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(Onze heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources se
réunit afin d'étudier, programme par programme, les
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources pour
l'année 1982-1983.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton) - s'il y a des changements, M. le
député d'Outremont, voulez-vous me les signaler en passant, s'il
vous plaît! - M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M. Lavigne (Beauharnois),
M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac), M. Perron (Duplessis),
M. Rodrigue (Vimont), M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc), M.
Dussault (Châteauguay), M. Hains (Saint-Henri), M. Levesque
(Bonaventure), M. O'Gallagher (Robert Baldwin) et M. Tremblay (Chambly).
Est-ce que M. le député de Beauce-Sud veut...
M. Fortier: M. Hains (Saint-Henri) est remplacé par M.
Hermann Mathieu (Beauce-Sud).
Le Président (M. Laplante): Dans les intervenants, M.
Hains (Saint-Henri) est remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud).
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Lorsque les travaux ont
été ajournés, hier soir, les programmes concernant
l'énergie ont été adoptés. Les membres de cette
commission seraient-ils d'accord pour qu'on étudie tout ce qui regarde
la forêt dans les programmes 1 à 10? (11 h 30)
M. Fortier: C'est bien cela, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Tout le monde est d'accord.
Nous les étudierons en général. M. le ministre, si vous
voulez, les programmes seront étudiés en bloc de 1 à 10
pour ce qui concerne la forêt. La parole est à vous.
Secteur des forêts
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais savoir de mes
collègues si on pourrait, à cause du débat qui est en
cours à l'Assemblée nationale et, deuxièmement, à
cause du bruit de cette machine infernale que nous entendons jour et nuit,
s'entendre pour terminer à 13 heures.
Je vais donner mes raisons. J'imagine que chacun a ses raisons. Le
débat sur la motion inscrite à mon nom est en cours actuellement
à l'Assemblée nationale. Je sais que des collègues de mon
côté autant que du côté libéral vont
intervenir ce matin. Les travaux sur cette motion seront suspendus à 13
heures et la reprise du débat aura lieu à 15 heures. J'aurai une
intervention à faire cet après-midi vers 15 heures, ce qui
m'empêcherait, à toutes fins utiles, de poursuivre l'étude
des crédits cet après-midi.
Alors, je voudrais qu'on s'entende sur le partage du temps. Si on
convenait maintenant que nous avons une heure et demie en tout, je
m'abstiendrais de faire un exposé général sur l'ensemble
du dossier et je répondrais aux questions que vous voudrez bien
soulever, parce qu'en définitive je vous ai fait transmettre, il y a
deux semaines, à ce qu'on m'a dit, une série de documents.
M. Fortier: II y a une dizaine de jours.
M. Duhaime: Pardon? Une bonne dizaine de jours. Je pourrais
refaire ici la lecture du document que vous avez en main ou encore vous en
faire un bref résumé, mais j'aurais l'impression de vous faire
perdre votre temps. Je pourrais m'abstenir de faire un exposé
général sur le secteur forestier, vous laisser la parole et, si
vous avez des questions, on pourrait y répondre, en s'entendant tout de
suite qu'on termine à 13 heures, ce qui nous donne une enveloppe de
temps d'à peu près 90 minutes, si cela vous va.
M. Fortier: Je suis d'accord pour collaborer avec le ministre
pour terminer à 13 heures; maintenant, il se pourrait qu'à 13
heures on n'ait pas complètement terminé. À ce moment on
avisera pour trouver une heure à un autre moment si on a pas
complètement terminé, j'imagine. L'allocation totale du temps a
été coupée d'une façon dramatique, je pense. On
avait neuf heures et demie, on va être rendu à six ou sept
heures en tout. De toute façon, peut-être qu'on pourrait
aviser vers une heure sur la marche à suivre par la suite.
Le Président (M. Laplante): ... le député
tout de suite et qu'on commencera après cela.
M. Duhaime: Là, on a pas d'entente; si on a pas d'entente,
je vais faire mon truc.
Le Président (M. Laplante): Parce que plus on va, plus on
perd de minutes.
M. Fortier: C'est cela. Écoutez, je vais être
très bref, je suis d'accord pour qu'on termine à 13 heures et on
avisera si on a...
M. Duhaime: Si je comprends bien, je n'ai pas d'entente pour
qu'on termine à 13 heures. Si on a pas d'entente maintenant, je vais
faire l'exposé général. Ce que je veux savoir c'est...
M. Fortier: Je ne comprends pas quel est le problème du
ministre.
M. Duhaime: Bien, c'est un problème de temps parce que si
je prends vingt minutes pour faire un exposé général,
c'est vingt minutes qu'on n'aura pas pour parler d'autres choses.
M. Fortier: Non, non, je suis d'accord pour qu'on arrête
nos travaux à 13 heures. Ce que je dis, c'est qu'il se pourrait qu'on
n'ait pas complété l'étude totale des crédits.
C'est pour cela que je demande au ministre si, avec l'accord des leaders, on
pourrait se réunir une heure à un autre moment, ou une heure et
demie.
M. Duhaime: Au mois de juillet.
M. Fortier: Pourquoi pas la semaine prochaine? On travaille
aussi, la semaine prochaine.
M. Duhaime: J'ai l'impression que les ententes qui ont
été faites sur le calendrier et l'horaire des travaux des
commissions, surtout sur le règlement sessionnel de juin, impliquent que
la programmation est faite, que la programmation est arrêtée. Je
vous en parle maintenant, pour la raison suivante: c'est qu'il va nous
être très difficile même de trouver une heure ou même
trente minutes la semaine prochaine pour faire siéger à nouveau
cette commission, pour la bonne et simple raison que certains jours,
même, il y aura trois commissions qui siégeront en même
temps que l'Assemblée nationale; il y en aura au moins deux en tout
cas.
J'aimerais mieux qu'on fasse une entente tout de suite, à savoir
qu'à 13 heures nous aurons terminé, sans quoi je vais faire mon
exposé, vous ferez le vôtre et vous poserez vos questions. Si on a
fini; on a fini, si on n'a pas fini, on n'a pas fini.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, pour essayer
de jouer entre les deux un petit peu, s'il vous manquait quinze minutes pour
tout terminer, seriez-vous d'accord pour aller au moins jusqu'à une
heures et quart?
M. Duhaime: Ah oui! cela me va.
Le Président (M. Laplante): D'accord? On pourrait prendre
à ce moment-là une entente...
M. Fortier: Bon, pour aujourd'hui, je ne vois aucune
difficulté. C'est simplement qu'on avait préparé des
dossiers; je ne sais pas si on aura tout terminé à une heure ou
une heure quinze.
Le Président (M. Laplante): Bon, si vous voulez, on va
commencer tout de suite par la période des questions et à une
heure on verra ce qu'on peut faire, d'accord? M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je voulais juste exposer très
brièvement les quelques questions qu'on avait et je vais passer la
parole au député de Beauce-Sud que, justement, une question des
questions intéresse plus précisément. On a dit hier que,
bien sûr, tout ce qui touche l'énergie est important, mais que la
forêt c'est encore plus important. Parmi les différents secteurs,
ce qui nous intéresse, on va le retrouver lors de l'étude des
différents crédits, des différents sujets, des
différentes questions qu'on va aborder à ce sujet, c'est la bonne
gestion des ressources. Cela demande un niveau suffisant de reboisement et de
travaux sylvicoles et on a de nombreuses questions à poser
là-dessus, parce qu'il semblerait que, malgré les objectifs
fixés, on se trouve en deçà de ce qui est
nécessaire pour assurer la continuité de la forêt. Bien
sûr, il a assuré la compétitivité de nos industries
des pâtes et papiers, par conséquent, leur bon rendement et leur
modernisation accroissent le niveau des investissements. Il y a une reprise de
l'industrie du sciage et nous aurons des questions à ce sujet, où
tout ne tourne pas rond dans le moment. Sur 17 000 emplois en temps normal, il
y a quasiment 9000 mises à pied présentement; alors, on reviendra
sur ce sujet. Un traitement équitable s'impose envers les
propriétaires des forêts privées, les parents pauvres de
l'industrie forestière; ceux-ci souffrent plus que quiconque de
l'épidémie de la tordeuse de bourgeons de l'épinette et ne
reçoivent pas l'aide nécessaire. Je demanderais à mon
collègue,
M. Hermann Mathieu, le député de Beauce-Sud, de prendre la
relève sur ce problème immédiatement. Finalement, nous
sommes aussi très préoccupés par l'ampleur qu'ont prise
les sociétés d'État dans ce domaine. Lorsqu'on en parlera,
on se demandera si le gouvernement porte tellement d'intérêt
à l'industrie forestière, à tous les niveaux, s'il peut
jouer encore une fois son rôle d'arbitre impartial entre la demande de
matière ligneuse et la disponbilité, c'est-à-dire ce que
la forêt peut donner sans se détériorer. De plus, pour
nous, cette forte implication de l'État crée des distorsions dans
l'industrie parce qu'elle constitue une concurrence déloyale.
Voici donc les quelques sujets qu'on voudrait aborder et je demanderais,
M. le Président, au député de Beauce-Sud d'attaquer
immédiatement le problème des forêts privées.
M. Duhaime: Je voudrais demander au député
d'Outremont de répéter sa dernière phrase. Un de mes
collègues ministériels avait une urgence qui m'a
empêché de saisir votre phrase où vous avez parlé de
l'intervention de l'État.
M. Fortier: J'ai dit que le gouvernement, au cours des
dernières années, a développé des investissements
dans l'industrie forestière; il a développé des tentacules
si nombreuses, soit par les actions du ministère directement, soit par
les actions de la Caisse de dépôt, de la Société
générale de financement, qu'on se pose des questions sur la
manière dont il est possible pour le ministre de jouer un rôle
impartial lorsqu'il octroie des droits de coupe ou lorsqu'il a à prendre
d'autres décisions dans ce secteur.
Alors, le premier sujet qui, je crois, est le plus important à ce
moment-ci et qu'on voudrait aborder immédiatement touche les
forêts privées et je demanderais au député de
Beauce-Sud de poser la première question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je ne veux pas abuser
du temps de la commission. Je comprends les remarques qu'a faites le ministre
tout à l'heure et je suis prêt à donner ma collaboration
maximale. Je ne ferai pas de nouveau l'historique de l'évolution de tout
le dossier de la tordeuse. Je crois que le ministre est bien au courant bien
sensibilisé, et je dis ceci dans le but de sauver du temps à
cette commission. Je ferai partir mon bref historique du 16 février
1982. La Fédération des producteurs de bois du Québec,
sous la signature de M. Hervé Filion, son président, a transmis
un mémoire à l'honorable Yves Duhaime, ministre de
l'Énergie et des Ressources ainsi qu'une lettre explicative.
À la suite de ce dépôt, une question à
l'Assemblée nationale a été posée le 30 mars 1982
par M. Marquis, député de Matapédia; en réponse, le
ministre reconnaissait qu'il y avait environ 400 000 cordes de bois, même
que c'est plus aujourd'hui, provenant de la forêt privée et en
perdition à cause du problème de la tordeuse de bourgeons de
l'épinette. C'est un désastre qui a tendance à prendre des
proportions considérables, qui affectera, semble-t-il, toute la
province; en réponse, le 30 mars, M. le ministre disait que les volumes
de bois qui sont atteints par la tordeuse pour l'ensemble du Québec
étaient, en chiffres arrondis, de 4 800 000 mètres cubes. Il
ajoutait: Depuis plusieurs semaines et plusieurs mois au ministère, on
s'est occupé de faire ce que j'appellerais une espèce de shopping
auprès des compagnies et nous avons pu à ce jour en placer 3 322
688 mètres cubes. Quand le ministre dit "nous", je ne sais s'il parle de
lui, c'est-à-dire de son ministère, ou des syndicats, parce que
les syndicats de producteurs de bois nous disent qu'effectivement ce sont eux
qui ont fait le shopping et qui sont venus à bout de placer ce bois.
Lors de la marche des agriculteurs sur Québec le 1er avril - nous
savons qu'ils étaient 8000 agriculteurs à marcher sur
Québec - une de leurs revendications était justement la
récupération de ces 470 000 cordes de bois affectées par
la tordeuse. Il semblerait que le ministre ait rencontré à
l'intérieur des murs du parlement le président de l'UPA et qu'il
lui ait dit qu'il y avait 3 322 680 mètres cubes de bois de
placés. Le président de l'UPA avait l'impression qu'on parlait
d'un nouveau placement de bois mais, après coup, on s'est aperçu
que c'étaient toujours les mêmes 3 322 680 mètres
cubes.
Peut-être, M. le ministre, qu'il avait mal compris cela.
Ceci pour vous mentionner, pour aller au plus court, qu'il ne semble pas
malheureusement y avoir d'évolution dans ce dossier de
récupération du bois de la forêt privée depuis
l'année dernière. On commence à voir des titres: le
Soleil, 12 mai 1982. "Des producteurs de bois furieux contre Duhaime". "Les
producteurs de bois font appel à Duhaime". M. le Président, M. le
ministre réalise certainement qu'il est la seule personne à
détenir la clé de l'énigme, c'est-à-dire que
va-t-il arriver de ce bois en perdition? Ici, je ne vais pas en profondeur sur
l'ensemble des problèmes de la forêt privée,
c'est-à-dire que nous savons que la tordeuse cause un ravage complet.
Tout le bois est perdu. Dans quelques années, nous aurons à faire
face possiblement à un manque de bois parce qu'on arrive avec un surplus
dans le bois dans le moment présent, bois qui est consacré
à la pâte, pâte à
papier, à cause du ravage de la tordeuse. Si nos agriculteurs ne
coupent pas leur bois, dans deux ou trois ans les arbres tomberont par terre ou
ils pourront se casser en mille morceaux et ils seront complètement
irrécupérables. Les agriculteurs ont seulement quelques mois pour
les couper. Il y a des agriculteurs dans mon comté de Beauce-Sud, il y
en a dans Matapédia, j'en connais ailleurs dans les Cantons de l'Est,
qui ont des inventaires de bois coupé de 200 à 300 cordes qu'ils
ont dû couper à blanc pour le récupérer. Si vous
voulez faire le calcul. À environ 55 $ la corde, qu'est-ce que cela peut
représenter pour un agriculteur? Ceux-ci sont tous des petits
producteurs. Il n'y a pas dans cela de grosses compagnies dans cela qui ont les
reins très solides. Nos agriculteurs comptaient toujours sur ce revenu
d'appoint de la forêt privée. Ils pouvaient couper 35 à 40
cordes de bois par année dans une culture saine. Aujourd'hui, il faut le
couper en entier parce que dans deux ans, ce bois sera fini.
En le coupant en entier, on arrive avec le problème de le placer
dans les usines de pâtes et papiers. On dit que les usines ne peuvent pas
recevoir ce surplus. Pour le recevoir, il faudrait que le ministre diminue les
droits de coupe des compagnies sur les terres publiques...
M. Duhaime: C'est de la dictature.
M. Mathieu: ... pour recevoir ce bois.
M. le Président, depuis le dépôt du mémoire
de la Fédération des producteurs de bois en mars 1982, je
voudrais savoir de la part du ministre s'il y a évolution dans ce
dossier. Quelles sont les actions entreprises? Quelles sont les personnes que
vous avez rencontrées? Est-ce que la situation est
améliorée depuis une couple de semaines, parce que jusqu'à
il y a environ deux semaines, c'était à peu près le statu
quo depuis plusieurs années. Sinon, quelles sont vos prévisions?
Qu'entendez-vous faire puisque vous seul avez la solution entre les mains?
Le ministre nous a dit à l'Assemblée nationale en
réponse à une de mes questions qu'il ne voulait pas se
prévaloir de la loi no 41, la loi Bona. S'il ne veut pas se
prévaloir de la loi no 41, il reste seulement une solution, c'est
restreindre les permis de coupe sur les terrains de la couronne. Il a dit
également à l'Assemblée nationale qu'il ne voulait pas
restreindre les permis de coupe sur les terrains de la couronne. Il a dit
à l'Assemblée nationale qu'il ne voulait pas restreindre les
permis de coupe. Alors, s'il ne veut pas appliquer une ou l'autre des deux
solutions, qu'est-ce qu'il reste à faire? M. le Président, c'est
la question que je pose au ministre et nous pourrons continuer le dialogue.
(11 h 45)
M. Duhaime: M. le Président, je n'ai pas avec moi mon
ordre du jour pour être capable de vous dire avec qui j'ai eu des
rendez-vous le mois dernier. Je pourrais vous dire que j'ai eu l'occasion de
rencontrer au moins à deux reprises le groupe de M. Filion, de
l'exécutif de la Fédération des producteurs de bois. J'ai
également rencontré le président de l'UPA, lorsqu'il a
tenu un congrès, je crois, à Québec, il y a quelques
semaines.
M. Mathieu: ... M. le Président.
M. Duhaime: J'ai cru comprendre que mon collègue de
l'Agriculture avait été acclamé au petit Colisée
lorsqu'il s'est présenté. Enfin, je n'ai pas eu le temps d'aller
au Colisé, mais j'ai rencontré le président de l'UPA ici
et on a fait le point sur le dossier. Il faudrait peut-être situer le
problème dans l'ensemble de son contexte avant d'expliquer, sur le plan
mécanique, ce que nous faisons actuellement tant avec l'industrie
qu'avec la Fédération des producteurs agricoles.
Le problème est concentré dans la région du
Bas-Saint-Laurent, La Pocatière, Québec-Sud où trois
organismes de production en particulier voudraient mettre en marché un
volume de 1 300 000 mètres cubes apparents supérieur à
celui négocié actuellement qui correspondrait à 85% du
volume mis en marché en 1981, indépendamment des autres
données du dossier. Je voudrais rappeler aussi que les sept organismes
que représente la fédération actuellement dans ce dossier
ont un volume de 3 365 000 mètres cubes apparents de
négocié, comparativement à un volume moyen - les 3 365 000
mètres cubes sont réglés - de 2 700 000 mètres
cubes apparents mis en marché entre 1976 et 1980.
M. Mathieu: Négocié par le ministère ou le
syndicat?
M. Duhaime: Le ministère et les syndicats ont toujours
travaillé en étroite collaboration dans ce dossier, du moins
depuis que je suis au ministère de l'Énergie et des Ressources.
Je crois savoir de mes hauts fonctionnaires que mon prédécesseur
fonctionnait de la même façon. Si vous voulez savoir à qui
on envoie le pot de fleurs pour la négociation, je suis prêt
à me retirer du dossier et à dire tout de suite que les efforts
du ministère n'ont rien donné, que c'est la
fédération, toute seule, qui a tout négocié. Si
cela vous fait plaisir, je peux le dire comme cela, mais je pense que cela ne
traduirait pas la réalité. Sans badiner, le ministère et
la fédération travaillent ensemble.
M. Mathieu: Ce qui nous fait plaisir, M. le Président,
c'est que le dossier évolue.
M. Duhaime: C'est ce que je suis en train de vous expliquer.
Donc, en moyenne, pendant cinq ans, de 1976 à 1980 inclusivement, les
volumes de mètres cubes apparents négociés sont de l'ordre
2 700 000. En 1981, 3 750 000 mètres cubes. Actuellement, pour 1982 -
nous sommes au début de juin - nous sommes à un niveau de 3 365
000 mètres cubes. Je pense qu'on ne se chicanera pas pour 400 000
mètres cubes apparents. Je pourrais affirmer, si le député
de Beauce-Sud veut en convenir avec moi, qu'on est presque mais pas tout
à fait au niveau de 1981, mais de toute manière à un
niveau très supérieur au niveau moyen des années 1976
à 1980. Si on s'entend là-dessus, il y aura au moins cela de
pris.
Deuxième élément. Ces approvisionnements en bois ne
se font pas dans l'abstrait. On ne vit pas dans un monde planétaire, on
vit ici. Il faut bien comprendre que la conjoncture économique est ce
que vous connaissez. Dans le domaine du papier journal, les usines tournent
actuellement à une moyenne d'à peu près 86% de leur
capacité de production, ce qui veut dire que l'industrie ne tourne pas
à plein régime. C'est facile à comprendre aussi. Si vous
avez écouté le bulletin de nouvelles hier soir, on a dû
vous donner des signaux de détresse sur l'état de santé de
l'économie canadienne en particulier et par voie de conséquence
de celle du Québec.
Troisième élément. Dans le secteur du sciage qui
est le plus directement affecté par la léthargie que l'on
retrouve dans le secteur de la construction domiciliaire, les 1200 usines de
sciage au Québec tournent à peu près à 40% de leur
capacité de production. Espérons qu'une révision de la
politique des hauts taux d'intérêt sera faite au Parlement
approprié et qu'on pourra escompter que les programmes
d'accessibilité que le gouvernement du Québec met en route - le
programme d'accessibilité à l'habitation et le programme
spécial dans le secteur de la construction de logements qui a
été annoncé dans le discours sur le budget - que ces deux
programmes ne viendront pas se heurter contre le mur des taux
d'intérêt et que la relance pourra être sentie. À
partir du moment ou la relance se fait, où le redémarrage dans le
secteur de la construction domiciliaire, c'est automatique que les moulins de
sciage vont reprendre. En attendant, qu'est-ce qui se produit? Les inventaires
sont à un niveau très élevé, tant dans l'industrie
du papier journal - je parle des inventaires en bois - tant chez les
producteurs de papier journal que chez les propriétaires des usines et
des moulins de sciage. Ce qui signifie donc que ces entreprises, à cause
de la conjoncture économique, à cause du taux
d'intérêt très élevé qu'elles doivent payer
pour supporter leur inventaire de marchandises, ont tendance à
réduire leurs besoins ou leur approvisionnement. Je pense que le
député de Beauce-Sud comprend cela parfaitement.
Malgré cette situation économique très difficile,
nous allons, par tous les moyens, tenter de placer le maximum des 400 000
cordes qui resteraient à placer. Il y en a qui parlent de mètres
cubes apparents, j'avoue honnêtement que j'aime mieux parler d'une bonne
corde de bois. Il y a 400 000 cordes qui restent à placer. J'ai
moi-même rencontré l'exécutif de la
fédération à au moins deux reprises, j'ai rencontré
l'industrie aussi, l'ensemble de l'industrie du papier journal. J'ai
rencontré l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec, je leur ai expliqué que nous avions un problème
commun et qu'il fallait tenter de le régler. J'ai dit aussi, en
particulier à M. Filion et à son groupe de la
fédération, que nous voulions nous assurer que le bois qui
faisait l'objet de ces négociations était vraiment du bois
affecté par la tordeuse, et il a accepté de travailler
conjointement avec le ministère et aussi avec l'industrie, ce qui est
une première. Une espèce de comité tripartite est en train
de faire, sur le terrain même, un peu comme on fait des
vérifications "spot" sur des inventaires dans des entreprises, est en
train de faire une vérification sur le terrain de l'ensemble des
chiffres qui ont été avancés tant par la
fédération, tant par l'industrie d'un façon
générale que par notre propre ministère.
Si vous voulez avoir mon impression sur le seuil qu'on pourrait
atteindre, je pense que ce serait malhonnête de ma part que de donner
l'assurance que nous réussirons à placer 400 000 cordes. Quand le
député de Beauce-Sud me parle de la loi Bona, ce n'est pas le
meilleur coup du Parti libéral, cette loi, d'autant plus qu'elle n'a
jamais été utilisée et elle n'a jamais été
testée non plus.
M. Mathieu: Vous pouvez la modifier, si elle ne fait pas votre
affaire.
M. Duhaime: Ah! On peut la modifier, on peut l'abroger, on peut
en faire une autre.
M. Mathieu: Oui, mais...
M. Duhaime: Mais je n'arrive pas à réconcilier
cette attitude un peu dictatoriale du député de Beauce-Sud qui
semblerait dire à l'industrie: Vous allez prendre 400 000 cordes de
bois, je les répartis de la façon suivante: un, deux, trois,
quatre, etc. Si vous ne les prenez pas, je vais vous passer dans le tordeur de
la loi no 41; ce qui
consisterait à dire que la crise économique existe pour
tout le monde, sauf pour les producteurs qui ont un problème de tordeuse
dans leur forêt privée. Je pense qu'il faut faire la part des
choses et le député de Beauce-Sud comprend cela, j'en suis
convaincu. Je dis essentiellement ceci: Nous sommes en crise économique
et, malgré cela, le niveau de bois affecté par la tordeuse qui
est actuellement négocié est supérieur à la moyenne
des cinq dernières années. On en est presque au niveau de 1981.
Il n'y a pas grand risque à vous dire que nous dépasserons
très probablement le niveau de 1981, c'est-à-dire que nous sommes
actuellement à 3 365 000 mètres cubes apparents et, en 1981, nous
étions à 3 750 000 mètres cubes apparents.
Je vais dire tout de suite au député de Beauce-Sud que si,
au cours des discussions -je ne veux pas avancer que je vais faire des menaces
ou des représailles, le prochain orateur va me le reprocher, je ne veux
pas faire de menaces, je ne veux pas faire de représailles - je
rencontre de la mauvaise foi dans ces négociations, il y a d'autres
moyens que la loi no 41 pour régler le problème. On peut
très bien tenter non pas de faire des menaces, mais, essentiellement,
à partir de dossiers bien préparés, faire la
démonstration à un industriel, par exemple, qu'il pourrait
absorber davantage sur ses propres inventaires sans compromettre le fonds de
roulement de son entreprise, etc. Mais ce sont des discussions qui ont cours,
il n'appartient pas au ministre de l'Énergie de dire à la CIP,
à la Consolidated, à la QNS ou à n'importe quel autre
comment ils vont faire tourner leurs usines. Ce n'est pas notre approche, comme
gouvernement, de nous ingérer dans la gestion des entreprises.
Ceci étant dit, nous avons un problème, j'en conviens. Ce
que nous allons faire, c'est nous assurer que s'il y a du bois qui peut
attendre une année sans qu'il ne soit une perte sèche, je
trouverais raisonnable qu'en période de crise ce bois-là attende.
Ce que j'ai demandé à mes équipes, au ministère,
c'est de faire les ponts avec la fédération des producteurs, avec
l'industrie et je les remercie des deux côtés d'avoir
accepté cette proposition-là. Â l'heure où on en
discute, ici en commission parlementaire, ce groupe de travail tripartite
collabore ensemble sur le terrain et fait les vérifications.
Est-ce que les chiffres seront modifiés lorsqu'ils seront de
retour? Je ne le sais pas; peut-être que ce seront exactement les
mêmes chiffres, mais j'ai eu l'impression que, de part et d'autre, on
s'acheminait vers une réconciliation dans le sens suivant. L'industrie
serait peut-être prête à acheter davantage, pour autant que
les prix sont là, bien sûr. Du côté de la
fédération des producteurs, il m'est apparu, en tout cas
d'après les rapports que j'ai eus de mes gens, qu'ils comprenaient eux
aussi que l'industrie ne pouvait pas faire de miracle, dans un dossier comme
celui-là, dans le contexte de la crise économique que nous
traversons. Alors, on en est là, M. le Président.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Le ministre semble faire preuve d'un certain
agacement du fait que je reviens sur ce dossier. Je ne viens pas ici pour
harceler ou blâmer le ministre, je voudrais participer à trouver
une solution. Quand je dis "participer", je le dis bien modestement, parce que
je n'ai pas les armes qu'il a en main ni les instruments nécessaires,
mais je suis certain que je véhicule la pensée de la plupart de
ses collègues du côté ministériel. Je vois le
député de Montmagny-L'Islet, je suis certain qu'il est souvent
préoccupé par ce même problème; le
député de Matapédia et d'autres aussi. Le ministre cite
les statistiques, ça ne règle pas le cas des producteurs qui sont
pris avec 100, 200 cordes de bois en perdition dans leur cour.
J'ai ici un article du journal Le Soleil, en date du 15 décembre
1981, intitulé: "Le bois affecté par la tordeuse de bourgeons
sera récupéré en 1982." Cela va bien, avoir de bons titres
dans les journaux. Je cite: "Le ministre québécois de
l'Énergie et des Ressources, M. Yves Duhaime, sera en mesure d'annoncer
au tout début de 1982 un programme permettant la
récupération quasi complète et la mise en marché du
bois affecté par l'épidémie de la tordeuse des bourgeons
de l'épinette. Dans une lettre adressée à M. Jacques
Veilleux, président du Syndicat des producteurs de bois de la Beauce,
c'est ce que laisse entendre M. Luc Roy, directeur du cabinet, etc."
Alors, tous les voeux pieux dont vient de faire état le ministre,
les statistiques, ça ne règle pas le cas. Là, il semble
nous dire que le bois de la forêt privée va attendre. Moi, je ne
suis pas satisfait de cette réponse; l'ensemble des producteurs de bois
affectés, ce sont de petites gens qui ne sont pas riches, qui ont besoin
d'un revenu d'appoint et qui ont besoin également de conserver leur
patrimoine. Leur terre à bois, c'est leur fonds de retraite, ni plus ni
moins. Vous, M. le Président, vous n'aimeriez peut-être pas cela
que quelqu'un tripote votre fonds de retraite, mais là il arrive un cas
de force majeure (12 heures)
Le Président (M. Laplante):
Malheureusement il faut le faire, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si vous êtes consentant, c'est
déjà "moins pire". Je peux vous dire, M. le Président, que
le vâtre est beaucoup plus généreux sans doute que celui de
nos producteurs de bois de la forêt privée. Si vous êtes
consentant, c'est déjà "moins pire".
Le Président (M. Laplante): On le fera dans le vôtre
aussi.
M. Mathieu: J'aimerais avoir de meilleures assurances du
ministre. Lorsque j'ai vu, au mois de décembre, dans le journal Le
Soleil que le bois serait récupéré en 1982, j'ai
été le premier à me réjouir, mais ce que je dois
constater et déplorer, c'est que, depuis au moins un an, même
plus, l'ancien ministre, M. Bérubé, possédait toutes les
informations nécessaires, et nous en sommes encore au même point.
Or on commence à gronder dans le champ. Je ne sais pas si le ministre
est au courant, je crois qu'il est invité, samedi, à une
manifestation dans la région de Rimouski. Ses collègues sont
également invités. Cela commence à gronder dans le champ.
On ne peut pas laisser les producteurs perdre ce bois. Le ministre nous fait
part qu'il y aurait peut-être une possibilité de régler le
problème, s'il détectait que les compagnies étaient de
mauvaise foi. J'aimerais qu'il nous explique davantage quel serait cette arme
dont il pourrait disposer.
M. Duhaime: D'abord, M. le Président, en politique, on vit
parfois des déceptions. La manchette de décembre 1981 que vous
évoquez me fait dire aujourd'hui que je suis déçu pour la
raison suivante. C'est que j'aurais souhaité que la situation
économique fasse en sorte que nos usines à papier tournent
à 100% et même comme à certaine période que nous
avons connue il y a deux ans, dans ma région en tout cas, dans la
Mauricie, à 105% de leur capacité de production. Quand nous avons
évoqué cette hypothèse de régler le problème
d'une façon finale, du moins, on espérait le faire sur un
étalement de cinq ans. Nous travaillons sur ce programme, et on doit
l'ajuster en cours de route pour tenir compte de la conjoncture
économique.
Si, cet après-midi, on m'annonçait que les usines de
pâtes et papiers journal tournent à 100% et plus de leur
capacité de production et que les scieries retrouvent une
activité normale, j'en prends l'engagement tout de suite, je serais
capable de régler le problème très rapidement, mais la
situation n'est pas isolée et on ne peut pas la sortir de l'ensemble de
son contexte.
Il y aurait peut-être une chose, M. le Président, qu'il
faudrait ajouter aux propos du député de Beauce-Sud. Les
producteurs de bois sur les boisés privés, pour la plupart, ont
une autre occupation, et couper du bois sur leur boisé privé
constitue pour eux un revenu d'appoint; un revenu important pour eux, mais un
revenu d'appoint. Quant à prendre une décision, tel que le
suggère le député de Beauce-Sud, sans le dire
nommément, qui consisterait à imposer des quotas aux compagnies
d'exploitation forestière et de leur dire, en quelque sorte: Vous allez
réduire vos coupes dans la forêt publique et vous allez acheter du
bois affecté par la tordeuse, cela aurait comme conséquence
d'entraîner des mises à pied de travailleurs forestiers qui n'ont,
comme seul gagne-pain, que leur salaire comme travailleurs en forêt.
Je pense qu'il faut faire la part des choses. Quand le
député de Beauce-Sud nous dit qu'il y a des producteurs qui sont
pris avec du bois dans leur cour, cela peut être vrai pour quelques-uns,
mais, pour l'ensemble, ce n'est pas exact, parce qu'il y à peine 50% de
ce bois qui est coupé actuellement.
J'ai été invité à Rimouski, en fin de
semaine. Malheureusement, je ne pourrai pas m'y rendre, mais j'ai l'assurance
que tous mes collègues de tous les comtés de Québec-Sud
jusqu'en Gaspésie seront présents à cette réunion
qui, soit dit en passant, ne m'apparaît pas être une manifestation,
mais beaucoup plus un lieu de rencontre et d'échange entre mes
collègues ministériels et les dirigeants des
fédérations impliquées. Je suis très heureux de
constater que le député de Beauce-Sud est d'accord avec nous au
moins pour constater que nous faisons un effort loyal pour tenter de
régler le problème.
Quand j'ai dit tout à l'heure que je me posais la question
à savoir comment on allait faire pour évaluer si une compagnie
était de bonne foi ou de mauvaise foi, je vais prendre un cas
très simple. Si une compagnie nous dit: Nous, on ne veut rien savoir du
bois de tordeuse, qu'elle a des besoins en approvisionnement et que ses
inventaires lui permettraient d'en absorber sans pour autant mettre en
difficulté les activités normales de cette compagnie. Ce que j'ai
dit aux compagnies, c'est de faire un effort pour aider ces gens et que, si
elles ne voulaient pas que le gouvernement soit obligé de
légiférer, parce qu'il faudrait légiférer, je
pense, de ne pas courir après. Le message est très clair; je n'ai
fait de menace à personne, je n'ai fait de reproche à personne
non plus, je ne mets en cause la bonne foi de personne dans ce dossier. Au
contraire, j'ai l'impression qu'on avance, et à un point tel qu'on a une
meilleure performance cette année que pour la moyenne des cinq
dernières années, qu'on devrait dépasser les allocations
négociées de 1981, et c'est déjà pas mal dans un
contexte de crise économique; j'aime mieux attendre et voir comment le
dossier va se dérouler avant de dire ce que nous pourrions faire sur
le plan législatif pour régler le problème.
M. Mathieu: Avant de poser ma dernière question, parce que
je ne veux pas allonger ce débat, M. le Président, j'aimerais
dire au ministre que le fait d'absorber le bois actuellement en perdition
aurait comme conséquence de diminuer d'environ 4% le droit de coupe aux
compagnies, d'après mes informations.
M. Duhaime: À la grandeur du Québec. M. Mathieu:
D'après mes informations. M. Duhaime: Oui, oui.
M. Mathieu: Et les syndicats ont préparé des
programmes de rechange, c'est-à-dire que, s'il y a des travailleurs
forestiers qui pourraient être affectés, il va y avoir en
région des programmes de rechange, parce qu'il faut que cette
forêt soit aménagée, il faut qu'elle soit plantée,
tout cela. Je n'élabore pas ma pensée là-dessus, mais
l'autre point que je voudrais mentionner au ministre, je l'ai mentionné
à quelques reprises à l'Assemblée, c'est le fait qu'il y a
du bois affecté par la tordeuse, du bois en provenance des
États-Unis, qui est acheminé au Québec en billots,
soi-disant en bois de sciage et, une fois rendu dans nos installations, au lieu
d'en faire du bois de sciage, on le transforme en copeaux, et de là, on
le transporte à nos usines de pâtes et papiers.
Il semblerait que cela ne représente peut-être pas le
montant dont on pourrait disposer, 470 000 cordes pour l'année
présente, mais un assez bon montant. Je voudrais savoir si le ministre
est au courant de cela, s'il est conscient du problême; sinon, il
pourrait faire enquête, et, si oui, qu'est-ce qu'il entend faire pour
régler ce cas?
M. Duhaime: J'ai donné des éléments de
réponse à l'Assemblée nationale l'autre jour à la
question du député de Beauce-Sud. C'est entendu qu'il y a
toujours eu un trafic nord-sud entre les entreprises. Vous allez convenir avec
moi que, si une ou deux entreprises ont obtenu des droits de coupe dans les
forêts du Maine ou d'ailleurs, à moins d'engager une escouade de
détectives pour faire le tour et puis contrôler le trafic sur les
routes dans cette région du Québec, c'est très difficile
d'avoir une idée des quantités.
Ce que j'en sais, grâce à mes informateurs dans mon
administration, c'est que ce bois qui entre des États-Unis, et je n'ai
aucune idée des volumes, et j'ai l'impression que c'est très
faible, entre en billots pour les usines de sciage et qu'ensuite les copeaux
vont à l'industrie. Je crois que c'est le cas de Kruger auquel vous vous
référez en particulier. J'ai demandé davantage
d'information pour compléter la réponse que je faisais l'autre
jour, je ne les ai pas de façon précise et je crains bien de ne
jamais les avoir, mais je pense que cela a très peu d'impact sur le
problème que nous avons.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre semble dire que
ce sont seulement les copeaux provenant du résidu du sciage qui nous
sont acheminés. Ce n'est pas cela. Les billots au lieu d'être
sciés, sont transformés en copeaux, en entier, et de là
acheminés dans la Mauricie à vos usines de pâtes et papiers
et viennent prendre la place du bois de la forêt privée de nos
petits producteurs. Si le ministre n'est pas au courant, j'aimerais qu'il se
penche sur ce problème, qu'il fasse faire une enquête
spéciale, il a sûrement de très bons officiers qui
l'entourent et qui seraient capables de cerner ce problème pour que l'on
puisse avoir une idée juste de la quantité de bois que cela peut
représenter.
Je serais déjà rassuré si le ministre me disait
qu'il entend mettre l'accent sur ce problème, faire une enquête et
voir ce que cela peut représenter comme quantité: il pourrait
ensuite nous dire également s'il entend prendre des mesures.
M. Duhaime: Je suis bien prêt à demander toutes les
informations et même à communiquer directement avec la direction
des compagnies, si le député de Beauce-Sud veut me les indiquer,
pas nécessairement ici en commission parlementaire. Je pense aussi qu'on
pourrait essayer de cerner davantage, pour connaître les
quantités, mais ce que je vous dis, les informations que nous avons
actuellement, c'est que le bois entre en billots. Il est passé au sciage
et les copeaux iraient aux usines. Qu'il y ait des quantités,
maintenant, qui entrent au Québec directement en copeaux, c'est cela qui
est votre préoccupation?
M. Mathieu: Ce n'est pas cela: qui entre au Québec en
billots. Une fois entré en billots, au lieu d'être scié, il
est transformé en copeaux. Il n'est pas scié; ce n'est pas juste
le résidu de bran de scie qui est expédié, c'est tout le
bois. Je voudrais être bien clair là-dessus. Alors, je ne veux pas
être plus long, je vous remercie de votre collaboration. Je suis
déçu qu'il semble bien que samedi, le ministre ou ses
préposés n'auront pas de bonnes nouvelles à annoncer aux
gens de Rimouski, comme on n'a pas de bonnes nouvelles pour les gens de la
Beauce et les petits producteurs affectés par ce problème, parce
que le ministre est rempli de bonnes intentions. Je ne doute pas de sa
sincérité; ça, M. le Président, c'est la chose
que je n'ai jamais mise en doute. Mais, seulement, quand on voit des
articles de journaux où il est fait mention que le problème
serait réglé en 1982 et qu'on "'aperçoit qu'au lieu
d'être réglé, il va être empiré... Le
ministre, la fédération ou les syndicats ont beau en placer plus,
de ce bois-là auprès des compagnies, à cause du fait qu'il
doit être récupéré avant d'être une perte
totale, ça amène encore un plus gros surplus que ce qui est
négocié avec les bureaux.
M. Duhaime: Vous permettez, M. le Président? On
terminerait là-dessus. Je ne veux pas donner des appréhensions de
malheur au député de Beauce-Sud, mais si on se mettait tout le
monde ensemble à prier le bon Dieu pour que la tordeuse modère
son appétit, ça irait mieux. Lors de l'étude des
crédits, vous allez constater comme moi que nous ajoutons cette
année un montant de 5 300 000 $. Ceci porte l'enveloppe globale à
12 000 000 $ dans nos efforts de lutte à la tordeuse de bourgeons
d'épinettes. Et pour une raison très simple, c'est que nous
allons connaître cette année une année d'effervescence.
M. Mathieu: En forêt publique et non pas en forêt
privée.
M. Duhaime: D'accord. Mon problème, M. le
député de Beauce-Sud, je dois m'occuper de la forêt
privée et aussi, des forêts publiques. Il se coupe au
Québec 30 000 000 de mètres cubes de bois; il faut que notre
ministère s'assure que les garanties d'approvisionnement qui sont
données aux entreprises soient respectées, c'est ce que nous
faisons et il nous faut également prévoir pour l'avenir.
Quand vous me sortez un chiffre de 4%, je pense qu'il faut dire aussi
que dans certaines régions du Québec, le problème de la
tordeuse est ou bien inexistant, ou bien beaucoup moins intense que dans la
région Québec-Sud, des Appalaches jusqu'en Gaspésie. Cela
veut dire qu'une moyenne, pour tout Québec, des chiffres de la tordeuse
sur des bases comparatives ne tient pas. Il faut travailler sur des bases
comparatives régionales et non pas pour l'ensemble du Québec,
parce qu'on ne peut pas déplacer le bois sur des centaines et des
centaines de kilomètres, parce que le coût à l'usine ou au
moulin va nécessairement varier, vous le comprenez très bien.
Alors, c'est dans ce sens qu'on essaie de réconcilier nos objectifs avec
une très dure réalité économique. Je n'ai pas
encore entendu le député de Beauce-Sud nous parler des taux
d'intérêt, mais vous avez un bureau professionnel. Je ne sais pas
si votre travail comme député vous permet de travailler, mais
j'ai l'impression que des contrats d'emprunts pour des acquisitions de terrains
et des prêts hypothécaires pour des constructions de maisons de ce
temps-ci au Québec, ça ne doit pas être le plus grand
volume, dans les bureaux professionnels. Mais, il faut tenir compte de cette
réalité et on va continuer de faire l'effort. J'espère que
la rencontre de samedi à Rimouski va être positive et qu'on pourra
de notre côté voir avec la fédération et l'industrie
comment on peut accélérer les choses dans le dossier. Moi, j'ai
confiance, en tout cas, qu'on va pouvoir améliorer la situation. (12 h
15)
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais aborder un autre sujet qui touche le
reboisement qui est très important. Le ministre parlait des droits de
coupe qui doivent être assurés aux compagnies, des maladies qui
affectent la forêt. Je pense qu'on s'entend tous ici pour dire que le
reboisement est une des priorités pour assurer l'avenir du Québec
dans le domaine de la forêt. Dans Le virage technologique d'ailleurs, on
en parle justement. On dit que le programme d'action des quatre prochaines
années accorde d'abord une attention toute particulière à
la poursuite des travaux d'aménagement des forêts publique et
privée.
Plus loin, dans la section qui traite justement des travaux
prévus en forêt publique et privée, on dit, pour les
travaux prévus en forêt publique et privée, on mentionne
que l'un des objectifs principaux serait la mise en terre de 100 000 000 de
plants par année à partir de 1985. D'ailleurs, je crois que le
ministre en avait parlé à Trois-Rivières. Dans le
Nouvelliste du jeudi 5 novembre, on fait allusion au fait que M. Duhaime
projette 100 000 000 de plants d'arbres pour le Québec.
Malheureusement, au programme 2, dont le ministre nous a fait remettre
certains détails, on dit à l'élément reboisement
qu'on prévoit produire seulement 41 000 000 de plants pour une
augmentation de 3 000 000 comparativement à 1981-1982. Ce qui signifie -
on parle de production, bien sûr - que, si ce rythme était
maintenu durant les prochaines années, on atteindrait l'objectif des 100
000 000 de plants en 1994. Comme l'industrie forestière réclame
à grands cris une action du ministre de ce côté, je crois
qu'il y a eu plusieurs interventions... J'ai un article ici du Devoir, du mardi
23 mars, où on demande des ententes sur le reboisement, où on se
plaint du fait que les gouvernements d'une façon générale,
et plus précisément le Québec, n'investissent pas assez
dans le reboisement pour assurer notre avenir, l'avenir de la forêt.
J'aimerais savoir si le ministre va poser des gestes budgétaires
qui correspondent à
ses intentions. Parce qu'autrement cela va être uniquement de
belles déclarations, que ce soit dans Le virage technologique ou dans
les rencontres qu'il a avec les commettants de son comté. Il ne semble
pas que les objectifs qu'il s'est tracés vont être atteints par
les progressions budgétaires qui sont inscrites dans le livre des
crédits.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais dire que nous
allons consacrer cette année à l'amélioration et à
la protection du potentiel forestier ainsi qu'à son accès un
montant global de 47 000 000 $, ce qui est une augmentation de 17,5% sur
l'effort budgétaire de 1981-1982; je parle des forêts
privée et publique.
Le programme d'aménagement intensif qui a débuté
permet déjà l'ensencement de 16 000 hectares sur une base
annuelle. Dès 1985, notre objectif pour le reboisement est de 90 000 000
de plants dont 50 000 000 dans la forêt publique et autour de 40 000 000
dans la forêt privée. Ces chiffres, bien sûr, peuvent
évoluer. Personnellement, mon objectif est d'atteindre 100 000 000. Je
ferai remarquer au député d'Outremont qu'il se fait ce que
j'appellerais une espèce de transfert de l'effort en
déplaçant de la forêt publique vers la forêt
privée l'impact de notre budget. Par exemple, les plantations en 1980
dans la forêt privée, 20 000 000 de plants; en 1981, 23 000 000 de
plants; en 1982, 26 000 000 de plants. Forêt publique: en 1980, 10 000
000 de plants; en 1981, 14 000 000 de plants; en 1982, 20 000 000 de plants. De
sorte que cela se répartit comme objectif à peu près
moitié-moitié. Si nous pouvions atteindre cet objectif, il est
bien certain que ce qui est évoqué parfois par l'industrie qui
s'appelle la rupture des stocks, il n'y a pas grand risque que l'on connaisse
une pareille situation si nous prenons les précautions tout de
suite.
Je voudrais rappeler aussi qu'en 1982-1983, 46 000 000 de plants seront
mis en terre, 26 000 000 en forêt privée et 20 000 000 en
forêt publique.
En 1983-84, pour le prochain exercice, le total serait de 61 000 000,
dont 35 000 000 de plants pour la forêt privée.
Cette année, nous pensons que nos pépinières, qui
relèvent du ministère de l'Energie et des Ressources, devraient
produire 41 000 000 de plants. Le reste de nos besoins, à peu
près 5 000 000 de plants, sera comblé par des achats que nous
effectuons chez d'autres producteurs.
En plus des 26 000 000 de plants qui seront distribués en
1982-1983 aux propriétaires de boisés privés, qu'ils
soient regroupés ou non, le ministère continuera sa politique
suivant laquelle la plus grande partie des sommes octroyées en vertu du
programme d'aide à la forêt privée, qui cette année
est porté à 15 000 000 $, est gérée par les
organismes de gestion en commun, c'est-à-dire les syndicats et leur
office de producteurs.
Je pense qu'avec des objectifs comme ceux-là, nous sommes en
mesure de fournir les garanties d'approvisionnement envers l'ensemble de
l'industrie, et nous sommes aussi en mesure d'obtenir le million de cunits
additionnels requis dans le cadre du programme de relance et de modernisation
qui s'applique au secteur des pâtes et papiers.
Il est bien sûr que ce que l'industrie voudrait, et je pense que
le député d'Outremont fait écho aux coupures de presse,
dans ce sens-là... On a eu récemment une discussion avec
l'exécutif - j'appellerais plutôt cela un exécutif
élargi - de l'AIFQ, l'Association des industries forestières du
Québec. On en a parlé et je pense que nous pourrons faire face
à l'échéance qui a été établie avec
eux, en cours d'année, pour régler la question des contrats
d'approvisionnement. Votre préoccupation, qui est aussi la mienne, va
dans le sens de se poser la question suivante: Est-ce que cet immense jardin du
Québec est en mesure de faire face à l'avenir? Ma réponse
est oui, et sur un scénario prévisible à l'horizon de
1985-1986. Je ne pense pas qu'il nous faille envisager une catastrophe
appréhendée qui pourrait être une rupture de stock.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
l'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Pour faire suite à ce que vous avez dit, M.
le ministre, on mentionne, dans un document, qu'on est obligé d'acheter
cette année encore 1 000 000 de plants de provinces voisines. Dans les 5
000 000 de plants qui vous manquent, on dit 4 000 000 de plants des entreprises
privées; provinces voisines, 1 000 000 de plants. Est-ce à dire
qu'on n'est pas capable de produire suffisamment au Québec? Quel et le
problème qui nous amène à acheter des plants à
l'extérieur?
M. Duhaime: II y a un problème de choix des espèces
et de localisation comme telle. Nous avons des ententes avec des producteurs du
Nouveau-Brunswick seulement. Avec l'Ontario, les discussions n'ont pas
donné de résultat. Nous achèterons du Nouveau-Brunswick,
cette année, un peu moins de 1 000 000 de plants.
M. Fortier: Cela représente combien d'argent, à peu
près?
M. Duhaime: Combien d'argent? M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: Cela peut représenter à peu près
100 000 $.
M. Fortier: Toujours sur la question d'assurer la
continuité de la forêt, le ministre semble optimiste quoique, dans
Le virage technologique, on parle bien de 100 000 000 de plants en 1985, en
plus de l'ensemencement. Je pense que les cris d'alarme qui ont
été lancés étaient à savoir que les droits
de coupe dépassaient de beaucoup la capacité de formation de la
forêt. D'ailleurs, j'ai ici quelques coupures de journaux. L'Ordre des
ingénieurs forestiers du Québec, qui parlait du Nord-Ouest en
particulier, disait: II n'y a pas une seconde à perdre et la
volonté du ministère de l'Énergie de traiter 12 000
hectares par an d'ici 1983 ne parviendra pas à endiguer l'actuelle
liquidation des stocks forestiers en regard des besoins futurs.
À un autre endroit, on dit: Le ministère de
l'Énergie et des Ressources a garanti aux entreprises forestières
du Nord-Ouest 6 792 000 mètres cubes de matière ligneuse par an,
alors que son service des plans d'aménagement évalue à 4
743 000 mètres cubes la reproductibilité annuelle des massifs de
la région. Alors, est-ce que, d'un côté, le
ministère donne des droits de coupe pour assurer la modernisation ou la
continuité de l'industrie tandis que, par ailleurs, la formation de la
forêt ou les efforts qui sont faits pour reboiser la forêt ne sont
pas aussi importants qu'ils devraient l'être, même si cette
année on a investi un 17,5%? Mais, en termes d'unités de plant,
le pourcentage est beaucoup moindre et j'imagine qu'il doit y avoir des
augmentations.
Il reste qu'à long terme il y a lieu de s'inquiéter. Je me
demande si les efforts qui sont consacrés à cet
élément retiennent l'attention du ministre, en vue de mettre au
point une politique beaucoup plus agressive que celle mise de l'avant
présentement.
M. Duhaime: Pour apporter une précision à ce que je
disais tantôt, si mon souvenir est bon, j'ai mentionné qu'on
coupait 30 000 000 de mètres cubes. Je vais corriger cette affirmation.
Les garanties d'approvisionnement sont de l'ordre de 30 000 000 de
mètres cubes, plus précisément, près de 31 000 000
de mètres cubes. Or, l'industrie, dans son ensemble, à son
meilleur, dans les années récentes, a coupé 28 000 000 de
mètres cubes et, en 1981, elle a coupé moins de 24 000 000 de
mètres cubes. La différence entre la coupe réelle et la
garantie d'approvisionnement, si vous faites la marge entre les 24 000 000 de
mètres cubes effectivement coupés et les 30 000 000 ou 31 000 000
de garantie d'approvisionnement, cela donne une marge de sécurité
énorme.
M. Fortier: Quelle en est la raison? Est-ce que l'industrie va
où les boisés sont les plus accessibles et il laisse de
côté certains boisés? Cela expliquerait la
différence entre ces statistiques.
M. Duhaime: Non, très souvent, les industriels qui
viennent au ministère négocier un droit de coupe font des
scénarios optimistes sur leur propre performance comme entreprise. Quand
le ralentissement économique arrive, il arrive pour tout le monde. Ce
que je voudrais préciser au député d'Outremont, c'est que
notre effort de reboisement n'est pas fait en fonction de la coupe
réelle, mais en fonction des garanties d'approvisionnement.
On a une marge très sécuritaire à l'heure actuelle
et on croit honnêtement que le programme qui est en cours pourrait de
façon certaine nous donner 90 000 000 de plants en 1985-1986. Si on
pouvait aller à 100 000 000, ce serait encore mieux, mais je pense que
la question va plus loin. Ce serait le scénario à production
constante, tant dans le sciage que dans l'industrie des pâtes et papiers,
mais, si on faisait un scénario de développement de l'industrie
en allant plus loin que le programme d'accélération et de
modernisation des pâtes et papiers et que le ministère voulait
appuyer l'effort des entreprises dans le secteur du papier journal,
principalement, qui déciderait d'augmenter sa capacité de
production pour augmenter le niveau d'exportation sur le marché mondial
et, en conséquence, augmenter la part relative du Québec à
l'échelle du monde entier, il est évident qu'à ce
moment-là, le ministère va être obligé de mettre en
place de nouveaux scénarios de reboisement et d'aménagement qui
iraient dans le sens d'une accélération. (12 h 30)
Au niveau actuel des capacités de production qui existent, tant
dans le sciage que dans le secteur des pâtes et papiers, et avec les
marges de sécurité que nous avons sur les approvisionnements...
Je parle sur une base de moyenne, d'ensemble; il est entendu que dans certaines
régions, l'on peut vivre des situations de rupture de stock. C'est
particulièrement le cas dans l'Abitibi où l'on est sur un point
d'équilibre dangereux. Pour l'ensemble du Québec, je pense qu'on
a des marges de sécurité suffisantes pour être en mesure de
vous donner l'assurance que l'effort qui est fait actuellement est suffisant
pour remplir les obligations que nous avons envers l'industrie.
M. Fortier: En fait, un de vos fonctionnaires, je pense que c'est
M. Jean-Claude Simard, faisait une déclaration ici, disant: II faut
remettre en question l'exploitation de la forêt dans le Saguenay et le
Lac Saint-Jean. M. Jean-Claude Simard
est l'adjoint au directeur régional du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: Pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. Fortier: Oui. Il lançait un cri d'alarme en disant
qu'on en coupe davantage que ce qui est produit. Vous disiez que c'était
juste l'Abitibi, mais il semblerait que ce soit le Lac Saint-Jean
également. Ce que vous dites, M. le ministre, dans le fond, c'est que,
pour les industries qui existent, le marché étant à la
baisse présentement, on peut s'en tirer. Quand l'activité
économique va reprendre aux États-Unis et au Canada, on pourrait
continuer pendant un certain temps, mais ce que vous dites, c'est qu'il y a une
limite au développement de l'industrie; il y a une limite. C'est l'une
de nos principales richesses traditionnellement. Si l'on se compare à
nos voisins, est-ce qu'on est dans une situation pire? Je pense bien qu'en
Colombie britannique on se trouve dans une situation beaucoup plus favorable
que nous. Leurs marchés ne sont peut-être pas exactement les
nôtres, quoique, me dit-on, maintenant il y ait certains bois qui
viennent de Colombie britannique. Si l'on se compare au sud des
États-Unis, qui est notre marché le plus important, est-ce que
réellement on est défavorisé? Est-ce que l'effort des
Américains dans le sud des États-Unis est beaucoup plus grand que
le nôtre? Autrement dit, si l'on regarde cela à moyen terme ou
à long terme, est-ce que réellement on a raison de
s'inquiéter? Est-ce que la situation est assez dramatique? Quand
même, on devrait espérer que non seulement on puisse maintenir les
industries telles qu'elles existent, mais qu'on puisse aussi les
développer. Les marchés vont se développer. On va utiliser
le bois de plus en plus. Pour les pâtes à papier, sûrement
que la demande va aller en s'accroissant, pour le bois de sciage
également. Je pense bien qu'une question qui est très importante
- parce qu'on parle du virage technologique et tout cela, on parle d'assurer
notre avenir économique - est de savoir si le Québec est en voie
de perdre une prépondérance qu'il avait depuis plusieurs
années. Autrement dit, est-ce qu'on fait les efforts voulus pour
s'assurer que la forêt demeure une source de développement
économique à long terme, comparé à nos voisins,
comparé à nos compétiteurs?
M. Duhaime: Je pourrais peut-être donner quelques chiffres
pour tenter de répondre à la question du député
d'Outremont. Je pense que c'est avec raison qu'on souligne que la forêt
est l'un des maillons vitaux de l'économie du Québec. J'ai vu
dans un document que j'ai ici le nombre d'emplois, selon une évaluation
qui mériterait une correction. L'industrie forestière au
Québec génère 250 000 emplois directs, une masse salariale
de 1 300 000 000 $ et assure le gagne-pain d'une personne sur sept. La valeur
totale des livraisons, pour tout le secteur industriel du bois et du papier,
représente 13,5% de la valeur de la production totale de l'industrie
manufacturière du Québec. L'industrie compte 60 usines de
pâtes et papiers et 1200 usines de transformation. La valeur de la
production de l'industrie des pâtes et papiers et du sciage atteint
près de 5 000 000 000 $ et 2 400 000 000 $ au poste des exportations. On
peut dire que le Québec est la première région productrice
de pâtes et papiers au Canada. Près de 50% du total de la
production canadienne sont fournis par Québec, et le Québec est
encore aujourd'hui le plus grand producteur mondial de papier journal et
pendant que j'ai le prêche, je vais en profiter pour passer mon petit
commercial en précisant que, la vallée du Saint-Maurice, la
Mauricie, est encore la première région productrice de papier
journal sur cette planète et que le programme de relance et de
modernisation se déroule actuellement va générer des
investissements dans 36 usines de papier journal pour 2 500 000 000 $ dont le
tiers est investi dans les papeteries à papier de la vallée du
Saint-Maurice, à peu près 800 000 000 $, pardon!
Une voix: Une chance que vous avez les copeaux!
M. Duhaime: En aucune manière, il n'y a de mines chez
nous. On n'a pas les sièges sociaux, on remercie l'Abitibi de nous
fournir un peu de copeaux. Je dois dire qu'à peu près 30% des
investissements prévus par le programme de relance, soit à peu
près 750 000 000 $ sont déjà réalisés et que
notre gouvernement a déjà versé 30 000 000 $ sur les 240
000 000 $ prévus à ce programme à frais partagés,
le fédéral contribuant pour 135 000 000 $ et le gouvernement du
Québec pour 105 000 000 $.
Pour l'exercice 1982-1983, nous prévoyons dépenser encore
19 000 000 $ dans la réalisation de ce programme et si la conjoncture
économique est favorable, sur 1982-1983, le total des investissements
pour l'industrie va être de 464 000 000 $.
Ceci étant dit, il est entendu que ces chiffres peuvent sembler
indiquer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, nous sommes
conscients que nous avons de très puissants concurrents au Sud des
États-Unis là où la forêt a un temps de repousse
beaucoup plus court qu'ici, c'est un avantage, la masse salariale y est aussi
beaucoup plus faible, ce sont des avantages positifs; par contre, il y a aussi
des
avantages négatifs. Dans la gestion des forêts, l'immense
avantage du Québec, c'est cette étendue de forêt publique
que nous pouvons gérer comme gouvernement. Aux États-Unis,
lorsque les entreprises du secteur du papier journal veulent prendre une
expansion quelconque, elles doivent se porter acquéreur et passer des
contrats avec des propriétaires privés puisque la forêt
publique comme telle n'existe à peu près pas au sud des
États-Unis.
Le fait que nous ayons engagé le programme de relance et de
modernisation a sans aucun doute influencé toutes les décisions
d'investir dans de nouvelles capacités de production au sud des
États-Unis. J'ai eu par exemple, l'occasion, hier après-midi, de
rencontrer un groupe qui représente 17 ou 18 pays du monde dans le
secteur du papier journal et qui tient justement un congrès à
Trois-Rivières ces jours-ci. J'ai pu parler avec eux et ils trouvent,
cela vient de la bouche de leur président, que nous faisons un effort
incroyable de relance et de modernisation en particulier dans le secteur du
papier journal. Je l'ai indiqué brièvement hier pour ce qui est
de l'industrie du sciage, j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec et
d'évoquer avec eux une problématique où nous pourrions
tenter un effort conjoint sur les marchés internationaux en vue
d'assurer de nouveaux débouchés à l'industrie du sciage
sur des bases à plus long terme. C'est entendu qu'il nous faut rester
vigilants, il faut surtout nous assurer que nos prix vont rester concurrentiels
sur les marchés mondiaux. Nous avons, bien sûr, dans certains
coins du Québec des problèmes de coûts d'approvisionnement.
C'est le cas de la compagnie Kruger, par exemple. C'est le cas du
problème de la relance de ITT de Port-Cartier mais, si vous me demandez
une évaluation d'ensemble, je dirais que l'industrie de la forêt
au Québec reste encore aujourd'hui, à l'échelle du monde,
hautement concurrentielle. Avec les incitations du programme de relance qui se
déroule actuellement, l'effort que nous faisons non seulement dans le
reboisement, mais aussi dans la conservation des forêts par les
équipements et les effectifs de lutte contre les incendies que nous
avons, les programmes d'ensemencement pour combattre la tordeuse et l'effort
d'aménagement forestier que nous faisons, j'ai l'impression qu'on est en
excellente situation actuellement. Mais il faudra rester vigilants pour
l'avenir, parce que la concurrence est très dure. Elle nous vient aussi
de pays qui sont ce que j'appellerais les derniers arrivés sur le
marché international, les pays en voie de développement qui sont
très souvent des pays de ressources en forêt et qui veulent aussi
s'industrialiser et se développer. C'est un élément de
plus au dossier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Mes questions
seraient dans le domaine de la voirie forestière. En premier lieu, on
voit qu'essentiellement il y a une légère diminution dans le
budget total. Une question d'ordre général: Lorsqu'on parle de
construction et d'amélioration des chemins et des ponts, est-ce que
c'est le coût de construction, le coût d'exécution des
travaux ou est-ce que cela inclut aussi les honoraires pour la
préparation de plans et devis? Par exemple, 4 840 600 $ pour la
construction et l'amélioration des chemins et des ponts, est-ce le
coût de construction actuel, d'exécution de constructions,
incluant les honoraires pour la préparation des plans et devis, ou
est-ce seulement le coût d'exécution de constructions?
M. Duhaime: C'est l'ensemble de la dépense.
M. Middlemiss: L'ensemble de la dépense. Dans la partie
construction et amélioration, il semblerait que la route
Maniwaki-Témiscaming est celle qui va recevoir la majeure partie de ces
sommes. Pourrait-on savoir le montant qui sera attribué à la
route Maniwaki-Témiscaming et la partie de ce montant attribuée
au comté de Gatineau et au comté de Pontiac, si possible?
M. Duhaime: Maniwaki-Témiscaming, 1982-1983, 2 500 000 $.
On a une entente qui est signée qui se poursuit avec vos amis
d'outre-Outaouais sur la base 60-40.
M. Middlemiss: Vous dites: Nos amis de l'Outaouais.
M. Duhaime: Vos amis d'outre-Outaouais.
M. Middlemiss: De l'autre côté de la
rivière.
M. Duhaime: De l'autre côté, vers l'ouest.
M. Middlemiss: Donc, l'entente
fédérale-provinciale. Est-ce bien cela que vous dites?
M. Duhaime: Oui.
M. Middlemiss: Quel est le pourcentage de participation du
gouvernement fédéral? Le pourcentage de participation est-il de
50-50?
M. Duhaime: Non, j'ai dit tantôt 60-40.
M. Middlemiss: 60-40; ah! c'est cela. Merci.
M. Duhaime: Je peux peut-être ajouter que, cette
année, nous allons dépenser - vous retrouvez cela à
l'élément 3 du programme 4 - 22 000 000 $. Je dirais que, depuis
1979, il s'est construit 1065 kilomètres de routes, en vertu du
programme de construction à frais partagés avec des entreprises
sur, cette fois-là, une base de partage de 50-50. Nous avons
dépensé jusqu'à maintenant 30 000 000 $ pour ce seul
programme.
Nous prévoyons, d'avril 1982 à mars 1984, en allant donc
au-delà du budget en discussion, dépenser pour la forêt
publique 16 500 000 $ pour la construction de 450 kilomètres de chemin
et 24 ponts.
Sur les territoires où il existe encore des concessions
forestières, on prévoit l'amélioration de 300
kilomètres de chemins existants et la construction de quelque 320
kilomètres de nouveaux chemins, le tout occasionnant des
déboursés de 13 000 000 $. (12 h 45)
M. Middlemiss: On voit ici l'échéance de 1987.
Est-ce que cette échéance de 1987 pour la route
Maniwaki-Témiscaming va être respectée?
M. Duhaime: 1987? Oui. M. Middlemiss: Oui.
M. Duhaime: On pourrait même aller plus vite si la
conjoncture était meilleure.
M. Middlemiss: Est-ce qu'aujourd'hui l'échéancier
est le même? Même date?
M. Duhaime: Oui, 1987.
M. Middlemiss: On voit aussi le complexe forestier
lui-même, l'échéancier pour le complexe à Maniwaki.
On donne comme raison vouloir concentrer les efforts près de Maniwaki
durant l'année 1982-1983. Est-ce qu'on a un échéancier
pour le complexe forestier lui-même?
M. Duhaime: Vous parlez sans doute du projet qu'on appelle, d'un
curieux de nom -j'ai toujours trouvé cela - le Cituf, mais le projet de
Maniwaki comme tel...
M. Middlemiss: Celui dont on parle, le complexe forestier est
ici, c'est écrit.
M. Duhaime: C'est cela, c'est le Cituf. M. Middlemiss:
Dans la Haute-Gatineau.
M. Duhaime: Oui, oui. C'est le centre intégré. En
fait, on dissocie complètement ce projet de la problématique et
de l'échéancier de la construction de la route pour la raison
très simple que la route existant à l'heure actuelle permet le
démarrage du complexe forestier. Autrement dit, le démarrage du
complexe forestier n'est pas relié comme tel à la construction de
la route Maniwaki-Témiscaming. Les accès routiers sont
déjà là pour le complexe.
M. Middlemiss: Si on lit bien, on dit toutefois, contrairement
aux années antérieures, que la majorité des travaux
seraient effectués du côté de Maniwaki en vue de rendre
accessibles les peuplements qui vont alimenter le futur complexe forestier.
M. Duhaime: Pour cette année.
M. Middlemiss: Pour cette année. En d'autres mots, entre
l'échéancier du complexe forestier et la route, il y a une
certaine relation.
M. Duhaime: Oui, il y a une relation mais, avec ce que l'on fait
cette année, c'est une question qui se règle d'elle-même.
Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression que ce sont les travaux routiers
qui vont faire démarrer automatiquement le complexe forestier. Ce sont
deux choses différentes et j'espère qu'on pourra faire
démarrer ce complexe forestier dès cette année. Les
négociations sont très avancées dans ce dossier et c'est
pourquoi on a prévu des montants pour s'assurer que, du
câté des accès à la ressource, on n'ait aucune
difficulté. Les deux choses ne sont pas interreliées
directement.
Le Président (M. Laplante): M. le député
de... Est-ce que vous avez terminé?
M. Middlemiss: Si, sur les 4 800 000 $ de budget dans cette
catégorie, on a 2 500 000 $ pour la route Maniwaki-Témiscaming,
les 2 300 000 $ qui reste, à quel endroit cela va-t-il être
dépensé?
M. Duhaime: On va vous dire cela. Voulez-vous avoir les
dépenses dans votre comté ou dans ceux de vos
collègues?
M. Middlemiss: Je l'avais demandé dans ma première
question: Combien dans Pontiac, combien dans Gatineau?
M. Duhaime: Alors, dans le secteur de l'Outaouais, 2 500 000 $,
dont on parlait tout à l'heure, et par le nord-ouest, pour aller
rejoindre cette route, on va dépenser aussi 650 000 $. Si vous voulez
avoir le détail maintenant par région, je l'ai ici - Où
sont les dépenses?
Pour le reste du poste budgétaire de 4 268 000 $, il y a 60 000 $
sur la signalisation, 130 000 $ sur la route Matane-Cap-Chat, 500 000 $ dans le
canton
Meilleur. Maintenant pour l'avoir comté par comté, le long
de la route Maniwaki-Témiscaming, il faudrait qu'on engage des
bénédictins pour le retrouver mais on peut vous fournir
l'information.
M. Middlemiss: Non, si vous ne l'avez pas, ce n'est pas...
M. Duhaime: Ce n'est pas nécessaire?
M. Middlemiss: Maintenant, dans cette catégorie, est-ce
que la route qu'on appelle -dont le tracé n'est même pas encore
arrêté - Val-Paradis, Selbaie ou Villebois-Selbaie, est-ce que
c'est inclus dans ce programme?
M. Duhaime: La voirie minière dont vous parlez, c'est un
autre élément de programme qui a été discuté
hier et...
M. Middlemiss: Est-ce que ça a changé depuis 1980?
En 1980, le ministre du temps avait dit que Selbaie, Joutel c'était
certainement la voirie minière, ce n'est que la partie de Villebois,
Selbaie, qui était la voirie forestière. J'ai mis la question
dans cela, j'ai regardé le journal des Débats passé.
M. Duhaime: C'est construit, cette route, alors, le
problème ne se pose plus.
M. Middlemiss: Je ne crois pas. Si vous regardez dans votre
correspondance, vous avez reçu une demande du comité routier du
secteur Normétal, le 16 mars 1982. Le tracé n'est pas choisi. Il
y a une possibilité de trois tracés.
M. Duhaime: Écoutez, je vais vous référer au
premier élément du programme 11 sous la rubrique Voirie
minière, dans le document que vous avez en main, à la page
94.
M. Middlemiss: D'accord, je l'ai vu, mais la raison pour laquelle
je vous pose la question présentement, c'est que lorsque la même
question a été posée lors de l'étude des
crédits, le 10 avril 1980, le ministre du temps a dit: Villebois est
à l'intérieur du ministère des Terres et Forêts, la
partie Villebois-Selbaie est couverte dans le budget de la voirie
forestière.
M. Duhaime: Alors, other days other ways. Nous les avons
amenées dans la voirie minière et nous allons faire les travaux.
Nous allons dépenser plus des deux tiers du budget de la voirie
minière pour la poursuite de la construction de la route Joutel-Selbaie
sur 85 kilomètres. ' J'ai ajouté aussi que nous prenions à
nos frais l'entretien de cette route, tel qu'il l'a été
demandé par les gens du milieu.
M. Middlemiss: Oui, cela, c'est Joutel-Selbaie mais je parle moi
de Villebois-Selbaie ou bien de Val-Paradis dont le tracé n'est pas
arrêté encore.
M. Duhaime: Mais si vous regardez la carte, vous allez voir que
Villebois est entre Joutel et Selbaie.
Une voix: II l'a, sa carte. Je ne pensais pas qu'il l'avait
apportée.
Le Président (M. Laplante): Pendant que vous cherchez sur
la carte, je donne la parole au député de Robert Baldwin.
M. Middlemiss: Joutel est ici; les autres vont là.
Le Président (M. Laplante): Vu qu'il reste encore dix
minutes, si vous voulez poser des questions.
M. Duhaime: II y a un spécialiste en cartographie à
côté de vous.
M. O'Gallagher: Merci M. le Président. Moi, je voudrais
parler du programme 8.
M. Duhaime: M. Duval est là je crois. Allez-y.
M. O'Gallagher: Je voudrais faire un plaidoyer pour la
rénovation cadastrale dans le Québec. Le cadastre
québécois est dans un état lamentable, M. le ministre; il
a toujours été laissé pour compte par le ministère.
Pourtant, il constitue l'enregistrement des droits réels. On voit
aujourd'hui que le cadastre est à la base d'une foule de
règlements municipaux: la taxe foncière, le zonage agricole, la
loi 125 et tout cela. Aujourd'hui, on remarque que les ministères n'ont
jamais mis assez d'argent dans ces renouvellements de cadastres. Je cite le cas
des municipalités qui ont été obligées de
préparer des matrices graphiques. Dans la majorité des cas, elles
ont été préparées par des évaluateurs et non
pas par des arpenteurs-géomètres et on se retrouve aujourd'hui
avec beaucoup de cartes pour lesquelles les municipalités ont
payé des millions. On peut s'en servir pour la taxe foncière,
mais si on avait pris le même argent et si on l'avait utilisé, au
ministère de l'Énergie et des Ressources, au programme 8, par
exemple, on aurait eu un outil de travail qui aurait vraiment été
utile pour toute la population et non seulement pour les taxes. On parle de
lotissement sans trop savoir ce que c'est. Les notaires font du lotissement en
décrivant une partie de lot dans un acte tout simplement par une
description, et non pas en faisant référence à un
numéro de lot, c'est seulement une partie de lot. Cela se
répète d'année en
année et, acte après acte, la même description est
donnée sans avoir un numéro de lotissement et un numéro de
cadastre.
Pourquoi l'article 2168 du Code civil n'est-il pas appliqué de
façon intégral? C'est sans doute parce que le cadastre n'est plus
approprié. Il traîne la patte. Il demeure l'enfant pauvre qu'il a
toujours été. En plus, au bureau du cadastre à
Montréal, les dossiers de dépôt traînent pendant des
mois faute de personnel suffisant. Le client attend; non seulement il attend,
mais il a moins de services aujourd'hui, même si on a installé un
système d'ordinateurs. Depuis le mois dernier, on a imposé une
taxe de 25 $ sur les projets de subdivision. C'est une autre taxe
déguisée, M. le ministre. Cette taxe pénalise les
entrepreneurs en construction de bâtiments. On a beau parler de la
construction, depuis un mois, on a vu la taxe sur les matériaux
augmenter de 1%, avec le nouveau budget, et on a vu cette nouvelle imposition.
C'est un autre fardeau pour les constructeurs, en plus des 10% qu'ils doivent
payer pour les espaces verts, en plus des taxes sur les transferts de terrain
payables aux municipalités. On ajoute un autre fardeau. Je comprends que
ce n'est pas un gros fardeau. Un beau jour, on va arriver et ce sera la goutte
qui fera déborder le vase. Ceci est inacceptable.
Je voudrais savoir quand le ministère va produire une politique
vraiment articulée du cadastre qui pourra permettre au cadastre de jouer
son vrai rôle, pour lequel il a été conçu en servant
de base à l'enregistrement des droits réels.
J'aimerais savoir du ministre s'il envisage une action en profondeur en
vue d'amorcer la rénovation du cadastre, afin de le rendre apte à
jouer vraiment son rôle? Je le répète, le cadastre sera
sous peu un outil de première valeur dans l'administration et la gestion
du territoire tant public que privé au Québec.
M. Duhaime: M. le Président, je suis très heureux
d'entendre les propos de mon collègue, d'autant plus qu'il apporte aux
travaux de notre commission son expertise professionnelle
d'arpenteur-géomètre.
Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour
réitérer les voeux que j'avais l'occasion de transmettre de vive
voix à l'Association des arpenteurs-géomètres, qui
était en congrès au Château Frontenac récemment,
auquel assistait d'ailleurs notre collègue avec même un fan club
autour de lui.
M. Fortier: ... cela a mal tombé.
M. Duhaime: Effectivement, je me souviens très bien, il y
a quelques années, avoir discuté avec certains de mes
collègues je crois que c'était au comité
interministériel du développement économique - un projet
de rénovation cadastrale. Le problème n'est pas nouveau, je pense
qu'on va en convenir. Je crois que c'est depuis Honoré Mercier qu'on
hésite à aller de l'avant avec un programme de rénovation
cadastrale à cause des coûts. Si mon souvenir est exact, nous
avons décidé d'attendre et ce, sur une proposition qui venait du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Cela remonte à
il y a au moins trois ans, si mon souvenir est fidèle.
Cette approche de rénovation qui aurait vraiment
été un travail en profondeur, comme vous le souhaitez, aurait
coûté environ 45 000 000 $, qui se seraient nécessairement
répercutés sur des coûts de services. J'ai eu l'occasion
récemment de faire l'examen d'un projet qui allait dans le sens d'un
rajeunissement ou d'une rénovation du cadastre qui pourrait coûter
beaucoup moins cher. C'est plutôt cette approche que je vais continuer de
privilégier. J'en conviens avec vous, j'ai eu l'occasion moi-même
de passer certaines heures de ma vie dans des bureaux d'enregistrement et il
faut prendre son mal en patience, il faut faire beaucoup de croquis, il faut
prendre beaucoup de notes pour, après trois jours, très souvent
se rendre compte qu'il faut tout recommencer. Il est bien certain que ce seul
fait entraîne des coûts additionnels, sur le plan professionnel,
pour des contribuables. Ce dossier est en examen au ministère
présentement. (13 heures)
Je voudrais simplement vous référer au document que nous
vous avons fait transmettre pour aider nos collègues membres de cette
commission à participer aux travaux de l'étude des
crédits, au deuxième document sur l'analyse des activités
du ministère, à la page 65, en ajoutant que quant à la
réfection cadastrale, nous allons procéder en cours
d'année à la révision ou à la rénovation,
dans des cas spéciaux, de 7700 lots.
Cette révision cadastrale permet l'émission de certificats
de propriété. La rénovation cadastrale répond, bien
sûr, à des besoins urgents de régularisation, de
concordance entre les titres et l'occupation, et aussi de regroupement de
parcelles de propriétés actuellement indûment
morcelées.
J'ajoute que cette année - même si l'effort peut
paraître mince, il est quand même là - nous augmentons d'un
demi-million de dollars, vous avez ce chiffre également...
Le Président (M. Laplante): Les membres de la commission
sont-ils d'accord pour continuer jusqu'à une heure et quart?
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Duhaime: Pour l'exercice 1981-1982, ce poste de
dépenses au cadastre était de 2 133 200 $ et cette année
il est porté à 2 828 000 $ pour l'ensemble de cet
élément de programme, mais aux seules fins cadastrales, nous
ajoutons un demi-million comme effort budgétaire pour aller le plus
rapidement possible dans le sens d'une rénovation.
Pour le dossier qui est en examen actuellement au ministère, qui
irait dans le sens du voeu que vous manifestez d'une rénovation
complète du cadastre, il y a une question de coût, bien sûr.
Nous avons, il y a trois ans, rejeté la première approche qui
aurait entraîné des déboursés de l'ordre de 45 000
000 $. Nous étudions une problématique moins coûteuse. Je
conviens que ce ne sera pas parfait, mais on essaie de dépenser selon
nos moyens.
M. O'Gallagher: N'est-il pas possible, M. le ministre, de
développer ce programme-là? 45 000 000 $ ce n'est pas la mer
à boire. On dépense de l'argent pour l'Asbestos Corporation, une
industrie qui s'en va chez le diable, comme on dit. Vous ne trouvez pas que ce
serait un bon placement sur le territoire du Québec qui serait utile
à tout le monde, beaucoup plus que d'autres projets ministériels
qui ne rapportent pas autant?
Est-ce qu'il y a eu une coordination avec les Affaires municipales dans
la préparation des matrices graphiques? Le ministère des Affaires
municipales a sans doute dû subventionner les municipalités pour
les coûts de la préparation de ces plans, qui en fait est une
amorce de rénovation cadastrale. C'est au moins une compilation
cadastrale. Est-ce qu'il y a eu une coopération entre votre
ministère et le ministère des Affaires municipales dans la
préparation de ces matrices graphiques? Ne trouvez-vous pas que cela
aurait été mieux fait sous la surveillance de votre
ministère et non pas sous la surveillance des Affaires municipales? On
aurait peut-être utilisé un pourcentage des 45 000 000 $ dont vous
faites mention pour une rénovation complète de la province. Cela
aurait peut-être amélioré ce projet par un fort
pourcentage.
M. Duhaime: Je voudrais donner l'assurance qu'il y a une
très étroite collaboration qui s'est faite entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources, le ministère des
Affaires municipales et la Société de cartographie. Il est
évident que tous les fichiers numériques d'information ne peuvent
pas être mis en place, de même que la cartographie urbaine dans le
cadre des travaux cadastraux, ne peut pas fonctionner sans la
collaboration...
M. O'Gallagher: C'est à la base de cela. La matrice
graphique a été préparée par des évaluateurs
et non pas par des professionnels, des arpenteurs-géomètres.
M. Duhaime: Je crois savoir que les évaluateurs
professionnels sont reconnus dans une profession, par l'office des professions.
Je ne voudrais pas entamer une chicane ici sur les champs de juridiction entre
les arpenteurs-géomètres et les évaluateurs...
M. O'Gallagher: Du tout, chacun a son domaine.
M. Duhaime: ... on a assez des notaires et des avocats, des
optométristes et des opticiens d'ordonnance, des comptables
agréés et des CGA, sans en lancer une autre dans ce
côté-là. Je comprends votre point de vue, vous êtes
vous-même un arpenteur-géomètre. Je suis prêt
à convenir avec vous que le meilleur professionnel pour travailler au
cadastre est sûrement un arpenteur-géomètre, que les
arpenteurs arpentent et que les évaluateurs évaluent. Que
voulez-vous que je vous dise? Nous travaillons étroitement avec le
ministère des Affaires municipales, je n'arrive pas à me rappeler
le nom du programme précis, mais il y a un programme qui a
été mis sur pied conjointement par le ministère des
Affaires municipales et le ministère de l'Énergie et des
Ressources, par exemple, qui est en cours et dont bénéficie la
ville de Montréal. On va le faire pour l'ensemble des
municipalités qui vont vouloir se prévaloir de ce programme.
Mais, rassurez-vous, les ponts sont très solidement établis avec
le ministère des Affaires municipales.
M. O'Gallagher: La seule chose que je veux dire, M. le ministre,
c'est que je trouve qu'on aurait réussi un plus fort pourcentage de la
révision cadastrale si on avait fait préparer les tableaux
graphiques par des arpenteurs-géomètres et non pas par des
évaluateurs. Les évaluateurs ont leur rôle à jouer,
mais on aurait réussi à faire deux fois plus de travail avec le
même argent, c'est ce que je voulais dire.
Il y a une autre question que je voudrais vous poser. Je vois,
d'après les notes fournies par votre ministère, que vous proposez
de faire des transformations du livre de renvois du cadastre pour en
alléger la forme et le contenu. Je vous propose, M. le ministre,
d'abolir complètement le livre de renvois. Personne ne l'utilise, aucun
professionnel ne l'utilise. Tout le monde utilise le plan, qui est un graphique
qui contient toute l'information visuelle, c'est plus facile de l'embarquer
dans l'informatique...
M. Fortier: Comment cela coûte-t-il?
M. O'Gallagher: Cela coûte... M. Fortier: ... dans
le budget?
M. O'Gallagher: Je ne le sais pas au juste. Mais ce serait
beaucoup plus facile pour tout le monde qui utilise le cadastre, d'abolir tout
simplement le livre de renvois. Le livre de renvois est préparé
sur de grandes formules et cela dort sur les tablettes dans les bureaux
d'enregistrement, dans les municipalités, dans les bureaux d'arpenteurs
et sans doute dans les bureaux des notaires. On est obligé d'acheter de
l'équipement électronique pour les entrepôts, produire une
feuille pour le livre de renvois dans un ordinateur, cela coûte une
fortune pour produire ces formules qui ne sont jamais utilisées. C'est
une stipulation du Code civil que c'est nécessaire d'avoir le livre de
renvois. Je vous propose tout simplement de faire une modification au Code
civil, afin de le biffer tout simplement.
M. Fortier: J'aurais une question.
M. Duhaime: Je voudrais juste compléter une
réponse. Je comprends que vous formulez un voeu, pourquoi ne pas avoir
à commenter votre voeu, si vous avez une chance de vous faire inviter au
congrès annuel de l'Association des évaluateurs
agréés du Québec? Je pense qu'ils seraient
intéressés d'entendre votre point de vue. Je disais tantôt
que c'est en examen, il faudra, si jamais on allait dans cette direction,
purement et simplement mettre de côté le livre de renvois. Il faut
nécessairement modifier le Code civil, cela ne pose pas un
problème en soi.
M. O'Gallagher: M. le ministre, personne n'utilise cet
instrument.
M. Duhaime: II y a peut-être des vieux notaires ou des
vieux arpenteurs-géomètres, je ne sais pas, mais, en tout cas, je
voudrais mentionner le nom du programme que j'évoquais tantôt pour
qu'on puisse se retrouver, c'est le système d'information à
référence spatiale qui a fait l'objet d'une entente entre le
ministère des Affaires municipales, le ministère de
l'Énergie et des Ressources, la Société de cartographie.
Avec la ville de Montréal, c'est en cours; à Charlesbourg,
à Québec, à Jonquière, etc., ce n'est pas encore
commencé.
M. Fortier: M. le Président, sans faire injure au
ministre, et si j'étais à sa place, je serais réellement
humilié de faire approuver mes crédits en une heure et demi ou
à peu près. Les terres et forêts ont des crédits de
179 000 000 $. Avant d'ajourner aujourd'hui, j'aurais une dernière
question, puisqu'on doit arrêter nos travaux dans quelques minutes, elle
porte sur le programme de modernisation de l'industrie des pâtes et
papiers.
Au commencement, je pense que M. Bérubé a fait une
déclaration à l'effet que le programme devrait être un
programme qui coûterait environ 50 000 000 $ par année pendant
cinq ans. Il avait fait une déclaration en avril 1980. Il
prévoyait une assistance de l'ordre de 250 000 000 $ pour une
période de cinq ans, pour réaliser le programme total. On
s'aperçoit cette année que l'assistance financière baisse
considérablement. D'ailleurs, il y a eu des déclarations qui ont
été faites, justement à l'effet que le programme ne se
réaliserait pas au complet; il n'était pas aussi réussi
qu'on l'avait envisagé au commencement. Je me demandais si le ministre
avait des commentaires à faire sur ce programme et dans quelle mesure il
pourrait s'assurer que -justement pour revenir à ce qu'on disait tout
à l'heure - la compétitivité du Québec par rapport
à d'autres pays ou à d'autres provinces... Dans quelle mesure les
incitatifs qui avaient marché au début semblent-ils n'être
plus assez importants pour faire en sorte que les compagnies continuent
à moderniser leurs établissements?
M. Duhaime: Je voudrais rappeler, M. le Président, que mon
prédécesseur au ministère qui a mis en route ce programme
de relance et de modernisation, dans les premières rencontres qui ont
été effectuées... J'étais moi-même, à
ce moment-là, au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, mais je siégeais au comité ministériel
permanent au développement économique; donc, je suis au courant
du dossier depuis le début. Les premières rencontres avec
l'industrie papetière, en particulier, ont fait établir que
l'objectif visé par le ministère était de voir engendrer
des investissements de 1 500 000 000 $. C'était le chiffre de
départ lorsque l'industrie a pris connaissance du sérieux de la
position de notre gouvernement d'aller de l'avant, avec un soutien financier
sur un programme de relance et de modernisation. L'ensemble de l'industrie a
très favorablement répondu à cette attente et à ce
besoin aussi de modernisation, en augmentant les scénarios
d'investissements à 2 500 000 000 $, ce qui a entraîné de
longues négociations par la suite avec le gouvernement
fédéral - je vous en passe - de sorte qu'aujourd'hui l'entente
qui est faite pour le financement de cette entente est à frais
partagés, 135 000 000 $ par le fédéral, 105 000 000 $ par
le Québec. Je disais tantôt que 30% des investissements sont
d'ores et déjà réalisés, c'est-à-dire
à peu près trois quarts de milliard de dollars.
Ce qui se produit actuellement - je m'en voudrais de mentionner des noms
d'entreprises, je pourrai informer tout à
l'heure le député d'Outremont - je connais au moins trois
compagnies qui attendent que la situation des taux d'intérêt soit
ramenée à la baisse avant d'aller de l'avant. Nous sommes
convaincus au ministère que l'investissement atteindra 2 500 000 000 $;
ce dont nous sommes moins certains maintenant, c'est ceci: Est-ce que cela se
fera dans l'échéancier prévu, qui était 1985? On
parle maintenant de 1986; cela peut même aller jusqu'en 1987. Si l'on
prend quelques projets de modernisation qui pourraient dans certains cas
atteindre des tailles de 200 000 000 $ d'investissements avec une portion de
financement à long terme qui peut aller chercher dans les 150 000 000 $
à 175 000 000 $ à 20 3/4% ou à 22% d'intérêt,
les industriels et les hommes d'affaires aiment mieux gager que les taux
d'intérêt vont être ramenés à la baisse pour
aller de l'avant.
Je ne voudrais pas reprendre ce que je disais tantôt. Il y a 36
usines qui actuellement sont impliquées dans le déroulement de ce
programme. Il y a cependant six ou sept papeteries qui sont -je ne dirais pas
en détresse - mais dans des situations beaucoup plus difficiles. Entre
autres, on peut mentionner celle de East-Angus qui n'est pas touchée par
ce programme; mais ces six ou sept usines mériteraient du rajeunissement
et de la modernisation. À elles seules, si mon souvenir est bon, elles
pourraient commander des montants de subvention égaux à l'effort
financier que nous faisons pour tout le programme de relance et de
modernisation. Alors, c'est donc dire que cela va commander beaucoup d'argent.
Nous sommes à faire l'examen de la situation dans chacun de ces
cas-là. Nous discutons aussi avec les propriétaires des
entreprises, mais je suis convaincu, je les ai rencontrés encore
récemment et personne ne m'a donné de son de cloche voulant que
l'investissement qu'ils avaient projeté à l'intérieur du
programme de relance et de modernisation soit abandonné. Au contraire,
ils sont tous maintenus, sauf qu'il y a des décalages dans le temps,
dans certains cas, à cause de la situation des taux
d'intérêt. (13 h 15)
M. Fortier: Est-ce que les versements qui sont faits - l'aide
financière a baissé considérablement cette année -
est-ce que c'est fait en fonction de la progression des travaux de
modernisation? Les paiements sont faits en fonction de
l'échéancier des travaux faits par les compagnies?
M. Duhaime: Oui, c'est exact.
M. Fortier: Si jamais ITT-Rayonier était relancé,
est-ce que ce serait ce programme-là qui serait utilisé pour
accorder une aide financière?
M. Duhaime: Non. Si nous avons besoin de fonds pour la relance de
ITT, nous irons au Conseil du trésor et au fonds de suppléance.
Je pourrais ajouter un élément d'information pour donner un
exemple. Le dossier de la papeterie d'Amas, le projet conjoint de Donohue et
Normick, qui est soit dit en passant l'alliance heureuse d'une
société d'État qui a des intérêts dans ce
projet-là et de l'entreprise privée dans un effort de soutien, le
projet de construction est à peu près terminé à
Amos. La machine à papier a commencé à tourner il y a
déjà quelques semaines. Elle tourne même à 2700
tours à la minute et nous avons versé à ce dossier, en
1981-1982, 28 800 000 $ et cette année nous y verserons 4 200 000 $.
Alors, les déboursés que nous faisons sont établis
d'après les prévisions d'investissements faites par les
entreprises et nous ajustons notre budget en conséquence.
M. Fortier: Juste une toute dernière question, ça
ne sera pas bien long. L'an dernier, j'avais remarqué que, changement de
sujet, la contribution aux frais d'extinction des feux de forêts. L'an
dernier, quand le budget a été présenté, on avait
coupé le budget considérablement et je m'aperçois qu'on a
dépensé beaucoup. Il semblerait que, lorsqu'on présente
les crédits, je ne sais pas ce qu'on estime, on veut faire balancer les
livres et on veut diminuer les dépenses qui vont être faîtes
d'une façon artificielle. Je m'aperçois qu'encore cette
année, alors qu'on a dépensé 3 400 000 $ l'an dernier,
cette année on estime cela à 240 000 $. Cela semble un petit jeu
qui... je ne sais pas pourquoi ce jeu-là est joué. Cela semble un
peu aberrant que cette année on dépense seulement 240 000 $ pour
éteindre les feux de forêt. J'imagine que c'est la raison pour
laquelle le ministre des Finances arrive toujours en dessous dans ses
dépenses, il se fait jouer des tours par ses ministres.
M. Duhaime: Je vais demander qu'on fasse la vérification
de la prévision des dépenses pour 1981-1982 parce que ce que vous
avez dans le document, ici à la page 27, à laquelle vous
référez, ce qui est entre parenthèses, 3 409 600 $, c'est
le montant de la dépense réelle. La prévision,
l'année dernière, a été de 509 000 $ et on a
dépensé 3 400 000 $. Alors, cette année on laisse 240 000
$ au budget. On est tous conscient que ça peut dépasser, mais
nous n'avons aucune espèce de...
M. Fortier: J'avais fait le même commentaire parce que
l'année précédente on avait dépensé plus.
Alors, année après année, je ne sais pas pourquoi, vous
faites une 'prévision qui est fausse.
M. Duhaime: Alors, au lieu de prendre
un montant de 3 400 000 $ par exemple, en tenant pour acquis qu'il y
aurait autant de feux en 1982 qu'en 1981, on aime mieux laisser un montant
nominal et aller, au fur et à mesure des besoins du ministère, au
Conseil du trésor et faire approuver notre budget de dépenses en
cours de route. En réalité, le service des incendies, moi, je ne
suis pas en mesure de vous dire combien il va y avoir de feux cette
année, j'espère qu'il va y en avoir le moins possible.
L'équilibre se refait ensuite au Conseil du trésor soit sur les
crédits périmés du ministère lui-même ou
encore d'autres ministères.
Le Président (M. Laplante): D'accord. On va adopter les
programmes de 1 à 10 avec tous les éléments et puis on
exprime le voeu que s'il y avait un trou, quelque part, dans la semaine, pour
une autre demi-heure ou trois quarts d'heure, tel que vous l'avez
exprimé, ce sera au leader de décider à ce
moment-là.
M. Fortier: Pour le moment, M. le Président, je pense que
je vais tout simplement déclarer que la planification ne nous a pas
permis d'avoir plus de temps et je vais m'en tenir à cela.
Le Président (M. Laplante): C'est votre droit, monsieur.
Les programmes de 1 à 10, avec tous les éléments,
adoptés?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Ceci met fin aux travaux de la
commission de l'énergie et des ressources pour l'adoption du budget de
1982-1983. Je prierais le rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale que les crédits ont été
adoptés. M. le ministre.
M. Duhaime: Avant que vous donniez le message final au rapporteur
de rapporter, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: ... je voudrais remercier mes très nombreux
collègues ministériels de nous avoir assistés dans nos
travaux, de même que mes collègues de l'Opposition. Je voudrais
aussi remercier les hauts fonctionnaires de mon ministère qui ont
travaillé à la préparation des crédits et des
travaux de cette commission, et je vous remercie de votre patience
également, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Cela m'a fait plaisir, M. le
ministre.
(Fin de la séance à 13 h 21)