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(Douze heures cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Que chacun prenne son siège. Un peu de silence, s'il vous
plaît!
La commission de l'énergie et des ressources se réunit
afin d'étudier article par article - M. le député de
Vimont, s'il vous plaît - le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi
sur l'Hydro-Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Polak (Sainte-Anne); M.
Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M. Marquis (Matapédia); M.
Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay), M. Fortier
(Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet); M.
Middlemiss (Pontiac) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M.
Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont); M. Vallières (Richmond)
remplacé par M. Lincoln (Nelligan).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue); M.
Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M. Sirros (Laurier); M. de Belleval
(Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc); M. Hains (Saint-Henri) remplacé par
M. Saintonge (Laprairie); M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M.
Middlemiss (Pontiac); M. Marquis (Matapédia) est devenu membre, M.
O'Gallagher (Robert Baldwin) remplacé par M. Dauphin (Marquette); M.
Tremblay (Chambly).
Motion d'amendement à l'article 1
(suite)
Lorsque nous avions ajourné les travaux hier soir, la parole
était au député de Marguerite-Bourgeoys sur l'amendement,
parce qu'il y avait une motion d'amendement qui se lisait comme suit: Que le
paragraphe 3.1 de l'article 1 soit modifié en remplaçant, dans
les première et deuxième lignes, les mots "(insérer ici la
date d'entrée en vigueur du présent article)" par les mots "1er
janvier 1985". M. le député de Marguerite-Bourgeoys était
le premier à parler là-dessus et il lui restait dix minutes.
M. Fortier: On parle sur la...
Le Président (M. Laplante): Sur votre amendement.
M. le député de Châteauguay, une directive.
M. Dussault: M. le Président, question de règlement
et je m'excuse auprès du député d'Outremont. C'est que je
voudrais faciliter les choses au secrétariat à qui je pose un
problème technique, semble-t-il, assez considérable du fait que
j'ai demandé, M. le Président, vous vous le rappelez, d'annexer,
du moins de mettre au procès-verbal, au rapport, mon intervention qui
faisait la preuve de ma bonne foi face à des allégations de
l'Opposition. Au secrétariat, ce matin, on me dit que cela pose un
problème énorme. Vous me connaissez, M. le Président, je
ne voudrais pas causer de problème technique au secrétariat des
commissions et je serais disposé à renoncer à ma demande
d'introduire au procès-verbal de cette commission, au rapport de cette
commission, cette intervention que j'ai faite qui prouvait que j'avais fait une
intervention de bonne foi face aux attitudes du Parti libéral à
cette commission. Je suis prêt à renoncer à cela, mais je
veux qu'il soit bien clair...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je n'entends plus rien de ce que vous dites. S'il vous
plaît! Continuez.
M. Dussault: M. le Président, vous savez, c'est pour
rendre service au secrétariat, mais, si c'est pour passer comme dans
l'oreille d'un sourd, je suis prêt à retirer tout ce que j'ai dit
et à laisser le problème technique au secrétariat.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fortier: M. le Président, sur la question de
règlement. Je ne sais pas à quoi le député de
Châteauguay fait allusion; il semblerait qu'il fait perdre le temps de
notre commission. Je ne comprends pas ce qu'il dit.
M. Dussault: Non, non.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, pour être plus précis, c'est que j'ai
été sensibilisé par le secrétaire de la commission
qu'il y avait une ambiguïté dans un énoncé que
M....
M. Fortier: C'est un problème technique.
Le Président (M. Laplante): Un problème technique
en somme et pour ne pas
causer de problème technique, M. le député de
Châteauguay suggère qu'on ne revienne pas en arrière et de
faire comme s'il n'avait rien demandé. En somme, c'est cela.
M. Dussault: M. le Président, je vais être plus
explicite que cela, parce que je suis bien conscient de ce à quoi je
renonce en faisant l'offre que je fais ce matin. C'est pour cela que je veux
qu'on m'écoute bien, M. le Président. Je ne veux pas être
interprété dans ce que je fais. Pendant plusieurs heures à
cette commission, l'Opposition a eu une attitude X qui m'a amené
à avoir, à mon tour, une attitude X. J'ai été de
bonne foi, j'ai fait une proposition d'amendement qui convenait très
bien à l'Opposition; sauf que, dans les heures suivantes, ça
allait moins bien. De toute façon, cela convenait à l'Opposition,
c'était fait de bonne foi.
Par la suite, on a remis ça en question en laissant croire que
j'étais de mauvaise foi lorsque j'ai présenté cet
amendement. Pour m'assurer que mes interventions soient bien comprises, j'avais
demandé, à votre suggestion, d'ailleurs, M. le Président,
que l'intervention que j'ai faite juste avant le vote sur l'amendement paraisse
au procès-verbal, et ça m'a été accordé
très pacifiquement par la commission parlementaire. Ce matin, à
cause du problème technique que ça poserait au
secrétariat, j'ai dit que j'étais prêt à renoncer
à cette exigence, mais à la condition qu'il soit bien clair que
j'avais fait une intervention de bonne foi, que l'Opposition n'aurait jamais
à la remettre en question, pour faciliter les choses à tout le
monde en commission, en commençant par l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): On en prend bonne note, M. le
député de Châteauguay. M. le député
d'Outremont, nous commençons à discuter ce matin de la
proposition principale, et le seul qui ait parlé jusqu'à
maintenant, c'est le député de Marguerite-Bourgeoys. Vous avez
donc vos vingt minutes pour parler sur l'amendement principal.
M. Lincoln: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce qu'on parle du sous-amendement du
député de Vimont ou de l'amendement principal?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lincoln, je crois que vous étiez ici hier soir et si vous avez
écouté attentivement, je me suis prévalu... M. le
député de Nelligan, je m'excuse du lapsus, si vous aviez
été ici hier soir, et je crois que vous y étiez...
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... à 10 h 30, je me
suis prévalu des dispositions de l'article 65. Donc, le sous-amendement
est rejeté automatiquement, et le premier à parler sur
l'amendement principal était le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui a déjà écoulé dix minutes
de son temps. Le député d'Outremont a demandé la parole
pour parler pendant vingt minutes sur l'amendement principal.
M. le député d'Outremont.
M. Lincoln: Le député d'Outremont me cède la
parole, je crois.
Le Président (M. Laplante): Entendez-vous. Qui veut
parler?
M. Fortier: Je cède mon droit de parole au
député de Nelligan.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan. Ce sera vous après.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, hier soir, on a
été chanceux, un peu par accident, que le ministre des Finances
représente son auguste collègue, le ministre de l'Énergie
et des Ressources. Le ministre des Finances a fait plusieurs
déclarations au sujet de l'amendement que nous avons proposé
à l'article 1, au paragraphe 3.1, pour insérer une date, le 1er
janvier 1985, pour le changement concernant la société
HydroQuébec, qui continuera d'exister, mais comme une compagnie à
fonds social. En fait, il faut dire qu'il a débordé sur pas mal
de sujets qui ont trait à d'autres articles, et j'espère que vous
me permettrez la même latitude. Son thème principal,
c'était: Vous, les gens de l'Opposition, êtes très
naïfs de proposer une date...
M. Rodrigue: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Je m'excuse auprès du député de
Nelligan de l'interrompre. Premièrement, le député de
Nelligan vient de nous indiquer qu'il a l'intention de déborder
nettement le cadre de la motion qui est devant nous, à savoir de
remplacer les mots "la date d'entrée en vigueur du présent
article" qui, entre parenthèses, sont dans le projet de loi, par les
mots "1er janvier 1985". Il vient de nous indiquer qu'il a
l'intention de déborder largement là-dessus.
J'aimerais que vous lui fassiez un rappel à l'ordre pour lui
demander de s'en tenir à des propos pertinents à la motion qui
est devant nous, et non pas de parler des articles 3, 4 et 5 du projet de loi
ou des articles 8 ou 12. Nous sommes à l'article 1, au paragraphe 3.1 et
une motion d'amendement a été présentée par
l'Opposition. Je viens de la lire, et il me semble que nous devons nous en
tenir à ce sujet spécifique, à savoir si on doit inscrire
la date du 1er janvier 1985 en lieu et place des mots entre parenthèses
dans le paragraphe 3.1, et rien d'autre. (12 h 15)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, votre question de règlement est pertinente. J'ai bien entendu le
député de Nelligan aille dans un autre sujet que celui de la
motion d'amendement proposée avant de le rappeler à
l'ordre...
M. Rodrigue: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Mais, déjà il
m'a signalé qu'il irait en dehors de l'amendement et j'étais mis
en garde.
M. Lincoln: Non, M. le Président, encore une fois, votre
décision était pleine de votre sagesse habituelle parce que je
n'ai pas du tout l'intention de sortir de la pertinence. Tout ce que je voulais
faire remarquer, c'est que la pertinence, c'est un sujet qui est le fond
même de l'article 3.1, qui est l'article fondamental de ce projet de loi;
c'est un changement du statut de compagnie d'Hydro-Québec et je faisais
ressortir que le ministre des Finances, qui est le second parrain de ce projet
de loi et qui va en profiter le plus directement par les taxes qu'il va
percevoir d'Hydro-Québec, a perçu la pertinence de l'article 3.1
sur une plus grande étendue. Hier, il a parlé de plusieurs
questions et moi, je voulais commenter les arguments qu'il a
présentés. C'est cela que je disais. Je ne disais pas que cela
n'était pas pertinent parce que, en fait, tout est pertinent dans
Hydro-Québec, si on s'en tient au sujet. La raison fondamentale
d'Hydro-Québec va être de sortir d'un statut qui est maintenant un
statut où les profits et les dividendes restent à
Hydro-Québec pour entrer dans un statut de société
à fonds social où, par ce fait même, les dividendes et les
profits - on peut appeler cela le surplus - vont aller au gouvernement,
à l'État qui va s'en servir pour ses raisons. Si vous trouvez que
mes remarques ne sont pas pertinentes, à ce moment, vous
m'arrêterez.
Je veux faire remarquer qu'au début, l'argument principal du
ministre des Finances hier était que nous, de l'Opposition,
étions un petit peu naïfs de penser d'y insérer la date du
1er janvier 1985. Son argument était: Si vous, vous pensez qu'il faut
attendre cinq ans pour produire un amendement de cette taille... Il disait
à notre chef de mission, au député d'Outremont:
Écoutez, M. le député d'Outremont, vous aurez beaucoup
à apprendre par rapport aux questions d'emprunt sur les marchés
financiers. Si, dans votre premier mandat, vous allez décider d'attendre
cinq ans avant de changer le statut d'Hydro-Québec d'une forme d'OSBL,
une forme de société sans but lucratif - on sait très bien
qu'Hydro-Québec n'est pas tout à fait une société
de ce genre, mais enfin, il donnait cet exemple - à une
société, à une compagnie à fonds social... Parce
que, sur les marchés d'emprunt, disait-il, c'est impossible aujourd'hui
- c'est cela qui était le thème de son idée - de
fonctionner si cela n'est pas une compagnie à fonds social parce qu'on
ne nous prend pas au sérieux, la cote de crédit n'est pas aussi
bonne qu'elle pourrait l'être, etc. Et il donnait des exemples.
La chose qui m'a le plus frappé, c'est tout cet argument. Il
disait: On ne peut pas reporter cette question au 1er janvier 1985, cela est
cinq ans, vous êtes tout à fait naïfs. Et le premier mandat
du député d'Outremont, s'il devenait ministre de l'Énergie
et on espère beaucoup que cela va arriver plus vite... Il disait,
à ce moment: Vous êtes un petit peu naïfs d'attendre cinq
ans. Pourtant, la chose qui m'a frappé pendant qu'il parlait, c'est que
le gouvernement a été, presque jour pour jour, au pouvoir cinq
ans - novembre 1976 - et le ministre des Finances lui-même a cru bon
d'attendre, justement, cinq ans pour proposer le projet de loi no 16 changeant
le statut d'Hydro-Québec. Alors, si, depuis 1976, 1977, 1978, 1979,
1980, et maintenant 1981 presque terminé, il n'a pas cru bon pendant
tout ce temps de changer le statut d'Hydro-Québec, qu'est-ce qui devient
la grande urgence d'avoir à le changer presque d'une minute à
l'autre, à la vapeur, sans avoir entendu le public à ce sujet?
C'est cela notre argument. S'il a déjà attendu cinq ans et que
rien de mauvais ne s'est passé à Hydro-Québec, pourquoi
n'attendrait-on pas le temps nécessaire pour donner toute la latitude
nécessaire et essentielle pour que le public, pour que tous les
intéressés, tous les intervenants principaux, les intervenants
tout à fait essentiels dans cette matière, aient le temps et la
latitude de se faire entendre sur la question fondamentale qui est le
changement de statut d'Hydro-Québec? C'est cela le sens de notre
motion.
Le ministre des Finances disait: Hydro-Québec a commencé
en 1944. Alors, c'est le statut qu'elle a maintenant, le statut presque
particulier, presque différent des autres sociétés,
d'être une société, on peut dire,
sans but lucratif, mais, enfin, une société dont les
dividendes lui restent à elle-même ou une société
privilégiée en ce sens qu'elle n'a pas été
taxée comme les autres sociétés. Ce statut
d'Hydro-Québec, dit-il, a été un accident parce que, en
1944, on ne pensait pas... c'est arrivé un peu comme cela. On a
nationalisé une petite boîte et on en a nationalisé une
plus grosse après. C'est arrivé un peu par accident tout cela. On
n'a pas pensé à toutes ces questions fondamentales d'aujourd'hui
où, dans le monde moderne, il faut à tout prix une compagnie
à fonds social. Or, il a avancé comme argument principal les
questions d'emprunts sur le marché. Il a dit: Les prêteurs, ils ne
vont pas se... Mais pourtant, jusqu'à présent, je ne pense pas
qu'il ait fait la preuve que les prêteurs se sont attachés
particulièrement à cela. En fait, sur la question des
prêteurs, il a soutenu l'argument, quand nous avons avancé
Hydro-Ontario... On disait: Hydro-Ontario, pour la même raison, est une
société qui garde ses dividendes. C'est même une
société qui, par des taux plus bas, profite indirectement aux
contribuables. C'est une société qui laisse ses avoirs au sein de
la société même. Il a dit: Mais Hydro-Ontario, c'est tout
à fait différent; Hydro-Ontario, quand elle va sur le
marché des emprunts, les emprunts ont besoin d'être garantis par
le gouvernement de l'Ontario. Là aussi, j'ai pensé que
c'était très ironique, parce que dans notre cas, au
Québec, c'est tout le contraire qui se fait. C'est à cause de la
gérance, du statut, du prestige, de la grandeur, de l'efficacité,
des résultats d'Hydro-Québec depuis 1963 qu'en fait c'est le
contraire qui se produit. C'est le gouvernement du Québec qui est
à la remorque, presque, d'Hydro-Québec sur le marché des
emprunts. C'est Hydro-Québec qui a eu un record vraiment formidable sur
le marché des emprunts et qui est cotée sur le marché de
New York comme une des sociétés les plus efficaces que nous ayons
au Canada, certainement la plus efficace au Québec comme
société d'État. C'est Hydro-Québec qui nous a
donné vraiment l'essor que nous avons sur le marché des emprunts.
Toute cette idée de dire: Hydro-Ontario, la raison pour laquelle elle ne
devient pas une compagnie à statut social c'est que le gouvernement de
l'Ontario est obligé de garantir ses emprunts, certainement, ce n'est
pas une raison qui a été un problème pour
Hydro-Québec jusqu'ici.
M. Rodrigue: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vimont.
M. Rodrigue: Je veux encore m'excuser auprès du
député de Nelligan en premier lieu.
M. Lincoln: Mais non, cela va très bien.
M. Rodrigue: M. le Président, l'Opposition nous a soumis
hier un amendement disant: Ce changement de statut social ne devra pas
intervenir à la date d'entrée en vigueur du présent
article, mais le 1er janvier 1985... L'Opposition nous a dit: Ce changement de
statut d'Hydro-Québec en compagnie à fonds social ne devrait pas
entrer en vigueur à la date d'entrée en vigueur du présent
article, mais plutôt le 1er janvier 1985.
Le Président (M. Laplante): Quelle est votre question de
règlement, M. le député?
M. Rodrigue: J'y viens, M. le Président. C'est...
Le Président (M. Laplante): Quel article?
M. Rodrigue: M. le Président, en introduisant cet
amendement, l'Opposition admet le principe de changer...
Le Président (M. Laplante): Non, je veux savoir où
est votre question de règlement.
M. Rodrigue: C'est sur la pertinence des propos tenus par le
député de Nelligan quant à l'objet du débat qui est
devant nous à savoir de changer les mots "insérer ici la date
d'entrée en vigueur..."
Le Président (M. Laplante): C'est irrecevable et vous
aurez le droit tout à l'heure à une intervention, M. le
député de Vimont.
M. Rodrigue: Ce n'est pas une intervention, M. le
Président. C'est sur la pertinence des propos...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Rodrigue: M. le Président...
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Nous avons discuté hier de ce sujet alors que
je faisais mon allocution sur le sous-amendement. Question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur quoi?
M. Fortier: Je voudrais préciser qu'hier vous avez
accepté qu'en discutant de
l'article 3.1 nous puissions inclure toutes les implications qui
touchent Hydro-Québec, et je suis surpris que ce matin le
député de Fabre, je pense...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Fortier: ... répète encore les mêmes
arguments.
M. Lincoln: En fait, je...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet?
M. Dussault: M. le Président, nous n'avons pas
l'intention, du côté ministériel, ce matin de
tolérer d'aucune façon qu'il n'y ait pas de pertinence au
débat. Le député de Nelligan n'est pas pertinent ce matin
dans son argumentation, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Châteauguay. M. le
député de Nelligan.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Je demeurerai le juge de la
pertinence jusqu'à la fin de la commission. M. le député
de Nelligan.
M. Dussault: M. le Président, question de règlement
et je vais vous prouver où il n'y a pas pertinence.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le député de Châteauguay
aurait dû avoir la même fougue hier soir quand le ministre des
Finances a parlé même de pétrole, a parlé même
de gaz, a parlé même de toutes sortes de choses excepté de
la date 1985. Or, je n'ai entendu aucune objection.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, M. le député
de Nelligan n'est pas pertinent, il fait indirectement ce qu'il n'est pas
possible de faire directement. Il y a eu une motion...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, je vous réfère à la transcription des
discussions qui se sont faites hier, ici, à notre commission. Dans les
discours du ministre qui était ici hier soir, les discours de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys et de tous les autres qui se sont
prononcés ici, si vous êtes capable de me prouver, à
l'intérieur de ça, que le député ne parle pas des
mêmes sujets alors qu'aucune question n'a été
soulevée, j'appliquerai peut-être différemment le
règlement. Mais aujourd'hui je suis ce qui s'est toujours fait à
la commission depuis le début et je m'en tiendrai à cette
règle. Je ne changerai pas de règle rendu au vendredi parce que
ça fait cinq jours qu'on discute du même sujet. Je voudrais que
cette directive soit claire.
M. le député de Nelligan, si vous voulez continuer votre
intervention, s'il vous plaît.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. Vous m'avez invité à vous éclairer, vous
m'avez dit: Si vous pouvez...
Le Président (M. Laplante): Par la transcription.
Avez-vous la transcription devant vous?
M. Dussault: M. le Président, vous savez que,
techniquement, la transcription ne se fait pas parce qu'il y a trop de
commissions et trop de débats qui se font en même temps.
Le Président (M. Laplante): Je ne le sais pas,
ça.
M. Dussault: Mais, M. le Président, je pense que vous ne
pouvez pas accepter, parce qu'on a dérogé à un
règlement pendant x heures, que l'on continue à déroger au
règlement. Vous savez que, comme président, vous ne pouvez pas
permettre ça et que c'est dilatoire, ce qui se fait.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Sirros: M. le Président, pour clarifier un peu le
débat...
Le Président (M. Laplante): Non, il n'y a pas de
clarification.
M. Sirros: ... pour aider au déroulement des commissions,
question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, c'est
non. M. le député de
Nelligan, si vous voulez continuer votre intervention.
M. Lincoln: Oui, j'espère, M. le Président, que le
député me laissera continuer.
M. Duhaime: Qui êtes-vous, vous? Qui est ce monsieur?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Sirros: Question de règlement, M. le Président.
Question de privilège.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet?
M. Sirros: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de questions de
privilège en commission. M. le député de Nelligan.
Une voix: Debout sur la chaise!
M. Sirros: II n'y a pas de question de privilège. Alors,
question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur quel article?
M. Sirros: Sur le fait que le ministre ne semble pas être
au courant des membres et des intervenants de cette commission. Au
départ, je trouve ça inacceptable, de la part d'un porte-parole
du gouvernement qui est ici à titre de ministre pour parler de ce projet
de loi, qu'il n'ait même pas pris la peine -et c'est grave - de
s'informer du nom de tous les membres et intervenants de cette commission,
Étant donné qu'il y a quelques instants, pendant que le ministre
était juste à côté de vous, toutes les
présentations nécessaires ont été faites, que le
ministre vienne après cinq ou dix minutes de débat, demander qui
je suis, mon Dieu, M. le Président, je pense que je devrais... Et je
n'étais même pas debout sur ma chaise!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, continuez, s'il vous plaît.
M. Duhaime: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: De quel comté êtes-vous? M. Sirros:
Laurier.
M. Fortier: L'ancien comté de René
Lévesque.
M. Duhaime: Je me suis adressé à ce monsieur qui
est en face de moi, M. le Président, parce que je le vois à la
commission pour la première fois de ma vie: alors, ce fut toute une
surprise. M. le député de Laurier, je voudrais vous dire que vous
êtes le bienvenu à notre commission et je vais juste souhaiter que
vous ayez des propos plus cohérents que ceux de vos collègues
jusqu'à présent.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur quel sujet?
M. Polak: J'ai assisté à cette commission
dès le début. La seule fois où j'ai été
absent c'était à cause de la commission des engagements
financiers. Maintenant, le ministre vient de dire - c'est tout de même un
homme sérieux en charge de tout un ministère - que nous, les
membres de cette commission, avons parlé de façon
incohérente...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Nelligan.
M. Duhaime: Je n'ai pas dit ça.
Le Président (M. Laplante): C'est assez.
M. Sirros: Mais j'avais vraiment une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): II n'y a plus de questions de
règlement. M. le député de Nelligan, voulez-vous
continuer, s'il vous plaît?
M. Sirros: II ne peut pas ne plus y avoir de questions de
règlement, M. le Président, vous êtes obligé
d'entendre les questions de règlement avant de vous prononcer sur la
recevabilité de ces questions.
Le Président (M. Laplante): Quand il y a abus, on peut les
arrêter aussi. C'est le devoir du président de les arrêter
à ce moment-là.
M. Sirros: Comme le ministre vient de le signaler, M. le
Président, ça fait à peu près dix minutes que je
suis ici...
Le Président (M. Laplante): Je n'accepte pas, M. le
député de Nelligan... À l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous rappelle à l'ordre. M. le député de Nelligan. 0.2 h
3D)
M. Middlemiss: Question de règlement, s'il vous
plaît, M. le Président. Pour empêcher le ministre de poser
des questions à tous les gens qui arrivent à cette table, on
pourrait peut-être tous se présenter. Cela évitera
des questions...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Duhaime: Vous auriez pu arriver à l'heure.
M. Lincoln: Lorsque j'ai été interrompu par le
député de Châteauguay, je parlais de l'article 3.1 et de la
raison pour laquelle nous voulions que la date du 1er janvier 1985 soit
insérée dans l'article afin que le projet de changer le statut
d'Hydro-Québec soit reporté à une date qui permettrait
à tous les intéressés de se faire entendre.
Je parlais également de la question qui avait été
soulevée hier par le ministre des Finances, soit que ce délai de
cinq ans est un peu ridicule, et je faisais le parallèle avec le
délai de cinq ans que le ministre des Finances s'est lui-même
accordé de 1976 à 1981 et qu'à ce moment-là il
n'avait pas trouvé ridicule.
Ensuite, il a soulevé la question très importante, selon
lui, que si on laissait Hydro-Québec avec ses statuts actuels,
Hydro-Québec deviendrait tellement riche dans les cinq prochaines
années qu'elle aurait assez de "cash", si je prends son expression, pour
payer tous les nouveaux barrages, tous les nouveaux travaux. Il disait que cela
serait réellement ridicule financièrement qu'une
société prenne de son propre argent pour payer des projets
à long terme, à même son propre surplus, au lieu
d'emprunter à long terme sur le marché des emprunts. Sur ce
point, je souligne au ministre qu'Hydro-Québec a un endettement de
quelque chose comme 12 000 000 000 $ pour le moment et qu'on est bien loin du
temps où HydroQuébec sera une société qui a
tellement d'argent dans ses coffres qu'elle n'aura plus de dettes et qu'elle
pourra payer comptant toutes sortes de projets à long terme. Je crois
que ceci est une grande exagération.
En fait, je relève une citation du ministre des Finances
lui-même faite en 1977: "II n'importe pas seulement que le gouvernement
se restreigne, il faut aussi que ses sociétés d'État
limitent les appels sur les marchés financiers. À cet
égard, un dégonflement est inévitable. J'ai en outre
exprimé à la direction d'Hydro-Québec mon souci que cette
société modère ses appels aux marchés." On change
en quelques années. Cela, c'était en 1977. Maintenant, en 1981,
c'est le contraire qui se passe. On dit maintenant à
Hydro-Québec: Écoutez, vous avez trop d'argent, si on ne prend
pas de cet argent-là par des dividendes, des taxes foncières,
etc., il y a trop d'argent dans vos coffres, vous en avez tellement que vous
allez payer vos barrages etc., "cash" et on ne peut pas se permettre ça;
il faut aller au marché des emprunts à long terme. Pourtant en
1977, le ministre trouvait que cette politique de marché à long
terme était néfaste.
Le ministre a aussi fait le point par rapport à notre amendement
qu'il trouvait un peu ridicule le report de cinq ans. Il a dit qu'il fallait
faire cela le plus tôt possible parce que, si on ne fait pas ça le
plus tôt possible, le taux d'électricité restera tellement
bas qu'il y aura un décalage terrible avec le coût du
pétrole, qui ne cesse de monter, et que tous les gens vont convertir
leur système de chauffage à l'électricité. À
ce moment-là, dit-il, on aura besoin d'un surcroît
d'électricité et cela créera un réel
problème, parce qu'il n'y a pas de gros projets pour les prochaines
années. C'est vrai, mais on ne parle pas de quelque chose qui se passera
dans deux ou trois mois, on parle d'un terme de cinq ans dans notre amendement
et pourtant, aujourd'hui même, je lisais dans l'Argus ou dans le Soleil
qu'Hydro-Québec est à négocier de nouveaux contrats pour
vendre de l'électricité à un autre État des
États-Unis. On dit qu'il n'y aura pas de demande supplémentaire
d'électricité avant 1986 ou 1988 - je ne sais pas laquelle de ces
deux années - et qu'entre-temps, il y aura assez de courant, il y aura
assez d'électricité pour qu'on en vende - le député
d'Outremont donnera les chiffres exacts - une partie substantielle aux
Américains. Si, maintenant, on peut en vendre aux Américains,
c'est que cette question de...
M. Dussault: Ce n'est absolument pas pertinent. Est-ce que je
peux vous demander une fois de plus, M. le Président, de demander au
député de Nelligan d'être pertinent dans les propos qu'il
tient sur l'amendement très spécifique qui est d'une
portée dilatoire dès le départ? Est-ce que je peux vous le
demander une fois de plus?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, si vous voulez conclure, s'il vous plaît!
M. Lincoln: II me reste combien de temps?
Le Président (M. Laplante): II ne vous en reste plus,
monsieur.
M. Lincoln: Comment? Il ne m'en reste plus? J'ai passé la
plupart...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît! En tenant compte des fois que vous avez été
dérangé, c'est deux minutes de plus. Si vous voulez conclure.
M. Lincoln: D'accord. Pour conclure, en
deux minutes, je voudrais dire que toute la pertinence de l'argument -
je comprends que le député de Châteauguay ne saisisse pas,
pendant qu'il fait des petits crayonnages là-bas...
M. Dussault: M. le Président, cela ne le regarde pas, pas
du tout. On perd assez de temps ici que j'occupe mon temps d'une façon
utile.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous conclu, M. le
député de Nelligan?
M. Lincoln: Non, je n'ai pas conclu.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je le prends comme
une conclusion?
M. Lincoln: Ce que je voulais dire... J'ai encore deux minutes et
je vais conclure. Ce que je voulais dire, c'est que la pertinence du sujet que
le député ne semble pas avoir saisi, c'est qu'en changeant le
statut d'Hydro-Québec, on ouvre la boîte à un
contrôle gouvernemental qui est un changement fondamental. C'est ce qu'on
veut enrayer.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Nelligan. M. le député de Chambly.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: M. le Président, j'ai l'intention de
démontrer très clairement et très calmement la pertinence
de voter contre l'amendement qui est proposé par nos adversaires, qui
m'apparaissait, sans vouloir critiquer votre décision, irrecevable
puisque l'Assemblée nationale, qui nous a donné le mandat
d'étudier article par article le projet de loi no 16, avait
refusé de reporter à un an l'application de la loi no 16. Cet
amendement vise effectivement à la reporter de trois ans.
C'est-à-dire 1985; trois ou quatre ans, ce n'est pas important. On avait
déjà refusé à l'Assemblée nationale de la
reporter d'un an, et on accepte ici de débattre de la possibilité
de la reporter de quatre ans, de faire comme proposition à
l'Assemblée nationale de la reporter de quatre ans. Cela me paraissait
irrecevable. Vous avez jugé bon de la recevoir. Je vais donc tenter de
démontrer par mes propos que cela n'a aucun sens.
Les buts d'Hydro-Québec ont été largement redits
par nos amis d'en face, c'était afin de produire de
l'électricité à un meilleur taux possible. C'est toujours
vrai. Vous allez comprendre par ma démonstration que c'est là le
but de la loi 16.
Il y a eu effectivement des changements depuis 1962. Tout le monde va le
reconnaître, cela fait presque vingt ans qu'Hydro-Québec a
été achetée par le gouvernement du Québec, et je
voudrais ouvrir ici une parenthèse pour souligner...
Une voix: Est-ce pertinent?
M. Tremblay: Oui, c'est très pertinent, vous allez voir.
Attendez, vous allez voir qu'on ne parle pas ici pour ne rien dire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier, je n'en endurerai pas beaucoup aujourd'hui, je vous en avertis, parce
que je ne voudrais pas que cette commission tourne en cirque. Est-ce
clair?M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Je poursuis en notant que si, il y a vingt ans, le
Québec n'avait pas écouté le ministre de l'Énergie
et des Ressources, aujourd'hui premier ministre, on serait pris dans une belle
situation où ce seraient les entreprises privées qui
accumuleraient des profits considérables, à cause de
l'augmentation des coûts de l'énergie, au lieu des citoyens du
Québec. Et aujourd'hui encore le même homme qui avait prévu
toute cette situation-là est au cabinet, au conseil des ministres qui
demande cette loi 16; donc, c'est ce même homme qui prévoit, qui
va de l'avant, qui a une vision du futur. Les changements qui se sont produits
sont assez importants. On sait que depuis 1974 le prix du pétrole a
augmenté d'une façon considérable, ce qui fait que
l'électricité pourrait être vendue moins cher aux citoyens
du Québec. Si on se retrouvait dans une situation où
l'électricité serait considérablement moins chère
que le pétrole et que le gaz naturel, nécessairement les
Québécois changeraient, modifieraient leur système de
chauffage pour s'adapter à l'électricité. De ce fait, nous
manquerions au Québec d'électricité pour la fournir
à la fois à ceux qui sont déjà installés,
dont le chauffage est déjà à l'électricité
et répondre aux besoins élémentaires des citoyens. Cela
créerait un problème considérable; donc, on manquerait
d'électricité.
Dans une telle situation, qu'est-ce qu'il fallait faire? C'est
exactement ce que le gouvernement, présentement, tente de faire. Il faut
absolument que les tarifs d'électricité soient suffisamment
élevés pour qu'ils soient concurrentiels avec ceux des autres
sources d'énergie, de façon que les citoyens qui sont
présentement chauffés à l'électricité le
demeurent, comme ceux qui se chauffent à l'huile ou au gaz naturel. Dans
ce sens, je dirais que l'augmentation de 16,3% qui a eu lieu
dernièrement, qui va devenir effective au début de janvier n'est
pas dans la réalité une augmentation de 16,3% puisque, à
Hydro-Québec comme partout ailleurs, on est frappé par les
problèmes de l'inflation. Le taux normal devrait de toute façon
être au
moins indexé, ce qui fait qu'il y aurait probablement une
augmentation de 4% qui serait une véritable augmentation.
Les conséquences de cette situation, c'est que,
premièrement, on aurait une pénurie d'électricité
si on n'augmentait pas les tarifs, ou en augmentant les tarifs, comme c'est le
cas présentement, on risquerait, ce serait une certitude plutôt,
que les citoyens québécois d'aujourd'hui paient pour des
investissements qui serviront aux générations futures, ce qui
serait injuste pour nos citoyens d'aujourd'hui. Il est normal que nos enfants
et nos petits-enfants, dans 20 ans, dans 30 ans, paient aussi, par le biais de
leur facture d'électricité, pour les investissements qui sont
faits aujourd'hui, mais qui vont leur être utiles à ce
moment-là.
Donc, il s'agit essentiellement de faire en sorte que ces montants que
l'on donne en surplus à Hydro-Québec pour rendre égaux les
prix de l'électricité, du pétrole et du gaz, étant
donné que l'on fait cette opération-là, reviennent d'une
manière ou d'une autre dans la poche des citoyens d'aujourd'hui, des
citoyens qui paient l'électricité plus cher. Il faut que
ça leur revienne à eux.
C'est quoi la méthode que nous avons prise pour faire cela? Nous
avons dit, le ministre des Finances qui était ici nous a dit qu'il y
avait différentes manières; on aurait pu taxer de
différentes manières HydroQuébec. Or, on a
décidé de faire d'Hydro-Québec une compagnie par actions
dont le ministre des Finances serait l'actionnaire principal, de façon
que la compagnie HydroQuébec paie des dividendes au gouvernement. (12 h
45)
Hier j'ai été surpris, abasourdi d'entendre les membres de
l'Opposition se plaindre de cette procédure, soi-disant parce que si on
n'avait pas agi de cette manière, on aurait envoyé de l'argent au
gouvernement fédéral. Je me suis demandé, à un
moment donné: Est-ce que ces gens travaillent ici pour les
Québécois ou s'ils travaillent pour le gouvernement
fédéral? Il serait logique que l'Opposition, avec le
gouvernement, fasse tous les efforts possibles afin que les sommes qu'on
investit... On sait que, dans l'hydroélectricité, le gouvernement
fédéral n'a jamais mis une maudite "cenne"; c'est tout l'argent
des Québécois qui est là-dedans. Il est donc normal que,
s'il y a des surplus, cet argent, en totalité, revienne au
Québec.
La loi 16 est donc la seule manière pour les
Québécois de récupérer leur argent qui revient au
ministre du Revenu. Il sera nécessaire, à l'avenir, pour le
gouvernement du Québec de moins imposer les citoyens qui recouvreront
leurs investissements dans Hydro-Québec par ce biais, avec le
résultat qu'il n'y aura pas une large partie des bénéfices
que le Québec retire qui retournera au fédéral. Il s'agit
donc de faire en sorte que tous les profits d'Hydro-Québec reviennent
aux citoyens du Québec, sans laisser gonfler les profits
d'Hydro-Québec, sans que cet argent dorme là, de sorte que les
générations futures n'auraient pas à payer pour ce
qu'elles vont utiliser dans ce temps-là.
Donc, il m'apparaîtrait irresponsable de repousser même d'un
jour cette opération qu'est la loi 16. J'ajouterai, pour répondre
aux allégations des gens de l'Opposition qui voudraient faire le
débat de l'énergie là-dessus, qu'il y aura toujours
possibilité, dans l'avenir, de faire ce débat, mais il ne faut
pas le faire en risquant de retarder une opération urgente afin que les
Québécois profitent au maximum des investissements qu'ils ont
faits dans Hydro-Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, il me fait plaisir de parler
sur l'amendement que j'ai proposé, si je me souviens bien, hier, afin
d'insérer la date du 1er janvier 1985 dans l'espace où il n'y
avait pas de date, dans l'article 3.1.
La question que nous avons à débattre: Est-ce que nous
devons transformer Hydro-Québec en société à fonds
social, et quand? M. le Président, je m'en voudrais de retarder les
débats et je ne peux accepter l'opinion des gens d'en face qui disent
que nous allons retarder l'adoption de la loi. L'article 11 est très
explicite: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction."
Nous discutons présentement de l'article 3.1 et je crois que le
député de Chambly était mal informé lorsqu'il
croyait qu'en modifiant cette date nous retarderions l'adoption de la loi.
Ce qui me surprend davantage...
M. Duhaime: Je m'excuse auprès du député
d'Outremont, mais je ne voudrais pas que ceux qui auront le bonheur de nous
lire soient induits en erreur. Nous ne discutons pas de l'article 3.1; nous
discutons du sous-paragraphe 3.1 de l'article 1.
M. Fortier: Merci de la précision. C'est l'article 3.1 de
la présente Loi sur l'Hydro-Québec et le paragraphe 3.1 de
l'article 1 de la loi qui nous est proposée aujourd'hui.
M. le Président, il s'agit là de deux questions, comme je
le disais: Est-ce qu'on doit transformer et quand? D'ailleurs, je suis tout
à fait surpris, étant donné que le ministre était
déterminé à faire adopter ce projet de loi avant Noël
comme le leader du
gouvernement vient de nous le dire, qu'il n'ait pas cru bon
d'insérer lui-même la date. Nous avons cru qu'il s'agissait d'une
omission et nous avons voulu corriger cette faute, puisqu'il n'avait pas
pensé lui-même à déterminer la date à
laquelle l'article 3.1 s'appliquerait.
Peut-être avait-il des raisons, mais, pour notre part, nous avons
des raisons de proposer cet amendement qui vise à insérer la date
du 1er janvier 1985, puisque ce changement d'Hydro-Québec telle qu'elle
existe maintenant en société à fonds social est un
changement radical. Pour ceux qui sont habitués à un autre
langage, on parle de compagnie à capital-actions. Il s'agit de
transformer Hydro-Québec en compagnie en capital-actions et ce qui est,
selon la loi une compagnie à fonds social.
Mais pourquoi sommes-nous contre? C'est tout simplement qu'il s'agit
d'un changement substantiel, qui va avoir des répercussions
considérables. D'ailleurs, l'article 3.1 est suivi de l'article 3.2 et,
par la suite, des autres articles qui permettent la déclaration de
dividendes. Nous croyons que ce changement substantiel modifie
substantiellement le contrat social qui existait entre le gouvernement et la
population.
Mais, au-delà des ces modifications substantielles et
au-delà de cette entente qui existe avec la population, nous croyons que
c'est un impact négatif sur les besoins financiers d'Hydro-Québec
qui impose des contraintes nouvelles. Je veux bien accepter l'opinion du
ministre des Finances, quand il nous dit: Vous savez, d'ici à 1985, il
paraît qu'Hydro-Québec aura des surplus et que ses besoins
d'investissements vont être moindres qu'après 1985 et que, par la
suite, de 1986 à 1990, ces besoins seront accrus et, à ce
moment-là, il y aura moins de dividendes déclarés. Je vous
rappellerai, M. le Président, qu'on parle tout de même de
déclarations de dividendes substantiels, puisque ceux-ci se chiffrent
à quelque 71 000 000 $ en 1982 pour se rendre jusqu'à 900 000 000
$ en 1985. Mais là où nous avons eu beaucoup de
difficultés, nous avons dit: Nous sommes bien prêts à
discuter de la question, mais nous aimerions avoir l'information. Nous ne
pouvons pas accepter simplement la parole du ministre des Finances ou la parole
du ministre de l'Énergie et des Ressources, lorsqu'ils nous disent ces
choses-là, lorsqu'ils nous disent que d'ici à 1985, les besoins
sont moindres que pour la période de 1986 à 1990.
Je n'ai jamais vu pour ma part aucune information qui aurait
été fournie soit par Hydro-Québec soit par le gouvernement
qui permettrait au ministre des Finances ou au ministre de l'Énergie et
des Ressources de soutenir ces paroles et ces énoncés. C'est la
raison pour laquelle, pour tous les impacts que cette loi aura, on nous dit:
Les impacts ne seront pas aussi grands que ceux auxquels vous faites allusion.
Mais comme les impacts vont être quand même assez
déterminants, comme le dit d'ailleurs le président du conseil
d'Hydro-Québec, je crois qu'on s'entend que ces impacts seront
importants et qu'il faudrait bien les mesurer quantitativement d'une
façon plus précise. On ne peut nous demander quant à nous
de modifier cette société d'État d'une façon
substantielle sans avoir l'information dont nous avons besoin.
Rien sûr, il y a d'autres impacts négatifs sur les
investissements, d'ores et déjà, malgré ce que le
député de Chambly vient de nous dire. Hydro-Québec a des
besoins d'investissements considérables et, d'ailleurs, l'an prochain,
elle a dû couper ses investissements, d'une part, à cause des taux
d'intérêt et, d'autre part, à cause de cette loi qui
imposera la déclaration de dividendes.
Le député de Chambly nous dit: Vous savez, on ne doit pas
payer comptant les barrages que nous construirons dans l'avenir. Je me souviens
qu'il y a quelques années, tous et chacun se convainquaient les uns les
autres qu'il était de bon aloi d'avoir la plus grosse hypothèque
possible sur sa maison. Je connaissais des gens qui disaient: Mon cher ami, tu
n'as qu'une hypothèque pour 20% de la valeur de ta maison; pourquoi
n'empruntes-tu pas pour que l'hypothèque soit de l'ordre de 75% à
80%, puisque les sociétés' bancaires sont prêtes à
te prêter de l'argent jusqu'à ces montants? Il faut bien
réaliser, M. le Président, que, compte tenu des taux
d'intérêt, ceux qui ont eu la sagesse de payer leur
hypothèque ou qui ont eu la sagesse de la réduire
considérablement sont en bien meilleure posture financièrement
que ceux qui ont alourdi leur hypothèque et que ceux qui se sont
donné de lourds fardeaux financiers auxquels ils doivent faire face
maintenant à des taux d'intérêt exorbitants. C'est
justement l'avis que nous donnait le trésorier d'Hydro-Québec
à la commission parlementaire du mois de février et du mois de
mars en ce sens que, dans l'avenir, ce sont les contraintes financières
qui détermineront dans une très grande mesure la capacité
d'Hydro-Québec d'investir, de réaliser ses investissements et de
réaliser ses paiements soit par autofinancement ou par des emprunts sur
les marchés étrangers.
M. le Président, ce que nous disons, c'est que, compte tenu de
ces contraintes futures, qui seront très importantes, nous avons besoin
d'avoir l'information qu'il nous faut et c'est la raison pour laquelle nous
avons demandé dans le passé et que nous disons qu'un débat
public, quelque soit la forme qu'il puisse prendre, pourrait justement faire en
sorte que le public et que l'Opposition puissent avoir accès à
l'information, non pas une information
verbale, mais une information quantitative à des études
économiques et à des études qui détermineraient
quel est l'impact réel du projet de loi no 16 sur le
développement économique du Québec et sur la
capacité d'Hydro-Québec de répondre à ses
besoins.
Une autre raison pour laquelle, M. le Président, nous
suggérons que la transformation d'Hydro-Québec en
société à capital-actions soit retardée
jusqu'à 1985, compte tenu de ces impacts auxquels je viens de faire
allusion, c'est la nécessité d'avoir ce débat sur la
politique énergétique. Hier soir, le ministre des Finances nous
disait: Cette politique énergétique existe. C'est bien simple. Il
faut que le prix de l'électricité se retrouve entre le gaz et le
pétrole.
Il s'agit d'un énoncé que j'ai vu dans le discours sur le
budget du mois de mars et sur lequel je n'ai vu aucune analyse
systématique, sur lequel je n'ai vu aucune analyse économique.
À ce sujet, M. le Président, ce que nous demandons, c'est de
faire un peu ce qu'a fait... Et je m'en veux d'utiliser une comparaison avec le
ministre fédéral de l'Énergie. Lorsque le ministre des
Finances, à l'automne de 1970, a proposé une nouvelle politique
énergétique qui influençait considérablement le
discours sur le budget du ministre MacEachen, le ministre fédéral
de l'Énergie a justement publié un livre blanc sur la nouvelle
politique énergétique nationale dans lequel étaient
incluses énormément d'informations et qui était le
résumé de moult études économiques, moult
études financières, des prévisions sur une période
de dix ans ou de quinze ans sur les prix à venir du pétrole, du
gaz et même de l'électricité, ce qui nous permettait de
juger justement de la politique énergétique. Comme nous le
savons, il y a beaucoup de provinces et beaucoup de citoyens du Canada qui
étaient en désaccord avec le ministre de l'Énergie, mais
la publication de cette politique a permis justement à toute la
population du Québec et du Canada de participer à cette
discussion.
Ce que nous reprochons au débat présentement, c'est que
nous ne pouvons accepter un énoncé de politique qui peut
apparaître comme étant rationnel dans une très grande
mesure, mais qui n'est pas sous-tendu par des analyses détaillées
et qui ne nous permet pas, en tant qu'experts, en tant que parlementaires,
d'analyser les impacts véritables d'une politique qui est
énoncée, mais qui n'a jamais été défendue
par des analyses très précises.
L'autre raison pour laquelle brièvement, M. le Président -
nous croyons qu'on devrait retarder la transformation d'Hydro-Québec en
compagnies à capital-actions jusqu'en 1985, c'est que ce débat
public permettrait au ministre de déterminer quel genre de débat
public il veut organiser.
Il l'a dit lui-même l'autre jour. Il sait la
nécessité de tenir un débat public. Il se demande de
quelle façon nous devrions le tenir. Il se demande si une commission
parlementaire serait la meilleure façon. Il a des doutes
là-dessus. Il se pourrait que ce soit une régie du gaz et de
l'électricité qui serait appelée à jouer ce
rôle. Cela pourrait être une commission spéciale. Cela
pourrait être, comme en Ontario, une commission royale d'enquête
sur toute la question énergétique.
Nous savons, M. le Président, puisque je parle de l'Ontario, que
cette commission royale d'enquête, qui s'appelait la commission Porter,
avait été mandatée pour étudier justement toute la
question énergétique en Ontario. Même si le gouvernement
lui avait donné un mandat d'étudier la question dans une
période de 18 mois ou de deux ans, compte tenu de la participation
intensive de tout le public et de la nécessité d'entendre tous
ceux qui voulaient se faire entendre sur les modifications que le gouvernement
de l'Ontario voulait apporter à la politique énergétique
de l'Ontario, finalement, la commission Porter a dû prendre, je crois,
trois ou quatre années pour compléter son analyse de la
situation.
M. le Président, je conclus là-dessus. Si le ministre veut
me répondre après, il en aura le loisir. Ce que nous disons,
c'est que, bien sûr, il nous faut prendre le temps qu'il faut pour
analyser les impacts de ce projet de loi, que ce projet de loi aura des impacts
négatifs sur Hydro-Québec, qu'il nous faut prendre le temps
d'analyser la pseudopolitique énergétique qui est
énoncée en deux ou trois lignes maintenant et qui n'est pas
soutenue par des analyses très approfondies sur le plan
économique et sur le plan énergétique même et que,
si le ministre pouvait publier ce livre blanc sur une politique
énergétique, il pourrait par la suite organiser un débat
public. Je ne crois pas qu'un délai de trois ou quatre ans serait trop
considérable pour permettre à la population de s'exprimer
là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont maintenant
suspendus. Est-ce que vous réservez votre droit de parole pour 15
heures?
M. Fortier: Oui, je le réserve. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II vous restera sept
minutes.
M. Fortier: Merci. (Suspension de la séance à 13
heures)
(Reprise de la séance a 15 h 17)
Le Président (M. Laplante): Reprise de la séance de
la commission de l'énergie et des ressources en vue d'étudier
article par article le projet de loi 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec. Lorsque nous avons suspendu les travaux, la parole
était au député d'Outremont. Le député
d'Outremont se trouvant absent temporairement, la parole est au ministre, M. le
ministre vous aviez demandé la parole avant de...
Une voix: Le député d'Outremont.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont est absent actuellement. Est-ce qu'il y en a un autre qui veut
prendre la parole? M. le ministre préfère attendre. Est-ce que la
motion sera adoptée?
M. Polak: M. le Président... M. Sirros: M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président. Comme cela a
été constaté ce matin, c'est effectivement l'importance de
cette loi qui m'a incité à m'inscrire comme intervenant dans
cette commission pour que je puisse effectivement donner mon opinion sur la
motion d'amendement à l'article 1 qui a été
proposée par l'Opposition. J'aimerais profiter de l'occasion pour lire
l'article 1 du projet de loi pour bien situer l'amendement qui est
proposé, concernant le projet de loi 16 qui, comme on le sait - je pense
qu'on a déjà tous eu l'occasion de l'apprendre si on ne le savait
pas, étant donné le nombre d'interventions qu'on a eues sur cette
importante loi - c'est une loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec.
C'est Sa Majesté elle-même qui, de l'avis et du consentement de
l'Assemblée nationale du Québec, décrète ce qui
suit: La Loi sur l'Hydro-Québec est modifiée par l'insertion,
entre les articles 3 et 4, des suivants... C'est effectivement l'article qu'on
voudrait changer ou plutôt compléter; il ne s'agit pas tellement
de le changer, étant donné qu'il y a un trou dans l'article, on
va le voir en le lisant... C'est marqué: "À compter du", et,
entre parenthèses, on dit "insérer ici la date d'entrée en
vigueur du présent article", "la Société continue
d'exister comme compagnie à fonds social".
Alors, nous, finalement, étant donné que le projet de loi
tel qu'il est imprimé à l'heure actuelle, n'a pas de date
d'entrée en vigueur, on voudrait proposer que le paragraphe 3.1 de
l'article 1 soit modifié en remplaçant, dans les première
et deuxième lignes, les mots suivants "insérer ici la date
d'entrée en vigueur..." par les mots "premier janvier 1985".
La question normale à se poser serait: Pourquoi faire cela?
Pourquoi, par exemple, au lieu de 1985, cela ne serait pas 1982, le 1er
janvier? Mais, comme on l'a déjà soulevé à
plusieurs reprises en Chambre et ici à la commission, j'imagine,
même si je n'étais pas ici à ce moment-là,
l'idée, finalement, c'est que ce projet de loi vise à modifier le
fondement même d'Hydro-Québec. Quand elle a été
créée, Hydro-Québec avait comme objectif, comme on le
sait, de fournir l'électricité aux citoyens du Québec au
plus bas prix possible compatible avec une saine gestion. Le projet de loi
vient changer cela pour donner des pouvoirs au ministre des Finances pour
combler ses déficits. En gros, c'est ça.
Nous, on se dit qu'il n'y a jamais eu de débat public sur ce
sujet et on croit que c'est d'une importance capitale que les
Québécois aient l'occasion de se prononcer sur leur choix
énergétique pour l'avenir du Québec étant
donné que, comme on le sait, toute société moderne
dépend de plus en plus de l'énergie. Comme, au Québec, on
a cette ressource renouvelable qui est l'électricité, il
faudrait, avant d'apporter des modifications aussi majeures à
Hydro-Québec, qu'un débat public soit tenu où tous les
intéressés, les citoyens, les différentes instances
pourraient intervenir pour prendre le temps et les soins nécessaires
avant de chambarder Hydro-Québec de la façon dont le fait la loi
16.
L'amendement qu'on propose, à savoir que ce projet de loi entre
en vigueur le 1er janvier 1985, nous donnerait, on en est certain, amplement le
temps d'entamer ce débat, de prendre les dispositions nécessaires
pour que toutes les parties intéressées puissent être
entendues pour vraiment vider à fond toute cette question au lieu
d'adopter des choses si importantes en fin de session, dans une période
de deux ou trois semaines, en passant sous silence les changements très
importants qu'amènerait cette loi pour Hydro-Québec.
On sait aussi qu'un des effets de la mise en application de la loi 16
sera que, d'ici 1985, les quelque 1 500 000 familles québécoises
auront à débourser chacune... Est-ce que c'est toujours comme
ça dans ces commissions, M. le Président? Il y a
énormément de bruit.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Comme on le sait, les 1
500. 000 familles québécoises auront toutes et chacune à
verser à peu près, d'ici à 1985, 2000 $ de plus sans
aucune augmentation de leur consommation d'électricité. Ce sera
un des effets de cette loi. L'amendement proposé
vise à retarder la mise en application de cette loi au 1er
janvier 1985, ce qui épargnerait à toutes ces familles
québécoises ces augmentations absolument exorbitantes.
Je voudrais ouvrir une petite parenthèse...
Le Président (M. Laplante): Veuillez vous en tenir
à la pertinence du débat.
M. Sirros: II s'agit effectivement de la date d'entrée en
vigueur du présent article.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Sirros: On se dit qu'il y a deux raisons très valables
et très pertinentes pour qu'on dise 1985. Premièrement, cela nous
donnerait le temps de faire le débat public qu'on réclame,
ça nous donnerait aussi l'occasion d'épargner aux
Québécois des sommes importantes, surtout dans la période
de crise économique qu'on connaît. Je crois qu'il est pertinent
d'appuyer cet amendement dans ce sens. Vous savez, ce n'est pas tout le monde
qui peut payer ces choses-là pour aider le ministre des Finances
à combler ses déficits. Parmi les 1 500 000 familles du
Québec, approximativement - je n'ai pas les chiffres exacts - il y en a
énormément qui vivent de revenus fixes, de l'aide sociale, de
l'assurance-chômage. Comme on le sait, le chômage augmente
continuellement. On a vu récemment qu'à peu près 90 000
emplois ont été perdus au Québec. C'est très
pertinent que cet article du projet de loi soit mis en application seulement le
1er janvier 1985. C'est pour ces raisons, entre autres, que l'Opposition
à l'Assemblée nationale présente cet amendement.
Le changement qui est proposé donnera des pouvoirs tellement
grands au ministre des Finances de décréter lui-même -
comment appelle-t-on ça dans le jargon financier? -des dividendes, c'est
le mot que je cherchais, jusqu'à, si je ne me trompe, 75% des profits
d'Hydro-Québec, des profits nets, c'est important, très
important, des profits nets d'Hydro-Québec. Comme on sait
qu'Hydro-Québec est la société d'État qui a connu
le plus grand succès parmi toutes les autres sociétés
d'État, on comprend que le ministre des Finances, étant
donné les contraintes qu'il connaît et qui sont issus de son... Il
y a de drôles de bruits.
On reconnaît qu'il a hâte que ça passe et qu'il veut
faire ça de façon très rapide, finalement. Il bouscule
l'Opposition dans ses efforts de trouver des sources de fonds pour combler le
déficit qui ne cesse d'augmenter depuis cinq ans maintenant. C'est donc
très raisonnable, très rationnel, très consistant avec
notre position qui vise à éviter que les Québécois
continuent à être les plus taxés au Canada. Non seulement
sont-ils les plus taxés, mais le Québec est aussi la province qui
connaît la plus forte dette publique per capita au Canada. Elle se situe
à quelque 5200 $ par personne, si je ne me trompe.
On comprend que le ministre des Finances ait hâte que ce soit
adopté et il veut mettre la main sur Hydro-Québec, étant
donné qu'Hydro-Québec a fait ses preuves durant les vingt
dernières années comme société d'État
remarquablement rentable, mais, pour nous, ce n'est pas la manière de
procéder. D'abord Hydro-Québec a été
créée pour profiter aux Québécois en leur
fournissant l'électricité au coût le plus bas possible et
ceci aura l'effet de nier, d'annuler cet objectif d'Hydro-Québec.
Nous trouvons donc que le fait de proposer que cette loi n'entre en
vigueur que le 1er janvier 1985, c'est très raisonnable, c'est quelque
chose que devrait accepter n'importe quel citoyen. Même des ministres
raisonnables devraient s'accorder à accepter ce genre d'amendement parce
que je ne crois pas qu'on pourrait, en toute franchise, aller devant la
population québécoise et lui dire qu'on veut mettre la main sur
Hydro-Québec, siphonner ses profits pour combler des trous
budgétaires incroyablement grands.
Nous croyons que 1985, ce n'est qu'à 3 ans et 19 jours
d'aujourd'hui, si je ne me trompe; les gens auront le temps de
réfléchir à ce qu'ils vont faire en termes
d'approvisionnement d'énergie. Vous savez, M. le Président, que
le gouvernement et même Hydro-Québec, depuis quelque temps,
encouragent et incitent les gens à transformer le système de
chauffage de leur maison du pétrole à
l'électricité. Quant aux augmentations que va entraîner ce
projet de loi sur les comptes d'électricité, on se demande aussi
quels en seront les effets pour les gens qui ont déjà pris la
décision de transformer leur système de chauffage à
l'électricité; ils sont sûrement déçus et
nous croyons entre autres qu'un retard de trois ans et 19 jours est tout
à fait dans l'ordre pour au moins permettre à ces gens ...
M. Rodrigue: M. le Président, sur la pertinence du
débat, question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier, pertinence du débat.
M. Sirros: Voulez-vous que je fasse la preuve de la pertinence,
M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Pardon!
M. Sirros: Voulez-vous que je fasse la preuve de la
pertinence?
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est une invitation que
je vous fais sur la pertinence du débat.
M. Sirros: J'étais en train de dire
qu'Hydro-Québec et le gouvernement, à travers divers
programmes publicitaires, ont incité les gens à transformer leur
système de chauffage à l'huile pour l'électricité,
mais je suis en train de faire la preuve...
Le Président (M. Laplante): C'est juste pour vous excuser,
M. le député de Laurier. C'est que, dans le déroulement du
débat, depuis le début, c'est la première journée
que vous y assistez, il n'est aucunement question dans le projet de loi de
hausse du taux de l'électricité, mais de transformer
Hydro-Québec en société à capital-actions.
M. Sirros: Oui, mais vous serez sûrement d'accord avec moi,
M. le Président...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Perron: M. le Président, question de
règlement.
M. Lalonde: Je l'ai posée avant. (15 h 30)
M. Perron: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys est membre de la commission ou intervenant de la
commission?
Le Président (M. Laplante): On va regarder ça,
monsieur.
M. Lalonde: La guillotine, c'est pour la semaine prochaine.
Le Président (M. Laplante): II est bien membre de la
commission.
M. Perron: Parfait, M. le Président, merci.
M. Lalonde: Je m'excuse auprès du député de
Duplessis d'être membre de la commission, M. le Président. Je suis
convaincu que ça fait grand plaisir au ministre. Maintenant, avant la
question de règlement, je voudrais savoir si vous avez pris des
dispositions pour faire installer un téléphone à
côté du ministre pour qu'il puisse appeler son bureau.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est que de moins en moins de questions de
règlement sont soulevées pour des choses semblables. C'est
surtout sur la pertinence du débat.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, sur la pertinence du
débat, je pense qu'on doit laisser le député de Laurier
exprimer à cette commission et faire valoir toutes les
inquiétudes, toutes les appréhensions qu'il a concernant le
développement d'Hydro-Québec. Lui, que ça plaise ou non,
il a peut-être tort, il a peut-être raison, on verra, mais, pour
lui, la question des hausses d'électricité, il la relie à
cette transformation d'Hydro-Québec. C'est pour ça qu'il veut la
reporter le plus tard possible.
Le Président (M. Laplante): Je pense que le
député de Laurier est capable de faire le lien avec la motion qui
est sur la table. C'est le message que vous lui faites parvenir?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Sirros: Bon, effectivement, M. le Président, le lien
est que, dès le moment où le ministre des Finances donnera le
droit de déclarer des dividendes, nécessairement,
Hydro-Québec sera forcée d'augmenter ses dépenses, ses
comptes plutôt, le coût de l'électricité, parce que
les choix ne sont pas tellement grands. Les choix, c'est, soit d'augmenter les
coûts, soit d'aller emprunter encore plus et, avec les taux
d'intérêts, on sait qu'Hydro-Québec ne pourra pas aller
chercher tout l'argent dont elle a besoin pour continuer ses investissements,
pour continuer à construire des barrages, pour continuer à faire
de la recherche, pour continuer à offrir tous les services
qu'Hydro-Québec offre depuis sa création en 1962, sans avoir
accès à d'autres fonds. Alors, une source logique pour
Hydro-Québec et pour n'importe quelle autre compagnie finalement, c'est
d'augmenter les coûts. Je crois que ce sont effectivement, les liens de
la pertinence, M. le Président.
Je continuerai à souligner que l'amendement proposé, qui
est à l'effet de retarder la mise en application de cet article jusqu'au
premier janvier 1985, est tout à fait dans l'ordre. Une autre chose que
j'ai mentionnée tout à l'heure, c'est que ça donnera aussi
l'occasion au gouvernement - il faut dire au gouvernement - ça donnera
l'occasion au gouvernement de se ramener à la position très
logique et très respectueuse des citoyens du Québec qu'a mise de
l'avant l'Opposition officielle qui est qu'il doit y avoir absolument un
débat public dans ce domaine. C'est un domaine très important
pour la société québécoise, pour la
collectivité québécoise. Ce gouvernement agit d'une
manière... Je ne sais pas trop comment la qualifier, parce que, vous
savez, nous avons là un bien collectif. C'est quelque chose qui a
été créé pour bénéficier aux
Québécois et, finalement, on retrouve, dans ce projet de loi, une
tentative pour transformer Hydro-Québec en une société
dont la raison d'être majeure sera de pallier les difficultés
financières que connaît le ministre des Finances.
Je crois que ce genre de changement
ne peut pas se faire en silence, en cachette, en commission
parlementaire seulement, sans caméra, sans télévision,
sans une occasion pour la population de venir ici témoigner de son
inquiétude face à ce geste. Trois ans et 19 jours donneront
amplement le temps au gouvernement, d'une part, de comprendre le sérieux
de ces demandes et la nécessité de ces démarches et aussi
tous les gens qui sont intéressés auront amplement le temps de se
préparer, de se poser les questions qu'il faut se poser, de faire les
recherches qu'il faut faire. Parce que c'est quelque chose qui demande
peut-être une certaine expertise et un certain temps afin de faire les
recherches nécessaires, parce qu'on parle ici des choix
énergétiques de toute une société. Au lieu de
regarder cette question, on regarde plutôt les besoins financiers du
ministre des Finances.
Je toucherai aussi à l'aspect de la nécessité de
retarder l'application de cette loi. Je relierai ça avec la situation
économique et la capacité qu'ont certaines couches de la
société à faire face aux augmentations continuelles de
taxes que depuis le 13 avril on connaît au Québec. Ce sont des
choses qui ne tiennent pas compte de la capacité de payer des
différentes couches de la société, entre autres les
assistés sociaux, les personnes âgées, les gens qui
reçoivent l'assurance-chômage, les gens qui gagnent le salaire
minimum, les gens qui, chaque fois qu'une loi comme celle-ci est
adoptée, reçoivent un coup de matraque. Ils sont continuellement
matraqués par le ministre des Finances qui ne se soucie pas du tout de
leurs capacités de payer, des effets désastreux qu'amènent
dans leur vie des projets comme cela.
Je crois qu'en tenant compte de tous ces facteurs c'est quelque chose de
très sérieux et une demande très raisonnable de la part de
l'Opposition que ce projet de loi soit retardé, que cet article soit mis
en vigueur seulement le 1er janvier 1985.
Le Président (M. Laplante): Encore une minute.
M. Sirros: J'ai toute une minute encore? Je passerai la parole
à quelqu'un d'autre, et je réserverai cette minute pour une
intervention un peu plus tard, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, sur l'amendement qui se lit
comme suit: A compter du premier janvier 1985, la société
continue d'exister comme compagnie à fonds social, d'abord,
j'espère que tous les députés des deux côtés
vont m'écouter attentivement parce que, comme vous le savez, j'ai
été devant cette commission comme intervenant, mais à
cause des interventions que j'ai faites le caucus a décidé de me
nommer membre...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: Non, je voulais seulement dire... me restreindre
évidemment au texte de la motion.
Le Président (M. Laplante): Gardez les fleurs pour la fin;
vous en aurez besoin, je pense.
M. Polak: M. le Président, c'est pour cela que je
demandais à tout le monde d'écouter parce qu'il n'y a aucune
garantie que je reste membre, je peux revenir lundi comme intervenant, on ne
sait jamais ce qui se passe.
Voici un texte qui dit qu'Hydro-Québec deviendra une compagnie
à fonds social. Avant cela Hydro-Québec était une
compagnie sans fonds social, la documentation qu'on a reçue le dit,
comme le sont les compagnies sans but lucratif.
Évidemment, on se pose la question: Pourquoi ce
changement-là? Est-ce qu'il faut le faire tout de suite, le rendre
effectif tout de suite au moment de l'adoption de la loi ou est-ce qu'il faut
ajourner cela? Est-ce qu'il y a une raison? Lorsqu'on a présenté
la motion pour reporter cela au 1er janvier 1985, ce matin, le ministre a dit:
Qu'est-ce que vous voulez, vous autres. C'est cinq ans. D'abord, ce n'est que
trois ans seulement. C'est très important, parce qu'on a choisi une
période de trois ans justement pour enlever leur peur aux financiers
internationaux qui prêtent de grosses sommes d'argent à
Hydro-Québec, qui expriment leur inquiétude et qui ont
demandé - je vais en parler un peu plus tard, je n'ai pas parlé
directement avec les financiers, mais j'ai parlé avec quelqu'un qui
possède des obligations d'Hydro-Québec, qui s'inquiète, un
Américain - pourquoi ce changement brusque de compagnie sans but
lucratif, sans fonds social à une compagnie à fonds social.
Est-ce qu'il y a une raison qui justifie de remettre cela au 1er janvier 1985?
Évidemment, il y a de très bonnes raisons parce qu'à ce
jour, Hydro-Québec est très bien vue dans le monde financier
comme emprunteuse, justement parce que c'est une compagnie sans fonds social
qui a été capable d'obtenir de grosses sommes d'argent, des
millions, des milliards de dollars. Une des raisons pour lesquelles elle a
obtenu ces sommes c'est que ceux qui les ont prêtées savaient
très bien que c'était et que c'est encore aujourd'hui une
compagnie sans fonds social; pas seulement cela, cette compagnie fonctionnait
de façon merveilleuse et faisait
de grands profits.
De là on arrive à un autre point où on dit que
c'est une compagnie sans fonds social, parce que le monde ne comprend pas
qu'une compagnie sans fonds social puisse faire des profits. Je vais vous
donner un exemple - ça tombe exactement à l'amendement - de la
raison pour laquelle on veut remettre cela au 1er janvier 1985. J'ai un ami,
à Montréal, qui est actionnaire, membre d'un club de golf et qui
en était devenu membre comme tous les Québécois sont
membres d'Hydro-Québec car à ce jour ce sont eux qui
possèdent l'actif du fonds social d'Hydro-Québec. Ce monsieur
avait investi 500 $ il y a dix ans pour devenir membre - comme les
Québécois sont membres d'Hydro-Québec - de ce club de
golf, et, dix ans plus tard, qu'est-ce qui est arrivé? Le club de golf
comme HydroQuébec, a fait merveilleusement bien, a fait de grands
profits, a réinvesti son argent, et maintenant ce club de golf a
été exproprié et ce monsieur a été
remboursé de son argent. Pour 500 $, il a reçu 5000 $.
Exactement de la même façon les financiers
européens, américains, suisses ou d'ailleurs investissent,
prêtent de grosses sommes d'argent à Hydro-Québec parce
qu'ils savent très bien qu'à ce jour, Hydro-Québec est une
compagnie sans fonds social, qu'il n'y a aucun problème,
qu'Hydro-Québec sera capable de leur rembourser l'argent qu'elle doit.
Une obligation d'Hydro-Québec, c'est comme de l'argent en banque.
D'ailleurs, on pourrait dire: Pourquoi ne pas changer cela tout de suite? C'est
justement le point, M. le Président. Hydro-Québec va devenir une
compagnie à fonds social, à partir de la date d'entrée en
vigueur de la loi, d'ici à quelques jours ou avant la fin de
l'année 1981. Pourquoi on demande d'ajourner cela au 1er janvier 1985?
Parce que ces investisseurs et ces prêteurs qui ont avancé ces
sommes d'argent ont peur de ce changement brusque, parce qu'ils disent: II y a
quelque chose derrière cela. Cela ne sera plus comme un club de golf qui
réinvestit son profit, mais cela va devenir une compagnie à fonds
social. On ne sait pas ce qui arrive. Ils ont peur de cela.
Ce matin, d'ailleurs, j'ai reçu un appel
téléphonique d'un de mes amis qui demeure aux États-Unis
et qui a des obligations d'Hydro-Québec. Ce ne sont pas des millions de
dollars. Ce n'est pas un prêteur américain de millions de dollars,
mais il a acheté quelques obligations sur le conseil de son courtier. Il
m'a dit: Maximilien, que se passe-t-il avec Hydro-Québec et avec cette
affaire de changer cela à fonds social à partir
d'immédiatement, tout de suite? Évidemment, il m'a parlé
en anglais. Il m'a dit: "Hey, Max, what is going on with Hydro Québec?
Are they changing this to a company with shares? What is going on? I have a few
bonds and I want to make sure it is going to be paid". Là, cela montre
déjà l'angoisse chez cet homme parce que peut-être
Hydro-Québec ne sera pas capable de lui rembourser ses 10 000 $.
Évidemment, j'ai ri. J'ai fait exactement comme le député
de Duplessis: j'ai ri, mais ce monsieur ne comprenait pas. J'ai
été obligé de m'expliquer. Il m'a dit à la fin:
Pourquoi ne pourrait-on pas remettre cela, par exemple, au 1er janvier 1985,
une couple d'années de plus, pour que cela ne vienne pas comme un choc
brusque? Nous avons beaucoup confiance en Hydro-Québec au point de vue
d'être une compagnie sans but lucratif comme elle est maintenant, sans
fonds social. On a beaucoup confiance et on a peur, si cela change tout de
suite, que peut-être cette confiance va disparaître.
Évidemment, M. le Président, je sais que tout ce qu'on dit
est enregistré. Je ne veux pas révéler le nom de la
personne qui m'a appelé. C'est un ami qui demeure aux États-Unis.
C'est un Américain qui m'appelait, évidemment, en
américain et je lui ai répondu en anglais aussi. Je lui ai
répondu, je vais vous le dire très honnêtement: Don't worry
because we are here as the Opposition but there are other Members, for instance
we have the Member for Châteauguay, who is a man who has a mind which is
ready to open itself. This is a man who is ready to make the bridge because I
was here last week and we were almost there. We presented, told my friend, a
motion and he amended it and we supported him. At the end, he got worried.
First, he abstained. Then, he voted against his own motion. But I said: Do not
worry, I do not give up, because he can be convinced. Il a dit: J'espère
que vous serez capable de convaincre ce député ministériel
de remettre cela au 1er janvier 1985, parce que, pour moi, c'est très
important. Je veux avoir cette confiance.
Excusez-moi, M. le Président, mais pour le bénéfice
du député de Châteauguay, je devrais peut-être
répéter ce que j'ai dit en français parce que mon ami
américain qui m'appelait ce matin...
Une voix: Votre ami américain est-il d'accord?
M. Polak: Oui, oui. Je le lui ai dit, d'ailleurs. Il a dit: tu as
la pleine liberté de répéter en français ce que je
dis en anglais. Je ne sais pas si le député de
Châteauguay...
M. Dussault: Question de privilège, M. le
Président. Je ne suivais pas cette...
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de questions de
privilège, M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. Dussault: C'est un lapsus que j'ai fait, M. le
Président. Vous savez mon désintéressement maintenant pour
la commission étant donné tout le temps qu'on a perdu. Je n'ai
pas suivi la conversation que tenait M. le député de Sainte-Anne
qui semblait me concerner. Ce n'est pas une question de langue, M. le
Président; c'est que je ne suivais pas ce qu'il disait.
Le Président (M. Laplante): II va le
répéter, parce que moi-même je suis désireux de
savoir la réponse qu'il a donnée à cet
Américain.
M. Dussault: Ah bon! Nous serions tous les deux concernés,
M. le Président.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais que vous me disiez quel article du
règlement force un député
désintéressé à écouter les propos de ses
collègues et quel autre article forcerait celui qui parle à
répéter pour que celui qui était distrait et qui lisait
son journal comprenne ses propos.
Le Président (M. Laplante): C'est toujours exprimé
comme un voeu, M. le député.
M. Dussault: Je n'ai pas demandé de répéter,
moi, M. le Président. Il en a fait une question de langue, M. le
Président. Je dis que je n'écoutais pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Vu que le
député de Châteauguay n'insiste pas pour que je
répète ce que cet Américain m'a dit et ce que je lui ai
répondu, je pense que j'ai compris que le président serait
intéressé si je répétais en français ce
qu'il m'a dit et ce que je lui ai répondu. M. le Président, je
sais très bien qu'on a le droit de parler les deux langues à
l'Assemblée nationale; cela a, d'ailleurs, été
confirmé par le jugement de la Cour suprême récemment, il y
a un an ou presque. Évidemment, je ne veux pas retarder les travaux de
la commission. Je fais cela par courtoisie envers vous parce que jusqu'à
maintenant je dois vous dire honnêtement...
(15 h 45)
M. Perron: M. le Président, question de
règlement.
M. Polak: ... je fais cela par pure courtoisie, vis-à-vis
de vous.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Écoutez, je voudrais rappeler au
député de Sainte-Anne, qui vient de faire une affirmation
gratuite, que, toujours, dans cette Assemblée nationale, on a eu le
droit de parler les deux langues, je m'excuse, même avant le jugement de
la Cour suprême.
Le Président (M. Laplante): C'est exact, monsieur.
M. Polak: J'accepte totalement l'intervention du
député de Duplessis, parce que, savez-vous, je suis en train de
le convaincre de voter pour notre amendement, j'ai besoin de tout le support
possible. Donc, je suis totalement prêt à retirer les remarques
que j'ai faites et qui ont peut-être été
interprétées, je puis faire une erreur...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Je vais même rater mon avion pour voter contre
votre amendement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis, si je veux qu'il se répète, c'est que je voulais
savoir s'il y avait des mots antiparlementaires lorsqu'il le dirait en
français.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, dans un geste de
courtoisie pour votre fonction, je veux vous répéter rapidement
ce qui s'est passé, j'ai cela sous la main. Mon ami m'a appelé et
m'a dit: Qu'est-ce qui se passe avec Hydro-Québec? Moi, j'ai quelques
obligations d'Hydro, à peu près 10 000 $ et j'ai peur, parce que
je viens de lire dans le journal...
Le Président (M. Laplante): Excusez, il manque un bout de
la traduction, parce que vous n'avez pas dit cela en anglais... 10 000 $.
M. Polak: M. le Président, je voulais être un peu
plus complet que cela en anglais, mais vous avez raison. Je vais traduire,
maintenant, mot à mot, ce qu'il m'a dit, parce que je m'en souviens
très bien. Il a dit: Qu'est-ce qui se passe à
Hydro-Québec? Parce qu'on va changer cela et faire d'une compagnie sans
fonds social
une compagnie à fonds social. Moi, quand j'ai acheté,
m'a-t-il dit, les obligations d'Hydro-Québec, sur le conseil de mon
courtier aux États-Unis, c'était définitivement entendu
que c'était une compagnie sans fonds social qui faisait très
bien, qui faisait beaucoup d'argent, de gros profits. Il m'a dit: Mon argent,
mon investissement, mon prêt à Hydro-Québec était
protégé, aucune peur. Il dit: Maintenant, on va faire ce
changement très vite, parce qu'il n'y a aucune date, mais, apparemment,
c'est l'intention de voter un projet de loi là-dessus et cela va en
faire une compagnie à fonds social. Moi, j'ai peur. Qu'est-ce qu'il va
arriver avec cela, qu'est-ce qu'il va arriver avec les profits
d'Hydro-Québec, que cela reste avec l'Hydro ou non? Je lui ai
répondu: N'ayez pas peur, parce que nous, on est ici -c'est vrai, nous
sommes l'Opposition - parce qu'on a fait un amendement proposant d'ajourner
cela jusqu'au 1er janvier 1985, de changer la structure financière
d'Hydro en compagnie à fonds social.
M. Lalonde: Cela a dû le rassurer!
M. Polak: II m'a dit: Tu es seulement de l'Opposition. Je lui ai
répété qu'il y avait le député de
Châteauguay, qui s'était montré un homme à l'esprit
ouvert, cette semaine, sur d'autres points. J'ai même dit à mon
ami, et je traduis exactement: Le député de Châteauguay a
réussi à former un faible pont entre les députés
ministériels et les députés de l'Opposition et,
évidemment, on l'a félicité pour son travail, pour ce
geste magnifique. Mais j'ai aussi dit à mon ami -je traduis toujours ce
que j'ai dit en anglais - que malheureusement, ce qui est arrivé, c'est
que le député de Châteauguay avait présenté
un amendement et il s'était abstenu de voter là-dessus et,
même à la fin, votait contre la motion principale.
Mon ami dit encore - il parlait en anglais, évidemment, je
traduis: Mais comment savez-vous que vous allez réussir, parce que je
veux que cela soit ajourné au 1er janvier 1985, justement pour que j'aie
la certitude que mon argent me soit remboursé? Donc, je lui ai
répondu que j'allais faire mon possible auprès du
député de Châteauguay pour le convaincre d'accepter notre
motion. Évidemment, je n'avais pas parlé à ce moment du
député de Duplessis, parce que je ne connaissais pas son opinion,
mais je suis content de savoir que, maintenant que j'ai retiré la
remarque que j'avais faite auparavant, il a peut-être l'esprit ouvert, et
même s'il a dit: Je n'ai pas pris mon avion justement pour voter contre,
c'est un homme très convaincu. Quand on a dit: On veut remettre cela au
1er janvier 1985, on avait de très bonnes raisons, comme je l'ai
déjà expliqué à mon ami des États-Unis.
Autre point, M. le Président...
M. Dussault: Est-ce qu'on peut avoir le nom de l'Américain
en question, j'aimerais entrer en communication avec lui, il m'a l'air tout
à fait gentil...
M. Lalonde: C'est confidentiel...
M. Dussault: C'est encore confidentiel.
M. Polak: M. le Président, je vais répondre, parce
que je n'ai rien à cacher.
M. Lalonde: M. le Président, faites une motion pour savoir
le nom.
M. Dussault: Je gage même que c'est anonyme, cette affaire,
encore l'anonymat...
M. Lalonde: C'est M. Reagan!
M. Polak: M. le Président, je vais répondre
à la question, carrément, ouvertement, on n'a rien à
cacher. Mon ami m'a justement posé cette question. Mon ami m'a dit,
évidemment en anglais, parce qu'il appelait des États-Unis -
Please, Max, do not use my name. Je vais traduire cela plus tard, M. le
Président. So I said: Why not, there is nothing to hide? He said: With
that government, I do not know what is going on. I have my bond, 10 000 $, I
want to be repaid. C'est ce qu'il disait - pour traduire encore, pour le
bénéfice du député de "Schefferville" mon ami; il
disait: S'il vous plaît, ne te sers pas de mon nom parce que moi, j'ai 10
000 $ là-dedans et je veux être certain que mon argent va
être remboursé parce que avec ce gouvernement de fou, on ne sait
jamais ce qui arrivera. "It is a crazy government", qu'il m'a dit. Je traduis
ça en gouvernement de fou. Je prends une traduction un peu
libérale, voyez-vous. M. le Président, est-ce que j'ai encore du
temps?
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer.
M. Polak: Donc, M. le Président...
M. Lincoln: M. le Président, question de règlement.
Si le député de Sainte-Anne le permet, peut-être que
j'aurais pu l'appeler pour lui demander la permission que le nom du
député de Châteauguay soit confidentiel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, c'est au président que vous avez adressé une question
de règlement?
M. Lincoln: Oui. Je m'adressais à vous pour que vous
demandiez au député de Sainte-Anne...
Le Président (M. Laplante): Pourquoi regardiez-vous le
député de... M. le député
de Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: M. le Président, voici le grand problème
avec cet article, c'est pourquoi on a proposé, dans l'amendement, de
remettre cela en juin 1985. C'est parce qu'on veut changer la compagnie en
compagnie à fonds social. Tout le monde sait très bien
qu'Hydro-Québec est encore une compagnie sans fonds social,
c'est-à-dire que si, demain, Hydro-Québec décidait de
fermer ses portes... Supposons qu'Hydro dise: On ferme la boutique. Savez-vous
ce qui arrive? C'est comme un club de golf. Exactement la même chose. Les
membres ont droit à tous les actifs, évidemment, l'actif moins le
passif, l'actif net. On doit chacun sa quote-part. C'est intéressant.
Cela veut dire que si, demain, Hydro ferme ses portes, étant une
compagnie sans fonds, sans action, tous les Québécois et toutes
les Québécoises ont droit d'avoir... Disons, voici: On prend la
dette, on prend l'actif brut, on déduit la dette, l'actif net nous
appartient. C'est ça que veut dire, sans fonds social,
évidemment, il y a un grand changement là-dedans. C'est pour cela
que nous suggérons, au cas où cela arriverait,
c'est-à-dire qu'Hydro dise, décide de fermer ses portes,
d'attendre trois ans. On veut que les Québécois et les
Québécoises aient droit de bénéficier, pendant
trois ans, à cause de la possibilité de fermer les portes
d'Hydro-Québec, si les actifs ont été sauvés, on
veut que tout le monde, tous les Québécois et toutes les
Québécoises aient droit à leur quote-part. M. le
Président, vous aussi, vous aurez votre quote-part. Cela pourrait
être payé soit par réduction sur votre compte
d'électricité ou peut-être par un chèque direct. La
modalité peut être discutée plus tard, mais on aurait trois
ans.
Donc, je vais arrêter pour le moment, M. le Président,
parce que j'ai d'autres points à faire valoir, mais je pense que
l'attention commence un peu à échapper de l'autre
côté et je voudrais tout de même essayer de les convaincre
un peu plus tard, avec mes arguments, de voter en faveur de cet amendement qui
est tout à fait essentiel dans le débat. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. Il vous
restera trois minutes.
M. Perron: Est-ce qu'il y a possibilité qu'il vende ses
actions à des Québécois ou quelque chose comme ça?
Cela pourrait peut-être régler son problème sur les
obligations, oui. Vous seriez peut-être prêt à les
acheter.
M. Lalonde: Si vous voulez faire une motion, on va en parler.
M. Perron: Non, pas de motion, on en a assez vu de votre
part.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Comme les autres
députés ont parlé sur la motion, moi aussi je voudrais
m'exprimer sur cette motion qu'on trouve vraiment importante de notre
côté de la table. C'est toujours la question de la modification
à l'article 3.1: Que le paragraphe 3.1 de l'article 1 soit
modifié en remplaçant, dans les première et
deuxième lignes, les mots "insérer ici la date d'entrée en
vigueur du présent article" par les mots "1er janvier 1985". Nous
trouvons que c'est extrêmement important d'avoir ces trois années
pour vraiment étudier l'impact de cette législation sur
Hydro-Québec, sur toutes les personnes qui travaillent à
Hydro-Québec et toutes les compagnies et les industries qui
dépendent d'Hydro-Québec à travers la province. Les
citoyens d'ailleurs nous appellent et sont pas mal craintifs devant la
hâte que démontre le gouvernement à faire ces changements.
Ils ne comprennent pas toute cette mécanique de changement dans les
structures d'Hydro-Québec. L'urgence d'ailleurs est pas malévidente. On a eu l'évidence que le gouvernement a
l'intention de clôturer le débat bientôt, d'imposer la
guillotine sur cette loi. La sous-motion à notre motion était de
changer la date pour le 31 décembre 1981, dans deux semaines. Cette
urgence rend nos citoyens pas mal craintifs, comme le client du
député de Saint-Laurent ou son ami qui ne sait pas au juste ce
qui se passe avec ses obligations d'Hydro-Québec. C'est vrai qu'elles
ont une valeur extraordinaire sur le marché comme valeur
financière. Elles sont très faciles à vendre d'ailleurs,
mais on commence à se poser des questions.
Il y a toutes sortes de choses. Hier soir, on a eu la visite de notre
ministre des Finances qui nous a parlé d'une manière
extrêmement habile des sociétés sans but lucratif, des
OSBUL - c'est une nouvelle expression qu'on ne connaissait pas - mais c'est un
peu trop de boucane. Il va falloir faire la lumière sur tous ces
changements de structure parce que les impacts sont extrêmement lourds
pour les familles québécoises.
Comme vous le savez, on a démontré avec des chiffres que,
sur une période de cinq ans, cela va coûter environ 2000 $
à chaque famille québécoise, la taxation de ce projet de
loi. En plus de cela, il y a tous les autres facteurs, les impôts sur le
capital-actions, les dividendes que le gouvernement va prendre en main, tous
les impôts qui vont être payés aux municipalités.
C'est une
manière de prendre des fonds. Le gouvernement, au lieu de prendre
des fonds dans le fonds consolidé de la province, va les prendre dans le
fonds d'Hydro-Québec pour donner des subventions. Toutes ces choses sont
extrêmement inquiétantes pour les citoyens. L'orientation
d'Hydro-Québec va être changée de façon draconienne.
Depuis sa conception en 1944, Hydro-Québec avait un seul et unique but,
celui de produire de l'électricité, de l'énergie
renouvelable pour les citoyens du Québec, pour les municipalités,
pour les industries au prix coûtant, tout en gardant une saine
administration, tout en réinvestissant les profits dans la
société pour le bénéfice de nos industries, ce qui
lui donnait un avantage extraordinaire sur le marché. Les profits sont
considérables à Hydro-Québec. C'est vraiment un siphonnage
de ces profits qui vont aller couvrir les dépenses extraordinaires que
ce gouvernement a encourues dans les cinq dernières années.
D'ailleurs, on en a l'évidence à tous les jours. Notre
déficit accumulé de 15 000 000 000 $, c'est trois fois le
déficit que M. Bourassa nous a laissé en 1976. Notre
déficit cette année est de 3 300 000 000 $ aujourd'hui; il sera
peut-être un peu plus élevé à la fin d'avril.
Les profits d'Hydro-Québec sont un moyen enviable pour ce
gouvernement de couvrir ses déficits. Remarquez bien, on a des barrages
qui produisent de l'électricité, comme à Beauharnois,
où les capitaux sont payés depuis longtemps. C'est un prix
très minime que cette énergie nous coûte. On l'utilise et
on la vend avec de grands profits. C'est la même chose... De toute
façon, les taux d'intérêt étaient extrêmement
intéressants pour le gouvernement. (16 heures)
Un autre facteur - pas au Québec, mais a Terre-Neuve - c'est
qu'on a Churchill Falls avec qui Québec a signé un contrat en
bonne et due forme il y a plusieurs années, avant la crise du
pétrole, avant tous les problèmes avec l'OPEP. On paie à
Terre-Neuve un prix très modique pour l'électricité qu'on
vend aux États-Unis ou à d'autres industries à un prix
courant. Il y a beaucoup de profit là, sans parler des nouveaux
barrages, des nouvelles techniques employées aujourd'hui. Il est vrai
que le coût en capital est assez élevé, mais les
coûts de fonctionnement et d'entretien sont minimes. Tous les barrages
sur la rivière aux Outardes fonctionnent aujourd'hui sans personnel dans
les centrales. Cela va produire de l'électricité pour les
générations à venir, même quand nous ne serons plus
ici, alors que les puits d'huile et de gaz dans l'Ouest seront secs. Donc, il y
a des profits réalisés par Hydro-Québec qu'avant elle
réinvestissait dans ses industries et dans les industries du
Québec pour augmenter le nombre d'emplois.
La population est vraiment perplexe face à cette loi, à
l'urgence démontrée et à la situation financière du
Québec. Quand on parle de "money supply", c'est bien évident que
le problème ne se situe pas au niveau d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec peut, de temps en temps, avoir des problèmes de
"cash flow", mais il lui est facile d'aller chercher de l'argent avec sa cote
de crédit. Avec son expérience depuis 1944 et sa bonne
réputation, elle n'a pas de misère du tout à emprunter de
l'argent, surtout quand on parle d'énergie; aujourd'hui,
l'énergie, c'est vendable n'importe où. Ce n'est pas une question
de "cash flow" ou de structures à l'intérieur de la boîte,
elle marche très bien.
Le problème qu'on voit, c'est un problème de revenus au
niveau du gouvernement, c'est là le gros problème. Hier soir, le
ministre des Finances nous a parlé longuement de la situation, par
exemple, d'Hydro-Ontario et il a dit: II est bien vrai qu'Hydro-Ontario a une
cote de crédit AAA. C'est bien facile, la cote de crédit AAA ne
dépend pas d'Hydro-Ontario; ça dépend de la bonne gestion
du gouvernement de l'Ontario qui a une très bonne gestion. Il ne l'a pas
dit, mais je pourrais vous dire qu'elle n'a qu'un déficit d'environ 450
000 000 $ comparé à nos 3 300 000 000 $. Il disait donc que la
cote AAA d'Hydro-Ontario dépendait de la bonne gestion du gouvernement
de l'Ontario qui a une cote de crédit AAA.
Moi, je vous soumets respectueusement, M. le Président, que c'est
justement l'inverse pour le Québec. La cote de crédit du
Québec AA, comparée à AAA pour l'Ontario - ce qui a
été confirmé ce matin par les journaux -ne dépend
pas de la bonne gestion du gouvernement du Québec; elle dépend de
la bonne gestion d'Hydro-Québec. C'est là le gros problème
qu'on trouve aujourd'hui.
En réponse au ministre, comme tout le monde le sait, Standard and
Poor et Moody's étaient ici, à Québec pendant une semaine
juste avant la présentation du budget. Ce sont eux qui ont mis la
pression sur le gouvernement pour augmenter les taxes de toutes les
façons afin de maintenir la cote AA et, comme résultat, on a le
présent projet de loi.
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, question de règlement.
M. Rodrigue: Le projet de loi a été
déposé au mois de juin, si je ne m'abuse. Les gens de Standard
and Poor sont venus la semaine passée...
M. Duhaime: Comme ils viennent tous les ans.
M. Rodrigue: ... comme ils viennent tous les ans, d'ailleurs.
Alors, je pense que les affirmations qui sont faites par le
député sont complètement farfelues et ne tiennent pas
compte vraiment du contexte dans lequel tout ça s'est fait.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Depuis quelques jours qu'on est ici, on tente
d'accélérer les travaux de cette commission pour en arriver
à convaincre ce gouvernement de retirer le projet de loi, mais si vous
permettez à un député d'interrompre un intervenant
simplement parce qu'il n'est pas d'accord avec lui, on ne pourra jamais
réussir à terminer l'étude de ce projet de loi, surtout
depuis qu'on a eu un avis de guillotine, ce qui nous impose de travailler dans
des conditions absolument intolérables pour les
députés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin, si vous voulez continuer, s'il vous plaît!
M. O'Gallagher: Merci. Donc, l'urgence, l'empressement du
gouvernement à changer les structures pour aller chercher les profits
d'Hydro-Québec, c'est ça qui nous inquiète.
Évidemment, je ne pense pas que le ministre ou les ministères
puissent nier le fait que le gouvernement manque de revenus à ce
point-ci; avec un déficit de 3 300 000 000 $, il y a un problème
et un maudit gros problème. Il faut aller chercher des taxes et c'est le
meilleur moyen à "short term". C'est de ça que le monde a peur,
le "short term game for long term pain". On va faire quelque chose de
très dangereux ou qui va nous amener des gros problèmes,
éventuellement.
Avec les profits d'Hydro-Québec, M. le ministre des Finances a
confirmé qu'il y avait beaucoup de "cash", mais qu'il ne faudrait pas
payer "cash" 60 000 000 $ pour nos barrages. Ce n'est pas raisonnable,
aujourd'hui. C'est vrai que ce n'est pas raisonnable et je ne suis pas
prêt non plus à payer "cash" pour les barrages. Je pense que ces
profits devraient être utilisés pour d'autres fins, pour la
création d'emplois. Il y a certainement des mesures à prendre
pour utiliser ces sommes pour la création d'emplois dans toutes sortes
d'industries.
L'électricité, comme vous le savez, est un outil
extraordinaire pour attirer l'industrie. On a nos industries d'aluminium sur la
Côte-Nord, au Lac-Saint-Jean, qui utilisent l'électricité;
les manufactures, c'est extraordinaire la quantité
d'électricité qui est utilisée dans toutes les
manufactures au
Québec, et partout d'ailleurs. Je pense qu'il y a moyen, au lieu
de vendre de l'électricité aux États-Unis, on pourrait
commencer une campagne de publicité, "d'advertising", pour attirer des
industries ici. Si on avait des taux préférentiels pour les
nouvelles industries... Les compagnies de papier devraient convertir leur forme
d'énergie électrique, ça se fait sans doute, ça se
produit, avec les changements dans les industries de papier qu'on a vus ces
dernières années. Avec un effort des deux niveaux de
gouvernement, fédéral et provincial, il y a des changements qui
se produisent, des renouvellements, dans ces industries, qui sont très
importants. Je pense que, là aussi, il faut convertir des sources
d'énergie, d'autres formes à l'électricité.
On voit aujourd'hui que, même si SIDBEC est en difficulté
financière, c'est un autre problème, un autre débat, la
source d'énergie qu'utilise SIDBEC, c'est encore
l'électricité. Là aussi, il y a une source
d'extraordinaire d'énergie renouvelable qui pourrait être
utilisée à des fins de création d'emplois. Le transport en
commun, c'est une autre affaire, on voit aujourd'hui qu'on a des gros
problèmes de transport en commun. Dans mon comté, Robert Baldwin,
on a le train du CNR qui part de la gare centrale jusqu'à
Deux-Montagnes; ça marche à l'électricité.
Même si les wagons datent du début du siècle, ils
fonctionnent encore, ils fonctionnent à l'électricité,
ça ne coûte pas cher. J'espère qu'un bon jour, cette
même ligne va s'étendre jusqu'à Mirabel et va utiliser
l'électricité, parce que ça ne coûte pas trop cher,
on n'est pas dépendant d'une forme d'énergie qui n'est pas
renouvelable, comme dans le cas de l'électricité.
On a aussi les chantiers maritimes, la Davie Shipbuilding et Marine
Industrie. Avec des coûts d'énergie en dessous des coûts
d'énergie ailleurs dans le monde, même si nos salaires sont plus
élevés qu'ailleurs dans le monde, on aurait avantage à
explorer des moyens de subventionner l'industrie à Davie Shipbuilding.
Comme vous le savez, la Dome Petroleum, la plus grande compagnie
pétrolière au Canada, est maintenant propriétaire de la
Davie Shipbuilding. Elle fait des recherches extraordinaires dans la mer de
Beaufort; ses projets prévoient même un programme de construction
de 70 vaisseaux et combien de plates-formes de forage! D'ailleurs, il y a
déjà des plates-formes de forage en construction à la
Davie Shipbuilding. Sans doute que la région de Sorel et de Tracy serait
bien heureuse d'avoir une partie de ces contrats. Je pense que quelqu'un a
cité un chiffre de 26% de chômage dans le bout de Sorel-Tracy. De
notre côté de la table comme nos citoyens nous trouvons que ce
projet de loi n'est pas assez approfondi au point de vue de politique
énergétique, que les fonds, les profits ou les
dividendes d'Hydro-Québec seront utilisés pour couvrir des
dépenses ou des déficits qui ont été causés
dernièrement et qu'à long terme la province va perdre. Pour
toutes ces raisons, je pense que c'est un minimum de prendre les trois
prochaines années pour faire une enquête en profondeur, une
étude vraiment en profondeur avant d'y aller trop rapidement et de
causer des torts à Hydro-Québec qu'on ne pourra jamais
réparer dans l'avenir.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez continuer, s'il
vous plaît!
M. O'Gallagher: Très bien. Avec cela, M. le
Président, je vais appuyer cette motion et je presse mes amis de chaque
côté de la table d'y penser sérieusement et de voter pour
la motion. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Cette motion
d'amendement qui a pour effet de remettre au 1er janvier 1985 la mise en
vigueur de ce projet de loi, il y a énormément de raisons qui
peuvent la justifier. Entre autres, si on regarde la crise financière
grave dont tout le monde de chaque côté de notre Assemblée
nationale fait état ces jours-ci, c'est sûr et certain
qu'Hydro-Québec est une compagnie que le gouvernement du Québec
peut certainement contrôler et pour laquelle il peut déterminer
les hausses du coût de l'électricité, vu que
l'électricité est certainement une forme d'énergie dont
tous les gens, toute la population, ont besoin. De ce
côté-là seulement il y a énormément de
raisons pour lesquelles on peut justifier de la reporter au 1er janvier
1985.
Il y en a une autre aussi. À la suite de l'annonce de ce matin
qu'on vient de nommer un nouveau président à HydroQuébec,
je pense qu'il serait certainement normal, avant de procéder en toute
hâte à l'adoption de la loi 16, de laisser ce président
participer à la commission et d'obtenir son opinion sur certaines
choses.
Il semblerait aussi, M. le Président, qu'on procède
à l'adoption du projet de loi 16 et qu'on mise énormément
sur la pénétration du gaz naturel. Ceci, je crois, n'est pas
basé sur une étude énergétique faite dans notre
province. Je crois qu'on devrait, avant de procéder à l'adoption
du projet de loi 16, s'assurer de développer une politique
énergétique qui laisse le moins possible au hasard. (16 h 15)
Une autre chose, M. le Président, avant d'aborder un
problème particulier de mon comté, je crois que la loi 16 a pour
effet de changer, en totalité, la vocation d'Hydro-
Québec. Nous tous, les Québécois, on était
des actionnaires en 1962; tout ça va être changé par une
loi. Je crois qu'il serait normal qu'on puisse demander aux gens
concernés leur point de vue.
M. Dussault: On vous écoute, M. le
député.
M. Middlemiss: C'est bien, c'est normal. Que voulez-vous, on ne
nous écoute pas tellement.
Une chose semblait préoccuper, ce matin, le député
de Chambly. Il croit que depuis 1962 toutes les compagnies privées qui
fournissent l'hydroélectricité ont disparu. J'espère qu'il
est le seul du côté ministériel qui a cette pensée,
parce que, dans le comté de Pontiac, il y a une compagnie
d'hydroélectricité privée qui s'appelle The Pembroke
Electric Light et je me pose la question: Est-ce qu'on a établi une
nouvelle politique de tarifs pour les compagnies privées suite à
l'adoption de la loi 16? Si oui, je crois que ça devrait faire partie du
débat, qu'on devrait nous renseigner là-dessus. Mes commettants
sont certainement désireux de savoir si on va, avec la loi 16, permettre
à une compagnie privée d'électricité, qui, en
passant, a son siège social en Ontario et qui fournit de
l'électricité au Québec, de faire des profits non
justifiables, dans le sens que normalement, dans l'entreprise privée,
nos profits sont basés sur le coût de production et pas
nécessairement sur un coût artificiel dont pourrait décider
un gouvernement pour renflouer les coffres de l'État.
Est-ce que c'est une justification pour augmenter la tarification d'une
compagnie privée? Quelle méthode va-t-on prendre, de quelle
façon va-t-on procéder pour que ces compagnies réussissent
à faire un profit raisonnable et comment pourrait-on justifier qu'une
compagnie privée, au Québec, puisse fournir
l'hydroélectricité à un meilleur tarif
qu'Hydro-Québec elle-même? Lorsque Hydro-Québec a
été fondée en 1962, le but était de fournir de
l'électricité à tous les Québécois au
meilleur taux possible. Là, est-ce qu'on laisserait les compagnies
privées faire des profits exorbitants ou est-ce qu'on limiterait leur
tarification à celle d'Hydro-Québec? Il me semble que ce sont des
questions très importantes.
Les effets de la loi 16 sur toute notre économie devraient
être, je crois, vérifiés et on devrait les démontrer
à tous et chacun. Surtout ces temps-ci, dans les zones
frontalières avec l'Ontario surtout, je parle du comté de
Pontiac, les derniers changements causent des problèmes aux commerces et
aux industries dans le domaine des postes d'essence, ainsi de suite. On nous
fait concurrence, du côté ontarien, pour obtenir des industries
et, jusqu'à maintenant,
notre résultat n'a pas été des meilleurs. C'est
certain que, si la loi 16 doit créer encore une différence dans
le coût de fonctionnement des entreprises du côté
québécois, on aimerait savoir ce que ça représente
et de quelle façon on pourrait procéder pour tenter
d'améliorer nos chances d'attirer les industries.
Je ne suis pas le seul à penser ainsi. Le ministre d'État
au Développement économique semble vouloir indiquer que, dans
l'Outaouais, il y aurait certainement de la place pour les industries. Il y a
des parcs industriels où on a dépensé des millions de
dollars. La loi 16 aurait un effet négatif et on voudrait certainement
attendre les conséquences de cette loi. Si on pouvait la reporter
à plus tard, ça nous donnerait une meilleure chance.
Une voix: II manque de gaz!
M. Rodrigue: On va lui donner le temps de faire...
M. Middlemiss: Non, je suis d'accord. Cela va bien.
M. Rodrigue: On va attendre, il va sortir.
M. Middlemiss: On pourrait certainement continuer.
M. Rodrigue: Vous n'avez pas utilisé votre temps.
M. Middlemiss: Je vais continuer et, lorsque je manquerai de
souffle, je pourrai peut-être demander de me donner...
M. Lalonde: De suspendre.
M. Middlemiss: On va suspendre et...
M. Rodrigue: Non, on ne suspend pas, on continue.
M. Middlemiss: On mise tellement - je ne pense pas que ce soit le
cas du côté de l'Opposition - sur la pénétration du
gaz naturel que ça justifie énormément la loi 16. On nous
dit que la pénétration du gaz naturel... Lorsque l'ancien
ministre de l'Énergie et des Ressources s'est exprimé en Chambre
sur le fond du projet de loi, premièrement, il nous a expliqué
que l'énergie électrique était très avantageuse
pour un moteur électrique parce qu'on pouvait faire fonctionner ce
moteur de façon très économique comparativement à
la gazoline.
M. Rodrigue: Les appareils de télévision, par
exemple.
M. Middlemiss: Cela viendra peut-être. Il nous a dit que le
moteur électrique était plus économique que le moteur
à gazoline. D'un autre côté, il a voulu démontrer
que, pour chauffer nos maisons, on avait du gaz naturel en abondance et qu'on
bénéficiait d'un meilleur prix. Donc, si on pouvait avoir la
pénétration du gaz naturel, ce serait plus économique dans
le sens qu'Hydro-Québec ne serait pas obligée de procéder
à la construction d'autres barrages, d'autres lignes de transmission,
parce que ça coûte énormément cher et qu'il ne
faudrait pas investir aujourd'hui pour demain. Il ne faudrait pas que la
génération d'aujourd'hui laisse un cadeau à la
génération de demain. Donc, on a misé
énormément sur la pénétration du gaz.
Mais je pense que les gens qui, au moment où le coût de
l'électricité était moins élevé qu'il ne
l'est présentement, ont décidé de chauffer à
l'électricité sont dans une situation où on les a
encouragés à chauffer à l'électricité et,
par la loi 16 et la tarification qui va en découler, on va les
pénaliser. Ce n'est certainement pas dans notre meilleur
intérêt de faire ces choses-là. Si on mise tellement sur le
gaz naturel, je ne peux pas imaginer que le gaz naturel pourra
pénétrer partout, surtout dans les zones rurales où les
agriculteurs et tous les gens ont besoin de l'électricité pour
l'élevage du porc, pour l'élevage dans le domaine avicole et tout
cela. Le gaz naturel pourrait les aider, si on le faisait
pénétrer, mais ce ne sera pas le cas, puisque l'entreprise
privée ne sera certainement pas prête à faire
l'installation de conduites de gaz naturel pour des milles et des milles sans
retirer les revenus suffisants pour justifier un tel investissement.
M. le Président, je vais me garder du temps pour une prochaine
fois. Je céderai donc la parole à quelqu'un d'autre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Je vais approcher
mes documents. Si je manque de gaz, je vais prendre
l'électricité.
M. Lalonde: II coûte assez cher, votre gaz, depuis que vous
avez...
M. Saintonge: L'électricité n'est pas
augmentée encore.
M. Lalonde: ...
M. Rodrigue: Vous savez que le fédéral va nous
coûter 0,79 $ le gallon dans quatre ans d'ici, il va doubler les prix du
gaz. Le fédéral double le prix de l'essence dans
quatre ans.
M. Lalonde: Et cela va nous coûter 40% de plus à
cause de vous autres.
M. Saintonge: Je ne voudrais pas vous déranger.
M. Rodrigue: L'entente Ottawa-Alberta. Une voix: La faute du
fédéral.
M. Saintonge: Bon, la faute du fédéral. Merci, M.
le Président. En fait, la modification prévue à l'article
3.1 dit: à compter du 1er janvier 1985, la société
continue d'exister comme compagnie à fonds social. Faudrait-il dire,
à ce moment-là, au lieu de "continue d'exister comme compagnie
à fonds social", c'est que la compagnie, la société
continuera à exister comme compagnie à fonds social. Ce serait
plutôt exact d'employer le terme "continuera" à partir de ce
moment-là. Ce qu'il est important de voir, c'est que la compagnie,
jusqu'à maintenant, c'est-à-dire que la société est
une société sans fonds social. Quelle sera la modification avec
la loi 16? La modification qu'on veut faire, c'est qu'Hydro-Québec
deviendra une compagnie avec un fonds social ou capital-actions, les 50
millions d'actions qui seront émises deviendront la
propriété du gouvernement.
Une voix: ...
M. Saintonge: On parle de cela à compter du 1er janvier
1985. On veut reporter la date au départ, elle deviendra une compagnie
à fonds social au 1er janvier 1985 seulement et non pas
immédiatement.
M. Rodrigue: Je suis content de constater que vous acceptez
cependant le principe d'en faire une compagnie à fonds social.
M. Saintonge: Je ne parle pas d'accepter le principe au niveau
de... Je parle de la modification. C'est ce que vous voulez faire. Disons que
notre modification dit simplement: compagnie à fonds social, mais
à compter du 1er janvier 1985. Cela modifie sensiblement la structure
actuelle de la société. On sait que la société
actuelle, Hydro-Québec, est une société dont les
principaux actionnaires et les seuls actionnaires sont les citoyens du
Québec. J'ai déjà mentionné à la commission,
dans les jours précédents, comme mes confrères d'ailleurs,
que les véritables propriétaires sont tous les contribuables du
Québec suivant la nationalisation en 1962. Les modifications aux
structures qu'on veut imposer feront en sorte qu'on modifiera la structure
fondamentale de la compagnie, mais sans consultation. C'est toujours le
même mot qui revient.
En 1962, la population a été consultée pour en
arriver à une prise de décision concernant la structure
même d'Hydro-Québec. Avec la modification qu'on prévoit
apporter à l'article 1 du projet de loi pour modifier l'article 3.1 de
la Loi sur l'Hydro-Québec, seulement à compter du 1er janvier
1985, cela donnera la possibilité au gouvernement de faire ce que
l'Opposition demande depuis longtemps, c'est-à-dire la consultation de
la population. On se souviendra que, dans les journées
précédentes, la semaine dernière, la motion de report de
cette fameuse loi 16 parlait de douze mois avant de présenter le projet
de loi 16; le but premier était pour des fins de consultation de la
population, c'est-à-dire la tenue d'un débat public qui
était requis depuis longtemps et le ministre précédent et
le ministre actuel semblaient avoir consenti à la tenue d'un genre de
débat public.
M. Rodrigue: M. le Président, j'aimerais savoir si le
député de Laprairie est en train de contester votre
décision, à savoir que cette amendement était recevable,
parce qu'il invoque qu'on a rejeté à l'Assemblée nationale
une proposition qui avait pour effet de retarder l'étude de ce projet de
loi de douze mois et il dit: On retarde cela jusqu'en 1985. J'aimerais savoir
s'il est en train de contester la décision que vous avez rendue sur la
recevabilité de l'amendement.
M. Saintonge: Non...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je ne conteste absolument pas la décision;
je pense que si elle est recevable, on est en train d'en discuter. J'explique
simplement, M. le député de...
Une voix: Laissez-le s'amuser un peu...
Le Président (M. Laplante): La seule différence, M.
le député de Laprairie, c'est que vous ne pouvez parler d'une
résolution de l'Assemblée nationale qui a déjà fait
l'objet de débat.
Une voix: II peut s'y référer, mais ne peut pas en
discuter.
Le Président (M. Laplante): II peut s'y
référer, mais ne peut pas en discuter.
M. Saintonge: Je me réfère à cela, mais, de
toute façon...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
(16 h 30)
M. Saintonge: En fait, actuellement, en reportant, à
l'article 3.1, la date d'entrée en vigueur, la société
continue d'exister comme compagnie à fonds social au 1er janvier 1985.
On se retrouve avec la même structure qu'Hydro-Québec
possède, avec la même vocation, c'est-à-dire fournir le
meilleur service au plus bas coût au lieu d'arriver, avec la modification
éventuelle à la structure, avec un bon service, mais des
modifications subséquentes où nous aurons des actions qui seront
la propriété du gouvernement au nom du ministre des Finances. Le
bon service sera probablement maintenu, je l'espère, mais le but ultime
sera un service taxé par le gouvernement. En fait, toute la hausse des
coûts servira davantage à financer le gouvernement
qu'Hydro-Québec... Je cherche mes notes parce que j'ai été
dérangé.
Il a été calculé, en fait, que pour la
période allant jusqu'en 1985, les recettes fiscales du gouvernement qui
pourraient provenir d'Hydro-Québec - on parle d'un bon service
taxé par le gouvernement - et de ses usagers pourraient monter à
3 400 000 000 $. C'est-à-dire que le gouvernement vient en fait
siphonner les fonds d'Hydro-Québec. Actuellement, par sa structure, les
profits d'Hydro-Québec servent à quoi? C'est ce qui est important
de voir. Ils servent en fait au maintien du réseau actuel, à son
amélioration. On réinvestit les surplus budgétaires
d'Hydro-Québec pour donner une augmentation de capacité, mais les
surplus nous permettent également de garder - à tout le moins si
on ne réinvestit pas dans de nouvelles installations - les taux beaucoup
plus bas, à diminuer les tarifs d'électricité.
Éventuellement, avec le nouveau projet de loi, en modifiant la
structure, on augmente les tarifs avec le droit pour le ministre des Finances
d'aller chercher des redevances à Hydro-Québec. C'est
évident que cet argent ne pourra plus servir directement à
Hydro-Québec ou aux citoyens mêmes du Québec... J'ai des
problèmes... Je m'excuse, mon micro faisait défaut. Je manquais
d'électricité dans le micro.
Le Président (M. Laplante): Parlez dans le bon micro.
M. Saintonge: Je laisse au ministre des Finances le soin de se
tromper de micro. Je vous ferai remarquer qu'on a l'avantage ici d'être
assis, on n'a pas besoin de se lever pour aller parler dans les micros comme
à d'autres endroits. Cela évite de se tromper de micro. Disons
que je manque de gaz. Je vais prendre l'électricité,
exactement.
Les effets de la modification de la structure d'Hydro-Québec
seront néfastes au point de vue économique, en fait, par
l'augmentation des tarifs d'électricité. Cela va moins favoriser
le développement économique du Québec avec les petites
compagnies qui pouvaient compter sur un marché
d'électricité beaucoup plus concurrentiel au Québec par
rapport aux provinces avoisinantes. En fait, la nouvelle structure d'Hydro, les
nouvelles augmentations de tarifs - nous savons que les tarifs augmenteront et
même deviendront supérieurs ou équivalents à ceux de
la province d'Ontario, par exemple - seront un désavantage certain pour
favoriser l'implantation de compagnies dans la province de Québec.
Non seulement ce sera néfaste pour favoriser l'implantation de
nouvelles compagnies, mais ça rendra également, pour les
compagnies actuellement existantes au Québec, leurs activités
beaucoup plus difficiles dans un contexte économique beaucoup plus
serré. Les taux d'électricité étant plus
élevés, ces compagnies auront une diminution de capacité,
une diminution de profits, éventuellement, qui les affecteront
directement.
Une voix: Le vote, M. le Président.
M. Polak: Question de directive, M. le Président. Est-ce
qu'il y a une directive à savoir qu'un député peut perdre
seulement une couple de fois son discours ou chercher des documents,
s'arrêter une, deux ou trois minutes ou trente secondes, y-a-t-il un
règlement...
Le Président (M. Laplante): Une minute. Me demandez-vous
combien de temps un député peut arrêter de parler sans
perdre son droit de parole?
M. Polak: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): C'est ça que vous
voulez dire?
M. Saintonge: Vingt minutes. Je voudrais faire une motion, M. le
Président...
M. Polak: C'est bon ça. On a gagné beaucoup de
temps avec ça.
Le Président (M. Laplante): C'est la même chose
qu'une automobile qui manque d'essence, le temps de l'emplir.
M. Polak: Le temps de l'emplir.
M. Saintonge: Si je fais une motion, allez-vous me seconder, mon
confrère de Sainte-Anne?
Une voix: Cela s'emplit vite.
M. Saintonge: C'en est une bonne, ça!
Bon, M. le Président, je pense qu'il me reste à peu
près dix minutes, si je ne me trompe pas. Je vais prendre un moment de
répit, je vais passer la parole à mon confrère de
Marquette.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II vous reste dix minutes, M.
le député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Je vais essayer de
parler au moins dix minutes comme mon collègue de Laprairie.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que c'est vous qui avez
pris ses notes?
M. Dauphin: Pardon?
Une voix: Ce n'est pas pertinent au débat.
Le Président (M. Laplante): Non, mais j'ai le droit de
m'informer.
M. Dussault: On voit, M. le Président, que vous voyez
clair dans ce qui se passe.
M. Dauphin: Non, malheureusement, il n'y a pas de question de
privilège. Question de règlement, M. le Président. Ce sont
mes propres notes que je viens tout juste d'écrire depuis dix
minutes.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Dauphin: Je commence.
Effectivement, nous sommes à l'article premier - vous m'excuserez
de m'être absenté plusieurs heures. Si on prend l'amendement
concernant l'article premier, ce qu'on demande c'est qu'à compter du...,
ce soit reporté en janvier 1985, pour la simple et bonne raison que le
projet de loi no 16 est d'une très grande importance et que nous voulons
essayer de faire entendre raison à nos collègues - j'allais dire
"adversaires" mais c'est antiparlementaire -de l'autre côté,
à savoir qu'effectivement il y aurait lieu de reporter ledit projet de
loi le plus loin possible afin de pouvoir consulter la population. J'y
reviendrai tantôt.
Comme je le disais, je suis naturellement d'accord avec cet amendement,
il va de soi, c'est-à-dire d'aller à l'encontre de la proposition
gouvernementale de faire d'Hydro-Québec une compagnie à fonds
social à capital-actions dont le ministre des
Finances serait le seul et unique actionnaire. Comme je le disais
tantôt et comme tous mes collègues l'ont dit non seulement
aujourd'hui, mais lors du débat de fond en deuxième lecture, il
s'agit d'un changement radical des structures d'Hydro-Québec.
M. le Président, comme vous le savez, tous les membres de cette
commission sont au courant du fait qu'Hydro-Québec a toujours bien
fonctionné; cela a toujours été une source de
fierté extraordinaire pour tous les Québécois. En
changeant de façon radicale toute sa structure, je pense qu'il y aurait
lieu, encore une fois, de consulter ces mêmes personnes, les habitants du
Québec, un peu comme le premier ministre, qui à l'époque
était ministre des Richesses naturelles, avait convaincu le Conseil des
ministres de faire une élection sur la nationalisation de
l'électricité. Étant donné toute l'importance,
pourquoi le report en 1985? C'est justement pour être capable
d'éclaircir l'ensemble du sujet et aussi, s'il le faut, que le
gouvernement déclenche une élection sur le sujet comme cela s'est
fait en 1962-1963.
M. le Président, je me réfère à un article
de l'actuel président du Conseil du trésor, dont je
déplore l'absence en cette commission, qui disait dans le journal Le
Soleil du 3 mars 1981 - c'est entre parenthèses dans le journal - "Une
très grande unanimité entourant la tenue d'un débat public
sur l'énergie s'étant manifestée au cours des audiences de
la commission parlementaire étudiant le programme décennal
d'équipement d'Hydro-Québec, le ministre de l'Énergie -
votre prédécesseur -et des Ressources Yves Bérubé a
décidé de rallier le mouvement. "À son tour donc, et sur
le tard, il prônera la convocation des Québécois à
une large réflexion sur l'avenir énergétique de leur
société." Et ça ce n'est pas en 1976, c'est le 3 mars 1981
que M. Bérubé apportait toute cette réflexion qui à
mon point de vue est extrêmement sensée. Je ne comprends pas qu'il
se contredise aujourd'hui. "Car, a-t-il soutenu, la population doit absolument
être sensibilisée aux alternatives énergétiques qui
s'offriront à elle, tout en se voyant octroyer la chance de faire
connaître ses préférences."
Sur le fond en deuxième lecture, le ministre
Bérubé, la semaine dernière, est venu dire
complètement le contraire. À ce titre, j'écoutais hier
l'actuel ministre de l'Énergie qui nous disait que c'était
inapproprié de faire un débat public sur l'énergie au
moment où l'on se parle. Je ne peux pas endosser ce point de vue, et
j'ai énormément de difficulté à trouver une
justification quant à l'irrecevabilité d'une telle demande qui
est de faire effectivement un débat public.
Je continue. Je ne veux pas passer 20
minutes à lire des articles, mais c'est quand même
important: "Ce débat public réclamé à cor et
à cri par les opposants au nucléaire, par les écologistes
et les tenants des énergies douces..." Aussi, si vous le savez, on a
reçu un grand nombre de télégrammes de plusieurs centrales
syndicales qui réclamaient également une plus grande
réflexion avant d'agir hâtivement comme le gouvernement est en
train de le faire présentement. Le débat, le ministre le
souhaitait par ailleurs bien préparé. Encore une fois, je vous
dis que c'était le 3 mars 1981, l'actuel président du Conseil du
trésor. C'est pourquoi il a soumis hier une hypothèse de
discussion fondée sur quatre éléments.
À tout événement, je pourrais continuer longuement,
mais je ne voudrais pas perdre les minutes précieuses de mon droit de
parole pour démontrer de façon plus accentuée l'esprit de
contradiction qu'effectivement le ministre actuel, président du Conseil
du trésor, a démontré dans tout ce dossier.
M. Polak: Est-ce que j'ai le droit de poser une question au
député de Marquette?
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est sur le temps du
député de Marquette.
M. Polak: M. le député de Marquette, est-ce vous me
permettez de vous poser une question?
M. Dauphin: Si c'est une question intelligente,
naturellement.
M. Polak: M. le Président, je ne veux pas en faire une
question de règlement, mais je suis proche!
Le Président (M. Laplante): J'aime bien que deux avocats
se parlent ainsi!
M. Polak: M. le Président, est-ce que vous permettez une
petite introduction à ma question ou est-ce que ça va être
une question comme à l'Assemblée, brève et au point?
Le Président (M. Laplante): C'est sur le temps du
député de Marquette.
M. Polak: C'est sur son temps.
M. Dauphin: Sans trop de préambule, M. le
député, oui.
Le Président (M. Laplante): Du député de
Marquette.
M. Polak: M. le député, si vous me permettez, j'ai
noté dans votre discours qu'il y a une approche toute à fait
différente de celle des autres députés qui ont
parlé jusqu'à maintenant. Nous avons mis beaucoup d'accent sur le
fait qu'on veut changer à
Hydro-Québec le système financier d'une compagnie à
fonds...
M. Dauphin: Social.
M. Polak: Non, une compagnie sans fonds social en une compagnie
à fonds social. Nous on a parlé beaucoup de cela, mais vous n'en
avez fait aucunement mention. Je pense que, dans votre discours que je
considère très intelligent, pour vous c'est plus important la
date même du premier janvier 1985. Est-ce qu'il y a une raison
spécifique pour tenir à cette date du premier janvier 1985? Dans
votre discours, en analysant le texte, vous finissez vraiment par mettre
l'accent sur cette date, et sans parler trop...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, cela me fait penser un peu à la période gratuite de
cinq minutes à la télévision.
M. Polak: Je reviens tout de suite à mon point.
M. le député, je comprends que cela peut être une
question personnelle, que peut-être vous ne voulez pas y répondre,
mais quelle est la raison pour que cette date soit vraiment essentielle dans
votre raisonnement? (16 h 45)
M. Dauphin: D'accord.
M. Dussault: C'est vrai, ce n'était pas clair.
M. Dauphin: M. le député de Sainte-Anne, j'en ai
parlé au début de mon intervention. J'étais,
évidemment, entièrement d'accord pour inclure une date, soit le
1er janvier 1985. Je l'ai mentionné tantôt, c'est qu'effectivement
je considère que ce projet de loi modifie tellement radicalement et de
façon substantielle toute la structure d'Hydro-Québec qu'il va de
soi que plus la date va être éloignée - j'aimerais encore
mieux l'an 2000 que le 1er janvier 1985 - plus je vais être en faveur de
ça, étant donné l'importance de ce projet de loi.
Là, j'entamais toute l'approche d'un grand débat public sur le
sujet, parce que, comme je le mentionnais, si on a fait une élection sur
le sujet en 1962 ou 1963, je crois que ce projet de loi a autant, sinon presque
autant d'importance que toute la nationalisation de
l'électricité. L'augmentation des tarifs, le siphonnage de fonds,
on en a parlé longuement. Le ministre des Finances, sur le plan de la
gestion publique, jusqu'à maintenant, n'a pas fait ses preuves, selon
moi; d'en faire le seul et unique actionnaire, évidemment, je suis
contre ça.
M. Polak: Oui, cette clarification me
satisfait totalement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez dire merci
à M. le député de Marquette.
M. Polak: Merci, M. le député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le député de Sainte-Anne, de
votre question intelligente, sauf que vous m'avez fait perdre
complètement le fil de mon affaire. Comme je le disais, ce projet de loi
no 16 "number 16" je ne sais pas s'il y a des anglophones dans la salle -
modifie de façon unilatérale, je le répète,
Hydro-Québec et sans consulter les gens du Québec qui sont
actuellement les actionnaires d'Hydro-Québec. Ce projet de loi se trouve
à les dépouiller de toutes leurs actions pour les confier
à un gestionnaire - je parlais tantôt de la force probante de ses
capacités - qui, lui, va même déclarer les dividendes en
lieu et place du conseil d'administration d'Hydro-Québec, ce qui est,
à mon point de vue, totalement inacceptable.
Encore une fois, toujours en référence et en relation avec
l'article 1 du projet de loi no 16, nous sommes, évidemment, pour que
l'entrée en vigueur de cette loi soit reportée au 1er janvier
1985 et, comme je le disais, plus éloignée sera la date
indiquée, plus je serai totalement en accord.
Je faisais tantôt référence à
l'élection d'il y a plus de 20 ans sur la nationalisation de
l'électricité au Québec. Jusqu'à maintenant, cela a
très bien fonctionné et tellement bien fonctionné que le
gouvernement veut accaparer des profits d'Hydro-Québec pour renflouer
ses coffres. On veut en changer la vocation, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette, il ne faudrait pas vous mélanger dans la motion que vous avez
là. Vous ne demandez pas que la loi soit reportée à 1985,
mais bien l'article 3.1.
M. Lalonde: C'est ce qu'il voulait dire, M. le Président.
De toute évidence, il voulait réveiller le ministre et il a
réussi.
Le Président (M. Laplante): C'est ça.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le Président.
Je voudrais faire remarquer au député de Marguerite-Bourgeoys que
c'est vrai que j'ai tendance à vouloir m'endormir avec ce que j'entends,
mais je puis vous assurer que je veille.
M. Lalonde: C'est un couche-tard:
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Je vous remercie, M. le Président, je ne dis
pas de m'avoir rectifié, mais d'avoir écouté très
bien mon intervention pour avoir remarqué qu'il s'était
effectivement glissé une erreur dans mes paroles. C'est justement sur
l'article 3.1 relatif à la création d'une compagnie à
fonds social.
M. Dussault: M. le Président, c'est le paragraphe 3.1 de
l'article 1.
M. Lalonde: C'est l'article 3.1.
Le Président (M. Laplante): C'est l'article 1, paragraphe
3.1.
M. Dauphin: Paragraphe 3.1.
Le Président (M. Laplante): L'alinéa 3.1.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre
pour décider si c'est l'article ou le paragraphe? Non?
M. Duhaime: M. le Président, question de règlement.
C'est plutôt l'alinéa 3.1 de l'article 1.
M. Dauphin: Voilà, c'est ça.
M. Duhaime: Parce que vos propos feraient croire aux lecteurs
qu'on en est à l'article 3, alors que c'est faux; nous en sommes
à l'article 1.
M. Lalonde: Un alinéa n'est jamais numéroté
en droit, c'est autre chose.
M. Duhaime: Ah! Je ne suis pas certain.
M. Lalonde: On pourrait suspendre, M. le Président, je
pense que nous avons un...
M. Dauphin: D'ailleurs, M. le ministre a raison, j'étais
tellement...
M. Duhaime: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je ne voudrais pas que le député de
Marguerite-Bourgeoys induise la commission en erreur. Cela dépend du
système de loi; en droit français, c'est vrai que les
alinéas sont rarement numérotés, mais en droit
britannique, je pense que vous avez raison.
M. Lalonde: En fait, c'est Louis-Philippe Pigeon qui avait
écrit cela il y a bien longtemps.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, M. le
député de Marquette.
M. Lalonde: M. le Président, je pense
que j'aurais droit à une question de privilège. J'ai vu le
geste du ministre.
Le Président (M. Laplante): Ce n'était pas
télévisé.
M. Dauphin: Merci, M. le Président.
M. Rodrigue: Écoutons attentivement le
député, étant donné que la télévision
n'est pas parmi nous. Écoutons attentivement le
député.
M. Duhaime: On va le laisser parler. M. Saintonge:
Là, cela devient sérieux. M. Duhaime: II n'y a pas de
son.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de son, n'est-ce
pas? Merci.
M. Polak: II y a assez de substance, n'est-ce pas?
M. Duhaime: C'est interdit par nos règlements.
M. Lalonde: J'ai toujours pensé que le
député de Sainte-Anne savait soigner son image.
M. Dauphin: M. le Président, on aura l'occasion de se
revoir alors que vous ne serez pas président. On va avoir du plaisir
dans ce sens.
Sans être trop cartésien, j'aimerais corroborer
effectivement ce que vient de dire le ministre de l'Énergie et des
Ressources. C'est presque impardonnable de ma part, pour un avocat qui a suivi
des cours à l'Université d'Ottawa en rédaction et en
interprétation des lois et règlements, de ne pas avoir fait cette
distinction, mais j'étais tellement concentré dans les propos de
mon intervention qu'il ne m'est pas venu à l'idée de faire la
distinction, si nécessaire, pour la compréhension du peuple
québécois.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais vous demander une
directive.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Duhaime: On a eu ici à cette commission toute
espèce d'incidents. On a eu un notaire qui était membre du
barreau et on a peut-être un membre du barreau qui est membre de la
Chambre des notaires. Je voudrais avoir une précision.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, M. le
député de Marquette.
M. Lalonde: Ce n'était pas sérieux.
M. Dauphin: D'accord.
Le Président (M. Laplante): La télévision
n'enregistre pas.
M. Dauphin: Mais, pour répondre au ministre, on peut
suivre le cours de rédaction et d'interprétation des lois, qui
donne trois crédits.
M. Lalonde: ... la caméra...
M. Dauphin: On n'est pas obligé d'être notaire pour
suivre ce cours. J'aimerais porter cela à son attention. Je crois qu'il
a fait son cours il y a une trentaine d'années. Cela a changé,
cela a été modifié depuis ce temps-là.
Une voix: Cela a été modifié depuis.
M. Dauphin: Je dis cela en blaguant. Et on continue. Vous
êtes en train de me faire perdre le fil chaque fois, mais, de toute
façon, on continue. Effectivement, on veut changer la vocation
d'Hydro-Québec et de la changer de façon substantielle. Nous
sommes totalement en désaccord. Je pense également que le
gouvernement devrait se servir de ces sondages dont il se sert souvent sur le
plan constitutionnel pour faire un sondage et savoir si le peuple du
Québec est en accord avec de telles modifications à la Loi sur
l'Hydro-Québec par son projet de loi no 16. C'est tout.
M. Dussault: Le vote, M. le Président?
M. Dauphin: Comme je le disais encore une fois tantôt,
avant de changer... Vous êtes donc pressé pour le vote, M. le
député de Châteauguay! On parlait de vote tantôt, M.
le Président. Effectivement, étant donné qu'on a eu un
vote, il y a plus de vingt ans, pour nationaliser l'électricité,
je serais d'avis que cela nécessiterait un vote également pour
changer de façon aussi radicale, par le projet de loi no 16, toutes les
structures et toute la vocation d'Hydro-Québec. Les vrais actionnaires
d'Hydro-Québec devraient se prononcer et ce dans les plus brefs
délais, pour savoir s'ils sont d'accord, comme je le disais
tantôt. Que le gouvernement retourne devant le peuple, M. le
Président, s'il ne veut pas accepter nos amendements.
La situation actuellement, avant l'adoption inopportune du projet de loi
no 16 et de façon massue, nous avantage énormément sur le
plan économique, sur la plan de l'attrait des industries à forte
consommation en électricité et nous nous rendons compte que, par
l'utilisation des surplus et des profits d'Hydro-Québec,
Hydro-Québec comme telle va avoir moins de moyens financiers pour
réinvestir dans d'autres grands projets du style Baie-James,
créateurs d'emplois, stimulateurs de l'économie et,
effectivement, par l'approche du gouvernement, avec son projet de loi no 16,
nous allons nous retrouver dans une situation tout à fait contraire
à ce qui était le but premier d'Hydro-Québec...
Le Président (M. Laplante): Veuillez conclure, s'il vous
plaît, M. le député de Marquette.
M. Dauphin: Oui, M. le Président. Naturellement, on
parlait de déficit tantôt, c'est le premier objectif du
gouvernement, par ce projet de loi. En concluant, M. le Président,
naturellement, pour revenir au plus important de l'intervention, c'est
qu'effectivement, il faudrait absolument convaincre nos amis, par le vote
qu'ils vont donner éventuellement, de voter avec l'Opposition officielle
pour que l'article 1, alinéa 3.1, se lise comme suit: "À compter
du 1er janvier 1985, la société continue d'exister comme
compagnie à fonds social."
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Marquette.
M. Dussault: Le vote!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne. Il vous reste trois minutes.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, je crois qu'il me reste trois
minutes. C'est un peu malheureux, parce que je viens de rappeler mon
Américain.
Le Président (M. Laplante): II me semblait!
M. Polak: J'ai eu une réaction immédiate. Je ne
sais pas si vous voudrez accorder le consentement...
M. Dussault: M. le Président, je voudrais savoir si
l'Américain a encore parlé de moi cette fois-ci.
M. Polak: Non. Je pense que ce serait important pour nos travaux
si on pouvait prolonger un peu mon droit de parole, parce que j'ai vraiment une
réaction assez importante à communiquer pour le
déroulement des travaux de notre commission.
M. Duhaime: Est-ce que l'Américain s'appelle "Philip
Buster"?
M. Polak: Non. On essaie par tous les moyens d'obtenir le nom de
cet Américain.
M. Lalonde: N'essayez pas de le savoir, cela va prendre bien du
temps pour vous le dire.
M. Polak: Je vais être très franc avec vous...
M. Dauphin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député. Vous savez qu'il lui reste seulement trois
minutes.
M. Dauphin: Même si cela prend de son temps,
brièvement, M. le député de Sainte-Anne m'a soufflé
à l'oreille que son nom est "Eddy Guillotine".
M. Polak: M. le Président, je vais être très
franc avec vous, si vous permettez, je me suis absenté pendant une
vingtaine de minutes et j'ai rappelé mon Américain.
Évidemment, je n'ai pas pris la ligne du gouvernement parce que je sais
qu'à la fin du mois on reçoit une note avec un cercle
là-dessus et on sait à quel numéro j'ai appelé.
Puisqu'il ne veut absolument pas que son nom soit connu, j'ai donc pris la
liberté de l'appeler à frais virés, aux États-Unis
directement...
M. Duhaime: Est-ce l'avis de l'électrice de
Jean-Talon?
M. Polak: Je l'ai appelé à frais virés et il
a accepté la communication. Voici la conversation - évidemment,
c'est en anglais -ce matin, il m'a dit: Max, what is going on? Je me disais:
Qu'est-ce qui se passe? Maintenant, il me disait: How is it going?Comment cela va maintenant? Savez-vous la différence? Il est au
courant que nous sommes en commission parlementaire. Je lui ai dit: Je vais te
faire rapport. Je lui dis en anglais: I will tell you honestly what is going
on. Our "équipe" is solid, pretty solid, but on the other side the
deputy - il connaît l'expression "deputy" - the members on the other
side, we have a very hard time to convince them and it does not look very good.
Ensuite, il disait: Do not tell me! What am I going to do with my bonds? So, I
said: Do not worry, because we will not give up, we have a pitch, we have a few
more good speakers on it and I think we can convince them. Là, il m'a
demandé: Parlez donc un peu de ce député
ministériel. Évidemment, il lit les journaux du Québec
aussi, la Gazette, il reçoit cela...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, est-ce que vous traduisez, parce que vous n'avez pas dit cela en
anglais tout à l'heure?
M. Polak: Non, c'est juste pour dire ce qu'il m'a dit. Il a dit:
Tell me about this Deputy from Vimont.
M. Rodrigue: The member...
M. Polak: So, I said: The Member for Vimont is an engineer...
M. Rodrigue: Combien lui reste-t-il de temps, M. le
Président?
M. Polak: He used to work for Hydro. He said: Well, then he must
be OK, he must understand that you need until 1985 because he worked at Hydro
when the times were good. So, how come he does not believe in this? I said: He
has a problem because he really wants to vote in favour but his minister
apparently is against it.
Le Président (M. Laplante): ... en bas.
M. Polak: C'était tout en anglais, évidemment.
Voulez-vous que j'en traduise une partie ou que je fasse toute la conversation,
parce que l'appel a été long? Je pourrai le traduire
après, si vous voulez.
M. Rodrigue: Question de règlement. Il lui reste combien
de minutes?
Le Président (M. Laplante): II lui reste une minute
encore.
M. Polak: Je suis mieux de traduire rapidement, parce
qu'autrement il ne restera pas de temps.
M. Rodrigue: Dépêchez-vous!
M. Duhaime: Je suggérerais que vous rapportiez toute la
conversation en anglais et, pour la traduction, vous le ferez à frais
virés.
M. Polak: Cela prend une directive de nature humaine parce que,
volontairement, je le traduis surtout pour le député de
Châteauguay car je crois que le député de Vimont comprend
très bien l'anglais. Pour être juste, je suis prêt à
traduire ce que l'Américain m'a dit et ce que j'ai répondu. Ce
serait peut-être mieux que je commence à traduire.
M. Rodrigue: M. le Président, combien lui reste-t-il de
minutes?
Le Président (M. Laplante): Trente secondes.
M. Rodrigue: Trente secondes. Merci, M. le Président.
M. Polak: M. le Président, pour terminer, c'est malheureux
que je n'aie pas eu de la compréhension de la part des
députés ministériels pour faire traduire ce que je disais
et même pour continuer ma conversation, parce que...
M. Rodrigue: ... on n'a pas le temps de l'entendre.
M. Polak: Oui, je comprends.
M. Duhaime: Je suis prêt à donner mon consentement
pour entendre la fin de l'histoire.
M. Rodrigue: À la condition que ce temps soit pris sur le
temps d'un de ses collègues.
M. Lalonde: Non, il n'en est pas question.
M. Polak: Non. Je suis prêt à le faire...
M. Rodrigue: C'est là qu'on va voir si ses
collègues sont intéressés aux propos du
député de Sainte-Anne, s'ils tiennent vraiment à ce que le
député de Sainte-Anne parle. On va voir s'il existe une
solidarité du côté de l'Opposition.
M. Sirros: Comme le député de Sainte-Anne parle
à votre intention...
M. Polak: Je ne peux pas prendre le temps d'un
député de l'Opposition, mais si un député
ministériel est prêt à donner une partie de son temps, je
suis bien prêt à relater toute la conversation que j'ai eue avec
mon Américain.
M. Dussault: Je suis d'accord, M. le Président. Je
voudrais savoir ce que M. "Philip Buster" a dit.
M. Rodrigue: Je ne consens pas.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas consentement. (17
heures)
M. Rodrigue: II n'y a pas consentement, à moins que ce ne
soit un député de l'Opposition qui donne une partie de son temps
au député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Laplante): C'est regrettable, la suite
lundi. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): II vous reste dix minutes.
M. Lalonde: ... j'étais suspendu aux lèvres du
député de Sainte-Anne et, comme vous, je suis inquiet de rester
dans l'ignorance de la réponse de son ami américain. Je vais
quand même tenter de faire un résumé, car il semble que ce
soit une des dernières interventions sur cet amendement. Tout d'abord,
sur le 1er janvier 1985, je vous avoue que je n'ai pas été
consulté, ce n'est pas ma motion. Je n'ai pas été
consulté. Tout d'abord, c'est le jour de l'an. Je pense que celui qui a
proposé cette motion n'y a pas pensé. Le jour de l'an, comment
voulez-vous qu'on transforme une société? Tout d'abord, c'est le
lendemain de la veille...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous que je le mette
dans l'article?
M. Lalonde: C'est le lendemain de la veille, donc on peut la
transformer tout croche, parce qu'on n'a pas trop trop les esprits clairs le
jour de l'an, vous savez! Donc, j'hésite encore à savoir si je
vais voter pour cette motion, parce que, justement, ça crée un
certain problème technique. Pour être plus sérieux, il
reste que demander trois ans avant de faire la transformation recherchée
par l'article 1, c'est bien modeste quand on pense que le débat public
sur la politique de l'énergie n'a pas eu lieu. C'est tellement vrai que
le prédécesseur du ministre de l'Énergie faisait des
projets dans ce sens. Il avait lui-même souhaité que ce
débat ait lieu, soit le plus large possible, le plus... On n'a plus de
commission, on n'a plus de président. Vous présidez, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oh oui, je m'excuse.
M. Lalonde: Je vous en prie.
Le Président (M. Laplante): Je suis comme un autre moi
aussi.
M. Lalonde: Oui, vous savez que vous êtes le protecteur de
l'Opposition, je me sens en danger quand vous n'êtes pas là. Donc,
ce débat public n'a pas eu lieu; c'est inutile de prétendre qu'il
a eu lieu. J'ai même lu, il est malheureux que le ministre ait
quitté quelques secondes, parce qu'il pourrait confirmer ce que j'ai
perçu de mes lectures récentes... C'est que lui-même se dit
en période de réflexion quant à savoir si un débat
public doit avoir lieu et se demande quelle nature, quelle forme, ce
débat doit prendre. C'est tellement vrai qu'en réponse à
une intervention du député d'Outremont, hier, il a
remarqué que le député d'Outremont souhaitait que les
personnes, les groupes que nous voulions inviter ici soient entendus à
la commission parlementaire, donc devant les députés, tout en
insistant pour que cet examen avec les représentants de divers groupes
se fasse de la façon la plus scientifique possible. Je me souviens qu'il
avait employé ce qualificatif, ce qui avait provoqué une
réaction du ministre, hier justement, ici, à savoir que si on
tenait un débat public, ce ne serait pas devant cette commission; ce ne
serait pas seulement des députés qui seraient appelés
à participer à ce débat. Je pense que le ministre a
parfaitement raison. Si nous avons tenté de le faire ici, c'est que le
gouvernement avait déjà refusé de reporter la loi à
un an, pour permettre que soit tenu ce débat public. Maintenant,
forcés par le gouvernement, par la majorité ministérielle
d'étudier ce projet de loi sans avoir tenu ce débat public, le
dernier instrument, le dernier moyen qui nous restait, c'était justement
d'inviter tous ceux et toutes celles qui sont intéressés à
dire au gouvernement quelles seraient les orientations d'une politique
énergétique à venir ici, puisque c'était le dernier
recours. Mais le parrain de cet amendement est encore plus astucieux. Avec le
ministre, il partage l'avis que la commission parlementaire n'est
réellement pas le lieu où ce débat public doit être
tenu. Et voilà que le proposeur de cette motion d'amendement tend la
perche au gouvernement, il donne une chance au gouvernement, tout en adoptant
la loi, puisque nous y sommes, puisque nous sommes prêts, naturellement,
à procéder à tout ce débat que nous faisons depuis
quelques jours et à étudier les articles l'un après
l'autre. Mais, tout en faisant cela, la vertu de cet amendement, c'est que le
dommage ne serait pas fait maintenant. Cela donne trois ans, trois ans pour
tous ceux et celles qui sont intéressés, justement, à
l'avenir d'Hydro-Québec et j'aimerais peut-être entendre mes
collègues qui n'ont pas terminé leurs observations
là-dessus. Est-ce que, réellement, ils croient que trois ans
c'est suffisant, premièrement? Est-ce que le gouvernement ne devrait pas
profiter de ce congé de trois ans pour tenir un débat public? Que
ce débat public ne soit pas fait ici, en commission parlementaire, je
pense que, si mes collègues sont d'accord, on pourrait se ranger
à l'avis du ministre exprimé hier soir, ici à cette
commission.
C'est en fait tout ce qu'on fait par cet amendement. Si cela peut
rassurer les députés ministériels, on peut leur dire que
la loi serait adoptée, ils ont la majorité, ils ont même...
À l'Assemblée nationale, ce matin, le leader du gouvernement a
indiqué, d'une façon on ne peut plus claire, qu'il a l'intention
de l'imposer, de l'imposer par la guillotine. Aussi insultante que cette
méthode de travailler soit pour les députés de
l'Opposition qui travaillent avec une grande vigueur et un enthousiasme qui ne
s'est
jamais démenti... Regardez, nous sommes six, sept ici, alors que
les rangs du côté ministériel sont
décimés...
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vimont.
M. Rodrigue: Présentement, à cette table, il y a
deux membres de l'Opposition et il y a trois députés du
gouvernement qui sont membres de la commission. Alors, il y a plus de membres
ministériels à cette commission qu'il y en a de l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, il ne faut quand même
pas jouer sur les mots. Présentement, il y a trois députés
ministériels et il y a six, sept députés de l'Opposition
qui sont assis - ne t'en va pas...
M. Rodrigue: M. le Président, il y a des
députés de l'Opposition qui sont présents ici, mais qui ne
sont ni membres ni intervenants à cette commission.
M. Lalonde: Cela marque l'intérêt. Ils n'ont
même pas le droit de parole et ils viennent ici pour nous supporter par
leur présence, pour nous encourager, nous applaudir. Regardez, ce que
vous entendez, M. le Président, c'est le peuple qui parle.
M. Rodrigue: II faudrait que le député de
Marguerite-Bourgeoys pratique les vertus qu'il prône pour les autres.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais que ceux...
Le Président (M. Laplante): 30 secondes, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous avez compté les interruptions, j'en suis
sûr, avec votre grande générosité. Alors, ceux qui
n'ont pas terminé leur intervention, je les inviterais, justement,
à m'indiquer si, comme moi, ils pensent que le ministre a raison et
qu'on devrait profiter de ce congé que nous donnerions non seulement
à Hydro-Québec, mais à tous les Québécois,
congé pendant lequel Hydro-Québec conserverait ce statut qui l'a
rendu un organisme aussi puissant et aussi efficace pour les
Québécois et qu'on profite de ce congé, justement, pour
tenir le débat public. Merci, M. le Président.
M. Dussault: M. le Président, je trouve dommage que la
proposition ne soit pas venue du député de Laurier, on aurait pu
appeler cela un cadeau de Grec.
M. Christos Sirros
Motion de sous-amendement
M. Sirros: Effectivement, M. le Président, j'allais
proposer un sous-amendement parce que des cadeaux de Grec, cela ne se fait pas
le 1er janvier, jamais. Je proposerais le sous-amendement suivant. Si vous le
jugez évidemment recevable, je proposerais - étant donné
que des cadeaux de Grec, cela ne se fait pas le 1er janvier -que la date soit
changée pour lire le 3 janvier. Il y a une autre tradition grecque qui
veut que je saute le 2 pour aller au 3. Si vous voulez, je pourrais entrer
là-dedans, pour expliquer cela, mais, pour économiser du temps...
C'est un sous-amendement que je vous soumets...
Le Président (M. Laplante): C'est que, si je me base sur
le sous-amendement que j'ai rappelé en vertu de l'article 65, la date
est difficile à changer à ce moment-ci.
M. Lalonde: Mais cela n'écarte pas la question
principale.
Le Président (M. Laplante): C'est que...
M. Lalonde: Cela la modifie. Cela n'écarte pas la
proposition principale. Cela la modifie.
M. Sirros: Cela respecte le principe de l'amendement, M. le
Président, parce que dans la même année...
M. Lalonde: Oui.
M. Sirros: C'est un sous-amendement dans le sens strict de
sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): Je sais que vous avez fait une
date spécifique.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'était
spécifique, le 1er janvier.
M. Sirros: Plus que cela, mon sous-amendement respecte deux
choses.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais vous entendre
parler là-dessus sur la recevabilité.
M. Sirros: Si je pouvais... M. Lalonde: ...
Le Président (M. Laplante): Je suis prêt à
entendre beaucoup de gens là-dessus.
M. Rodrigue: C'est fort. C'est fort en... Le Président
(M. Laplante): Qui parle
sur la recevabilité?
M. Sirros: M. le Président, si je pouvais seulement faire
les remarques...
M. Rodrigue: M. le Président, c'est un de chaque
côté sur la recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est un de chaque
côté.
M. Rodrigue: Très bien. Alors, c'est le
député de Laurier, un de chaque côté.
M. Dussault: Je suggère qu'on fasse entendre la
députée de L'Acadie pour défendre cela.
Le Président (M. Laplante): Je suis prêt à en
entendre beaucoup.
M. Dussault: Uniquement sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, vous savez que la députée de L'Acadie n'est ni
membre, ni intervenante. Si vous lui donnez la permission de parler...
Mme Lavoie-Roux: C'est une expulsion, comme vous pouvez le
voir.
M. Dussault: Je vous donne mon consentement, M. le
Président, uniquement sur la recevabilité.
M. Lalonde: Non, M. le Président, sur la
recevabilité.
M. Dussault: Elle s'en va? C'est dommage! J'aurais aimé
l'entendre là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, le
député d'Outremont.
M. Lalonde: De...
Le Président (M. Laplante): De
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, sur la recevabilité,
j'ai des précédents dont je n'ai pas la documentation ici. Je me
souviens du 22 juillet 1977, ou à peu près, pendant
l'étude de la loi 1, Charte de la langue française, avant que
cela devienne la loi 101. C'était une commission parlementaire où
on entendait les intervenants. Une motion avait été faite par je
ne me souviens plus quel député pour entendre l'Union des
conseils de comté, je pense, à telle date. L'ancien ministre des
Affaires municipales, alors député de D'Arcy McGee, M. Goldbloom,
un soir, un jeudi - je me souviens, c'était un jeudi soir - a
changé la date en sous-amendement. Vous m'écoutez là, M.
le Président? Je racontais, M. le Président, ce
précédent en juillet 1977 où une motion avait
été faite pour qu'une commission parlementaire entende l'Union
des conseils de comté à telle date. Il fallait mettre une date.
L'ancien ministre des Affaires municipales, M. Goldbloom, qui exprimait son
scepticisme quant à la date qui avait été choisie par le
proposeur, a changé le jour, non pas le mois, mais le jour. Cette motion
avait été non seulement recevable, mais elle avait
été reçue et débattue. C'est alors que le
gouvernement avait fait la trouvaille du siècle. Il avait retiré
le projet de loi pour empêcher la commission parlementaire de continuer
ses travaux. Si vous voulez faire la même chose, retirer le projet de
loi, M. le Président, c'est-à-dire si le gouvernement veut le
faire... Cette décision avait été rendue par l'ancien
vice-président, le regretté Jean-Guy Cardinal.
Le deuxième argument, M. le Président, c'est l'autre
précédent. C'est celui auquel je faisais allusion tout à
l'heure, le sous-amendement du député de Vimont qui...
Le Président (M. Laplante): Je peux vous poser une
question...
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... pour m'éclairer?
Avez-vous parlé d'un amendement qui avait été
modifié tout à l'heure?
M. Lalonde: D'une motion qui avait été
modifiée...
Le Président (M. Laplante): D'une motion...
M. Lalonde: ... par une proposition d'amendement.
Le Président (M. Laplante): Pouvez-vous me donner la
date?
M. Lalonde: C'est en juillet. Le Président (M.
Laplante): Oui.
M. Lavoie-Roux: On avait fait une motion pour qu'ils soient
entendus le 20 juillet et je pense qu'on était peut-être au 10
juillet.
M. Lalonde: C'était au début de juillet 1977. Il y
avait eu une motion faite par un député - je vais me
répéter - pour entendre l'Union des conseils de comté
à telle date, supposons le 15 juillet. Le député de D'Arcy
McGee, à ce moment-là, avait changé le 15 pour une autre
date, mais toujours au mois de juillet. Cela avait été
déclaré recevable
et reçu. Vous avez référé à l'autre
précédent, soit la motion de sous-amendement d'hier du
député de Vimont que vous avez déclarée irrecevable
à bon droit parce qu'elle écartait la proposition principale en
vertu de l'article 70. Là, vous aviez raison parce que le
sous-amendement du député de Vimont faisait revenir la date
à celle qui, vraisemblablement, va être dans la loi de toute
façon. Cela rejetait complètement le congé de trois ans
qu'on voulait donner à Hydro-Québec. Cela rejetait le fond
même. On ne pouvait plus en discuter, alors que nous... Là, il y a
une erreur; je ne fais pas de reproche au proposeur, celui qui a dit le 1er
janvier n'y a pas pensé. On pense que, pour faire la transformation
à Hydro-Québec, ce serait mieux le 3 janvier. Cela ne repousse
pas du tout la proposition principale. (17 h 15)
Le Président (M. Laplante): D'autres veulent-ils se faire
entendre? M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: Le sous-amendement que tente d'introduire le
député de Laurier aurait pour effet d'annuler l'amendement fait
par le député de Gatineau. À ce titre et en vertu de nos
règlements, il ne peut être reçu au même titre et
dans les mêmes conditions que la décision que vous avez rendue
hier, à savoir que l'amendement que j'ai proposé pour remplacer
la date du 1er janvier 1985 par celle du 31 décembre 1981 a
été, à un moment donné, après un certain
débat, jugé irrecevable.
M. Sirros: Cela changeait et l'année, et le mois; moi, je
ne change que la date.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier, vous voulez parler là-dessus?
M. Sirros: Quelques commentaires très brefs, M. le
Président. Je base ce sous-amendement sur le fait, comme je le disais,
que le 1er janvier est une fête; on ne fait pas de cadeau de Grec les
jours de fête. Cela respecte entièrement le sens de l'amendement
proposé, à savoir que ça modifie simplement de deux jours
la mise en vigueur de cet article et ça maintient l'esprit initial de
l'amendement qui voulait que cet article entre en vigueur seulement au mois de
janvier 1985; c'est l'esprit de l'amendement proposé. Le sous-amendement
vise simplement à corriger une erreur technique, commise par celui qui a
proposé l'amendement, en déplaçant de deux jours la date
d'entrée en vigueur.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, on parle seulement, pour le
moment, sur la recevabilité de la motion.
Le Président (M. Laplante): Pas plus.
M. Polak: Je crois, M. le Président, que vous avez une
décision assez importante à prendre.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Polak: Je peux déjà prévoir un grand
problème. Au point de vue de la date, le 3, j'aurais beaucoup à
dire là-dessus et, j'en suis certain, tout le monde également. On
commence toujours par la recevabilité de la motion, et je suis d'accord
pour la recevoir. C'est important de la recevoir parce qu'alors vous pourrez
permettre un débat assez large et je suis certain que tout le monde veut
se prévaloir de ses vingt minutes pour parler sur le changement de
date.
Par exemple, pour les Ukrainiens, ce n'est pas du tout le 2 janvier,
c'est le 17 janvier. Eux vont dire: On veut avoir le 18 ou le 19. Pourquoi les
Grecs le 2 et pas les Ukrainiens? Tout le monde veut voir ça toujours le
lendemain. Là, il peut y avoir un conflit culturel et ça peut
impliquer le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration
parce que tous les Québécois doivent être traités de
la même manière. C'est la raison pour laquelle vous devez recevoir
cette motion en ce qui concerne la date. Par exemple, la communauté
chinoise a un point de vue tout à fait différent. Pour tous, cela
tombe en janvier, mais pas à la même date.
Le Président (M. Laplante): On va rendre une
décision sur un tel amendement. Je trouve regrettable que le
député d'Outremont ne soit pas ici. Il avait des raisons
très sérieuses, d'après ce que j'ai entendu lors de la
présentation de sa motion. Je me demande si, dans l'esprit du
député d'Outremont, ça changerait les objectifs qu'il
visait en demandant la date du 1er janvier. Dans mon esprit, même en
changeant d'une journée ou deux jours...
M. Lalonde: C'est sur le fond, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur le fond.
M. Lalonde: C'est ça. Il n'a pas le droit de parler sur le
fond.
Le Président (M. Laplante): Sur le fond de l'intervention
du député d'Outremont.
M. Lalonde: II a eu tort. C'est ça.
Le Président (M. Laplante): J'ai entendu, hier, les
arguments que vous avez apportés lorsque j'ai été
obligé de changer ma décision, en vertu de l'article 65...
M. Lalonde: On avait tous tort.
Le Président (M. Laplante): ... à cause, justement,
d'une date ou d'une année et le député d'Outremont a
protesté avec raison. J'aurais peur que la même chose arrive et je
la déclare irrecevable.
M. Rodrigue: II ne doit plus rester de temps au
député de Laurier, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Non, il n'en reste plus.
Est-ce que la motion du député d'Outremont...
M. Sirros: Non, il y a encore des députés qui
veulent parler.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: D'accord. Il me reste combien de temps, M. le
Président?
Une voix: Quinze minutes.
Le Président (M. Laplante): Huit minutes.
M. Middlemiss: Huit minutes, d'accord. M. Robert
Middlemiss
Comme mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, je pense que c'est
certainement dans l'intérêt de tous d'avoir un débat
public, surtout si c'est le voeu et le désir du ministre d'avoir un
débat public. Cette période de temps nous permettrait d'avoir ce
débat public dans le but d'obtenir toutes les explications et les
justifications nécessaires à ces changements. Seul un
débat public permettra de répondre à nos interrogations et
de faire connaître dans un deuxième temps ce que les actionnaires
d'Hydro-Québec pensent, s'ils acceptent ces changements et leurs
conséquences.
À ce sujet, M. le Président, on a reçu des
télégrammes de plusieurs organismes demandant qu'on ait des
audiences publiques pour que tous et chacun puissent venir expliquer ce qu'ils
veulent. Je pourrais certainement en mentionner quelques-uns. Au moment de la
commission permanente de l'énergie, aux mois de février et mars
1981, il y avait le Gaz métropolitain, qui désire mettre en
lumière la nécessité de l'intervention préalable
d'un mécanisme de prise d'information et d'analyse en profondeur des
avenues énergétiques s'offrant périodiquement à la
société québécoise.
En plus de cela, il y avait la Confédération des syndicats
nationaux qui nous demandait de formuler une véritable stratégie
énergétique pour le Québec. La CSN invite la commission
parlementaire, cela, c'était dans le passé. Je pense que ces
voeux sont encore nécessaires aujourd'hui, les gens veulent que le
gouvernement du Québec s'ouvre à recevoir sans plus la
stratégie proposée par Hydro-Québec pour la période
de 1980 à 1985 et à organiser un débat public autour des
orientations du développement énergétique à
venir.
Il y avait aussi, M. le Président, l'Association de
l'environnement Archipel qui rappelle aussi la nécessité de
consulter le public. L'Office de la protection du consommateur a aussi
envoyé quelque chose. Il s'oppose énergiquement à la
transformation de la structure d'Hydro et réclame la tenue d'audiences
publiques sur ce projet. Il s'oppose plus particulièrement au fait que
le gouvernement semble avoir conçu une autre orientation pour
Hydro-Québec.
M. le Président, il semble que ce soit le voeu de tous les
ministres qui accèdent à l'Énergie et aux Ressources. Le
prédécesseur du ministre, M. Yves Bérubé, avait
donné, au moment où il était le ministre de
l'Énergie et des Ressources, son appui inconditionnel à la tenue
d'un vaste débat public sur l'énergie au Québec. Le
ministre a expliqué son point de vue dans les interventions de la
quatrième journée, à la commission parlementaire du mois
de février. Je parle de votre prédécesseur, le ministre
Bérubé, qui est maintenant le président du Conseil du
trésor. Lors de la quatrième journée de la commission
parlementaire, les débats ont démontré la très
grande unanimité entourant la tenue d'un débat public, au moment
où le Québec s'achemine vers des choix majeurs de
société. La population doit absolument être
sensibilisée aux choix qui s'offriront à elle et elle doit de
plus avoir la possibilité de faire connaître ses choix. Donc, on
voit ici que les voeux, les désirs de l'ancien ministre rejoignent
facilement ceux du présent ministre. Cette période de temps qu'on
veut s'accorder nous permettrait certainement de faire ce débat qu'on a
voulu, pas seulement du côté ministériel. Je crois que le
député d'Outremont, depuis plusieurs mois, demande au
gouvernement de procéder à ce débat dans le but
d'éclairer l'orientation énergétique du Québec.
Donc, je peux citer d'autres organismes qui ont adressé des
télégrammes, soit au premier ministre, soit au ministre de
l'Énergie et des Ressources, demandant de faire toute l'étude, de
nettoyer tout ce débat, pour permettre à tous les gens, avant de
mettre ce projet en marche, d'être certains des orientations, pour que
tout le monde ait la chance de s'exprimer.
M. le Président, combien de temps me
reste-t-il?
Si on peut regarder le télégramme de la FTQ,
adressé au premier ministre: "Que le projet de loi a des
conséquences sur la politique énergétique du gouvernement
du Québec et que, conséquemment, un débat public sur son
contenu devrait être engagé en commission parlementaire." De plus,
la FTQ a aussi des réserves sur toute augmentation de tarif
qu'Hydro-Québec peut imposer: "Nous vous demandons, M. le premier
ministre, de convoquer une commission parlementaire afin que notre organisme
puisse aborder ce sujet et faire connaître son point de vue sur le projet
de loi no 16."
Ces télégrammes se multiplient, le président de la
fédération des gens de l'âge d'or, ces gens qui sont
plutôt soumis à des revenus...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît, M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: D'accord, M. le Président. En terminant,
même les gens de l'âge d'or demandent un débat et avec
raison, eux qui sont pris avec des revenus très modestes et la plupart
ne peuvent pas en bénéficier ou perdent du terrain, étant
donné l'inflation. En tout cas, M. le Président, je termine en
disant que j'appuie l'amendement proposé à l'article 3.1.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. L'amendement...
M. Saintonge: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie, il vous reste dix minutes.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: II me reste dix minutes. En fait, sur le
délai de trois ans, mon confrère de Marguerite-Bourgeoys, tout
à l'heure, demandait si on était d'accord sur ça, il est
évident que je suis d'accord avec ce délai. Effectivement, je me
rappelle que ce matin, lors de l'intervention du député de
Chambly, il parlait de la fierté des Québécois pour
l'électricité, pour Hydro-Québec, la structure
d'Hydro-Québec actuelle qui a été mise en place en 1962
par le premier ministre actuel, ministre à l'époque de
l'Énergie, M. Lévesque. Le député de Chambly nous
présentait M. Lévesque comme une espèce de messie qui
avait réussi la nationalisation de l'électricité, de telle
sorte que l'électricité soit au profit de tous les
Québécois et Québécoises. Si, aujourd'hui,
l'électricité est nationalisée, ça permet aux
Québécois de récupérer à leur propre
avantage les profits que les compagnies d'électricité
privées auraient eus jusqu'à ce jour.
Si le premier ministre actuel qui, en 1962, était
député et ministre libéral, avait vu si bien et si grand
en nationalisant l'électricité, il a eu de la misère. Il a
consulté. Son boss s'est laissé convaincre, je pense. Il n'y a
pas eu de problème. Les libéraux étaient d'accord. Ils ont
même fait une élection avec ça. Ils étaient
convaincus, ils n'ont pas eu de misère à se convaincre. Disons
que cela a été fait quand même assez
démocratiquement au sein du caucus du Parti libéral de
l'époque. L'élection nous a donné raison. Maintenant, ce
que je trouve curieux, aujourd'hui, en 1981, c'est qu'à l'époque,
on avait eu une consultation auprès de la population. Le premier
ministre actuel, qui était le ministre des Richesses Naturelles,
était d'accord là-dessus et avec le gouvernement libéral
de l'époque, les gens sont devenus de vrais propriétaires, de
vrais actionnaires; c'était l'ensemble de la population du
Québec. Aujourd'hui, le premier ministre actuel, par le projet de loi
qui est introduit par le ministre des Finances, vient modifier la structure qui
en 1962 faisait qu'Hydro-Québec soit au profit des
Québécois entièrement. C'est-à-dire
qu'actuellement...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Maurice, question de règlement.
M. Duhaime: Je ferai remarquer au député de
Laprairie que je ne suis pas ministre des Finances.
M. Saintonge: Non. Je ne mets pas en cause... Je dis
qu'effectivement je n'oserais pas vous confondre avec le ministre des Finances,
sûrement pas. Ce que je veux dire, c'est que vous avez l'odieux de
supporter la décision que le ministre des Finances veut en obtenant
l'adoption de la loi 16. Je pense que c'est justement ce qu'on a
déjà souligné. Le député d'Outremont l'avait
souligné de façon assez claire. Je mentionnais qu'à
l'époque M. Lévesque, le premier ministre actuel, n'avait
peut-être pas M. Parizeau...
Le Président (M. Laplante): Mais c'est toujours,
ça... En quoi?
M. Saintonge: Ah oui, sur le délai, sur la motion
pour...
Le Président (M. Laplante): Où dans la motion?
M. Saintonge: Le 1er janvier 1985. Le Président (M.
Laplante): D'accord. M. Saintonge: C'est sur la consultation,
M. le Président. Je mentionne simplement qu'à
l'époque, le premier ministre était d'accord sur une
consultation, qu'il a même fait une élection pour faire une
consultation pour amener les gens à être d'accord sur la
nationalisation de l'électricité, mais avec une structure pour
Hydro-Québec, comme je l'ai mentionné, qui faisait que tous les
gens étaient propriétaires. Peut-être qu'à
l'époque M. Lévesque aurait prôné une compagnie
à fonds social, comme c'est le cas aujourd'hui, avec capital-actions aux
fins du gouvernement, s'il avait eu comme conseiller l'actuel ministre des
Finances pour lui en mentionner les avantages innombrables pour le
gouvernement. C'est vrai que ce n'était pas un gouvernement
péquiste à ce moment. Il semble qu'il y ait un avantage
considérable pour le gouvernement actuel. On retire, en fait, on met en
tutelle Hydro-Québec, pratiquement, pour la remettre dans les mains du
ministre des Finances, purement et simplement, c'est-à-dire que les
revenus, les profits d'Hydro-Québec qu'on pouvait retirer par suite de
cette nationalisation, tout le bénéfice de la nationalisation qui
revenait à la population du Québec reviendra plutôt, sous
forme de dividendes, au ministre des Finances qui lui-même va venir
déclarer le montant de dividendes qu'il peut percevoir, dont il a
besoin.
Mon confrère de Sainte-Anne mentionnait les craintes d'un
Américain qui avait téléphoné une couple de fois et
il avait même pris la peine de retéléphoner pour le
rassurer. Je pense que vous aviez mentionné que vous aviez entendu que
c'était M. "Philipp Buster", mais je pense que cela n'a jamais
été confirmé. En tout cas, jusqu'à maintenant, je
n'ai pas entendu de confirmation.
Je sais que mon confrère voulait quand même garder un
certain secret, mais mon confrère de gauche avait peut-être
entendu parler de M. "Philipp Buster" de M. "Eddy Guillotine". Disons qu'il y a
quand même... C'est peut-être aussi le capitaine Nemo, qui à
ce moment n'est pas trop "confondant" non plus. Disons que dans mon
comté ce ne sont pas des Américains qui m'ont appelé, ce
ne sont pas "M. Buster" et "M. Guillotine", mais des contribuables, quand
même, des particuliers qui m'ont envoyé des
télégrammes, qui m'ont téléphoné à
plusieurs reprises pour s'opposer fortement au projet de loi no 16 en
mentionnant qu'ils ne voulaient pas perdre l'avantage économique, dont
le Québec jouit depuis pratiquement deux décennies, de fournir
l'électricité au meilleur coût possible.
C'est-à-dire que c'est un avantage certain pour toute la population,
pour les consommateurs particuliers d'électricité. De même
que ces gens, en fait, sont prêts, souhaitent un débat public. Si
on adopte l'amendement proposé à l'article 1 actuel, qui vient
modifier l'article 3.1 de la
Loi sur l'Hydro-Québec en reportant à 1985, ceci donnera
sûrement au ministre actuel ainsi qu'au gouvernement le temps de
consulter la population, de connaître le son de cloche de tout le monde,
de voir si effectivement les gens sont d'accord avec cette modification des
structures d'Hydro-Québec, avec cette mise en tutelle ou cette
appropriation par le ministre des Finances du capital social
d'Hydro-Québec qu'on va décréter.
Il y a également un autre facteur que plusieurs contribuables
m'ont mentionné pour souhaiter le déplacement de l'entrée
en vigueur de la loi à pas avant trois ans, c'est le secteur industriel.
Ces gens du Québec ont sûrement aussi leur mot à dire sur
la modification des structures d'Hydro-Québec, avec les tarifications
éventuelles, les modifications à la tarification, surtout pour
les sociétés industrielles à haute consommation
d'énergie électrique. Dans mon comté, certaines compagnies
utilisent d'une façon assez appréciable l'énergie
électrique et elles seront sûrement directement affectées
par cette loi 16. Si l'entrée en vigueur de la loi 16 se faisait dans un
délai très bref, elles n'auraient sûrement pas l'occasion
de venir s'expliquer, de venir donner leurs motifs, les raisons pour lesquelles
elles s'opposent à cette modification des structures mêmes
d'Hydro-Québec.
Le délai de trois ans est-il suffisant? Eh bien, j'imagine qu'en
trois ans, le gouvernement aura eu le temps de faire une bonne tournée,
d'entendre les personnes ou de recueillir les commentaires de tout le monde. Si
ce n'est pas assez, à ce moment-là, il n'y a pas d'objection
à ce qu'on retarde à 2032, comme dit une chanson, il n'y a pas de
problème. Comme le disait mon confrère de Laurier tantôt,
il n'y a pas de cadeau de Grecs le 1er janvier, il a fait un amendement pour
aller au 3 en disant qu'on sautait le 2, je serais peut-être d'accord
pour faire un sous-amendement de report au 2. Si on saute toujours le 2
janvier, cela va reporter encore plus loin. Si on arrive au 1er ou au 3
janvier, éventuellement, on pourra aller quand même assez loin
dans le temps. Aux calendes grecques, c'est en plein ça.
En fait, M. le Président, je suis pour l'amendement
proposé, soit de reporter au 1er janvier 1985, une période de
trois ans. Comme je l'ai mentionné, ça permettra au gouvernement
de consulter et, si le gouvernement fait une consultation véritable en
écoutant tous les citoyens, autant les individus que les corporations du
Québec relativement à cela, je n'ai pas de doutes que les
objections actuelles que l'Opposition fait valoir face aux modifications
apportées par la loi 16 pour faire disparaître tous les avantages
que la nationalisation a apportés à la population - j'entends par
là tous les avantages économiques de la nationalisation
de l'électricité qui reviennent directement aux citoyens
au lieu de revenir au gouvernement - je suis assuré à l'avance
que la population ne pourra faire autrement que de réussir à
convaincre le gouvernement de son désir de reporter cette loi 16.
L'Opposition semble avoir beaucoup de difficultés à faire
comprendre au gouvernement, jusqu'à maintenant, ce qu'on demande
incessamment depuis au moins deux semaines, de retirer ce projet de loi pour
faire une consultation qui démontrera hors de tout doute les vraies
intentions de la population quant à la conservation
d'Hydro-Québec dans sa structure actuelle, cette forme qui fait, en fin
de compte, la fierté de tout le peuple québécois, des
Québécois et des Québécoises.
Motion d'ajournement M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Je m'excuse M. le Président, d'interrompre le
député, je sais qu'il aurait d'autres arguments à
apporter, mais je voudrais invoquer l'article 77 et faire une motion
d'ajournement de nos travaux à lundi prochain, 10 heures.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je pense que vous ne
pouvez pas, à ce moment-ci, la présenter...
M. Lalonde: L'article 77, en tout temps, une fois...
Le Président (M. Laplante): Oui, en tout temps. Je vais
regarder ça. Vous me prenez un peu par surprise.
M. Duhaime: ...M. le Président. Une voix:
Consentement.
M. Lalonde: J'ai un droit de parole de dix minutes et une
réplique de dix minutes.
M. Duhaime: Mettez les bonnes lunettes, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais c'est parce que vous
coupez la parole à un de vos collègues. C'est pour cela que je
voudrais préserver ses droits jusqu'au bout.
M. Saintonge: II me reste quoi?
Le Président (M. Laplante): II reste encore deux
minutes.
M. Lalonde: II va le faire lundi pour donner la chance de
réfléchir un peu.
M. Dussault: Au nom du droit à l'alternance, je voudrais
la parole, s'il vous plaît.
Le Président (M. Laplante): L'article no 77 est
très clair; c'est que, dès qu'elle est posée, elle est
recevable. Il y a dix minutes de chaque côté.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Dussault: M. le député, le dernier tour de
parole était au Parti libéral. Selon les règles
établies à l'Assemblée nationale -et ça couvre les
commissions parlementaires - lorsqu'un député de l'Opposition a
parlé, le parti ministériel a droit à son tour à un
droit de parole. Ce n'est pas parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys se permet d'être impoli à l'égard de
son collègue de Laprairie et qu'il le coupe que cela leur donne le droit
de faire une motion de quelque sorte que ce soit.
M. le Président, mes droits sont lésés si vous
permettez au député de Marguerite-Bourgeoys d'agir ainsi. Je
voudrais prendre la parole, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, lisez l'article no 77, et je donne la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, en vertu de l'article no 77,
je me suis excusé auprès du député de Laprairie, je
l'ai fait à contrecoeur, il va comprendre que les raisons pour
lesquelles je fais cette motion actuellement sont tellement importantes
qu'elles justifient l'interruption dont je me suis rendu coupable.
M. le Président, le ministre ce matin en Chambre s'est plaint de
ne pas pouvoir aller à son bureau parce qu'il était pris ici
à la commission parlementaire. Alors, je pense que, nous tous ici, nous
avons remarqué qu'il a été présent cet
après-midi de façon régulière sauf quelques
interruptions pour lesquelles on ne lui demande aucune explication, mais je
pense qu'on doit sympathiser avec le ministre et lui permettre d'aller
rejoindre son bureau avant six heures. Sans ça, j'aurais fait ma motion
un peu plus tard, mais afin qu'il puisse y aller avant six heures.
Il y a aussi d'autres arguments, M. le Président. Le
député d'Outremont a encore sept minutes. Comme il a dû
s'absenter pour ses électeurs cet après-midi, il m'a
demandé de le remplacer, ce que j'ai fait avec beaucoup de plaisir et ce
qui m'a donné la chance d'écouter les interventions
réellement objectives de mes collègues de l'Opposition. Le
député d'Outremont, qui est le porte-
parole officiel de l'Opposition dans ce dossier, il lui reste encore
sept minutes d'intervention, et je pense qu'on doit en toute courtoisie
à son égard lui donner le loisir d'informer davantage les
députés ministériels qui ne semblent pas encore
décidés de voter pour cette motion. L'important aussi c'est de
donner un temps de réflexion aux députés
ministériels avant de poser le geste extrêmement important et
plein de conséquences qu'ils seront appelés à poser
lorsque le député d'Outremont et le député de
Laprairie auront terminé leurs interventions.
Une réflexion, par exemple, sur l'argument du
député de Sainte-Anne. Vous vous souvenez, l'argument du
député de Sainte-Anne qui était frappant, et je ne parle
pas de son Américain, à savoir qu'avant le projet de loi...
M. Rodrigue: Question de règlement. Je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'est plus dans l'ordre. Il est en
train de discuter du fond de la question alors qu'on discute d'une motion
d'ajournement.
M. Lalonde: M. le Président, je donne les raisons pour
lesquelles je crois que cette commission doit s'ajourner. Parmi ces
raisons-là, il y a la réflexion nécessaire aux
députés, surtout aux députés ministériels,
non qu'ils manquent de réflexion plus que les autres, mais quand
même; étant donné qu'ils ne semblent pas
décidés à appuyer notre motion, je pense qu'on doit leur
permettre de réfléchir, de même qu'aux
députés de l'Opposition; peut-être qu'il y en a qui vont
changer d'idée. Cela est très important avant de poser un geste
aussi grave que de donner trois ans de vie de plus à Hydro-Québec
tel qu'on l'a fait depuis vingt ans ici au Québec par des
Québécois. M. le Président, avant de procéder
à l'exécution capitale d'Hydro-Québec... (17 h 45)
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il veut invoquer le manque de réflexion ou,
enfin, le fait qu'on ne soit pas décidé sur cette question, doit
s'en prendre strictement au manque d'argumentation sérieuse de la part
des députés de l'Opposition à l'occasion de ce
débat.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, il n'y a rien qui justifie une question de règlement dans ce que
vous venez de dire. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président.
M. Rodrigue: M. le Président, j'accepte votre
décision, je pense qu'elle est très sage effectivement.
M. Lalonde: Très bien, M. le Président. Donc, cet
argument du député de Sainte-Anne, à savoir qu'avant
l'adoption de la loi Hydro-Québec appartient à tous les
Québécois et que, après l'adoption de la loi, elle
appartient à un Québécois, m'a abasourdi; je pense que peu
de députés autour de cette table y avaient pensé.
M. Dussault: II y avait de quoi être abasourdi, M. le
Président, c'est de la démagogie.
M. Lalonde: S'il y avait une liquidation aujourd'hui, le
gouvernement devrait rendre à tous les Québécois ce qui
leur appartient et, après l'adoption de la loi, s'il y a une
liquidation, le chèque va où? Dans les poches du ministre des
Finances, il est versé au compte du ministre des Finances du
Québec. Pas à lui personnellement, naturellement, mais il va dans
les trous du ministre des Finances; dans le trou de 500 000 000 $, qui est
rendu à 625 000 000 $ dans le financement de l'enseignement primaire et
secondaire et il va aller dans son trou de 3 300 000 000 $ de son
déficit actuel. M. le Président, on va perdre Hydro-Québec
comme ça. C'est gros et admirable, HydroQuébec, mais pas
suffisant pour remplir tous les trous du ministre des Finances.
M. le Président, c'est un argument qui porte à la
réflexion et je pense que les députés, ici, autour de la
table, devraient se donner le temps de réfléchir durant ces
quelques jours qui nous sont accordés par le calendrier avant de nous
réunir à dix heures, lundi matin.
M. le Président, vous me direz: Oui, mais ça fait cinq
jours. C'est vrai que ça fait cinq jours, mais quelle collaboration
avons-nous eue des députés ministériels, M. le
Président? Aucune. Sur 34 heures, le seul temps où on a
réellement eu...
M. Rodrigue: On vous a laissé dire tout ce que vous
vouliez.
M. Lalonde: Ce n'est pas un reproche que je fais au ministre,
parce que le ministre était retenu à l'extérieur, hier
soir, pour d'excellentes raisons que nous avons comprises. Mais le seul temps
où on a réellement parlé un peu de contenu, ce fut avec le
ministre des Finances quand on a attaqué l'article 1. Au moins, il
répondait à nos arguments et, si nous étions dans le tort,
il ne nous laissait pas errer impunément, il nous rappelait à
l'ordre. On a parlé des
OSBL, M. le Président, vous vous en souvenez? Mais ça, ce
fut éclairant. J'aimerais que le ministre de l'Énergie et des
Ressources, qui n'était pas ici pour parler des OSBL, prenne la fin de
semaine pour apprendre, premièrement, ce qu'est un OSBL et,
deuxièmement, pour venir nous dire si réellement
Hydro-Québec est un OSBL.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais soumettre à la réflexion du
député de Marguerite-Bourgeoys, pour la fin de semaine, les mots
suivants: "C'est le règne du rire amer et de la rage de se savoir
poète et l'objet du mépris, de se savoir un coeur et de
n'être compris que par les clairs de lune et les grands soirs d'orage."
Quand j'écoute son argumentation, je pense à Nelligan.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Nelligan serait très heureux d'entendre, justement, rappeler ces paroles
- éclairantes, d'ailleurs - qui ressemblent aux paroles...
M. Duhaime: Ce n'est pas le député de Nelligan que
je cite.
M. Lalonde: Non, l'autre, le poète, M. le
Président, je sais que ce n'est pas le député! ... d'un
autre poète, qui est ministre, celui-là. Si le ministre de
l'Énergie et des Ressources veut qu'on échange des poèmes,
justement cet ajournement me donnera l'occasion d'aller chercher le
poème "J'ai mal à mon pays", qu'on pourrait peut-être faire
transformer, parce que, quand ça appartient à la population, on
peut s'inspirer, et je pourrais faire un poème "J'ai mal à mon
Hydro-Québec"!
Le Président (M. Laplante): La pertinence!
M. Lalonde: Oui, comme le ministre l'était, M. le
Président.
Justement, on voudrait ce temps de réflexion et surtout que le
ministre puisse se rendre à son bureau avant six heures, c'est
très important. Il y a la question qui a été posée
par l'ancien ministre des Transports, le député de Charlevoix,
qui n'a pas reçu de réponse ce matin. Je suis convaincu que le
ministre a hâte de se retrouver dans son bureau pour trouver tous les
éléments de la réponse au député de
Charlevoix qui mérite une réponse à une question qui
était, je crois, extrêmement pertinente et qui touchait des
centaines de travailleurs, un investissement d'à peu près 5 000
000 $, ce qui mérite réellement pour les Québécois
que le ministre de l'Énergie et des Ressources donne une réponse.
Je sais que le ministre trouve un peu pénibles nos
délibérations, ennuyantes aussi, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez conclure.
M. Lalonde: C'est pour cette raison en plus que je veux mettre
fin le plus tôt possible à ce supplice à ce qu'appelle
supplice le ministre actuel.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, nous sommes sur une motion
d'ajournement. Si j'ai bien compris l'argumentation du député de
Marguerite-Bourgeoys, il constate avec moi que nous en sommes à notre
34e heure.
M. Lalonde: C'est ce que vous m'avez dit.
M. Duhaime: C'est exact.
M. Lalonde: Nous sommes d'accord là-dessus.
M. Duhaime: Je suis presque d'accord avec son idée
d'ajourner nos travaux, parce qu'à l'Assemblée nationale, nous
avons eu sur ce projet de loi deux longs débats. On a eu une motion de
report à douze mois, avec au-delà d'une trentaine d'orateurs des
années 1952 et 1953.
Ensuite, on a eu un débat de deuxième lecture. Nous en
sommes, M. le Président, après 34 heures, à l'article
premier du projet de loi et avec une proposition ou une motion d'amendement au
paragraphe 3.1, qui est en quelque sorte une nouvelle motion de report de trois
fois 365 jours, si j'ai bien compris. On est en train de faire indirectement,
M. le Président, devant votre commission, ce qu'il est interdit de faire
directement, c'est-à-dire deux motions de report sur le même
projet de loi.
J'ai le goût de dire au député de
Marguerite-Bourgeoys que j'aurai à discuter avec le leader parlementaire
du gouvernement dans le courant de la soirée et je pense que je vais me
rendre à son idée d'ajourner les travaux de cette commission.
Si vous connaissez bien les dispositions de l'article 156 de notre
règlement, puisqu'il en fait lui-même la demande, l'article 156 se
lit comme suit: "156. - 1. Lorsqu'une commission a étudié un
projet de loi pendant une période de temps correspondant à
l'importance ou à la longueur du projet - 34 heures, M. le
Président, c'est trois fois et demie le temps permis par notre
règlement pour étudier les crédits de chacun des
ministères; c'est beaucoup - le leader parlementaire du gouvernement
peut, sans avis, proposer une motion énonçant les
modalités d'un accord conclu entre les leaders parlementaires des partis
reconnus au cours d'une conférence convoquée par le
président - je m'arrête ici, M. le Président, pour vous
dire que cette conférence...
M. Lalonde: A eu lieu.
M. Duhaime: ... a eu lieu; je ne connais pas le
résultat...
M. Lalonde: Je le connais.
M. Duhaime: ... à la demande du leader parlementaire du
gouvernement. Cette motion est décidée immédiatement sans
débat ni amendement." "2. Si, à la suite de la convocation de la
conférence des leaders parlementaires, une entente n'a pu être
conclue...
M. Lalonde: Semble-t-il.
M. Duhaime: ... le leader parlementaire du gouvernement le
déclare à l'Assemblée et, après avis, il propose
que le rapport de la commission soit présenté à
l'Assemblée dans le délai qu'il indique. Cette motion ne peut
subir d'amendement." Cela va vous faire de la peine. "À l'occasion du
débat qu'elle provoque, la durée des discours est celle
prévue au paragraphe 2 de l'article 94 et le leader parlementaire du
gouvernement a un droit de réplique."
Je ne voudrais pas que le député de Marguerite-Bourgeoys
dise que je l'ai induit en erreur, mais il faut bien comprendre que le
paragraphe 2 de l'article 94 dit ceci: "Sur toute autre motion, la durée
des discours prévus au paragraphe 1 est réduite de moitié.
Pour les fins du présent article, les motions de deuxième et
troisième lecture sont assimilées à des motions de
fond."
Pour comprendre le paragraphe 2 de l'article 94, il faut presque lire le
paragraphe 1, qui se lit comme suit: "Sauf dispositions contraires du
règlement, un député peut parler sur une motion de fond
pendant vingt minutes; mais peuvent parler pendant une heure le premier
ministre, le leader parlementaire du gouvernement, le chef d'un parti reconnu
ou leur représentant et lors des deuxième et troisième
lectures, le proposeur du projet de loi."
M. le Président, si j'interprète bien le sens de
l'ajournement qui est demandé par le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'ai quasiment envie de vous dire tout de suite que ma
recommandation au leader du gouvernement sera l'ajournement de nos travaux,
mais l'ajournement définitif et je voudrais tout simplement indiquer que
ce projet de loi qui amende la loi 41, qui est la loi constitutive
d'Hydro-Québec, a déjà été
amendé...
M. Lalonde: Victoire!
M. Duhaime: Pardon!
M. Lalonde: Vous retirez le projet de loi?
M. Duhaime: Non. M. Lalonde: Victoire!
M. Duhaime: La loi 41 qu'on amende par le projet de loi 16, lors
d'une étude en commission parlementaire, au cours de l'année
1978, avait nécessité deux heures et quatorze minutes en
commission parlementaire, et c'était la loi qui créait le conseil
d'administration d'Hydro-Québec, qui remplaçait les anciens
commissaires de la commission hydroélectrique; deux heures quatorze
minutes. Ici, M. le Président, nous avons pris 17 fois plus de temps
pour faire des motions dilatoires, incidentes, etc. J'en viens à la
conclusion que très probablement le député de
Marguerite-Bourgeoys est sérieux lorsqu'il demande l'ajournement des
travaux de notre commission et ma recommandation au leader du gouvernement va
aller dans ce sens. Je dois vous dire, M. le Président, que je vais
être obligé d'attendre le rapport final de la conférence
des leaders du gouvernement et de l'Opposition officielle suivant les
dispositions de l'article 156. Je ne peux pas aller plus loin pour l'instant.
Je vais être obligé d'attendre ce résultat et, lorsque
j'aurai eu le rapport de la conférence par mon leader, on aura un
entretien ensemble et je devrai lui faire part également...
M. Lalonde: ... on n'est pas invité à
ça.
M. Duhaime: ... de l'argumentation du député de
Marguerite-Bourgeoys sur la motion d'ajournement. Je pense que cela devrait se
lire et je suis presque content de vous dire qu'on va être unanime
à l'Assemblée nationale, lorsqu'une motion suivant l'article 156
va être déposée devant l'Assemblée, parce que je
vais être obligé de dire à mes collègues de
l'Assemblée nationale qui, eux, ne sont pas au courant de nos travaux,
de leur exposer l'argumentation que je viens d'entendre sur la motion
d'ajournement. Je pense que, dans cette hypothèse, M. le
Président, si l'Opposition est intéressée à presser
le pas lundi matin à 10 heures pour commencer l'étude article par
article, on ira à l'article premier. Ensuite, on fera l'article 2.
Ensuite, on fera l'article
3 jusqu'à la fin, et cela pourrait peut-être nous
permettre, dans la journée de lundi, de passer à travers
l'étude article par article. Si on a, en commission parlementaire,
réussi à adopter ou à étudier article par article
le projet de loi no 41 qui a donné la constitution actuelle du conseil
d'administration et si on a disposé de ce projet de loi en commission
parlementaire en deux heures et quatorze minutes, je tiendrais pour acquis que,
si on a la matinée de lundi, l'après-midi et la soirée, on
devrait être en mesure de disposer de tous et chacun des articles du
projet de loi 16. En conséquence, M. le Président, je vous avoue
franchement... Je pense que je vais retenir mon vote sur la motion
d'ajournement qui est présentée. Je vais retenir mon vote parce
que je vais attendre le rapport que me fera mon leader à la suite de la
conférence entre les leaders qui a eu lieu ce matin. Je pense que ce
serait prudent.
M. Lalonde: Oui, c'est cela.
M. Duhaime: Je ne voudrais pas que le député de
Marguerite-Bourgeoys m'accuse de prendre des décisions trop rapides.
M. Lalonde: Mais non, vous n'en avez pas pris une seule.
M. Duhaime: Je pense que ce serait normal que j'aie le
temps...
M. Lalonde: D'y réfléchir.
M. Duhaime: ...de réfléchir à cela.
Le Président (M. Laplante): La motion du
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Duhaime: Non, non.
Le Président (M. Laplante): ...est adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
M. Duhaime: Ce n'est pas fini, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II me reste 30 secondes. Son
temps n'est pas écoulé.
M. Duhaime: Ce que je veux dire, M. le Président, pour
terminer, c'est que j'aurais aimé rendre la tâche plus facile au
député de Marguerite-Bourgeoys, lui donner une réponse
tout de suite, mais j'avoue que je préfère, M. le
Président, attendre cette rencontre que j'aurai avec le leader
parlementaire du gouvernement dans les minutes qui vont suivre.
Quant au problème du député de Charlevoix...
M. Lalonde: Oui, cela ne marche pas.
M. Duhaime: ... vous connaissez les conventions collectives de
travail. Je vais me présenter à mon bureau tantôt pour
travailler toute la soirée, demain, samedi, toute la journée,
dimanche aussi pour reprendre le temps perdu, mais j'avoue qu'il n'y aura pas
de fonctionnaires à mon ministère. Je me doute que, si le
député de Charlevoix me repose la même question lundi, je
vais être obligé de lui dire que je n'ai pas pu m'en occuper, que
je regrette et qu'aussitôt que j'aurai pu me libérer de la
commission, je m'occuperai des 75 000 cordes de bois dans le comté de
Charlevoix pour s'assurer qu'avant l'automne 1982, ce bois ne soit pas
perdu.
M. Lalonde: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Étant donné
qu'il est 18 heures, on ne peut procéder à un vote sur cette
motion. Les travaux sont ajournés à lundi, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 heures)