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(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Beaumier): Je déclare la
séance ouverte étant donné que nous avons finalement
quorum. Donc, la commission de l'économie et du travail se réunit
pour procéder à l'étude détaillée du projet
de loi 56, Loi sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. M. Bédard.
Le Secrétaire: M. le Président, il y a deux
remplacements pour cette séance. M. Cusano (Viau) est remplacé
par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) et M. Maciocia (Viger) est
remplacé par M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges). Le ministre, M. Biron,
est membre de la commission en vertu du règlement.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. Merci. En ce qui
concerne le projet de loi 56, peut-être avez-vous des remarques
préliminaires, M. le ministre?
M. Biron: M. le Président, hier soir, je m'étais
engagé à faire circuler, pour l'information des membres de la
commission, une copie des règlements sur les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise, règlements qui
vont de pair avec la loi et qui font en sorte que la loi puisse être
administrée par la Société de développement
industriel. J'ai dit, hier soir, que les règlements ne sont pas encore
acceptés par le Conseil des ministres, donc par le gouvernement du
Québec, que j'étais ouvert à la discussion et que
j'étais prêt à écouter des suggestions de la part
des membres de cette commission parlementaire afin d'améliorer ces
règlements. C'est la même chose en ce qui concerne le loi
elle-même. J'aurai une modification, un amendement mineur à
apporter à l'article 12 de la loi. Encore une fois, je suis
réceptif si nous pouvons avoir, autour de la table, des suggestions pour
bonifier cette loi ou ces règlements qui seront adoptés la
semaine prochaine. Je voudrais d'avance remercier les membres de la commission
parlementaire pour leur appui, hier soir, et pour leur appui aujourd'hui afin
de faire en sorte que ces SPEQ deviennent les plus efficaces possible et les
plus utiles au développement économique
québécois.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que, comme vient de
le dire le ministre, nous avons hier, en commission parlementaire,
annoncé nos couleurs...
Une voix: À l'Assemblée nationale.
M. Bourbeau:... à l'Assemblée nationale
plutôt, concernant la loi qui est présentement devant nous sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, loi qui a été déposée par
le gouvernement à la suite des recommandations de la Commission
québécoise sur la capitalisation des entreprises. Nous avions
acclamé le dépôt des recommandations de cette commission il
y a maintenant un an.
Une voix: Plus fort.
M. Bourbeau: Nous avions applaudi lors du dépôt des
recommandations de cette commission, il y a maintenant un an. C'est avec
beaucoup de soulagement que nous avons constaté que le gouvernement
s'est finalement décidé à mettre en oeuvre une partie des
recommandations de cette commission.
Nous avons Teçu, d'autre part, il y a quelques instants à
peine, le projet de règlement que le ministre nous a fait parvenir. Bien
sûr, nous n'avons pas l'intention d'en prendre connaissance puisqu'il
s'agit quand même d'un document d'une dizaine de pages. Nous allons
tenter, au cours de la journée, de jeter un coup d'oeil sur le document
et possiblement qu'au cours des travaux de cette commission nous pourrons avoir
des commentaires à apporter à leur sujet.
M. le Président, sans plus tarder, en ce qui me concerne, je n'ai
pas l'intention de faire d'autres commentaires à ce stade-ci.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, concernant le document de
travail sur les règlements, je veux m'excuser auprès des membres
de la commission. J'aurais aimé le déposer avant, mais encore ce
matin on a fait certaines modifications mineures. Je comprends qu'au cours de
cet avant-midi on ne pourra peut-être pas travailler à ce
règlement. Peut-être
ce midi, à l'heure du lunch, certains des députés
voudront travailler un peu plus aux règlements et on pourrait en
discuter un peu plus cet après-midi. Je suis, encore une fois, ouvert
aux suggestions.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. Alors, cela
clôt les remarques préliminaires. J'appelle l'article 1 du projet
de loi 56. M. le ministre.
Application
M. Biron: Cet article 1 prévoit la formation des SPEQ, les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Elles sont formées en vertu de la partie IA de
la Loi sur les compagnies. J'ai ici un exemplaire du formulaire demandé.
C'est très très simple, il y a à peu près une
dizaine de lignes à remplir, c'est pour transmettre à
l'Inspecteur général des institutions financières. Les
SPEQ seront donc des compagnies privées au sens de la Loi sur les
impôts et une SPEQ devra être enregistrée auprès de
la Société de développement industriel en plus
d'être enregistrée auprès de l'Inspecteur
général des institutions financières.
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce qu'il faut comprendre, M. le ministre, que la
société, la corporation privée qui est créée
est constituée spécialement pour en faire une SPEQ? Est-ce qu'au
moment même de la demande d'incorporation on doit déclarer son
intention d'en faire une SPEQ éventuellement? Est-ce que les
règlements de la compagnie sont définis de façon
spéciale dans les règlements ou à un autre endroit?
Autrement dit, est-ce que la corporation privée qui est
constituée doit répondre à certaines exigences et est-ce
qu'elle doit être incorporée ou si, au moment de son
incorporation, on doit déclarer son intention d'en faire une SPEQ
puisque, à toutes fins utiles, je pense bien que la corporation
privée est tout à fait identique à toute autre corporation
privée que toute personne pourrait créer par ailleurs?
M. Biron: On doit déclarer son intention d'en faire une
SPEQ puisque la deuxième étape de la SPEQ, ce sera de ramasser
les fonds nécessaires auprès de quelques actionnaires, mais la
troisième étape, ce sera d'investir dans une corporation
admissible.
La Société de développement industriel va
délivrer les TP6 - je ne sais pas comme cela va s'appeler - lorsque le
placement sera fait dans une entreprise et admissible par une
société de placements dans l'entreprise québécoise.
En formant la SPEQ, il faut dire:
Nous entendons, en formant cette corportion en vertu de la partie IA -
je pense que c'est spécifié à 2... Il faudra
spécifier que les activités de la compagnie consistent
principalement à acquérir et à détenir, à
titre de véritable propriétaire, des actions du capital-actions
d'autres corporations. En vue de la rendre admissible...
M. Fortier: Mais il n'y aura pas d'objection, disons, comme cela
se fait couramment, que les avocats, les procureurs d'un individu ou
d'individus procèdent à l'incorporation, ou est-ce que vous allez
exiger que les vrais actionnaires de cette société se
dévoilent la face au moment même de l'incorporation?
M. Biron: Non, ce sera au moment de l'émission des
reçus pour fins d'impôt, les TP6. Là, il faudrait que les
vrais actionnaires soient là. Mais pour former une SPEQ, cela pourra se
faire, je pense bien -je vais consulter mon avocat, parce que je ne suis pas
avocat...
M. Fortier: De la façon dont on procède
normalement.
M. Biron:... avec des avocats.
M. Grégoire: Ce peuvent être des secrétaires
d'avocats, les premiers directeurs.
M. Biron: Parce que la SPEQ pourrait fonctionner comme
société privée. Tant et aussi longtemps qu'elle ne fait
pas un placement admissible, elle peut faire autre chose. D'ailleurs, la SPEQ
pourrait investir dans un commerce qui n'est pas admissible. Il n'y aura donc
pas de reçu d'impôt pour l'investissement dans le commerce. Le
reçu de la partie d'impôt sera pour l'investissement dans un
investissement admissible.
M. Fortier: Même, on pourrait aller plus loin pour dire que
des gens pourraient incorporer une SPEQ, former une corporation et,
éventuellement, ne jamais s'en servir pour les fins qui sont
prévues par la loi, c'est-à-dire, qui leur donneraient droit
à des crédits d'impôt, si jamais ils ne procédaient
pas. Alors, il pourrait arriver que, dans les faits, l'intention ne soit pas
suivie d'une action.
M. Bilodeau (Léo): C'est exact. Elles devraient modifier
leur statut à ce moment parce que, comme l'indique l'article 2 du projet
de loi, les statuts doivent indiquer les raisons pour lesquelles elles sont
constituées. Donc, elles devraient modifier leur statut, si elles
veulent faire d'autres types d'activités par la suite. Mais si elles
veulent demeurer dans le type investissement, leur statut
serait conforme.
M. Fortier: Même pour le type d'investissement dont on
parle, elles pourraient faire des investissements de ce genre, mais qui ne
donneraient pas droit justement, selon les règlements, à l'autre
type d'investissement qui donnerait un crédit d'impôt et, donc, ne
serait pas suivi de l'intention véritable du législateur ici. Il
n'y a pas de mal à cela, mais je voulais simplement m'en assurer.
M. Biron: C'est exact. Donc, une SPEQ sera une petite
société à capital de risque qui pourrait investir dans
cinq entreprises différentes, dont trois ne seraient pas admissibles et
deux seraient admissibles. Les reçus d'impôt seraient pour
l'investissement dans les deux entreprises admissibles; les autres pourraient
apporter un revenu important, je pense bien, à ces gens qui voudraient
se réunir pour former une société à capital de
risque.
M. Fortier: Ma préoccupation, M. le Président, est
simplement celle-ci: je me reporte dans deux ans d'ici, alors que - je ne parle
pas du ministre actuel - d'autres ministres donneront les statistiques sur le
nombre de créations de SPEQ, et j'imagine que la question que certaines
personnes pourront avoir à ce moment est la suivante: Est-ce que,
réellement, les statistiques devraient être gardées de
telle façon pour qu'on puisse suivre l'évolution des SPEQ, parce
qu'il pourrait y avoir effectivement 200 SPEQ de formées, dont seulement
50 auront procédé à des investissements qui donnent droit
à des crédits d'impôt, tel que défini dans la loi?
Merci.
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, à l'article 1,
il est indiqué "qui est une corporation privée constituée
après le 23 avril 1985". Est-ce que vous allez accepter comme SPEQ toute
corporation qui était constituée avant le 23 avril, mais qui se
reformera une nouvelle charte ou une nouvelle compagnie pour remplir... Une
société qui existait auparavant pourrait-elle se désister
de sa charte pour aller en chercher une autre conforme à cette loi?
M. Birnn: Je pense que si une entreprise laisse tomber sa charte
et repart à nouveau, cela devient une nouvelle entreprise, en fait. Une
entreprise qui laisse tomber sa charte n'est plus une entreprise.
M. Grégoire: Et elle pourra se reconstituer en SPEQ?
M. Biron: Mais, là, ce seront de nouveaux actionnaires qui
se constitueront en SPEQ.
M. Grégoire: Mais s'ils sont les mêmes actionnaires,
c'est le même capital-actions.
M. Bourbeau: Cela ne peut pas être le même
capital-actions; c'est une nouvelle société.
M. Fortier: Si la première personne morale est
décédée.
M. Biron: Oui, la personne morale est
décédée.
M. Grégoire: Chacun réinvestit. Alors, toute
société pourra se transformer par un jeu de procédure,
pourra se transformer en SPEQ.
M. Biron: Pas se transformer. M. Grégoire: Se
recréer.
M. Biron: Oui, c'est une nouvelle entreprise. C'est-à-dire
que les actionnaires de la société vont reprendre leurs billes et
ils remettront leurs billes dans cela.
M. Grégoire: C'est un jeu de mots.
M. Fortier: C'est une nouvelle naissance.
M. Biron: Tu prends toujours ton argent quelque part. Si tu ne
vends pas une entreprise, tu vas le chercher à la banque.
M. Grégoire: Ce serait la renaissance d'une
société qui existait, qui s'est dissoute, qui a abandonné
sa charte et qui se reforme sous forme de SPEQ. Ce sera fermé.
M. Biron: Je pense que c'est le jeu de l'économie, on
déplace notre argent; cela va d'une place à l'autre.
M. Grégoire: Maintenant, on parlait de l'article 1 et de
l'article 2 en même temps, on est entré dans l'article 2. Si je
comprends bien, il y a deux périodes dans l'investissement dans une
SPEQ. D'abord, il y a un actionnaire qui investit dans une SPEQ. Lui, en tant
qu'investisseur dans une SPEQ, il a droit à des compensations fiscales,
c'est-à-dire à 20 % par année pendant cinq ans de son
revenu, par le fait même qu'il investit dans la SPEQ. C'est ça,
l'idée?
M. Biron: Non.
M. Grégoire: Non. Alors, lorsque la SPEQ investit dans une
autre société de production ou celle mentionnée en annexe
du
document que vous nous avez donné, c'est à ce
moment-là que l'individu, l'actionnaire reçoit 20 % pour le
montant qu'il investit dans la SPEQ?
M. Biron: Non. M. le Président, je voudrais recommencer
pour être très clair là-dessus. Je vais prendre un exemple.
Nous sommes huit, nous décidons de former une SPEQ aux fins d'investir
dans une entreprise manufacturière. Nous avons besoin de 200 000 $
d'investissements et chacun de nous place 25 000 $ dans la SPEQ; la SPEQ
ramasse ses 200 000 $, investit 200 000 $ dans l'entreprise
manufacturière. En formant la SPEQ, nous demandons aux institutions
financières de nous reconnaître en vertu de la Loi sur les
compagnies et de la Loi sur les SPEQ, et nous nous enregistrons auprès
de la Société de développement industriel.
Une fois que nous faisons l'investissement de 200 000 $ dans
l'entreprise, la SDI va nous émettre des reçus pour fins
d'impôt pour la valeur de notre investissement, c'est-à-dire 25
000 $. À la fin de l'année, lorsque nous ferons notre rapport
d'impôt, nous aurons le droit de déduire de notre revenu imposable
jusqu'à un maximum de 20 % de notre revenu total. Par exemple, si nous
sommes des députés et gagnons 50 000 $ par année de revenu
total, on a le droit de déduire jusqu'à 20 % de 50 000 $, donc 10
000 $. Il nous reste donc 15 000 $ à reporter sur les années
à venir.
La deuxième année, si nous sommes encore
députés à 50 000 $, encore une fois, nous avons le droit
de déduire 20 % de 50 000 $, une autre somme de 10 000 $, et il reste
5000 $ pour la troisième année du revenu imposable. C'est donc
dire que nous déduisons 10 000 $, sur lequel nous payons, à 50
000 $, un taux marginal - ça doit être autour de 28 % ou 30 %,
à l'heure actuelle - donc, il y aura une économie d'impôt
de 2800 $ à 3000 $ par année, pendant deux ans et demi. Cela
va?
M. Grégoire: Maintenant, la SPEQ elle-même, quand
elle investit - c'est la deuxième étape - dans une usine de
production, par exemple, ou qu'elle démarre une usine de production,
elle a aussi le droit de déduire 20 % une fois...
M. Biron: Non. Ce sont les actionnaires de la SPEQ. Les 20 % qui
vous mêlent, c'est si, par la SPEQ, les 200 000 $, on fait affaires avec
une société de capital de risque... Mettons, pour les fins de la
discussion, que le premier groupe SODEQ est reconnu comme société
à capital de risque et qu'il investit 50 000 $ dans notre SPEQ, et nous
investissons le reste, 150 000 $. Le premier groupe SODEQ, comme
société à capital de risque, sera admissible à 20 %
de son investissement; donc, 50 000 $ à 20 % d'investissement, ça
fait 10 000 $. Donc, il y aura un crédit d'impôt à
Québec de 10 000 $.
M. Grégoire: Une fois. M. Biron: Une fois.
M. Grégoire: Tandis que pour les individus, c'est
jusqu'à concurrence...
M. Biron: On peut reporter jusqu'à un maximum de cinq
ans.
M. Grégoire: Cela va, je comprends.
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Outremont. Est-ce que vous avez terminé?
M. Grégoire: Oui. M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Juste pour préciser la dernière
réponse du ministre à l'égard des sociétés
de capital de risque. La loi parle d'un crédit d'impôt, alors
qu'à l'égard des particuliers on parle de déduction.
Est-ce que le crédit d'impôt n'est pas également reportable
sur les années futures à l'égard de la partie du
crédit d'impôt qui n'avait pas été utilisée
dans la première année?
Pour les particuliers, c'est clair: si on n'utilise pas le plein
montant, cela peut être reporté sur les années suivantes,
mais est-ce que c'est la même chose pour les sociétés de
capital de risque?
M. Biron: Je vais demander à un spécialiste du
ministère du Revenu, M. Cloutier, de répondre.
M. Cloutier (Léonid): Au point de vue de la corporation
à capital de risque, il est vrai qu'il n'y a pas de limite de
déduction. Toutefois, ce n'est pas un crédit d'impôt
remboursable. Alors, le crédit d'impôt qu'elle va pouvoir
déduire ne peut pas excéder l'impôt qu'elle doit payer
autrement. Dans une année, si elle a un crédit d'impôt de
7000 $ à l'égard d'une SPEQ et qu'elle a 5000 $ d'impôt
à payer, le crédit d'impôt dont elle va
bénéficier, cela va être 5000 $. Les 2000 $ vont être
reportés eux aussi sur cinq ans.
M. Biron: D'accord. C'est la question du
député.
M. Bourbeau: Alors, cela corrige ce que vous avez dit
précédemment, parce que vous avez dit que c'était
utilisable seulement la
première année, tout à l'heure. Là, cela
peut être reporté sur les années suivantes si on n'a pas
utilisé le plein crédit la première année.
M. Cloutier: C'est cela, si le crédit n'était pas
utilisable pleinement du fait que la corporation à capital de risque
n'avait pas payé suffisamment d'impôt pour combler le
crédit.
M. Fortier: Le crédit d'impôt, c'est au même
titre qu'un déficit d'opération sur cinq ans.
M. Cloutier: II est reportable sur cinq ans.
M. Bourbeau: Maintenant, en commençant tout à
l'heure, dans vos remarques préliminaires, vous avez dit: Il n'y a pas
de limite. Je ne comprends pas ce que cela veut dire.
M. Cloutier: I n'y a pas de limite dans le sens du particulier.
Le particulier est limité dans sa déduction à 20 % de son
revenu total, tel que défini au REA, tandis que dans la corporation - en
somme, il n'y a pas de limite et il y en a une - la limite, c'est l'impôt
qu'on doit autrement payer.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que la limite, c'est le montant
d'argent qu'il peut déduire en vertu de son placement dans la SPEQ.
M. Cloutier: C'est une limite.
Effectivement, il ne peut pas avoir plus de crédit que sa part
dans le capital de la SPEQ.
M. Fortier: Mais l'autre limite, c'est l'impôt qu'il
paie.
M. Cloutier: L'autre limite, c'est l'impôt qu'il paie.
C'est cela.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais poser une
question.
M. Bourbeau: J'ai encore le droit de parole.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte, allez-y.
M. Bourbeau: Au sujet de l'article 1... On est toujours à
l'article 1, M. le Président?
Le Président (M. Beaumier): Oui, bien sûr.
M. Bourbeau: On parle, à l'article 1, de toute
société qui est une corporation privée. Il n'est pas
question ici de résidence de la société, alors que dans la
section III, qui concerne les placements admissibles, on fait état d'une
certaine restriction, à savoir que la direction générale
de la société de placements admissible doit s'exercer au
Québec. Est-ce qu'il y a des restrictions à l'égard de la
SPEQ en ce qui concerne sa résidence ou sa direction
générale ou s'il n'y en a pas du tout?
M. Cloutier: A l'égard de la SPEQ elle-même, c'est
une corporation qui est formée en vertu de la partie IA de la loi.
Alors, comme telle...
M. Bourbeau: Elle peut quand même être
résidente ou avoir sa direction générale en dehors du
Québec.
M. Biron: Quitte à revérifier, elle pourrait avoir
sa direction générale à l'extérieur du
Québec, mais ces crédits sont pour des sociétés
admissibles québécoises.
M. Bourbeau: Cela, c'est sûr.
M. Biron: Alors, si elle exploite à l'extérieur du
Québec, elle ne peut pas bénéficier d'un crédit
pour des placements faits en dehors du Québec.
M. Fortier: L'article 12 définit...
M. Bourbeau: Je pense qu'on est bien d'accord. À
l'égard du placement admissible de la société dans
laquelle elle va investir, je pense que c'est couvert par la section III.
À l'égard du véhicule de placement qu'est la SPEQ, je
crois comprendre qu'il n'y a pas de restriction quant à sa
résidence ou à sa direction générale. Est-ce exact?
(12 heures)
M. Biron: C'est exact.
M. Bourbeau: Maintenant, une question toujours au sujet de
l'incorporation de la SPEQ. Le projet de loi dit que la corporation doit
être constituée après le 23 avril 1985, selon la partie IA
de la loi. Qu'en est-il d'une corporation qui aurait pour objet de
détenir des actions du capital-actions d'autres corporations, donc une
société de portefeuille, un holding, une corporation qui serait
déjà incorporée avant le 23 avril, mais qui
déciderait de continuer, d'obtenir des statuts de continuation en vertu
de la section IA de la loi après le 23 avril? Est-ce que, dans ce cas,
on pourrait la qualifier de SPEQ?
M. Biron: Il faudrait qu'elle recommence à zéro,
mais votre société pourrait investir dans une SPEQ qui, elle,
investira dans une société admissible. C'est pour cela
qu'à l'article 3 ou à l'article 4 on prévoit que des
sociétés à capital de risque
seraient admissibles. Dans le cas que vous venez de mentionner, c'est
une société à capital de risque qui investirait dans une
entreprise. Au lieu d'investir dans l'entreprise, maintenant, elle devra passer
par la SPEQ pour pouvoir bénéficier de son crédit
d'impôt de 20 %, et non pas investir directement dans une entreprise.
M. Bourbeau: Ce n'est pas le sens de ma question. Là, vous
parlez, vous remontez à une génération plus loin encore.
Je parle d'une SPEQ, d'une société qui serait déjà
existante en vertu de la partie I de la loi, mais qui demanderait des statuts
de continuation en vertu de la partie IA après le 23 avril. Est-ce
qu'elle pourrait être qualifiée de SPEQ? Cela reprend un peu la
question de mon collègue de Frontenac qui parlait, tantôt, de
dissoudre une société actuelle et, enfin, je ne sais pas, de la
faire renaître. Ce qui attire mon attention, c'est le fait qu'on stipule
à la partie IA: Après le 23 avril. À ma connaissance, on
peut encore modifier une compagnie qui existe en vertu de la partie I de
l'ancienne Loi sur les compagnies, demander le statut de continuation en vertu
de la partie IA. Ma question est: Est-ce que cela pourrait permettre à
la compagnie de devenir une SPEQ?
M. Biron: Quel serait l'avantage pour l'entreprise de faire cela?
Elle n'a aucun avantage.
M. Bourbeau: Cela lui évite de former une nouvelle
société de holding.
M. Fortier: C'est d'éviter le dédoublement. Au lieu
d'avoir deux compagnies, il n'y en aurait qu'une.
M. Bourbeau: Les frais sont moins importants et les demandes de
statut de continuation sont moins importantes que pour une incorporation. Cela
prendrait peut-être quelqu'un de la Loi sur les compagnies...
Une voix: Cela n'a pas été prévu, je
pense.
M. Biron: On voulait commencer à zéro, justement,
pour répondre à la question du député d'Outremont,
tout à l'heure, pour savoir exactement combien de SPEQ allaient
être formées à cause de la loi.
Elle ne serait pas admissible.
M. Bourbeau: Cela clarifie ce point. Je n'ai pas d'autre question
sur cet article.
M. Fortier: J'avais seulement deux questions. Si on forme une
SPEQ... Le ministre donnait l'exemple d'une SPEQ qui investit dans une
compagnie manufacturière et, en lisant le rapport Saucier - et cela fait
un certain temps que je l'ai lu - je croyais que c'était l'Intention
d'associer une SPEQ avec une compagnie manufacturière. Est-ce que la
même SPEQ peut investir ' dans deux compagnies manufacturières
distinctes?
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Est-ce qu'une SPEQ, éventuellement, pourrait
devenir une compagnie publique?
M. Biron: Non.
M. Fortier: Est-ce que c'est prévu dans la toi?
M. Biron: Ce qu'on prévoit, c'est qu'une SPEQ
va...
M. Fortier: C'est une corporation privée, d'accord.
M. Biron:... intervenir, avec le temps, probablement, dans
à peu près trois, quatre ou cinq PME, et on va atteindre
l'objectif de permettre des changements aux conseils d'administration, des
échanges entre les différentes entreprises avec un investissement
minoritaire dans chacune des entreprises.
M. Fortier: Voulez-vous répéter cela?
M. Biron: La SPEQ va investir dans la compagnie A cette
année et, l'an prochain, elle va probablement investir dans la compagnie
B et, l'autre année, dans la compagnie C et ainsi de suite.
M- Fortier: En pratique, je pense bien que l'intention est de
favoriser des investissements privés, donc dans des PME. Mais si on veut
extrapoler, théoriquement, quel est l'empêchement qui existerait
pour que la corporation privée devienne publique, car on parle bien,
ici, d'une incorporation privée constituée après...
M. Biron: Elle ne sera plus admissible au crédit
d'impôt, mais elle pourrait devenir publique parce que ses
investissements...
M. Fortier: Elle perdrait son statut.
M. Biron: Elle perdrait son statut mais si, au cours des deux
premières années d'investissement, elle a respecté les
règlements et la loi les investissements se trouvent gagnés.
Après trois ans, elle pourra facilement devenir publique.
M. Fortier: L'empêchement vient de ce que la loi dit: La
présente loi s'applique à toute société qui est une
corporation privée.
M. Biron: C'est exact.
M. Fortier: Je pense bien que c'est la contrainte.
M. Biron: Oui. M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: J'ai une question. Les montants admissibles
sont ceux investis au Québec. Si c'est une compagnie qui investit ces
sommes au Québec, mais qui a absolument besoin d'entrepôts aux
États-Unis, comme une société d'exportation de produits,
et que cela fait partie de ses investissements, sans quoi, à
défaut d'entrepôts, elle ne serait pas capable de poursuivre ses
activités, est-ce que les simples entrepôts qui sont là
pour être le prolongement de l'industrie peuvent être des
investissements admissibles?
M. Biron: C'est admissible.
M. Grégoire: Lorsque cela n'a pas un effet de production,
mais un effet de transit?
M. Biron: C'est relié; c'est l'intégration d'une
entreprise jusqu'à sa mise en marché. C'est relié à
cela.
M. Grégoire: À quel article? Ah! ce serait dans les
règlements plutôt que dans la loi?
M. Biron: Je vous dis d'avance que c'est admissible aux fins de
la SDI, comme une entreprise manufacturière qui produit au
Québec, mais qui vend à l'étranger a souvent des
investissements à l'étranger dans ce sens.
M. Grégoire: Par exemple, des entrepôts?
M. Biron: C'est admissible.
Le Président (M. Beaumier): L'article 1 est-il
adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Adopté. J'appelle
l'article 2. M. le ministre.
M. Biron: Une SPEQ devrait avoir pour activité principale
d'acquérir et de détenir des actions d'autres corporations,
à titre de véritable propriétaire.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, au sujet de l'article 2, on
dit que ses activités doivent consister principalement à
acquérir... C'est donc dire que cette société de
portefeuille qui est une SPEQ peut également avoir des activités
autres. Est-ce que cela pourrait vouloir dire des activités
commerciales, industrielles? Est-ce qu'elle pourrait elle-même
détenir des commerces ou des industries ou faire des transactions
immobilières, d'une certaine façon? Est-ce qu'elle peut
être une société active, parce que la philosophie
derrière une société de portefeuille, c'est qu'elle est
plutôt inactive ou passive? Est-ce que la SPEQ pourrait être une
société active?
M. Biron: Oui, à mon point de vue, elle pourrait
être active. On a inscrit "principalement", parce qu'on s'est souvenu de
la Loi sur les SODEQ, qui était très étroite alors que,
juridiquement, la journée où vous placiez de l'argent dans une
SODEQ, vous deviez le placer immédiatement dans du capital-actions d'une
entreprise. Finalement, cela ne donnait aucune marge de manoeuvre. En pratique,
toutes les SODEQ ont été illégales, ou à peu
près, pendant la majeure partie de leur vie sous la Loi sur les SODEQ.
On a dû assouplir cela considérablement. Voici un exemple: Je
disais tout à l'heure que si on était huit personnes à
investir 25 000 $ chaque pour un montant total de 200 000 $, du fait que nous
déposions l'argent en banque avec un certificat de dépôt ou
autre et que nous fassions la transaction avec l'entreprise, cela amenait un
délai. Lorsqu'on dit "principalement", on parle de principalement
acquérir des actions, mais on comprend qu'il y a d'autres
activités de transit et même commerciales qui pourraient survenir.
Mais les seules activités qui seront admissibles au reçu fiscal,
ce ne sont pas les montants déposés dans la SPEQ, mais ceux
investis par la SPEQ dans une entreprise admissible.
M. Fortier: Mais l'exemple que vous donnez, M. le ministre, c'est
celui d'un holding qui fait des dépôts, alors que je croyais que
le député de Laporte faisait allusion à d'autres
activités qui pourraient être des activités
manufacturières. Je pense que l'exemple que vous avez donné des
dépôts des huit personnes ou d'un dépôt à
terme qui, entre-temps, font fructifier leur avoir à la banque, c'est
tout à fait une activité normale d'un holding.
M. Biron: La SPEQ pourrait avoir aussi des activités
commerciales, puisque les seules activités qui seront susceptibles
d'être reçues aux fins fiscales sont les investissements en
capital-actions dans des entreprises admissibles.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends que les statuts
doivent indiquer que, principalement, c'est une société de
portefeuille, mais qu'elle peut avoir des activités commerciales,
industrielles, indépendamment du fait que c'est une
société de gestion.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Deuxièmement, un autre point. On dit que les
statuts doivent indiquer que ses activités consistent à
acquérir, à titre de véritable propriétaire, des
actions du capital-actions d'autres corporations. Il doit y avoir de vrais
avocats ici. Dans la Loi sur les compagnies, est-ce qu'il n'y a pas
déjà toute une série d'activités qui sont
statutaires et qui font en sorte qu'on n'a pas besoin, quand on incorpore une
société, de répéter tout ce qu'une
société peut faire? Je me demande si justement, du fait de
détenir des actions dans d'autres corporations, ce n'est pas
déjà prévu statutairement comme pouvant être le fait
de toutes les sociétés qu'on incorpore.
Le Président (M. Beaumier): Me
Bilodeau.
Une voix: On a l'honneur d'avoir un vrai avocat, semble-t-il.
M. Bilodeau: C'est vrai ce que vous dites, sauf que ce n'est pas
vu comme étant un pouvoir qu'on donne aux SPEQ mais une limite dans
leurs activités.
M. Bourbeau: Il n'y a pas de limite, le ministre l'a dit tout
à l'heure, que la société...
M. Bilodeau: "Principalement. " Est-ce une limite à 51
%?
M. Bourbeau: Ce sont les statuts, mais une fois la compagnie
incorporée, est-ce que le gouvernement va faire une enquête
à chaque année pour savoir s'il y a 51 % des activités qui
sont dans le placement et 49 % dans le commerce? Comment allez-vous pouvoir
contrôler cela? C'est incontrôlable. Cela peut varier d'une
année à l'autre. Cela peut être vrai une année et
pas vrai l'autre année.
M. Biron: La SPEQ pourrait faire autre chose mais il s'agit
là de de demander maintenant que sera l'avantage de faire autre chose?
Pourquoi passer par un véhicule qui s'appelle la SPEQ pour faire autre
chose, alors que l'avantage d'investir par l'entremise d'une SPEQ, c'est un
crédit sur l'impôt.
M. Bourbeau: Vous pourriez avoir des individus à un moment
donné qui ont certains fonds et qui en placent une partie dans des SPEQ
pour fins de déduction fiscale personnelle mais qui, également,
veulent investir collectivement, ensemble, dans autre chose et qui ne jugent
pas opportun de faire la dépense de créer une nouvelle
société. Vous savez combien cela coûte cher, des
sociétés, aujourd'hui. Il faut payer des vérificateurs
chaque année, il faut payer la taxe sur le capital, ce qui est devenu
très cher, depuis que le gouvernement a changé, il y a quelques
années. Il y a toute une série de frais qui font en sorte que, de
plus en plus, les gens qui ont des sociétés tentent de les
fusionner pour réduire le nombre de sociétés à un
minimum. Possiblement que ce cas pourrait se produire.
M. Biron: C'est exact. On a prévu que la SPEQ pourrait
faire autre chose. La seule déduction fiscale n'est pas l'investissement
à la SPEQ, encore une fois, mais c'est l'investissement de la SPEQ dans
l'entreprise.
M. Bourbeau: Si on convient que le droit de détenir des
actions du capital-actions d'autres corporations, c'est un droit qui est
inné à toutes les corporations, ça devient donc un peu
aléatoire que d'avoir l'obligation de le répéter dans les
statuts d'une SPEQ. À moins que vous ne vouliez simplement dire que la
question de "principalement", le mot "principalement", c'est la seule raison
qui fait qu'on doive stipuler qu'elle a le droit de posséder des actions
dans d'autres compagnies.
M. Fortier: Ce n'est pas très limitatif, mais ça
vaut ce que ça vaut.
M. Biron: La SPEQ doit faire des rapports à la
Société de développement industriel et une autre
entreprise n'a pas à faire de rapport. C'est pour cela que je ne vois
pas l'avantage de passer par une SPEQ pour d'autres choses.
M. Bourbeau: Le ministre est-il prêt à
reconnaître que cela va être extrêmement difficile de
contrôler les effets du mot "principalement"?
M. Biron: Je reconnais que c'est une nouvelle loi. On bâtit
dans du neuf. Bien sûr, au cours des prochaines années, il y aura
peut-être des amendements qui devront y être apportés. Je
pense que, pour le moment, on a voulu quand même laisser une certaine
marge de manoeuvre à l'entrepreneur. Il ne peut pas "harnacher" trop
l'entrepreneur et, là-dessus, je crois que vous allez me rejoindre, il
faut laisser une marge de manoeuvre à l'entrepreneur et lui faire
confiance. En mettant "principalement", les gens savent ce qu'on veut. Avec le
temps, s'il y a vraiment des abus et qu'on s'aperçoit
que ce n'est pas du tout le but visé, je pense qu'un gouvernement
pourra intervenir et amender certains articles de la loi.
M. Bourbeau: En vertu du principe que le législateur n'est
jamais censé dire quoi que ce soit et ne jamais rien dire pour rien, ce
qui est écrit dans les lois doit toujours avoir un sens, ça doit
toujours avoir un but. Qu'est-ce qui arriverait, en admettant que le
gouvernement puisse un jour trouver des façons d'identifier cela, si une
SPEQ n'avait pas ou n'investissait pas principalement ses actifs dans une
entreprise admissible? Quelle serait la sanction à l'égard de la
SPEQ?
M. Bïron: C'est une déclaration de bonnes intentions,
comme vous l'avez d'ailleurs dans la Loi sur les compagnies pour d'autres
entreprises.
M. Bourbeau: Autrement dit, l'article 2 ne veut pas dire
grand-chose, finalement. (12 h 15)
M. Biron: Cela donne une indication, je pense, que plus tard, si
le gouvernement voulait intervenir et enlever "principalement", en disant "que
ses activités consistent à acquérir et à
détenir, à titre de véritable", propriétaire...
Possiblement que, avec le temps, "principalement" pourrait disparaître,
s'il y avait des abus.
M. Bourbeau: Ce n'est pas pour critiquer l'article 2, c'est
uniquement pour en faire l'exégèse. Je pense que cela serait
peut-être utile dans l'avenir, quand on regardera cela
rétroactivement. Je n'ai pas d'objection, de toute façon,
à l'adopter.
Le Président (M. Beaumier): Serait-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Grégoire: Simple question, M. le
Président...
Le Président (M. Beaumier): M. le
député.
M. Grégoire: Cela peut être des actions ordinaires
ou des actions privilégiées?
M. Biron: Des actions ordinaires. Un peu plus loin, vous avez
"à plein droit de vote", à l'article 4, 1. Non, non, ce n'est pas
la même chose. Ce sont des actions ordinaires à plein droit de
vote.
M. Grégoire: C'est le gars qui investit dans la SPEQ qui a
des actions ordinaires à plein droit de vote. Mais si la SPEQ investit
dans une autre industrie, est-ce que cela doivent être des actions
ordinaires à plein droit de vote ou si cela peut être des actions
privilégiées?
M. Biron: Oui, cela peut être des actions ordinaires ou
privilégiées. C'est le placement qui est admissible. Il faut
toujours se souvenir que, dans le fond, la SPEQ, c'est un véhicule pour
pouvoir contrôler le placement admissible.
M. Grégoire: C'est le placement de l'individu dans la SPEQ
qui est admissible?
M. Biron: La SPEQ est un véhicule au point de vue fiscal
pour contrôler le placement admissible dans l'entreprise, à cause
de l'abri fiscal. S'il n'y avait pas d'abri fiscal, on n'aurait pas besoin de
cela.
M. Fortier: C'est le placement admissible dans la SPEQ.
Le Président (M. Beaumier}: M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Puisqu'on en est venu sur ce sujet, il
m'apparaît que les investisseurs, les gens qui vont mettre de l'argent
dans une SPEQ auraient certainement un intérêt à avoir un
montant minime en actions ordinaires pour faire en sorte que la grande partie
de leur placement soit sous forme de prêts des actionnaires à la
SPEQ. Est-ce que c'est ce que vous entendez également? Autrement dit,
les actionnaires feraient en grande partie un prêt personnel à la
SPEQ qui, elle, investirait ou si cela doit être du capital-actions
souscrit dans la SPEQ?
M. Biron: Le capital-actions est souscrit dans l'entreprise. En
fait, même un prêt à la SPEQ gèle votre capital parce
que le capital admissible s'en va dans l'entreprise et il est gelé sous
forme de capital-actions. C'est pour cela qu'on a voulu reconnaître
l'investissement dans l'entreprise. Le véhicule, encore une fois, c'est
la SPEQ.
M. Bourbeau: Cela ne répond pas à ma question. Je
pense que l'article 4 répond à cela avec les
sociétés...
M. Biron: Non, non.
M. Bourbeau: Il dit que des "actions ordinaires à plein
droit de vote de son capital-actions ont été souscrites et
payées en espèces pour un montant d'au moins 100 000 $. "
Effectivement, c'est dans la SPEQ. Alors, cela répond à ma
question.
M. Biron: D'accord.
M. Bourbeau: Je m'excuse. C'est qu'on va d'un article à
l'autre et que...
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. J'appelle l'article
3. M. le ministre.
M. Biron: Un actionnaire d'une société, donc d'une
SPEQ, doit être: une personne physique ou une corporation privée
qui est une corporation à capital de risque, et le véritable
propriétaire des actions qu'il détient. C'est là que tout
à l'heure on répondait à une question du
député d'Outremont, que la SPEQ peut être formée par
des avocats, mais une fois que... Pour être admissible au crédit
d'impôt, il faut que ce soit le véritable propriétaire des
actions.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, le projet de loi limite
à deux types d'actionnaires ceux qui peuvent investir dans une SPEQ. On
comprend ce qu'est une personne physique. Est-ce que le ministre à une
définition de ce qu'est une corporation à capital de risque?
M. Fortier: C'est dans les règlements. C'est dans le
règlement de la loi.
M. Biron: L'article 4 de la réglementation.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait en faire lecture
pour les fins...
M. Biron: Aux fins de la loi et du présent
règlement, une corporation à capital de risque est une
corporation privée autre que la compagnie constituée par la Loi
constituant le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec et
qu'une corporation dont les actions de son capital-actions ont
déjà donné droit à une déduction en vertu de
la Loi sur les impôts à l'égard du régime
d'épargne-actions relativement à des actions de son
capital-actions, et qui n'est pas une société constituée
par la Loi sur les sociétés de développement de
l'entreprise québécoise. C'est-à-dire que nous n'avons pas
voulu donner deux déductions fiscales...
M. Fortier: Pour la même entreprise.
M. Biron: Pour la même entreprise. Quant à la Loi
sur les SOOEQ, on a dit: Cela s'est passé il y a bien des années
et c'est gagné, c'est gagné. On a effacé les SODEQ. On
veut maintenant reconnaître que le capital-actions d'une SODEQ peut
être admissible. Mais le fonds de solidarité ou les
sociétés qui ont déjà
bénéficié du régime d'épargne-actions, je
pense qu'ils n'ont pas à l'avoir deux fois.
On dit: Dont l'activité - de la société à
capital de risque - consiste principalement à acquérir des
actions du capital-actions d'autres corporations ou à leur consentir des
prêts non garantis, dont la majorité des investissements
mentionnés au paragraphe premier sont effectués dans des
corporations privées exerçant principalement leurs
activités au Québec, lesquels investissements assurent à
la corporation un support à la gestion et sont au nombre d'au moins cinq
-par exemple, Novacap - et toute autre corporation que le gouvernement
reconnaît comme telle.
Par exemple, si la Société d'investissements Desjardins
demandait d'être reconnue - elle a quelque 40 % de son investissement
dans des entreprises québécoises - il faudrait vérifier si
elle est admissible ou non. On a essayé de circonscrire le mieux
possible, mais des sociétés à capital de risque, je pense
qu'on n'en a pas assez au Québec et tout le monde le reconnaît. On
a dit: S'il y en avait qui étaient admissibles, qui étaient tout
près d'être admissibles et qu'on met une barrière, il
faudrait au moins que le gouvernement puisse se pencher là-dessus et
dise: Est-ce qu'on l'accepte ou pas? Si on avait plus de sociétés
à capital de risque, je pense qu'on ferait comme Boston et bien d'autres
endroits, et même en Ontario, on pourrait investir davantage dans les
entreprises.
On n'a pas voulu limiter cela et fermer toute la porte, on a voulu
laisser un espace nécessaire à une marge de manoeuvre. À
présent, si vous avez des suggestions additionnelles là-dessus,
je suis prêt à accepter des suggestions.
M. Bourbeau: M. le Président, au sujet de la
définition que le ministre vient de donner des sociétés
à capital de risque, on doit comprendre que le fonds de
solidarité de la FTQ ne sera pas admissible, n'est-ce pas?
M. Biron: Parce que déjà il y a un crédit
d'impôt.
M. Bourbeaic Les SODEQ ne le seront pas également.
M. Biron: Non, les SODEQ sont admissibles. C'est exclu.
M. Bourbeau: Si je lis: Une corporation est une coporation
privée autre que... une société de capital de risque et
qui n'est pas une société constituée en vertu de la Loi
sur les SODEQ.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Peut-être que je comprends mal, mais on me dit
qu'une société à capital de risque est une
société qui n'est pas constituée en vertu de la Loi sur
les SODEQ.
M. Biron: Attendez un peu.
M. Fortier: Il y a deux exclusions. La deuxième
exclusion...
M. Biron: Je l'ai lu deux fois aussi pour en arriver...
M. Fortier:... est une exclusion à la première
exclusion.
M. Bourbeau: C'est très compliqué, mais on doit
comprendre que les SOOEQ sont admissibles.
M. Biron: Je l'ai lu deux fois, mais peut-être qu'on
pourrait le réécrire parce que moi aussi j'ai été
obligé de le lire à plusieurs reprises. Ma première
impression, c'était la vôtre et j'ai dit: Pourtant, les SOOEQ, il
faut qu'elles soient admissibles. On a pris la peine de les constituer et d'en
faire des sociétés à capital de risque.
M. Bourbeau: Si on dit qu'une société à
capital de risque n'est pas une SOOEQ, donc, il faut que les SODEQ soient
exclues. Aux fins de la loi et du présent règlement, une
corporation à capital de risque est une corporation privée -
j'enlève: autre que la FTQ, etc. - et qui n'est pas une
société constituée par la Loi sur les SOOEQ.
M. Fortier: La rédaction n'est pas très bonne.
M. Biron: Voulez-vous, on va essayer de s'entendre et,
après, on fera la rédaction parce qu'autour de la table plusieurs
pour faire une rédaction, c'est difficile. Est-ce que vous êtes
d'accord avec nous que les SOOEQ devraient être admissibles?
M. Bourbeau: Très bien.
M. Biron: Est-ce que vous êtes d'accord avec nous que les
sociétés qui, comme le fonds de solidarité,
bénéficient déjà du régime
d'épargne-actions ne devraient pas être admissibles?
M. Bourbeau: Oui.
M. Biron: À partir de là, si on s'entend sur le
fond, on va demander aux savants avocats et rédacteurs de rédiger
quelque chose qui soit clair. La phrase est trop longue.
M. Fortier: La phrase est trop longue. Je crois que la diviser en
deux aiderait beaucoup.
M. Biron: On manque de souffle.
M. Bourbeau: M. le Président, toujours dans le même
esprit...
M. Biron: J'ai une bonne suggestion. On pourrait enlever les
trois lignes ou deux lignes et demie qui font référence aux SODEQ
et mettre: troisièmement ou quatrièmement, une SODEQ. Ce serait
beaucoup plus clair.
M. Bourbeau: Très bien. M. Biron: Merci.
M. Bourbeau: Dans le même esprit de coopération, M.
le ministre, pour tenter de clarifier ce qui ne l'est peut-être pas
toujours, je voudrais simplement vous poser la question au sujet du
sous-paragraphe 1 de l'article 4 des règlements. On dit: à
l'égard d'une société à capital de risque dont
l'activité consiste principalement à acquérir des actions
du capital-actions d'autres corporations ou à leur consentir des
prêts non garantis.
À ma connaissance, les sociétés de capital de
risque, même si elles prennent des risques, tentent toujours d'avoir le
maximum de garanties. Et je ne sache pas que les sociétés de
capital de risque font des placements sans aucune forme de garantie. Si ce sont
des actions, d'accord, mais si ce sont des prêts, parfois, elles
demandent des garanties quand même.
M. Biron: Par exemple, la SID. La SID a environ 40 %, ou un peu
plus, de son portefeuille en actions.
M. Bourbeau: Elle prend des garanties? M. Biron: En
actions. M. Bourbeau: En actions.
M. Biron: Principalement, ce serait juste sur le bord. Si on dit
principalement, c'est 51 % et la SID ne serait peut-être pas admissible
ici. C'est pour cela qu'on a fait un troisièmement en disant: Une fois
que la demande est faite, si on juge que c'est raisonnable, on voudrait
toujours avoir une marge de manoeuvre. Principalement, ça voudrait dire,
à mon point de vue, 51 %, mais la SID est couverte par le
troisièmement.
M. Bourbeau: Au paragraphe 1, on dit qu'une société
à capital de risque est celle dpnt l'activité consiste
principalement à créer des actions ou - ce n'est pas "et", c'est
"ou" - à leur consentir des prêts non garantis. Si on veut
qualifier les sociétés en tant que sociétés de
capital de risque, des sociétés qui font des prêts non
garantis, je n'en connais pas beaucoup qui font des prêts non garantis.
On prend toujours une certaine
forme de garantie: un acte de fiducie, un nantissement commercial. Des
prêts non garantis, je ne connais pas de sociétés qui font
des prêts sans aucune forme de garantie. Des prêts
commerciaux...
M. Biron: En pratique, vous avez peut-être raison. On a
très peu d'exemples, au Québec, de sociétés
à capital de risque. C'est difficile d'écrire quelque chose pour
des sociétés qui n'existent pas. Il y en aurait peut-être,
avec le temps, qui se formeraient en tant que sociétés à
capital de risque pour toutes sortes de raisons.
M. Bourbeau: On pourrait écrire "ou à leur
consentir des prêts". Si on met "non garantis", c'est impossible de
trouver quelqu'un qui prête de l'argent sans garantie. Vous avez toujours
la garantie de l'emprunteur qui dit: Je m'engage à rembourser.
Déjà, c'est une garantie; c'est une garantie personnelle, si vous
voulez, mais c'est une garantie.
M. Biron: Non, il ne faut pas mettre juste "consentir des
prêts" parce que tous ceux qui consentent des prêts seraient
admissibles avec garanties. Ce n'est pas l'objectif, c'est plus une
société à capital de risque. Quitte à enlever ce
petit bout, s'il vous fatigue, si on disait: dont l'activité consiste
principalement à acquérir des actions du capital-actions d'autres
corporations?
M. Bourbeau: Il faudrait voir quel impact cela a.
M. Fortier: Je comprends l'idée des prêts à
long terme. Certains prêts à long terme sont quasiment
l'équivalent du capital-actions. C'est aussi risqué que du
capital-actions. C'est pour ça que vous vouliez couvrir cela.
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Je ne sais pas comment le définir, en fait. Il
s'agit plutôt de prêts non garantis. Normalement, ça se fait
entre filiales ou entre un siège social et une filiale.
M. Bourbeau: En fait, c'est une société qui fait
des prêts...
M. Grégoire:... une marge de crédit. M. Biron:
M. Marcil, de la SDI.
M. Marcil (Yvon): Souvent, une société de capital
de risque qui doit principalement investir du capital-actions dans une
entreprise va investir aussi une partie de sa mise sous forme de prêts
convertibles en actions, par exemple. Des SODEQ ont fait cela beaucoup dans le
passé, par ailleurs. C'est ce qu'on a voulu dire ici. On veut qualifier
des entreprises dont le but principal est de mettre du capital de risque, non
pas des sociétés comme Roynat qui font surtout du prêt
garanti. Roynat ne sera pas admissible à cela parce que, elle, c'est du
prêt garanti. Elle a un peu de capital-actions, mais c'est surtout du
prêt garanti. Tandis que la SID, c'est surtout du capital-actions, mais
elle a peut-être des prêts non garantis aussi qui sont convertibles
en actions, des avances d'actionnaires dans certaines de leurs filiales.
M. Bourbeau: De toute façon, si l'utilisation qu'on fait
de cet article était de permettre à des prêteurs d'argent
d'avoir accès aux déductions d'impôt, je ne serais pas
d'accord. Il faut quand même que les gens aient des compensations
fiscales moyennant une certaine forme de risque dans le capital-actions. Si ce
sont des prêteurs d'argent qui font des prêts ordinaires avec toute
une série de garanties qu'on connaît normalement et qu'ils ont
accès à la déduction fiscale, vraiment, ce ne serait pas
correct. Je voudrais simplement m'assurer qu'on n'utilisera pas le biais d'une
rédaction qui pourrait être un peu lâche pour qualifier des
gens qui ne pourraient pas l'être autrement.
M. Marcil: Novacap, par exemple, qui est une
société à capital de risque, pour certains de ses
placements, au lieu de les mettre directement en actions, elle va le faire en
prêts convertibles en actions, ce qui revient au même; c'est une
sorte de capital de risque. C'est ce qu'on a voulu dire ici par "prêts
non garantis". (12 h 30)
M. Bourbeau: Là où cela achoppe, c'est sur le mot
"ou". Quand on dit "ou", ça peut être l'un ou l'autre. On pourrait
écrire: et accessoirement à leur consentir des prêts non
garantis. Là, on verrait l'intention du législateur. Le mot "ou",
je pense, pourrait indiquer que cela pourrait être simplement quelqu'un
qui ferait des prêts. Il faudrait modifier le mot "ou".
M. Biron: On s'entend comme cela. On va essayer de s'entendre sur
le principe.
M. Bourbeau: Mais il ne faudrait pas marquer et/ou parce
qu'à ce moment-là, c'est l'un ou l'autre. Il faudrait
marquer...
M. Biron: Est-ce qu'on peut qualifier?
M. Fortier: Non. C'est une question de règlement. Je ne
sais pas si mon collègue de Laporte insiste. Il s'agit maintenant du
texte de règlement. J'imagine que...
M. Bourbeau: Oui, mais c'est parce que le capital de risque
est...
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte voulait bien faire clarifier, à l'article 3,
deuxièmement, à capital de risques.
M. Bourbeau: Oui, c'est parce que le mot est employé,
alors il faut savoir où l'on va.
Une voix: Corporation à capital de risque.
M. Fortier: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec la
discussion, tout simplement, c'est qu'on ne votera pas, ici, sur le
règlement.
Des voix: Non.
M. Fortier: Une fois qu'on dit cela, le ministre s'en va avec son
équipe et il peut faire ce qu'il veut.
Une voix: C'est ça.
M. Bourbeau: Je pense que le but de la commission, c'est d'aider
le ministre à clarifier le sens des mots qu'on emploie dans la loi.
M. Biron: D'accord, merci de votre suggestion là-dessus.
D'ailleurs, si j'ai voulu, M. le Président, discuter ce matin aussi du
règlement, c'est que je pense qu'on veut en faire un projet commun.
Une voix: Nous avions convenu de pouvoir...
M. Fortier: Non, non, je suis complètement d'accord.
Simplement, l'intention était là.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, toujours à l'article
3, comme je le disais tout à l'heure, on limite à deux types
d'actionnaires l'accès au SPEQ: les personnes physiques et les actions
à capital de risque. Il y a également d'autres véhicules
de placement qui pourraient être admis mais qui ne le sont pas: entre
autres, les sociétés en nom collectif, les fiducies et les autres
corporations que les sociétés à capital de risque. Est-ce
que le ministre pourrait nous donner la raison pour laquelle on a choisi
d'exclure ces autres véhicules de placement?
M. Biron: Est-ce que ces véhicules de placement font du
placement à capital de risque?
M. Bourbeau: Oui, forcément.
M. Grégoire: Question de pourcentage, ne serait-ce que de
5 %.
Une voix: Pas une fiducie.
M. Bourbeau: Une société de portefeuille pourrait,
un autre holding qui n'est pas incorporé comme étant une
société à capital de risque normalement pourrait faire du
placement à capital de risque.
M. Biron: Les fiducies, en tout cas, je pense qu'elles placent
leur argent avec des formes de sécurité. S'il y avait des
exemples précis, c'est pour cela que je vous ramène à
troisièmement du quatrième point des règlements qui dit:
Toute autre corporation que le gouvernement reconnaît comme telle.
J'aimerais ça s'il y avait des exemples précis d'une ou deux
corporations et qu'on disait: On exclut ce monde là et cela n'a pas de
bon sens. À l'usure, peut-être que d'ici six mois à un an
on pourrait mieux cerner le genre de corporation admissible.
M. Fortier: C'est très vaste, le troisièmement.
M. Biron: Oui, même je serais prêt à faire une
suggestion là-dessus. C'est de dire: Ce règlement-là
s'applique pour un an et, au bout de l'année, il y a une guillotine. Ce
qui nous permet, si on veut continuer, de revenir devant le gouvernement ou au
moins je peux m'engager à revenir devant une commission parlementaire et
dire: On a fait quoi depuis un an et qu'est-ce qu'on fait pour mieux l'ajuster?
Je sais que, si j'étais député à une commission
parlementaire, je poserais la question: Il y a combien d'autres corporations
que le gouvernement a reconnues? Qu'est-ce qu'elles font, ces corporations?
M. Fortier: D'ailleurs, dans le cas de la loi des SODEQ, cette
loi-ci, c'est une bonne chose de la réévaluer dans un an, un an
et demi, c'est sûr.
M. Bourbeau: Écoutez, il y a toutes sortes d'autres
véhicules. Prenez une succession qui aurait des fonds disponibles et qui
déciderait de faire des placements, en admettant que les documents la
constituant permettraient ce genre de placements. Vous demandez de nommer
d'autres véhicules. Cela pourrait être, je ne sais pas moi, une
société "partnership" autre, enfin, en commandite ou autre, sous
forme de société, un syndicat, une coopérative, enfin
toutes sortes... Si le but recherché est de produire des fonds pour du
capital de risque, pourquoi est-ce qu'on exclut la participation aux SPEQ
à deux types d'actionnaires? C'est ça, la véritable
question.
M. Biron: C'est pour cela, d'ailleurs, qu'on s'est posé la
même question que vous posez. C'est très difficile, dans le fond,
à cerner très clairement, ce qu'on veut accepter et ce qu'on ne
veut pas accepter. On sait que ce sera une société qui va faire
du capital de risque. Peut-être qu'une succession donnée pourrait
faire du capital de risque ou un syndicat donné pourrait faire du
capital de risque. C'est pour cela qu'on a rajouté troisièmement.
Là-dessus, je pense qu'on fait en sorte de se couvrir. Mais encore une
fois, je pense que de plus en plus, au long de la discussion, je suis convaincu
qu'il faut mettre une guillotine sur les règlements pour que, dans un
an, ce soit revu, réajusté, corrigé.
Le troisième alinéa nous laisse la marge de manoeuvre
nécessaire pour une telle société ou un tel groupe de
citoyens afin d'intervenir auprès du gouvernement et dire: Nous, on fait
du capital de risque et même si on n'est pas reconnu comme une
société à capital de risque, on voudrait pouvoir
bénéficier comme une société à capital de
risque. Là, on pourrait l'admettre.
M. Bourbeau: Je signale au ministre que le troisièmement
dont il parle limite quand même sensiblement son pouvoir de
reconnaître à des corporations, des compagnies... Ce ne sont pas
des sociétés, ce ne sont pas d'autres véhicules. Vous
pouvez dire: Telle corporation est acceptable et telle autre ne l'est pas. Vous
ne pourriez pas dire: Telle société est acceptable, telle fiducie
est acceptable, tel trust, etc. Votre pouvoir est très limité,
dans le fond.
M. Biron: Cela peut être une corporation, un trust aussi.
Qu'est-ce qu'on entend par corporation?
M. Bourbeau: Non, une fiducie ne peut pas être une
corporation. Ce sont deux véhicules différents. Est-ce qu'on ne
pourrait pas inscrire "tout autre véhicule que le gouvernement
reconnaîtrait comme tel"?
M. Biron: Véhicule, il s'avère que ça ne va
pas; on pourra trouver quelque chose.
M. Bourbeau: Je signale seulement au ministre que l'intention
qu'il a manifestée ne pourrait pas vraiment lui donner beaucoup de
latitude, étant donné que le mot "corporation" est quand
même assez...
M. Biron: Si vous voulez, on va regarder le mot "corporation"
dans le règlement - on ne l'adopte pas aujourd'hui, d'une façon
ou d'une autre - et je prends note de vos commentaires sur le mot "corporation"
et sur l'ouverture qu'il faudra faire pour des genres de sociétés
ou de regroupements qui pourraient intervenir.
M. Fortier: À l'autre extrême, ce serait "tout autre
véhicule que le gouvernement reconnaîtrait", mais là...
M. Bourbeau: Mais je reconnais quand même que ça
peut créer des problèmes d'avoir un libellé qui serait
très flou parce qu'il pourrait y avoir d'autres genres de
problèmes qui pourraient se présenter. Entre une unité
à deux types d'investisseurs seulement et ouvrir la porte
complètement, il y a peut-être moyen de trouver une autre
formulation.
M. Fortier: Juste une question, M. le Président. On sait
que...
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Frontenac avait préalablement demandé la parole.
M. Fortier: Ah! excusez! C'est juste très rapidement, sur
la question que j'ai posée, parce qu'on semble vouloir...
Le Président (M. Beaumier): Alors, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Avec raison, hier, le député de
Notre-Dame-de-Grâce soulignait dans son discours qu'on s'inspire de
l'expérience ontarienne. J'aurais cru - mon collègue de Laporte
pose des questions pertinentes - que vous aviez en main la
réglementation ontarienne et que vous vous en étiez
inspiré.
M. Biron: L'Ontario, c'est différent. Nous donnons le
crédit d'impôt à l'entrepreneur, à l'investisseur ou
à ceux qui investissent dans la PME, alors que l'Ontario donne un
crédit d'impôt immédiatement à la SDBC. La SDBC
répartit, par la suite, ses crédits d'impôt parmi ses
actionnaires. Ce n'est pas la même approche.
M. Fortier: Autrement dit, vous me dites que le véhicule
est différent et que la réglementation ne vous inspirerait pas
pour répondre aux questions très pertinentes, d'ailleurs, du
député de Laporte. Merci.
M. Grégoire: Je vais demander au ministre si ça
peut être un citoyen étranger ou une corporation privée
étrangère qui viendrait investir dans une SPEQ pour que ce soit
réinvesti dans une entreprise quelconque?
M. Biron: Oui, mais il n'y a pas d'avantage parce qu'il n'y aura
pas de crédit d'impôt pour ce citoyen étranger s'il ne paie
pas d'impôt au Québec.
M. Grégoire: Il peut former une succursale canadienne,
lui-même, pour produire ici.
M. Biron: Oui, mais pour lui personnellement ou pour une
compagnie étrangère qui ne paie pas d'impôt au
Québec il. n'y a aucun avantage à passer par le
ministère.
M. Grégoire: Si c'est une compagnie
étrangère qui forme une compagnie québécoise de
production et qui investit par l'intermédiaire d'une SPEQ dans cette
compagnie de production, est-ce que ça peut se faire? Supposons qu'un
Européen veuille venir fabriquer ici des bicyclettes; il investit dans
une SPEQ, laquelle SPEQ investit dans une entreprise de bicyclettes.
Une voix: De bicyclettes.
M. Grégoire: De bicyclettes ou de motocyclettes.
M. Biron: On regardera l'entreprise, d'abord, parce qu'il y a un
maximum, aussi pour l'entreprise. Il y a 10 000 000 $ d'actif net ou 25 000 000
$ d'actif total, incluant les sociétés qui y sont
affiliées ou les sociétés en amont. Finalement, si c'est
une entreprise qui est trop grande, elle n'est pas admissible.
M. Grégoire: Si c'est dans les limites, une entreprise
étrangère pourrait venir investir dans une SPEQ qui investirait
dans une entreprise de production que cette entreprise étrangère
fera fonctionner et elle sera...
M. Biron: Elle n'aura pas de crédit d'impôt. Vous
posez des questions et dans le fond, il n'y a aucun avantage à faire
cela. Pourquoi une entreprise va-t-elle faire cela?
M. Grégoire: Pourquoi n'aurait-elle pas de crédit
d'impôt alors?
M. Biron: Parce que si c'est une entreprise
étrangère, elle ne paie pas d'impôt; cela ne donnne rien.
Qu'est-ce que cela donne de faire cela? C'est beau... Je ne veux pas non plus
sortir et me tirer en grande nulle part. Si l'entreprise ne paie pas
d'impôt au Québec, quel est l'avantage des SPEQ? Un crédit
d'impôt. S'il n'y a plus d'avantage, il n'y a personne qui va passer par
la SPEQ, pour les étrangers.
Le Président (M. Beaumier): Merci. Est-ce que l'article 3
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): J'appelle l'article 4. M. le
ministre.
Enregistrement
M. Biron: C'est l'article qui dit que la SDI va enregistrer une
SPEQ, une société.
Dans les conditions de l'enregistrement d'une SPEQ, la SDI se voit
confier le rôle important d'enregistrer les corporations qui vont devenir
des SPEQ. On veut donner un impact à la capitalisation des entreprises.
On a jugé bon de dire: À partir' de 100 000 $ d'investissement,
on va commencer à donner des reçus d'impôt. Si c'est 10 000
$ ou 25 000 $, on juge que c'est bas un peu, d'autant plus qu'on vise les
entreprises manufacturières; donc, avec 100 000 $, on ne va pas loin
avec cela. Les règlements prévoient aussi les autres conditions
d'enregistrement à l'article 1 du règlement.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: On comprend que la SPEQ, une fois qu'elle est
incorporée, s'amène à la SDI et démontre qu'il y a
eu des actions ordinaires de souscrites dans son capital-actions pour au moins
100 000 $ et demande d'être reconnue. Si la SDI refuse de la
reconnaître, est-ce que le minsitre a prévu un mécanisme
d'appel à l'endroit de la décision de la SDI?
M. Biron: Venez donc, M. Marcil, directeur général
de la SDI. Je voudrais savoir pourquoi la SDI refuserait l'enregistrement d'une
SPEQ.
M. Marcil: Elle refuserait de par la nature des actionnaires,
possiblement. Si les actionnaires ne sont pas des individus ou des
sociétés de capital de risque, nous pourrions refuser. On
pourrait refuser parce qu'ils n'ont pas 100 000 $ en capital-actions et pas de
droit de vote aussi. Cela peut être une autre raison. Autrement, je ne
vois pas quelle autre raison on pourrait invoquer pour ne pas enregistrer la
SPEQ, car dans l'enregistrement, on ne porte pas de jugement sur les futurs
placements que doit faire la SPEQ. À ce moment-là, je pense que
c'est purement administratif, à ce niveau, il n'y a pas de jugement de
valeur à porter pour nous.
M. Bourbeau: Je ne suis pas exactement d'accord avec ce que vient
de déclarer M. Marcil parce que, quand même, le paragraphe 2 de
l'article 4 dit bien "à son avis".
M. Marcil: C'est parce qu'il y a d'autres exigences dans le
règlement.
M. Bourbeau: M. Marcil dit qu'il n'y a pas de jugement de
porté et la loi dit que la SDI doit porter un jugement.
M. Marcil: Si on examine l'article 1 du règlement, cela
complète les autres
exigences auxquelles on fait référence ici. Ce sont des
choses purement factuelles. C'est très factuel...
M. Bourbeau: Oui, mais il y a plus que la loi.
M. Marcil:... le lien de dépendance, par exemple.
M. Bourbeau: Vous venez de dire qu'il y a également les
règlements. Vous parliez tantôt de la notion de
société de capital de risque. Vous allez devoir porter un
jugement à savoir si oui ou non il s'agit d'une société de
capital de risque. Cela peut donner lieu à certaines
interprétations, je pense.
Il y a la question des liens de dépendance. Vous savez, chacun a
son interprétation là-dessus. On a déjà entendu des
affirmations disant que... Par exemple, prenez les mots "famille
immédiate", dans certains cas, cela a été
interprété comme étant uniquement les parents et les
enfants. On a vu le ministre qui s'est distingué avec une
définition très restreinte de l'expression "famille
immédiate"; dans d'autres cas, on dit que ce sont les frères, les
soeurs, les cousins et les cousines. Qui va déterminer cela? C'est vous
qui allez déterminer...
M. Marcil: Pour ce qui est des liens de dépendance, on
fait le lien avec le ministère du Revenu qui lui, dans des cas limites,
va faire le "ruling", au fond, sur la question des liens de dépendance.
Ce sont les mêmes règles que pour la Loi sur l'impôt, si je
ne m'abuse.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est indiqué quelque part
cela?
M. Marcil: Oui, dans les règlements, plus loin, quand on
va parler des liens de dépendance. (12 h 45)
M. Bourbeau: Je ne suis pas convaincu qu'il n'y ait pas de la
part de la SDI une question de décision basée sur le jugement de
la SDI à l'égard de certains des critères. Si vous avez
une société, une SPEQ, qui n'est pas d'accord avec votre
décision pour toutes sortes de raisons, mais, pour les raisons
prévues dans la loi et dans les règlements, bien sûr la
question demeure la même: est-ce qu'il y a une façon, pour une
SPEQ, de porter appel de la décision de la SDI?
M. Marcil: Effectivement, il n'y a rien de prévu dans la
loi ni dans les règlements là-dessus à l'heure
actuelle.
M. Bourbeau: En fait, la loi dit: Si, de l'avis de la SDI, la
société rencontre les exigences, elle va émettre les
documents pour l'impôt. Mais si, de l'avis de la SPEQ, celle-ci se
conforme et que, de l'avis de la SDI, elle ne se conforme pas, c'est là
que le problème va surgir. Vous pouvez avoir de grands avocats, de vrais
avocats qui vont dire: Oui, cela respecte la loi et d'autres, à la SDI,
qui vont dire: Non, cela ne la respecte pas. Cela peut fort bien arriver.
M. Fortier: Dans le cas de l'impôt l'avocat pourrait
plaider contre l'impôt, tandis qu'ici il ne pourra pas plaider, du moins
ce n'est pas prévu.
M. Biron: La SDI traite au-delà de 1000 dossiers par
année, et beaucoup plus la dernière année, je pense, avec
pas trop de problèmes. Bien sûr, il y a des discussions et c'est
toujours sur l'avis de la SDI que se font les' recommandations. Je ne vois pas
de problème, en tout cas. Je comprends votre question, mais compte tenu
de l'expérience que j'ai, je ne vois pas de problème à
discuter. Il y a peut-être des cas très à la limite, qui
seront apportés en dernier recours au conseil d'administration de la
SDI.
M. Bourbeau: Le problème qui se pose, là-dedans,
c'est qu'on est en matière fiscale, et le ministre sait fort bien, comme
moi, qu'en matière fiscale, le principe de base c'est que le
contribuable a le droit de faire tout ce qui n'est pas interdit par la loi; et
on sait comment les contribuables font des pirouettes et réussissent
à trouver des trous partout dans les lois fiscales. Je ne veux limiter
en aucune façon, rendre inadmissibles des placements qui pourraient
l'être, mais je pense qu'il est réaliste de dire qu'on va se
retrouver devant une offensive de la part de tous les fiscalistes du
Québec, qui vont essayer de prouver qu'une telle SPEQ peut être
qualifiable en vertu de la loi et des règlements, et qui possiblement
auraient même raison, alors que la SDI dirait que ce n'est pas
qualifiable. A ce moment, comme le disait mon collègue d'Outremont, si,
par hasard, l'interprétation des fiscalistes était reconnue
subséquemment par le ministère du Revenu, est-ce qu'on n'aurait
pas raison de prévoir un mécanisme d'appel ou si est-ce qu'on
pourrait pas avoir une décision anticipée, à ce moment,
dans le cas du ministère du Revenu?
M. Biron: Je pense que tout ce processus, en cas d'appel, va
prendre plusieurs mois, sinon un an. Mon offre, tout à l'heure, de dire
que, dans un an, on devrait revoir les règlements, cela s'applique
encore. Je pense que dans ce cas, il se peut qu'il arrive quelque chose comme
il se peut qu'il n'arrive rien. Enfin, je me demande si des règlements
devraient s'appliquer pour la vie ou si on ne devrait pas suivre cet exemple
et, après quelques années, avoir une
guillotine automatique sur tous les règlements; cela ferait
peut-être du bien à l'économie.
Or, dans ce sens, je pense qu'à l'usure on va voir si on a des
cas problèmes, et c'est là qu'on pourra les résoudre. Si,
d'avance, on essaie de prévenir tout cela, on ne le pourra pas d'une
façon ou d'une autre. J'aime mieux garder une latitude plutôt
souple et dire qu'on reverra tout cela, quitte, si on a de gros
problèmes, à s'ajuster en cours de route.
M. Bourbeau: Uniquement parce que cela pourrait restreindre le
nombre de SPEQ qui pourraient être formées dans la phase initiale,
s'il y a des problèmes comme cela qui se posent.
M. Biron: Je ne le crois pas, personnellement, je ne le crois
pas.
M. Bourbeau: Toujours sur l'article 4, M. le Président, on
dit que le montant du capital-actions souscrit doit être d'au moins 100
000 $. C'est ici, je pense, qu'il faudrait préciser quand on dit:
Actions à plein droit de vote du capital-actions. Est-ce que ce sont
bien les actions ordinaires souscrites et payées?
M. Biron: C'est marqué d'ailleurs. M. Bourbeau:
Oui, d'accord.
M. Biron: Ce sont les actions ordinaires.
M. Bourbeau: C'est parce que tout à l'heure il y a eu une
certaine discussion. Je voudrais simplement m'en assurer pour les gens qui
reliront le Journal des débats après, qui chercheront
l'interprétation de l'article 4, possiblement. C'est la raison pour
laquelle j'en parle, c'est pour faire confirmer qu'il s'agit bien d'actions
ordinaires.
En ce qui concerne les actionnaires, il y a, je pense, une question de
limite à ce que chaque actionnaire peut investir. Est-ce qu'il peut y
avoir un seul actionnaire ou plusieurs actionnaires pour les 100 000 $? Quel
est le nombre minimum et le nombre maximum d'actionnaires? Est-ce qu'il peut y
avoir un actionnaire qui contrôle la SPEQ ou non dans le
capital-actions.
M. Biron: Oui, on a mis la denière main à cela hier
soir et ce matin avec de petits changements là-dessus. Il pourrait y
avoir, en pratique, un seul actionnaire maintenant, selon la façon dont
les règlements sont écrits, mais qui ne contrôlerait pas
l'entreprise dans laquelle la SPEQ investit. C'est-à-dire, qu'il ne
détiendra pas plus de 49 % des actions de l'entreprise admissible.
Alors, vous avez une entreprise et, moi, je décide d'investir chez vous,
à votre invitation; je pourrais former une SPEQ, le véhicule
financier de la SPEQ, pour investir chez vous jusqu'à 49 % du
capital-actions de votre entreprise.
Si vous me dites: Mon entreprise vaut 200 000 $, on investit 100 000 $.
Alors, à travers une SPEQ que je formerais, je pourrais investir 100 000
$, admissibles au cours des années à la déduction fiscale,
mais à condition toujours que, à travers la SPEQ et les personnes
qui me sont reliées, je ne détienne jamais plus de 49 % des
actions de l'entreprise admissible.
M. Bourbeau: Je vais poser une question au ministre. Prenez la
compagnie A qui est une compagnie manufacturière qui a trois
actionnaires, ce qui arrive souvent, d'ailleurs. Deux ont 49 % et il y a un
actionnaire de qualification qui a 2 %. Les deux actionnaires de 49 % forment
respectivement une SPEQ. L'actionnaire numéro 1 forme une SPEQ à
100 %; l'actionnaire numéro 2 forme une SPEQ à 100 %. Chacun met
100 000 $ dans sa SPEQ. Ils se présentent à la SDI et chacun
d'eux dit: J'investis mes 200 000 $ dans la compagnie A. Je ne détiens
pas plus que 49 %, donc, je suis admissible.
Donc, cela veut dire que, finalement, les mêmes actionnaires d'une
société admissible n'ont pas besoin d'aller à
l'extérieur. Ils peuvent réinvestir dans leur propre
société. Chacun d'eux n'a pas le contrôle individuellement
de la société. Est-ce que ce cas a été
prévu.
M. Marcil: Je pense que c'est prévu dans les
règlements à l'article 6 qui traite des liens de
dépendance.
M. Biron: Chaque individu ne pourra jamais détenir plus de
50 %.
M. Bourbeau: Du placement admissible. M. Marcil: Oui.
M. Bourbeau: Dans le cas que je viens d'indiquer, c'est 49 %
chacun?
M. Biron: C'est 49 %, vous avez raison.
M. Marcil: Mais, là, il y a un lien de dépendance
entre les deux, entre l'ensemble des SPEQ et la corporation admissible.
D'après le texte de l'article 6 des règlements, ce genre de chose
est bloqué.
M. Bourbeau: Pourrez-vous faire la lecture du paragraphe qui
bloque?
M. Marcil: "... de plus, une ou plusieurs
sociétés... " - alors, "une ou plusieurs sociétés",
ce sont des SPEQ - "... une ou plusieurs sociétés ou toute
corporation qui
leur est associée sont réputées avoir un lien de
dépendance avec une corporation admissible... " - c'est la corporation
qui reçoit l'investissement, l'entreprise manufacturière -"... si
elles possèdent 50 % ou plus des actions du capital-actions de cette
corporation comportant le droit de vote. " Là, les deux SPEQ ensemble
contrôleraient la corporation admissible; cela ne marche pas.
M. Bïron: Ce n'est pas tout à fait cela qu'a dit le
député de Laporte tout à l'heure. Il a dit: Si on formait
chacun une SPEQ à 100 000 $ et qu'on investissait dans une
société qui vaut, mettons, 500 000 $... À mon point de
vue, tant que nous sommes à l'intérieur de 49 % de l'entreprise
admissible, nous avons droit de le faire. Il restera toujours trois partenaires
de votre entreprise; vous avez raison.
M. Marcil: Dans un tel cas, il n'y aurait pas
intérêt à faire deux SPEQ. Ils devront en faire une
seule.
M. Biron: Non, ils pourront en faire une seule.
M. Bourbeau: Non, ils ne pouront pas en faire une seule, parce
que la SPEQ détiendrait 98 % du placement admissible si les deux
actionnaires ont chacun 49 %.
M. Biron: Non, parce que, déjà, il y a une valeur
dans votre entreprise, si j'ai bien compris. Les gens du Revenu vont
peut-être m'éclairer dessus. Il est question de probité
fiscale, moi...
M. Marcil: Une SPEQ ou l'ensemble de plusieurs SPEQ ne peuvent
pas détenir plus de 50 % des actions d'une corporation admissible.
Alors, les deux individus qui forment chacun leur SPEQ peuvent le faire, mais
en autant que les deux ensemble, les deux SPEQ ensemble, n'aient pas plus de 50
% des actions.
M. Grégoire: C'est cela. Avec une SPEQ, ils ne peuvent pas
détenir plus de 49 %.
M. Fortier: Il faut dire qu'ils possèdent ou qu'ils
posséderont, une fois que la transaction est terminée. Votre
règlement n'est pas précis.
M. Marcil:... pour ceux qui posséderont ou qui
possèdent, une fois la transaction effectuée.
M. Fortier: Non, mais c'est parce qu'au moment où il fait
application, c'est ce qu'ils possèdent. Une fois que la transaction est
terminée, c'est ce qu'ils posséderont.
M. Grégoire: Est-ce parce que vous présumez, au
départ, que toutes les SPEQ ont des liens de dépendance?
M. Marcil: Non, l'idée du programme, c'est d'amener des
investisseurs externes à investir dans des entreprises. Alors, pour
amener des investisseurs externes, il faut une délimitation quant aux
personnes qui vont investir dans la SPEQ, autrement on aurait pu prévoir
un schème par lequel un propriétaire d'entreprise se forme une
SPEQ pour investir dans son entreprise, mais cela aurait été une
incitation à sortir de l'argent de l'entreprise et à la remettre
dedans avec un avantage fiscal.
Alors, le fait qu'il y a des externes à plus de 50 %, cela limite
ce genre de jeu et cela rend toutes les transactions beaucoup plus claires. On
attire de par le fait même des investisseurs externes qui peuvent amener
quelque chose à l'entreprise.
M. Bourbeau: Vous dites des investisseurs externes à plus
de 50 % dans la SPEQ?
M. Marcil: Oui.
M. Bourbeau: Mais la SPEQ peut n'avoir aucun investisseur
externe.
M. Marcil: Oui.
M. Bourbeau: Un des actionnaires d'une
société...
M. Marcil: Mais là il y a le dernier actif. Le seul cas
où on le permet, c'est quand les actionnaires de la SPEQ eux-mêmes
ont moins de 10 % des actions de la corporation admissible. C'est le dernier
paragraphe de l'article 6.
M. Biron: C'est 5 %.
M. Marcil: On est rendu à 5 %. Excusez, on l'a
changé ce matin, je suppose.
M. Biron: Oui.
M. Marcil: Cela a tombé de 10 % à 5 %.
M. Bourbeau: Vous comprendrez que les règlements, on les
lit au fur et à mesure. Puisqu'ils viennent de nous être remis, on
essaie de les étudier en même temps que l'on se parle, mais ce
n'est quand même pas très clair tout cela. Je comprends de ce que
vous dites que dans toute société admissible, jamais
l'actionnariat d'une SPEQ ou de plusieurs SPEQ, de toutes les SPEQ ne pourra
excéder 49 %.
M. Marcil: C'est exact.
M. Biron: C'est exact.
M. Bourbeau: C'est clair en partant. Donc, il pourrait quand
même y avoir des cas où un individu détiendrait 49 % de ces
actions par l'intermédiaire de sa SPEQ dans laquelle il est seul - la
SPEQ pourrait le faire - et pourrait détenir l'excédent des
actions de la compagnie admissible personnellement sans passer par la SPEQ.
M. Marcil: Il y aurait un lien de dépendance entre la SPEQ
et la corporation admissible. Ce ne serait pas correct de par les
règlements. Il y a des liens en montant et des liens en descendant.
M. Fortier: J'imagine que le dernier paragraphe, en parlant des
liens de dépendance, cela va être utile pour la SPEQ pour les cas
où, par exemple, les employés de Gaz Métropolitain qui
veulent acheter 5 % collectivement de Gaz Métropolitain -alors, cela
pourrait être le véhicule - ou d'une autre compagnie qui serait
privatisée.
M. Biron: Forano.
M. Fortier: Oui. La question que j'avais à poser
était reliée à la question du député de
Laporte en ce qui a trait au recours éventuel, mais c'était une
question tout simplement d'interprétation. À l'article 4, on dit
que la SDI va statuer sur l'acceptation d'une demande et dans les
règlements, à l'article 4, troisièmement, on dit: "Le
gouvernement peut accepter toute autre corporation que le gouvernement
reconnaît comme telle". Quand on dit: "Le gouvernement reconnaît
comme telle". Est-ce que le gouvernement, c'est également la SDI ou si
c'est quelqu'un d'autre?
M. Marcil: C'est quelqu'un d'autre.
M. Biron: C'est le décret du Conseil des ministres.
M- Fortier: Alors, cela prend un décret.
M. Biron: On a commencé à penser à la SDI et
au ministre et on a voulu quand même - c'est délicat, on ne sait
pas quelle corporation on veut couvrir...
M. Fortier: Oui.
M. Biron: Alors on a pensé que cela prenait un
décret.
M. Fortier: Pour le gouvernement cela prendrait un
décret?
M. Biron: Oui. M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Beaumier): L'article 4 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Il est pratiquement 13 heures.
Nous pourrions suspendre nos travaux, pour les reprendre à 15 heures. Ce
sera à la salle Louis-Joseph-Papineau, salle 81.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Beaumier): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Nous en sommes toujours
à l'étude détaillée du projet de loi 56. J'appelle
donc l'article 5. M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, cet article est emprunté
à la Loi sur les impôts et reprend mot à mot l'article 965.
1, paragraphe b. 1 qui fait en sorte de dire qu'une action ordinaire est une
action comportant un nombre de droits de vote dans la corporation
émettrice, c'est-à-dire la corporation qui reçoit un
investissement, en toute circonstance et indépendamment du nombre
d'actions possédées qui n'est pas inférieur à celui
de toute autre action du capital-actions de cette corporation,
c'est-à-dire un droit de vote par action et c'est tout le monde sur le
même pied.
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Grégoire: Peut-il y avoir des actions ordinaires de
classe A et de classe B, des actions de classe A, par exemple, comprenant un
droit de vote et des actions ordinaires de classe B comprenant dix droits de
vote, comme cela s'est fait dans l'achat de Télé-Capitale
à Québec où, avec 10 % du capital des actions ordinaires,
on avait la majorité des droits de vote? Est-ce que cet article ne nous
permettrait pas cela?
M. Biron: La réponse est non.
M. Grégoire: On dit: Une action ordinaire à plein
droit de vote est une action ordinaire comprenant un nombre de droits de vote.
C'est une action ordinaire comportant un nombre de droits de vote à la
corporation émettrice?
M. Biron: Qui n'est pas inférieur à celui de toute
autre action. Si vous avez des actions avec dix droits de vote dans la
corporation émettrice, l'action, pour les fins de la SPEQ, comportera
dix droits de vote, donc, le droit de vote maximal par action.
M. Grégoire: S'il y en a une qui a un droit de vote par
action, cette action ordinaire n'est pas inférieure, elle est
supérieure.
M. Biron: Exact.
M. Grégoire: À celui de toute autre action du
capital-actions de cette corporation.
M. Biron: M. le Président, pour être très
clair, s'il y a deux catégories d'actions dans une compagnie, A et B, A
qui a un droit de vote par action et B qui a dix droits par action, les actions
de la SPEQ comporteront dix droits de vote par action. Elles ne sont pas
inférieures à toute autre action du capital-actions.
M. Grégoire: Dans le B, ce le sera, mais dans le A ce sera
un droit de vote.
M. Biron: Non, l'action de la SPEQ... M. Grégoire:
Demandez à votre avocat.
M. Biron: Non. L'action de la SPEQ ne sera jamais
inférieure à toute autre action.
M. Grégoire: Demandez à votre avocat. M. Biron:
D'accord. Oui
M. Grégoire: D'autres actions ordinaires de...
M. Biron: On parle toujours des actions qui sont détenues
par la SPEQ, pour ne pas mêler les gens, ce sont des actions
détenues par la SPEQ. Ce sera dix droits de vote, s'il y a des actions
avec dix droits de vote. S'il n'y en a pas, si c'est un droit de vote pour tout
le monde, ce sera un droit de vote.
M. Grégoire: C'est dix droits de vote, mais d'autres
personnes pourront avoir des actions ordinaires d'une autre classe qui auront
seulement un droit de vote.
M. Biron: Oui.
M. Grégoire: Ah bon! C'est correct. C'est cela que je
voulais vous dire. C'est que la SPEQ, avec dix actions de dix droits de vote
chacun, cela donne 100 droits de vote pour ses membres, tandis que d'autres
actionnaires venant de l'étranger peuvent avoir des actions votantes de
classe B qui ne donnent qu'un droit de vote.
M. Biron: Ce que je veux vous dire...
M. Grégoire: Bon, c'est correct.
M. Biron:... c'est que la SPEQ sera toujours au niveau
supérieur.
M. Grégoire: Les actions pouvant même se vendre le
même prix.
M. Biron: Oui.
M. Grégoire: Cela veut dire que la SPEQ peut arriver et
imposer son contrôle.
M. Biron: Non, parce qu'elle n'aura jamais plus que 49 % des
droits de vote.
M. Grégoire: Ou des actions? M. Biron: Des droits
de vote. M. Grégoire: Relisez bien.
M. Biron: Les actions de contrôle, ce sont des droits de
vote.
M. Grégoire: C'est une notion de contrôle.
M. Biron: C'est une notion de contrôle. La SPEQ ne pourra
jamais contrôler une autre entreprise, sauf exception et sur
recommandation de la SDI si l'autre entreprise est en mauvaise...
M. Grégoire: Quelle est l'idée d'empêcher une
SPEQ de contrôler l'entreprise?
M. Biron: Ce n'est pas une compagnie de gestion, c'est une
compagnie de placements.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Oui, on voit que l'objectif du projet de loi est de
faire en sorte que les SPEQ s'intéressent au contrôle de la
compagnie - enfin, les actions sont des actions votantes -...
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau:... et que les investisseurs soient vraiment des gens
qui participent aux risques et non pas seulement des investisseurs. Sans
vouloir en aucune façon prétendre qu'il doit en être
autrement, je demanderais ceci au ministre: Est-ce que vous avez
étudié la possibilité d'admettre que les actions
souscrites sont des actions privilégiées plutôt que des
actions communes? L'avantage, s'il y en avait un, serait qu'on pourrait
peut-être attirer plus de fonds dans les SPEQ, c'est-à-dire, cette
catégorie d'investisseurs qui ne rechercheraient peut-être pas
autant le bénéfice que peut retirer un actionnaire et qui
souhaiteraient plutôt avoir la sécurité
que confère une action priviligiée avec,
évidemment, les rendements moindres que cela implique. Mais, au plan du
capital de la société, une action privilégiée est
quand même du capital-actions et donc, dans le bilan, cela ne
paraît pas comme un emprunt, cela paraît comme du capital. Donc,
cela joue le même rôle au point de vue du bilan de la
société que des actions ordinaires. Par contre, cela fait en
sorte que les investisseurs prennent moins de risques que s'ils avaient des
actions ordinaires. Est-ce que vous avez songé à cela et pourquoi
n'avez-vous pas retenu cette hypothèse? (15 h 15)
M. Biron: Oui, M. le Président, on y a songé et on
a retenu l'hypothèse des actions ordinaires parce qu'il nous semblait,
à nous en tout cas, beaucoup plus important, même si je comprends
l'approche du député de Laporte, de diversifier la
propriété des entreprises, et c'est d'ailleurs dans ce sens que
la commission Saucier s'était prononcée, afin de permettre
à plus de citoyens de devenir propriétaires d'une entreprise.
Alors, par le biais de la SPEQ, on peut permettre à plus de citoyens de
devenir, en quelque sorte, propriétaires de l'entreprise.
Maintenant, vis-à-vis de la sécurité du placement,
vous savez fort bien que, dans une PME, une fois que celle-ci est en
difficulté, à la fois l'action ordinaire et l'action
privilégiée c'est perdu. En fait, il n'y a pas plus de
sécurité pour une action privilégiée dans une PME,
sauf légalement, mais, en pratique, il n'y en a pas plus. On a voulu une
participation plus active aux décisions de l'entreprise et les
représentants de la SPEQ pourront y prendre part.
M. Bourbeau: J'aurais deux observations à faire
là-dessus. Tout d'abord, dans certains cas, dans un cas de
désastre total, quand il ne reste rien, c'est bien sûr que
personne n'a rien; mais s'il y a une distribution des actifs qui est faite,
c'est sûr que les actions privilégiées sont
remboursées avant les actions ordinaires. Donc, dans ce sens, les
actionnaires privilégiés sont colloqués par
préférence sur les actionnaires ordinaires. Donc, il y a plus de
garanties quand même.
Deuxièmement, la raison pour laquelle je faisais l'observation,
ce n'est pas vraiment, je pense, qu'on doive nécessairement admettre des
actions privilégiées, mais s'il y a au Québec un certain
nombre d'individus, par exemple, qui sont disposés à investir
dans des SPEQ, qu'il y en a la moitié qui est intéressée
à prendre une certaine forme de risques, donc à
s'intéresser à la gestion, et une autre moitié qui serait
plutôt intéressée à faire un placement un peu plus
sécuritaire, pourquoi se priverait-on de ceux qui sont
intéressés à avoir des actions ordinaires, avec le risque
mais aussi les bénéfices accrus que cela comporte? Ceux-là
y trouveraient leur compte et les entreprises admissibles pourraient
également trouver d'autres fonds parmi ceux qui seraient uniquement
intéressés à investir comme actionnaires
privilégiés.
M. Biron: C'est peut-être possible qu'une SPEQ fasse un
placement sur du capital privilégié dans une entreprise si c'est
plus sécuritaire, mais il n'y aura pas de dégrèvement
fiscal. Il n'y a pas d'abri fiscal là-dessus. Le seul cas où elle
pourra obtenir l'abri fiscal, c'est si ce sont des actions ordinaires.
Maintenant, est-ce que dans un an ou deux on ne devra pas revoir et
élargir un petit peu? On prétend qu'il y aura environ 500 SPEQ de
formées dans tout le Québec pour la première année,
mettons d'ici à 18 mois, parce que cela prend au moins cinq ou six mois
avant de lancer le programme. Mais, si on atteint les 500, notre objectif sera
atteint et, si c'est moins de 500, il faudra peut-être revoir un
assouplissement à certaines formes d'investissements, en particulier,
peut-être sous forme de capital-actions privilégié. Mais,
pour le moment, on croit qu'on va atteindre l'objectif des 500 avec des actions
ordinaires.
M. Bourbeau: En fait, la seule raison qui pourrait justifier de
recourir à cela, c'est qu'à un moment donné vous pouvez
avoir des entreprises qui, devant la perspective de voir leur contrôle
changé... Supposons que vous avez une entreprise qui appartient à
deux ou trois actionnaires et qui, en admettant une SPEQ à 49 %, perd
effectivement le contrôle, enfin, peut-être pas de l'ensemble des
actionnaires, mais vous pouvez avoir le cas où deux actionnaires ont un
tiers chacun et si une SPEQ entre, évidemment, ils vont tomber en bas de
50 % collectivement, ces deux actionnaires. Peut-être qu'ils ne voudront
pas avoir recours au véhicule des SPEQ et vont être privés,
à ce moment, des avantages de la capitalisation additionnelle que cela
apporterait. De toute façon, je tenais uniquement à
connaître quel était votre point de vue là-dessus et je
n'en fais pas un plat.
M. Biron: M. le Président, sur ce point précis, je
pense que le député de Laporte a lu aussi le rapport Saucier
parce que le rapport Saucier disait exactement un peu, sur ce point
particulier, ce que le député de Laporte vient de dire.
C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de chefs d'entreprise qui
hésitent avant de prendre des partenaires ou qui hésitent avant
de céder à d'autres une partie de la propriété, ce
qu'on appelle vraiment la propriété, c'est-à-dire le
capital-actions ordinaire. Le rapport Saucier disait aussi qu'il faut les
forcer en quelque sorte à faire le mouvement. Or, je pense qu'on les
force
en quelque sorte et, d'ici à un an ou deux, on verra les
résultats, quitte à s'ajuster plus tard.
M. Bourbeau: Oui, mais il y a un point extrêmement
important, c'est que le rapport Saucier, je suis bien d'accord,
préconise la diversification de l'actionnariat; mais je parle de la
perte du contrôle, et cela c'est différent. Admettre un
actionnaire à 30 % ou à 20 % pour diversifier l'actionnariat,
avec les avantages que cela peut comporter, et faire en sorte que le
contrôle de l'entreprise passe à des étrangers, c'est autre
chose. Là, cela pourrait faire la différence dans un cas comme
cela.
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Non, cela va.
Le Président (M. Beaumier): Cela va. Est-ce que l'article
5 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Adopté. J'appelle
l'article 6. M. le ministre.
M. Biron: C'est pour la forme et le contenu d'une demande
d'enregistrement d'une société. On prévoit que la SDI peut
le faire.
Le Président (M. Beaumier): D'autres interventions, M. le
député d'Outremont?
M. Fortier: Comme de raison, l'article 6 vient avant l'article
16. L'article 16 donne le pouvoir de réglementer au gouvernement. Dans
le règlement que vous avez déposé, à l'article 1,
on exige certaines choses. Est-ce que l'article 6, de toute évidence,
est subordonné à l'article 16 ou est-ce que la SDI a un pouvoir
de réglementation en plus?
M. Biron: C'est très technique, c'est pour permettre
à la SDI de prescrire la forme et le contenu d'une demande. C'est
très technique, imprimer des formulaires, etc.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Biron: Grâce à l'article 7, on pourrait
révoquer l'enregistrement d'une SPEQ s'il est démontré que
la SPEQ a fourni ou que ses dirigeants ont fourni de faux renseignements ou
documents, omis ou négligé de remplir leurs obligations
conformément à la présente loi et à ses
règlements. Je pense qu'il y a lieu de prévoir une sanction dans
la loi, qui est non pas l'amende, mais la révocation du permis de la
SPEQ.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que cela va?
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Adopté. J'appelle
l'article 8. M. le ministre.
M. Biron: Il y a lieu de prévoir... C'est la même
chose que l'autre, excepté que là c'est automatique. Si la
société est dissoute, bien sûr, l'enregistrement de
la société saute; s'il y a une résolution
décrétant la liquidation de la SPEQ approuvée par ses
actionnaires ou si la SPEQ est sous le coup d'une ordonnance de faillite, je
pense que c'est normal qu'on prévoie que l'enregistrement de la
société devient nul.
M. Fortier: Il y a le quatrième paragraphe aussi, M. le
ministre.
M. Biron: Si la société est sous le coup d'une
ordonnance de séquestre en vertu de la Loi sur la faillite.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Biron: C'est un article qui prévoit que la SDI transmet
au ministre du Revenu les renseignements que ce dernier juge nécessaire
d'avoir lorsqu'elle enregistre une société ou lorsqu'un
enregistrement est révoqué ou devient nul. Étant
donné que le ministre du Revenu va donner le dégrèvement
fiscal, il faut qu'il ait les informations nécessaires.
Le Président (M. Beaumier): Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Beaumier): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Biron: Cela prévoit aussi que la SDI tient un registre
où doivent être inscrits les renseignements comme le nom des
sociétés, des SPEQ, la date de leur constitution, la date de leur
enregistrement et l'endroit où est situé leur siège
social. C'est un registre
qui pourrait être consulté, dans le fond, par les gens, qui
serait public.
M. Fortier: Pour compléter l'information que je demandais
ce matin, on disait qu'une SPEQ pourrait s'enregistrer, mais ne pas agir pour
demander les crédits fiscaux. Est-ce que le registre ne devrait pas
également couvrir cet aspect, autrement dit, les différentes
interventions d'action pertinente?
M. Biron: C'est pour savoir en plus les noms des
sociétés et leur lieu. L'évolution des SPEQ, ce ne sera
pas enregistré là.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le registre à l'article 10, c'est un registre
qui existe déjà au bureau de l'Inspecteur général
des institutions financières. Est-ce que ce n'est pas faire double
emploi? Tous ces renseignements sont disponibles.
Une voix: Cela existe déjà. Une voix:Pas pour la SPEQ.
M. Bourbeau: Non, pour les sociétés. Toutes ces
sociétés elles vont être déjà
enregistrées. Ces sociétés vont être
enregistrées selon le processus normal de la Loi sur les compagnies du
Québec.
M. Fortier: L'intention, c'est peut-être d'éviter
que la SDI demande un rapport annuel de la même façon que le
bureau de l'Inspecteur général demande un rapport annuel, pour
éviter une double information annuellement.
M. Bourbeau: On peut peut-être laisser répondre le
ministre. Finalement, quelle est la réponse?
M. Biron: Votre collègue d'Outremont vient de
répondre.
M. Fortier: Quelle est votre réponse?
Je n'ai pas répondu, je disais que c'était d'éviter
cela. Ma suggestion était d'éviter cela.
M. Biron: Le fait que vous posiez la question, cela va faire en
sorte qu'on va regarder sérieusement à la SDI pour ne pas
demander aux entreprises deux fois les mêmes informations. Je pense qu'il
n'y a pas lieu de le faire, il y a assez de paperasse qui circule. On va
essayer d'être le plus simple possible là-dessus.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Oui.
M. Grégoire: Avant d'en arriver à l'article 11, je
voudrais juste poser une question, demander un renseignement.
Le Président (M. Beaumier): Un instant, M. le
député. Est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): D'accord.
M. Grégoire: Avant de passer à la section III,
juste un renseignement: la SPEQ, est-ce que c'est 49 % ou 50 % qu'elle peut
détenir dans une entreprise?
M. Biron: Au maximum, 49 % M. Grégoire: Au maximum,
49 %. M. Biron: Pas plus de 50 %.
M. Grégoire: Mais elle peut détenir 50 %.
M. Biron: Elle peut détenir 50 %.
M. Grégoire: Alors, une SPEQ détient 50 % et un
autre individu aussi détient 50 %, si, à un moment donné,
les deux font appel au "shot-gun", que l'autre individu qui est
propriétaire n'est pas capable d'acheter la SPEQ et que c'est la SPEQ
qui achète l'autre, supposons qu'une SPEQ a 50 %...
M. Biron: Là, il faudra l'autorisation de la SDI. On
considère que si l'entreprise est en mauvaise posture par exemple, une
entreprise - c'est la même question que vous posez - mais si une
entreprise est dans de mauvaises affaires, c'est possible que la SPEQ dise: Il
nous faudrait investir plus de 50 %.
Si la SDI juge que c'est nécessaire, la SDI est autorisée
à donner une permission spéciale, mais vraiment une permission
spéciale, en dernier ressort. Il ne faudrait pas que cela soit
généralisé. C'est d'ailleurs à l'article 12 que
vous retrouvez cela.
M. Grégoire: Mais - ce que je veux dire - supposons que
l'entreprise est en bonne forme mais que, tout-à-coup, elle a besoin
d'un développement. Il y a une SPEQ qui détient 50 % et un autre
individu qui a l'autre 50 % mais n'est pas capable d'investir de nouveau pour
agrandir, alors que le besoin s'en fait sentir, est-ce que la clause du
"shot-gun" joue? C'est-à-dire qu'ils s'offrent mutuellement de s'acheter
l'un l'autre.
M. Biron: Non, c'est prévu à l'article 12 - on va y
arriver - pour éviter la faillite. Dans ce sens-là, il faudrait
que l'individu se trouve un autre acheteur.
M. Grégoire: Bien oui, écoutez, il faudrait qu'il
se trouve un autre acheteur. Si c'est pour éviter la faillite,
peut-être qu'il ne trouvera pas d'autre acheteur.
M. Biron: Si c'est pour lui éviter la faillite, c'est
correct, la SDI va dire: D'accord, on y va, mais si l'entreprise est en
progression et que l'individu qui a 50 % décide que, lui, il prend sa
retraite, la réponse c'est non.
M. Bordeleau: Si c'est pour lui éviter la faillite, cela
veut dire que cela ne va pas bien?
M. Grégoire: Si c'est pour agrandir et que l'autre
individu n'est pas capable d'investir davantage?
M. Biron: Il se trouvera un autre investisseur, il doit y en
avoir d'autres quelque part. Si c'est pour agrandir et que l'entreprise est
profitable, cela va être facile.
M. Grégoire: Oui. D'accord. On va attendre à
l'article 12.
Placement admissible
Le Président (M. Beaumier): J'appelle l'article 11.
M. Bourbeau: Quel article?
Le Président (M. Beaumier): L'article 11. M. le
ministre.
M. Biron: Là, la SPEQ doit effectuer un placement
admissible pour que ses actionnaires puissent se prévaloir des avantages
fiscaux prévus à la loi. C'est toujours la même chose. Si
on a mis 200 000 $ dans une SPEQ, tant et aussi longtemps qu'on n'a pas investi
dans une entreprise admissible, c'est-à-dire un placement admissible, il
n'y a pas d'avantage fiscal. Le jour où l'on fait un placement
admissible, la SDI le reconnaît et on émet les reçus
fiscaux nécessaires.
M. Fortier: Au prorata.
M. Biron: Au prorata de l'investissement dans la SPEQ.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): Oui, alors, j'appelle
l'article 12.
M. Biron: À l'article 12, M. le Président, j'aurais
un petit amendement. Au deuxième alinéa de l'article 12 du projet
de loi, ce qu'on voit à l'heure actuelle c'est: "La corporation
admissible doit, à la date d'acquisition, rencontrer les conditions
suivantes". Alors, la date d'acquisition, cela évolue dans le temps et
c'est difficile. Il faudrait faire faire, dans le fond, un bilan à cette
date-là. Si l'entreprise a un actif de 24 500 000 $, on fait faire un
bilan et, à cette date-là, si l'actif est de 25 600 000 $, c'est
fini. Alors, on a voulu remplacer cela pan "La corporation admissible doit
à la fin de son dernier exercice financier rencontrer les conditions
suivantes". Il me semble, en tout cas, que c'est plus facile pour l'entreprise,
c'est gérable plus facilement par la SDI.
Le Président (M. Beaumier): Et le deuxième
alinéa, dans le même amendement, je crois qu'il y a deux
points?
M. Biron: Dans le même amendement, c'est juste pour
clarifier un peu plus, son actif est celui des corporations qui lui sont
associées, qui est inférieur à 25 000 000 $. On a toujours
parlé de corporation associée partout mais ici, on dit: Elle a un
actif où l'avoir net de ses actionnaires et celui des actionnaires des
corporations qui lui sont associées est inférieur à 10 000
000 $. C'est parce qu'on veut éviter... On a toujours parlé de
cela partout. C'était d'ailleurs dans le discours sur le budget. On veut
éviter qu'une multinationale forme de petites entreprises, de petites
filiales, et profite avec les petites filiales. (15 h 30)
M. Fortier: Ce sont les mêmes limites que pour le REAQ.
M. Biron: Ce sont les mêmes limites que pour le REAQ et le
mot à mot ici dans la loi n'avait pas été le même
mot à mot dans le REAQ. Alors, il y a deux amendements, dans le fond. Le
premier c'est pour rendre plus clair et le deuxième c'est pour
être le mot à mot du REAQ. C'était d'ailleurs dans le
discours sur le budget.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Biron: J'avais deux amendements. C'est un seul pour remplacer
votre deuxième.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. Alors, c'est
adopté?
M. Grégoire: Non, M. le Président. J'ai posé
des questions tout à l'heure...
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire:... puis on me référait à
l'article 12, et l'article 12 ne répond pas à mes questions. S'il
y a une corporation qui va bien et qu'il y a deux actionnaires, une SPEQ
à 50 % puis un autre individu à 50 %, cela va bien et on veut la
développer, mais l'individu n'en est pas capable, il ne peut pas donner
les garanties voulues, il ne peut pas réinvestir plus, alors que la SPEQ
le pourrait. Est-ce que cela veut dire qu'on se trouve à 50-50 à
un point mort? On discute inutilement? Dans ces conditions, quand cela arrive
dans l'entreprise privée, on fait l'opération: Ou tu
m'achètes ou je t'achète, quand c'est 50-50. Évidemment,
quand c'est 49-51, le problème n'est pas le même, mais quand c'est
50-50, on se retrouve devant le problème. Puis, si le problème de
mésentente sur le développement et l'agrandissement est grave, on
dit: Tu m'achètes ou je t'achète. On fixe le prix, que ce soit
l'un ou l'autre.
Vous pouvez empêcher des développements et des
agrandissements, si vous ne permettez pas la clause "shot-gun", quoi?
M. Biron: Il sera possible pour les actionnaires de la SPEQ
d'acheter les 50 %.
La SPEQ ne l'achètera pas, mais les actionnaires de la SPEQ
pourront acheter les autres 50 % avec le temps, parce que, les deux
premières années, c'est restreint à cause de la clause de
l'abri fiscal.
M. Grégoire: Ah bon! Et quand l'abri fiscal sera
passé?
M. Biron: Le placement n'est plus admissible, alors, ils ont la
liberté d'agir.
M. Grégoire: D'accord.
Le Président (M. Beaumier): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 12?
M. Bourbeau: Je comprends que les actions, uniquement pour le
faire préciser par le ministre, de la corporation admissible sont des
actions du trésor en tout temps.
M. Biron: Oui, en tout temps.
M. Bourbeau: Au paragraphe 4, une des conditions pour que la
corporation soit admissible, on comprend très bien les trois premiers
paragraphes, il s'agit d'une société dont le contrôle est
canadien et les actifs sont inférieurs à 25 000 000 $, la
direction générale s'exerce au Québec, quand on arrive
à 4, on dit que 75 % des salaires versés aux employés de
la corporation admissible, et le cas échéant, aux employés
des corporations avec lesquelles elle est associée, l'ont
été à des employés d'un établissement
situé au Québec, sur le plan pratique, comment allez-vous faire
pour contrôler la question des salaires payés à des
employés oeuvrant dans des établissements situés au
Québec quand une corporation admissible aura des usines en partie au
Québec et en partie à l'extérieur? Cela sera un travail
assez ardu. Est-ce qu'il n'y a pas danger de tomber dans des tracasseries
administatives et une paperasse abusive? Est-ce que le ministre va engager 250
enseignants en disponibilité pour faire les contrôles sur les
salaires? Comment allez-vous fonctionner?
M. Biron: Non. M. le Président, on va demander à la
corporation admissible de nous faire les rapports et les 75 % sont
référés à l'article 771 de la Loi sur les
impôts, si je ne me trompe pas. C'est une notion qui était dans le
discours sur le budget. Les 75 % des salaires, on va demander à la
corporation de nous faire rapport là-dessus. Bien sûr, il pourrait
y avoir des vérifications de la part du ministère du Revenu,
comme le ministère du Revenu fait des vérifications pour autre
chose.
M. Fortier: Mais si quelqu'un fait une fausse déclaration,
il faut qu'elle soit révoquée?
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Il n'y a pas grand avantage.
Le Président (M. Beaumier): L'article 12 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Toujours sur l'article 12, M. le Président,
au paragraphe 5, on parle des secteurs d'activité
déterminés par règlement du gouvernement. C'est assez
intéressant. Pouvez-vous nous indiquer à quel endroit dans le
règlement on parle de cela?
M. Biron: Dans l'annexe au règlement.
M. Bourbeau: Dans l'annexe, on parle du secteur manufacturier, du
secteur de recyclage, troisièmement, du tertiaire moteur,
quatrièmement, du secteur touristique et, cinquièmement, du
secteur du transport. Si on vient au tertiaire moteur, on a un laboratoire de
recherche, une entreprise de conception et de design de mode. Au paragraphe 6,
une entreprise de service d'ingénieurs-conseils, d'arpentage
aérien ou terrestre, de prospection et de relevés
géographiques.
Enfin, la question que je voulais poser au ministre, c'est à
l'égard du secteur, disons, de l'ingénierie. Le ministre
peut-il
nous expliquer exactement comment cela va s'appliquer, les SPEQ, au
secteur de l'ingénierie? J'ai essayé de m'imaginer un peu comment
cela pouvait fonctionner et je dois avouer que je n'ai pas pu comprendre
tellement. Peut-être que le ministre pourrait nous expliquer comment cela
va fonctionner.
M. Biron: Il y a eu de longues discussions sur ce secteur de
l'ingénierie, justement. Mais, compte tenu que c'est le début
d'une longue opération de développement économique, si on
n'a pas les ingénieurs au départ, je pense qu'on n'a pas d'usine,
on n'a pas de vente et on n'a pas de produits. On a dit: Qu'est-ce qu'on pourra
faire pour aider davantage ces gens à stimuler la vente de leur
génie? C'est "lorsque l'entreprise, à la fin complètement
du sixième paragraphe, présente un projet précis à
l'exportation. "
Or, une entreprise qui dit: Je peux agrandir, parce que j'ai un projet
à l'exportation, voilà mon contrat et j'ai besoin de plus de
personnes au Québec, bien sûr, comme soutien, comme j'aurai besoin
de plus de personnes à l'extérieur, à l'exportation, pour
faire les travaux nécessaires, on pense qu'elle va investir dans des
équipements. Souvent, cela peut aller jusqu'à la conception
assistée par ordinateur des bâtisses. Cette partie sera admissible
à un investissement, pas pour payer les salaires des gens qui vont
travailler sur le projet, mais pour investir dans les choses qui vont demeurer
au Québec.
La firme de génie-conseil qui veut doubler son espace de plancher
et avoir les équipements nécessaires modernes, à
l'intérieur de cela, ça va coûter 500 000 $. Si elle
décide d'investir par une SPEQ, cette partie sera admissible.
M. Bourbeau: Mais, en pratique, M. le ministre, supposons qu'un
bureau de génie décide de se lancer dans un projet de
développement - il faut que ce soit un projet de développement au
Québec; cela ne peut pas être un projet de développement en
dehors du Québec, puisqu'il faut que la société admissible
ait sa résidence au Québec, les salaires payés au
Québec, etc.; donc, on exclut tous les projets en dehors du
Québec, en Afrique, etc. - en pratique, cela va fonctionner comment? La
société de génie-conseil va former une compagnie. C'est un
nouveau projet, donc, il doit se former simultanément deux
sociétés, une SPEQ et une société admissible.
Comme on ne permet pas à l'une de devenir la filiale de l'autre,
je ne saisis pas exactement comment cela va fonctionner. La SPEQ ne peut pas
détenir plus que 49 % de la société admissible. Si c'est
le bureau d'ingénieur-conseil qui décide de se lancer dans un
projet de développement quelconque, je ne vois comment cela peut
fonctionner. Est-ce que le bureau d'ingénieurs va prendre 100 % des
actions de la SPEQ? Les actionnaires du bureau d'ingénieurs vont avoir
droit au dégrèvement fiscal, c'est correct, mais, à
l'égard de la société admissible, la deuxième
corporation, qui vont être les autres actionnaires, les 50 % des
autres?
M. Biron: Mais la demande nous est venue, dans le fond, de
beaucoup de gens, à la fois de génie-conseil et de l'arpentage,
du tertiaire, de la protection de l'environnement, du génie, pour qu'on
puisse les aider s'ils voulaient faire des investissements au Québec.
Après cela, on a dit: Oui, on va vous aider à condition que vous
ayez des projets d'exportation, parce que si le génie se
développe au Québec, bien sûr, c'est dû à des
travaux au Québec, mais c'est dû aussi à ce que les gens ne
se sont pas gênés pour exporter leur génie. Or, on a
essayé de relier les deux ensemble. C'est la première fois, d'une
façon très concrète, qu'on aide l'investissement par une
firme de génie au Québec.
Encore une fois, s'il y avait des suggestions - je sais que le
député d'Outremont a de l'expérience dans le domaine -
pour nous aider à clarifier davantage ce point, je suis ouvert aux
suggestions. Mais ce que nous voulons, c'est encourager les firmes de
génie-conseil à prendre de l'expansion et aussi à acheter
des pièces d'équipement qu'elles ne prendraient pas normalement
le risque d'acheter si elles n'avaient pas un coup de pouce. Le fait d'avoir un
petit coup de pouce, souvent, nous fait prendre le risque.
M. Bourbeau: Je veux bien céder la parole au
député d'Outremont, mais je veux quand même finir, M. le
Président, s'il n'a pas d'objection, mes questions sur ce
point-là. Quand on parle de la formation d'une SPEQ et de son
investissement dans une société admissible, on parle
nécessairement d'une société admissible qui est en
existence, puisque la SPEQ ne peut pas prendre plus de 49 %. Est-ce que cela
est possible dans l'esprit du ministre que, et la société
admissible et la SPEQ soient incorporées en même temps,
formées en même temps?
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: C'est possible. À ce moment-là, cela
veut dire qu'il y aurait 51 % des actionnaires de la société
admissible qui ne seraient pas dans une SPEQ, qui seraient des actionnaires
ordinaires autres que ceux de la SPEQ. C'est cela?
À l'égard du bureau d'ingénieurs-conseils,
puisqu'on parle de l'ingénierie, de l'ingénieur, j'entends bien
ce que le ministre nous dit; mais puisque vous avez pris la
peine de le marquer dans le projet de loi, d'inclure
l'ingénierie, vous devez avoir quelque chose de concret en tête,
des projets précis. On a dû vous faire part de certains projets et
j'aimerais savoir comment cela peut s'articuler pratiquement, avec le projet de
loi qu'on a.
M. Birorn: Ce sont des firmes de génie qui veulent se
développer, qui veulent s'agrandir et engager plus de monde, avoir plus
d'équipement et elles nous disent: Nous autres, si on le fait, supposons
qu'on va construire une bâtisse, acheter des équipements pour 500
000 $. On le fait parce que cela développe l'économie
québécoise, mais on n'a pas d'abri fiscal pour le faire chez
nous. On a voulu couvrir ce secteur. Comment cela va-t-il se faire en pratique
dans un an? Il y aura peut-être des changements mais on a voulu couvrir
ce secteur.
M. Bourbeau: Si c'est pour aider à l'expansion des bureaux
d'ingénieurs-conseils, à ce moment-là, le ministre
pourrait peut-être penser aux bureaux de notaires, aux bureaux d'avocats,
aux bureaux d'arpenteurs. Ils sont peut-être des arpenteurs,
d'ailleurs.
M. Biron: Les arpenteurs sont là-dedans.
M. Bourbeau: Je ne comprends pas vraiment. Ce n'est certainement
pas pour le développement des bureaux d'ingénieurs-conseils. Je
ne peux pas penser que c'est cela que le ministre veut nous dire. Il faut que
cela soit rattaché - d'ailleurs, c'est marqué dans le
règlement ici - à un projet précis à l'exportation.
Mais, est-ce un... Je ne vois pas comment cela peut s'articuler parce que...
Est-ce un projet manufacturier?
M. Biron: Non, pas nécessairement. M. Marcil...
M. Marcil: On peut avoir un cas très pratique où
une firme d'ingénieurs-conseils vient d'avoir un contrat en
Algérie. Pour exécuter le contrat, ces gens ont besoin
d'améliorer leur fonds de roulement de 100 000 $, par exemple. Ce que
cela dit, vu qu'ils ont un projet précis à l'exportation, une
SPEQ pourrait investir les 100 000 $ dans le bureau
d'ingénieurs-conseils pour lui permettre de faire le contrat en
Algérie. Cela serait un investissement d'une SPEQ dans un bureau
d'ingénieurs-conseils qui sera dans le but de financer un projet
précis à l'exportation.
M. Bourbeau: Oui, mais...
M. Marcil: Pour les autres cas, si c'est un bureau
d'ingénieurs-conseils qui a des contrats au Québec et qui a
besoin de fonds de roulement ou qui a besoin, je ne sais pas,
d'équipement additionnel pour agrandir sa clientèle
québécoise, il ne sera pas admissible.
M. Bourbeau: Supposons... Là, on ouvre une autre porte
parce que le placement admissible peut aller jusqu'à 1 000 000 $, si
j'ai bien compris.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: On peut aller jusqu'à 1 000 000 $.
M. Marcil: C'est cela.
M. Bourbeau: Une fois que la SPEQ est admissible, elle est
admissible à tout le projet de loi, en fait, à l'ensemble de la
réglementation. Qu'est-ce qui arrive si le projet est un projet mineur
à l'exportation, d'une valeur de 100 000 $? La SPEQ fait une demande
pour être reconnue selon le projet de loi, pour être admise comme
étant... Pas la SPEQ, mais la société admissible,
plutôt, fait une demande à la SDI pour... Non, c'est la SPEQ qui
fait la demande, je pense. Un instant que je me souvienne.
M. Marcil: C'est-à-dire que la SPEQ va demander à
la SDI de qualifier son placement comme étant un placement
admissible.
M. Bourbeau: D'accord. Alors, dans le cas présent, le
bureau d'ingénieurs-conseils forme la SPEQ plutôt. Il demande
à la SDI d'être reconnu. La SDI dit oui, vous êtes une SPEQ
reconnue. Elle introduit le projet qui est un projet de 100 000 $ à
l'exportation, par exemple. On reconnaît le projet comme étant
admissible et, là, on donne le certificat. Après cela, le bureau
d'ingénieurs-conseils peut continuer à pomper de l'argent
jusqu'à 1 000 000 $ pour ses autres fins et jouir de tous les revenus,
des avantages fiscaux. Je dois avouer que j'ai de la difficulté à
me réconcilier avec cette notion.
M. Marcil: Au moment où la SPEQ va vouloir faire son
placement, il va y avoir un but. Le but du placement va être de faire
quelque chose. Ce qu'on dit ici, c'est que le but du placement de la SPEQ dans
le bureau d'ingénieur, c'est pour un projet précis à
l'exportation. Il va falloir qu'on nous démontre à la
satisfaction de la SDI que l'argent que met la SPEQ est vraiment pour
s'adresser à un projet précis à l'exportation. (15 h
45)
M. Bourbeau: Cela va aller dans le fonds de roulement
normal...
M. Marcil: Cela peut être du fonds de roulement.
M. Bourbeau:... de la société.
M. Marcil: Il va falloir qu'ils nous le démontrent avant
que nous donnions le certificat prouvant que c'est bien un placement
administratif.
M. Bourbeau: Il faut bien penser qu'il faudrait que la
société de génie forme une société
nouvelle.
M. Marcil: Pas nécessairement.
M. Bourbeau: Oui, il faut qu'une nouvelle corporation soit
formée.
M. Marcil: Non, c'est une corporation admissible, cela peut
être une entreprise existante.
M. Bourbeau: D'accord. Alors, à plus forte raison. Le
grand bureau d'ingénieurs-conseils qui a 4000 employés
décide de...
M. Fortier: La SNC et Lavalin avec 25 000 000 $, je pense qu'ils
sont hors de cela.
M. Bourbeau: Un instant! Un actif inférieur, oui,
peut-être. Cela dépend, un bureau d'ingénieurs-conseils qui
n'est pas propriétaire de son immeuble, souvent ce sont des
sociétés autres qu'un bureau d'ingénieurs-conseils, si
vous ne parlez que du bureau d'ingénieurs-conseils et non de toutes ses
filiales, je ne suis pas...
M. Marcil: Cela comprend les compagnies associées, par
contre. Les limites d'actifs comprennent les compagnies associées.
M. Bourbeau: Oui, mais quand même, 25 000 000 $ d'actif,
à moins que le bureau soit propriétaire de ses immeubles, s'il
est en location comme certains bureaux que vous avez mentionnés
tantôt - je ne veux pas donner de noms - à moins que vous ne
considériez un bail comme un actif... Je toute façon,
réduisons la taille du bureau d'ingénieurs-conseils à un
petit bureau de moins de 25 000 000 $ d'actifs et d'un avoir net des
actionnaires d'au plus 10 000 000 $, ce n'est quand même pas si mauvais.
Ce bureau d'ingénieurs-conseils, donc, devient admissible à un
placement par une SPEQ, supposons, à l'occasion d'un projet à
l'extérieur du pays. Comment allez-vous faire pour empêcher ce
bureau de... Ce que je tente de comprendre, ce sont les placements admissibles
jusqu'à 1 000 000 $. Est-ce qu'ils pourraient être jusqu'à
1 000 000 $...
M. Fortier: Est-ce que le député me permet
d'intervenir? Je pense que de la façon que c'est écrit, cela
exclut les grands bureaux comme la SNC et Lavalin, quoique l'exemple serait
peut-être pertinent. Il y a des bureaux plus petits et la plupart des
bureaux, une fois qu'ils commencent à faire de l'exportation, ils
continuent. Je me souviens que, quand j'étais chez SNC, on était
à 15 % et cinq ans après, c'était à 25 % et,
maintenant, ils sont rendus à 40 % ou à 50 %. Je pense bien que
le but de cette loi est d'espérer que les bureaux qui vont faire cela,
ce ne sera pas seulement pour un "one-shot deal", ce ne sera pas seulement de
dire: On fait un projet et l'an prochain, on se retire. C'est le genre de
bureaux qui vont se lancer sur les marchés internationaux qui seront
plus petits que la SNC et Lavalin; on parle de plus petits bureaux, plus petits
que 3000 employés, certainement 2000. À ce moment-là, il
faut savoir que, quand ces bureaux vont à l'étranger, les
délais de paiement sont extrêmement longs. Pour vous donner un
exemple, j'ai quitté la gestion de la SNC en 1975 et, à ce
moment-là, je m'occupais de contrats au Nigéria et,
dernièrement, j'ai rencontré quelqu'un de la SNC qui m'a dit:
Pierre, tu sais, les 500 000 $ que le Nigéria nous devait, on vient de
les avoir il y a quinze jours. Alors, les délais peuvent être
extrêmement longs et, à ce moment-là, le fonds de roulement
doit être augmenté en conséquence. Évidemment, ils
pourraient espérer faire cela en ayant plus d'actionnaires. La
difficulté que j'y vois, c'est que normalement... Chez SNC, au
début, on était 200 actionnaires, maintenant il y a 400 à
500 actionnaires. S'il y a une politique à savoir que tous les
employés clés sont actionnaires, si ces employés se
retrouvaient dans une SPEQ, auraient-ils le droit? Il ne faudrait pas que ce
soit plus de 49 % de la société. Est-ce qu'ils auraient le droit
de le faire?
M. Marcil: Ils peuvent le faire pour autant que la SPEQ ne
contrôle pas.
M. Fortier: Je donne cet exemple parce que je le connais, la
plupart des bureaux ont des clauses où les employés peuvent
être actionnaires tant et aussi longtemps qu'ils sont employés.
Quand j'ai donné ma démission, j'ai été
obligé de vendre mes actions. Donc, il y a un "share-holders'
agreement", il y a une entente entre actionnaires. Par définition, tous
les actionnaires sont reliés les uns aux autres lorsqu'il y a une
entente entre actionnaires. C'est pour cela que je me pose la question. Il
faudrait peut-être que ce soit un bureau où il n'y a pas d'entente
entre actionnaires, où l'actionnaire, même s'il quitte le bureau
pourrait rester actionnaire. La plupart des
bureaux évitent cela parce qu'ils ne sont pas
intéressés à avoir des "silent partners"; ils sont tous
intéressés à avoir des actionnaires qui sont actifs
à l'intérieur de l'entreprise. Je me demande si, tel que la loi
est écrite, on va éviter... Il y a certainement une
dépendance entre tous les actionnaires lorsqu'il y a un "share-holders'
agreement".
M. Biron: Je vais poser une question au député
d'Outremont. Par exemple, les 400 actionnaires de la SNC...
M. Fortier: Ils sont peut-être 600 maintenant.
M. Biron: D'accord. Ce sont 400 actionnaires qui sont
actionnaires à part égale. C'est-à-dire, donc,
à...
M. Fortier: Non.
M. Biron: Est-ce qu'il y a des actionnaires qui détiennent
plus de 5 % des actions?
M. Fortier: Maintenant, je crois qu'il y a en a très peu.
À l'origine, il y en avait, parce qu'il faut savoir, c'est typique...
Regarder l'évolution d'un bureau comme celui-là, c'est
peut-être un bon exemple. À l'origine, c'était un
"partnership", Surveyer, Nenniger & Chênevert. En 1967, quand
j'étais là, on a formé les entreprises SNC. Les premiers
associés, MM. Dagenais, Jourdeau les autres sont devenus actionnaires.
Au début, ils possédaient 20 % ou 25 % et, au fur et à
mesure, à cause du coût, c'est rendu très dilué. Je
crois que, maintenant, il n'y a pas beaucoup de gens qui possèdent plus
de 5 %. Mais, maintenant, cela vaut une fortune, 5% de SNC.
M. Biron: Dans ce cas-là, peut-être que l'on peut
invoquer l'article 6 du règlement, au quatrième paragraphe qui
dit: Malgré ce qui précède, les actionnaires d'une
corporation admissible - disons la SNC - sont réputés n'avoir
aucun lien de dépendance entre eux lorsque chacun de ces actionnaires
détient directement ou indirectement à titre de véritable
propriétaire moins de 5 % des actions. Et, dans ce cas-là, les
400 pourraient former une SPEQ.
M. Fortier: D'accord. Dans ce cas-là, à condition
qu'elles aient un actif inférieur à 25 000 000 $.
M. Biron: C'est exact.
M. Fortier: Enfin, ce serait possible. Mais je dirais que,
normalement, dans les plus petits bureaux, il est très...
M. Biron: 5 %, c'est trop bas.
M. Fortier:... 5 % est trop bas. Dans les plus petits bureaux, il
est très facile d'avoir trois ou quatre actionnaires qui vont
posséder 10 % ou 15 %, ce qui fait 60 %. Ensuite, il y a une multitude
d'autres actionnaires... Je crois que c'est cette clause qui va limiter
l'utilisation des SPEQ dans les bureaux de génie-conseil.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Toujours à la question du
génie-conseil, quand un bureau d'ingénieurs-conseils se voit
décerner un contrat, disons en Afrique, ce sont, en
général, des services qu'on vend. C'est quand même un
projet d'exportation de services. Supposons qu'en général, selon
ce que j'en sais, on va dire que c'est un contrat de 2 000 000 $ d'honoraires -
on parle d'honoraires en général. Si le bureau
d'ingénieurs dit: C'est 2 000 000 $ d'honoraires, on forme une SPEQ et
on y met 2 000 000 $, ou disons un montant dans la SPEQ, et on finance le
projet comme cela. Quel montant allez-vous accepter comme étant
admissible?
M. Marcil: Il faudra qu'on nous précise quels sont les
besoins de fonds de roulement de la firme d'ingénieurs-conseils pour
financer son projet d'exportation. Dans la plupart des cas, au fond, cela va
être des besoins de fonds de roulement. C'est surtout cela. Dans un
bureau d'ingénieurs-conseils, les crayons et le papier...
M. Bourbeau: Oui, mais...
M. Fortier: Quoique, de plus en plus, les bureaux
d'ingénieurs-conseils vont inclure de l'équipement dans leur
exportation.
M. Marcil: Des ordinateurs, des choses comme cela.
M. Bourbeau: Je comprends, mais...
M. Marcil: Alors, ce doit être des besoins de fonds de
roulement. Les besoins de fonds de roulement dépendent de la nature du
contrat, de la façon dont ils sont payés, etc., des termes du
contrat d'exportation.
M. Bourbeau: Quel est le critère finalement? Si le bureau
d'ingénieurs-conseils peut vous dire: On a un contrat de 2 000 000 $, on
a besoin d'un fonds de roulement de 2 000 000 $?
M. Marcil: C'est comme n'importe quelle autre entreprise
manufacturière qui a besoin d'améliorer son fonds de roulement et
qui va s'adresser à une SPEQ, elle va devoir prouver quels sont ses
besoins de fonds de
roulement. C'est la même chose.
M. Bourbeau: Oui, mais dans une autre entreprise
manufacturière, vous n'avez pas fait cette distinction plus tôt.
Vous avez dit: Si une SPEQ met 200 000 $ dans une société, c'est
200 000 $ admissibles. Vous ne vous demandez pas si elle en a besoin ou
non.
M. Marcil: C'est-à-dire qu'il y a des choses qui sont
exclues.
M. Biron: M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Biron: Il faut que je corrige quelque chose. Si l'entreprise
est admissible, il faut que les investissements soient véritablement
faits. Il faut que l'argent soit dans l'entreprise.
M. Bourbeau: Je ne dis pas qu'ils ne sont pas faits. Mais, entre
des investissements faits et des investissements requis, il y a une marge. La
société admissible n'a peut-être pas nécessairement
besoin d'un capital-actions. Mais si la SPEQ veut mettre de l'argent
là-dedans et que la société admissible veut bien prendre
l'argent, il peut arriver des cas où une société
admissible pourrait recevoir du capital en vertu de cette loi, sans en avoir
nécessairement besoin tout de suite, n'est-ce pas?
M. Biron: Cela peut peut-être arriver dans un ou quelques
cas par exception, mais si on essaie de couvrir tout le monde et d'être
absolument parfait, on ne fera rien.
M. Bourbeau: Non, mais je ne critique pas...
M. Biron: Enfin, ce qu'on a essayé de faire, c'est de dire
qu'on croit qu'il y a un besoin à la suite de la demande du bureau de
génie-conseil. On pourrait essayer de le circonscrire le mieux possible
disons dans un contrat d'exportation. À partir de là, on va
essayer de vivre l'expérience. Maintenant, le maximum possible à
investir, c'est une somme de 1 000 000 $ admissible. Les dépenses
devront être réellement faites.
M. Bourbeau: Oui. Il y a une nouvelle notion qui vient
d'être introduite dans le sujet qu'on discute. Jusqu'à maintenant,
ma compréhension du projet de loi, c'est qu'il suffisait que des
individus décident d'investir dans une société admissible
par l'intermédiaire d'une SPEQ pour que le placement soit admissible,
enfin, pour qu'il remplisse les critères. Mais il n'y avait pas
d'obligation de prouver que la société admissible avait besoin
des fonds. Cela n'a jamais été dit depuis le début.
M. Biron: Sans avoir besoin de fonds, on s'entend. Un exemple:
une nouvelle entreprise pourrait être créée par des gens
qui disent: On a une SPEQ et la SPEQ voudrait investir 25 % dans l'entreprise.
L'entreprise n'a pas commencé à produire et nous on a dit: C'est
une entreprise manufacturière qui va produire. Donc, on va dire: Oui, la
SPEQ peut investir, mais on émettra le certificat le jour où
l'usine sera en production. Cela va être un décalage de quelques
mois, six mois, mais les gens vont pouvoir bénéficier de leur
abri fiscal. Il y a un risque à prendre, même si on a confiance en
l'entreprise là-dessus, l'entrepreneur et "l'entrepreneurship".
C'est la même chose à l'endroit des sociétés
de génie-conseil. Les premières sommes qu'on investira
là-dedans, ce ne seront pas des sommes du gouvernement, ce seront des
sommes des investisseurs, donc des partenaires dans l'entreprise. Après,
le gouvernement va dire: Très bien, on vous émet un reçu,
vous allez pouvoir bénéficier d'une déduction fiscale.
Cela va faire, à mon point de vue, au moins un an que les sommes auront
été investies. Donc, les contrats seront en marche, tout va
fonctionner.
M. Bourbeau: Je voudrais quand même revenir
là-dessus, M. le ministre. Il y a un manque parfois entre ce que le
ministre pense ou souhaiterait et ce qui est écrit. Je ne veux pas dire
que le ministre ne connaît pas sa loi, au contraire, il semble
très bien la connaître. Dans le projet de loi, je ne vois rien
nulle part, qui dise que la SDI peut refuser d'admettre un placement pour la
simple raison que la société admissible n'a pas besoin du
placement, n'a pas un urgent besoin de fonds.
J'en conclus que si la seule raison qui ferait que la
Société de développement industriel utiliserait pour
refuser le placement admissible, c'est que la société
supposément admissible ait déjà beaucoup de fonds, ce
n'est pas une bonne raison. On peut toujours faire un placement admissible,
à tous autres égards, si la société admissible
l'est. Est-ce que je me trompe?
M. Marcil: C'est vrai, ce que vous dites, sauf que l'article 10
du règlement énumère un certain nombre de choses qui ne
peuvent pas être faites par l'entreprise admissible. L'argent ne peut pas
servir à ces fins.
M. Bourbeau: L'article 10 du règlement?
M. Marcil: L'article 10. Il y a des limitations. D'une part, ce
sont déjà des limitations. D'autre part, ce qu'on dit dans les
cas des projets mis de l'avant par les bureaux d'ingénieurs, on est plus
exigeant dans ces cas. On demande vraiment que ce soit un besoin
identifié pour un projet précis à l'exportation. Dans ces
cas, on est plus exigeant pour les raisons que vous avez mentionnées
vous-même tantôt.
M. Bourbeau: Tout en vous signalant que l'article 10 interdit
d'utiliser les fonds reçus à des fins, il reste que les fonds
peuvent être reçus. Une fois qu'ils sont reçus, on ne peut
les utiliser pour effectuer des prêts, acheter des terrains, etc., mais
il n'y a rien qui empêche...
M. Marcil:... pour le reste, je suis d'accord avec vous.
M. Bourbeau: D'accord. Disons qu'en général
l'économie de cette loi ne fait pas en sorte que la SDI puisse refuser
de certifier un placement pour la raison que la société
admissible n'a pas un besoin urgent d'argent.
À l'égard des besoins d'ingénieurs-conseils - tout
cela a été dit en prévision d'en venir à cela -
vous introduisez une notion nouvelle. Il faut que le bureau
d'ingénieurs-conseils justifie qu'il a besoin des fonds pour un projet
précis. Comment allez-vous faire pour limiter le montant d'argent qui va
être admissible? Un bureau d'ingénieurs-conseils peut vous dire:
On a un projet à l'exportation qui vaut 2 000 000 $ d'honoraires, on a
besoin de 2 000 000 $ d'honoraires de fonds de roulement. Qu'est-ce que vous
allez répondre à cela?
M. Marcil: Si c'est un besoin d'équipement, cela peut
être des équipements additionnels...
M. Bourbeau: Je corrige, 1 000 000 $, parce que le maximum est 1
000 000 $, disons 1 000 000 $ d'honoraires. C'est évident que ces gens
vont avoir un intérêt à mettre le maximum parce que c'est
pour le dégrèvement fiscal. Ils vont essayer de faire passer le
maximum par le canal de la SPEQ, même s'ils n'en ont pas absolument
besoin dans leurs fonds de roulement de la compagnie.
M. Marcil: On va demander deux choses: premièrement, de
quel projet précis à l'exportation il s'agit.
M. Fortier: Le cash-flow.
M. Marcil:... de voir quelle sorte de projet, etc. Qu'ils nous
fournissent une évaluation de leurs besoins de fonds de roulement pour
financer ce ou ces contrats précis à l'exportation. Des budgets
pro forma de besoins pour le fonds de roulement.
M. Biron: M. le Président, je dois rajouter que, de plus
en plus, les firmes de génie-conseil ne vendent pas juste leur
génie, elles vendent des projets clés en main. Cela prend
beaucoup de fonds de roulement. C'est sûr que l'économie
québécoise en profite plus, habituellement ce sont des
entreprises de la région. (16 heures)
M. Bourbeau: Dans la détermination des budgets des
sociétés de génie-conseil, on tient compte des
problèmes de fonds de roulement. Quand un bureau
d'ingénieurs-conseils dit au Nigeria: Votre contrat, c'est 2 000 000 $
d'honoraires, là-dedans il y a les salaires, les fonds de roulement et
le financement. Est-ce que ce n'est pas - c'est la question vers laquelle je me
dirige - un avantage indu accordé à un type de professionnel par
rapport à d'autres? Est-ce que ce n'est pas un double avantage, en fait,
qu'on leur donne, puisque je tiens pour acquis que la SEE ou l'ACDI, quand
elles financent des projets d'exportation, tiennent compte aussi de ces
coûts. Là, en plus de cela, on leur donne un
dégrèvement d'impôt.
M. Biron: Oui. Mais c'est peut-être mieux d'avoir une
subvention plutôt que de geler nos capitaux pendant plusieurs
années dans une entreprise. Quand on a un dégrèvement
d'impôt, on ne reprend pas son argent le lendemain; il y a toute une
série de conditions. Les sommes d'argent, c'est du capital-actions,
c'est gelé dans l'entreprise pendant une période de temps. Or,
finalement, il y a certains avantages comme il y a des désavantages
aussi.
J'ai de la difficulté à voir où vous vouiez aller,
M. le député de Laporte, c'est pour cela. Si vous me dites: Oui,
je suis d'accord en principe, mais, maintenant, j'essaie de savoir comment on
peut rendre cela meilleur, on peut en discuter. Si vous me dites: Je suis
contre le fait qu'on ait des firmes de génie-conseil, parce que cela
n'aide pas au développement économique du Québec, au moins
la discussion va se faire sur une autre base, mais je n'ai pas pu voir dans vos
propos, jusqu'à présent, si vous étiez pour ou contre
l'intervention vis-à-vis des firmes de génie-conseil.
M. Bourbeau: C'est parce que j'ai pensé que le projet de
loi visait à faire du développement économique, non pas
dans le secteur des services, des honoraires, si je peux dire, mais dans le
secteur manufacturier ou dans le secteur de la transformation. Cela me
paraît être une des seules exceptions dans toute la nomenclature
des sociétés admissibles, où, tout à coup, on
revient dans le secteur des professionnels. Alors, je m'étonne un
peu de cela. Je ne veux pas que le ministre en conclue nécessairement
que je suis contre le développement économique, je ne dis pas non
plus que je suis contre l'aide apportée aux bureaux
d'ingénieurs-conseils; mais je voudrais que le ministre me justifie la
logique de cela, c'est tout.
M. Biron: Justement le génie-conseil est de plus en plus
important dans le développement économique. Je me souviens, il y
a 25 ans, quand on construisait des bâtisses et qu'on achetait des
équipements, il n'y avait pas d'ingénieurs-conseils. Pour nous,
ce n'était pas important. Mais, avec le temps, plus on prenait le virage
technologique et plus on voulait se moderniser, se mécaniser,
s'automatiser, il fallait leur faire appel. En dernier, aussitôt qu'on
faisait le moindre changement d'importance, on faisait appel à une firme
de génie-conseil.
On s'aperçoit que, de plus en plus, dans le fond, nos gens ont
besoin de ceux et celles qui connaissent les méthodes les plus
sophistiquées dans le monde si on veut concurrencer les Japonais, les
Américains, les Allemands, etc. Ces firmes sont au début d'un
long processus d'enrichissement. Si on n'en a pas et si on reste avec des
méthodes artisanales du passé, je ne pense pas qu'on va
s'enrichir collectivement. Alors, il ne faut pas craindre d'avoir le
génie au départ et de s'en servir un peu comme on fait du judo,
pour enrichir le restant de la collectivité et les entreprises
industrielles. Or, on n'est jamais intervenu massivement de ce
côté; on n'a pas eu de programmes qui se sont adressés
à nos firmes de génie-conseil, elles se sont
développées par elles-mêmes. Là, on dit: Est-ce
qu'il y a moyen de leur donner un petit coup de pouce? Ce n'est pas un gros
coup de pouce. Mais est-ce qu'il y a moyen de le faire? La réponse,
c'est: Oui, essayons cela. On verra ce que cela va donner. C'est la philosophie
qui sous-tend ce paragraphe.
Le Président (M. Beaumier): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je suis d'accord avec l'analyse du ministre. Ce qu'il
faut comprendre, c'est qu'au Québec, ces firmes, on les appelle des
firmes de génie-conseil; le terme est un "misnomer". Si on prend une
compagnie comme Lavalin, qui fait de la construction pour des millions et des
millions de dollars en Algérie, ce qui fait en sorte qu'il y a des
dizaines de milliers d'ouvriers québécois qui sont allés
travailler là-bas tout en gardant leur accréditation avec
l'Office de la construction en particulier, c'est que, sous le terme
générique de génie-conseil, ces bureaux qui se
développement - il y en a d'autres, il n'y a pas seulement SNC et
Lavalin, il y en a des dizaines d'autres - ne font pas uniquement... Quand
elles vont à l'étranger, elles ne prennent pas un contrat
uniquement avec des honoraires; très souvent, elles vont exporter de
l'équipement. Il y a eu toutes sortes d'études qui ont
été faites là-dessus. La SDI pourra le confirmer. On dit:
Lorsqu'un bureau de génie-conseil obtient un contrat à
l'étranger, le ratio équipement-honoraires est au minimum de un
et peut aller jusqu'à six. Donc, un bureau de génie-conseil qui
obtient un contrat à l'étranger de 1 000 000 $ est intervenant en
tant qu'acheteur au nom du client ou autrement pour un autre montant de 1 000
000 $ ici, et ce ratio peut aller jusqu'à six. Alors, cela peut aller
jusqu'à 6 000 000 $. Dans d'autres cas, des bureaux plus
sophistiqués, comme SNC et Lavalin, vont faire des contrats clés
en main, où ils vont prendre le risque global d'exporter.
Alors, ce que j'ai compris ici, ce n'est pas tout à fait d'aider
ce qu'on appelle un professionnel au sens que l'on connaît au
Québec. Probablement qu'au Québec les firmes de
génie-conseil se contentent d'honoraires lorsqu'elles travaillent pour
Hydro-Québec ou pour le gouvernement du Québec. Elles ne font que
recevoir des honoraires. Mais ici on parle d'exportation. Lorsqu'elles
exportent, cela dépasse de beaucoup les services tels qu'on les
connaît ou qui sont donnés par des professionnels. On parle
réellement de boîtes d'exportation. Ce sont nos boîtes
d'exportation qui acceptent de prendre des contrats de construction ou des
contrats clés en main qui incluent l'équipement, à
plusieurs égards. Je croyais que c'était le sens. Mais, je pense
que la loi va avoir certaines limitations, comme on l'a défini tout
à l'heure. Comme l'a dit le ministre, c'est peut-être une aide et
si c'est une aide, tant mieux! Parce qu'elles ont démontré
jusqu'à maintenant qu'elles étaient un facteur dynamique de
développement économique. Je pensais que c'était le but en
leur donnant un coup de pouce qui va leur permettre d'aller plus loin que
là où elles sont présentement. C'est comme cela que je le
conçois.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. Est-ce que l'article
12 est adopté tel qu'amendé?
M. Bourbeau: Il y a un autre point, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner des explications sur une entreprise
de soutien au commerce extérieur? Qu'est-ce qu'on entend exactement par
cela?
M. Biron: Oui. Une entreprise qui se spécialiserait dans
l'exportation, dans l'achat et la revente des produits pour l'exportation
et qui aurait besoin de fonds de roulement pour ce faire. Je pense qu'un
consortium d'exportation qui n'est fondé que dans le but de faire de
l'exportation... On en a quelques-uns qui sont déjà
formés.
M. Bourbeau: Encore là, en pratique, vous avez...
M. Biron: Je veux juste vous donner un exemple comme Forexport,
qui est un consortium de sept ou huit entreprises dans le domaine du bois, pour
faire une vente ou des ventes communes à l'extérieur, Forexport
serait admissible à même son capital-actions à faire appel
aux placements d'une SPEQ.
Le Président (M. Beaumier): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 12?
M. Fortier: Sur la remarque que vient de faire le ministre sur
Forexport, les actionnaires de Forexport sont de grandes compagnies de bois de
sciage. Dans le cas où il y aurait six ou sept très grosses
compagnies de bois de sciage qui se mettraient ensemble pour former Forexport,
est-ce qu'à ce moment-là, comme compagnies associées,
elles seraient obligées de considérer les actifs de toutes les
compagnies associées?
Une voix: Non, parce que personne ne contrôle.
M. Fortier: Personne ne contrôle. Alors, vous prendriez les
actifs uniquement...
Une voix: De Forexport.
M. Fortier: De cette boîte d'exportation, sans égard
aux actifs des grosses compagnies qui sont actionnaires de Forexport.
Une voix: À moins que Forexport soit
contrôlée par une de ces compagnies. À ce moment-là,
il faudrait prendre des directives de la compagnie qui contrôle.
M. Fortier: Des directives de celle qui exerce le contrôle.
Quand vous dites "contrôle", c'est le contrôle effectif ou à
50 %?
Une voix: C'est 50 % - 50 %. M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Beaumier): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Bourbeau: Sur la question de la faillite éventuelle
d'une société admissible, pour lui permettre, grâce
à la SDI, d'aller au-delà des 50 %, quels sont les
critères?
Est-ce que ce sera laissé au bon jugement de la SDI ou du
ministre?
M. Biron: Au bon jugement de la SDI... Ce n'est pas lorsque
l'entreprise est en faillite, mais lorsqu'un nouvel investissement de la SPEQ
pouvant atteindre 60 % du capital-actions permettrait d'éviter la
faillite. Mais ce sera vraiment par accident. Autrement l'argent de la SPEQ
serait perdu. Elle va peut-être nous demander d'intervenir.
Le Président (M. Beaumier): D'autres interventions? Est-ce
que l'article 12 est adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Beaumier): J'appelle l'article 13. M. le
ministre.
M. Biron: Cela limite à 1 000 000 $ le plafond des
maximums des placements admissibles, 1 000 000 $ pour deux ans. Au bout de deux
ans, le placement n'est plus admissible. Alors, la SPEQ pourrait
réinvestir un autre million. Le REA d'ailleurs doit être
détenu pour deux ans, ou en tout cas avoir le maximum pour deux ans.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel est
le plafond admissible en Ontario aux termes des SBDC? En fait, les
renseignements que nous avons sont que c'est 2 500 000 $ sans limite de temps.
Avez-vous les mêmes informations?
M. Biron: C'est 5 000 000 $.
M. Bourbeau: 5 000 000 $ comme placements admissibles.
M. Marcil: Minimum, 100 000 $.
M. Bourbeau: Est-ce que ce n'est pas limité à 50 %
aussi, dans les...
M. Marcil: Dans les placements qu'ils peuvent faire.
M. Bourbeau: Donc, cela serait de 2 500 000 $.
M. Biron: "Not exceeding 5 000 000 $". Il ne faut pas que cela
excède 5 000 000 $, le placement total d'une SBDC. Alors que, nous,
à chaque deux ans, le 1 000 000 $ est effacé, parce qu'on s'est
fié sur le Régime d'épargne-actions.
M. Bourbeau: Ah bon. Il n'y a pas de limite de temps?
M. Biron: Deux ans.
M. Bourbeau: En Ontario, il n'y a pas
de limite de temps.
M. Biron: Non, c'est 5 000 000 $, le placement maximal qu'une
SBDC peut détenir dans une entreprise.
Le Président (M. Dussault): L'article 13 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault}: Adopté. J'appelle
l'article 14.
M. Biron: C'est une information nécessaire à la
SOI.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 14 est
adopté. J'appelle l'article 15.
M. Bourbeau: Quelle va être la forme de ces relevés?
Est-ce que cela va fonctionner comme des...
M. Biron: Des TP... M. le ministre du Revenu.
Une voix: C'est la même forme que pour les
relevés...
M. Bourbeau: Ah bon!
Le Président (M. Dussault}: L'article 15 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault}: Adopté.
J'appelle...
M. Fortier: M. le Président, si vous voulez m'excuser, je
dois quitter et je m'en excuse. La seule recommandation que je fais instamment
au ministre, c'est à l'article 16, d'ajouter ses bonnes intentions
voulant que dans deux ans, on reverrait toute la réglementation, dans un
an. Je m'excuse.
Réglementation
Le Président (M. Dussault): Au revoir, M. le
député. J'appelle l'article 16.
M. Biron: C'est l'article qui prévoit que le gouvernement
peut faire des règlements pour déterminer les qualités
requises de toute société qui demande un enregistrement, les
conditions qu'elle doit remplir et les renseignements qu'elle doit fournir,
déterminer la forme des rapports qu'une société doit
fournir, les renseignements qui devront y être, déterminer ce qui
constitue l'actif d'une corporation et l'avoir net de ses actionnaires et
l'avoir net d'une corporation associée, déterminer les secteurs
d'activité dans lesquels doit oeuvrer une corporation, définir
les expressions "corporation a capital de risque", "corporation
associée" et "lien de dépendance" - c'est un peu ce qu'on a
regardé, d'ailleurs, ce matin - déterminer les conditions et la
durée de détention d'un placement admissible et prévoir
des pénalités et leurs modalités de perception et,
finalement, déterminer des tarifs de droits et honoraires payables
à la Société de développement industriel du
Québec à l'occasion de tout acte qu'elle pose en vertu de la loi,
si on est obligé de faire faire des contrats notariés et ainsi de
suite.
M. Bourbeau: M. le Président, on se retrouve devant un
article de loi typique dans un régime de gouvernement technocratique,
où on dit dans la loi: "Le gouvernement peut"... et après cela,
tout se retrouve dans la réglementation. La réglementation,
évidemment, peut être changée à toutes les semaines
et sans, la plupart du temps, qu'elle subisse l'épreuve du tamisage des
commissions parlementaires et des critiques de l'Opposition.
Vous savez que de plus en plus de gens trouvent qu'on est trop
réglementé et tout ce que je peux constater ici, c'est que les
pouvoirs de réglementation sont encore très importants,
très étendus. Finalement, il n'y a rien dans la loi qui permette
de faire en sorte qu'on puisse contrôler, par la loi, ce qui va se
passer. Tout est dans les réglementations et, tout à l'heure, on
en a parlé un peu.
Je me suis arrêté sur deux ou trois points, le
génie-conseil et des choses comme cela, non pas que je voulais
nécessairement m'opposer, mais pour indiquer que c'est très large
et, finalement, très peu sujet au contrôle des élus.
J'ai, quant à moi, des hésitations à consentir
à un texte aussi vague, bien que ce soit, semble-t-il, la marque de
commerce du gouvernement. Pardon?
Une voix:...
M. Bourbeau: Voyez-vous, les matières couvertes par cela,
ce sont les conditions d'enregistrement, la détermination de l'actif,
tout d'abord, des actionnaires, y compris celui d'une corporation
privée, enfin, tout ce qui est là. Finalement, quand on lit la
loi, on ne sait absolument rien. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé. Si
le ministre ne nous avait pas donné, ce matin, la réglementation,
une de mes premières questions était: Quelle est l'essence de
l'expression corporation à capital de risque? Ce sera ce que le
gouvernement veut bien que ce soit et cela pourrait même être
à l'encontre du bon sens. Il s'agit que le gouvernement dise, dans un
règlement, que le capital de risque, c'est
une société qui fait telle chose, même si ce n'est
pas nécessairement du capital de risque, cela en devient pour les fins
du règlement.
J'aurais aimé, quant à moi, qu'on soit un peu plus
spécifique dans le projet de loi et qu'on fasse l'effort de tenter de
préciser, dans ce projet, plusieurs des choses qui sont dans le
règlement. Pour quelle raison n'est-ce pas fait? Est-ce que c'est pour
des raisons philosophiques ou parce que, finalement, le ministre n'a pas eu le
temps de les mettre dans le projet de loi?
M. Biron: Non, M. le Président, ce n'est certainement pas
pour des raisons philosophiques, ni parce que je n'ai pas eu le temps de les
mettre dans le projet de loi, surtout dans une loi de cette nature qui tranche
un peu dans le nouveau; c'est que je crois que c'est plus flexible d'agir
ainsi. Cela nous permet de nous ajuster en cours de route s'il y a certaines
erreurs. C'est un projet qui est en pleine évolution et qui nous
permettra, je pense, au cours des prochaines années, de nous
réajuster à la mentalité et aux besoins des industriels ou
des entreprises québécoises tandis que le fait de nous permettre
des règlements... D'ailleurs, j'ai été très ouvert.
Même si les règlements ne sont pas adoptés, j'en ai
donné des copies aux honorables membres de la commission parlementaire.
S'il y a des choses à changer dans la réglementation, je suis
encore prêt à écouter les recommandations qui me seront
faites.
M. Bourbeau: Une des raisons pour laquelle j'ai fait ces
remarques, c'est qu'il s'agit ici, en fait, d'une loi fiscale et il me semble
qu'en matière de loi fiscale il faut être un peu plus
précis, si je peux dire, que dans une loi ordinaire, la fiscalité
ayant des exigences beaucoup plus fortes qu'une autre loi. On sait - et j'en ai
parlé ce matin -comment les fiscalistes sont astucieux et
réussissent continuellement à contourner la loi. Il me semble que
cela aurait été plus normal de préciser, dans la loi
elle-même, plusieurs des choses qui sont actuellement dans la
réglementation.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Bourbeau: Avec une certaine réserve, M. le
Président.
Dispositions finales
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est
adopté.
Article 17?
M. Bourbeau: L'article 17, c'est un mal nécessaire, je
pense bien.
M. Biron: Cela dit que le ministre de l'Industrie et du Commerce
est chargé de l'application de la présente loi et on a même
tenu à spécifier que ce serait le même ministre au cours
des quatre prochaines années.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre veut faire un amendement dans
ce sens?
Le Président (M. Dussault): L'article 17 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 18?
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 18 est-il
adopté? Ce n'est généralement pas très
débattu.
L'article 18 est adopté.
Article 19?
M. Biron: C'est l'entrée en vigueur de la loi.
Le Président (M. Dussault): L'article 19 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que les
titres des chapitres sont adoptés?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
titre de la loi est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Il reste donc à adopter
l'ensemble du projet de loi.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi 56, Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise québécoise
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Cela met fin à nos travaux selon le mandat que nous avions. Nous
ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 20)