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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources reprend
ses travaux afin d'étudier article par article le projet de loi no 16,
Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Polak (Sainte-Anne); M.
Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M. Tremblay (Chambly); M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M.
Grégoire (Frontenac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss
(Pontiac) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Perron
(Duplessis) remplacé par M. Marquis (Matapédia); M. Rodrigue
(Vimont), M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)...
Une voix: Je n'ai pas entendu le nom d'Yves Duhaime.
Le Président (M. Laplante): J'ai nommé M. Duhaime,
oui... M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges); M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc); M.
Hains (Saint-Henri) remplacé par M. Saintonge (Laprairie); M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Middlemiss (Pontiac); M. O'Gallagher
(Robert Baldwin) remplacé par M. Lincoln (Nelligan); M. Tremblay
(Chambly).
Lors de l'ajournement de nos travaux, vendredi, nous en étions
à une motion présentée par le député
d'Outremont...
M. Fortier: II n'y avait pas une motion pour demander
l'ajournement?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! La motion d'ajournement tombe automatiquement.
M. Lalonde: M. le Président, question de directive. Cela
veut dire qu'on pourrait faire une autre motion d'ajournement ce matin?
Le Président (M. Laplante): Oui, la même chose. La
motion d'ajournement est tombée automatiquement puisque les travaux ont
été suspendus d'une façon automatique.
La motion en suspens est la motion du député d'Outremont,
qui se lit comme suit: Que le paragraphe 3.1 de l'article 1 soit modifié
en remplaçant, dans les première et deuxième lignes, les
mots "(insérer ici la date de l'entrée en vigueur du
présent article)" par les mots "1er janvier 1985". Il restait deux
minutes au député de Laprairie. C'est tout le temps qui restait
sur cette motion, et j'appelle le vote.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il ne restait pas
quelques minutes au député d'Outremont?
Le Président (M. Laplante): Non, le député
d'Outremont...
M. Lalonde: Vous l'aviez effacé parce que vous pensiez
qu'on finirait.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas pu la passer,
celle-là:
M. Lalonde: ... sérieusement.
Le Président (M. Laplante): C'est exact, il reste sept
minutes au député d'Outremont.
M. Fortier: Si je l'avais su, je me serais préparé.
J'ai sept ministres péquistes dans mon comté.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont.
M. Fortier: D'ailleurs, Mme Harel aurait été
nommée ministre si elle était demeurée dans Outremont,
mais elle a décidé de s'en aller dans Maisonneuve.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, vous avez la parole sur la motion.
Motion d'amendement à l'article 1
(suite)
M. Pierre-C. Fortier (suite)
M. Fortier: Sur la motion: M. le Président, c'est avec
beaucoup de plaisir -d'autant plus que j'ai eu toute la fin de semaine pour me
préparer - que je parlerai sur cet amendement - je crois que nous sommes
toujours sur l'amendement - qui affecte l'article 3.1. Pour ceux qui
n'étaient pas ici la dernière fois, je vais relire cet
article 1, paragraphe 3.1, de la Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec, qui dit: "À compter du (insérer ici la
date d'entrée en vigueur du présent article), la
Société continue d'exister comme compagnie à fonds
social." Si ma mémoire est fidèle, nous avons proposé un
amendement à savoir que cette date, qui n'était pas prévue
par le ministre, soit le 1er janvier 1985. J'avais commencé à
donner les raisons pour lesquelles je croyais que cette lacune du ministre
devait être comblée puisque je trouvais un peu aberrant que le
ministre, qui avait pris tellement de temps à préparer son projet
de loi, ne prévoit pas une date à laquelle la
Société Hydro-Québec serait transformée en
société à capital-actions, pour parler en langage de tous
les jours.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Laplante): J'aurais dû vous le dire
au début, mais comme c'est vous qui avez apporté cette motion
importante pour changer la date au 1er janvier, il y en a qui ont même
osé en présenter une pour le 3 janvier et j'ai
préservé vos droits en la jugeant non recevable.
M. Fortier: M. le Président, je crois qu'on doit vous
féliciter, depuis que nous avons commencé cette commission, vous
avez protégé les droits de tous et chacun...
M. Lalonde: II ne faut pas parler trop vite.
M. Fortier: Depuis que nous avons commencé, il y a cinq
minutes, cela a bien été!
M. Lalonde: II a commencé aujourd'hui, oui!
M. Tremblay: ... M. Fortier: Pardon?
M. Tremblay: II a même protégé les droits de
"Philip Buster".
M. Fortier: Vous avez fait des choses pendant mon absence que je
n'ai pas... M. le Président, pour être plus sérieux,
j'avais posé deux questions.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: Oui, à l'ordre, s'il vous plaît! J'avais
posé deux questions et tenté d'y répondre.
Premièrement, pourquoi transformer Hydro-Québec en
société à capital-actions? Je crois que c'est une question
fondamentale à laquelle nous n'avons pas eu de réponse
satisfaisante. La deuxième question est: À compter de quelle date
devons-nous faire cette transformation?
J'avais tenté d'expliciter et, aussitôt que j'aurai le
compte rendu de ce que M. le ministre des Finances a dit, il me fera plaisir de
revenir sur le sujet, parce qu'il a semblé établir, en utilisant
des arguments qui tenaient à quelques principes, dont ceux reliés
à la tarification et aux besoins d'Hydro-Québec...
M. Grégoire: Non, ce n'est pas la tarification, c'est la
date.
M. Fortier: Oui, mais je me référais au discours du
ministre des Finances et je disais que si j'avais eu le compte rendu de ce
qu'il a dit, il m'aurait fait plaisir de revenir sur les arguments qu'il avait
utilisés. Je vais m'en remettre à mes propres arguments, M. le
Président, et justement la date, c'est que nous avons tenté de
démontrer que cette transformation n'était pas nécessaire,
mais que, d'autre part, la date...
M. Grégoire: La date.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, le député de
Frontenac n'était pas ici vendredi. On a tout de même fait un bon
bout de chemin peut-être parce que justement il n'était pas ici.
Là il commence à interrompre et même à prendre un
peu la position, disons, du président. Ce n'est pas lui qui mène
le débat, M. le Président. Je pense qu'il faut le rappeler
à l'ordre. Qu'il laisse le député parler pour qu'il fasse
le point.
M. Lalonde: Qu'il marmonne dans son comté s'il veut.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: ... rappelé à l'ordre.
Le Président (M. Laplante): ... il est dans l'ordre. M. le
député d'Outremont est dans l'ordre actuellement. C'est qu'il
parle souvent de la date, mais il dit le pourquoi aussi. Il
préfère le 1er janvier à cause des contraintes que cette
loi pourrait apporter. C'est très large.
M. Grégoire: M. le Président, il ne parle pas de la
date. À un moment donné,
comme un train qui a une roue croche, il dit "la date" et il repart sur
la tarification et il dit "la date", le ministre des Finances et "la date".
Écoutez...
M. Fortier: Pour donner satisfaction à ceux qui ont mal
entendu, je vais parler de la date plus souvent.
M. Lalonde: Ce n'est rien qu'un maniaque.
M. Fortier: Essentiellement, M. le Président, c'est que
les motifs qui militent en faveur de la transformation en société
à capital-actions influent beaucoup sur la date à laquelle cette
transformation doit se faire. Je vais essayer, dans les quelques minutes qu'il
me reste, de faire une relation directe entre les raisons qui militent en
faveur de cette transformation et la date. Le ministre des Finances - je
reviens au discours sur le budget - disait ceci et je vais revenir sur la date
dans une minute. Oui, on peut le laisser faire? C'était quand même
dans mon propos, cher collègue. Il disait ceci, dans son discours sur le
budget au mois de mars: Jusque-là, si on laisse le prix du courant
électrique suivre le rythme de l'inflation, on arrivera à une
situation où dans quelques années Hydro-Québec
autofinancera 60% de tous ses investissements. Et cela, M. le Président,
était dit au mois de mars. Depuis cette date, il est vrai que nous avons
eu une commission parlementaire, mais nous nous sommes aperçus que les
choses évoluaient tellement rapidement que les chiffres avancés
par le ministre des Finances au mois de mars, et même par
Hydro-Québec lors de sa comparution en commission parlementaire à
la fin du mois d'août s'avèrent...
M. Grégoire: Vous êtes partis.
M. Fortier: Non, je vais corriger cette erreur une fois pour
toutes. Nous sommes restés à la commission parlementaire qui a
discuté de la loi 16, mais c'est lorsque nous avons discuté la
tarification. Lorsque nous avons discuté de la loi 16, nous sommes
restés jusqu'à la fin et nous avons posé des questions.
Mais les chiffres qui ont été avancés par
Hydro-Québec, à ce moment, se révèlent maintenant
plus véridiques parce qu'ils militent contre une transformation qui
amènerait le paiement de dividendes.
Ici, M. le Président, juste pour le souligner, on disait qu'il
serait possible qu'Hydro-Québec s'autofinance à 60% si on suivait
le rythme de l'inflation. Le trésorier d'Hydro-Québec a
démontré lors de cette commission parlementaire que, suivant les
calculs que lui avait faits, l'autofinancement ne serait que de 25% ou de 30%.
Mais, comme les conditions financières sont encore plus difficiles et
qu'Hydro-Québec a fait dernièrement des coupures encore plus
importantes dans son programme d'investissement, il est d'ores et
déjà démontré, il me semble, à la
lumière des décisions qui ont été prises par le
conseil d'administration d'Hydro-Québec, qu'il sera de plus en plus
difficile pour Hydro-Québec d'autofinancer même un programme
réduit. Vous vous en souviendrez, M. le Président, le programme
d'investissement d'Hydro-Québec demandait un autofinancement ou un
financement extérieur de l'ordre de 2 500 000 000 $ alors que le
ministre des Finances nous parlait de 2 000 000 000 $. Il s'avère que le
trésorier vient d'annoncer dans le journal de ce matin qu'on vient tout
juste de compléter l'enveloppe de financement externe qui était
requise par Hydro-Québec pour 1982. Si on analysait les emprunts qui ont
été faits par Hydro-Québec cette année, on se
rendrait compte que les taux d'intérêt qui ont été
payés effectivement par HydroQuébec sont beaucoup plus importants
que tous les taux d'intérêt des années dernières,
mais il y a plus significatif que ça. C'est qu'il...
M. Grégoire: Le taux d'intérêt, c'est
à cause du fédéral.
M. Fortier: À cause du fédéral, je ferai une
remarque au député de Frontenac, M. le Président, une
très grande partie du financement d'Hydro-Québec se fait aux
États-Unis. Pour autant que je sache, le gouvernement
fédéral canadien a peu d'influence sur ce qui peut se passer aux
États-Unis. (10 h 30)
M. Grégoire: Parce que les taux d'intérêt
sont plus bas qu'au Canada.
M. Fortier: M. le Président, il reste que les taux
d'intérêt payés aux États-Unis sont quand même
supérieurs; les taux négociés aux États-Unis sont
quand même plus importants que ceux qui ont été
négociés les années dernières aux
États-Unis. On ne peut pas, à cet égard, apporter
l'argument du gouvernement fédéral. C'est une conjoncture
internationale.
Oui, je reviens là-dessus. Ce que j'essayais de
démontrer...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez bien conclure,
s'il vous plaît!
M. Fortier: ... M. le Président, c'est que la conjoncture
sur le plan du financement pour Hydro-Québec est pire que celle que M.
Lafond nous avait décrite au mois de février de cette
année et elle est pire que la situation qui a été
décrite au mois de mars par le ministre des Finances. La conjoncture est
pire que la situation qu'Hydro-Québec nous avait décrite au
mois
d'août dernier et toutes ces raisons militent une fois de plus
pour retarder la date d'application de cette transformation
d'Hydro-Québec en société à capital-actions puisque
ceci automatiquement l'amènera à déclarer des dividendes
et à payer, en plus, la taxe sur le capital alors que,
présentement, elle n'a pas à proprement parler de capital. Ce
sont toutes des raisons, M. le Président, qui militent en faveur d'un
examen plus attentif des impacts de ce projet de loi sur Hydro-Québec
puisque tous et chacun d'entre nous autour de cette table voudraient bien quand
même, malgré tout, qu'Hydro-Québec puisse réaliser
un certain programme d'équipement et qu'elle puisse se financer à
des taux d'intérêt qui seraient acceptables pour elle et pour les
consommateurs du Québec, de sorte qu'elle puisse jouer son rôle de
moteur de l'économie, de société capable de construire des
génératrices d'électricité qui pourront subvenir
à nos besoins dans l'avenir.
Là-dessus, je conclus en disant, M. le Président, que la
situation actuelle est encore pire que celle que nous avons observée
depuis six mois. D'ailleurs, je lisais vendredi dernier un rapport qui a
été présenté relativement aux grands projets
énergétiques canadiens et, compte tenu des fluctuations des taux
d'intérêt - même s'ils sont à la baisse
présentement, ils auront tendance à fluctuer dans l'avenir - ceci
fera en sorte que ce sera très difficile pour Hydro-Québec de
vendre... Comment appellent-ils cela, des "bonds"?
Des voix: Des obligations.
M. Fortier: ... des obligations sur une longue période de
temps et rendra son financement encore plus difficile. M. le Président,
il se pourrait fort bien qu'il soit nécessaire d'augmenter
l'autofinancement d'Hydro-Québec de 25% à 50% et à 60% et,
s'il fallait le faire pour préserver la position d'Hydro-Québec,
il sera à ce moment-là impossible pour Hydro-Québec de
payer des dividendes, ce qui rendrait nul l'article 1 qui est devant nous.
C'est la raison pour laquelle il faut prendre plus de temps pour examiner les
vrais motifs de ce transfert qui n'iront sûrement pas dans le sens de
favoriser les besoins d'Hydro-Québec, ce qui permettrait à
Hydro-Québec de jouer pleinement son rôle. Je conclus
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Outremont. J'appelle le vote. Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Je voulais dire un mot.
Le Président (M. Laplante): Vous avez 20 minutes.
M. Grégoire: J'ai 20 minutes, mais c'est seulement pour
dire que je suis heureux de voir que le député d'Outremont a
reconnu que les malheurs qui affligent le Québec à l'heure
actuelle et Hydro-Québec en particulier sont tout de même dus au
fédéral avec ses taux d'intérêt
exagérés, je dirais même usuraires.
M. Fortier: M. le Président, par l'article 96, je peux
corriger...
M. Grégoire: Non, non, c'est...
M. Fortier: ... l'interprétation qu'il a faite de mon
discours. Si ma mémoire est fidèle, j'ai très peu
parlé du financement canadien. J'ai parlé du financement
américain pour démontrer que la conjoncture américaine a
influencé notablement la position financière
d'Hydro-Québec cette année et que, même là, si on
limitait notre débat au financement américain, on en arriverait
à des conclusions très semblables.
M. Grégoire: M. le Président, toujours avant
d'avoir...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, j'aimerais que vous soyez dans la pertinence, vous aussi...
M. Grégoire: Oui, mais je veux tout de même
parler...
Le Président (M. Laplante): ... tel que vous l'avez
signalé au député d'Outremont tout à l'heure.
Une voix: La date, la date!
M. Grégoire: Je veux tout de même parler de ce que
le député d'Outremont a dit. C'est vrai, les taux
d'intérêt américains à l'heure actuelle sont de cinq
points inférieurs au taux d'intérêt canadien.
M. Lalonde: La pertinence, c'est seulement quand on parle.
Une voix: Ah bon!
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote sur la
motion...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une directive à
vous demander avant le vote.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Lalonde: Pouvez-vous nous assurer comme président que
le vote que nous allons prendre dans quelques secondes ne sera pas
renversé par un référendum appelé par le chef du
Parti québécois, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): II faudra le demander à
la personne qui le demande.
M. Rodrigue: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vimont.
M. Rodrigue: Je constate en ce lundi matin que les propos qu'on
tient de l'autre côté sont aussi insipides que ceux de la semaine
dernière.
M. Dussault: C'est une belle constatation.
M. Fortier: Non, mais on faisait référence au
premier ministre! Il y a un...
M. Lalonde: M. le Président, demandez au
député de Vimont s'il a signé, lui.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote sur la
motion du député d'Outremont. Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des voix: Oui.
M. Grégoire: M. le Président, il faudrait
définir le mot "insipide".
Le Président (M. Laplante): Adopté? Des voix:
Rejeté.
Le Président (M. Laplante): Rejeté sur division ou
par vote?
Des voix: Au vote.
Une voix: Un vote secret.
Le Président (M. Laplante): M. Polak (Sainte-Anne).
M. Polak: Pour.
Le Président (M. Laplante): M.
Tremblay (Chambly).
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime (Saint-Maurice). M.
Dussault (Châteauguay).
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont).
M. Fortier: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet).
M. LeBlanc: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Marquis
(Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Rodrigue (Vimont).
M. Rodrigue: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond).
Une voix: Absent.
Le Président (M. Laplante): Trois pour et cinq contre.
Motion rejetée.
M. Fortier: Ce n'est pas juste, ils ont plus de monde de l'autre
côté.
Le Président (M. Laplante): C'est bien cela. Six à
trois.
M. Lalonde: Un référendum, cela peut
être...
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1 du
projet de loi no 16. Est-ce qu'il sera adopté?
Des voix: Adopté.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais que vous
rafraîchissiez notre mémoire en ce qui concerne la
délibération sur le paragraphe 3.1. D'abord, il me semble qu'il y
a eu quelques droits de parole sur l'amendement qui ont été
utilisés; sur l'article 3.1, peut-être que quelques-uns l'ont
été. J'aimerais que vous nous rafraîchissiez la
mémoire à ce moment-là.
Le Président (M. Laplante): Sur l'article 3.1, seulement
M. le ministre a parlé et aucun membre de l'Opposition n'a parlé
encore à ce sujet, si vous avez présenté une motion tout
de suite après l'appel.
M. Lalonde: M. le Président, on a tenté...
Le Président (M. Laplante): M. Fortier a
déjà quatre minutes de pris dessus, mais c'est au moment de
présenter sa motion que...
M. Lalonde: Alors, M. le Président, sur le fond de cette
question, à l'article 3.1, nous abordons réellement le coeur du
projet de loi 16; c'est à l'article 3.1 qu'on prétend vouloir
transformer essentiellement et substantiellement la société
Hydro-Québec et, à cette étape de nos travaux, je trouve
un peu inquiétant, ou enfin peut-être inusité, que le
ministre ne soit pas présent à nos délibérations.
Vous vous souvenez, M. le Président, et je le fais sur une question de
règlement et non pas sur mon temps, que le ministre a dû
s'absenter à quelques reprises et nous n'en avons pas fait tout un plat
sauf que, peut-être une fois ou deux, nous avons demandé sa
présence. Nous avons même accepté qu'il s'absente toute une
soirée, il avait une excellente raison d'ailleurs. Mais, lorsque nous
discutions de motions préliminaires, sachant un peu d'avance quelle
était son idée ou, enfin, le ministre l'ayant exprimée par
son attitude, on n'a pas soulevé...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je ne le prends pas sur une question de règlement,
je le prends sur votre intervention sur l'article 1, une question de
règlement doit être courte.
M. Lalonde: Alors, j'en fais une question de règlement
courte, M. le Président. Est-ce que vous allez tolérer longtemps
que la commission siège sans qu'il y ait de ministre ou est-ce que vous
allez attendre qu'on fasse une motion pour appeler le ministre?
Le Président (M. Laplante): C'est qu'au cours des travaux,
sans qu'il y ait eu une entente écrite ou formelle, il était
entendu que le président acceptait la présence de l'adjoint
parlementaire du ministre ou le ministre, l'un ou l'autre, mais que, lorsque
les deux ne seraient pas ici, je n'accepterais pas moi-même de
siéger pour protéger les droits des membres de l'Opposition.
Actuellement, il m'a semblé que vous avez accepté, je ne dirais
pas de façon formelle, la présence, en l'absence du ministre, de
l'adjoint parlementaire.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, j'aimerais dissiper, s'il y avait quelques doutes dans votre
esprit, les états d'âme qui vous ont inspiré les mots que
vous venez d'exprimer. Il est vrai qu'à quelques reprises, le ministre
s'est absenté pendant quelques minutes, mais jamais j'espère que
vous ne prétendez pas parler au nom de l'Opposition lorsque vous faites
comme vous venez de le faire - l'Opposition ne va accepter de discuter de ce
projet de loi sans la présence du ministre. Ce n'est pas faire injure
à l'adjoint parlementaire, mais il ne siège pas au Conseil des
ministres. S'il y a des décisions importantes à prendre pour
changer ce projet de loi, les conséquences sont trop graves. On ne peut
pas accepter de le faire sans la présence du ministre. À
plusieurs reprises, par exemple, lorsque le ministre des Finances a dû
nous quitter jeudi soir - je ne me souviens plus exactement, je sais que
l'adjoint parlementaire n'était pas là non plus - vous avez
vous-même ajourné la commission proprio motu et vous avez bien
fait. L'adjoint parlementaire ne peut pas répondre, ne peut pas prendre
de décisions ministérielles, c'est évident. S'il
s'agissait simplement d'informations...
M. Rodrigue: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Laplante): Oui, je l'écoute.
M. Lalonde: ... peut-être, mais, sur la question de fond,
il ne peut pas prendre de décision. Je vais protester de la façon
la plus vigoureuse, parce que de votre décision dépend...
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer, s'il vous plaît! ...
toute l'allure de la commission, même sa raison d'être, parce que,
si vous nous permettez, si vous nous obligez plutôt à
siéger sans ministre ce matin, vous pourrez le permettre aussi cet
après-midi et ce soir et demain. Cela deviendra une farce.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: On entend la même cassette que la semaine
dernière. Cela devient un peu tannant à la longue. La semaine
dernière, il y a des députés de l'Opposition qui ont dit:
M. le Président, on ne siégera pas en l'absence soit du ministre,
soit de son adjoint parlementaire. Ce matin, de toute façon, j'ai
l'impression que la cassette s'est enrayée à un endroit. Tout
à coup, c'est l'exigence de la présence du ministre. Le ministre
a demandé à son adjoint parlementaire d'être présent
ici pour le représenter. Je ne vois pas très bien quel
plat veut faire le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Où est le règlement dans vos propos?
Vos humeurs sont là, mais le règlement, où est-il?
M. Rodrigue: M. le Président, c'est moi qui ai la parole.
Je vous prie de demander au député de Marguerite-Bourgeoys
d'être assez poli et de se taire pendant que l'autre parle.
M. Lalonde: Si vous soulevez une question de règlement,
faites une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense que les membres vous ont
écouté.
M. Rodrigue: Sur cette question, M. le Président...
M. Lalonde: Vous rappellerez aussi les autres à l'ordre
quand ils nous interrompent.
M. Rodrigue: La semaine dernière, c'est l'Opposition
elle-même qui a dit que cela prenait la présence du ministre ou de
son adjoint parlementaire. Il faudrait qu'elle soit conséquente avec
elle-même. Je comprends qu'on est dans la plus complète
incohérence à cette commission.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Rodrigue: On ne peut pas soulever une question de
règlement quand il y en a une autre de soulevée. Que le
député de Marguerite-Bourgeoys qui a pris son temps tout à
l'heure attende qu'on ait fini nos interventions.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Rodrigue: M. le Président... M. Lalonde: II fait un
"filibuster":
Le Président (M. Laplante): Continuez, M. le
député de Vimont. Je prendrai votre question de règlement
après, M. le député.
M. Rodrigue: Cela va.
M. Lalonde: II a fini par s'apercevoir qu'il gardait la parole.
Sur la question de règlement, naturellement, lorsqu'il y a ni le
ministre ni l'adjoint parlementaire, cela devient presque faire insulte
à la commission. Nous attaquons la substance du projet de loi. Nous
allons demander au ministre de faire des changements. Que peut répondre
l'adjoint parlementaire parce qu'il ne siège pas au Conseil des
ministres? Absolument rien. Je regrette, M. le Président, mais je fais
appel à votre sens du parlementarisme pour faire en sorte que cette
commission ne devienne pas seulement une comédie.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Je pense bien que le député de
Marguerite-Bourgeoys a un bon point. Seulement, comme le ministre l'a dit la
semaine dernière, s'il est absent, je parle au nom du ministre comme
adjoint parlementaire. Si cela ne suffit pas au député de
Marguerite-Bourgeoys, je me demande ce que cela va lui prendre.
M. Lalonde: Le ministre.
M. Grégoire: Comme le ministre l'a dit la semaine
dernière, lorsqu'il est absent, l'adjoint parlementaire parle au nom du
ministre. Je pense que cela devrait suffire au député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): J'aurais une décision
à rendre si...
M. Fortier: J'aimerais juste ajouter ceci. Je crois que le
ministre a été très clair. J'aimerais juste corriger ce
que le député de Frontenac a dit. Il a dit ceci. Ce serait
intéressant d'avoir les épreuves. Il y a une entente entre nous
en ce sens que l'adjoint parlementaire s'occupe uniquement de procédure
et que je m'occupe du contenu. (10 h 45)
Une voix: Oui.
M. Fortier: Je résume. Mais il a dit: Par ailleurs, il est
vrai qu'il a le dossier de l'amiante. Mais comme on ne discute pas de
l'amiante, qu'on discute de l'énergie et du projet de loi no 16, je
crois que les propos du ministre étaient beaucoup plus limitatifs que
ceux qui sont rapportés par le député de Frontenac.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, vous savez que le président ne peut imposer la
présence de telle ou telle personne sans en référer aux
membres de la commission. Il est de tradition que le ministre soit
présent à l'étude article par article d'un projet de loi.
Le pouvoir d'un adjoint parlementaire est très restreint. Je pense que
chacun de nous le sait. Le règlement permet à l'adjoint
parlementaire de donner une réponse à l'Assemblée
nationale en l'absence du ministre. Si je comprends bien ce qui se passe
à l'Assemblée nationale, les pouvoirs
de l'adjoint parlementaire peuvent s'étendre en commission
parlementaire aussi, mais il reste que, depuis le début de cette
commission, depuis ce matin, depuis près de 25 minutes que nos travaux
ont commencé, on a même adopté une motion, parlé sur
celle-ci et personne n'a soulevé l'absence du ministre par une question
de règlement. C'est après...
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): Laissez-moi finir et,
après cela, je vous donnerai tout le loisir voulu de parler sur les
questions de règlement. À ce moment-ci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys sent le besoin - les raisons qu'il
donne lui sont propres - de souligner l'absence du ministre. Comme
président d'une commission, je n'ai pas à trancher sur cette
absence. Si c'est le voeu de la commission d'avoir la présence du
ministre ici, ce qu'il me reste à faire, c'est de suspendre ou
d'ajourner les travaux sine die.
M. Grégoire: Vous avez à demander l'avis de la
commission, non pas de suspendre.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est ce que j'ai dit,
c'était sur l'avis de la commission.
M. Lalonde: J'aimerais faire une petite précision, M. le
Président.
M. Dussault: J'ai soulevé une question de
règlement, M. le Président.
M. Lalonde: Mais c'est sur vos propos, l'article 96.
Le Président (M. Laplante): Une minute! M. le
député de Châteauguay, je vous reconnais.
M. Dussault: M. le Président, il y a des
précédents à l'Assemblée nationale et en commission
parlementaire disant que les adjoints parlementaires parlent au nom du
ministre, et très formellement, puisque certains projets de loi ont
été défendus d'un bout à l'autre par l'adjoint
parlementaire.
Il était de plus, M. le Président, très explicite,
et c'était très formel de la part de l'Opposition, qu'un adjoint
parlementaire pouvait ici, à la commission, parler au nom du ministre.
On n'a pas fait de distinction à ce moment-là entre ce qui
pouvait faire l'objet à toutes fins utiles d'un "filibuster" et
l'étude du projet de loi article par article. Si, maintenant,
l'Opposition revendique que ce soit l'adjoint parlementaire, parce qu'on
travaille article par article, l'Opposition admet par le fait même
qu'elle faisait un "filibuster", ce qu'elle a eu tendance à
réfuter dans les derniers jours de la semaine. Que ces gens aient de la
cohérence, de la logique! Ou ils faisaient une "filibuste" et, à
ce moment-là, on va admettre que l'adjoint parlementaire ne parlera pas
ici, puisqu'il faudrait que le ministre y soit, ou qu'ils n'admettent pas qu'il
y avait ici une "filibuste" et, à ce moment-là, on travaillera
avec l'adjoint parlementaire, puisque c'est possible, les
précédents le démontrent très clairement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je me demande quel fil
d'araignée est en train de se construire dans l'esprit du
député de Châteauguay. Qu'est-ce que c'est qu'une
"filibuste"? Personne ne sait ce que c'est. C'est dans l'esprit du
député tout simplement. Il s'agit d'un projet de loi
extrêmement important, tellement important que le gouvernement ne veut
pas le retirer, et cela fait seulement une semaine que nous sommes à
l'étudier ici en commission parlementaire. La distinction que le
député de Châteauguay fait, c'est que si l'Opposition
officielle discute avec vigueur, à ce moment-là, on n'a pas
besoin de ministre...
M. Paradis: On l'étudie sérieusement!
M. Lalonde: ... mais si l'Opposition officielle dit oui à
tout ce qu'on propose, on a besoin d'un ministre. Il me semble que c'est le
contraire.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président. La distinction dont je parle, ce sont eux-mêmes qui
l'ont faite tout à l'heure.
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé. Je n'ai pas
terminé, M. le Président, est-ce que vous allez protéger
mon droit de parole?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je vous donnerai la parole tout de suite
après.
M. Lalonde: Je voulais corriger une impression que vous avez eue
tout à l'heure en ce sens que nous ne nous sommes pas plaints de
l'absence du ministre avant que le vote soit pris. Nous avons commencé,
comme vous l'avez remarqué, les travaux à 10 h 20. Nous avons
attendu assez longuement. Il y a eu une tempête de neige, apparemment.
Bon, je vous remercie de votre patience. Il y a eu quelques conversations,
même privées, auxquelles vous avez participé, à
savoir si on devait commencer à 10 h 30 ou à 10 heures ce matin.
En fin de compte, cela a été ajourné à 10 heures,
mais je trouvais abusif
de soulever la question de l'absence du ministre jusqu'à 10 h 30,
pour toutes ces raisons.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, ce sont eux-mêmes, de
l'Opposition, qui ont fait une distinction entre la partie de l'étude
qui relève de la procédure et l'autre partie qui relève de
l'étude article par article. Je n'invente rien, ce sont eux qui ont fait
la distinction tout à l'heure. Ils ont dit que, pour les questions qui
relevaient de l'adjoint parlementaire, le député-adjoint
parlementaire pourrait parler au nom du ministre. On ne fait que des questions
de procédure depuis le début parce que, justement, on vit un
"filibuster" ici, à la commission parlementaire. Ces gens-là
revendiquent ce matin que ce soit maintenant le ministre qui parle parce qu'on
ne fait plus de "filibuster"; c'est ça qu'on devrait comprendre, M. le
Président, et je n'invente rien, c'est leur logique que je
défends ici ce matin.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je comprends...
M. Grégoire: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, respectez donc le droit de parole du député
de Sainte-Anne.
Le Président (M. Laplante): Très court, s'il vous
plaît, parce que je ne passerai pas la matinée sur cette
question-là, je vais la régler assez vite.
M. Polak: Sur la présence de l'adjoint qui parle au nom du
ministre, je comprends très bien le système. Le problème,
c'est que l'adjoint, s'il avait été ici tout au long des travaux,
pourrait parler au nom du ministre mais, vendredi, l'adjoint n'était
même pas ici. On ne l'a pas vu. Je dirais, M. le Président pour
trouver une solution, que l'adjoint devrait nous donner, par exemple, un
résumé de tous les arguments qui ont été
présentés vendredi, parce qu'on a avancé des arguments
d'importance, de part et d'autre.
M. Grégoire: Question de privilège, il n'y a pas eu
d'arguments de présentés. Il n'y a eu aucun argument de
présenté.
M. Polak: II ne pourra jamais parler au nom du ministre, le
ministre était ici vendredi, mais pas lui.
M. Grégoire: C'est assez....
Le Président (M. Laplante): Je vais rendre une
décision. Il a été soulevé que même des
adjoints parlementaires ont piloté des projets de loi à
l'Assemblée nationale, avec le consentement, c'est vrai, avec la
présence du ministre, en Chambre aussi, dans le cas de deux projets de
loi: dans le temps que M. Clair, le député de Drummond,
était adjoint parlementaire de Mme Payette qui était aux
Institutions financières et quand M. Godin, député de
Mercier, était adjoint parlementaire du ministre de la Justice. Mais les
ministres étaient présents en Chambre au moment où les
projets de loi ont été débattus et il reste que c'est un
droit de l'Opposition que je ne puis contester ici. Ce n'est pas à moi
de dire que c'est un "filibuster" ou que ce n'en est pas un qui se
déroule au moment où je préside, c'est à la
commission d'en décider, mais l'Opposition a ses droits d'Opposition
qu'on est aussi obligé de préserver. Si elle décide de ne
pas siéger en l'absence du ministre, il me reste une chose à
faire, c'est de suspendre ou d'ajourner la séance actuellement
engagée. C'est ma décision de président, M. le
député de Frontenac. Je vous dis que si le déroulement se
présente ainsi le président ne siégera pas.
M. Dussault: Question de privilège.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay. Je n'ai pas ajourné encore, il y a plusieurs
questions de règlement encore.
M. Dussault: M. le Président, je pense que je ne pourrais
pas demander à l'Opposition de me dire selon quel article du
règlement nous devrions fonctionner mais je pense qu'à vous, M.
le Président, la question peut se poser parce qu'on peut vous demander
des directives.
J'aimerais vous demander, M. le Président, en vertu de quel
article, au singulier ou au pluriel, de notre règlement vous pourriez
suspendre les travaux de la commission parce que le ministre ne serait pas ici
et qu'il n'y aurait que son adjoint parlementaire? J'aimerais le savoir, M. le
Président. C'est de conséquence, ce qui se passe.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous répondre
là-dessus. Je trouverais que sur l'étude d'un projet de
loi...
M. Grégoire: Vous faites bien de mettre ça au
conditionnel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît! À l'occasion d'une commission
parlementaire où
on aurait à entendre des mémoires, comme cela s'est
produit à la commission sur HydroQuébec où l'Opposition a
senti le besoin de se retirer pour des raisons qui lui sont personnelles et que
je n'ai pas à juger, je n'avais aucun scrupule à continuer tant
et aussi longtemps que le quorum n'aurait pas été
demandé.
Il y a eu d'autres précédents au cours des années.
Lorsqu'il s'agit de l'étude d'un projet de loi, article par article,
lorsque l'Opposition se retire pour l'étude de ce projet-là, pour
des raisons qu'elle évoque et qui lui sont encore personnelles, je
trouverais indécent pour un président de continuer à
siéger. Si un autre président voulait le faire, c'est lui que
cela regarderait mais moi, comme président de cette commission, je
n'hésiterai pas à ajourner sine die ou à suspendre les
travaux.
M. Grégoire: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, pour régler le
problème, comme je l'ai dit tantôt, à l'heure actuelle
à la commission, je parle au nom du ministre.
M. Lalonde: S'il savait cela!
M. Grégoire: II le sait, je parle au nom du ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Grégoire: Cela étant dit, M. le
Président, je crois que cela répond à vos
interrogations.
M. Lalonde: S'il vous plaît, ne pas le dire au ministre, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Je vous crois, M. le
député de Frontenac, je vous crois mais je ne suis pas
maître de ces travaux. Je ne peux dire à quelqu'un: Tu vas
siéger ou tu ne siégeras pas. C'est cela que je veux que vous
compreniez.
M. Grégoire: C'est la commission qui doit
décider.
M. Lalonde: Est-ce que c'est une remaniement
ministériel?
C'est le président qui décide de siéger ou de ne
pas siéger.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, pour ne pas
véritablement créer de jurisprudence qui puisse être
défavorable à quelque parti de l'Assemblée nationale, je
pense qu'il serait souhaitable que vous laissiez faire ce choix à
l'Opposition de rester ici ou de ne pas rester ici face à la
présence du ministre ou pas. Je pense qu'il ne serait pas bon, pour
l'avenir des travaux en commission comme à l'Assemblée nationale,
que vous décidiez à la place de l'Opposition d'être ici ou
pas alors que le ministre n'y est pas mais qu'il y a un adjoint
parlementaire...
Le Président (M. Laplante): Attention, M. le
député de Châteauguay, je n'ai pas décidé,
pas du tout.
M. Dussault: Mais si vous suspendez...
Le Président (M. Laplante): L'Opposition n'a pas encore
dit qu'elle se retirait mais je vous dis que, s'il arrive des choses, mon
premier devoir est de suspendre pendant X minutes. Après, j'appelle les
travaux et, s'il n'y a pas personne qui se présente, je suis
obligé d'ajourner sine die.
M. Dussault: Ah bon! C'est bien. Donc, vous ne suspendez pas, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Mon devoir est de suspendre en
attendant l'arrivée exigée du ministre.
M. Grégoire: C'est nouveau cela!
Le Président (M. Laplante): Ce n'est rien de nouveau. Si
vous aviez écouté au lieu de me couper, M. le
député de Frontenac, vous auriez compris, c'est exactement ce que
j'ai et vous relirez les galées.
Maintenant, j'appelle l'article 1.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ce n'est pas simplement pour faire perdre le temps de
cette commission que nous avons soulevé cette question...
M. Tremblay: Est-ce qu'il parle sur une question de
règlement?
Cela fait longtemps, je l'avais demandé avant lui, s'il parle sur
une question de règlement, s'il parle sur l'article...
Le Président (M. Laplante): II parle sur une question de
règlement.
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais savoir qui est
le maître de l'assemblée ici? Est-ce que c'est le président
qui dirige la commission ou si c'est la
commission qui se dirige elle-même, qui dirige ses travaux et le
président fait en sorte que les travaux fonctionnent normalement, selon
les règlements?
Le Président (M. Laplante): C'est exact, c'est cela, c'est
le règlement.
M. Tremblay: Est-ce que, dans le règlement, il est dit que
le ministre doit être là?
Le Président (M. Laplante): C'est le ministre qui
défend sa loi, cela est dans les coutumes.
M. Tremblay: Oui, mais dans le règlement...
Une voix: C'est une convention.
M. Tremblay: Si ce n'est pas là, M. le Président,
je propose de demander le vote là-dessus.
M. Lalonde: Ah! M. le Président, question de
règlement.
Une voix: On va voter, cela serait démocratique.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je crois que l'article 3 est bien clair, la
procédure de l'Assemblée nationale du Québec est
réglée, premièrement par des lois, deuxièmement par
le règlement, troisièmement par des règlements
adoptés pour la durée d'une seule session, quatrièmement
par des ordres spéciaux et cinquièmement par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement. Cela est très clair.
M. Tremblay: Est-ce qu'il y a des précédents?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est donc pas simplement
pour retarder les travaux que nous avons soulevé cette question, je
pense que c'est une question extrêmement importante. Je dois vous
indiquer, comme je ne l'avais pas fait jusqu'à maintenant, que nous
n'allons pas accepter de continuer de discuter de ce projet de loi en l'absence
du ministre.
M. Grégoire: Cela prend une motion, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Non. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je vais suspendre les travaux
quinze minutes...
M. Grégoire: II n'y a pas de motion de suspension, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je suspends les travaux quinze
minutes en attendant l'arrivée de M. le ministre.
(Suspension de la séance à 10 h 59)
(Reprise de la séance à 11 h 29)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission. Avant de rendre une décision, le député de
Châteauguay, sur la question de règlement, s'il vous
plaît!
M. Dussault: M. le Président, j'ai ici des
éléments nouveaux qui vont nous permettre de clarifier la
situation et qui vont aussi, je pense, permettre que la commission puisse
reprendre ses travaux en la présence de l'adjoint parlementaire qui
agirait au nom du ministre. Je m'appuie, pour ce faire, sur la Loi sur la
Législature, à l'article 38, qui dit ceci: "L'adjoint
parlementaire est chargé d'assister le ministre auquel il est adjoint en
la manière que celui-ci détermine." Il y a déjà
là quelque chose d'important et "deuxièmement, en l'absence du
ministre, de représenter à l'Assemblée nationale - donc,
en commission qui est son prolongement - le ministère dont il a la
direction." À toutes fins utiles, un adjoint parlementaire, de par la
Loi sur la Législature, est reconnu comme pouvant jouer le rôle
d'un ministre.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous pouvez me le
passer, s'il vous plaît, monsieur? M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... naturellement, vous connaissiez comme moi
l'existence de cet article qui décrit, définit le rôle de
l'adjoint parlementaire. On a souvent vu les adjoints parlementaires...
M. Grégoire: M. le Président, seulement une
question. Est-ce qu'on pourrait faire fermer...? Parce que ça nous
aveugle de ce côté-ci, mais je ne voudrais pas
déranger.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous avez contre la liberté de
la presse, vous?
M. Grégoire: C'est la liberté de la lumière.
Ou mettez-la de ce côté-ci pour qu'elle arrive dans les yeux du
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'ai jamais eu d'objection à être
éclairé, M. le Président. Cela fera changement d'avoir
quelque chose de brillant de l'autre côté.
M. Grégoire: Vous avez besoin d'avoir de la
lumière.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, on a souvent vu des adjoints parlementaires... Justement, il
y en a un actuellement, l'adjoint parlementaire du ministre du Travail, qui, en
l'absence de ce dernier pour cause de maladie, répond aux questions,
tente d'informer l'Assemblée nationale du déroulement
administratif du ministère. Fort bien, c'est son rôle. Il remplace
le ministre, j'en suis sûr, pour couper les rubans. Il n'y a aucun doute
là-dessus, ça fait partie de son boulot.
M. Rodrigue: II y en a beaucoup dans le domaine du travail.
M. Lalonde: Non, mais quand une grève finit, s'il y en a
quelques-unes, de temps à autre, peut-être qu'on peut
célébrer un peu.
M. Grégoire: Ce genre de patronage ne se fait plus.
C'était bon pour le temps de Duplessis, ça.
M. Lalonde: Mais le cas qui nous fait face, M. le
Président, c'est le suivant. C'est l'absence de l'Exécutif
à l'Assemblée nationale, alors qu'on discute d'une
décision de l'Exécutif, d'une décision sur laquelle
l'Exécutif peut apporter des changements, d'une décision que
l'Exécutif peut retirer, si jamais le pouvoir exécutif est
convaincu que c'est la marche à suivre. On a déjà vu, M.
le Président, j'en suis sûr, dans les occasions très
exceptionnelles, un projet de loi discuté en l'absence de l'Opposition.
On me dit qu'il y aurait un précédent, je ne m'en souviens
pas...
M. Grégoire: Au mois d'août, quand vous êtes
parti...
M. Lalonde: Ce n'était pas un projet de loi...
M. Grégoire: M. le Président...
M. Lalonde: Excusez, je n'ai pas terminé. Vous pourrez
peut-être même me trouver, avec les recherchistes de l'autre
côté...
M. Grégoire: J'ai un précédent à vous
citer.
M. Lalonde: ...un précédent établissant que
l'Opposition s'est absentée, pour quelque raison qu'elle croyait juste
et valable, d'une commission parlementaire et que le gouvernement, qui doit
gouverner, a demandé à la commission parlementaire de continuer
de discuter un projet de loi. À ce moment-là, la
présidence avait devant elle l'exécutif et le pouvoir
législatif, tronqué de l'Opposition; si on ne faisait que
ça, à ce moment-là, ce serait un abus possible du pouvoir
de la majorité, parce que le président ou l'Assemblée
nationale doit continuer à pouvoir fonctionner. S'il y avait un
boycottage systématique de la part de l'Opposition pour assister aux
travaux, soit à l'Assemblée nationale ou en commission, à
ce moment-là, ce ne serait pas admissible. Le gouvernement devrait
pouvoir continuer à gouverner, d'accord.
Mais le boycottage vient de l'exécutif, M. le Président.
Ce n'est pas l'absence de l'Opposition. Si jamais l'Opposition se retire, vu
l'absence du ministre, à ce moment-là, vous auriez l'absence du
pouvoir exécutif et de l'Opposition. Je soumets respectueusement que ce
serait extrêmement difficile de justifier qu'une commission parlementaire
continue de siéger dans de telles conditions. Je pense que c'est
à peu près dans ce cadre que la décision que vous avez
à prendre se situe.
Pour les arguments du député de Châteauguay, je
reviens simplement à ceci: on ne peut pas demander à l'adjoint
parlementaire de prendre la décision du pouvoir exécutif à
la place du ministre. Je me souviens que le député de
Prévost, lors d'une période de questions, il y a quelques jours,
enfin à la présente session, avait répondu à un
député de l'Opposition qui lui posait une question: Qu'est-ce que
vous voulez que je fasse? Je ne siège pas au Conseil des ministres, moi.
C'était ça le problème.
M. Grégoire: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, c'est la dernière, M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, juste un mot. En
vertu de l'article 38, pour répondre à toutes les objections du
député de Marguerite-Bourgeoys, le ministre m'a demandé de
le représenter et d'agir en son nom ici ce matin.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Écoutez, je suis assez
éclairé pour pouvoir prendre une décision
là-dessus...
M. Polak: II y a un article du règlement... Est-ce que je
peux vous...
Le Président (M. Laplante): Lire l'article seulement.
M. Polak: M. le Président, l'article 66 dit, et ça,
c'est très important: "Un ministre peut toujours agir au nom d'un de ses
collègues." En d'autres termes, c'est un ministre qui peut agir au nom
de l'Exécutif, c'est l'argument du député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
M. Polak: Je dis respectueusement, M. le ministre, que c'est
toujours le règlement qui prime. Ça, c'est notre bible.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: II y a la Loi de la Législature
aussi.
M. Polak: Oui, je sais, mais le règlement prime.
Là, on a dit...
Le Président (M. Laplante): C'est assez, c'est assez.
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement, c'est très important. L'article dont il parle, 66, est
présenté sous la rubrique: Présentation des motions, M. le
Président. C'est uniquement en fonction de cette question des motions
que ce qu'il dit est vrai, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est pour ça que je
vous ai demandé d'arrêter. Maintenant, ce que je constate
actuellement, c'est que la définition par la Loi de la
Législature, je pense, prime sur nos règlements quand il y a
absence dans les règlements de motivation; dans mon esprit, c'est
très clair que l'adjoint parlementaire est chargé d'assister le
ministre auquel il est adjoint de la manière que celui-ci
détermine. C'est le ministre et je crois que, dans d'autres
réunions de cette commission, souvent le ministre a dit que l'adjoint
parlementaire pouvait parler en son nom, qu'il avait des arrangements avec lui.
Lorsqu'il serait absent, c'est l'adjoint qui parlerait en son nom. C'est clair
dans mon esprit. Où j'avais des doutes, des doutes très
prononcés que j'ai évoqués aussi tout à l'heure,
c'était sur le pouvoir de l'adjoint parlementaire. Mais l'article 38 lui
donne réellement le pouvoir, en l'absence du ministre, de le
représenter à l'Assemblée nationale, donc à la
commission parlementaire dont il a la direction. Maintenant, il reste à
l'Opposition de décider elle-même - c'est une question strictement
politique - de dire si elle accepte, oui ou non, de continuer les travaux de
cette commission. Si la réponse était non, je jugerai
après ce qui pourrait arriver.
M. Grégoire: Après nous avoir entendus?
Le Président (M. Laplante): Après vous avoir...
Après la décision de l'Opposition sur la...
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut demander si ça
serait après nous avoir entendus?
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous vous tenir
à l'ordre, s'il vous plaît? ... sur la décision que je
viens de rendre.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une directive à
vous demander. Compte tenu de la décision que vous venez de rendre,
est-ce qu'on peut l'interpréter comme une règle qui permettrait
au ministre d'être absent tout le long de l'étude et de ne jamais
être présent à cette commission?
M. Grégoire: Ça c'est déjà vu.
M. Lalonde: Je n'ai pas posé la question au
député de Frontenac. J'aimerais que le président nous
indique s'il accepterait d'imposer à la commission, enfin d'accepter que
cette commission discute du projet de loi pendant toute la semaine qui nous
reste, enfin le mois de janvier, tout le temps que ça va prendre, en
l'absence du ministre.
M. Grégoire: M. le Président, juste avant. C'est
une question hypothétique à laquelle vous n'êtes pas
obligé de répondre.
Le Président (M. Laplante): Je m'en tiendrai seulement, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, à la loi qu'on
étudie. C'est que, depuis le début de l'étude de cette
loi, souvent l'adjoint parlementaire a remplacé le ministre. Je n'irai
pas plus loin dans d'autres lois, je m'occuperai seulement de celle qu'on
étudie présentement. Alors, j'appelle l'article 1.
M. Lalonde: M. le Président, nous n'allons pas courir le
risque que le gouvernement, tout en se défilant de sa
responsabilité de participer aux discussions, profite de l'absence de
l'Opposition à cette commission parlementaire et ne connaissant pas
votre décision que vous avez laissé suspendre sur notre
tête comme une autre motion qui est suspendue sur notre tête depuis
vendredi, nous n'allons pas courir de risque. Non pas que nous croyons que
votre décision ne soit pas la bonne, mais il reste que notre devoir,
comme membres de cette Assemblée et de l'Opposition, et notre
décision de nous opposer coûte que coûte à
l'adoption de ce projet de loi nous imposent de siéger ici dans des
conditions plutôt "handicapées", mais nous allons quand même
demeurer à notre poste et tenter de convaincre l'adjoint parlementaire
du bien-fondé de nos arguments.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1.
Des voix: Adopté.
Des voix: Non, non.
M. Polak: M. le Président, je veux parler
là-dessus, sur l'article même, j'ai le droit de parler.
Le Président (M. Laplante): Qui prend la parole sur
l'article 1?
M. le député de Sainte-Anne.
Reprise du débat sur l'article 1
M. Maximilien Polak
M. Polak: L'article 1, malheureusement notre amendement a
été battu, se lit comme suit: - il faut parler sur l'adoption de
cet article - "À compter du (insérer ici la date d'entrée
en vigueur du présent article), la Société continue
d'exister comme compagnie à fonds social."
Maintenant, j'ai bien réfléchi sur le contenu de cet
article comme il se lit présentement et je vais être très
honnête. J'aurais évidemment préféré mettre
une date spécifique là-dedans, c'est-à-dire le 1er janvier
1985, mais on n'a pas réussi. On a eu un grand débat
là-dessus, une ouverture d'esprit, à un certain moment, et j'ai
même donné d'exemple de mon Américain mais je n'ai pas
réussi à convaincre les députés ministériels
du fait que cela aurait mieux valu de reporter cela pour une couple
d'années. On n'a pas accepté, donc on reste avec l'article tel
quel. Là, je suis placé devant le choix: Est-ce que je voterai
pour l'article tel quel ou est-ce que je vais voter complètement contre
cet article? En votant contre cet article tel qu'il se lit maintenant,
évidemment, si cela est accepté, il n'y a aucun changement de la
société HydroQuébec, compagnie sans fonds social, en une
compagnie à fonds social; si on vote contre, l'article va être
rayé du texte. Je comprends, cela est une décision grave. D'un
autre côté, si je dois choisir entre accepter le texte tel quel ou
voter contre, je préfère voter contre.
Je vais vous dire maintenant pourquoi. C'est qu'on sait très bien
qu'Hydro-Québec, encore aujourd'hui, existe comme compagnie sans fonds
social. Quand j'ai parlé sur l'amendement, j'ai donné quelques
arguments.
Tous les députés qui sont ici aujourd'hui,
n'étaient pas là vendredi, donc, peut-être, c'est mieux que
je répète, étant donné qu'il s'agit de la substance
même de l'article 3.1, quelques-uns de ces arguments.
C'est qu'Hydro-Québec à ce jour, tout le monde le sait, a
une cote, sur les marchés financiers, de première classe, qui se
trouve même être excellente. Elle l'a obtenue en étant une
compagnie sans fonds social. Donc, si Hydro-Québec a réussi
à devenir un des puissants organismes d'État ayant une
réputation mondiale, que ses obligations sont vendues non seulement au
Canada mais partout dans le monde, c'est justement parce qu'elle a obtenu cela
par son travail, et toujours en étant une compagnie sans fonds
social.
Maintenant, on suggère, dans l'article 3.1, de changer ces mots
"sans fonds social" pour "à fonds social", ce qui changerait tout le
portrait. Parce que l'intention du gouvernement, c'est que toutes les actions
de cette compagnie, désormais, si on accepte l'article 3.1, vont
être détenues par le ministre des Finances, au nom du
gouvernement. Évidemment, à ce jour, Hydro-Québec...
Excusez-moi, M. le Président, j'attends que vous ayez
terminé...
M. Lalonde: C'est qu'on n'a pas de ministre, vous savez, M. le
Président. Le leader, l'adjoint parlementaire ...
M. Polak: C'est qu'à ce jour HydroQuébec
étant une compagnie sans fonds social... J'ai donné l'exemple,
vendredi, d'un club de golf qui fonctionne comme une compagnie sans fonds
social avec des membres qui sont comme des membres d'Hydro-Québec
jusqu'à maintenant. Tous les Québécois et toutes les
Québécoises sont membres de ce club qui s'appelle
Hydro-Québec, qui est une compagnie sans fonds social. Là
où le fait se trouve, c'est que tous les Québécois et
Québécoises sont vraiment propriétaires, membres de cette
société Hydro-Québec. (11 h 45)
En changeant cela, pour une compagnie à fonds social, il y a rien
dans la loi où même dans les notes explicatives qui explique que
désormais les actions seront enregistrées au nom des
Québécois et des Québécoises. Si on avait fait
cela, si on avait suggéré dans l'avant-projet de loi de dire:
Désormais, chaque Québécois et Québécoise
aura un droit sur cette action -calculez cela, ça fait à peu
près sept actions par citoyen - ç'aurait été tout
différent, parce qu'on aurait changé la structure
financière de compagnie sans fonds social à compagnie à
fonds social, mais les Québécois et Québécoises,
qui sont maintenant membres, seraient devenus actionnaires.
Ce n'est pas l'intention du
gouvernement. L'intention du gouvernement, c'est d'enlever tout
contrôle et tout droit de propriété dans
Hydro-Québec donné aux Québécois et aux
Québécoises, à la population, et de le transférer
directement au ministre des Finances, au nom du gouvernement. Donc, on n'aura
désormais aucun contrôle sur cette société. Si on
adopte un tel article, ça veut dire que, par le fait même, on
enlève des droits à tous ceux qui sont maintenant membres de ce
groupe, de cette société sans fonds social, par un seul petit
article; on enlève mes droits, les droits de ma femme, les droits du
président, de votre femme, de tout le monde, des députés,
comme membres de cette société et on n'a plus rien à dire,
d'aucune manière.
Cela, c'est grave, c'est une affaire qui attaque la base même
d'Hydro-Québec. C'est une des raisons pour lesquelles je vous ai
parlé, vendredi, de mon Américain qui avait investi dans la
société Hydro-Québec. Je vous ai relaté la
conversation téléphonique que j'ai eue, j'ai pris dix minutes
pour essayer de le rassurer et il m'a demandé ce qui était
arrivé avec l'amendement. Evidemment, je lui ai fait rapport, je lui ai
dit que je pensais qu'il y aurait un vote le lendemain et j'ai dit: Je
prévois que ce pourra être 6 à 3. J'ai bien deviné
parce qu'on a eu le vote sur l'amendement et c'était 6 à 3, on a
perdu. Évidemment, encore une fois, j'exprime mon opinion
là-dessus.
Il m'a dit: Si cela arrive, si tu avais raison, Maximilien -
évidemment, il parlait en anglais, mais pour aller un peu plus vite,
parce que nous tombons vraiment dans la viande de l'affaire, je vais continuer
de parler en français, même si je relate la conversation - au
moins, si l'amendement n'est pas accepté, il faudra que tu fasses tout
ton possible pour que cet article 3.1 ne soit pas accepté et soit
rayé du texte. Il m'a dit: Moi, comme investisseur, j'ai acheté
ces obligations d'Hydro-Québec en me basant sur le fait que
c'était une compagnie sans fonds social. Pour moi, c'était
l'élément cardinal de l'affaire. Si ça doit devenir une
compagnie à fonds social, je m'inquiète
énormément.
C'est vrai que, vendredi après-midi, quand je lui ai fait
rapport, je lui ai dit: Ecoute, tu as des obligations, après tout, tu es
un des premiers créanciers sur l'actif; moi, par l'article 3.1, je suis
beaucoup plus puni que toi parce que je suis un membre, disons, du club de golf
qui s'appelle Hydro-Québec et je vais perdre ma position comme membre,
mais vous, vous êtes protégés parce que vous avez des
obligations en main. Je pense qu'il ne faut pas s'inquiéter trop.
Là, c'est vraiment la dernière nouvelle parce que, M. le
Président, vous m'avez donné la permission de relater ce qui est
arrivé en fin de semaine.
Il m'a dit qu'il voulait créer une sorte de club aux
États-Unis de ceux qui ont des obligations d'Hydro-Québec pour,
justement, essayer d'influencer nos travaux à cette commission.
Évidemment, c'est un homme seul et le problème, c'est que je lui
avais dit honnêtement que le député de Châteauguay
avait exigé que je révèle son nom. Vendredi, il m'a
répété: Maximilien, je ne veux pas que tu
révèles mon nom de quelque manière que ce soit.
M. Dussault: On l'a deviné, c'est Philip Buster.
M. Polak: C'est drôle, j'ai dit: On m'a dit que vous vous
nommiez Philip Buster. Là, il a commencé à rire;
évidemment, il ne s'appelle pas du tout Philip Buster, il a ri parce
qu'il connaît ça. Aux États-Unis, ils ont une institution
qui s'appelle "filibuster", c'est reconnu devant le Sénat, et il a dit:
Est-ce que vous avez une telle institution à Québec?
Une voix: La même chose.
M. Polak: Aux États-Unis, ça semble exister, mais
pas ici. À tout événement, il m'a dit: Je veux former une
organisation sans fonds social aux États-Unis pour les Américains
qui possèdent ces obligations, afin d'essayer d'influencer les travaux
de cette commission. Je ne veux pas que les Américains essaient de nous
influencer sur l'article 3.1 parce que je pense avoir assez de maturité
pour avancer mes propres arguments.
Une voix: Consentement...
M. Polak: II m'a donné quelques arguments additionnels
pour tenter de convaincre la députation ministérielle qu'on
devrait voter contre l'article 3.1 tel qu'il se lit maintenant, vu que notre
amendement n'a pas été présenté. Évidemment,
le problème M. le Président, c'est que l'équipe change
très souvent. Vendredi dernier, le député clé,
vraiment, c'était le député de Duplessis. J'ai vu qu'il
était contre notre amendement, mais il comprenait très bien que,
pour le sous-article 3.1, nous avions des arguments et j'avais pensé
qu'aujourd'hui j'aurais une chance de le convaincre de voter avec nous, mais,
aujourd'hui, malheureusement, il n'est pas ici et le député de
Frontenac, qui n'était pas ici vendredi, est ici aujourd'hui. On a donc
une drôle de situation et, au lieu d'être capables de convaincre
deux députés ministériels, on ne peut même pas en
convaincre un, parce que celui qui était là vendredi n'est pas
là aujourd'hui...
M. Grégoire: Je voudrais soulever une
question de règlement.
M. Polak: ... et celui qui était absent vendredi est
là aujourd'hui.
Le Président (M. Laplante): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Le député de Sainte-Anne peut
bien dire que je n'étais pas ici vendredi, que je suis ici aujourd'hui
et qu'une journée le ministre est là et qu'une journée le
ministre n'est pas là, mais je vous ferai remarquer que l'Opposition
joue exactement le même jeu. À tous les jours elle change de
députés à la commission. Le député de
Vaudreuil-Soulanges est ici pour la première fois, le
député de Sainte-Anne s'est absenté une journée, le
député de Nelligan a été ici deux jours sur
six...
Une voix: Le député de Marguerite-Bourgeoys est
absent.
M. Grégoire: L'autre, c'est la première
journée aussi... De quel comté?
M. Middlemiss: De Pontiac.
M. Grégoire: Le député de Pontiac est ici
pour la première...
M. Middlemiss: J'étais ici vendredi, vous, vous n'y
étiez pas.
M. Grégoire: Bon, c'est la deuxième
journée.
Une voix: Le député de Marguerite-Bourgeoys est
absent.
M. Grégoire: Le député de
Marguerite-Bourgeoys est absent, ils font la même chose.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je ne veux pas trahir tous les secrets de notre
députation, mais je peux vous assurer que, quand on parle sur un
article, même s'il est vrai que les députés changent, on a
quand même une ligne de conduite et on discute de tous ces amendements
entre nous au préalable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, voulez-vous continuer votre intervention, s'il vous
plaît?
M. Polak: Oui, revenons au sous-article 3.1. On a un
désavantage; je ne connais pas la façon dont les
députés ministériels agissent, mais il est malheureux que
le député de Frontenac n'ait pas été ici vendredi
et n'ait pas été en mesure d'entendre mes arguments à ce
moment-là.
M. Rodrigue: M. le Président, la présence ou la
non-présence d'un membre de cette commission, autant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
n'a rien à voir avec l'article 1 du projet de loi no 16.
M. Polak: M. le Président, je suis donc
forcé...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, revenez à la pertinence du débat, s'il vous
plaît!
M. Polak: Oui, je suis donc forcé, M. le Président,
de répéter quelques-uns des arguments que j'avais apportés
vendredi. Si tous les membres qui étaient ici vendredi étaient
ici aujourd'hui, je ne l'aurais pas fait, mais j'y suis obligé, pour le
bénéfice de ceux qui étaient absents vendredi.
M. Rodrigue: On va lire les galées.
M. Polak: Mon argument était comme suit: compagnie sans
fonds social...
M. Grégoire: Le règlement dit qu'il ne faut jamais
répéter ce qu'on a déjà dit.
M. Johnson (Voudreuil-Soulanges): Vous seriez mal pris, M. le
député!
M. Polak: Le député de Frontenac... M.
Grégoire: ... fédéral.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: Je m'adresse à vous, M. le Président,
mais j'essaye de convaincre le député de Frontenac, parce que
dans la situation actuelle Hydro-Québec est une compagnie sans fonds
social. Cela veut dire...
Une voix: C'est une compagnie qui a des fonds quand
même.
M. Polak: Voyez-vous, M. le Président, l'importance de
répéter mes arguments parce qu'ils n'ont rien compris.
Demain Hydro-Québec pourrait décider de fermer ses portes,
de dire, par exemple: On ne fait plus d'affaires, on ferme boutique. Vu que
c'est une compagnie sans fonds social - c'est comme un club de golf -tous les
membres - ça veut dire tous les Québécois et
Québécoises - ont le droit de participer à la distribution
de l'actif net d'Hydro-Québec, c'est-à-dire on prend l'actif, on
déduit les dettes d'Hydro-Québec et il
reste un actif net qui va être divisé entre tous les
Québécois et les Québécoises, selon la loi. Tandis
que, maintenant, en disant que ça va devenir une compagnie à
fonds social, ce n'est plus du tout la même chose, c'est là le
grand changement. Maintenant, on peut dire: C'est un argument un peu idiot de
penser qu'Hydro-Québec va fermer ses portes, va cesser ses
activités et va distribuer son actif à tous les
Québécois et toutes les Québécoises, mais tout de
même, M. le Président, on parle ici d'un texte qui effectue un
grand changement sur le plan des structures financières.
Autre point important. On a laissé dans le texte du sous-article
3.1 les mots suivants: "insérer ici la date d'entrée en vigueur
du présent article." Quant à moi, M. le Président, on
aurait dû dire: La date d'entrée en vigueur de la présente
loi. "La date d'entrée en vigueur du présent article", qu'est-ce
que ça veut dire? C'est que la loi va entrer en vigueur à un
moment donné, mais ce n'est pas ça que le sous-article 3.1 dit,
le sous-article ne dit pas: À compter du... et ensuite insérer la
date d'entrée en vigueur de la présente loi. Cela aurait eu du
bon sens de dire: La loi va être adoptée, elle va être en
vigueur à telle ou telle date, il faut donc insérer cette date.
Mais ce n'est pas ce que le sous-article dit. Le sous-article dit:
"insérer ici la date d'entrée en vigueur du présent
article." On parle du sous-article 3.1 et on dit: À compter de la date
d'entrée en vigueur du présent article. Mais ce sera quand? On
n'a aucune idée, parce que ça ne réfère pas
à l'entrée en vigueur de la présente loi. Donc, la loi
peut entrer en vigueur, mais quelle sera la date d'entrée en vigueur du
présent article? Il s'agit encore peut-être d'une erreur de
rédaction ou d'une erreur beaucoup plus grave que cela. On aurait
peut-être même besoin d'un amendement pour changer les mots "du
présent article" pour lire: "de la présente loi", parce que c'est
sujet à interprétation. Qu'est-ce que cela veut dire? Ils peuvent
prendre une date pour l'entrée en vigueur du présent article qui
ne sera pas la date d'entrée en vigueur de la présente loi.
Est-ce que cela a été fait exprès? Est-ce qu'il y a un
motif en arrière de cela pour lequel on a choisi ces mots-là? Je
ne le sais pas. Je pense qu'il serait intéressant que l'adjoint qui
représente le ministre nous explique cela en détail, qu'il nous
dise pourquoi on a pris les mots "entrée en vigueur du présent
article" et pas les mots "entrée en vigueur de la présente loi".
Je considère que c'est un point de grande importance et j'aimerais avoir
des éclaircissements là-dessus pour vraiment connaître
l'idée du législateur en arrière de cela. Si c'est une
simple erreur, qu'on corrige l'article pour dire "la présente loi" au
lieu "du présent article". S'il y a une raison pour avoir choisi ces
mots-là, qu'on nous l'explique. En effet, pour moi, cela n'a aucun sens
parce qu'au moment où la loi entre en vigueur, cela ne veut pas dire du
tout que le présent article entre en vigueur à la même
date.
S'il y a une différence de date, on aura encore de
l'inquiétude. Je parle des investisseurs qui diront: À quelle
date deviendrez-vous une compagnie à fonds social? Dites-le clairement.
Si vous avez l'intention de dire que ce sera la date d'entrée en vigueur
de la présente loi, dites-le. Au moins, on saura que la loi sera
adoptée à telle ou telle date. On saura donc à partir de
quelle date Hydro-Québec opérera comme une compagnie à
fonds social. Si vous laissez cela comme tel, ça peut être
n'importe quelle autre date, on ne le sait pas. C'est, d'ailleurs, une des
raisons pour lesquelles on avait mentionné une date spécifique,
soit le 1er janvier 1985. Je sais que cela n'a pas été
accepté parce qu'on a pensé que ce serait trop long, du
côté des députés ministériels, mais, au
moins, qu'on nous dise une date. Peut-être le 1er janvier 1982 ou le 1er
mars, je n'ai aucune idée. J'aurais, cependant,
préféré qu'on dise exactement que la date de
l'entrée en vigueur de cet article sera la date de l'entrée en
vigueur de la présente loi. C'est un point très important.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît, M. le député?
M. Polak: Combien de temps me reste-il, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Vous n'en avez plus.
M. Polak: En conclusion, donc, je dois vous dire que je suis dans
l'obligation de voter contre l'article 3.1 tel que libellé, à
moins qu'on ne m'explique très bien, de la part des
députés ministériels, le sens de ces mots "entrée
en vigueur du présent article". Même si l'on peut me convaincre
sur cela, j'ai encore énormément de réserves parce que je
trouve que faire d'Hydro-Québec, une compagnie sans fonds social, une
compagnie à fonds social, c'est un changement tellement grave et rapide
que je ne pourrais pas l'accepter tel que libellé.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, sur l'article 1 qui est le
plus important parce qu'il permet, par la suite, d'avoir d'autres articles qui,
eux, vont permettre au gouvernement d'aller chercher des taxes et des revenus,
j'aimerais faire la relation entre
l'article 3.1 qui fait en sorte qu'Hydro-Québec continue
d'exister, mais, cette fois-ci, comme compagnie à fonds social,
c'est-à-dire à capital-actions et l'article 3.2 qui parle de
transformer le surplus en actions d'une valeur de 5 000 000 000 $. Ensuite, il
y a une relation avec l'article 4 qui modifie l'article 16 de la Loi sur
l'Hydro-Québec et qui dit: "Toutefois, pour elle-même et ses
filiales, la société paie, sur son capital consolidé, la
taxe sur le capital". Il y a, bien sûr, une relation directe puisque, si
je comprends bien, le but de l'article 4, ça va être de permettre
au gouvernement de taxer Hydro-Québec sur son capital, alors que,
jusqu'à maintenant, elle ne l'était pas.
À première vue, j'y vois quelques contradictions. Il
faudra que le ministre nous éclaire en temps et lieu là-dessus.
On dit que le fonds social autorisé de la société est de 5
000 000 000 $ et l'on dit: "Ces actions de la société font partie
du domaine public et elles sont attribuées au ministre des Finances."
C'est écrit au présent. Est-ce que cela signifie que 5 000 000
000 $ d'actions, une fois la loi adoptée, vont être
possédées par le ministre des Finances? Je pose la question
puisque le surplus est uniquement de 4 004 000 000 $ et il semblerait que les
articles 3.2 et 3.3 vont faire en sorte que le ministre des Finances devienne
actionnaire pour 5 000 000 000 $, alors que le surplus n'est que de 4 400 000
000 $. (12 heures)
Par ailleurs, je me demande pourquoi diviser en 50 000 000 d'actions
à 100 $ chacune. Vous savez, M. le Président, que la
dénomination qui est utilisée, la valeur minimale des actions qui
est utilisée, lorsqu'une compagnie est cotée en bourse, est
déterminée par la capacité des gens d'acheter ces actions,
mais, comme dans le cas présent, il s'agit du ministre des Finances, je
me demande bien pourquoi, au lieu de 100 $ chacune, ce n'est pas 1000 $ chacune
et non pas 1 000 000 $ chacune. La dénomination, la pièce ou la
valeur des actions va faire en sorte que la bureaucratie va être encore
plus grande et va coûter davantage à Hydro-Québec.
Je crois que le point le plus important, M. le Président, ce
serait pour ma part de revenir sur certains des arguments qui ont
été utilisés par le ministre. Quelle est la question?
M. Grégoire: Quelle est la relation entre la valeur des
actions et la démocratie? Je ne vois aucun rapport. 1 $, 10 $, 100
$...
M. Fortier: Je parlais de la bureaucratisation qui va faire en
sorte qu'il y aura plus de papier à manipuler, s'il y a un plus grand
nombre d'actions.
M. Grégoire: Voyons donc!
M. Fortier: M. le Président...
M. Grégoire: Le certificat de mon action ou un
certificat...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: M. le Président, compte tenu que ces remarques
étaient très préliminaires...
M. Grégoire: Le député d'Outremont a
déjà été meilleur.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: J'admets que ce n'est pas le meilleur argument. Il y
en a d'autres plus forts que ceux-là, même s'il n'est pas
très fort.
M. Grégoire: Je fais appel à son collègue de
Vaudreuil-Soulanges, je vais dire que cela n'a pas de sens, ce qu'il vient de
dire.
M. Fortier: Je pensais, M. le député de Frontenac,
que vous auriez soulevé l'autre argument que j'ai apporté
à savoir que, si je lis bien les articles qui sont là, le
ministre des Finances va être propriétaire pour 5 000 000 000 $
d'actions alors qu'il y a seulement 4 400 000 000 $ de surplus. En tout cas, on
reviendra là-dessus en temps et lieu. J'aimerais revenir, M. le
Président, sur le discours du ministre de l'Énergie et des
Ressources, en deuxième lecture, où il nous donnait ses raisons.
Moi, j'aimerais donner les raisons pour lesquelles je trouve qu'on ne peut pas
être d'accord et c'est pourquoi je voterai contre cet article 1. Il
disait, et je cite le journal des Débats du mardi 1er décembre,
page R/608: "Ce projet de loi couvre essentiellement cinq aspects de la
Société Hydro-Québec: d'abord, une nouvelle structure
financière; deuxièmement, la fin d'un régime d'exemption
fiscale; troisièmement, l'établissement d'une politique de
dividendes; quatrièmement, un changement dans l'établissement des
politiques tarifaires d'Hydro-Québec et, enfin, la possibilité
pour Hydro-Québec non seulement d'aider, mais de financer les programmes
d'économie d'énergie."
Je vous accorde tout de suite, M. le Président, que le
quatrièmement et le cinquièmement ne sont peut-être pas
tout à fait pertinents à la discussion qui nous anime dans le
moment, c'est-à-dire l'article 1. Je me limiterai à discuter des
arguments que le ministre de l'Énergie a apportés pour son
premièrement, son deuxièmement et son troisièmement.
Le premier argument qu'il donnait
était: Ce projet de loi donne d'abord une nouvelle structure
financière à Hydro-Québec. Il donnait comme arguments ces
arguments-ci. C'est qu'aujourd'hui Hydro-Québec est le quatrième
plus gros emprunteur du monde entier, c'est-à-dire après le Fonds
monétaire international. Il citait les chiffres bruts
d'Hydro-Québec; disons que les revenus bruts sont de 2 400 000 000 $
environ avec des profits, en 1981, de surplus de 746 000 000 $. Justement, il
insistait sur la dette à long terme et sur la capitalisation du moins
des surplus qui ont été accumulés. Il concluait en disant:
"Ce qu'il nous faut maintenant faire, c'est nous demander si une compagnie qui
est devenue plus grande qu'Alcan, Bell et Canadien National, quant à ses
actifs, doit continuer d'exister sans une structure de capital-actions."
Je viens de citer le ministre de l'Énergie à la page R/609
du journal des Débats. M. le Président, je crois que ces
arguments que le ministre nous a présentés en deuxième
lecture sont un peu farfelus, compte tenu du sérieux de la
transformation de la commission en société à
capital-actions, de la société sans capital-actions en
société à capital-actions, puisque HydroQuébec
s'est développée au fil des ans depuis 1944; même que,
depuis 1962, elle a pu acquérir d'autres sociétés
extrêmement importantes, 1963, oui, 1964, effectivement, peut-être
que vous avez raison, cela a été discuté en 1962, l'offre
a été faite en 1963 et l'achat s'est fait en 1964. Vous avez
peut-être raison. C'est ça.
Je crois que si Hydro-Québec a pu acheter et assimiler toutes ces
compagnies, si elle a pu emprunter tout l'argent qui était
nécessaire, si elle a pu décupler ses revenus et décupler
ses profits depuis ces dates, il me semble, M. le Président, qu'elle
pourrait continuer à le faire et que les arguments que le ministre nous
a apportés ne sont pas tellement valables. D'ailleurs, je donnerais
comme exemple le fait qu'Hydro-Ontario a une structure semblable à celle
d'Hydro-Québec, qu'elle n'a pas de capital-actions, que c'est une
commission hydroélectrique qui est régie à peu près
de la même façon que l'était Hydro-Québec dans le
passé et qu'à ma connaissance...
M. Grégoire: Pas le BC Hydro. M. Fortier:
Pardon?
M. Grégoire: Le BC Hydro est à capital-actions.
M. Fortier: Peut-être, mais je prendrai Hydro-Ontario,
puisqu'on parle de sociétés semblables. Hydro-Ontario et le
gouvernement de l'Ontario n'ont nullement l'intention de modifier la structure
financière d'Hydro-Ontario.
Un autre argument qui va contre les arguments du ministre, à mon
avis, c'est le fait que si, compte tenu de l'évolution
d'Hydro-Québec, il devait dans l'avenir se faire un changement comme
celui-là, il m'aurait semblé, M. le Président, qu'une
telle recommandation nous serait venue directement d'Hydro-Québec. Or,
il n'en est rien. Je sais pertinemment qu'Hydro-Québec a appris de la
bouche même du ministre des Finances qu'il y aurait une transformation et
ceci a été annoncé essentiellement, dans son essence
même, lors du discours sur le budget du mois de mars dernier. Je sais
pertinemment que le conseil d'administration ne s'est prononcé sur ces
propositions qu'après seulement que le gouvernement eut
déterminé son intention d'aller de l'avant. Je ne comprends pas
pourquoi le ministre nous apporte cet argument puisque, connaissant
Hydro-Québec, si cette société avait cru un seul instant
que, pour pouvoir s'épanouir dans l'avenir, il lui aurait fallu changer
sa structure financière, je crois qu'elle-même en aurait fait la
recommandation, ce qui n'est pas le cas. Il faut mettre de côté
les arguments que le ministre de l'Énergie nous apportait lors de la
discussion du projet de loi en deuxième lecture.
Le deuxième argument qui, d'après lui, était
déterminant était le fait qu'il fallait mettre fin à un
régime spécial d'exemptions fiscales. Il disait ceci, et je cite:
"HydroQuébec se placera dorénavant sur un pied
d'égalité par rapport aux autres sociétés
d'État et aux autres corporations privées d'utilité
publique, c'est-à-dire qu'Hydro-Québec paiera à l'avenir
comme tout le monde ses taxes et ses impôts." D'ailleurs, il n'est pas
tout à fait logique, puisqu'à la page subséquente il dit
pertinemment qu'elle paiera des taxes sur le capital, qu'elle paiera des
dividendes, mais qu'elle ne paierait pas d'impôts. Donc, dans une
certaine mesure, l'argument est quelque peu fallacieux, parce qu'on
prétend qu'il faut normaliser HydroQuébec, qu'il faut faire en
sorte qu'elle paie des taxes et des dividendes et qu'elle paie ses
impôts, mais, un peu plus tard, on nous dit que, contrairement aux autres
sociétés publiques ou privées qui existent, elle ne
paierait pas d'impôts. C'est donc dire que, d'une certaine façon,
elle n'est pas sur un pied d'égalité et c'est ce que nous avons
prétendu nous-mêmes.
Depuis 1962, l'État québécois a toujours voulu
privilégier Hydro-Québec justement parce que c'était un
facteur déterminant comme moteur économique du Québec et,
en faisant cela, Hydro-Québec, qui ne payait que certaines taxes,
certaines taxes aux municipalités entre autres, et qui était
exempte de toutes les autres taxes, avait sûrement un régime
privilégié et tous les actionnaires d'Hydro-Québec,
c'est-à-dire les Québécois, avaient voulu cela depuis
la
discussion sur la nationalisation d'Hydro-Québec en 1962. C'est
la raison pour laquelle, M. le Président, nous ne pouvons pas accepter
les arguments du ministre, même lorsqu'il a ajouté, qu'il nous a
rappelé, à la suite du discours du 10 mars dernier, que les
électeurs se sont prononcés.
À ma connaissance, M. le Président, cette question de la
transformation d'Hydro-Québec, du paiement des dividendes, du paiement
des taxes et des conséquences qu'auraient sur la tarification ces
différentes taxes et ces paiements de dividendes n'a pas
été discutée lors des dernières élections.
Je crois que cet argument selon lequel le public ou les électeurs
auraient accepté d'emblée ces propositions du ministre des
Finances, puisque le discours sur le budget en faisait état, ne semble
pas un argument déterminant. Bien sûr, il ajoute également,
à la page 610 du journal des Débats: "II n'y a jamais personne
qui s'est demandé pourquoi Bell Canada, qui est une compagnie
privée d'utilité publique laissée en quelque sorte dans
une situation de monopole, payait des taxes." Mais oui, c'est vrai que Bell
Canada existe, qu'elle paie des taxes, qu'elle a toujours été une
société privée, et tout le monde l'a toujours voulu ainsi.
À ma connaissance, on en a bien parlé à plusieurs reprises
et je crois qu'il y a plusieurs personnes du parti de l'autre côté
de la Chambre qui ont parlé dans le sens de nationaliser Bell Canada.
Ainsi, bien sûr, elle n'aurait plus payé d'impôts et aurait
continué à payer ses taxes, mais tout le monde aurait compris que
cela a toujours été la formule même qui dirigeait ce
monopole, alors qu'Hydro-Québec était dans une position tout
à fait différente.
M. le Président, nous ne pouvons pas accepter cet argument,
puisque tout le monde a compris qu'Hydro-Québec était dans une
position privilégiée et que c'est la raison même qui a fait
son succès depuis qu'elle existe. Bien sûr, le ministre nous
faisait état du fait qu'on semblait s'opposer à ce qu'elle paie
des taxes aux municipalités. M. le Président, jamais dans le
passé, à ma connaissance, nous ne nous sommes opposés
à ce qu'Hydro-Québec paie certaines taxes aux
municipalités ou qu'elle paie des "en lieu" de taxes. Je crois qu'il est
tout à fait normal que, non pas pour ses barrages, mais pour les
immeubles administratifs qu'elle occupe sur l'ensemble du territoire
québécois, elle paie certaines taxes municipales ou qu'elle paie
des "en lieux" de taxes. Je crois que ce principe a toujours été
respecté, du moins dans ces dernières années. Je dois
indiquer que l'Opposition ne s'oppose sûrement pas à ce genre de
taxes qui, somme toute, sont assez limitées. Nos motifs, bien sûr,
pour les autres taxes, c'est qu'elles sont très importantes et qu'elles
vont changer substantiellement le fardeau du coût de production
d'Hydro-Québec, ce qui provoquera des hausses de tarifs très
importantes.
Finalement, le ministre apporte un dernier argument. Il dit: II faut
qu'à l'avenir Hydro-Québec paie des dividendes. Permettez-moi de
souligner qu'il a dit: Oui, à l'avenir... Hydro-Québec, à
la différence des autres corporations, c'est une anomalie qu'elle ne
soit pas assujettie au paiement de dividendes. M. le Président, il ne
faut pas se le cacher, la déclaration de dividendes va tirer des fonds
substantiels d'Hydro-Québec. Ces fonds, il faudra bien qu'elle les
emprunte, et ceci ajoutera à son fardeau de financement qui est
déjà très lourd. J'ai indiqué tout à l'heure
que même si les taux d'intérêt sont à la baisse,
personne ne peut prédire l'orientation que ces taux
d'intérêt prendront à l'avenir et que, somme toute, tous
les analystes sont d'accord pour dire que la fluctuation des taux
d'intérêt ne permettra pas, non seulement à
Hydro-Québec, mais à toutes les grandes sociétés
qui auront à financer des projets de grande envergure, de se financer
sur de très grandes périodes de temps. Elles auront de la
difficulté à vendre leurs obligations et en conséquence on
peut se demander si, à cause de cette inquiétude et de cette
nouvelle conjoncture, il est approprié pour Hydro-Québec de
pouvoir déclarer des dividendes.
Je pense que ce qui est le point le plus crucial - nous ne sommes pas
encore arrivés là, mais je crois qu'il faut le dire à ce
moment-ci - c'est que l'article suivant va permettre au gouvernement de faire
déclarer des dividendes alors même que ces dividendes ne seront
pas recommandés par le conseil d'administration d'Hydro-Québec.
Il semble tout à fait anormal que, d'une main ou d'un côté,
le gouvernement veuille transformer Hydro-Québec pour en faire "une
société plus normale", et les mots viennent du ministre de
l'Énergie et des Ressources, alors que, de l'autre côté,
justement, on en fait une société qui, à certains
égards, ne peut pas être normalisée à cause des
arguments que je viens d'avancer.
Un des derniers arguments que le ministre a avancés, M. le
Président, et je le cite ici à la page 610 du journal des
Débats, est celui-ci: II est donc normal que ce ne soit pas les seuls
consommateurs qui bénéficient de l'existence
d'Hydro-Québec, parce que ce sont tous les Québécois et
tous les contribuables du Québec qui en sont les actionnaires. Il est
donc sain, normal et parfaitement juste que tous les Québécois en
retirent un dividende. M. le Président, c'est exactement cela que nous
demandons; nous avons demandé que les Québécois, les vrais
actionnaires, soient consultés. Ils ne l'ont pas été et si
le gouvernement veut se référer aux actionnaires
québécois, il faudrait bien qu'il les consulte, comme toutes les
"sociétés normales", pour employer les termes du
ministre, le font. C'est la raison pour laquelle nous avons
proposé un débat public; c'est la raison pour laquelle nous avons
proposé d'amener à cette table tous ceux qui ont
désiré se faire entendre, mais qui ne seront pas entendus,
étant donné le refus du côté ministériel de
voter sur cette motion et de nous appuyer dans ce sens. Si le gouvernement
n'est pas convaincu, il n'a qu'à consulter le sondage
qu'Hydro-Québec a fait faire au mois de février dernier où
le public s'est prononcé en toutes lettres, puisqu'on posait une
question à savoir s'il y avait des surplus de fonds à
Hydro-Québec, à quoi devraient servir ces surplus et le sondage
nous indique d'une façon déterminante que le public semblait
d'accord pour dire que ces surplus devraient en premier lieu favoriser des
baisses de tarif. (12 h 15)
Sans aller jusque-là, je crois que l'orientation des
réponses données par le public n'allait nullement dans le sens
proposé par le ministre, puisque le ministre parle de faire en sorte que
les dividendes soient payés au gouvernement, même lorsqu'on sait
que ces dividendes seraient utilisés pour payer des déficits
encourus déjà et non pas pour être retournés aux
actionnaires ou à la population québécoise pour mettre en
oeuvre de nouveaux travaux. Notre point fondamental, notre argument fondamental
est que si on veut parler des actionnaires - nous avons été les
premiers à en parler - ceux-ci devraient être consultés.
Ils ne l'ont pas été. Nous croyons anormal qu'au nom des
actionnaires on veuille s'approprier des surplus et les faire payer sous forme
de dividendes pour que, finalement, ceux-ci en profitent alors que les
actionnaires eux-mêmes ne se sont pas prononcés et qu'ils peuvent
douter fortement qu'ils en tireront profit un jour d'une façon qui soit
déterminante pour eux-mêmes.
M. le Président, c'étaient les quelques arguments que le
ministre avait utilisés pour justifier la nouvelle structure
financière et la fin d'un régime d'exemption fiscale et pour
l'établissement d'une politique de dividendes. Pour les mêmes
motifs, mais à l'inverse, nous croyons que les arguments apportés
par le ministre sont tout à fait décevants, qu'il n'a rien
prouvé et qu'il n'a rien démontré. Les arguments subtils
ne sont appuyés sur aucune étude économique d'importance
malgré les nombreuses demandes que nous avons faites. C'est
évident que les preuves qui pourraient sous-tendre l'argumentation du
ministre n'existent pas. Ce ne sont que des mots en l'air. À cause de
cela, je me devrai de voter contre l'article 1, puisque cette modification
à la structure financière d'Hydro-Québec, au lieu
d'améliorer son sort, pourra même la handicaper pour l'avenir.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député de Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais rappeler
une chose à nos amis de l'Opposition. On parle des dividendes que le
gouvernement du Québec irait chercher à Hydro. Avez-vous fait le
calcul qu'en laissant les taux d'intérêt augmenter d'une
façon usuraire, comme le gouvernement d'Ottawa le fait, les financiers
qui prêtent à HydroQuébec vont aller chercher plus et
beaucoup plus que les dividendes que cela va rapporter au gouvernement? Au
moins, les dividendes vont à la population du Québec, ils vont au
peuple québécois, mais les intérêts que paie
Hydro-Québec vont à des requins de la finance, à des
financiers; les lois d'Ottawa rapportent plus aux financiers que les dividendes
vont rapporter au peuple québécois. C'est nettement scandaleux!
Je lis dans le journal d'aujourd'hui...
M. Fortier: Ils devraient arrêter d'emprunter.
M. Grégoire: Oui, il y a toujours moyen de
répondre, mais je vais dire une chose au député
d'Outremont. Quand il est arrivé ici, je l'ai estimé, j'ai
trouvé que le Parti libéral était allé se chercher
un homme de valeur.
Une voix: C'est vrai.
M. Grégoire: C'est vrai. Le problème est le suivant
- et je vais donner le même conseil au député de
Vaudreuil-Soulanges - le député d'Outremont, avec les
capacités et les talents qu'il a, est trop vite tombé dans la
petite politicaillerie.
Une voix: C'est dommage.
M. Grégoire: C'est dommage, parce que les arguments qu'il
a employés tantôt et qu'il emploie depuis le début de la
commission ne sont pas à la hauteur de sa valeur. Les arguments et le
style qu'il emploie depuis une semaine ne sont pas à la hauteur de sa
valeur. Il a plus de valeur que cela.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous à
l'article 1?
M. Grégoire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
M. Fortier: Je voudrais invoquer l'article 96, si vous permettez,
pour répondre...
M. Grégoire: II y a cinq paragraphes dans l'article 1, M.
le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, mais il ne parle pas de
cela.
M. Grégoire: Je n'ai pas insulté le
député d'Outremont, au contraire. Je pense bien que...
M. Fortier: Étant donné que le député
de Frontenac m'a mis en cause à la suite de l'allocution que je viens de
faire, je vais me prévaloir de l'article 96 pour corriger certains
énoncés du député de Frontenac. D'une part, je le
remercie de ses éloges au sujet de mes capacités, mais je dois
dire que la commission parlementaire n'est pas terminée et, s'il est
vrai qu'il lui a semblé que nos arguments étaient peut-être
trop superficiels à son gré, il pourra juger à la fin de
la commission parlementaire.
Sur la question des taux d'intérêt, j'allais dire, M. le
Président...
M. Grégoire: Est-ce que le député
d'Outremont fait un autre discours?
Le Président (M. Laplante): Vous avez une chance...
À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: La question de règlement est
terminée.
M. Grégoire: Est-ce que vous voulez faire un autre
discours?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Faites votre
question de règlement, M. le député de Frontenac, mais
soyez dans la pertinence du débat sur l'article 1, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: Oui, mais il y a cinq paragraphes à
l'article 1, M. le Président. Je suis heureux que le
député d'Outremont nous dise qu'on va avoir enfin des arguments,
que la commission parlementaire n'est pas terminée et que les vrais
arguments seront apportés.
Jusqu'ici, M. le Président, je n'ai pas dit que le
député d'Outremont avait des arguments superficiels, non il n'en
a pas du tout. C'est une autre chose.
Le Président (M. Laplante): L'article 1, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Fortier: Question de règlement, M. le Président.
M. le député de Frontenac met dans ma bouche des paroles que je
n'ai pas dites. J'ai dit que, s'il trouvait que nos arguments n'étaient
pas assez sérieux à son goût, nous allons en apporter
davantage qui vont, j'en suis sûr, le convaincre, mais je vais laisser
mon collègue de Vaudreuil-
Soulanges essayer de le convaincre.
M. Grégoire: Le député d'Outremont se relira
et il s'apercevra qu'il a employé l'expression "des arguments
superficiels".
Le Président (M. Laplante): Revenez à la pertinence
du débat, s'il vous plaît, M. le député de
Frontenac.
M. Fortier: À votre gré.
M. Grégoire: II a employé ce terme.
M. Fortier: À votre gré.
M. Grégoire: Je dirais au député d'Outremont
qu'il nous avait paru une valeur sûre. Lorsqu'il est arrivé, on
s'est dit: Voilà un homme de qualité, mais il est tombé
trop vite dans...
M. Fortier: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: II y a des hommes politiques tout de
même des fois qu'il faut...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, il y a des messages que vous pouvez passer en parlant sur l'article
1.
M. Grégoire: Oui, mais, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Fortier: S'il veut parler, cela nous fait plaisir de lui
donner la parole pour 20 minutes.
M. Polak: Prenez votre temps, nous allons nous renseigner.
Une voix: Consentement.
M. Grégoire: M. le Président, je crois être
à l'article 1.
Le Président (M. Laplante): Vos paroles ne sont pas
pertinentes.
Une voix: Une demi-heure.
M. Grégoire: II y a cinq paragraphes à l'article
1.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais on ne parle pas du
député d'Outremont dans ces paragraphes, nulle part.
M. Fortier: Je ne suis pas encore ministre de l'Énergie et
des Ressources.
M. Grégoire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous avez peut-être une
habileté que personne n'a autour de la table ici, soit de pouvoir faire
passer vos messages à l'intérieur de l'article 1.
M. Grégoire: Êtes-vous en train de faire un discours
politique, M. le Président? Il est question dans l'article 1 des
actionnaires d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: Le député d'Outremont est un
des actionnaires.
M. Fortier: Aujourd'hui.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Grégoire: En laissant, si on veut, ses actions
dans...
Le Président (M. Laplante): Ah! c'est bien.
M. Grégoire: ... un portefeuille, soit celui du
ministère des Finances, il va devenir un actionnaire
d'Hydro-Québec.
M. Fortier: C'est depuis 1962.
M. Grégoire: C'est pourquoi je parlais du
député d'Outremont comment actionnaire. Je dirai au
député de Vaudreuil-Soulanges de ne pas tomber dans le même
panneau...
Une voix: II faudrait qu'il soit pour.
M. Grégoire: ... que le député d'Outremont.
Le député d'Outremont est arrivé un peu avant, je pense
qu'il regrette aujourd'hui la tendance qu'il a prise et je demanderais au
député de Vaudreuil-Soulanges, qui lui aussi est une autre valeur
sûre... Il faut reconnaître que, parmi les actionnaires
d'Hydro-Québec, il y a des valeurs sûres. Le député
de Vaudreuil-Soulanges est aussi une valeur sûre. J'ai
énormément d'estime pour lui. On s'en est aperçu
d'ailleurs, mais qu'il ne tombe pas, à cause d'un "filibuster", qui est
quelque chose de pas sérieux, dans le piège qui lui est ouvert.
C'est facile de tomber dans un piège, on dit: On fait un "filibuster".
Un "filibuster", cela veut dire une période de discours où on
parle sans rien dire.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: Le député de Sainte-Anne, je ne
lui dirais pas la même chose.
M. Polak: Le député de Frontenac, M. le
Président, nous accuse de faire un "filibuster", il parle comme si cela
était acquis; ce n'est pas vrai du tout. C'est malheureux qu'il n'ait
pas été ici vendredi pour écouter nos bons arguments.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Je ne mentionnerai pas le
député de Sainte-Anne parmi les valeurs sûres. C'est
d'accord pour le député de Vaudreuil-Soulanges et celui
d'Outremont.
M. Dussault: Cela va sûrement vous intéresser de
savoir que M. Philip Buster est arrivé en haut, qu'il a pris l'autobus
no 39 pour s'en venir ici, M. le Président.
M. Fortier: Au salon rouge.
M. Grégoire: Mais, M. le Président, je vais
simplement, après mes digressions sur les députés
d'Outremont et de Vaudreuil-Soulanges, dire que dans le journal aujourd'hui M.
Robert Bourassa, homme bien connu de nos amis d'en face, dit: De 20 000 000 000
$ à 25 000 000 000 $ dans l'électricité sortiraient le
Québec de la crise. Je serais d'accord mais, à 18% et 20%,
avez-vous réalisé, M. le Président, qu'ajouter 20 000 000
000 $, le plus bas montant qu'il a dit sur les deux, cela voudrait dire 4 000
000 000 $ en taux d'intérêt seulement? Cela voudrait dire que,
pendant les dix, douze ou quinze années que cela prendrait pour
construire des barrages d'un ordre de grandeur de ces investissements, il
faudrait multiplier par sept, non pas augmenter de 16%, mais augmenter de 700%
les taux d'électricité pour l'ensemble des
Québécois. Pourquoi? Pas parce que les barrages ne seraient pas
souhaitables, pas parce que l'investissement ne serait pas désirable,
mais parce qu'Ottawa impose des taux d'intérêt qui n'ont plus
aucun bon sens. Le plus grave problème, c'est ça et ne venez pas
me parler des dividendes qu'Hydro aura à payer. Les dividendes seront
une parcelle, non pas des intérêts, mais des augmentations
d'intérêt dus à la politique actuelle.
Quand je retourne à la page précédente, je vois une
lettre adressée à M. Gerald Bouey, le grand ami, le conseiller
spécial de nos amis de l'Opposition. Le député de
Vaudreuil-Soulanges peut sembler surpris, mais il va apprendre qu'en politique,
quand on nomme un homme comme Gerald Bouey à la Banque du Canada, il
faut en prendre les responsabilités, c'est votre parti!
M. Polak: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Grégoire: C'est le principal ami des
libéraux.
M. Polak: J'ai soulevé une question de règlement M.
le député de Frontenac, s'il vous plaît. Vous connaissez le
règlement?
M. Grégoire: Quel numéro?
M. Polak: Arrêtez donc. Cela vous sera
bénéfique d'avoir une couple de minutes parce que vous
n'êtes pas capable de les remplir.
M. Grégoire: Quel numéro? M. Polak: Quel
numéro?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Question de règlement M. le Président. Je
ne vois aucune pertinence à ce que le député de Frontenac
vient de dire.
Le Président (M. Laplante): Je vais la régler tout
de suite votre question de règlement et ce sera très court. J'y
vois de la pertinence parce que vous en avez parlé, de ces
choses-là dans vos discours...
M. Polak: Pas de M. Bouey.
Le Président (M. Laplante): ... et je vous ai
laissé aller.
M. Polak: Où est M. Bouey dans l'article 1?
Le Président (M. Laplante): Vous avez parlé de M.
Philip Buster.
M. Polak: Jamais.
Le Président (M. Laplante): Je ne le connais pas, cet
homme-là, non plus.
M. Grégoire: M. le Président, c'est vrai,
l'Opposition n'a pas parlé de M. Bouey, cela les gêne. Ils sont
gênés d'être reliés avec le gouverneur de la Banque
du Canada.
Une voix: 104 000 $ par année.
M. Grégoire: 104 000 $. Mais ce n'est pas ça, je
vois justement qu'il vient de se voter une augmentation de 9500 $ d'indexation
quand il dit aux autres: N'allez pas à l'indexation, serrez-vous la
ceinture. Ce qui me surprend des Québécois, ce sont du bon monde.
Il dit quand même à M. Bouey dans une lettre qu'il lui
écrit: "Je te souhaite quand même de joyeuses fêtes et
j'espère que tu auras une bonne pensée pour tous ceux qui sont
étouffés - remarquez bien le mot "étouffés"
ça veut dire pris à la gorge, étranglés, le souffle
coupé - par les taux d'intérêt exorbitants." Exorbitant,
c'est large, c'est un terme du dictionnaire qu'on ne trouve pas à toutes
les pages, M. le Président, juste à une page, c'est
exorbitant.
Quand vous reparlerez des dividendes que va permettre la nouvelle loi,
rappelez-vous bien une chose, c'est que les dividendes payés au peuple
québécois par Hydro-Québec ne seront jamais aussi
élevés que ce que l'augmentation - je ne dis pas les taux
d'intérêt - des taux d'intérêt permise,
approuvée, acceptée, légalisée par Ottawa va
obliger Hydro-Québec à remettre aux financiers. Il me semble que
vous devriez protester contre ça. Quand le député de
Sainte-Anne dit: On n'a pas nommé M. Bouey, j'admets que vous êtes
gênés de le nommer. J'admets qu'il y a des amis qu'on aimerait
mieux ne pas avoir. J'admets que le gouverneur de la Banque du Canada est un
ami que le député de Sainte-Anne n'aimerait pas promener
partout.
M. Polak: Je préfère M. Bouey au
député de Frontenac comme ami.
M. Grégoire: C'est un ami du député de
Sainte-Anne, mais je pense bien qu'il est mieux de ne pas le montrer dans son
comté. Je vais donner un bon conseil aux députés de
Vaudreuil-Soulanges ou d'Outremont: Ne l'amenez pas dans vos comtés pour
vous aider parce que ce serait un cheval de Troie, il n'y aurait rien de pire
que ça, ça vous nuirait.
M. le Président, je pense que j'ai fait mon point en disant que
les taux d'intérêt coûtent plus cher à
Hydro-Québec que toutes les taxes, tous les dividendes. Au moins, les
dividendes servent à la population québécoise, les taxes
servent aux municipalités québécoises. Le
député de Verdun, qui est également maire de sa ville,
vous dira que si Hydro-Québec cessait de payer ses taxes à la
ville de Verdun, la ville de Verdun serait presque en faillite. Si
Hydro-Québec paie des taxes, cela aide les municipalités, cela
aide les citoyens. Quand Hydro-Québec paie des intérêts,
cela aide qui? Cela aide qui? Répondez-moi à cela.
M. Fortier: J'aurais une question à poser au
député de Frontenac, s'il me le permet.
M. Grégoire: Ah oui!
Le Président (M. Laplante): Vous permettez? (12 h 30)
M. Fortier: Compte tenu des hauts taux d'intérêt sur
lesquels il va être d'accord avec nous, nous avons peu de contrôle,
que ce soit aux États-Unis, en Allemagne, au
Japon, en Suisse et même au Canada, dans une certaine mesure,
malgré ce qu'il a dit, est-ce qu'il ne croit pas que le fait d'augmenter
l'autofinancement d'Hydro-Québec serait une mesure prudente, compte tenu
de la conjoncture dans laquelle Hydro-Québec devra évoluer
à l'avenir?
M. Grégoire: J'admets que le député
d'Outremont a une bonne question, mais il y a tout de même des choses
à dire là-dessus; lorsqu'il dit: Étant donné les
taux d'intérêt élevés aussi bien aux
États-Unis qu'au Canada, il faut faire une distinction. Au Canada, le
taux d'intérêt privilégié à l'heure actuelle
est de cinq points supérieur à celui des États-Unis; du
moins vendredi, ce l'était, je n'ai pas vu les rapports aujourd'hui,
mais, vendredi, les taux d'intérêt étaient de cinq points
supérieurs à ceux payés aux États-Unis. Cela ne se
comprend pas. Pourquoi au Québec garderait-on les taux
d'intérêt à 5% de plus qu'aux États-Unis? M. le
député d'Outremont va admettre avec moi que cela n'a pas de
sens.
Deuxièmement, le député d'Outremont parle d'un
autofinancement plus gros, d'un taux de pourcentage d'autofinancement plus
élevé pour Hydro-Québec. Là aussi, je ne vois pas
pourquoi neuf générations paieraient pour la construction de
barrages dont la génération suivante va se servir; d'autant plus
qu'avec l'inflation, avec la diminution de la valeur de l'argent, avec
l'augmentation des coûts de construction, les montants remboursés
aujourd'hui, comparés à notre possibilité de payer,
à la valeur de notre dollar, c'est beaucoup plus élevé que
ce qu'ils vont payer demain avec le même dollar, parce que le dollar ne
vaudra pas la même chose demain, il va valoir beaucoup moins.
C'est pourquoi je dis au député d'Outremont: Le
pourcentage d'autofinancement, c'est bien beau, on paie moins
d'intérêt, mais on change le mal de place, on le situe
aujourd'hui, alors que, demain, le mal sera beaucoup moins grave, mais,
même à cela, même avec un pourcentage supérieur
d'autofinancement il reste toujours - et c'est là-dessus que je veux
appuyer - qu'on paie plus qu'Hydro-Québec paie plus en
intérêts que toutes les taxes municipales ou tous les dividendes
qu'on pourra voir à Hydro-Québec. C'est là que je
comprends mal, c'est là que j'admettrais avec l'Opposition qu'elle dise
qu'Hydro-Québec devrait baisser ses comptes et ne pas payer de
dividendes, mais - je vous le demande, cela ne me passe pas dans la tête
- pourquoi est-ce que vous ne critiquez jamais les sommes inouïes,
inimaginables qu'Hydro-Québec paie à un taux
d'intérêt usuraire de par la volonté, de par la permission,
de par le bon vouloir d'Ottawa? Je le dis et je le répète, je
sais que vous n'aimez pas cela, mais le grand responsable, c'est le
fédéral.
M. Lalonde: C'est le fédéral!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, avant
de commencer, si je pouvais demander une directive en vertu de l'article 160.
Le droit de parole des membres de la commission est fixé à vingt
minutes pour chaque paragraphe, ainsi de suite, et je constate que vous avez
appelé l'article 1. Est-ce que je dois présumer que nous
discutons séparément de 3.1 à 3.5 et donc,
évidemment, qu'il y a une série d'interventions pour ces
choses-là? Je ne voudrais pas mêler dans mon intervention, ni mes
collègues d'ailleurs, 3.1 avec 3.4. À ce moment-ci, je
présume qu'on ne peut pas bêtement faire cela. Il serait trop
simple pour le gouvernement d'amener un article de loi avec un seul article. On
aurait 3.1 à 3.5 ensuite on aurait 15.1 à 15.7, 21.2, 22, 24,
ainsi de suite. Tout serait dans le même article 1; l'article 2 dirait
que la loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Je crois comprendre que,
traditionnellement...
Le Président (M. Laplante): M. le député,
j'ai compris votre question. M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, je dois vous dire une chose, c'est que, lorsque
débute le débat sur un article comme cela, il y a une tradition
qui s'installe. Normalement, c'est paragraphe par paragraphe, sauf si on veut
discuter de l'article au complet. Or, je remarque que, depuis le début,
depuis qu'on est sur cet article-là, le député d'Outremont
a parlé des actions, il a parlé des 5 000 000 000 d'actions, il a
parlé sur les cinq paragraphes.
Une voix: Absolument.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: Le député de Sainte-Anne avant
le député... je suis sur une question de règlement, il n'y
en a pas deux en même temps, ça, c'est la première base. Le
député d'Outremont a parlé sur les cinq paragraphes, le
député de Sainte-Anne a parlé sur les cinq
paragraphes...
M. Polak: Non, non, j'ai parle sur 3.1 seulement.
M. Grégoire: ... le député de Sainte-Anne a
parlé des actions, des actionnaires, de la société...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Voyons donc!
M. Polak: Sur 3.1, je vais parler sur tous les autres.
M. Grégoire: Le député de Sainte-Anne aussi
et le député d'Outremont. Nous devons donc en conclure que nous
sommes sur tout l'article 1.
M. Polak: Ne m'enlève pas mon droit. M. Dussault:
Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez parler, M. le
député de Sainte-Anne, sur la question de règlement?
Parlez!
M. Polak: M. le Président, je voudrais vous dire que,
quand je parlais, c'était spécifiquement sur 3.1, pas un autre
article. En fait, l'article 160 me réserve le droit de parler sur 3.2,
3.3, 3.4 et 3.5. À chaque article, j'ai quelque chose à dire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, vous avez... À
l'article 1, le député d'Outremont s'est promené de 3.1
à 3.5. C'est évident que, dans l'esprit du travail de cette
commission, c'est sur l'article au complet que se fait le débat. C'est
implicitement que ça s'est passé comme ça, on doit le
reconnaître, M. le Président. Je vous demande pour cette raison de
considérer l'article 1 au complet comme étant l'objet du
débat présentement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Question de règlement, M. le Président.
Tout d'abord, il y a eu un amendement à l'article 3.1, qui était
la date qu'on avait avancée, 1985. L'amendement a été
battu. Maintenant, on parle de 3.1, strictement au sujet de 3.1. Je ferai
remarquer à l'adjoint, je ferai remarquer au député de
Frontenac que le premier qui a ouvert le débat plus loin que la date en
vigueur, c'est le ministre des Finances, quand il a présenté ses
arguments. Il a parlé de toutes les questions.
Le Président (M. Laplante): On va faire un petit peu comme
Salomon, avec la mère et son petit, plutôt que de le faire couper
en deux, on faisait une victime. Effectivement, je pense que chacun des
interlocuteurs a abordé largement l'article 1 au complet. Maintenant, il
reste que, paragraphe par paragraphe, si vous avez des amendements à
proposer, il faut les accepter; on juge les motions, à ce
moment-là.
M. Grégoire: Vous avez 20 minutes sur l'article 1.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une directive
à vous demander. Je comprends que notre droit de parole...
M. Grégoire: Je remarque que le député de
Marguerite-Bourgeoys vient de revenir. Il s'est absenté comme...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai fait le tour du
parlement pour tenter de trouver le ministre, et je ne l'ai pas
trouvé.
M. Grégoire: Le ministre, il travaille dans son
bureau.
M. Lalonde: M. le Président, je comprends qu'on a quand
même le droit de parole sur chacun des paragraphes, 3.1, 3.2, 3.3,
3.4.
M. Grégoire: Vingt minutes en tout, pour l'article 1.
M. Lalonde: Je regrette...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, vous voulez laisser finir l'intervention du député
...
M. Lalonde: Je comprends...
Le Président (M. Laplante): ...de Marguerite-Bourgeoys,
s'il vous plaît.
M. Lalonde: Je comprends qu'on a quand même le droit de
parole séparé, conformément à l'article 160 qui dit
que...
M. Grégoire: Ce n'est pas ça que le
président vient de dire.
M. Lalonde: Pouvez-vous lui fermer la "trappe", à lui?
M. Grégoire: Ce n'est pas de même qu'on dit
ça! On dit: Envoie donc un bouchon pour mettre sur la cruche!
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
député de Frontenac, voulez-vous le laisser finir? Je vous
donnerai la parole après si vous avez des commentaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce sont des menaces, M. le
Président?
M. Lalonde: Vous n'aurez même pas besoin de lui donner la
parole, il la prend tout seul; pour ce qu'il en fait, M. le Président.
Alors, l'article 160 dit que,
lorsque qu'une commission étudie un projet de loi, un
député peut prendre la parole sur le même point aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne pas parler plus de
vingt minutes en tout sur un même article, un même paragraphe. Je
comprends bien, M. le Président, que vous interprétez ça
en donnant un droit de parole de 20 minutes à chacun des
députés, membres ou intervenants, sur 3.1, sur 3.2, sur 3.3, etc.
Est-ce que vous pouvez me donner une directive là-dessus?
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je pense que ça
serait exact ce que dit le député de Marguerite-Bourgeoys s'il
avait été reconnu d'avance par toute la commission et
accepté que ...
M. Fortier: ... que le règlement s'appliquait. Voyons
donc!
M. Dussault: ... l'on s'en tienne à un paragraphe en
particulier, M. le Président, ce qui n'a jamais été le
cas...
M. Fortier: Bien oui, mais ...
M. Dussault: ...au contraire, nous avons parlé sur
l'ensemble de l'article...
M. Fortier: Le règlement...
M. Dussault: Nous avons parlé sur l'ensemble de l'article.
C'est pour ça, au nom du fait que déjà le travail qui a
été fait nous laisse entendre très clairement que c'est
l'article au complet que la commission voulait débattre, au nom de
ça, M. le Président, je vous demande de reconnaître que
c'est l'article 1 uniquement qui est appelé et qu'il est trop tard
maintenant pour diviser cet article-là en paragraphes pour des fins de
débat.
M. Lalonde: L'article 160 s'applique tout le temps.
M. Tremblay: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Moi, je suis obligé de dire qu'en lisant
l'article 160.1, je pense que l'Opposition a raison, étant donné
que c'est bien marqué qu'un "député peut prendre la parole
sur le même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition
de ne parler plus de 20 minutes en tout sur un même article, un
même paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre
ou de règlement". Je pense qu'ils ont raison. Cela me fait de la peine
de me désolidariser de mes collègues, mais je suis obligé
d'admettre qu'ils ont raison.
M. Lalonde: Vous allez être vice-président avant
d'autres, vous!
M. Dussault: Je lui souhaite bonne chance, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je maintiens la
première décision.
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le
Président.
Je commencerais en répondant, parce que c'est pertinent de toute
façon, étant donné qu'on...
Le Président (M. Laplante): Pourvu que vous fassiez
référence aux articles qui...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument, M. le Président. On est en train de parler, entre
autres choses, à l'égard de l'article 3.1, de la
différence fondamentale qui peut exister pour une compagnie entre
l'exigence qu'elle peut avoir à l'avenir de payer des dividendes - c'est
le député de Frontenac qui l'a soulevé - au point de vue
de l'ampleur des paiements qui doivent être faits, et celle de payer de
l'intérêt sur les emprunts.
J'aimerais simplement, afin d'expliquer comment peut se produire tout
cela, dire que le volume des intérêts qui sont payables par un
emprunteur est évidemment fonction, entre autres, du volume des emprunts
eux-mêmes. Je pense qu'on ne peut pas se plaindre du... Je m'excuse, on
va commencer par le commencement. Le député de Frontenac a
allégué que si en vertu de l'article 3.1, éventuellement,
des dividendes étaient payés, ces dividendes ne seraient, de
toute façon, que très insignifiants, compte tenu de
l'intérêt payable sur les emprunts d'Hydro-Québec. Comme
argument, c'est assez spécial, dans la mesure où un des
remèdes pour pallier cette difficulté ce serait,
évidemment, de voir Hydro-Québec réduire ses emprunts, de
telle sorte qu'elle réduirait ses paiements d'intérêts
annuels.
Il n'en reste pas moins que le député continue à
alléguer que c'est en vertu d'une politique de taux
d'intérêt exorbitants, de la part de la Banque du Canada, entre
autres, des taux usuraires, dit-il, qu'Hydro-Québec se trouve dans la
situation, comme tous les emprunteurs en ce moment, en Amérique du Nord,
de payer des taux d'intérêt
extrêmement élevés. Ce que le député
néglige toujours de dire dans ce contexte, c'est - j'aimerais le lui
expliquer, une fois pour toutes pour qu'il comprenne - comment les taux
d'intérêt se fixent. Il parle de taux d'intérêt
usuraires. J'ai entendu des arguments encore plus spécifiques voulant
qu'à l'époque où les compagnies de finance prenaient 16% -
on remonte à une vingtaine d'années - et que le taux
d'intérêt bancaire était de 4% ou 5%, on avait affaire
à 16% ou 17%, soit des taux usuraires. C'est absolument
épouvantable, on remonte à vingt ans, M. le
député!
Ce que j'aimerais lui souligner, une fois pour toutes, c'est que le
véritable revenu d'intérêt d'un prêteur est
relié - et cela, il n'y a pas à en sortir - à deux choses:
le taux d'inflation, parce que la moindre des choses, si c'est une personne qui
prête de l'argent qui appartient à d'autres... c'est cela,
l'intermédiation de l'épargne, c'est cela qu'une institution
financière est censée faire... un emprunteur n'est pas pour faire
du porte à porte dans sa rue, dans son quartier pour chercher 10 000 000
$, il va dans une banque...
M. Grégoire: S'il est capitaliste. Une voix: S'il
est créditiste, oui. M. Grégoire: Cela, c'est du
capitalisme.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'ignore si cela est du capitalisme, effectivement. Évidemment,
je crois comprendre que vous-même, M. le député, avez sans
doute soit emprunté, soit prêté...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... et s'il n'en était
rien, il faudrait se demander comment vous faites pour vivre, comment vos
fournisseurs font pour vivre.
Chose certaine, la différence entre le taux
d'intérêt et le taux d'inflation est relativement constante
historiquement. Dans cette mesure, il faut quand même comprendre que si
le taux d'inflation monte, le taux d'intérêt, également,
doit monter. Autrement, il n'y a aucune utilité pour des
intermédiaires entre les gens qui ont de l'épargne, les gens qui
ne dépensent pas tout ce qu'ils ont, à qui il reste de
l'argent... Qu'est-ce qu'ils veulent faire avec? Le donner à d'autres?
C'est peut-être la solution - de la part du député de
Frontenac - que les gens qui ont comme revenus des sommes supérieures
aux dépenses, qui leur permettent de vivre, donnent leur argent,
probablement au ministre des Finances dans son esprit, probablement à
une banque centrale, créditiste ou autre, je l'ignore. Mais ce qu'il
faut quand même établir clairement, une fois pour toutes, c'est
qu'il y a des gens à qui, effectivement, il reste en fin d'année
de l'argent, une fois qu'ils ont dépensé leurs revenus. Par
ailleurs, il y a des gens qui désirent investir. Hydro-Québec,
entre autres, ne peut pas, à même ses revenus de l'année,
construire des barrages. Elle ne le pourra sans doute jamais, quoique le
ministre des Finances, le 10 mars, ait prétendu qu'Hydro-Québec
était menacée de payer ses barrages comptant. Comme menace,
c'était assez attrayant, évidemment, parce qu'à ce
moment-là Hydro-Québec n'aurait plus besoin d'emprunter, donc
elle n'aurait pas été obligée de payer des taux
d'intérêt exorbitants ou même très bas. À ce
moment-là, la dépense d'intérêt disparaîtrait
complètement des états financiers d'Hydro-Québec et les
tarifs ne seraient pas aussi élevés qu'ils doivent l'être
afin de payer les intérêts sur des emprunts énormes. Cela,
c'est la première chose. (12 h 45)
La deuxième chose, c'est que le député de Frontenac
prétend que les taux d'intérêt que doit payer
Hydro-Québec sont déterminés par soi-disant un
fonctionnaire fédéral, comme il le dit si bien. J'aimerais
simplement attirer son attention sur une lecture qu'à titre d'adjoint
parlementaire du ministre de l'Énergie et des Ressources il aurait sans
doute intérêt à consulter occasionnellement,
c'est-à-dire les prospectus d'Hydro-Québec qui sont
publiés chaque fois qu'Hydro-Québec doit aller sur un
marché pour emprunter. Dans la mesure où les états
financiers d'Hydro-Québec contiennent la liste complète des
emprunts qu'elle a effectués depuis le départ,
c'est-à-dire les emprunts qui sont dans ses livres actuellement, les
emprunts non encore remboursés, il pourrait constater que dans la vaste
majorité des cas ces sommes sont engagées, empruntées en
devises des États-Unis, donc au taux d'intérêt du
marché américain et que M. Bouey ou qui que ce soit, situé
à Ottawa ou ailleurs, n'a strictement rien à faire avec la
détermination des taux d'intérêt qu'Hydro-Québec
doit payer.
Je réfère le député plus
particulièrement au prospectus du 9 septembre 1981 - c'est le dernier en
date -qu'Hydro-Québec a émis afin d'emprunter 40 000 000 $ en
"European currency units" -encore une fois, ça n'a pas été
emprunté au Canada, c'est en Europe que ç'a été
fait - à 14,25%. Ce n'est pas trop mal. De là à dire que
c'est Gerald Bouey qui est en train de créer à
Hydro-Québec des difficultés terribles parce
qu'Hydro-Québec - c'est normal - emprunte à 14,25% sur le
marché européen, je ne vois pas exactement de quoi le
député de Frontenac parle. S'il consulte les pages 30, 31 et 32,
il y verra des
montants absolument époustouflants, on est dans les milliards, on
a un total, au 31 décembre 1980, de 11 766 000 000 $ empruntés
par Hydro-Québec. S'il consulte plus particulièrement...
M. Grégoire: Est-ce que le député de Johnson
me permettrait une question?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La députée de
Johnson, c'est Carmen Juneau.
M. Grégoire: Le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous en prie, M. le
député.
M. Grégoire: On dit que 14,25%, c'est un taux normal, mais
c'est seulement depuis 1966 que la limite du taux d'intérêt, qui
était fixée à 6%, a été enlevée par
une loi fédérale...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur les petits prêts.
M. Grégoire: Non, les banques n'avaient pas le droit de
prêter à plus que 6% jusqu'en 1966, c'était illégal
de prêter à plus que 6%. Cela fait 15 ans seulement, et c'est
rendu à 14,25%
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas
illégal.
M. Lalonde: L'or était à 35 $ l'once.
M. Grégoire: C'est épouvantable à
14,25%:
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le député de
Frontenac, en 1966, j'ignore où vous habitiez, au Québec ou peu
importe...
M. Grégoire: J'étais député à
Ottawa et j'ai siégé à la commission parlementaire
fédérale qui étudiait la loi des banques cette
année-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Là où je veux en
venir...
M. Grégoire: Je m'y suis opposé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): S'il vous plaît, M. le
député, je suis sûr que le loyer que vous payiez pour un
trois pièces et demie en 1966 n'a aucun rapport avec le loyer que vous
seriez obligé de payer pour un trois pièces et demie cette
année. Le prix de l'essence, le prix du gaz, le prix d'à peu
près tout depuis 1966, vous allez admettre que ç'a
augmenté. Cela a probablement plus que doublé, de toute
façon. On va parler de la même chose, ne comparez pas les chiffres
de 1966 et ceux de 1982.
Il n'en reste pas moins qu'en consultant le prospectus
d'Hydro-Québec vous constaterez, M. le député de
Frontenac, que non seulement la majorité des emprunts
d'Hydro-Québec est faite en devises des États-Unis, mais que les
notes 2 à 17 font également état de la monnaie dans
laquelle ces emprunts sont effectués. Il y en a finalement très
peu qui sont effectués au Canada. On voit qu'à chacune de ces
notes, à la page 33, on prend la peine - ce sont des exigences du
prospectus - d'indiquer quel est l'équivalent canadien d'un montant de
peu importe le nombre de millions dans chaque cas, en monnaie de la
République fédérale d'Allemagne, il y en a à n'en
plus finir, la République fédérale de Suisse, en monnaie
du Japon, en "European currency units", toutes ces choses-là, en
"sterling" dans un certain cas, le Royaume-Uni.
Hydro-Québec emprunte partout à des taux qui sont
déterminés par un paquet de monde ou un paquet de circonstances
économiques avec lesquelles M. Bouey, la Banque du Canada et le
gouvernement fédéral n'ont strictement rien à faire.
J'espère que vous avez compris. Enfin, on verra plus tard.
M. Grégoire: C'est du beau capitalisme
réactionnaire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bien, mon...
M. Lalonde: Dont se réjouit le député de
Frontenac.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le député de
L'Assomption et ministre des Finances ne se gêne pas pour charger aux
contribuables de l'intérêt sur les paiements faits en retard.
M. Grégoire: À cause d'Ottawa.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le gouvernement du Parti
québécois se permet -comme tous les autres gouvernements et comme
n'importe qui ayant une tête sur les épaules - de charger de
l'intérêt aux gens qui ne paient pas leurs dettes. Si le
député de Frontenac veut qu'on s'en aille vers un système
où l'intérêt va être de zéro, je l'exhorte
aujourd'hui, en public, à nous expliquer comment il réduira
l'inflation à zéro, parce que c'est de ça qu'on parle, le
taux d'intérêt et le taux d'inflation étant absolument
reliés l'un à l'autre. Je lui demanderai en même temps
comment il fera pour réduire à zéro les augmentations de
salaire des employés de la fonction publique ou du secteur privé.
Je l'inviterai à nous expliquer comment il devrait réduire
à zéro
l'augmentation de la valeur des immeubles dont il peut être
propriétaire ou locataire, afin qu'il limite à zéro la
croissance de son loyer, afin qu'il limite à zéro la croissance
des coûts de transport, de tout ce qui transporte les victuailles dont il
se nourrit et dont nous nous nourrissons, pour que le prix des oeufs, de la
viande, du beurre, etc., ne croisse que d'un facteur de zéro
d'année en année. Je suis extrêmement heureux que nous
ayons au Parlement, à Québec, un homme aux visions si
constructives que le député de Frontenac, qui détient
manifestement la solution à tous nos maux et qui pourra réduire
à zéro la croissance de l'inflation, la croissance des taux
d'intérêt et le niveau même des taux
d'intérêt.
M. le Président, pour revenir à l'article 1, paragraphe
3.1, j'aimerais profiter de l'occasion pour donner - je pense que c'est
important - ma réaction initiale à la présentation du
projet de loi no 16, cette présentation qui a été faite en
définitive par le ministre des Finances, le 10 mars dernier. C'est le 10
mars dernier que je regardais moi aussi, comme les Québécois -
sauf les 122 qui étaient déjà ici en Chambre - le ministre
des Finances nous annoncer qu'Hydro-Québec serait érigée
en compagnie à fonds social et serait requise de payer des dividendes au
ministre des Finances à l'avenir. Ma réaction initiale a
été d'y voir -nos amis d'en face prétendent qu'il n'y a
rien là - un changement fondamental dans les caractéristiques
d'Hydro-Québec, institution dont nous, les Québécois,
sommes si fiers. Je passe pour l'instant sur les exigences du projet de loi no
16 et tous les discours qui l'entourent, toute la logique qui entoure
ça, l'exigence qu'Hydro-Québec n'est plus tenue, en vertu de son
nouveau mandat, si jamais le projet de loi no 16 était adopté, de
fournir l'électricité aux Québécois au taux le plus
bas possible et non pas au coût le plus bas possible. Cela a
été mêlé à plusieurs reprises dans les
discours, il y a des gens qui ont dit: Au coût le plus bas possible. Le
mandat de Hydro-Québec est évidemment de produire
l'électricité à un coût raisonnable, c'est bien
évident parce qu'il y a quand même des règles
d'administration financière intelligente qui doivent prévaloir,
mais son mandat plus spécifique, pour autant que les consommateurs
eux-mêmes étaient concernés, c'était
qu'Hydro-Québec fournisse l'électricité aux
Québécois au coût, donc au tarif, le plus bas possible.
C'est évidemment ce qui change foncièrement. Comment le
paragraphe 3.1, simplement de la façon dont il est rédigé,
c'est-à-dire qu'à compter d'une date à être
précisée, la société Hydro-Québec continue
d'exister comme compagnie à fonds social... Vous me permettrez
d'expliquer comment, à mon sens, le fait qu'une société
devienne une compagnie à fonds social, par opposition à une
compagnie qui n'en a pas, a des répercussions réelles sur son
fonctionnement, sur la qualité de sa gestion et, partant, sur les
mécanismes de contrôle de production de
l'électricité, en l'occurrence. Cela a, par répercussion
ultime, des effets réels sur les tarifs qu'Hydro-Québec devrait
charger aux consommateurs québécois, afin de satisfaire aux
exigences de planification à long terme de ses investissements et aux
autres exigences financières dont elle dépend à cause des
emprunts massifs qu'elle a dû contracter pour construire des
installations absolument massives elles aussi. C'est que, autre que la
structure du capital elle-même, qui, évidemment, est
implantée là pour fournir deux sources de revenus distinctes au
ministre des Finances, c'est-à-dire, d'une part, une taxe sur le
capital, ce qui est absolument impossible, à moins qu'on ne veuille
admettre qu'on taxe les réserves d'Hydro-Québec, réserves
qu'elle a accumulées afin de voir au renouvellement du réseau,
entre autres choses, et éventuellement pour stabiliser les taux, qui
sont également l'autre volet du mandat traditionnel
d'Hydro-Québec.
Si on regarde cette source particulière d'impôt pour le
ministre des Finances, on voit, encore, d'après le prospectus
d'Hydro-Québec du 9 septembre, qu'en 1980 il en aurait
coûté 75 000 000 $ à Hydro-Québec afin de payer
cette taxe sur le capital de 0,45% du capital. On voit que c'est l'effet
financier direct du fait qu'il y a maintenant un fonds social. Le
deuxième est beaucoup plus important parce que c'est, évidemment,
à travers la structure traditionnelle d'une compagnie à fonds
social qu'on peut déterminer le paiement d'un dividende, à moins,
encore une fois, que le gouvernement ne dise: Nous prélevons une
redevance purement et simplement à même les surplus de
l'année en cours. On pourrait avoir eu les mêmes formules, 75% de
l'excédent du revenu total par rapport aux intérêts qui
doivent être rencontrés. Cela aurait le même effet au point
de vue des revenus de l'État, mais, évidemment, la transparence
en prendrait pour son rhume. Je devrais plutôt dire que la transparence,
avec la transformation d'Hydro-Québec en société à
capital-actions, en prendra pour son rhume parce que si l'effet financier est
le même de prélever un pourcentage sur les réserves et de
prélever une certaine redevance additionnelle sur une portion des
revenus bruts, mais que cela ne peut pas être publiquement admis par le
ministre des Finances, il se retourne vers une structure de capital qui lui
permet simplement d'appliquer les lois de l'impôt, d'une part, en ce qui
regarde la taxe sur le capital, et, deuxièmement, de suivre le
comportement à sa face même traditionnel des compagnies à
fonds social.
Une compagnie à fonds social appelle des distinctions
fondamentales entre deux ou trois éléments, entre deux ou trois
participants, si on veut, à la vie économique d'une
société, qui ne se retrouvent pas aujourd'hui dans
Hydro-Québec parce que c'est une compagnie qui n'a pas de fonds social.
Ce que je veux faire ressortir surtout à l'adresse du
député de Frontenac, c'est que cela existe, un actionnaire, que
cela existe, un gestionnaire, que cela existe, un propriétaire et ce
sont des gens qui n'ont pas les mêmes objectifs. Ce sont des gens qui
n'ont, évidemment, pas la même définition, qui n'ont pas le
même rôle, finalement, à l'intérieur d'une
société.
Quant à l'actionnaire, il est un propriétaire...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît, M. le député?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas déjà, M. le
Président: J'aborde à peine le début de mes explications
à l'adresse du député de Frontenac.
Le Président (M. Laplante): Oui, vous avez même
déjà une minute de passée.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une minute de passée,
déjà!
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors il me reste 19 minutes,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Non, non. Vous avez 21 minutes
de passées. Je voulais être respectueux envers vous; c'est cette
horloge-là que je regarde.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je
devrai conclure à ce moment-ci...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): sauf le droit que je pourrai
avoir, à l'occasion d'un amendement ou d'un autre paragraphe, de parler
un peu plus longtemps de ces choses-là afin d'expliquer vraiment
clairement au député de Frontenac une fois pour toutes qu'il faut
distinguer les objectifs de l'actionnaire qui est le ministre des Finances des
objectifs des gestionnaires d'Hydro-Québec qui se rapporteront
maintenant à quelqu'un. Ils l'ont toujours fait dans la
réalité. C'est le gouvernement qui avait quand même quelque
chose à dire pour fixer les tarifs, c'est évident, mais pour
avoir vécu des situations où des gestionnaires et les
employés ont été les propriétaires, parce qu'ils
étaient les gestionnaires, j'ai pu constater la qualité du
fonctionnement et la qualité de la gestion d'une société
où il n'y a pas un actionnaire par-dessus qui dicte des choses à
faire à ces gens-là.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pense que c'est le point
fondamental.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 31)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission de l'énergie et des ressources afin d'étudier article
par article le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec. Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton); M. Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M.
Tremblay (Chambly); M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M.
LeBlanc
(Montmagny-L'Islet); M. Middlemiss (Pontiac) remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont), M.
Vallières (Richmond). Les intervenants sont M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue); M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé
par M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges); M. de Belleval (Charlesbourg), M.
Desbiens (Dubuc), M. Hains (Saint-Henri). Est-ce que M. Hains (Saint-Henri) est
remplacé?
M. Fortier: M. Hains (Saint-Henri), oui, il est
remplacé.
Le Président (M. Laplante): Par qui?
M. Fortier: C'était censé être M.
Saintonge.
Le Président (M. Laplante): M. Hains (Saint-Henri)
remplacé par M. Saintonge (Laprairie); M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Middlemiss (Pontiac); M. Marquis (Matapédia); M.
O'Gallagher (Robert Baldwin) remplacé par M. Lincoln (Nelligan). Lorsque
nous avions ajourné nos travaux à 13 heures, la parole
était au député de Vaudreuil-Soulanges, mais son temps
était terminé.
M. Fortier: Je crois qu'il me reste trois ou quatre minutes.
Le Président (M. Laplante): M. le
député d'Outremont, il vous reste deux minutes.
M. Fortier: M. le Président, j'avais commencé -
est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier (suite)
M. Fortier: J'avais tenté de démontrer, en me
référant aux arguments que le ministre avait utilisés que,
pour les raisons inverses, nous ne pouvions être d'accord avec l'article
1, et plus spécifiquement le paragraphe 3.1. Bien sûr, une des
raisons avait trait au fait que nous avons dit qu'il y avait beaucoup d'impact
dans ce que cette transformation pourrait avoir sur HydroQuébec
elle-même et sur notre avenir énergétique. Nous avons
tenté d'obtenir cette information qui nous permettrait justement de
savoir ce qu'il nous faut pour mesurer cet impact et c'est pourquoi, dans le
passé, nous avons demandé à entendre différentes
personnes et différents organismes. Ces demandes nous ont
été refusées. C'est la raison pour laquelle j'aimerais
faire la motion suivante, M. le Président.
C'est une motion pour distribution de documents qui se lit comme suit:
Que cette commission invite le ministre de l'Énergie et des Ressources
à distribuer dès maintenant aux membres et intervenants de ladite
commission le document intitulé approximativement "Analyse
financière pro forma de l'impact de la loi 16 pour la période
1981-1990" préparée par les services d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous savez que, sur la
recevabilité, on peut faire une motion de quelque nature que ce soit qui
a trait à nos travaux, à peu près en tout état de
nos travaux. Généralement, on tente, avant le début des
délibérations, de prendre les décisions qui vont toucher
tous les travaux, comme, par exemple, faire entendre tous les
députés, faire entendre les gens dans la population, etc. Mais,
en ce qui concerne les travaux eux-mêmes, on peut en tout état
présenter une motion, y compris une motion semblable à celle que
le député d'Outremont vient de présenter. J'aimerais
simplement, sans pousser plus loin mon plaidoyer en ce qui concerne le
règlement, faire état d'un précédent qu'on a
porté à mon attention et je vous jure que, lorsqu'on me l'a
suggéré, je ne savais pas qui était le proposeur de la
motion ni le président de la commission, mais il s'agit de la commission
élue permanente des richesses naturelles. C'est celle qui a
précédé, en fait.
M. Grégoire: Vous parlez sur la recevabilité,
monsieur?
M. Lalonde: Oui, oui.
Le Président (M. Laplante): C'est cela, monsieur.
M. Lalonde: Richesses naturelles, c'est le projet de loi no 70.
Le président était le député du comté de
Bourassa. À la page 4 -et pourtant, des pages 4, il y en a beaucoup, je
vais vous dire la page 4 de quelle date -de la séance du jeudi le 6
avril 1978, il y a un député, le député de
Marguerite-Bourgeoys d'alors...
M. Grégoire: La loi 70, c'était la Loi constituant
la Société nationale de l'amiante?
M. Lalonde: Oui, c'est cela. M. Grégoire: C'est
cela.
M. Lalonde: II y a un député qui présente
une motion qui se lit comme suit: "Que cette commission invite le ministre des
Richesses naturelles à distribuer, avant le début, etc.,
l'évaluation du coût et le plan de financement et d'achat
d'Asbestos, etc." C'était une motion demandant au ministre de distribuer
avant le début, à un moment donné, au moment où on
abordait l'étude d'un article... On m'a dit - je n'ai pas pu
vérifier dans le rapport, mais je pourrais le faire - qu'une telle
motion avait été faite précédemment -
peut-être que le député de Frontenac qui a participé
à toutes ces délibérations s'en souvient - et qu'on aurait
dit: Ne la présentez pas maintenant. Présentez-la plus tard,
parce qu'on va arriver à cet article à un moment donné.
C'est pour cela qu'elle avait été présentée
à ce moment-là et je lis dans le rapport: "Le président
déclare ladite motion recevable." Il y a une discussion qui s'est
engagée. Si vous voulez que je vous fasse parvenir le rapport, M. le
Président, pour vous inspirer... Ce sont là les quelques raisons
que j'invoque pour vous demander de déclarer cette motion recevable.
M. Grégoire: M. le Président, sur la
recevabilité...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: ... je crois que je ferais aux membres de
l'Opposition la même suggestion que celle que j'avais faite lors de
l'étude de la loi 70, Loi constituant la Société nationale
de l'amiante. On avait
demandé de placer cette motion au bon endroit, ce qui avait
été accepté.
Ici, on est à l'étude, à l'heure actuelle, de
l'article 1, paragraphe 3.1.
Une voix: L'article 1 tout court.
M. Grégoire: Non, le paragraphe 3.1...
M. Lalonde: N'essayez pas de mélanger les affaires.
M. Grégoire: ... qui dit: "À compter du... la
société continue d'exister comme compagnie à fonds
social". Là, c'est simplement définir la date où le
présent projet de loi entrerait en vigueur, ni plus ni moins, mais,
à l'article 3.2, à ce moment-là, il est question et on
dit: "Le fonds social autorisé de la société est de 5 000
000 000 $. Il est divisé en 50 000 000 d'actions d'une valeur nominale
de 100 $ chacune." Là, on commence à parler du côté
financier et indirectement des opérations financières puisqu'on
parle du fonds social. Je crois que ce serait plutôt à 3.2 que le
député d'Outremont devrait présenter sa motion pour
production de documents, mais, à 3.1, il n'est question que de la date
d'entrée en vigueur de la loi.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Je ne veux pas avoir deux droits de parole sur la recevabilité, mais
là, je pense que le député vient de...
M. Grégoire: Je crois qu'à ce moment-ci, elle
serait antiréglementaire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous l'avez exactement dit vous-même: "un
deuxième droit de parole sur la recevabilité". Si vous voulez
finir, M. le député de Frontenac.
M. Lalonde: C'est une question de règlement.
M. Grégoire: C'est pourquoi je maintiens qu'à 3.1,
la motion devrait être déclarée irrecevable et je crois
qu'à 3.2, elle pourrait être déclarée recevable.
À ce moment-là, je crois qu'on entre réellement
dans...
M. Lalonde: C'est une question de règlement, M. le
Président. Ce n'était pas une question de
recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. Lalonde: Le député vient de dire qu'à
3.1, tout ce qu'on fait, c'est déterminer une date, alors...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Lalonde: ... qu'on fait... continue d'exister comme compagnie.
On transforme la compagnie.
Le Président (M. Laplante): Je vais rendre la
décision tout de suite. Je vais la rendre. En premier lieu, pour la
motiver, on a mis fin aux travaux préparatoires.
M. Grégoire: M. le Président, juste un point. J'ai
mentionné 3.2. Je crois plutôt que ce serait à l'article 8
que ce serait préférable.
Le Président (M. Laplante): Aux travaux
préparatoires, vous avez le loisir de présenter des motions et,
telle que décrite, votre motion actuellement est très bien faite,
parce que les documents que vous demandez regardent toute la loi 16. C'est
l'impact de la loi 16, les analyses financières de la loi 16 sur les
périodes de 1981 à 1990 par les services d'Hydro-Québec.
Je dis que c'est à ce moment-là que vous auriez dû le
demander...
M. Grégoire: Avant, c'est ça.
Le Président (M. Laplante): ... et vu que nos travaux ont
déjà débuté par l'article 1, je ne veux pas refaire
un tour en arrière et je la juge irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président, j'accepte votre
décision, qui est mauvaise, qui est une mauvaise jurisprudence.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Grégoire: M. le Président, les règlements
interdisent de commenter une décision.
Le Président (M. Laplante): ... je pense que j'ai toujours
essayé de faire respecter...
M. Lalonde: Je vais l'accepter, mais elle n'est pas bonne.
M. Grégoire: Le règlement interdit de commenter une
décision du président.
M. Lalonde: Je l'ai acceptée. Non, il interdit de la
refuser.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais c'est ce que vous
ajoutez au bout, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, que je ne
peux pas accepter, moi, par exemple.
M. Grégoire: Je demande de retirer ces paroles. Je
demanderais au député de Marguerite-Bourgeoys de...
M. Dussault: ... première fois, M. le
Président.
M. Grégoire: ... se montrer un bon parlementaire, comme
nous savons qu'il est un grand parlementaire qui a le souci du respect des
institutions et du règlement.
M. Lalonde: Comme bon parlementaire, j'ai le droit de juger un
jugement.
M. Grégoire: Je lui demanderais quand même de
retirer ses paroles.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1.
M. Lalonde: M. le Président, à l'article 3.1...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Le ministre de l'Énergie devrait
distribuer...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je voudrais savoir si ce
matin vous avez rendu une décision à savoir que nous
étions présentement en train d'étudier le paragraphe 3.1
de l'article 1, ou si nous étions en train d'étudier l'article 1
tout court.
M. Lalonde: Sur cette question-là, M. le Président,
j'ai une question de règlement à soulever.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez la soulever tout
de suite?
M. Dussault: M. le Président, pourriez-vous
répondre à ma question?
M. Lalonde: Oui, mais c'est sur cette question-là qui a
été soulevée.
Le Président (M. Laplante): Les deux ensemble?
C'est que les premières motions sont arrivées lorsqu'on a
appelé l'article 1. M. le ministre en a parlé globalement en
disant à ce moment-là qu'il n'avait rien à ajouter et
qu'il demandait l'adoption de l'article 1. Personne ne fait de
différence entre la division de la motion à ce moment-là,
mais, par contre, les motions actuelles portant sur l'article 3.1. Dans les
interventions des membres de cette commission, on a abordé l'article 1
à peu près au complet, on a touché à peu
près à tout. Mais un membre de cette commission a le droit
d'apporter des amendements sur chacun de ses paragraphes. Ce qui veut dire
qu'à l'article 3.1, 3.2, 3.3, 3.4, 3.5 il en aurait le droit, puis il
aurait le droit aussi de demander, au moment du vote, que chacun de ces
paragraphes soit scindé aussi.
M. Dussault: Sur le vote, pour les fins du vote, voulez-vous
dire, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, mais actuellement c'est
que l'engagement est pris, la discussion est faite; on a parlé
globalement de l'article 1, mais il reste toujours aux membres de la
commission, au moment du vote ou au moment de motions qu'ils auront à
ajouter, le droit de choisir le paragraphe qu'ils veulent pour apporter leurs
motions.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je voudrais qu'aucune confusion ne demeure. Je sais que le
député de Châteauguay a fait une intervention qui est dans
le sens qu'on ne pourrait parler qu'une fois sur l'article 1. Vous avez dit que
non, qu'on peut parler une fois sur chacun des articles 3.1, 3.2, 3.3, 3.4,
3.5, mais il y a plus que cela et il importe de le soulever maintenant. Si nous
avons des amendements à présenter à l'article 3.1, c'est
maintenant qu'il faut le faire avant que n'expire notre droit de parole.
Là, j'invoque un autre précédent - si des
précédents ont une certaine valeur ici, M. le Président -
qui s'est produit lors de la quatrième session, trente et unième
Législature, lors de l'étude du projet de loi 121, Loi modifiant
la Loi constituant la Société nationale de l'amiante. Cette loi a
trois articles dont l'article 1 ajoute toute une section. Les articles vont de
20 à 53 et je vous prierais, si vous en sentez le besoin, de prendre
connaissance du rapport. C'était le député de Beauce-Nord
qui présidait. Il démontre bien qu'à chacun des articles
20 à 53 de l'article 1 de la loi 121, il y a eu une discussion; quand il
y a eu des motions d'amendement elles ont été
considérées, votées. Chacun des articles a
été voté. Après cela on passait au paragraphe
suivant et, s'il y avait des motions d'amendement, on pouvait en faire à
ce moment-là. Parce que je ne veux pas perdre - et d'avance je demande
qu'on nous donne une directive ici - le droit de proposer un amendement
à l'article 3.4, par exemple, lorsque notre droit de parole sera
expiré pour l'article 3.1. (16 h 45)
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je ne sais pas si je
me suis mal exprimé, vous avez exprimé dans des termes à
peu près identiques ce que j'ai rendu comme décision.
M. Lalonde: Très bien, on s'entend bien.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, ce n'est pas si clair que
cela. Je vous ai bien compris quand vous avez dit que, pour des fins de vote,
il pourrait y avoir un vote séparé sur chacun des paragraphes,
que cela restait encore possible. Je n'ai pas compris dans vos propos, si vous
parlez d'une décision rendue, que vous admettiez que maintenant on
pourrait effectivement obtenir qu'il y ait un débat sur chacun des
paragraphes, puisque vous avez dit que le débat a été
entamé sur l'ensemble de l'article 1 car, effectivement, le ministre et
certains députés ont parlé de l'article 1 en allant d'un
paragraphe à l'autre, dans un désordre qui était tout
à fait légitime. Puisque le débat est maintenant
complété sur l'article 1, je ne comprends pas qu'il soit
maintenant possible d'obtenir une division sur le débat, de façon
qu'on étudie dans l'ordre chacun des paragraphes. J'ai bien compris que
pour les fins de vote il pourrait encore y avoir une division de l'article 1.
Je veux comprendre très clairement, M. le Président, quelle est
votre décision.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner un
exemple. Sur chacun des paragraphes, n'importe quel membre de cette commission
peut faire un amendement, deux amendements, trois motions, quatre
motions...
M. Dussault: Possiblement dans le désordre.
Le Président (M. Laplante): II peut le faire dans le
désordre s'il le veut.
M. Dussault: C'est ce qui confirme ce que je disais.
Le Président (M. Laplante): Par contre, c'est toujours le
droit de la commission, lorsqu'on arrive au vote paragraphe par paragraphe - si
on arrive à l'article 3.3 et qu'on s'aperçoit qu'il y a une
motion additionnelle et qu'il y a des changements à apporter, les
membres de cette commission ne sont pas obligés de voter tout de suite,
ils peuvent proposer une motion à ce moment...
M. Dussault: Donc, pour des fins d'amendement, il pourrait y
avoir des motions...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Dussault: ... qu'elles soient dans l'ordre ou dans le
désordre.
Le Président (M. Laplante): Cela revient au même, en
somme.
M. Dussault: D'accord. Il n'y a pas cinq fois vingt minutes
à chacun automatiquement. C'est ce que je veux savoir.
Le Président (M. Laplante): Je vous explique. Un membre de
cette commission pourrait dire à ce moment-ci, s'il n'y avait pas de
motion: Je veux voter sur l'article 1, paragraphe 3.1. On peut voter sur
l'article 1, paragraphe 3.1, mais on ne peut pas revenir en arrière
après avoir voté. On peut passer au paragraphe 3.2 et parler
pendant vingt minutes.
M. Lalonde: Vingt minutes. C'est cela. C'est l'article...
Le Président (M. Laplante): II peut parler encore sur
l'ensemble des articles.
M. Lalonde: L'article 160.3 l'indique bien.
M. Dussault: M. le Président, je ne mets pas en doute ce
que dit le député de Marguerite-Bourgeoys. Ce que je mets en
doute, c'est qu'il soit maintenant possible de faire cela puisque,
implicitement, la commission a fait le débat sur l'ensemble de l'article
1 et que la division maintenant pour des fins de débat n'est plus
possible.
Le Président (M. Laplante): C'est normal, parce que
l'article 1 au complet se rattache, les paragraphes l'un après l'autre,
à n'importe quelle motion qui peut être présentée
à l'intérieur de ces paragraphes. On parle d'un ensemble. Si, par
exemple, on parle de l'article 2, si, dans la discussion, on disait: "Cette loi
est modifiée par l'insertion, entre les articles 11.4 et 12, de
l'article suivant", et qu'on se mettait à parler de l'article 11.5, on
irait naturellement à l'encontre du règlement. Je ne pourrais pas
accepter une discussion là-dessus. Le débat est tellement large
actuellement sur l'article 1 que vous conviendrez qu'il est difficile pour un
président de trancher une décision comme dans du beurre.
M. Lalonde: M. le Président, sur cette question, si vous
permettez.
M. Dussault: On a tous raison, M. le Président. Merci.
M. Lalonde: Je me considérerais antiréglementaire
sur cette question de proposer un amendement à l'article 3.4 avant qu'on
ait voté sur l'article 3.1.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne vous
déclarerais pas antiréglementaire.
M. Lalonde: Vous considérez cela comme 1, mais avec un
droit de parole différent pour chacun des paragraphes.
Le Président (M. Laplante): Pour chacun des
paragraphes.
M. Lalonde: Bon, alors... On peut le faire comme cela, pourvu
qu'on ait...
Le Président (M. Laplante): On a vécu par
l'approbation de la commission - cela se voit très souvent -... On dit,
à un moment donné: On ne votera pas sur l'article 1 tout de
suite, on n'en parlera pas tout de suite, ou on arrête d'en parler et on
nous demande, par la volonté de la commission - mais cela ne prend pas
une motion, cela prend l'unanimité de la commission pour aller à
l'article 4.
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse. Cela prend une
motion pour suspendre l'étude d'un article et passer à un
autre.
Le Président (M. Laplante): C'est vrai. Oui, cela prend
une motion.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce qu'on demande. Je veux que ce soit
bien clair que, si on passe au vote sur l'article 3.1 et qu'ensuite on passe
à l'article 3.2, nous allons avoir le droit de proposer des motions
d'amendement à l'article 3.2, etc., mais nous n'avons pas l'intention de
proposer de motions d'amendement aux articles 3.2 et suivants avant d'avoir
disposé de l'article 3.1.
M. Fortier: Il faut les adopter dans un ordre logique.
Le Président (M. Laplante): Ce qu'on dit, c'est qu'il est
beaucoup plus logique qu'on adopte les articles un par un. C'est la logique
même.
M. Lalonde: C'est cela que je veux faire. Je n'ai pas l'intention
de proposer de motion d'amendement, mais je ne veux pas être privé
de mon droit de le faire parce qu'on aurait voté sur l'article 3.1. Je
veux avoir le droit de faire des amendements à l'article 3.2
après.
Le Président (M. Laplante): Pour clarifier cela tout de
suite, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, on va faire un test. On
met aux voix l'article 3.1.
M. Lalonde: Je pense que le député de Pontiac
voulait donner ses observations.
Le Président (M. Laplante): On parle de l'article 1.
M. Lalonde: Avant cela, M. le Président, je m'excuse
auprès du député de Pontiac, je voudrais faire une motion
de félicitations, de bienvenue plutôt, non pas de
félicitations, au ministre, qui a daigné se joindre à
nous.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Duhaime: Sur la motion de félicitations, M. le
Président...
M. Lalonde: II faudrait retirer "félicitations", M. le
Président, c'est "bienvenue" seulement.
M. Tremblay: II a dit qu'il est venu perdre son temps avec nous
autres.
M. Duhaime: J'allais dire que nous avons attendu impatiemment
vendredi après-midi mon collègue d'Outremont. Nous avons
siégé, mais, malheureusement, nous n'avons pas avancé sur
le fond, en aucune manière.
M. Fortier: Malgré mon absence.
M. Duhaime: Nous avons même perdu 20 minutes, parce
qu'à 17 h 40 le député de Marguerite-Bourgeoys voulait
vaquer à d'autres occupations et on a travaillé très fort
pour disposer d'une motion d'ajournement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président.
Une voix: Non pas de Lincoln, de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: C'est moins coûteux qu'une Lincoln.
L'article 3.1 dit qu'on va changer la vocation de la société
Hydro-Québec. M. le Président, je crois qu'avant de faire tout
changement, normalement, on consulte les gens qui sont les véritables
intéressés, les gens qui ont décidé de la vocation
d'Hydro-Québec.
M. Tremblay: M. le Président...
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
M. Tremblay: ... question de règlement.
Je voudrais demander aux collègues du député de
Pontiac de l'écouter au lieu de se faire un petit...
M. Middlemiss: M. le Président, il semblait que, s'il y
avait un désintéressement, c'était aussi du
côté ministériel; on n'était pas
intéressé à écouter mes propos. Du
côté ministériel, on voyait
des gens qui ne semblaient pas tellement intéressés. En
tout cas, si on veut me donner la chance de continuer...
M. Grégoire: Oui, mais avant j'aurais une question de
règlement. Le député de Pontiac est en train de parler
d'une décision sur un sujet qui avait déjà fait l'objet
d'une motion et qui a été rejeté par un amendement,
c'est-à-dire de faire comparaître des gens. Peut-être que le
député de Pontiac n'était pas présent lorsqu'une
motion a été présentée demandant de faire
comparaître des groupes. La motion a été rejetée.
Nos règlements disent qu'il est interdit de revenir sur un sujet qui a
fait l'objet d'une motion au cours de la présente commission.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Je m'excuse, je voulais laisser parler le député de Pontiac pour
qu'on puisse enfin un peu avancer dans nos travaux, mais encore là je ne
voudrais pas que le député de Frontenac induise le
député de Pontiac en erreur. C'est exact qu'on ne peut pas
reprendre la délibération sur une décision qui a
été prise, mais il peut y référer, il peut la
regretter, il peut faire toutes sortes de choses comme cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: D'accord, M. le Président. On n'aime pas
mes propos, peut-être que j'aurais dû dire que...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly. Écoutez, je sais que ce n'est pas facile ce que j'ai entrepris;
je l'ai accepté, mais je pense que vous pourriez me donner un petite
chance de continuer jusqu'à minuit, demain soir, suivant l'ordre du
feuilleton.
Une voix: Minuit.
M. Lalonde: Comment, demain soir? N'avons-nous pas à
siéger mercredi, jeudi et vendredi?
M. Grégoire: II y a une motion au feuilleton.
M. Lalonde: Elle n'est pas débattue; vous allez
peut-être la retirer.
M. Grégoire: Elle est au feuilleton.
Le Président (M. Laplante): Du moins à aller
jusque-là.
S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Pontiac, je pense que vos droits sont d'être
entendu à cette commission. Vous avez un droit de parole et que chacun
le respecte, s'il vous plaît! La parole est à vous.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Il semblerait que
j'ai fait une erreur. J'aurais dû dire; Même si on en a
décidé autrement, je crois et je vais toujours croire qu'il
serait souhaitable qu'on retourne voir les véritables
intéressés dans ce débat et ces intéressés,
ce sont les citoyens du Québec.
Puis-je conclure qu'aujourd'hui on a moins de respect pour le processus
démocratique? La naissance d'Hydro-Québec a eu lieu dans une
période de grande démocratie vu qu'on a jugé bon, à
ce moment-là, de consulter les gens pour savoir si tous voulaient
bénéficier d'un service hydroélectrique uniforme d'une
extrémité à l'autre du Québec et aussi il
s'agissait d'obtenir un prix aussi bas que possible tenant compte d'une bonne
gestion financière. Je suis certain qu'il y en a
énormément qui en ont bénéficié parce que,
à ce moment-là, il y avait certaines régions du
Québec qui payaient extrêmement cher pour
l'électricité, tandis que d'autres régions qui
étaient plus près des installations ou des lignes de transmission
bénéficiaient d'un prix réduit.
Donc, je crois qu'en 1962-1963 le but était de tenter de faire
bénéficier tous les Québécois de cette ressource
dont nous étions choyés au Québec vu que nous avions
énormément de ressources naturelles pour produire de
l'électricité.
En parallèle avec cela, M. le Président, il semblerait que
le premier ministre a encore certainement ce respect de la démocratie
parce qu'on voit que, suite au Conseil national de son parti où il y a
eu une divergence d'opinions, il croit encore en cette grande
démocratie, comme il vient de le mentionner en Chambre. Pour permettre
à cette démocratie de se prononcer ou d'exister, ils vont, au
niveau du Parti québécois, avoir un référendum sur
la question. Donc, je crois que cet esprit de démocratie est souhaitable
et on voit que, dans d'autres actions, ici au gouvernement, on exerce la
démocratie. C'est certainement dans cette veine d'idée là
que je suis contre l'article 3.1 parce que je voudrais fort bien
qu'Hydro-Québec continue à accomplir le rôle qu'on lui
avait attribué en 1962.
Pour tenter d'expliquer mon point, M. le Président, on remarque
très bien qu'aujourd'hui, dans des municipalités, lorsqu'on a des
groupes de gens bénévoles qui organisent, disons, le domaine des
loisirs - je pense que c'est peut-être le domaine où on rencontre
le plus de bénévolat - tant et aussi longtemps que ce
bénévolat est présent, les gens prennent cela
énormément à coeur. Donc, ils ne considèrent pas
que c'est une oeuvre de leur gouvernement municipal; cela leur appartient.
À cause de ce sentiment
d'appartenance qu'ont les organisateurs du domaine des loisirs, ils font
un bon travail. On voit la différence lorsque, pour une raison de
bureaucratie, on enlève le bénévolat ou ce sentiment
d'appartenance au niveau des gens; ils sont plus exigeants, ils demandent plus
de la part de la municipalité au point de vue des loisirs. (17
heures)
Dans le même sens, si on change la raison d'être
d'Hydro-Québec et que la plupart de ses décisions sont sous la
juridiction du gouvernement du Québec, je suis convaincu que cela aura
un effet très négatif sur la performance des gens
d'Hydro-Québec. Ils vont sentir que ce n'est plus eux qui sont les
maîtres de la situation, que ce n'est plus eux qui vont prendre les
grandes décisions. Ils vont peut-être sentir que la raison
d'être ou les politiques qui vont être appliquées
vis-à-vis d'Hydro-Québec sont des politiques jugées par
les bureaucrates du gouvernement qui pourraient tenter - sans vouloir les en
accuser - d'en faire une source de revenus et non pas nécessairement une
source de production d'électricité. Je suis convaincu que des
gens travaillant dans une telle atmosphère ne pourront pas livrer le
même effort ou ne se sentiront pas aussi à l'aise qu'ils se
sentent présentement à la suite du rendement
d'Hydro-Québec depuis sa fondation.
Il y a certainement des arguments qui ont été
utilisés dans le passé pour démontrer qu'il serait
souhaitable, après 20 ans d'exploitation, de permettre d'évaluer
les résultats et de suggérer des orientations. Il y a aussi
peut-être, dans mon cas, une situation un peu particulière, c'est
que, dans le comté de Pontiac il y a encore une centrale
électrique ou une compagnie privée qui dessert une partie du
comté et aussi vend en quantité de l'électricité
à HydroQuébec. En fin de semaine, j'ai eu l'occasion de parler
à ces gens, ils sont inquiets de savoir ce qui survient. Est-ce que cela
veut dire que, si Hydro-Québec change sa vocation, ça signifie,
demandent-ils que jamais ils ne seront desservis par Hydro-Québec, que
la compagnie privée va continuer à exister? Est-ce
qu'Hydro-Québec a l'intention d'acheter cette compagnie? Sinon,
qu'est-ce qui arrive? Avec une nouvelle orientation, de quelle façon la
compagnie va-t-elle évoluer? Est-ce que la tarification va rester la
même? Comment va-t-on établir la tarification, si on a
changé une raison d'être qui était de produire au plus bas
coût possible l'électricité selon une bonne gestion
financière?
Sur toutes ces questions, j'aimerais être capable de
répondre à mes commettants. Malheureusement, je n'ai pas eu ces
réponses. Si on procède avec vitesse et si on vote cette loi, je
n'aurai certainement pas l'opportunité d'éclairer et d'informer
ces gens. Donc, une décision sera prise et, pour moi,
spécifiquement dans mon comté, il y aura des
répercussions, des conséquences. Malheureusement, je ne peux pas
du tout informer et conseiller mes commettants dans cette situation.
Il semblerait que j'ai utilisé en français un mot qui
était en réalité un anglicisme, je m'excuse d'avoir
parlé d'opportunité plutôt que d'occasion, peut-être
que je ferais mieux de parler en anglais. Je ne ferais pas d'erreur, mais
peut-être que les gens ne comprendraient pas tout ce que je dis, je m'en
excuse et je vous remercie de l'occasion que vous me donnez de me corriger.
M. le Président, pour en revenir à ce que j'ai dit, il
serait souhaitable que des groupes, disons, je veux parler en premier lieu des
citoyens du Québec, puissent être entendus. Mais il y a aussi
plusieurs groupes qui nous ont envoyé des télégrammes et
des télex. Je leur ai dit que c'est souhaitable, parce que, d'un
côté, le gouvernement dit qu'au nom de la démocratie, on
fait toutes sortes de choses, mais il semblerait que, dans le contexte
présent... Un tel changement dans une institution comme
Hydro-Québec, après 20 ans, que ce soit fait de la façon
qu'on veut le faire présentement, il me semble que ce n'est certainement
pas à propos, lorsqu'on prêche d'un côté qu'on est
respectueux de la volonté et des droits, de la démocratie
elle-même.
D'un autre côté, M. le Président, qu'est-ce qu'on
fait dans mon comté de cette compagnie privée qui existe?
À quoi les gens de mon comté peuvent-ils s'attendre, s'il y a des
bénéfices d'Hydro-Québec? Est-ce que le fait que ce
secteur-là de mon comté n'est pas desservi par
Hydro-Québec est une des justifications de vouloir faire déclarer
des dividendes à Hydro-Québec? On dit que ce sont des sommes
qu'on veut retourner aux Québécois. C'est leur
société d'État. S'il y a d'autres régions du
Québec où on a des compagnies privées, de quelle
façon... Est-ce qu'on va être responsable si ces
compagnies-là font de plus grands profits? Je dois dire en passant que
je ne suis pas contre l'entreprise privée qui fait des profits, mais,
normalement, une entreprise privée fait des profits basés sur un
coût de production et j'ai l'impression qu'en faisant ces
changements-là, on change en totalité la façon de
procéder pour établir le rendement ou la tarification.
Donc, si c'est vrai qu'on veut faire bénéficier les
citoyens du Québec des bénéfices qu'on va obtenir
d'Hydro-Québec, je crois qu'on devrait étudier avant, regarder
toutes les compagnies privées qui existent au Québec et s'assurer
que, dans toutes les régions où les gens vont payer pour un
service hydroélectrique, à eux aussi une partie de cette somme
qu'ils vont payer va
leur être retournée. Sinon, est-ce que ce n'est pas...
Est-ce qu'on va demander aux autres compagnies qui fonctionnent de façon
privée, est-ce qu'on va leur demander d'établir des taux, des
tarifications qui seraient plus basses que celles d'Hydro-Québec? Mais
si on fait ça, est-ce qu'on ne serait pas en train de démontrer
que, peut-être, c'est toute la question? Si on peut avoir des compagnies
privées au Québec pour fournir l'électricité
à plus bas prix, à une tarification plus basse que celle
d'Hydro-Québec, est-ce qu'on ne remet pas en question la raison
d'être d'Hydro-Québec, les raisons pour lesquelles on l'avait
instituée?
Pour toutes ces choses-là, M. le Président, je dis qu'il
serait certainement souhaitable qu'on fasse un débat. Je pense qu'il y a
peut-être une autre chose aussi. Si la décision de changer la
vocation ou le genre de société qu'est Hydro-québec est
basée sur une soi-disant politique énergétique qu'on veut
implanter au Québec, j'aimerais qu'on puisse l'implanter et qu'on nous
mette tous au courant de cette politique énergétique, parce que,
si c'est la raison pour laquelle on le fait, quelles vont être les
conséquences, disons, du fait qu'on veut donner une priorité ou
qu'on voudrait certainement avoir une pénétration plus grande du
gaz naturel, et si cela est le cas, de quelle façon va-t-on travailler
au développement ou à l'extension de certaines lignes
hydroélectriques? Cela est sûr et certain que, dans les secteurs
ruraux, on ne peut certainement pas s'attendre à une
pénétration immédiate du gaz naturel. D'autre part - pas
seulement là - il y a des secteurs et des régions du
Québec qui n'ont pas et n'auront jamais le gaz naturel disponible.
Au point de vue de la politique énergétique de la province
de Québec, il semblerait qu'avant de changer la raison d'être
d'Hydro-Québec, on devrait procéder...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac, si vous voulez conclure, s'il vous plaît!
M. Middlemiss: D'accord. M. le Président, on va terminer
en disant que je m'oppose à ce qu'on change la nature de la
société Hydro-Québec et qu'on en fasse une
société, une compagnie à fonds social. Je vais voter
contre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 1 sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Des voix: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, j'aurais voulu apporter mon
appui à mes collègues qui ont parlé contre l'adoption de
l'article 3.1 au sujet du changement de la raison sociale d'Hydro-Québec
et sa continuation comme une compagnie à fonds social. Il me semble que
c'est le problème clé auquel nous faisons face ici. C'est
pourquoi on a voulu prendre tout le temps nécessaire pour essayer de
prouver que ce changement de raison sociale d'Hydro-Québec aurait des
conséquences sérieuses et néfastes pour l'avenir de la
société d'État.
Le premier ministre nous disait, aujourd'hui en Chambre, qu'il
était temps qu'on change la raison sociale d'Hydro-Québec parce
qu'il était temps que les dividendes d'Hydro-Québec retournent
aux citoyens du Québec qui ont nationalisé la compagnie en 1963.
Il me semble que cet argument est un petit peu ironique, parce que si cela veut
dire que les intérêts des citoyens du Québec seront mieux
servis par le changement de la raison sociale d'Hydro-Québec, par le
paiement de dividendes au gouvernement du Québec, c'est dire en
même temps que les intérêts du gouvernement et ceux des
citoyens sont en tout point synonymes.
Or, le fait est qu'il reste très clair que les dividendes ainsi
que les taxes foncières qui vont être payés par
Hydro-Québec au gouvernement du Québec voudront dire, pour
Hydro-Québec, de maintenir en même temps, malgré ces
paiements de dividendes et de taxes foncières qui monteront à des
milliards de dollars pour les prochains cinq ans... Hydro-Québec, par le
fait même, c'est automatique, diminuera son fonds de roulement et aura
moins d'argent dans la caisse pour remplir ses obligations à court et
à long terme. Hydro-Québec a déjà un endettement
à long terme de 12 000 000 000 $ et elle sera automatiquement
forcée, pour faire face à son fonds de roulement, pour rencontrer
ses obligations, d'augmenter ses tarifs. Or, si elle augmente ses tarifs,
ça veut dire que ce changement de raison sociale d'Hydro-Québec
est certainement désavantageux pour les contribuables et les citoyens
québécois qui sont maintenant actionnaires à part
entière d'Hydro-Québec car ils possèdent la
société d'État sans le truchement du gouvernement. (17 h
15)
Donc, loin de favoriser les citoyens, loin de favoriser les
contribuables, le changement de raison sociale, en apportant automatiquement
une hausse des tarifs, c'est un changement régressif, un changement
inéquitable car il affecte à la fois ceux qui peuvent payer une
hausse de tarifs et ceux qui ne peuvent pas la payer en raison de leur
situation financière très précaire
comme, par exemple, les indigents, les gens qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale, les retraités, etc.
Nos collègues ont apporté des chiffres appuyant le fait
que, sur les cinq prochaines années, ça voudrait dire, pour
chaque famille au Québec, quelque chose comme 2000 $ ou 35 $ par an. On
peut même arguer que la majorité des familles pourra accepter ce
coût additionnel de 35 $ sans trop de problèmes, mais il reste
inévitable qu'une minorité importante se verra dans la situation
d'avoir à payer des coûts additionnels qu'elle ne peut accepter
sans préjudice, des coûts qui n'existeraient pas si la raison
sociale d'Hydro-Québec n'était pas changée selon le
paragraphe 3.1 de l'article 1.
En 1977, le ministre des Finances du Québec, le même
ministre des Finances que nous avons actuellement, se plaignait
qu'Hydro-Québec allait beaucoup trop souvent sur les marchés
financiers pour des emprunts. Il serait intéressant de demander au
ministre des Finances comment Hydro-Québec pourra aller moins souvent
maintenant sur les marchés financiers pour les emprunts alors qu'il a
l'intention de se prévaloir des dividendes et des taxes
foncières. Par exemple, en 1985, les dividendes se chiffrent à
900 000 000 $ et les taxes foncières à 1 400 000 000 $. Comment
peut-il expliquer ses déclarations de 1977 à savoir
qu'Hydro-Québec ne devrait pas aller si souvent sur les marchés
financiers pour emprunter tout en se prévalant de sommes énormes
des fonds d'Hydro-Québec, entre guillements, des "surplus"
d'Hydro-Québec pour le gouvernement?
N'est-il pas ironique qu'il ait fait ces déclarations il y a
seulement quatre ans et qu'aujourd'hui, par ce projet de loi no 16, par le
paragraphe 3.1 de l'article 1, il force Hydro-Québec à aller plus
souvent sur les marchés financiers pour emprunter? Ce sera automatique,
si Hydro-Québec veut continuer son programme à long terme de
nouveaux projets, d'expansion du réseau hydroélectrique dont nous
avons tant bénéficié jusqu'à maintenant.
Je reviens à l'argument apporté ce matin par mon
collègue, le député de Sainte-Anne, soit l'effet que ce
changement de raison sociale d'Hydro-Québec aura sur les investisseurs
qui ont acheté des obligations d'Hydro-Québec et qui se demandent
quelles seront les conséquences futures des politiques
d'Hydro-Québec, maintenant que le gouvernement aura un contrôle
beaucoup plus direct, aura une permission d'ingérence dans les
politiques d'Hydro-Québec, d'une façon beaucoup plus soutenue,
beaucoup plus directe qu'il n'en était le cas auparavant. Mon
collègue a parlé de son ami américain qui se plaignait
avec raison et très justement à cause de l'incertitude qui va
certainement régner parmi ce grand nombre d'investisseurs dans les
marchés de New York et d'ailleurs, investisseurs qui ont acheté
des obligations d'Hydro-Québec et qui se demandent aujourd'hui ce qui va
se passer, par exemple, en 1985, quand le gouvernement va percevoir quelque
chose comme 2 500 000 000 $ en une seule année. Est-ce que cela ne va
pas affecter la cote de crédit d'Hydro-Québec? Quelle va
être sa cote de crédit dans les années à venir? Les
gens qui ont acheté des obligations à long terme ont tout
à fait le droit de se poser cette question ou les questions que mon
collègue de Sainte-Anne a soulevées.
C'est pourquoi il est essentiel qu'on fasse la lumière sur toutes
ces questions, qu'on fasse la lumière sur les conséquences
à long terme de ce projet de loi qui a été apporté
à la dernière minute, ce qui ne nous permettra même pas
l'étude de beaucoup de chiffres avancés par des experts, des
économistes qui démontrent très clairement qu'il y aura
sûrement des conséquences très directes sur les
investisseurs, par rapport aux marchés financiers, sur les tarifs
d'Hydro-Québec, sur les contribuables et citoyens en
général.
Nous proposons donc que l'article 1 soit rejeté et soit
renvoyé pour une étude plus approfondie quant au changement de
statut d'Hydro-Québec.
Le ministre des Finances nous a dit l'autre jour: On veut continuer de
faire d'Hydro-Québec un genre de OSBL - on se moque de nous - quand on
va sur les marchés financiers, un OSBL ce n'est pas très
impressionnant et les marchés financiers se demandent s'ils ont affaire
à une espèce d'hybride. Toutes les sociétés de
valeur, que ce soient des sociétés publiques ou des
sociétés privées, sont des sociétés qui ont
un fonds social et il est impensable que, aujourd'hui, on ait une
société du statut d'Hydro-Québec qui ne soit pas une
société à fonds social.
Quand il a parlé d'Hydro-Ontario, qui, elle, va sur les
mêmes marchés financiers pour ses emprunts, il a dit: Pour
Hydro-Ontario, c'est tout à fait différent, elle est garantie par
le gouvernement de l'Ontario. Je comprends un peu son problème parce
que, certainement, si Hydro-Québec avait à se faire garantir par
le gouvernement du Québec, cela serait une chose tout à fait
différente, le gouvernement du Québec a des déficits
tellement monstrueux. Donc je comprends un peu pourquoi il ne voudrait pas
suivre la ligne de conduite d'Hydro-Ontario qui se fait garantir par le
gouvernement de l'Ontario et qu'il veuille qu'Hydro-Québec soit une
société à fonds social qui se tiendrait par
elle-même, comme elle devrait le faire parce qu'elle ne peut
sûrement pas compter sur l'appui du gouvernement du Québec. C'est,
en fait, tout le contraire qui
s'est passé. Hydro-Québec a appuyé le gouvernement
du Québec et lui a donné sa marge de manoeuvre sur les
marchés financiers.
En fait, s'il devient tellement urgent aujourd'hui, d'un jour à
l'autre presque, de changer le statut d'Hydro-Québec, si c'est tellement
essentiel pour les marchés financiers et les marchés de
l'emprunt, on peut se demander pourquoi le ministre des Finances a dû
attendre cinq ans pour le faire, de 1976 à 1981. Si, par exemple, en
1977, 1978, 1979 et 1980 il était possible pour Hydro-Québec
d'emprunter sur les marchés étrangers à des taux
d'intérêt très favorables, comme l'a souligné mon
collègue de Vaudreuil-Soulanges, sur les marchés internationaux,
sur le marché de New York, sur les marchés de tous types et de
toutes sortes dans tous les pays, je ne vois pas pourquoi cette situation ne
pourrait pas continuer de la même façon. L'argument de dire que le
statut actuel d'Hydro-Québec rend beaucoup plus difficiles les emprunts
sur les marchés financiers ne semble pas être soutenu par la
politique antérieure d'Hydro-Québec par rapport aux emprunts sur
les marchés étrangers.
On pourrait dire qu'il est essentiel que ceci change parce que, du point
de vue des marchés étrangers, à cause du taux
d'intérêt qui est ce qu'il est aujourd'hui, peut-être que
cela favoriserait des taux d'intérêt plus favorables. En ce sens,
c'est à se demander, même si on acceptait l'argument du ministre
des Finances que la raison sociale changée en une raison à fonds
social soit avantageuse sur les marchés étrangers, si le fait
même de se prévaloir des dividendes et des taxes foncières
accrues d'un jour à l'autre n'annulerait pas tous les avantages que
l'article 3.1 donnerait sur les marchés de l'emprunt.
Il semble que la seule raison qui n'a pas été
avancée par le ministre des Finances, à juste titre, la seule
raison qui provoque ce changement de statut d'Hydro-Québec, c'est la
raison que nous avons soulignée depuis plusieurs jours en Chambre et
ici, soit que le gouvernement du Québec est à court d'argent, le
gouvernement du Québec ayant réalisé des déficits
continuels depuis 1976, qui vont en s'agrandissant de jour en jour
malgré des coupures budgétaires de 800 000 000 $ et de 1 000 000
000 $, des déficits qui continuent à grimper malgré un
second budget dans une année financière pour la première
fois dans l'histoire du Québec, des déficits qui continueront
à excéder ceux qui ont été prévus au
début de l'année financière. C'est, en fait, la raison
transparente - pour une fois, le gouvernement est transparent sans l'admettre -
pour laquelle on doit changer le statut d'Hydro-Québec pour en faire une
compagnie à fonds social, une compagnie qui sera contrôlée
directement à l'avenir par le gouvernement, par le ministre des Finances
qui va se prévaloir de ce changement de statut pour imposer des
dividendes et des taxes foncières qui vont aller combler des
déficits de plus en plus grandissants...
Une voix: C'est plate.
M. Lincoln: ... - c'est peut-être plate, mais c'est vrai -
et qui, d'après les économistes, en 1985, vont être de
l'ordre de 7 000 000 000 $ à 9 000 000 000 $ par année.
Hydro-Québec, c'est une façon idéale de trouver de
l'argent et on en trouve, justement, en faisant une petite loi à la
vapeur qu'on nous demande d'accepter ici sans trop faire de tapage, qu'on nous
demande d'accepter parce que c'est bon pour les contribuables, pour les
citoyens. (17 h 30)
II ne faut pas maugréer. Il faut accepter ça parce que,
d'après le ministre des Finances, le premier ministre et le ministre de
l'Énergie et des Ressources, c'est un grand avantage pour le
Québec. Personne ne nous a prouvé avec certitude comment un
économiste du statut et de la taille de Marcel Bélanger, ne peut
pas accepter ces prévisions et trouve cela inacceptable. Nous sommes
prêts à accepter les arguments du ministre si, en même
temps, il est prêt à ouvrir les portes à un examen beaucoup
plus approfondi de toute la question. C'est ce que nous avons demandé
depuis plusieurs jours. J'espère qu'il acceptera la chose en reportant
ce projet de loi, en reportant l'article 1, et j'appuie mes collègues de
Pontiac et de Vaudreuil-Soulanges et de Mégantic-Compton et de
Sainte-Anne, qui demandent que cet article de la loi soit rejeté ou
reporté.
Le Président (M. Laplante): II vous restera deux minutes,
M. le député de Nelligan. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je crois que
l'article 3.1 du projet de loi no 16 est l'article essentiel même,
c'est-à-dire que le gouvernement, par cet article, une fois le projet de
loi devenu loi, aura le privilège de changer les structures mêmes
d'Hydro-Québec, à savoir en faire une société sans
fonds social. Nous retrouvons à l'article, M. le Président, et je
vais le citer: À compter du (insérer ici la date d'entrée
en vigueur du présent article)... On peut donc déjà
présumer, M. le Président, parce que c'était à ma
grande surprise ce matin que je voyais au feuilleton une motion de
clôture, bâillonnant l'Opposition, qu'à compter de mardi,
soit le 15 décembre, le gouvernement
pourra procéder aux étapes qui restent pour l'adoption du
projet de loi unilatéralement. C'est un coup de force, c'est une
trahison, peut-être pas pour tous les citoyens, mais c'est une trahison
tout au moins pour l'Opposition. J'ai écouté aujourd'hui en
Chambre le ministre de l'Énergie et des Ressources dire que nous
manquions de sérieux, tel que l'a mentionné le leader de
l'Opposition. Je présume que c'est peut-être une vulgaire farce
qui voulait tout simplement dire que nous travaillions très fort en
cette commission dans le but d'éviter au gouvernement, à notre
humble avis, de poser un geste aussi radical et qui aura des
conséquences aussi néfastes pour l'ensemble des
Québécois.
Cela va bien, M. le ministre? M. le Président, on peut donc dire
qu'on peut déjà anticiper que ce projet de loi, avec le
bâillonnement que vous connaissez, pourra déjà être
en vigueur avant la fin de l'année 1981, parce qu'ici c'est bien
mentionné: Insérer la date d'entrée en vigueur du
présent article. C'est donc dire que, nous ayant bâillonnés
à compter du mercredi 16, on pourra procéder à la
troisième lecture et, par la suite, faire sanctionner la loi. Donc, le
projet de loi deviendra loi. C'est un changement, M. le Président,
beaucoup trop rapide. On peut déjà anticiper l'inquiétude
que suscitera ce projet de loi chez les municipalités, les industries et
naturellement le consommateur en général. Tout le monde
s'interrogera pour savoir à quel taux le gouvernement fixera le
coût de cette forme d'énergie. Est-ce vraiment en fonction des
autres sources d'énergie, puisque, après cette date
d'entrée en vigueur, Hydro-Québec aura deux rôles à
jouer, soit de servir ou de desservir les sociétés, les
municipalités, les Québécois en électricité,
mais Hydro sera aussi devenue une perceptrice d'impôt indirect?
M. le Président, on peut déjà anticiper une grave
crainte chez les nouvelles industries, les nouveaux commerces qui seraient
susceptibles de s'implanter au Québec. La vocation même
d'Hydro-Québec se trouve totalement modifiée et cela, à
mon avis, beaucoup trop rapidement. Elle n'aura plus, comme je vous l'ai dit,
comme seul objectif de fournir de l'énergie aux meilleurs coûts
possible puisqu'elle aura une autre vocation, celle de tenter de remplir le
coffre du ministre des Finances. M. le Président, c'est triste à
dire, mais si ce projet de loi est accepté, elle aura à peu
près la même vocation que Loto-Québec, la
Société des loteries et courses du Québec, la
Société des alcools. M. le Président, vous connaissez la
situation économique que nous vivons en ce moment. Ce n'est certainement
pas le temps de créer encore - je dis bien "encore", parce qu'il y a
d'autres sources d'incertitude face aux investisseurs au Québec - une
nouvelle source d'incertitude au Québec.
M. le Président, c'est évident que je voterai contre
l'article 1, paragraphe 3.1, pour les raisons que je vous ai
mentionnées. Il y a d'autres raisons, M. le Président. Elles sont
nombreuses, ces raisons. C'est l'incertitude, et je n'insisterai jamais trop
sur l'incertitude. J'ai visité, au cours des mois derniers, au sein de
la mission économique du Parti libéral, beaucoup de
régions, j'ai discuté avec beaucoup d'industriels. Ils sont tous
unanimes pour nous dire qu'il ne faut pas en ce moment toucher aux structures
d'Hydro-Québec et justement, ce projet de loi, M. le Président,
cet article en particulier, 3.1, autorisera la plus importante modification des
structures d'Hydro-Québec. Pas un seul de ces industriels n'est en
accord, tout simplement parce qu'ils ont une forte crainte que le gouvernement
ne se serve de cette nouvelle - parce qu'il faut l'appeler par son nom
-structure d'Hydro-Québec pour aller chercher un impôt indirect.
C'est évident, M. le Président, que, dans le projet de loi 16, on
ne parle pas de cela, mais, s'il y a un changement de structure, il y a
sûrement une raison. S'il y a une raison, on peut déjà
l'anticiper. Quelle est la raison, sinon, comme je l'ai mentionné,
remplir davantage le coffre du ministre des Finances du Québec?
Dans un rapport soumis par Hydro-Québec le 9 septembre 1981, on
dit ceci, M. le Président. Je vais vous le citer: "Hydro-Québec
estime que, si le projet de loi avait été en vigueur en 1980 -
donc, l'année dernière - elle aurait versé au gouvernement
jusqu'à 175 000 000 $." M. le Président, vous avez bien compris
comme moi, "l'année dernière". "Sans augmentation de tarifs,
Hydro-Québec aurait fourni au gouvernement 175 000 000 $ répartis
comme suit: 100 000 000 $ en dividendes et 75 000 000 $ en taxes sur le
capital." Nous retrouvons cela, M. le ministre, dans Prospectus du 9 septembre
1981, Hydro-Québec.
Une voix: Avant la loi.
M. Bélanger: Avant la loi. On nous donne un exemple des
effets de la loi qui, à mon avis, sont très intéressants,
puisqu'on dit que, si cette loi avait été en vigueur en 1980, on
donne le montant qu'Hydro-Québec aurait dû verser au gouvernement,
175 000 000 $. Si on ajoute à cela, M. le Président,
l'augmentation tarifaire proposée, entre 14% et 19% selon la
consommation, etc., on peut donc prévoir qu'en 1982, Hydro-Québec
n'aurait plus, comme je le disais, la seule fonction, le seul objectif de
desservir tous les Québécois et les Québécois aux
meilleurs taux possible.
C'est pourquoi, M. le Président, nous avons
présenté différentes motions pour tenter de retarder le
plus possible l'entrée en vigueur de ce projet de loi. Je suis convaincu
que nous avons fait un travail de parlementaires honnêtes, de
parlementaires soucieux des conséquences de ce projet de loi et nous
continuerons, M. le Président, de le combattre jusqu'à la
dernière minute, avec toutes les possibilités, tout en tenant
compte évidemment de nos règlements, des moyens qui sont mis
à notre disposition. On n'ira pas jusqu'à la
désobéissance civile. On va tout simplement se limiter à
ce qui est mentionné dans notre petit bouquin de règlements de
l'Assemblée nationale, respectueux des règlements, mais nous
prendrons tous les moyens, parce que je suis persuadé que c'est
justement cet article, qui fait qu'on change les structures
d'Hydro-Québec, qui devient inacceptable. M. le Président, je
vais me réserver quelques minutes pour revenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Je crois bien
que nous en sommes arrivés à un tournant important dans
l'étude de ce projet de loi no 16, puisque nous avons, comme vous le
savez, atteint le cap de l'étude de l'article 1. Je veux, à ce
moment-ci, M. le Président, vous faire part de quelques commentaires sur
l'interprétation que je donne à cet article 3.1 où l'on
dit qu'à compter de l'entrée en vigueur de la présente
loi, "la Société continue d'exister comme compagnie à
fonds social". Il ne faut pas oublier, M. le Président, que cette
compagnie sans fonds social va être modifiée. On va changer son
caractère et Hydro-Québec se verra donc transformée en
compagnie à fonds social. Mais, M. le Président, cet article 1,
comme le mentionnait mon collègue de Mégantic-Compton, c'est
l'essence même, c'est le fondement même de tout le projet de loi no
16.
Pour m'assurer que tout ceux qui vont nous relire aient bien pris acte
de ce en quoi consiste précisément non pas seulement cet article
1, mais tout le projet de loi, je veux vous indiquer qu'à
l'intérieur des notes explicatives que l'on retrouve dans le projet de
loi no 16, on indique très clairement que cette loi que nous avons
devant nous vient modifier l'essence même d'Hydro-Québee. Cette
loi vise principalement à doter HydroQuébec d'un fonds social
autorisé de 5 000 000 000 $, divisé en 50 000 000 d'actions d'une
valeur nominale de 100 $ chacune. Ce projet de loi, M. le Président, de
même que son article 1, prévoit que les actions de la
société font partie du domaine public du Québec. Ce projet
de loi a comme un de ses objectifs principaux, celui d'imputer le total des
réserves de la société au 31 décembre 1980 au
paiement total de 43 741 090 actions attribuées au ministre des
Finances. Et, en quatrième lieu, celui de déterminer les
mécanismes de déclaration et de paiement du dividende sur les
actions afin de respecter des exigences de couverture d'intérêt et
de capitalisation. Ce projet de loi permettra également à
Hydro-Québec de réaliser des programmes d'économie
d'énergie.
M. le Président, l'article 1 que nous avons devant nous est
probablement la raison qui a incité tous mes collègues tout
à l'heure à le dénoncer avec véhémence. Je
formule le souhait que d'autres députés vont le faire, dont
certains de mes vis-à-vis, soit des gens du Parti
québécois. J'espère entre autres que le
député de Frontenac mettra à dénoncer cet article 1
tout l'acharnement requis. Peut-être encore plus, M. le Président,
j'aimerais voir le député de Frontenac être aussi
convaincant que lorsqu'il nous a parlé dernièrement en Chambre de
l'utilisation des fonds publics que fait actuellement le gouvernement
fédéral, en particulier au niveau du budget de la défense.
Je vous assure que le soir où le député de Frontenac s'est
adressé à nous, nous avons pu constater jusqu'à quel point
ses convictions étaient fortement ancrées en lui, et c'est tout
à son honneur, je pense; il était très convaincant ce
soir-là. Ce qu'il faut souhaiter, c'est que plusieurs autres de ses
collègues, de même que lui, vont faire en sorte que ce projet de
loi que nous avons devant nous, en particulier l'article 1, au moment où
on se parle, soit retardé, encore mieux, soit retiré. (17 h
45)
Je veux vous indiquer, M. le Président, comme bien d'autres de
mes collègues, que je me réjouis que nous ayons enfin atteint le
corps véritable de l'étude de ce projet de loi, que nous ayons
atteint le cap de l'article no 1, article très important de par son
contenu, parce que c'est lui qui vient modifier la vocation même
d'Hydro-Québec. À côté de ma satisfaction d'avoir
atteint ce premier article du projet de loi no 16, je veux vous faire part de
ma plus profonde amertume qui est conséquente à toutes les
motions positives qui ont été rejetées, motions et
propositions que nous avons faites en toute bonne foi et qui, rappelons-le, ont
toutes été défaites. J'espère que ce
négativisme qui a si bien servi nos amis d'en face jusqu'à
présent, lors de l'étude de ce projet article par article, va
continuer de les caractériser et qu'ils vont cette fois appuyer
l'Opposition et voter contre l'adoption de l'article no 1 que nous avons devant
nous pour fins d'étude.
M. le Président, je vous disais que je
suis amer à la suite des décisions que nous avons prises
en cette commission. Compte tenu de l'envergure de ce projet de loi qui est
devant nous, compte tenu que nous sommes présentement à
l'étude de l'article 1, j'aurais aimé que nous puissions
élargir le débat. Je l'ai dit à plusieurs reprises,
j'aurais voulu entendre tous nos collègues, tous ceux qui le
désiraient tout au moins. Même sur cet article 1 qui vient
modifier de façon tragique la vocation d'Hydro, il aurait
été intéressant de permettre à nos collègues
qui le désiraient, à ceux qui le voulaient, sans les forcer, de
venir nous indiquer quelle est leur interprétation de cet article et
quelles sont les conséquences qu'ils envisagent dans leur milieu.
J'aurais voulu également que plusieurs organismes à
caractère provincial puissent venir se faire entendre ici. Comme nous
avons pu le constater en Chambre cet après-midi, lors de la
période des questions, la réponse du ministre a été
catégorique. Il est hors de question, à ce moment tout au moins,
que les organismes qui en ont manifesté le désir puissent venir
se faire entendre, puissent venir nous éclairer davantage sur ce que se
propose de changer et d'imposer le projet de loi no 16.
J'aurais aimé également, sur cet article 1 qu'on a devant
nous, qu'on puisse entendre des organismes à caractère
régional, ceux qui le voulaient, une fois de plus, sans les forcer, ceux
qui en auraient fait la demande, les entendre dans chacune de leurs
régions. Souvenez-vous, nous avons défait une motion très
importante qui visait à transformer cette commission en commission
itinérante, qui visait à ce que nous allions dans les
régions chercher le pouls réel de la population. Je vous
mentionnais, entre autres, qu'il aurait été très
intéressant dans ma région, l'Estrie, d'entendre des groupes
comme, par exemple, l'Union des producteurs agricoles de la région de
Sherbrooke qui, j'en suis persuadé, aurait été friande
d'information et aurait intéressé au plus haut point le ministre
qui, j'en suis persuadé, est très soucieux d'accorder aux
producteurs agricoles du Québec toute l'attention requise pour faire en
sorte que cette industrie non seulement se maintienne à un niveau
acceptable, mais puisse connaître une croissance appréciable.
Cet article 1, qui est devant nous, nous permet de voir les intentions
réelles du projet de loi. C'est peut-être le seul avantage que je
peux lui trouver. Comme bien d'autres de mes collègues, j'espère
que cet article ne sera pas adopté, tout au moins dans sa forme
actuelle, et qu'il sera retiré. À mon avis, avant d'entreprendre
l'étude article par article de ce projet de loi et de l'adopter, il
aurait été important de lancer un vaste débat public
portant sur notre avenir énergétique. Souvenons-nous, M. le
Président, que nous avons assisté à un
événement assez rare, soit à la totale unanimité
des divers organismes qui, à tour de rôle, sont venus nous dire -
entre autres, ils l'ont fait amplement par la voie des médias
d'information - qu'ils désiraient un débat public, un
débat plus large sur toute la question de l'avenir
énergétique du Québec.
Je constate aujourd'hui que toutes ces bonnes intentions, toutes ces
bonnes idées, M. le Président, on été
rejetées du revers de la main. C'est un constat d'échec et je
trouve cela très dommage; il m'apparaissait indispensable qu'avant
d'adopter ce projet de loi nous consultions la population, elle qui,
rappelons-le, avait signé un contrat en 1962. Cet article 1 que nous
avons devant nous vient précisément justifier que nous devrions
à nouveau aller consulter la population sur les intentions du
gouvernement. Je trouve dommage que nous autres de cette commission fassions
aujourd'hui mentir ces hommes qui, en 1962, de bonne foi, ont proposé
à la population - rappelons qu'il y avant là-dedans les Lesage et
Lévesque - de devenir tous des propriétaires, des actionnaires
d'Hydro-Québec en leur fournisssant l'électricité aux plus
bas coûts possible.
M. le Président, comment peut-on aujourd'hui appuyer l'article 1
du projet qui vient, hors de tout doute, modifier la vocation première
d'Hydro-Québec? Cet article que nous avons devant nous pose un autre
problème majeur, puisqu'il ne permet pas de consulter
véritablement, pour une simple raison, soit qu'il ne nous en laisse pas
le temps. On nous dit à l'article 3.1 qu'"à compter du
(insérer ici la date d'entrée en vigueur du présent
article) la Société continue d'exister comme compagnie à
fonds social". Quand le projet de loi sera-t-il adopté, M. le
Président? Nous l'ignorons, mais nous pouvons, d'ores et
déjà, croire que les intentions du gouvernement sont de faire en
sorte que ce projet soit adopté avant que nous ne quittions cette
Chambre pour le congé des fêtes. Pour nous, c'est très
vite, c'est beaucoup trop vite, M. le Président. Soyez assuré que
nous allons continuer dans la veine où nous sommes partis actuellement,
afin que l'article 1 soit amendé à tout le moins; j'oserais
même croire qu'il serait possible pour le gouvernement de retirer le
projet de loi dans son ensemble, ce qui évidemment ferait
disparaître l'article 1. L'application de cette mesure le jour de la
sanction du projet de loi no 16 va nous empêcher de profiter d'une
situation préférentielle, situation préférentielle
pour l'industrie, pour les contribuables, pour les chômeurs, pour les
ouvriers, pour les assistés sociaux, pour les personnes
âgées, pour les agriculteurs, pour les consommateurs, M. le
Président, et je pourrais en ajouter énormément.
Soit dit en passant, le ministre l'a
presque reconnu cet après-midi en Chambre, en disant qu'il serait
intéressant que nous ayons un comité qui pourrait étudier
la tarification d'Hydro-Québec. Celle-ci pourrait être
différente si l'on formait, par exemple, un comité pour
étudier la possibilité d'appliquer une tarification
différente aux personnes les plus démunies. N'est-ce pas
là la reconnaissance que ce projet de loi peut occasionner de
sérieux problèmes à plusieurs de nos électeurs?
C'est ce que nous essayons de démontrer, de faire bien comprendre aux
ministériels depuis l'ouverture de cette session.
Avant de voter cet article 1, je veux vous indiquer qu'il est intimement
marié, intimement relié, intimement associé à tous
les autres articles du projet de loi et, pour nous, il était important,
comme le mentionnait une de nos motions, que cet article ne s'applique
qu'à compter du 1er janvier 1985. Une fois de plus, les
ministériels ont battu notre amendement. J'ose croire qu'ils reviendront
sur leur décision, mais soyez assuré, M. le Président, que
nous mettrons tout en oeuvre, que nous ne négligerons absolument rien,
que nous multiplierons les efforts pour faire en sorte que cet article 1 soit
battu. Il est malheureux que l'on voie au feuilleton de la Chambre,
aujourd'hui, une motion de clôture de nos travaux, que, dans le langage
parlementaire, l'on appelle la guillotine. Eh oui! La guillotine viendra
trancher le débat. La guillotine viendra mettre fin à cet
intéressant débat, mais qui aura été beaucoup trop
court pour convaincre nos honorables amis d'en face de la pertinence de nos
propos, pour les convaincre des effets néfastes de ce projet de loi no
16 que nous avons devant nous.
M. le Président, mon intention est véritablement de voter
contre cet article 1 quand vous allez en faire l'appel et je me permets de
lancer un appel à tous afin que nous fassions l'unanimité sur au
moins une chose. C'est qu'on refuse tous, en tant que parlementaires en cette
Chambre, de modifier la vocation d'Hydro-Québec comme le fait l'article
1 sans que nous ayons, au préalable, consulté toute la
population. Nous sommes prêts à faire un compromis de ce
côté de la Chambre; si nous ne consultons pas toute la population,
nous pourrions à tout le moins, sur cet article 1, soit transformer
notre commission en commission itinérante à travers les
régions ou nous pourrions appliquer cet article seulement en 1985, ce
qui nous donnerait amplement de temps pour aller chercher le pouls de la
population, pour aller vérifier les conséquences de l'application
de ce projet de loi no 16 qui, rappelons-le, vient modifier de façon
catastrophique la loi actuelle sur l'Hydro-Québec.
M. le Président, je constate que nos travaux tirent à leur
fin, j'aimerais que vous m'indiquiez s'il me reste du temps compte tenu qu'il
nous reste encore, je crois-Le Président (M. Laplante): Vous avez
30 secondes si vous voulez conclure.
M. Vallières: 30 secondes pour conclure.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous laisser conclure,
mais ça passe un peu, ici.
M. Vallières: Je veux tout simplement, M. le
Président, vous indiquer que je vais désavouer également
la motion que nous avons en Chambre et qui vise, par la guillotine, à
clôturer, à couper, à trancher cet important débat
que nous tenons présentement.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 12)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission de l'énergie et des ressources sur l'étude article par
article du projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi sur
l'Hydro-Québec.
Lorsqu'on a suspendu nos travaux, le député de Richmond
venait de terminer son intervention.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur le
député de Marguerite-Bourgeoys. Vous n'avez pas encore
parlé, vous?
Motion d'amendement M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Non, je n'ai pas parlé. Vous savez comme je
suis peu bavard et un peu timide d'ailleurs, et j'essaie de combattre cela en
écoutant le député de Frontenac.
M. le Président, le paragraphe 3.1 de l'article 1 fait
problème, il fait un gros problème, parce que, de toute
évidence, la commission n'est pas prête à prendre une
décision. Cela fait des heures et des heures que le gouvernement et
l'Opposition ne peuvent s'entendre pour adopter cet article qui, en fait,
métamorphose la société HydroQuébec pour faire de
la société Hydro-Québec, de tous les
Québécois la société du ministre des Finances.
Alors, compte tenu de cette mésentente évidente et afin de
hâter
la fin de nos travaux, de leur imprimer un rythme beaucoup plus rapide,
je propose que cette commission suspende l'étude des articles 1 à
10 inclusivement; il y en a 11.
M. le Président, je tenais à vous expliquer ma motion.
Lorsque vous l'aurez déclarée recevable, car vous savez que c'est
recevable...
Le Président (M. Laplante): C'est une motion recevable,
oui.
M. Lalonde: M. le Président, voici pourquoi je...
Le Président (M. Laplante): Ces articles, excusez, mais
vous les suspendez pour les étudier un peu plus tard? C'est cela que
j'ai bien compris?
M. Lalonde: J'en suis convaincu. D'ailleurs, cela va faire partie
de mon plaidoyer.
Le Président (M. Laplante): De 1 à 10
inclusivement?
M. Lalonde: Inclusivement. Il reste l'article 11.
Le Président (M. Laplante): J'ai besoin de
réflexion là-dessus, j'aimerais entendre vos arguments sur la
recevabilité.
M. Lalonde: M. le Président, sur la recevabilité,
il s'agit d'une motion qui n'a pas besoin d'être annoncée, elle
n'était pas d'ailleurs au feuilleton ce matin; c'est une motion qui a
trait strictement au déroulement de nos travaux. C'est une motion que
vous avez vue passer devant vous à maintes reprises tout au long de
votre longue expérience de président de commission. On peut soit
suspendre un article - de toute façon, on ne suspend pas l'article, vous
allez me corriger, on suspend l'étude d'un article - on peut suspendre
l'étude de deux articles, on peut suspendre l'étude de tout un
chapitre. L'idée que vous avez, avec votre perspicacité
naturelle, M. le Président, vous l'avez vue... (20 h 15)
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas besoin de
tellement de commentaires là-dessus. Je vous prierais de
raccourcir...
M. Lalonde: II s'agit d'aborder le plus tôt possible
l'article 11. C'est ça.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Un intervenant...
C'est sur la recevabilité que vous voulez parler?
M. Dussault: Oui, M. le Président. Je pense bien que, dans
l'économie de notre règlement, suspendre l'étude de
quelque chose, ça suppose qu'on l'ait commencée. On a
commencé l'étude de l'article 1 et j'accepterais la
recevabilité de la suspension de l'étude de l'article 1. Mais
suspendre en même temps que celui-là d'autres articles, il me
semble que ça va contre toute logique puisqu'on n'en a pas encore
commencé l'étude. Vous ne les avez même pas appelés,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je les ai appelés.
M. Dussault: Pour cette raison, je pense que cette proposition
est irrecevable.
Le Président (M. Laplante): C'est avec peine que je dois
dire que cette motion n'est pas recevable, M. le Président...
M. Lalonde: Je ne suis pas encore président.
Le Président (M. Laplante): ... M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, pour deux raisons. On a un ordre de l'Assemblée
nationale d'étudier article par article un projet de loi. La motion que
vous faites actuellement, c'est de laisser un article en suspens, qui est
toujours le dernier article d'un projet de loi. C'est un automatisme à
la fin de l'étude d'un projet de loi qui dit, en somme: La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction. On ne peut
étudier l'article 11 lorsqu'il n'y a pas un seul article d'adopté
dans le projet de loi. Pour ces raisons, je suis dans l'obligation de vous dire
que cette motion est irrecevable. Si vous aviez présenté cela
dans un aspect différent, peut-être que j'aurais pu la juger
recevable, mais non pas en éliminant les articles complètement,
tel que vous l'avez fait dans votre motion.
M. Lalonde: M. le Président, j'espère que vous
n'avez pas conclu de ma motion que l'Opposition ne voulait pas...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas qu'elle
soit discutée non plus.
M. Lalonde: Non, non.
Le Président (M. Laplante): Si vous avez une directive
à me demander, je suis prêt à l'entendre.
M. Lalonde: Je n'ai aucune directive, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Si c'est pour commenter ma
décision, je pense que je puis seul la commenter.
M. Lalonde: Je ne veux pas la commenter, je voulais simplement
vous faire
la preuve de ma soumission la plus totale. Je suis envahi par la
soumission à votre décision. Maintenant, je ne voudrais pas non
plus, simplement pour vos propres sentiments personnels, que vous en ayez
conclu que l'Opposition ne voulait pas discuter des autres articles. Pour vous
rassurer, je vais proposer que cette commission suspende l'étude de
l'article 1.
Le Président (M. Laplante): J'ai besoin aussi d'être
éclairé. L'article 1 comprend des paragraphes qui, dans mon
esprit, sont des articles nouveaux. Lorsque vous parlez de l'article 1, vous
avez les paragraphes 3.1, 3.2, 3.3, 3.4 et 3.5.
M. Lalonde: Cela comprend tous les paragraphes.
Le Président (M. Laplante): On remplace des articles
déjà existants par les paragraphes 3.1, 3.2, 3.3...
M. Lalonde: Cela comprend tous les paragraphes.
Le Président (M. Laplante): Tous les paragraphes. Vous
faites motion de suspendre l'article 1 au complet avec ses paragraphes.
M. Lalonde: M. le Président, suivant votre conseil
judicieux, je vais reformuler ma motion. Je fais motion que cette commission
suspende l'étude de l'article 1, y compris les paragraphes 3.1, 3.2,
3.3, 3.4 et 3.5.
Le Président (M. Laplante): Là-dessus, je
n'entendrai pas d'intervenant. Je ne puis la juger recevable, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je reviens à l'ordre de
l'Assemblée nationale d'étudier article par article et, pour
étudier un projet de loi, il faut au moins, pour suspendre des articles,
que l'article 1 ou le principe soit adopté. Lorsqu'on dit: "La Loi sur
l'Hydro-Québec (L.R.Q., chapitre H-5) est modifiée par
l'insertion, entre les articles 3 et 4, des suivants:", on n'a encore rien
adopté de ça, M. le député de...
M. Lalonde: M. le Président, avant de rendre votre
décision, est-ce que vous nous permettriez de vous exprimer nos
arguments? Je pense que cette commission s'engage sur un terrain un peu
glissant. Je voudrais vous rappeler un certain nombre de principes et aussi une
certaine tradition qui a présidé aux travaux des commissions
parlementaires avant que vous et moi ne soyons là.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Lalonde: M. le Président, sur la
recevabilité...
Le Président (M. Laplante): Non, pas sur la
recevabilité...
M. Lalonde: C'est ce que je vous ai demandé et vous m'avez
dit: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Non, je pensais que
c'était sur une directive ou quelque chose du genre. J'ai jugé de
la recevabilité de la motion et je m'appuie là-dessus parce que
je l'ai déjà vécu en commission parlementaire. J'aimerais
bien me remémorer le temps où je l'ai vécu, justement
relativement à une motion semblable, alors qu'elle a été
rejetée. Les raisons que je vous donne ont été les
mêmes que celles qui avaient été édictées
à ce moment dans le jugement de la commission.
M. Lalonde: Alors, vous avez rendu jugement?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Lalonde: Sans m'entendre. Merci, M. le Président.
Je voudrais faire une motion d'amendement au paragraphe 3.1, en
ajoutant, à la fin, les mots "pour une période de six mois".
M. Grégoire: Les ajouter après quoi?
M. Lalonde: À la fin du paragraphe 3.1, "pour une
période de six mois".
M. le Président, avant que vous ne rendiez votre
décision.
Le Président (M. Laplante): Sur la
recevabilité.
M. Lalonde: Je vous souligne que nous en sommes à
l'article 1, qui est à l'étude actuellement. Je n'en demande pas
la suspension, pour ne pas scandaliser qui que ce soit autour de la table, mais
je vous souligne...
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer,
pourriez-vous me donner cette motion par écrit, s'il vous
plaît?
M. Lalonde: Certainement, M. le Président, si vous
suspendez pendant trois secondes.
Je la relis, M. le Président. "Que le paragraphe 3.1 de l'article
1 soit amendé en ajoutant, à la fin, les mots "pour une
période de six mois".
M. Grégoire: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député va parler sur la recevabilité.
M. Lalonde: M. le Président, il y a déjà eu
une motion d'amendement et je dois la rappeler parce que le péril qui
vous guette, c'est que vous ou un autre président que vous -
naturellement pas vous - pourrait dire: Écoutez, vous avez fait une
motion d'amendement pour reporter la transformation de la société
au 1er janvier 1985. Cela a été battu, donc vous ne pouvez plus
changer ça. C'est le péril qui vous guette. Ce que mon amendement
suggère, ce n'est pas de refaire - c'est important pour la
recevabilité - le débat sur la date à partir de laquelle
la transformation doit s'effectuer. Nous devons nous soumettre à la
décision de la commission, M. le Président, si douloureuse
soit-elle. Mais c'est un nouvel amendement, un nouveau changement; le
changement va s'effectuer tel que le désir de la commission a
été exprimé lorsque notre amendement a été
défait.
Ce que cet amendement suggère, conformément au
règlement, c'est de changer quelque chose - un amendement doit changer
quelque chose - premièrement.
Deuxièmement, il ne doit pas rejeter... Est-ce que vous
m'écoutez, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Ah oui! beaucoup!
M. Lalonde: II ne doit pas rejeter la proposition principale.
Quelle est la proposition principale de cet article? C'est que la
société continue d'exister comme compagnie à fonds social.
Mais cet amendement propose que cette existence soit limitée dans le
temps. C'est ce qu'on appelle, en termes techniques, la "sunset clause" en
anglais. En français, on pourrait m'aider. Autrement dit, c'est une
clause qui veut que cet article vienne à échéance à
une période telle qu'elle nous oblige à la revoir après
coup. Donc, je vous invite à appliquer votre jugement
conformément au règlement, ce que vous allez faire, j'en suis
sûr, mais strictement objectivement.
Est-ce que c'est souhaitable, est-ce que c'est faisable? Cela n'a rien
à voir avec la recevabilité. Cela a peut-être quelque chose
à voir avec le fait de savoir si on devrait l'adopter ou non. À
ce moment-là, on verra autour de la table si les membres de cette
commission désirent qu'elle soit adoptée ou non mais, pour la
recevabilité, ce que le règlement nous ordonne, c'est que la
motion d'amendement ne rejette pas la proposition principale. Elle n'est pas
rejetée parce que la transformation va se faire à la date
d'entrée en vigueur du présent article. Quelle que soit cette
date, cette existence sera limitée à six mois et si cette date
est en 1995, c'est le gouvernement qui va décider quand cela va entrer
en vigueur, le jour de sa sanction; à ce moment-là, ce sera pour
une période de six mois.
Je n'ai pas donné de date, je n'ai pas dit le 30 juin 1982, j'ai
été tenté de le faire, j'y ai pensé au cas
où l'entrée en vigueur de cet article soit après le 30
juin 1982. Mais, pour m'ajuster au désir de la commission parlementaire,
au désir de l'Assemblée nationale, ce que nous recherchons ici,
c'est un amendement, un véritable amendement dans la mesure où,
d'abord, cela comporte un changement. Un amendement doit changer quelque chose.
Un amendement qui ne change rien n'est pas un amendement, c'est simplement
dilatoire et on ne veut pas en faire du tout. Deuxièmement, ça ne
rejette pas la proposition principale qui est l'entrée en existence de
cette nouvelle société qui sera permise par la proposition
principale même si elle est amendée. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, j'ai trois articles
du règlement qui me permettent de vous demander de déclarer cette
motion irrecevable. Premièrement, l'article 154, deuxième
paragraphe, qui se lit comme suit: "La commission peut amender un projet de
loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du
projet et qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en deuxième
lecture." Le principe affirmé en deuxième lecture, c'est de
constituer la société HydroQuébec en une
société à fonds social qui pourra, à son tour,
verser des dividendes annuels, tel que cela est inscrit dans l'article 3.15.1:
"Les dividendes à être versés par la Société
sont déclarés une fois l'an." On demande de reporter de six mois.
Cela va donc contre le principe parce qu'on veut ne donner qu'un
caractère éphémère au principe qui est
établi dans la deuxième lecture, lui enlevant ainsi tout son
sens. Effectivement, cela enlève le sens du principe qui a
été adopté en deuxième lecture.
Deuxièmement, l'article 158: " Une commission ne peut modifier,
dans son principe, une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée." Ce qui a été
accepté par l'Assemblée, c'est le principe de la deuxième
lecture et vous voulez le modifier ce que j'ai expliqué tantôt.
(20 h 30)
Troisièmement, selon l'article 70 du règlement, un
amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion proposée
et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les
remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est d'écarter la
question principale sur laquelle il a été proposé et il en
est de même d'un sous-amendement par rapport à un amendement. Or,
le député de Marguerite-Bourgeoys arrive à l'article 3.1
et dit: À compter du, la société continue
d'exister comme compagnie à fonds social pour une période
de six mois seulement en ajoutant qu'Hydro-Québec ne serait une
compagnie à fonds social que pour six mois. Premièrement, cela
n'a pas de bon sens. Deuxièmement, cela vient à l'encontre du
principe. Troisièmement, cela vient changer l'objet principal de la loi.
Cela vient à l'encontre du principe déjà adopté en
deuxième lecture.
M. le Président, on a eu tout un débat en deuxième
lecture, on a essayé de la reporter de six mois; là on veut ne
faire durer la loi que six mois ou douze mois, on ne veut faire durer la loi
que six mois. On empêche donc la mise en application de l'article 15.1
qui dit que les dividendes à être versés par la
société sont déclarés une fois l'an. Si ça
dure six mois, ils ne seront peut-être plus capables de verser de
dividendes parce que cela n'aura pas été établi pour une
période d'un an. On va à l'encontre de la déclaration
principale, à l'encontre du principe adopté en deuxième
lecture, à l'encontre, également comme il est dit à
l'article 70... Il écarte la question principale sur laquelle il a
été proposé. Pour ces raisons, M. le Président, je
pense bien que vous devez, cette fois-ci...
Le Président (M. Laplante): Cela devient de plus en plus
intéressant.
M. Grégoire: ... irrecevable.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y en a un autre
qui aimerait se prononcer sur la recevabilité?
M. Lalonde: M. le Président, vous nous avez toujours dit
un de chaque côté.
Le Président (M. Laplante): Je sentirais le besoin qu'une
autre personne puisse se prononcer, si vous voulez. Si vous ne voulez pas, je
vais suspendre trois minutes. Je veux vérifier si ma décision
serait la bonne.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de votre
générosité. En ce qui concerne les arguments du
député de Frontenac, j'ai bien dit que la motion n'écarte
pas la question principale parce que la question principale c'est
qu'Hydro-Québec devienne une société à fonds
social. C'est ça la question principale. Cela ne l'écarte pas.
L'essence même de 3.1, c'est que ça devienne une compagnie
à fonds social. Cela ne l'écarte pas. Cela deviendra donc,
lorsque la loi sera adoptée, une compagnie à fonds social.
Écoutez, cela ne vous fait rien si je continue? Vous pouvez vous retenir
là? Cela ne l'écarte pas, c'est réellement le fond,
l'essence même, le noeud de l'article, c'est que ça va devenir une
compagnie à fonds social. Deuxièmement, cela ne
répète pas l'amendement qui a été rejeté
parce que l'amendement, c'était qu'elle ne pouvait pas devenir une
compagnie à fonds social avant telle date. Ce n'est pas le commencement
de cette compagnie à fonds social que l'amendement que je propose
maintenant touche. C'est combien de temps elle va le demeurer comme essai.
M. le Président, il me semble que c'est tellement clair que cet
amendement change quelque chose. Cela change quelque chose, cela met un terme.
Mais c'est ça le but de l'amendement. On ne vous demande pas - et vous
le savez, M. le Président - comme président, pour la
décision que vous avez à rendre sur la recevabilité, de
savoir si cela a du bon sens, de savoir si c'est faisable, de savoir si cela
devrait être fait comme ça. Ce que vous devez décider comme
président, c'est: Est-ce que cela ajoute des mots, en retranche? Est-ce
que cela écarte la motion principale?
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais aussi
dire juste un mot en plus des arguments que j'ai invoqués tout à
l'heure. Il y en a un autre de grande logique. C'est qu'un amendement, quand
c'est fou à sa face même, quand c'est stupide à sa face
même, il me semble que c'est rejetable. Écoutez-moi bien, M. le
Président, une compagnie à 5 000 000 000 $ de capital social, on
va la transformer pour six mois seulement. C'est fou à sa face
même. C'est bien évident. Cela n'a pas une miette de maudit bon
sens.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Grégoire: Je pense que le règlement le plus
sage, c'est que, quand c'est bien fou, il ne faut pas l'accepter.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité,
pourrais-je vous poser une question, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Laplante): Si on retarde l'application de
l'article 3.1, tel que vous le proposez - vous remettez le projet de loi, en
somme, à six mois - doit-on retarder tous les autres articles aussi?
Doit-on inclure tous les articles du projet de loi, à ce
moment-là, qui concordent avec le 3.1, parce que le projet de loi, en
somme, est fait à partir des notes explicatives jusqu'à l'article
11?' C'est ce que je ne comprends pas au juste. J'ai besoin d'explications
là-dessus. Pourrait-on adopter le projet de loi tel qu'il est là
si on fait une modification à l'article 3.1 de la façon que vous
proposez? Qu'advient-il du reste?
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de votre
question qui est très pertinente. Vous m'avez posé la question
suivante: Si on retarde l'application de l'article 3.1... C'est bien ce que
vous m'avez demandé?
Le Président (M. Laplante): Non. Si on applique la motion
que vous nous proposez...
M. Lalonde: Oui, mais vous m'avez demandé: Si on
retarde...
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi pour la
sémantique. Je vous pose la question suivante: Si on accepte la motion
telle que vous l'avez proposée, après six mois, qu'arrive-t-il
avec le reste de la loi qui est proposée là?
M. Lalonde: M. le Président, vous m'aviez posé la
question si on retardait...
Le Président (M. Laplante): Oublions cela.
M. Lalonde: L'amendement, justement, n'a pas pour effet de
retarder l'application de la loi une fois qu'elle sera adoptée, si elle
est adoptée, si elle n'est pas retirée par le gouvernement. Il
n'a pas pour effet de retarder, au contraire. En présumant que l'article
3.1 va être adopté: "À compter du..." - et vous mettrez la
date ici, ce sera au gouvernement de décider quelle date;
présumons que c'est le 31 décembre 1981 ou le 15 janvier 1982 -
même si le gouvernement décide de retarder d'un an l'entrée
en vigueur de l'article 3.1 et met cela le 31 décembre 1982 pour les
fins de la discussion, le seul effet de l'amendement va être de permettre
que cet article ne soit en vigueur que six mois. Cela ne retarde rien. Une fois
adopté, cela va être écrit ici: "À compter du - et
là, l'entrée en vigueur, je ne sais pas, moi, le 15 janvier 1982,
pour les fins de la discussion - 15 janvier 1982, la société
continue d'exister comme compagnie à fonds social pour une
période de six mois." Est-ce que c'est bon que ce soit ainsi ou pas bon?
C'est une autre question à laquelle votre décision ne doit pas
référer. C'est sur la recevabilité simplement que votre
décision s'applique.
Le Président (M. Laplante): Je vous demandais les effets
que cela avait...
M. Lalonde: Les effets sont les suivants.
Le Président (M. Laplante): ...sur la loi
complète.
M. Lalonde: Là, vous me posez une question
hypothétique, M. le Président, mais je veux vous aider. Dans les
six mois qui vont courir à partir de l'entrée en vigueur de
l'article 3.1, le gouvernement va décider en voyant l'effet de
l'application de cet article s'il veut renouveler l'avis comme compagnie
à fonds social de la société ou s'il veut laisser tomber
parce que c'est une mauvaise expérience. Au fond, c'est un service qu'on
rend au gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Comme cela, cela aurait pour
effet, en somme, au bout de six mois, de faire tomber le projet de loi?
M. Lalonde: Comme le "sunset clause". Le Président (M.
Laplante): Oui. Une voix: C'est quoi?
M. Lalonde: Le "sunset clause", c'est une clause qu'on retrouve
dans plusieurs lois.
M. Grégoire: Ah oui?
M. Lalonde: Oui. On n'en a pas tellement ici au Québec. Il
y en a dans d'autres...
Une voix: La loi 40 est comme cela.
M. Lalonde: La loi 40 est comme cela. Autrement dit, c'est une
loi qu'un gouvernement fait adopter pour une période limitée et,
au bout de cette période, la loi tombe et on revient...
Le Président (M. Laplante): Là, j'en ai assez.
D'accord.
Une voix: Je m'attendais qu'il dise cela!
Des voix: Ah! Ah!
M. Lalonde: Non, non, non! Un instant! Je n'ai pas
terminé. Un instant, M. le Président. Je voudrais...
Le Président (M. Laplante): Là, je peux vous
rendre...
M. Lalonde: Non, non.
Le Président (M. Laplante): Continuez un petit bout, mais
mon idée est faite.
M. Lalonde: Je n'aimerais pas que votre idée soit faite
simplement sur un mot.
Une voix: Attendez une minute.
Des voix: C'est vrai.
M. Lalonde: Non, c'est très sérieux, M.
le Président, parce qu'il faudrait que vous ouvriez vos oreilles
et vos esprits à la largeur suffisante pour considérer qu'il y a
déjà des lois qui existent comme cela. Ce n'est pas faire injure
au règlement, à notre Loi de la Législature, aux pouvoirs
de l'Assemblée nationale que d'adopter de telles lois. Au contraire. Il
y en a déjà qui existent, des lois comme cela. C'est qu'elles
existent pour une période. Maintenant, si vous me dites que six mois, ce
n'est pas suffisant, j'aimerais beaucoup, dans votre décision, si jamais
elle devait être dans cette direction, que vous me disiez si la
période est un élément essentiel à votre
décision. C'est parce qu'il y a des lois qui existent, qui sont en
vigueur seulement pendant cinq ans ou trois ans et qui tombent parce que c'est
le désir du législateur qu'elles tombent, à moins que le
législateur ne les reprenne. Pourquoi cela, M. le Président?
C'est pour forcer le législateur à refaire son examen, à
refaire sa décision à un moment donné. Cela n'est pas
contre l'esprit même de la loi, au contraire, et ce n'est pas
surtout...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, vous aviez un petit élément à ajouter
à cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Evidemment, M. le Président, au titre des
précédents, parce qu'il faut quand même les invoquer, le
député de Frontenac a invoqué que si c'est une folie
à sa face même de ne convertir une société comme
Hydro-Québec en société à capital-actions à
fonds social pour une période limitée, cela devrait être
irrecevable. J'aimerais indiquer au député de Frontenac et
à cette commission que la loi 40, qui est présentement en
commission parlementaire, prévoit précisément que les
Caisses d'entraide économique, qui sont des coopératives, seront
transformées en sociétés, en compagnies à fonds
social d'une valeur de 200 000 000 $, 250 000 000 $ peut-être 300 000 000
$, quoique le chiffre soit absolument non pertinent et qu'il y ait
précisément une clause de cette nature qui limite à trois
ans la longueur d'application de cette loi.
Le Président (M. Laplante): Je comprends ce que vous
voulez dire. Maintenant, ce que je voudrais savoir aussi, c'est une autre
question que je pose au député de Marguerite-Bourgeoys, c'est que
j'ai, dans ma tête aussi, vous remarquerez, pour les fins du journal des
Débats, que je me suis refusé à la deuxième lecture
du projet de loi, je vous le ferai remarquer, que le président qui
préside les travaux de cette commission n'a pris la parole sur aucun
aspect du projet de loi ni sur la deuxième lecture, ni sur la motion de
report, pour essayer de garder la neutralité la plus grande possible ici
en présidant ces travaux.
J'ai une autre chose aussi qui me chicote un petit peu, qui a
été rejeté par l'Assemblée nationale, c'est la
motion de report d'un an. Comment est-ce que vous la justifiez à travers
le projet de loi aujourd'hui, par la motion que vous donnez?
M. Lalonde: M. le Président, par la motion de report qui a
été faite invitant l'Assemblée nationale à remettre
à un an l'étude même du projet de loi, on invitait
l'Assemblée nationale à dire: Non, on ne veut pas
l'étudier avant un an. On avait toutes sortes de raisons qui tournaient
autour du débat public qu'on voulait faire sur la politique
énergétique, mais, c'était l'étude même du
projet de loi, alors que, là, mon amendement n'a pour effet que de
réduire à six mois l'existence d'Hydro-Québec comme
nouvelle compagnie à fonds social.
On ne remet pas la question du débat public là-dedans. La
seule chose que la motion veut faire, c'est de dire: Écoutez, vous
faites d'Hydro-Québec une compagnie à fonds social. Cela fait
depuis 1964, cela fait à peu près 18 ans, qu'elle existe comme
commission, qu'elle existe comme organisme différent. Cela n'a pas
été si mal jusqu'à maintenant. Vous voulez changer tout
cela? Très bien, on va changer cela pour six mois et, après cela,
vous allez vous imposer, le gouvernement, la décision de savoir si on
continue ou si on revient comme on a fait depuis 18 ans, où
Hydro-Québec a quand même été quelque chose d'assez
extraordinaire.
Cela n'a rien à voir avec la motion de report. La motion de
report, c'était pour reporter l'étude même, qu'on ne parle
pas du tout du projet de loi. C'est cela au fond, pour un an, c'est cela
qu'était la motion de report. La motion que je fais, c'est pour dire:
D'accord, maintenant, puisque vous voulez la transformer, transformez-la, mais
pour une période d'essai de l'application de cet article-là qui
sera de six mois. C'est complètement étranger de l'un à
l'autre. J'aurais pu mettre douze mois pour l'existence. Si vous pensez que
c'est plus acceptable, je suis prêt à le faire et je vous invite
à le faire, à ce que vous fassiez appel...
Le Président (M. Laplante): Sur ce, vous allez me
permettre, parce qu'il y a une certaine ambiguïté et ce n'est pas
pour le "fun" que j'ai posé ces questions-là... C'est qu'il y a
une certaine ambiguïté et je vous demanderais de suspendre la
séance pendant trois ou quatre minutes, s'il vous plaît!
(Suspension de la séance à 20 h 46)
(Reprise de la séance à 20 h 48)
Le Président (M. Laplante): Je vous en prie, je pense que
la motion a été traitée avec beaucoup de sérieux et
mon jugement a été confirmé par des spécialistes.
C'est que le but principal de la motion, c'est la raison pour laquelle je le
demandais au député de Marguerite-Bourgeoys à
l'Assemblée nationale est un report. Il s'agit en somme, de reporter la
loi à un an, sans l'étudier. Je lui ai également
demandé quel effet elle pourrait avoir aussi sur le reste du projet de
loi. Il n'y a pas d'effet non plus sur le reste du projet de loi. Le mot
"annuel", cela peut être aussi six mois... Au bout de six mois, on peut
donner la différence, cela n'a pas pour objet d'éteindre le
projet de loi. Si je comprends bien le député de
Marguerite-Bourgeoys, il s'agit d'avoir une période d'essai, en somme,
et le gouvernement révisera ses positions après six mois s'il
décide de continuer dans la direction que le député de
Marguerite-Bourgeoys propose. Donc, elle est recevable.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Et je vous remercie beaucoup
des détails sérieux que vous avez donnés des deux
côtés. Franchement, cela était...
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président.
Le député de Frontenac - et si je mentionne ses paroles,
ce n'est pas pour refaire...
Le Président (M. Laplante): Elle est reçue,
n'est-ce pas?
M. Lalonde: Oui, je parle sur ma motion d'amendement parce que je
pense que je dois l'expliquer. Je vais l'expliquer, parce que j'ai entendu des
propos de la part du député de Frontenac - je ne sais pas s'ils
ont été enregistrés parce qu'il parlait un peu en dehors
de son droit de parole - à savoir que c'est une motion d'amendement qui
n'a pas de bon sens, qui est dilatoire, qui est frivole; enfin, tous les
qualificatifs ont été adressés à cette pauvre
motion qui vient à peine de naître.
M. le Président, ce que cette motion...
M. Grégoire: Si le député de
Marguerite-Bourgeoys, me le permet, je dois lui dire que la motion est
peut-être folle, mais pas autant que celle de l'autre commission qui veut
que le rapporteur n'ait jamais pris de bière pour ne pas être
soumis à la taxe sur la bière. Cela est encore pire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, votre temps
court.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. J'aimerais aussi que
le député de Frontenac fasse de même mais... Je veux
expliquer cette motion. Voici la raison pour laquelle nous pensons qu'il est
désirable que la transformation d'Hydro-Québec, comme commission
qui appartient à tous les Québécois, qui n'appartient pas
au gouvernement, qui est soumise aux lois de l'Assemblée nationale, qui
est soumise à la surveillance du gouvernement mais qui n'appartient pas
au gouvernement, qui appartient aux Québécois... Cette
transformation est une décision extrêmement sérieuse et qui
inquiète beaucoup de Québécois. J'ai rencontré,
depuis quelques jours, des Québécois qui s'inquiètent de
ce que le gouvernement fait avec leur HydroQuébec. On se souvient de la
publicité d'Hydro-Québec il y a quelques années, à
savoir que tous les Québécois sont
"Hydro-Québécois", et combien vraie est cette publicité.
Combien fiers les Québécois sont devenus de cette entreprise qui
non seulement leur a permis d'avoir des services d'électricité
à bon marché, mais efficaces. Je ne veux pas revenir à la
période de l'électrification rurale d'un autre âge, qui a
fait son bout de chemin, mais qui quand même, en rétrospective,
était assez bien fondée, mais quand on a eu la Manic, on se
souvient de la fierté des Québécois. C'était sous
d'autres gouvernements, mais combien fiers nous étions de cette
construction, de ce développement que le Québec faisait. Cela a
pris une autre allure avec la Baie-James où nous avons ouvert de
nouvelles frontières. Cela fait beaucoup partie de notre patrimoine,
j'allais même dire de notre folklore, mais pas dans le sens
péjoratif. Nous vivons littéralement, au Québec, au rythme
d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec a donné leur chance à combien de
Québécois! Sans ouvrir de plaies, sans soulever de questions qui
pourraient être désagréables pour certains, combien de
Québécois francophones aussi ont trouvé leur chance?
Combien d'organisations, d'organismes professionnels de travailleurs ont
trouvé leur voie dans les initiatives faites par Hydro-Québec?
Cela s'est fait dans la formule qui existe actuellement, dans la forme
d'Hydro-Québec que nous connaissons comme organisme, et non comme
société ou compagnie à fonds social, mais comme organisme
qui appartient à tous les Québécois, sur lequel le
gouvernement n'a qu'un droit de regard très limité, il est vrai.
Souvent, les gouvernements qui se sont succédé ont
regretté, ont espéré; ce sont des questions que se sont
posées même d'autres gouvernements. Est-ce l'État dans
l'État? Est-ce que ce n'est pas trop gros pour nous?
Est-ce que réellement ils travaillent dans le sens de
l'intérêt de tous les Québécois? Un regard
très rapide suffit pour nous convaincre qu'Hydro-Québec, dans
l'ensemble, depuis 1964 surtout, a répondu aux attentes des
Québécois. On dit: Oui, mais écoutez, si on transforme
Hydro-Québec, par une loi, d'une commission hydroélectrique,
comme elle est actuellement, en compagnie à fonds social seulement pour
six mois, mais de quoi est-ce que cela va retourner? M. le Président, la
seule chose, c'est que, pendant six mois, ce sera le ministre des Finances ou
un autre ministre qui sera propriétaire des actions et, si les effets
que nous craignons de cette transformation se font valoir dans le plan de
développement d'Hydro-Québec, dans son financement, dans cette
période de six mois, à ce moment-là, automatiquement, nous
reviendrons à la formule actuelle.
Le résultat sera le suivant: C'est que les 50 000 000 d'actions
prévues par l'article 3.2 n'existeront plus; les réserves pour le
renouvellement du réseau, pour éventualités et
stabilisation de taux d'Hydro-Québec au montant de 4 374 109 000 $ qui
auront été imputées au paiement de 43 741 090 actions de
la société redeviendront des réserves, auront
été considérées rétroactivement comme ayant
toujours été des réserves; les actions n'existeront plus
et la société pourra continuer de la façon actuelle
à travailler pour le bénéfice de tous les
Québécois, non pas pour le bénéfice du ministre des
Finances. Ce que cette motion veut faire, c'est de permettre au gouvernement de
réfléchir pendant six mois, d'examiner les conséquences de
son geste et de s'imposer à lui-même le devoir de revenir devant
l'Assemblée nationale pour dire: Écoutez, pendant six mois, nous
avons vécu cette nouvelle expérience. Elle était bonne.
Voici les preuves et nous déposons un nouveau projet de loi pour que
cette expérience continue. Ou bien le gouvernement viendra devant
l'Assemblée nationale et dira: Réellement, cette
expérience a été désastreuse. Les prêteurs
sont inquiets. Le plan de développement d'Hydro-Québec est
handicapé par les obligations que crée cette loi. Nous avons
reculé de quelques années dans le développement que nous
avions en tête et nous laissons les choses comme elles étaient
auparavant. C'est ce que cet amendement permettra de faire au gouvernement et
à l'Assemblée nationale de conserver surtout, c'est-à-dire
la décision. Cet amendement a pour conséquence de garder devant
l'Assemblée nationale, six mois après l'entrée en vigueur
de l'article 3.1, la décision à savoir si cela a
été une bonne transformation, si cela a été une
décision judicieuse ou si cela a été une erreur.
Je pense que, lorsqu'on parle de la revalorisation du travail des
députés et de la fonction de législateur, on doit penser
à ce genre d'amendement, ce genre de loi qui force le gouvernement
à revenir devant l'Assemblée nationale pour faire son examen,
pour faire la preuve que sa décision a été bonne ou pour
admettre simplement que cela a été une erreur et laisser les
choses où elles étaient avant que le projet de loi que le
gouvernement a proposé ait été adopté. C'est
simplement ce que veut mon amendement et je pense que ceux qui conservent une
haute opinion du rôle du législateur devraient l'approuver. Merci,
M. le Président. (21 heures)
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais parler en faveur
de la motion qui vise à faire en sorte que la société qui
serait transformée en société à capital-actions le
soit pour une période de six mois. J'écoutais le
député de Frontenac dire que c'était une proposition qui
n'était pas réaliste à sa face même et j'ai
tenté, en écoutant mon collègue de Marguerite-Bourgeoys,
de voir quelles seraient les difficultés que cela créerait
à Hydro-Québec. J'ai consulté ici le rapport des
vérificateurs qui est normalement signé par M. Marcel Caron et
Associés et Samson, Bélair et je vois, d'une part, l'état
consolidé des résultats qui donne les ventes
d'électricité, autres revenus, les dépenses
d'exploitation, achat d'énergie, provision pour renouvellement,
impôt provincial, taxes scolaires donnant un revenu net d'exploitation.
Autant que je puisse en juger, cette page-là n'aurait à subir
aucun changement à cause de la transformation et, donc, dans six mois,
s'il fallait que le gouvernement ne donne pas suite à une
décision formelle de continuer de nouveau par l'entremise du Parlement,
à ce moment-là, il n'y aurait aucun changement dans les
états financiers.
En ce qui concerne le bilan consolidé, l'actif et le passif,
à l'actif, on retrouve des immobilisations: propriétés et
outillage en exploitation, réserve pour renouvellement, construction en
cours, équipement de construction, d'exploitation et de recherche au
coût, moins amortissement, actif à court terme et autres actifs.
Alors, tous les actifs seraient les mêmes que ce soit dans une
société à capital-actions ou dans une
société telle qu'elle est maintenant.
En ce qui concerne le passif, encore là, la dette à long
terme serait la même -comme on le sait, la dette à long terme est
de l'ordre de 12 000 000 000 $ - les billets à payer seraient les
mêmes, le passif à court terme serait le même. La seule
différence vient des réserves qui, à la suite de
l'adoption de la loi, seraient transformées en capital-actions.
S'il fallait que, six mois après, cet article ne soit plus en vigueur et
ne soit pas perpétué par une action du Parlement, à ce
moment-là, autant que je puisse en juger, c'est uniquement une faible
partie du passif, dans son écriture, qui serait modifiée. Mais
tout le reste de la comptabilité serait exactement le même et
ça n'affecterait en aucune façon la tenue des livres telle
qu'elle est faite présentement par Hydro-Québec. D'ailleurs,
c'est tellement vrai que, lorsque l'on regarde les autres tableaux,
l'état consolidé de l'évolution de la situation
financière, provenance des ressources financières, utilisation
des ressources financières, ainsi que les notes qui sont aux
états financiers celles-ci ne seraient modifiées d'aucune
façon par l'amendement qui est proposé et, s'il se devait que le
Parlement ne donne pas suite à cet article dans les six mois suivant son
adoption, il s'avérerait que les notes existant aux états
financiers seraient exactement les mêmes.
L'autre question que je me suis posée concerne l'organisation.
Est-ce que l'organisation d'Hydro-Québec serait modifiée par
l'adoption de la loi ou est-ce qu'il faudrait faire des changements structurels
soit au conseil d'administration, soit aux postes exécutifs ou aux
différents postes de vice-présidents qui dirigent
Hydro-Québec? Je ne crois pas que le projet changerait quoi que ce soit
en ce qui concerne l'organisation. Nous continuerions, bien sûr, à
avoir un organisme qui est dirigé par un conseil d'administration,
présidé par un président du conseil et au sein duquel se
retrouve un président directeur général qui, lui, dirige
toutes les opérations de la société et à qui se
rapportent différents vice-présidents responsables des
différents secteurs de la société.
Encore là, je ne vois pas, M. le Président, quels
changements fondamentaux ou quels problèmes seraient créés
par le fait qu'après une période de six mois nous devions revenir
à la situation qui existe maintenant. L'organisation continuera à
travailler et je crois bien que les officiers, les dirigeants de la compagnie
ne verraient aucun changement dans leurs attributions et n'auraient pas
à changer la procédure de fonctionnement des différents
conseils qui existent, soit le conseil d'administration ou le conseil des
opérations qui se rapporte au président-directeur
général et qui est une espèce de comité
exécutif. Tous ces conseils ou ces comités continueraient
à exister de la même façon qu'ils existent maintenant et on
ne peut pas croire que le fait que l'article 3.1 soit modifié tel que le
suggère mon collègue de Marguerite-Bourgeoys puisse créer
quelque problème que ce soit. C'est tellement vrai que le nouveau PDG
d'Hydro-Québec pourrait demain, si la loi était adoptée,
faire des changements structurels à l'organisation. Si, pour des raisons
XYZ, le gouvernement ne donnait pas suite dans six mois au renouvellement de
cette modification, ces changements structurels qui auraient été
faits par le nouveau président-directeur général
pourraient continuer à exister de la même façon.
En ce qui concerne le plan d'équipement, c'est-à-dire en
ce qui concerne les choix qui constituent le programme d'équipement sur
une base décennale, c'est-à-dire les différentes
rivières qu'il faut aménager, de différentes parties de la
Baie-James qu'il faudrait aménager, les différentes centrales de
pointe qu'il faut construire pour parvenir à fournir
l'électricité dont nous avons besoin à différents
moments de la journée ou à différents moments du mois, ces
programmes encore une fois, ne seraient pas touchés. Nous savons
d'ailleurs que la pointe à HydroQuébec ne se retrouve pas
nécessairement à des périodes de jour ou de nuit, mais
à des périodes assez continues, du fait que
l'électricité est utilisée pour le chauffage de plus en
plus. La pointe représente de fait un bloc de quelques semaines et le
changement qui est proposé par l'amendement de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys ne changerait rien à l'utilisation de
l'électricité qu'en font les consommateurs.
En conséquence, je ne vois pas quelles modifications
substantielles seraient faites au plan d'équipement
d'Hydro-Québec. C'est donc dire qu'en ce qui a trait au bilan financier
ou à la tenue des livres il n'y aura aucun changement substantiel et ne
créerait aucun problème à ceux qui ont la
responsabilité de tenir les livres, de tenir à jour les
coûts de construction ou de différentes opérations
d'Hydro-Québec.
Pour ma part, si le changement proposé par mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys avait pu créer des difficultés
insurmontables, je crois qu'en toute justice nous aurions dû le rejeter
à sa face même. Mais, comme je l'ai expliqué, je ne crois
pas que cela crée des difficultés indues, cela n'en crée
pas si ce n'est en ce qui concerne la transformation des réserves en
capital-actions et, dans six mois, la transformation du capital-actions en
réserve, ce qui n'est qu'une écriture dans les livres.
J'ai donc expliqué qu'en ce qui concerne l'organisation, il n'y
aura aucun changement. En ce qui concerne le plan d'équipement, il est
vrai que le choix des différentes méthodes de
générer l'électricité ne serait pas modifié,
mais, comme on peut le voir par de récentes décisions
d'Hydro-Québec allant dans le sens de limiter les investissements, d'une
part, je dois l'avouer avec le ministre, ils sont dus à la conjoncture
financière internationale des hauts taux d'intérêt, mais,
d'autre part,
probablement que, durant cette période de six mois, il pourrait y
avoir une fin d'année, qu'il y aurait une déclaration de
dividendes, on pourrait se retrouver au bout d'une période de six mois
dans une situation meilleure et, de fait, à ce moment-là, les
investisseurs pourraient regarder favorablement un changement qu'ils n'avaient
pas souhaité eux-mêmes et qui serait bienvenu, et ce serait
peut-être une bonne chose à ce moment-là pour redorer le
blason d'Hydro-Québec.
Pour toutes ces raisons, j'ai peine à voir les difficultés
insurmontables qui seraient créées à Hydro-Québec
par le changement qui est proposé; le changement le plus substantiel,
à mon avis, et en cela je rejoins mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, serait la perception de la société vue par
les prêteurs qui, eux, vont certainement déterminer dans un
premier temps que les changements d'actionnaires, c'est-à-dire les
changements de la société en capital-actions qui seraient que,
dorénavant, les vrais actionnaires ne seraient plus des
Hydro-Québécois, mais plutôt le ministre des Finances, la
perception, dis-je, des prêteurs, dans une proportion qui est difficile
à déterminer, serait certainement négative, dans un
premier temps. Dans un deuxième temps, au bout d'une période de
six mois, cette perception serait certainement positive puisqu'ils verraient
que nous revenons, à ce moment, à la situation qui a
existé depuis très longtemps, qui est qu'Hydro-Québec
puisse garder les profits ou les surplus qu'elle peut accumuler au cours des
ans sans devoir en remettre une partie soit au gouvernement à titre de
dividendes ou soit au gouvernement à titre de taxes sur le capital.
Alors, j'ai tenté de démontrer que les grandes
difficultés que percevait le député de Frontenac ne
semblent pas exister dans la réalité et que, de fait, la seule
difficulté en est une de perception par les prêteurs qui, à
mon avis, auront une perception favorable lorsque la période de six mois
sera terminée puisque cette modification qui surviendrait dans six mois,
au lieu qu'elle soit continuée... Je crois qu'à ce moment, le
gouvernement comprendrait et que, vu la très bonne perception des
prêteurs, le gouvernement s'entendrait avec eux pour rétablir la
situation qui existait à l'origine et que ce serait finalement dans le
meilleur intérêt d'Hydro-Québec et de la réalisation
de tous ses projets. Là-dessus, M. le Président, je vais terminer
mes propos et laisser la parole à un de mes collègues.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais, non pas faire un
long commentaire sur l'exposé fort laborieux que je viens d'entendre,
mais simplement rectifier une affirmation que le député
d'Outremont m'attribue. Le plan d'équipement d'Hydro-Québec et
son déroulement sont en fonction de l'évolution de la demande
d'hydroélectricité, essentiellement. Il est bien entendu que, si
la croissance de la demande était telle qu'il nous fallait
accélérer le programme d'équipement, c'est en second lieu
que la disponibilité des capitaux sur les marchés financiers
serait tenue en compte; c'est très loin des propos qu'il a tenus.
Je voudrais peut-être apporter à la réflexion du
député de Marguerite-Bourgeoys, qui est l'auteur de cette
onzième ou douzième motion dilatoire, l'article 14 de la Loi
actuelle sur l'Hydro-Québec, qui se lit comme suit: La
société a le pouvoir de posséder... Et non pas la
commission, parce que cela a été amendé depuis belle
lurette; vous avez employé à tort, je pense, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, l'expression la "commission
hydroélectrique", cela n'existe plus depuis fort longtemps...
M. Lalonde: C'est une commission dans le sens...
M. Duhaime: La société a le pouvoir de
posséder des biens, meubles et immeubles, ce pouvoir n'est pas
limité. Les biens possédés par la société
sont la propriété de la couronne depuis le 15 avril 1944, mais
l'exécution des obligations de la société peut être
poursuivie sur ces biens. Alors, dans notre système de droit et dans nos
sphères de juridiction, ils sont la propriété de la
couronne et c'est marqué avec un "c" minuscule dans le texte de loi qui
régit actuellement Hydro-Québec, à l'article 14 de la loi
41. Je pense pouvoir dire que les réserves actuelles qui sont la
propriété de la couronne par le biais du ministre des Finances,
c'est exactement la même chose que de dire que les réserves de 4
300 000 000 $, qui sont visées par le sous-paragraphe 3.1 de l'article 1
du projet de loi no 16, pourraient être transformées en
capital-actions qui seront détenues par le ministre des Finances; ce
sont exactement les mêmes fins que de dire que les biens
possédés par Hydro-Québec sont la propriété
de la couronne.
Alors, j'aimerais entendre le commentaire du député de
Marguerite-Bourgeoys là-dessus ou encore celui de son collègue
d'Outremont, parce qu'on s'entend pour dire que, de son côté, tous
les autres aspects - si j'ai bien saisi son intervention -ne changent rien aux
états financiers d'Hydro-Québec. Il reste à savoir si la
transformation des réserves en capital-actions change quelque chose.
À mon sens, ça ne change rien, sauf que ça va permettre
à Hydro-Québec de devenir une corporation
normale, ce qui va lui permettre ensuite de déclarer des
dividendes, mais ça, c'est une autre question qui n'a rien à voir
avec le sous-paragraphe 3.1 de l'article 1 du projet de loi. (21 h 15)
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé, M.
le ministre?
M. Duhaime: Cela fait longtemps.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Tout d'abord, à l'égard de la motion
d'amendement qui a été qualifiée de frivole par le
député de Frontenac, et le terme était faible probablement
dans son esprit...
Une voix: Qu'est-ce qu'il a dit?
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président, auprès du
député de Vaudreuil-Soulanges, mon collègue de Frontenac a
dit que l'amendement était fou raide. Ce n'est pas la même chose
que frivole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'avais mal compris, ça commençait par "f", comme
Frontenac.
M. Grégoire: C'est fou raide.
M. Lalonde: Quelle est la différence entre fou raide et
fou pas raide.
M. Grégoire: C'est encore plus fou quand c'est fou
raide.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans le contexte, de la part du
député de Frontenac, je présume, c'était un
jugement sur le sérieux de nos interventions. Ce que j'aimerais
souligner à ce moment-ci, M. le Président, c'est, que ce soit
qualifié de "filibuster" ou non par les membres de la majorité
ministérielle, que ça ne m'impressionne guère, dans la
mesure où ce qui se passe ici en commission, c'est simplement une
expression de ce que le règlement, de ce que le système
parlementaire permet à l'Opposition de faire. L'Opposition, d'une
façon bien réaliste, ne peut pas compter renverser le
gouvernement si on compte simplement le nombre de gens qui sont pour ou contre
diverses motions qui arrivent devant la Chambre ou devant les commissions. Ce
que, reconnaissant cet état de fait, le règlement, lui,
reconnaît, c'est que l'Opposition a le droit de se servir des
dispositions du règlement et de toutes les conventions qui
régissent le régime parlementaire dans lequel nous vivons afin de
nous permettre de faire valoir, de la façon la plus complète
possible, les arguments que peuvent nous inspirer les circonstances lorsqu'un
projet de loi est présenté. Nous avons le devoir, nous, de faire
valoir notre point de vue, nos critiques, qu'elles soient constructives ou
simplement négatives.
Ceci dit, M. le Président, je pense que cette
responsabilité ne peut s'exercer que d'une seule façon, à
la lumière d'une seule chose, c'est-à-dire l'expérience
que chacun d'entre nous peut apporter par sa formation, ses occupations
antérieures, les objectifs qu'il poursuit et les raisons qui peuvent
l'avoir amené à se présenter pour se faire élire
à l'Assemblée nationale. C'est dans cet esprit, m'appuyant sur
les choses que je connais, mon expérience à moi, que j'aimerais
faire valoir que l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys
n'a que pour effet de permettre au gouvernement de se livrer à une
période d'essai; une période d'essai qui est absolument
essentielle, parce qu'on a affaire à ce moment-ci à un changement
fondamental, on l'a assez dit, autant lors de la présentation devant
l'Assemblée de ce projet de loi qu'à l'occasion, d'ailleurs, du
discours sur le budget, de la réplique au discours sur le budget du
ministre des Finances qui avait annoncé cette mesure en mars avant les
élections.
À ce moment-ci, je pense qu'il serait donc opportun de souligner
pourquoi, à mon sens, ça doit être à titre d'abord
expérimental pour une période d'années, et je vais
émettre quelques réserves quant à l'amendement, à
la substance ou aux détails de l'amendement de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys. Il serait temps d'examiner comment, à mon sens, la
transformation d'Hydro-Québec envisagée par le projet no 16 cause
un changement tel qu'il faut absolument cette période d'essai. D'abord,
la loi no 16 tend à établir dans les faits, dans la loi, une
distinction qui n'existe pas aujourd'hui dans la façon dont
HydroQuébec est gérée. C'est-à-dire qu'il y a,
aujourd'hui, en l'absence du fait qu'Hydro-Québec soit une compagnie
à fonds social, une espèce de correspondance ou de
cohérence entre les objectifs des gestionnaires à qui le
gouvernement a demandé d'administrer Hydro-Québec et les
actionnaires qui sont aujourd'hui tous les Québécois, à
cause de la nature même de la structure d'Hydro-Québec,
cohérence qui permet à ces gestionnaires d'agir de façon
plus efficace qu'autrement ils ne pourront pas faire, selon nous, certainement
selon moi, après l'adoption, si jamais on en arrive là, du projet
de loi no 16 tel qu'on le connaît aujourd'hui.
J'aimerais simplement, afin d'appuyer cet énoncé,
évoquer quelques expériences ou précédents dont
j'ai eu une connaissance
personnelle au cours des dix dernières années. Je ne pense
pas que ce soit nécessairement l'endroit pour citer des noms de
sociétés qui ont pu être impliquées dans des
restructurations, dans des fusions, dans des transformations du profil des
actionnaires, mais je pense que je pourrais isoler trois ou quatre exemples, au
moins trois, de la substance même des changements qui ne pourront pas ne
pas se produire si Hydro-Québec est transformée en compagnie
à fonds social.
D'abord, j'avais eu l'occasion de toucher à certains dossiers qui
remontaient au début des années soixante,
précisément à l'occasion de la nationalisation des
compagnies productrices d'hydroélectricité. Vous n'êtes pas
sans savoir que certaines des sociétés productrices
d'électricité avaient à l'époque des filiales qui
étaient impliquées dans des activités connexes à la
production de l'électricité, à la vente de
l'électricité aux consommateurs québécois, à
titre d'exemple, des ingénieurs-conseils. Certaines compagnies
privées étaient les compagnies mères, finalement, de
sociétés d'ingénierie.
Avec les années, dans au moins un cas, la compagnie mère
qui était expropriée des installations de production
d'hydroélectricité, à la suite de la nationalisation, a
décidé, car elle se diversifiait, de céder la
propriété d'une des sociétés de génie qui
était une ancienne filiale d'une compagnie productrice
d'électricité. La décision fut prise de vendre le
capital-actions de cette société d'ingénierie à
tous les employés. De société relativement stable,
relativement ordinaire qu'elle était, cette société
d'ingénierie est devenue une des sociétés les plus
actives, les plus productives et les plus dynamiques que nous ayons connues
ici, au Québec et au Canada, une compagnie qui a réussi à
mettre en branle de grands projets.
Ce dynamisme, à mon sens, s'explique pour une raison fort simple,
c'est qu'il y a eu confusion, au sens juridique, entre les gestionnaires et les
actionnaires. Les gens qui travaillaient dans cette société
avaient nettement l'impression que, précisément, c'était
leur affaire. Ils ne se rapportaient plus qu'à eux-mêmes et
n'avaient d'autre objectif que de faire un succès de cette entreprise.
C'est le premier exemple.
Le deuxième exemple que j'évoquerais en est un encore
récent où, un peu dans les mêmes circonstances, une
société de transport a été cédée
à certains des employés et cadres qui y travaillaient. J'ai eu
l'occasion récemment, tout à fait par hasard, de rencontrer
certains des nouveaux propriétaires qui étaient les anciens
cadres, les anciens employés de cette entreprise et j'ai
été à même de remarquer - ce sont des choses qu'on
perçoit spontanément - la vigueur, je dirais nouvelle, le
dynamisme qui animait ces gens. Encore une fois - c'est le seul autre exemple -
on avait réussi à effectuer une confusion, toujours au sens
juridique, c'est-à-dire une rencontre à l'intérieur des
mêmes personnes de la qualité de propriétaire-actionnaire
et de gestionnaire de l'entreprise.
Cela a eu le même effet que j'évoquais tout à
l'heure dans un premier exemple, c'est-à-dire qu'après beaucoup
d'années où un actionnaire unique jetait toujours une ombre, si
on veut, sur l'autonomie des activités de cette entreprise, cette ombre
était aujourd'hui disparue. Cette ombre était disparue avec le
résultat extrêmement positif que, lorsqu'on confie à des
gens la tâche de gérer une entreprise ou d'administrer quoi que ce
soit, avec ou sans but lucratif même, on assiste à une
transformation du désir de ces gens-là de travailler pour
eux-mêmes et non pour les autres, avec les résultats dans la
productivité et dans la qualité des services qui sont rendus aux
clients, qui, eux, ne disparaissent pas et deviennent habitués à
ce moment-là à une qualité de services qu'ils ne
connaissaient peut-être pas autrefois.
Troisième exemple, simplement dans la cession, dont j'ai
été témoin, d'une société dont l'actionnaire
principal, l'actionnaire qui contrôlait cette société,
était lointain du siège de toutes les opérations de la
compagnie qui me vient à l'esprit. Une transaction, il y a quelques
années, par laquelle cet actionnaire cédait tous ses droits,
toutes ses actions dans une autre société de services, a
rapproché considérablement - et c'est mesurable en pied ou en
mètre - du centre de décision de cette société de
services l'actionnaire. J'ai eu le plaisir ou l'occasion de connaître la
nature des opérations de cette société, les gens qui la
dirigeaient, les gens qui y travaillaient en général. Le
résultat fut qu'on a pu assister - et c'est tout à fait normal
-à un changement d'attitude, à un changement dans le dynamisme,
si on veut, de gens qui, relativement indépendants et autonomes qu'ils
étaient, libres d'entreprendre presque à leur compte, même
s'ils n'en étaient pas propriétaires, certaines activités,
devenaient, du jour au lendemain, des gens qui, cette fois, étaient,
eux, à l'ombre d'un actionnaire beaucoup plus présent, dont les
objectifs n'étaient pas nécessairement les mêmes que ceux
auxquels ces gestionnaires avaient été habitués.
J'ajouterais à ces trois exemples un exemple de nature plus
générale qui touche la réorganisation même de
certaines entreprises. J'ai également assisté à des
réorganisations structurelles à l'intérieur de certaines
entreprises, à la modification des lignes d'autorité qui
pouvaient lier des gens à leur patron, avec des résultats, de
façon générale, que j'ai décrits dans les trois
exemples que j'ai donnés. Cela est inévitable. Regardons tout
d'abord au niveau - et c'est
là que la pertinence de l'amendement de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys se retrouve - organisationnel. Il n'y a aucun doute dans
mon esprit que la qualité du fonctionnement organisationnel d'une
entreprise est déterminée par les rapports qui peuvent lier le
gestionnaire à l'actionnaire ou peut surtout dépendre du rapport
que le gestionnaire perçoit maintenant comme étant un rapport
nouveau qui encadre son action d'une façon autre que ce à quoi il
était habitué. Ces changements organisationnels se retrouvent en
général à trois niveaux. D'abord, au niveau de la
motivation pure et simple des gens de travailler dans un cadre qu'ils
connaissent, avec des objectifs qu'ils ont établis eux-mêmes. On
ne peut pas s'empêcher, en l'occurrence dans le projet de loi no 16, de
constater que de jeter l'ombre du nouvel actionnaire unique sur les
gestionnaires d'Hydro-Québec n'aura comme effet prévisible que de
démotiver ceux qui, jusqu'à aujourd'hui encore, ont su mener
à bien les projets dont tous les Québécois peuvent
être fiers. (21 h 30)
Cette qualité de la motivation des gens d'Hydro-Québec
tient strictement à une chose, ce sentiment d'appartenance à
cette institution foncièrement québécoise qu'est
Hydro-Québec. Sans le maintien de ce sentiment d'appartenance qui n'est
véritablement possible qu'en maintenant la structure qu'on
connaît, en l'améliorant certes lorsque le besoin s'en fait
sentir, en maintenant le rapport qui peut unir les gens d'Hydro-Québec
au gouvernement... Ce sentiment d'appartenance est à la base même
de la qualité de la motivation.
J'ai évoqué, M. le Président, lors de mon
intervention, je reviendrai sur certains autres aspects si l'occasion nous en
est fournie par des amendements ou des sous-amendements de ce changement, qu'il
était tellement important de mesurer les effets qui à mon sens
sont énormes dans ce changement dans la qualité du fonctionnement
d'Hydro-Québec pour donner suite aux réserves que
j'émettais quant à l'amendement de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, j'aimerais à ce moment-ci proposer un
sous-amendement à l'amendement que mon collègue a soumis par
écrit il y a quelques minutes à peine.
Ce sous-amendement se lirait comme suit. Afin de refléter que
cette oeuvre majeure de transformation et si on veut l'entreprendre d'une
façon sérieuse afin que le gouvernement puisse vraiment
évaluer sans pour autant qu'il y ait de problèmes
irréversibles une fois que l'évaluation...
Le Président (M. Laplante): Vous avez annoncé votre
sous-amendement, M. le député. Il faudrait le donner parce que
votre temps est terminé.
Motion de sous-amendement
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je propose un sous-amendement
à la motion d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys
qui se lirait comme suit: Que le mot "six" soit remplacé par le mot
"dix-huit".
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Duhaime: ... on voudrait l'entendre.
M. Lalonde: M. le Président, sur la recevabilité.
Naturellement, malgré le désarroi dans lequel me jette le
député de Vaudreuil-Soulanges, je dois reconnaître en toute
humilité que cela est fait naturellement par le fait que je sois celui
qui ai proposé l'amendement que le sous-amendement est conforme au
règlement que l'on retrouve aux articles 69 et suivants. Je vais les
lire: "Sauf les exceptions prévues au règlement, un
député, s'il a le droit de parler sur une motion, peut y proposer
un amendement par une motion non annoncée et, tant que
l'Assemblée ne s'est pas prononcée définitivement, le
droit d'amendement existe." Ensuite, l'article 70: "Un amendement doit se
rapporter directement au sujet de la motion proposée -je pense que
l'amendement du député de Vaudreuil-Soulanges se rapporte
directement à la motion d'amendement que j'avais faite -et ne peut avoir
que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par
d'autres..." La motion de sous-amendement du député de
Vaudreuil-Soulanges veut remplacer le mot "six" par le mot "dix-huit"; donc,
jusque-là, il se conforme au règlement. L'article 70 continue
ainsi:... "Il est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé et il en est de
même d'un sous-amendement par rapport à un amendement".
Il s'agit actuellement d'un sous-amendement par rapport à
l'amendement. La question est la suivante: Est-ce qu'il écarte la
question principale? La question principale était de limiter
l'existence, la transformation recherchée par le paragraphe 3.1 à
une période de temps. J'avais proposé six mois, M. le
Président, mais le sous-amendement change la période et
n'écarte pas la question principale qui est de reporter à plus
tard. Il faut qu'un amendement change quelque chose, autrement il est
irrecevable. La seule chose que cela change, c'est la période
elle-même qui n'est pas la question principale, la question principale
étant de limiter dans le temps l'effet de la transformation au
paragraphe 3.1. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: On n'a plus rien à dire, M. le
Président. On s'en remet à la clémence de la cour.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Je veux vous soumettre que ce sous-amendement est
irrecevable parce qu'il y a un bout de phrase à l'article 70 qui dit:
"II est irrecevable si son effet est d'écarter la question principale
sur laquelle il a été proposé et il en est de même
d'un sous-amendement par rapport à un amendement." Il est évident
que, si on adoptait ce sous-amendement, il écarterait l'amendement qui
dit que c'est pour une période de six mois. D'ailleurs, vous avez rendu
une décision dans ce sens sur un sous-amendement que j'ai moi-même
fait à une motion qui avait été présentée
par l'Opposition un peu plus tôt dans nos délibérations.
Vous vous rappellerez que l'Opposition avait proposé qu'on remplace les
mots entre parenthèses dans l'article 3.1 par "le 1er janvier 1985" et
que j'avais soumis en sous-amendement qu'on indique plutôt le 31
décembre 1981. Après avoir pesé le pour et le contre, vous
aviez tranché en disant que ce sous-amendement était irrecevable.
Pour les mêmes raisons, je vous soumets que ce sous-amendement qui nous
est présenté par le député de Vaudreuil-Soulanges
est également irrecevable.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. J'avais
donné aussi une raison à ce moment-là lorsque je l'avais
jugé irrecevable. J'avais tenu compte du discours du proposeur de la
première motion à ce moment-là et ce coup-ci je tiens
compte aussi du discours du proposeur de la motion de six mois, qui
n'était pas réfractaire à aller même un peu plus
loin. À ce stade des travaux, je vais la juger recevable,
celle-là.
Avant d'aller discuter sur la motion, j'aimerais, par exemple, en
profiter tandis que j'ai la parole pour dire que, depuis que le
député de Marguerite-Bourgeoys a proposé une motion pour
retarder l'article 1 au complet, j'ai entendu certains commentaires qui
démontrent que ma décision n'a pas été bien
comprise ou que je me suis mal expliqué. C'est pourquoi je voudrais
m'expliquer à nouveau à ce sujet pour qu'elle soit bien comprise
afin qu'elle fasse non pas jurisprudence, mais qu'elle puisse aussi être
analysée dans les précédents que cela pourrait causer.
Il est sûr, et c'est une pratique courante, qu'on peut
différer l'examen d'un article. Cependant, la jurisprudence veut qu'on
ne puisse différer l'étude d'un article essentiel sur lequel sont
greffés ou auquel sont subordonnés tous les autres articles.
C'est là-dessus que j'ai manqué de clarté à
l'article 1. L'ancien règlement spécifie aussi - par les
recherches que j'ai fait faire pour essayer de motiver encore mieux ma
décision pour qu'elle soit bien comprise - à la note 15 sous
l'article 566, qu'il est "irrégulier de proposer de différer
l'examen d'un article quand les autres articles ne contiennent que des
dispositions accessoires". En fait, lorsque j'ai eu à me demander si
l'étude de l'article 1 pouvait être différée, j'ai
eu également à me demander si la commission n'aurait pas
examiné inutilement tous les autres articles si, à la fin du fil,
on revenait à l'étude différée de l'article 1 et
qu'il était rejeté. Quels effets cela pourrait-il avoir à
ce moment-là? Dès le moment où, selon la doctrine et la
jurisprudence, j'ai perçu que, de l'adoption ou du rejet de l'article 1,
dépendait le sort qu'on donnerait à tous les autres articles, je
ne pouvais différer l'étude de cet article essentiel qui, de
l'avis de tous, contient un des principes essentiels du projet de loi no
16.
Sur le sous-amendement...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à votre secrétariat de nous remettre une copie
écrite de l'excellent jugement que vous venez de rendre? Cela pourrait
nous éclairer pour les travaux qu'il reste à faire durant notre
commission.
Le Président (M. Laplante): J'en prends bonne note.
À la prochaine séance, je vous en donnerai une copie.
M. Duhaime: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Signée à part
cela.
Maintenant, est-ce que le sous-amendement sera adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'aimerais, à titre de proposeur, je présume, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Vous avez droit à 20
minutes, monsieur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'aurais particulièrement...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, oui.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): En deuxième lieu, M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît.
M. Grégoire: Je vais laisser aller le député
de Vaudreuil-Soulanges.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président...
M. Grégoire: Je vais toutefois vous faire remarquer que je
suis content qu'il soit en train d'établir un record, deux discours de
suite de 20 minutes. Je sais que le député de Vaudreuil-Soulanges
est capable d'une telle performance, connaissant ses talents et ses
capacités. Le seul problème que j'ai, c'est de voir que la
chicane est poignée dans l'Opposition, il y en a un qui dit 6 mois,
l'autre dit 18 mois. J'espère qu'il n'y en aura pas un qui va arriver
avec 12 mois, 15 mois.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas impossible. Je
pourrais me raviser dans le courant de mon intervention.
M. Grégoire: La chicane est poignée dans
l'Opposition.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va avoir un
référendum de tous nos membres, tous nos militants pour
régler ce problème-là.
M. Lalonde: On est déchiré!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je vous
remercie infiniment de la décision éclairée que vous venez
de rendre. Cela me permet, par ailleurs, de compléter mes propos et
c'est à l'occasion de mon intervention sur la motion d'amendement qu'il
m'est venu à l'esprit, alors que j'évoquais les
difficultés qu'une transformation peut causer, les changements
substantiels qu'elle peut causer, il m'est venu à l'esprit, dis-je, de
suggérer que la période de 6 mois que mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys avait proposée n'était sans doute pas
suffisante, afin de permettre - et c'est là notre objectif - au
gouvernement d'atteindre une décision éclairée, bien
motivée, à la lumière de l'expérience, dans ce
dossier extrêmement complexe que constituerait la transformation
d'Hydro-Québec en société, comme le prétend le
ministre, en commission, comme nous le disons, mais nous parlons de la
même chose, en compagnie à fonds social.
C'est à ce moment que m'est venue l'idée, si vous voulez,
d'étendre à 18 mois la période d'étude finalement
que nous requérons du gouvernement, s'il s'entête à vouloir
adopter ce projet de loi. C'est alors que j'abordais justement cet aspect et
que j'ai été rappelé à l'ordre par le
chronométreur officiel que j'allais évoquer les aspects
financiers qui sont absolument au centre, au coeur de tout ce débat.
C'est alors que j'allais évoquer ces effets et que certains des
arguments me venaient à l'esprit que j'ai pu constater qu'une
période de six mois ne serait pas suffisante, loin de là, pour
examiner de la façon la plus appropriée possible quels seraient
les effets de cette transformation. Ce que nous avons de si exceptionnel,
malgré les affirmations superficielles mais
répétées de certains intervenants du côté
ministériel, c'est que nous n'aurions pas véritablement fait
d'Hydro-Québec une société comme les autres, une compagnie
comme les autres.
Nous pourrions prendre à partie le ministre des Finances pour
avoir fait une déclaration il y a trois ou quatre semaines, affirmant
que le seul objet de cette loi no 16 est de faire d'Hydro-Québec une
compagnie comme les autres. Donc, il n'y a rien là, d'après lui.
Précisément, M. le ministre des Finances a déclaré
que faire d'Hydro-Québec une compagnie comme les autres était un
objectif souhaitable. Je ne pense pas que cela soit souhaitable. Nous l'avons
expliqué largement, je n'entends par revenir là-dessus,
étant donné que je déteste les redites. Mais, chose
certaine, si on admet que la loi no 16 ferait d'Hydro-Québec une
compagnie comme les autres, au moins faudrait-il que, dans son fonctionnement
financier, elle se conforme à la définition de ce qu'est une
compagnie à fonds social, comme les autres. (21 h 45)
Or, une des caractéristiques essentielles d'une compagnie
à fonds social, c'est que les actionnaires reçoivent
éventuellement, lorsque les profits le permettent, des dividendes qui
sont déclarés par les administrateurs nommés par les
actionnaires, évidemment. Il ne faut pas se méprendre, il n'y a
aucune espèce de confusion possible entre les administrateurs,
c'est-à-dire les membres du conseil d'administration, et les
actionnaires. C'est, dans certains cas, une coïncidence; c'est, dans
d'autres cas, une réalité, compte tenu de la position majoritaire
que peut occuper un actionnaire et donc il se nomme lui-même au conseil
d'administration, mais il n'en reste pas moins que, de façon
générale, la qualité de membre du conseil d'administration
n'a rien à faire avec la qualité d'actionnaire.
Traditionnellement, dans la plupart des lois qui régissent les
compagnies à fonds social, il fallait effectivement, pour être
administrateur, avoir qualité d'actionnaire. Ces dispositions,
certainement dans la loi canadienne, dans la loi de la plupart des provinces et
dans la partie 1-A de la Loi sur les compagnies du Québec, ont
été éliminées, étant donné
qu'à ce moment, on peut atteindre une certaine occasion de confier
à des administrateurs qui deviennent plus professionnels la surveillance
des actes des
membres de la direction, des dirigeants de l'entreprise. C'est à
eux, ces membres du conseil d'administration, que revient le devoir, en vertu
de la loi, quand on a affaire à une compagnie à fonds social
ordinaire, de déclarer les dividendes.
Or - et c'est là que la loi 16 complique un peu tout cela, et
c'est pour cela qu'il faut un peu de temps pour voir comment, à l'usage,
cette complication pourrait donner lieu à des circonstances qu'il y
aurait lieu de réévaluer - la loi 16 prévoit que c'est le
gouvernement et non pas les administrateurs, le conseil d'administration, qui
fixerait une fois l'an les dividendes ou le montant des dividendes. C'est
absolument exceptionnel. C'est là qu'on voit qu'il s'agit ici d'une
mesure qui va au coeur même des contrôles financiers
qu'Hydro-Québec, par ses gestionnaires, exerçait sur
elle-même. Cette notion de contrôle financier a été
remise ou sera remise en vertu du nouvel article 15.1 de la Loi sur
l'Hydro-Québec, tel qu'en font foi les dispositions de l'article 3 de la
loi 16. Ce contrôle financier sera remis en définitive au ministre
des Finances par qui le gouvernement agira dans ses attributions qui sont
définies au nouvel article 15.1 de la Loi sur l'Hydro-Québec.
C'est dans ce sens que l'exercice même des attributions du
ministre des Finances pourra causer à l'usage des conséquences et
qu'une simple période de six mois, pendant laquelle la
société Hydro-Québec pourra être transformée
en compagnie à fonds social, ne serait peut-être pas suffisante,
non seulement à l'égard de la politique des dividendes, à
la politique de fixation de dividendes que le ministre des Finances pourra
faire valoir, mais, pour demeurer toujours dans le domaine des nouvelles
contraintes financières qui s'exerceraient, il faut également
regarder comment le cycle budgétaire d'Hydro-Québec,
c'est-à-dire plutôt les fonctions, les décisions qui se
succèdent à l'occasion de la fixation du budget
d'Hydro-Québec d'une année à l'autre seraient, elles,
affectées par la loi 16. Encore une fois, une période de six
mois, à mon sens, ne permet pas de pouvoir juger, de façon
éclairée et complète, les effets de la présence
grandissante, et j'irais même jusqu'à dire de l'ingérence
du gouvernement du Québec dans les activités
d'Hydro-Québec. En effet, à tout le moins pour mesurer sur les
activités d'Hydro-Québec ce que seraient les effets de cette
ingérence, une période de six mois n'est pas suffisante,
étant donné que pour mesurer de façon comparable, d'une
période à l'autre, quels seraient les effets de la loi 16
à cet égard, il faut quand même avoir des périodes
comparables à comparer, . si je peux me permettre cette tautologie. Les
périodes les plus représentatives ne peuvent être que les
périodes annuelles. Il est évident que l'utilisation de
l'énergie hydroélectrique varie d'un mois à l'autre. On a
parlé de périodes de pointe tout à l'heure. Il est
évident que c'est simplement entre deux années complètes
qu'il serait important de pouvoir comparer les effets d'une nouvelle politique
d'intervention dans la gestion d'Hydro-Québec que le gouvernement veut
se donner par la loi 16.
Pourquoi 18 mois, plutôt que 12, 13, 8 ou peu importe, ou
certainement plus de 6? C'est que six mois ne donnent pas l'occasion de
comparer deux années complètes, c'est bien évident. Douze
mois, à mon sens, ne seraient pas suffisants, étant donné
quand même la période de rodage, de mise en place de nouvelles
relations de contrôle financier entre Hydro et le gouvernement et le fait
qu'il faut mettre ces choses en train et en marche. C'était
peut-être là l'objet de la décision du député
de Marguerite-Bourgeoys de parler d'une période de six mois. Il faudra,
à mon sens, environ six mois à tout le moins pour que
l'ingérence du gouvernement se structure d'une façon relativement
intelligente. Six mois, c'est un minimum pour prendre une décision
intelligente dans le cas du gouvernement actuel. Compte tenu de ce facteur, si
on veut comparer deux années complètes, d'une année
à l'autre, je me suis permis d'ajouter la période de douze mois
à celle de six mois proposée par mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, ce qui donne l'objet même, la substance même
du sous-amendement que j'ai proposé, c'est-à-dire que 18 mois
devraient être la période à la fin de laquelle le
gouvernement sera en mesure de réévaluer plus complètement
les conséquences du geste qu'il entend poser.
C'est également sur une période de 18 mois que nous aurons
tous l'occasion de voir se produire, au moins un cycle complet de
vérification par les vérificateurs externes, c'est-à-dire
qu'à l'intérieur de 18 mois, on pourrait voir la fin d'une
première vérification et le cycle complet d'une deuxième
vérification, ce qui permettrait de comparer de façon
complète et plus véridique, si je peux employer l'expression, les
résultats d'exploitation d'Hydro-Québec pour deux années
successives.
Il en serait de même, à mon sens, pour l'évaluation
des mécanismes de gestion interne, c'est-à-dire au point de vue
de l'évaluation du rendement des employés. On sait qu'il y a des
programmes de formation à l'intérieur d'une entreprise, des
programmes de gestion par objectif, des programmes de toutes sortes qui
demanderont une nouvelle direction; c'est absolument inévitable. Alors
que mes collègues - je souscris entièrement à ces
interventions précédentes - ont indiqué que le bilan
même d'Hydro, outre le fait que les réserves seraient maintenant
un fonds social ne changerait pas, que les barrages seraient toujours
là, que l'électricité serait toujours vendue, il n'en
reste pas moins que
l'ingérence, notamment au niveau des contrôles financiers
du gouvernement dans la société Hydro-Québec, appellerait
des changements d'attitude, des changements de comportement, des changements
dans le niveau de motivation, des changements dans la performance, si on veut,
des employés et des cadres en général
d'Hydro-Québec. Encore une fois, une période de six mois ne
permet à peine ou même pas, d'égratigner la surface des
changements que l'ombre que projetterait à l'avenir le gouvernement sur
Hydro-Québec aurait pu causer.
J'isolerais également quelques autres aspects de cet
ingérence du gouvernement à l'égard ou en rapport avec des
changements qui pourraient être causés, par exemple, au niveau de
la nature même des programmes de publicité ou de mise en
marché, plus généralement de marketing
d'Hydro-Québec. Lorsqu'on connaît la façon dont les
campagnes publicitaires tendaient à isoler la fierté que les
Québécois avaient dans cette institution qu'était
Hydro-Québec. À titre d'exemple, pensons aux programmes de
publicité qui permettaient aux gestionnaires, aux employés
d'Hydro-Québec de se sentir, je dirais, une race à part. On avait
connu des programmes de publicité tels que "On est 12 012", début
1970 ou 1971, ou à peu près, il me semble; "On est
Hydro-Québécois", autre thème plus récent qui
reposait sur une réalité. Les meilleures campagnes de
publicité sont celles qui reposent sur la réalité que
connaissent les gens de cette entreprise.
M. le Président, vous me faites signe, je pense que mes 20
minutes sont expirées. Évidemment, nous avons peut-être des
horloges un peu différentes, c'est plutôt 18 ...
Le Président (M. Laplante): Je le vois toujours du
même angle, c'est pour ça.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous le voyez du même
angle, c'est merveilleux, M. le Président. En général, je
vois également ce projet de loi toujours du même angle et je tente
d'y jeter un éclairage que le gouvernement, lui, se refuse à
faire. Je me plie à votre décision, à votre
chronométrage, M. le Président, et je me réserve le droit
que m'accorde le règlement de revenir, ce soir encore, vous parler
d'Hydro-Québec à une occasion subséquente.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
Est-ce que le sous-amendement sera adopté?
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Oui, M. le Président, juste quelques
minutes.
Une voix: 20 minutes.
M. Grégoire: Oui, mais je n'en ai pas besoin de tant que
ça. C'est simplement pour constater, M. le Président, à la
suite du sous-amendement, une durée de 6 mois, une durée de 18
mois, qu'encore une fois l'Opposition retarde les travaux de la commission,
fait un "filibuster" en règle, veut empêcher l'adoption de cette
loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En vertu de 96, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Grégoire: N'importe quel numéro.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pense que le
député de Frontenac interprète à sa façon
les propos que j'ai tenus, il me semble que c'est en vertu de 96 que je peux me
permettre de réciter, si on veut, ou de...
M. Grégoire: ...en vertu de 96, c'est après.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est avec votre permission
tout de suite ou après.
Le Président (M. Laplante): Après, monsieur.
M. Grégoire: Si ça peut consoler le
député de Vaudreuil-Soulanges, ce n'est pas son intervention,
c'est l'ensemble des interventions, il n'en est pas plus responsable que les
autres de son parti, mais...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de privilège, M. le Président. Malheureusement,
il n'y en a pas en commission.
Le Président (M. Laplante): II y a des questions de
règlement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela peut devenir des abus.
M. Grégoire: En deux mots, ce que je veux dire, c'est que
l'Opposition est simplement en train de retarder d'une façon enfantine
le projet de loi. Je pense bien que l'Opposition reconnaîtra ce fait.
À l'heure actuelle, son rôle est enfantin de vouloir dire dans six
mois, dans dix mois, on nous arrivera avec un amendement dans douze mois, on
nous l'a même annoncé; un autre dans quinze mois, c'est de
l'enfantillage de la part de l'Opposition, M. le Président. C'est tout
ce que je voulais noter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En vertu de 96, je pense, M. le
Président, je
n'ai pas annoncé et personne de ce côté-ci n'a
annoncé un amendement dans 12 mois. Il s'agit plutôt d'une
période de 18 mois qui fait l'objet de mon sous-amendement. Je pense que
la démonstration est probante, certainement pour mes collègues
ici, dont je suis le porte-parole, tout de suite le premier intervenant, et je
pense qu'en aucun cas je n'ai évoqué la possibilité d'un
sous-amendement pour changer le mot "dix-huit" pour le mot "douze". (22
heures)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, après avoir
écouté mon collègue, le député de
Marguerite-Bourgeoys, dans mon esprit, j'avais conclu que son amendement pour
des limites de six mois à l'article 3.1 était un amendement
intelligent, logique, très bien structuré. Il m'avait convaincu,
par la force de sa logique, par la force de ses arguments si bien
expliqués, du bien-fondé de son intervention et de son
amendement. J'étais donc partagé en écoutant le
sous-amendement un peu surprise de notre collègue, le
député de Vaudreuil-Soulanges, mais cela démontre l'esprit
tout à fait ouvert de notre parti où chacun pense
fondamentalement comme individu, présente des amendements. Après
réflexion très sérieuse, je suis prêt à
accepter le nouvel amendement de mon collègue de Vaudreuil-Soulanges qui
veut porter le délai de 6 mois à 18 mois.
Je pense que les raisons pour lesquelles j'avais accepté les
arguments si logiques de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys c'est que
de toute façon, qu'on dise 6 mois, qu'on dise 18 mois, le principe
fondamental c'est que nous devrions limiter la portée de l'article 3.1
à une période de temps définie qui nous amènerait
à suivre le progrès dans le changement de statut
d'Hydro-Québec; d'une société en principe sans but
lucratif dont les dividendes et le surplus restent au peuple du Québec
et sont utilisés par la société elle-même pour le
financement de ses projets pour ses propres raisons intérieures elle
deviendrait une société à fonds social qui
dépendrait des exigences du ministère des Finances du
Québec.
Ce délai imposé, qu'il soit de 6 mois ou de 18 mois - et
je m'associe maintenant au député de Vaudreuil-Soulanges qui a
voulu une plus grande latitude et je l'accepte -nous aiderait à revoir
toute la question, de savoir si les arguments du ministre des Finances que nous
avons besoin d'un changement de statut pour Hydro-Québec pour plusieurs
raisons qu'il a élucidées sont valables ou non. On ne sait pas de
ce côté de la Chambre si nos arguments de laisser le statut
d'Hydro-Québec inchangé sont plus valables que les arguments du
ministre des Finances d'en faire une société à fonds
social comme dans le projet de loi no 16.
Donc, ce délai qu'ont suggéré avec tant de sagesse
mes collègues nous permettrait de faire le point, de faire un changement
de statut. C'est un délai qui malgré tout ne rentrerait pas dans
le long terme, dans l'indéfini et qui, après une certaine
étape, nous permettrait de revoir toute la question, de décider
si nous avons eu raison d'accepter le changement de statut
d'Hydro-Québec. Si on n'a pas eu raison, comme nous le pensons, à
ce moment-là on reviendrait automatiquement au statut actuel d'une
société à toutes fins utiles sans but lucratif où
les actifs, où les dividendes, où tout l'avoir, cela reste au
sein de la société pour ses fins propres, pour le meilleur bien
de tous les Québécois.
Comme l'ont souligné mon collègue de Vaudreuil-Soulanges
et mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, le gouvernement pourrait dans
les délais prévus - on avait dit 6 mois, et je réalise que
6 mois ce serait peut-être trop court, maintenant c'est 18 mois, cela
donnerait un peu plus de latitude - faire une étude approfondie de toute
l'actuelle question de la politique énergétique du gouvernement
du Québec, d'Hydro-Québec, afin de tout revoir et
d'étudier les nombreuses considérations qui y sont
attachées, que nous avons, nous-mêmes, discutées depuis
plusieurs jours. Je vais donner un exemple de quelques-unes de ces
considérations, si importantes, à notre point de vue. Tout
d'abord, les conséquences à long terme sur les tarifs et donc sur
l'effet que cette loi aurait - enfin, l'article 1 qui est réellement la
base de toute la loi - sur les Québécois et
Québécoises. Les conséquences à long terme ensuite,
pour les investisseurs, ces nombreux investisseurs sur les marchés
internationaux qui achètent les obligations d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec est une société tout à fait
spéciale qui a bien géré ses affaires tout au long des
années, qui fait des profits et qui se sert de ses profits pour garder
des tarifs raisonnables. En même temps, elle a une assise de fonds qui
lui permet d'entrer dans de très grands projets, comme hier, par
exemple, la Baie-James ou la Manic, et peut-être demain, un autre projet
de cette magnitude. Tout cela rend les investisseurs confiants, cela leur donne
une certaine persuasion qu'Hydro-Québec est une société
bien gérée, qui fait des profits, qui remet son avoir dans des
projets profitables pour le bien de tous les Québécois, qui vend
même de l'électricité aux États américains.
Les Américains investissent dans les obligations d'Hydro-Québec,
parce qu'ils se sentent en confiance.
À cet effet, j'ai été très
impressionné par les arguments si concluants de mon
savant collègue, le député de Sainte-Anne, et de
ses contacts avec de très importants investisseurs américains,
qu'il connaît personnellement, des investisseurs sur le marché de
New-York et d'ailleurs qui lui disaient que tout changement dans le statut
social d'Hydro-Québec leur causerait beaucoup de problèmes, de
soucis, les ferait s'interroger sur l'avenir d'Hydro-Québec. C'est une
question fondamentale.
Il y a aussi les conséquences de ce changement par rapport
à 3.1 de l'article 1 sur les marchés financiers, où
Hydro-Québec emprunte, que ce soit à New-York, en Suisse,
à Londres ou ailleurs. Ce sont des conséquences fondamentales,
parce qu'Hydro-Québec, actuellement, est tellement bien cotée sur
les marchés internationaux qu'elle a presque le choix - comme l'a
souligné mon savant collègue de Vaudreuil-Soulanges, encore une
fois - de se servir de tous les marchés, y compris les marchés
européens, américains, asiatiques...
M. Grégoire: Question de règlement.
Est-ce qu'on ne pourrait pas le ramener au Québec -
présentement, il est rendu sur les marchés européens et
américains - et lui dire que le sous-amendement porte réellement
sur le fait de ne faire durer la chose que 18 mois? C'est déjà
une maison de fous que vous êtes en train d'installer ici, si vous voulez
revenir au Québec, laissez donc faire l'Europe et les États-Unis
quand il ne s'agit que de faire un délai de 18 mois.
M. Lincoln: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Grégoire: II faudrait revenir au sujet du
débat.
M. Lincoln: M. le Président, avec tout le respect que je
dois à l'adjoint du ministre, je parlais des emprunts
d'Hydro-Québec sur les marchés étrangers.
Hydro-Québec n'emprunte pas au Québec, M. l'adjoint du ministre,
elle emprunte sur les marchés américains, européens, sur
tous les marchés internationaux. C'était là mon
propos.
Le Président (M. Laplante): Mais remarquez, M. le
député de Nelligan, que l'amendement ne porte pas beaucoup
là-dessus, il faudra dire le motif pour lequel la portée de la
loi, selon vous, ne dure que 18 mois...
M. Lincoln: D'abord, M. le Président, je dirais que nous
avions apporté un amendement pour demander un délai de 6 mois que
nous avons étendu à 18 mois. Je voulais dire que nous voulions ce
délai de 18 mois pour examiner les conséquences que le changement
de statut social d'Hydro-Québec aurait pour les différents
intervenants qui sont impliqués dans Hydro-Québec. Je parlais des
investisseurs, des marchés financiers, de toutes les conséquences
que ce geste aurait. Je disais que ce délai de 18 mois va nous donner le
temps d'étudier les conséquences. Une de ces conséquences,
c'est les emprunts d'Hydro-Québec sur les marchés financiers,
qu'ils soient à New York ou ailleurs; c'est ça que je disais.
Je pense qu'il faudra ensuite étudier les conséquences par
rapport aux cotes de crédit d'Hydro-Québec sur tous les
marchés financiers, ensuite, les conséquences quant aux
implications réelles des dividendes et des taxes foncières que
devra payer HydroQuébec au gouvernement du Québec. Jusqu'à
présent, beaucoup de chiffres ont été avancés; on
ne sait pas si ces chiffres sont réalistes ou non. Les
économistes présentent des chiffres différents. Un
délai de 18 mois nous donnerait le temps d'étudier si ce sont les
chiffres de Bélanger, de Pépin ou d'autres économistes qui
sont valables et quelles sont les implications réelles pour
Hydro-Québec de payer des dividendes et des taxes foncières au
gouvernement du Québec.
Une autre conséquence aurait trait aux activités
d'Hydro-Québec à partir des changements apportés par la
loi no 16 comparées aux activités d'Hydro-Québec
antérieures à la loi no 16. En effet, il est certain que le
changement de statut social d'Hydro-Québec en une société
à fonds social va avoir des conséquences directes sur le genre
d'activités et la gestion d'Hydro-Québec qu'il faudra comparer
à celles qui existaient antérieurement à la loi no 16. Il
faudra étudier les conséquences pour Hydro-Québec sur les
relations syndicales-patronales, une question certainement cruciale, car toute
la question patronale-syndicale sera définitivement affectée par
tout changement du statut d'Hydro-Québec d'une société
présentement sans but lucratif à une société a
capital-actions.
La raison en est que maintenant HydroQuébec maintient une
indépendance presque totale du gouvernement du Québec. C'est une
société autonome et indépendante qui deviendrait,
après la loi no 16, un satellite du gouvernement du Québec. Il
faudra étudier pendant ces 18 mois toute la question de la relation des
gestionnaires d'Hydro-Québec avec les ministères du gouvernement.
En effet, jusqu'à présent, Hydro-Québec a dépendu
presque totalement d'un seul ministère, soit celui de l'Énergie
et des Ressources naturelles, tandis qu'à l'avenir, sous la loi no 16,
elle va avoir presque deux patrons, le ministère de l'Énergie et
des Ressources naturelles, mais surtout le ministère des Finances du
Québec. Alors, il faudra examiner toute cette question de
l'interdépendance d'Hydro-
Québec avec ces deux ministères et il me semble que ce
délai de 18 mois va permettre qu'une étude en profondeur soit
faite sur toutes ces questions. (22 h 15)
Pour ces raisons, j'ai choisi d'appuyer le délai demandé
pour l'adoption du paragraphe 3.1 de l'article 1 et j'appuie aussi la
suggestion et le sous-amendement de mon collègue de Vaudreuil-Soulanges
de changer la période de 6 mois à 18 mois.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? M. Lincoln:
C'est tout pour le moment.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Oui, M. le Président. J'espère
que...
M. Lincoln: Quel est mon temps?
Le Président (M. Laplante): II vous reste quatre
minutes.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: II ne faut rien manquer, M. le
Président. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai entendu mon
collègue de Vaudreuil-Soulanges proposer un sous-amendement à
l'amendement déjà proposé par mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys. Six mois pour une entreprise comme Hydro-Québec,
c'est un délai un peu trop court. Lorsqu'on parle de 18 mois, ça
devient vraiment intéressant. Je vais vous dire pourquoi ça
devient intéressant.
Pendant une période de 18 mois, le gouvernement pourrait
constater les effets néfastes de ce projet de loi; nous, nous le savons
déjà. Avec 18 mois, donc un an et demi, le gouvernement pourra se
rendre compte de tout l'impact de ce projet de loi, il sera en mesure de
constater, pour l'avoir vécu pendant 18 mois, tout ce que peuvent
impliquer ces nouvelles structures d'Hydro-Québec. Il pourrait par la
suite, après cette période de 18 mois, soit récrire un
projet de loi, soit tout simplement abandonner le projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, mais,
étant donné que c'est inscrit au journal des Débats, je
voudrais être certain que ce que vous dites, c'est que l'amendement que
vous désirez adopter ne s'applique pas à tout le projet de loi,
mais seulement à l'article. C'est clair?
M. Bélanger: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On ne voudrait pas avoir une
jurisprudence à savoir que cet article pourrait avoir une portée
sur tout le projet de loi, c'est seulement sur l'article en question.
M. Bélanger: Vous avez bien fait de me rappeler à
l'ordre, M. le Président. Cet article qui change les structures
d'Hydro-Québec, c'est l'article 1, paragraphe 3,1, qui fait que la
Société Hydro-Québec demeure...
Le Président (M. Laplante): C'est 3.1.
M. Bélanger: 3.1, oui. C'est mon collègue qui m'a
suggéré 3,1, je ne sais pas pourquoi. C'est un ancien professeur,
vous remarquerez que c'est un enseignant, il est toujours avec les virgules,
les point-virgules, accents circonflexes...
M. Vallières: Le système international veut qu'on
emploie la virgule.
Le Président (M. Laplante): Ici, on emploie le
système parlementaire.
M. Bélanger: Vous avez raison, M. le Président.
M. Vallières: J'espère qu'un jour on va
s'ajuster.
M. Bélanger: Je disais donc, M. le Président, que
18 mois pour tenter de créer une nouvelle structure à
Hydro-Québec devraient être suffisants pour faire comprendre au
gouvernement toutes les craintes que nous avons suscitées en commission
parlementaire. II pourra aussi, après 18 mois, après avoir
constaté son échec, soit récrire un nouveau projet de loi
ou tout simplement abandonner le projet de loi. Automatiquement,
Hydro-Québec reprendrait sa structure actuelle.
Il y aura aussi, évidemment, 18 mois pour faire comprendre, aux
Québécois et aux Québécoises la
nécessité de maintenir la nouvelle structure
d'Hydro-Québec ou, au contraire, le gouvernement pourra, de façon
automatique, revenir à la formule actuelle.
Je voudrais citer, dans le journal des Débats du 1er
décembre 1981, le ministre de l'Énergie et des Ressources qui
nous déclare à la page 609: "Je rappelle essentiellement que
depuis le 10 mars dernier les électeurs se sont prononcés. Je
comprends que la restructuration de la fiscalité applicable à
Hydro-Québec n'a sûrement pas été un des grands
enjeux de la campagne électorale, cela va sans dire, mais il est bien
évident, par ailleurs, que le 10 mars dernier, en toutes lettres* dans
le discours sur le budget, les intentions du gouvernement ont été
dites et très clairement énoncées." Je ne suis pas
d'accord avec ceci, M. le Président, parce qu'à la lecture du
budget, on faisait mention de restructurer Hydro-Québec afin d'en
avoir
des dividendes, mais aucun ou très peu de Québécois
n'ont pu comprendre le sens, la portée du discours sur le budget.
Autre chose aussi, M. le Président, c'est que jamais, tout au
long de la campagne électorale, on n'a abordé ce sujet. Jamais
non plus, dans le programme du Parti québécois - programme qui
est conçu, comme on le sait, de façon démocratique par de
mini-congrès, de grands congrès, un conseil
général, on a été témoin d'un congrès
récemment à Montréal où des résolutions ont
été présentées en abondance, on parlait de 2000
résolutions - n'a-t-on entendu parler de ce changement apporté
à Hydro-Québec. C'est pourquoi 18 mois seraient suffisants,
à mon avis, pour pallier toutes ces lacunes.
Qu'on soit pour ou qu'on soit contre cette motion ou ce sous-amendement
à l'amendement, on ne peut pas faire autrement que d'être d'accord
au moins sur une chose, c'est que c'est une marque de prudence et même
une grande sagesse. 18 mois pourront peut-être aussi permettre au
gouvernement de traverser la crise économique que nous vivons en ce
moment. Peut-être que, dans 18 mois, on n'aura pas à imposer une
taxe indirecte aux Québécois.
Je viens à peine de terminer la lecture d'un journal de samedi
où deux économistes font des prédictions totalement
contraires. Dans un article, par exemple, on voit qu'aux États-Unis on
prévoit une baisse des taux d'intérêt inférieure
même aux taux d'intérêt qui existaient en 1975, l'inflation
n'atteindrait pas plus de 7%. Dans un autre article, toujours dans le
même journal, on dit que les taux d'intérêt manifesteraient
encore des signes que le mouvement serait à la hausse. La période
de 18 mois dont fait mention ce sous-amendement permettrait d'éclaircir
tous ces points-là et peut-être que le gouvernement serait le
premier à reconnaître la nécessité ou la grande
sagesse que l'Opposition a eue, ici en commission parlementaire, de faire un
tel amendement au projet de loi puisqu'il pourrait retourner, comme je l'ai
mentionné, aux structures actuelles d'Hydro-Québec, sans
toutefois avoir à refaire une loi, à réengager tout le
débat.
La crise économique que nous vivons -nous n'avons pas besoin de
nous leurrer, elle est évidente - c'est la pire depuis celle de
1929-1933. Peut-être aussi que ces 18 mois nous aideraient à
traverser cette crise si dramatique. Pourquoi? Tout simplement en
sécurisant les investisseurs, en sécurisant aussi les
prêteurs qui prêtent à Hydro-Québec puisqu'ils
reconnaîtraient là une grande sagesse de la part du gouvernement,
à savoir qu'avant de lancer un projet de loi, avant de changer
totalement les structures d'une société, on se donne une
période d'essai, on se donne un temps relativement court quand
même, 18 mois, un an et demi, mais assez long pour pouvoir constater les
effets néfastes ou bénéfiques du projet de loi.
C'est pourquoi, M. le Président, je trouve très sage un
tel sous-amendement. C'est évident que, personnellement, je
préférerais que le projet de loi no 16 soit retiré, mais,
de deux maux, on m'a appris, dans la bonne vieille sagesse populaire, de
choisir le moindre. Le moindre, c'est celui-ci, c'est de ne pas risquer un
changement trop brutal tout en ne retardant pas non plus l'application d'un tel
projet de loi. C'est notre rôle, nous, de l'Opposition, de
suggérer des choses comme cela au gouvernement, de suggérer de
tels amendements et sous-amendements pour tenter de construire une loi qui sera
dans l'intérêt, sinon de tous les Québécois au moins
du plus grand nombre possible de Québécois. J'écoutais
également, M. le Président, une déclaration du
président du Conseil du trésor qui disait à
l'Assemblée nationale: II faut donc hausser les tarifs
d'Hydro-Québec tout en les maintenant un peu au-dessous du prix du
pétrole pour accuser des profits qui seront transférés au
trésor public et profiteront ainsi à l'ensemble des
contribuables. Et, sans sourire, M. Bérubé ajoutait: Ces profits
serviront à réduire la hausse des impôts des contribuables.
Nous, on sait très bien qu'au contraire, c'est simplement pour combler
un trou qu'a fait si habilement le ministre des Finances. Peut-être, M.
le Président, que dans 18 mois ce trou n'existera pas. Peut-être
qu'on trouvera une autre façon de taxer ou de récupérer
certaines sommes d'argent sans toutefois affecter un service aussi essentiel
qu'Hydro-Québec.
Si nous étions ici à étudier la restructuration
d'une compagnie d'État, une société d'État telle
REXFOR, par exemple, je peux vous assurer que jamais l'Opposition, que ni moi
ni mes collègues n'aurions été ici dans cette commission
pendant des jours, pour ne pas dire des nuits, à tenter de convaincre le
gouvernement d'abandonner ou de modifier, tel qu'on le propose en ce moment, le
projet de loi. Nous avons là une société qui offre un
service essentiel. Personne au Québec ne peut se passer du service
qu'offre Hydro-Québec. Que ce soit du simple individu à la plus
grosse multinationale, les grosses compagnies que vous n'aimez pas, tout le
monde a besoin d'électricité. C'est pourquoi nous livrons une
telle bataille.
Je peux vous assurer également, M. le Président, que si le
projet de loi no 16 avait été dévoilé clairement
avant la campagne électorale, si ce projet de loi avait fait l'objet
d'un débat durant la campagne électorale, si les
Québécois et les Québécoises, tous les
électeurs avaient voté pour le projet de loi, noua ne serions pas
ici non plus, M. le Président, à tenter de
convaincre le gouvernement de le retirer ou d'apporter des amendements
comme on vient d'en proposer. Mais tel ne fut pas le cas. Les
Québécois et les Québécoises ne sont pas
sensibilisés à l'importance de ces changements. C'est pourquoi je
crois que nous faisons ici un travail sérieux, quoi qu'en dise le
député de Frontenac qui, d'ailleurs, a qualifié
l'Assemblée nationale de maison de fous. M. le Président, je ne
peux pas souscrire à de telles affirmations. Nous faisons, je crois, un
travail consciencieux. C'est évident qu'il s'est glissé au long
de nos débats certaines phrases qui ont pu à certains moments
être assez cocasses. Mais rien n'empêche le sérieux, le
bien-fondé de notre participation à cette commission. Je suis un
de ceux qui ont suivi ces débats depuis l'ouverture de la commission
parlementaire et j'en suis très fier. Je peux vous assurer, M. le
Président, que je vais continuer à m'intéresser à
ces débats de la façon la plus sérieuse possible. C'est
pourquoi je vais tenter aussi de convaincre non seulement mes collègues,
qui sont déjà convaincus, mais surtout le côté
ministériel d'accepter ce sous-amendement. On peut être pour, on
peut être contre, on ne peut pas faire autrement que d'admettre que c'est
un geste sage, prudent qui ne va pas du tout à l'encontre des
orientations que veut prendre le gouvernement envers la société
Hydro-Québec. Tout simplement, on se donne une période
d'essai.
Si, après ces 18 mois, on est convaincu que c'est dans
l'intérêt des Québécois et des
Québécoises, que tout va bien au Québec, on pourra
toujours revenir à l'Assemblée nationale, réécrire
un autre projet de loi en confirmant la société
Hydro-Québec dans ses nouvelles fonctions en permanence. (22 h 30)
Par contre, si on est conscient comme nous le prétendons - on en
est même assuré - que c'est là une grave erreur qu'a
commise le gouvernement, on pourra automatiquement, sans avoir à
légiférer à nouveau, à réengager des
débats, revenir tout simplement aux structures actuelles
d'Hydro-Québec. C'est pourquoi, M. le Président, je voterai pour
ce sous-amendement comme j'aurais d'ailleurs voté pour l'amendement,
mais je préfère 18 mois. Connaissant l'ampleur de la
société Hydro-Québec, c'est assez difficile en l'espace de
six mois de faire une analyse concrète de tous les bienfaits et les
méfaits d'une telle loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, savez-vous qu'il ne vous reste plus que quatre
minutes? C'est un record!
M. Bélanger: Cela me fait de la peine. C'est
intéressant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir,
en premier lieu, que j'ai entendu le député de
Marguerite-Bourgeoys proposer un amendement pour reporter de six mois, mais
c'est encore avec un plus grand plaisir que j'ai entendu et accepté le
sous-amendement du député de Vaudreuil-Soulanges.
Je dois dire, M. le Président, qu'avant d'être
impliqué en politique j'étais dans le domaine privé.
Heureusement, dans ce domaine, on n'est pas pris avec des lois et des
législations tellement compliquées quand on veut changer les
choses qui ne fonctionnent pas tellement bien. Au moins, cette période
de 18 mois va donner, en premier lieu, l'occasion - je ne me sers pas du mot
"opportunité", M. le député de Châteauguay...
M. Dussault: Je vois que vous avez appris...
M. Middlemiss: ... au nouveau président de constater les
problèmes qui seront occasionnés par les changements
apportés à Hydro-Québec durant cette période et
aussi de voir l'ingérence possible du gouvernement qui pourrait survenir
avec l'acceptation de ce projet, car la responsabilité dans ce domaine
serait certainement celle du ministre des Finances. Cela donnerait aussi
l'occasion, M. le Président, d'évaluer et de planifier les
besoins d'équipement et d'aménagement de la société
Hydro-Québec.
Je reviens au nouveau président de cette société
qui arrivera bientôt et je pense que cette personne serait dans une
meilleure position pour juger si un changement serait nécessaire
après cette période. Ayant vécu cette période
d'essai, il serait certainement dans une meilleure position pour
suggérer au gouvernement quels changements on devrait apporter pour
s'assurer d'une plus grande efficacité et aussi de mieux servir la
population. Aussi, c'est certain que les changements au sein
d'Hydro-Québec affecteraient l'équipe qui est déjà
là, une équipe qui a certainement démontré son
savoir-faire dans plusieurs domaines. Les changements qui arrivent à la
suite de ces modifications pourraient certainement mettre ces personnes dans
une position où elles se sentiraient totalement impuissantes dans les
orientations d'Hydro-Québec.
L'autre chose, M. le Président, est d'intérêt
plutôt général. Plusieurs de ceux qui ont été
ici plus longtemps que moi se sont peut-être aperçus dans la
réalité des conséquences des lois. On présente le
projet de loi, on l'étudie, on le débat, comme on
est en train de le faire en commission, et éventuellement il est
accepté. C'est seulement dans l'application, au moment où on
vient pour appliquer une loi qu'on réalise qu'entre la théorie et
la pratique il y a une grande différence. Par exemple, je prendrai la
loi 101, qui en soi est très bonne, sauf dans l'application de certaines
parties comme l'affichage. Dans le cas de l'affichage, dans certaines
régions, selon le pourcentage de la population, soit francophone ou
anglophone... Je vais vous en donner un exemple, pas à Montréal
mais dans mon comté, même si c'est un comté qui a une
population qui est à 50% francophone...
M. Dussault: J'ai été bien tolérant, parce
que M. le député de Pontiac est ici à l'Assemblée
nationale depuis peu de temps et je sais ce qu'il vit, parce que j'ai
vécu cela après novembre 1976. Il y a quand même une
limite, M. le Président. Le sous-amendement ne permet pas au
député de parler de la loi 101 dans un si grand détail. Je
pense qu'il faudrait le ramener à la pertinence.
M. Middlemiss: M. le Président, je tente de donner un
exemple...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Pontiac, essayez - le débat est assez large - de vous en tenir autant
que possible à la pertinence du sous-amendement, s'il vous
plaît.
M. Middlemiss: M. le Président, j'arrivais à
démontrer qu'entre la théorie et la pratique il y a une grande
différence. Prenez une région où 50% des gens sont
francophones et 50% anglophones, il n'y a pas de problème, cela va
très bien. Mais, lorsqu'on arrive dans une région où 90%
des gens...
Le Président (M. Laplante): Je me demande, dans la
pertinence... En tout cas, allez-y un petit bout, mais...
M. Middlemiss: M. le Président, même si on a bien
pensé, bien discuté, c'est lorsqu'on vient pour l'appliquer que
cela cause des problèmes et la cause des problèmes, c'est le fait
qu'on l'a accepté et qu'on ne s'est pas laissé une porte ouverte
pour en sortir. On est alors hésitant à faire des changements;
c'est ce qui arrive, M. le Président, on hésite à faire
les changements voulus. Voici une occasion en or d'inclure une clause qui va
nous permettre après 18 mois, en pratique, de changer les choses sans
être gêné d'admettre qu'on a fait une erreur. Mais on a
laissé la porte entrouverte; si on a fait une erreur, on pourra en
sortir. Donc, l'exemple que je voulais donner, M. le Président,
c'était que...
M. Dussault: C'est là que vous êtes le meilleur, M.
le député, vous devriez toujours être pertinent.
M. Middlemiss: Je voulais donner un exemple pertinent. Dans
l'application, j'ai choisi la loi 101 parce que c'est la première qui
est venue à mon idée. Je vous dis que cette façon d'agir
va certainement nous permettre d'être peut-être plus objectif. S'il
y a un changement nécessaire, cela ne piquera pas notre fierté,
on aura dit: Oui, on la laisse ouverte la porte, on va les changer les choses.
Ces choses-là vont nous être dictées par des gens qui vont
avoir vécu l'expérience, non pas des gens qui ont
préconisé une certaine orientation ou un certain rendement. Ce
sont des gens qui auront vécu cette expérience et ils pourront
nous apporter des suggestions à des changements pour améliorer le
fonctionnement. M. le Président, cette période va certainement
nous donner l'occasion de changer notre fusil d'épaule et de tirer dans
une direction différente si on s'aperçoit qu'on a fait fausse
route.
De plus, cela donnerait certainement une chance d'évaluer les
programmes d'économie d'énergie sur lesquels on mise beaucoup
pour les besoins éventuels d'Hydro-Québec. Je vais tenter de
démontrer qu'il n'y a pas que nous de ce côté-ci de la
table qui, avant de prendre des décisions importantes, aimons
connaître les effets des programmes. Du journal des Débats du 25
août, lors de l'étude du projet de loi no 16, j'aimerais citer le
député de Vimont. À la suite d'un exposé de M.
Cristel d'Hydro-Québec, le député de Vimont a posé
les questions suivantes: "Vous avez actuellement en cours un programme
d'économie d'énergie aux Îles-de-la-Madeleine. Est-ce que
le programme est suffisamment avancé pour vous avoir permis d'en
évaluer l'impact? Si oui, quelles sont les conclusions de la mise en
vigueur de ce programme?" Cet intérêt n'est donc pas seulement le
nôtre.
On demanderait, nous aussi, de continuer les programmes d'énergie
que propose Hydro-Québec présentement, accorder un laps de temps
afin d'évaluer quelles sont les conséquences, parce qu'on mise
énormément sur les effets positifs d'économie
d'énergie pour établir quels seront les besoins en production
d'électricité d'Hydro-Québec avec le temps.
Donc, M. le Président, une période de 18 mois ne serait
peut-être pas suffisante pour nous permettre d'évaluer toutes ces
choses, mais ce serait certainement mieux que rien du tout, ou que six mois. Un
délai de 18 mois nous permettrait d'évaluer cette chose.
En outre, je voudrais revenir au discours prononcé par le
président du Conseil du trésor, l'ancien ministre de
l'Énergie et
des Ressources, au moment de la discussion de fond sur la loi 116
à l'Assemblée nationale. Ce dernier nous a démontré
qu'au point de vue du coût de l'énergie, pour faire fonctionner un
moteur, l'énergie électrique était certainement plus
économique. Un engin à essence serait plus dispendieux à
faire fonctionner qu'un engin électrique. Mais le domaine le plus
important pour toute la population du Québec surtout de ce temps-ci,
décembre et janvier, c'est le chauffage des maisons. Il nous a
indiqué qu'avec la pénétration du gaz naturel au
Québec, avec le prix qu'on peut obtenir à la suite de l'entente
Alberta-Ottawa qui nous est favorable, qu'on devrait certainement tenter
d'encourager les gens à utiliser le gaz naturel pour le chauffage. On
mise énormément sur la présence - je cherche le mot encore
- ou la disponibilité du gaz naturel pour desservir les maisons, les
résidences, les usagers, mais, M. le Président, comme vous le
savez fort bien, la pénétration du gaz naturel a connu beaucoup
de problèmes et, à ce jour... (22 h 45)
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): La pertinence du
débat.
M. Dussault: Je voudrais bien être plus tolérant, M.
le Président, avec le député, mais vraiment...
M. Middlemiss: Mais, M. le Président...
M. Dussault: ... on nous a bien dit que l'amendement se rapporte
essentiellement à l'article 3.1. Je ne vois pas comment on peut tenir
les propos qu'il tient; ce n'est pas possible. Je vous demande de le faire
revenir à la pertinence, s'il vous plaît, M. le
Président.
Une voix: II faut attendre six mois pour faire
pénétrer le gaz.
Le Président (M. Laplante): À moins que le
député ne veuille retourner dans la loi de SOQUIP.
M. Middlemiss: Non, du tout. M. le Président, en tout cas,
je suis heureux d'entendre le député de Châteauguay. Du
moins, il m'écoute. Il y en a peut-être d'autres qu'il n'a pas
écoutés de la journée, mais il m'écoute.
M. Dussault: II n'y en a pas beaucoup qui vous écoutent,
c'est vrai. Je suis l'un de vos plus fidèles écouteurs.
M. Middlemiss: Je le remercie énormément; il m'a
été utile. Il corrige mon français et, maintenant, il veut
me ramener sur la bonne voie, d'après lui. Je crois que je suis sur la
bonne voie. De fait, on mise énormément sur la
pénétration du gaz naturel et le gaz naturel n'est pas rendu ici.
Où va-t-il être rendu dans six mois? Dans 18 mois, on va savoir
exactement la pénétration; là, on pourra juger mieux si
réellement le gaz naturel va remplir le vide ou le besoin qui semble
exister dans toutes ces choses.
Je vois le député de Vimont qui semble...
Une voix: Sourire.
M. Middlemiss; ... s'endormir un peu; il bâillait.
Une voix: II semble sourire aussi.
M. Middlemiss: Mais c'est lui-même qui voulait, avant de
s'embarquer, savoir quels étaient les résultats du programme.
C'est la même chose pour la pénétration du gaz naturel. Si
on ne réussit pas à pénétrer et à desservir
le nombre de personnes qu'on voulait desservir, est-ce que cela n'exigera pas
des changements dans les investissements d'Hydro-Québec et, à ce
moment-là, est-ce qu'on voudrait continuer avec le même programme
qu'on avait préconisé au tout début? M. le
Président, j'espère que vous jugez que tous ces points
étaient certainement pertinents au débat.
J'avais la gorge sèche.
Une voix: Oui!
M. Middlemiss: Combien me reste-t-il de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Deux minutes et demie.
M. Middlemiss: Une minute et demie?
Le Président (M. Laplante): Deux minutes et demie.
M. Middlemiss: Deux minutes et demie. Ah, M. le
Président!
Le Président (M. Laplante): II est encouragé.
M. Middlemiss: Oui, c'est cela. M. le Président, comme je
l'ai mentionné au tout début, si j'étais fier de voir que
le député de Marguerite-Bourgeoys proposait un amendement pour
que ce soit seulement pour une période de six mois, j'étais
encore plus réjoui et cela satisfaisait plus ma façon de penser
lorsque le député de Vaudreuil-Soulanges a suggéré
une période de 18 mois.
En terminant, M. le Président, il est
certain que je supporterai... Une voix: Ah oui!
M. Middlemiss: ... le sous-amendement du député de
Vaudreuil-Soulanges incluant à l'article 3.1 pour une période de
18 mois. Merci.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est extraordinaire.
Le Président (M. Laplante): Les manifestations sont
interdites, mais il vous reste une minute quand même, monsieur.
M. Middlemiss: Je reviendrai.
Le Président (M. Laplante): Vous avez parlé 19
minutes. Est-ce que le sous-amendement sera adopté?
M. Fortier: Je n'ai pas parlé là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez parler? Je vais
vérifier.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci. M. le Président, il me fait plaisir de
parler sur un sous-amendement qui, à sa face même...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, à
l'ordre!
M. Fortier: ... est acceptable, et je m'en veux de ne pas y avoir
songé avant mon collègue de Vaudreuil-Soulanges, parce que cela
aurait facilité les arguments que j'ai invoqués tout à
l'heure pour appuyer l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys.
En effet, outre les raisons que j'ai invoquées, et je n'y
reviendrai que brièvement, pour affirmer que, bien sûr, le bilan
financier resterait à peu près le même et que
l'organisation serait la même, le député de
Vaudreuil-Soulanges a indiqué que des influences néfastes se
feraient sentir au bout d'une certaine période de temps et qu'une
période de 18 mois serait plus recommandable; en conséquence, il
me semble que nous devrions la retenir.
Quel est le fond du problème? J'entends les remarques des gens
d'en face qui disent que nous utilisons toutes sortes de moyens pour essayer de
les convaincre et, de fait, c'est bien ça. Si les gens d'en face ne nous
ont pas encore compris, il est évident, comme je l'ai dit en Chambre cet
après-midi, que l'impopularité de ce projet de loi croît
d'une façon exponentielle avec les heures que nous passons à la
commission parlementaire.
M. Duhaime: Est-ce que le député d'Outremont me
permettrait une question? Je voudrais savoir à quelle heure le
député de Sainte-Anne va revenir en commission parlementaire.
Est-ce qu'il doit revenir avant minuit?
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le ministre s'informe du sort du député de
Sainte-Anne...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas au
président que le ministre a demandé ça, parce qu'il n'est
pas censé poser des questions directes comme ça sans passer par
le président.
M. Lalonde: Je peux lui dire que le député de
Sainte-Anne se porte très bien et que le ministre aura l'occasion de le
revoir à la commission bientôt.
M. Fortier: J'aurais voulu savoir pourquoi il veut avoir une
réponse à sa question mais c'est une autre paire de manches.
Le Président (M. Laplante): C'est la suite de son appel
téléphonique des États-Unis probablement.
M. Fortier: Pour continuer ma remarque, il est bien certain que
nous cherchons a nous convaincre de moyens tout à fait légaux et
parlementaires pour faire en sorte que nous-mêmes et la population
puissions évaluer la situation en toute connaissance de cause. Le
sous-amendement qui nous est proposé prévoit qu'après une
période de dix-huit mois nous aurions l'occasion de reconsidérer
la situation, que le gouvernement aurait à prendre une décision
s'il revient en Chambre pour nous demander de revoter. Une extension de cette
période est tout à fait désirable et désirée
et indique de notre part une agressivité envers ce projet de loi que
nous ne pouvons pas arrêter complètement, mais le sous-amendement
va dans le sens d'une remise en question et d'une nécessité d'une
réévaluation à intervalles réguliers.
J'entendais les commentaires défavorables du député
de Frontenac voulant que nous employions des moyens dilatoires, il remet en
question la santé du parlementarisme québécois. J'aimerais
au contraire dire qu'à mon avis, le sous-amendement qui est
présentement devant nous en est un exemple frappant. Il est pour nous
une utilisation de moyens tout à fait démocratiques pour faire en
sorte que le gouvernement ne fasse pas des erreurs trop grossières et
que nous puissions, dans un avenir assez rapproché, réexaminer la
question à tête reposée, parce que je crois bien
que, même si on a voulu, depuis une semaine, tenter de convaincre
le ministre, le cabinet et les membres de cette commission que le gouvernement
s'en allait dans une mauvaise direction, il semble qu'à la suite d'une
semaine acharnée de travail, il se pourrait que nous ne puissions pas
les convaincre complètement, mais le sous-amendement n'étant pas
aussi important que le rejet pur et simple du projet de loi va peut-être
arriver un peu, beaucoup, je l'espère, aux mêmes conclusions et
nous permettre une réévaluation du point de vue du gouvernement
sur ce projet-là.
C'est un droit démocratique que nous avons et on ne peut pas nous
en vouloir, nous de l'Opposition, d'utiliser des moyens démocratiques
parce que, malgré le fait qu'à l'occasion certains des arguments
que nous invoquons puissent paraître plus ou moins en profondeur, il n'en
reste pas moins que les raisons profondes qui nous motivent sont très
sérieuses et que nous le faisons dans le sens de défendre les
intérêts du Québec et les intérêts
d'Hydro-Québec.
Alors, on ne peut pas mettre en doute nos vraies intentions, et le
sous-amendement qui est devant nous va justement dans ce sens-là et nous
permet de nous exprimer et de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Au lieu de critiquer les moyens que nous utilisons, notre collègue de
Frontenac pourrait exprimer un point de vue suivant lequel nous sommes tout de
même veinards au Québec et au Canada d'utiliser des moyens tout
à fait pacifiques lorsque nous avons des différences d'opinion
assez considérables comme les différences de point de vue qui se
font face dans ce projet de loi no 16.
Bien sûr, dans d'autres pays, on utilise des moyens plus
draconiens; je ne voudrais pas donner d'exemples trop dramatiques, mais
aujourd'hui, à la Chambre, nous évoquions le cas de la Pologne.
J'ose espérer qu'au Québec ou au Canada, d'une façon
générale, on n'en viendra jamais à utiliser de tels moyens
pour convaincre la population ou l'Opposition que le projet de loi qui est
proposé est dans le meilleur intérêt du Québec. Pour
ma part, j'ose prétendre que le sous-amendement qui a été
proposé par mon collègue de Vaudreuil-Soulanges et l'amendement
qui modifie l'amendement de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys sont
dans le fond une utilisation de moyens démocratiques qui devraient
permettre au gouvernement de comprendre les raisons qui nous motivent et faire
en sorte que le gouvernement, si ce sous-amendement était adopté,
puisse réévaluer les motifs qui l'ont poussé à
proposer le projet de loi no 16.
À ce sujet, M. le Président, j'aimerais revenir sur
certaines des motivations qui ont poussé le gouvernement parce que je
disais qu'au bout de 18 mois, il pourrait y avoir une certaine
réévaluation et cette période de temps, qui est plus
longue que celle qu'avait proposée mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, nous permettrait, somme toute, d'examiner les motifs ou
si la conjoncture qu'avait décrite notre collègue de
L'Assomption, qui est le ministre des Finances, si cette conjoncture qu'il
avait décrite, lors du discours sur le budget de mars 1981, existe
toujours ou si ce n'était pas un feu de paille qu'avait monté le
ministre des Finances pour essayer de nous convaincre, somme toute, que tout
était bien dans le meilleur des mondes, que les raisons qu'il
avançait étaient réelles et véridiques et que nous
devions nous rallier aux arguments qu'il avançait.
Ce que je veux dire, c'est qu'à ce moment-là, le ministre
des Finances avait fait état d'une nouvelle politique regardant la
fiscalité des sociétés d'État, et je cite le
discours sur le budget où il disait: En outre les sociétés
d'État doivent maintenant être amenées à une
politique de dividendes qui correspond à leur situation réelle.
Il n'y a pas de raison pour que l'accumulation des profits ne serve qu'à
perpétuer les mêmes orientations. Et, à partir d'un grand
préambule qu'il avait fait sur toutes les sociétés
d'État en général, il en était arrivé au cas
particulier qu'était Hydro-Québec. Je crois que beaucoup avaient
cru que cette nouvelle politique s'inscrivait dans une superpolitique du
ministre des Finances voulant que toutes les sociétés
d'État devraient faire une contribution considérable au
développement économique du Québec et
qu'Hydro-Québec n'était qu'un cas d'exception parmi d'autres et
qu'elle devait faire sa part comme toutes les autres sociétés
d'État. (23 heures)
D'ailleurs, dans l'annexe qu'il fournissait avec le discours sur le
budget, il donnait les actifs consolidés, les surplus ou les
déficits ainsi que les revenus et les bénéfices nets de
plusieurs des sociétés. Je peux vous rappeler, M. le
Président, que les sociétés d'État auxquelles il
faisait allusion incluaient Hydro-Québec, Loto-Québec, la
Raffinerie de sucre du Québec, SIDBEC, la Société des
alcools, la Société de cartographie, la Société de
développement de la Baie-James, la Société
générale de financement, SOQUEM, SOQUIP et tant d'autres. Parmi
celles-là, il avait mentionné - je m'en souviens très
directement - Hydro-Québec, avec des actifs de 17 000 000 000 $, des
surplus accumulés de 4 300 000 000 $, à ce moment-là, et
des bénéfices nets de 765 000 000 $. Il mentionnait ensuite
Loto-Québec, avec des bénéfices nets de 135 000 000 $;
SIDBEC, avec un déficit de 56 000 000 $; la Société des
alcools, avec un bénéfice net de 205 000 000 $; la
Société générale de financement. Après avoir
passé en revue ces
différentes sociétés d'État et
considérant l'effort que la plupart, d'après lui, pouvaient
donner, il avait fait une analyse de leur capacité de payer des
dividendes pour conclure qu'il y aurait maintenant une nouvelle politique de
dividendes qui s'appliquerait à toutes les sociétés
d'État. Cette politique de dividendes, il la définissait ainsi:
Bien sûr - je cite - la Société des alcools du
Québec et Loto-Québec versent déjà leurs
bénéfices au gouvernement - avec raison puisque je crois que la
totalité de leurs bénéfices sont déclarés en
dividendes -et cette source de revenu représente 3,2% des revenus
autonomes du gouvernement. Le bénéfice net des autres
sociétés à capital-actions a été modeste
jusqu'ici et aucune n'était en mesure de verser un dividende important.
Les perspectives de rentabilité ont toutefois commencé à
s'améliorer et le gouvernement considère qu'une partie de leurs
bénéfices devra dorénavant être versée en
dividendes. Ensuite, il explicitait la politique: Sujet aux différentes
dispositions déjà prévues dans les lois des
sociétés, le dividende sera égal à 20%. Il disait:
Je m'attends que, cette année, certains dividendes puissent être
déclarés par quelques-unes des sociétés.
Je me suis amusé, dernièrement, à faire une revue
de ces sociétés qui pourraient à l'avenir donner des
dividendes aux fonds publics. J'en suis arrivé à la conclusion
que, à part Loto-Québec et la Société des alcools,
qui ont toujours été des vaches à lait
considérables pour le trésor public, les autres
sociétés d'État étaient dans l'impossibilité
de déclarer un dividende soit parce qu'elles sont en association avec
d'autres partenaires publics, et je fais allusion à Donohue, ou, dans
d'autres cas, comme dans le cas de la Société
générale de financement, parce qu'il s'agit d'un holding à
l'intérieur duquel se retrouvent plusieurs sociétés qui
ont des besoins de capitaux considérables.
Alors, laisser croire qu'il s'agit d'une nouvelle politique de
dividendes qui s'appliquerait, qui permettrait à plusieurs
sociétés d'État d'enrichir le trésor public,
à mon avis est un argument assez fallacieux puisque, comme on le sait -
et quiconque veut en faire la vérification peut s'en assurer par
lui-même - les profits nominaux que la Société
générale de financement a faits l'an dernier ne peuvent
être déclarés en dividendes, puisque les besoins de caisse
des sociétés à l'intérieur de la
Société générale de financement sont
considérables.
D'ailleurs, il faut tenir compte du fait que, par la suite, la
Société générale de financement achète 22%
des actions de Domtar qui, dans le dernier rapport trimestriel, indique un
coût net d'exploitation considérable dû à
l'augmentation des dividendes qui sont payés maintenant sur les emprunts
qui ont été faits pour payer les 22% de Domtar. Il n'y a personne
qui va me faire croire qu'au moment où le ministre des Finances avait
fait ses prévisions, il ne savait pas que c'était l'intention de
la Société générale de financement d'acheter des
actifs de Domtar, puisque tout le monde sait que dans ce genre d'acquisition,
de "multimillions" de dollars, on doit planifier ce genre d'exercice à
très long terme. Je ne veux pas dire que le ministre des Finances
était de mauvaise foi, mais je crois qu'on peut dire que le ministre des
Finances a donné, entre autres, l'exemple de la Société
générale de financement comme étant une des
sociétés qui pourraient, dès 1981, déclarer des
dividendes, alors qu'il devait savoir que c'est impossible à cause des
dépenses que la Société générale de
financement doit faire en 1981. C'est la raison pour laquelle je constate,
à la lecture de cette annexe au discours sur le budget du ministre des
Finances...
Le Président (M. Laplante): Toujours sur les 18 mois?
M. Fortier: ...que cette politique qui avait été
mise de l'avant, où Hydro-Québec était perçue comme
un ajout ou un exemple particulier d'une politique générale du
gouvernement, ne pourra, à mon avis, s'appliquer ou ne s'appliquera pas
à la plupart des sociétés d'Etat. De fait, elle devait
s'appliquer qu'à Hydro-Québec elle-même.
C'est la raison pour laquelle je crois, M. le Président,
qu'à l'intérieur de cette période de dix-huit mois nous
serons en mesure de vérifier si les prévisions du ministre des
Finances étaient réelles, si cette politique
générale qu'il avançait était réelle. Un
examen rapide m'amène à conclure que, justement, cette politique
qu'il avançait au mois de mars dernier n'était qu'un
prétexte pour justifier une attaque vis-à-vis
d'Hydro-Québec pour s'assurer des fonds qui étaient disponibles
dans cette société d'État. C'était un feu de
paille, c'était un moyen caché de s'accaparer, de siphonner les
fonds d'Hydro-Québec et de tenter de couvrir cette opération sous
l'auréole d'une politique générale de déclaration
de dividendes qui s'appliquerait à toutes les sociétés
d'État.
M. le Président, je crois que cette période de dix-huit
mois nous permettra sûrement de vérifier - j'imagine que toutes
ces sociétés ont des fins d'année financière
différentes - de voir si, éventuellement, certaines de ces
sociétés d'État déclareront des dividendes. Il se
pourrait fort bien que la seule qui déclare des dividendes au
gouvernement soit Hydro-Québec puisqu'il semblerait qu'elle soit la
seule à pouvoir le faire dans les circonstances. Je crois que les
députés du côté ministériel ne doivent
pas
nous en vouloir trop fortement de revenir sur cette argumentation et
d'utiliser les moyens démocratiques qui sont en notre pouvoir.
D'ailleurs, je leur rends grâce pour la facilité, d'une
façon générale, qu'ils mettent à nous
écouter et à respecter le dialogue que nous essayons d'entretenir
avec eux. Mais ce n'est pas facile. Je crois qu'on ne peut refuser à
l'Opposition l'utilisation maximale des moyens démocratiques lorsqu'il
s'agit d'impacts aussi considérables qui peuvent remettre en question
des acquis depuis 1962 ou depuis 1944. Je ne voudrais pas revenir sur ces
impacts, plusieurs parmi mes collègues les ont mentionnés. Le
député de Vaudreuil-Soulanges l'a fait d'une façon
exhaustive, le député de Mégantic-Compton l'a fait aussi.
Je crois que...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît?
M. Fortier: ...les différents exposés qui ont
été faits indiquent - chacun le fait à sa manière -
que nous avons tous des raisons de voter pour ce sous-amendement afin d'avoir
une meilleure vision de la réalité et des vrais motifs du
gouvernement et pour permettre justement au gouvernement de réaffirmer
d'autres objectifs, s'il croit qu'il est en mesure de le faire. M. le
Président, c'était là une considération que je
voulais mettre à votre disposition et j'ose espérer qu'elle
permettra à l'ensemble des membres de la commission de décider
d'une façon plus déterminante de la façon dont elle votera
sur ce sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, quatre minutes.
M. Bélanger: Merci. M. le Président, c'est
évident...
Une voix: II a parlé tantôt, lui.
M. Bélanger: Oui, mais il me reste quatre minutes, je ne
serai pas long. Quatre minutes, c'est vite passé, d'autant plus que
ça sera sûrement intéressant. Alors, quatre minutes pour
vous, M. le ministre, vous allez voir que c'est très facile à
entendre.
M. Duhaime: ... qui m'inquiète.
M. Bélanger: Je disais donc que ce sous-amendement
à la motion pour permettre que la société
Hydro-Québec soit en période d'essai pour 18 mois est vraiment,
selon moi, la façon idéale de rehausser la popularité du
gouvernement actuel. Cela permettrait aux ministres, dans les tournées
ministérielles qu'ils font régulièrement dans leurs
limousines, aux frais de l'État, d'expliquer à la population le
pourquoi de tels changements et de dire pourquoi on doit obligatoirement
changer la structure d'Hydro-Québec.
Ce serait extrêmement intéressant de voir, entre autres, le
ministre de l'Environnement expliquer les avantages de ces changements. Ce
serait intéressant aussi de voir le ministre de l'Énergie et des
Ressources expliquer pourquoi il devrait absolument et obligatoirement changer
les structures d'Hydro-Québec. Également, il ne faudrait pas
oublier notre superministre-vedette, celui qui se trompe de micro, le ministre
des Finances, qui, lui, pourrait aller, en tournée ministérielle,
expliquer aux Québécois et Québécoises, comme dit
mon collègue de Gatineau, aux "n'importe-quois" et "n'importe-quoises",
les avantages de cette loi 16 pour le ministère des Finances. Il y
aurait également le président du Conseil du trésor qui
pourrait lui aussi, dans sa tournée ministérielle, avec sa
calculatrice, démontrer avec toute l'habileté qu'on lui
connaît la nécessité de changer la structure
d'Hydro-Québec.
On pourrait aller plus loin, M. le Président. Cela permettrait
même au gouvernement de faire un fameux sondage de l'opinion populaire.
Ils sont si forts là-dessus, c'est tellement naturel pour eux. Si les
sondages se contredisent, comme ça leur arrive parfois, on pourrait
peut-être faire un référendum, et ce
référendum pourrait être tenu au même moment
où on tiendra un référendum pour savoir si on doit oui ou
non s'orienter selon les résolutions prises au conseil
général à Montréal.
C'est pourquoi je crois que tous les députés du
côté ministériel devraient, d'abord, intervenir à ce
stade-ci du débat pour nous dire s'ils sont en faveur d'une telle chose.
Plus j'analyse ce sous-amendement, plus je me rends compte qu'il est essentiel,
non pas pour l'Opposition, mais pour le gouvernement. Je me charge, en tant que
membre de la mission économique du Parti libéral, de faire la
même chose que ce que feront les ministres, d'expliquer le cas à
la population, probablement pas de la même façon, probablement pas
en lui servant les mêmes arguments, et probablement pas en me promenant
avec les mêmes limousines. Je vais y aller en autobus ou avec ma petite
voiture pour expliquer aux électeurs...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, vous êtes parti...
M. Bélanger: C'est intéressant, par exemple. Merci,
M. le Président.
Une voix: Vous êtes trop convaincant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Bélanger: Je vous l'avais dit que ça
passerait vite.
Le Président (M. Laplante): II lui reste quatre minutes
et, par la suite, vous pourrez parler pendant vingt minutes.
M. Fortier: ...
Le Président (M. Laplante): C'est pour donner la chance
à tout le monde.
M. Lincoln: M. le Président, je vous remercie. J'ai
parlé au député en privé, j'ai eu quelques minutes
de conversation avec mon auguste et savant confrère de
Châteauguay, et il m'a permis de mentionner qu'on avait eu une petite
discussion. Il me semble qu'il y a une concertation qui se fait sur la question
des 18 mois. Il a été très impressionné par cette
ouverture dynamique, positive, tout à fait constructive du savant
député de Vaudreuil-Soulanges. Je crois que 6 mois, c'est un peu
court, nous-mêmes en sommes arrivés à l'évidence,
sauf tout respect au député de Marguerite-Bourgeoys, et je m'en
excuse. Je pense que 18 mois, ça nous fera connaître la
situation.
En écoutant avec beaucoup d'attention le député
de...
Le Président (M. Laplante): N'oubliez pas, M. le
député de Nelligan, que je l'ai jugé recevable.
M. Lincoln: Oui, oui. Cela coule de source. J'ai dit tellement de
fois que votre sagesse excédait tout ce que j'ai entendu
déjà que j'ai pris cela pour acquis et que je ne l'ai pas
répété. Si je puis me permettre encore une fois de saluer
cette décision tout à fait positive et tout à fait...
Qu'est-ce qu'on peut dire? (23 h 15)
Une voix: N'importe quoi.
M. Lincoln: N'importe quoi... sage de la part du
président. Pour revenir à notre sujet principal, j'ai
été très impressionné de la suggestion de mon
collègue de Mégantic-Compton, une suggestion qui ne
m'était jamais venue à l'esprit, je dois le dire, d'un
référendum sur toute la question d'Hydro-Québec.
On parle beaucoup de référendum ces temps-ci, mais cela
aurait été une question sur laquelle les contribuables
eux-mêmes, les citoyens, les présents actionnaires
d'Hydro-Québec qui vont perdre beaucoup de droits avec le changement de
statut social d'Hydro-Québec, pourraient se prononcer de façon
tout à fait ouverte, tout à fait démocratique. Ils
pourraient dire eux-mêmes si, oui ou non, ils veulent continuer le
présent statut d'Hydro-Québec, antérieur au projet de loi
no 16 comme société sans but lucratif, ou bien le statut qui
aurait suivi la loi 16 si elle est adoptée - nous espérons que
non - qui serait une société à fonds social, une
société à capital-actions.
Cette idée tout à fait géniale et brillante de mon
collègue de Mégantic-Compton permettra - oui, tout à fait
extraordinaire, qui restera dans les annales comme un mémorial à
son intelligence - aux citoyens et aux contribuables du Québec, aux
Québécois et aux Québécoises, de se prononcer
eux-mêmes et elles-mêmes sur cette question - M. le ministre, vous
ne prenez pas cela au sérieux - fondamentale à savoir si oui ou
non... Les quatre minutes sont finies?
Le Président (M. Laplante): C'est fini.
M. Lincoln: Permettez-moi de conclure. Je m'excuse de ne pas
avoir eu assez de temps...
Le Président (M. Laplante): Au moment de l'envol.
M. Lincoln: ... pour développer ma théorie. Je vous
remercie, M. le Président, pour votre courtoisie habituelle.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député, de votre coopération. M. le député
de Richmond.
M. Yvon Vallières M. Vallières: Merci, M. le
Président.
Une voix: II y a des sondages qui ne vous feront pas plaisir.
M. Vallières: Les gens d'en face aimeraient bien qu'on
leur fasse part du résultat de certaines consultations que nous
effectuons comté par comté. Il serait évidemment
intéressant...
Une voix: En même temps alarmant.
M. Vallières: ... également alarmant de vous faire
part de toutes ces recommandations que nous recevons d'électeurs, qui
nous arrivent par dizaines, voire par centaines.
Mais revenons aux choses plus pertinentes à l'objet de notre
discussion. La motion de sous-amendement que nous avons devant nous vise
à ajouter à l'article "et rester en vigueur pour une
période de 18 mois." Je regrette l'absence de mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges, le parrain de cette motion de sous-amendement, parce que
je désire l'informer que je ne pourrai appuyer ce sous-amendement. Je me
propose, à moins que quelqu'un ne vienne éclairer davantage ma
lanterne, ne vienne apporter un peu plus de puissance à ce
sous-amendement qui est
devant nous, de voter contre. J'ai l'intention, au cours des quelques
minutes qui vont suivre, de vous faire la démonstration des
éléments qui militent en faveur d'une pareille position.
Il est cependant regrettable que nos collègues
ministériels ne fassent pas de même et ne nous indiquent pas s'ils
ont l'intention de voter contre cette motion et pourquoi. Il est fort probable
que les motifs qui justifieront les ministériels de voter contre cette
motion s'éloigneront considérablement des miens. Je vais vous en
faire part, parce que cette motion de sous-amendement que nous avons devant
nous viendrait, selon moi, confirmer le principe d'un changement de vocation
à HydroQuébec. Après tous les arguments que nous avons
déjà invoqués à cette commission, je crois que la
motion de sous-amendement telle qu'elle est présentée donne un
dur coup à tout ce que nous avons voulu combattre jusqu'à
maintenant. Car n'avons-nous pas, jusqu'à maintenant, combattu le
principe même que véhicule cette loi qui vient modifier la
vocation même d'Hydro-Québec? La question que je me suis
posée, M. le Président, en lisant cette motion de mon
collègue de Vaudreuil-Soulanges, c'est: Est-ce que, oui ou non - parce
qu'il faut se poser la question - ce projet de loi no 16 va changer des choses
à Hydro-Québec? Va-t-il changer les choses en profondeur, M. le
Président? Parce qu'évidemment nous n'aurions aucune raison de
nous opposer à l'adoption et de ce projet de loi et du sous-amendement
qui est devant nous à moins qu'on ne fasse des modifications profondes
à la vocation même d'Hydro-Québec.
Je voudrais, M. le Président, dans les quelques instants qui vont
suivre vous indiquer quelle est la pensée là-dessus du
président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, M. Joseph
Bourbeau. Vous allez vous rendre compte qu'à elles seules les citations
que je vais faire, que je vous lirai justifient mon désaccord et
m'invitent à voter contre le sous-amendement proposé par mon
collègue de Vaudreuil-Soulanges. M. Bourbeau nous dit: "Pour nous,
l'élément clé du discours sur le budget, c'est
l'instauration d'une politique de transfert de fonds d'Hydro-Québec au
gouvernement. Le discours sur le budget souligne d'abord que, pendant les
quatre à cinq années qui viennent, HydroQuébec n'investira
plus guère en dollars que ce qu'elle investit aujourd'hui. Retenant
ensuite l'hypothèse que les hausses de tarifs de
l'électricité refléteront le rythme de l'inflation dans
les années à venir, le ministre des Finances ajoute: Dans
quelques années, Hydro-Québec autofinancera 60% de ses
investissements. Dans cette perspective, le gouvernement estime qu'il devrait
récupérer le surplus financier excédentaire de
l'entreprise par un transfert d'une partie des revenus nets de cette
dernière au trésor public."
Quelle belle façon, M. le Président, d'enrubanner, de
cacher, de camoufler! On nous indique ici "devrait récupérer le
surplus financier excédentaire de l'entreprise par un transfert d'une
partie des revenus nets de cette dernière au trésor public".
À première vue, cela semble anodin, M. le Président, mais
M. Bourbeau nous confirme ici, selon son interprétation tout au moins,
quelles sont les intentions réelles du ministre des Finances et donc,
par voie de conséquence, du ministre du Revenu qui parraine ce projet de
loi no 16. Et le ministre des Finances est venu lui-même ici l'autre soir
à cette commission nous le confirmer.
M. Tremblay: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Je m'excuse, M. le Président, c'est parce que
le député a sans doute fait un lapsus. Il a dit que
c'était le ministre du Revenu qui parrainait, il doit se tromper de
commission ou de "filibuster". Ici, c'est le ministre de l'Énergie et
des Ressources.
M. Vallières: J'ai parlé, M. le Président,
et du ministre des Finances et du ministre de l'Énergie et des
Ressources. Si j'ai dit ministre du Revenu, soyez assuré que je ne
voudrais pas abaisser le ministre de l'Énergie et des Ressources au
point de le comparer et de le limiter aux possibilités du ministre du
Revenu.
M. Tremblay: Peut-être que le député est en
train de redire le discours qu'il a prononcé en haut tout à
l'heure.
M. Vallières: M. le Président, j'allais dire que le
ministre des Finances est venu lui-même ici en cette commission nous
confirmer quelles étaient ses intentions lors du discours sur le budget.
Je continue à citer M. Joseph Bourbeau qui nous dit ce qui suit: "En ce
qui a trait à la tarification..." Je veux préciser, M. le
Président, pour le bénéfice de ceux qui vont nous lire, et
on sait qu'ils sont très nombreux, que l'allocution de M. Joseph
Bourbeau, président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, a
été faite devant cette commission, la commission permanente de
l'énergie et des ressources, le mardi 25 août 1981.
Une voix: ...
M. Vallières: Oui, et je continue la citation, M. le
Président, parce qu'elle est très importante, compte tenu qu'on
nous indique là-dedans que la vocation d'Hydro-
Québec sera changée et cela a une incidence directe,
très étroitement liée à la motion de
sous-amendement que nous avons devant nous, vu la décision que j'ai
prise de voter contre, à moins qu'on m'éclaire davantage, M. le
Président, qu'on m'indique davantage les avantages de cette motion.
J'allais donc dire qu'à moins qu'on me convainque du bien-fondé
de cette motion, j'ai à répondre à la question: Est-ce
que, oui ou non, ce sous-amendement vient confirmer qu'Hydro-Québec
subira une modification de sa vocation?
Je cite donc M. Bourbeau qui nous dit: "En ce qui a trait à la
tarification, le discours sur le budget est aussi très explicite. Il ne
convient plus en effet de réduire, voire de stabiliser le prix de
l'électricité. Bien au contraire. L'évolution de la
conjoncture énergétique incite plutôt à utiliser le
prix de l'électricité comme un moyen pour gérer la demande
et stimuler les économies d'énergie."
Je pense qu'à ce jour le ministre des Finances a toujours
confirmé cela. Il nous dit par la suite: "L'interrogation suivante,
tirée du discours sur le budget, est révélatrice à
cet égard. Je cite "... comment peut-on persuader les citoyens qu'il
faut économiser l'énergie si, pour ce qui a trait à
l'électricité, c'est le seul prix qui baisse ou, en tout cas,
n'augmente pas? "En conséquence, le gouvernement souhaite
qu'Hydro-Québec - et c'est important ici de bien le lire - lui propose
désormais des hausses de tarifs qui tiennent compte de
l'évolution des prix des autres formes d'énergie. II s'agit
là d'un changement majeur aux règles qui ont
présidé à l'établissement des tarifs de la
société jusqu'à maintenant." À mon avis, M.
Bourbeau aurait pu ajouter: Non seulement à l'établissement des
tarifs, mais à l'établissement même d'Hydro-Québec,
M. le Président.
M. le Président, pourquoi est-ce que je m'interroge sur le
bien-fondé de la motion de sous-amendement qui est devant nous? C'est
qu'à mon humble avis, cette motion ne permettra pas de reporter, comme
je l'aimerais, l'application de cet article et du projet de loi no 16 au
complet dans quatre ans, parce qu'à mon avis, cela devrait s'appliquer
seulement en 1985. Je crois, M. le Président, que le ministre des
Finances va suffisamment en chercher présentement dans les poches de nos
contribuables et le sous-amendement du député de
Vaudreuil-Soulanges ouvrirait, à mon point de vue, la porte à
cette possibilité d'accorder au ministre des Finances la chance d'aller
chercher pendant 18 mois davantage de fonds, davantage d'argent dans les poches
des contribuables du Québec. M. le Président, peut-être que
d'autres de mes collègues pourraient m'indiquer le contraire et que je
pourrai me rallier à la position du parti sur ce sous-amendement. Je le
souhaite vivement, M. le Président. J'espère, M. le
Président, que je me trompe énormément. Je continue de
citer M. Bourbeau qui nous parle des conséquences du geste qu'on se
prépare à faire. Quand on vous dit que le ministre des Finances
est allé chercher davantage beaucoup chez Hydro-Québec,
même M. Bourbeau le reconnaît et nous dit: "II s'agit en premier
lieu de l'assujettissement de "toutes les sociétés publiques
à caractère industriel et commercial," donc Hydro-Québec,
à la taxe sur le capital dont le taux a, par ailleurs, été
porté de 0,3% - il emploie la virgule ici dans le texte, M. le
Président - à 0,45% par le ministre des Finances. La
deuxième mesure a trait à l'augmentation de la contribution des
employeurs au financement des programmes de santé."
M. le Président, ce sont là des taxes que le ministre est
allé percevoir chez Hydro-Québec et qui, par voie de
conséquence, ont été perçues chez les
contribuables. À mon avis, nous devons arrêter là cette
manie que semble vouloir prendre le gouvernement actuel d'aller chercher
davantage dans la poche du contribuable par des impôts
déguisés. (23 h 30)
M. le Président, je disais tantôt que j'aurais
préféré que la motion de sous-amendement qu'on a devant
nous fasse état d'une proposition qui nous aurait permis d'appliquer le
projet de loi seulement dans trois ou quatre ans. Je préférerais
en 1985, parce que, M. le Président, nous voulons que les modifications
qui vont être apportées à Hydro-Québec ne
s'appliquent qu'après une vaste consultation, comme nous l'avons dit
à plusieurs reprises... Et pour bien éclairer les gens de cette
commission qui auront à voter tantôt, pour leur indiquer que
véritablement ce qu'on se propose de faire vient confirmer qu'il y aura
des changements majeurs à Hydro-Québec, j'ajoute, et c'est la
dernière citation que je donne de M. Bourbeau ce soir, M. le
Président: Le conseil d'administration de la société a
étudié avec soin toutes les répercussions de ce projet de
loi. Je voudrais maintenant vous faire part des réflexions qu'il nous a
inspirées. On nous dit: Les amendements apportés aux articles 22
et 22.1 de la Loi sur l'Hydro-Québec sont importants. Ils modifient le
mandat même de la société d'État, et l'on mentionne
ici l'article 22.
Et on ajoute, M. le Président, et cela est très clair,
c'est ce que nous disons depuis l'ouverture de cette commission:
Hydro-Québec se voit donc soustraite de son obligation actuelle de fixer
les prix d'électricité aux taux les plus bas compatibles avec une
saine administration financière. Et le tarif applicable à
chaque
catégorie d'abonné n'a plus à refléter le
coût réel du service à cette catégorie. Alors, M. le
Président, pour moi, c'est très clair, c'est l'évidence
même et je suis heureux que cela soit confirmé par une personne
dont la neutralité est reconnue, soit M. Joseph Bourbeau.
Alors, M. le Président, pour ces raisons, je me propose de ne pas
appuyer la motion qui a été présentée. Et pas plus
tard qu'aujourd'hui, je recevais par la poste, par pur hasard, mon compte
d'électricité. Je vois, dans le sous-amendement du
député de Vaudreuil-Soulanges, une incidence directe avec mon
futur compte d'électricité. J'ai demandé à mon
collègue de Mégantic-Compton d'y jeter un oeil, afin de s'assurer
que tout était conforme et que cela avait été bien
calculé. C'est donc dire, M. le Président, que ce compte que je
reçois de 163,73 $ sera grandement majoré, comme le confirme un
avis qu'on recevait à même le compte, à partir du 1er
janvier 1982.
Je veux attirer votre attention ici, M. le Président, sur le fait
que, sur ce talon de tarif d'électricité que l'on reçoit,
il y a diverses cases qui indiquent, pour la meilleure compréhension du
citoyen, les montants et l'utilisation qui est faite de ce compte. On nous dit,
par exemple, la période qui est couverte. On nous dit également
quelle est la consommation qui a été utilisée. On nous
fait part du tarif. On nous fait part également de la taxe de 8%, c'est
clairement indiqué; 8%, dans mon cas, sur un total de 151,60 $, soit une
taxe de 12,13 $, M. le Président. Ce que je veux dire et qui serait
important, c'est qu'on ajoute à ce formulaire, si on décide
d'adopter ce projet de loi no 16, un nouveau carreau, qu'on pourrait appeler le
carreau Parizeau, sur lequel on verrait indiqué quelque chose comme
redevance versée à M. Parizeau. Et tout cela dans le but d'une
meilleure information aux contribuables, à nos citoyens.
M. le Président, je veux également vous dire qu'avec ce
compte, les contribuables reçoivent un avis qui est titré:
Nouveaux tarifs à partir du 1er janvier 1982, et c'est marqué,
dans un beau ton de brun: Hydro-Québec a reçu l'autorisation
d'augmenter ses tarifs; on trouvera dans ce bulletin les tarifs qui entreront
en vigueur le 1er janvier 1982 pour l'usage domestique et pour l'usage
général de petite puissance. On va même plus loin, dans un
souci de bien informer la population, je dois bien le dire. On indique
également et c'est titré: Effets de la hausse du tarif domestique
sur le montant à payer pour diverses consommations calculées pour
une période de 60 jours. Pour un certain nombre de kilowattheures
consommés, on indique le montant de la facture de 1981, le montant de la
facture de 1982, pour permettre une meilleure comparaison. Mais, M. le
Président, ces montants ne tiennent pas compte de la taxe de 8% et,
à mon avis, là également, on aurait dû,
j'espère que ce sera fait dans une autre opération, indiquer
quelle est la conséquence de cette taxe, parce que, comme nous le
savons, c'est une taxe ascenseur. À chaque fois que
l'électricité augmente, cette taxe, qui est fixe,
évidemment s'applique au montant global de la facture et donc contribue
davantage à surtaxer le contribuable québécois.
Je voudrais vous dire que l'effet de cette hausse de tarifs qui,
à mon avis, va être désastreuse pour les contribuables du
Québec, je vais continuer à m'employer à la
dénoncer. Il serait dommage que nos collègues du parti
ministériel ne fassent pas de même. Je souhaite ardemment - je
veux faire un souhait qui j'espère ne tournera pas en voeu pieux - que
nous pourrons compter sur la collaboration du ministre une fois sa loi
adoptée, si jamais elle se rend à ce stade. J'aimerais qu'il se
fasse, de même que ses collègues, l'ardent défenseur de
l'ajout sur la facture qui est envoyée aux contribuables du
Québec d'un petit carreau dont je vous parlais tantôt où
serait inscrit quelque chose du genre "redevance payée au ministre des
Finances", parce que, pour moi, il est important que le contribuable sache
qu'on ne lui fournit pas l'électricité au plus bas coût
possible. Il faudrait l'indiquer clairement et indiquer clairement combien M.
Parizeau va aller toucher par cette augmentation, combien il va gober. Je
soulève ici un point très important, puisque s'il fallait que le
projet de loi 16 soit adopté, et ce même pour une période
limitée, comme semble vouloir l'indiquer le sous-amendement qu'on a
devant nous pour une période d'environ 18 mois, nous devons bien
informer l'électeur. Pour cela, il faudrait que M. Parizeau ait son
petit carreau afin que les gens sachent que cet argent ne sera pas
employé par HydroQuébec pour les fins d'Hydro-Québec.
Je serai par conséquent, pour revenir directement au
sous-amendement, contre le sous-amendement parce qu'il vient permettre, comme
je le disais tantôt, d'entrouvrir la porte à l'application
possible du projet de loi 16 pour une période fixe de 18 mois. Ce sera,
à mon avis, 18 mois de trop où les contribuables de Richmond et
du Québec en général devront payer une taxe
déguisée. Les gens, ne l'oublions jamais, quand ils
reçoivent le compte d'électricité, la façon dont
ils l'envisagent, c'est que c'est pour l'électricité qu'ils ont
consommée, pas pour financer les dépenses d'autres organismes
gouvernementaux ou d'autres ministères. Qu'on garde le compte dans sa
forme actuelle ou qu'on y ajoute un carreau pour les redevances si on refuse de
jouer à la cachette avec les contribuables. On pourrait faire mieux que
cela. On pourrait battre le
sous-amendement, battre l'amendement qui nous a été
présenté et, finalement, battre l'article 1...
Le Président (M. Laplante): Si vous pouviez conclure, s'il
vous plaît, M. le député de Richmond.
M. Vallières: ... oui, je conclus, et que, finalement, on
rejette cette loi qui institue une taxe spéciale pour financer le
déficit budgétaire.
M. le Président, à mon avis, il serait
préférable d'instituer une taxe spéciale pour financer le
déficit plutôt que de le faire de façon
déguisée sur les comptes d'électricité des
contribuables du Québec.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie. M. le
député de Pontiac, une minute.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Peut-être,
pour continuer un peu, pour démontrer que notre collègue de
Vimont accorde beaucoup d'importance...
Le Président (M. Laplante): Si vous pouviez conclure, s'il
vous plaît!
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Je cite, au journal des
Débats, M. Rodrigue. On parle encore du programme d'économie
d'énergie. Il dit: "Est-ce que le programme est suffisamment
avancé pour que vous soyez en mesure de tirer une conclusion sur la
validité du programme? En d'autres mots, est-ce que, pour
Hydro-Québec, le programme des Îles-de-la-Madeleine s'avère
rentable, compte tenu des bases de comparaison?" Merci.
Le Président (M. Laplante): II ne reste plus de temps.
Merci beaucoup.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Je m'excuse, M. le
député de Chambly.
M. Lalonde: C'est à votre tour...
M. Tremblay: J'aimerais dire, tout d'abord, que je suis bien fier
de siéger à cette commission plutôt qu'à l'autre que
j'ai visitée tout à l'heure, parce que je trouve que mes
collègues de l'Opposition démontrent beaucoup plus de
sérieux apparent. Dans ce sens, on peut les féliciter.
Ce n'était pas là le fond de mon propos. Le
député de Richmond a beaucoup fait part du sondage qu'il a
effectué dans son comté. Je veux lui suggérer bien
humblement de vérifier...
Une voix: La pertinence.
M. Tremblay: ... auprès de ceux qui lui ont
retourné le questionnaire les vrais motifs pour lesquels ils l'ont fait.
Peut-être que c'est parce qu'ils ne le trouvaient pas intéressant
et qu'ils lui retournent simplement son papier qu'ils n'aiment pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Vallières: M. le Président, je considère
cela comme une question qui m'est posée.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez soulever, si vous
voulez, une question de règlement.
M. Vallières: Oui, M. le Président, c'est une
question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Vallières: Je veux vous indiquer que, de la
façon dont le député de...
Des voix: Chambly.
M. Vallières: ... Chambly me posait la question, je l'ai
interprétée comme une question à laquelle il voulait que
je réponde et j'ose lui demander...
Le Président (M. Laplante): II faudrait lui
répondre.
M. Vallières: ... s'il veut que je réponde à
sa question ou si ce n'était pas une question, mais un commentaire.
M. Tremblay: Ce n'était pas une question, c'était
une suggestion.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Une voix: Si vous voulez ajouter quelque chose pour le journal
des Débats.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je regrette les
dernières interventions, non pas que le député de Chambly
ait abusé de son droit de parole mais, comme il a passé quelques
minutes à poser sa question, voilà qu'il me reste moins de vingt
minutes avant l'ajournement et je ne pourrai malheureusement pas terminer mon
intervention ce soir. J'aurais tellement désiré, pour faire
avancer nos travaux, qu'on puisse voter sur cette motion de sous-amendement
dont, je pense, la commission devrait disposer le plus tôt possible.
Si j'ai attendu la fin des interventions de l'Opposition pour m'exprimer
sur la motion de sous-amendement du député de
Vaudreuil-Soulanges, c'est qu'elle me crée certains problèmes. Le
premier problème,
c'est qu'elle change ma propre motion. Avouez que cela prend tout un
bagage de renoncement de ma part, ne serait-ce que pour en parler, mais il
reste que, conformément au compliment que le député de
Chambly adressait à l'Opposition, étant donné qu'on parle
de façon sérieuse ici à cette commission, je vais quand
même tenter de trouver quelques arguments pour non seulement appuyer
cette motion, mais pour aussi convaincre, si je peux le faire, le
député de Richmond de faire de même.
Une voix: Jamais!
M. Lalonde: II reste que le sous-amendement proposé par le
député de Vaudreuil-Soulanges ne change pas l'essentiel de ma
motion d'amendement, à savoir la révision automatique de ce
projet de loi, de cet article 3.1, si l'amendement même
sous-amendé était adopté. Il y a plusieurs
députés de l'Opposition qui ont soulevé cette vertu
contenue dans l'amendement que nous avons présenté, entre autres,
le député d'Outremont. Je pense que le député de
Pontiac a dit: Lorsqu'on fait des erreurs, il est très difficile de les
réparer. Il reste qu'un gouvernement, surtout le gouvernement du Parti
québécois, a toujours une certaine fierté dans le sens
d'orgueil, dans le sens de vanité, et qu'il hésite à
reconnaître ses erreurs. C'est tout à fait humain. On ne peut pas
le lui reprocher, dans le sens que c'est quand même un sentiment assez
compréhensible, mais lorsque nous avons affaire à l'avenir du
Québec, aux intérêts réels des
Québécois comme, par exemple, ce que représente
Hydro-Québec pour tous les Québécois, il me semble qu'on
doit faire en sorte que le gouvernement soit mis dans une situation où
il n'ait pas à hésiter à changer d'idée, si
l'erreur a été commise. (23 h 45)
Nous croyons que c'est une erreur que de transformer Hydro-Québec
de la façon dont le prévoit l'article 3.1 auquel mon amendement
s'adresse et auquel le sous-amendement s'adresse aussi. Nous croyons que c'est
une erreur. Je comprends le député de Richmond qui dit: Comment
voulez-vous que je m'associe à une motion qui veut perpétuer une
erreur pendant 18 mois? C'est une question fort pertinente et elle s'adresse
aussi à l'amendement que j'ai proposé, ne serait-ce pas 18 mois,
même 6 mois. Comment pouvons-nous, en votant en faveur du sous-amendement
ou de l'amendement, accepter que l'erreur se fasse? Je regrette, M. le
Président, mais ce n'est pas ma faute si l'amendement du
député d'Outremont qui a voulu reporter l'entrée en
vigueur de l'article 3.1 au 1er janvier 1985 n'a pas été
adopté. C'est la majorité ministérielle aveugle qui a
enlevé cette possibilité qu'évoque le député
de Richmond lorsqu'il dit qu'il préférerait que l'erreur ne se
fasse pas du tout ou qu'elle soit remise à tellement loin qu'on n'ait
pas à dire qu'elle se terminera six mois après. L'erreur est
faite si le projet de loi est accepté. Tout ce à quoi nous
pouvons nous associer c'est à un effort de réduire les
conséquences de l'erreur au minimum. C'est pour ça que - je
voudrais l'expliquer au député de Richmond - j'ai proposé
cette motion d'amendement pour réduire la période de temps des
dégâts à six mois.
En fait, limiter les dégâts est l'objectif de ma motion
d'amendement. J'aurais préféré six mois pour qu'on puisse
limiter les dégâts au minimum mais il reste qu'un certain nombre
d'arguments apportés par le député de Vaudreuil-Soulanges
et d'autres m'ont ébranlé dans cette conviction. Il est vrai que
six mois, même si l'avantage serait de limiter les dégâts au
minimum, c'est un peu court pour faire la preuve convaincante de ce qu'on
plaide et en faire la démonstration à la population.
Là-dessus, j'invite aussi le député de Richmond à
tenter de renoncer à ses convictions qui sont tellement profondes et
qu'il a exprimées avec tellement d'éloquence pour
reconnaître que nous aurons à faire la démonstration de
cette erreur aux Québécois. C'est ce qu'on appelle, dans un
certain chapitre du droit, "balance of inconvenients", l'équilibre des
dommages, ce qui serait plus dommageable en matière d'injonction.
"Balance of inconvenients", sûrement que le député de
Saint-Maurice se rappelle lorsqu'il plaidait - j'entends d'ailleurs encore les
portes des prétoires du Québec vibrer de l'écho de ses
plaidoyers percutants, il a laissé des traces - combien d'erreurs
judiciaires ont été évitées - laissez-moi terminer
- à cause de ses interventions savantes. "Balance of inconvenients", il
le sait que c'est ce principe du droit qui fait que le juge doit mesurer les
dommages qui seraient causés...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ... par un état de choses ou, d'autre part,
par son remède. C'est ce principe que j'invite le député
de Richmond à appliquer à la situation...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Pour la bonne compréhension, je n'ai pas tout
compris moi, j'aimerais...
M. Lalonde: M. le Président, si j'ai un consentement, je
pourrai m'étendre un peu sur cette question. Si le sous-amendement est
rejeté - ce n'est pas que j'invite les ministériels à le
faire - je pourrai parler un peu sur l'amendement lui-même. Au fond, on a
la même situation qui se présente à nous.
Alors, lorsqu'on connaît la gourmandise
du ministre des Finances, lorsqu'on connaît les trous immenses que
l'on retrouve dans ses dossiers dans les divers chapitres de ses états
financiers, on a raison de s'inquiéter, et 18 mois, ça lui donne
beaucoup de temps pour aller piger dans les fonds des Québécois
que nous avons confiés à notre Hydro-Québec; mais quant
à moi, il me semble que l'importance de faire la démonstration
aux Québécois de l'erreur qui a été faite par le
gouvernement...
Le Président (M. Laplante): M. le
député.
M. Perron: Sa montre a indiqué qu'il avait
terminé.
M. Lalonde: M. le Président, je disais donc qu'il est
important quand même de laisser la démonstration se faire
malgré les inconvénients, malgré les dégâts
que cela va créer malheureusement aux Québécois, mais au
moins lorsqu'après 18 mois, le gouvernement sera appelé soit
à laisser mourir cette loi...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous vous adressez au président lorsque vous
parlez.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je m'adresse à
vous.
M. le Président, lorsque le gouvernement aura à prendre la
décision à savoir s'il laisse mourir cette loi qui devrait de
toute façon mourir de sa belle mort le plus tôt possible ou bien
la représenter à l'Assemblée nationale, nous aurons devant
nous un bilan beaucoup plus éloquent que si l'on laisse passer seulement
six mois. Là-dessus, je pense que le député de
Vaudreuil-Soulanges a raison, il ne faut pas charrier, il ne faut pas
exagérer; ce n'est pas une trouvaille, mais il reste que cela donne plus
de chance surtout dans la perspective où ce gouvernement s'accroche au
pouvoir. Remarquez que ce n'est pas une perspective très heureuse parce
que de toute évidence on aurait un gouvernement complètement
détaché de son parti, un gouvernement isolé, dans un
Québec que lui-même aura isolé, un gouvernement dans un
Québec qui s'en va de plus en plus vers la faillite, la perspective
n'est pas heureuse, mais on connaît le Parti québécois, il
a le goût du pouvoir beaucoup plus que le goût du Québec.
Alors, dans la perspective où c'est le gouvernement du Parti
québécois qui s'attache au pouvoir, dans un an et demi, il faudra
que la démonstration soit absolument éloquente, qu'elle
crève les yeux, pour qu'il se décide à laisser mourir
cette loi de sa belle mort.
Un autre argument, c'est le référendum. Mais ça,
par exemple, c'est le député de Mégantic-Compton qui a
trouvé que six mois, ça ne permet pas de faire un
référendum; ça permet de faire un référendum
dans le Parti québécois, peut-être, parce qu'il n'a pas
beaucoup de parapluies. Il va y avoir le parapluie du premier ministre, et il
va y avoir un paratonnerre pour les autres. Cela peut se faire facilement et
rapidement, mais si on veut faire le vrai référendum pour tous
les Québécois, ça prend beaucoup plus de temps. D'abord,
il faut faire la question. Il a fallu trois ans pour faire la question sur la
souveraineté-association, imaginez-vous, on va faire une question qui
touche tellement les Québécois sur Hydro-Québec, cela va
prendre beaucoup de temps.
Alors, quelle question pourrait-on poser lors d'un tel
référendum? j'aimerais, si on avait un consentement, que le
député de Mégantic-Compton m'éclaire
là-dessus. On peut penser à toutes sortes de questions, mais je
ne veux rien de farfelu, je veux une vraie question, une question
électrisante, une question qui nous mette au courant des
problèmes qui se présentent à nous, une question qui jette
la lumière sur la situation. Le député de Richmond m'a
déjà dit qu'il y a déjà deux questions, mais on
pourrait s'exprimer là-dessus, si jamais le refus du gouvernement nous
force à discuter de la motion d'amendement qui garde, quand même,
une certaine valeur, il faut le croire. Je suis sûr, si le Parti
libéral est appelé à voter en faveur de la motion de
sous-amendement, que, dans la perspective où celle-ci serait
défaite - et je fais appel à son sens du devoir - le
député de Vaudreuil-Soulanges se ralliera à la motion
d'amendement que j'ai présentée, même si cela réduit
à six mois la période que nous avons proposée, à
moins qu'on ne la réamende. Enfin, M. le Président, on verra si
c'est recevable ou non.
M. le Président, il y a aussi la persuasion du
député de Vaudreuil-Soulanges qui m'a bien impressionné.
Parodiant Achille Talon, il disait: Je me battrai seul côte à
côte pour une période indéfinie à laquelle je ne
retrancherai rien. M. le Président, je remarque que cette proposition du
député de Vaudreuil-Soulanges peut écorcher un peu le
règlement parce que la période est définie, c'est 20
minutes. Je comprends qu'il ne veut rien retrancher, mais vous, vous pourrez le
faire. Sa détermination m'amène à le supporter dans cette
motion de 18 mois. Enfin, et j'espère que le député de
Richmond m'écoute...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, votre attention, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ... il veut voter, enfin, il a annoncé qu'il
avait beaucoup de difficulté à supporter la motion du
député de Vaudreuil-
Soulanges parce qu'il aurait voulu reporter à quatre ans - je
m'excuse de me répéter, M. le Président, c'est la
première fois depuis une semaine - l'entrée en vigueur de cette
loi. Il est très déçu et je pense que nous devons
sympathiser avec lui; sa déception, son angoisse, son désespoir,
nous les partageons. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que, lorsque nous
aborderons l'article 11 de ce projet de loi dans les jours qui viendront,
mercredi, jeudi ou vendredi, j'ai l'intention de proposer un amendement de
sorte que cet article qui dit - c'est la sanction, en fait -que "la
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction", dira "va entrer
en vigueur quatre ans après le jour de sa sanction." Je pense - et je
suis convaincu que les députés ministériels vont m'appuyer
là-dessus - qu'à ce moment le député de Richmond
pourra, faisant confiance ainsi aux députés
ministériels...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, comme le règlement ne
me permet pas de terminer mon intervention, je vais retenir ma conclusion pour
demain.
Le Président (M. Laplante): Les travaux de cette
commission sont ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 23 h 58)