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(Vingt heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, mesdames et
messieurs! Nous avons quorum. Reprise de la commission de l'énergie et
des ressources pour étude article par article du projet de loi no 16,
Loi modifiant la Loi sur l'Hydro-Québec.
Je fais l'appel des membres de cette commission: M. Bélanger
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Polak (Sainte-Anne); M.
Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue); M. Duhaime (Saint-Maurice); M. Dussault
(Châteauguay); M. Fortier (Outremont); M. Grégoire (Frontenac); M.
LeBlanc (Montmagny-L'Islet); M. Middlemiss (Pontiac) remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Perron (Duplessis); M. Rodrigue (Vimont)
remplacé par M. Desbiens (Dubuc); M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M.
Johnson (Vaudreuil-Soulanges); M. de Belleval (Charlesbourg); M. Hains
(Saint-Henri) remplacé par M. Dauphin (Marquette); M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Middlemiss (Pontiac); M. Marquis
(Matapédia); M. O'Gallagher (Robert Baldwin) remplacé par M.
Lincoln (Nelligan); M. Tremblay (Chambly).
Reprise du débat
sur le sous-amendement
proposé à la motion de report
Lorsque nous avons ajourné nos travaux, hier soir, nous en
étions à un amendement à la motion du député
de Marguerite-Bourgeoys qui a été présenté par le
député de Vaudreuil-Soulanges. Est-ce que le sous-amendement est
adopté?
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais avant, sur une
question de règlement, que vous informiez cette commission qui n'a pas
été appelée à siéger aujourd'hui avant 20 h
20 ce soir, malgré la menace de guillotine qui pèse sur nos
têtes j'aimerais, dis-je, que vous nous informiez sur l'état de
nos travaux. Nous parlions, si je m'en souviens bien, sur le sous-amendement du
député de Vaudreuil-Soulanges. Il restait quelques droits de
parole que j'aimerais que vous nous communiquiez maintenant.
Le Président (M. Laplante): Avec plaisir, c'est que
l'amendement présenté par le député de
Marguerite-Bourgeoys était celui-ci: Que le paragraphe 3.1 de l'article
1, soit amendé en ajoutant à la fin les mots "pour une
période de six mois". Il est venu après ça, subitement,
une motion du député de Vaudreuil-Soulanges, il est venu, dis-je,
un sous-amendement à votre motion, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui ajoutait 18 mois au lieu de six mois. Chez ceux qui
ont parlé sur cette motion, il reste un droit de parole de deux minutes
au député de Marguerite-Bourgeoys et il resterait un autre droit
de parole de 20 minutes, si on considère les huit intervenants et
membres, parce que vous avez changé de... M. le député de
Mégantic-Compton, qui était ici à ce moment-là, a
complété son temps...
M. Lalonde: C'est sur le sous-amendement?
Le Président (M. Laplante): Oui. M. le
député d'Outremont a complété son temps. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys a encore deux minutes. M. le
député de Richmond a complété son temps. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges a complété son temps.
M. le député de Pontiac et M. le député de Nelligan
ont complété leur temps; il resterait 20 minutes au
député de Marquette.
M. Fernand
Lalonde
M. Lalonde: Alors, M. le Président, j'emploierai les
quelques instants qu'il nous reste - vous savez que nous parlons maintenant
sous la menace antidémocratique, même une menace...
M. le Président, il y a une cloche qui sonne, est-ce une question
de vote?
Le Président (M. Laplante): On va venir nous avertir.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais indiquer au
député de Marquette que nous discutons actuellement sur une
motion de sous-amendement qui s'attache à une motion d'amendement que
j'avais présentée au paragraphe 3.1. Le paragraphe 3.1 veut
qu'Hydro-Québec soit transformée en société
à capital-actions, c'est-à-dire que, d'un organisme qui
appartient à tous les Québécois, elle devienne la chose du
ministre des Finances.
Nous, par l'amendement, avons dit ceci:
Puisqu'il faut absolument le faire - la majorité
ministérielle servile que l'on connaît va nous l'imposer - au
moins, mettons un terme rapidement après, pour limiter les
dégâts, et j'avais suggéré six mois. Le
député de Vaudreuil-Soulanges, qui a beaucoup plus
d'expérience que moi en matière d'entreprise, dans sa grande
sagesse, a suggéré 18 mois en sous-amendement. Je me suis
rangé, j'ai invité tous les membres de cette commission à
se ranger et vous reconnaîtrez d'ailleurs le renoncement qui m'a
animé à ce moment.
Il s'agit de tenter de convaincre les députés
ministériels qu'on devrait mettre un terme assez court à cette
situation désastreuse pour les Québécois, à
savoir...
Le Président (M. Laplante): Vos deux minutes sont
écoulées, M. le député.
M. Lalonde: Oui, je conclus là-dessus, M. le
Président. ... à savoir que ce terme soit de 18 mois.
Naturellement, si la majorité ministérielle - servile, comme je
l'ai dit; aveugle et sourde aussi - ne nous entend pas, à ce moment, on
reprendra le débat sur un terme de six mois. Je n'en serai pas
très malheureux, parce que c'est ma motion, mais, quand même,
j'invite le député de Marquette à faire valoir ses
arguments pour tenter de convaincre les députés, avec tout
l'optimisme qui l'anime. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Vingt minutes, M. le Président? Je vous
remercie à nouveau de me donner l'occasion d'intervenir en commission
parlementaire sur le projet de loi no 16.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Lalonde: ... je m'excuse d'interrompre le député
de Marquette C'est une question de règlement. Vous avez rendu une
décision à savoir qu'en l'absence du ministre, si l'adjoint
parlementaire était présent à la commission parlementaire,
nous devions continuer nos travaux. L'adjoint parlementaire vient de quitter.
Je suggère qu'on suspende.
M. Grégoire: M. le Président, je soulève une
question de privilège, je suis ici.
M. Lalonde: II n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. Grégoire: Si le député de
Marguerite-Bourgeoys dit que j'ai quitté, il s'est trompé, il
induit...
Le Président (M. Laplante): Pour la bonne
compréhension du journal des Débats, quand vous vous levez de
votre siège, c'est comme si vous étiez absent.
M. Grégoire: Non, M. le Président, ce sont de
nouvelles procédures.
Le Président (M. Laplante): II faut toujours être
à son siège pour parler.
M. Grégoire: Je ne parlais pas non plus, je peux
être debout derrière mon siège.
M. Lalonde: II va rester ici toute la soirée...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Quand le ministre est présent et qu'il veut
aller faire ce que l'on comprendra bien entre nous, son pipi, pour parler
clairement, l'Opposition ne se lève pas pour empêcher le ministre
d'aller faire son pipi. Maintenant que l'adjoint parlementaire veut lui aussi
aller faire son pipi, est-ce qu'il y a un règlement qui empêche
l'adjoint parlementaire de le faire, M. le Président?
M. Lalonde: On suspend. Des voix: On est suspendu.
M. Lalonde: Qu'on apporte un pot, M. le Président:
Le Président (M. Laplante): Tant et aussi longtemps qu'on
n'invoque pas son absence, je reste coi.
M. Grégoire: M. le Président, j'ai pris soin d'en
parler au député de Marguerite-Bourgeoys. Je me suis
aperçu que la gentilhommerie n'est pas de son côté.
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est pas une question de
gentilhommerie, c'est une question d'autre chose.
M. Grégoire: Je me suis aperçu que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'est pas un gentilhomme, n'est
pas...
M. Dussault: II n'est pas humain.
M. Grégoire: II était bas dans mon estime, mais il
est encore plus bas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette, si vous voulez continuer.
M. Grégoire: Réellement, je trouve qu'il est
même pitoyable, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Dussault: On va le dire à l'Assemblée nationale,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président, pour une
deuxième fois. Je m'excuse d'avoir été absent durant la
journée d'hier, je vaquais à d'autres occupations parlementaires
tout aussi importantes que les vacations que nous avons aujourd'hui sur ce
projet de loi no 16 en commission parlementaire. Naturellement, pour le
bénéfice de mes amis de l'autre côté, je concours au
sous-amendement du député de Vaudreuil-Soulanges pour que la
société Hydro-Québec soit une compagnie à fonds
social purement et simplement pour une période de 18 mois, question de
laisser le temps au gouvernement de se rendre compte jusqu'à quel point
il commet un erreur en voulant faire du ministre des Finances le seul et unique
actionnaire de la société Hydro-Québec.
M. le Président, vous êtes sûrement au courant -
probablement que mes collègues de ce côté-ci de la table
vous l'ont mentionné -que nous, de l'Opposition, avons tenté par
tous les moyens de faire comprendre au gouvernement et, du même coup, de
démontrer à la population du Québec jusqu'à quel
point ce projet de loi était nocif pour l'ensemble des
Québécois. Sans me faire un propagandiste de l'histoire, inutile
de vous rappeler qu'il y a deux semaines nous avons commencé par
proposer une motion de report par la voix du député de
Gatineau.
Nous avons tenté par tous les moyens de faire comprendre aux
membres du parti ministériel l'importance du projet de loi no 16 et
jusqu'à quel point il y avait lieu non seulement de reporter à un
an l'adoption de ce projet de loi - comme vous le savez, le règlement de
l'Assemblée nationale ne nous permettait que d'employer cet article du
règlement pour tenter de le faire comprendre au gouvernement - mais,
à toutes fins utiles, de le retirer complètement. (20 h 30)
La motion de report ayant eu lieu, le vote ayant été tenu,
nous nous sommes rendus compte, la machine à voter du parti
ministériel ayant effectivement exercé son droit, que nous avons
été battus sur la motion de report.
Par la suite, M. le Président, en deuxième lecture sur le
fond, la grande majorité des députés de l'Opposition a
essayé, par son droit d'intervention de 20 minutes en vertu du
règlement de l'Assemblée nationale, de convaincre encore une fois
les membres du parti ministériel de la non-utilité ou
plutôt de l'importance du projet de loi no 16, importance telle qu'il y
avait lieu d'engager un débat public sur la question. Comme je vous le
disais tantôt, nous avons tenté de le faire par une motion de
report qui a été battue en Chambre; ensuite, notre argument sur
le fond était non seulement de faire comprendre à la population
du Québec et à nos amis d'en face l'importance dudit projet de
loi, mais également de le retirer complètement.
À la suite de cela, le vote en deuxième lecture a eu lieu
et, naturellement, le parti ministériel, doté de sa
majorité, nous a battus encore une fois. Par la suite, le leader du
gouvernement a...
Une voix: À l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dauphin: ... naturellement déféré, encore
une fois en vertu du règlement, le tout en commission parlementaire.
Nous avons eu l'occasion de siéger à ladite commission, dont nous
sommes tous témoins oculaires ici ce soir, pendant plusieurs jours sur
le projet de loi no 16. Nous avons tenté encore une fois par tous les
moyens de convaincre nos amis du parti ministériel qu'effectivement il y
avait lieu non seulement de reporter, mais de retirer ledit projet de loi. Nous
avons tenté en vain d'apporter des propositions sur la convocation,
entre autres, de M. Lafond.
Par la suite, le député de Châteauguay a fait un
amendement pour que l'on puisse effectivement inviter non seulement M. Lafond,
mais également toute personne physique ou morale qui aurait
intérêt à faire valoir ses représentations sur le
projet de loi no 16. Naturellement, je pense que le député de
Châteauguay a voté pour, mais tous ses collègues se sont
abstenus. Malheureusement, nous n'avons pas pu exercer ou nous prévaloir
de la démocratie au Québec pour entendre toutes les personnes,
autant physiques que morales, qui auraient pu venir nous rencontrer et nous
faire part de leurs appréhensions face à ce projet de loi.
Ledit projet de loi, comme je le disais tantôt, est d'une
importance capitale. Lors de ma dernière intervention, il y a quelques
jours - je pense que c'est jeudi dernier - j'ai tenté de faire
comprendre à mes amis du parti ministériel de l'autre
côté de cette table que le ministre, l'actuel président du
Conseil du trésor et ex-ministre de l'Énergie et des Ressources,
clamait il n'y a pas tellement longtemps, il y a quelques mois,
qu'il y avait lieu au Québec d'avoir un grand débat public
sur l'énergie. Malheureusement, le ministre actuel de l'Énergie
et des Ressources, M. Duhaime, nous a répondu que si on avait
effectivement un débat public sur l'énergie il faudrait avoir un
débat public sur le nucléaire, sur le pétrole, sur
l'énergie solaire et que cela amènerait des mesures dilatoires,
qu'on perdrait énormément de temps et que, selon lui, ledit
projet de loi no 16 est dans l'intérêt du Québec. Au
contraire, le projet de loi no 16 va à l'encontre des
intérêts du Québec, comme je le mentionnais tantôt,
car actuellement tous les Québécois sont actionnaires de la
société Hydro-Québec et leurs dividendes, c'est d'obtenir
de l'hydroélectricité au coût le plus bas possible.
Avec le projet de loi no 16, le seul et unique actionnaire sera le
ministre des Finances qui, lui, non seulement en sera le seul et unique
actionnaire, mais va avoir seul le pouvoir de déclarer des dividendes
alors que le conseil d'administration d'Hydro-Québec n'en
déclarera pas. Ce sera le seul et unique ministre des Finances.
Malheureusement, j'étais absent hier mais, comme je vous le
disais au début de mon intervention sur le sous-amendement du
député de Vaudreuil-Soulanges, le fait d'obtenir ou, par la force
des choses, d'avoir une compagnie à fonds social qui serait
Hydro-Québec pour une période de 18 mois, je pense que ce serait
nettement suffisant pour que le gouvernement se rende compte jusqu'à
quel point il a commis une erreur en nous apportant ce projet de loi qui va
à l'encontre des intérêts du Québec, encore une
fois, et je le répète. Durant la période de 18 mois, non
seulement l'opinion publique se révolterait-elle devant cette situation,
mais également devant les experts en la matière qui jugeraient,
j'en suis certain, que de siphonner les fonds d'Hydro-Québec de la
façon dont veut le faire le gouvernement irait à l'encontre de la
prospérité économique et de la source de fierté
qu'a toujours été Hydro-Québec pour l'ensemble des
Québécois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Nous vivons une période très intense remplie d'incertitude
actuellement à cette commission, et je vois devant moi deux des cinq
députés du Parti québécois qui lisent le journal.
M. le Président, je vous demande - oui, c'est une question de
règlement - si c'est conforme au décorum que cette commission
doit avoir et que vous, comme président qui avez toujours maintenu
l'ordre, devez maintenir à cette commission.
M. Grégoire: M. le Président, sur la question de
règlement. Je dénonce l'hypocrisie du député de
Marguerite-Bourgeoys qui tout le long de cette commission parlementaire s'est
absenté régulièrement pour aller diriger les travaux dans
une autre commission parlementaire. J'ai vu et je vois encore le
député d'Outremont le journal dans les mains...
M. Fortier: Question de règlement, M. le Président.
Je suis en train de préparer mon intervention. Il y a un article qui
traite du sujet dont je veux traiter.
M. Grégoire: C'est exactement ce que j'étais en
train de faire également.
M. Fortier: II y a un article qui traite du sujet dont je veux
traiter.
M. Grégoire: M. le Président, le
député d'Outremont a épuisé son droit
d'intervention sur la motion maintenant en débat. C'est une
défense qui n'existe pas. J'ai vu de l'autre côté lire des
journaux tout le temps. Les membres de l'Opposition ne disent rien qu'on
pourrait écouter. Ce sont des paroles vides de sens. C'est un
déluge de mots dans un désert d'idées. Qu'on lise le
journal pour s'occuper ou qu'on travaille, M. le Président, c'est de
l'hypocrisie de la part du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président,
M. Grégoire: C'est de l'hypocrisie.
M. Lalonde: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, non seulement le
député de
Frontenac lit un journal anglais, mais il ne se rend pas compte du
caractère tragique de cette commission.
M. Grégoire: C'est de l'hypocrisie, M. le
Président.
M. Lalonde: Je pense que vous devriez le rappeler à
l'ordre pour qu'il écoute parce que nous avons seulement quelques
heures, d'après ce que je comprends, pour adopter les onze articles que
cette commission doit étudier dans ce projet de loi.
M. Dussault: Même le recherchiste des libéraux lit
son journal, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous comprendrez comme moi...
M. Grégoire: ... par le député d'Outremont
ou par le député de Marguerite-Bourgeoys, ils ont lu les journaux
tant qu'ils ont voulu et on ne les a pas empêchés. C'est de
l'hypocrisie pure et simple de la part du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: De toute façon, Harpagon n'est pas
mort. Harpagon siège en face de moi.
Le Président (M. Laplante): Le président n'a pas
à trancher parce que...
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement. Est-ce que Harpagon est un mot parlementaire?
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Laplante): Je ne pourrais pas vous
dire.
M. Lalonde: M. le Président, je vous suggère de
suspendre cette commission pour que vous vous informiez.
Le Président (M. Laplante): Vous allez me dire, monsieur,
ce qu'il veut dire par Harpagon!
M. Grégoire: Je suis tanné, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette. Ah oui, pour informer les membres de cette commission, je voudrais
vous dire que je n'ai pas de décision à rendre sur la question de
règlement que vous avez soulevée, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que je ne sais pas ce dont les membres ont besoin
comme outils de travail. Si c'est un outil de travail dont ils ont besoin comme
un journal, cela fait partie des fonctions. Je n'ai pas à me prononcer
à ce moment sur le décorum de la commission. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Dussault: Dix minutes de plus de perdues.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je
pourrais changer mon terme?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: Si Harpagon n'est pas le bon terme, j'aurais
dû dire "les précieuses ridicules".
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que
Tartuffe...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! M.
Lalonde: ... serait en face de moi? M. Grégoire: Les
précieuses ridicules.
Le Président (M. Laplante): Mais je pense que le journal
des Débats n'a pu rien entendre. Si vous voulez que ce soit
enregistré, il faudra parler un après l'autre. M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président.
M. Grégoire: M. le Président, je soulève une
question de règlement. S'il faut qu'il y ait un député qui
vienne s'asseoir ici et qu'il se demande lui-même en arrivant s'il est
membre de la commission, où va-t-on?
M. Lalonde: Sur la question de règlement. Je pense qu'elle
est très pertinente. C'est la première, d'ailleurs, depuis
quelques jours qui est soulevée par le député de
Frontenac. Je lui rappellerai que lui, depuis quelques jours, se demande s'il
est le ministre.
M. Grégoire: Je remercie le député de
Marguerite-Bourgeoys du compliment.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Lalonde: M. le Président, article 96. Ce n'est pas un
compliment. Souvenez-vous du mot "Tartuffe" que j'ai prononcé tout
à l'heure.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je pense que je vais
être obligé d'abréger votre temps.
M. Lalonde: Ce n'est pas sur son temps. C'est une question de
règlement.
M. Dauphin: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): II va falloir...
Une voix: 25 minutes.
M. Dauphin: 25 minutes? On poursuit, M. le Président.
Comme je vous le disais tantôt, le but du projet de loi no 16 est
non seulement de siphonner les fonds d'Hydro-Québec, mais
également d'augmenter les tarifs de
l'hydroélectricité si on pense que seulement cette
année, cela va être de 16,3%. Nous sommes en fin de session. Nous
sommes à l'approche des fêtes. Toute la population du
Québec n'a peut-être pas le temps de venir marcher devant le
parlement. Mais si le gouvernement continue dans des projets de loi aussi
impopulaires que ceux que l'on retrouve devant cette Chambre depuis quelques
années, tantôt, 6 000 000 de Québécois seront devant
le parlement, sauf peut-être quelques-uns qui vont rester en Chambre du
côté ministériel. Toute cette augmentation des tarifs par
cette taxe qui est, en fait, régressive, c'est-à-dire qui
s'applique de façon uniforme à tous les Québécois,
on se rend compte que cela touche surtout les gagne-petit ou les moins nantis,
ce qui veut dire de façon concrète qu'autant les
étudiants, les bénéficiaires de l'aide sociale, que les
personnes âgées qui n'ont comme revenu que leur seule pension de
vieillesse devront payer le même prix de l'électricité que
n'importe quel citoyen qui gagne plus de 100 000 $ par année.
Je vous donnais l'exemple, l'autre jour, de deux étudiants qui
m'ont téléphoné à mon bureau la semaine
dernière ici, à Québec, pour me dire que, de peine et de
misère, ils avaient réussi à s'acheter une "minoune", une
vieille voiture. Je reviens à la pertinence de la loi 16, seulement pour
vous donner un exemple de taxe déguisée qui révolte et
pénalise les moins bien nantis. Ces deux étudiants qui avaient
réussi à gagner environ 2500 $ durant l'été pour
payer leurs cours, qui partagent un appartement, se retrouvent avec des tarifs
d'électricité qui, au 1er janvier, sont nettement et de
façon exorbitante, trop élevés.
Comme je le disais tantôt, M. le Président, si le
gouvernement du Québec, représenté par une formation
politique qui s'appelle le Parti québécois, continue dans cette
même veine, nous nous retrouverons au Québec avec une
espèce de guerre civile ou une révolution. Ces gens n'ont aucune
perception de la majorité des Québécois qui ne gagne pas
plus de 50 000 $ par année. Vous allez en convenir, tout le monde.
Encore une fois, plusieurs de mes collègues de ce côté-ci
de cette table et également en Chambre ont eu l'occasion de
démontrer au parti ministériel que dans les années
soixante, le gouvernement du Parti libéral, à l'époque,
avait cru bon, avant de nationaliser l'électricité au
Québec, de faire une élection sur le sujet. Aujourd'hui, on se
retrouve, plus de 20 ans plus tard, en train de vouloir briser le contrat
social qui avait eu lieu entre la population du Québec et son
gouvernement de l'époque. Par une simple loi, on veut purement et
simplement changer toute la vocation d'Hydro-Québec.
Nous avons dit maintes fois en Chambre aux personnes du
côté ministériel qu'avant de changer la vocation
d'Hydro-Québec d'une façon aussi radicale, c'est-à-dire
changer toute sa structure d'opération, le gouvernement aurait dû
adhérer à notre motion de report d'un an, qui aurait pu permettre
aux différents intervenants en matière énergétique,
à tous les représentants de groupes populaires de venir
s'exprimer soit en commission parlementaire ou d'une autre façon pour
démontrer au gouvernement qu'ils sont extrêmement fiers de leur
société hydroélectrique. Avant d'en changer la vocation et
d'en faire une société à actionnaire unique qui s'appelle
le ministre des Finances, il y aurait peut-être lieu de faire un grand
débat public sur le sujet.
Comme je le disais au début de mon intervention, M. le
Président, même l'actuel président du Conseil du
trésor était d'accord à ce moment-là.
Malheureusement, comme il est coutume du côté ministériel
autant au niveau des parlementaires qu'au niveau de leur formation politique...
On en a eu un bel exemple la semaine dernière en congrès; 2000
délégués invités selon les formes se prononcent en
faveur de certaines résolutions; le lendemain, l'autorité
suprême se déclare en désaccord et là, on a vu les
députés du côté ministériel se mettre en rang
devant les journalistes pour leur dire qu'ils avaient commis une erreur durant
la fin de semaine précédente. (20 h 45)
M. le Président, ce que je veux dire par là, c'est
qu'étant donné l'importance du projet de loi no 16 il faudrait
finalement essayer de convaincre le gouvernement - je pense qu'il est encore
temps, le bâillon n'a pas été adopté encore - de
retirer ce projet de loi et ce, le plus rapidement possible. Encore une fois,
le but premier, non seulement c'est de faire du ministre des Finances le seul
et unique actionnaire de la société Hydro-Québec, mais je
pense que ce qui motive toute cette intervention du gouvernement dans le
dossier, c'est qu'effectivement la province de Québec a
été administrée de façon tellement
décevante, de façon tellement aberrante, que ces gens-là
sont obligés aujourd'hui d'aller chercher des fonds, peu importe la
façon dont ils vont aller les chercher. On parlait de l'essence
tantôt, on parlait des droits d'immatriculation; là, c'est
Hydro-Québec. On parlait de chômage, M. le Président: c'est
rendu que depuis un an on a perdu pratiquement 100 000 emplois au Québec
qui est la pire province de toutes les provinces du Canada.
Hydro-Québec, comme vous le savez, M. le Président, en
faisant des profits, aurait pu réinvestir de façon culminante
dans d'autres projets de grande envergure et nous serions devenus, le
Québec, effectivement, la province de l'électricité autant
que l'Alberta est la province du pétrole. Malheureusement,
M. le Président, encore une fois, nous n'avons pas pu convaincre
les gens de l'autre côté du mérite qu'ils auraient eu -
autant que le groupe des onze a eu le mérite de se rendre compte,
malheureusement trop tard, de l'erreur qu'il avait faite en votant en faveur du
budget du ministre Parizeau de mars dernier - au moins de constater
jusqu'à quel point le projet de loi est non seulement néfaste,
mais presque insolent envers la population du Québec.
Alors, M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais
peut-être me garder quelques minutes pour un peu plus tard; je ne sais
pas s'il m'en reste.
Une voix: Vous êtes le dernier.
M. Dauphin: C'est moi qui suis le dernier?
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, j'aimerais savoir s'il reste un peu de temps au
député de Marquette.
Le Président (M. Laplante): II lui restait environ 30
secondes; je l'ai laissé passer une minute pour le temps qu'il avait
perdu. Si vous voulez conclure.
M. Dauphin: Alors, pour 30 secondes, M. le Président,
encore une fois en résumant et en concluant, une dernière fois je
demande aux députés du parti ministériel -ils sont tous
députés ici ce soir - de convaincre leur patron du Conseil des
ministres de retirer le projet de loi pendant qu'il est temps, parce que ledit
projet de loi n'a toujours pas été adopté en
troisième lecture. M. le Président, je pense que j'ai
été assez clair dans mon intervention et je vous en remercie.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le sous-amendement
du député de Vaudreuil-Soulanges sera adopté?
M. Grégoire: Je voudrais dire...
M. Polak: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parler là-dessus?
Le Président (M. Laplante): Non, monsieur, votre temps est
écoulé.
M. Polak: Mon temps! Je n'ai même pas parlé
là-dessus!
M. le député de Frontenac, il vous reste quatre minutes,
si vous voulez.
Une voix: Moi?
Le Président (M. Laplante): Non, vous représentez
le ministre, vous. Parlez.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, je voulais dire
quelques mots. À la suite des arguments invoqués par l'Opposition
au cours de ce sous-amendement, on a entendu des répétitions, M.
le Président, à faire frémir même des enfants
d'école.
M. Lalonde: Comme votre voisin de gauche?
M. Grégoire: De voir comment l'Opposition a pu arriver
à répéter les mêmes choses et à ne rien dire,
M. le Président! On est témoin sur ce sous-amendement...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous parlez sur le
sous-amendement?
M. Grégoire: Oui, M. le Président. On est
témoin sur ce sous-amendement que l'Opposition n'a qu'une chose en vue,
c'est d'essayer d'empêcher un gouvernement responsable de
légiférer.
M. Fortier: Irresponsable de légiférer.
M. Grégoire: Responsable de légiférer. Mais
le gouvernement, justement, a décidé de prendre ses
responsabilités. Le député de Marguerite-Bourgeoys disait
dans les deux minutes qui lui restaient pour intervenir: C'est
épouvantable, la guillotine! Ce n'est pas la guillotine, M. le
Président, c'est le "muselage".
M. Fortier: Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. Grégoire: On muselle dans les circonstances. Comme ce
sont justement des aboiements, on muselle. C'est un "muselage" et non pas un
bâillon.
M. Fortier: Est-ce que je peux poser une question au
député de Frontenac?
M. Grégoire: Oui, comme c'est le député
d'Outremont, je le lui permets.
M. Fortier: C'est gentil. Vous avez dit que le gouvernement
voulait prendre ses responsabilités, mais on n'a pas encore entendu le
premier ministre dire clairement qu'il était en faveur de ce projet de
loi là. A ce moment-là, on se demande ce qui va arriver lorsque
vous allez avoir la motion de clôture et que le projet va être
adopté. Peut-être que le premier ministre va dire: Non, il faut
retourner et rediscuter devant le Parlement.
M. Grégoire: M. le Président, le
député d'Outremont vient encore d'induire la
commission en erreur, parce que le premier ministre s'est levé
debout et son nom a été appelé au vote en deuxième
lecture. Est-ce qu'on peut se prononcer mieux que cela que de voter, se lever
et de se prononcer comme cela? C'était encore induire la commission en
erreur, puisque le premier ministre s'est prononcé, il a voté
pour en deuxième lecture.
M. Fortier: II n'a pas donné d'arguments.
M. Grégoire: Je dis encore...
M. Polak: Est-ce que je peux poser une question?
M. Grégoire: Non...
M. Polak: Avez-vous peur de répondre?
M. Grégoire: Non, je veux bien permettre cela au
député d'Outremont, parce que, encore une fois, je me suis
trompé. J'attendais une bonne question du député
d'Outremont, parce que je l'ai encore en haute estime.
M. Lalonde: Vous avez peur.
M. Grégoire: Au député de
Marguerite-Bourgeoys, je ne permettrais pas une question, mais au
député d'Outremont, je me dis encore qu'il peut chaque fois poser
une bonne question.
M. Lalonde: Question de règlement.
M. Grégoire: II n'y a pas de question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Vous soulevez une question de
règlement, mais il n'y a pas de question de règlement
actuellement.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui, je soulève une question de
règlement. Je pense que les propos du député de Frontenac
sont discriminatoires...
M. Fortier: Diffamants.
M. Lalonde: ... et diffamants. Il a dit qu'il n'acceptait pas de
question du député de Marguerite-Bourgeoys et je pense que c'est
faire injure à mes électeurs. Je demande au député
de Frontenac de retirer ses paroles.
M. Grégoire: M. le Président, non, parce que je
calcule que ce n'est pas faire injure à ses électeurs. C'est lui
qui fait injure à ses électeurs par sa conduite ici.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, j'accepte les propos, enfin, le bruit que j'ai entendu de
l'autre côté de la table parce que au fond ce n'étaient pas
des paroles qu'il avait prononcées, c'était du bruit. Il ne peut
pas retirer du bruit.
M. Grégoire: Très bien. Je dis ceci...
M. Polak: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
poser une question au député de Frontenac?
Le Président (M. Laplante): II refuse.
M. Grégoire: Non, j'ai accepté une question du
député d'Outremont maintenant.
M. Polak: Oui, vous avez peur de répondre?
M. Grégoire: Non, j'ai accepté la question du
député d'Outremont. Je me dis que ce seront toutes des questions
comme celle-là.
M. Polak: C'est enregistré.
M. Dussault: II faut que vous soyez essoufflés. C'est tout
ce qu'ils trouvent à dire...
M. Grégoire: On réalise qu'on est encore,
après 40 heures de travaux à cette commission, au paragraphe 1 de
l'article 1.
M. Lalonde: C'est 38 heures.
M. Grégoire: On n'a même pas encore adopté le
paragraphe 1 de l'article 1 après 40 heures.
M. Lalonde: C'est 38 heures! On a un gouvernement
incompétent, incapable, inefficace.
M. Grégoire: M. le Président, l'Opposition est en
train de faire la démonstration claire et nette de son obstruction
claire et systématique. Elle veut empêcher le gouvernement de
légiférer et un gouvernement responsable comme celui qui est
là présentement ne tolérera pas cela. C'est pourquoi,
quand je dis que ce n'est pas un bâillon, c'est une muselière que
nous sommes en train d'imposer à l'heure actuelle à
l'Assemblée nationale et je crois que c'est bien fait dans les
circonstances. J'ai déjà assisté à des
"filibusters", mais jamais un "filibuster" n'a été conduit de la
façon que celui-ci a été conduit.
M. Fortier: Merci beaucoup.
M. Grégoire: Au moins, il y avait des
personnes qui parlaient sur le fond du sujet, alors qu'à l'heure
actuelle, nous ne sommes pas entrés sur le fond du problème. On
n'a même pas dépassé le paragraphe 1 de l'article 1.
M. Lalonde: C'est incroyable!
M. Grégoire: Au moins, quand on fait un "filibuster"
intelligent, on essaie d'entrer sur le fond du sujet, dans le vif du sujet. On
essaie de discuter des grands principes. On essaie de discuter de l'article
lui-même. On essaie de l'améliorer. On essaie de faire quelque
chose, quand on veut faire un véritable "filibuster", mais, à
l'heure actuelle, ce n'est pas cela. Après avoir eu un amendement
demandant de ne laisser la loi en vigueur que pendant six mois, voilà
qu'un autre député du même parti nous dit, non, pendant 18
mois, et il propose un sous-amendement, et on nous a annoncé un
deuxième sous-amendement par la suite, disant ni six mois, ni dix-huit
mois, mais douze mois.
M. Lalonde: On ne l'a pas fait, celui-là, encore?
M. Grégoire: Cela a été annoncé. Si
le député de Marguerite-Bourgeoys veut le faire pour onze, douze,
treize, quatorze ou quinze mois, c'est la preuve que l'Opposition est de
mauvaise foi, que le député de Marguerite-Bourgeoys qu'on a
vanté de savoir mener un "filibuster", je vous dirai non, il n'a pas su
le conduire. Il n'a pas su orienter le débat sur le fond du sujet. Il
n'a pas su orienter le débat sur l'avenir d'Hydro-Québec. Il n'a
pas su orienter le débat sur les possibilités
d'Hydro-Québec. Il en est resté à dire: Est-ce que c'est
le 1er janvier 1985 ou le 3 janvier 1985 que cette loi va entrer en vigueur ou
est-ce qu'on demande qu'elle soit en vigueur pour six mois, au lieu de dix-huit
mois ou de douze mois? C'est un "filibuster" mené d'une façon
enfantine. Essayez donc au moins de discuter du fond du problème.
Essayez donc de discuter au moins d'Hydro-Québec puisqu'on en change la
structure.
M. Polak: Question de règlement. Cela fait quatre fois que
le député de Frontenac nous accuse de ne pas parler du fond du
problème. S'il n'a rien compris aux arguments de fond qu'on a
apportés, c'est malheureux pour lui. On discute du fond depuis quatre
jours.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. le député de Frontenac, vous pouvez continuer.
M. Grégoire: Quand on sait qu'Hydro-Québec est la
plus grosse institution au
Canada, qui a même dépassé la Banque du Canada,
quand on sait qu'Hydro-Québec est pour nous une richesse inouïe,
jamais les députés de l'Opposition ne sont entrés dans le
fond du sujet. Cela a été des délibérations
superficielles, des moqueries, du ridicule jeté sur cette institution de
l'Assemblée nationale. C'est pourquoi je dis qu'à l'heure
actuelle, ce n'est pas le bâillon, c'est la muselière. Je demande
le vote, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. Est-ce que le
sous-amendement du député de Vaudreuil-Soulanges sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous un vote
enregistré?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Tout le monde a le droit de
vote, même ceux qui n'y étaient pas avant.
M. Fortier: ... enregistrés comme membres et non comme
intervenants.
Le Président (M. Laplante): M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Oui, pour.
Le Président (M. Laplante): M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Oui. Contre! Je
suis habitué de dire oui.
Le Président (M. Laplante): Vous comprenez pourquoi j'ai
demandé cela.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Vous n'avez rien
compris, c'est pour cela. Je vais vous l'expliquer. Oui, à une
élection sur la souveraineté.
Une voix: Je suis pour l'indépendance, mais...
Le Président (M. Laplante): Le vote.
M. Lalonde: Je me réserve quelques propos tout à
l'heure là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime
(Saint-Maurice)?
M. Dussault (Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Grégoire
(Frontenac)?
M. Grégoire: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet)?
M. LeBlanc: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond)?
Des voix: Pour.
Une voix: II n'est pas là.
Le Président (M. Laplante): II n'est pas là.
Contre: 6
Pour : 3
Motion rejetée.
Sous-amendement rejeté.
On revient à la motion principale.
M. Fortier: Question de règlement, M. le Président.
Pourriez-vous nous indiquer combien il nous reste de temps à parler sur
la motion principale?
Le Président (M. Laplante): Ah! j'ai tout inscrit
cela.
Une voix: D'amendement. M. Fortier: D'amendement.
Le Président (M. Laplante):
D'amendement. J'ai tout inscrit cela.
M. Fortier: Vous êtes bien organisé.
Le Président (M. Laplante): II reste neuf minutes à
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); huit minutes à M. Fortier
(Outremont); il ne reste plus de temps à M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges). Par contre, il reste les autres. Il reste son temps
complet à M. Polak (Sainte-Anne); son temps complet à M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue); son temps complet à M. Dussault
(Châteauguay). J'ai bien dit tout à l'heure qu'il restait huit
minutes à M. Fortier (Outremont). M. Grégoire (Frontenac)
remplace le ministre. Il reste neuf minutes à M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); son temps complet à M. Perron (Duplessis), son
temps complet à M. Desbiens (Dubuc)...
Une voix: Ah mon Dieu!
Le Président (M. Laplante): ... son temps complet à
M. Vallières (Richmond).
Une voix: Je n'ai pas l'intention de parler non plus.
Le Président (M. Laplante): ... son temps complet à
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)...
M. Lalonde: Deux fois son temps complet, M. le Président,
est-ce un "filibuster"?
Une voix: II y a deux M. Baril.
Une voix: On est rendu au fond du baril:
Le Président (M. Laplante): ... je le
répète, M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), il ne lui en reste
plus; M. de Belleval est absent; son temps complet à M. Dauphin
(Marquette); son temps complet à M. Middlemiss (Pontiac) et son temps
complet à M. Lincoln (Nelligan).
Une voix: Des noms difficiles.
Une voix: C'est laborieux. M. LeBlanc: Le mien?
Le Président (M. Laplante): Je vous l'ai dit tout à
l'heure, M. LeBlanc. Est-ce que l'amendement sera adopté?
Une voix: À l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Reprise du débat sur l'amendement
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Je voudrais parler sur l'amendement, M. le
Président, d'autant plus facilement, d'autant plus confortablement, avec
d'autant plus d'enthousiasme que c'est mon amendement. Serait-il possible
de
rappeler au député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
que nous parlons sur le projet de loi 16 et que nous attendons avec
anxiété et un peu d'appréhension, vous le comprendrez, son
intervention? Je l'invite à faire cette intervention, parce que c'est la
dernière fois qu'il aura l'occasion de la faire. Les
députés en face de nous ne semblent pas comprendre que la
guillotine que le gouvernement veut imposer au salon bleu ce soir va tomber sur
leur tête autant que sur la nôtre. La seule différence,
c'est que nous allons résister, que nous allons exprimer notre
indignation et que ces députés, comme des cocus contents, vont
dire: Enfin! Ils vont dire: Encore! Une autre guillotine, s'il vous
plaît!, M. le leader. C'est comme cela, M. le Président, le caucus
- j'ai bien dit caucus pas content - content du Parti québécois.
Ils en veulent des guillotines. Ils ne veulent pas parler, ils ne savent pas
quoi dire sur le projet de loi. Ils ne savent pas quoi dire sur le rapt
d'Hydro-Québec de la part du ministre des Finances. Ils sont contents de
voir que les Québécois perdent 5 000 000 000 $ de réserves
accumulées dans Hydro-Québec et que ce soit inscrit au compte du
ministre des Finances. Ils sont contents et ils ne parleront pas. Non, le
député de Rouyn-Noranda ne parlera pas, il va fumer sa pipe,
premièrement. (21 heures)
Une voix: Il trouve ça drôle.
M. Lalonde: Deuxièmement, il est encore en train de se
demander s'il est pour ou contre le référendum. Va-t-il s'acheter
un parapluie ou un paratonnerre? Parce que s'il est contre, ça lui prend
un paratonnerre et, s'il est pour, il va s'installer sous le parapluie du
premier ministre parce que vous savez, M. le Président, que le
député de Rouyn-Noranda sait très bien...
M. Grégoire: M. le Président, c'est la
dernière soirée, le député de Marguerite-Bourgeoys
nous a rappelé tout à l'heure que c'est la dernière
soirée. Pourrait-on lui demander d'être sérieux, au moins
pour le dernier soir et de revenir au sujet? Il n'est pas question ici du
référendum, pourrait-on lui demander de revenir sur le sujet?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement. M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
j'espérais toujours que, vous parleriez des six mois de votre motion
d'amendement et à venir jusqu'à maintenant - cela fait deux
minutes que vous parlez -pas une seule fois vous n'avez parlé du report
de six mois.
M. Lalonde: M. le Président, comme d'habitude, je ne peux
pas vous faire de reproche, avec la grande sagesse qui vous inspire, je ne peux
pas vous faire le reproche de ne pas avoir perçu le cheminement de ma
pensée.
Ce que je voulais vous dire c'est ceci. Pourquoi six mois? C'est pour
permettre au Parti québécois de tenir son
référendum qui va avoir lieu dans les six mois. Là
où se trouvent les députés, les fauteurs de trouble qui
sont en face de nous, les radicaux...
M. Grégoire: Si vous nous l'aviez dit!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, relisez l'article 3.1.
M. Lalonde: Je le connais par coeur.
Le Président (M. Laplante): Dans votre motion il est bien
dit que le paragraphe 3.1 soit amendé en ajoutant, à la fin, les
mots "pour une période de six mois".
M. Lalonde: Non, M. le Président. Ma motion était
"et reste en vigueur pour une période de six mois", et j'essaie de vous
expliquer, M. le Président, pourquoi j'ai proposé six mois. C'est
parce que lorsque le Parti québécois aura tenu son
référendum à l'intérieur de cette période de
six mois, on sera libéré de ce gouvernement qui est
complètement coupé de sa base, qui est à se demander s'il
reste un parti qui communique avec ce gouvernement. Là, au moins, ce
sera décidé et, M. le Président, je suis parfaitement dans
la pertinence du débat en m'attachant à la question
référendaire, à savoir, par exemple, s'il y aura deux
parapluies ou un parapluie. Est-ce que, sous le parapluie du premier ministre,
se promenant dans sa limousine à travers le Québec pour tenter de
convaincre les militants de penser comme le chef, il y aura assez de place pour
le député de Rouyn-Noranda, le député de Frontenac,
le député de Châteauguay, le député de
Duplessis...?
M. Dussault: Question de règlement. Faut-il qu'on vous la
soulève, la question de règlement, M. le Président, sur la
pertinence, pour que vous interveniez auprès du député de
Marguerite-Bourgeoys pour qu'il devienne pertinent?
Le Président (M. Laplante): Cela fait déjà
deux fois que je lui demande d'être pertinent; à un moment
donné, les membres soulèveront eux aussi, la question de la
pertinence du débat. Chaque fois...
M. Dussault: Mais ça alimente le "filibuster" des
libéraux.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas à juger
s'il y a "filibuster" ou non. Ce n'est
pas mon...
M. Lalonde: Vous avez bien raison, M. le Président, parce
qu'il n'y en a pas de "filibuster". S'il y en a un, c'est dû à
l'entêtement du gouvernement à refuser l'ouverture que nous lui
avons proposée à cette commission. D'abord, d'entendre les
députés; deuxièmement, d'entendre les
Québécois qui voudraient se présenter à cette
commission pour dire son fait au gouvernement. C'est ce que nous avons
tenté de faire. M. le Président, si le député de
Châteauguay n'a pas compris, je démissionne déjà
devant la tâche de le faire comprendre.
M. Grégoire: Démission acceptée, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, il y a un problème
quand même à l'article 3.1, un immense problème.
M. Dusssault: Cela devient sérieux.
M. Lalonde: Cet article transforme Hydro-Québec en une
société à fonds social et nous savons
qu'Hydro-Québec a fait une étude, une analyse financière
de l'impact de cette loi pour la période 1981-1990. Tout le monde le
sait, c'est de notoriété publique et à ce moment, M. le
Président, je voudrais faire la motion suivante. Pour éclairer la
commission sur le sens du paragraphe 3.1, je fais motion que cette commission
invite le ministre de l'Énergie et des Ressources à distribuer
dès maintenant aux membres et intervenants de ladite commission le
document intitulé "Analyse financière pro forma de l'impact de la
loi no 16 pour la période 1981-1990", préparé par les
services d'Hydro-Québec. Je suis prêt à vous adresser un
certain nombre d'observations, si vous le désirez, sur sa
recevabilité, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense que vous êtes député ici,
à l'Assemblée nationale, depuis 1973; vous savez fort bien qu'on
ne peut présenter une motion nouvelle sur un autre sujet sans avoir
disposé de l'amendement.
M. Lalonde: Est-ce que vous me permettez de plaider?
Le Président (M. Laplante):
Actuellement, votre motion est prématurée, vous pourrez la
présenter après avoir disposé de l'amendement que vous
avez proposé vous-même, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: Amender votre propre sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas un
sous-amendement, c'est une motion nouvelle.
M. Lalonde: J'aimerais que vous m'écoutiez au moins
pendant quelques secondes là-dessus, parce qu'on sait que le
règlement permet de proposer une motion au moment où on parle sur
une autre motion. Le règlement ne précise pas qu'on doive parler
sur une motion principale pour proposer un amendement, à moins que vous
ne me prouviez que je suis dans l'erreur. Je pense qu'au moment où on
parle sur une motion, qu'elle soit de sous-amendement, que ce soit
d'amendement, qu'elle soit une motion principale, on peut proposer une autre
motion.
Le Président (M. Laplante): Si le règlement ne le
prévoit pas, j'espère qu'il va le prévoir parce que c'est
la décision que je prends actuellement. Je suis prêt à
recevoir votre motion d'amendement après avoir disposé de votre
premier amendement, monsieur.
M. Lalonde: Alors, je me plie comme d'habitude avec grâce
à votre sagesse, je m'excuse d'avoir dû m'imposer à votre
décision. Votre jugement, je pense, est bien rendu, je tiens pour acquis
que lorsque cette motion sera présentée elle sera recevable, elle
sera étudiée, j'avais compris que vous seriez prêt à
la recevoir.
M. Dussault: ...
M. Lalonde: J'en suis convaincu, d'ailleurs, j'aurai des
arguments à vous présenter à ce moment-là.
Pour ce qui concerne la motion d'amendement, pourquoi voulons-nous que
la société...
Le Président (M. Laplante): Trente secondes, monsieur.
Vous avez déjà dépassé le temps.
M. Lalonde: ... continue d'exister comme compagnie à fonds
social seulement pour six mois? C'est pour limiter les dégâts,
c'est pour empêcher que le ministre des Finances fasse des hold-up
répétés. J'invite les membres de la commission à
considérer, à examiner la proposition que je leur fais à
savoir que cette loi, si elle est adoptée avec mon amendement, soit
présentée de nouveau à l'Assemblée nationale d'ici
six mois pour permettre aux parlementaires de se reprononcer.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais parler sur
l'amendement qui est devant nous et qui a pour effet de reporter pour une
période de six mois l'application de l'article 1, paragraphe 3.1 du
projet de loi no 16. À ce sujet, j'aimerais évoquer l'article
d'Alain Dubuc, que le leader du gouvernement a évoqué ce matin ou
ce midi, alors qu'il tentait de trouver des arguments pour appuyer la motion
qu'il a présentée pour nous imposer la guillotine. Tout le monde
sait que les journalistes qui écrivent ces articles ne font jamais les
titres; on a donné comme titre "Une tempête dans un verre d'eau".
Enfin, je suis à peu près certain que ce n'est pas M. Dubuc qui a
fait ce titre. Si je lis le texte de cet article, je dois avouer que je suis
à peu près pleinement d'accord avec ce qui y est dit sur les
obstacles financiers, la taxe indirecte, le contrat social d'il y a 20 ans -
d'ailleurs, M. Dubuc me fait l'honneur de citer mes paroles - et la fin de
l'autonomie d'Hydro-Québec. Là, j'arrive à la conclusion,
je crois que M. Dubuc était déjà au courant de
l'amendement que nous avions proposé parce qu'il dit ceci: "Il est
souhaitable que cette perte d'autonomie fasse l'objet d'un débat public,
comme le demandent les libéraux, parce qu'elle sera l'un des outils
d'une politique énergétique globale - nous sommes tout à
fait d'accord - mais ce débat peut très bien se faire
après l'adoption du projet de loi no 16 parce que la question que l'on
doit se poser n'est pas si oui ou non il faut réduire l'autonomie
d'Hydro-Québec, mais bien ce que l'on fera une fois que le gouvernement
pourra utiliser sa principale société d'État comme levier
économique et énergétique. C'est la question." Nous sommes
tout à fait d'accord parce que l'article 11, que nous voulions discuter,
mais que nous n'avons pas encore discuté dit ceci: "La présente
loi entre en vigueur le jour de sa sanction." Alors, nous sommes tout à
fait d'accord avec M. Dubuc lorsqu'il dit qu'on peut adopter le projet de loi,
mais c'est la raison pour laquelle nous avons une proposition pour reporter la
transformation d'Hydro-Québec en société à
capital-actions et pour reporter l'application ou la transformation pour une
période de six mois.
Non, je crois que je fais erreur, on dit: La société
continue d'exister comme compagnie à fonds social pour une
période de six mois. Donc, après six mois on doit se reposer la
question. Mais, quand même, je crois que la conclusion d'Alain Dubuc
s'inscrit exactement dans tous les discours que nous avons prononcés,
à savoir que l'on doit adopter le projet de loi et se poser la question.
Comme il le dit lui-même, se poser les questions qu'il faut sur la
transformation d'Hydro-Québec et déterminer ce que le
gouvernement décidera de faire avec la société
d'État comme levier économique et énergétique.
Ici, je reviens sur les arguments qu'il a avancés et avec
lesquels je suis en parfait accord. Il dit, au début: "Un obstacle
financier. Le principal enjeu est financier -nous sommes d'accord
là-dessus traditionnellement, les profits de la société
d'État sont réinvestis dans ses grands projets
hydroélectriques, ils constituent la part d'autofinancement de
l'entreprise et, plus cet autofinancement est important, moins il sera
nécessaire d'emprunter."
M. le Président, je crois que les grands esprits se
rencontrent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je crois que, comme vous l'avez
déjà décidé à deux reprises maintenant -
à la suite des interventions de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys - la commission peut automatiquement siéger et n'a
pas à suspendre ses délibérations si ou le ministre ou
l'adjoint parlementaire est ici.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En vertu du règlement ou
par voie de directive, je vous demanderais de m'éclairer à savoir
si la présence du leader parlementaire du gouvernement, de droit,
automatiquement, remplace facilement ou difficilement l'absence du ministre de
l'Énergie et des Ressources et de son adjoint parlementaire.
Le Président (M. Laplante): La réponse est nette
dans mon esprit, le leader ne remplace ni le ministre ni l'adjoint
parlementaire, mais le leader m'a fait signe qu'il avait un message à
adresser aux membres de la commission. C'est pourquoi l'adjoint parlementaire
en a profité pour aller faire... Vous savez ce que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce que le député
de Châteauguay a dit!
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nous attendons
fébrilement.
Une voix: II est allé changer son poisson d'eau!
Le Président (M. Laplante): Là, je ne sais pas. Il
ne voulait pas couper la parole au député d'Outremont. (21 h
15)
M. Claude
Charron
M. Charron: M. le Président, ce que je voulais faire c'est
de souhaiter mes meilleurs voeux de succès aux membres de cette
commission. Je sais qu'elle s'attarde - c'est le moins qu'on puisse dire -
depuis déjà un bon moment à l'étude de ce projet de
loi. Je sais qu'elle a brassé plusieurs affaires, qu'elle est
avancée sur plusieurs terrains à la fois. Tout ce que je
souhaite, M. le Président, c'est de la voir atterrir le plus rapidement
possible avant que l'Assemblée soit obligée de lui demander de
faire rapport et que ce rapport soit incomplet. Je pense que la commission ne
peut pas ignorer que l'Assemblée, selon les interventions qui se font,
se déclare très insatisfaite et très impatiente du
résultat du travail de cette commission qu'elle lui a confié
depuis bientôt 40 heures. C'est presque incroyable que des
députés de bonne foi aient aussi peu fait avancer leur travail.
Je viens tout simplement vous demander, M. le Président, de faire
littéralement un rapport d'étape sur le déroulement des
travaux en haut ou, à moins que je ne puisse lui rapporter des
informations encourageantes, l'Assemblée tout à l'heure devra
déclarer que les membres de cette commission, de quelque
côté que ce soit, mais d'un côté en particulier,
n'ont pas répondu à l'attente et au mandat qui lui avait
été confié. Je ne blâme pas ceux du
côté gouvernemental, parce que les événements sont
là pour le prouver, ils ont tenté de ramener le débat sur
le projet de loi lui-même. Évidemment, si les
députés de la majorité gouvernementale avaient
eux-mêmes retardé le débat sur le projet de loi
lui-même, je leur ferais d'emblée porter le blâme à
eux comme aux autres. Mais, ce n'est pas le cas. On n'est pas encore sur le
projet de loi.
Je veux simplement dire à la commission que vous présidez,
M. le député de Bourassa, qu'en haut, à
l'Assemblée, au moment où on discute des travaux de cette
commission, c'est une insatisfaction très générale qui se
manifeste; en ce sens, on n'aura pas de mal à trouver une
majorité de députés qui retirera le mandat de confiance
qui a été confié à cette commission. C'est un
projet de loi important, on aurait...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président.
M. Charron: Je m'excuse...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Johnson, excusez, de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une demande de directive sans
doute. En vertu de quel article du règlement - vous voudrez bien
m'éclairer - le leader parlementaire, à ce moment-ci, peut-il
prendre la parole devant la commission?
M. Charron: Sur l'invitation que vous m'avez faite, je pense
bien, parce que si vous aviez laissé poursuivre votre collègue,
j'aurais attendu qu'il finisse de parler. Mais puisque vous l'avez interrompu,
vu que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Que mon collègue
d'Outremont soit ou ne soit pas en train de prendre la parole, ou ait ou n'ait
pas interrompu ou commencé son interruption, on peut dire ça
comme on veut, mais en vertu de quelle disposition du règlement le
leader parlementaire peut-il prendre la parole devant la commission?
M. Charron: Sur simple invitation du député de
Vaudreuil-Soulanges, j'étais bien assis dans mon fauteuil sans vouloir
parler, écoutant le député d'Outremont.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis en train, M. le
Président, de vous demander comment je pourrais exprimer
expressément mon invitation, le cas échéant...
Le Président (M. Laplante): Non, je vais vous dire ceci.
Dans d'autres commissions aussi, du moins depuis les cinq ans que je vis
à l'Assemblée nationale, c'est une coutume; dans des
circonstances semblables, je n'ai jamais vu une seule fois qu'on ait
refusé au leader du gouvernement, qui veille à la
préparation de nos travaux, un droit de parole, même s'il n'est
pas inscrit à la commission. C'est à peu près le seul,
lui, le premier ministre et le chef de l'Opposition, lorsqu'ils viennent en
commission parlementaire, à qui on accorde un droit de parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Vous l'avez
accordé...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous avez sans doute saisi,
vous permettez...
Le Président (M. Laplante): Vous l'avez accordé.
C'est une coutume, ce n'est pas dans les règlements.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je tendais à me
renseigner sur les dispositions qui permettaient, vous me dites qu'il n'y en a
pas, que c'est...
Le Président (M. Laplante): C'est une coutume.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... c'est conventionnel, que
c'est coutumier. C'est un...
M. Grégoire: D'ailleurs, M. le Président, sur une
question de règlement. Puis-je rappeler au député de
Vaudreuil-Soulanges que lorsque le chef de l'Opposition est venu à notre
commission, j'ai aussitôt soulevé une question de règlement
pour annoncer que nous consentions, et que ça nous ferait plaisir,
à donner le droit de parole illimité au chef de l'Opposition?
C'est ce qui se fait pour ces trois personnages qui sont...
Le Président (M. Laplante): C'est tout à fait
normal d'une façon civilisée.
M. Fortier: Je crois que c'est ce que nous avons fait, ce que
j'ai senti, c'est qu'en toute politesse, j'ai cru qu'il était
bienveillant de laisser parler le leader. C'est la raison pour laquelle, de la
même façon, le député de Frontenac l'aurait fait
pour le chef de l'Opposition, il m'a semblé normal que le leader
s'adresse à la commission. Cependant - le député de
Vaudreuil-Soulanges en faisait une question de règlement - je croyais
que le leader venait faire une annonce très explicite et je ne pouvais
pas, bien sûr, préjuger de ce qu'il nous dirait. Mais je ne peux
accepter les remarques qu'il a faites en disant qu'il semblait qu'il n'y avait
qu'un seul côté de la commission qui avait retardé les
travaux. Nous avons demandé et nous avons fait des recommandations
nombreuses pour obtenir des renseignements afin que nous soyons
éclairés davantage. Pour ma part, je ne peux absolument pas
accepter les commentaires du leader du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Je vous laisse seul juge
là-dessus, je ne savais pas ce qu'il avait à annoncer à ce
moment-là.
M. Grégoire: Ce n'est pas tout à fait juste, ce que
vous venez de dire. Vous avez demandé de faire comparaître du
monde, mais vous avez accaparé tout le temps réservé
à leur comparution.
M. Fortier: M. le Président, c'est moi qui ai le droit de
parole présentement.
Le Président (M. Laplante): Vous n'êtes pas
pénalisé, vous avez une minute de plus; il vous reste quatre
minutes.
M. Pierre-C. Fortier (suite)
M. Fortier: Très bien, je vous remercie. De toute
façon, ce que j'allais dire, c'est bien simple: On vient de faire une
demande; le président nous indique que la motion n'était pas
recevable à ce moment-ci, mais cette demande-là, comme toutes les
autres que nous avons faites allait dans le sens de préciser plusieurs
des interrogations dont fait état M. Alain Dubuc dans la Presse
d'aujourd'hui. Je disais - pour les oreilles du ministre qui vient de se
joindre à nous -que, pour ma part, je suis en parfaite concordance avec
l'article de M. Alain Dubuc et même avec la conclusion. Le titre qui
coiffe cet article ne semble pas correspondre du tout au contenu même de
l'article en question qui traite d'un obstacle financier, de l'ampleur de cette
taxe indirecte, du contrat social et de la fin de l'autonomie
d'Hydro-Québec.
Pour parler d'une façon plus précise de l'obstacle
financier, je crois que je venais tout juste de citer un paragraphe où
il disait: "Le premier enjeu est financier." Il parlait des difficultés
d'emprunt. Je faisais allusion à ce que le député de
Frontenac nous disait à l'Assemblée nationale, soit qu'il
était extrêmement difficile d'emprunter à cause des hauts
taux d'intérêt. J'avais entre les mains, alors qu'il parlait -
c'est pour cela que son intervention m'intéressait - un article qui a
paru dans le "Globe and Mail", qui est un journal financier comme vous le
savez, et je crois que cet article était de jeudi ou de vendredi
dernier. Un rapport a été produit, où on parlait de:
"Abnormal interest rates terms a threat to mega-projects plans". Je m'excuse de
citer l'article en anglais, mais on dit que les taux d'intérêt
anormaux créent des difficultés aux projets d'une certaine
importance. Je crois que les mégaprojets, M. le Président, ce
sont ceux qui coûtent beaucoup plus que 100 000 000 $. Lorsqu'on parle
d'Hydro-Québec, bien sûr, qui a des programmes d'investissement de
l'ordre de 65 000 000 000 $ pour les dix prochaines années, je crois
qu'on peut parler de mégaprojets et de difficultés de
financement.
Ce qui m'intéressait dans cet article, puisque j'étais
arrivé aux mêmes conclusions sans être expert dans les
questions de financement, c'est qu'on dit, d'une part, que bien sûr,
comme le disait le député de Frontenac, le niveau des taux
d'intérêt en lui-même est réellement une
difficulté. On peut répliquer à cela. Ici, je vois que
l'article en question, qui fait état d'un rapport traitant de cette
question, dit que certaines décisions gouvernementales qui ont
été prises par le gouvernement du Canada remettent en question
l'autofinancement des compagnies de pétrole, qui, elles,
traditionnellement, s'autofinançaient à 66%. On souligne que,
dans l'avenir, à cause de ces difficultés de financement, il
faudrait bien, comme pour les projets des sables bitumineux et d'autres projets
semblables -comme je l'ai dit tout à l'heure, les projets
d'Hydro-Québec, par leur ampleur, peuvent être dans la même
catégorie - se résigner à
donner à Hydro-Québec les moyens dont elle aura besoin
pour réaliser ses projets.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure.
M. Fortier: Oui, mais rapidement, M. le Président.
Immédiatement après, on souligne également la
difficulté de la variation des taux d'intérêt. Encore
là, c'est la difficulté pour ces
sociétés-là, qui ont de grands programmes
d'investissement, de pouvoir vendre des obligations puisque les prêteurs
ne peuvent pas s'engager à long terme.
Je conclus là-dessus, M. le Président. C'est que l'article
de M. Alain Dubuc rejoint cet article que j'avais lu la semaine dernière
dans le "Globe and Mail". Ils font état des difficultés de plus
en plus prononcées des sociétés d'utilité publique
et, comme le dit l'article ici, les compagnies d'utilité publique auront
de plus en plus de difficultés, au cours des dix prochaines
années, à réaliser le programme d'investissements.
M. le Président, nous nous posons des questions sur les obstacles
financiers. Ces problèmes vont en s'accentuant, je me souviens
même qu'au mois d'août, lorsque Hydro-Québec était
venu en commission parlementaire, on nous disait qu'il était très
difficile de prévoir l'avenir. On nous a refusé la demande que
nous avions faite d'interroger encore une fois le vice-président de la
section des finances d'Hydro-Québec et, pour toutes ces raisons, il me
semble que cet amendement, voulant qu'on transforme Hydro-Québec pour
une période de six mois, nous permettra - comme le dit si bien Alain
Dubuc - de faire en sorte qu'une fois la loi adoptée, on organise un
certain débat pour faire le point avant même qu'on puisse
approuver à nouveau le projet de loi tel que présenté par
le gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement?
M. Grégoire: Non.
Le Président (M. Laplante): C'est M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui a demandé
la parole.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Je l'ai
cédée à M. le député de Frontenac.
M. Polak: Non, il ne peut pas, j'étais avant lui, M. le
Président. J'étais après le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, mais avant le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Seulement trois minutes.
Une voix: C'est le président qui donne le droit de
parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, juste trois minutes
pour rectifier une affirmation du député d'Outremont.
M. Lalonde: Vingt minutes.
M. Grégoire: Quand le député d'Outremont dit
qu'on a refusé de convoquer des groupes et entre autres le
vice-président aux finances d'Hydro-Québec, je dis que, là
encore, le député d'Outremont - peut-être inconsciemment ou
involontairement - induit la commission en erreur. Nous avons proposé un
amendement nous-mêmes pour convoquer des groupes, mais ce qui a
empêché de convoquer ces groupes et de les entendre -nous aurions
pu avoir sept heures pour les interroger, sept heures pour discuter avec eux
pour avoir des renseignements - mais l'Opposition a
préféré arriver avec trois ou quatre sous-amendements et
épuiser tout ce temps, sept heures de suite, de 15 heures à 18
heures et de 20 heures à minuit, pour parler, plutôt que
d'accueillir les groupes pour répondre aux questions. Je crois que le
député d'Outremont induit la commission en erreur en disant que
nous avons refusé. Nous avons accepté, mais quand nous avons vu
que l'Opposition parlait pendant sept heures uniquement sur le sujet de la
convocation, nous avons dit: Les membres de l'Opposition ont
épuisé le temps de parole des groupes à convoquer.
M. Lalonde: M. le Président.
M. Grégoire: Qui en est responsable, M. le
Président? C'est l'Opposition.
M. Lalonde: C'est le fédéral!
M. Grégoire: C'est l'Opposition libérale.
M. Lalonde: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement encore, mais je ne voudrais pas qu'on m'enlève
ça sur le temps qui m'est alloué.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, les
quelques heures qu'il nous reste - à moins que l'Assemblée
nationale ne change d'idée -doivent être consacrées
à des choses plus sérieuses que les lubies du
député de Frontenac.
M. Grégoire: II n'y a pas de question de règlement
là.
M. Fortier: Question de règlement, M. le Président,
article 96.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Selon l'article 96, je crois que j'ai droit de
corriger une interprétation qu'on a faite du discours que je viens de
prononcer? C'est bien cela?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fortier: Vous savez, des délibérations, c'est
bien beau et ce qu'on dit, je crois bien, est enregistré pour la
"prospérité", et je corrige...
M. Lalonde: La "prospérité" ce n'est pas pour eux,
certain!
M. Grégoire: II n'y a pas de question de
règlement.
M. Fortier: La postérité. Mais je crois que, dans
un débat parlementaire comme celui qu'on a, ce qui compte, ce sont les
résolutions et les résolutions ont été battues.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Si vous continuez votre
intervention, M. le député de Frontenac, demeurez dans la
pertinence du débat sur les six mois.
M. Grégoire: Je m'aperçois que le
député de Marguerite-Bourgeoys vient de revenir, lui qui a cru
bon de s'absenter et, dès qu'il arrive, on se demande ce qui lui arrive
en fin de compte.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président. J'ai rencontré le ministre à l'extérieur
et je ne vous dirai pas où.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, restez dans la pertinence du débat.
M. Grégoire: M. le Président, je dis donc - c'est
le seul point que je voulais faire valoir - que le député
d'Outremont ne peut que se reprocher à lui-même et à ses
collègues le fait que nous n'ayons pas pu entendre le
vice-président aux finances d'Hydro-Québec. Nous étions
prêts à l'entendre et nous l'avons prouvé par un amendement
que nous avons apporté, mais comme vous avez, vous et vos
collègues, épuisé le temps de parole qui avait
été réservé pour le vice-président aux
finances d'Hydro-Québec, ne vous en prenez qu'à vous, vous
êtes les responsables. C'est la démonstration nette et claire de
l'attitude que vous avez eue au cours de cette commission. Vous dites: Parlons
de choses sérieuses. Regardez comment le député de
Marguerite-Bourgeoys se conduit. C'est le dernier soir et il ne se conduit
même pas comme il faut. (21 h 30)
M. Lalonde: Compriment le dernier soir? Ce n'est pas encore
adopté en haut.
M. Grégoire: C'est le dernier soir. Ne vous
inquiétez pas.
Une voix: II présume de la volonté de
l'Assemblée.
M. Grégoire: Comme l'a dit le leader parlementaire, en
haut, pendant qu'on discute à notre commission, ils sont
réellement estomaqués de voir l'attitude que vous avez ici.
Une voix: Horrifiés.
M. Grégoire: Ils sont prêts à vous jeter le
blâme complet et total et il s'en trouvera beaucoup plus pour voter pour
mettre fin au mandat de la commission parce que vous vous êtes conduits
d'une façon indigne de l'Assemblée nationale au cours de cette
commission. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, question de règlement.
Une voix: Prévoyez-vous des dissidences?
M. Dussault: M. le député d'Outremont a induit
cette Assemblée en erreur en disant...
M. Lalonde: A enduit l'Assemblée en horreur.
Une voix: Ah!
M. Dussault: ... être convaincu que le titre "Une
tempête dans un verre d'eau" -c'est l'article de M. Alain Dubuc -
n'était
pas fait par M. Dubuc, que ce n'était pas le reflet de l'article.
Or, je viens de le lire au complet, M. le Président, et je dois vous
dire que tout ce que dit M. Alain Dubuc dans son article en arrive à la
conclusion que c'est effectivement une tempête dans un verre d'eau que
les libéraux font à cette commission depuis plusieurs heures,
depuis, en fait, plus de 34 heures.
M. Grégoire: 40 heures.
M. Dussault: Depuis 40 heures maintenant. Je vais vous donner un
seul exemple de ce que j'avance, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Votre mise au point est faite.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Grégoire: Tu parleras après. M. Polak: M.
le Président.
M. Dussault: Je reviendrai là-dessus, M. le
Président.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Sur l'amendement d'une période de six mois. Je
vous ai dit, M. le Président, que je suis ici depuis quatre ou cinq
jours. Au commencement, j'étais déchiré, j'étais
optimiste. Ce soir, je suis triste et j'ai peur. Excusez-moi, M. le
Président; Je voulais que vous écoutiez tout de même mes
propos.
Une voix: Ah!
M. Perron: M. le Président, c'est un mouchoir neuf. Il
peut se mettre à brailler s'il le veut.
M. Grégoire: Est-ce que le député de
Sainte-Anne parle ou non?
M. Polak: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
Le Président (M. Laplante); Vous pouvez continuer,
monsieur, c'est certain. Votre temps court.
M. Polak: Ce soir, j'ai peur parce que...
Le Président (M. Laplante): Vous comprenez sur quel
amendement?
M. Polak: Sur l'amendement de six mois, oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Polak: Ce qui arrive, M. le Président, c'est qu'on
passe ce soir avec le couteau sous la gorge. Vraiment, quand j'ai vu le leader
parlementaire entrer, pour moi, c'était la visite de Robespierre qui me
disait: Tu as 20 minutes...
M. Dussault: La pertinence, M. le Président.
M. Polak: ... pour me convaincre; autrement la guillotine tombe,
ma tête sur le bloc.
M. Dussault: M. le Président, la pertinence, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
M. Polak: Je parle sur la période de six mois, M. le
Président.
M. Dussault: Si je ne peux pas parler, M. le Président,
lui non plus ne peut pas parler en dehors de la pertinence.
M. Polak: Pourquoi est-ce qu'on a pris une période de six
mois?
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
député de Châteauguay!
M. Polak: Pour essayer de convaincre les députés
ministériels. C'est vrai qu'on ne voulait pas qu'Hydro-Québec
soit transformée en une compagnie à fonds social. Mais là,
on prend une période de six mois et on dit: D'accord, on accepte cela
pour une période de six mois, ensuite, pour réviser. C'est le
fameux principe de la réévaluation. On connaît tout cela,
M. le Président. Même le président serait
réévalué. De temps en temps, on voit un président
agir. On dit: II n'écoute pas le député; on va
réévaluer après six mois s'il doit être encore
président ou non. C'est la même chose avec ce projet de loi. Dans
le monde ouvrier, on trouve la même chose. Il y a des occasionnels qui
travaillent pour le gouvernement pour une période de trois mois, six
mois et, à un moment donné, on va dire qu'on va
réévaluer leur situation pour voir si on va les nommer sur une
base permanente ou non. C'est exactement le but de l'amendement, M. le
Président.
Je suis très content que vous m'écoutiez tellement
attentivement parce que je vois que... Pas seulement vous, M. le
Président, mais les députés ministériels
m'écoutent et ils savent qu'on a 20 minutes pour convaincre Robespierre
de ne pas faire descendre le couteau sur mon cou et ma tête sur le bloc.
Cela n'est pas drôle. C'est pour cela que je suis triste. Je suis
sérieux. Toute la joie que j'ai eue auparavant à cette
commission, quand le député de Châteauguay a fait des
suggestions positives, je ne l'ai
plus.
Maintenant, pourquoi est-ce qu'on a pris une période de six mois?
Disons que le projet de loi sera en vigueur le 31 décembre ou le 1er
janvier et cela veut dire que la fin de la période de six mois sera le
1er juillet 1982. C'est une date intéressante parce que, le 1er juillet,
c'est la fête du Canada. Évidemment, le gouvernement ne veut rien
savoir de la fête du Canada. C'est juste la dernière
journée de cette période de six mois. Eux vont dire: On ne veut
rien savoir de cela; on ne participe plus à cela; on n'a aucun contact
avec le fédéral. Donc, M. le Président, comme je le
disais, le 1er juillet, c'est la fin de la période de six mois. À
ce moment-là, le gouvernement sera obligé de faire quelque chose
pour la population. Qu'est-ce qu'il va faire? Le gouvernement, pour justement
nier l'aspect peut-être positif de la fête du Canada, le 1er
juillet 1982, va dire à la population: On va défaire tout cela;
on va vous rendre Hydro-Québec comme vous l'avez connue auparavant. Ce
ne sera plus une compagnie à fonds social; cela va redevenir une
compagnie sans fonds social. Cela veut dire que tous les
Québécois et toutes les Québécoises, à
partir du 1er juillet 1982, auront vraiment le contrôle
d'Hydro-Québec comme ils l'ont eu jusqu'à aujourd'hui.
Donc, cette période de six mois, M. le Président, est bien
choisie parce que pour contrer justement l'effet psychologique de la date du
1er juillet 1982, on va donner une chance au gouvernement, à cette date,
de dire: On a eu l'expérience, on l'a vécue pendant six mois, on
ne continuera pas avec, on va rester une compagnie sans fonds social.
Maintenant, M. le Président, pourquoi est-ce qu'on a pris exactement six
mois? Parce que tout le monde sait qu'à partir de maintenant, du 1er
janvier, six mois, c'est la période où tout le monde se sert
beaucoup de l'électricité. Les maisons, l'éclairage,
l'arbre de Noël, partout cela coûte très cher en
électricité, le chauffage. Donc, on donne une chance au
gouvernement; l'idée de la motion c'est que nous sommes très
objectifs. On veut donner toutes les chances au gouvernement d'évaluer
cela sur une période de six mois, une période où vraiment
l'électricité est, comme on dit en anglais, à son "peak",
l'hiver.
On va attendre l'hiver, on va voir ce qui se consomme
d'électricité pour que la population et le gouvernement puissent
juger de la consommation d'électricité durant cette
période de six mois, dont au moins quatre mois sont une période
de grande consommation, suivis par une couple de mois de repos parce que tout
le monde sait qu'au mois de mai et au mois de juin il y a beaucoup moins de
consommation d'électricité. Donc, on ne veut pas que le
gouvernement révise ses intentions après trois ou quatre mois
quand tout le monde est encore, disons, en fureur contre le gouvernement pour
la hausse des tarifs d'électricité. On veut donner deux mois de
plus, le mois de mai et le mois de juin. C'est pour ça qu'on a pris une
période de six mois avec justement la période où il n'y
aura pas beaucoup de consommation d'électricité pour que le monde
puisse se calmer, ne pas recevoir de gros comptes d'électricité.
Le gouvernement, à ce moment, dans une atmosphère de calme,
pourra dire: Voici, on a vécu cette expérience maintenant pendant
six mois et maintenant c'est le temps de la réviser.
On espère qu'à ce moment, le 1er juillet, comme cadeau
à la population du Québec et un peu en contrepartie pour la
fête du Canada qui est également le 1er juillet 1982, le
gouvernement pourra dire à la population: Oubliez la fête du
Canada, il n'y a rien à fêter, mais nous on vous donne quelque
chose à fêter, on va encore changer cette loi, Hydro-Québec
va redevenir une compagnie sans fonds social au lieu d'être une compagnie
à fonds social. C'est le principe.
Maintenant, M. le Président, j'ai parlé avant-hier de
l'histoire de mon Américain; je suis en communication constante avec
lui. Il est au courant de nos travaux et, évidemment, il m'a
demandé ce qui se passe. Je lui ai dit: J'ai peur. "I am afraid", parce
qu'il ne parle pas français. Il m'a dit: II ne faut pas
révéler mon nom au député de Châteauguay,
mais il m'a donné la permission de révéler l'État
où il demeure. C'est en Californie. Il a dit: Qu'est-ce que cela veut
dire, la guillotine? Lui, savez-vous, il connaît beaucoup de monde autour
de lui qui sont des Américains d'origine japonaise. Il dit la
guillotine, est-ce que cela veut dire "the knife"? Vu qu'il connaît
beaucoup de monde d'origine japonaise, il a dit: Ah bon, cela veut dire "the
chop". J'ai dit, que c'était une bonne traduction parce que le "chop",
en judo, c'est un coup final. Le coup arrive ici, au cou, comme la guillotine.
La guillotine, évidemment, ça coupe, c'est sanglant. Un "chop"
japonais, cela ne donne pas de douleur, cela laisse le corps intact, mais
ça a le même résultat que la guillotine.
Il a parlé de ça. Il a dit: Are you not afraid to talk to
Mike when you know you only have 20 minutes to save your neck? Contre le
"chop", la guillotine. J'ai dit: J'ai peur. Je sais qu'avec le
député de Châteauguay, il y a une chance. Le
député de Frontenac - d'ailleurs il m'a demandé l'opinion
de différents députés, si je pensais qu'ils pouvaient
sauver mon cou, etc. - il n'est pas parlable parce que je pense que c'est un
homme de guillotine. Sur le député de Châteauguay, j'ai
dit: Je suis encore optimiste.
Le Président (M. Laplante): On me fait signe - une minute
- qu'il y a une question de règlement. On me fait signe que tout ce que
vous dites n'a pu être enregistré parce que vous êtes trop
loin du micro.
M. Polak: Excusez-moi. Voici ce qui arrive, M. le
Président. C'est parce que...
Le Président (M. Laplante): II faudra recommencer.
M. Polak: On m'a posé la question: Qu'est-ce que cela a
à faire avec les six mois? Cet Américain m'a dit: Écoute,
demande au moins six mois pour sauver ton cou de la guillotine. To save your
neck from the chop, et j'ai dit: D'accord. Je vais garder mes obligations
encore six mois. Je suis prêt à accepter qu'Hydro-Québec
devienne une compagnie à fonds social, mais seulement pour six mois. Il
faut que, durant cette période de six mois, vous puissiez convaincre le
gouvernement de changer, que ça redevienne une compagnie sans fonds
social parce que moi, quand j'ai investi, comme d'ailleurs tous les autres
Américains - il y en a beaucoup qui ont acheté des obligations
sachant qu'Hydro-Québec est une compagnie sans fonds social - je me dis:
J'ai fait cela expressément pour investir dans une compagnie sans fonds
social. Je suis prêt à accepter un changement dans la structure
financière pour une période de six mois, pas plus que cela.
Donc, c'est une raison de plus, M. le Président, pour que je
demande - et là, je plaide pour ma propre vie, parce qu'on fait face
à une guillotine - aux députés surtout
ministériels, parce que de notre côté nous sommes tous sous
la même menace de guillotine, nous allons tous recevoir peut-être
à minuit le "chop"... Ce n'est pas drôle, mais on a besoin d'appui
de la part des députés ministériels pour cet argument de
sorte qu'on puisse faire rapport au leader parlementaire que nos travaux
avancent bien, qu'on a accepté unanimement l'amendement à
l'article 3.1. Lui, il se plaint du fait qu'on a parlé de beaucoup de
choses, mais pas encore des articles de la loi.
La période de six mois, M. le Président, se termine le 1er
juillet; comme je l'ai dit, c'est une date importante puisque c'est la
fête du Canada, mais aussi six mois, c'est une période pour
réévaluer le système de changement de structure
financière d'Hydro-Québec pour voir comment les gens
réagissent. Cela donne une chance au ministre des Finances de dire avec
fierté: Moi, je suis le seul actionnaire d'Hydro-Québec. Il se
promène pendant six mois avec toutes les actions d'Hydro-Québec.
On ne s'y oppose pas, mais à la fin des six mois cela retourne vraiment
à la population, parce que cela redeviendra une compagnie sans fonds
social.
Donc, à cause de tous ces arguments que j'ai donnés, je
plaide, M. le Président, surtout auprès des députés
ministériels afin qu'ils comprennent que nous faisons des motions
constructives. C'est vrai qu'on a la tête contre le mur ou la tête
sur le bloc -on peut choisir l'expression qu'on veut - avec cette guillotine
au-dessus de nos têtes, mais on nous donne une chance de procéder
avec nos travaux en acceptant cet amendement qui, vraiment, donne une chance de
réévaluer toute la situation.
D'ailleurs, il y a un précédent, M. le Président,
parce que même dans notre parti politique, on a un processus de
réévaluation. Quand on prend, par exemple, le dernier
congrès du Parti québécois, cela a pris une journée
pour avoir une réévaluation. Nous, on est beaucoup plus large
d'esprit que cela. On donne six mois. On ne dit pas que la loi soit en vigueur
une journée pour ensuite demander à tout le monde de changer
d'avis de changer cela. On dit: Non, on va être juste, donner une chance
au gouvernement de procéder avec cette nouvelle structure
financière pendant une période de six mois, pas une
journée. On ne demanderait même pas non plus que toute la
population nous envoie des télégrammes d'appui ou que tous les
députés nous disent: Nous sommes en faveur de ce changement. On a
voté pour, maintenant on change d'avis et tout le monde va faire le
voyage pour dire: Vous faites erreur, s'il vous plaît, donnez-nous une
chance. On ne demande pas cela. Nous sommes au-dessus de cela, M. le
Président. Ce n'est pas une question de politique partisane. On demande
de donner une chance à la population et au gouvernement de vivre avec ce
nouveau système pendant une période de six mois pour voir comment
M. Parizeau se comporte pendant cette période, ce qu'il fera avec ces
actions, combien de dividendes il va déclarer, combien d'acomptes il va
prendre d'Hydro-Québec pour essayer de remplir la bourse publique qui,
à toutes fins utiles, est vide. On verra à la fin des six mois
les résultats de l'expérience, combien cela a coûté
à Hydro-Québec.
Je suis certain qu'à la fin de cette période, d'une
manière unanime, pas seulement nous de l'Opposition, mais les
députés ministériels et toute la population vont nous
envoyer des télégrammes, des lettres et faire des visites aux
députés pour dire: S'il vous plaît, changez cela parce
qu'on était contents d'Hydro-Québec comme compagnie sans fonds
social et on a eu la triste expérience d'avoir vécu pendant six
mois avec Hydro-Québec comme compagnie à fonds social. Je suis
certain que l'expérience de six mois va démontrer cela. C'est
pourquoi on a choisi six mois et non pas quatre mois, parce qu'on voulait
être juste envers le du gouvernement. Il faut que le
gouvernement révise sa décision dans le calme. On ne veut
pas d'hystérie. On ne veut pas de culte de notre opinion du tout, que
tout le monde ait changé d'avis dans une journée. On ne veut pas
cela. On veut que, dans la période où il y a beaucoup moins de
consommation d'électricité, surtout aux mois de mai et de juin,
quand les gens n'ont plus de gros comptes d'électricité à
payer, dans le calme, le gouvernement puisse analyser tous les chiffres qui
sont entrés pendant la période de six mois et qu'en toute
honnêteté ils disent: On a fait erreur. On n'aurait pas dû
changer la structure financière d'Hydro-Québec d'une compagnie
sans fonds social en une compagnie à fonds social avec toutes les
conséquences néfastes que cela apporte, y inclus l'exemple de mon
Américain. Vous savez très bien, M. le Président, si tel
amendement ne se trouve pas dans le texte, on n'aura jamais un changement
d'idée de la part du gouvernement. C'est bien connu, du moment que le
gouvernement a adopté certaines lois, certains articles, c'est
très difficile de le faire revenir sur ses décisions. Cela
devient une question de fierté; on dit: On a pris la décision, on
ne peut pas la réviser, on ne veut pas, la population l'a
accepté, on a même imposé la guillotine pour avoir cette
loi. (21 h 45)
Donc, comment peut-on dire, à la fin d'une période de six
mois, que l'on veut changer d'avis? On va être honnête, on va
donner une chance au gouvernement de réviser son opinion. On dit:
Voyez-vous, messieurs, vous n'avez pas accepté notre première
suggestion de suspendre cela pendant cinq ans ou trois ans. On dit: On va vivre
avec votre système pendant une période de six mois, on l'accepte.
On ne l'accepte pas, disons, avec joie, c'est un peu à contre-coeur,
mais on comprend, vous êtes la majorité. On va faire des
concessions, parce qu'on est certain qu'à la fin de cette
période-là, le 1er juillet 1982, vous allez faire un cadeau
québécois à la population du Québec. On ne veut
rien accepter du gouvernement fédéral à cette
date-là. C'est le gouvernement québécois qui va annoncer,
le 1er juillet 1982, à la population: Voici la grande nouvelle, le
cadeau qu'on vous donne, Hydro-Québec va redevenir une compagnie sans
fonds social. C'est-à-dire qu'Hydro-Québec appartient vraiment
à la population de Québec, tous les Québécois,
toutes les Québécoises, tous les travailleurs, toutes les
travailleuses, et que ce n'est plus le seul ministre des Finances qui
contrôle toutes les actions d'Hydro-Québec. J'ai
déjà donné l'exemple du club de golf; on était
membre de ce club de golf qui s'appelle HydroQuébec. On va redevenir
tous et toutes membres de ce club exclusif qui s'appelle Hydro-Québec,
qui est un instrument de fierté nationale pour tout le monde.
Je crois qu'une période de six mois donnera amplement l'occasion
au gouvernement de revenir sur sa décision et de sauver son image
politique. On aura pris tout de même six mois - et pas comme ils ont fait
au congrès du Parti québécois, une journée et la
soirée - pour découvrir qu'on a fait erreur. On est beaucoup plus
objectif que cela, on dit: On va prendre une période de six mois - c'est
une longue période - pour réfléchir et voir les
conséquences néfastes. On va vivre avec ce système et on
verra à ce moment-là s'il y a moyen de changer. La pression de
l'opinion publique et de tous ceux qui ont demandé le droit de se
présenter devant notre commission s'exercera. Et je suis certain
qu'à ce moment-là la députation ministérielle va
être convaincue également, dans le calme, qu'on avait raison et
que c'est le temps, le 1er juillet 1982, de faire unanimement un cadeau
à la population du Québec cette journée-là. On
annoncera qu'Hydro-Québec va redevenir une compagnie sans fonds social
au lieu d'être une compagnie à fonds social, ce qui sera
l'expérience pendant les six prochains mois.
Je vois, M. le Président, que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue commence à rire un peu pendant que je
parle, mais j'espère qu'il a bien écouté. Je sais que pour
lui c'est peut-être difficile de suivre les débats sur le plan
financier.
M. le Président, en terminant, je plaide pour ma vie contre la
guillotine qui va descendre sur mon cou à minuit. Et, s'il vous
plaît, M. le député de Châteauguay, pensez à
vos partenaires, parce que nous sommes tous des députés,
même si nous ne sommes pas du même parti politique. Au lieu de
faire descendre la guillotine sur ma tête, donnez-moi une chance pour
démontrer qu'on avance dans nos travaux. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: M. le Président, vous vous doutez bien que je
sympathise beaucoup avec le député de Sainte-Anne. Mais je dois
lui rappeler, qu'il y a quelques jours je lui ai donné sa chance
à lui et aux députés de l'Opposition et qu'ils n'en ont
pas profité. Alors, aujourd'hui qu'on ne me demande pas de venir
à la rescousse du Parti libéral, M. le Président, je ne
suis plus capable de cela. Ma générosité, j'en ai fait
preuve, mais je n'en ai plus, M. le Président.
Maintenant, je voudrais revenir sur ce cas avancé tout à
l'heure, toujours à l'occasion de la motion d'amendement; on nous a dit
que c'était pour réflexion, l'amendement qui consisterait
à appliquer à toutes fins utiles la loi pour six mois. Le
député d'Outremont a, d'une façon
délibérée, tenté de récupérer
systématiquement le journaliste Alain Dubuc en commençant par
nous dire que le titre était sûrement fait par quelqu'un d'autre
que le journaliste, que c'est sans doute le chef de pupitre qui a fait
ça, parce qu'on sait que cela arrive souvent...
M. Lalonde: La tempête, c'est nous autres, le verre d'eau,
c'est vous autres.
M. Dussault: ... sauf que le titre est parfaitement le reflet de
ce qu'il y a dans l'article de M. Alain Dubuc. Je voudrais qu'on en prenne
conscience, parce que ce sera, une fois de plus, la preuve que ces gens sont
sans scrupule. Tous les moyens sont bons pour faire croire des affaires
à la population; via le journal des Débats, via la commission
parlementaire une fois de plus, on voit que c'est ce qui est arrivé.
L'article de M. Dubuc parle de certains enjeux, comme la question
financière qui a été discutée par l'Opposition, il
parle d'un contrat social et il parle d'une question d'autonomie.
Pour vous montrer jusqu'à quel point le député
d'Outremont a trompé la commission trois fois sur quatre, le
journaliste, M. Alain Dubuc, ne donne pas raison à l'Opposition. Sur
l'aspect financier, "il semble cependant bien moins évident que cette
mainmise gouvernementale puisse affecter la santé financière de
l'entreprise, d'autant plus que le prélèvement de Québec
respecte les critères communément établis. Il faut enfin
noter que cette inquiétude alarmiste des libéraux est loin
d'être partagée par l'ensemble de la direction
d'Hydro-Québec et que l'évaluation de la loi 16 varie grandement
d'un cadre à l'autre." Vous voyez, M. le Président, il ne donne
pas raison à M. le député d'Outremont sur ce point.
Sur la question des taxes, on nous a dit que c'étaient des taxes
déguisées. Vous savez tout ce que M. Dubuc dit, c'est qu'il remet
en question la pertinence du débat qu'ont fait les députés
libéraux ici. Est-ce que vous auriez pu dire, M. le Président, je
sais que cela vous a découragé parce qu'ils n'étaient
jamais pertinents, mais s'ils avaient été...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président.
M. Dussault: ... pertinents...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la pertinence, tout
simplement, M. le Président, je ne vois pas en vertu de quelle
élasticité dans ses propos, le député de
Châteauguay peut prétendre qu'il est en train de discuter de la
motion d'amendement qui est devant la commission. Je ne vois absolument pas en
quoi ses interventions sont pertinentes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, période de six mois, s'il vous plaît.
M. Dussault: M. le Président, vous avez tout à fait
raison, il faut être pertinent, et justement je le suis, parce que je me
raccroche aux propos et tout le contenu que nous a passé en douce le
député d'Outremont, tout à l'heure, quand il a
récupéré...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président.
M. Dussault: ... le texte du journaliste Dubuc.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président. Je ne pense pas
que, si le député de Châteauguay invoque...
Le Président (M. Laplante): Sur quoi repose votre question
de règlement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Toujours sur la pertinence, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Châteauguay, sur la pertinence s'il vous
plaît, sur les six mois.
M. Dussault: M. le Président, le député
d'Outremont, tout à l'heure, nous a dit qu'il fallait vivre
l'application de la loi pendant six mois, de façon à pouvoir
évaluer certaines choses. Entre autres, il nous a dit que ça nous
permettrait d'évaluer tout le débat qu'ils ont fait, ça
nous permettrait de voir clair sur tout le débat qu'ils ont fait
à la commission, et il a utilisé l'article de M. Dubuc pour nous
faire croire qu'il avait raison.
Je suis en train de vous dire que c'est de la menterie pure et simple
que nous a faite le député d'Outremont. Je continue mon
exposé dans ce sens, parce que c'est tout à fait pertinent.
Sur la question de la taxe, M. Dubuc conclut, dans son paragraphe sur
cette question, en disant: "Mais ainsi, on ne se trouve pas vraiment à
dénoncer le fond du projet de loi, mais plutôt les
conséquences de la politique budgétaire péquiste." Vous
voyez que ce n'était absolument pas pertinent à ce qui s'est
passé ici à la
commission.
Sur un autre point, à propos d'un contrat social, parce qu'ils
ont largement fait état de cette question ici, à la commission
parlementaire, c'est encore une autre que le député d'Outremont a
essayé de nous passer, à un moment donné, le journaliste
dit ceci: "II s'agit là d'une spoliation d'un bien public - il cite le
député d'Outremont à ce moment-là - c'est le bris
d'un contrat social existant depuis 1962 entre le gouvernement et la
population, a affirmé à ce sujet le critique...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
question de règlement.
M. Dussault: ... énergétique libéral, Pierre
Fortier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vaudreuil.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous invite à ramener
le député de Châteauguay à la pertinence. On parle
d'une période de six mois et non pas d'une période de 19 ans.
Le Président (M. Laplante): Je crois qu'il est pertinent
par son argumentation, M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Dussault: C'est ça, je l'ai largement
démontré, M. le Président.
M. Grégoire: M. le Président, je veux soulever une
question de règlement. Quand on sait que s'il y en a un qui a
été impertinent au débat, c'est bien le
député...
Le Président (M. Laplante): À quel sujet, votre
question de règlement?
M. Grégoire: Sur la pertinence.
Le Président (M. Laplante): Non, non, ce n'est pas sur la
pertinence.
M. Grégoire: Quand on sait que s'il y en a un qui a
été impertinent au débat, c'est bien le
député de Vaudreuil-Soulanges, au débat, je dis.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay, si vous voulez continuer, s'il vous plaît.
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je vois que vous
êtes vraiment le défenseur des droits de tous les
députés dans cette assemblée. Je vous en remercie.
Je continue. À la suite de cette affirmation que faisait le
député Pierre Fortier, comme il le nomme dans son article, M.
Dubuc dit: "Les critiques du projet de loi se mettent dans une position bien
délicate, s'ils se font les chantres de l'énergie à bon
marché, c'est pratiquement faire cavalier seul en Amérique du
Nord. Par ailleurs, à travers le monde entier, aucun contrat social n'a
tenu depuis dix ans dans le domaine de l'énergie." Vous voyez la grosse
farce qu'on nous a faite pendant tout le temps de la commission parlementaire
en revendiquant que l'on fasse un débat pour clarifier cette question,
alors qu'en réalité les choses vont de soi.
Je termine, M. le Président, en vous faisant part de la
dernière partie de l'article de M. Alain Dubuc qui, justement, parle de
ce débat. Il dit ceci: "Mais ce débat peut très bien se
faire après l'adoption de la loi 16 parce que la question qu'on doit se
poser n'est pas si, oui ou non, il faut réduire l'autonomie d'Hydro,
mais bien qu'est-ce que l'on fera une fois que le gouvernement aura
utilisé sa principale société d'État comme levier
économique et énergétique."
Tout l'article de M. Alain Dubuc tend à démontrer d'une
façon absolument correcte que le débat qu'ont fait ici les
libéraux lors de la commission parlementaire n'était absolument
pas pertinent et qu'il tendait, tout au contraire, à tromper la
population. M. le député d'Outremont, en douce, tout à
l'heure - une chance qu'on était assez attentifs pour le suivre - a
tenté de nous passer encore une patente qui n'a rien de
sérieux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Fortier: Question de règlement, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Étant donné qu'on a fait allusion
à la pertinence de mes propos, je citerai seulement cette phrase...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, il ne faudrait pas exagérer, non plus.
M. le député de Richmond.
M. Fortier: Oui, mais...
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Je ne
voudrais, cependant, pas interrompre mon collègue; cela n'aurait
vraiment pas l'air d'une bonne collaboration. Nous avons devant nous une motion
d'amendement qui... J'ai de la difficulté à me concentrer compte
tenu de
ce que j'entends autour de la table.
Cette motion que nous avons devant nous présentement revêt,
à mon point de vue, une importance extrême dans le débat
que nous connaissons depuis l'ouverture de nos travaux. Je voudrais tenter, au
cours des quelques minutes qui me sont offertes, qui sont mises à ma
disposition, de...
Le Président (M. Laplante): Rapprochez votre micro, s'il
vous plaît.
M. Vallières: Si le ministre parlait moins fort,
peut-être qu'on m'entendrait un peu plus.
Je disais que, pour moi, la motion que nous avons devant nous
revêt une importance particulière, une importance cruciale pour
l'avancement de nos travaux, pour l'avancement de notre débat. Cette
motion fait suite à une série d'autres propositions que nous
avons faites à cette commission pour convaincre le gouvernement, pour
convaincre les ministériels des conséquences qu'aura pour les
Québécois l'adoption de ce projet de loi no 16. Que la loi soit
présentée devant nous dans six mois pour être votée
à nouveau par tous nos collègues en cette Chambre m'invite
à croire que cette fois nous aurons la chance de vivre une
expérience unique et possiblement de faire l'unanimité autour de
cette proposition très sérieuse que nous avons devant nous.
À mon avis, nous avons ici une nuance importante qui vient d'une
certaine manière adoucir le sous-amendement qui prévoyait
l'application du projet de loi no 16 pour une période de 18 mois. Il
s'agit ici, à mon avis, d'un compromis qui se rapproche d'une situation
acceptable. J'avais indiqué hier que je me proposais de voter contre le
sous-amendement qui prévoyait que le projet de loi ne s'applique que
pour une période de 18 mois. J'ai eu l'occasion au cours de mon
intervention de souligner tous les motifs qui m'incitaient à croire
qu'il fallait battre cette motion de sous-amendement. (22 heures)
M. le Président, l'intervention convaincante de mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys m'a un peu refroidi sur le sujet, mais
elle ne m'a pas complètement convaincu. Ce n'est pas parce que le
député n'est pas convaincant, mais parce que les
réticences que j'éprouve sont vraiment très profondes et
le déchirement que j'éprouve présentement, que
j'éprouvais hier, j'aimerais le partager le plus possible avec mes
collègues et leur faire comprendre l'impact réel de ce qui nous
attend tous tout à l'heure quand l'heure fatidique de minuit, 0 heure,
va sonner.
La motion que nous avons ici, M. le Président, nous permet de
choisir entre le moindre de deux maux. Le plus grave de ces maux, c'est
évidemment l'article 1, paragraphe 3.1, qui, disons-le
immédiatement, est la responsabilité de nul autre que le
gouvernement actuel. C'est pour en limiter les dégâts, pour en
limiter les effets catastrophiques que le député de
Marguerite-Bourgeoys a présenté son amendement. Je ne peux
être insensible à cette proposition qui se veut un compromis non
pas parfait, mais possible et acceptable.
J'entendais tout à l'heure le leader du gouvernement qui est venu
nous indiquer que l'Assemblée nationale se montrerait tout à
l'heure, à la suite de l'ajournement de nos travaux, insatisfaite du
travail que nous avons effectué ici comme de véritables
travailleurs acharnés au rôle qu'ont bien voulu nous confier nos
concitoyens dans chacun de nos comtés.
M. le Président, je veux m'inscrire en faux contre les propos
qu'a tenus le leader, parce que nous n'avons probablement pas entendu les
mêmes intervenants en Chambre tout à l'heure. Les
députés de la majorité gouvernementale n'ont
jusqu'à présent nullement collaboré aux modifications que
nous leur avons proposées. C'est leur faute si nous n'avons pas encore
atteint l'article no 2. On ne peut imputer la responsabilité de leur
intransigeance à nul autre qu'à eux-mêmes.
Les propos du leader du gouvernement m'ont paru nettement erronés
tout à l'heure, car, à ce jour, beaucoup plus de
députés à l'Assemblée nationale ont parlé
contre la motion de clôture qu'il y en a qui ont parlé pour. Force
nous est de constater que nos collègues du Parti québécois
ont la trouille; ils ont peur de se lever et de parler contre la motion qui est
devant nous en Chambre ce soir et qui, évidemment, a une incidence
directe, un impact direct sur le bon fonctionnement de nos travaux ici.
Où sont-ils, ces grands démocrates du Parti
québécois qui vont, selon tout vraisemblance, nous
bâillonner? Comme mon collègue de Sainte-Anne, j'ai peur, mais non
pas pour les mêmes raisons que les membres du gouvernement. J'ai peur que
cet accroc qu'on se prépare à faire à la
démocratie, qui est une première sous le gouvernement actuel, ne
puisse devenir quelque chose de coutumier, quelque chose qui va se
répéter à toutes les sessions. Nous disons au
gouvernement, M. le Président, et c'est le but de l'amendement qu'on a
devant nous, il est inutile de se le cacher: Pourquoi procéder à
la grosse vapeur? Pourquoi procéder sous la pression, le couteau sur la
gorge, comme le disait mon collègue de Sainte-Anne tantôt, la
guillotine suspendue au-dessus de nos têtes? J'en ai le frisson.
M. le Président, j'aimerais que mes collègues du Parti
québécois, au moment où on se parle, essaient de
comprendre ce qui se produira à minuit. J'aimerais qu'ils soient dans
nos manteaux pour constater jusqu'à
quel point il peut être inquiétant de savoir que, d'ici
à peine deux heures, nous serons tous guillotinés. J'imagine que,
si nous adoptions l'amendement qui est devant nous ce soir, cet amendement qui
vise à appliquer l'article 1 pour une période de six mois
seulement, il y aurait un grand déblocage au niveau de nos travaux et la
motion de clôture pourrait être retirée ou battue. Alors,
nous pourrions tous continuer nos travaux dans le calme, la
sérénité, l'harmonie, la quiétude. Pour nous de
l'Opposition, c'est important de savoir que nous pouvons assister à
cette commission, dire ce que nous avons à communiquer et le faire sans
aucune pression. Je crois qu'avoir une guillotine au-dessus de nos têtes
constitue une pression extraordinaire que nous devons dénoncer et nous
devons indiquer à nos collègues du Parti québécois
jusqu'à quel point nous nous sentons mal vis-à-vis de ce geste
que, finalement, toute la majorité ministérielle se
prépare à faire à notre endroit.
Face à cette motion d'amendement que nous avons devant nous, il
est temps pour le Parti québécois, pour les membres du
gouvernement, de faire preuve de bonne foi. Les ministériels pourraient
permettre que nous évitions le pire en cette Chambre. M. le
Président. Notre sort est entre leurs mains et je souhaite qu'à
l'heure du vote sur la motion de clôture, ils soient tous là pour
que, de ce côté-ci de la Chambre, nous puissions voir le visage de
nos bourreaux. C'est peut-être imagé de parler du visage de nos
bourreaux, mais je pense qu'il serait important pour nous de bien identifier
ceux qui vont nous donner le coup de grâce, ceux qui, en interrompant nos
débats, vont nous bâillonner et bâillonner, tous nos
électeurs parce que nous parlons ici en leur nom, ne l'oublions
jamais.
Personnellement, c'est la tête haute que je vais retourner dans
mon comté au cours de la fin de semaine, si nous sortons vivants de
cette aventure. S'il fallait que le parti ministériel appuie la motion
d'amendement qui est devant nous et qu'on assiste à un déblocage
extraordinaire de nos travaux, imaginez quelles en seraient les
conséquences extraordinaires pour le public! Cela permettrait
possiblement de retirer la motion de clôture ou de la battre unanimement
en Chambre et nous pourrions continuer nos travaux, et les faire
progresser.
Ce que je dis, ce que je prétends, c'est que l'étincelle
qui permettra à cette commission de démarrer véritablement
dans le bons sens, c'est cette motion d'amendement qu'on a devant nous et qui,
rappelons-le, vise à ce que la loi ne s'applique que pour six mois. Je
comprendrais très mal les ministériels s'ils ne nous appuyaient
pas sur ce que je considère comme étant un geste très
pondéré. Cependant, je suis même réticent à
appuyer cette motion, parce que déjà six mois me paraissent
très longs, trop longs parce que c'est six mois de
pénalité pour tous les électeurs du Québec, pour
tous les contribuables du Québec qui sont, rappelons-le, en proie
présentement à des difficultés financières
extraordinaires.
N'y-a-t-il pas assez de taxes actuellement qui viennent imposer un
fardeau supplémentaire à nos contribuables? C'est la question que
je me posa et c'est la raison pour laquelle j'ai tant de difficulté
à appuyer une motion, qu'elle soit d'un mois, deux mois, six mois,
dix-huit mois ou deux ans pour l'application de cette loi. Parce que,
précisément, elle pénalisera tous mes électeurs
pendant cette période de temps, et, aussi courte soit-elle, elle sera
trop longue.
Vous savez, quand on appuie une motion ou qu'on rejette une motion,
c'est parce qu'on a des arguments bien fondés pour ou contre. Selon moi,
le fardeau fiscal qui incombe actuellement à nos concitoyens est
suffisamment élevé. Je veux vous faire part de ma perception des
choses et de ce pour quoi j'aurai beaucoup de difficulté à
appuyer la motion, même si elle me paraît raisonnable.
Qu'on songe, par exemple, depuis l'avènement du Parti
québécois, à toutes ces taxes qui sont venues alourdir,
pour le citoyen régulier, le citoyen moyen, son fardeau et faire en
sorte que, de semaine en semaine, de jour en jour, il a davantage de
difficulté à boucler son budget. Qu'on songe aux hausses de taxes
qui ont été annoncées lors du budget 1977-1978. Je vais
vous en citer quelques-unes qui vont vous démontrer que ce fardeau
fiscal est suffisamment élevé présentement et que nous ne
devrions pas l'alourdir davantage en appliquant le projet de loi, même
pour une période de six mois. Le gouvernement a
réaménagé le régime des redevances
d'Hydro-Québec. La redevance de base est portée de 0,15 $ le
kilowattheure à 0,50 $. Il y a également le relèvement des
permis de conduire. On a même eu l'émission de nouveaux permis sur
les machines à boules qui rapportent des profits considérables.
Nous avons assisté à une hausse de 8% à 10% de la taxe sur
les repas et l'hôtellerie; imaginez, 25 000 000 $ pris à
même les poches des contribuables. L'exemption complète sur les
repas, rappelons-le, cependant est applicable aux repas de 3,25 $. Mais ils
sont assez rares ceux qui, aujourd'hui, peuvent prendre un repas de 3,25 $.
Rappelons également les augmentations de taxes qui étaient
prévues au budget 1978-1979. Augmentation de 48 000 000 $ de la seule
taxe sur le tabac. Et une taxe nouvelle de 18 000 000 $ sur les contenants qui
sont non consignés. Ce sont là des fardeaux qui ont
été payés par
qui, au bout de la ligne? Qui est-ce qui a fait les frais de ces
mesures? Le contribuable. C'est ce même contribuable à qui on
veut, pendant une période de six mois, imposer une tarification qui,
hors de tout doute, va l'affecter au plus haut point.
En 1979-1980, on a fait la même chose. On a égorgé
encore un peu plus le contribuable. Souvenez-vous de l'imposition de la taxe de
vente de 8% sur les achats de tous les ministères, agences
gouvernementales et organismes gouvernementaux. Cette mesure coûte
environ 20 000 000 $ annuellement à Hydro-Québec, organisme
particulièrement touché par ce budget 1979-1980. Il y a eu aussi,
mentionnons-le, l'augmentation de 40 000 000 $ de la taxe sur le capital des
entreprises; cela aussi, c'est venu affecter Hydro-Québec. Il ne me
reste qu'une minute...
M. Lalonde: Non, non, consentement.
M. Vallières: Extraordinaire! Je ne vous ferai pas... Je
ne continuerai pas la nomenclature de toutes ces taxes qui ont affecté
nos contribuables.
J'aurai l'occasion, sûrement avant la fin de cette soirée,
mémorable d'ailleurs, de vous faire part de quelques écrits que
j'ai reçus de mes électeurs dernièrement, des
écrits simples, mais convaincants, qui viennent de la main
d'électeurs moyens, d'électeurs qui sont aux prises avec les
problèmes que je vous mentionnais tantôt, de surtaxation.
J'espère que ces arguments, que je vais continuer d'apporter au cours de
cette soirée, permettront aux membres qui sont en face de nous,
même s'ils ont une certaine réticence comme moi-même
à appuyer la motion, de faire débloquer nos travaux, ce qui, j'en
suis persuadé, est souhaité par la très grande
majorité de nos collègues, dont le leader du gouvernement qui,
tout à l'heure, hors de tout doute, nous indiquait que, si nous
n'assistions pas à un déblocage marqué au cours de l'heure
et quarante-cinq minutes qu'il nous reste, il nous imposerait la
guillotine.
M. le Président, ce serait dommage pour nous, dommage pour tous
ceux que nous avons à représenter en cette Chambre, dommage pour
la démocratie également et ce ne serait vraiment pas à
l'honneur de l'institution dans laquelle nous oeuvrons pour tous nos
contribuables que nous assistions à un geste aussi ingrat et aussi
inadmissible. Est-ce que j'ai terminé, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Vous avez terminé,
monsieur.
M. Vallières: Je conclus, M. le Président, en vous
disant que c'est avec plaisir que je m'adresserai a nouveau à vous, tout
à l'heure, pour tous vous convaincre.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Richmond a parlé de déblocage...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, il vous reste douze minutes.
M. Grégoire: ... je n'ai pas besoin d'autant de temps que
cela. À mon avis, il est bien évident que l'Opposition a
bloqué définitivement ce projet de loi en commission. Il est bien
évident que la commission n'a fait aucun progrès en quarante
heures et quelque de discussion.
Le Président (M. Laplante): Je vous rappelle à la
pertinence de l'article, s'il vous plaît, six mois.
Motion d'ajournement
M. Grégoire: Qu'on vote pour cet amendement ou non, il est
évident que rien ne débloquera et que l'Opposition a
décidé, justement par un amendement aussi...
M. Vallières: Essayez-le.
M. Grégoire: ...frivole à sa face même, de ne
pas faire avancer les travaux et de tout bloquer, de tout empêcher.
Devant les faits, vu la non-progression des travaux, je propose que la
commission fasse rapport à l'Assemblée nationale et je demande
l'ajournement en vertu de l'article 157.
M. Vallières: Un autre bâillon.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je voudrais bien
comprendre, je pense que vous êtes mieux de prendre votre crayon pour
faire votre motion comme il le faut parce que je veux bien la comprendre. Vous
demandez deux choses: un rapport et un ajournement.
M. Grégoire: Je pourrais demander les deux, mais j'en
demande une.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais c'est justement, je
voudrais avoir votre motion écrite en bonne et due forme pour que je
puisse...
M. Grégoire: M. le Président, je crois que c'est la
seule motion qu'on puisse faire sans la noter par écrit en bonne et due
forme. Je dis: Étant donné la non-progression
des travaux, M. le Président, je crois qu'il serait bon que la
commission fasse rapport à l'Assemblée nationale et là, je
demande l'ajournement, c'est cela que je demande.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Grégoire: Oui, je peux faire précéder ma
demande d'ajournement...
Le Président (M. Laplante): Non, c'est que je ne peux pas
la juger recevable actuellement, il faudrait que vous vous en teniez à
l'article 161.2. Dès que vous demandez deux motions en une...
M. Grégoire: Non, non, M. le Président, je ne
demande pas deux motions en une, je donne ma pensée, je donne des
arguments mais je termine par la motion...
Le Président (M. Laplante): Pour bien la comprendre...
M. Lalonde: 157, c'est le deuxième paragraphe ce
157...
Le Président (M. Laplante): Point, c'est tout ce que vous
voulez avoir. Ce que je n'aime pas, c'est que vous ajoutiez: Je demande
l'ajournement.
M. Grégoire: Oui, mais c'est cela que je demande,
l'ajournement en vertu de...
M. Lalonde: 157, deuxième paragraphe de 157,
premier...
M. Grégoire: 157, premier paragraphe...
M. Lalonde: 157, deuxième phrase de 157.1.
M. Fortier: "En commission élue, un député
peut proposer que la commission ajourne ses travaux."
M. Grégoire: M. le Président, j'ai tout simplement
dit...
Le Président (M. Laplante): Ah! C'est un ajournement que
vous voulez avoir, ce n'est pas un rapport!
M. Grégoire: M. le Président, écoutez
encore, j'ai dit: Étant donné et vu la non-progression des
travaux, il serait bon que la commission fasse rapport à
l'Assemblée nationale parce qu'il ne se fait plus rien ici, cela ne
progresse plus, c'est bloqué par l'Opposition. Dans les
circonstances...
M. Vallières: Votez pour, cela va débloquer.
Le Président (M. Laplante): Motion recevable.
M. Lalonde: Si je comprends bien, M. le Président, c'est
sur...
M. Grégoire: Oui, dix minutes chaque côté.
L'article 157.2 dit: "Ces motions sont mises aux voix, sans amendement, et ne
peuvent être faites...
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Grégoire: D'accord, moi aussi, j'irai sur la question
de règlement.
M. Lalonde: Est-ce que je comprends que vous avez accepté
cette motion en vertu de l'article 157.1, la deuxième phrase qui dit: En
commission élue, un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux? C'est là-dessus que vous avez accepté cette
motion, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, question de
règlement encore. Au paragraphe 2 on dit: Ces motions sont mises au
voix, sans amendement, et elles ne peuvent être faites qu'une fois au
cours d'une séance, sauf par un ministre. Elles ne peuvent être
débattues, sauf qu'un représentant de chaque parti reconnu peut
prononcer un discours de dix minutes chacun à leur sujet. Alors, M. le
Président, je ne sais pas si le député de Frontenac veut
faire son discours là-dessus?
M. Grégoire: Allez-y.
M. Lalonde: Est-ce que vous renoncez à votre droit de
parole?
M. Grégoire: Si vous voulez en faire un, faites-en un, ne
me demandez pas si je parle ou si je renonce. Il n'est pas nécessaire
que ce soit moi qui parle. Si vous voulez parler, parlez. Sinon, on va au
vote.
Le Président (M. Laplante): Une minute. Qui veut se
prononcer sur cette motion? Est-ce que cette motion sera adoptée?
M. Lalonde: Non. Des voix: Adopté.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je dois m'étonner, en
fait me scandaliser de l'attitude du gouvernement sur ce projet de loi. Non
seulement en haut, au salon bleu, le gouvernement, fort de sa majorité
servile et aveugle, est en train de condamner cette commission à
terminer ses travaux à minuit
ce soir, mais actuellement, même à cette commission, alors
que nous étions en train de débattre de l'article 1 de ce projet
de loi, le gouvernement refuse le débat. Le gouvernement est
animé par une arrogance inexplicable, quoiqu'il faille songer à
son état délabré. Il tente de rechercher une base, dans un
parti qui l'a laissé. Ce gouvernement, détaché de sa base,
est absolument étranger aux préoccupations de la population,
préoccupations très sérieuses, en particulier sur le
projet de loi no 16 qui veut transformer ce joyau de notre patrimoine
québécois qu'est Hydro-Québec en un simple percepteur de
taxes pour combler les trous immenses créés par
l'incompétence administrative du ministre des Finances. Ce gouvernement
refuse le débat à l'Opposition, 1 h 35 avant que la guillotine
qui est construite actuellement par lui ne tombe sur la tête de tous les
membres de cette commission. Et les députés péquistes sont
contents, M. le Président. Regardez-les! Ils sont contents, ils sont
heureux. Là, ils s'aperçoivent qu'ils ne parleront pas, ils ne
veulent pas parler, ils ne peuvent pas parler, M. le Président, parce
que, la dernière fois que les militants du Parti québécois
ont parlé, ils en ont eu une guillotine. Ils s'en vont dans un
référendum, M. le Président. Un référendum,
où le "cheuf" dit: Pense comme moi ou sors! Crois ou meurs! C'est comme
dans le temps de Duplessis :"Toé, tais-toé!" C'est ça, le
triste spectacle absolument minable donné par ces députés
menés par un ministre silencieux qui a signé comme tous les
députés sa soumission servile, abjecte à un chef qui a
simplement dit à un moment donné: Vous allez penser comme moi. Ne
me demandez même pas comment je pense, je vais vous le dire plus tard, je
vais écrire un manifeste mais d'avance, avant même d'avoir lu le
manifeste, ces députés ont signé, ils ont
préféré leur salaire de députés à
leur honneur, ils ont préféré leur salaire de
députés et de ministres à leur honneur de
séparatistes, c'est cela.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Question de règlement...
M. Lalonde: M. le Président, c'est absolument scandaleux
le spectacle que le parti ministériel nous offre actuellement.
J'espère que la population va vous juger.
Le Président (M. Laplante): Règlement, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement, il y a tout de même des limites...
M. Lalonde: Oui, il y en a des limites et vous les avez
dépassées.
M. Grégoire: ... à la bassesse dans laquelle on va
entraîner cette commission. Les mots que vient de prononcer le
député de Marguerite-Bourgeoys en parlant du salaire et de
l'honneur des députés, je trouve que cela est bas, vil et
inacceptable de sa part.
M. Lalonde: Ce n'est pas aussi bas que vous êtes parce que
je ne suis pas capable de descendre aussi bas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Lalonde: Ce n'est pas aussi bas que vous êtes, ce n'est
pas aussi vil que ce que vous avez fait. Vous écrase...
M. Grégoire: ... et je pourrais rétorquer au
député de Marguerite-Bourgeoys qu'il regrette son salaire ...
M. Lalonde: ... le tapis que vous avez fait, ce n'est pas
possible, vous avez même perdu votre identité...
M. Grégoire: ... de ministre et qu'il regrette...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre s'il vous
plaît, le député de Frontenac, le député de
Frontenac, à l'ordre s'il vous plaît!
M. Grégoire: ...les souscriptions de 750 000 $...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Suspension de trois
minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 27)
(Reprise de la séance à 22 h 29)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez encore cinq minutes.
M. Lalonde: M. le Président, vous avez bien fait de
suspendre, parce que l'indignation m'entraînait non pas à
dépasser ma pensée, car je vous avoue que ma pensée
allait plus loin que mes paroles. Mais il reste que, après avoir
travaillé tant d'heures pour tenter de convaincre ce gouvernement, sinon
de retirer ce projet de loi, au moins de l'améliorer, je vois que le
gouvernement ne veut même plus en parler. Je n'ai jamais assisté,
en huit ans de vie parlementaire, à une attitude aussi
dégradante, aussi méprisante des droits des parlementaires. Cela
me fait penser à l'étude de la loi 1, alors que le gouvernement
avait retiré son projet de loi en pleine séance de commission
parlementaire et que le premier ministre, le futur ancien chef du Parti
québécois, avait dit que ce n'était pas la trouvaille du
siècle. (22 h 30)
M. le Président, je pense qu'il est inutile qu'on se batte
davantage pour tenter d'améliorer ce projet de loi. Le gouvernement ne
veut plus en parler. Il nous impose la guillotine à un endroit et il
nous impose le silence à l'autre. Alors, nous laisserons la population
juger de la bonne foi qui était absolument absente dans le discours
politique du gouvernement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole au
député de Frontenac, vous avez dix minutes, vous aussi. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous calculez votre temps comme
écoulé?
M. Lalonde: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): Oui. M. le
député de Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, je ne perdrai pas mes
dix minutes, je ne m'abaisserai pas au genre de considérations et au
genre de propos qu'a tenus le député de Marguerite-Bourgeoys. Je
trouve que nous rendons service à la commission et à
l'Assemblée nationale en empêchant l'Opposition de ridiculiser
encore davantage la commission et l'Assemblée nationale. L'Opposition
est en train de ridiculiser nos institutions. Quand, après 40 heures, on
n'a même pas adopté le premier paragraphe de l'article 1 d'un
projet de loi, il est évident et clair que l'Opposition ne veut pas
aller plus loin et surtout que l'Opposition n'a jamais voulu discuter du fond
du problème, mais s'en tenir à des données
superficielles.
En demandant l'ajournement, M. le Président, le ministre, mes
collègues du parti au pouvoir et moi-même sommes conscients que
nous empêchons l'Opposition d'avilir davantage, comme elle l'a fait
depuis dix jours, une institution qui a toujours été
considérée comme sacrée ici, l'Assemblée nationale.
Je vois le député de Vaudreuil-Soulanges rire et ça me
fait de la peine, parce qu'il est d'une lignée qui a toujours
considéré les droits sacrés de cette Assemblée
nationale.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 96, si le député de Frontenac...
M. Dussault: II ne devrait pas parler, M. le
Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je regrette infiniment, M. le
député de Châteauguay...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Dussault: L'article 96, M. le Président, il n'a pas
parlé...
Le Président (M. Laplante): À vous.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En aucun cas les propos que
j'ai pu tenir ici n'ont donné ouverture à ce que le
député de Frontenac a prétendu. Je lui donnerais une
chance à ce moment-ci. Je lui demanderais tout simplement d'expliciter
sa pensée, d'illustrer par des propos...
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): On va finir celle-là.
M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, l'article 96 dit: "Le
député qui prend parole pour donner des explications sur le
discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé." Or, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges n'avait pas prononcé de
discours...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Continuez, continuez.
M. Dussault: ... et le député de Frontenac ne
s'attaquait pas à un discours qu'il n'avait pas prononcé. Donc,
M. le Président, il ne pouvait pas parler sur l'article 96.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous savez, on ne s'attachera
pas à l'article 96. En commission, en somme, on est très
tolérant sur les questions de règlement. C'est dans
toutes les commissions. Celle-là ne fait pas exception. C'est
très rare que le président va s'attacher à l'article 96 ou
à l'article 100, parce qu'il sait d'avance que c'est pour faire des
mises au point sur un discours qui se prononce. Je ne voudrais pas briser la
tradition là-dedans, à quelques minutes d'un vote qui peut se
prendre. M. le député de Frontenac, si vous voulez continuer,
s'il vous plaît, votre intervention.
M. Grégoire: M. le Président, l'Opposition a
cherché à bloquer ce projet. Si elle l'avait fait d'une
façon sérieuse, j'aurais compris. Comme ça s'est
déjà produit, le député de Marguerite-Bourgeoys se
retire avec force bruit, mais c'est justement pour ça qu'on a
proposé la motion d'ajournement, M. le Président, pour les
empêcher de ternir davantage la réputation de l'Assemblée
nationale. Ceci dit, M. le Président, l'ajournement.
M. Dussault: Alors le vote, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous demandez le vote sur la
motion. M. Polak (Sainte-Anne)?
Une voix: II est absent.
Le Président (M. Laplante): M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-
Témiscamingue): Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Duhaime
(Saint-Maurice)?
M. Duhaime: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Pour, M. le Président, enfin.
Le Président (M. Laplante): M. Fortier (Outremont)? M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet)?
M. LeBlanc: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)? M. Perron
(Duplessis)? M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières
(Richmond)? Pour: 6?
Une voix: Et quatre abstentions.
Le Président (M. Laplante): Pour: 6?
M. Grégoire: Non, quatre absences. Les autres sont
absents.
Le Président (M. Laplante): Pour: 6.
M. Grégoire: M. le Président, je vous ferai
remarquer, avant que nous quittions, que l'Opposition était
complètement absente et que nous avons bien fait d'ajourner les
travaux.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés sine die. Je voudrais dire, avant de terminer les travaux, que
c'est une motion qui a été faite conformément à
l'article 157.1 du règlement. Cette commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 36)