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(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Dauphin): Je déclare donc la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Nous
sommes maintenant à l'article 542 et le ministre avait une proposition
d'amendement audit article 542. Est-ce que le ministre a des commentaires
à faire sur l'amendement?
M. Fréchette: Déjà? J'ai des commentaires,
M. le Président.
Une voix: On sent qu'ils ne seront pas longs.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
Dispositions transitoires
M. Fréchette: Oui, M. le Président. C'est
l'amendement dont les membres de la commission ont déjà pris
connaissance, il me semble, et que l'on retrouve, d'ailleurs, dans la liasse de
documents qu'on a déposés il y a un bon moment. Si mon souvenir
est fidèle, au moment où nous nous sommes quittés la
dernière fois que nous avons tenu une séance, nous étions
très précisément à faire une discussion
générale sur l'article 542. D'ailleurs, c'est le
député de Sainte-Marie qui avait terminé la discussion ce
soir-là et il nous avait rappelé nos travaux du 25 mars dernier,
alors que nous avions repris les travaux de la commission après un
ajournement de quelques semaines. C'est à cette séance du 25 mars
1985 que j'avais indiqué aux membres de la commission que le
gouvernement avait convenu d'accepter le principe de procéder au
transfert d'effectif actuellement à la Commission des affaires sociales
vers la commission d'appel.
Transfert de personnel de la CAS à la nouvelle
commission d'appel
Je voudrais, M. le Président, pour les besoins de cette
discussion, référer les membres de la commission au genre
d'information que j'avais transmis à ce moment-là. Il me semble
que, lorsqu'on regarde d'un peu plus près le type d'information à
laquelle je me référais et en même temps les propos du
député de Sainte-Marie à notre dernière
séance, il y a peut-être des petites distinctions qui
s'imposent.
Ce que j'ai dit - et je le cite au texte - le 25 mars dernier, c'est ce
qui suit: "Une troisième et dernière information concerne les
discussions qu'on a eues au niveau de l'éventuelle formation d'une
commission d'appel en matière de santé et de
sécurité. Je suis en mesure d'informer les membres de la
commission qu'au niveau du principe, en tout cas - je me cite moi-même -
il est acquis pour le gouvernement que les gens qui ont actuellement
l'expertise des dossiers de santé et de sécurité à
la Commission des affaires sociales devraient être intégrés
à la nouvelle commission dont on parle. "Évidemment, il va rester
à voir l'aspect strictement administratif de la question. Comment ces
mutations seront-elles faites? Est-ce que les personnes qui seraient
éventuellement touchées par une mobilité de cette nature
sont désireuses d'être l'objet de ce transfert vers cette nouvelle
instance? Sur le plan du principe, en tout cas, il est admis qu'il serait
normal que les gens qui actuellement, à la Commission des affaires
sociales, sont spécifiquement affectés au dossier de la
santé et de la sécurité continuent de faire le même
travail dans l'autre instance, si jamais c'était ce que la loi doit
retenir. "
M. Bisaillon: Pourriez-vous relire la fin, s'il vous
plaît?
M. Fréchette: La dernière ligne? "Sur le plan du
principe, en tout cas, il est admis qu'il serait normal que les gens qui
actuellement, à la Commission des affaires sociales, sont
spécifiquement affectés au dossier de la santé et de la
sécurité continuent de faire le même travail dans l'autre
instance, si jamais c'était ce que la loi doit retenir. " Si jamais la
loi prévoyait la formation d'une commission d'appel.
À partir de notre discussion à notre dernière
séance, nous avons fait des démarches pour obtenir des
informations additionnelles quant à la façon de fonctionner
actuellement à la Commission des affaires sociales. Je pense qu'il est
utile que les membres de la commission sachent quel est très
précisément le fonctionnement que l'on retrouve à cette
commission. Le nombre des personnes, à la Commission des affaires
sociales, qui sont affectées aux accidents du travail est
constitué de commissaires qui siègent à sept "quorums" par
semaine. Donc, il y a sept commissaires
avocats et sept commissaires médecins qui siègent chaque
semaine.
Quant au personnel de soutien, les renseignements que nous avons, c'est
que ce personnel à la Commission des affaires sociales n'est pas
spécifiquement affecté à ce que l'on pourrait convenir
d'appeler le rôle de3 accidents du travail; le personnel de soutien est
affecté à l'ensemble des dossiers qui est soumis à la
Commission des affaires sociales pour fins d'appel.
Donc, autant les commissaires, que les assesseurs, que les membres du
personnel de soutien, tous ces gens ne sont pas, encore une fois,
spécifiquement affectés au dossier des accidents du travail; ils
font une rotation qui les amène à siéger autant dans les
cas de la Régie de l'assurance automobile que dans les cas de l'aide
sociale, que dans les cas de la Régie des rentes, enfin, dans toutes les
autres matières pour lesquelles la Commission des affaires sociales a
compétence.
Une autre information importante pour les fins de notre...
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question sur le personnel de soutien? Y a-t-il une moyenne que l'on peut
établir? Il y a sûrement une moyenne quelconque, malgré
qu'il y ait une rotation, afin que la Commission des affaires sociales puisse
dire... Est-ce qu'on pourrait savoir quel est le personnel en tout? Dans la
rotation, il y a sûrement un pourcentage quelconque que l'on pourrait
établir, quoique ce ne seront pas les mêmes genres, je suis
d'accord.
M. Fréchette: II y a très certainement moyen de
faire des proportions dans le sens que le suggère le
député de Nelligan. Je ne suis pas, au moment où on se
parle, en mesure de lui donner spécifiquement la réponse à
cet égard, mais on pourrait très certainement faire le calcul et
lui transmettre l'information.
Maintenant, un phénomène sur lequel, à la
Commission des affaires sociales, on a attiré notre attention est celui
qui nous amène à la conclusion que les appels ont augmenté
de 100% dans les juridictions de la Régie de l'assurance automobile du
Québec. Il y avait, l'année dernière, 440 cas d'appel
résultant de l'application de la Loi sur la Régie de l'assurance
automobile du Québec alors qu'actuellement, pour l'année 1985,
une prévision est faite que le nombre de dossiers d'appel, uniquement en
cette matière d'assurance automobile, sera d'au moins 1000 cas. Il y a
donc, encore une fois, une augmentation de plus de 100% en cette
matière.
Il nous apparaissait important d'essayer de faire une
vérification quant au temps qui sera nécessaire à la
Commission des affaires sociales pour libérer les cas actuels qui sont
en suspens devant elle. L'information qu'on nous donne, c'est que, si la
Commission des affaires sociales continuait à siéger avec sept
"quorums" comme c'est le cas actuellement, cela pourrait prendre quatre ans
avant de libérer les cas qui sont actuellement en suspens et, si elle
siégeait avec douze "quorums" cela prendrait deux ans pour
libérer les dossiers en suspens.
M. Lincoln: Un instant: C'est quatre ans...
M. Fréchette: Quatre ans pour sept "quorums" et deux ans
avec douze "quorums".
M. Bisaillon: C'est tiré du mémoire que le juge
Poirier a déposé devant nous?
M. Fréchette: On les retrouve dans le mémoire du
juge Poirier. Je veux indiquer au député de Sainte-Marie que
c'est une démarche additionnelle qui a été faite
auprès du juge Poirier lui-même qui nous a offert toute sa
collaboration. Les renseignements que je viens de donner aux membres de la
commission sont ceux que le juge président nous a transmis.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que le
ministre admettra avec nous qu'il y a là un problème grave que
cela prenne deux ans même avec douze "quorums". Il y a tout de même
des gars qui attendent des verdicts, qui sont impatients et qui voudraient
savoir à quoi s'en tenir. Les deux ans s'ajoutent au nombre de mois
qu'ils attendent déjà pour passer par toutes les autres
étapes de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Cela veut dire un délai énorme
et cela veut dire que cela va retarder l'application de la nouvelle loi
d'autant. Avant que vous ayez transféré les "quorums" existants
de la Commission des affaires sociales vers la nouvelle commission, cela peut
prendre plus de temps.
Je pense qu'il y aurait lieu de faire des suggestions au ministre. Je ne
sais pas si le ministre s'en souvient, mais, il y a trois ou quatre ans,
à la Cour supérieure de Montréal, le rôle
était surchargé et il y avait un délai énorme.
À peu près 40% des causes ne se rendaient pas à
échéance justement à cause des délais. La Cour
supérieure, de concert avec le barreau et la magistrature, avait
décidé d'une procédure simple pour un certain nombre de
cas spécifiques et identifiés. Tous ces cas-là
étaient passés devant des avocats qui n'étaient pas des
juges, mais des avocats acceptés et choisis à la fois par le
barreau, par la magistrature et par le gouvernement, ce qui avait, ni plus ni
moins, permis d'accélérer. Si je me souviens bien, au-delà
de 40% des causes devant la Cour
supérieure, en l'espace de trois mois, avaient été
réglées parce qu'on avait utilisé cette méthode. Le
type qui attend et qui sait qu'il doit attendre encore longtemps accepte cet
arbitrage.
Est-ce que, dans le cas de la Commission des affaires sociales et de
toutes les causes qui sont en attente, il n'y aurait pas lieu de
suggérer de prendre, justement, des personnes qui auraient un mandat de
deux ou trois mois et qui pourraient venir aider à arbitrer ces cas?
Ceux qui le désireraient, ceux qui attendent et qui savent que ce sera
long pourraient passer devant un tel comité, se soumettre à une
telle procédure pour accélérer le tout. Peut-être
pourrions-nous, à ce moment-là, dégager le râle de
la Commission des affaires sociales de près de 50% des cas qui sont en
attente? C'est une suggestion que je fais au ministre, parce que je sais que
quelque chose de semblable a déjà été fait à
la Cour supérieure de Montréal. Le ministre ne trouve-t-il pas
que ce serait une bonne suggestion que d'essayer de dégorger le
rôle de la Commission des affaires sociales, les cas d'accidents du
travail, les cas spécifiques de moindre importance - surtout s'il y en a
beaucoup de semblables qui pourraient entraîner un verdict identique ou
similaire -en confiant cela à des avocats? Je ne sais pas combien de
"quorums" il faudrait pour, d'un coup sec, essayer de dégager le
rôle de la Commission des affaires sociales. Je ne sais pas ce que le
ministre pense de ma suggestion.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: Oui, M. le Président. Ce sur quoi le
député de Frontenac attire notre attention est un
phénomène qui ne s'est pas limité à la seule Cour
supérieure du district de Montréal. Ce sont, effectivement, des
amendements qui ont été introduits dans le Code de
procédure civile et qui permettent, dans tous les districts judiciaires,
d'utiliser ce processus d'arbitrage dans les conditions dont vient de parler le
député de Frontenac, c'est-à-dire le choix d'un avocat qui
a tant d'années de pratique à son crédit, d'un avocat
reconnu par le barreau et sur lequel les parties s'entendent pour lui soumettre
un litige qu'autrement on soumettrait à un juge de la Cour
supérieure avec toutes les contraintes et, particulièrement, les
contraintes de délais que ce litige entraînerait.
Écoutez, sur le plan de l'efficacité, afin de
libérer le rôle actuel à la Commission des affaires
sociales quant aux matières d'accidents du travail, je n'aurais pas
essentiellement d'objection à une suggestion comme celle-là. Le
député de Frontenac va comprendre, par ailleurs, que la loi qu'il
faudrait amender pour arriver à cet objectif, c'est la Loi sur la
Commission des affaires sociales. Dans une situation comme celle-là, je
ne peux être que le mandataire autant vis-à-vis du ministre
responsable que du président de la Commission des affaires sociales. Je
ne prendrai pas sur moi, de ma propre initiative en tout cas, la
décision de procéder à amender la loi constitutive de la
Commission des affaires sociales dans le sens que le suggère le
député de Frontenac.
Maintenant, je me demande s'il est absolument nécessaire que l'on
retrouve une disposition comme celle-là dans la loi. Je pense que, si
deux parties à un litige convenaient de soumettre le tout à
l'appréciation d'un arbitre de leur choix, sur lequel elles
s'entendraient, et qu'elles convenaient également que la décision
rendue par cet arbitre lierait les deux parties, cela aurait un
caractère exécutoire. Ce n'est pas parce que la loi ne le
prévoit pas que cela ne peut pas être fait. L'initiative devrait
venir de quelque part, c'est sûr. Comme je le disais il y a un instant au
député de Frpntenac, je suis tout à fait disposé
à véhiculer le message vers les instances qui sont
spécifiquement concernées par cette suggestion. Encore une fois,
je ne prendrai pas sur moi la décision de procéder tout de suite,
ce matin, à amender la Loi sur la Commission des affaires sociales
là-dessus.
M. Grégoire: Maintenant seulement pour...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire:... continuer dans le même sens, je suis
heureux de voir les bonnes dispositions du ministre pour cela. Si la Commission
des affaires sociales prenait l'initiative de communiquer avec tous ceux qui
sont en attente pour leur expliquer la situation, mais seulement pour les cas
en attente devant la Commission des affaires sociales à l'heure
actuelle, ou à venir, sous l'ancien régime, et non pas les
nouveaux cas qui iront devant la nouvelle commission sur les lésions
professionnelles, pour libérer au plus vite ces cas et surtout le
personnel compétent qui aura à aller travailler à la
nouvelle commission d'appel sur les lésions professionnelles, je crois
que peut-être 50% des cas seraient réglés en l'espace de
six mois. Je sais que les travailleurs qui sont en attente sont impatients.
Alors, ils choisiraient peut-être cette nouvelle formule.
Je demanderais au ministre s'il serait prêt à faire des
démarches auprès de la Commission des affaires sociales pour lui
demander si elle ne pourrait pas organiser un tel système pour une
période de trois ou quatre mois pour ceux qui voudraient s'en
prévaloir. Que ce soit faculatif pour ceux qui
sont en appel. Même si c'était facultatif, je crois que
vous en auriez beaucoup qui iraient. D'autant plus que cela a donné de
bons résultats devant les autres tribunaux. Cela a allégé
les rôles et il n'y a pas eu tellement de plaintes.
M. Fréchette: Je vous réitère que je suis
tout à fait disposé à porter ce message-là vers les
instances appropriées. Je voudrais simplement rappeler au
député de Frontenac une partie du témoignage du juge
Poirier lorsque nous l'avons entendu. Il me semble qu'il a été
très précis et très clair quant aux intentions qu'il a
pour libérer le rôle actuel. Il nous a dit qu'il avait
effectivement, à toutes fins utiles, pris la décision de faire
siéger ses commissaires et assesseurs à douze bancs plutôt
qu'à sept, comme c'est le cas actuellement, très
précisément pour arriver à disposer dans les meilleurs
délais, sans brusquer quoi que ce soit, des 10 000 dossiers qui sont
encore en suspens devant la Commission des affaires sociales, auxquels 10 000
va s'ajouter un certain nombre d'autres jusqu'à ce que la loi actuelle
devienne en vigueur. Mais, sur le fond de la question posée par le
député de Frontenac, je ferai très certainement le message
à qui de droit. (10 h 45)
M. Grégoire: Mais même à douze bancs, c'est
tout de même deux ans de délai. C'est énorme.
M. Fréchette: Je suis conscient de tout cela.
Le Président (M. Dauphin): Avez-vous terminé, M. le
député de Frontenac?
M. Grégoire: Oui, oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisalllon: M. le Président, j'avais profité de
l'article 542 pour rappeler au ministre les engagements qu'il avait pris en
regard des transferts. Il nous a rappelé, en nous lisant sa
déclaration du 25 mars, ses nobles intentions, à savoir, en
principe, d'offrir au personnel qui travaille actuellement à la
Commission des affaires sociales sur les cas d'accidentés du travail de
passer à la nouvelle commission d'appel.
Je veux bien qu'on s'échange des intentions de bons voeux ce
matin et qu'on essaie de les consigner au Journal des débats, mais,
quant à moi, je trouve qu'il faut plus que cela pour qu'on soit
sûr que ce soit applicable. D'ailleurs, le ministre a terminé sa
déclaration en disant: "Si jamais c'était ce que la loi doit le
retenir," lorsqu'il parlait du passage. Il est évident que ce ne serait
pas seulement une mesure administrative. On devrait aussi avoir un texte de loi
qui marque cette intention du gouvernement. Mais au-delà de cela,
même si on n'avait pas cette intention de transfert du personnel de la
CAS à la commission d'appel, dans les faits - ne nous cachons pas la
réalité - si on laisse là toutes les causes qui sont
actuellement devant la Commission des affaires sociales, en dehors des
inconvénients que cela va créer, qui ont été
soulignés non seulement par des intervenants, mais aussi par le juge
Poirier lui-même, au-delà des inconvénients que cela va
créer comme dédoublement, c'est-à-dire qu'un
accidenté peut avoir un cas devant la nouvelle commission d'appel et un
autre devant la Commission des affaires sociales sur un ancien dossier, quel
incitatif va-t-on avoir pour transférer le personnel? Comment cela
va-t-il fonctionner? En pratique, cela va fonctionner comme je l'ai
décrit la dernière fois qu'on s'est rencontrés. On va
laisser le rôle des anciennes causes à la Commission des affaires
sociales et, avec les chiffres que -le ministre nous donne, pendant deux ans,
les personnes qui font déjà cela à la Commission des
affaires sociales vont continuer à entendre, entre guillemets, "les
vieilles causes". Pendant ce temps, la nouvelle commission d'appel va commencer
son fonctionnement sur les nouvelles causes et elle va être
obligée d'avoir son personnel, d'organiser son personnel de soutien,
d'engager et d'appointer les commissaires qui vont entendre les nouvelles
causes et, dans deux ans, elle aura le personnel nécessaire pour
régler les causes qui sont devant elle.
Quand ces deux années seront terminées, qu'est-ce qui va
arriver avec le personnel qui était à la Commission des affaires
sociales? Pensez-vous qu'on va le transférer? On ne le
transférera pas. Il n'y aura plus de place à la nouvelle
commission. Il n'y aura plus de place parce que tout le monde va être
engagé. Il n'y a qu'une façon d'harmoniser les deux groupes,
ancien et nouveau, comme le dit la chanson, c'est de transférer les
causes pendantes à la nouvelle commission d'appel et d'affecter le
personnel qui était déjà là à ces
causes-là et aux nouvelles de temps en temps. Mais au moins on va
éviter le dédoublement.
C'était quoi, l'objectif qu'on poursuivait? Ce n'était pas
un objectif de sécurité d'emploi et de transfert de personnel au
plan administratif. Ce n'était pas cela qu'on visait quand on a
demandé qu'on s'assure que le personnel de la CAS soit à la
nouvelle commission d'appel. Ce qu'on visait comme objectif, c'était que
l'expertise qui a été développée à la
Commission des affaires sociales en regard des causes d'accidentés du
travail puisse se continuer, que l'esprit qui avait présidé
à la prise de décisions au niveau de la Commission des affaires
sociales se continue
dans la nouvelle commission d'appel proposée par la loi.
C'était cela, l'objectif fondamental. Ce n'était pas un transfert
de personnel pour que monsieur X soit certain d'un emploi dans deux ans. Ce
n'était pas du tout cela. Monsieur X, si c'est un fonctionnaire du
gouvernement, de toute façon il a une sécurité d'emploi.
Que ce soit à la nouvelle commission d'appel ou ailleurs ou que ce soit
à la CAS dans d'autres dossiers, il va avoir son travail à faire.
Mais notre objectif ne sera jamais atteint. L'objectif qu'on poursuivait de
transférer l'expertise ne sera pas atteint. Il ne sera pas atteint parce
qu'il n'y aura pas d'incitatif. Le seul incitatif, ce serait que les causes
s'en aillent à la nouvelle commission d'appel pour que le personnel
habitué à ces causes ait un intérêt à
être transféré immédiatement et, de plus, qu'on ait
l'assurance qu'un certain nombre va le faire. Mais, dans deux ans, il n'y en a
pas qui vont le faire. Il n'y en a pas qui vont le faire, parce que les autres
auront déjà occupé l'espace, à moins qu'on ne nous
dise maintenant que la nouvelle commission d'appel va s'organiser pour ne pas
régler toutes les causes, pour ne pas les entendre, pour se monter un
rôle qui va permettre dans deux ans d'en avoir en avance et, donc, de
reproduire ce qui existe à la CAS.
Il m'a semblé que ce n'était pas ce qu'on voulait. Il m'a
semblé que toute l'argumentation que le ministre nous a
développée, c'était de dire: Justement, on veut
régler les causes au fur et à mesure qu'elles se
présentent. Donc, le seul moyen de les intégrer dans deux ans,
c'est qu'il y ait des causes en avance, qu'il y ait un rôle d'un an. Sans
cela, il n'y aura pas d'intégration. Je dis que si le ministre nous dit
qu'il ne doit pas y avoir d'article prévoyant le transfert, parce que
cela se fait au plan administratif, on devrait au moins avoir un article qui
nous dise que les causes, elles, vont s'en aller à la nouvelle
commission d'appel. Là, on peut avoir des garanties qu'il va y avoir des
transferts administratifs parce que les personnes habilitées
actuellement à trancher ces causes vont être incitées
à, et non seulement les personnes vont-elles être incitées
à, mais la nouvelle commission d'appel va être aussi
incitée à aller les chercher parce qu'elle va avoir besoin de
personnel dès le départ pour le faire. Autrement, c'est un
échange élégant de bonnes intentions, mais cela reste
ça et ce n'est pas un processus législatif que de prendre acte
des bonnes intentions de chacun et de se dire: Dans quatre ans, peut-être
que ce sera comme cela.
En tout cas, si cela ne se fait pas comme ça, je pourrai prendre
le Journal des débats et dire: Je vous l'avais bien dit, sauf que cela
ne fait pas une loi, ça, et que cela ne nous assure pas que les
objectifs qu'on poursuivait vont se retrouver dans l'application de la loi.
C'est essentiellement, M. le Président, ce que j'ai voulu souligner au
ministre à l'article 542. Ce n'est peut-être pas l'endroit
où on doit le faire, mais, en tout cas, selon moi, c'est un point de
départ, l'article 542, parce que là on maintient les anciennes
causes et on en ajoute, on prévoit un certain nombre d'ajouts. Je
prétends que tant et aussi longtemps que dans la loi on ne manifestera
pas l'intention de passer les causes déjà existantes à la
nouvelle commission d'appel, on nous trompe quant à l'orientation, quant
au transfert de l'expertise qu'il y a actuellement à la CAS vers la
nouvelle commission d'appel, parce que dans les faits, malgré la bonne
foi de tout le monde, cela ne se réalisera pas.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le ministre.
M. Fréchette: Oui, M. le Président, quelques
brèves observations. Au tout début de ses remarques, le
député de Sainte-Marie a attiré mon attention sur une
déclaration du 25 mars et plus particulièrement sur l'expression
suivante: "Si jamais c'était ce que la loi doit retenir." Quand on y
regarde de près, il me semble que de toute évidence il faut
comprendre: Si jamais la loi retient qu'il y aura une nouvelle commission
d'appel. Enfin, c'est de la sémantique peut-être ou de
l'interprétation.
M. Bisaillon: M. le Président, on ajoutera cela au cahier
d'interprétations du ministre.
M. Fréchette: Deux ou trois remarques sur les observations
que vient de faire le député de Sainte-Marie. On a
été informé de façon tout à fait claire que
dans quelques semaines, sinon quelques mois, le rôle complet des causes
en attente à la Commission des affaires sociales allait atteindre le
nombre de 10 000. Encore une fois, il est important de retenir que nous sommes
strictement et uniquement en matière de réparation et
d'indemnisation. On ne parle d'aucun autre phénomène susceptible
d'appel en vertu des dispositions de la loi 42. D'ici à ce que le loi 42
soit en vigueur, si c'est la volonté du législateur qu'elle le
soit à un moment donné, il est normal de prévoir que ces
10 000 causes dont on parle vont augmenter dans une proportion qu'il est
difficile d'établir, mais le nombre va augmenter.
D'où une première observation ou une première
conclusion. Vous voyez d'ici un tribunal d'appel qui, avant même d'avoir
commencé à siéger et avant même que des appels lui
aient été acheminés, va déjà avoir devant
lui un rôle de plus de 10 000 causes
dont il devra disposer! Cet engorgement dont on parle à la
Commission des affaires sociales, dont tout le monde se plaint, à bon
droit, me semble-t-il, tout en étant très clair sur le fait qu'il
ne faut imputer cette situation à personne, cet engorgement, ce
délai de deux ans, trois ans ou quatre ans, avant même que la
commission d'appel en matière de lésions professionnelles n'ait
commencé à siéger, va déjà exister à
la nouvelle commission d'appel si le transfert des dossiers eux-mêmes se
fait comme le suggère le député de Sainte-Marie.
Deuxième observation importante. Cette discussion est revenue
souvent au cours de nos travaux. Il ne faut pas, me semble-t-il, perdre de vue
que nous allons nous retrouver devant l'obligation pour les instances
concernées d'adjuger à partir de deux lois qui sont tout à
fait différentes. C'est pour cela qu'il n'y a pas lieu, me semble-t-il,
de s'étonner du fait que les deux instances en arrivent à des
conclusions différentes à partir de dossiers qui pourraient,
à toutes fins utiles, contenir les mêmes faits, qu'elles en
arrivent également à trouver des solutions différentes
à partir de l'évaluation des mêmes principes. Alors, il ne
faut donc pas s'étonner qu'il y ait, pour une certaine période,
des jugements qui n'auront pas les mêmes conclusions à partir des
mêmes faits parce que les décisions n'auront pas été
prises à partir des mêmes bases juridiques.
Retenons aussi - cela me paraît essentiel de le faire dans le
cadre de cette discussion - que la commission d'appel en matière de
lésions professionnelles aura une juridiction qui sera
considérablement étendue, qui ne sera pas limitée aux
seules matières de réparation et d'indemnisation, comme je le
disais il y a un instant.
Il va y avoir toutes les autres matières qui deviennent
susceptibles d'appel en vertu de la loi 42 qui vont être soumises
à cette nouvelle commission d'appel. À partir de ces
observations, il me semble que la conclusion à laquelle on doit arriver,
à tort ou à raison, c'est que, dans l'état actuel des
choses - je comprends, comme le député de Sainte-Marie, que
l'expression de bonnes intentions ou d'un accord de principe, sur le plan
strictement pratique, ne règle peut-être pas grand-chose - s'il
fallait retenir les suggestions du député de Sainte-Marie, nous
ne rendrions service à personne. Nous continuerions l'engorgement et
pénaliserions en quelque sorte les gens qui seraient devant la
commission d'appel.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie et, ensuite, M. le député de Viau.
M. Bisaillon: Je voudrais d'abord corriger quelque chose. Ce ne
sont pas les suggestions du député de Sainte-Marie. Ma
première et seule suggestion aurait été de conserver la
CAS. Mais comme le ministre a fait ses choix, ce que je dis maintenant, c'est
qu'il faut être conséquent avec ce genre de choix,
conséquent aussi avec les discussions qui ont été faites
autour de cette table au moment où le ministre a fait ses choix.
Or, qu'est-ce que le ministre vient de nous expliquer? Le ministre vient
de nous expliquer l'opération camouflage. C'est
précisément cela. Il y a 10 000 causes actuellement en suspens
à la CAS. Il dit: On ne peut pas les entendre, parce que la nouvelle
commission d'appel commencerait avec ces 10 000 causes et cela n'a pas de bon
sens. Elle serait déjà en retard avant même d'avoir
commencé. Qu'est-ce qui va se produire? Le ministre vient de nous
expliquer tout cela.
La nouvelle commission d'appel va commencer les nouveaux appels avec la
nouvelle loi. Elle va s'organiser en fonction des appels qui vont entrer pour
les régler au fur et à mesure. Comme c'est une loi
différente - le ministre nous l'a aussi expliqué - il y a des
droits d'appel sur bien des choses dans cette loi, mais il y a des choses qui
se règlent plus rapidement que les cas d'indemnisation qui devaient
être étudiés à la CAS. Mais la commission d'appel,
elle, n'aura pas de retard. Ainsi, pendant un an ou deux ans, on va entendre
dire: On vous l'avait bien dit que cela prenait une nouvelle commission
d'appel. Voyez-vous comme cela marche bien. Nous sommes à jour. Je
comprends qu'ils sont à jour. Mais on va aussi avoir l'impression dans
le public que tous les accidentés du travail sont traités
justement, et il y en aura peut-être encore 8000 qui attendront leur
cause. (11 heures)
Ce que je dis au ministre, c'est qu'au plan technique on les passe, les
dossiers. Cela fait partie de vos choix. Vous voulez une structure qui soit
complètement indépendante de la Commission des affaires sociales,
qui soit complètement indépendante de la CSST et qui se prononce
sur l'ensemble des causes qui vont relever de la loi 42, alors, tous les
accidentés du travail, vous les envoyez à cette commission
d'appel. Cela va prendre douze bancs, comme vous l'avez dit, pour régler
les 10 000 cas en deux ans. On partira avec ces douze bancs et on y ajoutera
les bancs nécessaires pour entendre les nouvelles causes. Elles seront
toutes entendues. Ce n'est pas parce qu'il va y avoir deux instances que cela
va aller plus vite. C'est parce qu'on aura le monde que cela prend pour
régler les causes au moment où elles se présentent que
cela va aller plus vite.
Essentiellement, c'est une opération de camouflage afin de
pouvoir nous dire, dans un an ou deux: Je vous l'avais bien dit, vous
voyez bien que j'avais raison, que cela prenait une nouvelle commission
d'appel pour qu'il n'y ait pas de délai. Premièrement, c'est
clairement une opération de camouflage; deuxièmement, en
procédant de cette façon, on se prive de l'expertise qui est
actuellement à la CAS. Le ministre a raison quand il dit que l'expertise
qui est actuellement à la CAS ne couvre pas l'ensemble des champs de la
nouvelle loi. D'accord, sauf qu'en vertu de la nouvelle loi 42, il y a quand
même des causes qui peuvent être entendues par les gens qui sont
déjà là et qui ont déjà cette expertise. On
la met de côté, l'expertise.
Et le dédoublement, ce n'est pas le dédoublement dans le
sens où le ministre l'a expliqué dont je voulais parler, ce n'est
pas le dédoublement de jugements différents. C'est sûr que,
s'il y a deux lois, les jugements seront en fonction de ces deux lois et seront
différents. Cela, on s'y attend tous. D'ailleurs, c'est pour cela qu'on
voulait garder l'ancienne loi en l'amendant un peu et en l'améliorant.
Mais le dédoublement dont je parle est celui du cas d'un
accidenté du travail qui serait déjà devant la CAS, qui
aurait de nouveaux appels logés à la nouvelle commission d'appel
et qui serait obligé de se promener entre deux instances, de mener deux
dossiers, deux procédures, avec des délais différents.
C'est cela qu'on impose au moins à un bon nombre des 10 000 qui sont
déjà là, à la CAS, et à ceux qui vont
s'ajouter parce qu'avant que la loi soit en vigueur il va s'en ajouter
d'autres.
Je prétends que ce n'est pas une bonne façon, ni au plan
politique, ni au plan administratif, de procéder. Le ministre ayant fait
ses choix, il devrait être logique et aller au bout de ses choix.
Actuellement, ma prétention est qu'il ne le fait pas.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, avez-vous des
commentaires à ajouter?
M. Fréchette: Non, je n'ai pas de commentaires
additionnels, M. le Président, merci.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je voudrais seulement
ajouter quelques mots aux commentaires du député de Sainte-Marie.
Il me semble que le ministre, durant tout le débat que nous avons eu sur
cette nouvelle commission, a reconnu l'expertise de la Commission des affaires
sociales. Il a essayé, à un certain moment, de nous convaincre
que cette expertise serait transférée à la nouvelle
commission, mais, par les arguments qu'il a présenté ce matin, il
m'a convaincu que c'est quasi impossible de faire le transfert.
Alors, en ce qui me concerne, je suis d'accord avec le
député de Sainte-Marie et c'est la position qu'on a maintenue
dès le début. Pour résoudre le problème, ce n'est
pas la création de la nouvelle commission qui va permettre de
résorber l'engorgement. Je crois que ce serait justement le maintien de
la Commission des affaires sociales, tout en augmentant le nombre des personnes
qui auront à siéger sur les bancs. Je pense qu'on a
débattu cela assez longuement. Le ministre semble être dans une
contradiction lui-même parce qu'il nous a dit qu'il voyait le transfert
du personnel, qu'il voyait cette expertise transférée à
cette nouvelle commission et, ce matin, il vient de nous dire que c'est
impossible. Le député de Sainte-Marie a posé certaines
questions spécifiques. Par exemple: Que va-t-il arriver dans deux ans
avec le personnel qui est à la CAS? Où va-t-il se rendre? Le
ministre n'a aucune réponse à cela. Je pense que, si on voulait
vraiment rendre justice aux accidentés et aux patrons, il serait
convenable de garder la Commission des affaires sociales.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas de commentaires,
M. le ministre?
M. le député de Deux-Montagnes m'avait demandé la
parole et, ensuite, le député de Châteauguay.
M. Dussault: Selon le principe de l'alternance, M. le
Président, je devrais pouvoir prendre la parole immédiatement.
J'insiste chaque fois parce que ce droit est reconnu par la jurisprudence. Je
tiens à le répéter chaque fois, quoique je n'aie aucune
objection à ce que le député de Deux-Montagnes parle en
premier lieu. Je voudrais, cependant, qu'on se rappelle que ce droit-là
est reconnu, M. le Président.
M. de Bellefeuille: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. de Bellefeuille: J'ai tendance à me méfier
beaucoup de la jurisprudence invoquée par le député de
Châteauguay, mais je vais quand même respecter l'alternance.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président. Il y a au moins quatre ans, une demande de directive a
été faite au président de l'Assemblée nationale,
quelques mois avant le référendum.
M. Cusano: Le député de Deux-
Montagnes a consenti à l'alternance.
M. Dussault: Cette demande de directive avait été
faite par moi et la décision qui a été rendue par le
président était que le droit à l'alternance est un droit
absolu qui découle du régime parlementaire britannique. Cela
étant dit...
M. Cusano: On a consenti. Le député de
Deux-Montagnes a consenti.
Une voix: Wo! Wo! Wo!
Le Président (M. Dauphin): Un instant, messieurs, la
parole est au député de Châteauguay.
M. Cusano: Avec le consentement du député de
Deux-Montagnes, il ne faut pas l'oublier.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: C'est en vertu du droit que j'ai, M. le
Président, et non pas en vertu du consentement du député
de Deux-Montagnes que je prends la parole.
Cela étant dit, M. le Président, certains objectifs ont
été identifiés par les membres de cette commission, qui
relevaient de principes auxquels j'adhérais. Par exemple, on a dit qu'il
fallait absolument que l'on puisse être en mesure de profiter des
avantages de l'expertise de la Commission des affaires sociales. En laissant
donc les anciens cas à la Commission des affaires sociales, tous ceux
qui ont adhéré à ce principe ne se plaindront pas puisque
les anciens cas seront jugés selon l'ancienne loi à partir des
personnes qui ont une expertise dans ce domaine. Je dis donc qu'en laissant les
anciens cas à la Commission des affaires sociales, ça ne peut pas
déplaire aux membres de cette commission qui ont revendiqué que
ce soit la Commission des affaires sociales qui continue à juger des cas
en appel devant elle.
Quant aux nouveaux cas, les membres de cette commission ont fait
remarquer, et j'étais aussi d'accord, qu'il fallait absolument que la
commission qui allait juger les nouveaux cas soit en mesure de le faire de
façon qu'on soit assuré que cela se fasse indépendamment
de la Commission des affaires sociales. J'adhérais donc aussi à
ce point de vue parce qu'il m'apparaissait important qu'on en vienne à
ce résultat. Donc, indépendance de la nouvelle commission
d'appel, les cas qui y seront référés seront donc
jugés correctement. Cela aussi me satisfait.
Je me rappelle aussi que, lorsque le juge Poirier est venu ici, on lui
avait posé la question: Est-ce que vous pensez qu'il serait souhaitable
que tous les nouveaux objets d'appel de la loi 42 vous soient
référés à la Commission des affaires sociales? Je
me rappelle que le juge Poirier avait dit: Ce n'est pas souhaitable que les
nouveaux cas d'appel soient référés aux affaires
sociales.
Donc, quand nous regardons tous ces éléments il ne nous
reste pas beaucoup de solutions. Il ne nous en reste pas, à toutes fins
utiles. Il faut admettre que garder les anciens cas à la Commission des
affaires sociales, c'est une bonne affaire; il faut admettre que
référer le reste, c'est-à-dire les nouveaux cas qui
viendront, à la nouvelle commission, c'est aussi une bonne affaire.
C'est la raison pour laquelle je me rallierai au point de vue qui a
été évoqué par le ministre ce matin. On se
rappellera que lors de la dernière séance il y avait eu quelque
réticence de ma part. Ce matin, je voudrais dire que je me rallie
à la position du ministre, parce que cela me semble être, à
toutes fins utiles, une solution et un jugement de Salomon.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président nous prenons tous
bonne note de l'importante nouvelle que le député de
Châteauguay vient de nous communiquer.
Je crois que le député de Sainte-Marie a établi
très clairement que les dispositions proposées par le ministre
sont le résultat de la décision qu'il a prise de créer un
nouveau tribunal. En dernière analyse, si on voulait aller au fond de ce
problème-là, c'est cette décision qu'il faudrait remettre
en question.
J'étais tenté tout à l'heure de jouer le jeu
classique du député de l'Opposition et de dire: Cela fait huit
ans et demi que ce gouvernement fonctionne de cette façon-là,
etc., etc., etc. Mais non, ce n'est pas cela. Cela fait plus de huit ans et
demi. Je pense que c'est la nature humaine qui fait qu'un ministre qui
présente un projet de loi espère souvent que celui-ci
créera un petit morceau du gouvernement qui sera son oeuvre, qui
marquera son passage à la direction des affaires de l'État. Je
pense que cela s'est manifesté plusieurs fois depuis huit ans et demi,
mais que cela se manifestait avant et que cela se manifestera sans doute
à l'avenir. Cela fait partie de la nature humaine. Quand on est
ministre, on aime bien s'immortaliser par un morceau du gouvernement et le
morceau du gouvernement du ministre qui fait partie de notre commission, c'est
ce nouveau tribunal.
Malheureusement, on ne peut pas aller au fond du problème sans
remettre cela en question. La vraie solution serait de régler les
problèmes de la Commission des affaires sociales et on sait,
évidemment, que cela ne relève pas de ce ministre. C'est cela,
le
problème. Le gouvernement est composé de
principautés distinctes et, comme l'a écrit l'ancienne ministre
du gouvernement français, Françoise Giroux, dans son livre
intitulé "La comédie du pouvoir": Rien n'est impossible, sauf de
faire travailler deux ministères ensemble. Je pense que la situation
dont on parle illustre cette pensée de Mme Giroux, qu'il n'est pas
possible de faire travailler deux ministères ensemble.
Alors, ce que le ministre a fait, plutôt que de travailler de
concert avec ses collègues du Conseil des ministres à trouver une
solution aux problèmes de la Commission des affaires sociales, solution
qui est d'ordre administratif et non pas d'ordre législatif - il est
dans les pouvoirs et les attributions actuels du gouvernement de régler
ces problèmes - ayant sans doute jugé qu'il n'était pas
possible de convaincre le Conseil des ministres, de convaincre la ministre
responsable de la Commission des affaires sociales qu'il fallait régler
ce problème, il crée son propre tribunal. Conséquemment,
on est aux prises avec cette multiplication de morceaux de gouvernement, cette
augmentation de l'appareil de l'État, cette confusion qui
résultera fatalement du fait que, parallèlement, deux tribunaux
vont entendre des causes semblables, la seule différence entre les deux
types de causes étant tout simplement le moment où elles sont
inscrites au rôle.
Ce n'est pas une solution au problème. On ne règle pas le
problème. On fait du "patchage" à partir de l'entêtement du
ministre qui n'a pas voulu renoncer à son nouveau morceau de
gouvernement, à son nouveau morceau d'État qui va l'immortaliser
dans l'opinion. C'est cela, le problème. Si le ministre voulait vraiment
régler cela, il remettrait en question cette création d'un
nouveau tribunal et il s'unirait à ses collègues pour
régler les problèmes de la Commission des affaires sociales. On
n'aurait donc pas à perdre tout ce temps à discuter de virement
de personnel qui, comme le député de Sainte-Marie l'a très
bien expliqué, ne se réalisera d'ailleurs jamais, puisque le
nouveau tribunal, lui, se sera donné dans l'intervalle le personnel
voulu. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. M. le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Fréchette: Non, M. le Président, sauf
peut-être pour vous dire que je n'ai jamais eu l'impression depuis le
début de ces travaux que nous avions perdu notre temps ou que nous
sommes en train de le perdre. J'ai l'impression que les discussions ont, plus
souvent qu'autrement, été fort utiles et ont permis
d'améliorer un certain nombre de choses dans cette loi. Quant au fond
même de la question, il est bien évident que ce que je vous dirais
à ce stade ne serait que de la répétition par rapport
à ce que j'ai déjà dit jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Je trouve qu'il y une question soulevée par
le député de Sainte-Marie et reprise par le député
de Viau qui n'a pas eu de réponse. Dans deux ans, le nouveau tribunal
d'appel sur les lésions professionnelles sera constitué. En deux
ans, il y aura eu assez de cas pour avoir été constitué au
complet. On aura un tribunal d'appel. Dans deux ans, si on installe douze bancs
à la Commission des affaires sociales, on va célébrer le
règlement du dernier cas des accidents du travail sous la vieille loi.
On va se retrouver non pas avec sept, mais avec douze bancs qui vont
célébrer en disant: Voici notre dernier cas. À l'autre
tribunal, les places sont toutes remplies. Qu'est-ce qu'on va faire avec les
autres? Ce sont ceux qui, actuellement, ont l'expertise, ont
l'expérience et, tout à coup, dans deux ans, ils ont jugé
leur dernier cas et on en fait quoi? Ceux qui ont une expérience ne sont
plus dans le système et ceux qui n'en avaient pas ont pris la place. Je
voudrais avoir la réponse à cette question. Qu'est-ce qu'on va
faire? (11 h 15)
Je suis bien d'accord avec ce que mon collègue d'en face a dit
tout à l'heure, que ce serait beau que les anciennes causes soient
jugées par l'ancienne commission d'appel et les nouvelles causes par le
nouveau tribunal. Mais, dans deux ans, imaginez-vous dans quelle confusion on
va se retrouver. Qu'allez-vous faire avec ceux qui ont de l'expérience
et de l'expertise? On n'aurait pas répondu à cette affaire.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: À partir de la remarque du
député de Frontenac, il ne faut jamais perdre de vue que tous les
commissaires et tous les assesseurs qui sont actuellement à la
Commission des affaires sociales ont de l'expérience en matière
d'accidents du travail puisqu'il n'y a personne de spécifiquement
affecté au dossier des accidents du travail. Ils ont tous de
l'expérience.
À partir de l'observation que nous soumet le député
de Frontenac, cela voudrait dire que dans deux ans, si c'est là le terme
auquel il faut faire référence, il faudra tous les
transférer. Ils ont tous cette expérience dont on parle. Elle
n'est cependant pas exclusive aux dossiers d'accidents du travail. Si la
conclusion à laquelle on arrive, c'est de dire: Tout le monde,
commissaires et
assesseurs à la Commission des affaires sociales, a cette
expérience, cela voudrait dire aussi que dans deux ans il faudrait
transférer tout le monde.
M. Grégoire: Où les transférer?
M. Fréchette: À la nouvelle commission d'appel.
M. Grégoire: Mais les cadres vont déjà
être pleins.
M. Fréchette: Bien, écoutez, c'est la
prétention que vous avez.
M. Grégoire: Ma prétention peut être
justifiée parce qu'avec les délais d'appel qu'il y a dans la
nouvelle loi et...
M. Fréchette: L'autre question que j'allais soumettre, M.
le Président...
M. Grégoire:... que j'approuve - par exemple, quand vous
avez des délais d'appel de 30 jours, ce n'est plus deux ans ou
indéfini - il va falloir que la nouvelle commission se donne le
personnel voulu pour respecter les délais d'appel de la nouvelle loi.
Alors, cela va prendre du personnel et cela va remplir les cadres.
Quand je prends, par exemple, un appel pour les cas d'amiantose, c'est
30 jours. Aujourd'hui, devant la Commission des affaires sociales, ils peuvent
attendre deux ans. Cela veut dire que cela va prendre beaucoup de personnel
pour respecter ces . délais d'appel de 30 jours. Les cadres vont
être remplis et tout le personnel du nouveau tribunal d'appel va
être trouvé et engagé, à mon avis, en deux ans.
M. Fréchette: M. le Président, je voudrais aussi
qu'on se souvienne des remarques du juge Poirier autant au moment où il
est venu ici que dans les renseignements qu'il nous a récemment fournis.
Par exemple, il a fait observer qu'au cours de la dernière année
les seuls cas provenant de la Loi sur l'assurance automobile ont plus que
doublé. De 400 cas qu'ils étaient l'année dernière,
ils seraient maintenant 1000.
Il ne faut pas perdre de vue, non plus, que cette même commission
et tous les commissaires qui y sont, de même que les assesseurs qui y
sont, l'ont, cette expérience en matière d'assurance automobile,
ils ont cette expérience en matière de rentes, ils ont cette
expérience en matière d'aide sociale, ils ont cette
expérience en matière d'accidents du travail. Si, donc, il faut
procéder au transfert intégral de tous ceux qui sont là
actuellement, qu'est-ce qu'on va faire de l'adjudication des appels qui
proviennent des autres lois dont on vient de parler? Faudra-t-il de nouveaux
commissaires à la Commission des affaires sociales pour permettre qu'on
continue de disposer en appel de ces différents cas dont je viens de
parler?
M. Bisaillon: C'est ce que le premier ministre appellerait de la
démagogie sincère.
M. Fréchette: Enfin, je ne sais pas comment on peut la
qualifier, mais une chose que je peux dire au député de
Sainte-Marie, c'est qu'elle ne procède pas d'un mauvais naturel. On peut
se convaincre de cela.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: A-t-il vraiment l'intention de transférer du
personnel de la Commission des affaires sociales à la commission
d'appel?
M. Fréchette: M. le Président, je l'ai dit le 25
mars, très clairement et je l'ai répété ce matin.
À partir des balises et des conditions dont il faut tenir compte.
M. Cusano: C'est large. Est-ce que vous pouvez être plus
précis?
M. Bisaillon: Cela ne peut pas être plus clair, n'est-ce
pas? Bon.
M. Cusano: Très transparent. Dans son esprit, y aurait-il
une question de pourcentage de personnes qui seraient
transférées? Je sais de quelle façon vous allez me
répondre.
M. Fréchette: Dites-le-moi. Suggérez-moi une
réponse.
M. Cusano: Non. Il semble que ce soit clair dans votre esprit,
mais cela ne l'est pas dans l'esprit des membres de l'Opposition. Allez-vous,
oui ou non, transférer des personnes à la nouvelle
commission?
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette:... je vous réitère que le 25
mars nous sommes revenus ici après que j'eus soumis le dossier au
Conseil des ministres. J'ai indiqué aux membres de la commission
à ce moment-là que le principe du transfert avait
été accepté, que la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avait également eu le mandat de
procéder à faire l'évaluation sur le plan administratif de
la possibilité d'atteindre cet objectif, toujours à partir
des
considérations du 25 mars. Combien de mandats de ces gens qui
sont commissaires ou assesseurs actuellement arrivent à leur
échéance de cinq ans? Combien de ceux dont le mandat se termine
dans un mois, dans six mois, dans un an ou dans deux ans vont être
intéressés à voir leur mandat renouvelé? Si
quelqu'un, ici, peut me donner des réponses aux questions de cette
nature et me donner des précisions qui nous permettraient de
procéder à l'identification d'un certain nombre de personnes qui
accepteraient... Il ne faut pas oublier qu'ils ont été
nommés commissaires à la Commission des affaires sociales. Il
faut tenir pour acquis qu'il vont devoir donner un consentement, ce dont je ne
peux pas présumer à ce stade-ci. Je réitère donc
que, sur le plan de la discussion et au niveau des principes, on ne peut pas
avoir d'embêtement ni de problème à cet égard. Mais
quand arrive le temps de concrétiser dans les faits une décision
de cette nature, l'on va tous convenir que ce n'est pas aussi simple que cela
peut le paraître à partir des discussions qu'on a.
M. Cusano: M. le ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: ...on ne dit pas que c'est simple, mais puisque que le
principe a été accepté - et qu'on est conscient des
problèmes en cours de route - le ministre, pour garantir, justement,
cette expertise à la nouvelle commission, s'est-il fixé un
objectif, un pourcentage de personnel qui serait transféré?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: L'objectif, M. le Président, est
celui qui ferait en sorte que le plus grand nombre de personnes qui ont
l'expertise en cette matière et qui désireraient être
mutées puissent le faire. Si le député de Viau est en
train de me dire: M. X est-il désireux d'y aller? M. Y, dont le mandat
expire dans trois mois, va-t-il demander un renouvellement de son mandat? C'est
le genre de questions auxquelles je ne suis pas en mesure de répondre.
Je pense qu'on va me comprendre.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Le président du nouveau tribunal
d'appel sera-t-il libre de faire des choix parmi les bancs des commissaires des
affaires sociales? Pourra-t-il aller de lui-même...
M. Fréchette: Ce n'est pas lui qui nomme les commissaires.
C'est le gouvernement qui nomme les commissaires sur recommandation du ministre
de la Justice.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il d'autres demandes
d'intervention sur l'amendement? L'amendement est-il adopté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division. On
revient à l'article. Y a-t-il des demandes d'intervention sur l'article
comme tel? L'article 542, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 543.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Mais avant je crois que...
M. Fréchette: Oui, c'est cela.
Les bureaux de révision
Le Président (M. Dauphin): ...effectivement, M. le
ministre propose un autre amendement qui a pour effet d'ajouter, après
l'article 542, les suivants: "542.1. Toute affaire ou question relative
à la classification des industries et à la cotisation des
employeurs faite avant le 1er janvier 1986 pour une année
antérieure à 1986 est régie, aux fins de la contestation,
par le règlement sur la classification des employeurs." L'article
"542.2. Malgré l'article 511, le bureau de révision en
matière de classification des industries et de cotisation des
employeurs, constitué en vertu de l'article 171 de la Loi sur la
3anté et la sécurité du travail, continue d'exister et
conserve sa juridiction pour examiner, entendre et décider en
dernière instance toute affaire ou question relative à la
classification des industries et à la cotisation de3 employeurs faite
avant le 1er janvier 1986 pour une année antérieure à
1986. Cependant, la commission peut modifier la composition de ce bureau."
M. Bisaillon: Un chèque en blanc.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, avez-vous des
commentaires sur ces amendements?
M. Fréchette: M. le Président, ces amendements ont
comme objectif de maintenir le système actuel d'appel en matière
de classification et de cotisation
pour les employeurs, c'est-à-dire cet appel qui est soumis
à un bureau de révision dont la décision a un
caractère final. Ce n'est qu'après le 1er janvier 1986 que les
appels des employeurs en matière de cotisation et de classification
pourront être soumis, d'abord, au bureau de révision et, ensuite,
à la commission d'appel. Pourquoi nous faut-il cette disposition, M. le
Président? C'est parce que le processus de classification et de
cotisation pour l'année en cours est déjà enclenché
et, évidemment, les employeurs qui vont souhaiter se pourvoir en appel
vont devoir le faire en vertu du système actuel.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Viau.
M. Cusano: À l'article 542.2, au deuxième
paragraphe, vous dites: "Cependant, la commission peut modifier la composition
de ce bureau." Encore un autre pouvoir...
M. Bisaillon: Un chèque en blanc.
M. Cusano: Oui, un chèque en blanc à la commission.
Pourquoi ce paragraphe? Pourquoi le ministre se voit-il dans la
nécessité de donner ce pouvoir à la commission? Si la
commission peut modifier la composition de ce bureau, comment peut-elle le
faire?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, dans l'état
actuel des choses, puisqu'on se réfère en quelque sorte au statu
quo en matière de composition du bureau de révision, les actuels
bureaux de révision ont déjà leurs titulaires, si je peux
m'exprimer ainsi. H y a des gens qui sont assignés comme membres uniques
d'un bureau de révision. La seule raison pour laquelle cette disposition
est inscrite dans la loi, c'est pour permettre de faire des modifications, le
cas échéant. Qu'un actuel président d'un bureau de
révision soit malade et absent pour une-période de six mois ou
d'un an, qu'il décède ou que, pour tout autre motif valable, il
ne puisse pas exercer ses fonctions de membre du bureau de révision, il
est évident qu'il va falloir procéder à des modifications.
C'est la seule raison pour laquelle on retrouve cette disposition à la
fin de l'article 542.2.
M. Bisaillon: Cela veut dire qu'il n'y a aucune règle
prévue pour ces cas-là dans la loi actuelle.
M. Fréchette: Dans la loi actuelle?
M. Bisaillon: Ce serait étonnant.
M. Fréchette: Dans la loi actuelle, ces dispositions
existent, mais, comme on les a toutes abrogées pour procéder
à la formation des nouveaux bureaux de révision, il faut garder
ce pouvoir dans la loi 42 pour prévoir le genre de situation dont je
viens de parler.
M. Bisaillon: C'est-à-dire qu'une autre... Je vais laisser
le député de Viau terminer, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: C'est l'interprétation que j'avais
donnée à cet article, mais je peux comprendre le problème
qui est soulevé. Le député de Deux-Montagnes, en raison de
son expertise de la langue française, pourrait peut-être nous
suggérer un amendement qui pourrait précisément exprimer
les voeux du ministre. Mon inquiétude à cet égard, ce
n'est pas sur la possibilité de remplacer un individu.
L'interprétation que je donne à cet article, à ce
paragraphe, c'est que la commission peut changer la structure des bureaux de
révision. Si je ne me trompe pas, avec le bruit qui est derrière
nous, ce n'est pas cela votre intention. C'est simplement de pouvoir remplacer
les individus qui sont là présentement si ces personnes ne
peuvent pas siéger. (11 h 30)
M. Fréchette: La loi ne parle pas de la structure. Elle
parle de la composition du bureau. "La commission peut modifier la composition
de ce bureau."
M. Bisaillon! En mettre deux plutôt qu'un, trois au lieu de deux.
C'est ce que veut dire "composition" aussi.
M. Fréchette: Cela pourrait être ça. J'essaie
de voir ce que cela peut modifier par rapport à l'état actuel des
choses, parce qu'il y a actuellement des bureaux de révision où
siège plus d'une personne dans des matières bien
précises.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on doit comprendre, M. le
Président, que cette disposition - les deux dernières lignes de
l'article 542.2 - va servir jusqu'au 1er janvier 1986 seulement?
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Et le ministre nous a dit que c'est parce que les
recours qu'il avait déjà prévus, on avait abrogé
cela dans d'autres articles de la loi 42. Donc, si on maintient ce genre
d'appel jusqu'au 1er janvier 1986 dans les bureaux actuels de révision,
on aurait pu avoir tout simplement une phrase disant que les mécanismes
prévus pour le remplacement continuaient de s'appliquer jusqu'à
cette date.
M. Fréchette: C'est très précisément
ce que cela veut dire.
M. Bisaillon: Pas nécessairement. Là, c'est plus
large. Vous pourriez faire ce que vous voulez, tout en ayant conservé la
juridiction aux anciens bureaux de révision. Vous pourriez les modifier
totalement dans leurs orientations et dans leur mode de fonctionnement, dans
leur composition. En tout cas, pour mot, ce n'est pas un point majeur, mais
habituellement on évite ce genre de chèque en blanc qui permet de
faire à peu près tout. On évite cela. Je veux seulement
souligner au ministre aussi que voilà encore deux sujets que la nouvelle
commission d'appel, jusqu'au 1er janvier 1986, n'aura pas à traiter.
M. Fréchette: II va en rester seulement...
M. Bisaillon: Du grand paquet qu'on avait tantôt, on va en
soustraire encore deux. On en enlève encore deux autres. Va-t-il en
rester jusqu'au 1er janvier 1986, des affaires à faire à la
nouvelle commission d'appel?
M. Fréchette: 23 matières et le 1er janvier
1986...
M. Bisaillon: On n'a pas fini. On n'est pas rendu au bout,
là.
M. Fréchette: ...ce n'est pas à l'autre bout du
monde, il me semble. M. le Président, l'argumentation que vient de faire
le député de Sainte-Marie est très
précisément l'argumentation que j'ai en tête. C'est pour
permettre le phénomène dont il vient de parler. Je pense que le
texte qui est là répond expressément ou
précisément à ce genre de préoccupation.
M. Bisaillon: Je ne le pense pas, mais on n'en fera pas un
drame.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres demandes d'intervention sur
l'amendement? Est-ce que l'amendement prévoyant l'ajout des articles
542.1 et 542.2. est adopté?
M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 543.
M. Fréchette: 543, M. le Président, c'est un
article qui précise à partir de quand les nouvelles instances de
révision administrative et d'appel - maintenant, il ne faut plus parler
de révision administrative, il faut parler du bureau de révision
- sont ajoutées à la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, et vont commencer à s'appliquer.
Pardon?
M. Bisaillon: Cela se lit tel que c'est là?
M. Fréchette: Oui. M. Bisaillon: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 543 est
adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. de Bellefeuille: ...avant que vous appeliez l'article suivant,
quand nous discutions l'article 530.1, j'ai posé une question en deux
volets au ministre. Je ne sais pas s'il a eu la possibilité de trouver
les renseignements en question. La question que j'ai posée, c'est quant
au nombre de conjoints qui sont touchés ou seraient touchés par
l'article 530.1 et quelle proportion en chiffres absolus ou en pourcentage de
ces conjoints toucherait plus de 735 $ par mois, 735 $ par mois
représentant le seuil de la pauvreté dans les localités de
la taille de celles qu'on trouve dans la région de l'amiante.
M. Fréchette: Je pense qu'on a les informations, M. le
Président. Je ne les ai pas sous la main actuellement, mais le travail a
été fait. Dès qu'on me les remettra, je transmettrai les
renseignements.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Article 544. Le
ministre a une proposition d'amendement qui est d'ajouter, à la fin,
l'alinéa suivant: "La commission peut nommer un nouvel inspecteur-chef
régional, s'il y a lieu, pour exercer la juridiction prévue par
le premier alinéa."
M. Bisaillon: On conserve le texte actuel, mais on ajoute ce
paragraphe.
M. Fréchette: C'est cela. Cela va? M. Cusano: Cela
va.
Le Président (M. Dauphin): Pas d'intervention? Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que
l'article 544 tel qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 545?
M. Fréchette: II n'y a pas d'amendement, je ne le pense
pas, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Pas selon nos notes.
M. Fréchette: Voilà! C'est un article de
concordance avec l'article 544 et qui maintient l'actuel bureau de
révision en matière d'inspection jusqu'à ce qu'il soit
disposé de toutes les demandes de révision relatives aux
décisions qui auront été rendues par les inspecteurs avant
l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions concernant les instances
d'appel.
M. Bisaillon: C'est un autre. Cela fait quatre.
M. Cusano: "Mais la commission peut en modifier la
composition."
M. Bisaillon: Encore.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, si la dernière phrase
n'existait pas, est-ce que cela changerait le sens de l'article?
M. Fréchette: Essentiellement, cela ne changerait pas le
sens de l'article, sauf que, si un membre d'un actuel bureau de révision
s'en allait pour n'importe quel motif, s'il décédait ou si la
maladie l'empêchait d'agir, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail ne pourrait pas procéder à son
remplacement pour permettre que les causes puissent continuer d'être
entendues.
M. Lincoln: Est-ce qu'on ne pourrait pas, pour revenir à
l'argument du député de Viau sur la pratique, préciser que
la commission peut en modifier la composition en cas de remplacement ou de
décès, ou quelque chose comme cela? À ce moment-là,
cela aurait du sens. Je pense que ce qu'on voulait éviter, c'est un
changement de composition sans aucune raison valable. Là, c'est un
pouvoir qui est donné de changer la composition.
M. Bisaillon: Cet article n'est pas de la même nature que
le précédent. Ce n'est pas temporaire, cela va toujours rester
là. Par exemple, tantôt, quand on a parlé des cas de
cotisation des entreprises, c'était temporaire, c'était jusqu'au
1er janvier 1986.
M. Fréchette: Ce sont les matières d'inspection qui
sont actuellement en suspens, celles qui pourraient être amorcées
jusqu'à ce que la loi 42 soit en vigueur. Alors, cela a aussi un
caractère tout à fait temporaire.
M. Bisaillon: Où est-ce dit dans le texte?
M. Fréchette: C'est de l'ensemble de la lecture du texte.
Au cours de nos séances antérieures, on a fait disparaître
la fonction d'inspecteur-chef régional. Étant donné que la
fonction d'inspecteur-chef régional est disparue et remplacée par
un nouveau mécanisme qui va être effectif au moment où la
loi 42 sera en vigueur, c'est à partir de cela que le caractère
temporaire dont on parlait existe.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 545? Non? Est-ce que l'article 545 est
adopté?
M. Cusano: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
Article 546?
M. Fréchette: Je n'ai pas d'amendement, je ne le pense
pas, M. le Président.
Une voix: II y a un ajout.
M. Fréchette: II y a un ajout, 546.1.
Le Président (M. Dauphin): II faut adopter l'article 546.1
avant. Oui.
M. Fréchette: L'article 546 précise à
compter de quand s'appliqueront les nouveaux recours du travailleur qui croit
avoir été l'objet d'une sanction de la part de son employeur pour
le motif qu'il a exercé un droit ou une fonction prévue par la
Loi sur la santé et la sécurité du travail.
Le Président (M. Dauphin): Aucune demande d'intervention?
Est-ce que l'article 546 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Il y a maintenant une proposition d'amendement pour ajouter l'article
546.1 qui dit ceci.
M. Fréchette: M. le Président,
permettez que je vous interrompe.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Fréchette: À cause d'amendements qu'on a faits
antérieurement, il nous faut remodifier l'article 546 tel que vous vous
prépariez à le lire.
Le Président (M. Dauphin): Comme je le mentionnais
tantôt, nous avons une proposition d'amendement pour y introduire
l'article 546.1 qui se lit comme suit: "Malgré le dixième
alinéa de l'article 3 de la Loi sur l'assurance-maladie,
édicté par l'article 463.1, la commission assume le coût
d'un service visé dans cet alinéa tant qu'une entente
visée dans le deuxième alinéa de l'article 19 de cette
loi, édicté par l'article 464, n'est pas en vigueur relativement
à ce service. La commission fixe ce coût d'après ce qu'il
serait convenable et raisonnable de réclamer du travailleur pour un
service semblable s'il devait le payer lui-même."
M. le ministre, sur l'amendement.
M. Fréchette: Oui, M. le Président. Ou bien c'est
très compliqué ou c'est très simple.
M. Bisaillon: C'est parce que d'habitude, quand on a quelque
chose à payer soi-même, ce n'est jamais très
raisonnable.
M. Fréchette: Ah, bon! Ouaisi Je ne sais pas si c'est
utile que l'on ajoute des commentaires. D'ailleurs, le texte qui vient
d'être distribué contient les motifs pour lesquels l'amendement
est suggéré. Je peux bien le lire pour les fins du Journal des
débats. Il s'agit d'un amendement qui contient une disposition
transitoire relativement au paiement d'un service rendu par un professionnel de
la santé dans le cadre de la présente loi ou de la Loi sur les
accidents du travail. En attendant la conclusion de l'entente prévue par
l'article 19 de la Loi sur l'assurance-maladie, la commission assumera et
fixera le coût de tels services. Le critère qu'énonce le
deuxième alinéa de l'article 546.1 est celui que l'on retrouve
dans l'actuelle Loi sur les accidents du travail.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: C'est justement pour s'assurer que l'entente se fasse
dans un délai raisonnable.
M. Fréchette: Cela peut être l'un des objectifs,
effectivement.
M. Bisaillon: L'article 546 ou 546.1?
Le Président (M. Dauphin): Aucune autre demande
d'intervention sur l'ajout? Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Cusano: Cela va, adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 547.
Les associations sectorielles
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait avoir la portée de cet
article?
M. Fréchette: De l'article 547, oui.
Le Président (M. Dauphin): Article 547.
M. Fréchette: L'article 506 a modifié la Loi sur la
santé et la sécurité du travail pour conférer la
personnalité juridique aux associations sectorielles. Plusieurs telles
associations ont été constituées jusqu'à maintenant
et ont effectivement posé des actes et contracté en leur nom. 11
paraît donc nécessaire de les habiliter rétroactivement
tant pour protéger les membres de ces associations que les tiers avec
qui elles ont contracté. Le 1er janvier 1981 est la date de
l'entrée en vigueur des articles 98 à 103 de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail qui concernent les
associations sectorielles.
M. Bisaillon: M. le Président, juste une question au
ministre. Ce n'est pas sur le fond, c'est surtout sur la procédure. Il
n'y a pas beaucoup de précédents dans nos lois de mesures
rétroactives. Il y a celle de Duplessis, que je connais, par laquelle il
a déclaré rétroactivement une grève
illégale.
M. Fréchette: La loi Picard, également.
M. Bisaillon: Quels sont les autres précédents?
M. Fréchette: Moi aussi, je suis toujours
préoccupé par l'effet rétroactif d'une loi. Je n'ai pas
besoin d'insister pour vous dire qu'une année et demie au
ministère du Revenu m'a davantage sensibilisé au caractère
parfois difficile d'accepter la rétroactivité. Ce que j'ai
appris, cependant, au-delà des lois de nature strictement fiscale, c'est
que, lorsque la rétroactivité a comme objectif d'éviter
des embarras, en termes très larges, embarras s'entendant de n'importe
quelle situation qui pourrait être préjudiciable, le
caractère de rétroactivité est généralement
accepté sans réserve. (11 h 45)
Si l'effet rétroactif qu'on veut donner à une disposition
législative était de pénaliser, de quelque manière
que ce soit, une personne ou des groupes de personnes, ce serait une
tout autre histoire. Je donne un exemple: il y a des dispositions
législatives en matière fiscale qui auront comme objectif de
mettre fin à un litige qui est pendant devant les tribunaux parce que,
vraisemblablement, sur le plan de la fiscalité, ce pourrait être
"préjudiciable", entre guillemets, à un gouvernement. C'est le
genre de choses qui se sont déjà faites et qui, dans certains
cas, se font encore. Par ailleurs, lorsque des droits qui sont, par exemple,
attachés à la personne, des droits qui concernent la
propriété individuelle sont en discussion devant des instances
judiciaires, le caractère rétroactif est plutôt
répugnant qu'autre chose.
Dans le cas qui nous intéresse, ces associations sectorielles
existent depuis 1981. Il en existe un bon nombre; jusqu'à maintenant,
une soixantaine et plus. Enfin, il en existe un nombre considérable.
Pour éviter d'engager la responsabilité personnelle des gens qui
travaillent à l'intérieur de ces associations sectorielles et des
tiers avec qui les associations ont pu contracter, il faut prendre ces
dispositions qu'on retrouve à l'article 547, pour leur donner cette
protection-là. Comme elles existent depuis 1981, il faut aussi les
couvrir par rapport à des actions ou à des omissions qui auraient
pu être faites dans l'exercice de leurs fonctions et qui pourraient leur
être reprochées. C'est la seule raison pour laquelle il nous
apparaît nécessaire de retenir l'article 547.
M. Bisaillon: La loi 42 a donné une reconnaissance
officielle aux associations sectorielles.
M. Fréchette: Voilà!
M. Bisaillon: Le fait de placer l'article 547, cela reporte cette
reconnaissance qu'on place dans la loi 42 au 1er janvier 1981. Cela veut donc
dire que, s'il y avait, par exemple, des poursuites d'engagées contre
une association ou des litiges entre une association et des employeurs, cela
ferait perdre tout recours à ces employeurs. Je voudrais savoir si cela
existe en fait. Est-ce qu'il y a, dans le fonctionnement des associations
sectorielles, des contestations au moment où on se parle?
M. Fréchette: M. le Président, je vais
différer un petit peu d'opinion avec le député de
Sainte-Marie sur l'interprétation qu'il faut donner à l'article
547. Cela n'empêche pas les poursuites, cela empêche les poursuites
contre les individus, ce qui fait que quelqu'un qui prétendrait qu'il a
des droits contre l'association sectorielle paritaire en matière
d'automobile, par exemple, pourrait exercer son recours, obtenir jugement,
procéder à exécuter le jugement contre l'association
sectorielle qui a ce caractère corporatif dont je viens de parler. La
protection que cela donne, c'est que M. X, qui est membre de l'association
sectorielle, partie syndicale ou patronale, serait à l'abri de ces
poursuites dont parle le député de Sainte-Marie. Donc, ses biens
personnels ne répondraient pas d'une obligation qu'il aurait
contractée en sa qualité de membre de cette association
sectorielle.
Deuxièmement, on me transmet l'information suivante: selon la
première information et la première observation, c'est qu'il n'y
a jamais eu, depuis 1981, de poursuite de la nature de celle dont on parle,
mais on va le vérifier de plus près.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Pour poursuivre dans le même sens que le
député de Sainte-Marie, ce qui me tracasse, c'est ceci, sous
réserve de votre vérification, naturellement. Disons qu'un
individu ou qu'une corporation, enfin, n'importe quelle entité qui avait
des revendications depuis 1981, avait déjà fait des
démarches dans le sens de revendiquer ses droits. À ce
moment-là, ne pouvant le faire contre une corporation qui n'existait pas
légalement, elle le faisait contre un individu. Si les démarches
étaient déjà amorcées, même s'il n'y avait
pas encore eu de procès, par cette loi, on dit: Bon, vous avez à
recommencer presque à neuf. Si, par exemple, il y a des cas - de 1981
jusqu'en 1985, c'est quatre ans - où des poursuites ou des
démarches juridiques ont déjà été
entamées et qu'on dit à ces personnes: Vous recommencez à
zéro contre une corporation, vous êtes obligées de
reprendre tout le fil, est-ce qu'à ce moment-là, cela ne brime
pas les droits qui existaient dans un contexte différent?
Je suis d'accord avec le ministre qu'il faut protéger les
individus, mais le fait est que, pour une raison ou une autre, ce n'est pas le
cas. Les gens qui avaient des revendications se trouvaient devant une situation
de fait qui était différente de celle qui existe au moment
où on adopte cet article. Est-ce que ces vérifications vont
être assez précises pour s'assurer qu'aucun droit
déjà exercé dans le contexte antérieur ne soit
brimé?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, c'est cette
vérification que nous sommes en train de terminer. Je
réitère que les premières informations nous permettent,
avec les réserves qui s'imposent, de conclure que, dans aucune des
associations sectorielles
visées ici, il n'existe de semblables poursuites. S'il n'en
existe pas et qu'on fait rétroagir à 1981, je pense que, par le
jeu des présomptions, on peut assez facilement arriver à la
conclusion que les droits qui auraient pu naître en 1981 ou en 1982 quant
à des actions en dommages ou de toute autre nature sont ou bien
prescrits ou sur le point de l'être.
De plus, dans le cas très spécifique dont nous parle le
député de Nelligan, le Code de procédure civile
prévoit - et vous me corrigerez, M. le Président, si je fais une
mauvaise interprétation - que, lorsqu'une des parties à une
instance judiciaire change d'état, il y a une procédure
très simple qui peut être faite devant le tribunal devant lequel
le litige est en discussion pour obtenir que l'état de la partie soit
modifié en conséquence des changements qui sont intervenus depuis
que les procédures ont été entreprises.
Après vérification plus précise, il n'y a
actuellement aucune action pendante qui vise soit des associations sectorielles
comme entités, soit des individus qui font partie de ces associations
sectorielles. Il y a effectivement une poursuite d'intentée par Mme
Biais-Grenier - on en a entendu parler, on l'a lu dans les journaux
récemment -alors qu'elle était fonctionnaire d'une association
paritaire patronale, la PPSST -j'ai un peu de difficulté - mais cela
n'est pas visé par les associations sectorielles telles qu'on les
prévoit dans la loi. Deuxièmement, l'action de Mme Grenier est
intentée contre cette association dont je viens de parler et non contre
un des individus qui la composent.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas d'autre
intervention sur l'article 547? Est-ce que l'article 547 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 548. Le ministre a une proposition d'amendement à cet article
qui est de remplacer, à la fin, les mots "(1983, chapitre 38") par les
mots "(LRQ, chapitre A-21.1)" Lois refondues du Québec. Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Bisaillon: Oui, oui, très certainement.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté.
L'article 548 est-il adopté?
M. Cusano: Adopté.
Pouvoirs accordés rétroactivement aux
greffiers
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Il y a aussi une
proposition d'amendement pour ajouter deux articles, c'est-à-dire les
articles 548.1 et 548.2, et je les lis: "548.1 Le deuxième alinéa
de l'article 118 du Code du travail, édicté par l'article 468.1,
a effet depuis le 12 février 1985. En outre, cette disposition
s'applique à toute cause dans laquelle l'absence de juridiction d'un
juge de paix pour le motif qu'il a exercé un pouvoir visé dans
cette disposition n'a pas été soulevée à cette
date. "548.2 Malgré l'article 372, le personnel requis par la commission
d'appel est, jusqu'au 31 décembre 1985, nommé et
rémunéré d'après les normes, les effectifs et les
barèmes établis par le président de cette commission et
approuvés par le gouvernement. Si elle ne lui est pas déjà
applicable, la Loi sur la fonction publique devient alors applicable, sans
autre formalité, au personnel nommé en vertu du premier
alinéa."
M. le ministre, avez-vous des commentaires sur les deux ajouts que l'on
vient de lire?
M. Fréchette: Sans se parler, on se comprend, M. le
Président.
M. Bisaillon: Puis-je demander au ministre, M. le
Président, avant de commencer à discuter, s'il maintient
l'amendement tel quel?
M. Fréchette: Est-ce que vous me donnez quelques
minutes?
M. Bisaillon: Oui.
M. Fréchette: M. le Président, je pense que la
discussion est toujours intéressante, mais on peut en sauter un bon bout
- je le pense en tout cas - si je dis aux députés de la
commission que je fais une proposition pour retirer complètement
l'article 548.2 de la loi.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Le proposeur a
toujours le loisir de retirer sa proposition d'amendement. Alors, 548.2 est
retiré.
M. Grégoire: M. le Président, avant que ce soit
retiré, est-ce que cela veut dire que le ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Grégoire: ...ne s'attend pas à nommer quelques
membres du personnel, d'ici le 31 décembre 1985, de la commission
d'appel? Est-ce que cela veut dire qu'il n'y
en aura pas qui seront nommés d'ici ce temps?
M. Fréchette: Non. Quand on lit l'article 548.2, tout ce
à quoi cet article faisait référence, c'était
à la méthode de nomination. C'est la méthode de nomination
qui est retirée.
M. Grégoire: Alors, s'il n'y a pas de méthode de
nomination, vous ne pouvez pas en nommer parce que vous n'avez pas....
M. Fréchette: C'est la Loi sur la fonction publique qui va
s'appliquer, sauf, évidemment - on en a discuté tellement souvent
- pour le président, les vice-présidents et les commissaires qui,
eux, sont nommés par le gouvernement sur recommandation du ministre de
la Justice. Mais tous les autres membres du personnel vont devoir être
nommés à partir des dispositions de la Loi sur la fonction
publique.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des demandes
d'intervention pour l'article 548.1? M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Bien, sur l'article 548.1, d'abord, je voudrais que
le ministre nous explique cet article. Cela me semble spécial, cela
aussi.
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: C'est comme si on essayait de confirmer des choses
qui se sont faites dans le passé, encore une fois.
M. Fréchette: M. le Président, il y a eu
récemment deux ou trois jugements qui ont été rendus par
des instances judiciaires de droit commun, autant à la Cour
supérieure qu'à la Cour d'appel. Il y a un jugement
récent, d'ailleurs, du juge Boilard, c'est le plus récent, qui
nous a obligés à introduire cette disposition dans la loi. Je dis
au député de Sainte-Marie pourquoi.
Dans l'état actuel des choses, la loi prévoit que seul le
juge du Tribunal du travail a juridiction pour procéder à
l'audition des causes qui proviennent de cette loi. Les jugements des Cour
supérieure et d'appel dont je viens de parler ont prolongé en
quelque sorte ou ont interprété la juridiction du juge du
Tribunal du travail comme étant exclusive en toute matière qui
concerne un dossier qui provient de la Loi sur les accidents du travail.
Cela nous amenait à des situations aussi embarrassantes que la
suivante: une plainte est déposée dans le district judiciaire de
Rimouski et, pour un motif valable, le matin prévu pour l'audition de la
cause, l'une ou l'autre des deux parties n'est pas prête à
procéder et il faut qu'une remise soit inscrite dans le dossier. Les
jugements, encore une fois, dont je viens de parler sont arrivés
à la conclusion que seul le juge du Tribunal du travail pouvait
autoriser une remise. (12 heures)
C'est la même chose pour l'assignation des témoins, par
exemple. S'il fallait nous en tenir à ces jugements dont je viens de
parler, seul le juge du Tribunal du travail a autorité et juridiction
pour signer des subpoenas aux fins de l'assignation des témoins devant
le tribunal. À partir de ces jugements, il est apparu clair que, pour la
bonne marche des dossiers, il fallait donner au greffier de la cour devant
laquelle l'instance a été portée juridiction de pouvoir
autoriser des remises, de pouvoir procéder à l'assignation de
témoins, à la taxation des témoins, ce que, actuellement,
nous disent ces jugements, il n'est pas habilité à faire. Cela
voudrait essentiellement dire que, même si, un matin, dans les districts
judiciaires de Rimouski, de Saint-François et de Drummond, on sait
à l'avance que les causes qui sont inscrites au rôle devront
être remises, le juge devra se déplacer aux seules fins de la
remise. La conclusion à laquelle on est arrivé a
été de dire: Le greffier devrait avoir ces juridictions.
Le 12 février 1985, nous étions ici en commission
parlementaire lorsque nous avons discuté de cette situation et nous
avons, à ce même moment, pris la décision, quitte à
la confirmer par l'article que nous sommes en train d'étudier, que cet
article devait être en vigueur à compter du 12 février
1985. Nous l'avons dit, à ce moment, ici en commission parlementaire,
parce que c'est la date la plus rapprochée qui nous a permis d'ajuster
les dispositions pour qu'elles soient conformes aux jugements qui avaient
été rendus.
Ces dispositions ont été soumises au juge en chef du
Tribunal du travail; elles ont été soumises pour
appréciation au ministère de la Justice; elles ont
été évaluées au Comité de législation
et elles ont été évaluées ici au mois de
février 1985. À ce moment-là, tout le monde avait l'air de
convenir qu'il fallait, effectivement, que la disposition entre en vigueur le
plus rapidement possible.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je vois dans les explications que vous avez
données, avec l'amendement, sur l'article 548: "L'article 548.1 est donc
nécessaire pour éviter que ces poursuites ne soient
annulées pour le seul motif, purement technique, de l'absence de
juridiction d'un juge de paix à poser les actes qu'il pose
régulièrement en matière pénale: comparution,
ajournement, etc., ce
qui confirme ce que vous venez d'expliquer. Disons, en pratique, que
cette loi ne sera pas adaptée avant deux, trois, quatre ou cinq semaine.
Que se passe-t-il depuis le 12 février jusqu'au 30 mai ou au 1er juin ou
je ne sais trop? Disons - c'est une question hypothétique, mais, de
toute façon, c'est toujours possible - qu'il y a une dissolution de la
Chambre et que la loi n'est pas adoptée, que se passe-t-il à ce
moment-là? Que se passe-t-il pour toutes ces causes depuis le 12
février jusqu'à maintenant? Sont-elles mises en suspens en
attendant l'adoption de la loi? Sont-elles annulées, celles que cet
article veut empêcher d'annuler?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: II y a une première chose dont il
faut qu'on soit tout à fait sûr: c'est que toutes les
matières qui sont pendantes devant les tribunaux et qui ont
été inscrites avant le 12 février 1985 vont devoir
être jugées à partir des conclusions que contiennent les
jugements dont je viens de parler.
Si, pour une formalité de la nature d'une remise,
par exemple, qui n'a pas été faite par la bonne personne, la cour
en venait à la conclusion qu'il faille rejeter la plainte sur le fond,
il en sera ainsi pour tout ce qui a précédé le 12
février 1985. Après le 12 février 1985, il est entendu que
les dispositions de cette loi ne peuvent s'appliquer tant et aussi longtemps
qu'elle n'aura pas été mise en vigueur. Qu'arrive-t-il des causes
qui sont actuellement pendantes devant les tribunaux? Je ne peux vous donner
d'information qu'à partir du sens commun qui, normalement, devrait
prévaloir. Il est probable que les juges à qui seraient soumises
des causes de cette nature attendraient de voir ce qui va se passer au plan
législatif avant d'en disposer. On parle toujours de causes qui ont
été inscrites après le 12 février 1985. Si, pour
une raison ou pour une autre, de quelque nature qu'elle soit, la loi
n'était pas en vigueur et qu'un juge décidait de procéder
à l'audition d'un dossier, je pense que la règle à
laquelle il serait astreint, ce serait la règle contenue dans les
conclusions de ces jugements dont je viens de parler. Les tribunaux ne sont pas
liés par le fait que la loi n'est pas adoptée.
M. Lincoln: Oui, je comprends bien. Mais, dans les circonstances
que vous dites, il me semble aussi que le sens commun dirait que, si un juge
sait qu'il y a une rétroactivité au 12 février 1985, il va
retarder sa décision. Mais est-ce que les juges sont au courant de cette
disposition? Pendant que cette loi est en suspens jusqu'à son adoption,
comment jouera ce mécanisme?
M. Fréchette: M. le Président, il faut bien nous
convaincre d'une autre chose. Il s'agit en l'occurrence des seuls juges du
Tribunal du travail. Ce ne sont pas les juges de la Cour provinciale et les
juges de la Cour des sessions de la paix. Ils sont, de toute évidence,
au courant de la situation qui existe puisqu'ils ont eux-mêmes
suggéré le changement; ils ont étudié l'amendement
qui a été proposé et ils attendent, évidemment, de
voir ce qui va se passer.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Dans le même sens. Au-delà du fait
qu'ils pouvaient être au courant d'une discussion tenue en commission
parlementaire à une date donnée, parce que cette discussion s'est
faite à cette date-là et que la commission a manifesté son
intention d'aller dans tel sens, ils ne peuvent pas tenir pour acquis,
premièrement, que ce sera tel quel à la fin de l'étude
article par article. Ils ne peuvent pas tenir pour acquis, non plus, que la loi
sera adoptée. Ils pourraient toujours supposer qu'il y a quelques
ministériels, à la dernière minute, qui vont se ressaisir
et changer d'idée. Et le deuxième paragraphe de l'article 548.1
leur fait obligation d'avoir tenu cela pour acquis.
En plus de l'aspect rétroactif, M. le ministre, cela fausse aussi
le processus parlementaire. C'est comme si, une fois qu'une discussion a
été faite sur un sujet, à un moment donné en
commission parlementaire, on ne pouvait jamais revenir sur cette question. Il
n'y a rien qui nous dit, par exemple, qu'au moment du dépôt du
rapport en commission n'importe quel député ne pourrait pas se
lever, apporter un amendement et dire: Le 12 février 1985,
j'enlève cela. Autrement dit, c'est bloquer le processus parlementaire
à une date de discussion par les membres d'une commission, alors qu'on
sait que le processus, lui, continue. Je comprends qu'aux yeux du ministre,
c'est très théorique et ce l'est effectivement dans l'application
quotidienne, mais il faut reconnaître que c'est comme si on
empêchait les autres mécanismes prévus dans nos
règlements de jouer, de s'appliquer.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: Ce que dit le député de
Sainte-Marie est tout à fait vrai. Il n'y a personne d'entre nous qui
soit en mesure d'être catégorique sur le fait que l'article 548.1
sera adopté à la fin du processus législatif, suivant la
forme et la teneur dans lesquelles on peut le lire actuellement. Il n'y a
personne, non plus, qui peut donner l'assurance que la loi sera en vigueur. Il
n'y a personne qui peut donner cette assurance-
là. Si l'une ou l'autre des deux situations auxquelles nous
réfère le député de Sainte-Marie devait être
la réalité, les juges du Tribunal du travail n'auront qu'à
adjuger les dossiers qui leur sont soumis à partir des dispositions
contenues dans les conclusions des jugements de la Cour supérieure et de
la Cour d'appel. En fait, ce que les juges du Tribunal du travail font
actuellement, c'est qu'ils attendent de voir l'échéance du
processus législatif. Et ils vont, évidemment, devoir s'ajuster
aux conclusions qui vont se dégager de cette échéance; ou
bien la loi n'est pas adoptée ou elle est adoptée dans des termes
différents de ceux que l'on retrouve là. En conséquence,
ce sera -combien sont-ils? - une douzaine de juges au Tribunal du travail qui
devront s'ajuster à ce que sera l'état juridique de la situation
au moment où on pourra apprécier cet état.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Ce que je voulais seulement indiquer au ministre,
c'était la date du 12 février. On peut convenir dans une loi de
modifier d'autres lois et de changer la pratique, d'ailleurs. Cela peut se
faire à n'importe quel moment, mais à partir du moment où
on le décide. On va le décider vraiment quand la loi sera
adoptée en troisième lecture et qu'elle sera mise en vigueur. En
fait, ce que je trouve, c'est que tout le deuxième paragraphe devrait
être biffé au lieu de dire "a effet depuis le 12 février".
Ce qu'on veut, c'est modifier la pratique. Ce que vise le ministre, c'est
empêcher à l'avenir ce qu'il nous a expliqué tantôt.
Mais là, en plus de l'empêcher à l'avenir, il voudrait nous
demander de le mettre rétroactif, d'aller à l'encontre,
premièrement, du processus parlementaire -je pense qu'on en convient -
en tout cas, selon la lettre de nos règlements et, en plus de cela,
selon la pratique habituelle aussi. Pourquoi ne met-il pas cela en vigueur
seulement au moment de l'entrée en vigueur de la loi ou de la sanction
de la loi?
M. Fréchette; Une des préoccupations -je ne dis pas
que c'est la seule - c'est que cela nous amènerait à une
situation qui ferait que, pour un motif strictement technique de forme, l'une
ou l'autre des deux parties se verrait privée d'un droit
fondamental.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre? Est-ce que cela pourrait être contesté au plan
constitutionnel? Est-ce que ce n'est pas l'intrusion du politique dans le
fonctionnement judiciaire en cours d'exercice?
M. Fréchette: J'essaie de voir de quelle façon on
peut relier la disposition qui est là à quelque aspect
constitutionnel que ce soit. Le député de Sainte-Marie est plus
précis quand il me demande: Est-ce que ce n'est pas là une
intrusion du législatif dans le judiciaire? S'il s'agissait d'une
question de fond actuellement débattue devant une instance judiciaire et
qui priverait quelqu'un d'un de ses droits, peut-être bien, mais c'est
tellement de la forme.
M. le Président, il faut aussi être sensible au texte du
deuxième paragraphe de l'article 548.1: "Cette disposition s'applique
à toute cause dans laquelle l'absence de juridiction d'un juge de paix,
pour le motif qu'il a exercé un pouvoir visé dans cette
disposition, n'a pas été soulevée à cette
date."
M. Bisaillon: Mais au 12 février?
M. Fréchette: Oui, à cette date, c'est le 12
février, effectivement.
M. Bisaillon: Mais cela revient à dire que, depuis le jour
où une discussion s'est faite ici, tout le monde aurait dû tenir
pour acquis que c'est comme cela qu'on devait fonctionner, même si la loi
n'était pas comme cela. Je dis que le législateur peut toujours
changer non seulement la forme, mais le fond des choses. Il peut changer la
pratique. Il peut enlever des pouvoirs qu'il a donnés à des
institutions. Il peut les enlever, mais cela prend toujours effet à
partir du moment où il le décide et, actuellement, ce n'est pas
parce qu'on a fait une discussion que c'est décidé.
M. Fréchette: M. le Président, je ne ferai pas une
guerre de principes, bien que cela peut rejoindre des principes aussi, mais on
va demander aux juges du Tribunal du travail de continuer à se promener
à travers le paysage jusqu'à ce que la loi ait été
adoptée.
M. Bisaillon: On peut mettre "la sanction de la loi".
M. Fréchette: "La sanction de la loi". Je n'ai pas
d'objection, effectivement.
M. Bisaillon: On se promènera.
M. Fréchette: On fera des voyages. Est-ce que cela
nécessite qu'on le modifie? Oui.
M. Bisaillon: Enlevons-le complètement. Le reste, on l'a
déjà décidé.
M. Fréchette: J'ai dit au député de
Sainte-Marie tout à l'heure que j'étais bien disposé
à considérer l'argumentation qu'il
nous soumet à cet égard, mais, avant de formaliser tout
cela, je voudrais qu'on revienne un petit peu à la discussion sur
l'amendement.
Il est évident que, dans les cas où le défaut de
forme dont on parle a été soulevé avant le 12
février, la partie qui a soulevé ce défaut de forme va
toujours conserver son droit de le plaider, même si on devait à un
moment donné se retrouver devant la Cour suprême. Ce droit a
été invoqué en temps opportun et il demeure. (12 h 15)
Cependant, dans les cas où, pour n'importe quel motif, le
problème n'a jamais été soulevé avant le 12
février, si on ne met pas cette date charnière, on est en train
de donner au plaideur un argument tout à fait public, convaincant et
clair que, tant et aussi longtemps que la loi n'aura pas été
adoptée et en vigueur, même si vous n'aviez pas soulevé cet
aspect de la question devant les tribunaux, on vous dit maintenant
publiquement: Soulevez-le. C'est un moyen de défense qui devra
être retenu par le tribunal.
Je signale au député de Sainte-Marie que nous sommes -
j'ai presque envie de dire dans 100% des cas - en matière de poursuites
intentées par des travailleurs envers des employeurs. C'est assez
important de le retenir, il me semble, et cela revient à l'autre
considération que je faisais tout à l'heure: Est-ce que, pour des
motifs purement techniques et de forme, on va enlever des droits de fond? Je
réitère au député de Sainte-Marie que je n'ai pas
d'objection à procéder à un certain nombre de changements
mais j'aimerais cependant, avant de le concrétiser et de le formaliser,
pouvoir établir le contact avec le juge en chef du Tribunal du travail
afin de savoir devant quelle sorte de phénomène on va se
retrouver.
M. Lincoln: J'aimerais poser une question au ministre.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Lincoln: Malgré l'article de la loi dont nous avons
discuté maintenant, qui n'est pas encore sanctionné parce que la
loi n'est pas encore sanctionnée, et elle ne sera pas sanctionnée
avant encore un mois ou quelques semaines, qu'est-ce qui arriverait dans le cas
d'un avocat qui soulèverait ce motif aujourd'hui?
M. Fréchette: Tant et aussi longtemps que la loi n'est pas
sanctionnée, si le juge devant lequel il soulève l'objection a
décidé de procéder à l'audition de la cause, cet
avocat aura gain de cause et la plainte sera rejetée à partir du
défaut qu'il a invoqué. C'est un pur défaut de forme dans
l'opinion qu'on en avait, mais la Cour supérieure a dit: Non, ce n'est
pas un défaut de forme, c'est un défaut de fond. C'est un
défaut de fond. Un greffier ne peut pas remettre une cause, un greffier
ne peut pas assigner de témoin; ce doit être le juge qui pose ces
gestes-là.
Si la loi n'est pas adoptée ou si, comme le soulignait le
député de Sainte-Marie, le texte final n'est pas celui qu'on
retrouve là et qu'un juge décide d'entendre une cause, il va
devoir procéder à partir des conclusions des jugements dont je
viens de parler tout à l'heure.
M. Lincoln: Mais, pour suivre cette même logique, M. le
ministre, en fait, si le point était soulevé maintenant pour une
cause qui s'appliquait avant ou après le 12 février, le fait
même que la loi ne soit pas adoptée va à l'encontre de
cette disposition; tant que cette disposition n'est pas là, en fait,
elle n'existe pas.
M. Fréchette: Tout à fait, cela ne lie personne
tant et aussi longtemps que la loi n'est pas adoptée.
M. Bisaillon: Ajoutons que la loi n'est pas adoptée et
qu'aujourd'hui un plaideur, comme vous l'avez dit - d'un côté ou
de l'autre, c'est la question de principe que je regarde - pourrait, lui,
procéder en fonction des jugements qui sont là. Ce n'est pas
notre faute, ils sont là, les jugements; on peut décider qu'ils
sont enfargeants, ces jugements, et changer la coutume, changer les textes. On
peut décider de faire cela. Mais pour demain on ne dira pas: Le jugement
n'a jamais existé. On ne pourra jamais dire cela. Il était
là en fonction de la loi qui était là et de la
façon dont elle était faite.
Aujourd'hui, la loi n'étant pas adoptée, un plaideur
pourrait invoquer ces jugements et appeler. Là, on discute pour savoir
si on va l'empêcher de fonctionner selon la loi actuelle, la façon
dont elle est faite actuellement et les jugements rendus. C'est ce que l'on
fait. On se pose la question si on doit le faire ou pas. Je prétends
qu'il y a des enjeux importants là-dedans en termes de principe et de
fonctionnement.
Moi, M. le ministre, je suis bien d'accord pour qu'on suspende et qu'on
y pense chacun de son côté.
M. Fréchette: Bien. On suspend, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. L'amendement
prévoyant l'article 548.1 est suspendu. Puisqu'il ne nous reste que six
minutes j'appelle maintenant l'article 549.
M. Fréchette: Où il n'y a pas
d'amendement, M. le Président. Je ne le pense pas, en tout
cas.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: On dit à l'article 549: "La Commission
de la santé et de la sécurité du travail est
chargée de l'administration de la présente loi. " Cela veut dire
toute la loi. Est-ce qu'on ne devrait pas extraire le chapitre XII? Il y a un
amendement à l'article 550?
M. Fréchette: Oui.
M. Grégoire: Qui enlèverait l'administration du
tribunal d'appel...
M. Fréchette: II donne au ministre de la Justice...
M. Bisaillon: À l'article 550 le ministre de la Justice
est responsable de l'application du chapitre XII. On doit comprendre que, selon
la formulation de l'article 550...
M. Fréchette: On peut l'ajouter à l'article 549, M.
le Président.
M. Grégoire: À l'article 549 on dit qu'elle est
responsable de l'administration.
M. Fréchette: "La Commission de la santé et de la
sécurité du travail est chargée de l'administration de la
présente loi, à l'exception du chapitre XII. "
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a une différence entre
l'administration et l'application? D'après la loi ce sont deux mots
différents.
M. Grégoire: Ce sont deux mots différents.
M. Fréchette: II me semble que ce sont deux concepts tout
à fait différents. Quand on réfère à la
notion de l'administration on parle de la marche quotidienne, par exemple.
M. Lincoln: Quand on dit "à l'exception" est-ce qu'il ne
faudrait pas aussi changer l'article 550 pour dire: L'administration et
l'application du chapitre XII? Là, on s'est servi de deux mots
différents...
M. Fréchette: L'administration de la commission d'appel va
relever de la Commission d'appel elle-même. Il y a une disposition dans
la loi - je ne pourrais pas la pointer de façon très
précise rapidement comme ça mais on pourrait très
certainement la trouver - qui prévoit que c'est le
président-directeur général de la commission qui est
responsable de l'administration générale de cette même
commission.
M. Lincoln: C'est donc excepté pour le chapitre XII.
M. Fréchette: C'est l'article 366, M. le Président.
Est-ce que cela répond à votre question?
M. Lincoln: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement
à l'article 549...
M. Cusano; Est-ce que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail est prête à administrer cette
loi?
M. Bisaillon: Qu'on ne verra jamais, d'ailleurs!
À la fin des travaux de la commission, M. le ministre, est-ce
qu'on va pouvoir entendre les cassettes enregistrées?
M. Fréchette: J'aurai une permission à vous
demander à la fin des travaux de la commission.
M. Bisaillon: On en discutera à ce moment-là.
M. Fréchette: C'est cela. C'est ce que j'allais
suggérer au député de Viau. On va discuter d'une
disposition qui va nous demander de nous prononcer sur la date d'entrée
en vigueur de la loi. On pourra en discuter à ce moment, si vous le
voulez.
M. Lincoln: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement
à l'article 549 qui prévoit, à la fin, les mots "à
l'exception du chapitre XII" est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté, Est-ce que
l'article 549 tel qu'amendé est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. À
l'article 550, il y a une proposition pour le remplacer par le suivant: "Le
ministre de la Justice est responsable de l'application du chapitre XII. "Le
gouvernement désigne un ministre qui est responsable de l'application
des autres dispositions de la présente loi. " Y a-t-il des interventions
sur l'amendement?
M. Lincoln: Adopté.
M. Grégoire: Un ministre est responsable du chapitre XII;
pourquoi ne nomme-t-on pas le ministre? Ce n'est pas le ministre du Travail qui
va être responsable?
M. Fréchette: Pas nécessairement, M. le
Président. Demain, cela pourrait bien être la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Cela pourrait
être n'importe quel autre ministre du gouvernement.
M. Bîsaillon: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je me souviens de l'adoption de la loi 17.
Seulement ce petit article avait fait l'objet d'un long débat interne et
également au niveau de la commission. À cette époque, les
membres de la commission avaient tenu à ce que le ministre soit
identifié. On est d'accord avec l'article 550. Pour ce qui est de la
deuxième partie, j'aimerais me réserver quelques minutes de
réflexion. Comme il est 12 h 30, M. le Président, peut-être
qu'on pourrait profiter de l'ajournement pour réfléchir.
M. Lincoln: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Nelligan, une minute.
M. Lincoln: Très brièvement, parce que je sais
qu'on veut terminer. Est-ce qu'on ne pourrait pas indiquer dans le
deuxième alinéa que le ministre désigné pour
l'application de cette loi est le ministre du Travail, à moins que le
gouvernement ne le désigne autrement? Il me semble qu'à ce
moment-là cela forcera une discussion sur l'amendement et, ensuite, un
débat. Maintenant, on sait que c'est vous. Alors, pourquoi ne pas le
dire? Autrement, il me semble que cela donne une latitude au gouvernement de
nommer le ministre délégué aux Relations avec les citoyens
responsable de cette loi en ce qui concerne des questions électorales ou
des questions politiques.
M. Fréchette: M. le Président, je...
M. Bisaillon: ...un ministre délégué parce
qu'il a une "job" à l'année.
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: Ce que j'allais dire très rapidement,
M. le Président, ce n'est pas parce que je suis ministre du Travail que
je suis responsable de l'application de la loi sur la santé et la
sécurité. Ce n'est pas spécifique.
M. Lincoln: C'est seulement une...
M. Fréchette: De toute façon, le
député de Sainte-Marie nous a dit qu'il avait des belles choses
à nous dire là-dessus. Je vous demande de considérer qu'il
est 12 h 30, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. La commission ajourne
donc ses travaux sine die tout en disant aux visiteurs qui sont ici avec nous
que nous reprendrons après les affaires courantes, vers 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'économie et du travail
reprend ses travaux. Nous étions rendus à l'article 550. Le
ministre avait proposé un amendement en remplacement de l'article 550.
Il se lit comme suit: "Le ministre de la Justice est responsable de
l'application du chapitre XII. "Le gouvernement désigne un ministre qui
est responsable de l'application des autres dispositions de la présente
loi."
M. le ministre, avez-vous des commentaires sur cet amendement?
M. Fréchette: Oui, de très brefs commentaires, M.
le Président. À partir de l'observation soumise par le
député de Nelligan, je voudrais entrer dans mes commentaires
cette suggestion qu'il a faite.
Je vous dirai, essentiellement, que le texte de loi, tel qu'il nous est
proposé par l'amendement à l'article 550, permet très
précisément de rejoindre l'objectif que soulevait le
député de Nelligan, celui-ci étant de faire en sorte que
le gouvernement ait toute latitude pour désigner un ministre qui soit
responsable de l'application de la présente loi.
Je vous dirai que j'ai obtenu des informations, à savoir qu'au
moment de l'adoption de la loi 17 sur la santé et la
sécurité du travail ce débat - comme d'ailleurs nous l'a
dit le député de Sainte-Marie, ce matin - a été
fait, a été mené pendant de longues heures. La formule qui
avait été retenue, c'est celle qu'on retrouve dans l'article 550.
Je dirai également - ce sera mon dernier commentaire à cet
égard -que c'est la formule qui est retenue également dans la Loi
sur la santé et la sécurité du travail, je viens de le
dire; c'est aussi la formule de l'actuelle Loi sur les accidents du
travail.
Alors, je ne vois pas pourquoi, si les
objectifs qu'on vise sont de toute manière atteints par le texte
qui est là, on devrait procéder à d'autres changements que
ceux qui sont suggérés par l'article 550.
Le Président (M. Dauphin): Des interventions sur
l'amendement?
M. Cusano: Non. C'est que M. le député de
Sainte-Marie et moi-même avons remarqué qu'il y avait, tout
à l'heure, onze députés ministériels.
M. Bisaillon: C'est bien!
M. Cusano: Mais ils commencent à disparaître, un par
un. Vas-y.
M. Bisaillon: Non, cela va.
M. Lincoln: Alors, M. le ministre, après avoir
vérifié les autres lois, c'est le même mot à mot,
alors nous n'avons aucun commentaire.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 550 tel
qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 551. M. le ministre a également un amendement pour remplacer
ledit article par celui-là. "Dans les trois mois de la sanction de la
présente loi, le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
exerce, pour l'année en cours, l'obligation que lui confère
l'article 203."
M. Bisaillon: Nous saluons la présence du jeune-vieux
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Fréchette: M. le Président, quand on utilise
l'expression "pour l'année en cours", on réfère à
l'année qui va suivre immédiatement l'adoption de la loi. C'est
pendant cette période de temps ou ce délai que le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre devra exécuter le mandat
qui lui est donné par l'article 203 de la loi.
M. Bisaillon: C'est parce que l'article 203 dit qu'il "dresse
annuellement". "Pour l'année en cours", cela nous semble de trop. C'est
annuellement, alors à toutes les années cela va être
à refaire. Quand on dit "pour l'année en cours", cela veut dire
qu'on le limite seulement à cela.
M. Fréchette: Le conseil consultatif a l'obligation
annuelle de dresser cette liste, et annuellement c'est pour l'année en
cours. Chaque fois l'opération va devoir se répéter.
M. Bisaillon: Oui. C'est juste pour vous indiquer, M. le
ministre, que je n'ai pas d'objection, vous pouvez le laisser comme cela votre
texte. Ce que vous voulez, c'est que dans les trois mois de la sanction de la
présente loi, le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
exerce l'obligation que lui confère l'article 203.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Point. Ce n'est pas pour l'année en cours,
parce que si on dit cela c'est comme si on voulait le limiter juste à
l'année en cours. Si je retourne à l'article 203, cela dit que le
conseil dresse la liste annuellement. Si j'applique l'article 203... Je
comprends que l'article 551 va prévoir qu'il va devoir le faire pour la
première fois dans les trois mois de la sanction de la loi. Après
cela, il va devoir le faire annuellement.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que je peux faire une
suggestion?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Si, par exemple, cela disait que, dans les trois mois
de la sanction de la présente loi, le conseil consultatif dresse la
liste initiale... C'est ce qu'on veut, donner une brève liste de
départ qui, annuellement, est renouvelée.
M. Fréchette: L'année en cours à laquelle on
se réfère, c'est de toute évidence une
référence à la première opération.
Après que la première opération aura été
faite, le conseil consultatif, une fois l'an, la fera son opération ou
exercera les conditions du mandat qui sont prévues à l'article
203.
M. Bisaillon: Cela ne me dérange pas, on va le laisser de
même. J'ai l'impression que, pour l'année en cours, c'est inutile.
Adopté.
M. Cusano: L'article 551... M. Bisaillon: ...après
tout.
M. Fréchette: Oui, j'ai compris cela depuis quelques
heures.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement qui
remplace l'article 551 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
J'appelle l'article 552 avec le même profil, c'est-à-dire
que l'article 552 actuel, on le remplace par le suivant: "Dans les trois mois
de la sanction de la présente loi, les membres du conseil
d'administration de la commission dressent, pour l'année en cours, la
liste des membres des bureaux de révision prévue par les
deuxième et troisième alinéas de l'article 176.2 de la Loi
sur la santé et la sécurité du travail,
édicté par l'article 512.1." M. le ministre.
M. Bisaillon: ...adoption. M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté tel
qu'amendé. Il y a un autre amendement qui prévoit un ajout,
c'est-à-dire l'article 552.1 que je lis immédiatement: "La
commission peut, avant la date de l'entrée en vigueur de la
présente loi, adopter un règlement en vertu du paragraphe 3 de
l'article 431 et en vertu du paragraphe 40.1° de l'article 223 de la Loi
sur la santé et la sécurité du travail,
édicté par le paragraphe 2.1° de l'article 516.
"Malgré toute disposition inconciliable, un tel règlement est
soumis pour approbation au gouvernement et il entre en vigueur le jour de la
publication à la Gazette officielle du Québec du décret
l'approuvant et de son texte définitif ou à toute autre date
ultérieure fixée dans le décret."
M. le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Fréchette: Oui, M. le Président, c'est la
procédure qui est prévue par la loi quant à la fixation
des barèmes pour dommages corporels. L'objectif qui est visé par
l'article 552.1 est de faire en sorte qu'il soit certain que les premiers
règlements soient en vigueur au moment où la loi entrera en
vigueur, de sorte que l'article 552.1 prévoit d'éviter
l'étape, pour cette première fois de la préparation et de
l'adoption des règlements, de la prépublication pour ne pas
risquer que, la loi étant en application, nous n'ayons pas en main la
réglementation qui prévoira les barèmes qui devront
être retenus pour le paiement des dommages corporels.
M. Bisaillon: Les barèmes à partir de
l'établissement du règlement, même si c'est avant
l'entrée en vigueur de la loi?
M. Fréchette: Est-ce que le député de
Sainte-Marie pourrait répéter sa question?
M. Bisaillon: J'ai dit: Le règlement peut être
adopté avant l'entrée en vigueur de ta loi. Selon ce que vient de
nous dire le ministre, cela évite la prépublication. Il est
adopté immédiatement par le gouvernement et, dès sa
publication dans la Gazette officielle, il entre en vigueur. Donc, le
règlement pourrait être adopté et appliqué avant
même l'entrée en vigueur de la loi. C'est ça?
M. Fréchette: Le règlement comme tel, M. le
Président, n'aura pas de valeur juridique avant l'entrée en
vigueur de la loi 42.
M. Bisaillon: Le règlement n'aura son application
qu'à l'entrée en vigueur de la loi mais il pourrait être
adopté avant.
M. Fréchette: II pourrait être adopté
avant.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas d'intervention?
Est-ce que l'amendement prévoyant l'article 552.1 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Article 553?
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Frontenac.
Motion proposant d'ajouter certains articles à
l'article 553
M. Grégoire: J'aurais un amendement à proposer au
ministre à l'article 553. On mentionne ici des articles qui vont entrer
en vigueur au jour de la sanction de la loi. Je voudrais faire ajouter à
ces articles les articles 529.1, 529.2, 529.3, ainsi que 530.1 à 530.6,
et les articles 531 et 531.1 afin qu'ils entrent en vigueur en même temps
que la sanction de la loi.
M. le Président, ça c'est pour le groupe de femmes qui
sont venues l'autre jour et dont les maris sont morts à la suite
d'amiantose, qui reçoivent des indemnités en vertu de l'ancienne
loi et qui peuvent les recevoir maintenant selon un triple choix en vertu de la
nouvelle loi. Je ne vois pas pourquoi on attendrait beaucoup plus longtemps.
Comme vous avez déjà remarqué, elles sont toutes d'un
certain âge, je ne vois pas pourquoi vous attendriez. Cela ne demanderait
rien de spécial, aucun autre changement dans la loi. Alors, en les
faisant entrer en vigueur le jour de la sanction, le temps que cela va prendre
pour ces dames de consulter tous les services pour faire leur choix et leur
option...
M. Fréchette: M. le Président, la discussion qu'on
est en train d'amorcer va être reprise vraisemblablement à
l'article 556. Cependant, je dois tout de suite signaler au
député de Frontenac et attirer son
attention sur un phénomène qui est préoccupant,
quand il suggère que les trois options offertes au conjoint survivant
soient décrétées entrer en vigueur le jour de la sanction
de la loi. Il est évident que, si l'on met en vigueur le jour de la
sanction de la loi un mécanisme en vertu duquel un ou une
bénéficiaire va réclamer un droit, il va falloir aussi
mettre en vigueur, à la même occasion, les mécanismes, par
exemple, qui sont prévus dans la loi pour se pourvoir en appel d'une
décision dont on n'est pas satisfait.
Alors, si un conjoint survivant fait son choix d'une des trois options,
que le montant qui lui est accordé d'après ses prétentions
n'est pas celui auquel cette personne peut avoir droit, le seul recours qui lui
reste, c'est de s'adresser au bureau de révision et, au-delà du
bureau de révision, de s'adresser à la commission d'appel en
matière de lésions professionnelles.
Le député de Frontenac va comprendre très
facilement, pour toutes sortes de motifs sur lesquels j'aime mieux ne pas
insister pour le moment, qu'il est impensable et impossible de croire que les
mécanismes d'appel dont on parle - ce peut être vrai pour un
certain nombre d'autres choses - puissent, mais d'aucune espèce de
façon, être mis en vigueur le jour de la sanction de la loi. C'est
impensable.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Grégoire: Je ne vois pas pourquoi ces conjointes de
survivants auraient à aller en appel. Premièrement, leur cas a
été réglé et elles ont actuellement une
indemnisation. On leur donne trois choix qu'elles pourront adopter selon leur
âge actuel et qui viennent améliorer la situation actuelle. Si
elles ont trois choix, elles le font et sur quoi pourraient-elles aller en
appel? Sur quels chiffres et sur quoi pourraient-elles aller en appel? (15 h
45)
Si elles vont en appel, elles continueront de recevoir l'indemnisation
qu'elles ont actuellement, tant que le tribunal d'appel ne sera pas
formé. Mais, pour les 99,99% qui pourraient choisir tout de suite et ne
pas avoir à aller en appel, je ne vois pas qu'il y ait de cas d'appel
à l'heure actuelle, leur cas est réglé. C'est une
amélioration de leur situation. Elles ont trois options à suivre
qui sont nettement définies et réglementées dans la loi;
je ne vois pas en quoi elles auraient à aller en appel, elles n'ont pas
à aller en appel.
J'insisterais, M. le ministre. Cela fait longtemps que ces personnes
attendent, la loi peut entrer en vigueur dans un certain nombre de mois, un
certain nombre d'années dans certains cas. Le tribunal d'appel peut
être institué dans un an, un an et demi. À ce
moment-là, on les ferait attendre. Je suis convaincu que, s'il y a une
personne sur le lot qui veut aller en appel, elle aura le choix de garder
l'indemnisation qu'elle reçoit actuellement et d'attendre le tribunal
d'appel, mais toutes les personnes qui voudraient choisir une option
immédiatement sans aucun appel seraient satisfaites de l'option qu'elles
prennent actuellement. Si la loi est sanctionnée avant la fin de juin,
pourquoi ne pas leur permettre de profiter de cela aussitôt? Il y a des
personnes qui ont 63 et 64 ans parmi elles, elles ne tomberont plus sous la loi
si vous attendez. Si elles veulent aller en appel, elles garderont leur
indemnisation actuelle jusqu'à ce que le tribunal d'appel soit
formé. C'est simple, M. le ministre. C'est pour cela que je vous demande
de faire un effort pour les inclure immédiatement au moment de la
sanction de la loi. C'est un cas spécial.
M. Fréchette: M. le Président...
M. Grégoire: Je sais que votre bon coeur va vous faire
agir ainsi, M. le ministre, parce que vous ne pouvez pas ne pas leur accorder
cela. Elles n'auront pas d'appel à faire. S'il y en a une qui veut aller
en appel, elle gardera l'indemnisation qu'elle a à l'heure actuelle
jusqu'à ce que le tribunal d'appel soit formé. C'est aussi simple
que cela, M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, le
député de Frontenac fait appel à de bons sentiments en
insistant sur le fait qu'on est devant un cas qu'il a qualifié de
particulier. C'est vrai, c'est un dossier qui est particulier, qu'il
connaît de façon bien précise, mais la situation n'est pas
limitée au seul groupe auquel se réfère le
député de Frontenac, elle s'adresse à l'ensemble des
conjoints survivants. Il y en a 3099, plus 840. Enfin, on pourra revenir
là-dessus.
Deuxièmement, j'ai donné en exemple le chapitre de la
commission d'appel qu'il faudrait mettre en application immédiatement,
mais il faudrait aussi mettre tout de suite en application les
définitions que l'on retrouve à l'article 2. Il faudrait
également tout de suite mettre en application tout le chapitre qui
concerne les dispositions des indemnités à être
payées au conjoint survivant. En d'autres mots, c'est à peu
près toute la loi qu'il faudrait dès maintenant
décréter comme devant entrer en vigueur le jour de sa
sanction.
Alors, M. le Président, encore une fois, je suis d'avis que
malgré toute la bonne volonté que l'on pourrait avoir pour
répondre affirmativement à la demande du député de
Frontenac, sur le plan pratique, c'est
absolument impossible d'espérer que cela puisse se
réaliser comme cela.
M. Grégoire: M. le ministre, dans les définitions,
il n'y a rien qui concerne les personnes dont il est question aujourd'hui.
Elles ont toutes été devant...
M. Fréchette: Les prestations, les
bénéficiaires...
M. Grégoire:... la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, elles ont toutes été
déclarées conjointes de travailleurs décédés
d'Asbestos. Elles ont toutes acquis ce titre-là, elles ont toutes
traversé les étapes et les périodes. Les
définitions ne s'adresseront pas à elles puisqu'elles ont
déjà passé au travers de toutes ces étapes. Elles
sont déclarées conjointes de personnes
décédées d'amiantose au travail. La commission d'appel va
être formée parce qu'on dit que la section I du chapitre XII entre
en vigueur le jour de la sanction de la présente loi. Vous avez les
articles 456 à 460, 481, 506, 508 et 533. Tout ce que je vous demande,
c'est de mettre en vigueur le jour de la sanction des articles qui sont
nettement définis, dont les chiffres sont nettement précis, dont
vous avez pu nous donner des tableaux à la cent près, où
il n'est pas question d'appel parce que c'est réglé par la loi
à la cent précise. M. le ministre, je ne vois pas du tout
pourquoi vous refuseriez cela.
M. Fréchette: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: Si on fait référence au
conjoint survivant d'avant 1979, il y a très précisément
3156 bénéficiaires potentiels. Si on fait référence
à la loi 114, donc à la loi d'après 1979, il y a 689
bénéficiaires potentiels; un total de près de 3800. Si on
ajoute à cela les enfants mineurs, vous devez ajouter 1506 nouveaux
bénéficiaires potentiels aux fonds des rentes et, à la loi
114, 713 bénéficiaires. Vous avez donc un bassin de potentiels
bénéficiaires qui dépasse les 5000. Cela rejoint à
peu près 6000 potentiels bénéficiaires, encore une fois,
qui peuvent se prévaloir de l'une ou l'autre des trois options dont on
parle.
À partir de ce seul volume, il me semble que le sens commun des
choses nous amène à la conclusion que, même si la loi
devait être sanctionnée le 15 mai et que les options soient en
vigueur le 15 mai, il va falloir un délai, enfin, de quelques semaines
sinon quelques mois pour qu'une équipe administrative fasse
l'évaluation de chacun des dossiers dont on vient de parler. Ce seul
besoin est déjà un indice suffisamment important qui devrait nous
amener à la conclusion que ce n'est pas pratique ni indiqué que
les articles auxquels nous réfère le député de
Frontenac soient inclus dans l'article 553. On ne sera pas capable, à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail, de
livrer la marchandise au moment où les bénéficiaires
seraient normalement en droit de l'attendre.
M. Grégoire: M. le ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Grégoire:... vous dites que cela va prendre une couple
de mois. Deux mois, c'est d'accord, mais cela va vous prendre une équipe
spéciale, vous le savez, parce que chacune de ces personnes va vouloir
savoir ce que cela veut dire une option, ce que veut dire l'autre option dans
son cas. Il y en a de 63 ans, il y en a de 58 ans, il y en a de 55 ans, il y en
a de 52 ans, il y en a de 48 ans. Cela va prendre une équipe
spéciale, cela va prendre un délai de deux ou trois mois.
Très bien, alors, M. le ministre, spécifiez, au lieu de laisser
ces personnes dans une attente vague, ne sachant pas trop quand cet article va
entrer en vigueur. Spécifions: trois mois après la sanction.
Là, vous allez avoir le temps de monter votre équipe
spéciale, vous allez avoir le temps de la mettre en marche et commencez
dans trois mois, même si cela prend après cela un autre mois ou un
mois et demi à régler tous les cas. Si vous me dites que vous
n'êtes pas capable de livrer la marchandise au point de vue
administratif, mettez-leur une date.
M. Fréchette: M. le Président, je présume
que le député de Frontenac va continuer d'être assidu aux
travaux de la commission jusqu'à l'article 556. À l'article 556,
on pourra parler de date précise pour l'entrée en vigueur de
l'ensemble de la loi.
Il y a une expérience qui a été vécue avec
la loi 17 qui commande la plus grande prudence. C'est cette expérience
qui a démontré que de mettre en vigueur certains chapitres de la
loi ou certains articles de la loi à des étapes
différentes, cela crée des embarras sérieux quand arrive
le temps de procéder à l'application.
Sauf dans les cas où pour l'exercice de certains droits ou pour
la mise sur pied d'un certain nombre de choses les articles doivent être
immédiatement en vigueur, je dois tout de suite informer les membres de
la commission que mon objectif est de faire en sorte que toute la loi soit en
vigueur à une date bien précise.
M. Grégoire: L'avez-vous dans la tête, la date?
M. Fréchette: Je l'ai dans la tête, effectivement,
mais on n'est pas rendu à cet article.
M. Grégoire: M. le ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: ...est-ce que je peux vous demander... Je
voudrais vous faire part d'un autre amendement que je voulais apporter à
cet article. On pourra le suspendre jusqu'à l'article...
Mon autre amendement, c'était d'inclure dans cela...
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
juste un instant. Si j'ai bien compris, vous voulez qu'on suspende votre
sous-amendement.
M. Grégoire: Non, je veux présenter un autre
amendement avant, afin que le ministre ait le temps d'y penser
également; après cela, demander qu'on suspende cela, selon sa
réponse, jusqu'à ce que l'on sache à quoi s'en tenir. Les
deux autres articles, cela ne comprend pas 5000 cas, mais tout au plus 200.
Cela concerne les articles 539 et 540, nos fameux "miraculés".
M. Fréchette: Ils le sont. Dans l'article 553, ils sont
là.
M. Grégoire: Attendez une minute, M. le Président.
Si je les avais vus là... Les articles 539 et 540 ne sont pas dans
l'article 553, à moins qu'il y ait un amendement.
M. Fréchette: Si vous avez lu l'amendement comme il faut,
la section I du chapitre XII et les articles 506, 508, 537, 540, 547 à
548.2 et quelques autres entrent en vigueur le jour de la sanction de la
présente loi.
M. Grégoire: Attendez un peu, il y a eu plusieurs
amendements. C'est dans l'amendement à l'article 553... Ce ne sera pas
long, M. le ministre. Je n'ai pas eu d'amendement après celui de
l'article 552. Ma dernière page d'amendement, c'est à l'article
552. Alors, il me manquait une page quand vous m'avez distribué tout
cela.
M. Fréchette: En tout cas, si le député de
Frontenac veut me croire sur parole...
M. Grégoire: Non, non, je vais vous croire sur parole, M.
le ministre.
M. Fréchette: ...je vais relire...
M. Grégoire: Pourriez-vous me relire l'article...
M. Fréchette: Oui, je vais relire si vous me le permettez.
Alors, l'article 553 se lirait de la façon suivante: "La section I du
chapitre XII et les articles 506, 508, 537, 540, 547 à 548! - il faudra
lire 548.1 au lieu de 548.2, parce que ce dernier, on l'a enlevé...
M. Grégoire: L'article 539 n'est pas là-dedans.
M. Fréchette: On n'en a pas besoin non plus, de l'article
539.
M. Grégoire: "Une personne qui, avant la date de
l'entrée en vigueur de la section I du chapitre III, a reçu une
indemnité en vertu de la Loi sur l'indemnisation des victimes
d'amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières et qui subit
une récidive, une rechute ou une..." C'est correct. Alors, l'article 540
serait inclus. Mes amendements arrêtaient, je n'ai pas eu les autres
après l'article 552.
M. Fréchette: En tout cas, je pense que cela répond
à la préoccupation...
M. Grégoire: Oui.
M. Fréchette: ...du député de Frontenac.
M. Grégoire: Je vous remercie d'avoir pensé
à cela. Je demanderais qu'on suspende l'article 553 jusqu'après
l'article 556.
M. Fréchette: Je ne vois pas pourquoi il est
nécessaire de le suspendre, M. le Président. À l'article
556, on va couvrir le cas des conjoints survivants dont parle le
député de Frontenac.
M. Bisaillon: C'est parce que je me préparais à
argumenter sur l'article 553, dans le sens de ce que disait le
député de Frontenac.
Le Président (M. Dauphin): Là, nous sommes toujours
sur le sous-amendement.
M. Grégoire: L'amendement, oui.
Le Président (M. Dauphin): Le sous-amendement du
député de Frontenac, qui prévoit d'ajouter des articles
à l'article 553 qui est amendé. M. le député de
Sainte-Marie, est-ce que c'est sur le sous-amendement du député
de Frontenac que vous voulez intervenir?
M. Bisaillon: Bien oui. J'ai écouté cela, M. le
Président. Vous savez que je ne suis pas un connaisseur dans le domaine
que défend le député de Frontenac. Mais je me souviens que
le ministre voulait faire
appliquer la loi à compter de décembre, puisqu'il voulait
l'adopter avant le mois de décembre. Donc, les arguments qu'il a
donnés ne se seraient pas appliqués. Je comprends que la
Commission de la santé et de la sécurité du travail est
prête. Les mécanismes sont déjà là. Il y a
aussi l'article 263 qu'on pourrait inclure dans l'article 553, ce qui
réglerait peut-être le problème du ministre. L'article 263,
on pourrait l'appliquer dès la sanction de la loi. Cela dit: "La
commission perçoit des employeurs les sommes requises pour l'application
de la présente loi." Dès que cela va s'appliquer, la commission
va avoir les montants d'argent nécessaires pour payer.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre. (16
heures)
M. Fréchette: ...je voulais simplement redire des choses
qu'on a dites souvent. Vous ne serez pas étonné que je vous dise
qu'au moment où on se parle la Commission de la santé et de la
sécurité du travail n'est pas administrativement prête
à appliquer la loi 42 lorsque, éventuellement, elle entrera en
vigueur si jamais cela arrive...
M. Bisaillon: Ils ne sont pas prêts!
M. Fréchette: ...parce que vous nous avez demandé
de cesser toute préoccupation à cet égard. Vous nous avez
très fortement suggéré...
M. Bisaillon: Ils ne sont pas prêts!
M. Fréchette: ...d'arrêter les audiovisuels,
d'arrêter l'information à être donnée aux
fonctionnaires. Alors, sur vos représentations
répétées et soutenues...
M. Bisaillon: S'ils ne sont pas prêts, ce n'est pas
pressé.
M. Fréchette: Je pense qu'à l'article 556 on
devrait pouvoir régler toutes les préoccupations qu'on
soulève actuellement.
M. Grégoire: M. le ministre, je ne verrais pas d'objection
à ce qu'on suspende l'article 553 jusqu'après l'article 556 parce
qu'à l'article 556 je m'attends à de grosses déclarations
qui peuvent influencer l'article 553. Alors, je demanderais qu'on le suspende
jusqu'après l'article 556.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a consentement
à ce qu'on suspende l'article 553?
Une voix: Consentement.
M. Fréchette: Oui, cela va.
Le Président (M. Dauphin): Cela va. Alors, l'article 553
est suspendu.
M. Bisaillon: On comprend de toute façon, M. le
Président, qu'on a enlevé l'article 548.2.
M. Fréchette: Oui, et il y a un autre... Au
deuxième paragraphe, M. le Président, au lieu de lire l'article
176.21, il faudra lire l'article 176.20.
Le Président (M- Dauphin): D'accord. L'article 553
étant suspendu, j'appelle l'article 554. Le ministre a un amendement
pour le supprimer. M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, c'est en
prévision de l'annonce qui va être faite à l'article 556.
L'article 554 ne sera probablement plus nécessaire.
M. Bisaillon: Attendez un petit peu! On va regarder ce que cela
disait pour voir ce que vous allez nous annoncer. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas d'intervention sur
l'amendement, alors l'amendement est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): II supprime l'article 554.
Article 555?
M. Cusano: Est-ce que le ministre pourrait nous l'expliquer?
M. Bisaillon: Comment cela se fait-il qu'on ne respecte plus les
lois fédérales?
M. Cusano: Après le virage fédéraliste, il
me semble que cela ne devrait plus être là.
M. Bisaillon: Cela devrait.
M. Fréchette: Cela se peut-il?
M. Bisaillon: C'est un "beau risque".
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des interventions sur l'article 555?
M. Cusano: Le ministre peut-il nous expliquer pourquoi cet
article est là?
M. Fréchette: Par concordance. M. Cusano: Par
concordance.
M. Fréchette: C'est un amendement de concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas de demande
d'intervention. Est-ce que l'article 555 est adopté?
M. Cusano: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. M. le
député.
M. Grégoire: Si je comprends bien, c'est soustraire la
CSST à la charte fédérale...
M. Fréchette: Pas la CSST, la loi 42.
M. Grégoire: La loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles.
M. Fréchette: La loi 42, cela serait mieux.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
M. Grégoire: On va voter avec le gouvernement cette
fois.
Entrée en vigueur de la loi
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 556
où le ministre a un amendement pour remplacer ledit article par le
suivant: "Sous réserve de l'article 553 - qui est suspendu - la
présente loi entrera en vigueur le (... 1985 ou à une date
antérieure fixée par proclamation du gouvernement."
M. Grégoire: Je n'ai pas la copie.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Grégoire: Pourriez-vous le relire?
M. Bisaillon: II n'y a pas grand-chose là!
M. Fréchette: Je n'ai malheureusement pas de... Je vais
lui donner la mienne, M. le Président.
M. Bisaillon: Je peux bien vous la donner moi aussi parce qu'il
n'y a rien là.
M. Grégoire: Cela remplace tout l'article 556, cela?
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, nous sommes
effectivement à l'article qui prévoit la date d'entrée en
vigueur de la loi. Je rappelais, tout à l'heure, aux membres de la
commission parlementaire l'expérience qui a été
vécue avec la loi 17 qui a été mise en vigueur, comme on
le sait, à des époques différentes les unes des autres,
par blocs, par morceaux, avec le résultat net que ce n'est que tout
récemment, par exemple, que les articles concernant les
représentants à la santé et à la
sécurité ont été mis en vigueur et ont permis que
la réglementation soit adoptée pour ce phénomène,
dont je viens de vous parler, des représentants à la
sécurité. C'est la même chose; on pourrait donner toute une
série ou toute une suite d'exemples qui, à partir de
l'expérience, encore une fois, de la loi 17, nous convaincraient, sur le
plan du principe, de la nécessité que la loi soit mise en vigueur
comme un tout, que toutes les dispositions de la loi entrent en vigueur en
même temps.
Il est certain, par ailleurs, M. le Président, que des
mécanismes nouveaux comme ceux que l'on retrouve dans la loi, des
dispositions nouvelles, des fonctionnements nouveaux nécessitent qu'une
certaine période de temps soit mise à la disposition de ceux et
de celles qui auront le mandat d'appliquer les dispositions de cette loi; ils
exigent aussi une certaine période de temps.
Si les membres de la commission - et là, je ne demande
d'engagement à personne, ni de promesse formelle non plus - me disaient:
Bon, on peut maintenant convenir qu'à la Commission de la santé
et de la sécurité du travail, c'est peut-être le temps de
mettre en place les préparatifs de façon que la loi soit mise en
vigueur le plus rapidement possible, je vous dirais que mon intention pour la
mise en vigueur de la loi et pour l'ensemble de toutes les dispositions qu'on y
retrouve, sous réserve de l'article 553, c'est de faire en sorte que la
loi soit en vigueur le 19 août 1985. Cela couvre la période de
temps dont nous parlait le député de Frontenac. On parlait de
deux mois, trois mois pour les conjoints survivants qui auront une option
à faire. Cela arriverait à peu près à la même
époque.
C'est l'intention que je soumets à l'appréciation des
membres de la commission parce que j'ai obtenu l'assurance, M. le
Président, qu'il y aurait des possibilités pour qu'effectivement
tout soit mis en place administrativement afin qu'à cette date les
mécanismes fonctionnent.
Le Président (M. Dauphin): Des demandes d'intervention? M.
le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, le ministre, au moment
où on arrive au dernier article du projet de loi, en dehors des annexes,
bien sûr, nous présente une
proposition qui me fait penser un peu aux clauses qui prennent souvent
bien du temps dans une négociation de convention collective. Ce sont les
clauses de la durée de la convention collective. On a pu s'entendre sur
le contenu; on a fait des compromis. La durée est souvent une question
importante. On est à peu près dans la même situation. Le
ministre nous dit: le 19 août. Si on évalue que la loi va
être sanctionnée dans le courant du mois de mai, cela fait juin,
juillet, août, deux mois et demi. Alors, avec l'ensemble des articles
qu'il y a là, l'ensemble des conditions nouvelles, si le ministre fixe
aujourd'hui deux mois et demi ou toute date antérieure -parce que le
ministre laisse dans son article la possibilité que cela soit
fixé avant par décret gouvernemental si on se rendait compte que
- on peut supposer, malgré ce que le ministre nous dit, que le travail
est quand même passablement avancé. Avec tout ce qu'il y a
là...
Une voix: Les cassettes s'en viennent.
M. Bisaillon: On est à la veille d'avoir les cassettes,
certainement. Cela me ramènerait à la proposition que faisait le
député de Frontenac au ministre tantôt. Si deux mois et
demi c'est suffisant à la CSST pour dire: Je suis prête à
appliquer l'ensemble de cette loi, on pourrait peut-être lui donner une
semaine de plus pour l'ensemble de la loi et devancer de deux mois dans le cas
des personnes dont le député de Frontenac parlait tantôt.
Autrement dit, à la sanction, l'article 553 s'applique aux personnes
dont le député de Frontenac nous parlait et on donne une semaine
ou deux de plus à la CSST pour mettre en vigueur l'ensemble de la loi.
De toute façon, le ministre sait fort bien que, vu les orientations
qu'on a prises durant le temps de la commission, on va accepter l'article 556
sur division. Si la loi entre en vigueur le 19 août et qu'on est contre
la loi, c'est sûr qu'on va adopter l'article 556 sur division. Pour les
fins du fonctionnement, de l'application de la loi et de l'argumentation
qu'avait développée le député de Frontenac, il me
semble qu'on pourrait peut-être intensifier les choses qui pourraient
avantager des travailleurs pendant un certain temps et prendre sept jours de
plus, s'il le faut. Autrement dit, intensifier le travail concernant les
personnes visées par le député de Frontenac et, à
ce moment-là, on pourrait facilement négocier le 26 août au
lieu du 19 août.
Je regardais les articles qui sont couverts par l'article 553. Ce sont,
pour la plupart, des articles qui ont une incidence administrative:
photographie des documents, associations sectorielles. Ce sont des choses comme
cela. Il me semble que le ministre pourrait faire un pas dans le sens de ce que
lui demande le député de Frontenac, quitte à prolonger au
26 août, s'il le veut, plutôt que le 19 août.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: Oui, M. le Président. Ce sont des
sentiments qui partent évidemment d'un excellent naturel, mais je
redirai tout simplement deux choses au député de Sainte-Marie.
Premièrement, il est, encore une fois, dans mon évaluation - elle
est bonne ou elle est exacte, c'est une autre chose impossible de mettre en
vigueur les dispositions dont nous parle le député de Frontenac
sans, en même temps, devoir mettre en vigueur les dispositions qui
concernent tous les mécanismes d'exercice des droits qu'on voudrait voir
mis en vigueur le jour de la sanction. Ce n'est pas parce que le
député de Frontenac nous dit: Je suis convaincu qu'aucun des
conjoints survivants ne va se prévaloir de son droit d'appel, que l'on
peut prendre le risque, en mettant en vigueur l'exercice d'un droit, de ne pas
mettre en même temps en vigueur les mécanismes qui permettent de
le faire sanctionner, si on n'est pas satisfait, d'une part.
Deuxièmement, le député de Sainte-Marie nous dit:
Cela pourrait être quelque part autour du mois de mai que la sanction
pourrait intervenir. Le député de Frontenac disait tout à
l'heure: Une couple de mois après la sanction. Une couple de mois
après la sanction, cela m'apparaîtrait un délai
raisonnable. Si l'on retient la date du 19 août que je suggère,
c'est à peu près la période de temps que cela peut vouloir
signifier, M. le Président, c'est-à-dire vers le mois
d'août.
Si je n'avais pas eu finalement l'assurance que, dans l'état
actuel des choses, tout peut être mis en marche pour que les
mécanismes de la loi soient en vigueur le 19 août, j'aurais
suggéré une autre date. Or, les renseignements que j'ai et les
informations que je possède me permettent d'arriver à la
conclusion qu'à cette date la loi pourrait effectivement être mise
en vigueur avec tous les mécanismes qu'elle comporte.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie et, ensuite, M. le député de Frontenac.
M. Bisaillon: M. le Président, cela va être ma
dernière intervention sur le sujet. Je veux uniquement indiquer au
ministre et en particulier aux représentants de la CSST qui peuvent
être parmi nous que l'argumentation de l'Opposition a peut-être pu
épargner 5 500 000 $ à la CSST. Cela nécessiterait
peut-être un effort additionnel pour le cas des personnes dont on
parlait tantôt. Peut-être qu'on pourrait s'attaquer à cela
plus vite et plus rapidement. Avec nous, la CSST a épargné 5 500
000 $. Elle pourrait peut-être en prendre une partie en temps
supplémentaire pour activer les choses.
M. Fréchette: J'ai une dernière remarque moi aussi,
M. le Président. S'il n'y avait que les 200 ou les 300 personnes dont le
député de Frontenac s'est principalement et
particulièrement préoccupé, peut-être. J'ai
donné des chiffres tout à l'heure qui étaient pour
l'information du député de Deux-Montagnes et qui nous servent
pour les fins de la discussion. Il y a 6000 de ces personnes qui peuvent
choisir l'option dont on parle. Alors, ce n'est pas tout à fait le
même phénomène. (16 h 15)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Si j'ai bien compris, le ministre nous a dit
que, si la commission nous permet de mettre en branle, dès maintenant,
tous les mécanismes pour que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail soit prête le plus vite possible et
qu'on puisse commencer immédiatement à mettre sur pied tous ces
mécanismes de la CSST, la loi pourrait entrer en vigueur dans sa
totalité le 19 août. Bon! J'avais peur, je ne vous le cache pas,
M. le ministre, que vous nous arriviez avec une date, ne fût-ce que deux
mois plus tard. Je vous dit bien franchement que j'aurais eu des objections
assez fortes parce que j'aurais eu peur que vous ne soyez plus en place ou en
mesure -cela serait un meilleur terme - de mettre la loi en vigueur et j'aurais
eu peur que d'autres ne la mettent pas en vigueur. Mais le 19 août, je
serais prêt à courir le risque.
M. Fréchette: C'est un beau risque ça.
M. Grégoire: C'est un bon risque le 19 août. C'est
un risque, remarquez bien... S'il y avait des événements
extraordinaires dans le ciel politique du Québec au mois de juin ou au
mois de mai, cela ne serait pas un risque puisque la loi serait
sanctionnée, à ce moment-là, et qu'elle entrerait en
vigueur au mois d'août quand même.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Grégoire: Alors le risque se serait évanoui
parce que la loi aurait été sanctionnée par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui représente ici Sa Majesté la
reine d'Angleterre, décrétant qu'elle entrait en vigueur le 19
août. Je suis prêt à donner mon consentement pour que la
CSST embarque tout de suite dans - et je le donne avec plaisir - le montage de
tous les mécanismes pour que cela soit prêt à ce
moment-là. Pour ce qui est de nos 5000 personnes, je ne croyais pas
qu'il y en avait tant que cela dans l'ensemble du Québec. C'est vrai que
vous ajoutez les enfants qui peuvent avoir droit à une prestation, mais
cela entre dans le dossier des parents, je suppose, dans le dossier de la
mère, du conjoint survivant, alors ce sont 3000 dossiers que vous avez.
Je crois quand même que l'ouvrage administratif, de ce côté,
pourrait être fait. Vous allez être probablement obligé de
créer une équipe spéciale pour expliquer à
chacun... Il y a eu des réunions, ma secrétaire, dans le
comté de Thetford, a rencontré, depuis la dernière fois,
les 200 personnes de mon comté qui sont typiques des 3000 autres
personnes qu'il y a au Québec. En regardant tous ces textes et avec
leurs propres chiffres, chacun a besoin... Si vous tenez une assemblée
générale pour tout ce monde, celui qui va donner les explications
va recevoir des questions de chacun dans la salle. Ce sont des cas individuels
qui ne sont pas les mêmes pour chacun. Il va falloir les rencontrer. On
va avoir de l'ouvrage à faire à notre bureau à Thetford
pour leur expliquer exactement ce que cela leur donnerait, faire
confirmer...
Une voix: Ce n'est pas une intervention, ce sont des
commerciaux.
M. Grégoire: C'est peut-être un commercial, mais on
est obligé de le faire et le ministre le sait. Le représentant de
la CSST sait fort bien que cela va être des cas individuels à
régler. Cela va être des cas strictement individuels à
régler. S'il y en a 3000 ou 3500, cela va faire des cas. Alors le
ministre pourrait demander à la CSST de tout mettre en oeuvre pour que
la loi au complet puisse entrer en vigueur le 19 août et créer une
équipe spéciale qui pourrait commencer à voir tous ces
cas, à leur envoyer de la documentation, à leur envoyer des notes
sur chacune des trois options, préparant tout cela de telle sorte que,
vers le 19 août ou une semaine plus tard, chacun puisse être
informé à savoir: si vous choisissez telle option vous aurez
tant, si vous choisissez telle option vous aurez tant, si vous choisissez telle
option... Vous allez être obligé de fournir ces renseignements
à chacun. Alors, que dans les préparatifs qui seront faits d'ici
le 19 août on inclue tout le travail d'administration et de paperasse et
d'études de chiffres pour que vers cette date, le 19 ou le 20
août, - quand bien même cela prendrait deux ou trois jours à
poster les lettres - chacun, parmi ces 3000 à 5000 cas qui sont à
régler, reçoive ces renseignements. Les gens qui attendent
après cela sont dans le besoin. Je vous approuve,
M. le ministre, pour que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail commence son travail immédiatement. Je
sais que dans d'autres syndicats, là mon ami le député de
Sainte-Marie n'est peut-être pas tout à fait d'accord avec moi
là-dessus...
M. Bisaillon: II regrette ses interventions, le
député de Sainte-Marie.
M. Grégoire: Oui, il regrette de m'avoir aidé un
peu, mais il connaît mon point de vue depuis le début de la
commission, M. le ministre, et vous aussi. Je suis le seul au Québec,
qu'est-ce que vous voulez, c'est fait comme cela, c'est centralisé,
localisé...
M. Fréchette: Attention à vous là, ne dites
pas cela devant le député de Richmond.
M. Grégoire: II n'a pas suivi les travaux de la
commission, le député de Richmond.
M. Fréchette: Non, non, mais...
M. Grégoire: II n'a pas suivi les travaux de la
commission. Je suis le seul député au Québec qui
connaît les problèmes des travailleurs de l'amiante, des conjoints
survivants de ceux qui sont décédés d'amiantose. Je suis
aussi le seul à connaître la politique de l'amiante...
M. Fréchette: J'ai une petite idée de ce que cela
peut être!
M. Grégoire: Oui? M. Fréchette: Oui!
M. Grégoire: ...à connaître tout ce qui
entoure cela. J'ai eu à vivre avec des cas d'accidents du travail
résultant de l'amiantose et de la silicose relevant de la loi 52. J'ai
vu les amendements et les changements qui ont été apportés
ici et, quant à moi, sauf une explication et un éclaircissement
à l'article 29 - parce que vous m'aviez dit qu'on y reviendrait - pour
ce qui est des travailleurs de l'amiante, je n'hésite pas à dire,
M. le ministre, que c'est un progrès. Pour les autres, il y a
peut-être des syndicats qui ne seront pas contents de l'ensemble de la
loi, mais il y a à l'heure actuelle 117 autres députés qui
pouvaient s'occuper de tous les autres problèmes concernant la loi. Ils
ont déposé des pétitions, mais ils ne sont pas venus ici.
Us ont déposé des demandes de la part de leurs travailleurs afin
que la loi soit rejetée mais ils ne sont pas venus ici s'expliquer.
J'ai 5000 travailleurs de l'amiante. Je me suis dit que je les
représentais. J'ai suivi presque toutes les séances, M. le
ministre, avec assiduité, vous le savez. Chaque fois qu'il a
été question d'amiante ou d'amiantose, je suis intervenu presque
tout le temps, et vous avez compris mes arguments, vous avez accepté
plusieurs amendements venant de moi - je vous en remercie - de telle sorte que
la loi, pour les travailleurs de l'amiante, est nettement
améliorée, et de beaucoup, j'en suis convaincu. Cela va faire
leur affaire. Peut-être pas celle de celui qui se casse une jambe sur un
chantier, mais quand je suis venu ici pour étudier cette loi-là,
c'était avec l'idée de travailler pour les travailleurs de
l'amiante. Je n'ai aucun budget de service de recherche, je n'ai aucun service
de recherche, comme le Parti libéral et le Parti québécois
en ont. Je n'avais aucun de ces budgets, j'ai dû tout faire
moi-même avec l'aide de mes secrétaires, qui connaissent aussi
très bien le dossier puisqu'elles en ont vu des cas d'amiantose. On l'a
fait. S'occuper simplement des problèmes causés par l'amiante a
pris tout notre temps dans l'étude de cette loi, de telle sorte que nous
n'avons pu être d'un grand secours pour les autres, pour les autres cas
d'accidents de travail parce que nous n'avions pas le temps, nous n'avions pas
de service de recherche, nous n'avions pas les budgets pour cela.
Quant à ce que nous nous étions fixé comme objectif
pour les travailleurs de l'amiante, je le répète, à
l'exception de l'article 29 qui a besoin d'un peu de précision, M. le
ministre, vous avez accepté mes amendements pour la date, et pour eux
c'est une nette amélioration. C'est pourquoi, si vous nous demandez si
la CSST peut commencer à se mettre en branle immédiatement, je
dis oui, qu'elle fasse tout le nécessaire pour que la loi entre en
vigueur le 19 août. D'ici ce temps-là, si vous pouvez mettre dans
votre travail administratif la préparation des dossiers individuels pour
les 3000 cas de veuves, de conjoints, de personnes qui sont mortes à
leur travail; si vous pouvez commencer par les veuves des amiantosés,
tant mieux! Elles en ont subi les contrecoups et la société leur
doit beaucoup parce que cela fait longtemps que le gouvernement, pas seulement
le gouvernement actuel, mais les autres gouvernements aussi, cela fait
longtemps que les gouvernements sont prévenus que l'amiante cause des
maladies. J'ai parlé du père Richard Arès, du père
d'Auteuil Richard, du père Jacques Cousineau, qui dans la revue
Relations, en 1949, faisaient des titres en première page et
écrivaient... Et que faisait Duplessis pendant ce temps-là? Il y
avait la grève de l'amiante à Thetford et à Asbestos, il
les a fait matraquer! En pleine église, mêmel On n'a pas tenu
compte d'eux, on ne s'en est pas préoccupé. Je ne m'en cache pas,
c'est depuis l'arrivée du gouvernement actuel que les usines ont
été nettoyées. Alors, on trouvait dans nos usines,
à Asbestos, à la Johns-Manville, à la Lake, à
Carey, à la Bell, à la Normandie - j'ai des rapports - 350
ou 400 fibres au centimètre cube. Aujourd'hui, tous les jours des
inspecteurs du côté patronal et du côté syndical se
promènent et, quand on trouve plus d'une fibre et demi au
centimètre cube, c'est une alerte. Imaginez-vous si c'est une
amélioration depuis six, sept ou huit ans! On a nettoyé dans les
mines, grâce à la politique d'amiante du gouvernement. En plus de
cela, comme la politique du gouvernement actuel est aussi de se lancer de plus
en plus dans l'industrie de transformation de l'amiante et que, jusqu'ici, les
industries n'étaient pas couvertes par la loi 52 sur les victimes
d'amiantose, les travailleurs de l'industrie vont être couverts par cette
loi. Ils n'étaient pas couverts par la loi 52. Les victimes d'amiantose
dans nos industries vont être couvertes par cette loi.
Comme notre but est de développer de plus en plus d'industries
à base d'amiante, tant mieux: Comme le gouvernement a pris ses
responsabilités, il s'est fait des recherches et du développement
pour rendre l'amiante moins nocif à la santé. Vous avez dû
entendre parler de l'amiante phosphaté. Il y a une petite usine pilote
pas loin de chez vous, à Danville, je crois, où on phosphate
l'amiante. L'amiante a perdu 99% de sa nocivité pour les poumons, ce qui
veut dire que l'amiante redeviendra un matériau très important,
un matériau de base ignifuge, isolant, insonorisant comme il n'y en a
pas d'autres au monde et qui ne représentera plus de danger pour la
santé une fois phosphaté. C'est du progrès.
Cette loi, pour ceux qui, il y a 40 ou 45 ans, ont commencé
à travailler dans nos usines, qui sont encore victimes d'amiantose, est
une nette amélioration. En terminant, je vous dis: Allez-y avec tout
cela. Il y a un point bien spécial, les 200 ou 3000 cas dont il est
question. Que la Commission de la santé et de la sécurité
du travail commence à travailler là-dessus tout de suite pour que
vers le 19 août, pour ces personnes, cela puisse entrer en vigueur
également. Je serai alors satisfait.
Une voix: Bravo! Bravo!
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
demandes d'intervention sur l'amendement à l'article 556?
M. Grégoire: Est-ce que le ministre... M. Cusano: Non, M.
le Président.
M. Fréchette: Non, je n'ai pas d'autre intervention quant
à moi, M. le Président. Il s'agirait d'ajouter, après les
mots "en vigueur le" les mots "19 août".
M. Grégoire: Tout ce que je veux savoir du ministre, c'est
s'il est prêt à demander à la CSST de mettre sur
pied...
M. Bisaillon: Le cahier des bonnes intentions!
M. Grégoire: ...une équipe pour les conjoints
survivants de ceux qui sont morts au travail. Que, dès maintenant aussi,
elle mette au moins l'équipe sur pied et qu'elle commence à faire
les calculs. Est-ce que c'est possible?
M. Fréchette: Là, j'ai votre demande. Je ne suis
pas sûr que la même demande...
M. Bisaillon: On ne peut pas être contre. Cela fait partie
du cahier des interprétations au chapitre des bonnes intentions.
M. Fréchette: Bon! M. Grégoire: Est-ce
d'accord? M. Fréchette: Oui, cela va. M. Grégoire:
Très bien.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bisaillon: Sur division. M. Grégoire: Je vote
pour.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 556 tel qu'amendé est adopté?
M. Bisaillon: Sur division. M. Grégoire: Je vote
pour.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
M. Fréchette: M. le Président, est-ce que, à
ce stade, vous me permettriez de vous suggérer une suspension d'une
dizaine de minutes, si les collègues sont d'accord? On reprendrait
ensuite les articles qu'on a laissés en suspens.
M. Cusano: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. On suspend les
travaux pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 44)
Articles en suspens
Le Président (M. Dauphin): La commission reprend ses
travaux. Nous en étions rendus aux articles qui ont été
suspendus tout au cours des années 1984 et 1985. M. le ministre.
M. Fréchette: Effectivement, M. le Président, on
pourrait même parler de 1983. Il y a, de mémoire, je pense, sept
articles qui avaient été suspendus. Cependant, il y a une autre
opération qui a été nécessaire, c'est de
procéder à la concordance de tous les articles du projet de loi
au fur et à mesure que des amendements s'incorporaient à chacun
des articles que nous avons étudiés, de sorte qu'au-delà
des articles suspendus il peut y en avoir qui ont déjà
été adoptés mais qui nécessitent, par pure
concordance, encore une fois, que l'on fasse des changements qui sont, dans la
plupart des cas, des changements de forme, sinon dans tous les cas.
Par exemple, à l'article 129. 3...
M. Bisaillon: Juste sur une question de fonctionnement, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il ne serait pas possible de prendre ceux
qu'on a laissés officiellement en suspens, d'en disposer et de regarder
par la suite les annexes? Je pense que j'en ai déjà
informé les membres de la commission. À la suite de cet exercice,
avant d'adopter les titres des chapitres, j'aurais une demande à
adresser au ministre et cela pourrait être fait à ce moment. Au
sujet de l'opération que le ministre annonçait, à la suite
d'une vérification du texte complet, je suppose qu'il va nous proposer
une série d'amendements de concordance à des articles dont on a
déjà disposé.
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: On pourrait faire toute cette opération dans
un dernier temps; cela nous permettrait de les avoir maintenant et de pouvoir
commencer à les regarder.
M. Fréchette: Je pense, M. le Président, qu'au
strict plan de la procédure il faut adopter tous les articles, peu
importe l'ordre dans lequel on le fait, avant d'adopter les annexes. Je ne sais
pas si mon évaluation est correcte, mais il me semble que c'est comme
cela qu'il faut procéder. La seule raison pour laquelle je
suggérais que l'on procède de la façon que je souhaitais,
c'est que l'on procède article par article à partir du premier
qui a besoin d'être amendé jusqu'à l'article 553 qu'on a
laissé en suspens.
M. Bisaillon: D'accord. Alors, on commence à l'article
29?
M. Fréchette: À l'article 129.
Le Président (M. Dauphin): Article 129.
M. Bisaillon: Et l'article 29, lui? Si je comprends bien, le plus
bas c'est l'article 129?
M. Fréchette: Ce serait le plus bas quant à moi,
mais c'est vrai que le député de Frontenac souhaitait une
discussion sur l'article 29. Je suis disposé à la faire.
Le Président (M. Dauphin): L'article 29, c'est cela?
M. Fréchette: C'est cela.
Une voix: L'article 29 ou l'article 129?
M. Fréchette: L'article 29.
Présomption de maladie professionnelle
M. Grégoire: M. le Président, l'article 29 dit: "Le
travailleur atteint d'une maladie visée dans cette annexe est
présumé atteint d'une maladie professionnelle s'il a
exercé un travail correspondant à cette maladie d'après
l'annexe. " C'est automatique, à ce moment-là, il peut quitter
son travail. C'est ce que le ministre nous a dit, l'autre jour. À ce
moment-là, la présomption joue en sa faveur. Il peut quitter son
travail et il est indemnisé jusqu'au jugement final, s'il est de bonne
foi. Il ne sera pas obligé de rembourser.
Seulement, à l'article 126, il y a quelque chose qui vient
compliquer un peu la situation. C'est qu'à l'article 126 on dit: "La
commission peut, si elle le croit à propos dans l'intérêt
du bénéficiaire ou dans le cas d'un besoin pressant du
bénéficiaire, verser une indemnité de remplacement du
revenu avant de rendre sa décision sur le droit à cette
indemnité si elle est d'avis que la demande paraît fondée
à sa face même. "Si par la suite la commission rejette la demande
ou l'accepte en partie, elle ne peut recouvrer les montants versés en
trop de la personne qui les a reçus, sauf si cette personne: "1 a obtenu
ces montants par mauvaise foi; ou "2 a droit au bénéfice d'un
autre régime public d'indemnisation... " J'aimerais ajouter quelque
chose à l'article 29, pour que cela soit clair, pour que les tribunaux
ne viennent pas dire: Bien, cela pourrait être interprété
d'une autre façon. Le ministre nous a dit que, des fois les
tribunaux
pouvaient se charger d'interpréter un article de loi d'une autre
façon que celle que le législateur avait dans la tête. Le
législateur pense souvent qu'un article de loi veut dire telle chose,
mais comme cela n'est pas assez précis, le juge d'un tribunal peut
arriver et l'interpréter d'une autre façon et dire: Je ne vois
pas là l'intention du législateur ou si cela était
l'intention du législateur, il n'avait qu'à le mettre d'une
façon plus précise.
C'est ce que je voudrais faire avec l'article 29. Je voudrais apporter
l'amendement suivant, un troisième paragraphe: "Le travailleur de
l'amiante qui, de bonne foi, présente à la CSST un rapport
médical détaillé d'un spécialiste reconnu - je ne
veux pas dire ici d'un médecin de médecine
générale, mais d'un pneumologue -à l'effet qu'il est
atteint d'amiantose et qu'il y a risque d'aggravation de son état peut
quitter son emploi immédiatement et être indemnisé en
conséquence jusqu'au jugement final de son cas. Toutefois, il conserve
tous ses droits en vertu de sa convention collective jusqu'à ce jugement
final de son cas."
En d'autres termes, on précise, on écrit ce que le
ministre a dit l'autre jour. Ce que le ministre a dit est consigné au
procès-verbal, c'est-à-dire que la présomption jouait pour
lui et qu'il pouvait quitter son emploi.
M. le Président, pourquoi je demande cet amendement
précis? Parce que c'est un des plus gros problèmes qu'on a eus.
Un type va chez un pneumologue. Le pneumologue lui dit qu'il est
amiantosé et, s'il sort, que c'est à ses risques et
périls. S'il sort, il a perdu son ancienneté, il a perdu les
droits de sa convention collective, il n'est pas indemnisé tant qu'on
n'a pas jugé de son cas. Que fait-il? Il reste dans la mine, la
carrière ou l'usine où il travaille. Il reste là parce
qu'il n'a pas les moyens de perdre ce salaire ou les droits de sa convention
collective. Que se produit-il, à ce moment là? C'est que son cas
s'aggrave. Le type qui va voir un pneumologue, ordinairement, c'est qu'il est
rendu un peu au bout de son état de santé. C'est rendu grave
parce que les travailleurs de l'amiante, ce sont des gars qui ont du coeur; ils
ont toujours préféré garder leur emploi plutôt que
de se retrouver sans emploi. Quand on les oblige, malgré un rapport
médical complet et détaillé de pneumologues, à
continuer à rester dans l'usine et à travailler dans le
même milieu ambiant jusqu'à ce qu'un jugement final soit rendu,
pour eux, cela peut être un désastre. Dans mon bureau, j'ai vu des
cas qui ont fait application devant la CSST et, avant même que ce soit
rendu au jugement final, ils sont morts de l'amiantose et ils ont
été déclarés tels.
Quand l'amiantose s'empare d'un gars, cela ne guérit pas; cela ne
peut que progresser, cela ne régresse pas. Plus vous êtes
exposé à la fibre d'amiante par la suite, pire est votre
situation au point de vue de la santé. Ce que je vous demande, c'est
ceci: à l'heure actuelle, le gouvernement a installé une clinique
médicale à l'hôpital de Thetford dans laquelle il y a une
section spécialisée sur les maladies de l'amiantose. Il y a des
pneumologues reconnus de l'hôpital Laval, du CHUL, de plusieurs
hôpitaux du Québec qui viennent une ou deux journées par
semaine. Si un travailleur se sent réellement rendu au bout de son
rouleau, qu'il va à la clinique et que des pneumologues - un, deux,
trois, quatre - lui font un examen médical détaillé et
concluent: Toi, mon gars, tu l'as, l'amiantose, et je te conseille de sortir au
plus vite, sinon cela ne peut qu'empirer et, dans deux, trois, quatre mois, ton
cas sera grave... Vous n'êtes pas sans savoir que l'amiantose se produit
selon le phénomène suivant: la fibre d'amiante attire la
poussière et la fibre d'amiante et, dès que vous en avez
respiré une quantité qui est allée se coller sur vos
poumons... Ce n'est pas tout le monde qui est frappé par cela, mais ceux
qui sont frappés par cela, la fibre d'amiante vient se coller à
l'intérieur du poumon et, quand vous en avez un peu, cela ne prend pas
de temps que les autres viennent s'accrocher à ces fibres. Ce sont les
fibres d'amiante qui attirent les autres fibres d'amiante et toutes les autres
poussières, et cela va se coller à ces fibres.
Quand un travailleur présente un rapport médical d'un
spécialiste qui lui dit: Toi, mon gars, si tu continues à
travailler, ton état de santé va s'aggraver, il ne faut plus
qu'il y ait de doute dans la tête de ce gars-là. À l'heure
actuelle et en vertu de ce qu'il y a là, à mon avis, la
même chose va continuer. Il va se dire: Si je sors et que, rendu à
l'autre bout, ils me disent que ce n'est pas l'amiantose, j'ai perdu mon job,
j'ai perdu mes droits d'ancienneté, je n'ai pas été
indemnisé, rien. Qu'il puisse, parce qu'il a un rapport médical
de spécialistes, de pneumologues, détaillé et complet,
sortir sans aucune crainte, qu'il puisse être indemnisé et ce,
jusqu'au jugement final de son cas, d'après tous les délais
observés dans la loi, c'est une question d'à peu près
quatre mois. Si, au bout de quatre mois, les six pneumologues de la Commission
de la santé et de la sécurité du travail, qui auront
à le passer entre leurs mains avant de rendre leur verdict,
décident qu'il n'est pas amiantosé, il sera dans les cas
prévus à l'article 126, il aura été de bonne foi,
il aura présenté les certificats médicaux de bonne foi,
mais combien de fois sur cent cela se produira-t-il? Quand les
spécialistes de la clinique médicale les auront
déclarés amiantosés, il y a 75% à 80% de chances
qu'ils soient amiantosés et qu'ils le soient pour vrai. Si le
pneumologue vient ajouter: Votre état va
s'aggraver si vous restez dans le milieu ambiant où vous
travaillez, je voudrais que ce gars-là puisse sortir sans aucune
anxiété, sans aucune crainte, sans aucune peur de perdre son
emploi, de perdre son ancienneté, de perdre ses droits. Vous m'avez dit,
M. le ministre, l'autre jour, que les paragraphes 1 et 2 voulaient dire cela.
S'ils veulent dire cela, M. le ministre, je vous demanderais que cela le dise
parce que nos travailleurs... Il faut que cela soit écrit noir sur blanc
pour qu'ils puissent le comprendre comme il faut. Quand bien même on leur
dira que cela constitue une précaution et que ça veut dire
cela... Personnellement, je serais porté à croire que cela veut
dire exactement ce que vous nous avez dit l'autre jour. Alors, c'est pour cela
que je voudrais le préciser.
En fait, ce que je vous demande comme amendement, M. le ministre, c'est
ce que vous avez déclaré vous-même ici. Il n'y en aura plus
autant qu'avant des gars qui vont se présenter, parce que la situation
s'est nettement améliorée dans nos mines. Mais pour ceux qui
restent encore, les plus vieux de 55 ans, 57 ans, 60 ans et 62 ans, qu'on
puisse au moins leur passer cela. Je crois que ce que je vous demande, c'est
d'être humain vis-à-vis d'eux, d'écrire pour qu'ils
comprennent et qu'aucun juge ne puisse venir dire par la suite: Ce
n'était pas nécessairement l'intention du législateur
parce que ce n'était pas précisé, que ce n'était
pas expliqué clairement. Je voudrais que ce soit là et que
personne ne puisse venir ici interpréter la loi, comme vous l'avez dit
l'autre jour, et, par la suite, se faire renverser par un jugement d'un autre
tribunal disant que ce n'était pas là l'intention du
législateur. Je voudrais que soit précisé dans la loi ce
que vous nous avez dit clairement, ce que vous nous avez expliqué d'une
façon formidable, l'autre matin. Je voudrais que vous le mettiez dans la
loi. C'est ma demande et mon amendement, ajouter le paragraphe 3 avec ce que je
viens de vous dire.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, comme
première réflexion, comme première observation, je me
demandais si le député de Frontenac et moi ne pourrions pas nous
entendre pour, dorénavant, cesser de parler d'amiantose ou de silicose
pour parler, comme la loi le dit, de maladie pulmonaire professionnelle. Le
député de Frontenac a fait une longue argumentation en faisant -
et je comprends très bien ce qui l'anime quand il le fait -
continuellement référence à la maladie de l'amiantose,
mais on a très précisément essayé de faire
disparaître les termes exprès d'amiantose et de silicose qu'on
retrouvait dans la loi 52 pour des motifs que le député de
Frontenac comprend très certainement et sur lesquels il n'est sans doute
pas nécessaire de revenir.
Deuxièmement, je lui signalerai que l'annexe de la loi identifie
au-delà de 150 maladies pulmonaires professionnelles. Le
député de Frontenac va convenir avec moi que, si l'on doit
procéder à retenir sa suggestion pour cette maladie pulmonaire
professionnelle qu'est l'amiantose, il va falloir, de toute évidence,
que le même mécanisme, la même formule ou la même
procédure s'applique dans les 150 autres maladies professionnelles qu'on
retrouve à l'annexe de la loi.
M. Grégoire: Est-ce que je peux donner juste une
explication au ministre pour lui dire pourquoi j'ai parlé
d'amiantose?
M. Fréchette: Bien...
M. Grégoire: C'est que l'amiantose est la seule maladie
sur laquelle il n'a été fait aucune... On n'a jamais cru bon de
faire des recherches et on n'a aucun moyen de guérison. Elle ne peut pas
se guérir, elle ne peut que progresser, qu'aller de mal en pis et ce
n'est pas le cas pour les autres maladies pulmonaires. On a fait des recherches
sur toutes les autres maladies pulmonaires et on peut les soigner, sauf
l'amiantose sur laquelle on n'a jamais fait de recherche. C'est pourquoi je le
spécifie ici. Cette maladie, si vous laissez le gars dans son milieu, ne
peut qu'entraîner une régression de son état de
santé. (17 heures)
M. Fréchette: Une progression, si vous le laissez dans son
milieu, pas une régression.
M. Grégoire: Dans son état de santé, une
régression.
M. Fréchette: Oui. De toute façon, M. le
Président...
M. Grégoire: Une progression de sa maladie...
M. Fréchette: ...j'espère que je ne comprends
pas...
M. Grégoire: ...mais une régression de son
état de santé.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: ...de l'observation du député
de Frontenac qu'il nous faille réintroduire dans la loi 42 la notion
d'amiantose, que sa suggestion n'est pas dans le sens de dire qu'il faudrait
lire l'expression "amiantose" pour se référer à la
maladie
pulmonaire professionnelle dont on parle. On a adopté des lois
à l'intérieur desquelles on a dit: Voici l'amiantose, voici la
silicose. Après cela, on s'étonne du fait que le
phénomène de la santé et de la sécurité soit
remis en cause quand on essaie de relancer l'industrie de l'amiante. C'est un
détail, vous allez me dire, mais qui, sur le plan psychologique, ne doit
pas être négligé, il me semble.
Deuxièmement, le député de Frontenac a pris un bon
moment de ses remarques pour nous décrire le mécanisme qui existe
actuellement et en vertu duquel, par exemple, un travailleur pour qui son
médecin aurait posé un diagnostic positif d'amiantose doit rester
dans son milieu de travail, continuer d'y oeuvrer tant et aussi longtemps
qu'une décision finale n'a pas été prise. C'est l'actuelle
loi 52 qui est faite comme cela et c'est l'actuelle loi 52 qui ne
prévoit aucune présomption. La maladie ne va exister
juridiquement - je ne vous parle pas scientifiquement - qu'au moment où
la dernière instance se sera prononcée, en vertu des dispositions
de l'actuelle loi 52. C'est très précisément ce que
l'article 29 a décidé de contourner comme difficulté et de
créer la présomption dont on parle, laquelle n'existe pas dans la
loi 52.
Assez curieusement, M. le Président, l'amendement que nous
suggère le député de Frontenac est plus restreignant et
contraignant que le texte de l'article 29, comme on le retrouve actuellement.
Je donne un exemple de ce à quoi je me réfère. Le
député de Frontenac nous dit dans son amendements Lorsqu'un
ouvrier de l'amiante aura déposé une expertise médicale
provenant, selon son expression - d'un spécialiste reconnu. Je lui dirai
que l'article 29 va permettre que le diagnostic ou l'expertise médicale
du médecin qui a charge du travailleur atteint d'une maladie
professionnelle soit suffisante comme première pièce
justificative d'une réclamation pour enclencher le processus de
l'indemnité. Le médecin généraliste qui, de bonne
foi - il faut que la notion de bonne foi soit toujours là, autant chez
le professionnel que chez le patient - va procéder au dépôt
d'une expertise médicale dans laquelle les conclusions seraient que son
patient a effectivement un diagnostic de maladie pulmonaire professionnelle,
dès lors, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail devra commencer à l'indemniser.
Deuxièmement, parce qu'il y a présomption que la maladie existe,
il devra être retiré de son milieu de travail jusqu'à ce
que l'instance finale habilitée à le faire se soit
prononcée sur le diagnostic que le médecin a rendu.
On a fait cette discussion à maintes et maintes reprises. Je
dirai au député de Frontenac que des procureurs de certains
syndicats, qui avaient la même préoccupation, ont pris le temps
d'analyser, un à un, les articles qui concernent les maladies
pulmonaires professionnelles, l'article 29. Ils ont fait la relation entre tous
ces mécanismes pour en arriver à la conclusion ferme que
l'objectif qui était visé, le retrait, l'indemnité
jusqu'à ce que le verdict ou, enfin, la décision finale soit
rendue, pour être sûr que c'est cela que la loi veut dire, tout le
monde en arrive à la même conclusion: c'est effectivement ce que
l'article 29, conjugué aux autres, veut dire. Cela entraîne la
disparition des difficultés que présente l'actuelle loi 52 quant
à l'obligation de rester dans le milieu de travail et quant à la
nécessité d'être indemnisé lorsqu'on est
retiré de son milieu de travail.
M. le Président, à partir des consultations qui ont
été faites, à partir des opinions qui ont
été transmises par des gens qui ont regardé la loi de
près, si j'ai la conviction que l'article 29 est encore plus fort ou,
enfin, couvre mieux le sujet dont nous parle le député de
Frontenac, je suis obligé de lui dire, arrivant à cette
conclusion, que je ne peux pas, malheureusement, retenir la suggestion
d'amendement qu'il nous fait parce que je suis convaincu que l'article 29, dans
son état ou de la façon dont il est bâti, répond
mieux aux circonstances dont nous parie le député de Frontenac
que n'importe quel autre amendement qui pourrait être
suggéré.
M. Grégoire: M. le ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: ...j'aurais une question. L'article 126 ne
s'appliquerait pas. Alors, s'il y a présomption et que la
présomption permet... C'est ce que vous dites, l'article 126 ne
s'appliquerait pas à l'article 29. L'article 126 dit: La commission
peut, si elle le croit à propos, dans l'intérêt du
bénéficiaire ou dans le cas d'un besoin pressant du
bénéficiaire, verser une indemnité...
M. Fréchette: Cela ne s'applique pas du tout au cas de la
maladie pulmonaire professionnelle.
M. Grégoire: Et vous me dites, comme ministre, qu'en vertu
de l'article 29, si un travailleur se présente avec un certificat
médical indiquant qu'il est amiantosé, il peut aussitôt
quitter son travail et être indemnisé. C'est ce que vous me
dites.
Une voix: C'est le deuxième paragraphe de l'article
29.
M. Grégoire: Non, je le demande au ministre.
M. Fréchette: Je l'ai dit plusieurs fois depuis que nos
travaux sont commencés.
M. Grégoire: Et vous me le répétez
aujourd'hui.
M. Fréchette: Je dis au député de Frontenac
qu'introduisant la notion de présomption - on sait ce que cela veut dire
- il y a une présomption que la maladie existe et qu'elle existe suivant
les circonstances et les conditions qui sont établies par le
médecin, qu'il soit généraliste ou que ce soit un
spécialiste reconnu, comme le suggère le député de
Frontenac. A partir, donc, de cette présomption que la maladie existe,
il n'y a pas d'autre conclusion à laquelle on peut arriver que
l'obligation de retirer ce travailleur de ce milieu ambiant et,
deuxièmement, de payer son indemnité tant et aussi longtemps que
les instances habilitées à le faire ne se seront pas
prononcées de façon finale.
M. Grégoire: Merci, M. le ministre. Cela fait quatre fois
que vous me le dites. Je vais imprimer cela, je vais le polycopier, je vais
l'envoyer à tous les travailleurs et si, un jour, un juge vient dire: Je
relis l'article 29 et, malgré les déclarations du ministre,
l'article 29 ne veut pas dire cela, bien, je lui enverrai un mot, parce que je
dois vous rappeler un fait, M. le ministre. J'ai envoyé un mot... En
1965, devant la commission des banques qui révisait tous les dix ans la
loi sur les banques à Ottawa, en 1965, Le gouvernement a
présenté une loi pour enlever le maximum des taux
d'intérêt. C'était 6%, c'était le maximum qu'elles
pouvaient prêter et, à ce moment, on a demandé aux
directeurs généraux et aux présidents des banques
jusqu'où vont monter les taux d'intérêt. Ils ont dit: 6,5%,
6,75%, 7%. J'ai dit: Cela peut peut-être monter à 7,25%, 7,5%, 8%
ou 9%. M. McLauglin, l'ancien président de la Banque Royale, m'avait
dit: M. Grégoire, vous pouvez avoir ma parole que jamais cela ne
dépassera 7,25% ou 7,5%, jamais. Je lui ai envoyé le texte quand
cela a atteint 22%. Mais si un juge, un bon jour, vient me dire...
Une voix: Cela a dû lui faire beaucoup de peine.
M. Grégoire: Je lui ai envoyé le texte. Il m'avait
donné sa parole. Ce n'était pas un ministre, mais il avait
donné sa parole à toute la commission parlementaire - et il y
avait une vingtaine de membres - que jamais cela ne dépasserait 7,25% ou
7,5%. Cela s'est rendu à 22%. M. le ministre, à quatre reprises
depuis le début de la commission, vous m'avez donné votre
explication, votre précision de ce que l'article 29 voulait dire. Je
vais l'imprimer, je vais le distribuer et je vais l'envoyer à tous les
travailleurs de l'amiante au Québec.
M. Fréchette: Assez curieusement, ils le savent
déjà.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, juste pour terminer. Je ne
veux pas prolonger le débat qui est déjà trop long,
à mon avis, sur l'article 29. Je ne vois pas pour quelle raison le
député de Frontenac s'inquiète tant: Quand on lit le
deuxième alinéa de l'article 29, il dit: "Le travailleur atteint
d'une maladie visée dans l'annexe - l'amiantose, la silicose, c'est
visé dans l'annexe - est présumé atteint d'une maladie
professionnelle." Donc, il est atteint. À partir du moment où il
est atteint, le processus d'indemnisation et tout cela, ça marche. La
loi s'applique.
M. Grégoire: Oui, mais est-ce qu'il en est atteint au
moment où le tribunal d'appel en dernière instance a
décidé qu'il en était atteint ou à partir du moment
où un pneumologue à la clinique médicale de Thetford lui
dit: Tu as l'amiantose? Après cela, il va passer tous les...
M. Lavigne: La présomption...
M. Grégoire: À partir de quel moment en est-il
atteint juridiquement?
M. Lavigne: M. le député de Frontenac, vous qui
avez des connaissances en droit pour avoir fait, je pense, votre cours de
droit, vous devriez savoir beaucoup plus que moi, qui n'ai pas fait mon cours
de droit, que, quand on dit: Est présumé atteint, la
présomption, c'est avant le jugement. Si le jugement démontre
qu'il n'en est pas atteint, la loi s'appliquera. Mais il est
présumé atteint avant même le processus. C'est le processus
qui va confirmer ou infirmer qu'il est atteint ou pas, mais on tient pour
acquis qu'il est atteint avant même que le processus ne s'enclenche.
M. Grégoire: Là, il peut sortir de son travail et
être indemnisé. Ce n'est pas écrit.
M. Lavigne: C'est marqué "le travailleur atteint d'une
maladie visée à l'annexe." D'accord? Les maladies dont vous
parlez sont dans l'annexe. Est présumé atteint. Y a-t-il quelque
chose de plus clair que cela? À mon avis, je pense que non. À
vouloir broder un autre texte que cela, comme le ministre l'a dit, on risque
de
s'enfarger dans trop de mots qui peuvent porter à confusion ou
à interprétation. Mais comme il est dit ici:
Présumé atteint, il me semble que c'est clair, qu'il n'y a pas de
confusion, qu'il n'y a pas d'inquiétude à y avoir; selon mon
interprétation à moi, c'est clair. Il n'y a même pas lieu
d'interpréter, à mon avis.
M. Grégoire: Et le même phénomène
s'est produit lorsqu'on a adopté la loi 52. Si l'employeur, si le patron
de la mine arrive et dit: II est présumé atteint, mais, avant
qu'il ne soit indemnisé, je veux bien avoir les rapports des
pneumologues de la CSST, l'employeur peut aller au bureau de révision
demander de faire réviser les cas et tout, et là, on est
enclenché dans le processus avant qu'il sorte de l'usine. C'est cela que
je veux empêcher.
M. Fréchette: II n'y en a pas de bureau de révision
dans le cas des maladies pulmonaires professionnelles.
M. Grégoire: Mais l'employeur peut tout de même
demander: II est présumé atteint, mais qu'il passe d'abord par
tout le processus et là, aller devant les tribunaux pour faire clarifier
cette loi...
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement du député de Frontenac? Pas
d'autres demandes d'intervention? Est-ce que l'amendement du
député est adopté?
M. Fréchette: Rejeté, M. le Président. M.
Grégoire: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Rejeté. Est-ce que
l'article 29 est réadopté?
M. Fréchette: Réadopté.
Paiement des indemnités
Le Président (M. Dauphin): J'appelle maintenant
l'article...
M. Fréchette: L'article 129, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): ...129. M. Fréchette:
Troisième paragraphe.
Le Président (M. Dauphin): Troisième
paragraphe.
M. Fréchette: Si vous vouliez...
Une voix: L'article 129.3.
M. Fréchette: Je m'excuse, l'article 129.3. Si vous
vouliez en distribuer des copies aux membres de la commission...
Le Président (M. Dauphin): Alors, si vous me permettez,
à l'article 129.3, il y a un amendement: Remplacer, dans le premier
alinéa, les mots "de la réclamation" par les mots "du
décès".
M. Fréchette: Alors, M. le Président, je pense que
c'est une remarque ou un point sur lequel le député de
Sainte-Marie avait attiré notre attention quant à la date
à partir de laquelle les intérêts doivent être
calculés. Ce que l'on a adopté prévoyait que les
intérêts étaient calculés à la date de la
réclamation, mais c'est effectivement plus équitable de parler de
la date du décès. Alors, la proposition qui est faite, c'est de
changer les mots "de la réclamation" par les mots "du
décès". (17 h 15)
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Maintenant, on
passe à l'article...
M. Fréchette: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse, le
secrétaire me rapporte que... Est-ce que l'article 129.3 tel
qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Fréchette: Cela nous amènerait, M. le
Président, si les écritures sont faites, à l'article
262.
M. Bisaillon: C'est avant.
M. Fréchette: Avant? Je ne pense pas.
M. Bisaillon: Très bien. Acte de foi.
Procédure de réclamation et avis
Le Président (M. Dauphin): J'appelle donc l'article 262.
On va vous distribuer l'amendement, M. le ministre.
L'amendement dit ceci: Qu'il est à l'effet de remplacer, dans le
troisième alinéa de l'article 262 adopté tel
qu'amendé, les mots "leur en transmet copie ou le leur remet" par les
mots "ou leur en transmet copie".
M. Fréchette: M. le Président, voici, aussi
brièvement que possible, l'explication. C'est que l'article, tel que
nous l'avions adopté, faisait obligation à l'employeur de
transmettre le registre dont il est fait état dans cet article 262. Il
devenait évident que si le registre était transmis à la
commission, sur demande de cette dernière, l'employeur
n'allait plus être capable d'en transmettre des copies à
ceux qui en aurait eu le droit. Alors, il est évident que l'on doive
maintenant parler de transmettre des copies à tout le monde plutôt
que le registre lui-même.
Le Président (M. Dauphin): Cela va. Est-ce que
l'amendement est adopté? Adopté. Est-ce que l'article 262, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Dispositions générales
Le Président (M. Dauphin): On appelle maintenant
l'article...
M. Fréchette: 266, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): ...266, qu'on va vous
distribuer à l'instant.
M. Fréchette: M. le Président, l'article 266, tel
que nous l'avons adopté, aurait été correct si la loi
était devenue en vigueur le 1er janvier 1985. Comme ce n'est
manifestement pas le cas, il faut reporter ce chiffre - 1985 - et le remplacer
par le chiffre 1986.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 266, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Classification
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article suivant.
M. Fréchette: 282, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Article 282. L'amendement dit
ceci: Supprimer, dans la quatrième ligne du premier alinéa de
l'article 282 adopté tel qu'amendé, le mot
"d'activités."
M. Bisaillon: Un instant.
M. Fréchette: La nouvelle lecture, ce serait: "Lorsque
l'employeur n'a pas transmis les informations requises quant à la nature
de ses activités ou de celles de ses établissements, la
commission identifie le secteur, le groupe ou le sous-groupe visé pour
cet employeur et pour chacun de ses établissements et classe chacun
d'eux dans l'unité qui s'y rattache pour laquelle le taux de cotisation
est le plus élevé."
M. Cusano: Un instant, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Viau.
M. Cusano: II y aurait une vérification à faire
parce qu'il me semble qu'il y avait eu un amendement à 282.
M. Lincoln: On avait biffé... la division, le groupe...
Est-ce qu'on n'avait pas dit la division ou le groupe industriel?
Une voix: Oui.
M. Lincoln: Ah oui, le groupe industriel d'activités.
M. Bisaillon: Je t'ai aidé, je l'ai appelé
là-dessus.
M. Lincoln: Je vois, ça reste.
M. Fréchette: Oui, c'est juste le mot
"d'activités".
M. Lincoln: Activités.
M. Cusano: Ah non, parce que vous avez fait la lecture de
l'article non amendé.
M. Fréchette: Je m'excuse. Mais l'amendement qu'on a
adopté au moment de l'étude de l'article 282, demeure.
M. Lincoln: Cela se lit: La division ou le groupe...
M. Fréchette: Le sous-groupe. M. Lincoln: Le
sous-groupe industriel. M. Cusano: Le groupe industriel. M.
Fréchette: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que ça va? Est-ce
que... Pas d'intervention?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 282 tel
que réamendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. M. le
ministre.
M. Fréchette: Article 336.3, M. le
Président.
M. Bisaillon: Est-ce que ce n'était pas en suspens?
M. Fréchette: Non.
M. Bisaillon: C'était seulement des...
M. Fréchette: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Le premier article suspendu
commence à 468, je crois.
M. Fréchette: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Dauphin): Alors la proposition
d'amendement est à l'effet de...
Une voix: ...
Le Président (M. Dauphin): Oui. L'amendement est à
l'effet de renuméroter 139.1 l'article 336.3 adopté et
l'insérer avant la sous-section 1 de la section 1 du chapitre IV
intitulée: Réadaptation physique.
M. Cusano: On va se comprendre très facilement.
M. Fréchette: Alors, M. le Président, 139.1 est un
article qui a une connotation ou une référence très
précise avec le phénomène global de la
réadaptation. Il est apparu qu'il était plus indiqué dans
les circonstances d'introduire ou d'intégrer cet article 139.1 dans la
chapitre général qui traite de la réadaptation. C'est de
le prendre d'un endroit pour l'envoyer à l'autre, tout simplement, sans
changer le texte.
Une voix: C'est bien.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des
interventions?
Une voix: Non.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 336, tel
que réamendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article suivant.
Loi visant à favoriser le civisme
M. Fréchette: Cela nous amène à l'article
468, M. le Président. C'est cet article qui était effectivement
tenu en suspens.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il n'y avait pas 464 aussi?
M. Fréchette: Pardon?
M. Bisaillon: Est-ce qu'il n'y avait pas 464 aussi?
M. Fréchette: 464. M. Bisaillon: Non.
M. Fréchette: Selon les indications qu'on a, l'article 464
a été adopté le 20 mars.
M. Bisaillon: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): Signé de la griffe du
député de Saint-Louis.
M. Bisaillon: Acte de foi!
M. Fréchette: Vous êtes capable de lire cela vous,
M. le Président?
Le Président (M. Dauphin): Alors l'article 468, est-ce
qu'il y a des demandes d'intervention sur l'article?
M. Bisaillon: Un instant, on va d'abord retrouver le texte.
M. Fréchette: M. le Président, c'est parce que,
autant dans le cas du civisme que dans le cas de l'IVAC, la loi
prévoyait que lorsque l'événement qui donnait ouverture
aux disposi... Oui, monsieur?
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse, M. le ministre, je
ne savais pas qu'il y avait un amendement à 468.
M. Fréchette: Ah bon, excusez-moi.
Le Président (M. Dauphin): Je vais lire l'amendement.
M. Fréchette: Bien. Très bien.
Le Président (M. Dauphin): Cela va permettre aux membres
de la commission d'avoir l'amendement en leur possession, en leurs mains.
M. Fréchette: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement
prévoit d'ajouter, à la fin de l'article 21 de la Loi - je ne
suis pas capable de lire - visant à favoriser le civisme,
édicté par l'article 468, l'alinéa suivant: "Cependant,
dans ce dernier cas, si les prestations prévues par la loi autre
qu'une loi du Parlement du Québec sont inférieures
à celles que prévoit la présente loi, le...
M. Fréchette: Sauveteur.
Le Président (M. Dauphin): ...sauveteur ou une personne
à charge, selon le cas, peut en réclamer la différence en
vertu de la présente loi."
M. Fréchette: Je pense qu'on va se souvenir, à la
seule lecture du texte, de ce à quoi on réfère. Ce que
j'étais en train de dire: si le droit à la réclamation a
été ouvert à l'extérieur du Québec et
où les lois ne prévoient pas des indemnités qui sont
équivalentes à celles qui existent ici, cela permet à la
personne qui est le réclamant de demander que la différence entre
le montant qu'il a reçu à l'endroit où s'est produit
l'événement et ce qui est prévu ici lui soit
payée.
M. Lincoln: Est-ce que - c'est une petite question de
détail - cela ne devrait pas se lire "prévues par une loi autre
qu'une loi du Parlement du Québec"? Je ne sais pas si...
M. Cusano: Oui, je suis d'accord avec le député de
Nelligan, il a raison.
M. Lincoln: Cela peut être "aucune autre loi", "n'importe
quelle loi", "d'autres lois".
M. Fréchette: Oui. Alors, ce serait "par une loi autre
qu'une loi du Parlement du Québec".
Le Président (M. Dauphin): Alors, on indique, au lieu de
"par la loi", "par une autre loi".
M. Fréchette: Par une loi autre. M. Cusano: Par une
loi autre.
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi. Est-ce qu'il y a
d'autres demandes d'intervention sur l'amendement? Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que
l'article 468, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Nous sommes maintenant rendus à l'article 474.
M. Fréchette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Nous avons également un
amendement, que je vous distribue immédiatement.
M. Fréchette: Est-ce que vous en faites lecture, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): Je vais faire lecture de
l'amendement, qui consiste à remplacer l'article 474 par le suivant:
"474. L'article 20 de cette loi est modifié: 1 par le remplacement du
paragraphe a par le suivant: Si la victime est tuée ou blessée
dans des circonstances qui donnent ouverture, en sa faveur ou en faveur de ses
personnes a charge, à la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles (1985, chapitre - inscrire ici le numéro de
chapitre de la présente loi) ou à une loi autre qu'une loi du
Parlement du Québec; 2 , par l'addition, à la fin, de
l'alinéa suivant: Cependant, dans le cas visé au paragraphe a, si
les prestations prévues par la loi autre qu'une loi du Parlement du
Québec sont inférieures à celles que prévoit la
présente loi, la victime ou une personne à charge, selon le cas,
peut en réclamer la différence en vertu de la présente
loi."
M. Cusano: ...correction que mon collègue de Nelligan a
suggérée à l'autre article.
M. Fréchette: Même correction. (17 h 30)
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Cusano: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 474 tel
qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant - vous me corrigerez si je fais erreur - l'article 518.1.
M. Fréchette: Juste une petite observation, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Fréchette: Vous avez effectivement raison, sauf que
l'on a constaté qu'à l'article 477 il y a une omission qu'il
faudrait corriger. On ne fait pas référence à l'acte
criminel qui s'appelle l'inceste. Il faudrait, de toute évidence,
qu'il soit dans la liste. C'est la vérification qu'on est en train de
faire. Je veux simplement donner avis qu'il faudra propablement revenir
à l'article 477.
M. Cusano: Très bien.
M. Bisaillon: Vous vérifiez?
M. Fréchette: Pardon? Pour ajouter le... Il faut l'article
du Code criminel, c'est la vérification qu'on est en train de faire pour
ensuite...
Le Président (M. Dauphin): On reviendra donc à
l'article 477.
M. Fréchette: C'est cela.
Loi sur la santé et la sécurité
du travail
Le Président (M. Dauphin): J'appelle maintenant l'article
518.1. L'amendement qui, précédemment, avait été
proposé par le ministre à l'article 518.1 est retiré et
remplacé par un nouvel amendement.
M. Fréchette: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): ...qu'on vous distribue
immédiatement. Je fais donc lecture de l'amendement à l'article
518.1 qui est d'ajouter, après l'article 518, le suivant. "L'article 249
de cette loi est remplacé par le suivant: Le gouvernement peut verser
à la commission, sur les sommes votées annuellement à
cette fin par le Parlement, tout ou partie des sommes requises pour
l'application de la présente loi et des règlements relativement
à l'inspection.
M. Lincoln: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que vous auriez pu nous donner
quelques explications par rapport à cela? Cela a été
justement la discussion ou bien il y avait une déduction des montants...
Si vous pouviez situer un petit peu quel est le...
M. Fréchette: Oui. M. le Président, vous vous
souvenez qu'à un moment donné de nos travaux, nous avions
effectivement suspendu pour très précisément
procéder à une réévaluation du
phénomène global qui nous préoccupe. On va se souvenir que
dans la première version de l'amendement que je suggérais
à l'article 518.1, l'on retrouvait une forme ou un mécanisme
quant à la méthode de financement de cette commission d'appel en
matière de lésion professionnelle.
La première observation qu'il faut retenir avec l'amendement tel
qu'il est proposé, c'est que cette commission d'appel en matière
de lésion professionnelle, les coûts qu'elle va engendrer devront
être assumés complètement, intégralement par le
gouvernement sans que d'aucune espèce de façon l'on
réfère à ce phénomène ou à ce jeu de
la compensation comme on en discutait à l'article 518, tel qu'il
était préalablement déposé. Donc, c'est un premier
aspect de la situation qui nous préoccupait à ce moment.
Le deuxième aspect, c'est la disposition qui prévoit des
changements à l'article 249 actuel de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail qui, dans son texte actuel, se lit de la
façon qu'on le retrouve sur le document que je viens de vous
soumettre.
Il a été question, très clairement - cela a
été annoncé, dans les crédits en tout cas -que
cette subvention à l'inspection allait purement et simplement
disparaître, de sorte que la première conclusion qui avait
été retenue, c'est qu'il fallait faire aussi disparaître
complètement l'article 249 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Cependant, après des discussions,
à certains égards assez serrées, c'est la formule qui est
suggérée là qui a été retenue.
C'est-à-dire que le gouvernement peut verser à la commission, sur
les sommes votées annuellement à cette fin par le Parlement, tout
ou partie des sommes requises pour l'application de la présente loi et
des règlements relativement à l'inspection.
Donc, au lieu de faire disparaître complètement ces
dispositions, en vertu desquelles il y avait une obligation pour le
gouvernement d'assumer le coût de l'inspection, nous retenons cette
formule, enfin nous la soumettons à l'appréciation des membres de
la commission, ce qui fera que le gouvernement pourra, après que les
formalités prévues à cet amendement auront
été rencontrées, assumer effectivement tout ou partie du
coût de l'inspection à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Ce sont, essentiellement, les deux
changements qui interviennent à partir de la première proposition
d'amendement qui avait été soumise aux membres de la
commission.
M. Cusano: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Viau.
M. Cusano: Le ministre nous a justement parlé du
problème qui semble revenir, annuellement, sur cette question de la
somme qui doit être versée à la CSST pour des fins
d'inspection, ceci lorsque nous arrivons à l'étude des
crédits. Si le député de Frontenac prenait la parole sur
cet article, je suis sûr qu'il parlerait de
l'intention du législateur. Lorsque la loi 17 a été
adoptée, je crois que l'intention du législateur était,
à ce moment-là, justement que l'on verse à la CSST toute
la somme requise pour les fins d'inspection. À chaque année, le
gouvernement a tenté, d'une façon ou de l'autre, de
déduire cette somme.
J'accepte votre amendement avec une suggestion, par exemple: Que le
gouvernement "doit" et non "peut" verser. Vous ne changez pas grand-chose en
gardant le "peut" qui est là, parce que cela va être encore
à la discrétion, si l'on veut, du gouvernement et non pas des
législateurs. Il me semble que cette question d'inspection est
fondamentale. Il ne faudrait pas revenir à chaque année, sur la
question de savoir si on donne certains montants ou non. Je pense que le
gouvernement doit verser la totalité de la somme.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président...
M. Cusano: Oui, faire sauter "partie". Il y aurait un autre
amendement du député de Nelligan. Je crois fondamentalement que
le gouvernement doit verser le montant qui est nécessaire. Là,
vous ouvrez la porte bien grande en y mettant "peut" et en indiquant aussi un
peu plus loin que le Parlement donnera "tout ou partie" des sommes requises. Je
pense qu'il va falloir prendre une position assez ferme sur cela et dire que le
gouvernement devra verser les sommes requises.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, dans l'article 518.1 qu'on
avait originalement, c'était un texte qui prévoyait que les
sommes requises pour le fonctionnement de la commission d'appel en
matière de lésions professionnelles seraient déduites des
sommes dont on parlait à l'article 249. Ce sont les 5 500 000 $ dont je
parlais tantôt qu'on a épargnés à la CSST, puisque
ce sont 5 500 000 $ de coûts prévus pour le fonctionnement de la
commission d'appel, qu'elle aurait été obligée d'assumer
à même les sommes d'argent que le gouvernement devait verser pour
l'inspection.
Alors, le ministre donne droit à notre argumentation. Mais
là, il revient en donnant droit à notre argumentation sur la
commission d'appel, en nous donnant l'assurance que la commission d'appel va
être vraiment, à ce moment là, indépendante de la
CSST et que cela va être à même les fonds du
ministère de la Justice, je suppose bien, puisque la commission d'appel
va dépendre du ministère de la Justice. Il nous donne raison sur
cela. Il reconnaît qu'il avait fait une erreur en procédant comme
il avait procédé.
Mais en même temps, il remet cela et il dit: Toute l'intention que
le gouvernement avait et avait manifestée à grand renfort de
discours, au moment de la loi 17 en disant: Plus de police des boss!...
C'était cela qui était véhiculé dans les
assemblées quand les ministres du Parti québécois se
promenaient pour vendre la très bonne législation de la loi 17.
Il n'y aura plus de police des boss! Maintenant, l'inspection va se faire
à partir de fonds qui vont être payés et versés par
l'État, directement. Là où les employeurs vont trouver
leur compte, c'est que, si l'inspection est bien faite, il va y avoir une
réduction d'accidents et s'il y a une réduction d'accidents, il
va y avoir forcément une réduction des coûts pour les
employeurs.
Maintenant, le ministre nous revient avec un texte qui dit:
Peut-être qu'on en versera encore et peut-être que ce sera
seulement une partie de cela. Alors, deux peut-être. Et ce n'est pas
comme en latin, cela ne veut pas dire sûr. Deux peut-être
égalent: pas sûr. Ce n'est pas comme deux négations qui
égalaient une affirmation, avant. Le "doit" au lieu du "peut" ne
changera rien à cela. Ce qu'il nous faut conserver comme volonté,
c'est exactement l'article 249 qui est actuellement dans la loi 17. C'est cela
qui était l'intention du législateur. Or, le législateur
ne fait pas cela visière levée. Il ne dit pas: Quand j'ai
voté la loi 17, où je m'étais engagé à
assumer les coûts d'inspection, pour des raisons de principes - pas
seulement pour des raisons monétaires et budgétaires, pour des
questions de principe, j'avais dit que je ferais assumer les coûts de
l'inspection par l'État. Au lieu d'adopter un amendement visière
levée, à découvert, honnêtement, en disant: Voici la
loi 17, je l'amende, et en nous présentant un projet de loi amendant la
loi 17, on fait cela sous le couvert de la loi 42, dans un petit article de
disposition transitoire, en laissant cela aller au gré des
événements et des pressions d'un groupe ou de l'autre, modifiant
notre attitude d'année en année. Ce n'était pas la
position du gouvernement.
Le ministre nous donne raison sur l'argumentation qu'on avait
développée la semaine dernière et là, il arrive et
il fait pis. Ce sont les employeurs qui devraient être choqués
aussi parce que les 23 000 000 $ que le gouvernement payait ou aurait dû
payer pour l'inspection, ce sont eux qui vont être obligés de
l'assumer. La CSST ne sera pas dégagée de son obligation de
procéder à l'inspection comme la loi oblige de le faire; en tout
cas, elle ne devrait pas, à moins qu'on se mette à jouer
là-dedans aussi.
Ce sont aussi les travailleurs qui
pourraient être choqués. Tous les discours qu'on leur a
faits pour leur dire: N'ayez pas peur, il va y en avoir de l'inspection et ce
sera de la vraie. Ce ne sera pas une inspection faite par les employeurs
à même leur argent et leurs fonds. Ce sera une inspection qui va
être faite à même des fonds donnés par l'État
pour le faire. Les travailleurs n'ont plus cela avec l'article 518 que le
ministre nous présente aujourd'hui.
M. le ministre, on a fait épargner 5 500 000 $ à la CSST,
par principe, la dernière fois et là, il faudrait qu'on
épargne 23 000 000 $, par principe aussi encore une fois. Ou bien, que
le gouvernement, à l'extérieur de la loi 42 et en dehors de ce
débat, ne fasse pas faire le débat par le ministre du Travail.
Qu'il fasse le débat comme il l'avait fait au moment de la loi 17, en
nous présentant un projet de loi amendant la loi 17. Tout le monde va en
avoir connaissance de l'orientation du gouvernement. Je ne suis pas le seul
à dire cela. Pour une fois, M. Laberge dit comme moi. Si M. Laberge dit
que c'est fou comme... Vous savez comment il parle, M. le Président, il
a dit que c'était fou comme cela. Il doit avoir raison aussi. On n'a pas
toujours été d'accord avec M. Laberge pendant l'examen de cette
loi, mais reconnaissons que M. Dufour et M. Laberge, là aussi,
s'entendent pour dire que cela n'a pas de sens. (17 h 45)
II me semble que le ministre devrait se décharger les
épaules de cet élément. Cela n'a rien à voir avec
le projet de loi 42, de toute façon. Cela n'a rien à voir avec
l'objet de ce projet de loi. Je me demande même, M. le Président,
si on ne pourrait pas prétendre que cela va à rencontre des
principes que l'on a votés quand on a voté en deuxième
lecture le projet de loi 42. Le projet de loi 42 ne prévoyait pas de
modifier... Son objectif n'était pas de modifier la loi 17 quant au
fonctionnement de l'inspection. Le projet de loi 42 était pour
prévoir les modes de remplacement de revenu au moment des accidents du
travail et des maladies professionnelles. C'était de prévoir le
mécanisme de fonctionnement en rapport avec la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles. Il ne visait pas cela du tout et
à aucun moment on ne nous a dit qu'on modifierait les orientations
profondes de la loi 17 avec le projet de loi 42.
D'après moi, c'est même irrecevable, l'amendement du
ministre. Je ne le plaiderai pas ici, en termes de procédure M. le
Président, mais je vous préviens tout de suite qu'en termes de
procédure, cela se plaide devant l'Assemblée nationale et avec de
fortes chances d'avoir raison. Selon moi, cet amendement est irrecevable en
fonction du vote de deuxième lecture qu'on a donné parce que cela
va au-delà des principes qui ont été votés au
moment de la deuxième lecture. Et même un ministre ne peut aller
au-delà des principes qu'on a votés en deuxième lecture.
Même un ministre doit respecter cela. Il peut nous en donner plus, il
peut mettre plus d'argent, mais à l'intérieur des principes qu'il
a fait accepter en deuxième lecture par l'Assemblée
nationale.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je trouve que le
ministre devrait se décharger de ce fardeau qu'on ne lui a
peut-être même pas imposé, et il devrait faire cela
après une décision du Conseil des ministres, visière
levée, à visage découvert, en disant honnêtement:
Voici, on vous a tenu des discours pendant cinq ans, on les modifie, nos
discours, maintenant. Juste avant la campagne électorale qu'on
s'apprête à tenir, on voudrait vous prévenir, dans un
projet de loi qu'on a fait juste pour cela, qu'on vous a trompés. En
tout cas, peut-être qu'on ne vous a pas trompés, mais là,
on s'apprête à vous tromper en vous disant que la police des
employeurs, cela va être vrai maintenant. En tout cas, d'après le
discours qu'on tenait, cela va être ça.
Alors, M. le Président, je serai contre le fait qu'on introduise
cet amendement à ce stade-ci de nos discussions et je recommanderais au
ministre, pour éviter d'allonger les débats inutilement sur un
sujet qui ne nous concerne pas, de retirer l'article 518 qu'il nous
présente aujourd'hui et de se reprendre ou de demander aux ministres qui
tiennent à cet amendement de présenter cela dans un projet de loi
officiel intitulé: Loi amendant la loi 17, qui pourrait être
piloté par le Conseil du trésor, qui pourrait être
piloté par le ministre des Finances, ou qui pourrait être
piloté par le ministre de l'Industrie et du Commerce, mais pas par le
ministre du Travail. On ne s'attend pas à cela du ministre du
Travail.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le ministre, avez-vous des commentaires à
ajouter?
M. Fréchette: J'aimerais que d'autres collègues qui
veulent s'exprimer là-dessus... J'aimerais autant, M. le
Président, que...
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Très brièvement, M. le ministre. Je
m'associe à 100% aux paroles qu'ont prononcées mon
collègue de Viau et le député de Sainte-Marie parce que,
vraiment, votre amendement ne change rien à la situation que vous aviez
apportée dans l'article suggéré, 518.1, auquel on
s'était opposé. Je ne vois aucune différence entre "le
gouvernement déduit annuellement de
cette somme les montants qu'il a payés pour les frais
engagés", etc., et la situation actuelle où vous pouvez verser ou
ne pas verser, vous pouvez souscrire le tout ou souscrire une partie; en fait,
déduire et verser de façon optionnelle, déduire ou verser
tout ou en partie, je ne vois aucune différence. Ce sont des mots
différents pour dire exactement la même chose.
D'après ce que je peux voir, il y a trois situations au
gouvernement. Il y a la commission d'appel qui est sous l'égide du
ministère de la Justice; alors, on ne peut pas en parler ici. C'est
réglé. Il reste les sommes requises pour deux choses:
L'application de la présente loi autre que l'inspection et l'inspection
à l'article 249. Alors, vraiment, si vou3 touchez l'inspection dans
votre nouvel amendement, si c'est cela que vous cherchez dans le nouvel
amendement que vous présentez en disant qu'il peut verser... Est-ce que
c'est vraiment cela que vous touchez? Est-ce que c'est à cause de
l'inspection et non pas du reste de l'application de la présente loi que
vous faites cet amendement? Si c'est réellement l'inspection, est-ce
qu'alors vous maintenez votre position que les sommes qui vont être
versées pour l'inspection sont optionnelles? Parce que si c'est
ça, nous, on ne peut pas accepter la chose du tout, on va insister pour
les raisons que nous tous avons données, qu'il y a autrement conflit
d'intérêts avec les employeurs qui seront obligés de faire
les frais de ce que vous ne faites pas vous-mêmes. En plus de quoi, si on
va dans la logique des choses, si vous gardez l'option de verser, oui ou non,
et de verser tout ou en partie, à quel moment et quel mécanisme
adoptez-vous dans une année par rapport à l'autre,
comparativement à une autre année, pour passer les sommes qui
doivent être requises pour l'inspection à d'autres personnes que
le gouvernement? Si vous avez cette option, c'est encore pis que l'amendement
que vous aviez déposé antérieurement parce que, là,
vous arrivez à un point donné, sans doute le budget, vous votez
les sommes ou vous ne les votez pas, vous consacrez une partie de ces sommes ou
toutes ces sommes. Et à quel moment informez-vous, sans doute, les
employeurs, qu'ils ont à faire les frais de la différence? Quel
est le mécanisme qui s'applique?
Une voix: Les crédits.
M. Lincoln: Ils apprennent par les crédits, chaque
année, que cette fois, on a versé une certaine somme et qu'une
partie de cette somme va être réservée à
l'inspection. En fait, c'est une option de verser ou de ne pas verser. Chaque
année il pourrait y avoir un barème ou un système
différent de l'année précédente et différent
l'année d'après. Une fois que les employeurs ont commencé
à faire un budget pour l'inspection pour la différence, ce budget
doit être changé d'année en année selon les
politiques, les budgets du gouvernement, les circonstances sans doute
financières, les circonstances politiques, les circonstances
électorales, etc. C'est tout à fait inacceptable. Il me semble,
M. le ministre, qu'il faut un système qui soit rationnel. Le principe
même d'une inspection qui est financée par le gouvernement est un
principe fondamental d'une inspection qui se veut objective et qui n'est pas
sous l'égide de l'employeur et qui provoquera des conflits
d'intérêts, c'est sûr.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Maintenant, M. le
député de Sainte-Marie voulait reprendre la parole.
M. Bisaillon: Le ministre ne réagit pas ou est-ce qu'il
veut juste nous écouter au complet, avant?
M. Fréchette: C'est ça.
M. Bisaillon: II veut nous écouter avant.
Le Président (M. Dauphin): C'est parce qu'il est 17 h 55,
il va réagir à 20 heures.
M. Bisaillon: Non, c'est tout simplement pour indiquer au
ministre que si on réglait cette question rapidement on aurait
peut-être le temps, jusqu'à 18 h 30, de disposer de l'ensemble des
questions et de terminer.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a consentement
unanime pour ça?
M. Bisaillon: C'est une proposition que je lui fais. Je veux
juste lui indiquer un autre commentaire que j'aurais à faire. C'est dans
la première partie de l'argumentation que j'ai faite tantôt, j'ai
dit: Le ministre nous a donné raison sur le fait que les 5 500 000 $, ou
les coûts prévisibles pour le fonctionnement de la commission
d'appel en matière de lésions professionnelles, ne seraient pas
pris à même le budget de la commission d'appel de la Commission de
la santé et de la sécurité du travail. Par ailleurs, on
n'a pas de garantie autre non plus; il me semble que, pour avoir une garantie
complète, il faudrait modifier l'article 263 pour que cela aille dans ce
sens. Il faudrait modifier l'article 263 de la loi 42 qui dit: "La commission
perçoit des employeurs les sommes requises pour l'application de la
présente loi." Il faudrait dire: à l'exception du chapitre XII.
Je ne sais pas si le ministre comprend ce que je veux dire.
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: Là, ça indiquerait vraiment que les
sommes de fonctionnement vont être prises à même le budget
d'un autre organisme gouvernemental qui pourra être le ministère
de la Justice ou ailleurs, je ne sais pas, du moment que ce n'est pas la CSST
et du moment que ce ne sont pas les employeurs, non plus. C'est à
l'article 263 qu'il faudrait qu'on le dise pour le préciser
clairement.
M. Fréchette: Sous ce dernier aspect, cela ne me semble
pas du tout faire d'embêtement.
M. Bisaillon: Et sur l'autre aspect cela devrait être
pareil, M. le ministre?
M. Fréchette: M. le Président, manifestement il va
nous falloir revenir à 20 heures. Il y a deux autres articles, je pense,
qui sont...
M. Bisaillon: Alors, revenons à 20 heures.
M. Fréchette: II y a l'article 553, le
député de...
M. Bisaillon: C'est réglé ça. M.
Grégoire: C'est réglé.
M. Fréchette: On peut le considérer comme
réglé, comme adopté.
M. Bisaillon: Sauf l'article 548.1 et 548.2.
M. Fréchette: Oui, cela est en suspens pour le moment.
M. Bisaillon: Ce que je veux dire, c'est qu'on adopterait
l'article 553. On pourrait adopter l'article 553, mais...
M. Fréchette: II ne resterait que l'article 548...
M. Bisaillon; C'est cela.
M. Fréchette: ...pour terminer la discussion.
M. Bisaillon: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Je vous signale, étant
donné qu'il nous reste quatre minutes, que l'article 519 aurait
été oublié.
M. Fréchette: L'article 519.
Le Président (M. Dauphin): Si j'ai bien compris,
également, M. le ministre, on revient à l'article 518.1 à
20 heures. M. Fréchette: C'est cela, oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, on suspend l'article
518.1. J'appelle maintenant l'article 519 qui avait été
oublié.
M. Bisaillon: Un instant, M. le Président; le ministre
reconnaissait que l'article 263...
M. Fréchette: Oui, oui.
M. Bisaillon: ...on va le régler en même temps que
l'article 518 ou si on peut le régler maintenant?
M. Fréchette: On peut le régler tout de suite, M.
le Président. J'aimerais simplement savoir où on introduit ce
membre de phrase.
M. Bisaillon: À la fin.
Le Président (M. Dauphin): L'article 263, dites-vous, M.
le député?
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: "La commission perçoit des employeurs les
sommes requises pour l'application de la présente loi." L'article
263.
M. Fréchette: À l'exception du chapitre XII.
M. Cusano: ...sommes requises de l'application du chapitre
XII.
M. Fréchette: À l'exception de l'application du
chapitre XII.
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que l'amendement
est adopté?
M. Bisaillon: Adopté. M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 263 tel que
réamendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Tel qu'amendé.
Alors, étant donné qu'il est 17 h 59, je vous proposerais
de suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, la
commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Avant
la suspension, nous étions rendus à l'article 518.1. L'entente
était qu'on revenait dès le départ avec cet article. Le
ministre avait des commentaires à faire à la suite des remarques
de plusieurs députés de l'Opposition.
M. Fréchette: Oui, M. le Président, je vous signale
dès maintenant que mes commentaires vont être très brefs.
Je ne voudrais, effectivement, que vous signaler que les argumentations qui ont
été soumises par les députés de l'Opposition, je
les ai, quant à moi, tout à fait comprises. Non seulement je les
ai comprises, mais autant celui qui vous parle que les membres
ministériels de la commission parlementaire de l'économie et du
travail les ont soulevées à travers diverses instances
gouvernementales. C'était évidemment au moment où
l'article 518, paragraphe 1, se lisait comme il a été
proposé la première fois, c'est-à-dire au moment où
la loi prévoyait, si elle avait été adoptée comme
suggéré à ce moment-là, que la commission d'appel,
en matière de lésions professionnelles, allait être
financée de la façon que c'était
suggéré.
M. le Président, je l'ai dit avant la suspension pour le lunch,
les démarches qui ont été faites ont permis d'arriver
à la décision de faire en sorte que la commission d'appel, en
matière de lésions professionnelles, soit totalement et
exclusivement financée à partir du budget du gouvernement.
Quant au reste, M. le Président, je dois simplement indiquer aux
membres de la commission que les décisions qui ont été
prises procèdent d'une autre décision, qui a été
prise par le gouvernement et, en conséquence de cela, malgré le
fait, encore une fois, que je sois tout à fait sensible aux
argumentations qui ont été soulevées, vous allez
comprendre que je doive respecter cette décision gouvernementale et
essayer de faire en sorte qu'elle soit adoptée.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Si je comprends bien le ministre, c'est qu'il fait de
façon indirecte ce qu'il avait l'intention de faire en première
instance. Si je comprends la portée de l'article, on a changé
quelques mots pour dire exactement la même chose que ce que le ministre
avait dit au départ. Si on comprend bien, ce sera le président du
Conseil du trésor qui déterminera, à la suite, des
montants qui seront requis pour l'application du chapitre XII. Une fois qu'il
aura déterminé ce montant, à ce moment-là, il
pourra le soustraire. Vous ne le dites pas dans le projet de loi, mais c'est ce
qui se fera, c'est ce qui sera la réalité des choses.
À ce point-ci, cela me surprend de la part du ministre. Il croit
que cette inspection est essentielle. Il croit que cette inspection doit
être payée par le gouvernement mais, quand même, il se
limite. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre les objectifs
très clairs du ministre.
Si vous voulez que l'inspection soit défrayée par les
employeurs, dites-le! Dites-le carrément! Dites-le que ce seront encore
les patrons qui paieront l'inspection. Dieu sait ce qui se produira! Là,
vous y allez d'une façon indirecte pour arriver à la même
chose que ce que vous aviez sur la table auparavant.
Je reviens encore à l'intention du législateur. Je
n'étais pas ici en 1979, lorsque le projet de loi a été
adopté. Mais, après lecture du Journal des débats, il me
semble que, lorsqu'il y a eu des débats sur l'article 249, on avait
indiqué à ce moment-là que c'était l'intention du
législateur d'assumer cette responsabilité.
En ce qui me concerne, M. le Président, je trouve que c'est tout
à fait inacceptable d'avoir choisi cette avenue. Je crois même que
c'est irresponsable de la part du gouvernement. Je crois bien qu'on veut
économiser un peu d'argent et arriver, de façon indirecte,
à saboter tout l'aspect de l'inspection. Je suis sûr que mes
collègues ont quelque chose à ajouter sur ce point sans avoir
à se répéter, car je pense que le fond même de la
question est indiscutable. Il s'agit que le gouvernement choisisse de payer
l'inspection ou de ne pas la payer. Dans ce cas, il y a un simple jeu de mots
pour essayer de nous faire avaler la pilule avec un peu de sucre,
peut-être? Mais, en ce qui me concerne, il n'y a pas grand-chose de
changé de l'intention initiale de la part du ministre.
M. Fréchette: Une simple observation si vous me le
permettiez, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Fréchette: Je voudrais bien qu'au moins à un
égard du sujet que nous sommes en train de discuter il n'existe pas de
confusion. J'ai cru comprendre, dans les remarques du député de
Viau, que sa perception du texte de l'article 518, ou l'interprétation
qu'il en donnait, devait nous amener à la conclusion que le
phénomène de la compensation, dont on a parlé au tout
début et qui était d'ailleurs exprimé en termes clairs
dans l'article 518.1 tel qu'il était originalement écrit, devait
être utilisé pour les fins du financement de la commission d'appel
en matière de maladies
professionnelles. Je voudrais bien qu'on n'oublie pas l'article 378.2
qu'on a adopté et qui est très clair à cet égard:
Les sommes requises pour l'application du présent chapitre - c'est le
chapitre XII de la commission d'appel - sont prises sur le fonds de la
commission d'appel. Ce fonds est constitué des sommes que le
gouvernement y verse annuellement pour l'application du présent
chapitre. Il peut également être alimenté des sommes
avancées par le ministre des Finances à même le fonds
consolidé du revenu. Alors, au moins à cet égard, soyons
clairs entre nous. C'est le gouvernement qui assume le coût total de la
commission d'appel en matière de maladies professionnelles sans d'aucune
espèce de façon, encore une fois, référer au
phénomène de la compensation, d'aucune manière.
Une voix: On paie.
M. Fréchette: Le gouvernement débourse les sommes
qui sont nécessaires pour l'administration et le fonctionnement de la
commission d'appel. Il n'y a aucune autre disposition dans le projet de loi 42
qui prévoit autre chose que ça. J'avais cru comprendre que le
député de Viau, encore une fois, à ce chapitre-là,
avait des préoccupations. Si j'ai mal compris, tant mieux, sinon je
voulais au moins avoir l'occasion de lui donner l'interprétation que je
faisais des textes de loi qui sont devant nous.
M. Cusano: Mais, M. le ministre.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Si vous avez un individu au gouvernement qui
contrôle "The bag", d'accord? "The bag", le sac...
Une voix: Le gâteau. M. Cusano: Pardon?
Une voix: Le gâteau.
M. Cusano: Le gâteau, bon. C'est bien beau de dire qu'une
partie de ce gâteau va être réservée pour la
commission d'appel. Il n'y a pas de doute, le gouvernement va prendre cet
argent et il va le débourser. Prenons l'hypothèse qu'il y ait 25
000 000 $ ou 20 000 000 $ devant être attribués et à la
commission d'appel et pour les matières d'inspection. La personne qui
fait face à ces chiffres va dire: J'ai 20 000 000 $ à distribuer,
les 5 500 000 $ je ne peux pas y toucher, il faut que je les donne à la
commission d'appel. Alors, ce qui arrive à l'inspection, il va faire la
même chose qu'il a faite cette année et la même chose qu'il
a faite l'année dernière, c'est que lorsqu'il parle des
crédits votés pour les matières d'inspection, ils sont
diminués. Est-ce que ce n'est pas la réalité des choses?
Est-ce que ce n'est pas cela qui se passe?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, de la façon
dont l'article 518 est rédigé, il peut se passer trois choses.
Soyons clairs entre nous, les mots veulent dire ce qu'ils veulent dire. Dans
l'état actuel de la loi, l'article 249 fait une obligation au
gouvernement d'assumer le coût de l'inspection. Les changements qui sont
proposés à l'article 518.1 peuvent mener à l'une des trois
hypothèses suivantes: le gouvernement peut ne pas verser du tout de
subvention à l'inspection; il peut verser une partie seulement du
coût global de l'inspection...
M. Cusano: Ou la totalité.
M. Fréchette: ...ou, alors, il peut verser la
totalité du coût de l'inspection. C'est cela que l'article 518.1
signifie et encore une fois, je ne vois pas comment on peut faire la relation
ou la référence à partir de cette disposition avec celle
dont je viens de parler et qui prévoit que le gouvernement doit assumer
les coûts de la commission d'appel en matière de maladies
professionnelles.
M. Cusano: Je pense que le gouvernement doit assumer les
coûts de la commission d'appel, mais je vous dis que le gouvernement doit
aussi en assumer la totalité. Si, lorsque vous dites le tout ou une
partie, partie veut dire 0%, 1% - bien, on va partir à 1%, c'est une
partie - qui va alors assumer les coûts de cette inspection?
M. Fréchette: M. le Président, c'est la Commission
de la santé et de la sécurité du travail. Si, à
partir de l'article 518.1, le gouvernement décidait, une année,
de ne pas subventionner ou payer l'inspection...
M. Cusano: C'est cela.
M. Fréchette: ...c'est la Commission de la santé et
de la sécurité du travail qui devrait faire les ajustements
nécesssaires pour assumer l'inspection. C'est très clair. Je
pense bien qu'on n'a jamais caché cette éventualité et
cette signification très précise de l'article 518.1.
M. Cusano: Cela correspond à l'intention du
législateur lorsqu'il a adopté l'article 249, d'après
vous?
M. Fréchette: Non, mais non, M. le Président. Le
député de Viau est en train de
plaider que, dès lors qu'une disposition législative est
adoptée, elle devrait avoir un caractère de permanence et
devrait, en quelque sorte, devenir tout à fait intouchable et que les
gouvernements, quels qu'ils soient, n'auraient pas l'autorité ni la
juridiction nécessaires pour, éventuellement à des
occasions que lui, le gouvernement choisit, procéder à des
amendements à la loi. C'est évident qu'en 1977 - il y a des gens
autour de la table qui le savent mieux que moi -l'intention du gouvernement
était d'assumer les coûts de l'inspection. Au dépôt
des crédits, il y a, enfin, une intention qui a été mise
de l'avant qui ferait en sorte que ce qui a été l'argumentation
de 1977 ne serait plus retenue, maintenant. C'est tout à fait possible
et pensable qu'un phénomène comme celui-là puisse
exister.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, le ministre nous a dit
qu'il était très sensible aux arguments qu'on lui a servis avant
le souper. Mais, effectivement, cela se présente davantage à nos
yeux, au moment où on se parle, beaucoup plus comme une formule de
politesse qu'autre chose. Le ministre peut se sentir mal à l'aise. Le
ministre peut se sentir dans une position inconfortable. Les
députés ministériels, d'ailleurs - je le sens bien, on a
juste à les observer un peu - ne sont pas très heureux de la
situation non plus parce que, par le biais d'une loi, on essaie d'en corriger
une autre et l'odieux retombe sur eux. Normalement, ça ne serait pas
à eux à défendre cette affaire-là. Tout cela parce
qu'on a voulu régler, la semaine dernière, une question de
principe. Cette question de principe, j'admets avec le ministre qu'elle est
réglée. La façon dont cela est rédigé dans
la loi maintenant, cela règle la question de la commission d'appel.
Cependant, comprenons bien ce que le député de Viau a voulu
expliquer tantôt. Ce qu'il disait, ce n'est pas que les textes ne sont
pas clairs dans la loi, c'est que, à un échelon supérieur,
le calcul va se faire en dehors des textes. Cela va se faire un peu comme
l'employeur qui congédie une personne parce qu'elle est enceinte. C'est
rare qu'il va donner cela comme raison de congédiement parce qu'il sait
bien qu'il n'a pas le droit de la congédier pour une raison comme
celle-là; il va en donner une autre. Ceux qui font le calcul vont
regarder ce que coûte la commission d'appel. En tout cas, c'est une
interprétation qu'on peut donner à cela.
Quand on va prendre le texte de la loi 42, on va dire: Effectivement, la
commission d'appel, c'est complètement indépendant. C'est tout
à fait étranger au fonctionnement de la CSST, c'est pris dans les
crédits du ministère de la Justice. Il est clair, dans l'article
263, que les employeurs ne paieront pas pour la commission d'appel. Il est
clair, dans le chapitre de la commission d'appel, que son fonctionnement et ses
fonds vont provenir du gouvernement; tout cela est clair dans la loi. Celui qui
calcule, à l'autre bout, va dire: Si cela me coûte 5 000 000 $, il
faut que j'aille les chercher ailleurs ces 5 000 000 $. Où est-ce que je
vais les prendre? Il va se retourner du côté de la CSST et va
dire: Cette année, je vais les couper de 5 000 000 $. Si l'année
suivante, pour la commission d'appel, c'est 8 000 000 $, il va pouvoir dire -
je ne dis pas qu'il va le faire - ce que le député de Viau
disait, c'est qu'il peut le faire... Cela n'apparaîtra nulle part sauf
que cette année là, le gouvernement décidera de mettre
seulement 8 000 000 $ ou 5 000 000 $ ou 10 000 000 $ et, selon que les
relations seront bonnes entre la CSST et le gouvernement, on en mettra un peu
plus et selon qu'on aura des choses à faire passer à la CSST, on
leur dira; On va vous en mettre un peu plus aussi.
C'est un mécanisme dangereux dans lequel on s'embarque. C'est un
mécanisme où on introduit l'arbitraire, entre guillemets, "le
patronage politique" aussi. Pensons à cela, ce sont des
possibilités. Voulez-vous en avoir un peu plus? On va vous en donner
plus au moment où on va étudier les crédits mais, on
aimerait bien en échange... Des échanges, cela va se faire, cela
ne paraît pas dans les lois, cela va apparaître dans les
crédits. Bon an, mal an, on va verser un petit montant et,
tranquillement, on en ajoutera.
L'interprétation que le député de Viau donnait
tantôt, ce n'est pas dans le texte de la loi qu'on va la retrouver, c'est
dans la façon dont on va calculer les sommes d'argent. C'est une
interprétation possible.
M. le ministre, je veux que, dans cette discussion, ce soit bien clair.
Je sors, maintenant, de cette discussion la commission d'appel; je la sors
complètement. On a réglé cette question. Je la
considère, quant à moi, réglée. Je vous dis
cependant que l'article que vous nous proposez maintenant n'était pas
là quand on a voté en deuxième lecture. Les intentions du
gouvernement, au moment où on a voté en deuxième lecture
le projet de loi 42, n'étaient pas de réduire ces subventions
à la CSST.
La première apparition de cette intention gouvernementale, on l'a
vue quand le président du Conseil du trésor a
déposé ses crédits. Là, pour la première
fois, on a vu apparaître cela. Jusqu'à ce moment-là, on
n'avait vu cela nulle part. Même si, dans les crédits, cela
apparaissait comme tel, je ne suis pas sûr que le texte actuel de la loi
17 permettait au président du Conseil du trésor de s'en tirer de
cette façon. Je ne suis pas
sûr que la CSST, de par l'application même de la loi,
n'aurait pas pu exiger les sommes d'argent qu'elle avait effectivement
dépensées, selon la loi, pour l'inspection. C'est cela que la loi
prévoyait. (20 h 30)
Les parlementaires et les ministres qui réclament tout le temps
l'application intégrale et le respect des lois, il aurait bien fallu
qu'ils respectent celles qu'ils ont eux-mêmes votées. Comment s'en
sort-on? On s'en sort en présentant aujourd'hui un nouvel article 518.1
où là, officiellement, on va se permettre de faire ce que
déjà, au moment où on a déposé les
crédits, on se permettait de faire même si la loi ne nous y
autorisait pas. C'est à cela que vous conviez les députés
qui ont travaillé sur un projet de loi différent. Vous conviez
les députés ministériels et ceux de l'Opposition à
concourir à une manoeuvre qui va les amener à modifier la loi 17,
alors que ce n'était pas l'objectif de cette commission parlementaire,
alors qu'on n'a même pas le mandat de faire cela.
Qu'est-ce qu'on retrouve habituellement dans des mesures transitoires?
M. le Président, tout ce que je dis, je vous prierais de
l'écouter à la lumière d'une demande de directive parce
que je vais en faire une question de règlement. Quant à moi, cet
amendement est irrecevable parce que, normalement, ce qu'on retrouve dans des
mesures transitoires, ce sont des modifications aux lois pour permettre
l'application de celle qu'on vote, pour ajuster les lois existantes à la
loi qu'on vote au moment où cela se passe. Mais ce n'est pas le cas. En
rien, l'article 518.1 qu'on a actuellement devant nous, ne permet une meilleure
application de la loi 42. Rien ne nous autorise à penser que cela
fonctionne dans ce sens-là. Cet article est mis là uniquement
pour régler le problème que le ministre a soulevé,
c'est-à-dire celui de la subvention de l'inspection et l'inspection n'a
rien à voir avec la loi 42. Donc, ce n'est pas une mesure transitoire,
ce n'est pas une disposition permettant l'application de la loi 42. C'est
complètement étranger à ça. Dans ce sens, M. le
Président, je prétends que c'est irrecevable même si cela
vient du gouvernement parce que ça ne faisait pas l'objet d'une
discussion en deuxième lecture. Ce n'est pas l'objet de ce projet de loi
et ce n'est pas dans ce cadre que cela devrait être
présenté.
Au-delà de ça, sur le contenu même, qu'est-ce que le
texte que le ministre a déposé aujourd'hui dit? Il dit même
que les sommes - en tout cas moi c'est mon interprétation du texte - que
le Parlement voterait, le gouvernement ne serait même pas obligé
de les donner. C'est aussi cela que le texte dit: Le gouvernement peut verser
à la commission, sur les sommes votées annuellement à
cette fin par le Parlement, tout ou partie des sommes requises pour
l'application de la présente loi et des règlements, relativement
à l'inspection. Supposons que le Parlement, à l'intérieur
des crédits, votait 20 000 000 $, je comprends que même par
l'article 518.1 actuel, le gouvernement aurait toute la latitude de
décider de ne pas verser totalement les sommes votées par le
Parlement. C'est assez large comme mandat ce que vous vous donnez là!
C'est bien plus large que ce qu'on a accepté quand on a commencé
l'étude de la loi 42. Cela dépasse complètement
ça.
Premièrement, tout ce que le député de Viau a dit
quant aux calculs qu'on peut faire à l'extérieur, cela demeure,
même si on considère avoir réglé la loi, la question
de la commission d'appel.
Deuxièmement, les députés ministériels se
prêtent à une manoeuvre qui ne devrait pas entrer dans le cadre de
la loi 42.
Troisièmement, on fraude et les travailleurs et les employeurs
par rapport à ce qu'on leur avait promis quand on a voté la loi
17. Si le gouvernement veut cette orientation, qu'il la présente dans ce
sens-là, mais qu'il ne la camoufle pas derrière l'adoption d'une
loi 42 qui a déjà obtenu l'aval d'un certain nombre de personnes.
Quant M. Laberge a écrit et publié en 140 000 exemplaires son
appui à la loi 42, est-ce qu'il savait que l'article 518.1, comme le
ministre nous l'a déposé, serait dedans? S'il le savait, il y a
des déclarations qu'il n'aurait pas dû faire parce qu'il a
déclaré qu'il n'était pas d'accord avec le fait que
l'inspection ne soit pas assumée par le gouvernement comme cela
était prévu dans la loi 17.
Alors les députés ministériels se prêtent
à une manoeuvre frauduleuse. Ce n'est pas leur intention. Je sais que ce
n'est pas leur intention comme je sais que ce n'est pas celle du ministre. Le
ministre se trouve pris avec un dossier qui ne le concerne pas, qui ne concerne
pas et qui ne fera pas avancer non plus le projet de loi 42 qu'il défend
depuis si longtemps. Je prétends en plus de ça, M. le
Président, que vous devriez juger cet amendement, compte tenu du vote de
principe en deuxième lecture, irrecevable. Au-delà de ça,
si vous deviez maintenir la recevabilité de cet amendement, je dis que
le contenu même de l'article, tel qu'il est rédigé, fait en
sorte que c'est un mépris du Parlement parce que même des sommes
votées par le Parlement, selon la rédaction de cet article,
pourraient ne pas être versées par le gouvernement. Je n'ai jamais
vu une rédaction permettant autant de marge de manoeuvre à un
gouvernement après qu'il ait eu l'autorisation du Parlement. Cela n'a
aucun sens. Il me semble que le bon sens et le calcul politique
aurait dû nous amener à rejeter cela, pour l'instant, et
à se reprendre soit dans un "bill" omnibus qui serait prévu
à cet effet, ou dans un projet de loi spécifique ne contenant
qu'un article modifiant la loi 17 qu'on aurait pu discuter à son
mérite, en dehors du projet de loi 42. Je trouve qu'on a pris le mauvais
chemin et, de toute façon, même si on en avait pris un autre, cela
aurait été une mauvaise décision.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, j'abonde dans le sens du
député de Sainte-Marie. Je pense que nous sommes tout à
fait déçus de ce côté-ci de la commission de
l'attitude du ministre après deux heures de réflexion, qu'il soit
arrivé pour dire: La position est figée dans le ciment, elle est
inchangeable. Je pense que le ministre n'a pas répondu à nos
contestations de l'amendement qu'il a apporté à l'article 518.1.
En fait, l'argument qu'a apporté le député de
Sainte-Marie, je pense qu'il n'y a pas de réponse à cela. De dire
qu'un gouvernement peut voter une somme et ensuite décider en chemin,
aujourd'hui ou demain, dans trois mois, dans six mois, qu'il va la
dépenser ou la payer en tout ou en partie, selon son choix, qu'est-ce
qui arrive de ces crédits qui ont été votés? Est-ce
qu'on périme 100%? Est-ce qu'on périme 90%? Est-ce qu'on
périme 80%? Est-ce que le ministre peut nous dire quel est le
système qui va être établi pour décider? Si le
gouvernement, par un caprice quelconque, décide qu'il va payer une
certaine partie, une petite partie, une plus grande partie, une très
grande partie, le tout de la somme, qui fait les frais de la différence
à ce moment?
Quel système le ministre a-t-il mis en place? Quel système
a été mis en place par le gouvernement pour assurer que
l'inspection qui est la clé même de cette loi, la
prévention des accidents, va être maintenue au même niveau?
Si, par exemple, on a déclaré qu'une certaine somme allait
être mise de côté pour l'inspection et que cette somme est
votée par le gouvernement, mais que le gouvernement décide,
d'après la flexibilité de cette loi, de prendre seulement une
infime partie de cette somme pour l'inspection, est-ce que, à ce moment,
l'inspection pour cette année cesse? Est-ce que l'inspection continue
comme dans le passé, mais les prix sont faits par quelqu'un d'autre?
Quel est le système que le ministre met en place pour nous assurer que
l'inspection continue d'après les mêmes barèmes,
d'après les mêmes critères, d'après le même
niveau que l'an passé?
M. le Président, j'abonde dans le même sens que le
député de Sainte-Marie, cet amendement n'a aucun sens. Le
député de
Viau a aussi démontré que les deux amendements sont de3
amendements qui, réellement, dérogent à tout le principe
de l'esprit même de cette loi. Je pense que d'apporter cela à ce
stade-ci est tout à fait inacceptable. Nous vous demandons, M. le
Président, de statuer sur la recevabilité de l'amendement afin
que nous puissions aller de l'avant et décider quelle va être
notre conduite ensuite.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. Le député de Sainte-Marie a demandé
à la présidence, tantôt, de statuer sur la
recevabilité de l'amendement. Est-ce qu'il y a des intervenants parmi
les membres de la commission, sur la recevabilité comme telle. Oui, M.
le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Avec votre permission, M. le
Président, je vais parler de la recevabilité, mais sans me
limiter à un texte du règlement.
Je pense que, tout à l'heure, le ministre a eu un moment de
distraction quand il a dit que s'il y a une loi qui ne lui convient pas, le
gouvernement peut procéder à l'amender. Je pense que le ministre
voulait dire que le gouvernement peut être amené à proposer
au Parlement d'amender la loi. Je pense que cette distinction est absolument
fondamentale, surtout quand on voit qu'un enjeu de la plus grande discussion,
c'est justement les prérogatives du Parlement.
Lorsqu'on lit attentivement le texte de l'article actuel 249 de la Loi
sur la santé et la sécurité du travail, on se rend compte
qu'elle ouvre une porte au nouveau texte qui est proposé, mais par une
espèce de distorsion du texte. L'actuel article 249 dit: "Toute somme
requise pour l'application de la présente loi et des règlements
relativement à l'inspection est prise à même les deniers
accordés annuellement à cette fin par la Législature." Ce
qui, je crois, était là pour indiquer que c'étaient les
sommes votées par la Législature qui devaient servir à
financer l'application de la présente loi et des règlements,
règlements relatifs à l'inspection. Mais ce texte ouvrait quand
même la porte à la possibilité que la totalité des
deniers accordés annuellement à cette fin par la
Législature ne soit pas prise par le gouvernement à cette
fin-là. Et c'est dans cette porte que le ministre est entré avec
le nouveau texte; parce que le nouveau texte est beaucoup plus clair quant
à cette éventualité où le Parlement voterait de
l'argent et qu'il déciderait de s'en servir pour autre chose. C'est cela
que le nouveau texte, pour l'article 249 proposé par l'article 518.1
propose: "Le gouvernement peut verser à la commission sur les sommes
votées annuellement à cette fin par le Parlement, tout ou partie
des sommes requises pour l'application de la présente loi et de3
règlements relativement à l'inspection." Donc, la porte
est grande ouverte où le Parlement peut voter de3 sommes et le
gouvernement peut faire autre chose avec elles. Alors, je pense que la question
des rapports entre le gouvernement et le Parlement est vraiment au coeur de
notre débat. Je suis tout à fait d'accord avec le
député de Sainte-Marie que nous introduisions un
élément de principe qui n'était pas présent au
moment où la question du principe de la loi a été
discutée à l'Assemblée nationale. En ce sens, il
m'apparaît évident que l'argument n'est pas recevable.
Cependant, M. le Président, pour éviter un débat de
procédure qui pourrait être long, il y a peut-être une autre
possibilité. Le ministre nous a dit qu'il était sensible à
l'argumentation présentée par les députés de ce
côté-ci de la table et il a dit aussi qu'il comprenait cette
argumentation. Alors, nous pourrions donner la possibilité au ministre
d'aller chercher, une fois de plus, à convaincre ses collègues.
On pourrait suspendre cet article et, j'imagine qu'il y a, demain,
réunion du Conseil des ministres. Alors, les délais ne seraient
pas très longs. Le ministre pourrait, demain, chercher à
convaincre ses collègues que ce qui est proposé ici et qui ne
vient apparemment pas du ministre, ne passe pas à la commission. Il y a
un bon nombre de députés autour de la table et je ne suis pas
sûr que ce soit un seul côté de la table qui n'accepte pas
la cause. La commission est prête à faire, s'il le faut, un long
débat sur la recevabilité même de cet amendement. Alors, le
ministre pourrait s'épargner ce fardeau en acceptant de suspendre
l'article et de consulter ses collègues du Conseil des ministres pour
chercher à les convaincre que cet article n'est souhaitable à
aucun égard dans la mesure, surtout, où il revient sur des
engagements pris par le gouvernement et où il remet en question des
aspects de cette loi qui tiennent à son principe même. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Le député de Sainte-Marie. (20 h 45)
M. Bisaillon: Cela va être très rapide, M. le
Président. Je voudrais juste indiquer que c'est un projet de loi de 556
articles. Il nous en reste environ cinq ou six à étudier et, tout
au long de nos travaux, jamais les membres de la commission, sauf à une
ou deux reprises, n'ont invoqué la procédure pour passer à
travers le projet de loi. Si, à ce moment-ci, je pose la question de la
recevabilité, c'est que, pour moi, il y a des principes importants qui
sont en jeu et qui vont au-delà du projet de loi 42. Je voudrais bien
que le ministre comprenne dans quel sens on le fait. Je dis que des
dispositions transitoires modifient des lois existantes pour autant que les
modifications qu'on y apporte aient un rapport avec le projet de loi
étudié, parce qu'elles facilitent ou permettent son application
ou encore par concordance avec des mesures qu'on vote dans un projet de
loi.
Dans le cas qui nous préoccupe, il n'y a rien dans le projet de
loi 42 qui peut justifier l'apparition, à ce stade-ci, de cette mesure.
L'amendement ne vise qu'à réduire ou à annuler le paiement
par le gouvernement des frais d'inspection, prévus à la loi 17,
à la CSST. Cela n'a rien à voir avec le projet de loi 42.
Personne ne conteste le fait que le gouvernement ait la possibilité de
présenter un projet de cet ordre au Parlement. Ce que nous disons, c'est
que cela doit être fait dans un autre cadre. Cela doit être
présenté directement.
Je vous rappellerai, M. le ministre, que même ce que l'on appelle
"bill omnibus", les projets de loi qui regroupent des modifications à
plusieurs lois, sont remis en cause par les parlementaires. Il me semble que ce
sont des raisons qui devraient nous amener à beaucoup de prudence.
Au-delà de l'argument de la recevabilité, je dis que le
texte même de l'amendement pourrait aussi être discutable quant
à sa recevabilité. Supposons que vous en arriviez à la
conclusion que le gouvernement peut procéder, à
l'intérieur d'un projet de loi, à une modification d'une autre
loi, même s'il n'y a aucun rapport, je dis que le libellé
même de l'amendement à l'article 518.1 va à l'encontre du
fonctionnement même du Parlement, parce qu'il prévoit que le
gouvernement pourrait ne pas payer des sommes votées par le Parlement.
Cela me semble aller fort loin.
C'est pour ces raisons, M. le Président, parce que cela
dépasse le projet de loi 42, que je pose la question de la
recevabilité. Si ces principes n'étaient pas en cause, il me
semble qu'on aurait pu discuter sur le fond et procéder comme on l'a
fait jusqu'à maintenant. Mais je trouve cela important. Je trouve que la
suggestion du député de Deux-Montagnes devrait peut-être
être retenue par le ministre. Le Conseil des ministres se réunit
demain. Le ministre pourrait peut-être convaincre ses collègues de
prendre à leur charge les dossiers qui les concernent et de lui
éviter l'odieux de commission dont il ne s'est pas chargé
lui-même et de finir en beauté l'analyse d'un projet de loi qui
lui tient plus à coeur, sûrement, que la question qui est en cause
actuellement.
Le Président (M- Dauphin): D'accord, M. le
député. M. le député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, ce n'est pas sur la question
de la recevabilité, mais
c'est plutôt pour encore essayer de convaincre le ministre de
l'impertinence de son article. J'aimerais le référer au livre
blanc sur la santé et la sécurité du travail publié
par le gouvernement du Québec et signé par un de ses
prédécesseurs. Au chapitre des coûts et des modes de
financement, en ce qui a trait à l'inspection, et je cite: "Cette
fonction..." J'ajouterais que ce livre blanc a fait suite à des
consultations nombreuses et au travail qui avait été fait par le
gouvernement pour essayer de rationaliser toute la question de l'inspection et
de tenter de diminuer les accidents du travail. On trouve, au chapitre de
l'inspection, ce qui suit et je cite: "Cette fonction continuera d'être
assumée par l'Etat. Il s'agit, en effet, d'une fonction qui, même
si elle doit revêtir un caractère préventif, est davantage
un instrument de contrôle qui doit relever normalement de l'État".
C'est avec cela que je termine mon intervention, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité de l'amendement?
M. Fréchette: Avant que vous ne procédiez à
disposer de la question de la recevabilité, je voudrais vous signaler,
M. le Président, que j'ai été fort attentif aux
argumentations qui ont été développées
particulièrement par les députés de Sainte-Marie, de
Deux-Montagnes, de Viau et de Nelligan. Je voudrais tout simplement signaler au
député de Deux-Montagnes que ce n'est jamais un fardeau que de
faire des discussions de cette nature et que c'est très probablement ce
qui nous a permis, depuis plus de 125 heures maintenant, d'arriver à
procéder à certains changements qui ne vont pas rallier
l'unanimité autour de la loi, j'en suis bien convaincu, mais qui vont
peut-être nous amener à au moins une constatation, c'est que nos
débats, aussi longs et, à certains moments, aussi fastidieux
qu'ils aient été, ont quand même permis de réajuster
un certain nombre de choses qui sont, me semble-t-il, dans
l'intérêt de ceux et de celles à qui l'application de la
loi va s'adresser.
Ce que l'on est en train de soulever, M. le Président, mise
à part la question de la recevabilité, ce sont, il me semble,
deux questions tout à fait distinctes l'une de l'autre. Le fond du
problème qu'on est en train de discuter, toute cette question qui avait
fait l'objet de nombreuses délibérations en 1977, quant à
savoir à qui devait être imputé le coût de
l'inspection, c'est le fond même de la question qu'on est en train de
discuter. L'autre aspect, le député de Sainte-Marie y a
référé avec beaucoup de pertinence me semble-t-il, c'est
que, indépendamment de la décision qui pourrait être prise
et arrêtée quant au fond même de la question qu'on est en
train de discuter, il y a peut-être aussi à considérer
l'aspect forme de la rédaction d'un texte de loi. Je pense que le
député de Sainte-Marie a également là-dessus
attiré notre attention.
Je n'ai jamais, je pense en tout cas pouvoir le dire avec autant
d'objectivité possible, buté sur des suggestions qui
étaient faites d'essayer de voir si des réajustements, même
quand on n'atteint pas l'objectif de fond qui est souhaité, ne peuvent
pas avoir pour effet d'améliorer un texte de loi que nous sommes en
train d'étudier.
M. le Président, je vous demanderais de prendre en
délibéré donc la question de recevabilité qui vous
est soumise et je suis tout à fait aussi disposé à
accueillir la suggestion que me font mes collègues de suspendre
l'adoption de cet article. Je vais tenter de refaire mes devoirs du mieux que
je peux et je reviendrai, après que ces devoirs auront été
faits, avec une réponse. De toute évidence, M. le
Président, je ne veux pas que cette disposition soit adoptée
avant que toutes les avenues qu'on m'a suggérées, qu'on a mises
sur la table, qu'on a identifiées, ne soient effectivement
explorées jusqu'à la limite des possibilités.
M. le Président, je suis tout à fait d'accord avec la
suggestion qui est faite de suspendre l'adoption de cet article.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le ministre. Nous
allons suspendre l'adoption de l'article puisque moi-même, en tant que
président, je vais faire certaines consultations avant de donner...
M. Fréchette: Cinq minutes, tout de suite?
M. Bisaillon: Si j'ai bien compris, M. le Président, vous
allez prendre la question en délibéré, mais pas
nécessairement pour en donner réponse ce soir étant
donné que le ministre accepte de suspendre l'article. Cela suppose qu'on
reviendra demain dans le courant de la journée et que vous rendrez alors
une décision. Est-ce que je comprends?
Le Président (M. Dauphin): C'est cela, M. le
député. Cela peut être ce soir ou demain mais on suspend
l'adoption de l'article pour le moment et j'aurai à donner une
réponse éventuellement. Je dois faire des consultations,
justement, sur la réponse.
M. Fréchette: C'est cela. Cela va dépendre de la
décision que nous vous communiquerons, aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, l'adoption de
l'article 518.1 est suspendue.
M. Cusano: Elle est suspendue. Est-ce qu'il y a aussi une
suspension de cinq minutes?
M. Bisaillon: Cinq minutes?
M. Fréchette: Oui, cela va, pas de problème.
Le Président (M. Dauphin): On suspend également nos
travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 50)
(Reprise à 21 h 9)
Le Président (M. Dauphin): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Article 519?
M- Fréchette: Oui, M. le Président. Selon les
informations que l'on me donne, l'article 519 n'aurait pas été
adopté à cause d'un simple oubli. Il n'y a pas eu de discussion
qui a été faite au moment où nous sommes arrivés
dans ces articles.
M. Bisaillon: Que prévoyaient ces articles?
M. Fréchette: L'abolition des articles 254 et 334 de la
Loi sur la santé et la sécurité du travail. Ce que
l'article 254 de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail précisait, c'est l'article 53 de la Loi sur les accidents du
travail modifié par les articles 1 et 30 du chapitre LVII des lois de
1978, est de nouveau modifié, premièrement, par la suppression du
paragraphe 10; deuxièmement, par le remplacement du premier
alinéa du paragraphe 13 par le suivant: Sous réserve du
paragraphe 11... -
M. Cusano: ...
M. Fréchette: Si vous me laissez terminer, je vais vous le
dire dans moins d'une minute - ...les dépenses et
déboursés qui peuvent être effectués pour
l'assistance médicale sont payés par la commission et
prélevés de la manière prévue par la section X.
Les commentaires: L'actuel article 254 de la Loi sur la santé et
la sécurité du travail qui modifie la Loi sur les accidents du
travail n'est jamais entré en vigueur. Cela rejoint le
phénomène dont on parlait cet après-midi.
Étant donné que la Loi sur les accidents du travail est
remplacée, que l'article 234 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail n'a jamais été mis en vigueur,
la seule décision qui s'impose maintenant, c'est de le faire
disparaître purement et simplement.
M. Bisaillon: Par concordance.
M. Fréchette: D'une part, quant à la suppression de
l'article 334, elle est aussi de concordance avec celle de l'article 193. Lors
de l'adoption de ces articles, il apparaissait opportun que la Direction
inspection de la commission puisse relever d'un ministre plutôt que de la
commission elle-même, parce que les secteurs d'intervention de cette
direction relevaient alors d'autres ministères qui employaient
déjà leurs propres inspecteurs et parce que le budget inspection
émane du gouvernement.
En fait, la commission s'est vu désigner par décret du
gouvernement, dès juillet 1980, comme organisme responsable de
l'inspection et avait intégré des inspecteurs oeuvrant
déjà dans les domaines de sa compétence. Alors, ni l'un,
ni l'autre n'est utile maintenant, M. le Président.
M. Bisaillon: Ni l'un, ni l'autre n'a rapport avec le projet de
loi 42.
M. Fréchette: Pardon?
M. Bisaillon: Ni l'un, ni l'autre n'a rapport avec le projet de
loi 42.
M. Fréchette: Bien oui, parce qu'on amende la Loi sur les
accidents du travail et que dans certains cas, on l'abroge purement et
simplement. C'est dans l'optique de l'abrogation nécessaire que les deux
articles sont supprimés.
M. Bisaillon: Avec les explications que le ministre vient de me
donner, cela va. Je ne voudrais pas qu'on adopte maintenant l'article 519, ce
qui serait contraire à ce qu'on vient de discuter à l'article
518. Vous comprenez bien.
M. Fréchette: Je suis d'accord. Cela ne regarde pas le
même phénomène du tout.
Le Président (M. Dauphin): D'autres interventions sur
l'article 519? Est-ce que l'article 519 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Dispositions transitoires (suite)
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Nous
procédons maintenant à l'étude de l'article 525.
M. Fréchette: M. le Président, nous avions
adopté avec des amendements l'article 524. Nous avions laissé en
suspens l'article 525. Je me demandais si, à ce stade-ci de nos
discussions, les membres de la commission allaient me permettre de faire des
considérations d'ordre général qui
pourraient s'appliquer aux deux articles qui sont en discussion, dont
l'un, je n'en disconviens pas, est déjà adopté avec les
amendements que l'on sait, soit l'article 524. Cela aurait dû être
fait avant, je suis bien conscient de cela. Mais après que l'article 524
ait été adopté avec les amendements que l'on sait, des
calculs ont été faits pour essayer de voir devant quelle
situation nous nous retrouverions, selon que les nouvelles dispositions de
l'article 524 faisaient en sorte que le nombre maximum possible de personnes
qui reçoivent des indemnités ou des rentes se prévalent de
ces dispositions. Ce que cela donne, M. le Président, c'est que -
là je ne parle que de l'article 524 - si toutes les personnes qui
reçoivent des rentes à la suite d'incapacité de moins de
15 % décidaient de capitaliser, cela entraînerait des
déboursés directement de la caisse de 180 000 000 $, si tout le
monde décidait de se prévaloir des dispositions de la loi de la
façon qu'elle a été adoptée.
M. Bisaillon: Voulez-vous répéter? (21 h 15)
M. Fréchette: De 180 000 000 $. Le texte du projet de loi
tel que nous l'avions proposé avant ces amendements, tenant toujours
pour acquis que tous les bénéficiaires allaient s'en
prévaloir, occasionnait des déboursés de l'ordre de 20 000
000 $ à la caisse. Maintenant, il est important de se préoccuper
du nombre de personnes que cela peut toucher et de se préoccuper
également de l'état ou de la situation économique des
personnes que ça peut toucher. Cela touche environ - toujours 524
seulement - quelque 10 000 personnes. De ces 10 000, 1700 sont des personnes
atteintes d'une maladie professionnelle. 3000 sont des personnes a qui l'offre
de capitaliser a déjà été faite et qui l'ont
refusée. 3000 autres ont été jugées non admissibles
même en vertu des dispositions de la loi actuelle sur les accidents du
travail, parce que ce revenu de la rente qui leur est payée constitue
leur seul revenu. Il y a 3000 bénéficiaires qui n'ont d'autre
source de revenu que l'indemnité qui leur est payée sous forme de
rente par la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Cela couvrirait 2300 nouveaux cas avec le saut que l'on fait de 10
à 15 quant à la possibilité de capitaliser.
S'il fallait retenir 225 autant dans le texte qui est proposé que
dans le genre d'amendement vers lequel on avait tendance à aller, ce
serait davantage préoccupant autant au niveau de la
décapitalisation qu'au niveau du phénomène qui
s'appliquerait à un nombre considérable de personnes qui n'ont
d'autre source de revenu que l'indemnité ou la rente qui leur est
payée par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. le Président, ces considérations m'amènent
à la conclusion, quant à moi, que la meilleure situation à
travers toutes celles qu'on a discutées, et à partir surtout des
considérations dont je viens de parler, serait sans doute celle de
conserver le statu quo, c'est-à-dire de faire en sorte que la
capitalisation soit possible dans des cas où l'incapacité
commande une rente de 100 $ ou moins par mois et que ce soit laissé
à l'appréciation et à la discrétion de la
commission particulièrement quand on associe la possibilité de
capitaliser au phénomène global de la réadaptation.
Alors moi, M. le Président, je présente le tout pour
appréciation, étant encore une fois convaincu maintenant,
à partir des renseignements dont on dispose, qu'il nous faudrait
peut-être purement et simplement abroger ou faire disparaître 524
et 525 et conserver l'état actuel des choses.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: M. le Président, je partage plusieurs des
opinions ou des faits qui ont été soulevés par le
ministre. Je voudrais seulement préciser un aspect, parce qu'il a
justement mentionné la discussion qu'on avait eue sur cet article 525,
particulièrement. Ma préoccupation à 525 était la
suivante: qui allait amorcer le processus? Est-ce que c'était
l'accidenté ou la commission? Ma préoccupation dans le temps, je
voudrais que le ministre le comprenne bien, c'était mon désir de
voir plutôt l'individu, l'accidenté que la commission. Je
réalise et je vois le problème. On avait regardé
nous-mêmes le problème, savoir que si tout le monde
décidait de capitaliser la rente, cela mettrait la CSST dans une
position financière très difficile. En ce qui me concerne, je
n'ai pas d'objection à revenir au statu quo.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Quant à moi, M. le Président, je ne
retiendrais pas l'élément de mettre la CSST dans une position
financière difficile. Je ne pense que ce soit le coeur du
problème. D'ailleurs, les chiffres que le ministre nous a donnés
sont exacts pour autant que tout le monde en bénéficie. À
524, on s'adressait à des personnes qui recevaient une rente pour une
incapacité qui était inférieure à 15%. Donc, les
montants de la rente étaient déjà des montants moins
importants.
Quand on a voulu apporter le même type d'amendement à
l'article 525, on a eu beaucoup d'arguments qui n'allaient pas dans le sens de
dire: C'est financièrement difficile à supporter pour la CSST,
mais qui allaient
plutôt dans le sens de dire: C'est dangereux pour les personnes
qu'on veut protéger parce qu'elles peuvent capitaliser. Les montants
sont importants donc, ils ont plus d'attrait. Elles peuvent capitaliser leur
rente, perdre les sommes d'argent qu'elles auront capitalisées et, par
la suite, se retrouver devant aucun revenu. C'était beaucoup plus cela,
l'argument. C'est dans ce sens, en tout cas, que je l'ai discuté avec
des personnes qui sont des praticiens du milieu et, effectivement, tout le
monde était d'accord pour dire que le fait d'amender l'article 525
pouvait être dangereux.
Dans ce sens, je serais d'accord avec le ministre pour qu'on ne
procède pas aux amendements de l'article 525 comme on souhaitait le
faire la dernière fois qu'on a discuté. Par ailleurs, j'indique
au ministre que de la façon dont l'article 525 est actuellement
libellé, il me semble qu'il serait préférable - d'abord,
c'est discrétionnaire à la commission, la décision
appartient à la commission - de dire "peut verser à la demande
d'une personne" et le reste de l'article. Je trouve cela encore plus sûr
de cette façon, parce que dans le libellé actuel de l'article
525, la commission calculait la capitalisation que cela représentait,
l'offrait à la personne et la condition qu'on mettait à l'article
525, c'est que, pour qu'on capitalise, il fallait, premièrement, que la
commission ait fait l'analyse que c'était utile à sa
réadaptation; deuxièmement, qu'elle lui ait offert; et
troisièmement, qu'il y ait un consentement; la personne consentait
à... On la plaçait déjà devant une analyse de sa
situation. Si on mettait "à la demande de la personne", la
démarche ne s'entreprend qu'une fois que la personne l'a entreprise
elle-même; donc, déjà, d'après moi, c'est plus
limitatif encore et on conserve le pouvoir discrétionnaire de la
commission de juger sur le ou les cas.
Je ne sais pas si le ministre comprend mon argumentation. Il me semble
que c'est encore plus limitatif que la démarche contraire. Si je dis
à quelqu'un: Voici, avec la rente que tu gagnes, on pourrait capitaliser
cela et cela ferait 200 000 $. La commission l'offre parce qu'elle pense que,
premièrement, cela a des chances de succès - c'est cela qui
arrive, elle ne l'offrirait pas, autrement - deuxièmement, elle pense
que c'est utile à sa réadaptation et, troisièmement, elle
doit faire le calcul un peu aussi que, en fin de compte, cela va lui
coûter moins cher, mais disons que ce n'était pas l'objectif
premier. La personne qui n'a jamais pensé à capitaliser, quand on
lui présente le montant de 200 000 $, peut consentir, effectivement. Si
cela ne fonctionne pas, l'odieux repose sur la commission parce que c'est elle
qui a entreprise la démarche, tandis que, si c'est la personne qui doit
entreprendre sa démarche, la commission, ne faisant qu'analyser son
dossier, a toujours le pouvoir de dire: Non, on n'est pas obligé de
capitaliser dans votre... et on ne capitalisera pas. Elle peut accepter mais,
si elle accepte, ce n'est pas elle qui a amorcé la démarche; elle
n'a pas l'odieux si jamais il y a des résultats négatifs.
Je prétends que le fait de mettre "à la demande d'une
personne", c'est moins impliquant pour la commission, cela lui conserve son
pouvoir discrétionnaire de jugement à porter sur le cas et c'est
moins incitatif en plus; donc, on limite encore les dangers. Je
préférerais, M. le ministre, qu'on garde l'article 525 comme vous
l'avez actuellement, en ajoutant seulement cet amendement: "à la demande
d'une personne".
Pour ce qui est de l'article 524, je trouve que les arguments sont moins
valables et je serais davantage porté à le laisser comme on l'a
déjà voté. Je ne sais pas comment le ministre
réagit à cela.
M. Fréchette: La préoccupation la plus
inquiétante - cela s'applique autant quand on parle de l'article 524 que
de l'article 525 -c'est que, de ceux qu'on pourrait convenir d'appeler, ce
genre de rentiers, il s'en trouve une forte majorité pour qui la rente
qui leur est payée constitue une indemnité de remplacement du
revenu, dans l'un et l'autre cas. Dans les cas où, par exemple,
l'accidenté est réhabilité, consolidé, a
réintégré son travail, reçoit le même salaire
que celui qu'il recevait au moment de l'accident, c'est évident que de
capitaliser la rente ne met pas en péril les besoins essentiels auxquels
il doit faire face. Dans les cas, par ailleurs, comme on vient de le dire,
où la rente est essentiellement une indemnité de remplacement de
revenu, ou bien pour remplacer totalement le revenu qu'autrement il faisait, ou
pour n'en remplacer qu'une partie, là, on se dit dans l'un et l'autre
cas, l'article 524 comme l'article 525 et quand les chiffres nous ont
été connus et qu'on a parlé pour l'article 524 seulement,
de 3000 cas qui ont été jugés non admissibles en vertu des
dispositions actuelles de la loi parce que très
précisément, si la rente leur était capitalisée,
ils se retrouvent sans aucune autre forme de revenu, cela devient plus
préoccupant... C'est pour cela que dans l'un et l'autre cas, il nous
semblait plus indiqué de retenir le statu quo que de rouvrir dans le
sens que l'un et l'autre des deux articles le souhaitaient ou le
proposaient.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on peut obtenir les textes de...
M. Fréchette: De la loi actuelle? M. Bisaillon: Du statu
quo, oui.
M. Fréchette: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous en faites un
amendement formel, M. le ministre?
M. Fréchette: Enfin, je vais voir, si la discussion est
terminée ou pas, M. le Président.
M. Cusano: Je pense que, présentement, c'est bien 100 $
par mois. La personne peut capitaliser si elle reçoit une rente de moins
de 100 $ par mois.
M. Fréchette: C'est cela. Alors, ce que la loi actuelle
précise à l'article 38.1... je m'excuse, à l'article 38,
troisième paragraphe: "Lorsque la rente prévue par les
paragraphes précédents n'excède pas 60 $" -mais cela a
été indexé de sorte que cela est rendu à 100 $
maintenant - "au moment où naît le droit à cette rente, la
commission doit, à moins qu'il ne soit dans l'intérêt du
travailleur d'agir ainsi, convertir la rente en un capital qui lui est
payé à l'expiration des délais prévus par les
articles 64 et 65 ou lorsque le bureau de révision ou la Commission des
affaires sociales a rendu sa décision, selon le cas." C'est une
obligation qui est faite à la commission...
M. Bisaillon: Et là, obligatoirement, on capitalise.
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: Là, au moins, M. le ministre, dans les
articles 524 et 525, il n'y avait pas d'obligation. Alors, les dangers dont on
parlait, que vous souleviez la semaine dernière n'existaient pas.
M. Fréchette: C'est une obligation mais qui est
balisée par le texte suivant: "À moins qu'il ne soit pas dans
l'intérêt du travailleur d'agir ainsi."
M. Bisaillon: Oui, mais dans l'intérêt du
travailleur d'agir ainsi.
M. Fréchette: Pardon?
M. Bisaillon: Cela va. Il y une partie discrétionnaire
pour la CSST.
M. Fréchette: Oui. Dans le cas, par exemple, des maladies
professionnelles, il n'y a jamais eu de capitalisation qui a été
faite, en aucune façon.
M. le Président, je propose donc que les articles 524 et 525
soient purement et simplement retirés, supprimés du projet de loi
de sorte que, encore une fois, et cela ne fait pas partie de ma proposition, ce
serait les dispositions actuelles de la loi qui continueraient de
s'appliquer.
M. Cusano: Et cela est couvert par quel article?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viau.
M. Cusano: ...vous allez excuser l'heure tardive...
M. Fréchette: La Loi sur les accidents du travail.
L'article 38, paragraphe 3.
M. Cusano: Oui, l'article 38, paragraphe 3. Mais, quel
article...
M. Lincoln: Par quel mécanisme cela va-t-il
s'insérer dans... Est-ce que cela n'a pas besoin de s'insérer
au...
M. Cusano: II n'y a pas un article qu'on a adopté,
à savoir lequel des articles de la loi...
M. Fréchette: Comment la concordance va se faire pour
faire en sorte que l'article actuel s'applique...
M. Lincoln: II faudrait qu'il soit remplacé par... (21 h
30)
M. Fréchette: On a une disposition d'ordre
général qui indique que tous les articles de la Loi sur les
accidents du travail qui ont - je ne sais pas comment le texte se lit...
M. Cusano: C'est quel article?
M. Fréchette: On va le trouver. Article 523.
M. Cusano: On n'était pas loin.
M. Bisaillon: L'article 523 du projet de loi actuel?
M. Fréchette: Oui. Il va falloir faire des amendements,
évidemment, à l'article 523.
M. Bisaillon: Oui, parce que l'article 523 se
réfère aux articles 524 et 525.
M. Fréchette: C'est cela. Alors, il faudra faire les
amendements.
M. Bisaillon: Mais cela ne répond pas à la question
du député de Viau.
M. Fréchette: La question du député de Viau,
si je l'ai bien comprise, c'est d'essayer de trouver le lien qui doit se faire
entre les dispositions actuelles de l'article 38.3...
M. Cusano: C'est cela.
M. Fréchette: ...pour que l'article 38.3 trouve son
application dans la loi 42.
M. Cusano: C'est bien cela.
M. Fréchette: C'est cela. Alors, une personne qui, lors de
l'entrée en vigueur du chapitre III, reçoit une rente pour
incapacité permanente en vertu de la Loi sur les accidents du travail,
conserve sa rente et cette loi continue de s'appliquer à elle.
M. Cusano: Point.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Lincoln: Sauf si elle fait l'option prévue par
l'article 530.
M. Bisaillon: Non, il n'y a pas d'option. Ce serait point.
M. Lincoln: L'article 530 s'applique toujours.
M. Fréchette: II faudrait garder l'article 530.
M. Lincoln: II faut garder l'article 530. Elle convertit sa rente
en capital, sauf si elle fait l'option prévue par l'article 530.
M. Bisaillon: C'est cela, sauf si elle exerce.
M. Fréchette: Ce qu'il faudrait, M. le Président,
à l'article 523, ce serait de supprimer, dans les quatrième et
cinquième lignes de cet article, les mots "sauf si elle convertit sa
rente en un capital conformément aux articles 524 ou 525 et".
Une voix: Et.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Mais il y a plus que l'article 530. N'y a-t-il pas
l'article 530.1 et...
M. Fréchette: Ce sont des options au conjoint survivant
cela. L'article 530 donne les trois modalités dont on a parlé et
qu'on a retenues: l'option de redistribution, l'option de nivellement et
l'option de la loi actuelle. C'est cela. L'article 530 amendé contient
les trois options possibles.
M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions là-dessus? Nous avons donc, si je comprends bien, deux
amendements devant nous: un premier relativement aux articles 524 et 525 pour
supprimer les deux articles. C'est le premier amendement...
M. Fréchette: Voilà! C'est cela, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): ...et, le deuxième,
à l'article 523 dont on a le texte qu'on vient tout juste de vous
distribuer.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Lincoln: Je pense qu'il y a une confusion parce qu'on a
distribué celui qui ne s'applique plus. Je ne sais pas d'où cela
sort.
M. Cusano: Vous faites référence aux articles 524
et 525. Les articles 524 et 525 tombent.
M. Fréchette: On dit de le supprimer. M. Bisaillon:
Oui, oui.
Le Président (M. Dauphin): C'est le supprimer.
M. Fréchette: Supprimer dans les quatrième et
cinquième lignes.
M. Cusano: Ah bon!
M. Bisaillon: C'est cela.
M. Cusano: C'est parce qu'il est tard.
M. Bisaillon: M. le Président, sur le premier amendement
qui est celui de supprimer les articles 524 et 525...
Le Président (M. Dauphin): Le premier amendement, c'est de
supprimer les articles 524 et 525. On est là-dessus, M. le
député.
M. Bisaillon: ...j'aurais aimé qu'on les prenne un par un
parce que, quant à moi, l'article 524, je l'aurais conservé.
Alors, je dirais sur division à l'article 524 et, pour l'article 525, je
serais d'accord.
M. Fréchette: Bien.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement...
M. Bisaillon: Forcément, par concordance, l'article
523.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Il n'y a pas d'autres
interventions? Est-ce que l'amendement est adopté, pour supprimer les
articles 524 et 525?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division pour
l'article 524.
M. Bisaillon: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Maintenant, l'article 523?
Est-ce que l'amendement pour supprimer les quatrième et cinquième
lignes est adopté?
M. Cusano: Adopté.
M. Lincoln: Ce ne sont pas les quatrième et
cinquième lignes au complet, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Vous avez raison, M. le
député...
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...relativement aux mots "sauf
si elle convertit sa rente en un capital conformément aux articles 524
ou 525."
M. Lincoln: "Et".
Le Président (M. Dauphin): "Et." On conserve
évidemment...
M. Cusano: "Sauf si elle fait l'option prévue par
l'article 530."
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): C'est ça.
M. Cusano: Est-ce bien cela?
Le Président (M. Dauphin): C'est ça.
M. Cusano: Bon, là, on se comprend.
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Maintenant, le
dernier article...
M. Fréchette: Juste un instant, M. le Président, si
vous me le permettiez.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Fréchette: L'amendement qu'on vient juste de faire nous
oblige à un autre amendement à 531 pour aussi supprimer les
références à 524 et 525.
M. Bisaillon: ...dans le texte original. M. Cusano: Oui,
au texte original. M. Fréchette: C'est ça.
Le Président (M. Dauphin): Là, il y a un nouvel
amendement...
M. Cusano: À 531, on revient au texte original.
Le Président (M. Dauphin): ...à l'article 531.
Alors, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Lincoln: Pardon, M. le ministre, est-ce qu'il n'y avait pas
aussi à l'article - c'est tellement confus - 531 une
référence à 529.1?
Une voix: Oui.
M. Lincoln: Est-ce que ça reste? C'est 524 et 525 qui
disparaissent.
M. Fréchette; Oui, c'est ça. M. Lincoln:
Alors, 529.1... M. Fréchette: L'autre demeure. M. Lincoln:
...et 530 restent. M. Fréchette: Oui. Une voix: Ah
boni
M. Lincoln: Je dis cela parce que le député de Viau
avait dit qu'on retournait à l'article original. Ce n'est pas tout
à fait cela. Ce sont 529.1 et 530.
M. Fréchette: Ils demeurent.
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que l'amendement
est adopté?
M. Lincoln: Adopté. M. Bisaillon:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. On me corrigera
si je me trompe. Le dernier article qui a été suspendu dans mon
registre est l'article 553, tout en ayant en tête évidemment que
518.1 est suspendu.
M. Fréchette: M. le Président, je vais être
obligé de vous corriger. À 541, deuxième paragraphe, il y
a là aussi des références à 524 et 525. Alors, il
faudrait supprimer, dans le deuxième alinéa de l'article 541, les
nos 524 et 525.
M. Cusano: Alors, il se lirait: Les articles 529, 529.1 et 530.
Est-ce cela?
M. Fréchette: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Fréchette: Vous vous rappelez, M. le
Président... Est-ce que l'article amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): 541 tel qu'amendé est
adopté. Je m'excuse, je n'ai pas fait les références pour
531 non plus. Alors...
M. Lincoln: 531 tel qu'amendé est adopté.
Le Président (M. Dauphin):... 531, comme tantôt, tel
qu'amendé est adopté.
Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels
(suite)
M. Fréchette: Vous vous rappelez, M. le Président,
cet après-midi, j'avais attiré l'attention des membres de la
commission sur une omission à l'article 477 où l'on ne se
référait pas au crime d'inceste.
Une voix: Oui.
M. Fréchette: Ce n'était pas indiqué. Alors,
nous avons préparé l'amendement en conséquence.
M. Bisaillon: Alors, là, on met l'inceste.
M. Fréchette: Voilà!
Le Président (M. Dauphin): Je lis l'amendement à
l'article 477: Ajouter, dans l'annexe de la Loi sur l'indemnisation des
victimes d'actes criminels remplacée par l'article 477 adopté,
après l'article 146 les mots "rapports sexuels avec une personne de sexe
féminin âgée de moins de quatorze ans ou de moins de seize
ans", l'article du Code criminel et l'infraction suivante: 150, inceste.
M. Lincoln: Où trouve-t-on cela? Une voix: Page
106.
M. Fréchette: Vous voyez le texte de l'amendement donne
une description de... Page 106.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas d'intervention sur
l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté? Adopté. Est-ce
que...
M. Lincoln: C'est une question de curiosité.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Lincoln: À l'article 146, pourquoi n'est-ce qu'une
personne de sexe féminin? Si, par exemple, quelqu'un avait des rapports
sexuels avec une personne de sexe masculin...
M. Fréchette: Ce n'est pas le même genre de crime,
M. le Président.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Fréchette: Le Code criminel ne définit pas ce
crime de la même façon. Cela peut être un assaut sexuel dans
le cas d'une situation comme celle que décrit le député de
Nelligan.
Le Président (M. Dauphin): Cela va? Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 477 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Bisaillon: C'est une drôle de formule, M. le
Président: "Est-ce que cela va?"
M. Fréchette: Je ne suis pas sûr que cela aille,
mais c'est adopté.
Le Président (M. Dauphin): On n'était pas sur
l'opportunité, sur le fond.
Une voix: Ne rougissez pas en plus.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article suivant - on
me corrigera si je me trompe - devrait être l'article 553?
M. Bisaillon: Je pense, M. le Président, que vous vous
trompez. Il me semble qu'il y a l'article 548. 1.
Le Président (M. Dauphin): L'article 548. 1?
M. Bisaillon:... dont on n'a pas discuté.
M. Fréchette: On n'en a pas discuté?
M. Bisaillon: On l'a suspendu.
M. Fréchette: L'article 548. 1?
M. Bisaillon: Oui.
Une voix: Oui, il est suspendu.
M. Fréchette: C'est celui dont on a discuté...
M. Bisaillon: Celui auquel vous vous référez, M. le
ministre, est l'article 518.1.
Le Président (M. Dauphin): Non, c'est un autre. Vous avez
raison, M. le ministre.
M. Bisaillon: Celui-là est terminé pour
aujourd'hui. C'est maintenant l'article 548.1.
Dispositions transitoires (suite)
Le Président (M. Dauphin): C'est cela. C'est exact.
M. Cusano: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de l'article
548.1?
M. Bisaillon: Je proposerais, M. le Président, de
biffer...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie...
Une voix: Ah oui, les délais...
Le Président (M. Dauphin): ...vous avez entièrement
raison.
M. Lincoln: M. le Président, je voudrais demander au
ministre si, par exemple... Je me souviens qu'on avait suspendu cela. On avait
suspendu cela, c'était juste avant l'heure du...
M. Fréchette: M. le Président, je m'excuse
d'interrompre le député de Nelligan...
M. Lincoln: Oui.
M. Fréchette: ...mais je suis tout à fait
disposé à enlever le caractère rétroactif au 12
février. Cela créera les situations que cela créera. Mais,
sur le plan des principes, je pense que le député de Sainte-Marie
a tout à fait raison.
M. Bisaillon: Donc, on mettrait, après l'article 468.1:
"...à compter de la sanction de la loi..."?
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: Et le deuxième paragraphe est
enlevé?
M. Fréchette: Ce n'est même pas nécessaire de
se référer à une époque plus qu'à une autre.
Il est évident que c'est lorsque la loi sera sanctionnée et
deviendra en vigueur...
M. Bisaillon: C'est parce que...
M. Fréchette: ...que ces. dispositions s'appliqueront.
M. Bisaillon: Mais comment diriez-vous cela? C'est qu'il n'y aura
pas de verbe.
M. Lincoln: Est-ce que l'article 548 est nécessaire, de
toute façon? Si vous le supprimez, est-ce que cela change quoi que ce
soit maintenant? Si vous ne le faites pas rétroactif, est-ce qu'on en a
besoin? Il me semble que l'enlever est aussi simple.
M. Fréchette: Alors, M. le Président,
effectivement, on peut l'enlever complètement. Cela entrera en...
M. Bisaillon: Parce que lorsque l'article 468...
M. Fréchette: C'est cela. M. Bisaillon:
...s'appliquera.
M. Fréchette: On va devoir faire un amendement à
l'article 553, M. le Président.
M. Bisaillon: Mais oui. On ne l'a pas adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, si je comprends bien, le
proposeur retire complètement ses amendements qui sont 548.1 et
548.2?
M. Fréchette: Vous comprenez bien, M. le
Président.
M. Lincoln: Je pense que l'article 548.2 avait été
biffé, de toute façon.
M. Bisaillon: Oui. Mais on n'avait pas biffé l'article
548.1 parce qu'on n'en avait pas disposé.
Le Président (M. Dauphin): Là, on revient à
notre fameux article 553.
M. Fréchette: M. le Président, voici l'amendement
global que je vous suggère.
Le Président (M. Dauphin): Le ministre suggère
l'amendement suivant à l'article 553 qui se lit comme suit: Remplacer
l'article 553 par le suivant: "553 La section I du chapitre XII et les articles
468.1, 506, 508, 537, 540 et 547 à 552.1 entrent en vigueur le jour de
la sanction de la présente loi. (21 h 45) "Les articles 176.20 et 244 de
la Loi sur la santé et la sécurité du travail,
édictés par les articles 512.1 et 518, entrent aussi en vigueur
à cette date."
M. Fréchette: Sur une feuille de papier qu'on ne retrouve
plus, M. le Président - je suis obligé de vous confesser cela -
on avait identifié très précisément la nature des
dispositions qui concernent les articles qui doivent entrer en vigueur le jour
de la sanction de la loi. Il faudrait s'y référer
nommément: 468.1.
M. Lincoln: Ce n'est pas 468.1 qu'on vient de biffer? Lequel
avez-vous devant vous?
M. Fréchette: 468.1, M. le Président, ce sont les
changements au Code du travail; 506, ce sont les mécanismes qui
concernent les associations sectorielles, dont on a parlé cet
après-midi; 508, c'est la preuve photographique de documents; 537, c'est
la possibilité, pour la commission, de verser des prestations qui sont
dues par un employeur tenu personnellement. Les articles 540 et 547 à
552, c'est le phénomène de la maladie professionnelle pulmonaire
dont on peut être affecté quand on travaille dans l'amiante. Les
articles 176.20 et 244 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, c'est la nomination des membres du bureau de
révision, M. le Président.
M. Bisaillon: Dans la formulation, est-ce qu'il est
nécessaire, dans le deuxième paragraphe, de se
référer aux articles 176.20 et 244 de la Loi sur la santé
et la sécurité du travail? Est-ce qu'on ne devrait pas
plutôt seulement se référer aux articles 512.1 et 518 du
projet de loi qui, eux, doivent traiter de... Si je comprends bien, 512.1 a
dû modifier l'article 176.20 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail et 518 a dû faire la même chose
pour 244. Je ne sais pas si c'est cela.
Pendant que le ministre réfléchit, M. le Président,
je voudrais vous indiquer pourquoi je pose cette question. C'est parce que je
ne voudrais pas... L'argumentation que je vous ai faite tantôt sur la
recevabilité de l'article 518.1, peu importe la décision que vous
allez rendre, j'y crois et je ne voudrais pas qu'on fasse indirectement,
maintenant, quelque chose qui irait à l'encontre de l'argumentation que
je développais tantôt et que, par la suite, on se serve de cela
pour me dire: Oui, mais vous avez accepté d'intervenir dans la Loi sur
la santé et la sécurité du travail en mettant en
application, en vigueur, un article.
M. Fréchette: Cela n'a aucune relation avec le
phénomène dont parle le député de Sainte-Marie. Ce
à quoi cela se réfère, c'est spécifiquement et
strictement aux amendements qu'il est nécessaire d'apporter au Code du
travail à cause des phénomènes dont on a parlé: que
le juge de paix est investi de l'autorité de pouvoir, par exemple,
procéder à des remises d'audition, è assigner des
témoins. Donc, cela n'a aucune relation avec le phénomène
qu'on a longuement discuté à l'article 518.1.
M. Bisaillon: Mais, M. le ministre, voici ce que je veux dire.
L'article 512.1 du projet de loi 42...
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: ...amendait la loi...
M. Fréchette: 176.
M. Bisaillon: ...le Code du travail, c'est cela?
M. Fréchette: Non.
M. Bisaillon: La Loi sur la santé et la
sécurité du travail.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Donc, quand je dis que l'article 512.1 entre en
vigueur au moment de la sanction de la loi, je dis immédiatement que la
modification est apportée à la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Si l'article 518 se réfère
à l'article 244, dès que je dis que l'article 518 est en vigueur
dans ce projet de loi...
M. Fréchette: M. le Président, l'article 512.1
contient l'article 176.20 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. C'est cela qui est prévu ici, qui est
visé ici, uniquement et strictement pour permettre la mise sur pied des
bureaux de révision; c'est uniquement cela. L'article 518 concerne le
Code du travail, comme je viens d'en parler au député de
Sainte-Marie, et c'est le genre de chose qui doit être mis en vigueur
aussi au moment de la sanction de la loi.
M. Bisaillon: M. le ministre, on s'entend là-dessus.
Peut-être que je m'exprime mai. Ce que je veux dire, c'est qu'on aurait
seulement à ajouter, dans le premier paragraphe, l'article 512.1
après l'article 508 et l'article 518 après l'article 512.1 et
continuer, en disant: Entre en vigueur le jour de la sanction de la
présente loi. Il faudrait biffer tout le reste parce que,
forcément, si l'article 512.1 entre en application au moment de la
sanction de la loi, cela va modifier automatiquement, cela va faire en 'sorte
que, dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail,
l'article 176.20 va entrer en vigueur. Ce que je dis, c'est que ce n'est pas
nécessaire de se référer... On n'a pas, par le projet de
loi 42, à mettre en vigueur, à décider de la mise en
vigueur d'articles d'une autre loi. On met les articles de la loi
amendée en vigueur.
M. Fréchette: M. le Président, si on ne fait pas
cela, comme c'est la Loi sur la santé et la sécurité du
travail qui prévoit la création et la mise sur pied des bureaux
de révision, à partir de l'article 512.1 de la loi, si on ne
prend pas les dispositions pour que l'article 176.20, qui est compris dans
l'article 512.1 du projet de loi 42, soit en application immédiatement
au moment de la sanction, on ne peut pas procéder à la formation
des bureaux de révision. Je ne sais pas si on se comprend mal ou
si...
M. Bisaillon: On se comprend mal, mais oubliez cela.
Le Président (M. Dauphin): D'autres interventions sur
l'amendement? Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Cusano: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Viau.
M. Cusano: ...je désire m'exprimer sur chacun des
paragraphes, si le règlement me le permet. Le premier paragraphe de
l'article 553 serait adopté sur division et le deuxième
paragraphe, adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté dans son premier alinéa sur division et enfin, le
deuxième alinéa, adopté tout court. Sur division. Alors,
l'amendement au complet est adopté sur division.
M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 553, tel
qu'amendé sur division, est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Bisaillon: Sur division.
M. Cusano: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que les membres de la
commission agréeraient...
M. Bisaillon: On pourrait finir les annexes.
M. Fréchette: II me semble.
Le Président (M. Dauphin): Procéder aux
annexes?
M. Fréchette: Oui, il me semble.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a consentement
de tous les membres de la commission pour dépasser 22 heures?
Une voix: Bien oui, cela ne durera pas longtemps.
Annexes Le Président (M. Dauphin): L'annexe I?
M. Fréchette: Oui, M. le Président. Il y a une
proposition d'amendement. Je pense que les membres de la commission sont
déjà en possession d'une copie de la proposition d'amendement. Si
vous voulez en faire la lecture, peut-être, M. le Président?
Le Président (M. Dauphin): D'accord. L'annexe I,
amendement: Supprimer, dans chacun des paragraphes 1 à 10 de la section
I, les mots "reconnus toxiques pour l'homme".
M. Bisaillon: Est-ce que c'est un amendement qui vient de la
ministre déléguée à la Condition
féminine?
Le Président (M. Dauphin): Ajouter, dans chacun des
paragraphes 1 à 10 de la section I, après le mot
"composés" le mot "toxiques". Ajouter, à la fin de la section I,
les paragraphes suivants: 11. Intoxication par les composés toxiques
organiques ou inorganiques de l'oxygène.
M. Bisaillon: Bien sûr.
Le Président (M. Dauphin): À droite: un travail
impliquant l'utilisation, la manipulation ou une autre forme d'exposition
à ces composés de l'oxygène. C'est la définition,
je présume. Paragraphe 12: Intoxication par les hydrocarbures
aliphatiques, alicycliques et aromatiques: un travail impliquant l'utilisation,
la manipulation ou une autre forme d'exposition à ces substances. Il
s'agit donc d'un amendement à la section I.
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté? Adopté. À la section II...
M. Bisaillon: C'est juste l'amendement.
Le Président (M. Dauphin): ...il y a un amendement
proposé...
M. Bisaillon: Non, mais on a adopté juste l'amendement
à la section I.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Là, on
procède à l'amendement à la section II...
M. Bisaillon: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): ...qui est à l'effet de
remplacer, dans la quatrième ligne du paragraphe 1 de la section II, le
mot "phytodermatose" par le mot...
M. Bisaïllon: Derrnatomycose, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): "Dermatomycose".
M. Bisaillon: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
M. Cusano:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Bisaillon: La "parasitose", cela, j'en connais...
Le Président (M. Dauphin): On procède donc à
l'amendement à la section III qui est à l'effet de remplacer le
genre de travail décrit au paragraphe 1 de la section III par le
suivant: "Un travail impliquant un contact avec des substances telles que
solvants, détergents, savons, acides, alcalis, ciments, lubrifiants et
autres agents irritants." Ajouter, dans le genre de travail décrit au
paragraphe 2 de la section III, après le mot "antibiotique" les mots "et
autres allergènes". Est-ce que l'amendement à la section III est
adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. On
procède maintenant à l'amendement à la section IV qui se
lit comme suit: Remplacer le paragraphe 4 de la section IV par le suivant: 4.
"Maladie causée par contrainte thermique: un travail
exécuté dans une ambiance thermique excessive." Ajouter, à
la fin de la section IV, le paragraphe suivant: "8. Cataracte causée par
les radiations non ionisantes: un travail impliquant une exposition aux
radiations infrarouges, aux micro-ondes ou aux rayons lasers". Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Cusano: Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. La section V,
maintenant. L'amendement proposé est celui-ci: Ajouter, dans le titre de
la section V, après le mot "maladies" le mot "pulmonaires". Est-ce que
l'amendement à la section V est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Bisaillon: On procède juste aux amendements. On va
revenir à l'article par la suite?
Le Président (M. Dauphin): Oui. Est-ce que l'ensemble de
l'annexe I est adopté?
M. Bisaillon: Un instant, M. le Président! Dans les
vibrateurs...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...dans la section IV, les maladies causées
par les vibrations d'un outil manuel et un travail impliquant l'utilisation
d'un outil manuel qui crée des vibrations; l'annexe limite aux maladies
uniquement causées par les vibrations d'un outil manuel.
Une voix: ...vibrateurs.
M. Bisaillon: Oui. Donc, on doit comprendre que c'est quelque
chose qui se manipule. Mais il y a d'autres maladies qui ont été
reconnues dans le passé, ou il y a d'autres difficultés qui ont
été éprouvées par les travailleurs, qui provenaient
de vibrations qui n'étaient pas nécessairement celles d'un outil
manuel. On va prendre l'exemple de tous ceux qui travaillent dans la machinerie
lourde. Ce n'est pas un outil. On ne peut pas dire que c'est un outil. Si je
comprends bien, l'annexe ne reconnaîtrait pas ces maladies. Est-ce que le
ministre me comprend? Je ne sais pas si c'est clair.
M. Fréchette: Oui, oui, je comprends très bien
l'argumentation du député de Sainte-Marie sauf que, lorsqu'il me
dit que ce genre de phénomène et ses conséquences surtout
ses conséquences - ont effectivement été reconnus comme
étant des maladies professionnelles, j'apprécierais qu'on puisse
me dire par qui cette reconnaissance a été faite. Est-ce qu'il
s'agit de jugements de tribunaux ou d'instances appropriées? Il ne
faudrait pas qu'on arrive à la conclusion que la possibilité de
faire reconnaître ce phénomène comme causant
éventuellement des maladies professionnelles n'existe pas. Elle existe
en vertu des dispositions de la loi.
M. Bisaillon: Je lis au ministre: Règlement, maladies
professionnelles, Loi sur les accidents du travail. Cela vient d'un organisme
fort reconnu, que le ministre connaît bien, je pense, la Commission de la
santé et de la sécurité du travail du Québec. C'est
à l'article 5, publié à la Gazette officielle du
Québec, le 18 novembre 1981,
113e année, no 51, pour la référence du ministre,
en page 4693: "5. Maladies provoquées par les agents physiques".
À deuxièmement, on lit: "Maladies causées par des
vibrations (affections des muscles, des tendons, des os, des articulations, des
vaisseaux périphériques ou des nerfs
périphériques)"; et le genre de travail: "Tout travail impliquant
des vibrations".
Si je me réfère au sixièmement qui est là,
le genre de travail, c'est: "Un travail impliquant l'utilisation d'un outil
manuel qui crée des vibrations".
Je ne sais pas ce que le ministre a contre les vibrateurs, mais il est
clair que le sixièmement de la section IV restreint la portée
actuelle de la réglementation.
M. Fréchette: C'est cela qu'on est en train de
vérifier.
Le Président (M. Dauphin): La commission est suspendue
pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 6)
(Reprise à 22 h 7)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Oui, M. le ministre, je m'excuse.
M. Fréchette: Je m'excuse. On est disposé, M. le
Président, à retenir la suggestion d'amendement que fait le
député de Sainte-Marie, sauf qu'on doit de toute façon
revenir quand même demain, selon toute prévision. Je me demande
si, à ce stade-ci, il n'est pas plus indiqué de terminer nos
travaux.
M. Bisaillon: Je serais d'accord, M. le Président, sauf
que je voudrais indiquer au ministre que comme je m'étais
arrêté au sixièmement de la section IV, en regardant cela
de plus proche, il pourra regarder aussi l'élément 2 de la
section IV: "Lésion musculo-squelettique se manifestant par des signes
objectifs (bursite, tendinite, ténosynovite)." Cela me semble, par
rapport au texte du règlement que j'avais et que vous avez en main, plus
limitatif que ce que le règlement actuel prévoit aussi.
M. Fréchette: On va faire la vérification.
Le Président (M. Dauphin): Alors, de consentement, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 9)