Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures cinquante-trois minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources se
réunit pour l'étude article par article du projet de loi no 16,
Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. Membres de cette commission -
vous me donnerez les changements au fur et à mesure, s'il vous
plaît - M. Bélanger (Mégantic-Compton), M. Bordeleau
(Abitibi-Est) remplacé par M. Tremblay (Chambly), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M.
Grégoire (Frontenac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss
(Pontiac)...
M. Fortier: Remplacé par M. Fernand Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Perron (Duplessis); M. Rodrigue (Vimont); M.
Vallières (Richmond).
Les intervenants: M. Baril (Témiscamingue), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc); M. Hains
(Saint-Henri)...
M. Fortier: M. Hains remplacé par M. Gratton
(Gatineau).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Gratton (Gatineau), M. Lévesque (Bonaventure)...
M. Fortier: Remplacé par M. Clifford Lincoln
(Nelligan).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Lincoln (Nelligan), M. Marquis (Matapédia)...
Une voix: II a étudié le dossier pendant ce
temps-là.
Le Président (M. Laplante): ... M. O'Gallagher (Robert
Baldwin).
Une voix: C'est un nouveau à l'entraînement.
M. Lalonde: On peut suspendre pendant trois secondes... trois
minutes, et on revient là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. Tremblay (Chambly) y
est-il?
Êtes-vous d'accord pour que, au cours
M. Fortier: M. John O'Gallagher reste là.
Le Président (M. Laplante): M. O'Gallagher reste
là. M. O'Gallagher (Robert Baldwin).
Article premier (suite)
On en était rendu à l'article 1 qu'on avait
commencé.
Est-ce que l'article 1 sera adopté?
M. Grégoire: Adopté, M. le Président,
adopté.
Une voix: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je pense qu'à moins qu'on ait tous un trou de
mémoire un peu phénoménal, vous devez nous rendre une
décision ce matin, M. le Président, que vous avez annoncée
au moment de l'ajournement de nos travaux, hier soir, quant à la
recevabilité d'une motion qu'on discute déjà depuis
environ une heure et demie.
Décision du président
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, vous avez entièrement raison. C'est une motion qui tombait
automatiquement hier soir, étant donné qu'on commence une
nouvelle séance aujourd'hui, mais je vous avais promis de rendre une
décision sur l'emploi de l'article 65 du règlement quant à
la recevabilité de votre motion.
Après consultation, avant de venir ici, je vous en donnerai une
après, cela confirme les réserves que j'ai eues en modifiant,
même lorsque vous avez proposé votre motion, M. le
député de Gatineau, les réserves que j'ai
apportées... On a essayé de la modifier ensemble, plein de bonne
volonté de votre part, mais il restait toujours des doutes dans mon
esprit, c'est pourquoi j'avais évoqué l'article 65. Ce matin, je
n'ai plus de doute dans mon esprit après les consultations
que j'ai pu avoir.
Pour qu'un rapport soit spécial, intérimaire ou final, il
doit par définition même faire état des travaux d'une
commission. L'ancien règlement qui fait toujours partie de nos usages
précise cette notion de rapport à l'article 446, lorsqu'il dit
qu'un comité peut, de temps à autre, faire un rapport de ses
travaux - M. le député de Marguerite-Bourgeoys si vous voulez
écouter, ça pourrait peut-être éviter d'autres
discussions - avec ou sans les dépositions ou seulement un rapport de
déposition. Comme on l'a remarqué, on dit bien: rapport de ses
travaux. L'objectif d'un rapport donc, c'est de renseigner l'Assemblée
nationale sur l'état des travaux de la commission et non pas de donner
des ordres à l'Assemblée, non pas de lui faire des suggestions,
sauf dans les cas où une commission reçoit le mandat
précis de faire des suggestions à l'Assemblée
nationale.
Les commissions ont à l'occasion exprimé des voeux
auprès de l'Assemblée nationale mais ce fut dans chaque cas par
la voie d'une motion principale et non par le biais d'un rapport
spécial. Est donc irrecevable toute motion invitant à faire
rapport dont le contenu ne concerne pas les travaux déjà
effectués par une commission. Aussi après discussion, je dois
préciser que lorsqu'on vient en commission, l'ordre de
l'Assemblée nationale est de venir étudier article par article un
projet de loi; c'est l'ordre que l'on a actuellement concernant le projet de
loi no 16.
Les travaux d'une commission commencent seulement au moment où on
étudie article par article. Tous les travaux préliminaires que
l'on fait, de préparation à la séance, ne font pas partie
du mandat de l'Assemblée nationale. Mais étant donné que
l'article 1 était appelé à ce moment-ci et que le ministre
a pris la parole le premier, si sans faire de discours, la seule chose qu'il a
exprimée c'est qu'il n'a rien à dire sur l'article 1 et qu'il en
appelait le vote, déjà l'article 1 était appelé. Si
jamais il y a une motion, nous servant de l'article 161d, 2e alinéa,
elle doit aller dans le contenu de l'article 1 du début des travaux,
parce qu'on considère les travaux", lorsque l'article 1 est
appelé. (12 heures)
Je remercie les membres de cette commission de la tolérance, de
la compréhension que vous avez eues à mon égard hier,
quant à la difficulté d'appliquer une motion qui était
tout à fait nouvelle pour l'ensemble de notre groupe et cela a permis
à la commission d'éclaircir un genre de motion dont d'autres
présidents pourront se servir pour leurs travaux futurs.
Maintenant, j'appelle l'article 1 du projet de loi 16. Donc, qui veut
parler là-dessus?
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull.
Motion pour faire un rapport spécial à
l'Assemblée
M. Gratton: M. le Président, forcément, les
règlements de l'Assemblée ne permettent pas à un
député de contester votre décision et je ne la conteste
donc pas. Je vais tenter de vous en formuler une, M. le Président, qui
répondrait aux objections qui vous ont amené à
déclarer la première motion irrecevable, et je demanderai votre
collaboration pour en arriver à la formuler de façon qu'elle soit
recevable.
Elle pourrait se lire comme suit: "Attendu que les travaux de la
commission parlementaire de l'énergie et des ressources n'ont pas permis
jusqu'à maintenant d'entendre les intéressés au projet de
loi no 16, Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec, je fais motion pour
que cette commission fasse un rapport spécial à
l'Assemblée nationale; invitant cette dernière à
récuser son ordre d'étudier après la deuxième
lecture, article par article, le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec et à se transformer en commission
itinérante pour entendre dans les régions les personnes qui
veulent un débat public sur les changements proposés par le
gouvernement relativement à la société
Hydro-Québec."
Cette motion est différente de la première, M. le
Président, en ce sens qu'elle fait maintenant référence
à l'état des travaux de la commission parlementaire. J'attirerai
votre attention sur le fait que l'article 161, deuxième alinéa,
en vertu duquel je propose cette motion, se lit comme suit: "Une commission
peut en tout temps faire à l'Assemblée des rapports
spéciaux ou intérimaires, sur une motion qui ne peut être
faite qu'une seule fois au cours d'une séance."
Nulle part, M. le Président, est-il fait mention de quelque
velléité que ce soit par rapport à l'état des
travaux de la commission, au mandat qu'elle a reçu, et c'est pourquoi,
dans le reste de la motion, je prends le texte original de la motion d'hier
pour inviter l'Assemblée nationale à récuser son ordre, le
mandat qu'elle a donné à la commission, soit de faire
l'étude article par article du projet de loi et je soumets cette
étude article par article du projet de loi à
reconsidération par l'Assemblée nationale, par le biais d'un
rapport spécial, que le règlement me permet et permet à
tout membre de la commission de faire.
Il est peut-être utile de lire l'article 161.3 qui dit:
"Toutefois, un membre d'une commission peut s'opposer au dépôt
d'un rapport fait par cette commission en
exposant brièvement les motifs de son opposition. Si le
Président juge que le rapport est entaché
d'irrégularités, il peut ordonner au rapporteur de la commission
d'y apporter les corrections requises."
Je vous ferais remarquer, M. le Président, qu'il s'agit là
d'une objection qui serait soulevée à l'Assemblée
nationale au moment du dépôt ou de la prise en
considération dudit rapport et non à un membre de la commission
au moment où la motion est présentée pour faire un rapport
spécial.
Donc, M. le Président, je pense que vous-même
reconnaîtrez que, dans sa nouvelle forme, cette motion est recevable et,
si tel est le cas, nous sommes prêts à en débattre
immédiatement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, je ne prendrai pas d'autres informations d'autres collègues,
d'autres membres. Je vais plutôt vous faire parvenir une copie de la
décision que je viens de rendre. Le fond même vient exactement
à l'encontre de la décision que je viens de rendre. Il est dit
que vous ne devez pas faire de recommandations, c'est que vous devez faire
rapport de vos travaux. C'est aussi clair que cela. Tous les ajouts que vous
avez dans une proposition, comme ce que vous présentez comme motion
actuellement répètent en gros ce que vous avez donné hier
soir. C'est pourquoi, je la déclare...
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): irrecevable. Mais je vous
conseille une chose...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... en attendant que je puisse
vous faire parvenir -parce que je sais que vous n'avez pas pu mémoriser
tout ce que je vous ai donné -copie de la décision que j'ai
rendue, c'est que toute motion qui ira dans le sens de la décision que
j'ai donnée pourrait s'avérer acceptable suivant le principe que
je vous donne de ma décision. C'est pour cela que vous en aurez le
temps, si d'autres veulent parler sur l'article un. Lorsque vous serez
prêts à présenter une nouvelle motion, vous ne perdrez pas
vos droits et on analysera la prochaine motion que vous présenterez.
Maintenant, est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent parler? Est-ce que
l'article 1 sera adopté?
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député...
Motion pour faire un rapport
intérimaire
M. Gratton: La raison pour laquelle on a formulé la motion
comme on l'a fait hier soir et comme j'ai tenté de le faire,
c'était à partir d'un précédent qu'avait
créé le président actuel de l'Assemblée nationale
alors qu'il était président de commission. Vous me dites que le
précédent ne tient pas, donc j'accepte votre décision; je
n'ai pas le choix. Mais je voudrais faire la motion suivante qui,
celle-là, je pense, va répondre à toutes vos objections.
Elle se lit comme suit: "Que cette commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale en vertu de l'article
161.2."
Est-ce que cette motion est recevable, M. le Président?
M. Grégoire: Non, M. le Président, en vertu
même de ce que vous avez dit tout à l'heure. Pour faire un
rapport...
Le Président (M. Laplante): Une minute. M.
Grégoire: C'est sur la recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Juste une minute. Vous ne me
forcerez pas à me prononcer sur une décision d'un autre
président.
En somme, vous me demandez d'analyser une décision qu'un autre
président aurait prise. Il existe une solidarité entre le
président de l'Assemblée nationale et les présidents de
commission suivant laquelle je n'ai à interpréter aucune de leurs
décisions et je ne le ferai pas aujourd'hui.
M. Lalonde: M. le Président, sur la recevabilité,
si c'est la question...
Le Président (M. Laplante): Non, il n'y a plus de
recevabilité. J'ai dit qu'elle était non...
Des voix: La nouvelle.
M. Gratton: Un instant, M. le Président. Je viens d'en
faire une nouvelle. Qu'on se comprenne bien.
Le Président (M. Laplante): Ah! La nouvelle. Je
m'excuse.
M. Lalonde: "Que cette commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale en vertu de l'article
161.2."
Le Président (M. Laplante):
Habituellement, c'est ce qu'on fait en premier.
Sur la recevabilité, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys voulait parler.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeois.
M. Lalonde: Naturellement, je pense que, d'une façon fort
docile qui en dit long sur la discipline, le député de Gatineau
s'est conformé à votre jugement. Il l'a fait d'ailleurs avec une
grande générosité et très rapidement, vous l'avez
vu; il n'y a pas eu de longue crise de conscience en attendant que le caucus
l'appuie. Enfin, je ne ferai pas de discours.
M. le Président, si vous désirez un
précédent, justement, M. Lavoie - je présume que c'est
l'ancien président de l'Assemblée nationale - faisait, le 14 juin
1978 - c'est marqué 1878, mais il doit y avoir une erreur - sur la loi
92, et je rapporte cela à la page B-5234 du journal des Débat.
"Je fais motion que la commission fasse un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale."
À la page suivante, c'est marqué: "Le président (M.
Clair): "Je déclare cette motion reçue."
Je vous ferai grâce des quelques mots qui ont
précédé et qui probablement sont les plaidoyers de
recevabilité d'un côté ou de l'autre, et cela avait
été reçu.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, ce que vient de dire
le député de Marguerite-Bourgeoys est pris hors contexte.
Il y a ceci que vous avez donné dans votre décision. Pour
qu'une telle motion soit recevable, il faut qu'on puisse faire rapport de ce
qui s'est passé. Il faut qu'il y ait un contexte dans le rapport.
Or, M. le Président, le mandat que nous avons reçu, c'est
d'étudier article par article le projet de loi no 16. On en est
arrivé à l'article 1, mais on n'a même pas encore
discuté sur l'article 1.
Une voix: Le président l'a dit.
M. Grégoire: On est arrivé à l'article 1,
mais on n'a même pas encore discuté sur l'article 1. On n'a
même pas un rapport de quoi que ce soit à faire, on n'a
adopté aucune motion, aucun amendement, aucune discussion sur l'article
1, on ferait rapport sur quoi, alors?
M. Gratton: Sur les motions qu'on a présentées et
qui ont été défaites.
M. Grégoire: Non, toutes les motions... M. Gratton:
Voyons donc!
M. Grégoire: ...qui ont été
présentées à l'heure actuelle, l'ont été
à l'époque des remarques générales...
M. Lalonde: On ferai rapport qu'on a abordé...
M. Grégoire: ...en vertu de l'article 154.2.
M. Lalonde: Si vous me permettez...
M. Grégoire: Même si on faisait un rapport, on n'a
rien sur quoi le faire. C'est là la question, à l'heure actuelle.
Qu'il y ait eu une motion présentée, débattue,
votée sur l'article 1, sur le texte même, non pas une motion
dilatoire ou de quelque nature que ce soit, mais sur le texte même de
l'article 1, mais il n'y en a pas encore eu. Quand il y en aura eu une,
là, il y aura de quoi faire rapport. Mais à l'heure actuelle, il
n'y a pas de quoi faire rapport. C'est ça, le coeur du jugement qui a
été rendu par le président de la commission à
l'heure actuelle.
M. Lalonde: Je ne sais pas si le président est prêt
à rendre à sa décision...
Le Président (M. Laplante): D'accord, je suis prêt
à rendre ma décision.
M. Lalonde: ...parce qu'il y avait une question à
laquelle...
Le Président (M. Laplante): Je suis prêt à
rendre ma décision. Je pense que la réponse, le
député de Frontenac l'a donnée lui-même, sur la
recevabilité. Lorsqu'il dit qu'il y n'a rien de fait à l'article
1, au contraire, il y a matière à rapport. Lorsque j'ai
appelé l'article 1, j'ai demandé au ministre s'il y avait des
commentaires sur l'article 1. Le ministre a dit: Pas de commentaire, j'appelle
le vote. Déjà, ça fait l'objet d'un rapport. Seulement
ça.
M. Lalonde: ...rapport...
Le Président (M. Laplante): Dès ce
moment-là, je suis obligé de juger la motion recevable, telle que
libellée, parce qu'elle correspond à l'esprit du jugement que
j'ai prononcé tout à l'heure sur la motion.
M. Duhaime: Est-ce que vous disposez des frais
vestimentaires?
Le Président (M. Laplante): Qui parle sur la motion?
Est-ce que la motion sera adoptée?
Une voix: Non.
M. Lalonde: M. le Président, c'est un rapport qui
sera...
Le Président (M. Laplante): Vous parlez sur la motion?
M. Lalonde: Sur la motion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la motion, M. le Président.
M. Duhaime: Je m'excuse auprès du député de
Marguerite-Bourgeoys, je voudrais être certain que je suis bien. La
motion est donc recevable...
Le Président (M. Laplante): Oui, elle est
reçue.
M. Lalonde: Elle est reçue.
M. Duhaime: Est-ce que vous lui donnez un droit de parole sur le
contenu du rapport qui fait l'objet de la motion ou s'il a un droit de parole
sur la motion, une fois déclarée recevable?
Le Président (M. Laplante): Je vous mets en garde
là-dessus, parce qu'il faudrait être assez sévère.
Ce sera seulement sur les travaux de l'article 1...
M. Lalonde: C'est ça. M. Duhaime: Ah bon!
M. Grégoire: ...sur le seul mot du ministre...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: ...à savoir qu'il n'avait pas de
commentaire à faire.
M. Lalonde: Et ce qui est scandaleux, M. le Président.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse, mais pour
préciser...
Le Président (M. Laplante): Écoutez...
M. Grégoire: C'était très important, ma
question, M. le Président.
M. Gratton: ...le rapport intérimaire qu'on fera à
l'Assemblée nationale devra faire état aussi des motions
présentées et débattues?
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Gratton: Bien, le secrétariat des commissions, M. le
Président, a quand même confectionné le rapport et...
Le Président (M. Laplante): Monsieur... M. Gratton:
...et il existe, le rapport.
Le Président (M. Laplante): ...vous discutez de la
décision que j'ai prise tout à l'heure sur l'autre motion,
lorsque j'ai ajouté les mots: "Les travaux d'une commission commencent
au moment où l'article 1 est appelé." C'est clair.
M. Gratton: Voyons donc.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, question de
règlement?
M. Duhaime: Non, je voudrais m'assurer d'une chose. Après
nos travaux, comme vous le savez, nous relisons tous les propos qui sont
échangés ici, grâce au travail très rapide qui est
effectué à la transcription. Je crois, M. le Président,
que tout à l'heure, vous m'avez prêté des propos dont je ne
suis pas certain d'être l'auteur. Vous avez rappelé que lorsque
l'article 1 avait été adopté, j'aurais
déclaré: Pas de commentaire.
Une voix: Non, vous avez dit adopté.
M. Duhaime: Oui, voilà. Ce n'est pas dans mon habitude de
dire: Pas de commentaire. Ce n'est pas ma façon de m'exprimer. Quand le
président a appelé l'article 1, j'ai simplement dit:
Adopté.
M. Grégoire: C'est tout ce qu'il fallait dire...
M. Duhaime: Si on avait, aujourd'hui, à rédiger un
rapport, indépendamment des motions préliminaires, inutiles et
dilatoires, sur le contenu de l'étude du projet de loi, il faudrait
simplement inscrire que le ministre de l'Énergie et des Ressources,
à l'appel de l'article 1, a déclaré: "Adopté."
Si je comprends bien, le député de Marguerite-Bourgeoys
doit maintenant expliquer à la commission le contenu du rapport qui,
jusqu'à présent, n'aurait qu'un seul mot: Adopté. Je pense
que le député de Gatineau est d'accord avec le fait que j'aurais
prononcé le seul mot: Adopté.
M. Gratton: Sous réserve de relire les
débats...
M. Lalonde: M. le Président, je demande la suspension de
la commission pour qu'on fasse venir la transcription, je n'étais pas
ici...
Le Président (M. Laplante): Non, non.
M. Lalonde: ...j'étais à un débat à
l'Assemblée nationale hier soir...
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner un indice
là-dessus...
M. Grégoire: L'absence d'un député ne
justifie jamais un ajournement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ...pour ne pas
s'enfarger...
M. Duhaime: Mes propos sont confirmés par votre
collègue, monsieur. (12 h 15)
Le Président (M. Laplante): ...dans les virgules sur ce
qu'on n'a pas fait jusqu'à maintenant. Lisez l'article 1 au complet.
Vous dites que, lorsque le ministre a demandé le vote, il n'avait rien
à dire. Vous pouvez faire rapport aussi à l'Assemblée
nationale. Pourquoi n'a-t-il rien à dire sur la Loi sur
l'Hydro-Québec? Vous en avez assez pour parler. L'article 1 est assez
étendu pour que vous puissiez faire des bons discours de trois ou quatre
minutes.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Vous commencez à parler
sur l'article?
M. Lalonde: Non, sur la question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Lalonde: J'ai entendu vos derniers propos, je ne suppose pas
que vous venez de limiter notre droit de parole à deux ou trois minutes.
Nous avons, en vertu de l'article 160, chacun vingt minutes pour nous
exprimer.
Le Président (M. Laplante): Vous connaissez la
subtilité...
M. Lalonde: Sur la question de règlement aussi, sur le
point soulevé par le ministre, à savoir qu'on ne doit discuter
que sur le mot "adopté" qu'il aurait murmuré à votre
invitation de faire des commentaires sur l'article 1. J'aimerais attirer votre
attention sur le précédent que j'ai mentionné tout
à l'heure. Je suis en train de feuilleter, de parcourir la discussion
qui avait eu lieu sous la présidence éclairée de M. Clair.
Excusez-moi, il n'y a sûrement pas de jeu de mots, c'est une
coïncidence. Je suis rendu à la vingtième page du
débat. On a parlé de toutes sortes de choses. Mais on m'a
rapporté hier soir que vous aviez appelé l'article 1 et vous
auriez demandé au ministre s'il avait quelque chose à dire. C'est
seulement la transcription des débats d'hier soir qui pourrait nous
confirmer cette chose. Je n'étais pas ici, je l'ai dit tantôt, ce
n'est peut-être pas une bonne raison, j'étais en Chambre pour
l'étude du projet de loi 40. C'est important, parce que le rapport que
nous voulons faire est provoqué par le mutisme du ministre, en grande
partie. C'est un rapport qui va sûrement exprimer ce que le ministre a
décidé, c'est-à-dire de ne rien dire. J'aimerais que vous
nous disiez, sur la question de règlement, avant que je n'entame mon
plaidoyer, si nous pouvons quand même argumenter, apporter des exemples,
faire référence à des faits qui se sont passés soit
ici soit à l'extérieur, pour démontrer qu'il est urgent
que cette commission fasse rapport à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): Je pense que je n'ai pas
beaucoup de leçons à vous donner dans la façon de mener
vos interventions. Vous avez très bien saisi le sens des directives que
j'ai données. C'est certain que je ne vous imposerai pas dans le journal
des Débats 50 pages non écrites, 50 pages blanches. C'est
sûr. Maintenant, si vous voulez commencer à parler sur votre
motion...
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement, sur une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: On a réussi à vous satisfaire quant
à la recevabilité du libellé de la motion de rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale, en vertu de l'article
161.2. Je pense bien que vous ne nous dites pas d'ores et déjà,
avant qu'on entame la discussion de fond sur cette motion, qu'on devra limiter
tout le débat au mot "adopté" qu'a prononcé ou qu'on
suppose que le ministre a prononcé, parce qu'en fait il faudrait voir le
journal des Débats pour s'assurer qu'il n'a pas dit autre chose. Voici
la raison profonde de notre motion. Nous avons présenté un
certain nombre de motions, notamment une motion pour accorder le droit de
parole à chaque membre de l'Assemblée nationale, plutôt
qu'aux seuls membres de la commission; deuxièmement, une motion pour
entendre le vice-président aux finances d'Hydro-Québec et un
certain nombre d'autres organismes qu'on a inclus dans la motion; ensuite, pour
exiger la présence du ministre des Finances pour qu'il vienne fournir
les informations nécessaires avant qu'on aborde l'étude de
l'article 1.
Ces trois motions ont été longuement débattues et
ont finalement fait l'objet d'un vote. Elles ont été
rejetées par la majorité ministérielle. C'est ce rejet par
la majorité ministérielle qui nous amène aujourd'hui
à recourir à l'article 161.2, à la possibilité de
faire un rapport intérimaire afin d'atteindre les buts que nous visions
par la présentation
des trois motions que je viens de mentionner, c'est-à-dire
éclairer le plus possible les membres de la commission pour qu'ils
puissent procéder à l'étude article par article du projet
de loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, c'est sûr que, dans une motion comme celle-là, je ne
pourrais pas vous empêcher de faire référence à des
choses semblables, mais je pense que vous devez laisser le président, au
moment de vos interventions, être le juge d'une intervention que vous
allez faire. Il est celui qui vous dira si vous allez à l'encontre du
règlement ou non. Je pense que tout cela est
prématuré.
M. Gratton: À condition qu'on s'entende là-dessus,
M. le Président, c'est tout ce que je voulais élucider avant
qu'on entame le débat sur la motion.
Le Président (M. Laplante): On pourrait piétiner
toute la journée là-dessus.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, justement, seulement pour conclure, parce qu'on voudrait
accélérer un peu les travaux... Cela semble patauger. Je
comprends que vous allez accepter que chacun des députés des deux
côtés de la table invoque ses sentiments, ses raisons d'appuyer ou
de ne pas appuyer cette motion, parce que, sans cela, cela irait à
l'encontre de l'esprit et même de la lettre du règlement.
Le Président (M. Laplante): C'est tout à fait
normal. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, c'est à vous
la parole. Il est 12 h 21. M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Question de règlement. Je voudrais que vous
m'expliquiez, M. le Président, s'il vous plaît, comment vous avez
pu juger recevable cette proposition, puisque, d'une part, vous avez dit que
notre mandat...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly, je vais vous arrêter tout de suite. En somme, vous vous trouvez
à revenir sur la décision d'un président. C'est une forme
de contestation de la décision. On ne peut pas, à une
commission...
M. Tremblay: Non...
Le Président (M. Laplante): ... discuter du fond d'une
décision. C'est ce que vous faites actuellement. Vous demandez de
rouvrir le débat. C'est passé. On voulait savoir comment on
pourrait parler sur une telle motion; les directives sont données et la
parole est au député de Marguerite-Bourgeoys, à 12 h
23.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Gatineau m'a exprimé son désir d'intervenir immédiatement.
C'est sa motion et je lui laisse la parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir que j'aborde enfin cette motion que je tente
désespérément de faire débattre. D'ailleurs, elle a
été en quelque sorte débattue pendant au moins une heure
ou une heure et demie hier, avant que vous ne la déclariez irrecevable a
posteriori. C'est bien comme cela qu'on le dit?
Une voix: Oui.
M. Gratton: M. le Président, je répète un
peu ce que je disais tantôt, très brièvement, avant
d'aborder le fond. Qu'est-ce qui nous amène, à ce moment-ci de
nos travaux, avant d'aborder l'étude de l'article 1 du projet de loi no
16, à demander...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, le député est
en train de nous induire en erreur malgré lui. Il dit: Avant le
début de l'étude de l'article 1. Je m'excuse, mais on a
commencé à étudier l'article 1.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je peux corriger pour satisfaire les
appréhensions du député de Chambly et dire qu'avant que
nous n'abordions la discussion de fond du contenu de l'article 1... Est-ce que
cela est mieux?
Nous choisissons à ce moment-ci, avant d'aborder la discussion de
fond de l'article 1, de présenter cette motion pour inviter la
commission parlementaire à faire rapport à l'Assemblée
nationale, disant qu'on n'a pas commencé la délibération
du fond de l'article 1, parce que, tout au cours des trois jours qu'ont
duré nos travaux jusqu'à maintenant, on a été
empreint d'une volonté et d'une seule volonté qui est très
claire. C'est de faire en sorte que les membres de la commission soient
suffisamment informés, obtiennent suffisamment d'information, d'une
part, de la part des experts. C'était le but de notre motion qui
invitait le vice-président responsable des finances
d'Hydro-Québec et une quinzaine d'organismes. On se rappellera que c'est
le député de Châteauguay qui a présenté un
amendement à cette motion de venir comparaître devant la
commission de
façon à fournir les informations susceptibles de mieux
éclairer les membres de la commission.
De plus, il y avait un deuxième but, c'était d'associer la
population à la démarche qu'entreprend le gouvernement en
soumettant à l'étude de l'Assemblée nationale le projet de
loi no 16. Je ne répéterai pas, M. le Président, notre
appréhension, nous de l'Opposition, vis-à-vis de la tournure, du
virage qu'on veut faire avec cette société d'État qu'est
Hydro-Québec, de la transformer, en quelque sorte, en un percepteur
d'impôts, d'impôts indirects, mais d'impôts quand même.
Nous considérons qu'il est essentiel, comme on l'avait
considéré en 1962, au moment où le premier ministre actuel
avait convaincu - sans aucun doute avec très peu de difficulté -
le gouvernement libéral d'alors, sous la direction de M. Jean Lesage,
non seulement de former une commission itinérante pour aller
sensibiliser la population à cette volonté du gouvernement de
nationaliser les compagnies privées d'électricité, mais
aussi de les associer à la démarche. On ne s'était pas
limité, à ce moment-là, à une simple commission
itinérante, on avait même cru bon de déclencher une
élection générale là-dessus.
Ce que nous disons à ce moment-ci, 20 ans plus tard, c'est qu'au
moment où on veut changer la vocation même d'Hydro-Québec,
au moment où on veut imposer à HydroQuébec une vocation
qui est tout à fait différente de celle que les 5 600 000
citoyens québécois lui avait donnée lorsqu'ils ont
élu le gouvernement libéral de M. Lesage en 1963, ces
mêmes, non pas 5 600 000, mais maintenant 6 000 000 de
Québécois, actionnaires, seuls propriétaires, comme on se
plaît à le répéter, d'Hydro-Québec ont
maintenant voix au chapitre, ont droit de s'exprimer. On a tenté de
présenter une motion qui aurait permis à chaque
député de l'Assemblée nationale, aux 122
députés de l'Assemblée nationale, non pas seulement aux
membres de la commission mais à tous les députés, au moins
de se faire entendre devant la commission. M. le Président, le rationnel
derrière ça était que si la population n'est pas
invitée à voter dans une élection
référendaire ou si elle n'est pas invitée à
s'associer à la démarche du gouvernement par le biais d'un
référendum, qu'on permette au moins à leurs porte-parole,
à leurs représentants, les 122 députés à
l'Assemblée nationale, de s'exprimer en leur nom. Cette motion-là
aussi a été défaite par la majorité
ministérielle.
À un moment donné, on s'est dit: Alors, au minimum, au
strict minimum, qui est le responsable de la présentation du projet de
loi no 16? C'est le ministre des Finances, qui a besoin d'aller chercher
à Hydro-Québec, à titre de ce qu'on appelle des
redevances, 75% des profits engendrés par les activités
d'Hydro-Québec. Mais expliquez moi donc ce qu'est la loi.
M. Duhaime: Quand on sera rendu à l'étude article
par article, plus vite possible on va y arriver, on va vous l'expliquer, parce
que ce n'est pas exact, ce que vous dites.
M. Gratton: Alors, on va y aller, M. le Président.
M. Duhaime: Le député d'Outremont pourrait vous
expliquer ça, il connaît bien la mécanique de la loi.
M. Fortier: ...une réponse.
M. Duhaime: Prenez un lunch ensemble.
M. Gratton: M. le Président, aller chercher 75%, chose
certaine, d'aller chercher une somme assez considérable, des milliards
de dollars à même les produits d'Hydro-Québec, ce qui
constitue à notre avis une taxe déguisée, M. le
Président. (12 h 30)
Donc, on s'est dit: Le vrai parrain de ce projet de loi, le ministre des
Finances, devrait au moins être présent à la commission
parlementaire pour fournir les informations nécessaires. Cette
motion-là a aussi été défaite par la
majorité ministérielle. M. le Président, il n'y a plus
d'autres moyens. Vous avez déclaré que toute autre motion dite
préliminaire serait déclarée irrecevable en citant une
décision fort judicieuse, fort savante, qui avait été
faite par un de vos prédécesseurs en 1974 et à laquelle on
s'est plié de bonne grâce.
Donc, que restait-il comme démarche possible pour l'Opposition?
Faire la motion qui est présentement devant la commission en vertu de
l'article 161.2 c'est-à-dire, de faire un rapport spécial
à l'Assemblée nationale pour l'inviter, dans un premier temps,
à récuser le mandat de la commission, c'est-à-dire de
mettre fin au mandat que cette commission a de procéder à
l'étude article par article du projet de loi no 16 et pour transformer
la commission en commission itinérante pour entendre tous les
intéressés, que ce soient des organismes, que ce soient des
personnes morales ou physiques, non seulement les entendre mais
également, par le biais des travaux de cette commission
itinérante, mieux informer la population sur les implications, sur les
conséquences directes du projet de loi no 16 tant sur le plan financier,
sur le plan des impôts qu'on ira chercher dans la poche des contribuables
que dans les implications sur l'administration, l'impact sur les plans
d'investissement d'Hydro.
Ce sont donc, en résumé, les raisons qui m'ont
amené à proposer cette motion et
j'inviterais, à ce moment-ci, les membres de la majorité
ministérielle à se rendre à l'évidence criante
qu'il nous faut associer la population à la démarche
gouvernementale et que, compte tenu des circonstances, compte tenu de
l'état des travaux de notre commission, la seule façon possible
est d'adopter la motion qui . est présentement devant la commission.
M. le Président, pouvez-vous m'indiquer combien il me restera de
temps si je souhaitais intervenir à nouveau?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur. Il vous reste
13 minutes.
M. Gratton: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le député de Nelligan me fait
signe...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lalonde: C'est pour m'éclairer, je ne sais pas au juste
comment faire, il y a beaucoup de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je voudrais appuyer la motion
de mon collègue au sujet de la référence de la question
à l'Assemblée nationale, pour les mêmes raisons qu'il a
citées, soit que nous cherchons ici à ce que les contribuables -
ceux qui seront affectés par cette loi directement - soient
informés des conséquences pour eux, à long terme, de
l'imposition de la loi et, en fait de l'imposition d'une taxe indirecte.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président. Je pense qu'il serait dans l'ordre que le
député qui s'exprime dise pourquoi il faudrait faire un
rapport.
M. Lincoln: J'étais dans le...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Gratton: C'est ce qu'il disait.
M. Lincoln: C'est ce que j'étais en train de formuler. Je
ne peux pas dire ça en deux minutes, surtout et spécialement au
député de Chambly. Je devrais dire que ce n'est pas une question
qui se dit en blanc et noir, il faut développer nos arguments. Ce que je
voulais dire, c'est que jusqu'à présent, on pense que la chose a
été faite à la vapeur et qu'il faut un rapport à
l'Assemblée nationale pour nous permettre d'avoir notre mécanisme
pour apporter les deux suggestions qui ont été faites dans des
motions préliminaires soit la première, que des informations de
spécialistes sur toute cette question nous soient fournies et que toute
la portée de cette loi soit expliquée aux représentants de
la population, aux députés et aux contribuables
eux-mêmes.
Il semblerait, d'après les informations que nous avons
récoltées auprès du public, que de la façon que
cette loi été présentée...
Le Président (M. Laplante): Je sais que vous n'avez pas
une grande expérience encore des commissions parlementaires sur le genre
de débat que l'on fait là actuellement. Je vous demanderais
d'être pertinent, de parler surtout sur la motion de base qui est
là, pourquoi un rapport de l'Assemblée nationale à ce
moment-ci.
M. Lincoln: Oui.
M. Lalonde: M. le Président, si vous le permettez, sans
contester vos remarques, il faudrait quand même laisser entendre au
député de Nelligan qu'il peut invoquer n'importe quelle raison
qui le motive, lui, à appuyer ou à ne pas appuyer cette motion.
Quelles que soient ces raisons-là, aussi étranges qu'elles
puissent paraître à l'un ou l'autre d'entre vous, si ce sont des
motifs personnels, ça peut être des choses qui semblent tout
à fait étrangères au débat que nous faisons, mais
si lui...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, il ne faut pas aller trop loin parce qu'on va changer de
position tous les deux.
M. Lalonde: Naturellement, ça ne veut pas dire que je suis
pour la motion parce qu'il y a...
Le Président (M. Laplante): Je pense qu'en écoutant
le député de Nelligan, je ferai preuve de tolérance, c'est
ce que je fais depuis le début. Mais j'aimerais par exemple qu'il se
concentre autant que possible sur la motion; c'est ce que j'ai demandé,
rien de plus.
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, je veux vous remercier de
votre tolérance parce que, comme vous avez expliqué
vous-même, étant un nouveau député, je suppose que
je ne connais pas les rouages techniques aussi bien que vous. Je le reconnais.
Justement, pour cette raison, j'espère que vous allez m'offrir un peu de
latitude pour essayer d'exprimer la
raison pour laquelle j'appuie la motion de mon confrère de
Gatineau.
J'appuie la motion de mon confrère de Gatineau pour deux motifs
principaux. Ce rapport, cette motion de rapport à l'Assemblée
nationale, je peux la lire: Que cette commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale en vertu de l'article
161.2. Je vais prendre mon temps pour lire cet article, c'est important de bien
situer les choses. Alors, le 161.2 dit: "Une commission peut en tout temps
faire à l'Assemblée des rapports spéciaux ou
intérimaires, sur une motion qui ne peut être faite qu'une seule
fois au cours d'une séance."
Alors, il me semble que 161.2, et je dois admettre que je n'ai pas vu
votre avis sur cette question... Ah! oui, excusez-moi, je l'ai là devant
moi. Il me semble que cet article 161.2 me donne une latitude quelconque pour
présenter un argument qui aurait pour base que la
référence, la raison pour laquelle nous avons
présenté cette motion. Nous pensons que tout le processus
d'arriver à ce stade de la loi no 16 a été fait tellement
rapidement que les informations nécessaires aux gens qui sont ici en
commission et au public en général n'ont pas été
complètes. Cela nous donnera l'occasion par le biais de ce rapport
à l'Assemblée nationale d'ouvrir le débat, chose qu'il est
tout à fait nécessaire de faire.
Il y a la question d'abord des informations et ensuite, la question des
objectifs mêmes d'Hydro-Québec dont parlait mon collègue de
Gatineau. Cette question des objectifs d'Hydro-Québec, vous l'avez
sûrement reconnue pertinente parce que j'ai remarqué que lorsque
le député de Gatineau en a parlé, vous ne l'avez pas
interrompu, vous n'avez pas déclaré ses questions non
pertinentes. Donc, je pense que je peux revenir à la question des
objectifs principaux d'Hydro-Québec.
Lors de sa fondation dans les années soixante et la
nationalisation, les objectifs d'Hydro-Québec étaient les
suivants: Une société d'État contrôlée par
chacun des 5 600 000 de Québécois; deuxièmement, une
société dont le but est de fournir de l'électricité
au taux le plus bas possible. Or, comme l'a souligné mon collègue
de Gatineau, ces deux objectifs principaux des années soixante ont
été complètement oblitérés par le projet de
loi qui nous est présenté, selon lequel on voudrait changer toute
la structure d'Hydro-Québec, la possession par les contribuables - les 5
600 000 d'alors et les 6 300 000 d'à présent - pour en faire une
société à capital-actions qui sera contrôlée
presque totalement par le gouvernement du Québec. Alors, cette question
est pour nous tellement fondamentale que nous cherchons par les moyens qui nous
sont fournis par le règlement de l'Assemblée nationale à
apporter devant l'Assemblée nationale et le public
québécois, les présents actionnaires
d'Hydro-Québec, le fait que les objectifs fondamentaux
d'Hydro-Québec sont en train d'être biaisés, sont en train
d'être amendés fondamentalement par le projet de loi no 16. Nous
cherchons donc que ce rapport se fasse à l'Assemblée nationale et
nous donne la latitude d'ouvrir tout ce débat sur la question des
objectifs d'Hydro-Québec. C'est pour cette raison donc, que je voudrais
appuyer à 100% la motion de mon collègue de Gatineau.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ...30 et 42, M. le
député d'Outremont.
Une voix: Combien de temps reste-t-il au député
de...
Le Président (M. Laplante): Neuf minutes.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais parler en faveur
de cette motion qui demande à la commission de faire un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale et j'aimerais dire
pourquoi. Nous savons tous que la commission, comme toutes les autres
commissions, est maîtresse de ses travaux. Ici, je vois à
l'article 143 qu'une commission peut nommer un comité directeur et des
sous-commissions composés de quelques-uns de ses membres; à
l'article 147, qu'on peut déclarer le huis clos. Alors, il est de
connaissance générale que la commission devrait pouvoir
s'entendre sur l'organisation de ses travaux. Le ministre s'interrogeait hier
en disant: Je ne comprends pas ce qui se passe, depuis lundi nous sommes ici,
nous n'avons pas encore abordé l'article no 1. M. le Président,
c'est un constat d'échec, la commission n'a pas pu s'entendre sur la
meilleure façon d'organiser ses travaux pour étudier un projet de
loi qui est extrêmement important et auquel, je crois, tiennent beaucoup
le ministre des Finances et peut-être même le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Lalonde: Je n'en suis pas sûr.
M. Fortier: II n'a pas encore parlé en faveur de son
projet de loi. Nous allons entendre ses commentaires plus tard. C'est un
constat d'échec, parce que, pour étudier un projet de loi aussi
important, il nous aurait semblé que nous aurions dû avoir des
informations plus pertinentes, nous aurions dû avoir des informations qui
nous seraient venues des différents secteurs de la
société
québécoise, des syndicats, de la CSN, de la FTQ, de la
CEQ, des différentes associations patronales et des différentes
associations qui regroupent les citoyens qui veulent s'exprimer sur ce projet
de loi. Vous le savez, M. le Président, la plupart de ces associations
ont manifesté le désir de s'exprimer. D'ailleurs, je vous
rappellerai que c'est la raison pour laquelle, dans un esprit tout à
fait ouvert et positif, nous avons fait plusieurs propositions. Nous en avons
même fait des motions, c'était plus que des suggestions, M. le
Président, c'étaient des motions qui demandaient à la
commission de procéder de telle et telle façon de manière
que notre travail soit le plus productif possible.
Je vous rappellerai en particulier certaines motions pour entendre les
députés de toute l'Assemblée nationale. Certains d'entre
nous, je pense aux députés de Gatineau et de
Marguerite-Bourgeoys, ont étudié le projet de loi en profondeur.
Je sais bien qu'autour de la table il y a également le
député de Frontenac. Mais nous ne croyons pas que ceux qui sont
autour de la table ont assez d'information pour nous éclairer à
un tel point que nous pourrions étudier ce projet de loi. (12 h 45)
Nous avons commencé bien sûr, vous avez appelé
l'article no 1, mais nous n'avons pas encore commencé à
étudier ce projet de loi dans tous ses détails. Ceux qui l'ont
étudié, et je dois vous aviser que les membres de la
députation libérale l'ont fait, savent pertinemment qu'ils ont
besoin d'aide et qu'ils ont besoin d'information, ce qui leur manque
présentement. C'est la raison pour laquelle, comme je le disais, nous
voulions entendre les différents députés. Je vous
rappellerai l'autre motion qui était d'entendre le vice-président
aux finances d'Hydro-Québec, motion qui a d'ailleurs été
amendée avec beaucoup de justesse par le député de
Châteauguay pour faire en sorte qu'à peu près tout le monde
au Québec, les citoyens, les différentes associations ainsi que
les différents groupes qui sont intéressés à ce
projet de loi puissent se faire entendre. D'ailleurs, avec beaucoup de
justesse, le député de Marguerite-Bourgeoys avait
sous-amendé cette motion dans le sens d'entendre sur une base
prioritaire des organismes, des syndicats et des individus de façon
à faire en sorte que les travaux de notre commission puissent
fonctionner d'une façon ordonnée et, finalement, que nous
puissions avoir l'information dont nous avions besoin.
Juste pour conclure sur ces différentes motions qui ont
été présentées, malheureusement, elles ont
été refusées et nous avons été très
déçus du refus exprimé par les députés du
parti ministériel de ne pas permettre à la commission de
s'organiser de telle façon que nous puissions être
éclairés et obtenir l'information financière et
socio-économique dont nous avons besoin pour porter un jugement sur ce
projet de loi.
Comme vous le savez également, nous avions proposé
à l'intérieur de ces motions qu'il y ait un débat public.
Je vous rappellerai, M. le Président, qu'hier soir, je crois, le
ministre nous a dit avec beaucoup de justesse les nombreuses raisons pour
lesquelles nous devrions avoir un débat public. Ce qu'il a dit, dans un
sens, c'est qu'il y a beaucoup d'information dans le domaine
énergétique et non pas dans le domaine électrique. Je
crois qu'il avait parfaitement raison à ce sujet; il faut faire en sorte
que la population puisse s'exprimer. D'ailleurs, je rappellerai au ministre que
nous n'avons jamais pensé que nous pourrions avoir un débat
public uniquement sur l'électricité, puisque ceci avait
été noté dès la commission parlementaire des mois
de février et mars derniers et qu'il fallait en toute
honnêteté évaluer les problèmes dans le domaine de
l'électricité et dans le domaine de
l'hydroélectricité en fonction des autres formes
d'énergie.
D'ailleurs, le livre blanc qu'un des ministres qui a
précédé celui qui est ministre de l'Énergie et des
Ressources maintenant a publié en 1978 indigue clairement que les
différentes formes d'énergie au Québec doivent
évoluer de telle façon que la dépendance du pétrole
diminue considérablement. Je crois qu'on s'entend tous sur cet objectif
à long terme, que la proportion du gaz puisse s'accentuer, mais je vous
rappellerai quand même que ce livre blanc demandait que la part de
l'électricité devienne beaucoup plus déterminante. En
fait, on signalait que la participation de l'électricité...
M. Tremblay: Question de règlement.
M. Fortier: ... qui était de 25% devait passer à
quelque 45%.
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais savoir en quoi
le discours...
M. Fortier: J'y arrive, M. le Président.
M. Tremblay: ... est pertinent avec le besoin d'un rapport
à l'Assemblée nationale à ce point.
M. Fortier: C'est exactement cela. Je fais un tour d'horizon,
c'est peut-être un peu trop savant pour le député de
Chambly, je m'en excuse mais quand même...
M. Tremblay: Je dirais que c'est trop incohérent.
M. Fortier: C'est très cohérent mais je dois
admettre que c'est un peu technique. Je
vais essayer finalement de faire en sorte que les conclusions
démontrent d'une façon décisive qu'il faut faire un
rapport intérimaire à l'Assemblée pour que
l'Assemblée constate que nous n'avons pu nous entendre et que nous
manquons d'information pour faire un travail sérieux. Ce sera à
l'Assemblée à ce moment-là de déterminer si elle
veut que la commission poursuive ses travaux, même si l'information fait
défaut, et si elle veut que nous fassions un travail qui ne serait pas
aussi important ni aussi pénétrant que celui qui aurait dû
être fait dans les circonstances, compte tenu de l'importance
d'Hydro-Québec.
J'espère que le député de Chambly a compris le tour
d'horizon que je suis en train de faire pour démontrer que nous devons
dans notre rapport expliciter les nombreuses raisons pour lesquelles nous
n'avons pu nous entendre autour de cette Chambre pour organiser notre travail.
Mais là où je crois que le ministre faisait défaut hier
dans son argumentation, c'est lorsqu'il disait: Bien sûr, il faudrait
considérer non seulement l'électricité, mais il faudrait
aussi considérer le pétrole et le gaz. Je suis tout à fait
d'accord avec le ministre sur ce point. Mais comment pouvons-nous tenter de
justifier le projet de loi no 16 qui aura un impact considérable sur
Hydro-Québec, même si on peut différer d'opinions, savoir
s'il est dans les meilleurs intérêts du Québec de faire en
sorte qu'Hydro-Québec soit un percepteur d'impôt à partir
de maintenant? Là-dessus, nous aurons le débat un peu plus
tard.
Il n'en reste pas moins que je crois qu'on s'accorde, d'un
côté de la Chambre comme de l'autre, pour dire que ce projet de
loi aura un impact déterminant sur les coûts de
l'électricité. Nous en avons fait état en commission
parlementaire, le ministre l'a dit, le président du conseil
d'Hydro-Québec l'a dit, le vice-président aux finances
d'Hydro-Québec l'a mentionné également, il est bien
certain que le projet de loi 16, même si le texte de chacun de ces
articles ne fait pas allusion à la tarification, aura un impact
financier sur Hydro-Québec, compte tenu des contraintes d'emprunt, des
contraintes des marchés étrangers, des problèmes de
financement qui sont créés à de nombreuses compagnies.
Compte tenu de ces impacts, il est impossible, pour nous, d'étudier le
projet de loi no 16 d'une façon isolée, en ne prenant pas en
considération les autres formes d'énergie.
C'est là où je dois être d'accord avec le ministre
sur son évaluation du débat public et nous le rejoignons
là-dessus, d'ailleurs. C'était l'opinion que nous avions
exprimée en commission parlementaire en février, juillet et
août. Mais là où nous sommes en désaccord - c'est
là, je crois, le coeur du problème - c'est quand on nous demande
d'étudier un projet de loi qui va influencer l'avenir
énergétique du Québec d'une façon
déterminante, alors que justement, nous ne pouvons pas placer le projet
de loi no 16 et l'impact qu'il aura sur Hydro-Québec sur l'ensemble des
problèmes énergétiques du Québec. Cela me semble
une aberration que l'on puisse demander à des parlementaires, de prendre
une décision comme celle-là, sans avoir un minimum d'information
qui nous permettrait de justifier le projet de loi no 16 et les
différents articles, de mesurer, d'une façon plus précise,
l'impact qu'il aura sur HydroQuébec, sur la tarification.
Je vous rappellerai, M. le Président, que nous avions
mentionné les conclusions d'une étude préliminaire, j'en
conviens, de l'expert en fiscalité qu'est Marcel Bélanger. On
nous a dit: Nous ne pouvons pas faire confiance à cette personne. Je dis
que c'est une raison de plus pour laquelle nous devons convoquer à cette
table des gens qui seraient reconnus, de part et d'autre de cette Chambre, tout
à fait objectifs, qui nous permettraient de mesurer l'impact financier
que la loi no 16 pourrait avoir sur HydroQuébec et sur la
pénétration de l'électricité au Québec.
Je crois que je dois le mentionner, compte tenu du fait que le ministre
se référait justement au livre blanc de 1978. Comme je viens de
le dire, on favorisait une pénétration de
l'électricité qui devait aller jusqu'à 45% du bilan
énergétique, alors que présentement, nous en sommes
à 23% ou 24% du bilan énergétique. On est en droit de se
demander si le projet de loi no 16 ne créerait pas justement une
situation où cet objectif du gouvernement qui correspondait, dans une
très grande mesure aux voeux de l'Opposition, tout cet objectif et toute
cette politique énergétique, pour l'ensemble de la
communauté québécoise se trouvent remis en question.
Je dis mon accord avec le ministre lorsqu'il dit que le débat
public devrait être très ouvert, je suis en désaccord avec
le ministre lorsqu'il nous demande d'étudier un projet de loi qui va
avoir un impact déterminant sur les coûts
d'électricité, pour les raisons que je viens d'indiquer, qui sont
bien évidentes. Comment peut-on passer du particulier à
l'universel? Il m'aurait semblé que les parlementaires auraient dû
être éclairés sur l'ensemble des problèmes
énergétiques, à l'aide d'économistes, à
l'aide d'ingénieurs, à l'aide des experts des différentes
professions, qui pourraient éclairer l'Assemblée nationale sur
ces problèmes pour que finalement nous puissions dégager des
conclusions sur les orientations du plan de la tarification qui devrait
s'appliquer, soit au gaz, soit à l'électricité, soit aux
autres formes d'énergie. Nous n'en sommes pas là. Le gouvernement
prend des décisions unilatérales et le projet de loi no
16 est une décision unilatérale. C'est la raison pour
laquelle nous avons eu énormément de difficultés à
nous entendre sur la façon dont doivent s'organiser les travaux de la
commission.
Sur le débat public, on aurait pu en discuter également.
Le ministre disait hier: Je me demande si ce serait pertinent de faire en sorte
que la mission d'un débat public soit donnée à une
commission parlementaire. Je dois avouer qu'à la lumière des
discussions de cette semaine, où nous n'avons pas pu nous entendre de
part et d'autre, où la députation libérale a fait des
recommandations extrêmement positives pour que cette commission
parlementaire puisse travailler d'une façon ordonnée et
scientifique - j'insiste beaucoup sur le mot "scientifique" - je me demande si
le ministre n'a pas raison de se poser la question suivante: Est-ce que
l'Assemblée nationale ne devrait pas prendre la décision de
confier ce débat public ou l'étude du projet de loi no 16
à un organisme qui ne serait pas une commission parlementaire, mais qui
pourrait être une régie? Je me pose la question. Le ministre a dit
que ses réflexions n'étaient pas terminées sur ce sujet.
Je lui demande de nous faire part de ses réflexions d'une façon
un peu plus pertinente et d'une façon un peu plus précise,
puisqu'il est connu que le ministre Bérubé, qui était
ministre de l'Énergie et des Ressources avant lui, avait
réfléchi pendant plusieurs mois pour arriver à une
réflexion finale lors de la commission parlementaire du mois de
février et début de mars. Il avait annoncé à ce
moment sa détermination de faire des recommandations précises sur
la façon dont le débat public devrait se faire. Depuis ce temps,
le nouveau ministre a continué ses réflexions, qui avaient
été entamées par le ministre précédent, pour
nous dire maintenant que ses réflexions ne sont pas
terminées.
M. le Président, je me demande pendant combien d'années le
ministre devra continuer ses réflexions pour pouvoir faire à
cette commission ou à l'Assemblée nationale des recommandations
plus précises. Je me demande si le ministre nous dit toute la
vérité. Je ne peux comprendre qu'un ministre de l'Énergie
- je crois que le ministre a eu le temps d'étudier ses dossiers, il est
vrai qu'à l'origine il avait quelques difficultés à
maîtriser la situation, mais maintenant on voit qu'à l'aide de ses
fonctionnaires et de ses sous-ministres, qui ont l'air d'être
extrêmement compétents, il est en mesure de nous parler de la
situation d'une façon plus éclairée.
Laissez-moi terminer, M. le ministre. Ce que j'aimerais dire, c'est que
nous aimerions savoir quel est l'état de vos réflexions. Nous
aimerions savoir si la difficulté fondamentale que vous avez eue, c'est
que votre poids n'est peut-être pas suffisant au Conseil des ministres et
que finalement c'est le ministre des Finances qui a décidé
d'appeler le projet de loi no 16 avant même que le ministre de
l'Énergie et des Ressources ait le temps de présenter au cabinet
des ministres les résultats de sa réflexion. Il a
été en retard par rapport aux conclusions du ministre des
Finances qui, lui, sait exactement où il s'en va. Il désire faire
du projet de loi no 16 un projet à fins fiscales pour augmenter les
recettes de l'État.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Outremont. Il vous reste deux minutes.
M. Duhaime: M. le Président, j'aurais pu tout à
l'heure invoquer l'article 96...
Le Président (M. Laplante): Vous avez 30 secondes pour
faire cela, monsieur, parce qu'on va suspendre les travaux.
M. Fortier: J'apprécie beaucoup que le ministre ne l'ait
pas fait.
M. Duhaime: C'est la pendule derrière vous, M. le
Président. Je vous ai dit depuis le début de la commission que
cette pendule ne rend pas justice à l'heure, parce que vous voyez la
grande aiguille à angle, tandis que derrière vous... J'ai 120
secondes pour dire tout simplement...
M. Lalonde: ... elle est en avant de l'autre.
M. Duhaime: ... que le député d'Outremont a mal
saisi mes propos. Je vous demande de maintenir mon droit de parole pour
l'ouverture à 15 heures.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 27)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources reprend
ses travaux pour étudier article par article le projet de loi no 16, Loi
modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. Lors de la suspension, le ministre
a exprimé le voeu de prendre la parole à la reprise des
travaux.
M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais dissiper ce qui
m'apparaît être le début d'une confusion dans les propos du
député d'Outremont. Dans mon intervention
d'hier - vous avez sans doute noté que ce fut la seule - j'ai
longuement parlé du débat sur l'énergie. Si j'ai bien
compris les propos du député d'Outremont, il est à peu
près d'accord avec la prise de position que j'ai exprimée,
à savoir que le débat sur l'énergie, si jamais il avait
lieu, ne devrait pas être du ressort d'une commission parlementaire.
Est-ce que je vous interprète mal, M. le député
d'Outremont?
M. Fortier: M. le Président, j'ai dit que c'était
un constat d'échec, que cette commission parlementaire était un
constat d'échec.
M. Lalonde: II faut un mandat plus large.
M. Duhaime: Je voudrais simplement dire que jamais comme
député je n'accepterai qu'une commission parlementaire puisse
être saisie d'un projet de loi sans que ce soit d'abord, avant tout et
exclusivement des parlementaires qui en fassent l'étude. Vos propos
laissaient entendre ça et je voudrais avoir une clarification
là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je crois que mes propos étaient assez clairs,
M. le Président. Le projet de loi a des implications financières
considérables et des implications pour l'avenir
énergétique. De toute évidence, que ce soit par une
commission parlementaire ou par une autre forme de participation qui
permettrait à des experts ou à des associations de se faire
entendre pour nous éclairer sur les impacts du projet de loi, ceci
permettrait aux parlementaires - je crois que j'ai été assez
clair là-dessus - de faire leur travail une fois que cette
évaluation sur des données précises aura été
faite.
Le Président (M. Laplante): C'est tout?
M. Duhaime: D'accord, je comprends très bien.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la motion...
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, il vous reste treize minutes.
Une voix: II en reste treize.
Le Président (M. Laplante): Vous en avez pris sept.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, me voilà contraint de
reprendre là où j'ai laissé ce matin pour continuer de
tenter de convaincre le gouvernement du bien-fondé de la motion.
Il serait peut-être utile qu'on rappelle que cette motion vise
à demander à la commission de faire un rapport spécial ou
un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale. A la suite
d'un long débat de procédure, M. le Président, dont nous
ne sommes pas responsables, nous avons dû nous limiter dans le
libellé de la motion à n'inscrire que la notion de faire rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale. Mais, comme je le
disais ce matin, la véritable intention de cette motion n'est pas de
mettre fin aux travaux de la commission pour demander à
l'Assemblée nationale de tout simplement surseoir à
l'étude du projet de loi. Au contraire, il s'agit dans notre esprit de
demander à l'Assemblée nationale de récuser son ordre, le
mandat qu'elle a donné à cette commission de procéder
à l'étude article par article du projet de loi no 16, Loi
modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec, afin de permettre à la
commission de se constituer en commission itinérante pour aller
recueillir les commentaires, les informations, les points de vue des personnes
tant physiques que morales, des organismes, bref, de tous ceux qui sont
intéressés par le projet de loi et surtout par l'impact direct
qu'aura le projet de loi tant dans la perception des revenus des contribuables
que dans le changement de vocation qu'on veut imprimer à cette
société d'État qu'est Hydro-Québec.
D'autre part, on souhaiterait que cette commission itinérante -
c'est là le but principal, en fait, M. le Président, de notre
démarche - qui se déplacerait dans les diverses régions du
Québec, par le biais de la couverture de la presse régionale,
pourrait servir à mieux éclairer, à mieux informer,
à fournir le plus de détails possible à ceux qu'on a
qualifiés de seuls propriétaires, de seuls actionnaires...
Le Président (M. Laplante): ... le rapport qu'on fait
à l'Assemblée nationale, la motion de rapport.
M. Gratton: Mais M. le Président, je peux reprendre du
début pour vous montrer qu'il y a une suite. Peut-être
n'écoutiez-vous pas au moment où j'ai commencé mes
remarques.
Le Président (M. Laplante): J'écoutais.
M. Gratton: Si vous avez écouté, M. le
Président, vous comprenez que je suis en train de vous expliquer que la
motion de rapport à l'Assemblée nationale ne vise pas simplement
à faire rapport pour le plaisir de
la chose, mais à faire en sorte que l'Assemblée nationale
donne un nouveau mandat à la commission, c'est-à-dire celui de se
transformer en commission itinérante et d'aller dans les régions.
Vous ne voulez pas que je répète d'une part et d'autre part.
J'étais en train de dire que, d'autre part, le rôle le plus
important qu'on voudrait que cette commission itinérante joue soit celui
d'informer la population. On le répète et on ne le
répétera jamais assez, compte tenu du refus du gouvernement de
reconnaître le bien-fondé de notre démarche, les citoyens
québécois, les 6 000 000 de Québécois, je pourrais
ajouter, et de Québécoises, de travailleurs et de travailleuses,
pour citer le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, des
"n'importe quoi" et des "n'importe quoises", tous ces gens-là...
Des voix: Ah!
M. Gratton: ... méritent un meilleur traitement. Je cite
le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. On sait que c'est un
personnage un peu spécial. Donc, tous ces gens-là, les 6 000 000
de citoyens québécois sont les actionnaires, sont
réellement les propriétaires. La preuve, c'est qu'on a cru
nécessaire, en 1962, de faire une élection
générale. On ne fait pas des élections
générales pour n'importe quoi. Chose certaine, en tout cas, le
gouvernement actuel n'en fait pas à toutes les sauces. Malgré la
tradition qui veut qu'on tienne des élections générales
tous les quatre ans, on se rappellera que le gouvernement actuel a attendu
quatre ans et demi avant de tenir les dernières élections.
M. Rodrigue: Et on les a gagnées, aussi.
M. Gratton: Oui, et je les félicite car, sur le plan de la
stratégie, ils sont fameux, ils ont gagné les élections.
Comme je le disais à l'Assemblée nationale hier, ils sont
peut-être moins heureux aujourd'hui d'avoir remporté les
élections, compte tenu des factures qu'ils doivent maintenant payer et
qu'ils escomptaient peut-être voir payer par un gouvernement
libéral, convaincus qu'ils étaient qu'ils perdraient
l'élection, au moment où ils l'ont déclenchée.
Comme je le répète, qui pensait avoir s'est fait avoir! C'est
maintenant le problème qui amène peut-être le premier
ministre à réfléchir sur son avenir.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: J'aimerais savoir, après ce que vient
de dire le député de Gatineau, s'il avait le moindre doute sur la
réélection du Parti québécois lors de la
dernière élection. Est-ce qu'il avait le moindre doute
là-dessus?
M. Lalonde: Ce n'est pas le 14, en tout cas.
M. Gratton: J'avais surtout des doutes sur la possibilité
du député de Frontenac de se faire réélire.
M. Grégoire: Je pensais que le député de
Gatineau avait plus de flair que ça parce que le député de
Frontenac a multiplié par cinq sa majorité. Il est parti de 1300
pour aller jusqu'à 7500. C'est pas mal plus... Peut-être qu'il y
en a qui ont de plus grosses majorités, mais... Quand je vais dans ce
coin, quand j'arrive dans l'ouest de Montréal...
M. Gratton: Comment aimeriez-vous vous mesurer au
député de Mont-Royal, M. le député?
M. Grégoire: Dans ce coin-là, je n'y vais plus.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! L'élection n'est pas encore déclenchée!
M. Ciaccia: Dans Frontenac?
M. Grégoire: Si le député de Mont-Royal veut
venir dans le comté de Frontenac, je vais me mesurer à lui
n'importe quand et même avec deux comme le député de
Mont-Royal, à part ça!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, voulez-vous continuer sans provocation, s'il vous plaît?
M. Gratton: M. le Président, on constate bien qu'en
politique comme en amour, la raison a des raisons...
M. Grégoire: Le coeur a des raisons!
M. Gratton: ... le coeur a des raisons que la raison ne
connaît pas.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, question de règlement.
M. Grégoire: Qui a dit cela? M. Gratton: C'est
vous? M. Grégoire: Non.
M. Ciaccia: M. le Président, je veux que vous preniez note
que, même si j'ai été mis en cause...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, est-ce que vous faites partie d'une autre
commission?
M. Bélanger: Non, M. le Président, c'est le
député de Chambly qui m'a attaqué personnellement.
Le Président (M. Laplante): Tous les deux, je vous
rappelle à l'ordre. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Malgré le fait que j'aie été mis
en cause, M. le Président, comme je ne veux pas retarder les travaux de
cette commission, je ne soulèverai pas de question de règlement
quant aux propos du député de Frontenac. J'aurais beaucoup
à dire, mais afin que cette commission puisse continuer ses travaux,
malgré le fait qu'elle ait été retardée de trente
minutes à cause de la rencontre du caucus du Parti
québécois dans cette salle... Vous comprenez, M. le
Président.
M. Lalonde: Cela a été dur.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: D'ailleurs, on a quasiment des échos des murs
de cette salle où s'est tenu le caucus des députés
ministériels tantôt.
Le Président (M. Laplante): Aimeriez-vous que je vous
relise la motion, M. le député de Gatineau?
M. Gratton: Non, M. le Président, parce que je pense
être tout à fait conforme au règlement. Je suis en train de
vous dire que la commission devrait faire rapport à l'Assemblée
nationale afin que les députés du parti ministériel, dont
vous êtes, M. le Président - mais Dieu sait que vous avez
été neutre jusqu'ici dans nos délibérations...
M. Grégoire: Et impartial.
M. Gratton: ... et impartial, M. le Président.
M. Lalonde: C'est sans saveur.
M. Grégoire: Neutre, ça veut dire que ça ne
bouge pas.
M. Gratton: Dieu sait qu'il n'a pas été neutre, si
neutre veut dire que ça ne bouge pas. Je dirais alors qu'il n'a pas
été neutre.
M. Grégoire: Quand l'automobile est au "neutre".
M. Gratton: Quoi qu'il en soit, M. le Président, pour
revenir aux choses sérieuses, j'expliquais que nous tenons mordicus
à ce que la commission fasse rapport à l'Assemblée
nationale et que l'Assemblée nationale soit invitée à
surseoir, à demander à la commission de surseoir à
l'étude du projet de loi article par article afin que nous
procédions à la consultation qui s'impose.
Comme je l'ai déjà dit, si, effectivement, les citoyens
québécois sont les actionnaires, les propriétaires
d'Hydro-Québec, cette société d'État qui a fait
l'orgueil du Québec depuis la nationalisation des compagnies
privées d'électricité en 1963, sous un gouvernement
libéral, si c'est le cas, ce n'est pas exagéré de demander
qu'on consulte les actionnaires tous les vingt ans. Il y a vingt ans que les
actionnaires d'Hydro-Québec n'ont pas été
consultés, n'ont pas été associés, sauf par le
biais du paiement de leur facture d'électricité.
Compte tenu du fait, comme l'ont démontré certains de mes
collègues à l'Assemblée nationale au moment du
débat de deuxième lecture, que les répercussions du projet
de loi no 16 ajoutées aux taxes et aux redevances et autres... C'est
quoi, ça? M. le Président, on me dérange, on me donne une
feuille. Est-ce que le ministre m'invite à lire ça? M. le
Président, vous avez remarqué que...
Une voix: ... vous n'avez rien à dire.
Une voix: ... député de Frontenac.
M. Gratton: Où en étais-je, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Trois minutes encore.
M. Gratton: Je disais donc, M. le Président, qu'il nous
semble opportun, souhaitable et même essentiel qu'après 20 ans au
cours desquels la population n'a absolument et strictement rien eu à
dire au sujet des orientations d'Hydro-Québec, au moment où le
projet de loi no 16 vient modifier la vocation même de cette
société d'État, le minimum qu'on pourrait, qu'on doit
exiger, c'est que la population soit consultée. Loin de nous
l'idée de recommander ou de suggérer au gouvernement de tenir une
nouvelle élection. On sait que le Parti québécois ne se
sent pas tellement à l'aise compte tenu des sondages, de sa perception
de la situation politique au Québec actuellement, surtout au lendemain
de son congrès historique de la fin de semaine dernière, M. le
Président. Au moins, à défaut d'avoir permis à tous
les députés de
l'Assemblée nationale de s'exprimer en commission parlementaire,
à défaut d'avoir permis qu'on entende le témoignage des
nombreux organismes dont j'ai justement fait la liste hier et dont j'ai lu les
télégrammes adressés au premier ministre qui
réclamaient, tous et chacun, la tenue d'une commission parlementaire, la
tenue d'audiences, la tenue d'un débat public sur l'avenir
énergétique du Québec, compte tenu aussi que la
majorité ministérielle à cette commission a refusé
qu'on exige au moins la présence de celui qui devrait normalement
être le vrai parrain du projet de loi, c'est-à-dire le ministre
des Finances, compte tenu de tous ces refus du gouvernement de fournir un
minimum d'information valable à la commission pour pouvoir s'acquitter
de sa tâche d'étudier le projet de loi no 16 article par article,
il nous semble qu'il serait opportun, souhaitable et même essentiel que
la commission fasse rapport à l'Assemblée nationale, comme le
souhaite la motion. J'invite mes collègues, aussi bien que ceux de la
majorité ministérielle, à appuyer cette motion dès
que le vote sera appelé.
M. Lalonde: M. le Président. J'ai bien
écouté...
Le Président (M. Laplante): Vous avez pris tout votre
temps, M. le député de Gatineau. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est à vous.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Oui, M. le Président. J'ai bien
écouté les arguments du député de Gatineau. C'est
pour ça que je n'ai pas voulu prendre la parole avant qu'il ait eu
l'occasion d'étayer sa demande qui m'impressionne, je dois l'avouer.
J'avais toutefois, pour ma part, quelques raisons de pencher, ma
décision n'étant pas prise, en faveur d'un appui à 100%,
comme le député de Nelligan. Peut-être que 80% seraient
suffisants, mais on verra comment on va voter. Ces raisons, M. le
Président, je vais vous les dire. Cela a trait aux travaux qui ont eu
lieu ici pendant les trois premiers jours. Souvenez-vous de la motion que
j'avais présentée pour inviter la population à se joindre
à nous pour nous éclairer sur les orientations que le ministre
nous propose par le projet de loi no 16. Cette motion est partie tout d'abord
d'une demande d'entendre une personne. On me dit que ça fait 23 heures
qu'on est réuni, M. le Président, je vois que vous êtes
d'accord avec moi...
M. Duhaime: Combien de temps?
M. Lalonde: ... 23 heures et le gouvernement n'a pas encore
compris, mais l'Opposition est là pour aider le gouvernement à
comprendre. Ce n'est pas la fatigue qui va nous empêcher d'exercer nos
droits et de faire notre devoir. (15 h 45)
Donc, je reviens à cette motion qui était pour inviter M.
Lafond. Voilà que le député de Châteauguay qui
était avec nous tout à l'heure, impressionné
peut-être par la générosité de ce geste, veut
l'élargir davantage et fait un amendement. Le député
ministériel de Châteauguay, ce n'est pas un député
de l'Opposition. Il a reconnu qu'on ne faisait pas un "filibuster", qu'on ne
faisait pas une opposition systématique, au contraire, qu'on faisait des
demandes fort justifiées. Il propose un amendement pour élargir
ma demande à tous les groupes, tous les gens qui voudraient venir nous
rencontrer. Par souci de courtoisie à l'égard de ceux et celles
qui s'étaient manifestés, j'ai sous-amendé, dans la
foulée de l'amendement du député de Châteauguay,
pour préciser que prioritairement, mais sans restrictions, on entendrait
un certain nombre de groupes qui étaient contenus dans mon
sous-amendement.
M. le Président, je vais vous raconter comment cela s'est
passé. Tout d'abord, le député de Châteauguay
s'abstient - et son parti aussi - sur mon sous-amendement qui est
adopté.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Lalonde: Ensuite, dans un deuxième temps, M. le
Président, le député de Châteauguay vote pour son
amendement. Son parti s'abstient et le Parti libéral, lui, vote pour
l'amendement.
Le Président (M. Laplante): ... je voudrais voir la
relation qu'il y a entre la motion que vous avez votée...
M. Lalonde: Cela vient, M. le Président, j'y arrive. Vous
allez voir, M. le Président, cela va être très
pertinent.
Donc, dans un premier temps - vous m'avez interrompu, M. le
Président, je vais reprendre un peu - sur le sous-amendement, le
député de Châteauguay s'abstient avec son parti. Sur
l'amendement, il vote pour, son parti s'abstient et sur la motion
amendée par lui, sous-amendée sans son opposition, il vote
contre. Le député de Châteauguay a réussi sur une
motion à faire le tour, trois pirouettes: s'abstenir, voter pour et
voter contre.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, question de
règlement.
M. Dussault: M. le Président, très
brièvement, parce que je ne voudrais pas faire de "filibuster" comme je
le disais lors de mon intervention avant le vote. Ce qui s'est passé, M.
le Président, est tout à fait le contraire de ce que dit le
député de Marguerite-Bourgeoys. Leur refus constant de voter,
alors que je demandais sans cesse le vote sur la motion, prouvait que
c'était un "filibuster". M. le Président, quand j'ai fait ma
motion, nous avons dit clairement au parti d'Opposition que nous étions
disposés à voter immédiatement et pour cette motion et ces
gens ont continué à nous faire perdre notre temps constamment,
malgré qu'ils savaient que nous voterions contre et c'est pour cela
qu'il est devenu clair que c'était un "filibuster", M. le
Président, et c'est pour cela qu'à la fin nous n'avons pas pu
vraiment être d'accord avec eux. Qu'on ne nous raconte pas 36 histoires,
parce que les pirouettes, ce sont eux qui les font présentement, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... j'ai écouté attentivement.
Seulement, je pense que le député n'a pas voulu conter de petits
mensonges lorsqu'il a dit que...
M. Ciaccia: Question de règlement, une directive. Je
m'excuse d'interrompre mon collègue...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... mais pourriez-vous me dire si vraiment
l'intervention du député de Châteauguay était sur
une question de règlement, parce que habituellement, vous nous le dites?
Quand j'interviens, vous dites: Non, ce n'est pas une question de
règlement. Était-ce une question de règlement,
ça?
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Mais au sujet du
député de Châteauguay, sa question de règlement
était pertinente au débat.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: C'était à lui de faire cela sur son
temps. Ce n'est pas une question de règlement. C'était à
lui de faire cela sur son temps et de dire que je n'avais pas raison.
M. Ciaccia: Je voudrais savoir, pour les fins du journal des
Débats...
Le Président (M. Laplante): Oui, mais écoutez!
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
M. Lalonde: II expliquait son vote, c'est tout!
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
M. Lalonde: Ce n'est pas une question de règlement, c'est
sur son temps.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. Si j'ai pris la parole sur une question de règlement,
c'était pour rectifier les faits, parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys induisait cette commission en erreur en faisant croire des
choses qui étaient, de toute évidence, à l'encontre de ce
qui s'est passé ici, donc, de la vérité.
Le Président (M. Laplante): C'est en vertu de l'article 96
ou de l'article 100?
M. Dussault: Peu importe, M. le Président.
M. Lalonde: Pas du tout. C'est en vertu de rien du tout.
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement.
C'est important pour les précédents qui pourraient être
créés ici. Si c'est en vertu de l'article 96, il aurait dû
attendre que le député de Marguerite-Bourgeoys termine son
intervention et après il aurait pu intervenir sur l'article 96, mais il
ne pouvait pas interrompre les discussions de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je vais surveiller ça.
M. Ciaccia: Vous admettez que j'ai raison, M. le
Président.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Le député de Châteauguay est
homme d'honneur et il accepterait que le temps qu'il a pris pour donner des
explications à l'encontre des histoires racontées par le
député de Marguerite-Bourgeoys soit comptabilisé sur les
20 minutes qu'il a sur la motion. Voyez-vous, cela n'empêchera pas que la
vérité aura été
établie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Grégoire: M. le Président, je veux soulever une
question de règlement en vertu de l'article 99.
Le Président (M. Laplante): Article 99.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais aussi
invoquer un des grands maîtres procéduriers, Beauchesne, que vous
avez si bien cité ce matin, à savoir qu'un vote qui a
déjà été pris, à l'Assemblée ou en
commission, ne peut plus faire l'objet d'un débat. Je n'ai pas devant
moi le numéro du commentaire de Beauchesne à cet effet mais je
sais que c'est dans les commentaires de Beauchesne; un vote qui a
été pris ne peut plus faire l'objet d'un débat. Or, le
député de Marguerite-Bourgeoys est en train de nous faire un
débat sur une question qui a déjà été
votée ici et cela est à l'encontre du règlement.
M. Lalonde: Bon, M. le Président, est-ce que je peux
parler?
Le Président (M. Laplante): Monsieur, là-dessus,
c'est qu'il peut s'y référer mais il ne peut parler des questions
de fond d'une motion qui a déjà été
votée.
M. Grégoire: II ne peut parler du vote lui-même.
M. Ciaccia: ... on n'aurait plus le droit de dire quoi que ce
soit d'après votre interprétation de règlement, vous.
Le Président (M. Laplante): Si vous êtes capable de
trouver Beauchesne, cela ferait mon affaire. Je l'ai même demandé,
ce livre, s'il y avait possibilité.
M. Ciaccia: Vous allez pouvoir trouver Staline là-dessus
mais pas Beauchesne.
Le Président (M. Laplante): Sur les remarques du
député de Frontenac...
M. Grégoire: Va dans mon bureau à
l'Assemblée nationale et il y a un grand livre vert, c'est marqué
Beauchesne, commentaires...
M. Lalonde: B-o-c-h-e-n-e!
Le Président (M. Laplante): ... je suis obligé de
beaucoup tenir compte de vos remarques, parce que souvent elles sont
pertinentes, M. le député de Frontenac.
Si vous voulez continuer, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît;
M. Lalonde: Moi, je veux bien, M. le Président, j'attends
votre autorisation, je sais que vous avez les six dernières
minutes...
Le Président (M. Laplante): Vous avez deux minutes de plus
que je vous donnerai.
M. Lalonde: C'est cela, les six dernières minutes ont
été occupées autrement. Le député de
Châteauguay - je ne veux pas soulever une autre question de
règlement - a dit que j'ai induit cette commission en erreur; vous me
corrigerez s'il y a lieu, M. le Président, et je fais appel au
secrétaire qui tient le procès-verbal. Le député de
Châteauguay - lorsque mon sous-amendement a été mis au vote
- s'est abstenu. J'étais là, pour ce vote, les libéraux
ont tous voté pour. On m'a dit, parce que je n'étais pas ici
hier, que, lorsque l'amendement du député de Châteauguay a
été mis au vote, il a voté pour avec les
libéraux...
M. Grégoire: M. le Président, on ne peut pas
reprocher un vote à un membre.
M. Lalonde: ... et son parti a voté contre.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: J'ai le droit de parler d'un vote...
M. Grégoire: Non, non.
M. Lalonde: M. le Président, quand même. À ce
moment-là, à l'Assemblée nationale, il faudrait que vous
rappeliez à l'ordre tous ces députés ministériels
qui disent: Le Parti libéral a voté pour ci et contre cela.
Le Président (M. Laplante): Je vous parle des
détails d'un vote.
M. Grégoire: Là, c'est un parti, ce n'est pas un
individu.
M. Lalonde: C'est justement cela, c'est très important
pour mon argumentation, cela prouve la confusion dans laquelle cette commission
a été plongée par l'attitude, le comportement...
Le Président (M. Laplante): Mais vous vous
éloignez, par le fait même, de la motion principale, monsieur, que
cette commission...
M. Lalonde: C'est pour cela qu'il faut
faire rapport immédiatement. Cette commission est plongée
dans la confusion la plus totale à cause d'un comportement
inqualifiable, inexplicable des députés ministériels et,
en particulier, du député de Châteauguay.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Implicitement ce que vient de dire le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est qu'un député
n'a aucune autonomie en cette Assemblée nationale et qu'il dépend
exclusivement du parti auquel il appartient, ce qui est complètement
faux et complètement irrespectueux de ce que nous sommes, nous les
députés. Un député a le droit d'avoir une position
qui ne soit pas nécessairement celle de son parti.
M. Ciaccia: C'est vrai, j'appuie cela, il a absolument
raison.
M. Dussault: Les attitudes que j'ai eues, hier, étaient
des attitudes tout à fait conformes à mon intégrité
et à l'honnêteté que j'ai en cette Assemblée.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Écoutez un peu...
M. Dussault: On ne peut pas me le reprocher.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que cela
tourne...
M. Dussault: C'est complètement faux. C'est
complètement faussé, ce qui se passe présentement par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, monsieur...
M. Lalonde: Je n'ai pas mis en cause l'intégrité du
député, pas du tout.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je ne voudrais pas que la
commission vive les moments...
M. Lalonde: Difficiles.
Le Président (M. Laplante): ... qu'on a vécus,
hier, pendant à peu près une heure. Je voudrais avoir un peu plus
d'ordre. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, si vous voulez
continuer votre intervention sans provoquer qui que ce soit.
M. Lalonde: Je lis le procès-verbal, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Veuillez vous en tenir
à la motion.
M. Lalonde: C'est ça. Je n'étais pas tout à
fait décidé, mais je deviens pas mal décidé
à appuyer cette motion pour que cette commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale en vertu de l'article
161.2. Parce que cette commission - cela rejoint l'argument du
député d'Outremont, qu'on n'a pas interrompu - est un constat
d'échec. Il ne s'agissait pas non plus d'avoir des avantages pour les
députés. Par exemple, la motion qui a été
débattue pour faire entendre tous les députés, je ne
l'invoque pas, c'est une motion pour faire entendre les Québécois
sur ce projet de loi extrêmement important.
Sur la même motion, les péquistes s'abstiennent à
deux étapes et votent contre à la troisième. L'un d'eux
réussit à voter pour une partie, à voter contre toute
l'affaire et s'abstenir une autre fois.
M. Grégoire: M. le Président, on commente encore
une vote et au premier paragraphe de l'article 99, il est dit: "II est interdit
à un député qui a la parole: 1. De revenir sur une
question qui a été décidée pendant la session en
cours;".
La commission est en cours, le vote qui a été pris est une
question qui a été décidée. On vient commenter un
vote, et il est défendu à un député qui a la parole
de revenir sur une question qui a été décidée
pendant la session en cours.
Le Président (M. Laplante): Je vous donne raison, M. le
député de Frontenac. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous demande de respecter les dispositions de
l'article 99.
M. Lalonde: Comment voulez-vous, M. le Président...
M. Ciaccia: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Dussault: M. le Président, vos rappels à l'ordre
au député de Marguerite-Bourgeoys devraient être
numérotés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, vous me demanderez la parole.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, si le député de
Frontenac a raison, comment pouvez-vous expliquer toutes les occasions
où, à l'Assemblée nationale, on rappelle la façon
dont certains députés ont voté sur certaines motions?
Est-ce que vous dites que ça aussi, c'est...
M. Grégoire: ...
Une voix: À l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: On nomme le député, non pas le
parti.
M. Grégoire: M. le Président...
M. Ciaccia: Le premier ministre lui-même, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je reviens sur une question qui a été
décidée pendant la session en cours.
M. Grégoire: Pendant la session en cours.
M. Ciaccia: Je vous demande comment vous justifiez qu'à
l'Assemblée nationale on réfère toujours au vote des
individus, et qu'ici on ne puisse pas.
M. Grégoire: Pendant la prochaine session, on pourra
discuter de vos votes durant la session actuelle.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): S'il fallait, chaque fois
qu'un député vote, qu'on commence à interpréter son
vote...
M. Lalonde: C'est fait pour ça, la politique.
M. Lincoln: M. le Président...
M. Lalonde: Ce n'est pas possible! M. le Président, sur la
question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez le faire dans un
aspect général, mais de là à nommer un
député spécifiquement et analyser son vote, comme
président, je ne suis pas d'accord.
M. Ciaccia: Je l'ai vécu, M. le Président.
M. Lalonde: Quand les neuf députés libéraux
ont voté contre la motion du 2 octobre, pensez-vous qu'ils se sont
gênés?
M. Lincoln: M. le Président...
M. Grégoire: Ce n'est plus la même session,
c'était une session spéciale qui a duré...
M. Lalonde: Cela ne fait rien.
M. Lincoln: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez continuer votre
intervention, s'il vous plaît, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vais la faire, M. le Président.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me permettez
juste une seconde, je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut parler...
M. Grégoire: ... vient justement de saisir le
problème.
M. Lalonde: Non, non.
M. Grégoire: Quand on parle du vote des neuf
députés, nous ne sommes plus dans la même session.
L'article dit bien: "De revenir sur une question qui a été
décidée pendant la session en cours." Or, ce n'était pas
la même session lors du vote des neuf dissidents. La session s'est
terminée avec ces votes. Quand on en a reparlé, c'était au
cours d'une session subséquente, non pas pendant la session en
cours.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Lincoln: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je voudrais souligner que toute la question du vote a
été soulevée par le député de Frontenac
lui-même. C'est lui qui a soulevé toute la question du vote. Il a
lancé un défi au député de Mont-Royal, il a
parlé de l'élection, il a dit: Deux comme vous...
M. Grégoire: II est mêlé.
M. Lincoln: Je ne suis pas mêlé du tout, c'est lui
qui a soulevé la question du vote.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: Cela fait vingt minutes de ça.
Le Président (M. Laplante): Je vous
demanderais d'essayer de faciliter la tâche à ceux qui
enregistrent les débats et au secrétaire, en arrière, qui
me fait signe qu'il ne comprend plus rien.
M. Lalonde: Moi non plus.
Le Président (M. Laplante): II faudra un peu d'ordre. Je
demande au député de Marguerite-Bourgeoys de continuer son
intervention en s'en tenant à la motion.
M. Lalonde: M. le Président, je vais la continuer. Avec
tout le respect que je vous dois, je vais tout d'abord parler d'une question de
règlement. Je mets au défi le député de Frontenac
de venir prouver que l'article 99.1 interdit à un député
d'utiliser comme argument politique, dans un débat politique, un geste
qu'un autre député a fait dans la même session,
c'est-à-dire de voter pour ou contre ou de s'abstenir dans une
affaire.
L'article 99.1 veut simplement dire que si une question a
été décidée, si une motion a été
présentée à l'Assemblée nationale, a
été votée, un député ne peut pas durant la
même session présenter une motion semblable. Elle serait
irrecevable. C'est tout ce que ça veut dire. Cela ne veut pas dire qu'un
député doit être bâillonné. Cela serait
complètement stupide, premièrement, et cela serait
illégal. (16 heures)
Le Président (M. Laplante): Mais je vais vous poser une
question, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce que vous
avez le droit, à l'Assemblée nationale, lorsque vous votez,
d'expliquer votre vote au moment du vote ou après?
M. Lalonde: Vous avez le droit, M. le Président, pour
répondre - c'est pour cela que le règlement est fait - de
l'expliquer avant de le faire, premièrement.
Le Président (M. Laplante): Avant. Bon! On s'entend.
M. Lalonde: Deuxièmement, pendant, c'est assez difficile
parce que la seule façon de voter, c'est de se lever et on n'a pas le
droit de parler.
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Lalonde: Troisièmement, après, le lendemain,
dans un autre débat, vous pouvez facilement - on l'a fait hier
sur...
Le Président (M. Laplante): Dans un...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer, s'il vous plaît, M. le
Président. Hier, sur le débat du projet de loi no 39 qui
crée une taxe épouvantable sur l'essence...
Une voix: 0,30 $ le gallon.
M. Lalonde: ...combien de fois s'est-on
référé au projet de loi no 16 contre lequel le Parti
libéral avait voté? On l'a répété parce
qu'on est contre ces taxes sauvages. On l'a fait et on n'a jamais
été rappelé à l'ordre. M. le Président, je
vous dis respectueusement...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez
continuer...
M. Lalonde: Je m'excuse de m'être un peu emporté
parce que je trouve cela tellement dangereux, comme précédent, la
décision que vous pouvez rendre là-dessus.
Le Président (M. Laplante): ...votre intervention, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: Donc, avec ces pirouettes inexplicables, M. le
Président, le parti ministériel et le député de
Châteauguay en particulier ont plongé cette commission dans la
confusion la plus totale. Je pense que c'est une bonne raison pour laquelle la
commission, qui ne sait plus, en fait, où aller, parce qu'on veut
entendre les gens... Pour cela, le Parti libéral, de ce
côté-ci, a toujours été très cohérent,
logique, constant dans son attitude. On veut entendre les gens avant de
procéder à l'étude article par article.
Le parti ministériel n'est pas sûr. Il s'abstient à
deux reprises, il vote pour à une reprise et il vote contre
après. Alors, c'est important que l'Assemblée nationale soit
informée du comportement inqualifiable du parti ministériel et
donne un mandat à cette commission, un mandat clair, un mandat
étendu, d'aller dans le sens d'entendre les Québécois.
La deuxième raison, M. le Président -on me l'a
rapporté; vous-même, M. le Président, je pense que vous me
l'avez dit; vous pourrez me corriger si je fais erreur -c'est que, lorsque vous
avez appelé l'article 1 hier, naturellement, conformément au
règlement et aux traditions, le ministre a eu le loisir, à ce
moment-là, d'expliquer le contenu, l'orientation de l'article
appelé. Je crois savoir maintenant - je suis prêt à me
faire corriger; peut-être qu'avec le procès-verbal, je n'ai pas la
transcription - que vous-même, M. le Président, avez invité
le ministre à adresser quelques mots. Enfin, vous avez demandé au
ministre s'il avait quelque chose à dire sur l'article 1 et il n'a rien
dit. Or, M. le Président, il a dit: Adopté. Adopté, ce
n'est pas le contenu, ce n'est pas une explication.
M. Duhaime: Cela veut tout dire.
M. Lalonde: Or, l'article 1, M. le
Président, c'est un article extrêmement important. C'est
cet article qui change la nature même d'Hydro-Québec. Il est
important que l'Assemblée nationale sache que le Conseil exécutif
représenté par le ministre n'a rien dit, a refusé de
parler à votre invitation lorsque l'article 1 a été
appelé. C'est un mutisme qui ajoute à la confusion dans laquelle
cette motion se trouve plongée.
Ne serait-ce que pour ces deux raisons, M. le Président, je pense
qu'il faut que cette commission, qui ne sait plus où elle va, qui vote
pour - je parle des ministériels - des motions, contre des motions,
s'abstient sur certaines motions, ne donne pas d'explication quand arrive le
temps de discuter, veut simplement adopter les choses sans les expliquer. M. le
Président, c'est un exercice absolument antidémocratique que le
gouvernement impose actuellement à cette commission,
premièrement, en refusant aux Québécois de venir se faire
entendre ici et, deuxièmement, en n'expliquant pas les articles
lorsqu'ils sont appelés. Pour ces deux raisons en particulier et pour
bien d'autres que je n'ai pas le loisir d'expliquer, je voterai pour cette
motion, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Bon, je vous ai accordé
quatre minutes de plus que permis, M. le député.
M. Lalonde: Combien me reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): II n'en reste plus.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: ... juste une seconde.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai demandé le droit
de parole.
M. Grégoire: Moi aussi, si vous me le permettez, juste une
seconde, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: On se rappellera qu'avant-hier il y a eu une
discussion entre le député de Mont-Royal et moi-même. Quand
j'ai cité un commentaire de Beauchesne - la transcription le
démontrera - alors que j'ai dit que Beauchesne mettait en garde contre
les répétitions, j'ai mentionné, à ce
moment-là, sans voir le livre de Beauchesne et de mémoire, que
c'était le commentaire 299.
M. Lalonde: Ah, oui!
M. Grégoire: Le député de Mont-Royal m'a
interrompu pour me dire que c'était le commentaire 256.
M. Ciaccia: Oui, je pensais que c'était
celui-là.
M. Grégoire: Non, c'était le no 299, page 98, de
Beauchesne.
M. Ciaccia: Quelle édition de Beauchesne?
M. Grégoire: La dernière édition, la
cinquième.
M. Ciaccia: Oui, mais peut-être que dans l'édition
à laquelle je référais, c'était à la page
256.
M. Grégoire: Non, non, c'est toujours
numéroté pareil.
M. Ciaccia: Je prends votre parole, mais peut-être que
j'avais une autre édition plus ancienne.
M. Lalonde: Voulez-vous déposer le document, s'il vous
plaît?
M. Grégoire: C'est au chapitre Digressions et
répétitions, commentaire 299. Vous avez une édition bien
antérieure, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, je vois ça.
M. Grégoire: Je voudrais relire ici, parce que j'ai
entendu souventefois les mêmes mots, le commentaire de Beauchesne sur les
répétitions. Je crois que les députés de
l'Opposition seraient rappelés à l'ordre plus souvent.
M. Lalonde: Consentement, consentement!
M. Grégoire: "L'interdiction des répétitions
est d'application difficile - c'est vrai - les diverses étapes
prévues par la procédure parlementaire favorisant, quand elles ne
les multiplient pas purement et simplement, les occasions de revenir sans cesse
sur les mêmes propos. Dans la pratique, l'Orateur usant largement de ses
pouvoirs discrétionnaires," cette règle est appliquée avec
rigueur.
M. Lalonde: Quelle serait la conclusion?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Lalonde: Une motion pour suspendre le président, quoi?
Qu'est-ce que vous voulez faire?
M. Dussault: M. le Président, est-ce que nous avons
toujours le droit à l'alternance à cette commission?
Le Président (M. Laplante): Absolument.
M. Dussault: Je vous ai demandé la parole, tout à
l'heure, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je m'en excuse, monsieur. M.
le député de Châteauguay.
M. Lalonde: Bravo! Consentement!
M. Ciaccia: Consentement, gracieusemen t.
M. Lalonde: Mais pas trop longtemps, par exemple, parce qu'on est
pressé.
M. Dussault: M. le Président, je serai bref. Je sais que
ce que je m'apprête à faire sera inutile. Je sais que cela
n'empêchera pas le député de Mont-Royal et tous les autres
qui suivront de répéter à satiété ce qu'a
dit le député de Marguerite-Bourgeoys, mais, quand même, la
vérité a ses droits et je vais rappeler ce que j'ai dit hier.
J'ai dit que j'avais prêté la meilleure foi possible aux
libéraux, que j'avais voulu faire preuve d'une très grande
générosité, ce qu'on m'a reconnu pendant deux jours en me
lançant des fleurs comme jamais on ne m'en avait lancé.
M. Lalonde: Enseveli!
M. Dussault: J'ai dit que j'avais élargi la portée
de la motion, j'ai dit qu'eux-mêmes, les membres de l'Opposition, ne
faisant pas confiance à la "raisonnabilité" dont on était
capables de faire preuve, tous les députés ici présents,
ont rétréci la portée de la motion en discriminant des
groupes, en faisant des choix au détriment d'autres et que nous avons
refusé - c'est pour cela qu'il y a eu une abstention sur leur motion de
sous-amendement - de nous faire les complices de leur manoeuvre, de leur
machination.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... je voudrais savoir pourquoi le
député de Frontenac n'intervient pas maintenant pour s'opposer
aux propos du député de Châteauguay qui revient sur le vote
d'hier.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question de
règlement là-dedans.
M. Lalonde: Et Beauchesne? Lancez-lui Beauchesne.
M. Ciaccia: Qu'est-ce que dit Beauchesne, là-dessus?
M. Dussault: Je reviens où je m'étais
arrêté, M. le Président. J'ai même dit que l'attitude
libérale me faisait regretter ma motion, mais qu'en homme d'honneur
j'allais quand même voter pour ma motion, mais que je me doutais bien de
l'utilisation qu'on ferait des résultats de cette motion, qu'on
l'utiliserait, comme on l'a déjà fait d'ailleurs, pour faire
encore un "filibuster" sur le dos de la population.
M. Lalonde: Consentement!
Le Président (M. Laplante): Si j'ai bien compris votre
intervention, vous voudriez que ce soit attaché au rapport de la motion.
Si elle était adoptée, vous voudriez...
M. Dussault: Je n'y avais pas pensé, M. le
Président, mais je trouve que c'est une excellente idée. C'est
possible, ça? Je ne me rappelais pas que c'était possible, mais
je demanderais que mon intervention qui a précédé le vote
sur la motion fasse partie du rapport qui sera déposé à
l'Assemblée nationale, si possible, M. le Président, dans le
temps, on ne sait jamais. Sinon, je prendrai les moyens pour que la
lumière soit faite sur mes propos.
M. Ciaccia: M. le Président, je vous demande une
directive. J'espère que, lorsque les interventions de ce
côté-ci de la table vous sembleront non pertinentes, vous serez
aussi ouvert et que vous montrerez autant de coopération pour nous
ramener, par vos suggestions, à la pertinence du débat, que vous
l'avez fait pour le député de Châteauguay.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je pense qu'une des choses dont vous n'auriez pas à vous
plaindre, de la part du président, c'est de celle-là parce
qu'à trois ou quatre reprises hier j'ai fait la même chose...
M. Ciaccia: C'est vrai.
Le Président (M. Laplante): ... avec vous pour comprendre
réellement si vous étiez dans la pertinence.
M. Ciaccia: Je voulais que le député de
Châteauguay sache que vous l'aviez aidé.
Le Président (M. Laplante): J'ai fait la même chose
pour être équitable. M. le député de
Châteauguay, vous pouvez continuer.
M. Dussault: M. le Président, je demande, dans la mesure
du possible, que l'intervention que j'ai faite avant que le vote soit pris sur
la motion pour expliquer pourquoi je m'étais abstenu sur la motion de
sous-amendement et pourquoi j'allais prendre l'attitude qu'on a connue par la
suite sur la motion d'amendement, paraisse au rapport, justement, pour qu'il
devienne évident, M. le Président, que ces gens, depuis le
début des travaux sur la loi 16 après la deuxième lecture,
sont tout à fait de mauvaise foi, qu'ils ont tenté par tous les
moyens de faire perdre le temps à la commission. Ils continuent encore
aujourd'hui à le faire, ils utilisent même mes propos, M. le
Président, et ma motion pour continuer leur "filibuster". Ces gens sont
de mauvaise foi, c'est évident. Je veux que ce soit au plus grand jour
possible pour que l'on sache, pour l'histoire du parlementarisme, que ces gens
qui sont devenus des spécialistes du "filibuster", nous ont fait perdre
un temps énorme à la commission en provoquant même des
questions de règlement, sachant très bien que le temps qu'on
prenait pour les faire, c'était du temps gagné dans leur
"filibuster", M. le Président. C'est ça, le profil de cette
commission parlementaire et tous les "giddy giddy" qu'ils nous feront
aujourd'hui ne feront jamais oublier que c'est ce qui s'est passé. Je
vous remercie, M. le Président.
M. Ciaccia: Est-ce parlementaire, "giddy giddy"?
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Châteauguay. M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: "Giddy giddy", c'est le masculin de "guidoune,
guidoune". M. le Président, à la suite de vos propos pour dire
qu'on ne doit provoquer personne, je vous dis d'avance que je ne peux pas
promettre que je ne provoquerai personne par les propos que je vais tenir sur
la motion appuyant la motion du député de Gatineau, et
spécialement le député de Châteauguay, parce que lui
est très provocable. Quand le député de Châteauguay
nous a donné cette explication, M. le Président, qu'il avait
voté contre une motion que lui-même avait fait amender pour la
seule raison que cela avait pris une couple d'heures pour la discuter,
franchement, M. le Président, il avait très peu confiance dans sa
propre motion. C'est se faire injure à lui-même. Cela
démontrait qu'il n'était pas trop sérieux. Moi aussi, je
voudrais que ça soit inclus dans le rapport intérimaire qui va
être présenté à l'Assemblée nationale.
La motion qui est devant nous prévoit que cette commission fasse
un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale en vertu de
l'article 161.2. M. le Président, je voudrais vous donner mes raisons
pourquoi, à ce moment-ci, nous voulons qu'un rapport intérimaire
soit fait à l'Assemblée nationale. Si ça fait 23 heures
que nous discutons en commission parlementaire et qu'on n'est pas plus
avancé que ça, ce n'est pas la faute de l'Opposition. Je vais
vous expliquer et je vais vous démontrer que ce n'est pas de notre
faute. (16 h 15)
Premièrement, M. le Président, je suis profondément
déçu de la façon que cette commission parlementaire
procède dans ses travaux, profondément déçu. C'est
une des affirmations qui devraient être incluses dans le rapport à
l'Assemblée nationale. Ce que nous avons essayé de faire, M. le
Président, c'est de nous assurer que nous puissions discuter du projet
de loi article par article avec toutes les connaissances et toute l'information
nécessaires. Qu'avons-nous fait? Nous avons demandé que certaines
personnes, certains organismes aient le droit, soient invités à
cette commission. Nous avons voulu, M. le Président, que le ministre des
Finances soit ici. Cette motion a été jugée irrecevable.
M. le Président, cela a pris un peu de temps pour en discuter. Puisque
cette motion a été jugée irrecevable, on n'a pas fait
l'autre motion qui voulait que le ministre délégué
à la protection du consommateur aussi soit présent, parce que ce
projet de loi, M. le Président, affecte surtout les consommateurs. On
n'a pas pu faire la motion, mais en le demandant volontairement, personne n'a
osé ou voulu inviter le ministre délégué à
la protection du consommateur.
Nous avons demandé, M. le Président, -et je n'irai pas
dans toutes les raisons pour lesquelles nous l'avons fait - que tous les
députés aient le droit de parole à cette commission. Cela
aussi, M. le Président, ç'a été refusé. Il a
fallu qu'on explique les raisons pour lesquelles on voulait que tous les
députés soient invités devant la commission. On ne peut
pas faire une motion, M. le Président - on nous accuse de faire un
"filibuster" - et ne pas l'expliquer. On a fait une motion pour que tous les
députés soient invités, aient le droit de parole, tel que
le règlement le prévoit. S'ils avaient accepté tout de
suite, on n'aurait pas eu de discussion du tout. Ils n'ont pas accepté
et on a tenté par nos interventions, qui sont limitées par le
règlement à certains paramètres, sont limitées par
certaines contraintes, on a tenté de les convaincre et d'expliquer
pourquoi c'était important pour
nous, non seulement pour les députés de l'Opposition
officielle, mais aussi pour les députés ministériels. On
sait, M. le Président, que parfois ils voudraient bien intervenir, eux
autres, mais ils ne peuvent pas faire une telle motion parce que, savez-vous,
la ligne de parti, parfois, les en empêche. On parlait non seulement en
notre nom, au nom de l'Opposition officielle, mais on parlait au nom de tous
les députés. Il a fallu expliquer cela. Cela a pris un peu de
temps, parce que les représentants du gouvernement ne voulaient pas que
ces députés soient entendus.
Nous avons, M. le Président, fait une demande et,
sérieusement, c'est une des motions les plus sérieuses et les
plus raisonnables que j'aie jamais vue devant une commission parlementaire. On
discute d'un projet de loi qui a des implications financières pour
Hydro-Québec et on invite le vice-président responsable des
finances. On a fait cette motion et cela aurait été beaucoup plus
vite, si vous aviez voulu éviter les 23 heures qu'on a perdues
jusqu'à maintenant. C'était d'accepter, M. le
Président.
M. Grégoire: M. le Président, je prends note que le
député de Mont-Royal vient de dire "les 23 heures qu'on a
perdues".
M. Ciaccia: Oui, par votre faute...
M. Grégaire: Mais ce n'est pas nous qui avons
parlé. C'est eux qui ont parlé. D'accord, j'en prends note.
M. Ciaccia: ...on a perdu ces 23 heures. Oui, exactement, par vos
tactiques d'obstruction. Quand vous dites non chaque fois qu'on propose quelque
chose, c'est votre faute si on parle pour expliquer. C'est du temps perdu,
parce que vous avez dit non sur des motions raisonnables.
M. Grégoire: Je retiens ces expressions.
M. Ciaccia: Exactement, c'est perdu, M. le Président.
Une voix: À la recherche du temps perdu.
M. Rodrigue: Vous savez que le temps qu'on tue ne meurt jamais
sans se venger. Vous saviez cela?
M. Ciaccia: S'ils avaient accepté, M. le Président,
d'inviter le vice-président d'Hydro-Québec, on aurait pu
continuer immédiatement l'étude du projet de loi et on serait
peut-être beaucoup plus avancés qu'on ne l'est maintenant,
quoique, d'après la réaction du ministre, il n'avait même
pas de commentaires sur le premier article, un article clé. Je pense que
cela aurait pris un peu de temps, M. le Président, pour discuter de
l'attitude du ministre sur cet article. Non seulement, M. le Président,
ils n'ont pas invité, ils ont refusé d'inviter le
vice-président, mais ils ont commencé à faire des jeux.
Ils ont commencé à jouer avec la motion. Cela, c'est le parti
ministériel qui a fait cela; il a présenté un amendement
tout à fait ridicule, à savoir d'inviter toutes les personnes et
organismes le même jour. Cela veut dire inviter 6 000 000 de
Québécois... Non? Ce n'était pas interdit dans la motion,
la motion disait tout le monde.
M. Grégoire: Pas les mineurs.
M. Ciaccia: Elle ne disait même pas si...
M. Lalonde: Moi, je n'ai rien dit. On n'a rien dit, on
efface.
M. Grégoire: Non, c'est lui qui l'a dit, je l'ai
répété.
M. Ciaccia: M. le Président, il a fallu prendre encore du
temps pour expliquer...
M. Grégoire: J'en ai 6000 dans mon comté.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Pour qu'on saisisse bien ce dont parle le
député de Mont-Royal, il faudrait dire que l'amendement disait
"et autres personnes ou groupes." Cela ne disait pas toutes les personnes du
Québec, toute la population du Québec ou tous les groupes du
Québec. Vous voyez que le député de Mont-Royal se moque de
nous, se moque de ceux qui vont lire le journal des Débats, se moque de
la population en général. C'est incroyable.
M. Ciaccia: M. le Président, il ne sait même pas
lire sa propre motion, je l'ai devant moi. Je vais lire ce texte, c'est
effrayant ce qu'on vient de voir: "Que cette commission invite M. Georges
Lafond, vice-président aux finances à la société
Hydro-Québec, et toute autre personne physique ou corporative." C'est
incroyable ce qu'on vient de voir du côté...
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
M. Ciaccia: C'est scandaleux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: La commission a disposé d'une motion, et je
ne vois pas pourquoi le député de Mont-Royal argumente sur le
bien-fondé de cette motion. C'est quasiment une insulte aux membres de
la commission qui ont pris une décision.
M. Lalonde: M. le Président, je suis insulté.
M. Rodrigue: Je vous invite à rappeler le
député de Mont-Royal à l'ordre.
M. Lalonde: Et le député de Châteauguay
aussi, qui a soulevé la question.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas sortir
Beauchesne une autre fois. M. le député de Mont-Royal, je vous
invite à la pertinence, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Je voudrais expliquer pourquoi il est
nécessaire, à ce stade-ci, alors que nous n'avons pas encore
discuté d'un article du projet de loi, pourquoi il est important et
essentiel de faire un rapport à l'Assemblée nationale pour
démontrer l'obstruction que le côté ministériel a
faite depuis le début des travaux de cette commission parlementaire.
Apporter un amendement de ce genre, c'est vraiment se moquer de la commission.
Il a fallu qu'on l'explique, qu'on en parle.
Le député de Châteauguay nous a dit: Votez, je vous
invite à voter. Nous, on n'avait pas confiance, on se méfiait de
lui; on en a eu la preuve, il a été le seul à voter pour
certains amendements. Tous ses collègues ont voté contre lui.
Imaginez-vous, si on avait accepté son invitation à amener cette
motion au vote, ce qui serait arrivé. C'était un piège, M.
le Président, on l'a vu. Mais, de plus, il fallait expliquer
l'absurdité de cette motion pour essayer de rectifier...
M. Dussault: Entre nous, tout n'est qu'incohérence de ce
côté-là.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Dussault: IIs m'ont félicité pendant toute une
journée parce que cette motion était extraordinaire.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai le droit de parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay!
M. Lalonde: Nous nous excusons de vous avoir
félicité, on a compris maintenant.
M. Dussault: Vous faites bien de vous excuser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour essayer de ramener le député de
Châteauguay à la raison, on a ajouté une restriction pour
définir quels organismes nous devions inviter. Je pense que c'est
important que nous fassions un rapport intérimaire parce qu'au cours des
discussions sur d'autres articles, si le parti ministériel se comporte
de la même façon qu'il l'a fait jusqu'à maintenant, il est
possible que nous fassions d'autres rapports. Ce n'est pas un rapport final,
c'est un rapport intérimaire qui ne ferme pas la porte à d'autres
rapports intérimaires que nous voudrions faire à
l'Assemblée nationale. Je vais appuyer cette motion, M. le
Président, et je pense que le député de Châteauguay,
s'il voulait être un peu cohérent avec sa pensée... Il a
peut-être un peu honte. Il ne voudrait pas qu'on fasse rapport. Il a
peut-être honte de l'absurdité de son amendement de convoquer 6
000 000 de Québécois à la commission parlementaire le 15
décembre à 11 h 30.
Le Président (M. Laplante): II vous reste huit minutes. M.
le député de Frontenac.
Une voix: On est 6 000 000, faut se parler.
M. Ciaccia: Combien de minutes me reste-t-il?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, je pense qu'on en est
rendu à la période où il faut reconnaître
réellement, comme l'a dit si bien le député de Mont-Royal,
que l'Opposition est en train de nous faire perdre du temps.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Grégoire: II y a deux heures, vous avez dit que cela
faisait 23 heures.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le Président.
Je n'ai pas dit que c'est nous qui faisions perdre du temps. J'ai dit que le
temps que nous avons perdu, c'est la faute du côté
ministériel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: C'est exactement ce que j'ai voulu dire. Le
député de Mont-Royal a dit: Le temps que nous avons perdu, en
parlant de vous autres.
M. Ciaccia: Non, en commission. Le nous collectif.
M. Grégoire: Non.
M. Ciaccia: Vous êtes bons avec des collectifs, vous
autres. C'est un nous collectif.
M. Grégoire: Non, nous avons perdu. Dans le
français, c'est la première personne, c'est-à-dire
nous.
Une voix: ...
M. Grégoire: Nous, c'est vous autres.
M. Lalonde: C'est nous. Mais non, nous, ce n'est pas vous.
M. Grégoire: Oui, mais...
M. Lalonde: Nous, ce n'est pas vous. Mais non, vous c'est
nous.
M. Ciaccia: Nous, c'est les autres.
M. Grégoire: Quand c'est dans la bouche...
M. Ciaccia: Nous, c'est les autres.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Regarde donc Beauchesne. Pourrais-tu regarder dans
Larousse?
M. Grégoire: Quand c'est dans la bouche du
député de Mont-Royal, qu'il dit et je le cite: "Le temps que nous
avons perdu..."
M. Lalonde: C'est la commission.
M. Grégoire: Cela veut dire qu'il reconnaissait...
M. Lalonde: Hélas!
M. Grégoire: ...qu'il avait perdu 23 heures. Mais qui a
parlé pendant ces 23 heures? Nous les avons, nous...
Une voix: Les libéraux.
M. Grégoire: ...de ce côté-ci, laissé
parler.
Une voix: On essayait de vous convaincre.
M. Grégoire: C'est l'Opposition qui a parlé. Il a
mentionné, un peu plus loin, "du temps perdu". Il a dit: "Les motions,
si on les avait acceptées..." M. le Président, c'est son argument
le plus incompréhensible. Le député de Mont-Royal nous dit
que si on avait accepté de laisser comparaître, de faire
comparaître le vice-président d'Hydro-Québec on aurait
peut-être fini l'étude, article par article, en commission. M. le
Président, on se rappelle qu'au mois d'août dernier, la commission
de l'énergie et des ressources a siégé. On a fait venir
les membres d'Hydro-Québec, tout le conseil d'administration, pas
seulement un membre, tous. Le vice-président aux finances
d'Hydro-Québec est venu ici. Qu'est-ce qui s'est produit, M. le
Président? Les délégués de l'Opposition sont
sortis.
M. Ciaccia: II n'était pas tout seul. On veut le voir ici
tout seul, qu'il nous parle tout seul.
Une voix: Et ils se sont sauvés.
M. Grégoire: Ils se sont sauvés. Ils sont
partis.
Une voix: Ils ne voulaient pas discuter.
M. Lalonde: C'est épouvantable.
M. Grégoire: Nous en avons conclu...
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): ...et à juste
titre...
M. Fortier: M. le Président.
M. Grégoire: ...qu'ils ont insulté le
vice-président d'Hydro-Québec en se sauvant.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, question de règlement.
M. Fortier: M. le Président. Une voix: C'est
vrai.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Le député de Frontenac est en train
d'induire cette commission parlementaire en erreur. La commission parlementaire
d'où nous sommes sortis est celle concernant la tarification qui a eu
lieu à la fin de septembre.
Des voix: Oui.
M. Fortier: Là, vous parlez du projet de loi no 16. Nous
sommes restés là du début à la fin.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Frontenac.
M. Fortier: II n'était même pas là.
M. Grégoire: M. le Président, c'était la
même commission. Nous étions tous autour de la table, à la
commission de l'énergie et des ressources. Nous avons eu l'occasion de
poser des questions et nous avons laissé la plus grande latitude
possible à l'Opposition pour poser toutes les questions qu'elle voulait
poser non seulement au vice-président, mais au président et
à chacun des membres du conseil d'administration d'Hydro-Québec.
Qu'ont-ils fait? Ils ont insulté la haute direction
d'Hydro-Québec en se sauvant...
M. Bélanger: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: ...en partant...
M. Bélanger: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grégoire: ...en se retirant de la commission.
Une voix: C'est vrai.
M. Grégoire: M. le Président, je dis...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grégoire: ...que nous n'avions plus le droit de
soumettre la haute direction d'Hydro-Québec à une nouvelle
insulte... Le Président (M. Laplante): Sur votre question de
règlement.
M. Grégoire: ...de la part de l'Opposition.
M. Lalonde: ...vous avez tué Hydro-Québec.
M. Bélanger: M. le Président.
M. Lalonde: Ils ne seront plus jamais insultés.
M. Bélanger: Je suis membre de cette commission et le jour
où nous avons quitté la commission parlementaire, nous n'avions
pas ce mandat que nous avons aujourd'hui de l'Assemblée nationale de
venir ici étudier, article par article, un tel projet de loi. Donc, on
ne voulait tout simplement pas être les complices d'une manigance entre
Hydro-Québec et le gouvernement. C'est pourquoi nous avons quitté
et si c'était à refaire, M. le Président, nous ferions la
même chose.
Le Président (M. Laplante): Un moment, s'il vous
plaît! Je voudrais éclaircir quelque chose...
M. Dussault: Vous avez entendu, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ...avant de changer cela parce
que c'est inscrit au journal des Débats.
M. Dussault: C'est grave ce qu'il...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous insinuer qu'au
moment de la dernière commission, dont j'étais le
président, vous n'étiez pas convoqués par
l'Assemblée nationale pour une commission de l'énergie et des
ressources?
M. Bélanger: Non, M. le Président. J'ai dit que
nous n'étions pas convoqués par l'Assemblée nationale pour
étudier...
Une voix: Pour étudier le projet de loi no 16.
M. Bélanger: ...le projet de loi no 16 article par
article.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Frontenac. (16 h 30)
M. Grégoire: Je dis ceci, M. le Président: La
commission de l'énergie et des ressources a été
convoquée et le conseil d'administration d'Hydro-Québec a
été invité à comparaître. Nous avons
laissé toute la latitude voulue à l'Opposition pour poser quelque
question que ce soit au conseil d'administration d'Hydro-Québec et
l'Opposition a insulté ledit conseil d'administration en se sauvant - je
ne dis pas en quittant - de la commission. Et on voudrait maintenant que nous
resoumettions le conseil d'administration d'Hydro-Québec aux insultes
répétées de l'Opposition? C'est inacceptable.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement?
M. Dussault: ... je voudrais vous demander une directive. Y
a-t-il quelque chose de prévu dans notre règlement qui puisse
obliger un député à se rétracter sur des paroles
prononcées? Le député de Mégantic-Compton vient de
parler de manigance entre Hydro-Québec et le gouvernement. Dans une
manigance, M. le Président, vous savez qu'il y a deux parties. Il a
parlé des deux parties et il vient de
dire qu'Hydro-Québec a manigancé. Il vient de dire cela.
Si on faisait sortir la transcription, on le constaterait; il vient de parler
d'une manigance, lors de la commission parlementaire qu'on vient
d'évoquer, entre Hydro-Québec et le gouvernement.
M. le Président, je demande que le député de
Mégantic-Compton retire ses paroles parce que c'est une accusation qu'il
vient de porter...
M. Grégoire: À l'endroit d'Hydro-Québec.
M. Dussault: ... à l'endroit d'Hydro-Québec.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est peut-être une manoeuvre de diversion du
député de Châteauguay parce qu'il veut faire oublier son
comportement incroyable à cette commission.
M. Grégoire: À l'ordre! À l'ordre!
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement.
M. Lalonde: II n'y a aucun doute que sa demande est absolument
farfelue. Je présume que ce que le député de
Châteauguay vient de rapporter a été dit, mais je ne me
souviens pas de l'avoir entendu, j'étais peut-être distrait. Mais,
même si cela a été dit, c'est parfaitement le droit de
quelque député que ce soit de prétendre qu'il y a eu une
manigance entre le gouvernement et un organisme quelconque. Ce n'est pas du
tout antiparlementaire. Si ce n'est pas une manigance, prouvez-le.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Je vais répondre
à cette question de règlement. En toute honnêteté,
le président ne l'a pas entendu. Je ne dis pas que ça n'a pas
été dit, mais je ne l'ai pas entendu. Il reste que si, par la
transcription, on voit que des choses antiparlementaires ont été
dites, c'est par le biais de l'Assemblée nationale, à ce
moment-là, que vous pourrez faire valoir vos droits, M. le
député de Châteauguay.
M. Ciaccia: On pourra l'inclure dans le rapport.
M. Lalonde: On pourra mettre cela dans le rapport, M. le
Président.
M. Dussault: D'accord, on va se le rappeler, on en a pris
note.
M. Lalonde: Dans le rapport intérimaire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, voulez-vous continuer, s'il vous plaît?
M. Grégoire: Je crois avoir nettement établi qu'il
aurait été pénible pour HydroQuébec de revenir ici
se soumettre aux insultes de l'Opposition à la même commission de
l'énergie et des ressources. Je crois avoir nettement établi que
l'Opposition a eu toutes les chances voulues pour poser quelque question que ce
soit au vice-président aux finances d'Hydro-Québec et que
l'Opposition a non seulement refusé de poser des questions, mais qu'elle
s'est sauvée. Cela a été nettement établi. Nous
avons fourni à l'Opposition toutes les occasions possibles de poser
quelque question que ce soit; elle n'a pas posé ces questions et elle
s'est sauvée. Voilà ce qui a été établi.
Le temps perdu. Il faut bien commencer, après 25 heures et cinq
jours, c'est le quatrième jour aujourd'hui...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, est-ce toujours pour insérer dans le rapport?
M. Lalonde: Oui, c'est pour inclure au rapport.
Le Président (M. Laplante): C'est pour inclure au rapport,
cela?
M. Lalonde: Oui, c'est pour inclure au rapport.
Le Président (M. Laplante): Ce dont vous parlez?
M. Grégoire: Oui, M. le Président, je suis bien
prêt à l'inscrire au rapport.
M. Ciaccia: Vous allez voter pour la motion?
M. Grégoire: Je vais aller plus loin...
M. Ciaccia: Autrement, on ne pourra pas faire de rapport.
M. Grégoire: ... que de demander que ce soit inclus au
rapport. Je crois que la demande du député de Mont-Royal...
Le Président (M. Laplante): J'avais besoin de le
savoir.
M. Grégoire: ... est complètement contraire au
règlement.
M. Gratton: Je comprends; sans cela, il était à
l'encontre du règlement.
M. Grégoire: Le député de Mont-Royal ne peut
pas me demander...
M. Lalonde: De voter pour?
M. Grégoire: ... quel sera mon vote. C'est une chose qui
m'appartient et non pas au député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Ce n'est pas un vote secret, ici.
M. Ciaccia: Ce n'est pas un vote secret, ici.
M. Grégoire: Non, mais ça m'appartient jusqu'au
moment du vote.
M. Ciaccia: Êtes-vous tombé sur la tête? On
vote ouvertement, ici.
M. Grégoire: Cela m'appartient jusqu'au moment du vote,
tout comme le vote du député de Mont-Royal lui appartient
jusqu'au moment du vote.
M. Lalonde: Vous avez le droit d'être indécis.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: Mais, rendu au vote, le député
de Mont-Royal votera comme il l'entendra et je voterai comme je
l'entendrai.
M. Lalonde: II va voter indécis, M. le
Président.
M. Grégoire: Mais la décision m'appartient jusqu'au
moment du vote. Ceci dit...
M. Lalonde: II va s'abstenir, comme d'habitude.
M. Grégoire: ... c'est un fait que tout le monde,
après quatre jours, s'aperçoit et réalise que l'Opposition
a fait perdre le temps de cette commission, que l'Opposition continue à
faire une obstruction systématique...
M. Lalonde: Ce n'est pas cela, un "filibuster". Vous n'avez rien
vu, si vous pensez que c'est cela.
M. Grégoire: ... continuelle...
M. Lalonde: Attendez le projet de loi no 39, vous allez voir ce
que c'est.
M. Grégoire: ... et avec l'intention bien
arrêtée...
M. Lalonde: Cela, c'est de la petite bière!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: ... de ne pas laisser progresser les travaux
de cette commission. L'Opposition a manifesté à plusieurs
reprises qu'elle ne veut pas laisser progresser les travaux de cette
commission. Ce qui veut dire que ça commence à avoir du sens de
faire rapport, mais pas n'importe quel rapport, faire le rapport suivant.
M. Lalonde: Ah!
M. Ciaccia: Écrivez cela.
M. Grégoire: II faudra faire à l'Assemblée
nationale le rapport suivant: Que l'Opposition a fait perdre le temps de la
commission, qu'elle a refusé systématiquement de collaborer aux
travaux de la commission...
M. Lalonde: Pourtant...
M. Grégoire: ... qu'elle a refusé
systématiquement d'obéir à l'ordre de l'Assemblée
nationale qui est d'étudier article par article le projet de loi no
16.
Une voix: Très juste.
M. Grégoire: Que l'Opposition a même refusé
de s'en tenir et de revenir au projet de loi no 16, que l'Opposition n'a
même pas voulu discuter du projet de loi no 16, que l'Opposition ne veut
pas que les travaux avancent. Cela, ça doit être dit en Chambre.
À ce moment-là, le gouvernement, en gouvernement responsable,
devra dire: Très bien, puisque la commission ne peut pas progresser
à cause de l'Opposition, nous passerons immédiatement à
l'étude en troisième lecture, après le rapport.
M. Lalonde: On nous annonce une clôture?
M. Grégoire: M. le Président...
M. Lalonde: Là, par exemple! Je ne le prends pas.
M. Grégoire: Je comprends la colère du
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela, c'est effrayant.
M. Grégoire: Imposer une clôture, c'est
peut-être un des gestes les pires, je l'admets. Mais il y a des
circonstances, et c'est pour ça que c'est prévu dans nos
règlements.
M. Lalonde: Ils font ça au fédéral.
M. Grégoire: II faut se fier à nos
règlements. Il y a des circonstances où, lorsque l'Opposition
manifeste réellement sa mauvaise volonté, lorsqu'elle refuse
systématiquement même de toucher du bout du doigt au projet de loi
qui est devant nous...
M. Lalonde: On est à l'article 1.
M. Grégoire: ... elle refuse systématiquement
d'obéir à l'ordre de l'Assemblée nationale. Nous avons
reçu un ordre de l'Assemblée nationale...
M. Lalonde: M. le Président, va-t-il nous faire
arrêter?
M. Grégoire: ... d'étudier article par article le
projet de loi no 16, et l'Opposition refuse systématiquement
d'obéir à l'ordre de l'Assemblée nationale. À ce
moment-là, je l'ai dit, ça constitue un des cas graves au cours
desquels le motion de clôture est justifiée, justifiable et
nécessaire. Il appartient au gouvernement de légiférer, il
appartient à l'Opposition de s'opposer, mais il n'appartient jamais
à l'Opposition d'empêcher systématiquement un gouvernement
de diriger.
M. Dussault: C'est ça.
M. Lalonde: Vous faites du dirigisme.
M. Grégoire: M. le Président, c'est le
parlementarisme britannique, c'est le système traditionnel
britannique.
M. Lalonde: Ce sont des Anglais?
M. Grégoire: Je l'ai toujours accepté.
M. Lalonde: Des Anglais!
M. Ciaccia: Encore eux!
M. Lalonde: Non pas au fédéral.
M. Grégoire: Mais quand je vois l'Opposition...
M. Lalonde: II ne l'accepte plus.
M. Grégoire: ... ne plus accepter ce principe de
procédure parlementaire britannique...
M. Lalonde: Cela fait seulement trois jours qu'on
l'étudie, c'est un gros projet de loi.
M. Grégoire: ... je me dis que l'Opposition va à
l'encontre de nos institutions parlementaires et que c'est le temps de se
servir de ce que le règlement nous permet.
M. Ciaccia: Contre la reine. M. Lalonde: C'est effrayant.
M. Grégoire: Tout comme je comprenais, de prime abord, le
sursaut de colère du député de Marguerite-Bourgeoys. Je
vois qu'il sourit maintenant...
M. Lalonde: Oh non! Je suis découragé, M. le
Président.
M. Grégoire: ... parce qu'il a compris, évidemment,
que le gouvernement se devait de diriger, parce qu'il admet lui-même, et
vous l'admettez tous dans l'Opposition, que, réellement, vous avez
désobéi à l'ordre de l'Assemblée nationale...
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: ... qui était d'étudier article
par article le projet de loi no 16.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que vous allez
trouver ma question de règlement fort pertinente. Le
député de Frontenac vient de nous annoncer l'intention du
gouvernement... N'oublions pas qu'il est l'adjoint parlementaire; il n'est pas
un simple député, il est beaucoup plus que ça, c'est un
adjoint parlementaire, et le ministre est absent. Donc, après le
président, c'est le personnage de cette commission.
M. Fortier: Oui, le ministre l'a compris.
M. Lalonde: II vient de nous annoncer qu'on aurait une motion de
clôture, M. le Président. Je proteste. Je ne veux pas que les
membres de cette commission soient appelés à travailler sous des
menaces, et jamais je ne l'accepterai.
M. Grégoire: M. le Président, si j'avais fait cette
menace, le député de Marguerite-Bourgeoys aurait raison de
s'opposer, mais je n'ai pas menacé.
M. Lalonde: Ah! il la retire? Cela me rassure. Merci.
M. Grégoire: J'ai dit que je commence à comprendre
pourquoi notre règlement contient un article aussi important, soit le
pouvoir de clôture lorsque l'Opposition abuse de ses droits. Je dis que
je commence à comprendre et à tourner les yeux vers cet article
du règlement. Je ne voudrais pas menacer, je demande, au contraire - je
voudrais terminer là-dessus - à l'Opposition d'essayer de
collaborer...
M. Lalonde: Certainement!
M. Ciaccia: Un appel aux armes?
M. Grégoire: ... d'obéir à l'ordre de
l'Assemblée nationale, qui demande d'étudier, article par
article, le projet de loi. Ce serait un début de collaboration si,
après quatre jours, on avait au moins un des paragraphes d'un des
articles du projet de loi qui faisait l'objet d'une étude.
M. Lalonde: Certainement!
M. Grégoire: Mais on n'étudie aucun paragraphe
encore.
M. Lalonde: Acceptez ce qu'on vous propose.
M. Grégoire: M. le Président, il y a une
manière bien simple, à ce moment-là, c'est de prendre le
vote sur la motion. On verra comment les membres en disposeront.
M. Lalonde: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. Grégoire: Je m'aperçois que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a même pas les oreilles
ouvertes à un appel à la collaboration et à
l'obéissance à l'ordre de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement
du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le député de Frontenac me met en cause
personnellement et j'aimerais savoir ce qu'il veut, au juste. Il nous reproche
de sortir d'une commission et là, il nous reproche de trop y participer,
de rester et de trop y participer.
M. Ciaccia: II nous reproche de rester.
M. Lalonde: J'aimerais savoir ce qu'il veut. Il s'abstient sur
deux votes, il vote contre sur d'autres. Je pense que nous,
députés, on doit avoir - et c'est ma question de règlement
- le droit de prendre tout le temps qui nous est imparti par le
règlement pour tenter de convaincre le gouvernement de faire ce qu'on
lui demande, qui est très raisonnable, c'est d'entendre les
Québécois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas fini?
M. Grégoire: ... ce n'est pas là le sujet de la
motion. De celle-là, on en a disposé. La motion actuelle...
M. Lalonde: Pendant deux jours; cela a pris deux jours.
M. Grégoire: ... est de faire un rapport spécial
à la Chambre, un rapport intérimaire. Je dis: quant à
faire rapport à l'Assemblée nationale, pourquoi ne leur
démontreriez-vous pas que vous avez obéi à l'ordre qui
vous a été donné de venir étudier, article par
article, le projet de loi no 16? Jusqu'à maintenant, ce dont on peut
faire rapport, c'est de votre désobéissance à l'ordre de
l'Assemblée nationale, c'est votre mépris du règlement de
l'Assemblée nationale, c'est votre mépris de l'institution
parlementaire et du système parlementaire britannique.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: C'est juste, ce que je dis là.
Le Président (M. Laplante): Sur votre question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le député de Frontenac vient d'avoir
des paroles méprisantes à votre endroit, M. le Président.
Il dit que l'Opposition a agi avec mépris pour le règlement. Dieu
sait, et nous tous aussi, que vous n'auriez jamais toléré cela.
Vous avez toujours appliqué le règlement à cette
commission et je vous en félicite, M. le Président.
M. Grégoire: Je vous en félicite également,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé?
M. Grégoire: Je n'ai jamais dit cela, j'ai parlé du
mépris pour l'ordre donné par l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Non, vous avez parlé du règlement de
l'Assemblée nationale.
M. Grégoire: Du mépris envers l'ordre donné
par l'Assemblée nationale, en fonction du règlement, de venir
étudier le projet de loi article par article.
M. Lalonde: Alors, vous retirez "le règlement"?
M. Grégoire: En d'autres termes, j'admets avec le
député de Mont-Royal que la commission, par la faute de
l'Opposition, a perdu 25 heures, à l'heure actuelle, quatre jours durant
lesquels les travaux n'ont pas progressé. Nous n'avons même pas
touché au début de l'article 1 et l'Opposition a
désobéi à l'ordre de l'Assemblée nationale qui
était d'étudier article par article le projet de loi no 16.
M. Ciaccia: M. le Président, selon l'article 96.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Grégoire: Là, j'ai fini mon temps, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): II vous reste quatre
minutes.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais brièvement
prendre la parole, selon l'article 96. Le député de Frontenac a
mal interprété quelques paroles de mon intervention et il m'a
cité hors contexte. Quand j'ai dit "nous", je parlais de "nous, la
commission parlementaire". Quand je me réfère au
côté ministériel seulement, je dis "le côté
ministériel"; quand je me réfère à l'Opposition, je
dis "l'Opposition" et non pas "nous". "Nous", cela veut dire toute la
commission.
Le Président (M. Laplante): Votre mise au point est faite,
M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Non. Le deuxième point est qu'il m'a
cité hors contexte. Quand j'ai dit que la commission avait perdu du
temps, il a seulement pris cet aspect de mon intervention et il a oublié
de dire, comme je l'avais affirmé, qu'on a perdu du temps du fait du
refus systématique de la partie ministérielle d'accéder
à toutes les demandes et motions que nous avons faites, même les
plus raisonnables.
M. Lalonde: Aucune.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin.
M. Grégoire: Juste un point, M. le Président. Je
voudrais m'excuser auprès du député de Mont-Royal; si je
l'ai mal interprété, je voudrais retirer ma mauvaise
interprétation. En fait, le député de Mont-Royal est
difficilement interprétable!
Le Président (M. Laplante): Je passe! M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président.
Une voix: Ce n'est pas bien beau.
M. Grégoire: Ah! Ah! Ah!
M. Lalonde: On va examiner cela.
M. Bélanger: On va mettre cela dans le rapport.
M. Grégoire: Oui, on va examiner cela. (16 h 45)
M. Lalonde: On va donner un avis juridique ce soir.
M. Ciaccia: Pour le parti.
M. Grégoire: II y a peut-être une question de
privilège, mais il faut qu'elle soit soulevée tout de suite, par
exemple.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: M. le Président, on entend des accusations
de mauvaise foi et toutes sortes de choses, des menaces de clôture et on
dit qu'on fait de l'obstruction, mais il faut dire que c'est notre devoir
strict, comme parlementaires, dans notre système, de nous opposer
à un projet de loi qu'on trouve...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin, est-ce qu'il s'agit d'une question de règlement ou si
vous parlez sur la motion?
M. O'Gallagher: Sur la motion qui dit...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous lu la motion?
M. O'Gallagher: Oui, et je vais vous la lire: Que cette
commission fasse un rapport intérimaire à l'Assemblée
nationale en vertu de l'article 161.2. Comme je le disais, c'est notre devoir
strict de nous opposer à un projet de loi qui, d'après nous,
affectera vraiment l'avenir d'une société si importante pour
notre économie, le levier principal de notre économie. Je vois le
ministre du Revenu qui est assis comme un "expecting father", qui attend
l'accouchement de cette façon d'aller chercher d'autres revenus. Le
gouvernement a hâte de retirer ces revenus parce qu'il est dans une
situation financière extrêmement difficile. Cela, c'est vrai.
Cette loi, pour nous - c'est là la raison de notre opposition -
le gouvernement et tous les ministres la regardent comme un objectif à
très court terme. Le gouvernement veut aller chercher de l'argent sans
vraiment étudier l'impact sur l'économie du Québec. Je
pense qu'on devrait retourner à l'Assemblée nationale - c'est
notre devoir - pour l'informer que nous ne connaissons pas suffisamment
l'impact de ce projet de loi.
Il faut que le public soit vraiment consulté et informé.
D'ailleurs, l'orientation de la vocation d'Hydro-Québec sera
changée d'une façon draconienne. On se rappelle sans doute qu'en
1962, lors de la nationalisation de l'électricité au
Québec, alors que le ministre des Richesses naturelles était
René Lévesque, on a fait une élection sur la question. On
ne vous demande pas d'aller en élection sur votre projet de loi, mais
l'impact de ce projet de loi est aussi important.
Ce n'est pas la nationalisation des compagnies
d'électricité, mais la politisation d'Hydro-Québec. Cela
peut avoir des conséquences extrêmement graves pour toute la
population. Notre devoir, c'est de porter cela à l'attention du public,
de tous les consommateurs et utilisateurs d'électricité. Dans le
fond, si cette loi est adoptée, si la motion de clôture est
adoptée, il y aura deux chefs à Hydro-Québec: le ministre
des Finances et le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Quel sera l'impact au sein d'Hydro-Québec? Quel en sera l'effet
sur le moral d'Hydro-Québec? Quelle sera la mission
d'Hydro-Québec? Un percepteur de taxes ayant pour mission d'aller
chercher le plus d'argent possible pour combler les déficits d'autres
ministères ou une société ayant pour mission de produire
l'électricité pour aider l'industrie, pour donner aux industries
du Québec un avantage concurrentiel sur toutes les industries? Est-ce
que ce sera une mission à court terme tout simplement pour augmenter les
taux d'électricité pour les contribuables afin de contrer le
gaspillage ou si ce sera une mission pour encourager les industries à
venir s'établir ici? Les conséquences de cette action du
gouvernement pourront être extrêmement importantes et graves.
Il faudrait au moins, sur la question des deux têtes
d'Hydro-Québec, le ministre des Finances et le ministre de
l'Énergie et des Ressources, consulter le nouveau président
d'Hydro-Québec. L'autre président a été
limogé. Sa démission a été annoncée par le
premier ministre avant même que la lettre soit rendue sur le bureau du
premier ministre. Il faudrait consulter les chefs de tous les
départements pour savoir quel va être l'impact du projet de loi
sur le moral de cette boîte qu'est Hydro-Québec. C'est
extrêmement important. Parce que, au fond, ce sont les consommateurs qui
sont affectés. Le ministre du Revenu est parti, mais l'affaire grave que
je mentionnais tantôt, c'est qu'on présente ce projet de
loi-là et cette affaire sur Hydro-Québec seulement pour le
"short-term gain", pour quelques taxes dans quelques mois. Mais quel va
être l'impact de ce projet de loi sur les revenus du Québec? C'est
cela qui est important.
M. Grégoire: Revenez au sujet de la motion.
M. O'Gallagher: Oui, la motion, c'est qu'il faut informer le
public...
M. Grégoire: Non, il faut faire rapport.
M. O'Gallagher: On retourne à l'Assemblée nationale
pour demander une autre consultation, c'est cela.
M. Grégoire: Cela n'est pas inscrit dans la motion.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas que le député de
Frontenac nous induise en erreur.
Le Président (M. Rodrigue): Je ne pense pas que je puisse
accueillir votre question de règlement parce que le député
de Frontenac n'a pas parlé dans le cadre de l'intervention du
député de Robert Baldwin. Le député de Robert
Baldwin n'a pas été interrompu dans son intervention.
M. Ciaccia: Moi, j'ai entendu.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, vous avez
peut-être entendu des bruits, mais la présidence n'a pas
été saisie d'une question de règlement de la part du
député de Frontenac; donc, elle n'a pas pu entendre les propos du
député de Frontenac.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, vous avez
raison, M. le Président, c'étaient des bruits.
M. Grégoire: C'étaient des bruits. M. Ciaccia:
Une directive.
Le Président (M. Rodrigue): Une directive, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que ce que vous me dites veut dire que les
propos du député de Frontenac ne seront pas inclus dans le
journal des Débats? Est-ce que c'est cela que vous me dites? Vous
me garantissez cela?
Le Président (M. Rodrigue):
L'intervention du député de Robert Baldwin, à mon
sens, n'a pas été interrompue, sauf par votre demande de
directive.
M. Ciaccia: Non, mais la question que je vous pose: Est-ce que je
dois interpréter vos paroles comme signifiant que les remarques du
député de Frontenac ne seront pas incluses dans le journal des
Débats?
Le Président (M. Rodrigue): Le député de
Frontenac n'avait pas demandé la parole à la présidence.
Alors, il n'y a pas eu d'intervention de sa part. C'est la réponse que
je donne à votre demande de directive. M. le député de
Robert Baldwin.
M. Ciaccia: Vous feriez un bon ministre, M. le Président,
parce que les réponses que vous donnez...
M. O'Gallagher: Je disais, M. le Président, avant
d'être interrompu par le député de Frontenac, que les
revenus du Québec vont être affectés par ce projet de loi
et qu'il faut que l'Assemblée nationale prenne conscience que nous
devons avoir d'autres informations d'autres personnes, d'autres citoyens,
d'autres institutions dans le Québec.
Le ministre du Revenu était ici tout à l'heure; lui, il
est mal pris. Il est mal pris avec des déficits énormes et il
n'est pas capable d'aller chercher des revenus. La seule manière de
sortir de votre malaise, c'est d'augmenter les revenus. Le seul levier
économique qu'on peut avoir, c'est d'encourager l'investissement et
d'encourager des industries à venir s'établir ici. Comme
l'hydroélectricité est une énergie renouvelable, on va
être capable d'utiliser cela comme moyen d'encourager des industries
à venir ici au Québec. Cependant, après votre week-end des
grands couteaux dernièrement, j'ai l'impression que vous avez fait peur
à plusieurs investisseurs potentiels. C'est dommage pour le
Québec et pour longtemps, j'ai l'impression.
Le Président (M. Rodrigue): C'est toujours sur la
motion?
M. Lalonde: C'est pour cela qu'il ne veut pas faire de
rapport.
Le Président (M. Rodrigue): C'est que parfois j'ai de la
difficulté parce que je trouve que les liens sont très difficiles
à faire, mais, enfin, je pense, que vous allez m'éclairer
là-dessus.
M. Ciaccia: À la fin, il va ramener tout cela
ensemble.
M. O'Gallagher: Les personnes vraiment affectées sont les
consommateurs. Il faudrait qu'ils réalisent quel va être l'impact
d'une augmentation de 17% sur leur budget familial. Ce sera l'impact no 1 sur
les citoyens, les payeurs de taxes et les payeurs de comptes. Quelle va
être cette influence-là? Je pense, qu'il serait extrêmement
important que les municipalités du Québec, qui viennent de
terminer leur budget, soient consultées, et viennent nous faire profiter
de leurs connaissances quant à l'impact que ce projet de loi aura sur
elles.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Robert Baldwin, je voudrais, quand même, vous rappeler à l'ordre.
La commission a disposé d'un certain nombre de résolutions et
vous ne pouvez pas revenir là-dessus maintenant que la commission s'est
prononcée. Je vous prie d'être un peu plus pertinent au
débat qui est devant nous.
M. Ciaccia: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Ciaccia: Je pense, que le député de Robert
Baldwin a le droit, comme nous l'avons fait, comme le député de
Frontenac l'a fait, comme le député de Châteauguay; de
référer à d'autres résolutions, à d'autres
motions qui ont été faites même si elles n'ont pas
été adoptées par cette commission. Je crois que,
d'après nos règlements, il aurait le droit d'y
référer parce que, peut-être, cela aussi fera partie de ce
qui devra être inclus dans le rapport préliminaire.
Le Président (M. Rodrigue): Je suis d'accord avec vous que
le député de Robert Baldwin a le droit de s'y
référer. Cependant, il n'a pas le droit de faire le débat
sur le bien-fondé de ces résolutions dont nous avons
disposé.
M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Mais, M. le Président, est-ce que vous
pouvez me donner une directive? J'ai reçu, à mon bureau de
comté et aussi à l'Assemblée nationale, des appels
téléphoniques et des écrits de plusieurs instances, par
exemple, des chambres de commerce qui sont vraiment concernées. Pensez
à toutes les petites et moyennes entreprises que ces chambres de
commerce représentent et qui vont être vraiment affectées
par ce projet de loi. Je pense que les chambres de commerce du Québec
devraient être appelées en commission
parlementaire pour en parler.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous rappelle à
l'ordre, parce que vous venez d'illustrer exactement ce que j'ai dit tout
à l'heure. Vous argumentez sur des motions dont on a déjà
disposé. Ce n'est pas une pure référence; vous argumentez
sur le bien-fondé de ces motions alors que la commission en a
déjà disposé. Je vous prie de revenir à l'objet du
débat, c'est-5-dire la motion de faire rapport à
l'Assemblée nationale.
M. O'Gallagher: Oui, justement, M. le Président, mon droit
de parole... Je n'ai pas eu la chance de m'exprimer, de dire s'il y a des
conséquences qui affectent les gens que je représente. Je suis
d'avis que dans le rapport que le député de Frontenac... C'est
lui qui est le rapporteur. Vous pourrez me corriger si je n'ai pas raison. Je
pense que tous ces rapports devraient être mentionnés dans le
rapport qu'on propose de faire à l'Assemblée nationale.
Il y a un autre effet de ce projet de loi qui devrait être
défini dans le rapport à l'Assemblée nationale. Il y a un
effet extrêmement dur pour la population; c'est l'effet des 369 000 000 $
qui ne seront pas investis cette année. Cela aura un impact
extraordinaire. Il faudrait que cela soit mentionné dans le rapport
à l'Assemblée nationale. Il faudrait peut-être expliquer
aussi dans le rapport à l'Assemblée nationale que cette
commission devrait consulter M. Marcel Bélanger pour qu'il explique
l'impact. Il y a peut-être des membres ici qui n'ont pas pris la peine de
lire ce rapport. Les 369 000 000 $ qui ne seront pas investis par
Hydro-Québec dans le développement de la Baie-James ou dans
d'autres projets auront un effet extrêmement difficile sur tous les
employés. Concernant les chômeurs du Québec, il y en a 320
000. On a perdu je ne sais combien d'emplois, selon les journaux de ce matin.
C'est extrêmement important.
Tous les jours, à Montréal, dans mon bureau de
comté, on a des plaintes de gens qui ont des problèmes, soit
comme locataires ou comme propriétaires de maison. À la
Régie du logement, il y a un "backlog" extraordinaire, et c'est toujours
le même argument: l'augmentation des coûts. Cela aura un impact
extraordinaire. Cela aussi devrait être mentionné dans le rapport.
(17 heures)
On voit aussi dans les journaux qu'il y a un manque complet de politique
énergétique. Tout cela est en relation avec ce projet de loi. Il
y a un manque extraordinaire de... il faut mettre tous les morceaux ensemble
pour une politique énergétique. On voit qu'Hydro-Québec
est censée vendre plus d'électricité aux
États-Unis, mais on pourrait peut-être utiliser cela comme moyen
d'attirer des industries ici au lieu de vendre l'électricité aux
États de New York et du Vermont. Le grand public, les 300 000
chômeurs ont le droit de savoir pourquoi vous vendez cette énergie
alors qu'on voit à la télévision l'État de New York
faire tous les jours toutes sortes de promesses à nos industries pour
les encourager à aller s'établir dans les États de New
York et du Vermont. Peut-être qu'on pourrait faire la même chose.
L'électricité, c'est notre seul moyen d'attirer l'industrie ici
et d'augmenter nos revenus. C'est la seule manière. On n'a vu aucun
projet pour augmenter nos revenus à long terme. C'est un "short term"
moyen, et ce sera un désastre pour le Québec. Je pense que cela
devrait être inclus dans le rapport à l'Assemblée
nationale.
Il serait aussi extrêmement important de parler de l'impact de
cette loi sur les taux d'intérêt des prêts
qu'Hydro-Québec a l'intention de faire dans les prochaines
années. Quel sera l'effet ou l'impact de ce projet de loi sur notre cote
de crédit? Notre cote de crédit sera vraiment affectée de
même que celle de toute la province. Quelle sera l'opinion de Standard
and Poor's et de Peabody's sur l'effet de la politisation
d'Hydro-Québec, de Moody's ou Standard and Poor's? Le
député de Jean-Talon, ce matin, a posé la question au
ministre des Finances, car le rôle d'Hydro-Québec est vraiment
changé. L'influence politique du ministre des Finances met la cote de
crédit d'Hydro-Québec en danger, en plus des rumeurs de menace de
démission du premier ministre. Tout cela pour dire qu'à ce
moment-ci, je pense qu'on procède trop rapidement à l'adoption de
ce projet de loi. On est rendu à un point extrêmement critique de
notre histoire politique et ce n'est certainement pas le temps d'adopter un
projet de loi comme celui-là en vitesse. Pour toutes ces raisons, M. le
Président, j'appuie fortement la motion du député de
Gatineau. Merci.
M. Dussault: Vote, M. le Président. M. Bélanger: M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous exercer votre
droit de parole, M. le député de Mégantic-Compton, s'il
vous plaît?
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Au départ, M. le Président,
c'est évident que je ne peux qu'être pour une motion qui dit: "Que
cette assemblée fasse un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale en vertu de l'article 161, paragraphe 2." Vous me
permettrez, M. le Président, au tout début, de faire quelques
brefs commentaires sur les accusations qui ont été
lancées, surtout à mon égard. Je
vous promets, M. le Président, de revenir sur le sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, vous avez demandé la parole pour parler de la
motion. S'il vous plaît, au moins, ayez la sagesse de ne pas annoncer
d'avance vos intentions.
M. Bélanger: D'accord, M. le Président, je ne vous
le dis pas. Je suis donc entièrement d'accord sur le but de cette motion
qui demande de faire rapport. Ce que je voulais vous dire, M. le
Président, pourrait être inclus dans le rapport. Cela aurait une
certaine importance que ce soit inclus dans le rapport. M. le Président,
vous connaissez l'importance du projet de loi no 16. Vous savez aussi qu'on ne
peut quand même pas dire que cette commission parlementaire a suivi un
déroulement coutumier. Cela nécessite, à mon humble avis,
de faire tout au moins un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale.
Comme je le disais, parce que le projet de loi no 16 revêt une
extrême importance, nous voudrions, nous de l'Opposition, contrairement
à ce dont on nous a accusés, de vouloir retarder les travaux, de
vouloir étudier article par article le projet de loi no 16, alors que
c'est absolument faux, du moins, pour ma part; je ne voudrais pas parler au nom
de mes collègues, mais je présume qu'eux aussi sont de bonne foi.
Nous sommes ici, comme vous pouvez le constater, régulièrement,
aux heures d'ouverture et jusqu'à la fermeture. Nous sommes ici
justement pour tenter d'étudier ce projet de loi no 16. Mais pourquoi
n'est-on pas rendu à l'étude article par article? Tout simplement
parce que nous avons tenté par tous les moyens, tous les
règlements mis à notre disposition... C'est pour ça que
chacun de nous a son livre de règlements qu'il peut consulter à
volonté, dans le but de forcer le gouvernement à faire entendre
des personnes qui, nous le croyons, devraient être entendues devant cette
commission.
Je vais vous citer un exemple, M. le Président, d'un projet de
loi déposé trop rapidement. J'ai ici une lettre qui est
arrivée à mon bureau, en provenance de Côte-Saint-Luc,
relativement à un projet de loi qui a été
déposé et auquel, me dit-on dans la lettre, 78% des
propriétaires s'opposent. S'il fallait, M. le Président, que ce
projet de loi soit adopté sans que ces 78% de propriétaires
puissent se faire entendre, je crois que ce n'est pas le rôle du
gouvernement. Le rôle du gouvernement est de gouverner, nous en sommes
tous conscients.
J'en reçois une autre, M. le Président, qui m'arrive de
Baie-Comeau. Encore là, un projet de loi est déposé pour
fusionner deux villes et là, vous me permettrez de citer quand
même un paragraphe de la lettre. Je ne voudrais pas citer toute la lettre
pour ne pas retarder les débats inutilement, mais je vais quand
même vous lire un paragraphe de cette lettre, M. le Président. Le
paragraphe se lit comme suit: "Sachant que vous avez été
élu afin de préserver la démocratie
québécoise et en tenant compte aussi du fait que vous aurez
personnellement à vous prononcer sur ce projet de loi, nous vous
invitons donc à prendre connaissance du document ci-joint et de vous
faire notre porte-parole lors de la discussion prochaine de ce projet de loi
antidémocratique." C'est exactement, M. le Président, ce à
quoi vise cette motion, c'est-à-dire de faire rapport à
l'Assemblée nationale, afin de s'assurer...
M. Dussault: Elle est signée, celle-là?
M. Bélanger: Elle est signée, celle-là, M.
le député. C'est le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau, 70
Saint-Michel, Baie-Comeau, province de Québec.
Je disais donc, M. le Président, que c'est justement la raison
pour laquelle je voterai pour cette motion. Je vais vous la relire, M. le
Président: "Que cette commission fasse un rapport intérimaire
à l'Assemblée nationale en vertu de l'article 161, paragraphe 2."
C'est ça, M. le Président, c'est pourquoi je voterai pour, comme
je le disais, simplement pour éviter au gouvernement, comme je viens de
vous en citer deux exemples, de procéder trop rapidement à
l'étude du projet de loi pour s'apercevoir par la suite qu'on n'a
peut-être pas atteint la cible visée par le projet de loi. On n'a
pas atteint non plus la volonté exprimée par tous les organismes
qui ont droit de parole. Je comprends le député de Frontenac qui
nous dit que le gouvernement est là pour gouverner - on est tous
d'accord que le gouvernement est là pour gouverner -mais pas pour
gouverner de n'importe quelle façon, M. le Président. Il y a des
façons de gouverner et il y a aussi un rôle à jouer comme
Opposition. Si on a été élus ici, comme le dit si bien le
paragraphe de cette lettre, M. le Président, pour être le
porte-parole, vous avez été élus démocratiquement
pour faire respecter la démocratie... Donc, cette motion s'inscrit,
évidemment, dans cette démocratie.
Comme je l'ai dit au début, M. le Président, on ne peut
pas nous accuser de vouloir retarder les travaux de la commission, mais on ne
peut pas non plus, à ce stade-ci, dire qu'à la commission, les
travaux se sont déroulés de façon coutumière, si
vous voulez. Normalement, un projet de loi, malgré ma courte
expérience de parlementaire, après trois ou quatre jours de
commission parlementaire, on en est rendu à avoir étudié
quelques articles. C'est justement pourquoi il faudrait faire rapport
à
l'Assemblée nationale, faire rapport de l'état de nos
travaux, faire rapport aussi, non pas d'un fiasco, - parce qu'on a dit tout
à l'heure un fiasco, ce n'est peut-être pas un fiasco - mais,
comme je l'ai dit, ce n'est quand même pas coutumier. Tout ce que nous
voulons, M. le Président, par cette motion, c'est que l'Assemblée
nationale soit saisie des problèmes que nous vivons depuis trois ou
quatre jours. Je suis persuadé que certains de mes collègues ne
savent même pas les difficultés que nous éprouvons ici. Le
public ne le sait sûrement pas.
Une voix: Une chance!
M. Bélanger: Vous savez très bien qu'à
l'Assemblée nationale, les débats sont
télédiffusés. Il y a certains citoyens et citoyennes
québécois qui, chaque jour, se font non seulement un plaisir,
mais un devoir de regarder les débats de l'Assemblée nationale.
Si nous faisons un rapport intérimaire à cette Assemblée
nationale, je suis persuadé que des milliers, pour ne pas dire des
millions de Québécois...
Une voix: Et Québécoises.
M. Bélanger: ... et Québécoises - je m'en
excuse - les Anglais et les Anglaises aussi pourront constater à quel
point nous, de l'Opposition, sommes soucieux, justement, des règlements
de l'Assemblée nationale.
Tout à l'heure, on nous a accusés de ne pas vouloir
répondre à un ordre de l'Assemblée nationale. Je m'excuse,
M. le Président, nous faisons exactement le contraire. Depuis quatre
jours, j'ai étudié le règlement comme jamais auparavant
parce que, constamment, on nous réfère à l'article 161,
à l'article 96, etc. Nous voulons vraiment faire un travail
sérieux, mais nous voulons quand même que ce travail soit
couronné de quelque chose.
M. le Président, ça allait si bien avant que le ministre
arrive. On continue. Je disais donc que nous sommes à étudier...
Je vais revenir, vous me permettrez quand même de parler un peu du projet
de loi parce que s'il y a une motion ici, c'est tout simplement parce que nous
sommes à étudier un projet de loi d'une extrême
importance.
M. Rodrigue: Vous savez qu'il faut que le député
parle de la motion, non pas du projet de loi à ce stade-ci.
M. Dussault: S'ils veulent enfin parler du projet de loi, on peut
y aller article par article.
Une voix: C'est la meilleure façon. M. Bélanger:
M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Vous aviez très bien compris que je
disais que si nous étions à discuter d'une motion, c'était
dû à l'importance du projet de loi. Je ne vois pas pourquoi je ne
pourrais pas mentionner l'importance du projet de loi. Si vous voulez que je
m'en tienne à lire la motion pendant 20 minutes, ce ne sera pas
intéressant et ça ne fera certainement pas avancer le
débat. Mon rôle, c'est de tenter de trouver des arguments pour
convaincre les représentants du gouvernement assis en face de nous de
voter pour cette motion et non pas de retarder le débat, au
contraire.
Je crois que tous les citoyens du Québec seraient beaucoup mieux
informés par l'Assemblée nationale que par cette commission.
C'est pourquoi c'est un devoir même de faire rapport à
l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale est quand même
l'autorité suprême, c'est elle qui nous a confié le mandat
de discuter, d'analyser le projet de loi.
M. le Président, je ne veux pas retarder le débat, je vais
terminer en vous disant que je félicite, évidemment, mon
collègue qui a présenté cette motion et que je voterai
pour cette motion. Je demande à tous les députés
ministériels de s'en faire un cas de conscience, si vraiment ils veulent
démontrer de la bonne foi, comme on l'aespéré,
malheureusement, en vain. Il y a quelques jours, on croyait qu'il y avait de la
bonne foi de l'autre côté, qu'on voulait vraiment vider la
question une fois pour toutes, mais, comme je l'ai dit, à notre grand
regret, on a appris que c'était plutôt un piège qu'on a
tenté de nous tendre. De toute façon, je voterai pour cette
motion et j'espère que mes collègues voteront unanimement pour
cette motion.
M. Vallières: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Merci beaucoup, M. le Président. Je
ne voudrais pas priver mon collègue de son droit de parole.
M. Ciaccia: Non, non.
M. Vallières: Je peux y aller.
M. Ciaccia: Oui, vous pouvez y aller.
M. Vallières: Merci, M. le Président.
M. Fortier: Le député de Richmond a
préparé son discours, ça fait à peu près une
heure qu'il est prêt.
M. Tremblay: Lui, vous pouvez le laisser parler, il ne fait pas
de gaffes.
Le Président (M. Laplante): Je vous reconnaîtrai
après, M. le député.
(17 h 15)
M. Ciaccia: C'est important ce que je voulais vous dire.
M. Vallières: C'est mon tour, M. le Président?
M. Ciaccia: Oui, c'est votre tour, allez- y.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, je dois vous dire
que je me suis absenté quelques minutes de la commission et je veux m'en
excuser auprès de mes collègues. Je dois vous dire, cependant,
qu'au moment où j'ai quitté cette commission, nous étions
en train de discuter de la recevabilité d'une motion. Je
m'aperçois, à mon grand regret, que nous travaillons encore sur
cette motion. J'ai eu l'occasion d'en discuter, tout à l'heure, avec
quelques-uns de mes collègues. Je m'aperçois que le
député de Duplessis voudrait me passer un instrument très
utile en ce moment. C'est vrai que je suis peiné. Je suis peiné
et en quittant les travaux, je me suis imputé une certaine
responsabilité au retard que nous avons mis à atteindre l'article
1. Je me suis dit, en quittant la commission, que je pourrais constater de
visu, en revenant, si c'est moi qui retarde les travaux ou ce qui se
produit.
Constatant que nous n'avons pas encore quitté cette motion, je
suis dans l'obligation de constater que ce n'est pas moi qui retarde les
travaux. Par conséquent, c'est avec plaisir que je viens à
nouveau assister aux travaux et cela me permet de m'enlever ce sentiment de
culpabilité qui m'alourdissait vraiment et qui, lors de mon
départ, me troublait, me déchirait, comme le mentionnaient
certains de mes collègues.
M. le Président, même si vous avez, finalement,
statué sur la recevabilité d'une autre motion qui lui ressemblait
beaucoup et qui demandait de transformer cette commission en commission
itinérante pour visiter les régions, je voulais vous dire que
c'est une motion qui me plaît, de prime abord. Mais, là encore, je
suis obligé de vous dire qu'elle m'apparaît très
incomplète parce que, à mon point de vue, il m'apparaît
primordial que nous puissions - je pense qu'on ne le répétera
jamais assez - visiter les régions afin de sonder véritablement
le pouls de la population sur cette question très importante.
Rappelons-nous, est-il nécessaire de le répéter, ce que ce
projet de loi no 16 vient changer dans ce que l'on connaît
présentement à Hydro-Québec. Je pense qu'il est important
qu'on mette du temps à présenter des motions, comme celle que
nous avons devant nous, qui nous permettent justement d'aller fouiller
davantage, qui nous permettent de rendre davantage publics les échanges
que nous avons ici à cette commission afin d'assurer un maximum
d'information à la population, mais aussi d'aller quérir chez la
population non pas son verdict, mais tout au moins son point de vue.
J'allais dire, tout à l'heure, qu'un des problèmes que
semble présenter cette motion, c'est qu'elle nous empêchera
d'aller dans les régions. Je mentionnais, entre autres, que du nombre
d'organismes que nous avions invités, lors d'une autre motion qu'a
défaite le parti ministériel, il y avait l'Union des producteurs
agricoles, qui ne faisait pas partie de cette liste et, à ce que je
vois, cette motion ne nous aurait pas permis de l'entendre. C'est donc toute
une catégorie de notre population qui, par la motion, ne sera pas
entendue. C'est donc dire qu'à part ce que vont dire nos
collègues à cette commission, nous allons rapporter, selon ce que
nous dit la commission, les propos et nous allons faire un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale en vertu de l'article
161.2.
Par conséquent, je me demande, dans le fond, ce qu'elle va venir
changer, modifier, à part d'informer la population davantage sur les
résultats, sur l'évolution de nos travaux.
M. le Président, comme je le mentionnais à plusieurs
reprises, je suis prêt à ce que nous fassions un rapport à
la Chambre. Je suis également prêt à continuer à
siéger jour et nuit pour convaincre nos honorables amis d'en face de
l'importance d'aller chez la population chercher tous les renseignements
pertinents, de vérifier les conséquences réelles dans le
porte-monnaie de chacun des électeurs de toutes les catégories de
la population, les conséquences réelles du geste que nous nous
préparons à poser. Je vois le député de Duplessis
qui a l'air de trouver cela drôle, c'est peut-être à cause
de la fatigue.
Je faisais rapport, hier, à cette commission du résultat
d'un sondage que je fais dans le comté. J'ai reçu aujourd'hui
environ 25 exemplaires de questionnaires qui sont tous aussi
révélateurs les uns que les autres. Je suis persuadé que
ces électeurs qui m'ont répondu seraient fiers de savoir
qu'aujourd'hui le Parti libéral défend leurs
intérêts en cette commission en présentant une motion comme
celle que nous avons afin de mieux les informer de ce qui se passe ici. Si
cette motion n'avait que pour conséquence d'informer la population sur
la fin de non-recevoir du parti ministériel vis-à-vis des
arguments que nous lui présentons soit pour une modification
majeure ou encore le retrait pur et simple de ce projet de loi no 16, nous
aurions atteint un but extraordinaire. La motion aurait joué son
rôle. C'est le but du collègue qui l'a présentée,
soit de faire en sorte non pas, comme on tente de nous l'imputer, de retarder
les travaux, mais bien d'élargir cette information très
importante et cruciale pour nos concitoyens.
Après tout, à défaut de l'acceptation par le
gouvernement du principe d'avoir un débat public à la grandeur du
Québec sur les incidences de ce projet de loi et sur l'avenir, le
devenir d'Hydro-Québec, il m'apparaît indispensable qu'au moins la
population soit bien informée sur l'état de nos travaux et sur
leur étendue. Et qu'on ait également, chez la population, la
chance d'évaluer les propos et les arguments qui sont apportés
ici par l'ensemble de mes collègues.
La motion que nous avons devant nous n'est rien d'autre que la
confirmation du droit de parole qui est exercé par tous mes
collègues. Je pensais au cours de mon absence de cette commission que
beaucoup de nos collègues, de nos vis-à-vis d'en face allaient
s'exprimer sur la motion et il m'est venu une idée soudaine. Je me suis
posé la question sur le fait que tant de nos collègues
étaient muets sur cette question. J'ai pensé que nos
collègues d'en face...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
de...
M. Dussault: Je veux venir à la défense du
député de Richmond parce que cela n'a pas de sens. Vous avez
remarqué, les députés libéraux s'amusent, rient,
parlent pendant que leur collègue fait un exposé ici. C'est une
preuve de plus que ce n'est pas sérieux ce qui se passe. Ils ne prennent
même pas ça au sérieux, c'est "une filibuste" pour vrai.
C'est une preuve de plus.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je m'excuse auprès du député de
Châteauguay, c'est vrai que nous manifestions ici notre enthousiasme
devant l'à-propos du discours du député de Richmond. Nous
allons nous contenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Je remercie mes deux collègues qui
sont intervenus. Je veux indiquer à mon collègue de
Châteauguay que, pour moi, ce qui est particulièrement important,
c'est que le ministre et le président de la commission soient à
l'écoute. Je constate que le président est très attentif
à nos propos, et nous devons tous nous en réjouir.
J'allais dire que la motion que nous avons devant nous est un pas
important dans la bonne direction. Cette motion nous permet d'abord d'exercer
notre droit de parole et nous permet, d'une certaine façon, de
défendre les intérêts de tous nos électeurs
comté par comté. À défaut d'avoir reçu tous
nos collègues qui étaient prêts à venir se faire
entendre ici, je pense qu'il était important que vous receviez cette
motion, que vous l'acceptiez, afin de permettre au moins à ceux qui sont
autour de cette table de s'exprimer.
Je disais que nos collègues d'en face seraient probablement...
J'interprétais leur silence par le fait qu'ils aimeraient probablement
être à notre place pour être en mesure de dénoncer le
caractère régressif de ce projet de loi no 16. C'est probablement
ce qui explique leur silence au cours de cette commission parlementaire et leur
silence, de façon majoritaire aussi, au cours du débat en
deuxième lecture.
Il faut souhaiter que plusieurs de nos collègues et amis d'en
face - avouons-le -vont dire ce qu'ils pensent de la motion que nous avons
devant nous et nous donner l'occasion, par le biais de cette motion, de les
entendre pour savoir ce qu'eux en pensent. Ce n'est pas un débat qu'on
pourrait qualifier - excusez l'expression anglaise - de "one way".
Une voix: Oh non!
M. Perron: À sens unique.
M. Vallières: Je remercie le député de
Duplessis. Je pense qu'il serait important qu'on ait les deux
côtés de la médaille. Je pense que ces gens peuvent voir le
problème de façon différente et il serait important que
nous soyons éclairés de part et d'autre, que nous nous
éclairions mutuellement. La motion que nous avons devant nous, visant
à faire un rapport intérimaire à l'Assemblée
nationale, n'est pas plus engageante qu'il ne faut. Il faut souhaiter que tous
nos amis du Parti québécois en cette commission vont appuyer sans
équivoque cette motion qui va, d'une certaine façon, confirmer
que nous sommes tous de grands démocrates, qui va apporter davantage de
lumière, entre autres, à tous nos autres collègues qui ne
sont pas ici.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement. Le député de Châteauguay
avait raison, tout à l'heure. Je m'aperçois que le
député d'Outremont et le député de
Marguerite-Bourgeoys sont en grande conversation pendant que leur
collègue s'ingénie à les convaincre. Je vous demanderais
de les rappeler à l'ordre, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'ai entendu ce que disaient le député
de Marguerite-Bourgeoys et le député d'Outremont; ils faisaient
des commentaires sur les propos du député de Richmond et ils
étaient d'accord. Alors, M. le Président, ils appuyaient les
propos du député de Richmond.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Ciaccia: Je ne pense pas que le député de
Frontenac ait le droit de critiquer notre comportement.
M. Grégoire: Qu'ils laissent parler leur
collègue.
M. Vallières: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Cela vous prouve que vous
êtes un centre d'intérêt, M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Oui, je vous remercie. Je veux vous indiquer
que cela coupe un peu mon inspiration. Chaque fois que nous sommes interrompus,
ce n'est pas de nature à améliorer la qualité du
débat.
J'ai eu l'occasion, sur d'autres motions, de vous parler des
problèmes résultant de ce projet de loi no 16. J'aimerais bien
mieux voir mes collègues d'en face participer au débat sur cette
motion que nous avons devant nous que de les voir lire leurs journaux de
façon continuelle.
M. Dussault: Le vote, M. le Président, on a assez perdu de
temps comme cela.
M. Vallières: Je n'ai rien contre le fait qu'ils signent
leurs cartes de Noël, mais j'aurais une proposition à faire
à ces gens dans le même sens que la motion que nous avons devant
nous.
M. Dussault: Ce sont vos collègues, M. le
député de Richmond, qui signent leurs cartes de Noël, ce
sont vos collègues qui ne vous écoutent pas.
M. Vallières: Ce que nous aimerions écrire sur nos
cartes de Noël, qui sont envoyées à tous nos
électeurs, c'est ceci: Mes chers amis, nous avons siégé
jour et nuit pour vous et grâce à nous, on a retiré le bill
no 16. Nous avons évité au gouvernement de faire une gaffe
monumentale, et ce projet de loi, c'est le cadeau de Noël que nous vous
faisons en le retirant.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Vallières: Oui.
M. Lalonde: D'après votre expérience -parce que je
suis en train d'en adresser -est-ce que je pourrais inscrire cela sur mes
cartes de Noël actuellement?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Grégoire: À l'ordre! Il n'a pas
d'expérience.
Le Président (M. Laplante): ... s'il vous plaît!
À moins que le député de Richmond ait changé de
rôle... Êtes-vous le président maintenant?
M. Vallières: Absolument pas.
Le Président (M. Laplante): II faudrait vous adresser au
président, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai demandé au
député la permission de lui poser une question.
Une voix: II est rendu à la dernière...
Le Président (M. Laplante): Si le député de
Richmond accepte la question.
M. Vallières: De tout coeur.
M. Grégoire: Non, il n'accepte pas.
M. Vallières: Est-ce que cela va compter sur mon
temps?
M. Lalonde: Est-ce que vous acceptez?
Le Président (M. Laplante): Acceptez-vous une
question?
M. Vallières: Est-ce que cela compte sur mon temps?
Le Président (M. Laplante): Oui. Acceptez-vous une
question du député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Vallières: Je vais quand même faire
preuve de bonne volonté. Oui, j'accepte la question.
M. Lalonde: M. le Président, je voulais simplement...
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le ministre.
M. Duhaime: Hier soir, à peu près à la
même heure, j'ai fait le point sur l'état de nos travaux. On avait
fait 17 heures et 30 minutes et là, nous sommes à la
vingt-sixième heure. Cela commence à ressembler à un
berceauthon.
M. Lalonde: À la crucifixion. (17 h 30)
M. Duhaime: J'ai dit, M. le Président, que je
n'interviendrais pas dans le débat sur les motions que je qualifierais
de dilatoires, mais...
M. Lalonde: Ce n'est pas gentil. Qu'avez-vous contre
l'Assemblée nationale?
M. Duhaime: ...cependant, que j'interviendrais lorsque, comme
parlementaire, je devrais non seulement me porter, mais m'élancer pour
protéger nos règles de procédure. M. le Président,
si vous permettez à un député libéral de poser une
question à un député libéral, on va se retrouver
dans la situation où ces messieurs vont causer entre eux plutôt
que d'aborder très rapidement l'article 1 du projet de loi. Voulez-vous
que je le lise?
Le Président (M. Laplante): Non, M. le ministre.
M. Duhaime: C'est mon point de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On voit régulièrement à
l'Assemblée nationale, à la période des questions, M. le
Président, des députés péquistes poser des
questions à des ministres péquistes. Je ne vois pas pourquoi je
ne pourrais pas demander au député de Richmond de
m'éclairer devant une décision importante que j'ai à
prendre concernant, justement, les souhaits à adresser à mes
électeurs. Puis-je leur promettre que le projet de loi va être
retiré?
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
M. Perron: Le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Dussault: Si vous le permettez, M. le député de
Duplessis.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président. M. le député de Marguerite-Bourgeoys vient
encore d'induire cette commission en erreur.
M. Lalonde: En horreur.
M. Dussault: II vient d'essayer de faire croire à la
commission qu'il était sérieux quand il a fait sa question de
règlement, alors qu'au moment où il s'est rendu compte que cela
compterait sur le temps du député de Richmond il a
suggéré au député de Richmond de dire non à
sa demande. M. le Président, nous passerions un temps plus utile...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! C'est assez! C'est assez!
M. Lalonde: Là, c'est complètement farfelu. Il faut
faire rapport, M. le Président. C'est le désordre le plus total.
C'est un vrai bordel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Lalonde: II faut faire rapport.
Le Président (M. Laplante): Si tout le monde est
fatigué, je peux me lever.
M. Lalonde: Une motion pour détails.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par le ministre, il y a des
précédents en commission parlementaire et cela s'est produit en
1974 durant les débats en commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Sur quelle question de
règlement voulez-vous parler?
M. Ciaccia: La question de règlement soulevée par
le ministre.
Le Président (M. Laplante): Laquelle était-ce?
M. Ciaccia: C'était qu'on ne pouvait pas poser une
question à un député libéral.
Le Président (M. Laplante): Bon! Je vais vous
répondre pour faire gagner du temps à la commission. Ils ont le
droit et le temps est comptabilisé au député qui a la
parole. M. le député de Richmond, il vous reste quatre minutes.
C'est votre temps qui court.
M. Ciaccia: Non, mais...
Le Président (M. Laplante): Je vous le dis, là.
M. Ciaccia: M. le Président, excusez-moi.
M. Vallières: Je m'excuse, M. le Président, mais au
moment où le ministre...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez votre temps de
parole, prenez-le, utilisez-le.
M. Vallières: ...a soulevé la question de
règlement, je pense que ce temps ne devait pas être
comptabilisé, mais seulement celui...
Le Président (M. Laplante): Votre temps est
comptabilisé actuellement, M. le député. Si vous voulez
continuer.
M. Vallières: Notre temps est comptabilisé sur les
questions de règlement?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Ciaccia: Même les questions de règlement?
Non.
Le Président (M. Laplante): Non, non. Des voix: Ah!
Ah!
Le Président (M. Laplante): J'en tiendrai compte, M. le
Président.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Laplante): Ah! Ah! M. le
député de Richmond...
M. Lalonde: M. le Président, peut-on faire rapport? Je
pense que c'est urgent, là!
Le Président (M. Laplante): ... j'en tiendrai compte. Vous
pouvez continuer.
M. Vallières: Merci. Je veux, M. le Président, en
premier lieu, répondre à la question de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys. Je ne veux pas prendre la place du président. Je
ne peux, non plus, prendre la place du ministre. M. le Président, seul
le ministre est en mesure de répondre à la question du
député de Marguerite-Bourgeoys à savoir s'il y aura ou
s'il n'y aura pas retrait de ce projet de loi no 16.
M. Lalonde: II y a de ses députés qui savent la
réponse.
M. Vallières: II serait peut-être intéressant
de vérifier cependant, sur le message qui est envoyé par nos
collègues du Parti québécois à leurs
électeurs pour leurs voeux des fêtes, si eux, M. le
Président -parce qu'ils sont dans le secret des dieux -ont
peut-être indiqué eux-mêmes sur leurs cartes de Noël
qu'ils allaient retirer le projet de loi no 16 et que c'était le cadeau
qu'on leur préparait. Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys pourrait, en vérifiant sur les voeux qui ont
été adressés par nos collègues d'en face, M. le
Président, voir si effectivement il y aura retrait ou non du projet de
loi. Mais, pour revenir, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, parce que j'allais vous
demander si le député de Marguerite-Bourgeoys envoyait sa carte
dans le rapport de la motion aussi.
M. Vallières: Donc, M. le Président...
M. Lalonde: Non, en fait, ce que je fais, M. le Président,
c'est de recommander à mes électeurs de couper leur arbre de
Noël, de diminuer le nombre de lumières et peut-être de les
remplacer par des chandelles.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez bien continuer,
M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, merci beaucoup. Si
je ne défendais pas de façon aussi sérieuse et de
façon aussi intéressante et avec autant de détermination
ce projet de loi no 16 que nous avons devant nous, M. le Président, je
dois vous dire que j'en rougirais et je serais probablement gêné
de me promener parmi mes électeurs durant la fin de semaine.
M. le Président, je serais curieux de vérifier
auprès de tous les électeurs du Québec, pour savoir quel
est le pourcentage des électeurs qui est en faveur de ce projet de loi
no 16. Si le gouvernement n'était pas si pressé d'aller chercher
dans les goussets des contribuables québécois, ces sommes, nous
pourrions prendre tout le temps requis, après que nous aurions fait
rapport intérimaire à l'Assemblée nationale, pour
vérifier l'état de pensée actuelle de nos contribuables.
Comme je vous le disais, le fait que cette loi s'applique à tous,
sans
tenir compte de leur niveau de revenu, ce point-là, à lui
seul, justifierait que nous retournions consulter la population. Un autre
point. Il me reste seulement une minute. Le seul fait que ce projet de loi
vient modifier de façon majeure les buts, les objectifs
d'Hydro-Québec, vient finalement briser le contrat qu'on avait pris avec
nos concitoyens en 1962, seulement ce point de vue justifierait que le
gouvernement retarde l'adoption de son projet de loi et aille consulter la
population sur une loi, avouons-le, aussi importante et aussi riche de
signification, aussi riche de retombées, même si elles sont
négatives, chez la population.
En terminant, je sais que le ministre qui défend cette loi n'est
pas complètement responsable - il est lié par la
solidarité ministérielle - de l'adoption et du rôle qu'il a
à jouer ici. Parce qu'on sait très bien que le vrai responsable
de ce qui se produit présentement, c'est le ministre des Finances qui
l'a décidé lors du discours sur le budget. Je trouve dommage que
finalement la victime de nos critiques doive être le ministre qui est
devant nous, parce qu'à mon avis, ce devrait être le ministre des
Finances qui devrait ici. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. Est-ce que la
motion du député de Gatineau...
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II vous reste huit
minutes.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, malgré le fait que
nous avons perdu du temps, quand je dis nous, j'englobe toute la commission
parlementaire, parce que le côté ministériel a
refusé systématiquement d'appuyer ou d'accepter certaines des
motions que nous avons faites, néanmoins, beaucoup d'informations et de
bonnes ont été données à cette commission par les
intervenants, et spécialement ceux de l'Opposition.
Je voudrais vous faire part de certains éléments qui
devraient être inclus dans le rapport intérimaire que nous voulons
soumettre à l'Assemblée nationale. Premièrement, nous
devrons inclure le coût de 2000 $ par famille québécoise
à la suite des hausses des tarifs résultant des hausses de taxes
et de toutes les taxes qui seront payables par Hydro-Québec au
gouvernement...
M. Rodrigue: 2000 $, c'est à partir de quel temps?
M. Ciaccia: M. le Président, je serai prêt à
répondre à cette question après mon intervention...
Une voix: C'est important de le préciser, M. le
Président.
M. Ciaccia: ...parce que je veux m'assurer d'inclure tous les
éléments qui devraient être contenus dans le rapport.
Dans ce rapport, on devrait inclure les effets aussi du projet ridicule
- je voudrais que le député de Châteauguay porte plus
d'attention aux travaux de cette commission parce que cela touche un projet
dans lequel il a beaucoup d'intérêt - improvisé et
fantaisiste appelé le projet Archipel. Il faudrait également
inclure les réductions des investissements d'Hydro-Québec, parce
que les dividendes seront payés au gouvernement, il y aura moins
d'argent à investir dans de nouveaux projets. Il faudrait inclure les
augmentations des recettes du gouvernement, payables par Hydro-Québec.
C'est une augmentation de 104 000 000 $ pour l'année 1978 à 1 400
000 000 $ pour l'année 1985.
Il faudrait inclure les changements à la vocation
d'Hydro-Québec, les changements du mandat d'Hydro-Québec,
à savoir que, jusqu'à maintenant, Hydro-Québec devait
produire l'électricité au plus bas prix possible. C'est
changé complètement parce que Hydro-Québec doit payer des
dividendes au gouvernement. On devrait inclure le fait qu'hier soir le ministre
s'est absenté de 22 h 15 jusqu'à minuit, mais c'est vrai que
c'est avec le consentement de la commission. Nous y avons consenti après
que le ministre eut dit qu'il n'avait rien à dire sur l'article 1. Si le
ministre n'a rien à dire, il est aussi bien de s'en aller, alors, on y a
consenti.
M. Duhaime: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. Duhaime: En vertu d'un principe bien connu, que je pourrais
illustrer par une image que les gens qui font la transcription de nos
débats recevraient avec étonnement, je vous dirai que je ne peux
pas être à deux endroits en même temps et à la
même heure. Cette "flibuste", comme l'appelle mon collègue de
Châteauguay, que vous nous imposez m'empêche de travailler à
ma première tâche, c'est-à-dire comme ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Je perds mon temps ici de 11 heures du matin jusqu'à minuit
chaque jour depuis lundi. J'ai des dossiers sur ma table de travail. Je me suis
absenté hier soir, c'est vrai, parce que j'avais des urgences à
régler.
Je me suis absenté également tout à l'heure, cela a
peut-être échappé au député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'étais sur le point de le mentionner, je n'ai
pas encore terminé.
M. Duhaime: J'étais justement en discussion dans le
dossier de l'énergie, dans le pétrole, si vous voulez en savoir
davantage.
M. Ciaccia: Sur l'augmentation de 0,30 $ le gallon?
M. Duhaime: Ne prenez pas mes absences comme un
désintéressement du projet de loi, mais comme un
désintéressement quant à la façon dont vous vous
conduisez devant cette commission et aux propos que vous tenez. Soyez
absolument certain - je m'adresse surtout au député de Mont-Royal
- que je ne vous relirai jamais.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Lalonde: C'était ça, la question de
règlement, M. le Président?
M. Duhaime: Bien oui.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que, venant du
ministre, ces propos devraient être relevés. Je pense que le
ministre a oublié que, lorsqu'il a été nommé, il y
a cinq ans, son chef lui avait dit que les ministres étaient d'abord des
députés. Il a probablement pris l'habitude de la limousine, il se
pense d'abord ministre. Je comprends qu'il a des travaux urgents, des charges
lourdes, et je les respecte. Mais c'est lui qui a choisi de présenter ce
projet de loi. S'il veut le retirer, s'il veut aller travailler, s'il
préfère s'en aller, qu'il le retire ou qu'il accepte une motion,
et on sera rendu à l'article 12 pas en un rien de temps, mais
bientôt, d'ici à Noël sûrement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je faisais simplement une
constatation de ce que le ministre avait fait hier soir et, j'étais pour
le mentionner, cet après-midi. Maintenant, il est en train de signer ses
cartes de Noël. Je ne m'attarderai pas sur les propos du ministre, je
continuerai avec les éléments qui devraient être inclus
dans notre rapport à l'Assemblée nationale.
Devrait être inclus aussi le fait que les députés
ministériels n'ont fait aucune intervention, sauf pour ce qui est de la
motion un peu absurde du député de Châteauguay, qui a
retardé nos travaux, qui nous a obligés à utiliser plus de
temps pour expliquer le peu de sérieux de cette motion absurde.
M. Dussault: C'est complètement faux, M. le
Président.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Châteauguay m'interrompt.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre: À
l'ordre, M. le député de Châteauguay!
M. Ciaccia: Je demanderais qu'on annexe au rapport tous les
télégrammes qui ont été reçus par les
différents députés membres de cette commission et par le
gouvernement pour protester contre le projet de loi et les augmentations de
tarifs. Cela pourrait renseigner les membres de l'Assemblée. Comme
première annexe, nous pourrions inclure cette carte que nous avons
reçue...
M. Tremblay: Question de règlement. À ma
connaissance, il n'y a pas eu de projet de loi pour augmenter les tarifs de
l'électricité. Le député semble confondre le projet
de loi no 16 et le décret pour augmenter les tarifs
d'Hydro-Québec, à la suite d'une recommandation d'Hydro. (17 h
45)
M. Ciaccia: Comme je le disais, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... le projet de loi...
M. Lalonde: ... une chose, c'est que 25 heures, ce n'est pas
assez pour vous convaincre.
M. Ciaccia: Je répète que le projet de loi no 16 va
augmenter, forcément, les tarifs d'Hydro-Québec, 16,3% en 1982,
et il va y avoir des augmentations encore plus élevées. C'est
pour cela qu'on voulait interroger le vice-président aux finances afin
de savoir exactement quels seraient les tarifs dont le montant devait augmenter
à la suite du projet de loi no 16.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Encore une fois, le député de
Mont-Royal divague. S'il avait été ici durant la commission
parlementaire à laquelle Hydro-Québec était
invitée, il aurait pu poser cette question au président. Nous, on
l'a posée au président d'Hydro-Québec et
il nous a dit qu'il n'y aurait pas d'augmentation de tarifs à
cause du projet de loi no 16.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
Une voix: II a démissionné aussi.
M. Ciaccia: Ce n'est plus le même président qui est
à Hydro-Québec. Je voudrais porter à l'attention du
député de Chambly que c'est à la suite de l'adoption de la
Loi sur l'Hydro-Québec que les tarifs sont...
Le Président (M. Laplante): J'accorde deux minutes de
plus.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Les tarifs sont
fixés par Hydro-Québec et nous avons un projet de loi devant nous
qui va amender la Loi sur l'Hydro-Québec et qui va exiger que des
dividendes soient payés au gouvernement. Alors, automatiquement, cela
veut dire que les tarifs vont être augmentés. Cela ne prend pas
beaucoup de calculs pour en venir à cette conclusion.
Comme je le disais, M. le Président, on devrait inclure, en
annexe, les télégrammes qui ont été reçus et
inclure aussi cette note que nous avons reçue et que j'ai portée
à l'attention de cette commission hier soir, félicitant le
député de Jean-Talon et l'équipe du Parti
libéral...
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. M. le député de Mont-Royal nous ramène
encore cette fameuse carte qui n'est signée par personne, qui est
complètement anonyme. J'ai jasé hier soir avec le chef du Parti
libéral et il me disait que c'était complètement incorrect
d'utiliser quelque chose qui est signé d'une façon anonyme, M. le
Président. C'est le chef du Parti libéral, M. Ryan, avec qui j'ai
jasé de cette question hier, qui le disait, pendant qu'on nous racontait
des menteries terribles, à savoir que c'était signé par
une électrice alors que c'est complètement faux.
Le Président (M. Laplante): M. le député
de...
M. Dussault: Et il continue encore à faire ce
jeu-là, M. le Président. C'est absolument inacceptable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Lalonde: Voulez-vous avoir...
M. Vallières: II veut nous voler notre chef, M. le
Président. Cela n'est pas correct.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Comme je le disais, on devrait inclure cette note
signée "Une électrice du Parti libéral de votre
comté", "votre comté" étant le comté de M.
Jean-Claude Rivest, le comté de Jean-Talon, dans laquelle on
félicitait l'Opposition...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. C'est une note qu'on a
reçue, mais cela représente le sentiment de milliers de personnes
qui sont contre ces augmentations d'Hydro-Québec pour payer les
déficits du gouvernement. C'est simple.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la motion du
député de Gatineau sera adoptée? M. le
député de Mégantic-Compton, il vous reste neuf
minutes.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Si je désire intervenir à
nouveau sur cette motion, M. le Président, c'est tout simplement
que...
M. Perron: II vous reste trois minutes.
M. Bélanger: Non, il me reste neuf minutes. Après
avoir relu l'article 161, paragraphe 2, je me rends compte qu'une "commission -
je vais citer, M. le Président - peut en tout temps faire à
l'Assemblée des rapports spéciaux ou intérimaires - nous,
on a choisi des rapports intérimaires - sur une motion qui ne peut
être faite qu'une seule fois au cours d'une séance". Cela veut
donc dire qu'il n'est pas question d'un abus pour retarder les travaux. On sait
pertinemment à la lecture de ce paragraphe 2 qu'on ne peut le faire
qu'une seule fois. Donc, il n'est pas question qu'on nous accuse de vouloir
retarder quoi que ce soit.
En même temps, M. le Président, je voudrais aussi ajouter,
au rapport qui sera présenté à l'Assemblée
nationale, des faits nouveaux, des faits qui n'ont pas encore été
discutés ici à cette commission.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Laplante): Je vous arrête tout de
suite.
M. Bélanger: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est un petit peu dangereux
ce que vous faites là. Vous avez lu la motion et vous dites qu'il
faut ajouter des faits nouveaux.
M. Bélanger: Dans le rapport, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Dans le rapport. Vous ne
pouvez pas ajouter des faits nouveaux dans le rapport. C'est sur les travaux
que vous devez faire rapport. Pour ma compréhension, j'aimerais que vous
m'expliquiez la façon dont vous le comprenez, à savoir ce que
doit contenir ce rapport.
M. Bélanger: Ce que je veux, M. le Président, c'est
que l'Assemblée... Écoutez! On veut faire un rapport
préliminaire à l'Assemblée nationale de l'état des
travaux de cette commission. Est-ce que c'est bien cela, M. le
Président?
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Bélanger: Ce n'est pas cela? Ah! bien là, M. le
Président, c'est compréhensible que je ne sois pas pertinent, si
on ne parle pas de la même chose. Je croyais sincèrement, avec le
peu d'expérience que j'ai comme parlementaire, qu'on devait faire un
rapport intérimaire à l'Assemblée nationale de
l'état des travaux de cette commission.
Le Président (M. Laplante): Non. M. Bélanger:
Est-ce que c'est cela?
Le Président (M. Laplante): II vous manque un mot.
M. Bélanger: Faire un rapport...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bélanger: ... intérimaire...
Le Président (M. Laplante): Intérimaire.
M. Bélanger: ... en vertu de l'article 161, paragraphe 2,
à l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: Voulez-vous l'aider, s'il vous plaît?
M. Bélanger: Vous devriez m'aider, M. le Président,
avec votre expérience. Cela me ferait un énorme plaisir de
recevoir une de vos directives.
M. Lalonde: Ce n'est pas une devinette.
Le Président (M. Laplante): Continuez, il vous reste
quatre minutes.
M. Bélanger: Je vais relire la motion pour être
certain qu'on parle au moins de la même motion. Il ne faudrait pas que je
parle d'une motion et que vous, vous parliez d'une autre. "Que cette commission
fasse un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale en
vertu de l'article 161.2." On parle de faire un rapport des travaux...
M. Dussault: On ne parle pas ...
M. Ciaccia: Avez-vous la permission du président pour
intervenir, M. le député de Châteauguay?
M. Dussault: Et vous?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, à l'ordre, s'il vous plaît! Continuez, M. le
député de Mégantic-Compton, ça allait bien.
M. Bélanger: De toute façon, M. le
Président, tel que l'a fait mon collègue de Mont-Royal,
j'aimerais, moi aussi, que soient inclus dans le rapport certains
détails. Est-ce que cela va, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bélanger: Je voudrais qu'on indique, par exemple, qu'on
ne pourrait relever des redevances imposées présentement ou qui
seront imposées à Hydro-Québec sans compromettre ou
annuler les avantages mêmes de la nationalisation en faveur de
l'industrialisation des régions défavorisées. Je suis
représentant d'un comté qui est justement
défavorisé. Une augmentation sensible des redevances
d'Hydro-Québec entraînerait une hausse des taux
d'électricité - même si je suis conscient que le projet de
loi no 16 ne comporte pas d'augmentation d'électricité,
j'aimerais que cela soit inclus dans le rapport - frapperait la consommation
des particuliers, accroîtrait les frais d'exploitation des
sociétés industrielles.
Il y a un autre fait que j'aimerais qu'on mentionne dans le rapport: que
les impôts provinciaux, les charges fiscales imposées à
Hydro-Québec ou en voie de l'être prennent plusieurs formes: la
taxe de vente sur ces achats, le financement des programmes de santé, la
taxe sur le capital et les dividendes. C'est pourquoi je vous ai dit et je vous
répète que je vais voter en faveur de cette motion, parce que je
crois que l'Assemblée nationale devrait être saisie de tous ces
détails dans le rapport.
Je voudrais aussi, toujours dans le même rapport, toujours en
vertu de la même motion, qu'il soit dit que, contrairement aux autres
entreprises commerciales et industrielles, Hydro-Québec n'avait jamais
été assujettie à la taxe de vente sur ses achats. Cette
exemption ne fut abolie que le 1er
avril 1979. En contrepartie, le versement forfaitaire de 20 000 000 $
fut éliminé. La taxe de vente sur les achats effectués par
Hydro-Québec fut de 10 500 000 $ en 1979. Cela aussi devrait faire
partie du rapport, pour informer l'Assemblée nationale. En 1981, elle
sera de 15 000 000 $ pour atteindre environ 28 000 000 $ en 1985.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le député de
Mégantic-Compton, mais est-ce que je pourrais vous poser une
question?
M. Bélanger: Oui, M. le ministre, avec plaisir.
M. Duhaime: Je voudrais savoir si vous seriez favorable à
ce qu'Hydro-Québec soit exemptée du paiement de ses taxes
foncières, municipales et scolaires ou des "en lieu".
M. Bélanger: M. le Président, je ne crois
pas...
Une voix: C'est ça qu'on veut examiner.
M. Bélanger: C'est ça qu'on veut examiner, c'est
pour ça qu'on a réclamé ici depuis trois jours, à
plusieurs occasions d'ailleurs, la présence du vice-président aux
finances d'Hydro-Québec pour tenter de nous éclairer sur ce qu'on
devrait faire avec Hydro-Québec. On veut changer l'orientation
d'Hydro-Québec. Nous, on veut des personnes compétentes pour nous
orienter pour ne pas nous réveiller, comme le comité des onze du
Parti québécois, à un moment donné, trois mois
après que le budget a été adopté. Nous voulons
savoir avant les conséquences des gestes qu'on va poser. C'est
ça, M. le Président.
M. Dussault: II nous provoque, là. On va en parler, du
comité des onze, M. le Président.
M. Bélanger: Non, le ministre m'a posé une
question, il devrait au moins avoir...
M. Dussault: J'y étais, on peut en parler de ça.
C'est de la provocation.
M. Lalonde: Le comité des bonzes.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je crois avoir
répondu au ministre et lui avoir dit ce que nous voulons. Ce n'est pas
parce qu'on ne veut pas qu'Hydro-Québec paie des taxes municipales ou
des taxes scolaires, on veut tout simplement analyser la situation
d'Hydro-Québec, analyser surtout l'impact qu'aura sur
Hydro-Québec le nouveau projet de loi que nous avons devant nous. C'est
ce qu'on veut faire et c'est pour cela qu'on veut faire une motion demandant de
faire un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale. Je
l'ai répété à plusieurs reprises et je vais le
répéter encore une fois, à l'intention du ministre en
particulier, nous sommes devant un projet de loi d'une extrême
importance, nous changeons les structures d'une société qui
fournit un service essentiel.
Je l'ai mentionné déjà, si nous étions
à étudier la nouvelle vocation de la Société des
alcools du Québec, je suis persuadé que jamais on n'aurait
travaillé aussi ardemment, mais là, nous étudions un
projet de loi qui veut changer les structures d'une société qui
fournit un service essentiel à tout le monde et, en particulier, aux
assistés sociaux qui, eux, n'ont pas...
M. Dussault: On ne peut pas voter pour cela, c'est un rapport
intérimaire.
M. Bélanger: C'est un rapport intérimaire.
M. Dussault: C'est intérimaire, M. le Président,
c'est entre deux. Il n'y a pas eu de rapport; donc, celui-là ne peut pas
être intérimaire.
Le Président (M. Laplante): Continuez, M. le
député de Richmond. Adressez-vous au président au lieu de
vous adresser aux députés.
M. Bélanger: Oui, je vous comprends, M. le
Président, vous avez parfaitement raison. Quand on a un
député comme le député de Châteauguay en
face, je vous jure que c'est extrêmement difficile.
M. Dussault: Le vote, M. le Président, le vote! On a assez
perdu de temps.
M. Lalonde: Est-ce que vous votez pour, contre ou
l'abstention?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bélanger: M. le Président, je vais terminer,
parce qu'il semble qu'il n'y a plus aucun moyen de faire une intervention
valable. Je vais vous dire, encore une fois, que je suis pour cette motion et
je crois que chaque député devrait appuyer la motion. Merci.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on vote?
M. Lincoln: M. le Président, il nous reste encore neuf
minutes.
Le Président (M. Laplante): Vous avez encore neuf
minutes?
M. Lincoln: Mon collègue de Robert Baldwin a deux
minutes.
Le Président (M. Laplante): Non, monsieur.
M. O'Gallagher: Je n'ai pas parlé vingt minutes.
Le Président (M. Laplante): Désirez-vous prendre
vos neuf minutes, M. le député de Nelligan?
M. Lincoln: Je prendrai les minutes qu'il me reste jusqu'à
18 heures. J'ai quatre minutes et je vais continuer après.
M. Lalonde: Oui, pas de problème!
Le Président (M. Laplante): Vous continuerez après
la suspension.
M. Lincoln: Ou bien préférez-vous qu'on suspende
maintenant et que je recommence ce soir mes neuf minutes?
Le Président (M. Laplante): C'est selon la volonté
des membres, la suspension.
M. Lalonde: Je vous y incite, car son discours est un bijou de
discours qui se tient tout seul.
M. O'Gallagher: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. O'Gallagher: Est-ce que j'ai vraiment utilisé mes vingt
minutes?
Le Président (M. Laplante): Vous avez même
utilisé vingt et une minutes.
M. Lincoln: Je ne crois pas. Il y a une interruption qui n'a pas
été déduite.
M. Ciaccia: Ce sont de grosses minutes que le
député de Robert Baldwin utilise.
M. Tremblay: Moi, j'aimerais mieux qu'on continue jusqu'à
18 h 20 pour qu'on reprenne les vingt minutes qu'on a perdues au
commencement.
Le Président (M. Laplante): La séance est suspendue
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58) (Reprise de la
séance à 20 h 20)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Chacun vos sièges.
Des voix: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Une minute, on va ouvrir la
séance.
M. Lalonde: Après cela, on pourra s'engueuler.
Le Président (M. Laplante): Après cela, on pourra
commencer. Reprise de la séance de la commission de l'énergie et
des ressources pour l'étude article par article du projet de loi no 16,
Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec. Au moment de la suspension de
nos travaux, la parole était au député de Nelligan et il
vous restait encore quatre minutes, M. le député de Nelligan.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lincoln: II me restait neuf minutes. Je vous demande pardon,
il me reste neuf minutes.
M. Lalonde: Question de règlement.
M. Lincoln: J'avais neuf minutes; je n'ai jamais parlé
avant la fin de la séance.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, monsieur, vous
n'avez pas parlé. Il vous reste neuf minutes.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, j'aurais une question
de règlement, en fait, qui concerne le déroulement de nos
travaux. Je voudrais simplement dire, avant que quelqu'un soulève la
question, que le ministre m'a avisé que, pour des raisons très
valables, non pas professionnelles, mais humanitaires, il est retenu à
l'extérieur de la ville de Québec ce soir. Quant au
député de Frontenac, son adjoint, il est retenu à
l'extérieur de cette salle, mais je ne sais pas si c'est pour des
raisons humanitaires. Il ne m'a pas dit les raisons. De toute façon, M.
le Président, l'absence du député de Frontenac - ce n'est
pas péjoratif à son égard; c'est tout simplement parce
qu'il n'est pas le ministre - ne nous crée pas de problèmes.
En ce qui concerne l'absence du ministre, j'ai bien souligné au
ministre que, si jamais, tel que le désire l'Opposition, nous abordions
l'étude article par article ce soir, il faudrait qu'un ministre soit
assis ici à la commission. C'est très exceptionnel... D'ailleurs,
M. le Président, je connais votre rigueur intellectuelle à ce
sujet, on ne pourrait pas normalement procéder sans la présence
du ministre. Maintenant, étant donné les raisons que M. Duhaime
m'a
indiquées, je pense qu'on ne peut pas invoquer quoi que ce soit
à l'encontre de son absence. Mais si jamais on abordait de façon
définitive l'étude article par article ce soir, M. le ministre
m'a indiqué que le ministre des Finances serait présent, parce
qu'il faudrait, quand même, avoir un interlocuteur qui puisse
décider au nom du gouvernement. À ce moment-là on
soulèverait la question d'appeler le ministre des Finances ou un autre
ministre qui connaît le dossier.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre...
M. Lalonde: Oui! Voulez-vous que je m'assoie de l'autre
côté?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, le seul regret que j'ai actuellement, c'est que le
président n'a pas été informé s'il y a eu une
entente ou non. Cela, je le regrette beaucoup, mais, si jamais la commission
décide de continuer dans l'étude article par article, soit pour
son adoption ou son rejet, je me ferai un devoir de suspendre à ce
moment-là pour aller chercher un ministre pour suivre la
tradition...
M. Lalonde: Pas n'importe quel, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je prendrai celui
qui sera libre à ce moment-là de venir ici. '
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je pense que cela restera la
décision du président à ce moment-là.
M. Lalonde: M. le Président, vous permettez...
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, sur une question de règlement.
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai été
informé également de l'absence du ministre, de même que du
député de Frontenac. Je veux confirmer que le ministre des
Finances se tient à notre disposition, si jamais nous abordons
l'étude de l'article 1 du projet de loi.
M. Lalonde: M. le Président, il y a seulement une
chose...
Le Président (M. Laplante): Vous voulez
répéter, s'il vous plaît?
M. Lalonde: Le ministre des Finances est disponible.
M. Rodrigue: II se tient à notre disposition.
M. Lalonde: Alors, si vous me le permettez, M. le
Président, seulement une chose. Si c'est le ministre des Finances,
serait-il possible d'enlever le deuxième micro qui est à
côté pour ne pas qu'il se trompe?
Le Président (M. Laplante): Maintenant, dernière
question de règlement. M. le député de
Mégantic-Compton, je vous ai demandé déjà, depuis
plusieurs fois... D'accord.
M. Tremblay: M. le Président, compte tenu qu'il y a dans
la salle des citoyens, je voudrais suggérer...
Des voix: Et des citoyennes.
M. Tremblay: Un citoyen et une citoyenne... je voudrais
suggérer aux membres de la commission de poursuivre dans l'esprit de
sérieux qu'ils ont déjà démontré depuis
lundi...
M. Lalonde: Merci beaucoup!
M. Dussault: Cela ne sera pas drôle.
M. Tremblay: ... l'étude du projet de loi 16.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, neuf minutes.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Oui, pour continuer dans le sérieux auquel je
suis habitué, M. le Président, c'est pour continuer mon
intervention appuyant le motion du député de Gatineau. En fait,
après avoir entendu les interventions de part et d'autre, depuis que
j'ai cessé de parler, je suis encore plus convaincu que jamais que cette
motion est une motion de première importance, celle de présenter
un rapport intérimaire devant l'Assemblée nationale. Je pense que
mes collègues de Robert-Baldwin, de Richmond, de Mégantic-Compton
et de Mont-Royal ont expliqué, avec beaucoup de clarté, de
conviction et d'éloquence, les raisons et les éléments
qu'on voudrait faire valoir dans le rapport intérimaire qu'on va
présenter à l'Assemblée nationale. Parce que je suis
convaincu que les députés ministériels, voulant eux aussi
faire plus de lumière sur le projet de loi, vont appuyer notre motion
d'un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale. En fait,
comme l'a dit si clairement le député de Robert Baldwin et aussi
le député de Mégantic-Compton, en réponse au
ministre
qui demandait: Tous les chiffres que vous avancés, les taxes
foncières etc., qu'est-ce que vous feriez? Est-ce que vous auriez
éliminé les taxes foncières qu'on demande? En fait, le
député de Mégantic-Compton lui a dit, avec toute justice:
C'est la raison même de notre motion de rapport intérimaire. On
veut faire de la lumière là-dessus, en espérant que, par
ce rapport, nous pourrons le faire, de façon que les experts en la
matière qui ont fait des commentaires assez éloquents sur le
sujet jusqu'à présent, par exemple, nous, de notre
côté, on a cité plusieurs fois Marcel Bélanger... Je
sais que, de l'autre côté de la salle, on a dit: Marcel
Bélanger, c'est un ami à vous, peut-être que ces
chiffres-là ne tiennent pas. Nos collègues, par exemple, ont
avancé le chiffre de 2000 $ par famille pour cinq ans; on nous a dit:
Ces chiffres de 2000 $ par famille, ça ne tient pas. Alors, notre
rapport intérimaire voudrait justement recommander que cette question
soit débattue à fond, qu'on fasse de la lumière
là-dessus avant qu'on s'embarque plus loin.
Alors, pour la raison même que nous, de ce côté-ci de
la salle, nous voulons que ce rapport intérimaire soit
présenté le plus tôt possible à l'Assemblée
nationale et pour qu'il n'y ait aucun délai dans la présentation
de ce rapport, je voudrais faire un amendement à la motion. Voyez, je
voudrais faire un amendement à la motion que, je dois vous dire,
messieurs...
M. Dussault: "La filibuste" qui continue.
M. Lincoln: Je voudrais, juste avant, parler brièvement
d'une autre question qu'on voudrait à tout prix inclure dans le rapport
intérimaire...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan...
M. Lincoln: ... c'est la question du projet Archipel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, est-ce que vous avez annoncé votre motion?
M. Lincoln: Oui, je l'ai annoncée.
Le Président (M. Laplante): Votre temps court
toujours?
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Motion d'amendement
M. Lincoln: Peut-être qu'un autre de mes collègues
parlera du projet Archipel après. Mais, en tout cas, je dois vous dire
qu'on a consulté des gens de grande expertise dans les procédures
et ils sont d'avis que notre motion est tout à fait recevable. On est
préparé à la défendre et je vais vous lire la
motion du rapport, l'amendement à la motion. Que la motion se lise comme
ceci: "Que cette commission fasse un rapport intérimaire" - c'est le
même sujet que celui qu'on a maintenant, et on veut ajouter les prochains
mots - "à la prochaine séance que tiendra l'Assemblée
nationale, en vertu de l'article 161.2." Alors, l'effet de cet amendement sera
de le faire de façon qu'il n'y ait aucun délai dans la
présentation de ce rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale. Je soutiens que cet amendement est recevable et
si...
Le Président (M. Laplante): Qui parle sur la
recevabilité? Un de chaque côté. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Vimont semble vouloir parler sur la recevabilité, alors je vais le
laisser parler; après ça, je vais vous communiquer mes arguments.
(20 h 30)
M. Rodrigue: M. le Président, je n'hésiterai pas
à parler avant le député de Marguerite-Bourgeoys si tel
est son désir.
En vertu de nos règlements, il appartient au leader du
gouvernement de fixer l'ordre du jour de la Chambre, de l'Assemblée
nationale; une commission élue permanente ne peut pas dicter l'ordre du
jour de l'Assemblée nationale en indiquant que c'est
nécessairement à la prochaine séance que son rapport
intérimaire devra être présenté. Nous pouvons
présenter un rapport intérimaire si c'est le voeu de la
commission mais il appartiendra au leader du gouvernement, qui, lui, fixe
l'ordre du jour des séances de l'Assemblée nationale, de
décider à quel moment ce rapport pourra être
présenté. Alors, comme commission on n'a pas d'ordre à
donner à l'Assemblée nationale ni au leader du gouvernement quant
à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.
Pour ces raisons, je considère que l'amendement du
député de "Lincoln" est irrecevable.
M. Lalonde: C'est le député de Nelligan qui va
plaider, M. le Président.
M. Rodrigue: M. Lincoln, de Nelligan, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité,
monsieur...
M. Lincoln: M. le Président, tout d'abord, sur l'argument
qui a été présenté par mon savant collègue,
je dois faire remarquer, sur la permission qu'on a pour
des dépôts de documents à la Chambre, que les deux
dépôts peuvent être faits à la prochaine
séance. Donc, nous confirmons quelque chose que la loi nous permet
déjà, mais je veux aller plus loin. À l'article 163 de la
page 87, on voit: "À moins de dispositions contraires, les règles
relatives à l'Assemblée s'appliquent aux commissions". Je
voudrais aussi souligner qu'à l'article 70 de la page 36 du livre des
règlements, on dit: "Un amendement doit se rapporter directement au
sujet de la motion proposée...". La motion proposée a
été jugée recevable. Peut-on avoir un peu de silence, M.
le Président?
M. Ciaccia: C'est le député de Châteauguay
encore.
M. Dussault: C'est parce qu'on perd notre temps depuis 26 heures.
On voulait le leur dire.
M. Lincoln: A-t-il le droit de parole, monsieur...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, s'il vous plaît!
M. Dussault: Oui, M. le Président.
M. Ciaccia: Au lieu de signer tes cartes de Noël,
écoute donc ce qui se passe en commission.
M. Dussault: M. le Président, on perd notre temps;
j'essaie donc de rendre mon temps utile à quelque chose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, voulez-vous laisser le député de Nelligan
expliquer pourquoi elle devrait être adoptée, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Je répète ce que dit l'article 70,
à la page 36 du règlement: "Un amendement doit se rapporter
directement au sujet de la motion proposée - la motion proposée a
été jugée acceptable, - et ne peut avoir que les objets
suivants: retrancher, ajouter des mots, - ce qu'il fait ou les remplacer par
d'autres. Il est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé et il en est de
même d'un sous-amendement par rapport à un amendement".
Je vais aussi vous référer au précis que nous avons
reçu récemment, les pages 25 et 26. Quant à la page qui a
trait à l'article 70 et à tous les précédents qui
ont été faits... Si vous lisez la page 26, ça dit: "Pourvu
qu'une motion d'amendement proposée en vertu de l'article 70 du
règlement se rapporte à la question principale, ne la
dénature pas ou ne constitue pas une négation amplifiée de
cette question - ce qui est le cas de notre amendement - elle est recevable. Un
amendement est une modification significative à une proposition
principale. L'amendement qui n'affecte que la proposition subordonnée
dans le contenu d'une motion n'écarte pas la question principale et, par
conséquent, est recevable. À la page 25, il y a plusieurs
précédents: au haut de la page, le 20 décembre 1973; au
bas de la page, le 26 octobre 1977, qui confirment que notre amendement qui est
une amplification de la motion est tout à fait recevable. Je vous
réfère à la page 25 du précis, le 20
décembre 1973, le 26 octobre 1977, le 26 avril 1978 et le 16 mai
1979.
De plus, on ne donne aucun ordre à la Chambre, on ne fait
qu'établir les faits et le délai dans lequel nous devons
déposer le rapport. C'est tout.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Lalonde: Très recevable.
Le Président (M. Laplante): Une redondance, je peux aussi
appeler cela un abus de motion... S'il vous plaît, M. le
député de Chambly! Si on la compare à la première
motion présentée qui dit: Que la motion présentement en
discussion soit modifiée, la première motion se lit: Que cette
commission fasse un rapport intérimaire à l'Assemblée
nationale en vertu de l'article 161.2. Vous revenez avec un amendement qui en
somme veut dire la même chose.
M. Lincoln: Ah! non, cela ne veut pas dire la même chose,
excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous, M. le
député de Nelligan, s'il vous plaît! II veut dire à
peu près la même chose à mon point de vue. Il a un
défaut technique aussi parce que le président ne peut pas
présumer, il n'est pas capable de présumer si cette motion pourra
être adoptée ce soir, rejetée, pas du tout
étudiée ou s'il y aura un vote là-dessus. Si je compte ce
soir huit intervenants de la part de l'Opposition, six de la part du parti
ministériel, ça fait quatorze personnes à vingt minutes
chacune. Nos travaux pourraient être ajournés sans qu'on puisse
voter sur la motion.
M. Lalonde: À la prochaine séance, c'est tout.
Le Président (M. Laplante): La prochaine séance est
une nouvelle séance qui recommence au point de vue de ce genre de
motion.
M. Lincoln: ...
M. Lalonde: ...prochaine séance de l'Assemblée.
M. Ciaccia: II ne peut pas présumer qu'on va tous parler
sur la motion.
Le Président (M. Laplante): C'est pourquoi je la juge
irrecevable parce qu'elle est superflue.
M. Bélanger: Je respecte votre jugement.
M. Dussault: Le vote, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote maintenant
sur la motion...
M. Dussault: Bon! Encore du temps à perdre.
M. Lincoln: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Lincoln: Pour une directive future. J'ai cité des
précédents très clairs, je voudrais en appeler de cette
décision et que peut-être on fasse...
M. Dussault: Ce n'est pas correct, ça ne se fait pas.
M. Lincoln: Parce que j'ai cité des
précédents qui sont très clairs et qui ont
eu...
M. Dussault: Ce n'est pas correct, il y a un appel de votre
décision. C'est un nouveau, il ne le sait pas, il faudrait le lui
dire.
Le Président (M. Laplante): Minute, là! M. le
député de Nelligan...
M. Bélanger: S'il est contrôleur?
M. Dussault: II en appelle de la décision du
président, ce n'est pas correct.
Le Président (M. Laplante): C'est très rare qu'on
en appelle de la décision d'un président, c'est très rare,
je vous le dis d'avance.
M. Lincoln: Est-ce que vous voulez dire que c'est...
Le Président (M. Laplante): Je préférerais
que vous regardiez comme il faut.
M. Lincoln: J'ai regardé bien comme il faut.
Le Président (M. Laplante): J'ai...
M. Lincoln: Je vois que dans les précédents qui
sont là...
Le Président (M. Laplante): Le président ne
changera pas d'idée et il ne discutera pas non plus sur la
décision qu'il vient de prendre.
M. Lincoln: Je crois que ce serait bien malheureux...
Le Président (M. Laplante): Si vous avez des questions de
directives à demander, d'accord.
M. Lincoln: Oui, j'ai une question de directive à vous
demander.
Le Président (M. Laplante): La directive, c'est quoi?
C'est une contestation ou une demande de directive?
M. Lincoln: C'est une question de directive. J'aimerais vous
demander en quoi votre interprétation change la jurisprudence
très claire qu'il y a là-dedans. Par exemple, le 27 octobre 1977,
il y trois mots qui ont été ajoutés, qui ont
été acceptés et qui sont tout à fait acceptables.
Alors...
Le Président (M. Laplante): J'ai dit, monsieur, qu'elle
n'était pas acceptable et je vous ai donné deux raisons pour
lesquelles elle était superflue. Telle que libellée, la motion
principale qui a été adoptée ce soir dit que c'est le
devoir de la commission d'aller la porter à l'Assemblée nationale
dès demain, dès la prochaine séance. Par le fait
même, vous demandez à la prochaine séance, elle est
superflue et je ne peux anticiper le vote qui se fera sur cet
amendement-là sachant très bien que l'article 161.2 dit "une
résolution, une motion par séance". Vous avez un livre des
règlements actuellement, lisez-le.
M. Lincoln: Je l'ai lu.
Le Président (M. Laplante): Vous savez compter, comme le
président; je crois que je sais compter jusqu'à 360 minutes.
Compte tenu que depuis le début de nos travaux... je sais le temps que
ça prend pour essayer de régler une motion.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
directive à vous demander.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une question de
directive. Pourriez-vous m'indiquer, s'il vous plaît, l'article du
règlement, et je m'excuse d'étaler ainsi mon ignorance,
qui oblige un rapporteur d'une commission à présenter un rapport
d'une commission à la prochaine séance de l'Assemblée
nationale qui suit la fin de la commission.
Le Président (M. Laplante): C'est logique, parce
qu'à la fin des travaux le rapporteur fait rapport dans les temps
ordinaires, comme on les appelle, à une séance subséquente
ou deux ou trois séances après pour un projet de loi. Mais je
pense que le bon sens actuellement, vu l'urgence de la motion que vous avez
présentée, la motion principale qui fait un arrêt des
travaux en somme... L'ordre de l'Assemblée nationale est de venir
étudier article par article le projet de loi no 16. On est venu en
commission, on a commencé l'article 1 et vous présentez un
rapport à l'Assemblée nationale. Je pense qu'il est de toute
urgence de le présenter dès la prochaine séance. C'est
comme cela que je l'entends.
M. Lalonde: M. le Président, vous me permettrez de vous
demander une autre directive. Est-ce que vous pourriez m'indiquer dans le
règlement l'article qui empêcherait le rapporteur d'attendre, non
pas la séance de demain matin à l'Assemblée nationale,
mais celle de lundi, mardi ou mercredi prochain, pour présenter le
rapport qui est recherché par la motion principale en discussion
actuellement?
Le Président (M. Laplante): II n'y a aucun article,
monsieur, que j'ai pu voir dans le règlement qui donne un laps de temps
au rapporteur pour déposer son rapport à l'Assemblée
nationale. Mais je suis certain d'une chose, dans la logique des choses,
lorsqu'on étudie un projet de loi aussi important que le projet de loi
16, avec l'ordre de l'Assemblée nationale, et qu'on fait un arrêt
subit de nos travaux, il me semble qu'il est décent que la commission
puisse faire rapport immédiatement à l'Assemblée
nationale. Moi, je le prends de cette façon.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, encore une question de
directive. Puisque vous reconnaissez qu'il n'y a aucun article du
règlement qui oblige un rapporteur à faire rapport à
l'Assemblée nationale, de se lever lors de l'appel des affaires
courantes le lendemain ou la prochaine séance, puisqu'il n'y a aucun
article qui force ce rapporteur à se lever et à déposer le
rapport au moment de l'appel à la prochaine séance et que vous
faites appel à la décence, à la tradition, est-ce que - ce
n'est pas un appel que je fais de votre décision, vous le savez. Elle
est finale et d'ailleurs c'est un des problèmes auxquels on a à
faire face - est-ce qu'à ce moment-là une motion d'amendement qui
précise que le rapport devra être fait le lendemain - comme vous
le dites, il n'y a aucun règlement qui l'y oblige - est-ce qu'une motion
qui précise que le rapport doit être fait à la prochaine
séance n'est pas superflue?
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Dans mon esprit, j'ai dit
qu'elle était superflue pour toutes les raisons que je vous ai
données, parce que dans mon esprit à moi, mon
interprétation que je fais comme président, c'est que je me dois
de faire la motion spéciale d'urgence à l'Assemblée
nationale sur l'arrêt de nos travaux.
M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Oui, M. le Président, pas plus tard
qu'aujourd'hui, durant un débat semblable ou après que vous ayez
rendu une décision, j'ai demandé des informations sur votre
décision, vous ne m'avez même pas laissé finir ma question
et là vous laissez les gens de l'Opposition discuter de votre
décision.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: J'en suis surpris...
Le Président (M. Laplante): II ne discute pas de ma
décision, il demande des directives, c'est deux choses.
M. Tremblay: Et je demandais, moi, une information.
Le Président (M. Laplante): II y a une différence
dans les interprétations, certain;
M. le député de Mont-Royal. (20 h 45)
M. Ciaccia: Je vous demande une information aussi. N'est-il pas
exact, d'après votre expérience il y a toujours un rapporteur qui
est nommé à chaque commission et ce rapporteur doit faire rapport
à l'Assemblée nationale - que les rapports qui sont faits par le
rapporteur qui est nommé par la commission sont faits
immédiatement le jour après ou est-ce que, des fois, cela peut
prendre une ou deux semaines?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner des
exemples, M. le député de Mont-Royal. Cela me fait plaisir que
vous me posiez cette question. Vous avez l'habitude de vivre les fins de
session et vous savez fort bien qu'il y a des journées où
jusqu'à trois ou quatre rapports sont faits d'une loi
étudiée la journée même en
commission par le rapporteur à l'Assemblée nationale.
Actuellement, on vit une fin de session, la même chose...
M. Lalonde: M. le leader...
Le Président (M. Laplante): Excusez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
C'est la même chose, on est dans une fin de session et vous savez
les nouvelles règles qui nous régissent. Je considère que
le rapport peut être présenté dès demain matin, tel
que votre première motion est libellée.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que cela ne prend pas
le consentement pour que ce soit produit le même jour d'après les
règlements? Autrement, cela ne peut pas être partout...
Le Président (M. Laplante): Je verrais mal l'Opposition,
vu que ce sont ses motions, refuser, rendu à l'Assemblée
nationale, un rapport qu'elle a demandé.
M. Ciaccia: Non, mais, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): C'est la logique
même.
M. Dussault: M. le Président...
M. Ciaccia: ... est-ce que vous pouvez, je ne le sais pas...
M. Dussault: ... question de règlement.
M. Ciaccia: ... vous avez plus d'expérience que moi, comme
président, quant aux rapports. N'arrive-t-il pas des occasions,
même à la fin de la session, où le rapport n'est pas
produit immédiatement? Cela peut prendre deux ou trois jours,
peut-être une semaine. Si une commission finit au début de
décembre, il se peut que les rapports...
Le Président (M. Laplante): Cela arrive, mais je
considère ces rapports comme des rapports urgents, vu l'arrêt des
travaux de la commission.
M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, il est clair que depuis
quelques minutes l'Opposition essaie de faire indirectement ce qu'elle ne peut
pas faire directement. Elle remet en question votre décision, M. le
Président, d'une façon subtile. Je vous demanderais qu'on puisse
passer à nos travaux les plus sérieux, ceux pour lesquels on est
ici, c'est-à-dire l'étude du projet de loi article par article.
Je vous demande, M. le Président, de passer à l'article 1, s'il
vous plaît.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ... je crois qu'il me reste deux minutes pour parler
sur la motion.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas en abuser
non plus, d'accord?
M. Ciaccia: Je ne veux pas en abuser mais je ne veux pas me faire
dire par le député de Châteauguay que je remets en question
votre décision. Je demandais des informations sur le temps dans lequel
les rapports sont remis à la commission. Je ne mettais pas en question
votre décision, c'était une information que je vous demandais. Je
ne voudrais pas que les propos du député de Châteauguay
restent tels quels dans le journal des Débats et qu'on pense que je
remets votre décision en question.
Le Président (M. Laplante): Sur la motion principale.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais compléter
l'information que j'ai donnée à la commission en ce qui a trait
à la motion principale qui est devant nous pour que cette commission
fasse un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale en
vertu de l'article 161.2. J'ai fait état, lorsque j'ai parlé cet
après-midi, des nombreuses raisons pour lesquelles nous croyons qu'il y
a un constat d'échec; nous n'avons pas pu nous entendre sur la
façon d'organiser notre travail. Là-dessus, je ne voudrais pas
relancer le débat que le député de Nelligan vient de
lancer avec son amendement, mais il reste que tout ce que nous avons dit depuis
la dernière journée est que nous avons besoin d'information.
Cette information est pertinente et nous ne pouvons pas dans les circonstances,
quant à nous, aborder l'étude du projet de loi sans avoir
l'information qui nous permettrait de mesurer tout l'impact de ce projet de
loi. Les raisons pour lesquelles nous croyons qu'il faut faire rapport - cela a
été mentionné par plusieurs de mes collègues - sont
l'impact que la loi 16 va avoir sur les consommateurs en tant qu'utilisateurs
d'électricité qui paient déjà, en plus de leur
compte d'électricité, une taxe de 8%; les coûts directs
dont Hydro-Québec doit tenir compte pour comptabiliser; ce projet de loi
no 16 va ajouter à ce fardeau d'Hydro-Québec et ajouter des taxes
indirectes qui
sont nombreuses. Je peux vous mentionner en particulier, M. le
Président, la taxe sur le capital qui est une nouvelle taxe qui, si le
projet de loi était adopté maintenant, serait rétroactive
au 1er juillet dernier.
Il me semble que, compte tenu de l'impact de ces nouvelles taxes qui
ajouteront au fardeau financier d'Hydro-Québec et compte tenu des
contraintes d'Hydro-Québec à financer son programme
d'équipements, il faut absolument faire en sorte que les
députés qui font partie de cette commission puissent obtenir
l'information nécessaire.
C'est la raison pour laquelle - et je conclus - nous tenons absolument
à ce que cette commission fasse un rapport intérimaire à
l'Assemblée. J'ose espérer que les nombreuses raisons que nous
avons évoquées ont convaincu la majorité de cette
commission qu'elle doit appuyer la motion pour que nous puissions, avec
diligence, faire rapport à l'Assemblée nationale sur les
difficultés auxquelles nous sommes confrontés pour faire une
étude logique, intelligente, décente d'un projet de loi qui aura
autant d'impact sur l'avenir énergétique et sur l'avenir
économique de la province de Québec.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. Il vous reste quatre minutes, M. le député
de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: II me reste quatre minutes, oui. M. le
Président, je voulais reprendre là où j'avais
laissé, quand j'ai présenté mon amendement, sur les choses
que nous voudrions voir dans ce rapport. Une des choses qu'assurément,
on voulait voir au rapport, c'est qu'il affecte...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous parlez sur
l'amendement qui a été refusé?
M. Lincoln: Sur le rapport intérimaire. Non, du tout, je
parle sur la motion principale.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie. Vous parlez
de la motion principale, j'aimerais vous entendre sur cela, parce que vous
parliez de l'amendement au début.
M. Lincoln: Ah oui! assurément! Je parle de la motion
principale sur un rapport intérimaire, et j'aurais voulu voir inclure
dans le rapport intérimaire toute la question de la façon dont un
grand projet qui affecterait Hydro-Québec, soit le projet Archipel, sera
abordé.
Nous pensons jusqu'à présent, sans avoir reçu des
éléments qui prouveraient le contraire, que c'est un projet
extravagant, fantaisiste, très dispendieux pour Hydro-Québec.
Nous avons pensé que...
M. Dussault: M. le Président, la pertinence. Cela n'a rien
à voir, M. le Président.
M. Lincoln: Nous pensons que c'est une question qui devrait
assurément être touchée dans notre rapport
intérimaire, mais nous voudrions surtout que toute la question de
l'effet que le projet de loi aura sur les contribuables et les payeurs
d'électricité d'Hydro-Québec soit vue dans sa plus grande
dimension. Par exemple, je me souviens que mon collègue de Robert
Baldwin a parlé des gens défavorisés qui seront
affectés par toutes les hausses d'électricité
d'Hydro-Québec qui vont naturellement suivre l'adoption de ce projet de
loi. Nous pensons que, maintenant, concernant ce projet de loi, qui aura un
effet uniforme sur tous les contribuables, on devrait examiner toute la
question de l'effet uniforme que cela aura sur les contribuables, en apportant
peut-être des modifications et des suggestions à ce rapport
intérimaire qui regarderaient toute la question des gens des
régions défavorisées, comme des suggestions ont
été faites, par exemple, dans le cas de l'essence.
Nous pensons aussi que ce rapport intérimaire devrait revoir en
profondeur les conclusions du rapport Bélanger et les chiffres
spécifiques qu'on a cités plusieurs fois, soit que l'État
du Québec, le gouvernement du Québec, si cela vous fait plaisir,
récolterait 3 200 000 000 $ sur une période de cinq ans par le
truchement de la loi 16, ce qui, en effet, comme nous l'avons dit encore
plusieurs fois, ferait une hausse du tarif d'électricité pour
chaque famille québécoise de 35 $ par mois pour chaque mois des
cinq ans dont l'étude fait état.
Nous pensons aussi...
M. Dussault: M. le Président, question de
privilège. Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, il reste encore 30
secondes au député de Nelligan, je ne voudrais pas les lui faire
perdre.
M. Lincoln: Si vous ne le coupez pas de mon temps...
M. Ciaccia: Non, ça ne prend pas votre temps, c'est une
question de règlement.
M. Dussault: Le député de Nelligan vient encore
d'avancer des chiffres qui relèvent de l'analyse et des chiffres
complètement erronés du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Ce qu'il vient encore
d'avancer, il l'a fait d'une façon ventilée, mais
ça relève évidemment de la même analyse qui est
complètement fausse.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: C'est justement pourquoi on veut un rapport
intérimaire...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, si vous recommencez, vos 30 secondes courent.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais avoir une directive. Est-ce que
c'était une question de règlement ce que le député
de Châteauguay vient de dire?
Le Président (M. Laplante): Non, Monsieur, ce n'en
était pas une.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, vos 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Lincoln: D'abord ce n'étaient pas des chiffres qui
avaient été avancés par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Il a avancé des chiffres qui avaient
été préparés par M. Marcel Bélanger, une
grande autorité sur la question. C'est toute la différence. Ce
n'étaient pas des chiffres qui avaient été calculés
par le député de Notre-Dame-de-Grâce lui-même, mais
une extension des chiffres préparés par M. Marcel
Bélanger. C'est justement une des raisons pour lesquelles nous voulons
que ce rapport intérimaire fasse la lumière sur cette question et
mette tout cela au clair. C'est également pour cette raison qu'encore
une fois, nous voulons que la motion soit appuyée de chaque
côté de cette table et que, le plus tôt possible, à
la prochaine session de l'Assemblée nationale, le rapport contenant
toutes ces questions soit étudié.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Nelligan.
J'appelle le vote sur la motion du député de Gatineau,
à savoir que cette commission fasse un rapport intérimaire
à l'Assemblée nationale en vertu de l'article 161.2. Est-ce que
cette motion sera adoptée.
Une voix: Oui.
M. Rodrigue: Rejetée.
Le Président (M. Laplante): Rejetée sur division ou
vote enregistré?
M. Ciaccia: Vote enregistré.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré.
M. Bélanger (Mégantic-Compton).
Une voix: II est parti.
Le Président (M. Laplante): M.
Tremblay (Chambly).
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime
(Saint-Maurice).
M. Dussault (Châteauguay).
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont).
M. Fortier: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac).
M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet).
M. LeBlanc: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Perron (Duplessis).
M. Perron: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Rodrigue
(Vimont).
M. Rodrigue: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond).
Une voix: II est absent.
Le Président (M. Laplante): Un pour, cinq contre.
J'appelle l'article 1, sera-t-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Fortier: M. le Président.
M. Dussault: M. le Président, a-t-on bien entendu? Vous
avez dit un pour et cinq contre?
Le Président (M. Laplante): Un pour et cinq contre, c'est
bien ça.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais faire...
M. Dussault: L'Opposition n'avait qu'un pour, M. le
Président?
M. Fortier: M. le Président...
M. Dussault: C'est incroyable, M. le Président! C'est
incroyable, nous avoir fait perdre tant de temps pour arriver à ce
résultat-là. C'est incroyable.
M. Fortier: M. le Président...
M. Dussault: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Une minute, M. le
député de Châteauguay, vous aurez tout à l'heure le
droit de parole pour dénoncer ce que vous voulez suivant les
règlements.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne voudrais pas que les
paroles du député de Châteauguay imputent des motifs. Le
règlement qui est contenu dans ce petit livre-ci.
Le Président (M. Laplante): Oui, à quel
numéro?
M. Ciaccia: Je voudrais porter à votre attention, M. le
Président, que le député de Marguerite-Bourgeoys a
été obligé de s'absenter pour un instant...
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas d'excuse
là-dessus, monsieur.
M. Ciaccia: ...et vous avez appelé le vote pendant qu'il
n'était pas ici. Alors, ce n'est pas parce qu'on ne veut pas voter pour
la motion.
M. Fortier: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): J'ai appelé l'article
1. M. le député d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais souligner que cet après-midi, vous
avez souligné que, d'après vous, il n'était pas de mise de
discuter du vote qui était pris, et je crois que vous devriez rappeler
à l'ordre le député de Châteauguay...
Le Président (M. Laplante): C'est fait, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Avant d'aborder l'article 1, je demande la suspension
des travaux pour que justement, étant donné que nous allons,
comme vous l'avez dit tout à l'heure, aborder le projet de loi article
par article, nous ayons le ministre ici présent avant que nous puissions
procéder. Le ministre des Finances d'une façon plus
précise, puisque c'est l'engagement qu'on a pris.
M. Rodrigue: Pour deux minutes seulement, M. le Président.
Il n'est pas question de suspendre en l'air comme ça.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à l'arrivée du ministre des Finances.
(Suspension de la séance à 20 h 59)
(Reprise de la séance à 21 h 04)
Le Président (M. Laplante): Bon, on appelle l'article 1,
M. le député d'Outremont.
M. Fortier. Je voulais tout simplement soulever une question de
règlement sur le fait, que le ministre des Finances semble surpris que
nous demandions sa présence. Ce n'est pas moi qui ai fait l'arrangement,
c'est le député de Marguerite-Bourgeoys avec le ministre de
l'Énergie. Je dois dire que je n'ai rien à faire avec ça.
On nous a dit que, si nous commencions à faire l'étude article
par article, le ministre des Finances serait disponible. J'en suis
désolé, probablement que vous avez d'autres travaux à
faire. Quant à nous, nous n'exigeons pas de procéder ainsi; si le
ministre des Finances est occupé à autre chose, on peut demander
l'ajournement jusqu'à demain matin.
M. Parizeau: J'étais d'accord pour fonctionner un certain
temps mais, là, je viens d'apprendre la nature de l'entente; ce serait
trois heures ce soir. Je pourrais peut-être faire un bout ce soir mais,
compte tenu du fait que nous siégeons tous à l'Assemblée
nationale en commission, un peu partout...
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais expliquer la
nature de l'entente telle qu'a expliquée par le député de
Marguerite-Bourgeoys, pour mettre le ministre des Finances au courant.
Apparemment, le ministre de l'Énergie et des Ressources, pour des
raisons humanitaires, ne peut pas être présent ici ce soir. Alors,
il a dit au député de Marguerite-Bourgeoys que, si on
commençait l'étude de l'article 1, le ministre des Finances
serait présent à nos délibérations.
Alors, c'est de cette façon qu'on nous a rapporté
l'entente intervenue entre le ministre de l'Énergie...
M. Parizeau: Moi, j'ai été averti que je pourrais
être ici pour les diverses commissions, pour une heure, une heure et
demie. On ne m'a dit que de 9 heures à minuit je serais pris par cela.
Alors, est-ce
que l'on peut s'entendre que l'on fait un bout ce soir?
M. Ciaccia: Oui, on peut s'entendre pour étudier l'article
1 jusqu'à ce que vous ayez d'autres devoirs, d'autres
responsabilités. À ce moment-là, on pourra ajourner
jusqu'à demain.
M. Parizeau: Est-ce qu'on peut imaginer qu'on passe une heure et
demie, quelque chose comme cela?
M. Ciaccia: Non, ça dépend. Nous autres, on est
prêts, M. le Président, on est prêts à prendre
entente avec le ministre des Finances...
Le Président (M. Laplante): Moi, je suis un petit peu
embêté.
M. Ciaccia: ... qu'on va continuer à discuter de l'article
1 jusqu'à ce que le ministre des Finances ait d'autres
responsabilités. À ce moment-là, si nous n'avons pas
terminé nos commentaires sur l'article 1, on pourra ajourner, si le
ministre des Finances a d'autres responsabilités, et reprendre demain
pour continuer l'article 1. Je ne pense pas qu'on puisse terminer toutes nos
discussions sur l'article 1 ce soir, parce que c'est un article clé. Je
pense qu'on en a assez à dire sur l'article 1 pour aller jusqu'à
minuit, mais si vous pouvez être ici jusqu'à 10 heures, 10 h 30,
nous allons discuter jusque-là et on reprendra demain matin.
M. Parizeau: Je suggérerais qu'on essaie cela dans un
premier temps parce que j'ai deux ou trois projets de loi qu'il faut que je
prépare pour demain. Il faut quand même que je prenne un peu de
temps.
M. Ciaccia: On le comprend, M. le Président, on veut
accommoder le ministre des Finances. Alors, on peut discuter jusqu'à ce
qu'il ne soit plus disponible et après cela on ajournera nos travaux
jusqu'à demain.
Le Président (M. Laplante): Article 1. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, seulement pour résumer
pour le ministre des Finances qui remplace à brûle-pourpoint le
ministre de l'Énergie et des Ressources. J'aimerais lui dire que depuis
le début des travaux nous ne nous sommes pas cachés pour tenter
d'obtenir la plus grande information possible et tenter de solliciter la venue
à cette commission de gens qui auraient pu nous renseigner davantage sur
les implications totales du projet de loi qui est devant nous. Nous avons fait
différentes motions pour inviter certaines personnes. Bien sûr,
ces motions ont été débattues et n'ont pas reçu
l'aval de la majorité des membres de cette commission. Alors, je
voudrais bien qu'il sache que nous sommes toujours du même avis, que nous
avons en tout état de cause des raisons sérieuses, croyons-nous,
pour demander, toujours malgré le fait que ces motions ont
été débattues - je ne voudrais pas revenir sur les motifs
qui nous ont poussé à faire ces propositions ou ces motions...
Pour renseigner le ministre des Finances, je voudrais lui dire que nous
croyons, compte tenu des nombreux télégrammes qui sont parvenus
au premier ministre, avec copies au chef de l'Opposition, d'organismes
demandant d'être entendus, nous croyons qu'il aurait été
préférable, si cela avait été possible, d'organiser
une rencontre avec tous les mouvements qui ont demandé d'être
entendus.
Nous avons aussi indiqué que nous trouvions assez surprenant que
le projet de loi no 16 qui, indirectement ou du moins dans sa forme la plus
simple, avait été annoncé dans le discours sur le budget
que le ministre des Finances a proposé au mois de mars dernier, que ce
que sous-tend le projet de loi no 16, ce sont de nouvelles politiques
tarifaires dans le domaine énergétique qui auront des
implications à long terme d'une façon...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, je vais être obligé de vous arrêter.
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que la
commission revienne à des arguments qui, par motions, ont
été rejetés, réglés. Je vous ai
laissé aller depuis trois ou quatre minutes. On a appelé
l'article 1; j'aimerais qu'il y ait des questions, parce que le ministre des
Finances, qui est là aujourd'hui, remplace le ministre de
l'Énergie. Il n'est pas là comme ministre des Finances ou comme
responsable de la loi. Je ne voudrais pas que vous fassiez ce qui vous a
été refusé par motion et je voudrais que cela soit
très clair dans votre esprit.
M. Ciaccia: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la question de
règlement. Le ministre des Finances, nous sommes très heureux
qu'il soit ici; ce n'est pas à la suite de notre demande à nous,
c'est à la suite de la proposition du ministre de l'Énergie, qui
ne pouvait pas assister à la séance. Il a suggéré
que le
ministre des Finances soit présent.
Mais, M. le Président, sur la question de règlement, je ne
voudrais pas que, dû au fait que le ministre de l'Énergie et des
Ressources a nommé le ministre des Finances pour le remplacer, cela nous
empêche de faire des commentaires sur l'article 1 qui pourraient affecter
le ministre des Finances, M. le Président, franchement.
Le Président (M. Laplante): Monsieur... M. Ciaccia:
Je ne pense pas que le...
Le Président (M. Laplante): C'est que les travaux
préliminaires sont terminés.
M. Ciaccia: Entièrement d'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vous avez posé les
questions qu'il y avait à poser au ministre de l'Énergie. Vous
avez présenté des motions invitant le ministre des Finances
à se faire entendre à cette commission ce qui vous a
été refusé. On a appelé l'article 1, et je voudrais
que les questions soient posées au ministre en vertu de l'article 1. Si
vous avez des motions à présenter en vertu de l'article 1, on les
jugera à ce moment-là. Je voudrais que cela soit très
clair, parce que je ne voudrais pas sortir d'ici et qu'on dise après
cela qu'on n'a pas fait notre job tous ensemble.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je veux respecter les autres
présidents, je vous le répète, et l'institution qu'est
l'Assemblée nationale, c'est cela qu'on représente ici.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je veux être très
clair dans ma directive.
M. Fortier: M. le Président, j'accepte vos directives, le
seul préambule que je faisais était pour expliquer les motifs qui
nous avaient poussés à demander ce que nous avions
demandé. Cela est du passé, je ne reviens pas
là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Vous ne pouvez pas...
M. Fortier: Non, je ne reviens plus là-dessus. Ceci a
été dit et je ne reviens plus là-dessus.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander une directive?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ciaccia: Si le ministre des Finances n'était pas ici,
si c'était le ministre de l'Énergie et des Ressources, est-ce que
vous empêcheriez le député d'Outremont ou un autre
député ici, autour de la table, de faire des commentaires sur
certaines questions, sur la motion qui avait été faite, qui avait
été jugée non recevable, et sur la nécessité
d'avoir la présence du ministre des Finances? Oublions que le ministre
des Finances est ici. S'il n'était pas ici, on pourrait faire des
commentaires, dire qu'on voudrait poser certaines questions au ministre des
Finances et faire des réflexions...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal. Dans les termes où le député d'Outremont a
parlé durant au moins trois minutes, oui, je l'aurais refusé,
parce que le travail préparatoire à nos travaux est
terminé, nous sommes rendus à l'article 1. C'est commencé.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources a parlé sur l'article
1, il a dit: Pas de commentaires, article 1 adopté. Vous, vous avez
enchaîné sur l'article 1 par des motions. Actuellement on vient de
voter une motion et je m'attends qu'on parle de l'article 1. Si vous avez
d'autres motions, présentez-les, mais si vous avez une discussion
à faire sur l'article 1...
M. Fortier: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... des questions au ministre,
je suis prêt à vous laisser aller.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: Est-ce que je résumerais correctement
l'état des débats en disant que la commission a refusé que
le ministre des Finances soit appelé comme témoin?
Une voix: Exact.
M. Parizeau: Et que, d'autre part, le ministre des Finances,
remplace ce soir le ministre de l'Énergie et des Ressources dans ses
fonctions?
Le Président (M. Laplante): Exactement.
M. Parizeau: Si nous nous entendons là-dessus, nous
pouvons procéder avec l'article 1.
M. Ciaccia: Cela va être très difficile de ne pas
faire de commentaire sur l'aspect financier ou sur le ministre des Finances ou
certaines questions qui auraient pu être posées au ministre des
Finances à l'article 1, puisque l'article 1 traite
spécifiquement
d'un...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, écoutez-moi bien.
M. Ciaccia: ... aspect financier. (21 h 15)
Le Président (M. Laplante): Depuis 1973 que vous
êtes un parlementaire. Vous avez vécu des commissions
parlementaires beaucoup plus que je peux en avoir vécu à
différents degrés; vous avez connu différents
présidents, différentes situations. Je compte beaucoup sur votre
coopération, sur votre expérience pour que cette commission
puisse mener à bonne fin ses travaux.
M. Ciaccia: Vous avez mon entière collaboration, M. le
Président. Quant aux travaux de cette commission, je vais...
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, j'accepte vos directives.
Vous avez très bien dirigé la commission depuis le début
et je m'en voudrais de ne pas adhérer aux directives que vous nous avez
données.
Motion d'amendement à l'article 1
Faisant suite au court préambule que je viens de faire, j'avais
un amendement à faire à l'article 1, paragraphe 3.1. Si on le
lit, on dit que la Loi sur l'Hydro-Québec est modifiée par
l'insertion entre les article 3 et 4 des suivants; on dit "à compter du
(insérer ici la date d'entrée en vigueur du présent
article) la société continue d'exister comme compagnie à
fonds social."
Je fait l'amendement suivant: Que le paragraphe 3.1 de l'article 1 soit
modifié en remplaçant dans les première et deuxième
lignes les mots "insérer ici la date d'entrée en vigueur du
premier article" par les mots "premier janvier 1985".
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, M.
le ministre, avez-vous quelque chose à dire? Je veux en entendre un de
chaque.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'habitude
d'écouter attentivement ce que les gens qui ont une formation juridique
ont à me dire, n'en ayant pas moi-même. Il me semble qu'il y a un
vieux principe de droit qui dit qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'on
ne peut pas faire directement. Si je comprends bien, la demande qui est faite
est une sorte de report sine die. Cela fait penser d'ailleurs jusqu'à un
certain point à certaines de ces mesures dilatoires que nous avons
déjà vues à l'égard de sociétés qui,
pour se protéger, disait-on, du gouvernement, allaient devant les
tribunaux pour essayer de gagner du temps jusqu'à la prochaine
élection.
Est-ce que le 1er janvier 1985, d'ailleurs, ne correspond pas à
une autre élection presque obligatoire?
M. Ciaccia: Ce n'est pas nous qui pouvons décider
cela.
M. Parizeau: ... c'est que ou bien ce que nous avons devant nous
est une bonne chose, ou bien ce n'est pas une bonne chose.
Si c'est une bonne chose, il n'y a pas de raison de remettre cela au 1er
janvier 1985...
M. Ciaccia: Question de fond, ce n'est pas sur la
recevabilité.
M. Parizeau: C'est sur la recevabilité.
M. Fortier: M. le ministre des Finances a dit qu'il n'avait pas
de formation juridique, mais il doit parler de la recevabilité
maintenant.
M. Ciaccia: Là, il parle sur le fond, M. le
Président.
M. Parizeau: Mais pas du tout! Ou bien c'est une bonne chose, et
alors il n'y a pas de raison de la retarder, ou bien c'est une mauvaise chose,
et alors il faut la battre aujourd'hui, c'est-à-dire qu'à toutes
fins utiles reporter cela au premier janvier 1985 ce n'est pas une proposition,
c'est une mesure dilatoire.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Laplante): M. le
député.
M. Ciaccia: Nous n'essayons pas de faire indirectement ce que
nous ne pouvons faire directement. Nous vous disons directement la date de
l'entrée en vigueur du présent article. Je parle d'un article. On
dit que ce n'est pas spécifié dans la présente loi, on dit
que c'est le premier janvier 1985. Nous ne reportons pas sine die, nous avons
une date fixe et précise. Nous ne voulons pas retarder l'adoption de la
loi, la loi sera adoptée à la troisième lecture
d'après les termes qui sont prévus dans la loi. Nous voulons
seulement inclure une date précise qui n'est pas incluse
présentement dans l'article tel qu'il est rédigé. Nous
croyons que c'est conforme aux règlements. Cela ne reporte pas du tout
à une autre date l'adoption de la loi et je crois que pour ces raisons
notre amendement est entièrement recevable.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je pourrais
suspendre la séance deux minutes, s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président.
Des voix: Oui. (Suspension de la séance à 21 h
20)
(Reprise de la séance à 21 h 22)
Le Président (M. Laplante): La motion est jugée
recevable comme..
M. Rodrigue: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Rodrigue: Vous la jugez recevable.
Motion de sous-amendement
Le Président (M. Laplante): Je la juge recevable.
M. Rodrigue: Sur la motion, je présente un sous-amendement
à l'effet de remplacer les mots "1er janvier 1985" par "31
décembre 1981".
Une voix: 1982. M. Rodrigue: 1981.
Le Président (M. Laplante): Cet amendement est recevable
aussi.
M. Ciaccia: Sur l'amendement, dites-moi la date encore.
Le Président (M. Laplante): Sous-amendement.
M. Ciaccia: 31 décembre 1981.
Le Président (M. Laplante): Oui. Si vous voulez parler sur
votre motion, monsieur.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, on a fait beaucoup de liens
entre les hausses de tarif d'Hydro-Québec et le projet de loi no 16.
Effectivement, il n'y pas de lien direct à faire parce que les hausses
de tarif sont décidées par un décret gouvernemental.
Cependant, il faut considérer que l'année financière
à Hydro-Québec se termine le 31 décembre 1981 et c'est
à cette occasion qu'on doit modifier la structure financière de
la société pour en faire une compagnie à fonds social. De
là mon amendement pour que la date inscrite à l'article 3.1 soit
le 31 décembre 1981.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, malheureusement, je crois que
je vais être obligé de voter contre le sous-amendement pour les
raisons suivantes. C'est que nous avons fait état des nombreuses raisons
pour lesquelles les députés n'ont pas été
suffisamment informés au sujet de l'impact de ce projet de loi et que de
nombreux groupements ont demandé d'être entendus et de faire
valoir ce qu'ils peuvent croire être l'impact de ce projet de loi soit en
tant qu'utilisateurs, soit en tant que compagnies ou soit en tant
qu'associations. Nous croyons que d'ici au 31 décembre 1981, il sera
extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, d'entendre tous ceux
qui ont demandé d'être entendus. Il nous semble, quant à
nous, que ce délai est beaucoup trop court et que le gouvernement
devrait considérer - d'ailleurs, il ne l'avait pas fait lorsqu'il a
déposé le projet de loi - une date semblable à celle que
nous avions proposée dans notre amendement. Je reviendrai, à ce
moment-là, sur cet amendement, lorsque nous en serons à discuter
de l'amendement lui-même.
Les raisons pour lesquelles nous nous opposons sont nombreuses; nous en
avons fait état. C'est que le projet de loi no 16 impose à
Hydro-Québec de nombreuses taxes qui, depuis la nationalisation de
l'électricité, n'avaient pas été imposées
à Hydro-Québec et qui faisaient justement d'Hydro-Québec
une société d'État différente des autres. Le
ministre de l'Énergie et le ministre des Finances, dans leur discours
à l'Assemblée nationale, nous ont dit: Nous voulons en faire une
société d'État comme les autres. C'est là un
énoncé de politique qui n'a jamais été
débattu jusqu'à maintenant et qui aura des répercussions
considérables.
Nous avons dit, et je le répète, qu'il existe un contrat
social entre la population et le gouvernement, puisqu'en 1962, il y avait eu
campagne électorale exactement sur ces principes mêmes. Celui qui
est maintenant le premier ministre du Québec, avait dit d'une
façon très claire qu'il favoriserait la nationalisation des
sociétés privées, justement pour permettre à la
population d'obtenir les tarifs les plus bas possible et pour faire en sorte
que la société d'État ne soit pas imposée de la
même façon que les sociétés qui étaient du
secteur privé à ce moment-là.
Il me semble qu'il s'agit d'un retournement de situation, d'un
retournement de politique de 180 degrés, puisque, s'il nous
faut maintenant imposer Hydro-Québec de la même
façon que n'importe quelle société privée, on peut
se poser la question: Pourquoi avons-nous nationalisé les
sociétés privées en 1962?
Nous aurions pu, à ce moment-là, continuer à
utiliser les sociétés privées qui existaient, les taxer
autant que le ministre des Finances le désirait et l'État aurait
pu, bien sûr, aller chercher des ressources considérables sans
procéder à la nationalisation. Mais le principe de base est que
la nationalisation n'a été possible qu'à cause de ces
promesses qui ont été faites à la population du
Québec. Or, la population du Québec s'est prononcée d'une
façon décisive et irrévocable en permettant justement au
gouvernement de réaliser cette élection
référendaire sur la nationalisation des compagnies du secteur
privé.
Il existe donc un contrat social entre le gouvernement et la population
et nous ne pouvons pas comprendre que le gouvernement puisse procéder
sans consulter tous ceux qui; à ce moment-là, en 1962, avaient
été consultés. Plusieurs des syndicats, des unions
ouvrières, des associations de consommateurs, des chambres de commerce
qui, j'en suis sûr, en 1962, s'étaient exprimés sur le
principe même de la nationalisation, ont exprimé leur désir
de se faire entendre de nouveau. Nous ne pouvons pas comprendre et nous ne
pouvons pas admettre qu'il soit possible d'entendre tous ces gens d'ici le 31
décembre 1981.
Il existe maintenant d'autres raisons. Le contrat social en est une, M.
le Président. Les autres raisons tiennent, je voudrais vous le rappeler,
au fait qu'il s'agit d'un changement d'orientation dans le secteur
énergétique. D'ailleurs, dans le discours sur le budget qu'avait
prononcé le ministre des Finances au mois de mars, il ne s'en
était pas caché en disant qu'il fallait bien, une fois pour
toutes, d'une part, traiter Hydro-Québec comme une société
comme les autres et, d'autre part, qu'il fallait bien aussi faire en sorte que
la tarification ou les tarifs d'Hydro-Québec s'alignent sur les autres
formes d'énergie.
Ceci est reflété dans les différents articles de la
loi qui vont imposer à HydroQuébec des taxes nombreuses, en plus
de la déclaration des dividendes. Ces taxes auxquelles
Hydro-Québec est soumise vont directement et indirectement affecter la
tarification pour permettre au gouvernement d'orienter...
M. Rodrigue: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vimont.
M. Rodrigue: II me semble que le député d'Outremont
est en train de discuter de choses qui ne relèvent pas de la
présente loi et encore moins de l'article 1, c'est-à-dire qu'il
discute de taxes. Or, le seul objet de l'article 1 est de faire
d'Hydro-Québec une compagnie à fonds social. Je ne vois pas le
rapport entre les arguments qu'il invoque et le contenu de l'article 1.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Ciaccia: Nous parlons maintenant sur le sous-amendement
à une motion qui a été faite. Nous avons fait une motion
à savoir que le paragraphe 3.1 de l'article soit modifié en
ajoutant les mots "1er janvier 1985". Il y a eu un sous-amendement pour
retrancher les mots "1er janvier 1985" et les remplacer par les mots "31
décembre 1981". Le député d'Outremont est parfaitement
dans la pertinence du débat, parce qu'il donne les raisons pour
lesquelles il va voter contre le sous-amendement pour que l'article ne soit pas
en vigueur le 31 décembre 1981. Pour donner ces raisons, il faut qu'il
parle; il a le droit, il peut parler sur les aspects financiers et tout le
reste.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Parizeau: Est-ce que je peux poursuivre sur la question de
règlement, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui. Vous avez terminé,
M. le député?
M. Ciaccia: Non, allez-y.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: II me semble que ce que le député de
Mont-Royal est en train de nous dire a trait à l'article 11,
c'est-à-dire le moment où la loi entre en vigueur. Nous ne
discutons pas du moment où la loi entre en vigueur. Nous discutons
essentiellement de la date d'entrée en vigueur de l'article 3.1.
L'article 3.1 n'a rien à voir avec les tarifs, ni avec les taxes, ni
avec un contrat social, ni avec l'élection de 1962. Cela a à voir
essentiellement à ceci: la société continue-telle ou non
d'exister comme compagnie à fonds social?
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
M. Parizeau: Donc, à mon sens, seulement pour terminer
cette question de règlement, de mon point de vue, il me semble que le
député d'Outremont devrait se
cantonner à la question suivante: la société
doit-elle ou non être une compagnie à fonds social?
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Sur l'article 3.1, on fait état, justement,
qu'elle continue de fonctionner comme une compagnie à fonds social.
Immédiatement, à l'article 3.2, on parle de sa transformation en
société à capital-actions. Il me semble que ceci permettra
éventuellement par d'autres articles la déclaration de
dividendes, ce qui aura des impacts sur les finances d'Hydro-Québec et,
indirectement, on revient à la tarification, donc au programme
d'équipement d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont...
M. Ciaccia: M. le Président, sur la même question de
règlement, si vous me le permettez.
Le Président (M. Laplante): Soyez bref, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Je vais être bref. Je crois que l'article 3.1
est un article clé. On change la mission, si on peut dire, d'Hydro. On
la transforme en compagnie à fonds social. Pour parler sur cet aspect,
je crois que c'est un aspect assez large. Avant cette date, elle n'est pas une
compagnie à fonds social. Cela veut dire qu'on peut remonter,
contrairement à ce que le ministre des Finances dit, à 1962 pour
démontrer comment Hydro-Québec a été
créée, son évolution, les raisons pour lesquelles elle
n'était pas à fonds social. Cela amène tous les autres
sujets connexes à cette question de fonds social.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je pense que vous avez répondu très bien à
l'objection du député du Vimont. Vous venez d'y répondre.
À l'article 3.1, il s'agit de parler, par cet amendement, comme vous
venez de le faire vous-même, du fait que la société
continue d'exister comme compagnie à fonds social. C'est cela, le sujet.
Le député d'Outremont -j'ai attendu avant que quelqu'un
soulève la question de règlement - n'était plus
là-dedans, plus du tout. Il faudra qu'il se ramène, à un
moment donné, dans un passage, qui est assez large malgré tout,
et qu'il parle, justement, de l'existence d'une société à
fonds social qu'est Hydro-Québec.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais rappeler, parce
que peut-être l'article 3.1 n'est pas très clair, que
jusqu'à maintenant, comme l'a dit le député de Mont-Royal,
Hydro-Québec était une compagnie sans fonds social. Maintenant,
on en a fait une compagnie à fonds social. Elle était une
compagnie sans fonds social, comme le sont les compagnies sans but lucratif.
C'est là, je crois, une distinction primordiale et un changement
substantiel dans l'orientation et la mission d'Hydro-Québec. On sait
que, par rapport aux autres corporations commerciales, cette situation
était unique. Ce que j'ai voulu dire, c'est que, dès la
création d'Hydro-Québec et surtout depuis la nationalisation de
l'électricité, on avait voulu, justement, qu'Hydro-Québec
soit une compagnie sans fonds social et on voulait qu'elle soit "sans but
lucratif" entre guillemets, dans le sens que toutes les richesses qu'elle
accumulait ne servaient qu'à Hydro-Québec. J'espère que le
ministre des Finances me suit là-dessus.
Avec la modification proposée par le gouvernement, la
société se trouve à rejoindre les autres compagnies
privées, toutes les sociétés privées que l'on
connaît, que ce soit Domtar, que ce soit Bell Canada ou toutes les
autres, et qu'elle rejoint également des société
d'État comme, par exemple, la SGF, SOQUEM, REXFOR et la
Société de développement de la Baie-James.
Ce que j'ai dit - je ne renie pas du tout ce que j'ai dit - c'est
qu'Hydro-Québec était une société tout à
fait différente des autres. Peut-être que la façon dont je
l'ai dit n'était pas reliée, dans l'esprit de ceux qui
m'écoutaient, directement à l'article 3.1, mais, dans mon esprit,
il était évident qu'en parlant d'un changement aussi substantiel
que celui-là, on en faisait une compagnie à capital-actions, ce
qui vient immédiatement à l'article 3.2, c'est-à-dire
à fonds social, qui permet justement la déclaration de
dividendes. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle - le ministre des
Finances peut me corriger là-dessus - à l'origine, on parlait de
déclaration de paiement de redevances et la raison pour laquelle je
crois qu'on ne parle plus de redevances, c'est que, dans toute la question
extrêmement complexe de la péréquation, les redevances, je
crois, auraient pu être incluses dans les revenus qui étaient
comptabilisés par les différentes provinces et la province de
Québec aurait été pénalisée à ce
sujet.
C'est la raison pour laquelle, contrairement à ce qui avait
été annoncé dans le discours sur le budget, le ministre
des Finances s'est ravisé et a fait en sorte que, dorénavant, il
s'agisse d'une société à fonds social qui permet justement
la déclaration de dividendes.
M. le Président, je crois que vous êtes d'accord avec moi
que je suis dans le vif du sujet et qu'il s'agit d'un changement substantiel
d'Hydro-Québec. Ce que je disais, c'est que les intentions des
législateurs, des
politiciens et des hommes d'État qui avaient proposé, en
1962, Hydro-Québec telle que nous l'avons connue à venir
jusqu'à ce jour, c'était une société qui
était privilégiée - là-dessus, je rejoins le
ministre des Finances -parce que nous la voulions telle, nous la voulions
privilégiée pour faire en sorte que les Québécois
et les Québécoises au Québec puissent
bénéficier de sources énergétiques au meilleur
coût possible.
Nous savions, nous avons su et nous avons appris depuis 1973 que les
sources d'énergie, tel le pétrole, qui nous viennent de
l'étranger coûtent de plus en plus cher, mais ce que les
Québécois et les Québécoises ont saisi, c'est que,
depuis la nationalisation des sociétés privées, nous avons
été bénéficiaires d'une situation
privilégiée et la question qui se pose est: Quelles sont les
raisons qui font que, maintenant, tels les gens qui habitent l'Alberta, les
Québécois n'auraient pas le droit de continuer de vivre dans une
situation privilégiée? C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, nous avons dit qu'il fallait consulter; non seulement parce
qu'il y avait un contrat social - là, je continue dans ma
démarche intellectuelle pour essayer de prouver pourquoi je vais voter
contre ce sous-amendement - mais c'est qu'il s'agit, bien sûr, d'un
changement substantiel et il nous semble, quant à nous, qu'il est
impensable que nous puissions procéder à des changements de
politiques énergétiques que sous-tend justement le projet de loi
no 16, tel qu'il a été annoncé dans le discours sur le
budget du mois de mars dernier, et que ces politiques
énergétiques doivent être discutées avec le
public.
D'ailleurs, ceci fait partie des promesses ou des politiques dont fait
état le livre blanc sur l'énergie. Ceci serait d'ailleurs en
accord avec les déclarations du ministre Bérubé sur
l'énergie, lors de la commission parlementaire de l'énergie et
des ressources, alors qu'il avait dit qu'il fallait bien, somme toute, se
rallier à une proposition que j'avais faite, en ce sens qu'il nous
fallait un débat public. Et cela a été un engagement dans
ce sens du ministre présent de l'Énergie et des Ressources, lors
de l'étude des crédits du mois de juin, qui a aussi dit qu'il
serait peut-être très bien d'organiser un débat public.
Hier, le ministre nous a dit également qu'il étudiait la question
et qu'il comprenait que ce serait une bonne chose d'étudier les
différentes formes d'énergie disponibles au Québec, de
voir dans quelle mesure elles pourraient se relier les unes aux autres et de
voir de quelle façon nous pourrions organiser notre politique
énergétique de l'avenir.
Ce que nous prétendons, c'est que ce projet de loi no 16 vient
infirmer toute décision subséquente qui pourrait être prise
dans le domaine énergétique. Il est évident que le
gouvernement prend des décisions avant même que la politique
énergétique, surtout la politique tarifaire, ait pu être
débattue et qu'on ait mesuré, dans toute sa logique, dans tout
son impact économique et dans tout son impact sur les consommateurs,
l'effet direct du projet de loi 16 et des politiques énergétiques
qui sous-tendent ce projet de loi no 16.
Pour ces raisons, M. le Président, nous croyons qu'il est un peu
immoral pour le gouvernement de procéder et, quoique nous comprenions
les vraies raisons qui poussent le gouvernement et le ministre des Finances en
particulier à procéder et à favoriser l'adoption du projet
de loi no 16, elles ne proviennent que des besoins d'argent du gouvernement.
Là-dessus, je ne voudrais pas en faire la démonstration, nous
l'avons dit à plusieurs reprises, mais il nous semble -encore là
je le répète - aberrant que l'on puisse changer une
société d'État pour laquelle les Québécois
ont voté une mission très spécifique et que l'on puisse
procéder à l'adoption de la loi no 16 qui va demander des
changements substantiels dans les politiques énergétiques du
Québec sans consulter ceux qui demandent à être entendus
présentement.
Pour toutes ces raisons - et je vais me limiter à ces quelques
remarques pour le moment - je voterai contre le sous-amendement du 31
décembre 1981 parce que, quoique nous admettions qu'un gouvernement
doive gouverner et qu'il puisse, avec sa majorité, faire adopter le
projet de loi no 16, nous croyons qu'en toute justice, compte tenu des
engagements passés des gouvernements qui nous ont
précédés, il devrait faire en sorte que l'article 3.1 ne
soit en vigueur qu'au 1er janvier 1985; autrement dit que les changements
substantiels à Hydro-Québec soient reportés au 1er janvier
1985. Pour parler sur le sous-amendement, je dirais qu'il nous semble aberrant
qu'on puisse proposer que ce changement se fasse d'ici à 10 ou 15 jours
sans qu'on n'ait entendu les gens qui désirent être entendus sur
ce changement de mission d'Hydro-Québec.
Je vous remercie M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, si tant est que nos amis
d'en face veulent un jour le pouvoir, je leur souhaite beaucoup de plaisir si,
chaque fois qu'ils trouvent utile une consultation, ils se donnent trois ans
pour la faire. Ils ne feront probablement pas grand-chose dans leur premier
mandat.
M. Fortier: On va être au pouvoir en
1985.
M. Parizeau: Dans ce sens, la proposition d'amendement - et
là je sais que je m'éloigne de la pertinence puisque nous sommes
sur le sous-amendement - me paraît complètement folichonne.
Passons maintenant au fond de la question. Hydro-Québec n'a pas
été créée en 1962, elle a été
créée en 1944 sur les décombres, si l'on peut dire, de la
Montreal Light, Heat and Power. À cette époque, le gouvernement
du Québec n'avait pas la moindre idée de ce qu'était une
société d'État. Il n'était pas question d'avoir des
actions ou un capital-actions pour les sociétés d'État,
d'abord, parce qu'il n'y en avait pas. Je vous rappelle qu'à ce
moment-là la SAQ s'appelait la Commission des liqueurs et une commission
des liqueurs, par définition, n'avait pas d'actions.
Il y avait une chose aussi dans le décor, à cette
époque, qui était la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, une
société d'État. Je dois dire que je n'ai jamais
vérifié si, à cette époque-là, il y avait
des actions ou pas. Ce que je veux dire c'est qu'Hydro-Québec a
été créée dans sa forme juridique que nous
connaissons encore, jusqu'au 31 décembre 1981, non pas en fonction d'un
contrat social, mais en fonction d'une méconnaissance totale, à
cette époque, de ce qu'était une société
d'État parce qu'on ne savait pas ce que c'était, on n'en avait
pas. Si elle n'a pas été une société par actions
à cette époque, c'est plus par inadvertance qu'autre chose. Et,
nous avons accumulé des réserves à l'intérieur
d'Hydro-Québec de 1944 à 1962, au moment de
l'élargissement, et par la suite.
Transformer maintenant, à la suite de ce cheminement historique,
Hydro-Québec en une sorte d'OSBL, d'organisme sans but lucratif, est
d'une ironie sans nom. J'aimerais d'ailleurs que le député -
puisqu'il souhaite arriver au pouvoir le plus rapidement possible - je lui
souhaite beaucoup de plaisir quand il ira présenter les emprunts
d'Hydro-Québec à New York en disant: Messieurs, je dois d'abord
vous dire qu'Hydro-Québec est un organisme sans but lucratif. Je suis
persuadé qu'auprès des prêteurs américains, cela
aura un succès considérable.
En fait, Hydro-Québec est une des plus grandes
sociétés canadiennes qui a les profits les plus
élevés de la plupart des sociétés canadiennes et
qui, d'ailleurs, emprunte sur cette base-là. Je souhaite à
l'Opposition si jamais, qu'à Dieu ne plaise, ils arrivaient au pouvoir,
de plaider sur les marchés extérieurs le fait
qu'Hydro-Québec est un OSBL. J'ai entendu beaucoup de versions quant
à HydroQuébec, mais la décrire comme un OSBL, jamais je
n'avais entendu cela jusqu'à maintenant.
(21 h 45)
Donc, par inadvertance, on a fonctionné pendant 25 ans avec un
statut qui n'a rien de moderne ni d'adapté aux circonstances et qui ne
correspond même pas à la façon dont Hydro-Québec est
structurée et fonctionne en fait.
Au fur et à mesure que les sociétés d'État
se sont créées, qu'il s'agisse de sociétés
commerciales en concurrence ou qu'il s'agisse de monopoles, elles ont toutes
hérité d'un capital-actions les unes après les autres, au
fur et à mesure que les lois les créaient ou que les lois
constituantes étaient amendées. C'est tellement vrai que
qu'est-ce qu'on a fait lorsqu'on a créé la SEBJ? On
reconnaîtra que la SEBJ a une fonction tout ce qu'il y a de plus
hydroélectrique, n'est-ce pas? Jamais, sous le gouvernement qui nous a
précédés et qui a quelque rapport avec nos amis d'en face,
on n'a imaginé de décrire la SEBJ comme un OSBL. La SEBJ a un
capital-actions contrôlé par qui? Par Hydro-Québec, et la
SDBJ, toujours très étroitement associée et de
façon accessoire cependant dans ce cas au développement de la
Baie-James. Qu'est-ce qu'elle a la SDBJ? Un capital-actions,
c'est-à-dire qu'au fur et à mesure que l'État
québécois s'est modernisé, les gouvernements passant les
uns après les autres au pouvoir, on a fait en sorte que toutes les
sociétés d'État petit à petit, les unes
après les autres, graduellement, aient un capital-actions.
Le sens de l'article 3.1, c'est simplement de dire ceci: Il était
temps qu'Hydro-Québec ait un statut juridique analogue à celui de
toutes les sociétés d'État. Cela ne va pas plus loin que
ça. Cela va jusque-là. En faire un plat et faire une vaste
consultation dans le public pour savoir si la société
d'État qui s'appelle Hydro-Québec devrait avoir des actions
ordinaires comme toutes les autres sociétés d'État, encore
une fois, me paraît une question sans but particulier. C'est un
ajustement nécessaire, je pense, inévitable, qui fait en sorte
que l'on reconnaît qu'Hydro-Québec est une des
sociétés d'État du gouvernement
québécois.
D'autre part, on fait allusion au fait que l'on devrait profiter au
Québec de l'énergie hydroélectrique au même titre
qu'on en profite en Alberta. Mais je n'en disconviens pas, pas un instant, mais
je suggérerais à nos amis d'en face encore là qu'il n'y a
pas beaucoup de pertinence avec l'article 3.1. Je suggérerais à
nos amis d'en face de ne pas pousser la comparaison trop loin parce que, s'il
fallait qu'ils sachent quelle proportion du gaz et des revenus albertains, du
gaz et du pétrole, va au budget courant, au budget direct du
gouvernement de l'Alberta et pas au "Heritage Fund", ils en attraperaient une
crise d'apoplexie à côté des montants très
modestes que nous attendons en dividendes cette année et
l'année prochaine d'Hydro-Québec. Mais nous aurons l'occasion d'y
revenir à l'occasion des articles pertinents.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, nous n'avons pas eu
l'occasion de discuter de la recevabilité de cette motion. Je ne
conteste pas, soyons clairs, je ne conteste pas votre décision pour
déclarer qu'elle est recevable, mais si j'avais eu l'occasion de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, s'il vous plaît, vous avez demandé la parole sur...
d'accord, et non pas sur une recevabilité ou une contestation.
M. Ciaccia: C'est un petit préambule que je voudrais faire
très brièvement, très respectueusement et dans un esprit
de collaboration entière pour faciliter les travaux de cette commission.
Nous avions fait un amendement, à savoir qu'à compter du premier
janvier 1985 la société continue d'exister comme compagnie
à fonds social. Le sous-amendement change les mots "premier janvier
1985" pour les remplacer par "31 décembre 1981". Nous aurions pu
argumenter d'après l'article 70 qui se lit comme suit: "Un amendement
doit se rapporter directement au sujet de la motion proposée et ne peut
avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer
par d'autres". Maintenant, je porterais à votre attention la phrase
suivante: II est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé. Il en est de
même d'un sous-amendement par rapport à un amendement. Nous
aurions pu argumenter, on n'a pas voulu, parce que nous aurions consenti
à entendre le ministre et le proposeur de l'amendement, mais pourquoi le
31 décembre? Si nous avions voulu faire de la procédure, M. le
Président, on aurait pu s'opposer et dire: Écoutez, cela
écarte la motion principale. La motion principale, c'est janvier 1985 et
vous, vous allez de l'autre côté, vous venez au 31
décembre. Mais on n'a pas voulu faire cela, M. le Président, on
n'a pas voulu faire de procédure, on veut entendre le ministre, le
proposeur de la motion, et on veut donner au gouvernement toute la latitude
possible pour justifier sa position.
Maintenant, pour revenir aux propos du ministre des Finances, à
quelques affirmations qu'il a faites, M. le Président, il parle du
député d'Outremont, et il dit: Si jamais, vous venez à
être au pouvoir, vous allez voir que, lorsque vous ferez des emprunts...
Vous avez fait référence au pouvoir d'emprunt
d'Hydro-Québec, vous avez laissé sous-entendre que ce serait
mieux encore si Hydro-Québec - que cela va être plus facile - est
une société qui déclare des dividendes, qui ne fonctionne
pas comme elle a fonctionné jusqu'à aujourd'hui. Je pourrais vous
demander quelles difficultés Hydro-Québec a eues jusqu'à
maintenant à faire des emprunts. Je ne crois pas qu'Hydro-Québec
en ait eu, dans ses besoins financiers, même en allant jusqu'à
emprunter 2 000 000 000 $ en une année. Je pense qu'elle a trouvé
les fonds nécessaires avec une cote de crédit qu'on lui a
accordée, qui était de AA, qui n'a pas été
réduite parce que ce n'est pas une compagnie qui ne déclare pas
de dividendes, je voudrais apporter à l'attention du ministre, M. le
Président...
M. Parizeau: Je ne veux pas... M. Ciaccia: Je vais faire
des...
M. Parizeau: Je ne veux pas poser de question de
privilège.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
mais s'ils vous posent des questions, ce qui arrive, c'est que j'enlève
le temps de la question à laquelle vous répondez, pour qu'il ne
perde pas son temps d'intervention.
M. Ciaccia: Mais, M. le Président, je voudrais attirer
l'attention du ministre des Finances. Hydro-Ontario, je crois que c'est une
commission, je peux bien me tromper, qui ne déclare pas de dividendes.
Et pourtant, je crois que la cote de crédit d'Hydro-Ontario est AAA. Si
mes informations ne sont pas exactes, le ministre des Finances pourra me
corriger. Il a parlé de la SEBJ et de la SDBJ. Naturellement, M. le
Président, la mission qui a été donnée à la
SEBJ et à la SDBJ était une mission de développement. La
Société de développement de la Baie-James doit
développer le territoire de la Baie-James. C'est une compagnie qui a un
fonds social un capital-actions, pas comme compagnie à fonds social, qui
a un capital-actions, mais une mission totalement différente de la
mission d'Hydro-Québec. La question que je me pose, M. le
Président, c'est: Quelle est l'urgence, et je parle sur le
sous-amendement, de vouloir faire ce changement dans deux semaines, trois
semaines, le 31 décembre? Même d'après les propos du
ministre des Finances, Hydro-Québec existe depuis 1944. Cela fait 37
ans, M. le Président, 37 ans qu'elle existe comme compagnie à
fonds social, 37 ans durant lesquels la compagnie s'est
développée, a répondu aux besoins des
Québécois et a fourni l'électricité dont nous
avions besoin, qui a fait le développement de la Baie-James, qui
a fait le développement hydroélectrique au Québec, c'est
une compagnie à fonds social sans les changements que propose le
ministre.
La question que je pourrais lui poser, si cela a pris 37 ans et est
demeuré 37 ans sous la forme actuelle, quelle est l'urgence, en trois
semaines, de changer complètement la mission, de changer
complètement la structure d'Hydro-Québec? On a le droit, M. le
Président, de se poser cette question et de ne pas y aller trop vite,
sans avoir toutes les réponses, sans avoir toutes les
conséquences, non seulement sur les structures d'Hydro-Québec, M.
le Président, mais aussi sur les conséquences que cela peut
apporter aux contribuables et aux consommateurs. On parle de l'Alberta, on peut
dire: Oui, cela contribue au "Heritage Fund". Je comprends, j'accepte que cela
contribue beaucoup plus au "Heritage Fund" que peut-être même les
chiffres que le ministre peut avoir en vue pour Hydro-Québec. Mais
l'important, ce n'est pas seulement que cela contribue au "Heritage Fund",
l'important c'est de savoir quel est le prix au consommateur et si nous
pourrions avoir la même situation qu'en Alberta, où le prix de
l'essence, cette richesse naturelle, est beaucoup moindre pour les Albertains
qu'il ne l'est pour d'autres. Peut-être que, s'il y a un surplus, on
pourrait entretenir la possibilité de fournir certains montants au
trésor du Québec. Mais, avec les augmentations de tarifs pour le
secteur industriel ou pour tous les autres secteurs, je crois qu'on se
rapproche. On n'est plus dans une situation où nous aurons un prix de
l'électricité beaucoup moindre qu'ailleurs. L'autre aspect aussi,
c'est qu'en Alberta on peut exporter ce produit. Là, je suis d'accord
avec le ministre, la situation est un peu différente. On peut exporter
ce produit dans tout le Canada, même à l'extérieur; ils
font même des exportations aux États-Unis en échange. Pour
l'électricité, on est limité pour l'exportation par les
distances.
Il faut se poser une question sur la mission d'Hydro-Québec.
Pourquoi a-t-elle été créée sans fonds social? Je
ne peux pas accepter le raisonnement du ministre des Finances qui dit: C'est la
façon moderne, des compagnies à fonds social. M. le
Président, même en 1981 et en 1982, on peut encore avoir des
compagnies sans but lucratif. Comprenez-vous? Je ne prétends pas
qu'Hydro-Québec devrait être sans but lucratif mais je parle du
concept de la mission d'une compagnie. Ce n'est pas parce qu'on est en 1981
qu'on doit nécessairement changer cette mission. La mission
d'Hydro-Québec, c'était quoi? C'était de produire
l'électricité au plus bas prix possible en tenant compte d'une
saine administration. Si on veut changer cela pour enlever "le plus bas prix
possible" aux consommateurs et pour le remplacer par "fournir les coffres du
gouvernement pour combler les déficits et les autres besoins du
gouvernement", cela n'a rien à faire avec les temps modernes.
Une autre chose qu'on oublie, quand on fait cette comparaison entre
Hydro-Québec et d'autres sociétés, c'est
qu'Hydro-Québec est un monopole pour rendre un service public. Alors, un
monopole pour rendre un service public doit ou devrait être traité
d'une façon différente en tenant compte de la mission que cette
société a eue depuis 1944. Si vraiment le gouvernement a des
raisons valables pour changer cette mission, pour changer les structures
d'Hydro-Québec, je suggère au ministre des Finances qu'il devrait
prendre un peu plus de temps que jusqu'au 31 décembre 1981 pour
l'expliquer à la population. Franchement, de ce côté-ci,
les réactions que nous avons de la population, les raisons que nous
avons entendues jusqu'à maintenant ne nous ont pas persuadés que
c'est un changement qui va s'effectuer dans l'intérêt
d'Hydro-Québec et des consommateurs. Il ne faut pas oublier le
consommateur dans tout cela, il ne faut pas oublier la situation
économique qui existe aujourd'hui pour lui. Seulement vouloir changer
les structures d'Hydro-Québec pour aller chercher des dividendes, je
crois que cela aurait besoin de plus d'explications que celles fournies
jusqu'à maintenant. Je ne pense pas qu'on ait le temps, jusqu'au 31
décembre, en trois semaines, d'effectuer ce changement majeur à
Hydro-Québec. Cela aura des conséquences pour toute la
population.
Jusqu'à maintenant, comment ont été utilisés
les fonds d'Hydro-Québec? Ils ont été utilisés -
elle a gardé une certaine réserve pour son financement - pour
réinvestir dans le développement des projets
hydroélectriques. On voudrait - à moins d'avoir des raisons
majeures ou que les raisons que le ministre donne puissent le justifier - que
cette pratique ou cette mission continue d'exister. Autrement dit, que les
fonds d'Hydro-Québec soient utilisés pour réinvestir dans
les projets hydroélectriques et non pas pour payer toutes les dettes du
Québec qui n'ont rien à voir aux projets hydroélectriques.
(22 heures)
Quand le ministre parlait au député d'Outremont du moment
d'aller faire des emprunts, bien, moi, si j'étais une compagnie
financière et que je devais prendre la décision de prêter
des fonds à une société d'État, si cette
société d'État était comme Hydro-Québec est
maintenant, c'est-à-dire que tout son argent était utilisé
pour réinvestir... Si j'ai le choix entre une société qui
doit utiliser ses fonds pour réinvestir dans des projets
économiques, dans les projets hydroélectriques, et une autre
société
qui est à la merci du gouvernement pour la déclaration de
dividendes, quant à moi, je crois que c'est un meilleur risque pour moi,
comme créancier, de prêter l'argent à une compagnie dont
les buts sont limités, dont les fonds doivent être utilisés
strictement pour réinvestir dans des projets plutôt qu'à
une compagnie qui est obligé, par la volonté du gouvernement, de
déclarer des dividendes.
J'aurais plus de difficulté à justifier un emprunt au
deuxième type de compagnie. Je serais plus sûr de savoir que quand
je vais prêter 2 000 000 000 $, 1 000 000 000 $, 200 000 000 $ à
Hydro-Québec, je saurai où ces fonds vont aller, que ce ne sera
pas pour éponger des dettes ailleurs, mais que ce sera pour
l'utilité de la société, pour développer ses
projets.
Je crois que pour toutes ces raisons, on devrait prendre plus de temps,
pas jusqu'au 31 décembre 1981, pour décider de faire un
changement aussi majeur. Nous avons suggéré janvier 1985. Nous
reviendrons à la proposition principale, éventuellement, M. le
Président, mais pour toutes ces raisons, parce que c'est un changement
majeur, même si le ministre nous donnait éventuellement des
raisons qui peuvent justifier... jusqu'à maintenant, je ne pense pas
qu'on l'ait entendu. Je voudrais demander quelle est l'urgence de le faire le
31 décembre. Je ne pense pas que le ministre ait répondu.
Même le parrain de la motion ne nous a pas donné de date. Je
présume qu'il va intervenir éventuellement pour justifier la date
qu'il a proposée, mais il ne nous a pas donné de raison pour
justifier cette date.
Pour ces raisons, M. le Président, je vais voter contre le
sous-amendement proposé par le député de Vimont.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, dans ce qu'a dit le
député de Mont-Royal, il y a un certain nombre de choses qu'on ne
peut pas laisser passer, je pense, même si ça n'a pas
nécessairement de rapport direct avec l'article 3.1.
Le député de Mont-Royal se dit: Mais Hydro-Québec
n'a pas eu, jusqu'à maintenant, de problème de financement. C'est
tout à fait exact. Elle n'a pas eu de problème de financement,
mais jamais, jusqu'à maintenant, quelqu'un ne s'était
présenté dans les milieux financiers où emprunte
Hydro-Québec en disant: Nous allons vous apprendre quelque chose,
Hydro-Québec est un organisme sans but lucratif. Si on avait
répété ça pendant vingt ans dans les milieux
financiers, l'effet aurait été foudroyant. C'est justement parce
qu'on ne l'a pas fait, parce qu'on n'a jamais cherché à
présenter, comme l'Opposition cherche à le faire ce soir,
Hydro-Québec comme un organisme sans but lucratif,
qu'Hydro-Québec a été capable de se financer de
façon correcte.
Imaginez ce que ça veut dire un organisme sans but lucratif. En
pratique, Hydro-Québec a toujours été une
société qui, de par ses lois anciennes, devait fonctionner sur la
base, comment dire, de la prudence financière. La prudence
financière, cela voulait dire quoi? Cela voulait dire, par exemple,
avoir des profits qui représentaient une couverture des
intérêts à payer, d'une proportion définie. Alors,
ne parlons pas d'organisme sans but lucratif, quand on parle de ça,
c'est risible, M. le Président: C'est un travesti de la
réalité. Les profits d'Hydro-Québec devaient fournir une
couverture définie des intérêts à payer.
On me parle d'Hydro-Ontario. Elle emprunte selon une cote. AAA.
Pourquoi? Parce que, financièrement, elle serait plus solide
qu'Hydro-Québec? Pas du tout. En fait, les profits d'Hydro-Ontario -
soit dit en passant, je n'ai jamais non plus entendu décrire
Hydro-Ontario comme un OSBL, jamais - la couverture des intérêts
qu'Hydro-Ontario a à payer, les profits qui servent à assurer
cette couverture ont toujours été, ont été
habituellement très inférieurs à la couverture
d'Hydro-Québec. J'ai vu du 07, ce que je n'ai jamais à
Hydro-Québec.
Le taux de capitalisation, c'est-à-dire les réserves ou
l'équité par rapport à la dette, est normalement
très inférieur à Hydro-Ontario plus que cela ne l'est
à Hydro-Québec. Il n'y a pas de comparaison. Pourquoi ont-ils un
AAA? Parce que la dette d'Hydro-Ontario est garantie par le gouvernement de
l'Ontario qui, lui-même, a un AAA. C'est la raison. Sans la garantie du
gouvernement de l'Ontario qui a un AAA, jamais Hydro-Ontario n'aurait un AAA.
Il ne faut pas se faire d'illusion. C'est la garantie du gouvernement ontarien
qui assure à Hydro-Ontario, qui habituellement a une performance
financière très inférieure à celle
d'Hydro-Québec, une cote supérieure à celle
d'Hydro-Québec. Remarquez que bien des maisons financières ont
soutenu qu'il y avait là une injustice frappante. Il y a certaines
institutions ou certains courtiers à New York qui, depuis longtemps,
soutiennent qu'Hydro-Québec devrait avoir une cote AAA, justement quand
on la compare à Hydro-Ontario. Pour l'amour du saint ciel, ne
commençons pas à tout mêler.
Le député de Mont-Royal me disait: Cela profite aux
Albertains, leur gaz et leur pétrole, par le truchement du "Heritage
Fund". Il n'a pas compris que les citoyens de l'Alberta profitent du
pétrole et du gaz par le truchement du "Heritage Fund". Ce n'est pas ce
que j'ai dit du tout. Le "Heritage Fund" reçoit moins de la
moitié des recettes
au titre du pétrole et du gaz. Où va la majeure partie?
Dans les recettes budgétaires du gouvernement de l'Alberta. Le "Heritage
Fund", en un certain sens, ne reçoit qu'une partie de cela. Quand nous
aurons l'occasion de discuter des dividendes que nous pensons recevoir
d'Hydro-Québec, on verra qu'à côté de ce que
d'autres provinces tirent de leurs richesses naturelles à notre
époque, singulièrement après la crise internationale du
pétrole, c'est relativement peu de choses, c'est même très
peu de choses.
Il s'est produit des changements dans le monde depuis la crise
énergétique de 1973. Qu'est-ce que vous voulez? Il faut bien que
tout le monde s'adapte. Je comprends qu'au Québec, on est
particulièrement conservateur, je veux bien. Je comprends qu'au
Québec, on aimerait souvent qu'il ne se passe rien à
l'étranger, je veux bien, mais il s'en est passé. Il faut bien
s'adapter, on ne peut pas faire autrement.
Cela m'amène à discuter justement de la question des prix.
Oui, bien sûr, pendant des années, on a eu cette
caractéristique, à laquelle le député de Mont-Royal
faisait allusion, d'avoir une tarification, à HydroQuébec, qui
devait être la plus basse possible, accompagnée - je ne me
souviens pas exactement des termes - d'une prudence financière, d'une
saine administration financière. Bien sûr, c'était un
objectif parfaitement louable à l'époque où le baril de
pétrole coûtait 3 $. À l'époque où le baril
de pétrole coûtait 3 $, l'électricité n'était
pas nécessairement une forme d'énergie très bon
marché par rapport à ses substituts.
Nous n'avons pas créé l'OPEP. Nous avons le bras
très long au Québec, mais pas au point de créer l'OPEP.
Cela a été créé et le prix du pétrole s'est
mis à monter, d'abord à quadrupler, puis ensuite à
doubler. On a été placé, au Québec, comme un peu
partout ailleurs au Canada, dans la situation suivante: Est-ce que nous allons
garder le prix de l'électricité à un point si bas que nous
allons avoir une avalanche de demandes de substitution du pétrole contre
l'électricité, alors que nous savons très bien que le
coût du développement des nouvelles sources
d'électricité est de plus en plus cher. Cela fait longtemps que
c'est passé, le développement de l'hydroélectricité
à 3 mills, à 4 mills ou à 5 mills. Donc, provoquer une
sorte de déplacement ou de substitution à toute vitesse du
pétrole vers l'électricité allait entraîner à
très court terme non pas seulement des investissements massifs dans le
domaine de l'électricité mais, d'autre part, des pénuries.
Je pense en particulier aux périodes de pointe, au mois de
décembre, où déjà c'est très difficile de
satisfaire la demande. Quand on voit Hydro-Québec, certains jours de
décembre, demander aux gens de ne pas allumer leur arbre de Noël ou
des trucs comme cela et d'essayer d'épargner de
l'électricité, cela correspond aux faits et elle fonctionne
à pleine puissance, à ce moment-là. On ne court pas le
risque, dans une pareille situation, de provoguer à toute allure une
substitution du pétrole vers l'électricité.
Dans ces conditions, quel genre de politique énergétique
nouvelle est apparue? Le député de Mont-Royal disait: II n'y a
pas de politique énergétique de définie. Mais oui, il y a
une politique énergétique de définie. Elle est très
claire cette politique; elle a été discutée en commission
parlementaire...
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit cela, mais je suis d'accord.
M. Parizeau: ... à plusieurs reprises; elle a
été discutée avec Hydro-Québec. Qu'on ne vienne
surtout pas nous dire qu'une politique comme celle-là n'existe pas et
n'a pas été exprimée. Depuis le livre blanc sur
l'énergie, toute une série de principes de base ont
circulé, ont été discutés, ont été
largement diffusés dans le public.
De ces principes, on peut en retenir un certain nombre. Je pense, par
exemple, qu'il est très clair à l'heure actuelle que la politique
du gouvernement est d'assurer une plus grande diffusion du gaz au
Québec. Cela me paraît clair pour tout le monde.
D'autre part, nous avons indiqué à plusieurs reprises que,
dans le bilan énergétique, nous tenons à ce que le gaz,
pour bien entrer dans le marché, coûte un peu moins cher que les
autres sources d'énergie. C'est clair; cela a été
diffusé. On est en train de construire un pipe-line. On amène le
gaz un peu partout au Québec à ces fins.
On a mentionné, dans le livre blanc, il y a déjà
quelques années, que l'on songeait au moins à doubler la part du
gaz dans le bilan énergétique. Nous nous sommes engagés,
nous avons eu toute espèce de tractations avec le gouvernement de
l'Aberta à ce sujet et c'est en train de se faire. C'est un principe
clair qui a été longuement discuté en commission
parlementaire. Qu'on ne vienne pas nous dire: II faut trois ans pour reprendre
l'histoire du gaz; c'est clair.
Deuxièmement, nous voulons augmenter graduellement la part de
l'électricité dans le bilan énergétique, mais pas
trop vite, au fur et à mesure où on pourra raisonnablement
financer des travaux d'expansion, sans substitution à toute allure. Cela
a aussi été clairement exprimé à plusieurs
reprises.
Cela veut dire, sur le plan de la tarification, que, pour ce qui a trait
au chauffage - je ne parle pas ici des besoins élémentaires
d'électricité, ceux où il n'y a pas vraiment de substitut,
comme l'éclairage, par exemple - le coût du chauffage à
l'électricité doit être un peu plus élevé
que
le gaz et moins élevé que le pétrole, entre les
deux.
Comme il y a eu entente entre l'Alberta et le gouvernement
fédéral, comme on sait maintenant où vont les prix du
pétrole, il est donc relativement plus facile pour nous de faire en
sorte qu'on puisse avoir une politique du prix de l'électricité
qui n'encourage pas de substitution sauvage, qui soit cependant plus
élevée que le gaz et qui se situe entre les deux. La tarification
de cette année est l'illustration de cette chose que nous
défendons et discutons depuis trois ans. C'est aussi un principe
clair.
Troisièmement, nous avons aussi longuement discuté de
cette nécessité pour Hydro-Québec, dans ces conditions, de
ne pas accumuler des profits tels, jusqu'en 1985, période pendant
laquelle les travaux en volume d'Hydro-Québec vont baisser... Parce
qu'à l'heure actuelle, c'est le cas, jusqu'en 1985, le volume des
travaux par HydroQuébec va baisser. Nous ne voulons pas que, traduisant
cette politique tarifaire dont je viens de parler, Hydro-Québec accumule
un niveau de profits tel qu'elle finisse par payer à 60% ses barrages
"cash", parce qu'il n'est pas normal, sur le plan simplement de
l'économie des ressources dans une société, qu'on paie
"cash" des investissements qui vont durer 50 ans. (22 h 15)
Dans ces conditions, quatrième principe clair aussi, on a dit:
Tant et aussi longtemps que ces besoins d'immobilisation, ces volumes de
travaux d'Hydro vont tomber, tant et aussi longtemps qu'à cause de la
situation du pétrole le prix du pétrole va monter très
vite, une partie croissante, jusqu'en 1985, des profits d'Hydro-Québec
sera par le truchement d'un dividende ristournée au trésor
québécois. Ces choses ne sont pas nouvelles, elle sont
peut-être abordées ce soir, le 10 ou le 11 décembre, je ne
sais plus très bien quelle date nous sommes, mais ça fait
maintenant huit mois que c'est discuté partout dans notre
société. On me dit maintenant, et c'est ainsi que terminait le
député de Mont-Royal, qu'on n'a pas démontré
l'urgence. Ce n'est pas une question d'urgence, c'est la question qu'à
un moment donné les changements apportés aux lois doivent se
faire. Lorsqu'on amende la loi d'Hydro-Québec, on ne laisse pas
traîner ces changements indéfiniment.
Nos amis d'en face, à plusieurs reprises, dans les années
qui ont précédé, nous ont dit: II n'est pas bon qu'un
climat d'incertitude flotte trop longtemps. Eh! bien, je leur renvoie
l'argument ce soir. Cela fait maintenant huit mois que nous discutons de
ça. Cela fait déjà un certain temps que la loi est
déposée. Nous sommes en face, comment dire, de tentatives de
l'Opposition de reporter ça le plus longtemps possible. Nous disons
simplement, après avoir discuté de ces principes pendant si
longtemps, après en avoir discuté en commission parlementaire,
après avoir aéré largement cette question, qu'il n'est pas
bon de traîner la chose indéfiniment. C'est la raison pour
laquelle la date du 31 décembre 1981, M. le Président, me
paraît raisonnable.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais, excusez...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Article 96, M. le Président, juste une
clarification. Je crois que c'est le ministre qui a fait allusion à un
mot que j'ai dit, à l'expression "sans but lucratif" que j'ai
utilisée. Je voudrais juste corriger une mésentente qu'il a pu y
avoir entre le ministre et moi-même sur cette expression-là. Bien
sûr, je n'ai jamais prétendu que s'il fallait vendre
Hydro-Québec aux investisseurs, il faudrait utiliser cette expression.
Je l'ai utilisée en relation avec les contribuables
québécois qui, de tout temps, se sont sentis les actionnaires,
indirectement, d'Hydro-Québec. Je faisais allusion au fait
qu'Hydro-Québec dans le moment, et je crois que c'est un fait, a une
structure qui ressemble à celle des compagnies sans but lucratif. Je
voudrais préciser tout de suite, sans vouloir m'étendre
là-dessus, M. le Président, que la différence
fondamentale, ce à quoi je faisais allusion, pour une compagnie sans but
lucratif, je crois que l'objectif fondamental n'est pas de maximiser le
rendement de ses avoirs pour ses actionnaires. Je crois que c'est là le
point fondamental. Le ministre a parlé de profits. C'est tellement vrai
que dans le bilan d'Hydro-Québec on ne voit pas le mot profits, on voit
le mot surplus et que les surplus sont réinvestis. C'est la raison pour
laquelle je crois qu'on peut utiliser cette expression, quoique j'admette avec
le ministre, au plan du marketing, que, s'il faut aller chercher du
financement, ce n'est peut-être pas la bonne expression à
utiliser. Mais je parlais entre Québécois, pour démontrer
que depuis longtemps les Québécois ont été
habitués à cette société qui vit et qui
développe ses avoirs pour les bienfaits des Québécois, qui
n'essaie pas de maximiser le rendement de ses avoirs, comme va le faire le
projet de loi qui est devant nous. C'est bien sûr qu'avec les impositions
auxquelles Hydro-Québec sera assujettie, les dividendes qu'elle aura
à payer maintenant, elle aura un objectif de rentabilité
corporatif qui va faire qu'Hydro-Québec verra à maximiser ses
revenus le plus possible. Alors, là-dessus, je conclus,
c'était seulement une clarification en vertu de l'article 96.
Le Président (M. Laplante): Je pensais que
c'étaient vos quatre minutes que vous preniez. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, sur l'article 96, très
brièvement
Le Président (M. Laplante): Oui, très
brièvement
M. Ciaccia: Je vais faire les mêmes remarques quant aux
remarques du ministre. Il a semblé me prêter des paroles que je
n'ai pas dites. C'est vrai que j'ai mentionné les mots sans but
lucratif, mais j'ai clairement stipulé que je ne voulais pas donner
l'impression qu'Hydro-Québec devait être une société
sans but lucratif, même si j'ai parlé des surplus. C'est
évident, jusqu'à maintenant ça n'a pas été
le cas, il faut qu'il y ait des surplus pour réinvestir et pour
maintenir une réserve suffisante pour faire le financement. Alors, je
voudrais que ce soit clair, M. le Président, la raison pour laquelle
j'ai mentionné "sans but lucratif", c'était pour donner
l'exemple, pour répondre au ministre quand il a dit: Ce sont les
structures de 1981. Je voulais dire qu'en 1981 il y avait encore des compagnies
sans but lucratif, mais je ne voulais pas laisser entendre
qu'Hydro-Québec devait être une compagnie sans but lucratif.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie. Je me vois
forcé de parler sur un sous-amendement étrange, sous-amendement
qui torture l'article 70, premier paragraphe, deuxième phrase.
Naturellement, loin de moi l'intention d'en appeler de votre décision,
mais je ne peux m'empêcher de signaler que lorsque je me suis rendu
à l'article 70, mes yeux sont tombés sur quelques articles qui
précèdent et j'ai résisté à la
tentation.
M. le Président, j'entendais le ministre des Finances faire des
gorges chaudes sur le caractère...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je vais peut-être vous surprendre un peu mais pour
être conforme à une décision que j'ai rendue, hier soir
à 23 h 30, où je n'ai pas hésité à me servir
de l'article 65, sur une motion que j'avais accordée, avec doutes... Je
me suis servi de l'article 65 pour ne pas faire de précédent
justement pour toutes les raisons que je vous ai données. Je veux me
servir du même article au sujet du sous-amendement du
député de Vimont. Je le fais en toute équité. La
motion est irrecevable, après consultation, mémo que j'ai
reçu; elle a pour effet d'annuler l'amendement principal. Je la juge
irrecevable et vous continuez sur l'amendement que le député
d'Outremont a présenté, je crois.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président. La
décision que vous venez de rendre fait honneur non seulement au poste
que vous occupez mais à la personne qui l'occupe. Donc, je continue sur
l'amendement du député d'Outremont, qui veut reporter à
1985 le changement recherché par l'article 1 du projet de loi.
J'ai écouté avec attention les propos du ministre des
Finances en ce qui concerne le statut d'Hydro-Québec. Je ne peux
m'empêcher de me poser des questions quand j'entends le ministre des
Finances ridiculiser, dans une certaine mesure, le statut actuel
d'Hydro-Québec. Qu'on l'appelle un OSBL ou un organisme sans but
lucratif ou quelqu'autre appellation qu'on pourrait choisir, il reste que ce
que le ministre des Finances a qualifié de travesti de la
réalité a eu beaucoup de succès jusqu'à maintenant,
il a réussi à faire son devoir, à obtenir les
résultats que les législateurs lui ont demandé depuis.
1962. Alors, puisqu'il semble que le ministre des Finances a choisi d'asseoir
la justification de son premier alinéa de l'article 1 sur ce
caractère absolument ridicule d'Hydro-Québec, je pense qu'il
mérite qu'on s'y attarde.
Qu'est-ce qu'un organisme sans but lucratif? Naturellement, je me
souviens d'avoir entendu le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche invoquer le caractère sans but lucratif en Chambre, et il a
provoqué l'hilarité générale, mais est-ce que cela
veut dire qu'un organisme sans but lucratif ne doit pas avoir plus de revenus
que de dépenses? Je ne veux pas tomber dans le jeu de mots. Qu'on
appelle ça profits dans certains cas ou surplus dans d'autres, il reste
qu'Hydro-Québec, jusqu'à maintenant, a toujours
démontré une capacité remarquable de les mettre au service
des Québécois. Donc, un OSBL, ça ne veut pas dire qu'il ne
peut pas faire, qu'il ne peut pas générer plus de revenus qu'il a
de dépenses. Cela veut dire qu'il ne peut pas en faire profiter ses
propriétaires, c'est cela la différence entre un organisme sans
but lucratif et un organisme à but lucratif. L'organisme sans but
lucratif ne peut pas passer ses surplus, ses profits, appelez-les comme vous le
voudrez, l'excédent de ses revenus sur ses dépenses, après
réserve ou non, il ne peut pas passer cela à ses actionnaires,
appelez-les actionnaires, membres, propriétaires, de quelque
façon que vous le voudrez.
C'est cela la grande différence entre
l'organisme sans but lucratif et l'organisme à but lucratif, et
c'est pour cela que cet organisme sans but lucratif ne peut pas être la
victime de l'agression ministérielle d'un gouvernement en sursis de
faillite, mais elle, la société à capital-actions, elle
est commode jusqu'à un certain point, et cette réserve le
ministre des Finances et le gouvernement vont en faire peu de cas, on le
verra.
Cette société à capital-actions est appelée
à payer des dividendes, elle, qu'on les appelle redevances, qu'on les
appelle comme vous le voudrez, elle est appelée à payer des
dividendes. C'est pour cette raison que l'article 3.1 est une supercherie parce
que la société à capital-actions paie les dividendes
normalement qu'elle décide en fonction de ses revenus nets, de ses
obligations et de ses besoins d'investissements pour satisfaire à ses
objectifs, alors que la société à capital-actions que
devient Hydro-Québec sera forcée par le gouvernement, et je ne
veux pas, M. le Président, que vous me rappeliez à l'ordre, c'est
pour cela que je ne vais invoquer l'article 3 du projet de loi qu'en passant,
elle sera forcée donc, cette société à
capital-actions tronquée, par le gouvernement à lui remettre tout
le surplus disponible. Elle pourra être forcée, mais c'est une
décision arbitraire du gouvernement de lui remettre tout le surplus
disponible sans tenir compte de ses plans de développement, par exemple,
et je ne peux m'empêcher de m'attrister dans une certaine mesure devant
le recours que le ministre des Finances fait au caractère d'OSBL
d'Hydro-Québec pour tenter de justifier son geste.
Si c'était tellement ridicule qu'Hydro-Québec soit un
OSBL, pourquoi le gouvernement du Parti québécois n'a-t-il pas
changé son statut si stupide? Comment il se fait que ce n'est qu'au
moment où le ministre des Finances a jeté sa gourmandise de
gouvernement affamé dans la direction d'Hydro-Québec que ce
gouvernement décide tout à coup qu'il est urgent de changer le
statut d'Hydro-Québec? Étrange coïncidence, et pourtant la
réponse est simple: le statut actuel empêche le gouvernement de
faire main basse sur les surplus disponibles à Hydro-Québec, sauf
par une loi d'exception qu'il serait bien difficile d'expliquer sans montrer
son jupon ou plutôt ses guenilles de failli.
J'espère que le ministre des Finances aura d'autres arguments
à nous proposer à l'encontre de l'amendement du
député d'Outremont qui tente simplement de protéger encore
pendant quelques années le statut d'Hydro-Québec, qui la met
justement, Hydro-Québec, à l'abri des tentations du gouvernement
d'aller chercher dans ses richesses les fonds qui lui manquent pour remplir les
trous qu'il a créés par son administration financière. (22
h 30)
L'amendement du député d'Outremont ne veut que
protéger les Québécois qui sont les véritables
propriétaires d'Hydro-Québec et, lorsqu'on étudie ce
premier article, on en a l'illustration la plus évidente. Actuellement,
le gouvernement ne peut pas, à moins de faire une loi d'exception qui
serait décriée de façon épouvantable, ne peut pas
aller chercher les millions accumulés à Hydro-Québec
à même ses opérations, parce que ces millions-là,
actuellement, ils sont consacrés à quoi? À servir les
Québécois, dans le sens de leurs besoins en
électricité, à construire, à améliorer le
service.
Donc, ce sont les Québécois qui, directement, en profitent
immédiatement. C'est pour cela, M. le Président, que
l'amendement, je le dis avec tout le respect que j'ai à l'endroit du
député d'Outremont, est même insuffisant. Ce n'est pas en
1985, et pourtant il faut être raisonnable, on dit 1985 espérant
qu'entre-temps le gouvernement changera d'idée. C'est l'an 2085 qu'on
devrait mettre, M. le Président, parce que nous croyons, nous, du Parti
libéral du Québec, qu'Hydro-Québec a bien rempli la
mission qu'un gouvernement libéral, mais ne faisons pas de partisanerie,
lui a confiée à la suite d'une élection, donc dûment
autorisée par la population du Québec.
Les derniers arguments - et je termine là-dessus temporairement -
que le ministre des Finances a apportés, c'est que c'était
très bien dans le temps où le baril de pétrole
était à 3 $ et l'électricité à ce
moment-là à un coût équivalent. Mais si c'est en
fonction d'une politique énergétique, donc du besoin de
générer certains revenus pour réformer nos orientations
énergétiques, pour investir dans d'autres formes
d'énergie, à ce moment-là, M. le Président,
j'aurais demandé au ministre des Finances pourquoi il n'a pas
appuyé son collègue, l'ancien ministre de l'Énergie et des
Ressources, quand il a voulu lui aussi tenir, lui seul d'ailleurs du
gouvernement, ce fameux sommet, ce fameux débat public sur
l'énergie qui n'a pas eu lieu.
Le deuxième argument du ministre des Finances tient à
peine sur une patte, parce qu'on pourrait en parler d'ici à la semaine
des quatre jeudis. Mais il reste une chose, et c'est très
évident, ce débat sur la politique énergétique n'a
pas eu lieu. Alors, comment peut-il justifier l'action du gouvernement en
fonction d'une politique énergétique qui n'existe pas? Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Quelques commentaires seulement, M. le
Président, sur la dernière intervention du député
de Marguerite-Bourgeoys. Le député d'Outremont disait qu'un
délai de trois ans serait justifié pour procéder aux
consultations. J'avais répondu, je pense, un peu avant que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'arrive, que, si jamais nos amis
d'en face arrivaient au pouvoir et qu'ils consultaient pendant trois ans sur
à peu près n'importe quoi, ils ne feraient pas grand-chose dans
un premier mandat. Le député de Marguerite-Bourgeoys ajoute qu'il
veut 103 ans de consultations, si je suis bien l'argumentation du
député d'Outremont. Cela me paraît un peu long, M. le
Président; 103 ans de consultations me paraissent dépasser les
bornes du raisonnable. On comprend que certains conclaves aient duré une
génération, mais, enfin, quand même!
D'autre part, lorsqu'il dit de moi que je me moque du statut actuel
d'Hydro-Québec, il confond. Je ne me moque pas du statut actuel
d'Hydro-Québec, mais je me moque un peu gentiment de nos amis d'en face
quand ils cherchent à décrire le statut actuel
d'Hydro-Québec. Ce n'est pas du tout la même chose. Je n'ai jamais
pensé un instant qu'Hydro-Québec était un OSBL, je me suis
moqué gentiment encore une fois de nos amis d'en face, qui eux pensaient
que c'était un OSBL, ce n'est pas du tout la même chose. Je ne me
moque pas du tout d'Hydro-Québec, mais je peux, de temps à autre,
quand on me décrit Hydro-Québec comme un OSBL, trouver que ceux
qui la décrivent ainsi sont un peu, comment dit-on, M. le
Président, un peu à côté de la "track"...
Une dernière observation avant qu'on aille plus loin. Là,
j'aurai besoin de vous demander des directives, M. le Président. Je
pense que le député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas raison, et je
résume en essayant de ne pas caricaturer ce qu'il disait, quand il dit
qu'il faut que ce soit une compagnie par actions pour que le gouvernement
puisse aller je ne sais pas quelle expression il a utilisée - chercher
de l'argent à HydroQuébec. Mais non, on pourrait taxer
HydroQuébec davantage, pas besoin d'un capital-actions pour cela. On
pourrait se faire payer une redevance, pas besoin de capital-actions pour
cela.
M. Ciaccia: Péréquation. M. Parizeau:
Justement! M. Ciaccia: Péréquation.
M. Parizeau: Justement, on me dit, et pour des raisons de calcul
de la péréquation, qu'on n'enverrait pas d'argent à Ottawa
s'il y avait un capital-actions. J'espère que mes amis d'en face ne
tiennent pas, dans l'hypothèse où nous voulons nous faire payer
un dividende ou une redevance par Hydro-Québec, à ce qu'on en
envoie une partie à Ottawa. J'imagine que ce n'est pas pour cela qu'ils
s'opposent à un capital-actions. S'il n'y avait pas de capital-actions,
une partie de l'argent d'Hydro-Québec irait à Ottawa. Ce n'est
pas cela qu'ils défendent, j'espère, parce que vraiment ce serait
du gaspillage. Au moment où Ottawa nous tasse passablement et cherche
à réduire les paiements qu'il fait au Québec, on ne va
quand même pas être assez fous pour se dire: Nous allons utiliser
une partie de l'argent que nous pourrions tirer d'Hydro-Québec pour les
raisons que j'ai indiquées tout à l'heure et la remettre à
notre homologue fédéral, ce serait un peu ridicule.
Dans ce sens, considérant que, si le gouvernement veut aller
chercher davantage d'Hydro-Québec, il peut aller le chercher par la
taxation, il peut aller le chercher par une redevance ou il peut aller le
chercher par un dividende, celui qui est inscrit dans la loi, pourquoi ne pas
prendre la voie de ces trois moyens qui sont toujours disponibles pour tout
gouvernement, qui fait en sorte que cela maximise ce qui reste au Québec
et que cela minimise ce qui va à Ottawa? Cela me paraît une
conclusion logique et tout à fait dans la ligne de bien des choses qui
se faisaient à une époque où le gouvernement du Parti
libéral cherchait autant qu'il était possible à en envoyer
le moins possible à Ottawa et à en tirer le plus possible. J'ai
vécu cette époque, elle ne m'a pas choqué et
j'espère qu'elle ne choque pas maintenant nos amis d'en face.
M. le Président, j'ai besoin maintenant d'une directive. Je
n'avais pas été mis au courant qu'on me demanderait de rester ici
trois heures ce soir.
Le Président (M. Laplante): Concernant votre demande de
directive, M. le ministre, je pense que le député
d'Outremont...
M. Parizeau: Qu'est-ce que nous faisons, là?
Le Président (M. Laplante): ... aurait une
déclaration à faire.
M. Fortier: Si le parti ministériel est prêt
à ajourner les débats, je pense bien que nous serions prêts
à ajourner sine die.
M. Parizeau: J'ai compris que la discussion qui a eu lieu cet
après-midi - je ne sais pas si c'est une entente ou non -disait: un
ministre ou un adjoint parlementaire.
M. Lalonde: Écoutez, si vous me permettez, M. le
Président, c'est le ministre de l'Énergie et des Ressources qui
m'a dit
qu'il était retenu ce soir pour des raisons humanitaires. Je lui
ai dit que si on entamait réellement la discussion, la viande de la loi,
ce qu'on fait actuellement, qu'il était tout à fait requis
d'avoir un ministre comme interlocuteur qui peut prendre des décisions,
une fois qu'on a proposé des changements. Le ministre de
l'Énergie et des Ressources m'a indiqué que le ministre des
Finances serait disponible ce soir. C'est ce que j'ai eu. Maintenant, je ne
connaissais pas à ce moment-là les obligations du ministre des
Finances après 23 heures.
M. Parizeau: Effectivement, on m'avait communiqué ce
renseignement mais en disant peut-être une demi-heure ou trois quarts
d'heure. Je comprenais que c'était juste pour un certain temps qu'il
devait s'absenter. Alors, là vraiment...
Une voix: II vous a triché.
M. Parizeau: Non, mais, compte tenu des projets de loi que j'ai
demain, il faut que je puisse...
M. Lalonde: M. le Président, je veux que le ministre des
Finances soit bien assuré que nous ne voulons lui imposer absolument
rien sauf que l'Assemblée nationale nous a demandé de
siéger, que le programme de travail est prévu jusqu'à
minuit. Maintenant, si, à cause des obligations du ministre des
Finances, on doit suspendre la séance jusqu'à demain, je pense
que nous n'avons pas d'objection.
M. Rodrigue: Cet après-midi, l'Opposition nous a
indiqué clairement qu'elle ne voulait pas siéger en l'absence du
ministre ou de son adjoint parlementaire. Nous, on a accepté cela et
vous-même, vous l'avez accepté. Vous avez dit que si le ministre
ou son adjoint parlementaire n'était pas présent, dans la mesure
où on serait à étudier l'article 1 ou les autres articles
du projet de loi, il n'était pas question de siéger.
À ce moment-là, dans la mesure où l'adjoint
parlementaire du ministre des Finances est disponible - je l'ai fait
quérir -je pense que nous pourrions poursuivre les travaux de la
commission en présence de l'adjoint parlementaire du ministre des
Finances.
M. Lalonde: M. le Président, c'est la première fois
que j'entends dire cela, je n'en fais pas reproche au député de
Vimont...
M. Rodrigue: Vous n'étiez peut-être pas là
cet après-midi.
M. Lalonde: II n'y a aucun doute que nous aurions pu, pour
faciliter les choses au ministre de l'Énergie, continuer de parler des
motions préliminaires qui sont faites pour aider à la marche de
nos travaux en l'absence du ministre de l'Énergie. Maintenant, nous
parlons du projet de loi, du fond du projet de loi. Nous avons convenu, avec
une certaine grâce, je pense, et aussi avec le plaisir d'accueillir ici
le ministre des Finances et d'avoir un remplaçant de taille, mais nous
ne pouvons pas procéder à la discussion du projet de loi en
l'absence d'un ministre qui connaisse le projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Je suis placé devant un
dilemme présentement, suite à une décision qu'on a prise
à midi de refuser d'ouvrir la séance tant et aussi longtemps -
à midi ou hier, je suis un peu mêlé dans le temps, il
faudrait regarder les galées là-dessus - que l'adjoint
parlementaire ou le ministre ne sera pas ici. Étant donné que le
ministre des Finances a bien averti qu'il ne pourrait pas être ici
pendant plus d'une heure ou une heure et demie, parce qu'il doit partir, j'aime
mieux avertir la commission que je ne me sens pas habilité à
siéger plus longtemps. Je serai obligé d'ajourner les travaux
sine die, justement à cause de l'absence de l'adjoint parlementaire ou
du ministre. C'est à regret que je ferai ça, mais je dois
protéger les droits de l'Opposition quant à l'étude d'un
projet de loi comme le projet de loi 16.
M. Parizeau: Je comprends, M. le Président, que le leader
de toute façon pourrait rappeler demain la commission...
Le Président (M. Laplante): Absolument.
M. Parizeau: Dans ces conditions, je ne peux que m'excuser des
circonstances, mais comme j'ai été averti tout à fait
à la dernière minute...
Le Président (M. Laplante): La commission suspend ses
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 45)
(Reprise de la séance à 22 h 46)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission. On nous propose, à la place de l'adjoint parlementaire du
ministre de l'Énergie et des Ressources et à la place du ministre
de l'Énergie et des Ressources, de continuer la séance avec le
ministre des Communications. J'aimerais vous entendre...
Une voix: C'est une farce?
M. Lalonde: M. le Président, si vous
permettez, ceci dit sans porter atteinte à l'humilité du
ministre des Communications ni à ses autres qualités, l'entente
que j'ai faite - je ne veux pas en faire un plat - lorsque le ministre de
l'Énergie, pendant la suspension des travaux pour un vote aujourd'hui
à l'Assemblée nationale, a discuté de son absence ce soir
avec le leader de l'Opposition et m'a invité à prendre part
à la discussion, il était bien clair que, si nous abordions
l'étude des articles de la loi, ce que nous avons fait, il y aurait
premièrement un ministre et, deuxièmement, ce serait le ministre
des Finances. Comment vouliez-vous que je refuse? Nous avions souhaité
la présence du ministre des Finances parce que c'est lui, d'après
nous, le véritable parrain de cette loi; on sait que cette loi ne fait
que créer les dispositions nécessaires pour donner suite à
des décisions budgétaires qu'il a annoncées au mois de
mars dernier. Donc, le ministre des Finances, nous étions parfaitement
d'accord, et nous l'avons fait d'ailleurs aussi pour rendre possible l'absence
du ministre de l'Énergie pour les raisons que vous savez.
Maintenant, le ministre des
Communications n'est pas du tout l'interlocuteur que nous voulons. Je
regrette de devoir le faire. Ce n'est pas sa faute. Je pense qu'il le fait
actuellement pour aider ses collègues, mais nous ne pouvons pas accepter
et si cela demande un consentement, nous allons le refuser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, je vous fais
respectueusement remarquer qu'il n'appartient pas à l'Opposition de
dicter au gouvernement quels seront ceux qui vont le représenter
à l'occasion de l'étude d'un projet de loi en commission. Le
ministre des Finances, à cause de ses obligations, a demandé
à son collègue des Communications de le remplacer ici à la
commission. Je pense que l'Opposition n'a pas à discuter de cette
décision du ministre des Finances dans la mesure où il appartient
au gouvernement de décider qui va le représenter ici en
commission parlementaire. Agir dans un sens contraire ou accepter que
l'Opposition puisse dicter ses volontés comme cela au gouvernement nous
paraît totalement inacceptable.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Vimont. Par contre... Une minute, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: J'aurais une directive à vous demander. Est-ce
que le ministre des Communications est membre de cette commission?
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Lalonde: Pour remplacer un membre, est-ce que cela prend le
consentement...
Le Président (M. Laplante): Cela prend le
consentement.
M. Lalonde: Nous ne donnons pas notre consentement.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de consentement,
vous ne pouvez même pas parler. Étant donné
l'ambiguïté de l'entente, attendu que j'ai même donné
une directive, à un moment donné, sur le refus de l'Opposition de
siéger en l'absence soit de l'adjoint parlementaire ou du ministre, vu
aussi l'entente qui a pu se faire entre les deux partis sur une ligne de
conduite, sans que la présidence en soit avertie, il me semble qu'il y a
une ambiguïté actuellement si grande que le président ne
pourra pas juger bon de poursuivre les travaux. M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: J'ai une directive à vous demander.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Rodrigue: N'est-il pas exact que le leader du gouvernement a
le droit de participer à toutes les commissions en tant que tel?
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Rodrigue: N'est-il pas exact que le leader adjoint du
gouvernement a les mêmes pouvoirs?
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Rodrigue: Je soutiens, M. le Président, que le ministre
des
Communications est également leader adjoint du gouvernement et
qu'à ce titre il peut représenter le gouvernement à cette
commission.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je prends avis de
votre suggestion et je rendrai une décision demain à la reprise
des travaux. J'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 50)