Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mercredi 15 septembre 2021
-
Vol. 45 N° 118
Étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
bonjour à tous et à toutes. Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail
ouverte. La commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de
sécurité au travail.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Bélanger (Orford) est remplacé par Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré); Mme Boutin (Jean-Talon), par Mme Picard
(Soulanges); Mme Chassé (Châteauguay), par M. Reid (Beauharnois); Mme
Rotiroti…
Le Président (M. Tremblay) : …Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail. M.
le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Bélanger (Orford) est remplacé par Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré); Mme Boutin (Jean-Talon), par Mme Picard
(Soulanges); Mme Chassé (Châteauguay), par M. Reid (Beauharnois); Mme
Rotiroti, par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); Mme Richard (Duplessis) est
remplacée par M. Gaudreault (Jonquière).
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Par ailleurs, je comprends qu'il y a consentement afin que nous
puissions procéder par appel nominal à toutes les mises aux voix au cours de la
présente séance. Il y a consentement? Parfait. Nous poursuivons, ce matin, avec
le sujet 5, prévention; 5.2, soutien au milieu de travail; 5.2.4, financement
d'organismes et attestation de formation. Et, lors de l'ajournement des travaux
hier, la commission en était à l'étude de l'article 207 tel qu'amendé. Alors,
on m'a signifié qu'il y avait une demande de suspension, je demanderai de
suspendre les travaux, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 8)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, on reprend nos travaux avec l'article 207 tel qu'amendé. La parole est
au député d'Hochelaga-Maisonneuve pour la présentation d'un amendement.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Je me permets de vous saluer. C'est la première fois, je pense, que
vous présidez notre projet de loi.
Le Président (M. Tremblay) :
Oui, avec plaisir, je crois.
M. Leduc : Bienvenue,
bienvenue.
Le Président (M. Tremblay) :
Deuxième fois? Bon.
M. Leduc : Deuxième fois déjà?
Bon.
Le Président (M. Tremblay) :
Encore davantage de plaisir.
M. Leduc : Oui, c'est ça.
Rebienvenue, alors. Alors, ça va comme suit : Article 207 :
Insérer, après le paragraphe 1° de
l'article 207 du projet de loi, les paragraphes suivants :
«1.0.1 par l'insertion, après le
paragraphe 1°, du paragraphe suivant :
«1.1° informer et renseigner les
travailleurs et les employeurs sur leurs droits et leurs obligations prévus à
la présente loi;
«1.0.2° par l'insertion, à la fin du
paragraphe 3°, de :
«incluant ces mesures de soutien pour les
travailleurs non représentés par une association accréditée.».
En gros, M. le Président, hier, avant de
fermer, j'ai soumis au ministre que j'avais quatre sujets que je voulais
traiter dans cet article-là. On a eu des échanges, et là on réussit à en... je
dirais, à en régler deux avec cet amendement-là. Le premier est la question du
devoir d'information, et la seconde, c'est les mesures de soutien. Alors, ça me
réjouit, je pense que c'est une bonne nouvelle. C'est des suggestions, là,
qu'on avait reçues de la part de différentes personnes, des professeurs de
droit, notamment, entre autres à l'UQAM, avec qui on collabore, avec qui on a
regardé, là, dans... plus attentivement les mémoires qu'ils avaient... qu'elles
avaient, je devrais dire «elles»...
M. Leduc : …et la seconde,
c'est les mesures de soutien. Alors, ça me réjouit. Je pense que c'est une
bonne nouvelle. C'est des suggestions, là, qu'on avait reçues de la part de
différentes personnes, des professeurs de droit notamment, entre autres, à
l'UQAM, avec qui on collabore, avec qui on a regardé, là, dans… plus
attentivement les mémoires qu'ils avaient, je devrais dire «elle», c'est beaucoup
des femmes, qu'elles avaient déposées au tout début, là, de cette aventure du
p.l. n° 59, il y a presque un an de cela. Et voilà. Donc, il y a un
volet qui est le devoir d'information, c'est le premier paragraphe qu'on
rajoute, le 1.1, parce que la CSST, contrairement à la CNT, l'ancienne
Commission des normes du travail, n'avait pas nécessairement un devoir
d'information auprès des non-salariés. C'était dans un environnement presque à
100 % qu'elle évoluait. Cette culture-là n'était pas particulièrement
développée. Alors, on voulait s'assurer, en rajoutant cette référence-là, que
se développe donc cette culture à la CNESST, maintenant, d'aller vers les
travailleurs et les employeurs aussi, bien sûr, mais pour les informer, pour
les renseigner sur leurs droits, sur leurs obligations. Ce n'est pas quelque
chose qui est nécessairement inné. On n'est pas en train de dire qu'il n'y
avait absolument rien qui se faisait à la CNESST, mais là on voulait, tant qu'à
rouvrir la loi, tant qu'à avoir les fonctions de la commission d'ouvertes
devant nous, venir rajouter ça pour que ça soit vraiment clair, ce que ce soit
vraiment précis que ça devienne un objectif, que ça devienne une fonction de la
commission, d'informer et renseigner le travailleur.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Boulet : Bien, écoutez, oui
on a pris connaissance du projet d'amendement. On en a discuté effectivement,
M. le Président, puis ce que je comprends, c'est que la CNESST aura à informer
les partis pas seulement les travailleurs, les employeurs parce que c'est un
régime qui doit tenir compte d'une réalité un peu articulée autour des
travailleurs et des employeurs et s'assurer que les informations pertinentes
liées à l'exercice de sa mission soient bien respectées. Donc, moi, je prends
acte du projet d'amendement puis on va se comporter en conséquence.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Le deuxième
sujet, c'était les mesures de soutien. Bon, c'est une chose d'informer les
travailleurs et travailleuses, en particulier les non-syndiqués, c'en est une
autre de les soutenir. En effet, la Commission des normes du travail avait
cette fonction, et l'a toujours à travers la CNESST, de soutenir les
travailleurs, de les accompagner dans l'exercice de leurs droits. Là on ouvre toutes
sortes de nouveaux droits, toutes sortes de nouvelles fonctions en prévention
du travail, c'est une bonne chose, mais comment ça va s'appliquer, comment la
CNESST va accompagner le travailleur ou la travailleuse là-dedans? C'était un
peu flou à notre avis, d'où l'insertion du deuxième paragraphe au
paragraphe 3 de… voyons, de l'article du ministre, de l'article du projet
de loi du ministre qui disait… qui dit, pardon : «incluant des mesures de
soutien pour les travailleurs non représentés par une association…
M. Leduc : ...la travailleuse
là-dedans, c'était un peu flou, à notre avis, d'où l'insertion du deuxième
paragraphe au paragraphe 3° de l'article du ministre, de l'article du projet de
loi du ministre, qui dit : «Incluant des mesures de soutien pour les
travailleurs non représentés par une association accréditée», évidemment, on
parle ici d'un non-syndiqué, qui sont vraiment les parents pauvres, là, à peu
près dans tous les domaines du droit du travail. N'étant pas syndiqués, ils ont
difficilement accès à une représentation, ils ont difficilement accès à
l'information, ça, on venait de le régler, mais, les mesures de soutien, on
n'est pas allé dans tous les fins détails, mais on voulait quand même que ça
soit précisé, mesures de soutien, pour que la CNESST, encore une fois, ait
cette fonction pas seulement d'informer, mais d'accompagner, de soutenir les
travailleurs non syndiqués dans l'exercice de leurs droits. Ça nous
apparaissait un incontournable d'une réforme, d'une vraie réforme de santé-sécurité,
et je suis content de voir que le ministre est ouvert à cette modification.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le ministre.
M. Boulet : Bien, oui, tout à
fait, mais je comprends bien l'objectif. Mais c'est important pour moi de
préciser que ce n'est pas un encadrement, ce n'est pas une représentation. La
CNESST ne représente pas une partie, elle soutient les parties, elle leur donne
l'information, elle leur permet de respecter les droits et obligations prévus
dans la loi, mais il faut simplement éviter la confusion, c'est la raison pour
laquelle ce n'est pas le mot «représentation», mais c'est véritablement du
soutien. Merci.
M. Leduc : Bien, il est
entendu que j'aurais préféré avoir du soutien, là, que ça soit vraiment
l'approche plus complète, comme celle qu'il y a à la CNT, mais, bon, il faut
discuter, dans la vie, il faut trouver des compromis. Là, on avait celui-là, de
mesures de soutien, il n'y avait pas la partie d'encadrement, ça viendra
peut-être dans une autre législature, on verra bien, mais au moins on a la
mesure de soutien qui est sur la table, là, puis qui est une avancée, à mon
avis, importante.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions sur l'amendement? M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci, M.
le Président. Merci de présider. Bienvenue dans cette commission très
importante. Je voudrais en profiter pour saluer également les manifestants qui
étaient présents devant le parlement ce matin, des représentants de plusieurs
corps syndicaux, je ne veux pas commencer à les nommer parce que je vais en
oublier, là, mais il y en avait vraiment beaucoup qui étaient présents. Et je
pense que leur manifestation démontre l'importance du travail que l'on fait
mais également le fait qu'aucun recul n'est acceptable sur la santé et
sécurité, la prévention, en matière de santé et sécurité au travail.
Évidemment, on est là pour améliorer et bonifier la loi, je pense qu'on l'a
fait beaucoup et largement, puis on va continuer de le faire. Mais les
syndiqués qui étaient présents ce matin comprennent très bien ce travail, mais
évidemment ils refusent tout recul là-dessus, alors on en sera les gardiens,
certainement, de ce côté-ci.
Maintenant, sur l'amendement comme tel,
moi, je suis favorable, là, à cet amendement...
M. Gaudreault : …mais les
syndiqués qui étaient présents ce matin comprennent très bien ce travail, mais,
évidemment, ils refusent tout recul là-dessus. Alors, on en sera les gardiens,
certainement, de ce côté-ci.
Maintenant, sur l'amendement comme tel,
moi, je suis favorable, là, à cet amendement, donc… on ne peut pas être contre
d'informer, de renseigner les travailleurs, les employeurs sur leurs droits et
leurs obligations, je pense que c'est intéressant de le nommer.
Et, effectivement, des mesures de soutien…
On sait à quel point les travailleurs non représentés par une association
accréditée peuvent être vulnérables dans des milieux de travail parfois qui
sont difficiles, qui sont à risque de problèmes de santé et sécurité. Et moi,
j'ai toujours plaidé pour que la CNESST se positionne non pas juste comme une
instance étatique, gouvernementale, un peu au-dessus de tout le monde, qui gère
les indemnités, bon, mais je le vois aussi, moi, comme une institution qui doit
faire en sorte que les travailleurs soient de plus en plus autonomes, comme
travailleurs, mais aussi par rapport à leur santé et sécurité au travail.
Donc, c'est dans cet esprit-là que, quand
on dit «des mesures de soutien», bien, ça vient… Moi, je veux le voir dans un
esprit où on donne plus de moyens aux travailleurs non représentés par une
association accréditée pour s'affirmer davantage dans un contexte de relation
patron-employés, mais aussi pour être plus autonomes pour faire plus de
démarches, là, pour prendre en charge leur propre santé et sécurité au travail.
Alors, moi, c'est dans cet esprit-là que je le vois, puis, évidemment, je vais
appuyer cet amendement. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (12 h 20) •
M. Leduc : Oui. Je veux
également saluer les manifestants qui étaient là ce matin, là. On a eu
l'occasion d'échanger longuement ce matin avec eux. Et je veux surtout saluer
leur courage de se présenter sous la pluie, au froid, pour défendre leurs
convictions. C'est super.
Je voulais juste rajouter, en fait, tant
qu'à être dans l'amendement… Je vous avais mentionné que j'avais cinq sujets
que je voulais traiter. Il y en a un troisième qui ne se retrouve pas dans l'amendement,
mais je voulais qu'on ait la discussion, M. le ministre et moi, parce qu'il n'y
avait peut-être pas besoin de faire un amendement, c'est ce qu'il m'avait
indiqué, puis on pourrait juste le clarifier, là, avant de voter celui-là, à
savoir la possibilité de faire des aides financières pour des associations
représentant des salariés non syndiqués. J'ai cru comprendre que c'était déjà
couvert par l'article 207 du projet de loi. Est-ce que le ministre pourrait
m'indiquer où exactement c'est le cas?
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui, merci. Donc,
c'est le paragraphe 15° qui prévoit la possibilité d'accorder une aide
financière à une association ou à un organisme pour un projet qui vise la
formation ou l'information en matière de santé et sécurité du travail. Voilà.
C'est prévu…
M. Boulet : …qui prévoit
la possibilité d'accorder une aide financière à une association ou à un
organisme pour un projet qui vise la formation ou l'information en matière de
santé et sécurité du travail. Voilà, c'est prévu clairement dans ce paragraphe.
M. Leduc : Est-ce que…
Puis ça, c'est un nouveau paragraphe, ce n'est pas quelque chose qui existe déjà.
Il n'y a pas de référence à du financement comme ça dans la loi actuelle.
M. Boulet :
Effectivement.
M. Leduc : O.K. Puis
est-ce que, par exemple, pour concrétiser, là, ce que ça peut vouloir dire… tu
sais, il y a quand même plusieurs groupes que j'ai en tête, là, qui évoluent
avec des non syndiqués, par exemple, Au bas de l'échelle, ou en Mauricie, il y
a CANOS, c, a, n, o, s, il y a le CIAFT, c, i, a, f, t, qu'on a entendus ici, il
y a le CTI, Centre des travailleurs immigrants. Est-ce que c'est des exemples
de groupes qui pourraient, j'utilise bien sûr le conditionnel, là, qui
pourraient obtenir une telle subvention, tel que précisé au paragraphe 15?
M. Boulet : Excusez…
M. Leduc : Je faisais la
liste des groupes, des groupes, par exemple, là, sans vouloir garantir qu'ils
vont recevoir un financement, toujours bien qu'il va falloir qu'ils déposent un
projet. Mais pour concrétiser ce que vous venez de me dire, là, que c'est avec
15 qu'on se donne la possibilité de faire du financement à des groupes, je
donnais quelques exemples, là. Par exemple, Au bas de l'échelle, que vous
connaissez, dans votre région de Mauricie, il y a CANOS, le CIAFT, le CTI, le
Centre des travailleurs immigrants.
M. Boulet : Oui, tout à
fait. L'important, c'est de respecter la condition, là, pourvu qu'ils n'aient
pas reçu d'autres sommes pour une même personne en vertu de notre loi. Donc, ça
vise les organismes auxquels vous faites référence, il n'y a pas de limitation
à cet égard-là.
M. Leduc : Qu'est-ce que
ça veut dire, donc, d'autres sommes pour la même loi pour…
M. Boulet : Bien, c'est
qu'on...
Une voix : …
M. Boulet : Dans la même
période de temps, en vertu de la loi en santé et sécurité, ils n'ont pas reçu
de sommes pour éviter la duplication. C'est la condition qui était prévue… que
c'est de la saine gestion tout simplement.
M. Leduc : Oui. On dirait
que j'ai de la misère à imaginer un cas concret. Avez-vous un exemple?
M. Boulet : Bien, c'est
parce que s'il redemande, pour le même projet de formation, les mêmes montants
d'argent pour la même période de temps, bien, on ne versera pas en double.
C'est simplement ça, là.
M. Leduc : O.K. Ça
m'aurait paru une évidence, là, pas nécessaire de préciser dans la loi mais je
suis mal placé pour vous dire ça, au nombre de choses que j'ai demandé à
préciser.
M. Boulet : Oui. Surtout
avec les appréhensions que parfois vous exprimez à l'égard des employeurs, je
pense que vous comprenez que ça puisse y apparaître ici.
M. Leduc : Il faut un peu
d'autodérision, faire ce métier-là. Vous êtes d'accord avec moi, M. le
ministre?
M. Boulet : Un peu
d'autodérision hein?
M. Leduc : Pour faire le
métier de politicien.
M. Boulet : Ça prend un
certain sens d'autocritique puis de respect de l'opinion opposée, oui.
M. Leduc : Moi, ça
complète pour mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le député. D'autres interventions sur l'amendement? Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix
par appel nominal. On est sur l'article 207 tel qu'amendé. Alors, sur
l'amendement, M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour…
Le Président (M. Tremblay) :
…sur l'amendement? Alors, s'il n'y a d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix par appel nominal. On est sur l'article 207 tel
qu'amendé, alors, sur l'amendement, M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
: M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
: M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid
: Pour.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. L'article 207… excusez. L'amendement est donc adopté. J'ai une
intervention du côté du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : M. le Président, on
vous a fait acheminer deux autres amendements. Je ne sais pas s'ils sont déjà
sur le Greffier. Si c'est le cas, je pourrais en lire un tout de suite.
Le Président (M. Tremblay) :
Je n'ai pas reçu les documents. Ça ne devrait pas être très long.
M. Leduc : Parfait. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, on revient, finalement, sur… 207 est amendé. Parfait, alors on m'indique
que les documents sont sur Greffier. On peut poursuivre, oui, on peut
poursuivre avec la lecture des amendements.
M. Leduc : Merveilleux, merci.
Je commence avec le premier. Insérer, après le paragraphe 1° de
l'article 207 du projet de loi, le paragraphe
suivant :
1.0.3° par l'insertion, après le
paragraphe 11°, du suivant:
«11.1° évaluer ou faire évaluer
périodiquement et au minimum aux cinq ans l'implantation des mécanismes de
prévention et de participation (comité de santé et de sécurité, représentant en
santé et en sécurité, agent de liaison) en appliquant, entre autres, une
analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle, incluant la présence
ou non d'une association accréditée;».
Dans le fond, la clé, là… je fais
référence à l'ADS, mais on y reviendra. La clé de cet amendement-là, c'est
surtout le cyclique de cinq ans. Je le sais qu'on a déjà eu des discussions
dans cette commission à savoir que dans les dispositions transitoires, on aura
un article qui va créer un rapport d'application avec différents marqueurs, là,
dans le temps. Je pense qu'on en avait discuté, de deux marqueurs de temps,
mais dont le plus long, je crois, était le cinq ans. C'est une bonne chose, là,
ça me semble, moi, une évident qu'on doit faire ça avec à peu près toutes les
lois qu'on vote ici, mais en tout cas, le plus souvent possible. Mais la
question que je vous soumets aujourd'hui, M. le ministre, n'est pas celle d'une
évaluation aux cinq ans… après cinq ans, pardon, mais bien d'un cycle
d'évaluation aux cinq ans, parce que, oui, le premier à cinq ans, mais qu'après
ça ça ne soit pas la fin des haricots, parce que l'application des nouveaux
mécanismes de prévention vont être particulièrement importants dans les
prochains cinq ans, mais elle va être tout aussi importante dans les cinq
années suivantes, et celles d'après, et celles d'après.
C'est une bataille permanente, la question
de la prévention en santé-sécurité du travail. On ne doit jamais baisser les
bras. Et même si, dans un rapport annuel, la commission pourrait faire des...
pas des évaluations, mais faire quelques commentaires sur la mise en
application post cinq ans…
M. Leduc : ...les suivantes, et
celles d'après, et celles d'après. C'est une bataille permanente, la question
de la prévention en santé-sécurité du travail. On ne doit jamais baisser les
bras. Et même si, dans un rapport annuel, la commission pourrait faire des...
pas des évaluations, mais faire quelques commentaires la mise en application
post cinq ans, ça ne sera jamais la même chose qu'une vraie évaluation en bonne
et due forme aux cinq ans.
C'est quelque chose qui se fait dans
d'autres pays, là. On a fait des recherches. En Europe il y a des enquêtes qui
sont faites, de ce genre-là, sur une base régulière. Il y a des groupes qui ont
déposé des mémoires. J'ai, entre autres, ici, le mémoire de l'équipe SAGE,
s-a-g-e, qui proposait, à leur page 24 et 25, là, de leur mémoire, qu'on
fasse ce genre d'étude périodique d'application d'implantation de nouvelles
mesures. Ça nous semblait important de le débattre aujourd'hui, de le
soumettre, et, évidemment, de préciser que cette évaluation-là, aux cinq ans,
doit se faire... devrait se faire avec le prisme d'analyse qui est l'analyse
différenciée selon les sexes et intersectionnelle, appelée communément l'ADS+.
Voilà.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Boulet : Bien, écoutez, ça
va être assez bref, là. On a vérifié dans le corpus législatif québécois, puis,
ce qu'on avait discuté et, selon moi, convenu, c'est que dans les dispositions
transitoires, on allait prévoir un rapport de mise en application, donc un
bilan au bout de cinq ans. On ne s'engage pas à ce que ce soit périodique par
la suite. On ne veut pas s'engager à ce qu'il y ait des ressources ou des temps
de commissions. Mais le bilan ou le rapport de mise en application sera fait et
déposé après une période de cinq ans de la sanction de la loi.
Et, deuxièmement, l'ADS, ça aussi, on a eu
des discussions puis on a convenu d'un texte où on s'engageait à prendre en
considération la réalité des hommes et des femmes. Et c'est un texte aussi qui
va apparaître dans les dispositions transitoires. L'ADS, l'analyse différenciée
selon les sexes, est une des options, mais ce n'est pas le seul outil qui est
dans le coffre, à disposition des institutions et des organismes pour s'assurer
que, dans l'application ou l'opérationnalisation d'une loi, l'égalité entre les
hommes et les femmes soit totalement respectée. Je vais limiter mes commentaires
à ça. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Quand même, je
veux juste citer un extrait, là, du fameux mémoire dont je faisais référence de
l'équipe SAGE qu'on a reçu, là, page 25... 24-25 du mémoire : «Dans
la perspective d'une réforme majeure, il est impératif que des études soient
menées sur une base régulière pour documenter l'implantation des mécanismes de
prévention et de participation prévus par la LSST ainsi que du mécanisme
parallèle que constituent les mutuelles de prévention. On pourrait s'inspirer,
à cet effet, des études successives ESENER menées en Europe à différents
niveaux. En plus de fournir des indications sur la conformité des mécanismes de
prévention et de leur implantation, ces études pourraient fournir des
informations précieuses sur les leviers et obstacles à l'implantation ou au
maintien des mécanismes, fournissant ainsi des pistes sur l'adéquation et sur
les ressources et les réalités évolutives des entreprises.»
Moi, je trouve ça intéressant, parce qu'on
peut imaginer que...
M. Leduc : …à différents
niveaux. En plus de fournir des indications sur la conformité des mécanismes de
prévention et de leur implantation, ces études pourraient fournir des informations
précieuses sur les leviers et obstacles à l'implantation ou au maintien des mécanismes,
fournissant ainsi des pistes sur l'adéquation et sur les ressources et les
réalités évolutives des entreprises.
Moi, je trouve ça intéressant, parce qu'on
peut imaginer que, là, on fait une grosse réforme de la santé et sécurité. On
peut souhaiter que ça ne soit pas la dernière réforme de santé et sécurité
avant un autre 40 ans. On espère qu'il y aura d'autres personnes qui vont se
repencher sur le sujet. Et les différents rapports cycliques de cinq ans
seraient de merveilleux outils pour des prochaines personnes qui seront assises
dans le siège de mon collègue le ministre, dans le futur, pour faire une
analyse vraiment intéressante de ce qui se fait, ce qui fonctionne, ce qui
fonctionne moins bien, et d'une analyse à jour… qui sont faites, là, soit par
la machine interne du ministère, à la limite par des gens de l'externe. Mais le
fait de le faire aux cinq ans me semblait, à moi, en tout cas, un élément
important sur lequel on devait faire une peo8 aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. D'autres interventions? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Si j'ai bien compris, on peut comprendre qu'on ne veut pas, en
quelque part, menotter la commission par un seul critère qui se présente, si
j'ai bien compris, de façon différente dans un secteur ou un autre. On va en
convenir qu'il y a des secteurs où c'est un enjeu assez significatif, où des
données vont être pertinentes et risquent de nous amener à identifier ou
décortiquer des problèmes ou des enjeux particuliers qui ont besoin d'être
remédiés en quelque part. Alors, est-ce que le ministre peut nous assurer qu'il
y a, en quelque part, un mécanisme moins que juste, bon, discrétionnaire afin
de nous assurer qu'il y aurait un suivi là où même le ministre identifierait un
enjeu réel?
M. Boulet : Je peux vous
l'assurer. D'ailleurs, dans la mise en application de cette réforme-là, il y
aura des données qui seront accumulées, des statistiques qui seront tenues, de
manière à s'assurer que le droit fondamental, qui est d'ailleurs reconnu dans
la Charte des droits et libertés de la personne, qui a un statut de
prépondérance dans le corpus législatif québécois, soit totalement respecté.
Puis, dans le rapport de mise en application, bien sûr, dans la mesure où il y
a une obligation légale de prendre en considération l'égalité des hommes et des
femmes, ce sera fait, et je vous l'assure.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement? M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (12 h 30) •
M. Leduc : Oui, bien,
peut-être une petite dernière. Je suis toujours un peu intrigué par l'argument
voulant qu'il faut maintenir une forme de cohérence du corpus législatif et que
ça n'existe pas ailleurs, cette idée-là, d'une révision cyclique aux cinq ans,
parce que, mettons, même à l'idée de faire une évaluation après cinq ans, il a
bien fallu que ça commence une fois en quelque part. Il a bien fallu qu'une loi
donnée dise : Aïe! on devrait faire ça, une évaluation aux cinq ans. Il a
bien fallu que quelqu'un ouvre le chemin pour que ça devienne presque une norme
législative. Alors, l'idée de le rajouter aux cinq ans, je comprends que ce
n'est pas une norme…
12 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : …parce que, mettons,
même l'idée de faire une évaluation après cinq ans, il a bien fallu que ça
commence une fois à quelque part, il a bien fallu qu'une loi donnée dise :
Hein, on devrait faire ça, d'évaluer ça aux cinq ans, il a bien fallu que quelqu'un
ouvre le chemin pour que ça devienne presque une norme législative. Alors,
l'idée de le rajouter aux cinq ans, je comprends que ce n'est pas une norme, en
ce moment, dans l'ensemble des lois, d'accord, mais ça ne devrait pas nous
menotter, nous limiter dans notre réflexion, à savoir si c'est une bonne idée,
bien, on la fait, puis peut-être que ça va ouvrir une nouvelle norme dans les autres
lois que nous adoptons ici, dans cette enceinte. Alors, je vous demande qu'on
ouvre peut-être un peu plus nos perspectives par rapport à ça et qu'on se
permette d'innover et qu'on se permette de définir des nouvelles normes, de
toute façon, c'est ce qu'on fait à la journée longue ici, dans le projet de loi
n° 59, définir des nouvelles normes. Alors, je ne vois pas pourquoi on ne
se permettrait pas d'en définir une nouvelle, à savoir une analyse aux cinq ans
de l'implantation de cette nouvelle-là, de ces nouveaux mécanismes. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? Alors, nous pourrions procéder à la mise aux
voix par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : C'est pour…
Le Président (M. Tremblay) :
C'est pour l'amendement, toujours sur 207.
M. Boulet : C'est contre,
effectivement. Contre.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire
: M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire
: M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire
: Et M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'amendement est donc rejeté. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, une
intervention?
M. Leduc : Merci. J'avais
un dernier amendement au sujet de l'article à l'étude. Il est sûrement déjà sur
Greffier également.
Le Président (M. Tremblay) :
Tous les collègues ont accès au document? Ça va? Alors, on peut procéder à la
lecture.
M. Leduc : Insérer, après
le paragraphe 1° de l'article 207 du projet de loi, le paragraphe
suivant :
1.0.4° par l'insertion, après le
paragraphe 11°, du suivant :
«19° produire et rendre publiques des
données permettant des analyses différenciées selon les sexes et
intersectionnelles, incluant notamment la présence ou non d'une association
accréditée, concernant les fonctions décrites aux paragraphes 1° à 4°, 7° à 9°
et 11°, et demander l'application d'une telle analyse dans le cas des fonctions
prévues aux paragraphes 5° et 6°.».
En gros, M. le Président, c'est le même
enjeu, à savoir l'ADS+. Tantôt, je l'exprimais en lien avec l'analyse cyclique
des cinq ans. Je voulais qu'elle se fasse avec une ADS+. Là, on est dans une
perspective peut-être plus générale, donc produire et rendre public permettant
des analyses différenciées selon le sexe et intersectionnelles. Donc, ce n'est
pas seulement un seul rapport aussi, c'est de manière semi-permanente,
j'oserais dire, d'avoir des données de cette nature-là qui permettent des
analyses, là, d'ADS+. Vous savez que c'est un combat, là, qu'on ramène depuis
le début. Le ministre a déjà annoncé qu'il y aurait des éléments d'analyse...
M. Leduc : …permettant les
analyses différenciées, selon les sexes, intersectionnelles. Donc ce n'est pas
nécessairement un seul rapport aussi, c'est de manière semi-permanente,
j'oserais dire, d'avoir des données de cette nature-là qui permettent des
analyses, là, d'ADS+. Vous savez que c'est un combat, là, qu'on ramène depuis
le début. Le ministre a déjà annoncé qu'il y aurait des éléments d'analyse, pas
différenciée selon les sexes, mais en tout cas, tenant compte de différences
entre les hommes et les femmes, ce n'est pas la même chose, évidemment, c'est
mieux que rien. Mais c'est pour ça que je tenais quand même à déposer
l'amendement ici, pour tenter une dernière fois, peut-être, de rajouter la
référence à l'ADS+ directement dans la LLST.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci. M. le ministre, souhaitiez-vous intervenir?
M. Boulet : Non. J'ai
fait mes commentaires. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? Alors, nous pourrions… M. le député de
D'Arcy-McGee? Alors, nous pourrions procéder à la mise aux voix par appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire
: Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'amendement est donc rejeté. On revient donc sur 207 tel qu'amendé. Des
interventions? Je n'ai pas d'intervention, alors nous pourrions procéder à la
mise aux voix de 207 tel qu'amendé. Par appel nominal, M. le secrétaire, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire
: Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention…
Pour. Désolé.
Le Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) :
…tel qu'amendé, est donc adopté. Nous pourrions, sur le thème Habilitation
réglementaire… Oui. M. le député.
M. Leduc : Avant de
passer au prochain thème, j'aurais peut-être des nouveaux articles à déposer
dans le thème Financement et organisation. Donc, je demanderais peut-être une
courte suspension. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 12 h 36)
(Reprise à 12 h 44)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, voilà, on revient. Très simplement, compte tenu de l'heure, je vous
remercie pour la précieuse collaboration.
Nous allons reprendre les travaux à
15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 2)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
votre attention. Votre attention, chers collègues. La Commission de l'économie
et du travail reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de
sécurité du travail. À la suspension, nous en étions à l'article 207
à amender. La parole, je crois, au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : N'avions-nous pas adopté
207, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay) :
Ah oui! 207 a été adopté. Ceci dit...
M. Leduc : ...un nouvel article.
Le Président (M. Tremblay) :
Oui, vous aviez...
M. Leduc : Toujours dans la
section, là, 5.2.4, Financement des organismes.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
M. Leduc : Alors, je peux y
aller. Il est déposé sur Le Greffier. Logiquement tout le monde...
Le Président (M. Tremblay) :
Tous les collègues ont le déjà?
M. Leduc : L'auraient?
Parfait.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
M. Leduc : Ça va comme
suit : Insérer, après l'article 207 du projet de loi, le
suivant :
207.1 L'article 179 de cette loi est
modifié par l'insertion, après le deuxième alinéa, du suivant :
«Sauf dans un cas prévu par règlement,
l'inspecteur ne doit pas aviser l'employeur avant de se présenter sur un lieu
de travail pour effectuer une inspection. Quiconque annonce une inspection à
l'employeur en contravention du présent alinéa est passible d'une amende...
M. Leduc : ...le
suivant : 207.1. L'article 179 de cette loi modifiée par l'insertion,
après le deuxième alinéa, du suivant :
«Sauf dans un cas prévu par règlement,
l'inspecteur ne doit pas aviser l'employeur avant de se présenter sur un lieu
de travail pour effectuer une inspection. Quiconque annonce une inspection à
l'employeur en contravention du présent alinéa est passible d'une amende prévue
à l'article 236 de la présente loi.».
C'est vraiment très simple à expliquer, M.
le Président. Moi, il m'apparaît complètement antinomique qu'un inspecteur
annonce sa venue dans une inspection. Il me semble que, par définition, un
inspecteur doit, à moins de quelques exceptions, là, qui pourraient être
prévues par règlement, comme on le propose, l'inspection doit être de manière
spontanée, doit être une inspection surprise. Appeler quelqu'un pour
dire : Je m'en viens faire une inspection chez vous, c'est un peu comme
dire à son enfant : Prépare bien ta chambre, là, je m'en viens voir si tu
as rangé tes jouets, tu es mieux d'aller voir direct si sa chambre, c'est bien
rangé ou pas. C'est comme une indication à la personne : Bien là, ramasse,
là, mets la poussière vite, vite sous le tapis, là, on s'en vient voir si tout
est beau. Ça n'a pas de bon sens. Que ça puisse arriver qu'en effet il faille
avertir d'avance notre arrivée si c'est pour inspecter, par exemple, une
machinerie ou un processus qui doit être enclenché pour voir s'il fonctionne
bien, ça, il y a des cas qu'on peut prévoir.
Mais que la culture que je comprends est
la culture actuelle de la CNESST, c'est de prévenir le plus souvent possible
d'avance avant une visite, moi, je pense que ça n'a pas de sens. Je pense qu'on
a l'occasion, donc, avec le projet de loi n° 59 de renverser cette
culture-là, d'envoyer un autre signal de culture différente. Et on y propose à
travers un nouvel article qui serait le 207.1. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le ministre, soutiez-vous intervenir?
M. Boulet : Bien, écoutez,
pour moi, c'est une règle fondamentale de civilité. Quand on fait une enquête,
quand on fait une inspection, on avise. C'est exceptionnel qu'il ne peut ou
qu'il ne doit pas. Puis c'est déjà bien encadré dans la loi, parce qu'à 179 il
a, comme vous savez, les pouvoirs d'un commissaire d'enquête puis il peut, dans
l'exercice de ses fonctions, pénétrer à toute heure raisonnable. Et on dit, à
181, qu'à son arrivée il doit, avant d'entreprendre une enquête, prendre les
mesures raisonnables pour aviser l'employeur, l'association accréditée pour le
représentant à la prévention sur un chantier de construction, et en avise le
maître d'oeuvre et le représentant à la prévention. Là, vous inversez ça. Au
lieu d'être ce qui est prévu dans la loi, la règle, c'est qu'il avise, puis
c'est normal. Puis, tu sais, quand on va à son rôle, c'est d'aider, c'est
d'accompagner, c'est de faire des prélèvements, c'est de faire des essais,
c'est de demander des documents...
M. Boulet : ...au lieu
d'être... Ce qui est prévu dans la loi, la règle, c'est qu'il avise, puis c'est
normal. Puis, tu sais, quand on va à son rôle, c'est d'aider, c'est
d'accompagner, c'est de faire des prélèvements, c'est d'enquêter, c'est de
faire des essais, c'est de demander des documents, c'est d'installer... Et
c'est se faire accompagner. Comment tu te fais accompagner si tu arrives à
l'improviste, sans aviser?
Alors, pour moi, ça m'apparaît une règle
claire. Il avise les parties puis il s'assure que son enquête est en bonne et due
forme. Sinon, il n'avisera pas puis il va attendre dans la salle d'attente, ou
il va être contraint d'attendre une heure ou deux avant de pouvoir faire ce
qu'il peut ou doit faire. Donc, pour ces raisons, nous ne sommes pas à l'aise
avec le projet d'amendement soumis, avec respect, là, parce que mon collègue de
Québec solidaire connaît les façons de faire, puis s'il y a quelqu'un qui a une
connaissance pratique du terrain, c'est bien lui. C'est pour ça que je respecte
son point de vue. Je sais qu'il connaît le mien, puis il est exprimé maintenant.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions? M. le député.
M. Leduc : Merci. Bien, c'est
sûr que je ne suis pas nécessairement d'accord au fait qu'on oppose ce concept,
donc, d'une visite, qui devrait normalement être une visite surprise, en tout
cas, non annoncée, avec le projet d'accompagnement. Pour moi, ce n'est pas deux
choses contradictoires. On peut très bien normaliser, maintenant, des visites
non annoncées...
Oui, beau veston, M. le ministre.
M. Boulet : Je me suis toujours
demandé pourquoi...
M. Leduc : Pourquoi on portait
un veston?
M. Boulet : ...c'était
essentiel, essentiel, oui. Mais je le comprends maintenant.
M. Leduc : On peut se poser la
question pour les cotons ouatés aussi, mais...
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : On peut se poser la
question pour les cotons ouatés aussi, mais ça, c'est un autre débat.
M. Boulet : Oui, mais il y a
une question de respect...
M. Leduc : Si on revenait sur
le sujet? Vous êtes d'accord avec moi, M. le Président, qu'on revienne sur le
sujet?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. Absolument, oui.
M. Leduc : Faire une visite
non annoncée, une visite surprise, constater plein de lacunes, ça ne ferme pas
la porte à un accompagnement pour la suite, au contraire. Si on fait une visite
non annoncée, on a bien plus de chances d'avoir un portrait réel de la situation,
d'identifier des véritables problèmes, et de procéder à un accompagnement par
la suite.
Moi, ce qui m'inquiète dans la culture de
la visite annoncée, c'est la tentative... pas la tentative, mais la tentation
très forte de vouloir gommer tous les problèmes, écarter... les problèmes,
invisibiliser le plus possible quelques problèmes, et que l'inspection se passe
vite faite, bien faite, merci, il n'y a pas de problème ici... vous continuez
votre chemin. Particulièrement dans des endroits non syndiqués, maintenant, qui
vont être systématiquement couverts par le mécanisme de prévention, où la
liberté de parole n'est pas la même que dans un endroit syndiqué, par
définition.
Je trouve ça important que l'inspecteur
casse cette culture d'appeler, de prévenir avant de visiter, pour être certains
d'avoir le portrait réel de l'endroit qu'il s'en vient inspecter.
M. Boulet : Je comprends, mais
en même temps, moi, je me dis, ce n'est pas un jeu de cachette, puis
l'inspecteur, ce n'est...
M. Leduc : ...syndiqué,
par définition, je trouve ça important que l'inspecteur casse cette culture
d'appeler, de prévenir avant de visiter pour être certain d'avoir le portrait
réel de l'endroit qu'il s'en vient inspecter.
• (15 h 10) •
M. Boulet : ...en même temps,
moi, je me dis, ce n'est pas un jeu de cachette, puis l'inspecteur, ce n'est
pas un espion. Il a des pouvoirs généraux puis des pouvoirs spécifiques, puis
il va enquêter sur une matière qui relève de sa compétence, puis il le fait de
manière transparente et de bonne foi. Je sais ce que vous appréhendez, c'est
qu'en avisant il y en a qui organisent leurs affaires pour éviter de... Mais,
comme il a les pouvoirs d'une commissaire d'enquête, il peut aller au-delà de
ce qu'il voit, il peut demander des livres, il peut demander des documents, il
peut poser des questions. Moi, ça ne m'inquiète pas. À moins que vous me disiez
que systématiquement ils ne le font pas ou ils le font, mais je pense qu'il
faut suivre la règle. Tu sais, par exemple, si c'est un droit de refus, tu
sais, si le représentant à la prévention appelle, bien, il avise tout le monde,
là, tu sais, il n'ira pas seul avec le travailleur qui exerce un droit de
refus, là. Des fois, ce n'est pas le représentant à la prévention qui appelle,
mais il avise au préalable. Puis, même dans l'application des dispositions
antibriseurs de grève, je pense c'est important qu'il y ait un préavis. Puis, encore
une fois, c'est du cas par cas.
Mais, tu sais, ce que la loi dit, dit quand
même qu'il doit prendre les mesures raisonnables pour aviser l'employeur, l'association
accréditée et le représentant à la prévention quand il arrive sur les lieux de
travail. Tu sais, ce n'est pas un gros seuil, là. Ça fait que c'est... Moi, je
ne suis vraiment pas de l'avis que l'inspecteur, la règle, ça serait : Tu
ne dois pas aviser, sauf dans les prévus par règlement de la CNESST. Je pense
qu'on alourdit le système puis on complexifie le travail d'un inspecteur, qui
est pourtant relativement simple, c'est de s'assurer que les lieux de travail
sont conformes puis soient respectueux des dispositions de la loi.
M. Leduc : ...est-ce
qu'il existe des moments actuellement, dans la pratique des inspecteurs de la
CNESST, où on a tendance à ne pas aviser avant de se déplacer?
M. Boulet : Est-ce qu'il
y a des tendances? Je ne sais pas s'il y a des tendances, mais c'est sûr que,
si c'est une urgence, par exemple... puis ça peut varier. Il y a des droits de
refus qui peuvent entre urgents puis des droits de refus qui peuvent ne pas
être urgents. Il y a des violations des dispositions antibriseurs de grève où
les cas peuvent être urgents. Le cas où il y a un danger immédiat, ça peut être
urgent. Je pense que même un règlement, ça serait drôlement compliqué parce que
tu ne peux pas dire : Systématiquement, les droits de refus, tu n'avises
pas, ou : Systématiquement, les dispositions antibriseurs de... Non, c'est
faux. Il faut le faire en prenant les mesures raisonnables. Quand... Puis le
seuil est bas, là, mais je pense qu'il n'y a pas de tendance, c'est vraiment du
cas par cas. Puis je pense que...
M. Boulet : …systématiquement
les droits de refus, tu n'avises pas, ou systématiquement les dispositions
anti… Non, c'est faux. Il faut le faire en prenant les mesures raisonnables
quand tu… puis le seuil est bas, là. Mais je pense qu'il n'y a pas de tendance,
c'est vraiment du cas par cas. Puis je pense que les inspecteurs ont
suffisamment de jugement pour accumuler les faits puis, après ça, se déplacer puis
faire une enquête sans qu'on joue à la cachette.
Le Président (M. Tremblay) :
…M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Moi, je…
Ça me donne quasiment le goût de… le masque, là, de parler plus. Je me permets
de le retirer.
Moi, je… Le ministre vient d'en parler un
petit peu, là, en répondant à la question du député d'Hochelaga-Maisonneuve,
mais, moi, j'aimerais qu'il nous explique, c'est quoi, la procédure actuelle par
rapport aux visites des inspecteurs. Que prévoit le règlement? Parce que, moi,
je veux bien comprendre, là, la situation actuelle, c'est quoi. Et, autrement
dit, la proposition du député d'Hochelaga-Maisonneuve viendrait faire que la
règle, c'est de ne pas aviser, puis l'exception, ça serait d'aviser. Là, moi,
je veux comprendre, la situation actuelle, c'est quoi, comment ça marche. Après
ça, on va pouvoir discuter des bonnes choses.
M. Boulet : Ah! c'est une
bonne question. L'inspecteur, il intervient sur demande, donc c'est une plainte
ou une requête de quelqu'un. Ça peut être une association syndicale ou un
travailleur, ou un employeur. Puis je pense que ce qui encadre bien le sujet
qui est soumis par notre collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est vraiment 179
et 181. Il peut, dans l'exercice de ses fonctions, pénétrer à toute heure
raisonnable du jour ou de la nuit, dans un lieu où sont exercées des activités
dans les domaines visés par la présente loi. Donc, il pourrait le faire sans
aviser. Par exemple, s'il constate qu'il y a une circonstance exceptionnelle ou
une situation d'urgence.
Mais, encore une fois, ce que dit aussi le
deuxième paragraphe, bien, vous les connaissez bien, là, les pouvoirs des
commissaires d'enquêtes, là, c'est prévu, par ailleurs, mais il a accès aux
livres, aux registres, aux dossiers. Bon, puis évidemment il peut demander ces
documents-là. Puis il est contraint de s'identifier, si quelqu'un lui demande,
il doit exhiber son certificat.
Puis, à 181… 180, il y a tous ses
pouvoirs, en plus des pouvoirs généraux. Il y a 181 qui prévoit que, s'il
arrive sur un lieu de travail, il doit, avant d'entreprendre son enquête,
prendre les mesures raisonnables pour aviser x, y et z. Parce qu'il doit
rencontrer, généralement, l'employeur et le travailleur. Si on est dans un
milieu syndiqué, c'est l'employeur et l'association accréditée. Et ça lui
permet de faire une enquête complète, en bonne et due forme, et de savoir…
puis, tu sais, je dirais au collègue de Jonquière, vous le savez, en pratique,
si tu penses, là… tu es représentant syndical parce que c'est l'exemple,
sûrement, que notre collègue a en tête, penses que l'employeur…
M. Boulet : …l'association
accréditée. Et ça lui permet de faire une enquête complète, en bonne et due
forme, et de savoir… puis, tu sais, je dirais au collègue de Jonquière, vous le
savez, en pratique, si tu penses, là, tu es représentant syndical, parce que
c'est l'exemple, sûrement, que notre collègue a en tête, pense que l'employeur
n'a pas donné l'information juste ou a caché une organisation de travail, si on
pense aux dispositions anti-briseurs de grève, il va le dire, puis l'inspecteur
il… tu sais, ça se fait quand même, tu sais, par des êtres humains, puis ça
donne des bons résultats, là. Moi, j'en ai vu en pratique, puis depuis que je
suis ministre, beaucoup des rapports où il y avait violation des dispositions
anti-briseurs de grève, puis je n'ai jamais un syndicat ou un employeur qui m'a
dit : Ils ont camouflé. S'il y a une preuve de camouflage, l'enquêteur va
s'en assurer. Tu sais, ou si vous êtes employeur, collègue de Jonquière, puis
vous dites : Il a camouflé telle information ou il ne vous a pas dit telle
information. Vous allez avoir quelqu'un qui est là, puis vous allez le dire à
l'inspecteur. Puis lui il fait tout son rapport d'intervention, puis s'il y a
matière, il va faire un avis de correction ou il va faire un constat
d'infraction puis… ça se fait… c'est simplement, là, mais en droit
administratif, c'est la méthode classique qui est utilisée et qui est
appliquée. Maintenant, de dire, du jour au lendemain : La règle, c'est que
tu n'avises pas sauf dans les cas. Puis encore une fois, même si on
disait : Les cas de droit de refus, tu dois aviser. C'est faux. Il y a des
droits de refus qui sont urgents puis qui requièrent un déplacement rapide,
puis tu arrives là puis tu informes les parties puis… pour un droit de refus,
d'ailleurs, les articles autour de 30, là, de la loi santé-sécurité prévoient
qu'il doit rencontrer tout le monde, ça fait que…
M. Gaudreault : Parce que moi,
je suis… bien, très sensible à ce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve dit
pour éviter qu'étant avisé, tu sais, ça, c'est comme quand moi je faisais des
partys chez nous quand j'étais au secondaire…
M. Boulet : Pas vous quand
même?
M. Gaudreault : …si je savais…
non, j'allais chez des amis qui faisaient des partys, si mes amis savaient que,
tu sais, son père l'a appelé : Puis je m'en viens. Tu sais, on ramassait
tout dans la maison, puis on écoutait Pavarotti, tu sais, je veux dire, c'était
vraiment… c'était autre chose, là. Donc, c'est un peu la même chose. Si on ne
veut pas que le… tu sais, que l'employeur se mette à écouter Pavarotti avant
l'arrivée de l'inspecteur, moi, je suis très sensible à ce qu'il dit.
M. Boulet : Pas parce que vous
n'aimez pas Pavarotti?
M. Gaudreault : Non, non,
c'est un exemple complètement tiré au hasard. Mais je veux bien comprendre,
O.K. Puis encore une fois, M. le Président, je ne suis pas hors d'ordre, là,
parce que c'est pour comprendre l'amendement du député. L'article 181, il
faut bien le lire. L'article 181 dit : «À son arrivée sur un lieu de
travail, l'inspecteur doit, avant d'entreprendre l'enquête ou l'inspection,
prendre les mesures raisonnables pour aviser l'employeur.» Est-ce que ça veut
dire qu'il arrive une situation où l'inspecteur décide, en vertu de 179, «de
pénétrer à toute heure raisonnable du jour ou de la nuit dans un lieu.» Il y
va, il est à l'entrée de l'usine…
M. Gaudreault :
...l'inspecteur doit, avant d'entreprendre l'enquête ou l'inspection, prendre
les mesures raisonnables pour aviser l'employeur. Est-ce que ça veut dire qu'il
arrive une situation où l'inspecteur décide, en vertu de 179, de pénétrer à
toute heure raisonnable du jour ou de la nuit dans un lieu et y va, il est à
l'entrée de l'usine ou il vient même de mettre pied dans le bureau, je ne sais
pas, dans l'accueil ou dans le vestibule, puis là, il est... donc il est dans
le premier picot... bien, le premier début de phrase de 181, à son arrivée sur
un lieu de travail, il est dans la cour de l'usine, là, il prend son téléphone
puis il appelle l'employeur qui n'a pas le temps de mettre le disque de
Pavarotti? Donc, je me demande si... tu sais, parce que je comprends quand vous
dites : Et il faut quand même, tu sais, fair confiance en l'inspecteur en
vertu des pouvoirs d'enquête qui lui sont conférés, etc. Mais il y a quand même
la possibilité, à 181, de se présenter sur les lieux du travail, à toute heure
raisonnable du jour ou de la nuit, et, rendu sur les lieux du travail, là, il
avise l'inspecteur : Moi, là, regarde, je suis devant ta porte de garage,
ouvre-moi ça, il faut que j'aie voir le droit de refus où je ne sais pas quoi.
Est-ce que je comprends bien?
M. Boulet : Clairement. C'est
très, très, très bien exprimé, vous le dites très bien. Totalement d'accord
avec votre propos.
M. Gaudreault : Ça veut dire
que la loi actuelle, 181, donne la possibilité à l'inspecteur d'aller
directement sans aviser.
• (15 h 20) •
M. Boulet : Oh! oui. Puis ça
m'est arrivé, à quelques reprises, collègue, où des employeurs le déploraient.
Ça arrive. Puis ça arrive que des syndicats le déplorent aussi. Mais ce que
vous énoncez comme scénario, c'est tout à fait possible et c'est compatible
avec le libellé de la loi.
M. Gaudreault : Ça va aller
pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Mon collègue de
Jonquière a raison, là, de nous identifier le 181, je pense. C'est bel et bien
comme ça que la loi est prévue. Mais, dans les faits, moi, la pratique que j'ai
vue, que j'ai entendue, ce que les praticiens me disent, c'est qu'il s'est
installé une culture où on appelle, on avertit systématiquement parce qu'il ne
faut pas se mettre à dos des employeurs, parce qu'il faut être collaboratif,
parce qu'il faut être gentil. Moi, c'est cette culture-là de systématisation
d'appel prévention, j'annonce que j'arrive dans une, deux, trois journées, des
fois une semaine. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Si c'est la norme
maintenant, parce qu'on recherche une forme de bienséance, une forme de
collaboration avec les entreprises, c'est là que je décroche. C'est là que je
pense qu'il faut, au contraire, casser le moule dans l'autre sens puis
dire : La norme, maintenant, c'est de ne pas appeler.
M. Boulet : Vous voyez, hein,
parce qu'on ne pratiquait pas du même côté, la culture de systémisation, là, à
laquelle vous faites référence, c'est une perception, probablement, des
syndicats, alors que, du côté patronal, c'est l'inverse, une culture de...
M. Leduc : …la norme maintenant,
c'est de ne pas appeler.
M. Boulet : Vous voyez, hein, parce
qu'on ne pratiquait du même côté, la culture de systématisation, là, à laquelle
vous faites référence, c'est une perception, probablement, des syndicats, alors
que du côté patronal, c'est l'inverse, une culture de systématisation du
non-avis ou du non-préavis. Ça fait que c'est pour ça que moi, je ne veux pas
m'exprimer là-dedans, je ne veux pas orienter, dire : Vous devez aviser systématiquement
ou vous n'avisez pas systématiquement. Je pense qu'il faut coller à la réalité
des cas, il faut faire confiance au bon jugement des inspecteurs, mais il y a
une règle de civilité, là, puis c'est exprimé à 181. Tu sais, tu prends les
mesures raisonnables pour aviser les personnes qui sont concernées par ton enquête.
Puis, tu sais, tu ne peux pas aller faire une enquête à une heure où il n'y a
pas personne de la partie syndicale ou pas personne de la partie patronale. Tu
sais, il faut tu t'assures que le monde… Tu sais, il y a un but au préavis, là,
aussi, là, c'est s'assurer qu'on puisse faire une enquête qui est complète et,
dans le respect, j'allais dire, d'une règle de justice fondamentale, mais ce
n'est pas le cas, là, mais que tu peux entendre les gens puis questionner les personnes
qui sont concernées par le cas. Alors, j'ai pas mal fait tous mes commentaires,
M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Moi, je n'ai
pas entendu souvent un syndicat se plaindre qu'il n'avait pas été averti avant
le début d'une enquête, j'ai surtout entendu le syndicat se plaindre que le
patron avait été averti de la visite d'un inspecteur et d'une enquête. Donc, de
dire que le syndicat souhaiterait lui aussi se faire aviser d'avance, je pense
que ce n'est pas un exemple particulièrement fondé sur la réalité. Oui, il y a
un enjeu de perception. Je ne le nie pas. Après ça, est-ce qu'à l'intérieur de
la CNESST il y a des directives dans ce sens? Est-ce que la CNESST donne une
directive comme employeur, à ses agents, à ses inspecteurs, de faire d'une, ou
d'une autre manière, ou d'une autre, en ce moment? Est-ce que c'est le cas?
M. Boulet : Non. Non, il n'y a
pas de ce type de directives là. Puis, si directive, il y a, il faut que ça
reprenne les termes de 179 et 181 parce que tu ne peux pas avoir une directive
qui est incompatible avec le libellé de la loi. Merci, M. le Président.
M. Leduc : Oui, mais moi, ce
que je vous dépose, là, ce n'est pas du tout incompatible, là, avec le libellé
de la loi. Vous me l'auriez soulevé si c'était le cas.
M. Boulet : Non, non, mais là
c'est un amendement que vous soumettez.
M. Leduc : Oui, oui, mais mon
amendement n'est pas incompatible avec la loi actuelle. La loi actuelle…
M. Boulet : Non, non, mais
c'est un ajout de la loi actuelle.
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : Bien, c'est pour
ça que c'est un amendement. Tout ce que je vous dis, c'est que… oui, ça serait
incompatible selon moi parce que là vous introduisez une règle, puis c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle vous faites un amendement. La règle,
c'est : Ne doit pas aviser, sauf prévu dans un règlement. C'est tout.
Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
…
M. Leduc : En tout cas, je
vous ai un peu perdu, là, dans votre raisonnement, mais ce que je veux dire,
c'est que, s'il y avait...
M. Boulet : ...ce serait
incompatible, selon moi, parce que là vous introduisez une règle, c'est d'ailleurs
la raison pour laquelle vous faites un amendement. La règle, c'est : ne
doit pas aviser, sauf prévu dans un règlement. C'est tout. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
C'est clair.
M. Leduc : En tout cas, je
vous ai un peu perdu, là, dans votre raisonnement, mais ce que je veux dire,
c'est que, s'il y avait... s'il y a une culture en ce moment... D'accord, elle
n'est peut-être pas normée par un article pointu. Moi, ce que j'entends, c'est
que la culture, c'est celle du préavis systématique, ou du moins d'une manière
très majoritaire. Elle peut être corrigée de deux manières, cette
culture-là : par une directive interne de l'employeur, s'il y a nécessité,
envers ses employés pour dire : Là, lâchez la pédale du préavis, ou elle
peut être changée par un article de loi, comme je le propose. Les deux chemins
sont possibles, ils peuvent être complémentaires d'ailleurs.
C'est un sujet sur lequel, moi, je pense qu'il
y aurait intérêt à démontrer un certain sérieux de législateur, en ce sens
qu'il faudrait se pencher plus en détail sur cette culture-là, quels sont ses
impacts. Est-ce qu'elle a... Est-ce qu'elle mène vraiment à une meilleure
collaboration ou est-ce qu'elle mène à une meilleure façon de cacher les
problèmes? J'ai l'impression que, dans un but recherché de bienséance, de bonne
camaraderie avec une des deux parties fondamentales du paritarisme, qui est la
partie patronale, j'ai l'impression que le bilan, si on faisait une étude
approfondie de cette culture-là, ne serait pas nécessairement très positif.
Alors là, je n'entends pas qu'il y ait un intérêt de faire une analyse plus
approfondie, je n'entends pas qu'il y ait un intérêt de faire une directive à
l'intérieur de la CNESST pour changer cette culture-là. J'ai essayé de la changer
à travers un amendement. Ce n'est pas possible, malheureusement. Mais je suis
néanmoins content d'avoir soulevé l'enjeu ici, à cette commission. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
M. Boulet : Merci, collègue.
Le Président (M. Tremblay) :
D'autres interventions? Alors, nous allons procéder à la mise aux voix. On
parle ici de la proposition d'amendement qui cible à insérer 207.1. Par appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
La proposition d'amendement est rejetée.
Bon. Interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'aurais un nouvel article à proposer, toujours dans le bloc. Ce
serait mon dernier dans ce bloc-ci.
Le Président (M. Tremblay) :
O.K. Est-ce...
M. Leduc : Il est déjà
acheminé au Greffier, je pense qu'il est en ligne.
Le Président (M. Tremblay) :
M. le secrétaire.
M. Leduc : C'est bien le cas?
Le Président (M. Tremblay) :
Est-ce que tous les collègues ont en leur possession le document?
M. Leduc : 212.1.
Le Président (M. Tremblay) :
Nous allons suspendre une petite minute, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
M. Leduc : ...je pense qu'il
est en ligne.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le secrétaire.
M. Leduc : C'est bien le cas.
Le Président (M. Tremblay) : Est-ce
que tous les collègues ont en leur possession le document?
M. Leduc : 212.1.
Le Président (M. Tremblay) :
Nous allons suspendre une petite minute, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous reprenons, et il va y avoir une correction de forme sur la proposition
d'amendement qui vise à insérer, je laisse M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve
préciser, à 207.1, et en faire aussi la lecture. Merci.
M. Leduc : Exactement. Merci,
M. le Président. Donc, petite coquille, là, par rapport au document
électronique que les collègues ont. Donc, c'est bien 207.1, et donc 212.1, mais
tout le reste évidemment est le même. Alors, ça va comme suit :
L'article suivant est ajouté au projet de
loi :
207.1 Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 193, du chapitre suivant :
Chapitre X.1. Bureau de soutien des travailleurs
en prévention.
Section I. Institution et mandat.
193.1. Est institué le Bureau de soutien
des travailleurs en prévention.
193.2 Le bureau a pour mandat de soutenir
le droit à la participation de travailleurs qui ne sont pas représentés par une
association accréditée.
193.3. Le bureau soutient la désignation
et les activités des représentants en santé et en sécurité et d'agents de
liaison pour les travailleurs qui ne sont pas représentés par une association
accréditée.
194.4. Le bureau offre des services
d'information, de formation et d'accompagnement commission en matière de
prévention destinés aux travailleurs qui ne sont pas représentés par une asso9
accrédité.
Section II. Composition et administration.
93.5. Le bureau est administré par un
conseil d'administration composé de cinq membres nommés par le gouvernement
après consultation des associations représentant les droits et intérêts des
travailleurs qui ne sont pas représentés par une association accréditée et des
associations syndicales les plus représentatives.
193.6. Le président du bureau est désigné
par le gouvernement parmi les membres de son conseil d'administration du
bureau. Le gouvernement détermine les rémunérations et les autres conditions de
travail des membres du bureau.
193.7. Le mandat du président du bureau et
celui des autres membres de son conseil d'administration est d'une durée d'au
plus cinq ans et est renouvelable. À l'expiration de leur mandat, les membres
du conseil d'administration demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient
nommés de nouveau ou remplacés.
193.8. toute vacance survenant au cours de
la durée du mandat des membres du conseil d'administration du bureau est
comblée en suivant le mode de nomination du membre à remplacer.
Section III. Conseiller des travailleurs
en prévention.
193.9. Afin de réaliser son mandat, le
bureau emploie des équipes régionales de conseillers de travailleurs en
prévention. Pour réaliser le mandat du bureau, les conseillers de travailleurs
peuvent visiter, au besoin, les lieux de travail. Lorsqu'un employeur refuse ou
fait obstacle à la visite d'un conseiller des travailleurs, le bureau peut
faire appel à un inspecteur de la commission.
193.10. Lorsque la présente loi prévoit
que des travailleurs non représentés par une association accréditée peuvent
désigner un représentant en santé et en sécurité ou un agent de liaison, le
bureau soutient l'organisation que cette désignation des ces derniers. Lorsque
des travailleurs non représentés par une association accréditée procèdent à la
désignation d'un représentant en santé et en sécurité ou d'un agent de liaison,
ils peuvent choisir de…
M. Leduc : ...lorsque la
présente loi prévoit que des travailleurs non représentés par une association
accréditée peuvent désigner un représentant en santé et en sécurité ou un agent
de liaison, le bureau soutient l'organisation que cette désignation de ces
derniers. Lorsque des travailleurs non représentés par une association
accréditée procèdent à la désignation d'un représentant en santé et en sécurité
ou d'un agent de liaison, ils peuvent choisir de désigner un conseiller du
bureau. Dans un tel cas, ces conseillers... ce conseiller assume toutes les
fonctions rattachées à cette désignation et est considéré comme tel aux fins de
la présente loi et des règlements qui en découlent;
«193.11 Un travailleur qui n'est pas
représenté par une association accréditée, un représentant en santé et en
sécurité ou un agent de liaison qui ne sont pas représentés par une association
accréditée peuvent faire appel au bureau pour obtenir de l'information, du
soutien et de la formation;
«Section IV Services d'information, de
formation et d'accompagnement;
«193.12 Le bureau offre des services
d'information et de conseil aux travailleurs qui exercent un droit prévu par la
présente loi, qui envisagent de la faire ou qui ont des questions concernant
cette loi;
«193.13 Le bureau offre des services de
formation aux représentants en santé et en sécurité et aux agents de liaison
qui ne sont pas représentés par une association accréditée;
«193.14 Le bureau offre gratuitement des
services de représentation aux travailleurs dans le cadre d'un litige au
Tribunal administratif du travail relevant de la présente loi (chapitre S-2.1)
ou à des règlements qui en découlent;
Section V Rapports, financement et
informations requises de la réalisation d'un mandat;
«193.15 Le président du bureau doit,
chaque année, transmettre au ministre, à la date que ce dernier détermine, un
rapport des activités du bureau. Ce rapport doit contenir tous les
renseignements exigés par le ministre;
«193.16 Le ministre assure le financement
de dépenses relatives aux activités du bureau. À cette fin, le bureau et le
ministre concluent annuellement une entente, laquelle doit notamment prévoir
l'autorisation des dépenses annuelles du bureau, tenant compte des besoins du
bureau pour la réalisation de l'entièreté de son mandat;
«193.17 La commission embourse le ministre
des sommes qu'il verse en vertu de l'article 193.16 et 193.18. La
commission fournit au bureau les informations requises pour la réalisation de
son mandat.»
Explications, M. le Président. C'est le
pendant d'un article similaire qu'on a déposé il y a de cela plusieurs mois
dans le volet Réparation. Nous visions à ce que se développe d'une manière
assez similaire à ce qu'il y avait dans d'autres provinces, l'Ontario de
mémoire, une organisation qui allait faire de la représentation, de la défense
de droits. C'était quelque chose qui a été amendement-là refusé par le ministre
au moment de le débattre il y a donc plusieurs mois, comme je l'indiquais.
Tantôt on a eu le débat à savoir est-ce
que la commission devrait ou pas faire de la représentation. Le ministre a
écarté cette possibilité-là. Donc, d'où l'idée que ça soit une organisation
différente, alternative, ce qu'on appelle donc ce bureau de représentation, qui
se dédierait, donc aux travailleurs non syndiqués, considérant, bien sûr, que
les travailleurs syndiqués ont accès à un outil de représentation qui est leur
syndicat. Mais les non-syndiqués n'ont pas cet outil-là, parfois peuvent avoir
un petit peu d'accompagnement d'un groupe communautaire, mais ce n'est pas
évident. C'est surtout une goutte d'eau dans l'océan des demandes. Et ils ont
droit à une représentation. Quand on a un problème en matière de normes du
travail...
M. Leduc : ...les non-syndiqués
n'ont pas cet outil-là. Parfois, ils peuvent avoir un petit peu d'accompagnement
d'un groupe communautaire, mais ce n'est pas évident, c'est surtout une goutte
d'eau dans l'océan des demandes, et ils ont droit à une représentation.
Quand on a un problème en matière de normes
du travail, on est accompagnés et représentés par la Commission des normes du
travail quand on se présente au tribunal. Pourquoi n'en est-il pas de même
quand on voudrait, donc, avoir des meilleurs outils de prévention? C'est ce qui
est en question ici. On a déjà fait le débat pour la représentation en matière
de réparation, on ne le refera pas. Mais, en matière de prévention,
d'application de la prévention, il devrait y avoir un même système de
représentation d'accompagnement, et c'est, dans le fond, l'essence de
l'amendement que je dépose aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. M. le ministre, souhaitiez-vous réagir?
M. Boulet : Moi, je vous
demanderais une suspension de quelques minutes et je reviens. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On va suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 45)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je rappelle que nous sommes sur la proposition
d'amendement qui vise à insérer l'article 207.1. C'est une proposition du député
d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre, vous souhaitiez réagir? Sinon, une
intervention?
M. Boulet : Oui, bien, une
brève intervention...
Le Président (M. Tremblay) :
…je rappelle que nous sommes sur la proposition d'amendement qui vise à insérer
l'article 207.1. C'est une proposition du député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
ministre, vous souhaitiez réagir, sinon une intervention?
M. Boulet : Oui, une brève
intervention.
Des voix : …
Le Président (M. Tremblay) :
On va calmer l'atmosphère internationale.
M. Boulet : Bon, est-ce qu'on
peut débuter?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui, M. le ministre. La parole est à vous.
M. Boulet : Donc, simplement,
puis je le dis encore une fois en tout respect pour la proposition d'amendement
soumise par Québec solidaire, mais ce qui est important en matière de
prévention, c'est que les parties se prennent en charge. Puis ça, c'est un
principe qui a été souvent discuté au Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, la prise en charge par les parties. C'est les principaux acteurs
qui connaissent leur milieu de travail, et qui mettent en place les mécanismes,
et qui font ce qu'il faut pour faire de la prévention. Ça ne serait pas utile
mais absolument pas, de créer un bureau de soutien qui serait une autre
structure en parallèle avec ce que la CNESST doit faire. Vous l'avez proposé
comme amendement ce matin, on a rajouté, je pense, c'est à 207, le devoir
d'informer et de renseigner. Puis les ASP ont un devoir de conseil et de
formation. Donc, il y a déjà un écosystème qui permet aux travailleurs non
syndiqués, d'autant plus qu'on a adopté tous ensemble la possibilité de faire
des associations sectorielles paritaires dans des milieux non syndiqués. Donc,
la structure, elle est là en place pour répondre aux besoins des travailleurs
non syndiqués, que je salue.
Puis, encore une fois, c'est une
opportunité, pour moi, de saluer l'UTTAM qui a dû… qui a peut-être contribué à…
comme on en avait discuté dans le volet réparation, mais j'ai beaucoup de
respect pour ceux qui n'ont pas le… non… mais qui ne sont pas dans un
environnement de rapport collectif de travail, parce que ce n'est pas la même
dynamique quand on est dans un contexte individuel, d'où, selon moi, l'avancée
importante qu'on a faite en permettant la création d'associations sectorielles
paritaires dans les milieux qui sont aussi non syndiqués. Puis je sais que
l'UTTAM, puis vous les avez nommés ce matin, Au bas de l'échelle, puis le
CANOS, et autre parce qu'il y en a dans toutes les régions du Québec, assure
bien la défense, la représentation puis l'encadrement des travailleurs non
syndiqués. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
…M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Il y a des chiffres
qui parlent, hein. On se rappellera qu'au Québec on a une société qui est quand
même assez syndiquée, là, par rapport à d'autres sociétés en Amérique du Nord,
à 40 %, mais ça…
M. Boulet : …puis l'encadrement
des travailleurs non syndiqués. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Il y a des chiffres
qui parlent, hein? On se rappellera qu'au Québec on a une société qui est quand
même assez syndique, là, par rapport à d'autres sociétés en Amérique du Nord, à
40 %. Mais ça veut donc dire qu'il y a quand même une majorité de
salariés, 60 %, qui sont non syndiqués. Et quand on prend isolément le
secteur privé, qui est évidemment le plus gros secteur, par rapport au public,
82,5 % du secteur est non-syndiqué. Et le rapport de force, dans un
secteur privé, est toujours plus dur que dans le secteur public. La
syndicalisation, pour en avoir fait, dans le secteur privé, est infiniment plus
difficile que dans le secteur public, en raison de cette question du rapport de
force, en raison de la crainte qu'on a permanente, quand on est dans un milieu
non syndiqué, de se faire renvoyer, de perdre son travail. Et là on instaure toutes
sortes de droits. Il y en a qui existent déjà, les droits de refus, le retrait
préventif. On instaure des nouveaux droits en matière de plan d'action en
prévention. Une bonne chose.
Mais c'est comme si on espérait que, naturellement,
tous ces nouveaux droits là et ceux qui existent déjà s'appliquent, nonobstant
le rapport de force qui est complètement défavorable au travailleur non
syndiqué, et qu'en quelque sorte, j'oserais dire, magiquement, tout ça
fonctionne puis qu'il n'y a pas de problème. Mais si tout fonctionne, d'un point
de vue externe, il ne suffit que de gratter 30 secondes pour constater que,
souvent, c'est que les gens ne connaissent pas leurs droits et, surtout,
n'exercent pas leurs droits, par crainte de représailles, par crainte de perdre
leur travail, parce qu'ils sont précaires, parce qu'ils ne peuvent pas se
permettre de perdre une semaine, une paie pour continuer à survivre.
• (15 h 50) •
Alors, quand on veut aller faire du droit
et rendre vivant ce droit, le rendre effectif, ce droit, il faut se pencher sur
la manière dont on va rendre vivant ce droit-là, et ce ne peut pas être qu'à
travers des beaux articles dans une loi ou dans un projet de loi, ça doit être
aussi à travers les institutions. Chanceux et chanceuse sont ceux et celles qui
ont l'institution syndicale à leur défense, mais pour les 60 % de Québécois
et Québécoises salariés qui n'ont pas la représentation, qu'est-ce qu'il leur
reste? On ne peut pas que se dire : Bien, bonne chance, puis allez lire un
livre de droit avant de vous présenter devant le tribunal ou avant de convoquer
la CNESST. C'est de la pensée magique, ça ne peut pas fonctionner comme ça. Il
faut qu'on ait une manière de les accompagner. Puis plus que les accompagner,
de les aider, de les encadrer. M. le ministre avait raison de dire qu'on a fait
un peu le débat tantôt par rapport à la commission. Moi, je pense que ça aurait
été plus simple de tout faire ça à la commission, mais c'est devant son refus
que je vois contraint d'arriver avec une autre solution, qui est celle, donc,
du bureau, qui, je crois, pourrait être même… qui aurait des avantages à être
indépendant de la commission, cela étant dit. Mais, au final, il faut qu'on ait
un outil de représentation devant le TAT pour les non-syndiqués, autrement, on
les jette carrément en pâture devant les patrons et leurs avocats, devant les
mutuelles de prévention et leurs avocats. Ce n'est pas un système qui favorise
l'égalité, le système du droit du travail, dans son point de vue juridique,
j'entends. Mais ici, on n'a aucun mécanisme pour le tempérer…
M. Leduc : ...indiquer
autrement. On les jette carrément en pâture devant les patrons et leurs
avocats, devant les mutuelles de prévention et leurs avocats. Ce n'est pas un
système qui favorise l'égalité, le système du droit du travail, dans son point
de vue juridique, j'entends. Mais ici, on n'a aucun mécanisme pour tempérer un
tant soit peu. Je pense qu'on échoue collectivement à assurer un vrai droit du
travail pour l'ensemble des salariés au Québec.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Boulet : Non, je comprends,
puis c'est intéressant, en plus, quand on sort la statistique. Oui, c'est à peu
près ça, 80 %, dans le secteur privé, qui ne sont pas syndiqués. Et dans
les secteurs 1 et 2, qui sont actuellement couverts impérativement par des
mécanismes de prévention et de participation, c'est fortement syndiqué, c'est
probablement l'inverse. Dans les secteurs de la foresterie puis des mines,
notamment, il y a des syndicats qui sont extrêmement présents.
Et là maintenant, dans les secteurs 3, 4,
5, 6... 3 partiellement, parce qu'il y avait déjà de la prévention, mais pas de
la participation... tout le monde va être couvert. Donc, on fait vraiment des
pas de géant. Puis je suis fier parce que... de redire qu'on a fait un
amendement, puis à votre suggestion, pour le devoir d'information et de
renseignements de la CNESST, puis que vous ayez aussi contribué à l'adoption
des articles pour des associations sectorielles paritaires, qui vont faire du
service formation, du service-conseil. On a déjà un encadrement qui est
supérieur.
Puis il ne faut pas penser que, dans les
milieux de travail non syndiqués, ça va mal partout. Je pense que ça va bien
dans la majorité des endroits non syndiqués. Et quand je réfère à la prise en
charge par les parties, ça va se faire de façon très collaborative. Tu sais, ce
n'est pas parce qu'il n'y a pas... Puis quand il y a un syndicat, il y a une
convention collective. Quand il n'y a pas de syndicat, on dit : Il y a un
faisceau de conventions individuelles, mais il y a aussi généralement des
manuels de conditions de travail. Puis ça va aussi bien, là. Moi, je pense
qu'en matière de prévention les parties vont se prendre en main. On leur donne
les outils.
Puis les inspecteurs... Il ne faut jamais
oublier le rôle des inspecteurs, qui sont là à la demande de n'importe qui.
Même si c'est un travailleur non syndiqué, l'inspecteur va être là puis il va
s'assurer qu'il y ait des avis de correction, le cas échéant, ou des rapports
d'intervention, ou des constats d'infraction. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Leduc : Je veux faire une
correction quand même importante. Quand M. le ministre dit... Dans un contexte
non syndiqué, il fait une profession de foi, il dit : Les parties vont se
prendre en main. Bien, je suis désolé, mais dans un contexte non syndiqué, il
n'y a pas une partie qui représente les travailleurs ou les salariés. Il y a
autant de parties qu'il y a de salariés, par définition. Dans une boîte avec 50
salariés, il y a 50 parties.
M. Boulet : Bien, je l'ai dit,
c'est dans le contexte de rapports individuels, mais les parties sont là. S'il
y a deux travailleurs, s'il y a un employeur, puis deux parties travailleurs...
Mais c'est sûr que ce n'est pas... On n'est pas dans un contexte de rapports
collectifs. Je connais bien la distinction, là, ce n'est pas... il n'y a pas de
monopole de représentation, c'est chaque personne qui peut demander...
M. Boulet : ...sont là, s'il y
a deux travailleurs, s'il y a un employeur puis deux parties travailleurs. Mais
c'est sûr que ce n'est pas... On n'est pas dans un contexte de rapport
collectif. Je connais bien la distinction, là. Ce n'est pas... Il n'y a pas de
monopole de représentation, c'est chaque personne qui peut demander
l'intervention de l'inspecteur. Puis, même dans un milieu syndiqué, le syndicat
peut le faire, comme n'importe quel travailleur syndiqué pourrait demander l'intervention
d'un inspecteur.
M. Leduc : Il y a quand même
une contradiction, je trouve, dans notre droit, puis c'était, si je me rappelle
bien mes cours à l'université, Me Dalia Gesualdi-Fecteau, qui est professeure à
l'UQAM, qui parlait de la conséquence ou les conséquences de la division du
droit du travail, parce qu'on le sait, qu'au fédéral c'est tout rassemblé,
hein? Santé et sécurité, normes, Code du travail, c'est tout rassemblé dans une
seule loi. Il y a une cohérence assez grande, Code canadien du travail. Au
niveau du Québec, c'est dans plein de lois différentes, et ça provoque des
contradictions. Puis je pense qu'une des plus fortes, c'est celle-là. C'est
que, quand on a un problème en termes de normes du travail puis qu'on est non syndiqués,
une agence de l'État, une institution qui s'appelle la Commission des normes du
travail, qui est maintenant intégrée à la CNESST, va vous représenter au
tribunal. Ça va être votre avocate. Elle va venir vous aider, elle va prendre
votre défense. Mais, face à un même employeur, si vous avez un problème en
santé et sécurité, que ce soit en prévention ou en réparation, vous êtes seuls.
Cette même bibitte maintenant qu'on appelle la CNESST, soudainement, parce que,
là, on est dans un droit connexe, un autre droit du travail, pourtant, mais pas
la bonne loi, dans le fond, là, cette fois-ci, bonne chance, là... Vous avez
raison... maintenant va vous informer, je suis content du gain qu'on a fait
tantôt, là, mais, au final, est-ce qu'elle va vous aider à venir vous
représenter pour exercer votre droit, pour rendre effectif votre droit? Non. On
vous dit : Bonne chance. Allez faire un cours à l'université, là, puis
allez plaider.
M. Boulet : Mais permettez-moi
d'être en désaccord à certains égards. Tu sais, des fois, je réfère souvent à
l'avis de correction, mais l'avis de correction, c'est une décision qui est
exécutoire puis qui peut être mise en exécution, là, en utilisant les
procédures qui sont prévues dans la loi, là. Tu peux... Tu sais, ce n'est pas...
L'inspecteur, il joue un rôle fondamental, là. Puis, quand on réfère à ses
pouvoirs spéciaux d'enquête, ça donne des résultats. Puis les avis de
corrections qui sont reçus des inspecteurs en pratique, vous en avez déjà vus,
là, il peut y avoir huit points, 12 points, 14 points, avec des délais, puis je
vous assure que les employeurs, puis les travailleurs, puis les syndicats
prennent ça très au sérieux, là.
Puis les droits de refus, moi, je n'ai
jamais eu d'écho que, les inspecteurs, ça ne donnait pas les résultats
anticipés dans l'exercice des droits de refus. Au contraire, c'est une
mécanique qui va bien.
Moi, ceci dit, là, encore une fois, je
comprends votre amendement, mais je n'y souscris pas.
M. Leduc : Quand on fait une
plainte, M. le Président, aux Normes du travail puis qu'on annonce à son patron
qu'on fait une plainte aux Normes du travail, peu importe le sujet, c'est
entendu que cette plainte-là va être encadrée...
M. Boulet : …là, encore une
fois, je comprends votre amendement, mais je n'y souscris pas.
M. Leduc : Quand on fait une
plainte, M. le Président, aux normes du travail, puis quand on annonce à son
patron qu'on fait une plainte aux normes du travail, peu importe le sujet,
c'est entendu que cette plainte-là va être encadrée et menée jusqu'au bout au
tribunal avec la Commission des normes du travail, la CNESST. Alors, dans le
rapport de force qui s'exerce, d'une part, dans la confiance du salarié envers
le processus, il n'est pas seul. Au point de départ, il est accompagné par la
commission des normes, au point de départ, il n'a pas à faire face seul à cette
machine et à son patron.
S'il a un problème en santé et sécurité,
il est complètement laissé à lui-même. Il devra d'abord lire la LESST ou la
LATMP, la maîtriser, savoir où trouver comment faire une plainte,
potentiellement se trouver un avocat s'il veut avoir une moindre chance d'avoir
gain de cause au TAT ou sinon lire des traiter de droit administratif pour se
représenter au TAT. On n'est pas du tout dans le même environnement, on n'est
pas du tout dans le même rapport de force. On n'est pas du tout dans la même
égalité des chances. Et je pense que notre société, peu importent les divisions
politiques, recherche cette égalité des chances.
Et je trouve regrettable qu'une bonne
pratique qui est celle des normes du travail où on représente et on encadre le
travailleur ou la travailleuse, bien, on ne veuille pas la multiplier dans les
autres droits du travail, que ça soit en prévention ou réparation.
Je terminerais avec un extrait, M. le
Président, d'un mémoire… pas d'un mémoire, pardon, d'un rapport. C'est un
rapport auquel a participé la même professeure Dalia Gesualdi-Fecteau, qui a
été déposé il y a deux ans, en 2019. Extrait du rapport du comité d'experts sur
les normes du travail fédérales, il y avait une révision des normes du travail
fédérales. Il y a un gros rapport qui a été déposé, puis ils avaient fait quand
même une grosse réflexion, je vous lis l'extrait : «Des études révèlent
que de nombreux travailleurs n'ont pas tendance à s'exprimer sur les problèmes
vécus en milieu de travail s'ils n'ont pas accès à des mécanismes de voix
collective, parce qu'ils craignent les représailles. Cette situation est tout
particulièrement vraie chez les travailleurs non syndiqués, ceux qui occupent
une forme d'emploi atypique, de même que chez les femmes. Par exemple, au moyen
des données d'enquête recueillies en 2005 — là, on cite une étude…
2013 — …en conclue que les travailleurs précaires avaient six à sept
fois plus tendance à affirmer que le signalement des problèmes de santé et de
sécurité aurait des conséquences graves… des conséquences négatives, pardon,
sur leur emploi.»
On est donc dans un contexte où le système
ne nous pousse pas à exercer notre droit, ne nous pousse pas à rendre effectifs
nos droits, nos droits du travail qui sont durement négociés, entre autres,
dans cette commission. Alors, je trouve ça regrettable qu'on n'ait pas la
volonté d'étendre ce principe de représentation à tout le pan santé et sécurité
au travail, que ça soit la prévention ou la réparation. Merci.
• (16 heures) •
M. Boulet : Je comprends. Un
très, très bref commentaire. Ne négligez pas non plus le paragraphe 15
qu'on a étudié ce matin, là, la possibilité pour la CNESST de financer des
organismes, comme nous avons discuté ce matin, qui sont dévoués à la formation
en matière de santé et sécurité, notamment, en plus de l'information…
16 h (version non révisée)
M. Boulet : …très, très bref
commentaire. Ne négligez pas non plus le paragraphe 15°,
qu'on a étudié ce matin, là, la possibilité pour la CNESST de financer des
organismes, comme nous avons discuté ce matin, qui sont dévoués à la formation
en matière de santé et sécurité, notamment, en plus de l'information qu'ils
doivent dispenser. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. J'ai lu
avec attention la proposition d'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve,
j'ai écouté aussi avec attention l'échange entre le ministre et le député et
moi, je n'ai pas le choix de constater, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve puis
sûrement avec d'autres collègues ici, incluant le ministre, que les oubliés du
système, c'est le travailleur qui n'est pas représenté par une association
collective, c'est le travailleur dans des emplois atypiques, des emplois qui
sont difficiles, des emplois précaires, parfois, le travailleur ou la
travailleuse, aussi, qui est dans un contexte, par exemple, d'une
sous-scolarisation, un problème de langue, dans certains cas, même. Et tout ça
crée un cercle vicieux qui fait en sorte que ce travailleur ou cette
travailleuse se trouve l'oublié du système.
Puis moi, je le sais, là, que ça existe,
des situations abominables, parce que j'en ai vécu dans mon bureau de
circonscription, où des travailleurs viennent nous voir un peu en panique, ils
ne veulent pas faire de sortie publique parce qu'ils ont peur aux représailles
et qu'il y a des situations qui met à risque leur santé et leur sécurité au
travail. Alors, moi, je suis profondément préoccupé par ces oubliés du système.
Et si, dans la réforme qu'on fait présentement, on n'a pas la première
préoccupation envers eux et envers elle, on aura raté notre travail, d'une
certaine manière. Oui, on bonifie, oui, on fait un travail très, très fort, oui,
on se préoccupe de la parité, les associations de syndiqués, etc., les forces
syndicales, les patrons, bon, mais il reste que le travailleur non représenté
est fragile ou fragilisé. Et ça doit être notre première préoccupation.
Moi, je suis particulièrement sensible au
fait d'avoir une instance, sans exclure le travail des organisations
communautaires. Parce que moi, j'ai beaucoup de respect pour les organismes
communautaires autonomes, puis j'insiste sur «autonomes», donc qui ont leur
indépendance, qui n'est pas dans l'appareil administratif du gouvernement, qui
n'est pas une société d'État…
M. Gaudreault : ...sans
exclure le travail des organismes communautaires, parce que moi, j'ai beaucoup
de respect pour les organismes communautaires autonomes, puis j'insiste sur
autonome, donc qui ont leur indépendance qui n'est pas dans l'appareil
administratif du gouvernement, qui n'est pas une société d'État, mais qui sont
des organismes communautaires autonomes, qui peuvent, par ailleurs, recevoir du
financement de l'État dans des programmes, par exemple, au SAIC ou ailleurs.
Mais... Pas au SAIC, mais au SACA, au Secrétariat de l'action communautaire
autonome.
Donc, il peut y avoir, effectivement, des
organismes communautaires qu'il faut respecter et qui auront toujours leur
rôle. Mais que l'État prenne en charge par un bureau, comme le député
d'Hochelaga-Maisonneuve veut créer, ou autre, une forme de représentation en
toute confidentialité pour la dénonciation, mais aussi pour le soutien pour des
travailleurs qui voudraient s'organiser, moi, je pense c'est intéressant. En
fait, la comparaison avec les normes du travail tient la route. Si c'est vrai
pour des normes, ça devrait être vrai pour des normes de santé et sécurité.
Donc, dans ce sens-là, je pense que c'est intéressant.
Puis moi, je me dis, on pourrait peut-être
même élargir le rôle de ce bureau comme organisation en soutien, par exemple,
pour le soutien à l'élaboration des programmes de prévention, ce qu'on a adopté
plus tôt en vertu de 58, entre autres, l'article 58 sur l'élaboration et
la mise en application des programmes de prévention pour les établissements
groupant au moins 20 travailleurs... moins de 20 travailleurs,
pardon. Je pense que ça, ça serait important aussi d'avoir un soutien qui
pourrait venir aussi par ce bureau-là. Un genre d'instance dédiée entièrement
aux plus vulnérables, à ceux qui sont les plus fragiles dans le système. Moi,
je pense c'est ça.
Maintenant, entre ce que le député propose
et un refus catégorique du ministre. Est-ce qu'il y a une voie de passage?
Parce que le souci que j'ai, moi, c'est : la CNESST ne peut pas vraiment
faire ça. Tu sais, ça pourrait être une direction de la CNESST, peut-être,
carrément dédiée à ça. Mais la mission de la CNESST, puis je suis retourné dans
les articles, tout à l'heure, pendant la suspension, là, sur la mission de la
CNESST, on n'est pas là-dedans, là. Donc, d'avoir un bureau indépendant, oui,
une structure de l'État, mais un bureau indépendant, qui pourrait travailler en
concertation avec les organismes communautaires autonomes comme l'UTTAM ou
comme d'autres organismes, moi, j'en ai dans ma région, je pense ça pourrait
être intéressant. Un genre de service de proximité...
M. Gaudreault : …bureau
indépendant qui pourrait travailler en concertation avec les organismes
communautaires autonomes comme l'UTTAM ou comme d'autres organismes. Moi, j'en
ai dans ma région. Je pense que ça pourrait être intéressant. Un genre de
service de proximité parce que moi dans la proposition du député d'Hochelaga-Maisonneuve,
puis je pense que vous allez me reconnaître, là, ce que j'aime en particulier,
c'est le côté décentralisation. Le député ne l'a pas formulé comme ça parce que
c'est un gars de Montréal, mais en région, c'est important. Puis là, j'essaie
de le retrouver, là, peut-être le député… ah, je l'ai, 193.9 : «Afin de
réaliser son mandat, le bureau emploie des équipes régionales de conseillers
des travailleurs en prévention.» Bon, moi, ça, il y a un aspect
décentralisation que j'aime. Puis on en parle beaucoup, de ce temps-ci, de la
décentralisation, là, avec ce qui se passe dans le réseau de la santé puis les
réformes précédentes du gouvernement précédent qui ont énormément centralisé.
Alors, d'avoir un outil décentralisé en soutien aux travailleurs, moi, ça, je
trouve ça intéressant. La question que je me pose, c'est est-ce qu'une
voie de passage entre quelque chose qui est quand même, puis moi, bien soucieux
de ne pas ajouter de la démocratie, là, puis un non catégorique du ministre.
Moi, j'ai lutté très, très fort pour avoir dans ma circonscription, puis je
l'ai obtenu… puis là, c'est bête, j'oublie le nom en voulant le dire, le nom
exact, le service de proximité en justice, là, le centre de… non, pas Juripop,
centre de services… centre de justice de proximité, voilà. Bon, centres de
justice de proximité qui ont été créés par le gouvernement précédent. C'était
d'abord en projet-pilote à Québec puis à Montréal, après ça ils ont fait un
déploiement dans les régions. Et moi, j'ai lutté, puis on a annoncé le centre
de justice de proximité à Jonquière, bon, qui marche bien, qui est à la fois
hybride, donc qui est à la fois une institution gouvernementale, mais à la fois
animée puis administrée par les gens du terrain, un conseil d'administration indépendant,
mais qui a financement garanti par le ministère de la Justice, pourrait être
comme un juste milieu entre l'aide juridique qui n'est pas admissible pour tout
le monde même des gens qui ont peu de moyens, puis la judiciarisation du système
via les cours puis les requêtes en Cour supérieure, Cour d'appel, Cour du
Québec, etc., bon. Donc, il y a comme un juste milieu qui vise à accompagner.
Moi, en tout cas, je réfère beaucoup des citoyens qui débarquent dans mon
bureau, là, puis ils ne savent pas trop où aller, puis nous autres on est un
peu démuni, on les envoie au Centre de justice de proximité. Puis ça a beaucoup
aidé à développer des… à solutionner des problèmes, puis à aider des citoyens.
Et là on je vois un élément important dans ce que le ministre dit, puis je suis
sûr que ça nous rassemble tous, c'est que…
M. Gaudreault : …de proximité,
puis ça a beaucoup aidé à développer des… à solutionner des problèmes puis à
aider des citoyens. Et là où je vois un élément important dans ce que le ministre
dit, puis je suis sûr que ça nous rassemble tous, c'est qu'on vise à ce que les
travailleurs puis les travailleuses prennent en charge eux-mêmes leur propre…
deviennent autonomes, donc prennent en charge eux-mêmes leur propre
organisation, qu'ils soient capables de se prendre en main puis soient capables
justement d'affirmer leurs droits, parce que, si on fait face à des
travailleurs qui ont des problèmes de scolarité, bien, il faut qu'ils soient
soutenus dans la prise en charge de leurs droits, un genre d'«empowerment», là,
puis le centre de service de justice de proximité sert à ça.
Donc, est-ce qu'on ne pourrait pas trouver
une forme hybride qui permettrait de soutenir les travailleurs qui sont laissés
à eux-mêmes puis qui permettrait de soutenir les travailleurs en prévention,
comme le titre du bureau que le député d'Hochelaga-Maisonneuve veut créer, qui
serait une voie de passage, au moins qui serait un début? Ça, ça pourrait être
intéressant. En tout cas, tu sais, c'est ce que moi, je soumets. Au final, je
veux dire, je vais voter en faveur de l'amendement. Mais, si on avait la
possibilité de faire quelque chose qui est décentralisé, qui est autonome, qui
vise à soutenir les travailleurs laissés à eux-mêmes, toujours dans le souci de
la prévention, le service direct aux citoyens, mais aussi avec un souci de
prise en charge par les travailleurs eux-mêmes, pour créer ce cercle vicieux de
patrons qui ont beaucoup trop de contrôle, moi, je pense que ça pourrait être
une formule intéressante.
Alors, c'est ma façon de réagir à la
proposition d'amendement du député, puis, voilà, cestce que je soumets.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. D'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix, par appel nominal, de la proposition
d'amendement qui vise à insérer 207.1. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : contre.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire
: Et M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) : L'amendement
est donc rejeté. Nous revenons à 228, sous le thème «Habilitation réglementaire».
Je demande à M. le ministre de faire…
M. Boulet : Avec le consentement
des collègues des partis d'opposition, je demanderais qu'on suspende…
M. Gaudreault : …pour.
Le Président (M. Tremblay) : L'amendement
est donc rejeté. Nous revenons à 228 sous le thème habilitation réglementaire.
Je demande à M. le ministre de faire…
M. Boulet : Avec le
consentement des collègues des partis d'opposition, je demanderais qu'on
suspende cet article-là sur les habilitations réglementaires parce que ça
concerne des articles qui ont fait l'objet de suspension, notamment le
multiétablissement. Donc, avec le consentement des collègues, on irait à
l'article qui suit.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Est-ce qu'il consentement? M. le député…
M. Leduc : …question avant.
Le Président (M. Tremblay) :
Oui.
M. Leduc : Donc, on le
suspend, en effet, parce qu'il y a d'autres questions qui ne sont pas encore
réglées?
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : C'est donc… Ça veut
dire qu'il va falloir régler ces questions-là avant d'y revenir, à celui-là.
M. Boulet : tout à fait.
M. Leduc : Puis est-ce que
vous prévoyez régler toutes ces questions-là avant les dispositions
transitoires?
M. Boulet : On fait les habilitations…
Pardon? Il faut régler les habilitations réglementaires avant le transitoire.
C'était ma compréhension.
M. Leduc : Donc, si je
comprends bien, il reste quelques blocs, là, avant les transitoires, le autres
dispositions. Dans le fond, 6.1, amendes, 6.2, propriétaire d'édifice.
M. Boulet : Oui, là, on
arriverait aux amendes, effectivement.
M. Leduc : 6.3, cotisations,
6.4, corrections. S'il y a en a d'autres, là, mais…
M. Boulet : Oui, il y a…
M. Leduc : …Non, ça semble
être tout. Puis après ça on tombe dans dispositions transitoires. Donc, si je
comprends, il faut faire 6, 6.1, 6.2, 6.3, 6.4, il faut faire les sujets qui
sont suspendus depuis le tout début, ensuite, on fait le pouvoir réglementaire
et on termine avec les dispositions transitoires.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : C'est bien compris.
M. Boulet : Donc…
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On a consentement?
M. Leduc : Oui, ça va.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Alors, nous…
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre une minute avant de commencer le bloc des amendes?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui, M. le ministre.
Nous allons suspendre, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous reprenons les travaux. Nous avons eu consentement pour suspendre
228. Nous allons passer au thème : Autres dispositions; 6.1, les amendes.
Je ne parle pas de protéines, là, ici, là…par les amendes. Alors, M. le
ministre, je vous invite à faire lecture de l'article 118.
M. Boulet : Merci, M. le
Président.
«Les articles 458 à 460 de cette loi sont
modifiés par le remplacement de «d'au moins 500 $ et d'au plus
1 000 $ s'il s'agit d'une personne physique et d'une amende d'au
moins 1 000 $…
Le Président (M. Tremblay) :
... Alors, M. le ministre, je vous invite à faire lecture de l'article 118.
M. Boulet : Merci, M. le
Président.
«Les articles 458 à 460 de cette loi sont
modifiés par le remplacement de «d'au moins 500 $ et d'au plus
1 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au
moins 1 000 $ et d'au plus 2 000 $ s'il s'agit d'une
personne morale» par «d'au moins 1 000 $ et d'au plus
5 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au
moins 2 000 $ et d'au plus 10 000 $ dans les autres cas».
Explication. Donc, on revalorise ici les
amendes pour certaines infractions à la Loi sur les accidents de travail et
maladies professionnelles. Simplement vous mentionner que les montants des
amendes n'ont pas été amendés depuis 1985 dans la Loi sur les accidents de
travail et maladies professionnelles, et dans la loi santé-sécurité on n'y
touche pas, parce qu'ils ont tous été revalorisés en 2009. Et vous comprendrez
qu'en ce qui concerne le montant des amendes, je n'ai pas véritablement de marge
de manoeuvre, parce que c'est le ministère de la Justice, comme mon collègue de
Jonquière s'en doute bien, qui les établit en tenant compte d'une certaine
cohésion avec les autres lois statutaires qui ont des dispositions pénales,
donc qui tiennent compte d'un certain nombre de critères, dont la nature des
infractions, les circonstances de commission de ces dites infractions là, et on
s'assure qu'il y a une cohésion parmi toutes les lois en ce qui concerne les
montants des amendes. Donc, 118, c'est une augmentation des amendes pour les
infractions qui sont visées aux articles 458 à 460 de la Loi sur les accidents
de travail et maladies professionnelles. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : L'explication du ministre
me mène à un point. Quand on a discuté, là, longuement, il y a quelques jours,
quelques semaines, de la revalorisation du seuil d'un chantier de construction
à partir duquel on pouvait avoir accès à des représentants de santé-sécurité,
le ministre nous avait expliqué que pour arriver à son nouveau seuil, il avait
fait tout un calcul, là, de... dans le fond, d'inflation à partir d'une
certaine année, et c'est ça qui justifiait ce nouveau montant-là, ce nouveau
seuil.
Ce que je comprends, c'est que, comme il
s'agit d'infractions de nature pénale, le ministre n'a pas la même liberté de
décider à quel montant l'infraction peut être majorée?
M. Boulet : Bien, en partie,
là, parce qu'évidemment, dans le cas des infractions en vertu de la LATMP, il y
a des comparables, là, dans le corpus législatif, alors que la valeur d'un
chantier de construction, il n'y avait pas de comparables, donc on n'avait pas
de mécanisme de la même nature pour revaloriser ou pour mettre à jour le
montant du chantier de 8 millions, là, simplement. Effectivement, je pense que
vous l'exprimez assez bien aussi, là.
M. Leduc : Et donc là, le
ministère de la Justice a une espèce de...
M. Boulet : …la valeur d'un
chantier de construction, il n'y avait pas de comparable, donc on n'avait pas
de mécanisme de la même nature pour revaloriser ou pour mettre à jour le
montant du chantier de 8 millions, là, simplement, effectivement. Je pense
que vous l'exprimez assez bien aussi, là.
M. Leduc : Et donc là le ministère
de la Justice a une espèce de rôle de supervision de l'ensemble des projets de
loi qui sont discutés ici?
M. Boulet : Oui, un rôle de
cohésion. Puis il y a des conseillers à la législation qui s'assurent de cette
cohésion-là, puis c'est étudié de façon très rigoureuse, là, pour s'assurer qu'il
n'y a pas des écarts, que, pour le même type d'infraction, en vertu de telle
loi, c'est une amende de 800 $, alors que c'est 125 $ en vertu de
l'autre loi. Et ça, c'est bénéfique pour le contribuable, le citoyen puis les
personnes visées par les lois pertinentes.
M. Leduc : Mais, quand on a un
montant fixe comme ça dans une loi, qui est inchangé pendant une quarantaine
d'années, immanquablement on va avoir des écarts de cette nature-là. Est-ce
qu'il n'est donc pas prévu ou souhaitable, en tout cas, d'intégrer des
mécanismes automatiques de revalorisation, dans cette loi-ci ou dans l'ensemble
des lois?
M. Boulet : Il n'y a pas de
mécanisme d'indexation. C'est pour ça que, parfois, ça devient un impératif.
Puis tu n'ajustes pas les amendes à tous les cinq ans ou à tous les
10 ans, tu l'ajustes au moment où tu révises les fondements d'une loi.
Ici, dans le cas de la LATMP, ça n'avait pas été touché depuis 1985.
Je vous dirais, c'est peut-être une des
raisons, pas principales, mais c'est certainement une des raisons, quand on va
voir les différents tentacules à la base de notre réforme, qui justifie qu'on
mette à jour ces montants-là d'amende.
M. Leduc : Ah! moi, ça me
semble une évidence qu'on les mette à jour. Ce n'est pas là l'enjeu.
C'est : pourquoi, si on le sait qu'on ne retouchera potentiellement pas
cette loi-là avant un maudit bon bout, pourquoi on ne les met pas tout de suite
à niveau mais qu'on ne met pas un mécanisme d'inflation ou je ne sais pas trop?
Parce que, si on ne touche pas à ça pendant un autre 40 ans, on fait juste
se remagasiner un autre écart, là.
• (16 h 30) •
M. Boulet : Non, mais il y va
de la sécurité des Québécois, des Québécoises, là, il faut qu'ils sachent le
montant. Puis on ne le mettra pas plus haut en disant : D'un coup la loi
n'est pas amendée avant 15 ans, 20 ans, 25 ans. Je pense qu'il
faut l'adapter au moment où la nouvelle loi est adoptée, puis, après ça, il n'y
a rien qui empêche, dans huit ans, de faire des amendements juste sur ces
articles-là, ou dans quatre ans, ou dans 12 ans, ou dans 20 ans. Mais
il n'y a rien qui empêche un législateur d'amender un article ou huit articles
de quelque loi que ce soit, là, si, par exemple, on réalise que la gravité
intrinsèque ou objective d'une infraction est rendue tellement puissante dans
le système législatif québécois, il n'y a rien qui empêcherait un législateur
d'intervenir. Mais moi, je suis d'avis qu'il faut véritablement se fier à nos…
16 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...gravité
intrinsèque ou objective d'une infraction est rendue tellement puissante dans
le système législatif québécois, il n'y a rien qui empêcherait un législateur
d'intervenir, mais moi, je suis d'avis qu'il faut véritablement se fier à nos
conseillers en législation du ministère de la Justice pour s'assurer d'une
cohésion. En fait, le mot-clé, je pense, c'est la cohésion avec les autres lois
où les montants d'amendes concernent des infractions qui ont certaines
similitudes, là, disons. Ils ont certainement leurs critères, puis je ne suis
pas un spécialiste là-dedans, là.
M. Leduc : M. le
ministre, dans quelques jours, ça va bientôt faire trois ans qu'on a reçu la
confiance de tout un... de nos populations respectives pour siéger ici. Moi, je
n'ai pas vu souvent, puis vous me corrigerez, là, mais je n'ai pas vu souvent
des projets de loi déposés dans l'unique but d'aller corriger des montants
d'amendes, là.
M. Boulet : Bien, oui, il
n'y a rien qui empêche ça. Puis ici on a quand même une certaine marge de
manoeuvre, parce qu'on avait calculé que le montant de revalorisation était
supérieur à l'inflation depuis 1985. Ça fait qu'on va au-delà de l'inflation,
ce qui est quand même assez respectable, puis c'est accepté. Parce que moi,
j'étais plus un partisan à la marge supérieure, là. En santé et sécurité, si on
veut faire de la prévention puis on veut s'assurer que quelqu'un ait une bonne
tape sur les doigts, il faut voir, d'ailleurs, la nature des infractions de 458
à 460. Laissez-moi un petit instant. Parce qu'il y a toujours une corrélation à
faire.
M. Leduc : Vous disiez
que vous étiez partisan de la marge supérieure, mais avez-vous gagné votre
débat?
M. Boulet : Oui. Bien
oui. C'est pour ça que je vous dis que la revalorisation est supérieure à
l'inflation. Puis je pense que vous auriez été un allié. C'est toutes des
infractions... Bon, 32, 33, 59. Sans entrer dans le détail, là, mais, tu sais,
c'est quand même... il y a quand même une marge de manoeuvre considérable qui
est laissée aux décideurs, là. Parce que, pour une personne morale, c'est de
2 000 à 10 000, puis, pour une personne physique, de 1 000 à
5 000, là. C'est quand même des montants substantiels, puis évidemment,
encore une fois, dans le respect de la nécessaire compatibilité entre le
montant de nos amendes et ceux apparaissant dans d'autres lois de même nature.
M. Leduc : Mais, tu sais,
par exemple, pour un Walmart, là, 10 000 $, ce n'est pas... ça ne
fait pas pleurer, là. Mais je comprends que vous avez poussé un peu la machine
pour le faire augmenter. Je n'ai pas nécessairement un chiffre magique à vous
soumettre, mais je ne suis pas sûr qu'on est dans un endroit avec un effet
dissuasif particulièrement fort.
M. Boulet : Je ne suis
pas... Laissez-moi... Le juge tient compte de l'ensemble des circonstances, là,
sa marge de manoeuvre... Bon, quand c'est un individu...
M. Leduc : …pour le faire
augmenter. Je n'ai pas nécessairement un chiffre magique à vous soumettre, mais
je ne suis pas sûr qu'on est dans un endroit avec un effet dissuasif particulièrement
fort.
M. Boulet : Je ne suis pas…
Laissez-moi… Le juge tient compte de l'ensemble des circonstances, là, sa marge
de manoeuvre… Bon, quand c'est un individu, entre 1 000 $ et
5 000 $, évidemment, on peut dire quelqu'un qui a les moyens
financiers x, y et z. Puis je ne suis pas un juge, là, dans ces matières-là,
là. Est-ce qu'ils tiennent compte de la valeur de l'individu ou de son salaire,
je n'ai aucune idée de ça, là, mais il y a quand même une marge de manoeuvre.
Et dans le cas d'une entreprise, la même affaire. Est-ce qu'il va considérer
que parce que c'est une PME, le montant devrait être moins élevé? Mais, encore
une fois, je ne veux pas m'immiscer dans l'exercice du pouvoir qu'exerceront
les juges en semblable matière, mais il y a quand une marge de manoeuvre. Puis,
encore une fois, il y a le respect de l'incontournable compatibilité ou
cohésion avec les autres lois, là.
M. Leduc : Je peux laisser…
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci.
Alors là, on est dans les dispositions pénales. Dans le fond, ce qu'on change,
c'est pour les personnes physiques, on passe de 500 $ à au plus
1 000 $, de 1 000 $ à au plus 5 000 $. Puis dans
les autres cas… parce que, dans le texte actuel, on dit «s'il s'agit d'une
personne morale», on dit, «dans les autres cas». Je ne sais pas ce que ça peut
être, dans les autres cas, à part une personne physique, que l'autre cas soit
une personne morale, ça… En soi, il faudrait que le ministre m'explique c'est
quoi les autres cas qu'une personne physique, là, si ce n'est pas une personne
morale. Mais, enfin, là, ça serait, à ce moment-là, au lieu de
1 000 $ à 2 000 $, là, on fait 2 000 $ à
10 000 $. Bon, moi, le député d'Hochelaga-Maisonneuve est allé exactement
où je voulais aller avec la comparaison. Je sais que toute chose… quand on
commence à comparer, là, toute chose n'est pas nécessairement comparable, mais
avec le seuil de l'inflation pour les chantiers de construction qui étaient de
8 à 25 millions, on a ramené le pendule, finalement, à 12 millions.
Là, le ministre nous dit, comme argumentaire pour les dispositions
pénales : C'est assez normé par le ministère de la Justice. Première question,
moi, je veux connaître ces critères-là. Le ministre nous dit : Il y a des
critères du ministère de la Justice. Je le crois, mais j'aimerais avoir les
critères.
Et moi, j'ai étudié longuement, en
commission parlementaire, avec David Heurtel, le projet de loi n° 102
pour modifier la Loi sur la qualité de l'environnement, ça fait que je me suis
dit : Tiens, on va retourner à ça. Des infractions en matière
d'environnement, bien, c'est certainement aussi important que des infractions
sur la santé puis la sécurité des personnes. Moi, je suis un tenant, vous le
savez, là, de la protection de l'environnement puis lutter contre la
décontamination des sols puis les entreprises qui font des infractions. Ça fait
qu'à 115.29 de la Loi sur la qualité de l'environnement : «Commet une
infraction et est passible, dans le cas d'une personne physique, d'une amende
de 1 000 $ à 100 000 $, et, dans les autres cas, d'une
amende…
M. Gaudreault : ...tenant, vous
le savez, là, de la protection de l'environnement, puis lutter contre... la
décontamination des sols, puis les entreprises qui font des infractions.
Ça fait qu'à 115.29 de la Loi sur la
qualité de l'environnement : «commet une infraction et est passible, dans
le cas d'une personne physique, d'une amende de 1 000 $ à
100 000 $ et, dans les autres cas, d'une amende de 3 000 $
à 600 000 $»... Bon, j'aimerais bien connaître les critères du
ministère de la Justice.
À 115.30 : «commet une infraction et
est passible, dans le cas d'une personne physique, d'une amende de
2 500 $ à 250 000 $, dans les autres cas, d'une amende de
7 500 $ à 1,5 million. Quiconque contrevient…», blablabla.
À 115.31 de la Loi sur la qualité de
l'environnement : «commet une infraction et est passible, dans le cas
d'une personne physique, d'une amende de 5 000 $ à
500 000 $ ou, malgré l'article 231 du Code de procédure pénale, d'une
peine d'emprisonnement maximale de 18 mois, ou des deux à la fois, et dans les
autres cas, d'une amende de 15 000 $ à 3 millions. Quiconque
contrevient à l'article 22…» Évidemment, l'article 22, on le sait, la Loi sur
la qualité de l'environnement, c'est le coeur, l'article 22, puis je comprends
ça.
Article 115.32 de la Loi sur la qualité de
l'environnement : «commet une infraction et est passible, dans le cas
d'une personne physique, d'une amende de 10 000 $ à 1 million de
dollars ou, malgré l'article 231 du Code de procédure pénale, d'une peine
d'emprisonnement maximale de trois ans, ou des deux à la fois, et dans les
autres cas, d'une amende de 30 000 $ à 6 millions. Quiconque…»,
blablabla.
Alors, je pourrais continuer comme ça.
Puis le ministre disait : On n'a pas modifié depuis longtemps les
dispositions pénales de la Loi sur la santé et sécurité au travail... pas… non,
voyons, les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est vrai.
Dans le cas de la Loi sur la qualité de l'environnement, les articles dont je
vous parle... 2011, modifiés en 2013, modifiés en 2017, modifiés en 2021. Donc,
on est capables de l'ouvrir assez régulièrement pour revoir les dispositions
pénales.
Alors, moi, je veux dire, là, on a des
peines qui vont autour de 500 000 $, 3 millions de dollars, 6
millions de dollars dans le secteur de l'environnement, puis je ne veux pas
moi-même tomber dans le piège de : On compare des pommes avec des oranges,
mais un sol contaminé qui n'est pas décontaminé en vertu de la loi, c'est
certainement aussi important qu'une personne qui travaille puis qui se blesse,
peut-être pour le reste de ses jours, dans un milieu de travail. Donc, je me
questionne, quand on passe, nous, de 500 $ à 1 000 $ et d'au
plus 1 000 $ à 5 000 $, il y a comme une marge.
Donc, moi, je veux bien croire, en tout
respect, évidemment, pour le ministre, qu'il y a des critères du ministère de
la Justice, mais là moi, je veux les connaître, ces critères-là, là. Parce que
je viens juste de prendre deux lois, celle que nous étudions et la Loi sur la
qualité de l'environnement, puis on est dans deux univers complètement
différents en termes de montants des infractions. Alors…
M. Gaudreault : …moi, je veux
les connaître, ces critères-là, là. Parce que je viens juste de prendre deux
lois, celle que nous étudions et la Loi sur la qualité de l'environnement, puis
on est dans deux univers complètement différents en termes de montants des
infractions. Alors, voilà, c'est un peu ce que j'ai à dire là-dessus, puis je
veux surtout entendre, de la part du ministre, s'il peut nous déposer les
critères qui guident le ministère de la Justice en cette matière. Merci.
• (16 h 40) •
M. Boulet : M. le Président,
j'aimerais pouvoir le faire, mais c'est des critères qui appartiennent à des
avis juridiques, en fait, qui sont contenus dans des avis juridiques, et moi,
je n'y ai pas accès, là. Mais, ceci dit, je pense que ce qui est important,
puis j'aimerais ça les partager avec vous, collègue, puis je pense que vous me
connaissez assez bien pour savoir que tout ce qui est sous ma main pourrait
être partagé avec vous, là, en termes d'informations. Mais je reviens… tu sais,
les comparaisons avec la Loi sur la qualité de l'environnement, évidemment, le
ministère de la Justice les fait, ces types de comparaison là, mais il ne faut
pas comparer, vous disiez, des pommes avec des oranges, là, je ne sais pas si
c'est les deux fruits que vous utilisiez.
Mais, ici, la nature des infractions, il ne
faut pas… ça n'a aucune mesure avec la qualité de l'environnement, c'est,
mettons, l'employeur, il ne paie pas le salaire, tu sais, quand un travailleur
a une lésion, un accident de travail ou une maladie professionnelle une
journée, il doit lui payer son salaire ce jour-là puis, après ça, il paie
l'indemnité de remplacement de revenu pour les 14 jours suivants. Après ça, il
fait un avis de l'employeur, il demande le remboursement. S'il omet de payer au
travailleur ce jour-là, c'est une infraction qui peut donner ouverture jusqu'à
10 000 $. Évidemment, vous savez très bien, parce que vous êtes de
même formation que moi, puis le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve puis le
collègue de D'Arcy-McGee le savent, quand il y a récidive, évidemment, les
montants d'amende montent. Mais ça, s'il fournit… s'il ne transmet pas des
copies, il y a beaucoup de ces infractions-là, c'est qu'il ne transmet pas
copie d'un rapport puis qu'il y a assez… ce n'est pas le travailleur dans la
rédaction de son formulaire de réclamation. S'il ne paie pas… tu sais, mettons,
pendant son absence, le travailleur paie ses cotisations à son régime de
retraite et à son régime d'assurance, puis l'employeur omet de payer sa
cotisation, c'est toutes des affaires qui se corrigent, mais qui constituent
des infractions et qui mènent aux amendes, là. Ça fait qu'il y a quand même
beaucoup de cas, là, mais c'est la gravité de l'infraction, si je peux dire,
parce qu'en mesure disciplinaire on utilise ça, les circonstances aggravantes,
les circonstances atténuantes, mais d'abord la gravité de l'infraction. Vous
vous souvenez, on disait : Il n'y a pas de petit vol, il n'y a que des
vols…
M. Boulet : …beaucoup de cas,
là, mais c'est la gravité de l'infraction, si je peux dire, parce qu'en mesure
disciplinaire on utilise ça, là, les circonstances aggravantes, les
circonstances atténuantes, mais d'abord la gravité de l'infraction. Vous vous
souvenez, on disait : Il n'y a pas de petit vol, il n'y a que des vols de
petites choses, mais un vol, c'était une faute grave qui amenait souvent…
M. Gaudreault : …
M. Boulet : Pardon?
M. Gaudreault : Qui vole un
oeuf vole un boeuf.
M. Boulet : Oui, exactement.
Oui, je l'ai entendue, celle-là aussi. Mais donc, dans l'échelle de gravité des
infractions, on n'est pas haut. Ça fait que c'était l'explication que je
pouvais vous fournir, collègue.
M. Gaudreault : Je comprends
l'argument du ministre qui dit : Il y a une question de gradation, il y a
une question d'échelle de gravité, entre guillemets, aussi. C'est sûr que de ne
pas envoyer un document, là, ce n'est pas comme aller déverser, dans un champ
de patates, les sols contaminés en dessous du REM, là, mettons. Tu sais, on
s'entend que ce n'est pas la même chose, mais il reste que… il m'apparaît, à sa
face même, qu'on est quand même dans un ordre peu élevé, là, tu sais, quand on
dit : Au moins 1 000 $, au plus 5 000 $.
Moi, je dirais deux choses. Je ne sais pas
si le ministre, avec son équipe... on n'est pas obligés d'avoir ça dans la
prochaine minute, là, mais, moi, j'aimerais obtenir une espèce de tableau, là,
de ce qu'il vient de nous dire, quand on dit : On a, d'une part, tel
défaut de l'employeur, par exemple, et on a telle amende qui va avec tel défaut,
pour qu'on puisse un peu comparer. Parce que là je comprends que ces les
articles, là, on nous fait référence aux articles 32 ou 33, par exemple,
ou l'article 59, mais ça demeure un peu théorique. Moi, j'aimerais obtenir
du ministre un genre d'outil de travail qui pourrait tous nous éclairer, les
parlementaires, sur le type d'infraction et, deuxième colonne, le type d'amende
ou de pénalité qui va avec. Peut-être que si le ministre nous donnait ça, déjà,
on pourrait avancer un petit peu plus.
Puis, juste avant de terminer, l'autre
chose, c'est aussi de... ah oui, les critères, parce que le ministre nous a
déjà... C'en est un, critère, ça, quand il me dit : C'est la sévérité des
défauts ou la gravité des défauts, c'est un critère. Mais, quand il me
dit : Le ministère de la Justice ont des avis juridiques, puis on ne peut
pas dévoiler les avis juridiques, bien, il y a sûrement, depuis que le
ministère de la Justice existe, des guides qui peuvent nous alimenter, là, à
part les avis juridiques. J'aurais de la difficulté à croire que le ministère
n'a pas d'outil...
M. Gaudreault : …la gravité des
défauts, c'est un critère. Mais, quand il me dit : Le ministère de la
Justice ont des avis juridiques, puis on ne peut pas dévoiler les avis
juridiques, mais il y a sûrement, depuis que le ministère de la Justice existe,
des guides qui peuvent nous alimenter, là, à part les avis juridiques. J'aurais
de la difficulté à croire que le ministère n'a pas d'outil public nous
permettant de savoir un petit peu où on s'en va avec ça.
M. Boulet : On n'est pas pire,
parce que notre discussion d'équipe après-midi nous permet… Il y a trois
familles de critères qu'on me donne, là, qu'on peut me donner comme
information. Le premier critère, c'est la gravité, dont on vient de discuter,
l'oeuf et le boeuf, deux, la cohésion, et trois, l'effet dissuasif, donc
évitons la récidive.
Deuxième point que j'aimerais soulever, collègue,
c'est : Il n'y a pas d'automatisme. Ce n'est pas : Tel défaut encourt
tel montant d'amende. C'est vraiment : Tel défaut encourt une amende qui
varie entre tant et tant. Puis il y a quand même une marge d'appréciation, vous
le savez aussi bien que moi, de la part du juge, qui tient compte des
circonstances aggravantes et des circonstances atténuantes.
Troisième point, si vous voulez, oui, je
peux vous envoyer la liste des infractions, de la nature des infractions, mais
après ça, ça va pas mal s'arrêter là, là, mais je peux… Je l'ai ici puis je
n'ai pas de problème à vous la partager. Puis je ne sais pas si on peut la
détacher puis la transmettre. Je ne sais pas si le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
puis de D'Arcy-McGee en veulent. On va la transmettre à vous trois, hein,
Marc-Antoine.
M. Gaudreault : Via le
Greffier? Via les documents déposés au Greffier?
M. Boulet : Puis on pourra le
faire, là, pour les autres, là, mais… Moi, ça complète ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On me confirme que les documents vont être déposés.
M. Boulet : On peut peut-être
suspendre deux minutes pour qu'ils le regardent puis qu'on puisse adopter l'article,
là. Est-ce que ça vous va, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. Oui, merci, M. le ministre. Avez-vous besoin qu'on suspende, collègues?
Parfait. On va suspendre quelques minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h16)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous reprenons les travaux. Je rappelle que le document, tel que
demandé, a été distribué aux collègues. Maintenant, on revient à l'article 118.
Il y avait d'autres interventions. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M.
le président. Et merci, M. le ministre, pour les documents. Je crois que ça
nous aide à évaluer l'étendue et la légitimité des genres d'amendes qui sont
suggérées. Et il me reste quelques questions.
Dans un premier temps, si on fait le tour
du document, c'est… qu'on parle souvent des infractions qui risquent d'être - bon,
anodines serait un trop grand mot - sérieuses, mais qui auraient l'air
légitimement assujetties aux genres d'amendes que je qualifierais de modestes
qu'on voit dans l'article.
Par contre, je fais le survol, et il me
semble que je vois des exemples qui risquent d'être d'une certaine ampleur, là.
À titre d'exemple, tout au début de 118… qui exerce une mesure prohibée contre
un travailleur, mesure de représailles ou de congédiement. Article… c'est un
ordre. Ça peut inciter des conséquences à, c'est assez sérieux pour la personne
concernée. Je me demande si un des derniers, quand on dit : N'assiste pas
le travailleur dans la rédaction de sa réclamation, article…
M. Birnbaum : …30… c'est un
ordre, ça peut inciter des conséquences à, c'est assez sérieux pour la personne
concernée. Je me demande si un des derniers, quand on dit : N'assiste pas
le travailleur dans la rédaction de sa réclamation, à l'article 270. Je me
permets d'inventer l'exemple d'un employé dans une PME qui est peut-être
nouvellement arrivé au Québec en bonne foi, qui travaille d'arrache-pied, qui
n'aurait pas eu l'opportunité de se faire trop d'amis au sein de l'endroit de
l'emploi, qui essaie de bâtir une complicité avec son superviseur, mais pas
facile, qui se trouve devant une situation assez grave, peut-être il a un
travail avec un contaminant qui n'aurait pas été bien identifié, et qu'un
collègue plus équipé ou plus habitué aurait été en mesure de signaler de façon
plus claire. Bien, peut-être cet employé-là est visé par le 270, aurait besoin
de l'être, sérieux, et s'il ne l'aurait pas eu… s'il ne l'avait pas eu, selon
l'exemple que j'offre, il y aurait eu des conséquences d'une certaine gravité.
Donc, est-ce qu'on peut savoir si les amendes suggérées sont appropriées?
Et là, ça m'amène à deux questions. Le
ministre a parlé de trois critères… pour m'aider à relativiser, à
contextualiser les amendes de proposées ici. Bon, gravité, je peux comprendre, peut-être
ça serait intéressant d'avoir l'élaboration sur le grand… le genre de
sous-critère qui décrit gravité, mais surtout la deuxième question de précision
en dedans de mes questions, cohésion. Je ne comprends pas plus que ça le
concept.
• (17 h 20) •
Troisième question ou suggestion,
j'aimerais que le ministre nous éclaircisse, c'est le Vérificateur général, en
2019, qui a fait le constat, premièrement qu'il n'y aurait pas eu d'ajustement
d'amendes depuis un long bout, et je le sais, dans son rapport de mai 2019,
chapitre III, où il note que les amendes prévues au Québec ainsi que les
amendes et les peines d'emprisonnement prévues dans d'autres administrations
canadiennes sont présentées à l'annexe IV, mais il se pose la question sur
où se situent les amendes au Québec et par rapport aux autres juridictions
canadiennes. Je peux imaginer tout de suite qu'il y a des enjeux de macro qui
nous distinguent d'Alberta et d'Ontario, pour n'en donner que deux exemples, ou
les multinationaux, les très grandes entreprises sont plus présents. Mais
est-ce que…
M. Birnbaum : …je peux imaginer
tout de suite qu'il y a des enjeux macro qui nous distinguent de l'Alberta et
d'Ontario pour n'en donner que deux exemples ou les multinationales, les très
grandes entreprises sont plus présentes, mais est-ce que quand même y a-t-il
une façon de comprendre où on se situe avec ces modifications proposées par
rapport aux autres juridictions canadiennes?
M. Boulet : Je vais commencer
par le troisième élément, M. le Président. Il n'y a pas d'étude comparative, le
collègue de Jonquière m'en parlait, comment on se compare avec l'Ontario, mais,
tu sais, la cohésion, elle est recherchée au Québec. On est, en soi, une société
qui a ses valeurs, qui a ses façons de faire, qui a ses façons de se comporter
et donc, on tient compte de notre spécificité pour déterminer ce qui est
cohérent. Tu sais, la nature de l'infraction en Ontario ou en Alberta peut être
différente, là, mais il n'y a pas de telles études, là, où on compare nos
amendes avec celles des autres provinces.
Puis les deux premiers éléments, bien,
évidemment, c'est variable, là, mais tu sais, les pratiques interdites, là, ou
l'assistance d'un travailleur, oui, mais c'est pour ça que le juge a une marge
de manoeuvre, là, parce que s'il y a des éléments aggravants, il va tenir
compte de l'impact de l'infraction, vous comprenez, collègue de D'Arcy-McGee?
Tu sais, si le dommage est plus grand, forcément, ça va être une circonstance
aggravante. Moi, j'ai toujours fait des représentations de cette nature-là en
matière disciplinaire, puis c'est un peu la même approche en matière pénale
statutaire. Tu regardes les éléments aggravants puis les éléments atténuants,
et donc, ne pas assister un travailleur puis ça a des impacts plus importants,
bien, tu te rapproches plus du 10 000 $ si c'est une société ou une
compagnie et tu te rapproches plus du 5 000 $ si tu es un individu.
Puis la même affaire ne pas assister un travailleur, ça a les mêmes
conséquences. Puis le devoir d'assistance, il est maintenant bien imprégné dans
la culture de Santé sécurité du travail au Québec puis les employeurs sont
assez à l'affût de ça, là, parce que le travailleur a besoin d'être assisté,
puis ce devoir d'assistance médicale là, s'il n'est pas respecté, bien va
engendrer… peut mener ultimement à une amende, là.
Donc, il y a quand même une marge de
manoeuvre, puis je reprends le propos de tout à l'heure : Ce n'est pas
l'infraction x donne automatiquement l'amende y. C'est vraiment une évaluation
et c'est vraiment une fourchette. Puis si je me souviens bien, dans la Loi sur
les normes, les pratiques interdites, c'est des amendes maximales de
6 000 $. Là, on est à 10 000 $, là. Tu sais, c'est quand
même… Ça m'apparaît tellement cohérent, là. Ça fait qu'on est dans une… quand
je les regarde toutes, là, une après l'autre, là, la nature des infractions, moi,
je trouve qu'on est vraiment dans une fourchette qui est raisonnable et qui
donne une marge de manoeuvre considérable aux juges. Puis encore une fois, on
est allé au-delà de l'inflation…
M. Boulet : …ça m'apparaît tellement
cohérent, là, ça fait qu'on est dans une… quand je les regarde toutes, une
après l'autre, là, la nature des infractions, moi, je trouve qu'on est vraiment
dans une fourchette qui est raisonnable et qui donne une marge de manoeuvre
considérable au juge, puis, encore une fois, on est allé au-delà de
l'inflation. Merci, collègue.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Oui, une
précision et une précision supplémentaire. Précision, le ministre a tendance à
suggérer autrement, mais que ce soit clair que ma question, en ce qui concerne
les valeurs comparatives avec les autres juridictions canadiennes, c'est pour
éclairer et pour situer nos propositions ici. Évidemment, je ne remets pas le
moindrement en question le fait qu'on ait à gérer ce genre de projet de loi de
notre façon, c'est évident, c'est évident. Petite question, et je comprends et
j'accepte que chaque cas est différent, et là, il y a… d'amende possible. Quand
même, dans les deux exemples, il y en a d'autres, bon, dans d'autres articles
qui s'en viennent, on parle des infractions, assez intéressants, quand même.
Je parlerai donc, à titre d'exemple, de la
limite maximale de 10 000 $, et je peux reprendre l'exemple de
Wahlmart… ou l'exemple que j'essaie d'offrir à l'article 270. Si mon exemple
est recevable, disons, et cet employé, en quelque part, vulnérable et pas si
appuyé par ses collègues, parce qu'il est nouvellement embauché, tout ça, se
trouvait dans une situation où il avait manipulé, comme je dis, un contaminant
qui n'aurait pas été bien identifié et il a eu des séquelles à cause de ça
assez graves, pour moi, ce qui serait possible, dans le 270, je vois qu'on a
une variété de possibilités, en termes d'amendes. Est-ce qu'on peut imaginer
que 10 000, dans un tel cas, j'ose décrire, serait raisonnable comme
règlement?
M. Boulet : Tout à fait, puis
je le répète, c'est une marge de manoeuvre entre 2 000 et 10 000 qui
permet au juge de tenir compte des circonstances aggravantes comme celles que
vous soulevez, collègue de D'Arcy-McGee. Ça fait que oui, je suis… je considère
que c'est respectueux des trois critères auxquels je faisais référence tout à
l'heure, là, la gravité, la cohésion puis l'effet dissuasif, même si ça
engendre des conséquences graves, mais plus les conséquences seront graves,
plus on s'approche du maximum de la fourchette.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. Oui, M. le député.
M. Birnbaum : Alors, je vais
prêter l'exemple de mon collègue de Jonquière…
M. Boulet : …la cohésion
puis l'effet dissuasif même si ça engendre des conséquences graves. Mais plus
les conséquences seront graves plus on s'approche du maximum de la fourchette.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. Oui, M. le député.
M. Birnbaum : Alors, je
vais prêter l'exemple, de mon collègue de Jonquière, de Walmart. Moi, je trouve
que mon exemple peut tenir la route quand même mais je reprends les
circonstances que je viens de décrire. C'est un employé de Walmart, une
multinationale. Et l'individu se trouve devant les séquelles très graves suite
aux causes du fait qu'il a manipulé un contaminant qui n'aurait pas été bien
identifié et, pour les raisons que j'avais énumérées, n'était pas trop en
mesure de formuler sa réclamation suite au fait qu'il n'a pas été accompagné de
la façon exigée dans d'autres articles de la loi actuelle. Est-ce que pour
Walmart, dans un tel cas, d'être assujetti à même le maximum, à 10 000, le
ministre juge ça à propos?
Et c'est là où je me permets de nous
inviter à nous comparer à d'autres juridictions. Est-ce qu'une telle
probabilité, possibilité serait assujettie à une amende maximale si modeste
dans autres juridictions comparables?
Le Président (M. Tremblay) :
M. le ministre.
M. Boulet : Quand c'est…
Attendez, je vais juste vérifier un article.
Des voix : …
M. Boulet : …c'est parce
qu'à chaque fois, quand on est… on conseille, il faut déterminer le bon véhicule
statutaire pénal. Et dans le cas que vous décrivez, là, quelqu'un qui agit par
action ou omission de manière à compromettre sérieusement la santé et sécurité
de quelqu'un, vous iriez à 237 de la Loi en santé et sécurité. Puis la peine
maximale, c'est jusqu'à 300 000 $, là, c'est une amende d'au moins
60 000 et d'au plus 300 000 pour toute récidive, là. Mais il y a des
amendes entre 30 000 et d'au plus 150 000. Tu sais, c'est des amendes
beaucoup plus élevées, là, parce que c'est des infractions… tu sais, en santé
et sécurité, ceux qui pratiquent beaucoup en pénal statutaire, ils
disent : C'est-u un 236 ou un 237, le 237, il est grave, c'est que par
action ou par omission… puis ça répond bien à ce que vous décrivez, collègue.
Merci.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions? M… vous êtes… oui? M. le député
de Jonquière.
M. Gaudreault : Le
député…
17 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...237. Le
237, il est grave. C'est que, par action ou par omission... puis ça répond bien
à ce que vous décrivez, collègue. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions? Monsieur... Oui, M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Le député
de D'Arcy-McGee avait terminé? Oui?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui? Parfait.
M. Gaudreault : Ça va.
Alors, il parlait du Walmart à Jonquière. Je pense c'est le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
qui faisait référence tout à l'heure au travers de Walmart, mais nous, à
Jonquière, on a quand même l'événement historique du seul Walmart qui a été
fermé pour des causes... des raisons de volonté syndicale. Alors, ça a été longtemps
un bâtiment vide, qu'on essaie de remplir maintenant. Mais on n'est pas là pour
parler de ça.
Moi, je veux revenir sur le document que
nous a présenté le ministre. Il nous a dit tout à l'heure, avant de le
déposer... en fait, avant de le rendre pour consultation, là, pour les fins de
notre commission, que c'était souvent des formulaires, par exemple, qui
n'étaient pas remis ou des choses comme ça, des... le défaut de remplir à temps
des documents.
Mais, quand je regarde le document de
travail, par exemple, l'article 458 de la LATMP, ça vise «un employeur qui
exerce une mesure prohibée contre un travailleur, exemple, des mesures de représailles
ou de congédiement». Ensuite... puis je les prends un peu au hasard, là, mais
je prends ceux qui me frappent le plus. «...ne fournit pas les premiers secours
à un travailleur qui subit une lésion professionnelle», à l'article 190 de
458, là, qui est cité par l'article 458. Donc, «ne fournit pas les
premiers secours à un travailleur qui subit une lésion professionnelle», cest
quand même important. «Qui ne maintient pas à ses frais un service de premiers
secours et un service de premiers répondants», c'est l'article 191. C'est vrai...
«qui ne transmet pas les copies des rapports», ça, c'est l'article 215. Je
suis d'accord, ça, c'est mineur, c'est... il a oublié de le mettre dans la
malle la bonne date, là, puis il arrive plus tard. Bon, c'est l'article 215.
Mais c'est parce qu'il y a quand même d'autres éléments plus importants, comme
ceux que je vous ai nommés, là, de ne pas prêter secours... les premiers
secours à un travailleur qui subit une lésion professionnelle.
L'article 118 du projet de loi,
l'article 459, ça, c'est l'article suivant, l'article 459 de la
LATMP, ça vise «un maître d'oeuvre qui, sur un chantier de construction, ne
fournit pas les premiers secours à un travailleur qui subit une lésion
professionnelle», «ne maintient pas à ses frais un service de premiers secours
et un service de premiers répondants». Ensuite... J'essaie... parce que j'en
avais vu un autre assez impressionnant aussi... Par exemple, «une personne qui
ne se soumet pas à l'examen médical que son employeur requiert», c'est quand
même assez important. Ça, c'est l'article...
M. Gaudreault :
...impressionnant aussi, par exemple, une personne qui ne se soumet pas à
l'examen médical que son employeur requiert, c'est quand même assez important.
Ça, c'est l'article 211. Donc, il y a quand même beaucoup d'éléments là-dedans
qui sont importants. Quand on parle de ne pas fournir les premiers secours,
moi, ça m'apparaît important de ne pas tenir, à ses frais, le maître d'oeuvre
ou l'employeur, un service de premiers secours et un service de premier
répondant. C'est des mesures quand même assez importantes puis on les met au
même pied que d'oublier d'envoyer un rapport. Alors, c'est un peu pour ça qu'on
pose ces questions-là.
Puis je ne sais pas comment le ministre
réagit, là, à ces premiers... il y a quand même... Parce qu'il nous parle de
cohésion, puis je suis d'accord, il nous parle de gravité, d'effets dissuasifs,
c'étaient les trois critères qu'il nous a évoqués tout à l'heure et qui sont probablement
les trois critères du ministère de la Justice, gravité, cohésion, effets
dissuasifs, mais, dans la diversité des défauts que j'ai soulevés, là, en
regardant rapidement le document qu'il nous a envoyé, il y a quand même beaucoup
d'éléments qui ne sont pas tout à fait cohérents, là. Donc, moi, je veux bien
qu'on parle de cohésion dans les peines, mais il faut qu'on parle aussi de
cohésion à la source même des peines, donc du défaut qui est relevé.
M. Boulet : Merci. Je
comprends les commentaires du collègue. En même temps, je pense que j'ai fait
mes commentaires. Puis juste vous rappeler que c'est des infractions qui sont
prévues dans la LATMP, là, la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Et c'est beaucoup plus de la nature de la transmission de
rapports d'information, de documents, de suivis, d'assistance. Dans la loi
santé et sécurité, c'est assez large, là. Je vous... Tu sais, 237, que je
soulevais tout à l'heure, de la loi santé et sécurité, il y a des amendes
beaucoup plus costaudes. Puis 236, la même affaire. Donc, c'est vraiment une
affaire factuelle, tu sais, c'est vraiment une description sommaire. Puis quand
on va voir le contexte dans lequel l'infraction est commise, dans la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles, c'est là qu'on est
capables de reconnecter avec la cohésion, la gravité puis l'effet dissuasif.
Puis, encore une fois, c'est fait de façon très rigoureuse et minutieuse, là,
par nos collègues à nous tous, là, du ministère de la Justice. Ça fait que ça
compléterait mes commentaires.
Le Président (M. Tremblay) :
O.K. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. On a
retrouvé un article de Radio-Canada du 29 novembre 2017. Bon, vous allez me
dire : Ça fait quatre ans, mais ce n'est quand même pas si vieux que ça,
sur les relations de travail : Morts au travail : les sanctions pour
manquement à la sécurité ne sont pas assez sévères, disent les familles. Alors :
«Une enquête menée par Radio-Canada révèle que seul un très petit nombre
d'employeurs ont été emprisonnés après avoir été reconnus coupables d'une
infraction aux lois sur la sécurité au travail en lien avec la mort...
M. Gaudreault : ...ça fait
quatre ans, mais ce n'est quand même pas si vieux que ça. Sur les relations de
travail, Morts au travail : les sanctions pour manquement à la sécurité
ne sont pas assez sévères, disent les familles. Alors : «Une enquête
menée par Radio-Canada révèle que seul un très petit nombre d'employeurs ont
été emprisonnés après avoir été reconnus coupables d'une infraction aux lois
sur la sécurité du travail en lien avec la mort d'un employé.»
Bon. Ça parle beaucoup de l'Ouest canadien,
mais là où c'est un petit peu gênant, puis je sais que le premier ministre aime
toujours se comparer avec l'Ontario, là, au niveau, par exemple, des salaires
ou il veut qu'on obtienne les mêmes... Je me souviens, pendant plusieurs
années, avant qu'il soit premier ministre, il se levait toujours à la période
de questions en disant : On est le 57e État sur les 60 États...
les 10 provinces puis les 50 États américains. Bon, bien, dans cet
article de 2017, il y a le cas du Québec. Écoutez bien ça, M. le Président, le
cas du Québec : «Le Québec était la seule province qui n'ait pas pu
fournir des statistiques relatives aux décès en milieu de travail. D'ailleurs,
les pénalités maximales prévues par la loi québécoise sont les plus faibles au
pays pour une première infraction, soit 3 310 $ pour les particuliers
et 66 183 $ pour les entreprises. La Belle Province est également la
seule juridiction qui ne prévoit pas la possibilité d'imposer une peine
d'emprisonnement en vertu de sa loi provinciale sur la santé et sécurité au
travail.»
Bon, je comprends qu'on est dans la LATMP,
mais il y a quand même un signal important à poser, quand on parle des amendes,
là. Et on parle depuis tout à l'heure, entre autres avec le député de
D'Arcy-McGee, des comparaisons avec les autres provinces. Puis là dans cet
article qu'on peut retrouver rapidement avec quelques clics, là, sur
Radio-Canada, bien, on nous dit que le Québec, ce n'est pas le meilleur élève.
Alors, je ne sais pas si on ne pourrait
pas, dans l'optique où le premier ministre nous dit toujours : Il faut
qu'on soit les meilleurs, qu'on se compare avantageusement à l'Ontario, bien,
je pense qu'en matière de peine aussi sur les infractions en matière de...
larges, de santé et sécurité au travail, on pourrait être les meilleurs aussi.
M. Boulet : Je suis d'accord
avec ça, puis l'article de Radio-Canada, s'il a été fait, puis je ne connais
pas la méthodologie, mais c'est avec les amendes actuelles. Et, dans le projet
de loi n° 59, on les monte au-delà du coût d'inflation puis de façon cohérente
avec nos autres lois. Ça fait que je pense qu'on doit se saluer de contribuer à
l'augmentation de ces amendes-là.
Deuxièmement, je me méfie toujours des
comparaisons. Un, on n'en a pas, mais, deux, quand même qu'il y aurait une
amende maximale de 15 000 $ au lieu de 10 000 $, si elle
n'est pas appliquée, ça ne donne rien. Il faut voir l'état de la jurisprudence,
peut-être, canadienne en matière de droit pénal statutaire. Là, on aurait des
véritables comparatifs. Ça, c'est mon premier élément.
Puis le deuxième élément, ce que vous
soulevez, là, les faits, parce que vous savez à quel point les faits, les
circonstances sont importantes pour déterminer c'est quoi, le bon véhicule
pénal, mais on est clairement dans le corridor de la loi santé et sécurité du
travail, puis c'est 237, puis c'est amendes nettement plus élevées.
Puis dernier point, collègue de Jonquière,
le Code criminel...
M. Boulet : ...pas le bon véhicule
pénal, mais on est clairement dans le corridor de la loi santé, sécurité du travail,
puis c'est 237, puis c'est des amendes nettement plus élevées. Puis, dernier
point, collègue de Jonquière, le Code criminel, le Code criminel a été amendé
il y a beaucoup d'années de façon à prévoir parce que le criminel, comme vous
savez, ça ne relève pas de la juridiction du Québec, ça relève de la
juridiction Ottawa, fédérale, et dans le Code criminel du Canada, il y a aussi
des pénalités et des amendes substantielles, là, pour les personnes qui... les
administrateurs ou les dirigeants qui ont des comportements qui engendrent des
blessures corporelles graves, là, dans les milieux de travail notamment, mais
ça dépend véritablement... puis ce dont nous traitons actuellement, et je vous
le dis, là, c'est de la... c'est de l'accident de travail, puis c'est plus de
la gestion, là, puis 10 000 $, c'est quand même revaloriser de façon
importante, puis il y a une fourchette de 2 000 $ à
10 000 $. Puis il ne faut pas oublier, collègue, qu'il y a des
individus aussi, là, puis c'est quand même 1 000 $ à 5 000 $.
Tu omets de faire de quoi, puis l'impact est quand même assez important. Merci.
• (17 h 40) •
M. Gaudreault : Mais,
mais on s'entend qu'on est dans la LATMP, je suis conscient de ça, puis là on
joue un peu sur deux lois, la LSSST... la Loi sur la santé et sécurité au
travail, la LATMP, mais on n'a pas touché aux amendes dans la Loi sur la santé,
sécurité.
M. Boulet : C'est la
raison pour laquelle je disais, là, c'est LATMP parce que ça n'a pas été
modifié depuis 1985, donc ça fait 36 ans, alors que la loi santé,
sécurité, ça a été tout revalorisé en 2009. Ça fait qu'on n'est pas rendu au
stade où les amendes sont substantielles, là. En vertu de 236 et 237, vous
allez les voir, là, c'est des amendes quand même assez importantes, là. À 237,
là, quand il y a des impacts, puis c'est large, là, «quiconque, par action ou
par omission, agit de manière à compromettre directement, sérieusement la
santé, sécurité et l'intégrité de quelqu'un», dans le cas d'une personne
physique, là, et dans le cas d'une personne morale, c'est des amendes quand
même très substantielles. Ça fait que tout ça, évidemment, la gang de justice,
collègue, c'est sûr qu'on pourrait en parler pendant des heures, mais ils
tiennent compte de l'ensemble de ces dispositions statutaires pénales là pour
assurer de tenir compte des trois critères dont on parlait, là, gravité,
cohésion puis effet dissuasif, là.
M. Gaudreault : Bien,
c'est sûr que, si la LATMP n'a pas été retouchée depuis 1985, 1990, ce qu'on a
vu tout à l'heure, et la loi sur la santé, sécurité au travail depuis 2009,
moi, j'aurais tendance à dire de mon côté : Bien, on va en profiter parce
que, 2009, ce n'est quand même pas hier non plus, là. 2009, ça fait
13 ans... 12 ans, 13 ans. Donc, je pense que ça pourrait être
l'occasion aussi de le rouvrir...
M. Gaudreault : ...et la Loi
sur la santé et la sécurité du travail depuis 2009. Moi, j'aurais tendance à
dire, de mon côté : Bien, on va en profiter, parce que 2009 ce n'est quand
même pas hier non plus, là, 2009, ça fait 13 ans... 12 ans,
13 ans. Donc, je pense que ça pourrait être l'occasion aussi de le
rouvrir. Mais moi, ce que je dis, c'est que tant qu'à être dans le projet de
loi n° 59 puis toucher un chapitre sur les amendes, on pourrait... je pense,
c'est au moins l'occasion de faire un petit bilan, là, de la situation.
Puis on a retrouvé un article aussi dans
la revue Relations industrielles, volume 55, numéro 2, c'est
en 2000 : «Une étude américaine montre que le régime québécois se classe
au dernier rang parmi 63 législations américaines, donc comprenant les états
américains et les provinces canadiennes, pour la couverture insuffisante des
mesures préventives et des amendes en cas de non-conformité aux dispositions
réglementaires. Par exemple, au Québec, l'amende maximale pour une première
infraction pour une personne physique est de 3 437 $, alors qu'en
Colombie-Britannique, elle est de 725 000 $ plus 36 225 $
qui s'ajoute par journée de non-conformité. Alors là, ça, c'était quand même en
2000, là.
Ensuite, on a eu le mémoire de Mme
Katherine Lippel qui est venu ici, en commission parlementaire, et qui nous
dit : «Cependant, selon une analyse comparative, les amendes les plus
élevées prévues au Québec sont bien inférieures à celles établies par d'autres
administrations canadiennes. Les amendes prévues au Québec ainsi que les
amendes et les peines d'emprisonnement prévues dans d'autres administrations
canadiennes sont présentées à l'annexe 4.» Bon, puis là, elle présente...
elle cite, en fait, le rapport du Vérificateur général, déposé en 2019, qui
conduit un tableau comparatif des amendes imposables en matière de prévention.
Et on est allé voir, justement,
l'annexe 4 du rapport du Vérificateur général qui fait vraiment cette
comparaison qu'on demandait tout à l'heure. Puis le député de D'Arcy-McGee l'a
demandé au ministre, puis le ministre a dit : On ne l'a pas. Moi, je lui
avait demandé aussi à micros fermés. Le Vérificateur général, en tout cas, lui,
il l'a, en ce qui concerne la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Puis
là on voit, par exemple, au Québec, pour les personnes physiques, première
infraction : 1 719 $... puis là c'est 2019, là, c'est récent,
première infraction, au Québec : 1 719 $ à 3 437 $,
une récidive : de 3 437 $ à 6 871 $; alors qu'en
Ontario : amende maximale de 100 000 $ ou peine
d'emprisonnement maximale de 12 mois, ou les deux peines combinées; en
Alberta, première infraction : amende maximale de 500 000 $ plus
30 000 $ par jour.
Donc, encore une fois, là, je sais, là, M.
le Président, qu'on est dans la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles, puis le Vérificateur général, dans son rapport en
2019, parlait de la Loi sur la santé et sécurité du travail...
M. Gaudreault : …première
infraction, amende maximale de 500 000 $, plus 30 000 $ par
jour. Encore une fois, là, je sais, là, M. le Président, qu'on est dans la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, puis le Vérificateur
général, dans son rapport en 2019, parlait de la Loi sur la santé et sécurité
au travail, mais on l'ouvre, là. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu au moins,
dans ce qu'on peut contrôler, avoir des signaux un petit peu plus élevés en
matière d'infraction?
M. Boulet : …ceci dit avec
respect, je pense que j'ai fait mes commentaires, là, ça a tout été revalorisé
en 2009, puis ça sera ouvert le cas échéant, là, quand besoin en est. Mais ici,
ça s'imposait, là, parce que ça n'avait pas été touché depuis 1985. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'aurais pu faire un amendement, mais je ne veux pas étirer la
sauce, là, on a quand même abondamment beaucoup parlé de cet article-là, mais
c'est un débat qu'on a, M. le ministre et moi, depuis plusieurs projets de loi.
C'est notre cinquième, je pense, qu'on discute ensemble, lui et moi, quatrième
ou cinquième. Pourquoi on ne réfléchit pas à l'idée d'avoir des pourcentages de
revenus, plutôt que des montants fixes? Pourquoi ce n'est pas quelque chose qui
ne peut être appliqué? Est-ce que la raison pour laquelle on ne pourrait pas le
faire, par exemple dans ce projet de loi là, c'est la raison que vous m'avez
mentionnée en tout début d'échange, à savoir qu'il faut soi-disant maintenir la
cohérence du corpus législatif? Est-ce que si on avait une décision qui était
prise ici, de dire : On va passer d'un système de montant fixe à un système
de pourcentage de revenus qui pourrait être passablement plus dissuasif, est-ce
que ça, ça se briserait au ministère de la Justice, qui dirait : Non,
désolé, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne au Québec, puis pour maintenir
la cohérence il faut rester dans des montants fixes?
M. Boulet : Pour maintenir la
cohésion, c'est des marges de manoeuvre de tel montant à tel montant, donc ça
tient compte de la réalité factuelle et circonstancielle. De tenir compte des
montants de revenus, c'est vraiment une autre philosophie pénale, qui n'est pas
celle qui est en cours au Québec.
M. Leduc : Mais on n'a pas
fait quelque chose de similaire au projet de loi n° 64, introduire des
pourcentages de revenus, là, c'était des questions de fraude, si je ne me trompe
pas.
M. Boulet : Ah! pas à ma
connaissance.
M. Leduc : Sur les
renseignements personnels, la Loi sur les renseignements personnels? Pas à
votre connaissance.
M. Boulet : Pas à ma… Pas dans
mon cas.
M. Leduc : Ça fait que si on
voulait virer l'ensemble du corpus législatif pour le passer à une nouvelle
philosophie de pourcentage, puis là, quand je dis pourcentage, je parle d'une
fourchette aussi, là, dans le même modèle que vous avez, avec une fourchette de
montant fixe. Il faudrait faire un projet de loi là-dessus, qui couvrirait
l'ensemble, ou en tout cas une partie substantielle des amendes?
M. Boulet : Bien, c'est sûr,
ça prendrait un véhicule législatif, là, vous dites : Est-ce qu'il
pourrait y avoir un omnibus, puis le collègue de Jonquière pourrait répondre à
ça aussi bien que moi, là…
M. Leduc : …que vous avez
avec des fourchettes de montants fixes. Il faudrait faire un projet de loi
là-dessus qui couvrirait l'ensemble ou, en tout cas, une partie substantielle
des amendes.
M. Boulet : Bien, c'est
sûr, ça prendrait un véhicule législatif, là. Vous dites : Est-ce qu'il
pourrait y avoir un omnibus - puis le collègue de Jonquière pourrait répondre à
ça aussi bien que moi, là - pour modifier toutes les dispositions statutaires,
pénales au Québec? Puis au lieu d'avoir des marges ou des fourchettes, que ce
soit en fonction de revenus. Je présume que ça pourrait se réfléchir, là, mais
ce n'est pas l'objet de notre débat.
M. Leduc : Je comprends.
Je trouve ça important de le soulever…
M. Boulet : Bien, oui.
M. Leduc : …parce que le
montant fixe… Puis mes collègues l'ont soulevé précédemment, d'une part, c'est
un peu étrange parce qu'on est condamné à le réouvrir systématiquement. Comme
il n'y a pas une clause de revalorisation automatique, il va falloir le
retoucher dans une couple d'années. Il va devenir désuet par la force des
choses.
Et d'autre part, je trouve que sa force
dissuasive n'est pas aussi forte que si on parle d'un pourcentage de revenus.
On utilisait, tantôt, l'expression de Walmart qui en effet peut trouver ça, à
la limite, risible une amende de 10 000 $, alors qu'ils ont un
chiffre d'affaires de plusieurs millions pour un commerce puis, des fois, plusieurs
milliards évidemment pour la bannière.
Bref, alors, je tenais à le soulever dans
la discussion. Merci.
M. Boulet : Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. Parfait. Pas d'autres interventions? Nous pourrions procéder à la mise aux
voix par appel nominal sur l'article 118. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : ...
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 118 est donc adopté. Nous pouvons procédons à la lecture de
l'article 120, M. le ministre.
M. Boulet : Merci.
L'article 462 de cette loi est modifié par le remplacement de «d'au moins
300 $ et d'au plus 500 $ s'il s'agit d'une personne physique, et
d'une amende d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il s'agit
d'une personne morale» par «d'au moins 500 $ et d'au plus
1 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au
moins 1 000 $ et d'au plus 2 000 $ dans les autres cas».
Explication : bon, ça revalorise les
amendes pour certaines infractions. Ici, c'est l'article 462, un
professionnel de la santé qui refuse ou néglige de faire une attestation, un
avis ou un rapport tels que prévu à un certain nombre d'articles, là. Je ne
sais pas si c'était dans la description qu'on vous avait envoyée.
(Consultation)
M. Boulet : Oui, c'était
dans la description qu'on vous avait transmise. C'est complet, M. le président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait, M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Bien, on ne refera pas le débat sur le montant des amendes, là. Je pense qu'on
a largement parlé de ça. Sauf qu'un détail, le ministre n'avait pas eu le temps
de me répondre ou on l'a peut-être oublié dans la discussion, là, ce n'est pas
une…
M. Boulet : …M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait, M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Bien, on ne refera pas le débat sur le montant des amendes, là. Je pense qu'on
a largement parlé de ça. Sauf qu'un détail, le ministre n'avait pas eu le temps
de me répondre ou on l'a peut-être oublié dans la discussion, là. Si ce n'est
pas une personne physique, c'est quoi les autres cas finalement?
M. Boulet : …C'est les
sociétés, tu sais, parce que maintenant, tu sais, la personne morale, c'est
celle qui est incorporée, celle qui… sous forme de compagnie. Puis il y a des
sociétés…
M. Gaudreault : Sociétés
en commandite.
M. Boulet : Exact, ou en
nom collectif ou… oui.
M. Gaudreault : Oui,
O.K., O.K., donc ça couvre les autres cas.
M. Boulet : Donc, tu as
la personne physique puis tu as les autres, ça fait qu'on n'échappe personne.
M. Gaudreault : Est-ce
que ça couvre le gouvernement du Québec si le gouvernement du Québec fait
défaut?
M. Boulet : Bien, le
gouvernement du Québec, par ses entités, n'est pas à l'abri, non.
Effectivement, oui.
M. Gaudreault : O.K.
M. Boulet : Merci.
M. Gaudreault : Ça va.
Le Président (M. Tremblay) :
D'autres interventions sur 120? Non? Alors, nous pourrions procéder à la mise
aux voix de l'article 120 par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
: M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
: M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 120 est donc adopté. Nous pouvons procéder à la lecture de
l'article 121.
M. Boulet : Merci.
L'article 463 de cette loi est modifié par le remplacement de «d'au moins
500 $ et d'au plus 2 000 $ s'il s'agit d'une personne physique,
et d'une amende d'au moins 2 000 $ et d'au plus 8 000 $
s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins 1 000 $ et d'au
plus 10 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende
d'au moins 2 000 $ et d'au plus 20 000 $ dans les autres
cas».
Explications. Bon, ça revalorise les
amendes auxquelles c'est… là, la personne qui agit ou omet d'agir en vue
d'obtenir un avantage auquel il sait ne pas avoir droit. Il s'agit d'une
infraction plus grave que les autres, qui requiert la preuve d'une intention
coupable, c'est pourquoi le montant de l'amende est plus élevé. Merci. C'est
tout.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'ai fait acheminer un amendement tantôt au ministre. Je ne sais pas
s'ils ont eu le temps de l'analyser. Je pourrais peut-être suspendre, là, qu'on
s'en… qu'on en discute.
Le Président (M. Tremblay) :
Est-ce nécessaire de suspendre, M. le…
M. Boulet : Non, ce n'est
pas nécessaire.
Le Président (M. Tremblay) :
Est-ce que les collègues ont pris connaissance du…
M. Leduc : Bien, je ne
sais pas si c'est sur Greffier. Il l'est déjà?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. Parfait. On peut l'avoir à l'écran ou…
Une voix : …
M. Leduc : Ça va comme
suit.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci.
M. Leduc :
L'article 121 du projet de loi est amendé par l'insertion, après le
premier alinéa, du suivant :
«Cependant, si l'avantage obtenu sans
droit est la réception périodique d'une indemnité de…
M. Leduc : ...ça va comme
suit : L'article 121 du projet de loi est amendé par l'insertion,
après le premier alinéa, du suivant :
«Cependant, si l'avantage obtenu sans
droit est la réception périodique d'une indemnité de remplacement de revenu,
cela ne constitue qu'une seule infraction au sens du présent article.»
Alors, explication. Il y a donc une
amende, là, une fourchette de 1 000 $ à 10 000 $ qui est
dans l'article, là, 463, qu'on propose donc de bonifier avec le paragraphe
suivant, là. Ces amendes-là peuvent... ces infractions-là, pardon, peuvent
doubler ou tripler en cas de récidive. Ça nous semble quand même important,
voire disproportionné. Puis il faut savoir que la réception d'une indemnité de
remplacement de revenu à chaque deux semaines, à chaque paie, en quelque sorte,
constitue des infractions distinctes l'une de l'autre.
Il y a une décision, la décision qui date
de 2012 de la Commission de la santé et de la sécurité du travail contre Bleau,
2012, où une travailleuse a été reconnue coupable de 92 chefs
d'infraction, soit chaque chèque reçu aux deux semaines. Il faut savoir qu'en
plus de l'amende la travailleuse doit également rembourser l'intégralité de
l'indemnité reçue sans droit. Ça nous semble quand même intense, pour le dire
en «slang», peut-être, ou en tout cas excessif et disproportionné. Et on pense
qu'il y aurait lieu de rajouter, donc, le petit paragraphe qui dit que,
si, dans ce cas-là, il y a eu en effet plusieurs versements, on ne va pas commencer
à multiplier à l'infini, quasiment, le nombre de pénalités, là, à chaque deux
semaines, à chaque paie qu'il y a eu. Ça ne constituerait donc qu'une seule
infraction, étant entendu, bien sûr, que la personne doit quand même rembourser
de l'indemnité reçue sans droit.
Le Président (M. Tremblay) :
M. le ministre.
M. Boulet : Bien, je
comprends le projet d'amendement, mais, en même temps, c'est incompatible avec
le droit pénal, notamment, au Québec, là, c'est celui que je connais. Mais
chaque événement constitue une infraction. Puis le collègue de Jonquière
connaît aussi ce type d'infraction là. Et c'est qu'on est dans un contexte...
puis là je reviens à 163, c'est «quiconque agit ou omet d'agir en vue d'obtenir
un avantage». Donc, si la personne, à chaque deux semaines, elle reçoit une
indemnité de remplacement de revenu, donc elle reçoit 90 % d'un revenu
net, à chaque deux semaines, elle reçoit un chèque, donc elle agit ou omet
d'agir... Puis là c'est une question de preuve, là, parce que, admettons, dans
l'hypothèse où le juge en vient à la conclusion qu'elle a agi en vue d'obtenir
un avantage auquel elle n'avait pas droit, bien, chaque événement constitue une
infraction. Puis ce n'est pas que dans ce cas-là. Puis je comprends, là, le cas
que vous m'expliquez, mais, dans toutes les infractions de nature pénale,
l'amende tient compte de chaque infraction. Sinon, tu vas répéter... sachant,
tu va répéter constamment la même infraction puis tu dis : Je vais avoir
juste la même amende...
M. Boulet : ...puis ce
n'est pas que dans ce cas-là, puis je comprends, là, le cas que vous
m'expliquez. Mais, dans toutes les infractions de nature pénale, l'amende tient
compte de chaque infraction. Sinon, tu vas répéter... sachant que tu vas
répéter constamment la même infraction, tu dis : Je vais avoir juste la même
amende. Ceci dit, est-ce qu'un juge va considérer, dans un cas comme celui-là,
la répétitivité? Oui, sûrement. Est-ce qu'il va le considérer comme une circonstance
atténuante ou aggravante? Chacun peut avoir son point de vue. Je pense que ça
va devoir être démontré puis mis en preuve, mais malheureusement je ne peux pas
aller dans la direction de l'amendement proposé par le collègue même si je le
comprends parce que ce serait totalement... bien, en tout cas, incompatible
avec la façon dont les juges, en matière pénale, ont toujours analysé ce type
d'infractions là. Encore une fois, c'est une infraction où quelqu'un obtient un
avantage auquel il sait ne pas avoir droit, et sa connaissance est l'élément
déterminant.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Il y a quand
même quelque chose d'absurde parce que, l'infraction, c'est le fait de recevoir
l'indemnité à laquelle il n'a pas droit. Après ça, qu'on commence à décider que
le mode de versement de cette infraction-là détermine le montant de la pénalité
que la personne aura à payer, ça ne fonctionne pas. Qu'est-ce qu'il arrive si, tout
d'un coup, on décide de... à la CNESST, qu'on passe d'un système d'indemnités
aux deux semaines, à un système par semaine? On va doubler le nombre
d'infractions. Et l'inverse, si on passe à un système de versements par mois,
on va baisser le nombre d'infractions. Ça n'a pas de bon sens. Ça reste la même
infraction. En quoi la modalité de versement de l'indemnité devient le prisme
principal du montant final que la personne aura à payer comme amende?
• (18 heures) •
M. Boulet : Mais ce n'est
pas la modalité de versement qui constitue la base de l'infraction, c'est la
connaissance de la personne. À chaque fois qu'elle reçoit un chèque, elle sait
ne pas y avoir droit. Puis si elle l'a fait cinq fois, bien, elle a un
comportement répréhensible à cinq reprises, puis je pense, collègue, le gros
bon sens nous amène à conclure que de cette manière-là à chaque fois qu'elle
recevait un... Puis, encore une fois, c'est une question de preuve parce que
les faits peuvent démontrer qu'elle ne le savait pas ou qu'il y avait des
circonstances qui faisaient en sorte qu'elle avait... elle avait une perception
légitime ou qu'elle croyait légitimement y avoir droit. Encore une fois, tout
est une question de preuve. Puis c'est assez nuancé, je pense, ce que nous
discutons, mais là on est devant quelqu'un qui sait ne pas avoir droit et qui,
à chaque deux semaines, reçoit un chèque de la CNESST lui donnant une indemnité
de remplacement de revenu. Donc, elle commet l'infraction à chaque fois qu'elle
sait et qu'elle reçoit, et qu'elle encaisse, et qu'elle bénéficie. C'est ça, la
nature d'une disposition pénale, c'est de...
18 h (version non révisée)
M. Boulet : ...à chaque deux
semaines reçoit un chèque de la CNESST ou lui donne une indemnité de
remplacement de revenu. Donc, elle commet l'infraction à chaque fois qu'elle
sait et qu'elle reçoit, et qu'elle encaisse, et qu'elle bénéficie. C'est ça, la
nature d'une disposition pénale, c'est de donner une pénalité pour un
comportement qui est répréhensible, mais, encore une fois, qui est jugé répréhensible.
M. Leduc : Vous confirmez mon
argument. Si on passe à un système de versements, de chèques à chaque mois, si
on passe dans un système à chaque mois, ça veut dire que la personne va être
deux fois moins répréhensible, parce qu'on aura...
M. Boulet : Oui, parce que sa
connaissance se multiplie ou s'additionne à chaque fois qu'elle reçoit un
chèque. Puis là je comprends dans quel sens vous utilisez la modalité de
versement. Si c'était payé à chaque semaine, ce serait à chaque semaine qu'elle
commettrait un comportement répréhensible. Puis là même affaire d'un employeur,
puis vous le savez, tu sais, qu'il ne paie pas, tu sais. Puis il peut commettre
la même infraction à plusieurs reprises, même si c'est le même comportement
fautif, là, que ce soit un employeur ou un travailleur. Mais je vous dis juste
que c'est comme ça qu'a toujours été appliqué le droit pénal au Québec puis
dans les juridictions où il y a des dispositions pénales de même nature.
M. Leduc : Ça fait qu'une
personne, là, avec les amendes qu'on est en train de multiplier, je ne suis pas
contre le fait qu'on multiplie les amendes, bien sûr, dans un même scénario,
là, elle pourrait se ramasser quasiment avec pas loin d'une facture de presque
1 million, parce qu'on aura multiplié... à chaque deux semaines, là, on
aura renouvelé sa culpabilité avec des montants supérieurs. Puis tantôt, on
vient de voter que Walmart, là, ils vont payer 10 000 $ s'ils font un
renvoi, là, puis pour un congédiement non approprié.
M. Boulet : Mais Walmart, la
même affaire, s'ils ont eu une omission ou s'ils n'ont pas payé tant de fois,
ils vont commettre la même infraction à répétition, ça fait qu'ils s'exposent à
un 10 000 $ multiplié par... Puis, encore une fois, il faudrait que
ça soit le Walmart qui sait... qui agit ou omet d'agir en vue d'obtenir un
avantage, et ça, ça peut arriver, ou en vue de soustraire à une obligation,
parce que c'est prévu à 463. Dans le cas d'un Walmart, c'est plus : «agit
en vue d'obtenir un avantage auquel il sait ne pas avoir droit ou de soustraire
à une obligation que la présente loi lui impose.» Et, s'il se soustrait
plusieurs fois, par exemple, il omet de payer un salarié à plusieurs reprises,
c'est le même raisonnement.
Puis je veux juste vous rassurer pour la
modalité de versement de l'indemnité de remplacement de revenu en vertu de 125
de la loi sur les accidents de travail, maladies professionnelles, c'est versé
aux deux semaines. Ça fait que la modalité ou la fréquence de versement ne sera
pas changée. Mais le raisonnement pénal auquel je réfère s'applique exactement
de la même manière à un Walmart ou à n'importe quelle compagnie. Je ne sais pas
pourquoi vous référez souvent à cette entreprise-là, mais que ce soit Walmart...
M. Boulet : ...la modalité ou
la fréquence de versement ne sera pas changée, mais le raisonnement pénal
auquel je réfère s'applique exactement de la même manière à un Walmart ou à
n'importe quelle compagnie. Puis je ne sais pas pourquoi vous référez souvent à
cette entreprise-là, mais que ce soit Walmart ou X, Y incorporé, ce serait le
même raisonnement.
M. Leduc : Est-ce que vous
vous doutez évidemment pourquoi je fais référence à cette compagnie-là? Ce que
je ne comprends pas de votre raisonnement, là, c'est que vous me dites que, si
un employeur produit une non-paie à chaque deux semaines, le juge... vous
pensez que le juge va dire : Vous ne l'avez pas payé à chaque deux
semaines, ça fait que votre amende, je vais la multiplier à chaque deux
semaines que vous ne l'avez pas payée. Un non-événement va être considéré comme
une infraction.
M. Boulet : S'il ne respecte
pas une obligation de transmission de rapports ou de donner des informations et
que ça se répète dans le temps, bien, il reconnaît l'infraction. À chaque fois
qu'il sait ou à chaque fois qu'il omet d'agir en vue de se soustraire à une
obligation que la présente loi lui impose, à chaque fois...
M. Leduc : Qu'est-ce qui est
comparable à une paie qui rentre automatiquement aux deux semaines?
M. Boulet : Bien, on pourrait peut-être
en trouver un, exemple, là, d'une compagnie qui...
M. Leduc : Bien, je serais
bien curieux.
M. Boulet : Bien, qui se
soustrait à une obligation qui se répète dans le temps, peu importe la nature
de l'obligation, bien, à ce moment-là, il serait contraint de payer l'amende.
Mais, peu importe la nature de l'obligation, s'il ne respecte pas cette
obligation-là, c'est le même raisonnement, la même philosophie...
M. Leduc : Ça, je le
comprends, puis je ne suis pas contre cette logique-là dans l'absolu, ce que je
vous dis, ce que je vous propose, c'est que, dans le cas d'une réception
périodique d'une indemnité, c'est un peu bizarre de dire qu'à chaque deux
semaines elle renouvelle son infraction et on doit la repunir séparément pour
chacune des petites paies qu'elle a reçues. L'infraction, c'est le fait d'avoir
une indemnité qu'on n'avait pas droit, qu'elle doit rembourser de toute façon.
Puis là, en plus, on lui dit : Tu rembourses au complet, ça va de soi,
mais en plus je te tape sur les doigts pour chaque prestation individuelle. Tu
es également coupable pour chaque petit deux semaines où tu as vu...pas une
paie passer, là. Ça n'a pas de bon sens.
M. Boulet : Je respecte ça,
mais...
M. Leduc : Puis ça, ça veut
dire aussi qu'entre les deux semaines, la semaine entre les deux, là, là, elle
n'est pas coupable. Là, là, la sanction est juste pour la semaine un puis
trois. Ça fait que la semaine deux, ça, elle est tranquille puis elle n'a pas
fait d'infraction. La semaine quatre... tous les chiffres pairs, là, elle est
non coupable, puis les chiffres impairs, elle est coupable. Ça ne tient pas la
route. Il faut qu'on ait une façon de trouver une voie de passage, il faut que
cette personne-là soit reconnue coupable, il faut qu'elle rembourse. Je ne suis
pas en train de vouloir donner un passez GO, réclamer 200$, là.
M. Boulet : Je vous dirais,
collègue... On n'est pas en accord, là, c'est une philosophie d'application de
dispositions pénales, mais, je vous dirais, plaidez-le devant le juge,
utilisez-le comme circonstance atténuante, assurez-vous que ça a un impact sur
le montant de l'amende, qu'elle soit toujours...
M. Boulet : ...on n'est pas en
accord, là. C'est une philosophie d'application de dispositions pénales. Mais
je vous dirais : Plaidez-le devant le juge. Utilisez-le comme
circonstances atténuantes. Assurez-vous que ça a un impact sur le montant de
l'amende, qu'elle soit toujours la même plutôt que considérer que c'est une...
Ça peut se plaider si c'est... Si c'est si insensé que ça, ça se plaide. Puis
un conseiller peut le présenter devant un tribunal. Moi, je vous dis, à l'amendement
que vous me soumettez, je ne peux pas parce que ce n'est pas compatible avec l'application
judiciaire des dispositions pénales.
M. Leduc : Je vais demander
une suspension, M. le Président. À moins que d'autres collègues veuillent... là-dessus.
Le Président (M. Tremblay) :
Non? Parfait. On va suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 7)
(Reprise à 18 h 20)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. Nous en étions à la proposition d'amendement
du député d'Hochelaga-Maisonneuve sur l'article 121. Est-ce qu'il y avait
d'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve d'abord.
M. Leduc : Bien, on a cherché,
on a réfléchi, puis je ne vois pas d'équivalent, pour un employeur, d'avoir quelque
chose comme ça qui est cyclique et qui fait comme un… qui est le compteur. Des
fois, on utilise l'expression «le compteur d'Hydro continue à tourner»,
là, par rapport aux amendes, puis, à chaque deux semaines, il passe go et
réclame maintenant 10 000 $ plutôt que 2 000 $. Puis est-ce
qu'il n'y a pas là un danger d'avoir, donc, une hausse des amendes? Mais c'est
très bien qu'on ait haussé les amendes, ça, je ne m'y oppose pas, bien au
contraire. Mais il n'y a pas là un danger que laisser aller ce système-là, qui
rend possible un jugement comme celui que je vous faisais référence, là, la
CSST c. Bleau, 2012, laisser aller ce système-là, où on répète l'infraction de
manière un peu bête, en quelque sorte, aux deux semaines, au système de paie,
n'est pas dangereux? En ce sens que vous le savez que, dans la conciliation, à
l'étape de la conciliation…
M. Leduc : …référence, là, la
CSST contre Bleau, 2012. Laisser aller ce système-là où on répète l'infraction,
de manière un peu bête, en quelque sorte, aux deux semaines, au système de
paye, n'est pas dangereux en ce sens que vous le savez que dans la
conciliation, à l'étape de la conciliation préprésentation devant le TAT, il y
a toutes sortes de bras de fer qui se jouent, mais maintenant qu'un employeur
est bien au courant, là, qu'une personne qui est… avec qui il y a une
contestation, et de ses employés avec qui c'est contesté, là, son état de
lésion et puis les indemnités qu'il reçoit, ne pourrait pas abuser de cette
situation et de lui dire : Écoute bien, maintenant c'est très clair, tu
vas être reconnu coupable à chacune des payes que tu as eues, et ça fait quatre
mois, six mois, plusieurs mois que tu es chez vous en rémission alors que tu…
visiblement, j'ai des preuves que tu ne l'es pas, ou autre scénario, n'y a-t-il
pas là un danger inquiétant d'abuser de cette drôle d'idée qu'on est coupable
le nombre de fois de payes qu'on a reçues, plutôt que coupable de l'ensemble de
l'oeuvre? Puis évidemment, le juge pourra apprécier l'ensemble de l'oeuvre si
ça s'étire sur deux semaines ou sur deux ans. On s'entend qu'il peut y avoir
une variation, là, de la culpabilité, mais n'y a-t-il pas quelque chose
d'absurde de multiplier, là, de manière… en termes de gradation, à chaque deux
semaines, un peu arbitrairement, parce que ça aurait pu être aux semaines, ça
aurait pu être au mois, on a décidé que les payes étaient aux deux semaines,
mais n'y a-t-il pas là un danger d'abus, de profiter de cette situation-là, de
menacer, dans le fond, le salarié, de lui magasiner une amende particulièrement
salée en espérant, évidemment, le faire plier, que le salarié retire sa
requête, retire… accepte de concéder qu'il n'est pas malade ou lésionné et
qu'il y ait donc là, encore une fois, une disproportion du rapport de force
entre l'employeur et l'employé?
Le Président (M. Tremblay) :
…
M. Boulet : Non, je n'ai pas
de commentaire. Ceci dit, avec respect, là, merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. M. le député de D'Arcy-McGee?
M. Leduc : Peut-être une
dernière question, est-ce que pendant la… Excusez, juste une dernière question.
Est-ce que pendant la pause vous avez trouvé d'autres exemples d'employeurs qui
pourraient être dans une même situation où le compteur tourne?
M. Boulet : Ah! bien, on a
pensé à plusieurs, là, des employeurs qui, de façon répétitive, n'envoient pas
des avis de l'employeur et demandent un remboursement, n'envoient pas de
déclaration, ne fournissent pas les renseignements, puis oui, il y en a. Mais
c'est tellement variable, puis on n'est pas un juge. Le tribunal aurait à
apprécier les circonstances de chaque cas. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : …que je trouve
en quelque part l'amendement intéressant, pour deux raisons. N'y a-t-il pas en
quelque part, si je fais le tour de quelques exemples possibles dans le cas de
l'employeur ou un employé qui abuserait de ses obligations de sens qui est
prévu dans l'article, mais n'y a-t-il pas en quelque part un genre de concept
d'exemplarité au sein des…
M. Birnbaum : …de quelques
exemples possibles dans le cas de l'employeur ou un employé qui abuserait de
ses obligations… de sens qui est prévu dans l'article. N'y a-t-il pas en
quelque part un genre de concept d'exemplarité au sein des obligations morales
et autres sur un employeur?
Écoutez, je me permets de penser, pas pour
justifier pour une seconde un employé qui recevait un bénéfice sur un chèque de
paie. Il constatait que ce n'était pas mérité et continuait à accepter cet
argent-là en connaissance de cause. Je ne veux pas évidemment aucunement
justifier ça. Et L'article prévoit des amendes.
En même temps, en même temps, l'employeur…
et on ne fait pas de distinction ici, d'abstraction entre un petit employeur
ou, une autre fois, on ne va pas harceler Walmart, je vais choisir une autre,
bon, une autre grande compagnie, on ne fait pas d'abstraction ou on ne fait pas
de distinction. Alors, je me permets de le dire : n'y a-t-il pas un
principe, premièrement, de… une exigence d'exemplarité au… quand il s'agit d'un
employeur? Dans un premier temps.
Et, dans un deuxième temps, est-ce que
c'est… n'y a-t-il pas un enjeu légitime de suggérer que l'impact même d'un abus
d'un employé est d'un autre ordre d'un employeur qui aurait abusé de ses
droits… de ses privilèges et droits, selon cet article-là… et qu'il l'aurait peut-être
multiplié à maintes reprises et au détriment de plusieurs employés?
Si j'ai le moindrement raison, j'offre
juste une autre observation. S'il y a une différenciation à faire entre les
deux, je soumets que l'article est totalement insuffisant. Et là, je m'adresse
au différentiel dans les amendes comme telles. Qu'on soit honnête de dire que
c'est le double pour l'employeur. Ce n'est pas si significatif que ça dans un…
quand on peut être en train de parler d'un employé au salaire minimum dans une
entreprise où… une entreprise d'une valeur annuelle de vente de quelques
millions de dollars. Alors, la question que je pose : Est-ce qu'il y a ce
principe en quelque… ce principe d'exemplarité considéré en quelque part? Et…
M. Boulet : Tout de
suite, là, étant donné… Oui, l'exemplarité, oui, ça fait partie de l'exercice
du pouvoir judiciaire. Le tribunal a à le considérer. D'ailleurs, quand il y a
récidive, c'en est une, circonstance aggravante. Ça, c'est le premier point.
Deuxième point, rapidement, parce que je
vois qu'on…
Une voix : ...en quelque part,
et...
M. Boulet : Tout de suite, là,
étant donné, oui, l'exemplarité. Oui, ça fait partie de l'exercice du pouvoir
judiciaire. Le tribunal a à le considérer. D'ailleurs, quand il y a récidive,
c'en est une circonstance aggravante. Ça, c'est le premier point. Deuxième
point, rapidement, parce que je vois qu'on est limité dans le temps, c'est la
personne civique, c'est un montant, puis la personne autre, société ou
compagnie, c'est des montants d'amende qui sont plus élevés. Ça fait qu'on
tient compte si c'est un individu par rapport à une personne morale. Puis ça,
c'est dans tout le corpus législatif du Québec, là. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Oui.
M. Birnbaum : Donc,
premièrement, ça me surprend un petit peu de constater soudainement qu'on est
devant une contrainte temporelle. Évidemment, on veut faire notre travail de
façon constructive. Mais si, comme je dis, en quelque part on comprend, pas en
quelque part, si on veut, c'est tout à fait le principe recevable que le poids
de responsabilité en quelque part est différent pour l'employeur que pour
l'employé. N'y a-t-il pas lieu donc à considérer l'amendement devant nous qui
fait une différenciation qui est significative et intéressante.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Boulet : Merci. Je n'ai pas
de commentaire.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? Alors, nous pourrions procéder à la mise aux
voix de l'amendement par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention.
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
: Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'amendement est donc rejeté.
On revient sur l'article 121.
D'autres interventions? Nous pourrions procéder à la mise aux voix de
l'article 121 par appel nominal, M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention.
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Poure.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
: Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
Le Secrétaire
: Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 121 est donc adopté.
M. le ministre, nous pouvons procéder à la lecture
de l'article 122.
• (18 h 30) •
M. Boulet : Merci.
L'article 464 de cette loi est modifié par le remplacement de «d'au moins
300 $ et d'au plus 500 $ s'il s'agit d'une personne physique et d'une
amende d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il s'agit d'une
personne morale» par «d'au moins 1 000 $ et d'au plus
10 000 $ s'il s'agit d'une personne physique et d'une amende d'au
moins 2 000 $ et d'au plus...
18 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...de cette
loi est modifié par le remplacement de «d'au moins 300 $ et d'au plus 500 $,
s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au moins 500 $ et
d'au plus 1 000 $, s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins
1 000 $ et d'au plus 10 000 $, s'il s'agit d'une personne physique,
et d'une amende d'au moins 2 000 $ et d'au plus 20 000 $
dans les autres cas».
Explication. Bon, c'est une revalorisation.
C'est quelqu'un qui fait une fausse déclaration, entrave ou tente d'entraver
une enquête, une vérification ou fait défaut de se soumettre à une ordonnance
ou à une décision de la commission. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. Des interventions sur 122? Alors, je n'ai pas d'intervention. Nous
pourrions procéder à la mise aux voix par appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 122 est adopté. Nous pouvons procéder à l'article 123.
M. Boulet : Merci.
L'article 265 de cette loi est modifié par le remplacement de «n'excédant
pas 300 $, s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende n'excédant
pas 500 $, s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins 500 $
et d'au plus 1 000 $, s'il s'agit d'une personne physique, et d'une
amende d'au moins 1 000 $ et d'au plus 2 000 $ dans les
autres cas».
Explication. Bon, ça revalorise. Puis là
c'est les infractions à la Loi sur les accidents de travail et maladies
professionnelles, qui ne sont pas, par ailleurs, prévues dans les dispositions
précédentes. Merci, c'est complet.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Des interventions sur 123? Je n'ai pas d'intervention.
Alors, nous pourrions procéder à la mise aux voix par appel nominal, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: Et M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 123 est adopté. M. le ministre, l'article 124.
M. Boulet : Oui.
L'article 467 de cette loi est remplacé par le suivant :
«Les montants minimal et maximal des
amendes prévues par la présente loi sont portés au double pour une première
récidive et au triple pour toute récidive additionnelle.»
Explication. Cette nouvelle reformulation
vise à le rendre conforme aux autres dispositions de même nature dans les lois
du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Des interventions sur 124? M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que cet
article-là s'applique au cas qu'on a étudié il y a quelques instants?
M. Boulet : Bien, comme
je vous dis, encore une fois, il faudrait une preuve claire qu'elle a agi...
M. Boulet : ...Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Des interventions sur 124? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que cet
article-là s'applique au cas qu'on a étudié il y a quelques instants?
M. Boulet : Bien, comme
je vous dis, encore une fois, il faudrait une preuve claire qu'elle a agi ou a
omis d'agir en vue de. Tu sais, ça prend une intention, une preuve d'intention.
Puis, par la suite, il faut une preuve que c'est une récidive, qu'elle fait de
nouveau ou qu'elle fait... moi, puis je ne veux pas rentrer dans les bottines
d'un juge, là, parce que je ne voudrais pas embarquer dans la définition de ce
qu'est une récidive. Je ne suis pas un expert en droit pénal, là. Mais j'aime
mieux ne pas me prononcer sur le cas auquel vous faites référence. Puis, à mon
avis, ceci dit avec réserve parce que je ne connais pas les faits, c'est que ça
serait quand même un peu surprenant puis qu'un juge en vienne à la conclusion
qu'elle a agi dans... qu'elle avait l'intention à chaque fois. J'imagine, si
c'est 60 fois, j'imagine qu'il y a des éléments qui permettent de
déterminer qu'elle n'avait pas l'intention. Et je ne vais pas plus loin, mais
je vous donne une piste.
M. Leduc : Oui.Sauf que,
là, en théorie, non seulement on retape, au niveau de beaucoup de règles, à
chaque deux semaines, puis qu'on repasse go et on lui réclame 200 $, là,
pour reprendre l'expression bien connue. Là, en fait, on pourrait, en théorie
avec cet article-là, au lieu de répéter un nouveau 200 $ à chaque deux
semaines, là, ça pourrait devenir 200 $, 400 $, 800 $. Ça
pourrait devenir particulièrement exponentiel, là.
M. Boulet : Mais c'est
intéressant, mais il n'y a aucune jurisprudence, puis j'ai fait vérifier, là.
Il n'y a aucune jurisprudence en semblable matière, ça fait que c'est difficile
pour moi de me prononcer. Mais, non seulement il faudrait une preuve
d'intention, mais en plus il faudrait une preuve que c'est une récidive au sens
de la définition qui est retenue par les tribunaux pénaux.
M. Leduc : Et je
comprends qu'il n'y a peut-être pas de jurisprudence avec ce modèle-là, mais
vous me comprenez que ça serait théoriquement possible. Moi, ça me...
M. Boulet : Je ne me
prononcerai pas là-dessus. Est-ce que c'est théoriquement possible? Je pense
qu'on pourrait avoir des opinions qui divergent d'un à l'autre, là, puis j'aime
mieux ne pas me prononcer. En fait, c'est... puis parce que je ne connais
tellement pas les faits, tu sais, c'est vraiment un cas pas hypothétique, là,
mais c'est un cas réel, mais j'aurais tellement de questions à poser avant de
me prononcer puis de donner une opinion qui est correcte puis qui est
raisonnée, là.
M. Leduc : Ça va sonner
bizarre, mais peu importe les faits, il n'y a pas une limite à me donner à ce
qu'un individu qu'on reconnaît coupable de fraude, dans le fond, une il n'y a
pas une limite à ce qu'on peut lui réclamer au-delà évidemment des sommes
qu'elle a reçues, mais comme pénalité. Là, à chaque deux semaines, on a décidé
que c'est bien correct qu'on puisse lui retaper sur les doigts...
M. Leduc : ...à ce que
l'individu qu'on reconnaît coupable de fraude, dans le fond, qu'il n'y ait pas
une limite à ce qu'on peut lui réclamer, au-delà, évidemment, des sommes
qu'elle a reçues, mais comme pénalité. Là, à chaque deux semaines, on a décidé
que c'était bien correct qu'on puisse lui retaper sur les doigts puis de
multiplier, autant qu'il y a eu de chèques de paie, l'infraction.
Une voix : ...
M. Leduc : Ah! bon, parfait.
M. Boulet : J'ai une réponse.
Une chance qu'on a une équipe.
M. Leduc : Une chance.
M. Boulet : En fait, c'est
notre équipe. Mais, dans le Code de procédure pénale, c'est superintéressant,
puis je ne le savais pas, là, puis peut-être qu'il y en a qui le savaient, là,
mais l'article 236 : «Lorsqu'une loi prévoit une peine plus forte en cas
de récidive, elle ne peut être imposée que si la récidive a lieu dans les deux
ans de la déclaration de culpabilité du défendeur pour une infraction à la même
disposition...»
M. Leduc : Donc, le concept de
récidive est nécessairement étalé sur deux ans?
M. Boulet : Donc, pour que ce
soit une récidive, il faudrait, dans votre... il faudrait une condamnation et
que la personne qui a fraudé, là, parce qu'on prend pour acquis qu'elle a
l'intention, continue à le faire. Et donc, oui, on pourrait, après
condamnation, un, poursuivre en récidive. Mais, dans le cas que vous soumettez,
ça ne me semble pas, encore une fois, je ne connais pas tous les faits, là,
mais ça ne répond pas à ça.
M. Leduc : Et la récidive, on
pourrait la poursuivre que si elle a lieu post deux ans ou à l'intérieur du
deux ans?
M. Boulet : Si elle a lieu
dans les deux ans d'une déclaration de culpabilité pour une infraction à la
même disposition.
M. Leduc : Je n'ai pas compris
le début, donc, à l'intérieur de deux ans ou après deux ans?
M. Boulet : Oui, dans les deux
ans.
M. Leduc : Ça fait que, si on
a une reconnaissance de culpabilité, qu'il se passe deux ans...
M. Boulet : Donc, s'il y a une
déclaration de culpabilité, le premier 1er octobre 2021, si, dans les deux ans
de cette déclaration de culpabilité là, elle commet une infraction à la même
disposition, là, ça sera considéré comme une récidive.
M. Leduc : Ça devient une
récidive avec le double ou le triple...
M. Boulet : Exact. Bien là...
oui, c'est ça.
M. Leduc : Puis la récidive
additionnelle, pour le triple, c'est-u un nouveau deux ans? Comment ça marche?
M. Boulet : Bien, pour que ce
soit une récidive, s'il y a une peine plus forte en cas de récidive, oui, ce
serait, selon moi, là, puis je ne connais pas la jurisprudence applicable
là-dedans, là, mais ça serait une peine plus forte en cas de récidive, il
faudrait normalement que ça soit dans les deux ans de la déclaration de
culpabilité pour une infraction à la même disposition.
M. Leduc : Mais, si la
récidive doit être faite à l'intérieur du deux ans, ça s'applique, dans notre
cas de figure, d'un chèque de paie qui rentre aux deux semaines?
M. Boulet : Ça serait donc,
suite à la deuxième récidive, une déclaration de culpabilité, il faudrait que
ce soit dans les deux ans de l'autre récidive, là, la deuxième récidive ou la
troisième infraction.
M. Leduc : Ça fait que c'est
peu probable, rendu là.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Je comprends. Donc,
le cas d'espèce avec les chèques aux deux semaines, on ne peut pas isolément
prendre le chèque comme une culpabilité...
M. Boulet : …de l'autre
récidive, là, la deuxième récidive, ou la troisième infraction.
M. Leduc : Bien, c'est
peu probable rendu là. Je comprends.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Je comprends.
Donc, le cas d'espèce avec les chèques aux deux semaines, on ne peut pas
isolément prendre le chèque comme une culpabilité qui est en récidive. Il faut
que la culpabilité soit sur l'événement en soi puis qu'on le refasse,
exactement la même chose, à l'intérieur du deux ans.
M. Boulet : Vous avez
compris.
M. Leduc : Il faut
quelqu'un de motivé, là, pour se mettre dans des beaux draps de cette
nature-là.
M. Boulet : Souhaitons
qu'il n'y ait pas personne qui…
Une voix : Qui est aussi
motivé.
M. Boulet : …est aussi
motivé que ça.
M. Leduc : Merci…
Le Président (M. Tremblay) :
D'autres interventions sur 124?
M. Leduc : Il est tard,
M. le président.
• (18 h 40) •
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous pouvons procéder à la mise aux voix par appel nominal. M. le
secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
Le Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid
:
Pour.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 124 est donc adopté. Nous pouvons poursuivre avec le segment
6.2, les propriétaires d'édifices. M. le ministre, l'article 145, s'il
vous plaît.
M. Boulet : Oui,
rapidement. L'article 56 de cette loi est modifié par le remplacement de
«Lorsqu'un même édifice est utilisé par plusieurs employeurs, le propriétaire»
par «Le propriétaire d'un édifice qui est utilisé par au moins un employeur».
Explications : une modification qui
vise à établir la responsabilité d'un propriétaire d'un édifice qui est utilisé
par au moins un employeur pour les parties communes.
Parce qu'actuellement… Je vais donner une
explication additionnelle. Actuellement, le propriétaire est responsable
d'assurer la sécurité des travailleurs dans les parties communes d'un édifice
occupées par plus d'un employeur. Le libellé actuel ne permet pas d'établir la
responsabilité du propriétaire pour les parties communes si un édifice est
occupé par plusieurs personnes, dont une seule est un employeur. La
modification proposée vise alors à combler ce vide. Voilà. C'est tout.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'ai de la
misère à comprendre un peu, là, mais je ne veux pas vous faire répéter. Mais
avez-vous un exemple pour m'aider à comprendre la logique de ça?
(Consultation)
M. Boulet : Donc, un
employeur, et à l'intérieur… qui est un édifice. À l'intérieur de l'édifice, il
y a plusieurs pigistes, donc il y avait une ambiguïté, là, sur la
responsabilité d'un employeur pour les parties communes, parce qu'il y avait
plusieurs employeurs. Hein, c'est ce comprends, hein?
(Consultation)
M. Boulet :
O.K. Parce qu'il y avait des travailleurs autonomes, donc des pigistes qui ne
sont pas des employeurs…
M. Boulet : ...donc, il y avait
une ambiguïté, là, sur la responsabilité de l'employeur pour les parties
communes, parce qu'il y avait plusieurs employeurs, hein? C'est ce que je
comprends, hein?
(Consultation)
M. Boulet : O.K. Parce qu'il y
avait des travailleurs autonomes, donc des pigistes, qui ne sont pas des
employeurs.
M. Leduc : ...qui partagent un
même espace.
M. Boulet : Ou un commerçant
en bas avec des condos. C'est un article que je connais moins, là, mais ça vise
véritablement à s'assurer de la responsabilité du propriétaire de l'édifice,
indépendamment du statut puis de la nature de ceux qui y exercent leurs
activités.
M. Leduc : Donc, si je suis
propriétaire d'un édifice puis que des parties de mon édifice ne sont pas sous
la direction d'un employeur, je deviens le responsable de l'application de la
prévention de la santé-sécurité dans cette partie-là?
M. Boulet : Dans les parties
communes.
M. Leduc : Communes.
M. Boulet : Oui, exactement.
M. Leduc : Donc, l'escalier,
l'ascenseur, le lobby.
M. Boulet : Totalement. Les
corridors, les ascenseurs, les espaces comme...
M. Leduc : Mais, par exemple,
un étage non loué, là, ça, ça tombe...
M. Boulet : Ce n'est pas un
espace commun. Un espace commun, c'est ce qui est utilisé par ceux qui occupent
l'édifice.
M. Leduc : Mais c'est un
espace qui appartient... qui n'est pas sous l'autorité d'un employeur, à moins
qu'on considère que c'est moi l'employeur d'un étage non loué.
M. Boulet : C'est sous la
responsabilité du propriétaire de l'édifice.
M. Leduc : O.K. Ça fait que
tout ce qui est non loué puis tout ce qui sont des aires communes, je deviens
le responsabilité de tout ça.
M. Boulet : Exact. Oui,
absolument.
M. Leduc : Puis, ça, c'est...
Mais qu'est-ce qui est nouveau, parce que ça, ça existait déjà, à 56? C'est une
façon de l'écrire différemment?
M. Boulet : Bien, avant, ça
laissait entendre... le propriétaire est responsable, actuellement, «d'assurer
la sécurité des travailleur dans les parties communes d'un édifice occupé par
plus d'un employeur». Le libellé actuel ne permet pas d'établir la responsabilité
du propriétaire pour les communes si un édifice est occupé par plusieurs
personnes, dont une seule est un employeur. Ça peut être d'autres personnes que
des employeurs. En fait, ce que je comprends, c'est que ça peut être des
travailleurs autonomes, ça peut être des pigistres. Donc, la modification, elle
vise à combler ce vide-là, parce que ça laissait entendre que ce n'était...
«lorsqu'un même édifice est utilisé par plusieurs employeurs.» Puis là on
dit : Le propriétaire est responsable quand c'est utilisé par au moins un
employeur. Donc, il y a une employeur et d'autres qui peuvent ne pas être des
employeurs, peuvent être des travailleurs autonomes.
M. Leduc : Qui viennent, dans
le fond, combler la place précédemment...
M. Boulet : Exact. Puis ce qui
créait un vide avant, c'est qu'on disait : «lorsqu'un même édifice est
utilisé par plusieurs employeurs.» Mais, des fois, il y en a juste un,
employeur, puis c'est pour ça qu'on vient dire : «Par au moins un
employeur». Donc, il y a des espaces communs. Avant, il fallait que ce soient
plusieurs, au moins deux employeurs, puis là, maintenant, juste un qui est
propriétaire des parties communes. Il est responsable des parties...
M. Boulet : …plusieurs
employeurs, et, des fois, il y en a juste un, employeur, puis c'est pour ça
qu'on vient dire : «Par au moins un employeur». Donc, il y a des espaces
communs. Avant, il fallait que ce soient plusieurs, au moins deux employeurs,
puis là, maintenant, juste un qui est propriétaire des parties communes et
responsable des parties communes, s'il y en a au moins un. Donc, les autres
peuvent être des travailleurs autonomes ou des pigistes. C'est simplement pour
combler ça.
M. Leduc : Puis, dans ce
scénario-là, le travailleur autonome ou pigiste, c'est quoi, sa responsabilité?
M. Boulet : Il n'en a pas
plus, mais c'est pour venir confirmer que le propriétaire est responsable des
parties communes, même si c'est des pigistes, même si c'est des travailleurs
autonomes, même si c'est des personnes qui ne sont pas des employeurs.
M. Leduc : …plus, mais est-ce
qu'il y en a moins?
M. Boulet : Il peut y en avoir
moins. Il peut y en avoir plus ou moins, mais c'est parce qu'avant l'exemple…
M. Leduc : Ça veut dire moins
de responsabilités.
M. Boulet : …on disait :
L'édifice est utilisé par plusieurs employeurs. C'est juste là-dessus qu'il
faut mettre l'accent. Avant, on disait : «Lorsqu'un édifice est occupé par
plusieurs employeurs», et là on dit : «Par au moins un employeur». C'est
ça, la différence. La responsabilité des parties communes, ça ne change pas.
M. Leduc : O.K.
Le Président (M. Tremblay) :
Chers collègues, je vous remercie pour la précieuse collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 46)