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(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources se
réunit afin d'étudier programme par programme les crédits
pour l'année financière 1982-1983.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M.
Lavigne (Beauharnois), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac),
M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont), M. Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc), M.
Dussault (Châteauguay), M. Hains (Saint-Henri), M. Levesque
(Bonaventure), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Tremblay (Chambly).
Seulement un moment! Pourriez-vous me proposer un rapporteur, s'il vous
plaît?
M. Grégoire: Oui, M. le Président. Pourrais-je
proposer mon confrère de l'Abitibi, M. Bordeleau?
Le Président (M. Laplante): M.
Bordeleau (Abitibi-Est).
M. Fortier: J'aimerais que M. Bélanger
(Mégantic-Compton), membre de la commission, soit remplacé par M.
Reed Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), et que M. Hains (Saint-Henri),
intervenant à cette commission, soit remplacé par M. Michel
Gratton (Gatineau).
Le Président (M. Laplante): Correction à l'appel
des membres. M. Bélanger (Mégantic-Compton), membre de la
commission, serait remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)
et, chez les intervenants, il y a aussi une correction, M. Hains (Saint-Henri)
serait remplacé par M. Gratton (Gatineau).
M. le ministre, remarques préliminaires.
M. Duhaime: M. le Président, je ne sais pas s'il y a un
putsch dans le Parti libéral ce matin, mais... Ah! il arrive.
M. Fortier: Tout est organisé, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez y aller, M. le
ministre.
Exposés généraux M. Yves
Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, nous commençons, ce
matin, l'étude des crédits du ministère de
l'Énergie et des Ressources. La tradition veut que le ministre fasse un
exposé général sur les activités du
ministère. Ce que je proposerais plutôt, ce matin, ce serait de
faire un exposé par secteur d'activité ou par bloc. Nous pouvons
tout aussi bien commencer par le secteur de la forêt, des mines ou de
l'énergie.
Cependant, M. le Président, des collègues de l'Opposition
m'ont suggéré que, cette année, nous commencions par les
mines l'étude de nos crédits, et que nous poursuivions
l'étude des programmes touchant l'énergie pour terminer nos
travaux sur le secteur de la forêt.
Personnellement, M. le Président, il me fait plaisir d'accommoder
l'Opposition là-dessus. Je sais qu'ils ont beaucoup de chats à
fouetter ce temps-ci et si cela peut les arranger, cela ne nous crée
aucune espèce de problème. Alors, j'ai cru comprendre que...
Le Président (M. Laplante): Je pense qu'il y a un
député, je ne sais pas son nom. Vous allez être
obligé de changer de place, monsieur, s'il vous plaît.
M. Duhaime: M. le Président, de façon succincte, je
voudrais simplement rappeler que le ministère de l'Énergie et des
Ressources est un des grands ministères à vocation
économique du gouvernement, car il oeuvre dans trois secteurs
clés de notre activité économique.
Pour l'ensemble des trois secteurs, pour pouvoir en évaluer
l'impact économique, je dirai essentiellement que l'activité des
secteurs énergétique, minier et forestier compte pour 50% du
total des exportations du Québec.
Les investissements prévus dans ce secteur d'ici 1990 sont de
l'ordre de 80 000 000 000 $ en tenant compte, bien sûr, du plan
d'équipement d'Hydro-Québec.
Plus de 400 000 emplois directs, indirects et induits qui sont maintenus
par
ces activités économiques dans les trois secteurs, ce qui
représente une masse salariale d'au-delà de 3 000 000 000 $.
Vous comprenez facilement que, sur le plan de la problématique,
chacun des trois secteurs n'en est pas au même stade de perfectionnement.
Pour ce qui est de la forêt, par exemple, les activités de
transformation sont très avancées; je pense, en particulier, au
secteur des pâtes et papiers. Ce secteur d'activité
économique va en s'améliorant à cause, principalement, de
l'impact très positif et très significatif du programme de
relance et de modernisation qui se poursuit actuellement. À peu
près le tiers de l'argent est dépensé sur un total de 2
500 000 000 $; ce qui veut dire que d'ici 1985, les capacités de
production et la force concurrentielle aussi de ce secteur auraient
été grandement améliorées.
Dans le secteur des mines, cependant, le niveau d'exportation est
très élevé en ce qui a trait à l'exportation de
matières premières et je pense que l'on doit constater que le
niveau de transformation est peu élevé, même s'il y a
amélioration. C'est donc dire que, sur le plan du développement,
si nous opposons le secteur de la forêt à celui des mines, on se
rend bien compte qu'il nous faudra, dans les années qui viennent,
à partir, bien sûr, d'une problématique de
développement dans le secteur minéral, tenter de maximiser la
transformation de nos richesses naturelles au Québec.
Dans le secteur énergétique, nos objectifs sont
très clairement connus. Je n'ai pas à les rappeler ici. Je
rappelle essentiellement pour mémoire l'énoncé de 1978, le
livre blanc sur l'énergie, et ensuite le document qui a
été publié en 1981, qui avait pour titre, Trois ans
d'action, qui essentiellement faisait le point sur la situation. Je dois
ajouter cependant que dans nos prévisions des composantes du bilan
énergétique sur l'horizon 1990, pour ce qui est du secteur
hydroélectrique, nous visons 41% à 42% et je crois pouvoir dire
que nous atteindrons très probablement ce niveau avant 1982, au rythme
où les conversions se font.
Pour ce qui est du gaz naturel, nous venons d'investir 90 000 000 $ dans
SOQUIP. La loi a été votée à l'Assemblée
nationale. Je remercie les collègues de l'Opposition d'avoir voté
ce projet de loi avec le gouvernement. SOQUIP, via Gaz
Métropolitain et Gaz Inter-Cité, poursuit son travail pour
faire en sorte que le réseau gazier puisse s'étendre le plus
rapidement possible à travers le Québec. Notre objectif est de
passer de 6% en 1976 à 16% en 1990.
Dans le secteur hydroélectrique, vous connaissez le point de vue
du gouvernement pour ce qui est de la production d'électricité
à partir de centrales nucléaires. Nous maintenons le moratoire et
j'espère que nous pourrons le maintenir le plus longtemps possible. Nous
continuons le plan d'équipement d'Hydro-Québec. J'ajouterai ce
matin que nous serons en mesure de convoquer la commission parlementaire
permanente de l'énergie et des ressources très probablement cet
automne où nous pourrons reprendre l'étude du plan
d'équipement d'Hydro-Québec, probablement en même temps que
nous pourrions étudier la proposition tarifaire d'Hydro-Québec si
l'Opposition était d'accord avec ce scénario, ce qui nous
éviterait vraisemblablement de tenir deux débats à des
intervalles différents.
Je dis tout de suite que je n'ai pas d'objection à rediscuter du
plan d'équipement d'Hydro-Québec, j'en ai donné
l'assurance à l'Assemblée nationale il n'y a pas tellement
longtemps. De toute manière, tout le monde sait que, lors de
l'étude des tarifs, on étudie aussi les programmes
d'équipement.
Je voudrais dire que, dans le secteur des forêts, il nous faut
considérer une problématique qui va demander beaucoup
d'attention, je pense, de la part du ministère et de la part de
l'industrie. C'est la question des approvisionnements en matière
ligneuse. Lorsque nous avons mis en place le plan de relance et de
modernisation du secteur des pâtes et papiers, nous nous sommes
engagés en même temps à augmenter les approvisionnements
à l'industrie d'un million de cunits sur une base annuelle. Il est
évident que si nous voulons, dans les années qui viennent, non
seulement rencontrer les garanties d'approvisionnement consenties à
l'industrie mais également augmenter nos capacités de production,
donc augmenter notre part relative des marchés internationaux, il nous
faudra faire un examen complet de toute la problématique de reboisement,
de reforestation et d'aménagement de nos forêts au Québec.
(12 heures)
Dans le secteur du sciage, qui vit actuellement ses heures les plus
sombres à cause de la conjoncture du marché
nord-américain, qui est relié directement au très haut
niveau des taux d'intérêt qui font que l'industrie de la
construction domiciliaire en particulier n'est pas en mesure cette
année, même si on est rendu au 2 juin, de prendre son envol, il
est bien certain qu'avec l'industrie du sciage, nous avons commencé et
nous continuerons de travailler à bâtir ce que j'appellerais un
créneau international sur le plan des exportations, de façon que,
lorsqu'il y aura ralentissement ici, nous pourrons nous maintenir sur de
nouveaux marchés.
Si j'avais à me résumer, et j'aurai l'occasion
d'élaborer mon idée plus longuement lorsque nous reprendrons
chacun des secteurs par programme ou par groupes de programme, je dirais
essentiellement - et je suis conscient que cet énoncé va
être très
général - que nous allons, bien sûr, maintenir, dans
le secteur des forêts, cet effort de modernisation et de rationalisation
de l'industrie. Dans le secteur des mines, nos objectifs visent une plus grande
diversification de la production minière et une augmentation du niveau
de transformation au Québec, en particulier, dans le secteur de
l'amiante et, enfin, dans le secteur de l'énergie à partir d'un
objectif d'accroissement de notre propre autonomie énergétique
axée essentiellement sur l'hydroélectricité, et la
pénétration du gaz naturel. Au fur et à mesure que cette
politique se poursuit, on voit chuter les ventes de pétrole
importé, ce qui, dans une problématique d'un meilleur
équilibre sur le plan, d'abord d'une balance commerciale et
possiblement, dans quelques années, sur le calcul d'une balance de
paiement pour le Québec. Il est évident que nous allons continuer
de travailler dans cette direction.
Je m'arrête ici, M. le Président, je pourrai reprendre en
faisant un bref rappel sur les activités et les objectifs de chacun des
secteurs, lorsque nous reprendrons l'étude par groupe de programmes.
Le Président (M. Laplante): Merci M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. Mes remarques vont
être extrêmement brèves. Pour certaines raisons, d'une part,
on a convenu avec le ministre de procéder par étape et je le
remercie de sa collaboration. Ce matin, nous étudierons le domaine des
mines en espérant qu'on aura assez de temps pour le faire,
peut-être qu'on devra déborder un peu, ce soir. Il était
prévu que, ce soir, nous aborderions la question
énergétique et, demain, la question des pâtes et papiers.
Je m'excuse également du fait que je devrai quitter incessamment puisque
j'avais un engagement et je laisserai à mes collègues le soin de
continuer la discussion en ce qui a trait au domaine des mines d'une
façon plus particulière.
Nous avons reçu du ministère les documents qui explicitent
la façon dont le ministère entend dépenser les sommes qui
seront votées par le Parlement. Je dois dire qu'en les examinant et en
les comparant avec les documents des années dernières, on
s'aperçoit qu'il y a beaucoup de ressemblance. C'est à s'imaginer
si on n'a fait que changer les chiffres à certains moments et qu'on nous
refile un document à peu près en tout point identique à
ceux qui avaient été préparés les années
précédentes. J'avais pensé que la conjoncture étant
ce qu'elle est, on aurait pu peut-être mettre un peu plus d'insistance
pour expliciter certaines politiques qu'on voudrait mettre de l'avant à
l'avenir. Les documents remis ne soulignent pas la gravité de la
situation qui existe, en particulier dans le domaine des forêts et du
bois de sciage
J'aurai l'occasion ce soir, lorsque nous reprendrons nos travaux, de
faire un tour d'horizon plus complet de la question énergétique
des pâtes et papiers. J'aimerais quand même souligner que
l'étude des crédits va bien au-delà de la stricte
étude des dollars et des cents qui seront dépensés pour
chacun des postes. C'est une occasion pour nous d'évaluer la situation
réelle du secteur énergie et ressources qui est très
certainement l'une des pierres angulaires de l'économie
québécoise. Le dossier de l'énergie et des ressources,
tout le monde en convient, est crucial dans toute activité
économique au Québec. Il en découle des politiques
gouvernementales qui se doivent d'être particulièrement
englobantes et pertinentes.
Dans ce sens, le gouvernement joue un rôle beaucoup plus grand
qu'une simple gestion des ressources naturelles. Il est le principal
intervenant non seulement par le biais de ce ministère, mais aussi par
le biais d'autres ministères et de nombreuses sociétés
d'État qui se rapportent justement au ministre.
Au fur et à mesure que nous aborderons les différents
points, j'aurai certaines remarques, certaines questions concernant les
sociétés d'État et les activités d'autres
ministères qui peuvent avoir un impact sur les politiques
d'énergie et de ressources.
Je m'arrête ici et je laisse la place à mon collègue
de Richmond qui continuera la discussion sur les mines d'une façon plus
particulière.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Outremont. Je tiendrai compte des remarques et de
l'entente qui s'est faite au commencement de la réunion. Je vais
appeller le programme 1, mais si vous avez des remarques préliminaires
avant d'appeler le programme...
M. Vallières: Oui, j'aurais des remarques
préliminaires sur le secteur minier au départ, quitte à ce
que par la suite nous envisagions, possiblement pour ce soir, l'étude
des divers programmes.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, on va
procéder comme l'on procède normalement à l'étude
des crédits. Il est convenu d'appeler tout de suite le programme 10 sur
l'exploration géologique et minérale. Je vais demander les
remarques du ministre sur le programme et, après cela, vous parlerez de
l'aspect général des mines, d'accord?
M. Vallières: Aucun problème.
Le Président (M. Laplante): Alors, le programme 10, tel
que convenu. M. le ministre.
M. Duhaime: Je croyais que c'est ce que nous avions convenu tout
à l'heure, M. le Président.
Exploration géologique et
minérale
Le Président (M. Laplante): Oui, si vous avez des
remarques; ensuite, on va retourner au député de Richmond.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, si mes collègues de la
commission étaient d'accord, nous pourrions aborder les trois
programmes. On va commencer par le programme 10, mais mes remarques vont porter
sur les programmes 10, 11 et 12. Au moment de leur adoption, je vous
suggérerais respectueusement de les rappeler dans l'ordre qui vous
plaira.
Je voudrais faire des remarques d'ensemble sur le secteur minier.
D'abord, quelques chiffres pour nous situer, c'est peut-être bon de le
mentionner. En 1981, la valeur de la production dans le secteur minier a
atteint 2 400 000 000 $. L'exportation des minéraux compte pour 21% de
l'ensemble des exportations au Québec. Il y a 30 000 emplois directs
impliqués dans l'exploitation, et au-delà de 75 000 emplois
indirects en aval, pour une masse salariale de près de 800 000 000 $ au
niveau primaire.
Cette année, les dépenses d'exploration ont atteint les
plus hauts niveaux de toute la décennie 1980, je devrais dire des dix
dernières années, soit 127 000 000 $, dont 100 000 000 $ dans la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. Les droits miniers
payés par l'industrie rapportent au gouvernement environ 50 000 000 $
par année. Bien sûr, les activités minières au
Québec sont régionales, concentrées principalement dans la
région du Nord-Ouest, la Côte-Nord et la Gaspésie. Pour
1982, les investissements prévus sont de l'ordre de 400 000 000 $.
Le Québec tient le premier rang au niveau canadien pour la valeur
de production de l'amiante, le deuxième dans le monde, peut-être
le premier, parce qu'on n'est pas trop certain des chiffres que nous fournit
l'Union des républiques socialistes soviétiques, mieux connue
sous le nom d'URSS qui, a son compte d'exportation, porte ou ne porte pas,
c'est un point d'interrogation, les ventes faites aux pays du COMECON. De toute
façon, en ce qui est de l'amiante, si nous ne sommes pas les premiers,
nous sommes bons deuxièmes.
Nous avons par ailleurs le premier rang pour ce qui est de la production
de titane, de sélénium, de niobium, de tellure d'or, de fer de
refonte, de dolomie magnésitique, de mica, de silice, de tourbe, de
pierre et de granit de construction. On serait enclin à penser qu'avec
les chiffres que je viens de mentionner, ce secteur d'activité
économique répond à nos objectifs. Il y répond en
partie, M. le Président, mais nous devons constater, par exemple, une
faiblesse marquée à l'égard de la transformation des
ressources minérales. C'est ce que j'indiquais tout à l'heure
dans mes remarques, le niveau de transformation des ressources minérales
du Québec est loin de satisfaire aux objectifs et je pense que c'est
dans ce secteur que les efforts du ministère devront porter au cours des
prochaines années.
Nous constatons un autre problème quant aux approvisionnements,
en particulier, dans le secteur du cuivre et du zinc où une industrie de
transformation s'est développée au Québec. Elle est en
place, mais la production de cuivre et de zinc du Québec faiblit au
point où nous sommes devenus, dans le secteur du cuivre, des
importateurs nets.
Il faut aussi souligner et déplorer la très faible
participation directe des Québécois dans le développement
des richesses minérales du Québec. Bien sûr, un certain
nombre de gestes ont été posés jusqu'à maintenant.
Je voudrais en faire un bref rappel. Dans le secteur de l'amiante, la
société nationale a été mise sur pied. Nous avons
aussi créé avec l'industrie l'Institut de recherche et de
développement de l'amiante. Dans le seul secteur de la recherche et du
développement, depuis les quatre dernières années, les
dépenses en recherche et développement sur l'amiante cumulent
aujourd'hui un montant de 10 000 000 $, alors qu'avant que notre gouvernement
soit élu, avant 1976, le montant total, sur une base cumulative des
budgets de recherche et de développement pour ce qui est de la
transformation en aval de l'amiante, était égal à
zéro.
Nous avons également fait l'acquisition de la mine Bell. En cours
d'année, nous avons eu une entente pour nous porter acquéreur de
la majorité des actions de la compagnie General Dynamics of Canada, ce
qui fait qu'aujourd'hui la SNA, directement et indirectement, contrôle
l'exploitation minière de la mine Bell et de la société
Asbestos.
Je voudrais dire un mot sur le symposium qui s'est tenu récemment
à Montréal. C'était le premier symposium mondial sur
l'amiante. Je pense que cela a été un grand succès, M. le
Président. Il y a eu 700 congressistes ou participants, venus de 49 pays
du monde. Nous avons voulu que ce symposium soit un forum, un lieu
d'échange, un lieu de discussion et je pense que ce premier but a
été atteint.
Nous avions voulu, en second lieu, que tous ceux qui sont directement
intéressés au dossier de l'amiante puissent intervenir dans ces
débats. C'est pourquoi il y avait des sommités mondiales du monde
scientifique, médical, des industriels, des représentants des
travailleurs d'à peu près tous les continents, des
représentants des gouvernements. Enfin, je pense que, sur le plan de la
représentation également, ce symposium a été un
succès.
Il a été un succès à un troisième
égard, et je pense pouvoir traduire honnêtement ce qui nous est
apparu comme étant un très large consensus qu'une approche
réglementaire pouvait être réalisée avec
succès, tant au niveau du contrôle pour ce qui est de la
santé et de la sécurité tant chez les mineurs que pour la
population en général que pour les travailleurs de l'industrie en
aval de la première transformation.
Cette approche réglementaire fait contraste avec une attitude de
bannissement qui a été, bien sûr, discutée et qui a
été rejetée de la même manière qu'une
proposition d'un député de la République
fédérale d'Allemagne devant le Parlement européen de
Strasbourg, il y a à peine quelques semaines, après le
débat, a été défaite puisqu'elle proposait au
Parlement européen, le bannissement de l'amiante. (12 h 15)
Je crois pouvoir dire, M. le Président, qu'au niveau des
communautés européennes, une réglementation est en cours.
Nous avons, bien sûr, des échanges avec ces autorités et je
crois pouvoir dire que la réglementation qui pourrait être retenue
par la Commission des communautés économiques européennes
va permettre à notre industrie de continuer son travail.
Nous allons, par ailleurs, à la suite de ce symposium, faire des
représentations directes auprès des gouvernements danois et
suédois, en particulier, et nous allons continuer notre effort de
sensibilisation à la République fédérale
d'Allemagne. Il n'est pas question pour nous de laisser une des grandes
richesses naturelles du Québec au ban de sociétés
industrielles. Non pas tant à cause du volume... Je sais que des
journalistes ont écrit des articles là-dessus récemment;
nous ne voulons partir en guerre contre personne, nous sommes conscients des
volumes d'échanges commerciaux entre le Québec et les pays
nordiques. Ce n'est pas tant sur l'importance des marchés que notre
préoccupation porte, c'est davantage sur le fait que l'industrie des
produits de substitution à l'amiante, c'est-à-dire nos
concurrents, se sert des législations danoises et suédoises, en
particulier, pour dénigrer la fibre d'amiante et on en entend de toutes
les couleurs en Europe.
Nous allons donc, à la suite de ce symposium, continuer cet
effort sur les marchés internationaux et également les efforts de
consolidation à la mine Bell et à la société
Asbestos.
Je dois dire aussi, M. le Président, que nos rapports avec
l'Association des mines d'amiante du Québec sont excellents, si j'avais
à les qualifier, et que nous allons travailler avec elle sur les
marchés internationaux.
Je voudrais dire aussi, M. le Président, que dans le secteur
minéral - et c'est un rappel - nous avons créé des
sociétés en commandite, devrais-je dire plutôt que nous
avons permis la création des sociétés en commandite par
les amendements à la loi, permettant une plus grande facilité de
financement de l'exploration par des particuliers québécois et
une déduction fiscale très importante de 66 2/3% portant à
166 2/3% le total permis en termes de déductions fiscales pour les
sociétés en commandite, ce qui, bien sûr, bonifie
l'investissement et réduit considérablement le risque des
investisseurs. J'ai annoncé, récemment, que cette mesure avait
été reconduite non seulement pour un an, mais pour cinq ans,
c'est-à-dire quatre ans, jusqu'en décembre 1985. Ce qui devrait
normalement se traduire par des investissements dans le secteur de
l'exploration via les sociétés en commandite, à des
montants de l'ordre de 20 000 000 $ au cours de la seule année 1982.
Les activités d'exploration vont se poursuivre dans le Nord-Ouest
et le Saguenay-Lac-Saint-Jean où nous dépenserons 4 900 000 $, en
Gaspésie, 2 300 000 $, dans la Basse-Côte-Nord, et fosse du
Labrador, 1 300 000 $. Nous allons engager une somme de 4 000 000 $ pour
terminer la construction de la route entre le village minier de Joutel et le
gisement de cuivre et de zinc de la compagnie Selbaie dans le canton de
Brouillan. L'exploitation de Selbaie a commencé en septembre 1981,
j'avais le plaisir d'être là avec mon collègue
d'Abitibi-Est et nous avons également annoncé que nous allions
prendre à nos frais l'entretien de la route entre Joutel et Selbaie, ce
qui veut dire que notre évaluation est que, cette année, nous
allons engager à peu près 100 000 $. Je crois que le montant
juste est 110 000 $.
Je constatais tantôt, M. le Président, que les PME
québécoises étaient peu présentes dans le secteur
ou, en tout cas, faiblement représentées. Je voudrais cependant,
en toute justice, pouvoir mettre en lumière et souligner le fait que
certaines entreprises du Québec sont en train de prendre graduellement
leur place dans le secteur du développement minéral. Je pense,
entre autres, à une société d'État, SOQUEM
et son engagement dans le gisement de sel des Îles-de-la-Madeleine
où nous avons versé une subvention de 14 000 000 $; la
dernière tranche de 4 000 000 $ va être versée au cours de
l'exercice financier en cours. Nous croyons pouvoir commencer l'exploitation de
la mine de sel des îles. Nous l'avions prévu pour la fin de 1982.
Il y a eu des problèmes en cours de route. Il semblerait que
l'exploitation pourrait être retardée de quelques mois.
M. Scowen: Est-ce que le ministre me permettra une courte
question? C'est traditionnel que l'étude des crédits, en partie
l'étude des crédits et en partie les discours, soit du ministre,
soit de l'Opposition et c'est le deuxième, effectivement, ce matin.
Est-ce que vous en avez pour encore cinq ou dix minutes?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vais vous arrêter ici. Il aurait fallu
être ici au début.
M. Scowen: C'est seulement pour savoir pour qu'on puisse
organiser nos affaires.
Le Président (M. Laplante): II aurait fallu être ici
au début pour être au courant de l'entente qui s'est faite. C'est
que M. le ministre a fait un très court discours au début pour
donner une chance au député d'Outremont de faire une intervention
lui-même et après programme par programme, M. le ministre donnait
ses explications et le même droit vous sera donné.
M. Scowen: Ce n'était pas du tout un reproche.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Scowen: J'ai posé une question et j'ai reçu une
réponse.
Le Président (M. Laplante): Je vous le dis aussi à
titre d'information, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Alors, M. le ministre.
M. Duhaime: À part le projet d'exploitation de la mine de
sel des îles, nous allons connaître une première en
Amérique du Nord; une usine de sciage et de polissage de panneaux de
granite est actuellement en construction, c'est la compagnie Granicor à
Saint-Augustin. La construction de cette usine s'inscrit justement dans une
stratégie de développement que j'indiquais tantôt.
Une nouvelle carrière de chaux agricole verrait également
le jour au début de l'été dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Cette nouvelle exploitation va nous permettre
d'approvisionner le marché régional, permettant également
des économies substantielles au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation pour ce qui est des subventions
accordées pour le transport de la chaux. Nous versons également
une subvention de 350 000 $ pour la bonne marche de ce projet.
Je voudrais vous parler de ma région également. Je
voudrais vous dire que nous venons de consentir un prêt sans
intérêt à la compagnie Les Calcites et Dolomie de Mattawin
Inc., dans le comté de Laviolette.
M. Grégoire: II dit que c'est son oncle.
M. Duhaime: C'est l'oncle d'un collègue. Un effort
combiné au niveau de l'évaluation de ce gisement, la mise en
évidence d'un créneau d'utilisation, le développement
d'une nouvelle technologie de transformation et une aide financière
devraient permettre le démarrage de cette entreprise d'extraction et de
transformation de calcite à haute pureté qui va nous fournir des
matières premières que nous importons actuellement.
En cours au ministère, aussi, une étude du potentiel
québécois en graphite et une étude du marché de ce
produit nous permettent d'identifier une utilisation intéressante pour
cette substance, c'est-à-dire la fabrication de la brique
magnésie-carbone. Parallèlement à ces études, se
poursuit actuellement un programme d'exploration sur le terrain.
Enfin, M. le Président, je voudrais dire un mot sur la tourbe.
Les ressources inventoriées font état de un milliard de tonnes de
tourbe à 50% d'humidité, alors que le potentiel réel
pourrait être de l'ordre de cinq à six milliards de tonnes lorsque
l'ensemble des réserves aura été identifié. Je
souligne que les perspectives d'usages de cette tourbe sont
intéressantes. On pourrait même en arriver à faire faire
des économies substantielles à SIDBEC-Normines en augmentant la
teneur de ces illustres boulettes que connaît très bien le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Cela va lui rappeler ses
appartenances, avant que nous ne soyons nous-mêmes élus.
Parmi les travaux qui sont en cours, je voudrais souligner le
remplacement de la bentonite par la tourbe dans l'opération de bouletage
- c'était l'étape expérimentale - et le
développement de presses mécaniques pour abaisser de près
de 70% le taux d'humidité de la tourbe lors de la récolte.
Je m'en voudrais aussi de ne pas donner l'assurance à mes
collègues, en terminant ces remarques concernant le secteur
minéral, que nous appellerons très bientôt le projet de loi
révocant les droits miniers pour son étude en troisième
lecture
à l'Assemblée nationale. J'espère que l'Opposition,
tout à l'heure, pourra nous donner ses réactions, après
les travaux de la commission parlementaire sur l'étude article par
article de ce projet de loi. J'espère encore, M. le Président,
que l'Opposition, ayant voté avec le gouvernement en première
lecture, nous suivra, en deuxième lecture dans cette excellente voie et
qu'elle votera avec nous ce projet de loi lors de l'appel du vote en
troisième lecture.
Je sais que le député de Richmond est très
intéressé par ce dossier, je le suis également.
J'espère, en tout cas, avoir donné suffisamment d'explications,
lors de l'étude en commission article par article, pour apaiser les
appréhensions ou les craintes de l'Opposition sur les intentions
diaboliques et maléfiques, pour ne pas dire davantage, que l'Opposition
nous prêtait au début de l'étude de ce projet de loi.
Je m'arrête ici, M. le Président, et je serai
disposé à répondre aux questions, tant de mes
collègues que ceux de l'Opposition sur les programmes 10, 11 et 12.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, je voudrais d'abord
faire un court énoncé et nous pourrons passer
immédiatement après aux questions sur les programmes. L'industrie
minérale québécoise a toujours connu un essor
remarqué à titre de fournisseur sur les marchés
étrangers. Elle doit cependant faire face à de nombreux
problèmes au point de vue de la commercialisation, le plus important
étant que ces produits minéraux n'ont pu trouver suffisamment de
débouchés sur les principaux marchés étrangers,
puisqu'une grande partie de ces minéraux se retrouvent dans beaucoup
d'autres pays, exception faite notamment pour l'amiante. Encore là,
plusieurs pays qui en importaient commencent à y trouver des substituts.
Il devient donc essentiel pour le gouvernement du Québec de
réaliser des progrès en science et en technologie pour
réorienter les programmes actuels, afin de raffermir la croissance de
l'industrie des minéraux.
Selon l'analyse de la politique énergétique canadienne,
l'avenir d'un secteur minier n'est pas complètement sombre. Ainsi,
malgré la faible expansion de l'ensemble des marchés, il y aura
des débouchés intéressants pour l'industrie minière
dans la mesure où elle maintiendra ou améliorera sa position
concurrentielle. De plus, de nombreuses retombées pourraient
découler d'une stratégie de mise en marché consciente de
la croissance rapide de la demande de métaux dans les pays en voie de
développement à revenus plus élevés. De telles
retombées découleront certainement aussi des progrès
technologiques. Ainsi, les possibilités d'avenir demandent que l'on
s'attaque qualitativement plus que quantitativement à la structure du
rythme de croissance du secteur minéral québécois.
Dans le secteur des mines, on s'inquiète de plus en plus des
problèmes de production prévus pour les années 1980. Le
problème, bien sûr, est relié à la pénurie de
main-d'oeuvre qualifiée, à la santé et la
sécurité au travail. C'est un problème majeur dans
l'industrie minière au Québec où les taux d'accident et de
mortalité sont parmi les plus élevés au pays. C'est donc
dire qu'un certain nombre de mesures devraient être prises par le
gouvernement en vue de résoudre ce grave problème.
Il y a, bien sûr, la question des pensions, dans le secteur
minier, qui soulève de plus en plus de préoccupations lors de
négociations syndicales-patronales. C'est un problème particulier
que l'on retrouve dans l'industrie des minéraux, car il y a absence de
dispositions convenables pour l'acquisition d'avantages et pour le transfert
des pensions, ceci relié au fort taux de roulement dans ce secteur.
C'est donc dire que les mines créent un grand nombre d'emplois plus ou
moins temporaires. (12 h 30)
Je crois également qu'avant d'investir des fonds publics dans
différents secteurs miniers, le gouvernement du Québec devrait
tenir compte de certains facteurs. Premièrement, le secteur privé
peut-il et se chargera-t-il d'assurer adéquatement ce service?
Deuxièmement, y aura-t-il une équivalence des avantages et des
coûts sur les plans social et économique?
Troisièmement, si le gouvenement décide de financer le
service en question, les avantages sociaux qui s'ajouteront à ceux des
investissements privés dépasseront-ils le coût du
financement? En résumé, l'État devrait prendre des mesures
pour minimiser le risque inhérent à ces investissements.
Tout à l'heure, le ministre nous parlait de la tenue du symposium
sur l'amiante. Je veux également lui en glisser quelques mots. J'aurais
d'ailleurs aimé qu'on puisse, en Chambre, débattre la motion que
j'avais présentée dans le but de féliciter tous les
participants à ce symposium. Je veux également adresser un petit
reproche au ministre qui n'a pas cru bon de lancer une invitation à au
moins un représentant de l'Opposition officielle pour participer
à ces délibérations. J'ai d'ailleurs remarqué la
présence de gens de mon comté, dont l'organisateur en chef du
Parti québécois dans le comté de Richmond, qui, à
mon avis, n'avait certainement pas plus affaire là qu'un
délégué de l'Opposition. J'aimerais tout à l'heure
que le ministre nous indique quels sont les déboursés totaux qui
ont été
encourus par le gouvernement du Québec pour la tenue du symposium
comme tel.
Tout à l'heure, le ministre nous a fait part de ses conclusions
relativement à la tenue du symposium et je dois dire que cette
déclaration contrastait beaucoup avec celle qu'il a faite relativement
aux représailles qu'il entendait prendre à l'égard, entre
autres, de la Suède, du Danemark et de l'Allemagne. Je voudrais demander
au ministre s'il a l'intention de mettre à exécution son
ultimatum qui me paraît paradoxal puisque le principal objectif du
symposium, c'était de persuader les pays qu'on pouvait contrôler
l'usage de l'amiante et l'utiliser sans danger. J'aimerais que le ministre nous
indique quelles sont, à son point de vue, les impressions qu'on a
créées à travers le monde entier de par les menaces qu'il
a proférées à l'endroit de ces pays. Est-ce que c'est de
cette façon que le ministre compte attirer des investissements et
augmenter nos exportations? J'aimerais, en particulier, que le ministre nous
informe de l'importance de nos échanges commerciaux avec chacun des pays
qu'il a mentionnés, soit la Suède, le Danemark et l'Allemagne, et
que nous nous posions ensemble la question: Est-ce que nous avons plus besoin
de ces pays qu'eux n'ont besoin de nous? Que le ministre indique très
clairement quelles sont les représailles qu'il entend prendre à
l'endroit des pays qu'il a mentionnés afin que nous nous fassions une
idée sur la pertinence des propos qu'il a tenus qui, à mon avis,
étaient - à moins qu'on me prouve le contraire -
complètement inopportuns dans les circonstances de la tenue du
symposium.
Je m'aperçois que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce voudrait renchérir sur le sujet. Je pourrai
revenir avec d'autres questions relativement au secteur de l'amiante en
particulier, à moins que le ministre veuille immédiatement
répondre à ces quelques questions.
M. Duhaime: Avant de répondre là-dessus, M. le
Président, je laisserais mon collègue, le député de
Frontenac, qui est également mon adjoint parlementaire, faire un
commentaire sur ces questions de santé et de sécurité et
sur le symposium.
Le Président (M. Laplante): II y a quatre intervenants, M.
le député de Frontenac: le prochain est le député
de Duplessis; le suivant, le député de Notre-Dame-de-Grâce;
ensuite le député d'Abitibi-Est et enfin le député
de Frontenac.
M. Duhaime: Alors, je vais faire mon intervention tout de suite
et répondre aux questions.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Je ne
voudrais pas créer de...
M. Duhaime: D'abord, rappeler que l'organisation du symposium
mondial sur l'amiante a été faite conjointement par trois
instances: le gouvernement du Québec, le gouvernement
fédéral du Canada et la Commission des communautés
économiques européennes. Ce n'est pas le ministère de
l'Énergie et des Ressources qui a le contrôle des invitations,
ça règle donc votre problème. Mais, vous allez me
permettre de féliciter le président du Parti
québécois du comté de Richmond qui, selon vos dires, a
réussi à se faufiler parmi les participants et le
féliciter, bien sûr, d'avoir suivi ces travaux; ça
démontre un grand intérêt.
M. Vallières: Ce n'est pas le président, M. le
ministre, c'est l'organisateur en chef.
M. Duhaime: C'est encore mieux, et sans aucun doute qu'il est
directement relié dans son travail au secteur de l'amiante.
M. Vallières: C'est un indicatif que vous faites de la
politique même dans les mines.
M. Duhaime: Je dois dire aussi qu'aucun des partis de
l'Opposition, d'aucun des pays membres de la Communauté
économique européenne n'a été invité.
M. Grégoire: Non plus de l'Opposition
fédérale.
M. Duhaime: Pas plus que l'Opposition au Parlement du Canada, que
ce soient les conservateurs ou les membres du Nouveau parti
démocratique. Je n'ai jamais pensé que l'intérêt du
député de Richmond pour le dossier de l'amiante pourrait inciter
qui que ce soit à aller jusqu'à participer, mais rien ne vous
empêchait de vous présenter à l'hôtel et de suivre
les délibérations comme d'autres l'ont fait.
M. Vallières: M. le ministre, j'y ai participé,
j'ai trouvé moi aussi une porte me permettant d'entrer.
M. Duhaime: Je voudrais, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, si vous voulez commencer les questions avec réponses, s'il
vous plaît!
M. Vallières: Non, c'était juste pour ramener le
ministre à l'ordre.
M. Duhaime: Sur la coupure de presse que tient le
député, je crois que c'est la Presse du 28 mai, il y a un article
de M.
Jean-Pierre Bonhomme qui a fait un grand titre, mais il faut non
seulement lire le titre, il faut lire aussi le contenu de l'article et surtout,
prendre connaissance de l'allocution que j'ai prononcée lors du
dîner du 27 mai devant l'ensemble des congressistes. Je suis très
à l'aise de pouvoir commenter ce que j'ai dit parce que pour une des
rares fois, j'avais un discours écrit qui a été
également distribué à toute la presse
québécoise, canadienne, nord-américaine et internationale.
J'ai fait un discours tantôt en français, tantôt en anglais.
Je dois dire que la plus grande partie de mon texte a été dite en
français - cela va de soi - et que, par ailleurs, des copies de ce
discours ont été distribuées en langue anglaise.
Je rappelle essentiellement aussi - et c'est important - que la veille,
le 26 mai, le ministre fédéral, M. Gray, ministre de l'Industrie,
du Commerce et de l'Expansion économique régionale a
prononcé lui aussi une allocution et j'inciterais le
député de Richmond à en prendre connaissance. Il va
constater que ce que j'ai dit le lendemain s'inscrit dans la même
foulée. De mémoire, M. Gray a dit - et je traduis très
librement en tout cas en essayant de livrer sa pensée, j'aurai ces
textes avec moi à la séance de ce soir, je pourrai vous en donner
des copies - que pour le ministre fédéral l'évolution des
mesures prises au Danemark et en Suède en particulier, nommément,
l'amenait à penser et en amènerait d'autres aussi à penser
que les mesures prises par ces gouvernements sous le couvert de la protection
de la santé et de la sécurité publiques étaient en
réalité des mesures de protectionnisme économique.
Ce que j'ai dit le lendemain, et j'ai cette phrase en tête, c'est
que notre approche à nous était une approche réglementaire
et que pour nous également toute mesure de bannissement de la fibre
d'amiante blanche, celle que nous produisons au Québec, constituait une
mesure de discrimination commerciale qui ne saurait demeurer sans écho.
Et, l'expression "qui ne saurait demeurer sans écho" est mot à
mot ce que j'ai dit. Est-ce que des mesures seront prises ultérieurement
s'il n'y a pas de changement? J'espère que oui. Il n'est bien sûr,
ni de mon ressort, ni du ressort du gouvernement du Québec
d'évaluer quelles seront les démarches à être
faites, quelles seront les mesures à être prises. Et cela a
été dit très clairement. Alors, j'inciterais le
député de Richmond à prendre connaissance d'abord de la
déclaration du ministre Gray lors de son discours du 26 mai, et de lire
mot à mot le texte que j'ai lu moi-même le 27, et vous allez voir
que nous sommes très loin des titres et des manchettes des journaux.
Je dis, par ailleurs, M. le Président, que nous allons continuer
nos efforts. J'ai eu l'occasion de faire une tournée européenne
dans le secteur de l'amiante. J'en ferai très probablement une seconde
cet automne. Nous voulons redorer le blason ou redonner à la fibre
d'amiante blanche les lettres de noblesse qu'elle mérite. C'est dans ce
sens que nous allons continuer à travailler, de concert avec l'industrie
européenne de l'amiante, avec l'Association des mines d'amiante du
Québec et je dirais aussi de concert et avec l'accord du gouvernement
fédéral du Canada qui, pour une fois, s'occupe d'un dossier. Nous
n'avons pas l'intention de ralentir ce que nous avons entrepris, nous allons,
au contraire, poursuivre et continuer ces efforts.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Si vous permettez,
j'aimerais faire une rétrospective concernant le dossier de
Rayonier-Québec à Port-Cartier. Le 14 septembre 1979, un avis
était envoyé au ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu selon lequel l'usine Rayonier-Québec
fermerait ses portes dans le jours qui suivraient. Depuis ce temps, sans
énumérer tout ce qui a été fait par le gouvernement
du Québec et par différentes instances...
M. Scowen: Pardon, M. le député de Duplessis, mais
je pense qu'on est convenu que, ce matin, on toucherait au secteur minier.
Le Président (M. Laplante): Exactement, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le député
de Duplessis, il avait été convenu ce matin, dès le
début des travaux de la commission, qu'on toucherait seulement au
secteur des mines et qu'on toucherait à la papeterie demain.
M. Perron: Je vais aller dans ce sens maintenant, mais, quant au
secteur des mines, je voudrais obtenir des informations du ministre - qu'il
nous en donne lors de l'étude des crédits ou dès
maintenant, s'il le peut - quant aux investissements du gouvernement du
Québec se rapportant à la fosse du Labrador qui seraient de
l'ordre de 1 900 000 $ pour l'année budgétaire 1982-1983. Le
ministre peut répondre tout de suite ou plus tard, si...
M. Duhaime: Sur la Côte-Nord, fosse du Labrador, 1 300 000
$. Je dois ajouter que ce sera la première fois que, de façon
significative, le ministère de l'Énergie et des Ressources
dépensera de l'argent dans l'exploration de la fosse du Labrador. C'est
un bon début.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Duplessis?
M. Perron: Cela va.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci. J'ai quatre très brèves questions
à poser au ministre, mais, avant d'y aller, je veux simplement essayer
de corriger une déclaration qu'il a faite à plusieurs reprises
maintenant dans laquelle il essaie d'insinuer que le député de
Notre-Dame-de-Grâce, dans une autre affectation, a été
directement ou indirectement responsable du projet SIDBEC-Normines.
Je veux que le ministre se rappelle quelque chose. Quand il est
arrivé au pouvoir, il y avait dans les tiroirs un projet pour la
nationalisation de l'assurance automobile. C'est un projet qui a
été conçu, si ma mémoire est bonne, par Mme Lise
Bacon.
M. Duhaime: Quelle nationalisation?
M. Scowen: Le projet de rendre publique l'assurance automobile.
Cela a été sorti du tiroir et cela a été
présenté comme un projet du Parti québécois qui en
a eu le mérite et dont vous êtes très fiers. Je veux aussi
rappeler au ministre que, s'il prend la peine d'aller en arrière, de
regarder le nom du ministre des Finances qui a pris l'engagement pour le projet
SIDBEC-Normines, il va voir, à moins que je ne me trompe, que le nom
inscrit sur cet engagement est celui de M. Jacques Parizeau qui est
jusqu'à nouvel ordre...
M. Duhaime: Vous êtes vraiment dans l'erreur.
M. Scowen: ... pour le moment au moins, le ministre des Finances
de ce gouvernement. Alors, si vous voulez prendre le crédit pour le
projet d'assurance automobile que vous avez trouvé dans le tiroir et
adopté, je suggère que vous preniez aussi la
responsabilité du projet SIDBEC-Normines qui est une autre
réalisation du gouvernement actuel. (12 h 45)
C'est un commentaire que je fais parce que je pense que c'est important;
de toute façon, je n'étais pas impliqué dans l'affaire de
SIDBEC-Normines et si vous allez en arrière, vous allez voir
également - et M. Descoteaux peut le confirmer - qu'au moment où
le projet SIDBEC-Normines a été conçu, SIDBEC relevait du
ministre des Finances et moi, j'étais dans le cabinet du ministre de
l'Industrie et du Commerce. Ce sont de petits détails qui, je pense,
peuvent aider le ministre à élargir la connaissance qu'il a de ce
dossier très important qui sera beaucoup plus important dans les jours
à venir.
Ce n'est pas une question, c'est simplement un commentaire parce que le
ministre en a fait plusieurs à ce sujet ce matin et
antérieurement en Chambre.
Merci de m'avoir donné cette occasion de corriger des faits.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Scowen: Alors, les questions que j'aimerais poser au ministre,
si vous me le permettez.
M. Duhaime: Je ferais un commentaire sur ce que vous venez de
dire. Est-ce que je pourrais le faire tout de suite?
M. Scowen: Faites-le.
M. Duhaime: Oui? Je vais faire vérifier ce que je vais
vous dire maintenant, mais je voudrais d'abord bien comprendre ce que vous nous
dites. Vous êtes en train de dire en commission parlementaire que les
premiers crédits de mise en production de l'usine de SIDBEC-Normines et
des acquisitions du lac Janine et des contrats de gérance ont
été faits après que nous fûmes arrivés au
gouvernement.
M. Scowen: Si ma mémoire est bonne, c'était en
décembre 1976, l'engagement gouvernemental pour ce projet. On peut le
vérifier et si je me trompe, cela me fera plaisir de retirer mes
paroles. Je pense que vous allez voir que c'est le cas.
M. Grégoire: Cela dépend de ce qu'on entend par
engagement.
M. Duhaime: C'est pour cela qu'avant de faire des recherches, je
voudrais être bien certain de la question que me pose le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Je crois comprendre de votre
commentaire que premièrement le dossier SIDBEC-Normines ne relevait pas
du ministre de l'Industrie et du Commerce, ce qui est vrai et
deuxièmement, que vous-même vous travailliez au cabinet d'un
ancien ministre de l'Industrie et du Commerce, ce qui est également
exact. Mais, je serais absolument renversé d'apprendre, du moins
d'après ce que j'ai pu constater du dossier de l'acier, du dossier
SIDBEC-Normines, que ce soit le ministre des Finances sous l'ancien
gouvernement qui ait mis au point toute la problématique. La
problématique a été faite chez SIDBEC, bien sûr, et
au ministère de l'Industrie et du Commerce. Troisième chose, si
mes informations sont bonnes, les engagements financiers d'aller de l'avant
avec SIDBEC-Normines ont été faits en 1975. Je vais le
faire vérifier à l'heure du dîner et je pense que
vous aurez probablement l'occasion de retirer tout ce que vous venez de
dire.
Deuxième chose, au sujet du dossier de l'assurance automobile, je
n'ai pas eu cet honneur de siéger avec l'ancien gouvernement, mais mes
informations m'indiquent que lorsque Mme la ministre Lise Bacon s'est
présentée à son Conseil des ministres avec un projet
d'instauration d'un régime d'assurance automobile beaucoup plus
limitatif que celui-là même qui existe actuellement, elle a
été carrément retournée sous les pressions du lobby
traditionnel que nous avons eu nous-mêmes à affronter. Je suis
bien prêt à reconnaître les efforts que Mme Bacon a faits,
mais je pense que vous devriez dire que nous n'avons pas pris le dossier de Mme
Bacon pour le faire nôtre. Je pense que nous avions parlé
d'instaurer un régime d'assurance automobile bien longtemps, au Parti
québécois, avant d'être élus, nous l'avons mis sur
pied et il fonctionne actuellement. Je me demande, à moins que ce soit
un virage incroyable à l'intérieur du Parti libéral, mais
vous semblez envier notre gouvernement d'avoir réalisé le
programme d'assurance automobile alors que vous l'avez combattu et
"filibusté" à l'Assemblée nationale lorsqu'est
arrivé le temps de l'adopter.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Scowen: Je regrette. Est-ce que je peux maintenant poser ma
question? C'était simplement de..
M. Vallières: C'est une permission à demander au
ministre.
M. Scowen: J'ai quatre questions très brèves. La
première, c'est pour revenir un peu à cette déclaration,
cette menace que le ministre a fait directement - si le reportage de
Jean-Pierre Bonhomme est correct - à deux pays: le Danemark et la
Suède, mais d'une façon plus générale aux autres.
Je tiens pour acquis que le ministre n'aurait pas fait cette déclaration
dans l'intention de faire des représailles ou, s'il
préfère, les échos publiquement, s'il n'avait fait une
certaine coordination avec le ministre fédéral des Affaires
extérieures qui, comme il l'a déjà dit, sera la personne
responsable, pour mettre en marche ces représailles.
J'aimerais qu'il me dise, dans les deux cas - on peut peut-être
commencer par le Danemark - quelles sont les mesures précises que lui et
le ministre des Affaires extérieures ont décidé de mettre
en marche et à quel point seront-elles mises en vigueur? Et de quelle
façon, et après, on va passer au projet de la Suède, mais
peut-être qu'il peut nous dire, dans le cas du Danemark, quelle est
l'importance de nos exportations de fibre et de produits d'amiante et
l'importance des produits qu'on importe du Danemark et quelles sont les mesures
précises dans le cas du Danemark auxquelles il s'est engagé avec
l'appui du ministre MacGuigan ou les autres qui sont, comme il a dit,
responsables, pour le dossier.
Je vais commencer avec le Danemark et après, on va passer
à la Suède.
M. Duhaime: Comme on dit dans ma région, en termes de
vocabulaire un peu coloré, le député de
Notre-Dame-de-Grâce est en train d'atteler la charrue en avant des
boeufs.
M. Vallières: C'est plutôt vous qui l'avez fait.
M. Duhaime: J'ai maintenant en main les textes auxquels j'ai fait
allusion tantôt. J'ai ici: "Notes for speech by the Honourable Herb Gray,
Minister of Industry, Trade and Commerce, Regional Economic Expansion,
Montreal, May 26th 1982". C'est à la page 7. Je ne vous lirai pas tout
cela, parce que...
M. Vallières: C'est un bon discours, je suppose.
M. Duhaime: Non pas qu'il était long mais, d'après
mon évaluation, il a été livré sans chaleur.
M. Scowen: J'espère que ce sera une bonne réponse.
C'est une question assez précise que j'ai posée. Ce n'est pas M.
Gray, si je comprends bien, c'est M. MacGuigan qui, sera obligé de
mettre en vigueur, et peut-être avec M. Oison, les actes précis.
Le sujet est très large, j'ai limité ma question au cas du
Danemark et j'aimerais que le ministre parle, si possible, du cas du Danemark.
C'est possible que moi-même, avec M. Alain Dubuc, hier, nous ayons mis la
charrue devant les boeufs. On veut se comprendre, si c'est le cas.
M. Grégoire: Si le député a posé une
question, j'espère qu'il ne dictera pas également la
réponse. Le ministre veut bien répondre, mais il veut situer le
contexte en répétant le discours...
M. Vallières: M. le Président, une question de
règlement.
M. Grégoire: ... du ministre fédéral, c'est
normal.
M. Scowen: M. le Président, qu'est-ce que le
député de Frontenac fait dans cela? Le ministre est capable de se
défendre.
M. Vallières: Bien oui. S'il a des
questions à poser au ministre, qu'il les pose. Autrement, qu'il
se ferme le clapet.
Le Président (M. Laplante): II faudra vous discipliner,
des deux côtés de la table. Le ministre a commencé à
répondre, mais le député de Notre-Dame-de-Grâce l'a
coupé.
M. Vallières: Ce sont les réponses.
Le Président (M. Laplante): II l'a coupé aussi pour
essayer de donner...
M. Scowen: Je n'ai pas besoin de son aide.
Le Président (M. Laplante): ... lui-même un
complément de réponse. Si on veut des réponses d'un
côté ou de l'autre de la table, et si on a des questions à
poser, il faudra que M. le ministre y répondre.
M. le ministre.
M. Duhaime: Cela va prendre trois minutes.
Je voudrais, à la page 7 du discours de M. Gray, lire ceci: Je
dois dire que je n'ai pas la traduction française-anglaise de son
discours anglais-français. Cette partie de son allocution a
été dite en anglais. Vous excuserez mes intonations ou mon
accent. M. Gray dit ceci et je le cite: "Indeed, a degree of consistency among
the approaches of governments is clearly desirable, for, without it and with
the increasing importance and use of public policy in the social environmental
fields, perceptions could evolve that such policies would be increasingly used
as instruments for economic protectionism rather than safeguarding public
health and safety. "It is for this reason that I would stress the importance of
international cooperation and exchange of information, etc."
Je pense que la position du ministre Gray, qui traduit celle du
gouvernement fédéral, rejoint la nôtre. Les deux
gouvernements sont d'accord sur une approche réglementaire à
l'ensemble du dossier pour ce qui est de la santé et de la
sécurité.
Je m'excuse de devoir me citer. J'ai même le texte manuscrit de ce
que je prononçais à Montréal le 27 mai,
c'est-à-dire le lendemain. C'est à la page 10. "C'est pourquoi
notre gouvernement souscrit d'emblée à l'approche
réglementaire raisonnable, rationnelle et intelligente quant à
l'utilisation de la fibre d'amiante. Nous nous inscrivons en faux contre toute
démarche consistant à bannir ce matériau pour le voir
remplacer par des produits de substitution souvent mal connus et dans tous les
cas non réglementés. Dans l'état actuel des connaissances
scientifiques, une mesure de bannissement nous apparaît donc comme un
geste de discrimination commerciale qui ne saurait demeurer sans écho."
Et le texte continue sur l'amorce d'une conclusion.
Alors, pour ce qui est de la question précise que me pose,
d'abord sur le Danemark et possiblement tantôt sur la Suède, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je lui demanderais de
retenir sa question et on va voir, dans quelques mois, comment les choses vont
se dérouler sur le plan des représentations que pourra faire le
ministère des Affaires extérieures, par les ambassades du Canada
à Oslo, à Stockholm, à Bonn et à Bruxelles
également. Je pense que votre question va au-delà de ce que j'ai
évoqué moi-même, au-delà aussi de ce qu'il est
convenu d'appeler les bons échanges sur le plan international.
M. Scowen: Merci. Je pense que l'absence de réponse du
ministre à ma question précise est une bonne indication, comme
l'article de M. Dubuc quant à l'opportunité de faire cette
déclaration, qu'elle a été excessivement
irréfléchie et sans conséquence, malheureusement.
Je vais passer à une autre question, M. le Président. Dans
son discours, il y a quelques minutes, le ministre a parlé de la faible
participation des Québécois dans le secteur minier. Je pense que
je le cite à peu près textuellement. J'aimerais qu'il chiffre
cette faible participation. D'après les chiffres que j'ai, il y a
à peu près 25 000 personnes qui travaillent actuellement au
Québec dans le secteur minier. Est-ce qu'il est capable de nous dire
quel pourcentage de ces 25 000 personnes ne sont pas des
Québécois? À peu près.
M. Duhaime: Qui ne sont pas des Québécois?
M. Scowen: Oui, les non-Québécois. Il y en a 25
000. Il a dit que la participation des Québécois dans le secteur
minier est faible. Alors, il y a 25 000 personnes qui travaillent,
d'après les chiffres les plus récents, dans le secteur minier.
Quel pourcentage de ces 25 000 personnes ne sont pas des
Québécois? Quel est le pourcentage de cette faible
représentation?
M. Duhaime: Je tiendrais pour acquis que, pour ce qui est des
travailleurs dans le secteur minéral, la très grande
majorité des emplois sont occupés par des résidents du
Québec. Lorsque nous parlons de la faible présence
québécoise dans le secteur du développement
minéral, il s'agit d'une présence québécoise
à la tête des conseils d'administration des entreprises qui
oeuvrent dans le secteur minéral. Si vous me demandez de vous faire
l'énumération du nom, de l'adresse et du nom de l'épouse
de
chacun des travailleurs miniers au Québec, j'avoue mon
impuissance à faire cela.
M. Scowen: Ah! La représentation dont le ministre parle,
ce n'est pas celle des travailleurs dans le secteur minier, c'est celle de la
propriété surtout. Alors, je pense que, dans ce cas, le ministre
déplore...
M. Duhaime: Vous devriez savoir, ou du moins vos recherchistes
devraient vous éclairer, qu'au-delà de 95% des ressources
minières du Québec sont exploitées par des entreprises
dont la propriété est non québécoise et, pour une
très large partie, non canadienne non plus.
M. Scowen: J'aimerais approfondir cette question, maintenant que
je comprends le sens de la déclaration du ministre. Il semble,
d'après lui, qu'il est probable qu'une société qui emploie
des travailleurs Québécois mais qui est la
propriété de non-Québécois et de non-Canadiens est
de qualité moins acceptable en quelque sorte que celle d'une compagnie
qui est la propriété d'actionnaires québécois. Je
veux qu'il nous donne... (13 heures)
M. Duhaime: Cela, c'est vous qui le dites...
M. Scowen: Vous l'avez déploré. Vous avez
déploré leur faible participation, si je comprends votre
déclaration. Je veux en comprendre le sens et je pense qu'il serait
utile de prendre l'exemple de l'amiante. Nous avons la compagnie Asbestos,
à Thetford Mines, qui est la propriété, je pense à
100%, des Québécois, et dans la ville d'Asbestos, il y a la
compagnie Johns-Manville qui, je pense, est une filiale à 100% d'une
compagnie non canadienne. Est-ce que le ministre peut dire, pour le
bénéfice des travailleurs dans les deux villes, en quel sens la
sécurité de l'emploi, les conditions de travail, les salaires et
le bonheur général des gens de Thetford Mines qui travailent pour
la compagnie Asbestos sont plus sécuritaires que pour ceux qui
travaillent pour cette filiale d'une compagnie américaine? Avec cet
exemple, peut-être qu'il peut donner un vrai sens à sa
déclaration selon laquelle il déplore ce qu'il appelle la faible
participation des Québécois dans le secteur minier. Et l'exemple
d'un homme qui travaille pour Johns-Manville et d'un autre qui travaille pour
Asbestos, sécurité d'emploi, salaire, sécurité et
santé au travail... Avec ces exemples précis, il peut aider les
Québécois à comprendre comment ils sont, si vous le
voulez, exploités par cette situation aberrante.
Le Président (M. Laplante): Étant
donné...
M. Grégoire: Si l'Opposition me permet deux minutes, s'il
y avait consentement, une minute...
Le Président (M. Laplante): Une minute! Étant
donné la longueur de la question, je m'attends à une très
longue réponse. Sur cela les travaux sont ajournés à 20
heures ce soir.
M. Vallières: M. le Président, nous conservons le
droit de parole du député de Notre-Dame-de-Grâce qui n'a
pas terminé son intervention.
Le Président (M. Laplante): Oui, je pense qu'il a une
question à poser au ministre, il faudra...
M. Vallières: Oui, mais il faudrait revenir à
l'Opposition par la suite.
Le Président (M. Laplante): ... que le ministre y
réponde. On verra, monsieur, c'est moi...
M. Vallières: On ne verra pas, nous avons la parole
présentement.
Le Président (M. Laplante): ... qui conduis les
travaux...
M. Bordeleau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): J'ai fait le minutage.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 20 h 09)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si on veut finir, il faut commencer. Veuillez prendre vos
sièges. S'il vous plaît, messieurs, veuillez prendre vos
sièges. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, M. le
ministre, à l'ordre, s'il vous plaît! Reprise des travaux de la
commission de l'énergie et des ressources afin d'étudier
programme par programme les crédits budgétaires pour
l'année 1982-1983. Lorsque nous avons ajourné nos travaux ce
matin, la parole était au ministre en réponse aux questions du
député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le ministre, la parole
est à vous en réponse aux questions du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si le ministre veut que je lui rappelle les questions,
cela me fera plaisir.
M. Duhaime: Non, M. le Président, ce n'est pas
nécessaire.
Le Président (M. Laplante): Vous vous souvenez des
questions, M. le ministre!
M. Duhaime: Je me les rappelle très bien, d'autant plus
que j'écoute très attentivement ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce dit et que j'essaie de toujours bien comprendre. Je
n'aurais pas l'intention de commenter maintenant la question qu'il m'a
posée sur la participation ou la présence trop faible, à
notre point de vue, des Québécois dans le secteur du
développement minier, ni, non plus, de lui expliquer la
différence qu'il peut y avoir entre une entreprise du Québec
ayant son siège social ici, propriété de
Québécois et administrée chez nous, et l'impact d'une
multinationale ou autre qui serait une compagnie étrangère, parce
que j'ai l'impression que cela s'enseigne dans les premiers bouquins de
n'importe quel traité d'économie politique dans tous les pays du
monde.
Cependant, je voudrais apporter une précision sur l'affirmation
que faisait ce matin notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce sur le
dossier SIDBEC-Normines. Pour mettre les choses au clair et en toute justice
pour le député de Notre-Dame-de-Grâce, je voudrais rappeler
que, dans le dossier de SIDBEC-Normines, une première convention
d'actionnaires a été signée le 8 juin 1976 entre British
Steel Corporation (International) Ltd., la Compagnie minière
Québec Cartier, SIDBEC-Normines Inc. et SIDBEC, 8 juin 1976.
Le projet de contrat d'achat d'obligations a été
signé le 9 juillet 1976, portant sur 330 000 000 $ en dollars US et 68
100 000 $, en dollars canadiens. Le premier contrat d'achat de boulettes entre
les coactionnaires de SIDBEC-Normines fut signé le 27 octobre 1976, en
se rappelant toujours que les élections ont eu lieu le 15 novembre 1976
et que notre gouvernement a été assermenté à la fin
de novembre.
Le premier contrat de cautionnement a été signé le
1er décembre 1976, entre le gouvernement du Québec, SIDBEC et
SIDBEC-Normines, et la compagnie Montreal Trust à titre de fiduciaire.
C'est donc après le 15 novembre. L'arrêté en conseil qui
venait confirmer ce cautionnement est le no 4226-76 du 15 décembre 1976
relativement à la garantie du gouvernement. Je rappelle que
l'investissement dans SIDBEC-Normines, au total, a été de 630 000
000 $. Le 8 juin 1976, lorsque la convention d'actionnaires a été
signée - je le rappelle - entre British Steel, la compagnie
minière Québec Cartier, SIDBEC-Normines et SIDBEC, les
engagements totalisaient déjà 210 400 000 $ dont 71 800 000 $
avaient été effectivement dépensés. Ce qui signifie
que notre gouvernement a été placé devant le fait
accompli, lorsqu'il est arrivé au pouvoir à la fin de novembre
1976, que l'héritage de SIDBEC-Normines est bien libéral.
Je voudrais cependant laisser tout le loisir au député de
Notre-Dame-de-Grâce de nous préciser s'il a été, oui
ou non, partie prenante à ce dossier, s'il a participé aux
décisions comme simple citoyen du Québec. J'oserais
espérer que la décision du gouvernement de Québec à
l'époque d'investir dans SIDBEC-Normines n'a pas été
seulement prise et analysée au seul ministère des Finances, de
qui relevait SIDBEC, mais aussi au ministère de l'Industrie et du
Commerce où oeuvrait, à l'époque, notre collègue,
à titre d'attaché politique ou de conseiller économique
auprès de M. Saint-Pierre, je crois. Toujours est-il que l'affirmation
que vous faisiez ce matin que l'engagement financier dans SIDBEC-Normines
relevait de notre gouvernement est erronée. Je pense que les chiffres et
les dates que je viens de mentionner le confirment. (20 h 15)
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je remercie le ministre pour ses précisions qui
indiquent, d'après moi - chacun a droit à ses
interprétations - que le projet a été un de ces projets
conjoints dont on parle de temps en temps et nous avons été tous
les deux un peu impliqués dans les engagements. Je
préférerais en arriver à une dernière question.
J'avais dit que j'en avais quatre, mais, parce que le temps est limité,
je poserai une dernière question.
Avant de poser cette question, je veux rappeler au ministre qu'il a
refusé de répondre à mes deux premières questions.
La première touchait la menace qu'il a faite à deux pays
Scandinaves. Il a refusé de donner des précisions et ses
réponses donnaient toutes les indications qu'il n'a même pas
pensé avant de parler. La deuxième question était une
question d'une grande importance puisqu'elle touchait le travail, le bonheur et
la sécurité économique des travailleurs dans deux villes
du Québec. Je vais laisser au ministre le droit, comme je suis
obligé de le faire, de ne pas répondre à ces questions,
mais je dois vous dire, M. le Président, que, quant à moi, la
réponse à la question que j'ai posée au ministre n'est pas
quelque chose que vous allez trouver dans n'importe quel bouquin au sujet de la
politique d'investissements étrangers. Je trouve que la politique
d'investissements étrangers de ce gouvernement est bizarre pour le
moins.
Je vais terminer mes questions et j'espère que, pour la
troisième, au moins, le ministre répondra un peu plus
directement. Je parlerai brièvement de l'engagement d'acheter la
Société Asbestos. La première
question que je veux poser au ministre est la suivante. Est-il vrai que,
le 26 octobre 1981, il a dit publiquement, au sujet de l'offre de 42 $
l'action, ce qui suit: "Maintenant, notre offre est là, elle est
là depuis le début et elle tient toujours. Elle est là
pour les actionnaires, autant pour les détenteurs majoritaires,
c'est-à-dire General Dynamics of Canada, que pour les actionnaires
minoritaires."? Or, quand vous multipliez les quelque 2 800 000 actions par 42
$, ça vous donne quelque chose autour de 120 000 000 $. Est-ce que c'est
une citation vérifique du ministre?
M. Duhaime: Je peux répondre maintenant? Je ne me sens pas
accusé, soyez bien à l'aise.
M. Scowen: C'est parce que...
M. Duhaime: J'ai l'impression que vous donnez la transcription de
l'émission de Pierre Nadeau, à laquelle assistait votre
collègue d'Outremont. Je peux rappeler que votre collègue avait
soutenu le point de vue que nous ne payions pas suffisamment cher à 42 $
l'action. Ce que j'ai dit est exact, sauf que la transaction ne s'est pas faite
sur les actions d'Asbestos Corporation; nous en sommes venus à une
entente avec General Dynamics. Cette entente stipulait que General Dynamics of
Canada ferait une émission d'actions du trésor de sa propre
compagnie, nous nous portions acquéreurs de ces nouvelles actions, ce
qui nous plaçait en situation de contrôle. Il n'y a donc pas eu
comme tel d'offre de faite ni aux actionnaires majoritaires, ni aux
actionnaires minoritaires d'Asbestos Corporation. Cela, c'est ma
réponse.
Maintenant, je voudrais revenir sur l'autre question que m'a
posée le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je n'ai pas posé d'autre question.
M. Duhaime: J'ai compris tantôt que vous aviez posé
d'autres questions, d'autant plus que...
M. Scowen: J'ai fait des commentaires au sujet de votre refus de
répondre aux questions.
M. Duhaime: Non, cela, c'est votre interprétation. Je vous
ai très clairement répondu en vous disant que vous étiez
en train d'atteler la charrue avant les boeufs. Si vous ne savez pas ce que
ça veut dire, vous viendrez à Saint-Jean-des-Piles, on vous fera
une démonstration sur place.
M. Scowen: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, lors de l'étude des crédits, lorsque
vous faites des commentaires qui apportent une réponse, le ministre peut
répondre s'il le veut. Actuellement, c'est ce qu'il fait. D'accord?
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais compléter
ma réponse puisque ce matin je m'étais engagé à
remettre des documents à mes collègues de l'Opposition, ce que je
fais généralement. J'ai même eu des félicitations ce
matin - mes collègues en sont témoins - de la part du
député d'Outremont sur la qualité du document qui avait
été présenté, sauf qu'on trouvait que ça se
ressemblait d'une année à l'autre. C'est vrai jusqu'à un
certain point, mais...
M. Fortier: II y a une continuité.
M. Duhaime: ... chaque année il y a la tordeuse et chaque
année on a un programme pour combattre la tordeuse. Que voulez-vous que
je vous dise? Le jour où on va changer le nom de la "bebite", je serai
bien prêt à changer le nom du programme. Je voudrais remettre
à l'Opposition - et j'espère qu'il va y en avoir une copie pour
vous, M. le Président - une copie du discours prononcé par M.
Herb Gray le 26 mai 1982, une copie de l'allocution que j'ai moi-même
prononcée le 27 mai 1982 et un communiqué de presse un peu
curieux du gouvernement du Canada. Ça vaut le coup que je vous en parle
un peu. Le ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Expansion
économique régionale annonçait...
M. Fortier: Collaboration fédérale-provinciale.
M. Duhaime: Un instant;
Une voix: Ils n'aiment pas ça quand ça arrive.
M. Duhaime: ... le 26 mai 1982, la création d'un centre
d'information sur l'amiante. Il y a une déclaration. Je dois dire, dans
un premier temps, que le communiqué date du 26 mai 1982. Le
Québec avait annoncé le 30 mars 1982 dans un communiqué:
"Le Québec se dote d'un centre d'information sur l'amiante". Je le dis
pour votre information et pour celle de tous ceux et celles qui pourraient nous
écouter: II n'y aura pas deux centres d'information sur l'amiante; c'est
le même, sauf que le gouvernement fédéral en a fait une
deuxième annonce deux mois après que le centre fut
créé. Je voudrais déposer ça, d'autant plus, M. le
Président, que...
M. Scowen: C'est en réponse à quelle question?
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer qu'il
n'y a pas de dépôt; il y a une distribution de document.
M. Duhaime: Non, c'est pour mes collègues, M. le
Président, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Non, mais c'est pour les fins
du journal des Débats.
M. Duhaime: Le 26 mai, M. Gray émettait un
communiqué de presse...
M. Scowen: M. le Président, s'il vous plaît,
question de je ne sais pas quoi...
M. Grégoire: Si vous ne le savez pas, commencez par
l'apprendre.
M. Duhaime: Le député a une question de je ne sais
pas quoi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce que je peux demander au ministre à quoi
il répond?
M. Duhaime: Sur la question...
M. Scowen: II parle d'un centre d'information sur l'amiante. Je
n'ai pas l'impression que je lui ai posé aujourd'hui une question sur
l'existence ou la non-existence d'un centre de recherche. De quoi parle-t-il?
Est-ce qu'il a le droit de parler de n'importe quoi?
M. Duhaime: Non, j'allais vous dire que vous auriez dû en
parler; c'est ce qui me fait introduire le sujet.
M. Vallières: Ce n'était pas en réponse
à une question. On pourrait donc continuer avec nos questions, comme
ça.
M. Scowen: J'espère, M. le Président, que vous me
donnerez le temps nécessaire pour poser de vraies questions au ministre
après qu'il aura arrêté de répondre aux questions
qui n'étaient pas posées.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez d'autres
questions? Vous avez fini votre réponse?
M. Duhaime: Non, mais je voudrais finir.
M. Scowen: Oui, oui.
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut laisser finir le ministre,
M. le Président?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais compléter
le dépôt de document pour éclairer mes amis d'en face.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de
dépôt de document.
M. Duhaime: Non, c'est pour leur information. Ce n'est pas un
dépôt de document comme tel devant la commission, mais je voulais
quand même le transmettre durant cette séance de cette commission,
pour que les députés de l'Opposition ne me reprochent pas, comme
c'est souvent l'habitude du député de Notre-Dame-de-Grâce,
de ne pas fournir de documents. Il y en a beaucoup aujourd'hui.
La création d'un centre d'information sur l'amiante fut
annoncée par le gouvernement fédéral le 26 mai alors que
nous l'avions rendue publique le 28 mars. Il y a quelque chose
d'intéressant, c'est qu'à la fin du communiqué que je vais
vous envoyer tout de suite, c'est écrit après le - 30
-traditionnel de la fin du communiqué: "Pour de plus amples
renseignements, prière de communiquer avec G. Nash, au numéro
418-643-4669." Le 643-4669, c'est le ministère de l'Énergie et
des Ressources du Québec qui va se faire un grand plaisir de donner de
l'information sur les annonces faites par le gouvernement
fédéral. Je voudrais aussi, M. le Président...
M. Grégoire: C'est de la collaboration, ça.
M. Duhaime: ... pour votre information également - c'est
une chose que vous n'avez pas demandée, mais j'anticipe sur vos besoins
- déposer le mot de clôture prononcé le 27 mai par le
secrétaire génréral du Symposium mondial sur l'amiante, le
Dr Jacques Dunningan qui, en passant, travaille à Sherbrooke, à
l'Institut de recherche sur l'amiante. Ce n'est pas pour la commission, M. le
Président, je m'en excuse; c'est pour l'information de nos amis d'en
face.
À la question qui m'a été posée sur le
Danemark et la Suède, je pense avoir été très
clair. J'ai fait état du discours de M. Gray, dont vous avez copie. Je
m'excuse de devoir procéder de cette façon, mais je suis
obligé de me citer. Le 27 mai, j'ai fait une allocution qui est,
à mon sens, très claire et je ne ferai pas de commentaires sur la
façon qu'ont les chefs de pupitre de titrer leurs manchettes Si le
député de Notre-Dame-de-Grâce veut savoir ce qui va se
passer avec le Danemark ou la Suède dans les mois ou les années
qui viennent, je lui conseillerais de suivre le dossier. Il est bien entendu
que nous allons procéder par les voies régulières et il
n'est pas question pour moi de commencer à faire l'examen exhaustif du
compte d'exportation ou d'importation du
Danemark ou de la Suède. Je lui ai dit ce matin, dans un exemple
un peu imagé, qu'il était en train d'atteler la charrue en avant
des boeufs. Je voudrais l'inciter à ne pas s'engager davantage dans
cette voie.
M. Scowen: Je dois dire que je ne sais pas exactement comment
procéder avec ce ministre qui refuse de répondre à mes
questions mais qui répond aux questions que je ne pose pas. Je serai
très bref, j'ai deux questions très précises, et
j'espère que vous serez juge, M. le Président, quant à la
pertinence des réponses. J'ai posé une question au ministre quant
à une déclaration qu'il a faite, quant à un engagement
public qu'il a pris devant les actionnaires minoritaires d'Asbestos le 26
octobre 1981. De ce que le ministre a répondu, je ne veux pas faire
d'interprétation c'est dans le journal des Débats. La seule
question que je veux lui poser, c'est celle-ci: Est-ce que lui et son
gouvernement trouveraient acceptable une telle réponse à un
engagement public fait à une compagnie du secteur public, une telle
réponse, un tel changement dans le cadre d'une transaction
financière?
Trouve-t-il que le comportement qu'il a manifesté dans cette
déclaration publique et que le geste subséquent posé par
le gouvernement sont acceptables également pour les gens du secteur
privé?
M. Duhaime: II n'y a pas de problème quant à moi,
M. le Président, quant à ce que j'ai dit le 26 octobre 1981
à l'Assemblée nationale. J'ai dit essentiellement que si nous
faisions une offre aux actionnaires majoritaires de la société
Asbestos, l'offre tenait également pour les actionnaires minoritaires,
42 $ l'action. Or, quand nous avons bâclé l'entente avec General
Dynamics, de Saint-Louis, nous n'avons pas eu à faire d'offre aux
actionnaires majoritaires ni minoritaires d'Asbestos Corporation - qui
s'appelait comme cela à l'époque - mais nous avons fait une
entente avec General Dynamics of Canada. Si le député veut
comprendre la différence qui existe entre General Dynamics of Canada et
Asbestos Corporation, on va se comprendre vite.
M. Scowen: Ma dernière question touche les
conséquences du geste posé le 26 octobre par le ministre dans une
déclaration publique quand il a promis d'acheter les actions de tous les
actionnaires à 42 $ et la décision qui a été
finalement prise quant au contrat. À cette époque, l'achat a
été fait à 42 $ et, aujourd'hui, la valeur de ces actions
sur le marché, lors de la dernière transaction, je pense,
était autour de 12 $, soit une baisse de 30 $. Cela veut dire que le
gouvernement s'est fait passer un sapin de 30 $ par action. Je dois admettre
qu'il y a depuis une baisse sur le marché d'à peu près
25%, mais pas de 75%. Or, la baisse des actions est à peu près de
70% et les actionnaires minoritaires, dont la caisse de dépôt,
entre autres - ce n'est peut-être pas le plus important, mais le plus
connu - se trouvent aujourd'hui, à la suite du refus du ministre et de
ce gouvernement de respecter un engagement public qu'ils ont pris, avec une
perte de 30 $ l'action. Je dois ajouter que le gouvernement lui-même, qui
a un engagement aujourd'hui, a payé à General Dynamics 80 000 000
$ pour des actions dans une compagnie valent à peine aujourd'hui 30 000
000 $. Il s'est fait passer un sapin de 50 000 000 $ par cette compagnie. Je
mets au défi le ministre de me prouver que ces actions vont remonter
à 42 $, même avec une reprise des marchés boursiers. (20 h
30)
Les conséquences de cet achat, c'est que les gens de Thetford
Mines aujourd'hui se trouvent dans la même position pénible
où ils se seraient trouvés si c'était encore la
propriété du secteur privé. Ils sont en grande partie
terriblement et péniblement en chômage. Le gouvernement versera 50
000 000 $ de plus qu'il aurait dû verser pour ces actions.
Troisièmement et peut-être le plus tragiquement, dans un temps
où nous avons des restrictions budgétaires dans tous les
domaines, le gouvernement a versé 50 000 000 $ de plus, mais il s'est
engagé pour 80 000 000 $ - et le contrat est très ferme
là-dessus - sans créer un seul nouvel emploi au
Québec.
M. le Président, en terminant, je constate que le ministre a
refusé d'expliquer, sur un plan plus général, le
raisonnement d'une telle politique pour la reprise des sociétés
sous contrôle étranger, mais j'aimerais qu'il essaie, ce soir,
devant le député de Frontenac, devant les électeurs du
comté de Frontenac, devant la commission parlementaire, devant la
population, de justifier une transaction qui n'a pas créé un seul
emploi, qui a fait perdre au Québec, je suis certain, au moins 35 000
000 $ à 40 000 000 $ parce que ces actions ne remonteront jamais
à 42 $ ou même 40 $ ou même 35 $, et il le sait autant que
moi. C'est un engagement qui n'a rien donné aux Québécois
et qui a gaspillé de l'argent dont on a terriblement besoin...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'arrive à la fin.
Le Président (M. Laplante): Juste un moment, s'il vous
plaît. Ce que je veux vous demander, c'est votre coopération. Si
j'additionne le temps de ce matin et celui de ce soir, cela fait au-delà
de 30 minutes que vous avez la parole seul, et il y a d'autres
députés qui aimeraient l'avoir aussi. Si vous
aviez des questions, voulez-vous revenir un petit peu plus tard pour
donner la chance à d'autres députés de poser des
questions, s'il vous plaît?
M. Scowen: M. le Président, cette phrase-ci est
peut-être un peu longue, mais je promets que c'est la dernière
phrase.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne veux pas vous
brimer de ce côté.
M. Scowen: Un engagement, je le répète, qui n'a pas
créé un seul emploi, qui a nécessité un engagement
de 80 000 000 $ au moment où nous avons besoin, mon Dieu comme on en a
besoin, de 50 000 000 $ pour stimuler, garder et sauvegarder les emplois
partout au Québec. Comment, en terminant, M. le Président, devant
le député de Frontenac qui est obligé de vivre
quotidiennement avec la pénible situation de Thetford Mines, comment
peut-il justifier la nationalisation de cette société?
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais commenter cela
bien brièvement. J'avais l'impression que les deux filibusters qu'avait
faits le Parti libéral sur la politique de l'amiante, c'était
suffisant, mais puisqu'il faut recommencer, d'abord, il n'est pas question d'un
montant de 50 000 000 $. Il n'a jamais été question de 50 000 000
$. Nous avons déboursé, comptant, 16 000 000 $ à General
Dynamics, et en payant 16 000 000 $, nous devenions majoritaires dans General
Dynamics of Canada et nous avions accès à un autre montant
comptant de 16 000 000 $, qui était "cash value" dans
l'équité, de General Dynamics of Canada. La transaction n'a
jamais porté sur le portefeuille d'Asbestos comme telle. Si vous relisez
attentivement la transcription que vous avez sous les yeux, vous allez voir que
ni mon collègue des Finances ni moi-même n'avons jamais dit que
nous promettions d'acheter. Nous avons dit: Si nous faisons une offre aux
actionnaires majoritaires d'Asbestos, nous ferons la même offre aux
minoritaires.
Or, nous n'avons pas fait d'offre aux majoritaires d'Asbestos. La
transaction a porté sur General Dynamics of Canada qui est un tout autre
scénario financier. M. le Président, on peut bien en parler toute
la soirée, je n'ai pas d'objection, mais il faudrait que le Parti
libéral fasse son lit. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce est en train de nous dire qu'on s'est fait passer un
sapin de 50 000 000 $, alors que son collègue d'Outremont, à
l'émission de Pierre Nadeau, a expliqué devant tout le monde que
l'offre de 42 $ par action ne devrait pas être un montant plafond, mais
un montant plancher et qu'on était un peu mesquin d'offrir seulement 42
$ par action.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais corriger cette
assertion qu'on m'impute. Ce que j'ai dit à l'émission de M.
Nadeau, c'est que l'offre qui était faite n'était pas acceptable
à General Dynamics et que s'il fallait aller en arbitrage, de toute
évidence, l'arbitrage donnerait aux actionnaires, d'une façon
générale, un montant plus élevé... serait enclin
à donner un montant plus élevé entre le montant offert et
le montant...
Une voix: Parlez-vous un peu.
M. Fortier: ... qui avait été évalué
par General Dynamics. Quels ont été les motifs qui ont fait que
General Dynamics, par une machination derrière la porte, a fait en
sorte...
Le Président (M. Laplante): Maintenant, votre mise au
point est faite. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Grégoire: Ma question est, étant donné
que... Ce n'est pas sur l'amiante?
M. Borde lean: M. le Président, je n'ai rien contre le
fait qu'on continue sur l'amiante. Je veux parler surtout des mines de
métaux. Ce sont les mines qui m'intéressent.
M. Grégoire: C'est parce qu'il y a une réponse
à donner.
Le Président (M. Laplante): Sur l'amiante, M. le
député de Frontenac.
M. Vallières: M. le Président, je m'excuse, mais
quel est l'ordre de vos frappeurs? Je m'aperçois que... Vous allez me
donner l'ordre des frappeurs, parce que...
Le Président (M. Laplante): L'ordre de mes frappeurs
était le député de Notre-Dame-de-Grâce, le
député d'Abitibi-Est et le député de Frontenac,
mais c'est sur toutes les mines en général.
M. Vallières: Donc, le député d'Abitibi-Est
va perdre son rôle.
Le Président (M. Laplante): Je conseillerais au
député d'Abitibi-Est, vu qu'on est sur le programme des mines, de
poser ses questions, puis ce sera le député de Frontenac.
M. Bordeleau: D'accord. Une voix: ... par l'amiante.
M. Bordeleau: Oui, mais il me dit de prendre mon droit de
parole.
M. Grégoire: On peut intervertir les
rôles, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On parle des mines, voyons: M.
le député de...
M. Grégoire: Je pense que le député de
Richmond a peur qu'on lui donne des précisions sur ses questions.
M. Vallières: M. le Président...
M. Grégoire: II s'est habitué à ne pas
vouloir avoir de réponse sur l'amiante.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Frontenac!
M. Grégoire: II s'est habitué à ne pas
vouloir de réponse sur l'amiante.
M. Vallières: II faut procéder dans l'ordre, c'est
aussi simple que cela.
Le Président (Mi. Laplante): Oui.
M. Bordeleau: M. le Président, c'est moi qui ai la
parole?
M. Vallières: Dans l'ordre.
M. Bordeleau: Dans l'ordre des mines? M. le Président, je
voudrais amener un peu le ministre sur le terrain des mines de métaux.
Ce sont les dossiers qui m'intéressent particulièrement, la
région d'Abitibi-Témiscamingue étant riche en or et en
cuivre. Particulièrement dans le domaine de la voirie minière, il
y a un certain nombre de dossiers que je connais, mais j'aimerais avoir
quelques éclaircissements de la part du ministre sur la route qui est en
train de se réaliser - que je connais bien, d'ailleurs - soit la route
Joutel-Selbaie pour laquelle des crédits sont disponibles cette
année, de l'ordre de 5 408 000 $. J'aimerais savoir du ministre si avec
le budget de cette année qui est de 5 500 000 $, cela permet de
compléter tout à fait la route de 85 kilomètres ou quelle
sorte d'échéancier on peut prévoir cette année et
s'il va rester des travaux à faire l'an prochain.
M. Duhaime: Joutel-Selbaie?
M. Bordeleau: Oui, Joutel-Selbaie.
M. Duhaime: Permettez un instant, M. le Président. On va
se retrouver.
Une voix: ... sont brisées.
Le Président (M. Laplante): Non, non, les machines ne sont
pas brisées. M. le ministre va venir.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais donner les
précisions. Nous allons dépenser les deux tiers du budget total
de la voirie minière pour terminer la construction de la route
Joutel-Selbaie sur 85 kilomètres. Nous avons de plus pris la
décision, il y a quelques semaines, de prendre à nos frais
l'entretien de cette route qui, sur une base annuelle, devrait coûter, si
ma mémoire est bonne, 110 000 $. Le reste du budget de voirie
minière est, bien sûr, de moindre envergure. La fin, par exemple,
de la construction de la route Schefferville-lac Matémace, la
relocalisation des Naskapis et les investissements de l'année
dernière sur Joutel-Selbaie, en construction de routes minières
cela explique que nous ayons une diminution sur l'ensemble de ce programme. Je
me réfère, M. le Président, pour la bonne
compréhension, à l'élément 1 du programme 11 des
crédits du ministère.
M. Bordeleau: Merci, M. le ministre. M. le Président, dans
le même ordre d'idées, on parle dans le détail des
crédits pour d'autres routes dans la région de Rouyn et de
Chapais. Est-ce que je pourrais savoir s'il y a des détails plus
pratiques afin qu'on puisse savoir exactement où ces routes
d'exploration minière pourraient être faites, ou s'il s'agit de la
continuité de routes?
M. Duhaime: Sur les routes d'exploration, nous allons
dépenser un montant additionnel de 1 150 000 $ en chiffres arrondis.
Dans le programme de voies d'accès aux ressources, nous allons
poursuivre cette année nos activités pour la construction de la
route de l'île du Corset vers Selbaie et de diverses autres routes dans
la région de Rouyn, Chapais et de la Gaspésie.
Dans les villes minières maintenant, nous avons un poste de
dépenses de 101 500 $ dans la région de Joutel et il nous faudra
aussi payer pour des nouvelles subdivisions en lots à bâtir dans
les villes de la région. C'est essentiellement une augmentation dans les
accroissements de salaires et d'honoraires professionnels pour ces
fins-là.
M. Bordeleau: Merci. Toujours dans le même secteur des
mines, à l'élément 11.2 au niveau du milieu minier, au
service de protection et de restauration du milieu minier il y a certains
budgets qui seront dépensés; on parle de fermetures d'ouvertures
dangereuses. Je sais qu'on en a parlé pendant quelques années
à l'Assemblée nationale, surtout avec notre ex-collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Ce sont plus précisément les
trous de mine.
Une voix: Qui cela?
M. Bordeleau: Notre ex-collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, M. Samson, qui nous parlait de trous
de mine. C'était votre prédécesseur, M. le ministre.
L'inventaire a été fait, ce qui est expliqué dans les
crédits, mais on parle également de la mise en
végétation d'anciens parcs à résidus. Je voudrais
savoir du ministre ou de quelqu'un du service concerné de quelle
façon le ministère fait ces travaux. Est-ce qu'il va en
sous-contrat ou si c'est le service même du ministère qui fait la
revégétation sur d'anciens sites? Vous savez, dans la
région d'Abitibi-Témiscamingue, on est pris avec un certain
nombre de grands parcs à résidus tout à fait
déplorables et sur lesquels il ne pousse plus rien. Je trouve
intéressant que le ministère commence à apporter des
crédits pour régénérer ces sites.
M. Duhaime: Je vais vous dire cela, ce ne sera pas long.
M. Scowen: M. le Président, en attendant les
réponses, est-ce que c'est vrai que pour cette année, dans la
voirie minière, on aura une baisse de 14% dans les dépenses?
M. Bordeleau: M. le Président, je m'excuse, mais, à
ma connaissance, c'est moi qui ai posé la question. J'imagine que le
député de Notre-Dame-de-Grâce était occupé
dans l'amiante.
M. Scowen: Je veux combler le silence, le temps est
précieux ici.
Le Président (M. Laplante): Si on parle des deux
côtés, il n'y a plus d'économie. M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voulais prendre le temps
de consulter les hauts fonctionnaires qui m'accompagnent et ce ne sont pas les
cinq secondes d'explications qui vont égaler les dix minutes de retard,
prises à attendre votre côté, puisqu'il y avait seulement
le député d'Outremont présent à l'heure
précise, ce matin, au début des travaux.
Ces travaux de mise en végétation, et je réponds
à mon collègue d'Abitibi-Est, ne sont pas faits en régie
par le ministère mais sont donnés à contrat, après
appels d'offres, parce que c'est normal qu'on aille en soumissions. On me dit
qu'il y a une dizaine d'ingénieurs qui sont sur ce dossier et qu'on
devrait dépenser cette année environ 100 000 $. (20 h 45)
M. Bordeleau: 100 000 $? Je m'excuse, M. le ministre. Dans le
milieu minier, vous avez 422 000 $?
M. Duhaime: Oui.
M. Bordeleau: Cela veut dire 100 000 $ essentiellement pour la
revégétation; le reste, c'est pour les fermetures de mines.
M. Duhaime: C'est exact.
M. Bordeleau: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, en commençant,
si j'avais une suggestion à faire à mon collègue
d'Abitibi-Est, je lui dirais: plutôt que de demander 100 000 $ pour faire
de la végétation sur les terres de résidus, dans son
comté comme dans le mien, je demanderais au ministre de mettre ça
plutôt dans la recherche pour savoir ce qu'ils peuvent faire avec ces
résidus. Dans notre région, l'argent a été mis dans
la recherche et on s'aperçoit qu'avant longtemps, probablement, et j'en
suis même convaincu, il y aura plus d'activité économique
autour de la transformation des résidus qu'autour de l'exploitation
même des mines.
Déjà, une usine est en construction, la machinerie y entre
pour la transformation de résidus d'amiante. Dès cette
année, d'ici un an, on prévoit produire une moyenne de 6000
tonnes d'oxyde de magnésium à partir de nos tas de
résidus. Nous sommes heureux aujourd'hui d'avoir dépensé
notre argent dans la recherche, grâce au gouvernement actuel,
plutôt que d'avoir essayé de planter de la
végétation là-dessus. Au moins, ça va servir
d'activité économique. C'est la suggestion que je fais à
mon collègue d'Abitibi-Est de demander de faire des recherches
là-dessus.
M. Scowen: II n'y a pas de budget pour la recherche.
M. Bordeleau: M. le Président, si je peux me permettre, je
voudrais remercier mon collègue...
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas...
M. Fortier: Les gens du Parti québécois se tiennent
entre eux, traversez de l'autre côté.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Frontenac?
M. Grégoire: Je crois que les règlements, en
commission, sont les mêmes qu'en Chambre. Si un député veut
me poser une question et que j'accepte, il a le droit.
M. Bordeleau: M. le Président, je me demande vraiment
pourquoi vous êtes si
tatillon avec les députés du côté
ministériel. Le député de Notre-Dame-de-Grâce a la
parole depuis 20 h 10 et vous ne l'avez pas interrompu.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Abitibi-Est...
M. Fortier: C'est parce qu'il avait quelque chose à
dire.
Une voix: II vous accuse presque de partialité.
M. Bordeleau: On n'a pas compris grand-chose de ce
côté-ci, en tout cas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: Est-ce que le règlement de
l'Assemblée nationale s'applique en commission?
Une voix: Oui.
Une voix: Ce ne sont pas les mêmes.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous des questions
à poser au ministre?
M. Scowen: Est-ce que je peux donner un complément de
réponse?
Le Président (M. Laplante): Nous sommes ici pour poser des
questions au ministre sur les crédits de son ministère, non pas
pour que les députés se posent des questions entre eux.
M. Grégoire: Ou à celui qui a la parole, selon le
règlement de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions?
Si vous n'en avez pas, on va passer à un autre, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je pensais...
M. Vallières: M. le Président, je serais prêt
à procéder, s'il vous plaît.
M. Grégoire: M. le Président, quelle sorte de
commission est-ce?
Le Président (M. Laplante): Avez-vous des questions?
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Laplante): Posez-les, on attend
après vous.
M. Grégoire: Pas tellement des questions, je peux faire
des commentaires également.
M. Fortier: II a les questions et les réponses.
Le Président (M. Laplante): Oui, ils sont faits.
M. Grégoire: Je voudrais répondre aussi à
deux questions qui ont été soulevées par le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Répondre?
M. Vallières: M. le Président, vous allez
m'expliquer quelque chose. Est-ce que le député de Frontenac
répond aux questions ou s'il a des questions à adresser au
ministre?
M. Grégoire: J'ai le droit de faire des commentaires
pendant mon droit de parole; ce sont les règlements qui président
ici.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous jouer au
président en même temps, M. le député de Frontenac?
Vous m'avez posé une question, M. le député de Richmond.
Chaque député a le droit de faire des commentaires; s'il veut
prendre 20 minutes pour faire des commentaires, c'est son droit. Cela
s'applique à tout le monde.
M. Grégoire: Je peux faire des commentaires, voyons
donc!
Le député de Notre-Dame-de-Grâce demande ce qu'a
donné la présence québécoise dans les mines
d'amiante en devenant acquéreur de mines. Je vais lui répondre
là-dessus que ç'a donné quelque chose. Tout d'abord,
sachons une chose, c'est que les mines d'amiante, qui étaient toutes
propriétés de multinationales, américaines ou anglaises,
quand elles avaient de l'argent à consacrer à la recherche,
quelle sorte de recherche faisaient-elles? Elles faisaient des recherches sur
les substituts qu'on pourrait trouver pour remplacer l'amiante. Une compagnie
multinationale vient faire des profits avec notre matière
première, qui s'appelle l'amiante, le gouvernement lui aurait
donné des exemptions d'impôt si elle avait investi une partie de
ses profits dans la recherche, et on fait de la recherche pour trouver des
substituts. Ces recherches se faisaient aux États-Unis et en Angleterre
pour trouver des substituts à notre richesse minière, à
notre richesse naturelle.
On peut les comprendre, ce sont des multinationales, elles n'ont pas
d'intérêt dans nos richesses naturelles, ce sont leurs profits,
les profits de leur compagnie. Notre présence québécoise a
fait qu'on a institué un conseil de recherche, un centre de recherche
à Sherbrooke, un institut de recherche et de
développement sur l'amiante. Nos profits, on ne les envoie pas
aux États-Unis pour qu'on y fasse de la recherche, on la fait ici, chez
nous. Cela nous permet de faire travailler nos scientifiques, d'avoir nos
laboratoires chez nous et de faire nos recherches sur l'amiante plutôt
que sur les substituts.
M. Scowen: Vous parlez de quels profits?
M. Grégoire: Le deuxième avantage de la
présence québécoise dans l'amiante, quand les compagnies
étaient propriétaires, la mine et les fibres leur appartenaient.
Elles ont installé des industries de transformation de l'amiante.
Johns-Manville a à peu près 80 industries de transformation de
l'amiante partout à travers le monde, mais il n'y en a pas au
Québec. Lake Asbestos et Carey ont des industries de transformation de
l'amiante. Nos 6000 mineurs procuraient 200 000 emplois en industrie, mais
partout dans le monde, sauf chez nous. Mais nous autres, en étant
propriétaires des mines, on décide de transformer notre fibre
là où on veut. Cela a fait quatre ans la semaine dernière
que la Société nationale de l'amiante a été
créée; c'était au mois de mai l'an dernier.
Déjà des industries: LUPEL-Amiante à
Trois-Rivières; on achète tout de même quelque 12 000
tonnes de fibres et on la transforme ici. À un mille de la
résidence du député de Richmond, la Société
nationale de l'amiante est copropriétaire d'une industrie de textile
d'amiante. Il passe devant pratiquement toutes les semaines quand il s'en va
chez lui. C'est tout de même de la présence
québécoise, prendre notre fibre et la transformer ici.
Canadian Distex à Montréal. La Société
nationale de l'amiante est propriétaire là aussi à 50%.
Que dire de Atlas Turner? On est là-dedans aussi à 50%. Que dire
de MAGNAQ-1 à Thetford, la première usine de transformation de
produits à base d'amiante? Vous avez été 100 ans au
pouvoir et vous n'en avez pas construit une seule et, en quatre ans, on est
rendu avec sept ou huit industries de transformation. Cela, c'est la
présence québécoise dans le secteur de l'amiante. Il n'y
en avait pas, il n'y avait pas de recherche, il n'y avait pas d'industrie.
Vous parlez de la santé. En 100 ans d'exploitation de mines
d'amiante, il n'y avait jamais eu de clinique médicale industrielle
spécialisée dans l'amiantose. Il y en a une qui est ouverte
depuis un an, qui est-ce qui l'a ouverte? Nous autres. Cela c'est de la
présence québécoise. On voit également à la
santé et à la salubrité des travailleurs.
M. Scowen: Très bien! Très bien! On est
d'accord.
M. Grégoire: Et les profits restent ici plutôt que
de s'en aller à l'étranger. M. Scowen: Quels profits?
M. Grégoire: Avant, le président de
Bell Asbestos faisait un voyage par année en
Angleterre pour dire: Voici les profits. À présent on les
garde ici...
M. Scowen: II n'y a pas de profits.
M. Grégoire: Ah oui! il y a des profits, je vous demande
bien pardon. Bell Asbestos, dans son dernier bilan, il y avait au-delà
de 7 000 000 $ de profits.
M. Vallières: Asbestos Corp., présentement, que
représente son premier trimestre?
M. Grégoire: Asbestos Corporation vient de faire une
réunion de ses actionnaires et ses profits n'étaient pas
élevés, c'est vrai, mais là, ne blâmez pas la
société Asbestos ou le gouvernement de Québec. Ce n'est
pas parce que le gouvernement de Québec a acheté la
société Asbestos qu'il y a moins de profits, parce qu'à
Johns-Manville il y en a encore moins. Il y a encore plus de chômage chez
les travailleurs de l'amiante à Johns-Manville que chez Asbestos. Ils
avaient 2600 travailleurs et il en reste 850. On en avait 1800 et il en reste
1500. On est toujours moins à plaindre que la compagnie Johns-Manville.
Johns-Manville a toujours fait des recherches sur les substituts d'amiante
plutôt que de faire des recherches sur l'amiante.
Vous parlez des actionnaires qu'on veut dépouiller en ne leur
offrant pas 42 $ et en disant que leurs actions ont baissé. Mais, M. le
Président, il ne faut pas oublier une chose, quand le gouvernement du
Québec a dit: Nous autres, on serait intéressé à
acheter la société Asbestos, de gré à gré,
si nécessaire par expropriation, les actions étaient à 22
$ et aussitôt les spéculateurs se sont mis de la partie avec la
collaboration des anciens propriétaires de la société
Asbestos, avec la collaboration de General Dynamics, et ils ont fait augmenter
les actions de 22 $ à 55 $ en l'espace d'un an. C'était de la
spéculation. On n'est tout de même pas pour agir comme
Petro-Canada, comme le gouvernement fédéral qui est allé
donner le double de ce que ça valait pour acheter Petrofina. Au moins le
gouvernement du Québec est un gouvernement raisonnable qui paiera la
valeur réelle et non le double.
M. le Président, vous me demandez ce que veut dire la
présence québécoise. Cela veut dire de l'emploi, cela veut
dire la santé. Dernièrement, au symposium, tous l'ont reconnu,
depuis cinq ans le gouvernement du Québec a réglementé et
contrôlé l'amiante. Ceux qui sont venus visiter nos mines vendredi
dernier, venant
d'une quarantaine de pays de l'extérieur du Canada, ont tous
été surpris de voir comment on avait réussi à
contrôler la présence de fibres dans l'air, comment on avait rendu
nos mines et nos usines propres. La santé des travailleurs est
protégée.
C'est depuis cinq ans que cela se fait. Donc, la présence
québécoise signifie de l'emploi, de la transformation chez nous,
de la recherche chez nous, des scientifiques chez nous et des profits chez
nous, à même notre richesse naturelle. On n'avait rien de
ça avant. En quatre ans, plusieurs industries, notre institut de
recherche et de développement, notre centre d'information pour divulguer
partout dans le monde les méthodes que nous avons utilisées pour
éliminer la poussière d'amiante sur les lieux de travail.
Quand on leur montre ce qui ne s'était jamais fait, c'est
grâce à nos recherches. Aujourd'hui, il part des sacs d'amiante
d'Asbestos, dans le comté du député de Richmond, et quand
cela arrive à LUPEL-Amiante ils n'ouvrent même pas les sacs. Le
sac est fait de telle façon qu'ils le jettent dans de grandes cuves de
pâte, il s'y mélange et devient de la pâte. On n'ouvre
même pas le sac d'amiante. Pour vous montrer les précautions qu'on
prend, il n'y a même pas une fibre qui sort du sac, c'est tout le sac qui
est envoyé dans la pâte qui est en ébullition et l'amiante
se mélange à la pâte. Ce n'est pas de la propreté,
ça?
M. Vallières: Cela se fait proprement chez nous.
M. Grégoire: Vous n'en voyez pas de fibre d'amiante dans
cette industrie, mais qui a donné l'exemple?
M. Vallières: Johns-Manville.
M. Grégoire: C'est la Société nationale de
l'amiante, par son centre de recherche, qui a analysé ces
choses-là.
M. Vallières: Johns-Manville.
M. Grégoire: Quand on nous demande ce qu'a donné la
présence québécoise dans l'amiante, je trouve que cela a
donné énormément. Le symposium que nous avons eu
dernièrement a également démontré aux gens -
aujourd'hui, même les plus grands antagonistes de l'amiante le disent,
comme le professeur Selikoff, lui qui demandait toujours le bannissement de
l'amiante et qui ne le demande plus - que l'amiante est le matériau
qu'on a le plus étudié, qu'on a le plus scruté, qu'on a le
plus analysé, vingt fois plus que n'importe quel autre matériau
et on le connaît, aujourd'hui. Il ne demandait plus le bannissement, il
disait: On peut le réglementer, on peut vivre avec s'il y a des
contrôles et des règlements sévères. Nous les
faisons, nous.
Là, avec notre centre d'information sur l'amiante, on va faire
connaître cela ailleurs. Il y avait des représentants du Danemark
et de la Suède.
Le Président (M. Laplante): II reste deux minutes pour les
questions. Si vous voulez, il reste deux minutes.
M. Grégoire: Deux minutes? J'ai fini. Plutôt que de
demander au ministre quelles seront vos mesures de rétorsion, pourquoi
n'attendez-vous pour savoir si, à la suite du symposium, le Danemark et
la Suède ne seraient pas intéressés à mettre de
côté ce règlement de bannissement de l'amiante? Pourquoi
n'attendez-vous pas cela?
M. Vallières: Le renérendum!
M. Grégoire: Pourquoi? Pourquoi demander quelles seront
les mesures prises alors qu'à la suite du symposium, justement, il
pourrait peut-être y avoir des changements d'idée de la part de ce
monde-là?
M. Scowen: Est-ce de la coopération ou des menaces que
vous proférez? Est-ce que vous proposez la coopération ou les
menaces?
M. Grégoire: Ne trouvez-vous pas que c'est plus
intelligent pour un gouvernement de se conduire comme le fait le ministre
plutôt que de se conduire comme vous lui demandez de le faire...
M. Scowen: Vous faites de la coopération et le ministre
fait des menaces.
M. Grégoire: ... en voulant, alors que le symposium a
donné des résultats positifs, arriver encore avec du destructif
et du négatif?
M. Scowen: Arrêtez de faire des menaces.
M. Grégoire: M. le Président, je termine. Depuis
cinq ans, le Parti libéral s'est toujours opposé à la
politique de l'amiante mais, aujourd'hui, quand ils voient les
résultats, ces gens en sont jaloux. Quand on leur énumère
notre liste d'industries, le nombre d'emplois créés dans
l'industrie de transformation, eux qui n'avaient rien fait en cent ans, ils
sont jaloux des résultats. Oui, la première mine a
commencé à être exploitée en 1876. Cent ans, jour
pour jour, après, le Parti québécois prenait le pouvoir.
Vous n'avez rien fait en cent ans et aujourd'hui, regardez la liste des
résultats. Vous êtes jaloux. C'est du dépit de voir les
succès qu'on a obtenus par cette présence
québécoise dans l'amiante. M. le Président,
je termine ici.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, je vous remercie.
Après ces quelques élucubrations, je veux vous indiquer que je
vais laisser le député de Frontenac avec ses erreurs, surtout
quand il mentionne le nombre d'emplois actuellement en fonction dans la mine
Jeffrey à Asbestos. Il pourra vérifier lui-même les
données; les chiffres qu'il a donnés ne sont pas bons.
Tantôt, j'aurai quelques questions à poser au ministre pour
savoir s'il connaît bien le secteur en nous donnant toutes les pertes
d'emplois survenus dans le secteur minier au cours de l'année et si le
temps nous le permet, je voudrais aussi vous indiquer que le Parti
libéral s'est toujours opposé à l'achat de compagnie comme
l'Asbestos Corporation. Je veux également dire que le Parti
libéral a toujours été et continue d'être favorable
à un programme de recherche et de développement très
poussé dans le secteur de l'amiante.
Si le gouvernement décidait d'octroyer plus d'argent dans le
secteur de la recherche sur l'amiante, certainement que le Parti libéral
pourrait collaborer et même l'inciter à prendre des mesures encore
plus directes. Je veux, à cet égard, me référer
à ce dont le ministre faisait allusion tantôt, à la
création d'un centre d'information sur l'amiante. Je lisais son
communiqué et je voyais qu'il ne faisait aucune mention, probablement
à dessein, de la participation du gouvernement
fédéral.
M. Duhaime: Le 28 mars, elle n'était pas annoncée,
la contribution fédérale, elle est venue deux mois
après.
M. Grégoire: II n'était pas décidé
encore. On ne peut pas annoncer quelque chose qui n'est pas
décidé.
M. Vallières: Même si le ministre semble inquiet ou
préoccupé du fait qu'on mentionne un numéro de
téléphone - le 643-4669 - sur le communiqué de presse
émis par le gouvernement du Canada, je veux simplement indiquer - je ne
serai pas long là-dessus - que le gouvernement fédéral
indique dans son communiqué qu'il fournira 400 000 $ en vue de la
création d'un centre canadien d'information sur l'amiante. (21
heures)
Je pense que ce n'est pas tout de mentionner les numéros de
téléphone qui apparaissent sur les communiqués, le
ministre devrait faire preuve de plus d'objectivité et mentionner, hors
de tout doute, que la participation du gouvernement fédéral est
importante dans le secteur, comme elle l'a été également
pour la tenue du symposium. J'ai posé la question, au début de
nos travaux, au ministre de l'Énergie et des Ressources sur les montants
qu'a déboursés le gouvernement du Québec pour la tenue du
symposium, montants globaux, totaux. Je constate, à ce que le ministre
nous a dit relativement à ses déclarations sur la Suède,
le Danemark et l'Allemagne, qu'il amenuise beaucoup les déclarations
qu'il a faites, et qu'il ne partage pas, tout simplement, le point de vue de
certaines manchettes, à savoir qu'il voulait entreprendre des mesures de
rétorsion contre la Suède, le Danemark et l'Allemagne.
Il a même poussé l'audace jusqu'à dire que M. Gray
partageait son point de vue et que le sien se situait tout simplement à
la suite de celui de M. Gray. Peut-être que le ministre pourrait nous
indiquer quand il demandera officiellement à Ottawa d'exercer des
mesures de rétorsion, s'il ne l'a pas déjà fait. Quand il
a fait cette déclaration sur des représailles, il a tout
simplement mis la charrue en avant des boeufs parce qu'il aurait dû, je
pense, consulter également le gouvernement canadien avant de s'engager
sur cette voie. Ou le ministre des Affaires intergouvernementales du
Québec.
J'aurais quelques questions assez précises à poser au
ministre. Ma première portera sur la tournée qu'il a faite en
Europe pour vendre les mérites de l'amiante. J'aimerais que le ministre
nous indique s'il a pu déceler, dans sa tournée, des indices
d'une reprise de nos ventes dans le secteur de l'amiante, et s'il a
décelé des indices, quels sont-ils? J'aimerais également
qu'il nous dise si, lors de cette visite, il s'est rendu en Suède et au
Danemark. Quels sont les coûts de ce voyage, de même que les
personnes qui l'accompagnaient. Elles n'étaient pas très
nombreuses, par conséquent, on pourrait sûrement indiquer qui
l'accompagnait au cours de ce voyage de même que les frais qui ont
été encourus par le gouvernement. Non pas que nous nous opposions
à ces frais, mais je pense que ce serait bon que nous le sachions.
Je veux également demander au ministre, quand il parlait tout
à l'heure de charrue en avant des boeufs, lors de son premier voyage,
sachant très bien que la Suède et le Danemark avaient des
opinions presque morbides au sujet de l'amiante, comment il se fait qu'il ne se
soit pas d'abord attaqué à cela et qu'il se soit contenté,
lors de leur venue au Québec, de nous faire une déclaration
à l'emporte-pièce. On reconnaît bien là le Parti
québécois. M. Landry, lui, fait ses déclarations en
Europe, tandis que M. Duhaime les fait au Québec. J'aimerais quand
même qu'il nous explique, M. le Président, quelle va être sa
position précise, maintenant qu'il a donné un bon coup de massue
à la Suède et au Danemark,
et qu'il a, d'une certaine façon, pratiqué un genre de
chantage auprès de ces deux pays.
J'aurai l'occasion, M. le Président, de poser d'autres questions
à la suite de celles-ci, mais j'aimerais que sur sa tournée en
Europe, le ministre nous indique comment il a perçu les résultats
concrets de cette visite, et si on peut envisager une reprise de l'exploitation
de l'amiante à la suite des consultations qu'il a faites.
M. Duhaime: Voulez-vous avoir le coût du voyage de M.
Joyal, ministre des Affaires coloniales québécoises, au Cameroun,
récemment? Je pourrais m'informer.
M. Vallières: Nous sommes au gouvernement du Québec
et nous nous contenterons des crédits de ce ministère.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais montrer à
nos collègues d'en face le livre rouge du Parti libéral, à
la page EC-XIII-2. Je vais pouvoir, à l'aide du programme du Parti
libéral, répondre à la question que vient justement
d'évoquer le député de Richmond et qu'évoquait
tantôt le député de Notre-Dame-de-Grâce. Je vais lire
un paragraphe qui me paraît important puisqu'on parlait tantôt de
la présence québécoise dans le secteur minier. Je pense
que je vais en faire la lecture, c'est éloquent: "Parmi les
problèmes auxquels doit s'intéresser l'État des
Québécois en ce qui touche le secteur minier, mentionnons les
suivants: 1) la présence québécoise dans la
propriété et le contrôle des entreprises minières
est pratiquement inexistante. Dans les secteurs de l'amiante, du fer, du cuivre
-dans l'amiante -...
Des voix: Ah!
M. Duhaime: ... de l'or, du titane et du zinc, la
propriété de la très grande majorité des
entreprises est détenue par des intérêts non
québécois."
Des voix: Ah bon!
M. Duhaime: "Là où les intérêts
québécois sont présents d'une manière
appréciable (par exemple le fer et l'amiante) - j'imagine à cause
de SIDBEC et de la SNA - c'est de plus en plus par le truchement d'organismes
à caractère public comme SIDBEC, SOQUEM et la
Société nationale de l'amiante." On croirait lire le programme du
Parti québécois, mais, M. le Président, prenez-en ma
parole, pour ne pas me tromper j'ai mis une couverture rouge, c'est le
programme du Parti libéral. À la page suivante, dans les
recommandations, le deuxième attendu: "Attendu le besoin évident
d'accroître la part des Québécois, et tout
particulièrement des investisseurs privés du
Québec, au développement de leurs richesses naturelles;
"Attendu qu'une présence gouvernementale dans la mise en valeur de nos
richesses minières est désormais nécessaire...
Des voix: Ah! Ah!
M. Duhaime: Je pourrais vous lire les autres "attendu". "Un
gouvernement du Parti libéral du Québec s'engage
premièrement, à adopter des mesures législatives, fiscales
et réglementaires visant à encourager de manière plus
efficace l'entrée en scène d'investisseurs du secteur
privé québécois dans le domaine minier, et à
réviser en particulier à cette fin le fonctionnement du Fonds de
développement minier et les règles relatives à
l'émission de titres miniers." C'est ce que nous avons fait. Je
rappelle, M. le Président, que je suis en train de lire le programme du
Parti libéral. Un peu plus loin, la troisième recommandation:
"À assurer une influence plus efficace du Québec sur la
production, la mise en marché et la transformation industrielle au
Québec même des minerais pour lesquels le Québec occupe une
position privilégiée en matière de gisements ou de
capacité de production et à orienter en particulier la SNA vers
des rôles reliés à la mise en marché, à la
recherche de nouveaux modes d'utilisation de l'amiante...
M. Vallières: On vous a dit cela tantôt.
M. Duhaime: ... à la récupération des
résidus...
M. Lalonde: Pas de problèmes.
M. Duhaime: ... à des acquisitions ou des prises de
participation, si nécessaire." Recommandation no 6.
M. Grégoire: Ils veulent voler mon discours, eux
autres.
M. Duhaime: "À appuyer SOQUEM dans son activité
d'exploration et de mise en valeur de nos ressources minières, tout en
évitant de laisser cet organisme gouvernemental se substituer purement
et simplement à l'initiative privée
québécoise."
M. Lalonde: C'est vrai.
M. Duhaime: M. le Président, le point 11... Et je pourrais
citer toutes les recommandations...
M. Vallières: Citez donc l'endroit où on recommande
d'acheter une mine d'amiante.
M. Duhaime: "À promouvoir, en
collaboration avec les entreprises minières et les
universités, des programmes de recherche visant à procurer une
meilleure connaissance de nos richesses minières et de leur potentiel
économique et scientifique." Et je suis à la page EC-XIII-5.
C'est votre programme. La seule question... C'est rare, M. le Président,
qu'on pose des questions aux gens de l'Opposition, mais le Soleil de ce matin
parlait d'un putsch dans le Parti libéral. Je voudrais simplement savoir
qui d'entre vous parle au nom du Parti libéral, parce que ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce -c'est dommage qu'il soit
parti... MM. les députés d'Outremont et de Richmond,
défendez-vous toujours ce que vous avez mis entre deux,
c'est-à-dire ce que nous avons mis, nous, entre deux pages couvertures
rouges et qui est votre programme économique dans le secteur minier ou
si vous êtes en train de dire exactement le contraire de votre programme?
Si vous voulez avoir un petit débat là-dessus, on pourrait faire
cela un vendredi, comme vous voulez. J'ajoute, M. le Président, que ma
question est venue...
M. Vallières: M. le Président, je veux indiquer -
puisqu'on m'a posé une question, vous me permettrez d'y
répondre...
Le Président (M. Laplante): Oui, je vous le permets.
M. Vallières: Je veux vous indiquer - il faudrait que le
ministre m'entende quand même - que ce qu'a lu le ministre, j'y concours
à 100 milles à l'heure. Par conséquent...
M. Duhaime: D'accord, on s'en va.
M. Vallières: ... il peut même le lire à
nouveau. Cela nous ferait une excellente publicité vis-à-vis de
notre programme électoral.
M. Duhaime: Si on est d'accord, je ne comprends pas le placotage
que vous faites depuis trois heures sur la recherche...
M. Vallières: Je remarque également, M. le
Président, que dans ce que nous a mentionné le ministre, il n'y a
absolument rien, cependant, qui dit que le Parti libéral se propose
d'acheter des mines d'amiante au Québec, à moins que le ministre
ait passé des paragraphes.
M. Duhaime: Si le ministre a passé des paragraphes, M. le
Président, je peux bien le lire au complet.
M. Vallières: J'aimerais aussi, M. le Président,
que le ministre s'attarde à répondre aux questions que nous lui
avons posées. Il y en a d'autres.
M. Duhaime: Je voudrais relire, M. le Président, pour
l'information du député de Richmond, qui, suivant mon
expérience, comprend toujours dans deux temps, à la page
EC-XIII-4, la troisième recommandation: "À assurer une influence
plus efficace du Québec sur la production, la mise en marché et
la transformation industrielle au Québec même des minerais pour
lesquels le Québec occupe une position privilégiée en
matière de gisements ou de capacité de production et à
orienter en particulier la Société nationale de l'amiante..."
Tantôt, je vous ai mentionné - je vais le retrouver - l'amiante de
façon spécifique dans les considérants...
M. Vallières: ... mines dans le programme. Vous ne
trouverez pas cela là. On est bien plus conscient que cela, plus
clairvoyant que cela.
M. Duhaime: Page 2: "La présence... Cela a
été déposé, M. le Président, à
l'Assemblée nationale. C'est moi-même qui en ai fait le
dépôt. J'imagine que les libéraux en avaient honte. Le 1er
décembre 1981. J'ai l'estampille du greffe de l'Assemblée
nationale et à la page EC-XIII-2: la présence
québécoise dans la propriété et le contrôle
des entreprises minières, est pratiquement inexistante. C'est ce que je
vous disais tout à l'heure, mais pendant que je lis, vous
n'écoutez pas. Dans le secteur de l'amiante, du fer, du cuivre et de
l'or, êtes-vous capables de m'expliquer pourquoi on n'achète pas
d'entreprises déjà existantes, dans le secteur de l'amiante en
particulier. Comme ce fut le cas de Bell où Turner & U Hall de
London, England, sont venus nous voir et nous ont dit: On est à vendre.
On leur a demandé combien ils voulaient avoir pour leur mine et ils ont
répondu 35 000 000 $. On a discuté avec eux et on l'a
acheté pour 35 000 000 $, de gré à gré. Si on doit
être libre dans la propriété et le contrôle...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Nous sommes ici pour étudier les
crédits, M. le Président. Mon collègue de Richmond a
posé des questions très pertinentes sur des dépenses qui
ont été encourues par le gouvernement, l'an dernier. Nous n'avons
aucune réponse à ces questions. Voilà que le ministre se
plaît à lire un programme avec lequel nous sommes
complètement d'accord, mais ceci n'apporte rien à l'étude
des crédits pour laquelle nous avons été conviés
par l'Assemblée nationale. Alors j'aimerais bien que le ministre soit un
peu plus sérieux et que les citoyens du Québec soient mieux
renseignés sur les politiques du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Le point de règlement
du député d'Outremont est bien fondé. C'est vrai, M. le
ministre, mais j'apprécierais beaucoup, dans les remarques venant des
intervenants des deux côtés, que vous ne provoquiez pas de
débat contre le ministre.
M. Fortier: II est susceptible, mais, on va essayer.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Vous
avez les réponses aux questions du député de Richmond.
M. Duhaime: Oui. Je les ai, M. le Président; seulement, il
m'apparaissait important de rappeler à nos amis d'en face leur propre
programme. J'ai eu l'impression, moi, en tout cas, de ce côté-ci,
que, depuis trois heures, vous êtes en train de nous plaider exactement
le contraire de ce que vous mettez dans votre programme.
M. Fortier: Comme le dit Mme Payette, le gouvernement
vieillit.
M. Duhaime: Vous avez posé une question en disant que vous
étiez d'accord avec l'effort financier fait dans la recherche et le
développement. Vous avez été au gouvernement de 1970
à 1976, presque sept ans. Vous y avez été aussi, je ne
parle pas de vous autres, je parle de votre parti, plusieurs années
auparavant. Si vous avez à faire la comptabilité du montant, en
millions de dollars, fait dans la recherche et le développement des
produits de l'amiante au Québec, ça ferait peut-être
épargner un travail à vos recherchistes, parce que le travail
sera très court, car la réponse sera 0.
Depuis 1977, il y a l'IRDA, l'Institut de recherche et de
développement de l'amiante, qui, soit dit en passant, a
été mis en place, un peu je dirais, en incitant très
fortement l'industrie de l'amiante à coopérer sur une base de
50-50. L'IRDA fonctionne aujourd'hui en collaboration avec le gouvernement et
le Centre de recherche de la SNA. Ces deux organismes ensembles sur une base
cumulative, ont des crédits d'engagés et de
dépensés de l'ordre de 10 000 000 $, en quatre ans seulement. Je
fais un petit raisonnement simple: je dis que, si on avait commencé il y
a trente ans, on aurait très certainement un degré d'avancement
beaucoup plus marqué, autant en aval sur les produits de la fibre
d'amiante qu'en amont sur les questions du caractère nocif ou non
des produits de substitution de l'amiante en particulier, qu'étudie
actuellement l'IRDA, à partir de Sherbrooke.
Si j'ai mentionné, M. le Président, je ne comprends pas
l'Opposition de prendre cela un peu avec une mauvaise humeur, le numéro
de téléphone de mon ministère, le 643-4669, c'est que j'ai
cru comprendre que, si le gouvernement fédéral annonçait,
avec deux mois de retard, la création d'un centre qui existait
déjà, en y apportant une contribution de 400 000 $ alors que
celle du gouvernement du Québec est de beaucoup supérieure, via
l'IRDA et via le bureau de recherche sur la SNA, c'était simplement pour
dire: Nous autres, le gouvernement fédéral nous mettons 400 000 $
la-dedans et si vous voulez en connaître davantage,
téléphonez à Québec. Cela donne à peu
près le niveau d'intérêt du gouvernement
fédéral pour le dossier de l'amiante.
M. Vallières: Cela veut-il dire que vous
préféreriez ne pas avoir de contribution
fédérale?
M. Duhaime: Vous m'avez posé des questions. Je vous donne
des réponses.
M. Vallières: Vous n'aimez pas cela un petit 400 000 $,
comme cela. Vous n'avez pas besoin de cela.
M. Duhaime: Je ne peux pas faire état le 28 mars 1982
d'une décision fédérale qui n'a pas encore
été prise. Si le gouvernement fédéral avait dit:
Nous annonçons une subvention de 400 000 $, on l'aurait fait avec
l'amabilité qu'on nous connaît. J'ai cru que, ce matin, la
question avait été vidée pour ce qui est des
déclarations que j'ai faites à Montréal. Je pense avoir
procédé correctement. Je vous ai transmis le texte même de
l'allocation que j'ai prononcée, de même que celle de M. Gray
qu'il avait lui-même prononcée la veille. Le gouvernement du
Canada et le gouvernement du Québec s'entendent sur une chose
fondamentale qui a été mise en lumière lors du symposium
mondial sur l'amiante. Nous sommes parfaitement d'accord sur une approche
réglementaire, intelligente, rationnelle, raisonnable sur les produits
de l'amiante. Nous sommes contre toute mesure de bannissement. (21 h 15)
M. Scowen: De représailles aussi?
M. Duhaime: Je l'ai dit très clairement. Vous n'avez
qu'à regarder le texte que je vous ai donné tantôt, vous ne
trouverez pas le mot "représailles" dans le discours que j'ai
prononcé, j'ai dit que ça ne demeurerait pas sans écho. Ce
n'est pas nous, le ministère des Affaires extérieures, nous
n'avons pas encore cette responsabilité.
M. Scowen: Vous n'êtes pas près de l'avoir.
M. Duhaime: Je pense que nos démarches sont en cours avec
le
gouvernement fédéral. Je dois dire, quoi que puissent en
penser le député de Richmond et le député
d'Outremont, que lors de ma tournée européenne, j'ai
travaillé très étroitement avec l'ambassadeur du Canada
auprès des communautés économiques européennes, qui
m'a accompagné avec beaucoup d'intérêt et, je dirais, un
certain plaisir lorsque j'ai eu trois rencontres avec chacun des trois
commissaires membres de l'exécutif de la Communauté
économique européenne. Également, à Bonn, j'ai
travaillé avec l'ambassadeur canadien, j'oublie son nom, Berlinois de
naissance, soit dit en passant, et Canadien maintenant.
Personne ne s'est étonné lorsque, dans mes rencontres avec
des ministres du gouvernement de la République fédérale
d'Allemagne, je leur ai dit clairement que si jamais l'Allemagne
fédérale décidait de prendre des dispositions de
bannissement, et non pas de réglementation, quant aux produits de
l'amiante, notre gouvernement considérerait ce geste comme en
étant un de discrimination commerciale qui ne resterait pas sans
lendemain. Cela a été dit en présence d'au moins deux
ambassadeurs à des ministres. Personne ne s'est pâmé comme
vous le faites aujourd'hui. Je pense pouvoir dire que nous allons faire les
représentations utiles auprès des gouvernements.
Au sujet de la tournée que j'ai faite, quant au prix que
ç'a coûté, je n'ai aucune espèce de réserve
à rendre cela public. J'étais accompagné de M. Dorais,
aujourd'hui président de la société Asbestos et qui,
à l'époque, était président de la mine Bell;
également de M. Perlstein, président de la SNA, de M. Georges
Diamond, conseiller économique au ministère de l'Énergie
et des Ressources, spécialisé dans les questions de l'amiante,
qui était notre porte-parole au comité tripartite dans
l'organisation du symposium. Il y avait également M. Charles Beaulieu,
sous-ministre associé aux mines, à l'époque, qui est
depuis sous-ministre en titre au ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme. Il y avait, bien sûr, mon chef de cabinet et votre humble
serviteur. Si vous voulez savoir combien ç'a coûté pour les
repas, les couchers, les billets d'avion, les taxis, les pourboires, etc., je
vais demander à mon administration de me fournir ces détails et
je vous les communiquerai ou je les rendrai publics à l'Assemblée
nationale.
Vous m'avez posé la question: Pourquoi ne pas avoir fait le
périple dans les pays Scandinaves d'abord? Il m'est apparu, dans un
premier temps, plus important, en fonction des marchés, d'aller à
Paris et à Bruxelles. Comme vous le savez, Bruxelles est le siège
de la Communauté économique européenne. J'ai pu rencontrer
les commissaires, comme je l'ai dit, j'ai pu faire les représentations
de notre gouvernement au plus haut niveau et je compte bien, si c'est possible,
dès cet automne, entreprendre une nouvelle tournée
européenne. J'ai rencontré les représentants des
gouvernements et également ceux de l'industrie de l'amiante en France,
en Belgique et en Allemagne. J'ai rencontré également le
président et son secrétaire exécutif de la
Confédération européenne des syndicats, qui regroupe 13
000 000 de membres, et on a eu un long entretien. Je compte revoir ces gens. Si
nous avons cru préférable de faire cette démarche d'abord,
il est entendu que nous ferons des démarches également en
Suède et au Danemark à la première occasion.
Vous me demandez mon impression sur les possibilités de reprise.
Notre évaluation est que le Parti libéral du Québec
contribue à la mauvaise publicité de la fibre d'amiante blanche
par des déclarations mal préparées ou
contre-indiquées, de notre point de vue comme d'autres, et se fait en
quelque sorte l'allié des concurrents de la fibre d'amiante,
principalement les produits de substitution de l'amiante. Je dirai
essentiellement ceci: Si la reprise économique se fait au niveau
canadien, nord-américain et à l'intérieur des pays
industrialisés, l'effet d'entraînement devrait se faire sentir
avec la même intensité pour ce qui est des produits de l'amiante.
Ce qui signifierait que la machine recommence à tourner dans la grande
région de l'amiante, que les travailleurs reprennent leur emploi et que
nos exportations reprennent.
Notre objectif est bien sûr de pousser ces représentations
sur les marchés internationaux. Je pense que le sort de cette industrie
est directement relié à la conjoncture d'ensemble de
l'économie et, en particulier, au secteur de la construction. La part du
marché de la fibre d'amiante reliée à l'amiante-ciment au
sujet duquel les décisions reviennent principalement, sur ce continent
comme ailleurs, à des conseils municipaux de municipalité ou de
commune, compte pour la plus grande partie, c'est au-delà de 70% des
fibres d'amiante qui servent à la fabrication du tuyau d'amiante-ciment.
C'est donc très certainement relié à l'ensemble de la
conjoncture économique.
Une chose est certaine, je dirai au député de Richmond que
je ne crois pas à la théorie de la chaise berceuse dans un
dossier comme celui-là. Nous avons l'intention d'être beaucoup
plus agressifs sur les marchés, d'être plus agressifs en termes de
promotion, de représentation, plus agressifs dans nos investissements de
recherche et de développement, particulièrement en aval. Mon
collègue et adjoint parlementaire, le député de Frontenac,
mentionnait tantôt le dossier MAGNAC-1 qui représente un
investissement de 10 000 000 $...
M. Grégoire: 14 000 000 $.
M. Duhaime: ... de 14 000 000 $ et nous avons en lice le dossier
MAGNAC-3 qui devrait voir porter la capacité de production de 6000
tonnes d'oxyde de magnésium du projet MAGNAC-1, à la multiplier
par dix d'ici les trois prochaines années et donc produire 60 000 tonnes
d'oxyde de magnésium. Nous avons également en banque le projet
magnésium-métal qu'on espère pouvoir mettre en route. Je
pourrais mentionner LUPEL-Amiante...
M. Grégoire: La laine de roche...
M. Duhaime: ... la laine de roche, ce sont tous des produits en
aval, non seulement de la fibre, mais aussi des résidus de l'amiante. Je
ne crois pas tellement qu'on puisse faire de la "revégétation"
sur ces résidus. Je pense plutôt qu'il faut les mettre en valeur,
les exploiter, faire les investissements dans la recherche et le
développement, faire les investissements en usine et créer des
emplois.
Nous, de ce côté-ci, M. le Président, nous croyons
plutôt que cette richesse naturelle qu'est l'amiante a un formidable
potentiel économique et nous ne sommes pas de ceux qui pensent qu'on
doive laisser dénigrer ceux qui ont des intérêts
commerciaux dans ce produit-là sur la foi d'opinions qui,
scientifiquement parlant, sont non fondées. C'est ce que le symposium a
drôlement éclairé. Une approche réglementaire sur ce
dossier-là, sur l'aspect santé et sécurité, tant
pour les travailleurs en mine que pour les travailleurs dans l'industrie en
aval et que pour la population en général, semble la meilleure
voie et c'est dans cette direction-là que nous allons travailler.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, est-ce qu'il
serait possible d'avoir des réponses un peu plus courtes, s'il vous
plaît?
M. Duhaime: Les questions sont longues, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: M. le Président, vous me permettrez
d'abord de vous indiquer que je trouve le ministre bien injuste de dire que le
Parti libéral ne veut pas faire la promotion de l'amiante au
Québec. Je pense que le ministre est dans l'erreur et s'il
interprète notre position, en tant que parti, contre l'achat de mines
d'amiante au Québec, je sais qu'il cherche des échappatoires,
parce qu'on voudrait que l'argent soit employé à d'autres fins
qu'à celle d'acheter des mines sans créer aucun emploi.
Je pense que le ministre doit absolument se trouver une façon de
reprendre le Parti libéral et j'imagine qu'il ferait un "pas pire"
député d'Opposition. Je pense que le temps nous réserve
peut-être des événements qui devraient lui permettre
d'exercer de telles fonctions dans un temps plus ou moins...
M. Duhaime: À votre place, qu'est-ce qu'il n'aurait pas
donné?
M. Vallières: ... court. J'aurais peut-être quelques
autres questions rapides au ministre qui, je l'espère, pourra donner des
réponses assez précises.
M. Fortier: C'est un grand inconnu, Mme Payette n'en parle
pas.
M. Vallières: Entre autres, est-ce que la
Société nationale de l'amiante a toujours son siège social
à Montréal?
M. Grégoire: Elle n'a jamais eu son siège social
à Montréal. Le siège social de la Société
nationale de l'amiante est à Thetford.
M. Vallières: Est-ce que l'édifice principal qui
est situé à Montréal, est toujours propriété
de la Société nationale de l'amiante?
M. Grégoire: II n'a pas été fait état
d'aucun édifice à Montréal.
M. Duhaime: Vous confondez avec Asbestos.
M. Grégoire: Ah! Asbestos, vous voulez dire.
M. Fortier: La question est celle-ci: Est-ce qu'Asbestos
Corporation a décidé de vendre son édifice pour renflouer
son "cash flow"?
M. Grégoire: Asbestos n'a pas d'édifice, elle
était locataire dans l'édifice de la Sun Life. Leur bail se
termine.
M. Vallières: II s'agit d'une location pure et simple.
M. Duhaime: Je vais répondre à votre question. La
société nationale n'a jamais eu son siège social à
Montréal. Son siège social a toujours été à
Thetford. Ce que j'ai déclaré devant la Chambre de commerce de
Thetford, lorsque je me suis rendu à son invitation où, soit dit
en passant, il y avait 450 personnes au moins...
M. Grégoire: II y en avait 100 pour Jean Chrétien,
avant-hier.
M. Duhaime: II y en avait 100 pour
Jean Chrétien, avant-hier? Mon Dieu! J'ai déclaré
à ce moment-là qu'aussitôt la transaction...
M. Rivest: Probablement parce que vous donnez un meilleur "show"
que Jean Chrétien.
M. Duhaime: Je voudrais saluer la présence heureuse du
député de Jean-Talon qui, comme vous le savez tous, est un des
grands spécialistes de l'amiante sur ce continent.
M. Rivest: Non, mais dans le domaine du spectacle, vous autres,
vous êtes pas mal.
M. Duhaime: J'ai annoncé à Thetford -je n'arrive
pas à me rappeler à quelle date, dans les jours qui suivaient la
transaction ou l'accord de principe que nous avions à ce
moment-là avec General Dynamics, de Saint-Louis, Missouri -
qu'aussitôt que le nouveau conseil d'administration de la
société Asbestos serait formé, je demanderais, que
j'exigerais, pour le siège social d'Asbestos Corporation qui, autrefois,
payait un bail à Sun Life, à Montréal, ce bail soit
résilié dans le cadre d'une négociation et que le
siège social de la société Asbestos soit rapatrié
à Thetford Mines. Cela a été fait depuis, la
décision a été prise au conseil d'administration de la
société Asbestos. Actuellement, les cadres sont en voie
d'être réaffectés au site du nouvau siège social de
la société Asbestos, à Thetford, ce qui devrait
créer une soixantaine d'emplois. C'est un déplacement,
finalement.
M. Vallières: Un déplacement de 60 emplois.
M. Duhaime: De Montréal à Thetford.
M. Vallières: Très conscient que d'autres secteurs
doivent être abordés, j'aurai un autre cas très
prochainement à soumettre au ministre, mais j'emploierai d'autres voies
que celle de la commission de l'énergie et des ressources. J'aimerais
cependant, en terminant, que le ministre puisse nous faire le point sur la
situation qui prévaut actuellement à la Société de
développement de la Baie-James, en particulier, en termes d'exploration
minière. Quels sont ses projets à court et à moyen
terme?
M. Duhaime: Sur la SDBJ, j'ai un document, je vais le retrouver,
quoique cela ne relève pas directement du cadre de nos travaux en termes
de crédits budgétaires du ministère, je n'ai pas
d'objection à faire le point. Si vous voulez me donner une seconde, je
vais retrouver mon papier.
La question porte sur le programme d'exploration minière de la
SDBJ. Le conseil d'administration de la SDBJ compte pouvoir dépenser,
durant l'exercice 1982-1983, un montant de 6 900 000 $. Sa
problématique, pour 1982-1985, dans l'exploration minière est de
l'ordre de 29 900 000 $, c'est-à-dire 30 000 000 $, et l'enveloppe, pour
ce qui est du développement minier, est de 7 500 000 $ pour la
période de 1982-1985.
M. Fortier: M. le ministre, si je peux vous arrêter, je ne
sais pas si la question du député était assez
précise. Est-ce qu'il va y avoir des changements structurels en ce qui
concerne l'exploration minière par l'entremise de la SDBJ? Est-ce qu'un
projet de loi sera déposé, est-ce qu'il y aura des changements ou
des modifications?
M. Vallières: Compte tenu peut-être des
expériences passées.
M. Duhaime: C'est quoi, votre question?
M. Vallières: Compte tenu de l'expertise qu'a maintenant
en exploration la SDBJ - qu'on se souvienne de l'aventure qu'elle a connue dans
la mine Joe Mann - y a-t-il des réorientations qui sont à
prévoir, puisque le ministre nous a confirmé que, dans cette
aventure, la SDBJ avait quand même d'investi 13 500 000 $? Est-ce que le
ministre envisage que la SDBJ continue d'agir comme elle agissait auparavant
dans le secteur, sans aucune modification et, peut-être, aussi sans aucun
resserrement des contrôles, quand elle fonctionne avec, entre autres, des
partenaires comme, comment s'appelle-t-il encore? Meston...?
M. Duhaime: Je répondrai d'une façon
générale, M. le Président, en disant que la politique de
notre gouvernement a toujours été, en ce qui a trait aux
sociétés d'État, à partir du moment où le
cadre d'autonomie et de gestion de ces entreprises d'État, que ce soit
Hydro-Québec, la SEBJ, la SDBJ, REXFOR, SOQUEM, SOQUIP qui
relèvent du ministère de l'Énergie et des Ressources ou
encore à d'autres sociétés d'État, dont j'ai eu
à m'occuper au portefeuille de l'Industrie et du Commerce, que la
règle soit toujours la même. À partir du moment où
le cadre d'autonomie et de gestion des sociétés est
arrêté, cela devient la responsabilité des conseils
d'administration qui doivent rendre des comptes aux actionnaires,
c'est-à-dire le gouvernement. C'est à partir des
évaluations de performance que les plans de développement sont
approuvés que les changements structurels sont faits et, je dirais
aussi, que les changements au sein même des conseils d'administration des
sociétés d'État sont effectués.
Je serai très prudent dans mes commentaires concernant la mine
Joe Mann
pour une raison que le député de Richmond comprendra
très bien. Je ne voudrais pas me faire piéger par une question
d'un député libéral en commission parlementaire, parce que
ce dossier est actuellement devant les tribunaux. Il y a une injonction que
nous avons contestée avec succès, d'ailleurs, et nous avons
obtenu l'autorisation de la cour de noyer la mine Joe Mann. Nous sommes
convaincus que nous avons pris une bonne décision économique et,
aussitôt que le prix de l'once d'or sera rétabli sur les
marchés, il y aura lieu de reconsidérer dans un premier temps le
pompage de la mine et sa remise en route. La SDBJ a actuellement un litige avec
son coactionnaire du groupe Meston et, tant et aussi longtemps que la Cour
suprême ou un tribunal de dernière instance ne se sera pas
prononcé sur le dossier, vous allez convenir avec moi que ce serait
inapproprié. Je n'aimerais pas qu'on se retrouve dans deux jours avec un
nouveau "mistrial" sur les bras.
M. Fortier: Oui, un seul René Lévesque, c'est
assez.
M. Duhaime: Maintenant, M. le Président, la question du
député de Richmond allait dans le sens: Est-ce que le
ministère envisage une modification structurelle à la SDBJ? Je
répondrai franchement oui, que c'est un dossier qui est à
l'étude actuellement. J'aurai l'occasion d'en rediscuter avec le P.-D.G.
et le conseil d'administration de la SDBJ, mais je pense que nos
réflexions ne sont pas suffisamment avancées pour produire devant
cette commission un état précis du dossier. Je pense qu'on
devrait être capable d'arriver, selon l'échéancier,
à l'automne avec ce dossier. Toutes les portes sont ouvertes.
M. Vallières: Une dernière question en ce qui me
concerne, M. le Président, avant de laisser la parole à mes
collègues. Je pense que le ministre ne sera pas obligé de
répondre à cette question, mais je pense qu'avec les divers
employés qui sont à son service, il pourrait se le permettre.
Est-ce qu'il pourrait nous fournir des données sur la situation globale
de l'emploi? Peut-être qu'elles sont déjà existantes ces
données. Dans le secteur minier au Québec, soit dans divers
secteurs comme le cuivre, l'or, l'amiante, le zinc, depuis 1980 jusqu'à
aujourd'hui, si c'était possible, ou de 1981 à aujourd'hui, afin
que nous ayons une idée peut-être de la croissance ou de la
décroissance de l'emploi dans ce secteur?
M. Duhaime: Je répondrai oui, M. le Président. Je
pense avoir donné ce matin un total. S'il y a un total, il doit y avoir
des composantes. J'ai mentionné que le secteur minier regroupait 30 000
emplois directs, au niveau de l'exploitation et au-delà de 75 000
emplois indirects en aval. Je ne suis pas certain que nos chiffres soient
très précis au sujet de l'aval, parce qu'il y a toujours
l'éternelle querelle des statisticiens à savoir quelle est la
part d'un métal ou d'un minerai ou d'un matériau quelconque dans
telle ou telle entreprise en aval et si on peut la relier directement au
secteur minier? Indépendamment de cette question, si je comprends bien,
vous voudriez savoir à partir des 30 000 emplois directs au niveau de
l'exploitation, donc au niveau de la première transformation, quels sont
les emplois dans les différents secteurs, fer, métaux de base,
etc., pour telle année. Je pense que pour 1982, ce serait assez
téméraire de vous dire qu'on va fournir les chiffres, puisque
l'année n'est pas écoulée. Pour 1981, je croirais risquer
une réponse affirmative. Pour 1980, très certainement et si on a
des chiffres disponibles pour les années antérieures, on va vous
les fournir avec plaisir.
M. Vallières: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on est toujours dans le
secteur des mines?.
Le Président (M. Laplante): Cela prenait fin.
M. Perron: Cela prenait fin?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Perron: Merci, M. le Président. Dans les rapports qui
sont donnés et en regard du budget de 1982-1983, on parle de la fosse du
Labrador et de la Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent relativement
à des investissements au niveau de la recherche. Le ministre pourrait-il
dire aux membres de cette commission combien d'investissements au niveau de la
recherche seront faits en 1982-1983 dans la fosse du Labrador ainsi que sur la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent?
M. Duhaime: Oui. Si vous me donnez une seconde, je vais vous
trouver cela. Je remercie le député de Duplessis pour sa
question. Je voudrais le renvoyer à l'élément 1 du
programme 10 du livre des crédits. Nous allons dépenser sur la
Côte-Nord, pour l'exercice 1982-1983, un montant de 531 500 $
comparativement à 60 000 $ en 1981-1982 et dans la fosse du Labrador,
nous allons dépenser en 1982-1983, 760 000 $ comparativement à
105 000 $ en 1981-1982, ce qui fait un total d'environ 1 300 000 $ pour le
secteur Côte-Nord et fosse du Labrador pour 1982-1983, comparativement
à
un montant de 165 000 $ pour 1981-1982.
M. Perron: Merci. M. le Président, une autre question qui
sera probablement la dernière. Considérant la situation dans le
domaine du minerai de fer, par exemple, à Sept-Îles et surtout
à Schefferville où on a plusieurs familles, plusieurs
travailleurs du domaine minier qui travaillaient antérieurement pour la
compagnie IOC et qui se trouvent dans l'embarras financier, le ministre
pourrait-il me dire, dans le cadre des investissements de 760 000 $ qui sont
prévus dans la fosse du Labrador, s'il y aurait une possibilité
que des travailleurs et des travailleuses de Schefferville qui furent
touchés et qui sont toujours touchés par les mises à pied,
dans cette ville minière qui est d'ailleurs située à 356
milles au nord de Sept-îles, pourraient bénéficier des
emplois venant soit des compagnies ou encore du ministère de
l'Énergie et des Ressources qui feraient des investissements dans ce
domaine?
M. Duhaime: M. le Président, je répondrai ceci
à mon collègue. Les dépenses d'exploration que nous allons
faire cette année sont de deux ordres: d'abord, des relevés
géologiques et deuxièmement, des relevés
géochimiques. Pour ce qui est des relevés géologiques, ces
travaux sont faits en régie par les équipes normales du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Je craindrais donc
qu'il n'y ait pas tellement d'embauche additionnelle pour les travailleurs de
ce coin du Québec.
Par ailleurs, pour le deuxième volet sur les relevés
géochimiques, nous procédons par appel d'offres et
généralement, ce sont, bien sûr, des firmes
spécialisées qui obtiennent ces contrats. Je suis prêt,
cependant, à voir avec mon collègue du ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour
m'assurer que le maximum pourra être fait, en termes de retombées
quant à l'emploi, pour les travailleurs de la région de
Schefferville, en particulier, parce que j'ai la conviction que la base de
départ de ces relevés tant géologiques que
géochimiques, sera a Schefferville. Mais les travaux qui seront faits,
étant extrêmement techniques, ce seront des équipes
spécialisées qui oeuvreront là-dessus. Je serais
difficilement en mesure de vous indiquer quels sont les montants d'argent
affectés à la main-d'oeuvre comme telle ou à la location
d'équipement, sur l'enveloppe de 1 300 000 $. Mais je voudrais donner
l'assurance, au député de Duplessis, pour la création
d'emplois indirecte que pourraient amener ces dépenses. Il me
paraîtrait normal que la main-d'oeuvre de cette région soit
d'abord favorisée.
M. Perron: Une dernière question, M. le Président.
On a parlé de géochimie. Considérant que cela va
être donné par appel d'offres, est-ce que, juridiquement, le
ministère ou le gouvernement pourrait non pas obliger l'entrepreneur qui
fera les travaux, mais, peut-être, aller dans le sens d'au moins
négocier avec cet entrepreneur, pour qu'il puisse prendre des gens de
Schefferville pour travailler au projet?
M. Duhaime: Sur le plan juridique, j'aimerais mieux
vérifier avec mon propre contentieux, au ministère de
l'Énergie et des Ressources. Mais je n'aurais pas de crainte à
avancer que, dans les conditions d'adjudication des contrats, en particulier
sur les contrats de relevés géochimiques, on puisse introduire,
dans ces contrats, une condition d'embauche de main-d'oeuvre locale, sans pour
autant spécifier Schefferville à l'exclusive de toute autre ville
de la Côte-Nord, mais je suis prêt à regarder s'il est
possible de le faire.
M. Perron: D'accord. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 10,
éléments 1 et 2, adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 11,
éléments 1, 2 et 3, adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 12,
éléments 1 et 2, adoptés?
Une voix: Adopté.
Régie de l'électricité et du
gaz
Le Président (M. Laplante): J'appelle le programme 13,
Régie de l'électricité et du gaz.
M. le député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, avant de commencer nos
travaux...
M. Duhaime: Peut-on libérer nos fonctionnaires qui
s'occupent très activement du secteur des mines...
M. Fortier: Oui, oui.
M. Vallières: Cela va coûter moins cher.
M. Duhaime: ... d'autant plus qu'à cette heure-ci du
jour... Ils sont là pour nous épauler et leur présence
nous est précieuse, mais si on pouvait les libérer.
Étes-vous d'accord?
Une voix: Absolument.
M. Fortier: Avant de poursuivre nos travaux, M. le
Président, j'aimerais tout simplement, avec le ministre, faire le point
où on en est. Nous devions avoir, je crois, neuf heures et demie pour
étudier les crédits. Nous avons eu une heure et quart ce matin.
Il est neuf heures quarante, on va peut-être se rendre jusqu'à
minuit ce soir, ce qui nous donnerait cinq heures et quart. Demain, si je
comprends bien, nous allons reprendre après la période de
questions vers onze heures, peut-être jusqu'à vers deux heures. Si
on continue jusqu'à vers deux heures, cela nous donnera trois heures,
sinon cela nous donnerait seulement deux heures. De toute façon, cela
nous donne entre sept heures et quart et huit heures et quart. Nous sommes un
peu bousculés, nous aurions eu d'autres questions sur les mines. J'avais
proposé tout à l'heure qu'on poursuive, si nécessaire,
l'étude des crédits mardi matin. Il semblerait que le leader s'y
oppose, mais, comme on vient d'adopter les crédits sur les mines, ce que
je propose, c'est qu'on aborde, comme vous venez de l'indiquer, l'étude
des questions énergétiques. Mais il reste que l'étude de
tout le domaine des terres et forêts est extrêmement importante et
j'oserais espérer que nous prendrons le temps de l'étudier
demain, qu'on pourra faire le point et, si nécessaire, de voir si nous
ne pourrions pas obtenir du temps supplémentaire.
M. Duhaime: Vous permettez une brève réaction
là-dessus. Je n'ai pas d'objection à travailler ce soir,
jusqu'à minuit. Mon rythme de travail est à peu près de
seize heures par jour, mais j'avoue que, lorsque j'entame la
dix-septième heure, je m'en ressens le lendemain, à mon travail.
Je calculerais comme étant raisonnable que nous terminions nos travaux
à minuit, qu'on puisse les reprendre demain, après la
période de questions. Je n'aurais pas d'objection en soi à ce
qu'on prolonge, soit plutôt que de terminer demain à treize heures
d'aller jusqu'à quatorze heures. Mais demain, je rappelle à mes
collègues de l'Opposition qu'ils auront des discours à faire sur
une position d'abstention, puisque je crois savoir que le leader du
gouvernement va rappeler une motion, inscrite à mon nom, sur le projet
fédéral C-108 qui voudrait doter gracieusement le Québec
d'un corridor électrique. Nous devrions, normalement, appeler le vote
sur ce projet de loi avant 18 heures demain. S'il vient à manquer des
heures, je suis parfaitement d'accord qu'il faille mettre le temps
nécessaire pour l'étude des crédits. Seulement, je
pourrais peut-être vous dire essentiellement que c'est la
cinquième année, sauf erreur, qu'on fait ensemble l'étude
des crédits. Beaucoup de choses vous sont déjà connues et
si on évite les redites, on va peut-être s'en tirer avec un temps
de travail en commission qui, nécessairement, ne pourra pas atteindre
neuf heures et demie. Si on peut le régler en huit heures, on peut le
régler en huit heures. (21 h 45)
M. Fortier: De toute façon, demain après-midi,
personnellement, je serai impliqué dans l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Alors, je pense que, de part et d'autre, nous serons pris par d'autres
occupations. On peut disposer de ce programme.
Le Président (M. Laplante): Nous verrons au fil des
heures.
M. Fortier: Je prends note du fait que le ministre travaille
fort. J'ose espérer que tout le monde va collaborer. On sympathise avec
lui.
Le Président (M. Laplante): On va commencer tout de suite,
si l'on veut. Au programme Régie de l'électricité et du
gaz, avez-vous un court commentaire, M. le ministre, sur les programmes 13 et
14? On les aborde ensemble.
M. Duhaime: Je voudrais peut-être revenir sur l'entente que
nous avions prise ce matin, pour être correct avec le
député d'Outremont qui avait dû s'absenter pour d'autres
occupations. Il voulait faire une déclaration générale sur
l'ensemble de l'étude des crédits du ministère. S'il veut
la faire maintenant, je serais prêt à le laisser faire son
énoncé général.
M. Fortier: On avait finalement adopté l'idée qu'on
ferait des commentaires pertinents sur le domaine énergétique,
d'une façon générale. Demain, on pourra faire des
commentaires...
Le Président (M. Laplante): D'accord. Allez-y!
Régie de l'électricité et du gaz.
M. Fortier: Si vous me donnez la parole, je ferai des
commentaires généraux sur le domaine énergétique
et, ensuite, on passera à une période de questions en relation
avec ce dossier.
M. Duhaime: J'aurais des remarques d'introduction sur le dossier
de l'énergie. J'en aurais pour à peu près une dizaine de
minutes en abrégeant au maximum les notes que j'ai devant moi. Si vous
voulez faire la vôtre maintenant, je pourrai vous suivre, c'est comme
vous voulez. On est d'arrangement.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Je vais commencer, je pense que cela va permettre au
ministre de penser à ce qu'il va dire, pendant ce temps-là.
Dans le domaine énergétique, M. le Président, nous
nageons dans l'inconnu. En effet, un des problèmes très
importants auquel est confrontée notre société, c'est
l'ajustement nécessaire à la baisse qu'il faudra faire pour
équilibrer le programme d'équipement d'Hydro-Québec pour
tenir compte, d'une part, de la baisse dans le développement
économique et de la pénétration du gaz naturel, d'autre
part. Il semble bien que les grands projets, les grands chantiers de la
Baie-James, lancés par le gouvernement libéral de 1970, sont
choses du passé. Alors que ces grands travaux ont occupé
jusqu'à 18 600 ouvriers en 1977 et jusqu'à 21 300 ouvriers en
1978, ils n'en occupent plus que quelques milliers à peine.
Alors que l'on prévoyait une remontée dans l'embauche
à partir de 1984, il semble bien que la baisse d'activité se
continuera pour quelques années de plus, alors qu'il y a tant de
chômage au Québec. De fait, la Société
d'énergie de la Baie-James et HydroQuébec, cette année,
ont annoncé des coupures considérables et dans le programme
d'équipement ou de réalisation des travaux, ce qui était
déjà prévu, et dans le domaine des études.
En ce qui concerne la prévision, en janvier dernier, le conseil
d'administration d'Hydro-Québec prenait connaissance d'une nouvelle
prévision de la demande énergétique de 1982 à 1998.
Je crois qu'il est peut-être bon qu'on fasse le point sur une
période un peu plus longue pour savoir où nous allons. La
dernière prévision de janvier dernier entrevoyait des besoins
prioritaires, en énergie électrique, de 219 100 000 000
kilowattheures en 1998, basée sur un scénario probable,
appuyée sur un accroissement du produit intérieur brut d'environ
3% par année, durant cette période. Ce chiffre de 219 000 000 000
kilowattheures doit être comparé à une prévision de
265 700 000 000 kiliowattheures pour 1998, d'après les prévisions
qui avaient été présentées en commission
parlementaire au mois de février 1981.
C'est donc dire que la prévision de la demande en énergie
présentée au conseil d'administration en janvier dernier,
prévoyait implicitement une coupure extrêmement importante dans le
programme d'équipement d'Hydro-Québec d'ici 1998, soit
l'équivalent de 46 600 000 000 kilowattheures ou l'équivalent du
projet NBR.
Malheureusement, il semble bien que les prévisions du mois de
janvier soient encore trop optimistes, puisque M. Parizeau, dans les annexes de
son discours sur le budget, prévoit que, pendant les prochaines
années, l'économie du Québec devrait atteindre un rythme
de croissance de seulement 2,5%, ce qui est à comparer au rythme de
croissance de 3% qui était prévu par Hydro-Québec
jusqu'à 1988, en janvier dernier. C'est donc dire qu'il faut s'ajuster
à la baisse. Je crois qu'il est admis que la prévision de la
demande électrique suit de façon assez pertinente l'accroissement
du produit intérieur brut. Alors il semblerait qu'à la suite des
prévisions à la baisse du ministre des Finances,
Hydro-Québec, si elle s'aligne sur les prévisions du ministre des
Finances, devra ajuster à la baisse ses propres prévisions de la
demande électrique.
En extrapolant cette prévision jusqu'à 1998, on peut
calculer que les besoins prioritaires d'Hydro-Québec ne seront plus
alors que de 203 000 000 000 de kilowattheures. Si on compare cette
prévision pour 1998 à celle qu'Hydro-Québec nous avait
donnée l'an dernier, de 265 700 000 de kilowattheures, c'est donc une
coupure de 62 000 000 000 de kilowattheures qui devrait être faite dans
le programme d'Hydro-Québec, pour les années 1980 et
esquissée pour les années quatre-vingt-dix.
La question qui se pose, M. le Président, est celle-ci: Qu'est-ce
que 62 000 000 000 de kilowattheures? Je suis certain que pour chacun d'entre
nous, ces chiffres ne veulent pas dire grand-chose, mais peut-être que
ça peut signifier davantage lorsqu'on dit que 62 000 000 000 de
kilowattheures, c'est toute l'énergie qui sera produite par l'ensemble
de la première phase de la Baie-James, c'est-à-dire autant
d'énergie que celle qui sera produite par la première phase du
projet La Grande, mise en oeuvre depuis 1971 et qui sera parachevée en
1985. C'est donc considérable.
C'est la mise au rancart de la phase 2 du complexe La Grande: 18 500 000
000 de kilowattheures, plus le complexe Nottaway-Broadback-Rupert: 47 000 000
000 de kilowattheures. Donc, l'équivalent de deux grands projets. 1998
n'est pas tellement si loin de nous, nous sommes en 1982; c'est donc dans les
seize prochaines années et on sait que, dans le domaine
énergétique, une coupure de cet ordre-là est
extrêmement importante en termes d'investissements, de réalisation
et de création d'emplois.
C'est donc une réduction dans le programme d'investissements
d'Hydro-Québec, évaluée de façon grossière,
à environ 25 000 000 000 $ en dollars de 1980, très probablement
l'équivalent de 75 000 000 000 $ en dollars courants qui ne seront pas
investis d'ici 1998.
Cela veut également signifier que des millions et des millions
d'hommes-heures, sur les chantiers et dans les usines, devront être
coupés. Voilà où nous conduit la politique
économique et énergétique du Parti
québécois.
Quoique le ministre ait affirmé à quelques reprises que le
programme d'équipement d'Hydro-Québec ne devrait pas être
touché, on aimerait bien que le ministre nous explique comment il pourra
demander à Hydro-Québec de maintenir son programme
d'équipement, quand l'évidence même commanderait la plus
grande prudence ou la plus grande audace, l'une ou l'autre et non pas le
"business as usual". Entre les deux, le coeur du ministre de l'Énergie
balance.
Aussi, ni Hydro-Québec ni les fabriquants ni les compagnies de
construction ni les ingénieurs-conseil ne savent ce que l'avenir leur
réserve. J'ai bien lu dans Le virage technologique qu'on indique que,
durant les prochaines années, les ingénieurs-conseil devraient
être encore occupés comme ils l'ont été à
venir jusqu'à maintenant, au même rythme qu'ils l'étaient
ou qu'ils le sont présentement.
À la lumière de ces statistiques, on se rend bien compte
qu'à moins d'un revirement considérable qui n'est pas à
l'horizon, une coupure dans le programme d'équipement
d'Hydro-Québec, d'ici 1998, diminuera considérablement
l'économie du Québec, les investissements et les dépenses
qu'Hydro-Québec aurait pu faire et qui auraient favorisé les
fabricants comme Marine Industrie, les travailleurs et les bureaux de
génie-conseil - comme le reconnaît Le virage technologique et
étant issu de ce milieu, je suis très fier qu'on en reconnaisse
enfin les mérites.
À moins d'imprévu dont je parlerai dans quelques instants,
il y a fort à parier qu'Hydro-Québec devra retarder le lancement
de nouveaux projets de génération d'électricité,
pour une période pouvant aller de trois à quatre ans, a moins que
l'affaissement de l'économie québécoise n'augmente les
problèmes de pointe encore davantage. Ceci amènerait
Hydro-Québec à mettre en chantier, malgré la baisse de la
demande, certains projets déjà prévus au programme, tels
le programme de turbines à gaz et le projet Delaney de façon
à pouvoir générer, pour de courtes périodes de
temps, l'énergie nécessaire. Autrement, tous les autres grands
projets définis l'an dernier devront être reportés et au
niveau des études, et au niveau de leur réalisation.
Quels sont les facteurs qui peuvent influencer cette révision
à la baisse, draconienne, dont je viens de faire état? Il y en a
deux. Il y a les exportations d'énergie vers les États-Unis et,
à ce sujet, je crois que le ministre doit se rendre compte que les
représentations tout à fait rationnelles d'Hydro-Québec
ont eu plus de poids auprès du comité parlementaire qui
étudiait le projet de loi C-108 que les discours qu'il a faits
lui-même.
Une voix: Ils n'ont pas fait de chantage, eux.
M. Fortier: II faut noter que ces représentations, faites
d'une façon très pondérée, avec une argumentation
d'hommes d'affaires, ont porté fruit et que le ministre, finalement, a
accepté d'y accéder. Il est certain que, d'une part, les
exportations d'énergie vers les États-Unis pourraient changer le
tableau dont j'ai fait état; d'autre part, il y a le litige
Québec-Terre-Neuve qui pourrait - je dis bien "qui pourrait"
-possiblement faire perdre au Québec une source d'énergie fiable,
à bon marché, qui demanderait, encore là, un ajustement de
notre programme d'équipement d'énergie.
En ce qui a trait aux exportations d'énergie, il faudrait bien
que le gouvernement du Québec nous fasse connaître sa politique
à ce sujet. J'ai pris connaissance, encore récemment, d'une
déclaration du ministre à l'effet qu'il serait d'accord pour
exporter 2000 ou 3000 mégawatts d'électricité, mais je ne
crois pas qu'un seul énoncé puisse permettre à
HydroQuébec de planifier son avenir et je ne crois pas que ceci permette
au public de connaître la véritable politique du gouvernement dans
ce dossier.
À ce jour, il n'y a eu que des exportations de surplus
d'énergie et, à différentes reprises, le ministre a fait
état de la possibilité d'exporter de l'énergie ferme qui,
comme le nom l'indique, pourrait être des blocs d'énergie
développés dans le but de satisfaire les besoins prioritaires des
clients étrangers. Sur quelle base, à quel taux, pour combien de
temps le gouvernement du Québec est-il disposé à vendre ce
type d'énergie? A-t-il l'intention de modifier la mission
d'Hydro-Québec pour lui demander de générer autant
d'énergie possible, quitte à ce qu'elle trouve de nouveaux
débouchés? C'est là une solution.
On pourrait dire qu'Hydro-Québec, à l'avenir, en changeant
sa mission, va se comporter comme Nova, en Alberta, la Trans-Canada Pipelines
ou certaines compagnies de gaz dans l'Ouest dont la mission est de produire
autant de gaz que possible et de trouver autant de débouchés que
possible. Ceci serait un changement draconien, considérable, dans la
mission d'Hydro-Québec et c'est la raison pour laquelle nous posons la
question au ministre: Quelle est la politique du gouvernement? Est-ce que sa
politique est de maintenir la mission d'Hydro-Québec et de produire de
l'énergie pour satisfaire les besoins du Québec? Ou, est-ce de
lui imposer comme mission de générer autant d'énergie
qu'elle le pourra de façon à développer l'économie
du Québec et à engendrer des profits dans l'avenir?
Nous nageons dans l'inconnu. Le
ministre fait allusion à la possibilité d'exporter 3000
mégawatts mais, sur le plan de politiques fondamentales, dans le domaine
énergétique, on attend encore des éléments de
politique. Par exemple, le ministre négocie-t-il présentement la
vente de l'énergie du projet NBR? Il semblerait que, dans le
décalage ou dans l'ajustement qu'Hydro-Québec devra faire, le
projet NBR, qui devrait être développé dans les
années quatre-vingt-dix, devra être reporté à l'an
2000. Il se pourrait que le ministre arrive à la conclusion que
l'exportation de la totalité de l'énergie pouvant être
produite par le projet NBR serait souhaitable, mais le ministre ne nous a pas
fait connaître ses idées à ce sujet.
Si oui, et en prenant en considération les délais de
construction ainsi que les engagements à long terme qui devront
être pris vis-à-vis des clients éventuels... Il faut bien
comprendre que ces clients étrangers se donnent la peine de signer un
contrat - je parle d'énergie ferme - et qu'ils décident de
négocier un contrat très important de milliards de dollars pour
une période de temps qui, j'imagine, devrait être assez
considérable, puisque eux-mêmes auront à amortir des
investissements en lignes de transport d'énergie. S'il s'agit pour eux
d'acheter de l'énergie ferme, cela voudra dire qu'ils devront
déplacer dans le temps des investissements qu'ils auraient dû
faire eux-mêmes ou autrement. Il faudrait bien qu'on nous fasse
connaître quelles sont ces possibilités et quelle est la politique
du gouvernement dans ce domaine? (22 heures)
Mais si le ministre lançait le débat -parce que je dois
reconnaître avec le ministre qu'il y a des avantages et des
désavantages à l'exportation de l'énergie sur une base
ferme - si au moins le ministre lançait le débat, on pourrait
débattre les mérites, les avantages et les désavantages
d'un changement dans la mission d'Hydro-Québec dans la politique du
gouvernement du Québec. Ceci sera peut-être dans le meilleur
intérêt de tous et chacun d'en connaître davantage sur le
sujet.
Il faudrait bien finalement savoir à quelle enseigne il se loge.
L'avenir énergétique et économique du Québec est
trop important pour être laissé totalement à la
discrétion et à l'improvisation du ministre et du cabinet dans ce
domaine. Quand aurons-nous des éléments de politique qui, pour
animer un débat démocratique sur la question, quand le ministre
nous fera-t-il connaître sa politique énergétique à
long terme, s'il en a une? Les exportations d'énergie sur une base ferme
ont une telle importance pour notre avenir que le ministre se doit de faire
connaître ses politiques à ce sujet dans les meilleurs
délais.
Deuxièmement, j'ai dit qu'il y avait deux facteurs qui pouvaient
influencer notre avenir énergétique: les exportations en sont un
et j'ai indiqué que cela pourrait être pour une exportation
ponctuelle ou cela pourrait être des exportations plus
considérables ou cela pourrait être sur une base quasi permanente
si on changeait la politique pour la mission d'Hydro-Québec. Il y en a
un deuxième, c'est celui de l'entente qui nous lie à Terre-Neuve.
C'est un autre facteur qui pourrait avoir un impact sur notre avenir
énergétique qui soit très important. Le ministre n'en fait
pas état. Il se met un peu la tête dans le sable et dit: On attend
le jugement de la Cour suprême. Mais il faut bien se rendre compte, M. le
Président, que poussé à la limite, le conflit
Québec-Terre-Neuve pourrait créer une demande subite
d'énergie électrique tout à fait nouvelle. D'ailleurs, je
crois que le premier ministre Lévesque en a fait allusion très
indirectement lorsqu'il était à Washington en disant: On pourrait
bien se passer, si Terre-Neuve nous y forçait de prendre d'autres moyens
ou d'autres méthodes de se satisfaire nous autres mêmes.
Il faudrait bien que le ministre nous informe là-dessus sur ses
stratégies. Mais ce dont il faut se rendre compte, c'est que si les deux
parties au dossier, le gouvernement du Québec et le gouvernement de
Terre-Neuve, continuent à poursuivre le dossier de la façon dont
ils le font en Cour suprême sans trouver de moyens de négocier ou
de susciter de nouvelles négociations, il arrivera bientôt, un
jour, où une des parties sera appelée à poser un geste
dramatique pour signifier à l'autre partie son refus de se voir imposer
une décision qu'elle considérait injuste. Poussé à
l'absurde et c'est peut-être ridicule de dire qu'un tel débat
serait poussé à l'absurde mais le conflit pourrait amener
Terre-Neuve, s'il avait gain de cause en Cour suprême, a
décréter unilatéralement des hausses dramatiques des
coûts du kilowattheure en provenance des chutes Churchill. Ceci pourrait
amener, à son tour, le Québec à mettre de
côté cette source d'énergie et tenter de s'autosuffire en
devançant son programme d'équipement.
Quand on connaît les coûts de devancement de projets
hydroélectriques de grande envergure, je crois qu'Hydro-Québec,
lors d'une commission parlementaire, il y a deux ans ou l'an dernier, nous
avait indiqué qu'un programme d'accélération pourrait
coûter jusqu'à dix fois un programme normal. Alors, il y a lieu de
s'inquiéter, M. le Président, et je crois que ce à quoi je
fais allusion n'est pas seulement d'essayer de peindre un tableau
hypothétique, je crois. On a dit que gouverner, c'est prévoir.
Alors, il faudrait bien que cette possibilité soit examinée dans
tous ses détails et que le ministre nous dise dans quelle direction il
s'en va. Quoiqu'un tel scénario, où chacune
des parties en continuant le débat en Cour suprême sans
tenter de trouver des terrains d'entente des négociations, quand un tel
scénario aurait le mérite de créer de l'emploi, bien
sûr, si une demande subite de Terre-Neuve d'augmenter les tarifs de
façon considérable nous provoquait pour devancer notre programme
d'équipement, cela aurait le mérite de créer de l'emploi,
mais à quel prix? Cela aurait le mérite d'être très
onéreux pour les deux parties.
En effet, comme je l'ai déjà indiqué, dans un tel
cas, Terre-Neuve ayant gain de cause dans le litige pour lequel il a
entamé des procédures jusqu'en Cour suprême, s'il mettait
la main sur les actifs, Terre-Neuve aurait à payer les
intérêts sur une dette totalisant 800 000 000 $ sans aucune source
de revenus.
En effet, comme on le sait, M. le Président, le financement des
chutes Churchill s'est fait à des taux d'intérêt
très bas, 8%, 8,25%, si Terre-Neuve avait gain de cause et voulait
mettre la main sur les actifs de Churchill Falls Corporation ou résilier
le bail qui permet à Churchill Falls Corporation de respecter son
contrat avec la province de Québec, l'entente avec les financiers de New
York dit qu'à ce moment-là Terre-Neuve devrait refinancer
totalement la dette. Si on laisse ce scénario se développer,
Terre-Neuve aura financé complètement sa dette de 800 000 000 $.
À ce moment-là, bien sûr, si elle nous coupait le courant,
elle n'aurait aucune source de revenus - je crois que c'est un peu
aléatoire mais le Québec devrait quand même ajuster
soudainement ses tarifs d'électricité pour financer soit ses
nouveaux projets hydroélectriques auxquels j'ai fait allusion,
c'est-à-dire les devancements pour s'autosuffire, ou soit encore pour
payer des tarifs excessifs que Terre-Neuve, à ce moment-là,
serait en droit de nous demander puisqu'elle aurait eu - c'est toujours le
même scénario que je poursuis - gain de cause en Cour
suprême. Voilà pourquoi, M. le Président, il faut que les
deux parties négocient, parce qu'une telle solution serait au
désavantage du Québec et de Terre-Neuve et les seuls qui seraient
gagnants dans une telle aventure seraient les financiers de New York.
On peut peut-être dire, M. le Président, que ce
scénario est peut-être un peu trop dramatique. Il faut se rendre
compte, sans vouloir dramatiser ce litige plus qu'il ne faut, que la
conjoncture internationale nous donne, chaque jour, des exemples de situations
où toute négociation aurait été bien meilleure que
tous les affrontements qui sont vécus présentement. On a pu rire
au début lorsqu'on voit certains pays poser des gestes qui
amènent, finalement, un affrontement armé, mais je crois qu'il
faut se rendre compte que, s'il y avait peut-être eu des parlementaires
ou des gens qui avaient permis de suggérer des solutions avant
même que les esprits s'échauffent, à ce moment-là,
peut-être que cet affrontement pourrait être évité.
Mon intervention et l'intervention du Parti libéral dans ce dossier,
jusqu'à maintenant, étaient justement d'éviter qu'au fil
des mois -puisqu'on attend un jugement de la Cour suprême au mois de
novembre - les esprits s'échauffent à un point tel que les deux
parties perdent toute logique et s'empêchent de rechercher des avenues
qui seraient finalement dans le meilleur intérêt des deux
parties.
En conclusion, M. le Président, je crois que ce à quoi
j'ai fait état, l'ajustement, d'une part, dans le programme
d'Hydro-Québec qui pourrait être plus ou moins aussi important que
celui que j'ai défini, cet ajustement qui pourrait être
influencé par des politiques d'exportation qui nous sont inconnues - je
dois bien le dire - et, finalement, par des négociations avec
Terre-Neuve qui sont bloquées présentement.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je dis que dans
le domaine des politiques énergétiques et électriques, en
particulier, au Québec, nous sommes dans l'inconnu. Nous ne savons pas
où nous allons. Les agents économiques, qu'ils soient du secteur
manufacturier ou du secteur des services, ne savent pas quelles seront les
réalisations d'Hydro-Québec et je crois qu'il est important que
le plus tôt possible le ministre essaie de clarifier la situation sur ce
point. Je sais bien qu'il a dit, ce matin, qu'il y aurait une commission
parlementaire à l'automne, mais il y a des éléments qui ne
sont pas du ressort d'Hydro-Québec, en particulier en ce qui concerne
les exportations d'énergie. Cela ne fait pas partie de la mission
d'Hydro-Québec et en ce qui a trait, en particulier, aux
négociations avec Terre-Neuve. Je crois bien que ceci est du ressort du
ministre, du premier ministre, du bureau du premier ministre ou du ministre des
Affaires intergouvernementales.
Encore là, Hydro-Québec intervient, mais ce n'est pas
Hydro-Québec, je crois, qui décide des politiques du
gouvernement. Ces deux aspects extrêmement importants ont ou auront un
impact considérable sur la demande électrique du Québec et
je crois que même si Hydro-Québec se prépare
présentement et que le ministre nous a dit qu'il y aura une commission
parlementaire à l'automne - je reviendrai là-dessus - pour nous
présenter son plan d'équipement - je me pose de sérieuses
questions à savoir de quelle façon Hydro-Québec va
être en mesure de nous expliciter son programme d'équipement
à l'automne si le ministre n'a pas donné réponse d'une
façon raisonnable à ces deux problèmes auxquels je viens
de faire allusion.
Finalement, M. le Président, il y a un
autre domaine qui est un peu différent mais qui touche, je crois,
un des premiers programmes ici, la Régie de l'électricité
et du gaz. J'aimerais aborder la question du conflit d'intérêts
dans laquelle se trouve le ministre. Nous y avons fait allusion lors de
l'étude du projet de loi no 16 par lequel le gouvernement modifiait
substantiellement la mission d'Hydro-Québec en ne l'astreignant pas
à produire et à vendre son électricité au plus bas
coût possible et en la forçant de plus à payer de
nombreuses taxes qu'elle n'avait pas à payer dans le passé. Ceci
s'ajoutait à d'autres taxes qu'on avait imposées à
Hydro-Québec ces dernières années. Que l'on songe à
l'impôt de 3% sur le revenu brut d'Hydro-Québec que cette
dernière doit payer depuis 1980, qui a coûté 50 000 000 $
en 1980 et 72 000 000 $ en 1982. Que l'on songe au financement des programmes
de santé qui sont extrêmement chers pour Hydro-Québec en
raison du fait qu'elle embauche un personnel très important et qui a
coûté 22 000 000 $ en 1982. Que l'on songe à la taxe sur le
capital dont le coût est de près de 100 000 000 $ en 1982. Que
l'on songe à la taxe de vente qui devrait rapporter 160 000 000 $ au
gouvernement du Québec en 1982, qui vient d'être augmentée
à 9% et qui augmentera le coût de l'électricité et
du gaz par ailleurs.
En passant, je note qu'à une des dernières commissions
parlementaires le ministre nous avait dit, je crois, que le ministre des
Finances devait annoncer l'abolition de la taxe de vente sur le gaz pour
pouvoir permettre à ceux qui voulaient se prévaloir de
l'utilisation de cette énergie de le faire, mais j'ai constaté
dans le dernier budget que le ministre des Finances avait mis de
côté cette recommandation. De plus, le gouvernement du
Québec, bien sûr, décrète unilatéralement des
dividendes qui ont rapporté seulement 16 000 000 $ en 1981 mais qui
devraient rapporter davantage durant les prochains mois.
Devant l'ampleur de ces taxes, M. le Président, qui
dérivent des activités d'Hydro-Québec et de ses profits,
on est en droit de se demander comment le ministre ne se sent pas en conflit
d'intérêts puisque, d'une part, il se fait l'instrument, comme il
l'a fait pour le projet de loi no 16, pour imposer à Hydro-Québec
des taxes considérables et que, d'autre part, il est celui qui approuve
ou qui recommande au cabinet les tarifs d'Hydro-Québec. Comment le
gouvernement peut-il décemment, sur recommandation du ministre, prendre
la défense des contribuables? Il y a des solutions à ces
problèmes. On y a fait état dans le passé. Pourquoi
le ministre ne propose-t-il pas des solutions à ces problèmes qui
sont extrêmement importants? On pourrait comme dans d'autres provinces
demander à Hydro-Québec de justifier ses augmentations de tarifs
devant une régie qui pourrait par la même occasion entendre tous
les corps intermédiaires qui pourraient s'exprimer sur le sujet. Aussi
la régie, quelle qu'elle soit, que ce soit la Régie de
l'électricité et du gaz ou une fusion avec d'autres régies
- on pourra revenir sur ce sujet - aurait bien sûr accès à
de nombreux spécialistes et pourrait ainsi faire une recommandation
éclairée au gouvernement. Mais non, le ministre
préfère continuer comme avant et les contribuables peuvent
compter encore une fois sur ces augmentations substantielles de tarifs
l'automne prochain.
J'ai indiqué tout à l'heure qu'il sera difficile à
Hydro-Québec de présenter un programme d'équipement cet
automne à cause des inconnues auxquelles j'ai fait allusion. Ce que
j'aimerais faire remarquer au ministre également, c'est que, si ma
mémoire est fidèle, Hydro-Québec va insister comme elle le
fait chaque année pour que sa tarification soit connue au plus tard au
mois d'octobre ou au mois de novembre. Il y a certains délais dont elle
a besoin pour mettre en branle l'augmentation qui normalement vient le 1er
janvier de chaque année. Je dirais que, comme nous l'avons fait l'an
dernier... Si ma mémoire est fidèle, nous avons dans un premier
temps étudié le programme d'équipement et dans un
deuxième temps la tarification. D'ailleurs, c'est tout à fait
logique puisque la tarification permet à Hydro-Québec d'aller
chercher les revenus dont elle a besoin pour financer le programme
d'équipement. Comme nous savons maintenant que le programme
d'équipement et la prévision de la demande électrique
qu'Hydro-Québec nous a donnés aux mois de février et mars
1981 devront être modifiés d'une façon substantielle, il
est bien évident que la meilleure façon de procéder serait
d'avoir le plus tôt possible à l'automne une première
commission parlementaire pour revoir la demande électrique et le nouveau
programme d'équipement d'Hydro-Québec et, dans un deuxième
temps, étudier la tarification puisque pour le moment, il semblerait que
c'est encore cette façon de faire qui sera privilégiée par
le gouvernement du Québec. (22 h 15)
Alors, ces quelques commentaires, M. le Président, vont nous
permettre, je crois, d'alimenter la discussion pendant un certain temps, de
poser des questions pertinentes comme je l'ai fait dans mes quelques remarques.
J'ose espérer que le ministre pourra nous donner quelques
éléments de réponses à ces questions.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais faire des
remarques générales sur le dossier de l'énergie. Vous
allez me permettre également de féliciter le député
d'Outremont pour son intervention sur l'ensemble du dossier, axée
principalement sur HydroQuébec et son programme d'équipement. Je
ne sais pas s'il l'a noté lui-même, mais on a été
épargné ce soir du traditionnel couplet sur le nucléaire.
Je vous en remercie infiniment. J'avais l'intention de...
M. Fortier: Le nucléaire; est-ce que j'ai parlé de
nucléaire?
M. Duhaime: Non, mais je vous remercie de nous avoir
épargné le couplet sur le nucléaire.
M. Fortier: Avec la baisse de la demande économique qui
nous afflige et dont le gouvernement est responsable, bien sûr le
nucléaire, comme le ministre l'a dit, est reporté aux calendes
grecques.
M. Duhaime: M. le Président, je dis cela en toute
amitié au député d'Outremont. Je sais qu'il a une bonne
capacité d'encaissement, il entend à rire également. Je
voudrais revenir un peu en arrière, M. le Président, et dire
à cette commission qu'en 1978, le gouvernement du Québec a rendu
public un livre blanc sur l'énergie. Si ma mémoire est bonne, son
titre était: Assurer l'avenir. Ce document était une proposition
aux Québécois sur un certain nombre d'objectifs très
précis et sur des moyens d'action. Je voudrais en rappeler
essentiellement deux. D'abord, un objectif d'accroître l'autonomie
énergétique du Québec en encourageant une utilisation plus
efficace de l'énergie, donc, les économies d'énergie, les
énergies nouvelles, etc. et, par ailleurs, en doublant d'ici 1990 la
présence des sources d'énergie québécoise dans les
composantes du bilan et ensuite, en renforçant la sécurité
des approvisionnements en énergie importée. Le deuxième
objectif visait à privilégier le développement
simultané de l'économie et de l'emploi au Québec, en
misant sur les retombées des investissements consentis dans le secteur
de l'énergie.
Je pense qu'il serait bon de rappeler, par quelques chiffres,
l'importance du secteur énergétique pour le Québec, en
disant d'abord que la dépense pour consommation d'énergie
représentait, en 1980, 7 485 000 000 $ ou encore 10,9% du produit
intérieur brut. De cette dépense, 2 400 000 000 $ allaient
à l'électricité, alors que 4 700 000 000 $ allaient au
pétrole et 337 000 000 $ au gaz naturel, pour l'année 1980.
Donc à peu près la moitié, soit 49% de la
dépense énergétique globale, était versée au
compte des importations gaz-pétrole en provenance du reste du Canada ou
de l'étranger. Il est bien évident que ces importations
d'hydrocarbure modifient substantiellement le solde de la balance commerciale
du Québec et elles faisaient passer en 1979 le solde d'un
excédent commercial de 2 000 000 000 $ à un déficit de 900
000 000 $. Il s'agissait donc d'un déboursé de 2 900 000 000 $ en
1979 et de 3 700 000 000 $ en 1980.
Les ventes d'électricité hors Québec. Le compte
d'exportation hydroélectrique, en 1980, était de l'ordre de 17
800 000 000 de kilowattheures et rapportait à peu près 305 000
000 $. Ceci classe donc cette industrie, je pense qu'on doit l'appeler comme
cela, parmi les principales industries d'exportation. Je rappelle aussi qu'en
1980 les investissements dans le secteur de l'énergie ont
représenté 2 686 000 000 $ dont 2 589 000 000 $ par
Hydro-Québec, 29 000 000 $ par Gaz métropolitain et 68 000 000 $
dans les industries du pétrole. Le montant global de 2 700 000 000 $, en
chiffres arrondis, représentait donc 22% de tous les investissements
tant privés que publics dans l'économie du Québec,
c'est-à-dire à peu près 4% du produit intérieur
brut.
Sur la prévision de 1982 à 1990 - je sais que le
député d'Outremont a parlé tantôt de l'horizon de
1998; je pense qu'on peut convenir tout de suite que c'est un horizon lointain,
donc davantage incertain -mais, de 1982 à 1990, nos prévisions
pour l'ensemble du secteur énergétique devraient s'élever
à 46 600 000 0000 $ en dollars de 1982, c'est-à-dire 36 400 000
000 $ dans l'hydroélectricité, 3 900 000 000 $ dans les
économies d'énergie, 1 500 000 000 $ dans les industries du
pétrole, 2 600 000 000 $ dans l'industrie du gaz naturel et 2 200 000
000 $ dans les énergies nouvelles. Bien sûr que ces
investissements vont représenter une part de l'ensemble des
investissements dans l'économie au moins égale, sinon
supérieure, à ce que nous avons connu en 1980.
Ces investissements seront effectués dans toutes les
régions du Québec. Mentionnons les projets de centrales de
production d'électricité sur la rivière La Grande, donc le
complexe de la Baie-James, sur la Côte-Nord, dans la région de
Québec et la région de Montréal, les investissements de
transport et de distribution d'électricité aussi à travers
tout le Québec, des projets régionaux d'utilisation de
matière ligneuse à des fins énergétiques, par
exemple, l'usine de production de méthanol de
Saint-Juste-de-Bretenières où l'on prévoit un
investissement total de 65 000 000 $ pour les deux phases; le projet de gazoduc
et les réseaux de distribution de gaz naturel dans les
principales régions du Québec: Mauricie, Beauce, Cantons
de l'Est, Saguenay, Québec, Est du Québec, etc.; des projets
d'utilisation d'énergie perdue, par exemple, dans le secteur du
chauffage urbain, et un projet d'incinérateur de carrière; le
port méthanier à Gros Cacouna, une usine de revalorisation des
huiles lourdes à Montréal, le projet CARMONT; des investissements
en économie d'énergie dans les secteurs résidentiel,
industriel et commercial dans toutes les régions du Québec. Soit
dit en passant, dans le secteur des économies d'énergie, le
programme Énergain a été annoncé il y a plusieurs
mois; il prend le relais du programme d'isolation des maisons qui, lui, sur
trois ans, de 1978 à 1981, a atteint 80 000 résidences. Notre
objectif avec Énergain est d'atteindre, sur huit ans, 1 000 000
d'unités de logements.
Il y aura aussi des investissements dans les centres de recherches, en
particulier dans le secteur de l'électrochimie, et dans le projet
d'hydrogène liquide avec l'INRS, Hydro-Québec et le Groupe
Noranda.
Il serait aussi intéressant de rappeler l'achat de biens et
d'équipements fabriqués au Québec, donc l'application de
la politique d'achat. La proportion des achats effectués au
Québec par Hydro-Québec s'élève à plus de
70%. Nous croyons que la proportion du contenu québécois dans les
investissements pour la distribution du gaz naturel pourrait passer de 50%
à l'heure actuelle à 75% dans les prochaines années. Je
rappelle aussi que les investissements d'Hydro-Québec dans l'ensemble du
secteur énergétique fournissent du travail à trois des
plus grandes firmes internationales de génie-conseil qui ont leur
siège social à Montréal. Il est bien évident que
les contrats de projets énergétiques québécois ont
grandement contribué à l'acquisition de leur propre
expertise.
On a parlé des effectifs tout à l'heure. Je voudrais
rappeler que les effectifs moyens d'Hydro-Québec et de la
Société d'énergie de la Baie-James s'établissent
à plus de 23 000 employés. Il s'agit d'environ 25 000 emplois
directs qui seront maintenus par les investissements d'Hydro-Québec et
de 30 000 à 50 000 emplois indirects ou encore reliés. Nous
croyons que 3000 emplois directs seront créés par la construction
et l'exploitation du réseau gazier; la construction du terminal
méthanier et des navires qui devraient normalement le desservir devrait
entraîner l'embauche de 1200 hommes-années, répartie sur
quatre ans et l'exploitation, la création de 225 emplois directs.
Les interventions du ministère de l'Énergie et des
Ressources, maintenant, dans le secteur énergétique. Après
trois ans depuis l'énoncé du livre blanc de 1978, nous avons
publié un document, Trois ans d'action. J'en parlais ce matin, je n'y
reviens pas, sauf pour constater que la diminution du taux de croissance de la
consommation énergétique globale au Québec a
été ramenée à un rythme de croisière
d'à peu près 0,9% pour la période de 1973 à 1980.
Je ne me réfère pas ici à la croissance de la demande
hydroélectrique, mais au taux de croissance de la consommation
énergétique globale.
Au niveau de la pénétration de l'électricité
et du gaz, la part de l'électricité de 1976 à 1980 est
passée de 22% à 27% du bilan, celle du gaz naturel pour les
mêmes années est passée de 6% à 8%, alors que celle
du pétrole tombait de 70% à 64%, c'est-à-dire le niveau le
plus bas depuis les années soixante. Je crois pouvoir dire que ces
résultats sont directement reliés aux actions entreprises durant
les années 1979 à 1982. J'indiquais ce matin, et je ne voudrais
pas les rappeller pour éviter des redites, quels étaient les
objectifs quant aux composantes du bilan énergétique sur
l'horizon 1990. Pour ce qui est de l'électricité, c'est 42%. Pour
ce qui est du gaz naturel, c'est 16 1/2%; la différence est en
pétrole, ce qui signifie que nous allons déplacer
énormément de pétrole pour ramener les 64% de composantes
de pétrole en 1980 à peu près à 40% en 1990. Ceci
veut dire que de 1976 à 1990, si nos scénarios sont bons, la
composante pétrole qui était de 70% du bilan serait
ramenée à 40% du bilan; autant d'argent d'économisé
aux importations de pétrole, amélioration de notre balance
commerciale et éventuellement, de notre balance de paiement.
Je pense que l'objectif de ce bilan énergétique qui est en
voie de se réaliser est attribuable, bien sûr, au premier chef
à l'intervention du gouvernement et à son implication dans le
dossier du gaz naturel par notre volonté de voir pénétrer
le gaz naturel au Québec, par les interventions du gouvernement et du
ministère de l'Énergie et des Ressources en particulier dans le
dossier de Gaz Métropolitain et de Gaz Inter-Cité, par la prise
de contrôle de ces deux compagnies de distribution avec, bien sûr,
notre partenaire, la Caisse de dépôt.
Dans cet objectif de recherche d'autosuffisance
énergétique, je mentionne en passant l'élargissement et la
réorientation du rôle joué par SOQUIP sur des programmes
d'exploration d'hydrocarbure de 192 000 000 $ sur quatre ans, en collaboration
avec le secteur privé. Je puis confirmer qu'un groupe qui s'appelle
Western Star est actuellement en voie de réaliser avec des contrats
d'affermage avec SOQUIP un programme d'exploration dans le golfe.
J'espère que dans les prochains jours nous serons en mesure de faire
état d'autres travaux d'exploration avec des partenaires du secteur
privé, qui devraient démarrer cette année. (22 h 30)
L'action a été menée également par le biais
des programmes visant l'économie d'énergie. Je mentionnais
tantôt le programme d'isolation des maisons et le programme
Énergain, je devrais peut-être ajouter le programme
Énergibus qui, lui, continue et dire aussi que nos travaux avancent au
ministère et que nous devrions être en mesure de proposer
bientôt - peut-être pas à l'ensemble de l'industrie, mais
à des secteurs importants de l'industrie - un programme
d'économie d'énergie. Je rappelle aussi la création de la
société Nouveler. Nous prévoyons que, dans le secteur des
énergies nouvelles, au cours des cinq prochaines années, les
investissements, grâce à la présence de Nouveler, devraient
atteindre 250 000 000 $. Donc, en 1982-1983, nous devrions vivre une
année de consolidation des actions entreprises. Nous allons, bien
sûr, porter nos premières attentions à la prolongation du
gazoduc vers Trois-Rivières, prévue pour l'automne 1982,
tôt cet automne, et au printemps 1983 pour la ville de Québec. De
même, on prévoit l'expansion des réseaux de distribution et
la construction des réseaux latéraux lorsque nous aurons
réussi à démêler ce que signifie exactement l'offre
de 500 000 000 $ qui a été annoncée, il y a deux jours,
par le ministre fédéral de l'Énergie. Il faut bien
comprendre que cette offre de 500 000 000 $ porte sur une proposition selon
laquelle le gouvernement fédéral serait prêt à payer
la totalité des coûts estimés sur la construction des
réseaux latéraux, suivant les prévisions de
Trans-Québec Maritimes telles que déposées, l'année
dernière, devant l'Office national de l'énergie. Avant
d'être capable ou d'être en mesure d'évaluer correctement
cette proposition, il faudra, bien sûr, que SOQUIP évalue ou
réévalue les coûts estimés par Trans-Québec
Maritimes avant de pouvoir dire qu'il y a pour le Québec une bonne
affaire ou non.
Ces chiffres sont en évaluation. Je m'étais engagé
envers le député d'Outremont à fournir une réponse
précise dans les meilleurs délais. J'aurais souhaité
être prévenu par mon collègue fédéral dans ce
dossier, être consulté, de sorte que nous aurions pu très
certainement progresser beaucoup plus rapidement plutôt que de prendre
connaissance d'une décision d'une pareille importance en ouvrant le
premier journal du matin.
Nous allons, bien sûr, compléter les interventions faites
devant l'Office national de l'énergie dans le cadre des audiences sur le
projet pilote dans l'Arctique. Ces audiences se poursuivent à l'heure
actuelle. Le point de vue du gouvernement du Québec a été
énoncé. C'est bien sûr directement relié à
notre désir d'obtenir, à Gros-Cacouna, la localisation du port
méthanier. On nous avait parlé, au fédéral, que la
décision viendrait à l'été 1982. Les
dernières nouvelles sont dans le sens qu'il n'y aura pas de nouvelles
avant la fin de l'année 1982.
Nous poursuivrons et tenterons d'arriver à un scénario,
les études quant à la question de l'harmonisation de la
pénétration accrue et simultanée du gaz et de
l'électricité. Je pense être en mesure, au cours des mois
qui viennent, d'annoncer les mesures que nous prendrons à cet
égard. Nous allons continuer de nous intéresser aussi au projet
d'implantation, à Montréal, de l'usine de revalorisation des
huiles lourdes, mieux connue sous le nom de Carmont. Au cours de la
journée, j'ai eu un entretien avec M. Lalonde qui me donnait l'assurance
et, également, son accord de pouvoir le dire publiquement, que son
intérêt pour Carmont est aussi intense, à l'heure où
je vous en parle, qu'il l'était au début du projet. Nous, de
notre côté, nous voudrions voir ce projet se réaliser.
SOQUIP y a une participation d'au-delà de 10% - je crois que c'est
12,5%. Un de nos partenaires de départ, le groupe Shell, vient d'aviser
les partenaires de Carmont qu'il se retirait du projet, ce qui ramène
actuellement la capacité du projet de 41 000 barils/jour à 33 000
barils/jour. Il restera à examiner la question de la rentabilité,
si le niveau de revalorisation sur une base quotidienne était
diminué, et, par ailleurs, voir s'il n'y a pas moyen de trouver un autre
partenaire.
Dans le secteur des économies d'énergie - je l'indiquais
tantôt - nos efforts vont graduellement se déplacer vers les
secteurs industriel et commercial, aussitôt que nous aurons la certitude
que le programme Énergain, s'appliquant dans le secteur domiciliaire,
s'achemine vers un succès.
Je voudrais en terminant, M. le Président, revenir sur les
remarques du député d'Outremont pour ce qui est de
l'évaluation de la croissance de la demande domestique dans le secteur
hydroélectrique. Il y a, bien sûr, plusieurs facteurs qui jouent.
Le premier, je pense, que l'on doive noter au dossier, c'est l'évolution
générale de la conjoncture économique. Tout le monde sait
qu'en période de ralentissement économique, les secteurs
industriel et commercial connaissent un ralentissement dans leurs besoins
énergétiques, hydroélectriques en particulier. Tout le
monde sait, c'est bien connu, il y a seulement le gouvernement
libéral-fédéral qui ne veut pas l'admettre, c'est que sa
politique monétaire de maintenir des hauts taux d'intérêt,
non seulement continue d'alimenter l'inflation, mais elle fait en sorte qu'au
bulletin de nouvelles - sans doute d'autres de nos concitoyens ont le plaisir
d'écouter en ce moment - le dollar est peut-être à 0,806 $
ou bien à 0,805 $, ou bien à 0,807 $.
M. Grégoire: 0,798 $ cet après-midi.
M. Duhaime: Pardon?
M. Grégoire: 0,798 $ cet après-midi.
M. Duhaime: 0,798 $ cet après-midi. Si on maintient une
politique monétariste qui fait en sorte que nous connaissons un rythme
d'inflation qui, si ma mémoire est bonne, était de 1,3%, en mars,
ce qui peut atteindre 12,5% sur une base annuelle, alors que nos concurrents
américains ont un taux d'inflation à 6,5% et que cette politique
monétaire, ralentissant l'économie non seulement du
Québec, mais du Canada tout entier, a pour effet de créer du
chômage et que l'effet sur le dollar est ce que nous annonce le bulletin
de nouvelles, de trois choses l'une, ou bien le diagnostic n'est pas bon, ou
les remèdes ne sont pas bons, ou bien c'est le médecin qui n'est
pas bon. Il faudrait peut-être changer la recette. L'évolution de
la croissance de la demande hydroélectrique au Québec ne se
vérifie pas dans l'absolu, mais elle se vérifie dans l'ensemble
d'un contexte économique précis.
Je pense qu'il faut pondérer à la hausse les
évaluations que nous faisons sur l'évolution de la croissance de
la demande, parce que nous sommes en période de triste conjoncture
économique et, s'il y avait reprise économique, il est
évident que l'effet d'entraînement serait positif sur la
croissance de la demande. Je pense que c'est le premier facteur à
inscrire au dossier.
Le deuxième. Je voudrais rappeler que lorsque le plan de
l'équipement d'Hydro-Québec, pour la décennie 1980-1990, a
été arrêté, il a été basé sur
un scénario de croissance de la demande domestique de 7%. Est-ce qu'on a
fait une erreur de prévisions à l'époque? Je ne
blâmerai personne, parce que je peux constater moi-même, avec tous
les gens avec qui j'ai le plaisir de travailler au ministère de
l'Énergie et des Ressources, que personne n'a en main la
véritable boule de cristal qui pourrait nous donner l'heure juste, mais
il est sûr et certain que le plan d'équipement, à la
lumière de ce que nous pouvons constater dans le secteur
énergétique aujourd'hui, le scénario de départ
était très certainement surévalué en termes de
croissance de la demande.
Je disais tout à l'heure que, non pas que je sois
désintéressé par l'horizon 1998, au contraire, mais je dis
que faire des scénarios pour 1998, à partir du moment où
les scénarios que tout le monde peut faire dans le secteur de
l'énergie, que ce soit dans l'hydroélectricité, que ce
soit dans le gaz, ou que ce soit encore dans le pétrole, risquent
d'être démentis tous les six mois, je serai bien le dernier
à tenter de monter un scénario pour une période de seize
ans.
Cependant, je dois ajouter ceci: Nous avons décidé de
prolonger le moratoire pour ce qui est du nucléaire. Je comprends la
non-insistance du député d'Outremont sur cette question, ce soir.
Nous avons déjà un problème à disposer des surplus
des kilowattheures hydroélectriques. Je serai bien le dernier à
ajouter davantage au problème en ajoutant des kilowattheures à
partir de centrales nucléaires, d'autant plus qu'il est clair et net
maintenant que nous n'avons pas à faire un pareil choix maintenant, que
ce n'est certainement pas avant l'an 1995, peut-être même
après l'an 2000, que nous aurons ou que nos successeurs auront à
faire ce choix.
Je dis que le choix que nous avons fait n'est pas un choix
écologique, en ce moment, c'est un choix économique. Je comprends
les efforts du gouvernement du Canada de vouloir sauver à tout prix
l'industrie nucléaire canadienne. Tout le monde s'entend pour dire que
c'est un fiasco monstre. On est même prêt à subventionner
l'industrie nucléaire du Nouveau-Brunswick qui soit dit en passant .
viendrait concurrencer les kilowatts d'Hydro-Québec sur le marché
de la Nouvelle-Angleterre et de New York avec l'argent des contribuables du
Québec qui comme contribuables au gouvernement fédéral
sont partie prenante. Je trouve cela un peu curieux.
J'ajoute aussi parmi les aléas, puisque le député
d'Outremont en a parlé, qu'au budget il a été prévu
que le taux de croissance de l'économie devrait se situer autour de
2,5%, non seulement sur une seule année mais sur les années 1982,
1983 et 1984. C'est donc un indice moyen de croissance, 2,5%. C'est entendu que
si on connaissait une hausse de cette nature, plutôt que de travailler
sur un scénario négatif ou encore à croissance
zéro, comme je le disais tout à l'heure, ç'aurait un effet
d'entraînement positif sur l'évolution de la croissance de la
demande domestique.
Il y a, bien sûr, toute la question du plan d'équipement.
Il y a trois choses, il me semble, qu'on peut faire: ma première
approche au dossier est de maintenir intégralement le plan
d'équipement et de voir comment, à partir de cette production, on
peut arriver à concilier nos chiffres et nos objectifs. Il y a bien
sûr un débouché qui s'offre au sud. Contrairement à
ce que peut penser M. Bourassa, l'ancien premier ministre qui se balade un peu
à travers le continent en parlant de 20 000 mégawatts, je pense
que, s'il parle avec ceux qui s'occupent des questions d'énergie
hydroélectrique aux États-Unis, on va tout de suite lui
répondre qu'il n'y a même pas de marché à l'heure
actuelle pour 20 000 mégawatts. Le marché se situe autour de 2000
à 3000 mégawatts comme niveau de pénétration
prévisible.
C'est donc un scénario sur lequel nous travaillons. Les positions
du gouvernement du
Québec sont très claires là-dessus, cela a
été même écrit en 1978 dans l'énoncé
de politique du livre blanc. Cela a été rappelé en 1981
dans le bilan que nous en avons fait et j'en ai parlé moi-même
à Montréal à au moins deux occasions. Nous avons
réitéré cette proposition, autant le premier ministre que
moi-même, lorsque nous étions à New York tout
récemment et nous allons à nouveau réitérer cette
proposition lors de la rencontre annuelle des premiers ministres des provinces
de l'Est et des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre. C'est une avenue
intéressante, nous sommes des vendeurs et un bloc de 2000 à 3000
mégawatts pourrait être intéressant en termes
d'énergie de base.
Mais j'arrive mal à comprendre le député
d'Outremont qui se fait beaucoup d'inquiétude sur la question du contrat
de Churchill. Je n'arrive pas à concilier les propos qu'il tient ce soir
avec la position abstentionniste de son parti sur ce dossier, sur une motion
qui est en débat à l'Assemblée nationale. Il est certain
qu'Hydro-Québec et le ministère de l'Énergie et des
Ressources tiennent compte de tous les scénarios.
J'ai entendu longuement parler le député d'Outremont qui
disait: Si Terre-Neuve gagne, il va arriver ceci, si Terre-Neuve gagne, il va
arriver cela. Il y a peut-être un autre scénario à
regarder: Et si Terre-Neuve perdait. C'est dans ce sens là qu'au
ministère et à Hydro on envisage tous les scénarios
possibles. Je voudrais faire ressortir, M. le Président, qu'à
travers tous les débats, à travers toutes les questions, depuis
au-delà d'un an que je m'occupe du dossier de l'énergie, quant
à moi, j'ai toujours maintenu ouverte l'avenue des négociations
avec Terre-Neuve. Et à ma grande surprise, M. Lalonde, dans un discours
de deuxième lecture à la Chambre des Communes, lors du
débat sur le projet de loi no C-108 sur lequel je parlerai tout à
l'heure, a même qualifié notre position de raisonnable. Il a
également qualifié la position de Terre-Neuve
d'exagérée et ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est
que, si c'est nous qui sommes raisonnables à Québec et si
l'exagération est à Saint-Jean, Terre-Neuve, pourquoi
décide-t-on d'encourager Terre-Neuve à ne pas venir s'asseoir
avec nous à une table de négociation en lui offrant un corridor
électrique de 600 milles de long à travers le Québec?
Comme folie furieuse, c'est à peu près un des sommets qu'on n'a
jamais atteints dans le secteur énergétique sans parler des
impacts financiers d'une pareille aventure. (22 h 45)
II est bien certain, quant à nous, que nous n'hésiterons
en aucune manière à proposer à l'Assemblée
nationale une modification à la loi d'Hydro-Québec, qui pourrait
lui permettre d'exporter des quantités significatives d'énergie
de base. Je crois en avoir donné les paramètres. Nous parlons de
2000 à 3000 mégawatts. Cela pourrait nous permettre, bien
sûr, de régler la question des surplus prévisibles, mais il
y a aussi d'autres avenues.
On pourrait utiliser davantage la politique tarifaire que nous
appliquons actuellement dans le secteur des alumineries et qui a porté
ses fruits. Reynolds devrait nous inviter très bientôt à
lever la première pelletée de terre à Baie-Comeau. C'est
un investissement de 500 000 000 $. Nous devrions recevoir en cours
d'année l'étude de factibilité, et non pas de
faisabilité, à ce qu'on me dit, dans le dossier de Pechiney Ugine
Kuhlmann et son projet d'implantation d'une aluminerie à
Bécancour. Et nous avons également d'autres discussions en cours
dans le même secteur. J'ai dit récemment, lors du 84e
congrès annuel de l'Association canadienne des mines de métaux,
que j'avais l'intention de proposer très bientôt au Conseil des
ministres un élargissement de cette politique tarifaire dans le cadre de
nouveaux projets de développement dans le secteur minier en
particulier.
C'est donc dire qu'on peut utiliser notre énergie à des
fins de développement. C'est ce que nous faisons. La condition que nous
posons dans le dossier, c'est qu'en aucune manière, nous n'allons faire
des propositions tarifaires qui seraient moindres que notre coût marginal
de production dans la dernière centrale. Et c'est ce que nous avons fait
dans le dossier de Reynolds. C'est ce que nous avons fait dans le dossier de
Pechiney. Chaque fois que nous pourrons obtenir des garanties précises
sur des investissements en aval et des augmentations sur les niveaux de
transformation par des investissements, nous allons le faire et chaque fois que
nous pourrons obtenir une option pour devenir coactionnaires dans des projets
de développement de cette nature, nous allons également
l'exiger.
J'ai écouté M. Bourassa à CHLN l'autre jour, un
professeur d'université en balade qui était en train d'expliquer
sur une ligne ouverte que nous allions verser une subvention de 300 000 000 $
au groupe Pechiney. Ma conclusion, c'est qu'il n'a vraiment rien compris. Notre
option dans le dossier de Pechiney, c'est de devenir coactionnaire pour
à peu près 30% du coût total du projet. Dans un
scénario comme celui-là, il y a une partie qui s'en va dans un
déboursé au comptant, dans le capital-actions, dans
l'équité, il y a aussi le financement de la dette à long
terme. En aucune manière, il ne s'agit d'une subvention. C'est un
investissement de la même façon que le Québec, par ses
sociétés d'État, est partenaire, disons, dans Donohue de
Saint-Félicien, dans la papeterie d'Amos avec le groupe Perron et sera
partenaire bientôt dans
la papeterie de Matane avec le groupe Soucy et Bato et c'est toute une
différence que de travailler sur des bases de "partnership" plutôt
que de travailler en faisant des transferts directs aux entreprises.
Moi, je voudrais profiter de l'occasion, s'il reste du temps de libre
dans les délibérations du caucus libéral - je sais qu'ils
ont eu des discussions intensives aujourd'hui; je ne sais pas le sujet, mais
j'ai des doutes -s'il y avait une bonne demi-heure sur la question du corridor,
pour abandonner cette position d'abstention qui doit être très
certainement peu confortable pour plusieurs des membres du caucus
libéral, parce que j'ai écouté attentivement
l'intervention du chef de l'Opposition, du député d'Outremont
aussi et, sur le fond du dossier, l'Opposition libérale est parfaitement
d'accord avec le gouvernement. Il y avait les sept points; j'aurai l'occasion
de donner la réplique demain après-midi là-dessus. Je les
ai relevés un à un, nous sommes d'accord sur le fond.
Si nous sommes d'accord sur le fond, je n'arrive pas à concilier
cette proposition du député d'Argenteuil et du
député d'Outremont qui consisterait à dire aux
Terre-Neuviens: Premièrement, nous allons reconnaître en droit ce
que nous n'avons jamais fait jusqu'à présent, depuis 1927,
l'odieuse décision du comité judiciaire du Conseil privé.
On nous propose de reconnaître cela. Deuxièmement, de faire les
bons garçons dans le genre Sainte-Enfance et de dire aux Terre-Neuviens:
Si on mettait 50 000 000 $, 100 000 000 $, 150 000 000 $ sur la table, sur une
base annuelle, est-ce que ça pourrait faire? Je pense que ce n'est pas
de cette façon qu'on va arriver à une discussion et notre
proposition va dans le sens de dire: Nous sommes intéressés
à ouvrir les discussions sur des bases de tout le dossier et si, demain
matin, j'avais un téléphone de M. Marshall pour ouvrir les
discussions sur cette base, on est prêt à le faire.
Mais je ne me fais pas d'illusion parce que j'ai lu la transcription de
l'intervention de M. Marshall à Ottawa récemment et, si vous
voulez mon avis, c'est dans le genre: Je ne veux rien savoir. Il attend et mise
sur le fait que le jugement de la Cour suprême pourrait leur être
favorable. Je trouve dommage qu'on mette tous ses oeufs dans un pareil panier.
Mon expérience m'indique que, devant les tribunaux, il peut arriver
n'importe quoi, gagner comme perdre.
De notre côté, nous allons prévoir les deux
scénarios et voir ensuite ce que cela va donner. Je sais que le
député d'Outremont va probablement évaluer à la
négative la sincérité de mes propos. J'ai eu l'occasion de
rencontrer les deux derniers ministres de l'Énergie de Terre-Neuve et
j'ai cru rencontrer à chaque occasion une intention très claire,
très nette de faire reconnaître par les plus hauts tribunaux le
pouvoir qu'aurait la Législature de Terre-Neuve.
Il est peut-être bon de rappeler pour ceux qui vont nous relire
qu'au départ des investissements d'Hydro-Québec à
Churchill il y a eu une loi qui a été votée par le
Parlement de Terre-Neuve qui spécifiquement autorisait Newfoundland
Hydro à signer un bail avec Brinco. Nous, ici en tout cas, nous
travaillons sur la base des engagements contractuels que nous prenons. Il est
bien certain que nous ne pouvons pas ignorer les contrats que nous signons,
autant les obligations que les avantages que nous y retrouvons.
Pour ce qui est de la question précise du député
d'Outremont d'ouvrir un débat public ou un vaste débat sur le
dossier de l'énergie, je dois avouer qu'il y a un an j'étais
assez favorable, en tout cas, à l'idée de regarder cela. J'ai eu
l'occasion de travailler avec mes collègues de l'Opposition
libérale, en particulier, lors de l'étude du projet de loi no 16
en commission parlementaire. On a fait pas mal mieux que le marathon de
Montréal. On a fait 69 heures, 40 minutes et 22 secondes. Je vous dirai
honnêtement que je me suis convaincu ce jour-là que, si jamais il
y avait un débat, vous seriez très probablement les derniers
invités à nous accompagner.
Par ailleurs, le dossier du gaz naturel avance. Nos décisions
sont arrêtées et bien claires, semblent acceptées par
l'opinion publique. L'évolution de nos investissements dans le secteur
de l'hydroélectricité vont dans le sens que j'indiquais tout
à l'heure. Nous avons disposé de la question du nucléaire.
Dans les économies d'énergie nous avons fait notre lit. Nous
investissons dans la recherche et le développement des énergies
nouvelles. Je n'arrive pas à comprendre tellement ce que pourrait amener
comme éclairage un débat sur l'énergie, dans l'état
actuel des choses.
Vous me dites que je suis en conflit d'intérêts. Je trouve
cela un peu curieux, d'autant plus qu'il y a une source d'inspiration de votre
côté qui vous vient toujours outre Outaouais. Si vous faites la
lecture attentive des projets de loi C-101 à C-108 qui sont actuellement
en débat, vous allez voir que le ministre fédéral de
l'Énergie a une proposition, je ne me souviens pas de mémoire
quel est le numéro du projet de loi, pour enlever à l'Office
national de l'énergie le pouvoir de fixer le prix du gaz et du
pétrole et le ramener entre les mains du cabinet
fédéral.
Au moins, ici, nous recevons une proposition d'Hydro-Québec sur
une problématique tarifaire. Nous tenons une commission parlementaire,
tout le monde est au courant de cette proposition et ensuite le Conseil des
ministres prend une décision.
Je voudrais corriger un chiffre du
député d'Outremont. Les dividendes d'Hydro-Québec
pour l'année 1981 ne sont pas de 20 000 000 $ mais de 6 900 000 $ pour
l'année 1981. L'entente a été faite avec
Hydro-Québec, le ministère de l'Énergie et des Ressources
et le ministère des Finances. Je crois même savoir que les
dividendes ont été payés.
Sur un dernier point, est-ce qu'on devrait confier à la
Régie de l'électricité et du gaz la fixation des tarifs?
Ma réponse est catégoriquement non, si nous voulons poursuivre
cette harmonisation nécessaire et tenir compte de l'évolution des
énergies concurrentielles à l'hydroélectricité qui
n'est plus dans une position, aujourd'hui, de se bâtir un marché
puisque le prix du mazout léger, le no 2 est supérieur au prix du
chauffage à l'hydroélectricité. Nos objectifs, je l'ai dit
en commission parlementaire l'année dernière, vont dans le sens
de faire en sorte que le prix de l'hydroélectricité se situe en
dessous du prix de l'huile à chauffage mais au-dessus du prix du gaz
naturel. Nous prendrons une décision pour ce qui est de la taxe sur le
gaz naturel dans les meilleurs délais. Nous attendons simplement de
pouvoir évaluer à quel rythme le gazoduc se déroule. Nous
sommes à peu près à mi-chemin entre Montréal et
Trois-Rivières. Il est bien évident que, si ces travaux avaient
avancé plus vite, nous aurions pu prendre une décision de
façon plus hâtive. Mais, sur la base des indices comparatifs, il
est certain que si nous voulons appuyer l'effort de pénétration
du gaz naturel, il faut faire en sorte que le prix de
l'hydroélectricité demeure au-dessus. On peut le faire de deux
manières: en diminuant le prix du gaz ou en augmentant le prix de
l'hydroélectricité. Je ne vois pas d'autre façon et c'est
de cette manière que nous entendons continuer de demander à
Hydro-Québec des propositions de tarif. Nous les soumettrons à
l'attention de la commission parlementaire en espérant que cet automne
le Parti libéral, au lieu de venir - 8,6%, c'était votre
proposition - et ensuite de quitter les lieux pour avoir un effet de
télévision, que vous aurez l'occasion de rajuster vos
flûtes et de rester avec nous pendant toute la durée de la
commission parlementaire qui, comme je l'ai indiqué, va porter à
la fois sur les tarifs et probablement sur des modifications au plan de
l'équipement, le cas échéant.
Je m'arrête ici, M. le Président. Je pense avoir
donné succinctement réponse au député d'Outremont
sur les points qu'il a évoqués. Si j'en ai oublié, je
compte sur lui pour me les rappeler, je n'ai pas d'inquiétude de ce
côté-là.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'ai écouté attentivement le ministre
pour constater que ses politiques dans le domaine énergétique
sont encore à la petite semaine. Il est bien évident que, dans le
domaine énergétique, on ne peut planifier un programme
d'équipement pour seulement deux, trois ou quatre ans à venir.
Les raisons pour lesquelles l'an dernier et encore cette année - j'ai
ici les prévisions d'Hydro-Québec jusqu'en 1998 - il est
nécessaire de tenter de cerner l'avenir à plus long terme, c'est
justement que, dans le domaine énergétique, ces projets prennent
tellement de temps à se réaliser qu'il faut savoir dans quelle
direction on s'en va. D'ailleurs, si je regarde le programme
d'équipement intitulé "Une stratégie pour la
décennie 1980", qui en passant, avec tout le projet de La Grande, phase
I y inclus Gentilly 2, nous amène à 1985, c'est donc dire que les
projets actuels sont engagés et qu'il n'y a pas grand-chose qu'on puisse
y faire, peut-être les retarder d'un an ou six mois. Mais ceux-là
sont engagés.
Ce qui est important, et je parle des très grands projets
énergétiques... Durant la période de 1986 à 1990,
il s'agit surtout de projets pour satisfaire la pointe et non pas de projets
pour générer l'électricité sur la base. Il est
important de se poser la question: Est-ce que nous avons des surplus
considérables dans le domaine énergétique? Et si on a des
surplus considérables, qu'est-ce qu'on fait avec ces surplus? Le
ministre essaie de nous dire: Écoutez, 1998, c'est trop loin. Pourtant,
je lui ferai remarquer que le projet de la Baie-James a été
lancé en 1971 et va se terminer en 1985. Alors, cela aura pris, à
partir du moment où quelqu'un dit: II faudrait aller à la
Baie-James et que les ingénieurs se mettent au travail, que les
ouvriers, que les gens de Marine Industrie fassent les turbines et tout cela,
cela aura pris 14 ans.
Alors, si on veut tirer profit de cette source d'énergie qui est
la nôtre, d'une part, il faut connaître nos besoins et ensuite se
poser la question: Quels sont les surplus que nous avons, et non pas se poser
la question, à savoir si présentement la demande d'énergie
aux États-Unis est seulement de 2000 à 3000 mégawatts. Je
ne nie pas les chiffres du gouvernement, mais probablement qu'il fait allusion
à une demande immédiate de 2000 à 3000 mégawatts,
d'ici deux ou trois ans. Mais il est évident que, si on faisait une
étude de marché, j'en suis sûr, allant jusqu'à l'an
2000 aux États-Unis, on arriverait à des chiffres beaucoup plus
importants que les chiffres qui ont été mentionnés.
Alors, on s'aperçoit, M. le Président, que le dynamisme
qui manque pour diriger la politique énergétique du Québec
nous coûte
beaucoup en termes de développement économique, et la
raison pour laquelle j'ai dit: Peut-être qu'il faudrait changer la
mission d'Hydro-Québec. Si on le fait, on devrait avoir un débat
là-dessus, mais ce n'est pas nécessairement d'avoir un
débat... et mes paroles étaient bien différentes de celles
de l'an dernier. S'il faut faire un changement de mission
d'Hydro-Québec, je pense qu'il faudrait en discuter. Comme de raison, je
comprends le gouvernement qui fait adopter des projets de loi très
importants, comme le projet de loi no 16, et qui refuse les demandes qui lui
avaient été faites par plusieurs corps intermédiaires. (23
heures)
Mais il me semble, quant à moi, que nous avons un potentiel, il y
a des surplus d'énergie, le ministre peut bien tenter de ridiculiser M.
Bourassa, mais on doit au moins lui reconnaître le mérite d'avoir
eu une idée qui, en 1971, s'est avérée très
généreuse et qui a porté fruit. Si ce projet n'avait pas
été lancé en 1971, la génération d'emplois
qui s'est faite de 1976 à 1979 n'aurait pas été ce qu'elle
a été et que le gouvernement aurait été dans une
posture très difficile. Bien sûr, on peut reprocher à ceux
qui lancent de grandes idées d'avoir des idées qui apparaissent
farfelues pour ceux qui travaillent du lundi au vendredi seulement, ou de 9
à 17 heures. Ce que je voulais indiquer, c'est qu'il y a un potentiel,
on a un potentiel hydroélectrique, ce que le ministre continue de nier
encore. Il dit que s'il y a des ajustements au programme d'équipement,
il est bien évident que si nous nous rendons jusqu'en 1998, nous allons
avoir une demande beaucoup plus faible de la dimension d'une Baie-James, en
1998, par rapport à la prévision qu'Hydro-Québec avait
faite, à ce moment. Je suis d'accord avec le ministre pour dire,
qu'Hydro-Québec avait peut-être fait une prévision trop
généreuse qui était basée d'ailleurs sur un
développement économique accéléré au
Québec avec un accroissement du produit intérieur brut de l'ordre
de 3%, je crois. Il faut bien se rendre compte qu'au même moment, l'OPDQ,
qui est un organisme du gouvernement, prévoyait 3 1/2%. L'OPDQ est
également responsable d'avoir cru pouvoir générer un
développement économique au Québec qui soit si
substantiel.
Je reviens à ma question. Nous allons avoir, je crois, des
surplus plus considérables et c'est la raison pour laquelle je suis
d'accord avec le ministre pour dire que la question du nucléaire ne se
pose pas maintenant que nous connaissons ces prévisions
d'Hydro-Québec, maintenant que nous avons cette prévision de
cycle de planification générale de 1982 d'Hydro-Québec et
qui va être diminuée encore parce que le développement
économique va probablement être moins considérable que
celui qui a été utilisé au mois de janvier. Nous allons
avoir à générer beaucoup moins d'énergie que ce
qu'Hydro-Québec avait prévu l'an dernier, aux mois de
février-mars. Je crois que si c'est le cas, on est en droit de se poser
la question: Qu'est-ce qu'on fait? Le ministre dit: On va tenter de continuer
le programme tel qu'il est là en ce moment. Ce n'est pas une
réponse à la question. Je crois qu'on ne peut pas demander
à Hydro-Québec, qui doit gérer d'une façon
intelligente ses dépenses et ses revenus, à moins de lui donner
un mandat pour ce faire, de continuer à construire des barrages, ne
sachant pas ce qu'elle va en faire. Le différentiel dont j'ai fait
état, qui va être de l'ordre de 63 000 000 000 de kilowattheures
entre la demande qu'Hydro-Québec avait prévue, l'an dernier, et
la demande qu'elle prévoira, je crois, lorsqu'elle viendra devant nous,
l'équivalent d'une Baie-James, nous indique que nous avons des surplus
très considérables. Je suis d'accord avec le ministre que lorsque
M. Robert Bourassa a écrit son livre Deux Baie-James, basé sur
les chiffres qu'Hydro-Québec nous avait donnés, cela semblait
être une prévision de vente d'énergie aux États-Unis
un peu extravagante. À la lumière des derniers chiffres et
à la lumière de la prévision à la baisse, on se
rend compte que nous devrions avoir des surplus considérables, nous
pourrions tenter des les exploiter. Je ne crois pas qu'on va régler le
problème en disant: On peut peut-être vendre 2000 ou 3000
mégawatts et c'est tout ce que la demande nous permet de vendre. Il y a
des concurrents, l'Ontario est un concurrent, le Nouveau-Brunswick va
être un autre concurrent. On ne peut pas faire grand-chose pour
éviter que ces concurrents cherchent à vendre de l'énergie
aux États-Unis.
Mais nous savons une chose: c'est qu'on a du chômage au
Québec. On a de l'énergie. Il y a de gens qui voudraient bien
travailler. Il y a des gens qui sont allés à la Baie-James, il y
a des gens des régions, que ce soit de la Gaspésie, que ce soit
de ta région de l'Estrie, que ce soit de la Côte-Nord, qui sont
allés à la Baie-James durant plusieurs années et qui sont
revenus, au mois de novembre dernier, et qui n'y retourneront plus. Les
chiffres sont à la baisse d'une façon dramatique. Au lieu de
tenter de cacher le problème, au lieu de dire: On va tenter de maintenir
le programme d'Hydro-Québec, à mon avis, le ministre devrait
immédiatement créer un "task force" pour non seulement chercher
des moyens d'écouler ces surplus d'énergie mais également
pour en créer davantage pour les vendre sur une base ferme aux
États-Unis. Mais ceci devrait nous imposer une revue de nos politiques
énergétiques à long terme. Si on s'engage avec les
États-Unis pour leur vendre de gros blocs d'énergie, qu'on parle
de 5000, 10 000
ou 15 000 mégawatts d'énergie et qu'on doit s'engager pour
des périodes de 15 ou 20 ans, il est bien certain que ça engage
automatiquement les fonds publics, parce que si on aménage ces
rivières-là, et si on commence les travaux maintenant, on va
finir en 1990. Si on s'engage pour une période de 15 ou 20 ans,
ça va nous amener en l'an 2010, 2015. C'est bien certain qu'on engage
notre avenir, mais, à ce moment-là, il faudrait quand même
se demander si on ne doit pas créer un développement
économique basé sur une richesse qui, dans le moment, devra
être mise de côté pendant un certain nombre d'années,
parce qu'il semblerait que l'économie du Québec ne se
développe pas au même rythme que nous l'espérions, que tous
l'espéraient.
Je n'engagerai pas bien sûr un débat sur les politiques
économiques du gouvernement. Je ne sais pas si HydroQuébec,
lorsqu'elle a fait sa prévision en janvier ou février, l'an
dernier, prévoyait un changement de gouvernement, mais, que maintenant,
avec le gouvernement qui est en place, elle doit prévoir une baisse de
la demande énergétique, je crois qu'il est réaliste et
qu'elle doive le faire.
Je constate malheureusement que le ministre de l'Énergie, qui
dirige un ministère à vocation économique
extrêmement important, ne semble pas se soucier de façon
très approfondie du rôle qu'il pourrait jouer, comme l'a fait
Robert Bourassa, et au lieu d'essayer de le dénigrer, on devrait
l'imiter. À ce moment-là, tous les citoyens de la province de
Québec seraient bienheureux de réaliser qu'enfin il y a de grands
projets qui seraient lancés, qu'enfin il y aurait des milliers d'emplois
qui seraient crées, et qu'enfin il y aurait des investissements qui
seraient faits, que Marine Industrie aurait des turbines à construire,
que les entrepreneurs auraient des travaux à la Baie-James et que les
ingénieurs-conseils auraient du travail.
Mais, puisque c'est l'opinion du ministre, j'aimerais qu'il me donne un
peu plus tard son échéancier des prochaines commissions
parlementaires. Il semblerait que, pour le moment, c'est assez nébuleux
de parler de l'automne. Comme je le lui ai indiqué, Hydro-Québec
exige de façon générale que les tarifications soient
approuvées vers les mois d'octobre, novembre. J'imagine que la
commission parlementaire dont il parle aurait lieu vers le mois septembre,
octobre, je ne sais pas; mais, j'aimerais aborder avec lui un dossier, celui
d'Énergain.
Le dossier d'Énergain a en effet fait état
d'économies d'énergie...
M. Duhaime: Avant d'aborder Énergain, auriez-vous
objection, M. le député d'Outremont, à ce qu'on ferme
cette enveloppe des considérations générales pour que je
puisse commenter bien brièvement et plus brièvement que je l'ai
fait tantôt les points que soulève votre réplique. Je
voudrais prendre quelques minutes pour rappeler qu'ici à Québec,
l'Opposition dit que le gouvernement n'a pas d'énoncé de
politique en matière d'énergie; nous lui répondons que
nous avons publié un livre blanc en 1978, que nous avons fait le point
après trois ans, et que, récemment, autant à Paris
qu'à Bruxelles, lorsque j'ai rencontré des collègues qui
s'occupent également du secteur de l'énergie, à Bruxelles
en particulier, on avait en main non seulement l'énoncé de
politique énergétique de 1978, le livre blanc, mais
également le bilan fait en 1981. On nous a félicités
d'avoir eu la hardiesse de publier de pareils documents, qui sont inexistants
dans ce pays.
La deuxième chose que je voudrais mentionner en termes de
prévisions dans le secteur de l'énergie, ce serait
essentiellement de rappeler ceci par analogie et ensuite revenir à nos
affaires au Québec, car, lorsque l'entente de septembre 1981 a
été signée entre Ottawa et le gouvernement de l'Alberta,
le gouvernement fédéral avait prévu une hausse des prix du
pétrole, une hausse du prix mondial, de l'ordre de 2% en termes
réels. Huit mois seulement après on constate deux choses.
Premièrement, que le prix mondial diminue. Il est toujours à 34 $
US le baril. Il est même descendu à 29 $ US le baril sur le
marché de Rotterdam; c'est le "spot price" comme on l'appelle.
Les scénarios maintenant, c'est qu'on prévoit une baisse
en termes réels jusqu'en 1985 et, au mieux, une hausse de 0% du prix
mondial du pétrole. En termes de scénarios, il faut faire
attention, d'autant plus que, toujours par analogie, la politique
énergétique et les prévisions faites au niveau
fédéral ont amené quatre choses que je trouve tristes, non
seulement pour nous, parce que nous allons en perdre les retombées, si
minimes soient-elles: le pipeline de l'Alaska ne fonctionne pas, le projet de
Cold Lake est arrêté, le projet Alsands est arrêté et
l'industrie nucléaire est un désastre. Si la prévision
vaut quelque chose, elle ne s'applique certainement ni dans l'un, ni dans
l'autre de ces dossiers.
Je rappelle essentiellement aussi qu'au chapitre des exportations
d'énergie, il y a cinq ans - c'est vérifiable aux états
financiers d'Hydro-Québec - nous n'exportions pas de façon
significative de l'énergie, même de l'énergie
excédentaire, vers le sud. Cette année, je crois qu'au bilan
d'Hydro-Québec, aux états financiers d'Hydro que je
déposerai demain à l'Assemblée nationale pour
l'année 1981, les chiffres sont tout près de 375 000 000 $ en
ventes d'exportation pour la seule année 1981.
Je pense qu'il y a une chose que le
député d'Outremont va comprendre avec moi, si M. Bourassa
ne le comprend pas. Nous ne pouvons pas décider à Québec
que nous allons vendre 5000, 10 000 ou 20 000 mégawatts, en supposant
que nous ayons un prix. Le problème est du côté
américain. Il s'agit de construire les interconnexions. Nous avons mis
presque quatre ans de négociation pour en venir à nous entendre
avec PASNY sur le contrat que M. Lévesque signait récemment
à New York avec le gouverneur Carey, qui porte sur 111 000 000 000 de
kilowattheures et qui va nous rapporter à peu près 400 000 000 $,
sur une base annuelle, entre 1984 et 1997. Je pense que les exportations
d'énergie, ce n'est pas le Parti libéral qui a inventé
cela, mais les exportations, que ce soit d'énergie excédentaire
ou d'énergie de base, c'est directement relié à la
décision des différents gouvernements des États
américains et des utilités publiques américaines de
s'entendre entre eux et entre elles quant à la construction des
interconnexions. Si on n'a pas de capacité de transport sur les
interconnexions, même si vous écriviez trois ou quatre livres sur
la capacité d'exportation des énergies de base, vous n'avanceriez
à rien.
Notre scénario est de travailler sur un bloc précis de
2000 à 3000 mégawatts, qui peut commander des investissements de
l'ordre de 7 000 000 000 $ à 8 000 000 000 $, en tenant compte des
contraintes de l'environnement, du territoire agricole, des problèmes
écologiques qui existent aussi aux États-Unis.
Je pense avoir été très clair. Le
député d'Outremont nous suggère de mettre sur pied un
"task force". Cela fait belle lurette que le "task force" existe au
ministère de l'Énergie et des Ressources et à
Hydro-Québec pour s'occuper de ces dossiers.
Je rappellerai aussi en terminant, M. le Président, que dans
l'hypothèse où le plan d'équipement, tel que
discuté en commission parlementaire dans la proposition de
février 1981, nous conduit à l'année 1990, en chiffres
ronds, nous aurons une puissance installée de 33 000 mégawatts.
Nous croyons qu'il y aurait encore une capacité de 40 000
mégawatts en réserve, dont 15 000 seraient d'ores et
déjà économiquement aménageables en tenant compte
des 10 000 mégawatts sur le potentiel des petites rivières. Je
pense que c'est un potentiel formidable. Faire une déclaration disant
qu'on va engager l'avenir énergétique du Québec, lorsqu'on
parle d'exporter de l'énergie de base de l'ordre de 2000 à 3000
mégawatts, face à la puissance installée en 1990 et
à la capacité des installations, à cause de l'état
de nos rivières, je pense que c'est grossir passablement le
problème. J'aime mieux tester la problématique avec les
Américains sur un projet très précis. Si on réussit
pour 2000 à 3000 mégawatts, cela nous donnera un indication qu'il
y a peut-être des choses à faire en poussant plus loin notre
dossier. C'est dans ce sens qu'on va continuer. (23 h 15)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je suis bien d'accord avec lui pour dire qu'aux
États-Unis, compte tenu du nombre important de petites compagnies
d'utilité, privées et publiques, et des problèmes des
différents États, qu'il y a des problèmes pour nous
permettre de réaliser des exportations. Ce à quoi je faisais
allusion, M. le Président - cela me faisait penser un peu à ce
que nous faisions dans le secteur privé, à ce qui se fait dans le
secteur privé - c'est qu'on constate qu'il y a un potentiel de vente et
que les clients eux-mêmes ont de la difficulté à
s'organiser pour faire face à leurs problèmes.
On pourrait songer, dans une optique de vente dynamique à avoir
sur base quasi permanente aux États-Unis, des gens qui aideraient les
Américains à s'organiser ou à essayer de les convaincre,
à faire le marketing nécessaire pour faire en sorte que ceci se
réalise d'une façon beaucoup plus rapide.
Tout un chacun peut constater que lorsque certains pays, que ce soit la
France ou le Canada, cherchent à vendre des centrales ou des usines en
pays étrangers, la première chose qu'ils font, ils mettent sur
pied un bureau d'ingénieurs et d'agents de relations publiques. Ils y
mettent le paquet justement pour expliquer à la clientèle pour
essayer de résoudre les problèmes et essayer de faire en sorte
que les décisions se prennent sur une base
accélérée.
Ce que je constate, c'est que le ministre dit: On laisse les
Américains prendre leurs propres décisions, on ne les bouscule
pas trop, mais je constate que cette politique est une politique de "wait and
see". On attend que les Américains soient prêts à acheter
un certain bloc d'énergie au lieu de procéder à un
marketing dynamique qui nous permettrait d'aller de l'avant et de
réaliser des projets considérables chez nous.
M. le Président, sur la question du programme Énergain, le
ministre nous parlait des succès extraordinaires de ce projet, il
s'agit, bien sûr, du programme canadien de remplacement du
pétrole, en application depuis octobre 1980, et de sa version
québécoise: Énergain, en application depuis octobre
1981.
J'ai quelques observations sur l'efficacité du fonctionnement du
programme. Dernièrement, il y a plusieurs maîtres
électriciens qui nous ont contactés pour formuler des critiques
à cause de la politique de pénétration du gaz, politique
qui a conditionné les règles d'application imposées
par le Québec au gouvernement fédéral et à
ceux qui veulent se prévaloir du programme canadien de remplacement du
pétrole. Il y a eu un ralentissement assez considérable des
activités chez les entrepreneurs électriciens. J'ai pris
connaissance des statistiques des différentes régions du
Québec. Tous les députés venant de différentes
régions pourront le constater eux-mêmes. Depuis que le programme
Énergain est en place, et compte tenu des exigences que le ministre de
l'Énergie d'alors avait imposées, il y a eu des retards
administratifs considérables, dans un premier temps, et, dans un
deuxième temps, il y a des retards bureaucratiques. De toute
façon, nous constatons que le nombre de conversions électriques
est beaucoup moins considérable qu'il ne l'était avant la mise en
oeuvre du programme Énergain.
Nous avons fait une petite enquête et nous avons mis en
lumière certains faits très intéressants qui en disent
long sur la rentabilité pour le Québec dans ce dossier
particulier. Dernièrement, pour les conversions électriques qui
ont été subventionnées par le fédéral, nous
avons obtenu les chiffres directement du gouvernement fédéral
puisque avec le programme Énergain, le remplacement du pétrole,
si quelqu'un change sa fournaise pour une fournaise électrique, il
remplit une formule pour obtenir les 800 $, il envoie cela au gouvernement
canadien. J'ai obtenu des statistiques directement du gouvernement
fédéral de personnes qui ont été
subventionnées par le fédéral alors que les nouvelles
règles étaient en vigueur. Les chiffres ont baissé d'une
moyenne de 7237 par mois pour les six mois précédant octobre
1981. Ce qui veut dire que cela a baissé de 7237 par mois comparé
aux sfx mois précédents, c'est-à-dire avant octobre 1981.
Donc, il y a eu une baisse. Autrement dit, si on compare les conversions avant
l'application du programme Énergain et dans les mois qui suivent
l'application du programme Énergain, on s'aperçoit qu'il y a une
baisse. Dans les mois qui ont précédé l'application du
programme Énergain, la moyenne était de 7237 par mois; c'est
tombé, dans les mois subséquents, à 212 par mois.
M. Duhaime: Complètement ridicule. Vous referez vos
travaux.
M. Fortier: Ce sont les chiffres que j'ai obtenus.
Peut-être que le ministre peut nous...
M. Duhaime: Changez votre recherchiste, ça n'a pas de bon
sens.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: Dans un deuxième temps, pour les conversions
au gaz que le programme québécois veut privilégier...
M. Duhaime: Vous êtes mieux de dormir là-dessus et
vous reprendre demain matin, si vous voulez mon conseil, parce qu'à 212
par mois, vous ne l'avez pas du tout. Vous feriez mieux d'aller en
vacances.
M. Fortier: La moyenne de conversion, sur six mois, est de 305
conversions par mois pour les six mois suivants. Mais de toute façon, M.
le Président, quelles que soient les statistiques - peut-être que
le ministre a des statistiques plus exactes que les nôtres
là-dessus, ça ne me surprendrait pas - il y a eu une baisse
à la suite de l'application du programme Énergain. Il y a eu une
baisse considérable dans les conversions électriques et je sais
que c'était un peu ce qui était visé par l'application du
programme parce que vous vouliez privilégier la transformation vers le
gaz. Mais à cause des critères et des délais
d'Hydro-Québec pour organiser ce programme et des exigences qui sont
faites par les officiers d'Hydro-Québec, qui sont imposées aux
gens qui font appel aux experts d'Hydro-Québec, ce qui décourage
quelque peu les gens qui cherchent à faire des conversions
électriques, il y a eu une baisse à un tel point que les
maîtres électriciens se plaignent amèrement de baisse dans
leur volume de travail à la suite de l'application du programme
Énergain. Je me demande si le ministre a des commentaires à faire
là-dessus.
M. Duhaime: J'en ai plusieurs.
M. Fortier: Si c'est le cas, dans quelle mesure croit-il que le
programme Énergain devrait continuer à être appliqué
tel qu'il l'est présentement, pour justement ne pas nuire d'une
façon indue aux maîtres électriciens, et même si on
voulait une pénétration du gaz, ne pas empêcher les gens du
Québec d'aller vers l'électricité, si c'est là leur
choix véritable?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Je suis un peu découragé M. le
Président. Je vais tenter d'obtenir le discours qu'a prononcé
aujourd'hui même le ministre fédéral de l'Énergie,
des Mines et des Ressources, M. Lalonde. J'espère que ce ne sont pas ses
services qui vous ont donné les chiffres que vous avez
interprétés. Vous ne faites pas vos devoirs comme il faut, c'est
certain. 212 par mois, cela n'a ni queue ni tête.
Et M. Lalonde a fait état du programme d'économie
d'énergie au Québec -j'espère avoir le texte demain pour
vous le
donner - selon mess informations. En vertu d'un principe bien connu
selon lequel je ne peux être à deux places en même temps,
j'étais ici aujourd'hui et des gens de mon ministère
étaient à l'allocution que prononçait M. Lalonde. Il a
déclaré que le programme d'économie d'énergie
était un succès au Québec et qu'il était
encouragé par les efforts que notre gouvernement faisait, d'autant plus
que le programme canadien de conversion est administré par
Hydro-Québec. C'est ce que nous voulions, c'est ce que nous avons obtenu
après ces négociations qui ont commencé alors que mon
collègue, M. Bérubé, était à
l'Énergie: c'est moi qui ai terminé les négociations avec
le gouvernement fédéral. Nous avons voulu joindre notre propre
programme d'économie d'énergie, qui, à l'époque,
était le programme d'isolation des maisons, au programme canadien de
conversion qu'Hydro-Québec administre maintenant. J'aimerais qu'on me
donne les chiffres que vous avez en main. Je pourrais les faire examiner par
les gens chez nous. Je ne vois pas comment je peux faire une discussion
intelligente avec un pareil décalage dans les chiffres.
Ce que je voudrais dire cependant, c'est que le programme d'isolation
des maisons sur trois ans a touché 80 000 unités de logement. Le
programme Énergain était essentiellement le programme d'isolation
des maisons que nous avions, avec une bonification qui permet à des
contribuables qui veulent se prévaloir de ce programme Énergain
d'obtenir un prêt d'Hydro-Québec à un taux
d'intérêt qui s'ajuste en cours de route mais qui est de l'ordre,
au départ, de 15,65% remboursable sur une période de cinq ans
à même la facture d'électricité. Ceci signifie
qu'avec les économies d'énergie qu'il réalise sur sa
facture un abonné à l'électricité sera en mesure
sur la période de cinq ans de rembourser son investissement en capital
et en intérêts. C'est le sens du programme.
J'admets avec vous que les maîtres électriciens ont
été mécontentés par cette approche en vue d'arrimer
les deux programmes, mais il nous apparaissait important de le faire puisque
nous ne voulions pas que des systèmes centraux soient remplacés
s'ils étaient toujours en mesure de répondre aux besoins du
consommateur.
Je vous dirais, M. le Président, que du mois de novembre 1981
jusqu'à avril 1982 Hydro-Québec a reçu 24 855 demandes
d'analyses qui ont été faites à Hydro-Québec. De ce
nombre, 17 724 analyses, donc préparations de bilans
énergétiques au niveau du consommateur, ont été
réalisées au cours de la même période de novembre
1981 à avril 1982.
À l'heure actuelle, je suis bien aise de constater que le
délai de réponse entre la demande d'un abonné et la visite
d'un analyste d'Hydro-Québec, qui a été
élevé entre le mois de novembre 1981 et le mois de mars 1982, a
diminué en avril et en mai, de sorte que le délai de
réponse varie actuellement entre huit et dix semaines, selon les
derniers chiffres que nous avons. Nous voulons absolument qu'un bilan soit fait
pour que le consommateur abonné sache exactement dans quel genre de
dépenses il s'engage. L'analyste d'Hydro-Québec lui fournit son
propre bilan qui coûte au consommateur 25 $ et, lorsque les travaux sont
faits, ces 25 $ lui sont remboursés, ce qui veut dire que nous voulons
travailler avec les gens sérieux.
Je puis dire aussi que nous avons dépensé jusqu'au 31
décembre 1981, en termes d'identification de dépenses de
coûts d'implantation, un montant de 4 908 180 $ dont nous avons
défrayé 50% et HydroQuébec 50%. Les analyses
énergétiques facturées par Hydro-Québec en date du
12 mars 1982 sont de 7565 $. Un montant de 644 798 $ a été
versé à Hydro-Québec pour le paiement de 50% des
coûts. Nos prévisions de coûts du 1er janvier 1982 au 31
mars 1982 sont de 2 650 000 $ dont 50% seront remboursés par le
gouvernement. Nous prévoyons sur l'exercice 1982-1983 comme
dépenses du gouvernement, donc 50%, un déboursé de 4 333
200 $. Nous allons faire poursuivre, bien sûr, les analyses internes sur
le fonctionnement du programme. Il est loin d'être exclu que nous
puissions apporter des modifications à ce programme pour qu'il puisse
connaître une accélération plus forte; j'en conviens au
départ. C'est à partir des analyses suivies que nous faisons tant
au ministère qu'à Hydro-Québec que nous serons en mesure
de prendre les dispositions requises pour retirer le maximum de
retombées.
J'ajoute essentiellement que la dépense moyenne par unité
de logement suivant nos chiffres sur Énergain et à partir de
l'expertise des trois années du déroulement du programme
d'isolation de maisons, le progamme PIM, est de l'ordre 1200 $ par unité
de logement. C'est assez facile à calculer, sur les 17 724 analyses qui
ont été réalisées au cours de la période de
novembre 1981 à avril 1982 s'il y en avait - supposons un chiffre pour
les fins de la discussion -15 000 $ qui décidaient de faire les travaux
maintenant que ces gens ont leur bilan en main, multipliez cela par 1200.
Faites le calcul ensuite sur la partie que supporte Hydro-Québec et le
gouvernement, le gain net au consommateur. Il est évident pour nous que
sur une période de huit ans, les 1200 $ investis à un taux
d'intérêt de 15,65% permettent à un consommateur de
retrouver non seulement ses intérêts mais le capital investi dans
les économies d'énergie et ensuite pour les années de
durée de vie
de sa propriété, les économies d'énergie
seront claires et nettes à son seul bénéfice. (23 h
30)
Je vais tenter d'obtenir les chiffres les plus précis possible.
Je vais certainement faire analyser par mes gens le scénario
chiffré qui a été ramené tantôt sur la base
qu'il y avait - j'ai bien compris - 212 réalisations sur une base
mensuelle comparativement à 7000 en novembre 1981.
M. Fortier: Ce sont les chiffres que nous avions obtenus du
gouvernement fédéral. Maintenant, nous avons des chiffres
originaux d'Hydro-Québec qui sont un peu différents. Ce sont des
transformations de système de chauffage électrique.
Jusqu'à octobre 1981, les moyennes étaient: août 1981:
3739; septembre: 6414; octobre, qui était le dernier mois avant
Énergain: 9147; novembre: 6000; décembre: 3400. Janvier,
février, mars c'est beaucoup plus bas, parce qu'en hiver les gens ne
sont pas trop pressés de modifier leur système de chauffage.
M. Duhaime: II faut convenir que la saison hivernale n'est
peut-être pas la meilleure saison pour remplacer les fenêtres et
les portes.
Le Président (M. Bordeleau): La parole est
réservée aux membres de la commission.
M. Fortier: En fait, les améliorations d'isolation, c'est
un facteur, mais on parle actuellement de conversion comme telle. Il y a eu des
critiques, M. le ministre. Vous le reconnaissez, je crois, en disant qu'il y
aura une évaluation. H y a eu des critiques. Les maîtres
électriciens dans toutes les régions du Québec et de la
ville de Québec en particulier ont fait des représentations pour
dire que cela créait du chômage indirectement puisqu'ils croyaient
qu'avant le programme Énergain, ils étaient en mesure de faire
plus de transformations. Je suis certain que vos services ont des statistiques
plus précises, mais je viens de vous remettre le tableau que j'ai obtenu
d'Hydro-Québec, qui montre les conversions électriques. Ce doit
être lorsque les gens augmentent leur capacité électrique
pour le secteur domestique, habitation de neuf logements et moins. Je crois que
les statistiques ne couvrent que quelques mois après avril 1981. Il
semblerait qu'il y ait une diminution considérable à ce
moment-là par rapport au même mois de l'année
précédente.
Je voudrais que le ministre comprenne bien notre intervention. Nous ne
sommes pas contre le programme Énergain, dans le sens qu'il faille
encourager les gens à isoler les maisons; mais je crois que le hic,
c'est qu'avant de pouvoir passer une commande à un maître
électricien ou à des entrepreneurs, il faille obtenir
l'autorisation spéciale d'Hydro-Québec. Quant à cette
relation entre les travaux d'isolation des maisons et l'obtention d'un permis
avant de continuer les travaux pour passer à
l'électricité, il semblerait qu'il y ait un problème qui
diminue considérablement le volume des travaux faits par les
maîtres électriciens ou par les gens compétents pour
effectuer ce genre de travail.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Je ne sais pas si nous allons avancer un peu plus,
mais je remercie l'Opposition de m'avoir transmis le document des programmes
canadiens de remplacement du pétrole. Vous devriez peut-être noter
dans vos dossiers que je ne suis pas d'accord avec le chiffrier qui est
là. Je voudrais le vérifier, mais je pourrais peut-être
examiner tout de suite la période qui a précédé
octobre 1981. C'est depuis octobre 1981 que l'entente a été
conclue en pratique et qu'Hydro-Québec administre. Peut-on convenir de
ceci? S'il n'y a personne qui a administré le programme pendant sept ou
huit mois, il y avait donc plusieurs dizaines de milliers de dossiers en
attente. D'autre part, j'ai des chiffres devant moi, 425, 242, 113, 64 et 1, en
mars 1982. Je ne vous conseille pas de faire des discours là-dessus,
parce que vous allez vous faire contredire. Je ne sais pas d'où viennent
ces chiffres, si cela a été vérifié, cela ne se
concilie pas avec les nôtres, d'autant plus que cela s'applique au
programme canadien de replacement du pétrole. Je vais faire
vérifier à Hydro-Québec, qui administre ce programme. Les
chiffres que j'ai ici sont bien différents. Je vais vous les donner. On
va partir de janvier 1981...
M. Fortier: Je m'excuse, M. le ministre...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Je
voudrais faire remarquer aux gens autour de la table, je veux dire aux membres
de quelque parti qu'ils soient, que vous pouvez vous approcher, mais la parole
est d'abord au député d'Outremont.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Nous suggérons
au ministre qu'il n'y a pas urgence pour regarder cela, on en reparlera
demain.
M. Duhaime: J'aime autant régler cela tout de suite.
M. Fortier: Vous n'avez pas les chiffres, vous avez seulement nos
chiffres.
M. Duhaime: J'ai les vôtres qui viennent
d'Hydro-Québec; ils doivent être
bons?
M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: Vous avez une colonne en janvier 1981, 1793; en
février 1981, 4387...
M. Fortier: Je ferai remarquer au ministre que les chiffres qu'on
a obtenus d'Hydro-Québec, ce sont les conversions. Ce ne sont pas ceux
qui ont attendu après Hydro-Québec pour faire faire leur examen,
ce sont ceux qui ont fait les conversions sans attendre d'obtenir,
peut-être, la subvention. Il y a des gens qui se sont dit: On n'est pas
pour attendre, on le fait.
M. Duhaime: Les chiffres d'Hydro-Québec que vous avez en
main...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: ... soit dit en passant, si vous me les aviez
demandés, j'aurais pu vous les fournir. On a cela à longueur de
semaine.
M. Fortier: Quand on demande les chiffres, vos fonctionnaires ne
répondent pas, on va les chercher.
M. Duhaime: Pardon? Qui de mes fonctionnaires ne vous a jamais
répondu? Son nom, son adresse? Cela me surprendrait
énormément, cela nous fait plaisir de communiquer avec vous.
M. Fortier: Je vous donnerai son nom.
M. Duhaime: Prenez le tableau d'Hydro-Québec,
dernière colonne; vous avez ces chiffres sur une base cumulative, si je
comprends bien; avec les 1793 de janvier 1981, plus février 1981, vous
arrivez à 37 594 en octobre 1981. Si vous ramenez cela sur une base
mensuelle, vous allez voir que pour novembre 1981 c'est 6020, pour
décembre 1981 c'est 3492, pour janvier 1982 c'est 1878, etc. Ce tableau
vient d'Hydro-Québec; si on fait une comparaison rapide -c'est la
première fois que je vois ces chiffres - janvier 1982, 1878; janvier
1981, 1793. Essayez de concilier vos propres tableaux, vous allez voir qu'il y
a quelque chose qui ne fonctionne pas dans vos scénarios. C'est bien
évident. Ne venez pas me raconter qu'ils ont fait 212 conversions sur
une base mensuelle, cela n'a pas de bon sens.
M. Fortier: On ne peut pas prendre cela sur une base mensuelle,
mais on peut prendre les moyennes sur trois ou quatres mois; quand on le fait
sur trois ou quatre mois au début de l'année, on
s'aperçoit que la moyenne est beaucoup plus basse. De toute façon
c'est l'expérience qui vient des maîtres électriciens qui,
eux, se plaignent d'une baisse considérable dans leurs travaux.
M. Duhaime: Je ne veux pas vous faire de peine et je ne veux pas
vous faire veiller trop tard non plus, mais on travaille jusqu'à minuit,
et j'ai dit que je ne travaillais pas après minuit.
M. Fortier: On va passer à un autre sujet, M. le
Président.
M. Duhaime: J'ai ici un petit tableau. L'évolution des
activités du programme Énergain, les demandes enregistrées
au cours de la période - ce qui inclut un nombre de désistements
- de novembre 1981 à avril 1982. Nombre de demandes: en novembre 3009,
en décembre 4170, en janvier 2701, en février 3151, en mars 3016,
en avril 2863. Cela comprend les demandes qui s'appliquent aux deux dossiers,
programme de conversion et Énergain, et 90% des clients font la
conversion à partir du programme Énergain.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Mon intervention, M. le ministre, portait sur les
obstacles du programme Énergain pour ceux qui voulaient faire la
conversion et l'impact que cela a sur les travaux des maîtres
électriciens. Les statistiques que nous avons, même si elles sont
un peu déficientes, semblent démontrer qu'il y a une relation
dans la baisse d'activité.
Pour changer de sujet, j'aimerais revenir sur la question de la
Régie du gaz et de l'électricité. Le ministre nous disait
tout à l'heure qu'il n'était pas question de demander
qu'Hydro-Québec soit assujettie à la direction, pour
l'approbation de ses tarifs, de la Régie du gaz et de
l'électricité, mais il y a deux sociétés qui se
rapportent à lui indirectement, par l'entremise de SOQUIP, Gaz
Inter-Cité et Gaz Métropolitain, et qui, elles, sont soumises aux
décisions de la Régie du gaz et de l'électricité.
De quelle façon peut-il concilier que, d'un côté, deux
compagnies, dans le domaine du gaz, soient assujetties à la
régie, et que l'autre, dans le domaine de l'électricité,
Hydro-Québec ne le soit pas? C'est la première question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Je ne voudrais pas faire faire davantage de chemin au
président de la Régie du gaz et de l'électricité,
qui nous accompagne ce soir, mais je pense que le temps n'est pas venu, en tout
cas de notre point de vue, de modifier les scénarios d'approbation de la
politique tarifaire
d'Hydro-Québec. J'évoquais tantôt que le
gouvernement fédéral vient de faire pour ce qui est du
pétrole et du gaz ce que nous faisons dans les dossiers de
l'électricité. Je pense que nous poursuivons un état de
choses qui a toujours existé au Québec, à ma connaissance.
Je comprends que, quand le Parti libéral change de chaise, il change de
discours. En sept ans de gouvernement, je n'ai jamais entendu dire que le
gouvernement libéral ait eu l'intention de saisir la Régie du gaz
et de l'électricité dans la fixation des tarifs.
M. Fortier: ... des augmentations dans ce temps-là.
M. Duhaime: Toujours est-il que nous ne voyons pas pourquoi,
à l'heure actuelle, nous déssaisirions les parlementaires, qui
sont les élus, tant du côté de l'Opposition que du
côté du gouvernement. Cela nous permet, à partir du moment
où le prix du gaz est fixé par la régie, d'ajuster ensuite
sur les scénarios d'évolution des énergies
concurrentielles du prix du mazout, qui n'est pas fixé par nous, du prix
du gaz naturel, qui est établi au niveau de la régie, le
gouvernement a toujours son pouvoir de taxation qui influence sur le prix au
consommateur, bien sûr. C'est dans ce sens que si l'on veut garder la
capacité au gouvernement de fixer sa tarification pour favoriser la
pénétration du gaz, nous ne voyons pas l'utilité pour
l'instant de confier ce mandat à la Régie du gaz et de
l'électricité.
M. Fortier: Est-ce que le ministre ou le président de la
régie, si le ministre nous le permet, pourrait simplement nous informer
du processus qui est suivi, disons, lorsque Gaz Métropolitain se
présente, quelles sont les représentations? Est-ce qu'il y a des
avis publics qui paraissent dans les journaux pour dire je ne sais pas, que Gaz
Métropolitain fait une demande, comme le fait l'Office national de
l'énergie. Est-ce qu'il y a des corps intermédiaires? Est-ce que
des individus ont le droit de se présenter pour faire des
représentations? Est-ce que, de fait, il y a des corps
intermédiaires pour faire des représentations? Est-ce qu'il y a
une publicité qui est faite à cet effet? Est-ce que l'Office des
consommateurs a fait des représentations et dans quelle mesure ce
tribunal - puisque c'est un tribunal en fait -permet-il une participation
démocratique dans l'établissement des tarifs
éventuellement qui s'appliquent aux consommateurs
québécois?
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M...
M. Duhaime: Avant de laisser la parole au président de la
Régie du gaz et de l'électricité, je voudrais quand
même le présenter.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord M. le ministre,
allez-y.
M. Duhaime: C'est M. Bernard Cloutier, qui nous fait l'honneur de
nous accompagner.
M. Fortier: Je ne l'ai pas reconnu, il a coupé sa
barbe.
M. Duhaime: Je suis convaincu qu'il saura bien répondre
à la question qui lui est posée.
Merci, M. le Président. Oui, le processus de tarification
réglementaire est très classique. Lorsqu'une entreprise
détermine qu'elle n'a pas les revenus suffisants pour couvrir ses
dépenses et obtenir un rendement raisonnable sur ces investissements,
comme le prévoit la loi, elle dépose une requête en
tarification devant la régie. Ensuite, la régie publie des avis
et, après un délai de dix jours, ouvre des audiences. La
requérante doit faire la preuve que ses revenus ne lui permettent pas,
comme le prévoit la Loi sur la Régie de
l'électricité et du gaz, de couvrir ses dépenses et
d'obtenir un rendement raisonnable. Les parties intéressées -
c'est-à-dire les consommateurs - sont représentées et bien
entendu cherchent à démontrer le point de vue contraire. Cette
procédure implique l'examen détaillé des dépenses
pertinentes à l'exploitation de l'entrepreneur et l'examen de la
conjoncture financière du coût de l'argent dans la période
pour laquelle les tarifs doivent être déterminés et conduit
à la détermination d'une enveloppe globale des revenus requis
pour satisfaire aux exigences de la loi. C'est la première phase de la
procédure de tarification. (23 h 45)
Dans une deuxième phase, la requérante propose un tarif ou
une série de tarifs qui lui permettra de récupérer ses
revenus à partir des différentes classes d'abonnés qu'elle
dessert. Là encore les différentes classes d'abonnés sont
invitées à faire des représentations, à savoir si
une partie plus importante de revenu devrait être
récupérée à partir d'autres classes; donc, c'est un
processus très public, très ouvert. À la suite de ces
représentations la régie tranche et établit la
répartition des tarifs entre les diverses classes d'abonnés.
M. Fortier: Est-ce que le public ou enfin ceux qui interviennent
peuvent questionner la compagnie en question sur son bilan ou sur ses postes
budgétaires?
M. Duhaime: Absolument, il y a un contre-interrogatoire des
témoins de la requérante.
M. Fortier: Est-ce que vous pourriez nous expliquer comment il se
fait que tout à fait par hasard, alors que le gouvernement du
Québec a pris le contrôle de Gaz Métropolitain et que cette
société est devenue publique, la profitabilité qui a
été permise par la régie est soudainement une des
meilleures en Amérique du Nord? À un tel point que j'ai
rencontré des collègues dans l'industrie qui m'ont dit qu'ils
faisaient des représentations pour d'autres sociétés
privées dans d'autres parties du Canada et des États-Unis et
qu'ils étaient héberlués de constater jusqu'à quel
point la Régie du gaz et de l'électricité avait
été généreuse dans le cas de la dernière
augmentation qui avait été donnée à Gaz
Métropolitain.
M. Duhaime: Je pense que les ordonnances de la régie
reflètent le jugement de la régie au moment où elles sont
prises.
M. Fortier: Est-ce que ces décisions de la régie
sont sujettes, comme en Ontario, je crois, à l'autorité du
ministre finalement? Le gouvernement doit-il les ratifier?
M. Duhaime: Non. Votre question va dans le sens d'une invitation
pour HydroQuébec à aller devant la régie et obtenir des
tarifs plus élevés que ce qu'Hydro-Québec pourrait obtenir
en commission parlementaire.
M. Fortier: Non, le sens de ma question est que le ministre vient
de dire que le prix du gaz devient un prix plancher et que, par la suite, une
fois que le prix du gaz est établi, le ministre se permet
d'établir le coût de l'électricité un peu plus haut.
Alors, bien entendu, si la régie permet à Gaz
Métropolitain d'avoir une profitabilité hors de toute norme
nord-américaine, il est très facile après cela pour le
ministre d'établir que les tarifs d'Hydro-Québec soient encore
plus élevés puisque c'est la règle qu'il vient
d'édicter.
J'ai la décision, je vais la relire attentivement. Je
m'inquiète que cette décision toute à fait nouvelle
établisse un précédent dangereux, à mon avis, pour
la profitabilité d'une compagnie comme celle-là, parce que dans
le passé la profitabilité qu'on permettait à une telle
société était beaucoup moindre. En tout cas, on pourra
revenir sur le sujet.
M. Duhaime: On peut être en accord ou en désaccord
avec l'ordonnance qui a été rendue par la Régie du gaz et
de l'électricité. Le gouvernement comme tel n'a rien à
voir là-dedans. La loi permet à la régie d'entendre les
requêtes qui lui sont faites, d'entendre des témoins et de prendre
une décision. Je ne voudrais pas vous induire en erreur, M. le
député d'Outremont, sur ce que je disais tantôt sur
l'établissement de la politique tarifaire d'Hydro-Québec tel
qu'il a été dit lors des audiences des deux dernières
réunions de la commission permanente de l'énergie et des
ressources, nous devons maintenant tenir compte de l'évolution des prix
des énergies concurrentielles à l'hydroélectricité.
Je rappelle qu'il y a quelques années, alors que le prix du
pétrole était très inférieur au prix de
l'hydroélectricité, Hydro-Québec devait se bâtir un
marché.
Nous devons, à partir de notre volonté de voir
pénétrer le gaz naturel au Québec, ajuster en
conséquence la problématique tarifaire. Si nous avions un
scénario selon lequel le prix de l'hydroélectricité
était inférieur au prix du gaz naturel, j'ai l'impression que la
conversion au gaz naturel ne se ferait pas. Je pense qu'on va en convenir.
C'est une question d'équilibre, c'est une question aussi
d'intensité dans la volonté de voir pénétrer le gaz
naturel ou non. Au fil des années, on va voir comment le scénario
va se dérouler.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Le ministre peut-il nous indiquer si la prochaine
demande faite au gouvernement par Hydro-Québec sera pour une
période d'un an, de trois ans, ou de cinq ans? Le ministre ou
Hydro-Québec a-t-il statué au moins là-dessus?
M. Duhaime: Je ne sais pas encore ce qui se mijote à
Hydro-Québec là-dessus. Cependant, je souhaiterais recevoir
différents scénarios tarifaires. En termes de durée, cela
pourrait être un an, deux ans ou trois ans. Cinq ans me paraît
être une période un peu longue. Nous avons déjà
tarifié en 1978, si ma mémoire est bonne, pour les années
1979, 1980, 1981, sur trois ans, et il n'est pas exclu qu'on reçoive
d'Hydro-Québec plus d'un scénario qu'on aura l'occasion
d'examiner ensemble en commission parlementaire, si vous êtes
disposé à travailler sur ce dossier.
M. Fortier: J'ose espérer, M. le Président, que le
ministre me donnera l'information plus de deux jours à l'avance, pour
qu'on puisse étudier attentivement l'information qui nous sera
donnée. Des remarques ont été faites. Je ne sais pas s'il
va y avoir des changements dans la façon de travailler de certaines
commissions parlementaires. Enfin, je sais que votre gouvernement
s'intéresse à la valorisation des travaux en commission
parlementaire. Il est bien certain que, pour examiner les augmentations de
l'ordre de millions de dollars, la commission n'a pas à sa disposition
d'économistes ou de gens qualifiés qui pourraient nous aider
à faire une étude plus approfondie. Si la décision du
gouvernement, dans le moment, était de laisser ce travail
à la commission parlementaire, je me demande si le ministre
considérerait la possibilité de faire en sorte que les
parlementaires et l'Opposition, de façon particulière, puissent
avoir les moyens d'examiner des augmentations de l'ordre de celles
qu'Hydro-Québec va nous présenter, surtout que c'est sur une
période de trois années. Si les augmentations sont de 15% par
année, pendant trois ans, c'est-à-dire de 45% ou 50%, on parle de
millions et de milliards de dollars.
Les journalistes l'ont dit et je l'ai dit lors des dernières
séances de la commission parlementaire, cela me semble un peu farfelu,
même si certains d'entre nous ont une certaine expérience dans le
secteur, de croire que les parlementaires puissent faire un travail
sérieux à examiner une tarification très
compliquée. Je suis sûr que la Régie du gaz et de
l'électricité est entourée de gens compétents ou
qu'elle s'entoure de gens compétents, lorsque c'est nécessaire,
qu'elle engage des consultants, des économistes, des ingénieurs
pour faire une étude attentive des bilans et des demandes qui lui sont
faites. Mais que le gouvernement maintienne la position qui est celle
présentement de laisser cela aux parlementaires, avec aucun moyen
à notre disposition, cela me semble une aberration totale.
M. Duhaime: Ce n'est pas moi qui vous le fais dire. Cela veut
donc dire que la proposition que vous avez déposée sur la
table...
M. Fortier: M. le Président, j'oserais penser que le
ministre, qui fait partie d'un cabinet, pourrait quand même prendre cette
demande en délibéré et essayer de tenter de valoriser le
travail d'une commission parlementaire qui, si elle était
assistée de spécialistes, pourrait peut-être jouer un
rôle plus important que celui qu'elle a joué dans le
passé.
M. Duhaime: Je suis prêt à prendre cela en
délibéré et à vous dire qu'on va tenter de vous
donner le maximum de délais pour prendre connaissance de ces documents,
pour en faire faire l'analyse par vos services de recherche. Notre parti a
déjà été dans l'Opposition. Je me souviens
très bien que, pendant les années 1970 à 1973, il y avait
sept volontaires de ce côté-ci; de 1973 à 1976, ils
étaient six. Je n'ai jamais entendu parler que des économistes ou
quiconque avaient travaillé avec les recherchistes du Parti
québécois à l'époque.
Je n'ai pas l'intention de vous rendre la monnaie de la pièce,
mais je suis prêt à considérer qu'on peut travailler sur
des délais raisonnables. Je serais même prêt, si le coeur
vous en dit, à vous faire organiser une rencontre avec des gens de mon
ministère qui suivent le dossier, si besoin est, avec des gens
d'Hydro-Québec, à la condition, bien sûr, que vous ne
fassiez pas comme la dernière fois: venir en commission parlementaire et
nous faire une proposition que la demande d'Hydro-Québec n'avait aucun
sens. Vous dites vous-mêmes, ce soir, que vous n'étiez pas en
mesure de faire des chiffres ni même de les analyser. Cela ne vous a pas
empêchés de nous faire une proposition à 8,3%, si mes
souvenirs sont exacts, et ensuite faire une conférence de presse et de
refuser de travailler auprès de la commission.
Si vous me dites que vous êtes sérieux, que vous êtes
prêts à travailler à cette commission, je vais faire en
sorte qu'on vous fournisse de la documentation pour aider votre équipe
de recherche parce que si c'est la même qui fait la préparation de
vos travaux, celle qui est arrivée à 212 conversions par mois, je
suis prêt à convenir avec vous que vous avez besoin d'un coup de
main. On va le faire avec une attitude d'ouverture, d'autant plus que si on a
à travailler sur des scénarios alternatifs d'un an, de deux ans
ou de trois ans, je conviens avec vous qu'il y a des centaines de millions de
dollars qui sont en jeu et cela vaut le coup qu'on s'y arrête d'une
façon sérieuse. Je suis prêt à travailler dans cette
hypothèse, mais soyons fair-play des deux côtés.
M. Fortier: Enfin, on ne reviendra pas sur la question de la loi
no 16, M. le Président...
M. Duhaime: Non, non, je parle des tarifs.
M. Fortier: Juste pour corriger ce que vient de dire le ministre.
La proposition qui nous avait été faite, la dernière fois,
d'Hydro-Québec, était fondée sur une loi qui
n'était pas encore adoptée, c'est-à-dire la loi no 16, et
nous nous sommes opposés à ce qu'Hydro-Québec nous
présente une tarification qui était basée sur une loi qui
n'était pas encore adoptée par l'Assemblée nationale.
J'ose espérer que si une tarification nous est
présentée, elle s'appuiera sur les lois existantes du
Québec et non pas sur les lois futures dont personne ne connaît
absolument rien.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut adopter les
programmes qui concernent l'énergie avant d'ajourner?
M. Fortier: II reste trois minutes, M. le Président, je
pense qu'en trois minutes j'aurais une question à poser...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, allez-
y M. le député d'Outremont.
M. Fortier: ... au ministre. J'ai lu attentivement les articles
ayant comme titre Pétro-Québec s'en vient-il?, on dit que
Pétro-Québec et SOQUIP lorgnaient du côté de BP et
Ultramar. Je conçois que c'est dans le programme du Parti
québécois, quoique personne ne m'ait encore expliqué les
raisons pouvant motiver, sur le plan économique ou sur le plan
énergétique, une telle aventure. Est-ce que le ministre pourrait
nous indiquer où en est le dossier et à quel moment le
gouvernement du Québec prendra une décision dans ce dossier?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Je pourrais vous répondre que ce qui est bon
pour l'Ontario pourrait être bon pour nous et ce qui est bon pour le
gouvernement fédéral pourrait être bon pour nous. Si M.
Davis a décidé de prendre 25% des intérêts dans
l'entreprise Suncor et d'y investir 600 000 000 $ et si le gouvernement
fédéral a acheté Pétrofina pour faire
PétroCan et payer 17 fois le revenu net qui, suivant ce que tout le
monde qui s'est approché de ce dossier, a convenu que c'était un
cadeau de Grec et un vrai cadeau aux actionnaires de Pétrofina, dans
cette transaction qui est de l'ordre de 1 300 000 000 $, je commenterai
essentiellement ceci.
Je ne plaide pas l'urgence dans ce dossier. Le ministère - je
l'ai dit publiquement - je me suis toujours refusé à identifier
de façon formelle qui des entreprises pétrolières font la
navette au ministère actuellement. Ils sont en discussion avec les hauts
fonctionnaires du ministère, mais c'est une vérité de La
Palice que de vous dire que nous avons des offres, non seulement d'une
société, mais d'au moins trois. Nous allons, bien sûr,
continuer l'évaluation. Je ne sais pas qui a informé le journal
Les Affaires que vous avez en main, mais le journaliste est très bien
informé, je peux vous le confirmer. Nous allons continuer
d'étudier les propositions qu'ils nous font et mon approche est
essentiellement que s'il y a une rentabilité dans ces dossiers nous
allons très certainement foncer. (Minuit)
Maintenant, je ne crois pas que l'on soit, en termes de calendrier, sur
un échéancier de semaines ou de mois. Je pense qu'on serait assez
maladroit, comme gouvernement, d'aller trop vite alors que ce marché est
en train de se rétrécir, et de plus en plus, à l'horizon
de 1990, du moins selon ce qu'on peut prévoir. Il est bien certain que
nous avons un oeil sur le dossier, nous allons le suivre attentivement et s'il
y a une bonne affaire à réaliser, on va le faire très
certainement.
M. Fortier: J'espère que le ministre sera d'accord avec
moi que, dans le passé, la justification des gouvernements - que ce soit
le gouvernement provincial, son gouvernement ou le gouvernement
fédéral - pour intervenir dans des dossiers comme ceux-là
était la nécessité d'avoir un secteur témoin pour
comprendre la complexité d'une industrie, pour pouvoir
légiférer en toute connaissance de cause. C'est la raison pour
laquelle vous êtes intervenus dans le domaine de l'amiante, la raison
pour laquelle le gouvernement fédéral est intervenu dans le
domaine de Pétro-Canada. Mais compte tenu du peu de pétrole qu'il
y a au Québec, je me pose de sérieuses questions sur la
nécessité pour le gouvernement provincial du Québec
d'intervenir dans un dossier comme celui-là, compte tenu de ce que je
viens de dire.
M. Duhaime: Je peux peut-être ajouter une chose. C'est que
votre vision de l'avenir pour le Québec est de condamner le
Québec à cet éternel carcan provincial à
l'intérieur d'une constitution avec laquelle vous n'êtes pas
d'accord mais qu'on nous impose, tandis que notre vision de l'avenir est de
faire du Québec un État souverain, ce qui est drôlement
différent comme approche.
M. Fortier: Je suis complètement d'accord.
M. Duhaime: Et à partir du moment où tous les pays
du monde sont présents sur la scène internationale, sur le plan
des approvisionnements, d'une part, et deuxièmement sur le plan des
réseaux de distribution, "what is good for Ontario might be good for
Quebec as well".
M. Fortier: Là-dessus, on va conclure. J'ai bien compris
les remarques du ministre sur le futur souverainisme du Québec qui
motive ses politiques. Alors, là-dessus, M. le Président, on va
adopter les crédits.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le programme 13,
Régie de l'électricité et du gaz, avec ses
éléments 1 et 2, adopté. Programme 14 également,
avec les éléments 1, 2, 3 et 4 qui seront adoptés.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Alors, la
commission ajourne ses travaux sine die.
M. Duhaime: ... je vous souhaite de passer une nuit
agréable...
Le Président (M. Bordeleau): Et vous de même et
à tous les membres de la commission.
(Fin de la séance à 0 h 03)