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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Laplante): Mesdames et messieurs, si vous
voulez prendre vos sièges, s'il vous plaît. La commission
élue permanente de l'énergie et des ressources se réunit
pour entendre des organismes sur le projet de loi no 35, Loi sur la
révocation des droits de mine et modifiant la Loi sur les mines.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay), M. Fortier (Outremont), M.
Grégoire (Frontenac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss
(Pontiac), M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont), M. Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc), M.
Hains (Saint-Henri), M. Levesque (Bonaventure), M. Marquis (Matapédia),
M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Tremblay (Chambly).
Est-ce qu'il y aurait une proposition pour un rapporteur, s'il vous
plaît?
Le rapporteur sera M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet).
Les groupes qui se feront entendre aujourd'hui seront dans l'ordre: le
Comité des mines du Conseil régional de développement des
Cantons de l'Est; l'association des mines d'amiante du Québec;
l'association des prospecteurs du Québec; l'association des mines de
métaux du Québec; M. Everette Taylor, à titre
personnel.
Avant de commencer, j'aimerais donner les règles pour le
déroulement des travaux de cette commission pour la journée.
Après entente avec les parlementaires membres de cette commission, on
demande, autant que possible, aux intervenants, aux témoins, de
résumer leur mémoire pour qu'il puisse se donner dans environ
quinze minutes, afin que les membres - parce qu'on m'a dit qu'ils avaient tous
lu vos mémoires - puissent vous questionner davantage à
l'intérieur d'une limite d'une heure pour chacun de vous, pour essayer
de donner une chance équitable à tout le monde de se faire
entendre au cours de la journée.
Maintenant, M. le ministre, avant que commencent les travaux, j'avais
demandé au premier groupe de se présenter, soit le Comité
des mines du Conseil régional de développement des Cantons de
l'Est qui a pris place à la table. Avant de commencer, je demanderais
à M. le ministre s'il a des remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Merci, M. le Président. La seule remarque que
je ferai c'est de dire que nous tenons cette commission parlementaire qui
était ouverte à tous ceux et celles qui voulaient faire valoir
leur point de vue. Je dis que c'est dans un esprit d'ouverture que nous tenons
les audiences de la présente commission parlementaire sur le projet de
loi no 35. Nous sommes conscients que les propositions contenues dans ce projet
de loi qui amende la Loi sur les mines sont des modifications majeures, d'abord
sur le plan de la révocation comme telle, et je suis conscient que nous
répondons à un besoin qui s'est exprimé dans plusieurs
régions du Québec, en particulier dans la grande région de
l'Estrie.
Ce projet de loi contient aussi des modifications ou des propositions
qui viendraient remplacer un mode d'exploitation. Je le sais pour avoir lu les
mémoires que nous entendrons ce matin, nous avons des divergences
d'opinions sur certains aspects du projet de loi et je sais qu'il y a des
inquiétudes qui se sont manifestées. Mais j'espérerais
essentiellement que nous puissions dégager un consensus à la fin
de nos travaux, tant avec les membres de l'Opposition officielle qu'avec les
intervenants et ceux de ce côté-ci de la table; ce serait pour le
mieux. Mais, ayant l'habitude de ce genre de travaux, je ne me fais pas
tellement d'illusions. Cependant, si nous pouvons réussir à
exprimer très clairement et à mettre sur la table nos points de
vue respectifs, je voudrais vous donner l'assurance que le gouvernement n'est
pas dans le ciment, si je puis dire, non pas sur les principes mais sur les
modalités, et c'est avec plaisir et beaucoup d'attention que
j'écouterai les propositions.
Nous aurons des échanges de points de vue à l'occasion des
travaux de cette commission; si nous pouvons obtenir ce consensus dont j'ai
parlé tantôt, tant mieux; sinon, tâchons au moins d'avoir le
meilleur modus vivendi possible en ayant à l'esprit que nous travaillons
tous pour tenter de jeter
les bases d'un plus grand développement dans le secteur minier au
Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci M. le ministre. M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, mes remarques
préliminaires seront, un peu comme celles du ministre, relativement
courtes puisque la deuxième lecture du projet de loi nous aura permis de
faire part de nos principales oppositions au projet de loi que nous avons
devant nous, de même que notre assentiment en principe, tout au moins,
à la révocation des droits de mine.
Permettez-moi de remercier les intervenants concernés par le
projet de loi 35, non seulement de nous assurer de leur présence ici,
mais surtout d'avoir accepté l'invitation de venir apporter leurs
commentaires et suggestions, à partir même de leur riche
expérience dans le secteur minier, riche à tous égards.
Vous vous en souvenez sans doute, M. le Président, c'est d'ailleurs une
des conditions que l'Opposition officielle avait émise dans son discours
de deuxième lecture, soit celle d'entendre les principaux intervenants
concernés.
Vous me permettrez ici de reprendre brièvement l'essence
même de notre argumentation pour le bénéfice de nos
invités, tout en donnant notre accord sur le but avoué du projet
de loi qui peut se résumer ainsi: Libérer ou retourner au
patrimoine national les droits de mine dont la propriété est
rattachée aux droits de surface sur des territoires
concédés avant 1880 et dans certaines seigneuries, il n'en
demeure pas moins qu'il y va aussi d'une façon de contrôler et de
diriger l'exploration minière du sous-sol québécois pour
en arriver à établir un inventaire de ce même sous-sol aux
frais des explorateurs, des prospecteurs ou des propriétaires de droits
de mine à travers une réglementation émise et applicable
par le gouvernement ou son appareil bureaucratique.
Nous rappelons ici à votre attention, M. le Président,
l'interrogation que nous nous posions, à savoir, l'idéal d'un tel
projet de loi ne serait-il pas plutôt de révoquer tout simplement
les droits de mine mentionnés et de permettre aux intervenants
concernés d'acquérir ces droits par jalonnement pour en arriver
à un véritable développement des droits de mine, selon les
critères de la Loi sur les mines en vigueur actuellement. Nous
constatons ici, à la lumière des mémoires qui nous ont
été présentés, que tous les intervenants qui ont
décidé de se faire entendre aujourd'hui forment un front commun
pour dire que toute l'accessibilité aux droits de mine doit se faire via
le jalonnement, ce qui évidemment remet en cause toute la question des
permis spéciaux. Le mode de jalonnement nous semble, tout comme aux
intervenants, dont nous avons pris connaissance de leur position avant cette
commission, être beaucoup plus pratique et à l'abri des dangers
d'un système discrétionnaire que risquent d'engendrer les permis
spéciaux que veut introduire le ministre. Nous avons cependant
déjà fait part de notre accord sur le principe de la
révocation des droits de mine dans des concessions de terres faites
avant 1880 et nous tenons à le réitérer ici.
Toutefois, nous nous permettons de souligner également que ce
projet de loi comporte deux volets: premièrement, la révocation
des droits de mine et, deuxièmement, la modification de la Loi sur les
mines. On se rend compte, en effet, M. le Président, que le
présent projet de loi peut se traduire comme un changement complet de
tout le mode d'obtention des droits de mine sur les terrains faisant objet de
révocation.
De plus, selon des informations obtenues de sources fiables, l'intention
du gouvernement serait d'introduire, sur une base expérimentale,
à partir de ce projet de loi, un nouveau mode d'acquisition des droits
de mine. Et, si la nouvelle procédure s'avérait fructueuse aux
yeux de l'administration gouvernementale, elle pourrait alors s'appliquer
à l'ensemble de la province. Somme toute, on peut reprocher au
gouvernement de vouloir dicter, dans les détails, le comportement des
sociétés d'exploration minière et des prospecteurs au
Québec, tout en étant bien conscient, M. le Président,
qu'il n'a jamais été établi que les fonctionnaires ont
plus d'aptitude que quiconque pour découvrir et développer les
mines.
Ici, M. le Président, je demande au ministre d'infirmer ou de
confirmer, au cours de ces audiences, la teneur de ces informations. Si le
gouvernement veut procéder à une réévaluation de
cette procédure par le biais du projet de loi no 35, on doit s'attendre,
en vertu du principe de la transparence, à ce qu'une telle
volonté soit clairement manifestée. Par ailleurs, ceci
commanderait une consultation beaucoup plus large que celle qui a
été faite à cette commission parlementaire. Alors, M. le
Président, l'avant-projet de règlement sur les permis
spéciaux d'exploration, section II, article 2, ne vient que confirmer
nos avancés. Il suffirait d'un simple changement de quelques lignes de
cet article pour que tout le territoire du Québec soit visé et le
tour serait joué.
Or, M. le Président, de ce côté-ci de la Chambre,
comme d'ailleurs du côté des ministériels, je crois, nous
devons admettre que déléguer un tel pouvoir à des
fonctionnaires qui pourraient, sans le consentement de cette Chambre -
et je dis bien sans notre consentement - l'étendre à tout
l'ensemble du territoire québécois à partir d'un cas
expérimental, le moins que l'on puisse dire ici, c'est que l'approche
démocratique en prend pour son rhume et que l'obtention des droits de
mine par jalonnement aura complètement disparu avant l'apparition des
permis spéciaux dépendant de cette réglementation dont
nous venons de parler.
Voilà pourquoi, M. le Président, tout en étant
d'accord sur la révocation des droits de mine dans le respect des
ententes déjà existantes aux termes de la présente loi,
avec le maintien du jalonnement actuel, et soucieux du maintien du respect des
droits actuels des détenteurs des droits de mine, nous nous opposons
fortement à la modification du plan d'acquisition des droits de mine sur
les terrains faisant partie de la révocation. Soucieux également
de continuer à protéger et défendre les
intérêts du prospecteur individuel et de la PME d'exploration
minière, dans le contexte même de conditions tellement exigeantes
qui sont posées à tous les prospecteurs que cela va finalement
favoriser les grandes entreprises minières au détriment du petit
prospecteur, nous disons au ministre que nous ne voulons pas, d'une part,
libérer les droits de mine pour ensuite les enfermer dans un carcan qui
en limiterait dorénavant l'accès. J'espère qu'à la
fin de nos délibérations, le ministre pourra nous indiquer
quelles sont les modifications majeures qu'il entend apporter à son
projet de loi, parce que, de ce côté-ci, nous aimerions pouvoir
donner notre assentiment et voter en faveur lors de la troisième lecture
de ce projet de loi, car nous sommes en faveur du principe. Nous
espérons, en particulier en ce qui a trait aux permis spéciaux et
aux ententes qui existent actuellement entre les propriétaires de
terrains et certaines sociétés, que le ministre pourra nous
indiquer quelles sont les modifications qu'il entend proposer afin que nous
puissions faire preuve de notre plus grande collaboration.
Voilà à quelle enseigne nous logeons, espérant que
le fait d'afficher nos couleurs dès à présent permettra
aux intervenants des échanges fructueux de part et d'autre. C'est dans
cet esprit, M. le Président, que nous commes prêts à
entendre les intervenants ici présents.
Auditions
Comité des mines du Conseil
régional de développement
des Cantons de l'Est
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. Maintenant,
c'est le Comité des mines du Conseil régional de
développement des Cantons de l'Est. Madame, messieurs, si vous voulez
identifier votre organisme et les personnes qui vous accompagnent pour le
journal des Débats.
Mme Gobeil (Estelle): M. le Président, il me fait plaisir
de répondre à votre demande d'identifier les membres du
comité. À ma droite, le directeur général du
Conseil régional de développement des Cantons de l'Est, M. Roch
Fortin. À ma gauche, le président du Comité des mines du
CRD, M. Roger Laliberté, et un autre membre du comité des mines,
M. Francesco Spertini.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez commencer.
Mme Gobeil: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés du parti ministériel et de l'Opposition, le
Conseil régional de développement des Cantons de l'Est est
heureux de participer aux travaux parlementaires portant sur le projet de loi
no 35 concernant la révocation des droits miniers et nous vous
remercions de nous y avoir chaleureusement convoqués. Ces audiences de
la commission permanente de l'énergie et des ressources permettront
sûrement d'améliorer le libellé de la législation
proposée et d'en modifier, s'il y a lieu, certains aspects.
Le conseil régional et les membres du comité des mines du
conseil ont déjà fait connaître publiquement l'appui qu'ils
ont réservé au projet de loi. À notre avis, l'adoption de
cette législation favorisera la relance de la recherche minière
et le démarrage de nouvelles exploitations qui contribueront
particulièrement à l'effort de relèvement
économique que nous recherchons tous actuellement. (10 h 30)
À la lumière de l'approbation générale que
nous portons au projet, nous aimerions toutefois vous indiquer certaines
considérations et moyens pouvant en améliorer la portée.
Les remarques que nous formulons ont été soigneusement
élaborées par notre comité des mines et, étant
donné le professionalisme de ses membres ainsi que leur expertise, nous
pensons qu'elles seront fort utiles. En passant, M. le Président, M. le
ministre, j'aimerais vous signaler que le syndicat national de l'amiante devait
nous accompagner, il n'a pu le faire; cependant, il vous a fait parvenir un
télégramme dans lequel il indiquait qu'il appuyait totalement nos
revendications.
Nous vous indiquons notre accord quant au projet de loi. Cependant, il y
a un point particulier qui soulève chez nous une opposition très
forte, soit les modalités relatives à l'obtention de permis
spéciaux tel que formulé dans l'article 240.6. M.
Laliberté, qui m'accompagne, le président du
comité, commentera particulièrement cet aspect et il mentionnera
également les autres changements que le comité propose.
Avant de formuler nos remarques, permettez-moi de vous présenter
brièvement le Conseil régional de développement des
Cantons de l'Est, CRDCE; le conseil régional est un organisme autonome
incorporé en vertu de la loi québécoise et il a pour
mandat de travailler en concertation au développement économique
et social de la région. Il est animé par un conseil
d'administration regroupant 32 personnes élues et politiquement elles
représentent les différents acteurs de la vie
socio-économique de notre région. Le conseil intervient
régulièrement devant les commissions parlementaires de nos deux
gouvernements et nous sommes satisfaits de pouvoir à nouveau contribuer
à votre réflexion sur ce sujet d'importance que constitue la
révocation des droits miniers.
Et sur cela, M. le Président, j'aimerais passer la parole
à mon collègue et président du comité des
mines.
M. Laliberté (Roger): M. le Président, tout d'abord
je voudrais suggérer de faire deux petites corrections à notre
mémoire. En page 3 du mémoire, au troisième paragraphe,
à la deuxième ligne, il faudrait remplacer le mot "clauses" par
le mot "claims", une petite erreur d'écriture. Au bas de la page
également, ajouter à la fin complètement du paragraphe "et
l'industrie minière en général et la prospection
minière en particulier en seront mieux servies". La phrase se lit comme
ceci: "Que l'État accorde des droits de mine à celui qui le
premier les a acquis par jalonnement et l'industrie minière en
général et la prospection minière en particulier en seront
mieux servies."
M. le Président, les commentaires que je veux formuler sur le
projet de loi no 35 sont peu nombreux. On doit vous dire au départ que
nous sommes heureux de constater que le projet de loi s'inspire largement du
mémoire que nous avions préparé en novembre 1977. C'est ce
mémoire-ci, j'ai la première page.
Nous sommes donc satisfaits que le gouvernement ait décidé
de régler un vieux problème qui a paralysé vraiment
l'exploration dans l'Estrie en particulier. Autant nous sommes d'accord avec le
principe du projet de loi, autant nous sommes en désaccord avec la
façon dont les droits de mine devront être acquis. Nous
suggérons fortement la façon traditionnelle et nous pensons que
le claim, le jalonnement, devrait être maintenu.
Nous sommes donc contre les permis spéciaux pour l'acquisition
des droits de mine. On s'oppose donc à l'article 240.6 qui oblige les
personnes, les compagnies qui veulent acquérir les droits de mine, de
faire appel au ministère. Selon nous, le jalonnement demeure la
façon la plus juste d'acquérir les droits de mine, parce que le
jalonnement place tous les intervenants, le petit prospecteur, la compagnie
minière, la petite compagnie minière d'exploration, les grosses
corporations, sur le même pied. Par le jalonnement, une
propriété minière ou des propriétés
minières deviennent disponibles en même temps pour tout le monde.
Les droits de mine, par le jalonnement, vont à ceux qui les ont
jalonnés les premiers. C'est pour cette raison que nous pensons que
c'est la façon la plus juste d'acquérir les droits de mine. Non
seulement c'est la façon la plus juste, mais c'est également la
façon, selon nous, la moins discrétionnaire. On laisse peu de
place à l'arbitraire, par le jalonnement. Personne n'a besoin de
demander de permission à qui que ce soit. Il fait son claim; celui-ci
est enregistré au ministère et, s'il est le premier à
avoir fait ce travail, il a le droit de mine. Le ministère n'intervient
pas du tout à ce niveau. Il n'y a donc pas de pouvoir
discrétionnaire accordé au ministère dans le cas de
jalonnement. C'est pour cette grande raison que nous pensons que l'acquisition
des droits de mine devrait se faire par jalonnement.
Il y a peut-être seulement un cas bien précis auquel
j'accorderais une attention pour les permis spéciaux. Je vais vous
expliquer brièvement le cas pratique qui pourrait survenir. C'est le cas
où le ministère aurait à choisir, aurait a décider,
pour certains lots qui sont dans le voisinage des exploitations
minières, de la non appartenance à deux compagnies
minières. Je m'explique plus précisément. Le droit de
surface pourrait appartenir à une société minière
qui en aurait besoin pour disposer de ses "tailings", par exemple. Dans
l'Estrie, il y a beaucoup d'amiante et des haldes à rebut. Très
souvent, les compagnies minières peuvent avoir les droits de surface
sans avoir les droits de mine. Ce serait peut-être embêtant que ces
terrains miniers servent pour les "tailings" et que ceux pour lesquels la
compagnie minière n'a pas les droits de mine, que les droits de mine
effectivement soient jalonnés ou concédés à une
autre personne pour en faire une exploitation minière, par exemple, ou
pour tout simplement bloquer un développement minier. Il y a seulement
dans cette condition précise où nous verrions que l'État
devrait peut-être être présent.
Est-ce que c'est par le biais d'un permis spécial? Ce n'est
peut-être pas encore par le permis spécial qu'il faudrait
être présent, ce serait peut-être beaucoup plus que les
compagnies minières pourraient faire connaître, en même
temps que ce que sont leurs gisements, les terrains qui seraient soustraits
complètement ou qui feraient
partie de leur mine éventuellement. Cela pourrait être revu
à tous les cinq ans. Mais c'est seulement le seul cas où nous
verrions que l'État devrait se préoccuper de la question. Dans
les autres cas, nous pensons réellement que le jalonnement est la
façon la plus juste, la moins discrétionnaire et même la
moins discriminatoire, finalement, pour acquérir les droits miniers.
Un autre changement que nous proposions dans notre mémoire
original, c'était, dans les deux exceptions que le projet de loi fait,
à l'article 239, de faire une exception aussi concernant les terrains
sur lesquels il y a eu des travaux d'exploration depuis cinq ans. Bien
sûr, on s'aperçoit que l'article 240.7 tend à rejoindre
cette recommandation-là, de protéger les personnes qui ont acquis
des droits miniers par option. Cela tend à rejoindre la recommandation,
mais nous pensons, quand même, que, si on révoque les droits de
mine sur les terrains où il y a eu des travaux d'exploration depuis cinq
ans, celui qui a acquis les droits de mine se trouve pénalisé
dans la circonstance parce que les règles du jeu sont changées.
Même celui qui a accordé l'option, disons le fermier qui a
accordé l'option moyennant certaines considérations
financières avec la possibilité de vendre son droit de mine, se
trouve pénalisé à ce moment-là. Nous aimerions que
les terrains miniers où il y a eu des travaux depuis cinq ans rentrent
dans vos exceptions et fassent partie de l'article 239.
L'autre changement, M. le Président, est plutôt mineur.
Nous vous suggérons de peut-être mieux définir le terme
"gisement", parce que le gisement, selon la définition, c'est quelque
chose qui peut être exploitable présentement d'une façon
économique. Si c'est seulement ça qui est considéré
comme gisement dans la vraie définition, si c'est cette
définition-là que vous appliquez au projet de loi, les
réserves qui ont été trouvées, qui sont
gardées et qui, peut-être, ne sont pas directement
économiques au moment présent, mais qui pourraient le devenir
dans un court laps de temps seront exclues alors que nous pensons que cela
devrait faire partie de la définition du mot "gisement".
En plus de ça, nous recommandons de clarifier l'article 240.7
parce qu'il est très difficilement comprenable, même si ceux qui
sont pris avec ce problème-là peuvent comprendre l'idée du
ministre. Si je comprends bien, par l'article 240.7, vous voulez
protéger les compagnies ou les individus qui ont acquis des options pour
faire de l'exploration au moment où la loi sera adoptée. Vous
voulez leur donner une chance, à ces gens-là. Mais je pense
qu'à la façon dont l'article est rédigé, il y
aurait lieu de le modifier, pour permettre une meilleure
compréhension.
Finalement, un point très mineur, nous pensons que les avis
mentionnés dans le projet de loi devraient également être
publiés dans au moins un hebdo de la région concernée. On
ne voit pas pourquoi, surtout pour des motifs d'efficacité, ces
avis-là ne seraient pas publiés aussi dans un journal de langue
anglaise. Alors, en gros, M. le Président, ce sont les remarques que
nous voulions faire.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame, messieurs, de
votre coopération. M. le ministre.
M. Duhaime: Sur votre dernier point, M. Laliberté, je
serais prêt à me ranger tout de suite en ajoutant une publication
dans un hebdo régional. Cela m'apparaît une excellente suggestion.
Je voudrais peut-être revenir, cependant, sur votre premier argument qui
consiste à dire: Nous sommes d'accord sur le fond du projet de loi,
peut-être que cela aurait dû être réglé il y a
plusieurs années. C'est certain. J'ai pris connaissance de ce
dossier-là quand je suis arrivé au ministère. Mes gens
étaient prêts à y travailler. C'est ce qui explique qu'on
ait pu déboucher rapidement. Votre objection majeure consiste à
dire: Nous sommes d'accord sur le principe de la révocation, mais nous
voulons maintenir intégralement le principe du jalonnement par
opposition à l'émission de permis spéciaux d'exploration,
même si l'émission de permis spéciaux d'exploration
était bien balisée, bien articulée dans une
réglementation très précise. (10 h 45)
Je voudrais peut-être, dans un premier temps, répondre
à ce que j'appellerais une mauvaise information qui paraît dans la
Presse de ce matin, cahier B, un article de notre bonne amie Francine Osborne
qui dit dans un paragraphe que je cite: "Le projet de loi 35 stipule en effet
qu'il faudra obtenir la permission du ministre de l'Énergie et des
Ressources pour jalonner sur environ 50% du territoire québécois,
soit le Nouveau-Québec, les terrains déjà requis par
ordonnance et règlements", etc.
Il faudrait peut-être préciser que le projet de loi ne
porte pas comme tel sur le Nouveau-Québec. Il existe déjà
une procédure de révocation dans la loi actuelle, comme vous le
savez. Le Nouveau-Québec est visé par la procédure
déjà existante, de même que la loi permet de
révoquer des droits, indépendamment du projet de loi qui est
devant nous, par une procédure beaucoup plus compliquée et,
lorsque les droits miniers sont révoqués, il y a émission
de permis spéciaux; c'est une tout autre question. On voudrait
très simplement voir bien limitée l'ampleur du projet de loi qui
est devant nous.
Cela étant dit, M. Laliberté, voudriez-
vous me dire de façon précise si vous avez des exemples en
tête. À quel endroit, dans l'application de cette procédure
d'émission de permis d'exploration, soit au Nouveau-Québec ou
encore sur des terrains révoqués en vertu des dispositions de la
loi actuelle, y aurait-il eu ce que j'appellerais l'arbitraire du prince? Qu'y
a-t-il de déficient dans cette procédure-là, selon
vous?
M. Laliberté: Les permis spéciaux, M. le ministre,
c'était pour un cas bien précis; c'était pour un individu
qui se sentait bloqué dans un projet d'exploration, notamment, et qui ne
pouvait pas réussir à négocier une option avec le
propriétaire d'un droit minier; c'était également pour
permettre à quelqu'un qui avait déjà acquis un large
secteur d'un territoire mais qui était bloqué peut-être par
un ou deux lots patentés avant 1880 de faire appel au ministre pour
révoquer ces droits-là. C'était essentiellement pour
permettre à des "opérateurs" de fonctionner dans les conditions
existantes à ce moment-là; c'était pour permettre à
des prospecteurs, à des compagnies l'accessibilité à des
terrains qui les intéressaient. Dans ce cas-là, c'était la
personne concernée qui avait déjà investi des sommes sur
le terrain qui s'adressait au ministre pour demander la révocation de
ces droits miniers. Je n'ai peut-être pas de cas de discrimination
à vous rapporter mais j'ai moi-même fait appel au ministère
pour révoquer de ces droits miniers. C'était une demande bien
précise pour un territoire donné et le seul désavantage
qu'il y a eu c'est que ça prenait considérablement de temps. Si
on avait pu "claimer" ce terrain, le lendemain cela aurait été
fait. Vous savez également que, pour obtenir le permis spécial,
il fallait avoir des affidavits des voisins, et ce ne sont pas tous les
cultivateurs qui vont signer un papier pour dire qu'il n'y a plus de travaux
d'exploration qui ont été faits depuis cinq ou dix ans, je ne le
sais pas, parce que le cultivateur avait peur de pénaliser son voisin.
C'était quand même une procédure compliquée mais
c'était la seule qui existait et qui permettait à une compagnie
d'avoir accès à la propriété finalement.
M. Duhaime: Je voudrais préciser une chose pour les fins
de nos discussions. L'ensemble du territoire qui est visé par le projet
de loi no 35, en incluant les seigneuries, ça donne quelque chose comme
plus ou moins 70 000 kilomètres carrés. Ce que nous avons retenu
comme superficie qui, après l'adoption de cette loi, donc après
révocation, serait assujettie à cette procédure de permis
spéciaux d'exploration est une zone dont vous retrouvez la description
très détaillée dans l'avant-projet ou dans le projet de
règlement que nous avons mis à la disposition de tout le monde
et, sans aucun doute, dont vous avez pris connaissance. Si on pouvait le
représenter géographiquement, il est bien certain que vous allez
convenir avec moi qu'on va retrouver cette zone dans la région de
l'Estrie d'abord, et dans cette partie du territoire où nous avons
évalué qu'il y avait, bien sûr, une possibilité
minière; deuxièmement, où il y avait aussi une très
forte concentration de population; nous sommes en territoires
urbanisés.
Je comprends les préoccupations qu'on peut avoir face à un
pouvoir réglementaire mais, comme je le disais au début des
travaux de cette commission, je suis ouvert à des suggestions. Je vais
vous faire part de mes craintes. Si nous laissions tomber ce territoire de 20
000 kilomètres carrés qui, comme mon collègue, le
député de Richmond, l'indiquait, pourrait servir
d'expérience fort utile pour l'avenir, pour des décisions que le
gouvernement aurait à prendre, je voudrais avoir votre réaction
comme citoyens qui vivez dans cette région. Le fait d'ouvrir
après la révocation un territoire urbanisé comme
celui-là au jalonnement, ça va donner quoi comme
résultat?
M. Laliberté: Si je comprends bien, M. le ministre, le
territoire qui est montré ici, c'est ce seul territoire-ci.
M. Duhaime: C'est ça, on l'a en main.
M. Laliberté: C'est ce seul territoire-ci qui obligerait
un prospecteur ou une compagnie à demander un permis spécial?
M. Duhaime: C'est ce qui est contenu et décrit dans le
projet de règlement que je vais citer pour les fins du journal des
Débats, pour que l'on se comprenne bien: Projet de règlement sur
la délimitation d'un territoire pour la recherche et la mise en valeur
de certaines substances minérales. Alors le texte se lit ainsi: D'un
point nord-ouest situé dans la zone Universel Transverse de Mercator
(UTM) 18, etc. Vous avez la représentation graphique en annexe I. Je
veux simplement vous indiquer que quand je parlais d'urbanisation du
territoire, vous avez en partant du haut de ce graphique, du nord,
Plessisville, Thetford Mines, Asbestos un {peu autour du lac Mégantic,
Sherbrooke, Coaticook, ensuite vous avez Victoriaville, Drummondville,
Saint-Hyacinthe, Granby, Saint-Jean, Magog, Cowansville. Je pense que c'est
important de bien l'indiquer. Le territoire qui fait l'objet de la
révocation sous l'empire de ce projet de loi porte sur 70 000
kilomètres carrés. C'est seulement la représentation
graphique qui est sous vos yeux, en annexe I qui compte pour 20 000
kilomètres carrés; on va être d'accord pour dire que c'est
beaucoup plus dense là que
dans des régions inhabitées qui seraient assujeties
à la procédure d'émission de permis spéciaux
d'exploration. Je ne sais pas si tout le monde a bien compris que c'est de
cette façon que nous avions travaillé.
M. Laliberté: Autrement dit, par exemple, M. le
Président, dans l'Outaouais où il y a des prospects miniers,
l'acquisition des droits de mine pourrait se faire par jalonnement dans ces
endroits-la, tandis qu'à l'intérieur du territoire
délimité par le graphique ici, il faudrait avoir un permis
spécial pour acquérir des droits de mine?
M. Duhaime: C'est exact.
M. Laliberté: Alors, M. le Président, nous ne
voyons pas la raison pour laquelle le plus grand territoire estrien est
assujetti à cette modalité du règlement. Nous aimerions
toujours que ce territoire-ci soit accessible par jalonnement. Si le ministre
ou le ministère veut faire des expériences, une nouvelle forme de
jalonnement comme cela existe dans certaines autres provinces, on est bien
d'accord, mais on veut quand même que l'acquisition des droits de mine se
fasse par jalonnement, nous ne voyons pas la raison. Il y a d'autres
territoires au Québec qui sont aussi populeux finalement, si c'est la
densité de la population qui vous incite à une telle
décision. Mais, nous préférons le jalonnement comme
méthode d'acquisition.
M. Duhaime: Si je comprends bien, vous plaidez la tradition.
M. Laliberté: La tradition, M. le Président.
M. Duhaime: Merci.
Le Président (M. Laplante): Alors, M. le
député de Richmond.
M. Vallières: Je voudrais qu'on me corrige au CRD, au
comité des mines, si ce n'était pas cela. Je me souviens
qu'originalement vous aviez préparé un mémoire dont s'est
largement inspiré le ministre. Vous visiez deux objectifs en
particulier, par la révocation des droits de mine: d'abord, favoriser
l'exploration et dans un second temps, permettre l'inventaire des travaux qui
sont faits sur le territoire. J'aurai donc deux volets.
D'abord vous semblez nous dire que le mode de jalonnement actuel, s'il
était appliqué sur le territoire qui est délimité
par voie de règlement, répondrait aux besoins et permettrait
l'atteinte de vos objectifs, sans l'introduction des permis spéciaux
dont on parle dans le projet de loi. Les craintes que manifeste le ministre,
pour moi, ne sont pas encore très précises. En ce qui me
concerne, je verrais mal que les législateurs acceptent de
procéder par délégation de pouvoirs, via la
réglementation. On se plaint déjà suffisamment que les
réglementations viennent miner littéralement notre pouvoir de
législateurs. Je ne vois pas pourquoi, sous forme expérimentale,
on accepterait de donner nos pouvoirs de législateurs à des
fonctionnaires par la voie de la réglementation.
En ce qui concerne l'inventaire des travaux, vous avez sûrement
pris connaissance, dans le projet de loi, de toute la mécanique qui est
introduite, qui est une mécanique quand même assez complexe et
très exigeante pour l'explorateur. Est-ce que, selon vous, on pourrait
arriver à faire l'inventaire des travaux d'exploration qui seraient
faits sur le territoire d'une façon beaucoup plus simple que celle qui
est introduite dans le projet de loi qu'on a devant nous?
M. Laliberté: Ce qu'on voulait dire, M. le
député, c'est que, sur les terrains patentés avant 1980,
les compagnies pouvaient faire des travaux et ces travaux n'étaient pas
requis au ministère. Ces travaux-là dormaient dans les classeurs
des compagnies. J'ai été témoin, par exemple, d'un terrain
minier sur lequel trois compagnies différentes ont quasiment fait les
mêmes travaux de base, travaux géologiques, travaux de
géophysique; elles ont eu des anomalies à peu près aux
mêmes endroits et des trous de forage aux mêmes endroits. Si le
processus avait été différent et si cela avait
été des claims, par exemple, les compagnies auraient
été obligées de consigner ces travaux-là au
ministère pour maintenir les droits miniers, et si la compagnie avait
consignée le territoire et s'il avait été jalonné
par une autre, la suivante aurait eu accès à tous ces travaux de
base. C'est dans ce sens-là qu'on dit que la Loi sur les mines n'a pas
favorisé - ce qu'on disait dans notre mémoire original un
inventaire géologique dans l'Estrie, comme certains travaux miniers ou
certains territoires de l'Abitibi. Vous avez plusieurs dossiers au
ministère sur un claim particulier. C'est dans ce sens-là que
nous disions que la loi n'avait pas favorisé cet inventaire des travaux
miniers.
M. Vallières: Est-ce que vous avez pris connaissance des
règlements qui doivent accompagner la loi et qui déterminent
comment on pourra obtenir le permis et les conditions auxquelles les
explorateurs devraient se soumettre?
M. Laliberté: Je ne suis pas allé...
M. Vallières: Parce qu'il y en a toute une ribambelle, et
je pense bien que cela viendrait ajouter à vos craintes. Je pense
bien que ce qu'on veut, avec révocation des droits de mine, ce
qu'on veut, c'est que cela permette davantage l'exploration.
L'impression que j'ai, c'est que la mécanique qu'on introduit de
rémission des permis et des conditions auxquelles devront se soumettre
les explorateurs, c'est que cela va, d'autre part, non pas stimuler, mais
restreindre l'exploration dans notre région. J'aurais trouvé
important que les principaux intervenants puissent voir toute la
réglementation qui l'accompagne. Ce sont des conditions très
exigeantes qui, au lieu de favoriser l'exploration, vont peut-être
atteindre le but contraire à celui que nous poursuivons. (11 heures)
Pour ce qui est de la question de l'inventaire des travaux, il y a
quelque chose de prévu dans le projet de loi qui permettrait de faire
l'inventaire, mais je me demande si ce n'est pas largement dépasser vos
attentes. J'aimerais que vous nous aidiez à trouver une façon
plus simple et moins exigeante pour les prospecteurs, pour en arriver à
cette fin, sans mettre un frein à l'exploration dans ces régions.
On veut tous que l'exploration se poursuive et se développe mais je
pense que les moyens qu'on veut prendre ne sont pas nécessairement les
bons. Si vous aviez des idées à soumettre au ministre, je pense
bien qu'il est tout oreilles pour savoir comment on pourrait faire l'inventaire
de ces travaux de façon simple.
M. Laliberté: M. le Président, si le territoire est
accessible par jalonnement, la Loi sur les mines actuelle pourrait très
bien s'appliquer. La Loi sur les mines prévoit le genre de travaux, la
quantité de travaux qu'il faut faire pour maintenir les droits miniers
chaque année. Alors, on aurait seulement à appliquer la Loi sur
les mines actuelle. De toute façon, s'il fallait vivre avec ces permis
spéciaux, j'espère qu'on aurait une réglementation qui
s'inspirerait au moins de la procédure actuelle prévue à
la Loi sur les mines sur le genre de travaux, la quantité qu'il faut
faire par acre. Il me semble qu'il serait tout à fait souhaitable que ce
soit le même processus, au moins.
M. Vallières: M. le ministre, ces gens-là semblent
nous dire que le jalonnement convient, que la Loi sur les mines actuelle
convient pour permettre de faire l'inventaire des travaux. Je me demande
pourquoi l'introduction de toute cette ribambelle de conditions et, en
particulier, du permis spécial. J'espère que vous pourrez, au
cours des audiences, nous préciser votre point de vue là-dessus
parce que, de prime abord, il semblerait qu'il y a seulement vous qui savez
pourquoi c'est introduit.
M. Duhaime: Je peux vous signaler, M. le député de
Richmond, que vous êtes en train d'accélérer notre
processus de délibérations. Si vous voulez avoir mon point de
vue, je vous le donnerai à l'occasion de l'étude article par
article, lorsque nous aurons entendu tout le monde. Pour l'instant, je me
contente d'écouter. Vous avez raison de dire que mes antennes sont bien
sorties.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aurais deux questions dont l'une pour M.
Laliberté. Si j'ai bien compris en lisant votre mémoire en
annexe, vous demandez que les difficultés inhérentes à la
région de Cantons de l'Est soient aplanies. Vous venez de dire, en
présentant votre mémoire, qu'il y avait des difficultés
pour faire de la prospection. Lorsque les droits étaient inconnus,
c'était difficile pour quelqu'un d'investir et c'était difficile,
même après avoir trouvé une mine à un endroit, de
négocier une entente. C'est la raison pour laquelle vous avez
présenté votre mémoire. Est-ce que vous pourriez donner
des explications là-dessus? Vous êtes au courant, j'imagine - vous
ne faites pas état de cas spécifiques - de difficultés qui
ont existé dans la région des Cantons de l'Est, de gens qui ont
investi ou tenté de faire de la recherche ou de la prospection
minière. J'imagine que votre conseil est tout à fait au courant
de cas bien précis qui vous ont porté à faire ces
recommandations.
M. Laliberté: Dans l'Estrie, M. le député,
il y a des territoires qui n'ont jamais été touchés et qui
sont favorables à l'exploration. Je vais vous donner un exemple: en
1910, le cultivateur sur une ferme a vendu son territoire à quelqu'un;
le notaire lui a fait penser de réserver les droits de mine.
Effectivement, le contrat marque une réserve des droits de mine en
faveur du propriétaire original du terrain. Ceci a été
oublié dans le testament du bonhomme. Les droits de mine ont
été octroyés aux ayants droit. Finalement, nous arrivons
à une propriété divisée en 16, quelquefois. Vous
voyez la complexité du problème d'aller rencontrer 16 personnes
dispersées un peu partout pour acquérir les droits de mines. Bien
sûr, il y a une disposition dans la loi actuelle qui permet de
procéder à la révocation mais, comme on l'a dit tout
à l'heure, c'est quelque chose de compliqué, avoir la
révocation. Dans l'Estrie, cela a été vraiment la raison
pour laquelle l'exploration n'a pas été plus active.
M. Fortier: Vous êtes d'accord avec moi pour dire que cet
état de choses qui date de plusieurs années a été
un handicap dans le développement économique des
Cantons de l'Est.
M. Laliberté: Cela a été un fort
handicap.
M. Fortier: J'aurais une question à poser à Mme
Gobeil. Votre conseil régional est très actif, comme on le voit,
car il fait toutes sortes de représentations au gouvernement. Votre
mémoire a été présenté au gouvernement en
novembre 1977. Compte tenu des difficultés dans le développement
économique des Cantons de l'Est, comment expliquer qu'un gouvernement
qui est censé être sensible au développement
économique du Québec en général et au
développement économique d'une région comme celle des
Cantons de l'Est en particulier prend quatre ans et demi avant d'arriver
à un projet de loi qui nous permet maintenant d'en discuter? Ne
croyez-vous pas que ce retard de plusieurs années est imputable dans une
très grande mesure à un gouvernement qui a ignoré le
développement économique des Cantons de l'Est?
M. Duhaime: J'ai comme l'impression que la question s'adresse
à moi.
M. Fortier: M. le Président, j'ai posé une question
à Mme Gobeil, elle est tout à fait libre de répondre.
M. Grégoire: On ajoutera un commentaire, par exemple,
parce que cela a pris 40 ans pour que ça bouge.
Le Président (M. Laplante): Vous parlerez à votre
tour, M. le député de Frontenac.
M. Fortier: M. le Président, la question que j'ai
posée était bien simple, c'est que le mémoire a
été présenté en novembre 1977 et nous sommes
maintenant en mars 1982; c'a pris quatre ans et demi au gouvernement qui nous
dirige pour se réveiller.
M. Grégoire: ... présente des mémoires comme
cela au gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez la parole, je
suis prêt à prendre votre nom. Je vous le dis, Mme Gobeil, c'est
une question embêtante qui suscite un jugement sur des politiques; vous
êtes libre d'y répondre ou non.
Mme Gobeil: M. le Président, je pense pouvoir y
répondre avec sagesse. D'abord, la question du président à
la présidente du Conseil régional de développement des
Cantons de l'Est quant à un jugement sur des politiques d'un
gouvernement touchant ce secteur sont très complexes. Je vous dis bien
humblement, je n'en ai pas la compétence.
M. Fortier: À la suite des propositions que vous avez
faites en novembre 1977, le ministre Bérubé a-t-il accepté
les recommandations que vous aviez faites ou si vous avez relancé le
ministère pour qu'il donne suite à vos recommandations?
Mme Gobeil: Nous l'avons fait à plus d'une reprise
à la suite de ce mémoire que nous trouvions excellent parce que
fondé dans les raisons pour lesquelles on l'avait présenté
au gouvernement. Mais il reste que je maintiens que dans tout ce
contexte-là il y avait beaucoup de difficultés. Je ne voudrais
pas, par votre deuxième question que j'appellerais une sous-question,
que vous me forciez à porter un jugement de valeur.
M. Fortier: J'ai devant moi la Tribune de Sherbrooke; "M.
Bérubé a rejeté la proposition du comité des mines
de l'Estrie." Et M. Laliberté vient de me dire que justement ce handicap
qui a duré plusieurs années a empêché le
développement économique des Cantons de l'Est. Doit-on conclure -
et j'en porte la responsabilité complète - qu'il est certain que
le fait qu'on a reporté de quatre ans et demi la discussion de ce
mémoire qui est extrêmement intéressant à mon avis a
retardé le développement économique des Cantons de
l'Est?
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le ministre, pour le mot de la fin.
M. Duhaime: Je ne sais pas si cela va être le mot de la
fin, M. le Président, mais moi je n'impliquerais pas ces braves gens
dans nos discussions qui auraient peut-être dû avoir lieu à
l'Assemblée nationale plutôt qu'en commission parlementaire en
impliquant des tiers. Je voudrais simplement rappeler au député
d'Outremont, qui n'est certainement pas familier avec l'industrie
minière parce qu'il ne doit pas en avoir beaucoup dans son propre
comté, que nous sommes en face d'un problème qui remonte à
une bonne soixantaine d'années. Je voudrais dire qu'en 1936 le
gouvernement du Québec a légiféré là-dessus.
Je ne sais si cela va faire plaisir au député d'Outremont, mais
le 20 février 1951 - c'est M. Duplessis qui était là
à l'époque - l'Assemblée législative du
Québec a adopté un projet de loi décrétant que
toute personne autre que le propriétaire du fonds qui prétendait
à des droits de mine abandonnés à la couronne en vertu des
dispositions à la Loi des mines, et tout propriétaire de
concessions minières suivies de lettres patentes émises avant le
1er juillet 1911 devaient, avant le 1er octobre 1951, faire enregistrer leurs
titres s'ils ne l'avaient déjà été, ou dans le cas
contraire, en renouveler l'enregistrement. Cette loi
décrétait aussi qu'à défaut de cet
enregistrement ou de ce renouvellement dans le délai prescrit, les mines
redevenaient la propriété de la couronne au droit de la province.
Cependant, un avis juridique du ministère de la Justice, concernant les
titres de propriété requis par la loi, obligea le gouvernement
à abroger cette loi la même année.
Nous sommes en 1951. Il ne faut quand même pas prendre des vessies
pour des lanternes, si vous me passez l'expression. Nous sommes en face d'une
situation très complexe. Je serais étonné que les gens de
l'Estrie aient fait leurs premières démarches en 1977
auprès du gouvernement. La seule chose que je voudrais dire au
député d'Outremont, c'est que nous avons été
sensibilisés à cette question. Nous sommes conscients aujourd'hui
encore que cette loi doit être présentée à
l'Assemblée nationale pour être adoptée en troisième
lecture. Je vais vous dire que ce n'est pas dans cette perspective que
j'entreprenais ces travaux. Il ne s'agit pas tant de savoir qui a eu tort ou
raison dans le passé. Je pense que nos prédécesseurs ou
les électeurs et les électrices ont eu l'occasion dans chacun des
comtés du Québec de porter leur jugement. Je travaillerais
plutôt en fonction de l'avenir, si vous me le permettez, M. le
député d'Outremont.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, une courte question.
M. Vallières: Une dernière remarque en ce qui
concerne ce mémoire en particulier, peut-être pour indiquer, pour
la bonne compréhension de cette commission, que hors de tout doute,
c'est dommage que votre prédécesseur, M. Bérubé,
n'ait pas eu les antennes aussi développées que les vôtres.
Chose certaine, c'est qu'il n'avait pas été trop élogieux
non plus à l'endroit du Conseil régional de développement
des Cantons de l'Est. Je ne voudrais pas reprendre tout ce débat - j'en
ai parlé lors de la deuxième lecture - mais c'est pour le moins
dommage.
M. Duhaime: Other days, other ways.
M. Vallières: That is it. Je voudrais maintenant demander
ceci à M. Laliberté, parce que le ministre semble croire qu'avec
le mode de jalonnement actuel, il y aurait des problèmes en
région urbanisée. Pourriez-vous nous expliquer, pour
éclairer nos lanternes, ce qui se produit avec le mode de jalonnement
actuel, le prospecteur qui s'en va sur un terrain, qui décide de faire
de l'exploration, le mode d'accès à la propriété
actuel? Est-ce qu'on assisterait à un véritable "free for all"
à partir du moment où on révoque les droits miniers dans
les Cantons de l'Est? Est-ce qu'on assisterait à une véritable
ruée vers l'exploration? En quoi le mode de jalonnement actuel
protège-t-il les propriétaires? En quoi sommes-nous
assurés que le lendemain matin, il n'y aura pas des gens dans votre
jardin chez vous en train de faire de l'exploration?
M. Laliberté: Le jalonnement, vous savez en quoi il
consiste. Vous êtes obligé d'avoir un permis de prospecteur. Je
pense que cela coûte toujours 10 $. Cela vous donne droit
d'acquérir environ 200 acres, cela peut aller jusqu'à 225 acres.
C'est fort peu compliqué à faire dans un terrain arpenté.
Vous n'avez pas besoin de couper d'arbres. Vous allez seulement au coin des
quatre lots pour poser une petite plaque métallique avec une
inscription. Il n'y a rien là. Ce n'est pas l'agriculture qui va devenir
en danger. Je ne pense pas que le ministre Garon va s'opposer à une
telle procédure. Bien sûr, quand il y a un travail d'exploration
qui se fait, le prospecteur ou la compagnie doit prendre des arrangements avec
le propriétaire du sol, s'arranger avec lui et même le
dédommager. C'est la procédure qui se fait le plus souvent. Il
n'y a pas de problème de ce côté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, ce que je voulais
soulever a été réglé.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Grégoire: Je voudrais tout simplement dire ceci. Je ne
voyais pas la nécessité d'entrer le sujet que nous
étudions aujourd'hui dans la politique, comme le député
d'Outremont l'a fait. Je voulais lui rappeler que ce n'est pas d'aujourd'hui
que ce problème se soulève. Je me rappelle de longue
mémoire qu'en 1944, ceux de Sherbrooke s'en souviennent, Johnny Bourque,
dans le temps, cela fait longtemps, cela fait près de quarante ans,
avait fait son élection et avait été appuyé par
Maurice Duplessis justement sur ces droits miniers dans les Cantons de
l'Est.
M. Vallières: C'est dans le temps que vous étiez
fédéraliste?
M. Grégoire: C'est dans le temps où je
n'étais même pas en politique, mais j'ai lu cela dans
l'histoire.
M. Tremblay: C'est dans le temps qu'il n'avait pas de
cheminée. (11 h 15)
M. Grégoire: Dans le temps que je n'avais pas de
cheminée. Je n'avais pas pris connaissance des vicissitudes...
M. Tremblay: II n'avait pas les yeux ouverts.
M. Grégoire: ... du régime. Depuis ce temps, il y
en a eu pas mal qui se sont succédé, que ce soient les Lesage ou
les Bourassa et, après quarante ans, je crois que quatre ans d'attente,
cela a tout de même été très rapide.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Grégoire: Je regrettais que la politique soit
entrée dans ce sujet-là, d'autant plus que tout le monde semble
d'accord sur le principe.
Le Président (M. Laplante): II ne faut pas rouvrir le
débat non plus, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Je crois que le député de
Richmond a maintenu la discussion à un niveau élevé et je
demanderais au député d'Outremont de faire la même
chose.
M. Fortier: M. le Président, cela me fait plaisir de
maintenir le débat à un niveau élevé. Je comprends
le député de Frontenac de ne pas vouloir souligner le fait que le
mémoire a été présenté il y a quatre ans et
demi, mais on va s'en tenir à cela.
Le Président (M. Laplante): Merci de la coopération
de tous les membres. M. le ministre, dernière remarque.
M. Duhaime: Je voudrais revenir sur un des éléments
de l'argumentation de M. Laliberté dans sa déclaration
d'ouverture, en rapport avec l'article 239. Je vais aller aux dernières
lignes du deuxième alinéa de l'article 239, en haut de la page 5.
Vous ave? suggéré que le mot "économiquement" soit
possiblement exclu, parce que vous nous dites: Des indices raisonnables d'un
gisement de minéraux devaient être localisés, mais,
à cause du marché, à cause d'une teneur quelconque, la
démonstration que cela pourrait être économiquement
rentable serait peut-être impossible à faire.
Je vous avoue que je me réserve cependant d'en faire un
amendement formel au moment de l'étude article par article, mais,
à moins que mes collègues ici autour de la table n'y voient une
objection, je serais prêt à biffer tout de suite le mot
"économiquement" et à garder l'expression "d'un gisement de
minéraux rentable". On reformulerait la phrase par "un gisement
rentable" ou peu importe, mais l'idée étant qu'on
enlèverait du texte le mot "économiquement". De cette
façon, on répondrait tout de suite à votre argument.
Je voudrais apporter une précision, M. le Président.
L'article 27 de la loi actuelle, la Loi sur les mines, prévoit que... Je
vais simplement lire le texte, ce sera plus simple. "Personne ne peut, sans la
permission écrite du ministre, jalonner les terrains: a mis de
côté par la couronne comme lots de villages ou de villes; b
subdivisés en lots à bâtir et inscrits comme tels sur le
plan et dans le livre de renvoi du cadastre officiel; c situés dans les
limites d'une cité ou d'une ville; d réservés en vertu du
paragraphe b de l'article 301 ou e situés dans le territoire du
Nouveau-Québec."
Si je fais la transposition pratique de l'article 27 qui est la
législation existante, je vais prendre simplement l'aspect, le
sous-paragraphe c qui dit: "Personne ne peut, sans la permission écrite
du ministre, jalonner les terrains: c situés dans les limites d'une
cité ou d'une ville." Si vous allez maintenant à la
représentation graphique, l'annexe 1 du projet de règlement dont
on discutait tantôt sur les 20 000 kilomètres carrés, si
vous voulez avoir mon avis, une fois qu'on aura enlevé la partie "d'une
cité ou d'une ville" et les autres exceptions de l'article 27, en
excluant, bien sûr, le paragraphe e qui n'a rien à voir, il ne
restera pas grand-chose comme superfie assujettie à la procédure
d'émission de permis spéciaux d'exploration. Je vais
peut-être avoir votre commentaire là-dessus.
M. Laliberté: C'est-à-dire que l'article 27 que
vous venez de lire permet au ministre de soustraire...
M. Duhaime: "Personne ne peut, sans la permission écrite
du ministre, jalonner les terrains: a, b, c, d, e." C'est le mot à mot
de la loi. On parle de jalonnement. Avez-vous le texte de la loi avec vous?
M. Laliberté: Je n'ai pas la loi. M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Laliberté: Nous voyons la pertinence de l'article 27.
Nous pensons que le jalonnement au milieu d'une ville ou d'un village, c'est un
petit peu compliqué. Maintenant, je pense que l'esprit de cet article 27
ne devrait pas s'appliquer aux nouvelles municipalités régionales
de comté. Là, le jalonnement va être complètement
impossible. Je comprends qu'un village, le restant, même si c'est une
corporation municipale, pour le canton environnant, le canton ne tombe pas sous
l'article 27. Je pense spécialement à la limite très
spécifique d'un village ou d'une municipalité. Là, il est
tout à fait logique d'obtenir la permission du ministre. Je ne pense pas
que cela s'étende au niveau des cantons, au
niveau, comme je disais, des nouvelles municipalités
régionales de comté. Cela paralyse complètement toute
possibilité d'exploration.
M. Duhaime: Je peux peut-être tenter, en tout cas,
d'éclaircir du mieux que je pourrai ce qui m'apparaît être
une ambiguïté qui risque de se prolonger avec l'article qui est
dans la Presse ce matin, de madame ou mademoiselle Francine Osborne.
Je voudrais vous montrer ici une carte. Je comprends que pour le journal
des Débats ça ne sera pas trop facile. Vous avez sur cette carte,
en rouge et en jaune, le territoire qui est visé par le projet de loi.
La révocation porte là-dessus. Faisons une hypothèse: nous
retirons le projet de loi et nous maintenons la procédure de
révocation qui existe. Selon la législation actuelle, qu'est-ce
qui va se produire? On va être obligé de maintenir la longue
procédure d'avis, qui est coûteuse, etc., et, au fur et à
mesure que pour tout ce territoire, qui part de l'extrême est, autour de
Gaspé, et s'en vient des deux côtés du Saint-Laurent
à l'extrémité ouest du Québec, au fur et à
mesure que la révocation se fait, ce n'est pas le jalonnement, c'est
l'émission d'un permis spécial, c'est la loi actuelle. Ce que ce
projet de loi fait, c'est accélérer la procédure de
révocation en révoquant d'un seul coup. Nous laissons à la
procédure traditionnelle du jalonnement tout le territoire, sauf 20 000
kilomètres carrés, tel que décrit dans le projet de
règlement. À l'intérieur de ce projet de règlement,
à l'intérieur de cette superficie, parce que la loi 27 continue
d'exister, il faut déjà enlever d'autres parties de territoire.
... Je voudrais juste essayer d'évaluer avec vous quelle est l'ampleur
du problème sur lequel nous travaillons. Si on travaille sur un
problème qui a un millimètre de long, je ne voudrais pas qu'on
fasse des manchettes de six pouces de haut. Ce que je veux dire par là,
c'est que tout ce qui est en rouge et en jaune représente les endroits
où existent encore des droits miniers qui sont révoqués
par cette loi. Une fois la révocation faite, la délivrance de
permis spéciaux cesse et le permis spécial va s'appliquer aux
seuls endroits décrits par le règlement. Une fois que cela est
dit, il faut exclure ensuite, à l'intérieur de ces 20 000
kilomètres carrés, les dispositions applicables sous l'empire de
l'article 27. On s'entend là-dessus? Cela veut dire que le
problème est loin d'être énorme, à mon point de
vue.
Le Président (M. Laplante): Des commentaires?
M. Laliberté: Oui, M. le Président. Le
mémoire que nous avons présenté concernait en particulier
l'Estrie et l'exemption que vous faites, M. le ministre, concerne
précisément l'Estrie. Dans notre mémoire, nous disions que
la politique des droits de mine, cette vieille politique, avait
pénalisé l'Estrie, en particulier, ainsi que l'Outaouais, je suis
bien d'accord avec vous là-dessus. Maintenant, l'exemption que vous
faites s'applique directement à notre territoire et je pense que ce
n'est pas le meilleur moyen pour une région présentement
défavorisée d'accélérer le processus d'exploration
minière. Essayez votre exemption dans un autre territoire qui est
peut-être actuellement moins frappé par la conjoncture, on sera
peut-être bien d'accord. Mais donnez à l'Estrie le statut d'une
zone régulière sur le plan exploration, M. le
Président.
M. Duhaime: Si je vous comprends bien, M. Laliberté, vous
avez deux hypothèses devant vous: celle du jalonnement, qui peut
permettre à quelqu'un d'enregistrer un claim et de dépenser le
minimum prévu dans la loi sans nécessairement faire du
développement, ou encore la problématique d'un permis
spécial d'exploration. Votre choix est que vous aimez mieux courir le
risque -parce qu'il y en a un - qu'un territoire dans l'Estrie qui est
visé par le projet de règlement soit "claimé" et non
développé. Vous aimez mieux prendre ce risque-là. Vous
faites signe de la tête, mais ça ne sera pas
enregistré.
M. Laliberté: Nous sommes d'accord que le claim demeure le
meilleur moyen d'acquérir les droits de mine en fonction d'un
développement éventuel. Cela va permettre aux prospecteurs, aux
petites compagnies d'être présents et ça ne sera pas
seulement les grandes corporations qui auront le moyen d'avoir accès aux
droits de mine par la forme que vous suggérez, M. le ministre.
M. Duhaime: Quant à moi, je vous remercie, madame et
messieurs, j'ai très bien compris votre point de vue.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, madame, questions?
Merci, messieurs, merci de votre coopération à cette commission.
Bonne chance, Mme Gobeil, j'espère qu'on se reverra dans un autre
milieu. Vous êtes toujours présidente de la
Fédération des commissions scolaires?
Mme Gobeil: Sûrement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Bonjour.
J'appelle maintenant l'Association des mines d'amiante du
Québec.
Messieurs, si vous voulez identifier votre organisme ainsi que les
personnes qui vous accompagnent. M. le Président.
Association des mines d'amiante du
Québec
M. Filteau (Paul-A.): Mon nom est Paul Filteau, je suis
accompagné de M. Marie-Louis Trépanier qui est
l'ingénieur-chef d'une de nos compagnies minières.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, comme vous le savez, l'Association des mines d'amiante du
Québec regroupe tous les producteurs miniers d'amiante au Québec
qui, pour la plupart, en font l'exploitation depuis au-delà de 100
ans.
Comme vous nous l'avez demandé, je serai bref. Vous voulez nous
poser des questions, eh bien, nous aussi nous sommes ici pour vous souligner
certains points sur lesquels nous aimerions avoir des
éclaircissements.
Nous croyons qu'il y aurait lieu de modifier les articles 239 et 240 du
projet de loi pour y prévoir un appel au ministre en vertu des articles
309 et suivants de la loi actuelle. (11 h 30)
À l'article 239, il est prévu que la révocation ne
s'applique pas aux droits de mine dans un terrain où est situé un
gisement constituant une réserve nécessaire -nous aimerions avoir
le sens du mot "nécessaire", savoir quelle est l'extension du mot
"nécessaire" - pourvu que le propriétaire de l'exploitation
démontre à la "satisfaction" du ministre qu'il existe des
"indices raisonnables" de gisements de minéraux "économiquement
exploitables". Voilà des termes qui peuvent permettre une
interprétation plus ou moins large.
Il nous semble que, lorsqu'il s'agit de révoquer les droits de
mine située dans un terrain où il y a déjà
exploitation ou qui constitue une réserve devant assurer la
continuité de cette exploitation, on touche à des droits qui se
rapprochent énormément du droit de propriété pur et
simple et que, conséquemment, le processus de révocation de
pareils droits se rapproche beaucoup de l'expropriation, domaine dans lequel le
législateur est généralement fort soucieux d'éviter
toute possibilité d'arbitraire. Il est donc important que la partie dont
on veut révoquer le droit se voie donner le plus de protection
possible.
Il est vrai que, dans la Loi actuelle sur les mines on retrouve
plusieurs articles où il est dit "à la satisfaction du ministre";
voilà le facteur déterminant. C'est notamment le cas de l'article
84 dont les articles 239 et 240 reprennent la phraséologie, dans le
même sens que les articles 108, 196 et 197. Nous vous soulignons
cependant que, dans les cas qui précèdent, il s'agit d'un droit
qui serait conféré par le ministre ou encore de travaux qui
doivent être effectués, et non pas, comme dans le cas des articles
239 et 240, de la révocation d'un droit déjà acquis. Le
juge des mines, d'après l'article 308, possède juridiction sur
tout litige ayant pour objet des droits, privilèges ou titres
conférés par la loi ou par un règlement. Cependant, il
s'agit là d'un appel en première instance et qui ne couvre pas
une décision du ministre.
L'article 309 donne bien au juge des mines "juridiction sur toute
question de la compétence du ministre en vertu de la présente
loi: a) par voie d'appel dans les cas où elle le permet; b) sur renvoi
par le ministre dans tous les cas où celui-ci le juge à propos".
C'est là un droit d'appel énormément précaire et
qui n'est certes pas celui que nous recherchons.
Il nous apparaît en conséquence qu'il y aurait lieu de
faire, pour les articles 239 et 240, ce que la loi prévoit actuellement
dans trois circonstances aux articles 49, 72 et 136, qui prévoient
spécifiquement un appel en vertu des articles 309 et suivants. Pour les
mêmes raisons, il nous apparaît également qu'il devrait y
avoir appel au juge des mines en ce qui à trait à
l'indemnité prévue pour la révocation des droits de mine
par l'article 240.1. Vous comprenez que je parle au nom des compagnies qui
détiennent des propriétés qu'elles ont payées
souvent à un prix très élevé. Certaines compagnies
ont acheté des terres qui avaient été originellement
achetées au prix de 10 000 $ et elles ont payé 250 000 $ tout
simplement pour pouvoir faire l'acquisition des droits miniers.
Nous notons que les amendements prévus à l'article 296
prévoient un pouvoir de réglementation très étendu.
Nous vous opinons que, compte tenu de l'importance de la réglementation
prévue à l'article 296u qui y est ajouté, il y aurait lieu
de subordonner l'adoption de cette réglementation à une
publication préalable dans la Gazette officielle.
Enfin, M. le ministre, M. le Président, à cause du
contexte actuel dans l'industrie de l'amiante, en particulier à cause
des arrêts de travail, nous demandons que la loi n'entre pas en vigueur
trop rapidement; nous suggérons le 1er janvier 1983 pour donner aux
compagnies un temps suffisant pour évaluer les terrains qu'elles
détiennent. Voilà M. le Président, les interrogations qui
se posent pour nous en ce moment. J'aimerais, si possible, répondre aux
quelques questions que vous pourriez nous poser.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
ministre.
M. Duhaime: Je voudrais savoir si vous avez des suggestions
précises?
M. Trépanier (Louis-Marie): Alors, voici, je
représente Asbestos Corporation, c'est une filiale de la SNA maintenant
et du
gouvernement.
M. Grégoire: Cela s'appelle maintenant la
Société Asbestos Limitée.
M. Trépanier: Voici ce qui arrive. C'est que la
Société Asbestos Limitée possède des terrains de 30
000 acres de superficie environ. Une très grande partie de ces terrains
ont été acquis sous l'ancienne loi et cela date du 24 juillet
1880. Alors, les sièges sociaux dans les régions ont
été déménagés, fractionnés,
divisés. On avait naturellement un siège social à
Inverness à un moment donné. Une partie de la paperasse a
été déménagée à Thetford Mines dans
les années 1926, c'est-à-dire les dossiers. Pour plusieurs de ces
lots, naturellement, l'ancien arpentage et le nouvel arpentage, c'est
différent également et cela exige une recherche
énorme.
Quant à faire le travail, on va y aller de fond en comble pour
savoir qui a bénéficié de ces droits-là. On a des
droits de surface et on a des droits miniers. On a des terrains où on a
seulement des droits de surface et d'autres où on a seulement des droits
miniers. On a fait également l'exploration d'une très grande
étendue de terrain. Avec la restriction budgétaire qu'on a
actuellement, vous savez qu'on a été obligé de
réduire le personnel à sa plus simple expression, et on
arrête pour une période de treize semaines à partir de
vendredi ou samedi prochain, jusqu'à la fin de juillet; à
l'exception du mois de juin, on va arrêter au moins treize semaines. Cela
veut dire que, durant cette période de treize semaines, il n'y aura
à peu près pas d'ouvrage qui se fera.
Alors, si vous comptez, par exemple, six mois à partir de la
semaine prochaine ou dans deux semaines, cela veut dire que le travail doit
être fini au plus tard dès le mois de septembre, et nous n'en
voyons pas la possibilité. C'est pour cela que j'ai
suggéré à mon collègue, selon la date où
vous allez adopter la loi, qu'on aimerait avoir une extension jusqu'au 1er
janvier 1983.
M. Grégoire: II va y avoir plus que cela.
M. Fortier: Durant cette période de temps où la
mise en vigueur de la loi sera reportée, les gens pourraient continuer
à acquérir... La loi, c'est révoqué.
M. Trépanier: Nous allons continuer nos travaux de
recherche pour être capable de faire le rapport au gouvernement, parce
que, si vous vous fiez à ce qui souvent est demandé, cela prend
un rapport très détaillé. Il faut qu'il soit
vérifié par des géologues certifiés,
qualifiés et par des ingénieurs. On a non seulement la
région de Thetford à avoir soin, mais on a également la
section du nord, Asbestos-Hill. Ce n'est pas très compliqué, mais
il faut aller faire des recherches quand même.
M. Duhaime: Du côté d'Asbestos-Hill, si vous voulez
avoir mon avis, j'ai l'impression que c'est plutôt tranquille.
M. Trépanier: C'est encore plus tranquille...
M. Duhaime: Mais, les voisins sont loin, comme on dit.
M. Trépanier: Pardon?
M. Duhaime: Les voisins sont loin.
M. Trépanier: Ce n'est pas là qu'est le travail
majeur, c'est dans la région de Thetford.
M. Duhaime: Ma seule inquiétude à aller dans cette
direction-là... Je vous avoue honnêtement que je suis prêt
à y réfléchir, mais on envisageait une entrée en
vigueur dans les 180 jours après l'adoption. Ce qui veut dire, sur le
terrain, six mois. C'est quand même un délai fort
appréciable. Vous me proposez qu'on devrait aller au 1er janvier 1983,
ce qui veut dire neuf mois; cela veut dire 270 jours pendant lesquels on va
être dans une espèce de vide, où il ne se passera
systématiquement rien. On va prendre avis de votre point de vue, je
demanderais cependant à être davantage convaincu qu'il faille
aller au-delà de la période de 180 jours.
Je voudrais peut-être revenir sur l'intervention de votre
collègue, tout à l'heure, au sujet de la procédure
d'appel. Si je comprends bien votre préoccupation, vous n'êtes pas
tout à fait certain s'il y a une procédure d'appel dans la loi
que nous proposons.
M. Filteau: C'est laissé à la discrétion du
ministre dans certains cas. C'est bien dit dans la loi.
M. Duhaime: Je ne vois pas que ma discrétion jouerait dans
un secteur comme celui-là, puisqu'il y a une requête possible
devant le tribunal compétent. Alors, si ce n'est pas le juge des mines,
selon le montant qui est en cause, ce sera la Cour provinciale ou la Cour
supérieure et, avec les dispositions du Code de procédure civile,
il y aura ensuite appel à la Cour d'appel et, selon le montant en cause,
possiblement même jusqu'en Cour suprême. Je ne comprends pas votre
inquiétude.
M. Filteau: Si vous voulez regarder à l'article 309 de la
Loi sur les mines, le juge
des mines a juridiction sur toute question de la compétence du
ministre en vertu de la présente loi, par voie d'appel, dans le cas
où elle le permet, sur renvoi par le ministre dans tous les cas
où celui-ci le juge à propos.
M. Duhaime: Me permettez-vous de vous signaler que la juridiction
du juge des mines porte sur son champ de juridiction, sur le champ
d'application où le ministre agit, mais ce n'est pas à
l'exclusivité de tout autre tribunal, selon les matières en
litige?
M. Filteau: On ne voudrait pas aller devant le tribunal pour
toute demande de contestation de révocation de droit, ou quelque chose
comme cela.
M. Duhaime: Quand on parle du tribunal compétent, je me
répète essentiellement; selon le montant en cause, ce sera
tantôt la Cour provinciale ou tantôt la Cour supérieure,
selon les montants et suivant les dispositions du Code de procédure
civile. Si l'instance devant le tribunal est appelable devant la Cour d'appel,
elle le sera, on ne touche pas à cela. Si elle est appelable en Cour
suprême, elle ira en Cour suprême.
M. Filteau: Si nous contestons un droit de mine ou un terrain, en
faisant la description telle que vous la demandez, avec le rapport du
géologue, avec la valeur possible et en donnant des indications un peu
trop claires, si nous contestons ce que vous considérez comme
réserve nécessaire...
M. Duhaime: À la fin de l'article 240.11, vous avez le
texte, je le lis essentiellement "... par la production d'une requête
auprès du tribunal compétent." Si le juge des mines
décline compétence, c'est la Cour provinciale ou la Cour
supérieure. Ce n'est pas une compétence exclusive.
M. Filteau: Vous voulez dire que nous devrons aller devant une
Cour provinciale ou supérieure si...
M. Duhaime: Je vais vérifier cela à nouveau
auprès du contentieux au ministère de l'Énergie et des
Ressources. Je puis vous dire que nous avons même pris avis auprès
du juge des mines à ce sujet. Je peux m'informer à nouveau, mais
je suis en mesure ce matin de vous donner l'assurance qu'il y a une
procédure d'appel qui est très claire dans le texte de l'article
240.11, à la toute fin du 1er paragraphe, où on lit: "... par la
production d'une requête auprès du tribunal compétent".
M. Filteau: À l'article 239, 2e, de votre projet de loi,
on lit: que la révocation ne s'applique pas "aux droits de mine dans un
terrain où est situé un gisement de minerai constituant une
réserve nécessaire pour assurer la continuité d'une
entreprise minière, pétrolière ou gazière en
exploitation au Québec (...) pourvu que ces droits soient détenus
par l'exploitant de cette entreprise et que ce dernier le démontre
à la satisfaction du ministre..."
M. Duhaime: On peut l'enlever, "la satisfaction du ministre" si
c'est ça qui fait votre déplaisir. Je comprends que vous
êtes plus confiants dans le présent que craintifs face à
l'avenir. Pour cela, je vous comprends, mais je voudrais lire essentiellement
l'article 240.11 du projet de loi: "Le régistraire en chef des claims
doit, dans les 60 jours qui suivent la réception d'une
déclaration visée dans l'article 240..." Il faut aller voir
à l'article 240 et vous avez la déclaration qui est là.
C'est donc appelable, très clairement.
Quant à "la satisfaction du ministre", mon cher monsieur, j'ai
tellement de choses pour me satisfaire que je serais bien prêt à
le rayer tout de suite. Cela ne me dérange pas du tout.
M. Filteau: Nous prévoyons que certaines compagnies qui
détiennent des propriétés en réserve peuvent
être décrites par d'autres comme n'étant pas des
réserves, n'étant pas nécessaires, c'est cela que je veux
dire.
M. Duhaime: D'accord. Quant à moi, je vous remercie. Je ne
sais pas si des collègues ont des questions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Deux ou trois questions. Vous êtes
probablement les seuls parmi ceux qui ont présenté des
mémoires qui ne se sont pas prononcés officiellement sur le
principe de la loi, soit la révocation, d'une part, et la question des
permis spéciaux, d'autre part. Est-ce que vous pourriez nous indiquer
si, compte tenu que vous n'en avez pas parlé, on doit conclure que vous
êtes pour les principes généraux qu'on retrouve dans ce
projet de loi, exception faite des modifications que vous nous proposez?
M. Filteau: Dans une première lettre, nous nous
étions prononcés contre le permis spécial. Quant au
principe de la révocation des droits de mine, dans certains cas, cela
peut être pratiquement une expropriation. Quand vous payez des terrains
à des prix très très élevés et qu'on vous
les révoque, cela sera assez compliqué.
M. Vallières: D'accord. Vos craintes vis-à-vis de
la satisfaction éventuelle du
ministre - une question de précision, je ne voudrais pas vous
obliger à une réponse que vous n'aimeriez pas non plus - est-ce
que cela ne veut pas dire qu'il pourrait y avoir deux poids, deux mesures?
Est-ce que l'attitude et la satisfaction du ministre pourraient varier selon
qu'il s'agit d'une entreprise d'État ou d'une entreprise
privée?
M. Duhaime: Bonne question!
M. Filteau: Pourvu que les règles du jeu soient les
mêmes, comme nous l'avons toujours prêché, que ce soit une
entreprise d'État ou une entreprise privée. (11 h 45)
Le Président (M. Laplante): D'autres questions M. le
député de Richmond? M. le ministre, le mot de la fin.
M. Duhaime: Je vous remercie, messieurs.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, les membres de
cette commission vous remercient de votre mémoire.
Association des prospecteurs du Québec
Maintenant j'appelle l'Association des prospecteurs du Québec.
Messieurs, si vous voulez identifier votre organisme et identifier les
personnes qui vous accompagnent. C'est la même règle, je crois que
vous étiez la lorsque je vous ai demandé une coopération
pour synthétiser votre mémoire. Messieurs.
M. Carrière (Gilles): Merci, M. le Président.
À ma droite, M. Jean Descarreaux qui, comme ancien président de
l'Association des prospecteurs du Québec, est conseiller auprès
du conseil d'administration de l'association; M. Jacques Beauregard, directeur
général de l'association; je suis président de
l'association, mon nom est Gilles Carrière, M. Jacques Beausoleil,
membre du conseil d'administration de l'Association des prospecteurs et
conseiller en matière juridique auprès de l'association, et M.
Denis Francoeur de Matagami, secrétaire-trésorier de
l'Association des prospecteurs.
Nous tenons tout d'abord à remercier les membres de cette
commission de l'occasion qu'ils donnent à l'Association des prospecteurs
de se faire entendre sur le projet de loi no 35.
Très brièvement, le projet de loi comporte deux aspects:
la révocation des droits de mine et la modification sur les droits de
mine. Sur la révocation des droits de mine, nous sommes favorables
à la révocation des droits de mine à peu près dans
les termes indiqués dans la loi ou dans le projet de loi. Nous avons
d'ailleurs indiqué notre approbation au ministre à peine sept ou
huit jours après le dépôt du projet de loi no 35 à
l'Assemblée nationale. Nous avons une petite réticence sur
laquelle je ne m'étendrai pas, mais qui est indiquée dans notre
mémoire, à savoir qu'on semble pénaliser les exploitants
éventuels de gisements qui pourraient se trouver sur ces terrains pour
des concessions qui ont été accordées il y a
au-delà de 100 ans. Ce n'est pas eux qui sont responsables du fait
qu'avec la concession des terres les droits de mine aient été
accordés aux propriétaires des droits de surface.
Passons maintenant à la deuxième partie du projet de loi.
Je dois dire que les points sur lesquels nous sommes d'accord, je viens de les
mentionner; pour le reste, nous sommes en désaccord avec le projet de
loi no 35. Nous avons exprimé, nous l'exprimons dans notre
mémoire, nous sommes fortement en désaccord avec cette nouvelle
façon de donner accès aux droits de mine à tous les gens
qui veulent y avoir accès. Nous sommes entièrement pour le mode
d'acquisition des droits de mine qui existe actuellement, qui est le
jalonnement des claims et nous nous opposons vigoureusement à l'octroi
de permis spéciaux pour avoir accès à la
propriété des droits de mine.
Essentiellement, ce que nous n'aimons pas dans le projet de loi no 35,
ce sont les articles 240.6 et 6, à la fin du projet, qui accordent au
gouvernement le pouvoir de faire des règlements pour délimiter
des territoires et ce, non seulement dans les régions où les
droits de mine ont été révoqués mais, si nous
comprenons bien le projet de loi, partout dans la province, qui seront
soustraits au jalonnement et où un permis spécial d'exploration
sera nécessaire pour faire des travaux d'exploration. J'espère
que nous comprenons bien le projet de loi. L'article 240.6 dit bien que toute
personne devra obtenir un permis spécial d'exploration - j'en passe un
bout - ou dans un terrain où les droits de mine appartenaient à
la couronne avant le - on indiquera la date - et qui est compris dans un
territoire délimité à cette fin par règlement. Ce
que nous comprenons, c'est qu'à l'article 6, qui modifie l'article 296,
le gouvernement, par des règlements qu'il peut adopter, à mon
sens, n'importe quand, peut soustraire tout territoire qu'il juge à
propos, là où les droits de mine lui appartenaient avant
l'entrée en vigueur de la loi, je suppose, et que ces droits de mine ne
seront plus accessibles par jalonnement, mais seront accessibles seulement par
l'obtention de permis spéciaux.
Les raisons de notre objection aux permis spéciaux, M.
Laliberté, du CSDCE, les a expliquées assez bien. D'ailleurs,
elles sont indiquées dans notre mémoire. Je les mentionnerai
peut-être brièvement. Il semble que la méthode de
jalonnement sans permis
préalable place sur le même pied le prospecteur, la PME
d'exploration et les grandes entreprises. Nous croyons que c'est encore la
meilleure façon de donner aux Québécois la
possibilité d'accéder à la propriété des
droits de mine au Québec.
Nous proposons que les droits de mine qui auront été
révoqués en vertu des articles 230, 237 ou 240 ne puissent
être acquis que par jalonnement et que les claims ainsi jalonnés
soient soumis aux dispositions de l'actuelle Loi sur les mines. Il me semble
que c'est relativement simple de remplacer l'article 240.6 par les deux lignes
qui suivent: "Les droits de mine révoqués en vertu des articles
230, 237 ou 240 sont régis par la présente Loi sur les
mines".
Nous ajoutons dans notre mémoire, à la suite de cela,
qu'en principe, nous n'avons pas d'objection à ce que la
procédure de jalonnement soit modifiée pourvu que le jalonnement
puisse se faire sans en demander la permission et qu'il donne priorité
quant au terrain.
Je dois ajouter là-dessus que si on n'a pas d'objection en
principe à ce qu'on change la procédure de jalonnement, on
insiste quand même pour que le jalonnement se fasse sur le terrain. Au
lieu de poser quatre poteaux, un poteau à chaque coin du terrain, au
lieu d'indiquer les lignes entre les poteaux -quoique, dans les terrains
arpentés, nous sommes obligés d'indiquer seulement les lignes de
rang et non pas les lignes latérales des lots - ce qu'on veut dire par
"modifier le mode de jalonnement", c'est que nous n'aurions pas d'objection
à ce qu'on pose seulement un poteau pour jalonner un lot. On va poser un
poteau au coin nord-est du lot. On place la plaque métallique et on
inscrit la date et l'heure, le mode de jalonnement ordinaire. Il me semble que
cela pourrait se faire comme cela. Les lots sont arpentés, les lignes de
rang sont marquées, et la plupart du temps, il y a une clôture le
long de la ligne de lot, et s'il n'y en a pas, la ligne de rang est
marquée la plupart du temps.
Nous résumons dans notre mémoire la position de
l'Association des prospecteurs du Québec. Je vous ferai remarquer que ce
mémoire a reçu l'approbation des 18 membres de notre conseil
d'administration, qui représente en général tous les
intervenants dans l'exploration minière au Québec, les grandes
compagnies, les PME d'exploration, les prospecteurs individuels, même des
prospecteurs d'occasion, les "explorationnistes".
Notre position peut se résumer comme suit: Nous sommes pour la
révocation des droits de mine; nous demandons des modifications au
projet de loi 35 et même à la Loi sur les mines telle qu'elle
existe dans le moment, dans le sens suivant: Nous suggérons que tous les
terrains où les droits de mine seront révoqués en vertu
des articles 230, 237 et 240 soient ouverts au jalonnement;
deuxièmement, que la Loi sur les mines ne comporte pas de nouveaux
pouvoirs de soustraire des terrains au jalonnement. En somme, pour y revenir
encore une fois, c'est l'article 240.6 qui permet au gouvernement d'adopter un
règlement qui désignerait des terrains n'importe où dans
la province, si nous comprenons bien l'article, où les droits de mine
appartenaient à la couronne avant la date d'entrée en vigueur du
présent article et qui sont compris dans un territoire
délimité à cette fin par règlement.
Troisièmement, nous y allons d'une autre suggestion qui n'a pas
grand-chose à faire avec le projet de loi 35, que les soustractions au
jalonnement visées par le paragraphe b) de l'article 301 de la Loi sur
les mines actuelle - ce serait peut-être utile que je mentionne plus
précisément ce à quoi je réfère; c'est que
le ministre peut par ordonnance réserver a la couronne pour fins de
travaux d'inventaire et de recherche minière tout terrain où les
droits de mine lui appartiennent - soient limitées à un an,
renouvelables par le ministère ou le ministre, chaque année, par
un avis dans la Gazette officielle. C'est pour éviter des soustractions
au jalonnement que le ministère ou les fonctionnaires oublient,
où il ne se fait plus rien et cela dure indéfiniment tant qu'il
n'y a pas un fonctionnaire qui se réveille, a un moment donné, et
qui dit: On n'a plus besoin de ce terrain.
M. Duhaime: Avez-vous des exemples précis en tête,
M. Carrière?
M. Carrière: Pardon?
M. Duhaime: Avez-vous des exemples précis en tête
où des territoires ont été mis en réserve, parce
que vous vous référez à l'amendement de 1977? Si mes
fonctionnaires dorment, je veux le savoir.
M. Carrière: On me fait remarquer que ce ne sont
peut-être pas des soustractions au jalonnement faites en vertu de
l'article 301, mais peut-être d'autres soustractions au jalonnement. En
1976, il y avait, au ministère, une pile épaisse comme ça
de soustractions au jalonnement.
M. Duhaime: Vous me corrigerez si je fais erreur, M.
Carrière, mais depuis les dispositions auxquelles vous venez de
référer qui ont été adoptées par
l'Assemblée nationale en 1977, le pouvoir de mise en réserve -
pour les fins de référence, 1977 chapitre 31, l'article 27 du
projet de loi - il y a eu 720 kilomètres carrés qui ont
été mis en réserve et, par la suite, 225 kilomètres
carrés sont retournés au jalonnement. L'information qu'on me
donne, c'est que, sur
les 225 kilomètres carrés qui ont été
retournés et donc susceptibles d'être jalonnés, il n'y a
pas un millimètre carré qui a été jalonné
à ce jour. Je ne vois pas où est l'abus, à moins que vous
ne m'en fassiez une démonstration beaucoup plus claire.
M. Carrière: On me dit que ce sont d'anciennes
soustractions au jalonnement qui ont été oubliées. Je ne
peux pas vous répondre plus précisément à ce sujet,
M. le ministre. (midi)
Finalement, on suggère que l'article 29 de la Loi sur les
mines... Cet article accorde au ministre la discrétion d'établir
les conditions et obligations qui peuvent être imposées, par le
gouvernement ou par le ministre, dans le cas des articles 27 et 28, pour les
terrains soustraits au jalonnement, où ça prend soit la
permission écrite du ministre pour jalonner ou l'autorisation du
gouvernement. Ce sont les terrains que vous avez énumérés
tout à l'heure, les terrains mis de côté par la couronne,
réservés, en vertu de l'article 301b, ou qui seraient, si on
ajoute ce que le projet de loi 35 propose, situés dans les limites d'un
territoire visé dans l'article 240.6, ou désignés comme
parcs provinciaux ou comme sanctuaires d'oiseaux, ce genre de terrains.
Pour acquérir les droits de mine dans ces terrains-là,
nous comprenons qu'il faut obtenir une permission pour jalonner. Mais la
permission pour jalonner est accordée en vertu de conditions et
obligations qui peuvent être imposées par le ministre ou par le
gouvernement, dans le cas de l'article 28, ou qui sont prévues dans une
convention approuvée par le gouvernement et conclue par le ministre et
celui qui demande la permission ou l'autorisation de jalonner.
Notre point - je vais être clair là-dessus - ce qu'on
suggère nous, c'est qu'on établisse des règles qui seront
connues de tout le monde dans le cas où quelqu'un obtient la permission
de jalonner dans tous ces territoires, au lieu de faire des ententes entre le
ministre et celui qui demande la permission ou l'autorisation de jalonner.
À la suite de ces suggestions, nous soulignons dans le
mémoire, le rôle prépondérant qu'ont joué les
prospecteurs et les PME d'exploration dans le développement des
ressources minérales au Québec. Des études ont
démontré - ça s'applique à l'ensemble du Canada; je
ne connais pas d'études qui ont été faites
particulièrement pour le Québec dans ce domaine - que pour les
années 1950 et 1960, plus de 60% des découvertes
commercialisables avaient été faites par les PME d'exploration
qui y consacraient, durant cette même période, moins de 60% des
dépenses totales. Il est certain que le rôle des PME d'exploration
minière au Québec a beaucoup diminué au cours des dix
dernières années. Si on refaisait les statistiques, on verrait
que la part des dépenses faites par les prospecteurs et les PME a
diminué à peut-être moins de 5% des dépenses
totales. On trouve la cause directe de ce déclin dans les mesures
restrictives et contraignantes de la Commission des valeurs mobilières
du Québec, tel que formulées dans ses énoncés de
politique. Or, ce même organisme, la Commission des valeurs
mobilières du Québec, consciente des effets néfastes de
ses politiques, a précisément commencé, depuis quelques
mois, à les modifier par de nouvelles instructions
générales. Vous savez, il y a deux conditions essentielles
à l'activité du prospecteur et des PME d'exploration
minière: il faut avoir l'accès aux capitaux de risque pour le
financement des entreprises ou de l'exploration, et, deuxièmement,
l'accès à la propriété des titres miniers. On
trouve qu'il serait pour le moins paradoxal que, pendant que la commission des
valeurs s'ouvre au financement public d'exploration pour les prospecteurs et
les PME par de nouvelles instructions générales qui
remplaceraient les énoncés de politique, le ministère de
l'Énergie et des Ressources compromette la survie même de nos
entreprises en limitant l'accès de la propriété des droits
de mine par son projet de loi no 35.
Là, nous disons que ce n'est certainement pas le but visé
par le ministère, parce qu'il a montré dans le passé, avec
des mesures remarquables, telle la modification du Code civil pour favoriser la
formation de sociétés en commandite, les avantages fiscaux qui y
ont été rattachés, les plans d'épargne-actions, ce
qui nous semble être une politique d'ouverture du ministère de
l'Énergie et des Ressources du Québec, dont nous tenons compte.
Nous ne comprenons pas, de toute façon, les raisons du ministère
de changer le mode d'acquisition des droits de mine dans la province. À
notre connaissance, personne de l'industrie de l'exploration minière n'a
demandé que le mode d'acquisition soit fait par permis spéciaux
plutôt que par jalonnement.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Excusez.
M. Duhaime: Je ne suis pas d'accord, mais j'aurais quelque chose
à dire.
M. Carrière: On avait un petit point qui prendra à
peu près une minute. Me Beausoleil me souligne que nous, on ne se place
pas dans l'éventualité que les droits de mine seront acquis par
permis spécial à partir de maintenant dans tout territoire
désigné par le gouvernement, on refuse de se placer dans cette
optique-là jusqu'à ce qu'on
soit obligé de le faire. Si on devait accepter de vivre avec un
régime de permis spéciaux, il semble que les permis
spéciaux durent douze ans et, ensuite, on ne sait plus ce qui arrive.
Deuxièmement, les permis spéciaux d'exploration permettent de
faire de l'exploration mais, si on trouve une mine, Me Beausoleil me dit qu'il
n'y a pas de façon d'exploiter la mine. Autrement dit, il n'y a rien de
prévu pour avoir un bail minier sur une mine qui aurait
été trouvée dans les terrains explorés en vertu
d'un permis spécial d'exploration. C'est tout.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
ministre.
M. Duhaime: On pourrait peut-être, avant que Me Beausoleil
fasse ses interventions sur des points, j'imagine, qui n'ont pas
été couverts par l'intervention de M. Carrière...
Une voix: C'est terminé.
M. Beausoleil (Jacques): Oui, il y a des points qui n'ont pas
été couverts.
M. Duhaime: Je ne voudrais pas qu'on perde le fil. D'abord, je
vous écoutais tantôt, M. Carrière, et ça m'a
rappelé un vieux souvenir, il y a quelques années, au
collège. J'ai comme l'impression que votre conclusion a plus d'extension
que la majeure partie de votre argumentation. Je pense que vous prêtez
une intention au gouvernement qui pourrait, si j'ai bien compris votre
argumentation, en utilisant un pouvoir réglementaire, soustraire tout le
territoire à l'application de la Loi sur les mines.
M. Carrière: Pas tout le territoire, seulement celui
où les droits de mine appartiennent a la couronne au moment de
l'entrée en vigueur de la loi ou celui où les droits de mine ont
été révoqués.
M. Duhaime: Cela me paraît énorme comme affirmation,
mais je pense que notre devoir est de tenter d'apaiser vos inquiétudes.
Que diriez-vous de la proposition suivante? Je serais prêt à
restreindre le pouvoir réglementaire en pensant au passé, au
présent et a l'avenir - je suis un citoyen comme vous - afin que nous
puissions imaginer que le territoire visé dans le projet de
règlement qui est devant vous soit intégré à la
loi; que le projet de règlement qui décrit le territoire devant
faire l'objet de permis spéciaux d'exploration comprenne la même
description, qu'on l'introduise dans la loi et que tout autre pouvoir
réglementaire permettant à un ministre d'agrandir ce territoire
soit inexistant. Cela de sorte que, dans X années d'ici, si le
gouvernement décidait d'agrandir ou même de diminuer ou d'abolir
complètement, on devrait revenir devant l'Assemblée
nationale.
Quand notre commission se réunira à nouveau au moment de
l'étude article par article, avant l'étape du débat de
troisième lecture, si nous formulions une proposition de ce genre,
est-ce que ceci viendrait apaiser vos craintes?
M. Carrière: M. le ministre, ça enlèverait
énormément de nos appréhensions, ça apaiserait
beaucoup de nos appréhensions.
M. Duhaime: Vous allez convenir avec moi - que ce soit moi ou un
autre - j'ai comme l'impression que ça serait peut-être une balise
importante parce que ça forcera le législateur à vous
entendre à nouveau, vous ou vos successeurs, et à voir ensemble,
dans le temps comme dans le temps, comme on dit, ce que ça pourrait
donner comme résultat.
Il y aurait une autre point aussi de votre argumentation. Vous dites: On
aimerait bien que les conditions soient claires et connues pour tout le monde.
Au moment de votre intervention, vous vous référiez plus
particulièrement aux articles 28 et 29 de la loi actuelle. J'avais cru
comprendre, en travaillant à ce dossier, que le but même de
l'émission des permis spéciaux d'exploration allait rencontrer ce
que vous nous dites ce matin, et c'est pourquoi ce que mon collègue de
Richmond appelle des ribambelles, moi, j'appelle ça de la clarté.
Vous avez un projet de règlement que nous avons mis à la
disposition de tous les gens qui sont intéressés à ce
projet de loi, lequel comporte 32 articles, dont le 32e est l'entrée en
vigueur, il y a en 31. Le texte m'apparaît très clair et limpide.
Prenez ma parole qu'en cinq ans j'ai eu l'occasion de voir de la
réglementation qui était passablement plus compliquée.
Dans le coeur de cet avant-projet de règlement sur les permis
spéciaux d'exploration, ça m'apparaît être des
conditions qui sont mentionnées et ne m'apparaissent pas être un
fardeau insurmontable en tout cas, et qui ont l'avantage de rejoindre
l'argument que vous venez tout juste de faire valoir, que des conditions seront
connues et seront les mêmes pour tout le monde. Seriez-vous d'accord avec
moi là-dessus?
M. Carrière: Je ne suis pas d'accord avec les dispositions
de l'avant-projet de règlement qui nous a été fourni, mais
je me demande si je vous comprends bien. Est-ce que vous voulez dire que les
conditions des permis spéciaux seraient aussi appliquées dans le
cas des articles 27 et 28 où la permission de jalonner aurait
été obtenue du ministre ou du gouvernement sur le territoire?
M. Duhaime: Sur le territoire qui est visé. oui.
M. Carrière: Sur les sanctuaires d'oiseaux ou sur
les...
M. Duhaime: Voulez-vous parler plus fort un peu, on vous entend
mal à ce bout-ci.
M. Carrière: Sur les terrains qui sont soustraits au
jalonnement en vertu des articles 27 et 28. Dans mon esprit, M. le ministre, il
y a deux choses: il y a des permis spéciaux et il y a une permission de
jalonner auxquels sont associées certaines conditions qui sont à
discuter avec le ministre. En définissant les conditions d'obtention et
de renouvellement d'un permis spécial, est-ce que, par le fait
même, on définit les conditions de jalonnements fait en vertu
d'une autorisation du ministre ou du gouvernement?
M. Duhaime: Je vais prendre le problème dans l'autre sens
et je pense que je vais répondre à votre question. Une fois le
règlement en vigueur, un règlement sur les permis spéciaux
d'exploration, les articles 27 et 28 disparaissent, autrement dit,
c'est-à-dire ne disparaissent pas comme tels mais deviennent
inapplicables au territoire qui est visé.
M. Carrière: Qui est visé, mais non pas
nécessairement à tous les autres terrains qui sont visés
par les articles 27 et 28.
M. Duhaime: Le règlement sur les permis spéciaux
d'exploration, je vous dis qu'il s'applique au territoire qui est décrit
dans le projet de règlement qui est devant vous, 20 000
kilomètres carrés, plus ou moins.
M. Carrière: D'accord.
M. Duhaime: À partir du moment où il n'y aurait pas
de jalonnement sur ce territoire visé, les articles 27 et 28 deviennent
des dispositions inopérantes pour ce territoire.
M. Carrière: Oui, je comprends, M. le ministre. Alors,
vous me demandez si, pour ce territoire visé, l'Association des
prospecteurs du Québec est d'accord avec les dispositions du projet de
règlement. Non, nous ne sommes pas d'accord. D'abord, dans le projet de
règlement...
M. Duhaime: M. Carrière, j'ai dit tantôt, au
début, que j'essayais de voir si on aurait un consensus quelque part et
c'est ce que je souhaite retrouver.
M. Carrière: Je pense que, M. le ministre... (12 h 15)
M. Duhaime: J'ai comme l'impression d'avoir jeté
passablement de lest depuis que nous avons commencé nos travaux. Je n'ai
pas entendu de votre côté encore le moindre mouvement vers le
consensus. Si vous me permettez de vous le dire.
M. Carrière: Je dois vous féliciter, M. le
ministre, du lest que vous avez laissé en restreignant à un
territoire le projet de loi no 35, plutôt que de pouvoir l'appliquer
à l'ensemble de la province.
M. Duhaime: II est méfiant lui!
M. Carrière: Et vous me demandez si on est d'accord avec
les règlements que vous avez bien voulu nous envoyer vendredi dernier,
si on pourrait vivre avec cela. Il s'applique à un territoire des
Cantons de l'Est. Si vous voulez que je vous fasse quelques remarques assez
rapidement sur les parties du règlement avec lesquelles nous ne sommes
pas d'accord...
M. Duhaime: Oui. Allez-y, mon cher monsieur. C'est d'ailleurs
pour cela qu'on le met sur la table, avant même que la loi soit
discutée en troisième lecture, pour avoir un peu le point de vue
des gens qui, demain, auront à vivre avec le règlement, si jamais
nous décidions de le mettre en vigueur.
M. Carrière: Les normes ou les critères qui seront
utilisés dans l'octroi et le renouvellement des permis ne nous semblent
pas indiqués dans le projet de règlement, quoique nous y voyions
déjà certaines exigences qui défavorisent le prospecteur
et la PME.
M. Duhaime: Vous vous référez à quel
article, M. Carrière?
M. Carrière: Pardon?
M. Duhaime: Vous vous référez à quel
article? À l'article 19 du projet de règlement?
M. Carrière: À l'article 8, par exemple, on dit
qu'une société ou compagnie doit fournir les noms et adresses de
ses administrateurs, officiers et une copie de son dernier rapport annuel avec
sa demande de permis. Le prospecteur ne fournit pas cela, mais, s'il y a
plusieurs personnes qui demandent un permis spécial en même temps
pour un même kilomètre carré, quelles sont les normes
d'attribution de ce permis dont le ministère va se servir? De quels
critères le ministère va-t-il se servir pour l'accorder à
l'un plutôt qu'à l'autre?
M. Duhaime: J'ai comme l'impression qu'on a une longue
expérience avec les allocations quant aux claims.
M. Carrière: Le ministère n'a pas de
discrétion pour accorder des claims. Le premier qui jalonne, c'est lui
qui les a les claims, normalement.
M. Duhaime: II arrive souvent, M. Carrière...
M. Carrière: À moins que le gars n'ait
été en prison.
M. Duhaime: II arrive souvent, M. Carrière, et vous le
savez comme moi, que des gens se présentent au ministère; ils
vont être deux, trois ou quatre et ils ont tous la même
prétention d'avoir planté le piquet le premier.
M. Carrière: C'est une question de savoir qui a
planté le piquet le premier.
M. Duhaime: Alors, je pense que le ministère de
l'Énergie...
M. Carrière: Mais la norme pourrait être, M. le
ministre, que le permis spécial soit accordé au premier qui l'a
demandé. C'est plus facile de savoir qui a planté le premier le
piquet sur le terrain que de savoir qui a été le premier à
demander le permis spécial.
M. Duhaime: Je serais prêt à mettre dans le
règlement, de façon très claire, la règle du
premier arrivé, premier servi. Avec la tuyauterie et mécanique
pour y aboutir, je pense qu'on pourrait trouver une formulation, mais je
retiendrais cela comme suggestion. Je ne vois pas d'ailleurs comment on
pourrait fonctionner autrement.
M. Carrière: Au mérite des gens qui font la
demande. Si vous demandez les noms et adresses des administrateurs et des
officiers de la compagnie et une copie de son dernier rapport annuel, cela doit
être à une certaine fin, plutôt que d'accorder le permis au
premier qui l'a demandé.
M. Duhaime: C'était votre premier commentaire. Vous m'avez
dit que vous en aviez trois.
M. Carrière: Le deuxième a trait au manque de
critères pour le renouvellement des permis. On dit, à l'article
19: "Une personne qui sollicite le renouvellement d'un permis doit produire
avec sa demande un état complet et détaillé des travaux
d'exploration tenus durant la validité du permis." Un permis est valable
pour deux ans. La personne qui obtient un permis pour deux ans paie, chaque
année, au début de l'année, 300 $ le kilomètre
carré, et elle n'est pas obligée de faire des travaux, mais on
lui demande de faire un rapport des travaux qu'elle a exécutés
durant ces deux ans.
Deuxièment, avec la demande de renouvellement qui doit se faire
avant la fin de la deuxième année du permis - le premier
renouvellement est pour cinq ans, le deuxième aussi - on demande un
programme détaillé et l'échelonnement des travaux
d'exploration projetés pendant la période de validité de
chaque permis ou groupe de permis, c'est-à-dire pour une période
de cinq ans.
Premièrement, c'est très difficile de faire un programme
d'exploration sensé pour une période de cinq ans.
M. Duhaime: Voulez-vous répéter cela, s'il vous
plaît?
M. Carrière: Je dis que c'est très difficile de
faire un programme d'exploration détaillé et
échelonné sur une période de cinq ans parce qu'un
programme d'exploration se modifie à mesure qu'on le fait, suivant les
résultats obtenus.
M. Duhaime: Si vous voulez me permettre d'ajouter pour mes
collègues de l'Opposition que cela s'applique au secteur privé
aussi bien qu'au secteur public.
M. Carrière: Oui, certainement. Ce que je veux savoir
c'est, pour celui qui fait une demande de renouvellement du permis, à
quelles conditions va-t-il obtenir? Il présente un programme
d'exploration pour cinq ans, bien que son obligation, durant les cinq ans,
c'est de faire des travaux pour un coût minimal de 1000 $ par
kilomètre carré, la première année; de 1500 $, la
deuxième année, de 2000 $, la troisième année, 2500
$, la quatrième année, et de 3000 $ la cinquième
année. Nous n'en avons pas, en particulier, contre ces dépenses
minimales, elles nous semblent acceptables. Nous nous demandons cependant dans
quelle mesure le programme projeté, le programme détaillé
qu'on demande de soumettre avec la demande de renouvellement, sera
utilisé pour le renouvellement ou le non-renouvellement du permis. S'il
n'est pas pour être utilisé, je ne vois pas pourquoi on le
demande. On va faire les travaux minimaux requis par la...
M. Duhaime: Si vous voulez avoir mon sentiment, c'est qu'on met
un plancher; le minimum. On ne développera ni l'Estrie ni aucune partie
du territoire visé par ce projet-là. Surtout lorsqu'on pense au
territoire qui est visé à l'heure actuelle, qui serait assujetti
à l'émission des permis spéciaux d'exploration, c'est
entendu que
cette réglementation va vers une dynamique de
développement. Je ne vous cacherai pas que, si c'est le minimum, il
pourrait peut-être y avoir un renouvellement une fois, deux fois, mais,
s'il n'y a aucun développement qui survient, il y a de grosses chances
que le ministère se pose de sérieuses questions sur le
sérieux des détenteurs du permis spécial qui se
contenteraient de faire des dépenses minimum, alors que, dans ce secteur
du Québec, on sait très bien qu'il y a un potentiel minier et que
c'est une loi archaïque qui a empêché le
développement. C'est pour cela que c'est dans la
réglementation.
M. Carrière: Alors, si je comprends bien, M. le ministre,
le renouvellement du permis risque de ne pas être fait si on s'en tient
aux travaux minimaux, au minimum de travaux exigés; il pourrait
être accordé ou ne pas être accordé suivant ce que
vous jugez être un programme d'exploration convenable pour la
région. Cela sera laissé au jugement du ministère.
M. Duhaime: Pour ne pas vous faire de cachette, vous avez
parfaitement raison.
M. Carrière: C'est dans ce sens-là que je dis que
des , dispositions comme celles-là sont discriminatoires envers le
prospecteur parce que le prospecteur qui aura obtenu un permis spécial
pour deux ans sans être obligé de faire des travaux et qui
demandera un renouvellement du permis - d'abord, il n'est pas en mesure de le
faire - vous ne le prendrez pas au sérieux s'il vous propose un
programme d'exploration de 1 000 000 $ pour les cinq années suivantes.
Il peut toujours vous proposer un programme de 10 000 $ pour les cinq
années suivantes, c'est à cela que se montent tes exigences
minimum, mais ce sont seulement les grandes compagnies qui pourront vous
proposer des programmes d'envergure comme ce que vous souhaitez.
M. Duhaime: Je renverserais l'argument parce que je pense que
votre argument est réversible, si vous me le permettez. Supposons qu'on
fait l'émission d'un permis spécial. Le permis est
renouvelé une fois, deux fois et celui qui est détenteur du
permis spécial se contente de faire des dépenses minimales,
suivant la lettre de la réglementation; allez-vous être d'accord
avec moi pour dire qu'il ne se fera pas beaucoup de développement sur le
plan économique?
M. Carrière: Si son territoire a beaucoup de potentiel, M.
le ministre... D'ailleurs, le mérite des prospecteurs qui ont
jalonné jusqu'à maintenant au Québec, ça
été d'attirer l'attention des compagnies puissantes ou moins
puissantes sur le mérite de leur propriété et de les
inciter à y dépenser les sommes que lui personnellement n'est
peut-être pas capable de dépenser, mais les sommes que justifie le
potentiel minéral de sa propriété.
M. Duhaime: Nous respectons votre point de vue.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Vallières: J'en ai ici.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: J'aimerais tout au moins que vous nous
précisiez votre point de vue -dans votre mémoire, vous y faites
allusion -vis-à-vis de votre réticence au niveau du mode de
compensation qui est prévu a l'endroit des propriétaires. Vous y
faites allusion dans votre mémoire. Vous pouvez peut-être nous
indiquer ce que vous en pensez.
M. Carrière: C'est une question un peu théorique.
Une compagnie qui va trouver un gisement minier sur un territoire où les
droits de mine auront été révoqués sera
obligée de donner 5% de ses profits, tel que défini dans la loi,
au gouvernement ou au ministère pour qu'ils soient distribués aux
anciens propriétaires. Cela peut être interprété
comme une pénalité à une compagnie pour avoir
trouvé un gisement sur des terrains où les droits de mine ont
été révoqués, plutôt que de l'avoir
trouvé ailleurs. Ce qu'on dit, nous autres, c'est que la compagnie qui a
trouvé un gisement dans les Cantons de l'Est ne doit pas, il nous
semble, être pénalisée pour avoir trouvé le gisement
là plutôt qu'ailleurs. Qu'elle paie les mêmes droits de mine
et que le gouvernement se charge de compenser à même ses fonds les
personnes dont les droits de mine ont été
révoqués.
M. Duhaime: On va être obligé d'augmenter les
impôts encore ou d'augmenter le déficit.
M. Carrière: Vous pénaliserez toutes les compagnies
également.
M. Vallières: Épargnez-nous cette fois!
M. Duhaime: II faudra couper dans d'autres dépenses. Vous
voulez nous envoyer une facture, si je comprends bien.
M. Vallières: Si on révoque les droits de mine, le
propriétaire du droit de mine, c'est le gouvernement. Par
conséquent, il pourrait, comme vous le mentionnez, payer à
même le droit d'exploitation de la mine qu'on connaît
présentement. Comme dit le ministre, peut-être que cela pourrait
impliquer des modifications aux montants qui sont exigés au niveau des
droits miniers. Si le gouvernement s'orientait vers cela, il serait
peut-être dans l'obligation de trouver des sources de revenus
supplémentaires pour payer les propriétaires qui sont
concernés.
M. Carrière: C'est peut-être notre souci de pousser
trop loin l'uniformité qui nous fait faire cette remarque, que les
compagnies qui trouvent des gisements miniers dans les Cantons de l'Est soient
traitées, quant aux taxes à payer et quant à la
distribution de leurs profits de la même façon que les compagnies
qui les trouvent n'importe où ailleurs au Québec.
C'est un point théorique. Je laisserai à l'Association des
mines de métaux du Québec débattre ce point davantage. Je
vois qu'elle en parle elle aussi dans son mémoire. Ce n'est pas un point
auquel nous de l'Association des prospecteurs tenons tellement.
M. Duhaime: Dois-je conclure que vous seriez disposés
à retirer de votre mémoire cette partie de votre
argumentation?
M. Carrière: À retirer quoi?
M. Duhaime: Dois-je conclure que vous seriez disposés
à retirer de votre mémoire cette partie de votre argumentation
concernant les indemnités et à laisser vos collègues de
l'Association des mines de métaux reprendre votre argumentation à
votre place sans pour autant vous sentir solidaires de leur position?
M. Carrière: Notre argumentation, si on devait la
présenter, resterait la même, mais on peut la retirer au
complet.
M. Duhaime: Merci.
M. Vallières: Votre point de vue m'apparaît
très important dans la discussion d'aujourd'hui, parce que vous
représentez les prospecteurs. Il ne faut jamais l'oublier. Je remarque
que, dans votre mémoire, vous insistez beaucoup sur le fait que tel que
c'est présenté actuellement, non seulement cela ne permettrait
pas de stimuler l'exploration, mais c'est qu'en particulier les individus et
les petites et moyennes entreprises dans le secteur de l'exploration seraient
pénalisés. À la page 6, entre autres, de votre
mémoire, vous nous dites: "On ne peut que constater que la PME
d'exploration minière québécoise et le prospecteur
individuel vont être nettement défavorisés par rapport aux
entreprises minières nationales, multinationales et paragou-
vernementales, dans l'octroi des droits de mine révoqués. On n'a
pour s'en convaincre qu'à considérer les nombreuses exigences que
pourront comprendre les règlements adoptés en vertu du paragraphe
u) de l'article 296 proposé par l'article 6 du projet." (12 h 30)
Ce paragraphe u), est-il nécessaire de rappeler qu'il fait suite
à toute une série de règlements, ce que le gouvernement
peut faire. Pour moi, c'est important de connaître votre point de vue
précis. Ce paragraphe u), qui vient s'ajouter à tous les autres
paragraphes qui, dans la loi actuelle des mines, se rendent jusqu'à t),
en quoi permet-il que, finalement, on va peut-être nuire à
l'exploration, en particulier aux individus et aux PME d'exploration
minière?
M. Carrière: Tout d'abord, ça ne répond pas
directement à votre question mais, le paragraphe u) vient à la
suite de nombreux autres paragraphes qui s'appliquent surtout à la
recherche du pétrole et du gaz naturel, des réservoirs
souterrains et des... Le paragraphe u), je pense qu'il est déjà
précisé par l'avant-projet de règlement qu'on a devant
nous. C'est ce que je commençais à dire tout à l'heure, en
réponse à la question du ministre. Dans l'octroi et dans le
renouvellement des permis, dans les conditions qu'on exige ou les normes ou les
critères dont le ministère se servira pour accorder le permis ou
accorder le renouvellement du permis, j'ai déjà dit, tout
à l'heure, les raisons pour lesquelles je pensais que ce n'était
pas favorable aux prospecteurs ou aux PME d'exploration.
Le deuxième aspect de l'avant-projet de règlement, c'est
le coût des permis qui seront accordés. Aujourd'hui, on peut
jalonner 80 hectares de terrain pour 10 $. On achète un permis de
prospecteur, on nous donne des plaques; évidemment, il faut que le
prospecteur aille sur le terrain et qu'il prenne une journée ou deux
pour jalonner ses cinq claims, ça lui coûte 10 $. Pour obtenir un
permis spécial, le même territoire lui coûtera 240 $, qu'il
sera obligé de payer en partant. La deuxième année, un
autre 240 $ pour son permis d'exploration, quoique le prospecteur, la
deuxième année, paiera 5 $ l'hectare pour le renouvellement de
son permis, ce qui est 60 $ du kilomètre carré, mais il aura
été obligé de faire des travaux pour 500 $ du
kilomètre carré. Alors, le prospecteur, dans les deux
premières années d'un claim, est obligé de faire des
travaux. En vertu d'un permis spécial, il n'est pas obligé de
faire des travaux, mais il est obligé de donner de l'argent, de faire
ses paiements sur son permis spécial. Arrive la troisième
année, le prospecteur qui a fait ses travaux peut garder ses claims pour
la troisième année. S'il ne fait pas de travaux
la troisième année, à la fin de l'année il
perd ses claims ou bien, il paie la différence. Ce qu'il aurait dû
faire en travaux sur le terrain, 1000 $ du kilomètre carré, il
faut qu'il le donne au gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M.
Carrière. Il passe la demie et il faudrait suspendre la séance,
à moins que les questions ne durent pas encore trop longtemps. On serait
censé suspendre actuellement, par ordre de l'Assemblée
nationale.
M. Vallières: J'ai d'autres questions pour votre groupe.
Est-ce que ça peut se terminer à 13 heures? Il reste quand
même deux intervenants, on ne pourra pas terminer avant 13 heures.
Le Président (M. Laplante): Non, les autres intervenants
vont revenir après la période des questions pour 3 h 15.
M. Vallières: Moi, il me reste deux ou trois
questions.
Le Président (M. Laplante): On peut donner dix
minutes.
M. Vallières: Oui, ce serait suffisant.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Grégoire: Oui, consentement.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, monsieur.
M. Carrière: Alors, pour la troisième année,
c'est l'année où l'on demande le renouvellement du permis. Le
prospecteur est obligé de donner, pour chaque kilomètre
carré de permis spécial qu'il détient, il est
obligé de donner 10 000 $ au ministère sous forme d'argent
comptant ou de chèque ou d'obligation garantie par le gouvernement du
Québec ou le gouvernement du Canada ou de fournir au ministère
une police d'assurance-garantie. À toutes fins utiles, pour
répondre directement à votre question, on voit que tout le monde
est traité sur le même pied, mais tout le monde n'est pas aussi
riche. Comme on sait que le prospecteur est pauvre et que les grandes
compagnies sont moins pauvres que le prospecteur, des paiements comme ça
pour le permis, c'est plus à la portée des grandes compagnies
qu'à la portée du prospecteur. C'est tout.
M. Vallières: Merci. Cela précise, en tout cas pour
moi, cet élément-là qui m'apparaît très
important compte tenu du rôle important qu'ont joué les PME et les
prospecteurs en tant qu'individus dans le passé au Québec par le
mode de jalonnement. Je me dis qu'il faudrait absolument que le ministre tienne
compte de ce point de vue qui m'apparaît très important dans la
discussion actuelle. Si on élimine tous les petits prospecteurs, je me
demande où on va s'en aller.
Il y a également une question que je veux vous poser sur
l'article 6 parce que le ministre vous a demandé de donner votre point
de vue là-dessus tantôt. On dit: L'article 6 permettra au
gouvernement de délimiter par règlement les territoires où
des permis spéciaux seront requis n'importe où au Québec.
Il semblerait que le ministre soit prêt à indiquer que, dans
l'avenir, pour être en mesure, exception faite de l'Estrie, d'agrandir le
territoire, il faudrait revenir devant la Chambre et vous consulter à
nouveau, de même que pour tout ce qui a trait à la
détermination par règlement de diverses conditions comme la
durée des droits conférés, le renouvellement, la rente
annuelle, les travaux requis, en somme tout ce qui est couvert actuellement par
les sections III et IX de la Loi sur les mines. Je veux vous indiquer que
j'espère que vous avez très bien compris ce que le ministre vous
a signifié tantôt. Finalement, vous proposez qu'on applique dans
les Cantons de l'Est ce que vous refusez qu'on applique ailleurs au
Québec par le projet de loi 35, au moment où l'on se parle, tout
au moins.
M. Carrière: On ne l'accepte pas. M. le ministre me
souligne qu'on semble toujours être contre, mais au moins, si le
territoire visé est inscrit dans la loi comme le ministre nous l'a
souligné, on se dira que, si on exclut les prospecteurs, à toutes
fins utiles, d'un territoire de 17 000 kilomètres carrés, on ne
les exclut pas du reste de la province.
M. Vallières: C'est un mal quand même, mais c'est un
moindre mal.
M. Descarreaux (Jean): Si je peux parler, ce serait comme si le
ministre des Transports décrétait un règlement
spécial pour les Cantons de l'Est. Ailleurs au Québec, les
voitures, vous allez continuer de conduire à droite, mais dans les
Cantons de l'Est, pour une certaine région, on va conduire à
gauche. Je ne vois pas ce qu'il y a de spécial pour les Cantons de
l'Est. Je ne vois pas pourquoi on donnerait un statut spécial à
cette région-là; je ne comprends pas encore pourquoi.
M. Vallières: C'est ça que j'essaie de savoir du
ministre et peut-être qu'à la fin de nos débats il pourra
nous l'indiquer, mais il semblerait véritablement que c'est une
expérience qu'on veut tenter pour
éventuellement l'élargir, si c'était positif,
à la grandeur du Québec.
M. Duhaime: Pour reprendre votre exemple, M. Descarreaux, je
pense qu'on l'a déjà fait; je ne me souviens pas si c'est en
Irlande ou en Ecosse, mais c'était seulement pour les camions: les
voitures continuaient de circuler à gauche et les camions circulaient
à droite.
M. Descarreaux: Dans le Nouveau-Québec où il n'y a
pas de routes, je comprends qu'on procède par permis; ça
coûte tellement cher de se rendre là. Mais je ne comprends pas
pourquoi on donnerait un statut différent pour les Cantons de l'Est
comparé au Nord-Ouest du Québec. Le jalonnement à
l'intérieur des limites des villes, c'est déjà
prévu dans la loi, il faut demander une permission spéciale pour
aller jalonner dans les limites des villes. Les villes des Cantons de l'Est,
c'est beaucoup plus petit que 20 000 kilomètres carrés, je serais
curieux de savoir, c'est peut-être 100 ou 200 kilomètres
carrés. Je ne vois pas pourquoi on étend ça à 20
000 kilomètres carrés. Je ne vois pas pourquoi on a un statut
spécial pour les Cantons de l'Est.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Richmond.
M. Vallières: Une dernière. Si le ministre, dans sa
grande bonté, à la fin de nos travaux, nous indiquait qu'il se
contentera de révoquer les droits de mines et qu'il retirera toute la
question relative aux permis spéciaux, est-ce qu'on peut dire que
ça satisferait la grande majorité des membres que vous
représentez?
M. Carrière: Et qu'il accordera l'accès à la
propriété de ces droits de mine par le jalonnement, tel qu'il est
prévu dans la loi actuelle?
M. Vallières: En vertu de la Loi sur les mines
actuelle.
M. Carrière: C'est ce que nous demandons, c'est ce que
nous souhaitons; nous serions complètement satisfaits.
M. Descarreaux: En somme, ça se résume à
changer légèrement l'article 240.6, remplacer "permis
spécial d'exploration" par "jalonnement" et à laisser tout
simplement tomber l'article 6. Je serais d'accord.
Le Président (M. Lapante): Avez-vous un commentaire avant
de terminer, M. le ministre?
M. Duhaime: On peut entendre Me Beausoleil, s'il a quelque chose
à ajouter.
M. Beausoleil: C'est seulement quelques points techniques. Je
pourrais communiquer directement avec votre contentieux, si vous voulez.
M. Vallières: J'aimerais, s'il vous plaît, M.
Beausoleil, que vous le fassiez également avec les gens de l'Opposition,
qui auront peut-être besoin de vos précieux conseils à un
moment donné; ce que vous faites d'un côté de la table,
faites-le de l'autre côté également, s'il vous
plaît.
M. Duhaime: Si vous le jugez utile, remarquez bien, ce n'est pas
une contrainte.
M. Beausoleil: Si vous le voulez. Le premier point touche la
question de bails miniers. Actuellement, tant dans le projet de loi 35 que dans
le projet de règlement, il n'est prévu aucun titre pour
l'exploitation, c'est-à-dire qu'au bout de douze ans le prospecteur ou
la compagnie minière se retrouve face à rien.
Le deuxième point, c'est un point technique aussi. L'article 3 de
la Loi sur les mines prévoit que tous les titres émis en vertu de
la Loi sur les mines constituent des droits réels et immobiliers. C'est
très important au niveau du financement. Je remarque qu'il n'y a pas
d'amendement qui a été fait à l'article 3 pour y inclure
le permis spécial d'exploration.
M. Duhaime: Vous souhaiteriez donc une disposition
déclaratoire dans le projet de loi 35 qui dirait que le permis
spécial d'exploration est un droit immobilier?
M. Beausoleil: Est un droit immobilier.
M. Duhaime: Adopté, quant à moi. Cela ne pose aucun
problème.
M. Beausoleil: Troisièmement et dernièrement. Le
juge des mines a juridiction sur tout conflit sur le terrain. À
l'article 308, la liste de tous les titres prévus dans la Loi sur les
mines est incluse. Il faudrait peut être ajouter encore le permis
spécial d'exploration pour que le juge des mines ait juridiction sur les
conflits prenant naissance sur ces terrains.
M. Duhaime: Toujours dans l'hypothèse où à
la limite, avec les réserves que j'indiquais tantôt qui pourraient
être discutées lors de l'étude article par article... Si
nous retenions, en toute hypothèse, la problématique d'un permis
spécial d'exploration, vous souhaiteriez voir... Je retiens en tout cas
tout de suite, parce que ça m'apparaît être de la
législation de concordance, vos deux dernières remarques.
Pour ce qui est du bail minier qui était votre premier point, je
n'ai pas le signal de
mon contentieux, mais j'aimerais bien que vous puissiez le rencontrer,
si le temps vous le permet, et dans les meilleurs délais, afin que vos
suggestions soient faites à nos légistes.
M. Beausoleil: D'accord.
M. Duhaime: Je vous remercie, messieurs.
Le Président (M. Laplante): Cette commission vous remercie
de la présentation de votre mémoire.
Les travaux de cette commission sont ajournés sine die,
c'est-à-dire selon l'ordre de l'Assemblée nationale.
M. Duhaime: Si vous me le permettez, M. le Président, je
proposerais ceci quant aux deux derniers intervenants que nous devons entendre
cet après-midi: l'Association des mines de métaux du
Québec, qui est représentée par M. Adrien Bois, et M.
Everette Taylor. Je proposerais au leader du gouvernement de convoquer à
nouveau la commission pour 17 heures cet après-midi. Je pense que si on
allait jusqu'à 18 heures ou 18 h 30 on en aurait suffisamment pour
disposer des dernières interventions, si ça vous convient. Est-ce
que ça convient, M. Vallières?
M. Vallières: Parfaitement.
M. Duhaime: Cela donnerait deux heures de plus pour
dîner.
Le Président (M. Laplante): Sur ça les travaux sont
ajournés sine die. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise de la séance à 17 h 19)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission de l'énergie et des ressources sur le projet de loi no 35,
Loi sur la révocation des droits de mine et modifiant la Loi sur les
mines, afin de recevoir des groupes en vertu de cette loi.
Les membres de cette commission sont: MM. Bélanger
(Mégantic-Compton), Bordeleau (Abitibi-Est), Duhaime (Saint-Maurice),
Dussault (Châteauguay), Fortier (Outremont), Grégoire (Frontenac),
LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Middlemiss (Pontiac), Perron (Duplessis), Rodrigue
(Vimont), Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: MM. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue),
Ciaccia (Mont-Royal), De Belleval (Charlesbourg), Desbiens (Dubuc), Hains
(Saint-Henri), Levesque (Bonaventure), Marquis (Matapédia), O'Gallagher
(Robert Baldwin) Tremblay (Chambly).
Association des mines de métaux du
Québec
Lorsque nous avons suspendu nos travaux à 12 h 45 nous
étions rendus à appeler le groupe no 4, l'Association des mines
de métaux du Québec. J'invite monsieur à s'identifier et
à identifier l'organisme qu'il représente. J'apprécierais
beaucoup - ce dont je vous ai parlé ce matin - si vous étiez
capable de résumer en quelques minutes votre mémoire, d'en
présenter les principales recommandations, parce que les membres de la
commission l'ont tous lu et ils sont prêts à aller aux questions
aussitôt que vous aurez fini votre présentation.
M. Langlois (Gonzague): M. le Président, je vous remercie.
Mon nom est Gonzague Langlois. Je suis le directeur général de
l'Association des mines de métaux du Québec. Le président
de mon association me prie de l'excuser, il a été pris par des
problèmes d'exploitation de dernière minute et n'a pas pu se
rendre ici.
Je suis accompagné, à ma gauche, par le Dr Robert
Sabourin, qui est le directeur d'exploration à Noranda Limitée et
à ma droite, par M. Guy Lacroix, qui est directeur aux relations
publiques et membre de l'AMM.
D'abord, M. le ministre, M. le Président, j'aimerais vous
remercier de nous recevoir ici en commission parlementaire pour donner notre
point de vue au sujet de la loi no 35. Étant donné que nous
passons en quatrième, et que les discussions ont apporté
peut-être certaines mini-concessions de la part du ministre, ce sera
probablement la première fois où, avant de présenter un
mémoire, on a déjà eu des semblants de concessions. De
toute façon on verra par la suite si on peut en obtenir plus.
M. Duhaime: ... en plus, M. Langlois.
M. Langlois: Je ne sais pas si je peux résumer, de toute
façon je pense qu'on est le seul, il y a seulement un autre intervenant
après nous. J'aimerais bien autant que possible - parce qu'on touche des
points qui n'ont pas été touchés ce matin -lire notre
mémoire. Je ne suis pas un expert pour faire des résumés
de mémoire, surtout quand c'est inscrit au procès-verbal de la
réunion.
Je ne veux pas répéter la première partie, parce
que je pense que tout le monde est d'accord que la loi 35, en vertu de
l'amendement à l'article 237, vienne révoquer les droits de mine
qui ont été concédés avant 1880. Cette page, je
pourrais la passer. Étant donné que tout le monde est là,
on peut dire qu'il y a un consensus. Tout
le monde est d'accord pour que les droits de mine soient
révoqués dans les conditions décrites à l'article
237. Cependant, le projet de loi 35 va plus loin. Le législateur profite
de l'occasion pour assurer un contrôle plus poussé sur le
jalonnement et une redistribution plus discrétionnaire des droits
miniers sur les territoires révoqués par le moyen de permis
spéciaux.
J'aimerais vous expliquer que j'ai fait une deuxième version du
mémoire à la suite de la réception des règlements
que nous avons reçus en fin de journée vendredi. J'ai
essayé de refaire, pas complètement, mais une partie du texte de
manière à intégrer ce que les règlements me
suggéraient. Je dois dire aussi que les deux projets de
règlements que nous avons reçus vendredi dernier nous
éclairent un peu mieux sur les intentions du gouvernement.
Enfin, alors que le texte de la présente Loi sur les mines nous
semble, en général, clair et précis, certains articles du
projet de loi 35 nous paraissent confus et certains même superflus. Tout
d'abord, l'article 1 du projet de loi 35 élargit considérablement
les territoires sur lesquels l'article 27 de la Loi sur les mines s'appliquera,
c'est-à-dire les territoires pour lesquels il faudra une permission
spéciale du ministre avant de jalonner des terrains. Je me permets de
lire le paragraphe qui a été amendé.
L'article 27 de la loi dit: "Personne ne peut sans la permission
écrite du ministre jalonner les terrains..." Évidemment, il y a
les sous-paragraphes a, b, et c qui traitent surtout des terrains qui sont mis
de côté comme lots de village; des terrains subdivisés en
lots, et tout cela; des terrains situés dans les limites d'une
cité ou d'une ville; des terrains réservés en vertu
paragraphe b de l'article 301; des terrains situés dans le territoire du
Nouveau-Québec; enfin, le paragraphe qui a été
amendé, des terrains situés dans les limites d'un territoire
visé dans l'article 240.6, c'est-à-dire sur les territoires qui
sont révoqués en vertu des articles 230, 237 et 240, ainsi que
ceux révoqués par règlement.
On peut comprendre facilement la nécessité d'obtenir la
permission du ministre pour jalonner dans le Nouveau-Québec,
étant donné les conditions différentes qui existent pour
explorer le territoire. On comprend plus difficilement que cette
nécessité existe aussi pour les territoires
réservés par ordonnance du ministre pour fins de travaux
d'inventaires et de recherches minières, en vertu du paragraphe b) de
l'article 301. Cette mesure, mise en vigueur par un amendement à la Loi
sur les mines en 1977, avait d'ailleurs été fortement
critiquée par le secteur privé qui y voyait une seconde
intervention gouvernementale dans le secteur des ressources minérales,
après les sociétés d'État.
Enfin, on comprend beaucoup moins pourquoi l'article 27 est de nouveau
amendé pour aussi exiger la permission écrite du ministre
lorsqu'on voudra faire du jalonnement sur tous les territoires nouvellement
révoqués.
Dorénavant, si le projet de loi 35 est accepté, en vertu
de l'article 27, une permission écrite du ministre sera
nécessaire pour jalonner sur environ 50% du territoire
québécois, soit le Nouveau-Québec - on ne dit pas que
c'est la loi 35 qui met cela en vigueur, cela l'était déjà
avant - les territoires requis par ordonnance en vertu de l'article 301, tout
le territoire révoqué en vertu des articles 230, 237, et 240, en
plus de certains autres terrains déterminés par
règlement.
L'article 2 du projet de loi 35, en amendant l'article 28 de la Loi sur
les mines, nous semble même aller beaucoup plus loin. Ce nouvel article
28 se lirait comme suit: "Personne ne peut, sans l'autorisation du
gouvernement, jalonner les terrains: a) - c'est un paragraphe amendé
-dans lesquels l'or et l'argent sont réservés à la
couronne;"
À notre connaissance, l'or et l'argent sont
réservés à la couronne non seulement sur les territoires
où les droits de mine avaient été concédés,
tel que décrit à l'article 237, mais aussi sur tout le territoire
québécois dont les droits de mine n'ont pas encore
été concédés. Est-ce à dire qu'après
l'adoption du projet de loi 35 il ne sera plus possible de jalonner des
terrains sans obtenir, d'une part, une permission écrite du ministre ou,
d'autre part, d'effectuer des travaux d'exploration ou de mise en valeur sans
obtenir un permis spécial du ministre, tel que requis par l'article
240.6 du projet de loi 35? Cet article, tel que présentement
rédigé, pourrait très bien s'appliquer - je parle de
l'article 240.6 - à tout le territoire québécois avec un
règlement approprié.
On peut facilement imaginer que l'obtention d'une permission
écrite du ministre sera soumise à certaines exigences, par
exemple des informations sur les terrains que le prospecteur veut jalonner, tel
que stipulé en vertu de l'article 29 de la loi actuelle. Une telle
mesure pourrait, dans certains cas, être la cause de cloute, pour les
intervenants insatisfaits, sur la justesse de la décision prise puisque
le ministre peut, en vertu de l'article 301b, par ordonnance, réserver
à la couronne, pour fin de travaux d'inventaires ou de recherches
minérales, tout terrain où les droits de mine lui
appartiennent.
D'autre part, l'obtention de permis spéciaux, en vertu de
l'article 240.6, nécessaires pour effectuer des travaux d'exploration et
de mise en valeur dans les terrains révoqués en vertu des
articles 230,
237 et 240, ainsi que pour d'autres terrains révoqués dans
un territoire défini par règlement, est soumise aux exigences du
paragraphe u) de l'article 296. Je pense que je ne lirai pas le paragraphe. Je
pense qu'il est dans la loi et tout le monde le connaît.
On s'aperçoit, à la lecture de ce paragraphe, combien il
sera difficile pour le demandeur de répondre à toutes les
exigences de la réglementation ci-haut mentionnée. On
s'aperçoit de plus que le demandeur aura pratiquement à
dévoiler ses secrets sans jamais être assuré que la
décision sera prise en sa faveur.
Les éléments hautement discrétionnaires que
comporte la nouvelle loi dans l'émission des permissions écrites
et des permis spéciaux, surtout des permis spéciaux, ne peuvent
qu'affaiblir, dans l'esprit des intéressés, le statut
d'impartialité qui devrait toujours lui être reconnu par tous.
Il est vrai que la Loi actuelle sur les mines mentionnait, à
l'article 238, l'émission de permis spéciaux, mais pour
l'exploitation seulement après la révocation d'une concession
minière ou des droits de mine. D'ailleurs, le dernier paragraphe de
l'article permet une réouverture au jalonnement après la
révocation.
De toute façon, cet article disparaît avec le projet de loi
no 35. (17 h 30)
La Loi actuelle sur les mines, aux articles 298 et 299, stipule aussi
que l'émission de permis spéciaux est nécessaire pour
l'exploration dans le Nouveau-Québec; ce qui est fort
compréhensible, étant donné les conditions
spéciales qui existent sur ce territoire et le fait que, pour être
rentables, les dépôts découverts doivent être
très importants.
Par contre, dans le cas de l'article 240.6, le permis spécial
pourrait s'appliquer sur tout le territoire québécois si le
gouvernement adoptait une réglementation appropriée. Le
changement de système pour l'obtention des droits de mine sur les
territoires révoqués, c'est-à-dire la demande du permis
spécial d'exploration et de mise en valeur, nous apparaît une
façon hautement discrétionnaire qui, comparée à la
présente méthode de jalonnement, comporte beaucoup plus de
désavantages que d'avantages, surtout lorsqu'on tient compte de la
nouvelle réglementation pour l'obtention du permis spécial
inscrit à l'article 6 du projet de loi. Le moins que l'on puisse dire,
c'est que l'approche démocratique que contenait l'obtention des droits
de mine par jalonnement aura complètement disparu avec l'apparition de
permis spéciaux. Car seulement ceux, et ils sont peu nombreux, qui
répondront aux normes sévères inscrites au
règlement pourront songer à demander un permis spécial
sans, évidemment, être sûrs de l'obtenir.
Il y aura nécessairement un choix à faire lorsque
plusieurs feront une demande pour le même permis. Malgré toute
l'intégrité et l'impartialité que le ministre aura mises
dans son choix, il sera impossible de convaincre les laissés-pour-compte
qu'il n'y a pas eu de favoritisme. De plus, l'obligation d'obtenir la
permission écrite du ministre pour jalonner détruit le
caractère plus ou moins confidentiel à l'obtention des droits de
mine, si nécessaire à la motivation du prospecteur.
On fait état beaucoup trop des effets de nuisance que pourrait
avoir le jalonnement sur un territoire aménagé. Le fait que l'on
délimite par règlement, pour les permis spéciaux, une
partie seulement du territoire révoqué enlève beaucoup de
poids à l'argument de nuisance. Depuis que la Loi sur les mines existe,
il s'est fait beaucoup de jalonnement dans les Cantons de l'Est, par exemple,
sans inconvénients majeurs pour les terrains aménagés.
L'effet de nuisance le plus grave existe quand on fait des travaux
d'exploration, et les permis spéciaux n'enlèveront absolument
rien à ce sujet. D'ailleurs, les projets de règlement qu'on nous
a fait parvenir il y a quelques jours confirment cette interprétation
selon nous. À l'article 2 du règlement sur les permis
spéciaux, on répète intégralement le contenu de
l'article 240.6, c'est-à-dire, selon notre interprétation, que
compte tenu d'un règlement approprié, cet article pourrait
s'appliquer à tout le territoire québécois. Ce n'est que
dans le deuxième projet de règlement que l'on vient limiter la
juridiction de l'article 240.6 à 20 000 kilomètres carrés
environ. Si on avait voulu strictement faire une expérience avec les
permis spéciaux, le législateur aurait normalement inscrit le
territoire dans la loi et, à tout le moins, dans le règlement sur
les permis spéciaux. C'est une suggestion qui a été faite
ce matin par le ministre.
Nous n'excluons pas l'interprétation de faire une
expérience de l'allocation des droits de mine par permis
spéciaux. Cependant, il y a une autre interprétation que l'on
peut donner à ces anomalies, et c'est que le législateur veut
faire avaler à la petite cuillère au secteur privé le
changement énorme que sera l'émission de permis spéciaux,
se réservant le droit d'agrandir le territoire par règlement,
comme le lui permettrait l'article 240.6. Selon notre interprétation, le
permis spécial est nécessaire pour faire de l'exploration sur
tout le territoire évoqué; c'est du moins ce qu'on comprend de
l'article, présentement. Le règlement ne fait que décrire
un certain territoire qui, à la limite, pourrait être
étendu à tout le territoire québécois.
D'autre part, il y a certaines autres choses dans le règlement
qui nous apparaissent passablement sévères. Je pense
que cela a été souligné ce matin par l'Association
des prospecteurs; ce sont eux qui sont les plus concernés. J'aimerais
peut-être passer ce chapitre au sujet de la
sévérité, je pense que cela a été assez bien
expliqué ce matin par les prospecteurs.
Il y a une chose tout de même que je ne voudrais pas passer sous
silence, c'est que nous ne retrouvons, dans les 32 articles du règlement
sur l'émission des permis spéciaux, aucune indication sur le
mécanisme suivant lequel les permis spéciaux seront émis
lorsqu'il y a aura plus d'une application pour un même permis. Nous ne
pouvons donc interpréter l'émission des permis spéciaux
comme étant entièrement discrétionnaire. Je crois que
ça devrait être absolument nécessaire, dans ce
règlement au moins, d'inscrire quelle méthode le ministre ou le
ministère devra suivre pour l'émission des permis spéciaux
dans les cas où il y aurait plus d'un permis à émettre,
c'est-à-dire qu'il y aurait plusieurs personnes qui demanderaient un
permis spécial.
Pourquoi ne pas continuer un système qui a fait ses preuves
depuis de nombreuses années. C'est encore, selon nous, le meilleur moyen
d'assurer le développement de nos richesses minérales et de le
faire par voie démocratique, surtout à un moment où la
Commission des valeurs mobilières et la Bourse de Montréal sont
à modifier de façon importante leurs normes, afin d'assurer plus
facilement le financement public des compagnies juniors d'exploration
minière.
Les articles 239 et 240 nous apparaissent ambigus. L'article 239 dit que
la révocation ne s'applique pas aux gisements en exploitation ou sur un
terrain où il existe des indices suffisants pour l'existence d'un
gisement d'un minerai. Par contre, l'article 240 stipule que les droits miniers
mentionnés à l'article 239 sont révoqués si, dans
les 180 jours de l'adoption de la présente loi, le propriétaire
fait défaut de produire une déclaration au registraire contenant,
entre autres, un rapport d'ingénieur dans le cas d'un gisement de
minerai exploité un non.
Tout d'abord, il y aurait lieu pour le législateur de bien
clarifier si les articles 239 et 240 se rapportent strictement aux droits
miniers révoqués en vertu de l'article 237 ou à tout le
territoire québécois. J'admets mon ignorance de
l'interprétation légale de cet article, mais je ne vois aucune
référence à savoir que cela s'applique strictement aux
territoires révoqués. De toute façon, je comprends, selon
les affirmations que l'on a obtenues, que l'intention du législateur est
d'appliquer les dispositions des articles 239 et 240 seulement aux droits
miniers révoqués en vertu de l'article 237. Mais ce n'est pas
indiqué clairement dans le texte puisque nulle part, dans ces articles,
on n'y fait référence. Il y a donc lieu d'ajouter cette
clarification.
D'ailleurs, nous nous opposerions de toutes nos forces si ces articles
s'appliquaient à l'ensemble du territoire québécois.
D'autre part, la méthode de révocation utilisée aux
articles 239 et 240 peut être interprétée comme un
recensement général des ressources minérales dans le
territoire visé - je crois que c'est ce que l'on cherche en
établissant cela - aux frais du détenteur et des
propriétaires, puisque le dernier paragraphe de l'article 240 exige un
rapport d'ingénieur dans les 180 jours pour éviter la
révocation.
On procède à l'inverse de la présente Loi sur les
mines qui, en cas de révocation, avertit le propriétaire 90 jours
à l'avance, alors que le nouvel article 240 obligera ce même
propriétaire à satisfaire dans les 180 jours aux exigences de cet
article pour éviter la révocation.
Il est sûr que ces nouvelles dispositions élimineront un
certain nombre de détenteurs de droits de mine, qui ne pourront ou ne
voudront pas rencontrer les exigences qui pourraient s'avérer
très onéreuses dans certains cas.
L'article 240.1 mentionne le taux des redevances qui devront être
défrayées dans l'avenir, lorsqu'une mine entrera en exploitation
après la révocation en vertu de l'article 237. Tout d'abord, les
propriétaires dont les droits ont été acquis avant 1880 ou
provenant de terres concédées en tenure seigneuriale, à
condition qu'ils n'aient pas obtenu de concession minière par la suite,
ne sont pas propriétaires de l'or et de l'argent puisque les
métaux précieux ont toujours appartenu à la couronne.
Toute exploitation d'or et d'argent sur ces territoires ne devrait
évidemment pas être assujettie à des redevances pour les
anciens propriétaires de terrains.
En second lieu, nous croyons que l'indemnité que devrait recevoir
la personne dont les droits de mine ont été
révoqués devrait provenir d'un pourcentage des droits miniers qui
ont été payés par l'exploitant au gouvernement
québécois, au lieu d'être un pourcentage des profits de
l'exploitant. Il est vrai que l'article 239 de la Loi sur les mines stipule une
redevance annuelle de 5% des profits réalisés par l'exploitation
des droits du propriétaire. Dans le cas de la révocation des
droits de mine des propriétaires par le gouvernement, c'est, selon nous,
ce dernier qui devient en dette avec l'ancien propriétaire. En
acquérant les droits de mine du gouvernement, après la
révocation, l'exploitant ne devrait être redevable qu'à
celui-ci; ce dont il s'acquitte présentement amplement par les taxes
minières et autres redevances. En somme, l'exploitant du gîte
minéral sur les terrains révoqués ne devrait pas
être soumis à des règles différentes de celles qu'il
doit respecter pour les droits de mine acquis sur les territoires
présentement
détenus par la couronne.
Enfin, certains articles du projet de loi 35 nous apparaissent ambigus
et même superflus. Par exemple, les articles 239 et 240, que nous avons
commentés auparavant, nous apparaissent plus ou moins confus, alors que
le dernier paragraphe de l'article 240.7 nous apparaît pratiquement
incompréhensible. Ce paragraphe se lit comme suit, c'est l'article
240.7, deuxième paragraphe: Le détenteur d'une option, d'un bail
ou de tout autre titre accordé par l'ex-propriétaire de droits de
mine révoqués et en vigueur à la date du
dépôt du présent projet de loi peut en exercer les droits
lorsque, à son préjudice, il refuse ou néglige de le
faire. J'avoue sincèrement que, n'étant pas avocat, je n'ai pas
du tout compris ce paragraphe. Enfin, l'article 241 nous apparaît
superflu puisque le mot à mot semble être exactement le même
que l'article 241 de la Loi sur les mines.
En conclusion, alors que, selon les informations reçues, nous
nous attendions à un projet de loi traitant exclusivement de la
révocation des droits de mine, s'ils étaient
concédés avant 1880, en tenure seigneuriale ou les droits de mine
compris dans les concessions minières accordées avant 1911, le
projet de loi no 35 nous met en face d'une vaste réforme qui restreint
et contingente considérablement le droit au jalonnement pour l'obtention
des droits de mine, en exigeant préalablement un permis du ministre. Sur
les territoires révoqués, un permis spécial soumis
à des conditions d'obtention très sévères devient
nécessaire pour effectuer des travaux d'exploration et de mise en
valeur. Avec l'adoption d'un tel projet de loi, le secteur privé fera
face à un contrôle du gouvernement beaucoup plus rigide,
embarrassant et discrétionnaire lorsqu'il voudra obtenir des droits de
mine pour effectuer des travaux d'exploration et de mise en valeur des
richesses minérales sur le territoire québécois.
Il ne fait aucun doute dans notre esprit que la méthode de
jalonnement actuelle, malgré certains inconvénients mineurs, est
la plus démocratique et la plus juste pour acquérir des droits de
mine de la couronne. Elle a fait ses preuves depuis les débuts de
l'industrie minière et, à l'exception des territoires du
Nouveau-Québec, il n'y a aucune raison soit de la remplacer par des
permis spéciaux assortis de conditions que seulement un petit nombre
peut remplir, soit de l'astreindre à une permission écrite du
ministre.
Il se peut que ce ne soit pas dans l'esprit du législateur de
vouloir restreindre exagérément la l'allocation des droits de
mine pour le secteur privé, car cela entrerait directement en
contradiction avec certaines initiatives gouvernementales entreprises au cours
des dernières années pour permettre une plus grande implication
de la population dans le développement de nos richesses
minérales, par exemple, l'établissement des
sociétés en commandite, les allégements fiscaux aux
investisseurs dans les travaux d'exploration, la révision de la
réglementation de la Commission des valeurs mobilières, etc. Il
faut malheureusement avouer que le projet de loi no 35, tel que
rédigé, projette assurément une image complètement
différente et va à l'inverse des initiatives entreprises au cours
des dernières années. En somme, le projet de loi no 35, dans sa
forme actuelle, nous apparaît inacceptable et nous recommandons fortement
au gouvernement de ne conserver dans ce projet de loi que les articles qui ont
rapport à la révocation des droits de mine tels que
décrits à l'article 237.
En terminant, peut-être me permettriez-vous, M. le
Président, de dire qu'il y a matière, dans le projet de loi no
35, à au moins deux projets de loi. Je ne veux pas donner d'idée
à l'Opposition mais il y aurait peut-être matière à
faire sonner la cloche plus longtemps que d'habitude. Merci, M. le
Président.
Le Président (M, Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre.
M. Duhaime: Merci, M. Langlois. Je ne voudrais pas reprendre dans
le détail l'exposé que vous venez de faire et qui est contenu
essentiellement dans le mémoire dont vous venez de donner lecture, mais
je voudrais commenter un certain nombre de choses. Je vous renvoie, si vous
voulez bien me suivre, a la page 3, au bas de la page. Indépendamment de
la discussion que nous avons eue ce matin avec les groupes qui vous ont
précédé, votre mémoire dit: "Enfin, on comprend
beaucoup moins pourquoi l'article 27 est de nouveau amendé pour, aussi,
exiger la permission écrite du ministre lorsqu'on voudra faire du
jalonnement sur tous les territoires nouvellement révoqués."
À la page 4, je pensais que j'étais en train de lire le
journal tantôt et je me suis trompé, vous mentionnez "...
nécessaire pour jalonner sur environ 50% du territoire
québécois, soit le Nouveau-Québec, les terrains requis par
ordonnance en vertu de l'article 301, tout le territoire révoqué
en vertu des articles 230, 237, 240, en plus de certains autres terrains
déterminés par règlement." Je ne veux pas reprendre toute
la discussion que nous avons eue ce matin avec le premier groupe que nous avons
entendu, le CRD de l'Estrie, mais je pense que tout le monde s'entend ici,
autour de la table en tout cas, sur la compréhension du projet de loi
à savoir que le permis spécial d'exploration ne serait
émis et ne serait en vigueur qu'en rapport avec le territoire dont il
est question dans l'annexe 1 du projet de
règlement, c'est-à-dire à peu près 20 000
kilomètres carrés dans l'Estrie. Ce n'est donc pas, et loin de
là, 50% du territoire québécois; donc, c'est une
superficie très précise. (17 h 45)
J'ajoute essentiellement ceci. Un peu plus loin, vous faites une
remarque intéressante au sujet de l'article 2, au sujet de l'or et de
l'argent. Il n'y a pas seulement l'Opposition qui a de l'imagination, M.
Langlois, prenez ma parole. On va essayer de trouver une mécanique pour
aller rejoindre votre préoccupation. Je voudrais essentiellement
répéter ce que je disais ce matin, parce qu'on retrouve votre
inquiétude - je l'appelle comme cela - au troisième paragraphe de
la page 4, où il est dit à la dernière ligne: Et cet
article - en se référant à l'article 240.6 - tel que
présentement rédigé pourrait très bien s'appliquer
à tout le territoire québécois avec un règlement
approprié. Je comprends que vous ne pouviez en aucune manière
anticiper sur l'état de nos réflexions avant que l'on se
rencontre ici. L'ouverture que je faisais ce matin tient toujours. Nous
pourrions très bien rédiger le projet de loi et inclure dans la
loi le territoire qui est actuellement visé par règlement, de
sorte que je rejoindrais dans ce sens et ce faisant votre propre
préoccupation, de même que celle qui a été
mentionnée par les autres que nous avons entendus depuis le matin.
Je voudrais aussi réagir sur un aspect qui se retrouve aux pages
5 et 6 de votre mémoire. Sur les renseignements que le ministère
demanderait, il faut bien comprendre d'abord que les renseignements ne sont pas
demandés au moment où le permis spécial d'exploration est
émis, c'est bien évident. Je retiens également votre
suggestion de clarifier le mécanisme. De la même façon, sur
le plan du jalonnement au sol, c'est le premier qui est en mesure
d'établir qu'il a planté son piquet le premier qui y a droit. De
la même façon, en appliquant dans un texte législatif la
règle du premier arrivé, premier servi, je pense qu'on peut
répondre aussi à une de vos objections.
Mon point, c'est plus loin que cela. Au moment où le
renouvellement a lieu, il y a un premier renouvellement et il y a un
deuxième renouvellement. Je n'arrive pas à comprendre comment il
pourrait y avoir deux groupes en concurrence au moment du deuxième
renouvellement parce qu'il n'y en aura qu'un qui aura l'information. Il aura
été seul sur le terrain. C'est là que j'avoue que je ne
suis pas en mesure de vous suivre.
M. Langlois: Je comprends l'idée du ministre. Franchement,
je n'ai pas fait allusion au renouvellement, j'ai fait allusion à
l'obtention du permis spécial strictement pour la première fois.
Le renouvellement, c'est une autre chose.
M. Duhaime: D'accord. C'est donc au moment de
l'émission.
M. Langlois: Au moment de l'émission. C'est
peut-être mal exprimé dans mon texte, mais, de toute façon,
c'est cela.
M. Duhaime: Mais il n'est pas question de fournir de
l'information au moment de la première demande d'émission on va
en convenir. Votre préoccupation est donc de vous assurer que la
règle qui consisterait essentiellement à dire que ce soit le
premier groupe qui fait une demande qui aura la certitude de l'obtenir dans la
mesure où il répond aux autres conditions. Là-dessus, je
vous donne raison.
M. Langlois: On peut peut-être spécifier que cela
s'applique strictement au renouvellement du permis et non pas à la
première obtention du permis, parce que, quand on parle du paragraphe u)
de l'article 296, on dit que le règlement ferait des règlements.
Le règlement ici porte, je pense, sur l'émission d'un permis
spécial d'abord. Il porte aussi sur le renouvellement, mais cela vient
après. Là, on demande une série d'informations.
Peut-être que je comprends mal...
M. Duhaime: On lit bien au projet de règlement, à
l'article 8 du règlement, je devrais dire de l'avant-projet. "Une
demande de permis est faite par écrit au ministre et comporte les
renseignements et documents suivants: Premièrement, son nom, son
adresse, ou l'adresse de son siège social; deuxièmement, une
carte à l'échelle de un cinquante millième de la
région visée par le permis sollicité." C'est tout. Je ne
vois pas en quoi on est en train de bouleverser l'humanité
entière en demandant le nom, l'adresse et une carte au cinquante
millième. Si vous voulez appeler cela autrement, cela pourrait
être du jalonnement sur carte. C'est une expression utilisée
ailleurs. Mais ce sont les seules informations qu'on demande au moment de
l'émission. Au moment du deuxième renouvellement, on demande des
informations, ce qui m'apparaît être normal.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Duhaime: J'aurais peut-être un dernier commentaire.
À la page 8, au dernier paragraphe, vous répondez en partie
à une préoccupation de mon collègue de Richmond.
Peut-être qu'il voudra revenir lui-même là-dessus.
Sur la question du délai, la loi actuelle prévoit 90
jours, c'est à l'article 236. Je n'ai
pas tout à fait saisi votre intervention, parce que j'avais cru
comprendre qu'en donnant 90 jours additionnels, c'était mieux.
M. Langlois: C'est parce qu'on change complètement tout le
mécanisme. Vous parlez de l'article 240, qui met le propriétaire
de droits de mine en face d'une révocation si, dans les 180 jours, il ne
fait pas rapport. On lui fait peser une épée de Damoclès
sur la tête. Tandis que, dans la Loi actuelle sur les mines, on l'avertit
90 jours à l'avance. Si, au bout de 90 jours, il n'a pas
réglé son cas, on fait la révocation. Ce n'est pas du tout
la même chose.
M. Duhaime: Mais, écoutez, ma compréhension
à la lecture de l'article 236, c'est... 90 jours après la
signification et la dernière publication de l'avis, le gouvernement peut
prononcer la révocation, à moins que le propriétaire ne
prouve que ses droits aux minéraux lui sont nécessaires comme
réserve pour assurer la continuité des entreprises
minières qu'il exploite au Québec. On vous propose 180 jours,
c'est-à-dire 90 jours de plus pour qu'il fasse la même
démonstration. Je ne vois pas en quoi on le lèse si on ajoute 90
jours de délai.
M. Langlois: J'ai toujours compris - je pourrais peut-être
passer la parole à M. Sabourin - que la révocation des droits de
mine se faisait, dans la loi actuelle, lorsque les droits n'étaient pas
payés ou qu'il y avait quelque chose qui ne marchait pas. La, tout
simplement, on oblige tout le monde, sous peine de révocation, à
produire un rapport. C'est ça l'article 240.
M. Duhaime: C'est exactement la même chose qu'actuellement,
sauf qu'on dit 180 jours.
M. Langlois: Je ne dis pas que vous n'avez pas raison de le
faire. Je veux dire que la méthode est un petit peu dure. Vous pourriez
l'obtenir, vous pourriez obtenir le recensement, un rapport, la même
chose en écrivant aux mines et en disant: Faites-nous un rapport dans
180 jours. Vous allez l'avoir. Vous n'avez pas besoin de les menacer de
révoquer leurs droits s'ils ne le font pas.
M. Grégoire: C'est une loi sur la révocation des
droits miniers.
M. Duhaime: Écoutez, M. Langlois, je voudrais qu'on se
comprenne parce qu'on est en train de se "confusionner".
M. Langlois: La première chose qu'il faudrait, parce que
je ne suis pas convaincu, c'est que j'aimerais qu'on me rassure en disant que
les articles 239 et 240 s'appliquent bien strictement aux territoires
révoqués ou même aux territoires révoqués et
non pas à tout le territoire québécois.
M. Duhaime: Écoutez, je fais l'hypothèse suivante;
je vais vous donner la parole. Je m'excuse, M. le Président, le
collègue de droite de M. Langlois voulait dire un mot. Je voudrais juste
enchaîner là-dessus; après ça, je vais me taire,
quant à moi. La mécanique de révocation telle qu'elle
existe, c'est qu'après 90 jours de la signification de l'avis, le
gouvernement peut révoquer. Si nous sommes d'accord sur le fond de ce
projet de loi qui, sur le plan du principe, prononce la révocation des
droits miniers, nous nous sommes dit que 90 jours, c'était
peut-être serré. Nous avons donc ajouté 90 jours en tenant
pour acquis que les détenteurs ou les propriétaires de droits
miniers doivent connaître l'ampleur de leur propriété. Si
c'est un individu qui a des droits à 1, 2, 3, 4 jusqu'à 50,
l'inventaire est vite fait; si c'est une compagnie qui en a par centaines, elle
doit l'avoir en carton. Six mois m'apparaît être un délai...
Moi, j'avais pensé qu'on bonifiait la mécanique actuelle et qu'en
travaillant sur un délai de 180 jours, ça permettait à
tout le monde de faire valoir ses droits, plutôt que 90.
M. Langlois: Je suis absolument d'accord avec vous si on veut
nous accorder 90 jours de plus, mais il faut relier l'article 236 aux articles
235 et 234. On dit: Lorsque le ministre désire recommander la
révocation. Là, ce n'est plus le désir du ministre, c'est
tout le monde à l'intérieur du territoire révoqué
qui va subir la révocation si on ne présente pas de rapport.
C'est ça l'article 240, si je le comprends.
M. Duhaime: Je ne peux pas vous en dire davantage. Si le ministre
désire recommander la révocation, il publie un avis de 90 jours.
Si, dans le délai de 90 jours, les papiers ne sont pas rentrés,
il y a un avis dans la Gazette officielle qui révoque. Je ne peux pas
être plus clair que ça: articles 235, 236, 237.
M. Langlois: Je vais vous donner un exemple précis. Par
exemple, pour ne pas la nommer, Johns Manville, d'après ce que je
comprends de l'article 240 du projet de loi 35, il va falloir qu'elle fasse un
rapport au ministre si elle ne veut pas subir la révocation dans les 180
jours. Ce n'est pas dans la loi actuelle, il n'y a assurément pas
ça. À mon point de vue, elle doit être en ordre avec le
ministère à ce point de vue-là, il n'y a pas lieu de
recommander, pour le ministre, la révocation des droits de mine.
M. Duhaime: J'ai comme l'impression, M. Langlois, que si Johns
Manville n'est pas capable de nous répondre dans six mois, elle
ne nous répondra jamais.
M. Langlois: C'est une autre histoire ça. Je veux bien
croire qu'elle va répondre, c'est bien clair mais peut-être qu'un
petit prospecteur qui pense avoir découvert quelque chose dans les
Cantons de l'Est, lui, s'il faut avoir un rapport d'ingénieur, fournir
un rapport d'ingénieur il pourra laisser tomber parce qu'il ne sera pas
capable de remplir ces conditions et son territoire va être
révoqué automatiquement.
M. Duhaime: La loi actuelle, M. Langlois, c'est 90 jours en
prenant votre hypothèse.
M. Langlois: Selon la loi actuelle, c'est 90 jours pour la
révocation lorsque le propriétaire d'un terrain n'est pas
conforme aux normes, je veux dire qu'il n'a pas fait ses paiements, ou qu'il
n'a pas rapporté ses travaux ou des histoires comme cela. Bon, remarquez
que le ministre peut toujours le recommander.
M. Duhaime: M. Langlois, je voudrais que vous appuyiez cette
information, ce que vous venez de donner, ce que les Anglais appelleraient un
"statement of facts", par quelque chose qui est dans la loi, parce que 235 dit:
Lorsque le ministre désire recommander la révocation d'une
concession minière ou de droits de mine, il ne s'agit pas de savoir si
les rapports sont faits ou non, si le dossier est en ordre ou pas, si le
ministre désire recommander la révocation de droits de mine ou
d'une concession minière il fait signifier un avis. Le délai de
l'avis, c'est 90 jours. Il me semble que c'est clair.
M. Langlois: Je suis d'accord, mais si vous allez à 234,
vous allez voir que le gouvernement peut révoquer dans a, dans b, par
exemple, sur une concession minière où on n'a pas
travaillé pendant dix ans, ou des choses comme ça, il y a des
conditions de révocation. C'est à ce moment que le ministre,
à mon point de vue, décide de révoquer.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Richmond.
M. Vallières: Je m'aperçois que le ministre tient
beaucoup à ses permis spéciaux. J'aimerais quand même poser
quelques questions à M. Langlois, tout d'abord, d'ordre plutôt
général. Est-ce que, selon vous - j'aimerais bien vous l'entendre
dire - la question des permis spéciaux est une condition indispensable
pour favoriser l'exploration sur les territoires qui seraient
révoqués? (18 heures)
M. Langlois: Bon, si vous voulez que je réponde à
ça, sincèrement, je pense que les permis spéciaux seront
un certain empêchement au développement de l'activité
d'exploration sur les territoires révoqués. Cela ne peut pas
faire autrement. On pense que la méthode la plus démocratique, et
pour tout le monde, c'est le jalonnement. Les permis spéciaux, d'une
manière ou d'une autre, ce sera une source de conflits. On vous le dit
très clairement, on est contre les permis spéciaux. Sur cela,
vous demandiez un consensus ce matin, je pense que vous aviez ce consensus,
tout ceux qui se sont présentés ici sont contre les permis
spéciaux.
M. Vallières Unanimité.
M. Langlois: Je pense qu'on fait l'unanimité,
excepté pour celui qui va se présenter après nous.
M. Vallières: Deuxième question, on a parlé
de l'inventaire des travaux d'exploration qui pouvaient être faits. Selon
vous, ce qui est contenu dans la loi présentement et qui vise à
faire l'inventaire, les diverses recherches qui sont effectuées, est-ce
que ça pourrait être remplacé par une formule qui soit plus
simple et plus accessible à tous que ce qu'on retrouve dans le projet de
loi? Pour autant que je suis concerné, je suis pour qu'on puisse faire
l'inventaire de ce genre de travaux qui sont effectués dans une
région donnée, pour éviter de répéter les
uns à la suite des autres des travaux qui ont déjà
été effectués. Alors, est-ce que vous auriez une
façon d'y arriver?
Le Président (M. Laplante): À ce moment-ci,
j'aimerais avoir l'autorisation de la commission pour dépasser
l'heure...
Une voix: Fatidique.
Le Président (M. Laplante): Fatidique, oui, 18 heures, qui
était selon l'ordre de l'Assemblée nationale. Vous êtes
d'accord pour qu'on continue?
Merci.
M. Langlois: II y a deux choses là-dedans.
Premièrement, il y a déjà beaucoup de renseignements qui
vont au ministère au sujet des activités d'exploration. Je pense
que même la Loi sur les mines prévoit toute une série de
renseignements, mon collègue pourra compléter mon idée,
parce qu'il est plus habitué que moi à faire de
l'exploration.
Il y a déjà beaucoup de renseignements, je pense qu'il y
aurait moyen d'avoir un certain inventaire, si on veut en avoir un, sans
menacer de révocation le propriétaire de droits de mine. Cela
pourrait se faire en dehors de cela. On reçoit énormément
de questionnaires des gouvernements, on les remplit en général et
je pense qu'on pourra
continuer de les remplir sans être menacé directement de
révocation de vos droits dans les 180 jours, si votre rapport n'est pas
entré. Je trouve que c'est aller un peu loin à ce
sujet-là. Surtout le fait d'exiger un rapport d'ingénieur, pour
certaines compagnies, il n'y a pas de problème, pour certains
prospecteurs, cela peut causer un certain nombre de problèmes.
C'est toute l'argumentation qu'on avait tout à l'heure,
l'histoire de la révocation. La révocation devient automatique si
on ne produit pas un rapport en vertu de l'article 240, ce qu'on n'avait pas
dans la loi auparavant.
M. Sabourin (Robert): II y a une chose que je pourrais
peut-être ajouter ici. Il est évident, il est vrai, et tout le
monde le reconnaît, qu'il nous manque énormément de
renseignements sur le sous-sol dans la région de l'Estrie. La raison de
cette lacune, des collègues de l'amiante et d'autres l'ont
soulignée ce matin, c'est qu'on n'avait pas le système de
jalonnement. On a donné des exemples de trois compagnies
différentes qui accomplissent des travaux identiques, c'est de l'argent
gaspillé pour la deuxième compagnie et encore plus pour la
troisième. Et même plus, ces renseignements ne sont pas dans les
dossiers du ministère, qui sont normalement et aujourd'hui de plus en
plus accessibles à tous les gens qui sont dans la prospection.
L'ancien système nuisait à la collecte de renseignements.
Un système - laissant de côté la question des permis, je
pourrai revenir sur cela tantôt - de jalonnement est déjà
une assurance d'au moins un minimum d'information qui, de par la loi, doit
être déposé auprès du ministère et disponible
au public parce que, une fois que vous avez jalonné vos claims, vous
êtes obligé, après un certain temps, de justifier la
possession de ces terrains pour des périodes subséquentes et une
partie de la justification, c'est en soumettant les travaux statutaires; en
d'autres mots, en donnant des informations, les résultats de nos
recherches.
Alors, si le système de jalonnement avait existé, comme
cela existe dans d'autres parties du Québec où on a des foules
d'informations que souvent certains qui sont plus près de cette
information ignorent, on aurait cette information requise pour les Cantons de
l'Est; on ne l'a pas. Donc, le jalonnement comme tel... On commence cent ans en
retard peut-être, mais le jalonnement assurerait un apport d'information
qu'on n'a pas présentement.
Pour la question des permis... Ma présence ici est celle d'une
personne intéressée à la prospection et pas tellement
celle d'un employé ou d'un représentant de ce qu'on appelle
souvent les méchantes grosses compagnies. Ma présence ici est
comme géologue ou comme prospecteur, parce que je pense que je suis
encore cela, même si j'en parle plus que je n'en fais, mais on atteint un
certain âge.
La question du permis. Même si, au cours des discussions
aujourd'hui, il apparaît non pas des failles, mais des manques qui, on
l'a promis, seront corrigés, la question du permis ne fait pas peur
à des compagnies comme la mienne. Il y a des inconvénients -on
n'entrera pas dans les autres discussions -mais ça ne nous fait pas peur
parce que j'ai un certain budget que certains peut-être me reprochent et
les besoins financiers pour satisfaire aux conditions, pour s'assurer les
expertises et tout cela, ça va bien. Mais, comme prospecteur, comme
individu, comme moi-même tout seul, j'aurais peut-être de la
difficulté à trouver les fonds. C'est pourquoi la question du
permis, pour moi, n'est pas bonne, comme tous les autres collègues l'ont
souligné, parce que ça nuit aux petits. Éventuellement,
même nous, les soi-disant plus grands, comme cela a été
souligné - on peut discuter de l'affaire encore plus - nous
dépendons énormément des petits parce qu'avec un nombre
limité de personnel, on ne peut quand même pas courir la province
au complet.
Les prospecteurs et les petites entreprises qui, par leurs propres
moyens, peuvent faire les premiers travaux de défrichage peuvent ensuite
nous voir, comme on le fait couramment, et participer avec nous à la
mise en valeur de ces richesses.
Alors, le permis comme tel, pour des gens comme nous autres, ce n'est
pas un gros problème dans les conditions stipulées ici, et
surtout si on nous assure que cela va s'appliquer, et ceci par le texte de la
loi, uniquement à vos 20 000 milles carrées de l'Estrie.
Maintenant, il y a une chose qui est bonne quand même, le ministre l'a
souligné, il ne nous a pas menacés avec cela, mais il a dit:
D'accord, indiquons cela dans la loi, et plus tard, si jamais on décide
de le faire ailleurs, on fera une autre loi. Pour moi, cette chose, dans
l'Estrie, c'est un peu l'histoire du chameau et de l'Arabe pendant la
tempête de sable, où le chameau est à l'extérieur et
l'Arabe à l'intérieur. Le chameau se rentre le nez dans la tente
et dit: Pendant le gros de la tempête, est-ce que je peux juste entrer le
nez? Il le rentre, puis il rentre le cou, les pattes, et finalement, l'Arabe se
trouve dehors et le chameau dans la tente. Par rapport au permis...
M. Duhaime: Vous auriez dû avoir un chameau
briqueté, vous n'auriez pas eu ce problème.
M. Sabourin: Je la connais celle-là aussi, M. le ministre.
Comme pour le chameau briqueté, il faudrait savoir nous
donner de quoi vivre une journée de plus grâce au
briquetage. En tout cas, j'espère que j'ai répondu un peu
à votre question.
M. Vallières: Ce que je retiens de votre intervention,
c'est que, finalement, ce sont les individus en tant que prospecteurs et les
PME qui pourraient faire face à de plus grands problèmes à
la suite de l'émission de ces permis spéciaux.
M. Sabourin: II ne faut pas négliger le fait que les
grandes compagnies ont énormément besoin des prospecteurs et des
petites compagnies.
M. Vallières: Aussi. Peut-être une autre
question.
M. Duhaime: Oui, allez-y.
M. Vallières: Est-ce sur le même sujet, M. le
ministre?
M. Duhaime: Oui, je voudrais juste donner un chiffre pour
éclairer notre conversation, nos échanges. Il y a 86% des claims
qui ont été jalonnés, 86% qui sont cédés aux
grandes entreprises minières en-deça de deux ans. C'est à
peu près le portrait. Quand vous me dites que la méthode actuelle
des claims et du jalonnement est celle qui rend le plus grand service aux
prospecteurs et aux petites et moyennes entreprises dans le secteur minier,
j'avoue que je ne suis pas capable de vous suivre jusqu'au bout de votre
raisonnement. J'ai des réserves.
M. Sabourin: Vous permettez?
M. Duhaime: J'ai dit que j'ai des réserves.
M. Vallières: Oui, allez-y, vous pouvez commenter
cela.
M. Sabourin: D'accord. Je ne connais pas les chiffres, je prends
les vôtres. S'il y a 60%, 86% ou 90% de claims qui sont jalonnés
par les prospecteurs et qu'ils sont par la suite cédés aux plus
grosses compagnies, vous ne comprenez pas comment ceci aide le prospecteur.
Cela l'aide de bien des façons. Premièrement, lorsque nous
discutons avec les prospecteurs ou avec les petites compagnies, si les claims
qu'ils nous apportent sont basés sur les connaissances que nous avons du
terrain et aussi si les données qu'ils peuvent nous apporter nous
intéressent, non seulement allons-nous leur payer les frais de
jalonnement, mais nous allons accorder une valeur à ces claims. Nous
allons en plus, dans notre entente avec ces ge'ns, inclure dans certains cas
l'assurance d'une certaine quantité de travail que ces gens vont pouvoir
faire pour nous, ce qui va leur permettre de gagner une partie de leur revenu.
Nous allons même, en plus, leur accorder - ceci est automatique avec nous
- un pourcentage des recettes ou des profits provenant de la mise en valeur des
richesses que nous aurions pu mettre en valeur sur leurs claims. En d'autres
mots, un bon nombre de prospecteurs vivent - ne me demandez pas des cas
précis, parce que je ne suis pas arrivé ici avec des
statistiques, ni des roches - d'une façon respectable à partir
des redevances qu'ils reçoivent de grosses compagnies qui ont
acheté des claims d'eux et qui ont fait des ententes avec eux.
Le Président (M. Laplante): Dernière question.
M. Vallières: Ce ne sera pas la dernière, M. le
Président, je m'excuse. J'aurais une question qui porte sur les
redevances dont vous parlez ici, puisque que, dans votre mémoire, vous y
faites allusion. J'aimerais que vous nous indiquiez quels sont les avantages
que vous voyez à ce que l'indemnité payée au
propriétaire le soit à partir non pas des profits de
l'exploitant, mais bien à partir des droits de mine. Y aurait-il un
avantage précis à cela? Pourquoi apportez-vous cela dans votre
mémoire?
M. Langlois: Je ne sais pas si cela peut être un avantage.
De toute façon, cela simplifierait énormément les choses;
au lieu d'avoir deux taxes à payer au gouvernement, on n'en aurait
qu'une. Ce que je dis, c'est qu'après que le gouvernement aura
révoqué les droits de mine sur tous ces territoires il ne devrait
pas y avoir de différence entre les droits de mine qui ont
été révoqués et les droits de mine qui
appartiennent déjà la couronne. On ne voit pas de
différence pour celui qui exploite; il ne devrait pas y en avoir.
Étant donné que c'est le gouvernement qui a révoqué
ces droits de mine, s'il y a des frais au propriétaire, c'est lui qui a
fait la révocation, cela ne lui appartenait pas. Si vous
révoquez, entre autres, les mines d'amiante dont les minéraux
appartiennent aux compagnies, cela sera révoqué, mais je ne vois
pas pourquoi il y aurait des frais spéciaux directement au
propriétaire pour ceux qui font l'acquisition de ces droits de mine.
Remarquez que cela revient à peu près au même, parce qu'on
sait très bien que, si c'est une partie des taxes minières qui
sont dévolues au propriétaire, on va se retourner de bord et on
va aller chercher les profits de ceux qui extraient grâce à ces
droits.
M. Duhaime: Si vous permettez, c'est un peu mon inquiétude
en vous écoutant, M. Langlois, parce que ce que votre texte ne dit pas,
mais ce qu'il laisse entendre, c'est que l'indemnité deviendrait payable
à même
les droits miniers que le gouvernement perçoit. Si je pousse
votre raisonnement, cela veut dire que vous seriez d'accord pour qu'on augmente
les droits miniers à travers le tableau et qu'on paie l'indemnité
à même cela?
M. Langlois: On verra cela en temps et lieu. On fera nos
recommandations dans ce temps-là.
M. Duhaime: J'aimerais peut-être mieux retenir la
problématique.
M. Langlois: Remarquez qu'on est habitué; on a subi cela
au cours des vingt dernières années par trois fois. Quand je suis
arrivé à l'association, en 1962 ou 1963, les droits miniers
étaient un maximum de 7% des profits; en 1972 ou 1967 ou 1968, cela a
monté à 15% des profits et là, c'est rendu à 30%.
Cela varie entre 15% et 30%. On est habitué à cela.
M. Duhaime: Puis-je vous corriger en disant que la
dernière tarification a été faite en 1965?
M. Langlois: En 1965, non ce n'était pas la
dernière, l'avant-dernière. La dernière s'est faite en
1975.
M. Duhaime: 1974, quant aux droits. M. Langlois: 1974,
1974-1975, oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Avez-vous une autre
question?
M. Vallières: Oui, une dernière question. C'est
peut-être une question d'appréciation ou de point de vue de
l'Association des mines. Est-ce que, selon vous, le projet de loi devrait
respecter toute entente déjà existante entre les
propriétaires de terrain et certaines compagnies ou
sociétés? À votre connaissance, est-ce qu'il y a beaucoup
de ces ententes ou protocoles qui ont été signés? Est-ce
que le projet de loi devrait en tenir compte?
M. Langlois: C'est strictement personnel, on ne s'est pas
consulté, mais assurément que le projet de loi devrait respecter
les ententes en vigueur présentement. (18 h 15)
Le Président (M. Laplante): Là-dessus, messieurs,
les membres de cette commission vous remercient de votre rapport. Une question
finale, M. le ministre?
M. Duhaime: Les ententes auxquelles vous venez de faire allusion,
M. Langlois, sont protégées par l'article 240.10. Je voudrais
ajouter un élément. Vous avez eu une remarque fort pertinente sur
la rédaction de l'article 240.7. Je vais la lire: Le détenteur
d'une option, d'un bail ou de tout autre titre accordé par
l'ex-propriétaire de droits de mine révoqués et en vigueur
à la date... peut en exercer les droits lorsque, à son
préjudice, il refuse ou néglige de le faire." Le "il" ne suffit
pas si on veut donner un sens à la compréhension des mots. Je
pense bien que si Boileau-Despréaux était ici, il serait d'accord
avec moi, et, au lieu de retenir le "il", il faudrait parler de "ce dernier".
D'accord? À ce moment-là, on donne un sens à 240,7 c'est
alors un des points qu'on pourrait reprendre lors de l'étude article par
article en commission parlementaire.
M. Vallières: Peut-être un dernier point, M. le
ministre, qu'on a souligné. C'est à 240.7, puisqu'on disait que
c'était incompréhensible, est-ce que vous pouvez...
M. Duhaime: C'est que je viens de dire...
M. Vallières: C'est bon. D'accord.
M. Duhaime: Alors, ça se lirait: "à son
préjudice, si ce dernier refuse ou néglige de le faire."
M. Everette Taylor
Le Président (M. Laplante): D'accord. J'appelle maintenant
M. Everette Taylor. Voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît, M.
Taylor, et commencer votre mémoire.
M. Taylor (Everette): Mon nom est
Everette Taylor, je représente les fermiers et les
propriétaires, aucune compagnie ou association. Mon inquiétude
est que, si le bill 35 devient loi, tous les terrains et fermes des Cantons de
Shipton et Cleveland, dans l'Estrie, qui sont présentement sous option
avec différentes compagnies, principalement MPH Consulting Inc.,
lesdites options ne seront plus valides.
Ces options furent signées en 1972 jusqu'à 1982. Elles
furent par la suite prolongées jusqu'à 1987. Cinq individus dont
les propriétés sont situées le plus près du
dépôt minier ont des options jusqu'à 1997. Ces options
d'achat furent signées avec les droits de surface et les droits miniers
intacts. Elles furent enregistrées à Richmond sous le
numéro 125,937. Ces options furent signées en toute bonne foi par
les parties concernées et ce en considération de montants
d'argent importants.
Je crois que le gouvernement n'a pas le droit d'annuler ces documents
légaux; je vais lire la nature et le détail de ces documents.
"Ledit document consiste en un acte signé le huit février 1978
entre Quebestos
Syndicate, représenté par M. Ernest D. Black, et la
Société québécoise d'exploration minière,
ci-après nommée SOQUEM, et représentée par M.
Fernand Dubuc et M. Henri Lanctôt, par lequel acte Quebestos Syndicate
cède à SOQUEM tous ses droits, privilèges, titres,
intérêts et obligations libres de toutes charges, vices et autres
troubles dans les options et extensions d'option pour acheter les droits de
mine en surface et souterrains sur les terrains situés dans les cantons
de Shipton et Cleveland."
Ces options mentionnées concernent 47 propriétaires. La
liste des numéros de lots est considérable et, si le ministre en
désire une copie, il me fera plaisir de vous la procurer.
Tous ces propriétaires et contribuables perdront leurs
chèques d'option annuels. Ces propriétaires ont
hérité ou acheté leurs terrains avec les droits de surface
et droits miniers. Avec ces chèques d'option, ces gens paient leurs
taxes municipales, scolaires et leurs impôts. Pour certains, cet argent
est même nécessaire pour leurs besoins quotidiens.
Quebestos a dépensé ou causé des dépenses de
plus de 500 000 $ jusqu'en 1981 sur ces terrains. Ils ont arpenté et
fait des recherches conjointement avec Nicolet Asbestos, Bow-Valley Industries,
SOQUEM et d'autres compagnies.
Je demande au ministre que toutes ces options déjà
signées et enregistrées soient honorées.
Je suggère au ministre de prendre en considération les
sommes dépensées sur ces propriétés et de les
exempter de toutes dépenses pour développement futur. Tout ce qui
empêche ces propriétés de devenir rentables est la demande
ou un marché pour l'amiante.
Si le ministre ne protège pas ces options par le bill 35, je suis
certain que les propriétaires concernés demanderont que les
montants de leurs options annuelles soient payés par le
gouvernement.
Légalement, tous ces gens auront recours à la loi pour
perte de revenus et je crois que le ministre devrait penser sérieusement
à protéger les options sur ces propriétés.
Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Vous pouvez laisser aller M. Vallières, je
vais réfléchir un peu.
M. Vallières: D'abord, je veux remercier M. Taylor de
venir s'exprimer devant la commission et vous comprendrez sûrement, M. le
Président, que le mémoire n'est peut-être pas aussi
technique que les autres, mais M. Taylor ne dispose peut-être pas de tous
les moyens dont les autres intervenants disposaient pour préparer le
mémoire.
Néanmoins, je pense qu'il était important que, lors de
cette commission, on puisse entendre quelqu'un qui est propriétaire de
terrains qu'on se propose de révoquer et de voir quelles en sont les
conséquences pour les individus qui pourraient être aux prises
avec certains problèmes qui pourraient leur être
occasionnés par le projet de loi no 35. C'est un peu dans ce
sens-là que j'ai demandé au ministre d'inviter M. Taylor afin
qu'on puisse connaître un peu les revendications des propriétaires
qui, en particulier, ont des ententes avec certaines compagnies.
Je partage votre point de vue, mais il y a quand même un article
dans le projet de loi qui prévoit que certaines ententes vont être
respectées; est-ce que vous pourriez nous indiquer un ordre de grandeur,
peut-être pour éclairer la commission? Les gens dont vous parlez,
ça peut représenter combien comme montants qui sont
impliqués, les sommes qui sont versées a la suite des options qui
ont été prises de façon annuelle? Les montants en cause
peuvent être de combien?
M. Taylor: C'est un peu basé sur le nombre d'arpents que
chaque propriétaire détient. Moi, j'avais 4 fermes, 1 ferme me
rapportait 1000 $ par année et j'en avais une autre de 110 arpents qui
me rapportait 1100 $ par année. Alors, je pense que c'est autour de 10 $
par arpent annuellement.
M. Vallières: Est-ce que ce sont à peu près
les mêmes données pour les autres propriétaires qui sont
visés?
M. Taylor: II y en a où ça monte assez haut, 4000
$, 5000 $.
M. Vallières: 4000 $ à 5000 $ par année?
M. Taylor: Oui.
M. Vallières: Vous demandez au ministre que toutes ces
options déjà signées et enregistrées soient
honorées. Voulez-vous dire également par là qu'on puisse
en permettre le renouvellement en n'étant pas dans l'obligation de
répondre aux divers critères qui sont fixés dans la loi
35? Cela veut dire que, par exemple, quand votre option sera terminée...
Est-ce que la compagnie qui fait affaires avec vous, compte tenu de la loi 35,
va être intéressée à maintenir son option et donc
à continuer à vous payer annuellement certaines sommes ou est-ce
qu'elle va se désister, d'après l'expérience que vous
avez?
M. Taylor: Je suis pas mal sûr que, quand le temps sera
terminé, que l'option
sera écoulée, non seulement les compagnies, mais les
cultivateurs ne voudront plus embarquer parce que ça va être une
nouvelle loi; ça va tout tomber.
M. Vallières: M. le ministre, j'espère que vous
comprenez bien. Dans ces cas-là, s'il n'y a pas renouvellement de
l'option comme telle, il y a une perte sur un certain nombre d'années
pour les individus qui sont heureux, finalement, de signer ces ententes avec
les compagnies. Il faudrait peut-être que je cède maintenant la
parole à M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Je vous remercie M. Taylor, d'avoir porté ces
faits à l'attention de notre commission. Il est bien certain que pour
les dispositions du texte qui est sous vos yeux dans le projet de loi à
l'article 240.10 sur les options, baux ou autres titres accordés, etc,
la difficulté vient du fait suivant: à l'expiration des ententes
qui sont signées, votre question se pose vraiment à ce moment
parce que si la révocation ne touchait pas les ententes, et c'est ce que
le projet de loi dit, le problème se poserait au moment de l'expiration
de ces ententes.
Vous conviendrez avec moi cependant que le mécanisme du projet de
loi va quand même faire en sorte que, dans l'hypothèse d'un
non-renouvellement, puisque celui en faveur de qui existe l'option n'est jamais
tenu de faire le renouvellement, l'indemnité prévue à la
loi continue de s'appliquer. Avant de vous donner une réponse
définitive j'aimerais que vous me remettiez tout à l'heure, ou
plutôt à M. Beaulieu, mon sous-ministre associé aux mines
qui est à mes côtés, la liste à laquelle vous avez
fait référence tout à l'heure. Tout ce que je peux vous
dire aujourd'hui, c'est que je vais faire examiner cette question très
soigneusement. Notre objectif n'est pas de léser qui que ce soit, au
contraire, c'est pourquoi on a introduit dans la loi un mécanisme quant
aux indemnités. Vous soulevez un point particulier qui est un point
majeur, à mon avis, et je suis prêt à en faire un examen
avec mes gens et voir comment, lorsqu'on reprendra nos travaux, lors de
l'étude article par article, on pourra essayer de trouver une solution
à ce problème.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que ça vous
satisfait?
M. Taylor: Oui.
M. Duhaime: Avez-vous des remarques supplémentaires?
M. Taylor: Je n'ai pas mentionné tout à l'heure que
dans nos options, en même temps, c'est écrit: si l'option E fait
des dommages c'est écrit combien ils payaient par pied, et combien ils
payaient s'ils coupaient un arbre. Comme quelqu'un l'a mentionné tout
à l'heure, il va y avoir un "free for all" si c'est libre pour tout le
monde, tandis qu'avec nos options à jour, on sait combien on a de
dommages.
M. Duhaime: Je vais vous arrêter et vous donner l'assurance
qu'il n'y a pas de "free for all" dans cela. Les ententes qui sont
signées sont respectées par le projet de loi. Le problème
se pose beaucoup plus tard à l'expiration des ententes, au moment
où SOQUEM, par exemple, déciderait de ne pas renouveler une
option. C'est un problème. Je vous concède qu'on va devoir en
faire l'examen et voir comment, lorsque la commission reprendra ses travaux, on
pourra faire une suggestion là-dessus. Il y a deux choses à
distinguer: le projet de loi ici vise les droits de mine; les droits de surface
ne sont pas visés par le projet de loi.
M. Vallières: Cela veut dire que les choses qui sont
incluses dans l'entente, même avec le projet de loi, devront persister
par la suite, c'est-à-dire que la compagnie ne pourra pas aller chez
vous et faire de l'exploration sans votre consentement. À ce moment il y
a des conditions à négocier entre vous et les compagnies
concernées. Je pense que cela demeure, c'est un droit
inaliénable, le droit de surface...
M. Duhaime: J'ajouterais même qu'avec le mécanisme
des claims il faut la permission du propriétaire lorsqu'il s'agit d'un
terrain privé, à moins que l'on décide de procéder
par voie d'expropriation. Alors, là-dessus, vous êtes
"blindés" il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Merci. On vous remercie,
monsieur, de votre apport à cette commission. Les travaux de la
commission de l'énergie et des ressources afin de recevoir les
mémoires sur le projet de loi 35 sont ajournés sine die.
Merci.
(Fin de la séance à 18 h 30)