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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Laplante): La commission permanente de
l'énergie et des ressources est réunie afin d'étudier
article par article le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bordeleau (Abitibi-Est), remplacé par M.
Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay),
M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac), remplacé par M. Gratton
(Gatineau), M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont), M. Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Hains (Saint-Henri),
remplacé par M. Polak (Sainte-Anne), M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Maciocia (Viger), M. Marquis (Matapédia), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin), remplacé par M. Dauphin (Marquette) et M.
Tremblay (Chambly).
On a ajourné les travaux sur une motion d'ajournement qui tombe
par le fait même, parce que les travaux ont été
ajournés automatiquement. Nous étions à étudier
l'amendement à la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, qui était une motion pour inviter M. Georges
Lafond.
Question de règlement, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Oui, M. le Président, je me demande, je
m'interroge sur l'à-propos de commencer nos travaux ce matin en
l'absence du ministre parrain du projet de loi.
On a vu ce matin, à la période de questions, que le
ministre des Finances manquait à l'appel. Je ne sais si...
Le Président (M. Laplante): Ce qui s'est passé
à l'Assemblée nationale ne doit pas transpirer en commission
parlementaire...
M. Gratton: Non, c'est une brève référence
que je fais...
Le Président (M. Laplante): Vous me demandez comme
question, ce matin, pourquoi le ministre n'est pas là? J'ai
été averti que le ministre serait en retard de quelques minutes,
mais que son adjoint parlementaire serait ici et je pense...
M. Gratton: M. le Président, justement, je comprends bien
que le ministre va venir à un moment donné, cela on est
prêt à l'accepter mais je me demande si cela fait...
M. Grégoire: Cessez le "placoting". Une voix: Le
voilà, l'agneau si doux.
Le Président (M. Laplante): Cela fait qu'on m'avait dit la
vérité, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Oui, vous voyez, M. le Président, j'ai bien de
la difficulté à me passer du ministre de l'Énergie et des
Ressources et je suis très heureux de le voir arriver.
Alors, M. le Président, sur une autre question...
M. Duhaime: Vous excuserez mon retard, M. le Président,
mais parce que j'ai une demi-heure par jour de disponible pour les affaires de
mon ministère, d'autant plus que j'ai perdu 10 minutes de ma vie
à attendre des membres de l'Opposition hier soir. Je me sens bien
à l'aise d'être quelques minutes en retard, j'espère qu'on
m'en excuse, je vous en remercie beaucoup.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, on excuse volontiers le
ministre et je lui dis tout de suite que si j'avais été membre de
la commission hier, j'aurais été ici, moi, à temps.
M. Duhaime: J'espère que vous passerez le message à
vos collègues.
M. Gratton: ... Je l'étais d'ailleurs ce matin...
Le Président (M. Laplante): Vous avez une question de
règlement?
M. Gratton: Oui, cela m'amène justement, M. le
Président, à vous demander ceci. Comme vous le savez, on ne peut
pas
être à deux endroits en même temps. Un
député qui intervient à l'Assemblée nationale ou
qui participe à une commission ne peut pas être à une autre
commission en même temps. C'est ce qui explique mon absence hier, je
pense bien que vous ne me demanderez pas de vous faire état de la
façon dont j'ai utilisé mon temps au cours de la journée
d'hier.
Le Président (M. Laplante): ...
M. Gratton: Je n'étais pas présent.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, écoutez, on va faire une réunion sérieuse
aujourd'hui. Vous savez fort bien qu'hier vous n'étiez pas inscrit, ni
comme membre, ni comme intervenant. Avez-vous d'autres questions de
règlements?
M. Gratton: Justement, j'allais vous demander, M. le
Président, de m'informer, et peut-être d'autres membres de la
commission qui n'étaient pas ici hier, de nous dire exactement où
nous en sommes par rapport à la motion, l'amendement et le
sous-amendement qui sont présentement en discussion.
Le Président (M. Laplante): Dès le début des
travaux, j'ai fait mention où on en était rendu, je ne sais pas
si vous avez été à l'écoute, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: J'ai été distrait, M. le
Président. Pourriez-vous répéter?
Le Président (M. Laplante): Vous étiez distrait.
C'est que la motion de sous-amendement a été adoptée..
Nous sommes rendus à la motion d'amendement de la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys, une motion pour inviter M.
Georges Lafond, qui a été amendée par le
député de Châteauguay. Et si vous voulez que je vous donne
le temps qui reste à chacun des membres pour parler...
M. Gratton: Oui, mais avant cela, M. le Président,
pourriez-vous nous lire la motion, l'amendement et le sous-amendement? Parce
que vous me parlez d'une motion, il faut quand même savoir ce qu'est la
motion.
M. Grégoire: M. le Président, écoutez bien,
je veux bien comprendre que le député de Gatineau veut être
renseigné, mais ce n'est pas notre faute s'il a été absent
hier, s'il n'a pas voulu venir...
M. Gratton: Non, non, je ne vous blâme pas, M. le
député.
M. Grégoire: ... s'il est allé je ne sais trop
où, mais ce n'est pas notre faute. Et ses collègues ont la
motion...
M. Gratton: Je peux vous dire où je suis allé.
M. Grégoire: ... ils auraient pu lui donner la copie de la
motion et de l'amendement.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Je suis prêt à dire exactement où je suis allé toute
la journée d'hier.
M. Grégoire: Cela ne nous intéresse pas.
M. Gratton: Si cela ne vous intéresse pas, ne me posez pas
de questions.
M. Ciaccia: Ne vous plaignez pas.
M. Grégoire: C'est cela qu'on vous a dit. Mais ce n'est
pas notre faute si vous n'étiez pas ici.
Le Président (M. Laplante): Bon, écoutez.
M. Gratton: Si on veut perdre du temps, M. le Président,
moi je vais intervenir sur la motion sans savoir ce que c'est. Mais ce ne sera
peut-être pas aussi pertinent que le député le
souhaiterait.
Le Président (M. Laplante): Moi, je suis bien prêt,
si c'est la volonté des membres, de tout relire cela.
M. Bélanger: Oui, M. le Président, ce serait dans
l'intérêt de tout le monde.
Le Président (M. Laplante): Ce serait dans
l'intérêt de tout le monde. Alors, la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys, la motion principale, qui
était d'inviter M. Georges Lafond, se lisait comme suit: "Que cette
commission invite M. Georges Lafond, vice-président aux finances de la
société Hydro-Québec, à se faire entendre le mardi
15 décembre 1981 à 11 h 30 ou à toute autre séance
devant cette commission afin de renseigner les membres et intervenants a la
commission permanente de l'énergie et des ressources relativement aux
implications financières sur la société
Hydro-Québec du projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec." Elle a été modifiée par le
député de Châteauguay et se lit maintenant comme suit. "Que
cette commission invite M. Georges Lafond, vice-président aux finances
à la société Hydro-Québec, et toute autre personne
(physique ou corporative) ou groupe à se faire entendre le mardi 15
décembre ou à toute autre séance devant cette commission
afin de renseigner les membres et intervenants de la commission permanente
de l'énergie et des ressources relativement aux implications
financières sur la société Hydro-Québec du projet
de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec ou relativement
à d'autres questions sur le projet de loi no 16. Et, en ajout à
la motion principale amendée, il y a eu le sous-amendement qui a
été adopté. Je vous prierais de m'exempter de la lire,
parce que mon texte n'est pas clair, il me manque des mots dessus.
M. Gratton: Mais cela veut dire quoi?
Le Président (M. Laplante): Je proposerais par exemple, de
vous en transmettre, M. le député de Gatineau, une copie.
M. Duhaime: Franchement, M. le Président, c'est leur
motion de sous-amendement. Il y a quand même de maudites limites.
M. Gratton: Bon! il va utiliser de gros mots!
Le Président (M. Laplante): Bon, maintenant, qui prend la
parole sur la motion d'amendement? Il y a le temps.
M. Grégoire: Le temps, le temps!
Le Président (M. Laplante): Le temps. Maintenant, il y en
a de nouveaux.
M. Gratton: II est souverainement important le temps!
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mont-Royal, qui est ici aujourd'hui, il lui reste sept minutes.
M. Ciaccia: Sept minutes, merci M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Anne, qui est présent aujourd'hui, il lui reste neuf minutes.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui est remplacé aujourd'hui par le
député de Marquette, c'est bien cela, il lui reste quatre
minutes. Le député de Mégantic-Compton, il lui reste neuf
minutes. Le député de Richmond, qui a été plus
volubile qu'un autre, il ne lui reste rien. Le député de
Laprairie, qui est remplacé aujourd'hui par le député de
Viger, il lui reste dix minutes. Le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui est remplacé par le député de
Gatineau, il lui reste trois minutes.
M. Gratton: Seulement?
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont, il lui reste cinq minutes. Maintenant ne levez pas la main tous
ensemble, qui veut avoir le droit de parole?
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
directive.
Le Président (M. Laplante): C'est justement ce qui est
arrivé. Entendez-vous pour qu'il n'y en ait un qui parle.
M. Gratton: Mais moi, c'est sur une question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, allez- y!
M. Gratton: Je m'excuse d'ailleurs auprès de mes
collègues. Mais il y a longtemps que je n'ai pas présidé
une commission, M. le Président, c'est une information...
M. Grégoire: II le dit encore.
M. Gratton: Pardon, je suis président de commission, et si
M. le Président, ce matin, voulait se faire remplacer, c'est avec
plaisir que j'assumerai son poste.
M. Duhaime: Consentement.
Le Président (M. Laplante):
Consentement.
M. Gratton: Alors, l'offre est faite, M. le Président,
elle demeure ouverte pour la journée.
Le Président (M. Laplante): On peut commencer tout de
suite.
M. Gratton: Oui, oui, avec plaisir, surtout qu'il ne me reste que
trois minutes, semble-t-il. Mais, justement, c'est sur cela que porte ma
question de règlement, et c'est une directive que je vous demande.
Du fait que je n'étais pas un membre de la commission hier,
est-ce qu'on doit interpréter le règlement comme voulant dire que
je dois utiliser le temps de celui que je remplace et qui était
présent hier, ou est-ce qu'à titre de membre ce matin, je n'ai
pas le droit à mes vingt minutes moi aussi? Comment cela
marche-t-il?
Le Président (M. Laplante): Monsieur, il est coutume que
vous continuiez le temps de celui que vous remplacez.
M. Gratton: Ah bon! c'est la coutume. Le Président (M.
Laplante): C'est une
coutume.
M. Gratton: C'est une convention non écrite.
Le Président (M. Laplante): Une convention non
écrite.
M. Gratton: D'accord. Merci.
M. Duhaime: C'est une jurisprudence.
M. Grégoire: Cela vaut ce que cela vaut.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à la motion principale est adopté? M. le député
d'Outremont, cinq minutes.
Une voix: Non, non.
M. Fortier: M. le Président, pour replacer les choses dans
leur contexte, nous avons eu cette proposition d'inviter M. Georges Lafond.
Nous avons eu cet amendement du député de Châteauguay, que
nous avons félicité hier d'ailleurs, à l'effet d'inviter
toute autre personne, physique, corporative ou tout groupe, et d'ajouter
à la fin "ou relativement à d'autres questions sur le projet de
loi no 16", et le sous-amendement qui a été adopté, je
n'ai pas le texte ici, faisait état de nombreuses personnes, physiques,
corporatives ou groupes, qui, à notre avis, seraient
intéressés à être invités. C'est avec plaisir
que la commission a accepté ces gens. Bien sûr, on s'est
posé la question à savoir si tous ces gens pourraient être
entendus le 15 décembre prochain. Il y a un problème de
mécanique, celui de faire en sorte que ces gens puissent être
entendus l'un après l'autre. Mais j'imagine qu'aussitôt que la
motion sera entendue et acceptée, le secrétaire des commissions
parlementaires pourra faire le nécessaire à ce sujet.
M. Gratton: Mais est-ce que le député me
permettrait une question?
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est sur le temps
du...
M. Gratton: Est-ce que le député d'Outremont
pourrait me dire si la commission a été informée hier par
les membres du gouvernement de leur intention de voter pour la motion ou contre
la motion? Est-ce qu'on sait si...
M. Fortier: Malheureusement, à ce stade des
procédures, nous n'avons pas eu de volonté marquée de la
part du côté ministériel de voter pour la motion et c'est
la raison pour laquelle nous avons profité du temps qui nous
était alloué par les règlements pour apporter des
arguments supplémentaires qui nous permettraient de convaincre tous et
chacun de l'importance du sous-amendement pour qu'ils puissent finalement voter
pour la motion proprement dite.
M. Gratton: Je vous trouve très sage.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Saint-Maurice, M. le ministre.
M. Duhaime: Si l'honorable député de Gatineau et
l'honorable député d'Outremont veulent entreprendre ensemble un
échange de questions et de réponses, on pourrait leur laisser la
table et la matinée et on reviendrait vers 15 heures.
M. Gratton: En faites-vous une motion, M. le ministre?
M. Duhaime: Pardon? On voudrait d'abord connaître votre
intention là-dessus, si vous avez l'intention de placoter d'un micro
à l'autre, côte à côte, on peut...
M. Fortier: M. le Président, question de règlement.
Si le ministre veut suggérer une suspension des travaux jusqu'à
15 heures, nous n'avons pas d'objection. II est vrai que vous avez
été très occupé, hier, à d'autres travaux de
l'Assemblée nationale et cela nous prendrait, peut-être, un peu de
temps, mais nous avons pensé, pour ne pas retarder les travaux, de faire
en sorte qu'au fur et à mesure des délibérations, nous
pourrions informer nos confrères qui, hier, ont eu des travaux
très importants à l'Assemblée nationale ou à
d'autres commissions parlementaires.
Le Président (M. Laplante): II serait temps de continuer,
par exemple.
M. Duhaime: Je vous suggérerais d'aller prendre un lunch
ensemble tous les deux.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Desbiens: Question de règlement, M. le
président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que je dois comprendre que, quand un autre
député pose une question, par exemple, disons au
député d'Outremont, c'est pris sur le temps du
député d'Outremont?
Le Président (M. Laplante): C'est pris sur le temps...
M. Desbiens: Est-ce que cela se trouve en même temps
à enlever du temps à celui qui pose la question sur son temps
personnel?
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Fortier: Non. Cela me fait plaisir d'informer le
député que, malheureusement, c'est moi qui suis
pénalisé. Cela ne pénalise pas le député de
Gatineau et j'en suis très désolé.
M. Gratton: Parce que cela serait du "double time"...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, il vous faudra prendre l'habitude de demander la parole, lorsque vous
la voulez.
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ... tout comme les autres
membres le font.
M. le député d'Outremont, si vous voulez continuer, il
vous reste encore une minute et demie.
Motion d'amendement (suite) M. Pierre-C.
Fortier
M. Fortier: Une minute et demie. La question que j'aimerais poser
au ministre est celle-ci: Hier, j'ai fait état d'un avis de
recommandation au premier ministre. Justement, on faisait état qu'un
débat public était nécessaire, et ceci, je le dis et je
l'ai dit hier, en relation avec le sous-amendement puisque, justement, on
voulait inviter d'autres groupes et, comme l'amendement le dit, d'autres
personnes physiques ou corporatives.
La question que j'aurais à poser au ministre est celle-ci: Est-ce
que le ministre a pris avis de la recommandation qui fut envoyée au
premier ministre, au mois de juin dernier, et lorsqu'il a pris avis de la
recommandation, et, comme il l'a dit dans son livret de mise à jour de
la politique énergétique, où il a fait état d'une
étude qui sera en cours pour voir...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît, M. le député d'Outremont.
M. Fortier: ... de quelle façon le débat public
pourrait se faire... J'aimerais savoir de sa part si la liste des gens fut
adoptée et si l'ouverture que nous faisons aujourd'hui rencontre ses
aspirations. La conclusion que j'aimerais faire, M. le Président, c'est
que moi, je vais voter en faveur de l'amendement, mais je me pose la question
à savoir si cet amendement va rencontrer les désirs du ministre,
compte tenu de l'étude qui est en cours présentement chez lui,
à son ministère, pour faire en sorte que les différents
agents économiques et socio-économiques de la province de
Québec puissent s'exprimer sur une question aussi importante.
Le Président (M. Laplante): Le temps est
dépassé...
M. Fortier: Je demanderais au ministre de répondre
à cette question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bélanger: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Vous m'avez bien mentionné au
début qu'il me restait neuf minutes de droit de parole...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Bélanger: Est-ce que je peux céder mon temps
à mon collègue de Gatineau, parce que je suis
réclamé à l'extérieur du Parlement par des
manifestations en foresterie...
Le Président (M. Laplante): II n'est pas coutume,
monsieur.
M. Bélanger: Non, mais pour...
Le Président (M. Laplante): Non, il n'est pas coutume.
Une voix: Est-ce que l'on peut demander le consentement?
M. Fortier: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement.
M. de Belleval: On aime vous entendre, allez-y, prenez vos neuf
minutes.
M. Duhaime: M. le Président, je pense que cela serait
dommage, pour les fins de la bonne compréhension des travaux de notre
commission, qu'on n'entende pas le point de vue du député de
Mégantic-Compton, et je suis loin d'être convaincu que le
député de
Gatineau pourrait faire justice à la profondeur de sa
pensée sur la motion d'amendement. J'avoue franchement que cela
m'intéresse de l'entendre et je lui suggère fortement d'utiliser
son temps de parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger.
M. Gratton: Est-ce qu'il ne pourrait pas me laisser son
texte?
Le Président (M. Laplante): Sur une question de
règlement.
M. Grégoire: II est en français, son texte?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Maciocia: Étant donné que j'arrive et que je
suis tout jeune là-dedans, est-ce que je pourrais savoir s'il y a des
possibilités de sous-amender le sous-amendement? (12 heures)
Le Président (M. Laplante): Monsieur, c'est quelque chose
sur lequel je ne peux pas me prononcer d'avance. Vous aurez dix minutes pour me
questionner tout à l'heure et faire valoir votre point de vue.
M. Maciocia: Oui, mais les dix minutes, je veux les garder pour
mon discours.
M. Duhaime: Demandez au "coach".
Le Président (M. Laplante): Maintenant, M. le
député de Mont-Royal.
M. Maciocia: M. le Président je n'interviendrai pas sur ce
que l'on vient de dire.
M. Polak: M. le Président, je vous demande la parole, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
Une voix: On n'en parle pas dans les journaux de lundi.
M. Polak: Hier soir...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, sur le sous-amendement, vous avez neuf minutes.
M. Polak: J'ai neuf minutes là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Vous avez neuf minutes.
M. Maximilien Polak M. Polak: M. le Président, hier soir,
j'ai encore eu des émotions très vives, parce que je ne suis pas
aussi pessimiste que le député de Marguerite-Bourgeoys
l'était, quand il a dit qu'il a vu dans l'abstention des
députés ministériels sur le sous-amendement un certain
danger que peut-être ils n'appuient même pas l'amendement
suggéré par le député de Châteauguay, qu'on a
d'ailleurs félicité. D'autres pensent que je ne suis pas aussi
optimiste que le député d'Outremont, qui a félicité
évidemment également le député de Châteauguay
pour son ouverture d'esprit, la manière dont il a formulé
l'amendement. Je crois que c'est à nous. C'est pour cela M. le
Président, que j'espère que personne ne va me poser de questions
pendant mes neuf minutes, parce que j'ai besoin de tout mon temps, d'essayer de
convaincre les députés ministériels. Hier, par exemple,
par sa réaction, j'ai vu que le député de Duplessis est un
homme clé dans le vote qui va être pris sur l'amendement. Comme il
a été un des premiers à s'abstenir sur le vote du
sous-amendement, je pense que c'est notre devoir de le convaincre du
bien-fondé de l'amendement proposé par le député de
Châteauguay.
Le sens de cet amendement, c'est peut-être important de le
répéter, M. le Président, parce qu'il y avait tout de
même quelques députés qui n'étaient pas là
hier, mais on a réussi quand même hier, à travailler en
équipe, de part et d'autre, on a eu de longues discussions et ce qui est
arrivé, je pense, c'est quelque chose de merveilleux dans le
débat parlementaire, c'est qu'on a vu un amendement
suggéré par le député de Marguerite-Bourgeoys,
ensuite une résolution principale, ensuite l'amendement
suggéré par le député de Châteauguay et
encore un sous-amendement de la part du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le sous-amendement a été accepté et, maintenant,
nous sommes sur l'amendement même. Le député d'Outremont a
suggéré hier soir que, pour les députés
ministériels, c'était alors le temps il était près
de minuit, avant d'aller dormir calmement, de penser vraiment à cette
affaire, au vote que vous seriez obligés de tenir. Je pense que, de
notre part, nous sommes obligés de vous donner tous les arguments et,
cette fois, de ne pas avoir d'abstention dans votre vote en faveur de la motion
d'amendement qui fut d'ailleurs suggérée par le
député de Châteauguay en premier lieu.
De notre part, ici, M. le Président, on a fait l'éloge du
député de Châteauguay, on l'a félicité de son
ouverture d'esprit, mais je ne sais pas si, chez les députés
ministériels, il règne le même sentiment de bonne foi, de
coopération, pour donner disons une chance à ce qu'on appelle
maintenant des minisommets. Nous savons tous, par exemple, que le ministre
Bérubé avait voulu un sommet
beaucoup plus étendu que le petit minisommet de maintenant qui se
trouve dans l'amendement, et je plaide vraiment au nom du ministre, du
président du Conseil du trésor. Il est absent, mais je connais
ses idées là-dessus, s'il vous plaît, de supporter, au
moins pour avoir ce petit mini-sommet, qui est tellement important, qui ne va
pas aussi loin qu'il aurait voulu, que peut-être nous, nous l'aurions
aussi voulu, mais, au moins, on a ce qu'on appelle en anglais un "break
through".
Il y a quand même quelque chose de merveilleux dans le geste du
député de Châteauguay, et c'est important, et c'est
peut-être parce qu'il a fait partie de ce groupe des onze. C'est un homme
tout de même courageux, qui a eu le courage d'exprimer son opinion
ouvertement et, après que le budget eut été
accepté, il l'a critiqué. Maintenant, il commence avec un
amendement et c'est très important qu'on le supporte vraiment des deux
côtés.
Tout de même, hier, on a pris beaucoup de temps, c'est vrai, mais
on a réussi, M. le Président, à en arriver à une
formule très acceptable à tout le monde et, vraiment, l'esprit de
coopération a régné pendant tout ce débat. Je ne
voudrais pas voir se perdre cette esprit de coopération qui existe
à cette table. Je ne voudrais pas critiquer du tout le
député de Duplessis, mais j'ai l'impression qu'il n'avait pas
réalisé comment on travaillait en équipe et ensemble, des
deux côtés de la table. Je voudrais donc qu'il se joigne à
cette équipe et que vraiment on puisse montrer à la population
qu'il y a des moyens de voter des résolutions, d'adopter une motion
d'amendement ou de sous-amendement non seulement parce que nous votons pour et
qu'eux s'abstiennent, mais parce que tout le monde vote pour.
Pour moi, c'est très important parce que ça va
créer la base de confiance dont nous dépendons dans cette
commission pour finalement commencer l'étude article par article et
faire entendre plus de quinze organismes. Je n'ai pas besoin de nommer tous ces
organismes qui pourront être invités, mais je pense que nous
sommes tous d'accord pour dire que la liste a été restreinte, il
y en a seulement quinze. On a travaillé fort là-dessus de part et
d'autre. Quant à la priorité à savoir quel organisme devra
être entendu, de notre côté, nous n'aurons aucune objection,
par exemple, que l'Association des consommateurs du Québec soit entendue
en premier lieu ou en dixième lieu. Ce n'est pas un point sur lequel on
va s'obstiner.
Nous disons que les quinze organismes seront invités grâce
au geste posé par le député de Châteauguay. Je crois
qu'il est important que surtout ses collègues réalisent que cet
homme a posé un geste très apprécié de notre part.
J'espère que ses collègues vont l'aider, vont le seconder non pas
en s'abstenant, parce que c'est tout de même un manque de confiance, mais
en votant pour et, ce qui est encore plus important, en parlant pour cette
résolution. Ce n'est pas à nous seulement de convaincre tous les
députés ministériels de voter pour cette motion;
j'aimerais bien que quelques-uns parmi eux expriment leur avis. Ils ont tous
droit à 20 minutes et ils peuvent utiliser ce temps. Je sais que ce sera
dur pour nos travaux, mais on a tout de même réussi à
créer une atmosphère de bonne foi, de coopération,
d'ouverture d'esprit, et le mot "abstention" ne doit plus être
prononcé chez nous. Cela doit être fait dans un esprit de
coopération; ce doit être un vote positif de part et d'autre.
C'est malheureux que je sois seulement intervenant, que je n'aie pas le
droit de vote. J'ai parlé avec nos députés et nous avons
vraiment une ligne de conduite conjointe là-dessus. Nous sommes tous en
faveur et ceux qui ont le droit de voter vont même demander que le vote
soit enregistré officiellement, qu'il soit dans le procès-verbal,
de sorte que ce soit connu, pour la postérité, que ces gens ont
voté pour cet amendement. Pour nous, c'est un honneur.
Est-ce qu'il me reste encore quelques minutes?
Le Président (M. Laplante): Une demi-minute.
M. Polak: C'est parfait. Je terminerai rapidement. Je m'adresse
maintenant aux députés qui sont devant moi, des visages auxquels
je fais confiance de temps ■ en temps. S'il vous plaît, quand il
s'agira de voter, je demande votre collaboration pour le bénéfice
des travaux de cette commission. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération, M. le député de Sainte-Anne.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II vous reste dix minutes.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci. Je veux féliciter, comme l'ont fait
mes collègues, le député de Châteauguay pour son
ouverture d'esprit quant à l'amendement qu'il a proposé. Je pense
que, dans son cas, c'est la première fois qu'il manifeste une telle
ouverture d'esprit.
M. Dussault: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est complètement
faux, ce que dit le député de Viger. La meilleure preuve de cela,
c'est que, en 1978 ou 1979, quand il a été question d'une motion
analogue, lorsqu'il y a eu un débat sur un projet de loi qui tendait
à protéger le droit de vote des électeurs, je
m'étais plié de bonne grâce, j'avais fait preuve d'une
très grande générosité à l'égard de
l'Opposition pour faire entendre tous les députés de l'Opposition
ou du parti ministériel.
Je me souviens très bien des conséquences parce qu'on
avait passé des heures et des heures en discussions dilatoires de la
part de l'Opposition, au mépris des droits des électeurs. Ma
preuve de générosité, elle est faite. C'est faux, ce que
dit le député de Viger.
Le Président (M. Laplante): Votre remarque est faite.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président...
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Sur la même question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, brièvement.
M. Ciaccia: C'est vrai que le député de
Châteauguay a un esprit généreux, il a même
interprété les paroles du Dr Lavallée, de
Montréal-Centre, d'une façon qui essayait d'excuser ce qu'il
avait dit.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger.
M. Gratton: II est généreux de nature, mais il
cache bien son jeu, parfois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger, c'est votre temps qui court.
M. Maciocia: Vous comprendrez très bien, M. le
Président, que j'ai compris que le député de
Châteauguay disait qu'il avait eu une autre ouverture d'esprit en 1978,
mais moi je n'étais pas là. Depuis le 13 avril...
M. Dussault: Je pourrais faire, si j'avais le temps, une longue
liste de mes preuves de générosité.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger, continuez, s'il vous plaît!.
M. Maciocia: Je ferai simplement la remarque que j'ai l'honneur
de siéger à l'Assemblée nationale depuis le 13 avril 1981
et, que pour moi, c'était la première fois qu'il y avait une
ouverture d'esprit de la part du député de Châteauguay.
De toute façon, revenons au sujet qu'on doit discuter
aujourd'hui, soit l'amendement. Comme je vous l'ai demandé avant, je ne
sais pas s'il y a des possibilités, parce que j'ai entendu dire hier
soir qu'il y avait une liste d'organismes proposée par le
député de Marguerite-Bourgeoys. Dans cette liste,
malheureusement, j'ai pu constater qu'il n'y avait pas de représentants
de mon comté. La ville de Saint-Léonard, par exemple,
n'était pas représentée dans tout cela, comme la Chambre
de commerce de Saint-Léonard, les hommes d'affaires de
Saint-Léonard, le Club Optimiste de Saint-Léonard, les
handicapés de Rosemont. Je pense que ces gens-là ont grand
intérêt à se faire entendre parce que la loi 16
pénalise tout le monde. Elle ne pénalise pas seulement une
personne en particulier, mais tous les citoyens du Québec. Cette loi qui
a pour objectif une augmentation de 16,3% du tarif d'électricité,
je pense que c'est vraiment la pire des choses qui puisse arriver aux citoyens
du Québec. Et étant donné que c'est une chose qui frappe
spécialement...
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas annoncé
un sous-amendement.
M. Maciocia: Non, je n'ai pas annoncé de
sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Maciocia: Je m'en viens probablement avec un sous-amendement,
mais je disais que cette loi frappe un peu tous les citoyens du Québec,
elle frappe les riches et les pauvres, les mieux nantis et les moins nantis. Il
faudrait vraiment avoir un débat public, comme on l'a dit. C'est
justement dans ce sens-là que je suis très content de l'ouverture
d'esprit du député de Châteauguay qui dit, dans son
amendement, qu'il a invité toute autre personne physique ou corporative
ou groupe à se faire entendre le mardi 15 décembre 1981 à
11 h 30.
C'est très bien que ce soit le 15 décembre, avant
Noël, parce que vous savez très bien que ce n'est pas un cadeau de
Noël, cette loi. Tous les gens sont frappés, c'est un coup vraiment
incroyable. On avait fait un calcul, la semaine dernière, je pense, sur
les montants que les gens seront obligés de payer dans les cinq
prochaines années, soit d'ici 1985. Cela représente quasiment
2000 $ par famille. Ce n'est vraiment pas un
cadeau de Noël. Heureusement qu'on a cette possibilité, avec
cet amendement, d'entendre beaucoup de gens avant le 25 décembre.
Je reviens à une déclaration qu'avait faite l'ancien
ministre de l'Énergie et des Ressources. Il disait, au mois de mars
1981, qu'il était pleinement d'accord qu'il y ait un débat public
sur la loi 16, un débat public sur l'énergie au Québec. Je
cite: Le ministre de l'Énergie et des Ressources du temps, M. Yves
Bérubé, vient de donner son appui inconditionnel à la
tenue d'un vaste débat public sur l'énergie au Québec.
C'est ce qu'il a fait savoir aujourd'hui au moment de la reprise des travaux de
la commission parlementaire, examinant le plan d'équipement
d'Hydro-Québec pour la décennie 1981-1990, commission qui en est
à sa cinquième journée d'audiences. Le ministre
Bérubé a expliqué que les interventions, lors des quatre
premières journées de la commission parlementaire, ont
démontré la très grande unanimité entourant la
tenue d'un débat public. Au moment où le Québec s'achemine
vers des choix majeurs de société, la population doit absolument
être sensibilisée aux options qui s'offriront à elle et
elle doit, de plus, avoir la possibilité de faire connaître ses
choix. (12 h 15)
Le ministre Bérubé a de plus présenté, pour
fins de discussions, une proposition en quatre points sur la tenue de ce
débat public: premièrement, création de la régie de
l'énergie conformément au livre blanc détaillant la
politique québécoise de l'énergie; deuxièmement,
mandat à la régie de l'énergie d'organiser le débat
public en prévoyant une mission itinérante; troisièmement,
financement, par le ministère de l'Énergie et des Ressources, des
organismes intéressés à présenter des points de vue
indépendants pour alimenter les débats; quatrièmement, une
fois le débat itinérant terminé, tenue d'un sommet sur
l'énergie.
Alors, vous comprendrez, M. le Président, l'importance de ce
projet de loi et l'importance d'écouter le plus de gens possible. Je
reviendrai un peu plus tard sur la même motion, M. le Président.
Merci.
Le Président (M. Laplante): II vous reste deux
minutes.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
Une voix: Combien?
Le Président (M. Laplante): II reste sept minutes au
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: La motion du député de
Châteauguay, à première vue, nous paraissait être une
ouverture d'esprit de sa part. D'une façon très
généreuse, il voulait inviter tous les organismes, toutes les
personnes au Québec qui voulaient discuter du projet de loi à
venir le faire. Mais si on examine la motion, M. le Président, on voit
que...
Une voix: Voulez-vous parler un peu plus fort que je vous
entende?
M. Ciaccia: Très bien. Je voulais voir si vous
écoutiez. C'est pour cela que je parlais bas, pour voir si vous
m'entendiez. Je suis heureux de voir que vous voulez entendre mes propos.
L'amendement suggère d'inviter non seulement le
vice-président d'Hydro-Québec, M. Lafond, mais il dit "et tout
autre organisme". Il ne dit pas "ou tout autre organisme". Autrement dit, il ne
laisse pas de marge de manoeuvre à cette commission de décider
d'exclure certains organismes. C'est presque un ordre et il me semble
impossible que nous puissions le mettre en application. Savez-vous combien
d'organismes il y a au Québec? Est-ce que ce sont toutes les
sociétés, les bénévoles, tous les clubs
privés? C'est presque une invitation à 6 000 000 de
Québécois de venir devant cette commission et non seulement de
venir devant cette commission, mais de tous venir le 15 décembre
à 11 h 30.
Franchement! On voit, M. le Président, la façon dont on
rédige les motions, mais j'espère que cela n'est pas un exemple
de la façon dont on rédige les projets de loi du
gouvernement.
M. Gratton: Je pense que oui, M. le député.
M. Ciaccia: Franchement! Au début, j'accueillais cette
motion, mais je pense que je vais être obligé de changer mon point
de vue, ma position. Il faut toujours être raisonnable. C'est bien beau,
on veut inviter certaines personnes, certains organismes qui ont quelque chose
à dire et qui veulent débattre le projet de loi, mais je commence
à penser que le député de Châteauguay veut rire de
la commission. Il se moque de la commission. C'est-y incroyable! Cela n'a pas
de bon sens, M. le Président, d'exiger que cette commission invite tout
le monde à la même heure. C'est presque une impossibilité.
À l'examen, cela donnerait presque des raisons de dire que la motion
n'est pas recevable. Non pas que je conteste votre décision, M. le
Président, vous avez une ouverture d'esprit encore plus large que celle
du député. Lui, c'est tous les trois ans, mais vous, c'est
quotidiennement pendant que vous présidez cette commission. Mais je
pense qu'on devrait et j'aimerais avoir les
commentaires du député de Châteauguay
là-dessus. Est-ce que c'est vraiment cela qu'il veut dire, soit
d'inviter 6 000 000 de Québécois devant cette commission le 15
décembre à 11 h 30? Cela ne donne aucune discrétion en
commission parlementaire. Imaginez-vous l'impossibilité d'une telle
motion. M. le Président, je commence à m'interroger sur la bonne
foi du député de Châteauguay, même la bonne foi des
ministériels. Je suis surpris que personne du côté
ministériel ne soit intervenu sur la motion pour expliquer exactement ce
qu'ils veulent dire, quelles sont leurs intentions.
Normalement, M. le Président, quand un député
présente une motion, il explique pourquoi il fait cette motion. Il
explique les raisons de l'intervention. Le député a seulement
placé la motion sur la table. Vous l'avez jugée recevable. Il y a
eu un sous-amendement qui essayait - je peux comprendre le sous-amendement, M.
le Président - de restreindre le nombre des intervenants. On en a
mentionné quinze. Même avec quinze, ça causerait assez de
problèmes ou de difficultés, parce que ce sont des organismes qui
représentent beaucoup de monde, qui sont très nombreux, et cela
aurait causé certaines difficultés pour comparaître devant
cette commission le même jour, à la même heure.
Quand on pense aux difficultés innombrables que cela suscite, je
ne veux pas être en désaccord avec mon collègue.
Peut-être qu'il a peur. S'il reste quelques minutes, mon collègue,
le député de Sainte-Anne, pourrait peut-être me donner ses
commentaires sur ce que je viens de soulever. Il a un esprit juridique averti,
le député de Sainte-Anne est un avocat reconnu à
Montréal, et je sais qu'il a pensé d'une façon
généreuse, politique envers tous ceux qui voulaient se faire
entendre du point de vue juridique. À l'examen de cette motion, il me
semble que ce serait difficile de la mettre en application et j'inviterais ceux
qui ont une formation juridique autour de cette table, M. le Président,
à la commission parlementaire, de donner leurs commentaires sur cet
aspect de la motion. Après tout, ce n'est pas tout de faire une motion.
Il faut prouver que la motion soit exécutoire de la même
façon que les lois. Souvent, on voit des lois contradictoires de la part
du gouvernement, des lois qui sont jugées illégales, qui sont
jugées inconstitutionnelles. C'est parce qu'il n'y a pas eu assez de
soin, M. le Président mis à la rédaction, au
libellé des projets de loi et ici pas assez d'attention apportée
par le député de Châteauguay à la rédaction
de cette motion.
Si ce n'est pas son intention de faire comparaître 6 000 000 de
personnes, et de donner une marge de manoeuvre, de discrétion à
la commission parlementaire, je l'inviterais, M. le Président, à
amender sa motion. Je pense bien que, de consentement, de ce côté
de la table, on serait prêt à ce qu'il puisse amender la motion
afin qu'elle puisse être exécutoire, peut-être en enlevant
les mots "et". Quand il dit d'inviter le vice-président et tout autre
organisme, on pourrait enlever le mot "et" et dire "ou" tout autre organisme.
Cela donnerait une discrétion, cela ne serait pas obligatoire. Cela
serait quelque chose qu'on pourrait approuver en toute conscience sans se
couvrir de ridicule. En ce moment, il me semble que, si cette motion n'est pas
totalement ridicule, elle frôle le ridicule.
Je ne veux pas imputer d'intention au député de
Châteauguay, mais s'il est vraiment sincère et
généreux, tel que lui-même l'a affirmé...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voudriez
conclure, s'il vous plaît, M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: En concluant, M. le Président, j'inviterais le
député de Châteauguay à amender sa motion afin
qu'elle puisse être mise en application.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à la motion du député de Marguerite-Bourgeoys, sera
adopté? M. le député de Gatineau. Vous avez trois
minutes.
M. Gratton: Sur la motion...
Le Président (M. Laplante): Sur l'amendement de la motion
du député de Marguerite-Bourgeoys, sur l'amendement du
député de Châteauguay, je m'excuse, je ne voudrais pas vous
l'enlever, monsieur.
M. Lalonde: Non, non, c'est vrai.
M. Dussault: Ce sont des propos, M. le Président, qui ne
me plaisent pas beaucoup.
Le Président (M. Laplante): C'est vrai. M. le
député "de trois minutes" qui vous restent.
M. Gratton: M. le député "de trois minutes"?
Des voix: Ah! Ah!
Une voix: ... t'a ramené dans le...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, j'ai écouté -
je l'ai dit au début des travaux ce matin, j'étais absent hier
lorsque le député de Châteauguay a formulé son
amendement à la
motion de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys - ce matin les
propos de mon collègue de Viger et ceux que vient de tenir mon
collègue de Mont-Royal et je vous avoue que je ne suis plus trop
sûr de la signification qu'on doit donner à la motion d'amendement
du député de Châteauguay. Je me pose même la
question: Est-ce qu'il n'y a pas anguille sous roche, M. le Président,
ou, comme dirait un maire de chez nous: Est-ce qu'il n'y a pas grenouille sous
roche?
M. le Président, le député de Viger a loué
l'ouverture d'esprit du député de Châteauguay qui, en
faisant sa motion, permettrait à peu près à n'importe qui
voulant venir témoigner devant la commission de pouvoir le faire. Or, M.
le Président, on sait fort bien que, si cela devait être le
souhait de la commission, il y a quand même des avis qui doivent
être donnés. On sait, par exemple, ce que les règlements de
l'Assemblée nationale exigent lorsqu'une commission parlementaire est
convoquée pour entendre des personnes intéressées par un
projet de loi; il y a un règlement - ce n'est même pas une
coutume, c'est même inscrit dans le règlement, la façon de
procéder -pour en arriver à ce que ces personnes puissent se
faire entendre. Or, M. le Président, aucune mention de cela dans la
motion d'amendement du député.
Je vous avoue que je me pose la question sérieusement et, comme
le député de Mont-Royal le faisait tantôt, je serais
porté à inviter le député de Châteauguay
à préciser sa pensée, à nous dire si,
effectivement, il est intéressé à ce que la commission
entende les personnes qui ont quelque chose à dire sur le projet de loi
no 16, que ces personnes puissent venir le dire, ou si sa motion d'amendement
n'est pas simplement une mesure pour amener l'Opposition à croire
à une certaine ouverture d'esprit, mais qu'en définitive, le
gouvernement a déjà décidé de battre au moment de
l'appel aux voix. Comme le soulignait mon collègue de Mont-Royal, ce
sont des milliers de personnes, tant physiques que morales, qui sont
impliquées par l'adoption éventuelle du projet de loi 16. C'est
l'ensemble des citoyens du Québec, finalement, qui devront, par le biais
des factures d'électricité qu'ils devront acquitter, faire les
frais des conséquences du projet de loi 16 qui permettrait au
gouvernement, en supposant que le gouvernement ne le retire pas, M. le
Président, d'aller puiser, à même les opérations,
à même les profits d'Hydro-Québec, des sommes pouvant
atteindre jusqu'à 75% des profits bruts.
M. le Président, la question que je me pose à ce moment-ci
- et qu'il me sera très difficile de trancher, à moins que le
député de Châteauguay ne nous livre vraiment le fond de sa
pensée - est de savoir: Dois-je, à titre de membre de cette
commission...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît, M. le député.
M. Gratton: Oui, cela va bien adonner, M. le Président.
J'en étais rendu à ma dernière phrase. Dois-je voter pour
la motion d'amendement ou contre? J'espère que le député
de Châteauguay choisira ce moment-ci pour éclairer davantage ma
lanterne.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette, quatre minutes.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Je vous remercie, M. le Président. Je remarque
que celui que j'ai remplacé a exercé son droit de parole
substantiellement. Cependant, je vais essayer de condenser mes paroles
relativement à la motion d'amendement du député de
Châteauguay. Malheureusement, j'étais absent hier, comme je vous
le disais tantôt, et je me retrouve devant une motion d'amendement du
député de Châteauguay. Prima facie, à
première vue, à la lecture de la motion d'amendement, on serait
porté à croire qu'effectivement l'intention du
député de Châteauguay est une ouverture afin de donner la
liberté d'expression au plus grand nombre de Québécois
possible sur le projet de loi no 16. Si on donne une interprétation
stricte de la motion d'amendement... On ne peut pas en donner une
interprétation stricte, justement. Il faut en donner une
interprétation libérale, avec un petit "1", ou large. À ce
moment-là, M. le Président, il faudrait, à titre
d'exemple, que la plupart des députés envoient des cartes de
Noël avant les fêtes. Il faudrait joindre à la carte de
Noël une invitation à venir pour le 15 décembre pour en
inviter le plus grand nombre possible. (12 h 30)
Comme vous le savez, M. le Président, la semaine dernière,
nous avons, par l'entremise du brillant et honorable député de
Gatineau, présenté une motion de report en Chambre qui a
été effectivement battue par la majorité
ministérielle. Tout le monde a lu dans les journaux que l'actuel
président du Conseil du trésor et ex-ministre de l'Énergie
et des Ressources réclamait un débat public sur l'énergie,
en date du 3 mars 1981, en particulier, juste avant le déclenchement des
élections. Nous avons malheureusement constaté, au salon bleu, au
salon de la race, que le député de Matane et président du
Conseil du trésor avait voté contre notre motion de report qui
réclamait le report du projet de loi d'un an afin d'entamer un
débat public. Finalement, on se rend compte que ce n'est pas le groupe
des onze, mais le groupe des douze qui a voté en faveur du budget et
deux mois plus tard
on était contre, presque à 100%.
Effectivement, nous sommes justifiés d'entendre le plus grand
nombre de groupes possible. Maintenant, si le député de
Châteauguay était de bonne foi, juridiquement parlant, à ce
moment-là, naturellement, nous serions portés à voter
pour. Mais si son intention était d'apporter un peu de ridicule à
cette commission en invitant 6 000 000 de Québécois, il y aurait
lieu, pour notre formation politique, de voter contre.
Comme je vous le disais tantôt, la contradiction vaut pour le
président du Conseil du trésor et vaut également pour
plusieurs députés de l'autre côté. Étant
donné l'importance de ce projet de loi, encore une fois, sur le fond de
la motion d'amendement, projet de loi matraque pour les Québécois
qui hausse les tarifs d'électricité et qui frappe les
gagne-petit, qui frappe les moins bien nantis, il nous faut absolument un
débat public qui a malheureusement été refusé, mais
je pense, au risque de trop me répéter, que, si le
député de Châteauguay était de bonne foi, il y
aurait lieu que nous soyons tous présents pour entendre le plus grand
nombre de groupes possible ou d'intervenants, personnes physiques ou
morales.
Le Président (M. Laplante): Si vous avez fini, j'appelle
l'amendement...
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, juste avant, je
voudrais dire trois mots. Je voudrais faire remarquer que j'avais l'intention
de voter pour la motion, mais, là, je me pose des questions, parce que
le temps qu'on voulait consacrer à entendre les témoins, dont le
vice-président aux finances d'Hydro-Québec, on l'a passé
à entendre les libéraux se féliciter et dire qu'ils
avaient hâte de l'entendre. Cela a pris 2 heures hier après-midi,
de 16 h à 18 h, 4 heures hier soir, ça fait 6 heures, et 1 h 30
ce matin, ça fait 7 h 30. Est-ce qu'on ne devrait pas plutôt se
demander si vous n'avez pas tué le temps pour empêcher
d'entendre...
M. Ciaccia: Question de règlement.
M. Grégoire: ...les témoins que nous voulions
convoquer...
M. Ciaccia: Question de règlement.
M. Grégoire: ... on aurait voulu les entendre, mais vous
nous en avez empêchés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, question de règlement.
M. Ciaccia: On ne veut pas vous interrompre, mais ça ne
fait pas 1 h 30 qu'on parle sur l'amendement ce matin. On a commencé
vers 11 heures...
M. Grégoire: Ça fait 1 heure, 7 heures en tout.
M. Ciaccia: ...ça ne fait pas 1 h 30. Il y avait le
sous-amendement, l'amendement et la motion. Alors, c'est trois points
différents. Comprenez-vous?
Le Président (M. Laplante): D'accord, c'est
rectifié. M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Je peux continuer, mais ça fait 7
heures, au lieu de 7 heures 20, qu'on parle là-dessus. Je crois que les
libéraux veulent empêcher la présentation ou la venue ici
de personnes comme le vice-président aux finances
d'Hydro-Québec...
M. Fortier: Vous allez voter pour?
M. Grégoire: ...bien, on a écoulé tout le
temps, vous avez parlé durant tout le temps qui leur aurait
été alloué.
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: Vous avez fait un "filibuster"...
M. Fortier: M. le Président...
M. Grégoire: ...sur votre propre motion de les faire
comparaître.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député d'Outremont.
M. Grégoire: Alors, 7 heures perdues, quand est-ce qu'on
va reprendre ça?
M. Fortier: J'aimerais revenir...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, question de règlement.
M. Grégoire: Je m'interroge sérieusement...
M. Fortier: II y a deux choses que j'aimerais rappeler, M. le
Président, la première, c'est que la motion dit clairement...
Le Président (M. Laplante): Sur quelle question de
règlement?
M. Fortier: Le député vient d'induire la commission
en erreur en disant que nous
perdions notre temps, puisque l'amendement, la proposition...
M. Grégoire: Ah! non...
M. Fortier: ...invite ces gens mardi prochain. Mais la raison
pour laquelle nous voulons vous donner tous ces arguments...
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas avoir de raison
additionnelle. M. le député de Frontenac.
M. Fortier: ... c'est parce que vous n'avez pas indiqué
votre désir de voter en faveur de la motion.
M. Grégoire: À l'ordre, à l'ordre, à
l'ordre!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Non, en présentant l'amendement, nous
étions sérieux. Nous voulions voter pour et les faire
comparaître. On pensait prendre une journée d'à peu
près sept heures pour les interroger.
M. Gratton: Je ne vous crois pas.
M. Grégoire: Vous avez "filibusté" votre propre
motion. Vous nous empêchez, vous avez pris tout le temps.
M. Gratton: Ce n'est pas notre motion. On va y revenir à
la motion. C'est l'amendement du député de Châteauguay. Il
est tout mélangé.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que j'ai le
droit de parole?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! J'appelle le
vote.
M. Grégoire: M. le Président, ai-je
parlé?
M. Gratton: Est-il pour la souveraineté ou s'il est pour
l'association? Il est tout mélangé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac; et M. le député de Gatineau, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Grégoire: M. le Président, je le
répète. Les membres de l'Opposition nous ont
empêchés d'entendre le vice-président aux finances
d'Hydro-Québec pas en parlant inutilement, ils ont parlé, mais
ils ont fait exprès - ils ont dit des choses intéressantes, j'en
conviens - pour prendre tout le temps qu'on allouait au vice-président
aux finances d'Hydro-Québec et nous empêcher maintenant de le
faire venir. Je crois qu'on peut condamner l'attitude de l'Opposition qui nous
empêche maintenant, en ayant pris tout son temps... Ces gens ont pris
tout le temps qui aurait été alloué au
vice-président d'Hydro-Québec, ils ont pris tout son temps et ils
nous ont empêchés de l'entendre.
M. Gratton: Je trouve cela malheureux.
M. Grégoire: Je pense que les citoyens sauront qui
blâmer pour cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger.
M. Gratton: Vous êtes un vrai agent provocateur, vous.
M. Maciocia: Je pense qu'il me reste deux minutes. C'est cela que
vous avez dit tout à l'heure.
Le Président (M. Laplante): Deux minutes, oui.
M. Maciocia: Je voudrais en profiter pour dire au
député de Frontenac qu'il est en train de mentir à la
population du Québec parce qu'avec l'amendement qu'on a...
M. Grégoire: Un instant, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Un moment!
M. Grégoire: Sur une question de règlement.
M. Maciocia: ... d'induire en erreur, si on peut dire cela comme
cela.
M. Grégoire: Je pense bien que le député a
toujours passé pour un gentilhomme ici. Il comprendra que le langage
parlementaire n'admet pas certains mots.
M. Maciocia: Je m'en excuse.
M. Grégoire: Je l'ai traité, au contraire, de
gentilhomme. Je l'ai toujours pris pour un gentilhomme.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: C'était dans le sens qu'il est en train
d'induire en erreur la population du Québec, parce que si on regarde
l'amendement, il nous a dit tout à l'heure qu'on avait pris tout le
temps qu'on aurait pu allouer à ces gens pour les écouter. En
regardant l'amendement, il y est dit que cette commission invite M. Georges
Lafond et toute autre personne ou groupe. Seulement pour faire entrer tous ces
gens, j'ai entendu
dire hier que cela prenait quasiment le Stade olympique. Vous imaginez,
quand vous allez à une partie de football ou à une partie de
baseball, cela prend quasiment des heures et des heures seulement pour entrer.
Imaginez-vous si seulement sept heures, c'était suffisant pour
écouter ces gens. Je vous pose la question dans ce sens. C'est pour cela
que je disais que le député de Frontenac était en train
d'induire en erreur le peuple québécois.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'amendement...
M. Grégoire: M. le Président, je peux prendre une
minute, j'ai encore droit à du temps comme le
député...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: Non, je veux tout simplement rectifier cela.
Je pense bien que la remarque principale, c'est que l'Opposition a voulu nous
faire perdre les sept heures importantes qui auraient pu être
accordées pour entendre, entre autres, le vice-président aux
finances d'Hydro-Québec. C'est justement parce que vous avez
employé ce temps. Je vous dis que je pense que vous ne voulez pas les
entendre. C'est ce que je pense.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président...
Une voix: II me semble que vous aviez demandé le vote, M.
le Président.
M. Dussault: Je voudrais prendre la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui. M. Roland
Dussault
M. Dussault: J'ai voulu attendre que tous les
députés de l'Opposition... Ce le sera d'une certaine
façon, cela pourrait être en tout cas, d'une certaine
façon, un droit de réplique.
Une voix: Vous n'avez pas droit à cela.
M. Dussault: J'ai dit que cela pourrait être. De toute
façon, j'ai droit à une intervention. Je ne serai pas très
long, parce que je n'ai pas l'intention de prendre les vingt minutes auxquelles
j'aurais droit. J'ai parlé très peu d'ailleurs sur cette motion.
Si j'ai fait la motion, c'est parce que je prêtais la meilleure foi
possible aux membres de l'Opposition ici, à cette commission. J'ai voulu
faire preuve de la plus grande générosité possible. C'est
pour cela, comprenant la curiosité insatiable sans doute de
l'Opposition, que j'ai voulu élargir la motion qui était sur la
table. C'est pour cela que j'ai fait ajouter les mots "et autres personnes",
non pas "ou", parce qu'avec "ou", j'aurais vraiment restreint la portée
de mon amendement. J'ai employé le mot "et" justement pour que cela ait
la plus grande portée possible. J'ai voulu élargir la
portée. J'ai voulu que ce soit plus englobant, laissant implicitement
aux membres de la commission le soin de faire la preuve qu'ils sont
raisonnables quand viendrait le temps d'appliquer le principe qui serait
reconnu par cet amendement.
M. le Président, vous l'avez vu, l'Opposition a choisi de
rétrécir la portée de cet amendement en réduisant
cela à quelques groupes. Je peux même dire, vraiment sans me
tromper, que c'est même en discriminant des groupes que l'Opposition a
choisi de faire son sous-amendement.
Évidemment, du côté ministériel, nous n'avons
pas voulu devenir complices de l'Opposition dans une telle manoeuvre de
rétrécissement de la portée de ma motion. Nous n'avons pas
voulu vraiment choquer, être impolis et même mépriser
certains groupes qui seraient oubliés par la motion
rétrécissante de l'Opposition. Or, nous nous sommes abstenus, M.
le Président, je pense que nous n'avions pas le choix. C'était ce
qu'il y avait de plus raisonnable à faire.
Je dois vous dire, M. le Président, que l'attitude
libérale, pendant tout le temps de ce débat sur ma motion - je ne
parle pas du reste - m'a fait réfléchir beaucoup et m'a fait
regretter - je dois vous le dire franchement - d'avoir fait ma motion.
M. Gratton: Est-ce que vous la retirez?
M. Dussault: Mais je suis un homme d'honneur et je respecte
toujours ma parole, M. le Président. Je dois vous dire que je voterai
pour mon amendement, parce que je crois toujours à ce qu'il visait, mais
je me doute bien de l'utilisation que l'Opposition officielle fera de cette
motion.
Ces gens de l'Opposition ont déjà fait de ma motion
d'amendement un objet dilatoire. Ils ont passé des heures à nous
raconter des balivernes pour justifier le temps qu'ils veulent nous faire
perdre. Je l'ai vu. Vous savez, M. le Président, en politique, on est
des fois un peu naïfs et c'est utile en politique d'être un peu
naïfs, parce que cela nous permet d'être prudents. Mais des fois on
se fait avoir et je me suis rendu compte que, pendant des heures, ils ont fait
de ma proposition d'amendement un objet dilatoire. Ils ont passé deux
heures et 22 minutes précisément sur le sous-amendement,
malgré ma demande répétée de passer au vote, parce
que c'était la meilleure façon pour eux de faire la preuve de
leur bonne foi. Non, M. le Président, ils
ont voulu écouler tout le temps qui était à leur
disposition sur ce sous-amendement, sans compter les trois heures au moins
qu'ils ont prises pour discuter de l'amendement comme tel. Malgré que
j'aie répété et répété mon
goût, mon désir de voir la commission passer au vote
immédiatement, ils ont continué à nous faire perdre du
temps, à avoir des attitudes dilatoires sur la motion que j'ai
présentée.
M. le Président, vous comprendrez, dans les circonstances,
étant donné l'incohérence absolument incroyable dont ils
ont fait preuve... Vous savez, M. le Président, qu'hier ils disaient de
ma motion qu'elle était merveilleuse et sans précédent. Il
n'y a pas de fleurs qu'ils ne m'ont pas lancées hier. Ce matin, ils
trouvent la motion sans allure.
M. Gratton: Après les fleurs, le pot.
M. Dussault: Ces gens sont d'une incohérence incroyable.
Cela me fait me méfier. Je pense que mes collègues auraient aussi
de fortes raisons de se méfier de l'attitude des libéraux sur ma
motion.
Je reste pour, M. le Président, mais vous comprendrez que je
n'exige pas de mes collègues la solidarité qu'on attend
généralement et habituellement de ses collègues quand,
dans une commission parlementaire, nous faisons des propositions d'amendement
ou toutes sortes d'autres propositions, toutes sortes d'autres motions.
Je ne sais pas ce que mes collègues feront, mais je comprendrais
que mes collègues ne fassent pas preuve de solidarité à
mon égard, compte tenu de cette attitude invraisemblable, dilatoire que
les députés de l'Opposition ont eue tout le long du débat
sur ma motion. Merci, M. le Président.
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Gratton: M. le Président, on dit qu'on a lancé
beaucoup de fleurs au député de Châteauguay hier. Comment
pourrais-je me prévaloir du règlement de l'Assemblée
nationale pour retirer les fleurs qu'on a envoyées au
député de Châteauguay hier, compte tenu des propos qu'il
vient de tenir et des intentions qu'il vient de nous prêter, M. le
Président?
M. Dussault: II est trop tard.
Le Président (M. Laplante): Par de l'insecticide.
M. Gratton: Par de l'insecticide.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote sur
l'amendement du député de... Une voix:
Châteauguay.
Le Président (M. Laplante):
Châteauguay. M. Bélanger (Mégantic-Compton)?
Une voix: Ah! il est absent. Il est retenu à la
salle...
Uhe voix: II est allé démêler sa facture.
Le Président (M. Laplante): M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Je m'abstiens, M. le Président. (12 h 45)
Le Président (M. Laplante): Abstention. M. Duhaime
(Saint-Maurice)?
M. Duhaime: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont).
M. Fortier: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac).
M. Grégoire: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet).
M. LeBlanc: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Gratton (Gatineau).
M. Gratton: M. le Président, j'ai toujours
été solidaire de mon parti. Je vote pour.
Le Président (M. Laplante): M. Perron (Duplessis).
M. Perron: Abstention.
Le Président (M. Laplante): M. Rodrigue (Vimont).
M. Rodrigue: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond).
M. Vallières: Pour.
Le Président (M. Laplante): 4 pour, 6 abstentions.
Adopté.
Vous savez que c'est contre les règles des commissions
parlementaires d'applaudir.
M. Fortier: On ne pouvait pas se retenir.
Le Président (M. Laplante): On ne pouvait pas se
retenir!
Motion principale telle qu'amendée et
sous-amendée
Sur la motion principale amendée et sous-amendée.
Une voix: C'est là qu'on va voir leur vrai visage.
Le Président (M. Laplante): On va replacer les jeux comme
ils devraient l'être. Il restait 12 minutes au député de
Frontenac, il ne restait plus de temps au député de
Notre-Dame-de-Grâce qui était, à ce moment-là,
remplacé par le député de Marquette; c'est un jeune. Le
député de Mont-Royal n'a pas encore parlé; il reste 6
minutes au député d'Outremont et 18 minutes au
député de Châteauguay. Ce sont les seuls qui
s'étaient exprimés.
M. Duhaime: M. le Président, j'aurais une demande à
vous faire.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Duhaime: Si je comprends bien, nous sommes en face d'une
motion amendée et sous-amendée. Est-ce que les services de notre
commission pourraient faire en sorte qu'on obtienne une version complète
de la motion avec l'amendement et le sous-amendement? Je n'arrive pas à
me rappeler tout le contenu.
Le Président (M. Laplante): On me dit qu'à 15
heures, on pourrait l'avoir, M. le ministre.
M. Duhaime: II y a là-dedans la Fédération
des magasins Coop, l'Association des entrepreneurs en construction, la
Fédération de l'âge d'or du Québec, le Conseil de la
coopération, la Fédération des travailleurs du
Québec, etc. C'est une liste d'une quinzaine d'organismes. J'avoue
franchement que quand on veut se référer correctement à la
motion, ou bien on est obligé de tous les nommer encore une fois, ou
bien on se réfère à la motion. Mais je pense qu'il est
important de ne pas l'oublier. Je me demande si on ne pourrait pas avoir un
texte.
Le Président (M. Laplante): Demandez-vous une suspension
des travaux?
M. Duhaime: Non, je ne demande pas une suspension des travaux,
mais peut-être qu'à l'heure du dîner...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: On l'aura à 15 heures.
Le Président (M. Laplante): On n'est pas capable,
physiquement, de vous la donner actuellement, pas avant 15 heures.
M. Duhaime: Si on l'avait pour 15 heures...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Duhaime: Est-ce que vous en prenez l'engagement?
Le Président (M. Laplante): J'en prends l'engagement,
oui.
M. Duhaime: Très bien, je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, ça peut vous
surprendre, mais je voudrais abonder exactement dans le même sens que le
ministre de l'Énergie et des Ressources. J'ai le droit d'exprimer les
raisons pour lesquelles je suis d'accord avec le ministre.
Le Président (M. Laplante): C'est une question de
règlement sur la sagesse de la demande du ministre.
M. Gratton: C'est justement pour qu'on évite de perdre du
temps, pour qu'on évite, possiblement, d'être impertinents dans
nos propos. Compte tenu qu'il est 12 h 50 ou presque, puis-je suggérer
que nous suspendions les travaux de la commission et qu'au retour, à 15
heures, on puisse demander au secrétariat des commissions de nous
fournir le texte tel qu'amendé? Je pense qu'on sauverait, finalement,
beaucoup plus que les dix minutes qu'on pourrait employer à ce
moment-ci.
C'est la suggestion que je fais, M. le Président, je n'en fais
pas une motion parce que je ne voudrais quand même pas qu'on
s'éternise là-dessus. C'est dans un désir de
collaboration que je fais cette suggestion.
Le Président (M. Laplante): D'après ce que je vois,
la suggestion n'est pas retenue.
Je cède la parole au député de Sainte-Anne.
M. Gratton: Elle n'est pas retenue par qui, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Vous avez des oreilles comme
moi.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Avant de commencer, je dois dire que je travaille un
peu avec un handicap. Le ministre vient de faire une très bonne
suggestion, à savoir qu'on devrait avoir le texte devant nous.
Imaginez-vous...
Le Président (M. Laplante): Vous parlez sur la motion?
M. Polak: Oui, sur la motion. C'est ce que je dis. Je travaille
avec une sorte de handicap parce que le ministre - c'est ce qui est curieux -
c'est son dossier et il dit qu'il n'est même pas capable d'en parler sans
avoir le texte intégral devant lui. Moi, du côté de
l'Opposition, simple intervenant - je ne suis pas le grand canon qu'on a
envoyé ici, comme on dit - je suis obligé de parler
là-dessus sans connaître tout ce texte. Mais j'accepte le
défi et j'espère qu'il sera dûment noté et inscrit
dans les débats que le député de Sainte-Anne, sans avoir
le texte devant lui, est le premier à prendre la parole avec un
très grave handicap sur le plan politique. Mais, évidemment,
j'accepte le défi.
M. le Président, voici une autre raison pour laquelle je ne
demande pas de suspendre les travaux jusqu'à 15 heures et pourquoi je
suis prêt à commencer tout de suite. Je suis encore sous le choc.
Hier, je vous ai dit que j'étais déchiré quand on a eu le
sous-amendement. Mais quand j'ai entendu parler le député de
Châteauguay tout à l'heure, je me disais que cela n'est pas
possible. Cet homme-là, hier, c'est vrai qu'on lui a lancé des
fleurs et moi je ne retire jamais mes fleurs sur ce qu'il a fait hier. Il a
fait preuve d'une clarté, d'une ouverture d'esprit, d'un facteur de
tolérance et je ne pensais pas que cela pouvait régner autour de
notre table. J'ai noté d'ailleurs...
Le Président (M. Laplante): ...
M. Polak: Avec plaisir, M. le Président. Il a voté
- c'est le seul - positivement sur l'amendement. Maintenant, nous tombons sur
la résolution même.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est sur votre
temps.
M. Gratton: En vertu de l'article 96, M. le Président. Je
ne voudrais pas qu'on se méprenne sur le sens des propos que j'ai tenus
tantôt. Je n'étais pas présent à la commission hier.
Donc, ce ne sont que des ouï-dire quand on parle des fleurs. Je veux dire
au député de Sainte-Anne que je prends sa parole, que j'accepte
volontiers son interprétation des faits et que s'il ne retire pas les
fleurs à l'endroit du député de Châteauguay, je ne
les retire pas pour lui non plus.
M. Polak: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Châteauguay a fait la remarque que le temps qui
était perdu... On va arriver à cette conclusion, finalement... On
n'a pas encore, devant nous, le texte écrit à la machine. Mais je
l'ai parce que j'ai vraiment été frappé par la combinaison
de ce texte pour, finalement, avoir une motion qui, selon moi, doit être
acceptée...
M. Maciocia: Question de règlement, M. le
Président.
M. Polak: Et, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger, question de règlement.
M. Maciocia: Comment voulez-vous que je puisse comprendre
l'intervention du député de Sainte-Anne quand on n'est même
pas au courant et qu'on n'a pas devant nous la motion amendée et
sous-amendée?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous répondre
là-dessus.
M. Maciocia: Je me pose la question, si vraiment on peut
écouter l'intervention et suivre son idée.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous répondre,
M. le député de Viger. Comme membre de la commission, vous avez
actuellement la motion principale. Vous avez eu les amendements qui ont
été proposés et le sous-amendement qui a été
proposé. Vous avez tout cela, ces trois textes. Vos recherchistes
peuvent vous fournir les trois textes si vous en avez besoin.
M. Polak: M. le Président, si je peux comprendre...
Des voix: Ah!
M. Ciaccia: Demande de directive, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire, M. le Président,
alors que la demande du ministre est inutile, d'avoir celui de la motion et que
le ministre ne sait pas...
M. Gratton: Je présume que non.
Le Président (M. Laplante): Absolument pas.
M. Ciaccia: Parce que si le député de Viger peut
suivre et qu'il a les amendements et les sous-amendements, pourquoi le ministre
avait-il besoin...
Une voix: Moi, je propose une motion de blâme...
M. Gratton: Quand on regarde cela, M. le Président, il y a
une motion de blâme de la part du député...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: II y a deux poids deux mesures ici, M. le
Président.
M. Gratton: II veut avoir le job de ministre, l'adjoint
parlementaire.
Une voix: Jamais.
M. Gratton: II veut blâmer le ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger, continuez.
M. Grégoire: II veut prendre sa place.
M. Polak: Est-ce que c'est moi qui commence, M. le
Président?
M. Maciocia: M. le Président, juste...
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): II faudra vous entendre du
côté de l'Opposition pour poser vos questions de
règlement.
M. Maciocia: Toujours sur...
Le Président (M. Laplante): En tout cas, n'oubliez pas que
cela passe toujours sur le temps du député de Viger.
Une voix: II rêve en couleur.
Le Président (M. Laplante): Non, votre temps n'est pas
arrêté, monsieur. Ce sont vos membres.
M. Polak: ...c'est moi.
Une voix: Ah bon! L'autre comté, c'est correct.
Une voix: Est-ce qu'on a le droit de parler deux en même
temps, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Toujours sur la question de règlement ou de
directive, vous mettez en doute la bonne foi ou la parole du ministre de
l'Énergie et des Ressources quand il a dit que cela prenait vraiment un
texte écrit devant nous pour suivre et pour commenter cette motion.
Le Président (M. Laplante): Je ne mets pas en doute la
parole de qui que ce soit. On m'a demandé s'il y avait
possibilité d'avoir le texte complet. J'ai dit oui. D'après
l'information que j'ai prise auprès du secrétariat, on m'a dit
qu'à 15 heures elle serait disponible. Mais, entre-temps, vous allez
vous servir des motions qui sont sur la table.
M. Maciocia: Ne serait-il pas plus valable qu'on suspende
justement parce qu'il manque seulement sept minutes avant 13 heures?
Le Président (M. Laplante): Vous revenez sur un voeu qui a
été exprimé tout à l'heure et qui a
été refusé.
Une voix: Non, qui a été formulé.
M. Maciocia: Je pense que pour l'information du peuple
québécois et de la population, il faudrait au moins qu'on prenne
quelques minutes avant...
Le Président (M. Laplante): C'est à vous autres
d'en faire une motion.
M. Ciaccia: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je vous pose la question. C'est vrai que le
député de Gatineau avait suggéré de suspendre les
travaux jusqu'à cet après-midi et le côté
ministériel a refusé. Vous, en tant que président,
n'avez-vous pas ce pouvoir de décider si les travaux vont être
suspendus jusqu'à 15 heures afin d'obtenir une motion? Ne pouvez-vous
pas
d'office, vous-même, suspendre les travaux d'après notre
règlement?
Le Président (M. Laplante): J'ai ce pouvoir-là,
mais je ne veux pas l'exercer actuellement parce que...
Une voix: II serait abusif.
Le Président (M. Laplante): II serait abusif.
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
M. Ciaccia: J'ai une question. La raison pour laquelle je vous
l'ai demandé, c'est à la suite de vos propos quand vous avez dit
que l'ajournement a été refusé. Vraiment, l'ajournement
dépend de vous strictement.
Le Président (M. Laplante): À ce
moment-là...
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, j'avais vraiment besoin de plus
de 20 minutes pour essayer de convaincre les députés
ministériels, mais là je commence à perdre du temps
très valable. Pourriez-vous me laisser continuer, parce que je voudrais
accepter le défi? C'est très important pour moi parce que je vois
qu'il y a un problème de solidarité, dans le fond, et je veux
vraiment faire, comme on dit en anglais, mon "pitch" parce que le
député de Châteauguay a besoin d'un appui moral,
légal et technique...
Le Président (M. Laplante): Une autre question de
règlement.
M. Polak: ... de tous les côtés possibles et je
pense que je suis capable de lui fournir cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, dois-je conclure
qu'hier vous étiez mieux disposé qu'aujourd'hui? Parce
qu'à la suggestion que je vous avais faite de suspendre les travaux en
attendant d'avoir le texte de la motion, vous avez immédiatement
suspendu les travaux. On vous fait la même demande aujourd'hui et c'est
catégoriquement refusé.
M. Maciocia: II y a eu un caucus.
Le Président (M. Laplante): Non, hier c'était sur
une ambiguïté du texte, mais aujourd'hui les textes sont là
et la seule demande que vous faites, c'est de rattacher les textes ensemble. Je
crois que comme parlementaires, à ce moment-ci, avec l'expérience
que vous avez acquise, vous êtes capables de suivre encore durant quatre
ou cinq minutes les textes que vous avez. À 15 heures, vous en aurez de
nouveaux.
M. Bélanger: Je m'en remets à votre jugement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger, sur une question de règlement.
M. Maciocia: Je vais laisser la parole au député de
Sainte-Anne.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, sur la motion qui est devant
nous... C'est important. Je pense que nous avons vécu un
événement historique hier et, comme résultat, on a vu ce
front uni, cette solidarité, mais le monde extérieur ne sait pas
cela. Je viens de lire justement - et je parle sur la motion - l'Argus
d'aujourd'hui. Voyons ce qu'il dit - c'est tiré du Soleil - en parlant
de notre commission, de notre résolution d'amendement: "Les
députés libéraux exigent la comparution de témoins
pour expliquer le financement d'Hydro-Québec et la présence du
ministre de l'Énergie, M. Yves Duhaime, qui, ennuyé par la
longueur des débats, s'absente fréquemment." Je sais que le
ministre était ici hier avec nous. C'est vrai qu'il s'est abstenu
pendant le vote crucial, mais, au moins, il n'a pas voté contre. Il
était placé dans une situation pour accepter l'amendement et le
sous-amendement et je pense, j'espère, qu'il votera pour cette motion.
Mais ce n'est pas juste de la part du journal de dire que le ministre s'absente
fréquemment. Ce n'est pas correct.
Ce n'est pas correct non plus de dire dans le même article: "Ce
projet de loi est rendu au stade de l'étude article par article en
commission parlementaire et les députés libéraux qui y
siègent mènent un "filibuster", c'est-à-dire une
opposition systématique."
M. le Président, c'est encore une "non-vérité", je
ne veux pas dire un mensonge, dans le journal. Quand il accuse le ministre
d'être absent fréquemment, de ne pas être ici, pour
défendre son projet de loi...
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. Il vient de se passer quelque chose ici qu'on a rarement vu
et je trouve cela assez incroyable. M. le député de Sainte-Anne
vient de dire qu'un journaliste
est un menteur. C'est rare qu'on voit cela dans nos travaux et c'est
absolument méprisant pour la gent journalistique. On ne peut pas
accepter cela. Il faudrait que le député se rétracte, M.
le Président.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Dussault: On ne peut pas se permettre de dire qu'un
journaliste est un menteur, M. le Président.
M. Polak: Je ne me suis jamais servi du mot "menteur". J'ai lu un
texte et quand on a accusé le ministre Duhaime, dans le texte, de
s'absenter fréquemment parce qu'il ne veut pas assister à ces
réunions, je fais exception à cette remarque dans l'article du
Soleil. Même si je suis dans l'Opposition, je n'accepte pas cela parce
que j'ai travaillé avec lui hier soir jusqu'à minuit. On a
travaillé ensemble sur la résolution, sur le sous-amendement, sur
l'amendement pour essayer d'avoir une faible entente. Je sais que c'est
très fragile, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 15 h 17)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources en vue de l'étude article par article
du projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. Lorsque
nous avons suspendu nos travaux, la parole était au député
de Sainte-Anne et il lui restait sept minutes. M. le député de
Sainte-Anne. M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, sur la motion principale. Le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait une motion invitant M.
Georges Lafond, vice-président aux finances à la
société Hydro-Québec, à nous donner des
informations, à renseigner les membres et intervenants à la
commission permanente de l'énergie et des ressources relativement aux
implications financières pour la société
Hydro-Québec du projet de loi no 16. M. le Président, il est
très important que nous obtenions l'information, l'opinion et certains
renseignements des officiers d'Hydro-Québec, spécialement de M.
Georges Lafond, son vice-président aux finances. Jusqu'à ce que
ce projet de loi soit introduit et adopté, il y aura une
différence très marquée dans la dépendance
financière d'Hydro-Québec vis-à-vis du gouvernement.
Jusqu'à maintenant, M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député de Châteauguay durant ses interventions. Pendant que
je parle, il ne devrait pas m'interrompre alors que j'exerce mon droit de
parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, il ne faut pas profiter du fait que j'ai le dos
tourné... M. le député de Châteauguay, il ne faut
pas profiter du fait que j'ai le dos tourné pour...
M. Dussault: Je m'en excuse auprès de vous, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Châteauguay.
M. Ciaccia: Cela démontre encore une fois, M. le
Président, que le député de Châteauguay n'a rien
compris. Le projet de loi n'est pas adopté. Je ne me fais pas d'illusion
sur les intentions du gouvernement, je ne me fais aucune illusion que le
gouvernement va écouter le bon sens, qu'il va retirer le projet de loi,
le modifier. Le gouvernement, une fois embarqué dans la loi, ne
lâche pas. Même si cela devait mener au désastre
économique, même si ça cause toutes sortes de
problèmes à la population, il ne s'en occupe pas. Le gouvernement
a certains objectifs et, ce qu'il fait, il poursuit ses objectifs coûte
que coûte. On le voit ici dans le projet de loi d'Hydro-Québec.
Jusqu'à maintenant Hydro-Québec était, à toutes
fins utiles, indépendante du gouvernement, et ce pour des raisons
très importantes; elle était indépendante dans ses
structures, sa vocation, ses finances. Lors de la formation
d'Hydro-Québec, il fut décidé de bâtir cette
société d'État sur des assises solides en
réinvestissant tous les surplus financiers et cette politique
financière, M. le Président, a fait d'Hydro-Québec une des
compagnies d'utilités publiques avec la meilleure cote de crédit
au Canada. Si ce n'avait été des politiques du gouvernement, la
cote de crédit d'Hydro-Québec aurait été encore
plus haute...
M. Grégoire: Est-ce que la cote de crédit fait
partie des renseignements financiers?
M. Ciaccia: Mais oui! Des renseignements financiers. M. le
Président, il demande si la cote de crédit fait partie des
renseignements financiers! Le croyez-vous, M. le Président?
M. Grégoire: ... fait partie de la motion.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Continuez!
Continuez, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est incroyable! Vous voyez à qui nous
faisons face. On parle dans le vide, M. le Président. On parle...
M. Grégoire: C'est bien évident que vous parlez
dans le vide. On le sait depuis longtemps.
M. Ciaccia: Je préférerais avoir des sièges
vides que des têtes vides devant moi, M. le Président.
M. Grégoire: C'est moi qui l'ai sortie, celle-là,
en premier. Je l'ai sortie, M. le Président, celle-là, en
premier, bien avant le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour revenir à des choses sérieuses, M.
le Président, la cote de crédit d'Hydro-Québec,
d'après le vice-président de Moody's, et il a fait ces
déclarations, je pense, en 1977 ou 1978, juste avant l'une des
commissions parlementaires d'Hydro-Québec... Il faisait la comparaison
entre Hydro-Québec et Hydro Ontario et il trouvait que la gestion,
l'administration d'Hydro-Québec, les surplus financiers étaient
encore mieux, que c'était une société d'État qui
devait avoir même une meilleure cote de crédit ou aussi bonne que
celle d'Hydro Ontario. Savez-vous comment il a expliqué le fait, M. le
Président, que la cote de crédit était AA plutôt que
AAA? Parce qu'Hydro Ontario a une cote de AAA et c'est la meilleure cote de
crédit qui puisse être accordée à une
société financière. Il a expliqué cela en disant
que parce que le gouvernement du Parti québécois poursuivait ses
objectifs d'indépendance, de séparation, dû à la
situation politique au Québec, ils avaient réduit la cote de
crédit de AAA et ils accordaient seulement une cote de AA.
Ce que nous craignons, M. le Président, c'est que cette cote soit
affectée davantage par le projet de loi 16 et par les politiques du
gouvernement. Jusqu'à présent, jusqu'au projet de loi 16, il n'y
avait pas cette ingérence du gouvernement dans les finances
d'Hydro-Québec, mais maintenant nous voyons, par exemple, l'article
15.1, qui stipule que les dividendes seront déclarés par le
gouvernement et très probablement en fonction de ses propres besoins
financiers et non pas par le conseil d'administration d'Hydro-Québec en
fonction des besoins financiers d'Hydro-Québec. C'est cela, le danger,
M. le Président. Dans une société, même pas une
société d'État, parlons d'une société
privée, c'est le conseil d'administration qui va déclarer les
dividendes et ces dividendes vont être déclarés en fonction
des besoins financiers de la société. Si la société
a besoin de réinvestir X dollars pour d'autres développements,
pour accroître ses activités, elle va réduire les
dividendes et, parfois, elle ne déclarera pas du tout de dividendes.
Mais ce n'est pas cela ici; non seulement le gouvernement, M. le
Président, va piger dans les fonds d'Hydro-Québec, mais ce n'est
même pas le conseil d'administration d'Hydro-Québec qui va pouvoir
décider du montant de dividendes qui sera donné au gouvernement
en fonction des besoins d'Hydro-Québec pour le développement de
ses projets. Cela a des conséquences très sérieuses, M. le
Président. Jamais je n'aurais cru qu'un gouvernement serait allé
si loin que cela, spécialement avec la mission qu'Hydro-Québec
avait. Non seulement c'est le gouvernement qui va prendre cette
décision, mais le conseil d'administration n'aura même pas un
pouvoir de recommandation. Pouvez-vous voir à quel point on veut prendre
un contrôle total et absolu d'Hydro-Québec?
Les représentants d'Hydro-Québec étaient venus
à une commission parlementaire et, quand ils ont vu le projet de loi no
16, ils ont demandé que cet article 15.1 soit modifié pour donner
au conseil d'administration au moins un pouvoir de recommandation. Cela
n'aurait pas lié le gouvernement, mais au moins cela aurait donné
une direction, un conseil, une recommandation qui aurait tenu compte des
besoins financiers d'Hydro-Québec. Tel que le projet de loi est
rédigé présentement, c'est seulement un facteur qui va
être considéré, soit les besoins financiers du ministre des
Finances, pas ce dont Hydro-Québec aurait besoin. C'est pour cela qu'ils
ralentissent leurs travaux à la Baie-James.
M. le Président, le député de Frontenac fait signe
que non, vous le savez vous-même, même quand il dit non... Il s'est
plaint en commission parlementaire; ça, c'est drôle: le
député de Frontenac que je vois aujourd'hui appuyer le projet de
loi, a critiqué HydroQuébec. Il a dit: Comment se fait-il que
vous réduisiez vos projets à la Baie-James d'ici à 1985?
Il avait raison de soulever cette question-là à ce
moment-là, mais maintenant les directives du gouvernement sont venues:
Ne t'oppose pas, M. le député de Frontenac, c'est moi, le
ministre des Finances, qui ai besoin de l'argent d'Hydro-Québec; les
jobs dehors, les investissements dehors, on va aller chercher cet
argent-là pour payer nos dettes.
M. Grégoire: Question de règlement. Vous savez bien
que le ministre des Finances n'a jamais dit cela. Le député de
Mont-Royal est en train de parler au nom du ministre des Finances.
M. Ciaccia: Un instant! Il ne vous l'a
pas dit à vous.
M. Grégoire: On sait fort bien qu'il ne sera pas ministre
des Finances.
M. Ciaccia: Quand le ministre des Finances sera ici en commission
pour nous dire qu'il n'a pas dit ça, je vais le croire.
M. Grégoire: Voyons! Il ne l'a pas dit, voyons donc! C'est
vous autres qui dites ça. Aïe!
M. Ciaccia: Vous voulez le défendre. Écoutez, le
ministre des Finances l'a dit par l'entremise du projet de loi no 16. Quand
vous lisez le projet de loi no 16, c'est cela que cela veut dire et, quand vous
voyez ce qui se produit à la Baie-James, quand vous voyez la
réduction des investissements, la réduction des emplois, c'est
seulement le commencement. Ils n'ont pas encore commencé à payer
les dividendes; imaginez-vous ce qui va arriver une fois que le ministre des
Finances va vraiment aller chercher toutes les sommes dont il va avoir besoin
pour réduire son déficit.
Il n'en reste pas moins que ces sorties de fonds en provenance
d'Hydro-Québec auront des impacts importants. C'est pour cette raison
qu'on voulait inviter M. Lafond, le vice-président, pour qu'il nous
renseigne sur les impacts que le projet de loi no 16 aura, premièrement,
sur les investissements d'Hydro-Québec, mais aussi sur les tarifs
d'Hydro-Québec. Sur les tarifs, savez-vous ce qu'Hydro-Québec a
dit? Je vais prendre un document: "La tarification proposée à
compter du 1er janvier 1982". C'est un document qui a été
déposé par Hydro-Québec et, à la page 2, on dit:
"À cause du fort degré d'incertitude sur l'inflation
générale, les taux d'intérêt et de change, les prix
des énergies concurrentielles et, encore plus, sur l'évolution
des ventes d'électricité et les possibilités des
marchés financiers, nous ne recommandons qu'une première hausse
de tarifs applicable à partir du 1er janvier 1982. Pour cette même
raison, il ne nous est pas possible de produire dans le présent
mémoire une prévision de ce que pourraient être les hausses
tarifaires pour les années subséquentes. Ainsi, nous devons
analyser l'accord intervenu dernièrement entre les gouvernements du
Canada et de l'Alberta afin d'en prévoir les répercussions sur la
demande et les prix de l'électricité." (15 h 30)
Les tarifs qui ont été proposés étaient
seulement pour 1982. Ce qu'on aurait voulu demander au vice-président
responsable des finances, c'est que, s'il fallait augmenter les recettes
fiscales du gouvernement qui vont provenir d'Hydro-Québec et de ses
usagers, selon le tableau préparé par M. Marcel Bélanger,
qui vont de 103 000 000 $, en 1978, à 1 400 000 00 $ en 1985, on a voulu
lui demander l'effet sur les tarifs, seulement pour produire ce montant de 1
400 000 000 $. Ce ne serait pas nécessairement les tarifs
recommandés par Hydro-Québec, parce qu'il va y avoir d'autres
facteurs, le taux d'inflation, les taux d'intérêt, mais seulement
pour les montants dont le gouvernement a besoin.
Je pense que cela aurait été des renseignements essentiels
pour nous, qui pourraient avoir des conséquences assez sérieuses
sur le projet de loi et peut-être influencer le gouvernement à
modifier certains aspects du projet de loi.
M. le Président, je dois assister à d'autres travaux
à l'Assemblée nationale. Alors, vous allez m'excuser, je vais
terminer, pour l'instant, mon intervention, pour aller remplir mon devoir
à l'Assemblée nationale. Soyez assuré, M. le
Président, que je reviendrai le plus tôt possible.
Le Président (M. Laplante): Très bien, monsieur. M.
le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Il est peut-être
utile de rappeler que la raison d'être de cette motion du
député de Marguerite-Bourgeoys telle qu'amendée ce matin
par la motion d'amendement du député de Châteauguay,
découle des intentions qu'on a clairement expliquées et
même répétées à satiété, lors
de l'étude en deuxième lecture de ce projet de loi, à
l'Assemblée nationale.
Il nous apparaissait inconvenant, M. le Président, que le
gouvernement procède à la présentation et à
l'adoption de ce projet de loi avant que n'ait eu lieu le débat public
que tous réclamaient et sur lequel le prédécesseur du
ministre actuel avait dit être d'accord pour qu'il se tienne au printemps
dernier.
Il est peut-être utile de rappeler, M. le Président, qu'au
printemps dernier, lorsque M. Yves Bérubé, qui était alors
ministre de l'Énergie et des Ressources, avait accédé
à la demande de mon collègue d'Outremont de tenir un débat
public sur la politique énergétique du Québec,
c'était immédiatement avant la campagne électorale qui a
mené à l'élection du 13 avril. C'est peut-être ce
qui explique l'empressement du ministre d'alors d'accepter le débat
public, ce qui ne s'est pas concrétisé au lendemain des
élections, alors qu'il a été remplacé par le
ministre actuel.
Or, ce qu'on veut faire, en tentant de convaincre les
députés ministériels d'adopter la motion que le
député de Marguerite-Bourgeoys a présentée, c'est
à tout le moins d'avoir, sinon le débat public que nous aurions
souhaité avoir et que nous avait promis le prédécesseur du
ministre actuel,
tout au moins avoir un débat limité sur les grandes
orientations d'une politique énergétique. C'est ainsi que la
motion amendée, qui invite M. Georges Lafond, le vice-président
aux finances de la société Hydro-Québec, et toute autre
personne, mentionne spécifiquement un certain nombre d'organismes qui
ont tous communiqué leur désir de participer à un tel
débat.
Pourquoi un débat public, M. le Président? Je disais, lors
de mon intervention en deuxième lecture, que si, en 1962, le
gouvernement libéral de l'époque s'était senti
l'obligation d'aller consulter la population sur la nationalisation de
l'électricité, quand on connaît toutes les
conséquences que cela a eu sur le développement du Québec,
on aurait été en droit de s'attendre que, vingt ans plus tard, on
répète le même exercice, compte tenu de la
problématique énergétique mondiale et de la situation du
Québec, qui ont évolué, tous en conviendront, de
façon dramatique au cours de ces vingt années.
L'Opposition officielle a insisté pour que ce débat public
sur l'avenir énergétique du Québec soit tenu depuis au
moins deux ans et il est utile de rappeler que nous ne sommes pas les seuls
à le souhaiter, car syndicats, groupes écologiques, un grand
nombre d'autres organismes, le réclament également avec
insistance. On ne peut malheureusement que constater qu'au sujet du
débat public sur l'énergie, le gouvernement se retrouve devant un
front commun unanime. C'est d'ailleurs cette unanimité qui permettait
à l'ancien ministre de l'Énergie et des Ressources, dans un
communiqué de presse de mars 1981, de dire ceci: "Les interventions,
lors des quatre premières journées de la commission
parlementaire, ont démontré la très grande
unanimité entourant la tenue d'un débat public. Au moment
où le Québec s'achemine vers des choix majeurs de
société, la population doit absolument être
sensibilisée aux alternatives qui s'offriront à elle et elle doit
de plus avoir la possibilité de faire connaître ses choix."
M. le Président, je suis d'accord avec l'ancien ministre parce
qu'on a l'impression, en écoutant certains discours des
députés ministériels, qu'ils pensent que le débat
public qu'on réclame, c'est simplement pour satisfaire les politiciens
ou les parlementaires que nous sommes et satisfaire les centrales syndicales,
les autres organismes qui l'ont réclamé. Ce n'est pas du tout de
cela qu'il s'agit. Il s'agit d'associer la population, d'abord de l'informer
valablement de ce que comportent les choix énergétiques que le
gouvernement s'apprête à faire; Dieu sait que le projet de loi no
16 va très loin pour nous amener à faire un choix," mais de
façon un peu déguisée. Il est important donc d'informer la
population des conséquences des gestes qu'on pose et en même
temps, parce qu'on voit les conséquences, d'associer la population
à la démarche.
Or, en mars 1981, le ministre Bérubé allait même
jusqu'à présenter une proposition, en quatre points, qui aurait
réglementé la tenue d'un tel débat public. C'était,
comme tout le monde l'aura constaté à l'époque, et je l'ai
dit tantôt, sur le tard que M. Bérubé se ralliait à
l'idée partagée par la grande majorité des intervenants et
des intéressés. C'était surtout à la veille d'une
campagne électorale que le ministre acquiesçait à une
idée largement exprimée et partagée. Or, que s'est-il
passé depuis? Quant à nous, de l'Opposition, nous continuons
d'exiger la tenue d'un débat public sur l'avenir
énergétique du Québec, mais comme je l'ai dit
tantôt, le projet de loi no 16 nous amène tellement loin dans la
démarche qu'il nous paraît souhaitable et essentielle que si le
débat public réclamé par tous ne peut pas avoir lieu,
qu'au minimum, on convoque devant cette commission parlementaire avant d'avoir
adopté les divers articles du projet de loi, ceux qui ont exprimé
l'intention d'y comparaître.
J'irai dans les détails tantôt quant aux
représentations qu'on a reçues de certains de ces organismes. Un
fait à noter, il ne s'agit pas d'organismes associés de quelque
façon à un parti politique que ce soit, en tout cas,
sûrement pas au Parti libéral. Quand on parle de la CSN, de la CEQ
ou de la FTQ, personne au Québec ne va accuser ces centrales syndicales
d'être à la solde du Parti libéral du Québec. En
tout cas, ce n'est pas à nos congrès qu'on retrouve les
délégués de ces trois centrales syndicales en plus grand
nombre. Je pense que les membres du Parti québécois sont bien
placés pour savoir où possiblement certains d'entre eux se
retrouvent certaines fins de semaine.
Le problème demeure le même puisque le document du ministre
d'État au Développement économique, Bâtir le
Québec, qui se voulait l'énoncé d'une politique
économique de l'actuel gouvernement, prévoit toujours qu'à
partir de 1985, on aura atteint le sommet de notre développement
hydroélectrique. D'autre part, on a à peine
déterminé les facteurs qui à long terme influenceront nos
surplus énergétiques auxquels sont intéressés nos
voisins américains. Finalement, il demeure impossible pour le
gouvernement de se donner des priorités en matière de recherche
et de développement, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
déterminé les formes d'énergie que les
Québécois entendent privilégier. Ce sont toutes des choses
sur lesquelles nous devrions nous pencher avant d'adopter le projet de loi
16.
C'est ce que nous continuons de réclamer, nous, de l'Opposition
officielle. Or, le gouvernement, qu'a-t-il fait depuis mars dernier,
relativement à la tenue d'un débat
public, sinon de toujours attendre, comme le révèle
l'attitude choisie par le ministre qui est devant nous depuis juin dernier? Je
citerai ici, M. le Président, un extrait d'un article qui a paru dans la
Presse du 3 juin 1981 qui se lisait comme suit: "Au député Pierre
Fortier, qui insistait sur la nécessité d'un véritable
débat public sur l'avenir énergétique et sur
l'impérieux besoin de l'établissement d'une politique à
long terme dans ce domaine, M. Duhaime, moins enthousiaste que son
prédécesseur, Yves Bérubé, a déclaré
qu'il ne lancera pas un débat public sur l'énergie avant
d'être certain d'avoir en main tous les paramètres sur la
question, tout en se disant assez ouvert à cette idée."
Le ministre est assez "ouvert" à l'idée, un peu comme les
membres de la commission sont assez "ouverts" à la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys. Ils sont "ouverts" pour qu'on en
discute. Quand on a terminé les interventions pour tâcher de les
amener, de les convaincre à appuyer notre motion, ils nous disent qu'on
fait des débats strictement dilatoires et ensuite ils votent contre, M.
le Président. Ou pire, ce matin, à une motion d'amendement
présentée par le député de Châteauguay,
député péquiste, il s'est retrouvé seul à
l'appuyer, ses collègues ne daignant même pas l'appuyer,
s'abstenant de voter. C'est un peu incongru quand même, M. le
Président.
Donc, de quelle ouverture parlait le ministre de l'Énergie et des
Ressources, il y a à peine cinq mois? Si cette ouverture n'avait
été que minimale, jamais le ministre n'aurait parrainé le
projet de loi no 16, M. le Président, projet qui vient modifier le
paramètre majeur de toute la question énergétique du
Québec, car sous ce projet de loi présentement devant nous se
cache d'abord - mes collègues l'ont dit - sous le titre "redevances", un
impôt. Un impôt peut-être pas aussi clair que celui sur le
revenu ou que celui sur la taxe sur l'essence qui se débat
présentement à l'Assemblée nationale et où j'irai
contribuer de mon intervention dans quelques minutes, mais quand même un
impôt à la sauce péquiste, c'est-à-dire indirect,
sournois, régressif et vicieux.
Oui, on est obligé de se répéter parce qu'il semble
que vous dire une chose...
M. Grégoire: Vous êtes en train de...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Grégoire: M. le Président, je veux poser une
question de règlement. Le député de Gatineau est en train
- je le reconnais mot à mot - de relire le discours qu'il a
prononcé en deuxième lecture à l'Assemblée
nationale sur le même projet de loi. C'est le deuxième
député qui est en train de relire son discours de deuxième
lecture.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, je vais répéter ce que j'ai dit, lorsque vous avez
semblé porter la même argumentation à un autre
député de l'Opposition.
M. Gratton: II se répète lui aussi?
Le Président (M. Laplante): Non, je trouve que c'est
flatteur pour le député de
Gatineau qu'il ait écouté son discours de deuxième
lecture.
Une voix: Une grosse amélioration.
M. Grégoire: Vous savez que c'est complètement
contre tous les règlements que de relire le même discours qu'il a
déjà fait à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, cela prouve combien
pertinente mon intervention en deuxième lecture pouvait être.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, est-ce que vous voulez dire que vous l'avez entendu aussi?
M. Vallières: M. le député de Frontenac dit
que c'était le deuxième intervenant à lire son discours de
deuxième lecture. J'aimerais qu'il précise ses dires afin de
savoir quel est l'autre député en cette commission qui aurait lu
son discours de deuxième lecture.
M. Grégoire: C'est le deuxième, M. le
Président, qui relit son discours de deuxième lecture.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! si vous voulez continuer, parce qu'il vous reste...
M. Gratton: On n'a pas le droit d'utiliser mon temps comme cela.
J'ai tellement de choses à dire, M. le Président.
D'ailleurs, c'est peut-être très significatif que le
député de Frontenac ait reconnu mon discours de deuxième
lecture quand j'ai...
M. Grégoire: Mot à mot.
M. Gratton: ... utilisé les adjectifs comme indirect,
sournois, régressif et vicieux.
M. Grégoire: Sauce péquiste.
M. Gratton: Je disais donc cet impôt...
M. Grégoire: À la sauce péquiste.
M. Gratton: ... à la sauce péquiste et dont la
responsabilité ne pourrait être qu'à tort assumée
par Hydro puisque, tout comme la SAQ, la Régie de l'assurance automobile
et d'autres, elle jouera dorénavant le rôle de percepteur.
Ensuite on découvre, M. le Président, dans le projet de
loi no 16, un cheval de Troie, placé au coeur même de ce qui fait
la force d'Hydro, c'est-à-dire sa vocation. Si la société
Hydro-Québec est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, c'est
qu'au-delà du simple libellé de l'article 22 de sa loi "aux taux
les plus bas compatibles avec une saine administration financière", la
société possédait vraiment cette capacité
d'administrer sainement - laissez-moi finir ma phrase, s'il vous plaît -
ses affaires au seul et unique profit des Québécois." (15 h
45)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, hier j'ai soulevé la
même objection. Je vois un journal... D'ailleurs, je peux le lire de
loin, il est devant le ministre, devant le microphone; il y a un article qui
dit: "Le PLQ est forcé de choisir sa victime."
M. Fortier: Je comprends, il y a tellement de problèmes
actuellement.
M. Polak: C'est typiquement l'habitude péquiste de semer
la désunion entre nous. Nous sommes tellement sur le bon chemin avec
cette motion que nous allons l'appuyer, je l'espère, unanimement.
Maintenant, il arrive avec cet article pour chercher la chicane...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Polak: ... et interrompre le discours du député
de Gatineau, qui est très intéressant.
Le Président (M. Laplante): II ne le
répétera pas.
M. le député de Gatineau.
M. Duhaime: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais dire au député de
Sainte-Anne jusqu'à quel point nous apprécions sa contribution
à nos débats. Le Soleil d'aujourd'hui, du mercredi 9
décembre, a attiré mon attention et j'ai cru de mon devoir de
sensibiliser le député de Gatineau à ça. C'est
écrit: "Si c'était à recommencer, l'Opposition
libérale aurait mené une lutte systématique au projet de
loi no 39 plutôt qu'au projet de loi no 16, ont avoué hier soir
plusieurs députés libéraux."
M. Gratton: M. le Président, arrêtez-le.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, vous pourrez
être le prochain intervenant, si vous le voulez.
M. Duhaime: Non, c'est sur la question de règlement, M. le
Président, je n'ai pas fait mon point.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. Duhaime: L'article dit que les députés
libéraux qui siègent à la commission...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Duhaime: ... mènent un "filibuster",
c'est-à-dire une opposition systématique.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: De façon qu'on n'utilise pas mon temps, je
termine ici mon intervention, me réservant les cinq minutes qui me
restent pour plus tard car, moi aussi, voyez-vous, je dois aller attaquer cette
autre cible qu'est la taxe sur l'essence...
M. Duhaime: Avant que le député de Gatineau nous
laisse, M. le Président, je voudrais qu'il soit bien certain...
M. Gratton: ... qui est non seulement sournoise, mais aussi
régressive.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Je pars à l'instant, je monte mon cheval de
Troie et je vais en haut.
M. Grégoire: M. le Président, j'aurais une question
à poser au député de Gatineau. Est-ce que c'est le
même discours en haut?
M. Duhaime: Ce que les députés libéraux ne
veulent pas admettre, M. le Président...
M. Gratton: Je vous invite à me suivre, vous allez
voir.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais terminer mon
point de règlement.
M. Gratton: Pas sur mon temps, M. le Président. Vous avez
arrêté votre...
M. Duhaime: Ah non, pas du tout.
Le Président (M. Laplante): Je l'ai arrêté,
il vous reste cinq minutes.
M. Gratton: Merci.
M. Duhaime: Vous savez, M. le député de Gatineau,
on va vous donner tout le temps dont vous avez besoin.
M. Gratton: D'ailleurs, j'aurais une directive à vous
demander là-dessus, M. le Président.
M. Duhaime: Ce que l'article du Soleil d'aujourd'hui dit, c'est
que les députés libéraux qui siègent mènent
un "filibuster", c'est-à-dire une opposition systématique.
M. Gratton: C'est faux.
M. Duhaime: On parle d'une motion d'amendement depuis 16 heures
ou 15 heures et je vous avoue que...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre!
M. Gratton: Un ministre ne devrait pas être
antiréglementaire comme ça, ça n'a pas de sens.
M. Duhaime: Cela va, j'ai fini.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Gratton: Cela n'a réellement pas de sens.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, est-ce que vous continuez?
M. Gratton: Non, M. le Président, je monte et je
reviens.
Le Président (M. Laplante): Bon. M. le
député de Viger.
M. Duhaime: Là, vous allez parler sur la loi 39, ne vous
trompez pas.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, savez-vous que, parfois, il
faut répéter certaines choses à cause des personnes qui
nous écoutent. Vous le savez très bien. Si on est obligé
de répéter, c'est parce qu'on connaît les gens auxquels on
a affaire. Vous comprendrez que, si l'on a présenté la motion
qu'on étudie présentement pour qu'on invite M. Georges Lafond,
vice-président aux finances à la société
Hydro-Québec, toute autre personne et, d'une façon prioritaire,
les organismes que le député de Marguerite-Bourgeoys a
ajoutés, c'est parce qu'on n'a pas encore eu la chance - et je pense
qu'on ne l'aura pas, en regardant les députés en face de nous -
de tenir un débat public sur l'énergie.
Vous savez, M. le Président, que la méthode choisie par le
gouvernement pour l'adoption du projet de loi no 16 constitue un manque
flagrant de respect, pour deux raisons. Premièrement, parce que les
véritables intéressés, les citoyens, qui, dans les faits,
sont les seuls et uniques propriétaires d'Hydro-Québec, n'ont pas
été appelés à se prononcer sur ce projet de loi qui
concerne une société qui, on peut dire, leur appartient. Vous
savez très bien, M. le Président, que la nationalisation
d'Hydro-Québec a été faite en 1963. À ce
moment-là, le ministre des Richesses naturelles était l'actuel
premier ministre, M. Lévesque. On se rappellera toute l'importance qu'on
a accordée à cette dimension lorsque le gouvernement du Parti
libéral a décidé d'aller devant le peuple pour
nationaliser cette richesse naturelle du Québec. Depuis, les temps ont
changé. Aujourd'hui, comme je le disais - les choses ont changé -
c'est le nouveau ministre de l'Énergie qui essaie de faire passer
quasiment en catimini un projet de loi qui pénalisera tous les citoyens
du Québec.
Vous savez que le premier ministre actuel, qui était ministre des
Richesses naturelles en 1962, avait dit à ce moment que la
nationalisation d'Hydro-Québec, il fallait la faire parce qu'il fallait
donner l'électricité au plus bas prix possible. Il faut dire
qu'à ce moment l'actuel premier ministre était un jeune
libéral. Actuellement, vous connaissez ses couleurs. Mais vous savez
très bien qu'aujourd'hui le changement qu'on veut faire par la loi 16
d'Hydro-Québec, est un changement qu'on peut, si on regarde l'article
15.1... En effet, l'article 15.1 stipule que les dividendes seront
déclarés par le gouvernement, très probablement en
fonction de ses propres besoins financiers et non pas par le conseil
d'administration d'Hydro-Québec en fonction des besoins financiers
d'Hydro-Québec.
Je regrette, M. le ministre de l'Énergie, ce n'est pas un
deuxième discours, c'est la vérité qu'on est en train de
dire, actuellement, et cela vous fait mal, on le comprend. Elle fait encore
beaucoup plus mal à tous les citoyens du Québec, cette loi qui
est régressive. Comme le disait le député de Gatineau,
c'est une loi à la sauce péquiste. Vous savez très bien -
je continue - que lors
de la commission parlementaire du 25 août dernier,
Hydro-Québec demandait que cet article 15.1 soit modifié de
façon à donner au conseil d'administration un pouvoir de
recommandation.
M. le Président, comme je l'ai déjà dit, la
nationalisation d'Hydro-Québec a été faite pour donner
l'électricité, au plus bas prix possible, aux citoyens du
Québec. C'est à cause de cela que je considère qu'il
faudrait avoir un débat public sur cette question. C'est
nécessaire parce qu'il faut obtenir toutes les explications et les
justifications à ces changements. C'est seulement un débat public
qui permettra de répondre à nos interrogations, et c'est en
convoquant M. Georges Lafond, vice-président aux finances de la
société Hydro-Québec, qu'on pourra avoir les
réponses à nos interrogations et, dans un deuxième temps,
savoir ce que les actionnaires d'Hydro-Québec, c'est-à-dire les
citoyens du Québec, pensent vraiment de ce projet de loi, ce qu'ils
pensent des hausses que le ministre de l'Énergie et le ministre des
Finances veulent nous imposer. Avec le projet de loi no 16, il y a un
changement de vocation d'Hydro-Québec. Justement, ce débat
public, c'est l'occasion de montrer comment il est tout à fait
inadmissible, incompréhensible de faire disparaître les avantages
de la nationalisation d'Hydro-Québec, entérinée, il ne
faut jamais l'oublier, par les électeurs en 1962.
Je dois encore féliciter, comme je l'ai fait ce matin, le
député de Châteauguay pour son ouverture d'esprit
vis-à-vis de la motion qu'on a devant nous d'inviter des organismes
à faire certaines représentations. Je ne sais pas si je pourrais
avoir votre attention pour une seconde, parce que je voudrais savoir le nombre
de minutes qu'il me reste.
Le Président (M. Laplante): II vous reste 7 minutes.
M. Maciocia: 7 minutes. Je vais les garder pour plus tard, si
vous permettez. J'ai beaucoup de choses à dire mais je vais attendre
l'intervention du ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: Quand vous serez sérieux, je vais parler.
M. Grégoire: C'est parce que vous n'avez plus rien
à dire.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse. Je ne veux pas
vous enlever de temps, c'est 10 minutes qu'il vous reste.
M. Maciocia: Parfait.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: M. le Président, je croyais que mon
collègue de Sainte-Anne me précédait mais...
Le Président (M. Laplante): II faut vous entendre pour
parler.
M. Polak: Je prends mes sept minutes, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous prenez vos sept minutes,
d'accord.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, pour continuer ce que j'ai dit
ce matin quand j'avais le désavantage de parler sans même avoir le
texte de la motion devant moi... On s'est retrouvé ici à 15
heures, le texte est là mais pour moi cela ne faisait aucune
différence parce que j'étais tellement enthousiaste
vis-à-vis du projet commun qui s'est développé ici, depuis
hier, que je n'avais vraiment pas besoin du texte. Mais je commence à
noter une affaire sérieuse, c'est qu'on commence à perdre un peu
l'esprit de corps qui commençait à régner parmi nous. Cela
devrait être encore plus important et c'est malheureux que j'aie
seulement 7 minutes parce que je ne voudrais pas que le député de
Châteauguay commence à se décourager. Il a dit ce matin
qu'il pensait s'être fait prendre hier. Je ne veux pas que ce
député soit désespéré, même si les
députés ministériels se sont abstenus lors du vote sur le
sous-amendement et sur l'amendement. Je comprends que c'est grave pour lui,
c'est important. Je commence même à avoir un peu des doutes,
après avoir avancé tous nos arguments sur la motion, à
savoir si les députés ministériels voteront pour une
motion qui est vraiment l'oeuvre conjointe de tous.
Il ne faut pas oublier, lorsqu'on prend cette motion, que cela a
commencé par un petit pas timide de la part du député de
Marguerite-Bourgeoys quand il a suggéré d'inviter M. Georges
Lafond. C'est un peu comme les Américains qui ont fait - vous vous le
rappelez - le premier pas sur la lune, le premier homme qui est allé sur
la lune. Je me rappelle très bien quand j'ai vu cela, c'est un premier
pas, un homme est allé sur la lune pendant peut-être une
demi-heure ou une heure et regardons maintenant ce qui arrive. Ils font des
voyages partout avec des équipes de quatre ou cinq hommes, même
deux véhicules en même temps qui se rencontrent dans l'espace.
C'est un peu comme cela que notre affaire s'est développée ici.
Le tout premier pas dans notre résolution, c'est le petit pas timide de
la part du député de Marguerite-Bourgeoys d'inviter M. Lafond,
mais là, on a eu...
M. Grégoire: M. le Président, je n'accepterai pas
qu'on insulte le député de Marguerite-Bourgeoys comme cela; ce
n'est pas un homme timide. Il faut défendre sa réputation...
M. Polak: Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que ce qu'il avait
suggéré...
M. Grégoire: ... on a même dit - je continue sur ma
question de règlement car je suis sur une question de
règlement...
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
une minute.
M. Grégoire: On a même dit dans le journal que le
député de Marguerite-Bourgeoys est un véritable
spécialiste pour diriger un "filibuster", il mène la lutte de
l'Opposition contre la loi 16 et ne peut pas siéger en deux endroits
pour combattre en même temps les deux projets de loi. M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): D'accord. Votre question de
règlement est faite.
M. Grégoire: Je termine en disant que c'est un fait, le
député de Marguerite-Bourgeoys n'est pas un timide; il souffre
peut-être de bilocation, parce qu'il est ici à l'heure actuelle,
mais ce n'est pas un timide, c'est un spécialiste du "filibuster". (16
heures)
M. Polak: M. le Président, c'est malheureux...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je suis content que tout ce qu'on dit ici soit
enregistré parce que la population va lire ce qu'on discute et elle va
voir que, quand j'ai un discours sérieux, quand j'essaie de convaincre
et d'encourager, entre autres, le député de Châteauguay, un
homme qui a eu une ouverture d'esprit, le député de Frontenac
commence à m'interrompre, à lire des articles dans le
journal.
D'ailleurs, M. le Président, c'est moi qui ai cité ce
journal-là. J'ai fait une erreur parce que ce n'est pas le Devoir, c'est
le Soleil. Pourquoi j'ai cité cela? Parce que ce journal était
erroné dans son reportage. Le journal a dit que le ministre était
absent et c'est moi, faisant une exception parce qu'il y a une telle
atmosphère de coopération qui règne dans notre
équipe des deux côtés de la table, qui avais
suggéré de critiquer ce journaliste, parce que le ministre
était présent; il a travaillé avec nous jusqu'à
minuit hier pour essayer de trouver une formule et on l'a, la formule.
On a devant nous la motion qui est l'effort combiné du premier
pas, comme je l'appelle, du député de Marguerite-Bourgeoys et
ensuite, du grand pas - pas une petite visite à la lune, mais tout un
véhicule qui peut aller à la lune - c'est-à-dire
l'amendement suggéré par le député de
Châteauguay, qui, lui, a eu le courage de demander: On va inviter tous
les autres groupes ou organismes. Et nous, pour montrer notre bonne foi, on a
dit: S'il vous plaît, on ne va pas prendre avantage, on va vous aider
parce que là vous montrez une ouverture d'esprit qu'on n'a jamais vue.
Pour les aider, on a suggéré un sous-amendement pour restreindre
le nombre de ceux qu'on va inviter à 15. On voulait, justement,
éviter qu'ils ne nous critiquent après en disant: Vous autres,
vous invitez tout le monde, le Stade olympique, savez-vous, même s'il n'a
pas de toit encore. Pour éviter cela, on a fait le sous-amendement et il
a été accepté.
On a une formule devant nous maintenant. On doit être fiers, comme
parlementaires, d'avoir réussi, de part et d'autre, à arriver
à cette formule-là. Mais moi, je commence à avoir peur que
les députés ministériels votent peut-être contre
cela, mais, quand ils feront cela, qu'ils pensent aux conséquences. Eux,
ils sont d'accord avec l'amendement du député de
Châteauguay parce qu'ils n'ont pas voté contre, ils se sont
abstenus, mais ils n'ont pas critiqué au point de dire on vote contre
parce qu'ils ont compris l'esprit d'ouverture. Là, sur le
sous-amendement, la même chose. Maintenant, qu'est-ce qu'on va faire avec
le texte? Ils doivent avoir le courage de supporter pas seulement le
député de Châteauguay, mais aussi notre effort conjoint et
de voter pour. Je suggère qu'on vote unanimement. On peut même
donner une petite conférence de presse après - comme commission
parlementaire, on a le droit de le faire devant le public - pour dire: Voici ce
qu'on peut faire quand on travaille ensemble en équipe, cela a pris de
longues heures de travail, mais c'était payant.
J'espère, M. le Président - encore une fois, je suis
seulement intervenant; je n'ai pas le droit de vote - que tous ceux qui ont le
droit de vote vont venir ici et, avec fierté, comme
Québécois, voter unanimement en faveur, car on a réussi
à présenter une motion qui est vraiment l'oeuvre conjointe de
quelques députés de notre côté et du
côté ministériel. Est-ce que mon temps est
écoulé, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui. M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Voici, M. le Président, hier...
M. Maciocia: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Est-ce que ce n'était pas le tour du
député de Richmond? Vous l'avez reconnu tout à
l'heure.
Le Président (M. Laplante): Moi, je suis obligé de
tenir compte des remarques que vous faites.
M. Vallières: Sur la question de règlement,
là...
Le Président (M. Laplante): Le parti ministériel ne
parle pas souvent. Comme il y en a un qui a demandé la parole, il faut
que je la lui donne.
M. Vallières: M. le Président, je suis parfaitement
d'accord. Cependant, j'aimerais que vous inscriviez mon nom
immédiatement à la suite du député qui se propose
actuellement de prendre la parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: M. le Président, je vais être
très court; ça ne demande pas des explications comme l'Opposition
tente de nous en donner depuis trois jours pour régler ce cas-là.
Je dois dire qu'hier, lorsque mon collègue, le député de
Châteauguay, a fait son amendement, j'ai travaillé avec lui sur
cet amendement-là et j'étais favorable à cet amendement de
façon à ouvrir le débat. Mais depuis ce temps-là,
j'ai entendu les membres de l'Opposition utiliser toutes sortes de raisons et,
en particulier, dire que ce qu'ils veulent en fait, ce n'est pas étudier
la loi no 16 article par article; c'est un véritable débat sur
l'énergie. Je pense que la loi 16 est une chose et qu'on devrait, si on
pense que c'est une bonne chose, ouvrir un débat public
général sur l'énergie à un autre moment et non pas
sur la loi 16, parce que ce n'est pas le moment.
Je reste quand même ouvert à l'argumentation que mes
collègues de l'Opposition pourraient nous apporter et je le dis ici.
Malheureusement, je ne suis pas membre, je suis seulement porte-parole, je
n'aurai pas le droit de vote, mais je reste l'esprit ouvert et je vais
conseiller mes collègues de ce côté-ci en
considérant ce que l'Opposition aura dit d'ici à la fin de leur
temps disponible. Je vais conseiller mes collègues en fonction de ce qui
va être dit. Par contre, je vous avise immédiatement que ce qu'ils
disent ne me porte pas à être sympathique à leurs
demandes.
Une voix: Pourquoi?
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Polak: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question à M. le député?
Le Président (M. Laplante): S'il veut répondre.
M. Tremblay: Je ne veux pas prendre trop du temps de la
commission, je vais vous laisser faire votre démonstration dans le temps
qui vous est alloué.
M. Polak: Est-ce que je peux vous poser une question?
Une voix: On a assez perdu de temps comme ça.
Le Président (M. Laplante): Refusé. M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Je ne
voudrais pas suivre l'intéressante proposition du député
de Frontenac, qui me demande de parler d'amiante, je suis sûr que vous me
ramèneriez vite sur le sujet. Je sais que, sur ce sujet, il n'appartient
pas au député de Frontenac de juger de la pertinence, mais c'est
bien votre travail et je suis persuadé que vous feriez votre travail
comme il se doit.
M. le Président, compte tenu de ce que vient de dire le
collègue qui m'a précédé, je vais tenter encore une
fois, en suivant mes collègues de l'Opposition, d'ajouter
peut-être certains éléments qui feront en sorte de
convaincre davantage de nos collègues du parti ministériel de
l'importance, pour nous, de ce projet de loi 16 que l'on trouve tellement
important que nous avons décidé, par le biais d'une motion,
d'inviter plusieurs personnes à venir témoigner devant nous.
Avant de l'oublier, je veux féliciter en particulier deux de mes
collègues. Pour vous démontrer que nous n'avons pas de parti
pris, je veux en féliciter un de l'Opposition et un autre du parti au
pouvoir. Je veux féliciter le député de Châteauguay
pour la motion qu'il nous a présentée hier.
M. Dussault: II se sent en forme ce matin, elle n'est pas
correcte, ma motion.
M. Vallières: C'est une motion intelligente et
constructive, très constructive...
M. Dussault: C'est incohérent, ce qui se passe, M. le
Président. C'est incroyable.
M. Vallières: Et que dire, M. le Président de celle
de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, qui est venu, hors de tout
doute, apporter des nuances très importantes, des nuances tellement
importantes, qu'hier on a passé passablement de temps à vouloir
convaincre nos amis d'en face de la pertinence de voter en faveur de la
motion!
C'est à regret que j'ai constaté que nos amis d'en face se
sont abstenus, mais j'ai quand même pu voir dans cette abstention un
message de nos amis ministériels à savoir qu'ils avaient à
tout le moins un peu compris, parce qu'au moins ils ne se sont pas
opposés de façon systématique à cette motion de
sous-amendement présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Je lisais tout à l'heure la motion que nous avons devant nous et
je dois vous dire qu'à la suite de tous ces ajouts que nous avons eus,
j'ai d'abord trouvé ça assez long comme motion, mais il demeure
que le tableau d'ensemble ne me paraît pas si mal, M. le
Président. Cette motion commence à être
étoffée; il est peut-être dommage qu'on n'ait pas pu
inscrire dans la liste des organismes qui seront convoqués davantage
d'organismes. Cela, je veux m'en plaindre, je l'ai mentionné hier soir,
et je m'aperçois aujourd'hui entre autres d'une omission très
sérieuse. On a oublié, par exemple, de demander que l'Union des
producteurs agricoles puisse être reçue en commission, afin de
voir les conséquences et l'impact réel de ce projet de loi no 16
sur cette industrie importante au Québec, l'industrie agricole.
Je constate que la motion est quand même assez bien faite,
puisqu'on dit que nous allons inviter des groupes qui sont mentionnés,
les groupes suivants. Je vous fais grâce de les nommer, mais on dit
qu'ils seront invités de façon prioritaire. Cela veut dire que
nous allons, par la suite - et je présume que cette motion sera
adoptée -procéder à d'autres invitations, lesquelles vont
nous permettre de nous apporter encore plus d'éclairage. Parce que Dieu
sait que nous en aurons besoin, si on ne veut pas, par le biais de cette loi no
16, imposer des choses à nos contribuables et à nos concitoyens
québécois que nous voulons tous, j'en suis persuadé,
protéger au maximum.
Je constate également que cette motion nous dit qu'on recevra les
groupes à entendre le mardi 15 décembre 1981, à 11 h 30.
C'est évident qu'on ne peut pas recevoir tous ces groupes le même
jour. On fait mention de 15 groupes, incluant un individu, qui est M. Yves
Aubert-Côté, professeur des Hautes études commerciales,
à se faire entendre. C'est évident qu'on ne pourra pas entendre
tout ce monde-là au cours de la même séance. Mais là
encore, notre motion est très bien faite et nous indique très
clairement: ou à toute autre séance. Ce qui signifie que les
membres de cette commission se sont réservé la possibilité
de recevoir, après le 15 décembre, d'autres groupes, d'autres
personnes-ressources visant à nous indiquer, à nous renseigner,
à renseigner les membres de notre commission et les intervenants de
notre commission sur les objectifs réels de la loi 16 et sur leur impact
dans chacun de leur milieu.
J'espère que tous mes collègues autour de cette table vont
aller au bout de leur démarche et appuyer la motion que nous avons
devant nous. J'espère qu'on n'assistera plus à des abstentions.
Je ne voudrais pas entrer ici dans les détails de ce que signifie une
abstention, mais je crois que, sur une motion aussi importante que celle que
nous avons devant nous, il est de la plus haute importance que tous et chacun
se prononcent par un oui ou par un non, par un accord ou par un
désaccord, afin que nous connaissions bien clairement les couleurs de
tous ceux qui sont autour de cette table.
Je veux en profiter pour féliciter -cela n'arrivera pas souvent
que je vais le faire - je pense que le ministre a droit présentement
à nos félicitations, compte tenu qu'il est de façon
assidue présent à nos travaux, si on fait exception de quelques
absences sporadiques qui sont causées par des événements
majeurs, j'en suis persuadé. M. le Président, mis à part
ces événements incontrôlables auxquels il a dû
participer, je pense que le ministre est très présent, il nous
écoute de façon très assidue et, juste le fait que nous
ayons le ministre en commission, cela nous incite à continuer nos propos
afin d'améliorer la qualité du projet de loi qui est devant nous
et, à défaut de l'améliorer, comme vous le savez, nous
proposerions son retrait pur et simple.
Je veux vous dire, M. le Président, que je souhaite ardemment
l'adoption de cette motion qui est devant nous, et à un point tel que je
m'imaginais tantôt jusqu'à quel point cela pourrait être
beau si, tout à l'heure, quand nous allons voter sur la motion, si, dans
un geste unanime, nous tombions d'accord, nous suspendions nos travaux pour une
certaine période et convoquions une conférence de presse commune.
Quel grand geste, quel beau geste d'unité nous pourrions faire à
la face même de tous les contribuables du Québec pour indiquer
que, pour une fois, ministériels et membres de l'Opposition se sont
entendus sur quelque chose à très grande portée. (16 h
15)
Quand on songe qu'on veut présentement modifier la vocation
première d'Hydro-Québec, je pense que nos contribuables seraient
heureux de savoir que les deux formations politiques dans cette Chambre sont
tellement intéressées par le sujet qu'elles ont fait
l'unanimité autour
d'une motion visant à entendre autant de gens. Je n'ai pas fait
le calcul mais je serais surpris de savoir, sur le nombre d'organismes, les
quinze, dont on a fait mention dans la motion, combien de personnes sont
représentées par ces organismes. Nous serions très
surpris. Cela peut paraître minime de mentionner que quinze organismes
auront à se présenter devant la commission, mais quinze
organismes, il y a un phénomène multiplicateur extraordinaire si
on considère le nombre de citoyens qui sont touchés et qui sont
représentés par ces diverses associations.
Je vous mentionnais hier l'importance pour moi d'avoir parmi nous des
personnes de l'âge d'or et des personnes d'une association
féminine. Je pense que ce serait important, c'est un
élément qu'on a négligé tout au long de notre
commission. À ma connaissance, il n'y a pas une seule femme qui est
venue s'exprimer sur le sujet et je crois qu'il serait important qu'au moins
une association féminine vienne indiquer comment elle perçoit et
comment les Québécoises perçoivent cette loi très
importante que nous nous proposons d'adopter même si le Parti
libéral s'y oppose.
Je crois qu'un autre point est très important, ce sont les divers
mouvements syndicaux. Je pense que le Parti libéral fait à son
tour preuve de beaucoup d'ouverture en invitant les diverses centrales
syndicales -même si on a oublié l'Union des producteurs agricoles
qui, j'en suis persuadé, fera l'objet d'une invitation
spécifique. Effectivement, il est de notre devoir, en tant
qu'Opposition, et j'espère que ce sera considéré comme tel
également par les ministériels, d'inviter les centrales
syndicales à venir nous indiquer les conséquences que pourrait
avoir le projet de loi no 16 sur tous les travailleurs qu'elles
représentent.
J'ai été un peu déçu tantôt par
ailleurs de certains propos qui voulaient nous imputer des intentions de faire
des mesures dilatoires. Face à la motion que nous avons là, je
trouve dommage qu'un pareil langage se tienne à cette commission.
J'espère que ce n'est pas un geste malicieux, je vais imputer cette
espèce d'accusation à une mauvaise compréhension des
intentions réelles de l'Opposition à cette commission. Nous
aurions voulu, nous, de l'Opposition, un large débat public comme tant
d'autres d'ailleurs.
Je veux, M. le Président, vous lire un article de journal que je
trouvais ce matin dans l'Argus, que tout le monde connaît, où l'on
voit un titre du journal Le Soleil du mercredi 9 décembre 1981:
"Débat souhaité sur la politique énergétique
québécoise." M. le Président, ce ne sont pas des
libéraux qui demandent cela. Que je sache, dans cet organisme, il n'y a
pas beaucoup de gens qui ont été identifiés avec le Parti
libéral. Je lis l'article: "À l'instar d'une foule d'organismes -
pas seulement le Parti libéral - le Conseil consultatif de
l'environnement "souhaite la tenue prochaine d'un débat public sur une
politique énergétique québécoise." "Cette
déclaration a été faite, hier, au cours d'une
conférence de presse, par le président du conseil, M. P.
Réal L'Heureux, au moment même où il rendait public l'avis
préparé à l'intention du ministre de l'Environnement M.
Marcel Léger et portant sur la biomasse, l'énergie et
l'environnement. "Le conseil consultatif rappelle qu'un débat public a
été reconnu d'intérêt par la commission
parlementaire chargée d'étudier le plan d'investissement
d'Hydro-Québec et ce pas plus tard qu'en février 1981. "Ce
débat public, dit le conseil, permettra de mieux informer la population
des multiples choix qui s'offrent en prenant en considération les
aspects socio-économiques et environnementaux.
On ajoute: "Le conseil juge que ce débat permettra
également au gouvernement de profiter de ces échanges critiques
pour mieux définir et mettre en place une politique
québécoise de l'énergie". Alors, on le dit, c'est presque
mot pour mot ce que l'Opposition essaie de faire entendre au ministre depuis le
début de cette commission: profiter des échanges critiques pour
mieux définir et mettre en place une politique québécoise
de l'énergie.
Pour nous autres, ce débat public, ces groupes que nous voulons
inviter en commission afin de les entendre, cela ne vise rien d'autre que
d'apporter une meilleure compréhension de l'impact du projet de loi no
16, de mieux saisir toutes les incidences, toutes les conséquences de ce
projet que nous considérons comme étant désastreux. Si des
gens pouvaient venir à cette commission nous convaincre du contraire,
avec le bon esprit et la bonne foi que nous avons, nous pourrions possiblement,
nous aussi, en venir à une autre position. Mais, tel n'est pas le cas.
C'est la raison pour laquelle je souhaite ardemment que mes collègues
autant ministériels que ceux de l'Opposition acceptent, soient en faveur
de cette motion et terminent la démarche qu'ils ont entreprise en
voulant l'amender.
Alors, cette motion de sous-amendement qui vise à inviter une
quinzaine d'organismes va nous permettre d'entendre une foule de
témoignages aussi intéressants, j'en suis persuadé, les
uns que les autres, va nous donner la perception de chacun de ces organismes
dans son propre milieu.
Évidemment, j'aurais aimé que cette commission ait encore
un esprit plus large et invite tous nos collègues, tous ceux qui le
désirent - pas de façon forcée, mais tous ceux qui le
désirent - à venir eux aussi se faire entendre devant la
commission afin de représenter adéquatement à peu
près tous les milieux du Québec. Parce qu'on sait que
notre système parlementaire permet une représentation
telle qu'on peut profiter des connaissances et de l'expérience de
plusieurs collègues dans divers secteurs d'activité; et je pense
que ça aurait été important.
Donc, cette motion me déçoit d'une certaine façon,
du fait qu'elle ne prévoit pas inviter nos collègues, mais
à défaut de tout avoir, à un moment donné on se
tourne vers le compromis et comme le Parti libéral a toujours
été de compromis, nous allons appuyer, moi je me propose de le
faire, cette motion; et souhaitons que la très large partie de mes
collègues qui sont ici vont faire comme moi.
Alors, nous voici face à une motion principale telle qu'elle a
été amendée et qui demande de rencontrer M. Georges Lafond
en particulier qui, comme vous le savez, est vice-président aux finances
de la société Hydro-Québec. Alors, ce personnage est d'une
importance majeure dans ce débat que nous voulons avoir sur le projet de
loi no 16.
Une voix: Considérable.
M. Vallières: Considérable. Qu'est-ce que je
disais, M. le député, je m'excuse; ce n'est pas ce que j'ai
dit?
Pour moi, je disais donc qu'il est de la plus haute importance que le
gouvernement nous ayant obligés à quitter la commission
parlementaire le 25 août dernier... On a été obligé
de quitter la commission, on n'a pas trouvé cela drôle, de quitter
la commission parlementaire. C'est ce gouvernement qui nous y a
obligés.
M. Dussault: Oh! Oh!...
M. Vallières: Alors, M. le Président, je peux
continuer.
Nous avons quitté parce que, et vous voyez jusqu'à quel
point nous sommes patients. Le ministre est demeuré sur ses positions
depuis le début de cette commission; nous sommes encore là.
Alors, la dernière fois, le 25 août dernier, nous n'avons pas pu
nous abstenir comme l'a fait le parti ministériel tantôt; nous
avons décidé de quitter la commission. Nous trouvions cela
important de démontrer au public jusqu'à quel point le parti
ministériel refusait d'entendre nos propos; il acceptait de les
entendre, mais il refusait de faire quelque modification que ce soit à
ce qu'il se proposait de faire.
Nous avons - de l'Opposition - besoin de précision, entre autres
sur la façon dont Hydro-Québec envisage les conséquences
du projet de loi 16 pour son avenir, pour son devenir même.
Vous savez, j'aurais aimé, cependant, le temps ne me le permettra
pas, mais j'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard, j'en suis
persuadé, j'aurais aimé vous citer quelques propos tenus par des
personnes du conseil d'administration d'Hydro-Québec qui, à eux
seuls, justifient que nous entendions M. Lafond ici en commission
parlementaire. Personnellement, j'aurais de nombreuses questions à poser
à M. Lafond et je pourrai par la suite, si le temps me le permet, vous
en soumettre quelques-unes qui vous montreront...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît?
M. Vallières: Conclure, oui... qui vous montreront
l'importance que nous attachons à la présence de M. Georges
Lafond parmi nous, compétence que nous reconnaissons.
Tout à l'heure, je reviendrai dans le but d'apporter plus
d'éclairage afin de m'assurer que tous mes collègues de cette
commission vont appuyer la motion qui est devant nous. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération.
M. Dussault: Le vote, M. le Président?
M. Ciaccia: M. le Président, question de directive.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, il me restait cinq minutes
sur mon sous-amendement. Est-ce que je peux prendre ces cinq minutes et les
ajouter au temps de mon amendement? Ça me donnerait dix minutes.
Le Président (M. Laplante): Les règles ne le
permettent pas, monsieur.
M. Ciaccia: Les règles ne le permettent pas?
Le Président (M. Laplante): Non. M. Dussault: Une
preuve de plus.
M. Ciaccia: Je pensais que le consentement...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: D'abord, au tout début, vous me
permettrez, M. le Président, quelques brefs commentaires parce que c'est
même une lacune, pour ne pas dire une injustice: à peu près
tous les membres du côté ministériel ont été
félicités, il n'y a qu'à vous, M. le Président,
qu'on n'a pas adressé de félicitations. Il y a bien sûr
mon
collègue de Gatineau qui, hier, et je cite, -j'ai pris le truc de
M. Parizeau, je parle dans le mauvais micro. C'est encore pire, je parle sans
micro. D'accord, M. le Président, je vais vous citer un peu les paroles
que mon collègue a prononcées hier: J'aimerais vous dire tout de
suite, M. le Président, que nous vous faisons entièrement
confiance, que nous connaissons la largeur de vues que vous avez toujours
manifestée à titre de président de la commission sur la
façon de bien diriger nos débats et de bien appliquer les
règlements de l'Assemblée nationale. Nous savons que vous
connaissez votre responsabilité et votre rôle à titre de
président, et ce n'est nécessairement pas d'intervenir dans le
débat, c'est de faire en sorte que chacun des députés
puisse exercer son droit de parole - ce qui est extrêmement important, M.
le Président - selon les règlements de l'Assemblée
nationale.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Les journaux d'aujourd'hui nous annoncent que l'Opposition
libérale va faire un "filibuster" mais qu'elle s'est trompée de
loi. Je suis bien prêt à subir un "filibuster", mais les feuilles
vertes qui se prononcent, ce sont les discours d'hier...
M. Bélanger: M. le Président.
M. Duhaime: ... et je déplore le fait que les
recherchistes du Parti libéral soient en congé, en vacances ou en
semaine sabbatique, mais on est en train de relire les débats de
deuxième lecture...
M. Maciocia: Question de règlement, M. le
Président.
M. Duhaime: ... après ça les discours d'hier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger. Question de règlement adjugée.
M. Duhaime: M. le Président, soyez sérieux.
M. Maciocia: Vous comprenez la raison pour laquelle le
député de Mégantic-Compton a lu la phrase qui a
été prononcée hier parce que vous savez très bien
qu'il voulait faire ressortir qu'il a été le seul
député qui ait félicité le président. Il n'a
été félicité par aucun autre
député.
M. Bélanger: De toute façon, M. le
Président, je vais conclure.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Question de règlement. M. le Président,
je crois qu'on a accusé mon collègue injustement. Le
député de Mégantic-Compton n'a fait que citer une courte
phrase et je crois que nous avons le droit, selon nos règlements, de
citer un texte; il n'a pas relu le discours qu'il a fait hier.
M. Duhaime: ... le discours, quand on se cite soi-même.
M. Fortier: Si, comme le disent les journaux, le ministre est
ennuyé par le débat qui se fait ici, il peut s'absenter de temps
à autre, mais il en est tout à fait...
M. Duhaime: Pour être ennuyé, je suis souverainement
ennuyé.
M. Fortier: Je crois qu'on ne peut pas empêcher notre
collègue de prononcer le discours qu'il veut prononcer.
M. Grégoire: Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Polak: Non, M. le Président, j'avais la main
levée avant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. D'abord, je veux vous
féliciter pour votre impartialité.
M. Bélanger: J'étais à le faire.
M. Polak: C'est au sujet d'une question de règlement.
M. Bélanger: M. le Président, question de
règlement.
M. Polak: Mon point de règlement est le suivant...
M. Bélanger: C'est moi qui veux vous féliciter.
M. Polak: M. le Président, si on commence à
s'accuser mutuellement, je plaide avec tout le monde: S'il vous plaît,
continuons sur la route de la coopération! Il y a une belle
résolution devant nous, ça nous a pris presque deux jours pour
arriver à ce texte final, il y a du progrès de fait. S'il vous
plaît, M. le Président, qu'on ne dérange pas les gens avec
de petites niaiseries comme citer des articles. D'ailleurs, l'article est
erroné, parce que l'article accusait le ministre... (16 h 30)
M. Bélanger: Voulez-vous l'arrêter, M. le
Président, afin que je puisse prendre mon droit de parole.
M. Polak: C'est moi qui avais défendu le ministre parce
qu'il était ici et il a participé.
Le Président (M. Laplante): II faut arrêter, ce
n'est plus une question de règlement-là.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Pour moi, M. le Président...
M. Dussault: Le jupon dépasse comme il n'a jamais
dépassé à cette commission, M. le Président.
M. Grégoire: Ah oui! Le jupon dépasse et bien
d'autres choses aussi.
M. Dussault: C'est incroyable.
M. Grégoire: M. le Président, je soulève une
question de règlement, parce que citer quelqu'un, c'est normal, cela se
fait...
M. Bélanger: C'est cela, voilà, même au
fédéral.
M. Grégoire: Mais se citer soi-même, M. le
Président, on appelle cela quoi? Quelqu'un qui dit:
M. Bélanger: Question de règlement, M. le
Président...
M. Grégoire: ... Voici ce que je disais. Il se cite
lui-même. C'est un gars qui se répète mais cela, c'est
voulu.
Le Président (M. Laplante): Là, c'est assez. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, vous savez
pertinemment que je ne me citais pas, je citais mon collègue de
Gatineau, le député de Gatineau et non moi. Donc, je n'ai
pas...
Le Président (M. Laplante): On va régler cela
court, vous savez que cela fait du bien à un président
d'être félicité de temps en temps, continuez, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci. Vous êtes vraiment noble, M. le
Président.
M. Dussault: Vous participez au "filibuster", ce n'est pas
correct, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, un moment là...
Une voix: Une minute, une minute.
Le Président (M. Laplante): Ce sont des accusations que je
ne tolérerai pas.
M. Grégoire: Question de règlement. M. Polak:
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Écoutez un peu, je vais
être obligé de sonner la cloche!
M. Dussault: M. le Président, donnez-nous des
numéros.
M. Ciaccia: Question de règlement.
M. Polak: Comme avocat, je connais cela mieux qu'eux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, question de règlement.
M. Ciaccia: M. le Président, je siège à
l'Assemblée nationale depuis 1973 et je n'ai jamais...
M. Dussault: II n'a jamais vu un président participer
à un "filibuster", je suis certain de cela.
M. Ciaccia: ...entendu un député porter de telles
accusations contre un président. C'est un mépris de la
présidence et je demande qu'il retire ses paroles. La question que vous
participez à un "filibuster". Premièrement, on n'a même pas
établi que c'était un "filibuster". Je demande qu'il retire ses
paroles.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, vous savez la grande estime
que j'ai envers vous, et compte tenu...
Une voix: Retirez, retirez.
M. Dussault: ...de tout l'humour qui est caractéristique
à cette commission depuis déjà plusieurs heures,...
Une voix: Si on avait le temps de s'amuser.
M. Dussault: ...vous savez que, moi aussi, j'ai fait ma petite
part, et au cas où quelqu'un aurait pris cela au sérieux, je
m'excuse auprès de vous, soyez bien sûr que jamais je n'ai
manqué de respect envers vous.
M. Ciaccia: Retirez vos paroles.
Le Président (M. Laplante): Merci, le député
de Châteauguay.
M. le député de Mégantic-Compton, si vous voulez
continuer sérieusement.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je vais y
aller, vraiment, avec le plus grand sérieux.
M. le Président, comme vous avez pu le constater, j'ai dû
m'absenter pour aller...
M. Ciaccia: Question de directive, M. le Président.
M. Bélanger: ...à l'Assemblée nationale. Ce
sont mes collègues, M. le Président, qui me dérangent
constamment.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est possible,
M. le Président, dans le journal des Débats, qu'on puisse
déchirer la page où il a fait l'accusation...
Le Président (M. Laplante): Juste ce petit bout-là,
par exemple.
M. Ciaccia: Ah oui! Juste ce petit bout-là, on ne voudrait
même pas...
Le Président (M. Laplante): Juste ce petit bout-là,
d'accord. Parce que je ne voudrais pas perdre le reste.
M. Ciaccia: Très bien.
M. Dussault: M. le Président, je suis d'accord pour qu'on
déchire la page, cela fera un bout de moins de la "filibuste" du Parti
libéral. Je suis d'accord pour cela, M. le Président.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
M. Bélanger: Ah! Cela y est...
M. Polak: Là, on est arrivé à un point
très grave. C'est le député de Châteauguay qui avait
l'ouverture d'esprit jusqu'à ce matin. Maintenant, c'est lui qui sait ce
qu'est le "filibuste". Cela n'est pas juste parce qu'il commence à citer
un journal...
Une voix: Ils sont encore en train de dire que les journalistes
mentent, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On retourne au débat,
on y retourne, là.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Comme vous
avez pu le constater, j'ai dû m'absenter, disais-je, pour aller à
l'Assemblée nationale, prononcer un discours, encore une fois, sur un
autre projet de loi pour une augmentation de taxes.
À ma grande surprise, lorsque je suis revenu, j'ai
découvert une motion qui, avec tous les amendements, me paraît
plus que convenable. Je ne veux pas retirer les félicitations que
j'avais faites à l'égard du député de
Châteauguay. On ne peut que constater que lorsque les deux partis, le
gouvernement et l'Opposition, unissent leurs efforts, on en arrive à des
motions vraiment convenables. On n'a que se rappeler la motion du 2 octobre
dernier à l'Assemblée nationale, cette motion dont on a
parlé... M. le ministre, je vous prierais de me croire, cette motion a
été faite avec la collaboration de l'Opposition et du
gouvernement. Donc, encore une fois, nous sommes arrivés à une
motion qui était valable, qui a semblé satisfaire le gouvernement
pour poursuivre ses négociations avec le fédéral, comme
dirait mon collègue de Frontenac.
Donc, je reviens et je trouve devant moi une motion plus que convenable.
Ce n'est pas un débat public, tel qu'on l'a souhaité, mais c'est
quand même un minidébat public. Je crois, qu'on peut dire que cela
entre dans le programme de revaloriser le travail de député, tel
que préconisé par le côté ministériel. J'ai
écouté le député de Chambly, qui m'a
extrêmement déçu en disant qu'il était favorable
à un débat public sur l'énergie mais pas cette fois-ci. M.
le Président, vous allez convenir avec moi, cela prend quoi pour faire
un débat. On a là, je crois, devant nous une loi des plus
importantes par laquelle on change la structure même d'une de nos
principales sociétés d'État et le député de
Chambly ne trouve pas que le projet de loi est assez important pour convoquer
un débat. Je me demande ce que cela va lui prendre pour vraiment
convoquer un débat public sur l'énergie.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
Le député n'a pas compris ce que j'ai dit tout à
l'heure je crois. Ce que j'ai dit, c'est qu'il y aurait peut-être lieu de
convoquer un débat public sur l'énergie, mais non pas en
utilisant la loi 16 pour le faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Cela revient
exactement à ce que j'ai dit, il est toujours prêt à tenir
un débat, mais ce n'est jamais le temps.
Une voix: C'est évident.
M. Bélanger: II faut avoir une raison pour tenir un
débat. On ne tient pas des débats, pour le plaisir de tenir des
débats
comme on n'est pas ici en commission parlementaire pour le plaisir
d'être en commission parlementaire. On est quand même ici pour
étudier un projet de loi, selon moi du moins, selon ma conscience.
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Jean-Talon n'est pas membre ni intervenant de la
commission. Je demanderais, s'il veut continuer comme cela, qu'on l'expulse. M.
le Président...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: M. le Président, est-ce que vous donnez la
parole au député de Jean-Talon?
Le Président (M. Laplante): Je prierais le
député de Jean-Talon de rester comme spectateur. S'il vous
plaît! Demain, ce sera une nouvelle séance, si vous voulez vous
faire entendre, vous viendrez vous faire inscrire. S'il vous plaît!
M. Grégoire: Totalement d'accord avec votre
décision, M. le Président. Si le député de
Jean-Talon vient mettre le trouble ici, ce n'est pas correct.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, c'est
épouvantable comme... Je ne sais pas si mes propos ennuient mes
collègues et le côté ministériel, mais j'ai vraiment
de la difficulté à poursuivre. C'est évident que moi aussi
je peux vous faire la remarque que cela allait beaucoup mieux avant
l'arrivée du député de Jean-Talon. De toute façon,
on va tenter de poursuivre quand même.
M. Grégoire: La campagne dans Saint-Laurent n'est pas
commencée, M. le député de Jean-Talon.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bélanger: Je reviens au député de Chambly
qui, depuis que nous sommes en commission parlementaire pour étudier le
projet de loi article par article, alors que nous avons hâte d'arriver
à étudier au moins l'article 1, n'a fait que soulever des
questions de règlement. Vous pourrez relire d'ailleurs le journal des
Débats, vous allez voir. Le député de Chambly a
soulevé au moins une centaine de questions de règlement. Cela ne
fait pas avancer le débat.
Je reviens donc à la motion...
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, comment voulez-vous qu'on
n'intervienne pas quand ces gens induisent la commission en erreur.
Une voix: Ils nous provoquent.
M. Tremblay: II vient de dire une centaine de questions de
règlement, imaginez une centaine mais c'est impossible. Il relira le
journal des Débats. Je le prie de le faire et de retirer ses paroles,
s'il y a même 50 questions de règlement.
Une voix: II ne peut pas les retirer, il n'a pas de parole.
M. Tremblay: On est simplement intervenu...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Disons que je me reprends: au moins deux
fois.
M. Grégoire: Là, cela a du bon sens.
M. Bélanger: Merci, M. le Président.
Je reviens donc à la motion. D'ailleurs, je pense que le but de
mon intervention, c'était justement de parler de la motion. C'est cela,
M. le Président? Vous me corrigerez si je ne suis pas pertinent...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bélanger: ... je vous permets de me rappeler à
l'ordre. Cela va?
Je retrouve ici la motion. Je vais vous la lire parce qu'elle est
tellement intéressante. J'ai été surpris de retrouver
cette motion à mon retour de l'Assemblée nationale. Elle se lit
comme suit: "Que cette commission invite M. Georges Lafond,
vice-président aux finances à la société
Hydro-Québec, et toutes autres personnes physiques ou corporatives -
c'est au pluriel, cela veut donc dire d'autres groupes - ou groupes et d'une
façon prioritaire." C'est cette phrase que j'aime, je l'ai
souligné d'ailleurs sur la motion ici.
M. Maciocia: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député de Mégantic-Compton?
M. Bélanger: Non, M. le Président. Pour une fois
que j'ai la parole, je vais la conserver.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton refuse.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: Demande de directive, M. le Président.
M. le Président, est-ce que, selon votre expérience, un
député a déjà refusé à un de ses
collègues de la même formation politique de lui
répondre?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Ciaccia: Ah! oui.
Le Président (M. Laplante): Hier soir.
M. Maciocia: M. le Président, je pense...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Maciocia: M. le Président, excusez-moi, question de
règlement. Je pense que le député de
Mégantic-Compton n'a pas compris ma question.
M. Bélanger: D'accord, M. le Président, je lui
permets.
M. Maciocia: C'est cela, je voulais seulement lui demander si,
parmi les organismes qui seront prioritaires, il y aura aussi la Chambre de
commerce de Saint-Léonard et les hommes d'affaires de
Saint-Léonard.
Le Président (M. Laplante): C'est à moi que vous la
posez la question ou au député de...
M. Maciocia: Non, c'est au député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Non, M. le Président, à mon
grand chagrin je ne retrouve pas dans la motion cette chambre de commerce; par
contre, il y a la Chambre de commerce de Montréal. Mais,
Saint-Léonard étant tellement près de Montréal, ils
devraient être capables de défendre sensiblement les mêmes
intérêts. S'ils ne se parlent pas, ce n'est pas ma faute.
M. Polak: Est-ce que je peux poser une question au
député de Mégantic-Compton?
Le Président (M. Laplante): S'il veut accepter.
M. Bélanger: Non, M. le Président, je ne lui
permets pas, je ne finirai jamais.
M. Polak: Question de règlement.
Le député de Viau vient de poser une question, et la
première réponse du député de
Mégantic-Compton a été non; il a refusé de
répondre. Ensuite, il a réussi à obtenir une
réponse à la question. Je veux être traité sur un
pied d'égalité.
M. Maciocia: ...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Maciocia: Excusez vraiment.
M. Polak: Est-ce qu'il va répondre à ma
question?
Le Président (M. Laplante): Si voulez avoir un peu de
sérieux, si vous voulez juste vous servir du président pour faire
ce que vous faites là, je ne marche pas.
M. Maciocia: Non, c'est seulement sur une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez être
sérieux dans votre discours, continuez, M. le député de
Mégantic-Compton, mais je n'embarquerai plus dans le jeu.
M. Maciocia: Non, mais est-ce que je peux faire une
précision?
Le Président (M. Laplante): On est en voie de ridiculiser
en somme un peu ce qu'est l'institution de l'Assemblée nationale; je
représente l'Assemblée nationale ici, et il y a des limites
jusqu'où on peut aller. Actuellement, je pense qu'on est sur le point de
dépasser ces limites-là.
Je demande au député de Mégantic-Compton de
continuer son discours, s'il veut le faire, et puis de vous entendre avec vos
collègues entre vous autres, si vous avez des questions à vous
poser.
M. Maciocia: Est-ce que vous faites... non, mais j'ai seulement
une précision à faire.
M. Polak: Le président a parlé.
M. Bélanger: Je suis totalement d'accord avec vous qu'il
faut finalement revenir, comme je le disais tout à l'heure, à
étudier un jour ou l'autre le projet de loi no 16, on n'est même
pas rendu au premier article. Il en compte plusieurs, 11, M. le
Président, et vous conviendrez avec moi qu'on n'a pas fini.
Alors, je reprends la motion parce que c'est extrêmement
intéressant, et je disais que ce qui me frappe dans cette motion, c'est
d'une façon prioritaire les organismes suivants; ça veut donc
dire qu'on détermine
au préalable quels seront les groupes en priorité qui
viendront devant cette commission. Mais, dans son ouverture d'esprit, le
député de Châteauguay n'a pas voulu limiter cela à
une quinzaine de groupes; on pourra, je suis persuadé, inviter d'autres
groupes.
Parmi ces groupes, je voudrais traiter quand même de quelques-uns.
L'Association féminine d'éducation et d'action sociale. C'est
vrai que les femmes n'ont pas eu le privilège de se faire entendre; pour
une fois elles seront ici - ce sont quand même des consommatrices
d'électricité - pour dire en quoi la loi no 16 va les impliquer.
Vous savez que la plupart des femmes, ce sont elles qui administrent le budget
familial. Chez moi, c'est rendu que ma femme ne veut plus faire cuire de
gâteaux, ça coûte trop cher d'électricité;
c'est elle qui a le budget. Alors, je vous dis, M. le Président, avant
que cela arrive chez vous, que ça arrive chez le ministre,
peut-être qu'on devrait prendre quelques minutes et étudier
l'impact du projet de loi no 16.
Donc, il y d'autres...
M. Dussault: L'étude article par article est tout à
fait propice à faire cela, M. le Président.
M. Bélanger: Qui est mieux placé que l'Association
des consommateurs du Québec pour défendre les droits des
Québécois face à la consommation
d'électricité? Vous avez aussi la Confédération des
syndicats nationaux. Qui est mieux placé qu'une centrale syndicale qui
défend les travailleurs, qui défend... M. le Président,
voulez-vous demander au ministre...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bélanger: Parce qu'il semblerait que le sérieux
est revenu, il y a seulement lui qui est indiscipliné.
Qui est mieux placé qu'une centrale syndicale, qui est le plus
près des travailleurs qu'elle? Elle connaît exactement leurs
besoins, c'est pourquoi à chaque négociation. Elle fait ressortir
ces besoins pour obtenir davantage.
Donc, je suis persuadé que déjà les syndicats ont
compris l'importance du projet de loi no 16 et les répercussions qui
ça pourra avoir chez leurs travailleurs. (16 h 45)
L'association féminine, M. le Président, je pense que j'ai
passé trop vite, elle a quand même un mot à dire. Vous
savez, c'est bien beau de vouloir inscrire les droits à
l'égalité dans des chartes où c'est enchâssé
un peu partout, mais il faut quand même commencer par des gestes
concrets. Je pense, M. le Président, que c'est un geste concret que
d'inviter l'Association féminine d'éducation et d'action sociale
à venir se faire entendre ici devant cette commission parlementaire qui
est d'une extrême importance.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me permettez.
Le chef de l'Opposition vient d'arriver, je crois qu'on pourrait donner le
consentement unanime pour lui donner un droit de parole ici, ce qui a toujours
été refusé. Je crois que, dans les circonstances, nous
aurions un consentement unanime pour lui permettre un droit de parole
après le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, consentement.
Une voix: Question de règlement.
M. Duhaime: Cela me fait plaisir de me joindre à mon
collègue de Frontenac.
Le Président (M. Laplante): Avant que cela n'aille plus
loin, je préférerais attendre que le chef de l'Opposition soit
autour de la table. Je ne le vois pas autour de la table; si jamais il se
présentait et qu'il demandait la parole... J'aimerais mieux ne pas
présumer...
M. Grégoire: On pourrait lui souhaiter la bienvenue en
même temps.
Le Président (M. Laplante): On peut lui souhaiter la
bienvenue, d'accord, ça me fait plaisir. M. le député
d'Outremont, vous avez une question de règlement?
M. Fortier: Non, ça va, vous l'avez réglée
à ma satisfaction, M. le Président, et j'aimerais que mon
collègue continue son allocution.
Le Président (M. Laplante): II reste une minute au
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, pas seulement une
minute! J'espère que vous avez tenu compte de toutes les interruptions
que j'ai eues de part et d'autre.
Le Président (M. Laplante): Une minute, s'il vous
plaît!
M. Bélanger: De mes propres collègues. Le
Président (M. Laplante): Surtout.
M. Bélanger: Surtout. Du député de
Jean-Talon, qui n'était même pas intervenant, qui n'était
même pas assis autour de la table, vous avez tenu compte?
Le Président (M. Laplante): Si vous
voulez continuer, s'il vous plaît. Le temps presse.
M. Bélanger: Je disais donc que cette motion est le fruit
d'un travail - encore une fois - en commun de part et d'autre, et du
gouvernement et de l'Opposition. Je suis déjà persuadé,
j'en ai la conviction, qu'unanimement, dans quelques minutes j'espère,
nous pourrons adopter cette motion que pas un seul n'osera même
s'abstenir de voter. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Mont-Royal. Il vous reste sept minutes.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais porter à
votre attention une note de félicitations que nous avons reçue,
qui a été portée à mon attention par le
député de Jean-Talon. Je vais vous lire la note pour que vous
voyiez exactement ce que la population pense des travaux de notre
Assemblée nationale quant au projet de loi no 16 et des travaux de cette
commission parlementaire qui vise à examiner, article par article, le
projet de loi 16 et les...
M. Dussault: Est-ce qu'on peut savoir par qui c'est
signé?
Le Président (M. Laplante): II va commencer par la lire,
avant, Monsieur.
M. Ciaccia: M. le Président.
M. Dussault: Ma curiosité est si grande, M. le
Président, j'aimerais tellement le savoir.
M. Ciaccia: C'est votre problème, vous êtes trop
curieux et vous ne parlez pas assez.
C'est adressé à M. Jean-Claude Rivest,
député de Jean-Talon, Hôtel du gouvernement, Québec.
"Monsieur, "Nous suivons depuis quelque temps les débats de
l'Assemblée nationale à la télévision et constatons
les efforts de votre groupe pour empêcher l'adoption de la loi no 16 qui
vise à augmenter les tarifs d'Hydro-Québec. On clame bien haut
que cette société appartient à tous les
Québécois. Si c'est réellement le cas, avec des profits de
l'ordre de 600 000 000 $, pourquoi nos factures augmentent-elles au lieu de
diminuer? Il serait logique que ces profits soient remis aux usagers pour
quelque temps, sous forme de pourcentage sur leur compte. Sous prétexte
que la gazoline augmente, est-il nécessaire d'augmenter aussi
l'électricité? J'ose croire que d'autres aussi auront
l'idée de protester. Continuez la lutte. Merci de votre bonne attention
et félicitations pour votre travail et le courage de vos opinions."
Alors, M. le Président, je vais m'abstenir de donner...
M. Dussault: C'est signé par qui, M. le
Président?
M. Ciaccia: M. le Président, je ...
M. Grégoire: Question de règlement, M. le
Président. Celui qui a composé et écrit ce texte est le
député de Jean-Talon lui-même qui est venu le porter au
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Laplante): Une minute. M. le
député de Frontenac.
M. Dussault: C'est ce qu'on va croire, M. le
Président.
M. Grégoire: M. le Président, qu'on me dise le
contraire maintenant.
M. Duhaime: C'est signé Jean-Claude. Ce n'est pas
Jean-Claude Duvalier certain qui l'a écrite.
M. Ciaccia: Premièrement, M. le Président, c'est
une électrice qui a signé, c'est une dame.
M. Dussault: C'est quoi, son nom?
M. Ciaccia: Et, M. le Président, je veux respecter la
confidentialité de ceux qui écrivent des lettres, des
notes...
M. Grégoire: C'est le député de Jean-Talon
qui l'a écrite.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, vous devez accepter, en gentilhomme, la parole du
député de Mont-Royal.
M. Dussault: C'est comme le député de Portneuf qui
nous a monté un gros bateau comme ça l'autre jour et qui a
été obligé de réduire son gros
éléphant à une aile de mouche, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay!
M. Dussault: C'est la même chose qui se passe, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
M. Ciaccia: Non seulement le député de
Châteauguay est curieux, il est impoli. Il est impoli parce qu'il
interrompt toujours. Il ne vous demande même pas la permission
d'intervenir. S'il veut faire une intervention, suite aux propos que
cette électrice a tenus et nous a fait parvenir, il en aura tout le
loisir, il pourra parler vingt minutes dessus et peut-être, avec le
consentement, pourra-ton lui donner un droit de parole de plus de vingt
minutes.
M. le Président, il n'a pas le droit d'agir de cette
façon, de m'interrompre et de m'imputer des motifs. Ni le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Question de règlement, M. le
Président. Je n'impute pas de motifs au député de
Mont-Royal. Je crois qu'il a été induit lui-même en erreur
involontairement et inconsciemment mais je maintiens que ce texte a
été écrit et composé par le député de
Jean-Talon qui l'a apporté et qui a induit en erreur le
député de Mont-Royal.
M. Bélanger: C'est faux. Question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Une minute, oui c'est
sérieux, M. le député, même si on se trouve...
M. Grégoire: Je l'ai répété deux
fois, M. le Président, et j'ai pris soin de dire que c'était fait
inconsciemment de la part du député de Mont-Royal.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, je ne voudrais pas que la commission soit une cour de
récréation non plus; les mêmes règles qui
s'appliquent à l'Assemblée nationale s'appliquent ici. Je
n'accepte pas l'accusation que vous portez là.
M. Grégoire: Quelle accusation ai-je portée, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Non, c'est une manipulation ni
plus ni moins, la façon dont vous interprétez le
mémo...
M. Grégoire: J'ai bien spécifié...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, je n'accepte pas la façon dont vous interprétez le
mémo qui a été lu. Vous pouvez demander des explications,
d'accord, mais vous impliquez d'autres députés qui seraient
là-dedans, c'est ce que je n'accepte pas. Vous pouvez avoir des
réserves, je suis d'accord sur des réserves, mais pas sur
l'affirmation que vous faites là. On est en commission ici, c'est la
même interprétation qu'à l'Assemblée nationale; je
ne laisserai pas faire cela dans une commission, quel que soit le
député.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Grégoire: M. le Président, je maintiens...
M. Ciaccia: M. le Président, je pourrais demander au
député de Frontenac s'il est prêt à mettre son
siège en jeu sur les accusations qu'il vient de porter. On connaît
tous la réputation du député de Jean-Talon, il a
reçu cela à son bureau, c'était adressé à
son bureau, il est descendu ici me l'apporter M. le Président, et je
l'ai lu pour les fins du journal des Débats. Je n'ai aucune raison et je
le sais que ce n'est pas même son écriture, je connais son
écriture, c'est écrit sur une note...
M. Duhaime: La signature.
M. Ciaccia: Quant à la signature, c'est une autre affaire.
Cela, on a le droit...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président...
M. Ciaccia: On n'est pas obligé et pour nos propres
raisons, que nous avons nous-mêmes...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, pour éviter toute
ambiguïté, est-ce que le député de Mont-Royal
consentirait au moins à la montrer à un des membres du parti
ministériel qui s'engagerait à garder le...
Le Président (M. Laplante): Non, je m'oppose à
cela, je m'oppose à ces choses-là.
M. Ciaccia: M. le Président, je vais continuer, si vous le
permettez...
M. Dussault: On sait à quoi s'en tenir, M. le
Président.
M. Ciaccia: Je vais continuer...
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais invoquer mon
privilège même si en commission c'est interdit, je vais le faire
sous forme d'une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de
privilège, c'est une question de règlement surtout.
M. Duhaime: Le député de Mont-Royal a dans les
mains une carte; je crois que sur la première page il y a une rose avec
des feuilles et des épines. C'est une main d'écriture, on la voit
d'ici, et il y a une signature au bas; je peux lire d'ici que c'est
signé Jean Talon et je ne crois pas que ce soit l'intendant Jean-Talon
qui ait signé cela.
Je voudrais, M. le Président, que vous demandiez au
député de Jean-Talon qui est assis dans la deuxième
rangée de venir prendre place, on va donner notre consentement pour
qu'il devienne membre de la commission avec droit de parole et, de son
siège, il pourra nous dire qu'il n'a rien à voir ni directement,
ni indirectement, ni circonstanciellement avec la rédaction et la
réception de cette carte.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Est-ce que ça prend le consentement unanime de tous?
Le Président (M. Laplante): Cela prend le consentement
unanime des membres pour que le député de Jean-Talon puisse venir
s'asseoir, mais il y a une restriction qu'on demande ici, c'est seulement pour
faire une mise au point, ça ne sera pas pour toute la commission.
M. Grégoire: Seulement une mise au point, ce n'est pas un
droit de parole de vingt minutes, c'est pour répondre à la
question du ministre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres
acceptent? Consentement? M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Merci, M. le Président, et j'apprécie
grandement l'invitation qui m'est faite par mes collègues de participer
à ces travaux qui, comme on le voit, sont suivis par une grande partie
de la population. J'ai reçu une communication et je me suis
empressé de la transmettre à l'attention de la commission, pour
ne rien cacher au député de Frontenac, qui s'intéresse
à la question. Il s'agit effectivement d'un carton où on voit,
n'est-ce pas, une rose, qui n'a aucun rapport avec le Jacques du même
nom, qui a reçu les applaudissements que l'on sait. Par contre, je dois
donner exactement toutes les indications: une formule rose, le code, c'est
130-14, c'est marqué ici, c'est d'après un original peint avec la
bouche par Hidei Koshinski, publié par Rehandart Canada Limited, et la
lithographie vient de Lawson Graphics. On n'a rien à cacher.
Comme mon collègue l'a situé dans le contexte, cette carte
est parvenue à mon bureau cet après-midi par les services de
l'Assemblée nationale, auxquels j'ai été
complètement étranger - ai-je besoin de le préciser? - et
est datée du 3 décembre 1981. Cela s'adresse à M.
Jean-Claude Rivest, et on a ajouté après, les lettres M P P,
c'est probablement pour indiquer membre du Parlement provincial. Dans la mesure
où on est dans un régime fédéral, j'imagine que
c'est une personne qui...
Une voix: II y en a qui y croient encore.
M. Rivest: ... croit au fédéralisme;
député de Jean-Talon - c'est marqué ici effectivement,
Jean-Talon, le nom du comté à la fin - Hôtel du
gouvernement du Québec. "Monsieur - il n'y avait aucune
familiarité, n'est-ce pas, entre le député de Jean-Talon
et cette correspondante dans la mesure où elle n'a pas écrit
"Cher monsieur", elle a simplement écrit "Monsieur". Elle aurait pu
mettre le nom du député de Jean-Talon, non, elle met "Monsieur",
d'une façon absolument informelle. Donc, les liens que le
député de Frontenac me prête avec cette personne, sont
anonymes, c'est précis, d'ailleurs, dans la note que je vais vous lire.
Pour vous donner tout le contexte et avant d'arriver à ce point
particulier, je pense que je dois, en toute justice - étant donné
que mon privilège de député a pu être affecté
- vous indiquer... "Monsieur - je disais donc - nous suivons, nous...
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Je ferais une motion pour dispenser le député de
Jean-Talon de relire cette carte et de ne pas lui faire perdre un temps
précieux, de même que le nôtre. Elle a été
lue
M. Rivest: Non, mais c'est parce que je veux attirer l'attention
sur certains aspects qui ont...
M. Duhaime: Vous avez confirmé que c'était une
carte anonyme.
M. Rivest: Un instant! un instant! M. le Président, je
veux situer cette carte parce que, si on parle d'une personne, on peut parler
d'une personne anonyme, le ministre vient d'évoquer cela, mais je vois
très bien ici que les premiers mots de la note - et je dois
malheureusement me référer à certains passages, je ne la
lirai pas au complet. D'accord, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Je préférerais
que vous la lisiez au complet, à présent que vous êtes
assis là.
M. Grégoire: Elle a été lue
tantôt.
M. Rivest: "Nous suivons - c'est donc dire qu'il ne s'agirait pas
d'une personne anonyme, mais de plusieurs personnes anonymes, c'est une
chose...
M. Duhaime: Cela peut être le "nous" papal!
M. Rivest: "Nous suivons depuis quelque temps - la personne
indique "nous", c'est donc probablement un groupe de citoyens qui suivent les
débats de cette commission - les débats de l'Assemblée
nationale à la télévision. Donc, je ne vois pas en quoi
les droits de cette commission sont brimés dans la mesure où ce
n'est pas ici, cette personne ne se réfère même pas aux
travaux de cette commission, elle dit qu'un groupe de personnes suit les
débats de l'Assemblée nationale à la
télévision. Probablement que cette personne, je présume,
se référait au débat qui a eu lieu à
l'Assemblée nationale sur la loi 16, n'est-ce pas. Il me semble que
c'est très logique.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous pourriez lire
et arrêter les commentaires, s'il vous plaît?
M. Rivest: Non, mais j'essaie toujours d'établir...
Le Président (M. Laplante): Non, mais... M. Rivest:
... un rapport avec...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, je vous prierais de lire. S'il y a des questions...
M. Rivest: Alors, vous voulez que je continue. "... et constatons
- donc, c'est un état de fait, ces personnes constatent - les efforts de
votre groupe pour empêcher l'adoption de la loi 16.
Le Président (M. Laplante): Continuez à lire.
M. Rivest: Tout le monde sait que la loi 16, c'est sur
Hydro-Québec. Avez-vous les notes explicatives pour situer le projet de
loi...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît, je ne voudrais pas d'abus. D'accord?
M. Rivest: Non, on va régler cela simplement. "... qui
vise - je continue la note, cela va répondre à votre
préoccupation, pour ne pas allonger, alors, je n'ai pas besoin des notes
explicatives dans la mesure où, pour empêcher l'adoption de la loi
16, les personnes en question disent "qui vise à augmenter les tarifs
d'Hydro-Québec. C'est facile, c'est la note. (17 heures) "On clame bien
haut - le "on" évidemment est indéfini, on ne sait pas à
qui cela s'adresse, apparemment, c'est le gouvernement - "que cette
société - c'est-à-dire la société
d'Hydro-Québec - appartient à tous les Québécois...
Cela va, M. le Président, vous suivez?
M. Lalonde: Tout le monde est d'accord.
M. Rivest: Vous suivez, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Continuez, je vous suis.
Une voix: Est-ce qu'il va trop vite, M. le Président?
M. Rivest: Si cela est essentiellement le cas,
c'est-à-dire si la société d'Hydro-Québec
appartient à tous les Québécois, la personne émet
un doute ici, elle fait une affirmation avec des profits de l'ordre de 600 000
000 $... Ce que le ministre m'indique... Est-ce que le ministre voudrait
préciser le montant?
M. Duhaime: 746 000 000 $.
M. Rivest: Alors, il y aurait peut-être une correction que
je pourrais adresser à cette personne pour dire que ce pourrait
être 746 000 000 $.
Pourquoi nos factures augmentent-elles, au lieu de diminuer? Il serait
logique que ces profits de 746 000 000 $ que nous indique le ministre, soient
remis aux usagers pour quelque temps - la personne est quand même assez
raisonnable - sous forme de pourcentage sur leur compte.
Cela va, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Continuez.
M. Rivest: Sous prétexte que l'essence augmente, je crois
que cela ne serait pas pertinent au débat actuel, M. le
Président.
M. Grégoire: On pourrait remettre du sérieux dans
la commission.
M. Rivest: Sous le prétexte que l'essence augmente, est-il
nécessaire d'augmenter aussi l'électricité?
Cela va, M. le Président?
J'ose croire que d'autres aussi auront...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: Ah, Seigneur! Comme il retarde les débats.
M. Dussault: M. le Président, quand la commission a
donné son consentement pour que M. le député de Jean-Talon
parle, c'était pour qu'il nous explique des choses relatives
à la signature qui apparaissait sur cette feuille...
M. Rivest: J'y arrive.
M. Dussault: M. le Président, le
député...
M. Bélanger: II faut qu'il lise la lettre avant d'arriver
à la signature.
M. Dussault: ... de Mégantic-Compton ou celui de
Mont-Royal, je ne me rappelle pas lequel des deux, quand il a dit: Cela est
signé d'une électrice de Jean-Talon, il a menti
effrontément à la commission...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay...
M. Dussault: ... parlementaire et cela apparaît sur les
galées, M. le Président, vous allez le voir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, écoutez un peu. M. le député de
Châteauguay, à l'ordre...
M. Dussault: Je voudrais, que cette chose soit clarifiée,
qu'on cesse de mentir à la commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre: On va
continuer; je vous demanderais de faire une lecture un peu plus rapide, M. le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: J'ose croire que d'autres...
Le Président (M. Laplante): ... sans commentaires à
chaque mot que vous donnez, s'il vous plaît.
M. Rivest: ... aussi auront l'idée de protester. Continuez
la lutte; cela, M. le Président, ce n'est pas rassurant pour vous.
Merci, de votre bonne attention et félicitations pour votre
travail et le courage de vos opinions... Cela s'adresse à mes
collègues, étant donné que je n'ai pas eu l'occasion. Et
la personne - c'est cela qui est intéressant ici - la personne dit: Je
désire garder l'anonymat et je m'en excuse. Mais elle a quand même
signé et je lis la signature: Une électrice du Parti
libéral de votre comté.
M. Dussault: Question de règlement. M. le
Président, on peut voir cette carte ou on peut la lire, on peut la
montrer, puisqu'il n'y a personne qui se voit privé de son droit
à la discrétion ou au secret. On nous disait tout à
l'heure que ce n'était pas possible parce qu'on allait livrer le nom de
la personne. Comme il n'y a pas de nom dessus, comme le disait le
député de Jean-Talon, on peut donc la montrer, il y a donc aucun
problème à ce que cette carte puisse être montrée
aux députés.
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer plus loin,
je veux clore cette chose-là, tout de suite...
M. Grégoire: Moi, M. le Président, j'ai
été...
Le Président (M. Laplante): ... c'est que, dans les
règles, vous avez des règlements dont le numéro
m'échappe. Votre moyen de défense est à l'Assemblée
nationale, ce n'est plus en commission.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Alors, à ce moment-ci,
l'incident est clos...
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ... et ceux qui veulent
continuer le débat, s'ils pensent être lésés quelque
part, je vous prierais de le porter a l'Assemblée nationale. Pour moi,
le débat est clos. M. le député de Frontenac, si c'est
pour continuer là-dessus, vous serez antiréglementaire.
M. Grégoire: C'est sur une question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Grégoire: Vous m'avez dit, vous, M. le
Président, vous m'avez accusé d'avoir porté une accusation
inqualifiable. Là, j'ai été personnellement mis en cause,
non pas un autre, mais moi. J'ai maintenu mon affirmation en dégageant
toute responsabilité de la part du député de Mont-Royal.
Maintenant, le député Mont-Royal a dit: Je ne lirai pas la
signature et je ne donnerai pas le nom, la personne ne veut pas être
connue. Là, on s'aperçoit d'une chose, c'est que le
député de Mont-Royal a erré ou induit cette commission en
erreur, parce que c'est une carte anonyme qui n'est pas signée et, quand
j'ai dit que c'est un "scheme" monté par le député de
Jean-Talon, ce n'est rien d'autre, parce que des cartes anonymes, tout le monde
peut en apporter.
Le Président (M. Laplante): Non, cela n'ira pas plus loin,
il n'y a plus un autre intervenant qui va se prononcer là-dessus. Je
vous dis actuellement que, s'il y a des gens qui se sentent brimés dans
leurs droits la place n'est plus la commission parlementaire, je n'entendrai
plus personne là-dessus. Vos privilèges, s'ils sont atteints,
c'est sur des questions de privilège, de fond, que vous êtes
à discuter. Je vous prie de faire rapport à
l'Assemblée nationale, s'il y a quelqu'un d'entre vous qui se sent
lésé dans ses privilèges. Je ne recevrai aucune question
là-dessus par la suite. Il vous restait deux minutes, M. le
député de Mont-Royal, pour continuer votre intervention.
M. Ciaccia: Alors, dans mes deux minutes, M. le Président,
je vais demander au député de Frontenac de retirer ses paroles
parce que...
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais faire...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement
sur un autre sujet?
M. Duhaime: Oui, c'est un autre sujet. Je voudrais vous demander
une directive pour la bonne marche de nos travaux pour les jours qui nous
restent à travailler ensemble. Je vous ferai remarquer qu'on n'a pas
encore entamé l'article premier du projet de loi et je voudrais, pour la
bonne marche de nos travaux, pour les jours qui vont venir, vous demander si
les membres de cette commission peuvent lire des documents anonymes pour,
semble-t-il, éclairer les travaux de notre commission. Je vous ferai
remarquer d'ailleurs que la rose qui était sur la première page
de votre carte représente la rose socialiste, et c'est très
dangereux d'avoir un document comme celui-là entre vos mains...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: Je voudrais une directive, M. le Président. Ma
question est la suivante: Est-ce que chacun des membres de cette commission, et
je vous exclus, peut lire ici à l'appui de ses arguments, lorsqu'il en a
un, des documents anonymes qu'on attribue tantôt à un
électeur de Jean-Talon, tantôt à une électrice de
Jean-Talon, tantôt à quelqu'un ou quelqu'une de Mont-Royal? C'est
la demande de directive que je vous fais.
Le Président (M. Laplante): Je vais répondre
à votre demande que, ce n'est pas le rôle du président
d'aller voir chaque fois qu'un membre de cette commission va se prononcer sur
une littérature ou une soi-disant lettre. Il n'y a rien là-dessus
que je puisse contrôler et je pense que c'est la liberté, la
responsabilité du membre de prendre les détails qu'il veut sur
toute correspondance ou toute littérature.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Je voudrais juste vous appuyer quand vous avez dit qu'il y avait une
autre place pour se plaindre. Vous avez dit, l'article m'a
échappé, c'est l'article 49, c'est bien clair: On peut se
plaindre...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Mont-Royal, votre dernière minute.
M. Ciaccia: M. le Président, je demanderais, je ne sais
pas s'il était sérieux, mais je demanderais au
député de Frontenac de retirer ses paroles parce que tous les
propos que j'ai tenus étaient corrects et exacts, la lettre a
été signée effectivement par une électrice du Parti
libéral de votre comté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, j'ai dit que cet incident était clos et, si vous avez des
recours additionnels, servez-vous, tel que le député de
Sainte-Anne le suggère, de l'article 49, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: II y a aussi l'article 99.
Le Président (M. Laplante): Ou l'article 99, si vous
voulez, mais en d'autres lieux.
M. Ciaccia: II est dit qu'il est interdit à un
député...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, vous
enfreignez le règlement actuellement! Je vous demande de continuer de
faire votre allocution. Il vous reste deux minutes.
M. Ciaccia: C'est très bien, je vais respecter vos
directives, M. le Président, pour le bon déroulement de nos
travaux, mais je voulais apporter à l'attention de cette commission la
façon suivant laquelle une représentante, une personne du
comté de Jean-Talon présente les préoccupations qu'a la
population. On ne veut pas que les tarifs d'Hydro-Québec soient
augmentés d'une façon si exorbitante. Elle porte à notre
attention, à l'attention de la commission, qu'il y a des profits de 600
000 000 $ qui sont vraiment... ils sont actuellement de 746 000 000 $. La
population a le droit de reposer des questions. Cela nous appartient
Hydro-Québec, ça devrait être utilisé à nos
propres fins, ça n'a rien à voir avec le fait de dire qu'on va
augmenter Hydro-Québec avec le prix de l'électricité.
C'est ce à quoi nous nous opposons dans le projet de loi no 16 et c'est
pour cette raison que nous voulons convoquer le vice-président aux
finances d'Hydro-Québec pour répondre à cela, qu'il nous
dise pourquoi les 750 000 000 $, pourquoi les tarifs n'ont pas
été réduits. Il va nous expliquer, je présume,
qu'une portion de ces profits-là a été
réinvestie pour d'autres projets, mais il va aussi nous expliquer
qu'il va falloir augmenter les tarifs encore un peu plus parce que le
gouvernement veut prendre les montants d'Hydro-Québec comme dividendes
pour payer les dettes du gouvernement. Je pense que le gouvernement devrait
porter attention aux opinions et aux préoccupations qui sont
exprimées par la population.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, six minutes.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, je vous remercie de me
rappeler le temps qu'il me reste pour parler sur cette motion. Je vais passer
rapidement sur le fait, comme l'a dit mon collègue de Sainte-Anne, qu'il
s'agit d'une motion consolidée, puisqu'elle intègre un amendement
et un sous-amendement et qu'elle est très complète en
elle-même. Mais je voudrais dire pourquoi je vais voter pour cette
motion-là. Bien sûr, cela va nous permettre un mini-débat
public. Ce n'est pas le débat public qu'on aurait voulu, mais, quand
même, c'est important.
Faisant suite à ce que vient de dire mon collègue de
Mont-Royal, j'aimerais préciser pour quelles raisons nous croyons qu'il
est important, contrairement à ce qu'a dit le député de
Chambly, d'avoir le minidébat public ou le débat public de
préférence avant l'adoption de la loi no 16. Si le ministre avait
proposé un projet de loi en disant: Nous allons faire l'essai de cette
modification à Hydro-Québec et dans 5 ans nous la
réévaluerons, à ce moment-là, on aurait pu
évaluer en pratique l'impact définitif de la loi sur la
performance d'Hydro-Québec. Cela nous aurait permis de faire une
certaine évaluation. Mais, comme on dit en anglais, ce n'est pas une
"sunset law", ce n'est pas une loi qui est fermée; c'est une loi qui est
ouverte, et, de toute évidence, on engage l'avenir d'Hydro-Québec
pour de nombreuses années.
Les députés du côté ministériel ont
mis en doute l'analyse de Marcel Bélanger, analyse dois-je dire, qui
s'arrête à 1985, mais quand même qui révèle
des chiffres assez astronomiques puisqu'on parle de milliards de dollars. Je
voudrais seulement vous rappeler, M. le Président, qu'en ce qui concerne
les recettes fiscales du gouvernement provenant d'Hydro-Québec et de ses
usagers pour la période de 1981 à 1985 on parle de 3 500 000 000
$. Alors, c'est significatif et cela va avoir un impact. Mais plus
sérieux que cela, c'est que le ministre des Finances nous a dit en
Chambre que les dividendes qui viendraient d'Hydro-Québec après
1985 seraient beaucoup plus considérables. Et on m'informe que le
premier ministre aurait dit au congrès, en fin de semaine
dernière, que les problèmes du gouvernement seraient
réglés puisque l'apport d'argent qui viendrait
d'Hydro-Québec dans l'avenir serait très important. Alors, pour
toutes ces raisons, on doit évaluer l'impact sur le plan financier de
ces décisions-là et certaines des personnes qui sont sur la liste
certaines associations ou certains individus qui seront appelés pour
informer cette commission parlementaire pourront nous renseigner d'une
façon plus précise sur les impacts véritables.
Je voudrais simplement vous rappeler, M. le Président, si les
gens ne la voient pas, la relation qui existe entre les individus ou les
associations qui seront appelés et certains articles du projet de loi.
Je vois, en particulier, l'article 3.2 qui transforme la compagnie en
société à capital-actions, le fait qu'à 3.4 on
transforme toutes les réserves de la société en
capital-actions. Je me pose des questions là-dessus, parce qu'il s'agit
d'une opération technique et je crois que les experts pourraient nous en
dire davantage là-dessus.
Il y a, bien sûr, la déclaration des dividendes. Et ces
dividendes qui vont être considérables, vont certainement
handicaper Hydro-Québec dans sa capacité de réaliser son
programme d'investissement. Mais, plus sérieusement que cela, la raison
pour laquelle je crois à un débat public, c'est qu'au mois de
février dernier, M. le Président, vous vous rappellerez qu'on a
eu une commission parlementaire pour étudier les investissements pour la
période de 1980 à 1990. Et ces investissements, si ma
mémoire est, fidèle, se montaient à quelque 60 000 000 000
$. Je me pose la question quant à moi: Compte tenu des
difficultés d'emprunt, mais surtout compte tenu de la loi 16, est-il
possible pour Hydro-Québec de réaliser son programme
d'investissement? Si la réponse était non, il faudrait bien, M.
le Président, demander à Hydro-Québec de nous reformuler
un programme d'investissement pour les dix prochaines années, puisque,
au moment où Hydro-Québec a formulé son plan
décennal, elle ne savait pas que le gouvernement nous
présenterait cette loi no 16. Elle ne savait donc pas qu'il y aurait un
impact considérable qui serait ajouté aux contraintes de toutes
sortes auxquelles elle fait face présentement.
Je dois dire que, lorsqu'elle a préparé son programme
décennal au mois d'octobre ou novembre, lorsqu'elle l'a formulé
et l'a proposé au gouvernement, elle ne savait pas, non plus, que les
contraintes financières s'ajouteraient à cette contrainte
magistrale qu'est la loi no 16. Quelles seront les capacités d'emprunt
d'Hydro-Québec? Quelle sera sa capacité de financer tous ses
projets? Je crois que ces questions sont sérieuses et qu'il nous faut,
à juste titre, faire en sorte que les gens et les
associations dont le nom apparaît sur la liste de cette motion
puissent venir nous informer pour essayer de décanter avec nous quels
sont les vrais problèmes et quels sont les faux problèmes qui ont
été soulevés parmi nous.
Mais il y a d'autres raisons. Ces gens, à cette commission
parlementaire - qui, peut-être devrait être refaite pour les
raisons que je viens d'énoncer - ont dit d'une façon très
claire qu'ils devaient être consultés si des modifications
majeures devaient survenir. Si je prends en particulier la CSN, elle a dit ceci
au mois de février: Elle trouve illusoire la consultation qui porte sur
la construction de centrales prévue pour 1981 à 1985, mais elle
invite le gouvernement du Québec à recevoir sans plus la
stratégie proposée par Hydro-Québec pour cette
période et organiser un débat public autour des orientations
énergétiques futures. S'il fallait que le programme
d'investissements pour la période de 1985 à 1990 soit
modifié à cause de la loi no 16 et d'autres contraintes...
Le Président (M. Laplante): ...
M. Fortier: ... c'est une raison additionnelle pour faire en
sorte que la CSN soit entendue de nouveau.
Je m'en voudrais - et je vais passer par-dessus l'Ordre des
ingénieurs - bien sûr, de ne pas signaler à l'attention de
la commission ce que disait l'Office de la protection du consommateur. L'office
signale, je conclus là-dessus...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fortier: ... que les consommateurs ne disposent jusqu'à
présent d'aucun véritable instrument d'intervention sur les
activités d'Hydro-Québec. Le ministre n'en a pas fait un secret,
il a dit: Notre nouvelle politique énergétique est de hausser les
tarifs pour les mettre au niveau de ceux des autres formules
énergétiques.
Je crois donc qu'il faut revoir le débat pour permettre au public
de faire valoir ses arguments et de se poser la question à savoir: si on
doit, à l'avenir, faire en sorte que les tarifications soient
majorées à cause de la loi no 16. Les consommateurs pourraient
être entendus par une régie du gaz et de
l'électricité. Je m'arrête là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Merci. Est-ce que la
motion...
M. Maciocia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger, il vous reste dix minutes.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: II me reste dix minutes. M. le Président, je
voudrais continuer mon exposé que j'ai fait tout à l'heure. Je
vous ai dit les raisons pour lesquelles il fallait avoir un mini-débat
sur ce projet de loi no 16, Loi modifiant la loi sur l'Hydro-Québec. Je
vous ai dit aussi la première raison pour laquelle ce projet de loi est
prématuré, c'est parce que les seuls et uniques
propriétaires d'Hydro-Québec sont les citoyens du Québec.
C'est seulement à eux que revient le droit et le privilège de
changer la vocation d'Hydro-Québec.
La deuxième raison pour laquelle il faudrait avoir un
mini-débat sur ce projet de loi, c'est que le projet de loi no 16 se
trouve à conclure un débat qui n'a jamais eu lieu. M. le
Président, il faut toujours se rappeler qu'en 1962, Hydro-Québec,
sous un gouvernement libéral de l'époque dirigé par M.
Jean Lesage, a été nationalisée, et depuis ce temps,
Hydro-Québec a été synonyme de fierté, de
prospérité et de saine gestion. Depuis 1963, la cause
première de la nationalisation d'Hydro-Québec a été
celle de donner au peuple québécois l'électricité
au plus bas prix possible. M. le Président, Hydro-Québec nous
appartient à nous tous, à vous, à moi, aux membres de la
commission, bref au peuple québécois. Vous comprendrez que c'est
à eux que revient le droit, comme j'ai dit tout à l'heure, de
changer la vocation de cette société d'État,
Hydro-Québec.
M. le Président, le projet de loi no 16 veut faire quoi, en
réalité? Il veut siphonner les fonds d'Hydro-Québec pour
payer le déficit du ministre des Finances et veut aussi mettre cette
société d'État en tutelle. Le projet de loi no 16 retire
à Hydro-Québec l'obligation de produire
l'électricité au plus bas prix possible. Mais il ajoute une autre
obligation, celle de payer au gouvernement des dividendes et une taxe sur le
capital.
Je suis convaincu que cette commission devrait inviter M. Georges
Lafond, justement pour nous expliquer pourquoi cette loi devrait modifier la
vocation d'Hydro-Québec et en même temps, imposer une augmentation
de 16,3% sur l'électricité au peuple québécois. En
effet, actuellement, le gouvernement exige d'Hydro-Québec qu'elle hausse
ses tarifs de façon à pouvoir bénéficier des plus
gros dividendes possible. D'après moi, c'est une mesure
régressive qui affecte principalement les petits, qui affecte celui qui
ne gagne pas beaucoup, celui qui sort le matin, probablement à un
salaire minimum, pour aller gagner sa vie, pour élever une famille. Vous
savez dans quelle situation économique se trouve aujourd'hui cette
personne qui se voit augmenter ses tarifs d'électricité, à
cause de la mauvaise administration ou du mauvais savoir-faire ou du
"pas-savoir-compter" du ministre des Finances.
M. le Président, les Québécois ont raison de se
révolter contre cette hausse de 16,3%. Tout le monde sait que ces
bénéfices s'en vont dans les coffres du ministre des Finances.
Vous savez que déjà, ici au Québec, depuis un certain
temps, parmi les provinces canadiennes, on n'est plus la province qui fournit
l'électricité au plus bas prix possible. Il y a
déjà une autre province, actuellement, où
l'électricité coûte moins cher qu'au Québec, c'est
la province du Manitoba. Cette même province a
légiféré pour que, durant les cinq prochaines
années, il n'y ait pas d'augmentation de tarif
d'électricité. Vous savez que si ça continue comme
ça, même les citoyens de l'Ontario vont bientôt
bénéficier d'un tarif beaucoup moins élevé que
celui qu'on paie actuellement au Québec.
M. le Président, il faut inviter ces organismes à nous
faire leurs représentations, parce que par l'entremise de ces
organismes, on peut connaître vraiment le pouls de la population du
Québec vis-à-vis de cette loi qui, je le répète,
vient modifier la vocation première d'Hydro-Québec. Je
réside dans un comté où la situation financière et
économique des résidents est moyenne. De plus en plus, dans mon
bureau de comté, on a justement des gens qui viennent nous dire: On n'a
plus la possibilité de continuer à vivre si cela continue de la
même façon. Cela voulait dire: Si cela continue avec les
augmentations qu'on a à chaque jour, après l'augmentation des
plaques d'immatriculation, de l'assurance, Hydro-Québec... puis on a une
autre loi, la loi 39, l'augmentation de l'essence...
Je vais conclure, M. le Président, étant donné que
mon temps est terminé, en vous disant qu'il faudrait avoir ici, autour
de la table, l'unanimité pour appuyer cette motion et entendre les gens
décrits dans cette motion. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Viger.
J'appelle le vote... Oui, M. le député de Gatineau?
M. Gratton: Si je ne m'abuse, M. le Président, il me
restait quelques minutes avant que je ne quitte pour aller dénoncer
cette autre taxe régressive contenue dans le bill 39.
Le Président (M. Laplante): II vous restait cinq minutes,
M. le député.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. J'avais dit au cours
du début de mes remarques que l'Opposition n'était pas la seule
à réclamer ce débat public ou tout au moins des auditions
des intéressés. Vous me permettrez de faire une courte revue des
messages que nous avons reçus, notamment de la Centrale des syndicats
nationaux, la CSN, qui dit, dans un télégramme daté du 2
décembre 1981: "La Confédération des syndicaux nationaux
vous demande de tenir des audiences publiques sur les augmentations moyennes de
20% pour l'électricité domestique. Nous vous rappelons que la CSN
a maintes fois réclamé la nationalisation des pouvoirs
hydroélectriques de l'Alcan, ce qui aurait permis d'éviter une
telle hausse. Nous croyons qu'il appartient au gouvernement et non pas à
Hydro-Québec de formuler une véritable stratégie
énergétique pour le Québec après qu'un débat
public se soit tenu sur ces questions. "De plus, nous nous inquiétons de
la possibilité pour le gouvernement de taxer indirectement les
Québécois que pourraient lui donner certains
éléments du projet de loi no 16. À cet effet, nous
demandons des audiences publiques afin de clairement démontrer que la
nationalisation des pouvoirs électriques de l'Alcan peut empêcher
dans l'immédiat cette taxation indirecte possible."
Je ne fais pas de jugement de fond, je lis textuellement ce que la CSN
réclame: un débat public.
Allons voir ce que dit la présidente de l'Association des
consommateurs du Québec, Mme Irène Laprise: "L'Association des
consommateurs du Québec s'oppose énergiquement à la
transformation de la structure d'Hydro et réclame la tenue d'audiences
publiques sur ce projet. L'ACQ s'oppose plus particulièrement au fait
que le gouvernement du Québec utilise Hydro pour percevoir des taxes
indirectes. Hydro-Québec n'appartient pas au gouvernement, mais aux
contribuables consommateurs qui ont investi dans Hydro, par conséquent,
Hydro nous appartient."
Que dit Robert Gaulin, président de la Centrale de l'enseignement
du Québec, qui n'est pas reconnu pour un libéral notoire? Dans un
télégramme adressé au premier ministre: il dit:
"Considérant l'ampleur de la hausse des tarifs de
l'électricité mise de l'avant par le projet de loi no 16;
considérant les effets de cette hausse sur l'ensemble de la population
déjà lourdement taxée, directement ou indirectement, et
parce que nous croyons qu'il appartient au gouvernement du Québec de
définir des politiques énergétiques adaptées aux
besoins de la collectivité québécoise et non aux seuls
administrateurs de la société Hydro-Québec, nous croyons
justifiée et urgente, dans les circonstances, la tenue d'audiences
publiques où il sera permis aux citoyens de faire valoir leur opinion."
(17 h 30)
M. Pierre Côté, président du Conseil du patronat du
Québec: "Nous ne croyons pas que les analyses économiques des
retombées
de la loi no 16 soient actuellement suffisantes pour permettre
l'adoption dans l'immédiat de cet important projet de loi. Il s'agit en
fait, par ce projet de loi, d'ajouter à la parafiscalité,
déjà lourde, des citoyens et des entreprises
d'Hydro-Québec. Il s'agit d'une décision importante à ce
moment, mais surtout très engageante pour l'avenir. Pour ces diverses
raisons, nous vous demandons de suspendre le débat sur ce projet de loi
jusqu'à ce que l'on puisse mieux mesurer ses effets sur la vie
économique."
Mme Estelle Gobeil, présidente de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec: "Vu les applications du
projet de loi no 16 actuellement à l'étude, vu les hausses de
coûts pour tous les Québécois et d'une façon toute
particulière pour les commissions scolaires, advenant l'adoption de ce
projet de loi, nous vous demandons d'arrêter les procédures
relatives à l'adoption de cette loi et également nous vous
demandons aussi que des audiences publiques puissent être tenues sur ce
sujet."
M. Fernand Daoust, secrétaire de la Fédération des
travailleurs du Québec: "La FTQ estime que le projet de loi no 16 a des
conséquences sur la politique énergétique du gouvernement
du Québec et que, conséquemment, un débat public sur son
contenu devrait être engagé en commission parlementaire. La FTQ
estime aussi que toute augmentation des tarifs d'Hydro-Québec ou que
toute restructuration qui pourrait donner au gouvernement du Québec une
source indirecte de taxation, devrait aussi faire l'objet d'un débat
public. Nous vous demandons donc, M. le premier ministre, de convoquer une
commission parlementaire afin que notre organisme puisse aborder ce sujet et
faire connaître son point de vue sur le projet de loi no 16."
Je vous ferai grâce, M. le Président, de celui de la
Fédération de l'âge d'or du Québec, qui est un peu
long mais qui recoupe ceux dont je viens de vous faire la lecture.
M. le Président, ce n'est pas le Parti libéral, ce n'est
pas l'Opposition qui réclame un débat public, qui réclame
des audiences en commission parlementaire avant l'adoption du projet de loi no
16, c'est toute la population du Québec. C'est aussi simple que cela. Au
nom des contribuables, au nom des actionnaires, au nom des propriétaires
d'Hydro-Québec que sont les 6 000 000 de citoyens
québécois. Et si cela n'était pas suffisant, je vous
référerais à une déclaration du premier ministre
actuel qui, en février 1962, à titre de ministre des Richesses
naturelles, disait et je cite: Je fais cette déclaration uniquement pour
bien remettre les faits à leur place et selon leur valeur réelle.
Je crois que sur l'électricité, richesse vitale du Québec,
les Québécois ont le droit strict d'être renseignés
d'une façon qui leur permette d'avoir l'opinion la plus avertie
possible. Je veux rappeler aujourd'hui qu'il faut tout de même traiter
avec sérieux une question d'une telle importance.
C'est ce que M. Lévesque disait en février 1962. Je dirai
que ces paroles prononcées en février 1962 par l'actuel premier
ministre demeurent d'actualité et pourraient s'entendre comme suit
aujourd'hui: que sur leur avenir énergétique, les
Québécois ont le droit strict d'être renseignés
d'une façon qui leur permette d'avoir l'opinion la plus avertie possible
et la possibilité de faire connaître leur choix.
Compte tenu que le gouvernement se refuse à un débat
public en bonne et due forme, le moins que l'on puisse s'attendre c'est que la
commission aujourd'hui adopte la motion telle qu'amendée et
présentée par mon collègue de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote sur la
motion du député de Marguerite-Bourgeoys, amendée par le
député de Châteauguay et sous-amendée par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Duhaime: M. le Président, il nous reste dix
minutes?
Le Président (M. Laplante): II vous reste 20 minutes.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Je voudrais, M. le Président, tenter de faire
le point sur l'état des travaux de cette commission.
Nous sommes ici depuis 17 heures et demie, dans une demi-heure et je
voudrais peut-être dire aux libéraux qui sont assis en face de moi
que leur performance des dernières heures est exactement au niveau
auquel j'ai toujours estimé leur capacité.
La loi no 16, M. le Président, j'ai hâte qu'on en aborde
l'article premier, parce que c'est l'ordre que nous avons reçu de
l'Assemblée nationale lundi et j'ai remarqué - et c'était
vraiment remarquable - que l'Opposition a voté contre la motion de
déférer le projet de loi no 16 à la commission
parlementaire. De toute évidence, au départ, je pense qu'on va
s'entendre pour dire que l'Opposition ne veut pas étudier le projet de
loi no 16 article par article. Je vais oublier le dédale professionnel
mais infernal de ce qu'on appelle un "filibuster". On aura l'occasion de s'en
reparler, je pense bien, devant l'Assemblée nationale. Je voudrais dire
pourquoi l'étude de ce projet de loi ne peut pas atteindre les objectifs
d'un débat sur l'énergie.
Je réponds, en cela, à l'argumentation du
député d'Outremont qui, sans aucun doute, quant à lui,
doit avoir hâte d'aborder le fond du projet de loi parce que, comme je
le
connais, ce n'est certainement pas avec un grand plaisir ou du moins
avec enthousiasme qu'il perd son temps, comme tout le monde, sur un
"filibuster".
Dans mon esprit, un débat sur l'énergie implique, si
jamais cette décision était prise - je dois dire, au
départ, que j'ai des doutes à associer des parlementaires
libéraux à cette démarche, avec ce que j'ai entendu depuis
trois jours, mais je pense que les objectifs d'un pareil débat sont
très larges -qu'on va devoir discuter de pétrole, de nos
approvisionnements, de la distribution, du prix, de la taxation; on va devoir
discuter du gaz naturel, de son rythme de pénétration, de la
présence du gouvernement dans le secteur de la distribution du gaz
naturel. On va aussi parler d'hydroélectricité, on va
sûrement parler du nucléaire, on va parler d'écologie et
d'environnement, on va parler aussi de l'harmonisation entre les diverses
formes d'énergie, sans oublier les énergies nouvelles.
Je voudrais, sur chacun de ces points, donner un peu plus de
détails pour tenter de voir si un pareil débat ne déborde
pas, et de loin, les objectifs de cette commission parlementaire qui doit
étudier, article par article, le projet de loi no 16. Je rappelle
essentiellement que, d'une part, le 25 août 1981, il y a eu une
commission parlementaire sur le projet de loi no 16. Nous avons
également, à cette occasion, entendu Hydro-Québec, le
président du conseil d'administration, M. Lafond, dont on sollicite
à nouveau la présence par une motion qui n'en finit plus de
s'étirer. Il y avait ici, au mois d'août 1981, tous les
vice-présidents et les responsables des grandes directions
d'Hydro-Québec, et plus particulièrement ceux qui sont
attachés au plan d'équipement et au financement
d'Hydro-Québec. Je crois pouvoir dire que l'Opposition libérale a
eu tout le loisir et tout le temps de poser toutes les questions possibles
à la direction d'Hydro-Québec.
Je rappelle que ce projet de loi, qui a été
évoqué et dont a fait état le ministre des Finances lors
du discours sur le budget le 10 mars dernier, a explicitement et
spécifiquement référé à Hydro-Québec,
aux nouvelles structures qui lui seraient données, à
l'introduction d'une politique de dividende. C'était au mois de mars. Il
y a de cela neuf mois, le temps d'accoucher et de se faire une idée. Le
projet de loi a été déposé au mois de juin, une
commission parlementaire a eu lieu au mois d'août et nous sommes en
décembre. L'Opposition dit que le gouvernement veut procéder de
toute urgence et que le gouvernement est pressé. Ce que je dis, c'est
tout simplement que l'Opposition libérale ne sait pas comment orienter
ses axes de politiques dans le secteur de l'énergie. Le livre rouge, qui
fait partie intégrante du programme économique du
Parti libéral, est fort éloquent là-dessus.
Je voudrais rappeler aussi que chaque année ou presque, lorsque
Hydro-Québec fait une proposition tarifaire au gouvernement, la
commission parlementaire de l'énergie et des ressources est
convoquée, Hydro-Québec est convoquée pour qu'ensemble les
parlementaires puissent étudier la proposition qui, lorsque
approuvée par le gouvernement, devient le tarif pour l'année ou
les années contenues dans la proposition. Au mois de septembre, à
la toute fin de septembre, le 30 septembre et le 1er octobre, la commission
parlementaire de l'énergie et des ressources s'est réunie, comme
cela se fait chaque année, comme cela se fait lors de chaque proposition
tarifaire. Hydro-Québec était là avec tout le
personnel-ressource et d'immenses tableaux - et je m'aperçois qu'on va
en avoir davantage l'an prochain pour faire comprendre à l'Opposition -
pour discuter de la proposition tarifaire.
Vous vous souviendrez que, voulant profiter sans aucun doute d'un effet
de télévision, nos amis d'en face ont décidé
après deux heures de présence, je pense, de quitter les lieux
parce que, ou bien ils n'étaient pas préparés pour
discuter de cette proposition tarifaire, ou bien cela ne les intéressait
pas. J'ajoute que pour la première fois j'ai demandé à
Hydro-Québec que des techniciens de la tarification soient mis à
la disposition de l'Opposition pour leur expliquer la mécanique
tarifaire et cela a été fait. Les documents nécessaires
à la bonne compréhension de la proposition tarifaire ont
également été remis à l'Opposition, mais ils ont
quand même choisi de quitter les lieux. Je trouve cela quand même
étrange, alors qu'on étudie un projet de loi qui touche aux
structures d'Hydro-Québec, que l'Opposition parle essentiellement de
tarification alors que les tarifs ont été discutés ici au
mois de septembre et au mois d'octobre. Ils ont été
approuvés depuis par le gouvernement, ils ont été rendus
publics et ils entrent en vigueur le 1er janvier. Je crois devoir vous dire, M.
le Président, qu'encore sur ce dossier l'Opposition libérale est
en retard.
Il reste une question à régler. Il reste à savoir
si la loi 16 peut être reliée et donner l'occasion d'ouvrir le
débat qu'on réclame sur l'énergie. Moi, je dis non, M. le
Président. D'abord, sur la question du pétrole qui n'a rien
à voir avec nos travaux, je pense qu'un débat sur
l'énergie devrait permettre d'entendre les dirigeants des grandes
compagnies pétrolières ou, je devrais dire, des filiales qui sont
ici au Québec, qui font des approvisionnements, qui font du raffinage,
de la distribution. Il faudrait connaître quelles sont leurs intentions
d'investissements au Québec, quelle est la problématique d'avenir
quant à eux et ce serait vraiment une première. Il faudrait, bien
sûr, qu'on puisse parler à cette occasion
du projet CARMONT qui est en cours. SOQUIP a des intérêts
dans ce consortium financier qui doit mettre sur pied à Montréal,
dans les meilleurs délais, une usine d'affinage des huiles lourdes
résiduelles qu'on appelle le "upgrading". À cette occasion, il
faudrait entendre les dirigeants et les membres de ce consortium pour qu'ils
disent à toute la population du Québec quels sont leurs projets
d'avenir, en quoi cela consiste, etc. Ceci, M. le Président, est
très loin de la loi 16.
Il faudrait peut-être aussi qu'on convoque les dirigeants du
consortium Pétromont, entre autres, nos associés dans la
compagnie Ethylec qui, elle, est une filiale de la Société
générale de financement - elle a un tiers des
intérêts avec Gulf Canada et avec Union Carbide - pour savoir
où en est rendu le projet de doubler sur Montréal la
capacité de vapocraquage pour augmenter à 1 000 000 000 de livres
la capacité de production et faire de Montréal un centre mondial
de production. Il s'agirait d'étudier en même temps l'impact
économique en aval et l'effet d'entraînement d'un pareil projet
qui, pour l'instant, se chiffre à peu près à 1 500 000 000
$ d'investissements. Encore là, M. le Président, je dois dire
qu'on est très loin du projet de loi no 16.
(17 h 45)
II faudrait peut-être voir aussi si le dossier du gaz naturel,
indépendamment de la question d'harmonisation où le
Québec, par l'entremise de la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, SOQUIP, a des
intérêts, a en fait le contrôle effectif des deux compagnies
distributrices après avoir obtenu les franchises de la Régie de
l'électricité et du gaz. Elle a le contrôle de Gaz
Métro pour la distribution du gaz naturel dans la grande région
métropolitaine de Montréal et elle a le contrôle aussi de
la compagnie Gaz Inter-Cité pour ce qui est des autres régions du
Québec avec, bien sûr, des partenaires dans le secteur
privé comme la Caisse de dépôt qui y a des
intérêts. Il faudrait certainement entendre les dirigeants de ces
deux compagnies et les dirigeants de SOQUIP aussi à cette occasion pour
qu'on puisse examiner et rendre publics leur programmation et leurs intentions
d'investissement sur les prochaines années, qui peuvent être de
l'ordre de 2 000 000 000 $. Il faudrait aussi évaluer le rythme de
progression ou de pénétration du gaz naturel au Québec.
Mais je pense qu'encore là, M. le Président, on est très
loin du projet de loi 16.
À la même occasion, on pourrait très certainement
savoir si Gros Cacouna a toujours des chances de recevoir, d'une part, un
super-port et, ensuite, une usine de liquéfaction ou bien si le ministre
fédéral des Finances, qui est député de
l'agglomération de Canso, a réussi à convaincre le
gouvernement fédéral que Gros Cacouna n'en valait pas le coup et
qu'il fallait faire ces investissements de plusieurs milliards dans les
provinces maritimes. Il faudrait aussi que le public sache quel est le
tracé exact du gazoduc parce que jusqu'à présent l'Office
national de l'énergie n'est encore saisi d'aucune requête de
modification de tracé. Les ministres fédéraux De
Bané et Lalonde, tout ce que je peux en dire, c'est qu'ils ont
parlé à travers leur chapeau parce qu'ils n'ont aucune
autorisation de donner des ordres à l'Office national de
l'énergie. Et, encore là, on est très loin du projet de
loi 16.
Sur le dossier de l'hydroélectricité, il faudrait faire un
examen, je pense, du plan d'équipement, des principes qui sous-tendent
la tarification. Là-dessus, les libéraux vont être d'accord
avec le gouvernement parce que, à l'examen, à la lecture du livre
rouge libéral sur l'énergie, on voit qu'il est écrit en
toutes lettres qu'on doit tenir compte de l'évolution du prix des
énergies concurrentielles. Là-dessus, on se rejoint. Là
où on ne se rejoint pas, c'est quand eux veulent aligner le prix de
l'énergie hydroélectrique sur le coût marginal de
production, c'est-à-dire un prix beaucoup plus élevé qui
tiendra compte aussi des coûts croissants du réseau d'exploitation
d'Hydro-Québec.
Un débat comme celui-là nous permettrait aussi de faire le
point sur les économies d'énergie. J'admets que, sur ces
points-là, il y a un lien avec la loi 16, mais très
limité. Il faudrait aussi qu'un débat sur l'énergie, si on
veut en tenir un vrai, étudie sous toutes ses coutures l'aspect
environnement, l'aspect écologie non seulement des investissements
d'Hydro-Québec comme tels, mais aussi l'impact écologique des
tracés de gazoduc, l'implantation de Gros Cacouna, par exemple. Il
faudrait examiner si un projet comme Archipel, par exemple, peut avoir un
impact positif ou négatif dans la région de Montréal et on
aurait sûrement intérêt à rencontrer le Dr Frappier,
microbiologiste, et à recevoir son point de vue. Mais là, on est
très loin du projet de loi 16.
Il faudrait peut-être faire le point aussi sur le dossier du
nucléaire. Je sais qu'on va avoir l'avis de spécialistes. Je
pense, entre autres, au député d'Outremont qui va être
d'une précieuse collaboration lors de ces études et au
député de Mégantic-Compton, en souhaitant qu'il soit
meilleur dans le nucléaire que dans la lecture des factures
d'Hydro-Québec. Ce sont des dossiers qui sont d'une importance capitale,
j'en conviens. Je pense que ce n'est pas autour de cette table ici, à
l'occasion d'un projet de loi qui concerne essentiellement les structures du
capital-actions d'Hydro-Québec et une politique de dividendes qu'on va
être
capables d'arriver à faire le point.
Je pense aussi qu'on aurait intérêt à entendre des
gens qui vivent au sud de notre frontière et qui sont dans des postes de
commande. Je pense qu'on devrait peut-être entendre certains gouverneurs
des États de la Nouvelle-Angleterre, de l'État de New York, du
New Jersey, venir nous dire pourquoi, quant à eux, ils pourraient
être potentiellement des clients et des acheteurs
d'hydroélectricité sur des périodes de longue
durée. Il faudrait peut-être qu'on évalue en même
temps si, pour le Québec, il serait intéressant, en tenant compte
des besoins domestiques de croissance de notre hydroélectricité,
d'évaluer quant à nous si ça peut être aussi
intéressant que ça peut sembler l'être au départ. Ce
sont des questions qui pourraient être discutées lors d'un
débat sur l'énergie, mais on est loin de la loi no 16.
Maintenant, en ce qui a trait à un nouveau dossier, nouveau dans
son appellation autant que dans sa portée, l'ensemble du dossier des
énergies nouvelles, tout à l'heure, le député - je
pense qu'il est parti - nous citait, en lisant l'Argus, que M. L'Heureux,
président du Conseil consultatif de l'environnement, avait fait une
déclaration qui était, je pense, un conseil utile en disant
à l'ensemble des Québécois de faire attention à
l'utilisation de la biomasse. Je pense que, dans un débat sur
l'énergie, il faudrait très certainement qu'on entende le Conseil
consultatif de l'environnement sur l'ensemble du dossier
énergétique.
Dans les énergies nouvelles, on a fait mention d'un seul dossier,
le dossier de l'hydrogène liquide, où Hydro-Québec,
à l'heure actuelle, avec la compagnie Noranda, dans laquelle la Caisse
de dépôt détient maintenant 42% du capital-actions, est
devenue beaucoup plus québécoise maintenant qu'elle ne l'a jamais
été dans le passé.
Ce serait certainement très intéressant que le public au
Québec sache où en sont rendus nos travaux sur l'hydrogène
liquide parce que ici, on est très bien placé. On a un potentiel
et un réservoir d'eau douce que tous les pays du golfe Persique peuvent
envier. On a également un potentiel hydroélectrique
considérable qui pourrait être utilisé pour la fabrication
de l'hydrogène liquide. Cela nous permettrait des économies
très appréciables, cela améliorerait notre balance
commerciale et, éventuellement, notre balance de paiements puisque
essentiellement, on remplacerait du carburant destiné au transport.
Un dossier comme celui-là ne peut pas se discuter à
l'occasion du projet de loi no 16, c'est une tout autre question. Je pense
à un autre dossier dans les énergies nouvelles, l'utilisation du
soleil, l'utilisation du vent et aussi l'utilisation de la tourbe à des
fins énergétiques. Toutes ces composantes du bilan
énergétique dépassent largement l'objet et la
portée du projet de loi no 16. Je pense à un autre sujet, la
cogénération, les économies d'énergie
également dans les secteurs industriel et commercial.
Bref, M. le Président, vous voyez tout de suite, sans même
qu'on puisse aborder à fond les données et les principes qui
devraient sous-tendre une politique d'harmonisation, que, lorsque l'Opposition
parle d'un débat sur l'énergie, c'est un sujet très vaste,
qui va demander une longue préparation non seulement sur
Hydro-Québec et l'hydroélectricité, mais sur l'ensemble du
dossier énergétique sous toutes ses formes. J'ai eu beau
écouter, pendant 17 heures et demie dans quelques minutes, les arguments
de l'Opposition et c'est à dessein que, de ce côté-ci de la
table, nous n'avons utilisé notre temps de parole en aucun moment, sauf
pour rappeler à l'ordre et invoquer le règlement lorsque
ça nous paraissait devenir un cirque, parce que nous voulions entendre
le fond de l'argumentation libérale. Je dois dire, M. le
Président, que si je mettais en annexe un mémoire au Conseil des
ministres contenant les propos que les libéraux ont tenus ici depuis
trois jours, j'ai l'impression que mes collègues du Conseil des
ministres ne seraient pas du tout convaincus de l'opportunité de tenir
un débat, parce que je n'ai pas retrouvé l'argumentation solide
que je me serais attendu à recevoir.
Il est hors de question, quant à nous, d'ouvrir cette commission
parlementaire pour entendre des groupes ou des personnes avant l'adoption de la
loi no 16. Personnellement, je me suis abstenu de voter jusqu'à
présent sur des motions de sous-amendement qui m'apparaissaient
dilatoires et manquaient de sérieux. Je peux vous dire que je vais voter
cette-fois; et j'annonce mon vote, ce sera contre la motion lorsqu'elle aura
été amendée. Je vous dis, M. le Président, que je
suis prêt à entendre encore, pendant le nombre d'heures qu'il
faudra, les arguments de l'Opposition à ce sujet. Mais je pense
qu'après 17 heures et demie, c'était utile de faire le point. Si,
dans 17 heures et demie d'ici, je suis dans les mêmes dispositions
d'esprit, je referai le point et j'aurai la même conclusion.
Je dois vous dire que je suis un peu déçu de constater
qu'aujourd'hui les libéraux demandent un débat alors qu'il y a
à peine quelques mois, sur une question qu'ils considéraient
comme fondamentale, la question des tarifs, ils ont
préféré retenir la démarche d'une armée qui
refuse le combat, c'est-à-dire qui prend la fuite. Je ne peux donner
aucun poids au sérieux de l'Opposition. Cependant, je dois vous dire, M.
le Président, qu'à mon ministère de l'Énergie et
des Ressources, nous continuons cette réflexion, à savoir s'il y
aurait lieu - est-ce qu'on est prêt; est-ce qu'on a tous les
éléments en main? - dans un an peut-être, de tenir
un débat sur l'énergie.
Il y a une chose cependant que je voudrais dire de façon
très claire; je le dis principalement à l'intention du
député d'Outremont, qui va sans doute être un peu
déçu. C'est, en quelque sorte, un test que cette commission
parlementaire fait actuellement et je me souviens des propos du
député de Saint-Laurent, un jour, à la commission
parlementaire des engagements financiers, qui avait mis en lumière le
rôle des parlementaires, le rôle des députés. Je ne
sais pas qui avait préparé ses notes, mais j'ai trouvé
qu'il avait tenu des propos sensés. J'ai trouvé vraiment dommage
qu'il quitte votre formation politique, probablement parce que son point de
vue, de deux choses l'une, ou bien n'était pas retenu à
l'intérieur de son caucus ou bien on ne voulait point l'entendre. Mais
j'avoue que j'avais été très impressionné par les
propos du député de Saint-Laurent, je le lui avais d'ailleurs
dit, sur la revalorisation du rôle des députés.
J'avais pensé, à un certain moment, qu'une commission
parlementaire, qui aurait pu réunir des députés
ministériels et des députés de l'Opposition, aurait pu,
d'une façon sérieuse, prendre à son compte la conduite, la
direction, la démarche et tout le cheminement du débat sur
l'énergie dont on me parle et qu'on me propose de tenir. Je dois dire au
député d'Outremont qu'à moins qu'il ne me fasse la
démonstration du contraire, je ne pourrai pas inclure dans ma
recommandation, si jamais j'en fais une au Conseil des ministres, qu'elle
devrait être sous la responsabilité des parlementaires.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez voter
avant d'aller... D'accord, on va prendre le vote ici avant de suspendre la
séance, il reste une minute. Voulez-vous un vote enregistré?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Bélanger
(Mégantic-Compton)?
M. Bélanger: Pour.
Le Président (M. Laplante): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)? Excusez, M. Desbiens (Dubuc)? M. Duhaime
(Saint-Maurice)?
M. Duhaime: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Contre. M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Je ne serai pas complice, M. le Président,
contre.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier
(Outremont)?
M. Fortier: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac)?
M. Grégoire: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet)?
M. LeBlanc: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Gratton est absent. M.
Perron (Duplessis)? M. Rodrigue (Vimont)?
M. Rodrigue: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond)?
Contre: 4. Pour: 2. Motion rejetée.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission permanente de l'énergie et
des ressources en vue d'étudier article par article le projet de loi no
16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous étions rendus
à appeler l'article 1.
M. Fortier: M. le Président, excusez-moi, je demande la
parole, s'il vous plaît!
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'ai écouté attentivement ce que le
ministre nous a dit. Je n'ai pas le droit de parole d'ailleurs pour
répondre à ce que le ministre a dit; vous me le reprocheriez.
M. Grégoire: Nous sommes à parler des
données générales, n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): C'est fini. M.
Grégoire: Nous sommes à étudier
l'article 1.
Le Président (M. Laplante): Oui, on étudie
l'article 1 à ce moment-ci.
Motion réclamant la présence du ministre
des Finances
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais faire une motion.
Je crois qu'elle est importante, compte tenu des implications
financières du projet de loi no 16. Je fais la motion suivante: Que
cette commission invite le ministre des Finances à être
présent et ce pour toutes les séances que tiendra ladite
commission relativement à l'étude article par article du projet
de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec.
M. Grégoire: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, M.
le député de Frontenac.
M. Grégoire: Cela a été décidé
une fois que le tout comprenait la partie. Une motion a été
présentée pour inviter tous les députés. Elle a
été rejetée au vote. Par la suite, l'Opposition a fait une
motion pour demander tous les membres de la commission élue des
engagements financiers. La motion a été déclarée
irrecevable parce que la chose avait déjà été
jugée une fois pour un député. On demande d'inviter un
autre député, le ministre des Finances, alors qu'on a
refusé deux fois, une première fois en refusant de permettre
à l'ensemble des députés de parler, la deuxième
fois en invitant la commission des engagements financiers dont fait partie le
ministre des Finances. Comme cela a été déclaré
irrecevable la première fois, inévitablement, la jurisprudence
est là et la décision a été rendue que le tout
comprenait la partie. C'est pourquoi, je crois, M. le Président, que
vous vous devez de déclarer cette motion irrecevable.
M. Fortier: Je demanderais à mon collègue de
Gatineau de s'exprimer sur la recevabilité.
M. Gratton: Je remercie le député d'Outremont, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Quelques minutes.
M. Gratton: Oui, je sais que vous allez tout de suite être
éclairé, M. le Président, vous qui avez vécu des
précédents tout à fait contraires à ceux
qu'évoque le député de Frontenac.
On sait que le député de Marguerite-
Bourgeoys a présenté une motion cet après-midi et
qu'elle a été amendée pour être ensuite
rejetée par la majorité ministérielle et qu'elle
n'incluait pas quelque ministre du gouvernement que ce soit. La preuve, c'est
que vous-même, M. le Président, vous avez dit que la signification
du mot "personne", spécifiquement, n'incluait pas le ministre. Je ne
sais pas si c'est nécessaire, M. le Président que je vous fasse
la lecture des précédents. Vous les connaissez sans doute aussi
bien que moi. Si cela peut vous être utile, je peux y aller.
Il s'agit du rapport de la commission élue permanente des
richesses naturelles, dont le rapporteur, imaginez, il n'était nul autre
que vous-même, Patrice Laplante, député du comté de
Bourassa, rapporteur de la commission. Il s'agissait du rapport à
l'Assemblée nationale pour l'étude du projet de loi no 70, Loi
constituant la Société nationale de l'amiante. Vous voyez combien
c'est pertinent de vous citer ça, c'est le même ministère.
Voici une motion qui avait été présentée par le
député de Richmond. Elle se lisait comme suit: "Que le ministre
des Finances soit présent lorsque les membres de cette commission seront
appelés à étudier la section III du projet de loi no 70,
intitulée Financement, et comprenant les articles 11 à 15
inclusivement, et qu'il puisse s'y faire entendre sans devoir obtenir la
permission et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite commission
relativement à l'étude de ces articles." C'est presque mot
à mot ce qu'on dit là, avec les modifications
nécessaires.
Le président avait déclaré la motion
prématurée, en précisant toutefois qu'une telle motion
pourrait être présentée lors de l'étude de la
section III du projet de loi no 70. Quant à la dernière partie de
la motion du député de Richmond, qui commence avec les mots "et
qu'il puisse s'y faire entendre sans devoir obtenir la permission," le
président a fait remarquer qu'en vertu du règlement le ministre
des Finances devrait obtenir la permission pour prendre la parole, s'il
décide de venir, car il n'est ni membre ni intervenant à cette
commission. Ce n'est pas pertinent au débat sur la recevabilité,
à ce moment-ci, mais il me semble que c'était tout à fait
clair. À noter que la raison pour laquelle on l'avait
déclarée prématurée à ce moment-là,
c'est que la motion demandait spécifiquement - et c'était une
motion présentée avant l'appel de l'article 1, une motion dite
préliminaire - la présence du ministre des Finances à
compter du moment où on aborderait la section III. Alors, le
président a dit: Vous ferez votre motion quand vous serez rendu
là, c'est prématuré pour le moment.
Mais nous, notre motion aujourd'hui, la motion que vient de
présenter mon collègue d'Outremont, demande que le ministre
des
Finances soit ici dès l'étude de l'article 1, parce
qu'à notre avis c'est là qu'est tout le débat de fond.
C'est là que nous devons obtenir des informations que seul le ministre
des Finances possède. Je n'irai pas plus loin que ça, je sais
que, M. le Président...
Une voix: Un instant.
M. Gratton: On me fait remarquer à juste titre que cette
motion n'était pas la première. Il y avait eu une motion ou
presque exactement comme celle qu'on a défaite cet après-midi,
c'est-à-dire d'inviter des gens. Je vois le député de
Frontenac qui dit non, alors on va devoir aller voir, si vous le permettez, M.
le Président.
Alors, on disait dans cette première motion - la motion dont j'ai
parlé, on la retrouve à la page 3 du rapport - à la page
2: "Le député de Marguerite-Bourgeoys -toujours dans le rapport
que vous avez signé comme rapporteur, M. le Président
présente une motion dont le libellé est le suivant: Que cette
commission invite le groupe de travail sur l'amiante du ministère des
Richesses naturelles à se faire entendre le 4 avril 1978 à 16
heures devant cette commission afin de renseigner les membres et intervenants
de cette commission. Une discussion s'engage sur ladite motion; la motion de M.
Lalonde, de Marguerite-Bourgeoys, est rejetée par cinq votes contre
trois." Si elle a été rejetée c'est qu'elle a
été débattue et qu'on a voté dessus, comme on l'a
fait cet-après-midi. Alors, vous voyez comment l'histoire se
répète M. le Président, et vous voyez comment la motion
que vient de faire le député d'Outremont est tout à fait
recevable.
M. Grégoire: Si vous me permettez, juste une
rectification.
Le Président (M. Laplante): Sur une question de...
M. Grégoire: La première motion qui avait
été proposée à la commission et qui concernait la
Société nationale de l'amiante se rapportait au groupe des
travailleurs de l'amiante. Mais là il y a déjà eu deux
motions qui incluaient automatiquement le ministre des Finances,
c'est-à-dire la motion invitant tous les députés à
venir se faire entendre sans être obligés d'obtenir la permission
au préalable; cela incluait tous les ministres y compris le ministre des
Finances, parce qu'on invitait tous les députés.
Deuxièmement, il y a eu une motion qui invitait tous les membres
de la commission des engagements financiers, dont le ministre des Finances fait
partie parce que ça relève de son ministère. Alors,
à deux reprises, on a eu des demandes de motion pour entendre des
députés et les deux motions incluaient le ministre des Finances.
La première, recevable, fut rejetée. La deuxième fut
déclarée irrecevable, justement, parce que la première
incluait le ministre des Finances tout comme la deuxième, et la
vôtre le nomme spécifiquement alors qu'il était compris
dans les 122 députés appelés à venir se faire
entendre. La deuxième a été considérée comme
étant irrecevable parce qu'il fait partie de la commission des
engagements financiers.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Non, j'ai assez de...
M. Gratton: Permettez-moi de relever une inexactitude dans ce que
vient de dire le député.
Le Président (M. Laplante): Seulement une seconde.
M. Gratton: II nous dit: On a plaidé tantôt le droit
de parole des députés. Eh bien, le précédent existe
ici aussi... pour la première fois. Il m'invite à lui donner
la...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Moi, je suis prêt à rendre ma décision.
M. Gratton: Est-ce que vous me permettez juste une
précision, très brièvement?
Le Président (M. Laplante): Très courte.
M. Gratton: Quand le député nous dit que le
ministre des Finances est un député et qu'on a invité les
députés à venir prendre la parole, ce qu'on a
demandé ce n'était pas que les députés viennent se
faire entendre, c'était qu'ils aient le droit de parole s'ils
désiraient l'exercer alors que maintenant on exige la présence du
ministre des Finances.
M. Grégoire: Vous n'en avez pas le droit.
Le Président (M. Laplante): Bon, d'accord.
M. Grégoire: C'est l'invité, vous n'avez pas le
droit de l'exiger.
M. Gratton: En exigeant qu'il soit là, quand on
spécifie qu'il devrait être là...
M. Grégoire: Vous n'en avez pas le droit.
M. Gratton: ... à toutes les séances. En
tout cas, M. le Président, je vous laisse le décider.
Décision du président
Le Président (M. Laplante): À ce moment-ci, je suis
heureux que le député de Gatineau soit présent...
Après 17 heures de travaux, de préparation, je vous demanderais
d'être poli et d'écouter ce que je vais vous dire, M. le
député de Mégantic-Compton.
Cela fait 17 heures qu'on passe sur des remarques préliminaires,
sur la préparation de nos travaux. On n'a pas encore abordé
l'article 1. Je suis obligé, à ce moment-ci, de me
référer à une motion semblable, faites dans des
circonstances semblables, le député de Gatineau étant
président d'une commission parlementaire, en date du 18 juillet 1974. Je
peux vous la lire complètement, elle est très longue, si vous
désirez avoir le fond. Cela vaut la peine de prendre dix minutes pour
clarifier comme il faut, et je pense qu'on peut comparer le projet de loi au
projet de loi no 16.
Le jugement du président de la commission qui, à ce
moment-là, était M. Gratton, pour fins du débat, je le
prends comme mien...
M. Gratton: De quelle loi s'agissait-il?
Le Président (M. Laplante): De la loi 22. Je le prends
comme mien à ce moment-ci. "Au moment de la suspension des travaux, nous
étions saisis d'une motion du chef de l'Opposition officielle.
J'aimerais informer les membres de la commission des études et des
réflexions que j'ai pu faire non seulement depuis les 20 minutes ou la
demi-heure pendant laquelle la séance a été suspendue
tantôt - parce qu'on avait suspendu à ce moment-là - mais
j'y ai fait allusion hier et j'y ai fait allusion à nouveau tantôt
lorsque j'ai dit que j'avais des doutes et même une certitude quant
à la recevabilité de certaines motions qui ont été
présentées depuis le début des travaux de cette commission
parlementaire, après la deuxième lecture, pour l'étude du
projet de loi 22."
C'est toujours M. Gratton qui parle: "J'ai voulu, durant cette
dernière suspension, vérifier parce que j'avais
préparé un texte livrant, ni plus ni moins, une décision
basée sur l'étude que j'avais pu faire, d'ailleurs, étude
qui a été faite avec le concours et en consultation constante
avec le président de l'Assemblée nationale et certains officiers
de l'Assemblée nationale également." C'est ce que j'ai fait
moi-même, monsieur, comme le député de Gatineau. "J'ai
entretenu, depuis au moins deux jours, des doutes sérieux quant à
l'admissibilité de certaines catégories de motions et je crois
qu'il serait opportun de faire part, dès maintenant, à la
commission des conclusions auxquelles je suis arrivé après ces
discussions et après mûre réflexion." C'est ce que je fais,
monsieur, depuis ce midi au moins et même un peu hier soir.
"L'expérience qu'on connaît en régime parlementaire et
qu'on a toujours vécue est qu'après la deuxième lecture
d'un projet de loi le mandat de la commission est de passer
immédiatement à l'étude du projet de loi, article par
article. J'élaborerai davantage sur ce point dans un instant."
Après, vous déterminez, monsieur, le contenu du
règlement, vous parlez de l'article 154 qui offre la possibilité
de tenir une audition publique." Il s'agit, dans ces trois cas, de dispositions
spéciales dont on a parlé tantôt, dispositions contraires,
en rapport avec l'article qui dit: Sauf dispositions contraires le
règlement de l'Assemblée s'applique. "Voilà donc trois cas
où on donne ouverture à des motions préliminaires et,
depuis le début de nos travaux, on s'est prévalu de ces
dispositions et j'ai jugé que les motions préliminaires
présentées étaient admissibles." C'est ce que j'ai fait
à venir jusqu'à aujourd'hui. "Une fois ces motions
épuisées, je pense qu'il faut suivre la coutume parlementaire et
se conformer au règlement, et surtout à l'ordre de
l'Assemblée - je répète cela, c'est très important,
c'est ce qui m'a frappé dans le jugement du député de
Gatineau; d'ailleurs, il est très bien fait -qui nous a demandé
d'étudier le projet de loi 22, article par article." Aujourd'hui, c'est
le projet de loi no 16. "Notre règlement me semble assez
spécifique dans la façon d'interpréter l'ordre reçu
de l'Assemblée nationale. En effet, l'article 154, premier paragraphe,
édicté ceci: "En commission plénière ou
élue, après la deuxième lecture, on ne peut discuter que
les détails d'un projet de loi." Or, les détails d'un projet de
loi, de toute évidence, on ne les retrouve que dans les articles du
projet de loi. C'est clair, on ne peut discuter d'autres choses. "Cet article
du règlement devient encore plus explicite lorsque l'on retourne
à l'ancien règlement. C'est d'ailleurs notre droit d'y faire
appel lorsqu'on juge que le règlement actuel est ambigu ou est
silencieux sur un point."
M. Gratton: J'espère que j'ai cité quelques
auteurs, il me semble que...
Le Président (M. Laplante): Oui, vous en avez cité,
ça s'en vient. "En examinant les articles correspondant à
l'ancien règlement, on constate sans l'ombre d'un doute qu'en
commission, après la deuxième lecture, les députés
ont un mandat précis à exécuter:
étudier le projet de loi, article par article. "J'ai
étudié avec grande attention tous les articles qui
établissent les règles auxquelles étaient assujettis les
travaux de la commission plénière selon l'ancien
règlement. Notre commission, comme on le sait, a un mandat identique
à ceux qui étaient jadis déférés aux
commissions plénières de l'Assemblée législative.
"Dans ce retour aux principes de l'ancien règlement, que j'ai
étudié, je l'admets, au cours des derniers jours, et non pas
depuis une demi-heure, j'ai étudié en particulier les articles
315 à 371 de même que les articles 560 à 570 qui traitent
de l'examen des projets de loi en commission plénière. Vous me
permettrez de citer seulement quelques-uns de ces articles, et je pourrais les
citer tous, pour démontrer comment leur seule lecture ne peut nous
amener qu'à une seule conclusion, soit qu'à ce stade-ci de nos
travaux la commission se doit de passer à l'étude du projet de
loi, article par article. (20 h 30) "Je cite quelques-uns de ces articles.
D'abord la note 1 de l'article 315 qui dit: "La fonction ordinaire d'un
comité plénier est, non pas de faire enquête, mais de
délibérer, étudier les détails d'une affaire." La
note 2 de l'article 318 est aussi spécifique. "Le président,
dès qu'il a pris le fauteuil du comité, procède à
soumettre au comité l'affaire qui lui a été
renvoyée." L'affaire, dans les circonstances, c'est le projet de loi no
22 qui, aujourd'hui, est le projet de loi no 16.
C'est dans le même sens que Beauchesne, quatrième
édition, aux pages 250 et 251, écrit: "Un comité ne peut
étudier que les questions qui lui ont été
déférées par la Chambre", puis: "Un comité doit
s'en tenir à l'ordre de renvoi et ne saurait y déroger."
"L'article 321 de l'ancien règlement dit: "Un comité
plénier ne peut prendre en considération que les sujets qui lui
ont été renvoyés par la Chambre ou que la Chambre, par
instructions spéciales, l'a, par la suite, autorisé à
examiner." La note 1 de cet article 321 précise: "S'il est
désirable que d'autres sujets soient examinés en même
temps, le comité y doit être autorisé par des instructions
spéciales proposées et adoptées avant que le comité
se forme pour la première fois." "Que dit l'article 334? "En
comité plénier, il n'est permis ni de proposer une
résolution générale à l'occasion d'un article ou
d'un paragraphe, ni de proposer la substitution d'un contre-projet à un
projet de résolution recommandé par le lieutenant-gouverneur."
"Comme on le voit, le débat est très restreint, même
lorsqu'il s'agit d'étudier un projet de loi article par article. "Lisons
aussi l'article 565, qui est on ne peut plus catégorique: "Pendant
l'étude d'un bill public, un comité plénier ne peut en
discuter que les détails." Ces détails, je le
répète, on les retrouve dans chacun des articles, et non
ailleurs. La note de cet article ajoute: "Le comité n'a pas le pouvoir
de décider du fond du bill qui lui a été renvoyé."
"D'ailleurs, à la lecture de ces deux chapitres de l'ancien
règlement qui concernent les comités qui étudient les
projets de loi publics, on voit manifestement qu'il n'est question, à ce
stade-ci, que de l'étude d'un projet de loi article par article, rien
d'autre. "C'est là toute l'économie de l'ancien règlement,
de la tradition. - À l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Mégantic-Compton, au cas où vous seriez
président plus tard! - Je pourrais lire tous les articles parce que,
partout, on se réfère à l'étude article par
article. "L'article 334 dit: "En comité plénier, il n'est permis
ni de proposer une résolution générale à l'occasion
d'un article ou d'un paragraphe..." L'article 335 dit: "En comité
plénier, il n'est pas permis de proposer un amendement ou un article
nouveau..." L'article 336 dit: "En comité plénier, le
président met en délibération chaque article ou paragraphe
en ces termes: "Cet article sera-t-il adopté?" L'article 337 dit: "Les
amendements sont mis en délibération avec les articles ou les
paragraphes auxquels ils se réfèrent. L'article 338 dit: "En
comité plénier, quand un amendement a été
adopté, le président met immédiatement en
délibération l'article amendé en ces termes: "Cet article
amendé sera-t-il adopté."
Aux articles 342, 343, 344 et 345, partout, on revient aux mots
"article" ou "paragraphe".
Je pense qu'il est inutile d'insister davantage, ma conclusion est la
suivante. Sauf pour le cas des motions préliminaires prévues par
notre nouveau règlement, les dispositions contraires - et les trois dont
j'ai parlé tantôt sont de cette catégorie - toutes les
autres motions devraient, à mon avis, être jugées
irrecevables par le président. Il doit dès maintenant faire
respecter l'ordre de la Chambre et inviter les membres de cette commission
à procéder à l'étude article par article du projet
de loi no 22, maintenant devenu le projet de loi no 16.
Je dois ajouter que je vous avoue que si j'avais été mieux
éclairé et si j'avais eu le loisir d'approfondir cette question,
j'aurais déclaré irrecevable - je l'ai dit tantôt - la
motion qui a été présentée il y a deux jours, qui
avait trait au dépôt des règlements prévus par le
projet de loi no 22. La même règle s'applique d'ailleurs au
dépôt global des amendements. Le ministre peut consentir à
faire le dépôt global des amendements, mais rien dans le
règlement, ne l'oblige à le faire,
sauf au moment où l'article à amender est à
l'étude. Inutile de dire que la motion présentée par le
chef de l'Opposition avant la suspension est aussi de cette catégorie de
motions irrecevables. Je répète donc que, selon l'économie
de la tradition de notre règlement, la tradition parlementaire semble
très claire, le seul mandat d'une commission élue après la
deuxième lecture, c'est l'étude du projet de loi article par
article.
J'aimerais ajouter un mot sur la coutume selon laquelle le
président des commissions élues ou plénières,
après la deuxième lecture, en prenant son fauteuil, appelle
toujours, immédiatement, l'article 1. Donc, suite à cette
décision et pour les raisons que j'ai évoquées, j'appelle
maintenant moi-même l'article 1.
M. Gratton: M. le Président, vous me permettrez
sûrement un commentaire...
Le Président (M. Laplante): Un court commentaire pour
autant qu'il n'y aura pas de discussion sur une décision que vous
connaissez très bien.
M. Gratton: M. le Président, vous venez de me citer une
décision tellement savante et d'une telle érudition que vous
m'avez terrassé. Vous me permettrez sans doute de dire qu'il doit y
avoir un certain M. Dominique Lapointe qui doit se bidonner quelque part
à l'Assemblée nationale. Je dis cela en toute candeur, puisque M.
Dominique Lapointe, qui est encore au service de l'Assemblée nationale,
avait été celui qui à toutes fins utiles m'avait fourni
les informations pour rendre une telle décision.
Le Président (M. Laplante): Je trouve un peu
disgracieux...
M. Gratton: Au contraire, c'est un cas...
Le Président (M. Laplante): ... ce que vous donnez. Non,
c'est de la façon...
M. Gratton: M. le Président, je regrette, je
regrette...
Le Président (M. Laplante): Une minute, une minute, vous
savez, il y a des subtilités, à un moment donné, qu'on
peut passer et d'autres qui ne peuvent pas passer.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Non, laissez-moi finir et
après vous...
M. Gratton: Oui, certain qu'on va s'en parler.
Le Président (M. Laplante): Vous savez que le
président a un travail à faire. Déjà...
M. Gratton: Je ne vous ai fait aucun reproche, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): ... hier, j'avais
signalé au député de Marguerite-Bourgeoys qu'il se
trouvait, justement, un article pour de telles motions et que je le trouverais.
J'ai fait appel au service - on a un bureau de service ici - et on m'a
donné la réponse. Je ne voudrais pas, d'un esprit...
M. Gratton: M. le Président, je ne voulais pas du tout
vous prêter d'intention...
Le Président (M. Laplante): Non, ni prêter
d'intention à un fonctionnaire non plus.
M. Gratton: ... je trouve que c'est tout à fait le travail
que devait faire M. Dominique Lapointe. D'ailleurs, je voulais lui faire un
compliment en disant que c'est une décision que j'ai moi-même
rendue, c'est parce que je partageais son point de vue que je l'ai rendue. Je
n'ai pas fait cela parce que je n'étais pas d'accord avec lui. Je veux
lui rendre hommage, M. le Président, lui dire qu'il faisait un bon
travail dans ce temps-là, qu'il continue à faire un bon travail
aujourd'hui et je considérais que vous faisiez un bon travail
jusqu'à ce que vous me prêtiez des intentions tantôt.
M. le Président, je voudrais simplement dire, sur une note
très personnelle, que, quand je suis arrivé ici, il y a neuf ans,
à l'Assemblée nationale, il y avait un parlementaire aguerri du
nom de M. Rémi Paul, que je surveillais avec beaucoup
d'intérêt, parce qu'il avait été président de
la Chambre. Il était d'une très grande sagesse dans les
décisions qu'il rendait. Me rendre compte qu'aujourd'hui ce sont les
décisions que, moi, j'ai pu rendre il y a sept ans, cela me fait
réaliser qu'il est réellement temps que je change de job.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, je suis fier d'avoir pris votre décision. Elle est
complète, elle est bien faite, je pense que vous avez eu l'aide aussi de
M. Lapointe à ce moment-là...
M. Gratton: C'est ce que j'ai voulu dire.
Le Président (M. Laplante): ... qu'on s'en sert tous les
deux et c'est de bon augure pour continuer les travaux.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Très court, parce que
j'appelle l'article 1. Il n'y aura
plus de question après cela.
M. Ciaccia: Je voudrais vous demander une directive mais, avant
de demander la directive, si je comprends bien, vous avez déclaré
non recevable la motion qui a été présentée.
Le Président (M. Laplante): Je ne l'ai pas jugée
sur le fond.
M. Ciaccia: Vous ne l'avez pas jugée sur le fond. Alors,
je veux faire le point, pour que cela soit clair, que je ne conteste pas votre
décision sur cette motion-ci.
M. le Président, avant de vous demander la directive, est-ce que
je pourrais porter à votre attention quelques éléments,
parce que, peut-être, la directive que je veux vous demander... Vous avez
référé à certaines motions qui pourraient
être faites et je voulais vous demander quels sont les types de motions
préliminaires qui pourraient être faites. Mais avant que vous
répondiez, si vous me permettiez de faire certaines remarques: Depuis
que cette décision a été rendue par le président du
temps, M. le député de Gatineau, cela était en 1974, je
pense que depuis ce temps il y a eu une certaine évolution dans nos
règlements et dans nos us et coutumes. Je prends un exemple,
c'était avant la décision de la Cour suprême quant aux
conventions. C'est sérieux, M. le Président. Les conventions font
partie de nos lois et si la convention, depuis ce temps-là,
c'était d'accepter certaines motions, je vous soumettrais très
respectueusement que pour certaines motions on pourrait faire... Après
que vous ayez jugé celle-là irrecevable, vous devriez
peut-être prendre cela en considération.
Quand vous dites que le mandat de la commission est d'étudier le
projet de loi, je suis entièrement d'accord avec vous. C'est le mandat
que nous avons de l'Assemblée nationale et les motions que nous avons
faites jusqu'à maintenant, ce n'était pas pour écarter ce
mandat, mais pour nous aider à mieux étudier ce projet de loi,
pour apporter des éléments qui pourraient nous aider à
l'étudier. Ce n'était pas pour...
Le Président (M. Laplante): Vous vous éloignez de
la directive.
M. Ciaccia: D'accord. Tout cela pour dire que cette
décision du député de Gatineau était
peut-être faite dans un contexte un peu différent de celui
d'aujourd'hui qui touchait un projet de loi qui avait différents
aspects. Il n'avait peut-être pas autant de conséquences que
celui-ci, quant à l'étude.
La question de directive que je voudrais vous poser est à savoir
quels types de motions nous pouvons faire. Je voudrais me référer
aux commentaires du président de l'Assemblée nationale, le
député de Jonquière, qui avait dit dans le journal des
Débats du 4 avril 1978, à la page D-744 - il parlait de motions
préliminaires -: II y a beaucoup de motions qui pourraient être
présentées à l'occasion de l'étude de chacun des
articles du projet de loi, mais actuellement, je dis que même s'il a
invité des gens, c'est acceptable comme motion préliminaire pour
autant que cela a pour but d'éclairer et de permettre l'organisation
matérielle de nos travaux.
Quels sont les types de motions que nous pouvons faire
présentement, M. le Président, qui satisferaient aux
critères du règlement et aux us et coutumes des commissions?
Le Président (M. Laplante): Je pense que la
décision du député de Jonquière qui n'était
pas à ce moment-là président de l'Assemblée
nationale, dit bien le genre de motions qui doivent être
présentées. Si on assume la fonction de présider une
assemblée, il y a le jugement personnel aussi qui entre en ligne de
compte. Après 17 heures, quand on voit à peu près la
volonté des membres d'une commission, ce qu'ils veulent faire comme
travaux et qu'on voit que l'ensemble a été touché à
peu près et les refus ou les acceptations qu'il a pu y avoir autour de
tout cela, je crois que c'est le devoir d'un président d'amener la
décision que le député de Gatineau a prise et qui
était très sage.
J'appelle l'article 1. Je ne peux plus recevoir d'autres questions
là-dessus.
M. Ciaccia: M. le Président, on a le droit de faire des
motions préliminaires. Elles ne seront peut-être pas recevables,
vous pourrez les juger irrecevables. J'en ai une ici comme exemple...
Le Président (M. Laplante): Non...
M. Ciaccia: ... je voudrais seulement la porter à votre
attention, ça va prendre 30 secondes, M. le Président, et
ça ne va pas à l'encontre de l'irrecevabilité de l'autre
motion. Je crois que c'est en accord avec les règlements.
C'est une motion pour distribution de documents. Je vais vous la lire
comme motion: "Que cette commission invite le ministre de l'Énergie et
des Ressources à distribuer dès maintenant aux membres et aux
intervenants de ladite commission, le document intitulé Analyse
financière pro forma de l'impact de la loi 16...
Le Président (M. Laplante): Je vais vous répondre
tout de suite...
M. Ciaccia: ... pour la période 1981-
1990, préparé par les services d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): ... M. le député
de Mont-Royal. Vous avez une vaste expérience du domaine parlementaire
depuis 1973. Vous savez très bien qu'une motion comme celle-là
peut être présentée à l'article 1. Vous pouvez
profiter de n'importe quel article. À un moment donné, vous
sentez le besoin d'exprimer le voeu que le ministre vous distribue certains
documents. Vous savez fort bien que vous pouvez le demander à n'importe
quel article, si le besoin s'en fait sentir.
M. Ciaccia: Question de directive, M. le Président.
M. Grégoire: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Est-ce que vous préjugez qu'une telle
motion est recevable à l'article 1?
Le Président (M. Laplante): Je ne l'ai pas jugée;
je vais attendre sa présentation, lorsque l'article 1 sera
appelé.
M. Grégoire: Alors, on ne préjugera pas de votre
décision.
Le Président (M. Laplante): Pas du tout.
M. Ciaccia: Question de directive, M. le Président. Est-ce
que je pourrais avoir une réponse à ma question: Quelles sont les
types de motions qui pourraient être présentées, en
conformité du règlement, avant de commencer l'étude
article par article du projet de loi?
Le Président (M. Laplante): C'est toujours un nombre
limité, dans mon esprit. C'est pour cela que je vous
réfère à la décision de M. Vaillancourt du 4 avril
1978. Il en parle, vous l'avez lue tout à l'heure.
M. Ciaccia: Oui, mais il semblait dire dans sa décision
que c'était acceptable de faire des motions préliminaires.
C'était dans le but d'éclairer...
Le Président (M. Laplante): Je vous ai aussi
référé au jugement du président qui est là
pour la bonne conduite des travaux lorsqu'un projet de loi est appelé
pour étude article par article. Si vous voulez un président qui
joue seulement un rôle de pion, c'est une autre chose. Il y a des
règles à suivre pour nous aussi et c'est pour cela que je reviens
toujours à la sage décision du député de Gatineau.
Il dit très bien dans son texte que, s'il avait pu le savoir avant... On
se rappellera, au moment de la loi 22, le "filibuster" qui s'est fait. Cela
devait être pénible pour un président, à ce
moment-là. Et il dit lui-même que, s'il avait étudié
avec les gens concernés quoi faire à ce moment-là cela
aurait fait longtemps qu'il aurait appelé l'article 1.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on pourrait vous
demander de relire la décision encore une fois?
Le Président (M. Laplante): Non. J'appelle l'article
1.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): J'ai rendu une décision
pour activer les travaux. Si je continue dans ces questions et réponses,
on ne sera pas plus avancé, on va même reculer.
Dernière intervention, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. (20 h 45)
M. Scowen: J'ai été obligé de m'absenter ce
matin et cet après-midi à cause de problèmes très
importants dans d'autres domaines et je me demande et je vous demande si je
peux avoir le consentement de la famille de la loi 16...
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laplante): Je ne peux même pas vous
accorder la parole, car vous n'êtes pas sur la liste des membres.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Vous n'êtes ni membre ni
intervenant.
M. Gratton: ... est-ce que la commission donnerait la permission
au député de Notre-Dame-de-Grâce de parler quelques minutes
seulement?
Une voix: Adopté.
M. Grégoire: Est-ce une intervention?
M. Fortier: Non, il ne veut pas intervenir maintenant, il veut
simplement...
Le Président (M. Laplante): II veut intervenir tout de
suite et il n'a pas le droit, à moins d'avoir le consentement des
membres.
M. Gratton: La commission peut lui donner la permission.
M. Grégoire: Oui, mais on réalise que vous
n'êtes pas...
M. Gratton: Oui, la commission peut lui en donner la
permission.
M. Grégoire: On n'est pas sur l'article 1. Non, pas de
consentement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Pas de consentement.
M. Gratton: Oui, le règlement le dit.
M. Grégoire: On l'a permis au chef de l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1,
à ce moment-ci.
M. Ciaccia: Je vous demande une directive, M. le
Président. Je vous soumets très respectueusement cette question:
N'y a-t-il pas une obligation, pour un président, de répondre
à une demande de directive d'un député ou d'un membre de
la commission?
Le Président (M. Laplante): Oui, on l'a fait.
M. Ciaccia: Je vous ai demandé quels sont les types de
motions préliminaires que nous pouvons faire avant que l'article 1 soit
appelé. Je ne pense pas, à moins que j'aie mal entendu, avoir
compris la réponse que vous nous avez donnée.
M. Grégoire: Oui, mais il n'appartient pas au
président de proposer...
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas le président et c'est
à lui que je le demande.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre. À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Vous avez dit qu'il existait trois types...
Le Président (M. Laplante): C'est à peu près
ce que j'ai voulu dire tout à l'heure. Je suis certain que le
député de Montréal, avec son intelligence et son
habileté, a compris ce que je voulais dire. Je n'ai pas,
personnellement, à fabriquer ou à vous dire comment fabriquer
dans l'organisation de votre travail des motions préliminaires qui
soient acceptables. Le travail a été organisé entre tous
les membres de la commission et je pense qu'il ne serait pas correct de ma part
de faire cela. Si un autre président a d'autres idées meilleures
que la mienne, je les accepterai, mais ce n'est pas à moi de vous dire
quel genre de motion vous pouvez faire actuellement. Vous en faites depuis 17
heures et, jusqu'à maintenant, la plupart de vos motions, ont
été jugées recevables. Il y a une limite, à un
moment donné, à la quantité des motions et à la
qualité des motions aussi quant à leurs objectifs. Le seul
objectif que j'ai, c'est de remplir le mandat qui m'a été
donné par l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne vous demande pas de
nous dire comment faire les motions, mais je me réfère à
votre déclaration lorsque vous avez dit, si je me rappelle bien, qu'il y
avait trois types de motions préliminaires qui pouvaient être
faits. Je ne vous demande pas de nous imposer les motions qu'on peut faire ou
que vous nous dictiez la façon selon laquelle on peut les faire, mais
quels types de motions peut-on faire.
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas relire toute la
déclaration de M. Gratton, le député de Gatineau qui
était à ce moment président. Je vous ferai parvenir, au
cours des minutes qui vont suivre le texte complet où tout est
marqué.
M. Gratton: Est-ce qu'on ne pourrait pas le déposer
à l'Assemblée nationale demain matin, M. le Président?
M. Grégoire: C'est déjà
déposé. C'est un document officiel de l'Assemblée
nationale, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Article 1.
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement. Il n'est pas question... On accepte votre décision, M.
le Président, on est prêt à passer à l'étude
de l'article 1, mais vous conviendrez avec moi qu'il serait tout à fait
dans l'ordre que le ministre soit présent au moment où on aborde
l'étude article par article. Je ne voudrais pas parler trop longuement
là-dessus, mais si on ne peut inviter des gens à venir
témoigner, si on refuse la présence du ministre des Finances, je
me dois, en bon parlementaire de proposer qu'on suspende nos travaux
jusqu'à l'arrivée du ministre.
M. Grégoire: M. le Président, je me dis que c'est
une demande normale rendue à l'article 1 de réclamer la
présence du ministre. Il va arriver. Ils sont allés l'appeler. Il
n'est pas loin. Il va être ici dans trois minutes. On peut suspendre pour
trois minutes.
Le Président (M. Laplante): C'est le voeu de
l'Assemblée de suspendre les travaux trois minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 52)
(Reprise de la séance à 21 h 09) Article
premier
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1 du
projet de loi 16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. M. le
ministre.
M. Duhaime: Adopté, M. le Président.
M. Gratton: Je suis heureux que le ministre soit revenu, M. le
Président, parce qu'il nous semble qu'en abordant l'étude de
l'article 1, les tentatives que nous avons faites pour tâcher d'obtenir
plus d'informations, de prendre les moyens pour que nous obtenions toutes les
informations valables nécessaires à l'étude du projet de
loi ont toutes été rejetées par le gouvernement. Donc, je
désire faire une motion, M. le Président, qui se lirait comme
suit...
Le Président (M. Laplante): M. le député, je
voudrais m'assurer d'une chose pour la bonne compréhension de chaque
membre. L'article 1 est bel et bien appelé. D'accord?
M. Gratton: Oui, d'accord, mais ce que je disais, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre n'a pas eu de
commentaires.
M. Gratton: C'est cela. Là, je pense qu'il faut...
Le Président (M. Laplante): Là, vous ne
présentez pas de commentaires, mais vous voulez présenter une
motion sur l'article 1.
Motion pour transformer la commission permanente en
commission itinérante
M. Michel Gratton
M. Gratton: Oui, je prends la parole sur l'article 1, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Gratton: ...et je dis tout de suite, de façon à
ne pas faire perdre de temps à la commission, que je veux
présenter une motion qui se lit comme suit, c'est une motion qui est
faite en vertu de l'article 161.2 de notre règlement et dont le
libellé est le suivant: "Que cette commission fasse un rapport
spécial à l'Assemblée nationale en demandant à
cette dernière de transformer la commission permanente de
l'énergie et des ressources en commission itinérante pour
entendre dans les régions les personnes qui veulent un débat
public sur l'avenir énergétique du Québec et sur les
changements proposés par le gouvernement relativement à la
société Hydro-Québec."
Le Président (M. Laplante): Je vais suspendre la
séance pendant deux minutes pour la lire comme il le faut et
considérer son implication.
M. Gratton: D'accord, M. le Président. Une voix:
...nous en envoyer une copie?
Le Président (M. Laplante): Oui, on va en passer une copie
à tout le monde.
Quelqu'un parle sur la recevabilité.
M. Grégoire: M. le Président, sur la
recevabilité, la motion demande de faire un rapport spécial
à l'Assemblée nationale pour qu'une commission puisse faire
entendre les gens dans les régions au cours d'un débat public sur
l'avenir énergétique du Québec et sur les changements
proposés par le gouvernement relativement à la
société Hydro-Québec. Dans l'article 1, il n'est
aucunement question de l'avenir énergétique du Québec. De
quoi est-il question? Et c'est pour cela que la motion, à mon avis,
serait irrecevable, parce que la motion ne cadre pas du tout avec le sens de
l'article 1. Ce ne serait pas du tout dans le même sujet. L'article 1
dit: "A compter du... la société continue d'exister comme
compagnie à fonds social".
Il n'est pas question là de l'avenir énergétique du
Québec. Cela ne cadre pas du tout. Après cela, l'article 1
continue en disant: Le fonds social autorisé de la société
est de 5 000 000 $, il est divisé en 50 000 000 d'actions d'une valeur
nominale de 100 $ chacune".
Une voix: 5 000 000 000 $
M. Grégoire: C'est plutôt 5 000 000 000 $, 50 000
000 d'actions d'une valeur nominale de 100 $ chacune. Il n'est pas question du
tout de l'avenir énergétique du Québec, c'est un
changement structurel et non pas un changement dans les projections du
développement énergétique au Québec. Si je
continue, c'est tout comme cela, je pourrais lire les cinq paragraphes de
l'article 1 et on s'apercevrait que la motion ne se réfère pas du
tout, en quoi que ce soit, à l'article 1. Je pense que cette
motion-là n'est pas proposée au bon article. Si, à un
autre article, cela peut être proposé, je ne le sais trop. Nous ne
sommes pas rendus aux autres articles, mais cela ne s'adresse pas du tout
à l'article 1.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y en a un autre
qui voudrait parler sur la recevabilité?
M. Gratton: Oui, M. le Président, sur la
recevabilité. D'abord, il est utile, je pense, de lire l'article 161.2.
Une commission peut en tout temps faire à l'assemblée des
rapports spéciaux...
M. Duhaime: À l'Assemblée.
M. Gratton: Oui, ma motion dit que cette commission fasse un
rapport spécial à l'Assemblée - Ce n'est pas un rapport
spécial à votre directeur du service économique; attendez,
j'ai sa carte dans ma poche, je vais vous dire, non ce n'est pas la bonne
-alors, des rapports spéciaux ou intérimaires, sur une motion qui
ne peut être faite qu'une seule fois au cours d'une séance.
M. Duhaime: II faut au moins que la motion soit pertinente.
M. Gratton: Donc, une séance, on sait que cela a
commencé vers 11 h 15 ce matin et que cela se terminera vers minuit ce
soir. Et, au cours d'une séance en tout temps, on peut faire une motion
en vertu de l'article 161.2 pour faire un rapport spécial à
l'Assemblée. Alors, nous disons - et le député de
Frontenac argumente sur le fait que le débat ne porte pas sur l'avenir
énergétique, cela a peu d'importance, M. le Président.
M. Grégoire: ...
M. Gratton: Cela a peu d'importance, M. le Président, on
aurait pu faire une motion qui aurait dit "que la commission fasse un rapport
spécial à l'Assemblée nationale en vertu de l'article
161.2." Sans dire plus que cela, sans exprimer les motifs de notre désir
qu'on fasse un rapport spécial. D'ailleurs, je me réfère
toujours à cette même commission élue permanente des
richesses naturelles qui avait étudié le projet de loi no 70, Loi
constituant la société nationale de l'amiante et je cite le
rapport signé par M. le Président, lui-même, Patrice
Laplante, député du comté de Bourassa, rapporteur de la
commission, à la page 4: "Le député de Saint-Laurent
présente une motion dont le libellé est le suivant: "Que cette
commission fasse un rapport spécial à l'Assemblée
nationale en vertu du paragraphe 2 de l'article 161 de notre règlement."
(21 h 15)
Vous voyez qu'il n'était pas question de dire: Pour demander
à l'Assemblée de faire ci ou ça, c'était tout
à fait... On dit: "Une discussion s'engage sur ladite motion. À
18 h 01, la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures. À
20 h 10, le président reprend place au fauteuil et la discussion se
poursuit sur la motion du député de Saint-Laurent. La motion de
M. Forget, député de Saint-Laurent, est rejetée par six
voix contre trois." Ne pensez-vous pas que vous ne faisiez pas des rapports
complets, on sait même à quelle heure ils sont allés manger
cette journée-là!
En terminant, je dis, M. le Président, qu'on aurait pu s'abstenir
et, si vous nous l'indiquez, on ne s'oppose pas à l'enlever du texte
mais on veut justement que l'Assemblée nationale, quand on fera rapport,
sache pourquoi on fait rapport. On ne fait pas rapport juste pour le plaisir de
la chose, on ne fait pas cela non plus pour faire perdre le temps de la
commission. C'est important que je le souligne, on sait qu'un
député ne peut pas faire une motion qui engage des
dépenses de fonds publics, un député de l'Opposition,
j'entends, il y a seulement un ministre qui peut faire cela.
M. Grégoire: ...des dépenses de fonds publics.
M. Gratton: Or, celle-là, justement pourrait
entraîner des dépenses de fonds publics. C'est pour cela qu'on ne
propose pas une motion qui dit que la commission décide de devenir
itinérante parce que, là, on dirait à la commission de
décider des dépenses publiques. Ce qu'on dit, c'est qu'on fait
rapport à l'Assemblée nationale pour qu'elle donne le mandat
à la commission. Vous voyez comme c'est respectueux du règlement!
La commission fait rapport à l'Assemblée nationale,
l'Assemblée nationale donne mandat, si elle le juge à propos,
à la commission d'aller dans les régions, comme le souhaite notre
motion. C'est pour cela qu'on ne l'a pas mentionné, on est des gens
quand même sérieux nous aussi.
Le Président (M. Laplante): Je suis assez
éclairé, monsieur...
M. Gratton: On a vu les décisions rendues dans le
passé, on demeure sérieux aujourd'hui en disant: Faisons un
rapport spécial comme le permet le règlement et précisons
pourquoi on veut faire le rapport spécial. À ce moment-là,
arrivera ce qui arrivera.
Le Président (M. Laplante): D'accord. On va lire l'article
161 au complet parce que je ne peux m'attacher qu'à 161.2.
Dès qu'une commission élue a terminé l'examen de
l'affaire qui lui a été référée, "elle doit,
par l'entremise d'un rapporteur qu'elle a désigné parmi ses
membres, déposer à l'Assemblée nationale un rapport
suffisamment détaillé contenant les amendements
adoptés."
Une commission peut en tout temps -
je me reporte tout de suite à l'examen de l'affaire, je ne parle
pas de la totalité. Je vais vous donner mon interprétation -
faire à l'Assemblée des rapports spéciaux ou
intérimaires. Pour faire un rapport spécial ou
intérimaire, il faut au moins avoir commencé l'étude du
projet de loi.
M. Gratton: Un instant! Je vous rappelle que l'article 1 est
appelé. Il n'est pas adopté mais il est appelé.
Le Président (M. Laplante): Mais il n'y a rien de
discuté dessus encore. Je n'ai aucun élément
actuellement...
M. Gratton: Cela ne fait rien. Cela n'a aucune espèce
d'importance.
M. Ciaccia: M. le Président, cela dit...
M. Gratton: Vous vous engagez sur un terrain dangereux, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Une minute! Je n'ai aucun
élément actuellement qui me permette de dire qu'il faut aller
devant l'Assemblée nationale pour faire un rapport sur le travail qu'on
a fait.
Deuxièmement, vous dites: "Que cette commission fasse un rapport
spécial à l'Assemblée nationale demandant à cette
dernière de transformer la commission permanente de l'énergie et
des ressources en commission itinérante pour entendre dans les
régions les personnes qui veulent un débat public sur l'avenir
énergétique du Québec." Ces mots
"énergétique du Québec" en partant ne font pas partie du
mandat de notre commission. Si vous lisez les notes explicatives du projet de
loi no 16, je ne peux trouver la conformité aux notes explicatives du
projet de loi no 16. C'est pourquoi je juge irrecevable votre motion.
M. Gratton: M. le Président...
M. Ciaccia: Un instant! M. le Président, je vais vous
demander une directive.
Le Président (M. Laplante): Si vous avez de l'information
à me demander, d'accord.
M. Ciaccia: J'ai une information à vous demander au sujet
des travaux de cette commission parlementaire. M. le Président, je vais
m'opposer un peu à la façon selon laquelle on travaille, parce
que vous allez prendre des décisions avant de nous entendre et
après vous allez dire: Ce n'est plus discutable. M. le Président,
je vous demande...
Le Président (M. Laplante): Ah! M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... très respectueusement de faire une
intervention sur...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, très respectueusement...
M. Ciaccia: Je voudrais porter à votre attention
très respectueusement, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): J'ai demandé à
un membre de chaque côté de m'éclairer. Quand j'ai senti
que j'avais l'argumentation pour répondre sur la recevabilité -
c'est le rôle du président de le faire - je l'ai fait. Mais si
vous avez, par exemple, une information à demander, je suis prêt
à répondre pour autant que ça ne soit pas sur la
contestation de la décision que je viens de rendre.
M. Ciaccia: Ce n'est pas de la contestation, M. le
Président. Je voudrais soulever le point suivant. Vous savez que quand
vous rendez une décision, ça crée des
précédents. Je voudrais porter à votre attention d'autres
argumentations. Je sais que vous avez dit que vous alliez entendre une
personne, mais quelquefois, la portée de la décision va plus loin
que les travaux immédiats. J'aurais aimé porter à votre
attention certaines interprétations de cet article, relever certaines
affirmations que vous avez faites, pour mieux vous aider à
décider. J'espère que vous pourrez être un peu plus large
dans la façon... On a pris 17 heures pour arriver jusqu'à
maintenant; on peut certainement prendre quelques minutes de plus. Je voudrais
vous souligner que sur les 17 heures, il y a aussi eu une motion faite par le
député de Châteauguay, qui a pris beaucoup de temps et qui
nous pénalise. Mais ce n'est pas sur ce point...
C'est que, sur la question de l'interprétation que vous donnez,
j'aurais voulu vous apporter quelques éléments de l'article 161.2
et donner certaines informations sur l'affirmation que vous avez faite.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, j'aimerais mieux que
vous gardiez ça pour vous, Il y a peut-être une façon
détournée de me demander: Qu'est-ce que vous pensez de tel
article, mais je vais y voir...
M. Ciaccia: Je ne veux pas prendre de moyens
détournés...
Le Président (M. Laplante): ...une argumentation sur la
décision que j'ai prise.
M. Ciaccia: Je ne veux pas prendre de moyens
détournés du tout, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1 encore
une fois.
M. Ciaccia: ...je voudrais que...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
veut parler là-dessus?
M. Gratton: M. le Président, si vous avez jugé que
la motion que j'ai présentée en vertu de l'article 161.2
était irrecevable, j'en propose une nouvelle, toujours en fonction de
l'article 161.2. Ce serait la même motion que vous avez là, "que
cette commission fasse un rapport spécial à l'Assemblée
nationale, en demandant à cette dernière de transformer la
commission permanente de l'énergie et des ressources en commission
itinérante pour entendre, dans les régions, les personnes qui
veulent un débat public." Et là, je vous concède, M. le
Président, sans même argumenter, mais en supposant que vous me
diriez qu'elle n'est pas recevable, que je devrai vous citer des
décisions du président de l'Assemblée nationale.
On est rendu aux mots, "qui veulent un débat public sur les
changements". On bifferait les mots "sur l'avenir énergétique du
Québec et", et on continuerait par "sur les changements proposés
par le gouvernement relativement à la société
Hydro-Québec".
M. Grégoire: Cela va à l'encontre du
règlement. Cela s'est amélioré, mais il va falloir que
ça s'améliore encore pour ne pas enfreindre le
règlement.
M. Gratton: M. le Président, je dis que suite à la
décision que vous avez rendue tantôt, cette nouvelle motion
devient tout à fait acceptable en vertu de nos règlements.
M. Ciaccia: Est-ce que vous me permettez, M. le Président,
de m'exprimer sur la recevabilité?
Le Président (M. Laplante): Pour amender votre motion -
cela ne veut pas dire que je vais l'accepter - j'aimerais qu'il y ait une
petite correction additionnelle qui se fasse, c'est de référer
à la loi 16, trouver une phrase qui pourrait relier...
M. Gratton: "Sur les changements proposés par le
gouvernement relativement à la société Hydro-Québec
dans le projet de loi no 16." C'est ma motion, je veux avoir "dans le projet de
loi no 16".
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, l'article 161 parle de trois
situations différentes.
Premièrement, à l'alinéa 1, il dit que "dès
qu'une commission élue a terminé l'examen de l'affaire qui lui a
été référée, elle doit, par l'entremise d'un
rapporteur qu'elle a désigné, déposer à
l'Assemblée un rapport suffisamment détaillé contenant les
amendements adoptés."
Vous savez, comme on le sait tous, que c'est le rapport qui est
déposé. On nomme un rapporteur au début de la commission.
Alors, cet article touche et affecte cet aspect de la commission. Dans le
deuxième alinéa, l'article dit: "Une commission peut en tout
temps..." je voudrais souligner les mots "en tout temps". Ce n'est pas du tout
relié... Vous avez dit avant qu'il n'y avait aucun élément
pour déterminer si ça pouvait se faire ou non. Cela ne donne pas
ce genre de discrétion au président. Cela ne dit pas: Le
président peut déterminer s'il y a eu assez de discussions. Je
pense que c'est assez impératif, catégorique et clair. On dit:
"Une commission peut en tout temps faire à l'Assemblée des
rapports spéciaux ou intérimaires, sur une motion qui ne peut
être faite qu'une seule fois au cours d'une séance."
M. le Président, vous voyez comme c'est large. On dit quand cela
peut être fait, mais on restreint la portée. Cela peut être
fait seulement une fois au cours d'une séance. On ne pourrait pas
revenir...
M. Grégoire: C'est la deuxième motion que vous
faites.
M. Ciaccia: Elle n'était pas recevable, on ne l'a pas
faite.
M. Grégoire: Vous l'avez faite, quand même.
M. Ciaccia: Non, elle n'a pas été faite. M. le
Président, elle n'était pas recevable.
M. Grégoire: Elle a été faite. M.
Ciaccia: Non.
Le Président (M. Laplante): C'est moi qui vais la
juger.
M. Ciaccia: Non.
M. Grégoire: Elle a été faite.
Le Président (M. Laplante): D'accord?
M. Pagé: Heureusement, M. le Président.
M. Ciaccia: Pour l'information du député de
Frontenac, une motion qui n'est pas recevable, c'est comme s'il n'y en avait
pas eu.
M. Grégoire: Aie! Aie!
M. Ciaccia: "It is being like not having been made". C'est comme
si la motion n'existait pas, elle n'est pas recevable.
M. Grégoire: Ce n'est pas comme s'il n'y en avait pas
eu.
M. Ciaccia: Pour qu'une motion soit faite, il faut que ce soit
une motion qui a été reçue. Là, un débat a
été fait, un vote a été pris; alors, la motion
existe; autrement, elle n'existe pas. C'est clair; cela dit qu'une commission
peut en tout temps -cela ne nous permet pas seulement à l'article 1,
à l'article 5 - faire à l'Assemblée des rapports
spéciaux ou intérimaires - c'est ce qu'on demande, un rapport
spécial - sur une motion que nous faisons une seule fois au cours d'une
séance. Nous la faisons maintenant.
M. Grégoire: Elle a été faite. Le rapport
n'a pas été fait?
M. Ciaccia: Voulez-vous demander qu'il arrête de beugler
pendant que je parle?
M. Polak: Question de règlement, M. le Président.
Je suis assis ici sur la toute dernière chaise ce soir et je m'oppose
formellement... J'espère que vous allez donner une directive. Le
député de Frontenac essaie de vous influencer dans votre
décision. Il vient de dire que cela a déjà
été fait.
M. Grégoire: Le président n'est pas
influençable.
M. Polak: M. le Président, il essaie de vous influencer,
de vous menacer de rendre une décision...
M. Grégoire: Le président ne se laisse pas
influencer.
M. Polak: M. le Président, je sais que vous êtes
assez impartial et capable de rendre vos décisions sans avoir aucune
menace, aucune influence de qui que ce soit. Le député de
Frontenac a abusé de son privilège et essaie de vous menacer et
de vous influencer. J'espère que vous allez le lui dire.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je veux juste continuer quelques instants.
M. Grégoire: C'est une injure à la
présidence.
M. Ciaccia: Je voudrais vous référer aussi aux
remarques du président dans le journal des Débats du 4 avril; le
président de la commission à ce moment était le
député de Jonquière. Voici ses paroles - d'abord, il y
avait eu une motion présentée en vertu de l'article 161.2 -
"D'abord, je prends acte du fait que vous savez que le président est
lié non seulement par des précédents, mais par les
règlements. Je voudrais, avant que vous écriviez votre motion,
vous dire qu'effectivement on peut présenter une motion en vertu de
l'article 161.2 pour faire des rapports spéciaux ou intérimaires
à l'Assemblée. Mais je pense que la motion doit quand même
prévoir, du moins dans son essence, le contenu du rapport". Je crois que
c'est ce que nous avons fait et nous avons essayé de relier le contenu
au projet de loi 16 pour tenir compte du mandat... Je veux juste citer: "Si on
veut avoir des instructions de l'Assemblée nationale, il faut
prévoir dans la motion - je pense que c'est la première fois que
cela m'est présenté - je présume qu'on peut faire un
rapport, mais parler un peu également du contenu de la motion." Je
voulais ajouter cette citation, parce que je ne voulais pas me faire dire par
d'autres députés que j'avais cité seulement une partie du
jugement du président.
Le Président (M. Laplante): M. le député,
avez-vous fini?
M. Ciaccia: J'ai fini.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, sur la recevabilité. (21 h 30)
M. Grégoire: M. le Président, voici pourquoi je
crois qu'elle n'est pas recevable. Premièrement, on a laissé dans
la motion qu'on fasse un rapport à l'Assemblée pour demander de
transformer la commission permanente de l'énergie et des ressources en
commission itinérante. Ce n'est pas dans la loi 16, ce n'est pas dans
l'article 1, ce n'est pas le mandat de la commission. Il y a déjà
eu une motion du genre qui a été acceptée, mais on
demandait tout simplement de faire un rapport spécial à
l'Assemblée nationale, sans ajouter rien d'autre dans la motion.
Pourquoi? Parce que des choses avaient déjà été
décidées à la commission; parce qu'on avait au moins
commencé à étudier l'article 1, qu'au moins un paragraphe
avait été adopté et qu'on pouvait faire un rapport sur
quelque chose. Mais, à l'heure actuelle, même si on faisait
rapport à l'Assemblée nationale, un rapport spécial, rien
n'a été étudié sur le projet de loi 16, ni à
l'article 1, ni à aucun autre article. L'Opposition se sent
obligée d'ajouter dans sa motion de faire un rapport spécial,
parce que rien n'a été étudié. On ne peut pas faire
de rapport sur le mandat qu'on a reçu; on n'a même pas
commencé le mandat qu'on a reçu, c'est-
à-dire d'étudier le projet de loi article par article; on
n'a même pas étudié l'article 1.
Dès que vous ajoutez quelque chose qui ne traite pas du projet de
loi 16, la motion devient irrecevable. Si vous voulez ajouter quelque chose sur
ce dont on a discuté, cela ne se fait pas, parce qu'on n'a encore rien
discuté en vertu du mandat qui nous a été donné
d'étudier le projet de loi 16 article par article.
C'est pourquoi je soumets respectueusement, M. le Président, que,
quand on veut qualifier une motion comme celle-là en y ajoutant des
choses comme de se transformer en commission itinérante pour entendre
les gens, faire un débat public, ce n'est pas notre mandat; notre mandat
c'est d'étudier article par article le projet de loi. Un débat
public n'est pas du tout le mandat qu'on a reçu, c'est celui
d'étudier le projet de loi article par article. Cela devient irrecevable
par le fait même.
Mais, si vous voulez présenter votre motion au cours du
débat de l'article 1, dans trois quart d'heure, dans une heure, dans une
heure et quart, dans une heure et demie, ce sera possible parce qu'on aura
déjà matière à faire rapport à
l'Assemblée nationale; mais, à l'heure actuelle, on n'a aucune
matière pour faire rapport à l'Assemblée nationale pour le
mandat qu'on a reçu. C'est pourquoi je vous soumets respectueusement
qu'elle est irrecevable.
M. Rivest: Ce n'est pas sur la recevabilité, c'est sur le
fond, cela.
M. Ciaccia: Je voudrais apporter une correction, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ciaccia: Je voudrais corriger une affirmation que le
député de Frontenac a faite, afin qu'elle ne vous induise pas en
erreur. Il ne l'a pas fait pour vous induire en erreur, mais je veux
rétablir les faits. Il a mentionné qu'on peut faire cette motion
au cours du débat sur les autres articles. Je voudrais porter à
votre attention une motion qui avait été faite lors de
l'étude du projet de loi 70 sur l'article 161.2, avant même que le
président appelle l'étude article par article. C'était une
motion préliminaire. Elle avait même été faite avant
que le président appelle l'article 1.
M. Grégoire: Vous ne l'avez pas faite...
M. Ciaccia: II y avait plus de raisons que maintenant, c'est
pourquoi elle est autant recevable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Dubuc. Soyez court, s'il vous plaît!
M. Desbiens: M. le Président, l'intervention du
député de...
M. Ciaccia: Mont-Royal.
M. Desbiens: ... Mont-Royal confirme ce que j'avais l'intention
d'exprimer. Vous avez rendu une décision très
élaborée tantôt, M. le Président, et très
sage qui indiquait que la commission devait commencer l'étude article
par article du projet de loi 16.
Or, on n'a pas encore commencé l'étude article par article
du projet de loi 16. Je me demande si l'article 43.2 s'applique,
c'est-à-dire si l'Opposition, indirectement, n'essaie pas de revenir sur
une décision qui a été prise.
M. Ciaccia: Non, du tout.
M. Desbiens: Bien oui, on n'a pas encore commencé
l'étude du projet de loi article par article. Vous avez rendu votre
décision; je vous soumets donc ce point de vue.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Je me sens à
ce moment-ci assez informé. Je vais d'abord commencer par lire un
texte...
M. Gratton: ... décision, vous avez permis deux
interventions sur la recevabilité de ce côté-là.
Le Président (M. Laplante): C'est vrai.
M. Gratton: Je pense qu'il serait normal que vous
m'accordiez...
Le Président (M. Laplante): Je le permets. Qui veut la
faire dans votre groupe?
M. Gratton: Moi, M. le Président.
Une voix: II y en a déjà eu trois de ce
côté-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je reprends certaines
affirmations pour situer la chose dans son vrai contexte. J'ai
présenté une première motion où on demandait de
faire rapport à l'Assemblée nationale afin de lui demander de
donner un mandat à la commission. Le député de Frontenac
disait tantôt: On n'a pas ce mandat. Justement, c'est parce qu'on ne l'a
pas qu'on veut faire rapport à l'Assemblée nationale pour se le
faire donner. Si on avait le mandat, la motion n'aurait pas sa raison
d'être, mais, à ce moment-ci, on n'a pas le mandat; on veut donc
l'avoir. On sait qu'on ne peut pas se le
donner nous-mêmes, parce que cela implique des dépenses de
fonds. On fait un rapport spécial à l'Assemblée en lui
demandant de nous donner le mandat.
Vous aviez exprimé des doutes sur la recevabilité de cette
motion demandant que la commission itinérante entende les gens sur
l'avenir énergétique du Québec en disant: II ne s'agit pas
de cela dans le projet de loi 16. On ne veut pas argumenter sur le fond. La
première motion a été jugée irrecevable à
cause de cela. J'en ai présenté une deuxième et je
rappelle qu'une motion déclarée irrecevable n'existe pas. Elle
n'apparaît nulle part. Il n'y a plus personne qui va citer des
décisions ou des implications concernant une motion qui n'a pas
été reçue. Si elle n'est pas reçue, elle n'est pas
débattue, donc on ne peut même pas en disposer en votant pour ou
en votant contre. Donc, c'est évident qu'une motion irrecevable n'existe
tout simplement pas. La première motion que j'ai faite n'existe plus.
Elle a été déclarée irrecevable, on n'a pas
contesté la décision, on a dit: En voici une deuxième.
D'ailleurs, je n'ai pas contesté la première décision,
parce que j'ai compris que c'était la question de l'avenir
énergétique du Québec que le président avait
déclarée irrecevable dans ma première motion. Je le biffe
dans ma deuxième motion. A ce moment-là, ça devient tout
à fait recevable, parce que...
M. Grégoire: Ce n'est pas notre mandat.
M. Gratton: On veut se le faire donner le mandat par
l'Assemblée nationale. Le député de Frontenac le sait fort
bien. Il est trop intelligent pour ne pas saisir la nuance. On ne veut pas se
le donner, on ne peut pas se le donner, le mandat. Donc, on dit: C'est à
l'Assemblée nationale de donner à la commission le mandat et la
seule façon par laquelle on peut amener l'Assemblée nationale
à nous le donner, c'est en faisant un rapport spécial. Je
répète ce que je disais au tout début, M. le
Président, c'est extrêmement important: L'article 161.2 ne fait
aucune espèce de mention, aucune espèce de
référence à l'état des travaux. On dit, à
l'article 161.2, qu'une commission peut en tout temps, - ça veut dire
n'importe quel temps, - faire à l'Assemblée des rapports
spéciaux ou intérimaires sur une motion qui ne peut être
faite qu'une seule fois au cours d'une séance. Si on avait voulu limiter
ça, on aurait dit: La motion de rapport spécial ne peut se faire
qu'une fois faite l'étude de l'article 2, ou des dix premiers articles,
ou de 10% du projet de loi, on l'aurait inscrit dans le règlement. Mais
non, on n'a rien inscrit, parce que dans n'importe quelle séance,
dès la première séance, lundi, de cette commission, ou je
ne sais pas si ce n'était pas mardi, M. le Président, nous
aurions pu présenter une motion pour faire rapport spécial
à l'Assemblée nationale qu'il faisait trop chaud à la
salle 81A pour siéger, et elle aurait dû être
déclarée recevable et débattable. Cela fait trois jours
qu'on est ici, on a essayé de l'obtenir. Je ne veux pas aller sur le
font trop trop, M. le Président, mais la logique qu'il y a
derrière cette motion, c'est qu'on n'a pas obtenu la comparution des
organismes qui avaient souhaité venir nous rencontrer, on n'a pas obtenu
que le ministre des Finances soit ici, on n'a pas obtenu même que tous
les députés de l'Assemblée nationale aient le droit de
parole. On dit: Qu'est-ce qu'il nous reste pour amener le gouvernement à
consulter la population avant d'adopter le projet de loi no 16 article par
article?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Gratton: La seule motion, c'est celle que nous permet de faire
l'article 161.2, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. Maintenant,
pour essayer d'étoffer un petit peu la décision que j'ai à
rendre, je vais me servir beaucoup du député de Gatineau dans son
intervention qu'il vient de faire, dans une affirmation qu'il a faite, - je
vous ferai relire les galées si vous n'êtes pas sûr, - dans
une autre déclaration aussi qui datait du 4 avril 1978, en
réponse à une question du président Vaillancourt, de
Jonquière, qui était ici, qui vous disait: "M. le
député de Gatineau, peut-être que vous pourriez venir
à notre aide justement sur une motion semblable." La réponse du
député de Gatineau à ce moment-là a
été: "C'est tout simplement pour dire qu'en temps normal, la
commission peut décider de faire rapport à l'Assemblée
nationale qu'elle n'est pas en mesure de compléter l'étude du
projet de loi, qu'elle n'est pas en mesure, sans y être obligée,
de donner des raisons détaillées, parce qu'il s'agit d'une motion
de forme, il ne s'agit pas d'une motion de fond." -D'accord? Relisez votre
motion que vous m'avez présentée. - "Effectivement, le simple
fait de souhaiter que la commission fasse rapport ou d'ordonner à la
commission de faire rapport en se déclarant incapable de faire
l'étude ou le débat sur la politique de l'amiante du
gouvernement, cela m'apparaît suffisant."
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
Vous allez préciser quand même que les paroles que vous
m'attribuez et que je reconnais être les miennes n'ont pas
été prononcées à titre de président de
commission rendant une décision...
Le Président (M. Laplante): Non, non,
M. Gratton: ...mais à titre de député...
Le Président (M. Laplante): C'est que...
M. Gratton: ...de l'Opposition qui argumentait...
Le Président (M. Laplante): Moi, j'y vais par la suite de
vos idées.
M. Gratton: Oui, après ça, allez voir la
décision du président.
Le Président (M. Laplante): Bon.
M. Gratton: C'est ça qui est important.
Le Président (M. Laplante): La décision du
président, elle était celle-ci: il n'a pas pu se prononcer
à ce moment-là sur la motion.
M. Gratton: Elle est ici la motion, M. le Président, il
s'est prononcé, elle a été battue.
Le Président (M. Laplante): À présent, dans
votre déclaration, tout à l'heure, vous avez, au moins à
deux reprises, dit que c'était votre deuxième motion qui
était présentée. Vous l'avez appelée votre
deuxième motion, ce que vous venez de nous donner.
Une voix: L'autre était irrecevable.
Le Président (M. Laplante): Le règlement...
Oui.
Une voix: Elle n'existe pas.
Le Président (M. Laplante): Oui, elle existe.
Une voix: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante):
Malheureusement, elle existe.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Écoutez. Lorsqu'une
motion est retirée...
M. Gratton: Elle n'est pas retirée, M. le
Président, elle a été déclarée
irrecevable.
Une voix: Non existante.
Le Président (M. Laplante): Lorsqu'une motion est
retirée, d'après l'article 54.
M. Gratton: Là, on va avoir du fun.
Le Président (M. Laplante): L'article 54. Lorsqu'une
motion d'amendement à la motion de deuxième lecture est
retirée...
Quand il n'y a rien sur les commissions parlementaires, on se
réfère aux articles de l'Assemblée nationale. Elle doit
être considérée comme n'ayant jamais été
déposée, proposée... ou autre amendement qui peut
être proposé à ce moment-là. Mais votre motion n'a
pas été retirée, elle a été jugée
irrecevable.
Une voix: C'est encore pire. M. Gratton: Non existante. M.
Ciaccia: C'est encore pire.
Le Président (M. Laplante): Avant de prendre une
décision là-dessus, je vais...
Une voix: Suspendre pour cinq minutes.
Le Président (M. Laplante): Oui, je vais avoir besoin de
consulter deux minutes. Suspendu.
(Suspension de la séance à 21 h 41)
(Reprise de la séance à 21 h 50)
Le Président (M. Laplante): Lorsqu'il y a doute dans une
motion, un doute appréciable dans une motion... Et, en même temps,
on ne voudrait pas en faire une jurisprudence pour embêter d'autres
présidents tant que l'étude ne sera pas faite d'une telle
résolution, parce que c'est très rare qu'on nous dit que cette
motion a déjà été présentée. Une
chose dont on est sûr, par exemple, c'est que lorsqu'une motion est
présentée et que le président la juge irrecevable, c'est
tout comme si la motion n'avait jamais existé. Puis, dans la motion
telle que présentée, la deuxième motion, elle est
recevable; et c'est de là que je ne voudrais pas que ça fasse
jurisprudence parce qu'il y a certains articles là-dedans, certains
paragraphes dans le contenu, où il est très difficile d'en
arriver à une conclusion dans cinq minutes. À cet effet, je la
juge recevable, sans créer de jurisprudence.
Oui, monsieur.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Bien sûr, j'accepte votre décision, d'ailleurs je n'en ai
jamais douté, sauf lorsque vous émettez des réserves sur
le contenu de la motion que vous ne voulez pas instituer à titre de
jurisprudence; nous sommes tout à fait disponibles et d'accord pour
rechercher avec vous une formulation qui pourrait être plus acceptable,
qui ne poserait pas de doute dans votre esprit. Si vous nous dites que vous
préféreriez, pour ne pas créer de précédent,
qu'on enlève des parties de la motion pour vous être
agréable
et de façon qu'il n'y ait pas de précédent, je ne
pense pas qu'il y en aurait, et je vous le dis tout de suite...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, si j'avais eu la certitude d'être capable de la modifier sans
faire de jurisprudence, je pense qu'on l'aurait fait avec les messieurs qu'il y
avait autour de moi tout à l'heure. Je me réserve le
privilège d'en discuter avec eux et de procéder
immédiatement à la recevabilité de cette motion et de
faire parler à son sujet qui le voudra.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Par exception, M. le Président, je vous demande
d'être le premier à parler là-dessus, je vous dirai
honnêtement pourquoi, je dois partir bientôt.
Le Président (M. Laplante): Vous parlez dessus, votre
temps commence.
M. Polak: Oui, sur cette motion même. Avec votre permission
et même la permission des autres députés, parce que je n'ai
pas eu la chance de parler. Merci.
M. Gratton: M. le député de Sainte-Anne c'est avec
plaisir qu'on va vous écouter. On se recule un peu, mais on ne pense pas
que ce sera trop long.
M. Polak: Je vais prendre mes vingt minutes, j'espère,
parce que j'ai beaucoup de choses à dire là-dessus.
M. Grégoire: Seulement dix minutes; ces motions-là,
dix minutes.
Le Président (M. Laplante): Votre temps court,
monsieur.
M. Polak: M. le Président, merci beaucoup.
M. Fortier: Tout à l'heure on a proposé un
remplacement. J'aimerais solliciter de nouveau la permission de substituer au
député de Marquette le député de
Notre-Dame-de-Grâce pour des raisons humanitaires. J'aimerais
préciser ce que je ne savais tout à l'heure. J'aimerais vous dire
pourquoi le député de Marquette n'est pas ici; c'est qu'au
souper, malheureusement, le député de Jeanne-Mance est
retombé, s'est blessé et a dû aller à
l'hôpital, et le député de Marquette a dû
l'accompagner à l'hôpital. C'est la seule raison pour laquelle le
député de Marquette n'est pas ici ce soir; alors, pour des
raisons humanitaires, je demande tout simplement l'autorisation de faire en
sorte que le député de Notre-Dame-de-Grâce puisse remplacer
le député de Marquette.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Grégoire: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, je sais qu'ils sont 8
quand même, il n'y a pas d'addition.
M. Grégoire: Je le sais, un instant.
M. Polak: Je ne perds pas mon temps, j'espère, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Grégoire: On va proposer quelque chose au
député d'Outremont. Le ministre a énormément
d'ouvrage à son cabinet, nous allons discuter d'une motion pour faire un
rapport spécial à la Chambre. Est-ce que le député
d'Outremont accepterait également que le ministre puisse, parce qu'il y
a des travaux urgents, être libéré pour le temps de cette
motion-là? Après cette motion, il pourra revenir. Et, nous allons
accepter le député de Notre-Dame-de-Grâce à la
commission. Je crois que c'est le même motif: d'un côté,
c'est un motif humanitaire, de l'autre côté, c'est un motif de
travail. Non, j'ai dit: De votre côté, c'est un motif humanitaire;
de l'autre côté, c'est un motif de travail urgent. Si le
député d'Outremont fait appel à notre collaboration, on va
la lui donner; je pense qu'il pourra collaborer avec nous sur cette motion, sur
les discussions sur cette motion-là seulement.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais que la table
soit une table de négociation, j'aimerais des réponses assez
rapidement là-dessus.
M. Fortier: M. le Président, on est rendu à faire
du maquignonnage, je m'en excuse. Moi, j'aurais été prêt
à accepter la proposition du député de Frontenac à
la condition que le ministre nous ait indiqué, après avoir fait
son allocution, qu'il est en faveur ou en désaccord avec la motion; on
ne sait même pas cela. Et si le ministre pouvait nous faire savoir ses
intentions par rapport à la motion qui est devant nous, s'il nous
faisait connaître son point de vue, peut-être qu'on pourrait
agréer, mais de toute façon cela établit un
précédent très dangereux, puisqu'il me semble assez
farfelu que l'on puisse procéder à un débat comme
celui-là sans la présence du ministre.
Le Président (M. Laplante): Je veux trancher en deux.
Est-ce que l'échange...
M. Fortier: Écoutez, si le ministre est prêt
à nous faire connaître son point de vue, je crois qu'on pourrait
accepter la proposition qui nous est faite.
Le Président (M. Laplante): Alors, vous débutez,
monsieur...
M. Fortier: À ce moment-là, est-ce qu'on pourrait
accepter le député de Notre-Dame-de-Grâce?
Le Président (M. Laplante): C'est accepté.
D'accord, le député de Notre-Dame-de-Grâce à la
place de M. Dauphin (Marquette).
M. Duhaime: On peut parler pendant une heure, c'est comme vous
voulez.
M. Polak: Je veux savoir si j'ai perdu mon droit de parole.
Le Président (M. Laplante): Non, vous ne l'avez pas perdu
mais le ministre est obligé de commencer par exemple.
M. Duhaime: Je n'y suis pas obligé mais je vais commencer
pareil.
M. Maciocia: Est-ce que c'est seulement jusqu'à minuit ce
soir qu'on dispense le ministre?
Le Président (M. Laplante): Oui, seulement pour la
motion.
M. Maciocia: Pas jusqu'à demain matin...
Des voix: Jusqu'à minuit.
M. Maciocia: Parce que si on dit jusqu'à la motion, je ne
sais pas si la motion continuera demain.
M. Ciaccia: Très bon point que le député de
Viger vient de soulever.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M, Duhaime: Pour ce qui est de la motion, M. le Président,
vous savez que j'ai le bonheur d'avoir à mes côtés un
adjoint parlementaire absolument remarquable.
Une voix: Parlez-nous-en donc!
M. Duhaime: Nous avons, lui et moi, convenu au moment du
début des travaux de notre commission parlementaire que toutes les
questions de procédure seraient de son ressort exclusif. À partir
du moment où je puis me reposer entièrement sur son bon jugement,
sur sa longue connaissance des travaux parlementaires, tant ici à
l'Assemblée nationale qu'au Parlement fédéral, je
préférerais ne pas croire que j'aurai la compétence de me
prononcer sur la motion qui est devant nous proposée par l'honorable
député de Gatineau. Si le député d'Outremont
voulait accepter la proposition qui a été faite par mon
collègue de Frontenac, je pourrais disposer de quelques minutes, le
temps que vous entendiez l'argumentation sur la motion qui est faite et que
vous vous prononciez sur le fond, parce que je pense que vous avez rendu
jugement quant à la recevabilité. Vous allez entendre les
arguments et la commission aura à se prononcer par un vote, j'imagine,
à moins qu'elle ne soit amendée ou sous-amendée. Je
reviendrai rejoindre les travaux de la commission aussitôt qu'on aura
disposé de cette motion. Je vous réitère, M. le
Président...
M. Grégoire: Demain matin. M. Gratton: Demain
matin. M. Duhaime: Pardon?
M. Gratton: II ne faudrait pas que vous vous disiez...
M. Duhaime: ... je ne suis pas maître de vos débats
ni de vos interventions....
M. Ciaccia: Vous êtes libéré jusqu'à
minuit.
M. Maciocia: Vous êtes libéré jusqu'à
minuit.
M. Gratton: Jusqu'à minuit ce soir, on vous excuse
jusqu'à minuit ce soir.
M. Duhaime: Ah bon! Vous êtes bien gentils, j'arrête
mon intervention, M. le Président. Vous mettrez à la banque les
minutes qu'il me reste.
M. Gratton: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
Ai-je bien interprété le ministre lorsqu'il a dit qu'il
faisait entière confiance au député de Frontenac...
M. Duhaime: Sur les questions de procédure.
M. Gratton: Oui, et d'ailleurs j'avais tenu pour acquis que
c'était aussi sur les questions de fond, à moins que le ministre
veuille me corriger.
M. Grégoire: L'amiante aussi, pas de problème.
M. Gratton: Est-ce que c'est seulement
sur les questions de procédure que vous faites confiance au
député?
M. Duhaime: Je ne voudrais pas que le député de
Gatineau laisse une interprétation à mes propos.
M. Gratton: Non, je ne veux pas vous embarrasser avec la
question
Une voix: Tu as posé une question de trop, tu aurais
dû le laisser tel quel.
M. Duhaime: Vous savez que le député de Frontenac
est un spécialiste des questions de l'amiante; il a fait ses preuves,
d'ailleurs, dans plusieurs débats parlementaires. Il sillonne toute la
région de l'amiante depuis de longues années. C'est un fervent
partisan de la politique de l'amiante, de sa mise en application et je puis
dire que, sur le dossier de l'amiante, également, je lui fais
entièrement confiance.
M. Grégoire: Merci, M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, une dernière question
très brève. Je comprends donc que c'est pour des questions de
procédure surtout et j'en conclus que le ministre trouve que les travaux
de la commission, depuis ses débuts, fonctionnent à merveille
avec son adjoint parlementaire comme leader procédurier. Donc, j'en
prends acte. Sans que le ministre l'admette, c'est une espèce de
félicitations pour le travail sérieux que l'Opposition a
invité le député de Frontenac à faire avec nous
depuis trois jours. (22 heures)
M. Fortier: M. le Président, question de règlement.
M. le ministre, je comprends que vous faites confiance à votre adjoint
parlementaire sur les questions de forme. Ce que j'avais demandé, c'est
si vous pouviez, en quelques minutes, exposer votre point de vue sur la
question de fond. Est-ce que vous êtes, oui ou non, en faveur que la
commission fasse un rapport spécial à l'Assemblée
nationale en demandant à cette dernière de transformer la
commission permanente en commission itinérante?
M. Duhaime: Je crois vous avoir dit, M. le Président, dans
des termes assez clairs, de 5 h 35 jusqu'à l'ajournement avant le
dîner, ce soir, mon point de vue sur la question d'un débat.
Remarquez qu'avec tout le respect que j'ai pour la présidence de cette
commission, si j'avais été président, j'aurais dû
juger votre motion irrecevable. Je ne mets pas en cause la décision qui
a été prise par la présidence.
M. Fortier: On ne vous nommera pas président.
M. Duhaime: Vous connaissez mon grand respect pour nos
institutions parlementaires, autant l'Assemblée nationale que les
commissions parlementaires...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Duhaime: Je pense qu'il serait peut-être
prématuré de me prononcer sur la motion...
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, allez-y.
M. Duhaime: ... avant d'entendre les arguments des deux
côtés. On ne peut jamais préjuger d'un vote, autant
à l'Assemblée nationale qu'en commission parlementaire, et je
suis très heureux que vous m'ayez accordé la permission de
pouvoir vous quitter et de vous retrouver demain, après la
période des questions.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je prends note de ce que
vient de dire le ministre. D'abord, le ministre n'a pas à juger la
décision rendue par le président. Je comprends que ce soit un peu
confus dans l'esprit du ministre qui n'a jamais eu la tâche de
présider les travaux d'une commission ou de l'Assemblée
nationale. Le rôle du président d'une commission n'est pas de
décider si l'étude d'un projet de loi va assez rapidement, va
assez rondement ou si ça ne va pas assez rondement. Le président
- et c'est un vote de confiance que je veux faire en même temps, M. le
Président, à votre endroit - ne doit faire qu'une chose, faire
respecter le règlement de l'Assemblée nationale, faire en sorte
que le débat, quel que soit son contenu, quelle que soit sa valeur sur
le fond, se fasse selon les règles, les us et coutumes de notre
Assemblée nationale.
Le président l'a fait ce soir en déclarant cette motion
recevable. Je pense que le ministre se doit de donner l'exemple. Non seulement
parce que le président a raison, mais aussi parce que c'est le respect
même de l'institution parlementaire qui est en cause. J'invite le
ministre à faire amende honorable et ensuite à disposer de son
temps comme ça lui plaît. Il pourrait peut-être nous faire
rapport demain matin de ce qu'il a fait, par exemple, c'est libre à
lui.
M. Duhaime: Pour autant que ce ne sera pas dans le procès
verbal.
Le Président (M. Laplante): Maintenant,
M. le député de Sainte-Anne, à vous.
M. Gratton: J'ai demandé au ministre d'appuyer en quelque
sorte la motion de confiance que je viens de proposer.
M. Duhaime: Pour autant que ces compliments vous sont
adressés, M. le Président, sur la justesse, l'à-propos, la
rapidité aussi des décisions que vous rendez, je suis
parfaitement d'accord. Je l'ai dit tout à l'heure. J'ai aussi
ajouté que, si j'avais été...
M. Gratton: Arrêtez-vous là, vous allez pouvoir
partir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président.
M. Gratton: M. le Président, mon collègue
d'Outremont avait déjà posé une question au ministre
auquel il ne s'est pas adressé. Je pense que mon collègue
d'Outremont devrait être au moins... Je m'en excuse auprès de mon
collègue de Sainte-Anne. Il est si loin que je ne le vois pas, M. le
Président.
M. Polak: Il est tout près.
M. Gratton: Je l'entends de mon oreille gauche.
M. Fortier: M. le Président, j'ai écouté le
ministre avant le souper qui nous a expliqué, de long en large, qu'il y
avait de multiples raisons pour lesquelles on devrait avoir un débat
public, mais que cette commission parlementaire n'avait pas le mandat pour le
faire et n'était pas le meilleur moyen. Ce que nous demandons ici, c'est
de faire un rapport spécial à l'Assemblée pour lui
permettre de juger que plusieurs organismes et plusieurs personnes ont
demandé d'être entendus sur la loi 16 et qu'il nous faudrait
justement faire un rapport spécial pour dire que, compte tenu des
implications nombreuses de la loi 16 il serait tout à fait normal que
nous fassions un rapport spécial sur cette question et que nous
demandions à l'Assemblée nationale de se prononcer et de faire en
sorte que les nombreuses personnes qui ont envoyé des
télégrammes au premier ministre puissent avoir une
réponse.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avez-vous une
réponse?
M. Duhaime: À quoi?
M. Fortier: À ce que je viens de dire.
Une voix: Répétez.
M. Fortier: Je vais répéter pour le
bénéfice du ministre. J'ai dit que j'avais écouté
attentivement ce qu'il nous avait dit avant le souper, mais dans son
argumentation sur la nécessité d'un débat public, il a dit
beaucoup de choses et je ne veux pas reprendre tout ça en détail.
Il y a de nombreux organismes qui ont sollicité du gouvernement une
audience que cette commission parlementaire a refusé de leur donner.
Mais il nous semblerait tout à fait à propos que le
ministre se prononce sur la nécessité pour la commission de faire
rapport à l'Assemblée nationale en demandant, justement, de
transformer la commission parlementaire d'une façon, j'imagine, que le
gouvernement voudra bien déterminer. S'il faut que la commission
parlementaire s'adjoigne des experts, il faudra bien le faire. Je suis tout
à fait d'accord pour dire qu'il y a peut-être des experts qu'on
devrait s'adjoindre éventuellement. Comme le gouvernement se penche sur
la nécessité de renforcer l'action des commissions
parlementaires, je suis sûr que le gouvernement a de nombreuses
façons d'exécuter cette recommandation qui serait dans le
meilleur intérêt du public.
M. Duhaime: Vous savez, M. le Président, je me sens un peu
tiraillé. Je voudrais bien répondre le plus clairement possible
au député d'Outremont. Je n'ai pas entendu les arguments de part
et d'autre au soutien de la motion, mais, à sa face même, elle
m'apparaît reliée à la motion amendée et
sous-amendée dont nous avons disposé à la fin de nos
travaux cet après-midi.
Finalement, au coeur de votre motion -si je la regarde et en examine le
libellé, je comprends que vous aimez beaucoup les régions -
j'imagine que vous allez me proposer de revenir à Shawinigan.
M. Fortier: On n'y va pas souvent de ce temps-ci.
M. Duhaime: Déjà, vous y avez fait deux voyages,
mais ça n'a pas été les meilleurs voyages de votre vie. Au
troisième voyage, vous m'inviterez.
M. Fortier: J'apprends beaucoup de choses quand je vais
là.
M. Duhaime: Je vous ferai rencontrer les bonnes personnes. Vous
dites: "Pour entendre, dans les régions, les personnes qui veulent un
débat public." On en a longuement parlé, on en a parlé
pendant des heures et des heures d'un débat public. Je pense,
d'ailleurs, vous avoir convaincus - je le vois dans vos visages - que
c'était
prématuré pour l'instant, que le moment n'était pas
venu d'envisager pareille démarche. On en revient à un
débat public. Je ne veux pas préjuger du vote que mes
collègues prendraient, mais, à partir du moment où il y a
toutes les chances que je sois absent au moment où le vote pourrait
être pris - si je suis là, je serai là - je vous avoue
franchement que j'ai beaucoup de difficulté à me
réconcilier avec le texte.
D'autant plus que vous parlez d'un débat public sur les
changements proposés par le gouvernement relativement a la
société Hydro-Québec dans le projet de loi no 16. Je n'ai
pas mes notes de cet après-midi, je vais peut-être les retrouver,
mais on a eu l'occasion le 25 août, si ma mémoire est bonne, de
tenir une commission parlementaire...
M. Fortier: C'était seulement avec Hydro-Québec. Je
ferai remarquer au ministre, s'il me le permet, que la commission parlementaire
du 25 août, alors qu'on a étudié le projet de loi no 16, a
été définie par le leader du gouvernement.
Malheureusement, la définition qui avait été faite de la
commission parlementaire était de n'entendre qu'Hydro-Québec et
personne d'autre.
M. Duhaime: Hydro-Québec, d'une certaine façon, est
présente dans toutes les régions du Québec. Je me souviens
que, le 25 août, on en a longuement discuté. À moins que je
ne fasse erreur - je suis prêt à me rétracter si besoin est
- je ne crois pas avoir entendu l'Opposition réclamer à ce
moment-là qu'on ait un débat dans les régions avec une
commission parlementaire itinérante. Je vous ai donné, cet
après-midi, mes appréhensions et je vous ai avoué
également que c'était un peu chagriné que je faisais ces
commentaires.
J'ai déjà envisagé très sérieusement
de confier un mandat à une commission parlementaire itinérante
pour, éventuellement, tenir un débat public sur l'énergie,
si le gouvernement prenait cette décision. Mais j'ai dit aussi
qu'après 17 heures et demie de travail en commission avec l'Opposition -
je dois maintenant ajouter 19 heures et demie de travaux - je suis loin
d'être convaincu qu'on serait la meilleure équipe pour aller dans
le grand public recevoir les points de vue sur un débat très
vaste et très général sur l'énergie. Je le dis en
toute déférence et en tout respect.
M. le Président, je peux dire pour l'instant, puisque ce n'est
pas le temps de procéder au vote...
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Duhaime: ... que, si j'avais à voter maintenant, je
serais plutôt enclin à voter contre, mais on ne sait jamais. S'il
y avait des arguments qui venaient de part et d'autre de la table en commission
parlementaire, je pourrais me raviser, mais, si j'ai bien saisi le texte de la
motion, parce que ce n'est pas facile à saisir, M. le Président,
il vient de l'émotion toutes les cinq minutes...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre je vais
être obligé de vous arrêter un petit peu pour informer les
membres de la commission. Tout à l'heure, j'ai rendu sous réserve
une décision pour ne pas qu'elle fasse jurisprudence et pour faire
avancer les travaux. Pour rendre la motion conforme aux règles de
l'Assemblée nationale, on l'a corrigée pour qu'elle puisse faire
jurisprudence à cette commission. Je ne vois pas pourquoi on ne se
servirait pas de celle-là plutôt que d'une autre, cela
clarifierait les instances. Ce que j'ai refusé de vous dire tout
à l'heure, c'est qu'il y a des articles que je ne comprenais pas, je
n'étais pas assez informé. Une commission ne peut pas donner
d'ordre à l'Assemblée nationale; on émane de
l'Assemblée nationale. C'est ce sens-là que j'aimerais changer
pour le rendre légal tout de suite et que personne ne puisse s'en
servir.
La motion se lirait comme suit: "Que cette commission fasse un rapport
spécial à l'Assemblée nationale en invitant cette
dernière...
M. Duhaime: Faites-vous un amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas un
amendement, c'est une suggestion que je fais. "... en invitant cette
dernière à récuser son ordre d'étudier,
après la deuxième lecture article par article, le projet de loi
no 16 et de transformer en commission itinérante pour entendre dans les
régions les personnes qui veulent un débat public sur les
changements proposés par le gouvernement relativement à la
société Hydro-Québec dans le projet de loi no 16."
Une voix: Si l'auteur... refuse.
Le Président (M. Laplante): Si l'auteur, ce n'est pas
souvent que cela arrive, ne peut accepter le thème qu'on dit qui fera
jurisprudence, je serai obligé de faire retirer la motion.
Vous acceptez?
M. Ciaccia: M. le Président, accepté.
M. Grégoire: Si l'auteur ne peut pas la transformer...
Le Président (M. Laplante): Si l'auteur
ne voulait pas la transformer à ce moment-ci, je serais
obligé, pour le bien de l'Assemblée nationale, parce qu'en somme
je trouve cela grave, une proposition comme celle-là, qui donne un ordre
à l'Assemblée nationale...
M. Ciaccia: Oui, invitant... vous avez raison.
Le Président (M. Laplante): Mais c'est
considéré comme cela par les juristes. D'accord?
M. Ciaccia: Accepté, M. le Président. M.
Fortier: ... représente l'intention.
Le Président (M. Laplante): M. le député,
accepté? D'accord.
M. Grégoire: Vous dites que, si l'auteur...
Le Président (M. Laplante): Si l'auteur, qui est le
député de Mont-Royal...
M. Grégoire: Non, pas de Mont-Royal, de Gatineau.
Le Président (M. Laplante): De
Gatineau.
M. Fortier: II est absent pour le moment.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on peut suspendre la
séance deux minutes pour aller chercher le député de
Gatineau?
Suspension de deux minutes.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais vous
poser une autre question.
Maintenant, M. le Président, je veux comprendre le processus. Si
la motion n'est pas retirée, vous la déclarerez irrecevable.
Le Président (M. Laplante): J'y suis obligé.
M. Grégoire: Elle ne peut être retirée que
par son auteur et du consentement unanime...
Le Président (M. Laplante): Non, par son auteur
seulement.
M. Grégoire: Non, M. le Président, si l'auteur la
propose, elle ne peut être retirée que s'il y a consentement
unanime.
Le Président (M. Laplante): Son auteur, c'est une
correction qu'on lui demande de faire. Il ne la retire pas, il accepte les
modifications, parce que le président a le droit de faire des
modifications pour la rendre légale.
M. Grégoire: M. le Président,
là-dessus...
Le Président (M. Laplante): On suspend la séance
deux minutes pendant qu'on va chercher le député. Je vous donne
la parole après, d'accord?
(Suspension de la séance à 22 h 161
(Reprise de la séance à 22 h 26) Motion
amendée
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, la motion que vous avez présentée, qui a
été jugée recevable, mais avec réserve, j'ai pris
sur moi de la modifier et de vous faire accepter les modifications que vous
pouvez les constater par le feuillet que je vous ai fait distribuer. Est-ce que
vous acceptez ces modifications?
M. Gratton: Je vous dis tout de suite, M. le Président -
d'ailleurs, je vous l'avais offert au début, lorsque vous aviez
exprimé des réserves - que nous étions tout à fait
d'accord pour rechercher avec vous un libellé qui vous serait plus
acceptable, qui ne poserait plus de doute dans votre esprit. Donc, je vous dis
d'avance que le libellé que vous nous soumettez est tout à fait
acceptable et j'accepte, à titre de parrain de la motion, de la modifier
en conséquence.
J'aimerais cependant, pour les fins du journal des Débats, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Que vous puissiez la lire,
s'il vous plaît.
M. Gratton: Je vous le demanderais, à titre de
président, ce sera plus officiel. Ce sera moins fatiguant pour moi,
aussi, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Grégoire: M. le Président, pour
m'éclairer un peu...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: ... qu'est-ce qu'il advient de l'autre
motion?
Le Président (M. Laplante): L'autre motion existe. C'est
la même motion, mais il existe un pouvoir du président de modifier
une motion pour la rendre plus claire et plus acceptable, recevable. C'est
pourquoi j'ai modifié cette motion, d'accord avec son
parrain.
M. Grégoire: Là, M. le Président, on change
le sens de la première motion, comme ceci...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: Un instant. Là, on ne demande pas
seulement à l'Assemblée nationale de transformer, on lui demande
également de récuser l'ordre qui avait été
donné d'étudier, article par article, le projet de loi.
Là, on la transforme considérablement, cette motion.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous expliquer, j'ai
un point là-dessus. Vous avez raison de poser cette question. Si la
motion était adoptée, ici, l'Assemblée nationale serait
obligée de récuser ou de reporter l'étude du projet de loi
article par article, pour aller faire cette tournée demandée dans
la motion.
M. Gratton: M. le Président, puis-je vous suggérer
de la lire et de donner les explications ensuite...
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord.
M. Gratton: ... ce sera plus compréhensible pour le
journal des Débats?
Le Président (M. Laplante): Elle se lirait comme
suit...
M. Gratton: II y a des milliers de personnes qui vont lire
ça, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ... "Que cette commission
fasse un rapport spécial à l'Assemblée nationale invitant
cette dernière à récuser son ordre d'étudier,
après la deuxième lecture, article par article, le projet de loi
no 16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec, et à se
transformer en commission itinérante pour entendre, dans les
régions, les personnes qui veulent un débat public sur les
changements proposés par le gouvernement relativement à la
société Hydro-Québec." (22 h 30)
M. Grégoire: M. le Président...
M. Fortier: Vous aviez des explications à donner?
Le Président (M. Laplante): Non, je n'avais pas d'autres
explications à donner.
M. Grégoire: Justement, je viens d'écouter les
propositions que vous venez de faire comme changement. Je la compare à
l'ancienne motion qui était sur la table.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: Je trouve que ce ne sont pas simplement des
transformations, des changements pour l'éclairer, ou la rendre un peu
plus acceptable. C'est toute une nouvelle proposition que nous avons devant
nous. Dans la première motion, nous n'invitions pas l'Assemblée
nationale - je passe sur le mot "demander" ou "inviter", ce ne serait qu'une
forme... Dans la deuxième motion, on demande à l'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Laplante): Je vais être
obligé de vous arrêter là.
M. Grégoire: Non, est-ce que je peux finir?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: ... de récuser son ordre
d'étudier article par article. Ce n'était pas dans la
première motion. C'est pourquoi je pense que ce n'est plus simplement un
changement de forme, c'est un changement de fond. On ne demandait pas dans la
première motion à l'Assemblée nationale de récuser
son ordre d'étudier article par article le projet de loi 16. Je
prétends que ce n'est pas seulement un changement de forme, c'est un
changement de fond net.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous expliquer. La
motion appartient toujours au député de Gatineau. C'est le seul
qui peut refuser ou accepter des modifications que le président peut
faire, sans débat. Pour répondre, vu que c'est une des
premières fois qu'une telle motion est présentée, sur les
changements que j'ai apportés comme président, c'est que la
motion principale de faire rapport - c'est cela la motion principale, de faire
rapport - et le reste, c'est seulement des détails qui apportent... Le
détail, en somme, c'est que l'Assemblée nationale, il faut
qu'elle récuse l'ordre qu'elle a donné - parce que c'est un ordre
qu'elle a donné - d'étudier article par article pour en venir
à la motion principale qui est offerte si elle était
adoptée.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): II n'y a rien là-dedans
qui est contradictoire à l'ordre de l'Assemblée nationale ou aux
pouvoirs de l'Assemblée nationale.
M. Grégoire: M. le Président, je me suis fait
peut-être mal comprendre. La deuxième motion est peut-être
dans l'ordre, mais je prétends que ce n'est plus simplement un
changement de forme mais un changement de fond, et qu'à ce moment, il
faut commencer par retirer l'autre et
représenter celle-là. Si le président ne
suggère plus un changement de forme...
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: ... il suggère quelque chose qui est
beaucoup plus une motion de fond. Il suggère tout simplement ce que le
député de Gatineau n'avait même pas en tête de
demander à l'Assemblée nationale de récuser son ordre
d'étudier le projet de loi article par article. C'est là que
c'est grave.
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas passer la
soirée à discuter là-dessus. La motion appartient au
député de Gatineau, c'est la base même. Le président
l'a amendée pour qu'elle soit plus recevable vis-à-vis de
l'Assemblée nationale, parce que cela s'adresse là. La motion de
fond, la motion principale, pour lui, c'est de partir en commission
itinérante afin d'entendre les gens. Le seul à discuter
là-dessus, à juger et à dire: M. le Président, je
ne suis pas d'accord avec cela, c'est le seul qui peut le faire. À ce
moment, il retire sa motion et il en prépare une autre. Actuellement,
elle a été préparée à deux, le
président et le député de Gatineau. C'est pourquoi il y a
eu accord entre les deux. Cette motion, je la juge recevable. En la jugeant
recevable, je donne la parole au député de Sainte-Anne.
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais poser une question de
directive?
Le Président (M. Laplante): Oui, une directive.
M. Grégoire: Juste une directive. Si je comprends bien,
cela veut dire que tout ce, qu'il y a en dehors de "que cette commission fasse
un rapport spécial à l'Assemblée nationale", tout le
reste, ce sont des bebelles?
Le Président (M. Laplante): Des bebelles.
M. Grégoire: Des bebelles. On peut amender la bebelle. On
peut la changer, l'enlever, la transformer, laisser: "Que cette commission
fasse un rapport spécial à l'Assemblée nationale", et
enlever tout le reste après, parce que le reste, ce sont des bebelles.
On peut l'amender, le reste.
Le Président (M. Laplante): Non, parce que j'irais
à ['encontre de la décision du président Vaillancourt, en
1978.
M. Gratton: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): II faut qu'on mette de la
viande un peu là-dedans, il faut avoir des raisons pour aller à
l'Assemblée nationale pour le rapport.
M. Grégoire: On peut avoir n'importe quelle raison, pourvu
qu'il y en ait une.
Le Président (M. Laplante): Je n'irais pas
jusque-là, M. le député.
M. Fortier: C'est la proposition du député de
Gatineau.
M. Grégoire: Très bien.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, avant de commencer, je voudrais
avoir votre directive parce que tout à l'heure...
M. Gratton: Je m'excuse auprès du député de
Sainte-Anne, M. le Président, parce qu'on a l'air de faire une
espèce de complot pour l'empêcher de parler. Très
brièvement, M. le Président.
M. Polak: C'est incroyable.
M. Gratton: II faudrait qu'on se situe. La motion telle que
libellée est maintenant recevable et vous invitez le
député de Sainte-Anne à s'exprimer sur le fond.
Le Président (M. Laplante): C'est ça. M.
Gratton: C'est ça?
Je dis officiellement, puisque je dois le faire, le règlement
l'exige, que j'accepte, en vertu de l'article 65.2 qui se lit comme suit, c'est
très court, vous allez voir, M. le Président, vous l'avez lu et
relu vous-même combien de fois: "Le président peut
également modifier dans sa forme une motion pour la rendre recevable..."
Elle est donc recevable, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est ça.
M. Gratton: Je vous félicite, je me félicite, je
nous félicite d'avoir collaboré pour faire en sorte de faire
avancer les travaux de la commission le plus rapidement possible.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président, pour la quatrième
fois.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je veux m'assurer, je demande une directive, que le
député de Sainte-Anne qui vient juste de commencer son
intervention aura ses vingt minutes au complet et que toutes les
interruptions...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président.
M. Grégoire: Ce n'est pas ce que j'ai compris. Vous avez
donné le droit de parole il y a une demi-heure au député
de Sainte-Anne, son temps est écoulé.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, avant que je commence, j'ai
besoin de votre directive parce que tout à l'heure, il y a 45 minutes,
quand vous m'avez accordé la parole, le député de
Frontenac... Il est menaçant. Qu'a-t-il dit? Il m'a regardé
carrément dans le visage avec sa petite barbe pointue, il a dit que
j'avais droit juste à 10 minutes. Est-ce vrai, M. le Président?
J'aimerais avoir une directive parce que, pour moi, j'ai droit à 20
minutes.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Commencez
vos 20 minutes, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Maintenant, je parlerai
évidemment sur la motion qui est devant nous. Avant d'analyser le texte
de cette motion, je voudrais dire -et je suis content que tout ce qu'on dit ici
soit enregistré - parce que, M. le Président, il y a 45 minutes,
j'ai obtenu votre permission de prendre la parole pendant 20 minutes et le
député de Frontenac a pris presque 40 minutes. Question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne. Vous allez m'excuser mais je vais être un peu plus
sévère sur la pertinence du débat parce que j'aimerais
bien que nos travaux se fassent d'une façon sérieuse.
M. Polak: Sur la motion, M. le Président, on nous accuse
de faire encore une motion dilatoire, ce n'est absolument pas vrai. C'est une
motion qui a beaucoup d'aspects très positifs et si jamais le mot
"filibuster" est mentionné, je déteste ce mot-là. Je
n'aurais jamais participé aux travaux de cette commission si j'avais su
que je devais parler pour faire un "filibuster". On est venu ici pour apporter
des points positifs.
Comme je vous l'ai dit hier, je me suis senti déchiré cet
après-midi, j'ai eu une grande déception quand une motion qui
était positive a été battue. Mais ce soir, je suis encore
plein d'espoir sur la motion qui est devant nous parce que le ministre
lui-même vient de dire - et ce sont des paroles importantes - sur cette
motion: En principe, je voterais contre mais je suis ouvert, je suis prêt
à entendre les arguments. C'est pourquoi je voudrais présenter
mes arguments en faveur de cette motion.
Dans cette motion, M. le Président, il y a sept points qui sont
très importants, mais il y en a qui sont moins importants que d'autres.
Je vais prendre les points dans l'ordre de la motion pour faciliter les travaux
et pour que vous puissiez suivre ce que je vais dire.
Je prends le texte de la motion. La motion dit que la commission fasse
un rapport spécial. Je vais m'arrêter tout de suite ici pour
justement éviter les petites chicanes sur les points techniques, etc.,
pour qu'on établisse une fois pour toutes ce qu'on veut dire. Un rapport
spécial, selon moi, je pense que c'est assez clair, ça doit
être un rapport spécial par écrit. Mais au cas où il
y aurait des personnes qui penseraient qu'on pourrait soumettre un rapport
spécial verbal, j'ai profondément étudié le
règlement et voici ce que j'ai trouvé à l'article 161.1
-parce que n'oublions pas que la motion devant nous est basée sur
l'article 161.2. Si on le regarde, ça dit ceci: "Dès qu'une
commission a terminé l'examen de l'affaire qui lui est
référée, elle doit, par l'entremise d'un rapporteur
qu'elle a désigné, déposer à l'Assemblée un
rapport suffisamment détaillé".
Évidemment, ça veut dire que ce n'est pas un rapporteur
qui va courir à l'Assemblée avec un petit message verbal. Il est
clair que ce rapporteur soumet un rapport par écrit. D'ailleurs, le
texte dit: un rapport suffisamment détaillé et contenant les
amendements adoptés. Donc, M. le Président, en me basant sur
l'article 161.1, je pense que c'est assez clair et qu'il faudrait éviter
les chicanes après selon lesquelles on dira que cette motion n'est pas
acceptable; parce qu'un rapport spécial qu'est-ce que ça veut
dire? Je pense que j'ai prouvé qu'un rapport spécial veut dire
carrément, clairement - et ce point-là le résume, une fois
pour toutes - que c'est un rapport spécial écrit. C'était
le premier point que je voulais souligner.
Maintenant, la motion - et je continue à lire; je touche juste
aux points essentiels pour les fins de ce débat, pour parler en faveur
de cette motion - dit que cette commission permanente, notre commission de
l'énergie et des ressources, devrait être transformée en
commission itinérante. Là encore, évidemment, je peux
déjà prévoir que ceux qui veulent faire de l'obstruction,
qui veulent être difficiles, vont me demander ce
que ça veut dire. M. le Président, comme toujours, je
pense qu'il faut être de bonne foi, commission itinérante veut
dire que la commission va voyager. Je comprends très bien: Quels
fonctionnaires invitera-t-on, etc. Je ne veux pas avoir de chicane
là-dessus, je pense qu'on peut être bien d'accord
là-dessus, on n'a pas besoin de faire de sous-amendement pour dire qui
va être inclus dans le groupe. Je pense que c'est bien entendu que ce
sont les membres de la commission qui ont le droit de vote, ce sont les
intervenants et, j'imagine, les fonctionnaires qui normalement suivent nos
travaux à cette commission ont le droit de parole.
Pour une commission itinérante, évidemment, on peut dire
une autre chose: Encore d'autres chicanes! On va nous dire: Comment allez-vous
voyager? Par avion, par train ou par autobus?
Personnellement, vu que nous vivons dans des temps de restrictions
budgétaires, je suggère - c'est seulement une suggestion
personnelle de ma part - qu'on voyage par autobus évidemment. C'est bien
normal. Je suis bien d'accord que dans le Nord, où il n'y a pas
d'autobus, on prenne un avion qui a des skis, qui atterrira sur un lac, mais,
selon moi, cela doit être un cas d'exception, parce qu'une commission
itinérante veut dire pour moi voyager avec le moyen de transport public
qui coûte le moins cher à la bourse publique. D'ailleurs, c'est
l'argument que nous avons apporté et je pense que les
députés ministériels sont prêts à renoncer
à ce luxe de prendre des avions pour cette commission et à
prendre l'autobus.
Encore une fois, M. le Président, je ne veux pas tenir mordicus
à l'autobus, à l'avion ou au train, je veux que nous prenions le
moyen de transport le plus économique.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): j'aimerais que le corridor de
la pertinence se fasse valoir un peu plus.
M. Polak: M. le Président, avec tout le respect que je
vous dois...
Le Président (M. Laplante): Je sais que vous avez beaucoup
de respect pour moi.
M. Polak: ... j'admire énormément la manière
dont vous dirigez nos travaux. Vous êtes un homme strict, mais juste.
J'ai compris cela. C'est pour cela d'ailleurs que j'insiste pour rester aussi
longtemps que je peux à cette commission.
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas de compliments
à ce moment-ci, je veux avoir la pertinence.
M. Polak: Merci, M. le Président. Dans le deuxième
point, je vais m'en tenir aux paroles...
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Question de directive.
Pourriez-vous me dire ce qui est plus pertinent que d'expliquer les mots
mêmes de la motion?
M. Polak: C'est cela que je fais.
M. Ciaccia: C'est la pertinence même; il nous explique la
signification de la motion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je vais écouter encore plus attentivement.
M. Ciaccia: Très bien.
M. Polak: M. le Président, je continue. Je me restreins
évidemment au texte de la motion devant nous que d'ailleurs vous avez
changé vous-même avec justice. Je suis parfaitement d'accord avec
cela.
Le troisième point qu'on trouve dans cette motion, c'est "pour
entendre dans les régions". Évidemment, c'est encore un point
très important dans cette motion, parce que, encore une fois on pourrait
nous accuser de ne pas savoir ce que veut dire le mot "régions". Il y a
énormément de régions dans la province de Québec.
Encore une fois, M. le Président, je pense qu'il faut interpréter
cela de bonne foi. Le régions seront les grandes régions comme
Montréal, Québec. On pourrait peut-être faire une
enquête à Saint-Jean-des-Piles, au nord de Grand-Mère, pour
faire plaisir au ministre. Ce n'est pas une région, mais on pourrait
dire: On prend ce village comme le centre d'une certaine région pour les
fins des travaux de cette commission.
Mais encore une fois, M. le Président, les mots "les
régions" ne sont pas des mots dont on doit se servir pour
peut-être être difficile et pas de bonne foi, il faut vraiment
interpréter cela de manière à d'abord servir les grandes
régions, surtout pour donner la chance à ceux qui veulent se
faire entendre à la commission d'expliquer la situation comme des
experts. (22 h 45)
Le quatrième principe, M. le Président, ce sont les mots
suivants, encore dans le texte de la motion devant nous. "Les personnes",
évidemment, les personnes, M. le
Président, je pense bien, c'est entendu, encore une fois, de
bonne foi, je suggère que les personnes, ça veut dire les
personnes physiques et morales, les corporations. Si, par exemple, une
association de personnes âgées, dans mon comté, voulait se
présenter devant notre commission itinérante, je pense qu'elle se
qualifie comme personne. Mais, à ce moment-là, c'est une personne
morale ou une corporation. Mais, évidemment, une personne physique se
qualifie aussi. Il n'y a aucune distinction quant à nous, entre une
femme et un homme, et si une femme seule, comme présidente, par exemple,
d'une association, veut se faire entendre, cette personne se qualifie.
D'ailleurs, un homme également parce qu'il n'y a aucune distinction. Je
crois qu'on ne peut pas tomber sur ce mot-là... Les personnes, c'est
bien entendu, comme d'ailleurs dans la résolution d'hier, que cela
inclut les personnes morales. Je ne pense pas que ce soit nécessaire de
faire un sous-amendement, de faire traîner les travaux de cette
commission. Tout le monde est de bonne foi. "Les personnes", cela inclut toutes
les catégories que j'ai mentionnées.
Ensuite, on dit, dans la même motion, les personnes "qui veulent";
ça c'est un mot clé dans la résolution, parce que
"veulent" ça veut dire qu'on n'est pas là pour forcer les gens
à venir témoigner, on n'est pas là pour faire une grande
publicité, exiger, demander, commencer à faire toutes sortes de
chicanes. Pas du tout! On dit seulement ceux qui veulent, ceux qui sont
intéressés, qui désirent se faire entendre. C'est ce que
veut dire le mot "vouloir". C'est intéressant parce que, vraiment, on
commence à restreindre les catégories; ce sont seulement ceux qui
ont exprimé leur désir de parler. D'ailleurs, nous sommes
déjà au courant que des organismes que nous connaissons veulent
se faire entendre. Par exemple, on a eu un télégramme, on a
discuté de ça, c'est maintenant connu, de la
Fédération des travailleurs du Québec. Le mot "veulent",
s'applique à elle, elle veut, elle a envoyé un
télégramme le 2 décembre; donc maintenant on peut dire,
après évidemment que l'Assemblée aura approuvé
notre invitation, et que c'est certain qu'elle veut se faire entendre et
qu'elle sera là. La même chose avec l'Association des
consommateurs du Québec. On en a reçu un
télégramme, et je suis certain qu'elle aussi se qualifie et veut
se faire entendre. Je donne juste un autre exemple: le Front commun pour un
débat public sur l'énergie. D'ailleurs, non seulement il a
envoyé un télégramme, mais il a même publié
tout un texte dans les journaux. C'est bien connu qu'il veut aussi se faire
entendre. Donc, je pense que là, on a déjà établi
le principe qu'on accepte seulement ceux qui veulent se faire entendre. Il n'y
a aucune force, aucune petite politique partisane pour essayer d'inciter les
gens à témoigner. Pas du tout, seulement ceux qui veulent, qui
vraiment, de leur propre chef, veulent venir.
Maintenant, M. le Président, ça c'était mon
cinquième point. Il y a un autre point, le sixième: c'est qu'on
parle d'un "débat public". Évidemment, ce sont des mots qui ont
été très bien choisis, les mots "débat public",
parce qu'on voudrait éviter un débat à huis clos. Il n'y a
pas de doute. Parce que, savez-vous, quand on parle du projet de loi no 16 et
des changements que le gouvernement veut effectuer à la structure
d'Hydro-Québec, le point qui est soulevé - il y a du monde qui
m'en a parlé privément, c'est que les financiers
américains et étrangers ont un peu peur de ces
changements-là. Peut-être que la cote de crédit
d'Hydro-Québec pourrait être affectée. Évidemment,
si on avait des débats à huis clos, le monde dirait tout de
suite: Ils ont quelque chose à cacher. Là, c'est grave, au lieu
de payer 16% on va payer maintenant 18% parce qu'à Hydro-Québec
ça va très mal. On veut justement éviter cette
critique-là; que les Américains, les Japonais ou les Suisses qui
financent Hydro-Québec avec des millions de millions de dollars
s'inquiètent, sachant que notre commission itinérante aura des
enquêtes et des débats à huis clos. Imaginez-vous,
ça peut ruiner le crédit de presque toute la province. Donc, on a
choisi, dans cette motion-là, très clairement, un débat
public. On ne se gêne pas de parler ouvertement, devant le public, et les
médias peuvent venir, ils sont invités à assister et faire
des reportages sur le contenu de ce qui va être discuté devant
notre commission itinérante. Je pense que les mots "débat
public", M. le Président, dans la motion, sont encore des mots
clés, bien choisis. Ces mots-là ont justement été
insérés dans cette motion pour éviter des grands dangers,
des problèmes.
Maintenant, M. le Président, le dernier point qui est très
important, c'est que le texte dit qu'on aura cette commission itinérante
qui va siéger dans les régions du Québec, en un
débat public, "sur les changements proposés par le gouvernement
relativement à la société du Québec dans le projet
de loi no 16. Évidemment, c'est très important de savoir ce qu'on
veut dire avec les changements proposés, parce qu'ici il y a encore une
suggestion très positive. Au lieu de suggérer tout un
débat sur l'énergie. Il est peut-être vrai que
c'était la faiblesse de la dernière motion cet après-midi,
on avait suggéré un mini-débat sur le problème de
l'énergie, du gaz, du pétrole, etc.
Cette fois, on a appris notre leçon, parce qu'on a eu un vote
là-dessus. Je sais que c'était contesté, je pense qu'on a
perdu 5 contre 3, c'était proche tout de même, mais ce qui est
arrivé, je pense qu'à notre commission, les députés
ministériels étaient
contre l'idée d'avoir un débat public sur tout le
problème énergétique de la province de Québec.
Cette fois, on a présenté une motion tout à faite
différente disant qu'on veut parler seulement des changements
proposés dans le projet de loi no 16, et cela est devenu
évidemment beaucoup plus étroit, on va se limiter à la loi
no 16.
Quels sont ces changements proposés? Évidemment, tout le
monde est au courant qu'il y a deux grandes catégories de
problèmes vraiment, parce qu'on ne parlera plus de mini-débat ou
de grand débat sur l'énergie, on parle de la loi no 16. C'est
l'intention du gouvernement d'imposer une taxe sur le capital
d'Hydro-Québec. Cela est donc un point qui est dans la loi, qui va
être discuté publiquement devant notre commission
itinérante dans les régions. Les gens ont le droit de savoir, de
soumettre leurs opinions et de nous dire, par exemple: Savez-vous, nous croyons
que si cette taxe n'était pas imposée, le gouvernement aurait pu
réduire un peu plus le taux de l'électricité. Au lieu
d'une augmentation de 17,6% ce serait peut-être 12 ou 13%.
Ce point se trouve dans le projet de loi no 16, il va être
discuté publiquement. L'autre point, très important, c'est la
question du paiement de dividendes. Hydro-Québec, dans le projet de loi
no 16, est forcée par le gouvernement de payer des dividendes qui sont
déclarés par le gouvernement, et pas par Hydro-Québec.
D'ailleurs, on a reçu énormément de commentaires
là-dessus, c'est bien connu, grâce aux journaux, ceux qui seront
invités, ceux qui veulent se faire entendre, qui veulent venir devant
nous à cette commission initérante pourront justement dire ce
qu'ils pensent sur le paiement de ces dividendes, ce paiement forcé.
Évidemment, il y a un autre point dans le projet de loi no 16,
c'est que non seulement le gouvernement aura le droit d'imposer des dividendes,
mais le gouvernement peut imposer et demander des versements en acompte, des
versements provisionnels. Donc, dans mon comté, par exemple, il y a
énormément d'inquiétude qui a été
soulevée depuis que les gens ont lu ce texte-là; les gens se
demandent comment ça se fait que le gouvernement demande maintenant le
paiement en acompte. Si Hydro-Québec paie trop, à la fin de
l'année, le gouvernement dit: Je vais vous rembourser cet argent. Chez
nous, à Sainte-Anne, ça, c'est le point crucial pour tout le
monde on ne peut pas croire que le gouvernement va demander des paiements en
acompte.
Donc, ces gens-là, comme par exemple l'Association des personnes
âgées de Sainte-Anne, sont très intéressés,
ils veulent se faire entendre, ils vont parler seulement sur ce point. Cela ne
veut pas dire que les autres organismes ne veulent pas parler sur d'autres
points, mais, en vertu de cette motion, tous ceux qui vont être entendus
vont être obligés de parler seulement sur les changements
proposés par le projet de loi no 16. Évidemment, il y a
énormément de matière à discuter là-dedans,
mais, au moins, le débat va être limité. C'est donc un
minidébat limité, c'est encore une autre restriction, et je pense
que c'est vraiment une restriction proposée encore de bonne foi.
Maintenant, M. le Président, combien de minutes me reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): Deux minutes, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: C'est malheureux... Une voix: C'est court.
M. Polak: ... que le ministre soit parti. Je comprends que ce
n'est pas sa faute, mais tout de même c'est notre obligation d'essayer de
convaincre les députés ministériels du bien-fondé
de cette motion. Il y en a encore quelques-uns ici et je voudrais vraiment...
Le ministre, en lisant cela, a dit: Ma première réaction est de
voter contre, mais je pourrais être convaincu... C'est intéressant
parce qu'il y a une ouverture de porte, pas une ouverture d'esprit comme celle
du député de Châteauguay, cet après-midi, mais une
ouverture de porte tout de même et je pense que les autres
députés, sachant maintenant ce que le ministre a dit, peuvent
dire: Bon, on a écouté les arguments, je ne suis qu'un
intervenant devant cette commission-là, mais d'autres vont me suivre
pour me convaincre de voter pour cette résolution qui est, encore une
fois, une tentative d'obtenir un mini-débat restreint dans le cadre du
projet de loi no 16 pour donner une chance, seulement à ceux qui veulent
- il n'y a aucune obligation de leur part - de se faire entendre.
Donc, je dois vous dire, M. le Président, que je ne voudrais pas
qu'on attaque cette résolution de la part des députés
ministériels, par exemple, en tombant sur les petits points ici et
là. Nous l'abordons d'une manière positive, de bonne foi. Ce
texte est très bien rédigé et je suis tout à fait
en faveur de l'acceptation de cette motion. Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci. En tout premier lieu, M. le
Président, je veux une fois de plus féliciter celui qui a
présenté cette motion, le député de Gatineau. La
motion a été très savamment et très prudemment
modifiée afin d'éviter que ce que nous nous
proposions de faire et considérant que c'était très
bon, aurait peut-être pu causer certains problèmes à
d'autres personnes qui auraient occupé votre fauteuil.
M. le Président, étant nouveau en commission parlementaire
pour ce genre d'étude de projet de loi article par article, j'ai
pensé comme vous, qu'un des mots très importants, un des mots
clés que l'on retrouve dans cette motion, c'est le mot
"itinérante".
Je me suis procuré un dictionnaire afin de prendre connaissance
de la définition du mot "itinérant". J'ai constaté qu'il y
a trois ou quatre définitions. J'essaie de voir laquelle est la plus
pertinente dans le sens où on parle précisément d'une
commission parlementaire qui devrait être itinérante. Dans le
premier cas on dit - c'est le Petit Robert - "Qui va de lieu en lieu -
jusque-là je pense que ça va - prêcher la doctrine". Alors
là, ça ne va plus. J'ai donc lu la définition no 2 qui
dit: "Qui se déplace dans l'exercice de sa charge, de ses fonctions,
sans avoir de résidence fixe". Cette définition pourrait
convenir, quoiqu'elle ne fait pas allusion directement à une commission
parlementaire. En troisième lieu on nous dit: "Qui se fait en se
déplaçant".
M. Maciocia: Je préfère la deuxième.
M. Vallières: Je pense que la troisième
conviendrait également. Mais je me pose la question face à ces
deux définitions entre lesquelles je dois choisir, finalement, pour
définir véritablement le sens complet d'une commission
itinérante. Peut-être que tantôt, quand vous aurez à
prendre la parole, vous pourriez tenter d'éclaircir mon idée sur
la définition réelle que cette Chambre entend donner à une
commission itinérante.
Pour moi, cet éclaircissement pourrait faire en sorte, hors de
tout doute et pour longtemps, que je sache véritablement ce qu'est une
commission que l'on dit itinérante et les pouvoirs qui l'accompagnent.
(23 heures)
Cette motion nous dit, entre autres, que les personnes qui pourront
témoigner seront celles qui veulent - les mots "qui veulent" sont
importants, comme le disait l'orateur qui m'a précédé - un
débat public. Ce qui signifie, à mon point de vue: tout groupe ou
organisme qui en manifestera le désir. Tantôt, mon collègue
de Sainte-Anne, qui m'a précédé, disait que nous allions
entendre les quinze organismes que l'on retrouvait à l'autre motion.
Permettez-moi, M. le Président, de ne pas partager son point de
vue parce qu'à mon avis, la motion que nous avons devant nous est, hors
de tout doute, beaucoup plus élargie, prend un sens beaucoup plus vaste
que la motion que nous avions devant nous cet après-midi. Pour moi, la
motion que nous avons devant nous inclut évidemment tous les organismes
qu'on avait mentionnés dans la motion de cet après-midi et dont a
fait mention mon collègue de Sainte-Anne, tout à l'heure, mais
cela inclut aussi tous les autres organismes qui, région par
région, feront la demande à notre commission pour être
entendus sur son parcours.
Cela pourrait aller aussi loin que d'entendre des organismes à
caractère politique. Nous pourrions, par exemple, si le Parti
québécois de l'Estrie en manifestait le désir, le
convoquer pour qu'il vienne se faire entendre et qu'il explique à la
commission les motifs pour lesquels il considère comme étant
néfastes les intentions véhiculées par le projet de loi no
16. Il serait intéressant d'avoir un point de vue qui, tout en
étant partisan, pourrait, de façon dramatique, s'opposer à
celui du ministre qui est le parrain de ce projet de loi no 16.
La motion que nous avions devant nous cet après-midi et qui,
malheureusement, a été battue, l'autre motion revêtait,
à mon point de vue, une grande importance, mais elle présentait
une lacune. J'ai eu l'occasion de le mentionner, elle restreignait à 15
le nombre des organismes qu'on pouvait entendre et je mentionnais, entre
autres, que l'Union des producteurs agricoles ne faisait pas partie de cette
liste que nous avions mentionnée. Je constate, avec intérêt
et avec beaucoup de satisfaction, que la motion que nous avons ce soir devant
nous permettra à l'Union des producteurs agricoles de venir se faire
entendre. On sait que l'UPA est un organisme provincial, mais il existe
également des fédérations régionales, comme la
Fédération de l'UPA de Sherbrooke; alors, je pense que c'est une
dimension importante, un principe qu'on devrait, dans l'avenir, étendre
à plusieurs de nos commissions afin de permettre à des groupes
aussi importants que l'UPA de Sherbrooke, par exemple, de venir se manifester
à une réunion de notre commission en région, comme le
mentionne la motion que nous avons devant nous.
C'est une forme de consultation que je peux qualifier de très
intéressante, plus que celle que nous semblons vouloir envisager
présentement. Cette forme de consultation, même si elle
s'éloigne du débat public que l'Opposition réclame,
débat public que nous réclamons et que beaucoup d'autres
organismes réclament de façon unanime -tout le monde, tous les
organismes qui sont touchés de près ou de loin ont demandé
que nous ayons un vaste débat public sur nos orientations
énergétiques - ne répond pas complètement à
l'objectif que nous visions d'entendre tous les organismes qui le
désiraient, concernant notre avenir énergétique. Je pense
quand même qu'il s'inscrit dans une bonne action, dans une bonne
intention de cette commission de faire
en sorte que nous étendions au plus grand nombre possible les
consultations que nous envisageons faire, afin d'éclairer cette
commission et ses membres sur l'impact, les conséquences, les incidences
du projet de loi no 16 dans sa forme actuelle. M. le Président,
remarquez que cette motion est importante. Elle est importante parce que
même si ça ne donne pas un débat public, souvenons-nous, de
ce qui s'est passé en 1962 quand on a formé Hydro-Québec.
On a eu l'occasion de le mentionner à plusieurs reprises, mais je pense
que c'est un point important que vient accrocher notre motion.
Même si, en 1962, on avait consulté la population en
général, par voie d'élection, sur le fait que nous
voulions nous porter acquéreurs, en tant qu'État, faire que nos
concitoyens deviennent des actionnaires d'Hydro-Québec, même si on
a fait ça en 1962, de façon très générale,
même si nos collègues d'en face refusent de faire la même
chose, de poser le même geste, parce qu'on porte ici atteinte à la
vocation même de cette société d'État qu'est
Hydro-Québec, alors, M. le Président, même si on n'atteint
pas cet objectif, que je pense être primordial, de consulter toute la
population parce que c'est toute la population du Québec qui est
actionnaire d'Hydro-Québec, je pense néanmoins que mon
collègue de Gatineau, qui a présenté cette motion, fait un
effort considérable afin de nous assurer que la consultation que nous
allons faire soit la plus révélatrice possible sur les intentions
réelles des Québécois, sur leurs intentions à
l'endroit d'Hydro-Québec.
Cette motion complète, je dirais, celle qui a été
défaite cet après-midi et qui mentionnait un certain nombre
d'organismes; cette motion que nous avons devant nous, qui est nouvelle, fait
vraiment preuve d'une nouvelle ouverture d'esprit. J'espère, M. le
Président, que nos collègues ministériels, cette fois-ci,
feront tout ce qui est en leur pouvoir pour bien comprendre et appuyer cette
motion de mon collègue de Gatineau qui respecte les intentions des
Québécois. C'est dans ce but, je pense, qu'il est important de
faire cette motion. On ne la fait pas par caprice. Cette motion vise à
aller prendre véritablement le pouls de la population et faire en sorte
que le geste qu'on va poser soit le plus rapproché de ce que
désire notre peuple.
Nous pourrions entendre, puisque notre motion stipule que la commission
sera itinérante, et si ma définition d'itinérante est
bonne - oui, le no 2 - entre autres, les quinze organismes que nous ont
refusé d'entendre nos collègues ministériels cet
après-midi en rejetant la motion qui avait été
présentée dans ce sens. D'une certaine façon, M. le
Président, cette motion viendrait corriger l'erreur qui a
été commise par nos collègues ministériels en
votant contre l'autre motion, en battant notre motion, M. le Président.
Notre motion, celle du député de Gatineau, qui demande que l'on
fasse un rapport spécial à l'Assemblée nationale, à
cause de l'importance de ce projet de loi, devrait convaincre nos
collègues que nous n'avons pas fait jusqu'à présent de
l'obstruction systématique, comme plusieurs sont portés à
le croire, mais que nous sommes véritablement de bonne foi dans ce
débat que nous avons engagé il y a déjà quelques
jours.
Nous verrons, M. le Président, lors du vote que nous allons
prendre sur cette motion, si eux sont de bonne foi ou s'ils ont peur de la
réalité, de faire face au peuple et de le consulter sans
équivoque sur un projet que tant de gens considèrent comme
étant d'une importance vitale.
Je vous mentionnais tout à l'heure, M. le Président, que
je serais énormément intéressé à voir
comparaître devant cette commission la Fédération de l'UPA
de Sherbrooke. Malheureusement, je constate que cette commission ne pourra pas,
cependant, entendre le ministre de l'Agriculture. Je crois qu'il aurait
été primordial que notre ministre de l'Agriculture puisse venir
témoigner devant la commission et qu'on puisse l'entendre sur l'impact
qu'a cette loi pour les agriculteurs du Québec qu'il
représente.
Pour vous prouver l'importance que peut revêtir cette motion aux
yeux des agriculteurs, je veux vous citer un texte tiré du cahier de la
Fédération de l'UPA, à son 49e congrès annuel qui
s'est tenu les 21 et 22 octobre 1980, et qui nous disait: "L'agriculture fait
vivre, l'agriculteur veut en vivre." Vous allez voir les considérations
importantes que je vais apporter et qui nous indiquent très clairement
que, compte tenu de la situation agricole actuellement au Québec, il
serait très important que les agriculteurs puissent se faire entendre
devant la commission. Je parle ici au nom du président de l'UPA,
Sherbrooke, M. Jacques Proulx, qui nous dit: "À mon point de vue, il est
très important de noter que l'agriculteur d'aujourd'hui ne fait pas
d'agriculture uniquement par vocation, mais il est devenu un homme d'affaires
au même titre que n'importe quel industriel qui doit rencontrer des
coûts d'opération sans cesse croissants dont nos gouvernements
doivent tenir compte."
C'est donc dire qu'il ne faut pas seulement se préoccuper de ce
qu'on appelle dans notre langage les industriels, les gens qui font, par
exemple, de la transformation de la pulpe de bois ou les gens qui font de la
transformation de l'amiante ou d'autres. Je pense que l'agriculteur doit
également être considéré comme un industriel et,
à ce titre, il devrait - je pense que c'est le but de la motion que nous
présentons devant
vous ce soir - faire l'objet d'une invitation à venir
témoigner devant nous afin de bien nous sensibiliser à ce que
représente pour lui ce projet de loi no 16.
Je pourrais également mentionner ce que M. Proulx nous dit:
"Devant les restrictions budgétaires avec lesquelles nous devons vivre
actuellement, je crois qu'il n'est absolument pas le temps de faire des
coupures dans les ministères à vocation économique parmi
lesquels on retrouve le ministère de l'Agriculture." Et on
s'aperçoit que, face au nouveau budget du gouvernement, l'Agriculture
est le parent pauvre des autres ministères.
Mais l'UPA Sherbrooke, lors de son congrès, a également
adopté une résolution fort intéressante et qui concerne
les tarifs d'électricité. Je veux vous la lire, M. le
Président, pour vous indiquer jusqu'à quel point la motion que
nous avons devant nous est pertinente au plus grand point. L'UPA de Sherbrooke
nous dit: "Considérant que les producteurs agricoles du Québec
sont de gros consommateurs d'électricité, considérant que
les taux actuels contribuent à faire augmenter les coûts de
production, considérant que les taux d'électricité ne sont
pas uniformes d'un producteur à l'autre, considérant que les
agriculteurs se doivent d'avoir un taux préférentiel s'ils
veulent produire des denrées alimentaires à bon compte, l'UPA
Sherbrooke propose que demande soit faite à la Fédération
de l'UPA de Sherbrooke de faire les pressions nécessaires auprès
de la Confédération de l'UPA pour que des agriculteurs soient
admissibles au tarif domestique si nous voulons maintenir une agriculture saine
et prospère au Québec."
Dans le même ordre d'idées, pour vous indiquer
jusqu'à quel point cette motion est importante, quand on vous parle des
coûts importants dont on faisait mention tantôt, j'ai fait quelques
appels téléphoniques tout à l'heure pour vérifier
les montants à tout le moins approximatifs que paient des agriculteurs
québécois pour leur compte d'électricité. Un
premier agriculteur de Sainte-Séraphine m'indique qu'il paie, quant
à lui, 1668 $ d'électricité annuellement. (23 h 15)
M. Marquis: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Je demanderais au député de Richmond de
revenir à la. pertinence du débat sur la motion en lui soulignant
que le congrès de l'UPA, c'est de l'autre côté de la rue et
le discours c'est demain matin, par le ministre de l'Agriculture.
M. Vallières: Je pense, M. le Président, que mon
collègue d'en face devrait y aller, il apprendrait que les
problèmes agricoles sont très sérieux au Québec. Il
apprendrait également que la tarification que nous propose le projet de
loi 16 les affecte de façon très dure, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Est-ce que le député qui vient de
parler, dont je ne connais pas le nom du comté, a droit de parole?
Est-ce qu'il fait partie de la commission?
Le Président (M. Laplante): II a le droit de parole, il
fait partie de la commission comme intervenant, mais je voudrais faire des
remarques, par exemple, au député de Richmond. C'est que je pense
que le motion qui est présentée, elle est très large et
vous avez beaucoup de viande autour de tout cela pour rester dans la pertinence
du débat.
M. Vallières: Merci, M. le Président, je suis
d'ailleurs persuadé que je suis dans la pertinence. Cette motion que
nous avons devant nous va nous permettre - et c'est ce que je disais -
d'entendre le point de vue des UPA au plan régional, ce qui va nous
permettre de connaître les problèmes que vivent les agriculteurs
et l'impact de ce projet de loi 16, qui, je l'espère, ne sera jamais
adopté, M. le Président. J'étais en train de mentionner
des chiffres pour démontrer jusqu'à quel point les agriculteurs
sont concernés par l'électricité, ce sont de gros
consommateurs d'électricité. Je vous disais que j'en ai un de
Sainte-Séraphine qui paie 1668 $, je pourrais vous mentionner qu'il y en
a un autre de Saint-Rémi-de-Tingwick qui paie 4816 $. Imaginez-vous, M.
le Président, le 16,3% qu'on se propose de leur accorder,
jusqu'où cela va nous mener? Mais, M. le Président, pour revenir
comme vous le disiez de façon plus précise à la motion,
cela veut dire que nous pourrions recevoir - et vous me direz si je suis fautif
en interprétant de cette façon la motion -s'ils en manifestent le
désir, toutes les catégories de producteurs qui sont
touchés par le projet de loi no 16. Cela veut dire, qu'on pourrait
recevoir les producteurs laitiers, tant du lait nature que du lait industriel,
de l'Estrie. Cela veut dire que nous pourrions recevoir les
représentants des producteurs de boeuf de l'Estrie, les
représentants des producteurs de mouton, les représentants des
producteurs de chèvre, les producteurs de pommes dans d'autres
régions, M. le Président, les représentants des
producteurs de porc, qu'ils soient naisseurs, qu'ils soient finisseurs ou
qu'ils soient naisseurs-finisseurs. Les représentants des producteurs de
sucre et de sirop d'érable pourraient être entendus. J'imagine
que, s'ils
en font la demande, ils pourront l'être. Les représentants,
des producteurs de volaille, s'ils le désirent, pourront être
entendus.
Vous me parliez tantôt de viande qui apparaît dans la
motion. Je vous parle de viande, je vous parle de boeuf, de volaille, M. le
Président, de porc. Je pense qu'il ne faut pas non plus rire de ces
termes que j'emploie, parce que ce sont des termes réels. Je pense que
les agriculteurs ont droit, au même titre que les autres, d'être
entendus par notre commission. Pour une question bien simple, M. le
Président, c'est qu'à leur point de vue, à la suite d'une
consultation que j'ai faite dans le comté, ils seront tous
pénalisés par ce projet de loi no 16.
Le Président (M. Laplante): ... conclure.
M. Vallières: Vous voulez que je conclue, M. le
Président. Oui, je vais conclure. Je veux également, juste en
concluant, vous indiquer, M. le Président, que j'ai l'intention hors de
tout doute d'appuyer cette motion, même si elle présente encore
certains petits problèmes; j'espère qu'on pourra l'amender, pour
lui donner une dimension encore plus large. Plus large, M. le Président,
parce que - je reviens là-dessus - elle ne rend pas encore compte du
bris de contrat que se propose de faire le projet de loi no 16 à
l'endroit du contrat qu'ont signé tous les électeurs
québécois en 1962...
Le Président (M. Laplante): Vous avez conclu...
M. Vallières: ... sous Jean Lesage et René
Lévesque. Merci.
Le Président (M. Laplante): ... votre temps est
déjà dépassé. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je vais respecter votre
demande, qu'on se limite à la pertinence de cette motion. Je vais me
limiter effectivement à toutes fins utiles à un seul mot, le mot
dont mon collègue de Richmond a déjà traité, le mot
"itinérante".
Je n'en aurai pas besoin, je vous remercie quand même, j'ai lu
cela attentivement pendant votre discours et je conviens avec vous que c'est la
définition no 2 qui est la meilleure. Je pense que cela sera utile, M.
le Président, pour vous et pour les autres membres de cette commission,
de réfléchir un peu sur les avantages d'une commission
itinérante plutôt qu'une commission qui siège ici, à
l'Assemblée nationale. Je veux parler surtout au député de
Frontenac parce que lui comme moi avons vécu certaines
expériences à Ottawa.
J'ai passé deux ans à Ottawa comme une espèce de
fonctionnaire, c'était une expérience importante mais je dois
dire une chose en commençant, il existe un pays qui s'appelle
Canada...
M. Grégoire: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce me permettrait-il de lui demander de quelle
année à quelle année il a été à
Ottawa?
M. Scowen: Oui, avec plaisir. Je suis allé à Ottawa
au début de l'année 1976 et, j'ai travaillé au sein de la
Commission de la lutte contre l'inflation comme directeur général
et ensuite, je suis devenu directeur exécutif de la commission
Pepin-Robarts. Je veux parler particulièrement de cette commission
Pepin-Robarts.
M. Grégoire: Et le député de
Notre-Dame-de-Grâce a été heureux de revenir au
Québec?
M. Scowen: Oui, très. M. Grégoire: Moi
aussi.
M. Scowen: C'est essentiellement le message que je veux
passer.
Le Canada est un pays très vaste et je pense qu'il y a certains
fonctionnaires, surtout à Ottawa, qui pensent que le Canada c'est
Ottawa. Depuis un certain nombre d'années, les gens qui acceptaient cela
sont devenus conscients de la diversité du pays. Ils ont commencé
à faire des commissions itinérantes.
Si, par exemple, la commission Pepin-Robarts a été capable
de rédiger un texte qui a reçu des félicitations un peu
partout au Canada, peut-être pas du premier ministre mais certainement
des gens de Québec, ce fut en grande partie parce que les gens d'Ottawa
ont accepté de se déplacer et de visiter les régions. Je
répète qu'il existe un pays qui s'appelle le Canada mais il
n'existe pas un pays qui s'appelle Ottawa. L'idée que le pays se
définisse par les frontières de la ville d'Ottawa et
peut-être de Hull, c'est une vision limitée, enfermée de
notre pays qui, comme vous le savez très bien, ne reflète pas la
réalité.
Juste à titre d'exemple, M. le Président, je dois vous
dire que, quant à moi, c'est impossible de comprendre Montréal ou
la ville de Québec si vous êtes assis dans votre fauteuil à
Ottawa. Je pense qu'on peut dire exactement la même chose au sujet des
autres provinces et c'est pourquoi nous avons décidé tout au
début de notre commission Pepin-Robarts... Je vais la décrire un
peu parce que je pense que c'est un très bon exemple d'une commission
itinérante qui a réussi à faire quelque chose beaucoup
plus réaliste, beaucoup plus important en
acceptant de se déplacer et de visiter toutes les régions
du pays.
Après que j'aurai terminé cette brève description
de nos visites dans tout le Canada, je vais faire une comparaison, s'il me
reste du temps, avec une certaine activité qui a été
entreprise récemment par moi et mon collègue de la mission du
développement économique ici, au Québec, qui est
basée sur le même principe. Nous sommes devenus dans un sens un
groupe itinérant qui essaie non seulement de passer les messages mais
d'écouter la population dans toutes les régions du Québec
plutôt que de demander aux intervenants économiques de venir nous
voir ici, à Québec.
Alors, je vais retourner à cette expérience
québécoise dans un deuxième temps. Je suis certain que le
député de Duplessis va s'intéresser à cela parce
qu'on a déjà visité sa région avec des
résultats très positifs pour lui et pour les gens de son
comté. Mais je vais commencer - simplement dans un effort pour vous
persuader des avantages d'une commission itinérante - avec quelques
réflexions sur la commission Pepin-Robarts. J'imagine que vous...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, pour le sérieux de cette commission, en
somme, c'est bien dit dans la motion que tout ce qui regarde une commission
itinérante en vertu de la loi 16...
M. Scowen: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): ... qui est une loi, en somme,
d'institution financière en ce qui regarde les articles. Cela ne nous
regarde pas beaucoup, la commission Pepin-Robarts, comme commission
itinérante. Je pense que vous avez un champ assez large, à
l'intérieur de la motion que vous avez préparée, elle a
été préparée avec soin, avec beaucoup de largesse;
essayez de vous en tenir à l'intérieur de cette motion, pour que
le journal des Débats soit compréhensible, à la
lecture.
M. Scowen: D'accord, M. le Président, mais...
M. Grégoire: D'autant plus, M. le Président, que le
premier ministre du Canada a envoyé la commission...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: ... Pepin-Robarts aux poubelles.
Le Président (M. Laplante): ... vous allez à
l'encontre du règlement.
M. Grégoire: Le rapport est aux poubelles.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, si je cite cette commission en
exemple, ce n'est pas parce que la constitution est très près des
questions d'hydroélectricité, c'est parce que je veux vous
expliquer que l'idée et le principe même d'une commission
où les commissaires quittent leur siège social et se dispersent,
voyagent, visitent les régions, présentent des avantages
énormes. Je vais simplement profiter de cette expérience que j'ai
vécue pour vous donner des exemples des personnes qui ne sont pas
capables, souvent, de venir nous voir, mais qu'on était capable
d'entendre, parce que nous nous sommes déplacés.
Je commence, par exemple, à l'Est du pays, Terre-Neuve. C'est un
pays où l'industrie principale est la pêche. Je vous dis
très sincèrement, M. le Président, qu'il aurait
été impossible de demander aux gens de cette industrie de se
déplacer, de Terre-Neuve à Ottawa, pour se faire entendre;
impossible. Ils habitent des petites villes ou des villages, le long des
côtes...
M. Grégoire: M. le Président, je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous entraîne loin. On
sait fort bien que, si on crée une commission itinérante ici,
elle n'ira pas à Terre-Neuve...
M. Scowen: Je proteste, M. le Président.
M. Grégoire: ... c'est en dehors des cadres du
débat.
M. Scowen: Je suis content que le député de
Frontenac ait soulevé cet exemple, parce que c'est frappant. Nous avons
une région québécoise de pêcheurs qui est
très semblable à celle de Terre-Neuve. C'est impossible
d'imaginer que ces gens puissent se déplacer, venir à
Québec pour se faire entendre, se faire écouter, au sujet de
l'électricité. Je vous donne seulement un exemple, les
Îles-de-la-Madeleine, où ils ont un système
d'électricité bien différent de celui du reste du pays,
avec un coût différent, mais ils ont besoin d'être
écoutés. Ce n'est pas possible pour eux de se déplacer et
de venir ici.
Il y a un autre aspect qui est très important, M. le
Président, c'est qu'il est impossible, quant à moi, pour les
élus, de bien comprendre toutes les régions du Québec,
sans qu'ils les visitent. Vous avez une ambiance, ici à
l'Assemblée nationale, qui est formelle, qui est l'ambiance
fonctionnariste et parlementariste, c'est bien normal, c'est là
que nous sommes. Si vous vous trouvez dans une salle paroissiale, à
Thetford Mines par exemple, le député de Frontenac est
très à l'aise, il comprend bien le milieu. Mais les autres
membres de la commission ne le connaissent pas, c'est impossible. Pour
comprendre Notre-Dame-de-Grâce, il faut aller à
Notre-Dame-de-Grâce. Les problèmes de cette région sont
aussi importants, peut-être plus importants que ceux qu'on voit ici,
à l'Assemblée nationale.
Nous avons visité, pendant ces voyages, je m'en souviens
très bien, la ville de Québec. On a été
étonnés de voir, de constater les différences entre les
gens de la ville de Québec et ceux de la ville de Montréal, quant
à leurs préoccupations, leurs attitudes; j'admets, bien
sûr, que c'était la question de la constitution, cette fois, mais
je pense que le point que je suis en train de soulever est encore valide pour
les problèmes d'électricité. (23 h 30)
II y a aussi la question des médias régionaux. Si on
insiste sur le fait que les gens viennent nous voir ici, à
l'Assemblée nationale, comme les gens qui s'intéressent à
la loi 27 sont en train de le faire, en ce moment, au salon rouge... Vous aurez
là-bas les journalistes du Soleil, peut-être du Devoir et de la
Presse, mais c'est à peu près tout. Quand nous allons dans une
région comme les Cantons de l'Est ou comme la Mauricie, vous avez
là les médias régionaux qui viennent, qui écoutent,
qui parlent avec les élus, qui font des entrevues et qui, par la suite,
essaient de faire comprendre à la population la réalité
des problèmes énergétiques, dans ce cas-ci des
problèmes d'hydroélectricité, et les possibilités
qui existent. Je prends le problème que j'ai soulevé hier
touchant la question du développement industriel. Si la population
était sensibilisée aux possibilités de
développement industriel basé sur l'énergie
électrique, je suis persuadé que nous aurions beaucoup plus de
possibilités pour l'installation d'industries dans les régions
qui sont frappées aujourd'hui avec des taux de chômage qui
dépassent souvent 20% et 25%.
Je ne veux pas retarder le débat. En terminant, je veux
simplement vous dire que les membres du groupe de développement
économique, partant de l'expérience de la commission
Pepin-Robarts, entre . autres, sont en train de faire la même chose dans
les régions du Québec. Je peux vous dire sans réserve que
cette expérience est très enrichissante. Nous sommes allés
à Sorel la semaine passée; nous serons à Saint-Georges
vendredi. On va en sortir enrichis et la population va en sortir enrichie
également. J'espère que, dans les brèves remarques que
j'ai faites, je vous ai convaincu un peu des avantages pour les commissions
parlementaires, non seulement celle-ci, mais pour d'autres dans l'avenir,
d'accepter de circuler partout dans le Québec, un peu dans l'esprit des
commissions parlementaires fédérales.
En terminant, je ne sais pas s'il y en a d'autres qui veulent parler,
mais, s'il n'y en a pas, je demande qu'on vote sur cette motion
immédiatement. Je demande le vote.
Le Président (M. Laplante): Vous ne pouvez pas demander le
vote à la fin de votre intervention. S'il y en a d'autres...
M. Scowen: Non, j'ai fini.
M. Fortier: Je voudrais parler, après les brillantes
interventions du député...
Le Président (M. Laplante): Avant tout cela, je ne
voudrais pas soulever un débat qui ne finirait plus ici, mais je suis
obligé, à ce moment, en vertu de l'article 165, si vous voulez
sortir vos...
M. Grégoire: 165 ou 65?
Le Président (M. Laplante): 65. On pourrait finir en
douce. Cela pourrait peut-être exempter un vote s'il y a une entente
entre les deux. Je vous ai toujours dit qu'on représente ici
l'Assemblée nationale. On essaie de rendre les décisions les plus
claires possible suivant les moyens qu'on a. Vous savez que, quand la
première motion a été présentée par le
député de Gatineau, j'avais beaucoup de doutes dans mon esprit,
et je suis allé aux renseignements. On a essayé, par des
suggestions, d'amender ou de corriger pour la rendre plus recevable cette
motion. J'ai fait continuer les recherches sur la recevabilité encore de
cette motion. Je l'ai jugée recevable. Je dois, à ce moment, pour
protéger les autres présidents, pour protéger aussi le
sérieux d'une commission parlementaire qui est la continuité de
l'Assemblée nationale, me servir de l'article 65, à savoir que
"le président doit mettre en délibération toute motion,
mais dès qu'une motion lui paraît irrégulière, en
elle-même ou par les buts qu'elle veut atteindre, il doit la diriger
à l'Assemblée et il peut, après avoir motivé sa
décision, refuser qu'on en délibère et qu'on la mette aux
voix".
À ce moment, je suis obligé de faire retirer cette motion
et de la juger irrecevable. Je m'explique.
M. Grégoire: Cela n'est pas plus légal.
Le Président (M. Laplante): C'est sérieux ce que je
vous dis. Article 65, selon l'économie de l'article 161.2 un rapport
doit se faire; on doit faire un rapport des travaux de la commission. C'est
selon l'article 161. Un rapport, d'après ce qu'on nous donne
actuellement, après une étude sérieuse, qu'il soit
spécial, intérimaire ou final doit faire rapport de l'état
des travaux, de l'essence même de l'ordre de l'Assemblée nationale
de venir travailler ici pour étudier article par article un projet de
loi ou d'un incident spécial qui pourrait se passer à la
commission. C'est ce qu'on nous donne comme indication pour préserver
justement les droits de la commission, pour préserver aussi ce que
l'Assemblée nationale donne comme directive.
Je ne suis pas heureux de rendre une telle décision, mais
pour le sérieux qu'on fait des commissions et le sérieux aussi
qu'on prend à présider les délibérations, je le
fais en toute sincérité, en satisfaction du devoir accompli. Je
suis obligé de me servir de l'article 65.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne voudrais pas remettre
votre décision en doute, mais est-ce qu'on pourrait s'entendre, avant
que vous ne prononciez votre décision de façon
catégorique, afin que vous preniez tout cela en
délibéré? II est 23 h 35. On s'est déjà
entendu avec le député de Frontenac. On n'a pas de cachette. Si
on avait voté la motion, on aurait pu ensuite proposer l'ajournement et
le député de Frontenac était d'accord. On mettait donc fin
à nos travaux.
Je propose, M. le Président, d'ajourner nos travaux et que,
plutôt que de rendre une décision tout de suite en vertu de
l'article 65, vous fassiez les consultations d'usage avant la prochaine
séance.
Le Président (M. Laplante): D'accord, continuez.
M. Gratton: Vous pourrez, demain, nous faire part de votre
décision.
M. Fortier: De la jurisprudence.
M. Gratton: J'irai plus loin, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Gratton: Je dirai que si, demain, vous nous disiez que la
motion est recevable...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Gratton: ... je ne peux pas m'engager au nom de tous mes
collègues que je n'ai pas consultés, mais je pense que je
pourrais les convaincre de procéder au vote dès demain matin,
comme on a procédé...
Le Président (M. Laplante): Non, on ne pourrait pas.
M. Gratton: Je vous l'offre pour vous démontrer notre
bonne volonté.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Je trouve cela
très sage de suspendre ma décision. D'ailleurs, je crois qu'une
entente est faite pour ajourner les travaux. C'est inscrit au journal des
Débats actuellement. Je voudrais qu'il soit consigné aussi au
journal des Débats que je n'ai pas pris de décision finale.
D'accord, c'est convenu?
M. Scowen: Une question de règlement, s'il vous
plaît.
M. Gratton: Dans ces conditions, M. le Président, on
s'entend.
Le Président (M. Laplante): On s'entend
là-dessus.
M. Gratton: Vous rendez votre décision seulement demain
sur la recevabilité, après consultation.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Gratton: On déterminera à ce moment-là
comment en disposer, si vous la jugez recevable et, si vous la jugez
irrecevable, cela aura toutes les conséquences possibles.
M. Scowen: M. le Président...
M. Grégoire: M. le Président, une minute.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Scowen: M. le Président, question de règlement,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est une question très sérieuse. J'ai
été la dernière personne à parler avant que vous ne
révisiez votre décision quant à la recevabilité de
cette motion. Je ne veux pas laisser penser aux gens que c'était
à cause de la nature de mes propos que vous avez changé
d'idée. Parce que cette motion parlait de la mobilité de cette
commission, j'ai essayé de bonne foi d'expliquer à la commission
les avantages de cette mobilité. Je ne veux pas...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, tenez pour acquis que ce n'est aucunement à
cause de votre intervention.
M. Scowen: Ah! merci.
Le Président (M. Laplante): Je ne sais pas si vous avez
remarqué, mais depuis qu'on a rendu une décision, je travaille
actuellement avec un spécialiste sur les questions juridiques et je ne
voudrais pas m'enfarger dans des...
M. Scowen: Vous n'avez pas de commentaires à faire sur mes
déclarations?
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas d'autres
commentaires à faire. M. le député de Frontenac, vous
aviez une question?
M. Grégoire: Non, M. le Président. J'ai le droit
tout de même d'émettre mon opinion là-dessus. C'est vrai
qu'on avait dit: Prenons le vote là-dessus, puis on ajournera. Il est
rendu 23 h 40, et on était d'accord. Mais là, ce qui se produit,
M. le Président, c'est que la motion sera toujours là demain. Si
vous la déclarez recevable demain, elle est encore là, elle n'a
pas encore été votée et il n'y a rien. Le
député de Gatineau dit: Je m'engage. Moi, je suis convaincu qu'il
va convaincre ses collègues. Cela va marcher. Mais, moi, je crois qu'il
y a une meilleure manière de clarifier tout ça. Ce serait,
puisque ça doit se terminer demain, de donner le consentement, de ne
même pas prendre le vote et demander au député de Gatineau
de retirer sa motion.
Le Président (M. Laplante): Non, on va régler
ça d'une autre façon...
M. Gratton: M. le Président, je regrette, si je la retire,
je reconnais à l'avance que j'anticipe sur la décision. Je ne
peux pas faire ça, voyons donc.
Le Président (M. Laplante): Non, non, M. le
député de Frontenac, je vais vous faire une proposition.
M. de Belleval: Faites-nous donc ça, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'est que ma réserve
est actuellement inscrite au journal des Débats. Si de la volonté
des membres de cette commission vous voulez quand même prendre un vote
sur cette motion, j'accepterai. On ne reviendra plus avec ça.
M. Fortier: M. le Président, je propose l'ajournement.
M. Grégoire: Non, il ne peut pas y avoir deux
motions...
Le Président (M. Laplante): Alors, si vous voulez voter,
vous...
M. Grégoire: ...débattables en même
temps.
Le Président (M. Laplante): ...demain il n'y sera pas,
c'est une nouvelle séance.
M. Grégoire: Alors, est-ce que c'est bien entendu que
demain, dès que le président aura rendu sa décision, on
prend le vote, ou bien la motion est retirée?
M. Gratton: On ne s'est pas entendu. On attend le décision
du président, on jugera à ce moment-là. S'il la
déclare irrecevable, on n'aura pas besoin de consentement d'aucune
sorte.
M. Grégoire: S'il la déclare recevable?
M. Gratton: S'il la déclare recevable, je n'exclus pas
qu'on puisse voter dessus tout de suite mais, comme le président va
consulter les légistes et les experts en la matière avant de
rendre sa décision, je pense que je devrais pouvoir consulter les
membres de la commission, qui ont quand même travaillé depuis
trois jours. Je ne peux pas décider pour eux, M. le
Président.
M. de Belleval: Si c'est recevable, c'est débattable.
Le Président (M. Laplante): Non, ça ne sera plus
débattable demain.
M. Grégoire: Ça fait une heure qu'on la
débat, une heure et demie.
Le Président (M. Laplante): Demain elle ne sera pas
débattable, c'est une nouvelle séance demain.
M. Grégoire: Parce que, en définitive...
Le Président (M. Laplante): C'est pour ça, pour
protéger vos droits, moi je suis capable d'aller, vu que l'inscription
est faite au journal des Débats, les réserves que j'ai eu
à faire...
M. Grégoire: Oui, mais là, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez voter dessus,
libre aux membres de la commission de voter sur cette motion, qui a
été débattue.
M. Grégoire: Parce qu'à l'heure actuelle, M. le
Président, l'article 65...
Le Président (M. Laplante): On oubliera, demain, la
question de recevabilité.
M. Grégoire: ... ne s'applique pas, puisqu'elle a
été mise en délibération.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: Elle a été jugée
recevable. Alors, l'article 65, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): C'est le privilège d'un
président, l'article 65.
M. Grégoire: Là, le président, ce qu'il peut
faire, ça va être de signaler à l'Assemblée ce fait,
mais pas ici renverser une décision, étant donné que la
motion est déjà en délibéré depuis
déjà au-delà d'une heure et demie. Le président
s'est prononcé.
M. de Belleval: M. le Président, une question
d'information. D'après le règlement, une fois que vous avez rendu
votre décision, vous pouvez décider si on peut continuer à
en débattre ou pas.
Le Président (M. Laplante): Non, c'est que je
l'arrête. Mais ce que je donne, c'est un choix ce soir...
M. Grégoire: Alors, prenons le vote.
Le Président (M. Laplante): ... aux membres de prendre le
vote, s'ils veulent le prendre quand même, parce que ma réserve
est inscrite au journal des Débats.
M. Grégoire: Alors, prenons le vote. Une voix: Mais
c'est marqué ici...
M. Gratton: Le président a accepté de faire des
consultations, je pense que c'est important. On veut savoir de façon
définitive si notre motion est acceptable ou non. Si elle est
irrecevable, on va poser un geste illégal ce soir en votant.
M. Grégoire: À l'heure actuelle, elle est
déclarée recevable.
M. Gratton: Oui mais le président émet des
réserves. C'est tout le droit parlementaire qui en découle. On va
attendre que le...
M. Grégoire: À l'heure actuelle, elle est
déclarée recevable. Nous avons devant nous une motion
recevable.
M. Gratton: La motion d'ajournement est proposée, M. le
Président.
M. Grégoire: Oui mais est-ce qu'on peut débattre
deux motions en même temps? On a déjà une motion de renvoi
à la Chambre et vous voulez débattre la motion d'ajournement.
M. Gratton: Vous savez fort bien que la motion d'ajournement du
débat peut être faite en tout temps, quelle que soit la motion qui
est en cause.
M. Grégoire: Oui, mais celle que nous débattons
à l'heure actuelle aussi...
Le Président (M. Laplante): Sur ça, les travaux
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 45)