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(Dix heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'énergie et des ressources se réunit
pour l'audition du président-directeur général de SOQUIP,
M. Pierre Martin, en regard du projet de loi no 53.
Les membres de cette commission sont: MM. Bélanger
(Mégantic-Compton), Bordeleau (Abitibi-Est), Duhaime (Saint-Maurice),
Dussault (Châteauguay), Fortier (Outremont), Grégoire (Frontenac),
LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Middlemiss (Pontiac), Perron (Duplessis), Rodrigue
(Vimont), Vallières (Richmond).
M. Fortier: M. Vallières sera remplacé par M.
Scowen.
Le Président (M. Laplante): M. Vallières (Richmond)
remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: MM. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue),
Ciaccia (Mont-Royal), de Belleval (Charlesbourg), Desbiens (Dubuc), Hains
(Saint-Henri), Levesque (Bonaventure), Marquis (Matapédia), O'Gallagher
(Robert Baldwin) et Tremblay (Chambly). J'aimerais avoir la proposition...
Est-ce que M. de Belleval est intervenant? Vous êtes intervenant,
d'accord.
Maintenant, la nomination d'un rapporteur, s'il vous plaît! Qui
nous proposez-vous?
M. de Belleval: M. Bordeleau.
Le Président (M. Laplante): M. Bordeleau
(Abitibi-Est)?
Adopté.
Maintenant, j'appelle M. Pierre Martin, président-directeur
général de SOQUIP. Si vous voulez, avant de commencer, M. Martin,
je vais passer la parole au ministre pour les remarques préliminaires,
ensuite ce sera M. le député d'Outremont et ensuite ce sera
à vous; vous vous identifierez et vous identifierez, pour les fins du
journal des Débats, l'organisme que vous représentez.
M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Duhaime: Merci, M. le Président. À cette
étape-ci de nos travaux en commission parlementaire, avant d'engager le
débat de deuxième lecture sur le projet de loi no 53, il me fait
plaisir de souhaiter la bienvenue à M. Martin. Je pense que son
témoignage devant cette commission parlementaire devrait nous permettre
de recevoir le maximum d'information et possiblement d'accélérer
nos travaux, et peut-être aussi de convaincre l'Opposition officielle de
voter avec le gouvernement en deuxième lecture et en troisième
lecture en faveur du projet puisque le but de la loi 53 est d'augmenter le
capital-actions de la Société québécoise
d'initiatives pétrolières d'un montant de 90 000 000 $ pour lui
permettre, d'une part, d'honorer ses obligations comme actionnaire de Gaz
Métro et de Gaz Inter-Cité et, dans un second temps, d'assurer
avec ses partenaires la réalisation d'un programme d'investissements
d'au-delà de 1 000 000 000 $ sur les cinq prochaines années.
Je voudrais rappeler, M. le Président, que c'est avec plaisir que
le ministère de l'Énergie et des Ressources et la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières ont préparé un document pour les
membres permanents de cette commission parlementaire, qui s'intitule: Une note
d'information, de vingt-six pages, avec tableaux et annexes donnant tous les
détails du projet dans le gaz naturel. Je rappelle essentiellement que
deux rencontres ont eu lieu entre les députés ministériels
et le bureau du président de SOQUIP, de même que mes
collègues de l'Opposition ont pu également rencontrer le
président-directeur général de SOQUIP, de façon
qu'on puisse échanger le maximum d'information. Je m'arrête ici,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante) Merci. M. le
député d'Outremont, avez-vous des remarques avant...
M. Fortier: Oui, des remarques très préliminaires,
M. le Président. Je veux souhaiter la bienvenue aux représentants
de la direction de SOQUIP. La raison pour laquelle nous avons demandé
d'entendre le président de SOQUIP et d'avoir des contacts avec ces gens
qui nous permettraient de comprendre les données du problème sont
de deux ordres. Le premier, c'est qu'il s'agit d'un investissement de 90 000
000 $ et je crois que, parlant de la revalorisation du travail des
parlementaires, l'Opposition a
voulu faire en sorte que tous les parlementaires puissent jouer
pleinement leur rôle et s'assurer que les 90 000 000 $ soient investis
à bon droit, compte tenu des contraintes budgétaires du
gouvernement et compte tenu des besoins pour la pénétration du
gaz dans le bilan énergétique québécois.
Par ailleurs, nous aurons des questions à poser sur la
progression des travaux et sur les délais qui, nous l'espérons,
seront respectés dans la construction du gazoduc et de ses ramifications
et des réseaux qui sont sous la juridiction de Gaz Métropolitain
et de Gaz Inter-Cité. Si nous comprenons bien, ces deux
sociétés sont ni plus ni moins sous la tutelle de SOQUIP et nous
croyons qu'une telle rencontre en public nous permet de discuter des
données du problème, de voir dans quelle direction nous allons et
quels seraient les handicaps pour le Québec si ces projets
n'étaient pas réalisés dans les délais
prévus.
J'en profite pour remercier la direction de SOQUIP qui nous a
rencontrés et qui nous a remis un document. Elle l'a fait d'une
façon qui l'honore puisque cela a été dans un climat de
collaboration et nous voulons continuer cet après-midi dans la
même lancée.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
Maintenant, M. Martin, je vois que vous n'êtes plus seul, veuillez
identifier l'organisme que vous représentez et les personnes qui vous
accompagnent, pour les fins du journal des Débats.
Audition du P.-D.G. de SOQUIP
M. Martin (Pierre): Mon nom est Pierre Martin, président
de SOQUIP, la Société québécoise d'initiatives
pétrolières. À ma droite, M. Jean Guérin, qui est
vice-président à la planification chez SOQUIP et, à ma
gauche, M. Yves Rheault, qui est adjoint du président et
secrétaire de la société.
M. le Président, MM. les députés, je vous remercie
vivement de nous avoir invités à témoigner devant la
commission. C'est l'occasion, pour nous, effectivement non seulement de nous
faire entendre, mais d'exposer de façon objective nos projets comme
société d'État dans le domaine de la distribution du gaz
naturel. L'objet du projet de loi no 53 étant lui-même simple, il
s'agit d'augmenter de la part de l'actionnaire unique de SOQUIP, sa
participation dans le capital-actions de notre société, de
façon à nous permettre, à notre tour, de prendre une
participation dans le capital-actions de chacune des sociétés de
distribution que sont Gaz Métropolitain et Gaz Inter-Cité
Québec.
Outre le projet de loi, j'identifie les documents principaux qui nous
permettront d'exposer l'essentiel de ce que nous avons à dire, la note
d'information qui a déjà été distribuée, un
tableau qui vient de vous être distribué, qui fait le
résumé des programmes d'investissements de chacune des
sociétés de distribution, qui rappelle le financement de ces
investissements et qui identifie la part de SOQUIP dans le capital-actions de
chacune de ces sociétés de distribution. Ce sont là des
chiffres, des analyses et des dossiers qui vous sont probablement connus et
familiers.
Permettez-moi, surtout au départ, de rappeler les objectifs de
cette opération-ci, que nous soumettons à votre attention,
opération qui implique un investissement dans la distribution du gaz
naturel, donc, de situer cette opération par rapport aux objectifs de la
politique énergétique. Les objectifs que nous poursuivons comme
société dans le cadre de la politique énergétique
sont les suivants: nous voulons augmenter la part du gaz naturel dans le bilan
énergétique du Québec; ceci va de pair avec une
augmentation de la part de l'électricité dans le bilan
énergétique, et ces deux augmentations du gaz et de
l'électricité correspondent à une diminution
équivalente de la part du pétrole. Ce sont là des
objectifs que je qualifierais de stratégiques, si on me permet le mot.
Il s'agit donc, en résumé, d'améliorer le bilan
énergétique du Québec en augmentant la part de
l'électricité, la part du gaz naturel et en diminuant la
dépendance par rapport au pétrole.
Si on passe aux objectifs chiffrés correspondant aux objectifs
stratégiques, je vous rappellerai les chiffres suivants qui sont
d'ailleurs dans nos dossiers. L'électricité, en 1980, occupe 27%
du marché de l'énergie au Québec; on vise à ce
qu'elle occupe 43% ou autour de 40% en 1990. Le gaz naturel, qui ne
représente que 7% du bilan énergétique en 1980, en
représenterait 18% en 1990, c'est l'objectif spécifique que nous
poursuivons à SOQUIP. Le pétrole, qui représente 64% du
bilan en 1980, n'en représenterait plus que 37% à 40% en 1990.
Ces objectifs stratégiques étant chiffrés, je vous
soulignerai ceci: la politique que poursuit SOQUIP dans le cadre de la
politique énergétique du gouvernement vise à permettre
simultanément l'augmentation de la part de l'électricité
et de celle du gaz. C'est important de le souligner, je veux le faire.
La sécurité énergétique du Québec est
d'abord basée sur sa puissance hydroélectrique. L'appoint que
nous pouvons y faire par la distribution du gaz naturel augmente cette
capacité du Québec d'avoir une certaine sécurité
énergétique. De toute façon l'électricité et
le gaz augmentent leur part du marché, je l'ai dit, aux dépens du
pétrole.
L'analyse du marché de l'énergie en
1980 et en 1990 par secteur d'activité, résidentiel,
commercial et industriel, est identifiée dans le document que vous avez
devant vous. Si vous avez un intérêt pour plus d'analyse et de
discussion sur ce partage du marché, nous sommes à votre
disposition. Finalement, je vous rappelle ceci, pour clore: II s'agit d'un
investissement total dans la distribution du gaz naturel de l'ordre de 1 000
000 000 $. Le financement de cet investissement se fait grosso modo à
60% par de la dette et à 40% par du capital-actions. Dans ce
capital-actions la part de SOQUIP est de l'ordre de 100 000 000 $.
En replaçant cela en perspective il s'agit donc de notre part et
de la part des contribuables du Québec qui sont actionnaires de SOQUIP
d'un investissement de 100 000 000 $ dans un projet de 1 000 000 000 $. Cet
investissement de 100 000 000 $ place SOQUIP, avec son coactionnaire qui est la
Caisse de dépôt, dans une position de contrôle, à
toutes fins utiles, de chacune des entreprises de distribution.
L'investissement est important, les emplois générés sont
importants, les retombées industrielles aussi peuvent être
importantes. Nous pourrons en discuter, mais notre position sera de faire
adopter par chacune des deux sociétés une politique d'achat qui
favorise la fourniture de biens de services par des fournisseurs
québécois. (16 heures)
Là-dessus, M. le Président, je m'arrête en ayant
tout simplement à rappeler que la position de SOQUIP dans le
capital-actions de Gaz Métropolitain sera de 21%, la Caisse de
dépôt en conservant 30% et les deux contrôleurs
détenant ainsi 51%; dans le cas de Gaz Inter-Cité, SOQUIP
détiendre 49% du capital-actions, la Caisse en détiendra 2%, et
à nous deux de nouveau nous détiendrons 51%.
Dans le cas de Gaz Métropolitain, les autres actionnaires sont
largement distribués. Un seul bloc de 7% existe comme bloc et est
détenu par le fonds de retraite du CN. Dans le cas de Gaz
Inter-Cité, il y a un troisième actionnaire qui est Inter-City
Gas Corporation de Winnipeg, qui détient aussi 49%. Je crois que tout
cela peut situer l'ensemble du dossier. Je m'arrête là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. le député d'Outremont.
Contrôle de Gaz Métropolitain et de Gaz
Inter-Cité
M. Fortier: M. le Président, il serait intéressant
pour nous de savoir de SOQUIP, qui a le contrôle effectif de Gaz
Métropolitain et de Gaz Inter-Cité, ses priorités, la
politique d'achat, comme vous le dites, et le respect des calendriers... Pour
tout ce qui vous tient à coeur pour réaliser la politique de
pénétration du gaz, de quelle façon faites-vous en sorte
que vos interventions soient efficaces et de quelle façon
travaillez-vous, que ce soit par l'entremise des conseils d'administration ou
autrement? Pourriez-vous nous expliquer dans quelle mesure vous êtes
agissant au niveau des deux conseils d'administration pour faire valoir vos
points de vue et pour vous assurer que les objectifs vitaux du Québec en
ce qui a trait à la pénétration du gaz au Québec
soient respectés?
M. Martin: Le premier élément de réponse,
c'est pour nous d'avoir établi notre politique. Notre politique est ici,
étalée. Vous la connaissez. Nos objectifs stratégiques et
quantifiés sont sur la table. Nous allons, si on veut, les
résumer et fixer à notre tour des objectifs pour cinq ans
à chacune des entreprises de distribution, ces objectifs étant
fixés en volume de vente et en progression annuelle, en calendrier
d'investissements, en raccordement de nouveaux clients par secteur industriel,
commercial et résidentiel. Donc, nous allons, si on veut, reventiler ou
remettre en forme, pour chacun des territoires visés, chacun des
distributeurs, les objectifs qui sont ici et que vous connaissez, proposer,
comme membres des conseils d'administration, que chacune des entreprises de
distribution se fixe des politiques corporatives ou son propre plan de
développement dans le domaine de la distribution.
Du côté plus général de notre relation avec
les conseils d'administration et avec le management de chacune des entreprises,
laissez-moi vous situer ceci. Le conseil d'administration de Gaz
Inter-Cité est maintenant composé de neuf membres, cinq
nommés par SOQUIP et la Caisse de dépôt, trois
nommés par Inter-City Gas, de Winnipeg, et le neuvième membre est
le président de la compagnie qui est nommé par les huit premiers,
si on veut, qui est nommé par le conseil d'administration. Il y a donc
là une majorité de membres désignés par SOQUIP et
la caisse et, dans ce cas-ci, je suis personnellement membre du conseil de
même que Jean Guérin, qui est le vice-président à la
planification et qui connaît bien le gaz. Les trois autres personnes
nommées par SOQUIP et la caisse sont des hommes d'affaires, si on veut,
externes à SOQUIP et à Inter-City. Ce sont Robert Després,
qui est président de l'Énerqie atomique du Canada, Yves Gratton,
qui est président de Delta des gouverneurs, et Serge Guérin, de
Pétromont.
Du côté de Gaz Métropolitain, SOQUIP vient à
peine, le 23 décembre, d'acquérir son premier bloc d'actions et
l'assemblée annuelle de Gaz Métropolitain qui permettra de
modifier la composition du conseil aura
lieu le 15 avril prochain. De nouveau, je serai élu membre de ce
conseil et président du conseil. Jean Guérin, qui est
déjà membre de ce conseil, continuera à y siéger.
Ce sont les deux seules personnes qui sont à l'emploi de SOQUIP qui y
siègent. Le conseil est composé de quatorze personnes. Les
autres, je pourrai vous les énumérer, si vous voulez, mais disons
que SOQUIP et la caisse nomment, à toutes fins utiles, la
totalité ou la majorité des membres de ce conseil.
Non pas à Gaz Inter-Cité mais à Gaz
Métropolitain, il y a un comité exécutif qui se
réunit une fois par mois. Jean Guérin et moi, nous
siégerons de nouveau à ce comité, de sorte que notre
liaison avec chacun des conseils d'administration est assez étroite.
Au-delà de cela, évidemment, nos relations avec le
management de chacune des entreprises sont assez intimes ou
régulières. À Gaz Métropolitain, nous venons de
proposer au conseil la nomination d'un nouveau président, la nomination
qui a été faite à la dernière réunion, le 5
mars. Ce nouveau président est Jean Gaulin, qui était
président de Nouveler et qui a fait toute sa carrière dans
l'énergie. Cette nomination a été faite à la
suggestion de SOQUIP, ce qui établit là une relation que je
pourrais appeler personnelle, au-delà des relations institutionnelles.
Nous avons l'intention de demander à chacune de ces deux entreprises et
à la direction de chacune de ces deux entreprises de faire un rapport
mensuel aux membres du conseil d'administration et aux principaux actionnaires.
Ces rapports mensuels vont porter sur des secteurs d'activité, comme la
mise en marché, les investissements, etc., avec un suivi mensuel du
budget. C'est une procédure qui est déjà établie
à Gaz Inter-Cité et qui sera établie dans
l'immédiat à Gaz Métropolitain.
Quant à la politique d'achat, par exemple, qui est un
élément important des retombées d'un investissement de cet
ordre, l'une et l'autre des entreprises ont actuellement une politique d'achat
qu'on pourrait appeler de principe, qui est d'acheter au Québec les
biens et services, compte tenu du prix, de la qualité et de la
disponibilité. Ce que nous voulons faire, c'est une ventilation avec
chacune de ces entreprises, une ventilation détaillée de
l'ensemble des biens et services qui seront acquis au cours de la
période d'expansion et donc de faire un suivi beaucoup plus serré
de cette question.
M. Fortier: Ce que vous nous indiquez, c'est qu'ayant le
contrôle, vous vous assurez que vos politiques soient mises en oeuvre et
que vous les suivez par des rapports mensuels. Vous avez indiqué les
progrès, les travaux qui se font et la performance économique de
ces deux filiales.
M. Martin: Oui.
M. Fortier: J'aimerais aborder maintenant une question qui est
assez importante.
Le Président (M. Laplante): Avant d'aborder cette
question, si vous voulez, vu qu'ils ne sont pas nombreux, vu qu'il n'y a pas
beaucoup de groupements, il y a d'autres députés qui ont
demandé la parole, on va essayer de suivre à peu près ceux
qui ont des questions sur le même sujet qui est abordé. On
pourrait s'échanger...
M. Fortier: M. le Président, oui... Le Président
(M. Laplante): D'accord.
M. Fortier: ... ça me fait plaisir de collaborer dans ce
sens-là. D'ailleurs, mes collègues peuvent intervenir dans le
même sens. Mais les premières questions que j'avais étaient
plutôt d'ordre très général et j'allais aborder
maintenant des questions de calendrier des travaux, alors, je vais...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fortier: ... me restreindre là-dessus pour laisser
poser les questions d'ordre très général.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont, si vous voulez enchaîner, si c'est dans le même ordre de
questions et ainsi essayer d'équilibrer les deux.
M. Rodrigue: Non, moi, c'étaient plutôt des
questions assez spécifiques. Ce n'était pas sur la nature
générale de l'engagement de SOQUIP. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député d'Outremont vous pouvez continuer.
Programme de construction du gazoduc
M. Fortier: M. le président de SOQUIP, j'aimerais porter
la discussion maintenant sur les calendriers de la construction du gazoduc, qui
vont avoir un impact direct sur les investissements de Gaz Inter-Cité en
particulier. Je ne sais pas dans quelle mesure cela affecte Gaz
Métropolitain, peut-être moins maintenant, mais cela a
affecté Gaz Métropolitain en tout cas, jusqu'à maintenant.
Ici, dans une déclaration ministérielle du mercredi 11 mars 1981,
c'était juste avant les élections, le ministre de
l'Énergie et des Ressources, M. Bérubé, nous disait: "Les
travaux doivent aussi commencer dès le mois de mai prochain, de sorte
que Trois-Rivières puisse être desservie à compter de
décembre 1981." C'était sa
déclaration, ça ne fait pas un an de ça, pas tout
à fait un an. Il est évident qu'il y a des problèmes
à la construction du gazoduc. Il y a eu des délais et je ne
reviendrai pas sur les délais préalables dus aux discussions
entre les différents ministères, soit le ministère de
l'Environnement, soit le ministère de l'Énergie et des
Ressources, soit le ministère de l'Agriculture, pour s'assurer de la
protection des terres agricoles; en tout cas, je ne veux pas revenir sur les
carences qui ont peut-être occasionné ces délais. Si on
s'en tient aux décisions qui ont été prises après
ça, il reste que le tracé qui a été choisi
amène la construction du gazoduc dans des terrains marécageux. Il
y a eu des problèmes de main-d'oeuvre assez importants et, à ce
jour, on m'informe que pour les contrats d'hiver qui devaient se terminer, je
crois, ces jours-ci, Pé-Ben en particulier va respecter ces
délais d'ici une couple de jours parce que lorsqu'il y a eu des
problèmes avec M. Dessureault, ils sont allés chercher leurs
soudeurs en Alberta tandis qu'Universal Marine n'ont pas fait ça et ils
se retrouvent avec des retards considérables dans la construction de
leur partie du contrat. Ceci fait que, présentement, il y a seulement le
quart des travaux qui seront mis en terre et il en restera les trois quarts
à faire. Avec le dégel, cette mise en terre ne pourra pas se
faire à temps. Vous me corrigerez si mon information n'est pas bonne,
mais c'est donc dire que peut-être cet entrepreneur pourra reprendre le
terrain perdu à l'été et là, il faudrait compter -
je ne mets pas du tout de problèmes syndicaux en jeu, je parle
uniquement de la température - s'il s'avérait que la
température soit inclémente l'été prochain, que
ça pourrait détremper le sol et occasionner des délais
encore importants.
Simplement à cause de la température on pourrait ne pas se
rendre à Trois-Rivières à l'automne et, bien sûr,
avec les décrets et tout ça, un seul arrêt de travail...
Peut-être que le ministre ne me croira pas mais M. Benoît Baribeau,
président de Trans Québec & Maritimes, m'a indiqué que
ce serait peut-être possible de se rendre à Trois-Rivières
à l'automne prochain à la condition qu'il n'y ait aucun
arrêt de travail.
Pourriez-vous nous indiquer, par rapport aux investissements dans Gaz
Inter-Cité, quelle est la sensibilité du délai de
construction du gazoduc et dans quelle mesure y il aurait une
possibilité que ces travaux soient retardés? Peut-être
pouvez-vous nous donner une évaluation à la lumière des
rapports mensuels dont vous venez de faire état. Peut-être
pouvez-vous nous indiquer quelle est la sensibilité des
échéanciers et l'incertitude où on se trouve dans le
moment quant au respect de l'échéancier pour l'approvisionnement
de la ville de Trois-Rivières à l'automne 1982, ce qui se trouve
un an en retard par rapport à la déclaration de M.
Bérubé, qui a été faite au mois de mars l'an
dernier.
M. Martin: II y a deux éléments de réponse.
Nos conversations, si on veut, avec le transporteur, Trans Québec &
Maritimes et M. Baribeau, en particulier, qui est président de cette
entreprise qui, à toutes fins utiles, sera le fournisseur de gaz ou sera
le fournisseur de Gaz Inter-Cité qui, lui, est le distributeur.
Les vérifications. Hier, j'ai vérifié avec M.
Baribeau et j'avais parlé avec M. Barbeau de Gaz Inter-Cité la
veille. Je vais donc vous parler de Trans Québec & Maritimes en
premier. Hier, M. Baribeau m'a dit qu'il est confiant de desservir
Trois-Rivières à l'automne 1982, c'est-à-dire cet
automne-ci. Faisant état des contrats qui ont été
accordés pour la construction du tronçon Montréal ou
Mirabel ou Boisbriand ou Montréal Trois-Rivières, je pense que
nous avons tous les mêmes informations. Pour un des contrats qui est 60
kilomètres, qui fait, à toutes fins utiles, Mirabel-Terrebonne et
Terrebonne-Saint-Sulpice, la partie d'hiver est terminée et le pipeline
est enfoui. La partie d'été qui est Terrebonne-Saint-Sulpice sera
entreprise aussitôt que la période de dégel sera
terminée. Alors, celle-ci ne pose pas de problème. (16 h 15)
Ce qui pose un point d'interrogation, c'est le tronçon
Saint-Sulpice-Trois-Rivières. Pour la partie qui devait se faire en
hiver, qui est Saint-Sulpice-Lanoraie, à toutes fins utiles - vous avez
dit un quart, j'ai en note un tiers - disons qu'une partie, moins de la
moitié du tuyau est enfouie, mais la totalité du tuyau est
soudée. L'enfouissement devra, pour la partie qui n'est pas faite, se
faire après le dégel, et c'est là qu'un point
d'interrogation subsiste.
Quant aux sections d'été de chacun de ces deux contrats,
les sections d'été d'après M. Baribeau devraient durer de
deux à trois, mois normalement, de sorte que le calendrier serait
respecté si, évidemment, il n'y a pas de problèmes de
main-d'oeuvre sur le chantier.
Trans Québec & Maritimes, comme transporteur, maintient
l'échéance de l'automne 1982 pour desservir
Trois-Rivières. Je reviendrai tout à l'heure sur l'impact, si on
veut, de cette arrivée du gaz en 1982 à Trois-Rivières
pour le distributeur.
J'ajoute ceci pour le tronçon Trois-Rivières-Québec
du côté du transporteur Trans Québec & Maritimes. M.
Baribeau me dit que TQ&M est sur le point de demander des appels d'offres
pour le passage de cinq rivières, qui sont la Saint-Maurice, la
Batiscan, la Sainte-Anne, la Jacques-Cartier et une autre qui m'échappe.
Ces rivières sont sur la rive nord du fleuve entre Trois-Rivières
et Québec. Ces appels d'offres
seraient faits, sans délai et le retour des soumissions aurait
lieu dans trois semaines. Ce sont cinq passages critiques. Quant au reste de la
construction, on me dit qu'on demanderait des soumissions pour un contrat pour
la totalité du reste, un seul contrat, et que cela pourrait se faire
à temps, finalement, pour, je résume, atteindre Québec en
1983.
Du côté de Trois-Rivières, maintenant, qui est le
premier objectif et le premier nouveau marché de Gaz Inter-Cité,
ce qui est visé à Trois-Rivières par Gaz
Inter-Cité, ce sont les clients industriels. Je ne sais pas s'il y a
lieu de les nommer ici, mais le raccordement des clients industriels par le
distributeur est relativement simple si le gazoduc est rendu. Il ne s'agit donc
pas de desservir des clients commerciaux ou résidentiels à
Trois-Rivières pour l'automne prochain, mais essentiellement sept
à huit clients industriels, et le travail du distributeur s'en trouve
simplifié quant à la mise en terre de tuyaux et quant aux
raccordements. Un seul des clients industriels se trouve au Cap-de-la-Madeleine
et c'est Reynolds, de sorte que le calendrier peut être plus critique
dans ce cas.
Pour donner l'information ou le portrait le plus complet, la compagnie
Gaz Inter-Cité est en train de transiger avec ses clients industriels
pour signer des contrats de livraison de gaz dès l'automne, de sorte que
pour l'instant Gaz Inter-Cité travaille en pensant que TQ&M livrera
à temps le gaz à Trois-Rivières.
M. Fortier: Est-ce que M. Baribeau a confirmé le fait,
parce qu'ici j'ai l'article du Devoir du vendredi le 26 mars, à la suite
de la conférence qu'il avait donnée, où il disait:
"Évidemment, les délais de constructions seront respectés
s'il ne survient pas d'autres problèmes ouvriers." On sait les
problèmes du décret, ce n'est pas de votre juridiction, mais
à titre d'administrateur j'imagine que c'est une épée de
Damoclès qui pourrait arrêter les travaux. Personne ne le
souhaite, évidemment, mais c'est une épée de
Damoclès qui est suspendue au dessus de tête de Trans
Québec & Maritimes et qui pourrait causer des retards
considérables. On a fait état tout à l'heure de
l'Universal Pipeline et qui aura le retard de l'hiver à rattraper durant
l'été, et s'il fallait qu'il y ait un autre arrêt de
travail d'une certaine durée ou s'il y avait un ralentissement de la
productivité des ouvriers ou que les soudeurs soudainement ne se rendent
pas au travail, en fait, pour toutes sortes de raisons, à ce
moment-là vous êtes d'accord... est-ce que M. Baribeau a
confirmé ce besoin d'avoir des relations du travail extrêmement
bonnes pour éviter le pire?
M. Martin: Oui, je pense que c'est connu de tous et il ne faut
pas se cacher que le travail doit se poursuivre à un rythme normal. Je
ne pense pas qu'on doive dire accéléré, mais normal d'ici
à l'automne pour que la livraison de gaz puisse se faire à
l'échéance prévue. C'est un fait que si le ou les
chantiers devaient être arrêtés, pour quelque raison que ce
soit, pendant une période que je ne pourrais pas quantifier, mais disons
une certaine période, il est certain que le gaz ne pourrait pas
être livré à temps cet automne à
Trois-Rivières.
M. Fortier: N'est-il pas vrai que l'Office national de
l'énergie, lorsqu'il donne l'autorisation à Trans Québec
& Maritimes d'aller de l'avant pour la construction, cette compagnie doit
non seulement avoir en main les plans et devis, le tracé
approuvé, les autorisations de traverse, les autorisations des
différents ministères du gouvernement provincial, mais
démontrer qu'elle a en main des contrats de fourniture de gaz de
sociétés telles que Gaz Métropolitain et Gaz
Inter-Cité? Est-ce que vous pourriez confirmer le fait que Gaz
Inter-Cité, indépendamment du fait que Trans Québec se
rendra là, s'est engagée à acheter du gaz, ou si cet
engagement dépend du fait que Trans Québec sera rendu à
Trois-Rivières?
M. Martin: Au moment où on se parle, Gaz Inter-Cité
a négocié avec Trans Québec & Maritimes la fourniture
d'une certaine quantité de gaz dont je pourrai vous donner le chiffre
tout à l'heure. Mais le contrat lui-même n'est pas signé au
sens strict. Cependant il est également vrai que tout se fait comme si
ce contrat devait être signé et tous les acteurs, si on veut, dans
ce programme d'expansion du gaz, agissent en fonction de la livraison de gaz
à Trois-Rivières en septembre ou octobre prochain et en fonction
de la vente de gaz par Gaz Inter-Cité. Le contrat lui-même n'est
pas signé, mais on peut dire qu'il y a engagement, à toutes fins
utiles, entre ces deux entreprises, entre l'acheteur, si on veut, et le
fournisseur. Maintenant, je pense, sans parler au nom de l'Office national de
l'énergie - peut-être que Jean Guérin pourrait donner plus
de précisions - qu'il est entendu avec l'office, je crois, qu'un certain
flottement peut exister dans la première année de mise en
marché ou d'ouverture de nouveaux marchés. Entre autres,
l'obligation pour le distributeur de payer en entier le volume de gaz
contracté est levée, de sorte que s'engageant, même pour un
certain volume prévu de bonne foi, le distributeur n'est pas
obligé de le payer si, de fait, il ne l'utilise pas. On pourrait vous
donner les ordres de grandeur.
M. Fortier: Est-ce qu'il y a des pénalités, quand
même...
M. Martin: Non, il n'y a pas... M. Fortier: ...
financières?
M. Martin: Non, il n'y a pas de pénalité chez le
distributeur.
M. Fortier: Vous parliez des grandes industries à
Trois-Rivières qui ont négocié ou qui négocient
présentement. Peut-être que vous pourriez faire état du nom
de ces industries-là. Est-ce que ces gens ont fait des investissements
pour recevoir le gaz à l'automne? Dans l'optique où un
arrêt de travail empêcherait la construction du gazoduc à
temps, quelle serait la réaction de ces industries quant à
l'utilisation du gaz dans l'avenir? Autrement dit, la situation est-elle
tellement critique que si le gazoduc ne se rendait pas à
Trois-Rivières, Gaz Inter-Cité pourrait perdre ces industriels
dans l'avenir?
M. Martin: Dans l'avenir, non. À toutes fins utiles, si le
gaz ne se rendait pas à Trois-Rivières à
l'échéance prévue, tout ce qu'on peut dire, c'est que le
délai, la livraison ou le marché serait retardé d'un
certain nombre de mois, au maximum 12, si on veut. Du côté des
industriels, la saison elle-même n'est pas aussi critique que pour le
résidentiel. On conçoit fort bien qu'une résidence
chauffée à l'huile, au pétrole ou à l'huile
à chauffage, va se convertir au gaz ou à
l'électricité aux mois de mai, de juin ou de juillet, mais jamais
au mois de janvier, évidemment. Du point de vue du marché
résidentiel, les délais dont on parle, qui sont toujours
possibles, pour la livraison par le gazoduc, sont, à toutes fins utiles,
sans importance.
Du point de vue du commercial qui est du résidentiel pour des
appartements ou de l'institutionnel pour des hôpitaux, des écoles
ou des universités etc., les mêmes saisons de conversion existent.
En résumé, on fait la conversion à l'été et
non en automne, ni en hiver, de sorte que le délai dont on parle n'est
pas dramatique pour ce marché; si on ne peut l'avoir au printemps, on ne
peut normalement jamais l'avoir en automne.
Pour les industriels, il y a probablement plus de flexibilité
dans le calendrier de conversion. Disons que la saison est peut-être
moins importante s'il s'agit d'utiliser du gaz pour de la fabrication
industrielle; s'il s'agit de la chauffe, on retrouve les mêmes
périodes critiques saisonnières. J'en viens donc, pour vous
situer quant au marché industriel, à vous énumérer
- je pense que c'est cela qui est le plus simple - la liste des principaux
clients industriels. Je les mets par ordre d'importance: Westinghouse.
M. Duhaime: M. Martin, juste une seconde.
M. Fortier: Je ne tiens pas à vous amener à
dévoiler des noms de compagnie si les contrats ne sont pas
signés. Cela m'aiderait plutôt de connaître l'ampleur de ces
clients. Ma question principale... Si les contrats ne sont pas signés,
je pense que vous seriez mieux de ne pas les nommer.
M. Martin: Ils ne sont pas signés.
M. Fortier: J'essaie de savoir quelle est l'ampleur de ces
clients - comme vous parliez de la flexibilité durant l'année, en
hiver ou en été; tout à l'heure, on a établi que la
construction ne peut se faire au printemps ou à l'automne à cause
des terrains marécageux dans lesquels la construction du gazoduc doit se
faire; il y a quand même deux fenêtres, en été ou en
hiver et s'ils accepteraient un délai d'un an, ou s'ils doivent faire
des choix prochainement. Dans quelle mesure, un délai d'un an
pourrait-il les amener à revoir leur décision d'aller au gaz?
M. Martin: Je pense qu'en aucun cas, un délai d'un an au
maximum ne les amènerait à changer leur décision, à
remettre en question ou à annuler une décision éventuelle
d'aller au gaz. Tout ce qui peut être perdu, si on veut utiliser ce mot,
c'est un certain nombre de mois où le gaz serait fourni ou non à
ces entreprises.
Sans vouloir changer de sujet, le gros élément de
décision que ces entreprises industrielles ont à prendre n'est
pas le moment de la conversion, mais le coût du mazout par rapport au
pipeline. Je pense que, si le coût du mazout pour les clients industriels
continue d'être bas ou s'il se fait un certain dumping, voilà
l'élément déterminant quant à la date de la
conversion des industriels, que ce soit à Trois-Rivières ou
à Montréal. Voilà l'élément clé, je
pense, dans la décision; la décision ultime est prise, c'est de
se convertir au gaz. Il s'agit pour eux, en me mettant à leur place, de
décider à quel moment je me convertirai, et non pas si je me
convertirai, et ce qui joue dans la balance, c'est plus le prix de mazout que
le moment où le pipeline, si on veut, sera rendu à
Trois-Rivières pour rester dans cette région. (16 h 30)
M. Fortier: Tout à l'heure, vous avez confirmé, ce
qui me surprend, que la compagnie Gaz Inter-Cité ne serait pas
pénalisée, s'il y avait un délai; autrement dit, la
nécessité...
M. Martin: Non.
M. Fortier: ... de passer le contrat n'est pas ferme,
c'est-à-dire que la nécessité d'accepter ou de payer un
certain volume de gaz n'est pas ferme, dans le temps.
M. Martin: La situation antérieure de "take or pay"
n'existe plus, et M. Jean
Guérin peut expliquer, si vous le permettez, ce point
particulier.
M. Guérin (Jean): Le gouvernement fédéral de
même que l'Office national de l'énergie, à la suite des
représentations des compagnies, ont approuvé le principe d'un
système qu'on appelle des taux de développement par lequel le
distributeur n'est pas pénalisé s'il achète moins de gaz
que le gaz du contrat passé avec le transporteur. Celui qui va payer la
différence, le gouvernement fédéral, a annoncé
récemment la mise en place de ce programme, et le gouvernement
fédéral va compenser le transporteur pour le manque à
gagner si le distributeur achète moins de gaz que prévu au
contrat. On parle de sommes de l'ordre de 300 000 000 $ à 400 000 000 $
et cela est très important parce que, dans les premières
années de construction et d'utilisation du gazoduc, le taux
d'utilisation n'est pas à son maximum et souvent une variation
légère dans la demande peut faire en sorte que le distributeur ne
puisse pas respecter son contrat d'achat; à ce moment, ce programme de
taux de développement intervient pour compenser le transporteur pour les
sommes perdues parce qu'il y a moins de gaz acheté que prévu dans
le contrat.
M. Fortier: Mais ce ne sera pas "open-ended" indéfiniment,
vous allez avoir quand même des engagements fermes.
M. Martin: C'est pour les années 1980-1990, et c'est un
taux de développement qu'on accorde pour une période de trois ans
dans chaque région; alors, dès le moment où le
distributeur pénètre une région, on lui donne ce taux de
développement pour trois ans. Dans le cas de Trois-Rivières, ce
serait 1982-1985 et, dans le cas de Québec, ce serait disons 1984-1987,
et ainsi de suite.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, j'aimerais revenir un petit
peu en arrière. Le développement du réseau de gaz au
Québec avait pour objectif, enfin un des objectifs était de nous
permettre d'approvisionner les industries, et évidemment les
résidences québécoises, avec un carburant, en l'occurrence
le gaz, qui est moins coûteux que le pétrole, d'autant plus que la
situation qu'on a vécue sur le plan des approvisionnements et des prix
pétroliers, au cours des quatre ou cinq dernières années
et même un peu plus, nous a fait douter de la possibilité à
un certain moment d'assurer les approvisionnements en pétrole pour
l'ensemble du monde industriel de l'Amérique du Nord et de l'Europe
également.
Cependant, on a constaté récemment que le marché du
pétrole s'est sérieusement affaissé au point que les pays
membres de l'OPEP ont tenu des réunions pour contingenter la production
et, malgré cela, ils n'ont pas été capables de soutenir
les prix. La question que je veux poser aux représentants de SOQUIP est
donc la suivante: Dans la mesure où on pourrait prévoir que
l'affaissement du. marché pétrolier, est un
phénomène qui risque de se perpétuer - et là-dessus
j'aimerais cela connaître leur avis - si tel était le cas, est-ce
que les calculs de rentabilité qui ont fait qu'on a voulu
développer le réseau de gaz au Québec tiennent toujours,
même avec des prix du pétrole moins élevés que ceux
qu'on a connus au cours des dernières années?
M. Martin: Alors, parlons, si vous voulez, de l'impact de
l'affaissement ou d'un ralentissement de la croissance des prix internationaux
du pétrole sur le prix du gaz naturel au Québec. Je reviendrai
tout à l'heure sur les prévisions qu'on peut faire quant à
la durée de cette stagnation des prix ou de cette surproduction. Je vais
venir au coeur de la réponse tout d'abord en rappelant les
éléments suivants: le prix de référence du nouveau
pétrole au Canada, c'est-à-dire le pétrole qui provient
des sables pétrolifères, du pétrole
récupéré, du pétrole lourd
récupéré, et du pétrole découvert
après le 1er janvier 1981 est fixé dès maintenant à
100% du prix du marché international. Le prix de l'ancien
pétrole, découvert avant, en résumé, est
fixé à 75% de ce prix. Les deux prix, si on veut, permettent
d'établir un prix pondéré du pétrole dans l'Est du
Canada, à Montréal. Le prix du gaz naturel est fixé
à 65% de ce prix pondéré.
M. Rodrigue: Est-ce par l'entente Alberta-Ottawa?
M. Martin: Par l'entente Alberta-Ottawa, Edmonton-Ottawa, de
sorte qu'on peut dire ceci: Si le prix du pétrole fléchit,
automatiquement, le prix pondéré dont on parle fléchira
aussi ou croîtra moins vite. De toute façon, le prix
équivalent en gaz naturel est fixé à 65% de ce prix
pondéré, de sorte qu'en résumé, si le prix du
pétrole baisse ou ne croît pas, le prix du gaz va baisser ou va
demeurer stable. C'est l'élément central de la réponse.
Par conséquent, la compétitivité du gaz par rapport au
pétrole sera maintenue au moins jusqu'en 1986, puisqu'on se situe dans
le cadre de l'entente Ottawa-Edmonton. C'est probablement la période
importante, si on veut, de pénétration du gaz naturel. On ne voit
donc pas de raison pour laquelle le fléchissement du prix du
pétrole empêche
l'aptitude du gaz à prendre sa part du marché, non plus
que la rentabilité des investissements qui sont envisagés.
M. Rodrigue: Est-ce que j'ai bien saisi dans votre réponse
que ce prix est basé sur le pétrole qu'on a découvert
après telle date, plus celui du développement des sables
bitumineux dans l'Ouest? Actuellement, il y a des problèmes
sérieux quant au lancement du projet Allsands, entre autres, à
cause du fléchissement du prix mondial et d'autres facteurs aussi qui
ont été soulignés. Est-ce qu j'ai bien compris que cela ne
tient pas compte du prix mondial?
M. Martin: Non. Le prix du nouveau pétrole est le prix
mondial. Le prix de l'ancien pétrole est à 75% du prix mondial.
Les deux prix font un prix pondéré. Le prix du gaz lui-même
est à 65% de ce prix pondéré.
M. Rodrigue: Le prix du gaz est nécessairement
accroché à ce qui se passe au niveau mondial en ce qui concerne
les approvisionnements en pétrole. Même si Allsands ne
démarrait pas et même si le Canada s'approvisionnait à
l'extérieur plutôt que de développer ses projets de sable
bitumineux parce que les prix mondiaux sont plus bas que ce qui avait
été prévu, cela ne mettrait pas en cause l'entente, et le
coût de ces approvisionnements va fixer, à toutes fins utiles, le
prix du gaz?
M. Martin: C'est cela. Le prix du gaz est fixé
administrativement, si on veut, en dessous du prix du pétrole pour cinq
ans, d'ici à 1986. Oui?
M. Guérin: Si vous voulez, je peux ajouter un
complément de réponse. Quand on regarde l'évolution
prévue des prix du pétrole, selon l'entente Ottawa-Edmonton, et
qu'on regarde l'évolution récente du prix international, on se
rend compte que peut-être le prix canadien va évoluer moins
rapidement que prévu selon l'entente du 1er septembre. Si on postule que
le taux de croissance du prix international du pétrole est à peu
près égal à l'inflation, d'ici à 1986, et que par
conséquent il y a zéro de croissance en termes réels dans
le prix du pétrole international, ceci affecterait de la manière
suivante l'évolution du prix canadien. Par exemple, en 1983, la hausse
du prix du pétrole canadien serait inférieure de 5 $ à ce
qui est prévu dans l'entente signée au 1er septembre dernier. Si
le prix canadien du pétrole augmente de 5 $ de moins que prévu,
ceci entraîne, à cause de la relation, 65% du prix
gaz-pétrole, une baisse dans l'augmentation prévue de 0,56 $ les
mille pieds cubes de gaz.
M. Fortier: Si le député de Vimont me permettait
juste une petite question.
M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: Si je comprends bien, ceci amènerait une
montée des prix moins rapide. Donc, comme conclusion, on pourrait dire
que cela pourrait favoriser la pénétration. Autrement dit, le
consommateur paierait un prix moindre. Cependant, Trans Québec &
Maritimes ou le distributeur de gaz ferait moins de profit. Autrement dit,
pourrait-on conclure en gros que des prix moins élevés
permettraient une pénétration plus grande, parce que les
consommateurs se lanceraient dans le gaz, mais que, par ailleurs, le
distributeur ou le transporteur venant de 1'Alberta verrait sa
"profitabilité" baisser considérablement?
M. Martin: Dans le prix au consommateur, le coût du gaz, le
coût de la matière représente 80% du prix et le coût
du service représente 20% du prix. Évidemment, on voit là
que ce dont on parle, c'est de l'impact des coûts du pétrole sur
les 80% du prix au consommateur; les 20% qui sont les coûts du service
demeurent toujours là, mais ils ne sont pas affectés directement
par la baisse du coût total.
M. Guérin: Au niveau du gazoduc, comme vous le savez, le
transporteur de même que le distributeur, ce sont des entreprises
réglementées et leur profit, par conséquent, est
déterminé ou réglementé par la régie en
fonction de l'investissement, c'est-à-dire de la base de tarification de
ces entreprises. Donc, le profit que l'entreprise réalise est
indépendant du coût du gaz qui est passé entièrement
au consommateur auquel on ajoute le coût de distribution, mais le profit
de l'entreprise réglementée est calculé à partir de
ses investissements, est calculé selon la base de tarification et c'est
indépendant du coût du gaz qui est tout simplement un "pass on" de
l'acheteur vers le consommateur ultime.
M. Fortier: Oui, ce que je voudrais indiquer, c'est qu'il y
aurait moins de marge de manoeuvre pour augmenter les prix; ce serait
peut-être plus gênant d'augmenter les prix uniquement en fonction
des services. Si le coût du gazoduc ou le coût de distribution
était beaucoup plus élevé, vos 80%-20% seraient
changés radicalement à ce moment-là. En tout cas!
M. Rodrigue: J'ai d'autres questions spécifiques. Les
travaux qui ont commencé, enfin l'extension du réseau de
distribution et de transport, est-ce que vous pourriez nous indiquer ce que
cela représente comme investissement, la répartition de ces
investissements, s'ils sont répartis sur le territoire et
également les conséquences en termes de création d'emplois
temporaires et permanents, si tel est le cas?
M. Martin: Oui, avec plaisir. Si on utilise toujours le 1 000 000
000 $ d'investissement total dans les deux réseaux de distribution, Gaz
Métropolitain et Gaz Inter-Cité...
M. Rodrigue: Est-ce pour la phase des travaux qui est
actuellement planifiée?
M. Martin: Oui, pour d'ici à 1986, le gros de l'expansion
du réseau, si on veut, la distribution régionale de ces
investissements est la suivante: Région dite de Montréal et
périphérie, 519 000 000 $...
M. Rodrigue: Pourriez-vous nous indiquer de quel tableau il
s'agit?
M. Martin: Je me réfère au cahier, page 14.
M. Rodrigue: Merci.
M. Martin: On voit, pour la région de Montréal, 519
000 000 $; Trois-Rivières, 70 000 000 $; Québec, qui est une
grande région, 225 000 000 $; l'Estrie et les Bois-Francs, 110 000 000
$; le Saguenay-Lac-Saint-Jean, 55 000 000 $; le Bas-Saint-Laurent, 40 000 000
$, ce qui fait un total de 1 019 000 000 $. On voit donc une répartition
géographique de l'investissement total, ce qui est une bonne chose
à notre avis pour l'économie du Québec; il n'y a pas de
concentration à un endroit unique.
M. Rodrigue: Est-ce pour une période de cinq ans?
M. Martin: De 1982 à 1986, selon le calendrier habituel,
selon nos prévisions actuelles. J'en viens au nombre d'emplois et je
vous réfère à la page précédente, qui est la
page 13. Jean Guérin a des renseignements supplémentaires
à ajouter, mais grosso modo, vous voyez les emplois directs
reliés à l'expansion des réseaux, une moyenne annuelle de
2217 ou de 2000 emplois, si on veut. La question se pose évidemment de
savoir combien de ces emplois sont temporaires et liés à la
construction du réseau de distribution et combien sont permanents. Sur
cette ventilation, je demande à Jean Guérin de donner un
complément d'information. (16 h 45)
M. Guérin: Comme M. Martin l'a mentionné, il y a
environ 2200 emplois annuellement reliés à l'expansion du
réseau de distribution. De ces 2200 emplois, il y en a environ 35%, soit
700 emplois, qui sont permanents. Ces emplois sont répartis de la
manière suivante: environ 40% à 42% dans l'exploitation de ce
réseau de distribution, environ 15% dans le marketing, environ 18% sont
des emplois reliés à la comptabilité, environ 15% sont des
emplois associés à l'administration générale des
distributeurs gaziers. Ces 700 emplois, bien sûr, permanents, sont des
emplois additionnels aux emplois existant déjà dans Gaz
Inter-Cité et dans Gaz Métropolitain. Gaz Métropolitain
compte déjà 1200 emplois environ.
M. Rodrigue: Quand on parle de réseau de distribution,
est-ce que cela inclut également le réseau de transport,
c'est-à-dire le pipeline principal?
M. Martin: Non, non, non. M. Rodrigue: C'est en plus.
M. Guérin: II s'agit du réseau à
l'intérieur des villes, le transporteur.
M. Rodrigue: Et le pipeline lui, est-ce que vous avez idée
de ce qu'il va créer?
M. Guérin: Je pense qu'on ajoute 1000 ou 2000 emplois, en
moyenne, par année, attachés à la construction du
réseau de transport.
M. Rodrigue: En terme d'investissement, évidemment on a
parlé de 1 000 000 000 $, ça c'est le réseau de
distribution, le pipeline lui...
M. Martin: C'est un autre 1 000 000 000 $.
M. Rodrigue: Un autre 1 000 000 000 $.
M. Martin: Essentiellement, l'ensemble des deux
opérations, si on veut, des deux investissements, c'est quelque chose
comme 2 000 000 000 $, 2 200 000 000 $ et, à toutes fins utiles,
divisés en parts égales entre le pipeline et les
réseaux.
M. Rodrigue: D'accord.
M. Guérin: Excusez-moi, je viens de retrouver le tableau,
pour les emplois directs reliés au réseau de transport. On parle
de près de 1000 emplois par année.
M. Rodrigue: Pour le réseau de transport.
M. Guérin: Pour le réseau de transport, en
moyenne.
M. Rodrigue: Alors, ça s'ajoute aux 2000 emplois.
M. Guérin: C'est ça.
M. Rodrigue: C'est ça. Bon, maintenant, vous avez
parlé de 700 ou 800 emplois permanents, ça ce sont des emplois
qui vont, même une fois la construction terminée, continuer.
M. Martin: C'est ça.
M. Guérin: Le service d'entretien, les vendeurs, le
marketing, la comptabilité, en fait, tous les emplois reliés
à l'activité additionnelle que crée cette expansion.
M. Rodrigue: Bon, dans le contexte actuel, personne ne va
rouspéter là-dessus, je pense bien. C'est sûrement des
emplois qui vont être bienvenus, d'abord dans le domaine de la
construction et en même temps cela va laisser des emplois permanents par
la suite. Ça va pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Alors, M. le
député de Charlesbourg.
Le prix du gaz
M. de Belleval: Pour continuer dans le même domaine,
j'aurais deux questions. Premièrement, peu importe le coût des
travaux, si j'ai bien compris, le prix du gaz est fixé à partir
de Montréal en vertu de l'entente Ottawa-Edmonton mais - c'est là
ma question - est-ce que c'est peu importe le coût des travaux
après Montréal, le coût qui vous est demandé?
Une voix: Après Toronto.
M. Martin: Alors, le prix du gaz naturel lui-même, comme
matière première, si l'on veut, est fixé pour la zone est
qui part de Toronto et qui va jusqu'à Halifax. Alors, qu'on soit
à Toronto, à Montréal...
M. de Belleval: À Saint John.
M. Martin: ... à Rivière-du-Loup ou à
Halifax...
M. Fortier: M. le Président, c'est à The City Gate,
à l'entrée de la ville.
M. Martin: The City Gate, Toronto, C'est le prix du gaz
lui-même. Le coût du transporteur, qui est, disons, Trans-Canada ou
TQM, peu importe, est lui-même, parce qu'il s'ajoute au prix du gaz comme
prix d'achat par le distributeur, est lui-même distribué sur
l'ensemble de cette zone qui couvre l'Ontario, le Québec et les
Maritimes, de sorte que, livrer du gaz à Halifax coûte plus cher
à TQM ou à Trans-Canada pipeline que le livrer à Toronto
mais, ce coût supplémentaire est distribué à
l'ensemble des clients de la zone est.
M. de Belleval: Mais... M. Martin: De sorte...
M. de Belleval: Oui, d'accord, continuez.
M. Martin: Alors, votre question c'est...
M. de Belleval: De sorte que si les coûts de construction
du pipeline se mettent à augmenter de façon
inconsidérée, il pourrait arriver que TQM demande une
réouverture de l'entente qu'il a avec l'Office national de
l'énergie disant: Écoutez, les coûts sont devenus
prohibitifs, je ne peux plus vous fournir le gaz au prix fixé,
c'est-à-dire City Gate plus les frais de distribution moyens de Toronto
à Halifax tel qu'estimés il y a deux ou trois ans.
M. Martin: La règle qui prévaut actuellement - et
on n'a pas, nous, en tout cas, de raison de croire qu'elle sera modifiée
- c'est que tous les coûts de construction du pipeline au-delà de
Montréal - en résumé, c'est ça - seront
distribués sur l'ensemble des clients du pipeline ou des transporteurs
en Ontario, au Québec et dans les Maritimes. Alors, il y a là une
distribution des coûts prévus ou plus grands que prévu sur
un plus grand marché.
M. de Belleval: Le tarif fixé pour le coût de
construction après Montréal, est-ce un prix qui est fixé a
priori, qui est déjà arrêté en vertu de permis ou de
tarifs déjà concédés par l'Office national de
l'énergie ou si c'est un prix qui sera fixé a posteriori, une
fois que les travaux sont faits? J'en doute, ça doit être un prix
qui est fixé a priori.
Une voix: Je peux tenter de répondre à cette
question.
M. Fortier: Juste pour préciser avant que vous
répondiez au député. Trans Québec & Maritimes
va amortir ses coûts, s'il peut passer tous ses coûts -
corrigez-moi - et si tous les coûts sont acceptés par l'Office
national de l'énergie, ils vont être absorbés par les
compagnies acheteuses de gaz, mais là je parle de Gaz
Métropolitain et de Gaz Inter-Cité pour le Québec.
Maintenant, ceci n'inclut pas les coûts des distribution pour lesquels,
j'imagine, Gaz Inter-Cité voudrait avoir un rendement sur son actif.
M. de Belleval: Ce que je veux savoir, c'est si ces
coût-là seront fixés a priori ou s'ils vont être
fixés a posteriori.
M. Guérin: Je vais vous donner une
réponse assez claire, j'espère. Le prix du gaz est
fixé en fonction du prix du pétrole à 65%...
M. de Belleval: Cela, ça va bien, il n'y a pas de
problème pour ça.
M. Guérin: C'est parce que c'est l'élément
de réponse qu'il faut bien comprendre.
M. de Belleval: D'accord, je vous laisse continuer.
M. Guérin: Autrefois, le prix était fixé
à l'entrée de la franchise à Toronto, à 85% du prix
du pétrole et de ça, on déduisait les coûts de
transport pour déterminer ce que le producteur albertain aurait. Tout
récemment, il y a moins d'un an, la formule a été
changée. Le fédéral s'engage à ce que le prix du
gaz naturel ne dépasse pas 65% de son équivalent en
pétrole à Toronto; cependant, le mécanisme de fixation des
prix est inversé. On fixe le prix à la sortie de l'Alberta et on
additionne les coûts de transport. D'accordl Si, à la suite de ces
augmentations de coûts, les coûts de transport sont plus
élevés que prévu et que le transporteur dit: Si
j'additionne au prix prévu à la frontière de l'Alberta un
coût de transport qui est beaucoup plus élevé que j'avais
prévu, je dépasse le 65%, eh bien, comme le fédéral
s'est engagé à faire en sorte que le prix du gaz naturel soit
maintenu à 65% de son équivalent en pétrole, alors, c'est
lui qui devra absorber la différence. C'est la mécanique actuelle
des prix du gaz.
M. de Belleval: Les 65%, c'est le prix livré à
Inter-Cité ou au distributeur?
M. Guérin: C'est le prix livré à la zone
est, aux distributeurs, qui comprend Union Gas à Toronto, Gaz
Métropolitain à Montréal et ainsi de suite.
M. de Belleval: D'accord. Si je comprends bien, si, à ce
moment-là, le prix du transport augmente considérablement pour
quelque facteur que ce soit, c'est le gouvernement fédéral qui
sera obligé de casquer ou quoi? Qui va payer la différence?
M. Guérin: En vertu de la formule actuelle, si vous
additionnez les coûts de transport maintenant plus élevés
que prévu à un prix du gaz à la frontière de
l'Alberta dont la formule est facile à calculer et que vous arrivez
à quelque chose de plus de 65%, selon le principe de formulation des
prix du fédéral, ils vont devoir payer la différence.
M. de Belleval: Qui va devoir payer, le gouvernement
fédéral?
M. Guérin: Le gouvernement fédéral.
M. de Belleval: Le gouvernement fédéral.
M. Guérin: Parce que l'entente est très ferme:
jusqu'en 1986, le prix du gaz naturel est fixé à 65%.
M. de Belleval: On va laisser faire la politique et on va essayer
de comprendre de quoi il s'agit; habituellement, les deux vont mal ensemble. Si
je comprends bien, à ce moment-là, les compagnies n'ont pas
tellement de propension dans un tel système à faire en sorte que
le coût de distribution soit le moins élevé possible, une
fois qu'il est avéré que le prix du transport est tellement
élevé que ça va dépasser 65%. Évidemment,
avant 65%, ça vaut la peine parce qu'à ce moment-là c'est
autant d'argent qu'elles mettent dans leur poche. Si ça dépasse
les 65%, à ce moment-là, une fois que les vannes sont ouvertes,
elles n'ont plus d'intérêt à maintenir les coûts bas
pour le transport. C'est ce que ça veut dire?
M. Guérin: Pour le transport, c'est vrai, parce que la
formule qui "overrides" n'importe quoi, c'est 65% et toute différence va
devoir être absorbée par le fédéral ou ils vont
devoir réviser l'entente. En ce qui concerne le distributeur, c'est
différent à cause de sa marge concurrentielle; il va minimiser
ses coûts pour être capable de livrer 1000 pieds cubes de gaz
à un prix concurrentiel.
M. de Belleval: Quand on arrive maintenant au prix au
consommateur, comment est-il fixé?
M. Martin: C'est la même chose, le prix au consommateur est
fixé... Veux-tu continuer, Jacques?
M. Guérin: Je n'ai pas compris.
M. Martin: Comment le prix au consommateur est-il
fixé?
M. de Belleval: On comprend bien le mécanisme du prix au
distributeur, j'aimerais maintenant comprendre le mécanisme du prix au
consommateur.
M. Guérin: Cette partie est plus simple. Vous additionnez
le coût du gaz qui est présentement de 3,75 $ à
l'entrée de la franchise, au coût de service, qui comprend les
coûts d'exploitation, les coûts d'amortissement et les coûts
du capital. En fait c'est le coût de faire le travail, de distribuer le
gaz et ça vous donne le prix final. On détermine...
M. de Belleval: ...mais qui décide de l'admission de tous
ces coûts? C'est la Régie de l'électricité et du gaz
du Québec?
M. Guérin: La Régie de l'électricité
et du gaz du Québec, qui est chargée d'approuver les
investissements, les coûts admissibles...
M. de Belleval: Et les tarifs.
M. Guérin: ... et les tarifs qui en découlent.
M. de Belleval: D'accord.
M. Martin: Pour un ordre de grandeur, disons que l'unité
de mesure, c'est 1000 pieds cubes de gaz; 1000 pieds cubes de gaz en gaz
coûtent 3,75 $ et le coût de distribution à toutes fins
utiles est de 1 $. Alors le total serait de 4,75 $ les 1000 pieds cubes de
gaz.
M. de Belleval: Comme vous dites, 80% normalement...
M. Martin: C'est ça.
M. de Belleval: ... pour les matières premières et
le transport et 20% pour la distribution.
M. Martin: La distribution.
M. de Belleval: Maintenant ma deuxième question. On sait
maintenant que le prix du gaz jusqu'en 1986 est fixé, en ce qui concerne
le coût d'achat par le distributeur, à 65% du prix
pondéré dont on a parlé tout à l'heure, ce qui
automatiquement donne un avantage certain au gaz par rapport au pétrole.
Le problème véritable est plutôt d'examiner le
caractère concurrentiel du prix du gaz par rapport au prix de
l'électricité. En ce qui concerne le Québec c'est clair.
Peut-être que pour les autres provinces c'est moins important, parce que
le prix de leur électricité est plus élevé, mais
ici au Québec, d'après ce que nous savons de
précédentes commissions que nous avons tenues, il semble qu'en
calories équivalentes le prix de l'électricité est
à peine 5% plus élevé actuellement, en 1982, pour les fins
de chauffage que le prix du gaz. Le prix du gaz serait en équivalence 5%
moins élevé. Est-ce vrai? Deuxièmement, est-ce que vous
considérez que cette différence est suffisante pour amener les
gens à transformer leurs systèmes de chauffage au mazout, ou
enfin à l'huile à chauffage - ce n'est pas du mazout c'est
plutôt de l'huile à chauffage - en un système au gaz
plutôt qu'à l'électricité? On sait que les
Québécois connaissent bien l'électricité. Cela a
beaucoup d'avantages à plusieurs points de vue. Il existe encore un peu
dans la population une espèce de méfiance vis-à-vis du
pouvoir détonnant du gaz.
M. Martin: Pour répondre complètement à la
question je pense qu'il faut d'abord distinguer le client industriel, le client
commercial et le client résidentiel.
M. de Belleval: J'ai parlé du résidentiel, oui.
M. Martin: En un mot le concurrent du gaz pour l'industriel
essentiellement c'est le mazout; on en a parlé déjà et on
s'entend sur cela. Du point vue commercial, qui, je le rappelle est le
résidentiel à loyers multiples et ainsi de suite,
l'électricité n'est pas un concurrent pour le gaz, non plus que
le mazout et l'huile à chauffage. Il reste donc le résidentiel.
L'hypothèse que nous faisons dans ce plan de pénétration
du marché et dans le programme d'investissements qui s'ensuit est la
suivante: 85% des nouvelles maisons construites seront chauffées
à l'électricité. Quant à celles qui sont
actuellement chauffées à l'huile, au pétrole,
l'hypothèse que nous faisons c'est que 50% des conversions se feront au
gaz, si ma mémoire est bonne, et 50% se feront à
l'électricité. Donc, l'électricité prendrait quasi
tout le marché, si on peut dire, des nouvelles installations.
M. de Belleval: Essentiellement à cause d'un moins faible
coût d'immobilisation dans le cas de l'électricité? (17
heures)
M. Martin: Oui, une espèce de "culture électrique",
si on veut, enfin, un ensemble de facteurs qui font que
l'électricité est déjà rendue, tout le monde l'a,
c'est sur place, sans qu'il n'y ait nécessairement des calculs qu'on
pourrait appeler économiques ou financiers pour chaque client, mais pour
un ensemble de facteurs. Alors, dans nos prévisions, nous visons ou nous
admettons, nous prévoyons que l'électricité sera choisie
dans 85% des nouvelles résidences. Nous pensons que la conversion sera
partagée également entre le gaz et l'électricité.
Donc, dans la conversion, il faut se rendre compte qu'il y a deux
éléments à considérer et que le consommateur fait
le calcul plus attentivement dans ce cas-là. Le coût du chauffage,
une fois la conversion faite, c'est un élément, mais le
coût initial de conversion est important.
Alors, le coût initial, le coût de la conversion au moment
où elle est faite dans le cas d'un passage vers
l'électricité, je pense qu'on peut mettre facilement 2500 $, pour
le changement d'entrée électrique, etc. Ce coût de
conversion n'est subventionné qu'à raison de 800 $ par
Hydro-Québec et ces 800 $ sont taxables. Le coût de
conversion au gaz est de l'ordre de 1500 $ à 1600 $, donc il est
moindre. La subvention du distributeur est de 800 $ et la subvention du
fédéral est de 800 $ également; à toutes fins
utiles, c'est gratuit. Pour quiconque fait le calcul, le marché est bon
pour le gaz. Ceci dit, compte tenu des éléments psychologiques,
nous ne visons que 50% du marché de la conversion.
M. de Belleval: Si je vous comprends bien, la tarification comme
telle de l'électricité ne vous semble pas un obstacle
additionnel, si le différentiel n'est que de 5% pour l'instant?
M. Martin: Enfin, l'évolution future des tarifs
d'Hydro-Québec, je suis sûr que cette commission en
discutera...
M. de Belleval: On en a discuté, comme vous le savez, mais
pour l'instant, même avec l'augmentation de cette année, si j'ai
bien compris, le différentiel est de 5%. Est-ce que le ministre veut me
corriger si mon chiffre est inexact?
M. Duhaime: Le différentiel sur l'indice à 100
était de 9, je pense. Quel pourcentage cela donne-t-il en termes de
prix?
M. Fortier: C'est 15% avec la taxe sur le gaz, parce que la taxe
sur le gaz n'a pas été enlevée encore. Quand on parle de
5%, c'est si le ministre des Finances enlève la taxe de 8%, je pense
qu'on... Non, on va aller à 15% si la taxe est enlevée.
Une voix: 5%.
M. Fortier: Dans le moment, c'était 5% pour un
bungalow.
M. Duhaime: Peut-être que M. Guérin aurait une
réponse.
M. Guérin: Oui, selon les chiffres qu'on vient de compiler
avec Gaz Métropolitain et Gaz Inter-Cité, qui connaissent bien la
position concurentielle de leur marché respectif, avec la taxe de vente
sur le gaz naturel, l'écart de prix avec l'électricité est
de 12%.
Une voix: Avec la taxe de vente...
M. Guérin: Avec la taxe de vente. Si on enlève la
taxe de vente, l'écart est de 21%, mais là où il y a
danger, c'est si on n'enlève pas la taxe de vente, car la marge
concurrentielle du prix du gaz naturel en septembre 1983 - j'ai parlé de
septembre 1982 - serait à peu près à parité avec
l'électricité; il y aurait une différence d'à peu
près 1%. C'est dans ce contexte que l'abolition de la taxe de vente
apparaît importante pour améliorer la position concurrentielle
à très court terme du gaz naturel.
M. Fortier: Est-ce que vous présumez que le prix du gaz va
augmenter? Tout à l'heure, le député de Vimont posait la
question à savoir que si le prix international n'augmente pas il se
pourrait que le prix du gaz n'augmente pas. Est-ce que vous avez
présumé que le prix augmenterait ou pas?
M. Guérin: Oui, on a présumé qu'en 1982 des
hausses auraient lieu dans le prix du pétrole et, conséquemment,
dans le prix du gaz naturel.
M. Fortier: De toute façon...
M. Guérin: Mais, en 1983, il pourrait y avoir un gel du
prix du pétrole canadien.
M. de Belleval: De toute façon, c'est 75% seulement pour
l'ancien pétrole. Cet ancien pétrole, d'ailleurs, diminue de plus
en plus et diminue en chiffres absolus actuellement, les réserves
diminuent. De toute façon, on a du rattrapage à faire avant de
rattraper les 75%. Finalement, je termine là-dessus, si je comprends
bien, dans l'ensemble, le total de votre marché de gaz, le
résidentiel unifamilial, le potentiel unifamilial que vous pourriez
avoir représenterait combien par rapport à la consommation
totale? Je parle de l'industriel et de l'institutionnel que vous
prétendez, de toute façon, aller chercher presque à 100%
éventuellement. Alors, cela représenterait combien par rapport au
résidentiel unifamilial?
M. Guérin: Des ventes additionnelles prévues? C'est
à peu près 17% des ventes additionnelles.
M. de Belleval: Excusez, je n'ai pas compris.
M. Guérin: Des ventes additionnelles de gaz
prévues, c'est environ 17% qui vont aller au secteur résidentiel,
principalement dans l'unifamilial.
M. de Belleval: 17% des ventes additionnelles.
M. Guérin: C'est le marché qui va se
développer.
M. Martin: Si vous permettez, je pourrais vous
référer à la page 9 du cahier, si vous l'avez en main.
M. de Belleval: Oui.
M. Martin: Le texte précédent en parle, mais en
résumé, en 1981, le résidentiel -
dans nos définitions c'est l'unifamilial à toutes fins
utiles - représente 20 000 000 000 de pieds cubes. Si vous faites le
calcul, c'est 19% de 105 000 000 000, ce qui est le total. Le commercial
représente 18% et l'industriel, 63%. Si on regarde pour l'année
1990, le résidentiel ne représente plus que 18% du total, le
commercial est stable à 18% et l'industriel est accru à 64%.
M. Rodrigue: C'est à quelle page? M. de Belleval:
À la page 9.
M. Martin: Si l'on se compare au marché de l'Ontario.
M. de Belleval: Oui, c'est cela.
M. Martin: C'est un marché développé pour le
gaz. Les chiffres magiques, c'est 20-20-60. Le résidentiel 20%, le
commercial 20% et l'industriel 60%. Dans les marchés
développés, les chiffres passe-partout, c'est 20-20-60.
M. de Belleval: Le gaz est très concurrentiel par rapport
à l'électricité même dans le résidentiel;
autrement dit, même si les tarifs d'électricité rendaient
le gaz plus concurrentiel, cela n'augmenterait pas beaucoup votre fourniture
d'énergie. 2% peut-être; de 18%, vous passeriez à 20% comme
en Ontario.
M. Martin: C'est cela. Si on prend l'Ontario comme
référence.
M. de Belleval: Donc l'argument...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je suis
obligé de vous arrêter à cause du temps. Que ce soit
très court, s'il vous plaît!
M. de Belleval: Je termine là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante):
Actuellement, vous dépassez 20 minutes. Je veux essayer de donner
à l'Opposition l'occasion de poser des questions.
M. de Belleval: C'est intéressant ce qui se passe, M. le
Président, on apprend des choses ici.
Le Président (M. Laplante): C'est très
intéressant, mais je veux être équitable pour tout le
monde.
M. de Belleval: La plupart du temps ce qui se passe à
cette Assemblée n'apprend pas grand-chose aux gens; pour une fois qu'on
apprend des choses, je pense qu'on pourrait prendre tout le temps qu'il
faut.
Le Président (M. Laplante): On perd du temps pendant ces
choses intéressantes.
M. de Belleval: Vous le perdez peut-être, M. le
Président, mais je ne perds pas mon temps actuellement. Je suis
très heureux de cette...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous gardez votre
droit de parole, M. le député de Charlesbourg?
M. de Belleval: Je termine là-dessus. Si j'ai bien compris
- d'une certaine façon, je m'adresse à la commission maintenant
-l'argument qui veut que les tarifs d'électricité devraient
augmenter dans le domaine résidentiel de façon à favoriser
la pénétration du gaz, d'après ce que je peux voir, ce
n'est pas un argument très valable, compte tenu de ce qu'on vient
d'entendre. En tout cas, c'est la conclusion que je tire -peut-être que
je la tire trop vite - de l'échange qu'on vient d'avoir avec M. Martin
puisque, comme il l'a dit, dans un marché très
développé comme l'Ontario, le résidentiel au gaz est
à environ 20% du marché, tandis qu'ici il prévoit qu'on
obtiendra environ 18% avec une tarification qui fait que le gaz n'est pas
très concurrentiel par rapport à l'électricité dans
le domaine résidentiel.
Le Président (M. Laplante): ... réponse.
M. Duhaime: Je voudrais dire à mon collègue, le
député de Charlesbourg, qu'il faut faire attention de ne pas
conclure trop hâtivement dans ce genre de dossiers. Il est bien certain
que le potentiel de pénétration dans le secteur
résidentiel, pour ce qui est du gaz, se situe autour de 18 000 à
28 000 logements. Il m'apparaîtrait très clair que si notre
tarification à Hydro-Québec devait placer sur un même pied
l'énergie hydroélectrique et le gaz naturel, en tenant compte du
fait que la taxe serait enlevée sur le gaz naturel, il n'y aurait pas
beaucoup d'incitation pour le consommateur à faire le choix en faveur du
gaz naturel plutôt qu'en faveur de l'hydroélectricité. Tout
le monde sait - enfin tout le monde devrait savoir, il est vrai qu'au
Québec on maintient parfois les traditions - que s'intaller pour
chauffer sa résidence à l'hydroélectricité
plutôt que de s'installer pour chauffer au gaz naturel est beaucoup plus
coûteux, en termes d'investissement pour Hydro-Québec, entre
autres, sur les coûts d'installation, les coûts d'entretien, que
cela pourrait l'être en termes de coûts d'achat pour le gaz naturel
dans un premier temps et de coût des installations dans le secteur
résidentiel pour ce qui est du gaz. Toute la problématique de
pénétration du gaz dans n'importe quelle région du
Québec est basée sur le fait qu'à
partir du moment où un gros client industriel existe, ce n'est
qu'à cette condition que le gaz naturel pourra rejoindre un secteur
résidentiel quel qu'il soit. Alors, l'incitation est quand même
très importante.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Je parle comme utilisateur de gaz naturel depuis
18 ans. Dans les municipalités de Pierrefonds et de Dollars-des-Ormeaux,
qui sont dans mon comté, vous allez trouver un réseau de gaz
naturel qui a été établit pour le marché, le
marché du gaz naturel, et les gens de mon comté sont très
heureux d'utiliser ce gaz depuis une vingtaine d'années. Pour ma part,
je suis très heureux de constater que le gouvernement a cessé de
niaiser sur ce dossier et d'en faire une histoire politique et que maintenant,
avec SOQUIP, il coopère avec le fédéral, l'Energy Board,
pour étendre ce réseau très important d'une source
énergétique qui vient de notre pays, car nous sommes tous
propriétaires de cette source d'énergie.
Échéancier et tracés
Plus précisément, j'ai deux courtes questions à
poser au président de SOQUIP. Tout d'abord, il a mentionné tout
à l'heure l'échéancier ou le calendrier des travaux. Quel
est le calendrier des travaux en vue de donner le service à d'autres
endroits du Québec, comme les Cantons de l'Est, Drummondville,
Victoriaville, Dolbeau,
Rivière-du-Loup? C'est ma première question.
Ma deuxième question: Dans la ville de Québec, est-ce
qu'il existe encore aujourd'hui le réseau de gaz artificiel qu'il y
avait il y a plusieurs années et quels sont vos projets pour
l'améliorer ou le remplacer dans l'immédiat, car vous allez
recevoir le gaz par le pipeline en 1983?
M. Martin: M. le Président, du côté de
l'échéancier, je m'en réfère au projet de Trans
Québec & Maritimes; c'est évidemment le gazoduc qui
détermine le calendrier de la disponibilité du gaz. On a
parlé de Trois-Rivières à l'automne 1982.
L'échéancier actuel est le suivant pour les autres régions
du Québec ou les autres villes, si l'on veut: Québec, avril 1983,
Chicoutimi, novembre 1984, Saint-Georges-de-Beauce et Sherbrooke, novembre 1983
les Bois-Francs,
Drummondville, Victoriaville, automne 1984; quant au Bas-Saint-Laurent,
je pense qu'on devrait mettre 1984, d'une façon réaliste.
Sur le tracé lui-même, il y a un élément en
discussion actuellement. Le tracé actuel pour rejoindre le
Saguenay-Lac-Saint-Jean passe par Québec, par Charlevoix et monte au
Saguenay, disons, par Clermont; il est possible que ce tracé passe par
Shawinigan et La Tuque. Il y aurait donc là une possibilité
d'avancer la date de livraison au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Du point de vue du réseau qui existait dans la ville de
Québec, ce réseau est désuet et il faut le qualifier
d'inexistant il est désagrégé, il ne sera pas
utilisé et toutes les conduites doivent être faites à neuf
dans la ville de Québec. À toutes fins utiles, c'est une
caractéristique du réseau de distribution de gaz
Inter-Cité qu'il sera entièrement neuf; le réseau de Gaz
Métropolitain, vous le connaissez, certaines parties sont neuves et
d'autres sont plus vieilles et doivent être modernisées.
M. O'Gallagher: Et vous, M. le président, avez-vous une
équipe qui travaille à la planification de ce réseau
à Québec dans le moment? (17 h 15)
M. Martin: À Montréal et à Québec, ou
dans chacune des deux franchises, les équipes qui font la planification
de l'expansion ou de la construction des réseaux sont l'une et l'autre
dans les deux compagnies de distribution. Chez Gaz Métropolitain, il y a
une équipe d'ingénieurs à l'interne, chez Gaz
Inter-Cité également. Gaz Inter-Cité est une nouvelle
entreprise, son management est par conséquent nouveau aussi, mais
l'expérience y est. Je dois dire que pour une entreprise qui est
nouvelle, elle fait preuve non seulement de dynamisme, mais de rigueur et de
qualité dans son travail. La programmation des investissements dans la
région de la Mauricie est déjà quasi toute
terminée. On s'attaque maintenant à celle de Québec. De ce
point de vue, cela va bien. La conception du réseau se fait à
l'intérieur de la compagnie qui, de ce point de vue, ne se
départit pas de ses responsabilités ultimes, mais le travail est
confié ensuite à des consultants externes qui sont des bureaux
d'ingénieurs conseil.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Rendement prévu
M. Scowen: J'ai deux ou trois questions à poser à
M. le président de SOQUIP. Premièrement, quand je regarde le
document que vous avez soumis, il y a toute une série de chiffres qui
sont intéressants: la consommation prévue, le coût des
investissements. Quelqu'un a même essayé de calculer le nombre
d'emplois qui seront créés par toutes ces activités. Comme
représentant des actionnaires, la page essentielle que je cherchais,
c'était la page qui donnait des précisions sur les profits. Vous
demandez aux contribuables, aux fonds publics, 90 000 000 $ pour acheter des
actions dans
deux sociétés privées, et même ne pas les
acheter au complet, mais d'avoir le contrôle. Je présume que,
quelque part, vous avez des tableaux qui font effectivement des
prévisions quant au chiffre d'affaires et aux profits pour les cinq ou
dix prochaines années. Tout ce que je trouve dans les documents que vous
avez soumis, c'est une estimation des dividendes prévus, mais il n'y a
rien sur les profits.
Je remarque, quand je regarde l'histoire de Gaz Métropolitain,
que le rendement est très variable: en 1975, c'était 15%; en
1976, cela a monté à 19%; en 1977, c'est descendu à -4%;
en 1978, 12%; en 1979, 11,6%; en 1980, 10,5%. Je n'ai pas les chiffres pour
1981. Est-ce que c'est possible, avant qu'on commence le débat en
deuxième lecture, d'avoir des prévisions de chiffres d'affaires
et de profits, de rendement, si vous voulez, sur lesquelles sont fondés
vos calculs, vos prévisions de dividendes? C'est le document que j'ai,
mais je voudrais connaître les dividendes attendus qui seront
payés par Gaz Métropolitain et Inter-Cité à SOQUIP.
J'imagine qu'en faisant le calcul de ces prévisions de dividendes, vous
avez fait des prévisions des profits de ces deux compagnies dans le
secteur privé basées sur certains rendements permis par la
Régie du gaz, etc. Est-ce qu'on peut avoir vos prévisions des
profits pour les deux sociétés sur lesquelles vos
prévisions de dividendes sont basées? Je pense que c'est un
élément essentiel. Si vous demandez aux contribuables d'investir
dans deux sociétés privées, je pense qu'ils ont le droit
d'avoir avant tout vos prévisions quant au rendement.
M. Martin: M. le Président, dans le tableau que vous avez
en main, vous voyez déjà un rendement sous la forme de dividendes
anticipés. Les chiffres pour la période de 1982 à 1986
sont devant les yeux de chacun; je ne vais pas les répéter. Pour
les années ultérieures, nous disons dans notre document que nos
prises de participation ultérieures dans Gaz Métro et dans Gaz
Inter-Cité seront couvertes par les dividendes que nous recevrons de ces
entreprises.
On peut faire des projections sur un certain nombre d'années.
Celles que nous vous avons présentées portent sur cinq ans. Il
est possible d'en faire sur dix ans; les entreprises en font
généralement. Ces prévisions valent ce que valent les
prévisions de dix ans, mais nous en avons, nous en déposerons
chez notre actionnaire, si on veut, qui pourra en disposer lors du débat
en deuxième lecture, si cela vous convient.
M. Scowen: M. Martin, excusez-moi. Je prenais pour exemple les
cinq ans.
M. Martin: Oui.
M. Scowen: Nous avons ici devant nous les dividendes
anticipés pour cinq ans jusqu'en 1987. Est-ce vrai ou non que vous avez
basé ces dividendes anticipés sur un volume de profits
précis?
M. Martin: C'est cela, c'est exact.
M. Scowen: Pouvez-vous révéler à la
population du Québec, à qui vous demandez ces fonds publics, les
prévisions de profits sur lesquelles ces prévisions de dividendes
sont basées? Sinon, pourquoi pas?
M. Duhaime: M. le Président, si mon collègue me le
permet, je voudrais peut-être donner une information aux membres de la
commission. J'ai ici en main un document, une lettre qui a été
transmise par M. Turcotte, de la compagnie Wood, Gundy Ltée,
datée du 2 mars 1982. J'aurais des copies disponibles. Je ne sais pas si
on peut en avoir rapidement. Si vous le permettez, je vais vous passer ma
copie, M. le député de... Quel est le nom de son
comté?
M. Scowen: Notre-Dame-de-Grâce.
M. Duhaime: ... Notre-Dame-de-Grâce. La recommandation de
Wood, Gundy est très favorable. Je vais lire le paragraphe, si vous me
le permettez, cela va prendre deux minutes. "Nous recommandons l'achat
d'actions ordinaires de Gaz Métropolitain. Se négociant
actuellement à seulement quelque 10% au-dessus d'un creux de huit ans et
à un escompte estimatif de 15% de leur valeur comptable, ces actions
offrent un intéressant rendement actuel de 8,6%. Parce que nous croyons
que la compagnie bénéficie d'une volte-face en ce qui concerne la
réglementation, nous estimons le bénéfice par action en
1982 à 1,10 $ et, par conséquent, nous prévoyons une
augmentation de dividende de 40% jusqu'au niveau de 0,56 $ par action au
troisième trimestre de 1982. Sur la base du bénéfice et
des dividendes prévus, par conséquent, les actions ordinaires de
Gaz Métro offrent un rendement de 10,3% et un rapport
coûts-bénéfices de seulement 4,2." C'est adressé par
Wood, Gundy Ltée à ses clients traditionnels qui font affaires
sur les marchés boursiers. Il est bien entendu, M. le Président,
qu'il n'y a pas encore de date d'arrêtée quant à
l'émission comme telle ou aux émissions comme telles qui seront
faites, mais je pense que cela mérite d'être mentionné. Je
peux vous passer ma copie.
M. Scowen: Je tiens à en recevoir une copie. Je vous
remercie. J'ai beaucoup d'admiration pour Wood, Gundy, mais ce n'est pas tout
à fait ma question. Selon moi, je pense qu'on ne doit pas demander aux
contribuables québécois d'acheter pour
90 000 000 $ d'actions dans deux sociétés sur la base d'un
document émis par un courtier soit de Toronto, soit de Québec,
soit de Montréal. J'imagine que vous avez fait des études
précises et sérieuses quant aux probabilités, aux
estimations...
M. Duhaime: La seule chose que je peux dire, M. le
Président, c'est que la lettre de Wood, Gundy confirme mes analyses.
M. Scowen: Je ne comprends pas votre hésitation à
nous les donner. Ce que Wood, Gundy pense de l'avenir de Gaz
Métropolitain, c'est peut-être intéressant pour ceux qui
veulent acheter quelques actions sur te marché, mais on parle ici de
demander 90 000 000 $ de fonds publics et tout ce que je vous demande
très poliment, c'est de nous donner les prévisions du chiffre
d'affaires, de profits, du rendement sur lesquelles vos prévisions de
dividendes sont basées pour les deux sociétés en question
pour lesquelles vous nous demandez d'approuver des investissements.
Après, on va tous lire attentivement l'opinion de Wood, Gundy et des
autres courtiers sur ce sujet. Ce sera intéressant, mais ce n'est pas le
fond de la question. Est-ce que vous avez objection que ce soit
déposé? Est-ce un secret?
M. Duhaime: II n'y a pas de secret là.
M. Scowen: Bon, est-ce que je peux vous demander de nous
donner...
M. Duhaime: Posez vos questions, M. Martin va vous
répondre.
M. Scowen: Oui mais je les ai posées à M. Martin et
il m'a dit de vous les poser. Alors, M. le Président, qu'est-ce que je
dois faire?
M. Duhaime: Ce n'est pas moi qui comparais devant la
commission.
Le Président (M. Laplante): Bon, M. le président de
SOQUIP est là.
M. Scowen: M. Martin, le ministre m'a demandé de vous
poser des questions. Est-ce que vous pouvez me donner les prévisions que
je vous avais demandées, s'il vous plaît?
M. Martin: Je vais répondre à votre question.
D'abord d'une façon générale, oui, les chiffres qui ont
servi à établir les dividendes, entre autres, et les tableaux que
vous avez en main ont été faits à partir de
prévisions de ventes et de profits dans le cas de Gaz
Métropolitain et de Gaz Inter-Cité. Ces documents, on pourrait
les déposer devant la commission ou aux membres de la commission.
M. Scowen: Merci. Est-ce que je peux passer à une autre
question?
M. Martin: Ces prévisions sont faites sur cinq ans.
Une voix: On passe en deuxième lecture ce soir.
M. Scowen: Oui, est-ce que... Il n'y a pas de
problème.
M. Martin: On comprendra qu'il s'agit de prévisions, quand
même, qui sont faites à l'intérieur de chacune de ces
entreprises et que nous avons reprises après analyse, à notre
compte. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes que celles des
entreprises.
M. Scowen: Je comprends. Mais ce sont celles, effectivement, sur
lesquelles vous avez basé les dividendes anticipés.
M. Martin: C'est ça.
M. Scowen: Bon.
M. Martin: Et c'est sur cette base-là...
M. Scowen: Est-ce qu'il y a objection?
M. Martin: ... que la projection des besoins financiers est
faite, effectivement.
M. Scowen: M. Martin, je viens d'entendre que c'est possible que
ce projet de loi soit débattu ce soir même, en deuxième
lecture; alors, est-ce que je peux vous demander de nous donner ces chiffres
avant six heures, pour qu'on puisse au moins les étudier un peu pendant
le souper? C'est le fond de la question pour ceux qui vont investir
là-dedans, je pense.
M. Martin: D'accord.
M. Scowen: Parfait. Est-ce que je peux passer à une
deuxième question?
Une voix: Rapidement. M. Scowen: Oui.
M. Fortier: Si vous me le permettez, c'est parce que le ministre
me demande comment il se fait qu'on n'ait pas posé cette
question-là. C'est que la question de la rentabilité m'est venue
après. J'en ai parlé à M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce et j'ai obtenu des informations pour le rendement
passé de Gaz Métropolitain, et je crois que la question est tout
à fait pertinente. C'est malheureux qu'on n'ait pas posé la
question lors de notre rencontre privée. C'est la
raison pour laquelle on a une commission parlementaire, c'est pour se
reprendre sur des questions qu'on avait manquées dans les
réunions privées.
M. Martin: Écoutez, pour compléter, enfin, pour
donner un ordre de grandeur aux membres de la commission, dans le cas de Gaz
Métropolitain, le rendement prévu sur l'avoir moyen des
actionnaires est de l'ordre de 18% en 1982. Avec les hypothèses qui sont
à la base de tous les calculs, ce rendement est de 17% en 1983, de 16%
en 1984, de 16% en 1985, et 16% encore en 1986. La raison principale de cette
baisse, si on veut, se rappeler que les rendements sont autorisés par la
Régie de l'électricité et du gaz, c'est que nous
prévoyons que l'inflation, que les coûts de l'intérêt
baisseront légèrement.
M. Scowen: Quel était le rendement en 1981, s'il vous
plaît? Je n'ai pas ce chiffre.
M. Martin: Le rendement en 1981 était de 12%.
M. Scowen: Alors, est-ce que vous pouvez me dire, je ne veux pas
être sceptique au contraire, mais le rendement pour les cinq
dernières années était, 4%, 12%, 11%, 10%, 12%. Pour la
prochaine année vous prévoyez 18%. C'est une augmentation...
M. Martin: Importante, oui.
M. Scowen: ... de 50% dans un an. Voulez-vous, brièvement,
expliquer comment il se fait que vous prévoyez, dans une année,
l'élargissement de vos activités, ce qui entraîne
normalement des coûts qui ne sont pas anticipés, que vous pouvez
à la fois agrandir le réseau d'une façon très
sensible et, en même temps, réaliser une augmentation de rendement
de 50%? C'est sensationnel. Je pense qu'on a le droit, au moins, de poser cette
question.
M. Martin: Alors, un élément important de la
réponse c'est ceci, la base de tarification acceptée par la
Régie de l'électricité et du gaz a été
modifiée sensiblement à la suite de la requête
présentée par Gaz Métropolitain. On ne parle toujours que
de Gaz Métropolitain pour tout de suite. Tout le régime de
tarification a été modifié sensiblement à la suite
de la requête de Gaz Métropolitain. M. Guérin pourra
expliquer avec plus de détails en quoi ces modifications sont
significatives quant au rendement permis. Je pense qu'on a là la
clé, si on veut, de la prévision. Dans les années
antérieures, le rendement permis était de l'ordre de 15%.
M. Guérin: 15%, oui.
M. Scowen: M. Martin, est-ce que vous pouvez me dire quelle sera
l'augmentation moyenne du prix au consommateur nécessaire pour
réaliser cette augmentation de rendement total d'à peu
près 50% dans un an? Est-ce qu'on peut prévoir une augmentation
de 50% du prix du gaz au consommateur l'an prochain?
M. Guérin: Non, pas du tout. La hausse de tarifs que la
régie a accordée à Gaz Métropolitain, pour lui
permettre d'obtenir un rendement de 18,5% sur la base de la tarification,
entraînera une hausse de tarifs d'environ 6%.
M. Scowen: Vous pouvez augmenter le rendement de 50% l'an
prochain avec une augmentation des tarifs de 6%.
M. Guérin: Oui, parce que, d'abord, le volume des ventes
devrait croître de manière substantielle, de l'ordre de 15%.
Deuxièmement, un facteur qui n'a pas favorisé Gaz
Métropolitain dans le passé, c'est la position concurrentielle du
gaz, qui est maintenant nettement supérieure à ce qu'elle a
été dans le passé par le simple fait que le gaz naturel
est maintenant indexé à 65% du prix du pétrole par rapport
à 85% auparavant. Il faut bien comprendre que le rendement
autorisé par la régie n'est pas une garantie de rendement; c'est
un rendement qu'on peut aller chercher pour autant que la concurrence le
permet. Or, la régie vient d'accorder un taux de rendement sur le
capital-actions qui est un record dans ce genre d'entreprise en Amérique
du Nord. Deuxièmement, maintenant, la position concurrentielle du gaz va
permettre d'aller chercher le volume de ventes additionnelles pour
réaliser ces 18,5% autorisés par la régie. Alors, c'est un
nouveau contexte.
M. Scowen: Ayant moi-même vécu certaines
expériences d'expansion d'une compagnie avant d'entrer en politique,
j'ai constaté que, pendant ces périodes d'expansion, on est
toujours devant des coûts inattendus. Je pense que ceux qui sont en train
de construire le gazoduc aujourd'hui peuvent en parler amplement. Dans vos
prévisions pour l'année 1982 et les années suivantes, il
va de soi que vous allez avoir une bonne expansion du réseau; est-ce que
Gaz Métropolitain et Gaz Inter-Cité ont tenu compte d'une
façon satisfaisante de toutes les exigences qui peuvent arriver dans ces
prévisions de 18%, 17% et 16%? Avez-vous examiné cet aspect?
M. Guérin: Vous avez entièrement raison. Disons
que, pour l'année 1982, puisque c'est l'année déjà
engagée, bien sûr, les
programmes d'investissements sont relativement bien connus et les
montants sont relativement fixes. Pour les années a venir, ces montants
pourront varier en fonction d'un paquet de facteurs, dont tout simplement des
facteurs de "cost overrun" qu'on ne peut pas prédire
présentement. C'est sûr que c'est un facteur négatif mais,
d'autre part, il y a des programmes en place qui n'ont jamais existé
avant et qui vont contrebalancer l'augmentation de ces coûts. Notamment,
je me réfère au programme de subventions pour l'expansion des
réseaux jugés non économiques, qui est un programme tout
à fait spécial que le fédéral a introduit assez
récemment. Il y a la question des taux de développement dont j'ai
parlé tout à l'heure et il y a également les 800 $ de
subvention à la conversion qui est donnée dans les
différents secteurs de la consommation; ça va jusqu'à 3000
$ ou 4000 $ dans le secteur commercial.
Bien sûr, il peut y avoir des augmentations de coûts non
prévues pour les années après 1982, mais je pense que
l'ensemble des mesures et des programmes en place que je viens
d'énumérer et également la nouvelle formule de fixation du
prix du gaz naturel devraient contrebalancer et faire en sorte que le gaz
naturel garde l'avantage concurrentiel qu'il a présentement dans
à peu près tous les secteurs de consommation.
M. Scowen: Est-ce que je peux résumer en disant que les
administrateurs de SOQUIP, dont le président, sont satisfaits, en gros,
des projets de rendement prévus pour les cinq prochaines années
pour Gaz Métropolitain et Gaz Inter-Cité, tenant compte que les
coûts d'expansion sont réalistes et réalisables. On peut
donc dire aux contribuables du Québec, ce soir, que vous nous avez
assuré que...
M. Guérin: Je pense que oui. Pour l'année 1982, le
taux de rendement permis par la régie, comme on vient de le mentionner,
est un des plus élevés en Amérique du Nord. C'est
nettement satisfaisant pour les gens qui investissent leur argent
là-dedans, notamment les contribuables québécois. Pour les
années 1983 et plus, la régie, à chaque année,
approuve un taux de rendement en fonction du risque, en fonction des
investissements à faire.
M. Scowen: Je ne parle pas de ce qui est permis.
M. Guérin: De ce qui sera réalisé cette
année. On pense bien pouvoir réaliser tout près de 18,5%.
Dans les années à venir, la même chose, parce que le gaz
naturel sera beaucoup plus concurrentiel qu'il l'est maintenant, et à
cause de tous les programmes d'aide à la promotion du
développement des réseaux - dont je vous ai parlé,
oui.
M. Scowen: Est-ce que j'ai le temps de poser une autre question,
M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Une dernière oui,
d'accord.
M. Scowen: J'en ai deux autres et je vais...
Le Président (M. Laplante): Très courtes, parce
qu'il y en a trois autres qui ont demandé la parole.
M. Scowen: La deuxième est une question d'ordre
administratif. On est ici, devant un exemple de nouvelle forme de prise de
contrôle de la part du gouvernement du Québec. La Caisse de
dépôt, affiliée avec une autre société
d'État, achat de contrôle. La caisse monte jusqu'à la
limite permise de 30%, le reste est pris par la société
d'État et, effectivement, nous avons nos 51%. La deuxième
question que j'aimerais aborder, si j'ai le temps, c'est pourquoi est-il
nécessaire de nationaliser cette société. Mais
peut-être qu'on n'aura pas le temps. J'aimerais poser une question plus
précise. J'aimerais que le président m'explique un peu le
fonctionnement, l'administration, la gestion et les façons par lesquels
ces entreprises sont dirigées. Vous avez deux sociétés
privées, dont le contrôle appartient à 51% aux deux
sociétés d'État. On présume que le président
de Gaz Métropolitain et de Gaz Inter-Cité sera nommé par
quelqu'un, et que cette personne va répondre à un conseil
d'administration, nommé par quelqu'un et que les ordres, de jour en
jour, vont passer par tels ou tels réseaux. Je ne vous demande pas de me
donner une explication sur toute cette vaste opération. Je vous demande
tout simplement de me dire ce que vous et vos associés allez faire
là-dedans. Vous auriez 21%, vous serez effectivement un holding, une
espèce de "power court", si vous voulez, avec un portefeuille qui
comprend, entre autres, 21% de Gaz Métropolitain. Qu'est-ce que
ça veut dire pour vous et vos associés, dans le quotidien, en ce
qui concerne l'administration, la gestion et la direction à long terme
de Gaz Métropolitain? Est-ce que cet achat de votre part est tout
simplement une façon habile de permettre au ministre de mettre la main
sur Gaz Métropolitain? Est-ce que vous avez un rôle quotidien
à jouer dans l'administration de Gaz Métropolitain?
M. Duhaime: Je crois que le député de
Notre-Dame-de-Grâce voulait sans aucun doute me poser cette question. Je
dois dire que nous avons, en 1978, rendu public un
document qui s'appelle: La politique québécoise de
l'énergie: Assurer l'avenir. Récemment, en France et en Belgique,
j'ai eu des félécitations de la part de collègues
ministres pour avoir fait un travail comme celui-là. Je pense qu'il faut
rendre hommage à M. Joron. Trois ans plus tard, nous avons publié
un second document sur la politique québécoise de
l'énergie: Trois ans d'action. La partie qui intéresse le gaz
naturel, vous allez la retrouver très facilement à la page 25. Il
est très clairement indiqué que le gouvernement du Québec
voulait effectivement avoir le contrôle des réseaux de
distribution du gaz naturel au Québec. Ce projet de loi vient
concrétiser cette démarche. Le mandat de la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, SOQUIP,
s'inscrit à l'intérieur de cette décision politique du
gouvernement. Je ne pense pas qu'il appartienne au président d'une
société d'État qui exécute le mandat, qui a
été décidé par le gouvernement, de faire le
commentaire que votre question proposerait de faire.
M. Scowen: Excusez-moi, M. le Président. On est devant une
loi de SOQUIP. Nous avons le président de SOQUIP devant nous; il demande
90 000 000 $ pour acheter des actions dans deux sociétés. Je
pense que ce n'est pas impoli de lui demander ce qu'il va en faire, quel
rôle il va jouer dans la gestion de ces sociétés. Est-ce
que SOQUIP aura une responsabilité pour la décision d'acheter ces
actions? Je pense que la question est pertinente.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai jamais
voulu qualifier l'intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce d'impolie. Je croyais que c'était non
pertinent, tout simplement. Je n'ai aucune espèce d'objection à
ce que le président vous réponde.
Une voix: Dans le corridor indiqué par le ministre.
M. Martin: M. le député, la question m'a
déjà été posée au début du
débat. Je vais donc résumer la réponse que je donnais
à ce moment-là. Essentiellement, notre rôle n'est pas un
rôle quotidien dans la gestion de ces entreprises; c'est un rôle
qui consistera à proposer des objectifs à ces entreprises et
à en contrôler la réalisation sur la base de rapports
périodiques; en résumé, ils sont mensuels quant aux
opérations et à l'évolution des dépenses, et
certainement trimestriels, grâce aux réunions normales du conseil
d'administration.
Donc, notre rôle n'est pas un rôle de gestion
immédiate, mais un rôle de holding, si on veut, qui propose des
objectifs à des entreprises chargées des opérations qui
doivent montrer des résultats. J'ai déjà parlé de
la composition de chacun des deux conseils, je ne reviens pas là-dessus.
Il y a une présence de SOQUIP à chacun des deux conseils et
chacune des deux entreprises sera amenée à établir son
plan pour les prochaines années et à répondre de son
exécution lorsque ce plan aura été approuvé par le
conseil d'administration de chacune des entreprises.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, je ne peux pas
m'empêcher de faire une remarque à la suite de la question du
député de Notre-Dame-de-Grâce. Tout à l'heure, nous
nous sommes préoccupés d'investissements au Québec, nous
nous sommes préoccupés également de création
d'emplois. Je pense que cela reflétait un peu la préoccupation
des députés du Parti québécois. Or, je constate que
le député de Notre-Dame-de-Grâce, lui, ses
préoccupations, c'est de savoir si les actionnaires vont avoir des
dividendes. Je pense que cela démarque bien la différence qu'il
peut y avoir entre les députés ministériels et ceux de
l'Opposition.
Maintenant, ma question s'adresse au...
Une voix: II a raison.
M. Rodrigue: ... président de SOQUIP et j'aimerais
particulièrement lui demander si...
M. Scowen: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je ne veux pas retarder le débat; je vais
simplement dire pour le journal des Débats...
M. Rodrigue: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans, M. le Président.
M. Scowen: ... que la déclaration du
député...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Scowen: ... est carrément fausse et je pense qu'il
comprend. Je ne vais pas aller plus loin que cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vimont.
Politique d'achat
M. Rodrigue: Merci, M. le Président. Je
voudrais poser une question sur la politique d'achat de SOQUIP, de
même que sur celle de ses filiales, parce que nous souhaitons que les
investissements, de l'ordre de 2 000 000 000 $, 1 000 000 000 $ pour la
pipeline et 1 000 000 000 $ pour le réseau de distribution,
amènent la création - si je ne m'abuse - de 3000 emplois dont 700
à 800 seraient permanents. J'aimerais savoir si SOQUIP et ses filiales
suivent sensiblement la même politique d'achat que le gouvernement du
Québec utilise pour ses propres ministères, de même que
d'autres entreprises, telle Hydro-Québec, qui ont
développé une politique d'achat au Québec
M. Martin: La réponse est oui. Je pense que notre meilleur
guide, si on veut se référer à des politiques d'achat bien
établies, ce pourrait être la politique d'Hydro-Québec, qui
est elle-même proche parente de celle du gouvernement. La politique de
SOQUIP, c'est donc la même et celle de chacune des entreprises sera
formulée dans le même sens. Il s'agit d'un pourcentage de contenu
essentiellement québécois dans l'achat de biens et services
pondéré avec les prix, la disponibilité et la
qualité des fournitures. (17 h 45)
M. Rodrigue: Est-ce que vous avez eu de la facilité
à trouver au Québec les fournisseurs pour les produits que vous
vouliez utiliser? J'imagine, pour ce qui est des pipelines, qu'il n'y a
peut-être pas de fabricant de tuyaux d'acier de cette dimension et de
cette qualité au Québec, c'est un peu spécialisé.
Quant au réseau de distribution, est-ce que vous avez eu de la
difficulté ou, au contraire, de la facilité à trouver au
Québec les produits dont vous avez besoin pour réaliser ces
ouvrages?
M. Martin: On n'a pas nécessairement de la
facilité. Nous commençons l'analyse détaillée et
ventilée des fournitures requises. Si on se réfère grosso
modo au réseau de distribution et aux tuyaux, le tuyau d'acier qui est
le plus gros, celui qui a le plus gros diamètre utilisé dans les
réseaux de distribution, n'est pas disponible chez les fabricants
québécois. Le tuyau de moindre diamètre, en plastique, est
disponible ici et fabriqué au Québec. On pourrait vous donner les
volumes respectifs d'achat que représentent l'un et l'autre des tuyaux.
Du côté des compresseurs et des pompes utilisés dans les
réseaux de distribution, la fourniture québécoise n'est
pas abondante non plus. Nous sommes en train d'analyser l'ensemble des volumes
d'achats prévus - je parle seulement de la distribution et non pas du
transport - mais, pour répondre à votre question, la
totalité des biens qui doivent être acquis pour ces
investissements n'est pas disponsible chez les fabricants
québécois.
M. Rodrigue: Est-ce qu'il y a possibilité, compte tenu de
l'expansion future des réseaux, de susciter, jusqu'à un certain
point, l'implantation d'usines au Québec pour être en mesure de
fabriquer ces tuyaux? Évidemment, la question se pose: Est-ce que les
quantités requises justifieraient de lancer une telle industrie? Je
pense à Hydro-Québec qui, à un moment donné, a
suscité l'installation de Cégelec à Laprairie parce qu'on
était un fort utilisateur d'isolateurs en céramique pour les
lignes à 735 KV entre autres. À ce moment-là, on a pris
les moyens pour que se fabriquent au Québec les isolateurs; cela s'est
fabriqué à Laprairie, chez Cégelec. Est-ce que les volumes
que vous utilisez justifieraient, à votre sens, de favoriser
l'implantation de telles usines au Québec?
M. Martin: Je vais vous donner une réponse d'orientation,
de principe ou d'attitude. Notre attitude est de chercher à avoir le
maximum des retombées économiques au Québec. Je parle
toujours de fourniture de biens et de services. Notre attitude ne sera pas
passive mais active. Dès que nous allons identifier la
possibilité de susciter la création ou le développement
d'entreprises québécoises, nous allons agir. Nous sommes en train
d'agir dans un cas dont je ne veux pas parler...
M. Fortier: Moi, j'ai une question à poser, mais la
commission pourrait permettre au député de Jean-Talon de poser
une demi-question.
M. Duhaime: II va avoir une demi-réponse.
Relations du travail
M. Rivest: M. le Président, ma demi-question concerne les
relations du travail. Vous avez évidemment établi
l'échéancier, et beaucoup d'inquiétudes sont
soulevées dans différents milieux au sujet de la nature des
relations de travail. J'aimerais, très brièvement, voir d'abord
vos préoccupations à ce titre, étant donné le
climat actuel qui prévaut malheureusement à la construction du
pipeline.
Deuxièmement, est-ce que vous-même, Gaz
Métropolitain ou d'autres personnes en autorité dans le secteur
ont fait part d'un certain nombre de ces préoccupations-là au
gouvernement et au ministère du Travail?
M. Martin: Très simplement, oui, nous suivons la situation
de près, le climat, si l'on veut, des relations de travail au gazoduc.
Je pense que c'est le sens de votre question.
M. Rivest: Oui.
M. Martin: C'est une situation que nous suivons. On croit
comprendre que la situation s'est améliorée depuis quelque temps,
on croit comprendre aussi que rien n'est jamais garanti dans ce genre de
situation. Gaz Métropolitain et Gaz Inter-Cité, qui sont encore
plus directement concernées, ont, de fait, écrit l'une et l'autre
au ministre du Travail pour signaler leur souci, leur inquiétude et leur
opposition, si on veut, comme entreprises, à ce que des situations
tendues et même des désordres mettent en difficulté ce
qu'on pourrait appeler le cours normal des affaires.
M. Rivest: M. le Président, cela répond au premier
quart de ma question, et comme j'ai le droit simplement à une
demi-question, je vais poser un autre quart de question. Est-ce que le ministre
ou le président aurait objection à nous transmettre la copie de
la correspondance échangée entre Gaz Métropolitain, Gaz
Inter-Cité, d'une part, et le ministère du Travail concernant la
situation au chantier du gazoduc? Je vais vous dire, M. le
Président...
M. Duhaime: Je voudrais rappeler au député de
Jean-Talon que connaissant, comme lui devrait le savoir, les règlements
qui régissent nos travaux parlementaires, il devrait plutôt poser
sa question à mon collègue du Travail et de la Main-d'Oeuvre
à l'Assemblée nationale...
M. Rivest: Oui.
M. Duhaime: ... aux fins de savoir si, oui ou non, il y a
échange de correspondance dont il voudrait obtenir l'information.
Très probablement que cela pourrait s'inscrire au feuilleton et mon
collègue y donnerait suite, avec sa diligence habituelle.
M. Rivest: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Laplante): Votre question est
complète.
M. Rivest: Non, M. le Président, je parle sur la question
de règlement soulevée par le ministre.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne voudrais pas
étendre le débat. Écoutez, M. le député de
Jean-Talon, on vous a donné la permission de poser une demi-question,
non pas de soulever un débat.
M. Rivest: Non, je ne m'entêterai pas, je vais simplement
conclure en disant...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, avez-vous d'autres questions? Sinon, je passe à un
autre.
M. Rivest: C'est un élément important du dossier.
Tout cela ne tiendra pas si le gouvernement ne prend pas ses
responsabilités au niveau des relations de travail. Il ne fait rien, le
ministre du Travail. Je voudrais savoir ce qu'il a répondu.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, je vais être obligé de vous rappeler à
l'ordre.
M. Rivest: C'est fait, j'ai passé mon message.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
Coûts et délais
M. Fortier: M. Martin, la question que je voudrais poser est
reliée aux coûts de construction de Trans Québec. Les
journaux en ont fait état; c'est un secret de polichinelle que le
conseil d'administration de Trans Québec & Maritimes est
extrêmement inquiet des accroissements de coûts et des
délais. Je crois que, dans la presse, on a fait état la semaine
dernière qu'un kilomètre de gazoduc au Québec coûte
30%, 40% ou 50% de plus qu'un kilomètre de gazoduc en Ontario au
même moment et que le 1 000 000 000 $ que devait coûter le gazoduc
au Québec pourrait devenir 2 000 000 000 $. À cause de cela et
pour d'autres raisons - entre autres, on m'a indiqué qu'on
n'était pas tout à fait certain qu'il y aurait du gaz à
l'île au Sable et que l'Office national de l'énergie se posait des
questions à savoir s'il serait adéquat de continuer le gazoduc
jusqu'en Nouvelle-Écosse - je me demande dans quelle mesure ces
accroissements de coûts peuvent avoir un impact. Tout à l'heure,
nous avons établi que les accroissements de coûts vont être
heureusement pour nous au Québec - amortis par les utilisateurs du
Québec et de l'Ontario, même si l'accroissement des coûts
déraisonnables se fait surtout au Québec. Je pense que nous avons
établi que cela créerait une certaine augmentation du coût
du gaz -est-ce qu'on peut s'entendre là-dessus dans une certaine mesure
- si tous les coûts ne sont pas absorbés par Trans Québec
& Maritimes, s'ils sont acceptés par l'Office national de
l'énergie?
Maintenant, si on continue avec les distributeurs, je ne sais pas quelle
est l'expérience de Gaz Métropolitain à ce jour, mais je
sais, pour leur avoir parlé l'an dernier lorsqu'il y avait des
problèmes au chantier, que la même expérience qui a
été celle de Trans Québec & Maritimes est
également celle de Gaz Métropolitain, dans le sens que les
coûts sont plus élevés que leurs estimations originales.
J'ai deux
questions. La première est celle-ci: Dans quelle mesure ces
accroissements de coûts vont-ils porter le coût du gaz à un
prix tel qu'il soit moins compétitif avec l'électricité ou
avec d'autres formes d'énergie? Vous y avez partiellement répondu
tout à l'heure, mais je me demandais s'il n'y aurait pas lieu
d'être inquiet, parce que vous indiquez ici le coût de distribution
jusqu'en 1986, 1 000 000 000 $ - je pense que mon collègue de Vimont,
qui est ingénieur va être d'accord avec moi - quand on a un peu
d'expérience de ces grands projets, avec les incertitudes qui entourent
les travaux du gazoduc, qu'on ne puisse nous assurer dans le moment que cela va
coûter 1 000 000 000 $? Je pense que personne ne peut nous donner cette
assurance. La question est double. Dans quelle mesure votre estimation de 1 000
000 000 $ est-elle ou n'est-elle pas très rassurante et dans quelle
mesure les augmentations de coûts du gaz qui pourraient survenir à
cause de l'augmentation des coûts du gazoduc et des coûts de
distribution pourraient-elles avoir un impact considérable sur le prix
du gaz lui-même?
M. Martin: C'est une vaste question que vous nous posez. Notre
estimation de 1 000 000 000 $ est la meilleure qu'on peut faire à ce
moment-ci. C'est fait de bonne foi et compte tenu de ce qu'on peut
prévoir. Si l'on devait largement la dépasser ou la doubler, il
faudrait remettre en cause jusqu'à un certain point soit le rythme des
investissements, soit la rentabilité du projet d'expansion
lui-même. Ce qui est rassurant à ce point de vue, c'est que le
projet d'expansion des réseaux de distribution n'est pas une entreprise
qui vient en bloc, mais qui vient en tranches. Évidemment,
d'année en année, si l'affaire se révèle être
une mauvaise affaire, on peut l'arrêter. Ce n'est peut-être pas ce
qu'il y a de plus stimulant pour l'esprit que de dire cela...
M. Fortier: Non, mais dans cette mesure...
M. Martin: ... mais il faut quand même savoir qu'en
décidant d'aller de l'avant on se trouve à décider d'aller
dans une certaine direction et on n'est pas engagé par la
fatalité de l'investissement initial à se rendre jusqu'au
bout.
Si, forcément, l'affaire s'avérait irréaliste, non
rentable ou futile, il faudrait l'arrêter à un moment
donné.
M. Fortier: Le député de Vimont disait qu'on ne
doit peut-être pas trop se préoccuper du rendement. On est
d'accord pour créer de l'emploi, mais il reste que, si ces aléas
arrivaient, j'imagine que vous seriez les premiers à dire: Ce n'est
peut-être pas rentable de faire la distribution à tel et tel
endroit, parce que, s'il y a trop de retard, cela peut indisposer la
clientèle. On pourrait investir pour des tuyaux dans le sous-sol sans
avoir de clients et, à ce moment-là, remettre la chose en
question.
Pour conclure - parce qu'il est déjà 17 h 57 et je ne
voudrais pas trop retarder les débats - le projet de loi qui nous est
proposé ne précise pas d'une façon péremptoire
qu'il s'agit d'investissements dans Gaz
Métropolitain et dans Gaz Inter-Cité. Ma première
question est celle-ci: Auriez-vous objection à un amendement qui
préciserait ce que vous demandez, soit 90 000 000 $ pour investir dans
Gaz Métropolitain et dans Gaz Inter-Cité? Seriez-vous d'accord
que la loi soit beaucoup plus précise et qu'on dise formellement que ces
montants seront disponibles pour votre compagnie, afin d'investir dans Gaz
Métropolitain et dans Gaz Inter-Cité et ainsi respecter vos
engagements, tel que vous l'explicitez dans votre document?
M. Duhaime: M. le Président, c'est une autre question qui
s'adresse...
M. Fortier: Non, j'ai demandé s'il y avait des objections.
C'est eux qui ont fait la demande. M. le Président, je crois que
la...
M. Duhaime: Les projets de loi à l'Assemblée
nationale sont pilotés par les ministres responsables des dossiers, et
non par les PDG des sociétés d'État. Je voudrais
simplement, pour alimenter la réflexion du député
d'Outremont, lui rappeler que nous avons voté une loi en décembre
1980. La loi a été sanctionnée le 22 décembre, si
ma mémoire est bonne. L'Assemblée nationale a été
unanime sur un projet de loi modifiant la Loi sur la Société
générale de financement du Québec. Pour mémoire, je
rappelle essentiellement qu'il s'agissait d'investir un montant de 112 000 000
$ dans la SGF et nous avons, comme on le fait aujourd'hui, au cours de nos
travaux, entendu le PDG de la Société générale de
financement de même que ses conseillers. C'est le chapitre 35, M. le
député d'Outremont.
Il y a une disposition de cette loi que je pourrais agréer tout
de suite en donnant un préavis, je le dis d'emblée, M. le
Président, parce que vous allez comprendre que nous ne voulons pas
susciter inutilement des débats. Je voudrais que le député
d'Outremont prenne connaissance du projet de loi. Il y a un paragraphe qui se
lit comme suit: "La Société - en se référant
à la SGF - ne peut employer un montant qui lui a été
versé en vertu de l'alinéa précédent, se
référant à une augmentation du capital-actions, à
des fins autres que celles qui sont agréées par le gouvernement."
Je
serais disposé, M. le Président, à insérer
un paragraphe...
M. Fortier: M. le Président, j'ai...
M. Duhaime: ... similaire dans cette loi et nous pourrions en
discuter ici, en commission, de nouveau, lors de l'étude article par
article.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais dire que je
participais à l'adoption de cette loi sur la SGF, mais il faut se
rappeler que, dans les documents que la SGF nous avait donnés, on avait
fait état de certains projets, d'autres projets qui étaient un
peu imprécis. Dans ce cas-ci, c'est quasiment mathématique. On a
dit: II y a un investissement de 1 000 000 000 $, il y a 600 000 000 $ qui vont
venir d'obligations, il y a 400 000 000 $ qui vont venir de capital-actions et,
en appliquant les pourcentages de propriété de SOQUIP dans ces
deux compagnies, on arrive - c'est quasiment mathématique - à 90
000 000 $. Il semblerait qu'il n'y a aucune marge de manoeuvre pour d'autres
projets, c'est essentiellement pour ça.
Ma deuxième... (18 heures)
Le Président (M. Laplante): C'est tout là-dessus.
Il est 18 heures.
M. Fortier: Ce que je propose, on a quelques minutes, on...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Fortier: Je pense que le ministre et moi-même allons
continuer.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que...
M. Fortier: Non, d'accord.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que je dois
quitter moi-même. Alors...
M. Fortier: La deuxième question, c'est qu'il y a des
aléas - vous l'avez dit - il n'y a personne qui contrôle. Je suis
sûr que les compagnies du secteur privé qui devront investir,
première des choses, vont s'inquiéter des rendements, comme le
député de Notre-Dame-de-Grâce en faisait état. D'un
autre côté, au lieu de voter un capital-actions ou de donner
à SOQUIP le pouvoir de demander au gouvernement - parce que la loi ne
dit pas que c'est le gouvernement qui va décider quand on investit,
c'est à la demande de SOQUIP - étant donné les
incertitudes qu'on devra clarifier durant la prochaine année ou les deux
prochaines années, au lieu de s'embarquer dans un projet de quatre
à cinq ans, et vous l'avez dit vous-même, les précisions
qu'on peut apporter et sur la qualité des estimations et sur la
nécessité de faire tel et tel investissement peuvent être
remises en question - il serait plus raisonnable, si on veut agir en bons
gestionnaires, comme on le ferait dans le secteur privé - parce que le
gouvernement dit avec raison que les compagnies de la couronne ou les
sociétés d'État doivent se comporter comme des
sociétés du secteur privé, et je suis sûr que, dans
le secteur privé, on ne voterait pas 90 000 000 $ vu l'incertitude qui
entoure la pénétration du gaz dans le moment - il serait, dis-je,
plus raisonnable de voter un montant d'argent qui permettrait à SOQUIP
d'investir pendant deux ans et de revoir, dans deux ans, toute la
situation.
De toute évidence, vous l'avez dit vous-même, M. le
président, il n'y a personne qui peut nous assurer que tout ce programme
d'investissement va se réaliser, d'autant plus que le programme
d'investissements a été basé non pas sur une étude
fouillée de ce qui se fait au Québec mais, vous me l'aviez
confié, sur la pénétration du gaz telle qu'elle se fait en
Ontario. Vous avez utilisé un modèle de comparaison avec
l'Ontario pour établir le degré de pénétration du
gaz.
Pour toutes ces raisons-là, je me demandais, quoique nous soyons
tout à fait d'accord sur la pénétration du gaz au
Québec, pour quelle raison s'engager aussi avant pour tant de millions
de dollars et pour une période de temps si longue, alors que
l'incertitude pourrait être clarifiée d'ici un an ou deux. Il
semblerait que c'est là le problème. D'ici la fin de
l'année, on va savoir si le gazoduc se construit ou ne se construit
pas.
M. Duhaime: M. le Président, peut-être que M. Martin
voudrait ajouter autre chose, après mon intervention, moi, ce sera ma
dernière. Je voudrais réagir tout de suite à la suggestion
du député d'Outremont. On retient une problématique de
cinq années pour une raison assez simple. Il s'agit d'investissements de
l'ordre de 1 000 000 000 $. Nous travaillons, tant à Gaz
Métropolitain qu'à Gaz Inter-Cité, avec des
coactionnaires. Bien sûr, le financement de ce projet va se faire par des
prises de participation dans le capital-actions par SOQUIP et ses partenaires,
mais aussi par des émissions d'obligations dans le public. Il est bien
certain qu'en retenant votre suggestion, ce serait à peu près la
meilleure façon de faire échouer le projet, à mon point de
vue, parce que là on créerait davantage d'incertitude en disant:
On va y aller pour 24 mois et le matin du 25e mois on verra, peu importe
où le tuyau sera rendu ou encore comment le réseau de
distribution sera avancé. L'approche un peu apocalyptique
que vous retenez, M. le député d'Outremont, ne
m'apparaît pas réelle et je pense qu'il faut tenir compte des
risques inhérents à tout projet d'investissement. À ce que
je sache, à l'heure même où je vous en parle, si vous
voyagez entre Montréal et Trois-Rivières, vous allez voir que
tout le monde est à pied d'oeuvre et que Trans Québec &
Maritimes poursuit ses travaux à une cadence et à un rythme
acceptable. C'est vrai qu'il faut déplorer le fait que du banditisme se
soit exercé dans le passé aux chantiers, mais, si on
s'était mis dans la tête au départ que le "Canada Pipeline
Agreement" ne pouvait pas prévaloir sur les dispositions de nos propres
règlements de la construction au Québec, peut-être qu'on
aurait évité tout ce scénario.
Je pense qu'il est beaucoup plus réaliste de retenir une
problématique de cinq ans, de façon que nos partenaires dans les
deux entreprises sachent exactement à quoi s'en tenir, puissent non
seulement sentir, mais savoir que la décision de SOQUIP comme
participant, c'est qu'on va aller de l'avant. Un scénario de deux ans
m'apparaît complètement contradictoire avec la démarche
qu'on voudrait suivre, a partir du moment où on a décidé
de favoriser la pénétration du gaz naturel. En fait, on y va ou
on n'y va pas. Je crois que votre parti est d'accord, M. le
député d'Outremont, avec la stratégie de
pénétration, du moins le principe, pour ce qui est du gaz
naturel. Je pense qu'on ferait une erreur de limiter et d'attacher SOQUIP en
quelque sorte pour 24 mois dans un dossier de cette importance. Si
j'étais un partenaire de SOQUIP dans Gaz Métro ou dans Gaz
Inter-Cité et que le président de SOQUIP se présentait au
conseil d'administration et disait: J'ai de l'argent pour deux ans, j'ai comme
l'impression que les partenaires commenceraient à se poser de
sérieuses questions sur la volonté de SOQUIP, comme partenaire,
d'aller de l'avant. Il y a aussi le public qui est impliqué dans cela,
qui va réagir et il n'y a pas lieu de croire que la réaction du
public va être négative.
Sans minimiser pour autant les événements qui se sont
produits tout au long de ces travaux, je pense pouvoir dire, aujourd'hui, en
tout cas, que les travaux se déroulent normalement. J'ai l'assurance de
mes collègues de la Justice et du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu que ce dossier est suivi d'heure en heure.
Franchement, il y a peut être certains dirigeants syndicaux, s'ils
méritent encore de porter ce nom, impliqués directement dans ce
dossier, qui devraient peut être faire preuve d'un plus grand
degré de civilité. Qu'on revendique des conditions de travail,
c'est une chose, mais qu'on intervienne à peu près à la
méthode des Tupamaros pour faire cesser des travaux... Je pense qu'il
faut avoir confiance en l'avenir, M. le député d'Outremont, et
penser que les choses vont se dérouler normalement.
Le Président (M. Laplante): Aviez-vous...
M. Fortier: Brièvement, juste une remarque. D'une part, je
suis certain que vos partenaires du secteur privé ne s'engagent pas pour
cinq ans, mais, d'autre part, je suis à peu près certain que vous
allez revenir ici, parce qu'il va y avoir des dépassements de budget,
c'est à peu près certain.
Le Président (M. Laplante): D'autres
réflexions?
M. Duhaime: Peut-être dans le secteur du nucléaire,
mais cela ne s'applique pas au gaz naturel.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les membres de cette
commission vous remercient, M. le président. Je prierais le rapporteur
de faire rapport à l'Assemblée nationale que nous avons
terminé l'audition avec le président-directeur
général de SOQUIP. Les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 08)