Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)
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Le
mercredi 8 octobre 2025
-
Vol. 48 N° 3
Étude détaillée du projet de loi n° 101, Loi visant l’amélioration de certaines lois du travail
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 101, Loi visant
l'amélioration de certaines lois du travail.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Dorismond (Marie-Victorin) est remplacée par M. Provençal
(Beauce-Nord); MmeRotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis); et M. Fontecilla (Laurier-Dorion), par M. Nadeau-Dubois
(Gouin).
Le Président (M. Allaire) : Alors,
merci, Mme la secrétaire. Alors, selon le plan de travail qu'on s'est donné
ensemble, hier, on a terminé la soirée... le début de soirée avec l'adoption du...
de l'article 54, pardon. On est donc rendus à l'article 72. M. le ministre, je
vous laisse faire la lecture de l'article 72, avec vos commentaires, et je sais
que vous aurez un amendement, qui est déjà sur Greffier, à 72.1, effectivement.
Donc, M. le ministre, allez-y, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Bonjour à tout le monde, content de vous revoir ce matin :
«72. Les dispositions du chapitre XVI.1 de
la Loi sur la santé et la sécurité du travail, édictées par l'article 54 de la
présente loi, cessent d'avoir effet à la date ou aux dates que le gouvernement
détermine. Le gouvernement peut, par règlement, pour les établissements des
employeurs visés à l'article 335.1 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail,
édicté par l'article 54 de la présente loi, prendre toute mesure transitoire
visant les délais dans lesquels un programme de prévention ou un plan d'action
doit être élaboré, mis en application ou mis à jour ou visant les programmes de
formation que doivent suivre les membres du comité de santé et de sécurité ou
le représentant en santé et en sécurité.»
Donc, commentaires. Là, ça fait suite...
là, ça... en fait, ça prévoit que les dispositions particulières en matière de...
les mécanismes de prévention dans les établissements santé, éducation cesseront
d'avoir effet à la date que le gouvernement déterminera. À cette date... ou à
ces dates, les mécanismes de prévention prévus aux autres dispositions de la
loi et à ses règlements s'appliqueront. Pour assurer une transition, cet
article habilite le gouvernement à prendre, par règlement, des mesures pour,
par exemple, assurer un délai pour lesquels... dans lequel les représentants en
santé et sécurité pourront satisfaire à leurs nouvelles obligations de formation.
Donc, c'est essentiellement ça.
Le Président (M. Allaire) : ...des
interventions sur 72? Oui, allez-y, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, bien, j'aimerais
que le ministre nous explique un peu les intentions, parce que, quand on parle
des dates que le gouvernement déterminera, est-ce qu'on a une idée de l'échéancier
ainsi que les mesures pour assurer le délai dans lequel les représentants en
santé et sécurité pourront satisfaire à la nouvelle obligation de formation?
Tout serait dans un règlement, mais c'est... ce sont quoi, les intentions puis
les orientations du gouvernement?
M. Boulet : Ah! bien, écoutez,
on a un amendement qui suit, à 54.1, mais il n'y a pas d'intentions
actuellement. C'est de confirmer ce pouvoir réglementaire là pour s'assurer que
le déploiement soit fait convenablement, de façon diligente et...
M. Boulet : ...Et donc en
collaboration avec la CNESST, on veut s'assurer que les représentants en santé
et sécurité, par exemple, puissent satisfaire à leur nouvelle obligation de
formation à l'intérieur d'un délai où ça répond à la capacité de CNESST de les
mettre en application, tout simplement.
Mme Maccarone : ...que je
comprends, mais je voulais savoir c'est quoi les orientations du gouvernement.
Est-ce qu'on a un échéancier qu'on souhaite respecter? Est-ce qu'on dit que ça,
on espère que ça serait mis en œuvre d'ici six mois, d'ici 12 mois? On
doit avoir une idée de la direction qu'on souhaite prendre.
M. Boulet : Pas à ce
stade-ci. Comme vous le savez, c'est un régime adapté pour les secteurs de la
santé, éducation, services sociaux. Mais je ne serais pas en mesure de vous
confirmer une intention à ce stade-ci.
Mme Maccarone : Puis est-ce
que les groupes nous ont partagé un peu, eux, ce qu'ils souhaitent avoir comme
échéancier pour la mise en œuvre? Est-ce que ces discussions ont déjà commencé?
M. Boulet : Bien, comme vous
le savez, il va y avoir un rapport d'évaluation en 2029, c'est là qu'on va
déterminer au fur et à mesure quand. Par exemple, à l'article suivant, on a un
amendement, quand, par exemple, les membres des comités de santé et sécurité et
les représentants en santé et sécurité pourront obtenir leur attestation de formation,
la date limite où ils pourront l'obtenir.
Mme Maccarone : ...pour la
mise en œuvre du règlement, ils vont commencer quand?
M. Boulet : Les consultations
pour? Excusez-moi.
Mme Maccarone : Mais c'est
parce que vous avez dit vous aller faire ça en concertation avec les groupes
concernés.
M. Boulet : Ah non, c'est le
CA de la CNESST ou les organisations patronales, et les centrales syndicales
sont représentées.
Mme Maccarone : Oui, mais ils
vont commencer de mettre en œuvre leurs critères puis leurs recommandations
pour les dates. Ça, est-ce que ces consultations puis ces discussions ont déjà
été entamées? Est-ce qu'on a commencé ce travail?
M. Boulet : C'est du travail
continu. Oui.
Le Président (M. Allaire) : ...sur
72? S'il n'y a pas d'autres interventions, on va procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'article 72 est... Oui? Ah, M. le député de Gouin. Ah, mon
Dieu, vous m'avez fait une feinte. M. le député de Gouin, la parole est à vous,
mon cher.
M. Nadeau-Dubois : Je suis un
peu rouillé.
Le Président (M. Allaire) :
Non, c'est correct.
M. Nadeau-Dubois : Vous
m'excuserez, M. le Président. Je salue M. le ministre, c'est notre première
commission parlementaire ensemble. Quelques minutes seulement. Je suis là pour
remplacer mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, ça fait que j'invite le
ministre à en profiter pleinement des quelques minutes qu'on va passer... Non,
c'est une blague. C'est une blague. J'ai raté le début de l'échange, donc vous
m'excuserez si ma question est redondante avec celle de ma collègue
d'opposition officielle. L'article 72 vient donner un pouvoir de comme
maintenir de manière indéterminée comme l'exclusion de certains secteurs.
Pourquoi le ministre a choisi de ne pas mettre une date de fin, une date
déterminée? Pourquoi choisir une telle indétermination?
M. Boulet : Mais c'est une
bonne question. Mais revenons à la base, là, c'est des mécanismes de prévention
et de participation des travailleurs, travailleuses. Essentiellement, c'est des
programmes de prévention. C'est des comités paritaires de santé et sécurité.
C'est des représentants en santé et sécurité. Et ça, ça se déploie de manière
asymétrique dépendamment des établissements, il y en a qui sont plus avancés
que d'autres, mais ça se déploie par de l'accompagnement et beaucoup de
formation, et on verra comment ça évolue, mais c'est certain que notre objectif
de diminuer la fréquence et la gravité des accidents de travail, il est
d'intérêt perpétuel pour les membres du CA de la CNESST. Ça fait que je ne peux
pas dire quand. Il y aura certainement un rapport d'évaluation comme c'est
prévu dans le PL n° 101 en 2029, mais je ne serais pas en mesure de donner
de date. C'est tellement complexe de dire, par exemple : Je suis convaincu
que dans deux ans et demi, dans trois ans, il va y avoir des programmes de
prévention, les comités paritaires vont être actifs puis les représentants en
santé et sécurité vont avoir eu la formation, seront efficaces sur le terrain.
C'est... ça ne m'apparaît pas possible de déterminer de date, mais on voulait
que ce régime-là puisse constituer une transition vers l'application du plein
régime.
• (11 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : Une transition,
ça a habituellement un début mais aussi une fin. Je pense que l'inquiétude qui
est exprimée, c'est qu'ici il y a une transition qui débute, mais qui ne se
termine pas ou dans très, très, très longtemps, d'où l'inquiétude de plusieurs
intervenants à l'effet qu'il n'y ait pas de date de fin à ce régime qui est
censé être transitoire...
11 h 30 (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : ...donc le
ministre fait le choix de ne pas mettre de date. Quels sont les critères qui
vont être utilisés pour juger que, là, c'est le temps de mettre fin à ce régime
transitoire?
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Boulet : En fait, il y en
a une, date, c'est 2029. Puis les critères, ils vont être définis par l'expertise
à la CNESST, par les personnes qui font les suivis appropriés, qui font de l'accompagnement,
et aussi tous les groupes qui font de la formation, là, les associations
sectorielles paritaires, les syndicats, les associations patronales. Je pense
que les critères, ça va être la capacité... le critère prépondérant, ça va être
la capacité de rendre effectives les mesures et actifs les mécanismes de
prévention puis de participation.
M. Nadeau-Dubois : Il y a des
précédents en matière de santé-sécurité où ça a pris beaucoup, beaucoup,
beaucoup de temps avant que certains secteurs soient couverts, même des
décennies. Je pense que c'est ça qui inquiète beaucoup d'intervenants, de se
dire : Encore une fois, on rentre dans un... dans un régime qu'on nous
promet qu'il sera transitoire mais où on n'a pas de date de fin. Puis je pense
qu'il y a... il y a une inquiétude que l'histoire se répète en l'absence d'une
date butoir. Qu'est-ce que vous pouvez dire pour rassurer ces gens-là?
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Boulet : Je leur dis... Puis
je suis totalement d'accord avec vous. Je ne reprendrai pas l'historique de ce
qui se fait en matière de prévention au Québec. En 1979 et en 1985, souvenez-vous,
il y a eu l'adoption d'une loi à l'Assemblée nationale, une en matière de
prévention, santé-sécurité, l'autre en matière d'indemnisation, accidents de
travail, maladies professionnelles. Et, entre ces années-là et 2021, le 6
octobre 2021, où on a adopté la loi modernisant le régime de santé-sécurité du
travail, il n'y avait rien, sauf dans les secteurs à forte prépondérance
masculine, comme la métallurgie, la foresterie, les mines, et autres. Donc, il n'y
avait aucun impératif légal de mettre en place des comités pour analyser les
risques d'accidents de travail, voir comment mieux les contrôler et les
éliminer. En 2021, on a fait une avancée fantastique. Et partout maintenant on
sait c'est quoi, un risque psychosocial, on sait c'est quoi, l'obligation que
cette nouvelle loi là, 27, impose aux milieux de travail, pas que les
employeurs mais aussi les syndicats, dans les environnements syndiqués, puis
les travailleurs, travailleuses, de les identifier puis de travailler tout le
monde ensemble dans ces comités-là. Et donc l'idée d'un décret, c'est de dire :
On va s'adapter. Ça nous permet une certaine souplesse, mais il y a une
évaluation, quand même, en 2029 qui va se faire quant au niveau d'intégration,
niveau de mise en application de ces mécanismes-là, notamment en santé puis en
éducation.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Nadeau-Dubois : Bien, justement,
en 2029, à ma compréhension, c'est un rapport, c'est tout. Donc, ce n'est pas
une date butoir pour la fin du régime transitoire, c'est juste une date où il
va y avoir dépôt d'un rapport, si je lis bien l'article qu'on va étudier dans
quelques instants, l'article 73. Donc... Puis le premier ministre... le
«premier ministre»... le ministre vient de refaire l'historique auquel je
référais moi-même, là, à l'effet qu'il y a eu pendant très longtemps des
secteurs, notamment en santé, éducation, où il y avait très peu, voire pas de
mécanismes en matière de santé-sécurité. Puis ça a pris des décennies, alors
que ça avait... alors que c'était censé être un déploiement progressif. Finalement,
ça n'a jamais vu le jour. Donc, c'est ça, le... Puis ce n'était pas le... ce n'était
pas le ministre qui était là à l'époque, il n'a pas cet âge vénérable. Mais je
pense que c'est ça, l'inquiétude, c'est qu'encore une fois on pellette les
choses par en avant puis que, finalement, il y ait bien un rapport qui soit
déposé en 2029 mais que le régime qui était censé être transitoire dans ces
secteurs-là, bien, finalement, demeure de manière perpétuelle, dans la mesure
où il n'y a, dans l'article tel que rédigé en ce moment, aucune obligation pour
le gouvernement de mettre... de mettre fin au régime qui est censé être
transitoire puis qui est... puis qui offre des protections moindres...
M. Nadeau-Dubois : ...que
le... ce qui est prévu dans d'autres secteurs. Donc, je n'ai pas entendu de
réponse à ma question, à savoir : Comment rassurer ces gens-là qu'on ne
leur fasse pas encore une fois une promesse qu'on ne tiendra pas?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Deux choses. Si
ça n'a pas bougé pendant des décennies... Puis là je ne ferai pas de politique
ici, mais c'est parce que la loi n'imposait aucune obligation. Il n'y avait
rien. Donc, si ça n'a pas évolué en matière de prévention puis de participation
des travailleurs, c'est qu'il n'y avait rien dans la loi santé et sécurité et
dans la loi sur les accidents de travail et maladies professionnelles. Il y
avait une annexe sur les mécanismes et il n'y avait rien qui s'appliquait en
santé, en éducation, en services sociaux puis dans beaucoup d'autres secteurs.
Donc, ce n'est pas qu'il n'y a eu rien, la loi n'incitait à rien, n'obligeait à
rien. Depuis 2021, allez constater dans les milieux de travail à quel point il
y a eu une intégration progressive à vitesse accélérée, dans certains secteurs,
d'une culture de prévention qui s'exprime par les comités paritaires, les
programmes puis les représentants en santé et sécurité. Il y en a même qui me
disent que ça va trop vite. Mais, le but étant de diminuer le nombre
d'accidents de travail, on va continuer d'aller dans cette direction-là.
Maintenant, il y a un rapport
d'application, un rapport d'évaluation, on va le voir effectivement à l'article
suivant, mais la possibilité de le faire par règlement, c'est beaucoup plus
agile. Les lois, quand elles ne sont pas adaptées, le processus législatif est
beaucoup plus long que la procédure réglementaire, d'où l'agilité qui découle.
Donc, moi, je veux rassurer, un, on est en
vitesse accélérée pour faire en sorte que tous les milieux de travail...
D'ailleurs, depuis la loi 27, tous les milieux de travail ont des
obligations en matière de prévention, participation, et on va continuer de
s'améliorer, et c'est un processus continu, dans le respect des capacités
organisationnelles, dans le respect aussi des milieux de travail, de faire les
choses convenablement puis diligemment.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends, le ministre insiste sur le fait qu'avant, comme il le disait
lui-même, avant, il n'y avait rien. Là, il y a quelque chose. Quelque chose est
mieux que rien. Ça, je pense que tout le monde est plutôt d'accord là-dessus.
Par contre, les travailleuses, en grande majorité, et travailleurs des secteurs
de l'éducation puis les organisations qui les représentent ont... soulignent
avec raison qu'il y a un traitement qui est différencié pour leur secteur. Le
ministre insiste sur le fait que ce traitement différencié là est mieux que ce
qu'il y avait avant, c'est-à-dire rien, c'est... je pense que ça, on s'entend.
Mais, néanmoins, il y a une inquiétude que ce traitement-là différencié qui
leur a été promis à l'époque comme étant juste une phase de transition, ça
demeure permanent.
Puis le ministre nous dit : Ah! on va
avoir un règlement, on va être agile, on va pouvoir faire plein d'affaires. Je
comprends puis je pense que les... tu sais, c'est... cette agilité-là, elle va
être appréciée pour, comme le dit le ministre, qu'on puisse respecter les
capacités... les capacités organisationnelles, les gestionnaires vont être contents
de ça. Mais, du point de vue des travailleuses et des travailleurs, je pense
que ce qui est attendu, ce n'est pas de... c'est moins de l'agilité... en tout
cas, c'est moins de l'agilité que des garanties, qu'il y a des garanties que
les pas qui ont été faits dans les dernières années, puis, je pense, personne
nie qu'il y a eu certains pas dans les dernières années, mais que ce n'est pas
là... qu'on ne s'arrêtera pas là, puis ce qui leur a été promis comme un régime
transitoire demeure un régime transitoire.
Puis le ministre me répond, mais ne me
réponds pas à cette question-là, je pense, sur le fond, c'est-à-dire :
Pourquoi ne pas mettre une date? Peut-être qu'elle peut être un peu plus
éloignée si on a des craintes que ça aille trop vite, mais pourquoi ne pas
mettre de date outre un simple rapport en 2029 où on va faire un état de la
situation? Puis on pourrait faire un rapport, dire : Ça va bien, ça ne va
pas bien, puis ça reste là, puis on se retrouve dans deux ou dans trois
mandats, puis on n'a pas avancé d'un iota sur la protection en santé et
sécurité pour les travailleuses de la santé puis de l'éducation. Le fait de
passer par règlement puis d'avoir de l'agilité, je comprends ça, c'est... bien,
c'est-à-dire, je comprends les objectifs qui sont poursuivis par ce
mécanisme-là, mais, sur le fait qu'il n'y a pas de date butoir... Puis je n'ai
même pas... je ne suis même pas sûr d'avoir compris la réponse à savoir c'est
quoi, les critères qui vont être utilisés pour savoir s'il y a lieu ou pas d'en
mettre, une date.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bon, là, il y a
plusieurs volets à la question...
M. Boulet : ...gardons ça
simple. En l'absence de l'article 72, ça aurait consacré le caractère
permanent du régime applicable en santé-éducation. Est-ce qu'on se comprend
bien? L'article 72, s'il n'était pas là, on peut l'enlever. Les groupes
vont être en furie parce que l'article 72, il confirme le caractère non permanent
du régime applicable en santé-éducation, c'est simplement ça qui est visé puis
c'est ce que nous avions en tête quand nous l'avons écrit. Maintenant, il y a
un rapport en 2029 et il n'y a pas de critère mathématique. Il y a un suivi
progressif qui va être fait par la CNESST, par ses ressources internes, par des
campagnes de formation, des ateliers en milieu de travail et, progressivement,
vont s'installer ces mécanismes-là de manière compatible avec la capacité des
organisations, la suffisance des ressources, et ce sera déterminé au moment
opportun. Puis c'est un règlement qui pourra le faire, il n'y aura pas
d'amendement à la loi. Donc, l'article 72, je reviens à son sens et à son
objet, M. le Président, est simplement dire : Ce qu'on a adopté, l'article
précédent, ce n'est pas permanent.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas permanent, mais ça pourrait être temporaire pour toujours. Je pense que
c'est ça, le.... Si c'est pour l'exprimer en une phrase simple, je pense que
c'est ça ici, la nature de l'inquiétude, c'est qu'on dit : Ça... Le
ministre le présente d'une perspective, qui est la sienne, à l'effet que ça
consacre le fait que le gouvernement, il... ça cessera d'avoir effet à la date
ou aux dates que le gouvernement détermine. Donc, on peut voir ça comme une
manière de confirmer que la loi donne la possibilité au gouvernement d'y mettre
fin à un moment qu'il détermine, mais vous comprendrez qu'on peut avoir une
lecture complémentaire à celle-là puis plutôt voir que : Ah! ça laisse la
porte ouverte à ce que ce soit pour toujours temporaire et que la date soit
juste simplification déterminée. La loi habilite le gouvernement à mettre fin
en donnant une date, mais s'il n'y a pas d'obligation de le faire, s'il n'y a
pas de date butoir pour le faire, il pourrait juste ne jamais y avoir de date,
puis ce ne serait pas permanent, mais ce serait temporaire pour toujours. C'est
ce qui est arrivé, comme, dans plusieurs secteurs d'activités en santé-sécurité
dans l'histoire du Québec.
M. Boulet : Pas en santé...
M. Nadeau-Dubois : Les
affaires... des affaires qui étaient censées être temporaires puis qui ont été
temporaires pas mal longtemps.
M. Boulet : Pas dans nos
matières, là, mais je n'ai pas d'autres commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
commentaires, d'autres interventions?
M. Nadeau-Dubois : C'est
quoi, les critères qui vont être utilisés pour déterminer une date de fin?
M. Boulet : Comme c'est
évolutif... comme c'est évolutif, là, moi, je n'ai pas de critères spécifiques
à partager avec vous, mais ça va se faire par des interventions en milieu de
travail, des vérifications en milieu de travail, des échanges et par des décisions
prises par le CA paritaire de la CNESST. Mais je n'ai pas de critère pour
déterminer, dans un an, deux ans ou trois ans, comment on va décider, par
exemple, de décider que le régime qui est transitoire devient permanent à
certains égards ou, pour obtenir des attestations de formation, quelle sera la
date butoir.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député de Gouin, après vous, il y a la députée de Westmount—Saint-Louis qui
souhaite intervenir, mais je vous laisse la parole. Allez-y.
M. Nadeau-Dubois : Donc, ce
que je retiens, c'est que le ministre nous dit que l'esprit de l'article, c'est
que ce soit temporaire... c'est que ce soit non permanent, mais on ne sait pas
quand ça va... on ne sait pas quand ça va arrêter, on ne sait pas quels critères
on va utiliser pour décider que ça s'arrête parce que c'est compliqué puis ça
va être long. Je trouve qu'il y a... ça fait beaucoup de peut-être, ça fait peu
de garanties pour les travailleuses. Mais je vais laisser la parole à ma
collègue.
M. Boulet : Non, mais je
regrette, puis je comprends ce que vous dites, mais, je le répète, le seul but
visé par cet article-là, c'était de confirmer l'absence de pérennité ou
l'absence de permanence de ce que nous avons adopté à 54. Si 72 n'avait pas été
là, le risque qu'on encourait, c'est que les groupes concernés nous accusent de
transformer un régime intérimaire en régime permanent. Donc, on se donne la
possibilité de le faire. Je sais que je ne suis pas capable d'avancer ou de
définir des critères spécifiques pour l'instant. Ça va se faire
progressivement, on va respecter la vitesse de déploiement, la vitesse de mise
en application des mécanismes et on...
M. Boulet : ...mais on va
s'adapter.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. On va revenir, M. le député de Gouin. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, mais
comme vous voyez, M. le ministre, c'est parce qu'il y a beaucoup de
questionnements, parce qu'il n'y a pas de clarté, parce qu'il n'y a rien qui
est défini quand on parle de «toute mesure transitoire à une date... où le
gouvernement va déterminer», tout sera fait par règlement. Je ne nie pas que
c'est un article qui a une importance pour les groupes parce qu'on parle de
mettre fin à le régime particulier et l'iniquité et la discrimination que nous
aurons dans le réseau de l'éducation et santé et services sociaux, mais ça
reste que les questions se posent. Comme quand on dit que... «prend toute
mesure transitoire visant les délais dans lesquels un programme de prévention
ou de plan d'action doit être élaboré», est-ce que ça, ça veut dire que la...
pour la formation... Est-ce qu'on doit comprendre, d'abord, qu'il n'y aura pas
de formation, de programme de prévention avant 2029?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre
M. Boulet : Absolument pas.
Mme Maccarone : On aura
quelque chose qui sera mis en place, alors est-ce qu'on a idée d'à partir de
quand les RSS et les membres des comités de santé et sécurité vont être formés?
M. Boulet : ...un élément
dominant, la formation, et on va le voir à l'amendement qu'on soumet à 72.1,
les dates limites ou les dates butoirs pour obtenir l'attestation de formation
pour les membres des comités représentants santé et sécurité.
Mme Maccarone : Et pour les
personnes dans les autres milieux qui ne seront pas formées nécessairement de
la même... contrairement à ce qu'on voit ici, est-ce qu'eux, ils vont être
formés sur une formation réduite? Qu'est-ce qui arrivera pour les autres
milieux?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Souhaitez-vous qu'on suspende, M. le ministre? Ça va?
M. Boulet : Oui, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Allaire) :
Oui. On va suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 48)
(Reprise à 11 h 52)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le ministre, avant de vous laisser la parole,
j'ai besoin de votre consentement pour permettre au député
d'Hochelaga-Maisonneuve de remplacer le député de Laurier-Dorion. Est-ce que
j'ai votre consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Consentement. Merci. Ça commence bien. M. le ministre, je vous cède la parole.
Allez-y.
M. Boulet : En fait... Merci,
M. le Président. On est heureux d'accueillir le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, de même que celui de Jean-Talon, Pascal. En
fait, je voulais simplement dire que, les délais, il y aura un amendement à
72.1. 72, tout ce que ça vient dire : ça confirme que le régime applicable
en santé, éducation n'est pas forcément permanent et que, si on veut appliquer
le régime permanent à santé, éducation, on aura besoin d'une période de
transition. Et ici, à 72, on n'a fait que confirmer un pouvoir réglementaire
plutôt qu'y aller par un amendement à la loi pour permettre au gouvernement de
déterminer les mesures pour, par exemple, assurer un délai dans lequel les RSS,
là, les représentants en santé-sécurité, qui vont avoir des obligations de
formation additionnelles pourront compléter cette formation-là.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui. Comme
j'avais dit, mes questions sont en lien, vraiment, avec l'échéancier pour la
formation, que, je comprends, on va voir dans l'amendement qui suit.
M. Boulet : ...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
D'autres interventions sur 72? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Je salue mon collègue de Gouin, qui m'a
remplacé à pied levé ce matin, parce que j'avais un petit point de presse sur
le dépôt d'un projet de loi. J'ai d'ailleurs amené une copie pour M. le
ministre. Je lui donnerai tantôt.
M. Boulet : ...pas vu de
document préliminaire à ce projet de loi là, malheureusement.
Le Président (M. Allaire) : Je
vous invite...
M. Leduc : Vous auriez voulu
que je vous consulte?
Le Président (M. Allaire) : Messieurs,
Messieurs, Messieurs, je vous invite à revenir sur l'essentiel. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
on attend votre question.
M. Leduc : Bien sûr, bien
sûr. Elle vient, elle vient. On m'a résumé un peu les échanges, là, que vous
avez eus avec mon collègue de Gouin, mais j'essaie de voir, là, si on a fait le
tour. Moi, ce que je retiens de l'article 72... Puis tout le débat est sur le
caractère permanent ou non permanent.
M. Boulet : ...
M. Leduc : Bon. Puis là vous,
vous dites : Ça, ce n'est pas permanent, mais je ne sais pas comment on
peut comprendre comment et quand ça va devenir autre chose que ce que c'est là.
Il n'y a comme pas de guide d'instructions sur : voici ce qui doit se
passer ou comment un prochain gouvernement évaluera le passage à un autre état
que celui de fait que nous avons avec cet article-là.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Boulet : Je pense que j'en
ai parlé abondamment. C'est en termes de mécanismes de prévention et de
participation nouveaux. C'est déployer, implanter de façon progressive, avec de
l'accompagnement, de la formation. Tout ce qu'on vient dire ici, c'est que ce
n'est pas... ce n'est pas permanent. Et, si ça doit être le régime permanent,
celui adopté par le CA de la CNESST, il y aura une période de transition et
pour permettre au gouvernement d'adopter par décret des mesures notamment pour
permettre aux RSS de bénéficier d'un nouveau délai de formation. C'est simplement
de la transition.
M. Leduc : ...régime
permanent général, tel qu'adopté par le Conseil des ministres le 10 septembre
dernier, c'est la base. Le PL 101 vient faire une dérogation à ce régime-là
pour le secteur de la santé et l'éducation. Et là l'article 72 vient
dire : S'il fallait sortir de cette dérogation-là pour revenir au régime
général, il faut... quoi exactement, il faut... C'est parce que...
M. Boulet : Bien...
M. Leduc : Il fallait-tu
écrire ça dans un article? C'est ça que je ne comprends pas, je pense.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Boulet : C'est une bonne
question. Il y aura une transition, puis, s'il faut, par exemple, prolonger les
périodes de formation pour les RSS parce qu'il y a de la...
M. Boulet : ...la
formation additionnelle, bien, que des décrets puissent être adoptés par le
gouvernement pour en assurer l'application la plus rapide possible. C'est
simplement ça. Comme je l'ai dit à votre collègue de Gouin, on aurait pu ne pas
l'avoir. Ce qu'on nous aurait reproché, c'est de dire et de ne pas écrire la
même chose. On a dit que ce régime-là, notre objectif, c'était d'éventuellement
d'avoir la pleine application des mécanismes, comme... comme dans le règlement
général. Donc, c'est simplement qu'on y va par règlement plutôt que par une
loi...
M. Leduc : Mais je vous
donne... Oui, allez-y.
M. Boulet : Alors, la
procédure réglementaire est beaucoup plus simple que le processus législatif.
M. Leduc : C'est ça, parce
qu'autrement il faudrait modifier la loi.
M. Boulet : Oui. Ce qui
n'a pas été fait pendant 35 ou 40 ans. Là, vous le savez, modifier des
lois, c'est long, c'est compliqué. Alors que par voie réglementaire, il y a
quand même une procédure qui est plus agile. C'est simplement ça que ça dit.
M. Leduc : ...que dans la
loi 101, si on veut déroger à la dérogation, on peut le faire par
règlement en vertu de l'article 72. Autrement, sans l'article 72, il
faudrait déroger à la dérogation en modifiant la loi 101 par un nouveau
projet de loi dans le futur.
M. Boulet : Absolument.
Et moi, j'ai compris ce que vous avez dit. Je suis d'accord.
M. Leduc : On a la bonne
lecture. Parfait! Je prends inspiration de la Charte des droits et libertés.
Quand on veut y déroger, puis on a eu ce débat-là il n'y a pas si longtemps
d'ailleurs, dans l'ancienne législature et dans la présente législature, quand
on veut y déroger, il faut utiliser la clause nonobstant, la clause
dérogatoire, elle a différents noms, de la charte. Puis, par contre, il faut la
revoter aux cinq ans. Quand on la met en place, la clause dérogatoire, on a
tout un débat sur le volet préventif de cette clause-là, là. On... par-dessus
ce débat-là aujourd'hui, mais sur le fait que cette clause dérogatoire là n'est
pas permanente, elle doit être votée aux cinq ans. Ça force dans le fond les
prochains gouvernements qui peuvent être de la même couleur politique ou d'une
autre couleur, à refaire un tour de roue, à refaire un débat. Et on l'a vécu
sur la loi n° 21, la loi de la laïcité. Il y avait une clause dérogatoire
lors de son adoption en 2019 par... par bâillon par le premier gouvernement.
Puis après ça, il y a un an à peu près et des poussières, là, 2023 si je ne me
trompe pas, 2023, 2024, il a fallu revoter. Il a fallu avoir un nouveau projet
de loi du ministre de la Laïcité, M. Roberge, pour revoter une nouvelle...
Le Président (M. Allaire) :
Cher collègue, vous savez, on appelle nos collègues parlementaires par leur
titre.
M. Leduc : Oui, oui, oui,
bien sûr, le ministre de la Laïcité.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Excellent.
M. Leduc : Il a fallu
qu'il dépose un nouveau projet de loi pour renouveler pour cinq ans la clause
dérogatoire. Puis là, ce qui m'inquiète, moi, dans l'article 72, et c'est
pour ça que je soumets au ministre ma réflexion, pourquoi ne pas mettre une
date limite où le prochain... où un prochain gouvernement devrait revoter une
exemption si on juge que c'est toujours pertinent, parce qu'autrement, là, ça
va devenir la loi. Puis, si on se fie à l'historique en matière de
santé-sécurité des secteurs prioritaires qui devaient être temporaires dans les
années 80, 90, ça n'a jamais bougé depuis, il y a peu de chances que ça soit
en haut de la liste d'un prochain gouvernement qui dise : Oui, oui, bien
sûr, nous allons faire une loi ou même un décret pour modifier ça. Alors, si on
mettait une date limite, après ça, on peut négocier sur le nombre d'années
exact. C'est-tu trois, c'est-tu quatre, c'est-tu cinq ans? Mais si on mettait
une date limite, je pense que ça rassurerait beaucoup de gens, ici, qui nous
écoutent, pour dire : D'accord, c'est des régimes temporaires. Ça ne fait
pas notre affaire, mais au moins on sait qu'il y aura un moment clair,
identifié, consensuel, sur lequel on pourra aller faire des représentations
parce qu'il y aura une action à faire par un prochain gouvernement pour
prolonger ce régime intérimaire.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Bien,
évidemment, ce n'est pas relatif à 72, c'est l'article 113 où il y a un
rapport de mise en application et le bilan d'application en 2029. Et on pourra
en discuter plus tard, là. C'est au plus tard le 1ᵉʳ octobre 2029. Et donc
je n'engagerai pas...
M. Leduc : ...argument.
M. Boulet : On ne
s'engagera pas à dire : Dans x années ou au plus tard, ça sera telle
affaire. Tu sais, il faut laisser au législateur le soin de déterminer aussi
ses priorités, là. Mais ici, cet article-là ne vise, comme vous l'avez très,
très bien expliqué, qu'à confirmer que ce n'est pas permanent et que, si ça
devient un régime permanent, donc l'équivalent du règlement général adopté par
le ÇA de la CNESST, il y aura possibilité d'adopter des règlements pour assurer
une transition souple.
Le Président (M. Allaire) :
...
• (12 heures) •
M. Leduc : Je suis
surpris de ce que vous me dites, M. le ministre. Puis je fais appel à votre
mémoire puis à votre cohérence aussi parce que quand on a eu à voter sur le
projet de loi n° 59, l'original, on a eu ce débat-là sur le régime
intérimaire, puis j'ai insisté, puis j'ai réussi à vous convaincre de mettre
une date limite parce qu'on avait le... L'intention ministérielle, c'était de
donner ça comme mandat au ÇA de la CNESST pour élaborer le régime permanent.
Puis moi, j'avais la crainte que pour x, y raisons, ça prenne des années, et
des années, et des années puis qu'il puisse y avoir une stratégie de...
12 h (version non révisée)
M. Leduc : ...part syndicale
ou d'une part patronale de stâler, en bon français, au CA, puis qu'on se
ramasse cinq, six, sept, huit ans là, avec une impasse. Alors là, j'avais soumis
au ministre : il faut qu'on mette une date limite pour forcer les choses à
avancer. Puis ça a fonctionné, en ayant mis la date limite, qui était de trois
ans, si ma mémoire est bonne. Ça a donné un cadre temporel clair, pour les
parties, pour discuter et arriver à un consensus. Et ça a fonctionné, ça a
donné le règlement qui était adopté par le Conseil des ministres. Alors,
pourquoi ne pas refaire la même procédure cette fois-ci?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : À la limite, là, moi,
que cet article-là soit présent ou non... Il pourrait ne pas être là. On l'a
mis là simplement pour rassurer les parties, qui me demandaient de confirmer
que ce n'était pas nécessairement permanent. Il n'y a jamais personne qui m'a
dit quand, puis c'est quoi, la durée d'application du régime... du régime de
transition bonifié. On n'a... on ne m'a jamais demandé ça.
Moi, je pense que cet article-là a une
valeur concrète. Il confirme que, dans l'esprit du législateur, ce n'est pas
permanent. Il confirme que, dans l'esprit du législateur, si on pense à une autre
vitesse, il y aura une période de transition, puis il y aura un pouvoir
réglementaire permettant aux parties de s'adapter, notamment en matière de
complétion ou de terminaison des périodes de formation et d'obtention des
attestations de formation pour les RSS. Je le répète, ce n'est que l'intention
que nous avions en tête. Je ne veux pas... Moi, ça visait à rassurer. Si ça
vise à insécuriser... si vous me dites «ça insécurise», on va l'enlever, mais
je ne comprends pas pourquoi, dans la tête d'un groupe, ça insécuriserait.
M. Leduc : Entendez-moi bien,
monsieur...
M. Boulet : C'est mon humble
opinion.
M. Leduc : Pardon?
M. Boulet : Je dis mon humble
opinion.
M. Leduc : Oui, d'accord. Entendez-moi
bien, M. le ministre, ce n'est pas l'aspect que vous décidiez, avec 72, de
transférer ce pouvoir-là par règlement, plutôt que par loi, qui insécurise. Ce
n'est pas ça, l'enjeu. C'est l'espace-temps, c'est qu'il n'y ait pas de limite
dans l'espace-temps, à cette procédure-là...
M. Boulet : ...n'en a pas. Il
y en a une, limite, à 73, pour un bilan d'application, et on va le voir à l'article
73.
M. Leduc : Mais un bilan... On
parle la même langue, là, M. le ministre, là. Un bilan d'application, ce n'est
pas la fin d'un régime. Quand on a mis en place le régime intérimaire, il y
avait une date de fin, là.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : ...le
déploiement, l'application, ça va se faire progressivement dans le temps, on
se... on s'entend. Pendant 40 ans, il y a plein de milieux de travail au Québec
qui n'ont rien fait. On est en vitesse accélérée, selon moi, depuis 2021. Je le
répète, qui parlait de santé psychologique, qui parlait de risques
psychosociaux, qui parlait de comités paritaires? Dans bien des milieux de
travail, indépendamment des secteurs. On peut-tu se donner le temps d'analyser,
d'évaluer, de mesurer le niveau d'implantation, le niveau de déploiement, en
tenant compte des capacités, en tenant compte de la formation, de l'accompagnement
de tous les groupes qui sont impliqués, pour réduire le nombre d'accidents de
travail au Québec, et le déterminer?
Non, je n'en ai... on n'en a pas de date.
Ça fait que c'est... il n'y en a pas, de date, puis je ne suis pas capable de
dire : On va le faire dans deux ans, dans quatre ans. On va le faire de la
manière la plus respectueuse, la plus compatible aux capacités des ressources
et des organisations.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Le député de Jean-Talon. Après, on va vous revenir. Ça va?
M. Leduc : Non, non, mais je
voulais continuer.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y.
M. Leduc : Pour clarifier la
discussion, je vais déposer un amendement où on va en mettre une, une date, ça
va être plus facile de discuter avec ça. Ça fait que... Mais si, monsieur de
Jean-Talon, il veut procéder pendant que je le... je n'ai pas de problème.
Le Président (M. Allaire) : Parfait,
pas de problème. M. le député de Jean-Talon, la parole est à vous.
M. Paradis : Merci. C'est
intéressant, cette...
Des voix : ...
M. Paradis : Je vais attendre
que M. le ministre ait terminé.
Le Président (M. Allaire) : On
peut... Ça va? M. le député de Jean-Talon, allez-y, vous avez l'oreille du
ministre.
M. Paradis : Oui. C'est intéressant,
cette discussion, parce que vous avez utilisé, M. le ministre, les mots «rassurer».
Dans la mécanique des articles 72 et 73, c'est là que ce mot a son importance,
entre autres, parce qu'on est au cœur de... d'une mécanique ou d'un processus
qui a été dénoncé par plusieurs des personnes qui sont venues en consultations particulières,
qui disent... Et je sais que vous avez eu aussi, hier et dans les sessions
précédentes, des discussions là-dessus, mais ce régime spécifique, de nature
temporaire — en tout cas, c'est ce que le ministre dit — il
est qualifié de discriminatoire par plusieurs organisations qui sont venues
ici. Le Conseil du statut de la femme dit : C'est un régime
discriminatoire, parce que c'est...
M. Paradis : ...dans le
domaine de la santé notamment et aussi dans le domaine de l'éducation qui y a
le plus de problèmes de santé et sécurité au travail, et ça vise les femmes en
particulier. Des groupes syndicaux, les représentants des travailleuses sont
venus nous dire la même chose. Et ici, c'est une illustration parce qu'en
réalité on est en train d'admettre dans ces dispositions-là que ce régime est
moins favorable. Il vise particulièrement les femmes, je le réitère, et à moins
que le ministre aujourd'hui me confirme le contraire, il n'y a pas eu d'analyse
particulière de l'impact de ce qui va se passer dans ce projet de loi là, dans
le projet de loi n° 101, sur les femmes en particulier. J'aurais aimé ça
que le ministre nous dise : J'ai cette étude-là, et donc, en conséquence,
je vais... je vais suivre l'application du projet de loi n° 101 et son
impact particulier sur les femmes, et ça va me permettre de prendre une
décision le plus rapidement possible sur la fin de ce régime particulier. 72 et
73, M. le ministre, ce n'est pas ce que ça dit. 72, ça dit que le gouvernement,
par règlement, va déterminer la date ou le régime spécial qui... donc qui a des
moindres... qui a des moindres garanties, là. C'est ça... c'est ça l'idée,
c'est que ça protège moins, ça donne moins de garanties en matière de santé et
de sécurité que le régime général. On dit : Il va cesser d'avoir effet à
la date que le gouvernement détermine. Et là, M. le ministre, vous allez
m'expliquer en quoi l'article 73 vient rassurer. Parce qu'ils sont liés,
là. Je comprends, M. le Président, que c'est un autre article, mais ils sont
intimement liés, les deux. 73, ça dit simplement qu'il va y avoir un rapport le
1er octobre 2029. Ça n'a aucun impact sur, après ça, la décision en vertu
de 72, à moins que vous me disiez le contraire. Donc, l'aspect rassurant, M. le
ministre, ce n'est pas d'enlever, vous dites «on va l'enlever si c'est...
si ça crée de l'incertitude», c'est qu'on est en train de parler d'un régime
qui donne moins de garanties lorsque ce sont les femmes qui sont visées. Elles
sont inquiètes sur le régime lui-même. Et là quand elle voit combien de temps
ça va durer... Parce que les groupes, le Conseil du statut de la femme puis les
groupes représentant les travailleuses sont venus nous dire : Enlever le
régime particulier de l'article 54. C'est ça qu'elles sont venues nous dire.
Bien là, à tout le moins, à 72 et 73, combien de temps ça va durer? Et là on
n'a pas de garantie, et c'est un mécanisme, M. le ministre, qui se... qui se
répète souvent. Ce n'est pas notre première commission parlementaire ensemble,
c'est de plus en plus de pouvoir discrétionnaire donné au ministre ou au
gouvernement de décider a ou b sans qu'on ait des garanties dans le projet de
loi. Alors, c'est ça qui n'est pas rassurant, M. le ministre. Puis la solution,
ce n'est pas de dire «on va l'enlever», c'est donner plus de garanties aux
femmes, aux travailleuses du Québec, notamment du secteur de la santé et de
l'éducation quant aux régimes qui s'appliquent à elle ou quant à la temporalité
du régime qui donne moins de garanties pour elles.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bon, évidemment,
je ne reprendrai pas tous les commentaires que j'ai faits hier parce qu'on a
adopté l'article 54, mais j'ai beaucoup de respect pour le collègue de
Jean-Talon. Donc, l'article 54 est adopté. Je veux simplement dire que 72
vise à confirmer que ce n'est pas permanent. 72 vise à conférer de la souplesse
dans les changements que ça imposera durant la période de transition plutôt que
de la faire par voie législative.
• (12 h 10) •
En ce qui concerne les femmes, moi, vous
pouvez m'accuser d'à peu près n'importe quoi. Je pense que le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve me connaît super bien. Ce qui nous a guidés, ce n'est
pas parfait, mais ce qui nous a guidés dans la grande modernisation du régime de
santé et sécurité, c'était l'intérêt qu'on avait pour la santé et sécurité puis
l'intégrité physique et psychique, particulièrement des femmes. Pendant
40 ans, on a toléré au Québec des mécanismes de prévention puis de
participation qui s'appliquaient simplement à des secteurs masculins. On a
déconsidéré la tertiarisation de l'économie, on a déconsidéré l'arrivée
importante des femmes dans beaucoup de secteurs d'activité, puis c'est
particulièrement en santé, en éducation, services sociaux mais aussi en construction,
aussi dans les mines, dans tous les secteurs. Il n'y avait rien. Les risques
psychosociaux, collègue, c'est beaucoup les femmes. La violence à caractère
sexuel, c'est beaucoup les femmes. Le harcèlement psychologique...
M. Boulet : ...c'est beaucoup
les femmes. On a fait beaucoup d'avancées majeures en matière de santé et
sécurité, puis d'intégrité, puis de protection des femmes, le programme de
maternité sans danger, puis je pourrais vous faire un inventaire. On l'a fait,
on l'a adopté, les règles en matière d'application d'affectation suite à une
dame qui, en raison de son état de grossesse, est réaffectée ailleurs. Tout ce
qui est fait ici le fait en considérant hautement la présence importante des
femmes dans les milieux de travail. Puis c'est des milieux de travail qui
doivent se prendre en charge. Au-delà de tout ce qu'on écrira dans les lois, la
prise en charge de la santé et sécurité par les milieux de travail, là où il y
a une prépondérance féminine, ça m'apparaît véritablement crucial. Il faut
continuer. Il n'y a rien de terminé, tout est perfectible. Il y a un règlement,
je le répète, qui s'applique dans les secteurs santé, éducation qui est une
avancée considérable par rapport à avant 2021. On est encore en action. Il y a des
groupes qui accompagnent les écoles, les hôpitaux, les établissements de santé.
Il se fait énormément de choses pour prévenir, particulièrement en matière de
santé psychologique, où ça afflige, oui, plus particulièrement les femmes, puis
il faut le mentionner.
Donc, vous pouvez m'accuser de bien des
affaires, mais certainement pas d'être désintéressé. Puis je ne dirais
pas : J'ai une fille, puis j'ai une conjointe, puis... J'ai un intérêt
profond, senti, sincère, je le pense. Puis ce qui est dans la loi ne vise pas à
dire : Attendez puis attendez. Non, ce n'est pas... J'ai mis
l'article 72 juste pour rassurer. Puis c'est pour ça, collègue de
Jean-Talon, que je dis : Si ça ne rassure pas... Moi, je suis convaincu
que ça rassure, mais bon, si ça ne rassure pas, ce n'est pas un article qui est
incontournable. Mais je voulais juste partager ça avec vous. Et, celui qui sera
ministre du Travail dans 10 ans, 15 ans, j'espère qu'il aura les
mêmes sensibilités, les mêmes... bien, ça... Bien là, ça peut être vous, je ne
le sais pas. On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. Ça peut être notre
collègue de Québec solidaire ou notre collègue du Parti libéral du Québec. Ceci
dit, en badinant, c'est ma réponse.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Vous savez, je
le disais moi aussi en riant parce que j'entendais, dans nos remarques
préliminaires, le député d'Hochelaga-Maisonneuve dire : Ah! c'est ma... je
ne me souviens plus combientième, là, 13e, 14e. Alors, moi, j'ai dit : Là,
je les ai comptées, c'est la sixième fois qu'on est ensemble, M. le ministre.
Vous savez l'estime que je vous porte. Et il ne s'agit pas ici de lancer des
accusations, là, loin de moi cette intention, puis ce n'est pas... ce ne sont
pas les mots que j'ai utilisés. Mais néanmoins vous le savez, vous les avez
entendus comme moi et vous avez lu les mémoires comme moi. Et le Conseil du
statut de la femme, qui s'inquiète vraiment des impacts différenciés de ce
projet de loi là pour les femmes dans les secteurs de la santé et de
l'éducation, c'est important, tous les représentants des travailleuses et les
représentants des travailleuses qui sont venues nous voir ont exprimé la même
chose, M. le ministre. Ce sont les expertes. Ce sont elles qui sont là et qui
disent : Bien, c'est clair qu'on est en train de... puis, pour les raisons
que vous-mêmes, là, vous exposez dans votre mémoire au conseil des ministres,
là, que, là, on ne peut pas y aller tout de suite dans ces secteurs-là pour
différentes raisons. Le débat a été fait, je le sais, mais on ne peut pas
écarter ça du revers de la main, ces inquiétudes-là, à moins que vous me disiez
encore une fois que vous avez fait une analyse particulière, ce à quoi on vous
appelait, ce à quoi ces groupes-là vous appelaient à les rassurer. Avez-vous
fait une analyse des impacts différenciés sur les femmes? Avez-vous un tableau
de bord? Parce que vous parlez souvent dans votre gouvernement de tableaux de
bord que vous allez suivre. Parce que c'est ça, hein, quand on parle des
analyses, là, différenciées selon les sexes, c'est ça qu'on fait, c'est qu'on
regarde, on dit : Ah! on va se mettre des lunettes de l'égalité entre les
hommes et les femmes quand on va regarder le projet de loi puis ses impacts, et
là on va l'analyser uniquement sur cet angle-là parce qu'on parle d'un secteur
où les femmes sont les... sont les principales artisanes du travail qui est
effectué, et donc vivent les principaux risques. Je n'ai pas entendu que vous
avez fait cet exercice-là, ce qui vous... ce qui nous permettrait aujourd'hui
de dire : Ah! OK, mais vous allez suivre l'évolution. Parce que, là, vous
avez raison, 54, il est adopté, mais là on est à combien de temps ça va durer,
ce régime d'exception. Puis, 72 et 73, je pense que les groupes, ce que les
gens aimeraient savoir, c'est... ce n'est pas de l'enlever, c'est de
dire : Êtes-vous...
M. Paradis : ...de rassurer,
de visser un peu plus les boulons pour que ce soit le moins long possible, ce
régime différencié? Parce que moi, je vous repose la question : Avez-vous
une analyse des impacts différenciés? Qu'est-ce que vous allez suivre?
Qu'est-ce... qu'est ce qu'il va y avoir dans votre rapport, à 73, là, le 1er
octobre 2029? Qu'est-ce qui va... qu'est-ce qui va nous guider pour ne pas
qu'on se retrouve avec un régime... parce que ça arrive, vous le savez, M. le
ministre, ça arrive, des régimes temporaires qui durent deux, trois, cinq, 10,
15 ans, 20 ans. Bien, d'ailleurs, dans le domaine dont on parle, c'est un peu
ça, vous-même, vous l'avez mentionné, c'étaient des décisions intérimaires qui
deviennent des décisions permanentes. C'est ça, l'inquiétude. Si on ne pouvait
pas agir sur 54, qu'est-ce qu'on peut faire sur la durée à 72, 73 et 72.1, que
vous proposez? Qu'est-ce qu'on peut faire pour rassurer les femmes?
Ce n'est pas une accusation, que je lance,
M. le ministre, c'est... je vous invite à faire quelques pas pour aller vers
les représentantes des travailleuses qui ont exprimé de très sérieuses
inquiétudes documentées. Qu'est-ce que vous pouvez leur dire? D'abord, en
avez-vous une, analyse différenciée, ADS, en avez-vous une que vous allez
suivre?
M. Boulet : Bien, écoutez,
c'est parce que, là, ce serait long, là, de reprendre tous les commentaires que
j'ai faits hier sur les fonctions des comités, sur les fonctions, les
responsabilités des représentants santé et sécurité. Non, il n'y a pas eu
d'analyse différenciée selon les sexes, mais il y a un intérêt constant sur
l'impact de la fréquence et de la gravité des lésions professionnelles, pas que
chez les femmes, chez les hommes, chez les jeunes, chez les groupes issus de la
diversité. Oui, il y a des analyses fines qui sont faites de toutes les
implications de l'application de la loi santé et sécurité, de la Loi sur les
accidents de travail, maladies professionnelles, mais oui, il y a un souci
constant. Le reste... le reste, je pourrai attirer votre attention sur le
contenu de l'article 54, là, qu'on a adopté hier.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Jean-Talon, vous souhaitez intervenir? Ensuite,
on a reçu l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Quand on sera prêt.
Allez-y, M. le député.
M. Paradis : Bon. Bien, je
vais voir la proposition d'amendement du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, mais
j'espère donc que le ministre sera ouvert à ce que, justement, on soit plus
rassurant dans ces articles sur la durée de vie de ce régime d'exception par
rapport au régime permanent qu'on veut mettre en place par le projet de loi n° 101,
et que... J'ai beaucoup parlé de rassurer, mais c'est de faire la bonne chose
aussi sur le plan législatif. Donc, voyons la proposition d'amendement du
collègue, et je nous invite à des discussions constructives là-dessus, dans
l'intérêt de tout le monde, et notamment des travailleuses du secteur de
l'éducation et de la santé.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de Jean-Talon. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Donc, vous avez un amendement, on va l'afficher à l'écran. Ce ne sera pas très
long. Il est là. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci. Insérer, à
l'article 72 du projet de loi, après les mots «que le gouvernement détermine»,
les mots «au plus tard le 1er janvier 2030».
Alors, ça donnerait la chose
suivante :
La disposition du chapitre 16.1 de la Loi
sur la santé et sécurité du travail, édicté par l'article 54 de la présente loi
cesse d'avoir effet à la date ou aux dates que le gouvernement détermine, au
plus tard le 1er janvier 2030.
Donc, on fait un peu le meilleur des deux
mondes, M. le Président : on garde l'article tel quel, inchangé, à savoir
que le gouvernement peut intervenir n'importe quand, c'est ce que le ministre
ouvrait comme possibilité, puis ça, c'est très bien, mais on mettait une date
limite en disant : Il faut qu'il y ait une date limite pour que ce ne soit
pas éternel, cette transition-là.
Puis là on a eu des bonnes réflexions, à
savoir quelle date on met, tu sais, au début, on disait : On va-tu mettre
deux ans, trois ans, quatre ans, mais le ministre nous dit : Il faut quand
même un certain délai pour que ce soit mis en place, appliqué puis qu'on ait le
rapport. Puis là le rapport, il va être déposé le 1er octobre 2029. Ça fait
qu'on s'est dit : Bon. On va donner toujours bien e couple de mois pour
que le rapport soit bien analysé, pour que le gouvernement, peu importe sa
couleur, puisse prendre une décision éclairée au regard du rapport. Alors, si
le rapport est déposé le 1er octobre 29, 1er janvier 2030, ça donne quand même
trois mois, tout le mois d'octobre, novembre et décembre pour que le
gouvernement se fasse une tête, le ministre se fasse une tête et soumette à son
Conseil des ministres l'idée de prolonger la transition ou, au contraire, de ne
rien soumettre et que la transition soit terminée puis qu'on passe au régime
général.
• (12 h 20) •
Je pense que c'est le compromis le plus
intéressant sur la table, en ce sens que ça respecte l'échéancier du ministre,
ça respecte le fait que c'est transitoire, malgré que ce n'est pas une bonne
nouvelle pour plein de monde, passons, mais ça permet de faire en sorte qu'il y
a quand même une fin, qu'il y a quand même un espoir...
M. Leduc : ...puis que ça
force un prochain gouvernement à faire l'étude sérieuse de la situation. Ça ne
tombera pas dans les limbes. Des fois, il peut arriver 50 affaires,
50 priorités, puis là, oups, cette affaire-là tombe. Si on laisse
l'article tel quel, c'est possible que ça tombe dans les limbes puis que ça ne
devienne jamais une priorité, puis que, bien, au final, le rapport va être
déposé en octobre 2029, puis que, bien, coudon, on passera à un autre appel,
puis on tombera peut-être 10 ans plus tard à dépoussiérer cette
affaire-là. Mais si on met une date limite objective, qui est le 1ᵉʳ janvier
2030, à partir duquel il faut, si le gouvernement veut que ça demeure le régime
temporaire, qu'il renouvelle cette clause-là, bien, ça force la discussion puis
ça force la discussion sur la base d'un document que le gouvernement aura
demandé puis qu'on va déterminer... Je pense que, dans les circonstances, ça
serait un amendement de compromis qui permettrait à tout le monde de sortir ici
avec... si ce n'est pas un sourire, du moins l'esquisse d'un sourire.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Boulet : Non, évidemment,
comme j'ai répondu un peu plus tôt, on ne peut pas faire un engagement sur une
date ultérieure. Ça va véritablement dépendre de la capacité des milieux de
travail en santé puis en éducation de mettre en application, de bien déployer
les mécanismes de prévention puis de participation. Que je mette 2020 ou que je
mette 2032, si c'est extrêmement asymétrique en termes de déploiement et de
mise en application, on ne pourra pas, mais c'est ce que vise à faire le
rapport, en collaboration avec la CNESST, sur l'application notamment de 54 de
ce régime-là. Je le répète, 72 vise à confirmer qu'il n'est pas permanent. Puis
je pensais que c'était de manière... c'était pour rassurer les parties, que ce
n'était pas permanent et... mais je ne peux pas, on ne peut pas s'engager sur
une date puis dire : Au plus tard le 1ᵉʳ janvier 2030, on va passer
d'un régime à un autre sans tenir compte de comment ça se déploie et ça
s'applique sur le terrain. Je pense, je ne peux pas faire ça, là.
M. Leduc : ...non seulement,
on peut très bien s'engager sur une date, on l'a fait dans le projet n° 59. Puis il y a trois semaines, vous avez appliqué la
loi, qu'on avait déterminée ensemble dans le projet n° 59.
On avait mis une date limite à partir de laquelle il fallait que le règlement
soit adopté par le Conseil des ministres, puis vous avez été forcé à adopter la
loi, à appliquer la loi. Puis c'est très bien, c'était ça qui était le design
original de cette loi-là. Ça fait que dites-moi pas : On ne peut pas le
faire, on vient juste de le faire.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : On partait de
rien à ce moment-là, puis on demandait aux parties de s'approprier les mécanismes
et de déterminer le temps consensuel de libération, la fréquence consensuelle
de rencontre et la nature, les tenants et aboutissants d'un programme de
prévention. Ici, on n'est pas là, c'est évolutif. Et quand c'est évolutif, on
ne peut pas s'engager. En tout cas, moi, je ne me sens pas la capacité de
dire : Au plus tard cette date-là. Je pense qu'avec le pouvoir
réglementaire que 72 confère, ça permettra de s'adapter, ça permettra une
agilité dans la transition qui va permettre de passer d'un régime à un autre,
mais je ne pourrais pas m'engager à une date, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que c'est
parce que vous faites un bilan négatif de ce qu'on vient de vivre avec le PL n° 59 puis l'adoption du... À refaire ça vous, vous
n'auriez pas refait ça de même?
M. Boulet : Ah! non, non, je
n'ai pas de commentaire. J'ai répondu abondamment. Je suis extrêmement fier des
avancées qui ont été faites au Québec en matière de santé-sécurité, puis...
M. Leduc : Ça, j'ai compris,
je parle de la procédure de donner une date butoir pour adopter le règlement,
parce qu'on vient juste de faire exactement cette procédure-là, puis là vous me
dites : Non, non, je ne fais pas ça.
M. Boulet : Non, non, mais
c'est différent. C'était une date butoir qui imposait aux partis de faire un
consensus, alors que, là, c'est une date butoir pour déterminer la maturité de
déploiement et d'application des mécanismes. Et ça, ça ne dépend pas des partis
qui doivent s'entendre. Écoutez, je n'ai pas d'autre commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ça va être très
simple si vous faites l'analyse qu'il faut le prolonger, l'état transitoire.
Vous avez juste à adopter un décret tel que prévu par l'article 72. Mais
là, s'il n'y a pas de décret d'ici le 1ᵉʳ janvier 2030, on passe au régime
général. C'est très bien ici.
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre...
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Pas d'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
allez-y!
M. Leduc : Merci. M. le
ministre, vous nous dites : À chaque projet de loi, en ouverture, puis je
vous crois sincère quand vous le dites, vous dites toujours : Mon projet
de loi est perfectible, mais, à l'usage, je dois dire que c'est rare qu'on le
modifie fondamentalement en dehors des amendements que vous déposez vous-même.
Puis c'est très bien, puis vous déposez des amendements, puis on les regarde,
puis c'est parfait. Mais là, vous avez une occasion, là, assez simple...
M. Leduc : ...très peu
engageante, de le perfectionner, votre projet de loi, de dire : Je
comprends que des gens sont en colère, qu'ils n'ont pas accès au régime général
tel qu'il avait été promis. Je comprends qu'on se donne du lousse pour
l'évaluer, mais je vous confirme, à travers cet amendement-là, qui, je pense,
est très raisonnable, vous constaterez que, moi aussi, je fais des pas vers
vous. Moi, j'aurais mis, si c'était juste de moi, une date très... pas mal plus
proche, je l'aurais mis l'année prochaine, moi, ma date, vous comprenez? Là, je
fais un pas vers vous, je vous dis : Regardez, je vais même jouer dans son
film, je vais le mettre dans sa date à lui, son espace-temps de 2029,
1er octobre, je vais le mettre trois mois après.
Je pense qu'il y a quand même un jeu
intéressant, là, une main tendue intéressante. Puis vous dites que votre projet
doit être perfectible, vous dites tout le temps ça, puis je vous crois sincère
quand vous le faites. C'est une bonne occasion de le démontrer.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'appuie
l'amendement du collègue, j'entends le ministre, puis la résistance, puis je
comprends qu'il n'y a aucun gouvernement qui souhaite se peinturer dans un
coin. Mais, à un moment donné, il faut que les bottines suivent les babines. Si
on a déjà pris un engagement gouvernemental, ce serait fin 2029, et on a
toujours les outils législatifs pour un futur gouvernement. On ne sait pas
qu'est-ce qui va arriver 2026, qui pourront modifier ceci s'il y a lieu, mais
le souhait, c'est vraiment de mettre à l'œuvre plutôt que plus tard. Alors, pour
moi, je comprends le désir de vouloir avoir de la clarté et aussi de l'encadrer
un peu. Quatre ans, c'est long pour beaucoup de personnes qui seront impactées
par cette mesure transitoire.
Alors, je pense aussi de prendre un
engagement collectivement, comme membres de cette commission, pour dire, nous
sommes à l'aise. On comprend, on a des choses que nous devons respecter, de la
partie gouvernementale, on n'est pas prêt à poursuivre, ça prend de la
consultation. Il faut parler avec les groupes, il faut parler avec toutes les
parties prenantes. On ne peut pas le faire peut-être l'année prochaine, mais on
a dit collectivement que ce serait pour la fin de 2029. Alors, je trouve que
c'est sain de mettre à quelque part, dans ce projet de loi, une date butoir. Et
si jamais 2026, 2027, 2028, on a besoin d'avoir un changement, mais ce serait
de s'asseoir avec les parties prenantes puis de dire Bon, bien, ça se peut
qu'on ne puisse pas les respecter, puis on a besoin de vous. Ça se peut qu'il
va falloir qu'on change... Le gouvernement a plein d'outils pour faire des
modifications, s'il y a lieu, à l'intérieur de les lois... de nos lois.
Alors, je dirais que c'est quand même une
avancée, puis il y a un amendement à ce projet de loi, qui serait bienvenu par
les groupes qui sont affectés par ce changement du régime et qui sera bienvenu.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : C'est
intéressant, parce que quand je jette un coup d'œil à la Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail, je note qu'à l'article 300,
notamment, on parle des règlements qui doivent être adoptés en vertu de cette
loi-là, et que ces règlements doivent prendre en compte, ou ce règlement doit
prendre en compte les réalités propres aux femmes et aux hommes. Et je reviens
à ma question : Est-ce que... Le ministre nous a dit tout à l'heure :
Non, il n'y a pas d'analyse différenciée selon les sexes, mais on parle de ça
ici, là, on parle de l'égalité entre les femmes et les hommes, on parle de la
protection des femmes qui oeuvrent à donner des soins puis à éduquer nos
enfants. C'est de ça dont on parle.
• (12 h 30) •
L'amendement proposé par le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
force, en quelque sorte, le gouvernement à avoir décidé quoi faire avec le
régime d'exception moins avantageux pour les femmes du secteur de la santé et
de l'éducation qu'ailleurs dans le privé, qu'ailleurs dans la société
québécoise. Compte tenu de ce que ce gouvernement a déjà exprimé comme
préoccupation sur les impacts et les réalités propres aux femmes et aux hommes,
dans la loi que je viens de nommer, est-ce que ce n'est pas une invitation à ce
gouvernement de faire ce qu'il a lui-même dit qu'il ferait dans d'autres lois
du Québec? C'est ça que l'amendement vous invite à faire, M. le ministre. J'ai
bien écouté vos réponses aux collègues, mais je ne trouve pas ça convaincant
sur le fait que c'est impossible de se dire que, dans quatre ans, on aura fait
le point. C'est un engagement à prendre pour les femmes du Québec dans nos
secteurs de la santé et de l'éducation...
12 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Allaire) :
...merci, M. le député de Jean-Talon. D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
Vous souhaitez poursuivre, M. le député de Jean-Talon?
M. Paradis : Bien, je
comprends que le ministre n'a pas de réaction sur le lien avec les engagements
qui ont déjà été pris par ce gouvernement en matière de loi sur les... santé et
la sécurité au travail de tenir compte des impacts différenciés. Est-ce que la
réponse qu'on entend à la proposition d'amendement, c'est... c'est cohérent
avec cet engagement?
Le Président (M. Allaire) : Juste
un instant. M. le député de Beauce.
M. Provençal : Tout simplement
un appel au règlement, M. le Président
Le Président (M. Allaire) : Allez-y.
M. Provençal : L'article 82
spécifie que le ministre a répondu, lui a dit qu'il n'avait plus de
commentaire. Alors, même si les députés d'opposition font leur travail
correctement, je respecte ça, là, je pense que M. le ministre a été très clair
qu'il n'avait plus de commentaire à formuler. C'est simplement une observation
que je voulais faire. Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : C'est
parfait. On... Vous avez de l'expérience en plus en présidence de commission.
Vous avez tout à fait raison. L'article 82 s'applique ici. M. le député de
Jean-Talon, vous pouvez continuer.
M. Paradis : Oui, merci du
commentaire, mais c'est ça, ça ne m'empêche pas de poser d'autres questions. Et
je sentais le ministre, là, qui avait peut-être le goût finalement de réagir
sur la... Sur la cohérence, là, avec...
M. Boulet : ...parler, Pascal,
fais-moi pas parler. Il faut que j'apprenne à moins parler.
M. Paradis : C'est ça qu'on
aime, M. le ministre.
Le Président (M. Allaire) :
...ça va. Donc, M. le député de Jean-Talon, vous voulez poursuivre?
M. Paradis : Oui. Donc, c'était
sur la cohérence avec ses engagements pris dans les... relativement notamment
aux lois en matière de santé, sécurité au travail. Donc, est-ce que ce ne
serait pas cohérent de faire ce qu'on avait dit qu'on ferait dans cette autre
loi là, c'est-à-dire de tenir compte des impacts et des réalités différenciées?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : En autant qu'on votre
question ne laisse pas entendre à de l'incohérence ou à de... un manque de
volonté du gouvernement de respecter ses engagements. Si vous ne me prêtez pas
d'intention, moi, je peux toujours discuter. Ça fait que les engagements qu'on
fait, on les suit, on les respecte. Puis la cohésion dans l'application des
lois, je pense qu'on a des organismes, un organisme qui s'appelle la Commission
des normes, équité, santé, sécurité du travail, qui parfois... peut-être pas
tout le temps, vous me direz, mais fait un travail exceptionnel d'accompagnement
des milieux de travail pour s'assurer que partout on fasse de la prévention.
Puis d'ailleurs, collègue, vous le savez,
en 2019 et 2025, le taux de cotisation a baissé considérablement puis a permis
des économies de 687 millions de dollars. Donc, c'est bénéfique. Puis
je pense que la culture de prévention durable, non seulement elle est intégrée,
mais elle donne des résultats dans beaucoup de secteurs d'activités. Il y a des
secteurs où on a encore trop de décès, où on a encore trop de lésions avec des
blessures corporelles graves. On a encore beaucoup trop de lésions à
connotation psychologique, mais on s'est donné les outils. Puis vous étiez là
dans le projet de loi qu'est devenue la loi, là, pour lutter contre le
harcèlement puis les violences à caractère sexuel. On a fait un partenariat
avec Juripop. Puis Maître Sophie Gagnon a été... a... Puis elle a quitté Juripop
récemment, là. Je pense que vous la connaissez. C'est une personne avec qui moi
j'ai, développé, puis mon ministère, puis la CNESST a développé une relation
extrêmement intéressante. Puis il y a eu des accompagnements. Il y a des
témoignages qui m'ont été partagés quand je suis allé à Juripop il y a une
couple de mois encore à Montréal, de personnes marginalisées, victimes de
violence. Tu sais, c'est... nous, on voit le grand tableau, mais c'est quand on
voit des personnes qui sont aux prises avec des problématiques profondément
humaines, comment on a réussi à les accompagner par l'application de nos lois, par
la suite qu'on a donné à nos engagements... Parce que oui, le projet de loi n° 42,
on avait des engagements.
Derrière chaque loi, il y a des objectifs,
puis des engagements, puis on s'assure de les respecter. Puis le rapport de
mise en application au plus tard le 1ᵉʳ octobre 2029 va nous permettre...
ça ne se fera pas deux jours avant le 1ᵉʳ octobre, ça va se faire dès la
sanction de la loi où on va être à l'affût de comment ça se déploie, comment ça
s'applique dans les milieux de travail. Puis la CNESST a les outils puis fait
des rapports de gestion, puis est ouverte à partager de l'information. Mais l'impact
sur les femmes, l'impact encore une fois chez tous les groupes de travailleurs,
travailleuses, dans tous les milieux de travail... Puis je suis fier de le dire,
là, parce qu'avant 2021 il n'y avait seulement que...
M. Boulet : ...que 23 %
des milieux de travail qui étaient visés par des mécanismes de prévention et de
participation. Puis, en termes de pourcentage de travailleurs, travailleuses,
c'était un pourcentage famélique. Alors que, là, c'est 100 %. Enfin, oui,
la vitesse n'est pas la même en santé puis en éducation pour les raisons que
j'ai partagées abondamment hier, mais on a connu des progrès considérables en
santé-sécurité. Et je pense qu'on peut tous en être fiers. Puis notre collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve l'est aussi sûrement.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bon. Vous
m'avez ouvert la porte toute grande à parler d'incohérence, mais je ne le ferai
pas. Je vais vous le présenter de nouveau autrement. Je vous invite au devoir
de cohérence avec des éléments que vous avez vous-mêmes inscrits dans d'autres
lois du Québec, qui disent que le gouvernement doit tenir compte des réalités
et des impacts différenciés sur les femmes et les hommes de ce qu'on fait en
matière législative. Le régime mis en place par l'article 54 n'est pas
aussi avantageux dans le secteur de la santé et de l'éducation, là où il y a
une prévalence d'incidents en matière de santé et de sécurité qui vise
principalement les femmes. Sur la durée de ce régime, je vous invite à faire ce
que... ce dont vous nous parlez souvent, M. le ministre. Hein, vous dites
souvent : Ah! il y a ceux-là, de ce côté-là, là, qui demandent plein de
choses comme ça, trop. Puis il y a ceux-là, de ce côté-là, qui demandent trop
de ce côté-là. Vous, vous dites : Je veux placer le curseur quelque part.
Puis là je n'ai pas qualifié pour les personnes, là, mais vous dites : Il
vous faut placer...
Une voix : ...
M. Paradis : Il faut
placer... Bien, c'est parce que, justement, je ne voulais pas nous faire
dévier, mais vous dites : Il faut placer le curseur à la bonne place. Là,
ce que vous faites dans les articles 72 et 73, c'est de laisser une marge
complète qui est à la discrétion du gouvernement. Le seul jalon que vous placez,
c'est de faire un rapport. Le rapport ensuite, il n'a pas d'impact. On ne sait
pas ce que ça va donner. Il n'y a pas d'obligation quant à la durée du régime.
Et l'amendement qui est actuellement sur la table oblige le gouvernement à
avoir fait son nid ou à avoir réfléchi sur les impacts, notamment différenciés
pour les hommes et les femmes, à une date déterminée. Je pense que ça serait un
délai de quatre ans, à peu près, entre l'entrée en vigueur du régime, cette
réévaluation-là. Il me semble que c'est un bon compromis, comme vous les aimez,
comme vous dites les aimer, M. le ministre, entre aucune date, aucune assurance
dans quelque chose qui peut durer 20 ans, 25 ans ou quatre ans, ou un
délai trop court. Entre les deux, il y a dire : On va se donner cette
date-là. C'est à ça qu'on vous invite, M. le ministre, en cohérence avec ce que
vous avez inscrit vous-même dans d'autres lois sur les impacts différenciés
pour les femmes et les hommes de ce qu'on fait, nous, comme législateurs.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député de Jean-Talon. D'autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention...
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y.
M. Leduc : Je pense qu'on
a tiré tout le jus qu'on voulait tirer de M. le ministre sur cet article-là. Je
me tourne donc vers mes deux collègues des oppositions parce que je vais
demander un vote par appel nominal dans quelques instants. Je pense que le vote
que nous allons tous tenir sur cet article-là va être aussi engageant pour nos
formations politiques respectives dans les prochaines années, qui seront
peut-être appelées à gouverner ou appliquer, donc, cet article-là. Donc, je
vais juste prendre un instant pour dire que je vais faire un appel au vote
nominal, puis je veux vous inviter à réfléchir, puis à voter avec ça à
l'esprit, que là, ça va être certainement battu par la partie gouvernementale,
mais que le vote que nous allons prendre va représenter nos partis politiques,
qui pourrait être réutilisé dans d'autres commissions parlementaires ou dans
une période de questions pour vous rappeler ce qu'on aura voté aujourd'hui en
ce 8 octobre 2025. Merci, M. le Président. Et, en toute conséquence, s'il
n'y a pas d'autre intervention, je demanderai de vote par appel nominal.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Allaire) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant cet amendement? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de cet
amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
Une voix : Par appel nominal.
Le Président (M. Allaire) :
Appel nominal, Mme la secrétaire. Allez-y, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal : Contre.
La Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Paradis
(Jean-Talon)?
M. Paradis : Pour.
La Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté.
Alors, on revient à l'article 72.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 72? S'il n'y a pas d'intervention,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je voulais
juste expliquer que je vais quand même voter pour l'article même si, sur
l'économie générale, c'est sûr que je vais voter contre le projet de loi. J'ai
voté contre, hier...
M. Leduc : ...le régime
intérimaire, mais je vais quand même voter pour l'article, parce que c'est
mieux d'avoir une modification par règlement que par loi, mais je ne veux pas
qu'on interprète. Parce que je le connais, des fois il est un peu tannant, M.
le ministre, il va commencer à dire : Oui, même le député
d'Hochelaga-Maisonneuve a voté pour.
Une voix : ...
M. Leduc : Exact. C'est mieux
ça que l'inverse, mais ça reste très mauvais sur l'économie générale. Fin de la
parenthèse.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Pas d'autres interventions? Procéder à la mise aux voix de
l'article 72. Est-ce que l'article 72 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Parfait. Donc, on enchaîne avec un amendement pour introduire un nouvel
article, le 72.1. M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Boulet : Oui. Insérer,
après l'article 72 du projet de loi, le suivant :
«Un membre d'un comité de santé et...
sécurité ou un représentant en santé et... sécurité d'un établissement auquel
s'applique le chapitre XVI.1 de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail, édicté par l'article 54 de la présente loi, doit participer au
programme de formation prévu au paragraphe 5° de l'article 335.3 ou au
paragraphe 3° de l'article 335.4 de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail, édictés par l'article 54 de la présente loi, selon la dernière
des échéances, soit dans les 120 jours de sa désignation, soit avant le 1er octobre
2026, lorsqu'il a été désigné avant cette date.»
Commentaires. Donc, ça vise simplement,
là, tenant compte des délais, là, à étaler l'obligation pour un membre d'un
comité ou un RSS dans les établissements de santé de participer à un programme
de formation. Donc, on va assurer une période de transition à l'entrée en
vigueur de la présente loi en adéquation avec le fait qu'il y aura un nombre
élevé de personnes à former à ce moment. Donc, c'est du 1er avril 2026 au
1er octobre 2026. C'est tout. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Des interventions? Mme la députée de Westmount-Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Je
remercie le ministre pour l'amendement, ça répond à les questions que j'avais
dans l'article précédent. Je voulais juste savoir si les dates de
120 jours ou avant le 1er octobre 2026, ça, c'est des dates qui ont
été convenues avec les groupes.
M. Boulet : Oui. En fait, il
y a eu un règlement qui a été publié à la Gazette officielle du Québec ce matin
qui reporte les dates pour le règlement général au 1er octobre 2026. Ça
fait que c'est juste une cohésion. On fait appel à notre devoir de cohésion.
Or, il s'applique parfois. Merci.
Mme Maccarone : Mais je
comprends que c'est quelque chose qui a été publié, mais je voulais juste
savoir les dates. On a tout validé avec les groupes et eux, ils sont à l'aise
avec le... dans le fond?
M. Boulet : Totalement. C'est
les recommandations de la CNESST validées puis publiées ce matin.
Mme Maccarone : Parfait.
Merci.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
Iinterventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix de l'article... du nouvel article qui introduit le 72.1. Est-ce
qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Donc, le nouvel article 72.1 est adopté.
Donc, on poursuit. M. le ministre, 73,
s'il vous plaît, lecture et commentaires.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président.
«Le ministre doit, en collaboration avec
la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail, le ministre de la Santé et des Services sociaux et le ministre de
l'Éducation, du Loisir et du Sport, au plus tard le 1er octobre 2029, faire
au gouvernement un rapport sur l'application des dispositions du chapitre XVI.1
de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (Chapitre S-2.1),
édictées par l'article 54 de la présente loi, et sur l'opportunité de les
maintenir ou de les modifier.
Commentaires. Je pense qu'on en a parlé
plus qu'abondamment. Alors, c'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Interventions? Mme la députée de Westmount-Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, M. le
Président, j'ai un amendement à aborder ici. On l'a déjà envoyé...
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Oui, effectivement, on l'a reçu. On va l'afficher, ce ne sera pas très long.
Allez-y, la parole est à vous.
Mme Maccarone : Merci. Alors,
article 73 du projet de loi et modifié par l'ajout, à la fin de l'alinéa
suivant : «Le ministre doit faire évaluer ou faire évaluer périodiquement
et au minimum aux cinq ans l'implantation des mécanismes de prévention et de
participation (comité de santé et de sécurité, représentant en santé et
sécurité, agent de liaison) en appliquant, entre autres, une analyse
différenciée selon les sexes et intersectionnelle.»
On a fait le débat hier, M. le ministre,
rendu quand on abordait l'article 54, on l'a entendu de la part des
collègues ce matin. Puis là, quand on parle de faire une évaluation, on va
déposer un rapport, moi, je pense que c'est une occasion en or, surtout que
nous avons du temps de s'assurer que l'analyse différenciée des...
Mme Maccarone : ...sexes est
mise en place. C'est quand même la recommandation-phare non seulement de la
FIQ, mais du Conseil du statut de la femme, on l'a entendu des autres groupes.
On l'a dit puis on peut le répéter ad
nauseam ici, dans cette commission, on sait que les choses ont évolué. Le
ministre a dit hier que, je pense que c'était en 1979 ou 1965, la prépondérance
n'était pas féminine. Mais là les temps ont évolué, et on a entendu l'impact,
évidemment, majoritairement, sur les femmes qui vont être subies à ce
changement du régime. Je pense qu'on a une responsabilité de poursuivre avec
cette analyse. C'est quelque chose qu'on adopte ici, comme parlementaires,
régulièrement. C'est la raison qu'on entend ces groupes, souvent, en commission
parlementaire, pour s'assurer qu'on prend en considération la condition
féminine. Le Secrétariat de la condition féminine, en 2006, a mis en place la
politique gouvernementale pour que l'égalité de droit devienne une égalité de
fait.
Alors, je vous demande, avec beaucoup de
respect, de poursuivre avec cette évaluation, avec l'accompagnement des autres
instances ministérielles, qui pourraient collaborer ici. C'est l'endroit où, il
me semble, parce qu'on ne l'a pas fait auparavant, que nous pouvons au moins
entamer ce type de travail et analyse d'ici l'implantation du régime complet,
juste pour s'assurer qu'on a pris en considération les préoccupations qui ont
été évoquées non seulement par ces instances très importantes, mais aussi la
stratégie d'égalité. C'est quelque chose qu'on prend très au sérieux. C'est
quelque chose qu'on s'attend, avant le dépôt de chaque projet de loi, qu'on a
une consultation. Ça fait partie de le document qui est préparé par le Conseil
des ministres, souvent, ça fait partie d'une analyse d'impact. C'est notre
responsabilité, il me semble, de prendre ça en considération. Et je pense
qu'ici, à l'intérieur de cet article, ça rentre très bien, parce qu'on parle,
comme j'ai dit, collaboration avec toutes les autres instances, les parties
prenantes, qui sont très chères, très importantes, mais aussi de poursuivre
avec ce type d'analyse pour avoir un portrait complet avant le déploiement.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, je
comprends. Je respecte beaucoup le contenu de cet amendement, mais je vais me
soumettre à un devoir de réserve. J'ai fait beaucoup de commentaires sur le
délai et j'ai fait beaucoup de commentaires sur l'analyse différenciée selon
les sexes. Et, pour ces raisons-là, je vais... je vais me limiter aux
commentaires déjà faits, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Monsieur... Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Moi, je n'ai
pas besoin d'avoir un débat, M. le ministre, en ce qui concerne le besoin de
comprendre la différence puis le besoin d'avoir le rapport. Je comprends où
vous êtes, mais là on parle de quand même un délai de quatre ans. On a quatre
ans pour mettre ceci à l'oeuvre. Alors, je ne comprends pas pourquoi on ne peut
pas être en faveur de ce type de modification du projet de loi, qui ne dénature
aucunement ce que le ministre et le gouvernement souhaitent accomplir avec le
projet de loi n° 101. Même que, je dirais, je pense que c'est une contribution
très positive pour s'assurer que la voix des femmes est bien entendue. Encore
une fois, c'est une stratégie gouvernementale qui est en place. Ça va faire
bientôt 20 ans. Je pense qu'on a une responsabilité et un devoir, comme
parlementaires, de poursuivre avec ceci et de s'assurer que le Secrétariat à la
condition féminine peuvent contribuer, le Conseil du statut de la femme peuvent
aussi contribuer. Ça peut être une analyse qui n'est pas très coûteux, surtout
qu'on comprend que l'impact est majoritairement... va majoritairement impacter
les femmes. Alors, je ne comprends pas pourquoi qu'on ne peut pas poursuivre
avec ceci. Tu sais, on pourrait faire des arguments.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Boulet : ...je peux quand
même vous rassurer que le ministre doit, mais en collaboration avec la CNESST,
où il y a énormément de talent, d'expertise sur comment on met en application
une loi, c'est quoi, le taux de lésions professionnelles, la fréquence, la
gravité, avant et après, le nombre de comités de santé-sécurité qui ont été
formés, le nombre de personnes qui siègent sur ces comités-là, le nombre de
représentants en santé-sécurité du travail, le nombre d'inspections qui aura
été fait, la nature des inspections, le nombre de constats d'infraction. La
CNESST a l'expertise, le fait depuis des décennies...
M. Boulet : ...et on
dit : En collaboration aussi avec le ministre de la Santé, avec la
ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, sur l'application des
dispositions qui sont dans le chapitre 16.1 de la loi santé et sécurité, et
ainsi que sur l'opportunité de les maintenir ou de les modifier. Il n'y a pas
de... Moi, je ne veux pas m'immiscer dans la façon dont tout ce monde-là va
travailler ensemble, mais je me fie aux méthodes, aux techniques et à
l'expertise de toutes ces personnes-là réunies pour déterminer comment la loi a
été appliquée sans leur imposer une technique d'analyse.
Puis j'ai beaucoup de respect, là, pour
l'analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle, j'ai beaucoup de
respect pour ça, là, mais ces personnes-là ont des méthodes éprouvées, ils
s'assoient sur des données empiriques, ils s'assoient sur la progressivité dans
le déploiement puis l'application des mécanismes. Moi, j'ai une totale
confiance à ça, cette collaboration-là, pour faire un rapport de mise en
application et, après ça, qu'on détermine l'opportunité de maintenir ou de
modifier. Ça fait que je pense que ça va être les seuls commentaires que je
fais sur l'article 73, sur le délai puis la façon d'analyser. Je pense que je
viens de tout dire ce que je pensais, avec respect.
Le Président (M. Allaire) : ...députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Non, je
comprends, nos débats puis nos échanges sont très respectueux. On peut être en
désaccord et toujours avoir des mesures de respect. Je suis évidemment très
déçue de la réponse du ministre, parce qu'on a quand même adopté à l'unanimité
une stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
C'est une stratégie qui est en place depuis 2022, uis on a pris un engagement
pour cinq ans. Alors, c'est toujours en place pour 2027. Si on ne met nulle
part dans ce projet de loi des éléments en ce qui concerne l'ADS, on est en
train de diluer le rôle de la condition féminine.
On est en train de diluer le rôle aussi du
Conseil du statut de la femme, qui ont fait cette recommandation. Ils ont un
rôle à jouer, c'est un rôle fondamental et c'est leur demande, de s'assurer
qu'on prend en considération l'égalité des sexes avec une ADS. Ce n'est pas la
première fois... ça fait sept ans depuis que je suis députée, ce n'est pas la
première fois qu'on fait une demande de s'assurer que cette analyse est mise en
place. Parce qu'ils viennent souvent témoigner en commission parlementaire, et
souvent il y a une grande déception de leur part parce que soit ils n'ont pas
été consultés, même, avant le dépôt d'une loi, et ils nous ont partagé ça en
commission parlementaire. Je constate que, cette fois-ci, on les ait entendus,
mais leur recommandation le plus fort, c'est d'intégrer cette analyse, qui peut
être à faible coût, qui peut juste nous assurer quand nous faisons l'analyse
puis quand nous allons produire un document avant ce rapport, pour
l'application, qu'on prend en considération leurs préoccupations. Je
comprends... Sincèrement, je ne comprends pas les arguments de ne pas vouloir
poursuivre avec ceci, qui n'est pas coûteux pour nous, encore une fois, je
répète, ne dénature aucunement ce qu'on souhaite accomplir avec ce projet de
loi. Ça n'enlève rien de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de sécurité de travail, ça n'enlève rien de la santé... du ministère de Santé
et Services sociaux, rien du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.
Ça ne va pas étendre la date limite au-delà du 1er octobre 2029. Ce n'est que
des éléments positifs que nous pouvons entendre pour bonifier un rapport et...
de prendre en considération ces préoccupations. Ce n'est que du bon, selon mon
avis.
Je suis féministe. Je pense qu'on a fait
la démonstration que tous les collègues ici sont féministes. Nous ne sommes pas
rendus à un endroit où on a une égalité hommes-femmes encore, puis c'est pour
ça que nous devons prendre ça au sérieux puis avoir cette mesure de respect à
inclure au moins cette mesure dans ce projet de loi. Je répète, on n'a aucun
autre endroit où on parle de l'égalité hommes-femmes, où on prend en
considération une analyse différenciée pour s'assurer qu'on respecte la
condition féminine. Et, sincèrement, ça fait partie de ce que nous faisons ici
au quotidien, comme parlementaires.
J'insiste que nous prenons en
considération une intégration de ce rapport. Si le ministre dit que ce n'est
pas ici, dites-moi où nous pouvons le faire, d'abord, parce qu'on a une
responsabilité commune de s'assurer qu'on entende ces personnes et qu'on a ce
rapport...
Mme Maccarone : ...qui va
contribuer à une réflexion puis peut-être des décisions qui ne vont pas être le
même si on n'avait pas eu ce rapport d'impact.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions? M. le député de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Est-ce qu'il y
a un autre endroit, M. le ministre, que nous pouvons peut-être l'intégrer, si
ce n'est pas ici?
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? D'autres interventions? M. le député de Jean-Talon. Allez-y.
M. Paradis : Bon, les
analyses différenciées selon les sexes, on vient de le dire, ça existe depuis
longtemps, là, ça fait depuis 1997 qu'il y a une politique officielle du
gouvernement du Québec. On vient de produire un très beau guide l'année passée,
votre gouvernement vient de produire un guide l'année passée sur l'analyse des
programmes avec cette perspective de l'ADS. À moins que je ne me trompe, par
contre, je ne trouve pas encore cette expression-là dans le corpus législatif.
Et ma question au ministre, c'est : Est-ce que c'est ça qui bloque? Est-ce
que, par exemple, le ministre serait ouvert à ce que, dans l'article 73,
on utilise les mêmes mots que dans sa loi sur la... sur le... modernisant les
lois en matière de santé et de sécurité au travail, c'est-à-dire qu'on doit
tenir compte des impacts ou de la réalité différenciée chez les hommes et les
femmes. Est-ce que vous seriez prêt à ce qu'on dise que le rapport du
1er octobre 2029 va devoir au moins faire ça? Je suis convaincu, M. le
ministre, que ça va être dans le rapport, là, c'est sûr qu'on va parler de ça,
de l'impact sur les femmes. Alors, est-ce qu'on peut l'expliciter dans cet
objectif, pour reprendre vos mots, de rassurer un peu et de dire «on s'en
occupe, on va regarder ça»? Là, je vous propose de prendre les mêmes mots que
ceux qu'on retrouve au deuxième alinéa de l'article 300 de la loi
modernisant les régimes de santé et de sécurité au travail, mêmes mots, est-ce
que vous seriez ouverts à faire ça?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Non. En fait,
moi, comme j'ai répondu à notre collègue de Westmount—Saint-Louis, je me fie
totalement à la façon dont la CNESST va collaborer avec les ministères santé,
éducation et... pour faire un rapport de mise en application. Puis, comme je
l'ai mentionné, l'effet des changements ou le rapport d'application, ils vont
s'attarder aux lésions professionnelles. Puis il y a des statistiques homme,
femme, âge, région, il y a... il y a tout ça, là, qui est... qui fait l'objet
d'une analyse fine. Et moi, je n'ai pas l'intention de m'immiscer puis de
guider la façon dont les parties vont faire, écrire leur rapport de mise en
application et nous informer de l'opportunité de maintenir ou de modifier. Mais
moi, j'ai une confiance dans l'expertise et dans les ressources non seulement
des ministères, mais aussi de la CNESST. Il y a des personnes hyper
compétentes. Ce n'est pas le premier rapport de mise en application des
dispositions d'un chapitre d'une loi qui se fait. Et donc c'est la raison pour
laquelle je ne vais, moi, pas dire : N'oubliez pas de faire ci, n'oubliez
pas de faire ça, ça, faites-le de telle manière, ça, utilisez telle technique.
Moi, je le répète, là, on donne ce mandat là dans la loi, de faire un rapport
de mise en application, et c'est des organisations qui sont tout à fait
crédibles et ont l'autorité pour le faire.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député de Jean-Talon, 30 secondes.
M. Paradis : Mais ici, sauf
que c'est le cœur de l'affaire, la préoccupation principale qui est exprimée
sur ce projet de loi, M. le ministre, vous le savez, c'est celle-là. Et ici, je
pense qu'on pourrait faire la bonne chose en disant que, dans le rapport, on va
s'attarder sur cette question-là en particulier. Ce n'est pas de dire quoi
faire, c'est dire que ça, c'est un des principaux éléments sur lequel va devoir
porter le rapport.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
tout le monde, pour votre collaboration ce matin.
Compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 15 heures. Bon dîner, tout le monde.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 05)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie du travail reprend ses
travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 101, Loi
visant l'amélioration de certaines lois du travail.
Alors, si vous vous souvenez, nous étions,
avant d'aller dîner, à l'article 73, plus précisément, à l'amendement
déposé par la députée de Westmount—Saint-Louis. Par contre, on m'a demandé de
suspendre les travaux quelques instants pour continuer les discussions.
Donc, on va suspendre les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 06)
(Reprise à 15 h 28)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Je vous rappelle que nous sommes à l'article
73, plus précisément sur un amendement déposé par la députée de Westmount—Saint-Louis.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
la parole est à vous.
Mme Maccarone : Oui. Je
souhaite quand même poursuivre pour clore le débat, parce que, si je comprends
bien ce qu'on a discuté hors micro, c'est que le gouvernement a trouvé un
passe-droit avec l'aide des... du député de Jean-Talon. Alors, je suis comblée.
Mais je voulais quand même ajouter d'autres éléments pour notre réflexion, pour
les gens qui suivent nos travaux aussi, parce que, je sais, c'est d'une grande
importance pour plusieurs personnes de s'assurer qu'on a cette réflexion puis
qu'on fait vraiment une analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle.
Ça fait partie de qui nous sommes, c'est dans notre ADN. Alors, je trouve que
c'est très important qu'on poursuit de cette manière. On le voit aussi sur le
site Web quand on parle de l'application de l'ADN, on dit qu'on souhaite une
démarche simplifiée pour la réalisation qui s'intègre dans toutes les phases
d'un projet, que ça soit dans la planification, que ça soit dans la mise en
œuvre et ainsi l'évaluation. Alors, c'est pour ça que je trouve que ça devrait
nous tenir tous à cœur de s'intégrer ce type de processus. J'espère que ce ne
serait pas la dernière fois qu'on va pouvoir agir de cette manière... mais
peut-être pas sur le biais d'un débat. En espérant que ceci fera partie de
toutes nos lois qui vont suivre, qui seront déposées, parce que c'est quand
même un élément très important. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de cet amendement. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Par appel nominal, Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
• (15 h 30) •
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal : Contre.
La Secrétaire
: M. Paradis
(Jean-Talon)?
M. Paradis : Pour.
La Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
L'amendement est rejeté. On revient donc à l'article 73. J'ai compris que le
député de Jean-Talon souhaite déposer un amendement. M. le député de
Jean-Talon, on va l'afficher à l'écran, ça ne sera pas tellement long.
M. Paradis : Oui. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Et
voilà. Je vous laisse en faire la lecture... vos commentaires. La parole est à
vous.
M. Paradis : Donc, ajouter, à
la fin de l'article 73 du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Ce rapport doit notamment prendre...
15 h 30 (version non révisée)
M. Paradis : ...en compte les
réalités propres aux femmes et aux hommes. Et donc c'est en continuation des
discussions qu'on a eues avant la pause, à l'occasion notamment du dépôt de la
proposition d'amendement de la collègue de Westmount—Saint-Louis, et l'idée, c'est
de s'assurer que le rapport qui sera produit à la date indiquée à l'article 73
sur l'application, donc, du régime particulier en santé et sécurité dans le
milieu de la santé et de l'éducation tienne compte de ces réalités propres aux
femmes et aux hommes. Et donc on a eu la conversation avec M. le ministre, on
reprend ici les mots qui existent déjà ailleurs dans les lois du Québec. Notamment,
j'avais fait état de l'article 300 de la Loi modernisant le régime de
santé et sécurité au travail. Alors, je pense que c'est un... c'est une
indication qui va être reçue très positivement par les principales intéressées,
des discussions que nous avons eues dans les derniers jours. Alors, c'est ça,
la proposition d'amendement.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
D'autres interventions? M. le ministre. Allez-y.
M. Boulet : Bien, moi, j'en
profite pour dire que nous sommes favorables à un tel amendement qui, sur le
fond, est compatible avec l'intention de faire un rapport d'évaluation. Puis j'estime
aussi beaucoup le fait que ça provienne de mon collègue de Jean-Talon. C'est du
travail constructif, c'est du travail d'équipe puis c'est ce que les Québécois,
les Québécoises aiment nous voir faire, de travailler en collégialité puis de
trouver des voies de passage et de réaliser qu'on est plus d'accord qu'en
désaccord. Ça fait que merci au collègue de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci, M. le
ministre. D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de cet amendement déposé à l'article 73.
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. On revient donc à l'article 73 maintenant amendé. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 73, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. M. le ministre, je crois que vous avez un amendement
maintenant pour introduire un nouvel article à 73.1. La parole est à vous.
M. Boulet : Non, on n'a pas d'amendement
à 73.1. Non.
Le Président (M. Allaire) : Oui,
je pense que oui, M. le ministre, mais ce n'est pas grave, on peut peut-être
suspendre les travaux. On va suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 34)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le ministre, je vais vous céder la parole
pour l'article 51 qui introduit un, deux, trois, quatre nouveaux articles.
Donc, la même façon de procéder que les autres fois, on va y aller article
introduit par article introduit et on va voter le bloc à la fin. Donc, la
parole est à vous pour le 176.0.0.1.
M. Boulet : OK Est-ce qu'on
peut les lire tous ensemble?
Le Président (M. Allaire) : Si
vous pensez que c'est plus logique d'y aller tout ensemble dans le même bloc,
allez-y.
M. Boulet : Si vous êtes
consentant. Parce c'est toute la même affaire. C'est assez technique, là, ce
qui vient, là.
Le Président (M. Allaire) : Pas
de problème.
• (15 h 40) •
M. Boulet : OK, merci. 51.
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 176, de la section
suivante :
«Section II.1 Décisions de la
Commission en matière de mesures équivalentes et différentes.
«176.0.0.1 La Commission peut, par
règlement, établir des normes de construction et de sécurité applicables aux bâtiments
qu'elle identifie parmi ceux qui sont exemptés de l'application du chapitre I
du Code de construction ou du chapitre VII du Code de sécurité,
«176.0.0.2. La Commission peut, aux
conditions qu'elle détermine, autoriser, dans le cas de travaux de construction
qui concernent un bâtiment visé à l'article 176.0.0.1 :
«1° une méthode de conception, un procédé
de construction ou l'utilisation d'un matériau ou d'un équipement différent de
ce qui est prévu par un règlement pris en application de l'article 176.0.0.1,
lorsqu'elle estime que la qualité de cette méthode, de ce procédé, de ce
matériau ou de cet équipement est équivalente à celle recherchée par les normes
prévues par ce règlement et que la sécurité des lieux est assurée;
«2° l'application des mesures est
différente de celles prévues à...», ouh, là, il y a peut-être une faute, là,
«...prévues par un règlement pris en application de l'article 176.0.0.1,
lorsqu'il lui est démontré que les dispositions du règlement ne peuvent
raisonnablement être appliquées.
«176.0.0.3. Une personne qui se croit
lésée par une décision de la Commission rendue en vertu de
l'article 176.0.0.2 peut, à son choix, dans les 30 jours de sa
notification, en demander la révision...
M. Boulet : ...conformément aux
articles 358.1 à 358.5 de la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles, ou la contester devant le Tribunal administratif du
travail.
«176.0.0.4. Une personne qui se croit
lésée par une décision rendue par la Commission à la suite d'une demande faite
en vertu de l'article 176.0.0.3, peut, dans les 30 jours de sa
notification, la contester devant le Tribunal administratif du travail.»
Commentaires. En fait, c'est tout relié,
là. C'est une section qui vise à donner à la commission les mêmes pouvoirs que
la Régie du bâtiment dans le traitement de ce qu'on appelle des mesures
équivalentes et quant au pouvoir de prescrire des procédés puis des méthodes
pour des bâtiments dans lesquels la régie n'a pas juridiction et qui, de façon
générale, sont destinés à être des lieux de travail.
En fait, là, pour résumer bien simplement,
là, la CNESST traite des demandes, s'occupe des bâtiments industriels dans
lesquels se trouvent des travailleurs. Puis la RBQ, elle s'occupe des bâtiments
accessibles au public, avec quelques exceptions. Ça fait que des mesures
équivalentes, c'est plutôt que ce qui est dans le code, on analyse et on soumet
une mesure équivalente pour réduire les délais puis les coûts engendrés par
l'accroissement des délais. On l'a fait dans la loi améliorant la qualité de la
construction. Je ne sais pas si le collègue de Jean-Talon s'en souvient, la
qualité de la construction puis la sécurité du public. Mais c'est des mesures
qui sont demandées et qui sont équivalentes en termes de sécurité du... des
travailleurs et de qualité de la construction. La CNESST en traite à peu près
15 demandes de mesures équivalentes par année. Puis la RBQ, c'est à peu
près 300. Ça fait qu'en gros, c'est ça. La CNESST s'occupe de la sécurité des
bâtiments où il y a des travailleurs. La RBQ, c'est là où on... le public a
accès. La RBQ à ce pouvoir-là. Puis on donne un pouvoir équivalent à la CNESST.
C'est aussi simple que ça, toute cette section-là, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : L'expertise,
c'est que c'est... Comment ça fonctionne? Parce que, là, on parle d'avoir une
autre instance. Puis je vous entends que c'est quelque chose qui est déjà en
œuvre, mais comment ça fonctionne en termes d'expertise? Parce que là, on va
faire des recommandations. Mais est-ce que la commission a cette expertise puis
la capacité de poursuivre avec ce mandat?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
En fait, la CNESST détient de l'expertise depuis près de 35 ans. Il y a
des ingénieurs, notamment à la CNESST, donc ils ont la connaissance,
l'expertise dans le traitement de ces demandes en lien avec les bâtiments qui
relèvent du champ de juridiction de la CNESST.
Mme Maccarone : Pouvez-vous
donner...
M. Boulet : Donc, il n'y a pas
de ressources supplémentaires. L'expertise est déjà là puis il y a à peu près
15 demandes par année. Ça fait que c'est juste une accélération.
Mme Maccarone : Puis le processus
de mettre ces mesures en place, comment ça fonctionne? Avez-vous un exemple de
la mise en œuvre? Parce qu'il y en a qui existent déjà.
M. Boulet : Bien, dans les
RPA, là, par exemple, là, puis là j'y vais plus avec la RBQ, là. Mais tu sais,
à la place d'avoir, je ne sais pas, un mur ou deux escaliers ou trois
escaliers, on propose des mesures équivalentes qui assurent la même sécarité...
la même sécurité et la même qualité. Ça peut être un matériau qui est prescrit
dans le code de construction. Puis là, le demandeur qui est un promoteur ou un
entrepreneur, il dit : Moi, je substituerais à ce matériau-là tel autre
matériau pour les raisons X, Y et Z. Et plutôt que changer le code, bien, on
accepte la demande de mesure équivalente. C'est... c'est du cas par cas.
Mme Maccarone : Est-ce que ça
arrive qu'il y a des gens qui contestent ça? Ils disent : Non, on n'est
pas en accord.
M. Boulet : Ils pourraient on
voit ici qu'ils pourraient aller devant le... Oui, tout à fait. Une personne
qui se croit lésée... dans le dernier... dernier paragraphe, il peut dans les
30 jours contester devant le TAT, Tribunal administratif du travail. Tout
est...
Mme Maccarone : Mais C'est-tu
quelque chose qui est déjà arrivé?
M. Boulet : Bien, comme je
l'ai mentionné, 15 fois par année, à peu près à la CNESST.
Mme Maccarone : Ça, c'est...
mais ça, c'est la contestation.
M. Boulet : Non, les
contestations, je ne le sais pas combien il y en a.
Une voix : ...
M. Boulet : La contestation,
il n'y en a pas eu à date, on l'introduit dans notre projet de loi.
Mme Maccarone : OK. Ça fait
que, là, maintenant, le pouvoir existe qui n'existait pas avant.
M. Boulet : Exact, exact.
Mme Maccarone : OK Merci.
Le Président (M. Allaire) :
D'autres interventions...
Le Président (M. Allaire) : ...Oui,
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je me demandais,
M. le ministre, là, puis j'étais en train d'essayer de vérifier dans un certain
nombre de mémoires, notamment des gens du secteur de la construction qui sont
venus, soit les représentants des travailleurs ou soit les représentants des
entrepreneurs... Je ne me souviens pas avoir vu des réactions en détail sur
cette partie-là de la réforme que vous proposez. Est-ce que vous leur en avez
parlé? Et que disent-ils, donc, de ce... bien, en quelque sorte, de ce
transfert de responsabilité que vous proposez, là? Est-ce que vous... Je
comprends que ce que vous dites, c'est que ça va être plus efficace comme vous
le proposez, mais qu'est-ce que les gens disent de cette proposition-là?
M. Boulet : La CNESST rend
déjà des décisions. Donc, ça confirme. Et on l'a intégré dans la loi améliorant
la qualité de la construction et la sécurité du public, puis ça a été accueilli
hyperfavorablement. Puis moi, j'ai fait une consultation à Montréal, là,
récemment, avec beaucoup d'entrepreneurs puis de promoteurs. Puis, évidemment,
c'est une mesure qui confère de la souplesse et de l'agilité à la CNESSST.
Plutôt que d'attendre le respect à la lettre du code, on accepte une mesure qui
est équivalente, qui est différente mais qui atteint le même objectif. Mais,
oui, c'est super bien accueilli, c'est parce que c'est des délais qu'on sauve
et forcément des coûts.
M. Paradis : Et donc c'est
cohérent. On a eu cette discussion-là un peu plus tôt. C'est cohérent avec ce
qu'on a fait dans le projet de loi n° 76. Là, j'oublie le nom de la loi
que c'est devenu lent, là, mais c'est... ce à quoi vous faisiez référence tout
à l'heure, c'était le 76, hein, projet de loi n° 76?
M. Boulet : Exactement. Le
devoir de cohésion est totalement respecté.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va?
M. Paradis : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'essaie de
comprendre la différence entre le 176.0.3 puis le 176.0.4 parce que tous les
deux parlent de... on peut contester, un fait référence à 176.0.2... 176.0.0.2
puis l'autre fait référence à l'article...
M. Boulet : En fait, le
176.0.0.3, c'est que tu peux faire une demande de révision à la CNESST ou
contester au Tribunal administratif du travail. Et c'est ce que ces deux
articles là, lus en combinaison, donnent comme résultat. Et, si tu fais une
demande de révision, là, il y a une décision rendue en révision par la CNESST,
puis, à 176.0.0.4, bien, tu peux aller au TAT.
Mme Maccarone : Mais, les
deux, on peut aller au TAT.
M. Boulet : Non, mais bon.
Mme Maccarone : Bien,
176.0.0.3, «ou la contester devant le Tribunal administratif»...
M. Boulet : Le 176.0.0.3, tu
peux opter...
Mme Maccarone : ...ou «la
contester»...
M. Boulet : Collègue. Le
176.0.0.3...
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : OK, excusez-moi.
Le 176.0.0.3, tu peux en faire une option : ou tu vas en révision ou tu
vas direct au TAT. Ça va? Et, si tu vas en révision, le 76.0.0.4. dit que la
décision rendue en révision peut être contestée au TAT. C'est la distinction à
faire.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 51.
Est-ce que l'article 51 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Parfait. M. le ministre, l'article 65, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, M. le
Président.
L'article 1 du Règlement sur
l'application d'un Code du bâtiment — 1985 (chapitre S-2.1, r. 0.1) est
modifié par la suppression de la définition de «bâtiment».
Article 1, tel que modifié... Ah OK! Non, ça
va. Dans le fond, mon commentaire, c'est : abroge la définition de
«bâtiment», considérant que c'est défini dans la Loi sur le bâtiment. C'est
tout.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Des interventions sur 65? S'il n'y a pas des interventions, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 65 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Parfait. Juste avant de vous céder la parole, est-ce que le plan de travail est
sur Greffier maintenant? Oui. Il est sur Greffier, il est dans la section
Cahier de député, si vous voulez le voir, là, incluant les amendements. C'est
vrai, vous me l'aviez dit. Donc, on enchaîne. M. le ministre, 66, s'il vous
plaît.
• (15 h 50) •
M. Boulet : Merci.
Ce règlement est modifié par l'insertion,
avant l'article 2, du suivant :
«1.1. Le présent règlement s'applique aux
bâtiments exemptés de l'application du chapitre I du Code de construction ou du
chapitre VII du Code de sécurité suivants :
«1° un établissement de détention qui
constitue une prison;
«2° une station de métro;
«3° un établissement agricole;
«4° un établissement industriel.
«Toute référence à un bâtiment, dans le
présent règlement, est une référence à l'un de ceux visés au premier alinéa, à
moins que le contexte ne s'y oppose.»
Commentaires. Cette disposition propose
des modifications au Règlement sur l'application d'un Code du bâtiment, en
concordance avec... C'est une concordance, là, avec les dispositions
introduites par la...
M. Boulet : ...article 51 du
projet de loi afin de prévoir les bâtiments auxquels le règlement s'applique et
pour lesquels la commission peut rendre des décisions autorisant des mesures
équivalentes. Alors, voilà, c'est tout.
Le Président (M. Allaire) : ...M.
le ministre. Des interventions sur 66? Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Comme quelles
mesures différentes ou équivalentes?
M. Boulet : ...on vient de
discuter. Mais, comme j'expliquais tout à l'heure, la CNESST, collègue, a
juridiction dans des établissements où se trouvent des travailleurs, et ils
sont précisés ici : détention, métros, agricoles, industriels. Alors que
la RBQ, elle a juridiction dans les bâtiments que le public a accès. Ça fait
que c'est ça, la distinction. Donc, on vient le préciser, en concordance avec
ce qu'on vient de... ce qu'on vient d'adopter.
Mme Maccarone : Puis ici, les
mesures pour contester, ça n'existe pas?
M. Boulet : Non, c'est la
même affaire. C'est dans ces quatre catégories de bâtiments là qu'il peut y
avoir des demandes de mesures équivalentes à la CNESST, parce que les autres
bâtiments accessibles au public, les mesures équivalentes, en vertu de l'autre
loi, et par souci de cohésion, sont présentées à la RBQ, parce que c'est la RBQ
qui a compétence pour ces autres bâtiments là. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
D'autres interventions? Ça va? S'il n'y a pas d'autres interventions, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'article 66. Est-ce que l'article 66 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. 67, M. le ministre.
M. Boulet : L'article 3 de ce
règlement est abrogé.
Commentaire. Donc, une modification de
concordance avec 51, qui prévoit que les décisions en matière de mesures
équivalentes sont rendues par la commission. C'est simplement une concordance.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Des interventions sur 67? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à
sa mise aux voix. Est-ce que l'article 67 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté, excellent. 74, M. le ministre.
Des voix : ...
M. Boulet : Excusez-moi :
«Les dispositions du Règlement sur
l'application d'un Code du bâtiment—1985 sont réputées prises en application de
l'article 176.0.0.1 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, édicté
par l'article 51 de la présente loi.»
Commentaires. Donc, c'est les normes
prévues au règlement qui peuvent faire l'objet de la décision de la commission
à la suite d'une demande de mesures équivalentes. Donc, à l'entrée en vigueur
de 51, la possibilité pour une personne de faire la demande va être déjà
applicable, sans que la commission ait à adopter un nouveau règlement. Donc,
c'est simplement le but visé. Merci.
Le Président (M. Allaire) : ...M.
le ministre. Des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 74. Est-ce que l'article 74 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté, excellent. 52, M. le ministre.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. L'article... une autre concordance, là :
L'article 223 de cette loi, modifié par
l'article 232 du chapitre 27 des lois de 2021, est de nouveau modifié, dans le
premier alinéa :
1° par l'insertion, dans le
paragraphe 14° et après «normes de construction», de «autres que celles
établies aux fins de l'application de la section II.1 du chapitre IX»;
2° par le remplacement, dans le
paragraphe 24°, de «le temps» par «, en fonction du nombre de travailleurs
groupés dans un établissement, y compris ceux dont les services sont loués ou
prêtés à l'employeur, le temps minimal»;
3° par l'insertion, après le
paragraphe 27°, du suivant :
«27.1° aux fins de l'application de
la section II.1 du chapitre IX, établir des normes de construction et de
sécurité applicables aux bâtiments qu'elle identifie parmi ceux qui sont
exemptés de l'application du chapitre I du Code de construction ou du chapitre
VIII du Code de sécurité;».
Commentaire. Bien, c'est en concordance
avec les... ce qui est prévu, là, à 47 et 51, puis 223, en fait, regroupe
l'ensemble des pouvoirs réglementaires de la commission. C'est tout,
simplement.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions sur 52? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à
la mise aux voix de l'article 52. Est-ce que l'article 52 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté, excellent. 66, M. le ministre.
M. Boulet : Merci, M. le
Président :
L'article 6 de la Loi instituant le
Tribunal administratif du travail est modifié par l'insertion, dans le
paragraphe 2° et après l'article «37.3», de «, 48.0.6».
Commentaires. Concordance avec ce qui a
été proposé à 46, là, puis ça vise à prévoir, bien sûr, la compétence du TAT
pour entendre et décider des affaires découlant d'une décision de la commission
en matière d'aide financière à un employeur qui affecte une travailleuse
enceinte ou qui allaite...
M. Boulet : ...ce qu'on a
adopté précédemment, là, le PMSD, tout simplement.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix de l'article 60. Est-ce que l'article 60 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. 61. M. le ministre.
M. Boulet : L'article 8
de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, du paragraphe suivant :
«5° les affaires découlant de
l'application des articles 176.0.0.3 et 176.0.0.4 de la Loi sur la santé
et la sécurité du travail».
Donc, encore une fois, c'est de la
concordance avec l'article 51 puis ça vise à prévoir la compétence, cette
fois-ci, là, pour entendre et décider des affaires découlant d'une décision
relative à l'utilisation des mesures équivalentes, ce qu'on a adopté
précédemment. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : ...sur
61? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article 61. Est-ce que l'article 61 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Parfait. Merci. Alors, on change de bloc, M. le ministre. On s'en va à
l'article 48.
M. Boulet : Oui, c'est un
bloc... c'est un bloc qui est connu aussi, là. L'article 140 de
cette loi est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «15» par
«17».
En fait, je pense que j'en avais déjà
parlé avec mes collègues, mais peut-être... Westmount... peut-être...
Une voix : ...
M. Boulet : ...oui... non,
mais peut-être qu'on n'en avait pas parlé plus particulièrement, mais le CA de
la CNESST, il est paritaire, il y a les associations patronales et les
syndicats. Et on a... on ajoute deux personnes pour permettre au président de
la CSQ et à quelqu'un qui proviendra vraisemblablement de Santé Québec de
siéger. Puis ce qui avait été fait... parce que, là, j'explique peut-être les
articles qui suivent, là, aussi, là, mais ce qui avait été fait : j'avais
parlé avec la présidente... je ne sais pas si j'en ai parlé, la présidente de
la FTQ, Mme Picard, parce que je considérais extrêmement important que la CSQ
soit représentée au CA tenant compte de la composition de son membership, où il
y a beaucoup de femmes, notamment en éducation. Et Mme Picard, avec toute sa
collégialité, a accepté de céder temporairement un des trois sièges de la FTQ à
la CSQ, avec mon engagement qu'avec le projet de loi n° 101 on allait
redonner le siège à la FTQ, et, avec le siège additionnel, le président de la
CSQ va pouvoir continuer à siéger. Et, de l'autre côté, du côté patronal, pour
assurer le partenariat de ce CA là, il y aura l'ajout d'une autre personne.
Donc, c'est... c'est simplement ce que dit 48, on ajoute deux personnes.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Merci, M. le ministre. Des interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Est-ce qu'il
y avait de la considération pour ajouter des membres jeunes, en bas de 35
ans...
Le Président (M. Allaire) :
...
Mme Maccarone : ...qui fait
réagir beaucoup de monde?
M. Boulet : C'est un CA qui
est paritaire, il n'y a pas d'observateur puis ils ne sont pas régis par la Loi
sur la gouvernance des sociétés d'État. C'est une des quelques commissions, je
pense, il y en a très, très peu, mais la CNESST n'est pas régie par cette
loi-là. Ça fait que... Donc, c'est correct.
• (16 heures) •
Mme Maccarone : Je comprends,
peut-être c'est correct parce qu'on rentre dans le cadre qui existe, mais, moi,
ma question, c'est parce que c'est une demande de Force Jeunesse. C'est une
demande qui date depuis des années. Puis il me semble que vous avez déjà eu un
débat avec ma collègue la députée de Bourassa-Sauvé lors d'un débat qui a eu
lieu dans les crédits, avril 2024... Puis ce qu'elle avait dit, ses dernières
questions : Force Jeunesse aimerait qu'il y ait un jeune de 35 ans et
moins sur le CA de la CNESST. Pourquoi les mesures qui se retrouvent à la loi
sur la gouvernance des sociétés des États ne sont pas... ne se retrouvent pas,
donc, dans sur le site de la CNESST? Et, vous, votre réponse, ça a été... vous
trouvez que c'est une idée intéressante, mais...
M. Boulet : ...
Mme Maccarone : ...mais vous
avez cité le paritarisme. Mais on peut avoir le paritarisme, comme elle vous a
répondu, avec le 35 ans et moins. Ça fait qu'à cette époque-là vous avez trouvé
que c'était vraiment une idée intéressante. Ça fait qu'on le soulève encore une
fois, au nom de...
16 h (version non révisée)
Mme Maccarone : ...qui sont à
l'écoute de nos débats.
M. Boulet : Bon. Un, j'ai
beaucoup de considération pour Force Jeunesse. À chaque fois... Puis on a fait...
on a travaillé des dossiers, notamment les clauses orphelins, où on a trouvé
beaucoup de belles solutions. C'est une organisation où il y a beaucoup d'intelligence
et beaucoup de vision de l'avenir du Québec.
Et, oui, je le réitère, c'est une idée
intéressante, et je peux certainement le dire en commission parlementaire :
Je vais certainement partager ça avec les membres du CA de la CNESST.
Évidemment, il y a des vacances à combler, mais quand il y aura des vacances,
il faut que les partenaires... C'est vrai qu'ils ne sont pas soumis à cet
impératif-là, étant soustraits de l'application de la Loi sur la gouvernance
des sociétés d'État, mais je pense qu'on devrait collectivement, au CA, faire
un effort pour qu'il y ait une ou des personnes en bas de 35 ans. C'est le
maximum que je peux faire.
Mme Maccarone : Mais pourquoi
qu'on ne peut pas l'ajouter dans la loi, même si c'est avec un «notamment»?
M. Boulet : Bien, parce qu'il
y en a 17, il y en a 17, puis là c'est le président de la CSQ, et, ceci dit
avec respect, je ne pense pas qu'il soit en bas de 35 ans. Puis la personne de
Santé Québec, je ne pourrais pas dire : Vous spécifiquement, vous devez
avoir une personne en bas de 35 ans. Je pense que c'est une considération
collective qui doit être soumise à l'attention de tous les partenaires, mais...
totalement d'accord.
Le Président (M. Allaire) : Mme
la députée.
Mme Maccarone : Merci. Il y a
quand même une solution qui a été proposée, à l'époque, puis c'était de
modifier l'article 141 de la LSST afin d'y ajouter cette obligation d'avoir au
moins un membre du conseil d'administration de la CNESST de moins de 35 ans.
Puis ça, c'était quelque chose qui a été débattu lors des consultations pour le
projet de loi n° 693, dans la dernière législature. Puis ce que Force Jeunesse
a montré, puis ça faisait partie de leur mémoire, c'est que la présence des
jeunes dans les instances décisionnelles permet de former une relève
compétente. J'en suis, c'est vraiment important. Nous aussi, on a besoin de ça,
à l'Assemblée nationale, et qu'elle permet une croissance civique, personnelle
et professionnelle aux jeunes membres de l'instance et qu'elle favorise l'innovation
à travers un dialogue intergénérationnel.
Je trouve intéressant que nous pouvons au
moins intégrer un sens en lien avec ceux qui souhaitent... avec une certaine
flexibilité, peut-être, de faire une modification avec le «peut», tu sais, au
lieu de faire une obligation, mais de faire la mention qu'ils peuvent aussi
nommer. Je pense que c'est quelque chose qui peut rejoindre leurs attentes.
M. Boulet : ...je ne voudrais
pas faire par la porte arrière ce qu'ils n'auraient pas demandé par la porte d'en
avant, c'est-à-dire en étant soustraits de l'application de la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État, le maximum que je m'engage à faire et que je
ferai, c'est les sensibiliser à l'importance d'avoir des personnes au CA qui
ont en bas de 35 ans. Puis je l'ai dit à Force Jeunesse, c'est une idée qui est
intéressante, mais là, dans la mesure où il y a un des 17 postes à combler, je ne
peux pas cibler ce poste-là puis dire : Ça devra être une personne en bas
de 35 ans. Mais je vais le partager, mais le reste, je ne ferai pas d'amendement,
même pour dire «peut». Ils le savent, là, la possibilité.
Mme Maccarone : Et pourquoi ne
pas réserver des places d'observateurs?
M. Boulet : Ça pourra faire l'objet
d'une considération, mais c'est ce que la loi sur la gouvernance des sociétés d'État
prescrit, mais ça ne s'applique pas à la CNESST. Elle a été exemptée.
Mme Maccarone : Pourquoi?
Pourquoi qu'on ne peut pas avoir un poste d'observateur? Pourquoi cette
exemption?
M. Boulet : Il y en a un,
observateur, puis c'est quelqu'un de mon ministère, c'est le sous-ministre
associé, Mme... étant ma sous-ministre. C'est le sous-ministre associé qui est
observateur. Sous réserve, il n'a pas...
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Mme
la députée.
Mme Maccarone : Il n'a pas
quoi? Excusez-moi, je n'ai pas entendu.
M. Boulet : On se fait des...
On se taquine. Il n'y a pas personne en bas de 35 ans.
Mme Maccarone : Bien, je
souhaite être conséquente avec moi-même puis avec les recommandations que nous
avons eues, ça fait que je vais demander une courte suspension. On a un
amendement qui a été écrit, que nous allons envoyer rapidement.
Le Président (M. Allaire) : ...suspendre
les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 06)
(Reprise à 16 h 10)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. À titre de rappel, nous sommes sur
l'article 48. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis souhaite déposer un
amendement, et je vous cède la parole pour lecture et commentaire.
Mme Maccarone : Oui, merci
beaucoup. Alors, article 48, article 140 de la Loi sur la santé et
sécurité du travail. Modifier l'article 140 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail (chapitre S-2.1), proposé par l'article 48 du
projet de loi, par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
Le gouvernement peut nommer, en vertu de
l'article 3.6 de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, deux
observateurs âgés de 35 ans et moins au moment de leur nomination.
Alors, c'est un paragraphe qui
s'ajouterait vraiment à la fin des deux premiers paragraphes. J'ai déjà partagé
un peu les arguments. C'est quelque chose qui date depuis... mais pour nous, en
tout cas, pour le Parti libéral du Québec, quelque chose qui date depuis la
dernière législature, que nous avons entendu cette..
Mme Maccarone : ...puis je
sais que les membres de la commission sont sensibles à cet effet. Je pense
qu'on est tous préoccupés par la relève, on parle beaucoup de la relève dans
toutes les commissions. Alors, je trouve intéressant de donner un moyen de
flexibilité. Je comprends que le CNESST a une exemption, mais je trouvais
intéressant qu'on donne cette mesure de flexibilité avec la terminologie qui
est flexible et fluide avec le «peut». Puis c'est rare qu'un député de l'opposition
parle de : On aime ça le «peut», M. le Président, comme vous le savez
probablement, on aime ça quand c'est «doit» et non «peut» parce qu'on veut
avoir du concret. Mais je comprends les nuances de cet ajout et c'est pour ça
qu'on parlait aussi de siège d'observateur, parce que je comprends aussi la
complexité d'ajouter des sièges. Puis on ne veut pas avoir 30 personnes
autour de la table non plus, on a besoin d'avoir une parité.
Mais je trouve un peu éloquente la façon
qu'ils nous ont proposé le moyen de poursuivre. Il y a une problématique à
régler depuis très longtemps, et je suis consciente que notre jeunesse a un
intérêt à vouloir participer dans nos débats. Et il y a... Ça peut-être juste
un aussi, si on le souhaitait. Là, je comprends, on parle de deux pour avoir la
parité, mais ça peut aussi juste être une personne si jamais ça, c'est quelque
chose qui peut être plus palpable pour le gouvernement.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions? M. le ministre.
M. Boulet : En fait, merci
pour l'amendement, pour la qualité de la présentation. Comme je vous ai
mentionné plus tôt, là, je ne répéterai pas tout ce que j'ai dit, mais j'ai du
respect pour le mérite de votre amendement. Ceci dit, je vais respecter
l'exemption de l'application de la loi sur la gouvernance des sociétés d'État,
mais je vais m'assurer de sensibiliser le CA à l'importance d'avoir une, deux
ou peut-être plus de personnes en bas de 35 ans.
Mme Maccarone : Vous ne
pouvez pas... Moi, je souhaite que la prochaine fois, dans la prochaine
législature, qu'on peut vous citer, encore une fois, que je trouve l'idée
intéressante. Est-ce que vous allez le dire au moins cette fois-ci, comme ça on
va avoir deux fois le libellé du ministre qui dit : On trouve l'idée
intéressante?
M. Boulet : C'est une idée
très intéressante.
Mme Maccarone : Ah! mon Dieu,
c'est une amélioration. C'est bon, j'accepte.
Le Président (M. Allaire) :
C'est bon. D'autres interventions sur cet amendement?
Mme Maccarone : Un vote par
appel nominal.
Le Président (M. Allaire) :
Pas de problème. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix de cet amendement, par appel nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal : Contre.
La Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Et M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
L'amendement est donc rejeté. On revient donc à l'article 48. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'ai eu des discussions avec différentes personnes, notamment, vous
la connaissez, M. le ministre, Colette Cummings du CIAFT, une personne très
intelligente, très intéressante, qui me faisait remarquer que le CA de la
CNESST va devoir avoir des discussions et prendre des positions sur plein de
sujets qui concernent les non-syndiqués et qu'il n'y a pas donc de
non-syndiqués autour de la table. Bien sûr, les milieux syndicaux peuvent
prendre des positions et réfléchir aussi pour les non-syndiqués, ils le font
constamment, notamment sur le salaire minimum. Il n'y a personne qui est
syndiqué puis qui a un salaire minimum, ou presque, et ils ont quand même des
interventions à faire sur le salaire minimum. Mais au-delà de ça, elle m'a
invité à réfléchir puis à vous faire réfléchir sur qu'est-ce qu'on peut
faire... Là, je n'ai pas d'amendement à vous soumettre parce que je n'ai pas...
ce n'est pas de réflexion attachée, puis je sais que ce n'est pas 100 %
consensuel dans le milieu, même communautaire, en droit du travail, mais qu'est-ce
qu'on peut faire pour s'assurer qu'autour de la table, il y ait des non
syndiqués? Tu sais, parce que vous l'avez dit vous-même, pour atterrir sur
le... je ne veux pas pour rouvrir la plaie, là, mais pour atterrir sur le
dossier du régime particulier en santé et en éducation... ah! bien, il n'y
avait pas le ministère de la Santé et de l'Éducation autour de la table, bien,
il n'y avait pas de non-syndiqués à bien des endroits autour de la table.
Qu'est-ce qu'on fait avec ça?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bon, c'est une
question pertinente. En même temps, les centrales syndicales qui sont
représentées s'intéressent au milieu de travail. Ils sont là à titre
représentatif, mais ils sont là aussi pour représenter les milieux de travail,
notamment les travailleurs et travailleuses en contexte syndiqué ou
non-syndiqué. Je vous rappellerai que la loi sur l'encadrement du travail des
enfants, c'est appliqué par la CNESST. L'équité salariale, le harcèlement, les
violences à caractère sexuel, les normes du travail, toutes ces lois-là, les
mesures, les programmes...
M. Boulet : ...émanant de la
CNESST. Ça s'applique à tous les milieux de travail. Donc, les présidents et
présidentes de syndicats puis les autres associations représentatives font
évidemment la promotion des droits des travailleurs non syndiqués aussi. Ce
n'est pas parce que tu es président de centrale ou de fédération que tu n'en
tiens pas compte. Ceci dit, les associations d'employeurs aussi tiennent compte
des travailleurs, travailleuses et adhèrent à des mesures et des programmes. On
l'a vu dans le... dans le cadre de cette loi-là, le projet de loi n° 101,
il y a des mesures pour mieux protéger les revenus des travailleurs,
travailleuses. Je pense, c'est la collégialité qui est le meilleur remède. Mais
ceci dit, il y a des groupes non syndiqués qui m'en ont déjà parlé puis il y a
des groupes patronaux non représentés qui m'en ont déjà parlé. Mais mon Dieu!
c'est un c.a. qui est paritaire avec les deux... Moi, je trouve qu'avec M.
Gingras de la CSQ puis quelqu'un qui va provenir du milieu de santé Éducation,
17, c'est un gros c.a..
M. Leduc : C'est sûr que ça
commence à faire beaucoup de monde alentour de la table. Mais, si je comprends
bien, c'est ça, on rajoute un siège pour la CSQ et on redonne ce siège-là...
qui était temporairement utilisé par la CSQ, on le donne à la FTQ.
M. Boulet : Oui.
Effectivement, c'est ce que j'ai expliqué au début. J'avais demandé à Mme
Picard... en fait, j'avais eu des entretiens au fil des dernières années avec
M. Gingras qui me parlait de sa représentativité, de la prépondérance féminine
de son membership. Puis, moi, j'ai toujours été favorable. Puis quand j'en
avais parlé à Mme Picard, elle a, collégialement, si je peux m'exprimer ainsi,
accepté de céder temporairement son siège. Puis moi, je m'étais engagé à ce
moment-là à ce que, dans le projet de loi n° 101, on fasse ce qui est dans
cet article-là, puis les articles suivants. Puis moi, je pense que c'est tout à
l'honneur de Mme Picard. On n'est pas d'accord sur tout, mais on est d'accord
sur l'importance d'avoir un c.a. qui est paritaire, représentatif puis
efficace. Puis elle a accepté, puis là, ils vont récupérer leurs sièges
additionnels.
M. Leduc : Parce que qui
occupent ces sièges-là, si ce n'est pas précisé dans la loi, ni dans les
règlements?
M. Boulet : Non, non, non.
M. Leduc : C'est plus un
usage.
M. Boulet : Oui, exact, mais
non, c'est ça, il n'y a pas de... il n'y a pas de... on ne dit pas : Tel
syndicat...
Des voix : ...
M. Leduc : ...par
proportionnalité, les centrales, ça, c'est normal.
M. Boulet : Oui, exact.
M. Leduc : Mais je veux dire,
ce n'est pas écrit dans la loi, ça.
M. Boulet : Non. Non, non.
M. Leduc : Ni dans un
règlement.
M. Boulet : Non, non, non.
Puis la répartition... Comme si par exemple, la FTQ en a trois, ce n'est pas
écrit que la FTQ a droit à trois. Je pense qu'on est allé historiquement, puis
je n'étais pas là en considérant la représentativité de chacun des syndicats.
Tu sais, comme la CSD a un siège, si je ne m'abuse, la FTQ en a trois. La CSN
en a deux. La CSQ en a un maintenant.
M. Leduc : Puis là vous avez
évoqué que le siège qui va se rajouter du côté patronal serait un siège pour
l'employeur... l'État employeur.
M. Boulet : Oui, exact.
M. Leduc : Vous avez dit santé
ou éducation, mais ça pourrait...
M. Boulet : Ça pourrait être
quelqu'un... Moi, ce que j'anticipais, c'est que ce soit quelqu'un de Santé
Québec. Mais la personne n'est pas identifiée puis elle n'est pas nommée
encore.
M. Leduc : Pourquoi?
Nécessairement Santé Québec parce que c'est le plus gros employeur du
gouvernement?
M. Boulet : Bien, normalement,
c'est ça. Moi, c'était mon anticipation, mais je ne vais pas le garantir, là.
M. Leduc : Mais ça pourrait
être quelqu'un du milieu de l'éducation aussi.
M. Boulet : Ça pourrait.
M. Leduc : ...ou quelqu'un du
milieu de la famille, les CPE, par exemple.
• (16 h 20) •
M. Boulet : On va le voir à
49. Oui, on dit « un membre représentant les employeurs des secteurs
public et parapublic. Donc, ça peut. Moi, je dis : Vraisemblablement,
c'est mon anticipation, mais ça pourrait être quelqu'un, vous le dites bien,
qui provient du milieu de l'éducation.
M. Leduc : ...pour le nommer,
il faut un décret du Conseil des ministres.
M. Boulet : Oui. Oui.
M. Leduc : Donc, j'imagine que
pour le siège CSQ-FTQ, c'est facile, on sait c'est qui déjà, ça, ça pourra
venir assez vite, tandis que pour le siège patronal...
M. Boulet : C'est dès que
possible, je pense que pour assurer le paritarisme le plus complet possible,
bien, il va falloir que... tu sais, pour la FTQ puis la CSQ, c'est déjà réglé.
Il reste à entériner au Conseil des ministres la dernière nomination, là, mais
ça va se faire rapidement.
M. Leduc : Rapidement. C'est
quoi, c'est avant Noël?
M. Boulet : Ah bien oui, bien
oui, ça, mon directeur de cabinet à ma gauche, il va s'assurer de la diligence
du processus.
M. Leduc : Ça fait que ça va
être de sa faute personnelle si ce n'est pas possible d'ici Noël. Parfait, on
en prend bonne note.
M. Boulet : Ce sera notre
faute...
Une voix : ...
M. Leduc : ...les emplois
supérieurs, c'est ça.
M. Boulet : Ou les emplois
supérieurs.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va. D'autres interventions?
M. Boulet : Merci...
Le Président (M. Allaire) : ...M.
le député, ça va-tu?
M. Leduc : Non, c'est bon. Je
veux juste bien comprendre, c'est, quand on dit une liste, soumis... Parce que
là, avant, c'étaient des groupes patronaux, ça fait que ce n'étaient pas des
groupes qui relevaient du gouvernement, c'étaient des groupes indépendants. Ils
se concertaient et vous soumettaient une liste là, vous dites.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : C'est-tu parce
que, ça, on va le voir à 49? Je suis trop vite, dans le fond? Est-ce que...
M. Boulet : Oui, 49, on l'a,
on y réfère.
M. Leduc : Mais est-ce que
vous allez recevoir une liste de Santé... par exemple, pour Santé Québec ou ça,
ça va être juste vous qui allez vous concerter, avec vous-même?
M. Boulet : Ah, non, non,
non! Je vais... Non, non, je ne fais jamais ça. La CSQ, M. Gingras me l'a
demandé, mais à titre de président, puis il était recommandé par la CSQ. Puis,
si c'est la FCEI, ils me recommandent si c'est...
M. Leduc : Je me suis mal
exprimé. Ma question, c'est plutôt... Avant, c'étaient toutes des
organisations, autant patronales que syndicales, qui sont indépendantes. Ils se
concertent, ils vous fournissent des listes. Là, vous dites, il y aura un
siège, que ça va être pour le gouvernement, mais au... comme l'État employeur.
M. Boulet : Secteur public,
parapublic.
M. Leduc : Mais là il y a-tu
comme une concertation pareille des organisations patronales pour vous
soumettre un nombre ou ce siège-là?
M. Boulet : Non, non, non. La
CSN n'a rien à dire sur les recommandations de la FTQ. Le CPQ n'a rien à dire
sur les recommandations de la FCCQ. C'est chacun qui me fait des
recommandations.
M. Leduc : OK, parce que les
sièges patronaux sont attitrés à des organisations aussi.
M. Boulet : Comme les
syndicats.
M. Leduc : D'accord. C'est
vrai, j'avais oublié ça. Tous les sièges sont comme ça?
M. Boulet : Oui. Oui.
M. Leduc : Et là on en
rajoute un. Puis ce n'est pas des concertations entre eux. On en rajoute un...
M. Boulet : Et le TAT. Je
leur ai tous expliqué qu'on allait ajouter... ça a été fait ouvertement, puis
qu'il allait avoir quelqu'un provenant du public, parapublic de l'autre côté.
M. Leduc : Très bien. Mais,
vu que ce n'est pas un siège... Donc, contrairement aux autres sièges où c'est
des organisations patronales avec un nom... un acronyme, mettons, là, c'est un
siège État employeur qui se concerte pour vous soumettre quel nom? C'est la job
de qui de faire ça?
M. Boulet : Mon Dieu! C'est
probablement Santé Québec. Les emplois supérieurs vont me soumettre des noms
provenant...
M. Leduc : C'est le
Secrétariat des emplois supérieurs?
M. Boulet : Bien, c'est mon
impression, là.
Des voix : ...
M. Leduc : Parce que ce que
je comprends, c'est que le processus, c'est de la coutume, autant du parti
syndical que patronal, il y a des organisations avec leurs représentativités...
M. Boulet : Alors que, là ça
va à être étudié.
M. Leduc : Puis là c'est du
droit nouveau... bien, en tout cas, ce n'est pas du droit parce qu'il n'est pas
écrit, mais...
M. Boulet : Mais ça va être à
établir.
M. Leduc : OK, mais il y a...
Vous présupposez que c'est Santé Québec, puis ça aurait une certaine logique,
bien sûr, étant le plus haut employeur, mais, même là, à savoir, tu sais,
mettons, entre santé puis éducation, si les deux ministères, ils aimeraient ça
être là pour des raisons...
M. Boulet : Oui, mais en même
temps, je le répète... collègue, quelqu'un qui est là pour les secteurs public,
parapublic, même si c'est quelqu'un de Santé Québec qui représente le public,
parapublic, puis... Mme Picard, de la FTQ, est là pour représenter les
travailleurs pas syndiqués de la FTQ, pour les travailleurs, les travailleuses
en général, là. Ce n'est pas illimité. Quand t'es là, c'est pour le bénéfice
des personnes que tu représentes, là, c'est...
Le Président (M. Allaire) : J'entends,
sauf que la différence, c'est que, contrairement aux autres postes, avec des
acronymes précis, on sait c'est qui qui va venir, là, c'est ouvert à
discussion, vous me permettez l'expression, ouvert à compétition à l'intérieur
de l'État québécois employeur. Parce qu'il y a quand même plusieurs branches,
là. À la limite, ça peut être des gens de la SEPAQ, là, qui pourraient venir
là.
M. Boulet : Bien, il peut y
avoir des discussions, pas de la compétition, là, mais on... ils feront un
consensus et moi, je recevrai une recommandation, là, c'est ce que j'espère.
M. Leduc : Puis, dans les
autres postes, c'est souvent la direction qui vient, donc Magali Picard, pour
la FTQ, Éric Gingras, pour la CSQ...
M. Boulet : Bien, vous voyez,
la... Oui, mais, tu sais, comme, à la FTQ...
M. Leduc : Est-ce que c'est
François Vincent qui est là pour la FCEI?
M. Boulet : ...il y a trois
personnes, ça fait qu'il y en a d'autres qui sont là.
M. Leduc : Oui, bien sûr.
M. Boulet : Puis la FCEI, ce
n'est plus M. Vincent, c'est quelqu'un d'autre.
M. Leduc : OK, il a délégué
ça à une personne de son organisation.
M. Boulet : Il a... Oui, out
à fait.
M. Leduc : Ça fait que ce ne
sera pas nécessairement Mme Biron si c'est Santé Québec.
M. Boulet : Non, bien non. Ça
pourrait être le... VP Ressources humaines, ça pourrait être une autre
personne. La FCEI, vous le connaissez peut-être, là, du comité patronal de
santé et sécurité, là, Charles Létourneau, c'est lui qui a remplacé François
Vincent.
M. Leduc : Oui. OK. Et c'est
un siège pour un mandat de combien de temps?
M. Boulet : C'est des mandats
de deux ans, si je ne m'abuse. Jean-Philippe?
Une voix : ...
M. Boulet : Trois ans.
M. Leduc : Trois ans. C'est
tous des mandats qui sont commencé à des moments diférents, là, ce n'est pas...
M. Boulet : Ah! il y a
toujours une stabilité. Puis, quand les postes deviennent à renouveler, bien,
il faut faut s'assurer de les renommer.
M. Leduc : Puis là, advenant
que c'est Santé Québec qui est nommé ou, du moins, un représentant ou une
représentante de Santé Québec, après ces deux ans là, est-ce qu'il va y avoir
une réévaluation pour dire... peut-être qu'on veut changer de... ça peut être
quelqu'un des commissions scolaires...
M. Boulet : Totalement, totalement.
M. Leduc : Ça, ça va
appartenir au CA, cette discussion-là, au ministre...
M. Boulet : Non, au secteur,
au secteur. Ce n'est pas le CA qui dit à la FTQ ou au CPQ qui, c'est eux autres
qui s'en occupent.
M. Leduc : Bien,
contrairement aux autres postes, là, c'est un poste qui n'a pas une
organisation définie.
M. Boulet : Mais ça va devoir
être une recommandation issue de la collégialité qui s'impose dans un contexte
comme celui-là.
M. Leduc : Puis est-ce qu'un
ministre, un nouveau ministre ou même...
M. Leduc : ...vous, si
vous êtes réélu dans vos fonctions puis vous êtes toujours ministre du Travail,
vous pourriez dire dans deux ans, pour x, y raison...
M. Boulet : Non.
M. Leduc : ...si les
fédérations de centres scolaires...
M. Boulet : Non, non.
M. Leduc : ...voudraient
aller siéger là, ils pourraient décider d'alterner. Cette fois, ces deux
ans-là, c'est avec quelqu'un des centres de services scolaires.
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Pourquoi? Vous
ne croyez pas ça?
M. Boulet : Bien, moi, je
ne m'ingère pas dans... Moi, je suis les recommandations. Je me fie aux... à ce
que les emplois supérieurs peuvent nous dire quant à la vérification qui est
faite. Mais ce n'est pas moi qui vais dire au CPQ ou à la FTQ : Nommez
telle personne. Je n'ai jamais... Je n'ai jamais fait ça.
M. Leduc : Mais là vous
me... Là, vous me compliquez ma compréhension. Je pensais qu'on s'en sortait,
mais là venez me compliquer...
M. Boulet : On l'entérine
au Conseil des ministres.
M. Leduc : Oui, bien sûr.
M. Boulet : C'est ma
recommandation, mais ce n'est pas moi qui vais dire à tel groupe :
Proposez-moi M. X ou Mme Y.
M. Leduc : Pour les
sièges sont réservés à des organisations, c'est-à-dire les 16 sur 17, ça me
semble une évidence.
M. Boulet : Oui, les
secteurs public, parapublic, ça va être exactement la même dynamique, ça
émanera d'une discussion amorcée par ces secteurs-là.
M. Leduc : Entre eux?
M. Boulet : Bien oui,
entre santé puis éducation.
M. Leduc : Et
potentiellement d'autres services de l'État.
M. Boulet : Potentiellement
d'autres services de l'État.
M. Leduc : Même tout le
monde qui travaille dans les CPE notamment.
M. Boulet : Ça pourrait.
M. Leduc : Vous
considérez hors du périmètre le Conseil du trésor?
M. Boulet : Bien, c'est
parce que ce n'est pas des employés de l'État, les CPE. Ça fait que, tu sais,
c'est...
M. Leduc : Oui, mais
c'est négocié avec le Conseil du trésor.
M. Boulet : Mais ça va
être quelqu'un du public, parapublic.
M. Leduc : OK, identifié
idéalement par les emplois supérieurs? C'est ça qui me semble un peu flou.
M. Boulet : Bien,
vérifié, dont le profil est vérifié par les emplois supérieurs.
M. Leduc : Moi, je ne
veux juste pas qu'on... qu'on ait. Parce que si c'est pour être Santé Québec,
on va on va le dire, tu sais. Disons-le, c'est Santé Québec, puis c'est fin de
l'histoire.
M. Boulet : Non, non.
Non, c'est secteurs public, parapublic. Moi, mon anticipation, c'est que ce
soit quelqu'un de Santé Québec, mais je le dis ici. Ça pourrait être quelqu'un
de l'éducation. L'important, c'est qu'il représente l'État employeur. C'est
juste ça.
M. Leduc : Parce que
quand vous avez fait les discussions pour le règlement adopté le
10 septembre, c'était quelqu'un du Conseil du trésor. Donc, on avait comme
déduit que c'était quelqu'un qui avait un portrait plus global des employés de
l'État. Là, vous dites, ça va être Santé Québec, quelqu'un qui est un peu plus
dans une sphère particulière. Ça pourrait être quelqu'un du Conseil du trésor
aussi?
Une voix : ...
M. Boulet : Pas ce qui
est souhaité, en tout cas.
M. Leduc : OK. Parce que
l'expérience a été... pas à la hauteur avec le règlement ou...
M. Boulet : En fait, là,
collègue, là, c'est assez clair qu'on veut le profil d'une personne qui
représente l'État employeur, l'État employeur en santé, en éducation et en
services sociaux. Ça fait qu'il faut que ça provienne de ces deux secteurs-là,
pas d'autres secteurs. Ça fait que ce n'est pas le Conseil du trésor, c'est
santé ou éducation.
M. Leduc : OK. Ça fait
que vous appliquez un peu la même logique que la représentativité syndicale et
patronale. Ce n'est pas tous les syndicats qui sont là...
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : ...parce qu'ils
ne sont pas assez gros potentiellement, même pas...
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : ...pour les associations
d'employeurs.
M. Boulet : Totalement.
M. Leduc : Je comprends.
C'est comme une sous-section. Ce siège-là, c'est les emplois de l'État.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Les deux gros
employeurs de l'État étant santé puis éducation, les autres n'étant pas assez
gros.
M. Boulet : Oui. Tout à
fait.
Le Président (M. Allaire) :
Ça va? D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 48. Est-ce que l'article 48
est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent, M. le ministre. On passe à 49, s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui :
49. L'article 141 de cette loi est
modifié :
1° dans le paragraphe 1° :
a) par le remplacement de « sept »
par « huit »;
b) par la suppression de « et »;
2° par l'ajout, à la fin, du paragraphe
suivant :
« 3° un membre représentant les employeurs
des secteurs public et parapublic. ».
En fait, on vient d'avoir toute la
discussion, là. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire.
Le Président (M. Allaire) :
Des interventions sur 49? S'il n'y a d'autre intervention, nous allons procéder
à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 49 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. 50, M. le ministre.
• (16 h 30) •
M. Boulet : Merci.
50. L'article 151 de cette loi est
modifié, dans le premier alinéa :
1° par le remplacement, dans ce qui
précède le paragraphe 1°, de « huit » par « 10 »;
2° par le remplacement, dans le paragraphe
2°, de « trois » par « quatre »;
3° dans le paragraphe 3° :
a) par le remplacement de « trois »
par « quatre »;
b) par l'insertion, après « du
paragraphe 2° », de « ou du paragraphe 3° ».
Donc, voilà. Il vient augmenter le quorum
des réunions de deux membres de manière paritaire. En fait, on vient de tout
discuter de ça. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Est ce qu'il y a des interventions sur 50? S'il n'y a pas d'intervention, on va
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 50 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. 53, M. le ministre.
M. Boulet : Oui, M. le
Président.
53. L'article 224 de cette loi est
modifié :
1° par le remplacement, dans le texte
anglais, de «made» par «adopted»;
2°par l'insertion, à la fin, de...
16 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...l'aprouver avec
ou sans modification.
Commentaires : Donc, c'est la
traduction du texte anglais, d'une part, mais par «adapted», mais... puis, d'autre
part, pour prévoir que les règlements adoptés par la commission peuvent... désormais
approuvés avec modification par le gouvernement. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Des interventions sur 53? Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Pourquoi le
gouvernement a besoin d'avoir un droit de veto?
M. Boulet : ...parce que c'est
de même pour la vaste majorité des organismes, mais ça n'avait pas été adapté
pour la CNESST, donc que ça pouvait être adopté avec ou sans modification. C'est
le pouvoir législatif qui s'exprime, là, ici, donc il fallait simplement
adapter le texte de l'article 224 pour le permettre.
Mme Maccarone : Parce que,
là, on vient de jaser, on va avoir quand même un représentant du gouvernement
qui sera autour de la table, ça fait que... Est-ce que ça a déjà eu lieu, peut-être,
dans des autres instances, que le gouvernement a utilisé leur droit de veto?
M. Boulet : Bien, en fait...
puis, collègue, là, on me rappelle, là, de mes deux côtés, en vertu de la loi
sur les normes...
Mme Maccarone : Est-ce que
ça, c'est un ange, ça, c'est le diable? Est-ce que ça fonctionne un peu de
même?
M. Boulet : Non, c'est le bon
et la mauvaise ou la bonne et le mauvais, là, mais ça dépend des circonstances.
Mais c'est mes... On sait tous, en politique à quel point les collaborateurs,
collaboratrices sont importants. Mais on me rappelle que dans la Loi sur les
normes du travail, appliquée par la CNESST, ce pouvoir-là est prévu. Dans la
Loi sur les accidents de travail et maladies professionnelles, appliquée par la
CNESST, ce pouvoir-là est prévu, et là il s'agissait de le corriger pour la loi
santé et sécurité, pour que ce soit cohérent. Si notre collègue de Jean-Talon
était ici, il disait... il dirait...
Le Président (M. Allaire) :
...l'absence d'un collègue. Faites attention.
M. Boulet : Oh! désolé.
Mme Maccarone : Il est ici en
esprit.
M. Boulet : Je retire. Est-ce
qu'on peut... Non?
Le Président (M. Allaire) : C'est
correct. Vous pouvez poursuivre. On a compris.
M. Boulet : Bon. Par souci de
cohésion, et pour la majorité des organismes gouvernementaux, c'est le cas.
Mme Maccarone : Quelles sont
les circonstances que le gouvernement utilisera son...
M. Boulet : Excusez. Est-ce
que vous me permettez de compléter? Dans la Loi sur l'équité salariale,
appliquée par la CNESST, c'est la même chose, et dans la loi R-20, les
relations de travail dans l'industrie de la construction, c'est la même
affaire. Donc, c'était comme une coquille à corriger.
Mme Maccarone : Quelles sont
les circonstances que le gouvernement utilisera ce veto. Avez-vous comme... un
exemple?
M. Boulet : Bien, c'est des
corrections parfois mineures. Ça peut être de syntaxe ou de fond, mais qui n'ont
pas d'impact sur l'essence, en fait, du règlement qui est adopté par le CA
Mme Maccarone : Ce n'est pas
nécessairement un veto, c'est une modification.
M. Boulet : Ce n'est pas un
veto, c'est avec modification.
Mme Maccarone : OK, merci.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, M. le
Président. Merci. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a là un effet
direct de l'aventure du projet de... du règlement, là, sur la santé et sécurité
qui a été adopté le 10 septembre. Est-ce que, M. le ministre, vous auriez l'ouverture
de me dire que, si ça avait été en fonction, à ce moment-là, vous l'auriez
modifié, le règlement, directement?
M. Boulet : Franchement, non,
parce que c'est quand même une modification sur le mérite, et par respect pour
le C.A. de la CNESST, non. Puis ce n'est pas une modification... c'est quand
même une modification importante. Ça fait que ma réponse, d'emblée, là, puis...ce
serait de dire non.
M. Leduc : Parce que c'est quand
même étonnant. Quand on a fait la grosse réforme de santé et sécurité, en 2021,
vous n'avez pas fait cette modification-là. J'imagine que ça ne semblait pas
urgent ou il n'y avait pas de cas. Là, on a vécu un cas où est-ce qu'il y a un
règlement qui a été écrit qui ne faisait pas l'affaire du gouvernement, que
vous avez été obligé d'adopter parce que c'était écrit dans la loi puis que,
là, vite, vite, vite, vous venez modifier avec le projet de loi n° 101. Je
ne peux pas m'empêcher de voir un lien de cause à effet.
M. Boulet : Je ne peux pas
vous empêcher de le penser.
M. Leduc : Est-ce que j'ai
raison?
M. Boulet : Pas dans mon
esprit à moi. Moi, quand ça m'a été présenté, dans le cadre du projet de loi n° 101,
on me réitérait que ça existait en application des autres lois, par la CNESST,
et la question que j'ai posée... est-ce que c'est la même affaire pour les autres
organismes gouvernementaux? Et c'est la même chose pour la majorité des
organismes gouvernementaux. Donc, ceux pour qui ça n'existe pas, il n'a pas dû
y avoir adaptation des lois.
M. Leduc : Je comprends.
M. Boulet : Et c'est ce que
nous faisons.
Le Président (M. Allaire) : ...vous
souhaitez intervenir?
M. Provençal : ...M. le
Président, c'est juste une question de clarification, je m'excuse, j'ai dû m'absenter,
mais je veux être sûr d'être encore dans le vif du sujet. Est-ce qu'on traite
toujours de l'article 48, présentement?
Le Président (M. Allaire) : Non,
pas du tout...
M. Provençal : ...
Le Président (M. Allaire) : Non
plus. On est à 53.
M. Provençal : Bon, bien, merci.
Ça va me permettre de mieux suivre.
Le Président (M. Allaire) :
Ah! il n'y a pas de problème. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous pouvez
poursuivre.
M. Leduc : C'est toutes des
bonnes questions. M. le ministre, quand vous dites : On fait ça comme dans
d'autres lois, c'est vrai, là, j'ai vérifié, puis, en effet, les autres lois
ont une disposition similaire. Pouvez-vous nous identifier quand est-ce que ça
a été utilisé, dans les dernières années, cette disposition-là, dans les autres
lois auxquelles vous faites référence?
M. Boulet : Sincèrement, là,
je n'ai pas de souvenir.
M. Leduc : Vous, vous êtes
ministre depuis sept ans?
M. Boulet : Depuis sept ans
que j'occupe ce poste-là de ministre du Travail, puis il n'y a rien de
matériellement important que... Je ne me souviens pas...
M. Leduc : Oui. «Rien de
matériellement important»... Ça, on peut tous avoir notre opinion sur ce qui
est «matériellement important», mais...
M. Boulet : Non, mais des
fautes ou des affaires... mais pas des affaires de fond, je ne me souviens pas.
M. Leduc : Êtes-vous
intervenu comme ministre pour aller modifier des règlements adoptés par un CA
de la CNESST en vertu de ces pouvoirs-là dans d'autres lois?
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Comme la LATMP,
vous me dites, vous l'avez déjà, ce pouvoir-là...
M. Boulet : Non, pas à mon...
Non, pas à mon souvenir.
M. Leduc : Puis la loi de
l'équité salariale aussi.
M. Boulet : Puis, s'il y a de
quoi... si je ne m'en souviens pas, c'est que ce n'est pas substantiel, il n'y
a pas de substance.
M. Leduc : OK. À votre
souvenir, ce n'est pas le cas.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : On ne fera pas
jurer sur la Bible, là, on va se baser sur votre...
M. Boulet : Ah! je dis ce que
je pense.
M. Leduc : Parfait.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 53. Est-ce que l'article 53 est
adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. 71. M. le ministre.
M. Boulet : Merci. L'article
224 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, tel que modifié par
l'article 53 de la présente loi, s'applique à tout projet de règlement déjà
adopté par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité
du travail en vertu de l'article 223 de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail qui n'a pas été approuvé par le gouvernement avant... et là, c'est la
date de la sanction de la présente loi.
Commentaire : Donc, c'est une
disposition transitoire, donc possibilité pour le gouvernement d'adopter un
règlement de la commission avec ou sans modification tel que proposé...
s'appliquera à tout règlement déjà adopté par la commission avant l'entrée en
vigueur de cet article. C'est tout. C'est un corollaire de ce qui précède.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Merci. Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : ...du tout avec le
ministre, là, ce n'est pas du tout un corollaire, là. Vous dites : On se
donne, comme dans d'autres lois, le pouvoir de pouvoir modifier des règlements.
Soit. On peut en débattre. Là, vous dites : Tous les anciens règlements,
je me donne rétroactivement le pouvoir d'aller les modifier. C'est autre chose
de complètement différent.
M. Boulet : ...suspendre deux
minutes, s'il vous plaît, M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : Bien
oui, il n'y apas de problème.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
(Reprise à 16 h 44)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je
vous cède la parole.
M. Leduc : Oui, bien, on vient
d'avoir un échange à micro fermé. Je pense que le ministre est ouvert à ce
qu'on l'ait à micro ouvert pour que ce soit clair pour tout le monde. Moi,
j'étais sous l'impression que là, le ministre voulait se donner le pouvoir de
rouvrir l'entièreté du catalogue des règlements déjà en vigueur en vertu de la
LSST. Il m'explique que ce n'est pas ça, sa démarche. Peut-être que M. le
ministre peut nous préciser.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : ...vous avez
totalement raison. En fait, le pouvoir de modifier, qui est équivalent à celui
qui existe dans toutes les autres lois que la CNESST a le devoir d'appliquer
dans la loi santé et sécurité du travail, c'est... cette possibilité de
modifier, c'est tant que ce n'est pas édicté par le gouvernement, donc tant que
ce n'est pas approuvé par le gouvernement, donc on est encore en processus, et,
quand il est approuvé, évidemment, il ne peut plus être modifié. C'est tout.
M. Leduc : Quand il est
approuvé, il peut-tu être modifié, donc... Bien, c'est-à-dire, il peut être
modifié par un nouveau règlement, qui modifie le règlement...
M. Boulet : Bien oui, bien
oui.
M. Leduc : ...un nouveau
décret, plutôt, qui modifierait le règlement.
M. Boulet : Tout à fait, tout
à fait.
M. Leduc : Comme on a eu les
échanges tantôt, là, sur le régime transitoire.
M. Boulet : Oui, oui. Mais là
c'est tout un autre processus réglementaire, puis d'autres publications à la Gazette
officielle. Puis, tu sais, ici, c'est un règlement qui est sous la
compétence de la CNESST. Ça fait que ce serait un règlement amendant.
M. Leduc : ...qu'il y avait
un seul règlement qui serait touché par le... cet article-là. C'est lequel?
M. Boulet : Oui, c'est le
règlement qui repousse la date butoir pour obtenir une attestation de formation
pour les membres des comités paritaires de santé et sécurité et représentants
en santé et... (panne de son) ...travail, du 1er avril au
1er octobre, donc, qui est publié, ce jour, à la Gazette officielle du
Québec pour une période de 45 jours, afin d'obtenir des commentaires. Et,
un peu plus tôt, dans le cadre du PL n° 101, on a
fait l'adoption du même pouvoir habilitant pour repousser du 1er avril au
1er octobre...
M. Boulet : ...les
attestations de formation pour les secteurs de la santé et de l'éducation.
C'est le seul qui est en... qui est en cours.
M. Leduc : Parce que lui, il
tombe dans la période qui, somme toute, est assez courte...
M. Boulet : Avant l'adoption,
avant l'adoption.
M. Leduc : ...où il a été
adopté par le CA de la CNESST.
M. Boulet : Mais avant
l'adoption par le gouvernement, comme c'est écrit ici.
M. Leduc : C'est ça, donc...
mais il a néanmoins été publié à la Gazette officielle, comme vous venez
de le dire.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Ça fait qu'il
avance, mais il n'a pas atteint la fin de son parcours, à savoir la...
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Si on avait adopté
ce projet de loi là dans un mois et demi, mettons, vous auriez probablement
déjà adopté ce règlement-là en Conseil des ministres, puis on n'aurait pas eu
besoin de faire ça.
M. Boulet : Peut-être, un
mois et demi, c'est rapide, là...
M. Leduc : Mettons deux mois.
M. Boulet : ...c'est demander
beaucoup d'efficacité à mes équipes, là, mais, disons, dans quelques mois...
M. Leduc : Mais, de toute
façon, les règlements à la CNESST sont travaillés ensemble, de concert avec
tout le monde, ça fait qu'ils sont perfectibles, peut-être, mais, déjà, ils
sont très proches de la perfection, j'en suis convaincu.
M. Boulet : Bien, c'est
consensuel, là, généralement, là, tu sais.
M. Leduc : Bien oui.
Le Président (M. Allaire) :
Ça va?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Parfait.
Le Président (M. Allaire) :
Pas d'autre intervention sur l'article 71? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 71 est adopté?
Des voix : Adopté?
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. M. le ministre, l'article 64, et vous avez un amendement, si
je ne me trompe. Donc, lecture de l'article 64, vos commentaires, puis après
vous déposez votre amendement.
M. Boulet : Oui. Merci.
L'article 313 de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du
travail est modifié par le remplacement, à la fin du paragraphe 7°, de «2025»
par «2026».
Et je lirais l'amendement, M. le
Président.
L'amendement : On retire l'article 64
du projet de loi.
Commentaires : Bon, ça vise à retirer
le report de la date limite à laquelle le gouvernement peut fixer l'entrée en
vigueur de ces dispositions de la loi modernisant le régime, puisque, par
décret, on a fixé au 1er octobre... Bon, vous le savez, là, on a, le 10
septembre, au Conseil des ministres, adopté un décret qui fait entrer le
règlement en vigueur le 1er octobre 2025, donc ça rend l'article 64 inutile.
Le Président (M. Allaire) : Pas
de problème. Donc, nous sommes à l'amendement déposé à l'article 64. Est-ce
qu'il y a des commentaires? S'il n'y a pas de commentaire sur l'amendement,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. Alors, nous revenons sur l'article 64 maintenant amendé.
Est-ce qu'il y a des commentaires?
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Oui, 64 est retiré, assurément, mais, par l'amendement, donc, on n'a pas besoin
d'en discuter. Excellent. C'est logique. Merci, Mme la secrétaire. Donc,
l'article 64 est retiré. Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : OK, vous avez
retiré le 64. C'est juste que je veux prendre une petite suspension après le
64, si on peut.
Le Président (M. Allaire) :
...pas de problème, il n'y a pas de problème. Alors, nous allons suspendre les
travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 16 h 50)
Le Président (M. Allaire) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. On change maintenant de bloc. On s'en
va dans le bloc LNT et Loi sur la fête nationale. M. le ministre, on s'en va à
l'article 37. Je vous cède donc la parole pour lecture et commentaire.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Mon Dieu! Il y a bien des articles là-dedans. Oui, merci. Donc,
c'est une autre section, là, qui est un peu... qui n'est pas particulièrement
complexe, là, mais on va y aller article par article.
L'article 81.17.1 de cette loi est
modifié, dans le premier alinéa :
1° par le remplacement du paragraphe 1°
par le suivant :
«1° si elle justifie de trois mois de
service continu, pour prendre part à une opération des Forces canadiennes à
l'étranger, y compris la préparation, l'entraînement, le repos et le
déplacement à partir du lieu de sa résidence ou vers ce lieu;»;
2° par le remplacement du paragraphe 3°
par le suivant :
«3° pour participer à une activité...
M. Boulet : ...de
développement des compétences militaires des Forces canadiennes;»;
3° par le remplacement, dans le paragraphe
4°, de «aux conditions et pour la durée» par «et aux conditions»;
4° par l'ajout, à la fin, du paragraphe
suivant :
«5° pour suivre des traitements ou un
programme de réadaptation relativement à un problème de santé physique ou
mentale qui découle de l'accomplissement de son service militaire dans le cadre
d'une opération ou d'une activité visée au présent article ou pour se rétablir
à la suite d'un tel problème de santé.»
Commentaires. Bon, en fait, c'est... c'est
des articles qui uniformisent les règles applicables au congé sans salaire
accordé aux personnes qui sont réserviste des Forces canadiennes qui résident
au Québec avec celles prévues au Code canadien du travail. C'est une demande
qui m'est soumise depuis un certain nombre d'années, puis, bon, je trouvais que
le projet de loi n° 101 était un bon véhicule, là, tu sais, souvent, on
dit que c'est un PL omnibus. Donc, ça... donc, qui résident au Québec.
Donc, on uniformise avec les dispositions
prévues au Code canadien du travail en réduisant la période de service continu
requise pour permettre à un réserviste de prendre part à une opération des
Forces canadiennes à l'étranger de 12 mois à trois mois, en permettant aux
réservistes de s'absenter pour participer à une activité de développement des
compétences militaires des Forces canadiennes, en retirant de cet article toute
référence à la durée du congé pour prendre part à l'entraînement annuel puis en
ajoutant comme motif d'absence le fait de suivre des traitements ou un
programme de réadaptation.
Le Président (M. Allaire) :
Ça va? Pas de commentaire.
M. Boulet : Je voulais
simplement vous dire qu'en 2019, le gouvernement fédéral a modifié le congé
prévu au Code canadien du travail pour les réservistes. Toutes les provinces,
sauf le Québec et l'Alberta, ont modifié leurs lois du travail afin qu'elles
soient similaires à celles du fédéral. Donc, on vient combler cette lacune-là.
Et le nombre de réservistes québécois dans les Forces armées canadiennes, il y
en a 7000, réservistes québécois dans les Forces armées canadiennes en 2023.
Puis ça, c'est une... La source, c'est le... une lettre du ministre de la
Défense en août 2023. Ça fait que c'est quand même le véhicule tout approprié
pour faire cette uniformisation-là. Puis je n'ai pas d'autre commentaire, là.
Sur le fond, c'est compatible avec le Code canadien.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Parce qu'on
souhaite être compatible avec le Code canadien. Je me demande pourquoi, qu'on
utilise la terminologie force canadienne, quand je regarde la loi sur la
défense nationale, on dit « Forces armées canadiennes », alors on
aura un écart dans la terminologie.
M. Boulet : C'est... ce n'est
pas à ma connaissance.
Mme Maccarone : Bien, je l'ai
devant moi. C'est article 14...
M. Boulet : On va vérifier.
Mme Maccarone : ...de la Loi
sur la défense nationale. On utilise une terminologie. Puis Les Forces
canadiennes sont les forces armées de Sa Majesté levées par le Canada et elles
constituent un service intégré appelé Forces armées canadiennes.
M. Boulet : Oui, mais c'est-tu
Forces canadiennes, deux points, est? Parce que si le terme...
Mme Maccarone : Non.
M. Boulet : Ah non?
Mme Maccarone : Ils
l'utilisent tout le temps Forces armées canadiennes, Forces armées canadiennes.
Peut-être juste... peut-être, c'est juste une petite modification que nous
pouvons aborder pour ajouter armée pour être concordant avec... Étant donné que
nous sommes en train de suivre qu'est-ce qu'ils font au niveau national ou
fédéral.
M. Boulet : Il y a une raison,
semble-t-il, là, puis on va me la...
Mme Maccarone : Ah! j'aime ça,
dit-le encore.
M. Boulet : Pardon?
Mme Maccarone : Que j'ai
raison.
M. Boulet : Il y a une
raison... Mais peut-être que vous avez raison quand même.
Le Président (M. Allaire) :
Souhaitez-vous qu'on suspende les travaux quelques instants? On va suspendre
les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le ministre, je peux peut-être vous céder
la parole, à ce stade-ci, pour un peu plus d'explications.
M. Boulet : Oui, en fait, c'est
très simple. C'est la partie deux du Code canadien du travail réfère aux Forces
canadiennes, c'est conforme à la Loi sur la défense nationale. Et dans le
corpus québécois, on réfère davantage à Forces canadiennes qu'à Forces armées
canadiennes. Donc, c'est tout. Ceci dit, avec respect, bien sûr.
Mme Maccarone : OK Ça va.
Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Autres interventions sur l'article 37? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 37 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Parfait. L'article 38, M. le ministre.
M. Boulet : L'article 81.17.3
de cette loi est modifié par le remplacement, dans le deuxième alinéa, de «trois»
par «quatre».
Donc, c'est toute la suite, là, ça allonge
d'une semaine le préavis de retour au travail que le réserviste doit donner à
son employeur pour hâter son retour au travail après une absence prévue, là, à
81.17.1 de la Loi sur les normes du travail. C'est tout. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions sur l'article 38? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Est-ce que, ça
aussi, c'est une concordance avec un autre élément qui existe déjà?
M. Boulet : Bien oui, c'est la
même durée de préavis de retour au travail que dans le CCT, Code canadien du
travail.
Mme Maccarone : OK.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va?
Mme Maccarone : Oui.
Le Président (M. Allaire) :
D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 38. Est-ce que que l'article 38
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Excellent. 39, M. le ministre.
M. Boulet : L'article 81.17.5
de cette loi est remplacé par le suivant :
«La personne salariée qui s'absente pour l'un
des motifs prévus à l'article 81.17.1 peut s'absenter du travail pendant
une période d'au plus 24 mois sur une période de 60 mois.
«Le gouvernement peut toutefois, par
règlement, déterminer une période d'absence plus longue pour l'un des motifs
prévus aux paragraphes 4° ou 5° du premier alinéa de l'article 81.17.1.
«Le premier alinéa ne s'applique pas au
congé pris dans le cas d'une situation de crise nationale au sens de la Loi sur
les mesures d'urgence.» Commentaire. Donc, c'est la même affaire, là, mais
là, ici, ça prévoit que le réserviste peut s'absenter pendant une période max
de 24 mois sur une période de 60, pour l'un des motifs prévus à 81.17.5 de
la loi, puis possibilité de prendre un règlement pour prévoir une période d'absence
plus longue pour permettre à un réserviste de prendre part à toute autre
opération des Forces canadiennes ou de suivre des traitements ou un programme
de réadaptation. Merci. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions sur 39? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à
sa mise aux voix. Est-ce que l'article 39 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Article 41, M. le ministre.
M. Boulet : L'article 89
de cette loi est modifié par l'insertion, après le paragraphe 6.1.1°, du
suivant :
«6.1.2° une période d'absence plus longue
pour l'un des motifs prévus aux paragraphes 4° ou 5° du premier alinéa de
l'article 81.17.1;».
Commentaire. Donc, c'est le règlement pour
établir une période d'absence plus longue, pour permettre à un réserviste...
Bon, c'est la même affaire, là. C'est la suite logique, la concordance. C'est
tout. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Des interventions sur l'article 41? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 41 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Excellent. M. le ministre, l'article 40, et je crois que vous avez deux
amendements. Je vous cède la parole. Pourquoi?
(Consultation)
Le Président (M. Allaire) :
Est-ce que ça va?
M. Boulet : Est-ce que je peux
parler un petit peu avant de lire? Ah! OK, je vais lire d'abord.
Le Président (M. Allaire) :
Bien, je préfère que vous lisiez l'article 40 pour commencer, s'il vous
plaît?
M. Boulet : Merci. Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 81.17.6, de la section suivante :
«Section V.1.2
«Les absences pour raisons de santé
publique ou de sécurité civile
«81.17.7. Une personne salariée peut s'absenter
du travail, sans salaire, si elle n'est pas en mesure de fournir...
M. Boulet : ...sa prestation
de travail en raison d'une recommandation d'un ordre, d'une décision ou d'une
ordonnance émis en application de la Loi sur la santé publique, de la Loi sur
la mise en quarantaine, de la Loi sur les mesures d'urgence ou de la Loi sur la
sécurité civile visant à favoriser la résilience aux sinistres, ou en raison
d'un sinistre au sens de cette dernière loi ou de son éminence. La personne
salariée doit aviser l'employeur de son absence le plus tôt possible et prendre
les moyens raisonnables à sa disposition pour limiter la durée du congé.
L'employeur peut demander à la personne salariée, si les circonstances le
justifient, eu égard notamment la durée de l'absence, de lui fournir un
document attestant des motifs de cette absence.»
Il va y avoir deux amendements, mais en
fait, vous le savez, on en a parlé beaucoup, là, ces deux nouveaux motifs
d'absence sans salaire quand une personne ne peut pas faire son travail pour
des raisons, bon, on l'a vu durant la pandémie, en raison d'une directive de la
santé publique ou en raison d'un feu, une directive de la sécurité publique.
C'est vraiment ce que... ce qui a été fait, notamment en Ontario, que nous
devions faire à la première opportunité. Puis donc il peut s'absenter sans
crainte de perdre son emploi.
On a deux amendements, est-ce que je peux
les lire tout de suite, M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : On
va commencer par un, on va l'adopter, puis ensuite l'autre. Vous pouvez lire le
premier. Allez-y.
M. Boulet : Insérer, à la fin
du troisième alinéa de l'article 81.17.7 de la Loi sur les normes du
travail, proposé par l'article 40 du projet de loi, «à l'exception d'un
certificat médical».
Commentaires : Donc, on précise ici
que le certificat médical ne peut être un document demandé par l'employeur. Ça,
c'est le premier amendement, qui était souhaité, qui nous a été demandé
d'ailleurs en consultations particulières.
Le Président (M. Allaire) : Attendez.
Avant d'y aller avec le deuxième, on va commencer par entamer les discussions
sur le premier. Est-ce qu'il y a des discussions que vous voulez mettre de
l'avant avec l'amendement déposé à l'article 40? Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Vous vousrappelez
qui avait proposé ça?
M. Boulet : ...je l'ai
entendu, peut-être pas en consultations particulières, mais on ne souhaitait
pas que le certificat médical soit requis parce que c'est des raisons de
sécurité publique ou de santé publique. Tu sais, quelqu'un qui est contraint de
s'absenter, il n'a pas à justifier avec un certificat médical. C'est simplement
ça.
Une voix : ...
M. Boulet : Oui. Ah oui, puis
c'est cohérent aussi avec, souvenez-vous, le projet de loi n° 68, où on
assouplissait c'est le fardeau administratif des médecins en permettant des
absences sans qu'il y ait obligation de fournir un certificat médical. Mais ça
m'a été demandé, en tout cas, dans un contexte, peut-être pas en consultation
particulière, mais à l'avantage des travailleurs, travailleuses. Tu sais, s'il
y a un feu, là, aller chercher un papier médical, ce n'est certainement pas une
bonne idée, mais c'est la Fédération autonome de l'enseignement qui me l'a
demandé. Est-ce que vous les connaissez?
M. Leduc : Oui, ils font des
bonnes... ils font des bonnes choses.
Le Président (M. Allaire) : Allez-y,
M. le député, poursuivez.
M. Leduc : Ils font des
bonnes choses. C'est intéressant. Ça concerne-tu les conditions de travail, ça?
Ils peuvent-tu dépenser des cotisations syndicales pour ce genre d'intervention
là?
M. Boulet : Vous avez la
réponse, collègue.
• (17 h 20) •
M. Leduc : Ouf! C'est-tu hors
sujet. On verra. Blague à part, blague à part, sur... sur l'économie générale
de l'article, là, je déborde un peu de l'amendement, pouvez-vous donner des
exemples, là, de situations? Tu sais, on dit sécurité civile, santé publique,
on parle-tu ici de la pandémie, des événements...
M. Boulet : ...pandémie.
Pandémie, évidemment, c'est plus gros. Une épidémie.
M. Leduc : Une inondation?
M. Boulet : Une inondation,
un feu. C'est les cas classiques, là. En fait, ce qu'on vient dire ici, là,
puis l'autre amendement va... va compléter, on veut que la personne puisse s'absenter
sans salaire, n'ait pas à fournir de certificat médical et que ces avantages
soient protégés. Ça, c'est le deuxième amendement qui... il maintient son
lien... En fait, c'est la protection du lien d'emploi, Alexandre... collègue.
M. Leduc : Oui, oui, c'est
ça. Je vais attendre d'arriver sur l'autre amendement d'abord pour poser mon
autre question.
M. Boulet : Puis il y a un de
vos collègues qui me l'avait déjà demandé en période de questions durant la
pandémie. J'y avais déjà fait référence à ça, qui a déjà été co-cheffe de votre
parti.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, M. le ministre. Je comprends qu'on est prêts, s'il n'y a pas d'autre
intervention, à procéder à la mise aux voix de l'amendement. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Excellent. M. le ministre, votre deuxième amendement, s'il vous plaît, lecture
et commentaires.
M. Boulet : Oui, merci. Le
troisième...
M. Boulet : ...alinéa...
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Merci. M. le ministre, allez-y.
M. Boulet : ...de l'article
79.2, le premier alinéa de l'article 79.3 et les articles 79.4, 79.5 et 79.6
s'appliquent aux périodes d'absence prévues à l'article 81.17.7 compte tenu des
adaptations nécessaires.
Commentaires. Bien, je viens de la faire,
c'est que, dans le cadre d'une absence comme ça, il conserve les avantages
reliés à son emploi, là, ce qui est prévu dans... C'est ce que ça vient dire.
C'est le deuxième amendement.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : ...régime
d'assurance, même si on s'absente à cause de pandémies ou d'inondations, je
continue à pouvoir aller retirer les assurances.
M. Boulet : Protection du
lien d'emploi et maintien des avantages.
M. Leduc : Ça fait que c'est
un peu comme... c'est comme une clause dans des assurances, un peu, des fois,
qu'on a ici? Quoique, des fois, dans les assurances, on ne couvre pas s'il y a
un tremblement de terre, là.
M. Boulet : Bien on a ça,
dans la LATMP, là, tu sais, je pense que c'est 242, là, où pendant ton absence
tu maintiens tes avantages puis... C'est analogue, là, c'est similaire, mais
c'est une grande avancée pour les travailleurs, travailleuses parce qu'il
fallait assurer que les travailleurs, travailleuses du Québec soient protégés,
que leur lien d'emploi le soit, qu'ils n'aient pas à fournir de certificats
médicaux puis que les avantages soient protégés. C'est un gros, gros sommaire,
que je vous fais là, là, mais c'est une grande avancée, en tout cas.
M. Leduc : Mais si, mettons,
il y a une personne qui était en procédure d'enquête disciplinaire, puis là
survient une pandémie, est-ce que la procédure d'enquête disciplinaire peut
quand même aller jusqu'au bout et procéder à une mise à pied?
M. Boulet : Bien là, ça
dépend de sa capacité, ça dépend de la convention collective de travail, mais,
dans les conventions, je pense que la personne est tenue de participer à une
rencontre dans le contexte d'une enquête disciplinaire, à moins d'avoir des
motifs raisonnables, là. Puis je ne veux pas embarquer dans l'interprétation
d'une convention collective ou d'un contrat individuel, mais votre réponse a la
même valeur que la mienne.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Pas d'autre intervention? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, ça va?
Parfait. On va donc procéder à l'adoption de cet amendement. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. On revient donc à l'article 40, qui est maintenant amendé.
Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 40, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. On poursuit. L'article 36. M. le ministre.
M. Boulet : L'article 3.1 de
la Loi sur les normes du travail est modifié par l'insertion, dans le premier
alinéa et après «les sections», de «5.1.2».
Commentaires : Donc, ça rend
applicable à toutes les personnes salariées et à tous les employeurs la
nouvelle section portant sur les absences pour raisons de santé publique ou de
sécurité civile, ce qu'on vient d'adopter, là, ce qui a été introduit à 40.
Donc, c'est une concordance, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, on avait reçu un amendement, déjà, est-ce
que vous souhaitez le déposer tout de suite? Ah! 36.1, c'est pour introduire un
nouvel article. Excusez-moi, j'étais trop vite. Est-ce qu'il y a des
interventions sur 36? Pas d'intervention. Ous allons procéder à sa mise aux
voix. Est-ce que l'article 36 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Parfait. Donc, on est rendus là, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous souhaitez déposer votre amendement? On va l'afficher.
M. Leduc : Le 36.1, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Allaire) : Ça
ne sera pas long. Ça s'en vient. Excellent! Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
je vous cède la parole. On voit l'amendement à l'écran.
M. Leduc : Merci. 36.1.
Insérer, à l'article 79.1 de cette loi, après le deuxième alinéa, le
suivant :
«Une personne salariée victime de violence
conjugale peut s'absenter du travail pendant 10 jours sans réduction de salaire
et sans présentation de pièces justificatives. Cette absence ne peut pas être
prise en continu et peut être fractionnée... peut ne pas être prise en continu
et peut être fractionnée et elle est distincte des autres absences prévues par
cette loi. C'est un thème qu'on avait abordé dans le projet de loi n° 42,
si ma mémoire est bonne, en termes de chiffres là... celle sur le harcèlement
psychologique. Ça fait un peu plus d'un an et demi.
Je reviens à la charge avec ça, je pense
que ça a été mentionné dans quelques mémoires, vu qu'on rouvre la LNT, la Loi
sur les normes du travail. C'est un thème important qui est revendiqué par
beaucoup d'organisations féministes, autant des groupes syndicaux, bien sûr,
que des représentations de groupes de femmes. Je pense au... je pense à
d'autres organismes communautaires aussi, les maisons de... les refuges pour...
les maisons avec... pour les femmes victimes...
M. Leduc : ...violence, etc.
Quand on est dans une situation de violence conjugale, la précarité économique
peut être un élément dangereux. Dangereux dans le sens où est-ce qu'on peut
être porté à rester dans une situation de violence conjugale vu qu'on a une
précarité économique en disant : Si je m'en vais, si je quitte le foyer
violent, bien je vais peut-être empirer ma situation parce que, là, je n'aurai
plus de revenu, je n'aurai plus de nourriture, etc. Il y a des groupes
communautaires qui peuvent essayer d'aider, mais ce n'est pas toujours facile
de trouver une place en maison d'aide, en maison d'accueil, et donc c'est aussi
un problème s'il faut se retourner de bord et aller au travail le lendemain. Si
on trouve une place chez un ami, une connaissance ou dans une maison d'accueil,
bien, c'est peut-être relativement loin du travail. Il y a peut-être des...
probablement des enfants impliqués dans tout ça. Ce n'est pas simple de se
retourner de bord avec des enfants puis de retourner faire semblant que, demain
matin, c'est une journée normale. Si on fait le grand geste puis qu'on quitte, là,
ce n'est pas évident de se retrouver au travail ce matin et d'être performant
comme on l'est à l'habitude.
Ça fait donc longtemps que des groupes
réclament qu'il y ait un 10 jours de congés pour les personnes en
situation... de victimes de violence conjugale. C'est... Des études, il y en a
à la pelletée, là, on m'en a transmises quand même beaucoup. Je pense que ce
n'est pas ça qui est un problème au niveau du ministre, là, il sait qu'il peut
se renseigner très facilement puis obtenir des chiffres par rapport à ça, et ça
me semblait un incontournable si on était pour rouvrir quelques lois du
travail... dans une loi qui se veut pour l'amélioration de certaines lois du
travail, je me voyais mal rouvrir la Loi sur les normes du travail et ne pas
revenir avec ce thème-là auprès du ministre. C'est quand même un nombre très
réduit, hein, de personnes qui auraient recours à ça. On n'est pas en train
d'imputer des coûts astronomiques au secteur privé ou même à l'État québécois,
c'est quelque chose d'assez limité. Pourtant, ça pourrait changer radicalement
la vie de ces femmes en situation de violence conjugale. Donc, ça me semblait
important de le soumettre au ministre.
Si le ministre le désire, on peut le
mettre sur table le temps qu'il y réfléchisse et qu'on revienne sur le sujet un
peu plus tard. Je sais que je le prends peut-être un peu de court avec ça
aujourd'hui. Je serais bien sûr ouvert à la situation, mais, voilà, c'était mon
intention de le déposer aujourd'hui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Des interventions, M. le ministre?
• (17 h 30) •
M. Boulet : En fait, on ne
pourra pas aller dans cette direction-là, collègue. Puis je le comprends,
l'importance du phénomène de la violence conjugale. Vous savez, vous avez
travaillé avec moi pour la lutte aux violences à caractère sexuel. Vous avez
travaillé avec moi pour intégrer les violences physiques ou psychologiques,
incluant les violences conjugales dans la Loi modernisant le régime de santé et
sécurité du travail. On l'a fait dans la Loi sur les normes du travail pour
ajouter le harcèlement. Évidemment, là, c'est sexuel en milieu de travail,
mais, dans la Loi sur les normes du travail, on a aussi protection du lien
emploi, là, tu sais, jusqu'à 26 semaines au cours des 12 derniers
mois pour des motifs de violence conjugale ou de violence à caractère sexuel
dont la personne a été victime. Puis c'est sûr que je prends aussi en
considération... Parce que j'ai rencontré l'Intersyndicale, puis je leur ai parlé
de la loi qu'on avait adoptée pour assouplir le fardeau administratif des
médecins puis la possibilité de s'absenter jusqu'à trois jours chaque fois,
jusqu'à trois fois par année sans produire de certificat médical. Et elle
convenait avec moi que c'était une avancée considérable parce que ça peut être
utilisé par une personne proche aidante, par une personne qui est victime de
violence conjugale ou autres motifs. Donc, c'est quand même un bénéfice
nouveau.
Puis quand on regarde la Loi sur les
normes du travail dans son ensemble, il y a quand même une diversité de congés,
avec ou sans salaire, qui font en sorte que notre régime de normes minimales du
travail est quand même intéressant au Québec. Je n'irai pas plus loin que ça.
Et selon notre étude d'impact, collègue, ça représenterait, pour les
employeurs, 543 millions de dollars...
17 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...10 jours
sans réduction de salaire, et ça, c'est un fardeau qu'on ne peut pas imposer
aux employeurs dans le contexte actuel.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous souhaitez poursuivre?
M. Leduc : Oui. Je vais vous
lire un extrait d'une recherche qui a été produite pour... M. le ministre
faisait référence à l'Intersyndicale des femmes, c'est vrai que c'est beaucoup
d'elle qu'émane cette campagne-là et cette idée-là. Je vous lis quelques
phrases de leur conclusion de leur recherche, elles disent la chose suivante :
«L'estimation des coûts liés à l'octroi d'une banque 10 jours d'absence
rémunérés pour les victimes de violence conjugale et potentiellement celles d'agression
sexuelle permet de mieux cerner l'impact budgétaire d'une telle revendication.
Selon les hypothèses retenues, les dépenses publiques associées à cette mesure
se situeraient entre 17,5 millions de dollars et 48,8 millions de
dollars dans le premier cas. Le chiffre plus réaliste avoisinerait 24 millions de
dollars, et entre 67,5 millions de dollars et 135 millions de
dollars dans les deux groupes de victimes sont inclus — ils peuvent...
ils évaluaient aussi la possibilité d'élargir plus large, tandis que là c'est
un scénario plus restreint que je vous soumets.
«Il est à noter que la mesure pourrait
coûter beaucoup plus cher si la totalité des personnes qui ont été victimes de
violence conjugale, tant celles qui ont déposé une plainte à la police, que celles
qui ne l'ont pas fait, prenaient la totalité de la banque des 10 jours.
Même chose si on ajoute à ça la totalité des personnes qui ont été victimes d'agression
sexuelle. Toutefois, ces chiffres ne reflètent pas du tout le réel ni les
comportements humains. Nous pouvons garder ces chiffres en tête, mais il n'est
pas nécessaire de les mettre de l'avant dans la mesure où ils ne font pas
partie d'un scénario réaliste. Dans tous les cas, il faut garder en tête que,
si on met en application cette mesure, il est fort à parier qu'elle sera peu
coûteuse. Objectivement et malheureusement, il n'est jamais arrivé que la
police ait été avertie de l'ensemble des actes de violence conjugale et d'agression
sexuelle. Trop de gens vivent encore avec les conséquences de ces actes contre
leur personne, sans aller chercher de l'aide. Un travail d'éducation et de
changement de culture devrait être fait à ce niveau, mais cela ferait partie d'une
autre... d'un autre chantier sur cet enjeu qui est d'un importance... d'une importance
cruciale.»
C'est donc assez... C'est fort de cette
expertise-là, fort de cet intérêt-là que je vous soumets, M. le ministre, de
nouveau ce thème-là, parce que ça peut prendre comme du temps pour faire le
processus de quitter un foyer violent, quitter un conjoint violent. Souvent, on
va le faire après avoir été rencontrer un organisme. Il faut prendre du temps
pour aller rencontrer un organisme. Ce n'est pas toujours ouvert le soir, la
fin de semaine. Il faut y aller probablement dans la journée de travail. Il
faut se déplacer. Il faut avoir de la flexibilité, en matière d'heures, pour se
promener, là, pour bouger d'une place à l'autre. Ce n'est pas toujours possible,
évidemment, avec un travail à temps plein, et c'est souvent le cas. On met 10 jours
de maximum, ça fait que c'est sûr que les estimés, ça peut être bien, bien gros,
mais ce n'est pas tout le monde qui aura besoin du 10 jours. Peut-être qu'une
ou deux, peut-être trois journées suffiront dans la majorité des cas. Donc, ça
me semble un projet pertinent qui peut aider à lutter contre la violence
conjugale.
On a eu tout un débat au salon rouge dans
les derniers jours, par rapport au discours du premier ministre, où est-ce
qu'il y avait des présents, il y avait des absents dans le discours du premier
ministre. Mais toute la question de l'égalité hommes-femmes était absente. On
parlait plutôt du... de l'islam radical, on parlait peu de la montée du
masculinisme, notamment, chez les jeunes hommes. On ne parlait pas de violence
conjugale. Il y aurait peut-être là donc un geste important, un geste
significatif à faire pour envoyer le message que, bon, il y a des priorités
gouvernementales dans le discours, c'est une chose, mais, après ça, on peut
intervenir sur d'autres aspects tout aussi importants pour la société
québécoise, à travers, par exemple, ce rajout fondamental aux lois... à la Loi
sur les normes du travail.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : En fait, je les
rencontre de façon épisodique, l'Intersyndicale des femmes, puis je pense que
je les rencontre d'ici deux semaines d'ailleurs, à mon bureau, à Montréal, si
je ne m'abuse, le 17 octobre, à peu près, là. Et je trouve ça intéressant,
votre présentation, parce que, oui, c'est vrai que ça peut être un, deux ou
trois journées. C'est les chiffres que vous avez utilisés. On est carrément
dans la Loi assouplissant le fardeau administratif des médecins. On peut, sans
certificat médical, s'absenter jusqu'à trois jours, parfois, trois fois par
année. Donc, c'est quand même un bénéfice. Puis, je le répète, l'Intersyndicale
des femmes, sans être complètement satisfaite, trouvait que c'était une
avancée. La reconnaissance des risques psychosociaux et l'intégration de la
violence physique, psychologique, incluant la violence conjugale, dans la Loi
modernisant le régime de santé, sécurité, c'est une avancée. L'article 119.1,
parce que, parfois, la violence conjugale peut provoquer des conséquences
négatives qui s'expriment dans le temps, ça peut prendre plus de temps. Et il y
a quand même... la personne peut s'absenter pendant une période, comme je
mentionnais...
M. Boulet : ...un petit
peu plus tôt à 119.1 jusqu'à 26 semaines dans les 52 dernières. Je
pense qu'on a quand même... C'est sûr qu'on peut aller tout le temps plus loin.
Mais les coûts pour les PME, particulièrement, et pour les entreprises sont
aussi à considérer. Je ne dis pas que c'est la motivation de ma réponse. Il y a
aussi les droits que nous avons déjà dans la Loi sur les normes du travail et
dans la loi à laquelle je faisais référence, qui... intégré dans la Loi sur les
normes du travail. Mais tenant compte de l'ensemble de ces raisons-là, on ne
pourra pas aller de l'avant avec votre amendement. Ceci dit, avec énormément
d'empathie pour les personnes victimes de violences conjugales.
Le Président (M. Allaire) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : La clé ici,
là, M. le ministre, c'est le sans réduction de salaire. Parce que, oui, il y a
des congés prévus dans la LNT. Je me rappelle très bien de la réforme de 2007.
J'étais conseiller à la recherche de la FTQ quand ça a eu lieu. C'est moi qui
la... qui la commentait puis qui préparait de mémoire pour mon employeur
précédent. Il y avait eu des avancées dans cette réforme-là. C'est une réforme
du Parti libéral à l'époque, mais ça n'avait pas abouti sur les 10 jours
de congés payés pour différents aspects. Là, on a cet aspect-là en particulier,
parce qu'on n'est pas en train de dire, tu sais, des journées payées pour plein
d'histoires, pour congés familiaux, etc. On avance sur l'aspect violence
conjugale. Très pointu. Ça fait que je ne sais pas si les estimés que vous
aviez faits considéraient l'aspect violence conjugale ou c'était l'ensemble des
10 congés payés pour adaptation familiale. Probablement que c'est des
chiffres que vous... qui ne sont pas assez pointus dans cette logique-là.
Maintenant, l'aspect sur laquelle je veux
vraiment que vous me saisissiez, M. le ministre, c'est... C'est le fait qu'on
peut sauver des vies avec ça. Qu'est-ce qui fait qu'il y a des féminicides au
Québec? Il y a plein de raisons, mais une de celles-ci, c'est qu'une personne
qui sentait qu'elle devait peut-être quitter son conjoint, puis quitter le
foyer, puis s'en aller, fuir, là, puis elle ne l'a pas le fait, en partie, en
bonne raison parce qu'elle avait une précarité économique. Si je m'en vais dans
l'immédiat, j'ai plus une cent, je n'ai plus rien, je ne me trouve devant rien.
Il y a une... Il y a une pléthore de facteurs qui peuvent entrer là-dedans, tu
sais. Il n'y plus un réseau familial, il y a une place en maison d'hébergement,
etc. Mais est-ce que demain je peux m'en aller, manquer une ou deux journées de
job, puis ça ne se reflète pas sur ma paye? En ce moment, ce n'est pas
possible. Avec ça, ça serait possible. Ça fait que ce déclic-là de dire :
Ma sécurité économique n'est pas remise en cause si je quitte un conjoint
violent, c'est le petit déclic qui peut manquer, qui pourrait sauver des vies
dans les prochaines années, M. le ministre. Et si vous êtes fermé aux
10 jours, c'est que peut être que 10 jours, c'est trop pour
commencer. Moi, je n'ai pas de problème à le retirer, puis à le redéposer, puis
commencer par deux jours. Est ce qu'à deux jours on commence à jouer dans un
film qui est plus réaliste d'un point de vue des coûts- bénéfices que vous
évoquez?
Le Président (M. Allaire) :
Des interventions?
M. Boulet : Bien là, non,
je n'ai pas d'autre commentaire, sauf pour rappeler, vous rappeler que la Loi
sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels a quand même un fond
d'urgence, là, pour des services d'accompagnement, de déménagement puis tout
ça, là. Mais c'est quand même un des outils qui existent pour soutenir et aider
les personnes qui sont victimes de violences conjugales. Mais le reste, je n'ai
pas d'autres commentaires à faire que ceux que j'ai partagés.
Le Président (M. Allaire) :
Après vous, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour intervenir. Allez-y.
• (17 h 40) •
M. Leduc : J'achève, M.
le Président. Sauf erreur, M. le ministre, l'IVAC dont vous faites référence,
une fois que la personne est victime, une fois que la violence a eu lieu. Moi,
je vous parle de féminicide, de gens qui perdent la vie, là. Qu'il y a le petit
déclic de dire je devrais m'en aller parce que je n'ai pas à me soucier de ma
sécurité économique parce que, là, je peux avoir quelques jours de congés
payés, c'est ça que... C'est là-dessus que je veux insister. Et c'est très bien
ce qui existe avec l'IVAC, mais ce n'est pas la même chose. Ça fait que, si je
redépose a deux jours ce n'est toujours pas recevable, M. le ministre?
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui.
Bien, je ne peux pas... Je suis 100 % pour cet amendement. On avait
exactement le même amendement. Puis...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Oui. Oui,
oui, le libellé est un peu différent, mais vraiment, là, on y va dans le même
sens. Puis moi, je voulais quand même remercier l'intersyndicale des femmes
pour leur travail, parce que ça fait très longtemps, depuis qu'ils font des
revendications, un minimum de cinq ans, depuis qu'ils essaient de sensibiliser
les élus par rapport à cet enjeu puis des solutions. Et puis je pense que c'est
quand même une solution. On en discute assez régulièrement, et ça n'aboutit
pas. Alors, j'aurais voulu quand même poursuivre avec le... Je suis d'accord.
Je le trouvais intéressant. Je n'avais pas pensé à peut-être commencer...
Mme Maccarone : ...et avec
moins que le 10 jours, mais si on regarde juste l'histoire de... syndicale
des femmes, ce qu'ils ont fait, c'est 2021, ils ont publié une lettre
ouverte, 2022, il y a le dépôt de pétition ici à l'Assemblée, 2023...
Depuis 2023, vous avez dit même dans deux semaines, vous allez les rencontrer,
mais ils ont dit « plusieurs rencontres avec vous ou avec votre
ministère ». 2024, le dépôt des mémoires lors du cadre du projet de loi
n° 42, évidemment, ils ont déposé un mémoire dans le cadre de notre
travail pour le 101.
Il y a des statistiques que vous avez
partagées, que, oui, je comprends, j'en suis. C'est une somme assez
fondamentale, mais on a eu... je pense qu'on n'est pas loin de
75 féminicides depuis... depuis 2022... 2020, excusez-moi. Je ne pense pas
qu'on peut mettre un prix sur ces vies. Puis je suis d'accord que si on avait
quand même un encadrement, ce serait peut-être intéressant. Les 10 jours
d'absence rémunérés, parce que oui, c'est vrai, ça aide les femmes à conserver
une stabilité financière et maintient le lien d'emploi, qu'on vient d'en
discuter. Puis je sais que c'est très important, mais ça reste qu'on a aussi
fait une recherche par le biais de la bibliothèque, et ils nous ont donné un
rapport assez costaud qui me fera plaisir de partager avec les membres de la
commission. Puis le Québec est vraiment beaucoup moins généreux que les autres
provinces. C'est quelque chose qui était aussi souligné par l'intersyndicale
des femmes. On sait que la plupart des provinces et territoires canadiens, on
inclut un minimum de trois jours d'absence rémunérés. Alors, j'en suis, je
dirais que peut-être, si ce n'est pas 10, ça peut être le trois, puis la
fonction publique fédérale accorde 10 jours d'absence rémunérés.
Puis j'entends ce que le ministre dit en
ce qui concerne l'IVAC, mais c'est une mesure complémentaire. Bénéficier des
10 jours rémunérés permet de continuer d'occuper son emploi ainsi qu'à
obtenir une indemnité de l'IVAC. Ça fait que, pour moi, c'est vraiment en
complémentarité. Ça ne remplace pas ce que nous sommes en train de présenter.
C'est une action concrète, vraiment et très humaine pour aider les victimes à
s'en sortir et à contribuer à sauver les vies. Alors, je trouve très
intéressant si nous pouvons continuer à réfléchir, même si c'est une suspension
pour trouver une solution. Ça fait aussi partie des revendications de le
Conseil du statut de la femme. On l'a vu dans Le Devoir, tu sais, c'est... Femmes
et égalité des genres Canada. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui
ont soulevé que c'est quelque chose que nous pouvons corriger. Puis voici une
occasion en or pour le faire.
Le Président (M. Allaire) :
Des Interventions? M. le ministre.
M. Boulet : Bien, merci
beaucoup pour l'intervention. Puis ce que je retiens : Continuer à
réfléchir. On le fait dans le contexte et on l'a fait dans le contexte de
plusieurs projets de loi. Puis moi, j'ai beaucoup d'estime pour l'Intersyndicale
des femmes, puis à chaque fois que je les rencontre, c'est des discussions de
haut niveau. C'est des personnes raisonnées qui aiment dialoguer puis qui le
font dans la civilité puis le respect. Puis je leur dis quand je termine les
rencontres puis on s'enrichit comme ça en politique, là, en discutant avec des
personnes qui sont articulées, qui ont fouillé... Le phénomène des... c'est
épouvantable, c'est sûr, les féminicides, ça fait que c'est sûr que je vais
continuer à réfléchir, puis je vais toujours continuer à les rencontrer, puis
on ne met jamais un point final à ce phénomène-là qu'il faut endiguer de la
meilleure façon possible.
Mme Maccarone : ...c'est sûr,
c'est important, mais...
M. Boulet : L'action aussi.
Mme Maccarone : Les actions
concrètes, évidemment, on en a besoin.
M. Boulet : On en a fait. Il
faut en faire d'autres.
Mme Maccarone : Oui, ça fait
que c'est... c'est avec une tristesse que je sais qu'on ne va pas adopter cet
amendement ensemble, parce que je pense que nous sommes rendus là, puis c'est
le temps, vraiment qu'on met les femmes et leur bien-être à cœur, puis qu'on
envoie un message à la société civile que c'est quelque chose que nous n'allons
pas tolérer. Puis nous sommes là pour protéger, accompagner les victimes.
M. Boulet : Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. D'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de cet
amendement. Par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M.
Boulet... M. Boulet (Trois-Rivières)? Pardon.
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal : Contre.
La Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: Et M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté. Alors, M. le ministre, on s'en va à
l'article 42, s'il vous plaît...
Le Président (M. Allaire) : ...il
y aura un amendement également. Donc, je vous laisse le soin de faire la
lecture de l'article 42, vos commentaires et, ensuite, déposer l'amendement.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Donc :
42. Les articles 139 à 141 de cette loi
sont remplacés par les suivants :
«139. L'employeur qui omet, néglige ou
refuse de tenir un système d'enregistrement ou un registre ou tout autre
document ayant trait à l'application de la présente loi ou d'un règlement, ou
qui détruit, altère ou falsifie un tel document, est passible d'une amende de
1 000 $ à 10 000 $ s'il s'agit d'une personne physique et
d'une amende de 2 000 $ à 20 000 $ dans les autres cas.
«140. Est passible d'une amende de
1 000 $ à 10 000 $ s'il s'agit d'une personne physique et
d'une amende de 2 000 $ à 20 000 $ dans les autres cas
quiconque :
«1° entrave, de quelque façon que ce
soit, l'action de la Commission ou d'une personne autorisée par elle, dans
l'exercice de ses fonctions;
«2° trompe la Commission par
réticence ou fausse déclaration;
«3° refuse de fournir à la Commission
un renseignement ou un document qu'elle a le droit d'obtenir en vertu de la
présente loi;
«4° cache un document ou un bien qui
a rapport à une enquête;
«5° est partie à une convention ayant
pour objet de stipuler une condition de travail inférieure à une norme du travail
adoptée en vertu de la présente loi ou des règlements;
«6° contrevient à toute autre
disposition de la présente loi ou d'un règlement à l'exception des paragraphes
7°, 11°, 13° à 20° du premier alinéa de l'article 122 et des dispositions
visées à l'article 140.1.»
Est-ce que je peux continuer?
«140.1. Quiconque contrevient à l'une ou
l'autre des dispositions des articles 81.19, 81.20, 84.2 à 84.7, 92.5 et 92.6
est passible d'une amende de 1 000 $ à 25 000 $ s'il s'agit
d'une personne physique et d'une amende de 2 000 $ à
50 000 $ dans les autres cas.
«141. Quiconque tente de commettre une
infraction visée aux articles 139 à 140.1, aide ou incite une autre personne à
commettre une infraction à la présente loi ou à un règlement est passible des peines
prévues pour une telle infraction.»
Il y a un amendement. Donc, évidemment, ce
n'est rien qu'un article qui révise les montants des amendes selon la nature et
la gravité des infractions.
Et l'amendement :
Supprimer, dans le paragraphe 6° de l'article
140 de la Loi sur les normes du travail, proposé par l'article 42 du projet de
loi, «, 11°».
En fait, le commentaire, c'est : le
paragraphe 11° de l'article 122 a été abrogé, depuis la rédaction du projet de
loi, par la Loi édictant la Loi sur la protection contre les représailles liées
à la divulgation d'actes répréhensibles et modifiant d'autres dispositions
législatives, car ce recours est désormais prévu à cette loi.
Donc, voilà, c'est simplement un
ajustement du montant des amendes, comme on le fait de manière régulière quand
on révise des lois. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On est donc sur un amendement déposé à l'article 42. Est-ce
qu'il y a des interventions à... Mme la députée, allez-y.
Mme Maccarone : ...plutôt sur
l'article, moins sur l'amendement. Ça fait que...
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Donc, l'amendement? Pas d'intervention sur l'amendement? Donc, nous allons
procéder à son adoption. Est-ce que l'amendement déposé à l'article 42 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté, excellent. Alors, on revient à l'article 42. Est-ce qu'il y a des
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
• (17 h 50) •
Mme Maccarone : Oui, merci.
Je comprends qu'on est en train de réviser à la hausse les amendes, mais je
voulais savoir combien d'amendes ont été données l'année passée, les cinq
dernières années, les 10 dernières années. Est-ce que c'est quelque chose qui
est courant? C'est quand même... Je comprends qu'on doit chercher une cohérence
avec le ministère de la Justice, qui a vérifié tous ces montants pour que ça
reflète les autres instances, mais est-ce que c'est un problème? Est-ce que
c'est quelque chose que nous sommes en train de vivre actuellement?
M. Boulet : ...en fait, les
chiffres que je peux partager avec vous, parce que c'est en vertu de la Loi sur
les normes du travail, en 2023, il y a eu 165 constats d'infraction, pour une
somme réclamée, en amendes, de 223 200 $, puis en 2024, il y a eu 129
constats d'infraction, pour un montant total des amendes réclamées...
M. Boulet : ...
Mme Maccarone : Mais vous
avez dit, le 165, ça, c'est en 2023?
M. Boulet : Oui.
Mme Maccarone : Ça fait qu'on
est à la baisse.
M. Boulet : Oui, ça varie
d'une année à l'autre, effectivement.
Mme Maccarone : Ça fait qu'on
n'a pas vraiment comme un genre de croissance ou de décroissance.
M. Boulet : Non, non, non,
c'est systématique. Quand on fait des réouvertures de loi, on s'intéresse au
montant des amendes. Par souci de cohésion, on tient compte non seulement de la
nature, mais aussi de la gravité de l'infraction. Et ça, ça relève vraiment de
l'équipe de légistes du ministère de la Justice.
Mme Maccarone : Qui fait les
enquêtes en ce qui concerne... je présume... comment ça fonctionne — peut-être,
c'est la question à comprendre, c'est-tu par le biais d'une dénonciation?
M. Boulet : Ah! mon Dieu. Une
plainte, une dénonciation, généralement, il y a une intervention de quelqu'un
de la CNESST, un inspecteur ou un enquêteur, qui va sur place, qui peut faire
un constat. Des fois, en vertu de la LSST, ils peuvent émettre un avis de
correction, ils te demandent de corriger dans un délai, mettons, de
10 jours ou 30 jours. À défaut de le faire à une prochaine visite,
bien, ils font un constat d'infraction. On appelle ça le constat d'infraction,
c'est ce qui démarre la procédure, et le montant de l'amende est prévu. Et, bien,
évidemment, il y a des discussions avec la CNESST puis, après ça, ça peut aller
à la Cour du Québec, là, ou...
Mme Maccarone : Qui récolte
cet argent des amendes? Ça va à qui?
M. Boulet : Ça va-tu à la
CNESST ou au fonds...
Une voix : ...
M. Boulet : Au Fonds
consolidé du revenu.
Mme Maccarone : Ah! ça fait
que c'est nous, c'est le gouvernement.
M. Boulet : Oui, oui, tout à
fait. C'est nous tous.
Mme Maccarone : C'est nous
tous. Fonds consolidé, je ne sais pas. Moi, j'ai voulu utiliser le Fonds
consolidé, peut-être, pour autre chose. Il y a de l'argent là-dedans pour la
famille. Voilà. En rehaussant ces montants, est-ce qu'on pense qu'on irait à la
baisse des infractions?
M. Boulet : Bien, c'est
difficile d'évaluer l'effet dissuasif, mais c'est sûr qu'il faut adapter le
montant des amendes à la réalité factuelle et circonstancielle, mais
souhaitons-le. C'est sûr que plus on attend pour adapter les montants des
amendes, pire... en fait, l'effet dissuasif doit baisser à défaut d'adaptation.
Voilà.
Mme Maccarone : Puis là, vous
avez modifié beaucoup l'article 139 dans sa mouture actuelle. Pourquoi?
Pourquoi tous ces changements? Parce que, là, on parlait... tu sais, le... en
tout cas.
M. Boulet : Le libellé est le
même.
Mme Maccarone : Non.
M. Boulet : Ah! OK, mais le
libellé est adapté, mais oui, tout à fait. Je comprends.
Mme Maccarone : Mais est-ce
qu'il y a d'autres éléments qui ont changé...
M. Boulet : Sur le fond...
Mme Maccarone : ...du 139,
140
M. Boulet : Sur le fond,
outre l'amendement, non.
Mme Maccarone : C'est juste
une question de...
M. Boulet : De structure,
d'écriture. C'est de la rédaction législative, purement et simplement.
Mme Maccarone : OK, parce
que, là, on ne parle plus de... ah! mais on dit... fausses déclarations, mais
on ne dit plus, comme, altère, falsifie, détruit. On est moins spécifiques.
M. Boulet : C'est plus clair
et il y a moins de mots. Et c'est la rédaction législative qui impose cette
clarté additionnelle là. L'article 139, c'était des vieilles façons...
bien, en tout cas, des façons d'écrire des lois qui sont un petit peu en
arrière de nous.
Mme Maccarone : OK, ça fait
que c'est implicite.
M. Boulet : Oui, totalement.
Mme Maccarone : On n'a pas
besoin de faire tout le reste. OK, merci.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 42
amendé, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous n'avez pas d'intervention? Ça va.
Nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 42 tel qu'amendé.
Est-ce que l'article 42, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. Là, c'est à vous, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je
voyais que vous étiez prêt.
M. Leduc : C'est bien correct.
Le Président (M. Allaire) :
Alors, vous souhaitez déposer un amendement, donc je vous cède la parole, on va
l'afficher à l'écran au même moment, s'il vous plaît, l'article 42.1. Eh
voilà, il est à l'écran.
M. Leduc : Merci. Alors, 42.1 :
Ajouter, après l'article 141 de cette loi, le suivant :
«141.01. Les amendes perçues en
application des articles 139, 140 et 140.1 sont portées au budget de la
commission afin d'assurer l'atteinte de toutes autres fins prévues par les lois
que la commission administre.»
En français, qu'est-ce que ça veut dire?
Quand la CNESST poursuit des personnes...
M. Leduc : ...distribue des
amendes en matière de LATMP, en matière de LSST. Les résultats de ces
amendes-là, qui sont ramassées, vont à la CNESST.
Par contre, quand c'est des amendes en
vertu de la Loi sur les normes du travail, ça ne va pas à la CNESST, même si le
N de CNESST est, bien sûr, pour «normes du travail». Ça va au fonds consolidé.
C'est une anomalie qui existe depuis quand même quelques années. Quand on avait
mis sur pied, à l'époque, la Commission des normes du travail, dans les
années... fin 70, c'était, à l'époque, le DPCP qui poursuivait, qui ramassait
donc l'argent. C'est une pratique qui a changé au tournant des années... 2008,
de l'année 2008. La CNT a repris ce volet-là de poursuite. Ça n'a pas été
changé, par contre, ça a été maintenu, le fait que l'argent ramassé allait dans
le fond consolidé, contrairement à la pratique dans la santé et sécurité au
travail, autant la LSST que la LATMP.
Il y a eu une fusion des organisations en
droit du travail alentour de 2016, je m'en rappelle très bien, je le disais
tantôt, j'étais conseiller à la recherche à la FTQ. J'avais écrit d'ailleurs le
mémoire pour ça, et on n'a pas corrigé cette situation-là non plus à ce
moment-là, même en regroupant toutes les différentes fonctions, normes du
travail, équité salariale, santé et sécurité, tout ça fusionné à la CNESST
qu'on connaît bien maintenant, aujourd'hui. Cette anomalie-là est restée là.
Et là je ne peux pas m'empêcher de voir
que, dans une loi qui veut améliorer certaines lois du travail, on ne vient pas
corriger cette drôle de situation là. Parce que qu'est ce que ça fait? Il y a
un effet pervers, M. le Président, à avoir maintenu cette situation-là, c'est
qu'il n'y a pas d'incitatif pour la CNESST de procéder à des poursuites. Si on
poursuit et il y a des amendes, si on poursuit et on fait des amendes en LATMP,
LSST, l'argent reste à la CNESST pour aider la mission puis développer, donc,
les services aux citoyens, mais si on le fait pour la LNT, la CNESST investit
des ressources, investit du temps, de l'argent, des ressources humaines, mais
les résultats ne reviennent pas à la CNESST, les résultats s'en vont au fonds
consolidé puis servent à x, y chose que le gouvernement le... veut bien. Ça
fait en sorte qu'il y a un énorme déséquilibre, quand vous regardez le rapport
annuel de la CNESST, dans les montants réclamés. Si on regarde, LSST, par
exemple, on est à... 6 millions, pardon, 6 662 000 d'amendes
réclamées, puis, en LNT, on est à 128 000, donc une fraction de ce qui est
réclamé en LSST.
C'est assez étonnant. C'est une situation
qui serait très simple à corriger. Dans le fond, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
presque copié-collé les articles similaires dans la LSST et la LATMP pour
dire : Bien, l'argent récolté en vertu des amendes de ces lois-là reste
dans l'organisme, puis on dit : Bien, faisons la même chose, soyons
cohérents, l'argent ramassé en amendes pour les normes du travail devrait
rester à la CNESST pour améliorer, maintenir le service des citoyens en matière
de normes du travail. C'est une question de logique. Une question d'efficacité
aussi, qui est très simple à corriger et que je soumets au ministre
aujourd'hui.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Boulet : Je comprends. Je
vous dis d'emblée qu'on ne pourra pas aller dans cette direction-là. Là où il y
a un écart de traitement des amendes, c'est qu'en vertu de toutes les lois, les
amendes vont au fonds consolidé du revenu. Ce ne sont que les amendes découlant
des infractions à la loi santé et sécurité du travail, où elles sont dirigées à
la commission des normes, à la CNESST.
Évidemment, c'est historique, c'est comme
ça, puis, en vertu de la loi santé et sécurité du travail, la compréhension,
c'est que le montant des amendes sert à faire de la prévention, alors que, dans
les autres lois, ça a toujours été payé au fonds consolidé du revenu. Donc, ce
n'est pas notre intention de changer cet état de situation historique. Et ça ne
relèverait pas de mon ministère, de toute façon, ça relèverait du ministère des
Finances, là, parce que le fonds consolidé du revenu, c'est dans le périmètre
d'action du ministère des Finances, mais, ceci dit, notre intention, c'est de
respecter cette répartition-là, qui est historique et qui permet quand même, en
ce qui concerne les amendes santé et sécurité, de les utiliser à des fins de
prévention. Mais dans les autres lois, ça va au fonds consolidé du revenu,
toutes les autres lois. C'est tout. Merci, M. le Président.
• (18 heures) •
Le Président (M. Allaire) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, il y a de la
prévention à faire en normes du travail aussi, M. le ministre.
M. Boulet : Oui, puis il y a
des campagnes de prévention, de sensibilisation. On en a lancé une, récemment,
mais il y en a constamment. Et le CA est tout à fait conscient de cette
réalité-là, et il y a des... il y a des items budgétaires qui sont prévus,
d'ailleurs, pour faire des campagnes d'information, de...
18 h (version non révisée)
M. Boulet : ...et de
sensibilisation en équité salariale, en normes du travail, en santé, sécurité.
Et je n'ai jamais eu cette préoccupation-là qui m'avait été exprimée par un
membre du CA de la CNESST ou le CA dans son ensemble, que toutes les amendes
vont au fonds consolidé du revenu, sauf en santé et sécurité. Puis c'est...
encore une fois, c'est...
M. Leduc : C'est l'inverse.
M. Boulet : Santé et sécurité,
ça va...
M. Leduc : Ça reste à la CNESST.
M. Boulet : Ça reste à la CNESST.
Non, c'est ça. Excusez-moi. Et les autres vont au fonds consolidé du revenu.
M. Leduc : Bien, les autres,
essentiellement les normes, là, parce que je ne pense pas qu'il y en a des
tonnes en matière d'équité salariale, là.
M. Boulet : Mais il y en a
moins, là, mais il y a des amendes en vertu des autres lois. Ce qui est prévu
dans la loi habilitante, c'est que ça va au fonds consolidé du revenu. Il y a
seulement la loi santé, sécurité où ça revient à la CNESST. Mais on ne m'a
jamais fait part de cette préoccupation.
M. Leduc : Mais moi, là, je
vous en fais part. On s'en est déjà parlé, là, en particulier dans... dans le
passé
M. Boulet : Je me souviens qu'en
2020 on en avait parlé, mais ça m'avait...
M. Leduc : Ça fait que je
vous repose la question. Il y a une anomalie historique qui est créée parce qu'on
a fusionné des groupes qui avaient maintenant une logique intégrée. On a voulu
que ce soit cohérent à un seul tout. On appelle la CNESST pour tous les
services, normes, équité, santé, sécurité. Mais il y a une logique aussi. Si c'est
les procureurs qui font des amendes puis qui vont en chercher de l'argent,
pourquoi ça ne reste pas à l'intérieur du périmètre? Puis on ne parle pas de
sommes astronomiques, là. Pour LNT, ici, on parle de 128 000 $, ce
n'est pas quelque chose qui va rendre l'équilibre du fonds consolidé du
ministère des Finances complètement débalancé, là, mais, par contre c'est
quelque chose qui pourrait soutenir la CNESST dans sa mission, qui pourrait
financer davantage de prévention en matière de normes du travail parce que Dieu
sait qu'il y en a besoin.
M. Boulet : Mais puis le
corpus législatif, généralement, prévoit que les montants des amendes vont au
fonds consolidé du revenu. L'anomalie à laquelle vous faites référence, qui n'en
est pas une, c'est une répartition ou c'est un... de quoi qui est historique
permet que les amendes LSST aillent à la CNESST, mais... Mes commentaires sont
faits, là, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Moi, mon
information, c'est que la division normes du travail de la CNESST réclame ça
depuis longtemps. Ça fait que je ne sais pas s'il y a une résolution formelle
du CA de la CNESST.
Une voix : ...
M. Leduc : Mais les gens qui
travaillent dans les normes travaillent à l'intérieur de la scène CNESST.
M. Boulet : Moi, ça n'a pas
été porté à ma connaissance. Donc, la division des normes du travail à la CNESST
revendique que les amendes reviennent à eux. Écoutez, si c'est une
revendication administrative de cette nature-là, elle ne m'a jamais été... elle
n'a jamais été portée à ma connaissance.
M. Leduc : Je le fais aujourd'hui
justement.
M. Boulet : J'ai compris.
M. Leduc : Merveilleux. Est-ce
que, s'il y a une résolution du CA de la CNESST, il y a quelque chose qui
pourrait vous... participer à vous convaincre?
M. Boulet : Bien, moi, je ne refuserai
jamais, si c'est une préoccupation du CA, dans un autre projet de loi ou dans
un autre contexte, d'en discuter avec mon collègue des Finances et de voir la
faisabilité. Parce que, moi, ma compréhension, c'est que, normalement, ou la
règle générale, c'est que les amendes vont au fonds consolidé du revenu. Mais je
ne suis pas fermé à ça.
M. Leduc : Ma compréhension,
ce n'est pas que c'est ça la règle générale, c'est que c'est par défaut. Ça
fait qu'après ça est-ce que tous les endroits renvoient nécessairement ça? Je n'ai
pas le portrait exact. Je ne sais pas si vous l'avez, vous. Toutes les amendes
de toutes les lois, ça va où après? Je sais que, par défaut, ça va au fonds
consolidé. Forcément, il faut qu'il y ait une logique par défaut. Mais le
portrait exact de toutes les lois puis toutes les amendes où...
M. Boulet : Je ne l'ai pas non
plus.
M. Leduc : Je ne l'ai pas plus
que vous, je sais juste qu'à l'intérieur de notre périmètre à nous qu'on traite
aujourd'hui il y a une anomalie là que je trouve un peu étonnante. Je sais que
la division... qu'à l'intérieur de la CNESST, la division normes du travail
aimerait bien ça que ça puisse rester pour avoir plus de moyens de faire leur
travail puis d'être efficace. Encore une fois, si vous me dites : Moi, j'ai
besoin d'une résolution formelle du CA de la CNESST, bien, je suis sûr qu'il
nous écoute aujourd'hui, puis qu'ils pourront se pencher sur la situation, puis
vous soumettre une proposition.
M. Boulet : Mais ça ne se
fera pas dans le contexte du projet de loi n° 101, parce qu'il y aurait
des consultations. Un, si le CA me le demandait par résolution, il y aurait des
consultations à faire avec mes collègues, il y aurait certainement le ministère
des Finances qui serait impliqué là-dedans. Donc, je comprends la préoccupation
que vous me partagez, mais, dans le contexte du P.L. n° 101, l'amendement
que vous proposez, on ne pourra pas l'accepter, c'est tout.
M. Leduc : Donc, vous avez
probablement d'autres projets de loi, hein? On en a un en particulier qui s'en
vient, peut-être d'autres d'ici la fin de la législature, il y aurait là l'occasion
de rajouter un chapitre dans votre prochain projet de loi...
M. Leduc : ...LNT pour dire :
On a eu des discussions avec le CA, on a réfléchi. Je vous prends peut-être un
peu à surprise aujourd'hui avec ça, mais ce que je comprends, c'est que, s'il y
a de l'intérêt au CA de la CNESST, vous allez écouter, là, vous allez tendre
l'oreille.
M. Boulet : Je serai toujours
en mode écoute et attentif.
M. Leduc : Un papillon dans
une prochaine pièce législative de votre part serait possible?
M. Boulet : Je ne me commets
pas. Je vous dis que je serai attentif et que je ferai les consultations qui
s'imposent.
M. Leduc : Puis est-ce qu'on
pourrait aller jusqu'à... à ce que... vous entendre dire que vous... que vous
mandatez le CA de la CNESST de vous fournir un avis là-dessus?
M. Boulet : Bien non. Non...
Non, absolument pas. Je ne lui donnerai pas mandat. Tout ce que je vous dis,
c'est qu'outre en 2020, je pense... je me souviens qu'on avait déjà eu une
discussion de cette nature-là en commission parlementaire, mais il n'y a
personne de mon ministère, de mon cabinet qui m'a partagé cette
préoccupation-là du CA. Et vous êtes le premier à le faire.
M. Leduc : OK. Bien, en tout
cas, je suis sûr qu'ils nous ont écoutés aujourd'hui.
M. Boulet : Souhaitons.
M. Leduc : Ou sinon ils
pourront nous écouter en différé. Ça doit être assez divertissant, quand même.
On leur souhaite une bonne écoute.
M. Boulet : S'ils ont manqué
des bouts, là...
Le Président (M. Allaire) :
Merci...
M. Boulet : Merci, collègue.
Non, sérieux, merci.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions sur l'amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Président (M. Allaire) :
Rejeté. Parfait. Alors, on passe donc à l'article 43. M. le ministre, je vous
cède la parole pour lecture et commentaire.
M. Boulet : L'article 141.1
de cette loi est modifié par le remplacement du premier alinéa par le suivant :
«L'employeur qui ne donne pas l'avis
requis par l'article 84.0.4 ou qui donne un avis d'une durée insuffisante est
passible d'une amende de 500 $ par semaine ou partie de semaine de défaut ou de
retard s'il s'agit d'une personne physique et d'une amende de 2 000 $ dans les
autres cas.»
Commentaire : Donc, encore une fois,
révision de l'amende et prévoir un montant différencié selon que l'auteur est
une personne physique ou non. Alors, c'est tout.
Le Président (M. Allaire) : ...interventions
sur 43? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Est-ce que l'article 43 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Parfait. 44. M. le ministre.
M. Boulet : Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 141.1, du suivant :
«141.2. Malgré toute disposition contraire
de la présente loi, les montants minimal et maximal des amendes prévues par la
présente loi sont portés au double pour une première récidive et au triple pour
toute récidive additionnelle.»
Commentaire : Bon, c'est récidive et
récidive additionnelle. C'est tout. Merci. C'est le corollaire.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions sur 44? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à
sa mise aux voix. Est-ce que l'article 44 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent.
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Oui, il n'y a pas de problème. Avant que je suspende, simplement pour dire que
le député d'Hochelaga-Maisonneuve a déposé un amendement pour introduire 44.1.
Ça fait qu'on suspend les travaux, s'il
vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 09)
(Reprise à 18 h 12)
Le Président (M. Allaire) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. M. le ministre d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous souhaitez déposer un amendement, pour ajouter un nouvel article à 44.1. Je
vous cède la parole.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Il va être un peu plus long celui-là. Ajouter, après
l'article 44 du projet de loi, le suivant :
«44.1. Les normes... La Loi sur les normes
du travail est modifiée par l'insertion, après l'article 59.0.1, de la
section suivante :
«Section II.1
«Le télétravail
«59.0.2. Pour l'application de la présente
loi, on entend par "télétravail" le travail effectué
par une personne salariée à l'aide de la technologie à l'extérieur
d'établissement de l'employeur.
«59.0.3. Une personne salariée a droit au
télétravail jusqu'à concurrence de 40 % de ses heures de travail si la
nature du travail le permet.
«59.0.4. L'employeur peut exiger le
télétravail jusqu'à une concurrence de 40 % des heures de travail si la
personne salariée... s'il le prévoit comme condition de travail à l'embauche et
s'il s'en prévaut dans un délai de trois mois à compter de l'entrée en fonction
de la personne salariée.
«Le premier alinéa ne s'applique pas aux
personnes embauchées avant l'entrée en vigueur du présent article.
«59.0.5. Le télétravail peut excéder
40 % des heures de travail lorsque l'une ou l'autre des conditions
suivantes est remplie :
«1° l'employeur qui souhaite exiger le
télétravail obtient l'autorisation de la commission après lui avoir démontré
que les caractéristiques, notamment historiques, du secteur d'activité le
permettent;
«2° la personne salariée ou l'association
accréditée de l'employeur en conviennent.
«59.0.6. La personne salariée ou l'association
accréditée et son employeur convient d'un plan de télétravail.
«59.0.7. Lorsqu'elle est en télétravail,
la personne salariée peut fournir sa prestation de travail selon l'horaire qui
lui convient, à l'exception de contraintes opérationnelles légitimes,
lesquelles doivent être précisées dans le plan de télétravail.
«59.0.8. Un employeur doit rembourser
50 % des dépenses nécessaires lorsqu'une personne salariée réclame son
droit au télétravail et 100 % des dépenses nécessaires lorsque l'employeur
prévoit le télétravail comme condition de travail à l'embauche, sans préjudice
de l'application du présent alinéa de l'article 85.1... du premier alinéa
de l'article 85.1.
«Le paiement de frais raisonnables liés à
la connexion Internet, à l'ergonomie, aux formations portant sur le télétravail
est réputé être une dépense nécessaire.
«D'autres dépenses nécessaires peuvent
être précisées dans le plan de télétravail.
«59.0.9. Un employeur ne peut utiliser des
logiciels de télésurveillance dans l'exercice de sa direction ou de son
contrôle.
«Il peut toutefois visiter le lieu de
télétravail entre 9 heures et 17 heures, à condition d'obtenir le
consentement du travailleur et de lui donner un préavis de 24 heures.
«59.0.10. Un employeur qui doit adopter et
rendre disponible à ses personnes salariées une politique de télétravail qui
comprend, entre autres, les éléments suivants :
«1° les modalités du plan de télétravail;
«2° le droit à la déconnexion;
«3° l'utilisation des outils de travail;
«4° les accommodements prévus pour une
personne salariée qui est victime de violence conjugale.
«Le gouvernement peut, par règlement,
préciser les éléments qui sont déjà prévus et prévoir l'inclusion des autres
éléments dans la politique de télétravail, notamment selon la taille et le
secteur d'activité de l'entreprise. «59.0.11. Lorsque la personne
salariée est en désaccord avec l'employeur quant au respect des dispositions de
la présente section ou d'un plan de télétravail, elle peut adresser, par écrit,
une plainte à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail. Sur réception de la plainte, celle-ci fait enquête et le
premier alinéa de l'article 102 et les articles 103, 104, 106 à 110
s'appliquent, compte tenu des adaptations nécessaires.
Le Président (M. Allaire) :
Vos remarques...
M. Leduc : Oh! on a perdu la
connexion de la télé. Merci. On était rendu à la dernière page :
«En cas de refus de la commission de
donner suite à la plainte, la personne salariée peut, dans les 30 jours de
la décision rendue en application de l'article 107 ou, le cas échéant, de
l'article 107.1, demander par écrit à la commission de déférer sa plainte
au Tribunal administratif du travail.
«À la fin de l'enquête et si la commission
accepte de donner suite à sa plainte, elle défère sans délai la plainte au
Tribunal du travail afin que celui-ci se prononce sur les conséquences de ces
changements sur le statut de la personne salariée. Le Tribunal administratif du
travail doit rendre sa décision dans les 60 jours du dépôt de la plainte à
ses bureaux.».
Vous savez, M. le Président, un des
privilèges que nous avons comme législateurs ici, c'est de pouvoir déposer des
projets de loi. Alors, j'ai déposé ce projet de loi sur le droit au télétravail
il y a déjà un certain temps, je pense même, c'était la fin de la présente
législature... ou c'est-tu dans celle-ci? J'ai un blanc de mémoire. Bref, j'ai
déposé ce projet de loi là dans les années passées. Par contre, on n'a pas le
privilège de convoquer l'étude de ces projets de loi ici, en commission. Par
contre, dans le cadre de la commission présente, je peux, à travers un
amendement, proposer au ministre que nous allions de l'avant avec le droit au
télétravail, comme je l'ai expliqué dans les articles. Qu'est-ce que c'est, le
droit au télétravail...
M. Leduc : ...le télétravail
est arrivé massivement pendant la pandémie. Il existait avant, bien sûr, mais
s'est massifié par la pandémie. Le recours à ça s'est massifié pendant la
pandémie. On a eu des échanges, le ministre et moi, notamment dans le PL 59 sur
l'encadrement de la santé-sécurité, qui pouvait aller faire un tour ou pas. On
avait utilisé une disposition de la Colombie-Britannique qu'on avait adaptée
pour le Québec sur les délais de visite, notamment, d'un employeur, pour voir
si l'environnement était approprié en matière de prévention de santé-sécurité,
l'environnement privé, donc, de la résidence d'un travailleur. Cependant, le
télétravail est toujours resté une prérogative de l'employeur. C'est lui qui
décidait en fin de compte s'il y en avait ou s'il n'y en avait pas. Alors que
pendant la pandémie puis pendant un bon bout, l'employeur était bien d'accord
avec ça, on a eu un retour du balancier dans les années qui ont suivi. Un
retour peut-être à l'espèce de tentation parfois de certains cadres
intermédiaires de pouvoir vérifier ce que... ce que font les employés. Et on...
et on est revenu à du 100 % en présence dans certaines entreprises, qui
avaient basculé parfois à 100 % en télétravail.
Et j'ai trouvé ça regrettable que dans ces
discussions-là, ça soit toujours uniquement la prérogative de l'employeur...
merci, et que ça ne soit pas un échange égalitaire entre l'employeur et
l'employé. C'est pour ça qu'on a imaginé, avec mon collègue Guillaume Boivin,
que je salue, qui travaille à la recherche de notre aile parlementaire, le
concept du droit au télétravail, que ça ne doit pas être uniquement l'employeur
qui décide, mais ça doit être l'objet d'une discussion. Et pour que ça soit une
bonne discussion, on précise dans les normes du travail que ce soit donc
jusqu'à 40 % qui soit accessible au travailleur en télétravail, qu'il peut
réclamer? Donc, on cherchait un équilibre. Bien sûr, le travailleur ne pouvait
pas réclamer tout seul de faire 100 % du télétravail. Il fallait quand
même qu'il y ait un droit de gestion à la fin de la journée pour l'employeur.
On voulait maintenir un équilibre là-dessus. Donc, on a mis ça à 40 %, en
se disant : Si... des conventions collectives ou des gens veulent en
réclamer plus, ils en réclameront plus, il n'y a pas de problème. Cela étant
dit, avec 40 %, on trouvait que c'était une base de départ intéressante.
Et l'autre aspect que ça vient régler,
c'est les... c'est les coûts. Être un télétravail, ça demande souvent bien sûr
une connexion internet, une chaise ergonomique, un bureau ergonomique, toutes
sortes peut-être potentiellement de formations. On voulait préciser, puis on
vient de dire dans un article que c'est 50 % de frais payés par l'employeur
si c'est réclamé par le travailleur. Mais si c'est une politique de l'employeur
que vous êtes obligé d'être en télétravail, bien, évidemment, 100 % des
coûts doivent être couverts par l'employeur.
Et dernier élément que je voudrais
souligner ici, c'est les logiciels de télésurveillance qui sont un fléau au
Québec. Ce n'est pas très documenté, mais on entend de plus en plus de
personnes s'en plaindre, encore une fois dans des contextes où il y a du
télétravail parfois... souvent, ça va encore émaner de certains cadres
intermédiaires, la tentation d'aller vérifier, de faire de la microgestion. Et
c'est des logiciels dans le fond qui fait que quand vous vous connectez sur le
portail de l'entreprise, on enregistre toutes vos données, on a accès à votre caméra,
on vérifie le nombre de touches que vous touchez par minute. S'il y a une
souris qui ne bouge pas pendant deux minutes, il y a comme une alerte. Bref,
c'est de la télésurveillance. C'est comme si vous aviez votre employeur
derrière votre épaule quand vous êtes sur votre poste de travail, ce n'est pas
efficace. C'est beaucoup d'argent gaspillé en logiciel, ce n'est pas quelque
chose qui est sain en matière de bonnes pratiques d'entreprise, de... matière
de ressources humaines non plus. Ça peut être apparenté parfois à du
harcèlement psychologique, du moins dans la grande famille du harcèlement
psychologique. Et c'est quelque chose qu'on voudrait tout simplement interdire.
On pense que ce n'est pas une belle business pour parler en bon français et donc
c'est pour ça qu'on a rajouté une référence à l'interdiction des logiciels de
télésurveillance dans cet article-là. Merci.
• (18 h 20) •
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Des interventions? M. le ministre.
M. Boulet : Bien, rapidement,
mon opinion sur le télétravail, c'est que chaque milieu de travail devrait
décider les contours d'une politique interne de télétravail, quand c'est
requis, quand c'est nécessaire. En milieu syndiqué, ça peut être négocié et
intégré dans une convention collective de travail, en milieux non syndiqués, ça
peut aussi être négocié, ça peut faire l'objet d'une politique. Et ça varie
tellement d'un environnement de travail à l'autre. Si c'est des services
professionnels, des relations publiques, ce n'est pas la même affaire qu'un
environnement manufacturier, ou autres. Donc, il faut que le télétravail, qui
s'est accentué beaucoup dans les dernières années, puisse se déployer, mais de
façon compatible avec la nature des activités et la nature des fonctions et des
responsabilités des personnes.
Et je dis : Ce n'est pas le forum
approprié pour débattre d'un projet de loi, que, je me souviens, vous avez
déposé ici, au Salon Rouge. Ceci dit, on a fait et amorcé une vaste
consultation sur l'impact des technologies sur les lois du travail. Et ça fait
partie de la consultation. On a fait un appel de mémoire, on a obtenu des
mémoires de...
M. Boulet : ...de professeurs
d'université, de groupes intéressés, notamment par l'intelligence artificielle
et les nouvelles technologies sur les environnements de travail. Ça se
poursuit. Et éventuellement, s'il y a des adaptations à faire à la Loi sur les
normes du travail, ou à la loi santé et sécurité, ou autres lois découlant de
la réalité du télétravail dans les milieux de travail, ce sera fait, mais de
façon rigoureuse et ordonnée. Mais je ne pense pas que... en fait, je suis
convaincu que ce n'est pas le forum approprié pour débattre de votre projet de
loi, que je respecte par ailleurs. Merci.
Le Président (M. Allaire) : ...d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : ...de questions
là-dessus, M. le Président. Je suis quand même content qu'on puisse avoir
l'échange, parce que, quand on dépose un projet de loi, il n'y a pas d'échange
qui en découle, puis je ne veux pas m'éterniser là-dessus. Cela étant dit,
j'aimerais juste entendre le ministre s'il pense que la décision ultime de
faire ou pas du télétravail devrait être 100 % la prérogative de
l'employeur, comme c'est le cas actuellement.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Ce n'est pas...
ce n'est pas une question de prérogative de l'employeur. Et, souvenez-vous,
collègue, je pense, c'est en 2020, le Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, où sont les associations patronales et les syndicats, ils m'ont
fait une recommandation de ne pas modifier les lois du travail. Les lois du
travail s'appliquent. Puis, quand je dis «lois du travail», santé et sécurité,
accidents de travail s'appliquent aux télétravailleurs et à son employeur. Et
c'est une recommandation consensuelle des partis de ne pas modifier les lois.
Ceci dit, je vous ramène encore à la consultation que nous avons amorcée, et,
le cas échéant, on approfondira les consultations et, le cas échéant, on fera les
amendements qui s'imposent, mais, jusqu'à avis contraire, notamment du CTTM, il
n'est pas question d'amender la loi et de prévoir ce que vous avez dans votre
projet de loi.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Pardon? Oui, c'est
ça. Je ne vous ai pas entendus sur les logiciels de télésurveillance, M. le
ministre.
M. Boulet : ...les logiciels.
La surveillance, évidemment, il faut toujours trouver un équilibre entre le
droit à la vie privée et les impératifs de l'employeur. Il y a des fois des
outils technologiques qui ont été utilisés pour surveiller de façon constante
des personnes. Si ça porte atteinte à la vie privée de façon disproportionnée
par rapport à l'impératif disciplinaire, par exemple, ou l'impératif de
productivité, il y a des décisions arbitrales qui ont été rendues, que tu ne
peux pas constamment surveiller une personne pour s'assurer de sa productivité.
Tu ne peux pas, à moins d'avoir une preuve qu'il y a une épidémie, ou qu'il y a
du vol de temps, ou qu'il y a des fraudes, tu ne peux pas utiliser comme tu le
veux. Puis là il faudrait peut-être que je me mette à jour dans l'évolution de
la jurisprudence arbitrale, mais il y a quand même des droits qui sont prévus à
la Charte des droits et libertés de la personne. Les logiciels de surveillance,
ce n'est pas parce que c'est prévu là que ça va nécessairement modifier l'état
du droit. Tu sais, si on veut l'interdire dans le cadre d'une loi, un logiciel
de télésurveillance pourrait s'imposer dans certaines circonstances que je n'ai
pas en tête, mais, s'il y a des fraudes, s'il y a de la malversation, il se
peut peut-être, puis là c'est très hypothétique ce que je dis, que ça puisse
pouvoir être utilisé dans des circonstances particulières. Or, c'est tout.
M. Leduc : Je me rappelle
bien de l'avis du CCTM auquel vous faites référence puis c'était un avis qui
avait été livré en plein milieu de la pandémie, on avait les deux pieds dedans,
là.
Le Président (M. Allaire) : Juste
un instant, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député de Beauce-Nord.
M. Provençal : Écoutez, je
comprends très bien la démarche du député de vouloir mettre en lumière le
projet de loi qu'il a déposé. Ceci étant dit, quand je lis et je regarde son
projet de loi, on est présentement en train de vouloir alléger les redditions
de comptes et le travail de nos entreprises. Votre projet de loi met une
pression supplémentaire sur nos entreprises et dans un contexte...
Le Président (M. Allaire) : Juste...
M. le député de Beauce-Nord, je comprends que vous souhaitiez intervenir. Je
pensais que vous faisiez un rappel au règlement, je me rends compte que ce
n'est pas le cas.
M. Provençal : Non, je
m'excuse.
Le Président (M. Allaire) : Si
vous voulez intervenir après, ça va me faire plaisir de vous donner la parole,
assurément. Mais là on va laisser le député d'Hochelaga-Maisonneuve continuer
son intervention.
M. Provençal : OK. Je
m'excuse, M. le député.
M. Leduc : ...j'aimerais ça
l'entendre, en fait. Continuons.
Le Président (M. Allaire) : Ah!
bien, en fait... Parfait. Pas de problème. Allez-y, M. le député de
Beauce-Nord.
M. Provençal : Merci
beaucoup. C'est que... Je voulais dire, présentement, dans le contexte, avec
les exigences que...
M. Provençal : ...vous avez,
dans votre projet de loi, au niveau des entreprises. Certaines entreprises ont
déjà de la difficulté, et ce serait, selon moi, très difficile.
Maintenant, les questions que vous posez à
M. le ministre sur des points bien précis de votre projet de loi, je pense que,
normalement, ce seraient des points qui seraient débattus lors de l'étude de
votre projet de loi. Mais, ceci étant dit, compte tenu que vous avez déposé un
amendement, je peux comprendre votre insistance à vouloir avoir certaines
clarifications ou certaines positions de la part du ministre. C'est le
commentaire que je voulais émettre, puis je tiens à vous remercier de m'avoir
permis de le faire.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous pouvez poursuivre.
M. Leduc : C'est très... C'est
très apprécié. J'apprécie toujours avoir des échanges avec l'ensemble de mes
collègues.
Sur les points que vous soulevez, est-ce
que ça serait un fardeau, tu sais, si exigeant que ça? Parce que, par exemple,
tu sais, je veux dire, moi, j'ai du monde dans ma famille qui travaillent pour
des PME dans le milieu médical puis qui sont en... qui étaient en situation de
télétravail dans un environnement non syndiqué puis qui avaient déjà accès à
100 % des dépenses remboursées, là. L'Internet était remboursé, la chaise
ergonomique était remboursée, l'ordinateur était remboursé. Donc, c'est quelque
chose qui existe déjà comme bonne pratique. Moi, ce que je voudrais, c'est que
ce soit comme ça pour tout le monde, parce que je sais que l'inverse existe
aussi, c'est-à-dire des mauvaises pratiques, des employeurs qui peuvent jouer
avec, oui, tu es... oui, tu ne l'es plus, selon l'humeur du dirigeant du
moment, puis on paie, on ne paie pas, on paie un peu. C'est ça qu'on a vu dans
le cadre de la pandémie puis des années qui ont suivi.
Puis là où j'étais rendu, c'était de
dire... c'est que le CCTM... l'avis du CCTM, il a été fait assez tôt dans la
pandémie. Ils n'ont pas connu le retour du balancier, où est-ce que là il y
avait des entreprises qui disaient : Non, non, non, là, c'est fini, le
télétravail, tout le monde revient au bureau. Ça fait que l'avis du CCTM n'a
pas été fait dans ce contexte-là. Alors, je ne sais pas c'est quoi, leur
opinion, au CCTM, de ce nouveau contexte là, notamment de la multiplication des
logiciels de télésurveillance. Puis, encore une fois, je ne veux pas étirer la
sauce indéfiniment. Je suis content qu'on ait eu un échange avec le ministre
puis avec un collègue. S'il y en a d'autres qui veulent en discuter, je suis
ouvert, bien sûr.
Je me dirigerais peut-être vers le
ministre pour une dernière question. Moi, j'aimerais vraiment qu'on creuse
l'aspect du logiciel de télésurveillance. Est-ce que ça serait possible que
vous donniez mandat au CCTM de se pencher particulièrement sur le logiciel de
télésurveillance pour qu'il vous donne un avis dans les prochains mois, surtout
si vous êtes en consultation d'un projet de loi au sujet des technologies de
l'information?
M. Boulet : ...particulièrement
sur le logiciel de télésurveillance, mais c'est mon intention de donner un
nouveau mandat au CCTM sur la consultation que nous avons amorcée depuis quand
même... depuis l'automne l'année dernière pour voir à dégager un consensus sur
l'impact de l'intelligence artificielle et des nouvelles technologies sur les
lois du travail. Et donc, est-ce que le logiciel de télésurveillance va faire
l'objet de leur examen? Je vais définir mon mandat. On est à le compléter,
d'ailleurs, l'écriture du mandat, et ce sera fait certainement...
M. Leduc : ...mandat-là? Il y
avait déjà des mémoires, tantôt?
M. Boulet : Non, c'est mon
intention. Non, collègue, j'ai dit : C'est mon intention. On est à définir
le mandat, que je transmettrai au CCTM. Mais dites leur pas, tant qu'ils ne le
reçoivent pas, s'il vous plaît.
M. Leduc : Mais vous avez dit
tantôt que vous avez reçu des mémoires de professeurs. Ce n'était pas sur ce
sujet-là?
M. Boulet : Non, c'était...
Oui, sur l'impact des nouvelles technologies sur les lois du travail, oui.
M. Leduc : ...que, là, vous
avez déjà fait des consultations, vous avez reçu des mémoires, mais là vous
allez, dans un deuxième temps, faire le mandat au CCTM?
M. Boulet : ...sur
l'intelligence artificielle, puis c'est plus complémentaire.
M. Leduc : ...de
télésurveillance vont en faire partie?
M. Boulet : Non, c'est
l'intelligence artificielle au sens général.
M. Leduc : Donc, on n'aura
pas de forum pour débattre de ça dans le futur.
M. Boulet : Bien, les
nouvelles technologies, leur impact sur les lois du travail, oui, le CCTM va
avoir ce mandat-là.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Je regarde l'heure, là. Est-ce que vous voulez poursuivre votre intervention
demain sur l'amendement? Ou sinon...
M. Leduc : ...saisi où on
atterrit, mais on finira ça demain. C'est correct.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Pas de problème. Alors, je vous remercie pour votre bonne
collaboration aujourd'hui.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Bonne soirée, tout le monde!
(Fin de la séance à 18
h
30)