôt possible, je voudrais citer à
cet effet des paroles du premier ministre actuel, M. Lévesque, qui en
1962 était ministre des Ressources. Il mentionnait: "Je fais cette
déclaration uniquement pour bien remettre les faits à leur place
et selon leur valeur réelle. Je crois que sur
l'électricité, richesse vitale du Québec, les
Québécois ont le droit strict d'être renseignés
d'une façon qui leur permette d'avoir l'opinion la plus avertie
possible. Je veux rappeler aujourd'hui qu'il faut tout de même traiter
avec sérieux d'une question d'une telle importance." Ces paroles datent
de 1962. Ces paroles demeurent quand même actuelles, on pourrait les
remettre à jour et peut-être même les entendre comme suit et
dire: Sur leur avenir énergétique, les Québécois
ont le droit strict d'être renseignés d'une façon qui leur
permette d'avoir l'opinion la plus avertie possible et la possibilité de
faire connaître leur choix, d'autant plus qu'une population qui est
constamment consultée et sondée de toutes les manières et
par tous les niveaux de gouvernement, puisse venir se prononcer sur son avenir
énergétique à tous les vingt ans au moins. En
conséquence, même si la population ne pourra se prononcer comme
telle personnellement dans le cadre d'un débat, - de toute façon,
cela n'empêche pas la majeure partie des gens, la motion stipule quand
même "autres personnes ou groupes " -toute personne physique ou tout
groupe physique ou corporatif pourra venir donner son point de vue devant cette
commission parlementaire. On rejoindra, ce que je mentionnais tantôt, un
genre de débat public qui était souhaitable, qui permettrait aux
Québécois de s'exprimer sur les buts, les visées et les
attentes qu'on pourrait avoir de cette modification de la structure et de la
tarification concernant Hydro-Québec.
En conséquence, M. le Président, je répète
que je souhaite que cet amendement puisse être reçu...
Une voix: II l'a été.
M. Saintonge: ... - il a été reçu - mais
puisse être voté majoritairement par l'ensemble des membres de
cette commission.
Je vais laisser la parole à un confrère, me gardant les
quelques minutes qui me restent pour plus tard.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Dussault: Nous sommes prêts à voter, nous sommes
tous d'accord.
Une voix: Une minute! M. le Président, voulez-vous le
rappeler à l'ordre?
M. Dussault: M. le Président, franchement, si on ne passe
pas au vote, je me demande vraiment à quoi cela aura servi de faire
cette motion. Je commence à trouver étrange l'attitude des
libéraux.
Une voix: Motion d'amendement. Depuis...
M. Lalonde: M. le Président, voulez-vous rappeler à
l'ordre mes collègues, s'il vous plaît? Je déteste ce genre
de comportement.
M. Dussault: Je me demande si je ne dois pas regretter d'avoir
fait cette motion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je me mets sous votre
protection. Quand j'ai entendu le député de Châteauguay
proposer son amendement...
Une voix: Son amendement.
M. Lalonde: Justement, j'attaquais le sujet. Quand je l'ai
entendu proposer son amendement, je suis resté bouche bée.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer.
M. Dussault: ... on a vu cela.
M. Lalonde: M. le Président, si vous ne savez pas ce que
cela veut dire "être bouche bée", demandez à notre premier
ministre. Il a dit que, lorsque Jacques Rose a reçu une ovation il y a
quelques jours, il a été bouche bée.
M. Dussault: Je comprends.
M. Lalonde: II n'a pas encore repris son souffle. J'ai quand
même tenté de faire un effort extrêmement douloureux, mais
mes collègues de ce côté-ci de la table ont beaucoup
aidé à le raccourcir par leurs arguments. J'étais
tellement ébahi par l'apparence d'ouverture de l'amendement du
député de Châteauguay, que j'ai cru à ce
moment-là qu'il commençait une manoeuvre de réhabilitation
à l'endroit des députés de l'Opposition. (20 h 45)
M. Fortier: Je pensais que c'était à son
endroit.
M. Lalonde: Non, parce que M. le Président, on ne peut pas
blâmer, on ne peut pas reprocher à quiconque de vouloir commencer
des bonnes habitudes. Mais, M. le Président, à ce
moment-là, j'ai dit juste avant le dîner que j'étais sur la
clôture. Je n'y étais pas tout seul. Le député de
Frontenac a aussi avoué qu'il était sur la même
clôture. Le problème, c'est qu'il n'est plus ici. J'espère
qu'il n'est pas tombé en bas de la clôture, M. le
Président.
Je suis convaincu qu'il a des expressions très sérieuses,
probablement au Salon bleu, et je ne fais état de son absence ici que
pour exprimer la peine de ne pas le voir avec nous, M. le Président.
J'ai écouté, avec beaucoup d'attention, les arguments de mes
collègues. Malheureusement je n'en ai pas entendu de l'autre
côté de la table. Peut-être que la ligne de parti, qui est
tellement forte de l'autre côté, comme celle par exemple qui a
permis au ministre des Finances de suivre à la lettre le verdict du
comité des onze, peut-être que cette ligne de parti leur a
dicté leur conduite, et qu'ils n'osent même pas, exprimer leur
accord, de peur d'aller trop loin, de peur de ne pas traduire de façon
correcte les intentions du parrain de la motion.
De notre côté ici, M. le Président, nous avons tout
d'abord félicité le député de Châteauguay,
nous l'avons fait en toute sincérité, vous le savez, M. le
Président. Nous l'avons fait longuement, parce que ça fait
longtemps qu'on n'a pas fait de félicitations à ce
député. Et en plus des félicitations, je dois avouer que
pour un certain nombre de ses collègues qui sont relativement nouveaux
ici, j'ai entendu des arguments fort valables.
J'étais d'autant plus intéressé à cette
motion d'amendement que je savais que je n'aurais pas l'occasion de faire
inviter plusieurs groupes à la pièce. Je suis convaincu, M. le
Président, que vous auriez permis, au plus, deux motions invitant un
groupe chacune. On sait qu'il existe une certaine jurisprudence qui veut que,
lorsque qu'une motion, invitant un groupe, est soit acceptée, soit
refusée, on ne permette pas à un député ou à
quelqu'un qui est membre, de proposer plus d'une autre ou deux autres,
peut-être, motions, parce qu'à ce moment-là on pourrait se
retrouver à Pâques en train d'inviter encore un à la fois,
les groupes qui pourraient être intéressés par un projet de
loi aussi désastreux.
Donc, j'avais l'intention de proposer plusieurs motions, pour inviter
les gens qui se sont manifestés, en particulier, mais j'étais
torturé par le jugement que je savais, que vous seriez tombé sur
la tête de l'Opposition, à bon droit, M. le Président, nous
réduisant à à peu près deux tentatives,
peut-être trois mais je ne peux pas présumer de votre humeur.
Alors, j'avais réglé pour deux. Et voilà que le
député de Châteauguay, volant à mon aide, ouvre la
porte. Pas à deux ou trois ou huit: à tout le monde. Tout le
monde, M. le Président.
Donc, cette motion d'amendement nous permet d'en parler longuement,
parce qu'il s'agit d'une question importante. Le problème de cette
motion d'amendement, je ne fais pas de reproche à mes collègues
de ne pas l'avoir souligné ni même signalé, mais je pense
que nous devons quand même faire état du fait que plusieurs
groupes se sont manifestés. Plusieurs sont intéressés et
je sais qu'un très grand nombre de nos concitoyens et des groupes qui
les représentent sont encore abasourdis, sans voix, devant les
conséquences désastreuses du projet de loi 16. Ces groupes n'ont
pas eu le temps de se ressaisir pour exprimer au gouvernement leur
désarroi devant le projet de loi 16. Mais quelques-uns de ces groupes se
sont manifestés et, je pense, je suis sûr que les
députés autour de la table concourront à cette demande,
iront dans cette voie. Ceux et celles qui se sont manifestés
méritent, je crois, un geste de courtoisie particulier de la part de la
commission. C'est à cette fin que j'ai une motion de sous-amendement
à présenter. Je voudrais, par cette motion de sous-amendement
préciser de façon prioritaire quels groupes et quelles personnes
devraient être invités.
Motion de sous-amendement
Je la lis: "Que la motion d'amendement du député de
Châteauguay présentement en discussion soit modifiée en
ajoutant, après les mots "ou groupes", les mots "et d'une façon
prioritaire les organismes suivants: la Fédération des magasins
Coop et Cooprix" -
je vois le député de Chambly qui acquiesce. Je poursuis,
"l'Association des entrepreneurs en construction du Québec". M. le
Président, j'ouvre une parenthèse, si vous croyez qu'il en reste,
il en reste quelques-uns. Ils ont la couenne dure.
Le Président (M. Laplante): C'est funèbre.
M. Lalonde: Je poursuis, M. le Président, "la
Fédération de l'âge d'or du Québec...
Une voix: Oui, elle nous a envoyé un
télégramme.
M. Lalonde: ... l'Association québécoise pour la
défense des droits des retraités et des
préretraités" - s'il y en a qui se reconnaissent
là-dedans, ils pourront toujours faire valoir leurs idées. Je
poursuis, "le Conseil de la coopération du Québec, la
Fédération des travailleurs du Québec, l'Association
féminine d'éducation et d'action sociale, - l'AFEAS - la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, l'Association des consommateurs du Québec, le Conseil du
patronat, la Confédération des syndicats nationaux, la Chambre de
commerce de la province de Québec, la Chambre de commerce du district de
Montréal, le Front commun pour un débat public sur
l'énergie et M. Yves-Aubert Côté, professeur aux HEC." Fin
de la motion de sous-amendement, M. le Président. Alors, je suspens mes
propos pour savoir si vous allez la recevoir.
Le Président (M. Laplante): Sur la
recevabilité?
M. Bélanger: M. le Président, avant de parler de
recevabilité, est-ce qu'on pourrait en ajouter d'autres?
Le Président (M. Laplante): Non, non, c'est un sous, sous,
sous-amendement. Étant donné que personne ne veut parler de la
recevabilité, elle est recevable.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. J'aurais simplement
quelques propos et je suis convaincu, à moins d'avoir des acquiescements
formels de l'autre côté, j'aimerais d'abord remercier ces groupes
de l'intérêt qu'ils portent à l'égard de leurs
membres, premièrement, et, deuxièmement, des citoyens du
Québec en général. Vous me demanderez peut-être
pourquoi la Fédération des magasins Coop et Cooprix?
Voilà...
Je pense que le député de Notre-Dame-de-Grâce
voudrait répondre à la question que je viens de poser. Non, ah
bon!
M. Scowen: Je veux parler sur la motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, la question reste
posée: Quel intérêt la Fédération des
magasins Coop et Cooprix pourrait-elle avoir dans le sort que le gouvernement
fait à Hydro-Québec devant l'augmentation des tarifs
d'électricité que nous annonce le projet de loi? Ceux qui ne
connaissent pas la réponse ne connaissent pas l'importance de cette
organisation qui correspond aux préoccupations de la population.
L'Association des entrepreneurs en construction du Québec; c'est vrai
qu'il en reste quelques-uns, mais ceux qui restent parmi les entrepreneurs en
construction, il ne faudrait quand même pas les massacrer.
Déjà, le climat économique imposé depuis cinq ans
par ce gouvernement a fait de ces gens un groupe extrêmement fragile. M.
le Président, je suis sûr que vous frémissez. Non? Je peux
reprendre? Il en a fait les premières victimes de l'inconséquence
et de la négligence de ce gouvernement relativement à
l'économie du Québec. Est-ce qu'il faudrait les ensevelir, eux
qui respirent à peine, sous les tarifs d'électricité que
nous annonce le projet de loi 16? Que penser de la Fédération de
l'âge d'or du Québec qui regroupe des retraités, des gens
dont les revenus sont minimes et surtout n'augmentent pas, ne sont pas
indexés suivant le coût de la vie, des gens qui ont des revenus
fixes, qui n'ont pas la possibilité d'augmenter leurs moyens de faire
face à l'augmentation des coûts et, en particulier, à
l'augmentation de l'électricité? Ce sont des gens qui ont autant
besoin de l'électricité que vous et moi. L'Association
québécoise pour la défense des droits des retraités
et des préretraités; naturellement, nous parlons là de
personnes qui sont regroupées aussi dans la Fédération de
l'âge d'or du Québec ou représentées indirectement
par cette fédération.
Que penser de la Fédération des travailleurs du
Québec? Je ne vois aucune protestation de l'autre côté de
la table. J'attends qu'on fasse des signes d'acquiescement. Ce sont là
des travailleurs qui seront au premier chef frappés par cette taxe
régressive que constitue l'augmentation de la tarification de
l'électricité, frappés comme travailleurs, frappés
comme consommateurs d'électricité et aussi comme consommateurs
d'autres biens.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, un organisme, M. le Président, que vous connaissez
très bien. Vous avez oeuvré, et je vous en félicite, dans
le domaine de l'éducation. J'espère, M. le Président, que,
siégeant en un autre lieu qu'ici, vous en serez un défenseur
lorsque votre collègue, le ministre de l'Éducation, fera tomber
la guillotine qui menace actuellement non seulement la
fédération, mais toutes les commissions scolaires du
Québec.
L'Association des consommateurs du Québec; nous sommes tous des
consommateurs, même le député de Chambly est un
consommateur. Hélas, dit-il, mais c'est vrai. Qu'est-ce que le
député de Chambly a contre les consommateurs? Rien, j'en suis
sûr. Pourquoi devrait-il s'opposer à cette demande que je lui fais
très humblement? Nous avons déjà un acquiescement.
Pouvez-vous inscrire son vote immédiatement au cas où il
changerait d'idée? Le président n'a pas le droit. (21 heures)
La Confédération des syndicats nationaux et la CSN... Je
suis convaincu que le député de Vimont vibre actuellement de la
même façon que j'ai eu un frisson quand j'ai appris tout à
l'heure qu'il était le président des syndicats
d'Hydro-Québec. Mais je l'ai appris et j'ai eu un frisson; en fait, j'ai
grelotté, parce que cela m'a rappelé quand on gelait, à
cause des grèves d'Hydro-Québec. Et voilà que non
seulement il nous a fait geler, mais il veut que cela nous coûte plus
cher pour ne pas geler dans l'avenir.
Naturellement, la Chambre de commerce de la province de Québec et
la Chambre de commerce de Montréal, M. le Président, je sais que,
de l'autre côté, on lève le nez là-dessus. C'est
comme si les entrepreneurs n'étaient pas importants. Tout le monde est
pour les travailleurs et de plus en plus on s'aperçoit que le Parti
libéral est vraiment, mais de la véritable façon, pour les
travailleurs, parce qu'on est pour l'emploi, nous, on n'est pas pour le
chômage. Alors que ce gouvernement a créé 120 000
chômeurs de plus, depuis qu'il est au pouvoir, 120 000 chômeurs; de
200 000 en 1976 à 320 000 aujourd'hui. Ce qu'on dit, de ce
côté-ci, c'est de créer de l'emploi, de créer un
climat favorable à l'emploi, à l'économie.
Le front commun pour un débat public sur l'énergie...
J'entends, je ne connais pas le monsieur qui a dit cela derrière moi, M.
le Président, j'entends une voix qui dit: Qu'est-ce que c'est que cela?
Et c'est comme...
Une voix: Ils ne savent rien.
M. Lalonde: ... si le ministre m'avait dit cela. C'est
sûrement l'écho de la pensée du ministre. Il a
complètement oublié...
M. Duhaime: C'est votre recherchiste qui a dit cela.
M. Lalonde: ... ce qu'est d'abord un débat public sur
l'énergie, parce qu'il l'a refusé. Il a même
prétendu, lors du débat en deuxième lecture, que ce
débat avait eu lieu lors de commissions parlementaires pour parler de
toutes sortes d'autres choses que de l'énergie en général.
Mais ce front commun pour un débat public sur l'énergie fait un
travail essentiel. C'est un débat que le gouvernement a
évité jusqu'à maintenant, mais c'est un débat qui
devra être fait. Ce n'est pas en décidant de faire le rapt
d'Hydro-Québec que le gouvernement va régler ce débat,
parce qu'il s'agit de questions beaucoup plus larges, beaucoup plus vastes et
beaucoup plus importantes pour tous les Québécois.
En ce qui concerne le dernier intervenant, M. le Président, que
je voudrais inviter ici, M. Yves Aubert-Côté, éminent
professeur aux Hautes études commerciales, je laisserai à mes
collègues le soin de faire la démonstration de la
nécessité d'inviter ce professeur pour éclairer la
lanterne - même s'il le fait à la chandelle, étant
donné le coût de l'électricité - des amis d'en
face.
M. le Président, essentiellement, la motion de sous-amendement a
pour but de bien préciser que ce n'est pas n'importe qui, que ce n'est
pas un voeu pieux lorsque nous disons que nous allons appuyer la motion
d'amendement du député de Châteauguay. Nous voulons
recevoir ici tous ceux et celles qui non seulement ont manifesté de
l'intérêt en discutant avec nous de l'avenir
d'Hydro-Québec, des conséquences du projet de loi no 16, mais il
faut aussi reconnaître qu'ayant manifesté cet intérêt
de façon directe à l'égard du gouvernement et aussi de
l'Opposition, ces personnes, ces groupes méritent un geste de courtoisie
de la part de la commission parlementaire, celui d'être invités de
façon prioritaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Dans le bref temps qui
est disponible, je veux appuyer à 100 milles à l'heure, je dois
dire, le sous-amendement proposé par mon collègue, le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui propose qu'un certain nombre
d'intervenants soient ajoutés spécifiquement aux personnes qu'on
invite à participer à nos audiences la semaine prochaine.
M. le Président, simplement pour vous donner une idée de
l'importance de ces organismes, je veux vous donner quelques informations sur
le Conseil du patronat. Comme vous le savez, je l'ai
répété hier soir, le développement industriel au
Québec doit être axé en grande partie sur l'utilisation de
l'électricité. C'est un de nos grands atouts. Je pense que vous
serez d'accord avec moi pour dire qu'une analyse approfondie de la part des
représentants des investisseurs, le Conseil du patronat, serait
très utile pour nous dans nos efforts pour
déterminer si vraiment les divers articles de la loi sont
valables ou s'ils doivent être amendés.
Pour vous donner tout simplement une idée de l'importance de
cette question, je veux vous référer de nouveau à ce
chapitre très important qui fait partie de "Bâtir le
Québec". Ce chapitre 6, qui s'intitule L'électricité et
les perspectives de développement de certaines industries au
Québec, nous dresse un tableau des possibilités de
développement industriel ici au Québec par l'utilisation la plus
efficace de notre ressource hydroélectrique. J'espère que vous
allez m'écouter attentivement, M. le Président, parce qu'il y a
des choses ici...
Le Président (M. Laplante): Oui, mais avant de continuer,
parce que vous avez un discours éloquent, j'aimerais que tout le monde
puisse l'écouter.
M. Lalonde: Voulez-vous les rappeler à l'ordre, s'il vous
plaît?
M. Scowen: Oui, je suis d'accord.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Dans ce chapitre, M. le Président, les
rédacteurs de ce document dressent un tableau de certaines industries
qui pourraient être amenées ici, si le ministre acceptait de
retirer son projet de loi no 16 et de retourner à la politique du prix
le meilleur marché possible qui était à la base de la
politique énergétique jusqu'à maintenant.
Je vais simplement citer quelques exemples des possibilités
industrielles qui sont devant nous pour la création d'emplois. Bien
sûr, le Conseil du patronat pourrait donner des exemples d'une
façon beaucoup plus détaillée que je suis capable de le
faire ce soir, mais je vais simplement vous donner quelques exemples. Ce sont
les exemples qui sont importants dans les brefs moments qui sont disponibles
dans une commission parlementaire. Je vais donc parler de quelques-unes de
possibilités intéressantes soulevées par ce document. Je
commence par l'aluminium.
Une voix: C'est l'aluminium.
M. Scowen: II y a une partie du chapitre qui est consacrée
à l'aluminium: "L'industrie québécoise de l'aluminium
compte parmi les plus considérables au monde. Elle s'est imposée
comme une industrie de spécialisation pour le Québec." On
connaît tous les compagnies Reynolds, Alcan et les autres qui font de
l'aluminium ici. On est à la recherche, par exemple, d'une autre grande
usine d'aluminium, la Pechiney, en France. Bien sûr, ce n'est pas un nom
québécois, c'est un nom étranger, c'est riche, mais
même M. le député de Rousseau n'est pas d'accord avec la
recherche et le développement de cette industrie. Le ministre doit
accepter que, même si ce sont des étrangers, s'ils peuvent
s'installer avec un investissement de quelques centaines de millions de dollars
à Bécancour, par exemple, en face de son comté, ce sera
assez bien pour le Québec.
On dit: "En raison de l'importance du coût de
l'électricité dans le prix de l'aluminium, qui est environ 20% du
coût de production, mais pouvant varier considérablement selon les
conditions, l'industrie de l'aluminium s'est historiquement localisée
dans les régions où il existait de grandes quantités
d'énergie électrique disponible à bas prix." Je cite le
document "Bâtir le Québec". Il faut avoir ici des...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne veux pas interrompre mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, mais...
M. Scowen: Vous ne vous intéressez pas à
l'aluminium?
M. Ciaccia: Je crois que l'aluminium, la compagnie Alcan produit
sa propre électricité, alors je ne pense pas qu'elle va
être touchée par le projet de loi no 16. Alors je me demande
si...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas embarquer
dans la discussion, je veux dire, ce n'est pas correct.
M. Scowen: Je m'oppose formellement à l'intervention du
député du Mont-Royal. Il ne comprend rien du tout dans le domaine
économique. C'est un expert de l'habitation et des scandales. On est ici
devant des questions sérieuses, des questions économiques et de
développement économique.
Le Président (M. Laplante): Je pense qu'il n'a pas l'air
de savoir qu'Aluminium achète de l'électricité
d'Hydro-Québec aussi. C'est la mise au point que vous voulez me
faire.
M. Scowen: C'est bien ça. Merci beaucoup, M. le
Président. Et il faut ajouter que Reynolds achète
également à HydroQuébec et, à moins que je ne me
trompe, l'usine composée de Pechiney va également acheter
l'électricité de notre société nationalisée.
Tout cela pour vous expliquer, M. le Président, que le
député de Mont-
Royal comprend très peu de chose dans le domaine
économique. Et cela devient de plus en plus clair.
M. Ciaccia: C'est parce qu'il n'a pas compris ce que je voulais
dire, M. le Président. Il n'a pas compris du tout mais je...
M. Scowen: Je veux parler, M. le Président.
M. Ciaccia: ... je ne veux pas interrompre ce propos, je ne veux
pas invoquer l'article 99, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): 96. M. Ciaccia: Non,non, 99.
Le Président (M. Laplante): 99, d'accord.
M. Ciaccia: Je ne veux pas l'invoquer, mais, puisque le
député de Notre-Dame-de-Grâce n'a pas compris le sens de
mon intervention, je vais attendre qu'il termine son intervention,
j'expliquerai après pourquoi j'ai soulevé la question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur le droit de parole. Sur
votre droit...
M. Scowen: Avant de passer...
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Avant de passer au magnésium, je veux
simplement résumer, en citant de nouveau "Bâtir le Québec".
Au sujet de l'aluminium, on dit, dans ce contexte, que les conditions
d'allocation de l'électricité devraient pouvoir jouer un
rôle stratégique, afin d'obtenir une entreprise qui enrichisse son
projet en y greffant telle ou telle unité de transformation en retour de
la fourniture de l'électricité à des conditions
avantageuses. Alors, je fais le résumé de cette phrase parce que
c'est le noyau de notre politique de développement industriel ici au
Québec. "Bâtir le Québec" même, le document d'un
homme qui est respecté par tous ces collègues, les
députés, le ministre d'État au Développement
économique. Il dit, effectivement, que sans l'électricité
au prix bas, on n'aurait pas l'industrie de l'aluminium. Et sans l'industrie de
l'aluminium, on n'aurait pas des entreprises de transformation de l'aluminium.
Alors vous avez là le noyau d'une politique de développement
économique dans une seule phrase.
Je passe maintenant au magnésium. Et je dois vous avertir, M. le
Président, qu'il en reste une dizaine, des semblables. Il n'existe,
à l'heure actuelle, aucun producteur de magnésium au
Québec. Le seul producteur, Chromasco, est situé à Haley
en Ontario. Mais ils disent, avec son électricité disponible en
quantité suffisante, et à un prix relativement bas, que le
Québec se trouve dans une position avantageuse au plan mondial, pour
voir se réaliser au cours des toutes prochaines années, un projet
viable et intéressant au plan économique dans le domaine du
magnésium. Il y a ceux, parmi vous, qui n'ont jamais pensé au
magnésium. Il y en a d'autres qui ont certainement pensé au
magnésium cette semaine. Mais nous autres, le développement
économique, on pense continuellement aux possibilités dans le
domaine du magnésium. Et c'est clair dans ce document, qui est du
gouvernement même, que si le projet de loi 16 est adopté, nos
possibilités dans le domaine du magnésium seront réduites.
Je passe maintenant au cuivre, M. le Président.
Nous occupons aujourd'hui une place de choix au Canada, dans la
production du cuivre. Et l'électricité est certainement un
facteur de localisation. Ils disent, entre autres, que les installations
québécoises, aujourd'hui, sont dans l'ensemble relativement
vétustes. Cela veut dire qu'elles sont dépassées. Mais,
quand même, c'est une industrie importante ici qu'il faut renouveler et
qui ne sera pas renouvelable, à moins que nous ayons cette ressource,
l'électricité, qui est un facteur de production très
important pour le cuivre. (21 h 15)
Je passe au zinc et au cadmium, qui sont deux autres
éléments très importants. Effectivement, on dit que le
problème qui existe aujourd'hui dans le domaine du zinc et du cadmium
est à peu près le même qu'on voit dans le cuivre, une
industrie importante au Québec, un peu vétuste, qui a besoin
d'électricité d'une façon importante pour réussir,
pour persuader les propriétaires dont le gouvernement même, parce
que la compagnie Noranda est maintenant à toutes fins utiles, une
société d'État, pour persuader même nos
sociétés d'État dans le domaine du zinc, du cadmium et du
cuivre de se moderniser; Nous serons obligés bien sûr de leur
offrir, pour les semaines, les années et les décennies à
venir l'électricité à prix raisonnable.
Je passe maintenant au titane, et je cite: L'analyse effectuée au
chapitre 4 des divers procédés utilisés pour la production
de titane métal a fait ressortir que du point de vue technologique
l'électricité joue un rôle indispensable. - J'espère
que vous m'écoutez, M. le Président: Pour le développement
du titane, l'électricité joue un rôle indispensable. - Nous
avons aujourd'hui, au Québec, la compagnie Fer et Titane qui est la
seule entreprise canadienne qui transforme
l'ilménite qui est un des deux métaux dont on tire le
titane, et c'est ici au Québec. L'électricité joue un
rôle important pour augmenter la concentration en titane de
l'ilménite, étape que réalise Fer et Titane du
Québec.
Notre groupe de développement économique, dont mes
collègues, le député d'Outremont et le
député de Jean-Talon qui était ici tantôt, est
allé à Sorel vendredi dernier. On a eu l'occasion de voir de
très près comment la compagnie Fer et Titane du Québec
joue un rôle important dans l'industrie de Sorel et comment
l'électricité est importante pour le succès de cette
compagnie. Toutes ces choses sont des éléments qui pourraient
être élaborés si vous permettiez au Conseil du patronat du
Québec de présenter des mémoires devant cette
commission.
Il y a ensuite la sidérurgie, les aciers primaires, les aciers
spéciaux. Les aciers primaires, monsieur, c'est SIDBEC, que va-t-il
arriver? Il y a des déficits énormes chez SIDBEC maintenant. Si
on adopte la loi 16 et si les taux augmentent pour les grandes puissances de la
façon proposée par le député de Rousseau, entre
autres, on va avoir des déficits terribles, bien plus terribles que ceux
qu'on voit aujourd'hui chez SIDBEC, et ce sont les contribuables qui seront
obligés de payer.
Il y a le ferro-alliage...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je commence à m'ennuyer de ne pas entendre
parler du sous-amendement. Vous avez actuellement une liste d'une douzaine de
noms.
M. Bélanger: II y arrivait, là.
M. Scowen: M. le Président... il n'a pas compris le but de
mon intervention.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas vu ces
compagnies-là...
M. Polak: M. le Président, vous avez raison; moi, je suis
prêt sur ça à 100%.
M. Scowen: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bélanger: Je peux vous assurer, M. le Président,
qu'il a fini son livre, il arrive à la motion.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président. Pourrait-on voter avant que la chicane ne prenne dans
l'Opposition?
Une voix: Oui, il faudrait passer au vote.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II me reste peut-être deux ou trois exemples
à vous donner. L'objectif, je veux que ce soit très clair.
M. Bélanger: Bien oui, évidemment.
M. Scowen: Je ne présente pas ces exemples de façon
farfelue, M. le Président. C'est parce que...
Une voix: Vous manquez un peu de patience.
M. Scowen: C'est parce que je veux vous donner à vous et
à mes collègues des exemples, des sujets qui pourraient
être abordés par le Conseil du patronat, groupe qui était
proposé dans le sous-amendement, entre autres...
M. Tremblay: Vous voyez, M. le Président, que le
député avait raison.
M. Scowen: ... si les membres du gouvernement acceptent que le
Conseil du patronat soit présent ici la semaine prochaine.
Le ferro-alliage, peut-être pensez-vous que ce n'est pas
important, mais il s'agit...
M. Bélanger: Surtout au Québec, c'est très
important.
M. Scowen: II s'agit de 300 000 tonnes par année. J'en
passe, mais il y en a d'autres. Il y a le verre plat.
Une voix: Le quoi?
M. Bélanger: II y a le verglas. Le verglas, ça
s'étire sur les lignes électriques.
M. Polak: Question de règlement, M. le Président.
Combien de minutes reste-t-il au député de
Notre-Dame-de-Grâce?
Le Président (M. Laplante): Trois minutes.
M. Polak: Parfait, parce que, savez-vous, c'est un très
bon discours!
Le Président (M. Laplante): II y aurait un bout de blanc
d'enregistré dans le journal des Débats. Ce serait une page
blanche.
M. Scowen: Je regrette qu'il y ait des gens qui ne prennent pas
ces questions au sérieux, j'ai l'intention de terminer mes commentaires
quand même, parce qu'il y a
la collectivité qui est en jeu ici. Il y a le flaconnage...
Une voix: Cela, c'est quand on met des choses dans le flacon?
M. Dussault: M. le Président, c'est dommage que les rires
ne soient plus enregistrés au journal des Débats.
M. Scowen: Je suis complètement d'accord.
M. Bélanger: On en aurait deux pages.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Scowen: Je dois terminer, M. le Président, parce que le
point est fait; je vais passer rapidement - après, j'aurai deux ou trois
autres exemples - sur le flaconnage. Il y a trois usines
québécoises qui emploient 1200 et 1400 personnes et c'est une
autre industrie qui est forte dans la consommation d'électricité.
Il y a la verrerie de table et la cristallerie auxquelles on ne pense pas
souvent, mais qui sont de grandes utilisatrices d'électricité. II
y a le fibre de verre... Oui, je sais qu'il me reste deux minutes, je vais
passer vite.
J'espère que je vous ai donné quelques exemples
industriels auxquelles vous n'avez pas souvent pensé qui sont
basés sur la possibilité d'obtenir de l'électricité
à des coûts les plus bas possible. Quand je parle, par exemple, de
la fibre de verre, on dit: Compte tenu de l'importance non négligeable
de l'énergie dans les coûts de production de cette industrie,
l'électricité pourrait s'avérer un facteur de localisation
intéressant, si on considère le rôle joué par les
autres facteurs, notamment le marché premier. Alors, si on veut une
industrie de fibre de verre ici au Québec, plus grande que celle que
nous avons aujourd'hui, il faut faire attention au prix de
l'électricité.
Je n'ai pas terminé, il y a les abrasifs, les abrasifs de carbure
de silicium et d'aluminium fondu dont le ministre du Développement
économique parle très souvent. Est-ce que vous voulez me dire que
mon temps de dix minutes est terminé?
Le Président (M. Laplante): Exactement, les vingt minutes
ont fondu.
M. Scowen: Alors, j'arrête, M. le Président, mais je
veux simplement, en terminant, vous dire que j'espère que j'ai
élaboré ce soir assez d'exemples de produits intéressants
qui pourraient être développés ici pour vous persuader que
c'est essentiel que dans les plus brefs délais, le Conseil du patronat,
qui représente les investisseurs dans tous ces domaines, soit
amené ici pour nous donner son opinion quant aux conséquences
peut-être néfastes, on ne le sait pas encore, que peut
entraîner l'adoption de la loi no 16 d'ici Noël ou même d'ici
la fin de l'année 1982. J'espère que je vous ai persuadé,
M. le Président, de l'importance de mes brefs commentaires.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre Fortier
M. Fortier: M. le Président, seulement une directive.
Alors, si je comprends bien, présentement on doit parler des
sous-amendements; est-ce que ma compréhension du sujet est juste?
Le Président (M. Laplante): C'est bien cela et je pense
que le champ est grand aussi.
M. Fortier: Je vous remercie de votre directive parce que
j'aimerais vous expliciter en quelques minutes les nombreuses raisons pour
lesquelles je crois que je devrai voter pour cet amendement
présenté par le député de Marguerite-Bourgeoys.
Il y a plusieurs raisons qui motivent mon appui, moi qui suis
très influençable; la première, c'est...
M. Lalonde: C'est moi qui l'ai présentée.
M. Fortier: ... la personnalité même de celui qui a
présenté cette motion. Cela fait seulement douze mois que je suis
à l'Assemblée nationale et je dois avouer qu'avant de venir ici,
j'avais une bien faible connaissance de tous les parlementaires qui composaient
cette Chambre. Je connaissais, bien sûr, René Lévesque, M.
Bérubé, ministre de l'Énergie, M. Duhaime un petit peu,
mais je connaissais peu de gens de l'Opposition et, lorsque j'ai eu l'occasion
de travailler avec un homme comme le député de
Marguerite-Bourgeoys et de voir jusqu'à quel point il appuyait tous et
chacun d'entre nous dans l'Opposition - oui, oui, M. le Président, je
venais à ceux qui président cette Assemblée et qui
président la commission parlementaire - je dois dire que j'ai
été extrêmement bien influencé et que je ne regrette
nullement d'avoir quitté le secteur privé. J'apprends à
chaque jour et le député de Marguerite-Bourgeoys, qui a
présenté cette motion, nous impressionne tous. Plusieurs l'ont
dit tout à l'heure; le député de Sainte-Anne l'a dit
à plusieurs reprises et...
M. Lalonde: Pas tellement. Juste deux fois.
M. Fortier: ... je me dois de m'aligner sur cette gloriole de
recommandations comment je pourrais dire, donne-moi des mots - et de brillance
qui caractérise cet homme qui a plusieurs années
d'expérience.
M. Lalonde: Bravo, bravo!
M. Fortier: J'ai eu l'occasion de le connaître à
l'université. Il faut dire qu'à ce moment-là
c'était un de ces nombreux étudiants en droit...
M. Lalonde: Cela fait deux ou trois ans.
M. Fortier: ... qui étaient de parfaits inconnus pour moi,
d'ailleurs.
M. Scowen: Question de règlement, M. le Président.
Pourriez-vous le ramener à la pertinence du débat, s'il vous
plaît?
M. Fortier: Non mais, j'essayais d'expliquer... M. le
Président, je remercie le député de
Notre-Dame-de-Grâce de souligner que je dois m'en tenir à la
pertinence du débat. Mais, pour moi, le fait que cet amendement ait
été proposé par un député de cette envergure
fait en sorte que je dois le supporter et me convainc tout à fait. Mes
collègues ont souligné sa compétence...
M. Tremblay: Le député de Châteauguay
s'ennuie depuis qu'on ne le flatte pas.
M. Fortier: Vous avez raison de souligner ça, M. le
député de Chambly. Dans le moment, nous parlons du
sous-amendement et, lorsque nous allons parler de l'amendement, nous allons
faire à peu près les mêmes discours, mais là en
fonction du député de Châteauguay.
M. Dussault: Cela devient morose, M. le Président.
M. Perron: M. le Président, sur une question de
règlement, parce que je sais que je ne peux pas soulever une question de
privilège ici.
Une voix: Êtes-vous membre de la commission?
M. Perron: Oui, je suis membre de la commission, ça fait
plusieurs années, d'ailleurs. Est-ce qu'il n'y aurait pas une
possibilité qu'on puisse avoir une certaine cohésion - ça
fait depuis ce matin que je suis ici - d'un côté comme de l'autre?
Parce que je ne voudrais pas être à la place des transcriptrices
pour transcrire ce qui se passe à cette commission depuis ce matin.
C'est pour le bénéfice de ceux et celles qui travaillent dans ce
domaine que je le dis. Il me semble qu'on devrait avoir une certaine
cohésion, à un moment donné, pour pouvoir faire nos
travaux et pour pouvoir leurs permettre de faire leur travail aussi.
M. Fortier: Vous avez raison, M. le député. Je
crois que les parlementaires existent en fonction des transcriptrices et non
pas les transcriptrices en fonction des parlementaires.
M. Perron: Je m'excuse, mais si vous voulez rire de ce que je
viens de dire, M. le député d'Outremont, vous pouvez le faire
tant que vous voulez. Si vous n'avez pas plus de respect que ça pour les
travailleurs et les travailleuses, je regrette.
M. Fortier: M. le Président, ...
M. Perron: On est ici pour travailler et pour permettre à
d'autres de travailler.
M. Scowen: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre s'il vous
plaît. À l'ordre! Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Fortier: M. le Président, écoutez, arrêtez
de m'interrompre, je ne sais plus...
M. Scowen: Je veux m'opposer formellement à ce que vient
de dire le député de Duplessis. Je viens de prendre vingt minutes
pour essayer d'expliquer une question qui est fort importante pour
l'économie du Québec. J'ai essayé d'énumérer
une liste d'industries qui sont importantes, même pour le comté de
Duplessis.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je ne vois pas de question de règlement
là-dedans.
M. Scowen: J'espère qu'il va comprendre.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je vous remercie de m'avoir rappelé à
l'ordre, M. le Président, parce que j'arrivais à mon
deuxième point. Le premier point était pour dire jusqu'à
quel point la personnalité du député de
Marguerite-Bourgeoys m'avait influencé. Ayant dit ceci et, je crois que
tout le monde l'a bien apprécié, j'arrivais à la partie la
plus sérieuse de mon discours.
M. Lalonde: Ce n'était pas sérieux avant!
M. Fortier: C'était pour indiquer que
cet amendement, justement, répare une injustice. Nous l'avons
dit, nous l'avons redit: Un débat public aurait permis à toute la
population, indifféremment des groupes, des associations corporatives et
autres... Je dois admettre que je n'aime pas beaucoup, dans le texte de
l'amendement, ce barbarisme qu'on appelle "personne corporative". Je ne crois
pas que l'Office de la langue française, M. le Président,
apprécierait ce genre de barbarisme dans nos
délibérations. Mais tout de même, pour se comprendre, je
conçois qu'on a voulu indiquer une personne morale qui est une personne
incorporée. Je crois que cet énoncé ou ce titre est
accepté dans notre jurisprudence. Mais, de toute façon, à
défaut d'impliquer toute la population, il fallait bien limiter le
débat. Je crois que l'Opposition que nous sommes, nous avons voulu
démontrer notre responsabilité pour limiter le débat. Si
nous avions eu un débat public, et je conçois que le ministre,
dans toute sa sincérité, ne voulait pas attendre deux ou trois
ans avant que nous ayons toutes les réponses aux questions que nous
avons posées, pour permettre à la population de s'exprimer. (21 h
30)
En le faisant de cette façon-ci, un avantage considérable
serait que je crois qu'au minimum nous n'en avons que pour deux ou trois mois
seulement et que, certainement, vers le mois de mars ou le mois d'avril, il
serait possible au gouvernement de procéder sur le projet de loi no 16.
Mais il se pourrait qu'à ce moment-là, vu les
représentations qui seront faites par ces différentes personnes
physiques, ces différentes personnes corporatives et par les
associations, la lumière se fasse et que le gouvernement décide
d'amender le projet de loi qui est devant nous. Et je crois que c'est à
juste titre que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys a fait une liste
limitée des différents organismes et organisations qui ont
indiqué, pour la plupart, l'intention de se faire entendre et qui ont
explicité, dans plusieurs de leurs télégrammes au premier
ministre ou au chef de l'Opposition, les motifs qui les poussaient à se
faire entendre dans ce débat. Je ne voudrais pas lire chacun de ces
télégrammes ou de ces télex, M. le Président, mais
il est bien évident que toutes et chacune de ces associations, de ces
personnes physiques ont exprimé des doléances et ont
exprimé des craintes de voir ce projet de loi être accepté
sans avoir l'avantage de faire valoir leur point de vue sur les impacts qui
pourraient affecter soit leurs membres ou leur compagnie elle-même.
M. le Président, je crois qu'à ce moment-ci ces
représentations qui nous sont faites vont nous permettre de limiter le
débat et je crois qu'il nous faut accepter tous et chacun de ces
mouvements et de ces personnes physiques dont mon collègue a fait la
liste. Je voudrais tout simplement expliquer pourquoi un des professeurs des
Hautes études commerciales est sur cette liste. Je voudrais vous dire
que M. Yves Aubert-Côté est un spécialiste en
comptabilité, une personne connue, un professeur émérite,
d'expérience, qui a publié de nombreux ouvrages en
comptabilité et une personne que, je dois vous dire, nous avons
consulté et qui a fait valoir son point de vue sur les nombreux sujets
qui sous-tendent le projet de loi que nous avons devant nous. En particulier,
ce professeur a préparé une analyse pour nous qui traite
justement des différentes méthodes de comptabiliser les dettes
étrangères, parce que nous savons que ce projet de loi a
établi un des critères qui vont déterminer la
déclaration des dividendes. Et un de ces critères est au
paragraphe 15.5, et je précise, M. le Président. On dit ceci:
"Pour l'établissement du taux de capitalisation de la
société à la fin d'un exercice financier, la dette
à long terme inclut toute dette de la société dont le
terme contractuel d'échéance est de plus de douze mois,
déduction faite des fonds d'amortissement; elle inclut également
tous les billets à payer. De plus, tout emprunt contracté en
monnaie étrangère doit être considéré en
tenant compte du taux de change applicable selon les principes comptables
généralement reconnus."
J'ai voulu savoir, M. le Président, quels étaient ces
principes comptables généralement reconnus. Je me suis
posé la question, à savoir si le projet de loi ne devait pas
être plus précis sur ce point. Et ce professeur
émérite nous a fait des recommandations et cela me fera plaisir,
en temps et lieu, d'en faire état. Je crois qu'étant donné
la complexité du sujet, il y aura avantage à entendre ce
professeur des Hautes études commerciales directement pour qu'il puisse
expliciter, avec toute la verve et le bagou qu'on lui connaît, les
principes qui nous permettront de déterminer s'il faut que la dette
étrangère d'Hydro-Québec soit comptabilisée selon
la méthode qui est présentement utilisée par
Hydro-Québec ou si elle doit être comptabilisée selon les
principes qui sont généralement reconnus par les grandes
sociétés canadiennes ou par les grandes sociétés
américaines. Certaines personnes pourraient peut-être se demander:
Mais quel impact cela pourrait-il avoir? Cela aura des impacts
considérables, M. le Président. On sait que la dette
étrangère d'Hydro-Québec est de l'ordre de 12 000 000 000
$; 12 000 000 000 $ sur des actifs de 18 000 000 000 $, M. le Président.
C'est considérable, mais cette dette étrangère
présentement est comptabilisée selon les méthodes dites
historiques. Ceci veut dire que, si HydroQuébec avait emprunté il
y a cinq ans
1 000 000 000 $ ou 50 000 000 000 $, lorsque le taux de change
était au pair avec le dollar canadien, cela veut dire que, dans les
livres d'Hydro-Québec, cette dette étrangère est
comptabilisée à cette valeur. Mais s'il faut reconnaître la
dette étrangère, au taux de change qui existe
présentement, il se pourrait bien que la dette de 12 000 000 000 $
devienne 15 000 000 000 $. C'est la raison pour laquelle je crois que cet
expert, M. Yves Aubert-Côté, qui est sur la liste de ceux qui
sont...
M. Polak: Question de règlement, pourriez-vous demander au
député d'Outremont de parler un peu plus lentement, parce que le
député de Vimont n'est pas du tout capable de suivre ce
raisonnement très intelligent. C'est un ingénieur, il a
parlé de sa carrière cet après-midi. Je pense qu'il
suivait jusqu'à un moment donné. Là, le
député d'Outremont parle un peu plus vite, on ne peut pas
suivre.
Le Président (M. Laplante): Le message est
passé.
Une voix: Avec le bruit que ça fait... M. Polak:
Merci, M. le Président.
M. Fortier: Je remercie le député de Sainte-Anne
des recommandations qu'il me fait, c'est un défaut que j'ai et qu'il va
falloir que j'apprenne, en vrai parlementaire, à corriger. C'est pour
ça que je prends plaisir à travailler avec mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, pour apprendre les qualités qu'il faut pour
être un parlementaire émérite, je vous en remercie. Je vois
que vous avez beaucoup d'expérience dans ce métier.
M. Polak: On va suivre maintenant?
M. Lalonde: M. le Président, c'est parce qu'on a peur que
le député de Vimont fasse la grève.
M. Fortier: M. le Président, je crois que j'arrive
à la fin des propos que j'ai à exprimer à ce moment-ci,
mais compte tenu du fait que les propos de mes collègues enrichiront
peut-être mon intelligence et mon jugement sur la qualité de cet
amendement ou de ce sous-amendement, il m'aura fait plaisir, en temps et lieu,
d'y revenir. Pour le moment, je limite mon intervention à ceci, pour
vous dire qu'il y avait deux raisons fondamentales pour lesquelles j'avais
appuyé ce sous-amendement. La première, je le dis et je le
répète, c'est la personnalité de mon collègue de
gauche, la deuxième, c'est le fait qu'il faut absolument limiter le
débat, si nous voulons faire en sorte que ce projet de loi soit
approuvé avant le printemps. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Scowen: Question de règlement, M. le Président.
Est-ce que le député d'Outremont me permettrait une brève
question?
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont?
M. Fortier: Oui.
M. Scowen: Vous avez dit, M. le député...
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Dans la mesure où le député de
Notre-Dame-de-Grâce pose une question au député d'Outremont
et que celui-ci prend dix minutes pour répondre, si je ne m'abuse,
ça compte sur les vingt minutes qui lui sont allouées pour
son...
Des voix: Oui, oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Rodrigue: Comme il en reste trois ou quatre, j'imagine que la
question devrait être très courte.
Le Président (M. Laplante): II restait huit minutes.
M. Lalonde: ... trois fois vingt minutes...
M. Fortier: Non, je n'ai pas seize minutes à faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, votre question.
M. Scowen: J'ai écouté les propos du
député quant à la comptabilité
d'Hydro-Québec, c'est très intéressant. Il a parlé
de la valeur aux livres, des emprunts faits à l'étranger. Je veux
lui poser une question: Est-ce qu'il sait quel est l'écart actuel entre
la valeur aux livres et la valeur d'aujourd'hui, basée sur le taux de
change d'aujourd'hui, de ces emprunts? Quel est l'écart actuel? Est-ce
qu'il le sait ou est-ce qu'il faut attendre l'arrivée de l'expert de la
chaussure pour savoir vraiment?
M. Fortier: M. le Président, même si j'ai
reçu un avis de ce professeur émérite
des HEC, je dois dire au député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui ne semble pas avoir beaucoup de formation dans
le domaine financier, que la pratique canadienne est d'utiliser, dans certains
cas, la méthode historique...
M. Tremblay: ... sous-amendement que le député est
en train de répondre.
M. Fortier: Non, je crois que ça milite en faveur de la
raison pour laquelle nous devons absolument avoir le professeur des HEC pour
venir témoigner ici et je désire expliciter la méthode
comptable retenue par Hydro-Québec, celle-ci étant la
méthode historique. Comme je l'ai expliqué, c'est la dette
étrangère, comptabilisée au moment où la dette a
été contractée, qui est de 12 000 000 000 $. Cependant,
une des méthodes canadiennes, utilisée par Hydro-Québec,
qui est de moins en moins utilisée, est d'indiquer, par une note, au 31
décembre dernier, quelle serait la dette...
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement.
M. Fortier: ... étrangère, si on avait fait la
transformation.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Le député, pour être pertinent,
devrait dire: Si le professeur venait, il dirait ça. Mais étant
donné qu'il ne l'a pas dit, ce n'est pas pertinent.
M. Fortier: Ce qui est pertinent, c'est que le professeur va nous
expliquer les différentes méthodes, parce que vous n'avez pas
compris mon propos. J'ai dit au tout début qu'étant donné
que nous voulions enrichir le projet de loi qui est devant nous, je crois que
le ministre s'attend que nous fassions des amendements responsables lorsque
nous allons commencer l'analyse article par article. Nous avons l'intention
d'assumer pleinement notre responsabilité. Pour ma part, je me suis
posé la question: Pourquoi laisser ce problème en l'air? On dit
ici: Tout emprunt contracté en monnaie étrangère doit
être considéré en tenant compte du taux de change
applicable selon les principes comptables généralement reconnus.
J'en suis arrivé à la conclusion qu'il y a plusieurs principes
comptables généralement reconnus et, compte tenu du fait que la
déclaration des dividendes va tenir compte de l'autofinancement - il y a
un critère à l'article 15.2 qui définit quel est le
montant du surplus qui peut permettre une déclaration de dividendes - vu
l'importance de ce surplus et vu la déclaration des dividendes et
l'impact de cette déclaration de dividendes sur les finances
d'Hydro-Québec, il faut absolument que les parlementaires
définissent quels sont les systèmes comptables qui doivent
être utilisés pour nous permettre de juger pleinement de l'impact
que ce projet de loi aura sur les finances d'Hydro-Québec et sur la
possibilité pour Hydro-Québec de financer ses propres emprunts.
D'autre part, il faut que le ministre des Finances réalise que, si nous
utilisons de bons principes comptables, il y a de faibles espoirs pour le
ministre des Finances d'avoir des dividendes aussi importants que ceux qu'il
espère obtenir. Vu l'importance de toute cette question, je crois qu'il
faut absolument que M. Yves Aubert-Côté, professeur
émérite des HEC, puisse venir ici pour témoigner et que
nous puissions lui poser toutes les questions que les députés
voudront bien lui poser...
M. Scowen: M. le Président...
M. Fortier: ... pour que nous puissions prendre une
décision éclairée sur le sujet et pour que nous puissions
formuler un amendement qui aille chercher l'assentiment de toute la commission
parlementaire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Si vous permettez, M. le Président, nous sommes
à étudier la motion de sous-amendement. Ce n'est pas souvent que
je complimente un autre député, de notre côté ou du
côté ministériel, mais cet après-midi je
complimentais le député de Marguerite-Bourgeoys pour la
résolution brève, claire, magistrale qu'il a
présentée et que, malheureusement, on a perdue.
M. Lalonde: Oui, c'est vrai.
M. Polak: Subséquemment, on a eu l'amendement du
député de Châteauguay, je l'ai félicité
d'avoir ouvert la porte sur presque une enquête totale. Je lui ai dit que
j'étais déchiré parce que je pensais que c'était
peut-être dilatoire de sa part. Je lui ai dit: Je suis convaincu qu'on
veut montrer de la bonne foi. Qu'est-ce que je note ce soir sur le
sous-amendement? Une preuve totale de bonne foi, parce que, encore une fois le
député de Marguerite-Bourgeoys a montré de la bonne foi en
limitant le nombre de personnes à être entendues à
seulement quinze. Pour les...
M. Lalonde: Question de règlement.
M. Polak: ... une par une...
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement,
pour la bonne compréhension, je sais que le député
d'Outremont a interprété mon sous-amendement comme étant
restrictif. Dans une certaine mesure, cela peut être
interprété comme cela, je ne lui fais pas de reproche. Je vois
que le député de Sainte-Anne s'en va dans cette direction, mais
je rappelle aux membres de cette commission que tout ce que l'amendement dit,
c'est que ces organismes seraient prioritairement invités. Ce seraient
les premiers. Je pense que vous devriez accorder encore vingt minutes au
député d'Outremont pour recommencer son intervention...
M. Polak: ... va faire ses devoirs.
M. Lalonde: ... ce qui n'exclut pas d'autres organismes au bon
vouloir de la commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, voici ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys a réussi à faire. Un
petit article de notre règlement, l'article 72, dit: "Un amendement peut
être sous-amendé mais un sous-amendement ne peut être
amendé." C'est un texte clair et précis. Qu'est-ce qu'il a fait?
Il nous a présenté le sous-amendement et il a donné des
priorités aux organismes qui devraient être entendus, pour montrer
la bonne foi de notre part. Il est important d'analyser les recommandations de
tous ces organismes. Je les ai comptés; il y en a quinze.
Une autre chose, j'ai une remarque préliminaire, M. le
Président. Voyez-vous que cette résolution a été
écrite à la main?Évidemment, on n'a pas...
Est-ce que je peux continuer, M. le Président? (21 h 45)
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer.
M. Polak: Merci. Cette résolution a été
écrite à la main, à la plume. Ce député a
pris la peine d'écrire cela à la plume, à la main, parce
qu'on n'a pas les ressources que les députés ministériels
ont avec toutes les secrétaires qui travaillent la nuit, le jour ou
n'importe quand, pour que cela soit dactylographié. Nous autres, nous
avons cela d'une manière très simple; j'ai même eu des
problèmes à la lire. On va analyser les groupements qu'il
suggère d'une façon prioritaire. C'est intéressant, parce
que je pense qu'on a quelque chose à apprendre du député
de Marguerite-Bourgeoys.
En premier lieu, il parle de la
Fédération des magasins Coop et Cooprix. Savez-vous, M. le
Président, que les gens de mon comté ont commencé
seulement avec un petit magasin Coop et Cooprix?
Une voix: Ils ont des bonnes tomates.
M. Polak: Le projet de loi 16, cela les intéresse
énormément. J'ai vu des gens et on a eu une discussion à
savoir si on allait oui ou non éteindre les lumières du vendredi
au lundi.
Une voix: Non.
M. Polak: Avant, les gens ont dit: Allumer une petite ampoule,
cela coûte plus cher que de l'éteindre. Eux autres, cela les
intéresse énormément. Ils veulent venir ici. J'ai
rencontré le gérant, c'est seulement un petit gérant
local, qui m'a dit: Si je suis invité, je vais y aller.
Qu'est-ce que le député de Marguerite-Bourgeoys a fait? Il
a suggéré...
M. Lalonde: L'ampoule.
M. Polak: II a suggéré cet organisme comme
l'organisme numéro un et je le félicite parce que, dans mon
comté, les gens apprécient beaucoup de se faire entendre.
Une voix: Oui, sur le coin de la rue.
M. Polak: Deuxièmement, il parle de l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec. C'est gros.
M. Lalonde: C'est moins gros que c'était.
M. Polak: M. le Président, même avec toutes les
compagnies de la province de Québec, on sait que cela va mal dans la
construction, mais il reste...
M. Bélanger: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Je m'excuse auprès de mon
collègue, mais j'aimerais qu'il me laisse traiter des entrepreneurs en
construction du Québec. Dans son comté, il n'y en a absolument
pas et je connais cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, chez nous, à
Sainte-Anne, on a quelques petits entrepreneurs en construction qui font des
réparations de caves, de garages, etc. Ils ont
dit aussi: On veut parler. C'est vrai que le député de
Mégantic-Compton connaît cela beaucoup mieux que moi, je suis
plutôt dans la direction de Coop et Cooprix, mais il va s'occuper de
cela. Je pense que c'est très important que cette catégorie ait
été suggérée en deuxième lieu.
Un troisième groupe très important dans mon comté,
la Fédération de l'âge d'or du Québec. M. le
Président, depuis mon anniversaire, je suis qualifié
moi-même pour être membre des clubs de l'âge d'or.
Une voix: Depuis la fin de semaine.
M. Polak: Oui, cela commence à cinquante ans. Je l'ai
frappé. Je suis qualifié.
Une voix: Bonne fête.
M. Polak: J'ai le droit d'avoir une carte, non pas un billet
à moitié prix pour l'autobus.
M. Lalonde: Comment se sent-on?
M. Polak: La Fédération de l'âge d'or du
Québec est très proche de mon coeur, à mon âge. Je
sais que la Fédération de l'âge d'or du Québec, M.
le Président, ce n'est pas seulement un petit club local, c'est une
fédération qui existe dans toute la province; il y a des milliers
de personnes âgées.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, le député de
Sainte-Anne est en train de mal informer la commission. L'âge minimal
pour adhérer aux clubs de l'âge d'or est de 55 ans.
M. Polak: Pas chez nous. M. Lalonde: Cela dépend.
Une voix: As-tu demandé d'y adhérer?
Une voix: C'est pour les membres honoraires.
M. Scowen: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: Je suis d'accord.
Le Président (M. Laplante): Sur une question de
règlement, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Simplement pour apporter une correction aux faits, je
dois vous dire qu'il y a un an, quand j'ai atteint 50 ans, je suis devenu
membre du club de l'âge d'or de la ville de Saint-Pierre de plein
gré. J'ai payé mes cotisations et je suis membre du club de
l'âge d'or de la ville de Saint-Pierre.
M. Lalonde: À 55 ans.
M. Scowen: J'y suis et j'y reste.
M. Tremblay: M. le Président, on pourra vérifier et
donner l'information.
Le Président (M. Laplante): Si ce n'était pas
d'embarquer dans le débat, je trancherais cela. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, j'espère que le temps
qui a été pris pour la question de règlement sur
l'âge de 50 ou de 55 ans, cela n'a pas été pris sur mon
temps.
Une voix: Non.
M. Polak: J'ai au moins jusqu'à 22 h 10.
M. Lalonde: À ton âge, tu n'as pas un jeu pour
attendre.
M. Polak: Je vous remercie, M. le Président, parce que je
sais que vous êtes un homme juste et impartial. Même si vous n'avez
pas regardé votre montre, vous savez qu'il y a au moins trois ou quatre
minutes qui m'ont été arrachées.
Une voix: C'est vrai.
M. Polak: Je continue; la Fédération de l'âge
d'or du Québec, nous sommes d'accord là-dessus. Le
quatrième groupe, M. le Président, regardez bien, c'est
l'Association québécoise pour la défense des droits des
retraités. Là, on pense que c'est peut-être l'âge
d'or, mais ce n'est pas la même chose.
M. Lalonde: Non.
M. Polak: II y a une grande différence. Cela est une
preuve de l'intelligence, encore, du député de
Marguerite-Bourgeoys quand il a fait la distinction entre la
Fédération de l'âge d'or et l'Association
québécoise pour la défense des droits des
retraités. C'est tout à fait différent, c'est un autre
groupe qui mérite d'être entendu; c'est d'ailleurs un groupe qu'on
retrouve partout au Québec.
Le cinquième groupe, M. le Président, c'est le Conseil de
la coopération du Québec. Ça, je n'ai pas besoin de vous
expliquer, vous connaissez bien ça, c'est un autre organisme qui est
très important, très influent, qui connaît très bien
le domaine de l'électricité non seulement
l'électricité et les
finances mais surtout l'écologie. Ils sont connus pour ça,
ils ont déjà écrit des articles et je pense que ça
mérite vraiment qu'ils soient entendus en cinquième lieu.
En sixième lieu, on trouve la Fédération des
travailleurs du Québec, la FTQ. M. le Président, je suis content
que vous n'ayez pas ri parce qu'on a dit, aujourd'hui: Ça, c'est
à nous autres; les péquistes ou les libéraux n'ont pas de
contact avec la FTQ. Mais, cela a changé dernièrement. Vous avez
vu le télégramme qu'on a reçu? Le télégramme
était adressé à l'Opposition et, en même temps, il y
avait une copie pour le premier ministre parce que la FTQ commence à
réaliser que, nous, on s'occupe de leurs intérêts. Ils ont
envoyé ce grand télégramme dont on a lu tout le texte, cet
après-midi. La Fédération des travailleurs du
Québec, ce ne sont pas juste 5000 ou 10 000 personnes, il s'agit de
centaines de milliers de personnes, de travailleurs et de travailleuses, de
Québécois et de Québécoises qui veulent venir
témoigner. Évidemment, il ne viendra pas ici 150 000 personnes,
ça va être le président qui viendra témoigner, au
nom de la FTQ, pour expliquer justement les autres questions sur le projet de
loi no 16. Et je suis très content qu'ils soient en sixième
position.
Ensuite, on trouve, en septième position, l'Association
féminine d'éducation et d'action sociale.
Une voix: ...
M. Polak: II y en a qui disent que les hommes ne connaissent pas
beaucoup ça. Je peux vous assurer, M. le Président, que
l'Association féminine d'éducation et d'action sociale, pour moi,
c'est un sujet d'intérêt primordial parce que dans notre
comté, il y a une petite sous-division de cette Association
féminine d'éducation et d'action sociale. Elles sont très
actives, ces femmes, sur le plan social, sur le plan de l'éducation,
elles sont très actives à tout point de vue et elles veulent
être entendues. Encore une fois, ici, il ne s'agit pas que ces femmes
viennent toutes ici pour nous relater exactement ce qu'elles pensent du projet
de loi 16, mais il va y avoir une présidente ou quelqu'un qui
représentera ce groupe-là pour nous expliquer le point de vue
féminin sur l'électricité. Ça n'a pas
été discuté encore. On a eu un grand débat, il y a
une semaine, on a parlé en Chambre - M. le Président, c'est aussi
pire qu'un tremblement de terre - mais on n'a pas encore parlé de la
condition des femmes et de l'électricité. Il y a une connexion
entre ça. Il y a une connexion importante.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Un petit peu de décorum, ça s'imposerait.
M. Polak: M. le Président, elles veulent venir ici pour
justement souligner un aspect qui n'a pas encore été
souligné, qui mérite l'attention de tout le monde.
Ensuite, la huitième catégorie, c'est la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Bon, je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président,
qu'on sait très bien, vous l'avez souligné vous-même, que
la Fédération des commissions scolaires du Québec est un
organisme très important qui est répandu dans toute la province.
Il n'est pas question qu'ils viennent parler de la Commission scolaire
catholique du Québec et de l'électricité, ce serait une
folie, je comprends très bien. Ce n'est pas comme l'association
féminine où il y a une connexion directe. Eux, ils sont
très intéressés, parce que les commissions scolaires ont
des problèmes avec l'augmentation du coût de
l'électricité, parce que le gouvernement ne leur rembourse pas
les frais additionnels occasionnés par l'augmentation des tarifs
d'électricité. Donc, ils sont obligés de chercher des
fonds. Ils iront directement dans les classes d'enseignement des enfants pour
financer ça. Donc, ils veulent venir - d'ailleurs je connais très
bien ce mouvement-là - pour dire: Nous méritons d'avoir une sorte
d'exception; chaque fois qu'il y aura une augmentation de tarifs,
automatiquement, dans nos subventions, le gouvernement va donner une
augmentation dans la même proportion. Que ce soit 8% ou 16,7%,
donnez-nous 16,7% de plus pour l'électricité et on va être
contents, mais si vous ne donnez rien, nous ne serons pas contents. Donc,
ça n'a rien à voir avec l'affaire, que ce soit catholique ou pas,
ce sont simplement les commissions scolaires qui vont témoigner sur ce
point-là.
La neuvième catégorie - j'achève, M. le
Président parce qu'il y a seulement quinze catégories
prioritaires - c'est l'Association des consommateurs du Québec. Hier,
cela a été mentionné à l'Assemblée, on a ri.
L'Association des consommateurs du Québec, qu'est ce que ça veut
dire? Savez-vous, M. le Président, qu'il y a des centaines de milliers
de membres dans cette association? Ce sont des consommateurs, ce sont eux qui
recevront, à partir du 1er janvier 1982, directement l'augmentation du
tarif d'électricité. Évidemment, ils vont parler des
16,7%. C'est un peu similaire, c'est vrai, à la Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec, mais ils vont voir
ça d'une autre manière parce que ce sont tous des consommateurs,
qu'ils soient protestants, catholiques, juifs, japonais, peu importe, parce que
des consommateurs, ce sont des consommateurs, savez-vous. Si vous allumez une
lampe, n'importe quoi, Hydro-Québec ne demande pas de quelle religion
vous êtes. Donc, ce sont tous les consommateurs de n'importe quelle
croyance, n'importe quelle
couleur qui protestent et ne veulent pas payer cette augmentation de
16.7%. Ils veulent nous faire une proposition, ainsi qu'à vous, M. le
Président; ils veulent se faire entendre et essayer de renverser la
décision du gouvernement. Je le sais, s'ils viennent ici, j'ai
parlé avec eux pendant l'heure du repas, ils veulent vraiment demander
au ministre de retirer totalement le projet de loi no 16. Je vous livre un
petit secret, parce que je ne veux pas qu'ils vous surprennent. C'est
confidentiel peut-être; je comprends, M. le Président, ça
reste entre nous autres, mais c'est leur intention et ça va être
une proposition très intéressante.
Ensuite, on a le Conseil du patronat, dixième catégorie.
Encore une fois, quand on mentionne le Conseil du patronat, les
péquistes commencent à dire: Encore vous autres, le Conseil du
patronat, les exploiteurs, les vendus, les gars qui ne sont pas bons.
Savez-vous, il faut bien comprendre que le Conseil du patronat
représente toutes les compagnies, les établissements qui sont
dans la province de Québec. Il parle au point de vue de l'employeur,
d'une manière objective, de l'implication du projet de loi no 16, et
même si mes amis de l'autre côté de la table ne sont pas
d'accord avec son raisonnement...
M. Rodrigue: II parle à la fois de façon
intelligente et désintéressée, c'est ce que je voudrais
que vous ajoutiez.
M. Lalonde: ...
M. Polak: M. le Président, je parle à ma propre
manière, je n'ai pas besoin du député de Vimont pour
traduire ma parole. D'ailleurs, je suis bien content qu'il suive ce que je dis,
parce qu'il n'était pas capable de suivre le député
d'Outremont tout à l'heure, c'était trop compliqué. Moi,
je parle d'une manière plus simple, à la manière de
Sainte-Anne, il est bien capable de suivre et je suis bien content.
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président, est-ce que c'est parce que votre processus mental est plus
lent que celui du député d'Outremont ou parce que le sien est
trop échevelé.
M. Polak: Je peux répondre directement, j'espère
que cela ne va pas être pris sur mon temps, parce que j'ai beaucoup
de...
M. Rodrigue: C'est pris sur votre temps
M. Polak: C'est que je ne suis pas un ingénieur ou
ingénieur-conseil, savez-vous. M. le député de Vimont,
c'est un ingénieur, c'est un syndicaliste, c'est un organisateur des
ingénieurs.
Une voix: Félicitations.
M. Polak: D'ailleurs, il a dit cet après-midi, il a admis,
que, quand il a repris sa fonction; une promotion, là tout le monde sait
très bien qu'une promotion, c'est parce c'est un très bon...
Donc, une promotion tout de suite parce...
M. Lalonde: Pas trop fort, il va faire la grève.
M. Polak: Ce gars a organisé tous les ingénieurs en
syndicat. On est mieux de lui donner une promotion. Il dit qu'il est en charge
de toutes les rivières sur la Côte-Nord, mais il a oublié
de nommer une rivière, la rivière la plus importante.
M. Ciaccia: Je voudrais demander au député de
Sainte-Anne de parler dans le micro, s'il vous plaît.
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président. Donc, si je peux
continuer après cette interruption...
M. Rodrigue: Je me demandais pourquoi le député de
Mont-Royal avait sorti son parapluie, M. le Président, là je le
sais.
M. Polak: M. le Président, j'étais rendu à
la catégorie no 10, le Conseil du patronat. Voulez-vous que je
recommence, M. le Président, parce que là, apparemment, je ne
suis pas capable de parler devant le micro.
Le Président (M. Laplante): Oui, si vous êtes
capable d'aller assez vite, il vous reste deux minutes.
M. Lalonde: II veut que ce soit enregistré comme il
faut.
M. Polak: Deux minutes.
Donc, je saute à la onzième catégorie, la
Confédération des syndicats nationaux. Les mêmes paroles
que j'utilisais pour la Fédération des travailleurs du
Québec s'appliquent. Pour aller plus vite, je fais une distinction entre
les deux, mais disons que les deux ont le même intérêt pour
venir ici devant nous. Je suis d'ailleurs très content de voir que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas oublié ce syndicat
non plus.
Ensuite, il y a la catégorie no 12, la Chambre de commerce de la
province de Québec et en même temps la catégorie no 13, la
Chambre de commerce du district de Montréal. Je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys est allé un peu trop loin;
il n'aurait pas dû subdiviser Chambre de commerce de la province de
Québec et Chambre de commerce du district de Montréal. Il aurait
pu mettre les deux
ensemble. Peut-être qu'il s'agit de faire un sous-amendement, je
ne sais pas s'il y a moyen... je ne peux pas, excusez-moi, autrement je
l'aurais fait. Mais la Chambre de commerce a parfaitement le droit de se faire
entendre, de venir ici avec une délégation. Elle ne s'est jamais
fait représenter par un président. Elle vient toujours avec 4000
personnes, avec le secrétaire et tous leurs assistants pour faire une
proposition.
Ensuite, il reste deux catégories. Je vais aller très vite
parce que mon temps s'achève, le Front commun pour un débat
public sur l'énergie. Il s'agit d'un des derniers groupes parce qu'on
n'avait pas entendu parler de ce groupe avant ce débat sur le projet de
loi no 16; mais ce front commun est devenu très fort, il
représente énormément de monde. Il y a beaucoup de
péquistes là-dedans, c'est bien connu, qui veulent avoir un
débat public. D'ailleurs, le député de Châteauguay,
sans doute, va souscrire aux théories du front commun, parce que c'est
exactement ce qu'il a suggéré dans son amendement.
Et ensuite, le dernier... (22 heures)
M. Dussault: Est-ce un front commun sur la loi 16, M. le
député?
M. Polak: Non, c'est un front commun pour un débat public
sur l'énergie...
M. Dussault: Alors, cela n'a pas de rapport avec la motion?
M. Polak: Non.
M. Dussault: D'accord.
M. Lalonde: C'est un débat privé que vous voulez
avoir?
M. Polak: Et, M. le Président, le dernier...
M. Dussault: M. le Président, je pense qu'il ne fallait
pas l'accepter, celui-là?
M. Polak: Ce n'est pas une catégorie, c'est une
personne...
M. Dussault: La motion est donc irrecevable, cela ne concernait
pas le sous-amendement.
M. Polak: Le dernier, M. le Président, c'est M. Yves
Aubert-Côté, professeur aux HEC. Je ne connais pas personnellement
M. Yves Aubert - Côté, mais j'en ai entendu parler par le
député d'Outremont, qui le connaît personnellement, et je
n'ai aucune objection au fait que ce monsieur qui, apparemment, connaît
très bien le domaine des finances, soit entendu encore une fois.
Donc, M. le Président, ayant analysé les quinze
catégories, je crois que toutes ces catégories méritent
d'être entendues. Je trouve aussi que l'ordre a été
très bien déterminé. Au cas où, à un moment
donné, il faut s'arrêter au chiffre de douze par exemple, et qu'on
n'a plus le temps, la semaine prochaine, au moins, on va suivre l'ordre... On a
dit qu'à partir du 15 décembre ou à toute autre
séance. Donc, cela pourrait être au commencement de la semaine
prochaine, et je suis très content de voir exactement l'ordre des
priorités, qu'on commence avec le no 1 et qu'on finit avec le no 15. Si
nous ne sommes pas capables d'entendre tout le monde, on va essayer d'en
entendre le plus possible.
Personnellement, M. le Président, même si je n'ai pas le
droit de vote - comme je l'ai dit cet après-midi - je ne suis
qu'intervenant dans cette commission, mais si j'avais le droit de vote, je
voterais incontestablement pour le sous-amendement et je suis d'ailleurs
convaincu que le député de Châteauguay votera
également pour le sous-amendement à son propre amendement et la
motion principale.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Dussault: On est suffisamment éclairé...
Le Président (M. Laplante): J'ai encore des noms sur ma
liste.
M. Dussault: Vous avez encore des noms, c'est le filibuster qui
continue, M. le Président,
M. Lalonde: La flibuste.
M. Tremblay: La flibuste, c'est cela. Je reste juste pour les
gros canons maintenant.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Cela me fait de la peine, mais, qu'est-ce que
vous voulez, M. le Président?
C'est évident, que je me dois, moi aussi à mon tour, de
féliciter mon collègue de Marguerite-Bourgeoys. Encore une fois,
M. le Président, aujourd'hui - le vieil adage qui veut que patience et
longueur de temps valent mieux que force et rage - a démontré que
cela porte fruit.
J'aimerais, avant de parler du sous-amendement, vous faire un peu un
résumé de ce qui s'est passé aujourd'hui. Cela a
d'abord
débuté par la motion présentée,
évidemment, par notre collègue de Marguerite-Bourgeoys. On a vu
par la suite, l'ouverture d'esprit, la générosité, je
crois, du député de Châteauguay, qui est allé encore
plus loin. Il nous en a offert davantage, c'était déjà
très bien. Mais ce sous-amendement, M. le Président, dont mon
collègue de Sainte-Anne vient de vous faire un brillant exposé,
je crois, sur les groupes intéressés, complète
extrêmement bien la motion présentée par le
député de Châteauguay.
C'est vrai que nous avions beaucoup d'autres groupes qui voulaient venir
ici pour manifester. Mais, il fallait quand même -connaissant les
capacités des salles de cette Assemblée - se restreindre aux
groupes qu'on a, à tort ou à raison, cru prioritaires. J'aimerais
ne traiter que deux ou trois de ces groupes en particulier. D'abord, le groupe
des entrepreneurs en construction du Québec, un milieu qui m'est
extrêmement familier. J'ai eu l'honneur, je dis bien, M. le
Président, l'honneur d'être membre de cette association pendant de
nombreuses années. J'ai même joué au sein de cette
association un rôle assez actif. Ces entrepreneurs m'ont confié
certaines missions. J'entends mon collègue de Marguerite-Bourgeoys qui
dit que j'ai joué au hockey; ce n'est pas au hockey que j'ai
joué, M. le Président, j'ai joué un rôle au sein de
l'association même, pour faire avancer cet organisme qui oeuvre au
Québec.
Je regarde le télégramme qu'elle nous a fait parvenir, je
vais vous le lire, je pense que c'est intéressant non seulement pour
vous mais pour les membres de la commission...
M. Polak: II n'en reste que deux de l'autre
côté...
M. Bélanger: C'est déplorable de voir le peu
d'intérêt qu'on manifeste envers un projet de loi aussi important.
De toute façon, M. le Président, nous sommes ici pour faire notre
travail et nous allons le faire.
M. Dussault: Nous sommes quatre, c'est autant qu'eux, M. le
Président.
M. Bélanger: Je cite donc, M. le Président, le
télégramme reçu le 3 décembre 1981 à 18 h
50, cela est l'heure précise, c'est l'heure normale: "L'Association des
entrepreneurs en construction du Québec qui regroupe les 15 000
employeurs de la construction - vous voyez l'importance, 15 000 employeurs de
la construction du Québec - vous demande officiellement d'en retarder
l'adoption." Je ne sais pas par quels moyens, M. le Président, on peut
retarder l'adoption du projet de loi, mais eux nous demandent de retarder ce
projet de loi.
Une voix: On ne l'a pas encore fait!
M. Bélanger: Non, on ne l'a pas encore fait, mais on a
l'intention de le faire, M. le Président.
Loi modifiant la Loi sur Hydro-Québec. Ce projet de loi contient
des éléments susceptibles de bouleverser les orientations
énergétiques du Québec - ils sont eux-mêmes
bouleversés - et les coûts de l'énergie tels
qu'absorbés par les contribuables dans le rôle fondamental
donné à Hydro-Québec lors de sa mise sur pied. L'industrie
de la construction s'inquiète au plus haut point au sujet de ce projet
de loi et nous croyons qu'il est de notre devoir de donner à tous les
intéressés un délai supplémentaire pour en
évaluer les conséquences. C'est exactement ce que fait ce
sous-amendement. Ce sous-amendement permet à ces organismes, justement,
de venir ici défendre ce qu'eux croient valable et ce que nous croyons
nous, également valable, dans le but de retarder l'application de cette
loi afin que cela ne soit pas trop néfaste pour, justement, ces
entrepreneurs en construction du Québec.
M. le Président, je vais vous parler aussi un peu du Conseil du
patronat. Je sais que, du côté du gouvernement, le Conseil du
patronat, on se soucie très peu de cela. Est-ce qu'on peut faire une
question de règlement, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Continuez pour ne
réveiller personne.
M. Bélanger: Merci. Je vais tenter de demeurer le plus
sérieux possible.
Je disais donc, M. le Président, que le Conseil du patronat, du
côté du gouvernement, on s'en soucie très peu, mais je vais
vous dire une chose: S'il n'y avait pas de patrons, comment voulez-vous qu'il y
ait des employés? Je vous dirai que j'ai eu l'honneur de visiter le
chantier de la Raie-James, ce magnifique complexe hydroélectrique. J'ai
vu un employé qui travaillait, qui creusait un trou. J'ai dit: Pourquoi
tu creuses un trou? Il me répond comme ceci: Tout simplement parce qu'il
y avait un x ici. J'ai dit: Si tu manques de x, tu ne fais plus de trous? Il
dit exactement. Donc, de là l'importance d'avoir un patron pour aller
faire les x.
M. Dussault: Ce n'est pas le patron qui fait les x!
M. Bélanger: C'est le patron qui fait des x. C'est
l'ingénieur qui dit au patron où faire les x. Normalement
l'ingénieur demeure, lui...
M. Dussault: II y a une faille dans sa théorie, M. le
Président.
M. Bélanger: ... dans le bureau de la compagnie de
construction où le chauffage est plus confortable.
Vous êtes en train de tout briser mon exposé. Donc, M. le
Président, c'est le patron; l'ingénieur demeure normalement dans
la roulotte du chantier où c'est mieux chauffé.
M. Chevrette: Dans le "shack"
M. Bélanger: Oui, dans le "shack", comme dirait le whip du
gouvernement. Je disais dans la roulotte du chantier où c'est mieux
chauffé et où il peut plus facilement analyser ou vérifier
ses plans. C'est très difficile pour un ingénieur sur un chantier
de construction, par un fort vent par exemple, 25 degrés sous
zéro, de pouvoir faire les x à la bonne place, vous le
comprendrez avec moi.
De toute façon, M. le Président, c'est un peu
impressionnant de voir le bruit qui se passe ici alentour. J'étais
vraiment bien préparé pour un exposé qui était
pertinent d'abord au sous-amendement.
Une voix: Parce qu'il n'était pas
préparé?
M. Bélanger: Non, j'étais extrêmement bien
préparé, M. le Président, pour faire un exposé qui
était vraiment pertinent à ce sous-amendement, mais comment
voulez-vous le faire avec un tel chahut alentour de la table de cette
commission parlementaire? De toute façon, je continue.
Je vais vous lire le télégramme qui a été
envoyé par le Conseil du patronat du Québec. "Nous ne croyons pas
que les analyses économiques des retombées de la loi no 16
(Hydro-Québec) soient actuellement suffisantes pour permettre l'adoption
dans l'immédiat d'un important projet de loi." Ce n'est quand même
pas des gens qui ne sont pas familiers avec les affaires qui nous parlent.
C'est le Conseil du patronat, ce sont des gens habitués,
régulièrement, à chaque jour, pour ne pas dire à
chaque heure, à prendre des décisions d'une extrême
importance. Ces gens doivent avoir pris la peine de se réunir;
probablement qu'ils se sont réunis, qu'ils ont discuté du projet
de loi no 16, et qu'ils l'ont étudié. Connaissant les patrons
comme je les connais, je présume qu'ils ont étudié d'abord
le projet de loi no 16 avant de nous expédier un
télégramme.
Je continue, M. le Président: "II s'agit, en fait, par ce projet
de loi, d'ajouter à la parafiscalité, déjà lourde
des citoyens et des entreprises du Québec".
M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais vous faire
juste une petite remarque. Il y a un de mes collègues qui est
allé souper ce soir, et dans le restaurant, il a rencontré le
ministre des
Finances. Il m'a dit qu'il avait mis la main dans sa poche
immédiatement. On est rendu à ce point-là, M. le
Président, au Québec. On se demande de quelle façon on va
aller chercher nos taxes. Notre collègue de Portneuf, l'a d'ailleurs
très bien dit en Chambre la semaine dernière. "Minute, videur de
poche!". De toute façon, je vais poursuivre, M. le Président. Il
s'agit d'une décision importante, à ce moment-ci, mais surtout
très engageante pour l'avenir. J'ai cru comprendre, M. le
Président, que c'était très encourageant pour l'avenir, et
c'est très engageant pour l'avenir. "Pour ces diverses raisons, nous
demandons de suspendre le débat - eux nous demandent tout simplement de
suspendre le débat; moi, j'ai envie d'en faire une motion, on pourrait
toujours la débattre - sur ce projet de loi, jusqu'à ce que l'on
puisse mieux assurer les effets sur la vie économique". Et c'est
signé, Pierre Côté, président, conseil du patronat
du Québec. Si tous ces télégrammes, M. le
Président, si tous ces témoignages, qu'on a apportés ici,
dans cette commission, depuis hier, ne sont pas suffisants pour que le
gouvernement reconnaisse qu'il y a là matière, tout au moins,
à suspendre, à retirer temporairement, le projet de loi no 16, je
me demande ce que ça prend pour prouver à ce gouvernement qu'il
fait fausse route.
C'est l'opinion de tous les organismes. Des télégrammes,
j'en ai cité trois, M. le Président. C'est parce que je ne
voulais quand même pas éterniser le débat. Mais on en a
beaucoup plus que ça. On en a des dizaines, et je dirais même,
peut-être des centaines. Parce que ça arrive dans nos bureaux,
à chaque jour. Cela a débuté le 3 décembre, on en a
du 7 décembre, on en a à peu près à tous les jours.
Et je pourrais vous dire une chose, M. le Président, certains citoyens
du Québec, ne sont pas encore sensibilisés, au projet de loi no
16. Sans quoi, ce ne seraient pas des centaines, ce seraient des milliers de
télégrammes que nous aurions ici, pour témoigner de leur
mécontentement face à un projet de loi aussi désastreux,
pour l'avenir même du Québec.
Alors M. le Président, je termine, j'y reviendrai tout à
l'heure. C'est évident et j'espère que, unanimement, nous
adopterons ce sous-amendement qui, comme je l'ai mentionné au
début, complète si bien la motion d'amendement, proposée
par le député de Châteauguay. Merci.
Le Président (M. Laplante): Treize, une minute, là,
onze, il reste neuf.
M. Lalonde: Est-ce qu'on pourrait permettre au
député de Hull d'adresser la parole sur ce sous-amendement qui
l'intéresse vivement?
M. Dussault: Non, M. le Président, on a déjà
perdu beaucoup de temps comme ça. Il n'y a pas de consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Pas de consentement, monsieur.
Maintenant la parole est au député du Mont-Royal.
M. Tremblay: Les gros canons là... M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Je déplore l'attitude du député
de Châteauguay, je le croyais un peu plus démocrate que ça.
M. le Président, je n'ai pas l'intention d'intervenir sur ce
sous-amendement, et je vais vous dire pourquoi. Je vais vous dire pourquoi je
ne veux pas intervenir là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous avez vingt minutes pour
savoir pourquoi.
M. Ciaccia: Non, mais il faut toujours que je vous explique
pourquoi. Je ne veux pas intervenir.
M. Lalonde: II a le droit d'essayer de nous convaincre.
M. Ciaccia: J'ai le droit d'exposer les raisons, pour lesquelles
je ne veux pas intervenir sur ce sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): Mais si je suis convaincu
avant vingt minutes par exemple, il va falloir...
M. Ciaccia: Premièrement, M. le Président, on dit
dans la motion principale, dont ce sous-amendement fait partie, que cette
commission invite M. Georges Lafond, vice-président, etc., toutes autres
personnes physiques ou corporatives, les groupes - et là on ajoute tous
ces intervenants-là et on continue - à se faire entendre le mardi
15 décembre à 11 h 30.
M. le Président, s'il faut convoquer tout ce monde là pour
11 h 30 ici, faudrait presque avoir la commission parlementaire au Centre des
congrès. Cela n'a pas de bon sens. Il n'y a pas assez de place dans
cette salle-ci, M. le Président, pour avoir tout ce monde-là.
Le Président (M. Laplante): Non. M. le
député du Mont-Royal. Il faudrait que vous parliez du
sous-amendement.
M. Ciaccia: Le sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): Vous savez, depuis que vous
êtes parti, il y a eu un sous-amendement.
M. Ciaccia: Oui, mais le sous- amendement donne tous les...
Le Président (M. Laplante): Ah! Vous l'avez là.
D'accord. Il faudrait parler sur celui-là pour revenir à
l'amendement et à la motion principale après.
M. Ciaccia: M. le Président, vous n'avez pas compris ce
que j'ai dit.
M. Lalonde: ... de tout ce monde là.
M. Ciaccia: De tout ce monde là. Tous les quinze groupes,
les groupes, M. le Président, qui ont été...
Le Président (M. Laplante): Oui, les quinze groupes,
d'accord. (22 h 15)
M. Ciaccia: ... mentionnés. Cela fait du monde,
spécialement...
M. Lalonde: Je n'y avais pas pensé, je m'excuse.
M. Ciaccia: ... mon collègue de gauche - j'ai de la
difficulté à l'entendre - a mentionné que l'Association
des consommateurs avait des centaines de milliers de membres. Donc, ça
ne serait pas au Centre des congrès, ce serait presque au Stade
olympique qu'il faudrait faire la commission parlementaire. C'est la
première raison pour laquelle je ne veux pas intervenir sur le
sous-amendement. La deuxième raison pour laquelle je ne veux pas
intervenir...
Une voix: C'est pour ne pas retarder le débat.
M. Ciaccia: Non, ça, c'est la troisième raison.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Brome-Missisquoi, s'il vous plaît!
M. Lalonde: II n'a pas le droit de parole.
M. Ciaccia: II ne l'a pas.
C'est la troisième raison, mais j'y reviendrai. La
deuxième raison, on donne une liste des personnes qu'on veut convoquer.
Vous savez, je crois qu'il ne faut pas faire de discrimination; je me demande
pourquoi on a choisi ces gens plutôt que d'autres. Je n'ai rien contre
les intervenants qui ont été mentionnés par le
député de Marguerite-Bourgeoys, mais je pourrais en
suggérer d'autres...
Une voix: C'est un dissident.
M. Ciaccia: ... et je ne peux pas expliquer pourquoi un
plutôt que l'autre. Ou on les invite tous... C'est pour ça que
j'aimais la motion d'amendement du député de
Châteauguay, parce qu'elle ouvrait la porte à presque toute la
province. Il n'y avait pas de discrimination, tout le monde aurait
été invité. Les associations de locataires sont
frappées par le projet de loi 16, elles doivent payer... Il y a des
locataires qui paient leur chauffage, ce n'est pas toujours le
propriétaire qui paie. Ce sont eux qui paient
l'électricité, l'éclairage; alors, ils vont vouloir
intervenir. L'association des propriétaires aussi, parce qu'il y a des
conditions dans les baux. Elle va être frappée par le projet de
loi 16, parce que dans le cas où le propriétaire paie le
chauffage ou l'électricité, l'augmentation, d'après la loi
16, ne peut être demandée au locataire. Non seulement ça,
il va falloir qu'elle aille à la Régie du logement, alors il
aurait fallu inviter...
M. Lalonde: La Régie du logement. M. Ciaccia: ... la
Régie du logement... M. Tremblay: Question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: II faudrait que le député de
Marguerite-Bourgeoys explique sa proposition aux députés, parce
qu'il n'a pas compris que c'est marqué "principalement", donc tous ceux
qui ne sont pas invités, qui subissent de la discrimination peuvent
venir.
M. Ciaccia: Non. M. le Président, le député
de Chambly n'a pas lu le sous-amendement, ça ne dit pas
principalement.
M. Tremblay: Oui, oui.
M. Ciaccia: Ça dit prioritairement.
M. Tremblay: Ah! prioritairement, excusez.
M. Ciaccia: Prioritairement, ça veut dire qu'on n'aura
peut-être pas le temps d'entendre les autres.
M. Tremblay: Ah, ç'a de l'allure!
M. Ciaccia: Comprenez-vous? Vous me comprenez, vous me suivez,
merci beaucoup.
M. Tremblay: Je vais voter contre.
M. Ciaccia: On mentionne la commission scolaire catholique de
Montréal,
M. Lalonde: La fédération... M. Ciaccia: ... la
Fédération...
M. Lalonde: ... des commissions scolaires.
M. Ciaccia: ... des commissions scolaires qui comprend la
Commission des écoles catholiques de Montréal, mais est-ce que
ça comprend le PSBGM?
M. Lalonde: Mais non, c'est dommage...
M. Ciaccia: Vous connaissez le problème qui existe
maintenant au PSBGM, avec la restructuration scolaire et tous les autres
problèmes qui existent. Je crois qu'il ne faudrait pas faire de
discrimination. Je pense que mon collègue, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, va m'appuyer sur cet aspect des intervenants, pour
que le PSBGM soit invité ou l'association à laquelle il
appartient, le Protestant School Board of Québec. C'est une bonne
idée, je n'y avais pas pensé, M. le Président.
En plus, pour donner un exemple, il y a la Société
Saint-Jean-Baptiste, pour savoir si elle considère que ceux qui sont en
train de faire ça sont des traîtres. Je veux savoir si elle
considère que ceux qui veulent complètement "siphonner" l'argent,
les dividendes d'Hydro-Québec, changer sa vocation, sont des
traîtres.
M. Lalonde: Possible.
M. Ciaccia: Non, mais je pense... À part ça, il ne
faut pas faire de discrimination. Si on invite le PSBGM, il ne faut pas oublier
d'inviter la Société Saint-Jean-Baptiste, parce qu'elle va dire
qu'on fait de la discrimination.
M. le Président, c'était seulement à titre
d'exemple, j'aurais pu en mentionner d'autres, mais je voulais vous donner la
deuxième raison pour laquelle je ne voulais pas intervenir.
M. Lalonde: Le club de Bona.
M. Ciaccia: L'autre raison que j'aurais voulu mentionner, c'est
l'Union des municipalités, parce que c'est important, et
spécialement les villes qui seront affectées par le projet
Archipel. Je sais que le député de Châteauguay a un
intérêt dans ce projet. Cela aurait été bon...
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Dussault: Vous savez que le projet de loi 16 n'a rien à
voir avec le projet Archipel. Pourriez-vous dire au député que ce
n'est pas pertinent, ce qu'il dit?
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Châteauguay, je ne voudrais pas vous
déplaire, mais si vous lisez la préface du projet, vous allez
voir qu'il y a des actions d'Archipel là-dedans aussi.
M. Dussault: La préface du projet de loi? De quelle
préface parlez-vous, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): À l'appendice...
M. Lalonde: On ne vous dérange pas? On peut s'en
aller.
M. Dussault: L'appendice de quoi?
Le Président (M. Laplante): ... du projet de loi 16.
M. Lalonde: Le député de Mont-Royal est très
au courant. Il va informer le député de Châteauguay.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Dussault: On peut en parler...
Une voix: ... il ne peut pas intervenir...
M. Dussault: .... si vous le souhaitez, M. le
Président.
M. Fortier: Question de règlement. Il faudrait que le
député de Mont-Royal explique la pertinence de son propos.
M. Ciaccia: J'étais pour le faire, M. le
député d'Outremont, mon collègue. Je suis surpris de
l'intervention du député de Châteauguay. Franchement, cela
m'étonne! II ne comprend pas que, si on prend tous les dividendes et
tout l'argent à Hydro-Québec, il n'y aura pas d'argent pour
investir dans le projet Archipel. J'essaie de vous aider dans votre projet.
M. Lalonde: C'est une bonne idée, cela.
M. Ciaccia: Ils réduisent les investissements, ils ont
réduit le projet à la Baie-James, ils renvoient les travailleurs
chez eux.
M. Dussault: C'est un projet gouvernemental, mais si
c'était le contraire, M. le député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Je pense que je vais voter pour le projet de loi.
M. Dussault: Si l'argent pouvait servir par ce moyen.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dussault: J'aimerais savoir quand...
M. Ciaccia: Ils renvoient les travailleurs, alors...
M. Dussault: ... le député de Mont-Royal va cesser
d'intervenir.
M. Ciaccia: Aussitôt que je terminerai. Non, M. le
Président, je ne me prononce pas en faveur du projet Archipel, ce n'est
pas cela. C'est la question d'avoir les interventions de ceux qui vont
être affectés par le projet. Je parle de la ville de LaSalle, de
Lachine...
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas vous influencer
non plus, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous aussi, M. le Président, je ne voulais pas
vous embarquer dans ce débat. Je sais que vous avez été
une des personnes qui avaient fait l'annonce de la possibilité
d'étude quant au développement du projet.
M. Lalonde: C'est lui qui l'a inventé... M. Dussault:
Enfin, il a compris!
M. Ciaccia: C'est important d'avoir l'intervention de ceux qui
sont affectés par le projet Archipel, parce qu'assurément ils
vont être affectés par le projet de loi 16. Je suis surpris de
l'étroite interprétation et du manque de compréhension du
député de Châteauguay quant aux conséquences du
projet de loi 16. Cela me porte presque à vouloir intervenir. Si le
député de Châteauguay est capable de dire cela, c'est parce
qu'il ne comprend pas le projet de loi 16 et les conséquences. Je vous
suggère que vous relisiez nos discours.
M. Dussault: Si on passait à l'étude article par
article, on pourrait prouver au député de Mont-Royal qu'on
comprend le projet de loi no 16.
M. Lalonde: II faut relire...
M. Dussault: II faudrait passer à l'étude article
par article. Je demande le vote, M. le Président, sur la motion
dilatoire des libéraux.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai pas terminé.
Je vais terminer et je vais vous expliquer pourquoi je ne veux pas
intervenir.
Le Président (M. Laplante): II n'a pas terminé
encore.
M. le député de Mont-Royal.
M. Fortier: II faut respecter le droit de
parole.
M. Ciaccia: L'autre organisme qu'on devrait inviter, c'est l'UPA.
Je pense qu'elle est en congrès. Comment le député de
Châteauguay a-t-il pu oublier l'UPA?
M. Dussault: Je n'en ai oublié aucun. Je les avais tous
prévus. Ils sont en contradiction, M. le Président.
M. Ciaccia: Je m'excuse, mais je peux comprendre pourquoi le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas... C'est
compréhensible.
M. Lalonde: Qu'est-ce que j'avais contre les agriculteurs?
M. Ciaccia: Non, vous n'y avez pas pensé, parce que dans
votre comté...
M. Lalonde: J'en ai.
M. Ciaccia: Vous en avez des agriculteurs?
M. Lalonde: Bien sûr.
Le Président (M. Laplante): Un peu de sérieux pour
continuer. Il reste encore 1 h 30.
M. Dussault: On est mieux de passer au vote
immédiatement.
M. Ciaccia: Troisième raison, je l'ai déjà
mentionnée. Je l'ai déjà dit, on ne veut pas retarder le
débat. Si on voulait vraiment faire un "filibuster" complet, on
interviendrait sur tout, les motions, les sous-amendements et on prendrait nos
vingt minutes. Je n'ai pas l'intention de faire cela. Pour ces raisons, je
n'interviens pas. Je ne sais pas si je suis intervenant ou si je suis membre de
la commission, je ne me souviens pas, mais si je suis membre, je m'abstiendrai
de voter sur ce sous-amendement. Je vais m'abstenir parce que j'ai des
réserves sérieuses sur le nombre d'organismes, sur les personnes
qui ont été nommées, sur les personnes qui n'ont pas
été nommées...
Une voix: II fait partie du groupe des...
M. Ciaccia: Je reviendrai à la motion principale pour
expliquer exactement la portée de cette motion et pourquoi cette motion
peut nous permettre d'entendre tous les groupes que j'ai mentionnés.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vote sur le sous-amendement.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde (suite)
M. Lalonde: M. le Président, n'eût été
de la dernière intervention du député de Mont-Royal...
Le Président (M. Laplante): Je dois vous informer qu'il
vous reste neuf minutes.
M. Lalonde: C'est à peu près cela qu'on m'avait
dit, M. le Président. Je ne sais pas si j'en aurai assez pour le
convaincre de voter en faveur de mon sous-amendement. Je me serais abstenu
d'intervenir, s'il avait décidé d'intervenir, mais,
réellement, je dois lui expliquer un certain nombre de choses.
Les groupes contenus dans mon sous-amendement sont ceux que nous avons
pu identifier comme ayant exprimé ce qui suit: Que le projet de loi soit
retiré, qu'un débat public ait lieu avant qu'il ne soit
adopté, qu'ils soient entendus par les parlementaires. Peut-être
que l'UPA a exprimé un tel désir, mais, malheureusement, avec le
chaos des débats parlementaires - j'ai bien dit des débats et non
pas des ébats, M. le Président; je ne veux pas parler de choses
qu'on ne peut pas mentionner ici - depuis une semaine où le
gouvernement, complètement désorganisé, nous fait
siéger jusqu'à 4 h 15, 5 h 30, nuit après nuit, il est
possible que, si une telle demande a été faite, elle ne me soit
pas parvenue.
Il en est de même de l'Union des municipalités, de la
PSBGM, de l'Association des locataires, ainsi que de l'Association des
propriétaires.
Quant à la Régie du logement, M. le Président, j'ai
appelé...
Une voix: La ligne était occupée.
M. Lalonde: ... et la ligne était occupée. J'ai
rappelé, mais la ligne était encore occupée. Si les gens
sont occupés comme cela, ils n'ont pas le temps de venir ici.
Pour ce qui est de la société Saint-Jean-Baptiste, j'avoue
que la dernière fois que j'ai rencontré ces gens, ils donnaient
une réception pour les représentants de l'OLP...
Une voix: Du FLQ.
M. Lalonde: ... du FLQ, enfin de toutes ces bonnes gens. J'ai
pensé qu'ils seraient trop occupés pour venir s'intéresser
à des choses aussi triviales que les tarifs de
l'électricité; ils s'occupent de choses plus explosives de ce
temps-là.
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Allez à votre
siège pour commencer, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Je m'en viens remplacer quelqu'un.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais vous ne pouvez pas,
M. le député de Terrebonne.
M. Fortier: On est d'accord s'il...
M. Lalonde: Je donne mon consentement pour que vous parliez, mais
pourvu que vous parliez longtemps.
M. Fortier: S'il veut s'exprimer, il y a consentement.
M. Lalonde: Oui, consentement, pourvu que vous parliez
longtemps.
M. Blais: Non, je ne voulais pas m'exprimer, mais je voulais
dire...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Lorsque vous voudrez un droit de parole, vous demanderez
l'assentiment des membres de cette commission. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En ce qui concerne Archipel, naturellement, le
député de Mont-Royal a là un argument que je trouve
frappant. S'il pousse cet argument au bout de sa logique, je crains fort de le
voir voter en faveur du projet de loi no 16, de renier tout ce que j'ai dit,
parce que, s'il fallait que le projet de loi no 16 empêche de massacrer
les rapides de Lachine, je serais prêt à sacrifier, en tant que
député de Marguerite-Bourgeoys, mon vote pour empêcher ce
désastre écologique...
M. Fortier: II est pour le nucléaire, n'est-ce pas?
M. Lalonde: ... que le projet Archipel annonce pour les rapides
de Lachine, ce joyau naturel et historique qui justement baigne les rives de
mon comté.
Une voix: Ville de "LaSalle-les-Bains". (22 h 30)
M. Lalonde: M. le Président, avant que vous ne sortiez
votre mouchoir, sachant que le député de Mont-Royal a
exprimé à plusieurs reprises son indépendance d'esprit, je
fais quand même appel à sa compréhension pour appuyer ce
sous-amendement qui se veut modestement une tentative d'ouvrir un peu plus
précisément la porte que le député de
Châteauguay, qui est justement de l'autre côté des rapides
de Lachine, ne l'a entrouverte par son amendement. Il ne s'agit pas d'exclure
qui que ce soit, il s'agit en priorité d'inviter ceux qui sont inclus
dans l'amendement.
Malheureusement, le règlement ne me permet pas de sous-amender
mon sous-amendement. Je ne pense pas que ce soit permis. Si ç'avait
été permis, je suis convaincu que le député de
Mont-Royal l'aurait fait.
Cela n'empêche pas d'inviter aussi la Société
Saint-Jean-Baptiste - je ne suis pas sûr si elle en aura le temps,
occupée comme elle l'est à préparer la violence...
Une voix: Franchement!
M. Lalonde: Mais je pense que les autres pourraient facilement
être invités ici, au-delà de ceux dont les noms sont
compris dans mon sous-amendement. J'invite donc le député de
Mont-Royal... J'entrevois un certain problème du côté
ministériel, car je suis convaincu qu'un certain nombre vont voter
suivant leur conscience et vont prendre une décision logique. Par
exemple, le député de Châteauguay a, dans son amendement,
décidé d'inviter toute personne et tout groupe. Nous disons, en
priorité, ceux-là. Mais il ne s'est pas exprimé à
savoir s'il devait prioritairement en inviter d'autres; je pense que ça
n'exclut pas les autres.
Si le député de Châteauguay convainc le ministre de
tenir des séances de la commission parlementaire pendant une semaine ou
deux pour entendre ces gens, on pourrait même revenir entre Noël et
le jour de l'an, si nécessaire. À ce moment-là, que ce
soient ceux-ci prioritairement ou d'autres, on pourrait s'entendre. Je pense
qu'il est tenté de voter en faveur de mon amendement. Si le
député de Mont-Royal s'obstine, il est possible qu'on ait un vote
égal, et là, c'est le président qui devra trancher. Nous
avons une confiance insondable au président, mais, quand même,
j'aimerais mieux qu'on décide ici entre nous, sans impliquer le
président, d'inviter prioritairement ces gens et d'entendre ce qu'ils
ont à dire sur les effets néfastes du projet de loi no 16.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Une minute. C'est regrettable,
mais vous ne pouvez pas intervenir à moins que les membres de la
commission n'y consentent.
M. Lalonde: Consentement. Des voix: Pas de
consentement.
M. Dussault: On a assez perdu de temps comme ça, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de
consentement.
M. Dussault: Mon amendement pouvait être adopté
très rapidement, je l'ai dit et
redit.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président: Vous voulez continuer à parler sur
votre temps?
M. Ciaccia: Oui. Je voudrais reprendre les propos et les
explications que le député de Marguerite-Bourgeoys a
données quant aux raisons pour lesquelles il veut inviter les groupes
qu'il a mentionnés dans son sous-amendement. Je crois qu'il m'a
convaincu, il a expliqué pourquoi inviter ces groupes et pas
d'autres.
M. Lalonde: Merci.
M. Ciaccia: II a expliqué que ce sont les groupes qui ont
envoyé un télégramme et ont exprimé le désir
d'être entendus. Cela me satisfait. Question de conscience, on ne voulait
pas faire de discrimination entre les différents groupes, mais le
député de Marguerite-Bourgeoys a expliqué pourquoi il a
choisi ces groupes, et il a dit que c'était prioritaire. Si j'ai
l'assurance du député de Marguerite-Bourgeoys qu'il ne s'opposera
pas à ce que les autres groupes que j'ai suggérés puissent
comparaître devant la commission, je suis prêt, pour le bon
fonctionnement de cette commission et pour faire la lumière
complète sur tout le projet de loi 16, à me rallier et à
appuyer le sous-amendement. S'il doit y avoir un vote des deux
côtés, on n'impliquera pas le président.
M. Lalonde: Merci beaucoup, M. le député.
M. Ciaccia: Je crois au principe d'égal à
égal. Comme vous l'avez mentionné, les explications du
député de Marguerite-Bourgeoys me satisfont, M. le
Président, et j'appuierai volontairement le sous-amendement qu'il a
proposé.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Combien de temps reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): Deux minutes.
M. Fortier: Mon Dieu, c'est court. Et cela passe tellement
vite.
M. Lalonde: Tempus fugit.
M. Fortier: J'aimerais tout simplement dire, en terminant, que je
vais me rallier à ce sous-amendement quoique j'aurais voulu, en
écoutant les propos tenus par mes deux collègues de Mont-Royal et
de Marguerite-
Bourgeoys, en y songeant bien, que la commission invite, d'autre part,
le Dr Armand Frappier...
Une voix: Ah oui, batèche!
M. Fortier: ... ce biologiste qui s'est exprimé contre
l'orgie de développement hydroélectrique que nous connaissons au
Québec et qui, en particulier, s'est insurgé contre le projet
Archipel. Ce personnage...
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
M. Fortier: ... de 78 ans...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président. Une voix: II est
contre les orgies.
M. Dussault: J'ai lu dans un article de journal ce que dit M.
Fortier, M. le député d'Outremont. J'ai regardé une
émission de télévision les jours qui ont suivi et ce
n'était pas tout à fait ce que disait un journaliste dans un
journal au sujet des propos de M. Frappier. M. Frappier disait: Cela ne me
plaît pas que l'on fasse des projets hydroélectriques, mais il
faut quand même en faire et, avant d'en faire, il faut faire attention
à ce qu'on fait. C'est ce que disait M. Frappier. C'est loin
d'être une objection fondamentale au développement
hydroélectrique et au projet Archipel.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement. Les précisions apportées par le
député de Châteauguay peuvent peser très lourd dans
la discussion actuellement. Est-ce qu'il a fait la même
vérification à l'égard du Dr Frappier qu'il avait faite
à l'égard du Dr Lavallée?
Des voix: Ah!
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont.
Des voix: Ah!
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. J'ai dit, hier, que je n'avais pas rencontré le Dr
Lavallée, que je ne lui avais pas téléphoné et que
je n'avais pas à le faire; j'ai essayé de prêter les
meilleures intentions au Dr Lavallée qui n'en a pas profité et
tant pis pour lui, M. le Président.
M. Lalonde: Là, vous prêtez encore des
intentions au Dr Frappier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vais être obligé de compter votre temps
sur celui du député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président... M. Lalonde: ...
Le Président (M. Laplante): II vous reste une minute.
M. Fortier: C'est cela, n'en déplaise au
député... Voyons! Je ne sais plus son nom.
M. Lalonde: Châteauguay.
M. Fortier: Châteauguay. Même s'il faut nuancer les
propos du Dr Armand Frappier, je crois que cette personne, ce scientiste de 78
ans aurait pu nous apporter un éclairage tout à fait
différent de ceux que nous avons connus jusqu'à maintenant. A
nous qui sommes noyés dans les développements
hydroélectriques au Québec, je crois qu'une personne, un
scientiste aurait pu nous apporter un éclairage différent; il
aurait pu quand même nous dire si ce genre de développement
était nécessaire. À ce moment-là, on aurait pu
conclure sur ce projet et peut-être faire économiser des millions
de dollars aux contribuables et à Hydro-Québec, cette
société qui est justement aux prises avec des problèmes
financiers considérables.
M. le Président, je crois qu'il est bien évident qu'on
pourrait continuer comme cela car nous avons ici au Québec des gens
extrêmement compétents, des biologistes, des sociologues - je
remarque, M. le Président, que nous n'avons aucun sociologue sur notre
liste - et des économistes. Mais, quand même, M. le
Président, je dois vous dire que je me rallie au sous-amendement de mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys. C'est la raison pour laquelle je
voterai en faveur du sous-amendement puisqu'il faut bien se limiter et
permettre qu'un certain débat public ait lieu pour nous éclairer
sur ce projet de loi no 16.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, neuf minutes.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je vais tenter
d'être bref. Je ne veux pas non plus retarder le débat. C'est tout
simplement pour informer mes collègues de la raison pour laquelle nous
ne retrouvons pas, parmi les quinze groupes prioritaires, l'UPA. Je dirai, M.
le Président, qu'il semblerait, selon des sources en provenance du
ministre, que l'UPA aurait eu un certain privilège et qu'elle aurait eu
un certain délai pour négocier avec le gouvernement une
tarification qui entrerait en vigueur seulement le 1er janvier 1983. Raison de
plus, M. le Président, vous allez en convenir avec moi, de
reconnaître ces groupes puisque, déjà, une association qui
est quand même une association - l'UPA, c'est l'Union des producteurs
agricoles, pour ceux qui ne le sauraient pas...
Une voix: Ah oui?
M. Bélanger: Oui, c'est l'Union des producteurs agricoles,
UPA. Je dis bien UPA. Alors, M. le Président, raison de plus pour que
les autres groupes puissent venir se faire entendre en commission
parlementaire. C'est pourquoi je voterai aussi en faveur du sous-amendement. Je
l'ai dit et je le répète, M. le Président, nous avons
choisi quinze groupes pour des circonstances bien particulières comme le
mentionnait mon collègue de Mont-Royal. On ne voulait quand même
pas tenir la commission parlementaire à la Place des congrès.
Donc, on a voulu s'accommoder des locaux qui sont mis à notre
disposition.
J'ai ici un télégramme dont j'ai omis volontairement de
faire mention tout à l'heure, pour ne pas prolonger le débat, en
provenance de mon comté, Lac-Mégantic et je vais vous le citer: "
M. Claude Ryan, chef de l'Opposition, Hôtel du Parlement, Québec.
M. René Lévesque, premier ministre, Hôtel du Parlement,
Québec." Lui n'a pas pris de chance, il l'a adressé aux deux. Ce
n'est pas une mauvaise idée, tout le monde devrait l'adresser et au
premier ministre et au chef de l'Opposition. S'il y en a un qui l'oublie, s'il
y en a un qui le perd, on est assuré à ce moment-là qu'il
y a au moins quelqu'un qui a conservé la copie: "Devant la hausse des
tarifs d'Hydro-Québec, projet de loi 16 -vous comprendrez que je cite
textuellement et ce sont des handicapés qui ont composé le
télégramme de façon que cela leur coûte le moins
cher possible - présenté par le gouvernement, nous demandons que
toute procédure soit arrêtée." C'est d'une association
d'handicapés.
Je présume que cela va vous faire sourire quand je vais vous
donner le nom. C'est une organisation de mon comté de
Lac-Mégantic et c'est signé: "Maurice Richard, petit soleil."
Une voix: Soleil levant.
M. Tremblay: Question de règlement. Je ne sais pas comment
cela marche, en fait c'est plus une directive.
Une voix: Ça paraît que vous ne savez pas comment
ça marche, M. le député.
M. Tremblay: De toute évidence les
gens qui ont rédigé le télégramme ne
savaient pas de quoi ils parlaient puisqu'ils parlaient d'une augmentation de
tarifs relativement à la loi 16.
Une voix: Alors qu'il n'en est pas question dans la loi 16.
M. Tremblay: Et la loi 16 ne parle pas d'augmentation des
tarifs.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Je ne pense pas qu'il soit permis...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce sur une question de règlement.
M. Scowen: M. le Président, je pense que vous serez
complètement d'accord avec moi que le député de Chambly
est en train d'induire en erreur non seulement vous personnellement et les
autres membres de cette commission parlementaire, mais tous ceux qui vont lire
le journal des Débats. Je vais vous dire très brièvement
pourquoi, si vous me permettez parce que c'est très important.
Une voix: En erreur ou en horreur? M. Rodrigue: Les deux,
en horreur.
Le Président (M. Laplante): En 30 secondes vous êtes
capable de faire cela.
M. Scowen: Oui, je vais le faire le plus vite possible. Ce que le
député a dit c'est qu'il n'est pas question d'augmentation de
tarifs dans le projet de loi no 16. Je veux simplement rappeler à ce
député qui n'a peut-être pas lu le projet de loi, c'est
possible, mais s'il l'avait lu, il aurait vu très clairement qu'il est
question dans ce projet de loi d'obliger Hydro-Québec à payer les
redevances, les dividendes au gouvernement...
Le Président (M. Laplante): J'en ai assez, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je comprends très
bien le projet de loi.
M. Scowen: Oui, je vais terminer.
Le Président (M. Laplante): Pour être juste avec la
question de règlement du député de Chambly, il est exact
qu'on ne parle pas d'augmentation de tarifs dans le projet de loi no 16.
Le député...
M. Scowen: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Scowen: Je pense que cela n'est pas bien compris. Comment
est-il possible pour Hydro-Québec de payer des dividendes substantiels
au gouvernement...
M. Lalonde: Sans augmenter les tarifs.
M. Scowen: Sans augmenter les tarifs? Où ils seront
obligés...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas mon rôle de
déterminer cela. J'ai à suivre...
M. Scowen: C'est assez clair que les implications...
Le Président (M. Laplante): ... seulement le texte du
projet de loi no 16. M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Oui, M. le Président. Donc, petit
soleil...
M. Lalonde: Couchant ou levant?
M. Bélanger: Il n'y a aucune mention à savoir si
c'est couchant ou levant. C'est une personne handicapée, une personne
admirable que je connais personnellement. C'est évident qu'il a
simplifié son télégramme, on le comprendra. Ce sont des
handicapés comme je l'ai dit.
Le député de Chambly nous dit: Ce n'est pas vrai, ce n'est
pas ça. De toute façon, s'il n'avait pas été ici
à cette commission, le député de Chambly, probablement
qu'on serait...
M. Tremblay: Question de règlement.
M. Bélanger: ... déjà rendu à
l'article... On aurait peut-être fini l'étude du projet de loi
article par article.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Je n'admets pas que le député de
Mégantic-Compton diminue les handicapés comme cela en laissant
sous-entendre qu'ils ne sont pas très brillants et que parce qu'ils sont
handicapés ils ont mal rédigé un télégramme.
(22 h 45)
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Une voix: C'est méprisable!
M. Tremblay: C'est très méprisable, c'est du
mépris pour les personnes handicapées.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Tremblay: C'est d'un mépris épouvantable!
M. Lalonde: Ce que le député vient de dire est
absolument démagogique, c'est lui-même, le député de
Chambly, péquiste, qui a dit que le groupe qui avait signé le
télégramme ne savait pas de quoi il parlait. Je trouve que c'est
de l'arrogance la plus détestable; c'est bien semblable à celle
de tout son parti et de son gouvernement.
M. Tremblay: Je vous ferais remarquer, M. le Président,
que vous m'avez donné raison sur mon interprétation du
règlement tout à l'heure.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, j'ai tout simplement
dit que ce sont des handicapés. J'ai beaucoup plus de respect pour eux
que le député de Chambly. Ils ont tout simplement voulu
économiser de l'argent. Pour eux, qui sont quand même
intégrés à la société, j'en conviens, c'est
plus difficile, les efforts sont plus difficiles, le dollar qu'ils ont dans
leur poche vaut beaucoup plus que le nôtre, parce qu'ils mettent beaucoup
plus d'efforts pour le gagner. C'est tout simplement dans ce sens que j'ai dit
qu'on a voulu réduire les frais au minimum. J'ai très bien saisi
le sens du télégramme. Ces gens-là ne veulent pas
d'augmentation de tarifs de l'électricité, autrement dit un
impôt indirect ou une taxe cachée. Je l'ai qualifiée, en
deuxième lecture, de taxe hypocrite. On a même fait état en
deuxième lecture - vous vous en souviendrez, M. le Président,
d'un hold-up - et le ministre des Finances a été indigné.
C'est vrai, ce n'est pas un vol à main armée, parce qu'il n'y a
pas d'arme, il n'y a qu'un projet de loi qui va lui permettre de faire
cela.
M. Lalonde: C'est pire qu'un 38, c'est un 16!
M. Bélanger: Comme je l'ai dit au début, je voterai
en faveur de ce sous-amendement qui complète si bien l'amendement
proposé par le député de Châteauguay et qui
permettra finalement, peut-être pas à tous les groupes, mais au
moins à un certain nombre, à un certain éventail de
groupes de la société, d'organismes, de venir se faire entendre
en commission parlementaire. Je suis persuadé qu'ils auront beaucoup
à nous apprendre. J'anticipe déjà que le gouvernement
puisse modifier sensiblement ce projet et peut-être même aller
jusqu'au retrait du projet de loi 16. Merci.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on est prêt
à voter?
Des voix: Non.
M. Yvon Vallières M. Vallières: M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: ... merci. M. le Président...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bélanger: Cela permettrait de le remettre à une
autre commission.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Richmond.
M. Bélanger: On pourra le remettre à une autre
commission parlementaire.
M. Vallières: Sur la motion, M. le Président.
M. Lalonde: On ne peut pas faire comme M. Parizeau, nous, on ne
peut pas emprunter sur l'avenir. On ne peut pas faire autant de déficit,
M. le Président, nous!
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys, un peu de
sérieux! Le député de Richmond veut parler. M. le
député de Richmond.
M. Vallières: II se fait tard, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Les gens sont
fatigués.
M. Vallières: Je comprends... M. Lalonde: On peut
ajourner.
M. Vallières: ... que mes collègues commencent
à être indisposés - je parle de mes collègues de
l'Opposition - face à la détermination du gouvernement qui semble
véritablement obstiné à ne pas tenir compte des propos,
d'ailleurs fort pertinents, que tiennent tous nos collègues de
l'Opposition autour de cette table afin d'amener le gouvernement à
modifier son point de vue pour changer cette loi pour le plus grand bien des
Québécois et possiblement la retirer. Je suis doublement
déçu...
M. Tremblay: Question de règlement,
M. le Président.
J'aimerais que le député soit pertinent au débat,
qu'il parle sur le sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): Je pense que M. le
député de Richmond a une copie du sous-amendement.
M. Vallières: M. le Président, j'espère...
On a le droit de faire un court préambule.
Le Président (M. Laplante): Vous l'avez?
M. Vallières: Oui, je l'ai, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord, vous pouvez
continuer, M. le député de Richmond.
M. Vallières: J'allais dire, M. le Président, que
cette motion de sous-amendement, dont vous venez de parler s'inscrit
très bien dans la démarche qu'on a entreprise depuis le
début afin de faire comprendre au gouvernement les impacts réels
de son projet de loi no 16. J'allais dire que je suis doublement
déçu d'abord parce qu'après avoir quitté la
commission pour une heure, pour aller à l'Assemblée nationale
faire un court exposé sur une autre loi matraque, le projet de loi 39,
visant à augmenter la taxe sur l'essence, je constate qu'on n'en est pas
encore rendu à l'étude de l'article 1 du projet de loi 16. Je
suis donc déçu au plus haut point.
Tous les efforts que nous consacrons afin de convaincre le gouvernement
d'accélérer le débat afin qu'on en sorte, une fois pour
toutes, M. le Président. Je veux vous dire que ça fait partie des
objectifs de l'Opposition de dénoncer ce double hold-up que nous fait
actuellement le gouvernement. Double hold-up, d'abord, par son projet de loi no
16 et par son projet de loi no 39 que je viens de dénoncer avec vigueur
à l'Assemblée nationale. M. le Président, je dois vous
dire que la motion de sous-amendement que j'ai eu l'occasion de lire me
paraît conforme à mes désirs, mais elle me
désappointe un peu parce que je n'ai pu y voir apparaître aucun
des organismes de l'Estrie et des Cantons de l'Est qui, j'en suis
persuadé, seraient très intéressés à venir
ici témoigner afin de faire comprendre à cette Chambre et
à tous nos collègues les conséquences réelles du
geste qu'ils se préparent à poser.
Mais je dois admettre que cette motion, même si elle n'est pas
tout à fait conforme à ce que j'aimerais qu'elle soit, m'aide
quand même à apprécier le geste de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys qui veut, hors de tout doute, faire en sorte qu'à
défaut d'un débat public réclamé de toute part on
ait au moins un minimum de gens qui soient entendus à cette commission
pour faire tout l'éclairage requis sur ce projet de loi no 16 qui,
rappelons le, vient grever de façon catastrophique les budgets de tous
les gagne-petit au Québec. M. le Président, je veux vous dire que
cette optique du gouvernement de ne pas vouloir amener de débat public
sur toute la question me déçoit au plus haut point. Pour bien
situer véritablement la motion et le bien-fondé de la motion de
sous-amendement qui est proposée par le député de
Marguerite-Bourgeoys, je veux vous faire part de ce que pensait le ministre de
l'Énergie et des Ressources qui a précédé le
titulaire actuel de ce ministère. Je pense que c'est important que je
fasse lecture de son point de vue sur une question aussi primordiale.
Une voix: Fondamentale.
M. Vallières: Fondamentale, M. le Président. Je
vais vous le lire, ça date du 2 mars, quelques jours avant les
élections. "Le ministre de l'Énergie et des Ressources, M. Yves
Bérubé, vient de donner son appui inconditionnel à la
tenue d'un vaste débat public sur l'énergie au Québec.
C'est ce qu'il a fait savoir aujourd'hui, au moment de la reprise des travaux
de la commission parlementaire examinant le plan d'équipement
d'Hydro-Québec pour la décennie 1981-1990, commission qui en est
à sa cinquième journée d'audiences."
Une voix: Avant l'élection?
M. Vallières: 2 mars. "Le ministre Bérubé a
expliqué que les interventions lors des quatre premières
journées de la commission parlementaire ont démontré la
très grande unanimité entourant la tenue d'un débat
public." C'est l'ex-ministre qui nous le déclare. "Au moment où
le Québec s'achemine vers des choix majeurs de société, la
population doit absolument être sensibilisée aux alternatives qui
s'offriront à elle et elle doit, de plus, avoir la possibilité de
faire connaître ses choix." Inutile de vous dire que la motion de
sous-amendement qui est devant nous vise également cet objectif. On
ajoute: "Le ministre Bérubé a, de plus, présenté
pour fins de discussion une proposition en quatre points pour la tenue de ce
débat public." On était rendu loin dans cette démarche, M.
le Président. On proposait même des balises. "Premièrement,
création de la Régie de l'énergie conformément au
livre blanc détaillant la politique québécoise de
l'énergie.
Deuxièmement, mandat à la Régie de l'énergie
d'organiser le débat public en prévoyant une mission
itinérante." Vous voyez, M. le Président, que nos exigences ne
sont pas considérables. On parle même d'une mission
itinérante. Nous autres, on a
demandé que nos collègues viennent témoigner et on
n'a même pas pu l'obtenir. Là, on demande que des organismes
viennent; j'espère qu'au moins il nous accordera cela, alors que
l'ex-ministre, lui, réclamait une mission itinérante. "Ne
serait-il pas intéressant de faire le tour des régions pour
connaître le point de vue des principaux intéressés?"
"Troisièmement, M. le Président - et je cite toujours le
communiqué de presse du ministre de l'Énergie et des Ressources
-financement par le ministère de l'Énergie et des Ressources des
organismes intéressés à présenter des points de vue
indépendants pour alimenter le débat." Vous voyez qu'à
cette époque, on n'avait pas peur des débats.
"Quatrièmement, une fois le débat itinérant
terminé, il y aurait tenue d'un sommet sur l'énergie." Le
ministre Bérubé a, de plus, souligné que "la
présente commission parlementaire sur Hydro-Québec constitue un
excellent point de départ pour alimenter le débat public puisque
l'information y est transmise en abondance et s'avérera de très
grande utilité pour l'analyse de la situation énergétique
du Québec." Assez curieusement, le point de vue de l'ex-ministre et les
arguments qu'il invoque pour la tenue d'un débat public, on pourrait
presque tous les accrocher à la motion de sous-amendement que propose
notre collègue de Marguerite-Bourgeoys. C'est pour cela que je tenais
absolument à vous lire le point de vue de l'ex-ministre. Comme le disait
le ministre actuel: Les jours passent, mais ne se ressemblent pas. C'est bon,
dans certains cas, c'est malheureux, dans d'autres cas, et dans ce cas
précis, je pense que le ministre actuel aurait avantage à copier,
à consulter, à imiter les gestes, certains gestes que se
proposait de faire son collègue, - pas tous, M. le Président -
certains gestes constructifs à l'endroit de notre communauté
québécoise.
M. le Président, dans la motion de sous-amendement qui nous est
présentée, on dit: "Que la motion d'amendement du
député de Châteauguay qui est présentement en
discussion soit modifiée en ajoutant, après les mots "ou
groupes", les mots "et d'une façon prioritaire les organismes suivants".
Afin de ne pas retarder le débat, je ne vous en ferai pas toute la
lecture.
Une voix: J'aurais aimé le savoir.
M. Dussault: ... retarder le débat, M. le
Président. On devrait voter.
M. Vallières: Je ne veux pas retarder le débat.
Oui, M. le Président, à la demande unanime, je vais vous en faire
la lecture. On demande donc que les organismes suivants puissent être
présentés en commission: la Fédération des magasins
Coop et Cooprix, l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, la Fédération de l'âge d'or du Québec
- j'aurai de quoi à dire tantôt là-dessus - l'Association
québécoise pour la défense des droits des retraités
et des préretraités - là-dessus aussi j'aurai quelque
chose à dire - le Conseil de la coopération du Québec, la
Fédération des travailleurs du Québec, la FTQ,
l'Association féminine d'éducation et d'action sociale, la
Fédération des commissions scolaires catholiques, l'Association
des consommateurs du Québec, le Conseil du patronat, la
Confédération des syndicats nationaux, la Chambre de commerce de
la province de Québec, la Chambre de commerce du district de
Montréal, le Front commun pour le débat public sur
l'énergie, et M. Yves Aubert-Côté, professeur aux Hautes
études commerciales. M. le Président, je regrette que ne figurent
là que les centrales syndicales qui sont mentionnées. J'aurais
aimé que l'on mentionne également la Centrale des syndicats
démocratiques.
M. Lalonde: Oui, c'est impardonnable.
M. Vallières: Je pense, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, si vous voulez bien reprendre votre siège, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Avec le consentement, on peut l'ajouter.
M. Vallières: ... qu'il a droit...
M. Lalonde: Consentement pour l'ajouter.
M. Vallières: M. le Président, est-ce que ça
peut se faire que, s'il y a consentement, on l'ajoute? Non, cela ne peut pas se
faire?
Le Président (M. Laplante): II faut qu'il y ait
consentement unanime.
M. Lalonde: Oui, il y a consentement. Le député de
Duplessis a consenti. Qui ne dit mot consent.
M. Perron: M. le Président, pourriez-vous me dire si le
consentement permet à chacun des membres de cette commission d'ajouter
20 minutes à ce qui a déjà été dit?
M, Lalonde: Non, non, on ne parle pas. Sans mot dire.
M. Vallières: M. le Président...
M. Perron: Non, je voudrais avoir la réponse du
président.
Le Président (M. Laplante): Non, s'il y a consentement
unanime, il n'y a pas une répétition des 20 minutes.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Elle fait partie
intégrante.
M. Lalonde: Consentement?
M. Dussault: II n'y a pas de consentement, M. le
Président. C'est déjà assez discriminatoire, ce qu'ils
font présentement.
M. Lalonde: Qu'avez-vous contre la CSD?
M. Vallières: M. le Président, quand je vais parler
de ça à M. Hétu, il ne sera pas content.
M. Dussault: Ma motion ouvrait le débat à tout le
monde. Je ne faisais pas d'injustice dans ma motion. M. le Président.
Eux, ils font de la discrimination, présentement.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous avez contre les
syndiqués?
M. Dussault: Passons au vote, M. le Président. C'est ce
qu'il y a de mieux à faire. (23 heures)
M. Vallières: M. le Président, le
député de Châteauguay est de moins bonne humeur que
tantôt. Je ne sais pas ce qui arrive, mais il y a des gens qui...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vallières: ... me paraissent très
impatients.
M. Dussault: Ces gens, je les pensais de bonne foi et là,
ils viennent de faire preuve qu'ils ne sont pas de bonne foi. Je suis
choqué de voir ça.
M. Vallières: M. le Président, je suis
choqué moi aussi. On m'enlève mon droit de parole
présentement, cela n'a pas d'allure.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Dire qu'il était sur la voie de la
réhabilitation.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, vous pouvez continuer.
M. Fortier: ... le ministre des Finances n'a plus d'argent.
M. Vallières: M. le Président, j'étais en
train de dire qu'à mon point de vue, la motion de sous-amendement qu'on
a devant nous a fait un oubli sérieux et grave.
M. Lalonde: Ce n'est pas si grave que ça.
M. Vallières: Je ne penserais pas que cela me pousse
à voter contre la motion, mais j'aurais grandement aimé - compte
tenu que la Centrale des syndicats démocratiques représente dans
mon comté la plus grande entreprise, celle de l'amiante - que cette
centrale soit entendue par notre commission. Je présume que la
commission va entendre les organismes...
M. Lalonde: On va les inviter.
M. Vallières: J'espère qu'ils pourront être
invités.
M. Ciaccia: II m'a donné sa parole...
M. Vallières: II me fera plaisir de communiquer avec le
président de cette centrale afin de l'informer de nos bonnes intentions.
J'ai remarqué que nous voulions inviter, par le biais de cette motion de
sous-amendement, la Fédération de l'âge d'or du
Québec.
Je veux vous indiquer que - c'est en relation avec le projet de loi no
16 - je recevais lundi dernier à mon bureau...
M. Tremblay: Êtes-vous membre?
M. Vallières: ... des personnes de l'âge d'or qui
m'ont fait part de leur inquiétude face à ce projet de loi. J'ai
même eu l'occasion tantôt de permettre au ministre de regarder les
résultats d'une certaine consultation que j'ai effectuée au
niveau du comté. M. le Président, il est...
M. Lalonde: J'ai complètement oublié ça.
M. Vallières: M. le Président, je suis dans
l'obligation de demander à mes collègues...
Le Président (M. Laplante): Écoutez un peu. Si on
veut y aller un peu plus sérieusement dans la commission, je demanderais
au député de Mégantic-Compton, s'il veut intervenir, de
venir s'asseoir à la table - il a le droit de parole - et de ne pas
rester en arrière de même et...
M. Bélanger: C'est parce qu'on manque de chaises.
Le Président (M. Laplante): Non, écoutez, ce n'est
pas une raison. Vous n'avez pas le droit d'intervenir de l'endroit où
vous êtes là. Il y a une fin, à un moment donné.
M. Bélanger: Je vous ferai remarquer que je n'ai jamais
fait ça pour le bon déroulement du débat.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Richmond, si vous voulez continuer, s'il vous
plaît.
Une voix: Vous avez raison.
M. Vallières: M. le Président, je vous remercie. Je
voudrais vous dire, M. le Président, que je rencontrais lundi dernier
des gens d'un certain âge qui font partie de l'âge d'or. Ils me
faisaient part de leur inquiétude face à toute cette ribambelle
de taxes déguisées qui s'abat présentement sur ce groupe
défavorisé de notre population.
M. le Président, vous savez, on peut avoir certains écarts
dans une pareille commission, mais je pense qu'il est indispensable de revenir
aux sources et de constater combien plusieurs de nos électeurs sont dans
des situations très difficiles présentement sur le plan
économique et, en particulier, les personnes âgées. Je suis
très heureux que la motion de sous-amendement prévoie que l'on
puisse dialoguer avec ces personnes afin, je l'espère, de convaincre le
gouvernement actuel que ce qu'il se prépare à poser comme geste
sera très préjudiciable à de nombreux électeurs, en
particulier, aux gagne-petit. Ces personnes de l'âge d'or ont voix au
chapitre. Je souhaite de tout coeur que nos collègues du gouvernement
acceptent notre proposition d'entendre ces organismes pour le mieux-être
de toute notre collectivité. Je voyais également que cette motion
prévoit que nous allons recevoir l'Association des consommateurs du
Québec. Je vous disais que j'avais parlé sur la loi 39, je me
rends compte qu'il y a quand même des choses qui se ressemblent dans ces
deux lois. Peut-être que les deux points communs qu'on peut retrouver,
c'est que ce sont des lois qui s'adressent à toutes les
catégories de la population, indépendamment de leur revenu.
M. le Président, plusieurs consommateurs, la très grande
majorité des consommateurs québécois actuellement, dans la
classe moyenne, font face à une situation pénible et
j'espère que l'association des consommateurs pourra nous indiquer quel
est l'impact réel de ces augmentations de tarifs que nous propose la loi
no 16. Et on sait très bien, et même plusieurs personnes l'ont
déjà déclaré, que dans plusieurs entreprises la
note que l'on retrouve sur la facture va être non pas payée par
l'entreprise mais transmise indirectement aux consommateurs.
Je pense que c'est peut-être une dimension que l'on a
oubliée quand on a présenté ce projet de loi no 16. Il
m'appert très important que, pour le plus grand bénéfice
de toute notre collectivité, une fois de plus, toutes les
catégories... C'est regrettable, c'est peut-être ce que je
reproche à la motion; elle m'apparaît trop restreinte,
évidemment, il faut la restreindre parce qu'on veut à tout prix
aller chercher l'appui des gens du gouvernement afin d'obtenir, au moins, un
minimum de consultations à défaut d'un débat public; au
moins un minimum de consultations. C'est par souci d'accrocher le gouvernement
qu'on a présenté cette motion de sous-amendement parce qu'il
serait important... M. le Président, on a souvent démontré
notre bonne foi au gouvernement au pouvoir dans des projets de loi qui ont de
l'allure. Peut-être qu'avec...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît!, M. le député de Richmond.
M. Vallières: Oui, déjà:... la participation
de nombreux organismes qui sont mentionnés ici, le gouvernement pourra
véritablement faire son lit avec le peuple, pour le peuple et, s'il le
fait, soit qu'il modifie d'une façon majeure sa loi ou qu'il la retire.
Je veux vous indiquer et puis non, vous m'indiquez que je peux terminer,
j'aurais eu l'occasion de vous parler des nombreux chômeurs qu'il y a
dans la région, qui sont fortement affectés par cela. Il y aura
sûrement des associations qui vont venir les représenter et
j'aurai l'occasion de leur poser des questions sur l'impact réel, chez
eux, de ce projet de loi no 16. Et souhaitons que ce sous-amendement sera,
même s'il ne me convient pas parfaitement, accepté par nous tous,
pour le plus grand bien de tous nos concitoyens. Merci.
M. Dussault: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Laprairie a demandé la parole.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Alors merci, M. le Président.
Je me rends compte que durant mon absence, une motion de sous-amendement
a été présentée par mon confrère de
Marguerite-Bourgeoys afin d'amender la motion d'amendement du
député de Châteauguay. En modifiant ou en ajoutant
après les mots "ou groupe" les mots "mais d'une façon prioritaire
les organismes suivants" et on énumère certains organismes.
En fait, je me rends compte que, suivant ce sous-amendement, on se
rapproche de plus en plus du débat public qu'on
sollicitait sur l'énergie. Il suffit de considérer les
différents groupes qui y sont mentionnés pour se rendre compte
que l'unanimité sur le débat public qui avait été
sollicité et demandé, on s'en approche de plus en plus.
J'ai ici, dans le Soleil du 3 mars, un article de M. Denis Angers qui
mentionnait ceci: "Une très grande unanimité entourant la tenue
d'un débat public sur l'énergie s'étant manifestée
au cours des audiences de la commission parlementaire étudiant le
programme décennal d'équipements d'Hydro-Québec, le
ministre de l'Énergie et des Ressources, M. Yves Bérubé, a
décidé de rallier le mouvement. À son tour donc, et sur le
tard, il prônera la convocation des Québécois à une
large réflexion sur l'avenir énergétique de leur
société. Car, a-t-il soutenu, la population doit absolument
être sensibilisée aux alternatives énergétiques qui
s'offriront à elle tout en se voyant octroyer la chance de faire
connaître ses préférences.
Ce débat public réclamé à cor et à
cri par les opposants au nucléaire, par les écologistes et par
les tenants des énergies douces, le ministre le souhaite par ailleurs
bien préparé. C'est pourquoi il a soumis hier une
hypothèse de discussion fondée sur quatre éléments.
D'une part, M. Bérubé entend présider à la
création d'une future régie de l'énergie, tel que le
recommandait le livre blanc du gouvernement de 1978. Ce nouvel organisme issu
de l'actuelle régie du gaz et de l'électricité aurait
mandat de mettre sur pied le débat proprement dit. À cette fin,
il pourrait créer une équipe de consultation itinérante
afin de mener à travers tout le territoire une vaste campagne
d'information et de sensibilisation.
Donc, c'est le but qu'on visait; le ministre Bérubé
était d'accord avec cela et je pense que le ministre actuel
annonçait sa préférence ou sa propension à accepter
un tel débat. Maintenant, même si on mentionnait à ce
moment-là que des fonds pourraient être alloués à
tous les intervenants potentiels, ce ne serait pas nécessaire dans le
cadre présent, puisque les gens viendraient à cette commission
parlementaire et pourraient nous parler.
Maintenant, les organismes qui pourraient se présenter devant
nous, si on regarde la nomenclature ou la liste des organismes qui sont
là, vont représenter pas mal toutes les couches de la
société. Ceci me paraît assez important, puisque,
tantôt, mon confrère de Richmond faisait le parallèle un
peu avec le débat sur la loi 39. En fait, avec les hausses
d'électricité qui sont sollicitées, qui seraient en place
avec la loi 16, on dit que, suivant une statistique, environ 58% de la taxe
supplémentaire reviendraient dans les coffres du gouvernement. Alors,
cela m'apparaît assez important pour qu'on puisse consulter les gens sur
leur accord avec ce principe-là, sur leur accord avec la modification de
la structure d'Hydro, avec la modification de la tarification
d'Hydro-Québec.
Je vais prendre quelques-uns des organismes mentionnés. On parle
de l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Je pense
qu'il serait important qu'on puisse entendre l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec qui a sûrement des choses importantes
à dire au niveau de la politique énergétique. Je parlais,
hier, de la publicité qui avait été entreprise
antérieurement par Hydro-Québec, concernant la question des
Hydro-Québécois, l'avantage pour les citoyens du Québec de
modifier leur système de chauffage pour se chauffer à
l'électricité. Pourquoi? Un coût moindre possiblement que
le pétrole, avec la crise de l'énergie qu'on pouvait entrevoir
éventuellement au niveau du pétrole et les difficultés
d'approvisionnement, et aussi l'avantage de l'électricité par
rapport au gaz naturel à l'époque. Il y avait aussi la fameuse
campagne de publicité: Propre, propre propre;
l'électricité est plus propre que le gaz. En fin de compte,
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec est
sûrement apte à témoigner des effets assez
régressifs que pourrait avoir une telle augmentation de tarifs, suivant
la loi 16, pour les contribuables ou les gens, les propriétaires de
maison qui ont décidé de modifier leur système de
chauffage pour se chauffer à l'électricité en
prévision, justement, d'un moindre coût éventuel, d'une
possibilité d'approvisionnement plus facile, en tout cas, et
également à un taux moindre que le marché mondial. Mais
actuellement, la nouvelle politique, à laquelle on semble vouloir
arriver est plutôt l'uniformisation des tarifs au niveau des sources
énergétiques.
La Fédération de l'âge d'or du Québec et
l'Association québécoise pour la défense des droits des
retraités et des préretraités. Je peux dire que j'ai eu,
personnellement, dans mon comté, des contacts avec certains clubs de
l'âge d'or et aussi avec l'association des retraités ou des
préretraités, concernant, justement, cette question de
l'augmentation du coût de l'énergie, du coût de
l'électricité. Ces gens, effectivement, m'ont parlé de la
fameuse politique d'incitation à la conversion au chauffage à
l'électricité. Au cours des dix dernières années,
on poussait les gens à cela. Ces gens-là ont tenté de se
conformer à ce genre de publicité, non pas de contrainte, mais
d'incitation à utiliser l'énergie électrique au point de
vue du chauffage, justement suivant la vocation première
d'Hydro-Québec de fournir l'électricité au meilleur taux.
Au meilleur taux par rapport aux autres, évidemment, suivant la
meilleure politique administrative, et à meilleur taux sûrement
que le pétrole.
M. Rodrigue: Une question de règlement, M. le
Président. Il me semble que le député connaît
très mal son dossier, parce qu'Hydro-Québec n'a jamais
incité, depuis au moins une quinzaine d'années n'a pas
incité les Québécois à utiliser le chauffage
électrique. La seule campagne qu'Hydro-Québec a faite depuis une
vingtaine d'années a eu lieu vers 1965. (23 h 15)
M. Bélanger: M. Le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Le député de Vimont oublie
même sans doute le fameux boni qu'Hydro-Québec donnait aux
constructeurs, encore tout récemment, dans les années 1973-1974.
Je suis un de ceux qui ont reçu des chèques d'Hydro-Québec
pour avoir construit des maisons à l'électricité; non
seulement on me donnait une prime, mais on fournissait le chauffage de toutes
mes maisons témoins gratuitement et tout cela était offert par
Hydro-Québec. Je comprends que le député de Vimont est
ingénieur à Hydro-Québec, mais il n'était
certainement pas au service des ventes d'Hydro-Québec, parce que c'est
évidemment vrai...
M. Fortier: II reconnaît son erreur.
M. Bélanger: Exactement, je crois qu'il est en train de
faire signe qu'il reconnaît son erreur. J'ai rétabli les faits, M.
le Président.
M. Rodrigue: M. le Président, ce sont les entrepreneurs en
fait qui poussaient à cette consommation mais la seule campagne
qu'Hydro-Québec ait menée depuis vingt ans et, là-dessus,
je suis formel, cela date des années 1964-1965.
M. Bélanger: M. le Président, il n'est
sûrement pas au courant des programmes...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: D'accord, M. le Président, je continue.
Disons qu'on parle du Conseil de la coopération du Québec...
M. Lalonde: Vous ne l'aidez pas beaucoup, le député
de Vimont.
M. Dussault: Vous êtes un parfait grand frère, M. le
Président.
M. Saintonge: II y a la Fédération des travailleurs
du Québec, qui représente en fait les intérêts d'une
grande majorité de travailleurs; l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale, l'AFEAS, organisme qui
représente beaucoup de femmes et les problèmes plus
afférents aux difficultés budgétaires des femmes. Je
prends la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. En fait, pour la modification de la politique
énergétique ou de la politique tarifaire, il est évident
que toutes les commissions scolaires auraient une influence assez grande, et
ces gens sont sûrement aptes à venir renseigner la commission sur
un choix qui pourrait être le plus éclairé possible, c'est
le cas de le dire, pour l'ensemble des Québécois. Il y a aussi
l'Association des consommateurs du Québec, le Conseil du patronat, la
Confédération des syndicats nationaux, la Chambre de commerce de
la province de Québec, la Chambre de commerce du district de
Montréal; ce sont tous des organismes qu'il serait important d'entendre
en commission parlementaire, pour avoir le son de cloche de ces gens par
rapport à notre politique énergétique éventuelle.
De la sorte, un débat public pourrait pratiquement être tenu
à ce moment, ce serait un débat presque semi-public, puisque ces
gens représentent quand même une bonne couche de la
population.
Voici une citation d'un document qui paraissait dans la Presse des 22 et
23 septembre dernier: "Le front commun pour un débat public sur
l'énergie estime que le programme d'investissements
d'Hydro-Québec pour la prochaine décennie, de même que le
projet d'accélération des travaux pour fin d'exportation tel que
proposé par le ministre de l'Énergie et des Ressources, M. Yves
Duhaime et par M. Robert Bourassa, devraient faire partie du débat
public sur l'énergie que le front commun réclame depuis deux ans.
Lors de la commission parlementaire de février 1981, les
représentants du gouvernement et de l'Opposition s'étaient dits
favorables à la tenue d'un débat public. Il serait important que
ce débat ne soit pas reporté après que toutes les
décisions engageant l'avenir énergétique et
économique du Québec aient été coulées dans
le ciment. Il est donc urgent que les citoyens soient informés des
enjeux de ce débat énergétique, et en mesure de participer
aux décisions. C'est bien légitime, car ils auront à payer
et à subir." C'était signé: Le Front commun pour un
débat public sur l'énergie par le comité de coordination,
avec les noms de Marie Vincent, Claire Léger, Serge Quenneville, Martin
Munger, Jacques Boucher. Ces gens, suivant la motion de sous-amendement
présentée par mon confrère de Marguerite-Bourgeoys,
auraient eu l'occasion à ce moment de venir donner leur point de vue, de
manifester leur désir vis-à-vis de la position ou
vis-à-vis de la politique énergétique
éventuelle.
Par conséquent, M. le Président, je suis
favorable au sous-amendement présenté par mon
confrère de Marguerite-Bourgeoys, puisque je suis seulement intervenant
et que je ne puis participer au vote; je souhaite donc que mes confrères
membres de cette commission accueillent favorablement cet amendement afin que
puisse se réaliser le désir manifesté par tous
d'être entendus au cours d'un débat public, en commission
parlementaire. L'on pourrait y voir une plus grande ouverture à la
démocratie avant que le projet de loi soit figé dans le ciment,
une politique énergétique pour le futur, qui serait
sanctionnée inévitablement par la loi 16. Merci.
Vote sur la motion de sous-amendement
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. On appelle au
vote du sous-amendement, le sous-amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys. Est-ce que vous avez besoin que je la relise. Maintenant,
est-ce que ce sous-amendement sera adopté.
M. Lalonde: Adopté.
M. Dussault: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Bélanger
(Mégantic-Compton)
M. Bélanger: Adopté.
Le Président (M. Laplante): M. Tremblay.
M. Tremblay: Je m'abstiens.
M. Dussault: Juste une abstention, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Une abstention.
M. Duhaime (Saint-Maurice).
M. Duhaime: Deuxième abstention, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Abstention, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont).
M. Fortier: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Je pense que je vais voter pour, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. Rodrigue (Vimont), M.
Vallières (Richmond).
M. Vallières: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Pour: 4, abstentions: 4.
M. Perron: Est-ce qu'on pourrait enregistrer mon abstention?
Le Président (M. Laplante): M. Perron (Duplessis), je m'en
excuse.
M. Perron: Pas d'offense, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Abstentions: 5, pour: 4.
Sous-amendement adopté.
Des voix: Bravo!
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement, tel
que modifié par le sous-amendement, sera adopté?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vais voir s'il vous reste du temps.
M. Lalonde: II m'en reste un peu, mais je n'ai pas l'intention de
tout prendre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II vous reste quatorze
minutes.
Motion d'amendement (suite) M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Je ne suis pas ici pour retarder les travaux. M. le
Président, en vue d'accélérer la marche de nos travaux,
j'aimerais quand même tenter de trouver un sens à l'attitude des
députés ministériels sur le sous-amendement que j'ai
présenté.
Si vous vérifiez le journal des Débats, M. le
Président, vous allez vous apercevoir, à votre grand
étonnement j'en suis sûr, que pas un seul des
députés ministériels n'a fait une intervention de fond sur
le sous-amendement. Aucun n'a expliqué l'angoisse qui
l'étreignait, qui lui dictait une attitude aussi étonnante que
l'abstention. Non pas que nous ne souhaiterions pas que ce gouvernement
s'abstienne de temps à autre. En fait, je pense qu'on devrait souhaiter
que le gouvernement fasse de même, comme les députés l'ont
fait ce soir, de s'abstenir de faire du gaspillage, de faire du camouflage, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, il vous restait quatorze
minutes, je vous l'ai dit, pour parler sur l'amendement, modifié par le
sous-amendement.
M. Lalonde: Oui, mais M. le Président, je suis en train de
faire le préambule de l'intervention que je dois faire sur l'amendement.
Parce que l'amendement, on peut le relire, ajoute à la personne que nous
avions invitée, M. Georges Lafond, toutes autres personnes, physiques ou
corporatives ou groupes - c'est ça l'amendement - à se faire
entendre. Notre sous-amendement n'était pas exhaustif, n'était
pas restrictif, il ne faisait qu'indiquer que, prioritairement, on devrait
entendre ceux qui l'avaient demandé. Mais ce gouvernement n'est
même pas capable de se décider d'entendre ceux qui ont
demandé d'être entendus. Alors, comment voulez-vous que je fasse
confiance à ce gouvernement pour entendre tous les autres? Je suis
convaincu que ma déception parcourt les rangs des députés
de l'Opposition. Je vois ici, sur leur figure, une mine absolument
déconfite de voir qu'après avoir félicité le
député de Châteauguay pour son amendement - et on l'a fait
avec une générosité sans équivoque avant la
suspension pour le dîner - après avoir fait état de tant de
félicitations, de tant d'enthousiasme devant cet amendement, le
gouvernement ne peut même pas se décider à écouter,
à entendre ceux qui l'ont demandé. Comment voulez-vous qu'il
entende ceux qui ne l'ont pas demandé? Est-ce que ce serait un
piège? Je soumets cette proposition à la réflexion de mes
collègues. Comment le député de Châteauguay, qui n'a
même pas dit un mot sur le sous-amendement et qui n'a pas dit un mot sur
son amendement, va-t-il...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Châteauguay.
M. Dussault: C'est absolument faux, M. le Président, que
je n'ai rien dit sur mon amendement. J'ai continuellement - pendant le
débat, parce qu'il nous faisait perdre du temps - demandé qu'on
passe au vote. C'était déjà très significatif de
demander le vote constamment, M. le Président.
M. Lalonde: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... il n'a pas dit un mot; il en a dit plusieurs,
mais seulement pour demander le vote. Il n'a pas indiqué quelles
personnes, quels groupes il avait l'intention de convoquer ici, à cette
commission. Non seulement il n'a pas indiqué ces personnes et ces
groupes, mais il n'a réagi d'aucune façon, ni
négativement, ni en exprimant un certain doute, ni avec enthousiasme,
fatalement, aux suggestions que nous lui avons faites dans le
sous-amendement.
Alors, quel est le but d'inviter toutes les personnes si on ne peut
même pas accepter la demande de ceux et de celles qui ont exprimé
leur désir d'être entendus? Comment peut-on prendre au
sérieux cet amendement du député de Châteauguay? Je
l'invite à exprimer l'intention du gouvernement. On ne le fait pas en
s'abstenant; on le fait en disant de quelle façon, le mardi 15
décembre, à 11 h 30, cette commission pourra faire en sorte que
les groupes et les personnes visés par son amendement pourront
être invités ici et être entendus. Si le
député de Châteauguay continue son mutisme, on devra en
tenir compte, on devra ajuster notre attitude de coopération depuis le
début de cette commission à ce comportement absolument
incroyable.
La motion principale vise à inviter M. Georges Lafond. Non
seulement aucun membre du gouvernement ne s'est exprimé sur cette
motion, mais, d'emblée, on a dit: Non, ce n'est pas suffisant, il faut
entendre tout le monde. M. le Président, quelques-uns de mes
collègues de ce côté-ci de la table avaient exprimé
un certain doute quand on avait vu qu'on voulait inviter toutes les autres
personnes à se faire entendre le mardi 15 décembre, à 11 h
30. Comme le député de Mont-Royal l'avait exprimé,
même avec mon amendement qu'il croyait restrictif à ce moment, il
aurait fallu tenir cette réunion au stade olympique. Sans mon
sous-amendement, qui n'était pas restrictif, mais qui dictait une
certaine façon de se comporter, je n'ai aucune idée de la
façon dont le gouvernement va organiser les auditions et, je dois le
dire, je ne suis pas très heureux de le faire et je ne pense pas que cet
amendement-là soit sérieux. Je dois quand même le prendre
à sa face même. Je verrai quelles sont les réactions de mes
collègues, leur déception. Je les invite à ne pas se
laisser dicter le mouvement de dépression. Je les invite à
considérer, de la façon la plus objective possible, non pas
l'attitude inexplicable du gouvernement, mais inexplicable du
député de Châteauguay, qui présente un amendement,
qui ne l'explique pas, qui ne le défend pas, qui ne dit pas un mot sur
un sous-amendement qui veut simplement appuyer son amendement, mais qui ne peut
même pas décider s'il va voter pour ou contre. (23 h 301
C'est un gouvernement absolument défait, démoli, c'est un
gouvernement d'après congrès national. On se demandait, M. le
Président, si réellement cette commission
était noyautée par les éléments
extrémistes, qu'on a vus au congrès national. On se l'est
demandé, et puis j'aurais pu faire une question de privilège si
cela avait été permis, M. le Président, pour que vous les
désigniez au premier ministre; il les cherche. Mais l'extrémisme
dans l'abstention, M. le Président, c'est la première fois que je
vois ça.
Alors, je n'ai que des interrogations à exprimer à ce
stade-ci, je vais laisser mes collègues tenter de faire la
lumière sur ce comportement inexplicable, inqualifiable en fait, du
gouvernement et du député de Châteauguay en particulier.
Naturellement, son amendement nous a permis de démasquer, probablement
que c'est ça qui va arriver, de démasquer la mauvaise foi. La
mauvaise foi des députés ministériels de cette commission,
qui ne sont pas venus ici pour faire une étude complète, qui ne
sont pas venus ici pour écouter ceux qui ont voulu être entendus,
qui sont ici simplement pour tenter de bulldozer un projet de loi matraque, qui
va non seulement matérialiser leur acte, de l'Hydro-Québec par le
gouvernement, mais faire de l'Hydro-Québec un simple percepteur de taxes
pour remplir les trous du ministre des Finances.
Mais, M. le Président, nous ne serons pas complices de cette
manoeuvre. Nous avons voulu élargir le débat. Nous avons voulu
permettre à la population, qui n'a pas pu rester éveillée
deux nuits de suite pour entendre nos débats à l'Assemblée
nationale, nous avons voulu lui permettre d'être présente ici. Non
pas pour faire ce débat public promis par le prédécesseur
du ministre, parce que cela n'aurait pas pu être ce débat public.
Je sais que quelques-uns de mes collègues, dans la discussion de mon
sous-amendement, ont dit: Ce n'est pas le grand débat public, mais au
moins ce sera un espèce de mini-débat public. Ils exprimaient un
certain espoir. Cet espoir-là est encore possible, à la condition
que le gouvernement, que le ministre et le député de
Châteauguay, expriment de façon claire, comment cet amendement qui
est le leur, pourra être appliqué. Est-ce qu'ils vont s'abstenir
sur leur propre amendement? Est-ce qu'ils auraient l'attitude indigne de voter
contre? Et si, dans l'hypothèse invraisemblable, ils se
décidaient de voter pour, parce qu'ils ne semblent pas être
capables de prendre une décision ce soir et si dans l'hypothèse,
ils se décidaient de voter pour, est-ce qu'ils voteraient en faveur de
la motion telle qu'amendée par eux? M. le Président, je sais que
ce gouvernement ne recule devant aucune pirouette pour tenter d'empêcher
l'Opposition de faire son travail. Mais je vais laisser la discussion à
ce stade, et la reprendre en fonction du développement des
délibérations.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre Fortier
M. Fortier: M. le Président, je suis un peu
gêné pour m'exprimer sur cet amendement, parce que jusqu'ici,
nous, de ce côté de la Chambre, avons été assez
unanimes. Nous avons même louangé notre collègue de
Marguerite-Bourgeoys; je me dois maintenant d'exprimer un point de vue qui est
légèrement différent, et je m'en excuse.
Je comprends les interrogations du député de
Marguerite-Bourgeoys; je comprends qu'il croit qu'il y a anguille sous roche
sous cet amendement qui ouvre toutes grandes les portes pour entendre tous ceux
qui voudraient se faire entendre. Je le comprends, parce qu'il est normal et
malheureux aussi que, lorsqu'on arrive à l'Assemblée nationale,
on constate qu'une certaine méfiance s'est créée. Pour ma
part, cela a été une révélation, parce que je
croyais que les relations y étaient beaucoup plus amicales et qu'on
pouvait se faire confiance les uns les autres. Je sais que le
député de Sainte-Anne est très sensible à ce genre
d'argument, parce qu'il voudrait que nous soyons une grande famille et que nous
travaillions d'une façon collégiale, mais certains d'entre nous
n'y croient pas et le député de Marguerite-Bourgeoys est
malheureusement un de ceux-là, il a été
élevé dans une certaine école qui fait qu'il n'a pas
confiance...
M. Lalonde: II n'a pas confiance...
M. Fortier: ... à certaines propositions qui viennent de
l'autre côté de la Chambre. Je ne partage pas ce point de vue, M.
le Président, et je dois dire que, pour ma part, lorsque le
député de Châteauguay a fait cet amendement, je m'en suis
réjoui. Jusqu'à maintenant, j'ai eu très peu de rapports
avec le député de Châteauguay, si ce n'est à une ou
deux commissions parlementaires, et je ne vois rien qui aurait pu arriver dans
le passé qui me permettrait de prêter de mauvaises intentions
à l'amendement qui nous est proposé.
Pour ma part, je vois que cet amendement qui nous a été
proposé est au contraire d'une grande ouverture du côté
ministériel. Je crois qu'on a voulu ouvrir toutes grandes les portes,
permettre à tous ceux qui avaient quelque chose à dire de
s'exprimer et, malgré ce que peut en penser mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, je vois là, un mini-débat public qui nous
permettrait justement de faire le tour du chapeau et de revoir les
problèmes qui relèvent de la loi no 16.
On a dit tout à l'heure, et je voudrais exprimer mon
désaccord là-dessus, qu'il était
difficile de voir une corrélation entre les questions tarifaires
et la loi no 16 d'une façon directe. J'ai cité tout à
l'heure, je ne voudrais pas y revenir, le président du conseil
d'Hydro-Québec qui, lorsqu'il a fait sa présentation le 25
août dernier, a dit bien clairement que ces nouvelles taxes et ces
versements de dividendes, l'inflation, l'accroissement des taux
d'intérêt auraient un impact direct sur le financement interne et
sur la capacité de financer les projets d'Hydro-Québec. Il
faisait état, justement, du fait que ces difficultés auraient un
impact sur la tarification. Je ne voudrais pas ouvrir un débat
là-dessus, mais il est évident qu'il y a une relation directe
avec les coûts de production, puisque le projet de loi désire
établir des critères guides qui permettront au gouvernement,
éventuellement, de déclarer des dividendes, une fois ces balises
respectées et on peut en donner un sommaire très bref. D'une
part, il y a l'autofinancement que le projet de loi voudrait maintenir à
25% et l'autre balise, sur la couverture des intérêts, qu'on
voudrait maintenir à un ratio de 1 ou à une couverture de 100%.
Une fois ces deux balises respectées, bien sûr, on pourrait
déclarer 75% des surplus qui seraient ainsi créés et, pour
respecter ces balises, il faut quand même qu'Hydro-Québec puisse
avoir assez de revenus pour rencontrer ces obligations. C'est là
qu'intervient la tarification, M. le Président, puisque, d'année
en année, Hydro-Québec aura besoin de revenus additionnels et
c'est là qu'on peut voir qu'il y a une relation directe entre la loi no
16, les besoins financiers d'Hydro-Québec et la tarification, même
si, dans le projet de loi, directement, on ne voit pas le mot
"tarification".
C'est la raison pour laquelle ce minidébat public a
été voulu par bien du monde, mais je crois que, malheureusement,
on a passé sous silence, jusqu'à maintenant, et je m'en voudrais
d'en faire état, une recommandation qui a été
envoyée au premier ministre de la part du Conseil de planification et de
développement du Québec. Vous connaissez ce mouvement qui est
composé de personnes éminentes du milieu québécois.
On y retrouve des gens de tous les secteurs, l'éducation, les syndicats,
du milieu des affaires, du milieu des consommateurs et ces gens, justement, ont
un rôle à jouer, c'est celui de faire des recommandations au
premier ministre, sur certains problèmes, touchant tous les secteurs de
la vie sociale ou économique de la province de Québec.
Alors en date du 12 juin dernier, ils se sont penchés sur la
problématique énergétique québécoise. Et ils
ont fait état justement des problèmes affectant l'avenir
énergétique du Québec. Et ils concluaient leur
recommandation comme ceci.
Premièrement, que le gouvernement s'engage immédiatement
dans une démarche débouchant sur une politique
énergétique, davantage articulée, établie à
partir des circonstances qui prévalent actuellement, tenant compte d'un
horizon dépassant l'an 2000 et intégrée à
l'ensemble de l'intervention gouvernementale. Je crois que cette proposition
est assez riche. Alors il s'agit d'une politique énergétique
davantage articulée. Il faut bien voir qu'il s'agit là d'un
conseil qui donne des avis et qui s'exprime très poliment lorsqu'il
s'adresse au gouvernement ou au premier ministre. Mais on peut lire entre les
lignes et voir qu'il cherche à dire au gouvernement qu'il voudrait bien
que le gouvernement ait une politique. Et que, par ailleurs, il faut que cela
soit intégré à l'ensemble de l'intervention
gouvernementale. Mais encore là, c'est que le gouvernement a plusieurs
interventions, et bien entendu, il faudrait bien que la politique
énergétique s'insère à l'intérieur des
différentes interventions du gouvernement et je crois, M. le
Président, que la loi no 16 est certainement une intervention majeure du
gouvernement, et je me demande bien, moi, ce que le président du Conseil
de planification et de développement du Québec, M. Léonard
Roy, je me demande bien ce que ce conseil pourrait penser, ou peut penser
présentement de cette intervention du gouvernement avant même que
le premier ministre ait donné suite à cette première
recommandation.
La deuxième recommandation était que le gouvernement
assortisse ses grands projets d'analyses d'impacts socio-économiques
complètes afin de s'assurer de la compréhension et de
l'adhésion du public face à ses projets. M. le Président,
c'est l'évidence même. C'est bien sûr que, tout ce
qu'entreprend le gouvernement, et cet avis était donné en
relation avec les problèmes énergétiques, a un impact
considérable, on en a mentionné, sur les consommateurs, sur les
groupes responsables du développement économique, sur les
syndicats, sur les associations de toutes sortes qui protègent les
consommateurs, et avec raison, le Conseil de planification et de
développement du Québec souligne qu'il est important de s'assurer
de la compréhension et de l'adhésion du public face à ses
projets.
Et la troisième recommandation était que
l'élaboration d'une telle politique, s'articulant autour du rôle
de l'énergie, se fasse avec la participation, non seulement des premiers
intéressés et intervenants, mais aussi celle des
concernés, les consommateurs et le grand public. C'est là, M. le
Président, je crois, la relation directe qu'il y a entre l'amendement
qui est proposé et cette recommandation, où on dit que non
seulement les gens les plus directement intéressés mais
également les consommateurs
et le grand public devraient intervenir. Justement, l'amendement qui est
proposé par le député de Châteauguay, va nous
permettre, dans une certaine mesure, dans une grande mesure je devrais dire, de
réaliser cet objectif du Conseil de planification et de
développement du Québec.
Et l'autre recommandation, la quatrième recommandation
était que le gouvernement s'engage dès maintenant, avec le
concours du CPDQ, dans cet exercice d'implication de la population et qu'il
reconnaisse le CPDQ comme le véhicule de son interrelation avec les
intervenants concernés. Malheureusement, je n'ai pas eu copie de la
réponse du premier ministre là-dessus, je n'ai eu que la lettre
d'envoi de M. Roy, le président du CPDQ. Et d'ailleurs, je lui
écrivais le 13 juillet dernier pour lui dire mon souci de voir un tel
débat public se réaliser, en lui disant qu'on pourrait lui donner
une ampleur que le CPDQ n'avait pas envisagée, puisque je croyais qu'un
tel débat public devait s'impliquer davantage dans le
développement économique de la province.
Et finalement, il y avait une dernière recommandation à
l'effet que le gouvernement considère à nouveau la recommandation
déjà émise par le CPDQ à l'effet que soit mis en
place un mécanisme consultatif permanent, comme un conseil permanent de
prévoyance de l'énergie, réunissant des
représentants de tous les secteurs de l'énergie, des
représentants des grands agents socio-économiques. (23 h 45)
M. le Président, c'est bien malheureux, cette dernière
recommandation n'a pas été retenue que je sache et on se trouve
aujourd'hui dans une situation pénible, c'est celle justement que
n'ayant pas donné suite à cette dernière recommandation et
aux quatre autres recommandations du CPDQ, le premier ministre ainsi que le
ministre des Finances et le ministre de l'Énergie et des Ressources se
trouvent dans une situation tout à fait déplorable où ils
ont reçu des avis extrêmement sérieux de la part d'un
conseil qui s'est penché longuement sur ces questions et qui a
prévenu le gouvernement qu'il se devait de consulter l'ensemble de la
population et l'ensemble des groupes socio-économiques et qu'il
était important, comme le dit la deuxième recommandation, de
s'assurer de la compréhension et de l'adhésion du public face
à ces projets, y inclus l'ensemble des interventions
gouvernementales.
M. le Président, je crois que ce sommaire des recommandations du
CPDQ justifie, je crois, l'amendement qui est devant nous parce que, même
si on n'a pas mis en place les conseils permanents de prévoyance de
l'énergie, si on n'a pas mis en place la discussion avec le public qui
aurait dû se faire dès le mois de juin puisque cet avis a
été envoyé au premier ministre au mois de juin dernier, le
12 juin dernier, il est malheureux qu'on se retrouve maintenant quelque six
mois après cet avis sans que le gouvernement et le premier ministre
aient donné suite à ces recommandations pressantes du Conseil de
planification du Québec. Par ailleurs, nous recevons à l'instant,
aujourd'hui, M. le Président, un autre avis, celui-là du Conseil
consultatif de l'environnement, qui propose une utilisation limitée de
la biomasse à des fins énergétiques, sans entrer dans le
vif de ce sujet qui est extrêmement intéressant puisque l'on sait
que nous avons au Québec des ressources considérables dans le
domaine des forêts qui pourraient soutenir une industrie très
intéressante et subvenir à plusieurs de nos besoins. Le conseil
conclut, finalement, qu'il souhaite la tenue prochaine d'un débat public
sur une politique énergétique québécoise qui, il le
rappelle, en février 1981 fut reconnue d'intérêt par la
commission parlementaire chargée d'étudier le plan
d'investissement d'Hydro-Québec.
M. le Président, ce Conseil consultatif de l'environnement, qui
est un autre conseil consultatif formé par le gouvernement et qui est un
autre conseil très sérieux qui est parallèle à
celui du Conseil de planification et de développement du Québec,
sans se consulter, j'en suis sûr, sont arrivés aux mêmes
conclusions. C'est la raison pour laquelle cet amendement qui dénote du
côté ministériel une grande ouverture d'esprit va permettre
à des personnes physiques puisque l'amendement nous permettra d'inviter
toute autre personne physique, nous permettra également d'inviter toute
autre personne corporative, si je comprends bien ce sont des compagnies qui, la
plupart, sont impliquées dans le domaine énergétique et
pourra nous permettre d'inviter des groupes socio-économiques auxquels
fait allusion, si je comprends bien, le Conseil de planification et de
développement du Québec et qui permettra justement à la
commission de les inviter pour les entendre sur la loi 16 ou relativement
à d'autres questions sur le projet de loi no 16. Ces autres questions
sont, bien sûr, sous-tendues par l'avis du CPDQ et sont reliées
à tous les impacts que la loi 16 pourrait avoir dans l'avenir sur la vie
économique et sociale du Québec.
Il s'agit, M. le Président, d'une grande ouverture d'esprit de la
part du député de Châteauguay. Je dois le
reconnaître. Mes rapports avec lui ont toujours été
très amicaux. Pour ma part, il me fait plaisir de dire publiquement que
je vais appuyer cet amendement puisque je crois qu'il me permettra pour ma part
de donner suite à des voeux que j'ai exprimés depuis très
longtemps, certainement depuis que je me suis lancé en politique au mois
de novembre dernier, depuis que le chef de mon parti m'a
nommé critique énergétique, porte-parole en
matière d'énergie, au nom du Parti libéral du
Québec et que, dès le moment où j'ai été
impliqué dans ces dossiers, j'avais à plusieurs reprises
demandé un tel débat public et finalement, cet amendement va nous
permettre de consulter ces gens et de voir dans quelle mesure ils peuvent
exprimer des avis qui pourraient rejoindre les préoccupations de
plusieurs députés dont plusieurs se retrouvent de ce
côté-ci de la table, mais il me fait plaisir de constater que
d'autres députés de l'autre côté de la Chambre
partagent nos préoccupations.
M. le Président, c'est avec plaisir que je me rallie à cet
amendement, je félicite encore une fois le député de
Châteauguay pour avoir proposé cette ouverture à la
proposition que nous avions faite nous-mêmes, je lui dis merci et je lui
confirme mon adhésion la plus sincère.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, quatre minutes.
M. Lalonde: Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce peut me permettre, je voudrais proposer l'ajournement
du débat, en vertu de l'article 77, M. le Président.
M. le Président (M. Laplante): Motion adoptée? Il y
a dix minutes de chaque côté, si....
M. Lalonde: M. le Président, c'est un peu la
dernière intervention du député d'Outremont et, pour
beaucoup, le comportement des députés ministériels me
forcent à proposer l'ajournement sine die, en vertu de l'article 77.
M. Fortier: C'est malheureux.
M. Lalonde: L'optimisme du député d'Outremont est
admirable. Loin de moi de vouloir le lui reprocher et je souhaite qu'il
conserve une attitude aussi positive tout au long de sa vie politique,
mais...
M. Scowen: Si M. le député de Marguerite-Bourgeoys
veut me permettre. J'ai simplement deux, trois minutes pour exprimer
moi-même mes remerciements...
M. Le Président (M. Laplante): M. le député
de Marguerite-Bourgeoys sur la motion d'ajournement.
M. Lalonde: Je m'excuse auprès du député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui pourra conserver ses félicitations, ses
remerciements pour demain, à moins que le gouvernement ne décide,
devant l'attitude inexplicable et inexpliquée de ses
députés ici, de retirer purement et simplement le projet de loi
avant de réunir encore une fois cette commission parlementaire qui
patauge depuis deux jours. Si l'on nous réunit de nouveau demain, le
député de Notre-Dame-de-Grâce pourra certainement exprimer
tous les remerciements et toutes les félicitations qui l'inspirent ou
que lui inspire le comportement de certains membres de cette commission.
M. le Président, c'est un comportement inexplicable et
malheureusement inexpliqué du gouvernement sur la question du
minidébat public recherché par la motion, par l'amendement et par
le sous-amendement qui exigent que le caucus du Parti québécois
se réunisse le plus tôt possible pour réfléchir sur
la ligne de conduite à suivre quant à l'étude de ce projet
de loi.
M. le Président, une abstention dans un vote, cela peut
être accepté dans des questions complexes, des questions
inextricables, des questions où la conscience en fait est
torturée. On en a vu des abstentions et souvent l'abstention est la
seule décision possible, mais tout ce que l'on demandait dans notre
motion d'amendement, c'était qu'en priorité les organismes
suivants soient entendus devant cette commission: la Fédération
des...
Le Président (M. Laplante):
L'ajournement...
M. Lalonde: Oui, l'ajournement. C'est pourquoi je demande
l'ajournement, pour que le groupe ministériel tente de refaire ses
forces, de trouver une façon d'agir, de se regrouper, de
réfléchir, de se consulter et j'aurai d'ailleurs des suggestions
à faire pour la consultation, M. le Président, si vous me
permettez de terminer, les quelques minutes les très pauvres minutes qui
me sont accordées...
Le Président (M. Laplante): Si j'ai bien compris, vous
voudriez donner le temps au parti ministériel d'inviter ces
gens-là?
M. Lalonde: Oui. Je voudrais donner le temps au parti
ministériel, en demandant l'ajournement actuellement, de
réfléchir, de trouver une façon d'agir qui soit explicable
et qu'il l'explique. M. le Président, c'est un service au fond, et je le
fais en toute bonne foi, que je rends au parti ministériel et je pense
qu'il en a bien besoin. Pour expliquer ma motion d'ajournement, j'attire
l'attention des membres et je rappelle que tout ce que l'on demandait dans
cette motion de sous-amendement sur laquelle il s'est abstenu, c'était
de recevoir en priorité un certain nombre de personnes. Cela faisait
suite à la motion d'amendement du député de
Châteauguay, cela n'était pas exclusif. Le député de
Châteauguay aurait pu dire: Bien non, ce n'est pas ceux-là que je
voudrais entendre en priorité. On aurait fait
l'unanimité pour entendre d'autres personnes en priorité,
mais non. Mutisme. Pas un mot, pas une seule idée exprimée, pas
une suggestion. C'est un gouvernement vidé, qui n'a aucune idée,
aucune imagination. On voulait, par exemple, entendre de façon
prioritaire la Fédération des clubs de l'âge d'or du
Québec. Ce gouvernement n'est pas capable de se décider
d'entendre de façon prioritaire la Fédération des clubs de
l'âge d'or du Québec. On voulait entendre la CSN de façon
prioritaire, elle représente des travailleurs.
Une voix: Ils veulent nationaliser l'Alcan, mais cela ne fait
rien.
M. Lalonde: Je comprends qu'ils sont profondément
divisés sur des orientations très graves comme, par exemple, la
séparation, c'est-à-dire la manière de faire la
séparation, parce que, sur la séparation, ils sont unanimes, ils
veulent tous la séparation du Québec et maintenant, les masques
sont tombés, le plancher en est rempli, ils s'enfargent dans les
masques, mais c'est sur la façon de le faire qu'ils sont
divisés.
Est-ce qu'ils ne pourraient pas d'ici demain matin, quand on va se
réunir, tenter de faire l'unité sur la proposition d'entendre la
Fédération des clubs de l'âge d'or du Québec? Est-ce
qu'ils ne pourraient pas laisser de côté tous ce qui les divise,
toutes les chicanes des radicaux, des ci et des ça, et dire: Bien oui,
on va entendre de façon prioritaire la CSN, la FTQ, on va entendre de
façon prioritaire l'AFEAS? Ce n'est quand môme pas demander la fin
du monde, M. le Président. On leur suggère d'aller se reposer
pour pouvoir ensuite revenir en toute quiétude, en toute
sérénité demain, en oubliant les problèmes
épouvantables qui les divisent, les brèches qui se sont ouvertes
dans leur parti, qu'ils oublient cela pour une nuit, qu'ils reviennent demain
et nous disent: Oui, c'est vrai, on a été un peu niaiseux hier
soir, on va, maintenant décider d'entendre l'Association des
consommateurs du Québec de façon prioritaire.
A ce moment, on va oublier leurs petites pirouettes de ce soir. On
pourrait même leur donner la chance - parce qu'au fond, on se
réunit seulement vers 11 heures, 11 h 30, demain matin - de consulter le
groupe des onze.
Le Président (M. Laplante): Vos dix minutes sont
terminées, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Une voix: Pas après 11 heures, certain.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que d'autres veulent
s'exprimer sur la motion... M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: Seulement deux personnes, en vertu de 77, peuvent
s'exprimer sur cette question...
Le Président (M. Laplante): Exactement.
M. Rodrigue: ... je vais le faire au nom du groupe
parlementaire...
Le Président (M. Laplante): II vous reste deux minutes
pour le faire.
M. Rodrigue: Oui je le sais...
Le Président (M. Laplante): C'est cette horloge-là
qui fonctionne.
M. Rodrigue: Cette horloge est meilleure, en arrière de
vous...
Le Président (M. Laplante): C'est celle-là qui
fonctionne.
M. Rodrigue: ... d'autant plus que l'autre, vous la voyez
à angle; à ce moment, cela déforme un peu votre optique,
vous ne pouvez pas prendre l'heure précise.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai rien à dire
là-dessus.
M. Lalonde: M. le Président, prenez l'horloge que vous
voulez, pourvu que mes dix minutes de réplique soient
protégées.
M. Rodrigue: Vos dix minutes de réplique seront
protégées, cher monsieur. M. le Président, est-ce qu'on
peut procéder avec...
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez procéder,
M. le député de Vimont.
M. Lalonde: Je peux vous prêter une montre, si vous voulez,
M. le Président.
M. Rodrigue: M. le Président, avec le type de motion que
l'Opposition nous a faite aujourd'hui, cela ne me surprendrait pas que le
député de Marguerite-Bourgeoys nous fasse une motion pour
arrêter la pendule dans quelques secondes, parce que je suis sûr
qu'il ne voudrait pas nous priver du plaisir qu'il nous a procuré toute
la journée.
Le député de Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Laplante): Dépêchez-vous de
dire quelques mots, parce que cela achève...
Les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à minuit)